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Full text of "Liber memorialis : L'Université de Liége depuis sa fondation"

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.'  V 


8^ 


L'U  NIVERSITÉ  DE  LIÈGE 


J 


z    ^^^ 

LIBER   MEMORIALIS  "^    ^^ 


L'UNIVERSITE 


DE  LIEGE  /<#2r"%v 

DEPUIS    SA    FONDATION  liZt      T '%,V  '  .  /  '     \ 

ALPHONSE  lE  ROY  ^.'   .^r  "^  ^ïjj^- 


B'nHi  DlcitioN  DV  CONSEIL  ICADËHIQL'E , 


LIÈGE 

VIFRIMERIS     DE    J.-G.     CARMANNE 
(H.  VAILI.ANT-CARMANSE  ET  C'"  ) 


I8r7/'  </'G0-  2-5: 


>(:;;^      ^ll/i/ota^<A>i  W^l,!— 


L'installation  de  rUniversité  de  Liège  remonte  au  25 
septembre  1817;  l'ouverture  des  cours,  au  3  novembre 
suivant. 

C'est  à  cette  dernière  date  que  le  Conseil  académique  a 
donné  la  préférence  lorsqu'il  a  résolu,  dans  sa  séance  du  8 
juillet  1867,  de  célébrer  avec  éclat  le  cinquantième  anniversaire 
de  la  fondation  de  l'établissement. 

Le  Conseil  a  voulu,  à  cette  occasion,  réunir  toute  la  grande 
famille  universitaire  :  non-seulement  les  autorités  ont  été 
invitées  à  honorer  de  leur  présence  la  cérémonie  du  3 
novembre,  mais  les  anciens  élèves  des  quatre  Facultés  et  des 
!Ëcoles  spéciales  y  ont  été  conviés. 

Il  a  été  décidé  : 

1^  Qu'une  séance  solennelle  aurait  lieu  dans  la  Salle 
académique ,  et  qu'un  professeur  serait  chargé  ,  à  cette 
occasion ,  de  passer  en  revue  les  principaux  épisodes  des 
annales  de  l'Université; 

2^   Que  la  journée   se    terminerait    par   un   banquet    à 

1 


—  2  — 

THôtel-de-Ville,  mis  gracieiisement  à  la  disposition  du  corps 
universitaire  par  l'Administration  communale  de  Liège  ; 

3°  Qu'en  mémoire  du  premier  jubilé  semi-séculaire  de 
l'Université,  il  serait  publié  un  livre  contenant  outre  le  compte 
rendu  des  fêtes,  des  notices  biographiques  conçues  de  manière 
à  présenter,  dans  leur  ensemble,  la  statistique  intellectuelle  de 
l'institution,  et  enfin  la  liste  générale  des  diplômes  de  sortie 
délivrés  depuis  1817. 

M.  Nypels,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  a  été  désigné 
pour  prononcer  le  discours  historique. 

L'exécution  de  la  troisième  décision  du  Conseil  a  été  confiée 
à  M.  !e  professeur  Alphonse  Le  Roy,  de  la  Faculté  des  lettres. 


PREMIERE   PARTIE 


LES  FÊTES  DU  5  NOVEMBRE 


1867 


-  V 


CINQUANTIÈME   ANNIVERSAIRE 


DE  LA        ^ 


FONDATION  DE  L'UNIVERSITÉ  DE  LIÈGE. 


3  NOVEMBRK  1867, 


I.  sAangb  agadAmiqus 


Le  Corps  proressoral  au  grand  complet,  en  robe,  se  réunit  à 
11  1/2  heures  du  matin,  dans  la  Salle  de  lecture  de  la  Bibliothèque, 
pour  y  recevoir  les  invités. 

MM.  les  professeurs  de  Savoye  et  Trasenster,  envoyés  à  la  station 
des  Guillemins  au  devant  des  hauts  dignitaires  attendus  de  Bruxelles, 
furent  de  retour  à  midi.  Un  détachement  de  ligne  formait  la  baie 
entre  les  bâtiments  de  l'Université  et  la  Salle  académique.  Au 
moment  où  les  voitures  tournèrent  Tangle  de  la  place,  les  tambours 
battirent  aux  champs.  MM.  Frère-Orban,  ministre  des  finances 
et  Cb.  Rogier,  ministre  des  affaires  étrangères  (>),  firent  leur  entrée 
accompagnés  de  MM.  Dolez,  président  de  la  Chambre  des  Repré- 
sentants, de  Tornaco,  vice-président  du  Sénat,  H.  de  Brouckère, 
ministre  d'Etat,  et  de  plusieurs  membres  des  deux  Chambres,  tous, 
ainsi  que  les  ministres  eux-mêmes,  anciens  élèves  de  l'Université 

(']  L'Université  de  Gand  célébrant  le  même  jour  son  cinquantième  anniversaire,  le 
cabinet  ne  pouvfft  être  que  partiellement  représenté  aux  deux  cérémonies. 


—  6  — 

et  désireux  de  lui  donner,  en  ce  jour  solennel,  un  témoignage  public 
d*estime  et  de  sympathie.  M.  le  recteur  Gh.  de  Cuyper,  suivi  du 
Collège  des  assesseurs,  se  porta  au  devant  des  visiteurs  et  leur 
souhaita  la  bienvenue  ;  H.  Dolez  lui  répondit  par  quelques  paroles 
chaleureuses  et  cordiales.  On  rentra  dans  le  salon  de  lecture,  où  se 
pressait  une  foule  d*élite  :  les  autorités  civiles  et  militaires  du  ressort 
de  Liège,  Monseigneur  TËvéque  du  diocèse  avec  un  de  ses  vicaires- 
généraux,  nombre  d'hommes  distingués  appartenant  aux  professions 
libérales  ou  à  la  grande  industrie;  en  un  mot,  un  groupe  dont  en  aucune 
autre  circonstance  peut-être  on  n*aurait  pu  rassembler  les  éléments. 
Toutes  les  forces  vives  de  la  nation ,  tous  les  pouvoirs  étaient  là 
personnifiés,  et  la  Hollande  donnait  la  main  à  la  Belgique.  Bientôt  les 
conversations  s'animèrent;  les  rangs,  les  âges  se  confondirent;  un 
sentiment  unique  domina  tous  les  assistants.  Les  condisciples 
d'autrefois  ne  pouvaient  dissimuler  leur  satisfaction  de  se  retrouver 
ensemble,  sous  le  toit  qui  les  avaient  abrités  au  temps  de  la  jeunesse 
et  des  ardentes  espérances  ;  les  préoccupations,  les  combats  de  la 
vie  active,  les  dissidences  d'opinion,  tout  était  oublié  ;  les  liens 
d'amitié  se  renouaient,  les  confidences  s'échangeaient  comme  entre 
les  fils  d'une  même  mère,  se  revoyant  après  une  longue  séparation 
et  légitimement  fiers  les  uns  des  autres.  C'était  là  véritablement  la 
fête  :  de  pareilles  heures  sont  des  jalons  dans  la  vie  ;  il  en  reste  au 
cœur  une  impression  qui  ne  s'efface  point. 

Le  cortège  se  forma  pour  se  rendre  à  la  Salle  académique.  Au  bruit 
des  tambours  et  aux  accords  d'une  excellente  musique  militaire,  se 
joignirent  les  salves  d'applaudissements  des  étudiants  de  1867  et  de 
la  foule  qui  encombrait  les  abords  de  l'édifice.  Suivant  l'usage,  les 
appariteurs  ouvrirent  la  marche,  portant  les  niasses  ou  sceptres 
universitaires  et  précédant  M.  le  recteur  qui ,  accompagné  de 
M.  l'administrateur-inspecteur,  des  autorités  académiques  et  des 
membres  du  corps  professoral,  introduisit  les  invités  dans  l'hémicycle. 
Les  autorités  et  les  anciens  élèves  prirent  rang  en  face  des  tribunes  ; 
les  professeurs  se  dirigèrent  vers  leur  place  habituelle,  à  droite, 
tandis  que  les  étudiants  de  l'année,  pénétrant  par  i^s  couloirs. 


-  7  — 

venaient  occuper  les  gradins  qui  leur  avaient  été  réservés  dans  la 
galerie  inférieure.  Les  loges  latérales,  au-dessus  de  la  première 
colonnade,  étaient  garnies  de  dames  élégantes  ;  la  masse  du  public 
remplissait  le  reste  de  la  salle.  On  remarquait  la  décoration  des  murs 
et  des  tribunes,  à  la  fois  riche  et  pleine  de  goût  :  des  tentures  en 
velours  rouge  fhingées  d'or,  des  faisceaux  de  drapeaux  aux  couleurs 
nationales ,  des  guirlandes  et  des  massifs  de  verdure  ;  au-dessus 
de  la  tribune  la  plus  élevée,  où  devait  siéger  le  recteur,  le  buste  de 
Léopold  II  ;  vis-à-vis,  le  buste  de  Léopold  I«%  ceint  d'une  couronne 

de  lauriers. 

Le  fauteuil  d'honneur,  au  centre,  avait  été  réservé  au  président  de 
la  Chambre  des  représentants.  A  la  droite  de  M.  Dolez  s'assirent 
MM.  Ch.  Rogier ,  ministre  des  affaires  étrangères  ;  le  baron  de 
Tornaco,  vice-président  du  Sénat  ;  Beltjens,  procureur-général  près 
la  Cour  d'appel  de  Liège  ;  de  Luesemans,  gouverneur  civil  de  la 
province  ;  M«^  de  Montpellier,  évéque  de  Liège,  et  M.  Polain,  admi- 
nistrateur-inspecteur de  l'Université.  Du  côté  gauche  se  trouvaient 
MM.  Frère-Orban,  ministre  des  finances  ;  H.  de  Brouckère,  ministre 
d'Etat  et  représentant  :  le  général  Lecocq,  commandant  la  division 
territoriale;  Forgeur,  sénateur;  de  Rossius-Orban,  président  du 
Conseil  provincial;  J.  d'Andriraont,  bourgmestre  de  Liège;  le 
général  Jambers,  commandant  la  division  d'infanterie,  et  Bottin, 
colonel  de  la  garde  civique.  Parmi  les  autres  notabilités,  nous 
signalerons  MM.  les  sénateurs  Dehasse,  Dolez,  Lonhienne,  Malou, 
de  Basse,  Sacqueleu  et  Van  Schoor  ;  MM.  Moreau,  vice-président  de 
la  Chambre  des  représentants,  Orts  et  Vervoort,  anciens  présidents  ; 
MM.  les  représentants  Dupont,  Elias,  MuUer  et  Vandermaesen  ; 
MM.  Bayet,  conseiller  à  la  Cour  de  cassation  ;  de  Bavay,  procureur- 
général  à  Bruxelles  ;  Pety ,  président  à  la  Cour  d'appel  de  Liège  ; 
plusieurs  conseillers  de  la  même  Cour;  MM.  Lamaye,  vice-président 
du  Conseil  provincial,  et  Laloux,  greffier  de  la  Députation  ;  plusieurs 
membres  du  Conseil  provincial  et  du  Conseil  communal  de  Liège, 
notamment  MM.  les  Échevins  ;  M.  Arnlz,  ancien  recteur  de  l'Uni- 
versité de  Bruxelles  ;  des  membres  du  barreau  liégeois,  entr'autres 


—  8  — 

M.  Tavocat  Dereux,  étudiant  de  1817  (i);  des  fonctionnaires  des 
diverses  administrations  ;  des  membres  du  clergé,  entr'autres  M.  le 
vicaire-général  Warblings  et  M.  le  recteur  du  collège  S^-Servais  ;  des 
consuls  des  puissances  étrangères,  etc.  La  Hollande  était  représentée 
par  M.  Strens,  procureur-général  à  Maestricht,  et  par  plusieurs 
avocats  ou  magistrats  éminents  du  Duché  de  Limbourg. 

M.  le  recteur,  revêtu  des  insignes  de  la  dignité,  monte  à  la  tribune, 
où  prennent  également  place,  à  sa  droite,  M.  Is.  Kupfferschlaeger, 
secrétaire  du  Conseil  accadémique  pour  Tannée  1867-1868,  et  à  sa 
gauche,  M.  Em.  de  Laveleye,  secrétaire  de  Tannée  écoulée.  Le  chef 
de  TUniversité  ouvre  la  séance  par  Tallocution  suivante  : 


Messieurs  , 


Mes  premières  paroles  à  cette  tribune  s'adresseront  aux  anciens 
étudiants  de  TUniversité  pour  leur  souhaiter  la  bienvenue  et  les 
remercier  de  leur  présence  à  celte  solennité.  L'empressement  qu'ils 
ont  mis  à  répondre  à  notre  appel  témoigne  mieux  que  je  ne  puis  le 
dire  de  la  grandeur  de  la  fête  qui  nous  réunit. 

Nous  n'avons  pas,  il  est  vrai,  à  glorifier  des  extensions  de  territoire 
acquises  au  prix  du  sang  et  de  Thumanité  ;  mais  aux  conquêtes  plus 
pacifiques  qui  réveillent  nos  souvenirs,  nous  ajouterons  avec  fierté 
celle  de  Tindépendance  nationale.  Aussi  n'est-ce  pas  seulement 
l'étude,  la  science,  les  arts  et  Tindustrie  qui  en  ce  jour  soulèvent 
notre  émotion  commune,  élèvent  notre  pensée  et  nous  inspirent  des 
sentiments  de  profonde  gratitude.  En  voyant  aux  premiers  rangs  de 
cette  assembla  les  fondateurs  de  notre  nationalité,  les  hommes 
éminents  qui,  par  nos  institutions  constitutionnelles,  ont  fait  de  la 
Belgique  le  foyer  de  toutes  les  libertés,  nous  saluerons  la  mémoire 
des  anciens  maîtres  qui  nous  ont  légué  un  si  glorieux  héritage. 

Une  voix  plus  autorisée  que  la  mienne  vous  dira  tout  ce  que  TUni- 
versité de  Liège  a  fait  pour  remplir  la  mission  qui  lui  était  dévolue, 
la  part  qu'elle  réclame  à  juste  titre  au  développement  moral  et  intel- 
lectuel du  pays,  les  grands  caractères  qu'elle  a  formés,  cette  trempe 


(i)  On  cite  quatre  ëtadiaots  de  i 81 7  présents  à  U  cérémonie  :  MM.  H.  de  Broackère , 
Fety,  Dereux  et  Hubert  (avoué). 


—  9  — 

solide  qu'elle  a  donnée  au  co&ur  de  la  jeunesse,  cet  amour  noble, 
pur  et  désintéressé  de  la  vérité  qu'elle  lui  a  toujours  inspiré. 

Mais  permettez-moi  de  remonter  quelques  instants  aux  premiers 
jours  de  sa  fondation  et  de  vous  montrer,  accourant  vers  ce  nouveau 
foyer  d'instruction,  une  jeune  génération  excitée  en  tous  sens  par  les 
grands  événements  qui  avaient  changé  la  face  du  monde,  avide  de 
science  et  pleine  d'espoir  dans  l'avenir.  Ardente  au  travail,  disposée 
aux  fortes  études,  elle  s'élançait  avec  impatience  vers  les  horizons 
nouveaux  ouverts  à  son  esprit,  comme  si  elle  pressentait  que  les 
jours  de  la  lutte  étaient  proches. 

Lorsque  l'heure  fut  venue,  la  patrie  la  trouva  prête.  Ces  étudiants, 
hier  si  avides  d'érudition,  aujourd'hui  soldats  enflammés  d'un  senti- 
ment d'héroïsme,  se  rallient  pour  le  combat  dans  une  même  pensée 
d'honneur.  Plus  tard,  les  jours  des  grands  dangers  étant  passés, 
nous  les  voyons,  au  Congrès  national  et  dans  les  assemblées  législa- 
tives, aborder  et  élucider  les  questions  les  plus  ardues,  défendre  les 
motions  les  plus  généreuses  ;  dans  la  magistrature,  interpréter  et 
appliquer  les  lois  avec  cette  indépendance  morale  qui  fait  la  force  de 
la  justice  ;  dans  l'armée,  former  une  pépinière  de  savants  officiers  ; 
dans  les  administrations  civiles,  occuper  avec  éclat  les  positions  les 
plus  élevées  ;  dans  les  carrières  libérales,  briller  au  premier  rang. 
Quelques-uns,  passionnés  pour  les  grandes  luttes,  continuent  d'affron- 
ter les  orages  politiques  à  la  tribune  et  dans  la  presse. 

Et  comment  expliquer  ces  aptitudes  diverses  que  la  jeunesse 
universitaire  appliquait  alors  avec  tant  de  succès  ?  Comment  un  ensei- 
gnement, auquel  on  faisait  le  reproche  de  n'être  pas  assez  pratique, 
a-t-il  pu  préparer  un  passage  si  fécond  de  la  théorie  à  l'application, 
de  l'école  à  la  société? 

N'est-ce  pas  parce  que,  loin  de  forcer  la  vocation,  il  lui  donnait, 
dans  les  premières  années  où  elle  est  toujours  hésitante,  la  large 
base  des  études  littéraires,  qu'avec  raison  on  a  qualifiées  d'huma- 
nités, et  sans  lesquelles  le  talent  moderne  peut  rarement  acquérir 
toute  sa  vigueur?  N'est-ce  pas  que,  dans  toutes  les  facultés, les  études 
philosophiques,  initiant  aux  questions  sociales,  formaient  le  caractère, 
avant  qu'on  cherchât  à  le  contenir  par  les  études  techniques?  En  un 
mot,  l'éducation  intellectuelle  était  basée  sur  le  culte  pur  de  la 
science.  Dans  son  régime  libre  et  uniforme,  elle  dirigeait  toutes  les 
intelligences  vers  un  même  but,  la  véritable  civilisation,  les  prin- 
cipes éternels  de  la  morale  et  des  lois,  l'union  intime  du  génie  et  de 
la  conscience.  Dégagée  des  intérêts  et  des  passions  qui  l'agitent  trop 
souvent  aujourd'hui,  elle  ne  devait  pas  compter  avec  les  préventions 
des  partis,  avec  les  opinions  du  jour. 

Tous  ne  suivaient  pas  rigoureusement  la  même  voie,  car  à  côté 


—  io- 
de la  direction  immédiate  de  la  loi  se  trouvait  Tindépeadance  de  la 
chaire  universitaire;  mais  tous  se  pénétraient  d'une  certaine  concor- 
dance de  principes  d*action  qui  forme  le  cachet  du  caractère  national. 

Il  ne  suffit  pas,  en  effet,  de  l'identité  des  intérêts  matériels  pour 
constituer  ce  caractère,  il  faut  encore  Tunité  des  intérêts  moraux,  de 
l'activité  intellectuelle. 

Cette  unité  peut-elle  se  concilier  avec  la  liberté  de  l'enseignement? 
  cette  grave  question  qui  nous  ramène  à  la  situation  présente  de 
l'instruction  supérieure ,  je  n'hésite  pas  h  donner  hautement  une 
réponse  affirmative,  dès  que  la  liberté  de  l'enseignement,  acceptant 
toutes  les  charges  de  la  responsabilité,  respecte  la  liberté  de  la 
science. 

La  science  doit  être  libre  dans  son  action  sur  le  progrès  de  l'esprit 
humain.  Elle  doit  s'élever  au-dessus  des  rivalités  qu'excite  la  convoi- 
tise du  pouvoir  et,  dans  la  recherche  de  la  vérité,  repousser  égale- 
ment ces  principes  absolus  d'intolérance  qui  tendent  à  ramener  la 
société  au  fanatisme,  et  ces  théories  aventureuses  qui  la  précipite- 
raient dans  l'abîme  du  doute  et  de  la  négation. 

Dans  les  anciennes  universités,  la  liberté  scieutitique  était  proté- 
gée par  des  privilèges.  Aujourd'hui,  pour  assurer  l'équilibre  des  quatre 
éléments  politique,  religieux,  moral  et  philosophique,  elle  cherche 
son  point  d'appui  dans  la  loi,  son  expression  dans  le  concours  néces- 
saire de  l'enseignement  de  l'Etat. 

Cet  enseignement  national  a  donc  un  double  devoir  à  remplir 
envers  le  pays  et  envers  la  science.  Pour  l'accomplir,  il  dominera  le 
caprice  variable  des  écoles  et  des  sectes  ;  son  unique  préoccupation 
ne  sera  pas  de  soutenir  l'essor  des  connaissances  exactes,  d'assurer 
le  progrès  des  découvertes;  mais  en  ramenant  la  jeunesse  vers 
toutes  les  pensées  morales  et  sociales,  vers  les  nobles  goûts  de  l'in- 
telligence, il  fera  plus  que  des  savants,  il  formera  des  hommes  et  des 
ciioyens  utiles. 

Il  ne  m'appartient  pas  ici,  messieurs,  d'examiner  si  notre  Univer- 
sité maintient  les  études  publiques  à  cette  hauteur  ;  car  si  j'ai  pu 
rendre  hommage  à  un  passé  auquel  je  suis  entièrement  étranger,  je 
crois  devoir  m'abstenir  de  juger  le  présent. 

Je  demanderai  ,  toutefois ,  si  l'éloquence  judiciaire  brille  d'un 
moindre  éclat,  si  l'art  de  guérir  compte  moins  de  nobles  et  d'utiles 
dévoûments,  si  la  science  de  l'ingénieur  n'est  plus  cette  base  solide 
sur  laquelle  s'appuie  la  prospérité  de  l'industrie  nationale,  et  j'atten- 
drai avec  confiance  le  verdict  impartial  que  prononcera  le  pays^ 

De  ce  que  le  culte  des  lettres,  la  splendeur  des  beaux-arts  semblent 
être  momentanément  éclipsés  par  l'éclat  des  sciences  et  les  produc- 
tions de  l'industrie,  devons-nous  douter  du  progrès  de  l'état  social  ? 


—  n  — 

Vous  ne  le  pensez  pas,  messieurs  ;  mais  vous  direz  avec  moi  que, 
tout  en  applaudissant  aux  triomphes  de  l'expérience  et  du  savoir, 
nous  devons  nous  garder  de  négliger  les  génies  antiques,  nos  maîtres 
encore  et  nos  éternels  modèles. 

Si,  comme  on  lesuppose  trop  facilement,  leur  étude  met  la  jeunesse 
en  opposition  passagère  avec  les  traditions  modernes,  elle  développe 
en  son  âme  le  désintéressement  et  Tamour  de  la  patrie;  elle  lui 
apprend  que  le  vrai  lien  de  sécurité  entre  les  hommes  ne  réside  pas 
dans  la  seule  force  de  Tintérét,  dans  la  seule  puissance  de  Tasso- 
ciation  des  richesses  mises  en  œuvre  par  le  talent. 

Uinstinct  de  grandeur  et  de  force,  le  généreux  penchant  vers  ce 
qui  est  droit  et  légitime,  que  la  nature  a  déposés  en  son  cœur, 
s'épanouissent  plus  activement  au  contact  de  cette  éducation  antique, 
par  les  pensées  élevées  qui  se  rattachent  à  la  poésie,  à  l'histoire,  à  la 
philosophie  ;  elle  lui  fait  mieux  apprécier  la  nécessité  de  se  disposer 
aux  grandes  épreuves  de  la  vie  par  le  développement  du  caractère, 
par  la  soumission  de  la  volonté  aux  inspirations  des  sentiments  du 
devoir. 

Elèves  de  l'Université  de  Liège,  que  ces  nobles  inspirations  conti- 
nuent à  vous  soutenir  dans  la  voie  du  travail,  et  vous  saurez  vous 
montrer  dignes  de  marcher  sur  les  traces  de  ceux  qui  vous  ont  pré- 
cédés à  cette  école  ;  comme  eux  vous  comprendrez  que  c'est  par  des 
méditations  fortes  et  puissantes  que  l'intelligence  acquiert  toute  sa 
plénitude,  les  facultés  de  l'àme  toute  leur  énergie.  —  Et  à  cette 
heure,  applaudissant  au  récit  que  vous  allez  entendre  d'un  passé  que 
vous  vous  efforcerez  d'égaler,  vous  y  trouverez  les  leçons  du  pré- 
sent, les  espérances  de  l'avenir. 


De  vifs  applaudissements  accueillent  ce  discours. 

M.  le  recteur  donne  ensuite  la  parole  à  M.  Nypels,  chargé  par  le 
Conseil  académique  de  résumer  les  annales  de  l'Université  depuis  sa 
fondation.  L'honorable  professeur  rappelle  les  circonstances  qui  ont 
amené  la  réorganisation  de  l'instruction  supérieure  dans  les  provinces 
méridionales  de  l'ancien  royaume  des  Pays-Bas  ;  sans  dissimuler  les 
fautes  qui  ont  aliéné  au  gouvernement  de  Guillaume  I  l'esprit  des 
populations  belges,  il  rend  un  légitime  hommage  aux  efforts  de  ce 
monarque  ;  il  évoque  le  souvenir  des  professeurs  d'élite  qui  l'aidèrent 
à  relever  dans  notre  pays  le  niveau  des  études  ;  entrant  alors  au 
cœur  de  son  sujet,  il  insiste  sur  l'influence  qu'exerça  sur  la  jeunesse, 


—  12  — 

avant  1830,  renseignement  donné  à  TUniversité  de  Liège  dans  un 
esprit  vraiment  libéral.  Lorsque  l'orateur  proclame  les  noms  de 
quelques-uns  de  ces  généreux  enfants  qui  devinrent,  au  sortir  des 
bancs,  les  fondateurs  de  Tindépendance  nationale,  les  promoteurs 
de  nos  institutions  libres  et  plus  tard  leurs  plus  fermes  soutiens, 
l'assistance  tout  entière  tressaille  comme  sous  le  coup  d'un  cboc 
électrique;  un  tonnerre  d'applaudissements  frénétiques  ébranle  les 
voûtes  de  la  salle.  Les  étudiants  surtout  sont  fiers  de  compter  parmi 
leurs  prédécesseurs  ces  grands  citoyens  ;  la  présence  de  MM.  H.  de 
Broukère,  Ch.  Rogier  et  Forgeur  surexcite  leur  enthousiasme.  C'est 
une  ovation,  c'est  un  triomphe.  La  séance  est  suspendue  pendant 
quelques  minutes.... 

M.  Nypels,  d'une  voix  émue,  poursuit  sa  revue  rétrospective.  Il 
fait  l'historique  de  la  législation  universitaire  depuis  1835  ;  il  rappelle 
les  nombreux  tâtonnements,  les  incertitudes,  les  ménagements  qui 
ont  empêché  jusqu'ici  les  jurys  d'examen  d'être  organisés  d'une 
manière  définitive  ;  tout  en  déplorant  l'influence  de  ce  long  provisoire 
sur  les  études,  il  réfute  l'opinion  des  pessimistes  qui  les  regardent 
comme  entrées  dans  une  période  de  décadence  en  Belgique;  en  même 
temps  il  n'hésite  pas  à  reconnaître  qu'il  reste  quelque  chose  à  faire 
pour  développer  l'esprit  scientifique  dans  nos  Universités.  Cette 
franchise  dans  la  critique,  cette  équité  dans  l'appréciation  des  faits 
sont  accueillies  par  l'assemblée  avec  des  marques  d'approbation  non 
douteuses.  Après  avoir  rappelé  les  progrès  accomplis  depuis  quel- 
ques années,  M.  Nypels  évoque  le  souvenir  des  anciens  professeurs, 
définit  en  quelques  mots  l'esprit  de  sagesse  de  l'Université  de  Liège, 
restée  fidèles  à  son  passé,  étrangère  aux  passions  d'un  jour  et  par  là 
digne  de  la  confiance  que  les  pères  de  famille  lui  accordent  plus  que 
jamais.  Le  plus  éclatant  témoignage  de  cette  confiance  n'est-il  pas 
dans  ce  fait,  que  Léopold  I  a  choisi  le  précepteur  de  son  fils  parmi 
les  professeurs  de  l'Université  de  Liège  ?  L'éloge  bien  mérité  de  notre 
jeune  roi  est  ainsi  amené  tout  naturellement  :  «  Ce  n'est  pas  flatterie, 
nous  n'avons  jamais  connu  ce  défaut,  s'écrie  l'orateur  ;  c'est  justice  !  » 
A  ces  mots  les  acclamations  éclatent  de  nouveau  avec  un  entraîne- 


—  13  — 

ment  irrésistible;  à  peine  a-t-il  été  possible  d'entendre  les  dernières 
phrases  du  discours  (i). 

A  M.  Nypels  succède  M.  J.  d'Andrimont,  bourgmestre  de  Liège, 
ingénieur  sorti  de  notre  Ecole  spécialedes  mines,  et  à  ce  double  titre» 
empressé  de  manifester  ses  sympathies  pour  la  grande  institution 
nationale  dont  un  ancien  recteur  vient  de  dresser  le  bilan.  Sa  parole 
chaleureuse  provoque  à  diverses  reprises  d'ardents  applaudissements, 
surtout  dans  les  rangs  de  la  jeunesse,  dont  il  semble  avoir  pris  à  tâche 
de  formuler  les  aspirations.  11  s*est  exprimé  en  ces  termes  : 


Messieurs, 


L*administration  communale  ne  saurait  rester  indifférente  à  cette 
fête  de  Tintelligence,  à  ce  jubilé  demi-séculaire  de  la  science,  qui 
réunit  en  ce  moment  tant  d*hommes  distingués. 

Sans  doute,  ce  n*est  pas  h  nous  que  la  loi  a  confié  la  mission  de 
veiller  aux  besoins  de  Finstruction  supérieure.  L'Université  est  une 
institution  nationale,  et  TEtat  est  chargé  du  soin  de  ses  intérêts. 

Est-ce  à  dire,  messieurs,  que  nous  n'ayons  pas  à  nous  préoccuper 
de  tout  ce  qui  peut  rehausser  Téclat  d'un  établissement  qui  a  rendu  au 
pays  et  à  la  ville  de  Liège  en  particulier  tant  et  de  si  grands  services? 

Les  sympathies  de  tous  nos  prédécesseurs  ne  lui  ont  jamais  fait 
défaut.  Ces  vastes  constructions,  ces  collections  nombreuses  sont  là 
pour  attester  le  vif  intérêt  que  l'administration  communale  a  toujours 
porté  à  rUnîversité. 

Et  nous,  les  derniers  venus,  qui,  pour  la  plupart  étions,  il  y  a  peu 
d*années,  fiers  de  nous  asseoir  sur  ses  bancs,  n'avons- nous  pas  plus 
impérieusement  encore  le  devoir  de  suivre  ces  excellentes  traditions? 

Fondée  en  4817,  TUniversité  de  Liège  a  provoqué  un  large  mouve- 
ment intellectuel. 

Depuis  cinquante  ans,  elle  sème,  avec  les  principes  immortels  du 
vrai  et  du  juste,  ces  notions  d'égalité  civile  et  politique,  de  liberté  et 
de  dignité  humaines,  qui  sont  devenues  le  code  imprescriptible  du 
peuple  belge. 

Elle  a  créé  un  foyer  permanent  d'où  n'ont  cessé  de  jaillir  les  clartés 

(  *  )  Le  discours  de  M.  Nypels»  annoté  par  l'autevr,  a  dû  être  reporté,  vu  son  étendue, 
à  la  fin  du  présent  compte-rendu. 


—  14  -~ 

de  la  science.  Elle  a  été  une  école  de  démocratie  véritable,  où  tous, 
assis  sur  les  mêmes  bancs,  sans  acceptation  de  classe,  ni  d'opinion, 
ni  de  parti,  nous  avons  appris,  avec  le  respect  de  nous-mêmes,  le 
respect  d'autrui,  la  tolérance  réciproque,  Tamour  de  tous  nos  sem- 
blables, des  heureux  de  ce  monde  comme  des  déshérités  de  la  fortune, 
où  nous  avons  juré  de  ne  rien  négliger  pour  leur  assurer  à  tous,  à 
Taide  d'une  instruction  solide,  l'instrument  indispensable  de  leur 
émancipation. 

Ainsi  le  soleil  inonde  d'abord  de  ses  feux:  la  ctme  des  montagnes  ; 
mais  peu  à  peu  ses  rayons  plongent  jusqu'au  fond  des  vallées  et  vont 
y  porter,  avec  de  chaudes  brises,  la  vie  et  la  fécondité. 

L'Université  n'est-elle  pas  l'asile  inviolable  de  la  vérité  ?  N'est-ce 
pas  ici  que  l'on  peut  et  que  l'on  doit  cultiver  la  science  pour  la 
science  ?  Que,  sans  souci  d'attaques  injustes,  toujours  attentif  au 
progrès  des  idées,  l'on  peut  et  l'on  doit  marcher  en  avant,  et  planter 
chaque  jour  de  nouveaux  jalons  sur  la  route  du  progrès  ? 

Lorsqu'en  1817,  Guillaume  P',  ce  prince  à  qui,  en  ce  moment  du 
moins,  on  ne  pouvait  contester  ni  un  esprit  éclairé,  ni  une  certaine 
largeur  de  vues,  résolut  de  créer  àLiége  une  pépinière  d'intelligences 
d'élite,  son  but  était  de  relever  le  pays  de  l'abaissement  où  l'avaient 
plongé  l'intolérance  religieuse  et  la  domination  étrangère. 

Quand  plus  tard,  infidèle  à  son  propre  passé,  il  voulut  à  son  tour 
pratiquer  l'absolutisme,  il  vit  se  tourner  contre  lui  ces  hommes  qu'il 
croyait  avoir  façonnés  à  sa  guise,  mais  qui  avaient  reçu  la  trempe 
énergique  que  donne  toujours  aux  âmes  le  culte  des  hautes  idées. 

Glorieux  rénovateurs  de  la  nationalité  belge,  vous  êtes  au  milieu  de 
nous. 

C'est  ici  que  vous  avez  conçu  le  dessein  d'affranchir  votre  patrie. 

Ces  murs  ont  été  les  témoins  de  vos  serments  ;  ici  vous  avez  jeté 
les  bases  de  cette  Constitution  qui,  se  proclamant  elle-même  perfec- 
tible, est  pourtant  un  des  plus  beaux  monuments  que  l'esprit  libéral 
ait  élevé  à  la  liberté. 

Non,  Liège  n'oubliera  jamais  ces  vaillants  cœurs  qui,  fidèles  aux 
traditions  du  pays,  ont  établi  sur  le  roc  du  self-gouvernement  le 
fondement  inébranlable  de  notre  nationalité. 

Vous  avez  été,  messieurs,  les  continuateurs  de  ces  généreux 
patriotes  qui,  à  toutes  les  époques  de  notre  histoire,  n'ont  cessé  de 
lutter  pour  la  défense  des  prérogatives  populaires. 

Et  permettez-moi  de  croire  que  l'esprit  libéral  qui  a  toujours  animé 
les  Liégeois  n'a  pas  été  sans  influence  sur  les  résolutions  que  vous 
avez  prises  à  cette  époque. 

Dans  cette  cité  qui,  depuis  des  temps  reculés,  n'a  cessé  de  fournir 
des  martyrs  à  la  cause  de  la  liberté,  où,  malgré  l'absolutisme  des 


—  15  — 

princes,  le  levain  démocratique  fermente  toujours,  vous  avez  puisé 
cette  énergie  que  donne  le  bon  droit  et  qui  devait  vous  assurer  le 
triomphe. 

Votre  œuvre,  œuvre  de  justice  et  d'avenir,  a  porté  ses  fruits,  et  vous 
pouvez  vous  dire  que  vos  successeurs  n'ont  pas  démérité  de  vous. 

C'est  par  milliers  que  se  comptent  les  hommes  intelligents  et 
dévoués  qui,  après  s'être  formés  à  cette  grande  école,  ont  payé  leur 
dette  au  pays. 

Que  dis-je? 

La  réputation  de  l'Université  et  des  écoles  spéciales  annexées  s'est 
étendue  au  delà  de  nos  frontières.  Sur  les  ailes  de  la  reconnaissance, 
son  renom  a  pénétré  dans  le  monde  entier. 

De  tous  les  points  du  globe,  les  étrangers  viennent  se  désaltérer  à 
cette  source  vive  de  rinielligence,  et,  lorsqu'ils  retournent  dans  leur 
pays,  leurs  souvenirs  se  reportent  avec  complaisance  et  amour  vers 
celte  bonne  cité  de  Liège,  où  ils  ont  trouvé,  avec  la  science,  une 
hospitalité  toujours  empressée  ,  une  cordialité  généreuse  et  un 
patriotisme  d'autant  plus  ferme  qu'il  plonge  ses  racines  dans  un  sol 
chaque  jour  mieux  préparé. 

C'est  à  l'Université,  messieurs,  que  nous  sommes  redevables  de 
tous  ces  bienfaits.  C'est  elle  qui  a  fait  en  quelque  sorte  de  Liège  un 
centre  vers  lequel,  à  tout  âge,  on  se  sent  attiré  et  dont  on  garde 
précieusement  le  souvenir. 

C'est  grâce  à  vous,  messieurs  les  professeurs,  que  se  sont  établies 
ces  relations  cosmopolites  qui  ont  influé  et  influeront  chaque  jour 
davantage  sur  notre  prospérité  et  sur  nos  destinées. 

Nous  vous  connaissons  tous,  messieurs.  Vous  persévérerez  dans 
l'œuvre  que  vous  avez  entreprise. 

Vous  n'hésiterez  pas  à  rester  à  Tavant-garde  de  la  civilisation  et  à 
favoriser  la  propagation  des  grandes  idées  modernes. 

Vous  lutterez  sans  fiel,  mais  avec  énergie,  contre  les  tentatives 
insensées  de  cette  réaction  qui,  trop  souvent,  n'invoque  la  liberté  que 
pour  la  maudire. 

Loin  de  vous  effrayer  de  ces  aspirations  généreuses  et  démo- 
cratiques du  pays,  vous  les  encouragerez,  vous  vous  en  ferez  les 
apôtres  dévoués  ;  en  un  mot,  vous  serez  toujours  à  la  tête  du  progrès, 
et  l'administration  communale  de  Liège  sera  fière  de  vous  accorder 
ses  sympathies,  et  le  pays  tout  entier  se  souviendra  de  vos  éloquentes 
leçons. 

Un  des  anciens  élèves  dont  l'Université  s*honore  le  plus,  l'éminent 
avocat,  l'honneur  du  barreau  liégeois,  M.  le  sénateur  Forgeur,  l'un 


—  Io- 
des auteurs  de  ia  Constitution  belge,  Tait  entendre  à  son  tour  sa 
parole  éloquente  et  respectée.  L'auditoire  est  suspendu  à  ses  lèvres  et 
reste  sous  le  charme  jusqu'au  dernier  moment  ;  puis  de  toutes  parts 
les  battements  de  mains  retentissent  et  se  prolongent,  et  l'orateur 
aimé  reçoit  une  nouvelle  ovation.  Voici  son  discours  : 


Messieurs, 

Il  y  a  SO  ans,  à  pareil  jour ,  dans  cette  belle  église  des  jésuites  trop 
hâtivement  détruite,  avait  lieu  une  cérémonie  imposante  :  l'inauguration 
de  cette  Université,  qui  devait  bientôt  briller  d'un  si  vif  éclat. 

C'était  un  événement  heureux  pour  notre  bonne  ville  de  Liège  et 
qui  devait  exercer  une  influence  considérable  sur  son  avenir. 

C'était  un  grand  bienfait  pour  tous  les  déshérités  de  la  fortune,  qui 
voyaient  s'ouvrir  devant  eux  des  carrières  qui  paraissaient  leur  être 
à  toujours  fermées. 

C'est  grâce  à  notre  Université,  messieurs,  qu'il  m'a  été  donné 
d'aborder  cette  noble  profession  du  barreau  dans  laquelle  j'ai  rencontré 
tant  de  témoignages  d'affectueuse  sympathie.  {Applaudissements). 

En  créant  l'Université,  le  gouvernement  des  Pays-Bas  répondait  à 
cette  belle  prescription  de  la  loi  fondamentale .  «  L'instruction  publique 
est  un  objet  constant  des  soins  du  gouvernement  (art.  226).  » 

Mais  il  ne  suffisait  pas  de  créer,  il  fallait  peupler  l'Université  de 
professeurs  capables,  et  il  dût  bien  le  reconnaître,  la  tâche  était 
difficile. 

Quinze  années  de  domination  étrangère  venaient  de  peser  sur  la 
Belgique,  quinze  années  pendant  lesquelles  le  plus  pur  de  son  sang 
avait  été  répandu  sur  le  champ  de  bataille  ;  quinze  années  pendant 
lesquelles  la  pensée  avait  été  étouffée  et  l'enseignement  restreint  aux 
plus  humbles  proportions. 

La  Belgique  possédait  des  praticiens  capables;  les  hommes  de 
science  faisaient  généralement  défaut. 

Le  gouvernement  n'hésita  pas  ;  il  prit  à  la  Belgique  tout  ce  qu'elle 
put  lui  donner.  Il  demanda  à  l'Allemagne  une  pléiade  de  savants,  et, 
dès  les  premiers  jours,  l'Université  put  montrer  avec  orgueil  un  corps 
enseignant  distingué. 

Ma  pensée,  celle  de  mes  anciens  camarades  d'Université,  si  rares, 
hélas!  aujourd'hui,  se  reporte  avec  bonheur  sur  ces  figures  aimées. 

k  côté  d'Ërnst  aîné,  cet  éminent  juriste,  ce  redoutable  antagoniste 
de  l'illustre  professeur  de  Rennes;  de  Destriveaux,  si  spirituel 


—  17  — 

causeur  et  dont  Féloquence  dans  les  débats  criminels  était  toute 
puissante;  de  ces  médecins  renommés  qui  avaient  nom  Ansiaux, 
Comhaire,  Delvaux,  Sauveur  (Sauveur,  notre  premier  recteur  magni- 
fique); de  cet  aimable  Rouillé,  dont  les  leçons  sur  la  littérature  avaient 
tant  d'attrait,  je  vois  défiler  devant  moi  le  grave  Denzinger,  dont  le 
traité  sur  la  logique  restera  un  ouvrage  de  valeur  ;  le  grand  helléniste 
Gall  ;  ce  bon  et  candide  Gaëde,  le  premier  botaniste  de  l'époque  ; 
Fuss,  le  savant  classique  par  excellence  ;  je  vois  surtout  deux  grandes 
individualités  :  Warnkœnig ,  devenu,  si  jeune,  professeur  de  droit 
romain  ;  Warnkœnig,  qui  a  promené  son  esprit  inquiet  dans  tant 
d'Universités,  en  laissant  partout  une  trace  lumineuse,  et  ce  sympa- 
thique Wagemann,  économiste  sans  rival  et  dont  la  mort  prématurée 
nous  avait  tous  frappés  au  cœur. 

Tous  ces  hommes,  messieurs,  ne  vivent  plus  que  dans  nos  sou- 
venirs. 

Et  la  génération  qui  leur  a  succédé  a  été,  elle  aussi ,  moissonnée 
presque  tout  entière. 

Ainsi  ont  disparu  Antoine  Ernst ,  digne  successeur  de  son  illustre 
aine  ;  et  Lombard,  Simon,  Vottem,  de  Lavacherie,  et  Fohman,  pour  qui 
l'anatomie  n'avait  pas  de  secrets  et  que  son  illustre  successeur 
fait  à  peine  oublier  ;  et  Baron  et  Lesbroussart,  qui  survivent  dans 
leurs  ouvrages  ;  et  Ackersdyck,  digne  successeur  de  Wagemann,  et 
le  colonel  Dandelin,  et  Adolphe  Lesoinne,  et  Morren,  signalé  par 
tant  de  publications  savantes,  et  enfin  le  plus  illustre  de  tous,  Dumont, 
dont  le  bronze  nous  a  conservés  les  traits. 

J'en  passe  et  des  plus  distingués. 

Il  n'est  guère  que  S^-Beuve,  Téminent  critique,  l'inépuisable 
causeur  du  lundi,  ce  courageux  défenseur  des  droits  de  la  pensée 
dans  le  sein  du  Sénat  français,  qui  soit  resté  debout  ! 

Messieurs,  l'honorable  recteur  magnifique  vous  parlait  tantôt  des 
anciens  étudiants  de  l'Université  en  termes  trop  flatteurs ,  et  dont  je 
le  remercie  vivement  en  leur  nom  ;  mais  si  ses  éloges  sont  en  partie 
mérités,  si  nous  valons  quelque  chose,  si  nous  avons  eu  le  bonheur 
d'être  utiles  à  notre  chère  Belgique  et  d'être  distingués  par  elle  dans 
les  différentes  carrières  que  nous  avons  parcourues,  c'est  à  nos 
excellents  maîtres  que  nous  le  devons;  c'est  à  cette  Université,  notre 
mère  chérie,  qu'en  revient  tout  le  mérite.  A  elle  donc  le  tribut  de 
notre  reconnaissance,  de  notre  respect,  de  notre  attachement  ! 

L'Université,  messieurs,  a  eu  le  rare  bonheur  de  ne  pas  déchoir 
un  moment  dans  la  longue  période  qu'elle  vient  de  traverser.  Ses 
représentants  actuels,  dont  la  modestie  souffrirait  trop  de  mes  éloges, 
ont  conservé  intacts  ses  titres  de  noblesse. 

Mais  les  temps  changent,  les  situations  se  modifient,  et  notre 

2 


—  18  — 

Révolution  de  1830,  en  proclamant  la  liberté  de  renseignement,  en  a 
nécessairement  changé  les  conditions. 

G*est  à  la  faveur  de  cette  liberté  que  nous  avons  vu  surgir  deux 
Universités  libres,  déployant  chacune  un  drapeau  opposé. 

La  nôtre,  messieurs,  n*a  rien  à  redouter  de  cette  concurrence.  Elle 
ne  peut  être,  elle  n*a  étéqu  un  stimulant  de  plus. 

La  liberté  de  renseignement  ne  pourrait  être  nuisible,  pour  ne  pas 
dire  désastreuse,  que  si  elle  enchaînait  la  liberté  du  professeur,  si 
renseignement  devait  s'asservir  aux  nécessités  de  l'examen,  si  ce  lit 
de  Procuste  devait  être  le  moule  dans  lequel  le  professeur  serait  tenu 
de  se  renfermer!  Il  n'en  sera  rien,  messieurs;  on  finira  par  com- 
prendre que  chaque  Université  devra  marcher  drapeau  déployé,  sans 
recourir  à  des  combinaisons  qui  amoindriraient,  tout  à  la  fois,  et  le 
professeur  et  l'enseignement  {Àpplatidissemetits). 

Messieurs,  l'avenir  ne  nous  appartient  pas,  et  dans  ces  temps 
troublés  il  n'est  guère  donné  de  le  prévoir.  Mais,  s'il  est  permis  de 
faire  des  vœux,  le  plus  ardent  de  notre  cœur  à  tous  est  que,  dans  50 
années  d'ici,  lorsque  l'Université  célébrera  le  2*  anniversaire  de  sa 
fondation,  elle  soit  le  phare  dont  la  lumière,  de  plus  en  plus  brillante 
et  pure,  attirera  les  regards  de  notre  chère  patrie!  {Applaudissements 
prolongés). 

M.  Forgeur  avait  parlé  au  nom  des  anciens  étudiants.  M.  Reuleaux, 
élève  de  la  Faculté  de  droit,  est  à  son  tour  appelé  à  la  tribune,  où  il 
va  interpréter  les  sentiments  de  la  génération  nouvelle.  II  s'acquitte 
de  sa  mission  avec  une  parfaite  convenance,  et  se  fait,  lui  aussi, 
sincèrement  et  vivement  applaudir.  Nous  reproduisons  ses  paroles  : 


Messieurs  , 


Nous  assistons  aujourd'hui  à  une  de  ces  belles  cérémonies  où 
toutes  les  personnes  présentes,  sans  distinction  d'opinions  ni  de 
partis,  s'unissent  dans  une  même  idée,  sont  animées  d'un  même 
sentiment  :  professeurs,  élèves,  anciens  étudiants,  tous  nous  aimons 
à  reporter  notre  pensée  vers  cette  époque  où  l'Université  fut  fondée 
au  sein  de  la  ville  de  Liège,  et  nous  célébrons  avec  un  enthousiasme 
égal  cette  fête  de  l'intelligence. 

Mais  si  tous,  en  nous  réunissant  ici,  nous  avons  voulu  témoigner 


—  19   - 

de  notre  attachement  à  l'Université,  les  motifs  qui  ont  fait  naître  en 
nous  ce  sentiment  ne  pouvaient  être  les  mêmes. 

Les  hommes  vénérables  qui  sont  à  la  tête  de  notre  enseignement 
supérieur  contemplent  avec  un  orgueil  et  une  joie  bien  légitimes  le 
solide  édifice  de  science  et  de  raison  qu*ils  ont  élevé  par  leurs  tra- 
vaux et  leurs  talents  :  ils  ont  la  satisfaction  de  voir  en  ce  moment  les 
anciens  élèves  de  TUniversité,  qui  forment  actuellement  parmi  les 
citoyens  belges  une  phalange  d*élite,  accorder,  par  leur  participation 
à  cette  solennité,  un  éclatant  hommage  aux  services  rendus  par  le 
corps  professoral. 

Les  étudiants,  au  nom  desquels  j*ai  Thonneur  de  porter  la  parole, 
s'associent  de  tout  cœur  ii  cette  fête,  parce  que,  faisant  partie  inté- 
grante de  rUniversité ,  profitant  immédiatement  des  bienfaits  de 
renseignement  supérieur,  persuadés  qu'en  se  procurant  ces  jouis- 
sances intellectuelles  et  morales  ils  contractent,  envers  TEtat,  l'obli- 
gation de  mettre  à  son  service  tout  leur  savoir,  toutes  leurs  lumières, 
ils  sont  par  là  même  le  plus  directement  frappés  de  l'importance  des 
études  universitaires. 

Ils  aiment  cette  noble  institution  que  nous  fêtons  aujourd'hui, 
parce  qu'ils  comprennent  ce  qu'il  y  a  de  grand  dans  la  mission  qu'elle 
s'est  imposée  :  la  recherche  sincère  du  vrai,  du  bien  et  du  beau.  Oui, 
je  suis  heureux  de  pouvoir  le  proclamer  hautement,  l'amour  de  la 
science  enflamme  toujours  l'esprit  et  le  cœur  de  la  jeunesse  ;  ce  n'est 
pas  un  culte  égoïste  qu'elle  lui  voue  ;  elle  ne  l'aime  pas  uniquement 
pour  elle-même,  mais  à  cause  des  grands  résultats  qu'elle  produit  ; 
car  tout  progrès  réalisé  par  un  peuple  correspond  toujours,  sur  le 
terrain  des  idées,  à  la  découverte  de  quelque  vérité. 

Ce  qui  fait  donc,  messieurs,  la  gloire  et  la  grandeur  de  l'Université, 
c'est  le  but  élevé  qu'elle  poursuit  ;  ce  qui  contribue  à  sa  prospérité 
croissante,  c'est  qu'elle  répond  à  un  besoin  social  impérieux.  Un  des 
phénomènes  de  notre  époque,  c'est  l'expansion  d'idées  neuves  et 
hardies  ;  celte  tendance  grandit  toujours,  secondée  par  la  presse  et 
les  relations  sociales. 

C'est  un  fait  dont  on  doit  se  réjouir  ;  il  résulte  de  la  liberté  des 
opinions,  et,  pour  employer  un  vieil  adage,  c'est  de  la  discussion  que 
jaillit  la  lumière  ;  mais  au  milieu  de  cette  tempête  des  idées,  ob  le 
vrai  et  le  faux  à  chaque  instant  se  heurtent,  se  mêlent,  se  confondent, 
il  faut  qu'il  s'élève  des  phares  dont  la  clarté  puisse  guider  les  esprits 
incertains  et  timides  ;  c'est  à  l'Université  qu'il  appartient  de  remplir 
ce  rôle  de  pouvoir  régulateur  ;  car  aucune  idée  ne  doit  pénétrer 
chez  elle  qu'après  avoir  passé  au  contrôle  de  la  science  et  de  la 
philosophie. 

Il  est  encore  un  service  éminent  que  l'Université  est  appelée  à 


—  20  - 

rendre  à  FÉtat  :  celui  d*aicler  au  développement  sage  et  éclairé  des 
institutions  belges.  Notre  pays,  parce  qu'il  est  libre,  comprend  que 
ses  institutions  ne  peuvent  être  toutes  parraites  ;  différant  en  cela 
des  gouvernements  absolus,  qui  par  leur  nature  sont  voués  à 
l'immobilisme,  il  veut  toujours  marcher  en  avant.  Il  faut  donc  à  la 
tête  de  l'Etat  des  hommes  capables  d'opérer  des  réformes  et  de  guider 
la  Belgique  dans  la  voie  du  progrès.  C*est  là  une  tâche  difficile,  que 
peuvent  seuls  remplir  les  hommes  qui  joignentà  un  talent  exceptionnel 
un  profond  amour  de  la  patrie. 

Et  qui  peut  à  plus  juste  titre  que  notre  Université  revendiquer  la 
gloire  de  former  de  tels  hommes? 

Qui  est  plus  digne  d'accomplir  une  telle  mission?  Les  mots  inscrits 
sur  le  drapeau  universitaire  ne  sont-ils  pas  science  et  progrès? 

Et  le  législateur,  en  prenant  notre  établissement  supérieur  sous  sa 
protection,  n'a-t-il  pas  eu  surtout  en  vue  de  développer  par  un  ensei- 
gnement libéral  notre  attachement  aux  institutions  de  la  Belgique?  Si 
tel  est  le  but  poursuivi,  je  puis  le  dire  au  nom  des  étudiants  de  Liège, 
le  but  est  atteint  :  la  jeunesse  universitaire,  instruite  de  ses  devoirs, 
attend  impatiemment  que  le  moment  soit  venu  pour  elle  de  s'élancer 
vers  l'idéal  que  lui  montre  son  amour  de  la  liberté. 

La  séance  fut  alors  levée.  Elle  avait  duré  deux  heures  et  personne 
ne  l'avait  trouvée  trop  longue,  tant  cette  solennité  répondait  à  un 
sentiment  vrai,  profond,  universellement  partagé.  On  peut  juger  des 
dispositions  des  assistants  d'après  les  regrets  exprimés  à  M.  le  Recteur 
par  un  grand  nombre  d'anciens  élèves  absents  bien  malgré  eux,  le  jour 
de  la  fête.  Acôté  de  ceux-ci  nous  citeronsle  derniersurvivantdes profes- 
seurs démissionnes  en  1830,  M.  Van  Rees,  qui  n'a  pu  s'exposer,  à  cause 
de  son  âge,  à  entreprendre  le  trajet  d'Utrecht  à  Liège  (i).  Sa  lettre,  ainsi 
que  celles  de  MM.  Jules  Ansiaux,Barbanson,  de  Bavay  (ancien  ministre), 
Bidaut,  Braconnier,  Delcour,P.Devaux,  de  Villers  de  Pité,  Descamps, 
F.  Dewalque,  Dohet,  Ch.  Faider,  Foury,  Gérard  (auditeur  militaire  à 
Bruxelles), Gœthals,J.  Guillery,  Hanquet,  Jottrand  («),  Ch.  Lesoinne, 
le  comte  de  Looz,  le  baron  Misson,  Mouton,  Nothomb  (ministre  de 
Belgique  à  Berlin),  E.  Rolin,  Sainctelette,  Tesch,  Thiéry,  Tielemans, 

(  t  )  s.  M.  le  roi  des  Belges  a  eu  rallention  délicale  de  conférer  à  M.  Van  Rees  la  croix  de 
chevalier  de  Tordre  de  Ldopold,  à  l'occasion  de  la  fôte  jubilaire  de  TUniversitë  de  Liège. 

(â)  M.  JoUrand  a  pu  arriver  le  soir  et  assisler  au  banquet. 


21  

Thonissen,  celles  des  ministres  partis  pour  Gand,  enfin  les  lettres 
d'acceptation  arrivées  de  toutes  parts  en  réponse  à  l'invitation 
rectorale,  resteront  dans  les  archives  de  l'Université  comme  de  pré- 
cieux témoignages  des  bons  souvenirs  qu'elle  a  laissés  à  ceux  qui  l'ont 
fréquentée,  et  aussi  de  Tintérét  que  les  hommes  les  plus  considérables 
du  pays  continuent  de  porter  à  sa  prospérité.  Rien  qu'à  ce  titre,  le 
3  novembre  1867  est  une  date  glorieuse  dans  son  histoire  ;  il  a  été 
reconnu  ce  jour-là  qu'on  croyait  en  elle,  et  qu'elle  pouvait  hardiment 
avoir  confiance  en  elle-même. 


II   BANQUET  (1). 


A  cinq  heures,  les  autorités  et  les  anciens  étudiants  de  l'Université 
de  Liège  qui  avaient  assisté  à  la  cérémonie  de  la  Salle  Académique 
se  retrouvaient  dans  les  magnifiques  salons  de  l'Hôtel-de-Ville,  ornés 
de  draperies,  d'arbustes  et  de  fleurs,  étincelants  de  lumières.  La 
cloison  qui  sépare  la  salle  du  Collège  de  celle  des  mariages  avait  été 
enlevée;  l'ensemble  présentait  un  splendide  coup-d'œil. 

A  cinq  heures  et  demie,  les  convives  se  mirent  joyeusement  à 
table. 

M.  de  Guyper,  recteur,  occupait  le  centre  de  la  table  d'honneur. 

A  sa  droite  étaient  placés  MM.  Dolez,  président  de  la  Chambre, 
Frère-Orban,  Forgeur,le  Général  commandant  la  division  territoriale, 
le  Gouverneur  de  la  province ,  le  Général  commandant  la  division 
d'infanterie,  l'Évéque  de  Liège  et  M.  Spring,  pro-recteur. 

A  sa  gauche,  MM.  Rogier,  de  Tornaco,  de  Brouckère,  Beltjens,  le 
Gouverneur  militaire  de  la  province,  le  Bourgmestre  de  Liège, 
M.  MûlleretrAdministrateur-inspecteurde  l'Université. 

Venaient  ensuite ,  aux  trois  marteaux  placés  dans  la  salle  du 
Collège  :  d'un  côté,  au  marteau  de  droite  :  MM.  Bottin,  Dehasse, 


(O  A  part  quelques  changemeaU  de  détails  et  quelques  additions,  nous  reproduisons  le 
compte  rendu  très-fidèle  qui  a  paru  dans  le  Journal  de  Liège,  (no  du  4  novembre  4867). 


—  Î2  — 

Elias,  Gernaert,  Hanssens,  de  Koninck,  Fallize,  Bayet,  Thiry  et 
Arntz;  de  Tautre,  MM.  Lamaye,  Dereux,  Pety,  Putzeys,  Prinz, 
Schwann  et  le  colonel  de  Libert  ;  au  marteau  du  centre  :  d'un  côté, 
MM,  Moreau,  vice-président;  Borgnet,  Malou,  Orts,  Trasensteret 
Vervoort  ;  de  l'autre,  MM.  de  Rasse,  Van  Schoor,  Nypels,  Vander- 
maesen,  Dolez,  sénateur  ;  de  Savoye,  Sacqueleu  et  Aug.  Visschers  ; 
au  marteau  de  gauche  :  d'un  côté,  MM.  Lonbienne,  Dupont,  profes- 
3eur,  Emile  Dupont,  Laloux,  Jaminé,  Dewildt,  Strens,  Roeler  et 
Gloesener  ;  de  l'autre,  MM.  F.  de  Rossius,  Lion,  de  Bavay,  Warnant, 
Merchie,  inspecteur-général,  Pyro,  lauréat  du  concours  universitaire 
et  Reuleaux,  étudiant. 

MM.  Lesoinne,  Vilain  XIIII,  Mouton,  Braconnier,  Preudhomme, 
représentants;  de  Looz,  sénateur  ;  Grandgagnage ,  président  de  la 
Cour;  Piercot,  ancien  bourgmestre;  de  Rossius-Orban ,  Thiéry, 
directeur-général  de  l'instruction  publique,  et  Gérard,auditeur-général, 
avaient  été  empêchés  de  se  rendre  au  banquet. 

On  remarquait,  en  outre,  aux  quatre  grandes  tables  placées  dans  la 
salle  des  mariages,  dont  la  cloison  avait  été  enlevée  :  MM.  Jottrand, 
ancien  membre  du  Congrès;  Mersman,  Allard,  et  plusieurs  autres 
avocats  de  Bruxelles  ;  plusieurs  conseillers  de  la  Cour  d'appel  de 
Liège;  plusieurs  membres  du  parquet  de  la  Cour  et  du  tribunal; 
M.  Keppenne,  président  du  tribunal,  et  plusieurs  juges  et  avocats  de 
Liège  ;  M,  Capitaine,  ancien  président  de  Chambre  de  commerce, 
plusieurs  directeurs  et  ingénieurs  de  nos  grands  établissements 
industriels,  et  des  notabilités  appartenant  à  toutes  les  professions 
libérales. 

Quarante  professeurs  étaient  présents  (i  ). 

(*)  Savoir  :  H.  le  recteor  Ch.  de  Cutper  et  M.  Is.  Kupfferscblaeger,  secrétaire  du 
Conseil  académique  ;  de  la  faculté  de  philosophie,  MM.  Bobgmet,  Burggraff,  Loomàrs, 
TROisFOMTÀiifES,  Stecher,  Le  Roy  et  Delboeuf  ;  de  la  faculté  de  droit ,  MM.  Dupont, 
Mypels,  Tbjry,  de  Savoye,  F.  Macors,  de  Laveleye,  Namur  et  Maynz  ;  de  la  faculté  des 
sciences,  MM.  Gloesener,  Lacordaire,  Brasseur,  Cbandelon,  de  Konikck,  Trasenster, 
Catalan,  Dewalque,  £o.  Morren,  Gillon,  Schmit,  Fossion  et  Pérard  ;  de  la  faculté  de 
médecine,  MM.  Spring,  Ansuux,  Sauveur,  Schwann,  Vaust,  Péters-Vadst ,  Borlée, 
Heuse,  Wasseige  et  Masius. 

Les  invités  présents  étaient  :  MM.  les  ministres  Rogier  et  Frère  ;  MM.  Forgëur  , 
Beltjbns  ,  le  général  Lecocq  .  le  Gouvemcar  civil  do  la  province  ,  le  général  Jakbers  , 


—  23  — 

L*entrain  le  plus  cordial  n'a  cessé  de  régner  pendant  toute  la  fête. 
Les  anciens  condisciples,  heureux  de  se  revoir,  retrouvaient  la  gatté 
et  l'animation  de  leurs  jeunes  années. 

Les  toasts  portés  au  dessert  méritent  d*être  conservés.  Le  premier 
de  tous,  au  Roi  !  a  été  chaleureusement  accueilli,  et  d'autant  plus  que 


l'Évèqae  de  Liège,  le  colonel  Bottin  (de  la  garde  civique),  le  général  PoswiCK,  le 
Bourgmestre  de  U  ville,  rAdministrateur-inspecteur  de  rUniversité,  les  sénateurs  Dehassb 
et  LoNHisiiifE,  les  représentants  Muller,  Em.  Ddpomt,  Elias  el  F.  de  ROssius  ;  Gernaert 
(inspecteur-général  des  mines),  Prirz  (directeur  de  l'Ecole  normale  des  humanités), 
Laloox  (greffier  provincial),  Fallize  (secrétaire  communal),  Pyro  et  Reuleaux  (étu- 
diants); enfin  MM.  Gilson,  capitaine,  et  Dresse,  lieutenant  de  place. 

Souscripteurs  qui  ont  assisté  au  banquet. 
MM.  Allard,  g.,  avocat  à  Bruxelles.  Détienne,  Servais,  médecin  de  régiment 

Ansiaux,  0.,  Dr-méd.,  conseiller  oom-  (3*  chasseurs  à  pied), 

munal  à  Liège.  De  Tornaco  (baron),  vice-président  du 

Ansudx-Rutten,  banquier  à  Liège  et  Sénat,  à  Vervoz. 


ancien  bourgmestre. 

Arntz,  professeur  à  l'Université  de 
Bruxelles. 

AuBERT,  notaire  à  Ciney. 

AuDENT,  avocat  à  Charleroi. 

Batet,  conseiller  à  la  Cour  de  cassation. 

Beltjens,  procureur  du  roi  à  Hasselt. 

BiAB,  notaire  à  Liège. 

BouGARD,  avocat-général  à  la  Cour  d'ap- 
pel de  Liège. 

BofiY,  AuG.,  avocat  à  Liège. 

Capitaine  père,  ancien  président  de  la 
chambre  de  commerce,  ibid. 

Capitaine,  Ulysse,  administrateur  de  la 
Banque  nationale,  ib, 

CoxHAiRE,  avocat,  ib, 

D'Andrimont,  LtoN,  ingénieur  et  admi- 
nistrateur de  la  Banque  nationale,  ib. 

De  BAVAY,procureur-général à  Bruxelles. 

De  Brouckère,  Henri,  ministre  d'Etat. 

Dejaer,  Ant.,  procureur  du  roi  à  Yer- 
viers. 

Delbouille,  Louis,  notaire  à  Liège. 

De  Lhonneux,  Hyacinthe,  banquier  k 
Huy. 

De  LiBERT,  colonel,  k  Mons. 

Del  Marmol  (Baron  Gh.),  avocat  à  Liège. 

De  Molinari,  avocat  à*Bruxelles. 

De  Basse,  sénateur  et  bourgmestre  de 
Tournai. 

Dercdx,  père,  avocat  à  Liège. 

Desoer,  Emmanuel,  id. 


De  Wandre,  avocat  à  Liège. 

Dewildt,  id.  et  ancien  bourgmestre. 

De  Zantis  de  Frymersom,  ancien  ma- 
gistrat, à  Liège. 

DOGNÉE  aîné,  avocat,  ibid, 

Dohet,  avocate  Namur. 

Dolez  ,  président  de  la  Chambre  des 
représentants,  à  Bruxelles. 

DoLEZ,  sénateur  et  bourgmestre  de  Mons. 

DoNCKiER,  précepteur  des  postes  à  Liège. 

Dubois,  Ernest,  substitut  du  procureur 
du  roi,  k  Liège. 

DuGUET,  G.,  ingénieur,  à  Liège. 

DuLAiT,  id.,  à  Charleroi. 

Dumoulin,  D^en  médecine,  à  Maestricht. 

Dupont,  secrétaire  des  travaux  publics. 

Falloise,  juge  k  Liège. 

Fassin,  professeur  émèrite  de  l'Athénée 
cl  conseiller  communal  à  Liège. 

Fayn,  i,,  ingénieur,  directeur  des  éta- 
blissements du  Rocheux,  à  Theux. 

Flechet,  J.-F.,  notaire  à  Verviers. 

Frankinet,  professeur  émèrite  de  l'Uni- 
versité de  Liège. 

Franquoy,  J.,  ingénieur,  au  Bleyberg. 

Frédérix,  Alph.,  ingénieur  à  Liège. 

Fréson,  g.,  id. 

Fuss,  Th., conseiller  à  la  Cour  d'appel,  ib, 

Gaede,  h.,  Dr  en  médecine,  ib. 

Gillieaux,  D'  en  médec.  et  bourgmestre 
d'Angleur. 

Gobbrt,  avocat  k  Liège. 


—  24  — 
M.  de  Gayper  a  traduit  en  excellents  termes  les  sentiments  des 

» 

assistants.  M.  le  recteur  s*est  exprimé  comme  suit  : 


ce  Messieurs, 

»  Dans  cette  fête  jubilaire,  qui  réunit  autour  de  TUniversité  de 
Liège  rélite  de  ses  anciens  élèves,  le  premier  toast  appartient  au 
Chef  de  l'Etat  ;  mais  en  acclamant  la  santé  du  Roi  nous  obéirons 
moins  à  un  sentiment  de  haute  convenance  qu'à  notre  dévoûment 
au  pays,  et,  dans  les  vœux  sincères  que  nous  formons,  nous  ne 
séparerons  pas  les  destinées  du  Trône  de  celles  de  la  Belgique. 


MM.  GoDDYN,  Em.,  substitut  du  procureur  du 

roi,  à  Bruges. 
Grandgagnage,  Cb.,  avocat  il  Liège. 
Grahdjeam,  h.,  sous-bibliothécaire  de 

rUniversité. 
Hamal,  avocat  à  Liège. 
Hamssbks,  avocat  et  èchevin  de  la  ville 

de  Liège. 
Hennau,  prof^  èmèrite  de  l'Université. 
Hubert,  avoué  à  Liège. 
Jacqdé,  avocat  à  Bruges. 
Jahiné,  avocat  à  Tongres  elanc.  membre 

du  Congrès  national. 
JoTTRAND,  id.  à  Bruxelles,  anc.  membre 

du  Congrès. 
Keppenne,  président  du  tribunal  de  i^e 

instance  de  Liège. 
Klewermann,  Dr  en  médecine,  à  Liège. 
KoELER,  conseiller  des  mines,  au  châ- 
teau de  Froidcour. 
KuBORif,  H.,  Dr  en  médecine,  à  Seraing. 
Lahaye,  g.,  avocat  à  Bruxelles. 
Lahaye  ,  avocat  et  vice-président  du 

Conseil  provincial  à  Liège. 
Lequarré,  prof.,  à  l'Athénée  royal,  ibid. 
LiBERT,  W.,  ingénieur,  ib. 
Lion,  L.,  èchevin  de  la  ville  de  Liège. 
Malou,  Jules,  sénateur,  à  Bruxelles. 
Marcotty,  h.,  avocat- général  à  la  Cour 

d'appel  de  Liège. 
Hassbt,  L.,  bourgmestre  de  Herstal. 
Merchie,  insp.-général  du  service  de 

santé,  à  Bruxelles. 
Mersman,  avocat  à  Bruxelles. 


MM.  MoREAU ,  vice -président  de  la  Chambre 
des  représentants,  ibid, 

Nagelmackers,  Charles,  à  Liège. 

Neuville,  avocat  et  ancien  bourgmestre 
de  Liège. 

NicoLAî,  bourgmestre  d'Âubel. 

Orts,  membre  de  la  Chambre  des  repré- 
sentants, à  Bruxelles. 

Paquot,  directeur-gérant  des  établisse- 
ments du  Blflyberg. 

Pety  DE  Thozée,  président  de  chambre 
à  la  Cour  d'appel  de  Liège. 

Picard,  4d.,  conseiller  à  la  même  Cour. 

PuTZEYS,  èchevin  de  la  ville  de  Liège. 

Sacoueleu,  sénateur,  à  Tournai. 

Sagehomme.  commissaire  d'arrondisse- 
ment à  Verviers. 

Strens,  procureur-général  à  Maestricht. 

Van  Aubel,  D'  en  médecine,  à  Liège. 

Vander  Maesen,  membre  de  la  Chambre 
des  représentants,  à  Verviers. 

Van  Scherpenzeel - Tbim ,  ingénieur, 
directeur  d'établissements  métallur- 
giques, à  Hulheim-sur-la-Ruhr. 

Van  Schoor,  sénateur,  à  Bruxelles. 

Verducbêne,  avocat  à  Maestricht. 

Vervoort  ,  avocat ,    ancien  président 
de   la  Chambre   des    représentants, 
à  Bruxelles. 

VisscHERS,  A.,  conseiller  des  mines,i6id. 

Warnant,  Julien,  avocat  et  èchevin  de 
la  ville  de  Liège. 

Wasseige  père,  D'  en  médecine  et 
conseiller  provincial,  à  Liège. 


»  Au  Roi  dont  la  sagesse ,  continuant  les  exemples  laissés  par  son 
auguste  Père,  comprend  que  le  premier  devoir  du  gouvernement  est 
de  développer  les  facultés  morales  de  la  nation,  de  former  et 
d'enrichir  ses  facultés  intellectuelles  ! 

»  Au  Roi,  juste  appréciateur  des  bienfaits  de  l'instruction  et  dont 
la  bienveillante  protection  ne  fera  jamais  défaut  à  la  mission  qui 
nous  est  confiée  ! 

»  Nous  répondrons  à  la  sollicitude  royale  pour  des  intérêts  qui  se 
rattachent  si  intimement  à  la  gloire  et  à  la  prospérité  du  pays,  en 
continuant  à  inspirer  à  la  jeunesse,  avec  l'ardeur  pour  l'étude, 
l'amour  de  la  patrie,  le  respect  de  la  loi;  à  lui  apprendre,  par 
l'exemple  comme  par  la  parole,  qu'il  n'est  pas  de  drapeau  qu'elle 
puisse  placer  au-dessus  du  drapeau  national  ;  c'est  en  nous  serrant 
autour  de  ce  drapeau,  qui  depuis  37  ans  abrite  nos  libertés,  que 
nous  affirmerons  nos  droits  et  nos  devoirs  par  le  cri  de  vive  le  Roi  ! 

»  A  ce  cri,  l'écho  de  vos  cœurs  a  déjà  répondu  par  ceux  de  vive  la 
Reine  !  vive  la  Famille  royale  ! 

)>  A  notre  jeune  Reine,  dont  la  Belgique  entière  admire  et  bénit  le 
noble  dévouement  !  à  la  digne  héritière  des  vertus  de  Louise-Marie, 
et  qui  saura,  comme  Elle,  former  les  cœurs  qu'elle  a  donnés  à  ses 
enfants,  par  les  généreuses  inspirations  qu'elle  puisera  dans  le  sien! 

»  Au  Roi,  à  la  Reine,  à  la  Famille  royale  !  » 

Les  applaudissements  éclatent  et  les  cris  patriotiques  qu'on  vient 
d'entendre  sont  répétés  avec  énergie  par  tous  les  convives. 

M.  Spring,  pro-recteur,  s'adresse  ensuite  aux  invités  et  aux  anciens 
étudiants  et  se  fait  interrompre,  presque  à  chaque  phrase,  par  des 
explosions  d'enthousiasme. 

ce  A  NOS  INVITÉS  ! 

»  Aux  anciens  étudiants,  dont  la  présence  honore  l'Université  ! 

»  Messieurs, 

»  On  vous  a  exposé  ce  matin  les  titres  qui  justifient  cette  solennité 
semi-séculaire. 

»  Parmi  ces  titres,  il  en  est  deux  surtout  sur  lesquels  j'ai  mission 
d'insister  : 

»  C'est,  d'abord,  l'estime  dont  l'Université,  depuis  sa  fondation , 
n'a  cessé  de  jouir  auprès  de  tous  les  dépositaires  de  l'autorité 


—  26  — 

publique;  c*e8t,  ensuite,  raffection  que  lui  ont  conservée  ses 
anciens  élèves. 

»  Aussi  avons-nous  tenu  à  réunir  autour  de  ces  tables,  et  les  amis 
de  la  maison  et  les  aînés  de  la  famille. 

»  Vous  avez  bien  voulu,  messieurs,  vous  rendre  à  notre  invitation  : 

»  Vous  qui  siégez  à  présent  dans  les  conseils  de  la  nation ,  de  la 
couronne  ; 

yi  Vous,  messieurs,  qui  brillez  au  premier  rang  des  carrières 
libérales  ; 

»  Vous ,  les  guides  du  monde  des  affaires  ; 

»  Vous,  l'ornement  des  hautes  conditions  sociales  : 

»  Présidents  et  membres  des  Chambres  législatives , 

)>  Ministres  du  Roi^ 

D  Anciens  membres  du  Congrès  national, 

»  Chefs  des  administrations  civiles,  militaires  et  religieuses , 

»  Magistrats,  avocats,  médecins, 

»  Écrivains  et  savants, 

»  Ingénieurs  et  professeurs, 

»  Toutes  les  illustrations  dont  nous  sommes  fiers  ! 

»  Tout  en  rehaussant  l'éclat  de  cet  anniversaire,  vous  lui  avez 
communiqué  le  caractère  qui  lui  convenait  le  plus  :  celui  d*une  fête 
de  famille  où,  tout  en  se  glorifiant  d'une  longue  carrière  parcourue, 
on  aime  à  se  retremper  dans  les  souvenirs  de  la  jeunesse ,  et  d'où  il 
semble  à  plusieurs  d'entre, nous  qu'une  nouvelle  foi,  une  nouvelle 
espérance,  un  nouveau  courage  doivent  renaître. 

»  Vous  êtes  revenus  au  foyer  qui  a  nourri  vos  jeunes  intelligences. 

»  Vous  avez  salué  de  nouveau  ces  lieux  qui  furent  jadis  les 
témoins  de  vos  premiers  succès. 

»  Hélas  !  en  revoyant  ces  lieux,  la  plupart  d'entre  vous  n'ont  plus 
rencontré  les  maîtres  d'autrefois.  Leur  piété  a  dû  en  souff'rir  ! 
Cependant,  messieurs,  serions-nous  assez  heureux,  nous  qui  avons 
eu  l'insigne  honneur  de  leur  succéder,  pour  recevoir  votre  approbation, 
pour  lire  dans  vos  regards  que  l'honneur  de  l'institution  a  été  maintenu? 

»  Car  la  réputation  de  l'Université ,  réputation  de  science ,  de 
sagesse  et  de  patriotisme,  vous  appartient  autant  qu'à  nous-mêmes. 
En  la  transmettant  intacte  aux  générations  futures,  nous  remplissons 
un  devoir  envers  les  générations  passées.  Le  souvenir  de  cette  journée 
nous  le  redira  constamment.' 

»  Merci,  messieurs,  au  nom  de  l'Université  que  vous  aimez  et 
dont  vous  êtes  l'orgueil  !  —  Merci  d'être  venu  répandre  autour  de 
cette  fête  un  sentiment  inexprimable  de  douceur  et  d'élévation  ! 

»  Je  bais  à  nos  invités  ! 

»  Je  bois  aux  enfants  de  l'Université  de  Liège  !  » 


—  «7  — 

C'est  Phonorabie  M.  Doiez,  président  de  la  Chambre  des  représen- 
tants, qui  a  répondu  au  toast  de  M.  Spring.  II  Ta  fait  avec  éloquence, 
d*uDe  voix  vibrante  et  sympathique,  qui  a  produit  une  grande 
impression  sur  les  convives.  M.  Dolez  parlant  d'abondance ,  nous 
ne  pourrons  malheureusement  donner  qu'un  résumé  bien  incolore 
de  sa  touchante  improvisation. 

M.  le  président  de  la  Chambre  s'est  à  peu  près  exprimé  en  ces 
termes  : 


«  Messieurs  , 

»  Cest  un  ancien  enfant  de  la  famille  qui  a  le  bonheur  de  parler 
aujourd'hui  devant  vous  ;  c'est  à  l'un  des  enfants  les  plus  dévoués 
et  les  plus  reconnaissants  de  l'Université  de  Liège  qu'incombe 
aujourd'hui  l'agréable  mission  de  répondre,  au  nom  des  anciens 
étudiants,  aux  éloquentes  paroles  que  vient  de  prononcer  votre 
éminent  pro-recteur. 

»  Permettez-moi  de  rappeler  ici  un  souvenir  qui  m'est  personnel. 
Pour  moi,  le  retour  aux  moments  heureux  de  la  jeunesse  est 
aujourd'hui  complet.  Il  y  a  trente-huit  ans,  j'avais,  jeune  étudiant, 
l'honneur  d'être  l'organe  de  mes  compagnons  d'étude  :  aujourd'hui, 
du  poste  éminent  où  vient  de  m'appeler  la  confiance  de  mes  collègues 
de  la  Chambre,  j'ai  encore  le  bonheur  de  porter  la  parole  au  milieu 
de  vous ,  au  nom  des  anciens  étudiants  de  l'Université  de  Liège. 

»  Ma  chère  Université,  je  vous  ai  toujours  aimée,  parce  que 
c'est  h  vous  que  je  dois  d'avoir  mérité  peut-être  la  confiance 
dont  le  pays  m'a  plusieurs  fois  honoré  ;  je  vous  aime  plus  encore, 
parce  que  c'est  à  vous  que  je  dois  le  bonheur  de  prendre  part  à  cette 
fête  émouvante.  {Applaudissements,) 

»  Merci  à  l'Université  de  Liège  d'avoir  pensé  à  nous  convoquer  à 
cette  fête  de  famille  !  {Acclamations prolongées.) 

»  La  jeunesse  est  rentrée  ce  matin  dans  mon  cœur  ;  en  revoyant 
cette  belle  Salle  Académique,  je  retrouvais  les  émotions  d'un  cœur 
de  18  ans. 

»  L'Université  de  Liège  a  fait  immensément  pour  la  liberté  de 
notre  patrie.  Qui  a  paru  au  premier  rang  en  1830,  lorsqu'il  a  fallu 
l'établir  sur  des  bases  solides?  Ce  sont  vos  enfants,  MM.  de  l'Uni- 
versité. Gloire  et  reconnaissance  aux  professeurs  qui  avaient  préparé 
de  tels  hommes  à  une  pareille  tâche  !  Gloire  aux  professeurs  qui  ont 
su  appil^endre  à  cette  jeunesse  d'élite  que  le  premier  des  biens  est 


—  28  — 

rindépendance  de  la  patrie,  et  le  plus  grand  honneur,  celui  de  la  bien 
servir.  (Tonnerre (T applaudissements.) 

ï)  Avec  un  pareil  corps  professoral,  le  pays  est  sûr  de  son  avenir, 
et  nous  pouvons  avoir  foi  dans  la  perpétuité  de  TUniversité  de  Liège. 

»  J'aurais  voulu  terminer  par  un  toast  à  l'Université,  mais  je  ne 
veux  pas  empiéter  sur  la  tâche  dévolue  à  l'honorable  M.  de  Brouckère; 
il  me  sera  du  moins  permis  de  porter  un  toast  que  m'inspire  la  recon- 
naissance :  je  bois,  et  du  fond  de  mon  cœur,  à  la  mémoire  des 
professeurs  de  l'Université  qui  ne  sont  plus  !  » 

Les  applaudissements  les  plus  chaleureux  couvrirent  ces  dernières 
paroles,  que  l'honorable  président  de  la  Chambre  prononça  d'une  voix 
profondément  émue. 

Le  toast  à  l'Université  fut  porté  par  M.  Henri  de  Brouckère, 
ministre  d'Etat,  en  termes  fort  heureux  et  souvent  couverts  par  les 
marques  d'assentiment  de  l'assemblée.  Voici  ses  paroles,  autant  qu'il 
a  été  possible  de  les  recueillir  : 

»  Enfant  de  l'Université  de  Liège,  je  suis  l'un  de  ceux  que 
l'honorable  M.  Spring  a  appelés  les  amis  de  la  maison  ;  je  suis  l'un  de 
ceux  qu'il  a  signalés  comme  lui  ayant  conservé  dans  leur  cœur  une 
vive  et  profonde  affection.  Oui,  je  porte  à  l'Université  de  Liège  trop 
d'aifection  et  trop  de  reconnaissance,  j'ai  gardé  un  trop  agréable 
souvenir  de  mes  années  universitaires ,  période  d'un  bonheur  sans 
mélange,  pour  avoir  pu  hésiter  un  seul  moment  à  me  rendre  à  cette 
fête  jubilaire. 

»  Mais  j'aurais  voulu  y  pouvoir  assister  silencieusement  et  modes- 
tement, car  à  personne  ici  plus  qu'à  moi  il  ne  convient  d'être 
silencieux  et  modeste  dans  une  semblable  réunion. 

»  La  Commission  organisatrice  de  la  fête  et  M.  le  recteur  en  ont 
décidé  autrement.  Simple  étudiant  aujourd'hui ,  comme  je  l'étais  il  y 
a  un  demi-siècle  à  pareil  jour,  quand  Monsieur  le  recteur  a  ordonné, 
il  ne  me  reste  qu'à  obéir. 

»  Aussi  bien  je  n'éprouve  aucun  embarras  à  remplir  la  tâche  qui 
m'a  été  confiée,  tant  elle  répond  à  mes  sentiments  les  plus  intimes, 
tant  je  suis  certain  que  vous  accueillerez  avec  faveur,  que  vous 
acclamerez  de  tout  cœur  le  toast  dont  on  m'a  fait  l'honneur  de  me 
charger  : 

»  A  l'Université  de  Liège  ! 

»  A  l'Université  de  Liège,  dont  le  corps  professoral,  par  une  si 
appréciable  bonne  fortune,  a  depuis  50  ans  été  constamment  composé 


—  29  — 

d*homnies  aussi  éminenls  par  leur  savoir  que  distingués  par  leur 
déYOuement  et  par  toutes  les  qualités  qui  honorent  le  Tonctionnaire 
et  le  citoyen  ! 

»  A  l'Université  de  Liège,  dont  l'enseignement  toujours  progressif, 
toujours  à  la  hauteur  de  la  science  et  sans  en  négliger  la  moindre 
découverte,  a  toujours  aussi  été  empreint  d'une  telle  sagesse,  qu'il 
inspire  la  plus  légitime  confiance  à  tous  les  pères  de  famille  ! 

»  A  l'Université  de  Liège,  du  sein  de  laquelle  sont  sortis  tant 
d'hommes  d'un  mérite  supérieur,  qui  se  sont  illustrés  dans  toutes  les 
carrières,  et  qui  a  exercé  une  immense  influence  sur  les  destinées 
de  la  Belgique! 

»  A  l'Université  de  Liège,  dont  nous,  anciens  étudiants,  nous  nous 
glorifions  d'être  les  enfants,  où  nous  avons  puisé  les  principes  de  la 
science  que  nous  pratiquons,  à  qui  nous  devons,  pour  la  plupart,  ce 
que  nous  sommes  et  les  succès  que  nous  pouvons  avoir  obtenus! 

»  A  l'Université  de  Liège,  enfin,  qui  dès  son  début,  brillant  entre 
toutes  les  Universités  du  royaume  des  Pays-Bas,  n'a  fait  depuis  lors 
que  prospérer,  grandir  et  progresser,  et  qui,  dans  les  mains  auxquelles 
elle  est  confiée  aujourd'hui,  continuera  infailliblement  à  prospérer,  à 
grandir  et  à  progresser  ! 

»  Mais,  tandis  que  nous  nous  livrons  ensemble  aux  plus  douces 
émotions,  un  impérieux  devoir  me  prescrit,  messieurs,  de  vous  en 
détourner,  de  vous  en  distraire  un  instant  pour  réveiller  en  vous  une 
triste  pensée  qui  ne  trouble  et  n'altère  que  trop  le  bonheur  que  nous 
goûtons  de  nous  voir  réunis. 

»  Pourrions-nous,  en  efffet,  messieurs,  ne  pas  éprouver  un  doulou- 
reux serrement  de  cœur,  en  ne  retrouvant  à  cette  fête  jubilaire  et 
fraternelle  aucun  de  nos  chers  et  vénérés  professeurs  de  1817,  aucun 
de  ces  glorieux  maîtres  qui  ont  imprimé  à  l'Université  la  marche 
qu'elle  a  si  noblement  suivie  depuis  lors  sans  s'en  écarter  ?  Qu'il  me 
soit  au  moins  permis  de  rappeler  encore  une  fois  leurs  noms,  et  de 
les  signaler  de  nouveau  à  la  gratitude  de  tous.  C'étaient,  dans  la 
faculté  de  médecine,  MM.  Sauveur,  ))remier  recteur  de  l'Université  ; 
Ânsiaux,  Comhaire  ; 

»  Dans  la  faculté  de  droit,  MM.  Ernst  atné,  Destriveaux  et 
Warnkœnig; 

»  Dans  la  faculté  de  philosophie,  MM.  Rouillé,  Fuss,  Denzinger 
et  Gall; 

»  Dans  la  faculté  des  sciences,  MM.  Delvaux,Vanderheyden  et  Gaëde. 

»  Tous,  messieurs,  ils  ont  payé  le  dernier  tribut  à  la  nature; 
honneur  à  ces  hommes  éminents,  si  dignes  de  nos  respects  et  de  nos 
regrets  !  leur  mémoire  est  gravée  dans  nos  cœurs  ;  et  si  j'avais  le 
droit  d'exprimer  ici  un  vœu,  je  voudrais  qu'une  inscription,  rappelant 


-sc- 
ieurs noms,  fût  placée  dans  la  Salle  Académique  et  conservât  à 
jamais  leur  souvenir. 

»  Un  mot  encore ,  un  dernier  mot  de  reconnaissance.  Il  s'adresse 
aux  spirituels  et  généreux  habitants  de  cette  noble  ville  de  Liégp, 
qui  accueillent  les  étudiants  avec  une  si  sympathique  courtoisie, 
avec  un  si  cordial  empressement.  II  n*en  est  pas  un  parmi  nous,  j'ose 
l'affirmer,  qui  n'ait  conservé  un  doux  et  précieux  souvenir  de  ses 
relations  sociales  pendant  son  séjour  à  l'Université. 

»  Et  maintenant  une  dernière  fois,  messieurs,  et  du  fond  de  mon 
cœur,  à  l'Université  de  Liège,  à  sa  prospérité,  à  ses  succès,  à  son 
glorieux  avenir  !  » 

La  mission  de  remercier  M.  de  Brouckère  revenait  naturellement  à 
M.  Dupont,  professeur  émérite  et  doyen  de  l'Université.  Voici  sa 
réponse  : 


»  Messieurs  , 

»  L'honorable  M.  de  Brouckère,  avec  l'autorité  que  lui  donne  son 
caractère  et  sa  position,  vous  a  retracé,  en  termes  éloquents  et 
convaincus,  l'importance  de  l'institution  et  les  services  qu'elle  a 
rendus. 

»  Permettez-moi,  messieurs,  en  ma  qualité  de  doyen  de  l'Université, 
de  le  remercier  au  nom  de  mes  collègues  et  de  dire  : 

»  Que  c'est  avec  bonheur  et  avec  respect  que  nous  avons  recueilli 
de  la  bouche  d'un  de  nos  anciens  lauréats  l'hommage  qu'il  a  rendu  à 
la  mémoire  de  nos  prédécesseurs,  ces  professeurs  éminents  qui 
fondèrent  la  réputation  de  notre  établissement  et  dont  le  souvenir 
restera  ineffaçable  parmi  nous. 

»  Permettez  aussi  que  nous  le  remerciions  d'avoir  apprécié,  dans 
des  termes  si  bienveillants  et  si  honorables  pour  nous,  les  efforts 
que  nous  avons  faits  pour  maintenir  jusqu'à  ce  jour  cette  réputation 
si  légitimement  acquise. 

»  Le  témoignage  d'estime  et  d'intérêt  que  M.  de  Brouckère  donne 
à  tout  le  corps  enseignant  en  cette  séance  solennelle  est  d'autant  plus 
précieux  que  vous  vous  y  êtes  associés,  messieurs,  par  vos  applau- 
dissements unanimes  et  chaleureux;  que  vous  avez  ainsi  affirmé 
devant  le  pays  tout  entier  que  l'Université,  pendant  le  demi-siècle  qui 
s'est  écoulé,  a  dignement  rempli  la  mission  qui  lui  est  confiée. 

»  Messieurs ,  nous  sommes  reconnaissants  et  fiers  de  cette  mani- 
festation, qui  émane  de  tant  d'hommes  distingués  sortis  de  nos  rangs  ; 


—  31  - 

qui,  dans  toutes  les  carrières  ,  dans  Tindustrie,  au  barreau,  dans  la 
magistrature ,  dans  les  assemblées  délibérantes ,  partout  où  les 
appellent  le  suffrage  de  leurs  concitoyens  ou  la  confiance  de  la 
Couronne,  occupent  les  positions  les  plus  élevées.  Et,  en  effet,  si, 
sous  un  Monarque  illustre  el  vénéré,  la  Belgique  a  conquis  son 
indépendance;  si,  à  une  époque  où  une  sorte  de  vertige  s*était 
emparé  de  toutes  les  nations,  elle  a  été  préservée  des  dangers  qui  la 
menaçaient  ;  si  son  nom  est  respecté  à  rétranger;  si  enfin  elle  vit 
prospère,  libre  et  heureuse,  pour  connaître  les  hommes  d'élite  à  qui 
elle  doit  tout  cela.nous  n'avons  pas  besoin  de  sortir  de  cette  enceinte. 
»  En  présence  d*un  passé  si  glorieux,  en  présence  d*une  situation 
si  brillante  aujourd'hui  encore,  l'Université  envisage  l'avenir  avec 
assurance  :  confiante  en  elle-même,  fidèle  aux  sages  traditions  de 
nos  anciens  maîtres,  elle  continuera  à  enseigner  la  science  pour  la 
science,  et  elle  s'appliquera  comme  toujours  à  développer  dans  le 
cœur  de  la  jeunesse  les  sentiments  nobles  et  généreux,  et  à  lui 
inspirer  l'amour  de  son  Roi,  de  son  pays  et  de  ses  libres  institutions. 
—  Sur  ce  terrain,  tous  les  Belges  doivent  être  unis  en  ne  formant 
qu'une  seule  famille.  »  {Applaudissements.) 

Le  toast  à  la  ville  de  Liège  fut  ensuite  porté  par  M.  le  professeur 
Borgnet,  et  M.  le  bourgmestre  y  répondit  au  nom  de  l'administration 
communale. 

M.  Borgnet  s'est  exprimé  comme  suit  : 

«  Mes  collègues  m'ont  fait  l'honneur  de  me  choisir  pour  porter  un 
toast  auquel,  je  ne  puie  en  douter,  vous  ferez  bon  accueil  : 

»  A  l'administration  communale  de  Liège,  qui  nous  a  prêté,  à 
l'occasion  de  cette  solennité  universitaire,  un  concours  si  bienveillant 
et  j'ajouterai  si  spontané,  ce  qui  nous  le  rend  doublement  précieux! 

»  Il  faut  aussi  le  reconnaître,  les  précédents  nous  autorisaient 
à  y  compter.  Quels  que  soient  les  *  hommes  que  les  vicissitudes 
électorales  aient  appelé  h  ce  poste  honorable,  on  les  a  toujours  vus 
montrer  le  plus  louable  empressement  chaque  fois  qu'il  s'est  agi  des 
intérêts  de  l'Université.  Représentants  d'une  population  généreuse , 
qui  n'a  jamais  failli  à  la  cause  de  la  liberté  ni  au  développement  de 
l'instruction,  son  principal  auxiliaire,  ils  n'ont  cessé  d'apprécier  les 
avantages  d'un  établissement  dont  l'existence  est  intimement  liée  h 
la  propagation  des  idées  vraiment  libérales. 

»  A  l'administration  communale  de  Liège  !  » 


•  —  32  — 

M.  d'Andrîmont ,  bourgmestre,  a  répondu: 

«  Au  nom  de  la  ville  de  Liège,  je  remercie  Térudit  historien,  le 
savant  proresseur  qui  vient  de  s'asseoir,  pour  les  paroles  pleines  de 
bienveillance  qu'il  a  bien  voulu  nous  adresser. 

»  L'Université  de  Liège  peut  et  doit  compter  sur  le  concours 
sympathique  de  l'administration  communale. 

»  C'est  un  honneur  pour  la  Cité  de  posséder  un  étincelant  foyer 
de  science  et  d'intelligence. 

)>  Toutes  les  Facultés  ont  droit  à  notre  reconnaissance  ;  toutes 
elles  ont  contribué  à  la  prospérité  de  notre  chère  ville  de  Liège  ; 
toutes  elles  ont  ajouté  quelques  fleurons  à  son  ancienne  gloire. 

»  Nos  médecins,  nos  chirurgiens  ont  acquis  jusque  dans  les  pays 
étrangers,  comme  savants,  comme  praticiens,  comme  professeurs, 
une  haute  réputation,  et  ils  ont  su  la  justifier  par  leurs  nombreux 
travaux  scientifiques. 

»  Le  barreau  s'enorgueillit  de  compter  dans  son  sein  des  orateurs, 
des  jurisconsultes  de  premier  ordre. 

»  Dans  les  hautes  sphères  de  la  politique,  nous  possédons  des 
noms  qui  désormais  appartiennent  à  l'histoire,  et  qui  toujours  feront 
l'honneur  de  la  Belgique  ! 

»  La  philosophie,  les  sciences,  elles  aussi,  ont  apporté  leur 
contingent  d'hommes  remarquables,  érudits,  consciencieux,  qui, 
sans  souci  de  la  tâche  ardue  à  laquelle  ils  s'étaient  voués,  n'ont  pas 
craint  de  soulever  les  plus  grandes  questions  de  l'humanité,  d'aborder 
les  plus  vastes  problèmes  de  la  nature.  Ils  ont  éclairé  ce  qui  était 
obscur  ;  ils  ont,  en  un  mot,  vulgarisé  la  science. 

»  L'Ecole  des  mines,  cette  sœur  puînée  des  quatre  Facultés,  vient 
à  peine  de  naitre  :  elle  n'a  que  peu  d'années  d'existence  ;  elle  n'a 
pas,  comme  ses  quatre  atnées,  le  droit  de  fêter  la  cinquantaine,  et 
cependant  elle  a  su  conquérir  une  renommée  universelle. 

»  La  brillante  pléiade  d'ingénieurs  qu'elle  a  formés  par  un  en- 
seignement solide,  profond  et  varié,  s'est  dispersée  dans  l'un  et 
dans  l'autre  hémisphère,  et,  par  ses  travaux,  elle  a  fait  connaître, 
apprécier,  honorer  notre  Belgique. 

»  Et  si  notre  pays  figure  maintenant  au  premier  rang  des  nations 
industrielles,  s'il  est  riche  et  prospère,  le  mérite  et  l'honneur 
en  reviennent  pour  une  large  part  à  l'Ecole  des  mines. 

»  Cette  brillante  phalange  d'hommes  remarquables  :  avocats , 
orateurs,  politiques,  philosophes,  géologues,  botanistes,  ingénieurs, 
qui,  après  s'être  frayé  un  chemin  à  travers  les  incertitudes  de  la 
science  économique,  politique  et  sociale,  a  su  établir  sur  des  bases 
solides  notre  nationalité  et  porter  haut  le  renom  du  pays,  cette  briN 


—  33  - 

lante  phalange,  dis-je,  servira  d*oxo:nple  à  la  jeunesse  universitaire. 

»  Elle  comprendra ,  cette  jeunesse ,  que  tout  en  marchant  sur  les 
traces  de  ses  devanciers,  elle  se  doit  à  elle-même  de  Taire  plus 
encore. 

»  Qui  ne  progresse,  décline. 

»  Je  bois  donc  au  brillant  avenir  de  FUniversité  de  Liège  ! 

»  Â  ses  professeurs  éminents,  qui,  par  leurs  travaux,  le  préparent 
dès  à  présent  ! 

»  A  la  jeunesse  universitaire ,  qui  doit  les  seconder  dans  cette 
grande  œuvre  pour  la  continuer  après  eux  !  »  (Applaudissements.  ) 

Pendant  tout  le  banquet,  la  musique  du  l""'  régiment  de  ligne,  sous 
Thabile  direction  de  M.  Simar,  a  joué,  avec  un  ensemble  parfait,  des 
morceaux  de  choix  de  son  répertoire  varié  (*). 

La  Salle  académique  et  les  bâtiments  de  TUniversité,  ainsi  que 
FHôtel-de-Ville  et  le  Palais,  sont  restés  brillamment  illuminés  pendant 
toute  la  soirée,  la  Société  d^Emulation  avait  aussi  fait  illuminer  son 
local.  Une  grande  animation  régnait  en  ville. 

Après  le  banquet,  MM.  Dolez,  Rogier,  de  Brouckère  et  un  grand 
nombre  d'autres  notabilités  se  sont  rendus  au  théâtre,  qui  avait  pris 
aussi  un  air  de  fête.  Les  sénateurs  et  les  représentants  étrangers  à  la 
ville  de  Liège,  ainsi  que  plusieurs  autres  personnes,  avaient  été 
gracieusement  invités  à  s'y  rendre  par  M.  le  bourgmestre,  qui  avait 
mis  plusieurs  loges  à  leur  disposition. 


Un  grand  nombre  d'anciens  étudiants  de  l'Université  (avocats, 


(  *  )  Poar  ne  rien  omettre,  rappelons  que  la  carte  placée  devant  chaque  convive  était  aux 
armes  de  Belgique  et  de  Hollande.  En  dessous,  le  péron  de  Liège,  brochant  sur  les  faisceaux 
académiques,  laissait  déborder  des  deux  cùtés  l'inscription  :  Universis  dUciplinis,  On  lisait 
sur  des  banderoles  les  noms  des  quatre  Tacullés  et  une  inscription  rappelant  la  signification 
de  la  fête.  Voici  la  composition  du  menu,  qui  a  valu  à  M.  Bernay,  restaurateur,  des  éloges 
mérités. 

IluUres  anglaises.  —  Potage  à  la  Reine.  —  Bouchée  à  la  Jotnvillo.  —  Turbot  à  la  Hollan- 
daise. —  Filet  de  bœuf  k  la  Monglas.  —  CôtcleUes  d'Agneau  k  la  Villeroy.  —  Chapons  de 
la  Bresse  k  la  Pompadour.  —Selle  de  Chevreuil  à  la  Solférino.  —  Punch  royal,  —  Petit» 
pois  à  la  Française.  —  Faisans  do  Bohème  truffés.  —  Bécasses  bardées.  —  Chaud-froid  de 
Coq  de  Bruyère.  —  Groupe  de  Homards.  —  Terrines  de  foies  gras  de  Strasbourg.  — 
Bavaroise  à  la  Léopold  II.  —  Suédoise  de  fruits  au  kirsch.  —  Glaces.  Ananas.  Fruits. 
—  Dessert.  Café.  Liqueurs. 

3 


—  34  — 

ingénieurs,  etc.),  qui  n'avaient  pu  trouver  place  à  THôtel-de-Ville ,  se 
sont  réunis  le  même  soir  dans  les  salons  du  restaurateur  Lanhay,  où 
était  préparé  un  magnifique  banquet. 

Dans  toute  la  force  du  terme,  c'était  véritablement  une  fête  d'amis, 
toute  cordiale,  pleine  d'expansion  et  de  gatté. 

Le  toast  suivant  a  été  porté  à  l'Université,  par  M.  l'avocat  Houet  : 


Messieurs  , 


Réunis  dans  ce  banquet  par  l'amitié  qui  nous  lie,  pour  fêter  en 
famille  le  cinquantième  anniversaire  de  la  fondation  de  l'Université 
de  Liège,  dont  tous  ici  nous  sommes  anciens  étudiants,  je  vous 
propose  de  boire  au  passé  glorieux  et  à  la  prospérité  future  de  cette 
institution,  qui  nous  est  chère  à  tant  de  titres. 

Nous  devons  joindre  nos  souhaits  à  ceux  que  des  voix  éloquentes 
ont  formé  aujourd'hui  pour  l'avenir  d'un  établissement  auquel  nous 
tenons  encore  ou  par  des  relations  scientifiques,  ou  par  des  amitiés 
précieuses,  ou  enfin  par  des  souvenirs  pleins  d'affection  et  de 
gratitude. 

Faisons  aussi  des  vœux,  messieurs,  pour  que  les  étudiants  de 
l'Université  de  Liège  vivent  toujours  dans  cet  esprit  d'union,  de 
solidarité  et  de  tolérance  qui  leur  a  déjà  fait  faire  de  grandes  et  belles 
choses. 

Je  parle  surtout,  vous  le  comprenez,  de  cette  Association  générale 
des  étudiants,  fondée  sous  l'impulsion  des  sentiments  patriotiques 
les  plus  ardents,  et  j'en  parle  avec  le  souvenir  de  ce  qu'elle  était  dans 
ses  beaux  jours  :  nombreuse,  disciplinée,  admirée  dans  ses  manifes- 
tations, approuvée  par  tous  les  hommes  sincères. 

L'utilité  d'une  pareille  société  ne  peut  être  complètement  appréciée 
que  par  ceux  qui  en  ont  ressenti  les  excellents  effets. 

Enfin,  messieurs,  s'il  nous  est  encore  permis  d'exprimer  cette 
espérance,  souhaitons  aux  étudiants  qui  sortiront  de  notre  Université 
le  dévoûmeni  îi  l'œuvre  de  l'émancipation  intellectuelle  des  classes 
laborieuses,  le  goût  des  institutions  qui  ont  pour  but  de  moraliser 
et  d'instruire  peuple.  C'est  d'ailleurs  par  le  zèle  qu'ils  mettront  à 
répandre  la  lumière  et  la  vérité  qu'ils  feront  le  plus  d'honneur  aux 
leçons  de  leurs  maîtres. 

Buvons  donc  à  l'Université  de  Liège!  Buvons  aussi,  messieurs,  au 
progrès  des  idées  et  à  la  perpétuité  des  sentiments  qui  nous  unissent  ! 


i 


-    35  — 

Les  étudiants  de  Tannée  ont  voulu  célébrer  à  leur  tour  la  fête 
académique.  Une  grande  et  belle  table  en  fer  à  cheval  avait  été 
dressée  dans  la  salle  du  restaurant,  au  Jardin  d* Acclimatation.  Le 
président  de  la  commission  permanente,  ayant  été  invité  au  banquet 
professoral,  H.  Walthère  de  Selys,  ancien  président  de  la  Société 
des  étudiants,  a  présidé  la  réunion  de  la  jeunesse. 

Le  toast  porté  par  M.  de  Selys  à  FUniversité  de  Liège,  a  été 
acclamé  avec  enthousiasme  par  toute  rassemblée.  D*autres  orateurs 
ont  essayé  ensuite,  mais  en  vain,  de  prendre  la  parole  :  Tentrain 
était  trop  général  ;  la  gatté  débordait. 

Les  employés  de  l'Université,  enfin,  se  sont  réunis  le  même  soir 
dans  un  quatrième  banquet  à  la  maison  Guérin.  Us  n'oublieront  pas 
plus  que  les  professeurs  et  les  étudiants  la  date  du  3  novembre  1867. 


-•o^a^cMi. — 


APPENDICE. 


XSC:0'CJ'1F1.S     XSBB     AS 


Messieurs, 

En  confiant  à  Fun  de  ses  membres  Thonorable  mission  de  vous 
présenter  une  esquisse  de  Thistoire  de  notre  Université,  le  Conseil 
académique  a  voulu  se  conformer  à  une  tradition  suivie,  de  temps 
inamémorial,  par  toutes  les  Universités  de  TEurope. 

Mais,  à  peine  pouvons-nous  dire  que  nous  avons  une  histoire;  nos 
Annales  ne  remontent  pas  même  au  commencement  de  ce  siècle. 

Nos  prédécesseurs  immédiats  sont  nos  seuls  ancêtres.  Il  nous  est 
permis  d'être  fiers  de  leurs  efibrts  ;  et  le  bien  qu'ils  ont  fait  nous 
donne  une  idée  de  la  responsabilité  qui  nous  incombe  à  nous-mêmes, 
chargés  de  fournir,  à  notre  tour,  la  carrière. 

Puissions -nous  pressentir  sans  crainte  le  jugement  de  nos  suc- 
cesseurs, quand  viendra  le  retour  de  cette  fête  sémi-séculaire  ! 

A  la  fin  du  XVIII*  siècle,  au  moment  oii  le  gouvernement  de  notre 
pays  tomba  dans  des  mains  étrangères,  l'enseignçment  supérieur 
était  concentré  dans  l'Université  de  Louvain. 

Cet  antique  établissement,  qui  avait  jeté  tant  d'éclat  pendant  les 
premiers  siècles  de  son  existence,  gardait  à  peine  une  ombre  de  sa 
splendeur  passée. 

La  science  n*y  existait  plus  qu'à  d'état  de  souvenir  ;  on  y  faisait 
des  études  médiocres  ('). 

Il  ne  devait  pas  survivre  à  la  réunion  de  la  Belgique  à  la  France. 

Un  simple  arrêté  de  Y  Administration  centrale  du  département  de  la 
Dyle  en  prononça  la  suppression,  attendu,  est-il  dit  dans  un  des 


—  38  — 

considérants,  «  qu*il  ne  doit  plus  y  avoir  dans  toute  retendue  de  la 
»  République,  qu'un  seul  mode  d'instruction  publique  conforme  aux 
y> principes  républicains,  celui  établi  par  la  loi  du  3  brumaire 
»anIVi)(«). 

Que  fit-on  pour  remplacer  l'Université  de  Louvain? 

Je  dois  être  bref.  Parrive  directement  à  1814  (  '). 

Bruxelles,  devenue  le  siège  d'une  des  académies  de  l'Université  de 
France  (*),  possédait  à  ce  moment,  à  côté  de  son  lycée,  une  faculté 
des  lettres  ('),  une  faculté  des  sciences  (•)  et  une  école  de  droit  ('). 

Quant  aux  jeunes  gens  qui  se  destinaient  à  l'art  de  guérir,  ils  ne 
trouvaient  pas,  sur  tout  le  territoire  belge,  le  moyen  de  faire  des 
études  complètes  (*).  Les  écoles  primaires  médicales  d'Anvers  et  de 
Bruxelles  étaient  organisées  exclusivement  pour  l'instruction  des 
officiers  de  santé  et  des  sages-femmes. 

Dès    1806  ,  grâce  à  l'initiative  de  deux  praticiens   éminents  , 
Ansiaux  et  Gomhaire,  Liège  avait  été  dotée  également  d'une  école 
primaire  de  médecine  et  de  chirurgie,  qui  fournit  de  nombreux* 
officiers  de  santé  aux  armées  françaises  (*). 

La  Belgique  est  réunie  à  la  Hollande  pour  former  te  royaume  des 
Pays-Bas. 

La  réorganisation  de  l'instruction  publique  est  une  des  premières 
préoccupations  du  nouveau  gouvernement.  Pour  l'enseignement 
supérieur,  il  avait  le  choix  entre  le  système  des  facultés  isolées  de 
l'Université  de  France,  et  le  système  des  anciennes  Universités. 

Il  n'hésita  pas  un  instant.  Le  rétablissement  des  Universités  de 
Leyde,  Groningue  et  Utrecht  est  décrété  en  1818  (***). 

Mais  la  Belgique  n'avait  possédé  qu'une  seule  Université.  Suffisait- 
il  de  la  rétablir  ? 

Une  commission  est  nommée.  Elle  doit  présenter  ses  vues  sur  la 
réorganisation  de  l'enseignement  dans  les  provinces  méridionales  ("). 
Le  résultat  de  ses  délibérations  ne  se  fait  pas  attendre.  Le  2S 
septembre  1816»  le  Roi  approuve  le  projet  qui  lui  est  soumis.  L'éta- 
blissement de  trois  universités,  à  Louvain,  à  Liège  et  à  Gand,  est 
décrété  {"). 

«  Priscum,  en,  refUlget  Lovanii  decus , 
Binœque,  Belgis,  astra  velut  nova, 
Surgunt  sorores,...  »  i  "). 

L'année  suivante,  le  25  septembre  1817,  l'Université  de  Liège  est 
solennelement  installée  par  le  commissaire-général  de  l'instruction 
publique,  M.  Repelaer  van  Driel  (**). 


^  39  - 

Quelques  jours  plus  tard,  parait  le  programme  des  cours  —  Séries 
Leetianum  —  où  l'on  rencontre  les  noms  suivants  : 

Dans  la  faculté  de  philosophie  et  des  lettres  :  MM.  Denzinger,  Fuss, 
Gall,  Rouillé  et  Kinker  ; 

Dans  la  faculté  des  sciences:  MM.  Vandbrheyden  et  Delvaux,  auxquels 
fut  joint.  Tannée  suivante,  M.  Gaeoe  ; 

Dans  la  faculté  de  droit  :  MM.ERNSTaîné,DESTRivEAuxetWARNKOENiG; 

Dans  la  faculté  de  médecine  :  MM.  Sauaeur,  Ansiaux  et  Comhaire  (*'  ). 

Avec  ce  personnel  restreint,  l'Université  entra  courageusement 
dans  la  carrière  qui  lui  était  ouverte. 

Il  y  a  cinquante  ans  —  aujourd'hui  même  —  le  3  novembre  1817  — 
elle  ouvrit,  pour  la  première  fois ,  ses  portes  à  la  jeunesse  studieuse. 
A  la  tète  du  corps  professoral  était  D.  Sauveur,  qui,  par  une  singu- 
lière coïncidence,  devait  être  son  premier  et  son  dernier  recteur, 
avant  1830  (*«). 

Le  3  novembre,  les  élèves  n'étaient  pas  nombreux  ;  mais  quelques 
jours  plus  tard,  on  en  avait  inscrit  259. 

Ce  chiffre  s'est  accru  d'année  en  année  ;  en  1826,  il  s'élevait  à  477; 
enl830,  à540("). 

Les  premières  années  ne  sont  signalées  par  aucun  événement 
saillant  ("). 

Le  personnel  enseignant  est  successivement  augmenté  par  les 
nominations  de  MM.  Wagemann  (1820),  dans  la  faculté  des  lettres. 
Van  Rees  (1821),  dans  la  faculté  des  sciences,  et  Ernst  jeune  (1822), 
dans  la  faculté  de  droit. 

A  un  moment  donné,  les  progrès  rapides  de  l'industrie  éveillent 
l'attention  du  gouvernement.  Il  est  nécessaire,  disait  le  Ministre, 
dans  un  de  ses  rapports  aux  Ëtats-Généraux ,  que  l'enseignement 
des  sciences  exactes  soit  complété  (*^). 

Bientôt  cette  promesse  est  réalisée. 

Un  arrêté  du  13  mai  1828  prescrit  l'enseignement  régulier,  dans 
les  trois  Universités  méridionales,  de  la  chimie  et  de  la  mécanique 
appliquées  aux  arts  industriels. 

Le  même  arrêté  crée  à  l'Université  de  Liège,  deux  chaires  nou- 
velles, l'une  pour  l'exploitation  des  mines,  l'autre  pour  les  sciences 
forestières. 

Le  gouvernement  confie  ces  chaires  à  deux  hommes  d'un  haut 
mérite  :  Dandelin  et  Bronn.  Dès  lors  notre  faculté  des  sciences  est 
enrichie  d'une  section  nouvelle  qui  s'intitule  :  École  des  mines  ("). 

Un  enseignement  spécial  d'un  autre  ordre,  la  pédagogie ,  est  établi 
en  1827. 

Dès  1820,  trois  professeurs  de  notre  faculté  des  lettres,  MM.  Den- 
zinger, Ft'ss  et  Wagemann,  avaient  ouvert  spontanément  des  cours 


-  40  - 

particuliers  pour  les  jeunes  gens  qui  se  destinaient  à  renseignement 
moyen  (Scholœ  propeudeticœ)  ;  cette  utile  innovation  fut  reconnue 
offidellemetit  et  étendue  h  la  faculté  des  sciences  ('*). 

Cependant  le  personnel  enseignant  présentait  d*autres  lacunes,  qui 
furent  successivement  comblées  par  les  nominations  de  MM. 

Yan  LiNBunc-BRAuwER  (1838),  dans  la  faculté  de  philosophie  et  des 
lettres  ; 

E.  Dupont,  Ackbrsdyck  et  Ernest  Munch  (1825  et  1826),  dans  la 
faculté  de  droit  ; 

FoHMANN  (1826),  H.  Sauveur,  N.  Ansiaux  et  Vottem  (1828),  dans  la 
faculté  de  médecine  (")  ; 

Lesoinne  et  Lévy  (  1825),  dans  la  faculté  des  sciences. 

D'un  autre  côté,  rUniversité  perdit,  dans  le  cours  des  dernières 
années,  MM.  Yanderheyden,  admis  à  Féméritat  en  1828,  et  Warn- 
KOENiG,  qui  passa  à  l'Université  de  Louvain  en  1827. 

A  Liège,  comme  à  Louvain  et  à  Gand,  le  gouvernement  avait  confié 
plusieurs  chaires  à  des  professeurs  allemands. 

Dans  le  premier  Rapport  sur  l'enseignement  supérieur,  présenté 
aux  Chambres  belges,  en  1843,  M.  le  ministre  de  l'intérieur  dit  que  le 
choix  de  ces  professeurs  avait,  à  bon  droit,  éveillé  les  susceptibilités 
nationales  ("). 

Je  me  permets  de  croire  que  ces  susceptibilités  n'étaient  pas 
légitimes.  Le  recours  à  des  savants  étrangers  était  une  nécessité  de 
l'époque. 

Sans  doute,  tous  les  choix  du  gouvernement  n'étaient  pas  également 
heureux.  Mais,  il  y  avait,  parmi  les  professeurs  allemands,  des  hommes 
d'un  mérite  supérieur  et  qui  ont  rendu  des  services  incontestables. 
Ai-je  besoin  de  nommer  Wagemann,  Fohmann,  Warnkoenig,  à  Liège  ; 
Haus,  à  Gand  ;  Bekker,  Birnbaum,  Dunbeck,  à  Louvain  ? 

C'est  grâce  à  ces  maîtres  que  nous  avons  connu  les  méthodes 
scientifiques,  les  grandes  écoles  de  l'Allemagne,  c'est-à-dire  d'un 
pays  jusque-là  complètement  inconnu  pour  nous,  et  qui,  dans  l'ordre 
intellectuel,  occupe  une  place  qu'aucune  autre  nation  ne  peut  lui 
disputer. 

D'ailleurs,  un  motif  indiscutable  justifiait  l'appel  fait  par  le  gouver- 
nement à  l'Allemagne,  c'est  que  les  traditions  de  l'Université  de 
France  ne  pouvaient,  à  elles  seules,  répondre  au  caractère  et  aux 
besoins  intellectuels  de  populations  d'origine  germanique  (**). 

De  tous  les  professeurs  qui  ont  été  attachés  à  notre  Université, 
avant  1830,  quatre  seulement  sont  encore  en  vie  : 

L'un,  M.  Yan  Rees,  hollandais  de  naissance,  a  quitté  la  Belgique 
en  1830. 


—  41  — 

Deux  autres,  MM.  H.  Sauveur  et  N.  ânsiaux,  nous  prêtent  encore, 
en  ce  moment,  leur  précieux  concours. 

Le  quatrième,  M.  E.  Dupont,  aujourd'hui  émérite,  Taisait  naguère 
encore  un  des  cours  les  plus  importants  de  la  faculté  de  droit.  Il 
emporte,  dans  sa  retraite,  Testime  et  raflection  de  tous  ses  collègues. 

L'année  1826  est  signalée  par  des  troubles  assez  graves.  Ils  sont 
motivés  par  de  nouveaux  statuts  sur  la  fréquentation  des  cours  ("). 
Les  élèves  finissent  par  se  soumettre  à  ces  statuts,  mais  non  sans 
avoir  obtenu  certaines  satisfactions  qui  leur  étaient  raisonnablement 
dues. 

A  ce  moment,  l'opposition  politique  qui  devait  plus  tard  renverser 
le  gouvernement,  avait  pris  une  importance  considérable.  Les 
Universités  elles-mêmes  étaient  l'objet  de  critiques  el  d'altaques 
incessantes. 

C'était  d'abord  leur  organisation  intérieure,  évidemment  surannée, 
qui  motivait  ces  critiques.  C'était  ensuite  I'Union  des  catholiques 
et  des  libéraux  qui  protestait  contre  les  tendances  religieuses  du 
gouvernement  ("). 

En  1828,  les  accusations  dont  les  Universités  sont  l'objet,  ont 
pris  un  caractère  assez  grave  pour  qu'on  y  prête  enfin  une  sérieuse 
attention. 

Une  Commission  est  nommée  C*^).  Le  gouvernement  lui  transmet 
une  série  de  cinquante-quatre  questions,  dans  lesquelles  toute  l'orga- 
nisation universitaire  est  remise  en  discussion  ('*). 

La  Commission  avait  terminé  son  travail  dans  le  courant  de  1829  ; 
mais  aucune  résolution  définitive  n'avait  été  prise,  au  moment  ob 
éclatèrent  les  événements  politiques  de  1830  ("). 

Quelque  jugement  qu'on  porte  sur  certains  actes  du  gouvernement 
des  Pays-Bas,  et  sans  dissimuler  les  fautes  par  lesquelles  il  s'est 
aliéné  l'esprit  des  populations  belges,  on  doit  reconnaître  que,  par 
rétablissement  des  Universités,  le  roi  Guillaume  I"  a  bien  mérité  de 
la  Belgique.  Un  témoignage  de  reconnaissance  lui  est  légitimement 
dft.  Son  nom  figure  à  la  première  page  de  nos  annales  ;  il  doit  avoir 
aussi  une  place  dans  cette  fête  commémorative. 

Honneur  a  ce  Monarque  ami  des  lettres   et   des  sciences,  qvi 

RÉORGANISA    L'ENSEIGNEMENT    SUPÉRIEUR    EN    BELGIQUE   ! 


Les  quinze  années  qui  ont  suivi  immédiatement  la  chute  du  pre- 
mier Empire,  forment  une  époque  remarquable  dans  l'histoire  du 
dix-neuvième  siècle.  De  là  datent  originairement  tous  les  grands 
progrès  qui  ont  été  réalisés  plus  tard. 

L'Europe,  délivrée  du  fléau  d'une  longue  guerre,  va  se  livrer  aux 


—  42  — 

travaux  de  l'intelligence  avec  d'autant  plus  d'ardeur  qu'elle  avait  dû 
les  abandonner  longtemps. 

En  France,  une  nouvelle  école  philosophique  entame  une  rude 
guerre  contre  les  sèches  et  désolantes  doctrines  du  dix-huitième 
siècle,  et  bientôt  une  nouvelle  école  littéraire  va  étendre  les  idées, 
par  l'étude  des  chefs-d'œuvre  étrangers  restés  inconnus  ou  incompris 
jusque  là. 

En  Allemagne  se  produit,  avec  éclat,  cette  grande  école  historique 
à  la  tète  de  laquelle  brillent  les  noms  des  Niebuhr,  des  Heeren,  des 
Mœser,  des  Hugo,  des  Savigny. 

Les  sciences  exactes  Tout  des  progrès  inouïs  dont  profiteront 
l'industrie  et  le  commerce. 

Enfin,  la  pratique  du  gouvernement  représentatif,  en  France  et  en 
Belgique,  va  réveiller  l'esprit  public  trop  longtemps  endormi,  et  les 
théories  étroites  des  publicistes  de  l'école  de  J.  J.  Rousseau  vont 
faire  place  aux  vrais  principes  qui  doivent  présider  à  l'organisation 
politique  des  sociétés. 

La  Belgique  (il  faut  oser  le  dire)  n'a  eu  qu'une  faible  part  dans  ce 
grand  mouvement  intellectuel  ;  mais  elle  en  a  largement  profité; 
pour  elle  surtout,  les  années  de  la  Restauration  ont  été  des  années 
d'apprentissage  et  de  progrès. 

Des  témoignages  irrécusables  portent  qu'à  la  fin  du  dix-huitième 
siècle,  l'état  intellectuel  de  notre  pays  laissait  infiniment  à  désirer. 
Ce  n'est  pas  durant  l'administration  française  que  cet  état  de  choses 
a  pu  se  modifier  sensiblement.  Les  moyens  d'instruction  étaient  trop 
imparfaits  sous  la  République,  et  nous  avons  à  peine  connu  les 
lycées  de  l'Empire. 

C'est  dans  ces  circonstances  que  furent  établies,  en  1817,  les  trois 
Universités. 

Treize  années  s'écoulent.  1830  rompt  le  lien  qui  nous  attachait  à 
Hollande.  Un  Congrès  national  se  réunit,  et  ce  Congrès,  composé  en 
grande  partie  d'hommes  sortis  des  Universités,  donne  au  nouveau 
royaume  qu'il  vient  de  fonder  des  institutions  qui  font  sa  gloire,  qui 
lui  ont  assigné  dans  l'esprit  des  peuples  libres  un  rang  que  des 
nations  plus  puissantes  peuvent  lui  envier. 

Quel  est,  dans  tout  cela,  la  part  de  l'Université  de  Liège?  Quels 
sont  les  hommes  qu'elle  a  fournis  au  Congrès  national  ? 

La  liste  n'est  pas  longue,  mais  la  valeur  des  noms  supplée  au 
nombre. 

Qu'on  en  juge  : 

Ch.Rogier,  J.  Lebeau,  P.  Devaux,  H.  de  Brouckere,  J.  B.  Nothomb, 
Jos.  Forgeur,  S.  Fleussu,  le  comte  de  Theux,  le  comte  Ch.  Vilain 


—  43  - 

XIIII,  J.  Jaminé,  L.  Jottrand,  J.  B.  Bruant,  Barbanson,  Alex,  de 
Robaulx,  Fr.  Van  Snick,  Gh.  Zoude  (de  Namur). 

Tous  ont  pris  une  part  considérable  aux  travaux  du  Congrès. 
Plusieurs  y  ont  brillé  au  premier  rang. 

Mais  ce  n*e8t  là  qu'une  page  de  Yétat  de  services  de  Tancienne 
Université. 

Que  de  noms  je  pourrais  citer  encore!  Que  d*bommes  distingués 
rUniversité  a  donnés  à  toutes  les  carrières  !  A  la  magistrature,  au 
barreau,  à  l'administration,  à  l'enseignement,  à  l'art  de  guérir,  aux 
lettres,  aux  sciences,  à  l'industrie,  à  l'armée  même  !  Si  je  m'abstiens 
de  les  nommer,  c'est  afln  de  ne  pas  blesser  ceux  que  je  pourrais 
oublier. 

Mais,  ouvrez  les  yeux.  Messieurs;  jetez  vos  regards  sur  cette 
assemblée  d'élite  devant  laquelle  j'ai  l'honneur  de  parler,  et  vous 
suppléerez  à  mon  silence. 

Elèves  qui  suivez  aujourd'hui  les  cours  de  l'Université,  que  ces 
souvenirs  de  vos  devanciers  restent  présents  à  votre  pensée  !  Ils  vous 
prouvent  que  le  travail  procure  toujours  une  position  honorable  dans 
la  société,  et  que,  parfois,  il  mène  aux  plus  grands  honneurs  et  aux 
fonctions  les  plus  éminen tes.  Vous  en  avez  des  exemples  vivants  sous 
les  yeux... 

A  partir  de  1830,  une  ère  nouvelle  s'ouvre  pour  l'instruction 
publique ,  dans  notre  pays.  La  liberté  de  l'enseignement  est  pro- 
clamée C®).  Ce  grand  principe  va  recevoir  immédiatement  son 
application,  avec  toutes  les  conséquences  qui  en  découlent  et  même 
avec  celles  qui  n'en  découlent  pas. 

Le  gouvernement  provisoire  se  trouvait  en  Tace  des  questions 
irritantes  qu'avait  soulevées,  naguère,  l'enseignement  supérieur. 

Réorganiser  les  Universités  sur  les  bases  nouvelles  de  notre 
droit  public,  c'était  une  œuvre  ardue  réservée  au  législateur  ;  mais 
le  gouvernement  ne  pouvait  se  dispenser  de  trancher  immédiate- 
ment certaines  questions  qui  préoccupaient  plus  vivement  l'opinion 
publique. 

Il  décrète  que  tout  Belge  qui  aspire  à  l'obtention  des  grades 
académiques  est  admis  à  se  présenter  aux  examens ,  quels  que 
soient  d'ailleurs  le  pays  et  l'établissement  où  il  a  fait  ses  études  {^*). 

Il  abolit  l'usage  exclusif  de  la  langue  latine ,  dans  les  leçons  et 
dans  les  examens  ;  enfin,  ceci  est  plus  grave,  à  chaque  Université,  il 
enlève  une  ou  deux  facultés.  La  nôtre,  la  moins  maltraitée,  ne  perd 
que  sa  faculté  de  philosophie  et  des  lettres  ('*). 

Les  conséquences  de  cette  dernière  mesure  ne  se  firent  pas 
attendre  :  des  Facultés  libres  s'établirent  pour  remplacer  celles  qui 


—  44  — 

avaient  été  supprimées.  Le  gouvernement  reconnut  ces  Facultés, 
d*abord  en  leur  permettant  de  s'installer  dans  les  bâtiments 
universitaires  ;  plus  tard,  en  instituant  près  de  chacune  d'elles  une 
Commission  d* examen  (  *'  . 

c<  Pendant  les  quatre  années  que  dura  le  régime  des  Commissions 
»  d'examen,  les  études  littéraires,  philosophiques  et  scientifiques 
»  préparatoires  aux  études  du  droit  et  de  la  médecine,  furent  partout 
»  presque  complètement  négligées.  »  Ce  sont  les  termes  dont  se  sert 
M.  le  ministre  de  l'intérieur,  dans  son  premier  Rapport  sur  le  haut 
enseignement. 

Les  Universités  se  traînèrent,  sous  l'influence  de  ce  régime 
énervant ,  jusqu'à  la  fin  de  l'année  académique  1834-1838. 

Mais  bientôt  la  législature  va  être  saisie  de  la  nouvelle  loi  organique 
de  linslruction  supérieure.  Tout  ce  qui  se  rattache  à  la  confection  de 
cette  loi  forme  un  sujet  d'études  du  plus  haut  intérêt. 

Le  projet  est  présenté  à  la  Chambre,  au  mois  de  juillet  1834  ('*). 

Treize  mois  se  passent  avant  la  discussion. 

Dans  l'intervalle,  deux  faits  d'une  importance  considérable,  s'étaient 
accomplis  :  l'établissement  d*une  Université  catholique  dont  le  siège 
provisoire  était  à  Matines  (") ,  et  l'établissement  d'une  Université  libre, 
àBruxelles  ('*). 

La  nouvelle  loi  est  publiée  le  25  septembre  1835  (").  Quinze  jours 
plus  tard,  intervient  la  convention  en  vertu  de  laquelle  l'Université 
catholique  est  transférée  à  Louvain... 


La  réorganisation  du  haut  enseignement  soulevait  deux  questions 
capitales  ! 

Combien  d'Universités  élablira-t-on  ? 

De  quelle  manière  les  grades  seront-ils  conférés  ? 

Le  projet  rédigé  par  la  Commission  instituée  en  1833,  proposait 
l'établissement  de  deux  Universités  aux  frais  de  l'Etat  :  l'une  à  Gand, 
l'autre  à  Liège. 

Le  ministère,  tout  en  se  ralliant  à  cette  proposition,  avait  déclaré 
«  qu'il  n'était  pas  encore  entièrement  convaincu  que  rétablissement 
»  d'une  seule  Université,  dans  une  ville  centrale,  autre  que  Bruxelles, 
»  ne  serait  pas  la  mesure  qui,  toutes  les  raisons  étant  bien  pesées, 
»  offrirait  le  plus  d'avantages  et  le  moins  d'inconvénients.  »  ('*) 

C'était  le  gouvernement  représenté  par  M.  Rogier,  au  moment  de 
la  présentation  du  projet,  qui  faisait  cette  réserve.  Mais  au  moment 
de  la  discussion,  le  ministère  de  l'intérieur  était  occupé  par  M.  de 
Theux  qui  admettait,  sur  ce  point,  la  disposition  du  projet. 

Cependant  la  réserve  de  M.  Rogier  devint  une  proposition  formelle. 


—  45    - 

dès  le  début  de  la  discussion.  Elle  trouva  trente-deux  adhésions  et  ne 
fut  rejetée  qu'à  la  faible  majorité  de  cinq  voix  ('*). 

Créer  une  seule  Université  centrale  !  C'était  une  grande  pensée. 
Malheureusement,  elle  était  irréalisable,  au  moins  moralement,  en 
183S.  Si  l'opinion  de  M.  Rogier  avait  prévalu,  il  est  extrêmement 
probable,  pour  ne  pas  dire  certain,  que  nous  aurions  aujourd'hui 
cinq  Universités  au  lieu  de  quatre... 

La  collation  des  grades  soulevait  des  difficultés  plus  sérieuses  et 
d'une  autre  nature.  On  n'avait  vu  jusque-là,  dans  les  grades,  qu'une 
question  de  garantie  professionnelle  ;  et  cette  garantie,  on  avait  cru 
la  trouver  dans  des  établissements  soumis  au  contrôle  de  l'Etat. 
Désormais  la  question  se  compliquait  d'un  élément  nouveau  :  Uensei- 
gnement  libre. 

Trois  solutions  différentes  se  présentaient  en  182S  : 

1®  Donner  aux  deux  Universités  de  l'Etat  le  droit  exclusif  de 
conférer  les  diplômes,  à  tous  les  élèves  indistinctement. 

Cette  solution  était  inacceptable.  Elle  e&t  créé  un  véritable  mono- 
pole au  profit  des  écoles  officielles.  Le  principe  de  la  liberté  de 
l'enseignement,  inscrit  dans  la  Constitution,  eût  été  anéanti  de  fait. 

2«  Donner  aux  Universités  de  l'Etat  le  droit  de  conférer  les  grades 
à  leurs  élèves,  et  établir,  pour  toutes  les  autres  catégories  d'élèves  des 
Commissiofis  ou  jurys  dexameti. 

C'était  le  système  en  vigueur  pour  les  facultés  libres,  et  peut-être, 
en  ce  moment,  aurait-on  pu  le  généraliser,  en  l'appliquant  aux 
Universités  libres. 

Mais  les  établissements  de  l'Etat  auraient-ils  eu  à  s'applaudir  de 
cette  solution?  Je  n'oserais  l'affirmer.  Ils  se  seraient  trouvés,  à  la 
longue,  dans  une  position  délicate  et  dangereuse.  Il  est  plus  que 
probable  que  l'opinion  publique  aurait  attaché  plus  de  valeur  aux 
diplômes  délivrés  par  les  jurys  d'examen,  qu'aux  diplômes  délivrés 
par  les  Universités. 

Restait  la  troisième  solution  :  l'établissement  d'un  jury  central 
pour  tous  les  élèves  sans  distinction. 

C'est  celle  qui  fut  adoptée. 

Mais  par  qui,  comment  ce  jury  serait-il  formé?  C'était  là  le  point 
capital  et  délicat  de  la  question. 

La  Chambre  se  trouvait  en  présence  de  six  systèmes  différents, 
dominés  tous  par  une  question  de  principe  :  La  Législature  intervieti- 
dra-t-elle  dans  la  nomination  du  jury  ^. 

Quarante-deux  voix  se  prononcèrent  pour  l'affirmative,  quarante  et 
une  voix  pour  la  négative,  f/ne  seule  voix  de  majorité  décida  cette 
grave  question  qui  renfermait,  dans  ses  flancs,  l'avenir  scientifique 
du  pays. 


-~  46  — 

Les  quatre  ministres  qui  étaient  membres  de  la  Chambre,  s'abs- 
tinrent de  voter  (^^).  Regrettable  détermination  dans  une  question 
de  cette  importance  !  Le  vote  des  ministres  eût  écarté  peut-être,  à 
jamais,  Tintervention  des  Chambres  dans  la  composition  du  jury 
d*examen. 

Par  cette  décision ,  la  collation  des  grades  devenait  une  question 
politique  avant  tout.  La  science,  les  études  étaient  reléguées  au 
second  plan,  et  l'enseignement  que  le  Congrès  national  avait  voulu 
rendre  libre,  devenait ,  en  réalité ,  esclave.  Il  était  asservi  aux 
majorités  parlementaires  (**  )• 

On  s*en  aperçut  plus  tard;  on  essaya  de  porter  remède  au  mal, 
mais  on  n'y  parvint  pas  (*•). 

Dans  la  pensée  du  législateur,  le  jury  central  n'était  établi  qu'à 
titre  d'essai  et  provisoirement.  En  réalité,  ce  provisoire,  maintenu 
d'année  en  année,  a  duré  quatorze  ans. 

En  1849,  le  jury  central  est  remplacé  par  les  jurys  combinés.  C'était 
une  amélioration;  les  plus  grands  inconvénients  de  Tancien  système 
disparaissaient  ;  mais  le  nouveau  mode  d'examen  allait  en  révéler 
d'autres  non  moins  graves  (^').  La  question  n'était  pas  résolue. 
Quand  le  sera-t-elle  ?  c'est  le  secret  de  l'avenir.  Mais  il  est  fort  à 
craindre  que,  si  on  la  maintient  sur  ce  terrain,  on  ne  soit  conduit 
fatalement  à  une  situation  qui  pourrait  compromettre  des  intérêts 
plus  graves  que  ceux  de  la  science  (**  ). 

A  la  loi  de  1849  se  rattachent  deux  faits  importants,  qui  devaient 
exercer  une  influence  salutaire  sur  les  hautes  études  ;  la  réorganisa- 
tion de  l'enseignement  moyen  (^*)  et  la  création  du  grade  d'élève 
universitaire  (*®). 

En  1857,  la  loi  sur  le  jury  d'examen  est  révisée  pour  la  troisième 
fois  (^^).  Les  jurys  combinés  sont  maintenus,  mais  le  programme 
des  examens  est  gravement  altéré. 

De  cette  époque  date  la  division  des  cours  en  cours  principaux  et 
cours  à  certificat.  Renfermée  dans  de  justes  limites  et  organisée 
convenablement,  cette  division  eût  obtenu  l'assentiment  général.  Elle 
est  devenue  une  mesure  fôcheuse  par  la  manière  dont  elle  a  été 
réalisée. 

Les  cours  à  certificat  sont,  en  réalité,  des  cours  supprimés  ;  or,  ces 
cours  comprennent  à  peu  près  toutes  les  matières  qui  donnent  à 
l'enseignement  sa  valeur  scientifique.  C'est  matérialiser  les  études  et 
par  conséquent  le  pays,  que  de  n'accorder  une  importance  sérieuse 
qu'aux  études  dont  le  résultat  se  traduit  immédiatement  en  profit 
pécuniaire. 

Dans  l'intérêt  de  la  science  et  de  la  dignité  nationale,  dans  l'intérêt 
de  la  dignité  des  professeurs  et  des  élèves,  la  loi  de  1857  doit  être 


—  47  — 

réformée  sur  ce  point.  C'est  Topinion  des  professeurs  de  toutes  les 
Universités. 

Déjà  une  demi-satisfaction  nous  a  été  donnée  récemment  (**).  Elle 
sera  complétée,  nous  aimons  à  l'espérer,  lors  de  la  discussion  pro- 
chaine du  quatrième  projet  de  révision  dont  la  Chambre  est  saisie  O. 

De  même  que  le  jury  central,  les  jurys  combinés  avaient  été  admis 
à  titre  d'essai  et  pour  trois  années  seulement  Mais  l'essai  se 
continue  depuis  dix-huit  ans,  et,  au  moment  où  je  parle,  ce  nouveau 
provisoire  dure  encore  (*®). 

J'ignore  si  nos  successeurs  s'occuperont  de  nous;  mais  s'ils  veulent 
nous  juger  par  nos  actes,  ils  ne  devront  pas  oublier  que,  depuis  la 
réorganisation  de  1835,  nous  sommes  régis  par  des  lois  provisoires  ; 
que  notre  programme  d'études,  notre  programme  d'examen,  le  mode 
des  examens,  leur  forme,  en  un  mot  tout  ce  qui  constitue  la  force  et 
la  valeur  d'une  Université,  a  été  soumis  à  des  fluctuations  incessantes 
qui  devaient  exercer  la  plus  funeste  influence  sur  l'enseignement 
comme  sur  les  études.  Et  s'ils  trouvent  que  les  résultats  ne  répondent 
pas  complètement  à  ce  qu'on  était  en  droit  d'attendre,  ils  auront 
à  faire  la  part  de  responsabilité  qui  revient  à  chacun  :  au  législateur, 
au  gouvernement,  aux  Universités. 

Ici  se  présente  naturellement  une  question  que  je  ne  puis  passer 
sous  silence.  Elle  intéresse  toutes  les  Universités. 

On  a  prétendu  qu'on  ne  fait  pas  aujourd'hui  des  études  aussi  fortes 
qu'autrefois.  L'enseignement,  a-t-on  dit,  est  trop  pratique  ;  la  science 
y  fait  défaut. 

Il  y  a,  dans  cette  allégation,  beaucoup  d'erreurs  à  côté  d'un  peu  de 
vérité. 

Les  méthodes  d'enseignement  se  modifient  comme  toutes  choses, 
et  le  milieu  dans  lequel  on  vit  exerce  nécessairement  son  influence 
sur  les  méthodes  comme  sur  les  idées.  Si  nos  leçons  ont  un  caractère 
plus  pratique  que  celles  de  nos  prédécesseurs,  c'est  que  nous  vivons 
dans  un  siècle  presqu'exclusivement  pratique  et  que  nous  sommes 
entraînés  dans  la  voie  où  le  siècle  nous  conduit. 

Ace  point  de  vue  exclusif  oix  je  veux  me  placer  un  instant,  j*aifir- 
merai  sans  hésitation  que  les  leçons  qu'on  fait  de  nos  jours,  sont  en 
général  plus  nourries  et  plus  complètes  que  celles  de  nos  devanciers 
et  qu'elles  conduisent  plus  directement  au  but  immédiat. 

Mais  est-ce  là  tout?  Les  Universités  sont-elles  uniquement  établies 
dans  l'intérêt  des  professions  libérales  ou  industrielles?  La  jeunesse 
doit-elle  y  trouver  seulement  ce  que  les  Allemands  appellent  éner- 
giquement  :  les  Brod-Studienl 

Oh!!  non  assurément.  Les  Universités  sont  aussi  les  dépositaires 
do  la  science,  et  le  feu  sacré  ne  doit  pas  s'éteindre  entre  les  mains 


—  48  — 

de  ceux  qui  ont  mission  de  veiller  à  son  entretien.  Il  faut  que  les 
élèves  qui  veulent  étudier  la  science  pour  la  science,  y  trouvent  les 
moyens  de  pousser  leurs  études  dans  la  direction  qui  convient  à 
leur  esprit. 

Peut-être,  sous  ce  rapport,  l'état  actuel  des  choses  laisse-t-il 
quelque  peu  à  désirer.  C'est  la  partie  de  vérité  que  je  signalais  tout  à 
l'heure. 

Toutes  les  institutions  qui  se  rattachent  à  l'Université,  ne  peuvent 
être  mentionnées  ici  que  pour  mémoire  : 

L'institution  des  agrégés,  organisée  deux  fois,  puis  supprimée  (  "  )  ; 

L'institution  de  cours  normaux  des  humanités  (")  ; 

L'institution  d'un  cours  d'agi'iculture  et  d'économie  rurale  ("); 

L'institution  du  Conseil  de  perfectionnement  de  l'enseignement 
supérieur  (*^); 

Les  diplômes  honorifiques  (");  les  diplômes  scientifiques  spéciaux 
pour  les  élèves  qui  se  destinent  à  l'enseignement,  et  l'autorisation 
donnée  aux  docteurs  spéciaux  d'ouvrir  des  cours  privés  (•*)  ; 

Les  moyens  d'encouragenent:  concours  universitaire  ("),  bourses 
d'études  (**)  et  de  voyage  (**)  ; 

Les  lois  relatives  aux  pensions  et  à  l'éméritat  (^); 

Enfin,  tout  ce  qui  concerne  nos  Écoles  spéciales  qui,  à  elles  seules, 
réclameraient  un  chapitre  particulier. 

L'administration  proprement  dite,  l'origine  et  les  développements 
de  nos  diverses  collections  scientifiques  sont  également  exclus  du 
cadre  de  ce  discours. 

Je  dirai  seulement  que  notre  bibliothèque  ne  nous  laisse  rien  à 
envier  aux  plus  célèbres  collections,  par  l'ordre  parfait  qui  y  règne 
et  par  la  facilité  pour  les  recherches,  que  présentent  des  catalogues 
bien  conçus  et  toujours  tenus  au  courant.  C'est  un  hommage  bien  dû 
au  laborieux  conservateur  de  ce  dépôt. 

En  dressant  notre  bilan  de  cinquante  ans,  nous  avons  le  devoir 
de  rappeler  les  services  rendus  par  ceux  qui  ont  été  chargés  avant 
nous  de  répondre  à  la  confiance  du  pays.  Nous  avons  à  payer  aussi 
un  tribut  d'hommages  à  nos  collaborateurs  que  la  mort  a  frappés. 

Mais  ce  n'est  pas  ici  qu'une  tâche  si  ardue  et  si  vaste  peut  être 
dignement  accomplie.  Elle  le  sera  ultérieurement,  dans  une  publica- 
tion spéciale  qui  nous  permettra  d'apprécierTesprit  de  l'enseignement 
de  l'Université  de  Liège. 

Là  reparaîtront  devant  vous  des  noms  qui  se  rattachent  à  vos  plus 
lointains  souvenirs.  Là,  vous  retrouverez  un  chapitre  de  l'histoire 


—  49  - 

intellectuelle  de  la  patrie,  à  la  veille  el  au  lendemain  de  son  éman- 
cipation. 

Laissez-moi  citer  quelques  noms  qui  auront  une  place  dans  cette 
galerie  : 

Wagemann,  dont  l'action  Fut  si  puissante  sur  Tesprit  de  la  jeunesse, 
et  son  digne  successeur  Ackersoyck  ; 

Fuss,  qui,  jusqu'à  son  dernier  jour,  resta  fidèle  au  culte  des  muses 
latines  ; 

RociLLÉ,  qui  fit  revivre  parmi  nous  les  traditions  de  Versailles  et 
les  délicatesses  littéraires  du  dix-huitième  siècle  ; 
KiNKER,  esprit  à  la  fois  profond  et  caustique,  philosophe  et  poète. 
Dans  un  autre  domaine  :  Destriveaux,  passionnant  la  jeunesse  par 
ses  éloquentes  leçons  sur  le  droit  public; 

Warnkoenig,  le  savant  interprête  de  l'école  historique  du  droit,  le 
premier  explorateur  de  nos  archives  juridiques.  Aux  Liégeois,  il  a 
révélé  leurs  antiques  institutions  si  originales  et  si  démocratiques. 
Aux  Flamands,  il  a  donné  une  histoire  de  leurs  institutions  politiques 
et  civiles  pendant  le  moyen-âge. 
Ernst  atnéj  profond  jurisconsulte  et  professeur  éminent  ; 
En^sT  jeune,  le  créateur  du  cours  de  droit  civil  élémentaire^  et  son 
élève  de  prédilection,  notre  regretté  collègue  Fr.  Kupfferschlaeger, 
succombant  à  la  tâche  par  excès  de  zèle. 

Dans  un  autre  domaine  encore  :  Ansiaux  et  Sauveur,  noms  double- 
ment chers,  portés  qu'ils  sont,  sur  notre  programme  actuel,  par  des 
fils  jaloux  d'imiter  leurs  pères  : 

Fohmann,  l'illustre  analomiste  qui,  par  ses  travaux  sur  les  vaisseaux 
lymphatiques,  a  porté  jusqu'aux  extrémités  de  l'Europe  le  renom  de 
notre  école  de  médecine; 

Et  CoNHAiRE,  et  Delvaux,  et  Lombard,  praticiens  désintéressés  et 
expérimentés  :  leurs  noms  sont  restés  populaires  parmi  les  classes 
indigentes; 

Et  Simon,  et  Delavacherie,  ces  opérateurs  si  habiles,  doni  la  renom- 
mée s'étendait  en  dehors  des  limites  de  notre  province. 

Dans  la  Faculté  des  sciences  :  Gaede,  qui  portait,  à  lui  seul,  le 
poids  de  toutes  les  sciences  naturelles,  et  Cm.  Morren,  mort  avant  le 
temps,  laissant  néanmoins  de  mémorables  travaux  en  anatomie  et  en 
physiologie  végétales;  Morren,  qui  sut  en  outre  allier  à  la  science 
Tesprit  pratique  et  dirigea  son  attention,  avec  un  rare  succès,  sur 
les  applications  de  la  botanique  à  l'agronomie  et  à  l'horticulture; 

Et  plus  près  de  nous  Meyer  et  Schaar,  mathématiciens  dignes 
d'occuper  la  chaire  illustrée  par  Pagani  ; 

Dans  la  Faculté  des  lettres,  voyez-vous  encore  Lesbroussart ,  le 
patriote  ardent,  l'écrivain  d'un  goût  exquis,  entouré  de  jeunes  gens 

4 


—  80  - 

qui  seront  un  jour  ses  émules  et  soutenant  avec  eux  YAssociatimpour 
r encouragement  de  la  littérature  nationale; 

Et  à  cdté  de  lui,  Tauteur  du  beau  livre  :  De  la  Rhétorique^  Télégant 
traducteur  d'Horace  et  de  Tyrtée,  Baron  ! 

Un  souvenir  pieux  aussi  à  ces  hommes  précoces ,  actifs  et  déjà 
distingués,  qui  seraient  devenus  l'honneur  de  notre  Université,  si 
leur  carrière  n'avait  été  brisée  avant  le  temps  :  Vottem  ,  Godet, 

TaNDEL,  DuPRET,  WlLMART,  DE  ClOSSET  ! 

Quel  est  ce  jeune  pionnier,  cet  infatigable  chercheur,  qui  accomplit 
à  lui  seul  un  travail  gigantesque,  à  peine  réalisé,  ailleurs,  par  de 
nombreuses  Commissions  de  savants?  En  sortant  de  cette  enceinte, 
levez  les  yeux  sur  sa  figure  pensive  immortalisée  par  le  bronze...  J*ai 
nommé  Dumont. 

Je  m'arrête 

La  mort  nous  a  cruellement  frappés  ;  longue  sera  la  liste  des 
noms  qui  trouveront  place  dans  notre  galerie. 

La  nouvelle  Université  de  Liège  compte  aujourd'hui  trente-deux 
ans  d'existence. 

Elle  a  traversé  des  temps  d'épreuve.  Née  dans  des  circonstances 
défavorables,  au  milieu  de  la  confusion  qui  régnait  dans  les  idées  sur 
le  sens  et  l'application  d*un  principe  nouveau  dans  notre  droit  public, 
elle  a  vécu  pendant  plusieurs  années  d'une  vie  précaire  et  souvent 
menacée.  «  L'enseignement  de  l'Etat,  disait-on,  ne  peut  continuer  à 
vivre  à  côté  de  l'enseignement  libre.  » 

Aujourd'hui,  ces  jours  d'épreuve  sont  passés.  L'expérience  est  faite. 

Notre  Université  est  florissante,  autant  qu'elle  peut  l'être  dans 
l'état  actuel  des  choses,  et  la  confiance  des  pères  de  famille  lui  est 
légitimement  acquise. 

Les  passions  d'un  jour  n'ont  point  accès  dans  son  sein.  La  voie 
qui  conduit  à  la  science,  but  exclusif  de  ses  efforts,  est  son  unique 
domaine. 

Se  tenir  en  garde  contre  les  excès  et  contre  les  défaillances.  — 
Respecter  tout  ce  qui  est  respectable  :  telle  est  la  devise  inscrite  sur  sa 
bannière. 


Dans  toute  solennité  qui  réunit  les  Belges,  le  nom  du  souverain 
doit  être  prononcé.  Ce  n'est  pas  flatterie  (nous  n'avons  jamais  connu 
ce  défaut),  c'est  justice. 

Notre  Roi,  jeune  encore  et  déjà  placé  si  haut  dans  le  respect  et 
l'affection  des  Belges,  a  eu  pour  précepteur  un  de  nos  collègues,  dont 
nous  ne  cessons  de  déplorer  encore  la  mort  prématurée. 

Il  a  appris  l'art  de  régner  sur  un  peuple  libre,  à  l'école  de  son 


—  81  — 

illustre  père,  sous  le  règne  duquel  la  Belgique  a  été  florissante, 
heureuse  et  respectée. 

A  cette  école  aussi,  il  a  puisé  le  goût  des  études  sérieuses. 

Puis,  comme  ce  héros  fameux  par  sa  prudence  qu*a  chanté  le  grand 
poète,  il  a,  pour  acquérir  la  sagesse,  parcouru  les  cités  de  peuples 
nombreux^  sHnstruisant  de  leurs  mœurs^  et,  revenu  dans  sa  patrie,  il 
a  inauguré  son  règne  par  les  plus  sages  paroles  qui  soient  jamais 
sorties  de  la  bouche  d'un  souverain.... 


NOTES. 


(')  En  m*exprimant  ainsi  sur  Tétat  de  renseignement  à  TUniVersité  de 
Louvain,  à  l'époque  dont  je  parle,  je  ne  fais  que  constater  un  fait  qui  est 
consigné  dans  plusieurs  documents  officiels.  Cette  décadence,  du  reste,  n*était 
pas  seulement  le  résultat  de  Tapathie  qui  régnait  dans  TUniversité  même,  elle 
provenait  aussi  de  rindifférence  du  gouvernement  autrichien  et,  il  faut  rajouter, 
de  rétat  intellectuel  du  pays  qui  laissait  infiniment  à  désirer.  Voy.  les  documents 
rapportés  ou  analysés  par  M.  Th.  Juste,  dans  son  Essai  sur  Vhistoire  de  Vins- 
Iruction  publique  en  Belgique  ;  Brux.  1844,  in-8o,  passim. 

Voy.  aussi  le  Discours  prononcé  par  M.  Stas,  directeur  de  la  classe  des 
sciences  de  TÂcadémie  royale,  dans  la  séance  du  16  décembre  1853  {Bulletins  de 
r Académie.  Tom.  XX,  5"«  part.,  pag.  400  et  sulv.),  et,  comme  réponse  à  ce 
discours,  celui  de  M.  le  chanoine  De  Ram,  directeur  de  la  classe  des  lettres, 
prononcé  dans  la  séance  du  50  mai  1854.  (Bull,  de  YAcad.  Tom.  XXI,  \*^  part., 
p.  5Si,i9)  et  ci-après  la  note  ("). 

(')  Cet  arrêté,  en  date  du  4  brumaire  an  VI  (25  octobre  i797),  porte  la 
signature  des  citoyens  Le  Hardy,  président,  Fourmaux,  Faubert,  De  Beriot  et 
Bataille,  administrateurs  ;  Mallarmé,  commissaire  du  Directoire  exécutif,  et 
Delecroix,  secrétaire  général.  H  est  imprimé  dans  le  Rapport  sur  rinstruction 
supérieure  en  Belgique,  présenté  aux  chambres  législatives,  le  6  avril  1845,  par 
M.  J.-B.  NoTHOMB  ;  Tom.  1",  page  37. 

Un  autre  arrêté  du  18  brumaire  suivant  (8  nov.  1797),  supprima  les  collèges 
existant  à  Ijmvain,  fondés  pour  renseignement  qui  avait  lieu  à  rUniversité  de 
cette  commune.  Ibid.  p.  40. 

(')  Les  documents  législatifs  sur  renseignement  supérieur,  émanés  du 
gouvernement  français  jusqu'en  1814 ,  sont  reproduits  dans  le  Rapport  de 
M.  J.-B.   NoTHOMB  ;  Tom.  I,  Annexes  à  la  1'"  part.  pag.  I  à  187. 

(*)  Voirie  Décret  portant  organisation  de  VUniversUé  impériale,  en  date  du 
M  mars  1808.  Rapport  de  M.  J.-B.  Nothomb,  p.  101. 

(*)  Cette  Faculté  était  composée  du  professeur  de  belles  lettres  du  Lycée  et  de 
deux  autres  professeurs ,  pour  renseignement  de  Thistoire  de  la  philosophin 
ancienne  et  de  rhisloire. 


—  54  - 

(*)  Elle  était  composée  du  premier  professeur  de  mathématiques  du  Lycée, 
d*un  second  professeur  de  mathématiques,  d'un  professeur  d'histoire  naturelle  et 
d'un  professeur  de  physique  et  de  chimie. 

C)  Par  la  loi  du  3  brumaire  an  IV  (25  octobre  1795),  une  Ecok  centrale  avait 
été  établie  dans  chaque  département.  L'Ecole  centrale  du  département  de  la 
Dyle  avait  été  ouverte,  à  Bruxelles,  en  l'an  V  (1797).  La  science  du  droit 
occupait,  dans  ces  écoles,  une  place  tout-à-fait  insignifiante;  un  professeur  de 
législation  était  attaché  à  chacune  d'elles. 

Les  Ecoles  spéciales  de  droit  furent  instituées  par  la  loi  du  22  ventôse  an  XII 
(13  mars  1804)  et  organisées  par  le  Décret  du  4«  Jour  complémentaire  suivant 
(21  septemb.  1804).  Elles  étaient  établies  dans  les  villes  dont  les  noms  suivent  : 
Paris,  Dijon,  Turin,  Grenoble,  Âix,  Toulouse,  Poitiers,  Rennes,  Caen,  Bruxelles, 
Coblentz  et  Strasbourg. 

Ces  douze  écoles  furent  partagées  en  cinq  arrondissements  d'inspection.  L'ar- 
rondissement comprenant  les  écoles  de  Bruxelles ,  de  Coblentz  et  de  Strasbourg, 
fut  confié  au  baron  Beyts,  premier  président  de  la  Cour  imp.  de  Bruxelles. 

11  y  avait,  dans  chaque  école,  cinq  professeurs  et  deux  suppléants  : 

L'un  des  professeurs  enseignait  les  Institutes  de  Justinien  et  le  droit  romain 
(sic)  ; 

Trois  autres  étaient  chargés  de  faire,  en  trois  ans,  un  cours  complet  sur  le 
Code  civil  ; 

Le  cinquième  enseignait  la  législation  criminelle  et  la  procédure  criminelle  et 

civile. 

Les  professeurs  de  l'École  de  droit  de  Bruxelles  furent  nommés  par  décret 
du  23  janvier  1806  ;  c'étaient  : 

Pour  la  chaire  de  droit  romain  :  M.  Van  Gobbelschroy,  ancien  professeur  de 
l'Université  de  Louvain. 

Pour  les  trois  chaires  de  droit  civil  : 

MM.  Cahuac,  ancien  professeur  royal  de  l'Université  de  Douai  ; 

Tarte  (aîné),  substitut  du  procureur  général  près  la  Cour  imp.  de  Bruxelles  , 

Et  Van  Hooghten  (i.-G  ),  jurisconsulte  qui  avait  été  chargé  par  le  gouverne- 
ment autrichien  de  donner  des  leçons  de  droit  à  l'archiduc  Charles. 

Pour  la  chaire  de  procédure  et  de  législation  criminelle  :  M.  Jacquelart,  ancien 
professeur  de  l'Université  de  Louvain. 

Les  suppléants  étalent  : 

MM.  Maurissens,  ancien  auditeur  à  la  chambre  des  comptes  de  Bruxelles  et 
auteur  des  Recitationes  in  quinquaginta  libro  Digestorum,  5  vol.  in-8<*. 

Et  Heuschling,  jurisconsulte,  professeur  de  grammaire  générale  à  l'école 
centrale  du  département  de  la  Dyle. 

Enfin,  le  secrétaire  général  de  l'école  était  M.  Van  Bavière,  ancien  professeur 
d'histoire  à  l'Ecole  centrale  du  département  du  Nord,  à  Lille. 

Le  25  mars  1806,  l'Ecole  fut  installée  solennellement  par  Tinspecteur  général 
Beyts,  en  présence  de  tous  les  membres  des  autorités  militaires,  civiles  et  ecclésias- 
tiques,  résidant  à  Bruxelles,  et  d'un  grand  nombre  de  personnes  distinguées  de  tout 
état.  Voy.  Manuel  des  Étudiants  en  droit  deBruxelles,  Brux.  1813,  in-18.  204  pp. 

(*)  Des  écoles  de  médecine  étaient  établies  à  Paris,  à  Montpellier,  à  Stras- 
bourg, à  Turin t  à  Mayence,  etc. 


-  55  — 

(')  Voy.  dans  la  seconde  partie  de  ce  volume,  les  notices  biographiques  sur 

N.  ÂNSUUX  et  J.  N.  COMHAIRE. 

(*')  Arrêté  royal  du  2  août  18i5. 

{**)  Un  premier  arrêté,  du  27  septemb.  1815,  avait  décrété  en  principe,  qu*il 
serait  établi  dans  les  provinces  méridionales,  une  ou  plusieurs  Universités^  et  que, 
dans  ce  dernier  cas,  Tune  d*elles  serait  établie  à  Louvain.  Le  même  arrêté 
portait  qu1l  serait  nommé  une  commission  chargée  de  présenter  ses  vœux  sur 
l'organisation  du  haut  enseignement. 

Cette  commission  fut  nommée  par  arrêté  du  8  novembre  suivant.  Elle  était 
composée  de  : 

MM.  De  i^  Hamaide,  avocat  général  près  la  Cour  supérieure  de  justice  de 
Bruxelles  ; 
Baron  de  L.  H.  de  Broeck  ; 
Chanoine  de  Bast; 
Sentelet,  I 

Lesbroussart,  père,  \    professeurs. 

et  Bouille,  \ 

('*)  Cette  décision  ne  fut  prise  qu*après  certaine  hésitation.  Des  prétentions 
rivales  s'étaient  manifestées. 

Indépendamment  de  Louvain  qui  prétendait  avoir  un  droit  exclusifs  la  posses- 
sion d'une  Université  unique^  Bruxelles  faisait  valoir  son  droit  de  possession 
actuelle  et  prétendait  conserver  ses  établissements  d'enseignement  supérieur. 
Gand.  de  son  côté,  se  prévalait  de  son  importance  comme  ville  et  parlait  de  la 
nécessité  d'établir,  en  tout  cas,  une  concurrence  pour  stimuler  l'émulation.  Les 
municipalités  de  ces  deux  villes  ne  ménageaient  pas,  d'ailleurs,  l'ancienne 
Université  de  Louvain.  «  Une  seule  observation,  disait  la  municipalité  de 
Bruxelles,  suflSrait  pour  démontrer  l'état  d'apathie  où  en  étaient  réduites  les 
sciences  à  Louvain  et  où  très-probablement  l'esprit  qui  domine  dans  cette  ville 
les  replongeait  de  nouveau  ;  c'est  que,  depuis  cent  ans,  cette  Université  si  bien 
rentée,  au  milieu  de  l'aisance  et  du  loisir  qu'elle  assurait  à  ses  suppôts,  n'a  pas 
produit  un  seul  homme  dont  le  nom  seulement  soit  connu  de  l'Europe  littéraire 
ou  savante.  » 

Gand.  à  son  tour,  disait  :  «  Avouons- le  franchement,  l'Université  de  Louvain 
était  devenue  paresseuse  et  routinière.  Outre  que  les  principales  parties  de 
rinstruction  y  étaient  extrêmement  faibles,  on  n'enseignait  plus  les  langues 
grecque  et  hébraïque,  ce  qu'elle  était  obligée  de  faire,  comme  le  prouvent  les 
dotations  considérables  qui  y  étaient  consacrées.  L'anatomie,  la  botanique,  la 
chimie  n'y  étaient  pas  seulement  négligées,  mais  absolument  ignorées.  Une 
rédaction  considérable  dans  l'enseignement,  un  attachement  servile  aux  anciens 
préjugés,  des  erreurs  grossières  qui  en  résultaient,  voilà  ce  qui  caractérisait, 
dans  ces  derniers  temps,  l'Université  de  Louvain.  n 

Yoy.  les  mémoires  des  municipalités  de  Louvain,  de  Gand  et  de  Bruxelles, 
dans  le  l*'  Rapport  deM.J  -B.  Nothomb,  tom.  1«',  pag.  2U.  252  et  239. 

—  Le  projet  de  la  commission,  approuvé  par  le  Bol  le  25  septembre  i81G,  est 
devenu,  avec  cette  date,  le  Renflement  sur  l'organisation  de  renseignement  supérieur 


-  66  — 

dans  les  provinces  méridionales  du  Royaume  des  Pays-Bas,  qui  a  régi  les 
Universités  belges  jusqu*en  1850. 

(*')  Fuss,  ode  écrite  à  Toccasion  de  rinstallation  de  TUniversité  de  Liège,  en 
18i7.  Voici  le  texte  complet  de  cette  pièce,  qoi  Ûgure  en  tête  du  1*'  volume  des 
Annales  academùB  Leodiensis,  an.  MDCCCXVll  —  MDCCCXVlIf. 

GUILIELMO,  Regum  Optimo, 

ClVlUM  PATRI,  PR»C1PI  MdSIS  DILECTO  : 
Quo  die  Université  faustissimis 
autpiciis  instituta. 

Jam  latiori,  Bclgica,  Te  decet 
Gaudere  fato ,  temporis  œmulam , 
Tuis  vigebas  quum  beata 
Priocipibus  super  omne  regnum. 

Pneclara  priscse  stirpis  Ârausis 
Propago  terris  aurea  saecula 
Reducet,  olim  queis  per  omnes 
Emicoil  celebrata  génies 

Yirttts  Avorum.  Quis,  taciturnitas 
Gui  nomen  alti  pectoris  iodidit, 
Heroa  quis  nescit,  potentis 
Insidiisque  minisque  régis 

Tutam  Philippi,  qui  patriam  malis 
Défendit  oppressam,  ancliora  ceu  ratem 
Sœvis  procellis  ;  quis  tropœa 
Mauritii  jnvenili  ab  tevo 

Excelsa,  sceptri  quisve  Britanniae 
Nescit  potitnm,  Francigenis  gravem  ? 
Longas  amavit  nempe  virtus 
Ardua  per  séries  niiere. 

Mortalis  at  non  perpetuo  fuit 
Quisquam  beatus;  dulcc  sed  asperas 
Ridere  jactato  per  undas 
Oceani  placidam  quietem. 

Vertent^  mundi  se  facie,  truci 
Fortuna  vultu  Te  quoque,  sedibus, 
Wilhelme,  depulsum  ex  avilis, 
Per  dubios  agitare  rerum 

\  Gasus  csegit.  Nunc  populi  Tui 

--  Votis  reversum  celsius  exlulit 

Mulata  sors,  dignaque  regem 
Ferre  dedil  diadema  fronle. 

Rursusque  jungens,  quos  furor  impius 
Divisil  olim,  sic  veteres  béas 
Novosque  cives,  temperatam 
Egregie  docilis  lueri 


—  87  — 

Curis  palernis  imperii  viam  ; 
Nec  servitulem  dum  sapiens  amas, 
Nec  Duda  majes(ate  sceplra  ; 
Carus  uti  videare,  et  idem 

CaDclis  vcrendus.  Quippe  Tuo  Ceres 
Hermesque  dulci  sub  moderamioe 
Gaudenl,  aventque  altis  amaenam 
Divitiis  cumulare  terram. 

Gaudet  ruina  roUigio  gravi 
Tandem  resurgens,  et  pietas  patrum 
Gastique  mores.  0  Minervac 
Ante  alios  venerande  reges, 

Husisque  fautor!  splendida  pandere 
Queis  templa  mandas,  scilicel  aeneis 
FelicilaUs  gloriaeque 
Tecta  super  stalaens  columnis. 

Priscum,  en  refulget  Lova  ni  i  dccus, 
Binseque,  Belgts  astra  velut  nova, 
Surgunt  sorores  :  en,  Camœnse 
Auspiciis  rediere  Isetis, 

Tuo  polentes  prsesidio,  Tuum 
Sceptrum  colentes.  Numine  sub  Tuo 
Quœ  littearum  mox  micabunt 
Lumina,  quanta  volabii  omnes 

Per  fama  terras  I  Inciyta  quae  novis 
Décora  sacris  Belgica,  que  Tuo 
Florere  mox  re^o  videhit 
Nomina  !  Non  Tibi  jam  Britanni, 

Wilbelme,  palmam,  Gallia  non  neget, 
Insigne  magis  nec  Latium  viris, 
Non  ipsa  jam  Germana  tellus, 
Pieridum  gencrosa  cullrix. 


('*)  Cette  solennité  est  décrite  comme  suit,  dans  les  Anmks  : 

<  Universitas  literaria,  qusc  Leodii  est,  decreto  Régis  Aogustissimi  GUILIELMI  I,  die  25<* 
Sepiembris  an.  i816creata,  anno  demum  sequente,  omnibus  ad  eam  rem  paratis,  diversa- 
rumque  facultatum  professoribus  plurimam  partem  oominatis,  institula  est,  solenniier 
inangurata  die  S5^  Septembris  abexcellentissimo  viro  Repelaer  van  Driel,  cui  lùm  temporis 
somma  publicse  quam  vocamus  institutionis  in  regno  Belgico  cura  mandata  erat. 

>  Solennissima  baec  etœlernà  posterorum  memorià  digna  Inauguratio  qualis  fuerit, 
breviter  enarrare  opère  pretium  est.  Universitati  recenter  croate  a  civitate  Leodiensi 
dooatum  erat  ingensedificium.quod  a  patribus  societatisJesuolim  extructum,etpublicarum 
scholarom  usui  semper  consecratum,  spatiosa  omnibus  facultatibus  auditoria,  omnesquo 
Académie  exoptandas  habet  commoditates. 

»  In  templo,  nunc  m^oribus  Universitatissolennitatibus  dicato,  res  celebrabatur  ;  in  choro 
posito  throDo  cum  Augustissimi  régis  effigie,  ante  quem  sedes  eminentior  viro  Excellen- 
tissimo,  régie   Majestatis  nomine    Universilatem  inauguraturo.   Gonsederant  a  dextris 


-  88  — 

periiluslres  novae  Universitatis  curatores,  prœside  nobilissimo  Provinciœ  Leodiensis  guber- 
nalore,  quos  excipiebant  majores  provincial  ci  civitatis  magistratus  tam  civiles  quam 
militares;  a  sinislris  Academia;  Reclor  magnificus,  cœleriqae  clarissimi  viri,  ad  docendi 
munus  in  ea  obeundam  vocati.  Reliquom  templi  spatiu  m  impiebat  hominum  omnis  ordinis, 
setatis,  sexûs  et  conditionis  mallitudo.  Prœladebat  intérim  solenni  pomps  plenissimus 
musicorum  chorus,  qui  dulci  omois  generis  instrumentorum  concentu  praesentium  aures 
mulcebat.  Vir  excellentissimus  Repelaer  van  Driel,  Jn  limine  templi  a  curatoribus  et 
Acadcmiae  Rectore  cxceplus,  in  suggestum  ascendit,  ex  moque  Icctissimà  coram  audientium 
coronâ  luculentam  habuit  orationem,  quJi  Régis  Augustissimi  in  Universitate  pro  iiteris  et 
artibus  liberalibus  propagandis  inslitueoda  consilium  et  singularem  ejus  erga  bas  regiones 
benignitatem  diserlissime  exposuil,  novasque  Universilali  perpeluam  ejus  benevolentiam 
adflrmavit.  Quà  oratione  (quam  hisce  Annalibus  inserendam  rogantibus  nohis  concessam  non 
esse  vehemcnter  dolemus)  dicta,  Universitaiem  Leodiensem  institutam  altà  voce  proclamavit. 
Virum  Excelientissimum  dicentem  universa  cohors  summâ  voluptale  audivil  ac  maximo  cum 
applausu  excepit.  Post  illum  dein  locutisuntillustrissimusCuratorum  Prsses,  etMagnificus 
Academise  Rector;  uterque  civitatis  et  professoruro  gratissimum  pro  Régis  ergà  nos 
munificentià  animum  digne  interpretatus  est.  Quibns  peractis  ill.  Curalorum  PraesesRectorem 
magnificum  singulosque  ordinc  professer  es  ad  juramentum  admisit,  ex  formula  art.  186  et 
487  decreti  regii  recilatum. 

>  Singula  orationum  intervalla  musico  exhilarata  choro,  qui  et  flnem  solennitati  imposuit. 
Tolius  aulem  diei  festivitatem  splendidissimum  lauUssimamque  Regii  legati  jussu  paratum 
terminavit  convivium,  in  quo  frequentibus  libationibus  GUILIELMO  I.  et  Augustissimae 
dilectlssiml  pnncipis  domui  salutem,  Universitati  Leodiensi  prosperilatem  et  laetissima 
quseque  apprecati  sunt  illustres  convivse » 

Les  allocutions  du  Commissaire  général  de  finstruction  publique  et  du  prési- 
dent du  Collège  des  Curateurs,  n'ont  pas  été  livrées  à  l'impression. 
Voici  le  discours  prononcé  par  le  Recteur  Magnifiqîœ,  M.  D.  Sala'eur  : 


Monsieur  le  Commissaire-Général, 

Messieurs, 

«  Si  je  porte  mes  regards  sur  cette  assemblée  respectable,  j'y  vois  réunies,  sous  les 
auspices  d'un  Monarque  révéré,  et  sous  la  présidence  d'un  digne  dépositaire  de  sa  confiance, 
les  personnes  les  plus  éminenles  et  les  plus  distinguées  dans  la  magistrature,  dans  l'armée, 
dans  les  sciences,  dans  les  lettres  et  dans  les  arts. 

j>  Si  j'arrête  ma  pensée  sur  l'objet  qui  nous  rassemble  et  dont  viennent  de  nous  parler 
avec  tant  d'intérêt,  son  Excellence  le  Ministre  de  l'instruction  publique  et  M.  le  Couverneur 
de  cette  province  dont  la  magistrature  semble  être  devenue  doublement  paternelle,  par  les 
récentes  attributions  si  justement  confiées  à  ses  lumières,  j'éprouve  la  délicieuse  émotion 
que  fait  naître  l'aspect  d'une  fêle  de  famille,  et  c'est  avec  un  charme  inexprimable  que  je 
m'abandonne  à  tous  les  sentiments  qui  pressent  et  agitent  chacun  de  nous. 

»  Mais  lorsque  je  songe,  qu'appelé  par  un  choix  aussi  flatteur  qu'inattendu  à  une  dignité 
nouvelle  autant  qu'honorable,  premier  organe  de  l'Université  de  Liège,  je  dois  être,  dans  cet 
instant,  l'interprète  de  ses  pensées  reconnaissantes  et  du  juste  espoir  de  la  patrie,  je  ne 
puis  me  défendre  d'un  trouble  involontaire  ;  je  crains  de  ne  pouvoir  fidèlement  exprimer  ce 
que  mon  âme  sent  trop  vivement. 

»  Parmi  les  personnes  qui  m'entendent,  mes  regards  intimidés  aperçoivent  des  maîtres 
*ustemçnt  renommés  dans  l'art  de  parler  et  d'écrire  ;  l'éloquence  est  leur  partage  et  je  n'ai 


—  89  — 

que  do  lèle.  Pour  eux,  traiter  un  sujet,  c'est  toi^ours  l'embellir.  Voué  aux  travaux  austères 
et  utiles  de  la  science  que  je  professe,  je  sens,  Messieurs,  que  j'ai  besoin  de  toute  votre 
indulgence  ;  je  ne  l'invoque  pas  sans  quelque  espoir. 

»  Saisir,  autant  que  de  rapides  moments  ont  pu  me  le  permettre,  quelques-uns  des  prin- 
cipaux traits  du  règlement  par  lequel  le  Monarque  accorde  une  Université  à  la  ville  de 
Liège,  tel  est  le  champ  d'idées  que  je  me  propose  de  parcourir ,  pour  célébrer  une  insti- 
tution que  nos  vœux  appelaient ,  que  notre  reconnaissance  accueille,  que  nos  espérances 
accompagnent.  L'imperfection  de  cet  hommage  ne  dérobera  du  moins  rien  à  sa  sincérité. 

»  Si  je  dis  que  la  ville  de  Liège  n'était  pas  sans  quelque  titre  à  la  faveur  qu'il  lui  est 
accordée,  il  est  loin  de  ma  pensée  de  croire  que  cette  faveur  en  puisse  être  moins  sentie  et 
moins  appréciée.  Plus  elle  est  juste,  plus  elle  porte  l'empreinte  d'une  bonté  vraiment  royale. 

»  Dédommager  de  ses  pertes  une  cité  intéressante  ;  créer  dans  son  sein  un  grand 
établissement  public  de  l'espèce  de  ceux  qui  formaient  autrefois  une  principale  branche  des 
revenus  de  plosieuro  états  de  l'Allemagne  ;  donner  par  là  une  plus  grande  valeur  aux 
produits  naturels  et  industriels  de  ce  pays  ;  rendre  l'instruction,  même  des  degrés  supé- 
rieure, plus  accessible  k  ceux  qui  l'habitent  ;  ne  pas  laisser  se  perdre  dans  la  foule  les  sujets 
que  la  nature  a  doués  des  plus  heureuses  dispositions  et  que  la  fortune  n'a  point  dotés  de 
ses  avantages  ;  telles  ont  été,  sans  doute ,  Messieurs,  les  sages  pensées  du  monarque. 
Jamais  les  sciences  et  les  lettres  n'ont  été  étrangères  dans  la  ville  de  Liège.  De  tout  temps, 
elles  y  ont  été,  ainsi  que  les  beaux-arts,  cultivées  avec  succès  ;  les  études  des  langues 
anciennes  y  étaient  en  honneur,  des  établissements  intéressants  d'instruction  publique  y 
florissaient  ;  mais  nul  lien  ne  les  rapprochait,  nul  plan  ne  les  coordonnait  entr'eux. 

a  Une  Université  peu  éloignée  avait  formé  à  l'émulation  liégeoise  une  sorte  de  foyer 
excentrique.  Les  grands  événements  politiques,  survenus  à  la  fin  du  siècle  dernier,  avaient 
changé  la  face  des  choses  ;  ils  nous  avalent  réunis  k  un  autre  peuple  ;  deux  systèmes  furent 
alors  successivement  essayés.  Dans  le  premier,  les  éléments  étaient  bons,  mais  l'organisation 
était  faible;  dans  le  second,  les  éléments  étaient  excellents,  mais  l'organisation  était,  peut- 
être,  trop  forte.  Une  Université  unique  dans  un  grand  état,  n'a  point  de  terme  de  compa- 
raison, à  moins  qu'elle  n'aille  le  chercher  chez  l'étranger  ;  elle  n'a,  par  conséquent,  ni 
motifs  directs,  ni  moyens  immédiats  d'émulation, 

>  Les  Univereités  sont  des  corporations  scientifiques  et  littéraires,  qui,  comme  les  corps 
physiques,  doivent  avoir  leurs  proportions  naturelles ,  ainsi  que  leura  sphères  d'activité. 
Trop  multipliées,  trop  disséminées,  elles  ne  seraient  qu'une  sorte  d'aurore  boréale.  Réduites 
et  formées  en  nombre  convenable,  elles  répandent  la  chaleur  vivifiante  de  l'émulation,  elles 
dispensent  la  lumière,  comme  l'astre  du  jour.  Cette  sage  pensée  a,  sans  doute,  préside  k  la 
création  des  trois  Univereités,  et  assuré  à  la  ville  de  Liège  l'inappréciable  avantage  d'en 
posséder  une.  Si  notre  ville  a  su  profiter  de  divers  établissements  antérieurs  plus  ou  moins 
imparfaits,  on  pourrait  croire  qu'elle  saurait  correspondre  à  une  faveur  plus  complète,  et 
8*en  montrer  digne  sous  tous  les  rapports.  Ses  titres  ont  été  aecueillis. 

»  S'il  est  un  bienfait  capable  de  produire  une  vive  et  durable  impression,  c'est  celui  qui 
fait  èclore  tout  ce  qui  est  bon,  utile  et  libéral,  et  encourage  tout  ce  qui  est  héroïque  ou 
sublime  ;  c'est  celui  qui,  ouvrant  les  sources  de  l'instruction,  intéresse  toutes  les  familles, 
s'adresse  aux  affections  les  plus  chères ,  embellit  les  jouissances  actuelles  par  les 
penpectives  de  l'avenir,  développe  tous  les  talents,  fait  fructifier  toutes  les  vertus  et  forme 
à  la  fois  l'homme  et  le  citoyen  ;  c'est  celui,  qui,  promettant  de  ne  rien  laisser  d'inculte  dans 
la  nature  physique  et  dans  la  nature  morale,  répand  dans  la  société  cette  masse  de  lumières 
qui  perfectionne  tous  les  arts,  facilite  les  progrès  de  tous  les  genres  d'industrie,  et  assure, 
à  chaque  pays,  des  moyens  de  prospérité  et  d'indépendance. 

>  L'importance  d'un  tel  bienfait,  dont  cette  cité  a  le  bonheur  d'être  plus  particulièrement 
fobjet,  peut  donner  la  mesure  de  sa  profonde  et  vive  reconnaissance.  Puisque  nos  vœux  ont 
été  si  utilement  mis  sous  les  yeux  du  Monarque  par  le  Ministre  éclairé  qui  préside  celte 
auguste  assemblée,  ne  serai-je  pas  votre  interprète,  Messieura,  si  je  le  prie,  tant  en  votre 


-  60  — 

nom,  qu'au  nom  de  tous  les  përos  de  famiile,  de  porter  jusqu'au  trône  la  respectueuse 
expression  de  notre  éternelle  gratitude  ? 

»  Ce  sentiment  pourrait-il,  en  effet,  connaître  une  limite  dans  sa  durée,  lorsque 
l'institution  qui  le  fait  naître,  ne  peut  que  s'aflermir  et  se  consolider  avec  le  temps  ?  Chaque 
jour,  n'en  doutons  pas,  en  fera  mieux  connaître  les  avantages  ;  c'est  par  son  application 
journalière  qu'elle  sera  mieux  jugée  ;  les  objets  extérieurs  ont  besoin  de  la  lumière  pour 
être  aperçus,  mais  la  lumière  n'a  besoin  que  d'elle-même.  Aux  progrès  de  l'esprit  humain 
dans  nos  belles  contrées,  correspondra  une  progression  d'émulation  ;  nul  ne  voudra  rester 
en  arrière  de  l'impulsion  générale.  L'Université  de  Liège  ne  sera  sûrement  pas  la  moins 
empressée  à  porter  son  tribut  à  la  masse  des  connaissances  humaines,  ce  trésor  qui  est  la 
légitime  propriété  de  tous,  et  où  chacun  a  le  droit  de  puiser  dès  qu'il  en  a  la  volonté. 

»  Los  provinces  méridionales  rivaliseront  de  zèle  et  d'efforts  avec  les  provinces  septen- 
trionales pour  étendre  et  assurer  les  paisibles  conquêtes  de  la  raison  et  de  la  vérité.  Les 
lumières  seront  aussi  le  gage  heureux  et  le  lien  brillant  de  leur  union.  Riches  les  unes  et 
les  autres  de  souvenirs  littéraires  et  de  grandes  renommées  scientifiques,  elles  mettront  en 
commun  leur  instruction  et  leur  gloire,  enrichiront  le  présent  de  tout  ce  qu'il  y  a  d'avéré  et 
d'utile  dans  le  passé  et  transmettront  elles-mêmes  à  la  postérité  un  héritage  de  science 
accru  par  leurs  nombreux  et  patriotiques  travaux. 

>  Si  telles  sont.  Messieurs,  les  conséquences  naturelles,  si  tels  sont  les  fruits  assurés  de 
l'institution  des  nouveaux  corps  académiques  érigés  par  la  décision  royale,  comment 
pourrait-on  voir,  d'un  œil  indifférent,  des  établissements  qui  se  recommandent  par  nne 
aussi  éminente  utilité  ?  Comment  pourrait-on  refuser  d'accueillir  des  espérances  qui 
s'unissent  à  des  devoirs,  ajourner  tant  d'avantages  qui  sont  des  obligations?  N'est-il  pas 
plus  naturel,  -plus  juste,  plus  indispensable,  de  s'empressôr  de  les  réaliser?  Je  me  plais  à 
voir,  à  reconnaître  un  décret  de  la  Providence  dans  celui  du  Monarque  qui  doit  opérer  tant 
de  biea  et  assurer  l'instruction  de  la  génération  présente  et  des  générations  futures.  Je  me 
plais  à  célébrer  la  sollicitude  éclairée  et  paternelle  avec  laquelle  a  été  médité  l'acte  qui  nous 
institue  ;  comme  si  le  Monarque  avait  voulu,  par  là,  proclamer  de  nouveau  son  invariable 
désir  de  ne  régner  que  par  les  lumières  et  en  faire  une  obligation  sacrée  à  ses  successeurs  ; 
engagement  vraiment  royal  et  constitutionnel  qui  respire  dans  l'ensemble  du  règlement 
organique  à  l'exécution  duquel  nous  sommes  immédiatement  appelés  à  concourir,  sous  l'œil 
et  l'encourageante  égide  de  Messieurs  les  curateurs. 

to  Le  désir  ardent  de  correspondre  à  dos  vues  aussi  pures,  aussi  bienfaisantes,  nous 
impose,  en  cet  instant  solennel,  l'obligation  d'un  engagement  analogue  dont  l'affection,  la 
reconnaissance  et  le  respect  nous-rendront  l'accomplissement  aussi  agréable  que  facile.  » 

—  Les  deux  autres  Universités  furent  installées  avec  la  même  solennité  :  celle 
de  Louvaiu,  le  6  octobre  i817,  et  celle  de  Gand,  le  9  du  même  mois. 

(")  Voici  le  programme  de  la  première  année  : 


SERIES  lëctioisi;m 

in  Academia  Leodiensi  a  die  II!  Novembris  A^  AÎDCCCXVU  habendarum^ 

Hectore  Magnijico  D.  Sauvedr. 


hi  Facultate  Mtdica. 


D.  Sâuveub,  mensibus  hyemalibus,  Vatholoyiam  generalem  et  specialem  docebit  diebus 
Lunse,  Mercurii  etVcneris,  hora  XI.  Imtituiiom  clinicœ  internas  vacabit  in  Nosocomio  civili 
diebus  Martis,  Jovis  et  Saturni,  hor.  matut.  VII-IX. 

Mensibus  sestivis,  yosologiam  et  Theurapeuticen  cxponct  diebus   Lunse,  Mercurii  et 


61 


YcDcris,  h.  XTI  ;  Mttlierum  et  infantnm  morbos  tractabit  diebns  Martis,  Jovis  et  Salurni, 
h.  XII. 

J.  N.  GOHBAIRE,  mensibus  hyemalibus,  Anatomiam  et  Phyxiolngîam  allernalim  dncebit, 
quotidie  h.  XII.  Mensibus  seslivis,P/>armacfamet  Materiem  medicam  exponet  diebus  Lunae, 
Mercarii  et  Veneris  h.  XI  ;  Institutioni  clinicœ  inlernœ  voeabit  in  Nosocomio  civlli  diebus 
Martis,  Jovis  et  Saturai  h.  mat.  Vl-VIII. 

N.  Ansiadx  pertotumannum  Institutioni  clinicœ externœ \acah\i'itï  Nosocomio  civili  diebus 
Luose,  Mercurii  et  Veneris,  h.  mat.  VII-IX. 

Meosibus  bycmalibus  Pathnlogiam,  Chinirgiam  et  Operationes  cxplicabil  diebus  Martis, 
Jovis  et  Siitiirni,  h.  XI  ;  mensibus  ïestivis  Artem  obstetriciam  et  3lorboif  venereon  exponet, 
iisdem  diebus  et  horis. 

In  facultate  disciplinarum  maihematicantm  et  physicarum. 

J.  M.  Vanderheyi^cn  Algebram<tHthmeticœ  junctam,  ei  Geometriam  demonstrabit  diebus 
Lunae,  Mercurii,  lovis  et  Saturni  h.  XI. 

Geometriam  analyiicam  et  Caiculum  differeniialem  et  integratem  docebit  iisdem  diebus 
h.  X. 

Astronomiam  physicam  et  theoreticam  exponet  diobus  Martis  lovis  et  Veneris  h.  XI. 

C.  Delvaux  Physicam  theoreticam  experimenlis  innixam  docebit  diebus  Lunse,  Mercurii 
ei  Veneris,  h.  II.  pomer. —  Cncmîam  generalem  et  appiicaiam  diebus  Martis,  lovis  et 
Saturni,  h.  II. 

Mensibus  sstivis  Metallurgiam  explicabit  diebus  Martis  et  lovis,  h.  I. 

Ob  doas  catbedras  in  bâc  facuUate  vacantes,  Physica  et  Astronomia  mathematico.  Mine' 
ralogiOy  Historia  naturalis  plantarum  et  animalium,  Auatomia  comparata  et  OEconomia 
ruralis  hoc  anno  non  tradentur. 


In  facultate  philosophiœ  theoreticœ  et  Uterarum  humaniorum, 

J.  DENzncGCR,  praemisso  Encychpediœ  philosophicœ  et  Anthropologiœ  pragmatica  cons- 
pectu,  Ixtgices  principia  ad  ductum  compcndii  sui  sub  titulo  :  Prima  lineamenta  logices, 
Leodii,  4868,  exponet  diebus  Martis,  lovis  et  Veneris,  h.  VIN. 

Metaphysicas  praelectiones  habcbit  diebus  Lunae,  Mercurii  et  Veneris,  h.  IX,  singulari 
per  hebdomadem  die  et  borà,  pro  auditorum  opportunilate  detcrminandis,  colloquia  et  dis- 
putatoria  iogica  et  metaphysicu  additurus. 

Philosophiœ  moralis  principia  exponet  diebus  Martis  et  lovis,  h.  III  pom. 

Historiam  philosophiœ  docebit  diebus  Mercurii  et  Saturni,  h.  IX. 

HisLoriam  Vniversalem  adjuncta  geographia  antiqua  et  média,  Lradet  diebus  Martis,  lovis 
et  Veneris.  h.  X. 

F.  Gall  interpretabilur  Homeri  Iliada  diebus  Martis  et  lovis,  h.  IX  ;  Theocriti  IdyWa  et 
Euripidus  Hecuben^  iisdem  diebus,  h.  \.  Zj^^WcMi  Suetonii  Cœsares  diebus  Mercurii  et 
Veneris.  h.  IX;  Antiquitates  grsecas  iisdem  diebus,  h.  X. 

D.  Fuss  iaterprelabitur  Aristophanis  nubes  et  Aercdoti  historiarum  libros  scptimum, 
octavum  et  nonum,  diebus  Martis,  lovis  et  Saturni,  b.  VIII. 

Taciti  annalium  libros  priores  et  Horatii  seimonum  libros  duos,  diebus  Luns  et  Veneris, 
h.  IX. 

Antiquitates  romanas  tradet  diebus  Martis,  lovis  et  Saturni,  h.  X. 

L.  Rouillé  Uteraturam  galUca,  eloquenliam  et  foesin  exponet  diobus  Lunss,  Martis  et 
Mercurii,  b.  XII,  et  singulari  pcr  hebdomadem  die  artis  oraioriœ  exerciliis  moderandis 
cum  res  csccgerit,  vocabil. 


—  62  — 

Hûtoriam  provinciarum  belgicarum  tradet  diebus  lovis,  Veneris  et  Saturni,  b.  XII. 
J.  KiNKEB  Literaturam  hollandicam,  Etoquemtiam  et  Poësin  docebil  ter  per  hcbdomadem, 
b.  XI. 

In  facuUate  juridica, 

L.  A.  Warnkoenig  Institutiones  Juris  Romani,  secunduni  ordinem  conspcctûs  a  se  con> 
positi,  docebit  diebus  Martis,  Mercurii  et  Jovis,  h.  X. 

Pandectat  juris  Romani^  adjuDCto  libro  Ortw.  Westenbergii  :  Principia  juris  Romani 
secundum  ordinem  Digeatorum,  Berolini  4848,  II  vol.  in-S^»,  explicabit  diebus Lunœ,  Martis, 
Mercurii,  Jovis  et  Saturni,  b.  IX. 

J.-G.-J.  Ermst  Jus  civile  hodiemum  interpretabitur  diebus  Mercurii.  lovis  et  Saturni, 
b.  VIII. 

Jus  naiurale  et  Juspublicum  Regm  Belgici  tradet  diebus  Jovis  et  Veneris  b.  III.  pom. 

P.-J.  Destriveadx  Jus  criminale  hodiemum  interpretabitur  diebos  Mercurii ,  Jovis, 
Veneris  et  Saturni,  b.  IX. 

Praxin  juris  civilis  docebit  diebus  Lun»  et  Martis,  b.  IX. 

Ob  catbedram  in  bac  facullate  vacantem,  Statistica,  Diplomatica  et  Historia  poUtica 
Europœ  hoc  anno  non  tradentur. 

('")  D.  Sauveur  exerça  les  fonctions  de  recteur,  pour  la  seconde  fois,  en 
1829-4850.  Pour  Tannée  4850-4854,  le  gouvernement  des  Pays-Bas  avait  nommé 
M.  Delvaux,  mais  cet  arrêté  ne  reçut  pas  d*exécution  par  suite  des  événements 
de  septembre  4850. 

(")  Le  nombre  total  des  inscriptions  prises  et  des  recensements  faits  de  1817 
jusqu'à  la  fin  de  Tannée  académique  4829-4850,  est  de  5,457. 

Pendant  la  même  période,  724  diplômes  de  docteur  ont  été  délivrés,  savoir  * 

40  dip.  de  docteurs  en  lettres. 


7 

» 

» 

en  sciences. 

588 

)> 

» 

en  droit. 

258 

» 

» 

en  médecine. 

45 

)) 

» 

en  chirurgie. 

58 

» 

» 

en  accouchements 

Total,  724. 
Voir  à  la  fin  du  volume. 

('•)  Dès  la  première  année  de  l'installation  de  l'Université,  le  Gouvernement 
fui  saisi  d'une  question  importante  qui,  depuis,  a  occupé  fréquemment  les 
Universités  et  l'administration,  la  question  des  cours  libres  et  des  répétitions  : 
elle  fut  soulevée  à  l'occasion  d'une  demande  de  M.  Vaust,  chef  des  travaux 
anatomiques  à  notre  Université. 

Le  commissaire-général  de  l'instruction  publique  répondit  en  ces  termes,  à 
cette  demande  : 

«  Puisque  le  gouvernement  a  créé  des  Universités,  de  pareils  cours,  du  moins  dans  les 
villes  d'Universités,  ne  sauraient  être  ouverts  sans  Tanlorisation  des  Curateurs,  et  le  chef 
de  l'adminisfraiion  communale  étant  membre  du  Collège  des  Curateurs,  H  dépend  toujours 
de  ce  Collège  de  faire  intervenir  l'autorité  du  bourgmestre  pour  les  faire  fermer. 


—  63  — 

»  Mais  si  les  Curatours  trouvent,  sur  Tavis  de  quelque  Faculté,  un  jeune  docteur,  dans 
quelque  partie  que  ce  soit,  qui  ait  le  goût  et  les  talents  nécessaires  pour  donner  un  cours  ou 
une  répétition  de  quelque  science,  ils  sont  libres  de  lui  en  accorder  l'autorisation,  bien 
entendu  néanmoins  que  les  élèves  qui  suivraient  de  pareils  cours  ne  peuvent  jamais  parla 
être  exemptés  de  suivre  ceux  que  les  professeurs  donnent,  qui  leur  sont  prescrits  par  le 
règlement  et  dont  ils  doivent  fournir  des  cerlificats  de  fréquentation  en  subissant  les 
examens  pour  les  grades.  De  cette  manière,  de  pareils  cours  subsidiaires  ne  pourront 
jamais  nuire  ni  aux  professeurs,  ni  aux  bonnes  éludes,  parce  qu'ils  ne  pourront  jamais 
entrer  en  ligne  de  compte,  lorsqu'on  sera  examiné. 

>  J*invile  donc  MM.  les  Curateurs  ik  faire  observer  strictement  ces  principes  et  à  me 
donner  avis  de  l'autorisation  qu'ils  pourraient  en  conséquence  accorder  à  quelque  jeune 
docteur  pour  donner  un  cours  ou  une  répétition.»  Lettre  au  Collège  des  Curateurs  de  l'Uni- 
versité de  Liège,  en  date  du  4  décembre  1817  ;  dans  le  1«r  Rapport  de  M,  J.-B.  Mothomb, 
tome  I,  p.  333. 

(")  Le  gouvernement  présentait  tous  les  ans,  aux  États-Généraux,  un  rapport 
sur  Fétat  de  rinstruction  publique,  dans  le  Royaume.  Ces  rapports  sont  au 
nombre  de  douze  et  se  réfèrent  aux  années  I8i7  à  i8S8 ,  en  ce  qui  concerne  les 
Universités,  ils  sont  généralement  assez  insignîûants  :  le  côté  matériel  y  occupe 
la  principale  place.  Us  sont  reproduits  dans  le  travail  de  M.  J.-B.  Nothohb,  déjà 
cité. 

Le  passage  auquel  il  est  fait  allusion,  dans  le  texte,  se  trouve  dans  le 
8*  rapport,  relatif  à  Tannée  1824. 

(*")  Le  règlement  organique  de  cette  école  fut  approuvé  par  arrêté  royal  du 
5  août  1825  ;  un  arrêté  du  6  septembre  suivant,  approuva  le  règlement  sur 
Forganisation  du  cours  d'exploitation  forestière.  Les  cours  furent  ouverts  au 
mois  d^oclobre  1825.  Voy.  Rapp.  de  M,  Nothomb,  tom.  I,  p.  643  et  647. 

(*')  L'enseignement  spécial  ouvert  spontanément  par  les  professeurs  de  la 
Faculté  des  lettres,  n'avait  été  fait  jusque  là  qu'en  vue  des  sciences  philologiques. 

Un  arrêté  royal  du  19  septembre  1827,  le  reconnut  officiellement  et  retendit  aux 
sciences  mathématiques. 

Un  arrêté  ministériel  du  1^'mai  1828,  contient  le  règlement  pour  la  tenue  des 
cours  de  Pédagogie.  Yoy.  Rapp,  de  M.  Nothomb,  tom.  I,  p.  572  et  588. 

(•■)  Les  trois  derniers  en  qualité  de  lecteurs. 

(")  Rapport  de  M.  Sothomb^  tom.  I,  pag.  LXXX. 

n  Dans  son  rapport  sur  l'état  des  Universités,  en  1827,  le  Ministre  de 
rinstruction  publique  crut  devoir  justifier  les  nominations  de  professeurs  étran- 
gers, et  il  le  fit  péremptoirement. 

«  Le  gouvernement,  disait-il,  a  donné  trop  de  preuves  de  son  désir  de  favoriser  tout  ce 
ce  qui  est  vraiment  national  pour  qu'on  le  puisse  soupçonner  d'avoir,  sans  de  puissants 
motifs,  confié  quelques  brandies  de  l'enseignement  supérieur  à  des  étrangers. 

•  Ces  motifs  existaient  en  premier  lieu,  dans  la  difficulté  de  pouvoir  faire  de  bons  choix 
parmi  les  Belges.  Vîngt-cinq  années  de  guerre  avaient  détourné  les  esprits  de  la  culture 
des  belles-lettres  et  des  hautes  sciences,  et  les  avaient  dirigées  vers  des  occupations  d'une 
tout  autre  nature.  Dans  l'absence  d'établissements  d'instruction  publique  d'une  certaine 
étendue  et  de  points  de  ralliement  pour  l'érudition,  peu  de  personnes  s'étaient  livrées  au 
genre  d'études  nécessaires  à  ceux  qui  se  destinent  au  professorat.  » 


—  64 


Et  plus  loin 


«  Nais  inddpeDdamment  de  la  nécessité,  le  gouvernement  a  été  goidé  par  d'antres  consi- 
dérations d'une  nature  plus  élevée.  Les  sciences,  de  nos  jours,  ont  cela  de  commun  avec  la 
civilisation  du  siècle  dans  lequel  nous  vivons,  qu'elles  ne  sont  plus  le  domaine  d'une  seule 
nation,  mais  qu'elles  appartiennent  à  l'Europe  entière.  Un  pays  de  peu  d'étendue  comme  le 
nôtre,  heureusement  situé  entre  de  grandes  nations  où  la  civilisation  est  parvenue  4  an 
très-haut  point  de  développement,  resterait  en  arrière  de  ces  nations  s'il  prétendait  s'isoler 
et  se  soustraire  à  Tinfluencc  des  littératures  étrangères. 

»  Tout  semble,  au  contraire,  l'inviter  à  tirer  parti  de  cette  heureuse  position,  en  tâchant 
de  recueillir  chez  lui  les  fruits  de  la  civilisation  générale.  Cette  considération  seule  suffirait 
peut-être  pour  justifier  le  choix  qu'a  fait  le  Gouvernement  de  quelques  professeurs  étrangers 
pour  remplir  certaines  chaires.  Si  ce  choix  est  principalement  tombé  sur  des  savants 
allemands,  c'est,  outre  le  motif  que  nous  venons  d'alléguer,  dans  la  vue  de  renouer  les 
relations  littéraires  des  provinces  méridionales  avec  l'Allemagne. 

»  La  littérature  française  exerçait  une  influence  presque  absolue  sur  ces  contrées.  Elle 
était  devenue  en  partie  la  littérature  de  la  Belgique.  Quel  moyen  pouvait  être  plus  efficace 
pour  rétablir  l'équilibre  et  faire  connaître  dans  ce  pays  les  écrits  profonds  de  l'Allemagne 
savante,  que  d'appeler  à  professer  chez  nous  quelques  hommes  de  cette  nation? 

»  Les  Universités  de  l'ancienne  république  des  Provinces-Unies  avaient  déjà  donné  no 
pareil  exemple.  Depuis  leur  origine,  ces  Universités  ont  compté  parmi  leurs  professeurs  des 
savants  étrangers  que  souvent  on  faisait  venir  à  grands  frais.  En  revanche,  à  une  époque 
plus  reculée,  plus  d'un  savant  néerlandais  avait  été  appelé  à  remplir  des  chaires  dans  les 
Universités  étrangères. 

»  Des  jcges  impartiaux  décideront  si  en  général  le  résultat  n'a  pas  répondu  à  l'attente,  et 
si  à  chaque  Université  on  ne  trouve  pas  parmi  les  professeurs  étrangers  des  hommes  d'un 
grand  mérite  et  qui  en  font  l'ornement. 

»  Le  temps  approche  cependant  où  l'on  n'aura  plus  besoin  de  s'adresser  à  l'étranger  pour 
avoir  de  bons  professeurs,  que  dans  des  cas  exceptionnels  et  rares,  où  un  mérite  extraor- 
dinaire et  reconnu  ferait  désirer,  pour  nos  Universités,  l'acquisition  du  savant  qui  en  serait 
pourvu.  » 

(")  Voici  le  texte  des  Statuts  qui  excitèrent  une  si  vive  émotion  : 

«  Le  Sénat  académique  de  l'Université  de  Liège  ; 

»  Vu  l'art.  179  de  l'arrêté  royal  du  25  septembre  4816,  n»  65  ; 

B  Considérant  que  l'ordre  et  la  discipline  académiques,  ainsi  que  l'intérêt  de  l'instruction 
publique,  exigent  que  les  étudiants  fréquentent,  dès  le  commencement  jusqu'à  la  fin,  les 
cours  prescrits  pour  obtenir  les  grades  académiques,  et  subissent  leurs  examens  à  des 
époques  convenables  pour  qu'ils  puissent  fréquenter  les  cours  avec  succès,  statue  : 

9  Art.  1.  11  y  aura  deux  inscriptions  pour  les  cours  annuels  :  la  première  aura  lieu  dans 
la  quinzaine  à  partir  du  jour  de  l'installation  du  nouveau  recteur  ;  la  seconde,  dans  la  pre- 
mière quinzaine  du  mois  de  mars. 

»  Art.  !2.  La  première  inscription  pour  un  cours  annuel  pourra  être  prise  dans  la  première 
quinzaine  du  mois  de  mars  lorsque  le  cours  est  distribué,  par  le  professeur  qui  le  donne,  de 
telle  manière  que  les  étudiants  puissent  le  fréquenter  avec  succès  sans  l'avoir  suivi  pendant 
le  premier  semestre. 

»  Art.  3.  Les  inscriptions  pour  les  cours  semestriels  auront  respectivement  lieu  aux 
époques  fixées  à  l'art.  A . 

B  Art.  4.  Le  lendemain  de  l'expiration  des  délais  ci-dessus,  les  listes  des  élèves  inscrits 
seront  transmises  au  Recteur  magnifique  par  les  professeurs  qui  ont  reçu  les  inscriptions. 

»  Art.  5.  Toute  inscription  postérieure  à  ces  délais,  sauf  l'exception  ci-dessous,  sera 
sans  cflet  pour  l'obtention  des  grades  académiques. 


—  68  - 

>  Art.  6.  tes  étudiants  Aes  Facaltés  des  lettres  ou  des  sciences  qui  voudront  prendre  le 
grade  de  candidat,  à  l'efTet  de  passer  l'annëe  suivante  dans  les  Facultés  de  droit  ou  de  méde- 
cine, devront  se  présenter  à  Texamen  à  la  fin  de  l'année,  ou  dans  la  quinzaine  à  dater  du 
joar  de  l'installation  du  nouveau  Recteur. 

>  Art.  7.  Si  quelque  circonstance  imajeure  avait  empêché  un  étudiant  de  prendre  ses  in- 
scriptions aux  (époques  ci-dessus  fixées,  il  pourrait  adresser  au  Recteur  magnifique  une 
demande  accompagnée  des  documents  nécessaires.  Le  Recteur ,  après  avoir  pris  l'avis  des 
professeurs  près  desquels  cet  étudiant  ddsire  prendre  ses  inscriptions,  décidera,  avec  les 
assesseurs  rassemblés  en  Collège,  s'il  y  a  ou  non  lieu  k  admettre  Texceplion  réclamée  par 
rétndiant. 

9  Art.  8.  Aucun  étudiant  ne  pourra  anticiper  sur  les  vacances.  Tous  doivent  fréquenter 
assidûment  les  cours  pour  lesquels  ils  sont  inscrits,  jusqu'à  ce  qu'ils  soient  terminés. 

>  Art.  9.  Si  quelque  circonstance  grave  oblige  un  étudiant  à  s'absenter  des  cours  pendant 
l'année  académique,  il  devra  en  prévenir  le  Recteur  magnifique  et  le  doyen  de  la  Faculté 
dont  il  suit  les  cours.  Le  Recteur  magnifique  pourra  exiger  les  preuves  des  motifs  d'absence 
allégués,  et  après  avoir  pris  Tavis  du  doyen  de  la  Faculté,  soumettre  à  la  décision  du 
Collège  des  assesseurs  la  question  si,  eu  égard  aux  motifs  et  à  la  durée  de  l'absence,  ainsi 
qu'an  talent,  au  zèle  et  à  l'application  de  cet  étudiant,  les  inscriptions  peuvent  lui  être 
comptées  comme  s'il  ne  s'était  pas  absenté,  ou  s'il  devra  prendre,  sans  cependant  en  payer 
les  droits,  de  nouvelles  inscriptions  et  fréquenter  de  nouveau  les  cours  pendant  leur  durée. 

»  Art  10.  Les  absences  seront  constatées  par  des  appels  nominaux,  qui  auront  lieu  dans 
les  différents  cours,  au  moins  deux  fois  par  mois. 

>  Les  noms  des  étudiants  négligents  seront  communiqués  au  Recteur  magnifique,  pour 
qu'il  puisse  leur  faire  les  admonitions  convenables  et  donner  avis  aux  parents  de  leur 
conduite. 

>  ArL  i  I.  Lorsqu'un  étudiant,  sans  motifs  plausibles,  aura  passé  dans  une  Faculté,  sans 
prendre  ses  grades,  plus  de  temps  qu'il  n'en  faut  à  cet  efiet,  le  Recteur  magnifique,  sur 
l'avis  de  la  Faculté,  pourra  le  mander  chez  lui  et  lui  prescrire  un  délai  pour  prendre  ses 
grades.  Si  l'étudiant  n'obéit  pas,  le  Recteur  pourra  le  faire  comparaître  devant  le  Collège 
des  assesseurs.  Si  cet  étudiant  désobéit  à  ce  que  lui  prescrira  le  Collège,  le  Recteur  provo- 
quera contre  lui  l'application  de  l'art.  106  de  l'arrêté  royal  précité.  » 

Liège,  le  10  décembre  18S6. 

Le  Recteur  magnifique, 
R.  VAN  REES. 

Le  Secrétaire  du  Sénat  académique, 
J.  DENZINGER. 

(**]  Cest  à  cette  époque  aussi  que  se  produisit  le  pétitionnement  général  en 
faveur  de  la  libené  de  renseignement. 

Parmi  les  nombreuses  brochures  que  fit  naître  cette  question,  je  citerai  les 
suivantes  qui  furent  particulièrement  remarquées  : 

ihf  drmi  exclusif  sur  renseignement  public.  Gand,  J.-B.  de  Nene.  4827,  in-8« 
de  VIII  —  III  pp. 

Essai  sur  le  monopole  de  renseignement  aux  Pays-Bas.  Anvers,  P.-J.  Janssens, 
octobre  1829,  in-8»  de  474  pp. 

Droits  du  prince  sur  Venseignement  public,  ou  réfutation  des  doctrines  du 
Catholique  des  Pays-Bas,  par  M.  K.  Gand.  Houdin,  4827,  in-8«  de  246  pp. 

De  la  proposition  de  faire  une  loi  sur  renseignement.  Mons,  4829,  în-8«  de 
13  pp.  (Bruxelles)  Imp.  de  Weissenbruch. 

B 


—  66  — 

Les  deux  premières  étaient  favorables  à  la  demande  des  pétitionnaires,  les 
deux  dernières,  contraires  à  cette  demande. 

(")  Arrêté  royal  du  15  avril  1828.  Celte  commission,  qui  tenait  ses  réunions  à 
La  Haye,  était  composée  de 

MM.  Bar&tt  Roéll,  ministre  d*Élat,  président  ; 

AcKERSDYCK,  profcsseur  à  TUniversité  de  Liège  ; 

Cil.  DE  Brolckère,  membre  de  la  2«  chambre  des  États-Généraux  ; 

DONCKER-CURTIUS,  de  TiENHOVEN,  îd.  ; 

DoTRENGE,  conseiller  d'État  ; 

Baron  de  Geer,  greffier  de  la  2«  chambre  des  États-Généraux  ; 
Baron  de  Keverberg,  conseiller  d'État  ; 
J.  Van  Parts  tôt  Bingerden  ; 
QuETELET,  professeur  à  TAthénée  de  Bruxelles  ; 
Et  ScHREfDER,  professeur  à  TUniversilé  d*Utrecht. 

(*')  Ces  questions  sont  reproduites  dans  le  Rapport  sur  Venseignemeitt  su))érieur, 
de  M.  J.-B.  NoTHOMB,  tom.  I,  pag.  579  et  suivantes. 

Elles  donnèrent  encore  naissance  à  plusieurs  brochures,  parmi  lesquelles  les 
deux  suivantes  fixèrent  particulièrement  Taltention  du  public  : 

Essai  de  réponse  aux  questi4)ns  officielles  sur  renseignement  supérieur,  par 
MM.  DE  Reiffenberg  €/ Warnkoemg.  Brux.  Tarlier,  i828,  in-S^  de  lOi  pp. 

Exatnen  de  quelques  questions  relatives  à  renseignement  supérieur  dans  le 
royaume  des  Pays-Bas,  par  Ch.  de  Brouckère,  membre  de  la  2<'  Chambre  des 
États-Généraux.  Liège,  Lebeau-Ouwerx,  i829,  in-8<>  de  204  pp. 

(**)  Cependant,  au  commencement  de  la  session  législative  de  i829-i830,  les 
États-Généraux  avaient  été  saisis  d'un  projet  de  loi  sur  rinstruction  publique. 
Ce  projet  consacrait  le  grand  principe  de  la  liberté  de  renseignement  primaire, 
moyen  et  supérieur.  Il  admettait  un  enseignement  public  et  un  enseignement 
privé;  le  premier  seul  devait  être  réglé  par  la  loi. 

Il  devenait  libre  à  tout  Belge,  moyennant  certaines  conditions,  de  donner 
instruction  primaire,  moyen  ou  supérieur.  Pour  donner  rinstruction  supérieure, 
il  devait  : 

i»  Être  porteur  d'un  diplôme  obtenu  dans  Tune  des  Universités  du  royaume  ; 

2<^  Donner  connaissance,  par  écrit,  de  son  intention  à  Tadminislration 
communale  ; 

50  Produire  le  programme  de  ce  qu'il  se  proposait  d'enseigner  ou  de  faire 
enseigner,  ainsi  qu'un  certiflcat  de  bonne  conduite  délivré  par  les  autorités  des 
communes  où  il  avait  résidé  pendant  les  trois  dernières  années. 

Ce  projet  fut  très-mal  accueilli  par  les  États-Généraux.  Aux  yeux  des  députés 
belges,  il  était  insuffisant  ;  aux  yeux  des  députés  hollandais,}!  était  trop  libéral; 
aussi  provoqua-t-il  dans  le  sein  des  sections  des  discussions  fort  orageuses  qui 
engagèrent  le  gouvernement  à  le  retirer. 

Le  jour  même  où  ce  projet  fut  retiré,  le  27  mai  1830,  parut  un  arrêté  royal  qui 
modifiait  assez  profondément  le  règlement  du  25  septembre  4846  sur  les 
Universités. 


—  67  — 

Voici  quelles  étaient  les  principales  dispositions  de  cet  arrêté  : 

Art.  8.  «  Il  est  libre  à  tout  Belge  qui  no  tombe  pas  dans  les  cas  d'exclusion  délerminëes 
par  l'art.  Il  (condamnation  à  une  peine  afllictive  ou  infamante  ou  à  une  peine  correctionnelle 
pour  faits  contraires  aux  mœurs)  de  donner  l'instruction  moyenne  ou  supérieure  dans  des 
établissements  particuliers,  autorisés  conformément  à  l'art.  4«'  (par  les  administrations 
communales  sous  l'approbation  de  la  députation  des  états  de  la  province).  Les  étrangers  ne 
pourront  y  procéder  qu'après  y  avoir  été  autorisés  par  le  Roi.  » 

Art.  9.  «  Quiconque  aura  acquis  les  connaissances  nécessaires  de  quelque  manière  et 
en  quelque  lieu  que  ce  soit  sera  admis  à  tout  examen,  et  pourra  obtenir  tous  certificats  ou 
degrés  requis  pour  l'exercice  de  certaines  fonctions  ou  professions  » 

Art.  iO.  «  Tous  les  établissements  d'instruction,  sans  distinction,  sont  soumis  à  la 
surveillance  des  autorités  publiques.  En  conséquence,  l'accès  en  sera  constamment  ouvert 
aux  personnes  qui  auront  mission  de  les  inspecter  de  la  part  de  l'autorité  communale, 
provinciale  ou  supérieure. 

«  Les  instituteurs  et  tous  ceux  qui  ont  quelque  part  à  la  direction  ou  à  l'administration  de 
ces  établissements  fourniront  verbalement  ou  par  écrit  aux  personnes  dont  il  s'agit  tous  les 
éclaircissements  qu'elles  réclameront.  • 

n  Arrêtés  du  gouvernement  provisoire,  des  12  et  16  octobre  1830,  et 
Constitution,  art.  17. 

(*')  Arrêté  du  16  décembre  1850,  art.  15.  On  a  vu,  ci-dessus  (note  29),  que  le 
gouvernement  des  Pays-Bas  avait  inscrit  ce  principe  dans  son  arrêté  du  27  mai 
4830. 

n  Arrêté  du  16  décembre  1830.  Cet  arrêté  enlevait  à  rUniversité  de  Gand, 
les  deux  Facultés  des  lettres  et  des  sciences  ;  à  TUniversité  deLouvain,  la  Faculté 
des  sciences  et  celle  de  droit  (celte  dernière  lui  fut  restituée  le  5  janvier  1830). 

Il  ne  faut  pas  se  méprendre  sur  la  pensée  qui  présida  à  cette  mutilation  des 
Universités.  Le  gouvernement  provisoire  pensait  qu*une  seule  Université  aux 
frais  de  l'Etat  pourait  suffire;  l'arrêté  du  16  décembre  était,  ^  ses  yeux,  le 
premier  pas  pour  arriver  à  la  réalisation  de  cette  pensée. 

(")  Voy.  les  arrêtés  des  50  décembre  1830  et  2  octobre  1851. 

('*)  Dès  le  mois  de  juillet  1831 ,  TAdministrateur  général  de  instruction 
publique  (M.  Ph.  Lesbroussart)  avait  été  chargé  par  le  Ministre  de  Tintérieur 
(M.  Teichman), de  préparer  un  projet  de  loi  organique  des  trois  branches  de 
renseignement.  Au  mois  de  septembre,  ce  projet  se  trouvait  entre  les  mains  du 
Ministre  ;  il  n'établissait  qu'une  seule  Université ,  ou  plutôt  il  les  supprimait 
toutes  en  réalité,  car  il  disséminait  les  quatre  Facultés.  Louvain  devait  avoir  la 
faculté  des  lettres  ;  Liège,  c^elie  des  sciences  ;  Gand,  celle  de  droit  et  Bruxelles, 
celle  de  médecine.  Des  sections  des  sciences  et  des  lettres  devaient  être  attachées 
aux  deux  dernières,  comme  cours  préparatoires  à  renseignement  de  la  médecine 
et  du  droit. 

Au  mois  d'août  1831,  une  Commission  fut  chargée  de  donner  son  avis  sur  ce 
projet  ;  elle  était  composée  de 

MM.  Arnould,  secrétaire-inspecteur  de  l'Université  de  Louvain  ; 
Belpaire,  greffier  du  Tribunal  de  commerce  d'Anvers; 


-  68  - 

MM.  Ernst,  atnéf  professeur  à  riiniveisité  de  Liège, 

Cauchy,  ingénieur  des  mines  et  professeur  à  l*Athénée  de  Namur, 
Ch.  Lecocq,  membre  du  Congrès  national,  et 
QuETELET,  directeur  de  TObservatoire  de  Bruxelles. 

Naturellement,  cette  Commission  n*approuva  pas  les  idées  de  TAdministrateur 
général;  le  20  mars  4832,  elle  fit  son  rapport  au  Minisire  de  rintérieur 
(M.  DE  Theux)  et  lui  présenta  un  nouveau  projet. 

Il  établissait  une  seule  Université  comprenant  les  quatre  Facultés,  mais  il  ne 
désignait  pas  la  ville  où  elle  serait  placée.  Quant  aux  examens,  ils  devaient  avoir 
lieu  devant  des  commissions  au  nombre  de  quatre  (correspondant  aux  quatre 
Facultés),  nommées  annuellement  parle  Roi. 

Ce  projet  resta  également  sans  suite. 

A  la  fin  de  4853  (48  nov.),  sur  la  proposition  du  Minisire  de  l'Intérieur 
(M.  Ch.  Rogier),  le  Roi  nomma  une  nouvelle  commission  ;  elle  se  composait  de 

MM.  De  Gerlache,  premier  président  de  la  Cour  de  cassation. 
DeTheux,  memb.  de  la  Chamb.  des  représentants. 
De  Behr,  idem, 

D*H ANE  DE  Potter ,  idem , 

P.  Devaux,  idem, 

Warnkoenig,  professeur  à  runiversité  de  Gand,  et 
Ernst,  jeune^  professeur  à  rUniverslté  de  Liège. 

C*est  le  projet  rédigé  par  cette  commission  qui  fut  présenté  ^  la  Chambre. 

(**)  Par  un  bref  donné  à  Rome,  le  43  décembre  4833,  le  souverain  Pontife 
Grégoire  XVI  avait  autorisé  les  évêques  de  Belgique  à  ériger  une  Université. 

Le  40  juin  4834  fut  rendu  le  Décret  portant  érection  de  cette  Université.  Per 
présentes  litteras,  y  est-il  dit ,  erigimus  et  instituimus  Studiorum  Universitatem,  a 
nobis  supremojure  et  perpétua  solHcitudine  (salva  in  omnibus  apostolicae  sedis 
auctoritate)  regendam  et  forendam,  quinque  facultatibus  instructam ,  quarum 
dignitate  prima  est  Theoiogiae,  secunda  Juris,  tertia  Medicinae,  quarta  PhUoso- 
phiae  ac  Literarum,  quinta  Scientiarum  mathematicarum  et  naturalium: 

Ce  Décret  ne  déterminait  pas  le  siège  de  TUniversité  ;  mais  le  projet  de  loi  soumis 
aux  Chambres  en  ce  moment  et  qui  proposait  rétablissement  de  deux  Universités 
à  Liège  et  à  Gand,  désignait  assez  clairement  la  ville  qui  devait  devenir  le  siège 
de  runiversité  èpiscopale.  En  attendant,  deux  Facultés,  celle  de  théologie  et  celle 
des  lettres,  furent  établies  provisoirement  à  Matines,  où  les  cours  s'ouvrirent  le  5 
novembre  4834. 

('*)  La  fondation  de  TUniversité  libre  de  Bruxelles  date  également  de  1834. 

Le  20  novembre,  le  conseil  d'administration,  composé  de  MM.  Henri  de 
Brouckère,  colonel  Depuydt,  Verhaegen,  aîné,  Blargmes,  Barbanson,  Delvaux 
DE  Saive,  D^  Laisné,  Vautier.  Vanderelst  et  Baron,  ayant  en  tête  le  bourgmestre 
de  Bruxelles,  M.  Rouppe,  et  Van  Volxem,  échevin,  et  suivi  des  professeurs  du 
nouvel  établissement,  se  réunit  dans  la  salle  gothique  de  Thôtel  de  ville  de 
Bruxelles.  Le  bourgmestre  prononça  un  discours  qui  commençait  par  ces  roots  : 
«  De  simples  citoyens  de  Bruxelles,  sans  autre  but  que  de  concourir  au  progrès 
des  lettres  et  des  sciences,  sans  autre  désir  que  d*être  utiles  à  la  jeunesse 


—  69  —     . 

studieuse,  se  réunissent,  s'imposent  des  sacriGces,  en  imposent  à  leurs  amis  et 
tous  ensemble  fondent,  au  sein  d'une  population  noml}reuse,  intelligente  et 
active,  un  établissement  où  ils  appellent,  pour  les  seconder,  des  personnes  zélées 
et  dévouées  comme  eux  au  plus  grand  bien-être  delà  génération  qui  s'élève  :  telle 
est,  Messieurs,  Torigine  de  rUniversité  libre  qui  s'ouvre  en  ce  moment  sous  vos 
yeux  et  sous  vos  auspices.  » 

Puis  un  membre  du  conseil  donna  lecture  des  statuts  et  fit  connaître  la 
composition  du  personnel  enseignant  des  diverses  Facultés  ;  cette  lecture 
terminée,  M.  Baron,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  des  lettres, 
prononça  le  discours  d'ouverture  (Voir  ci-après  l'art.  Baron). 

(")  L'arrêté  royal  organisant  le  programme  de  l'enseignement  de  l'Université 
de  Liège,  fut  publié  le  5  décembre  1855.  Voici  les  noms  qui  y  figuraient  : 

Dans  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres  :  MM.  Bekker,  Fuss,  De  Reiffenberg, 
Lesbroussart  et  Gibon,  professeurs  ordinaires  ;  Tandel  et  Heunau.  lecteurs. 

Dans  la  Faculté  des  sciences  :  MM.  Delvaux  et  Lemaire,  professeurs  ordinaires. 

—  Gloesener,  Lesoinne,  Noël,  Dumont  et  Morren,  professeurs  extraordinaires. 

—  Brasseur,  lecteur. 

Dans  la  Faculté  de  droit  :  MM.  Destriveaux,  Dupont,  Lamb.  Emst  et  Dupret, 
professeurs  ordinaires.  —  Defooz,  professeur  extraordinaire.  —  Fr.  Kupffers- 
chlaeger,  lecteur. 

Dans  la  Faculté  de  médecine  :  MM.  Combaire,  Fobman,  Leroy,  Lombard  et 
Frankinet,  professeurs  ordinaires.  —  Voltem,  professeur  extraordinaire.  — 
H.  Sauveur  et  N.  Ansiaux,  lecteurs. 

MM.  Rouillé  et  Gall  étaient,  par  le  même  arrêté,  admis  à  l'éméritat. 

Quelques  jours  plus  tard,  un  nouvel  arrêté  adjoignit,  en  qualité  de  professeurs 
extraordinaires  :  à  la  Faculté  des  sciences^  M.  Th.  Lacordaire  ;  à  la  Faculté  de 
droit,  M.  G.  Nypels. 

Enfin,  le  personnel  enseignant  fut  complété  par  la  nomination  de  huit  agrégés 
chargés  également  de  cours.  C'étaient  MM.  Godet,  dans  la  Faculté  de  droit  ; 
Delavacherie,  Royer,  Simon,  Th.  Vaust  et  Peters-Vaust,  dans  la  Faculté  de 
fRédecine  ;  X.  Wurth  et  Lavalleye,  dans  la  Faculté  des  lettres. 

—  Que  restait-il,  au  5  novembre  1867,  de  ce  personnel  composé  de  59  hommes 
qui  inaugurèrent  la  nouvelle  Université,  en  i855? 

25  sont  morts  ! 

Des  44  survivants,  2  ont  quitté  l'Université  ;  5  sont  émérites  ou  pensionnés. 
Enfin,  7  seulement  sont  encore  en  exercice ,  savoir  : 

Dans  la  Faculté  des  sciences  :  MM.  Brasseur  et  Lacordaire  ; 

Dans  la  Faculté  de  droit  :  M.  Nypels  ; 

Et  dnns  la  Faculté  de  médecine  :  MM.  Sauveur,  N.  Ansiaux,  Th.  Vaust  et 
Peters-Vaust. 

—  Au  moment  où  l'on  réimprime  cette  note,  deux  nouveaux  noms  doivent  être 
ajoutés  à  la  liste  des  professeurs  décédés.  M.  Peters-Vaust  est  mort  à  la  fin  do 
1867  et  M.  Brasseur  au  mois  de  mai  1868. 

(")  Exposé  des  motifs  du  projet.  Voy.  le  volume  intitulé  :  Discussion  de  la  Un 
sur  renseignement  supérieur  et  de  la  loi  sur  le  jury  d'examen  du  8  ami  4844  ; 
précédée  d'un  aperçu  historique  sur  Vorganisation  universitaire  en  Belgique, 
Bruxelles,  Th.  Lesigne,  4844,  gr.  in-8-  de  XXXVI  —  4400  pp. 


—  70  — 

('*)  Soixante  et  onze  membres  étaient  présents  lors  du  vote.  Deax  s'abstinrent; 
33  se  prononcèrent  pour  rétablissement  d'une  seule  Université;  57  votèrent 
contre. 

(*^)  ^étaient  MM.  de  Muelenaere,  de  Theux,  Ernst  et  d'Huart. 

(**)  Voici  ce  que  disait  Tbonorable  M.  Dechamps»  dans  la  séance  de  la  Chambre 
des  représentants,  du  29  mars  i84i,  à  Toccasion  de  la  discussion  de  la  loi  du 
8  avril  i84i  qui  maintient  le  mode  de  nomination  des  membres  du  Jury  : 

<(  Le  Jury  d*examen  n'est  pas  un  Jury  spécial  et  professionnel,  comme  la 
Commission  centrale  de  Berlin  ;  c'est  un  Conseil  supérieur  des  hautes  études,  où 
renseignement  tout  entier  vient  se  centraliser.  Le  Jury,  en  interrogeant  sur  tout, 
enseigne  tout.  Cest  le  programme  rivant  imposé  aux  Universités  de  VEtat,  aux 
études  privées  et  aux  Universités  libres.  Les  professeurs  des  Universités  doivent 
enseigner  d'après  les  idées,  d*après  les  méthodes  que  les  membres  du  Jury  ont 
adoptées;  les  professeurs  ne  sont  qce  les  répétiteurs  des  membres  du  jury. 
L'élève  n'a  plus  les  yeux  Gxés  sur  le  professeur,  mais  sur  l'examinateur  :  les 
professeurs  ne  participant  plus  à  l'examen  ont  perdu  toute  leur  autorité,  toute 
leur  influence  sur  leurs  élèves;  cette  autorité,  cette  influence  sont  dévolues  aux 
membres  du  Jury.  Le  Jury,  placé  ainsi  au  faite  de  l'enseignement,  est  une  puis- 
sance véritable  :  c'est  le  gouvernement  de  renseignement  supérieur  en  Belgique.  » 

Un  programme  vivant  imposé  ^ux  Universités!  Des  professeurs  qui  ne  sont 
que  les  répétiteurs  des  membres  du  Jury  !  Quel  bel  avenir  scientiGque  M.  Dechamps 
nous  préparait  ! 

(**)  Le  mode  de  nomination  des  membres  du  Jury  renfermait  dans  son  sein  un 
abus  qui  ne  tarda  pas  à  se  révéler. 

Le  nom  de  Jury  donné  aux  commissions  d'examen,  emportait  naturellement 
l'idée  d'un  personnel  examinant  mobile,  qui  serait  changé  tous  les  ans,  au  moins 
en  partie.  La  justice  distributive  et  l'intérêt  de  la  science  exigeaient  qu'il  en 
fût  ainsi.  Malheureusement,  les  Chambres  ne  l'entendirent  pas  de  cette  manière, 
elles  persistèrent  à  désigner  constamment  les  mêmes  examinateurs  ;  en  réalité, 
le  Jury  d'examen  central  a  été  une  commission  permanente  d'examinateurs. 

C'est  l'expression  dont  se  sert  le  Ministre  de  l'intérieur  dans  VExposé  des 
motifs  du  projet  de  révision  de  i844,  et  il  ajoute,  à  l'appui  de  son  allégation,  la 
statistique  des  nominations  faites  par  les  Chambres,  depuis  i836. 

En  1843  déjà,  la  Faculté  des  sciences  de  l'Université  de  Liège  disait  : 

«  La  permanence  du  Jury,  étabh'e  non  par  la  loi  de  4835,  mais  par  le  mode  de  son  exécu- 
tion, est  contraire  aux  progrès  de  la  science,  en  ce  qu'eUe  établit  un  véritable  monopole  pour 
les  opinions  scientifiques  des  membres  du  Jury.  Tous  les  professeurs  qui  ne  sont  pas 
membres  du  Jury  sont  forcés,  dans  l'intérêt  le  plus  immédiat  de  leurs  élèves,  de  diriger 
leur  enseignement  d'après  les  opinions  des  membres  du  Jury,  même  lorsqu'il  leur  est  impos- 
sible de  les  adopter  et  de  les  soutenir.  Un  Jury  permanent,  au  lieu  de  stimuler  l'activité 
scientifique,  et  de  maintenir  toujours  une  noble  émulation  parmi  les  professeurs,  ne  force 
que  trop  souvent  ces  derniers  à  puiser  les  matières  do  leur  enseignement  dans  un  système 
déjà  suranné  et  condamné  par  la  science.  Il  n'existe  pas  d'idées  ou  de  méthodes  privilégiées 
dans  la  science  ;  il  n'en  faut  donc  pas  imposer  à  l'enseignement.  D'ailleurs  la  stagnation 
dans  le  mouvement  scientifique  produit  par  le  monopole  accordé  à  certaines  opinions,  com- 
promet l'avenir  intellectuel  du  pays,  car  ce  ne  sont  pas  les  Académies,  mais  les  Universités 
qui  transmettent  la  science  aux  générations  à  venir.  » 


1 


—  71  — 

Et  le  Ministre  de  intérieur,  après  avoir  reproduit  ce  passage,  dans  son 
Esposé  des  motifs,  rappelait  une  série  de  faits  connus  de  tous  ceux  qui  s'occupent 
du  haut  enseignement. 

Pour  faire  cesser  cet  abus,  le  gouvernement  avait  inséré  dans  le  projet  de  1844 
la  disposition  suivante  : 

«  Le  Roi  nomme  anaaellement,  dans  le  mois  qni  précède  la  première  session,  les  membres 
titulaires  et  suppléants  des  Jurys. 

>  Les  Jurys  sont  composés,  les  Administrateurs-inspecteurs  et  les  Recteurs  des  Universités 
de  I*Êtat  et  les  chefs  des  deux  Universités  libres,  actuellement  existantes,  entendus,  de 
manière  que,  dans  chaque  section,  ces  quatre  établissements,  ainsi  que  les  sciences,  objets 
des  examens,  soient  représentés. 

•  Nul  ne  peut  être  membre  titulaire  d'une  même  section  du  Jury,  pendant  plus  de  deux 
années  consécutives.  » 

La  Chambre  des  représentants  rejeta  cette  disposition,  à  la  mayorité  de  49  voix 
contre  42  ;  et,  à  la  majorité  de  49  voix  contre  40  (deux  membres  s*abstenant)  ; 
elle  décida  que  le  pouvoir  législatif  continuerait  à  intervenir  dans  la  nomination 
du  Jury  d^examen. 

Seulement,  pour  donner  une  légère  satisfaction  à  Topinion  publique,  elle  ins- 
crivit, dans  la  loi  du  S  avril  1844,  la  disposition  suivante,  qui  n'était  qu'un 
palliatif  destiné  à  voiler  les  abus  : 

«  Les  membres  titulaires  choisis  par  les  Chambres  législatives,  qui  auront  été  éliminés 
par  le  sort,  ainsi  que  les  titulaires  nommés  par  le  gouvernement,  qui  auront  fait  partie  d'un 
Jury  pendant  deux  années  consécutives,  à  partir  de  la  mise  en  vigueur  de  la  présente  loi,  ne 
pourront  être  replacés  dans  le  même  Jury  qu'après  une  année  d'intervalle.  —  Les  suppléants 
sortants  peuvent  être  immédiatement  replacés  dans  le  même  Jury,  soit  en  la  dite  qualité^ 
soit  comme  titulaires,  • 

Ainsi,  au  bout  d'un  an,  le  supplé^int  pouvait  prendre  la  place  du  tituluire  ;  puis, 
l'année  suivante,  le  titulaire  revenait  prendre  la  place  du  suppléant.  C'est,  en 
effet,  ce  qui  eut  lieu. 

(")  Le  Jury  combiné  rétablit  l'égalité  entre  les  divers  établissements  d'ensei- 
gnement supérieur  et  il  rend  aux  professeurs  l'autorité  et  la  liberté  dont  ils  ont 
besoin  pour  que  leur  enseignement  devienne  profitable.  C'est  là  son  côté 
avantageux. 

Hais  il  présente  ce  vice  capital,  de  mettre  en  présence  deux  établissements 
rivaux  ;  position  dangereuse  qui  amène  fatalement  des  discussions  irritantes,  à  la 
suite  desquelles  la  passion  l'emporte  parfois  sur  la  justice. 

(*•)  Les  Universités  ont  été,  plus  d'une  fois,  appelées  à  donner  leur  avis  sur 
des  modifications  proposées  aux  lois  sur  l'enseignement  supérieur,  et,  naturelle- 
ment, elles  ont  profilé  de  ces  occasions  pour  dire  leur  pensée  sur  l'organisation 
du  jury  d'examen.  Je  n'ai  pas  à  m'occuper  de  ce  qui  a  été  proposé  ailleurs  ;  mais 
je  ne  puis  me  dispenser  de  dire  un  mot  du  système  d'examens  que  proposait,  au 
commencement  de  4855,  le  Conseil  académique  de  l'Université  de  Liège. 

Voici  quelles  sont  les  bases  fondamentales  do  ce  système  : 

«  i«  On  distinguerait  les  épreuves  en  deux  catégories  :  les  examens  scientifiques  et  les 
examens  pratiques  ou  professionnels  ; 


—  7â  — 

«  S*  Les  examens  profesêionmlt  seraient  subis  devant  une  Commissifrn  centrale  ; 

»  3«  Les  grades  scientifiques  seraient  une  condition  essentielle  de  l'admission  k  l'examen 
professionnel  ; 

»  40  Pour  être  admis  à  l'examen  professionnel,  il  faudrait  prouver  par  diplôme  et 
certificat  : 

»  a.  Qu'on  a  fait  dans  une  Université  belge  00  étrangère  des  études  régulières  et 
complètes  sur  les  matières  k  déterminer  par  la  loi  (Les  diplômes  des  Universités  étrangères 
ne  seraient  admis  que  pour  aulant  qu'ils  habilitent  soit  k  pratiquer,  soit  à  se  présenter 
devant  une  commission  professionnelle  dans  le  pays  où  ils  ont  été  délivrés); 

»  b,  Qu  on  a  consacré  k  ces  études  le  temps  requis  par  la  loi  ou  par  un  règlement 
d'administration  publique  ; 

>  c.  Qu'on  a  subi  les  épreuves  scientifique» ^  publiques  et  solennelles ^  dans  la  forme 
établie  par  les  règlements  des  Universités  respectives  et  sur  les  matières  prescrites  par  la 
loi  belge  (Les  récipiendaires  munis  de  diplômes  étrangers  auraient  k  subir,  devant  le  Jury 
scientifique  spécial  à  instituer  pour  les  études  privées ,  un  examen  sur  les  matières 
prescrites  par  la  loi  belge  et  qui  ne  feraient  pas  partie  de  l'enseignement  de  l'Université 
étrangère  qui  a  délivré  le  diplôme)  ; 

B  50  On  ne  pourrait  se  présenter  à  l'examen  professionnel  qu'un  an  au  moins  après  la 
date  du  diplôme  scientifique,  pour  les  professions  à  l'égard  desquelles  ce  délai  serait  jugé 
nécessaire  ; 

»  60  La  Commission  spéciale  (centrale)  serait  juge  de  la  sincérité  des  diplômes  et  certificats 
produits  devant  elle  ; 

»  7o  Les  récipiendaires  qui  ne  produiraient  pas  les  pièces  ci-dessus  mentionnées  seraient 
renvoyés  devant  le  Jury  scientifique  spécial  à  instituer  pour  les  études  privées  ; 

>  8<>  Il  serait  institué  un  Jury  scientifique  spécial  pour  les  élèves  qui  ont  fait  des  études 
privées.  —  Les  récipiendaires  qui  se  présenteraient  devant  ce  Jury  seraient  soumis  aux 
mêmes  délais  que  les  élèves  des  Universités.  » 

En  présentant  ce  système,  rUniversité  de  Liège  n*avaî(  pas  la  prétention  de  faire 
une  œuvre  bonne  absolument,  en  tout  temps,  en  tout  pays.  Mais  il  lui  semblait 
que,  dans  Vétai  actuel  des  choses  en  Belgifjue,  en  présence  de  deux  Universités 
libres,  en  présence  du  droit  de  concourir  à  la  collation  des  grades  que  ces 
Universités  possèdent  depuis  un  grand  nombre  d* années,  c'était  le  seul  système 
réalisable,  le  seul  aussi  qui  conciliât,  à  la  fois,  et  les  intérêts  de  la  science  et  ceux 
de  la  liberté  d'enseignement. 

A  Tappui  de  ce  système,  rUniversité  disait  : 

<  La  question  du  Jury  universitaire  est,  depuis  SO  ans,  une  cause  de  grand  malaise  dans 
la  vie  politique  et,  par  une  conséquence  naturelle ,  dans  la  vie  scientifique  du  pays.  En 
laissant  aux  individus  la  faculté  de  s'instruire  de  la  manière  qu'ils  jugent  convenable,  en 
donnant  à  toutes  les  institutions  créées  par  l'Etat  ou  par  les  particuliers  les  mêmes  droits, 
on  leur  assure  la  jouissance  de  la  liberté  la  plus  large  et  on  se  conforme  à  l'esprit  de  nos 
institutions  politiques.  On  se  place  donc  sur  un  terrain  où  tous  les  partis  peuvent  honora- 
rablement  se  rencontrer  et  jeter  les  bases  d'une  législation  logique  et  stable.  » 

Quant  au  danger  que  présenterait  ce  système,  le  mémoire  ajoute  : 

«  On  objectera,  sans  doute,  l'intérêt  social  qui  réclame  des  garanties  sérieuses  pour 
l'exercice  de  certaines  professions  et  l'on  craindra  que  les  diplômés  scientifiques  délivrés 
par  les  Universités,  ne  le  soient  parfois  avec  une  coupable  facilité.  Mais  il  faudrait  que 
l'indulgence  fût  bien  grande  pour  dépasser  celle  avec  laquelle  se  font  certaines  admissions 
devant  les  Jurys!  On  peut  même  affirmer  qu'à  l'avenir  les  professeurs  réunis  en  Faculté, 


—  73  — 

étant  nspoHtabieJt  det  résuUûti  et  devant  leurs  élèves,  et  devant  ropioion  et  devant  leur 
conscience,  seront  plus  sévères  que  dans  certains  Jurys  oti  cette  responsabilité  disparaît  et 
ou  la  justice  succombe  souvent  sous  d'autres  préoccupations.  » 

Assurément,  on  ne  pouvait  pas  faire  à  ce  projet,  le  reproche  de  ne  pas  être 
suffisamment  large  et  libéraL 

Un  professeur  de  rUniversilé  de  Liège,  M.  le  IH  Sprimg,  a  justifié  et  déve- 
loppé les  bases  générales  du  système  d'examens  proposé  par  notre  Conseil 
académique,  dans  une  brochure  intitulée  :  Lfù  liberté  de  renseignement ,  la  science 
et  les  professions  libérales^  à  propos  de  la  révision  de  la  loi  sur  les  examens 
universitaires,  par  un  membre  du  Conseil  de  perfectionnement  de  renseignement 
supérieur.  Liège,  1854,  in-8«  de  HO  pp. 

C*est  le  travail  le  plus  remarquable  qui  ait  paru  sur  la  question  du  JU17,  en  ce 
qu'il  etamhie  cette  question  sous  un  point  de  vue  élevé  et  vraiment  scientifique. 

n  Loi  dut  «'juin  1850. 

(**)  Loi  du  45  juillet  i849,  art.  57.  Cette  utile  institution  fut  supprimée  par  la 
loi  du  44  mars  4855.  En  4857  (Loi  du  4''  mai),  elle  fut  remplacée  par  la  produc- 
tion de  certificats  constatant  que  le  candidat  avait  suivi  un  cours  d'humanités 
jusqu'à  la  rhétorique  inclusivement.  Mais  la  loi  du  27  mars  4864,  tout  en 
maintenant  les  certificats  d'humanités,  rétablit  le  grade  d*élève  universitaire, 
sous  la  dénomination  de  gradué  en  lettres,  comme  condition  préalable  pour 
être  admis  aux  examens  de  candidat  en  philosophie  et  lettres  ou  en  sciences. 

n  Loi  du  4"^  mai. 

(**)  La  M  de  4857  se  contentait  de  la  présence  matérielle  de  Télève  aux  cours 
à  certificat.  La  loi  du  30  juin  4865  exige  que  les  certificats  portent  la  mention 
que  le  cours  a  été  fréquenté  avec  fruit,  ce  qui  autorise  le  professeur  à  s'assurer, 
par  un  interrogatoire,  si  Téléve  a  profité  de  ses  leçons. 

(**)  Depuis  le  47  novembre  4864,  la  Chambre  des  représentants  est  saisie 
d'un  projet  de  loi  (le  4*)  relatif  aux  Jurys  d*examcn  et  à  la  collation  des  grades. 

Ce  projet  modifie  le  programme  des  examens,  en  ce  sens  que  quelques  cours 
réputés  jusque  là  cours  à  certificat,  deviennent  des  cours  à  examen. 

O  ^3  dernière  loi  rendue  pour  maintenir  le  provisoire  porte  la  date  du  6 
juin  4867.  Elle  est  ainsi  conçue  : 

Article  unique.  «  Le  mode  de  nomination  des  membres  des  Jurys  d'examen,  déterminé 
par  l'art.  S4  de  la  loi  du  4»  mai  4857,  est  prorogé  pour  les  sessions  de  i868  et  de  4869.  > 

«  Est  prorogé  pour  les  mêmes  sessions  le  système  d'examen  établi  par  ladite  loi,  tel 
qu*il  a  été  modifié  par  l'article  unique,  §  3,  de  la  loi  du  30  juin  i865,en  ce  qui  concerne  les 
certificats  de  fréquentation  des  cours  universitaires.  » 

(*')  Loi  du  27  septembre  4835,  art.  44,  maintenu  par  la  loi  du  45  juillet 
4849;  arr.  du  3  décembre  1835;  nouvel  arr.  organique  du  22  septembre  1845, 
rapporté  par  arr.  royal  du  46  septembre  4855,  lequel  statue  : 

«  Jusqu'à  disposition  ultérieure,  il  ne  sera  plus  nommé  d'agrégés  auprès  des  Universités 
de  rÉtat.  > 

D  Arr.  royal  du  3  novemb.  4847  et  arr.  minîstéiiel  du  24  avril  4848.  Etablis- 


—  74  — 

sèment  d*une  Écoie  normale  des  humanités  près  de  TUniversité  de  Liège ,  arrêté 
organique  du  i"  septembre  1852  pris  en  exécution  de  l*art.  58  de  la  loi  du  i*' 
juin  1850,  sur  renseignement  moyen. 

(*')  Ârr.  royal  du  35  mars  1842,  pris  à  la  suite  d*un  vœu  émis  par  le  Conseil 
provincial  de  Liège. 

("0  Arrêté  royal  organique  du  6  octobre  1852,  pris  en  exécution  de  fart.  28 
§2  de  la  loi  du  15  juillet  1849. 

C")  Arrêté  royal  organique  du  12  octobre  1838,  pris  en  exécution  de  Tart.  6 
de  la  loi  du  27  septembre  1855. 

n  Arrêté  royal  du  16  septembre  1855  et  règlement  ministériel  pour  Texécu- 
tion  de  cet  arrêté,  du  17  septembre  1855. 

("^)  Art.  52  de  la  loi  du  27  septembre  1855;  arr.  organique  du  15  octobre  1841, 
modifié  par  ceux  des  12  août  1842  et  28  juillet  1847.  —  Arr.  ministériel  du  5 
mai  18 18,  portant  règlement  pour  la  tenue  du  concours  en  loge  et  pour  la  défense 
publique  des  mémoires. 

n  Loi  du  27  septembre  1855,  art.  55,  modifié  par  la  loi  du  15  juillet  1849. 

n  Loi  du  27  septembre  1855,  art.  55. 

O  Loi  générale  sur  les  pensions  civiles  et  ecclésiastiques,  du  21  juillet  1844, 
modifiée  par  celle  du  17  février  1849.  Règlement  du  25  septembre  1816,  art.  77, 
85  à  91,  pour  les  professeurs  nommés  avant  la  publication  de  la  loi  de  1844 
(art.  61  de  cette  loi). 

Statuts  organiques  de  la  caisse  des  veuves  et  orphelins  des  professeurs  de 
renseignement  supérieur  :  arr.  royal  du  29  décembre  1844,  pris  en  exécution  des 
art.  29  suiv.  et  61  de  la  loi  de  1844.  A  cet  arrêté  se  rattachent  les  documents 
suivants  :  Arrêtés  royaux  du  7  avril  1845,  28  mai  et  25  juin  1849,  25  septembre 
1850, 18  mars  1852.  27  juin  1858.  Voy.  aussi  la  loi  du  15  mars  1867  et  Tarrêté 
royal  du  19  août  1867. 


Le  programme  des  cours  pour  Tannée  acad'  mique  1867-1868  trouve  ici  sa 
place  naturelle.  On  pourra  le  rapprocher  de  la  Séries  lectionum  pour  1817-1818, 
insérée  ci-dessuS)  note  15,  pages  60  et  suiv. 

AUTORITÉS  ACADÉMIQUES. 

RECTEUR  ET  PRÉSIDENT  DU  CONSEIL  : 

M  G.  DE  CuYPER,  professeur  ordinaire  à  la  Faculté  des  sciences. 

SECRÉTAIRE  DU  CONSEIL  : 

M.  I.  KupFFERscHLAEGER,  professcur Ordinaire  à  la  Faculté  des  sciences. 

DOYENS  DES  FACULTÉS  : 
Faculté  de  philosophie  et  des  lettres. 
M.  P.  BuRGGRAFF,  professeur  ordinaire. 

Faculté  de  droit, 
M.  V.  Tbiry,  professeur  ordinaire. 

Faculté  des  sciences. 
M.  E.  G.  Gatalan,  professeur  ordinaire. 

Faculté  de  médecine. 
M.  T.  ScHWANN,  professeur  ordinaire. 


—  75  — 


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DEUXIEME    PARTIE 


L4  FAMILLE  UNIVERSITAIRE 


LES  PROFESSEURS 


ET  LEURS  AUXILIAIRES 


INTRODUCTION 


Il  est  d*usage  dans  les  Universités,  de  temps  immémorial,  de  jeter 
à  certains  moments  un  regard  en  arrière,  de  mesurer  le  chemin  par- 
couru, de  se  livrer  en  quelque  sorte  à  un  examen  de  conscience.  On 
choisit  pour  cela  le  retour  d'une  date  mémorable,  l'anniversaire  de 
la  fondation  de  rétablissement,  par  exemple  ;  on  célèbre  une  fête  de 
famille,  on  rattache  le  présent  au  passé,  puis  on  publie  les  fastes  uni- 
versitaires, ce  que  les  Hollandais  appellent  un  Gedenkboek  et  les  Alle- 
mands un  Denkschrift.  C'est  ainsi  que  Valère  André  a  recueilli,  au 
XVII^  siècle,  les  souvenirs  des  deux  premières  centuries  de  l'ancienne 
Université  de  Louvain;  c'est  ainsi  que  tout  récemment,  en  1864,  M. 
le  recteur  Jonekbioet  a  mis  au  jour  un  travail  très-complet  sur  celle  de 
Groningue.  Il  nous  serait  facile  de  mentionner  vingt  autres  ouvrages 
du  même  genre,  si  l'utilité  de  l'entreprise  que  nous  tenions  sous  les 
auspices  du  Conseil  académique  de  Liège  avait  besoin  de  justification. 
Nous  n'avons  à  cet  égard  qu'une  inquiétude  :  celle  de  n'avoir  répondu 
qu'imparfaitement  à  l'attente  de  nos  honorables  collègues. 

Nous  n'avons  pas  eu  la  prétention  d'écrire  une  histoire  proprement 
dite  de  l'Université  de  Liège  ;  nous  nous  sommes  contenté  de  ras- 
sembler des  notices  et  des  renseignements  sortant  du  cadre  obligé 
des  publications  officielles.  Il  nous  sera  permis  cependant,  avant 
d*entrer  en  matière,  d'esquisser  les  traits  généraux  du  tableau  d'en- 


IV  INTRODUCTION. 

semble  que  nous  aurions  voulu  peindre,  si  la  discrétion  n'avait  pas 
imposé  des  bornes  à  notre  zèle,  et  si  nous  ne  nous  étions  cru  stricte- 
ment lié  par  les  termes  précis  de  notre  mandat. 

L'histoire  des  Universités  belges  depuis  1817,  ou  seulement  celle 
de  l'une  d'entre  elles,  offrirait  un  vif  intérêt,  d'une  part  à  cause  du 
rôle  qu'elles  ont  joué  avant  la  révolution  de  1830,  de  l'autre  à  cause 
de  la  situation  particulière  qui  a  été  faite  depuis  lors,  en  Belgique,  à 
l'enseignement  supérieur.  On  y  verrait  à  quels  mécomptes  s'est  ex- 
posé un  prince  animé  d'intentions  loyales,  mais  «  trop  libéral  pour 
être  roi,  et  trop  roi  pour  être  libéral  »  (*)  ;  on  y  apprécierait  la  pru- 
dence du  Congrès  national  de  1831,  qui  donna  satisfaction  aux  péti- 
tionnaires de  1828,  en  proclamant  la  liberté  illimitée  de  l'enseigne- 
ment, mais  qui  en  même  temps,  pour  assurer  la  liberté  des  études  en 
même  temps  que  celle  des  propagandes,  décréta  qu'il  y  aurait  un  en- 
seignement donné  aux  frais  de  l'État;  on  y  serait  en  présence  des 
diflicultés  nouvelles  qu'a  fait  surgir  la  terrible  question  de  la  collation 
des  diplômes  ;  on  s'y  convaincrait  enfin  de  l'urgente  nécessité  de  lais- 
ser chaque  Université  vivre  de  sa  vie  propre,  devenir  exclusivement 
responsable  de  ses  actes,  résultat  qui  ne  sera  obtenu  que  par  la  sépa- 
ration complète  du  jury  et  de  l'enseignement.  Mais,  encore  une  fois, 
ce  n'est  pas  une  semblable  étude  que  nous  abordons  :  c'est  le  déve- 
loppement intérieur  de  l'Université  de  Liège  qui  nous  touche  exclusi- 
vement ;  c'est  son  caractère  distinctif,  son  attitude  si  l'on  veut,  que 
nous  essayerons  de  dégager,  en  nous  attachant  aux  hommes  qui  l'ont 
personnifiée  et  qui  la  personnifient  encore,  plutôt  qu'aux  vicissitudes 
de  la  législation. 

Il  n'a  pas  été  possible  d'établir  dans  notre  pays,  comme  on  l'avait 
généreusement  rêvé,  une  Université  unique.  La  préoccupation  de  l'é- 
quilibre a  dominé  toute  autre  considération:  il  y  avait  deux  Univer- 
sités libres  ;  deux  Universités  de  l'État  ont  paru  indispensables.  D'un 
autre  côté,  le  système  de  la  centralisation  est  antipathique  à  notre 
esprit  national  :  on  a  voulu  avoir  égard  aux  différences  de  race  et  de 
langue.  C'est  ainsi  que  chacune  de  nos  quatre  Universités  a  sa  raison 
d'être  et  sa  physionomie  bien  tranchée:  celles  de  Bruxelles  et  de  Lou- 
vain  représentent  les  deux  grandes  opinions  qui  se  disputent  la  majo- 


(*)  Paroles  dn  baron  Vincent,  gonverneur-général  <Ips  Pays-Bas  poar  les  puissanees 


INTRODUCTION.  V 

rite  au  Parlement  ;  celles  de  Gand  et  de  Liège,  les  deux  groupes  de  la 
population  belge,  non  assimilés  Tun  à  l'autre,  mais  intimement  unis  par 
le  pacte  constitutionnel. 

L'uniformité  des  lois  qui  régissent  les  deux  Universités  de  TËtat 
n*a  point  fait  et  ne  saurait  fisiire  disparaître  les  caractères  saillants  de 
leur  individualité  respective.  Elles  répondent  aux  mômes  besoins  gé- 
néraux ;  mais,  installées  aux  deux  pôles  de  la  Belgique,  s*adressant  à 
des  populations  dont  les  instincts,  les  traditions,  les  tendances,  les 
éléments  de  richesse  ne  sont  point  les  mêmes,  elles  se  ressemblent 
tout  juste  assez  pour  qu'on  les  reconnaisse  comme  des  sœurs  : 

....    Faciès  non  oomibiu  una, 

Nec  di versa  tamen,  qualem  decet  esse  sororum. 

Veut-on  les  bien  connaître  ?  C'est  sur  leur  propre  terrain  qu'il  faut 
les  étudier.  Leur  prospérité,  leur  vitalité,  la  direction  même  qu'elles 
impriment  aux  études  tiennent  sans  doute  à  leur  constitution  légale, 
mais  tout  autant,  pour  le  moins,  aux  égards  qu'elles  ont  pour  l'esprit 
public.  Introduisons  donc  tout  d'abord  le  lecteur  dans  le  milieu  où 
respire  l'Université  de  Liège. 

Une  excursion  dans  le  passé,  même  le  plus  lointain,  ne  sera  pas  un 
hors  d'œuvre.  Les  provinces  de  l'Est  de  la  Belgique  ont  constitué, 
jusqu'à  la  fin  du  siècle  dernier,  une  principauté  indépendante,  double- 
ment isolée  des  États  limitrophes  par  sa  Constitution  toute  particu- 
lière et  par  le  caractère  ecclésiastique  de  ses  Souverains.  On  se  mé- 
prendrait sur  le  sens  des  aspirations  des  Liégeois,  sur  la  ténacité  de 
leurs  répugnances,  sur  Tidéal  qu'ils  se  font  de  la  liberté,  sur  les  mo- 
biles mêmes  de  leur  zèle  pour  la  diffusion  des  lumières,  si  l'on  négli- 
geait de  tenir  compte  de  l'héritage  de  dure  expérience  que  leur  ont 
légué  leurs  ancêtres. 

La  société  influe  sur  l'école  et  l'école  réagit  sur  la  société  :  c'est  une 
vérité  banale  ;  mais  c'est  à  la  lumière  des  vérités  banales  qu'on  pénètre 
au  fond  des  questions.  Quel  était  en  1817  l'état  intellectuel  de  la 
population  liégeoise  ?  Comment  et  en  quel  sens  l'Université  a-t-elle 
contribué  à  l'émanciper,  à  modifier  les  idées  reçues,  à  élargir  l'ho- 
rizon des  esprits  ?  A  coup  sûr  ces  problèmes  ne  manquent  ni  d'intérêt 
ni  même  de  nouveauté.  Efforçons- nous  donc  d'en  rassembler  les 
données. 


jntiiouii;tion. 


I. 


En  considérant  le  droit  d'enseigner  comme  un  droit  régalien  ('), 
les  empereurs  romains  convertis  au  christianisme  ne  firent  que  con- 
sacrer une  maxime  antique.  Mais  les  idées  se  transformèrent  à  mesure 
que  les  écoles  païennes  tombèrent  en  décadence  et  que  les  études 
théologiques  absorbèrent  toutes  les  préoccupations  des  hommes 
éclairés.  L'enseignement  devint,  en  fait,  une  des  hautes  prérogatives 
de  l'Eglise.  A  l'ardeur  du  premier  zèle  succéda  pourtant  une  mortelle 
langueur.  Les  écoles  fondées  par  les  évéques  s'étaient  enrichies  de 
l'héritage  des  écoles  laïques  ;  elles  avaient  fleuri  tant  qu'il  y  était  resté 
quelque  chose  des  traditions  classiques  :  tout  d'un  coup  les  lettres 
profanes  parurent  suspectes,  et  un  moment  vint  où  l'ignorance  des 
clercs  n'eut  d'égale  que  leur  grossièreté.  Le  VIP  siècle  marque  dans 
l'histoire  comme  une  époque  de  chaos,  de  violences  et  de  licence  ; 
les  guerres  continulles,  la  misère  générale  perpétuèrent  cet  état  de 
choses  jusqu'à  l'avènement  de  Gharlemagne,  dont  la  forte  main  res- 
saisit le  pouvoir  que  les  derniers  empereurs  romains  avaient  aban- 
donné. 

Gharlemagne  dirigea  l'enseignement  par  le  clergé;  ses  successeurs 
Louis  le  Débonnaire  et  Charles  le  Chauve  firent  comme  lui.  Lorsque 
l'empire  se  démembra  pour  faire  place  au  système  féodal,  l'enseigne- 
ment redevint,  pour  des  siècles,  l'apanage  et  le  domaine  exclusif  du 
pape  et  des  évéques.  «Les  nouveaux  souverains  érigés  par  la  féodalité 
se  gardèrent  de  tourner  leurs  vues  de  ce  côté.  Contents  des  droits  de 
justice,  de  guerre,  de  monnaie  et  autres,  qui  ajoutaient  à  leurs 
richesses  et  leur  faisaient  goûter  le  pouvoir  sous  sa  forme  matérielle  et 
lucrative,  ils  ne  comprenaient  rien  aux  influences  morales  au  nombre 
desquelles  l'enseignement  tient  le  premier  rang.  Ils  laissèrent  donc  la 
propriété  de  ce  grand  droit  au  clergé,  qui  en  sentait  seul  la  puissance 
pour  régir  les  peuples.  Dans  un  temps  d'ailleurs  où  l'Etat  ne  se  sen- 

(  >  )  Magistros  stadiorum,  doctoresque  excellero  oportel  moribus  primùm,  deiodè  facundift. 
Sod  quia  sioguUs  civilatibas  ipse  adosse  non  possum,  jabeo  quisquis  docere  Tult,  non 
repente  nec  temerè  prosiliat  ad  hoc  munas,  sed  jodicio  ordinis  probatus,  decretam  curialium 
mereatur,  opUmorum  conspirante  consensu.  Hoc  enim  decretam  ad  me  tractandum  referetur, 
ut  altiore  quodam  honore,  nostro  judicio,  civitatibus  accédât.  C.  Theod.  U  H  De  medieit  et 
professoribnSf  ap.  Troplong. 


INTRODUCTION. 


VII 


tait  plus  comme  le  faisceau  un  et  indivisible  de  toutes  les  forces 
sociales  ;  où  la  puissance  publique,  lacérée  en  mille  fragments,  comp- 
tait autant  de  représentants  que  de  propriétaires  de  ses  lambeaux  ; 
où  les  privilèges  réguliers,  inféodés  à  titre  héréditaire,  étaient  dissé- 
minés cà  et  là  suivant  les  bigarrures  les  plus  diverses  et  les  caprices 
les  plus  bizarres,  il  était  tout  au  moins  logique  que  FEglise  conservât, 
comme  son  patrimoine  exclusif,  les  écoles  dans  lesquelles  venaient 
se  former  tous  ceux  qui  aspiraient  au  titre  de  clerc  et  composaient 
son  immense  milice  »  (^). 

Or,  à  Liège,  il  arriva  que  le  pouvoir  temporel  échut  aux  chefs  du 
diocèse.  L'Etat  s*y  trouva  donc  maître  de  l'enseignement,  par  cela 
même  que  l'enseignement  relevait  du  clergé.  Aux  X""  et  XP  siècles, 
aucune  circonstance  n'aurait  pu  favoriser  plus  efficacement  le  pro- 
grès des  études  ;  plus  tard,  ce  même  régime  devait  l'enrayer  et  même 
y  être  hostile.  A  ce  point  de  vue,  l'histoire  de  l'instruction  publique  à 
Liège  est  exceptionnellement  instructive  :  elle  fïiit  apprécier  ce  qu'il 
en  coûte  à  une  nation  de  rester  trop  longtemps  en  tutelle. 

Berceau  des  Garlovingiens,  notre  pays  fut  toujours,  de  la  part  de 
leur  plus  illustre  représentant,  l'objet  d'une  affection  vraiment 
filiale  (*).  Une  lettre  adressée  à  l'évéque  Gerbalde  (Garibaldus) 
témoigne  de  l'intérêt  que  portait  Gharlemagne  à  la  bonne  éducation 
du  clergé  liégeois.  Il  est  certain  que,  dès  son  temps,  des  écoles  furent 
érigées  à  côté  de  la  cathédrale  de  St-Lambert;  mais  somme  toute,  si 
elles  répondirent  jamais  à  l'attente  du  régénérateur  des  études,  leur 
éclat  fut  singulièrement  éphémère.  L'évéque  Francon  de  Tongres 
essaya  do  les  relever  :  forcé  de  prendre  l'épée  pour  combattre  les 
pillards  normands,  il  n'eut  pas  le  temps  d'achever  son  œuvre.  Le 
règne  d'Eracle  fut  au  contraire  le  point  de  départ  d'une  ère  brillante. 
Eracle  trouva  les  clercs  plongés  dans  une  ignorance  profonde  et 
n'ayant  nul  moyen  d'en  sortir  :  il  prit  pour  type  de  ses  réformes  la 
célèbre  école  de  St-Hartin  de  Tours,  qui  avait  possédé  Alcuin,  fit 
venir  de  l'étranger,  à  grands  fhiis,  les  professeurs  les  plus  distin- 
gués, et  s'appliqua  tout  à  la  fois  à  fortifier  les  études  ecclésiastiques 

(  *  ;  TropIODg,  Dm  pouvoir  de  VÊiat  sur  l'enseignement,  Paris,  4844,  in-8*,  p.  58. 

(  '  )  Sar  l'histoire  des  sncionnes  écoles  de  Liëge,  on  peat  coosulter  Crahbr,  Getch,  der 
Eniehung  vnd  dee  Unterrichu  in  den  Niederlànden,  Slrelsand,  4843,  in-S»;  Stallaeri 
et  Valider  Haeghen,  De  Cimtr,  publique  au  moyen-âge,  Brax.,  4854,  in-8<>,  et  Lebon,  Hist, 
de  f enseignement  populaire  en  Belgique,  Bmx.,  4869«  iD-8<>. 


VIII  INTRODUCTION. 

et  à  y  rattacher  renseignement  des  lettres  et  des  sciences  (').  Ce  que 
Tours  était  pour  la  France,  ce  que  Fulde  était  pour  rAlIemagne,  Liège 
le  devint  bientôt  pour  les  contrées  intermédiaires.  L'école  de  St-Lam- 
bert  s'éleva  même  au  premier  rang  (*)  sous  Notger  (997-1008),  qui  y 
importa  les  traditions  savantes  de  son  couvent  de  St-Gall  et  en  fit  une 
pépinière  de  professeurs  :  la  France,  la  Germanie  et  jusqu'aux  pays 
slaves  en  ressentirent  l'influence.  Pour  la  première  fois,  des  cours 
spéciaux  furent  institués  à  Fusage  des  laïcs  et  l'instruction  se  donna 
en  langue  vulgaire  (').  Notger  enseigna  lui-même;  son  activité  poli- 
tique et  militaire  ne  lui  laissa  jamais  oublier  ses  chers  élèves  :  dans 
ses  excursions,  si  longues  qu'elles  fussent,  il  en  emmenait  toujours 
quelques-uns  avec  lui  ;  leurs  études  achevées,  il  restait  leur  ami  et 
leur  protecteur  dévoué  ;  il  était  leur  hôte  affectueux,  comme  celui  des 
lettrés  étrangers  qui  affluaient  à  sa  cour.  Par  contre,  il  tenait  à 
recueillir  je  fruit  de  ses  efforts.  «  Hubold,  chanoine  de  notre  cathé- 
drale, après  avoir  enseigné  à  Paris  et  avoir  formé,  en  peu  de  temps, 
une  foule  de  disciples,  fut,  sous  peine  (Texcommunicatianj  obligé  de 
venir  professer  dans  sa  patrie  :  Notger  ne  voulait  pas  laisser  perdre 
pour  elle  des  talents  qui  devaient  l'enorgueillir  »  (^  ). 

Wazon,  monté  sur  le  trône  épiscopal  en  1042,  resta  fidèle  aux 
traditions  de  ses  prédécesseurs.  On  lui  doit,  entr'autres,  la  fondation 
de  l'école  de  St-Barthélemy,  où  se  distingua  plus  tard  Âlgerus,  l'ad- 
versaire de  Bérenger  de  Tours.  Le  zèle  de  Wazon  était  sans  bornes  : 
non  seulement  il  voulut  que  l'enseignement  fût  gratuit  à  St-Lambert, 
mais  il  fournit  des  éléments  de  subsistance  aux  étudiants  pauvres. 
Il  visitait  assidûment  les  classes,  interrogeait  sur  les  Ecritures  saintes 
les  élèves  avancés,  les  plus  jeunes  sur  Donat  et  Priscien,  engageait 
volontiers  des  discussions  avec  les  uns  et  les  autres  et  professsait  la 
maxime  :  que  mieux  vaut  être  vaincu  rationnellement  que  vaincre 
arbitrairement.  Âdelman,  célèbre  avant  Âlgerus  par  ses  écrits  sur 

(  *  )  Tout  le  pays  se  couvrit  d'écoles  -.  les  maîtres  faisant  défaut ,  Eracle  imagina  un  sys- 
tème qui  ressemble  beaucoup  k  notre  enseignement  mutuel,  —  Eracle  était  un  de«  hommes 
les  plus  instruits  de  son  temps  ;  il  connaissait  les  auteurs  anciens  et  les  citait  volontiers  ; 
on  vante  en  outre  ses  connaissances  en  mathématiques  et  en  astronomie. 

(*)  Leodium,  Lolbaringise  civitas,  studiis  etiam  litterariis  prœ  cœteris  famosa^  dit  Tabbé 
d'Ursperg. 

(  '  )  Vulgari  pkhem,  clerum  scrmone  laiino 

Erudit  et  satiat,  magnà  dulcedine  verbi, 

Lac  teneris  prsebens,  solidamque  valentibus  escam. 

(*)  De  Villenfagno,  Rech.  sur  thist,  de  Liège,  Liège,  4817,  in-8o,  t.  Il,  p.  207. 


INTRODUCTION.  IX 

FEucbaristie,  remplaça  Wazon  dans  récolàtrie  de  St-Lambert.  On  cite 
encore  Francon  de  Cologne,  qui  a  droit  à  une  page  dans  Tbistoire  de 
la  musique;  Egbert,  Tauteur  des  JEnigmata  rusticana;  Gozecbin,  qui, 
retiré  à  Mayence  après  avoir  enseigné  à  Liège  les  humanités  et  la  phi- 
losophie, ne  cessa  toute  sa  vie  de  regretter  la  Fleur  des  trois  Gaules, 
la  moderne  Athènes^  etc.,  etc.  Les  écoles  des  monastères  méritent 
aussi  une  mention  :  en  un  mot,  dans  tout  le  cours  de  cette  période, 
Liège  rayonna  comme  un  phare  au  milieu  des  ténèbres. 

Mais  quand  éclata  la  querelle  des  investitures,  ce  qui  avait  donné 
vigueur  aux  écoles  de  Notger  et  de  Wazon,  c'est-à-dire  la  réunion  des 
deux  pouvoirs  sur  une  même  tête,  fut  précisément  pour  ces  institu- 
tions une  cause  de  ruine.  Relevant  à  la  fois  du  pape  et  de  Tempereur, 
les  princes-évéques  se  virent  mis  en  demeure  d'opter,  et  cette  alter- 
native périlleuse  détourna  forcément  leur  attention  de  Tœuvre 
commencée  avec  tant  de  ferveur.  La  splendeur  naissante  de  TUniver- 
sité  de  Paris,  cette  «  chevalerie  intellectuelle,  »  attira  d'autre  part 
l'élite  de  la  jeunesse  vers  la  montagne  Ste-Geneviève  ;  les  écoles  des 
cathédrales  et  des  abbayes,  de  moins  en  moins  fréquentées,  finirent 
par  ne  plus  recevoir  que  les  aspirants  à  la  prêtrise;  enfin  l'émanci- 
pation des  communes  rendit  nécessaire  la  création  de  nouveaux  éta- 
blissements, où  le  magistrat  eut  sa  part  d'intervention.  A  part  quel- 
ques controverses  inévitables  dans  une  période  transitoire,  il  faut 
dire  qu'une  entente  cordiale  continua  de  régner  entre  clercs  et  laïcs  ; 
mais  les  deux  faits  essentiels  à  noter,  c'est  que  les  hautes  études  se 
déplacèrent  et  que  les  classes  laborieuses  furent  appelées  à  profiter 
des  bienfaits  de  l'instruction.  L'école  de  St-Lambert  dépérit  peu  à 
peu;  on  n'en  trouve  plus  de  trace  après  le  XIII«  siècle.  Son  rôle  était 
fini.  Des  bouleversements  passagers  qui  coïncident  avec  la  fièvre  des 
croisades  sortit  une  société  régénérée.  Tandis  qu'une  partie  de  la 
noblesse  allait  ensanglanter  les  champs  de  l'Orient,  l'Eglise  attirait 
dans  son  sein,  par  l'appât  de  riches  bénéfices,  les  fils  de  grande 
famille  restés  en  Europe,  et  ainsi  les  seigneurs  commençaient  à  ne 
plus  dédaigner  de  savoir  lire  et  écrire.  Elevés  d'abord  à  l'ombre  des 
cathédrales,  ils  fréquentèrent  ensuite  les  Universités  et  quelquefois 
y  brillèrent  (').  Cependant,  à  côté  des  anciennes  écoles  qui  perdaient 

(  ')  Ce  ne  fut  pas  tài\»  foraneita»  qui  les  détourna  plus  tard  des  sciences:  ce  furent  les 
sèdoctions  du  Inxe  et  de  la  mo  liesse. 


X  INTRODUCTION. 

insensiblement  leur  renommée,  de  modestes  institutions  communales 
ou  chapitrales  se  formaient  et  grandissaient  chaque  jour  :  ouvertes 
aux  enfants  des  bourgeois,  elles  coopérèrent  puissamment,  de  leur 
côté,  à  la  transformation  sociale.  Le  Tiers-Etat  réclamait  hautement 
rinstruction  ;  la  langue  nationale  secouait  le  joug  du  latin  ;  les  gens 
des  communes,  admis  à  prendre  part  à  Tadministration,  entendaient 
ne  plus  dépendre  que  d'eux-mêmes;  le  développement  de  l'industrie 
et  du  commerce,  l'extension  croissante  des  relations  provoquaient 
dans  la  classe  moyenne  un  immense  besoin  d'indépendance  et  impor- 
taient dans  le  pays  des  idées  nouvelles  ;  enfin,  les  arts  et  la  littérature 
devenaient  laïques  et  populaires,  et  le  clergé  se  voyait  en  présence 
d'une  opposition  satirique  de  plus  en  plus  hardie.  Les  écoles  élémen- 
taires répondaient  aux  exigences  de  la  situation  :  elles  ne  formaient 
pas  des  savants,  mais  des  hommes  émancipés  et  prêts  à  suivre 
l'exemple  des  plébéiens  de  Rome.  C'est  ainsi  que  la  commune  reven- 
diquait pour  elle-même,  au  profit  d'un  élément  social  jusque  là  compté 
pour  rien,  le  droit  que  l'Eglise,  confondue  ou  non  avec  l'Etat,  parais- 
sait avoir  usucapé  à  jamais. 

On  possède  peu  de  renseignements  sur  l'état  de  l'instruction  pu- 
blique à  Liège  dans  la  première  partie  du  XIV«  siècle.  Pétrarque 
décerne  une  mention  honorable  à  notre  clergé  (  ^  )  ;  mais  lui-même 
déclare,  dans  un  autre  endroit  de  ses  œuvres  ('),  que  s'étant  rendu  à 
l'abbaye  de  St-Jacques  pour  y  copier  un  manuscrit  de  Gicéron,  il  ne  put 
se  procurer  à  Liège  que  de  l'encre  tellement  vieille,  qu'elle  avait  pris 
une  couleur  de  safVan  (').  Quoi  qu'il  en  soit,  l'opulence  et  le  faste  des 
dignitaires  de  l'Église  faisaient  tort  à  leur  zèle  pour  l'étude;  en  outre, 
le  pays  était  déchiré  par  des  querelles  de  famille,  et  la  capitale  voyait 
se  renouveler,  sur  un  théâtre  restreint,  les  agitations  des  anciennes 
républiques.  On  vivait  au  dehors,  dans  le  tourbillon  des  fêtes,  des  com- 
bats et  des  émeutes  :  tout  contribuait  à  rendre  solitaire  les  parvis  du 
temple  de  la  science.  Cette  époque  vit  fleurir  Jean-d'Outremeuse,  le 
naïf  chroniqueur;  Jean  Le  Bel,  le  maître  de  Froissart;  Jacques  de 
Hemricourt,  un  miroir  de  chevalerie.  Hais  ce  sont  là  de  rares  excep- 
tions, et  la  peinture  même  qu'ils  nous  ont  laissée  de  leurs  contempo- 

(  '  )  Vidi  Leodium  imignem  clero  locum  [lettre  à  Jean  Colonna). 
(*)  RerumSenU.  XV,  ëp.  i. 

(')  Pent-étre  ne  faut-il  voir  là  qu'âne  de  ces  boutades  auxquelles  certains  écrivains  fran- 
çais nous  avaient  habitués,  il  y  a  quelque  trente  ans. 


INTRODICTIOX.  XI 

rains,  prouve  queies  temps  étaient  bien  changés  depuis  le  bon  Wazon. 
Il  faut  arriver  à  l'établissement  des  frères  de  St-Jérôme  à  Liège  pour 
retrouver  quelque  apparence  de  discipline  classique  tant  soit  peu  régu- 
lière :  encore  la  nouvelle  institution  dut-elle  être  supprimée  en  1428, 
à  cause  des  abus  qui  s*y  étaient  glissés  (')  ;  il  paraît  qu'on  y  Taisait  trop 
bonne  chère.  Rétablie  en  1495,  sous  les  auspices  de  la  maison  de  Bois- 
le-Duc,  elle  mérita  au  contraire  Testime  générale.  On  y  compta  plu- 
sieurs bons  maîtres,  entr'autres  Hacropedius,  venu  d'Utrecht,  et 
Arnold  d'Eynatten,  dont  Jean  Sturm,  le  célèbre  fondateur  des  hautes 
écoles  de  Strasbourg,  s'honore  dans  ses  écrits  d'avoir  été  le  dis- 
ciple (').  Les  Hiéronymites  ou  Frères  de  la  vie  commune  poursuivaient 
un  triple  but  :  ils  avaient  de  petites  écoles  gratuites  pour  les  enfants 
du  peuple  ;  ils  poussaient  aux  études  savantes  ceux  qu'ils  trouvaient 
capables  de  les  entreprendre  ;  enfin,  ils  s'occupaient  avec  zèle  delà 
transcription  des  manuscrits  (').  Leur  action  fut  généralement  salu- 
taire, surtout  à  mesure  qu'ils  renoncèrent  aux  tendances  purement 
ascétiques  de  leurs  premiers  fondateurs.  Leur  enseignement  ne  perdit 
jamais  son  caractère  religieux;  mais  il  se  transforma  entièrement 
sous  l'influence  de  quelques-uns  de  leurs  élèves,  tant  Allemands  que 
Hollandais,  qui  visitèrent  l'Italie  au  commencement  du  XVP  siècle  H. 
Us  rompirent  directement  en  visière  avec  le  système  d'éducation  des 
scolastiques  :  dans  la  dernière  période  de  leur  existence,  cette  réac- 
tion eut  pour  eflTet  de  répandre  en  Allemagne  et  chez  nous  le  goût  des 
chefs-d'œuvre  de  l'antiquité  ;  à  ce  titre,  on  peut  les  ranger  au  nombre 
des  précurseurs  de  la  renaissance  des  lettres. 

Il  suffira  de  mentionner  en  passant  la  fondation  de  l'Université  de 
Louvain  (1426),  où  les  Liégeois ,  de  même  que  les  autres  Belges , 
allèrent  désormais  compléter  leurs  études,  au  lieu  de  se  rendre  à 
Paris,  à  Cologne  ou  à  Padoue.  On  se  platt  ordinairement  à  vanter  ce 


(  '  )  Delprat  ,  Die  Brùdtrschaft  des  gemeinsamen  Leben»,  trad.  dn  holl.  par  Mohnike. 
Leipzig,  i840,  p.  H9. 

(*)  Parmi  les  élèves  des  Hiéronymites  de  Liège,  on  cite  encore  Placentius,  historien  et 
poète  (son  curieax  poème  Pupim  porcorum,  dont  tous  les  mots  commencent  par  la  lettre  P, 
a  été  récemment  réédité  par  M.  Ul.  Capitaine)  ;  Jean  de  Panhausen,  vicaire-général  des 
Prémontrés  ponr  rAUemagne  et  la  Pologne,  écrivain  érudit  et  vigoureux  défenseur  des 
droits  de  l'Eglise  ;  Jean  de  Glen,  professeur  à  Paris  et  historien  du  christianisme  d'Orient,  etc. 

('  )  De  là  leur  surnom  de  Pratre»  ad  ptnnam»  Ils  fondèrent  aussi  des  imprimeries  :  on 
leur  doit  rintroduction  de  la  typographie  à  Bruxelles. 

(  *  )  V.  Raumer,  Gesch,  der  Pcedagogik^  t.  I. 


XII  INTRODUCTION. 

résultat  ;  on  répète  bien  baut  que  notre  pays  commença  dès  lors  à  ne 
plus  compter  sur  l'étranger.  Matériellement,  on  peut  voir  là  un  avan- 
tage; mais  au  point  de  vue  des  idées,  il  ne  serait  pas  impossible  de 
soutenir  que  renseignement  de  Y  Aima  mater  fut  en  somme  très-peu 
national.  Entons  cas,  il  ne  fut  jamais  civilisateur  :  il  habituâtes  esprits 
à  prendre  les  mots  pour  les  choses  et  les  subtilités  de  la  dialectique 
pour  la  véritable  science.  L'Université  de  Louvain  jeta  sans  doute  un 
grand  éclat  ;  elle  put  être  fière  à  bon  droit  de  Busleiden,  de  Louis 
Vives,  de  Juste-Lipse,  de  Puteanus,  du  jurisconsulte  liégeois  Wamèse 
et  de  bien  d'autres;  mais,  en  général,  que  l'atmosphère  y  était 
lourde  et  assoupissante  !  Quelle  timidité  scientifique  et  quelles  pré- 
tentions pompeuses  !  Son  influence  vint  surtout  en  aide  à  la  politique 
du  gouvernement  espagnol  ;  en  dernière  analyse,  elle  ne  servit  qu'à 
retarder  la  iVanche  expansion  du  génie  des  Belges. 

Dans  des  conditions  plus  ou  moins  difiërentes ,  on  peut  observer 
&  Liège  les  mêmes  tendances  et  des  résultats  analogues.  Nous  avons 
dit  plus  haut  que  les  Hiéronymites  s'occupaient  tout  particulière- 
ment de  l'éducation  des  enfants  pauvres.  Or  l'une  des  maximes  du 
créateur  de  l'ordre,  Gérard  de  Groot ,  était  que,  si  le  prêtre  doit  être 
la  lumière  du  monde ,  l'intermédiaire  entre  Dieu  et  l'homme ,  il  im- 
porte néanmoins  que  les  ouailles  soient  préparées  à  profiter  de  ses 
enseignements  :  dans  ce  but,  Gérard  recommandait  à  ses  collabora- 
teurs de  rendre  aussi  facile  que  possible,  à  tous,  l'intelligence  des 
saintes  Écritures.  Il  n'en  fallait  pas  plus  pour  rendre  les  Frères  de  la 
vie  commune  (  ^  )  suspects  à  nos  princes-évéques ,  terrifiés  comme 
Charles-Quint  et  Philippe  II  des  progrès  de  la  réforme  en  Allemagne 
et  dans  les  Pays-Bas.  Ils  résolurent  de  couper  le  mal  dans  sa  racine, 
en  s'appuyant  sur  la  milice  puissante  qui  venait  de  se  donner  la 
mission  de  protéger  la  tradition  purement  orthodoxe.  L'iconoclaste 
Herman  Struycker  étant  venu  prêcher  dans  le  pays,  Tévêque  Charles 
d'Autriche  se  bâta  d'appeler  à  Liège  Pierre  Canisius,  «  l'une  des  plus 
fermes  colonnes  »  de  la  Compagnie  de  Jésus  (*j.  Orateur  pathétique 
en  même  temps  que  théologien  profond,  Canisius  obtint  un  succès 
prodigieux  ;  les  sermons  de  Salmeron  et  de  Ribadeneira,  qui  le  rem- 


(*)  Les  Hiéronymites  soot  souvent  désignés  sous  ce  nom. 

(*)  Delprat  (p.  68)  rapporte  que  Canisius  avait  fait  ses  études  chez  les  Hiéronymites  de 
Mimègue. 


INTRODUCTION.  XIII 

placèrent,  n'eurent  pas  moins  de  retentissement  que  les  siens,  et  ce 
fut  probablement  leur  influence  qui  détermina  Robert  de  Berghes, 
successeur  de  Charles,  à  établir  dans  sa  capitale  un  Collège  de  Jésuites. 
Ses  négociations  n'aboutirent  pas  :  Gérard  de  Groesbeck  les  renoua, 
parvint  à  obtenir  quelques  missionnaires,  mais  recula  tout  d'un  coup 
devant  l'établissement  du  nouveau  Collège,  parce  qu'il  ne  voyait  pas 
de  raison  suffisante,  dit-on,  de  renvoyer  les  Hiéronymites.  Le  silence 
des  historiens  sur  les  détails  de  cette  affaire  laisse  le  champ  libre  aux 
conjectures.  Gérard  de  Groesbeck  n'était  pas  un  prince  tolérant  :  on 
sait  qu'il  essaya ,  sans  y  réussir  toutefois ,  d'établir  Tinquisition  à 
Tongres.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  temporisa  ;  mais  au  commencement  du 
règne  d'Ernest  de  Bavière,  les  Hiéronymites  furent  purement  et  sim- 
plement privés  de  leur  local,  et  les  Jésuites  s'y  installèrent  immédiate- 
ment C).  Le  nouvel  établissement  fut  inauguré  le  30  avril  1583. 

Ernest  de  Bavière  fonda  en  outre  un  collège  à  Louvain,  pour  les 
Liégeois  qui  désiraient  se  perfectionner  dans  les  sciences.  Il  établit  à 
St-Trond  un  séminaire  pour  les  humanités,  et  un  autre  à  Liège,  pour 
la  philosophie  et  la  théologie  (*).  Celait  un  prince  instruit  ('),  scep- 
tique à  ce  qu'on  dit ,  et  néanmoins  persécuteur  implacable  des  dissi- 
dents :  par  parenthèse,  ses  édits  de  bannissement  eurent  pour  con- 
séquence de  transporter  dans  le  pays  de  Stolberg  l'industrie  métallur- 
gique qui  commençait  à  se  développer  vers  les  sources  de  la  Vesdre. 
L'enseignement  fut  soumis,  sous  son  règne,  à  la  censure  la  plus  sévère  : 
défense  à  quiconque  «  d'entreprendre  d'estre  ou  estre  maistre  d'écolle 
ou  d'enseigner  aucuns  enfans  ou  autres,  communément  ou  particuliè- 
rement, lire,  escrîre  langues  d'aucune  sorte,  compter,  ciphrer,  musi- 
quer  ou  semblable  an,  science  ou  praticque  quelconque,  beaucoup 
moins  d'enseigner  la  philosophie  ou  «  prescher,  »  sans  l'autorisation 
du  grand  vicaire  (^).  La  vigueur  de  ces  mesures  rétablit  la  paix  reli- 
gieuse ;   mais  elle  eut  aussi  pour  effet  d'amortir  pour  un  temps 


(*)  V  ci-après  col.  4067. 

{ *  )  Becdelièvrc,  Biographie  liégeoise. 

{*)  lUentretenait  dans  son  palais  deux  observateurs  des  phdnomèoes  cëlestes«  Gérard 
Stempel  de  Gouda  et  Adrieu  Zelst,  qui  rédigèrent  à  son  intention  et  sous  son  patronage  un 
Traité  de  Vastrobobe.  U  s'occupait  aussi  très-activement  de  chimie  :  on  lui  doit  une  analyse 
des  eaux  de  la  Fontaine  de  Piine  près  de  Tongres  (Alph.  Le  Roy,  Im  philonopUie  au  pays 
de  Uége,  Liège  4860,  in-S»  p.  46). 

(*)  Pawilhar  ciié  par  M.  F.  Henaux,  Hist,  du  pays  de  Liège,  2«  éd.,  t.  Il,  p.  439. 


XIV  INTRODUCTION. 

rénergie  de  la  population  et  de  préparer  les  Liégeois,  par  l'abaisse- 
ment de  leur  niveau  intellectuel,  k  supporter  le  plus  pénible  de  tous 
les  jougs,  celui  du  despotisme  théocratique. 

Sans  être  injuste  envers  les  successeurs  des  Hiéronymites,  il  est 
permis  de  dire  que  leur  enseignement,  à  Liège,  ne  fut  rien  moins  que 
favorable  au  progrès  des  lumières.  Comme  partout,  ils  reléguèrent 
au  second  plan  les  langues  et  les  littératures  profanes,  pour  s'atta- 
cher exclusivement  au  latin;  ils  exercèrent  leurs  élèves  à  écrire  pro- 
prement des  pièces  de  rhétorique;  ils  composèrent  et  leur  firent  com- 
poser force  héroïdes  et  tragédies  pieuses  ;  ils  eurent  soin  de  les  tenir 
éloignés  du  mouvement  du  siècle,  ou  tout  au  moins  de  ne  le  leur 
laisser  entrevoir  qu'à  travers  un  prisme  :  zèle  maladroit  pour  être 
trop  habile,  et  dont  le  XVIIP  siècle  se  chargea  de  leur  démontrer 
l'imprévoyance.  En  attendant,  ils  cherchèrent  à  s'assurer  la  première 
place  dans  le  monde  théologique,  et  l'effroi  inspiré,  sur  la  fin  du 
XVII«  siècle,  par  les  noms  de  Baïus  et  de  Jansénius  favorisa  un  ins- 
tant leurs  tentatives.  Pendant  un  certain  temps,  ils  trônèrent  dans  les 
chaires  du  Séminaire  épiscopal.  Ces  querelles  passionnèrent  les  Lié- 
geois, qui  n'avaient  plus  à  s*occuper  d'autre  chose  :  nous  traversons 
une  période  tout  à  la  fois  d'agitation  stérile  et  de  somnolence... 

Tel  fut  l'enseignement  public,  en  noire  ville,  jusqu'à  la  suppres- 
sion de  la  Compagnie  de  Jésus.  Il  serait  injuste  de  passer  sous  silence 
le  Collège  des  Jésuites  anglais,  fondé  en  1616;  on  y  commenta  les 
livres  d'Aristote,  on  y  attaqua  Descartes  et  sa  séquelle  ;  on  y  cultiva 
les  mathématiques  et  la  physique  avec  quelque  succès,  paraît-il;  en 
tout  cas,  l'influence  de  cet  établissement  sur  les  études  des  nationaux 
fut  très-indirecte. 

De  la  fin  du  XVI''  siècle  au  commencement  du  XVIII%  Liège  compta 
cependant  un  assez  grand  nombre  d'hommes  distingués  dans  les 
sciences  et  dans  les  lettres  :  le  savant  critique  Langius,  l'éminent 
mathématicien  R.  de  Sluse ,  le  P.  FouUon ,  historien  impartial  et  sou- 
vent profond,  apparaissent  comme  des  étoiles  de  première  grandeur 
au  milieu  d'une  pléiade  d'érudits  et  d'écrivains  de  second  ordre. 
Nous  laissons  de  côté  les  artistes ,  parmi  lesquels  il  y  aurait  à  citer 
surtout  des  graveurs  très-remarquables  et  quelques  peintres,  comme 
Lairesse  et  Bertholet.  Mais  l'histoire  des  lettres  et  des  arts  n'est  pas 
précisément  celle  de  l'instruction  publique.  Ces  individualités  sail- 
lantes se  détachent  sur  un  fond  d'une  teinte  assez  monotone.  La 


INTHODlUniOX.  XV 

population  liégeoise,  Daturellement  si  vive,  si  avide  de  savoir,  si 
virile  en  d'autres  temps ,  s'endormait  volontiers  sur  le  doux  oreiller 
de  la  paresse  et  ne  se  montrait  fiëre  que  de  ses  chanoines.  Elle  vivait 
dans  un  demi-jour,  et  s'en  trouvait  bien.  Elle  était  séparée  de  l'Europe 
comme  par  une  muraille  de  la  Chine.  A  l'intérieur,  toute  vie  politique 
avait  disparu  :  il  se  rencontrait  des  panégyristes  du  coup  d'État  de 
Maximilien-Henri,  qui  avait  supprimé  d'un  trait  de  plume ,  en  1684, 
toutes  nos  libertés  constitutionnelles.  Cette  atonie  était-elle  incurable? 
Cette  quiétude  profonde  qui  persista  pendant  un  demi-siècle,  où  notre 
histoire  n'a  pas  un  événement  à  enregistrer,  devait-elle  durer  tou- 
jours?—Sous  le  règne  de  l'excellent  prince  Georges-Louis  de  Berghes 
(1724-1743),  alors  que  plus  que  jamais  on  a  lieu  d'être  satirait  du  pré- 
sent, alors  qu'effectivement  on  en  est  satisfait,  nous  voyons  un  vif 
sentiment  de  curiosité  s'emparer  soudain  de  tout  le  monde.  Ce  n'est 
pas  qu'on  songe  à  réclamer  les  droits  confisqués;  mais  on  tient  singu- 
lièrement à  les  bien  connaître,  à  savoir  au  juste  ce  qu'ils  ont  coûté  à 
nos  aïeux.  On  relit  Foullon,  on  le  continue  ;  Bouille  écrit  son  Histoire 
de  Liège;  les  jurisconsultes  Méan  et  Louvrex  publient  leurs  précieux 
recueils;  poussé  par  un  instinct  secret,  l'esprit  public  se  réveille. 
D'autres  vagues  symptômes  se  manifestent  :  on  voit  apparaître  quel- 
ques ouvrages  de  littérature  légère.  Encore  un  moment  :  les  idées  de 
Jean-Jacques  et  des  encyclopédistes  vont  franchir  la  frontière  ;  l'an- 
tique édifice  tout  entier  chancellera  sur  sa  base. 

C'est  le  comte  de  Horion,  premier  ministre  de  Jean-Théodore  de 
Bavière,  qui  se  charge  lui-même  d'introduire  l'ennemi  dans  la  place. 
Pierre  Rousseau,  directeur  du  Journal  enq/clopédique,  \ieni  s'installer 
à  Liège.  Cette  ville  est  peu  philosophe,  il  le  déclare;  elle  n'est  connue 
dans  la  république  des  lettres  que  par  son  Almatiach;  mais  elle  est 
bien  située  :  de  là,  le  Journal  se  répandra  plus  aisément  dans  toute 
l'Europe.  De  1756  h  1759,  Rousseau  poursuit  sa  propagande  tout  à 
l'aise.  Tout  d'un  coup  l'évêque,  mieux  informé,  lui  retire  son  privilège. 
Rousseau  s'adresse  à  Marie-Thérèse  ;  mais  l'Université  de  Louvain  a 
l'œil  au  guet.  Renvoyé  de  Bruxelles,  il  se  réfugie  enfin  à  Bouillon,  ob 
il  organise  une  Société  typographique  dont  l'influence,  comme  celle  du 
Journal  encyclopédique  et  de  YEspnt  des  journaux,  sera  considérable 
jusqu'en  1793.  Le  gant  est  jeté  :  mais  quoi!  loin  de  le  relever,  le 
prince-évéque  Velbruck  va  lui-même  se  faire  le  protecteur,  presque 
le  complice  des  audacieu^v  publicistes.  La  physionomie  de  ce  règne 


XVI  INTRODUCTION. 

est  trèa-intéressante  ;  retracée  par  un  pinceau  habile,  elle  explique- 
rait le  mouvement  des  idées  à  Liège  mieux  que  la  révolution  elle- 
même. 

Les  Jésuites  disparurent  de  la  principauté  en  1773.  Un  ancien  pré- 
dicateur de  leur  collège,  l'abbé  de  Feller,  polémiste  fougueux  et  infa- 
tigable, resta  seul  sur  la  brèche  pour  défendre  le  système  qu'ils 
avaient  personnifié.  Le  philosophisme  français  fit  de  rapides  progrès 
dans  le  pays,  grâce  à  l'activité  des  presses  liégeoises,  d'où  sortit  même 
une  nouveHe  édition  de  Y  Encyclopédie,  On  peut  reprocher  au  gouver- 
nement d'avoir  poussé  trop  loin  l'insouciance ,  lorsque  des  libraires 
spéculèrent  en  grand  sur  des  publications  obscènes  de  bas  étage,  qui 
propageaient  l'esprit  d'opposition  voltairienne  dans  ce  qu'elle  avait 
de  malsain  et  oblitéraient  le  sens  moral  du  peuple.  Il  est  vrai  que  Vel- 
bruck  édicta  un  règlement  sévère  contre  les  mauvais  livres  ;  mais  ce 
règlement,  comme  bien  d'autres,  ne  fut  jamais  sérieusement  ap- 
pliqué (*). 

En  abusant  de  la  tolérance,  Velbruck  ne  fut  pas  moins  imprévoyant 
que  ses  prédécesseurs.  Ceux-ci  avaient  entretenu  les  Liégeois  dans  un 
état  d'indifférence  béate  ;  le  nouveau  prince  ne  prit  pas  assez  garde  à 
l'effet  que  devait  produire,  sur  les  masses  ignorantes,  la  rupture  subite 
de  toutes  les  digues.  Le  prestige  du  pouvoir  ecclésiastique  une  fois 
évanoui,  la  religion  elle-même  et  jusqu'à  la  morale  jetées  par  dessus 
bord,  qu'allait-il  advenir  ? 

C'est  là  le  revers  de  la  médaille  :  il  n'en  esl  pas  moins  vrai  que 
Velbruck,  prince  éclairé,  grand  zélateur  des  sciences,  des  lettres  et 
des  arts,  peut  être  appelé  à  juste  titre  l'émancipateur  des  Liégeois.  11 
ne  se  contenta  pas  de  régénérer  les  écoles  et  de  créer  des  cours  gra- 
tuits spéciaux  (mathématiques  et  dessin  appliqué  aux  arts  mécaniques)  ; 
il  fonda  la  Société  libre  d'Émulation^  institution  académique  dont  il  fut 
le  premier  président ,  et  qui  eut  pour  mission,  d'abord  d'étudier  à 
fond  les  ressources  du  pays,  ensuite  d'ouvrir  des  concours  sur  des 
questions  de  science  et  d'utilité  publiques.  Tous  les  hommes  de 
quelque  valeur  que  renfermait  Liège  s'y  firent  inscrire  (*)  ;  on  y  prit 

{*)  Sur  le  titre  des  livres  corimpteurs,  on  lisait  le  nom  de  Genève  ou  de  quelque  ville  de 
Hollande  :  c'était  un  passe-port  dont  on  ne  prenait  pas  la  peine  de  contrôler  l'authenticité. 

(  *  )  Parmi  les  membres  fondateurs  de  la  Société,  on  remarquait  bon  nombre  d'élèves  des 
Oratoriens  de  Visé.  Les  Oratoriens  ,  comme  on  sait,  ne  repoussaient  pas  l'esprit  d'examen  , 
mais  s'en  servaient  dans  l'intérêt  du  catholicisme.  —  V.  A.  Morel,  Annuaire  de  VVniversiti 
de  liège  (1860),  p.  <1\  et  suiv. 


INTROULXTION.  XVII 

l'habitude,  dans  les  réunions  du  soir,  de  choisir  pour  texte  des  con- 
versations les  doctrines  et  les  problèmes  sociaux  qui  passionnaient 
de  plus  en  plus  le  public.  Là  se  faisaient  entendre  des  orateurs 

ardents  ;  là  se  préparaient  aux  luttes  de  la  tribune,  à  leur  insu,  les 
Bassenge,  les  de  Chestret,  les  Fabry  ;  là  se  rencontraient  les  tréfon- 
ciers  de  Paix  et  de  Harlez  ;  là  s'essayaient  les  poètes  ;  là  Grétry  rece- 
vait des  ovations  et  léguait  d'avance  son  cœur  au  pays  natal.  Par  ses 
concours  ,  par  ses  expositions ,  par  les  travaux  de  ses  Comités ,  par 
ceux  qu'elle  sut  encourager,  la  Société  d'Émulation  resta  pendant  lon- 
gues années  fidèle  à  son  mandat.  Elle  subit  comme  toutes  les  institu- 
tions le  contre-coup  de  la  crise  révolutionnaire  ;  mais  elle  se  releva 
au  commencement  de  l'Empire,  pour  prendre  une  part  plus  directe  et 
plus  active  que  jamais  au  développement  de  l'instruction  publique. 
Elle  patrona  l'Ecole  de  médecine  Fondée  par  Ansiaux  et  Gomhaire  ('  )  ; 
elle  organisa  des  Fêtes  intellectuelles  et  décerna  des>écompenses  qui 
furent  noblement  disputées  :  nous  n'exagérons  rien  en  disant  que  le 
mouvement  d'idées  qu'elle  prit  sous  sa  direction  contribua  puissam- 
ment à  fixer  le  choix  du  gouvernement  hollandais,  lorsqu'il  fut  ques- 
tion, en  1816,  de  déterminer  le  siège  des  Universités  de  l'État. 

Mais  encore  une  fois,  Velbruck  ne  songeait  pas  au  lendemain.  On 
a  vu  des  prêtres  mondains  sur  le  trône;  mais  un  prince  ecclésiastique 
ouvertement  philosophe,  dans  le  sens  qu'on  donnait  à  ce  mot  au  siècle 
dernier,  voilà  certes  une  singularité  dont  cette  période  de  l'histoire 
peut  seule  nous  offrir  le  spectacle.  Deux  adversaires  en  une  même 
personne  :  le  prince  compromettant  l'évêque  et  l'évéque  rendant  le 
prince  impossible.  Ceux  qui  dès  lors  repoussaient  la  confusion  des 
deux  pouvoirs  n'étaient  que  logiques;  ils  tiraient  les  conséquences 
naturelles  des  prémisses  que  leur  fournissait  le  souverain  lui-même. 
Les  esprits  modérés,  mais  clairvoyants,  pressentaient  qu'il  faudrait 
bientôt  opter. 

Velbruck  avait  été  évêque  aussi  peu  que  possible;  son  successeur 
Hoensbroeck,  sincèrement  mais  étroitement  pieux,  s'engagea  dès  son 
avènement  dans  une  voie  tout  opposée.  Il  tint  en  grande  suspicion 
les  penseurs  et  les  beaux  esprits;  il  essaya  de  paralyser  l'essor 
vigoureux  qui  avait  caractérisé  le  dernier  règne.  A  un  lettré  qui  lui 
demandait  la  place  de  conservateur  de  sa  bibliothèque,  il  répondit 

(>)  V.  ci-après,  col.  43et  H1. 

Il 


XVIII  INTRODUCTION. 

sèchement  :  «Je  n*ai  jamais  lu  et  je  ne  veux  pas  en  prendre  l'habi- 
tude» n.  «Il  éloigna  peu  à  peu  les  hommes  qui  avaient  eu  la  confiance 
de  son  prédécesseur,  et  finit  par  renouveler  tout  son  entourage.  Il  se 
forma  ainsi,  dans  la  partie  la  plus  intelligente  de  la  population,  un 
noyau  de  mécontents  que  grossirent  la  froideur  et  l'extérieur  peu 
sympathique  du  prince  (').  »  On  saisit  avidement  le  premier  prétexte 
venu:  la  balance  pencha... 

La  révolution  qui  engloutit  la  principauté  de  Liège  fut  exactement 
le  contraire  de  la  révolution  brabançonne.  Celle-ci  s'éleva  contre  le 
joséphisme,  qui  asservissait  l'Eglise  à  l'Etat;  celle-là  revendiqua 
contre  le  clergé  toutes  les  libertés  civiles  et  politiques.  Velbruck  avait 
laissé  les  idées  françaises  saper  les  fondements  de  son  pouvoir;  la 
réaction  opérée  par  Hoensbroeck  acheva  de  rendre  odieuse  et  insup- 
portable la  domination  ecclésiastique.  Tout  conspirait  à  transformer 
les  Liégeois,  si  longtemps  courbés  sous  la  crosse  épiscopale,  en 
libéraux  décidés,  en  adversaires  de  toute  intervention  du  prêtre  dans 
les  affaires  temporelles.  Pour  être  certains  d'en  finir  avec  l'ancien 
régime,  ils  se  jetèrent  dans  les  bras  de  la  république  française  :  mal- 
heureuse inspiration,  qui  leur  valut  d'être  traités  en  peuple  conquis, 
mais  conséquence  naturelle  des  influences  qu'ils  avaient  subies  et  des 
fautes  de  leurs  derniers  princes.  Quand  les  yeux  furent  dessillés, 
d'ailleurs,  ils  furent  les  premiers  à  se  souvenir  qu'ils  étaient  Belges. 

L'insiruction  publique  languit  à  Liège  pendant  toute  la  période 
révolutionnaire.  Sous  la  domination  française,  le  grand  Collège  qui  Tiv^it 
remplacé  la  maison  des  Jésuites  (')  fit  place  à  une  Ecole  centrale,  dont 
le  programme  devait  comprendre  «les  mathématiques,  la  physique  et 
la  chimie  expérimentales,  l'histoire  naturelle,  Tagricullure  et  le  com- 
merce, la  méthode  des  sciences  ou  logique,  l'analyse  des  sensations 
et  des  idées,  l'économie  politique  et  la  législation,  l'histoire  philoso- 
phique des  peuples,  l'hygiène,  les  arts  et  métiers,  la  grammaire 
générale,  les  belles-lettres  ,  les  langues  anciennes  ,  les  langues 
vivantes  et  les  arts  du  dessin.  »  C'était  passer  sans  transition  d'un 
extrême  à  l'autre.  Ni  les  professeurs,  ni  les  élèves  n'étaient  capables 

(*  )  Ferd.  Henaux,  oiii\  cité,  t.  il,  p.  263.— Borgxet,  Histoire  de  la  révol.  liégeoise  de 
i789,  Lidge,  1863,  in-S*»,  t.  I,  p.  9. 
(*)  BORGNET,  ibid, 

(')  C'était  simplement  un  collège  d'humanités.  L'enseignement  philosophique  avait  ^Xé 
supprimé  à  Liège  en  1774;  il  est  vrai  que  ce  coup  n'était  tombé  que  sur  la  vieille  scolastique. 


iNTRODur/nox.  XIX 

de  venir  à  bout  de  ce  qu'on  exigeait  d'eux  (*)•  L'Ecole  de  Liège 
végéta  pendant  six  ans  (1798-1804)  ;  le  Lycée  qui  lui  succéda  subsista 
jusqu'en  1814  (*),  époque  où  il  fut  transformé  en  Gymnase,  sous  la 
courte  administration  prussienne.  Dans  le  plan  d'organisation  de 
l'Université  impériale,  Liège  avait  figuré  comme  chef-lieu  d'Acadé- 
mie, pour  les  départements  de  TOurthe,  de  Sambre-et-Meuse,  de  la 
Roër  et  de  la  Meuse-inférieure.  La  Faculté  des  sciences  y  fut  seule 
organisée;  un  maigre  cours  de  logique  représenta  à  lui  seul  toute  la 
Faculté  des  lettres;  finalement,  un  décret  fit  tout  disparaître.  Les 
aspirants  au  barreau  allèrent  fréquenter,  à  Bruxelles,  XEcole  de  droite 
qui  nous  revint  plus  tard,  professeurs  et  élèves,  et  forma  le  noyau  de 
notre  Faculté  académique  (^);  les  étudiants  en  médecine  suivirent  les 
cours  d'Ansiaux  et  deComhaire.  En  résumé,  l'enseignement  supérieur 
ne  reçut  pas,  chez  nous,  d'organisation  régulière  et  pratique  avant 
l'établissement  du  royaume  des  Pays-Bas.  Plusieurs  bons  éléments 
pouvaient  être  mis  à  profil;  mais,  comme  le  dit  M.  Nothomb,  en 
1816  tout  était  à  faire. 


IL 


Lorsque  le  roi  Guillaume  soumit  la  loi  fondamentale  }\  rapprobalion 
des  notables  de  la  Belgique,  les  délégués  des  déparlements  de  TOurlhe, 
de  la  Meuse-inférieure  et  des  Forêts  (Liège,  Limbourg  et  Luxembourg) 
se  prononcèrent  à  une  Irès-grande  majorité  en  faveur  du  projet  (*). 
A  Bruxelles  et  à  Namur,  il  y  eut  à  peu  près  partage  ;  ralliiude  des 
Flandres,  d'Anvers  et  du  Hainaut  fut  au  contraire  tellement  hostile, 
qu'en  dépit  des  110  voix  hollandaises  des  Elals-généraux,  consultés 

(M  MOREL,  p.  27  et  su  iv. 

(')  Les  premiers  dlèves  du  Lycdc  furenl  envoyés  de  France  et  choisis  parmi  les  jeunes 
{T^DS  qui  avaient  droit  k  une  l)oursc  d'études  :  nous  tenons  ce  détail  du  plus  ancien 
d'cnlr'eux,  M.  Montalant-Rougleux,  do  Versailles,  à  qui  sa  verte  vieillesse  permet  encore  de 
venir  revoir  de  temps  en  temps  la  ville  où  il  a  fait  ses  éludes.  M.  Montalant  s'est  plus  d'une 
foisftonvem]  de  Lijge  dans  SiS  poésies;  il  est  aussi  l'un  des  correspondants  les  plus  assidus 
de  notre  Société  d'Emulation. 

(*)  V.  ci-après,  col.  267. 

(*)  A  Liège,  38  voix  pour,  31  contre  ;  à  Hay,  11  pour,  \\  contre \  à  Ycrviers,  BSponr. 
Sur  116  voix  Hmbourgeoises,  19  seulement  Turent  négatives.  Dans  tout  le  Luxembourg  (73 
voix),  il  oe  se  rencontra  pas  un  seul  opposant  (V.  Van  de  Weyer,  la  Bcltjique  et  la  Hollande 
(Opusc.,  t.  Il,  Londres,  1869,  in-12«),  p.  60). 


XX  INTRODUCTION. 

de  leur  côté  et  convoqués  en  nombre  double,  la  loi  se  trouva  rejetée 
par  796  suffrages  contre  637.  Cent  vingt-six  votants  motivèrent  formel- 
lement leur  refus  sur  les  articles  196  et  198,  qui  proclamaient  la 
liberté  absolue  des  cultes  et  rendaient  les  emplois  accessibles  à  tous 
les  nationaux»  sans  distinction  d*opinions  religieuses.  L'opposition 
comptait  aussi  dans  son  sein  un  certain  nombre  de  libéraux,  préoc- 
cupés de  certaines  garanties  essentielles  dont  la  loi  ne  disait  mot, 
notamment  de  la  responsabilité  des  ministres,  de  l'institution  du  jury, 
que  TEmpire  nous  avait  fait  connaître,  enfin  de  l'inamovibilité  des 
juges  ;  mais  il  resta  évident  pour  le  roi,  dont  la  surprise  et  Tirritatiou 
furent  extrêmes,  que  le  clergé  était  le  principal  instigateur  de  la 
résistance.  Or  la  situation  était  délicate  vis-à-vis  des  puissances 
alliées,  qui  avait  stipulé  ïassimilation  constitutionnelle  des  deux  pays. 
La  Hollande  acceptait  sans  réserve  les  propositions  du  gouverne- 
ment ;  la  Belgique  prise  en  masse  n'en  voulait  pas  :  que  faire  f  Un 
arrêté  royal  du  24  août  1815  déclara  la  loi  fondamentale  purement  et 
simplement  acceptée  (*).  C'était  une  première  faute,  que  le  temps 
pouvait  faire  paraître  excusable  (■);  malheureusement  le  roi  ne  s'en 
tint  pas  \h.  Il  laissa  échapper  des  paroles  menaçantes  ;  il  jura 
d*écraser  le  parti  qui  l'avait  tenu  en  échec  (').  On  sait  comment 
furent  traitées  les  protestations  du  prince  de  Broglie,  évêque  de  Gand  ; 
on  sait  comment,  dans  la  suite,  le  nouveau  Joseph  II  fut  accusé  de 
vouloir  asservir  l'Eglise.  La  sincérité  des  intentions  de  Guillaume  ne 
saurait  être  révoquée  en  doute  ;  il  voulait  incontestablement  le  bien 
de  ses  sujets,  mais  il  le  voulait  à  sa  manière  et  sans  tenir  compte 
du  sentiment  des  populations.  Plus  il  s'obstina,  plus  ses  mesures 
devinrent  suspectes  ;  finalement  elles  parurent  odieuses.  On  lui 
imputa  le  projet  de  vouloir  propager  en  Belgique  l'esprit  calviniste, 
et  tout  d'abord  de  l'introduire  subrepticement  dans  les  écoles  pri- 
maires (*)  ;  on  lui  reprocha  de  réserver  toutes  ses  faveurs  à  ses  com- 
patriotes ;  et  ce  ne  furent  pas  seulement  les  coryphées  de  la  politique 


(  '  )  De  Gcrlache,  Ri»t,  du  roy,  des  Pays-Bas,  Bruxelles,  1843,  in-S^,  t.  I,  p.  309  etsuiv. 

(*)  Thonissen,  La  Belgique  sous  le  règne  de  Uopold  /,  2«  éd.  Louvaio,  4861,  in-S»,  t.  FI, 
p.  4. 

(')  De  Gerlacbc,  /.  c.  —  Carlo  Gemelli,  Hist.  delarivoL  Belge  Braxelles,  1860,  in-8o, 
p.  37. 

(*)  Ducpëliaux,  citd  par  M.  Th.  Jastc,  Hist,  de  VinstrucUon  publique  en  Belgique,  Brun. 
1844,  in-8»,  p.  282. 


IXTKODLCTION.  XXI 

active,  ce  furent  tous  les  Belges  qui  s'indignèrent,  lorsqu'il  eut  la 
malencontreuse  inspiration  de  nous  imposer  de  force  la  langue  hollan- 
daise (M.  En  vain  il  émancipa  notre  industrie,  en  vain  il  rendit  plus 
prospères  que  jamais  nos  provinces  épuisées,  en  vain  il  régénéra 
l'instruction  publique  :  une  nation  qui  voit  sa  religion  et  sa  langue  en 
péril  se  sent  frappée  au  cœur  et  répudie  des  bienfaits  qu'elle  regarde 
comme  empoisonnés. 

Le  royaume  des  Pays-Bas  dura  néanmoins  quinze  ans,  et  ces  quinze 
années,  malgré  tous  les  griefs,  figureront  dans  notre  histoire  comme 
une  période  heureuse  et  brillante.  La  paix,  cette  fée  si  longtemps 
insaisissable,  désormais  assise  à  notre  foyer,  nous  prodiguait  ses 
trésors.  Les  relations  intimes  de  la  Belgique  et  de  la  Hollande  nous 
profitaient  plus  encore  qu'à  nos  voisins  bataves.  Le  roi  aimait  les 
lumières  et  respectait  la  liberté  dans  tout  ce  qui  ne  touchait  pas  à 
ses  idées  fixes.  Aveugle  et  intraitable  sur  ce  point,  il  mina  lui-même 
l'édifice  qu'il  avait  mission  de  consolider;  mais  sous  d'autres  rapports 
les  provinces  belges  eurent  tant  de  sujets  de  lui  rendre  grâces,  que 
jusqu'au  moment  suprême  un  seul  mot  de  sa  bouche  eût  pu  tout 
réparer  :  il  ne  le  prononça  pas. 

Il  avait  l'admirable  patience  qui  a  toujours  caractérisé  ses  compa- 
triotes et  qui  leur  a  permis  de  conquérir  leur  sol  sur  l'Océan  ;  mais  il 
avait  aussi  les  défauts  de  ses  qualités  :  sa  ligne  de  conduite  une  fois 
tracée,  aucune  considération  n'aurait  pu  l'en  faire  dévier;  les  éléments 
qu'il  avait  négligés  en  posant  ses  prémisses  n'existaient  pas  à  sesyeux  ; 


(')  Les  temps  sont  bien  changés,  ii  preuve  le  mouvement  flamand.  —Aujourd'hui  que  le 
calme  est  rentré  dans  les  esprits,  on  reconnaît  volontiers  que  l'opposition  avait  singulière- 
ment exagéré  ses  griefs.  La  langue  française  étant  étrangère  à  la  grande  majorité  des  habi- 
tants des  Pays-Bas,  il  était  assez  rationnel  qu'elle  ne  fût  pas  choisie  pour  être  la  langue  des 
affaires.  Mais  Guillaume  oublia  qu'on  ne  gouverne  plus  les  peuples  sans  compter  aver^  eux  ; 
que,  dans  son  intérêt,  il  devait  ménager  les  provinces  wallonnes;  et  qu'enfin 

Lfl  teinp«  n*épargnc  p«i  ce  que  Ton  fait  md»  Ini. 

L  adage  :  Quid  leges  tine  motibus  ?  est  toujours  vrai  :  le  CompeUe  iniare  dt'salTeclionne 
inévitablement  les  peuples.  H  aurait  fallu  laisser  d'abord  s'éveiller  chez  les  Belges  le  désir 
de  connaître  le  hollandais,  et  l'on  ne  peut  douter  qu'ils  n'en  seraient  venus  là.  N'avons-nous 
pas  va,  cette  année  même,  un  grand  nombre  d'étudiants  de  Liège  demander  qu'il  fût  pourvu 
sans  retard  au  remplacement  de  M.  le  professeur  émérite  Bormans,  pour  le  cours  de  langue 
flamande?  (*) 

(')  Il  a  été  fuit  droit  santi  retard  à  c«Uo  nltilamniion  ;  U.  Stecher  a  éré  cliargé  du  luar^  do  llauiaud  pr 
arrêté  royal  do  15  juin  1869. 


XXII  IXTMOnUCTION. 

lui  eût-on  démontré  à  l'évidence  le  danger  de  les  éliminer,  il  restait 
logicien  jusqu'au  bout.  Avec  ces  dispositions  d'esprit,  il  gagna  peu  à 
peu  du  terrain,  notamment  dans  la  capitale  des  Flandres,  où  les  libé- 
raux, peu  nombreux  au  commencement,  mais  en  communauté  directe 
d'idées  avec  lui,  étaient  ravis  de  le  voir  entamer  une  lutte  à  outrance 
contre  les  doctrines  politiques  de  Tépiscopat.  Le  noyau  de  ses  parti- 
sans s'y  grossit  peu  à  peu  des  représentants  de  la  grande  industrie, 
presque  tous  ses  obligés,  et  finalement  d'une  bonne  partie  de  la  classe 
moyenne,  qui  appréciait  hautement  sa  sollicitude  pour  l'instruction 
publique.  Foyer  de  l'opposition  cléricale  au  commencement  de  son 
règne,  la  ville  de  Gand  était  devenue,  en  1830,  le  dernier  boulevard 
de  l'orangisme.  —  Les  choses  se  passèrent  tout  autrement  à  Liège.  Là 
aussi  de  puissants  industriels,  et  à  leur  suite  tout  un  peuple  de  tra- 
vailleurs, étaient  sympathiques  au  gouvernement;  là  aussi  tlorissait 
une  Université  qui  ne  laissa  pas  que  de  lui  recruter  des  auxiliaires; 
mais  par  contraste  avec  Gand,  l'attachement  au  régime  établi  en  181S 
se  refroidit  dans  le  pays  wallon  à  mesure  que  les  idées  libérales  y  firent 
du  chemin.  On  a  vu  plus  haut  que  la  loi  fondamentale  avait  été  assez 
bien  accueillie  dans  les  provinces  dont  le  territoire  correspond  à 
l'ancienne  principauté  ecclésiastique  ;  or  c'est  au  sein  de  ces  mêmes 
provinces,  quinze  ans  à  peine  écoulés,  que  la  révolution  fut  surtout 
populaire  et  qu'elle  trouva  ses  principaux  chefs.  L'explication  de  ce 
revirement  se  trouve  dans  l'idée  radicalement  fausse  que  le  roi  Guil- 
laume s'était  faite  de  notre  caractère  et  de  nos  intimes  aspirations. 

Pendant  toute  la  durée  de  son  règne,  le  parti  catholique  fut  représenté 
à  Liège  par  plusieurs  notabilités  de  premier  ordre  ;  cependant  l'in- 
fluence politique  du  clergé  s'y  faisait  beaucoup  moins  sentir,  depuis 
la  grande  révolution,  que  dans  les  provinces  qui  avaient  fait  partie 
des  Pays-Bas  autrichiens.  Les  Liégeois,  pris  en  masse,  se  souvenaient 
trop  amèrement  du  règne  de  Hoensbroeck,  pour  n'être  point  attachés 
aux  idées  de  1789  et  pour  n'en  point  tirer  les  conséquences  rigou- 
reuses. Nous  voyant  assez  indifférents  aux  susceptibilités  des  prélats, 
le  roi  nous  considéra  comme  gagnés  d'avance  à  sa  cause.  On  peut 
aussi  admettre  qu'à  Liège  comme  à  Gand,  pour  mieux  assurer  la  réus- 
site des  projets  qu'il  avait  conçus,  il  eut  l'arrière-pensée  d'engager 
la  fidélité  des  provinces  wallonnes  en  les  dotant  de  grands  avantages 
matériels,  moyen  de  se  faire  absoudre  des  faveurs  administratives  et 


ixrnoDUCTiox.  XXI II 

religieuses  qu'il  accordait  aux  Hollandais  (*).  Il  atteignit  son  but, 
comme  on  vient  de  le  dire,  dans  lé  monde  industriel.  Mais  il  se  mé- 
prit du  tout  au  tout  sur  la  véritable  portée  du  libéralisme  liégeois; 
surtout  il  ne  prévît  pas  que  la  jeunesse  universitaire,  déjà  libérale 
d'instinct,  lui  échapperait  tout  à  fait  lorsqu'elle  comparerait  la  con- 
duite politique  du  souverain  avec  les  principes  que  des  hommes 
choisis  par  l'autorité,  mais  en  définitive  des  hommes  de  conscience, 
étaient  appelés  à  lui  enseigner.  C'est  en  effet  dans  nos  Universités, 
ou  plus  exactement  c'est  à  l'Université  de  Liège,  que  se  forma  ce 
groupe  de  patriotes  qui  déchirèrent  le  pacte  de  1815,  devenu  une 
lettre  morte.  Il  faut  dire  à  l'honneur  de  Guillaume  I  qu'il  ne  porta 
jamais  atteinte  à  la  liberté  de  la  chaire  :  mais  le  moment  devait  arri- 
ver où  les  jeunes  aiglons  qu'il  avait  habitués  à  contempler  le  soleil  en 
face,  n'en  pourraient  plus  détourner  leurs  regards. 

Libéralisme  est  un  mot  tellement  élastique  ,  que  les  partis  les  plus 
opposés  l'ont  inscrit  sincèrement ,  et  tour  à  tour,  sur  leur  drapeau. 
Le  roi  Guillaume  se  croyait  libéral ,  non  qu'il  aimât  la  liberté,  mais 
parce  qu'il  voulait  affranchir  les  peuples  de  tout  autre  joug  que  le  sien. 
Il  en  voulait  surtout  à  l'esprit  du  catholicisme  et  à  l'influence  fran- 
çaise. Sa  pensée  était  d'émanciper  le  peuple  en  le  forçant  d'accepter 
son  système  d'éducation.  Persuadé  de  son  infaillibilité,  il  démonétisait 
toute  idée  qui  ne  portait  pas  son  efTigie.  La  manie  de  réglementer 
s'empara  donc  de  son  esprit  :  il  propagea  l'instruction,  mais  en  la 
monopolisant;  il  protégea  la  presse,  sauf  h  la  museler  quand  elle  ne 
lui  donnerait  pas  raison  ;  il  combattit  les  empiétements  du  clergé, 
mais  en  opprimant  le  clergé  et  en  s'ingérant  dans  l'enseignement 
théologique.  En  Hollande,  cette  façon  d'agir  ne  blessait  personne, 
sauf  quelques  vieux  républicains  partisans  de  l'oligarchie  ;  mais 
ceux-ci  mêmes  avaient  sur  la  liberté  des  idées  toutes  différentes  des 
nôtres.  En  Belgique  au  contraire,  à  Bruxelles  et  à  Liège  en  particulier, 
un  tel  système  ne  pouvait  que  froisser  profondément  les  adversaires 
comme  les  amis  du  cléricalisme.  Chez  nous,  les  purs  libéraux  aspi- 
raient tout  bonnement  à  la  séparation  de  l'Église  et  de  TÉtat  :  ils  ne 
voulaient  pas  que  l'Église  pesât  sur  l'État,  mais  ils  n'entendaient  pas 
davantage  que  l'État  absorbât  l'Église.  Ils  trouvaient  naturel  qu'un 

(*)  F.  Capitaine,  Notice  tur  H,-J.  Otban  (Procès- verbal  de  la  Séance  publique  de  la  Soc. 
d'Emulation  de  Liège,  34  mai  4858,  p.  40). 


XXIV  INTRODUCTION . 

libéral  allât  même  à  la  messe  ;  en  revanche,  ils  se  seraient  bien  gardés 
de  s'enquérir  de  la  présence  de  leurs  voisins  au  prêche  évangélique. 
Le  Liégeois,  de  tout  temps,  s*est  montré  extrêmement  jaloux  de  sa 
liberté  individuelle  ;  les  moindres  envahissements  du  pouvoir  lui  por- 
tent ombrage  et  trouvent  en  lui  un  adversaire  implacable.  Voilà  ce  dont 
Guillaume  ne  parut  point  se  douter  :  il  prit  le  libéralisme  des  loges 
maçonniques,  qui  avait  des  points  de  contact  avec  le  sien,  pour  le 
reflet  de  Topinion  publique  ;  impossible  de  se  tromper  plus  complè- 
tement. Parce  que  les  Liégeois  avaient  Tancien  régime  en  horreur,  ils 
n*en  étaient  pas  moins,  en  général,  restés  attachés  à  la  religion  de 
leurs  pères.  Tolérance  pour  tous ,  point  de  propagande  officielle  , 
liberté  de  penser  et  de  parler,  tels  étaient  leurs  vœux  et  leurs  légi- 
times espérances.  Voyant  le  roi  viser  au  gouvernement  personnel  et 
faire  aussi  bon  marché  de  leurs  griefs  que  de  ceux  du  clergé,  ils 
prirent  tout  d*un  coup  au  sérieux  les  protestations  des  catholiques. 
Appliquant  à  la  situation  présente  un  mot  du  vieux  Balzac,  rapporté 
par  Lamennais,  nos  concitoyens  se  dirent  qu'un  peuple  qui  avait 
secoué  le  joug  de  la  théocratie  ne  pouvait  se  résigner  à  regarder 
comme  un  Dieu  son  chef  temporel.  Ils  virent  la  Belgique  moins  in- 
dépendante que  jamais,  en  dépit  des  promesses  du  pacte  fondamental. 
Libéraux  et  catholiques  oublièrent  en  un  moment  leurs  dissidences 
et  n*eurent  plus  qu*une  préoccupation  dominante,  la  délivrance  de  la 
patrie.  Ainsi  fut  conclue  cette  fameuse  Union  que  Guillaume  qualifia 
dHnfâme^  mais  que  justifiait  pleinement  au  contraire  le  sentiment  des 
devoirs  les  plus  sacrés  ;  ainsi  s'organisa  le  pétitionnement  général  de 
1828 ,  qui  ébranla  jusqu'en  ses  fondements  Tédifice  élevé  par  la 
Sainte-Alliance  ('). 

Le  roi  des  Pays-Bas  attachait  au  développement  de  l'instruction 
publique  dans  les  provinces  méridionales  une  importance  d'autant 
plus  grande,  qu'il  avait  trouvé  la  Belgique,  sous  ce  rapport,  dans  un 
état  d'infériorité  déplorable.  Ses  idées  de  réforme  se  rattachaient, 
comme  on  peut  s'y  attendre,  à  sa  politique  générale  ;  et  ici  encore  , 
emporté  par  son  zèle  anti-clérical,  il  finit  par  ne  plus  garder  aucune 
prudence.  Cependant  nous  avons  lieu  de  croire  que  l'f/nton  aurait  eu 
de  la  peine  à  se  former,  si  les  libéraux  liégeois  n'avaient  eu  des  rai- 

(  *  )  De  Gerlache,  Tbonissen,  etc.— Gervinus,  Gesch.  des  XIX  ^  JahrhutuUrtt,  Leipzig, 
4865,  in-S^  l.  VII,  p.  589  et  suiv. 


INTHODUCTIOX.  XXV 

sons  de  se  croire  directement  froissés.  Ils  épousèrent  la  querelle  du 
clergé  parce  qu'ils  trouvèrent  que  le  clergé  avait  raison,  mais  plus 
encore  parce  que,  comme  le  Harry  Wind  de  Walter  Scott,  ils  avaient 
à  combattre  pour  leur  propre  main.  En  général ,  les  mesures  prises 
par  Guillaume  pour  régénérer  Tinstruction  publique  furent  applaudies 
à  Liège  aussi  bien  qu*à  Gand.  Jamais  établissement  d'enseignement 
primaire  n'obtint  chez  nous  un  succès  aussi  universel,  aussi  incontesté, 
que  l'école  primaire  modèle  dirigée  par  J.  Stapper,  de  Haarlem.  Les 
écoles  gratuites  de  la  ville,  les  écoles  des  campagnes  même  éiaieiU 
pour  la  plupart  excellentes  ;  l'un  des  premiers  soins  du  roi  avait  été 
d'appliquer  à  la  Belgique  cette  loi  de  1806,  dont  Cuvier  et  Noël  n'a- 
vaient su  en  quels  termes  vanter  les  résultats ,  lors  de  leur  voyage 
oflBclel  en  Néerlande.  Partout  s'organisaient  des  cours  normaux;  le 
gouvernement,  appréciant  les  avantages  de  l'initiative  privée,  favorisait 
les  Sociétés  ([encouragement  qui  se  constituaient  dans  les  principaux 
cbefs-lieux  de  province  ;  les  Commissions  provinciales  d'instruction 
exerçaient  une  influence  salutaire  ;  une  juste  sévérité  présidait  au 
choix  des  instituteurs,  qui  étaient  nommés  au  concours.  L'organisa- 
tion nouvelle  répondait  d'ailleurs  à  un  besoin  vivement  et  générale- 
ment senti  :  on  ne  se  représente  pas  aujourd'hui  l'abaissement  de  nos 
écoles  primaires  avant  1815.  La  réorganisation  de  l'enseignement 
élémentaire  est  pour  Guillaume  I  un  titre  impérissable  à  la  reconnais- 
sance des  Belges  :  elle  aurait  assuré  sa  popularité  parmi  nous,  si  l'on 
ne  s'était  trouvé  tout  d'un  coup  en  présence  de  questions  plus  brû- 
lantes. Quant  à  l'accusation  de  propagande  calviniste  jusque  dans  les 
petites  écoles  par  le  choix  des  livres,  etc.,  etc.,  elle  se  réduit  aujour- 
d'hui à  fort  peu  de  chose.  Il  n'est  pas  vrai  de  dire  que  l'instituteur  ait 
jamais  porté  atteinte  à  l'enseignement  du  curé  :  les  enfants  se  ren- 
daient à  l'école  pour  s'y  instruire  et  allaient  à  l'Eglise  pour  y  apprendre 
le  catéchisme;  tout  le  monde  s'en  trouvait  bien,  et  les  deux  autorités, 
chacune  indépendante  dans  son  domaine,  se  respectaient  mutuelle- 
ment. D'ailleurs,  quelle  que  fut  la  pensée  secrète  du  roi,  il  n'aurait  pas 
trouvé  dans  notre  pays  les  moyens  d'arriver  à  ses  fins.  L'expérience 
fut  tentée  jusqu'à  un  certain  point  dans  des  régions  plus  hautes;  mais 
ici,  nous  nous  croyons  en  droit  d'affirmer  qu'il  n'en  fut  jamais  ques- 
tion; nous  en  appelons  aux  souvenirs  de  tous  les  hommes  de  cette 
époque.  Les  motifs  de  défiance  dont  on  fit  état  dans  la  suite  pour 
ramener  le  clergé  dans  l'école  étaient  plutôt  théoriques  que  justifiés 
par  une  expérience  de  quinze  années. 


XXVI  INTnOULXTlON. 

yenseignement  moyen  fut  réorganisé  à  son  tour.  Ici  la  lutte  qui 
s'engagea  contre  le  monopole  du  pouvoir  civil  ne  se  réduisit  pas  à  un 
procès  de  tendance.  Le  clergé  ne  pardonna  pas  plus  à  Guillaume  la 
fermeture  des  collèges  libres,  que  la  proscription  des  corporations 
religieuses  qui  s'occupaient  d'enseignement  élémentaire.  Toutes  les 
familles  catholiques  s'émurent  quand  parut  le  décret  du  11  »oùt  182o, 
excluant  des  emplois  publics  et  des  fonctions  ecclésiastiques  les  jeunes 
gens  qui  auraient  (ait  leurs  humanités  k  l'étranger.  Il  n'y  avait  plus  à 
se  faire  illusion  :  le  roi  se  rangeait  ouvertement  sous  la  bannière  du 
joséphisme  ;  il  fallait  courber  la  tète  sous  le  joug,  renoncer  à  la  liberté 
de  conscience  ou  se  laisser  traiter  en  parias.  L'attitude  résolue  des 
députés  belges  arracha  enfin  au  gouvernement  quelques  concessions  : 
elles  arrivèrent  trop  tard.  .  .  . 

Les  Athénées  et  les  Collèges  belges,  sous  le  gouvernement  hollan- 
dais, furent  loin  de  briller  autant  que  les  écoles  primaires  >(*).  La 
Hollande,  qu'on  avait  pris  pour  modèle,  ne  possédait  pas  un  enseigne- 
ment secondaire  en  rapport  avec  les  nécessités  du  temps.  On  n'y 
cultivait  guère  que  les  langues  anciennes,  comme  si  l'on  n'eût  eu  à 
former,  écrivait  Victor  Cousin,  que  des  professeurs  et  des  théologiens. 
Il  est  permis  de  voir  dans  ce  système  étroit,  auquel  la  Hollande 
cherche  à  renoncer  aujourd'hui  sans  parvenir  à  se  fixer,  un  obstacle 
sérieux  au  développement  de  nos  Universités  naissantes,  et  aussi  une 
des  causes  de  l'esprit  de  réaction  qui  s'y  fit  jour  contre  les  institu- 
tions existantes.  La  jeunesse  belge  abordait  les  études  académiques 
entièrement  étrangère  au  monde  moderne;  tout  était  nouveau  pour 
elle  ;  on  ne  lui  avait  appris  que  des  mots  et  des  formules  stériles  ;  les 
uns,  dont  Tesprit  manquait  de  ressort  ou  de  stimulant,  restaient  dans 
l'ornière  jusqu'à  la  fin  ;  les  autres  se  jetaient  à  corps  perdu  dans  l'étude 
des  choses  présentes  et,  plus  avides  de  se  faire  l'écho  des  bruits  du 
dehors  que  de  pâlir  sur  des  manuels  sèchement  écrits  dans  un  latin 
de  convention,  rêvaient  réformes  sur  réformes,  descendaient  dans 
l'arène  de  la  presse  militante  et  finissaient  par  ne  s'attacher  qu'aux 
maîtres  dont  les  leçons  correspondaient  à  leurs  préoccupations  poli- 
tiques. 

Ainsi  s'explique  comment  la  Faculté  de  droit  atteignit  dès  le  début, 

(  ')  H  faut  faire  exception  poar  quetques-uns,  notamment  pour  les  Athénées  de  Bruxelles, 
de  Maestricht  et  de  Luxembourg. 


INTRODUCTION.  XXVII 

à  rUniversité  de  Liège,  une  importance  hors  ligne  :  à  un  moment 
donné,  il  en  devait  sortir  une  phalange  tout  armée  pour  le  combat. 
L'esprit  scientifique  proprement  dit  souffrit  cependant  de  cette  situa- 
lion  ;  le  système  qui  fut  mis  en  vigueur  en  1817  porta  de  tout  autres 
fruits  que  ceux  sur  lesquels  avaient  compté  ses  promoteurs.  Parmi 
les  étudiants  qui  se  distinguèrent,  un  petit  nombre  poursuivirent  plus 
lard  des  études  paisibles  ;  la  plupart  visèrent  à  jouer  un  rôle  actif 
dans  les  affaires  publiques.  On  sait  ce  que  la  Belgique  doit  à  leur 
chaleureux  patriotisme,  à  leurs  audaces  précoces,  à  la  sagesse  pratique 
dont  ils  firent  preuve  jusque  dans  leurs  entraînements.  On  sait  égale- 
ment avec  quelle  dignité  courageuse  et  quelle  abnégation  antique  quel- 
ques-uns d'entre  eux  restèrent  fidèles  au  gouvernement  déchu  :  ceux- 
là  aussi  sont  dignes  de  tout  respect  et  de  toute  sympathie.  Noble  et 
vigoureuse  génératioir,  dont  l'histoire  se  souviendra  et  qui  est  encore 
l'honneur  de  notre  pays  !  Mais  l'époque  où  ces  hommes  étaient 
jeunes  fut  une  époque  dé  crise  et  de  transformation  :  c'est  à  peine  si 
l'Université  de  Liège,  jusqu'en  1830,  put  respirer  dans  des  conditions 
normales.  On  y  entrait  trop  peu  préparé,  on  en  sortait  irop  agité,  et 
dans  tous  les  cas  trop  indifférent  à  la  science  pure.  C'est  ainsi  que, 
par  l'effet  naturel  des  circonstances,  la  politique  vint  s'asseoir  sur 
nos  bancs,  et  absorber  de  plus  en  plus  l'attention  ;  elle  s'en  retira  plus 
lard,  nos  libertés  une  fois  conquises,  pour  intervenir,  sous  l'égide  de 
la  loi,  dans  la  constitution  du  jury  d'examen  ;  mais  jusqu'aujourd'hui 
notre  enseignement  supérieur  en  a  subi  l'influence,  et  c'est  ce  qu'il 
importe  de  constater  d'abord,  si  l'on  veut  porter  un  jugement  équitable 
sur  les  efforts  de  ceux  qui  l'ont  représenté  jusqu'ici. 

Pris  en  lui-même,  le  Règlement  organique  de  1816  était  digne  d'un 
prince  éclairé,  loyalement  dévoué  à  l'œuvre  d'émancipation  qu'il  avait 
entreprise.  Il  consacrait  une  sorte  de  compromis  entre  le  système  de 
centralisation  de  rUniversité  de  France,  et  le  système  d'autonomie 
des  hautes  écoles  de  l'Allemagne.  Les  spirituelles  plaisanteries  de 
l'Observateur  belge  (')  ne  lui  portèrent  aucune  atteinte  sérieuse;  s'il 
n'était  pas  irréprochable  de  tout  point,  il  substituait  du  moins  des 
établissements  complets  aux  institutions  incomplètes  léguées  par 
rEmpire(").  Le  travail  de  M.  Nothomb  {')  nous  dispense  d'analyser 

(*)  V.  notamment  t.  IX,  p.  353  et  suiv. 
(■)  Juste,  p.  302. 

{ ■)  Etat  de  l'instruction  supérieure  en  Belgique  ;1794-1835).  Bruxelles,  i844,  in  8«,  1. 1 , 
p.  XXVII  et  suiv.  —  V.  aussi  Th.  Juste,  p.  292  cl  suiv. 


XXVIII  INTRODUCTION. 

ce  documeat ,  qui  d'ailleurs  a  servi  de  base  à  nos  institutions 
actuelles,  en  ce  qui  concerne  la  constitution  intérieure  des  Universi- 
tés. Celles-ci  devaient  comprendre  cinq  Facultés  ;  mais  la  Faculté  de 
théologie  catholique,  la  seule  qui  aurait  pu  porter  directement  om- 
brage au  clergé,  n'y  fut  jamais  organisée.  Le  règlement  portait  la 
contre- signature  du  ministre  Falck,  qu'on  a  surnommé  le  ban  génie 
de  Guillaume  I  :  cela  encore  devait  inspirer  confiance  (M*  En  somme, 
une  opposition  systématique  pouvait  seule  à  l'origine,  suspecter  les 
intentions  royales. 

Tout  allait  dépendre,  il  est  vrai,  du  premier  choix  des  professeurs. 
Le  gouvernement  fit  tout  ce  qu'il  put  pour  trouver  dans  le  pays  des 
hommes  capables;  il  s'en  rencontra  quelques-uns,  mais  pas  assez 

pour  satisfaire  aux  conditions  du  programme.  Il  ne  suffisait  pas 
d'avoir  été  premier  de  Louvain  pour  être  en  état  d'enseigner  le  droit 
romain  à  une  époque  où  les  Hugo,  les  Thibaut  et  les  Savigny  trans- 
formaient la  science.  L'histoire  philosophique,  les  sciences  écono- 
miques étaient  chez  nous  de  mystérieuses  inconnues  ;  la  philologie 
ne  comptait  pas  un  représentant  sérieux;  en  sciences  naturelles,  on 
aurait  eu  à  peine  un  nom  à  citer;  en  médecine,  nous  possédions 
Ansiaux,  Gomhaire  et  Sauveur  ;  mais  la  Faculté  devait  être  complétée. 
On  fil  venir  de  Bruxelles  J.-G.-J.  Ernst,  pour  le  droit  civil  ;  Delvaux 
eut  mission  d'enseigner  la  physique  et  la  chimie  ;  partout  enfin  où  il 
fut  possible  de  trouver  des  professeurs  belges,  on  alla  les  chercher. 
Cependant,  sous  peine  de  tout  compromettre,  il  fallait,  dès  le  com- 
mencement, ofiîrir  à  la  jeunesse  un  ensemble  de  moyens  d'instruction. 
Le  gouvernement  ne  fit  que  remplir  un  devoir  en  recrutant  à  l'étran- 
ger quelques  hommes  d'avenir,  capables  de  pourvoir  aux  nécessités 
du  moment.  Ces  hommes  arrivèrent  à  Liège,  jeunes  encore,  inexpé- 
rimentés peut-être,  mais  dans  tous  les  cas  à  la  hauteur  de  leur  mis- 

{i  )  Malheureusement  la  modération  de  ce  digne  conseiller  ne  tarda  pas  à  déplaire  au  roi. 
Lorsque  Guillaume  prit  ses  arrêtés  concernant  la  langue  hollandaise,  le  ministre  de  l'intruc- 
tion  publique,  après  avoir  fait  vainement  tout  son  possible  pour  dctourner  le  roi  de  son 
dessein,  résolut  du  moins  d'apporter  un  retarda  Texécution des  nouvelles  mesures.  M.  Juste 
rapporte  à  ce  sujet  (p.  303)  l'anecdote  suivante  :  <  Le  professeur  de  littérature  hollandaise 
de  VAthénée  de  Bruxelles  s'étant  présenté  un  jour  à  l'audience  du  roi,  celui-ci  lui  demanda 
comment  allait  la  langue  tiationale  depuis  les  derniers  arrêtés.  Le  professeur,  qui  était  un 
Batave  fanatique,  répondit  que  le  ministre  tenait  encore  les  arrêtés  dans  son  portefeuille.  A 
la  suite  de  celte  audience,  Guillaume  eut  une  explication  avec  M.  Falck  ;  et  le  fidèle  ministre 
fut  envoyé  à  Londres.  »  —  M.  Quetelet  a  publié  une  intéressante  biographie  de  Falck  dans 
V Annuaire  de  FAcad.  royale  de  Bruxelles ^  année  48 i4,  p.  79>107. 


INTRODUCTION .  XXIX 

sion.  L*opposition  jeta  les  hauts  cris  (')  :  elle  eut  doublement  tort. 
Les  nouveaux  professeurs  n'étaient  pas  tous  également  familiarisés 
avec  la  langue  française  ;  mais,  d*une  part,  c*était  un  défaut  dont  ils 
avaient  le  loisir  de  se  corriger  tous  les  jours;  de  l'autre,  renseigne- 
ment de  certains  cours  devait  se  faire  en  latin.  L'essentiel  était  de 
poui*voir  les  jeunes  gens  de  connaissances  solides,  de  leur  ouvrir  des 
perspectives  que  rien  jusque  là  ne  leur  avait  fait  entrevoir.  Hais  Tin- 
justice  de  l'opposition  est  surtout  saillante  à  un  autre  point  de  vue. 
Sans  les  professeurs  étrangers,  les  foites  méthodes  de  l'Allemagne 
ne  se  seraient  pas  introduites  dans  notre  pays;  or  ce  sont  ces 
méthodes,  on  peut  le  dire,  qui  nous  ont  décidément  affranchis 
de  la  routine.  Les  Wallons  ont  quelque  chose  de  l'esprit  clair  et  ana- 
lytique de  leurs  voisins  du  sud  ;  mais  leurs  instincts  réclament  aussi 
celte  forte  discipline  intellectuelle  et  cette  coordination  synthétique 
des  idées  qui  sont  les  premiers  besoins  des  races  germaniques.  Les 
professeurs  étrangers  rendirent  à  nos  étudiants  un  service  inappré- 
ciable, en  les  iniriant  à  leurs  procédés  de  travail  et  de  recherches. 
Beaucoup  d'élèves,  sans  doute,  ceux  qui  faisaient  des  Brodstudien  (il 
en  est  ainsi  partout),  ne  prêtèrent  à  leurs  leçons  qu'une  attention 
superficielle  et  forcée;  beaucoup  même  conquirent  leur  diplôme  en 
défendant  des  thèses  dont  ils  n'étaient  point  les  auteurs  (cet  abus 
tenait,  soit  au  système  qui  n'exigeait  point  assez  de  garanties,  soit  à 
l'indulgence  ou  à  la  bonhomie  de  certains  professeurs);  mais  ceux 
qui  voulurent  travailler  sérieusement  eurent  du  moins  la  possibilité 
de  le  faire  et  d'élargir  la  sphère  de  leurs  idées,  dans  des  conditions 
où  ils  ne  se  seraient  certainement  pas  trouvés,  s'ils  n'avaient  eu 
pour  maîtres  que  des  hommes  restés  dans  le  terre-à-lerre  de  nos 
vieilles  écoles. 

Quel  essor  n'imprima  pas  aux  élèves  de  Liège  un  Wagemann,  par 
exemple,  non  pas  seulement  en  les  animant  du  désir  de  savoir,  mais 
en  remuant  avec  eux  les  plus  hautes,  les  plus  pressantes  questions 
sociales,  économiques,  historico-politiques  ?  Ackersdyck  après  lui, 
et  dans  un  autredomaineKinker,  quelle  part  ne  prirent-ils  pas  h  notre 
émancipation  intellectuelle?  quels  disciples  ne  suivirent  pas  Bekker 
el  Fohmann  dans  des  sentiers  ou  personne  parmi  nos  compatriotes 
n'avait  depuis  longtemps  plus  songé  à  s'aventurer  ?  Sachons  rendre 

(  V  V.  ci  après,  col.  li,  307,  ;J68,  etc. 


XXX  inthodlctiox. 

pleine  justice  au  roi  Guillaume  :  nous  lui  devons  d'avoir  été,  une  fois 
pour  toutes,  mis  au  pas  de  la  civilisation  et  de  la  science  modernes. 

Il  nous  eût  fallu,  cependant,  un  plus  grand  nombre  de  professeurs. 
Confier  à  un  seul  titulaire  l'enseignement  de  toutes  les  sciences 
naturelles ,  par  exemple  ,  c'était  presque  dérisoire.  La  sollicitude  du 
gouvernement  ne  se  démentit  point  ;  mais  à  l'époque  où  il  s'occupa 
sérieusement  de  renforcer  le  Corps  enseignant,  le  ciel  se  couvrait  de 
nuages  et  l'on  songeait  h  tout  autre  chose  qu'à  l'intérêt  des  études. 
Warnkœnig  et  le  baron  de  Reiffenberg  publièrent,  en  1829,  un  écrit 
rempli  de  vues  sages  sur  la  réforme  de  l'enseignement  supérieur.  Ils 
y  prenaient  pour  point  de  départ  la  direction  de  l'enseignement  par 
l'État;  ils  perdirent  leur  temps  et  leur  huile  :  ce  qui  préoccupait 
alors  tout  le  monde  et  le  gouvernement  lui-même,  c'était  moins 
l'amélioration  des  études  que  la  question  même  dont  nos  deux  publi- 
cistes  supposaient  la  solution  acquise. 

Les  premières  années  se  passèrent  sans  bruit  :  quelques  petites 
querelles  de  ménage,  quelques  échauflburées  d'étudiants  aux  eaux  de 
Chaudfontaine  (  *  ) ,  l'une  ou  l'autre  réclamation  au  sujet  d'articles 
publiés  par  des  élèves  dans  les  journaux  militauts ,  dans  tout  cela 
rien  de  bien  grave.  Les  règlements  universitaires  étaient  rarement 
enfreints.  Il  régnait  entre  plusieurs  professeurs  et  leurs  élèves  une 
sorte  d'intimité  tout  à  fait  avantageuse  pour  ces  derniers  et  non  sans 
importance  au  point  de  vue  de  la  popularité  du  gouvernement,  par  la 
raison  bien  simple  que  la  liberté  des  conversations  privées  amenait 
des  discussions  d'opinion  qu'on  ne  pouvait  aborder  en  chaire,  et  que, 
sans  trop  s'en  douter,  la  jeunesse  se  pénétrait  insensiblement  d'idées 
qu'elle  n'eût  peut-être  point  accueillies  si  elles  lui  avaient  été 
présentées  ex  cathedra  {*).  On  s'habituait  donc  au  nouveau  régime. 
L'enseignement  suivait  une  marche  régulière  et  prenait  peu  à  peu  de 
l'extension.  Denzinger,  Fuss  etWagemann  avaient  fondé  une  École 
propédeutique  pour  les  aspirants  au  professorat  secondaire;  le 
gouvernement  décrétait  l'annexion  à  l'Université  de  Liège  d'une 
chaire  d'économie  agricole  et  forestière  et  d'une  chaire  d'exploitation 
des  mines.  En  un  mot,  l'institution  commençait  à  répondre  aux  espé- 
rances du  pouvoir  et  du  public,  lorsque  les  imprudents  arrêtés 

(  <)  n y  avait  alors  une  lablc  de  roulette  inslallée  à  ChaudfoDlaine  ;  le  Conseil  acaddmlqoe 
s'en  émut.  Le  directeur  des  jeux  se  tira  d'embarras  en  interdisant  aux  élèves  de  TUniver- 
sité  la  fréquentation  de  son  établissement. 

(»)  V.  l'art.  KiNKER. 


INTRODUCTION.  XXXI 

de  1825  vinrent  jeter  tout  d'un  coup  le  (rouble  dans  les  esprits  et 
allumer  Tiucendie  qui  devait  tout  consumer. 

On  a  mentionné  plus  haut  l'ordonnance  relative  aux  élèves  qui 
avaient  fait  leurs  études  humanitaires  à  l'étranger  ;  l'arrêté  du  14  juin, 
créant  à  Louvain  le  Collège  philosophique,  produisit  dans  le  pays  une 
impression  plus  vive  encore.  Ne  devaient  plus  être  admis  à  l'avenir 
dans  les  Séminaires  épiscopaux,  que  les  élèves  qui  auraient  achevé 
leur  cours  d'études  dans  cet  établissement.  Il  n*était  plus  possible  dès 
lors  de  se  méprendre  sur  le  but  du  gouvernement.  «  Dans  toute  société 
de  citoyens,  mais  surtout  dans  un  État  où  la  loi  fondamentale  adoptée 
le  prescrit  textuellement;  il  est  du  devoir  du  souverain  de  veiller  à 
l'instruction  publique  dans  toutes  les  classes  de  citoyens.  Or  il  n'existe 
point  de  condition  dans  la  société  qui  ait  autant  d'importance  que 
celle  des  ministres  de  la  religion,  aucune  qui  exerce  une  plus  grande 
influence  sur  l'esprit  des  citoyens.  11  est,  par  conséquent,  très- 
important  que  l'autorité  civile  surveille  et  prenne  à  cœur  l'éducation 
de  la  jeunesse  qui  se  destine  au  service  du  culte.  Mais  cette  surveil- 
lance et  cette  sollicitude  ne  doivent  pas  s'étendre  aux  efforts  concer- 
nant ce  qui  constitue  proprement  dit  la  doctrine  de  l'Église,  mais 
seulement  à  ce  que  les  futurs  ecclésiastiques  puissent  acquérir 
convenablement  la  conviction  qu'ils  sont  et  resteront  toujours  des 
citoyens  de  l'État,  et  qu'ils  connaissent  bien  leurs  devoirs  comme 
tels.  y>  Cette  déclaration  du  ministre  de  l'instruction  publique  parut 
décisive  au  clergé,  qui  fît  entendre  son  cri  d'alarmie  jusqu'à  Rome. 
On  ne  pouvait  prétendre  à  la  rigueur  que  Guillaume  voulût  semer 
jusque  dans  les  Séminaires  des  germes  do  protestantisme  ;  mais, 
comme  nous  l'avons  dit,  son  joséphisme  n'était  pas  douteux.  Les 
évéques  modifièrent  tout  d'un  coup  leur  tactique  :  ils  avaient  repoussé 
la  loi  fondamentale  en  1815  parce  qu'elle  proclamait  la  liberté  absolue 
des  cultes  ;  ils  l'invoquèrent  maintenant  contre  le  roi ,  qui  était  le 
premier  h  porter  atteinte  h  celte  même  liberté.  Une  fois  sur  ce  terrain, 
leur  mot  de  ralliement  fut  la  revendication  d'une  autre  liberté  insépa- 
rable de  la  première  :  la  liberté  de  l'enseignement  (*). 

Le  gouvernement  trouva  des  défenseurs  dans  la  presse  {*)  et  quel- 

(*)  V.  Ad.BARTELS,  Doc.  hist.  ttur  la  révointion  belge, ^*^  édition,  Bruxelles,  1836,  in-S^. 
[*i  V.  Je  recueil  intitulé  :  Opinion  de  quelques  publicistes  sur  le  collège  philosophique  ^ 
etc.  Bnuelles,  i8â6,  in-S». 


XXXII  INTRODUCTION. 

ques  partisans  dans  le  sein  même  du  clergé  :  un  instant  on  put 
craindre  un  schisme,  s'il  faut  s'en  rapporter  à  certains  journaux  du 
temps.  Il  y  a  là  une  exagération  manifeste.'  Les  josépbistes  en  robe 
ecclésiastique  étaient  très-clairsemés.  Il  paraissait  sans  doute  fort 
désirable  que  les  jeunes  théologiens  reçussent  désormais  une  éduca- 
tion en  rapport  avec  la  civilisation  moderne;  mais  en  s'arrogeant  le 
droit  exclusif  de  diriger  cette  éducation,  le  pouvoir  civil  devenait 
oppresseur.  En  vain  le  Journal  de  Gand  C)chevc\mi  à  donner  le  change 
à  l'opinion.  «  Ici  l'arbre  de  Bacon  fleurit  par  toutes  ses  branches, 
écrivait-il  :  et  l'on  ose  dire  que  l'instruction  n*est  pas  libre  !  »  En  vain 
un  correspondant  du  Courrier  des  Pays-Bas  appliquait  au  roi  la  parole 
*  de  l'Evangile  :  a  Je  ne  suis  pas  venu  pour  détruire  la  loi  et  les  pro- 
phètes, »  on  répondait  de  toutes  parts  aux  sophistes  : 

0  pueri,  fugite  bine  !  Latet 
Anguis  in  herbft... 

Guillaume  I  voulut  tenter  un  coup  de  mattre  parle  Concordat;  mais 
le  pape  Léon  XII  fut  aussi  fin  que  lui.  L'insuccès  de  cette  tentative 
ne  découragea  pas  le  roi  (*);  son  obstination  ne  fit  que  propager  le 
désaifeclionnement  parmi  les  libéraux  aussi  bien  que  parmi  les 
catholiques,  et  força  pour  ainsi  dire  les  deux  partis,  comme  l'avait 
prévu  de  Potier,  à  se  jeter  dans  les  bras  l'un  de  l'autre  ('),  sauf  à  se 
séparer  de  nouveau  après  la  victoire. 

Il  ne  nous  appartient  pas  d'entrer  ici  dans  le  détail  de  ces  débats  ; 
il  suffira  de  faire  remarquer  qu'ils  contribuèrent  à  passionner  notre 
jeunesse  universitaire,  plus  préoccupée  d'ailleurs  des  réclamations 
des  libéraux  que  des  motifs  de  plainte  invoqués  par  le  clergé.  Le  cri 
de  liberté  retentissait  de  toutes  parts;  elle  y  répondait  comme  par  un 
vague  instinct,  sans  avoir  encore  pleinement  conscience  du  but  pré- 
cis de  ses  aspirations.  Elle  devint  bruyante  et  inquiète  :  toute  mesure 
autoritaire  lui  parut  suspecte;  un  simple  règlement  d'ordre  intérieur, 


(•)  N*dtf28ddcembroi82B. 

(*)  V.  la  circulaire  du  5  octobre  iSil, 

(*)  Gervinus,  t.  VII,  p.  581.  —  Les  arrêtes  de  1829,  modifiant  à  certains  égards  ceux 
de  i825,  ne  satisfirent  nullement  l'opposition.  On  peut  s'en  convaincre  en  parcourant  la 
brochure  menaçante  de  Idvêque  de  Liège,  Van  Bommel,  intitulée  :  Trois  chapitres  sur  les 
deux  arrêtés  du  ^0  juin  4829,  relatifs  an  Collège  philosophique  :  par  un  père  de  famille 
pétitionnaire.  Bruxelles,  septembre  4829,  in-8". 


INTROhrCTION.  XXXIII 

en  1826,  provoqua  une  véritable  insurrection  (*).  Ces  premières  agi- 
tations n'eurent  à  proprement  parler  aucun  caractère  politique  ;  elles 
attestèrent  cependant,  par  Tattitude  hostile  des  étudiants  envers 
certains  professeurs  qu'ils  croyaient  être  particulièrement  à  la  dévo- 
tion du  pouvoir,  qu'il  y  avait  un  point  noir  à  l'horizon.  Quelques 
jeunes  avocats,  des  élèves  même  du  doctorat  en  droit,  notamment  les 
rédacteurs  du  Mathieu  Laensbergh  (*),  commencèrent  alors  à  battre 
en  brèche  la  politique  de  Guillaume,  au  nom  des  idées  libérales  ;  leur 
polémique  hardie,  vigilante,  soutenue  avec  autant  de  talent  que  de 
généreux  enthousiasme,  surexcita  de  plus  en  plus  les  esprits,  et  les 
procès  de  presse  eurent  pour  effet,  comme  toujours,  de  fortifier  les 
rangs  de  l'opposition.  Le  Mathieu  Laensbergh  prit  le  nom  de  Politique 
et  exerça,  sous  ce  nouveau  titre,  une  influence  croissante  (*).  Le 
gouvernement  s'émut.  En  1829,  une  subvention  de  2o,000  fr.  (sur  les 
fonds  de  l'industrie  nationale)  fut  allouée  au  publiciste  Mûnch  (^\ 
nommé  l'année  précédente  professeur  à  l'Université  de  Liège,  à  charge 
de  créer  un  organe  officieux.  Malgré  ce  point  d'appui,  le  Courtier 
universel  ne  naquit  pas  viable,  et  les  manifestes  de  Mûnch  contre  la 
liberté  d'enseignement,  que  V  Union  avait  déjà  inscrite  sur  son  pro- 
gramme, ne  firent  qu'accroître  l'irritation  et  les  défiances.  Les 
discussions  à  l'ordre  du  jour  exaltèrent  de  plus  en  plus  les  étudiants  : 
on  courait  se  suspendre  aux  lèvres  éloquentes  du  professeur  de  droit 
public;  on  commentait  ses  doctrines  après  chaque  leçon;  on  en  dédui- 
sait les  conséquences;  on  protestait  contre  le  fameux  message  du  11 
décembre  1829;  on  commençait  à  dire  que  le  régime  inauguré  en 
1815  était  un  perpétuel  coup  d'État  (*).  Le  roi  voulut  détourner 
l'attention  en  provoquant  une  enquête  sur  l'état  de  l'enseignement 
supérieur.  Des  rapports  mûrement  élaborés  virent  le  jour  <  ®),  mais  ne 
produisirent  aucun  effet  sur  l'opinion  et  n'aboutirent  pas.  Dans  le 
sanctuaire  des  éludes  on  songeait  à  peine  aux  études;  les  professeurs 

(•)  V.  l'art.  J.-G.-i.  Ebnst. 

(•)  V.rart.  F.  VahHllst. 

Cj  Ul.  Capitaine,  Hech,  sur  tes  journaux  lUgeont.  Liëgc,  1850,  in-lâ^,  p.   18i  et  suiv. 

(*)  V.  ci-après,  col.  479. 

(*)  Expression  dont  se  servit  plus  tard  M.  Nothomb  dans  son  Essai  sur  t histoire  de  ta 

révoiuiioH  ttclge. 

(*)  Rapport  der  Commissie,  bijeengeroepen  door  K.  bestuil  van  43  aprit  1828,  n'  100, 
ter  raadpteging  over  sommige punten ttetreffende  het  hooger  onderuùjs.  La  Haye,  1830,  in-fol. 

III 


XXXIV  INTRODUCTION. 

n*avaient  plus  de  stimulant;  les  étudiants  suivaient  les  cours  parce 
qu*il  les  Tallait  suivre,  noais  leur  esprit  était  ailleurs  :  ils  s*échaufTaient 
les  uns  les  autres  à  propos  des  finances,  de  Timpôt^mouture,  de  la 
presse,  de  la  magistrature,  des  droits  mêmes  de  la  couronne  (');  ^ 
leurs  yeux,  comme  aux  yeux  de  tous,  la  cause  de  la  liberté  était 
devenue  la  cause  de  Tindépendance  nationale.  Un  moment  vint  où 
l'on  ne  se  posséda  plus  :  aux  barricades,  à  Ste-Walburge  et  jusqu'au 
gouvernement  provisoire,  partout  se  retrouvèrent  au  premier  rang 
les  enfants  de  l'Université  de  Liège. 

Tout  avait  conspiré  à  exalter  leur  patriotisme,  et  l'influence  du  vieil 
esprit  liégeois,  et  un  souffle  venu  de  France,  et  l'éducation  constitu- 
tionnelle qu'ils  avaient  reçue.  Ils  combattirent  pour  la  vraie  liberté 
comme  on  l'entendait  à  Liège,  où  tout  ce  qui  est  imposé  d'autorité 
p:iratt  suspect,  fût-ce  le  progrès.  Le  Timeo  Danaos  est  en  quelque 
sorte  le  mot  d'ordre  de  nos  populations;  il  n'en  est  peut-être  pas  en 
Europe  qui  puissent  moins  s'habituer  à  un  gouvernement  personnel. 
Si  Guillaume  avait  compris  cela  .... 

Revenons  à  TUniversilé.  Nous  avons  dit  qu'avant  1830  elle  ne  forma 
qu'un  petit  nombre  de  savants  proprement  dits;  en  revanche,  elle 
trempa  des  caractères  :  l'un  vaut  bien  l'autre.  L'enseignement,  rela- 
tivement peu  étendu  et  peu  varié,  y  était  surtout  émancipateur  ;  il  ne 
s'agit,  bien  entendu,  que  des  cours  à  influence  directe,  de  ceux  où 
Guillaume  forgea  des  armes  contre  lui-même,  selon  la  pensée  de  M. 
Gerlache.  On  n'oserait  dire  que  les  examens  fussent  très-sérieux  '); 
mais  le  système  des  dissertations  et  des  concours,  malgré  ses  abus, 
ofi*rait  du  moins  cei  avantage,  que  les  bons  élèves  avaient  l'occasion 
de  donner  des  preuves  réelles  de  capacité  et  non  pas  seulement  de 
mémoire.  En  outre,  l'Université  n'avait  pas  à  s'inquiéter  de  ses  voi- 
sines, ce  qui  est  un  privilège  inappréciable.  La  répartition  même  des 
leçons  entre  les  professeurs  était  l'afiaire  des  Facultés;  un  professeur 
était  nommé  membre  de  telle  ou  telle  Faculté,  mais  non  pas  chargé 
exclusivement  de  tel  ou  tel  cours  ;  ne  parvenait-on  pas  à  s'entendre 
sur  les  attributions  de  chacun,  les  propositions  se  fliisaient-elles  con- 


(  *  )  AUasion  à  une  brochure  de  J.  Lebenn. 

(  '  )  «  La  rivalité  entre  Irois  Universités  s*est  bornée  jusqu'à  ce  jour  &  la  facilité  des 
admissions»,  écrivait  en  4828  Ch.  de  Brouckere.  L'honorable  publiciste  exagérait;  cepen- 
dant l'adage  a  raison  :  il  n'y  a  pas  de  Tumée  sans  feu. 


iNïhODUirnoN.  XXXV 

currence,  on  avait  recours,  en  dernier  ressort,  au  GoUégedes  curateurs. 
Un  tel  système  ne  serait  plus  guère  praticable  aujourd'hui  ;  nnais,  à 
répoque  dont  nous  parlons,  les  programmes  étant  peu  chargés,  il  était 
de  nature  à  donner  de  bons  résultats.  Les  Universités  d'Allemagne 
qui  sont  entrées  dans  cette  voie  n*ont  pas  eu  à  s'en  repentir.  Une  certaine 
latitude  laissée  au  professeur  dans  le  choix  môme  des  objets  de  son 
enseignement  (sous  le  contrôle  de  la  Faculté,  qui  veille  à  ce  que  tous 
les  cours  obligatoires  soient  faits  régulièrement)  le  dispose  à  tra- 
vailler avec  goût,  lui  laisse  le  loisir  de  suivre  ses  prédilections  sans 
être  obligé  de  faire  deux  parts  de  son  temps.  Tune  pour  préparer  ses 
cours,  Tautre  pour  continuer  ses  études  ;  enfin,  le  rapproche  des 
coliques  avec  lesquels  il  alterne.  Chaque  jour  il  fait  part  à  ses  audi- 
teurs des  nouveaux  progrès  qu'il  vient  de  réaliser;  il  avance  pour 
ainsi  dire  avec  eux,  comme  disait  etfaisait  Victor  Cousin  à  la  Sorbonne; 
une  sorte  de  solidarité  s'établit,  la  curiosité  est  tenue  de  part  et 
d*autre  en  éveil;  il  n'y  a  plus  de  refuge  pour  la  paresse  d'esprit  :  le 
professeur  est  en  mesure  non  seulement  de  former  de  bons  élèves, 
mais  de  véritables  disciples.  C'est  ce  qui  est  arrivé  à  Liège  pour  plu- 
sieurs cours,  particulièrement  dans  les  Facultés  de  philosophie  et  de 
médecine.  D'autres  cours,  il  est  vrai,  se  réduisaient  à  une  sorte  de 
formulaire,  et  c'est  d'après  ceux-là  qu'on  a  jugé  l'ensemble.  Nous 
n'hésitons  pas  à  dire  que  nidu  chef  de  leur  organisation  générale,  ni  du 
chef  de  la  plupart  de  leurs  professeurs,  nos  anciennes  Universités,  et 
tout  d'abord  celle  de  Liège,  n'ont  mérité  les  dédains  dont  elles  ont  été 
l'objet,  après  avoir  été  prônées  outre  mesure.  M.  de  Gerlache,  qu'on 
n'accusera  certes  pas  de  partialité  en  leur  faveur,  n'hésite  pas  à 
reconnaître  que  l'enseignement  y  fit  des  progrès  en  droit,  en  médecine 
et  dans  les  sciences  exactes;  «elles  ne  laissèrent  pas,  ajoute-t-il, 
d'imprimer  une  certaine  impulsion  aux  esprits  »  (•).  Nous  ne  compre- 
nons pas  comment  on  a  pu  contester  leur  influence  sociale:  s'il  est 
un  fait  saillant  au  contraire,  c'est  qu'à  Liège  surtout,  la  jeunesse 
universitaire  s'intéressa  aux  questions  pratiques  beaucoup  plus  qu'à 
la  science  pure.  Les  anciens  élèves  de  Wagemann ,  de  Kinker,  de 
Destriveaux  et  d'Ackersdyck  ont  été  et  sont  encore  au  premier  rang 
parmi  les  promoteurs  et  les  soutiens  des  institutions  dont  la  Belgique 
est  justement  fière. 

(  *  )  HiMt.  du  roif,  dtn  Paift-Ua*,  t.  ],  p.  870. 


XXXVI  INTRODUCTION . 

Qu'il  y  eût  quelque  chose  de  suranné  dans  l'emploi  du  latin,  par 
exemple,  et  dans  Thabitude  prise  par  quelques  professeurs  de  dicter  des 
pourquoi  et  des  parce  que^  nous  aurions  mauvaise  grâce  à  le  contester; 
mais  il  faut  se  reporter  à  cinquante  ans  en  arrière  et  se  rappeler  qu*en 
dehors  de  l'ancienne  il/mama^^,  on  n'avait  jamais  possédé  en  Belgique 
un  enseignement  supérieur.  Si  l'Université  eût  pu  rester  calme,  nul 
doute  qu'elle  n'eût  répondu  graduellement  à  l'attente  générale  :  mais 
que  faire  en  présence  du  trouble  des  esprits  ?  On  ne  peut  s'étonner 
que  d'une  chose  :  c'est  qu'avec  tous  les  obstacles  qui  l'ont  enrayée , 
elle  ait  pu  former  autant  d'hommes  d'élite  dans  tous  les  genres.  Que 
ceux  qui  sont  bien  au  courant  du  mouvement  intellectuel  de  notre 
pays  depuis  la  chute  de  l'Empire  se  donnent  la  peine  de  parcourir  les 
listes  annexées  au  présent  volume:  nous  nous  inclinons  d'avance 
devant  leur  verdict. 

Avant  d'en  finir  avec  la  période  hollandaise,  il  nous  faut  dire  quel- 
ques mots  d'une  institution  que  la  législation  nouvelle  a  fait  disparaître  : 
nous  voulons  parler  du  Collège  des  curateurs,  dont  le  règlement  de 
1816  avait  fait  la  première  autorité  académique  (*).  Ses  attributions, 

(  ^  )  L'art.  469  du  règlement  organique  était  ainsi  conça  : 

«  Les  fonctions  et  le  pouvoir  confiés  aax  curatear»  sont  : 

io  Le  soin  de  surveiller  la  stricte  observation  de  tous  les  règlements  et  arrêtés  sur  la 
haute  instruction  et  surtout  le  présent  règlement  ; 

99  Le  soin  de  veiller  à  ce  que  toutes  les  branches  de  l'enseignement  soient  et  restent 
confiées  à  un  nombre  suffisant  de  professeurs  ; 

30  Le  soin  de  veiller  à  la  conservation  de  tous  les  bâtiments  académiques,  collections, 
cabinets,  et  de  tout  ce  qui  appartient  directement  ou  indirectement  à  l'Université; 

4<>  Le  soin  de  former,  d'arrêter,  de  modifier  ou  étendre  toutes  les  instructions  des 
employés  qui  dépendent  de  l'Université.  L'avis  du  Sénat  sera  demandé  lorsqu'il  s'agira  des 
appariteurs;  l'avis  des  directeurs  des  collections  ou  cabinets,  lorsqu'il  s'agira  des  per- 
sonnes qui  y  sont  employées,  et  enfin  celui  du  professeur  de  botanique,  lorsqu'il  s'agira  des 
employés  du  jardin  botanique  ; 

ti^  La  surveillance  des  finances  de  l'Université,  ainsi  que  de  la  bonne  administration  des 
legs  ou  donations,  qui  pourraient  être  faits  en  faveur  des  Universités,  excepté  seulement 
les  donations  ou  legs  dont  l'administration  serait  confiée  spécialement  par  le  fondateur  à 
quelque  autre  collège  ou  à  des  particuliers  ; 

60  La  formation  d'un  budget  annuel  où  doivent  être  portées  toutes  les  dépenses  présu- 
mées nécessaires  pour  l'année  suivante,  afin  que,  par  là,  déduction  faite  des  revenus  parti- 
culiers de  chaque  Université,  si  elle  en  a ,  on  puisse  fixer  le  montant  de  ce  que  le  trésor 
public  devra  fournir  en  faveur  de  l'Université.  Ce  budget  sera  envoyé  pnr  eux  au  commis- 
saire général  de  Tinstruclion,  des  arts  et  des  sciences,  pour  être  soumis  par  lui  avec  ses 
considérations  à  l'approbation  du  roi,  et,  après  avoir  été  approuvé  par  S.  M.,  servir  de  règle 
pour  les  dépenses  à  faire  pour  chaque  Université  ,  et  dont  le  soin  est  confié  au  département 
susdit  ; 

70  La  formation  d'un  rapport  annuel  et  détaillé  de  l'état  de  l'Université ,  lequel  rapport. 


INTRODLCTION.  X.XXVII 

très  -  importantes  et  très -étendues,  embrassaient  l'administration 
générale  de  rUniversité.  Il  n'exerçait  d'ailleurs  aucune  surveillance 
sur  les  professeurs  ;  chacun  demeurait  responsable  de  son  enseigne- 
ment. Sans  méconnaître  les  services  rendus  par  ce  Conseil,  on  jugea 
convenable,  en  1835,  de  le  remplacer  par  un  fonctionnaire  unique 
investi  de  pouvoirs  relativement  restreints  ;  Taction  du  gouvernement 
sur  les  Universités  devint  plus  directe  et  plus  immédiate,  sans  entraver 
d'ailleurs  la  liberté  de  la  science  (M. 

Les  curateurs  devaient  être  choisis  parmi  les  personnes  distinguées 
autant  par  leur  amour  pour  les  lettres  et  les  sciences,  que  par  le  rang 
qu'elles  occupaient  dans  la  société  (art.  164  du  Règlement  de  1816). 
La  liste  suivante  atteste  qu'ici  le  gouvernement  hollandais  ne 
saurait  être  accusé  d'intolérance.  On  doit  lui  rendre  cette  justice 
que,  sans  avoir  égard  à  leurs  opinions  personnelles,  il  n'accorda  sa 
confiance  qu'à  des  hommes  qui  en  étaient  réellement  dignes.  Les 
curateurs  de  l'Université  de  Liège  jouirent  jusqu'à  la  fin  de  la  consi- 
dération générale,  et  l'on  peut  dire  qu'ils  contribuèrent  beaucoup  à 
maintenir  la  concorde  entre  les  membres  du  corps  enseignant.  Furent 
nommés  en  1817  : 

Le  comte  de  Liedekerke,  gouverneur  de  la  province,  prérident  du 
Collège  ; 

Le  baron  C.-H.  de  Broich,  membre  de  l'ordre  équestre  de  la  pro- 
vince de  Liège; 


avaoi  le  commencemeiit  de  chaque  année  acadëmicnie,  devra  être  envoyé  par  eux  au  dépar- 
tement de  nnstmctiott,  des  arts  et  des  sciences  ; 

8»  Enfin,  ils  prendront  à  cœur  tout  ce  qui,  selon  leur  avis,  pourrait  contribuer  &  entrete- 
nir ou  à  augmenter  le  bien-être  et  l'honneur  de  TUniversité,  dont  ils  ont  la  surveillance.  » 

Une  chaire  venait-elle  k  vaquer,  les  curateurs  proposaient  au  gouvernement  deux  can- 
didats et  indiquaient  les  raisons  qui  avaient  motivé  leur  choix;  iU  formulaient  aussi  leur 
avis  sur  la  création  de  chaires  nouvelles,  sur  la  suppression  ou  la  division  de  certains 
cours,  etc.  Enfin,  ils  distribuaient  les  bourses  d'études  après  avoir  pris  l'avis  des  Facultés 
et  au  besoin  soumis  les  postulants  à  un  concoiurs.  —  ils  avaient  chaque  année  deux  réu- 
nions ordinaires,  en  octobre  k  cause  du  changement  de  recteur,  en  juillet  pour  dresser  le 
budget  de  Texercice  suivant  :  en  dehors  de  leurs  sessions,  le  président  et  le  secrétaire 
expédiaient  les  aflifiires  courantes.  Le  mandat  de  curateur  était  gratuit ,  sauf  des  jetons  de 
présence.  Deux  cinquièmes  seulement  des  membres  du  collège  pouvaient  être  choisis  en 
dehors  de  la  province  où  l'Université  était  établie  :  on  leur  allouait  des  frais  de  voyage.  Le 
président  de  la  Régence  municipale  de  chaque  ville  universitaire  faisait  partie  de  plein 
droit  du  collège  des  curateurs  pendant  la  durée  de  sa  dignité  (art.  467). 

{*  )  V.  le  Rapport  de  M.  NonOMB,  i.  I,  p.  cxlvi. 


XXXVIII  ixTRonicTiox. 

Hilarion-Noêl,  baron  de  Villenfagne  d'Ingihoul,  membre  des  Etats 
de  la  même  province,  correspondant  de  Tlnstitut  des  Pays-Bas  (M  ; 
D.  de  Hélotte  d'Envoz,  bourgmestre  de  la  ville  de  Liège  ('  )  ; 

{*)  Le  baron  de  Villenfagne,  oé  à  Liëge  en  jnin  i7K3  et  mort  dans  la  même  ville  le  93 
janvier  4826,  a  laissé  un  nom  comme  historien.  Plus  instruit  que  la  plupart  de  ses  compa* 
triotes,  il  revint  de  France,  ses  études  achevées,  épris  d'une  belle  passion  pour  les  lettres 
en  général  et  plus  particulièrement  pour  les  recherches  historiques.  Il  débuta  par  une  édi- 
tion des  Oeuvre»  du  baron  de  Walef,  poète  liégeois  du  siècle  de  Louis  XIV,  estimé  de 
Boileau  lui-même  et  trop  oublié  depuis.  Il  fut  un  des  promoteurs  les  plus  actifs  de  la  Société 
tf  Emulation  et  l'un  des  collaborai  eurs  de  Y  Esprit  des  journaux.  Insensiblement  son  atten- 
tion se  concentra  sur  les  choses  liégeoises;  il  mit  au  jour,  en  1788,  des  Mélanges  de  littéra- 
ture et  d'histoire^  où  Ton  remarqua  un  Euai  sur  Noiger,  une  notice  sur  Tauteur  du  Miroir 
des  nobles  de  ta  Henbaye  et  une  étude  sur  les  guerres  d'Awans  et  de  Waroux,  qui  ensan- 
glantèrent notre  pays  au  XIll»  siècle.  Les  fonctions  publiques  auxquelles  il  fut  appelé  ne  le 
détournèrent  pas  de  son  but,  qui  était  surtout  d*étndier  à  fond  la  constitution  politique  de 
notre  ancienne  principauté.  En  4792,  étant  bourgmestre,  il  fit  paraître  ses  Recherches  sur 
tordre  équestre  ;  l'année  suivante  parurent  ses  Eclaircissements  sur  Raës  de  Dammartin, 
chevalier  français,  deux  écrits  estimables,  mats  (lubliés  ft  une  époque  où  Ton  ne  s'intéres- 
sait guère  à  ces  sortes  de  aigets.  Villenfagne  émigra  ;  sa  riche  bibliothèque,  qu'il  avait 
emportée  avec  lui,  fut  brûlée  à  Dusseldorf,  où  les  Français  avaient  jeté  quelques  bombes. 
Il  rentra  dans  sa  patrie  dès  qu'il  le  put  et  se  retira  dans  son  cbêteau  d'Ingihoul  sur-Meuse, 
pour  se  consacrer  tout  entier  ù  l'éducation  de  ses  enfants  et  à  ses  études  chéries.  Il  mit 
sous  presse  en  4803  V Histoire  de  Spa  (2  vol.  in-42o,\  où  il  soutint,  contre  le  docteur  de 
Limbourg,  la  prétention  de  Tongres  à  posséder  la  véritable  fontaine  de  Pline.  Les  Essais 
critiques  sur  C histoire  civile  et  littéraire  de  la  ci-devant  principauté  de  Liège  (4808),  les 
nouveaux  Mélanges  (4840),  enfin  les  Recherches  sur  l'histoire  de  la  môme  principauté 
(4817),  acquirent  à  Villenfagne  un  crédit  considérable  comme  érudit  et  comme  critique.  Sur 
ces  entrefaites,  il  était  sorti  de  sa  solitude  pour  accepter  le  double  mandat  de  membre  de  la 
Députation  des  Etats  et  du  Collège  des  curateurs  de  l'Université.  «  Son  affabilité,  son  esprit 
de  justice  et  son  désir  d'obliger,  dit  Ch.  de  Chèuedollé,  son  biographe,  le  firent  chérir  de 
tous  ceux  qui  eurent  des  relations  avec  lui.  »  Il  n'avait  jamais  pu  se  rallier  aux  idées 
modernes:  mais  il  respectait  autant  les  opinions  d'autrui  qu'il  tenait  aux  siennes;  sa 
loyauté  était  absolue  et  la  passion  ne  dictait  point  ses  jugements  :  on  n'en  remarquera  pas 
moins  que  Guillaume  1  ne  fut  pas  exclusif  dans  le  choix  des  personnes  qu'il  attacha  ù  notre 
Université. — M.  de  Gerlache  tient  en  haute  estime  les  travaux  de  Villenfagne;  il  lui  reproche 
seulement  de  n'avoir  en  quelque  sorte  travaillé  que  pour  les  auteurs  et  pour  les  savants. 
L'historien  liégeois  fut  reçu  à  l'Académie  de  Bruxelles  en  4816  :  le  t.  II  des  Nouveaux 
Mémoires  de  cette  compagnie  contient  un  travail  de  lui,  Sur  la  découverte  du  charbon  de 
terre  dans  la  principauté  de  Liège,  On  cite  encore  sa  notice  sur  un  beau  MS.  de  la  vie  de 
St-Hubertj  qui  a  appartenu  à  Philippe-le-Bon,  duc  de  Bourgogne  (Extr.  du  Courrier  de  la 
Meuse,  n»  du  24  septembre  4825),  et  quelques  éloges  d'artistes,  discours,  etc.  lus  dans  les 
séances  publiques  de  la  Société  d'Emulation.  Il  travailla  pendant  plus  de  trente  ans  à  une 
Biographie  liégeoise  :  cette  œuvre  considérable  est  restée  inédile.  —  V.  Ch.  de  Chènedollé, 
Notices  nécrologiques  sur  G.-J,-E,  Ramoux  et  sur  H.-N.  baron  de  Villenfagne.  Liège, 
Desœr,  4826,  in-8*  (partiellement  reprod.  dans  la  Diogr,  liégeoise  de  Bec-de-Lièvre,  t.  l). 

(  ')  Denis-Marie,  chevalier  de  Mélotte  d'ENVOz,  né  ^  Liège  le  26  novembre  4780,  mourut 
à  son  ch&teau  d'Envoz  le  47  mai  4856.  11  avait  commencé  ses  études  en  Allemagne  pendant 
l'émigration;  il  les  acheva  dans  sa  ville  natale,  à  l'Académie  anglaise.  Successivement 
maire  de  Couthuin,  membre  de  la  commission  municipale  qui  administra  Liège  de  4844  à 


IMnODLCTION.  XXXIX 

F.  Rouveroy,  membre  des  Etats  provinciaux  et  conseiller  communal 
à  Liège  ('); 

1817^  bourgmestre  de  la  même  ville  de  4847  â  48S4  avec  de  Bex  et  A.  Lesoinne,  puis  seul 
chef  de  la  eommooe  jusqu'à  la  révolution,  et  depuis  4830  membre  des  Etats  provinciaux, 
enfin  député  ^  la  seconde  Chambre,  il  se  distingua  par  un  attachement  à  ses  devoirs  et  par 
une  loyauté  à  toute  épreuve,  dont  ses  adversaires  politiques  ont  été  les  premiers  à  faire 
réloge.  Sincèrement  dévoué  à  la  maison  de  Nassau,  il  n'en  déplora  pas  moins,  d'abord  en 
secret,  puis  ouvertement,  la  marche  que  le  roi  Guillaume  avait  fini  par  imprimer  aux 
affaires.  «  Consulté  par  le  prince  d'Orange  qui  l'aimait  et  faisait  grand  cas  de  sa  haute  pro- 
bité et  de  son  caractère  loyal,  il  ne  lui  cacha  point  son  opinion  et  alla  jusqu'à  dire  à  l'héri- 
tier du  trône  néerlandais  :  Prince,  le  roi  vient  par  les  dernières  lois  de  se  désaffectionner 
ie  cœur  de  tous  les  Belges  ;  si  ces  lois  ne  sont  retirées  ou  profondément  modifiées,  j'ose  pré- 
dire à  V.  A.  R,  une  révolution  dans  un  très-prochain  avenir,  —  L'avenir  était  proche  en 
effet.  Moins  d'une  année  après,  en  sortant  pour  la  dernière  fois  de  son  cabinet  à  Anvers,  le 
prince  d'Orange  trouva  sur  son  passage  le  député- bourgmestre  de  Liège,  môle  à  quelques 
serviteurs  fidèles.  L'àme  de  de  Mélotte  se  peignait  tout  entière  sur  son  visage.  Le  prince 
rétrcignit  en  passant  et  laissa  tomber  ces  paroles  :  Vous  me  tav*ez  dit  et  vous  aviez  bien 
raison!  (Cl.  Capitaine,  Nécr,  liégeois  pour  1856,  p.  38).  De  Mélotle  resta  fidèle  au  gouver- 
nement déchu,  mais  déclina  toutes  les  oflVes  brillantes  qui  lui  furent  faites  en  Hollande;  il 
5e  retira  dans  son  château  et  n'en  sortit  plus.  C'est  sous  son  administration  qu'ont  été  créés 
à  Liège  l'Université,  l'Ecole  roy.  de  musique,  l'institut  des  sourds-muets  et  des  aveugles,etc. 
(V.  la  Gazette  de  Liège  du  8  juillet  4856). 

{ '  j  Le  nom  de  Frédéric  Rodveroy  est  un  de  ceux  dont  s'honore  la  littérature  nationale  ; 
ajoutons  que  celui  qui  le  porta  ne  fut  pas  («eulement  un  poète,  mais  un  excellent  citoyen, 
tout  dévoué  à  la  chose  publique  et  en  particulier  à  l'instruction  des  masses.  En  mettant  son 
Eloge  au  concours,  la  Société  d'Emulation  ne  se  montra  pas  seulement  reconnaissante  envers 
un  de  ses  bienfaiteurs,  elle  remplit  un  des  premiers  devoirs  que  lui  impose  sa  charte.  — 
Rouveroy  naquit  à  Liège  le  49  septembre  1774  et  y  mourut  le  4  novembre  4850.  Il  fit  ses 
études  au  Collège  de  sa  ville  natale  jusqu'au  18  août  4789,  jour  où  éclata  la  révolution  lié- 
geoise. Son  père,  greffier  des  Etats,  le  destinait  au  barreau;  la  vocation  lui  manquant,  il 
résolut  d'aller  étudier  la  médecine  à  l'étranger.  L'approche  des  Français  ayant  déterminé 
ses  parents  à  passer  le  Rhin,  il  les  suivit  en  Allemagne  le  SI  juillet  4794.  C'est  pendant 
cette  période  d'exil  volontaire  que  se  développa  son  goût  pour  la  poèsio.  Il  était  né  fabu- 
liste: l'apologue  répondail  d'ailleurs  à  sa  préoccupation  dominante;  il  voulait  éclairer  le 
peuple  pour  le  rendre  meilleur.  Rentré  dans  son  pays  en  4795,  il  eut  l'occasion  d'adminis- 
trer des  communes  rurales;  il  se  hâta  d'y  réorganiser  l'instruction  primaire  et  d'y  propager 
la  vaccine.  Nommé  adjoint  au  maire  de  Liège  en  4808.  ensuite  èchevin  de  l'instruction 
publique  pendant  31  ans.  Il  eut  l'occasion,  sans  dire  adieu  aux  muses,  d'exercer  sa  propa- 
gande sur  un  plus  grand  théâtre.  Au  milieu  du  tracas  des  affaires,  il  trouva  le  temps  de 
compléter  le  recueil  de  ses  charmantes  Fables,  et  d'écrire  toute  une  série  de  petits  livres 
populaires  qui  obtinrent  le  plus  légitime  succès.  Le  Uanuel  des  plantations,  l'Emploi  du 
temps,  M  Valmore  ou  le  maire  du  village,  XEssai  de  physique  rappellent  les  entretiens  de 
Maître  Pierre  et  ne  sont  pas  trop  indignes  du  Bonhomme  BichardXe  Petit  fio««N, ouvrage  des- 
tiné à  combattre  les  préjugés  populaires,  prit  place  dès  son  apparition  parmi  les  meilleures 
productions  du  genre.  Il  eut  éditions  sur  éditions,  et  jusqu'à  l'honneur  d'être  contrefait  en 
France. L'administration  commnni.le  de  Liège  l'a  fait  réimprimer  à  ses  frais  dans  ces  dernières 
années  encore,  pour  nos  écoles  communales.  —  Rouveroy  se  retira  de  la  vie  publique  en 
48vU),  et  ne  s'occupa  plus  guère  que  de  littérature.  L'ancien  Théâtre  du  Gymnaué^xM  sa 
propriété  ;  il  fut  naturellement  amené  à  s'intéresser  à  l'art  dramatique  ;  il  publia  même 
(sous  Tanonyme)  un  livre  intitulé  :  Scénologie  de  Uége  (v.  J.  Delecourt,  Dict.  des  anonymes. 


XL  1NTR0ULCT10>'. 

J.  Walter,  membre  des  Etats  de  la  province  de  Namur,  Inspecteur 
de  l'Université,  secrétaire  du  Collège  (*  )• 
0.  Leclercq,  conseiller  d'Etat  C*),  remplaça  le  baron  de  Villenfagne, 

Qo  3!299).  La  Revue  de  Uége  (v.  Tart.  Vak  Hulst)  contient  un  grand  nombre  de  pièces  de 
vers  de  Rouveroy.  datant  de  cette  seconde  partie,  de  sa  vie.  —  L'enseignement  moyen, 
comme  l'enseignement  primaire,  se  ressentit  de  la  vigilance  éclairée  de  cet  homme  d'élite.  A 
rUniversilé,  il  fut  un  des  membres  les  plus  influents  du  Collège  des  curateurs  ;  sans  être 
un  savant,  il  prisait  haut  la  science,  mais  il  lui  assignait  avani  tout  un  but  pratique.  Ce 
n'était  pas  au  reste  un  utilitaire  à  vues  étroites  ;  disciple  de  Franklin,  il  était  en  même 
temps  poète;  un  idéal  de  l'ordre  le  plus  élevé  planait  au-dessus  de  ses  théories  américaines. 
—  V.  Bec- de- Lièvre,  Biogr,  liégeoise,  t.  U  (supplément). 

(*}  V.  ci-après,  coi.  i. 

(*)  Olivier  Leclercq,  né  à  Hervé  le  31  décembre  4760,  mourut  à  Bruxelles  le  i  no- 
vembre 4  84S.  il  fit  ses  humanités  en  àllemagne,  sa  rhétorique  au  Collège  Thérésien  de  Hervé, 
puis  se  rendit  à  Louvain  pour  y  étudier  la  théologie.  H  n'avait  pris  ce  dernier  paru  que  par 
déférence  pour  son  père  :  il  y  renonça  au  bout  de  deux  ans  pour  s'attacher  à  la  jurispru- 
dence, et  se  flt  recevoir  docteur  en  droit  civil  et  en  droit  canon.  Etabli  ensuite  comme 
avocat  dans  sa  ville  /latale,  il  joignit  bientôt  à  sa  profession  les  fonctions,  compatibles  avec 
elle,  de  juge  à  la  Chambre  des  domaines  et  tonlieux.  La  révolution  française  et  la  conquête 
de  la  Belgique  ayant  amené  la  suppression  du  duché  de  Limbourg  et  de  ses  tribunaux, 
Leclercq  se  vit  forcé  de  s'établir  à  Liège.  Il  s'y  était  fait  une  position  distinguée  au  barreau, 
quand  le  premier  consul  Bonaparte,  réorganisant  le  personnel  de  toutes  les  institutions  et 
y  appelant  les  notabilités  de  chaque  département,  le  nomma  président  du  tribunal  de  pre- 
mière instance.  11  hésita  d'abord  et  finit  par  accepter.  C'est  dans  l'exercice  de  ces  fonctions 
qu'il  eut  l'occasion  d'émettre  un  vote  sur  le  Consulat  à  vie,  puis  sur  l'Empire  :  il  se  prononça 
contre  l'un  et  l'autre.  \\  occupa  plus  tard  un  siège  de  juge  au  tribunal  d'appel  de  Liège  ;  la 
réorganisation  décrétée  le  20  avril  iSiO  lui  valut  le  poste  de  premier  avocat-général  près 
la  Cour  impériale,  qu'il  occupa  jusqu'à  l'arrivée  des  armes  étrangères  et  la  chute  de  l'Em- 
pire en  4844.  Dans  l'intervalle,  il  avait  été  présenté  deux  fois  par  les  électeurs  de  Liège 
comme  candidat  au  Corps  législatif.  N'ayant  pas  cru  pouvoir,  avant  qu'un  traité  de  paix  ne 
l'eût  délié  de  ses  serments,  continuer  ses  fonctions  de  magistrat  au  nom  des  puissances 
alliées,  il  fut  tenu  pour  démissionnaire.  Il  reparut  alors  au  barreau;  sa  clientèle  commen- 
çait à  se  reformer,  lorsque  le  roi  des  Pays-Bas  le  nomma  membre  de  la  Commission  chargée 
de  réviser  la  loi  fondamentale  en  vigueur  dans  les  provinces  septentrionales,  pour  la  rendre 
applicable  au  royaume  tout  entier.  Cette  mission  le  retint  trois  ou  quatre  mois  à  La  Haye. 
Peu  de  jours  après  sa  rentrée  à  Liège,  un  arrêté  royal  le  nomma  procureur-général  près  la 
Cour  supérieure  de  justice  de  cette  ville.  Au  mois  de  février  4846,  une  nouvelle  mission 
l'appela  à  Paris,  oîi  les  traités  de  4814  et  de  4812S  avaient  institué  un  tribunal  d'arbitres,  à 
l'effet  de  prononcer  sur  les  contestations  qui  s'élèveraient  entre  les  commrssaires  français 
et  étrangers,  réunis  pour  liquider  les  créances  des  sujets  des  pays  auparavant  conquis  par 
la  France  envers  ce  pays.  Leclercq  ne  put  revenir  à  Liège  qu'en  4848;  il  y  remplit  les 
fonctions  de  procureur-général  et  de  curateur  de  l'Université  jusqu'en  4829,  date  de  sa 
nomination  de  conseiller  d'Etat  en  service  ordinaire.  En  cette  qualité,  il  dut  résider  alterna- 
tivement, d'année  en  année,  à  Bruxelles  et  à  La  Haye.  Député  à  la  seconde  Chambre  des 
Etats-généraux  de  4895  k  4829,  Il  prit  une  part  très-active  aux  travaux  de  celte  assemblée  , 
ainsi  qu'aux  études  de  la  Commission  chargée,  par  arrêté  royal  du  43  avril  4828,  de  révi- 
ser les  lois  organiques  de  l'instruction  publique.  Les  événements  de  4830  ne  permirent  pas 
à  cette  Commission  d'aboutir  et  mirent  fin  du  même  coup  k  la  carrière  publique  d'Olivier 
Leclercq.  Lorsqu'éclata  la  révolution,  il  était  retenu  &  La  Haye  par  ses  devoirs  de  conseil- 


INTRODUCTION.  XLI 

décédé  en  1826.  Si  les  événements  n'avaient  pas  interrompu  ses 
travaux,  on  peut  affirmer  que  cet  honorable  magistrat,  aussi  lettré 
que  judicieux,  aurait  exercé,  sur  la  législation  de  renseignement 
supérieur,  la  plus  heureuse  influence.  Nous  renvoyons  le  lecteur  aux 
rapports  qu'il  rédigea  comme  membre  de  la  Commission  de  révision 
nommée  en  1828.  Ils  ont  été  insérés  dans  le  recueil  des  actes  de  la 
Commission,  publié  à  La  Haye  en  1830,  in-fol. 
Bien  que  le  bourgmestre  de  Liège,  Louis  Jamme  (M»  successeur 

ler  d'Etat.  En  cette  qualité,  avec  ses  collègues  belges,  il  accompagna  l'héritier  présomptif 
à  Anvers,  où  ce  prince  essaya  vainement,  comme  on  sait,  de  s'entendre  avec  les  chefs  du 
monvement  ;  les  conseillers  d'Etat  qui  appartenaient  à  nos  provinces  rentrèrent  alors  dans 
leor  patrie.  Olivier  Leclercq  obtint  une  pension  de  retraite  et  passa  le  reste  de  ses  jours 
dans  la  vie  privée  à  Bruxelles,  où  sa  famille  était  établie.  —  On  lui  doit  un  ouvrage  consi- 
dérable intitulé  :  Le  droit  romain  dans  ses  rapports  avec  le  droit  français  tt  les  principes 
des  deux  législaiiotu  (Liège,  4840,  8  vol.  in-S")  ;  une  Lettre  du  clergé  catholique  des  pro- 
vinces septentrionales  du  royaume  des  Pays-Bas  au  clergé  catholique  des  provinces  méri- 
dionales (4845);  enfin,  une  brochure  contre  l'union  des  catholiques  et  des  libéraux.  Olivier 
Leclercq  n'était  pas  seulement  un  profond  jurisconsulte  ;  il  possédait  aussi  des  connais- 
sances étendues  en  littérature  et  dans  les  sciences  historiques,  philosophiques  et  politiques. 
Il  avait  pour  maxime  principale  de  ne  jamais  prendre  de  résolution  de  quelque  importance 
sans  avoir  la  certitude  de  pouvoir  sûrement  en  soumettre  les  raisons  à  l'approbation 
publique.  —  II  a  laissé  deux  fils  qui  suivent  dignement  ses  traces  ;  l'aîné,  procureur-général 
à  la  Cour  de  cassation,  membre  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  vice- président  du  Con- 
seil de  perfectionnement  de  l'enseignement  supérieur,  a  rendu  d'éminents  services  au  pays 
à  ces  divers  titres  ;  d'autre  part,  membre  actif  de  la  Commission  chargée  de  publier  les 
monuments  de  notre  ancien  droit,  il  a  récemment  édité  les  Coutumes  de  Luxembourg  et  de 
Chiny,  Son  frère,  général  du  génie,  est  actuellement  directeur  des  fortifications  d'Anvers. 

(  *  )  ZAmbert  Jean- Louis  JAmiE,  né  à  Liège  le  45  octobre  4779,  y  mourut  le  4  S  février 
4848,  après  avoir  fourni  une  carrière  utile  et  laborieuse.  La  mémoire  de  Jamme  est  restée 
chère  aux  Liégeois;  son  nom  est  synonyme  de  bon  citoyen,  d'administrateur  éclairé  et 
dévoué  au  bien  général.  Jusqu'en  4830,  rien  de  plus  paisible  et  de  plus  étranger  aux 
affaires  publiques  que  sa  vie.  II  faisait  le  commerce  par  raison  et  consacrait  ses  loisirs  à 
la  peinture,  qu'il  avait  apprise  sans  maître.  C'était  chez  lui  une  véritable  vocation  intime  et 
passionnée  ;  s'il  n'avait  eu  une  jeune  famille  à  élever,  nul  doute  qu'il  ne  s'y  fût  adonné 
enUèrement  et  qu'il  n'eût  pris  rang  parmi  nos  premiers  paysagistes.  Après  bien  des  années 
d'interruption,  la  bonne  et  fructueuse  impulsion  donnée  ^  ses  affaires  loi  avait  cependant 
permis,  au  commencement  de  4830,  de  remettre  un  tableau  sur  le  chevalet.  Il  s'était 
construit  un  atelier  dans  les  combles  de  sa  maison  de  campagne  de  Fragnée  ;  il  y  passait 
avec  bonheur  toutes  les  heures  qu'il  pouvait  dérober  k  ses  occupations  ;  la  révolution  le 
trouva  le  pinceau  à  la  main  ;  c'est  dire  qu'il  ne  fut  pas,  comme  on  l'a  quelquefois  prétendu, 
Tun  des  auteurs  du  mouvement.  Il  ne  s'y  mêla  que  dans  des  voies  d'ordre  et  d'humanité,  et 
seulement  quand  la  sécurité  publique  fut  compromise.  Le  S7  août  4830,  il  prit  le  comman- 
dement d^une  compagnie  de  la  garde  bourgeoise  ;  le  mois  suivant,  il  conserva  le  même 
grade  dans  la  garde  urbaine.  Pendant  toute  la  crise,  il  vécut  pour  ainsi  dire  sur  la  place 
publique  ;  partout  où  il  y  avait  des  excès  à  prévenir»  on  pouvait  être  sûr  de  le  rencontrer. 
Le  3  septembre,  il  était  au  pillage  des  magasins  d'armuriers,  tout  occupé  d'empêcher  les 
actes  de  violence  et  de  sauvegarder  les  légitimes  intérêts  de  la  propriété.  La  foule,  qui 


XLII  INTRODUCTION. 

du  chevalier  de  Hélotte  d'Envoz,  n'ait  Tait  partie  du  Collée  des  cura- 
teurs que  postérieurement  à  la  révolution,  nous  mentionnons  ici  son 
nom,  n'ayant  plus  dans  la  suite  à  nous  occuper  de  ce  corps. 

s'était  armée,  bivouaqua  au  théâtre  (  *  ).  Comme  toujours  dans  les  révolutions,  cette  foule 
contenait  toute  espèce  d'éléments,  h  fallait  apaiser  les  etaltés,  contenir  les  mauvais,  donner 
une  direction  k  cette  force  effrayante.  Louis  iamme  et  M.  Ch.  Rogier  se  chargèrent  de  ces 
soins.  Toute  la  nuit  fut  employée  à  des  mesures  d'organisation  et  de  discipline  ;  on  régu- 
larisa la  distribution  des  armes,  on  fournit  des  vivres;  aucun  malheur  ne  fut  il  déplorer. 
La  nouvelle  troupe  se  donna  le  nom  de  garde  bourgeoise  auxiliaire  et  reconnut  pour  chefs 
les  deux  citoyens  qui  l'avaient  formée  ;  dès  le  lendemain,  cette  élection  fut  ratifiée  par  le 
Conseil  de  régence.  Sans  attendre  un  jour  de  plus,  M.  Rogier  partit  pour  Bruxelles  à  la 
tète  de  son  monde  ;  il  était  dans  son  rôle  de  révolutionnaire  convaincu.  Jamme  jugea  que  le 
sien  était  de  rester  à  Liège  et  de  tirer  parti  de  l'immense  popularité  qu'il  avait  acquise  en 
quelques  jours,  pour  assurer  le  maintien  du  bon  ordre  et  le  respect  des  personnes.  Le  15 
septembre,  il  fat  nommé  chef  de  la  légion  de  l'Ouest  de  la  garde  urbaine;  le  il  octobre, 
membre  de  la  Commission  des  secours  et  indemnités.  En  présence  de  l'exaltation  des 
esprits,  il  eut  plus  d'une  fois  besoin  de  déployer  toute  son  énergie.  Nous  rappellerons  seule- 
ment une  scène  qui  eut  lieu  dans  la  cour  du  Palais,  où  étaient  remisés  des  canons  que  le 
peuple  voulut  enlever.  Le  commandant  hollandais  de  la  citadelle  avait  déclaré  que  si  l'on 
touchait  à  ces  pièces,  il  bombarderait  la  ville.  Jamme  résista  courageusement  aux  impa- 
tiences de  la  foule  imprudente  et  aveuglée  ;  la  cause  de  la  révolution,  à  laquelle  il  était 
sympathique,  ne  lui  paraissait  pas  dépendre  de  ce  petit  nombre  de  bouches  à  feu,  et  il 
pensait  aux  habitants  paisibles,  aux  femmes,  aux  enfants  menacés  d'un  massacre.  Un 
patriote  furieux  se  précipita  sur  lui  le  sabre  levé.  On  le  retint,  on  entoura  Jamme,  on  subit 
son  ascendant  et  les  canons  restèrent.  Un  jour  ou  deux  plus  tard,  ils  furent  emmmenés 
pendant  la  nuit  et  sans  bruit  —  Vint  la  période  de  réorganisation.  Les  corps  communaux 
furent  choisis  par  élection.  Jamme  fut  nommé  bourgmestre  aux  acclamations  de  la  ville 
entière.  Pour  en  finir  avec  les  événements  de  la  révolution,  nous  mentionnerons  encore  la 
belle  conduite  que  tint  l'honorable  magistrat  en  183t,  lors  de  la  déroute  de  l'armée  de  la 
Meuse.  Le  général  Daine,  arrivé  à  Liège  avant  la  nouvelle  de  sa  défaite,  s'était  enfermé  à 
l'hotel  du  Pavillon  anglais.  Impossible  de  parvenir  jusqu'à  lui.  Les  bruits  les  plus  sinistres 
se  propageaient  ;  le  mal,  bien  assez  grand  déjà,  était  exagéré  par  les  fuyards;  l'inaction  du 
général,  qui  ne  donnait  aucun  ordre,  autorisait  toutes  les  appréhensions.  Louis  Jamme, 
l'homme  de  paix,  se  mit  en  route  à  travers  les  troupes  débandées  et  se  rendit  au  quartier 
général  du  roi  vers  Diest  ou  Loovain,  pour  l'avertir  des  dangers  que  couraient  Liège  et  la 
province.  L'arivée  des  Français  mil  On  à  celte  débâcle. — La  paix  publique  une  fois  rétablie, 
Jamme  consacra  tout  son  temps  et  toutes  ses  pensées  à  l'administration  de  la  ville.  Il  rendit 
d'éroinents  services  à  l'instruction  publique  ;  il  se  préoccupa  surtout,  comme  Rouveroy, 
d'améliorer  les  écoles  primaires  et  d'imprimer  une  vigoureuse  impulsion  à  l'Académie  de 
dessin,  dont  il  comprenait  toute  l'importance  au  point  de  vue  de  l'émancipation  intellectuelle 
et  artistique  des  classes  ouvrières  (**).  Rien  n'échappait  à  sa  vigilance;  son  désintéressement 
absolu,  son  affabilité  lui  gagnaient  l'afTection  générale  et  réveillaient  chez  tous  ceux  qui  l'ap- 
prochaient, le  sentiment  du  devoir;  il  faisait  apprécier  l'excellence  de  nos  institutions 
nationales  par  la  manière  dont  il  les  pratiquait  lui-même.  Son  activité  était  incessante  ; 
il  s'épuisait  en  efforts  surhumains  pour  suffire  à  la  lois  à  ses  obligations  de  père  de  famille 

(*}  Nous  dovons  cess  rt«ttiil!(,  et  la  plapart  de  ceaz  qai  vont  suivre,   à  rolilij^oaoco  lie  U.   Eioilo  Jamme, 
CM^nniissiire  de  r«rrondt!»eincnt  de  Ué^e,  fiU  de  l'honorable  bour^mejitre. 

(**}  Une  m*dHiile  dW  lui  Tut  offert*)  le  Z')  uoût  I83i,  pnr  an  grand  nombre  d'amït  et  l'iiutruetiou 
pHbliqna  et  Ht*  arU,  comme  exprc£:4ion  de  loor  gratitude. 


r.NTHODtCTIOX.  XLIIl 


m. 


A  peine  installé,  le  gouvernement  provisoire  de  1830  se  vit  mis  en 
demeure  de  pourvoir  aux  besoins  de  Tinstruclion  publique.  Il  fallait 
avant  tout  contenter  Topinion  en  proclamant  la  liberté  de  renseigne- 
ment et  en  abrogeant  tous  les  arrêtés  qui  paraissaient  incompatibles 
avec  ce  nouveau  régime  ;  mais  il  y  avait  aussi  à  faire  face  aux  exigences 
du  moment,  c'est-à-dire  à  permettre  aux  jeunes  gens  qui  étaient  en 
vacances  depuis  le  mois  de  juillet,  de  reprendre  au  plus  tôt  le  cours 
de  leurs  études.  L'arrêté  du  16  décembre  vint  mettre  un  terme  à 
rîmpatience  du  public  :  les  établissements  fondés  en  1817  furent 
provisoirement  conservés;  mais  le  Règlement  de  1816,  maintenu  en 
vigueur,  subit  des  modifications  profondes  (')•  Les  trois  Universités 
n'échappèrent  à  la  crise    que  pour  être  mutilées.  Liège  perdit  sa 

et  aux  exigences  de  sa  charge.  Une  affection  de  la  moelle  épiniëre,  résullat  de  tant  d'in- 
qniéludes  et  d'iosomnies,  avait  entratné  un  commencement  de  paralysie.  Ses  affaires 
commerciales,  si  prospères  avant  1880,  commeoçaient  k  souffrir  de  son  dévouement  à  la 
cité.  Sons  le  coup  de  pertes  importantes,  il  résolut  de  renoncer  il  l'administration,  comme 
il  avait,  dans  sa  jeunesse,  renoncé  à  la  peinture.  U  résigna  son  mandat;  mais  il  lui  fallut 
plus  d'un  an  pour  vaincre  les  instances  de  ses  collègues,  celles  de  la  ville  entière  et  celles 
daRoi.  La  démission  de  Jamme  ne  fut  acceptée  que  le  49  juin  i838.  Il  quitta  l'hôtel  de 
ville  au  milieu  de  témoignages  universels  de  regrets  et  de  sympathie,  et  resta  dès  lors  étran- 
ger aux  affaires  publiques,  si  ce  n'est  qu'il  prit  une  part  active  aux  élections,  aussi  longtemps 
que  sa  santé  le  lui  permit.  —  L'entreprise  industrielle  qu'il  avait  trop  délaissée  finit  par 
écboaer  complètement  :  la  ville  lui  vota  une  pension  civique",  dont  il  vécut  jusqu'à  la  fin. 
U  chercha  des  consolations  dans  l'affection  des  siens  et  dans  la  culture  des  arts,  la  passion 
de  sa  jeunesse  :  ses  plus  beaux  paysages  datent  de  sa  retraite.  —  Jamme  avait  refusé  de 
faire  partie  do  Congrès  national  ;  il  fut  membre  de  la  première  Chambre  des  représentants 
(i83i);  mais  il  déclina  la  continuation  de  ce  mandat.  Pans  sa  carrière  administrative,  il 
fit  profession  d'un  sage  libéralisme  ;  il  soutint  avec  une  conviction  très-arrêtée  la  théorie 
de  la  liberté  du  commerce  et  combattit  avec  ardeur  pour  la  défense  des  prérogatives 
communales  vtsà-vjs  du  gouvernement.  L'affaire  Dejaer  (v.  ci-après,  col.  i  44)  est  l'épisode 
le  plus  important  de  ces  luttes.  —  La  ville  de  Liège  a  érigé  un  beau  monument  à  Louis  Jamme 
dans  le  cimetière  de  Robermont;  la  Société  d'Emulation  a  mis  son  Eloge  au  concours,  sous 
le  patronage  de  l'administration  locale.  —  L'Université  lui  doit  de  son  côté  un  souvenir,  à 
cause  du  vif  intérêt  qu'il  porta  comme  curateur  et  comme  bourgmestre  à  sa  prospérité,  à 
une  époque  de  transition  oii  elle  n'était  pas  même  sûre  d^  lendemain.  Il  prit  l'initiative,  le 
10  janvier  4881,  des  réclamations  qui  eurent  pour  objet  le  rétablissement  de  la  Faculté  des 
lettres  ;  lorsqu'il  fut  quesUon,  plus  tard,  de  n'entretenir  aux  frais  de  l'Etat  qu'une  seule 
Université,  on  le  retrouva  encore  sur  la  brèche.  Son  attitude  ferme  et  ses  arguments 
pressants  nous  ont  peut-être  sauvés  do  naufrage.  —  Sur  l'ensemble  de  la  carrière  adminis- 
trative de  Jamme,  v.  le  Journal  de  Liège  du  46  février  4848. 

(*)  y.  le  Rapport  de  M.  Notooiib,  1. 1,  p.  cv. 


XLIV  INTROUICTIOX. 

Faculté  de  philosophie  ;  Gand  ne  conserva  que  celles  de  '  droit  et  de 
médecine;  les  Facultés  des  sciences  ei  ie  droit  cessèrent  d'exister  à 
Louvain.  Les  réclamations  furent  si  vives  dans  cette  dernière  ville, 
que  la  Faculté  de  droit  y  fut  reconstituée  dès  le  3  janvier  1831,  mais 
avec  un  personnel  tout  à  fait  insuffisant. 

Ces  mesures,  nous  venons  de  le  dire,  étaient  essentiellement  pro- 
visoires ;  l'enseignement  supérieur  devait  ultérieurement  faire  Cobjet 
d^utie  loi  mûrement  délibérée  (  '  ).  En  attendant,  l'arrêté  annonçait  (an.  3) 
un  renouvellement  partiel  des  corps  enseignants  :  les  professeurs 
étrangers  allaient  être  renvoyés  dans  leur  pays ,  pourvus  d'une  pen- 
sion de  retraite.  Dussent  les  études  en  souAHrir,  on  voulait  rompre  à 
tout  prix  avec  les  traditions  du  gouvernement  déchu. 

L'arrêté  du  16  décembre  introduisit  aussi  des  innovations  dans  le 
régime  intérieur  des  Universités.  Les  professeurs  ordinaires  ne  com- 
posèrent plus  à  eux  seuls  le  Conseil  académique;  le  recteur  fut  élu 
par  ses  collègues;  le  latin  cessa  d'être  la  langue  académique  offi- 
cielle; l'usage  des  thèses  devint  facultatif.  Il  est  facile  de  voir  que  le 
gouvernement  provisoire  était  inspiré  par  son  désir  de  donner  sans 
retard  satisfaction  à  l'opinion  publique,  en  affranchissant  l'enseigne- 
ment de  toute  entrave  ;  mais  ici,  comme  en  matière  d'enseignement 
primaire  et  moyen,  il  pécha  par  excès  de  zèle.  Les  Universités  se 
trouvèrent  non  pas  émancipées,  mais  désorganisées.  Les  abandonner 
tout  d'un  coup  à  elles-mêmes,  alors  précisément  qu'on  les  privait  des 
Facultés  qu'on  peut  appeler  de  recrutemetit^  c*était  les  conduire  infail- 
liblement à  leur  perte.  On  ne  s'explique  l'arrêté  du  16  décembre  qu'en 
attribuant  à  nos  gouvernants  le  projet  d'arriver  au  système  d'une  seule 
Université  centrale  :  pour  en  venir  là,  dit  très-bien  M.  Th.  Juste  t*), 
ils  commençaient  par  détruire  en  détail  les  Universités  de  Louvain, 
de  Gand  et  de  Liège. 

Seize  professeurs  étrangers  reçurent  leur  démission  le  jour  même 
où  parut  l'arrêté  de  réorganisation  :  huit  furent  mis  en  non  activité. 
Dans  cette  dernière  catégorie  se  trouvèrent  compris,  à  Liège,  J.-D. 
Fuss  et  L  Denzinger,  tous  deux  Allemands  ;  dans  la  première,  les 
quatre  Hollandais  J.  Ackersdyck,  P.  Van  Limburg,  Brouwer,  J. 
Kinker  et  H.  Van  Rees.  F.  Gall  et  L.  Rouillé  furent  déclarés  émé- 

(*)  Considérants  de  l'arrèlé  da  16  décembre  (Notbomb,  1. 1,  p.  674). 
(*)  Ouvr.cité,  p.  838. 


INTRODUCTION.  XLV 

rites.  Le  corps  enseignant  de  Liège  resta  composé  de  9  professeurs 
ordinaires,  de  S  professeurs  extraordinaires  et  de  4  lecteurs. 

En  vain  la  régence  de  Liège,  soutenue  par  un  grand  nombre  de 
membres  du  Congrès,  réclama  contre  la  suppression  de  la  Faculté 
de  philosophie;  le  gouvernement  provisoire  déclara  sa  résolution 
irrévocable.  Gomme  ses  sœurs  de  Gand  et  de  Louvain,  notre  Univer- 
sité aurait  été  obligée  de  fermer  ses  portes,  si  quelques  professeurs 
ne  s'étaient  associés  pour  fonder  une  Faculté  libre  (  ').  Les  bâtiments 
universitaires  furent  mis  à  leur  disposition;  on  ne  voulait  rien  brus- 
quer. Ge  fait  atteste,  selon  M.  Thonissen  ('),  la  puissance  et  la  fécon- 
dité du  principe  de  la  liberté  de  l'enseignement.  Nous  y  voyons  seule- 
ment une  conséquence  forcée  de  la  situation  fausse  oix  l'arrêté  du  16 
décembre  avait  placé  les  Universités  de  TËtat.  L'instinct  de  conser- 
vation avertissait  qu'il  y  avait  une  lacune  à  combler;  il  ne  s'agissait 
nullement  d'élever  autel  contre  autel,  ce  qui  est  le  propre  de  l'en- 
seignement libre  proprement  dit. 

La  Faculté  libre  ne  pouvait  prendre  ce  nom  que  parce  que  ses 
membres  enseignaient  sans  titre  officiel  ;  mais  en  fait,  elle  n'était 
qu'une  annexe,  une  dépendance  de  l'Université,  et  elle  eût  été  bien 
heureuse  de  perdre  sa  liberté. 

En  dépit  du  mérite  de  ceux  qui  la  composaient,  son  influence  fut 
loin  d'être  féconde.  Les  étudiants  s'habituèrent  à  regarder  comme 
purement  accessoires  les  études  littéraires,  philosophiques  et  scien- 
tifiques; il  s'ensuivit  une  véritable  décadence,  à  laquelle  l'institution 
des  Cammiêsians  (f  examen  fut  loin  de  porter  remède.  Gette  dernière 
innovation,  par  parenthèse,  devait  avec  le  temps  nous  engager  dans 
un  labyrinthe  inextricable.  Laissons  la  parole  à  M.  Nothomb  : 

«  Les  élèves  qui  fréquentaient  les  Facultés  libres  aux  dépens  des  Facultés  de  l'État  con- 
servées dans  d'autres  établissements,  ne  tardèrent  pas  à  réclamer  la  nomination  de  Corn- 
mission»  (Texamen^^m  devaient  être  chargées  de  conférer  le  grade  de  candidat,  préparatoire, 
soit  aux  études  de  droit,  soit  à  celles  de  médecine.  Cette  réclamatiou  fut  vivement  appuyée 

par  les  autorités  communales  et  provinciales Du  moment  que  le  régime  provisoire  des 

Universités  était  maintenu,  la  création  de  semblables  Commissions,  quelque  mauvaise  que 
fût  celte  mesure,  devenait  en  quelque  sorte  indispensable.  Que  serait  devenue  l'Université 
de  Gand,  avec  ses  deux  Facultés  de  droit  et  de  médecine,  privée  qu'elle  était  des  deux 
Facultés  dans  lesquelles  les  élèves  auraient  pu  acquérir  les  grades  préparatoires  ?  Elle 
courait  grand  risque  de  n'avoir  plus  un  seul  élève.  L'Université  de  Louvain,  seule  en  pos- 
session d'une  Faculté  de  philosophie,  si  elle  avait  eu  une  Faculté  de  droit  plus  complète, 

• 

(  '  )  V.  lesart.  de  CiiÉiiEOOLLt,  Dcnzinger,  Fuss,  Gall,  RouillA,  F4SSIN  et  Wurth, 
(•)  Ouv,eité,U  n,  p.  Î46. 


XLVI  INTRODUCTION. 

aurait  eu  la  chance  d'accaparer  tons  les  élèves  en  droit,  mais  elle  aurait  vu  chômer 
peut-être  sa  Faculté  de  médecine  ;  TUoiversité  de  Liège,  au  contraire,  aurait  vu  arriver  à 
elle  la  plupart  des  élèves  en  médecine  ,  grftce  il  la  consistance  de  ses  deux  Facultés  des 
sciences  et  de  médecine,  qui  étaient  vigoureusement  constituées  >  (*). 

Les  Commisrions  d'examen  furent  donc  instituées  par  arrêté  du  â 
octobre  1831  :  celle  de  Liège  eut  mission  de  délivrer  des  diplômes  de 
candidat  en  philosophie  et  lettres.  Mais  qu*arriva-t-il  et  que  devait-il 
arriver?  Que  la  Faculté  de  philosophie,  officiellement  conservée  à 
Louvain,  se  trouva  grandement  affaiblie,  et  qu'une  salutaire  sévérité 
ne  présida  pas  toujours  aux  examens.  «  Serait-il  juste,  ajoute  M. 
))Nothomb  ('),  d*en  faire  aujourd'hui  un  reproche  à  nos  anciennes 
»  Universités  ?  Menacées  dans  leur  existence  même,  vivant  pour  ainsi 
y>  dire  au  jour  la  journée,  leur  était-il  possible  de  se  défendre  d'une 
»  certaine  complaisance  envers  des  jeunes  gens  qu'on  ne  pouvait 
»plus,  il  faut  bien  en  fisiire  le  triste  aveu,  retenir  qu'à  ce  prix?» 
L'honorable  ministre  n'en  rend  pas  moins  justice  aux  professeurs, 
qui  luttèrent  autant  qu'ils  le  purent,  avec  une  énergie  qui  alla  chez 
quelques-uns  d'entre  eux  jusqu'à  la  passion,  contre  les  conséquences 
d'un  provisoire  désastreux. 

Mais  la  création  des  Commissions  d'examen  avait  en  elle-même  une 
portée  dont  la  gravité  ne  fut  appréciée  que  plus  tard.  Le  droit  de 
délivrer  des  diplômes  cessait  d'appartenir  exclusivement  aux  Facultés. 
Il  y  avait  là  toute  une  révolution.  Du  jour  où  de  véritables  Universités 
libres  surgiraient  dans  le  pays,  il  faudrait  aussi  pour  elles  des  Com- 
missions d^examen,  et  au  nom  de  la  Constitution,  le  fantôme  du  mono- 
pole devant  les  yeux,  on  en  viendrait  à  réserver  à  des  jurys  mixtes 
une  prérogative  qui,  ne  pouvant  être  accordée  aux  Universités  privées, 
serait  déniée  par  contre-coup,  sous  prétexte  d'égalité,  aux  Univer- 
sités de  l'Etat  elles-mêmes. 

Le  gouvernement  provisoire,  en  d'autres  termes,  se  vit  amené,  en 
quelque  sorte  par  la  force  des  choses,  non  seulement  à  dispenser  les 
étudiants  àe passer  par  les  alambics  des  Universités  {^),  mais  à  poser 
un  précédent  dont  la  conséquence  rigoureuse  devait  être  que  les 
professeurs  de  l'Etat  n'auraient  plus  désormais,  pas  plus  que  leurs 
émules,  mission  de  conférer  des  grades  au  nom  de  l'Etat. 

A  l'époque  où  nous  sommes  parvenus,  Pb.  Lesbroussart  était 

(M  T.  I.  p,  cxvn. 
(•)  /Wrf.,  p.  cxvm. 
•  )  Expression  de  Pasquier. 


!  NTRODUCT  JON .  XL  VI I 

administrateur-général  de  Tinstruction  publique.  Chargé  de  préparer 
un  projet  de  loi  organique  (M«  il  s'était  rallié  au  système  d'une  seule 
Université,  dont  les  quatre  Facultés  auraient  été  disséminées  dans 
tout  le  pays;  la  collation  des  diplômes  devait  appartenir  à  une  Com- 
mission centrale  «  produit  de  Télection.  Lesbroussart  avouait  lui- 
même  qu*il  avait  été  plus  préoccupé  de  satisfaire  tout  le  monde,  que 
convaincu  des  avantages  de  la  dispersion  des  écoles.  Une  Commis- 
sion spéciale,  nommée  le  30  août  1831,  proposa  la  réunion  des  quatre  - 
Facultés  dans  une  seule  ville;  ce  nouveau  projet  resta  dans  les  car- 
tons. Une  seconde  Commission,  nommée  en  1833,  fut  plus  heureuse: 
le  ministre  de  Tintérieur  approuva  le  travail  qu'elle  avait  élaboré  avec 
beaucoup  de  soin  et  d'esprit  de  suite,  et  le  soumit  à  la  Chambre  des 
représentants.  M.  Ch.  Rogier  ne  faisait  qu'une  réserve  relative  au 
nombre  des  Universités  :  décidément  il  n*en  voulait  qu'une  ('), 
tandis  que  la  Commission  se  pi  ononçait  pour  le  maintien  de  Gand  et 
de  Liège.  La  discussion  \:e  put  être  abordée  qu'en  1835,  sous  le  mi- 
nistère deTheux(').  Le  système  d'une  Université  unique  fut  écarté 
à  cinq  voix  seulement  de  majorité;  l'Université  de  Louvain  fut  seule 
supprimée,  à  la  grande  joie  des  évéques,  qui  y  installèrent ,  sans 
perdre  de  temps,  l'Université  cntholique  fondée  à  Malines  en  1834. 
Les  libéraux  avancés  de  Bruxelles,  sur  ces  entrefaites,  avaient  ouvert 
dans  cette  ville  une  seconde  Université  libre,  destinée  à  servir  de 
contrepoids  à  celle  du  clergé  {*)  :  dès  lors  le  maintien  de  deux  Uni- 
versités de  l'Etat  était  une  nécessité;  dès  lors  aussi  la  question  des 
jurys  d'examen  acquérait  une  importance  capitale. 

V Union  des  catholiques  et  des  libéraux  n'avait  pas  survécu  aux 
circonstances  qui  l'avaicut  fait  naître  :  chacun  était  rentré  dans  son 
camp;  on  se  préparait  à  un  combat  à  outrance.  Pour  les  partis 
extrêmes,  l'enseignement  supérieur  était  surtout  un  levier  politique  : 
il  s'agissait  avant  tout  de  recpjter,  de  discipliner  une  jeune  et 
ardente  milice,  une  réserve  toute  prête  à  combler  les  vides  qui  se 
feraient  avec  le  temps  dans  les  légions  parlementaires.  C'est  à  raison 
de  cette  attitude  que  l'enseignement  libre  put  prendre  presque  instan- 


:  *  )  V.  ci-après,  cot.  4H  et  suiv. 
(  *)  Elle  aurait  filé  établie  à  Louvain. 

(*)  Le  projet  de  la  Commission  de  1833  fut  considérablement  amendé  par  H.  de  Theux, 
à  ce  point  que  le  système  proposé  le  A  août  i835  peut  être  considéré  comme  nouveau. 
(*^  V.  rart.  Barom. 


XLVIII  INTRODUCTION. 

tanément  un  essor  vigoureux.  Le  nombre  des  élèves  des  Universités 
de  TEtat  diminua,  comme  on  pouvait  s*y  attendre;  cependant  Liège 
ne  tarda  pas  à  reprendre  une  marche  ascendante,  grâce  à  Tesprit 
général  de  la  population,  peu  sympathique,  ainsi  que  nous  Tavons 
déjà  fait  entrevoir,  aux  œuvres  de  pure  propagande.  En  somme, 
compromis  par  les  décrets  du  gouvernement  provisoire,  par  les 
tergiversations  de  trois  ministères  et  par  l'abandon  systématique 
peut-être  où  on  l'avait  laissé,  l'enseignement  légal  était  sourdement 
miné;  on  en  venait  même  à  soutenir  ouvertement,  en  se  Fondant  sur 
une  phrase  de  Ch.  de  Brouckere  (^),  qu'il  n'avait  point  d'existence 
nécessaire  et  obligatoire,  et  que  c'était  tout  simplement  une  question 
d'utilité.  La  section  centrale,  par  l'organe  de  M.  Deschamps,  avait 
elle-même  abondé  dans  ces  idées,  tout  en  reconnaissant  que  les 
garanties  données  par  les  Universités  libres  de  Louvain  et  de 
Bruxelles  ne  pouvaient  suffire  au  législateur.  Ainsi  était  dénaturée  la 
pensée  du  Congrès,  qui  dans  sa  haute  sagesse  avait  précisément  con- 
sidéré l'enseignement  de  l'Etat  comme  dû  au  public,  en  présence  de 
l'existence  toujours  éventuelle  des  institutions  libres.  Le  Congrès 
avait  prévu,  d'autre  part,  le  danger  qu'il  y  aurait  à  livrer  l'instruction 
publique  à  la  merci  des  partis,  c'est-à-dire  à  sacrifier  à  leurs  dissi- 
dences les  intérêts  de  la  jeunesse  et,  en  définitive,  de  la  civilisation 
nationale.  Mais  les  esprits  n'étaient  point  calmes  en  1838  ;  et  aussi 
bien,  malgré  les  plus  généreux  efforts,  les  Universités  de  l'Etat 
avaient  conservé  peu  de  crédit.  La  nouvelle  loi  les  trouva  pour  ainsi 
dire  végétant,  découragées,  ternes,  sans  ressort;  elles  en  saluèrent 
l'avènement  avec  un  reste  d'enthousiasme;  maiselles  furent  longtemps 
à  oublier  le  mot  de  mauvaise  augure  d'un  visiteur  étranger  (')  :  Vous 
serez  mangés.  Messieurs,  mangés  jusqu'aux  os. 

Ce  quiles  sauva,  en  dépit  des  tâtonnements  de  nos  législateurs  et 
des  réactions  parlementaires,  qui  tournèrent  presque  toujours  à  leur 
détriment;  ce  qui  les  sauva,  ce  qui  sauva  l'Université  de  Liège  et  la 
rendit  plus  tard  forte  et  confiante,  c'est  encore  une  fois  cet  admirable 
bons  sens  de  notre  peuple,  qui  comprend  que  l'atmosphère  des 
écoles  doit  être  sereine,  et  que  la  jeunesse  doit  apprendre  à  penser 
et  à  étudier  avant  de  se  passionner  pour  les  luttes  du  forum.  Mais 


{*]  Due,  de  la  loi  sur  Venseignemeni  tupérieur.  Bruxelles,  4844,  in-8<*,  p.  XIX. 
{*)  Fréd.  Thicrsch. 


INTRODUCTION.  XLfX 


qu'il  a  fallu  »  pour  ne  point  céder  au  torrent'  de  fermeté ,  de 
clairvoyance  et  de  prudence  !  Et  pourquoi  maintenant  dissimuler  ? 
Neque  amore  et  sine  odio^  nous  dirons  ouvertement  toute  notre  pensée, 
sur  la  question  du  jury  comme  sur  notre  Université  elle-même. 


IV. 


Un  jury  national  se  réunissant  régulièrement  dans  la  capitale  et 
traduisant  à  sa  barre  tous  les  aspirants  aux  grades  académiques, 
sans  distinction  aucune,  auto-didactes  ou  non,  qu'ils  vinssent  de 
Liège  ou  de  Louvain,  de  Gand  ou  de  Bruxelles,  des  petits  Séminaires, 
des  Collèges  des  Jésuites  ou  des  Universités  étrangères,  c'était  à  pre- 
mière vue  une  large  institution,  digne  à  tous  égards  d'un  pays  libre, 
en  même  temps  qu'une  garantie  puissante  contre  les  abus  de  la  liberté. 
L'intérêt  public  justifiait,  semblait-il,  l'uniformité  du  programme 
des  épreuves;  les  établissements  privés  étaient  tenus  de  compter 
avec  ceux  de  l'État,  sans  pouvoir  se  plaindre  d'être  assujettis  à  un 
contrôle  quelconque.  On  exigeait  des  récipiendaires  une  certaine 
somme  de  connaissances;  mais  ils  étaient  dispensés  de  jurer  m  verba 
tnagUtri.  En  théorie,  on  n'allait  plus  décerner  de  palmes  qu'au  vrai 
savoir;  en  pratique,  il  ne  s'agirait  que  de  choisir  des  examinateurs  bien 
pénétrés  de  Tesprit  de  l'institution  et  supérieurs,  par  leur  patriotisme 
et  par  la  dignité  de  leur  caractère,  à  toute  idée  de  rivalité  mesquine. 

Les  résultats  des  premières  sessions  donnèrent  tort  aux  quelques 
membres  du  Parlement  qui  avaient  soutenu,  lors  de  la  discussion  de  la 
loi,  que  le  nouveau  système  péchait  par  la  base.  Il  est  certain  que 
les  examens  redevinrent  sérieux  :  la  solennité  des  assises  qui  se 
tenaient  à  Bruxelles  inspirait  du  respect  aux  récipiendaires;  leurs 
études  étaient  moins  étroites  et  plus  indépendantes,  puisqu'il  ne  leur 
suffisait  plus  d'être  au  courant  des  cahiers  de  leurs  professeurs. 
Jamais  peut-être  diplômes  ne  furent  plus  honorablement  conquis,  en 
Belgique,  que  dans  les  années  qui  suivirent  immédiatement  1835. 

Cependant  rhorizon  se  rembrunit  peu  à  peu.  L'institution  du  jury 
avait  été  viciée  dans  son  essence  par  les  dispositions  de  l'art.  41  de 
la  loi,  et,  prise  en  elle-même,  elle  était  incompatible  avec  la  Consti- 
tution. Quand  la  première  ferveur  fut  passée  ,  il  fallut  bien  le 
reconnaître. 

IV 


L  INTRODUCTION. 

Elle  était  viciée  dans  son  essence  par  l'art  41,  qui  attribuait  aux 
deux  Chambres  la  nomination  de  quatre  examinateurs  sur  sept.^Dès 
1836,  M.  Adolphe  Barlels  jeta  les  hauts  cris.  Il  ne  pouvait  admettre  un 
seul  instant  que  renseignement  fut  vraiment  libre,  tant  que  la  composi- 
tion des  jurys  serait  subordonnée  aux  vissicitudes  parlementaires.  «Il 
»  dépendait  de  l'opinion  dominante,  disait-il,  d'organiser  le  jury  d'exa- 
))  mcn  comme  elle  l'entendait.  Si  la  majorité  a  fait  une  large  part  à  la 
»  minorité  dans  le  choix  du  personnel,  c'est  qu'elle  y  a  mis  de  la  com- 
»  plaisance.  Car  l'exercice  du  droit  d'élection  est  essentiellement  arbi- 
»  traire.  L'élection  ftiit  en  toute  chose  prévaloir  l'avis  de  la  majorité... 
»  Qui  ne  comprend  que  ceci  mots  :  droit  de  concurrence  et  loi  de  la 
»  majorité  s'excluent  par  le  fait!  le  despotisme  ne  se  justifie  point  par 
»  la  modération  de  son  exercice...  (*)  ».  L'implacable  logicien,  parti- 
san d'ailleurs  de  la  liberté  absolue  des  professions,  regardait  le  jury 
comme  subversif  de  la  liberté  de  l'enseignement  et  n'hésitait  pas  à 
déclarer  que  les  Universités  de  l'Etat  étaient  destinées  à  périr. 

L'art.  41,  il  faut  le  dire,  n'avait  été  adopté  qu'à  une  voix  de  majorité 
(42 contre  il)  et,  à  titre  d'essai,  pour  trois  années  seulement;  mais 
ce  provisoire  fut  prolongé,  pour  deux  ans  d'abord,  puis  d'année  en 
année  jusqu'en  1844,  et  de  là  pour  quatre  ans  encore,  malgré  les 
efforts  de  M.  Nothomb,  qui  s'était  décidé  à  proposer  de  déléguer  au 
Roi,  sous  certaines  conditions,  la  nomination  annuelle  du  jury  ('). 
D'un  autre  côté,  le  projet  de  M.  Nothomb  accusait  une  tendance  qui 
devait  rendre  tout  à  fait  flagrante  l'inconstitutionnalité  du  système. 
L'honorable  ministre  repoussait  l'intervention  du  pouvoir  législatif 
dans  le  choix  des  examinateurs;  en  revanche,  il  consacrait  formelle- 
ment un  privilège,  en  demandant  que  le  gouvernement  fut  ob  igé  de 
coordonner  ses  choix  de  telle  manière,  que  dans  chaque  section  du 
jury  les  quatre  Universités  eussent  leurs  représentants  {')   Ce  n'était 
pas  seulement  reconnaître  une  existence  légale  à  deux  établissements 
privés,  à  l'exclusion  des  Collèges  de  Jésuites,  par  exemple,  qui  com- 
mençaient à  se  compléter  par  des  Facultés  des  lettres  et  des  sciences; 
c'étaitencore  réduire  le  jury,  placé  légalement  et  en  apparenceen  dehors 
des  Universités,  à  n'être  plus  qu'un  établissement  universitaire.  En 

(*)  Ohv.  cité,  p.  401. 

(•)  V.  Spbinc,  Im  liberté  de  t enseignement,  la  science  et  les  professions  libérales.  Lidge, 
4854,  in-8«,  p.  U. 
(')  /*W.,p.  i6. 


INTRODUCTION*.  LI 

réalité,  H  avait  fini  par  descendre  à  ce  niveau,  ce  qui  «rendait  très- 
»  difiScile  et  parfois  impossible  la  représentation  des  sciences,  entre- 
»  tenait  Tesprit  de  rivalité  et  de  suspicion,  et  constituait  les  membres 
o  du  jury  en  avocats  de  leurs  élèves,  alors  qu'ils  ne  devaient  eu  être 
»  que  les  juges  impartiaux  et  sévères  »  (  '  ). 

D'autres  inconvénients  plus  graves  encore  se  révélèrent  avec  le 
temps.  Le  personnel  des  Universités  était  peu  connu,  en  général,  des 
membres  de  la  législature;  il  en  résulta  que  les  mômes  professeurs 
furent  appelés  plusieurs  années  de  suite  à  faire  partie  du  jury.  Or 
cette  permanetice,  comme  le  faisait  très-justement  remarquer  en  184*2 
la  Faculté  des  sciences  de  Liège,  établissait  un  véritable  monopole 
pour  les  opinions  scientifiques  des  élus.  Tous  les  professeurs  qui 
n'étaient  point  membres  du  jury  se  voyaient  forcés,  dans  l'intérêt  le 
plus  immédiat  de  leurs  élèves,  de  diriger  leur  enseignement  d'après 
les  opiniong  de  leurs  confrères  plus  favorisés,  alors  même  qu'il  leur 
était  impossible  de  les  adopter  et  de  les  soutenir.  Quoiqu'ils  en 
eussent ,  ils  pouvaient  être  amenés  à  se  faire  complices  du  maintien 
de  quelque  système  suranné  et  condamné  par  la  science.  Que  deve- 
nait alors  la  liberté  des  éludes?  Le  jury  pouvait  à  son  gré  enrayer 
dans  le  pays  tout  mouvement  scientifique.  De  plus,  le  renouvellement 
du  mandat  d'un  professeur-examinateur  signalait  son  cours  au  public 
comme  le  plus  profitable  à  suivre  :  c'était  une  prime  en  faveur  de 
l'Université  qui  le  comptait  parmi  ses  membres.  Avait-il  composé  un 
Manuel,  les  étudiants,  dans  tout  le  pays,  n'en  voulaient  plus  d'autre. 
Sa  manière  d'interroger  ne  tardait  pas  à  être  connue  partout;  on  était 
sûr  d'avoir  affaire  à  lui  ;  on  se  disait  que  le  plus  pressant  étant  d'ob- 
tenir un  diplôme,  ce  serait  une  duperie  que  d'étudier  la  science  pour 
elle-même  ou  seulement  de  prendre  pour  guide  un  professeur  étran- 
ger au  jury.  Il  existait,  paraît-il  (c'est  H.Nothombqui  nous  l'apprend), 
des  recueils  de  toutes  les  questions  posées  depuis  1836;  on  se  con- 
tentait d'apprendre  par  cœur  les  réponses  qui  rentraient  dans  le 
cadre  de  ce  formulaire  (*  ). 

Enfin,  les  élèves  ayant  le  droit  de  choisir  les  leçons  qu'ils  voulaient 
fréquenter,  il  arrivait  que  les  cours  qui  n'étaient  pas  directement 

(*)  Spbimg,  p.  i6. 

(*)  V.  ÏExpoêé  deê  motif ê  du  projet  de  loi  de  4844,  dans  le  recueil  ioUtulé  :  Discuêsion 
de  la  loi  iur  Vemeignement  iupérieur,  etc.,  p.  905. 


LU  INTRODUCTION. 

représentés  dans  le  jury  demeuraient  déserts  dans  les  Universités. 
Le  législateur  de  1835  s'était  moins  préoccupé  de  Yidée  scientifique 
que  de  Yidée  politique  ;  le  but  était  manqué. 

On  finit  par  se  demander  :  le  jury  a-t-il,  oui  ou  non,  le  droit 
de  juger  des  doctrines  scientifiques?  Si  oui  y  nous  retombons, 
sous  une  autre  forme,  dans  le  système  du  monopole  reproché  à 
Guillaume  ;  et  le  mal  sera  d'autant  plus  grave  que,  le  jury  dépendant 
du  sort  des  élections,  la  vérité  d'aujourd'hui  sera  proclamée  erreur 
demain,  toujours  au  nom  de  l'Etat  (*).  Si  non,  l'Etat  n'a  rien  à  voir 
dans  la  nomination  d'un  jury  scientifique.  — Ainsi  commença  à  se 
faire  jour  l'opinion  que  soutient  aujourd'hui  l'Université  de  Liège, 
d'accord  avec  l'honorable  M.  Frère-Orban,  à  savoir  qu'il  est  indis- 
pensable de  laisser  aux  Universités  la  mission  de  délivrer,  comme 
elles  l'entendent  et  sous  leur  responsabilité,  des  diplômes  scienti* 
liques  ne  conférant  aucun  droit  dans  l'État.  Le  jury  natignal  serait 
dès  lors  entièrement  étranger  à  l'enseignement,  et  n'aurait  d'autre 
pouvoir  que  d'exiger  des  garanties  pratiques  de  capacité,  pour  l'exer- 
cice de  certaines  professions  dont  la  liberté  absolue  serait  réputée 
dangereuse. 

Cette  opinion  fait  insensiblement  son  chemin;  mais  le  jour  de  son 
triomphe  est  peut-être  bien  éloigné  encore.  Elle  est  l'expression, 
disions-nous,  des  tendances  qui  régnent  à  Liège.  Avant  d'y  revenir 
plus  explicitement,  il  nous  parait  utile  de  montrer  comment  il  se  fait 
qu'elle  ait  germé  chez  nous  plutôt  qu'ailleurs.  Autrement  dit,  nous 
allons  essayer  de  caractériser  Tattitude  de  notre  Université  depuis 
1835. 

Les  Universités  libres  ont  été  instituées  dans  un  but  de  propagande  : 
les  évoques  belges  ont  voulu  offrir  à  la  jeunesse  catholique  un 
enseignement  subordonné  aux  principes  de  la  foi  (•);  l'Université  de 
Bruxelles  a  été  fondée  au  nom  du  libre  examen.  De  part  et  d'autre  on 
marche  en  rangs  serrés  :  on  s'appelle  légion,  on  obéit  à  un  mot  d'ordre. 
C'est  là  une  puissance,  et  une  puissance  d'autant  plus  réelle  que  de 
part  et  d'autre  on  a  voix  au  Parlement.  Les  doctrines  professées  à 

(M  V.  la  brochure  de  Louis  Duperron  (  .M.  Trasenstcr  )  :   Réforme  de  renseignement 
supérieur  et  du  jury  dtexamen,  Liëge,  4848,  in-8»,  p.  H. 

(•)  Circulaire  de  l'archevêque  et  des  évéques  de  Belgique  au  clergé  de  leurs  diocèses, 
février  d834. 


INTRODUCTION.  LUI 

Louvain  et  à  Bruxelles  soiU  inconciliables  entre  elles  ;  on  tient  dans  les 
deux  camps  à  le  proclamer  bien  haut  (  '  )  ;  par  contre,  on  emploie  volon- 
tiers les  mêmes  arguments,  dès  qu'il  s'agil  d'obtenir  des  concessions 
de  la  part  de  TÉtat  (•).  Les  Universités  de  Gand  et  de  Liège  sont  dans 
une  position  toute  différente  et  moins  avantageuse  :  ne  pouvant  être 
inféodées  à  un  parti,  elles  trouvent  aux  Chambres  moins  de  défen- 
seurs intéressés  à  les  soutenir,  et  le  pouvoir  dont  elles  relèvent  subit 
lui-même  le  contre-coup  des  fluctuations  parlementaires.  Mais  elles 
ont  dans  le  pays  un  point  d'appui  plus  solide  qu'on  ne  l'avait  pensé 
d'abord.  Les  hommes  modérés  de  toutes  les  opinions  leur  ont  tendu 
la  main  :  elles  ont  surnagé  malgré  tout.  Peu  à  peu,  d'ailleurs,  les 
professeurs  des  quatre  Universités  ont  appris  à  se  connaître  et  à 
s'estimer,  et  les  uns  comme  les  autres  ont  fini  par  se  dire  qu'il  y  avait 
place  pour  tout  le  monde  au  soleil.  Ainsi  les  prévisions  des  prophètes 
de  malheur  ne  se  sont  point  réalisées;  on  fait  i^Ius  que  de  se  tolérer 
réciproquement:  non  seulement  les  aspérités  se  sont  adoucies,  mais 
dans  l'état  du  pays ,  l'opinion  des  gens  qui  voient  clair  est  que  les 
Universités  de  l'État  sont  la  première  sauvegarde  des  institutions 
libres  elles-mêmes.  Si  la  jeunesse  tout  entière  était  élevée  au  profit 
des  partis,  la  lutte  engagée  depuis  la  rupture  de  YUnion  deviendrait 
avec  le  temps  une  guerre  d'extermination,  dont  le  résultat,  quel  qu'il 
fût,  exposerait  la  nation  à  de  nouveaux  hasards  et  mettrait  tout  d'abord 
nos  chères  libertés  en  péril. 

Modération,  sagesse  pratique  et  fermeté,  ces  trois  mots  formulent 
la  ligne  de  conduite  imposée  aux  deux  Universités  de  l'État.  La  poli- 
tique militante  doit  leur  rester  étrangère:  hors  de  là,  point  de  salut 
pour  elles.  Leur  enseignement  doit  être  acceptable  &  droite  comme 
à  gauche,  puisqu'elles  vivent  des  deniers  publics.  On  rendra  cette 
justice  à  l'Université  de  Liège,  qu'elle  ne  l'a  jamais  entendu  autrement. 
Les  familles  libérales  n'ont  rien  à  objecter  à  l'enseignement  de  l'Etat, 
écrivait  en  1848  M.  Helfferich  {');  à  l'heure  qu'il  est,  le  publiciste 
allemand  pourrait  encore  s'exprimer  de  la  même  manière.  Ajoutons 

(' )  Qui  oe  se  souvient  des  polémiques  philosophiques  de  MM.  Laforêt  et  Tiberghicn,  et 
de  VAunuaire  publié  en  i840  par  Us  étudiants  de  Bruxelles  ? 

(*)  Voir  les  discussions  sur  la  proposition  Brabant-Dubus,  tendant  à  obtenir  pour 
rUnivcrsilé  catholique  la  personniflcation  civile,  et  sur  le  legs  fait  par  Verhaegen  à  l'Uni- 
versité  libre  de  Bruxelles. 

[*}Delgien,  etc.  Pforzheim,  1848,  in-8^,  p.  â09. 


LIV  INTRODUCTlOiN. 

du  reste  que  la  très-grande  majorité  des  libéraux  belges,  surtout  à 
Liège,  sont  plutôt  des  partisans  de  la  tolérance  que  des  apôtres  ou 
des  adversaires  directs  de  telle  ou  telle  théorie  politico-religieuse  ou 
sociale.  Restons  tout  à  fait  sur  notre  terrain.  A  Liège  donc  règne 
un  libéralisme  très-décidé,  mais  constitutionnel  avant  tout,  nullement 
radical,  et  fort  peu  disposé,  en  fait  d'éducation,  à  favoriser  un  sys- 
tème qui  tendrait  à  peser  d'une  façon  quelconque  sur  la  liberté  de 
penser  des  jeunes  gens.  Or,  la  liberté  de  penser  n*est  nullement  le 
libre  examen  des  rationalistes  purs  ;  elle  implique  qu'on  puisse  ôtre 
rationaliste,  mais  aussi  qu'on  puisse  ne  l'être  pas.  Il  y  a  d'autre  part 
à  Liège  une  minorité  catholique*politique  très-respectable,  et  qui 
demande  à  son  tourque  l'enseignement  ne  flroisse  pas  ses  convictions 
religieuses.  C'est  ce  qui  a  été  profondément  et  heureusement  senti 
dans  notre  Université  :  personne  n'y  a  sacrifié  sa  manière  de  penser; 
les  professeurs  appartiennent  à  telle  ou  telle  fraction  de  l'opinion, 
c'est  leur  droit;  mais  ils  se  sont  fait  un  devoir,  dans  leurs  leçons,  de 
ne  passionner  la  jeunesse  que  pour  les  idées  sur  le  terrain  desquelles 
tous  les  hommes  de  conscience  peuvent,  nous  allions  dire  doivent  se 
rallier.  De  là  lui  est  venue,  à  une  époque  où  l'enseignement  réorganisé 
par  l'État  ne  paraissait  pas  être  né  viable,  une  confiance  dont  elle  est 
légitimement  fière.  Allumer  le  flambeau  de  la  science  et  former  des 
citoyens,  non  des  hommes  de  parti,  tel  a  été,  tel  est  encore  son 
idéal  ;  tel  a  été  le  secret  de  sa  vigueur  croissante  et  de  sa  sécurité 
profonde,  alors  même  que  dans  le  courant  de  ces  dernières  années, 
des  influences  malsaines,  venues  de  l'étranger,  avaient  exalté  une 
partie  de  ses  élèves  au  nom  de  théories  qu'ils  ont  été  les  premiers  à 
répudier,  lorsque  le  torrent  est  rentré  naturellement  dans  son  lit  (V. 
C'est  ainsi  que  le  vieil  esprit  liégeois  a  déteint  sur  l'Université  et 
a  reçu  en  retour,  de  son  influence,  une  force  et  une  activité  nouvelles. 
Hais  les  difiicultés  à  vaincre  ont  été  d'autant  plus  ardues,  que  l'indé- 
pendance du  Corps  académique  comme  tel ,  vis-à-vis  des  partis 
extrêmes,  semble  avoir  médiocrement  plu  à  leurs  coryphées,  préoc- 
cupés par  dessus  tout  de  recruter  des  renforts.  Il  a  été  un  temps  où 
l'autorité  supérieure  elle-même  a  pris  ombrage  des  réunions  hebdo- 
madaires de  quelques  professeurs,  qui  n'avaient  d'ailleurs  pour  but 
que  de  fortifier  l'institution  en  provoquant  d'utiles  réformes,  et  surtout 

(*  )  Âllnsion  au  premier  Congrit  des  étudiants  (i865). 


INTRODUCTION.  LV 

en  élevant  TUniversité  tout  entière  à  la  conscience  claire  de  ses 
obligations  et  du  rôle  qu*elle  est  appelée  à  jouer  dans  le  pays.  On 
comprendra  notre  réserve  à  ce  sujet,  et  au  sujet  des  appréciations 
auxquelles  pourrait  donner  lieu  l'expérience  qui  a  été  faite  de  certaines 
idées  émises  par  la  Société  du  Samedi;  mais  ce  que  nous  pouvons  dire, 
c'est  que  les  professeurs  qui  en  ont  fait  partie  ont  tenté  les  efforts  les 
plus  louables  pour  créer  dans  FUniversité  cet  esprit  de  corps,  sans 
lequel  un  établissement  laisse  se  perdre  ses  meilleures  traditions  et  ne 
peut  jamais  compter  sur  le  lendemain.  On  ne  saurait  trop  le  répéter  : 
toute  force  qui  ne  vient  pas  d*un  principe  intérieur  est  factice  et 
illusoire. 

Hais  que  ceci  soit  bien  entendu  :  il  ne  suffit  pas  qu'on  se  groupe 
pour  former  un  faisceau  d'influences,  pour  résister  à  des  envahisse- 
ments et  pour  réclamer  des  garanties  légitimes.  Ce  qu'il  faut  dans 
une  Université,  c'est  un  esprit  de  corps  scientifiqtie^  si  l'on  peut  parler 
ainsi.  Or,  est-il  possible  à  l'Université  de  Liège,  dans  les  conditions 
où  elle  se  trouve,  d'après  ce  qu'on  vient  de  lire,  lui  est-il  possible 
d'arriver  à  un  tel  résultat?  Voilà  l'importante  question,  en  définitive, 
la  question  d'avenir.  N'est-elle  pas  condamnée  à  une  neutralité  abso- 
lue, c'est-à-dire  à  la  stérilité,  de  par  sa  constitution  même? 

C'est  comme  si  l'on  demandait  si  la  science  est  nécessairement  à  la 

remorque  de  la  politique,  s'il  y  a  nécessairement  une  science  libérale 

et  une  science  anti-libérale  au  sens  belge  de  ces  mots ,  ou  si  la 

science,  cette  étoile  que  nous  avons  devant  les  yeux,  n'habite  pas 

une  région  supérieure  au  théâtre  de  nos  querelles.  Félicitons-nous 

de  n'avoir  pas,  avant  d'enseigner,  à  passer  sous  des  fourches  cau- 

dines  et  de  pouvoir  prendre  pour  devise  :  Spiritus  fiât  ubi  vult. 

Indépendance  scientifique  n'est  pas  neutralité.  OfTiciellement  neutres 

à  l'égard  des  partis ,  nous  avons  précisément  le  droit  et  le  devoir  de 

ne  pas  l'être  vis-à-vis  de  la  vérité.  Mais  pour  que  cette  prérogative 

et  cette  obligation  ne  soient  pas  illusoires,  deux  conditions  sont 

nécessaires  :  il  nous  faut  la  liberté  intérieure  et  la  liberté  extérieure. 

La  première  nous  est  assurée  sans  contredit  :  le  gouvernement 

n'exerce  aucun  contrôle  direct  ou  indirect  sur  nos  doctrines  ou  sur 

nos  méthodes.  On  s'est  vivement  récrié,  en  1856,  lorsque  M.  de 

Decker,  ministre  de  l'intérieur,  s'émut  de  la  dénonciation  de  quatre 

étudiants  de  Gand,  accusant  un  de  leurs  professeurs  (')  d'avoir  nié, 

(*)  M.  Brasseur. 


I,V1  INTnODDCTlON. 

dans  son  cours  public,  la  divinité  du  Christ,  et  des  propositions  anti- 
catholiques émises  par  un  autre  professeur  gantois  dans  un  livre  de 
philosophie  étranger  à  son  enseignement  (M*  Le  droit  strict  de  ce 
dernier,  comme  publiciste,  n'était  pas  à  méconnaître;  quant  au  pre- 
mier, si  Taccusation  eût  été  fondée  ('),  on  ne  peut  disconvenir  que  le 
gouvernement  n'était  pas  moins  tenu  de  faire  respecter  la  liberté  de 
conscience  des  élèves  que  de  respecter  lui-môme  celle  du  professeur, 
et  qu'après  tout  il  eût  été  juste  de  dire  à  ce  dernier  :  non  erat  his  locus. 
La  fausse  position  du  ministre  tenait  à  ce  que,  chaque  cours  n'ayant 
qu'un  seul  titulaire  et  les  élèves  étant  tenus ,  depuis  1849,  de  suivre 
tous  les  cours,  la  responsabilité  de  l'autorité  supérieure  se  trouvait 
directement  engagée.  A  y  regarder  de  près,  M.  de  Decker  ne  fit  que 
subir  les  conséquences  de  la  situation.  Mais  il  n'est  jamais  entré  dans 
sa  pensée,  non  plus  que  dans  celle  d'aucun  ministre  belge,  de  prescrire 
aux  professeurs  des  Universités  l'obligation  de  se  rattacher  à  une 
doctrine  quelconque  en  philosophie,  en  histoire,  en  droit  naturel,  en 
économie  politique.  Nous  sommes  libres,  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus 
libre,  dans  les  limites  de  notre  mandat.  Cependant,  comme  il  est  difli- 
cile,  dans  l'enseignement  de  certaines  sciences,  de  ne  pas  au  moins 
toucher  en  passant  à  des  questions  brûlantes,  les  susceptibilités 
peuvent  toujours  trouver  occasion  de  s'éveiller.  Il  n'y  a  qu'un  seul 
moyen  de  donner  satisfaction  à  tout  le  monde  et  de  prévenir  le  retour 
d'incidents  tels  que  ceux  qu'on  vient  de  rappeler,  c'est  que  l'Etat  se 
décharge  de  sa  responsabilité  sur  les  professeurs  eux-mêmes  ;  c'est 
qu'en  un  mot  on  nous  accorde  ce  que  nous  appelons  la  liberté  exté- 
rieure. 

On  va  voir  reparaître  ici  la  question  du  jury.  Parce  qu'il  y  a  un  jury 
universitaire,  il  y  a  forcément  un  programme  d'études  commun  à  tqutes 
les  Universités.  Voilà  ce  qui  nous  lie  pieds  et  mains  et  ce  qui  met 
une  sourdine  à  la  science  (').  Que  chaque  institution  d'enseignement 
supérieure  soit  rendue  à  elle-même  ;  que  chacune  compose  son  pro- 
gramme à  l'instar  des  grandes  Universités  allemandes,  et  tout  sera 
dit.  Gomme  complément  de  ce  système,  que  les  cours  redeviennent 
libres  :  les  étudiants,  bons  juges  de  leurs  intérêts  et  tenus  en  haleine 

(  *  )  Les  Eiudes  sur  thiitoin  de  VhumanUé^  par  M.  F.  UOBBNT. 
(  *}  H  a  été  reconnu  qu'elle  ne  l'était  pas. 

(*}  V.  la  brochure  citée  de  M.  Spring,  p.  27.  On  ne  saurait  trop  attirer  l'attention  sur 
l'argumentation  puissante  de  notre  honorable  collègue. 


INTRODUCTION.  LVII 

par  la  perspective  d*un  examen  sévère,  fréquenteront  ceux  qui  répon- 
dront le  mieux  à  leurs  besoins  immédiats  et  d'autre  part  à  leurs  pro- 
pensions individuelles.  Dès  lors  la  concurrence  deviendra  une 
nécessité  :  un  professeur  pourra,  si  cela  lui  convient,  enseigner 
même  le  matérialisme  C);  FUniversité,  en  légitime  défense ,  ne  man- 
quera pas  de  lui  susciter  un  opposant,  et  la  science  y  gagnera.  Non 
seulement  le  système  actuel  tend  à  amoindrir  les  Universités  et  à  les 
réduire  à  n'être  que  de  simples  écoles  ;  mais  il  contribue  indirecte- 
ment à  égarer  la  jeunesse.  Depuis  quelques  années ,  des  théories 
sociales  aventureuses  se  sont  répandues  dans  toute  l'Europe,  et  en 
philosophie,  une  sorte  de  scepticisme  nuageux  d'une  part,  le  positi- 
visme de  Tautre  font  appel  à  la  génération  nouvelle.  L'enseignement, 
tel  qu*il  est  organisé,  ne  peut  contribuer  suffisamment  à  la  prémunir 
contre  des  séductions  auxquelles  elle  est  d'autant  plus  exposée,  qu'à 
vingt  ans  on  est  presque  toujours  secrètement  prévenu  en  faveur  de 
l'opposition  aux  idées  reçues,  et  d'autant  plus  que  les  innovations 
sont  plus  audacieuses  et  qu'on  a  moins  d'expérience.  Or  en  se  traînant, 
forcément  dans  l'ornière  de  leur  programme,  les  professeurs,  malgré 
tout  le  talent  du  monde,  perdent  chaque  jour  un  peu  de  leur  influence, 
et  il  se  forme  clandestinement,  en  dehors  de  leur  action,  un  noyau  de 
jeunes  adeptes  de  doctrines  dont  le  crédit  serait  singulièrement 
ébranlé,  si  la  liberté  de  la  chaire  était  telle  que  nous  la  souhaitons. 
Et  supposons  même  que  ces  doctrines  trouvent  des  apôtres  dans  nos 
auditoires;  encore  une  fois  elles  y  trouveraient  aussitôt  des  contra- 
dicteurs, et  elles  cesseraient  du  moins  d'offVir  aux  étudiants  l'attrait 
du  fruit  défendu.  Il  est  presque  trivial,  mais  il  est  opportun  de  répéter 
que  la  liberté  est  comme  la  lance  d'Achille,  qui  guérit  les  blessures 
qu'elle  a  faites. 

M.  Dechamps  a  laissé  tomber  du  haut  de  la  tribune,  le  29  mars 
1844,  une  parole  fatale  :  Le  jury  (t examen,  a-t-il  dit,  est  le  gouverne- 
ment de  renseignement  supérieur.  Aucune  interprétation  de  la  loi  n'au- 
rait pu  porter  un  plus  grand  préjudice  aux  bonnes  études  et  paralyser 
plus  sûrement  l'essor  de  la  jeunesse  belge.  Le  jury  d'examen  gouver- 
nant les  Universités,  quel  que  soit  son  mode  de  composition,  c'est  la 
consécration  d'un  monopole  anti-scientifique,  c'est  la  décadence  de 

(*)  Noas  renvoyons  le  lecteur  an  recaeil  très-instructif  intitulé  :  XEnneignement  supérieur 
devant  U  Sénai.  Paris,  1868,  ïù-if». 


LVIII  INTRODUCTION. 

renseignement  supérieur,  préparée  par  la  loi.  Le  jury  combiné,  qui 
remplace  le  jury  central  depuis  1849  (M«  n*a  fait  qu'aggraver  le  mal 
auquel  on  a  voulu  porter  remède  en  modifiant  la  loi  de  1835.  Aujour- 
d'hui rélève  est  interrogé  directement  par  son  professeur,  sous  le 
contrôle  du  professeur  d*une  Université  rivale,  chargé  du  même 
cours.  La  combinaison  est  telle,  que  les  deux  Universités  de  TEta't  ne 
se  rencontrent  jamais  au  jury,  non  plus  que  les  deux  Universités 
libres  :  on  a  voulu  sans  doute,  pour  ces  dernières,  éviter  les  froisse* 
ments.  Qu'on  se  figure  Krause  appelé  à  contrôler  Tongiorgi,  les 
idées  de  M.  Âltmeyer  aux  prises,  en  plein  jury,  avec  celles  de  M. 
de  Gerlache!  On  a  donc  pris  la  précaution,  pour  conduire  les  réci- 
piendaires au  port,  de  ne  jamais  laisser  le  loup  avec  la  chèvre,  ni  la 
chèvre  ....  Les  Universités  de  l'Etat,  considérées  comme  neutres, 
sont  tour  à  tour  en  présence  de  Bruxelles  et  de  Louvain.  La 
position  n'est  fausse,  en  définitive,  que  pour  elles  ;  mais  elle  est  peu 
digne  pour  tout  le  monde.  On  est  placé  dans  cette  alternative  :  colli- 
sion ou  collusion.  Avec  le  temps,  il  est  vrai,  on  s'habitue  à  ce 
mariage  forcé;  mais  le  niveau  des  examens  baisse,  parce  que  chaque 
professeur  est  en  droit  de  dire  à  son  confrère  :  ceci  n*a  pas  été  ensei- 
gné. Que  faire  alors?  Il  suffit  qu'un  élève  sache  bien  son  cahier  pour 
être  admis  :  aussi,  que  de  fruits  secs  parmi  les  distincHonsl  Dans  les 
quatre  Universités,  aux  Chambres,  partout,  on  est  convaincu  de 
l'influence  délétère  du  système  :  on  n'a  trouvé,  après  mûre  réflexion, 
d'autre  moyen  de  relever  les  études,  que  de  simplifier  les  examens; 
au  lieu  de  relever  des  éludes,  on  les  a  matérialisées  en  considérant 
officiellement  comme  accessoires  toutes  les  sciences  dont  l'utilité 
professionnelle  n'est  pas  immédiate,  toutes  celles  qui  élèvent  l'esprit, 
qui  lui  ouvrent  un  vaste  champ,  celles  mêmes  qui  contribuent  le  plus 
directement  à  l'éducation  du  citoyen.  Le  temps  est  venu  de  brûler  la 
vieille  idole  :  il  est  urgent  de  rayer  une  fois  pour  toutes  de  notre 
Credo  ce  malheureux  article  :  Le  jury  est  le  gouvernement  de  {ensei- 
gnement supérieur, 

La  science  ne  peut  être  gouvernée  :  c'est  à  elle  de  gouverner  les 
esprits,  sous  peine  de  mort  pour  la  civilisation.  Mais  elle  ne  peut 
gouverner  si  elle  n'est  libre,  et  elle  ne  sera  libre  en  Belgique  que 
quand  le  jury  usurpateur  aura  disparu. 

(*)  V.  ci- après,  dernière  partie,  p.  xLiv, 


INTRODUCTION.  LIX 

Alors  seulement  notre  Université  aura  son  esprit  de  corps  scienti- 
fique; alors  seulement  les  résultats  seront  en  raison  directe  des 
efforts;  alors  seulement  renseignement  supérieur  belge ,  officiel  ou 
privé,  sera  digne  des  institutions  nationales. 

On  veut  la  liberté  des  études,  la  liberté  de  la  pensée,  et  le  jury  nous 
dit  chaque  année  :  Vous  n*irez  pas  plus  loin  !  Il  est  logique,  dès  lors, 
qu*OQ  s*effraye  de  nos  moindres  audaces.  Laissez  chacun  libre,  mais 
que  chacun  soit  seul  responsable  de  ses  actes ,  devant  le  public 
d*abord,  et  devant  Tautorité  dont  il  relève  :  alors  nous  serons  stimu- 
lés, et  nous  n*en  serons  pas  moins  sages.  Le  jury  isole  les  profes- 
seurs ;  il  est  nécessaire  de  les  rapprocher,  de  leur  inspirer  la  noble 
ambition  de  faire  école.  Laissez-nous  graviter  dans  notre  orbite  : 
plus  de  systèmes  de  transactions,  d'équilibre  apparent,  de  conces- 
sions aux  majorités.  La  formule  est  bien  simple  :  Le  jury  doit  être 
séparé  de  T  enseignement,  comme  F  Etat  est  séparé  de  l'Eglise. 

Cette  séparation,  nous  Fattendons  à  Liège  comme  la  manne  du  ciel, 
et  nous  la  réclamons  depuis  longtemps,  parce  que  la  liberté  nous  est 
chère  comme  aux  populations  qui  nous  environnent,  et  parce  que  sans 
la  responsabilité  directe  des  professeurs,  renseignement  de  TEtat,  dans 
Tesprit  de  notre  Constitution,  ne  saurait  légitimement  exister.  L'Etat 
n*a  point  par  lui-même  de  doctrine  ;  en  revanche,  il  doit  à  la  nation 
des  moyens  de  s'instruire.  Mais  sous  peine  de  monopole,  il  doit  aussi 
respecter  le  droit  imprescriptible  de  la  science,  qui  est  d'être  plei- 
nement libre.  De  là  c'est  à  nous,  qui  représentons  la  science,  et 
non  pas  à  l'Etat,  qui  ne  fait  qu'en  garantir  par  nous  la  propagation, 
que  doit  revenir  toute  la  responsabilité. 

De  ce  que  l'enseignement  est  constitutionnellement  libre  et  de  ce 
que  l'Etat  belge  ne  peut  être  juge  en  matière  doctrinale,  il  résulte 
immédiatement  que  le  système  préconisé  par  l'Université  de  Liège  est 
le  seul  justifiable.  Les  lois  qui  nous  régissent  ont  consacré  un  privi- 
l^e  en  faveur  des  Universités  de  Bruxelles  et  de  Louvain  ;  les 
intéressés  s'en  prévalent  ;  nous  le  concevons.  Mais  il  y  a  aussi  d'autres 
institutions  non  moins  respectables  ,  pour  n'être  pas  complètes, 
auxquelles  on  a  jeté  en  quelque  sorte  en  pâture  ce  qu'on  appelle 
actuellement  le  jury  central  ('),  et  qui  ne  doivent  être  satisfaites 
que  tout  Juste  de  n'avoir  aucune  influence  directe  sur  la  con- 


(  *  )  V.  ci-après,  dernière  partie^  p.  xlv. 


LX  INTRODUCTION. 

fection  des  programmes  d'examen  (').  Celles-là  aussi  ont  droit  à  une 
pleine  satisfaction;  et  après  tout,  les  professeurs  ou  répétiteurs 
privés  qui  préparent  isolément  des  élèves  aux  examens  ne  sont  pas 
de  ces  minima  dont  le  préteur  est  dispensé  de  se  préoccuper.  Or,  tant 
que  les  jurys  actuels  existeront,  tous  les  Belges  ne  seront  pas  égaux 
devant  laloi  de  renseignement  supérieur.  Monopole  ou  non  monopole, 
il  n*y  pas  de  milieu.  Le  système  de  Liège,  c*est  Tabolition  de  tout  mo- 
nopole. Qu*on  le  complète,  qu*on  l'amende ,  qu'on  le  modifie;  nous 
ne  tenons  qu'au  principe  :  point  de  monopole  ! 

Puisque  l'État  n'est  pas  juge  en  matière  doctrinale,  il  est  évident 
qu'i/  n*apasle  droit  (Tinstituer  des  jurys  scientifiques.  Ce  droit  appar- 
tient naturellement  et  pleinement  à  qui  enseigne  ;  et  comme  en  Belgique 
tout  le  monde  peut  enseigner,  ce  droit  appartient  donc  à  tout  le 
monde.  Mais  le  certificat  de  capacité  ou  le  diplôme  ne  peut  conférer 
par  lui-même  aucune  prérogative  dans  l'État,  puisque  l'État  n'a  pas 
lui-même  le  droit  d'en  apprécier  la  valeur  ou  seulement  la  sincérité  (*)• 
Ce  diplôme  ne  saurait  être  autre  chose  qu'un  titre  scientifique,  dont 
le  relief  sera  en  raison  du  renom  de  TUniversité  ou  du  corps  quel- 
conque, ou  du  simple  professeur  qui  l'aura  délivré.  Par  parenthèse,  ce 
serait  là  un  puissant  stimulant  pour  les  Universités:  si  elles  se  livraient 
à  un  honteux  trafic,  elles  seraient  bientôt  discréditées;  elles  auraient 
tout  intérêt  à  se  montrer  sévères,  et  libres  qu'elles  seraient  les  unes 
comme  les  autres  dans  leur  sphère  d'activité  respective,  leur  con- 
currence prendrait  le  caractère  d'une  généreuse  émulation  :  engagées 
dans  des  voies  différentes,  mais  poursuivant  un  but  unique  et  haut 
placé,  elles  travailleraient  fraternellement  et  sans  arrière-pensée  à 
l'émancipation  intellectuelle  de  la  jeune  Belgique. 

Les  passions  du  jour  et  les  intérêts  privés  mal  entendus,  tels  sont 
les  obstacles  à  vaincre  :  ils  sont  redoutables  sans  doute;  mais  nous 
croyons  au  progrès  irrésistible  de  la  justice  et  de  la  vérité. 

Le  devoir  de  protéger  la  société  contre  les  charlatans,  les  faiseurs 
de  dupes  et  lu/ft  quanti^  d'autre  part,  ne  peut  nécessairement  incomber 

(M  Ces  programmes  sout  dëtermioés  par  la  loi  :  mais  qui  fait  la  loi?  Les  Uoiversilës 
libres,  poar  ane  ccrlaioe  part,  puisqu'elles  comptent  au  Parlement  un  certain  nombre  de 
leurs  profeitseurs.  Quant  aux  Universités  de  TËtat,  depuis  la  loi  des  incompatibilités  parle- 
mentaires, elles  n'ont  plus  voix  au  chapitre. 

(*)  n  serait  possible  de  soutenir  que  les  professeurs  des  Universités  de  TÉtat,  en  vertu 
de  leur  caractère  officiel,  sont  dans  une  position  toute  particulière;  mais  nous  ne  voulons 
pas  donner  prise  à  la  moindre  objection, 


INTRODUCTION.  LXI 

qu'à  l'État.— M.  Ad.  Bartels  fait  remarquer  spirituellement  que  ni  Galien 
ni  Gicëron,  ni  Hippocrate  ni  Démosthènes  n'avaient  pris  leurs  grades 
ou  couvert  leur  chef  d'un  bonnet  carré,  ei  il  se  demande  si  les  plai- 
deurs en  étaient  plus  grugés  et  les  malades  plus  assassinés  que  de 
notre  temps,  a  Ne  semble-t-il  pas,  ajoute-t-il,  que  les  individus  ne 
»  sachent  gouverner  aussi  bien  leur  santé  et  leur  prospérité  que  le 
»  gouvernement,  et  que  nous  ayons  tous  besoin,  dans  nos  intérêts  les 
»  plus  chers  et  les  plus  personnels,  d'être  défendus  contre  notre  propre 
»  imbécillité  comme  des  enfants  en  tutelle?  (')»  Comparaison  n'est 
pas  raison.  Il  ne  s'agit  pas  de  tutelle,  mais  de  légitime  défense.  En 
Angleterre,  un  empirique  pratiquant  sans  diplôme  peut  être  attrait 
devant  le  jury:  le  voilà  condamné  du  chef  d'ignorance;  la  famille  qu'il 
a  décimée  en  sera-t-elle  moins  en  deuil?  En  serez-vous  moins  ruiné 
parce  que  la  vindicte  publique  atteindra  le  mauvais  agent  d'affaires 
qui  aura  compromis  votre  cause  ?  Les  expériences  in  anima  vili  sur 
la  vie  et  sur  la  fortune  des  citoyens  peuvent-elles  donc  être  permises? 
Si  les  cas  d'empoisonnement  par  les  débitants  de  drogues  sont  rares, 
n'esl-ce  pas  grâce  à  la  double  garantie  du  diplôme  et  de  la  surveillance 
exercée  par  les  Commissions  médicales?  La  manie  de  supprimer  toute 
police  nous  ramènerait  finalement  à  la  barbarie;  de  déductions  en 
déductions,  nous  en  viendrions  à  être  obligés  de  nous  armer  chacun 
pour  notre  défense  personnelle  et  d'avoir  recours  à  la  loi  de  Lynch. 
La  suppression  des  garanties  contre  les  abus  de  la  liberté  serait 
attentatoire  à  la  liberté  même,  qui  est  inséparable  de  l'ordre  et  de  la 
sécurité  des  personnes;  autant  vaudrait  déchirer  tout  contrat  social. 
Enfin,  les  institutions  qui  conviennent  à  un  peuple  ne  conviennent  pas 
toujours  à  un  autre  :  Texomple  de  l'ancienne  Rome  ou  de  l'Angleterre 
ne  prouve  nullement  que  nos  mœurs  et  nos  habitudes  puissent  de 
longtemps  s'accommoder  d'un  système  qui  consacrerait  la  liberté  — 
de  tuer  les  gens  au  préalable. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  qui  nous  parait  hors  de  doute,  c'est  que  si 
l'État  a  ici  un  devoir  à  remplir  ou  s'il  peut  revendiquer  un  droit,  ce 
qui  revient  au  même,  ce  ne  peut  être  qu'un  droit  de  police.  Le  jury  ne 
doit  avoir  rien  de  commun  avec  l'enseignement.  Les  Universités 
ont  un  but  scientiflque;  le  jury  professionnel  n'aura  jamais  qu'à 
répondre  à  cette  question  :  «Y  a-t-il  ou  n'y  a-t-il  pas  danger  de  confier 

(*)  Ouv.  dté,  p.  iO%, 


LXII  INTROnUCTION. 


à  tel  récipiendaire  la  vie  ou  la  fortune  des  citoyens?  (•)»  —  Mais, 
en  attendant  qu^une  solution  définitive  soit  donnée  au  grave  problème 
des  examens,  comment  vivons-nous  ? 


V. 


Le  grand  travail  de  M.  Nothomb,  déjà  tant  de  fois  cité,  les  premiers 
volumes  des  Annales  des  Universités  de  Belgiqtie,  les  Rapports  triennaux 
publiés  par  le  département  de  l'intérieur,  enfin,  contiennent  tous  les 
éléments  d'une  histoire  administrative  de  notre  Université,  aussi  bien 
que  de  celle  de  Gand.  Nous  nous  contenterons  de  renvoyer  le  lecteur 
à  ces  documents  précieux,  plus  riches  en  renseignements  qu'aucun 
recueil  analogue  édité,  à  notre  connaissance,  dans  les  pays  étran- 
gers :  il  nous  a  paru  que  les  questions  financières,  l'organisation  de 
la  caisse  des  pensions^  les  mesures  relatives  aux  bourses  d'étude  ou 
de  voyage,  etc.,  ne  pouvaient  attirer  notre  attention  dans  cet  ouvrage, 
tout  entier  consacré  à  la  vie  intérieure  de  notre  institution.  Qu'il  nous 
suffise  de  rendre  hommage,  en  passant,  au  zèle  et  à  la  sollicitude  de 
l'administration  centrale,  qui,  dans  les  circonstances  les  plus  diffi- 
ciles, n'a  cessé  de  contribuer,  par  sa  vigilance  et  par  son  attitude 
impartiale,  au  maintien  de  la  prospérité  des  Universités  de  l'État  et  à 
la  défense  de  leurs  légitimes  intérêts  ('). 

(«)  Spruig,  p.  iOS. 

i')  «  A  Torigine  du  royaume  des  Pays-Bas,  dit  M.  Th.  Juste  {HUt.  de  tinsir,  publ.  en 
Belgique,  p.  379),  riostrucUon  publique  forma  un  déparlement  dont  le  chef  portait  le  Utre 
de  commiisaire-général;  plus  lard,  elle  devint,  par  l'adljonction  de  deux  autres  services, 
le  miniêtère  de  l'instruction  publique,  de  la  marine  et  des  colonie*  ;  en  4830,  elle  était» 
depuis  plusieurs  années,  réunie  an  département  de  l'intérieur,  dont  elle  formait  une  des 
principales  administrations. 

»  Au  sorUr  de  la  crise  de  septembre,  le  gouvernement  provisoire  créa  une  Commission 
d^instruction  ;  mais  peu  de  jours  après,  une  administration  générale  fut  substituée  à  la 
Commission.  H.  Ph.  Lesbroussart,  un  des  hommes  les  plus  distingués  et  les  plus  hono- 
rables du  pays,  fat  nommé,  le  44  octobre  4830,  administrateur^énéral  de  tinstruction 
publique. 

>  A  cette  époque,  les  départements  ministériels  portaient  le  nom  de  Comités,  et  les 
chefs  des  Comités  le  titre  à' administrateurs- généraux  :  c'est  celui  que  portèrent  M.  Nicolal 
d'abord,  et  ensuite  M.  Tielemans,  comme  chefs  du  déparlement  de  l'intérieur. 

B  Jusqu'à  la  fin  du  mois  de  décembre,  il  y  eut  beaucoup  de  vague  relativement  à  l'étendue 
et  même  k  la  nature  des  attributions  de  l'administration  générale  de  l'inslruction  publique; 
le  titulaire  se  considérait  comme  chef  de  Comité,  au  même  Utre  que  ceux  de  l'intérieur,  de 


INTRODUCTION.  LXIII 

Aussitôt  après  la  promulgation  de  la  loi  du  27  septembre  1835,  le 
gouvernement  se  préoccupa  de  pourvoir  aux  chaires  vacantes.  On 
n*était  plus  sous  l'empire  des  préjugés  de  1817  et  de  1830;  personne 
ne  trouva  mauvais  que  le  ministre  fit  appel  à  des  savants  étrangers. 
L'affaire  Gibon  (v.  ci-après,  col.  337  et  suiv.)  faillit  cependant  mettre 
encore  une  fois  le  feu  aux  poudres.   La  nomination  de  l'excellent 


la  jasUce,  etc.,  qu'il  regardait  comme  des  collègues  ;  en  effet,  le  Comiêé  central  du  gouver- 
nement provisoire  prenait  des  arrêtés  sur  la  proposition  de  Tadministrateur  général  de 
Tinstroction  publique,  et  chargeait  ce  fonctionnaire  de  leur  exécution. 

»  L'arrêté  du  46  décembre  sur  les  Universités  est  le  premier  acte  dans  lequel  l'intervention 
du  Comité  de  l'intérieur  est  constatée;  encore  y  est-il  dit  dans  le  préambule:  •  Sur  la 
propotition  du  Comité  de  l'intérieur  et  de  C administration  générale  de  l'instruction 
publique  >,  et  à  l'art.  Si  :  c  le  Comité  de  l'intérieur  et  l'administrateur-général  sont 
chargés  de  l'exécution  du  présent  arrêté  >. 

>  La  situaUon  fut  enfin  nettement  décidée  par  un  arrêté  du  34  décembre,  qui  porte  : 
«  L'administrateur-général  de  l'instruction  publique  est  attaché  au  Comité  de  l'intérieur  ». — 
Mais  ce  même  arrêté  disait  plus  bas  :  «  Le  gouvernement  se  réserve  de  demander  des 
rapports  et  avis  directs  à  l'adminislrateur-général  de  l'instruction  publique  >. 

»  Les  affîaires  concernant  l'instruction  publique  formèrent  donc  à  elles  seules  une  admi- 
nistration générale  ayant,  au  moins  en  apparence,  son  existence  spéciale,  bien  que  dépen- 
dante du  ministère  de  l'intérieur.  Tous  les  chefs  de  ce  département  devaient,  s'ils  voulaient 
prendre  au  sérieux  la  responsabilité  constitutionnelle,  s'efforcer  d'annuler  l'action  de 
l'administration  de  l'instruction  publique,  dont  les  actes  devaient  leur  être  imputés.  —  Ce 
service  ne  fut  donc  bientôt  plus,  de  fait,  qu'une  division,  dont  le  chef  conservait  un  titre 
tout  à  fait  illusoire. 

>  Le  48  novembre  4833,  une  Commission  fut  nommée  par  le  Roi,  sur  la  proposition  du 
ministre  de  Tintérieur  (H.  Cb.  Rogier),  à  l'effet  de  préparer  un  projet  de  loi  sur  l'instruction 
publique.  Non  seulement  on  ne  jugea  pan  k  propos  de  placer  l'administrateur-général  dans 
cette  Commission  où  siégèrent  plusieurs  de  ses  subordonnés,  mais  on  fit  à  ce  fonctionnaire 
une  position  tout  k  fait  subalterne,  en  insérant  dans  l'art.  3  de  l'arrêté  la  disposition  sui- 
vante :  «  La  Commission  est  autorisée  k  requérir,  toutes  les  fois  qu'elle  le  jugera  convenable, 
la  présence  de  l'administrateur-gdnéral  de  l'instruction  publique  ».  —  Heureusement  que 
les  membres  de  la  Commission  comprirent  que  les  convenances  ne  leur  permettaient  pas  de 
faire  usage  de  cette  faculté  :  jamais  l'administrateur  ne  fut  mandé  par  ellt  ;  il  est  permis 
d'ailleurs  à  ceux  qui  connaissent  le  caractère  loyal  et  indépendant  de  M.  Lesbroussart,  de 
douter  qu'il  bût  accepté  une  pareille  situation. 

*  Au  mois  d'avril  483 i,  le  personnel  des  employés  de  l'administraleur-général  de 
riostruction  publique,  soustrait  jusque  là  au  contrôle  du  secrétaire  général,  fut  soumis  au 
règlement  du  ministère  de  l'intérieur. 

>  Il  y  avait  donc  déjà  longtemps  que  l'importance  et  l'influence  de  Tadministrateur-général 
de  l'instruction  publique  étaient  annulées,  lorsque  le  ministre  de  rintérleur(M.deTbeux),  par 
lettre  do  S4  août  4834,  décida  que  désormais  toute  la  correspondance  de  l'administration 
de  l'instruction  publique  serait  soumise,  en  minute,  à  l'approbation  du  mi  listre,  et  expédiée 
par  le  bureau  général  d'expédition  du  ministère.  —  C'est  l'administration  ainsi  réduite  que 
M.  Lesbroussart  échangea,  le  5  décembre  4835,  contre  une  chaire  à  l'Université  de  Liège. 

»  Le  secrétaire  de  l'administrateur,  M.  L.  Alvin,  nommé  aussi  en  4830,  continua  à  trai- 
ter les  affaires  de  la  division  jusqu'au  26  mai  4836,  époque  à  laquelle  l'instruction  publique 
devint  on  bureau  d'une  division  co:;{1ée  à  M.  le  baron  Dellafaille,  qui,  avec  le  titre  de  direc- 


LXIV  INTRODUCTION. 

professeur  Tandel  à  la  chaire  de  philosophie  calma  les  esprits  ;  le 
gouvernement  n*eùt  pu  faire  un  choix  plus  heureux  et  plus  prudent. 

teur,  réunissait  déjà  dans  ses  allributions  les  arts,  les  sciences,  les  lettres,  le  service  de 
santé,  les  cnlles  et  les  archives. 

»  Lors  de  la  composition  du  cabinet  du  4 S  avril  (Lebeao  et  Rogier),  Tinstniction  publique, 
les  arts,  les  sciences  et  les  lettres  passèrent  au  département  des  travaux  publics.  —  M.  le 
baron  Dellafaille,  ayant  été  nommé  sénateur,  donna  sa  démission  de  directeur. 

>  La  portion  de  son  administration  transférée  aux  travaux  publics  y  forma  d'abord  deux 
divisions  distinctes.  L'une  d'elles,  rinstruction  publique,  resta  confiée  jusqu'au  milieu  du  mois 
de  septembre  4840  au  même  secrétaire  de  Tadministrateur-général  dont,  sous  le  ministère 
précédent,  le  titre  avait  été  échangé  contre  celui  de  chef  de  bureau. 

B  Par  arrêté  royal  du  30  août  4840,  H.  Dequesne,  ancien  membre  de  la  Chambre  des 
représentants  (*  ),  fut  appelé  au  poste  de  directeur  de  l'instruction  publique,  des  arts,  des 
sciences  et  des  lettres.  Il  ne  prit  possession  de  »es  fonctions  que  vers  le  milieu  du  mois  de 
septembre  ;  il  fit  ii  la  distribution  des  prix  du  concours  des  athénées  et  des  collèges,  le  rap- 
port officiel  sur  cette  institution,  créée  par  M.  Rogier  le  4  juillet  précédent  et  organisée  par 
la  division  de  l'instruction  publique  pendant  l'intérim  de  M.  Alvin.  —  A  la  retraite  du 
cabinet,  M.  Dequesne  donna  sa  démission. 

»  En  rappelant  Tinslruction  publique,  les  arts  et  les  sciences  au  département  de  Tinté- 
rieur,  le  cabinet  du  43  avril  fit  de  l'instruction  publique  une  administration  spéciale  qui 
devint  une  des  six  divisions  du  ministère.  L'arrêté  royal  du  48  mai  4844,  qui  créa  cette 
division,  porte  qu'elle  pourra  être  confiée  ft  un  fonctionnaire  ayant  le  titre  de  directeur  ou 
de  chef  de  division,  »  M.  Alvin  fut  nommé  le  mémo  jour,  sous  cette  dernière  dénomination  ; 
démissionnaire  au  bout  de  neuf  ans,  la  mort  du  baron  de  ReifTenberg  (v.  ce  nom),  décida  le 
gouvernement  k  lui  confier  le  poste  de  conservateur  en  chef  de  la  Bibliothèque  royale,  fonc- 
tions qu'il  occupe  encore  aujourd'hui. 

M.  L.-J.  Alvin,  0.  )^,  membre  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  s'est  fait  connaître  par 
plusieurs  écrits  estimés,  notamment  sur  des  questions  d'art.  11  a  pris  une  grande  part  II  la 
réforme  de  l'enseignement  des  arts  du  dessin.  On  lui  doit  une  tragédie  :  Surdanapale;  plu- 
sieurs notices  littéraires,  entr'autres  sur  la  Divine  épopée  d'Alexandre  Soumet,  et  une  série 
d'intéressantes  biographies  d'écrivains  beiges  :  il  compte  au  nombre  de  nos  meilleurs  pro- 
sateurs. Le  grand  recueil  que  M.  Nothomb,  ministre  de  l'intérieur,  a  publié  en  4844  sur 
l'histoire  et  la  statistique  de  l'enseignement  supérieur  en  Belgique,  est  dû  en  grande  par- 
lie  aux  soins  de  M.  L.  Alvin. 

Depuis  4850,  la  direction  administrative  de  l'instruction  publique  est  confiée  h  M.  C.-F. 
Thiéry,  0.  ^.  Né  à  Ath,  le  34  février  4805,  M.  Thiéry,  après  avoir  fait  de  brillantes  études 
humanitaires  au  Collège  de  celte  ville,  alla  fréquenter  l'Université  de  Lonvain .  d'où  il  sortit 
en  4829  avec  le  grade  de  docteur  en  philosophie  et  lettres,  après  avoir  soutenu  une  thèse 
sur  Dioyéne  de  Babylont,  Becker  (v.  ce  nom)  le  compta  parmi  ses  élèves  les  plus  distingués. 
Il  passa  ensuite  quatre  années  dans  l'enseignement  :  nommé  professeur  de  poésie  latine 
au  Collège  de  Soignies,  en  octobre  4839,  il  y  obtint  la  chaire  de  rhétorique  l'année 
suivante.  En  4833,  il  retourna  à  Louvain  et  s'y  fit  recevoir,  au  bout  de  deux  ans,  docteur 
en  droit.  Il  est  attaché  au  département  de  l'intérieur  depuis  le  mois  de  septembre  4835.  De 
4849  k  4850,  il  a  rempli  les  fonctions  de  chef  du  service  des  affaires  provinciales  et  com- 


(*)  H.  Dequesne  Tôt  renvoyé  |Ja!  tard  à  la  Chambre  ,  par  les  électears  de  Tliain.  Fn  1850,  il  rciliKM.  au 
nom  de  la  section  centrale,  on  rapport  sur  la  loi  de  IVnseignement  moyen  ;  il  présida  ensuite  pendant  quel- 
ques années  te  Conseil  de  perrectiunnouient  institué  par  cette  même  loi. 


INTRODUCTION.  LXV 

Un  autre  incident,  la  querelle  du  baron  de  ReifTenberg  et  d*Ed. 
Lavalleye  (')>  ^u  sujet  d'un  manuscrit  de  S.-P.  Ernst,  que  le  premier 
avait  publié  sous  son  propre  nom,  défraya  pendant  quelque  temps  la 
presse  militante  :  de  Reiffenberg  devint  impossible  à  Liège.  Cette 
dernière  agitation  fut  au  reste  sans  importance  ;  en  somme,  à  partir 
de  183S,  rUniversité  entra  dans  une  période  de  paix  studieuse  et 
féconde.  Le  corps  enseignant  était  renforcé  et  se  montrait  animé  d'une 
généreuse  ardeur  ;  les  étudiants  partageaient  le  zèle  de  leurs  maîtres. 
Les  inconvénients  inhérents  au  nouveau  système  d'examen  ne  s'étaient 
pas  encore  révélés.  Les  premiers  actes  du  jury  avaient  inspiré  une 
terreur  salutaire;  enfin,  la  liberté  laissée  aux  élèves  de  ne  pas 
fréquenter  tous  les  cours,  loin  de  produire  les  effets  qu'on  lui  attribua 
plus  tard,  empêchait  les  professeurs  de  s'endormir  sur  un  doux 
oreiller  et  disposait  les  jeunes  gens  à  travailler  par  eux-mêmes.  Leurs 
études  n'étaient  uniformes  que  tout  juste  assez  pour  répondre  aux 
exigences  du  jury.  Celui  qui  écrit  ces  lignes  était  alors  sur  les  bancs  : 
il  sait  à  quoi  s'en  tenir. 

On  a  vu  qu'avant  la  révolution,  les  circonstances  extérieures  avaient 
contribué  à  mettre  particulièrement  en  relief  la  Faculté  de  droit.  Soit 
que  la  carrière  du  barreau  parût  pour  un  temps  encombrée  et  que  la 
magistrature,  dont  les  cadres  avaient  été  récemment  renouvelés,  offrit 
peu  d'avenir  à  la  jeunesse;  soit  que  l'essor  vigoureux  que  commençait 
à  prendre  l'industrie  nationale  fit  réfléchir  les  familles;  soit  enfin 
que  le  courant  des  idées  eût  pris  une  direction  nouvelle,  et  que  l'enthou- 
siasme pour  les  sciences  morales  et  politiques  se  fût  reiVoidi  après 
la  conquête  de  nos  libertés,  toujours  est-il  que  les  études  juridiques 
furent  graduellement  délaissées.  La  Faculté  de  droit  comptait  d'aussi 


moDales.  Comme  chef  de  division  de  l'inetractioa  publique,  il  s'est  vu  appelé,  à  peine  entré 
eo  fonctions,  à  organiser  renseignement  moyen,  régénéré  par  la  loi  du  i  juin  iSKO;  il  a 
aussi  rendu  de  grands  services  à  renseignement  supérieur.  M.  Thiéry  a  obtenu  en  1859 
le  titre  de  directeur;  en  4859,  il  a  été  promu  au  rang  de  directeur  général  de  t instruction 
publique^  mesure  devenue  nécessaire  à  raison  du  développement  de  plus  en  plus  considérable 
de  nos  institutions  scolaires.  L'administration  de  M.  Thiéry  comprend  ai(jourd*btti  deux  divi- 
sions :  les  affaires  de  renseignement  des  deux  degrés  supérieurs  relèvent  immédiatement 
de  M.  RcnsniG,  ^,  chef  de  division  (*)  ;  celles  de  l'enseignement  primaire  sont  traitées 
par  M.  Jahak,  ^,  qui  porte  le  titre  de  directeur, 

(' )  V.  ci-après,  col.  477  et  704.  —  Au  moment  de  meUre  sous  presse,  nous  apprenons 
qa'Ed.  Lavalleye  est  décédé  à  Liège ,  le  48  septembre  4869. 

''1  Et  sténographe  d#  i«  (*4>«nibre  dai  reprêMaUot*. 


LXVI  INTRODUCTION. 

bons  proresseurs  que  jamais  :  elle  continua  de  former  d'excellents 
élèves  ;  mais  elle  n'était  plus  poussée  par  un  vent  favorable.  La  Faculté 
de  philosophie,  où  elle  se  recrute,  se  trouva  réduite  à  sa  plus  simple 
expression  jusqu'en  1842,  date  à  partir  de  laquelle  on  commence  à 
constater  un  mouvement  ascendant.  La  Faculté  de  médecine  souffrît 
aussi,  mais  relativement  moins,  et  surtout  à  cause  de  l'érection  des 
deux  Universités  libres.  Le  flot  des  étudiants  envahit  les  auditoires  de 
la  Faculté  des  sciences  ou  plutôt  des  Ecoles  spéciales,  dont  la  pre- 
mière réorganisation  remonte  à  1836.  Ne  résistèrent  au  torrent  que 
ceux  qui  se  sentaient  une  vocation  véritable;  de  là,  si  les  trois 
Facultés  délaissées  n'eurent  à  inscrire  pendant  quelques  années  qu'un 
petit  nombre  d'élèves,  la  qualité  suppléa  à  la  quantité.  Tel  fut  le 
premier  engouement  pour  les  sciences  appliquées,  qu'on  vit  entrer  aux 
Ecoins  maints  aspirants  sans  aucune  aptitude,  quittes  à  en  sortir  au 
bout  d'un  an,  tout  étonnés  d'y  avoir  été  dépaysés,  et  à  reprendre 
ensuite,  quelques-uns  avec  grand  succès,  des  études  dont  l'entraîne- 
ment irrésistible  de  l'exemple  avait  seul  pu  les  détourner.  Cet 
empressement  ne  fut  pas  sans  influence  sur  l'organisation  intérieure 
des  Ecoles,  et  plus  tard  sur  l'institution  d'un  sévère  examen  d'ad- 
mission. 

Ce  qui  a  contribué,  d'autre  part,  au  crédit  et  h  la  prospérité  des 
Ecoles,  c'est  la  circonstance  qu'on  n'a  pu  leur  contester  le  droit  de 
délivrer  elles-mêmes  des  diplômes  de  capacité.  Ces  diplômes,  à  l'excep- 
tion de  celui  d'ingénieur  des  mines,  qui  est  conféré  au  nom  de  l'Ëtat 
par  des  représentants  de  l'administration,  n'ont  aucune  valeur  officielle, 
et  il  semble  que  les  sociétés  industrielles  n'en  fassent  que  plus  de 
cas.  La  renommée  des  Ecoles  de  Liège  est  devenue  universelle  :  les 
jeunes  gens  qui  y  ont  été  reconnus  capables  sont  partout  recherchés; 
des  quatre  points  cardinaux,  des  deux  hémisphères,  on  est  venu,  on 
vient  encore  solliciter  leur  parchemin.  C'est  que,  encore  une  fois, 
tant  vaut  l'inslitution,  tant  vaut  le  diplôme.  On  a  fait  ici  une  première 
expérience  heureuse  de  la  liberté  des  études  telle  que  nous  l'enten- 
dons; il  dépendrait  de  nous  seuls,  si  le  jury  d'examen  n'avait  plus 
qu'un  caractère  professionnel,  de  rendre  également  enviables  les 
diplômes  scientifiques  de  Liège  ! 

Les  Ecoles  spéciales,  se  dirigeant  elles-mêmes  sous  le  contrôle  du 
gouvernement,  c'est-à-dire  indépendantes  d'un  jury  et  d'un  programme 
étrangers,  ont  trouvé  dans  leurs  anciens  élèves  le  plus*  solide  de  leurs 


INTRODUCTION.  LXVII 

points  d'appui.  Les  ingénieurs  qu'elles  ont  formés  portant  leur 
cocarde;  leur  nom  est  pour  eux  une  lettre  d'introduction  dans  le 
monde.  Ils  ont  donc  à  cœur  l'honneur  de  l'établissement.  Ils  se 
regardent  comme  les  premiers  intéressés  à  la  continuation  de  ses 
succès  ;  ils  aplanissent  volontiers  l'entrée  de  la  carrière  aux  nouveaux 
diplômés.  Ainsi  se  nouent  des  relations  durables;  ainsi  se  développe 
un  esprit  de  coniVaternité  qui  est  pour  tous,  et  pour  les  Écoles  elles- 
mêmes,  un  principe  de  force  et  de  progrès.  Ces  dispositions  se  sont 
hautement  manifestées  par  la  fondation  d'une  Association  des  ingénieurs 
softis  des  Écoles  de  Liège,  qui  compte  aujourd'hui  dans  son  sein  la 
plupart  des  chefs  de  nos  grands  établissements  d'industrie,  et  dont 
le  rayonnement  s'étend  chaque  année  (')•  Indépendamment  des  ser- 
vices que  rend  cette  excellente  institution  à  l'industrie  nationale  tout 
entière,  en  entretenant  chez  ses  membres  le  goût  des  études  solides, 

(  *  )  Le  désir  de  former,  entre  les  anciens  élèves  des  Ecoles,  ane  association  «qui  contribuât 
à  maintenir  les  relations  d'amitié  contractées  pendant  les  études  et  il  développer  entre  eux 
une  solidarité  plus  étroite  >  était  nourri  depuis  longtemps  dans  la  pensée  d'un  grand  nombre 
déjeunes  gens.  Il  trouva  finalement  sa  réalisation  en  1847.  Une  réunion  d'amis  (*},  dont 
plusieurs  n'étaient  pas  encore  ingénieurs  et  quelques-uns  avaient  terminé  leurs  études,  crut  le 
moment  opportun  et  convoqua  une  assemblée  pour  le  3  janvier  1848.  Dès  le  12  décembre 
1847,  vingt-neur  anciens  élèves  habitant  la  province  de  Liège  répondirent  à  cet  appel  ;  le 
jour  même,  ils  adressèrent  une  circulaire  à  leurs  amis  dispersés  sur  toute  la  surface  du 
pays,  chargèrent  une  Commission  (**)  de  préparer  un  projet  de  règlement  et  fixèrent 
au  26  décembre  l'assemblée  générale.  Le  succès  répondit  ù  leur  attente  :  V Association  fut  im- 
médiatement constituée  dans  le  but  :  i^  d'établir  entre  ses  membres  des  relations  régulières 
et  intimes;  â»  d'encourager  parmi  eux  les  publications  et  inventions  utiles.—Font  de  droit 
partie  de  la  Société  tous  les  élèves  diplômés  des  Ecoles  de  Liège,  et  tous  les  membres  du 
corps  des  mines  qui  y  ont  étudié  depuis  1835;  les  membres  de  l'Association  qui  ne  résident 
pas  en  Belgique  portent  le  titre  de  correspondants.  Le  siège  social  est  à  Liège.  11  y  a,  dans 
chaque  centre  industriel,  une  section  scientifique,  chargée  de  s'occuper  des  questions 
théoriques  ou  industrielles  qui  lui  sont  soumises  par  un  ou  plusieurs  associés.  Dans  l'assem- 
blée générale  annuelle,  le  trésorier  rend  ses  comptes  et  il  est  donné  lecture  des  pièces  com- 
moniquées  à  l'Association  et  présentées  par  le  Conseil.  La  cotisation  annuelle  est  de  10  frs.  ; 
le  produit  en  est  affecté  aux  frais  de  bureau  et  de  correspondance,  et  à  l'impression  des  do- 
cuments administratifs  ou  scientifiques  dont  l'assemblée  juge  la  publication  utile.  La  séance 
générale  annuelle  est  suivie  d'un  banquet  :  pas  n'est  besoin  de  se  demander  si  cette  agape 
fraternelle  est  animée  et  joyeuse.  L'Association  a  publié,  de  1851  à  1868,  dix  Annuaires 
in-8»;  depuis  1861,  elle  édite  un  Bulletin  trimesirivl  ("*/,  recueil  des  plus  importants  au 
double  point  de  vue  des  questions  qui  y  sont  traitées  et  des  renseignements  intéressant  les 
associés.  Le  t.  IX  est  en  cours  de  publication.  —  Depuis   1860,  des  concours  ont  été 

{*}  MU.  LiiJcn  R(»nar  I,  f..  ^oret.  Ail.  «I  Kiaile  «le  Vaaz,  Polis,  Ai^cnraio.  Sdinpennaiii,  JotiranJ,  (iarna^rt 
ei  Albert  Dapoat  (aojoanl'ljui  tou<»iil  do  Tarqnio  A  Uége). 
('*)  un.  F.  Dapoor,  L.  Trawo^tcr,  RarbiiTP,  L.  RenarJ  ot  L.  Goret. 
(***j  C«tte  pobliration  a  été  rréia  sor  la  f>ropusitioo  de  M.  Tb.  Ziane  (t.  col.  ^\^). 


LXVIII  INTRODUCTION. 

c*esl  surtout  grâce  à  elle  que  les  efforts  des  débutants  ne  restent 
pas  isolés  ni  méconnus.  Elle  réagit  en  outre  indirectement,  par  ses 
travaux  et  par  sa  vigilance,  sur  les  Ecoles  elles-mêmes,  et  en  plus 
d'une  circonstance  son  influence  y  a. provoqué  d'utiles  amélio- 
rations. 

De  tels  résultats  seraient  difficilement  atteints  dans  les  Facultés 
universitaires  proprement  dites. 

D*abord  les  étudiants  y  travaillent  chacun  pour  soi,  à  domicile, 
tandis  que  le  régime  intérieur  auquel  les  Ecoles  sont  soumises  met 
incessamment  les  élèves-ingénieurs  en  contact  les  uns  avec  les 
autres.  Ensuite ,  ils  n*ont  guère  Toccasion  d'être  interrogés  pendant 
Tannée,  ce  qui  les  laisse  plus  ou  moins  dans  Tincertilude,  jusqu'au 
jour  de  l'examen,  sur  leurs  chances  de  réussite.  Tout  au  plus  se 
réunissent-ils  par  petits  groupes ,  pour  revoir  ensemble  les  matières 
du  programme.  Cet  isolement  n'est  pas  un  mal  en  ce  sens,  qu'jl  déve- 
loppe  le  sentiment  de  la  responsabilité  personnelle;  il  répugne 


ouverts  et  ont  donné  de  brillants  résultats.  Ont  été  couronnés  les  Mémoires  suivants  : 
1"  En  1B61  :  Jos.  Franquoy,  Fabrication  des  combustibles  agglomérés  dans  le  district  de 
Charleroi  (Ànn.  des  trai\  publics  et  Annuaire  de  tAssoc.^  t.  V^  ;  2^  £n  i862  :  M.  Cahen, 
Métallurgie  du  plomb  Revue  univ.,  t.  XIIF;  Ann.  l.  VIj;  3«  En  ^863  :  J.  Fayn,  Mém.  sur 
la  vie  et  les  travaux  d'André  Dumont  (/{.  univ,,  i.  XV  et  XVI;  Ann.,  t.  VI)  ;  4»  En  1864  : 
P.  Marlin»  Examen  comparatif  de  la  fabrication  des  produits  chimiques  en  Belgique  et  en 
Angleterre  (/?.  i/w/r.,  t.  XVII  ;  Ann.^  t.  VU;  ;  8o  et  ô*»  En  1866  :  a.  E.  Harzé,  De  faérage 
des  travaux  préparatoires  dans  les  mines  à  grisou  [R.  univ.^  t.  XX;  Anu.,  t.  VU)  ;  1^  E. 
trbin,  Gmde  pratique  pour  le  puddlage  du  fer  et  de  lacier  {Ibid,,  ibid.);  7<*  et  S*'  En  1867  : 

a.  Spineux,  Sur  les  distributions  de  la  vapeur  (sous  presse  chez  J.  Baudry,  éditeur;  ; 

b,  Léon  Jacques,  Sur  le  gisement  des  houilles  grasses  du  bassin  de  Liège  {R,  univ.^  t.  XXII; 
Ann.f  [.  IX)  ;  9°  En  1868  :  F.  Franquoy,  Sur  le  gisement  des  minerais  de  fer  de  la  province 
do  Liège  [R.  uuiv.,  t.  XXV  et  XVI;  Ann.^  l.  X).  —  L'Association  se  composait,  en  1868,  de 
1 19  membres  {L'Annuaire  mentionne  en  outre,  à  cette  époque,  deux  membres  décédés]  ;  au 
commencement  de  1869,  ce  nombre  s'élevait  à  454.  —  Le  Conseil  d'administration  était 
composé  comme  suit  en  1851  :  Présidents  honoraires,  MM.  Ad.  De  Vaux  et  D.  Arnould  ; 
membres  honoraires^  MM.  Lesoinne,  André  Dumont  et  Chandelon  ;  membres  effectifs  :  MM. 
Trasenslcr.  pr^.«/(/cnt  ;  Gilon,  i'/c(;-/irés/(/enr;  Dupont,  secrétaire;  Letoret,  L.  Renard,  L. 
Goret,  C.  Dumont,  administrateurs  ;  Stouls,  trésorier.  Le  Conseil  de  discipline  était  formé 
de  MM.  Letoret,  Trasenster,  Gendebien,  Gilon  et  Sroits.  —  En  1869,  les  membres  hono- 
raires sont  :  MM.  Chandelon,  de  Cuyper,  de  Koninck,  Gernaert,  Rucloux  et  Jocharos;  les 
membres  effectifs  du  Conseil  d'administration  sont  :  MM.  Trasenster,  président;  Ch.  Lam- 
bert, vice-président  ;  R.  Malherbe,  trésorier;  P.  Paquot,  L.  Taskin,  Jules  Ziane,  Ed.  Des- 
pret,  J.  Lclorel,  Ad.  Lrban  et  Halbrccq,  administrateurs  ;  Oscar  Rongé,  secrétaire  et  direc- 
teur du  Bulletin.  Le  Conseil  de  discipline  se  compose  de  MM.  G.  Dumont,  Trasenster, 
Letoret,  Jos.  Descamps  et  Ad.  de  Vaux.  —  Les  Comités  scientifiques  sont  au  nombre  de 
quatre,  à  Liège,  à  Charleroi,  à  Mons  et  à  Bruxelles.  Ils  ont  pour  présidents  respectifs,  MM. 
R.  Paquot,  Ch.  Lambert,  H  de  Simony  et  ffancart-Orlmans. 


INTRODUCnON.  LXIX 

d'ailleurs  à  l'essence  des  études  libérales  que  ceux  qui  s'y  livrent 
soient  enrégimentés  d'une  manière  quelconque,  et  la  régularité  des 
interrogations  n'est  guère  de  mise,  au  degré  supérieur  de  l'ensei- 
gnement, que  dans  le  domaine  des  sciences  tout  à  fait  positives. 
Cependant  il  est  permis  de  recommander  un  terme  moyen.  Quelques 
professeurs  ont  obtenu  d'excellents  résultats  en  ouvrant  de  temps  en 
temps  des  conférences,  où  les  élèves  traitent  tour  h  tour  soit  des 
sujets  de  leur  choix,  sur  les  matières  do  cours,  soit  des  questions  qui 
leur  ont  été  posées  d'avance  et  sur  lesquelles  s'engage,  au  besoin, 
une  discussion  générale.  C'est  là  une  excellente  mesure,  mais  une 
simple  affaire  de  méthode,  sans  influence  sur  les  rapports  des  étu- 
diants entre  eux. 

Il  serait  à  coup  sûr  très-avantageux  de  resserrer  leurs  liens  et  de 
les  rapprocher  de  leurs  professeurs  ;  seulement,  il  faut  se  garder  de 
peser  sur  eux,  ou  même  d'avoir  l'air  de  le  faire.  Il  n'est  pas  moins 
dangereux  de  les  abandonner  tout  à  fait  à  leurs  enthousiasmes  irré- 
fléchis. Leur  nature  généreuse  et  expansive  leur  fait  un  besoin  de  se 
voir  et  de  s'entendre  :  les  plus  entreprenants  proposent  la  création 
d'une  société  dont  le  but  sera  littéraire  et  scientifique  ;  on  s'assemble, 
on  réglemente,  tout  marche  admirablement  pendant  quelques  mois; 
puis  la  discorde  s'introduit  au  camp  d'Agramant;  les  orages  des 
débats  font  oublier  la  fin  qu'on  s'était  proposée  ;  la  société  devient 
un  club  où  l'on  va  s'exalter  et  voter  la  régénération  de  l'espèce  humaine, 
ou  perdre  tout  bonnement  son  temps,  sous  prétexte  de  se  reposer  de 
fatigues  qu'on  n'a  point  subies.  Enfin  tout  s'évanouit  :  les  esprits 
sérieux  se  remettent  au  travail,  les  autres  vont  s'amuser  ailleurs  ; 
tous  quittent  finalement  l'Université  et  se  perdent  de  vue  ;  à  peine 
reste-il  un  souvenir  des  bruyantes  soirées  où  l'on  renouvelait  vingt 
fois  des  serments  de  fraternité. 

Dans  toutes  les  Universités  de  l'Europe  ces  choses  se  sont  passées  : 
il  faut  être  indulgent  pour  ces  associations  éphémères,  et  peut-être 
faut-il  voir  un  avertissement  dans  leur  renaissance  périodique.  Peut- 
être,  à  côté  de  ces  réunions  libres  et  dans  lesquelles  on  doit  bien  se 
garder  de  s'immiscer,  serait-il  éminemment  avantageux  d'instituer, 
dans  nos  Universités  de  l'Etat,  quelque  chose  d'analogue  à  la  Société 
littéraire  de  l'Université  de  Louvain,  à  laquelle  restent  afiiliés  les 
anciens  élèves.  Il  existe  aussi,  sous  une  autre  forme  et  dans  d'autres 
conditions,  une  solidarité  entre  les  professeurs  et  les  anciens  élèves 


LXX  INTRODt'CTlOS. 

de  Bruxelles.  Des  séances  consacrées  à  des  lectures,  des  concours, 
des  discussions  scientifiques,  il  ne  serait  pas  au-dessous  de  la  dignité 
proressorale  d'organiser  tout  cela  et  d*y  imprimer  un  caractère 
sérieux.  On  publierait  régulièrement  un  Aumuàre  ou  des  Mémoires; 
on  resterait  en  rapport  avec  l'Université  après  avoir  quitté  ses  bancs; 
on  y  reviendrait  de  temps  en  temps,  aux  assemblées  générales,  pour 
retremper  les  vieilles  amitiés  et  en  former  de  nouvelles  ;  en  attendant, 
on  aurait  vécu  dans  une  atmosphère  studieuse,  et  bien  des  jeunes 
gens  qui  ne  travaillent  aujourd'hui  que  pour  les  examens  acquerraient, 
d'abord  parce  que  leur  amour-propre  serait  stimulé,  ensuite  parce 
qu'il  suffît  le  plus  souvent  d'essayer  ses  forces  pour  devenir  désireux 
de  les  déployer  tout  entières,  le  goût  du  travail  pour  la  science,  qui  est 
le  plus  doux  de  tous  les  fruits  malgré  l'amertume  de  son  écorce. 

Une  institution  semblable  nous  animerait  d'une  vigueur  nouvelle 
et  remplacerait  avec  avantage  le  Concours  universitaire,  qui,  dans  les 
conditions  oii  il  est  établi,  n'a  obtenu  qu'une  assez  mince  popularité 
parmi  les  étudiants  ('). 

Hàtons-nous  d'ajouter  que  le  zèle  individuel,  au  service  de  talents 
supérieurs,  a  plus  ou  moins  compensé  l'absence  d'une  institution  que 
nous  ne  cesserons  jamais  de  considérer  comme  un  important  deside- 
ratum. Un  Dumont  se  rencontre-t-il,  son  influence  familière  prend 
les  proportions  d'une  royauté  scientifique  :  comme  la  nuée  du  désert, 
sa  trace  lumineuse  guide  la  foule  des  chercheurs  vers  la  terre  pro- 
mise. Un  Dupret  ne  forme  pas  seulement  des  avocats,  mais  des  juris- 
consultes. Des  herborisations  de  Ch.  Morren,  on  revenait  passionné 
pour  la  botanique.  Tandel,  avec  sa  gravité  modeste,  a  fait  vibrer  dans 
bien  des  âmes  des  cordes  jusque  là  muettes  ;  le  nom  de  Brasseur 
vivra  non  seulement  dans  la  science,  mais  dans  les  annales  de  l'en- 
seignement, parce  que  son  enseignement  était  comme  une  révélation. 
Nous  nous  arrêtons,  de  peur  de  parler  des  vivants...  Mais,  avec  de 
telles  ressources,  à  quels  progrès  ne  pourrait-on  pas  prétendre  si, 
grâce  à  la  mise  en  commun  et  en  lumière  de  tous  les  efforts,  on  en 
venait  à  se  connaître  de  plus  près  et  à  s'organiser  véritablement, 
nous  tenons  à  ce  mot,  en  corps  scientifique  !  On  s'élèverait  graduelle- 
ment aux  hauteurs  de  la  science  comparée,  la  seule  qui,  dans  un 


(  i)  V.  ci-après,  dernière  partie,  p.  xx  et  suiv.  —  £o  gomme,  la  dicentralinuion  da  con- 
cours constituerait  déjà  par  elle-même  un  grand  progrès. 


UXTRODICTION.  LXXI 

avenir  dont  on  entrevoit  déjà  Taube,  méritera  définitivement  le  nom 
de  science.  Malgré  tous  les  obstacles,  malgré  les  jurys,  malgré  les 
systèmes  de  tâtonnements,  nous  pourrions  enfin  remplir  notre  rôle 
d'Université,  universitas  scientiarum. 

Il  règne  dans  le  public,  en  ce  temps  d'utilitarisme,  des  idées  assez 
fausses  sur  la  nature  des  Universités.  Elles  ne  sont  ni  de  simples 
écoles,  ni  des  Compagnies  savantes  au  sens  des  Académies.  Elles 
participent  de  la  nature  des  premières,  puisqu'elles  enseignent;  de  la 
nature  des  secondes,  en  ce  qu'elles  doivent  cultiver  et  honorer  la 
science  pour  elle-même,  et  non  pas  seulement  à  cause  des  avantages 
matériels  qu'elle  procure.  A  la  différence  des  écoles  dites  spéciales, 
elles  ne  se  contentent  pas  de  Trayer  la  voie  aux  jeunes  gens  qui  se 
proposent  d'aborder  telle  ou  telle  carrière  ;  leur  enseignement  doit 
avoir  une  portée  philosophique  et  sociale;  elles  sont  tenues  d'ap- 
prendre à  leurs  élèves  à  penser  et  à  travailler  pour  leur  propre 
satisfaction  et  en  vue  du  perfectionnement  de  leurs  semblables;  enfin, 
elles  ont  mission  de  former  de  bons  citoyens  :  sous  tous  ces  rapports, 
elles  ont  à  remplir  une  tâche  éducative.  Sur  le  terrain  de  la  science 
pure,  d'autre  part,  elles  se  proposent  une  (in  analogue  h  celle  des 
Académies;  mais  leur  faconde  procéder  est  toute  différente.  Que 
sont  les  Académies  ?  Des  réunions  de  savants  et  de  gens  de  lettres, 
groupés  dans  le  but  de  se  communiquer  réciproquement  leurs  décou- 
vertes, de  juger  des  concours  ouverts  sur  des  sujets  imposés,  d'en- 
courager les  travaux  isolés  de  quelques  néophytes.  Elles  ont  des 
couronnes  pour  le  talent  ;  elles  ont  un  champ  clos  pour  les  luttes 
courtoises  que  se  livrent,  au  profit  de  tout  le  monde,  les  chercheurs 
de  la  vérité.  Cependant,  par  la  force  des  choses,  l'arène  est  assez  peu 
fréquentée  ;  le  sanctuaire  de  l'érudition  est  réservé  aux  seuls  initiés  ; 
la  publicité  des  Mémoires  est  plus  officielle  que  réelle;  le  choix  des 
questions  à  traiter  tient  ordinairement  aux  prédilections  de  quelque 
spécialiste;  l'universalité  des  recherches,  l'esprit  de  suite,  sont  pour 
ainsi  dire  impossibles.  L'utilité,  l'importance  des  A<^adémies  ne  sau- 
raient être  révoquées  en  doute  ;  il  faudrait  les  créer  si  elles  n'existaient 
pas;  les  objections  de  leurs  détracteurs  nous  touchent  peu.  Mais  les 
Universités  sont  appelées  à  coopérer  d'une  manière  plus  efficace  ou 
du  moins  plus  directe  au  développement  intellectuel  des  populations. 
Elles  n'ont  pas  seulement  pour  mandat  de  dogmatiser  et  d'exiger  de 
leurs  élèves  qu'ils  satisfassent  à  un  programme  :  elles  manqueraient 


LXXII  INTRODUCTION. 

à  leurs  devoirs  si  elles  ne  cherchaient  pas,  elles  aussi,  à  faire  avancer 
la  science.  Leurs  moyens  d'action  résultent  de  leur  constitution 
même.  Ce  serait  se  méprendre  du  tout  au  tout  que  de  les  considérer 
seulement  comme  des  êtres  collectifs  :  elles  sont  par  essence  de  véri- 
tables personnes  morales,  ayant  leur  individualité  propre,  leur  unité 
irréductible:  n*en  est-il  pas  ainsi,  Non  ragùmianidilar,..  Une  Université 
digne  de  ce  nom  constitue  un  tout  organique,  dont  chaque  organe, 
en  remplissant  à  sa  manière  les  Tonctions  qui  lui  sont  assignées,  con- 
court à  entretenir  la  vie  de  Tensemble  et  à  réaliser  une  fin  unique. 
Elle  représente  l'arbre  entier  du  savoir  humain,  dont  les  branches 
s'atrophient  quand  la  sève  qui  monte  du  tronc  ne  circule  plus  dans 
leurs  canaux.  La  sève,  c'est  ici  l'esprit  philosophique,  l'esprit  de  syn- 
thèse, qui  conduit  à  cette  science  comparée  dont  nous  parlions  tout 
à  l'heure.  Que  le  physicien,  le  chimiste,  le  physiologiste  poursuivent 
isolément  le  cours  de  leurs  expériences,  sans  s'inquiéter  de  faire  tort 
ou  non  aux  théories  reçues  :  nous  l'entendons  bien  ainsi.  Mais  qu'ils 
se  gardent  de  prétendre  qu'eux  seuls  possèdent  tous  les  éléments  des 
problèmes  de  la  nature  ou  de  l'esprit  :  c'est  ce  que  nous  exigeons 
également.  L'enseignement  universitaire  est  organisé  de  manière  à 
faire  ressortir  la  dépendance  mutuelle  des  sciences,  tout  en  assurant 
à  chacune  liberté  pleine  et  entière  dans  sa  sphère  d'activité.  Que  les 
Universités  modernes  se  rendent  bien  compte  de  cela,  elles  travail- 
leront plus  sûrement  que  les  Académies  à  répandre  le  véritable 
esprit  scientifique.  Avant  tout  elles  disciplineront  les  intelligences; 
elles  renouvelleront  l'apostolat  de  Socrate.  Les  Académies  constatent 
des  résultats;  les  Universités  sont  instituées  pour  rendre  ces  résul- 
tats possibles  et  pour  en  assurer  le  retour  de  plus  en  plus  régulier. 
Or,  pour  cela,  elles  sont  en  mesure  d'opérer  sur  la  plus  large  échelle 
et  de  stimuler  à  la  fois  toutes  les  capacités,  puisque  leur  caractère 
propre  est  d'être  des  encyclopédies  vivantes  et  parlantes.  Tel  est  l'idéal 
qu'ont  poursuivi  avec  une  constante  énergie  les  Universités  alle- 
mandes, par  exemple  ;  et  c'est  ce  même  idéal  qui  a  présidé  en  1817, 
sans  contredit,  à  la  première  constitution  des  Universités  belges.  Les 
questions  politiques  l'ont  fait  perdre  de  vue  :  mais  à  nous  prendre 
chacun  isolément,  qui  parmi  nous  a  renoncé  à  lui  vouer  un  culte 
secret?  Nous  ne  demandons  qu'une  chose  :  c*est  de  pouvoir,  sous 
notre  responsabilité  exclusive,  travailler  à  sa  réalisation  et  répondre 
ainsi,  dans  des  conditions  normales,  à  la  légitime  attente  du  gouver- 
nement et  du  pays. 


INTRODUCTION.  LXXIII 


VI. 


Il  y  aurait  injustice  à  ne  pas  reconnaître  qu*on  a  fait  tout  ce  qu'il 
était  possible  de  faire  pour  tirer  bon  parti  de  la  situation.  Une  excel- 
lente mesure  prise  en  1849,  par  exemple,  c'est  la  création  de  l'examen 
d'élève  tmiversitairey  remplacé  depuis,  après  une  suppression  de  quel- 
ques années,  par  l'épreuve  de  gradué  en  lettres.  L'institution  du  jury 
offre  moins  d'inconvénients  pour  les  élèves  sortant  de  rhétorique  que 
pour  ceux  qui  ont  décidément  abordé  les  hautes  études  ;  dans  tous 
les  cas,  on  a  fait  preuve  de  sagesse  en  donnant  un  avertissement  aux 
familles  trop  aisément  tentées,  de  nos  jours,  d'engager  leurs  enfants 
dans  les  carrières  libérales,  alors  qu'ils  ne  pourraient  qu'y  végéter,  en 
supposant  qu'ils  parvinssent  à  terminer  leurs  études.  On  a  vu  aussi 
un  danger  social  dans  l'encombrement  de  ces  carrières  ;  on  s'est  dit 
que  la  seule,  ressource  des  avocats  sans  clientèle  était  de  se  joindre 
quand  même  aux  mécontents,  dans  un  pays  de  liberté  où  cette  attitude, 
à  elle  seule,  peut  être  un  moyen  d'acquérir  du  relief.  Ce  sont  les 
mêmes  vues  qui  ont  déterminé  en  18B0  l'institution  des  écoles  moyennes^ 
établissements  tout  pratiques  destinés  à  la  classe  qu'on  est  convenu 
d'appeler  la  petite  bourgeoisie.  Soumettre  k  un  même  programme 
d'études  tous  les  élèves  pour  lesquels  Tinstruction  primaire  n'est  pas 
suffisante,  c'estexposerceux  qui  doivent,  le  plus  tôt  possible,  racheter 
les  sacrifices  de  leurs  parents,  à  n'aborder  la  vie  pratique  qu'avec  des 
connaissances  incomplètes  dont  ils  ne  sauront  que  faire;  c'est  aussi 
induire  en  erreur  ceux  qui,  séduits  par  des  succès  de  collège,  se 
trompent  sur  leur  vocation  et  sont  aisément  disposés  h  rougir  de  la 
condition  où  ils  sont  nés.  Offrir  à  chaque  catégorie  de  jeunes  gens  le 
genre  d'éducation  qui  lui  convient,  arrêter  au  seuil  de  l'Université 
ceux  qui  ne  le  franchiraient  qu'au  détriment  de  la  société  et  d'eux- 
mêmest,  rien  ne  pouvait  être  plus  opportun  et  plus  prudent.  La  loi  de 
1849  sur  l'enseignement  supérieur  et  la  loi  de  1880  sur  l'enseignement 
moyen,  ne  fOit-ce  qu'à  cet  égard,  doivent  être  accueillies  comme  de 
véritables  bienfaits. 

L'enseignement  supérieur  n'a  point  tardé  à  se  ressentir  de  leur 
influence,  notamment  les  Facultés  de  philosophie.  Gomme  il  est  con- 
venu qu'il  n'y  a  plus  (Cenfants^  on  avait  vu  sur  nos  bancs  des  phénix 


LXXl  V  INTRODUCTION . 

sortant  de  troisième  ou  de  quatrième  :  fort  heureusement  la  loi  n*a 
point  eu  égard  à  leur  précocité,  et  les  professeurs  ne  se  sont  pas 
plaints  de  n*avoir  plus  pour  auditeurs  que  des  rhétoriciens  éprouvés. 

Cependant,  comme  le  bienfait  d*une  réforme  ne  se  fait  pas  immé- 
diatement sentir,  il  est  arrivé  qu'en  1849,  sous  l'impression  des  der- 
niers résultats  fournis  par  le  jury  central,  on  s*est  tout  d*un  coup  jeté 
dans  un  courant  d'idées  justes  en  elles-mêmes,  mais  paradoxales 
quand  on  s'y  abandonne  sans  réserve.  Les  programmes  des  examens 
étaient  surchargés;  en  les  simplifiant  outre  mesure,  on  a  perdu  de 
vue  que  les  sciences  isolées  brûlent  et  dessèchent  l'esprit  (*).  Il  est 
de  fait  que  les  élèves  ne  connaissent  pas  mieux  le  droit  positif  depuis 
qu'ils  négligent  le  droit  naturel,  et  que  leur  quasi-nullité  en  histoire 
ne  les  rend  pas  plus  forts  en  philosophie.  Ils  possèdent  mieux  leur 
exameti,  peut-être;  mais  l'organisme  des  sciences  n'existe  point  pour 
eux  ;  ils  vont  droit  au  but  immédiat  sans  s'élever,  par  la  comparaison, 
à  un  point  de  vue  philosophique,  et  l'étude  des  sciences  morales 
elles-mêmes,  réduite  à  sa  plus  simple  expression,  n'éveille  pas  en 
eux  des  méditations  fécondes. 

Le  programme  condensé  auquel  ils  ont  à  satisfaire,  en  revanche, 
ils  doivent  le  posséder  tout  entier  tel  qu'il  a  été  enseigné,  parce  que, 
dans  le  système  du  jury  combiné,  c'est  h  leurs  professeurs  qu'ils  ont 
à  répondre.  Une  conséquence  inévitable  delà  loi  nouvelle  a  donc  été 
Vinscription  globale.  On  peut  défendre  cette  dernière  mesure  au  nom 
d'un  intérêt  disciplinaire;  en  elle-même,  elle  n'est  propre  à  stimuler 
ni  les  professeurs  ni  les  élèves.  Elle  rapetisse  l'enseignement  supé- 
rieur; elle  transforme  les  Universités  en  fabriques  de  diplômes. 

Pour  ne  pas  emprisonner  tout-à-fait  la  jeunesse  dans  un  cercle  de 
Popilius,  on  a  institué  des  cours  libres,  sur  des  matières  non  portées 
au  programme.  Quelques  cours  ont  réussi  comme  ils  méritaient  de 
réussir;  mais  il  n'y  a  guère  à  compter,  l'expérience  l'a  prouvé,  sur 
un  zèle  durable  de  la  part  des  auditeurs.  Le  fantôme  du  jury  suit 
partout  l'étudiant,  qui  en  vient  presque  à  se  reprocher  d'avoir  meublé 
son  esprit  d'autre  chose  que  de  ce  qu'il  doit  savoir. 

Qu'arrive-t-il  alors?  Que  les  jeunes  docteurs  qui  brûlaient  du 
désir  de  faire  preuve  de  talent,  pour  conquérir  tôt  ou  tard  une  chaire 
académique,  finissent  par  changer  de  mobile,  et  que  le  recrutement 

(<)  Expression  du  P.  Gratry. 


INTRODUCTION.  LXXV 

du  corps  professoral  n*estpas  moins  difficile  qu'autrefois.  Ce  ne  sont 
point  des  critiques  que  nous  voulons  formuler  :  mais  il  nous  paraît  utile 
de  profiter  de  l'occasion  qui  se  présente  à  nous,  pour  insister  sur 
importance  des  questions  qui  sont  encore  à  résoudre. 

Malgré  les  entraves  au  progrès,  résultant  de  pe  que  le  titre  III  de  la 
loi  qui  nous  régit  n'a  pas  encore  reçu  sa  rédaction  définitive,  ce  serait 
une  erreur  de  s'imaginer  que  nous  roulons  le  rocher  de  Sisyphe.  Ce 
n'est  pas  seulement  à  raison  du  chifiVe  de  sa  population  qu'on  peut 
dire  de  notre  Université  qu'elle  a  suivi,  depuis  un  quart  de  siècle,  une 
marche  ascendante.  L'arrêté  du  3  novembre  1847,  prescrivant  l'insti- 
tution de  cours  normaux  pour  les  humanités,  n'a  fait  qu'aller  au 
devant  des  vœux  de  la  Faculté  de  philosophie,  Adèle  à  ses  traditions. 
Ce  sont  encore  ses  professeurs  qui  entretiennent  le  feu  sacré  à 
l'Ecole  normale,  en  même  temps  que  le  doctorat  en  philosophie  et 
lettres,  si  rarement  ambitionné  autrefois,  est  régulièrement  sollicité, 
depuis  vingt  ans,  même  par  des  jeunes  gens  qui  ne  se  destinent  pas 
à  l'enseignement.  Les  diplômes  de  docteur  en  sciences  naturelles  et 
en  sciences  physiques  et  mathématiques  sont  aussi  beaucoup  plus 
nombreux  qu'autrefois  :  c'est  un  autre  fait  significatif.  Le  cours 
facultatif  de  droit  international  compte  un  noyau  d'auditeurs  assidus; 
le  diplôme  de  docteur  en  sciences  politiques  et  administratives  a 
cessé  d'être  une  rareté.  En  médecine,  non  seulement  le  doctorat 
spécial  (*)est  en  vogue,  mais  à  peine  diplômés,  nos  jeunes  praticiens 
apportent  leur  contingent  aux  publications  académiques  et  se  consti- 
tuent en  société  (*)  pour  s'entretenir  dans  l'habitude  du  travail 
scientifique  et  se  communiquer  leurs  observations.  La  Faculté  des 
sciences  a  fondé  la  Société  royale ,  dont  les  Mémoires  sont  estimés 
dans  les  deux  mondes.  Les  Ecoles  spéciales  ont  la  Revue  universelle 
et  les  Bulletins  de  l'Association  des  ingénieurs.  Les  premiers  succès 
des  laboratoires  de  recherches  (')  sont  du  meilleur  augure; les  études 
physiologiques  sont  plus  encore  l'objet  d'un  zèle  désintéressé.  Il  ne 
nous  manque,  en  physique  et  en  chimie  surtout,  que  des  ressources 
matérielles  moins  limitées,  pour  prendre  insensiblement  place  à  côté 
des  Universités  d'Outre-Rhin,  où  il  est  possible,  jusque  dans  les 
plus  petites  villes,  d'atteindre  des  résultats  d'une  immense  portée. 

(  V  V'  dernière  partie,  p.  xxix. 

(*  )  La  Société  medico-chirurgicale  de  Liège, 

(')  V.  ci  après,  col.  i047  et  ii9i. 


LXXVI  INTRODUCTION. 

Ici  comme  ailleurs,  le  nombre  des  sujets  d'élite  sur  lesquels  on 
peut  compter  pour  Favancement  des  sciences  est  évidemment  res- 
treint; il  a  été  jusqu'ici,  il  est  encore  tel  cependant,  que  le  moment 
approche  sans  doute  où  ils  n'auront  plus  à  compter  exclusivement, 
pour  trouver  les  moyens  de  perfectionner  leurs  études,  sur  les  Uni- 
versités étrangères. 

Si  nous  considérons  en  général  le  mouvement  de  la  population  uni- 
versitaire, nous  trouverons  qu'elle  s'est  accrue  depuis  4884  dans  des 
proportions  qui  ont  dépassé  toute  prévision.  Ge  n'est  pas  un  Tait  isolé  : 
les  quatre  Universités  belges  ont  pu  constater  la  même  chose;  mais 
chez  nous,  à  coup  sur,  cette  progression  a  étéparticuliërement  rapide. 
En  décomposant  les  chiffres,  on  remarque  que  ce  sont  surtout  nos 
Ecoles  spéciales  qui  ont  acquis  une  vogue  inouie  dans  le  pays; 
une  telle  vogue,  que  l'Université  de  Louvain,  s'inclinant  devant  les 
tendances  du  siècle,  a  pris  à  son  tour  la  résolution  de  fonder  une 
Ecole  des  mines.  Nous  n*a\ons  pas,  jusqu'ici,  beaucoup  souffert  de 
la  réalisation  de  son  projet  ;  nous  en  souffririons,  que  nous  ne  nous 
en  plaindrions  pas.  On  doit  ici  se  placer  h  un  point  de  vue  élevé  : 
nous  n'avons  pas  un  intérêt  d'entreprise  ;  l'abondance  des  moyens 
d'instruction  ne  saurait  nous  offusquer,  et  la  concurrence  est  avanta- 
geuse pour  tout  le  monde.  Mais  ceci  à  part,  une  telle  extension 
donnée  à  l'enseignement  industriel  est-elle  aussi  opportune  aujour- 
d'hui qu'elle  l'était  il  y  a  trente  ans?  Alors, il  s'agissait  de  pourvoir  nos 
usines  de  directeurs  capables;  aujourd'hui,  elles  n'en  manquent  pas, 
et  les  jeunes  ingénieurs,  même  les  plus  méritants,  ne  trouvent  pas 
toujours  immédiatement  à  utiliser  leurs  talents,  même  à  l'étranger  ('), 
au  sortir  des  Ecoles.  Il  est  h  craindre  (ou  plutôt  c'est  déjà  un  fait)  que 
cette  carrière  ne  s'encombre  comme  d'autres  se  sont  encombrées,  et 
dans  l'intérêt  général,  il  ne  parait  pas  désirable  qu'on  y  pousse  trop 
exclusivement  la  jeunesse. 

La  réaction  s'est  du  reste  opérée  d'elle-même  :  ce  n'est  pas  l'in- 
fluence de  l'Ecole  naissante  de  Louvain  ;  ce  ne  sont  pas  les  besoins 
de  l'armée,  qui  en  1868,  nous  a  enlevé  une  trentaine  d'élèves,  entrés 
dans  le  génie  ou  dans  l'artillerie  avec  des  avantages  particuliers  ;  ce 
ne  sont  pas  ces  causes  ou  quelques  autres  très-accessoires  qui  ont 
diminué ,  dans  ces  derniers  temps,  l'empressement  des  étudiants  à 

[i)  Sans  compter  que  les  pays  étrangers  où  riodustrie  a  pris  du  développement  commen- 
cent à  être  pourvus  de  bons  ingénieurs  sortis  de  nos  Écoles. 


INTRODUCTION.  LXXVII 

s'engager  dans  la  haute  industrie  :  le  fait  est  qu'ils  ont  aujourd'hui 
plus  de  chances  de  se  Trayer  un  chemin  dans  le  barreau,  dans  la 
magistrature  ou  dans  d'autres  carrières  autrefois  trop  courues,  puis 
momentanément  délaissées.  La  loi  sur  Téméritat  des  magistrats, 
enlr'autres,  y  est  certainement  pour  quelque  chose.  Nous  subissons 
ainsi  le  contre-coup  des  revirements  sociaux;  hâtons-nous  d'ajouter 
que  ces  oscillations  sont  on  ne  peut  plus  avantageuses  à  la  civilisation 
elle-même.  La  jeunesse  n'est  pas  seulement  guidée  ici  par  un  intérêt 
immédiat,  mais  par  un  noble  instinct  dont  elle  a  peut-être  à  peine 
conscience.  Elle  recommence  à  songer,  en  un  mot,  aux  choses  de 
Tespril. 

Nos  Ecoles  spéciales  restent  aussi  florissantes  qu'il  est  souhaitable 
qu'elles  le  soient  ;  mais,  au  rebours  de  ce  qui  s'est  passé  sous  la  loi 
de  1835,  nos  Facultés  se  repeuplent  graduellement.  On  ne  peut  que 
se  féliciter  à  tous  égards  de  ce  résultat,  qui  rétablira  un  équilibre 
nécessaire  au  progrès  normal  de  nos  populations. 

La  prospérité  de  l'Université  de  Liège  est  due  avant  tout  à  la  soli- 
dité de  son  enseignement  :  pourquoi  ne  le  dirions-nous  pas?  Mais  elle 
est  due  aussi,  répétons-le  encore,  à  son  esprit  de  modération  et  à  sa 
répugnance  pour  les  aventures  scientifiques  aussi  bien  que  pour  les 
préjugés  d'école.  Comme  par  un  ac<*'Ord  tacite,  ses  professeurs  se 
tiennent  en  garde  contre  toutes  les  exaltations  malsaines  et  contre 
tous  les  fônatismes;  chacun  enseigne  comme  il  l'entend ,  mais  tous 
se  rallient  autour  de  notre  pacte  constitutionnel,  dont  l'esprit  les 
a  profondément  pénétrés. 

C'est  incontestablement  à  cette  altitude,  à  cette  alliance  des  idées  de 
liberté  et  d'ordre  dont  ils  ont  fait,  par  instinct  ou  avec  conscience,  le 
but  éloigné  de  leur  apostolat,  que  sont  dues  en  grande  partie  les  dis- 
positions de  notre  jeunesse,  dont  le  bon  sens  s'est  révélé  jusque  dans 
ses  égarements  passa;{ers.  Mais  ces  dispositions  sont  dues  aussi  à 
l'influence  du  milieu  liégeois,  oii  l'attachement  aux  institutions  natio- 
nales repose  sur  l'indépendance  même  des  caractères.  Ainsi  s'ex- 
plique l'élan  spontané,  irrésistible,  l'enivrement  d'enthousiasme  des 
étudiants,  lors  de  la  dern!ère  visite  à  Liège  du  fondateur  de  notre 
dynastie.  Comme  leurs  aînés,  ils  voyaient  en  Léopold  I  le  gardien  de 
toutes  les  libertés  publiques  et  pour  ainsi  dire  la  personnification 
de  la  patrie  elle-même. 
Ainsi  s'explique  égaloment  la  confiance  accordée  à  l'Université  de 


LXXVIII  INTBODLCTION. 

Liège  dans  quelques  pays  lointains  ,  dont  les  enfants   viennent 
apprendre  chez  nous  comment  on  devient  digne  d'être  libre. 

Nos  prédécesseurs  nous  ont  assigné  nos  devoirs;  ils  nous  ont 
montré  la  bonne  voie.  Pour  y  rester,  nous  n'avons  qu'à  suivre  leurs 
traces  et  à  prendre  soin  de  conserver  de  l'huile  dans  notre  lampe. 


L'auteur  dépose  enfin  la  plume.  Il  a  grand  besoin  d'indulgence  :  ce 
livre  a  été  écrit  au  milieu  d'occupations  multiples,  et  il  a  fallu  de  longues 
et  pénibles  recherches  pour  en  rassembler  les  éléments  (').  On  est 
venu  de  toutes  parts  au  devant  de  nous  ;  nous  avons  contracté  de 
nombreuses  dettes  de  reconnaissance;  qu'on  nous  tienne  du  moins 
compte  de  notre  zèle  à  les  acquitter. 

Qu'on  nous  pardonne  aussi  la  franchise  avec  laquelle  nous  avons 
exprimé  notre  opinion  sur  des  questions  actuellement  pendantes  : 
nous  avons  cru  pouvoir  parler  sans  réticence,  parce  que  notre  res- 
ponsabilité personnelle  était  seule  engagée.  En  nous  honorant  d'une 
mission,  on  n'a  point  entendu  enchaîner  notre  liberté  de  conscience 
et  d'appréciation  :  c'est  pour  l'Université,  ce  n'est  pas  au  nom  de 
l'Université  que  ces  pages  ont  été  écrites. 

Rendre  hommage  aux  anciens  maîtres,  tel  était  notre  premier, 
mais  non  pas  notre  seul  devoir  :  l'essentiel  était  bien  plutôt  de  dres- 
ser une  sorte  de  statistique  intellectuelle  de  nos  quatre  Facultés.  En 
mettant  la  main  à  Toeuvre,  nous  avons  aussitôt  reconnu  que  le  but 
serait  imparfaitement  atteint  si,  par  un  scrupule  de  délicatesse,  nous 
nous  contentions  de  rappeler  les  services  des  collègues  que  la  mort 


(  ')  Les  renseignements  bibliographiques  ont  été  très-difficiles  à  recueillir  pour  ccriaines 
notices.  Nous  nous  empressons  de  rappeler  à  Tattention  de  qui  de  droit  un  vœu  exprimé 
par  M.  Ul.  Capitaine  dans  son  Nécrologe  liégeois,  art.  Fuss  (4860)  :  <  La  biiiolhèque  de 
l'Université  de  Liège,  fait  remarquer  ce  publiciste,  ne  possède  qu'une  faible  partie  des 
travaux  de  Fuss  ;  celte  observation  s'applique  aux  œuvres  de  plusieurs  membres  du  corps 
enseignant,  notamment  à  ceux  qui  ont  professé  sous  le  gouvernement  des  Pays-Bas,  et 
dans  les  premières  années  de  notre  réorganisation  politique.  Ne  pourrait-on  former,  dans 
ce  vaste  dépôt,  une  collection  académique  spéciale,  dans  laquelle  on  réunirait  indistincte- 
ment toutes  les  productions  littéraires  ou  scientifiques  émanées  de  l'Université  et  de  l'Ecole 
des  mines?  Chacun,  nous  n'en  doutons  pas,  s'empresserait  d'enrichir  celte  collection,  qui 
résumerait  l'histoire  intellectuelle  d'un  établissement  qui  fait  honneur  à  la  Belgique.  • 


INTRODUCTION.  LXXIX 

nous  a  enlevés.  Plusieurs  de  leurs  collaborateurs  sont  encore  debout, 
et,  plaise  à  Dieu,  resteront  longtemps  encore  nos  doyens  d'âge.  Les 
passer  sous  silence,  c'eût  été  tronquer  notre  sujet,  c'eût  été  rompre 
arbitrairement  la  chaîne  des  traditions.  Enfin,  en  nous  abstenant  de 
parler  des  derniers  venus,  nous  nous  serions  condamné  à  ne  point 
établir  le  bilan  de  l'Université  nouvelle,  ce  qui  n'était  point  assuré- 
ment dans  la  pensée  du  Conseil  académique.  Nous  avons  donc  osé 
entreprendre  le  dénombrement  général  de  nos  forces,  nous  imposant 
la  plus  grande  réserve,  bien  entendu,  quant  aux  personnes  vivantes, 
et  n'émettant  des^ippréciations  que  sur  leurs  prédécesseurs. 

Un  grand  nombre  de  renseignements  dont  les  historiens  des  sciences 
apprécieront  la  valeur  sont  ici  rassemblés  pour  la  première  Tois. 
C'est  le  seul  mérite  de  ces  recherches,  oii  nous  avons  surtout  visé  à 
l'exactitude.  —  Quant  au  sentiment  qui  nous  a  dominé,  il  est  tout 
entier  dans  cette  parole  du  poète  : 

Et  plus  est  patrise  facla  referre  labor. 


Alphonse  LE  ROY. 


Liège,  le  6  octobre  1869. 


I 


ADMINISTRATEURS 


isvmu^w  (Jean-Joseph),  naquit  ù 
Nanuir  le  2  janvier  4773,  et  mourut  ft 
Bruxelles  le  1i  avril  4845.  11  fit  d'ei- 
cellentes  études  humanitaires  et  sortit 
du  colléfe  bien  pourvu  de  latin,  môme 
de  grec.  11  prit  ses  grades  en  philoso- 
phie et  lettres  A  rUniversiié  de  Loutain, 
où  se  fortifia  son  goût  pour  les  langues 
et  les  chefs-d'oRuvre  littéraires  de  fan- 
tiquité  classique.  C*est  sans  doute  à 
cette  fréquentation  assidue  des  grands 
maîtres,  k  cette  beauté  inhérente  A  leur 
style,  au  travail  d'intelligence  qu'ils 
provoquent  nécessairement,  que  W'alter 
dot  cette  élégance,  cette  précision  d1- 
dées,  cette  Justesse  d*eicpression  que 
Ton  remarquait  dans  tout  ce  qui  sortait 
de  sa  plume. 

Cependant  Tétude  de  la  littérature  ne 
lui  fit  pas  négliger  celle  des  sciences 
exactes,  qu'il  cultiva  avec  une  véritable 
passion.  Son  aptitude  plus  qu'ordinaire 
lui  permit  d'entrer,  dès  l'âge  de  i7  ans, 
au  servie^!  militaire,  en  qualité  d'officier 
ingénieur.  Deux  ans  plus  tard,  11  fut 
nommé  premier  lieutenant  du  génie. 
Attaché  de  cœur  au  parti  populaire,  il 
intervint  dans  presque  toutes  les  luttes 
qui  signalèrent  la  révolution  braban- 
çonne. Après  la  •conquête  tfe  la  Belgique 
par  les  armées  françaises,  il  déposa  son 
épée  et  entra  dans  la  carrière  adminis- 


trative. Il  fut  successivement  conseiller 
municipal  de  Namur,  greffier  en  chef 
du  tribunal  de  commerce,  adjoint  au 
maire,  membre  du  Conseil  général  com- 
munal, conseiller  de  préfecture  et  en 
même  temps  inspecteur  des  chemins 
vicinaux,  membre  du  cx^mité  de  \acdne 
qui  faisait  alors  sa  première  apparition, 
directeur  de  la  bibliothèque  départe- 
mentale, membre  du  jury  d'instruction 
publique,  président  du  Conseil  général 
du  département  de  Sambre-et-Meuse, 
vice-président  du  Conseil  d'inspection 
du  dépôt  de  mendicité,  qu'il  réorganisa 
complètement,  vice-président  du  Conseil 
des  arts,  de  l'agriculture  et  du  com- 
merce et  vice-président  de  l'adminis- 
tration des  études. 

Pendant  cette  seconde  période  de  sa 
vie,  un  grand  nombre  de  missions  spé- 
ciales lui  furent  confiées  ;  la  manière 
dont  il  s'en  acquitta  témoigne  de  la 
variété  de  ses  connaissances  et  de  la 
droiture  de  son  jugement. 

Après  la  chute  de  Napoléon,  il  fut 
réintégré  dans  ses  fonctions  de  conseil- 
ler d'intendance,  et  au  bout  de  quelque 
temps,  élu  membre  de  la  Députatlon 
des  Etats  de  la  province  de  Namur.  Le 
roi  Guillaume  I,  qui  connaissait  son 
méritc^Vappeh  en  1817  &  Bruxelles 
pour  lui  conmiuniquer  ses  tues  sur 

6 


ARN 


rérection  prochaine  des  Universités, 
et  le  nomma  secréuire-inspecteur  de 
rUniversîté  de  Liège,  avec  faculté  de 
résider  dans  la  capitale,  où  le  Gouver- 
nement aurait  incessamment  besoin  de 
mettre  à  contribution  son  savoir  et  son 
esprit  des  affaires.  Dans  ce  nouveau 
poste  de  confiance,  où  tout  était  à  faire, 
il  parvint  bientôt  à  mériter  Festime  et 
Taffection  de  tout  le  corps  académique, 
en  s*interposant  officieusement  dans  le 
débat  des  questions  compliquées  qui  se 
présentaient  chaque  Jour  (  *  ).  Il  fut  non- 
seulement  un  médiateur  éclairé  ;  mais 
c'est  tout  simplement  lui  rendre  justice 
que  de  le  considérer  comme  le  véritable 
organisateur  de  l'Université  de  Liège. 

Lorsqu'il  s'agit  de  construire  une 
Salle  académique,  il  proposa  hardiment 
de  démolir  l'ancienne  église  des  Jésuites 
et  d'ériger,  sur  son  emplacement,  la 
grande  rotonde  qui  sert  depuis  trente- 
trois  ans  aux  séances  publiques  (v.  l'art. 
Wagemann).  11  rencontra  l'opposition 
la  plus  vive  de  la  part  des  conserva- 
teurs; il  n'en  poursuivit  pas  moins 
courageusement  sa  tâche,  et  c'est  à  son 
énergie,  à  sa  persévérance,  à  sa  fer- 
meté, que  la  ville  de  Liège  est  redevable 
de  cette  construction  utile,  sinon  élé- 
gante. Les  Annales  académiques  ,  du 
reste,  font  suffisamment  foi  de  tous  les 
services  que  Walter  a  rendus  k  son 
établissement  de  prédilection. 


En  i824,  le  Sénat  académique  lui 
délivra  solennellement  le  diplôme  ho- 
norifique de  docteur  en  philosophie  et 
lettres.  C'est  la  marque  de  déférence  à 
laquelle  il  fut  le  plus  sensible. 

En  1825,  le  Roi  lui  envoya  la  croix 
de  l'ordre  du  Lion  Belgique.  La  même 
année,  le  26  novembre ,  l'Académie  de 
Bruxelles  le  porta  sur  la  liste  de  ses 
membres  honoraires.  La  même  année 
encore,  il  fut  nommé  inspecteur-général 
de  l'instruction  publlque.II  obtint  sa  re- 
traite lors  de  la  réorganisation  univer- 
sitaire de  i835;  les  fonctions  de  secré- 
taire-inspecteur furent  supprimées  et, 
conformément  k  la  nouvelle  loi,  le  Roi 
nomma  un  administrateur-inspecteur 
dans  chacune  des  deux  Universités  de 
Liège  et  de  Gand,  les  seules  mainte- 
nues.—  En  dehors  de  ses  travaux  admi- 
nistratifs, nous  ne  connaissons  aucune 
œuvre  écrite  de  Walter  ;  il  n'en  est 
pas  moins  certain  qu'il  se  serait  dis- 
tingué comme  publiciste  s'il  avait  voulu 
l'être  :  il  lui  a  suffi  de  remplir  ses 
fonctions  avec  une  supériorité  réelle 
et  de  contribuer,  dans  le  rayon  de  sa 
sphère  d'activité,  au  développement  des 
hautes  études  en  Belgique. — M.  Fraikin 
a  reproduit  en  marbre,  avec  un  rare 
bonheur,  les  traits  de  Walter;  il  serait 
certainement  désirable  que  l'Université 
de  Liège  possédât  une  copie  de  ce  beau 
buste. 


Arnoul«l  (FrANÇOIS-JoS.-DÉSTKÉ)  , 

né  â  Namur  le  2  novembre  1778,  mou- 
rut à  Yerviers  le  16  avril  4860.  Lors 
de  la  oppression  de  l'Ecole  centrale 
du  département  de  Sambre-et-Meuse, 
où  il  avait  fait  de  bonnes  études,  il  en- 
tra comme  associé  dans  une  maison  de 
commerce  de  sa  ville  natale.  En  4810, 
il  fut  nommé  Juge  au  tribunal ,  et  en 
4812,  membre  de  la  Chambre  de  Com- 
merce de  Namur ,  sur  la  présentation 
des  notables,  qui  n'eurent  pas  à  se  re- 
pentir de  lui  avoir  accordé  leurs  suf- 
frages. A  la  chute  de  l'Empire,  l'admi- 


nistration provisoire  du  département 
lui  conféra  les  titres  de  membre  de  la 
Commission  administrative  du  chef- 
lieu,  et  du  Comité  pour  la  liquidation 
des  réquisitions  imposées  par  les  puis- 
sances alliées.  Le  26  avril  48 U,  un 
arrêté  du  gouverneur-général  de  la 
Belgique  lui  confia  la  direction  du 
Mont-de-Piété  de  Namur.  avec  mis- 
sion spéciale  de  réorganiser  cette  ins- 
titution. U  prît  cette  tâche  à  cœur,  se 
fit  le  promoteur  d'utiles  réformes  et 
fournit  en  4822,  à  la  Commission  char- 
gée par  le  roi  Guillaume  de  rechercher 


(*)  Il  se  forma  cependant  contre  lui  un 
noyau  d'opposition  après  4830;  il  fut  même 
question  de  l'appeler  à  d'autres  fonctions  : 


ce  fut  un  nuage  passager.  (V.  l'art.  Enut 
atné). 


ARN 


le  Téritable  état  des  pauvres  ,  de  nom» 
breux  matériaux  dans  lesquels  le  gou- 
verneur puisa  plusieurs  dispositions 
essentielles  de  Tarrêté  du  26  octobre 
1826,  notamment  ranrticle  20,  qui  af- 
fecte les  bénéflces  des  Monts-de-Piété 
au  remboursement  des  emprunts  faits 
par  eux  à  titre  onéreux  (*).  La  ques- 
tion des  banques  de  prêt  Toccupa 
toute  sa  vie.  Dès  le  26  Juin  i8i5,  il 
avait  formulé  un  Projet  pour  le  place- 
ment des  fonds  versés  atuv  Monts-de- 
Piété  et  provenant  des  biens  commu- 
naux vendus  sous  VEmpire,  Il  proposait 
rinstitution  d*une  caisse  d*escoropte. 
Son  idée  ne  fut  point  goûtée  :  «  L*exis- 
tence  d*une  banque  de  ce  genre,  écri- 
vait le  commissaire-général  du  gouver- 
nement, ne  pourrait  que  nuire  au  dé- 
veloppement des  ressources  et  du  cré- 
dit de  la  banque  d*Amsterdam,  si  elle 
venait  par  la  suite  h  étendre  ses  rami- 
fications en  Belgique.  »  L*Âcadémie 
royale  du  Gard  couronna,  le  24  dé- 
cembre 4828,  un  mémoire  d*Arnould 
sur  Tadjonction  des  caisses  d'épargne 
aux  Monts-de-Piété,  idée  digne  sans 
contredit  de  Tattention  des  écono- 
mistes, renouvellement  et  perfection- 
nement des  combinaisons  imaginées 
par  les  créateurs  des  établissements  de 
prêt  sur  gages  (*).  Une  administration 
semblable  fonctionnait  à  Natz  depuis 
1820;  toutefois  les  journaux  français 
eux-mêmes  ont  reconnu  que  le  mérite 
d*aYoir  le  premier  élaboré  un  système 
complet  revient  décidément  à  D.  Âr- 
nould  (').  M.  Courtet  de  Tlsle  a  saisi 
depuis  lors  (1859)  TAcadémie  des 
sciences  morales  et  politiques  d'un 
projet  conçu  dans  le  même  sens  (*): 
le  problème  n'est  pas  encore  pleine- 
ment résolu  ;  mais  les  hommes  compé- 
tents n'ont  pas  cessé  de  le  prendre  au 
sérieux  Dans  une  autre  période  de  sa 
Tîe«Ârnould, vice-président  de  la  Com- 
mission administrative  du  Mont-de- 
Piété  de  Liège,  revint  encore  sur  ses 


anciens  plans,  invoqua  l'expérience  de 
plusieurs  Monts  de  Belgique  et  de 
France,  et  attira  l'attention  publique 
sur  la  constitution  de  la  banque  d'An- 
gleterre, qui  est  à  la  fois  banque  de 
prêt  et  d'escompte,  de  dépôt  et  de  cir- 
culation. Mais  d'autres  améliorations 
d'une  urgence  plus  généralement  sen- 
tie réclamèrent  la  meilleure  part  de 
son  activité,  et  ici  le  plus  brillant  suc- 
cès couronna  ses  efforts.  Les  commis- 
saires jurés  du  Mont-de-Piété  de  Liège 
rappelaient,  par  leurs  exactions,  le 
mauvais  temps  des  Lombards  et  des 
Caoursins;  il  en  fit  décréter  la  sup- 
pression, et  décida  la  création  des  bu- 
reaux auxiliaires  qui,  composés  d'a- 
gents de  l'administration  et  soumis  aux 
mêmes  règlements  et  au  même  contrôle 
que  le  bureau  central,  ne  perçoivent 
que  l'intérêt  des  sommes  prêtées.  11 
mit  ainsi  un  terme  à  l'usure  clandestine 
qui  rongeait  les  malheureux  emprun- 
teurs et  contribuait  à  la  démoralisation 
des  classes  populaires.  Ces  mesures  et 
d'autres  non  moins  importantes,  déjà 
réalisées  ou  seulement  en  projet,  firent 
l'objet,  en  1815,  d'un  volumineux  rap- 
port au  Ministère  de  la  Justice,  qui 
avait  chargé  Arnould ,  l'année  précé- 
dente, de  visiter  tous  les  Monts-de- 
Piété  du  royaume,  et  l'avait  nommé 
membre  de  la  Commission  instituée 
pour  chercher  les  moyens  de  réorga- 
niser ces  établissements.  Ce  rapport, 
publié  à  Bruxelles  en  un  vol.  in-8<^,est 
non  seulement  l'œuvre  capitale  d'Ar- 
nould,  mais  le  travail  le  plus  appro- 
fondi et  le  mieux  raisonné  qui  ait  paru 
en  Belgique  sur  la  matière.  La  com- 
mission n'adopta  pas  sans  réserve  les 
conclusions  de  l'auteur;  néanmoins  on 
peut  faire  honneur  à  celui-ci  de  la  plu- 
part des  innovations  consacrées,depuis, 
par  la  loi  du  50  avril  1848.  On  trou- 
vera plus  bas  l'indication  détaillée  de 
ses  écrits  sur  les  Monts-de-Piété  :  il  est 
temps  de  dire  un  mot  des  services 


(*)  Néerologe  Liégeou^  poar  1660,  p.  6. 

(*>  V.  les  Etudes  hiitoriquei  ei  eriiiques 
de  M.  P.  de  Decker  sur  les  Motiu-de-Piité 
en  Belgique.  Bruxelles,  1844,  in-S®. 

(*)  V.  entr'autres  le  Siècle  du  25  octobre 
4843. 

(*]  Y.  le  Rapport  de  M.  Blanqui,  et  l'ou- 


vrage même  de  H.  Courtet,  intitule  :  Du 
crédit  en  France  et  de  quelques  moyens  de 
prospérité  publique.  Paris.  1839,  in-8®.  — 
Cf.  Blaize,  Des  Monts-de-Piété  et  des  banques 
de  prêt  en  Franee^en  Angleterre^en  Belgique^ 
en  Italie^  etc.  Paris,  1843,  iD-8«  (nouv.  éd. 
en  1848). 


ARN 


qoll  rendit  à  rinstraction  publique. 

Il  fut,  à  Namur,  le  principal  fonda- 
teur de  la  Société  pour  Vencouragement 
de  Vinstruction  élémentaire  dans  la  pro- 
vince de  ce  nom,  société  qui  servit  de 
modèle  à  celles  de  Liège,  de  Mons  et 
de  Bruielles  (  *  )•  Il  se  fit  lui-même  Té- 
diteur  de  livres  classiques  et  de  ma- 
nuels populaires,  et  se  préoccupa  d'ap- 
proprier aux  besoins  du  pays  les  ou- 
vrages étrangers  dont  la  réimpression 
lui  paraissait  utile.  Il  exerça,  d*autre 
part,  une  influence  directe  sur  les 
écx)les  de  Namur,  en  sa  double  qualité 
de  membre  de  la  commission  de  TEcole 
modèle  et  de  secrétaire  de  la  Commis- 
sion provinciale  d'instruction  moyenne 
et  primaire;enfln  il  fut  appeléà  siéger  au 
bureau  de  TÂthénée.  Le  gouvernement 
récompensa  son  dévouement,  en  1829, 
par  le  titre  de  chevalier  de  Tordre  du 
Lion-Belgique. 

Nommé  commissaire  de  district  à 
Namur,  le  7  septembre 4829,  il  crut 
devoir  donner  sa  démission  après  les 
événements  de  i  830.  Cependant  il  se 
rallia  au  nouvel  état  de  choses,  en 
acceptant  du  gouvernement  provisoire, 
dès  le  4  janvier  1831,  les  fonctions  de 
secrétaire-inspecteur  de  l'Université  de 
Louvain.  Cette  mission  répondait  à  ses 
goûts  :  il  redoubla  d'activité,  et  se 
montra  Tun  des  membres  les  plus  zélés 
des  Commissions  qui  furent  successive- 
ment chargées  de  préparer  un  projet 
de  loi  sur  rinstruction  publique.  H 
contribua  en  même  temps  à  Torganisa- 
lion  de  TEcole  primaire  modèle  de  Lou- 
vain, dont  il  fut  Tun  des  administrateurs 
à  partir  dei832.Pendant  son  séjour  en 
celte  ville,  le  gouvernement  Tinveslit 
en  outre  du  titic  de  membre  du  Con- 


seil des  régents  de  la  maison  d'arrêt 
(ii  Juin  1853) 

Les  Universités  de  l*Etat  ayant  été 
réduites  au  nombre  de  deux  par  la  loi 
organique  du  27  septembre  1835, 
Arnouldfutattachéà  celle  de  Liège,  avec 
le  titre  d'administrateur-inspecteur.  Le 
Sénat  académique  de  Louvain  lui  fit 
écrire  à  cette  occasion  une  lettre  conçue 
dans  les  termes  les  plus  flatteurs  (*)  ; 
tous  les  profes<(eurs  voulurent  y  apposer 
leur  signature.  A  Liège,  il  se  trouva  en 
présence  des  difficultés  que  devait  faire 
infailliblement  surgir  la  situation  où 
les  Universités  de  l'Etat  allaient  se 
trouver  placées  en  présence  des  Uni- 
versités libres,  que  le  Gouvernement 
avait  laissé  s'organiser  avant  d'assurer 
par  une  bonne  loi  l'existence  et  la  pros- 
périté de  ses  propres  institutions  d'en- 
seignement supérieur.  «  Arnould  eut  à 
n  se  prononcer  sur  toutes  les  questions 
»  délicates  que  soulevèrent  la  mise  k 
»  exécution  de  la  loi  de  1855,  la  com- 
»  position  des  jurys  d'examen,  le  re- 
»  nouvellement  presque  complet  du 
»  corps  professoral...  On  lui  reprocha 
»  quelquefois  de  la  ténacité,  de  la  len- 
»  teur  et  une  réserve  extrême  :  était-il 
»  toujours  en  son  pouvoir  de  céder  aux 
»  impatiences  même  les  plus  généreuses, 
»  et  faut-il  trop  le  blâmer  d'avoir  rem- 
»  pli  à  la  lettre  son  rôle  de  Commis- 
»  saire  du  Gouvernement?..  H  aima 
»  mieux,  en  toute  circonstance,  laisser 
»  au  temps  le  soin  de  le  justifier,  que 
»  de  paraître  céder  h  des  entraînements 
»  politiques  ou  autres.  Ailleurs ,  il 
»  prouva  que  l'esprit  d'initiative  ne  lui 
»  faisait  pas  défaut  ;  ici,  la  prudence 
ï)  fut  sa  première  règle  de  conduite.  H 
»  administra  l'Université  de  Liège  pen- 


(')  «  C'est  presque  à  M.  Arnould  seul, 
écrivait  en  décembre  1828  le  rédacteur  du 
Journal  d'éducation  de  Parit  (t.  XIII),  qu'on 
doit  la  Société  d'encouragement  de  Namur, 
qui  correspond  avec  la  nôtre.  Elle  fait  cir- 
culer dans  les  campagnes  un  grand  nombre 
de  bons  livres,  qu'elle  vend  moins  cher  que 
l'impression  ae  lui  coûte.  C'est  M.  Arnould 
qui  fait  l'avance  des  fonds,  en  attendant  que 
les  ressources  de  la  Société  soient  augmen- 
tées suflisammenl  pour  continuer  à  elle  seule 
ce  bienfait  si  utile  à  toute  une  popolation. 


Avec  quelques  hommes  comme  celui-là  et 
un  gouvernement  qui  les  aide,  on  peu(,je 
crois,  prédire  que  le  but  d'une  instruction 
générale  doit  être  bientôt  atteint.  > 

(■)  On  y  lit  :  «  Il  est  bien  rare  de  trouver 
réunis  dans  un  administrateur  cette  haute 
probité,  cette  bienveillance,  celte  activité  et 
cette  modération  qui  s'allient,  quand  il  le 
faut,  k  la  fermeté,  et  qui  ont  su  vous  conci- 
lier pour  toujours  la  confiance  et  l'estime 
de  tous  les  professeurs  de  notre  Université.» 


ARN 


10 


»  dant  vingt-trois  ans,  et  certes  il  eut 
9  sa  part  dans  les  progrès  de  cette  belle 
»  institution.  Il  voua,  entre  autres,  une 
»  sollicitude  toute  paternelle  à  1  Ecole 
»  des  arts  et  manufactures  et  des  mines, 
B  école  dont  il  fut  nommé  directeur  en 
»  1838  et  qui  lui  doit  en  partie  son 
»  organisation  et  sa  prospérité.  Cet 
»  établissement  occupa  d'abord  une  aile 
»  des  anciens  bâtiments  de  TUniversité. 
»  Ârnould  obtint  de  la  ville  une  alloca- 
»  (ion  de  125,000  fr.  pour  la  construc- 
»  tion  du  local  actuel,  et  de  la  province 
»  un  subside  de  28000  fr.  pour  les 
n  machines  de  râtelier  de  construction. 
»  Le  déplacement  du  jardin  botanique, 
0  la  reconstruction  de  la  grande  salle 
A  de  la  bibliothèque^  le  développement 
»  des  diverses  collections  universitaires 
A  témoignèrent  égalementde  son  zèle  et 
»  de  son  activité  (*).  » 

Nous  avons  parlé  d*Ârnou1d  comme 
administrateur  du  Mont-de-piété  (*)•  A 
Liège  comme  à  Namur  et  à  Louvain,  il 
remplit,  indépendamment  de  sa  mission 
principale,  des  fonctions  gratuites  de 
tonte  sorte.  Il  fut  député  de  la  Société 
d*Ëmulation  de  1858  à  4858  ;  plusieurs 
fois  réélu  membre  de  la  Commission 
provinciale  de  statistique,  etc.  Il  entra 
en  1859  dans  la  Commission  adminis- 
trative de  rinstitut  royal  des  sourds- 
muets,  en  fut  élu  vice-président  en  1841, 
président  en  i84i,  et  enfin  président 
honoraire  en  1857,  dans  cette  même  an- 
née où,  forcé  de  se  retirer  de  la  vie  ac- 
tive, il  quittait  rUniversité(10  octobre), 
conservant  égalementle  titre  honorifique 
d'administrateur-inspecteur.  L*Institut 
des  sourds-muets  le  regarde  comme 
son  tecond  fondateur,  La  plupart  des 
progrès  sérieux  réalisés  dans  cet  éta- 
blissement, tant  sous  le  repport  hygié- 
nique que  sous  le  rapport  de  Tinstrue- 
tion,  eurent  Arnould  pour  promoteur  et 
pour  soutien  vigilant.  Alors  même  que 
Taffaiblissement  de  sa  vue  semblait  lui 
interdire  toute  participation  active  aux 


travaux  de  ses  collègues,  il  était  encore 
rame  de  leurs  délibérations  et  il  se  te- 
naitaucourant  des  moindres  affaires  ('). 
Enfin,  frappé  d*une  cécité  presque  com- 
plète, il  dut  renoncer  à  tout  ;  mais  To- 
blîgation  de  prendre  sa  retraite  fut 
peut-être  le  plus  grand  chagrin  de  sa 
vie.  lls*éteignit  paisiblement  à  Verviers, 
où  il  était  allé  rejoindre  une  partie  de 
sa  famille,  M.  U.  Capitaine  nous  fournit 
la  liste  suivante  de  ses  travaux  : 

lo  Projet  pour  le  placement  des  fonds 
versés  aux  Monts-dèrPiété  et  provenant 
des  biens  communaux  vendus  sous  VEm- 
l'ire; 20 juin  i815(inédil;  v. ci-dessus). 

2«  Rapports  sur  les  travaux  de  la 
Société  d'instruction  élémentaire  de  la 
province  de  Namur  (1825-1850). 

Insérés  dans  le  Mémorial  administratif  de 
la  dite  province;  aussi  tirés  à  part  et  repro- 
duits dans  les  journaux  du  temps. 

S*  Plan  de  réorganisation  de  V Athé- 
née royal  de  Namur  (1826). 

Ce  plan,  approuvé  par  le  gouvernement, 
établit  à  Namur  une  classe  de  langue  fran- 
çaise, un  cours  de  littdralure  française  et 
un  cours  de  physique  et  de  mécanique. 

k^  Notice  sur  Vinstruction  primaire 
de  la  province  de  Namur  et  en  général 
sur  Tétat  de  Tinstruction  dans  les  di- 
verses provinces  des  Pays-Bas,  adres- 
sée à  la  Société  d^instruction  élémen- 
taire de  Paris  ,  par  D.  Arnould  , 
membre  correspondant.Namur,6érard. 
1828,  in-8o. 

Parut  d'abord  en  18S7  dans  le  Globt. 

5"  Mémoire  sur  les  avantages  et  les 
inconvénients  des  banques  de  prêt  con- 
nues sous  le  nom  de  Mont-de-Piété,  Na- 
mur, Gérard.  1829,  in-12^ 

Travail  couronné  par  l'Âcadëmie  royale 
du  Gard  (Nîmes).  Médaille  d'or  (34  décembre 
1898). 

6^  Réorganisation  de  renseignement 
moyen  dans  les  Pays-Bas,  Projet.  — La 
Haye,  impr.  de  FEtat.  1829. 

La  Commission  d'Etat,  établie  à  cette 


(')  Nécrologe  Liégeoit,  pour  1860,  p.  9. 

(*)  U  eut  la  bonne  fortune  de  trouver  en 
M.  Jehotte,  directeur  de  cet  établissement, 
on  auxiliaire  intelligent  et  zélé.  En  France 
comme  eo  Belgique ,  les  services  de  M. 


Jehotte  ont  été  hautement  appréciés  par  les 
publicistes  les  plus  distingués. 

(*)  V.  les  diverses  publications  de  l'Ins- 
titut et  le  discours  de  M.  Alph.  Le  Roy, 
prononcé  k  Verviers  sur  la  tombe  d'Arnould 
(Journal  de  Liège  da  20  avril  1860). 


11 


POL 


12 


ëpoqoe  pour  extminer  les  quesiioDS  rela- 
tives à  renseignement  moyen,  adopta  les 
bases  de  ce  projet  dans  son  rapport  au  goa- 
vernement,  publié  k  La  Haye  en  1830. 

7*"  Règlement  de  VEcole  primaire- 
modèle  de  Louvain. 

Rédige  en  4833,  et  adopté  depuis  lors 
par  plusieurs  établissements.  Il  a  été  tra- 
duit en  boUandais  par  le  directeur  de  l'école 
modèle  de  Maestricbt  et  a  servi  de  base  à 
tous  ceux  qui  ont  été  publiés  par  le  gouver- 
nement. 

8®  Règlement  intérieur  du  Mont-de- 
piété  de  Liège. 

Sanctionné  par  les  autorités  supérieures. 

9®  Rapport  à  la  commission  adminis- 
trativeduMont-de  piété  de  Liège,  Liège, 
Jeunehomme  frères,  1840,  ifl-8^. 

Tiré  k  part  de  la  Revue  belge  (juin  1840;. 
L'auteur  reproduit  une  partie  des  vues 
émises  dans  le  mémoire  n<*  5.  Il  doit  avoir 
publié  un  travail  sur  le  même  scget  dans  la 
Revue  encyclopédique. 

1 0"  Situation  administrative  et  finan- 
cière des  Monts-de-Piété  en  Belgique, 


Nécessité  et  moyens  de  les  réorganiser, 
Bruxelles,  Deltombe,  i845,  in-8*'  de 
XVI  et  565  pages. 

C'est  l'œuvre  la  plus  importante  d'Arnould 
(voir  ci-dessus).  —  Cf.  la  Revue  de  tégitla- 
tion  (Paris  4846).  —  La  Revue  du  droit 
fronçait  et  étranger  (février  et  avril  4846). — 
Le  Journal  hiêtorique  et  littéraire  (mai 
4846).  ->  La  Revue  de  Liège  (t.  V.  4846).  — 
VObtervateur  belge,  le  Journal  de  Liège,  la 
Belgique  judiciaire,  etc 

ii*"  Statistique  des  Monts-de-piété  en 
Belgique.  Bruxelles,  4847   \n-A\ 

Extrait  du  t.  III,  (p.  467,  484)  du  Bulle- 
tin de  la  Commission  centrale  de  statistique. 
—  Nouveaux  renseignements  sur  diverses 
brancbes  du  service;  détails  curieux  sur 
les  moyennes  des  opérations  des  Monts  dc- 
piété  de  Belgique  et  de  France. 

D.  Arnould  obtint  la  croix  de  cheva- 
lier de  rOrdre  de  Léopold  le  44  dé- 
cembre 4858.  il  fut  promu  au  grade 
d*officier  le  28  février  4855  ;  la  même 
année,  le  roi  de  Portugal  lui  conféra  le 
grade  de  commandeur  de  TOrdre  du 
Christ. 


i^oiain  (Mathieu-Lambert).  0.  ^. 
né  &  Liège  le  25  Juin  4808.  montra 
fort  jeune  un  goût  décidé  pour  Fétude. 
Ses  dispositions  naturelles  furent  en- 
couragées par  le  conventionnel  Alathieu 
Miranpal,  que  la  loi  d'exil  connue  sous 
le  nom  de  loi  d*amnistie  avait  contraint 
de  quitter  la  France  en  4SI 6,  et  qui 
s'était  réfugié  à  Liège  avec  plusieurs 
de  ses  anciens  collègues  :  Thuriot 
de  la  Rozière,  Paganel,  Duval,  Mailhe, 
Calés,  Ysabeau  et  d*autres.  -~  Mathieu 
Miranpal,  ancien  rédacteur  du  Journal 
de  VOise,  était  un  homme  instruit,  très- 
versé  surtout  dans  la  connaissance  des 
langues  anciennes.  Il  prit  plaisir  à  dé- 
velopper les  instincts  littéraires  de  son 
Jeune  élève  ;  cependant  celui-ci  ne  put 
proflter  longtemps  des  leçons  de  cet 
excellent  maître.  Mathieu,  qui  s'était 
toujours  conduit  avec  modération,  bien 
qu'il  eût  voté  la  mort  de  Louis  XYI, 
obtint  finalement  l'autorisation  de  ren- 
trer en  France.  —  M   Polain  fit  ses 


humanités  au  collège  de  Liège,  et  suivit 
ensuite  les  cours  de  la  Faculté  de  phi- 
losophie de  l'Université.  Il  se  destinait 
à  l'enseignement.  Â  peine  âgé  de  vingt 
ans,  il  fut  nommé  professeur  de  littéra- 
ture française  et  d'histoire  politique 
moderne  à  VEcole  spéciale  de  commerce, 
institution  modèle,  fondée  à  Liège  par 
M.  Charlier,  et  régulièrement  fréquen- 
tée par  un  grand  nombre  d'élèves. 
M.  Polain  y  resta  attaché  pendant  plus 
de  vingt  années,  chargé  des  mêmes 
cours.  Il  y  eut  pour  collègue,  dans  la 
chaire  de  droit  commercial,  Victor 
Godet  (V.  ce  nom),  dont  l'Université  de 
Liège  regrette  encore  aujourd'hui  la 
mort  prématurée 

Une  circonstance  fortuite  décida  de 
la  vocation  littéraire  de  M.  Polain. 
L'Université  de  Gaud  mit  au  concours, 
en  4826.  la  question  suivante  :  Accu- 
rata  et  suednctâ  narratione  exponaiur 
quo  jure  et  quo  successu  Guuielmus, 
Normanniœ  dux,  cognominatus  Con- 


13 


POL 


U 


([uestor,  Angliam  invaserit^  et  quid, 
subactis  AngliSj  in  eorum  reiptâflicœ 
forma  et  institutis  sub  ipsius  imperio 
commutaium  fuerit.  Notre  jeune  étu- 
diant venait  précisément  d'achever  la 
lecture  de  VHistaire  de  la  conquête  de 
V Angleterre  par  les  Normands,  d'Au- 
gustin Thierry  ;  il  résolut  de  concourir. 
Son  Mémoire  ne  fut  point  couronné  ; 
mais,  à  partir  de  ce  moment,  Thistoire 
du  moyen  âge  et  des  monuments  qui 
s*y  rattachent  devint  son  étude  de  pré- 
dilection. —  M.Polain  commença  néan- 
moins par  s'essayer  dans  d'autres 
genres  :  en  1827,  il  écrivit,  en  collabo 
ration  avec  deux  de  ses  condisciples, 
MM.  Alvin  et  de  Lannoy,  un  vaudeville 
intitulé  :  Les  eaux  de  Chaud  fontaine, 
dont  quelques  couplets  furent  remar- 
qués. En  cherchant  bien  dans  les  jour- 
naux qui  paraissaient  à  Liège  à  cette 
époque,  on  retrouverait  aussi  de  lui 
plusieurs  articles  de  critique  littéraire 
sur  les  principaux  écrivains  de  l'école 
romantique  :  enfln  il  était,  avec  Ch.  de 
Chènedollé  (v.  ce  nom),  l'un  des  corres- 
pondants belges  du  Globe  et  de  h  Revue 
encyclopédique, 

M.  Polain  venait  d'achever  ses  études 
quand  la  révolution  belge  de  i830 
éclata.  Il  y  prit  une  part  active,  et  la 
défendit  énergiquement  dans  la  presse 
et  à  l'hôtel  de  ville,  où  il  remplit  pen- 
dant plusieurs  mois  les  fonctions  de 
secrétaire  de  l'administration  provi- 
soire. Il  ne  quitta  ce  poste  qu'au  mois 
de  mai  iSJ^i.  L'existence  de  notre  na- 
tionalité était  alors  reconnue  en  prin- 
cipe ;  mais  il  restait  à  en  débattre  les 
conditions.  La  question  de  savoir  à 
qui  appartiendrait  le  Limbourg  préoc- 
cupait surtout  les  esprits.  M.  Polain  fit 
paraître  à  cette  occasion  une  brochure 
intitulée  :  De  la  souveraineté  indivise 
des  Evéques  de  Liège  et  des  Etats-Géné- 
raux sur  la  ville  de  Maestrickt  (Liège, 
lg5i,in-8*).Cemémoire,  rédigé  d'après 
les  sources,  est,  croyons  nous,  le 
premier  travail  historique  sorti  de  sa 
plume.  Il  eut  du  retentissement  jusque 
dans  le  monde  diplomatique,  et  ce  suc- 
cès attira  sur  le  jeune  savant  l'attention 
du  gouvernement  belge.  L'emploi  d'ar- 
chiviste de  la  province  de  Liège  étant 
venu  à  vaquer  quelque  temps  après, 


M.  Rogicr,  alors  ministre  de  l'intérieur, 
le  fit  offrir  à  M.  Polain,  qui  l'accepta  et 
se  voua  désormais  tout  entier  à  l'étude 
de  l'histoire  nationale. 

Le  moment  était  favorable  pour 
cette  étude.  La  révolution  avait  enfanté 
une  pléiade  de  jeunes  écrivains,  tous 
animés  d'un  vif  amour  de  la  patrie,  tous 
désireux  d'affirmer  son  indépendance 
dans  leur  sphère  d'activité.  L'idée  vint 
à  quelques-uns  d'entre  eux  d'unir  leurs 
efforts,  et  c'est  ainsi  que  fut  fondée  à 
Liège,  en  1834.  V Association  nationale 
pour  Vencouragement  et  le  développe- 
ment  de  la  littérature  en  Belgique. 
M.  Polain  en  fut  nommé  président,  et 
notre  regretté  poète  Weustenraad,  se- 
crétaire. La  Revue  belge,  or  f^aiï\e  de  l'As- 
sociation, parut  à  partir  du  mois  de 
janvier  1835,  sous  la  direction  du  pré- 
sident. Sciences  morales  et  politiques 
(au  point  de  vue  des  questions  géné- 
rales), études  de  mœurs,  voyages, 
mais  surtout  littérature  et  histoire,  tel 
fut  le  programme  de  cette  publication 
périodique,  dont  l'influence  féconde  se 
répandit  bientôt  dans  tout  le  pays,  et 
qui  resta  jusqu'à  la  fin  scrupuleusement 
fidèle  à  son  titre,  en  se  plaçant  toujours 
au  point  de  vue  belge.  Les  hommes 
les  plus  distingués  de  toutes  nos  pro- 
vinces répondirent  à  l'appel  de  V Associa- 
tion, aussi  bien  les  maîtres  dont  la  ré- 
putation était  déjà  consacrée,  que  les 
jeubes  gens  impatients  de  faire  leurs 
premières  armes.  Ce  fut  la  première 
école  littéraire  de  la  Belgique  éman- 
cipée, et  ce  fut  peut-être  la  plus  saine. 
La  Retme  belge,  étrangère  aux  passions 
du  jour,  se  distingua  en  tout  temps 
parune  sage  modération  ;  l'art  dans 
toutes  ses  manifestations,  les  gloires 
passées  et  l'avenir  de  la  patrie  eurent 
exclusivement  le  pouvoir  d'exciter  chez 
ses  rédacteurs  d'ardents  enthousiasmes. 
Ce  n'était  pas  une  arme  aux  mains  d'un 
parti,  c'était  une  œuvre  de  civilisation 
et  de  patriotisme.  Les  circonstances 
rompirent  le  faisceau  de  l'Association  ; 
la  dernière  livraison  de  la  Revue  parut 
en  décembre  1843  ;  au  commencement 
de  l'année  suivante,  M.  Van  Hulst 
(v.  ce  nom)  reprit  la  succession  vacante 
et  fonda  la  Revue  de  Liège,  qui  eut 
aussi  une  existence  honorable.  Mais 


IK 


POL 


16 


les  services  rendus  par  la  Revue  bcl§e, 
notamment  aux  études  historiques,  mé- 
ritent une  mention  toute  particulière. 
Les  Récits  de  M.  Polain,  si  recherchés 
encore  aiûourd*hui«  parurent  pour  la 
première  fois  dans  ce  recueil.  Les  épi* 
sodés  de  nos  annales,  sous  sa  plume 
éprise,  intéressaient  comme  des  cha- 
pitres de  Walter  Scott  ou  gravissaient 
les  hauteurs  de  Tépopée  ;  Témotlon 
visible  de  Técrivain  passait  dans  Pâme 
des  lecteurs,  et  comme  il  voulait 
peindre  plus  que  Juger,  Feffet  cherché 
était  ohtenu  :  la  Jeunesse,  ainsi  vive- 
ment stimulée,  se  passionnait  pour  les 
vieilles  chroniques  et  y  apprenait  au 
prix  de  quels  sacrifices  ont  été  conquis 
les  biens  dont  nous  Jouissons  à  présent. 
Les  Récits  JUstoriques  sur  l'ancien  pays 
de  Liège  n*ont  pas  seulement  réveillé 
chez  nous  le  goût  de  Tétude  de  notre 
moyen  âge,  ils  ont  contribué  à  former 
Tesprit  public.  Ils  y  contribueront  en- 
core, sll  en  faut  Juger  par  le  succès  de 
la  4*  édition,  qui  a  vu  le  Jour  en  1866, 
augmentée  de  quelques  morceaux  Iné- 
dits. —  Indépendamment  de  cette  série 
d'articles,  M.  Polain  a  fait  insérer  dans 
la  Revue  belge  diverses  notices  ana- 
logues, concernant  Thlstoire  des  autres 
provinces  :  nous  citerons  L'assassinat 
de  S.  Charles-le-Ban,  dans  Téglise  S^- 
Donat  &  Bruges  ;  le  Massacre  des  ma-^ 
gistrats  de  Couvain  en  1379  ;  des  bio- 
graphies, enfin  quantité  d'opuscules  qui 
ont  été  rassemblés  en  1839  et  publiés 
sous  le  titre  de  Mélanges  historiques  et 
littéraires. 

Le  succès  des  Récits  engagea  H  Po- 
lain à  écrire  Thistoire  complète  de 
l'ancien  pays  de  Liège  ;  il  en  fit  paraître 
le  premier  volume  en  1844,  et  le  second 
en  i847.  Ce  dernier  s'arrête  au  sac  de 
la  cité  par  Charles-le-Téméraire,  en 
1468.  La  presse  accueillit  avec  faveur 
on  livre  où  étaient  étudiées  avec  soin, 
pour  la  première  fois,  les  questions 
d'origine,  d'après  la  méthode  d'Augus- 
tin Thieny,  et  où  le  récit  se  dévelop- 
pait sous  une  forme  animée  et  pitto- 
resque, comme  dans  VBistoire  des  ducs 


de  Bourgogne  de  M.  de  Barante.  Le 
travail  de  constitution  de  la  commune 
avait  préoccupé  l'auteur  au  moins  au- 
tant que  les  laits  et  gestes  des  princes- 
évéques  ;  les  tribuns  populaires  appa- 
raissaient sous  un  nouvcMi  Jour;  la 
boungeolsie  d'autrefois  avait  trouvé  ui 
défenseur.  L'œuvre  de  H.  Polain  fut 
mise  en  parallèle  avec  celle  de  M.  de 
Gerlache  (  '  )  ;  les  discussions  qui  s'éle- 
vèrent à  ce  propos  eurent  pour  effet  de 
stimuler  le  zèle  de  nouveaux  cliercheurs. 
VBistoire  du  pays  de  Liège  ouvrit  à 
M.  Polain  les  portes  de  rAcadémie 
royale  de  Belgique  :  il  fut  nommé  cor- 
respondant de  ce  corps  savant  le  10 
Janvier  1846,  et  membre  effectif  le 
7  mai  1849. 

L'historien  liégeois  venait  d'achever 
son  second  volume*  lorsque  le  gouver- 
nement belge  résolut  de  faire  publier 
les  lois  et  autres  dispositions  qui 
régissaient  autrefois  les  divers  pays 
composant  la  Belgique  actuelle.  Un 
arrêté  royal  du  18  avril  4846  institua 
à  cet  effet  une  commission  composée 
d'hommes  versés  dans  la  connaissance 
de  nos  anciennes  institutions.  &1.  Po- 
lain «n  fut  nommé  membre  dès  l'origine, 
et  chargé  par  ses  collègues  d'éditer  le 
Recueil  des  Ordqnnances  des  princi- 
pautés de  Liège  et  de  Stavelot,  et  du 
duché  de  Bouillon.  H  s'occupa  d'aboni 
de  publier  les  Lietes  chronologiqua  de 
tous  les  documents  qui  devaient  figurer 
dans  ce  grand  Corpus  ;  on  lui  doit  les 
quatre  volumes  in-8*  relatifs  aux  pays 
cités,  ainsi  que  plusieurs  rapports  sur 
la  marche  de  son  travail  (v.  les  Bulletins 
de  la  Commission  des  Ordonnanou). 
L'infatigable  pionnier  ne  perdit  pas  un 
instant  ;  le  premier  volume  in-folio  du 
Recueil  des  Ordonnances  du  pagt  de 
Liège  parut  dès  4855  :  le  second  vit  le 
Jour  en  4860;  les  Ordonnances  de  la 
principauté  de  Stavebt  furent  publiées 
en  1864,  dans  le  même  format.  Ce 
dernier  ouvrage  est  complet;  il  em- 
brasse une  période  de  plusde  1100  ans, 
de  648  à  1794.  Les  Ordonnancée  du 
duché  de  Bouilion^  éditées  dians  les 


(*}  Biiioin  de  Uigt  depuis  César  jutqu'à      Maximilien-Henri   de   Bavière^  Bmxalles, 

Bayez,  4948»  un  vol,  ia-S'. 


17 


POL 


18 


premiers  mois  de  1867,  sont  également 
au  complet.  Quant  aux  deux  volumes 
consacrés  à  Lié^e,  ils  ne  comprennent 
que  les  llû  dernières  années  de  Texis- 
tence  de  la  principauté  (1684-1794), 
c'est-à-dire  la  troisième  série  du  re- 
cueil ;  les  deux  premières  s'arrêteront 
respectivement  à  ravènement  d'Erard 
de  la  Marck  et  aux  changements  appor- 
tés dans  la  Constitution  liégeoise  par 
Ifaximilien-Henri  de  Bavière  (lti84). 
La  Commission  a  sagement  agi  en  or- 
donnant la  mise  immédiate  en  lumière 
des  documents  qui  peuvent  être  encore 
aujourd'bai  d*une  utilité  pratique  et 
directe,  nous  voulons  dire  des  docu- 
mests  législatifs  du  dermer  siècle. 
D^tre  part,  l'exemple  des  éditeurs  de 
la  grande  collection  des  Ordonnances 
des  rois  de  France,  qui  mirent  40  ans 
à  faire  paraître  leur  premier  volume  et 
ne  sont  pas  encore,  à  Theure  qu'il  est, 
arrivés  au  XVI«  siècle,  était  de  nature 
à  faire  réfléchir  :  il  s'agissait  de  ne  pas 
être  exposé  k  revenir  sans  cesse  sur 
ses  pas,  el  de  ne  marcher  en  avant  que 
quand  on  serait  moralement  assuré 
qull  ne  resterait  guère  de  pièces  essen- 
tielles à  découvrir.  Il  serait  superflu  de 
faire  ressortir  ici  l'importance  du  Ae- 
cueU  de  M.  Polain  ;  mais  il  importe 
d'ajouter  que  l'éditeur  n'a  rien  négligé 
pour  satisfaire  les  plus  difficiles,  dans 
UB  OMire  de  travaux  qui  demande  de 
celui  qui  les  entreprend  autant  de  pru- 
dence que  de  savoir.  Quant  aux  menues 
variantes  de  texte  et  d'orthographe, 
l'éditeor  a  scrupuleusement  indiqué  en 
note  tout  ce  qui  pouvait  présenter  quel- 
que intérêt. 

Fions  avons  dit  plus  haut  que  M.  Po- 
lain avait  été  nommé,  en  1846,  corres- 
pondant de  l'Académie.  11  y  débuta  par 
l'annonce  d'une  découverte  importante, 
celle  de  la  chronique  de  Jehan  Le  Bel^ 
le  célèbre  chanoine  de  Liège  que  Frols- 
sart  recoBBot  pour  son  guide  et  son 
maitre.  M.  Polain  avait  retrouvé  un 


fragment  considérable  de  cette  chro- 
nique dans  celle  de  Jean  d  Outremeuse, 
que  M.  A  Borgnet  (v.  ce  nom)  est  en 
train  de  nous  rendre.  I)  le  fit  imprimer 
à  Mons  en  1850,  en  un  beau  volume 
grand  in-8**,  édition  (luxe  de  carac- 
tères gothiques),  non  destinée  à  être 
mise  oans  le  commerce.  On  sait  que 
plus  tard  l'ouvrage  de  Téminent  écri- 
vain belge  a  été  retrouvé  tout  entier 
danâ  la  bibliothèque  de  Châlons-sur- 
Ifarne,  et  publié  en  deux  volumes  in-8*, 
également  par  les  soins  de  M  Po- 
lain, sous  les  auspices  de  l'Académie. 
M.  Heyer,  élève  de  l'Ecole  des  Chartes- 
ayant  cru  reconnaître  dans  le  manu- 
scrit de  Châlons  la  première  rédaction 
de  Froissart,  en  avertit  M  Paulin 
Paris  (de  l'Institut),  qui  eut  l'idée  de 
comparer  le  texte  qu'on  lui  signalait 
avec  celui  du  fragment  de  Jehan  Le  Bel 
publié  à  Mons  :  il  fut  aussitôt  con- 
staté que  la  bibliothèque  champenoise 
possédait  un  Le  Bel  complet .  con- 
tinuant son  récit  Jusqu'à  la  paix  de 
Brétigny,  en  1561.  Avec  une  générosité 
qu'on  ne  saurait  trop  louer,  M.  Paris 
fit  part  de  sa  découverte  à  son  confrère 
de  Belgique  ;  et  c'est  ainsi  que  le  nom 
du  maître  de  Froissart  a  reconquis  sa 
légitime  illustration.  La  chronique  pu- 
bhée  par  M.  Polain  est  certainement, 
pour  nous  servir  de  l'expression  de 
If.  P.  Paris,  «  un  des  plus  beaux  fleu- 
rons de  l'histoire  littéraire  de  Liège  ; 
car  il  est  maintenant  prouvé  que  Frois- 
sart a  pris  d'abord  son  meilleur  style 
dans  Jehan  Le  Bel,  et  qu'il  n'a  fait  en- 
suite que  se  conformer  au  même  mo- 
dèle» (*).  La  mise  en  lumière  de  ce 
précieux  monument  est  sans  contredit 
un  des  principaux  titres  de  M  Polain  à 
la  reconnaissance  de  ses  concitoyens  (*). 
M.Polain  a  fait  à  l'Académie  plusieurs 
communications  importantes,  dont  on 
trouvera  la  liste  dans  la  bibliographie  de 
ses  ouvrages.  Il  a  pris  une  part  consi- 
dérable aux  débats  qui  se  sont  élevés 


(*)  V.  It  BuUêtin  d$  tAcad.  royale  de 
Mgique^  1» série,  1. 111,  el  V Annuaire  delà 
Société  d'Emulathn  de  Uéçe,  1864,  p.  119 
etsaiv. 

(')  Il  est  asiex  remarquable  qae  Jacques 
de  Hemricourt,  l'auteur  4n  Miroir  de*  noblet 


de  la  Hetbaye^  qui  vécut  dans  rintimité  de 
Jehan  Le  Bel,  oe  meotioane  pas  le  principal 
ouvrage  de  notre  ehanoiDe  ;  il  ne  parie  que 
de  son  talent  à  composer  des  chansons  et 
des  virelais.  Kn  revanche.  Le  Bel  est  le  seul 
historien  que  Froissart  ait  daigné  citer. 


19 


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30 


aa  sein  de  celte  compagnie  au  sujet  du 
lieu  de  naissance  de  Pierre  Vermitc  et 
de  Charlemagne  ;  ses  mémoires  sur  r«s 
problèmes  obscurs  ont  eu  du  retentis- 
sement à  l'étranger  comme  en  Bel- 
gique ,  notamment  en  France.  Notre 
publiciste  n'était  d'ailleurs  pas  tout-à- 
fait  inconnu  de  l'autre  côté  de  Quié- 
vrain.  Nommé  en  4859  correspondant 
du  ministère  de  l'instruction  publique, 
sur  la  proposition  de  l'illustre  Augustin 
Thierry,  il  n'avait  point  tardé  à  con- 
tribuer activement  à  la  publication 
de  la  collection  des  Documents  inédits 
sur  Vhistoire  de  France^  dont  M.  Gui- 
zot  fut  le  promoteur.  Les  grandes 
œuvres  historiques  et  littéraires  entre- 
prises et  continuées  par  l'institut  trou- 
vèrent également  en  lui  un  collabora- 
teur zélé  et  dévoué.  Le  gouvernement 
français  l'en  récompensa  dès  1847,  en 
lui  décernant  la  croix  de  la  légion 
d'honneur ,  et  l'Institut  (Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres),  en  le 
nommant  l'un  de  ses  correspondants 
étrangers  (1855).  Il  est  en  outre  affilié 
à  la  Société  des  antiquaires  de  France. 

Son  activité  littéraire  n'a  toutefois 
jamais  cessé  de  s'exercer  dans  sa  ville 
natale.  La  Société  libre  d'Emulation^ 
fondée  à  Liège  en  1779  par  le  prince 
Velbruck,  avait  fini  par  interrompre 
ses  travaux,  après  avoir  brillé  pendant 
longtemps  d'un  vif  éclat.  Elle  se  re- 
constitua, et  d'abord  elle  prit  soin  de 
réorganiser  les  différents  Comités  qui 
la  composent.  M.  Polain  fut  nommé 
président  du  Comité  de  littérature  et 
des  beaux-arts,  en  même  temps  que 
M.  U.  Capitaine  devint  secrétaire-gé- 
néral de  la  compagnie.  Sous  leur 
double  impulsion,  la  Société  d'Emula- 
tion n*a  pas  tardé  à  recouvrer  son  an- 
cienne influence  sur  le  mouvement  in- 
tellectuel de  Liégi-,  et  l'on  peut  même 
dire  qu'après  l'Académie  royale  de 
Belgique,  elle  tient  aujourd'hui  le  pre- 
mier rang  parmi  les  institutions  litté- 
raires du  pays  (  *). 

M.  Polain  remplissait  depuis  vingt- 
cinq  ans,  au  grand  profit  des  études 
historiques,  les  fonctions  d'archiviste 

(')  Du  moins  par  ses  concours.  Nous 
constatons  à  regret  que  son  essor  s'est  un 
peu  ralenti  depuis  1867  ;  on  a  cessé  d'y 


de  l'Etat,  à  Liège,  lorsque  le  Roi  lui 
conféra,  en  1857,  celles  d'administra- 
teur-inspecteur de  l'Université  de  cette 
ville,  après  la  mort  de  D.  Arnould 
(v.  ce  nom).  Il  occupe  encore  aujour- 
d'hui ce  poste,  auquel  est  attachée  la 
direction  des  écoles  spéciales  des  arts 
et  manufactures  et  des  mines. 

Nous  empruntons  à  Quérard  {France 
littéraire,  t.  XI,  p.  475),  en  ayant  soin 
de  la  compléter  autant  que  possible,  la 
liste  générale  des  publications  de  M. 
Polain. 

1.  Ouvrages  ÉDITÉS  sÉPARÉMEirr. 

1«  Les  eaux  de  Chaudfontaine,  co- 
médie-vaudeville en  un  acte,  représen- 
tée sur  le  théâtre  de  Liège  le  15  mars 
1827.  Verviers,  1827,  in-8*  (anonyme). 

En  collaboration  avec  MM.  L.  41vio  et.  de 
Lanooy. 

2»  De  la  souveraineté  indivise  des 
évéques  de  Liège  et  des  Etats-généraux 
sur  Maestrieht.  Liège  1851,  in-8«. 

5<>  Collection  de  chroniques  liége4>ises 
inédites.  La  Mutinerie  des  Rivageois^ 
par  Guill.deMeeff(XVPsiècle).  Liège, 
1 855,  in  8. 

i^  Mélanges  historiques  et  littéraires. 
Liège,  1859,  in  18o. 

5^  Récits  historiques  sur  Vanden 
pays  de  Liège.  4*  éd.,  refondue  et  con- 
sidérablement augmentée.  Bruxelles , 
I86G,  in-8». 

Un  certain  nombre  de  ces  récits  ont 
d'abord  paru  dans  la  Revue  belge,  et  il  en 
a  été  fait  des  tirés  à  part.  Us  ont  été  en- 
suite réunis  en  un  vol.  et  publiés  à  Liège  en 
1837  (Eâquisxet  historiques  de  Fancien 
pays  de  Liège),  La  troisième  édition  a  vu  le 
jour  il  Bruxelles  en  1842  (in-S»). 

G»  A  toutes  les  gloires  de  Vancien 
pays  de  Liège.  Liège,  1812,  in-8<>. 

7^  Liège  pittoresque,  ou  description 
historique  de  cette  ville  et  de  ses  prin- 
cipaux monuments.  Bruxelles,  I8i2, 
in-8». 

8<»  Henri  de  Dinant,  histoire  de  la 
révolution  communale  de  Liège  au 
Xlll»  siècle.  Liège,  1845,  in-8o. 

donner  des  conférences  et  la  publication  de 
V Annuaire  est  suspendue. 


21 


POL 


-22 


9«  Histoire  de  Vancien  pays  de  Liège. 
Liège,  18U-1847,  2  vol.  in-S». 

iO«  Notice  historicité  sur  le  système 
d'impositions  communales  en  usage  à 
Liège  avant  179i.  Bruxelles  4846  , 
gr.  in-8». 

Il»  Tableau  général  des  différentes 
cùllectians  que  renferme  le  dépôt  des 
archives  de  VEtat,  à  Liège.  Liège , 
1847,  in-8«  (anon.) 

12o  Les vrayes chroniques'}ZÛ\s faites 
et  rassemblées  par  vénérable  homme 
et  discret  seigneur  Monseigneur  Je- 
han Le  Bel^  chanoine  de  S.  Lambert, 
retrouvées  et  publiées  par  M.  L.  Po- 
lain.  Mons  ,  1850,  gr.  in-8o  (car. 
goih.). 

Fragment  tiré  à  i25  exemplaires  seule- 
ment, et  non  livré  au  commerce.  —  La 
chronique  complète  de  Jehan  Le  Bel  (v.  ci- 
dessus)  a  été  publiée  par  M.  Polain  en  4863» 
à  finixeUes,  sous  le  titre  suivanl  : 

i^  Les  vrayes  chroniques  deMessire 
Jehan  Le  Bel.  Histoires  vrayes  et  no- 
tables des  nouvelles  guerres  et  choses 
avenues  l'an  Mil  CCCXXVI  jusques  À 
Tan  LXI,  en  France,  en  Angleterre,  en 
Escosse,  en  Bretaigne  et  ailleurs,  et 
principalement  des  haultz  faits  du  roy 
Edowart  d'Angleterre  et  des  deux  roys 
Philippe  et  Jehan  de  France.  Bruxelles, 
1865,  2  vol.  in-8'>. 

44*  Liste  chronologique  des  Ordon- 
nances de  la  principauté  de  Liège,  de 
4684  k  4794.  Bruxelles,  4851,  in-8« 
(anon.). 

45*  Liste  chronologique  des  Edits  et 
Ordonnances  de  la  principauté  de  Stave- 
lot  et  de  Malmedy,  de  650  à  4793.  Bru- 
xelles, 4852,  in-8«  (anon.) 

46»  Recueil  des  Ordonnances  de  la 
principauté  de  Liège.  3  février,  4684  à 
1794.  Bruxelles,  4855-4860,  2  v.  in- 
folio. 

47*  Liste  chronologique  des  Edits  et 
Ordonnances  de  la  principauté  de  Liège, 
(4507  à  4684). /^id.,  4860,  in-8«(anon.). 

48*  Recueil  des  Ordonnances  de  la 


principauté  de   Stavelot    (648-4794). 
Ibid..  4864,  un  vol.  in-folio. 

490  Liste  chronologique  des  Edits  et 
Ordonnances  de  Vancien  duché  de  Bouil- 
lon, de  4240  ii  4795.  Ibid.,  4865, 
in-80. 

20»  Recueil  des  Ordonnances  du  du- 
ché de  Bouillon  (4240-4795).  Ibid., 
4868,  un  vol.  in-folio. 

II.  Collaboration  a  des  publica- 
tions PÉRIODIQUES. 

A.  Bulletin  de  V  Académie  royale  de 
Belgique. 

24»  Découverte  de  la  chronique  de 
Jehan  Le  Bel  (t.  XIV,  4847).  —  Note 
sur  le  baron  de  Waleff  (t.  XV,  4848). 
—  Note  sur  un  fragment  de  Ms.  d'O- 
rose,  de  la  fin  du  VI* ou  de  la  première 
moitié  du  Vli*  siècle  (t.  XVI,  4849).— 
Rapport  sur  un  mémoire  concernant  la 
Constitution  de  Tancien  pays  de  Liège 
(t.  XVIII.  4854).  —  Note  sur  un  di- 
plôme de  Louis  le  Débonnaire  (t.  XIX, 
4852).  —  Nouveaux  éclaircissements 
sur  la  chronique  de  Jehan  Le  Bel  {Ibid.K 
— •  Pierre  TErmite,  Picard  ou  Liégeois 
(t.  XXI,  4854)  (M.  —  Où  est  né  Char- 
lemagne  (t.  XXIII,  4856)  ?  —  Quand 
est  né  Charlemagne  {Ibid.)*!  —  Encore 
Charlemagiie  (Ibid.). —  Rapport  sur  un 
mémoire  de  M.  Arsène  de  Noue,  con- 
cernant la  patrie  et  la  famille  de  Wi- 
bald  (t.  XXIV,  4857).  --  Rapport  sur 
une  notice  de  M.  Tabbé  Kempeneers, 
relative  à  Tancienne  franchise  de  Mon- 
tenaeken  (t.  VIII,  2*  série).  —  Rap- 
port sur  un  mémoire  de  M.  Loise,  in- 
titulé :  Influence  de  la  civilisation  sur 
/ajKM^te(t.  XIV,  2«série). 

b.  Messager  des  sciences  historiques, 
de  Gand. 

22*  Recherches  sur  la  vie  et  les  ou- 
vrages de  Jean  des  Prez,  dit  d*Outre- 
meuse,  chroniqueur  liégeois  du  XVI* 
siècle  (  4834).  —  Notice  sur  Guillaume 
de  Meeff  dit  de  Champion,  chroniqueur 
du  XVI*  siècle  (4835).— Esquisses  bio- 
graphiques de  Tancien  pays  de  Liège, 


(MM.  GrandgagDage,  premier  président 
de  la  Cour  d'appel  de  Liège,  avait  publié  dans 
le  Bulletin  de  flrutitut  archéologique  lié- 
geoi$,  également  en  1854,  une  dissertation 


intitulée  :  Pierre  FBrmite,  Liégeois  ou  Pi- 
card. Celle  de  M.  Polain  en  est  la  contre- 
partie. 


23 


POL 


24 


i^  série  :  AdeUwld  (XI"  siècle)  ;  Amel- 
gard  (XV"  siècle)  ;  2*  série  :  Coppée, 
poète  et  écrivain  dramatique  (XYII* 
siècle);  FouUon,  historien  (XYII^siècle); 
Brixhe,  Jurisconsulte  et  liomme  poli- 
tique (XVIH*  siècle)  (1856). 

Ces  difTérentes  notices  oot  été  complétées 
et  réiaprimées  dans  les  Mélangée  hittoriques 
etlittéraireê  (1889). 

c.  Revue  de  Bruxelles. 

23*  Guy  de  Kanne,  ou  le  vendredi  de 
Pâques  de  Tan  i486  (1858).  ~  Notice 
sarGodefroidde  Bouillon  (même  année), 

Guy  de  Kanne  a  été  réimprimé  dans  la 
S*  éd.  des  Récits  historiques ^  mais  n'a  point 
été  reproduit  dans  la  4*.  —  Godefroid  de 
BouUlçn  se  retrouve  dans  les  Mélanges  histo- 
riques et  littératres  (iHSd), 

D.  Bulletin  de  VlntHtut  archéologique 

liégeois. 

24<»  Notice  sur  un  livre  d*Evan^iles, 
conservé  dans  Féglise  de  S^-Jean  Evan- 
géliste  à  Liège  (i852).  —  Police  de 
l'imprimerie  et  de  fa  librairie  au  pays 
de  Liège  (1854).  —  L^abbé  Raynal  et 
Bassenge  (1854).  —  Commerce  et  in- 
dustrie du  pays  de  Liège  au  XVllI* 
siècle  (1859).  —  Population  de  l*ancien 
pays  de  Liège  au  XVIII*  siècle  (1857). 
—  Analectes  liégeois,  ou  Recueil  de 
pièces  originales  (1852-1857),  2  fasci- 
cules ln-8®.  —  Divers  comptes  rendus 
littéraires. 

s.  Annuaire  de  la  Société  d^Emulation , 

de  Liège. 

25*  Notice  sur  l'Académie  royale  de 
Belgique  (1857).  —  Le  sanglier  des 
Ardennes  (1866). 

Ce  dernier  morceau  a  été  réimprimé  dans 
la  4*  édition  des  Récits  historiques. 

F.  Journal  de  Liège, 

26*  Un  grand  nombre  d'articles  de 
critique  littéraire,  aussi  tirés  à  part 
in-*8*.  Nous  citerons  les  suivants  : 
Collection  de  documents  inédits  sur 
l'histoire  de  France  (1851-1852).  — 
Histoire  littéraire  de  la  France,  par  les 
Bénédictins,  continuée  par  l'Institut  de 
Franœ,  t.  XX  et  XXI  (1851)  ;  t.  XXII 


(1855);  t.  XXIII  (1857);  t.  XXIV 
(1864).  Ces  deux  derniers  comptes 
rendus  ont  été  reproduits  par  le  Moni- 
teur belge.  —  Recueil  des  historiens 
des  Gaules  et  de  la  France  (1851).  — 
Notice  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de 
Raynouard  {Id.).  —  De  la  renaissance 
des  arts  à  la  Cour  de  France,  par  le 
comte  de  Laborde  (Id.).  —  Correspon- 
dance de  Philippe  II  sur  les  aflâires 
des  Pays-Bas,  par  Gachard  (Id.).  — 
Essai  historique  sur  l'organisation  ju- 
diciaire et  administrative  de  la  justice 
depuis  Hugues  Capet  jusqu'à  LouisXIl, 
par  Pardessus  (Id.).  —  Revue  historique 
du  droit  français  et  étranger  (1855).  — 
Correspondance  de  Guillaume  le  Taci- 
turne, prince  d'Orange,  par  Gachard 
(1855).  —  Histoire  politique  desEtats- 
Uuis,  par  Laboulaye(i856).  ~  Histoire 
de  la  Flandre,  par  Kervyn  de  Letten- 
hove,  in-8''  —  Uist.  des  Belges  à  la  fin 
du  XV11I«  siècle,  par  Ad.  Borgnet.  — 
Lettre  sur  les  Anglais  qui  ont  écrit  en 
français  (1855).  —  Les  historiettes  de 
Tallemant  des  Réaux  (Id.).  —  Athènes 
aux  XV,  XVI*  et  XVïl*  siècles,  par  le 
comte  de  Laborde  (Id.).  ^  De  l'union 
des  arts  et  de  l'industrie,  par  le 
même,  etc.,  etc. 

G.  Bulletin  de  la  Commission  royale  pour 
la  publication  des  anciennes  Lois  et 
Ordonnances. 

27*  Divers  rapports  sur  les  travaux 
préparatoires  du  Recueil  des  Ordon- 
nances et  du  Recueil  des  Coutumes. 

H.  Recueils  divers. 

28**  Quantité  de  notices  historiques, 
biographiques  et  bibliographiques  dans 
la  Revue  belge,  la  Revue  de  Liège,  la 
Biographie  universelle  de  Michaud,  les 
Archives  du  Nord  de  la  France  et  du 
midi  de  la  Belgique  (d'Arthur  Dinaux), 
les  Archives  de  Reiffenberg  ;  le  Bulletin 
du  Comité  de  la  langue,  de  V histoire  et 
des  arts  de  la  France  ;  la  Revue  des 
Sociétés  savantes;  le  Bulletin  du  biblio- 
phile de  Techener  ;  le  Bulletin  du  bi- 
bliophile belge  ;  la  Biographie  natio- 
nale, etc.,  etc. 


Il 


PROFESSEURS  DECEDES 


Aekei-fNijreu  (Jeau),  Dé  à  Bois-le- 
duc  le  22  octobre  4790,  mourut  À 
Utrecht  le  15  juillet  1861.  Il  ne  passa 
guère  que  cinq  années  à  Liège  ;  mais 
son  enseignement  laissa,  dans  notre 
pays,  des  traces  qui  ne  sont  pas  encore 
effacées.  Son  dernier  biographe  (*) 
nous  rappelle  qu*en  4847,  à  Bruxelles, 
au  Congrès  d'économie  politique,  «  un 
»  ministre  d*Etat,  M.  Charles  de  Brou- 
0  ckère,  déclarait  que  plus  d'un  publi- 
»  ciste  belge  devait  à  ce  professeur 
»  hollandais  la  véritable  intelligence  de 
9  la  liberté  économique.  »  La  forte 
éducation  que  reçut  AckersOyck,  sous 
rœil  paternel,  le  prédisposa  autant  que 
ses  propres  instincts  à  s'assigner  le 
rôle  de  défenseur  des  idées  modernes. 
Son  père,  avocat-secrétaire  de  la  ré- 
gence de  Bois-le-Duc .  était  un  homme 
lettré  en  même  temps  qu'un  savant 
jurisconsulte  (*)  ;  par-dessus  tout  il  ai- 
mait la  llbrediscussion  et  répudiait  toute 
espèce  de  routine,  bien  qu'il  fût  très- 


attacbé  aux  opinions  qu'il  s'était  faites 
après  mûr  examen.  Persécuté  à  cause 
de  sa  fidélité  à  la  maison  d'Orange, 
Corneille  Ackersdyck  alla  s'établir  à 
Utrecht,  où  il  demeura  jusqu'en  4820  ; 
son  fils  Jean  put  ainsi  s'adonner  aux 
hautes  études  sans  sacrifier  la  vie  de 
famille.  Ce  n'est  pas  toujours  un  avan- 
tage, du  moins  quand  les  parents  ont 
l'esprit  étroit  et  intolérant  ;  mais  malgré 
le  contraste  des  âges  et  des  caractères, 
il  y  avait  entre  Corneille  et  Jean  plus 
d'un  point  de  ressembl&nce,  l'un  et 
l'autre  goûtantrérudition,  Tnn  et  l'autre 
ayant  foi  dans  l'avenir  (*).  Tout  con- 
courait, ce  semble,  à  hâter  la  maturité 
du  jeune  homme  :  l'influence  de  son 
père,  les  leçons  et  les  entretiens  de 
l'illustre  platonicien  Van  Heusde,  le 
cours  éminemment  pratique  du  profes- 
seur De  Rhoer,  qui  saisissait  toutes  les 
occasions  d'entretenir  la  jeunesse  des 
choses  les  plus  modernes  ;  enfin  tes 
préoccupations  politiques,qui  donnaient 


(*)  M.  le  professeur  Stecher  {Annuaire 
de  la  Société  d'Emulation  de  Uéçe,  4865). 

(*)  Nous  eoDnaissoDa  de  lui  un  opuecnle 
intitulé  :  Observations  sur  la  tangue  flU' 
mande  par  rapport  aur  provinces  méridio- 


nales (trad.  en  fraoçais,  par  le  baron  Van 
Ertborn.  Anvers,  4Sâl,  in-8o). 

(•)  Stcchcr,  op,  cit,  —  M.  C.  Mees,  Le- 
ventberigt  van  M*,  Jan  Ackersdyck,  Leiden 
4882,  in-8«,  p.  4. 


27 


ACK 


28 


à  la  ville  dTtrecbt  une  animation  inac- 
coutumée, depuis  que  le  roi  Louis, 
frère  de  Napoléon,  y  avait  fixé  sa  rési- 
dence. Il  fut  tout  d*un  coup  question  de 
supprimer  les  anciennes  Universités  : 
Jean  Aciiersdyck,  qui  n*avait  pas  vingt 
ans,  s^empressa  d*acliever  ses  études, 
et  présenta  une  thèse  doctorale  sur  un 
point  d'économie  politique.  H  débuta 
sans  retard  au  barreau,  et  comme  il 
possédait  bien  la  langue  française,  il 
se  fit  une  spécialité  des  affaires  qui 
ressortissaient  au  Tribunal  des  douanes 
impériales  (*).  Telle  était,  au  bout 
d*une  courte  pratique,  l'importance  du 
Jeune  avocat,  que  Tautorité  française, 
pour  ne  pas  se  priver  de  ses  lumières, 
Texempta  du  service  de  la  garde  d'hon- 
neur (•). 

La  révolution  de  I8i3  lui  porta  un 
coup  sensible,  et  Tannée  suivante  une 
grave  maladie  Téloigna  tout  à  fait  du 
palais.  A  peine  rétabli,  Télan  patriotique 
de  I8i5  Tentralna.  Il  prit  du  service 
dans  les  chasseurs  à  cheval,  suivit  jus- 
qu'à Paris  Tarmée  victorieuse,  et  une 
fois  U,  n'eut  de  repos  qu*après  avoir 
obtenu  son  congé  ;  il  avait  à  cœur  de 
profiter,  pour  compléter  ses  études,  de 
son  séjour  dans  la  grande  ville.  Nommé 
en  1816  juge  suppléant  au  tribunal  de 
première  instance  d'Utrecht,  il  consacra 
ses  loisirs  à  la  rédaction  du  catalogue 
de  la  bibliothèque  académique.  De  1817 
à  1825,  il  exerça  tout  à  la  fois  les  fonc- 
tions de  substitut  près  le  même  tribunal, 
et  celles  de  secrétaire  du  Collège  des 
curateurs  de  TUniversité.  Il  se  fit  dans 
ce  dernier  établissement  une  réputation 
de  sévérité  inflexible  ;  on  s'accorde  ce- 
pendant à  reconnaître  que  ses  rigueurs 
ne  furent  jamais  tracassiëres.  «  Le  sens 
»  de  la  légalité,  assez  rare  en  ce  temps 
»  là,  dit  M.  Mees,  était  l'âme  de  sa  vie  ; 
»  on  s'étonnait ,  parfois  même  on  se 
»  plaignait  de  voir  un  membre  du  par- 
»  quel  aller  jusqu'à  mettre  en  doute  la 
»  valeurd'uneordonnanceirrégulière.  » 
Il  arrive  assez  souvent  que  les  hommes 


de  cette  trempe  demeurent  indifférents 
aux  choses  extérieures  et  ne  sont  heu- 
reux que  dans  le  silence  de  leur  cabinet, 
constamment  occupés  de  doctes  contro- 
verses. Tel  n'était  point  Ackersdyck: 
possédé  d'une  curiosité  insatiable,  il 
s'inquiétait  de  tout  et  observait  d'aussi 
près  qu'il  pouvait  la  mobilité  humaine. 
Il  avait  la  passion  des  voyages,  et  il 
aimait  les  livres  qui  traitent  des  civili- 
sations les  plus  lointaines.  Son  respect 
pour  les  moindres  préférences  d'un 
vieux  père  l'empêcha, jusqu'en  1818,  de 
parcourir  les  pays  étrangers  ;  mais  à 
partir  de  cette  époque  jusqu'en  18G1,  il 
se  donna  libre  carrière  et  employa 
toutes  ses  vacances  à  se  rendre  compte 
par  lui-même  de  la  véritable  situation 
de  l'Europe.  «  De  l'Irlande  jusqu'à 
»  Kasan  ,  de  la  Laponie  jusqu'à  Pa- 
»  terme  et  Gibraltar ,  il  voulut  tout 
»  étudier  dans  sa  vivante  réalité.  Avec 
»  cette  ténacité  propre  à  la  race  germa- 
»  nique,  il  ne  s'arrêtait  devant  aucun 
»  ennui  ;  avec  cette  hauteur  devues  que 
n  donnent  les  lettres  associées  à  la 
»  philosophie,  il  s'intéressait  à  toutes 
»  les  manifestations  de  la  vie  du  peuple. 
»  Chaque  soir,  quelle  que  fût  la  fatigue 
»  du  touriste,  il  notait  scrupuleusement 
»  tout  ce  qu'il  avait  pu  observer  dans 
m  la  politique,  dans  la  religion,  dans 
»  l'économie ,  dans  l'administration  , 
D  dans  l'industrie,  dans  la  littérature, 
n  et  jusque  dans  les  plaisirs  et  les  pré- 
»  jugés  les  plus  grotesques  »  (').  On 
peut  regretter  qu'il  n'ait  livré  au  public 
que  le  récit  d'une  partie  de  ses  pérégri- 
nations :  les  Fragments  éTun  voyage  en 
Hollande,  entrepris  dans  le  courant  de 
Tannée  1826  avec  son  ami  Victo^ 
Bronn,  professeur  d'agronomie  à  Liège 
(v.  ce  nom)  ;  le  Voyage  en  Russie  (iS^h); 
deux  notices  sur  la  Hongrie,  et  sur  la 
Silésieel  les  Sudètes, soni  des  morceaux 
instructifs  et  pleins  de  remarques 
souvent  profondes  sur  les  institutions 
sociales.  Statistique  des  écoles,  ques- 
tions agricoles,  questions  financières, 


(  *  )  Institué  poor  connallre  des  violations 
da  blocus  continental. 

CJ  Stecher,  op.  cit. 

(*)  Ibid.  —  On  trouvera  des  détails  plus 


explicites  sur  le  fruit  qu'Ackersdyck  retira 
de  ses  nombreux  voyages,  dans  la  notice  de 
M.  0.  Van  Rees  {Almanaeh  des  étudiants 
d'Vtrecht,  1861  in-1S«). 


29 


AGK 


30 


pondération  des  pouvoirs,  libertés  pu- 
bliques, il  passe  tout  en  revue,  et  de 
tout  il  retire  quelque  enseignement 
utile,  ce  qui  ne  Tempêche  pas  de  s*éle- 
ver  jusqu'aux  hauteurs  de  Tidéal  et  de 
se  recueillir  quelquefois  dans  une 
pieuse  pensée,  témoin  ce  paragraphe 
de  son  voyage  en  Silésie  :  «  C^est  sur 
»  les  montagnes  qu*on  se  pénètre  sin- 
»  gulièrementdela  petitesse  de  Thomme 
»  et  de  la  grandeur  éternelle  de  Celui 
n  qui  a  tout  créé.  C*est  là,  je  crois,  ce 
»  qui  produit  cette  jouissance  ineffable 
»  que  procurent  les  magnifiques  ta- 
»  bleaux  de  la  nature.  Quand  on  a 
»  voulu  prouver  par  ce  spectacle  la 
»  sagesse  de  Dieu  et  riromortalité  de 
»  l'âme,  on  n'a  peut-être  pas  fait  valoir 
i>  assez  ce  langage  direct  par  lequel  la 
»  nature  s'adresse  à  notre  cœur  en  y 
»  suscitant  une  conviction  irrésistible.  » 
L'Université  de  Liège  ayant  eu  le 
malheur  de  perdre,  en  1825,  l'un  de 
ses  meilleurs  professeurs,  Jean-George 
1/Vagemann  (v.  ce  nom),  le  gouverne- 
ment fit  des  démarches  pour  y  attirer 
le  célèbre  économiste  Jean-Baptiste 
Say.  Les  négociations  n'ayant  pu  abou- 
tir, on  nomma  Ackersdyck,  et  les  cours 
d'histoire  politique  et  d'économie  poli- 
tique furent  du  même  coup  transportés 
de  la  Faculté  des  lettres  dans  celle  de 
droit.  Le  professeur  devait  ainsi  trou- 
ver un  auditoire  mieux  préparé,  plus 
disposé  à  s'intéresser  à  des  questions 
spéciales,  à  des  détails  pratiques  dont 
la  jeunesse  avait  surtout  besoin,  la 
science  économique  étant  encore  trop 
nouvelle  à  cette  époque  pour  lui  offrir 
des  théories  générales  suffisamment 
positives.  Ackersdyck  ne  fut  pas  in- 
digne (le  son  prédécesseur.  Il  débuta 
le  31  décembre  1825  par  un  discours 
inaugural  Sur  rutilité  des  voyages  pour 
les  études  historiques  et  politiques»  a  En 
»  termes  éloquents,  il  montra  ce  que 
»  gagnent  à  quitter  de  temps  en  temps 
»  l'air  natal  les  artistes,  les  poètes, 
9  les  naturalistes  et  surtout  ceux  qui 
»  par  l'histoire,  la  statistique  et  l'éco- 
»  nbmie  sociale,  cherchent  la  raison  des 
»  choses  humaines.  Mais  sa  modestie 


»  l'empêcha  d'invoquer  ici  l'autorité  de 
»  son  expérience  personnelle  et  per- 
»  sistante  pour  achever  de  prouver  que 
»  le  voyage  n'est  fécond  que  quand  il 
»  est  nourri  et  préparé  par  de  métho- 
»  diques  études.  »  Ackersdyck  fut 
d'autant  plus  vivement  applaudi,  qu'il 
sortait  des  banalités  traditionnelles. 
Son  cours  fut  la  meilleure  démonstra- 
tion de  la  thèse  qu'il  avait  soutenue  le 
31  décembre.  Chaque  année,  il  remon- 
tait dans  sa  chaire  avec  une  nouvelle 
provision  d'idées  et  d'observations  re- 
cueillies dans  les  pays  qu'il  venait  de 
visiter.  Il  ne  dictait  pas,  mais  se  con- 
tentait de  quelques  notes  échelonnées  ; 
il  tenait,  disait-il,  à  se  mettre  dans  la 
nécessité  de  préparer  chaque  leçon.  Il 
visait  à  la  brièveté  ;  son  langage  était 
sobre  et  parfaitement  clair,  et  cette 
force  contenue  assurait  précisément 
son  succès.  Le  libéralisme  de  ses  opi- 
nions répondait  aux  instincts  de  la 
jeunesse,  très-préoccupée  alors  de 
questions  politiques  (v.  Wagemann)  ; 
on  a  dit  avec  raison  que  ses  élèves  de- 
venaient véritablement  ses  disciples. 
Il  exerça  plus  tard,  par  ses  écrits,  une 
grande  influence  en  Hollande;  mais 
les  étudiants  d'Utrecht  furent  plus 
lents  à  l'apprécier.  Il  se  plaisait  à  ré- 
péter, dans  sa  vieillesse,  qu'il  ne  s'é- 
tait jamais  senti  aussi  heureux  qu'à 
Liège.  11  y  avait  vécu,  d'ailleurs,  dans 
une  grande  intimité  avec  ses  collègues; 
ce  fut  en  outre  dans  cette  atmosphère 
calme  et  sérieuse  qu'il  apprit  à  connaître 
Maria-Anna  Walterthum,  la  femme  qui 
devait  achever  de  charmer  sa  vie  et  le 
consoler  aux  dernières  heures. 

Le  gouvernement,  qui  faisait  grand 
cas  d'Ackersdyck,  le  choisit,  en  1828, 
pour  représenter  l'Université  de  Liège 
au  sein  de  la  Commission  consultative 
chargée  de  l'examen  de  toutes  les 
questions  relatives  à  l'enseignement 
supérieur  (*).  Cette  enquête  scienti- 
fique ne  préoccupa  que  médiocrement 
le  public  ;  la  réforme  des  Universités 
paraissait  moins  urgente ,  aux  yeux  de 
l'opposition,  que  la  proclamation  de  la 
liberté  de  l'enseignement.  La  révolu- 


es) Il  y  eut  pour  collègues  MM.  Ch.  de      Keverberg,  0.  Leclercq,  Quelelet,  etc.  (v. 
Broockere,  Donckcr-Cttrtitts,  Dot:t>nge,  de      ci-dessus,  p.  66). 


31 


ACK 


32 


tioti  tfoimi  Ackéi*$dyck  fidèle  à  U 
maison  d'Oratige;  il  panit  pour  Aix-la- 
Chapelle,  puis,  après  un  court  séjour 
en  Hollande,  alla  paisiblement  attendre 
en  Allemagne  rissue  des  événements. 
Il  profita  de  son  séjour  à  Berlin  pour 
assister  aux  savantes  leçons  de  Hegel, 
de  Gans,  de  Mîchelet,  de  Savigny,  de 
Yon  Eaumer  et  du  professeur  de  sta- 
tistique Hoiftnann.  Attaché  provisoire- 
ment à  rUniversité  d*Utrecht  vers  la 
fin  de  1851,  il  ne  put  y  obtenir,  Jus- 
qu*en  1841,  aucun  cours  à  examen 
(Examen-colkgie)  ou  à  certificat  (Tes- 
timofiium-callegie).  Pendant  dix  ans, 
il  traita  devant  un  auditoire  d^amateurs 

Quelques  questions  spéciales  choisies 
ans  le  domaine  de  ses  études  de  pré-^ 
dllection.  Enfin  il  Ait  appelé  à  rempla- 
cer Van  Heusde  dans  la  chaire  d^his- 
toire  moderne,  et  en  1849,  il  devint 
titulaire  du  cours  d*économie  politique, 
après  la  mort  de  J.-R.  de  Brueys.  Il  ne 
quitta  ITniversité  qu*en  1860,  avec  le 
titre  de  professeur  émérite. 

L*enseignement  d'Ackersdyck  se  dis- 
tinguait par  une  heureuse  combinaison 
de  la  science  pure  et  de  ses  applica- 
tions. Selon  Tusage  du  temps,  il  divi- 
sait l'économie  politique  en  quatre  par- 
ties, traitant  respectivement  de  la  for- 
mation, de  la  circulation,  de  la  distri- 
bution et  de  la  consommation  des 
richesses.  Il  faisait  précéder  son  cours 
d'une  introduction  historique  étendue, 
qui  lui  prenait  plus  d'un  tiers  de  l'an- 
née. Alors  il  discutait  l'intervention  de 
l'Etat  dans  l'industrie,  la  liberté  du 
travail,  les  lois  sur  la  propriété  fon- 
cière, l'influence  du  mouvement  inter- 
national des  capitaux  sur  la  prospérité 
du  pays  ;  incidemment  il  abordait  la 
question  monétaire  et  l'organisation 
des  banques;enfin  son  attention  se  fixait 
sur  le  problème  du  paupérisme.  La 
science  des  finances  n'entrait  pas  dans 
son  plan;  tout  ce  qui  concerne  la 
dette  publique  et  le  système  des  impôts 
rentrait  dans  son  cours  de  statistique. 
Ici  encore  il  débutait  par  une  intro- 
duction, mais  plutôt  encyclopédique 


qu'historique.  Le  pays  et  \e  peuple,  tels 
étaient  les  deux  objets  de  son  corps 
de  doctrine.  Après  avoir  déterminé 
tons  les  éléments  qui  doivent  être  pris 
en  considération  dans  la  description 
d'une  contrée,  eonfij^ration  géogra- 
phique, situation,  clinut,  fertilité  du 
sol,  ressources,  moyen  de  défense,  il 
passait  à  la  population,  tenait  compte 
des  races,  des  caractères  et  des  mœurs, 
et  traçait  le  tableau  d'une  statistique 
ffénérale  des  citoyens,  notant  chemin 
faisant  une  infinité  de  fkits  intéressants, 
comparant  entre  elles  les  diverses  na- 
tions civilisées,  et  laissant  entrevoir 
qu'il  était  partisan  des  idées  de  Mal- 
thus.  II  spécialisait  ensuite  son  sujet 
en  s'attachant  directement  à  la  statis- 
tique de  la  Néeriande.  Ici  le  temns  lui 
faisait  défaut  ;  il  lui  manquait  quelques 
leçons  supplémentaires  qu'il  eût  con- 
sacrées aux  colonies,  sujet  de  ses  vives 
préoccupations,  comme  on  le  verra 
plus  loin.  Mais  sa  collaboration  active 
à  différents  recueils  d'économie  poli- 
tique était  le  complément  naturel  de 
ses  leçons.  Il  est  peu  de  sujets  de  con- 
troverse qu'il  n'ait  au  moins,  touchés 
sur  ceteriain.  Il  fut  l'adversaire  dé- 
claré du  protectionnisme,  des  droits 
différentiels,  du  principe  de  consigna- 
tion maritime,  des  fonds  secrets  et  des 
finances  arbitraires.  Monts-de-Piété, 
colonies  de  bienfaisance,  lois  des  cé- 
réales, abus  du  crédit,  papier-mon- 
naie, affaires  de  Java,  rien  ne  resta 
étranger  à  sa  critique  magistrale  et 
courageuse.  Il  regardait  comme  un 
devoir  de  faire  de  la  propagande  et  de 
combattre  à  outrance  tous  les  préjugés 
économiques.  11  défendait  le  principe 
de  la  publicité,  et  il  prêchait  d'exemple; 
il  voulait  la  liberté  la  plus  large,  et  il 
en  usait  lui-même  en  se  lançant  hardi- 
ment dans  la  mêlée  politique.  Ses  Ré- 
fiexUms  sur  la  loi  des  céréales  (1855) 
firent  sensation  et  irritèrent  le  gou- 
vernement, qui  le  fît  admonester  par  le 
baron  Van  der  Capellen,  président  des 
Curateurs  de  l'Université  d't]trecht(*  ). 
Le  tarif  de  1845  servit  de  réparation 


(*)  M.  Van  der  Capellen  lai  transmit,  dit- 
on,  le  message  à  contre-cœar  et  atténua 
•uttnt  qu'il  pnt  lliomiliation  qu'il  devait  in- 


fliger au  zèle  d'un  professeur  patriote  {Vf» 
C.  Mees  et  Stecher;. 


33 


ACR 


34 


au  pensenr  libre-échangiste,  dont  le 
crédit  s'accrut  dès  lors  de  Jour  en  jour. 
Il  lutta  jusqu*à  la  fin  :  nous  le  voyons 
encore  reprendre  la  plume  en  i857 
pour  combattre  un  projet  rétrograde 
sur  la  surveillance  des  métiers.  En 
4S60,  dans  la  réunion  de  la  Société 
(TEcanomie  politique  de  Paris,  il  pro- 
testa éloquemment  contre  les  \ices  du 
monopole  colonial  (  *  )•  Le  gouverne- 
ment hollandais  doit  travailler  lui- 
même  ,  s'écria-t-il ,  à  Témancipation 
intellectuelle  et  politique  des  Javanais, 
tt  Cest  à  rindépendance  individuelle, 
»  et  non  pas  à  un  servage  abrutissant, 
n  que  doit  tendre  le  système  de  notre 
»  gouvernement...  La  transition  doit 
»  avoir  lieu  par  la  libre  disposition 
Il  pour  rindigène  de  ses  forces  et  de 
»  son  travail.  Plus  on  avancera  dans 
»  cette  voie,  plus  on  obtiendra  d*a- 
»  vantages  de  la  possession  de  Java. 
»  Les  vices  inhérents  au  monopole 
»  commercial  se  font  aussi  de  plus 
»  en  plus  sentir.  Le  commerce  rolos- 
»  sal  des  produits  d*une  Ile  cent  fois 
>  plus  grande  que  la  Hollande,  se  fait 
»  d'une  manière  dispendieuse;  les  pro- 
t  fits  sont  achetés  si  cher,  que  la  li- 
»  berté  sans  désordre  augmenterait 
n  immensément  les  profits  pour  la 
»  nation.  » 

La  loyauté  d'Ackersdyck  était  À  la 
hauteur  de  sa  généreuse  audace.  Le 
ministre  Van  Hall,  en  pleine  séance  de 
la  seconde  Chambre  des  Etats-Géné- 
raux, Favait  traité  de  pamphlétaire  ; 
ayant  eu  l'occasion  d'apprécier  publi- 
quement les  actes  de  cet  homme  d'Etat, 
Ackersdyrk  en  fit  l'éloge  sans  aucune 
arrière  pensée.  Quand  il  croyait  avoir  la 
main  pleinede  vérités,  il  s'empressait  de 
rouvrir,  quelles  que  dussent  être  pour 
lui  les  conséquences  de  sa  franchise  ; 
en  revanche,  il  se  défiait  des  engoue- 
ments éphémères,  ne  s'inféodait  à  per- 
sonne et  n'en  voulait  systématiquement 
à  personne.  L'élévation  de  son  carac- 


tère, non  moins  que  son  savoir  et  son 
jugement  sûr,  donnait  à  ses  avis  de  la 
consistance  et  du  poids  ;  on  savait  qu'il 
ne  se  prononçait  qu'à  bon  escient,  et 
qu'il  ne  transigeait  Jamais  avec  sa  con- 
science. Il  avait  horreur  des  tartuffes  de 
ïïUBurs^  qu'il  croyait  assez  nombreux  en 
Hollande  ;  il  détestait  la  dévotion  inté- 
ressée, et  s'élevait  volontiers  contre  le 
formalisme  de  certaines  sectes  protes- 
tantes. On  en  a  voulu  conclure  que  ses 
convictions  libérales  ne  reposaient  sur 
aucune  base  religieuse.  C'est  une  erreur 
et  une  injustice  ;  il  ne  croyait  au  pro- 
grès que  sous  la  garde  d'une  Provi- 
dence. Quelques  semaines  avant  sa 
mort,  il  écrivait  dans  son  journal  in- 
time :  «  Me  voici  libre  de  tout  devoir 
»  officiel  ;  mais  Je  sens  que  ma  fin 
»  approche  :  j'ai  soixante-dix  ans. 
»  Ayant  toujours  pris  mes  devoirs  au 
»  sérieux.  J'ai  préparé  ce  départ.  Je 
»  regarde  en  arrière  avec  mélancolie, 
»  mais  en  paix  a\ec  moi-même  :  la  vie 
»  m'a  servi  à  faire  quelque  bien.  Le 
n  crépuscule  ne  m'inquiète  pas  :  il  ne 
»  ne  saurait  être  long.  Et  j'en  ai  la  con- 
»  viction  :  un  jour  plus  lumineux  se 
n  lèvera  aussitôt  après  la  nuit...  » 

Ackersdyck  ne  se  reposait  d'une  acti 
vite  que  par  une  autre.  Il  ne  quittait  sa 
chaire  ou  son  cabinet  que  pour  aller 
prendre  la  parole  dans  les  Congrès 
scientifiques,  siéger  dans  des  Commis- 
sions administratives  ou  travailler  à 
son  jardin.  En  Juin  i86i,  à  peine  remis 
des  fatigues  d'une  longue  discussion 
au  Congrès  agricole  de  Dordrecht,  il 
projeta  un  nouveau  voyage  :  on  eut 
beaucoup  de  peine  à  l'en  dissuader  ;  la 
veille  de  sa  mort  il  travaillait  encore. 
11  remplit  toutes  sortes  de  mandats,  et 
partout  il  sut  se  rendre  utile.  Il  siégea 
au  Conseil  communal  d'Utrecht  et  aux 
Etats  provinciaux  ;  il  présida  en  i859 
la  Commission  royale  de  statistique  ;  il 
fut  membre  de  l'Académie  royale  des 
sciences,  et  l'un  des  directeurs  de  la 


(  *)  Il  avait  osé  écrire  il  ce  propos, dans 
le  Journal  de»  EconomisteM  (t.  XXXVIII)  : 
«  Retirer  do  pays  le  plus  gros  produit  pos- 
»  ftible,  sans  trop  s'embarrasser  du  sort 
>  des  populations  conqnises  ;  pousser  le 
»  principe  de  l'exploitation  de  l' homme  jns- 


»  qa'i  ses  limites  extrêmes,  et  ne  s'arrêter 
»  que  devant  la  crainte  de  compromettre 
»  les  intérêts  matériels,  après  lesquels  on 
»  court  :  telle  est  la  pensée  profondément 
>  empreinte  dans  les  actes  du  gouverne- 
9  ment  de  Java.  > 


i 


ACK 


:« 


Société  provinciale  des  arts  et  des 
sciences  d'Utrecht;  il  présida  la  5* 
section  du  Congrès  agricole,  etc  ,  etc. 
A  Liège,  il  fonda,  avec  le  concours  de 
Destriveaux,  d'Ernst,  de  Warnicœnig 
(v.  ces  noms),  etc.,  la  Bibliothèque  du 
jurisconsulte  et  du  puMiciste  ;  à  Utrecht, 
avec  ses  amis  MM.  P.  Broers,  W.  J. 
Van  Hoylema,  le  dr  A.  S.  Rueb  ,  Hora 
Giccama  et  G.  W.  Yreede  (son  collègue), 
une  revue  intitulée  :  Bijdragen  toi  de 
hennis  van  Nederlandsche  en  vreemde 
koloniën,  bijzonder  betrekkelijk  de  vrij- 
lating  der  Slaven,  11  écrivit  dans  les 
périodiques  étrangers  comme  dans  ceux 
de  son  pays,non  pour  le  plaisir  d'écrire, 
mais  toujours  pour  hâter  Tavénement 
des  réformes  qu'il  avait  eo  vue.  Il  a 
puissamment  aidé  au  progrès  des  idées 
économiques  en  Hollande  ;  le  concert 
de  louanges  qui  a  retenti  sur  sa  tombe 
n*est  qu'un  légitime  hommage  rendu  à 
son  activité  féconde  et  à  son  patriotisme 
éclairé. 

Bibliographie  (d'après  MM.  0  Van 
Rees,  U.  Capitaine,  etc.) 

I.  Ouvhages  publiés  séparément 

1^  Bedenkingen  tegen  de  Korenwetten, 
Utrecht,  Van  der  Monde,  4855. 

2«  lets  over  het  ontwerp  eener  zooge- 
naamde  Giro-  of  Handelsbank,h\}  gele- 
genheid  der  recenticn  van  het  werk  van 
den  heer  \V  C.  Mees  :  Proeve  eener 
geschiedenis  van  het  bankwesen  in  Ne- 
derland.  Rotterdam,  Messchert,  1839. 

3»  Verhaal  eener  reize  in  Rusiand, 
gedaan  in  het  jaar  1835.  Groningen, 
W.  Van  Boekeren,  48iO,  2  vol. 

4'  Nederlands  Financiën,  Nationale 
Schuld,  Amsterdam,  J.  Muller,  4S43. 

5«  Nederlands  Finnnciên.  Nationale 
schuld.  Vervolg.  Utrechl ,  Van  der 
Monde,  18i3. 

G**  Nederlands  muntwezen.  Invisse- 
ling  der  oude  munten  voor  papier. 
Utrecht,  C.  Van  der  Post,  1845 

V  Over  belastingen  en  bezuiniging. 
Utrecht.  J.  G   Broese,  4849. 

8«  Oper  het  collegie  van  Reden  en 
Generaalmeesters  van  de  Munt.  Ibid., 
4850. 


9**  Mouvement  des  idées  économiques; 
progrès  des  réformes,  état  de  la  ques- 
tion coloniale  en  Hollande.  Utrecht, 
T.  de  Bruyn,  4861. 

Public  d'abord  à  Paris,  dans  le  Journal 
des  Economistes  ,  t.  IXXVIII  ,  p.  SOI- 
S09. 

Il    Collaboration  a  des  pl'blications 

PÉRIODIQUES 

A.  Annales  Academiœ  Leodiensis  {yo\  .9, 

1825-4826) 

40<*  Oratio  de  utilitate  quam  studia 
imprimis  historica  et  politica  à  peregri- 
nalionibus  capiunt. 

B.  Bibliothèque  du  jurisconsulte  et  du 

publiciste. 

44*  Notice  sur  l'enseignement  du 
droit  dans  les  Universités  d'Italie  (ar- 
ticle signé  W.  A.^  écrit  en  collaboration 
avec  le  professeur  Warnkœnig.) 

c.   Vriend  des  vaderlands. 

42o  Stukken  uit  eene  reize  door  het 
koningrijk  (4828,  4829,  4850;  trois 
articles). 

4  3o  Bijdrage  tôt  de  kennis  der  Mac- 
Adamsche  wegen  (4828). 

44o  Âankondiging  van  Jaarboekje 
uitgegevefi  op  last  van  Z.  M.  de  Koning 
(4828). 

D.  Konst-en  Letterbode. 

45o  IJzeren  spoorwegen  in  Frankrijk 
(4854). 

46»  Johan  Martin  Honigberger,  on- 
verschrokken  reiziger  (4856). 

17«  Ijzeren  spoorwegen  in  Rusland 
(Ibid:). 

48®  Over  het  werken  van  kinderen 
in  de  fabrijken  (1859). 

\9^  Adam  van  Duren,  Nederlandsch 
bouwermeester  (1840). 

E.  Tydschrifl  voor  geschiedenis,  oudhe- 
den  en  statistiek  van  Utrecht. 
20o  Spaarbank(4835). 

F.  De  Gids.  Boekbeoordulingen, 

24  De  4837  à  4845,  onze  articles 
critiques  sur  des  traités  d'économie 
politique,  des  récits  de  voyages,  des 
institutions  diverses  (l'école  agricole 
de  Hohenheim,  etc.,  etc). 


37 


ANS 


38 


c.  Bijdragen  toi  de  Staathuishaudkunde 
en  de  stalistiek. 

22»  Over  hel  slelsel  van  opiage  on- 
der  openbaar  loevoorzigt  (1857). 

H.  De  Tijdgenoot. 

23»  De  4842  à  i845,  seize  articles, 
savoir  :  De  Slaalscourani.  —  Koning- 
lijk  Besluit  omirent  bet  ontsiaan  van 
een  lid  der  Tweede  Kamer  van  de  Sta- 
len  GeneraaI.  —  Besluur  der  flnan- 
cién.  Bijzondere  fondsen.  —  Port-Na- 
tal, —  Banken  van  leening  (1842).  — 
De  koloniën  van  v^eldadigheid.  —  Ge- 
mengde  huwelijken.  —  Hendelsvrij- 
heid.  —  Geheimhouding,  halve  publi- 
citeil.  —  Korle  aanmerking.  —  Lee- 
ning à  pari  tegen  lage  rente  (4845).  — 
Financiéel  voorstel  van  den  béer  van 
den  Bosch.  —  Waarborg  van  gouden 
werken.  —  Muniwezen  in  de  Ne- 
derlandscbe  Oostindiscbe  bezittlngen 
(1844),  —  Munlwezen,  etc.  (suite).  — 
Overbevolking  (1845). 

C'est  peut-être  par  ces  articles  qu'on  peut 
le  mieux  se  faire  une  idée  des  opinions 
d'Ackersdyck. 

I.  Bydragen  lot  de  Kennis  der  Neder- 
landsche  en  vreemde  koloniën. 

24»  Berigten  aangaande  de  Neder- 
(andscbe  koloniën  (1844). 

25<>  Articles  de  critique  (1844  et 
1845). 

j.  Algemeen  ktterlievend  maandschrifl. 

26«»  Hongarije  (1849). 

27»  Silezië  en  de  Sudeten  (1850). 

28«  Appréciation  de  Touvrage  de  M. 
van  Heel  sur  les  banques  de  prêt  en 
Hollande  (1851). 

29*>  It.  de  Touvrage  da  baron  Sloet  : 
Myn  verblyf  te  Kissingen  (1857). 

K.  Nieuwe  Bydragen  bevordering  van 
het  onderwijs  en  de  opvœding. 

50<>  Critique  des  traités  d'économie 
politii|U6  de  Droz,  de  M"*«  Marcel  el  de 
J.-B.  Say. 

L.  TUdschrift  voor  staathuishaudkunde 
en  statistiek. 

51o  Redevoering  over  Adam  Smitb 
(t.  Il,  1843). 


52o  Een  paar  stalen  van  pseudo- 
staathuisboudkunde  (t.  X,  1854). 

33o  ïets  over  de  aanwending  der 
sterfle  tafels  voor  de  kennis  van  den 
levensduur  (/>.). 

54o  Berigten  uit  de  Hollandsche 
kolonie  Pella  in  Noord-America  (t.  XI, 
1855). 

55^  Banken  van  leening  (t  XI II , 
1856). 

u.Staatkundig  en  staathuishoudkundig 
Jaarboekje. 

36«  De  statistiek  (1854). 

57»  Trois  comptes  rendus  :  1«  de 
Touvragede  Harting  sur  l'île  d'Urk; 
2»  de  Talmanacb  officiel  de  la  province 
de  Gueldre  (1854);  3«  de  FAlmanach 
pour  les  possessions  hollandaises  des 
Indes  occidentales  el  de  la  côte  de 
Guinée  (1859). 

Il  existe  sur  Ackersdyck  un  assez 
grand  nombre  de  notices  biographi- 
ques. Les  principales  sonl  :  celle  de 
M.  J.  Garnier,  dans  le  Journal  des 
Economistes  de  Paris,  août  1851.  — 
L'article  détaillé  de  M.  0.  van  Rees 
(tils  de  l'honorable  professeur  émérite 
R.  van  Rees  (v.  ce  nom),  sur  les  ser- 
vices rendus  par  Ackersdyck  à  la 
science  (Almanaçh  des  Etudiants  dCÛ- 
trecht,  1862;.  —  Une  étude  biogra- 
phique par  M.  >V.-C.  Mees  (Hande- 
lingen  van  de  Maatschapij  der  Neder- 
hndsche  letterkunde  te  Leidcn,  1862>. 
—  Une  notice  nécrologique  dans  TAn- 
nuaire  de  V Académie  royale  des  sciences 
(La  Haye,  1862).  —  L'article  de  M. 
Stecher  et  celui  de  M.  Ul.  Capitaine, 
cités  plus  haut.  —  V.  encore  la  Revue 
hollandaise  d'économie  politique  (citée 
ci-dessus,  iitt.  L),t.  XXI, et  VAlmanach 
populaire  d'Utrecktj  année  1862. 


An»lanx    (  NiCOLAS  -  GABRIEL  -  An- 

TO1NE-J0SEPH) ,  né  à  CIney  le  6  juin 
1780,  mourut  à  Liège  le  26  décembre 
1834. 

Il  flt  ses  premières  études  dans 
cette  dernière  ville,  à  l'école  de  la  col- 
légiale de  Saint-Pierre,  et  montra  de 
bonne  heure  les  plus  heureuses  dispo- 


39 


ANS 


40 


skions  (').  Envoyé  ensuite  aa  collège 
municipal  (*),  il  y  eut  pour  condis- 
ciples Comhaire  et  Destriveaux,  et  Iji 
se  forma  ce  triumvirat  d*amitié  qui 
dura  quarante  ans  et  que  la  mort  a 
seule  pu  détruire  (').  Survinrent  des 
temps  d'épreuves  :  Ansiaux,  père,  mé- 
decin du  prince  de  Liège,  crut  devoir 
émigrer  avec  son  souverain  en  1794,  à 
rapproche  des  armées  françaises  {*); 
le  jeune  humaniste  dut  le  suivre  en 
Allemagne,  avant  d'avoir  achevé  ses 
classes.  Nos  exilés  vécurent  tour  à 
tour  à  Dusseldorf,  à  Paderborn  et  à 
Munster  ;  Nicolas-Gabriel  eut  ainsi  Toc- 
casion  de  se  familiariser  avec  1»  langue 
allemande.  De  retour  à  Liège  en  4795, 
il  aborda  immédiatement  Tétude  de 
Tanatomie,  sous  la  direction  d'un  mé- 
decin français ,  qui  enseignait  cette 
science  à  Thôpilal  établi  dans  les  lo- 
caux de  l'ancienne  abbaye  du  Val-des- 
Ecoliers.  Il  suivit  en  même  temps  la  pra- 
tique médicale  de  son  père,et  la  pratique 


chirurgicale  et  obstétricale  de  Ramoox 
(^;  enfln ,  sur  le  conseil  de  ses  maîtres, 
il  prit  le  titre  de  chirurgien  :  l'exer- 
cice de  la  profession  était  libre  alors. 
Il  avait  48  ans,  le  goût  du  travail  et  la 
conscience  de  l'insuffisance  de  ses  pre- 
mières études  (*).  Avant  tout,  il  voulut 
se  rendre  maître  des  langues  anciennes: 
le  digne  Charmant  (  M  fut  son  maitre  et 
bientôt  son  ami  pour  la  vie.  Quand  il 
se  crut  bien  préparé,  il  partit  pour 
Paris,  d'où  il  ne  revint  qu'en  4801. 
Non  seulement  il  y  suivit  les  cours 
de  l'Ecole  de  médecine ,  où  Fourcroy 
avait  pris  soin  de  réunir  tant  d'hommes 
célèbres;  mais  il  s'y  fit  remarquer 
par  divers  travaux  scientifiques.  La 
loi  du  19  ventôse  an  XI  (1805)  ayant 
rétabli  les  grades  académiques,  il  ré- 
solut de  se  mettre  en  règle,  se  rendit 
de  nouveau  à  Paris ,  y  subit  de  la  ma- 
nière la  plus  distinguée  les  épreuves 
du  doctorat  en  chirurgie,  et  eut  la  sa- 
tisfaction de  voir  sa  thèse  remarquée 


(  M  II  est  permis  de  rappeler  en  passant 
qu'on  remarqua  dès  lors  chez  lui  une  grande 
aptitude  pour  la  musique  ;  il  cultiva  toute  sa 
vie  cet  art  aimable,  et  y  fit  preuve  d'un  talent 
réel.  Doué  d'une  très-belle  voix,  il  ne  négli- 
gea point  ce  don  inné.  Plus  tard,  à  Paris, 
il  reçut  des  leçons  de  violoncelle  d'Adrien, 
premier  violoncelle  de  l'Opéra.  A  partir  de 
4809,  il  s'occupa  longtemps,  avec  une  intel- 
ligence musicale  peu  ordinaire,  de  l'organi- 
sation des  concerts  de  la  Société  d'Emulation. 
Les  jeunes  artistes  de  mérite  étaient  fiers 
de  trouver  en  lui  un  zélé  protecteur  ;  c'est 
ainsi  qu'il  fut  un  des  premiers  à  encourager 
Massart,  et  que  le  violoniste  Prume,  dont  la 
réputation  devint  européenne,  fut  pour  ainsi 
dire  lancé  par  lui  dans  la  carrière. 

(  *  )  Fondé  par  le  prince-évêque  Veibruck 
pour  remplacer  l'établissement  des  Jésuites, 
après  la  suppression  de  ce  corps.  Le  grand 
collège  occupait  les  bâtiments  où  l'Université 
fut  installée  en  4817. 

i')  Notice  sur  N.  G.  A.  J.  Ansiaux,  par  le 
docteur  £(31)618.  Liège,  i84î,  in-8^  p.  5. 
Nous  avons  mis  largement  i  profit  celte  in- 
téressante biographie. 

*)  Nicolas-Antoine-Joseph  Ansiaux  avait 
vu  le  jour  à  Ciney  en  4768;  il  mourut  à 
Liège  en  avril  4836.  Après  avoir  fait  d'excel- 
lentes études  à  l'Université  de  Louvain,  il  y 
fut  appelé  aux  fonctions  de  répétiteur  ;  mais 
il  y  renonça  bientôt  pour  aller  pratiquer  son 


art  dans  sa  ville  natale.  Sa  réputation  lui 
valut  le  titre  de  médecin  du  prince  (1784)  ; 
il  s'établit  alors  à  Liège,  où  il  ne  tarda  pas  k 
passer  pour  une  des  illustrations  médicales 
du  pays.  On  lui  doit  un  mémoire  Sur  V in- 
fluence des  doctrines  médicale*  dans  la  pra- 
tique (Esprit  des  journaux^  t.  X  et  XI),  et 
une  traduction  en  vers  français  des  Apho- 
rismes  dHipvocrate  (Ibid  ,  4791).  11  fut 
longtemps  médecin  en  chef  des  hospices 
civils  de  Liège  et  président  du  premier 
Comité  de  vaccine  qui  y  fut  institué  ;  il  pré- 
sida la  Société  libre  des  sciences  physiques 
et  médicales  de  Liège  et  fit  partie  de  plusieurs 
autres  compagnies  savantes  (Habets,  p.  4  ; 
Dewalque,  Biographie  nationale^  tom.  I, 
col.  339). 

(")  L'on  des  fondateurs  de  la  Société  ma- 
ternelle de  Liège»  prédécesseur  de  Simon 
(V.  ce  nom)  à  l'hospice  de  la  Maternité. 

(*)  Il  avait  été  frappé,  à  l'hôpital  de  Ba- 
vière, de  l'ignorance  et  de  l'inexpérience  des 
chirurgiens  de  Liège.  Pendant  quatre  jours 
consécutifs,  tous  les  chirurgiens  de  la  ville, 
réunis  autour  d'un  blessé,  avaient  reconnu  que 
l'amputation  de  la  cuisse  était  indispensable, 
et  cependant  ils  ne  s'étaient  décidés  à  la 
pratiquer  que  le  quatrième  jour.  Ils  ne 
purent  l'achever;  ils  laissèrent  le  malade 
périr  d'héraorrhagie.  En  présence  de  ce  fait, 
la  résolution  d'Ansi&ux  fut  bientôt  prise. 

(  ^  )  Plus  tard  principal  du  collège  de  Liège. 


41 


ANS 


42 


des  savants  et  obtenir  bientôt  les  hon- 
neurs d'une  seconde  édition.  En  re- 
vanche, sa  supériorité  lui  attira  des 
tracasseries  lorsqu'il  fut  déflnitivement 
rentré  dans  sa  ville  natale.  A  cette 
époque ,  dans  beaucoup  de  pays  de 
TEurope.les  chirurgiens  étaient  encore 
assimilés  aux  barbiers.  En  Belgique, 
où  la  science  anatomique  avait  jeté  un 
si  vif  éclat  au  1VI«  siècle ,  Tart  chi- 
rurgical était  néanmoins  resté  ou  re- 
tombé dans  Tenfance,  par  Feffet  des 
troubles  politiques  :  quelques  prati- 
ciens flamands,  Thomas  Fyens,  Henri 
de  Heers ,  Jean  Palfyn  avaient  légué 
leurs  noms  à  Thistoire  ;  mais  aucun 
astre  nouveau  ne  se  montrait  à  l'hori- 
zon. A  rUniversité  de  Louvain,  la  plu- 
part des  professeurs  étaient  ecclésias- 
tiques et,  à  ce  titre,  obligés  de  se 
soumettre  aux  prescriptions  du  Concile 
de  Trente  ;  à  Liège,  point  d'enseigne- 
ment régulier  de  la  chirurgie  ;  enfin,  il 
était  interdit  aux  médecins  de  manier 
le  scalpel.  Dans  les  derniers  temps,  il 
est  vrai,  on  avait  vu  quelques  Liégeois 
se  rendre  à  Montpellier  et  eu  revenir 
relativement  instruits  et  habiles  ;  mais 
la  plupart  des  opérateurs  s'étaient  con- 
tentés de  suivre  pendant  six  ans  la 
pratique  d'un  maître,  et  de  subir  en- 
suite des  examens  devant  le  collège 
des  médecins,  chirurgiens  et  apothi- 
caires de  Liège,  examens  qui  se  bor- 
naient à  l'anatomie  et  à  la  clinique  des 
humeurs,  plaies,  fractures  et  luxations. 
Aussi  se  bornaient-ils  à  panser  des 
vésicatoires,  des  brûlures  et  d'autres 
lésions  légères  :  les  plus  graves  étaient 
abandonnées  â  elles-mêmes.  Ils  prati- 
quaient la  saignée,  le  cautère,  le  se- 
lon ;  ils  ouvraient  des  abcès,  mais  rien 
de  plus.  Les  examens  avaient  fini  par 
devenir  illusoires;  la  loi  même  s'était 
faite  complice  d'un  népotisme  scanda- 
leux. Le  désordre  et  l'anarchie  qui  si- 
gnalèrent les  premières  années  de  notre 
réunion  à  la  France  ;  Tabsence  abso- 
lue de  contrôle,  à  la  suite  du  décret  de 
TAssemblée  législative  (18  août  1792) 
qui  avait  supprimé  les  Universités,  les 
Facultés  et  les  corporations  savantes; 


les  émigrations  même,  tout  concourut 
à  rendre  plus  profonde  la  décadence 
de  l'art  (  *  ).  Ansiaux  eut  à  soutenir  des 
luttes  sérieuses  contre  ses  confrères, 
qui  le  trouvaient  bien  osé  d'assumer  la 
responsabilité  d'opérations  importantes 
et  tout-à-fait  étrangères  à  leur  pra- 
tique habituelle.  Loin  de  se  laisser 
intimider,  il  compta  sur  son  talent 
pour  les  réduire  eux-mêmes  au  silence. 
Il  reçut  chez  lui  un  enfant  pauvre,  de 
Yerviers,  âgé  de  trois  ans  et  atteint 
d*un  calcul  vésical  ;  il  l'opéra,  réussit 
entièrement,  et  dès  lors  les  objections 
tombèrent.  Ce  n'était  pas  assez;  il 
s'agissait  de  travailler  d'une  manière 
efiicace  et  dui*ableà  la  réhabilitation  de 
l'art.  Ansinux  s'entendit  donc  avec  son 
ancien  condisciple  Comhaire  (v.ce  nom) 
pour  fonder  à  Liège  une  école  de  chi- 
rurgie. Ce  projet,  conçu  dès  i804,  re- 
çut son  exécution  deux  ans  après;  les 
magistrats  municipaux  finirent  par  se 
rendre  aux  raisons  d'Ansiaux,  lui  ac- 
cordèrent, pour  lui  et  pour  Comhaire, 
la  jouissance  d'un  local  (*),  et  autori- 
sèrent les  deux  professeurs  à  enseigner 
publiquement  et  gratuitement  l'anato- 
mie et  la  physiologie.  Pr^esque  en 
même  temps,Ansiaux  reçut  de  la  Com- 
mission des  hospices  le  titre  de  chi- 
rurgien en  chef  de  l'hôpital  de  Bavière. 
C'était  pour  lui  une  double  bonne  for- 
tune. Il  s'occupa  sans  retard  d'amélio- 
rer le  service  intérieur.  «  Avant  son 
arrivée,  les  blessés  et  les  malades  in- 
ternes étaient  réunis  dans  les  deux 
salles  qui  depuis  n'ont  plus  servi  qu'à 
la  médecine.  Les  deux  salles  de  chi- 
rurgie étaient  occupées  par  les  incu- 
rables, ramassis  de  paresseux  et  de 
vauriens,  qui  venaient  se  faire  loger  et 
héberger  à  l'hôpital.  Ansiaux,  ayant 
exposé  ces  abus  au  préfet  Micoud, 
homme  d'une  grande  intelligence  et 
excellent  administrateur,  vit  bientôt 
ses  plans  adoptés.  Les  deux  services 
furent  séparés,  et  les  médecins  firent 
des  visites  journalières  au  lieu  d'alter- 
ner avec  les  chirurgiens.  Il  y  eut  à 
l'hôpital  un  chef  interne,  afin  que  les 
malades  ne  fussent  jamais  sans  se- 


{ *)  HabeU,  p.  iO.  —  £f.  Broeckx,  Estai 
sur  f  histoire  de  la  médecine  belge. 


(')  La  ci-devant  chapelle  de  Saint-Clé- 
rotnt,  place  S^-Pierre, 


43 


ANS 


44 


cours  et  que  les  blessés  reçussent  en 
tout  temps  les  soins  les  plus  urgents, 
en  attendant  la  visite  des  chefs  de  ser- 
vice. Le  régime  des  malades  fut  aussi 
plus  rigoureusement  prescrit,  et  le 
cahier  de  visite,  pour  la  prescription 
des  médicaments  et  des  aliments,  est 
une  amélioration  trop  grande  pour  être 
passée  sous  silence  »  i  *  ).  Ansiaux  ou- 
vrit en  outre  à  l'hôpital  un  cours  de 
clinique  chirurgicjile,  complément  in- 
dispensable de  renseignement  théo- 
rique donné  à  TEcole  de  Saint-Clé- 
ment.Là,ses  efforts  etceux  de  Comhaire 
furent  bientôt  généralement  appréciés. 
L*Et'ole  prospéra  au-delà  de  toute  at- 
tente. La  municipalité,  pour  la  pro- 
téger ostensiblement,  accorda  des  prix 
aux  élèves  les  plus  distingués.  La  va- 
leur de  ces  récompenses  était  rehaus- 
sée par  Tappareil  brillant  qui  en  aiv 
compagnait  la  distribution  :  cette  so- 
lennité coïncidait  avec  TÂsseroblée 
générale  (alors  annuelle)  de  la  Société 
d*Emulation;  les  vainqueurs  étaient 
complimentés  en  présence  de  toutes 
les  autorités  départementales  et  de 
rélite  de  la  population  liégeoise.  L'E- 
cole de  chirurgie  de  Liège  fournit  au 
pays  un  grand  nombre  de  praticiens 
capables,  et  des  chirurgiens  militaires 
à  1  armée  française  et  à  Tarmée  prus- 
sienne. Notons  que  deux  années  d*é- 
tudes  à  Liège  équivalaient  à  une  année 
d'études  dans  les  Facultés  de  TEmpire. 
On  doit  considérer  TEcole  de  Saint- 
Clément  comme  le  véritable  berceau  de 
la  Faculté  de  médecine  de  l'Université 
de  Liège,  dont  D.  Sauveur,  Ansiaux  et 
Comhaire  furent  les  premiers,  et  en 
4817  les  seuls  professeurs.  Ansiaux 
eut  mission  d'y  enseigner  la  pathologie 
chirurgicale,  la  clinique  externe,  et. 
plus  tard,  la  médecine  légale  (v.  ci- 
après).  Tous  ses  anciens  élèves,  écri- 
vait en  1843  le  docteur  Habets,  se 
souviennent  de  lui  avec  gloire  et  recon- 
naissance. «  Professeur  aussi  distingué 

(*)  Habets,  p.  iâ. 

(*)  Le  souvenir  du  dévouement  des  deux 
Goffln  est  resté  vivant  à  Liège.  On  sait  que 
Millevoye  composa  un  poème  à  cette  occasion. 

C)  De  son  mariage  avec  W^  Lafopiaine 
(i801),    Ansiaux  eut  deux  fils  :   Nicolas- 


qu'hablle  opérateur,  il  possédait  l'art 
heureux  de  captiver  complètement  son 
auditoire.  Clair,  préds  sans  sécheresse, 
il  disait  tout  ce  qu'il  fallait,  en  y  adap- 
tant toujours  l'expression  la  plus  heu- 
reuse. Ami  de  ses  élèves,  il  les  dirigeait 
par  ses  conseils  et  les  soutenait  par 
son  influence.  Avec  eux,  comme  dans 
le  commerce  habituel  de  la  vie,  il  agis- 
sait et  parlait  avec  cette  bonhomie  iusi- 
nuante,  cette  simplicité  affectueuse,  par- 
tage trop  rare  des  esprits  supérieurs.  » 
Lors  du  terrible  acx:ident  qui  arriva 
en  février  1812  à  la  houillère  de  Beau- 
ionc  (*),  Ansiaux  fut  appelé  pour  porter 
secours  aux  malheureux  ouvriers  qu'on 
retirait  du  gouffre.  11  se  trouvait  au 
quartier  S'-Léonard,  d'où  il  dut  faire 
une  course  précipitée  jusqu'à  l'endroit 
où  l'attendait  une  voiture.  Il  arriva 
sur  le  lieu  du  sinistre  encore  en  pleine 
transpiration,  resta  pendant  toute  la 
journée  exposé  à  rair,donnant  ses  soins 
aux  malheureux  blessés  étendus  dans 
une  prairie,et  rentra  chezluiaccablé  d'un 
rhumatisme  qui  le  fit  souffrir  pendant 
longues  années,  sans  abattre  son  énergie 
ni  ralentir  son  activité.  Huit  ans  avant 
sa  mort,  il  fut  eu  outre  atteint  d'une 
affection  de  Toie,  qu'il  jugea  d'abord 
sans  gravité.  11  s'en  ouvrit  cependant  à 
son  fils  aine  ('),  lorsque  celui-ci  eut 
subi  ses  examens  de  docteur  ;  mais  dès 
lors  le  mal  était  devenu  incurable.  La 
mort  d'Ansiaux  fut  un  deuil  pour  la 
ville  entière  :  on  perdait  en  lui  non 
seulement  un  savant  et  un  professeur 
d'élite,  mais  un  homme  de  cœur,  un 
bienfaiteur  de  l'humanité,  un  ami  éclairé 
des  arts  et  des  artistes;  à  tous  égards, 
enfin,  une  gloire  de  la  cité.  Ses  con- 
frères et  ses  amis  firent  frapper  une 
médaille  en  bronze  à  son  effigie  (*). 
Sur  la  proposition  de  Destriveaux,  le 
25  janvier  1855,  la  Société  d'Emulation 
décida,  à  l^unanimité,  que  le  nom  d'An- 
siaux serait  inscrit  dans  sa  grande 
salle,  à  côté  de  ceux  des  hommes 

Joseph- Victor,  professeur  de  médecine  à 
l'Université  de  Liège  (v.  sa  notice),  et  Emile- 
Louis,  avocat,  écfaevln  et  bourgmestre  de 
Liège,  aujourd'hui  retiré  de  la  vie  pubUque. 
(*)  Elle  est  due  au  burin  de  M.  L.  Jehottc 
père,  excellent  graveur,  le  même  qui  publia 
aussi  les  portraits  des  Goffln. 


43 


ANS 


iO 


illnstres  du  pays.  Ansiaux  n'avait  con- 
senti à  interrompre  ses  cours  qu^au 
mois  d'octobre  1834  ;  son  fils  aine  et 
Yottem  furent  ses  suppléants.  En  1821- 
1822,  il  avait  revêtu  l'hermine  rectorale. 
Fondateur  (et  secrétaire)  de  la  Société 
libre  des  sciences  physiques  et  médi- 
cales de  Liège  (  *  ) ,  il  était  en  outre 
affilié  à  un  grand  nombre  de  Sociétés 
savantes  et  possédait  divers  titres  ho- 
norifiques. Un  mémoire  sur  le  traite- 
ment de  la  gonorrhéc  syphilitique  par 
le  copahu  lui  valut  le  titre  d'associé 
correspondant  de  l'Athénée  de  médecine 
de  Paris,  le  18  janvier  4815;  depuis  le 
15  messidor  an  XI,  il  était  déjà  membre 
correspondant  de  la  Société  de  méde- 
cine, chirurgie  et  pharmacie  de  Tou- 
louse, et  depuis  le  28  mai  1808,  de  la 
Société  des  sciences  physiques  et  natu- 
relles de  Paris  ;  le  51  décembre  1813, 
il  reçut  du  ministre  de  l'intérieur  une 
médaille  en  argent,  pour  le  zèle  qu'il 
avait  misa  propager  la  vaccine  en  181 1  ; 
le  40  décembre  1816,  il  fut  nommé 
membre  de  la  Société  de  minéralogie 
d'iéna  ;  le  6  octobre  1818,  membre 
honoraire  des  sciences  physiques  et 
chimiques  de  Groningue  ;  le  à  décembre 
1819,  l'Université  de  Wurzbourg  lui 
donna  une  marque  particulière  de  défé- 
rence en  lui  décernant  un  diplôme 
d'honneur  de  docteur  en  médecine  ;  le 
26  juin  1821 ,  il  reçut  le  titre  de  membre 
correspondant  de  la  Société  de  médecine 
de  Louvain  ;  le  17  décembre  suivant, 
il  entra  en  la  même  qualité  dans  la 
Société  Linnéenne  de  Paris  ;  le  8  jan- 
vier 1828,  dans  la  Société  des  sciences 
naturelles  et  médicales  de  Bruxelles,  et 
le  29  octobre  1829,  dans  la  Société  de 
médecine  de  la  même  ville  ;  Il  fit  égale- 
ment partie  de  la  Société  de  médecine 
d*Amsterdam,  de  la  Société  d'Emulation 
de  Liége,etc.— Il  exerça,  en  cette  der- 
nière ville,  les  fonctions  d'inspecteur 
de  la  salubrité  publique  ;  il  siégea 
dans  la  Commission  médicale  provin- 
ciale, etc.  ;  enfin,  il  contribua,  par  son 
influence,  à  rétablissement  d'un  Conser- 
vatoire de  musique  à  Liège,  et,  comme 
membre  de  la  Commission  de  surveil- 
lance, à  la  prospérité  de  cet  établis- 
sement. 


BIBLIOGRAPHIE. 

1«  Réfleaions  sur  la  rupture  du 
plantaire  grêle  (Journal  de  médecine  de 
Corvisart,  t.  Il,  an  IX). 

L'auteur  démontre  que  cette  rupture  n'ex- 
iste pas  et  qu'eUe  n'est  autre  chose  que  le 
déchirement  de  quelques  fibres  des  jumeaux 
ou  du  soléaire,  opinion  généralement  adoptée 
aujourd'hui.  En  18S7,  Ansiaux  réclama  la 
priorité  de  celte  découverte,  que  deux  chi- 
rurgiens de  Paris  s'étaient  attribuée. 

2*>  Dissertation  sur  ropération  césa- 
rienne et  la  section  de  la  symphyse  des 
pubis  (Thèses  de  Paris,  an  Xll,  n«  il9). 

Celte  f  A45f ,  ainsi  que  nous  Tavons  dit  plus 
haut,  a  eu  deux  éditions.  L'auteur  y  précise 
les  indications  des  deux  opérations  et  les 
cas  où  la  première  seule  est  applicable.  Le 
travail  d'Ansiaux  est  cité  dans  la  plupart 
des  traités  d'accouchements.  Il  le  considérait 
lui-même  <  comme  les  premières  pages  de 
son  journal  de  clinique.  > 

3«  Mémoire  sur  Vinftammation  du 
canal  nasal,  présenté,  en  1804,  à  la 
Société  de  médecine,  etc.,  de  Toulouse. 

En  1816,  Ansiaux  reprit  ce  sujet  et  pro- 
posa, pour  la  fistule  lacrymale,  un  procédé 
opératoire  qu'il  avait  déjà  employé  en  4806. 
<  Cette  méthode,  dit  ie  docteur  Habets, 
difi'êre  peu,  quant  au  mode  opératoire,  de 
celle  que  Dupuytren  adopta  plus  tard  ;  la 
seule  différence  consistait  en  ce  que  ce  chi- 
rurgien célèbre,  après  avoir  opéré,  ne  s'occu- 
pait plus  du  malade,  tandis  qu'Ansiaux, 
appréciant  tous  les  avantages  d'un  traitement 
suivi,  soignait  les  parties  lésées,  pour  obte- 
nir une  cure  radicale.  La  priorité  de  l'inven- 
tion appartient  donc  à  notre  compatriote, 
aussi  bien  que  les  améliorations  citées,  bien 
que  M.  Blandin  les  ait  données  comme 
siennes  dans  un  m<1moire  publié  en  1828.  Ce 
plagiat  a  été  l'objet  d'une  réclamation  de  la 
part  d'Ansiaux,  dans  la  2«  édition  de  sa 
clinique.  » 

V  Deux  mémoires  présentés  à  l'A- 
thénée de  médecine  de  Paris  sur  rem- 
ploi de  la  potion  balsamique  à  fortes 
doses  dans  les  premiers  temps  de  la 
blennorhagie  (Bibliothèque  médicale, 
t.  XXXIX,  1812). 

On  lit  dans  le  rapport  du  docteur  Fiseau  : 
«  Le  médicament  dont  il  s'agit  n'est  pas 
nouveau,  et  tous  les  praticiens  en  connaissent 
depuis  longtemps  les  propriétés  ;  mais  on 
n'avait  pas  osé  jusqu'ici  l'employer  dans  les 


(*)  Cette  Société  tint  sa  première  séance      le  6  juillet  1807.{V.  ci-après,  Bibl. ,  n»  12. 


47 


ANS 


48 


bleoDorhagies  aiguës,  el  dès  le  cominence- 
ment,  il  a  fallu  qu'un  heureux  hasard  ait 
fourni  à  M.  Ansiaux  l'occasion  de  s'assurer 
qu'on  pourrait  le  faire  sans  inconvénient,  et 
qu'il  est  aussi  efficace  au  début  qu'à  la  fln 
des  gonorrhées.  Cette  nouvelle  méthode  de 
traitement  nous  paraît  préférable  à  celles 
qu'on  emploie  communément,  etc.  >  Le  rap- 
porteur déclare  ensuite  avoir  employé  le 
copahu  d'après  les  indications  d'Ansiaux  et 
avec  le  même  bonheur  que  lui.  Le  docteur 
CuUerier  (oncle)  en  fit  aussi  l'éloge.  V.  le 
Traité  de  thérapeutique  de  Trousseau  el 
Pidoux. 

5*^  Nouvelle  méthode  pour  traiter  la 
syphilis  au  moyen  du  deutoxide  de  mer- 
cure en  frictions  (1818). 

Ce  traitement  fut  adopté  parles  praticiens 
à  partir  de  i8i6,  à  la  suite  de  comptes 
rendus  des  succès  obtenus  par  Ansiaux. 

6**  Nouvelle  méthode  de  traitement 
pour  la  tumeiir  de  la  fistule  lacrymale 
(V.  le  n»  3). 

Lorsque  le  fils  aîné  d'Ansiaux,  Nicolas- 
Joseph-Victor  (V.  sa  notice)  eut  obtenu,  à 
Liège,  le  diplôme  de  docteur  en  méde- 
cine, etc.,  après  avoir  soutenu  une  thèse  Sur 
la  fistule  lacrymale  j  il  se  rendit  à  Paris  pour 
y  acquérir  des  connaissances  plus  vastes. 
Désirant  obtenir  une  carte  d'entrée  pour 
rH6tel-Dieu,  il  présenta  son  diplôme  à  Du- 
puytren.  Le  célèbre  professeur  de  Paris  lui 
demanda  à  trois  reprises  son  nom,  son  lieu 
de  naissance  indiqués  dans  le  diplôme,  et 
exigea  sa  dissertation,  dont  le  titre  était 
aussi  transcrit  dans  ce  document.  Dupuytren 
était  probablement  curieux  de  savoir  de 
quelle  manière  M.  Ansiaux  fils  avait  traité 
un  sujet  dont  Ansiaux  père  s'était  aussi 
occupé  Mpécialement  (Becdelièvre ,  Biogr, 
liégeoise^  t.  H,  p.  554). 

7»  Cliniquechirurgicale.L\é^e,iS\^, 
in-8°.  —  Deuxième  édition,  i829,in-8«, 
—  Il  existe  de  cet  ouvrage  une  traduc- 
tion allemande. 

Ouvrage  remarquable,  écrit  avec  une  con- 
cision et  une  élégance  rares  ;  l'auteur  exprime 
sa  pensée  avec  la  simplicité  et  la  précision 
qu'il  mettait  dans  ses  leçons.  Partout  il 
raconte  avec  une  bonne  foi  parfaite  ;  partout 
on  reconnaît  le  praticien  consommé  à  ce  coup 
d'œil  sûr,  à  ce  tact  si  rare  qui  constituent 
seuls  le  vrai  chirurgien.  —  La  pensée  d'An- 
siaux 86  trouve  toute  entière  dans  la  phrase 
suivante  :  «  Je  me  suis  abstenu  d'y  joindre 
»  aucune  réflexion  qui  ne  dérivât  pas  néces- 
»  sairement  du  sujet ,  convaincu  que  le 
»  temps  renverse  les  hypothèses  les  plus 


»  brillantes  et  qu'un  seul  fait  suffit  pour 
»  détruire  les  combinaisons  les  plus  subtiles 

>  de  l'imagination.  Les  systèmes  s'écroulent; 

>  la  nature  reste  constamment  la  même  » 
(Habets,  p.  47).  —  La  clinique  chirurgicale 
d'Ansiaux  renferme,  outre  les  mémoires 
cités  plus  haut,  plusieurs  rapports  judiciaires 
trj»s-bien  faits.  LJauteur  fiit  aussi  chargé,  en 
diverses  circonstances,  de  réviser  les  rap- 
ports adressés  aux  tribunaux  par  d'autres 
médecins. 

8*  De  chirurgiœ  studio  ejusquedigni- 
tate  et  gravitate  (Ann.  Âcad.Leod.  vol.  I« 
in  4«). 

Discours  inaugural  prononcé  à  l'Univer- 
sité de  Liège,  le  4  novembre  4817. 

9»  Systema  chirurgiœ  hodiemœ  Uen- 
rici  CalliseUf  editio  quinta  innumeris 
correcta  mendis  notisque  aucta.  Liège, 
1824,  in-8o,  1. 1. 

Les  occupations  d'Ansiaux  ne  lui  ont  pas 
permis  de  publier  le  second  volume  de  cet 
excellent  ouvrage. 

10°  Questionde  médecine  légale.Précis 
des  mémoires  du  docteur  Pfeffer^  écrits 
pour  la  défense  de  deux  itidividus  accusés 
d'avoir  commis  un  homicide  volontaire 
par  étranglement  et  suspension;  suivi 
d'un  plan  de  cours  de  médecine  légale, 
par  P.  /.  Destriveaux  el  N,  Anmux, 
Liège,  Haleng,  1821,  ia-8^ 

Au  siècle  dernier,  dans  le  système  pénal 
en  vigueur  à  Liège,  le  suicide  était  puni  par 
la  loi.  «  La  peine  s'exerçait  sur  le  cadavre, 
»  et  frappait  la  mémoire.  Si  le  suicide  avait 
»  eu  lieu  dans  une  habitation,  le  cadavre 

>  était  entraîné  par  un  trou  fait  sous  la 
»  porte;  on  le  suspendait  ensuite  à  une 
»  fourche  ;  il  restait  privé  de  la  sépulture 
»  religieuse.  L'aliénation  mentale   pouvait 

>  servir  d'excuse  ;  mais  elle  n'était  jamais 
»  présumée.  »  Vers  le  mois  de  mars  4766, 
il  arriva  que  la  femme  de  l'ouvrier  Debor, 
rentrant  au  logis  vers  44  heures  du  matin, 
trouva  son  mari,  qu'elle  avait  laissé  au  lit 
soufflrant  d'un  rhumatisme,  suspendu  sans 
vie  à  une  port«  de  la  pièce  où  il  couchait. 
Ses  clameurs  attirèrent  quelques  voisins  ; 
l'idée  d'un  suicide  frappa  les  esprits  ;  mais 
on  résolut  de  jeter  un  voile  sur  la  nature 
de  cette  mort,  à  laquelle,  comme  nous  l'a- 
vons dit,  était  attachée  l'infamie  de  l'opinion 
et  de  la  loi.  Le  hasard  amena  le  docteur 
Pfeffer  sur  le  lieu  ou  se  passait  cette  scène 
de  désolation  :  il  examina  le  cadavre  et  ac- 
quit la  conviction  que  Debor  s'était  donné  la 
mort.  La  femme  était  en  présence  d'une 


i9 


ANS 


80 


terrible  alteroative  :  ou  laisser  entacher 
de  dëshonoeur  le  Dom  du  chef  de  la  fa- 
mille, et  par  suite  la  famille  (car  les  vieux 
pr<!jugés  régnaient  dans  toute  leur  force), 
ou  s'exposer  elle-même,  en  cherchant  à  éloi- 
gner les  indices  de  la  vraie  catastrophe.  Un 
instant  elle  eut  la  pensée  d'invoquer  l'état 
mental  de  son  mari,  qui  a\'ait  eu,  disait- 
elle,  <^e  mauvaiseê  folies;  mM  le  docteur 
lui  ayant  fait  observer  qu'il  ne  pouvait  té- 
moigner en  ce  sens,  elle  se  décida  pour  le 
dernier  parti.  Ses  tergiversations,  ses  réti- 
cences la  compromirent  aux  yeux  des  ma- 
gistrats ;  elle  fut  arrêtée  avec  son  gendre, 
le  iS  avril ,  et  deux  fois  on  lui  fit  subir  les 
horreurs  de  la  torture  !  Le  docteur  Pfeffer 
fit  d'inutiles  efforts  pour  être  entendu  comme 
expert  ou  comme  témoin  :  de  guerre  lasse, 
il  résolut  de  s'adresser  au  chef  de  l'Etat, 
pour  le  prier  d'ordonner  aux  juges  de  sus- 
pendre leur  décision  jusqu'à  ce  qu'il  eût  eu 
le  temps  de  rédiger  un  mémoire  justificatif  ; 
il  est  à  craindre,  dit-il  dans  cette  première 
lettre,  qu'on  ne  voie  retivre  parmi  nous 
thittoire  de  Calas,  Lo  mémoire  fut  bientôt 
achevé  :  il  solUcita  vainement  l'autorisation 
de  le  communiquer  au  public  :  en  ce  temps- 
là,  tout*  était  secret  dans  la  procédure.  Le 
tribunal,  d'autre  part ,  ne  parut  pas  con- 
vaincu :  Pfeffer  supplia  le  Prince  de  per- 
mettre que  son  mémoire  fût  soumis  k  l'exa- 
men des  docteurs  de  quelques  Universités. 
Bientôt  il  en  rédigea  un  second  :  que  les 
juges  me  fassent  comparaître,  y  disait-il  : 
je  m'engage  à  lever  tous  leurs  doutes  l  II  en 
âait  k  sa  troisième  supplique  lorsque  le 
gendre  fut  élargi,  le  96  juin  4767.  L'affaire 
entrait  dans  une  phrase  nouvelle  :  Pfeffer 
se  sentit  animé  d'un  nouveau  courage.  Il 
était  sans  fortune,  il  sacrifiait  son  avenir; 
que  lui  importait?  Sa  conviction  était  iné- 
branlable ;  son  témoignage,  appuyé  sur  des 
raisons  scientifiques  péremptoires,  devait 
infailliblement,  s'il  était  écoulé,  empêcher 
Teffusion  du  sang  innocent.  Il  mit  de  la  vé- 
hémence dans  ses  réclamations;  mais  pou> 
vait-il  rester  calme  ?  11  eut  le  tort  de  faire 
intervenir  trop  directement  le  Prince  dans 
un  débat  qu'il  appartenait  aux  juges  seuls  de 


résoudre  :  mais  qu'on  veuille  remarquer, 
encore  une  fois,  que  la  procédure  était  se- 
crète. Il  triompha  enfin,  après  une  lutte 
opiniâtre  de  vingt  mois  :  la  femme  Mathieu 
Debor  fut  acquittée  le  i6  janvier  4768. 
Cependant  l'éclat  de  cette  cause  et  les  intérêts 
qui  s'y  trouvèrent  compromis  rendirent  le 
séjour  de  Liège  pénible  au  généreux  défen- 
seur; il  trouva  un  asile  à  Louvain  chez  le 
professeur  Jacquelart,  dont  il  n'avait  pas  en 
vain  consulté  les  lumières  (*).  —  En  pu- 
bliant les  détails  de  cette  lamentable  his- 
toire, en  saisissant  surtout  l'occasion  d'y 
rattacher  des  observations  du  plus  haut  in- 
térêt, au  point  de  vue  de  la  procédure  crimi- 
nelle en  général,  et  spécialement  de  l'utilité 
de  la  médecine  légale.  Ans  taux  et  Destri- 
veaux  s'acquirent  de  nouveaux  titres  k  la 
reconnaissance  publique.  «  C'est  par  une 
»  foule  de  faits  de  même  nature,  écrivaient- 
>  ils,  que  la  jurisprudence  et  la  médecine 
»  ont  été  conduites  à  réunir  leura  lumières 
»  pour  éclairer  la  justice.  »  Leur  publication 
contribua  puissamment  k  fixer  l'attention 
sur  les  erreurs  dont  les  médecins  peuvent 
préserver  les  juges  ;  :goutons  qu'ils  crurent 
devoir  y  ajouter,  comme  appendice,  le  plan 
du  cours  de  médecine  légale  dont  ils  étaient 
chargés  k  l'Univereité.en  conformité  des  art. 
45  et  37  du  règlement  de  4846.  Ce  pro- 
gramme n'a  plus  qu'une  valeur  historique  ; 
mais  on  doit  savoir  gré  k  ses  auteura  de 
leur  zèle  à  recommander  un  enseignement 
dont  l'existence  est  à  elle  seule  un  bienfait, 
et  de  la  modestie  avec  laquelle  ils  provo- 
quèrent, en  soumettant  leurs  idées  au  public, 
les  critiques  et  les  conseils  des  hommes 
compétents  (  *  ). 

i\^  Oraiio  de  medkinœ  forensis  his- 
toria  ejttsque  dignittUe  (Ann.  Acad. 
Léod.  4821-4X22  vol.  V). 

Discours  prononcé  à  l'occasion  de  la  remise 
du  rectorat.  —  A  la  demande  de  plusieurs 
docteurs  et  de  beaucoup  d'élèves,  Ansiaux 
relut  cet  essai  historique,  en  français,  k 
l'ouverture  de  son  cours  de  médecine  légale, 
en  48S4.  Il  y  fit,  à  cette  occasion,  des  chan- 
gements et  des  additions  assez  considérables 


(  M  II  mourut  chez  Jacquelart  quatre  ans 
après,  le  S7  septembre  4779,  à  la  suite 
d'une  méprise  qui  lui  fit  administrer  de  l'ar- 
senic au  lieu  d'un  purgatif.  Simon-lavier 
Pfeffer,  oé  à  Hoy  le  8  février  4739,  éUit 
licencié  de  TUoiveraité  de  Louvain  ;  il  se 
fixa  k  Liège,  oh  il  se  dévoua  particulière- 
ment à  la  classe  indigente,  et  ce  fut  ce  qui 
le  conduisit  à  prendre  la  défense  de  la  femme 
Debor.  Par  une  différence  singulière  do  des 
tiflées,  celle-ci  mourut  octogénaire  ;  elle  a 


vécu  k  Liège  «jusqu'en  4844  ,  estropiée 
>  des  épaules  et  des  doigts  par  l'effet  des 
»  tortures,  incapable  d'aucun  travail ,  et 
•  devant  une  grande  partie  de  son  existence 
»  à  la  considération  publique.  » 

(  *  )  Klève  de  Mahon,  Ansiaux  avait  pris 
goût,  comme  on  voit,  aux  leçons  de  son 
maître.  Il  rassembla  plus  tard  les  éléments 
d'un  traité  complet  de  médecine  légale; 
mais  sa  mauvaise  santé  ne  lui  permit  pas  de 
réaliser  son  projet. 


81 


BAR 


o2 


(IHicours  sur  la  médecine  légale,  Liège, 
Haleng,  4894,  in-S). 

120  Rapports  et  articles  divers  dans 
les  Annales  de  la  Société  des  sciences 
physiques  et  médicales  At  Liège,  et  dans 
les  Procès-verbaux  de  la  Société  d'E- 
mulation , .  dont  la  première  de  ces 
associations  devint  un  comité. 

lluron    (AuGUSTE-ÂLEXIS-FlORÉAl) 

naquit  à  Paris  le  i  mai  1794,  fut  natu- 
ralisé belge  le  25  mai  1858  et  mourut 
à  Anset-GIain,  lez-Liége,  le  24  mars 
18G2  (*).  Son  père,  rece\eur  des  contri- 
butions de  l'un  des  arrondissements  de 
la  grande  ville,  lui  fit  donner  une  édu- 
cation solide.  Les  heureuses  disposi- 
tions du  jeune  Auguste  ne  tardèrent 
pas  à  se  révéler  et  furent  habilement 
cultivées  par  ses  maîtres  du  Lycée 
Napoléon  ;  il  se  sentit  dès  lors  irré- 
sistiblement poussé  vers  ces  grandes 
études  de  l'antiquité  qui  furent  la 
passion  de  toute  sa  vie  (M.  Il  quitta  le 
Lycée  pour  l'Ecole  normale  à  l'âge  de 
seize  ans  ;  en  1814,  il  eut  l'honneur 
d*être  nommé  répétiteur  de  grec  o  dans 
ce  séminaire  laïque  qui  a  produit  tant 
d'illustrations.  »  11  était  âpre  au  travail, 
attaché  à  ses  devoirs,  et  la  vivacité  de 
son  esprit  ne  l'empêchait  ni  d'être  en 
tout  méthodique,  ni  de  s'attacher  avec 
une  rare  ténacité  aux  recherches  de 
pure  érudition.  De  cette  époque  datent 
ses   premiers    essais    en   philologie, 


entrepris  pour  la  collection  Lemaire. 
Pendant  le  séjour  de  Napoléon  à  l'île 
d'Elbe,  il  déposa  un  instant  la  plume 
pour  servir  dans  les  volontaires  royaux. 
Pas  plus  qu'Horace,  il  n'était  né  soldat; 
il  en  convenait  lui-même  ;  la  croix  du 
Lys  ne  lui  en  fut  pas  moins  décernée  le 
20  mai  1816,  à  titre  de  récompense  de 
son  dévouement  à  la  bonne  cause,  L'E- 
cole normale  le  perdit  en  1818;  il 
s'engagea  vers  cette  époque  dans  une 
entreprise  de  librairie  qui  ne  réussit 
pas,  puis  alla  se  fixer  à  Londres,  où  il 
acquit  une  connaissance  approfondie 
de  la  langue  et  de  la  littérature  an- 
glaises. C'est  de  là  qu  il  fut  appelé  à 
Bruxelles,  en  1812,  comme  directeur 
principal  de  la  Gazette  officielle  (').  Ce 
début  dans  le  journalisme,  dit  M.  Sle- 
cher,  ne  lui  fit  rien  perdre  de  sa  ferveur 
pour  des  travaux  plus  spécialement 
littéraires.  Le  culte  de  la  forme  avait 
été  trop  longtemps  négligé  en  Belgique; 
les  qualités  sérieuses  des  Belges  man- 
quaient de  relief  et  d'expression  ;  ons'en 
apercevait  surtout  depuis  le  rétablisse- 
ment de  l'Académie  royale  de  Bruxelles 
et  la  création  des  Universités  de  Gand, 
de  Liège  et  de  Louvain.  La  jeunesse 
des  écoles  était  avide  d'instruction, 
mais  elle  sentait  aussi  que  son  intérêt 
le  plus  pressant  était  d'apprendre  à 
s'exprimer  dans  un  langage  correct, 
élégant  et  facile.  A  Bruxelles,  on  avait 
sous  les  yeux  l'exemple  de  nombreux 
Français  d'un  talent  distingué,  rejetés 


(  *  )  Pour  éviter  toute  confusion,  dit  M.  l). 
Capitaine ,  qui  nous  a  fourni  pour  cette 
notice  de  nombreux  renseignerocnls,  nous 
croyons  utile  de  rappeler  ici  qu'il  existe 
plusieurs  écrivains  portant  les  mômes  nom 
et  prénom,  notamment:  Àugmte  Baron^  li- 
braire à  Lyon,  auteur  d'une  Histoire  de  Lyon 
pendant  les  journées  de  septembre  1831  ; 
—  Ang.  Baron  auteur  deV Album  du  Jardin 
des  plantes  de  Paris,  édile  en  1837  ;  — 
l'abbé  Aug.  Baron ^  aumônier  de  l'hôpital 
militaire  du  Gros-Caillou,  auteur  de  Uvres 
moraux  à  l'usage  des  soldats  ;  —  enfin  Aug. 
Baron ,  écrivain  dramatique ,  auteur  d'un 
vaudeville  intitulé  :  Le  chevalier  Coquet 
(1853).  —  yécrologe  liégeois  pour  1862, 
p.  18,  note, 

(  '  )  Nous  paisons  ces  détails  et  d'autres 
qui  vont  suivre  dans  le  discours  prononces 


aux  funérailles  de  Baron  par  son  collègue  et 
successeur  M.  J.  Stecher  {Annales  des  Uni- 
versités de  Belgique^  2«  série,  t.  II,  annexe). 
M.  Eug.  Van  Ûemmel  a  reproduit  cette  page 
dans  la  Revue  trimestrielle  (t.  XXXVIIÏ, 
avril  1863  ,  en  y  ajoutant  diverses  particu- 
larités peu  connues,  que  nous  avons  égale* 
ment  mises  à  profil. 

')  Ce  journal,  créé  par  arrêté  royal  du 
2  juin  1815,  a  cessé  de  paraître  le  17  sep> 
tembre  1830,  après  avoir  successivement 
porté  les  titres  de  :  Gazette  générale  des 
Pays-Bas  (1845-1818),  Journal  général  des 
Pays-Bas  {i%i%'i%^0),Joumal  de  Bruxelles 
(1820-1897)  ai  Gazette  des  Pays-Bas  (1857- 
1830).  11  paraît  que  Baron  n'y  a  jamais  publié 
que  des  articles  de  critique  littéraire  (note 
de  M.  U.  Capitaine). 


53 


BAR 


54 


de  leur  patrie  à  la  saite  des  révolutions. 
Baron  entretenait  avec  eux  des  rela- 
tions suivies  ;  bientôt  il  comprit  qu'ar- 
rivant en  Belgique  avec  Tintention  de 
s'y  fixer,  il  avait,  plus  que  tout  autre 
étranger,  à  prendre  position  comme 
homme  de  lettres,  et  qu'il  se  trouvait 
dans  les  meilleures  conditions  pour 
rendre  un  service  efficace  à  son  pays 
adopiif,  en  acquérant  de  Tascendant 
sur  une  génération  qui  ne  demandait 
qu'ft  être  stimulée.  L'occasion  ne  tarda 
pas  à  s'offrir.  La  ville  de  Bruxelles 
avait  été  dépossédée,  en  4817,  de  ses 
établissements  d  instruction  supérieure, 
consistant  dans  une  Faculté  des  lettres, 
une  Faculté  des  sciences  et  une  Fa- 
culté de  droit.  Elle  fut  dédommagée  de 
cette  perte  au  mois  de  janvier  1827, 
par  rinstitution  de  cours  gratuits  de 
sciences  et  de  belles-lettres  au  Mu- 
sée ('  )•  L'enseignement  de  la  littérature 
échut  à  Baron,  qui  fut  chargé,  le  3 
mars,  de  prononcer  le  discours  d'ou- 
verture. ((  La  science  est  un  sûr  instru- 
ment d'amélioration  sociale  »  ;  telle  fut 
la  Ibèse  choisie  par  l'orateur.  Il  sut  la 
développer  dans  un  style  agréable  et 
limpide,  dont  la  vigueur  un  peu  conte- 
nue produisit  un  grand  effet  et  contri- 
bua beaucoup  à  populariser  la  nouvelle 
institution.  De  1827  k  1852,  Baron 
parcourut,  devant  un  public  légitime- 
ment enthousiaste,  le  vaste  domaine  de 
la  littérature  comparée.  «  On  peut  dire, 
sans  crainte  d'exagération  (ainsi  s'ex- 
prime M.  Stecber),  que  cet  enseigne- 
ment, tout  nouveau  dans  notre  pays,  a 
eu  une  grande  influence.  11  était  salu- 
taire de  montrer,  par  les  plus  beaux 


exemples  empruntés  aux  littératures 
les  plus  diverses,  Tintime  solidarité  du 
bon  sens,  du  bon  goût  et  du  bon  droit. 
Baron  avait  enfin  trouvé  sa  sphère,  et 
et  on  le  voyait  à  la  verve  qu'il  déployait 
dans  cet  enseignement  civilisateur.  Il 
aimait,  comme  M"*«  de  Staël,  à  rappeler 
la  mission  libératrice  des  lettres,  et 
avec  sa  riche  mémoire  et  sa  grande 
lecture,  il  ne  lui  était  pas  difficile,  de 
trouver  des  preuves  qui  achevaient  la 
conviction  de  l'auditoire.  —  On  assure 
pourtant  que,  malgré  l'importance  du 
fond,  c'était  surtout  la  forme  qui  capti- 
vait les  esprits.  Avec  un  scrupule  tout 
à  fait  classique,  avec  un  soin  jaloux  de 
la  justesse  des  nuances,  l'éloquent  pro- 
fesseur rédigeait  et  corrigeait  patiem- 
ment les  moindres  détails  de  sa  leçon. 
C'était  donc  par  des  lectures  plutôt  que 
par  des  improvisations  qu'il  arrivait  si 
souvent  et  si  profondément  jusqu'à 
l'âme  de  ses  auditeurs.  Il  y  mettait, 
au  reste,  tant  d'art  et  tout  ensemble 
tant  de  naturel,  qu'il  faisait  aisément 
illusion.  » 

On  peut  dire  que  ces  années  furent 
les  plus  belles  et  les  mieux  remplies  de 
la  vie  de  Baron;  il  y  reportait  volontiers 
sa  pensée,  et  ses  amis  d'alors  gardèrent 
toujours  la  première  place  dans  son 
cœur(").  Les  ouvrages  qui  ont  con- 
sacré sa  réputation  ne  virent  le  jour 
que  plus  tard  ;  mais  c'est  au  Musée 
qu'il  apprit  et  qu'on  apprit  à  connaître 
la  mesure  de  ses  forces  ;  r.*est  là  que 
son  talent  s'épanouit  :  il  n'eut  plus, 
ensiuite,  qu'à  rester  digne  de  lui-même. 
Il  avait  abandonné  la  direction  de  la 
Gazette  officielle  au  commencement  de 


(  *  )  Ces  cours,  fondés  en  application  de 
l'art.  3  da  règlement  universitaire  du  25 
septenbre  1816,  comprenaient  l'histoire  na- 
tionale (Dewez),  rhi^toire  géodralc  (Les- 
bronssart),  la  littérature  ancienne  et  moderne 
(Baron),  l'histoire  de  la  philosophie  (M.  Van 
de  Weyer),  la  botanique  (Kickx),  l'histoire 
naturelle  (Vanderlindeo) ,  la  physique  et 
l'astronomie  (H.  Quetelet),  la  chimie  (  Dra- 
piez), rhisiolfe  de  l'architecture  Roget)  et 
la  littérature  hollandaise  (Lauts).  V.  le 
Rapport  de  M.  Nothomb  sur  l'enseignement 
êmpériemren  Belgique,  Bruxelles,  ^844,  in-8<>, 
t.  I,  p.  Lxxvni.  —  Le  gouvernement  s'était 
proposé,  selon  les  termes  mêmes  de  l'arrêté 


d'institution,  de  favoriser  «  ces  habitudes 
»  sérieuses  qui   conviennent  aux  citoyens 

>  qui  ont  le  bonheur  de  vivre  sous  un  gou- 

>  vernement  représentatif,  et  de  répandre 

>  avec  l'instruction  les  germes  et  les  moyens 
»  de  développement  de  cet  esprit  public  qui, 
»  dans  les  pays  libres,  imprime  fortement 
»  dans  toutes  les  classes  éclairées  l'amour  du 

>  prince  et  de  la  patrie.  »  (V.  le  discours  de 
M.  Spring  sur  Baron,  ap.  Van  Bemmel, 
p.  S6). 

(*)  Nous  citerons  surtout  M.  Sylvain  Van 
de  Weyer  et  H.  De  Bonne,  ancien  membre  de 
la  Chambre  des  représentants.  C'est  à  ce 
dernier  qu'il  dédia  sa  Rhétorique, 


58 


BAR 


56 


1829;  mécontent  de  la  conduite  du  roi 
Guillaume,  il  s'était  ostensiblement  en- 
rôlé dans  les  rangs  de  Topposition.  Il 
gardait  encore  sa  qualité  d'étranger  ; 
mais  l'ardeur  avec  laquelle  il  s'associa, 
en  1830,  aux  promoteurs  de  la  révolu- 
tion le  fit  dès  lors  considérer  comme 
Belge,  et  il  l'était  de  fait  depuis  long- 
temps, avant  de  le  devenir  en  vertu 
d'une  loi.  Dans  cette  situation,  néan- 
moins, ilne  pouvait  ambitionner  aucune 
position  politique  ;  en  revanche,  dès  le 
30  septembre  1830,  M.  Van  de  W'eyer 
le  fit  nommer  par  le  Gouvernement 
provisoire  membre  de  la  Commission 
de  l'instruction  publique  et,  le  23  oc- 
tobre suivant,  professeur  de  rhétorique 
et  préfet  des  études  à  l'Atbénée  de 
Bruxelles.  Il  ne  se  contenta  pas  de 
poursuivre,  sur  ce  théâtre  relativement 
modeste,  la  tâche  qu'il  s'était  imposée 
de  contribuer  à  réveiller,  dans  notre 
pays,  le  goût  des  études  littéraires  ;  un 
moment  vint  où  l'idée  de  créer  à 
Bruxelles  une  Université  complète  se 
fit  Jour,  et  Baron  fut  un  des  premiers  à 
s'en  faire  l'apôtre.  La  situation  était 
grave  en  1834  ;  le  gouvernement  ne 
semblait  pas  empressé  de  présenter 
aux  Chambres  un  projet  définitif  de 
réorganisation  de  l'enseignement  supé- 
rieur, et  le  clergé  venait  de  fonder  à 
Malines  un  grand  établissement  libre 
qui  fut  transporté  l'année  suivante  à 
Louvain  et  prit  le  nom  d'Université 
catholique.  Baron,  ses  amis  des  loges 
maçonniques  et  en  général  les  libéraux 
avancés  de  Bruxelles  jugèrent  qu'il  n'y 
avait  pas  de  temps  à  perdre,  et  qu'il 
était  indispensable  de  profiter  des 
ressources  de  la  capitale  pour  opposer 
un  contrepoids  â  l'influence  des  évêques. 
Le  2i  juin  1834,  une  proposition  for- 
melle fut  soumise  par  Yerhaegen ,  pré- 
sident de  la  loge  des  Amis-Philanthropes 
de  Bruxelles,  à  un  grand  nombre  de 
francs-maçons  accourus  de  toutes  les 
provinces    pour  célébrer   la   fête  du 


solstice  d'été.Les  prétentionscléricales, 
selon  l'orateur,  étaient  inconciliables 
avec  l'esprit  des  temps  modernes  ;  il 
fallait  s'associer  pour  y  répondre  par 
un  acte  éclatant.  Des  listes  de  sous- 
cription furent  envoyées  à  toutes  les 
loges  de  province  et  se  couvrirent 
rapidement  de  signatures  ;  on  dut  bien- 
tôt songer  â  nommer  une  administration 
provisoire  :  au  mois  de  septembre,  une 
administration  définitive  était  consti- 
tuée (*).  Le  20  novembre,  quinze  jours 
après  l'installation  de  l'Université  de 
Malines,  l'inauguration  solennelle  de 
l'Université  libre  de  Bruxelles  eut  lieu 
dans  la  grande  salle  gothique  de 
l'hôtel-de-ville.  Le  discours  du  bourg- 
mestre Bouppe  ne  fut  qu'un  témoignage 
de  reconnaissance  adressé  aux  fonda- 
teurs d'un  établissement  avantageux  à 
la  capitale  ;  celui  de  Baron,  nommé 
secrétaire  de  l'Université,  eut  une  toute 
autre  portée  et  défraya  longtemps  la  polé- 
mique de  la  presse,  surtout  après  l'inci- 
dent Gibon  (v.  ce  nom),  arrivé  à  l'Uni- 
versité de  Liège  (*).  On  comprend  que 
ces  événements  aient  eu  pour  premier 
résultat  de  hâter  l'organisation  légale 
de  l'enseignement  supérieur  donné  aux 
frais  de  l'Etat  ;  le  gouvernement  ouvrit 
les  yeux  :  il  était  impossible  de  livrer 
la  jeunesse  à  la  merci  des  partis  extrê- 
mes ;  mais  tout  en  instituant  un  en- 
seignement supérieur,  étranger  aux 
idées  de  propagande,  l'Ëtat  devait 
respecter  la  liberté  d'enseigner  et  se 
mettre  en  garde  contre  l'accusation  de 
monopole.  De  là  surgirent  des  diffi- 
cultés nouvelles  et  imprévues,  surtout 
lorsqu'il  s'agit  de  résoudre  la  question 
des  jurys  d'examen.  Cependant  la  lutte 
fut  généralement  courtoise  entre  les 
Universités  rivales,  et  ici  encore  se 
révélèrent  le  sens  pratique  et  l'esprit 
de  saine  tolérance  qui  caractérisent  les 
Belges. 

Dans  le  cours  des  années  suivantes. 
Baron  se  multiplia  :  tout  ensemble 


(  *  )  PoplimODl,  ta  Belgique  depuù  i830, 
p.  K99  et  saiv.  —  ThoDisseD,  la  Belgique 
sottê  Uopold  ;,  â«  éd.,  t.  Il,  p.  SSâ  et  suiv. 

(')  M.  D.  Capitaine  nous  apprend  qu'après 
avoir  pris  connaissance  du  discours  d'instal- 


lation de  l'Université  libre,  les  Amis-Philan- 
thropes,  sur  la  proposition  de  M.  Verhaegen, 
décidèrent,  le  25  novembre  4834,  que,  par 
une  faveur  extraordinaire^  tous  les  grades 
mac,%,  y  compris  le  dernier  du  rit  français, 
seraient  conférés  à  l'orateur. 


57 


BAR 


58 


professeur  de  rhétorique  et  préfet  des 
études  de  TAthénée  de  Bruxelles,  et 
professeur  de  littérature  française  et 
étrangère  à  TUnlversité,  il  trouva  le 
temps  d'écrire  son  traité  de  Rhétorique 
et  de  publier  une  foule  d'autres  ou- 
vrages où  se  retrouve,  sous  des  formes 
diverses,  sa  pensée  dominante,  la  ré- 
habilitation des  fortes  études  classiques. 
Cette  pensée  est  aussi  formulée  de 
la  manière  la  plus  explicite  dans  les 
discours  qu'il  prononça  aux  distribu- 
tions des  prix  derÂthénée,et,en  1848, 
à  la  distribution  des  prix  du  concours 
général.  II  s'intéressait  vivement,  dans 
le  même  but,  aux  questions  de  réorga- 
nisation de  renseignement  ;  c'est  ainsi 
qu'au  mois  de  septembre  de  cette 
même  année  1848,  il  accepta  la  prési- 
dence du  Congrès  professoral  fondé 
par  M.  Âlph.  Le  Roy  (v.  ce  nom)  pour 
solliciter  du  gouvernement  la  promul- 
gation prochaine  d'une  loi  organique 
de  l'instruction  moyenne.  Mais  le  Con- 
grès ayant  demandé,  dans  une  adresse 
dont  Baron  fut  le  premier  signataire, 
la  transformation  des  établissements 
communaux  en  institutions  de  l'Etat, 
le  bourgmestre  de  Bruxelles,  qui  tenait 
à  conserver  la  haute  main  sur  son 
Athénée,  cessa  de  se^  montrer  favorable 
aux  démarches  des  professeurs  ;  Baron 
et  plusieurs  de  ses  collègues  crurent 
alors  devoir  s'abstenir  (  '  ),  et  le  profes- 
seur Moke,  de  Gand,  fut  élu  président 
en  remplacement  de  son  confrère  de  la 
capitale.  Sur  ces  entrefaites,  la  chaire 
de  littérature  française,  délaissée  par 
Ph.  Lesbroussart  (v.  ce  nom),  devint 
vacante  à  l'Université  de  Liège.  Il  fut 
d'abord  question  d'y  appeler  M.  Désiré 
Nisard,  puis  M.  Sainte-Beuve  (v.  ce 
nom)  qui  l'avait  acceptée  en  183f. 
mais  qui  était  revenu  sur  sa  décision, 
M.  Sainte-Beuve  monta  en  chaire  au 
mois  d*oclobre  i848  et  fit  le  cours 


nuunmo  applamu^  pendant  une  année 
académique  ;  résolu  alors  de  rentrer  à 
Paris,  il  appela  lui-même  l'attention  du 
gouvernement  sur  Baron,  quifutnommé 
professeur  ordinaire  le  22  octobre  i 849. 
a  On  espérait  généralement  que  l'émi- 
nent  professeur,  dit  M.  Stecher,  susci- 
terait quelque  chose  d'analogue  à  ce 
mouvement  littéraire  et  studieux  pro- 
voqué par  les  cours  du  Musée.  Cette 
attente  ne  fut  pas  entièrement  trompée. 
Baron,  par  la  notoriété  de  son  talent, 
par  cette  bonhomie  spirituelle  qui  était 
comme  le  fond  de  son  humeur,  enfin 
par  ce  don  de  communication  sympa- 
thique qui  fut  l'honneur  de  sa  chaire, 
parvint  à  étendre  son  auditoire  au  delà 
du  cercle  obligé  des  étudiants.  D'ail- 
leurs, il  n'agissait  pas  seulement  par 
l'enseignement  ex  cathedra  ;  il  faisait 
aussi  de  la  propagande  littéraire  dans 
les  causeries  intimes  et  dans  ces  con- 
sultations auxquelles  il  ne  se  dérobait 
jamais.  Même  en  lisant  à  ses  amis  ses 
propres  vers,  par  exemple  sa  belle 
traduction  de  VÀrt  poétique  d'Horace,  il 
trouvait  occasion  de  recommencer  de 
nouveau  son  apogée  des  lettres  an- 
ciennes, n 

Baron  fut  donc  bien  accueilli  à 
Liège,  où  il  retrouva  d'ailleurs  beau- 
coup d'anciens  amis  ;  plusieurs  étaient 
ses  collègues  à  l'Académie,  où  M.  Que- 
telet  avait  contribué  à  le  faire  entrer 
le  8  janvier  1847  (*).  Sa  verve  se  ra- 
nima ;  il  tailla  de  nouveau  sa  plume  ; 
il  se  sentait  rajeunir.  En  1854,  il  aurait 
volontiers  accepté  la  direction  de  l'E- 
cole normale  des  humanités,  où  il  fai- 
sait un  cours  de  littérature,  tout  en 
continuant  son  enseignement  à  l'Uni- 
versité (*)  :  les  démarches  faites  en  sa 
faveur  n'aboutirent  point;  on  choisit 
un  directeur  étranger  à  la  Faculté  des 
lettres  (*).  Il  se  consola,  se  remit  de 
plus  belle  à  écrire  et  à  donner  desconfé- 


(  '  )  V.  la  brochure  intitulée  :  Congrès 
pro/eâMoral  de  Belgique.  Bruxelles,  DeU 
tombe,  4848  (Exlr.  du  Moniteur),  m  8«  de 
47  p.  avec  les  annexes»  contenant  la  corres- 
pondance échangée  entre  le  gouvernement 
H  M.  Alph.  Le  Roy,  à  l'occasion  de  la  dé- 
mission de  Baron. 


(  *  )  Dans  la  section  des  beaux-arts,  non 
dan»  celle  des  lettres. 

(■)  Et  ài  TEcole  des  mines,  où  il  était 
chargé  d'un  cours  de  style  et  de  rédaction. 

(*)  Nous  renvoyons  le  lecteur  à  une 
lettre  familière  de  Baron,  très-piquante, 
insérée  par  M.  Van  Bemmel  dans  sa  notice, 
p.  H7  et  suiv. 


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BAR 


iSO 


rences,  soit  à  Liège,  soit  à  Bruxelles. 
En  1855,  appelé  à  Londres  pour  y  ju- 
ger un  concours  littéraire,  il  y  revit 
son  ami  M  Van  de  Weyer,  qui  le  mit 
en  rapport  avec  quelques  hommes  émi- 
nents;  il  revint  de  ce  voyage  heureux 
et  gai,  sémillant  pour  ainsi  dire.  Tout 
d'un  coup  des  questions  d'intérêt  privé 
reportèrent  ses  pensées  vers  Bruxelles. 
Elles  finirent  par  créer  en  lui  une  in- 
quiétude, une  sorte  d'indécision  et  de 
défaillance  morale  qui  Féloignèrent,  à 
partir  de  1859,  de  sa  chaire  universi- 
taire. Un  an  plus  tard,  il  n'était  plus 
que  Tombrede  lui-même  :  les  ténèbres 
s'étaient  faites  dans  sa  belle  intelli- 
gence... 

Baron  procède  de  Voltaire,  dont  ses 
vers  et  sa  prose  rappellent  la  tournure 
d*esprit.  Il  n'admirait  pas  seulement 
récrivain,  mais  le  penseur  et  Tardent 
polémiste.Prudent  et  réservé  en  chaire, 
il  se  dédommageait  à  l'occasion,  dans 
les  épanchements  de  l'amitié.  «  En  dé- 
pit de  son  rire  sardonique,  disait-il, 
Arouet  était  un  grand  et  habile  homme, 
meilleur  et  qui  a  fait  plus  de  bien  que 
tous  les  farceurs  qui  le  dénigrent.  » 
Cette  apologie  familière  aurait  fait 
place  à  une  étude  sérieuse  et  explicite, 
si  Baron  eût  assez  vécu  pour  achever 
son  Hûtoire  de  In  littérature  française, 
qui  malheureusement  s'arrête  au  XV1« 
siècle.  Ceux  qui  n'ont  pas  été  ses 
élèves  peuvent  cependant  se  faire,  à 
cet  égard,  une  idée  assez  exacte  de  ses 
tendances  et,  comme  s'exprime  11.  Van 
Bemmel,  de  sa  physionomie  intellec- 
tuelle, en  lisant  dans  la  Revue  trimes- 
trielle  (t.  XIV)  ou  dans  le  t.  V  des 
OEuvres  complètes) y  un  morceau  sur 
Voltaire  ,  rédigé  primitivement  pour 
une  conférence.  Il  affectionnait  égale- 
ment Horace  ;  de  là  ses  relations,  pen- 
dant son  séjour  à  Liège,  avec  M.  Jules 
Janin,  admirateur  passionné  du  poète 
de  Venouse  et  hôte  assidu  de  Spa. 
Il  soumit  au  grand  critique  sa  belle 
traduction  de  ÏEpUre  aux  PisonSj  et 


Dieu  sait  comme  ils  en  épluchèrent 
chaque  vers  !  Philologue  et  artiste,  es- 
prit net  et  vif,  avec  une  pointe  de  fine 
et  douce  ironie,  Baron  était  ce  qu'on 
pourrait  appeler  un  gourmet  littérairis. 
Il  avait  plus  de  finesse  que  de  passion , 
mais  infiniment  d'esprit,  et  une  répu- 
gnance profonde  pour  les  vulgarités  et 
les  banalités  de  tout  genre.  Sa  vigueur 
était  calculée  plutôt  que  native  ;  mais 
il  avait  tant  d'habileté  et  de  patience  à 
ciseler  sa  phrase  ,  qu'il  arrivait  de 
sang-froid  à  produire,  quand  il  le  vou- 
lait bien,  les  effets  de  l'inspiration.  Sa 
conversation  était  élincelante  ;  mais  il 
travaillait  difficilement  et  lentement; 
il  remaniait  sans  cesse  ses  écrits  :  le 
manuscrit  de  la  Rhétorique  fut  recopié 
dix-huit  fois.  Il  avait  une  immense  lec- 
ture et  l'habitude  de  prendre  des 
notes;  avec  cela,  un  rare  talent  d'assi- 
milation (*)  et  un  sentiment  exquis  des 
nuances.  L'érudition,  sous  sa  plume, 
acquérait  le  don  de  plaire  ;  en  somme, 
il  ne  brillait  pas  par  l'invention,  mais 
par  une  certaine  façon  séduisante  d'ap- 
pliquer le  vieil  adage  :  Non  nova^  sed 
novè.  Ses  écrits,  sous  ce  rapport,  sont 
des  modèles  précieux  à  étudier. 

Nous  avons  dit  que  Baron  était  che- 
valier de  Tordre  du  Lys.  Le  29  avril 
i838,  il  reçut  la  croix  de  la  légion 
d'honneur  (le  diplôme  lui  donne  le 
titre  de  fondateur  de  l'Université  de 
Bruxelles)  ;  dix  ans  plus  lard,  celle  de 
Tordre  de  la  branche  Ernestine  de 
Saxe.  Chevalier  de  l'ordre  de  Léopold 
le  28  décembre  4843,  il  fut  promu  en 
1858  au  grade  d'officier.  Il  était  membre 
de  l'Académie  royale  de  Belgique  (v. 
ci-dessus),  de  la  Société  des  sciences, 
des  lettres  et  des  arts  du  Hainaut  et 
de  l'Institut  archéologique  liégeois.  A 
partir  de  1858,  il  fit  partie  du  bureau 
administratif  de  l'Athénée  royal  de 
Liège.  11  a  publié  (■): 

io  Dans  la  Collection  ternaire  (Didot), 
le  Cornélius  Nepos  (1820)  et  le  Quinte" 
Curce  (1822-1824,  5  vol.). 


(  *  )  C'est  ainsi  que  plas  d'une  de  ses  le- 
çons universitaires  témoigne  qu'il  s'était 
pénétré  de  La  Harpe,  pour  lequel  cependant 
il  ne  professa  pas  toujours  en  public  une 
haute  estime  (U.  Capitaine,  p.  i  i). 


(  *)  Nous  résumons  la  bibliographie  très- 
exacte  et  très-complète  de  Baron,  recueiUie 
et  publiée  pour  la  première  fois  par  M.  U. 
Capitaine. 


61 


BAR 


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U  Cornélius  contient  (p.  377-886)  un 
article  intitulé  :  Comelii  Nepotis  cam  Piu- 
larcho  eomparatio,  opus  ineditum  fsigné 
A.  A.  B***).  —  La  préface  du  Quwte-Curce^ 
signé  N.  E.  L.,  paraît  être  le  Baron. 

2o  Une  édition  de  Napoléon  en  exil  ou 
PEcho  de  Sainte-Hélène  (par  Barcy  E. 
O'Meara),  avec  un  avis  au  lecteur  et 
une  préface.  Bruxelles,  i82i,  5  vol. 
in-8o. 

3°  Lettres  et  entretiens  sur  la  danse 
ancienne^  moderne,  religieuse,  civile  et 
théâtrale.  Paris,  Dandey-Dupré,  1824, 
\n-%^  (avecune  litbogr.  (Chorégraphique). 

Dédicace  à  J.  L.  Milon,  maître  des  ballets 
de  rOpera.  Des  exemplaires  de  ce  livre  cu- 
rieux, signés  A.  B.  ou  A.  Baron,  ont  été  mis 
en  vente  sons  le  titre  de  :  lettres  à  Sophie 
sur  la  danse,  etc. 

4<>  Une  édition  des  OEuvres  de  Casimir 
Delavigne,  Bruxelles,  Hayez,  5  vol. 
in-lS»  (avec  une  notice). 

5»  C.  Julius  Ccesar,  ad  ullimas  adi- 
lûmes  recensituSy  cum  commentario  tu- 
tegro  Oberlini, curante  A,  Baron.  Paris, 
1827,2  vol.  in-8<».--  Bruxelles,  Mellne, 
1845,  id. 

6*  Discours  prononcé  à  Vinstallation 
du  Musée  des  sciences  et  des  lettres  de 
Bruxelles,  le  3  mars  1827.  Brux.,  1827, 
in-S».  —  Ibid.  2«  édition,  môme  année, 
et  OEuvres  complètes,  t.  V. 

7®  Discours  prononcé  par  M.  Baron  à 
Vourerture  de  son  cours  de  littérature 
générale,  Ibid.  1827,  in-8». 

8^  Scriptorum  classicorum  collectio 
(anonyme).  Bruxelles,  L.  Tencé,  1829 
et  ann.  suiv.,  in-12°. 

La  collection  devait  former  de  50  k  60 
volumes.  Le  tome  XVII  (Phèdre)  est  le  dernier 
que  nous  ayons  rencontré.  Les  notes  sont  de 
Baron,  qui  a  en  outre  revu  les  textes  avec 
un  grand  soin. 

9^  Les  Messéniennes  de  C,  Delavigne 
(ouvrage  adopté  par  rUniversité).  Paris, 
l83l,in-8o. 

En  tète  du  volume  se  trouvent  deux  Essais 
de  Baron,  Sur  l'ancienne  élégie  grecque  et 
Sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  Callinus  et  de 


Tprtée,  (reproduit  dans  l'ouvrage  n»  16,  et 
dans  le  t.  III  des  Œuvres  complètes), 

1  Qo  Discours  sur  renseignement  moyen , 
prononcé  à  la  distribution  des  prix 
de  FAthénée  de  Bruxelles,  le  18  août 
1832.  Bruxelles,  1832,  in-8«  (et  t.  Y 
des  OEuv,  compl.). —  Deux  autres  dis- 
cours, id.  (1842  et  1848). 

{{^  Cours  de  littérature  ancienne  et 
moderne,  Bruxelles,  Lejeune,  1838, 
in-8<>  (deux  livraisons). 

Discours  d'ouverture  ;  leçon  sur  Euripide 
(CEuv,  compl,,  t.  ni). 

12<'  La  19«,  la  21«  et  la  24«  édit.  des 
Leçons  françaises  de  littérature  et  de 
morale  par  Noël  et  de  la  Place,  augm. 
d*un  grand  nombre  de  morceaux  choisis, 
d^une  liste  biographique  des  auteurs 
cités  et  d'un  Résumé  de  Vhistoire  de  la 
littérature  française,  Bruxelles.  1855, 
1840  et  1857,  gr.  in-8». 

Le  Résumé  et  la  Liste  biographique  ont 
paru  séparément  en  1833  ,  à  BruxeUes, 
in-ia*.  —  Il  en  existe  une  édition  française 
(Paris,  Delalain,  183K,  in  8V,  et  une  nou- 
velle édition  beige  (Bruxelles ,  Hauman , 
1840,  in-8<»). 

13«  Grammaire  des  grammaires  de 
Girault-Duvivier,  avec  un  discours 
préliminaire  par  A.  Baron.  Brux.  Hau- 
man (*),  1834,2  vol.  in-Ho. 

14°  Manuel  de  Vhistoire  ancienne, 
par  Ileeren.  Traduction  entièrement 
refondue  et  augmentée  d'une  Introduc- 
tion sur  Vétude  de  l'histoire  ancienne, 
par  A.  Baron.  Ibid  ,  1834, 2  vol.  in-8«. 

L'introduction  do  Baron  a  été  traduite  en 
itaUen  par  Crivelli  et  publiée  en  tète  du 
Manuale  de  storia  antica  (de  Heeren).  Ve- 
nise, Plet,  1836,  3  vol.  petit  in*8o. 

15°  Discours  prononcé  à  Vinstallation 
de  VUniversité  libre  de  Belgique,  le  20 
novembre  1834.  Ibid.,  1834,  in-B*. 

Reproduit  dans  les  Œuv.  compL,  t.  V,  et 
dans  [^Université  pendant  vingt-cinq  ans. 
Bruxelles,  1860,  in-19«,  p.  33-64. 

16«  Poésies  militaires  de  Vantiquité 
ou  CallinuH  et  Tyrtée  :  texte  grec,  tra- 
duction polyglotte,  prolégomènes  et  comr 


(M  Baron  soigna  la  correction  de  la  plu-      teur  Hauman,  dont  il  était  rarat  intime  (Note 
part  des  livres  importants  publiés  par  Tédi-      de  M.  Capitaine). 


63 


BAR 


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mentaires  par  A.  Baron  (ouvrage  dédié 
au  Roi).  Bruxelles,  Meline,  1835,  in-S^" 
de  338  p. 

BaroQ  soumit  le  manaserit  de  cet  ouvrage 
au  jugement  de  TAcad.  royale  de  Belgique, 
qui  eu  fit  l'objet  d'uo  rapport  élogieux 
(séance  du  9  février  1B33).  —  V.  le  n«  9  et 
les  Œuvres  complètes). 

{>  Le  premier  livre  dis  classes  lon 
Unes  Anonyme).  Bruxelles,  Berthot, 
in-!2«. 

Petit  livre  classique  écrit  en  latin. 

18«  Dans  les  Scènes  de  la  vie  des 
peintres  de  Vécole  flamande  et  hollan- 
daise, par  Madou  (Brux.,  Société  des 
beaux-arts,  1843,  grand  aigle  in-fol., 
ilg.),  y 2Xi\c\e Rembrandt, 

19*  Du  juste  milieu^  par  Ancillon. 
Trad.  de  TAllemand  par  M»«  de  S.  (de 
Stassart)  et  A.  Baron.  Brux.  Hauman, 
i837,  2  vol.  in-i8o. 

L'avant- propos  est  de  Baron.  Un  extrait 
de  cet  ouvrage  (Sur  la  poésie  espagnole  pen- 
dant tes  cinquante  dernières  années)  a  été 
reproduit  dans  les  Annales  littéraires  et 
philosophiques  do  Liège  (1837). 

2(H>  Histoire  de  V architecture  ^  par 
Th.  Hope,  trad.  de  l'anglais  par  A.  Ba- 
ron Bruxelles,  Meline,  1839,  2  vol. 
in-8«,  dont  un  de  planches.  —  Deux 
autres  éditions  (du  texte),  1852  et  1856 
(Paris  et  Liège,  Noblet). 

21 0  Mosaïque  belge,  mélanges  histo- 
riques et  littéraires.  Bruxelles,  Hauman, 
1837,  in-i2o. 

Trois  chroniques  :  Gil  Lion  de  Trazegnies 
(XII"  siècle),  Baudouin  de  Constantinople 
(XIII*  siècle),  et  la  prise  de  Mons  (XV1« 
siècle);  plus  quatre  fragments fCotifeiRpora- 
néités)  se  rapportant  aux  année:»  18i5,  i830, 
1831  et  i832.  €  Dans  l'un  de  ces  articles, 
qui  restera  une  page  d'histoire.  Baron  fait 
connaître  les  principaux  exilés  français  qu'il 
a  rencontrés  k  Bruxelles  avant  4830.  La 
Mosaïque  belge  a  été  réimprimée  dans  les 
t.  IV  et  V  des  Œuvres  complètes,  k  l'excep- 
tion de  la  préface,  datée  de  4836.  Cette 
omission  est  d'autant  plus  regrettable  que 
l'auteur  y  trace  en  quelques  pages,  sous  la 
forme  d'un  dialogue  avec  son  éditeur  «  un 
piquant  tableau  de  la  littérature  et  de  la  vie 
littéraire  de  la  Belgique  à  cette  époque  » 
(U.  Capitaine). 

22«  Collection  d'opuscules  phUoso- 
phiquesy  etc.,  par  S.  Van  de  Weyer, 


avec  préface  et  notes  par  A.  Baron. 
Bruxelles,  Wahlen,  4840,2  v.  in-48'». 

23»  Histoire  abrégée  de  la  littérature 
française  depuis  son  origine  jusqu'au 
XVÏW  siècle  (Dédicace  à  M.  S.  Van  de 
Weyer,  ambassadeur  à  Londres).  Bru- 
xelles, Jamar,  4844,  2  vol.  in-B». — 
2*  éd.  Brux.,  Rosez  ,  in-8<>  de  584  p. 

Baron  étudie  la  littérature  dans  ses  rap- 
ports avec  la  civilisation  ;  on  doit  regretter 
qu'il  soit  resté  en  chemin.  V Histoire  de  la 
littérature  française,  entreprise  en  vue  du 
cours  donné  à  l'Université  de  Bruxelles,  ne 
s'étend  que  jusqu'à  la  fin  du  XVI*  siècle.  A 
Liège,  l'auteur  s'occupa  nécessairement  de 
la  continuer  ;  mais  il  se  heurta  contre 
toutes  sortes  d'obstacles,  et  d'abord  il  ne  sut 
se  borner.  Quand  un  sujet  lui  plaisait,  il  le 
caressait  k  loisir,  oubliant  qu*tl  n'écrivait  ni 
des  monographies  ni  des  notices  bibliogra- 
phiques. Un  des  amis  de  Baron,  dit  M.  Van 
Bemmel,  a  eu  entre  les  mains  plusieurs  de 
ces  fragments  achevés,  trop  achevés  peul- 
èlre  ;  car,  à  voir  le  soin,  la  minutie  avec 
laquelle  l'auteur  traitait  de  certains  ouvrages 
presque  oubliés,  l'ensemble  du  travail  eût 
dû  recevoir  des  proportions  énormes.  — 
V.  le  compte  rendu  publié  par  Ph.  Lebrous- 
sart  dans  la  Revue  Belge,  t.  XX,  484S, 
p.  376,  et  t.  XXII,  p.  365. 

24*^  Préface  de  la  Biographie  univer- 
selle (par  une  Société  de  gens  de  lettres 
éditée  à  Bruxelles  (Ode),  4842-4847, 
24  vol.  gr.  in-8<>à2col. 

25<»  Coup  dosU  sur  Vétat  actuel  des 
arts,  des  sciences  et  de  la  littérature  en 
Belgique,  û  la  fin  du  t.  Il  de  la  Belgique 
monumentale  (Bruxelles,  Jamar  et  Hen, 
2  vol.  gr.  in-8«). 

Avec  quinze  portraits.  Le  dernier  [en 
médaillon)  est  celui  de  Baron. 

26^  Les  articles  Charle^-Quint,  Lau- 
rent Delvaux  et  Philippe  de  Commues, 
dans  les  Belges  illustres  (Ibid.  4844- 
4848,  3  vol.  in-8o). 

27«>  L'article  Froissart,  dans  V Al- 
bum biographique  des  Belges  célèbres 
(Brux.,  Chabannes,  1845-4848,  2  vol. 
gr.  in-8o). 

28«  H  a  rêvé.  Opéra  comique  en 
trois  actes,  paroles  de  A.  Baron,  mu- 
sique d*A.  Samuel  (4845). 

Cette  pièce  ne  Ait  ni  publiée  ni  représen- 
tée. «  BÎaron  se  contenta  d'en  offrir  à  son 
ami,  M.  de  Bonne,  un  exemplaire  manus- 


6S 


BAR 


66 


crit,  véritable  trésor  d'art,  à  figurer  dans  un 
musée  bibliographique.  On  s'en  fera  une  idée 
par  rinscription  suivante,  qui  se  lit  à  la  pre- 
mière page .'  c  L'ouvrage  est  écrit  d'un  bout 

•  à  l'autre  de  la  main  de  l'auteur ,  Auguste 

•  Baron,  préfet  des  études  et  professeur  de 

>  rhétorique  &  TAthénée  royal,  membre  du 

>  Conseil  d'administration  et  professeur  de 

•  littérature  à  l'Université  de  Bruxelles,  etc., 
»  etc. —  Les  titres,  frontispices,  ornements 
B  et  culs  de-lampe  sont  des  dessins  origi- 

•  naux  et  uniques  des  peintres  et  dessina- 
»  teurs  suivants  :  C.  de  Leuire^  H,  Jlen- 
y»  driekx^  Louis  Huarty  P.  Lauiers  et  Alfred 
»  Steerns.  —  Le  faux  titre  est  écrit  par  le 

>  calligraphe   Magnée,  —  L'air   final   est 

>  copié  de  la  main  de  l'auteur  de  la  musique, 
»  Adolphe  Samuel.  —  Ce  manuscrit  est 
»  offert  par  A.  Baron,  comme  témoignage 
»  du  plus  sincère  et  du  plus  profond  atta- 
»  chement,  à  son  ami,  Julien  de  Bonne^ 
»  membre  de  la  Chambre  des  représentants, 
»  et  du  conseil  d'administration  des  hospices 
»  et  secours  de  la  ville  de  Bruxelles,  le  i*** 
»  janvier  1846  >  (Van  Bemmel,  p.  4S). 

20»  Discours  prononcé  le  26  septembre 
1848,  à  la  distribution  des  prix  du 
Concours  universitaire,  etc.  Bruxelles, 
\  848,  in-8«. 

Réimprimé  dans  V Annuaire  de  l'enseigne' 
ment  moyen^  V*  année  (1849),  et,  ainsi  que 
le  précédent,  dans  le  t.  V  des  OEuvres  com- 
plètes. 

30®  Chacun  son  métier^  poème-pro- 
verbe scholastico-héroï-coroique.  Bru- 
xelles, Marchai,  1848,  in-B». 

Il  s'agit  de  Scaliger  dansant  la  pyrrhique 
devant  l'empereur  Maximilien.  Cette  nou- 
veUe,  publiée  par  \e  Journal  des  Arts  du  16 
novembre  1848 ,  avait  été  lue  le  là  du 
même  mois  à  la  séance  solennelle  de  la  So- 
ciété des  gens  lettres  belges. 

51®  Dans  V Annuaire  agathopédique 
et  saucial  (*);a.  un  poème  latin  en 
vers  macaroniquesi*):  EloglumCocho- 
nis  in  responsionem  ad  unam  de  quces- 
tionibus  pro])osUis  per  societatem  Aya- 
Oorrai&uv  :  ex  /t^rû Uabonis  ('  );  ^.Com- 
inentaire  sur  la  chanson  :  Au  clair  de 


la  lune,  par  Séhaste  Sorab,  boutade 
ingénieuse,  reproduite  dans  le  Journal 
de  Vamateur  de  livres  de  P.  Jannei, 
t.  IIK  p.  180  etsuiv,;  nouvelle  édition 
entièrement  remaniée,  dans  le  Journal 
de  Liège  du  16  juillet  1850,  sous  le 
titre  de  JSoctes  Pevillianœ  (*  )  Première 
nuit  :  commentaire  philosophico-critique 
sur  la  chanson,  etc.  La  Seconde  nuit 
devait  avoir  pour  sujet  un  commentaire 
sur  Marlborough  s'en  va-t-en  guerre; 
il  n«  paraît  pas  (|ue  ce  morceau  ait 
été  achevé. 

32o  De  la  Rhétorique,  ou  de  la  com- 
position oratoire  et  littéraire.BruxeWes, 
Jamar,  1849,  in-8®  de  Xll  et  528  p. 
—  2®  édition  (augm.  d'une  préface). 
Bruxelles,  Decq,  1853,  in-12®  de  408 
pages  (t.  I  des  OEuvres  complètes). 

Excellent  traité,  instructif  pour  les  gens  du 
monde  comme  pour  la  jeunesse  des  écoles, 
exempt  de  pédantisme,  agréablement  écrit, 
sortant  de  l'ornière  traditionnelle  et  néan- 
moins sévèrement  méthodique.  H  fut  adopté 
comme  livre  classique  par  le  Conseil  de 
perfectionnement  de  l'enseignement  moyen, 
et  l'auteur  obtint  le  prix  quinquennal  de  litté- 
rature française  institué  par  le  Gouverne- 
ment. Aux  éloges  unanimes  de  la  presse 
belge  se  joignirent  ceux  des  journaux  fran  • 
çais  ;  nous  citerons  notamment  un  remar- 
quable article  de  M.  Talbot,  dans  la  Revue 
de  l'instruction  publique  de  Paris. 

53*  Discours  prononcé  à  la  séance 
publique  de  la  classe  des  beaux-arts  de 
VAcndémie  royale  de  Belgique,  le  23 
septembre  1850  Bruxelles,  Ilayez, 
1850,  in-8«. 

Extr.  des  fiti/Zf/in»  de  l'Académie,  t.  XVIII. 
11  n'est  pas  sans  intérêt,  fait  observer  M.  Ca- 
pitaine, de  rapprocher  les  premières  pages 
de  ce  discours,  prononcé  par  Baron,  comme 
directeur  de  la  classe  des  beaux-arts,  de 
certains  passages  de  la  préface  du  recueil 
intitulé  Mosaïque  belge  {u9  SI). 

540  Histoire  de  Fart  dramatique.  Bru- 
xelles, Jamar  1853-1855,  3  tomes  for- 


(  *  )  Recueil  de  facéties  que  le  baron  de 
Reiffenberg  appelait  une  débauche  d'intelli- 
gence trop  prolongée  {Bull,  du  Bibliophile 
beige,  t.  YIII,  p.  14).  Sur  la  Société  des 
Agathopèdes  et  son  Annulaire  ,  v.  Quérard, 
Les  supercheries  littéraires  dévoilées,  t.  IV, 
art.  Babonis. 


(*}  V.  Delcpierre,  De  la  littérature  ma- 
carotiique.  Londres,  1855,  in-8<^. 
(  '  )  En  voici  le  premier  vers  : 

F1«tora«  cantciit  rege«  :  ego  cauto  Cocliooem. 

(«)  Du  nom  du  hameau  de  PévUle  (Gri- 
vegnée),où  Baron  occupa,  pendant  plusieurs 
années,  une  maison  de  campagne. 

8 


67 


BAR 


68 


msrnt  un  vol.  in-48o,  avec  portraits 
(Encyclopédie  populaire). 

Bien  qae  le  titre  ne  porte  que  le  nom  de 
Baron,  les  dernières  parties  de  cet  ouvrage, 
à  part  quelques  relouches,  notamment  en 
ce  qui  concerne  Lagrange-Ghancel ,  sont 
exclusivement  dues  à  M.  Ang.  Morel,  d'E> 
lampes,  réfugié  politique  à  Liège,  oii  il  a 
laissé  les  plus  honorables  souvenirs  (U. 
Capilaine). 

5ï("  OEttvres  complètes  de  A.  Baron. 
Bruxelles,  Decq,  1853-4860,  5  vol. 
in-18. 

Les  œuvres  complètes  de  Baron  devaient 
former  douze  volumes  ;  il  n'en  a  paru  que 
cinq,  dont  voici  les  sommaires  :  T.  L  De  la 
Khétorique  (4853^  ;  T.  II.  EpUre  aux  Pisons, 
traduction  en  vers,  avec  introduction  et 
commentaires  (i857).  Dédicace  à  Ms'  le 
comte  de  Flandre  (M  ;  t.  III.  CaUinus  et 
Tyrtée  ;  Etudes  sur  Euripide  et  Aristophane  ; 
t.  IV  et  V.  Mélanges  en  prose  et  en  vers  : 
épUres,  traductions,  discours,  variétés  bis- 
toriques  et  littéraires,  actualités,  etc.,  c  le 
tout  parfois  sérieux,  plus  souvent  bouffon  », 
dit  le  prospectus  (1860).  Le  t.  V  devait  com- 
prendre la  critique  cl  l'histoire  des  beaux- 
arts  ;  les  t.  Vil  à  XIII  étaient  réservés  à 
l'Histoire  de  la  littérature  française.  L'au- 
teur annonçait  les  quatre  derniers  volumes 
comme  entièrement  inédits  ;  il  n'est  pas 
probable  qu'ils  voient  jamais  le  jour. 

36«  Epitre  d^Horace  aux  Pisotis,  tra- 
duction en  vers  français.  Bruxelles, 
Hayez,  1854,  in-8«. 

Celte  traduction,  plusieurs  fois  remaniée, 
surtout  dans  la  première  partie  du  poème, 
est  sans  contredit,  au  point  de  vue  de  l'élé- 
gance et  de  la  concision,  une  des  meilleures 
que  nous  possédions  de  l'œuvre  didactique 
d'Horace.  Elle  a  paru  dans  les  Bulletins  de 
l'Acad.  roy.  de  Belgique,  t.  XXI -S,  p.  787- 
806  (voir  le  n»  35). 

37<»  Concours  de  poésie  française  et 
flamande,  Bruxelles,  Dellombe,  1855, 
in-8o. 

Rapport  sur  les  pièces  françaises  en- 
voyées au  concours  de  poésie  institué  à 
à  l'occasion  du  XXV"  anniversaire  des  jour* 
nées  de  septembre  1830.  (Exlr.  du  Moniteur), 

38"  Le  marquis  de  Sy  et  M.  Poupar, 
Lettres  de  A.  Baron  et  de  M.  Sylvain 
Van  de  Weyer.  Londres,  1857,  in-^». 


Lettres  extraites  des  mélanges  de  la  So- 
ciété des  Bibliophiles  de  Londres,  tirées  k 
pan  il  80  exemplaires.  Il  y  est  question 
d'une  traduction  en  vers  de  YArt  poétique 
d'Horace,  successivement  attribua»  au  mar- 
quis de  Sy  et  &  Poupar. 

39«  C^fi  type  bruxellois  (anonyme). 
Bruxelles,  Polack,  1857,  in-32.. 

Notice  intéressante  par  A.  J.  Mattau, 
inventeur  du  Mattauphone  et  «  mystificateur 
émérlte.  » 

40o  Collaboration  à  des  recueils  pé- 
riodiques, à  la  Gazette  officielle  (1822- 
1829),  à  VVnion  belge,  qui  précéda  le 
Moniteur  (octobre  1830— -mars  1851), 
à  V Indépendant  (1830-1831),  au  Cour- 
rier belge  (1832-1859);  plus  tard,  à 
^Observateur  ,  à  VIndépendance ,  an 
Journal  de  Liège, eic,\  à  la  Revue  Belge  : 
V Etude  sur  Aristophane,  1830,  t.  I  ;  à 
la  Revue  de  Paris  (Les  exilés  à  Bru- 
xelles, 1831  ;  deu-x  articles  sur  \^  poésie 
militaire,  1851  et  1832  ;  Euripide  esprit 
fort,  1833);  au  Recueil  encyclopédique 
belge  (De  Véloquence  politique,  t.  111, 
1833;  Aperçu  historique  de  Fart  dra- 
matique, U  IV,  1834);  à  la  Belgique 
littéraire  et  industrielle  (Demi-voix, 
romance,  1837);  au  Bulletin  du  biblio- 
phile belge  (Correction  typographique, 
à  propos  d*une  édition  de  Bossuet,  t.  Il, 
1845;  Labbé  Cotin  —  Lettre  sur  la 
ménagerie,  à  M.  A.  Scheler,  t.  XIU, 
1843);  à  VAthenantm  français  (Comptes 
rendus  du  Dictionnaire  étymologique 
wallon  de  M.  Gh.  Grandgagnage,f£f.,  de 
rétudede  M.  Sylvain  Van  de  Weyer  sur 
d*Hèle;  Notice  sur  In  clef  du  cabinet, 
journal  du XVI 11*  siècle,  art.  également 
résumé  dans  le  Bulletin  du  Bibliophile, 
t.  XII);  aux  Annales  de  V Académie 
d'archéologie  d'Anvers  (sur  Touvrage  de 
M.  de  Coeckelberghe-Dutzeele  :  Théorie 
complète  de  la  prononciation  française. 
Vienne,  1850,  in-S»,  t.  VIII);  à  la  Revue 
trimestrielle  de  M.  Van  Bemmel  ("Ancien 
Théâtre  français,  par  M,  Viollet-Leduc, 
1. 111;  les  Oiseaux  d'Aristophane,  éiuàe 
'  poHtique,  t.  IV  :  c*est  le  complément  de 
Tarticle  publié  en  1830  dans  la  Revue 
belge;  Vers  écrit  sur  l'album  de  ¥•"• 
Marie  r'*"%  t.  IV;   Voltaire,  t.  XIV; 


(')  V.  une  anecdote  au  siiget  de  cette      dédicacedans  Van  Bemmel,  p.  36. 


69 


BEK 


70 


Vers  sur  Valbum  de  Jf"^  A.  Renée,  t. 
XX};  enfin,  aux  Mémoires  de  la  Société 
libre  d'Emulation  de  Liège  (Rapport  sur 
un  concours  de  poésie^  t.  1 ,  1860).  — 
«  Baron  doit  avoirégalement  publié  des 
articles  littéraires  dans  le  Globe  de 
Paris  (1827-1828),  dans  les  Annales  du 
Musée  de  Rruxelles,  dans  la  Revue  uni- 
verselle (sers  1852),  àsin&V Artiste  (y ers 
1833)  et  dans  le  Moniteur  de  renseigne- 
ment ^en  1855.  Bien  que  son  nom  figure 
sur  la  liste  des  collaborateurs  de  la 
Revue  belge  (1835-1843),  de  la  Revue 
de  Belgique  (1846-1850)  et  de  la  Bel- 
gique communale  (1847),  nous  croyons 
qull  n*a  pris  aucune  part  à  la  rédaction 
de  ces  recueils  »  (Û.  Capitaine). 

il»  Dans  les  Bulletins  de  rAcadémie 
royale  de  Belgique  :  T.  XI  et  t.  XIY, 
trois  fragments  du  traité  de  la  Rhéto- 
rique (V.  la  Revue  de  Liège  de  1S47)  ; 
Rapport  sur  les  cantates  envoyées  au 
concours  de  composition  musicale  de 
1847  (t.  XIV-l);  Rapport  (négatiO  sur 
le  mémoire  envoyé  en  réponse  à  cette 
question  :  Quelles  sont  les  limites  de  la 
science^  d'un  côté,  et  de  l'art,  de  l'autre, 
dans  la  reproduction  des  formes  exté- 
rieures? (t.  XlV-2);  Id.  sur  le  Mémoire 
de  M.  Bock:  LÊglise  des  Apôtres  à 
Constantinople  (t.  XV-2)  ;  sur  les  can- 
tates présentées  au  concours  de  1851 
(t.  XVIIM);  le  Discours  mentionné 
ci-dessus,  n»  33  [Ibid.];  Rapport  sur  le 
mémoire  de  M.  Griffith  :  Le  temple  de 
Yesta  à  Tivoli  (t.  XVIII-2)  ;  Y  Art  poé- 
tique û'Horsice,  fragments  de  traduction 
(t.  XIX-1  et  XIX-2)  ;  Sur  le  Médecin 
malgré  lui  de  Molière,  à  propos  d'une 
trouvaille  concernant  cette  pièce  (t. 
XIX-2);  le  n« 36  (v.  ci-dessus), t.  XXI-2; 
E^raphes  pour  le  palais  épiscopal  et 
pour  Féglise  S^Jacques  à  Liège  (t. 
XXI V-2);  Rapport  sur  les  pièces  fran- 
çaises du  concours  de  poésie  institué  à 
Voccasion  du  ^S^ anniversaire  de  Tinau- 
guratlon  des  chemins  de  fer  (t.  Vil, 
DOUY*  série,  1859). 

Les  BuUetim  mentionoent  eocoro  deux 
propositions  émaoées  de  Baron,  Tune  ayant 
poorbot  d'attirer  l'attention  de  M.  le  Ministre 
de  rintérieor  sur  la  décadence  de  l'art  dra- 
matique en  Belgique  (t.  XIV  3  et  XV-1); 
raufre«  faite  de  concert  avec  M.  Danssoigne- 
Uéfaul,  demandant  que  le  concours  de  can- 


tates soit  supprimé  et  remplacé  par  un  certain 
nombre  de  sujets  à  traiter  (t.  XXlV-9). 

Baron  possédait  une  très-riche  bi- 
bliothèque littéraire,  qui  a  été  malheu- 
reusement dispersée  après  sa  mort.  Les 
traits  de  l'éminent  professeur-académi- 
cien ont  été  plus  d'une  fois  reproduits; 
on  cite  notamment  un  bon  portrait  (par 
Vieillevoye,  directeur  de  TÂcadémie  des 
beaux-arts  de  Liège,  mort  en  1855)  et 
deux  bustes,  Tun  par  M.  C.  A.  Fraikin 
(1846),  Tautre,  commandé  à  M.  A. 
Cattier  par  le  Gouvernement,  pour  être 
placé  dans  la  salle  des  séances  publi- 
ques de  rAcadémie. 


uekker  (George-Joseph)  naquit  ft 
Waldurn  (Grand-Duché  de  Bade)  le  22 
septembre  1792,  et  mourut  à  Liège  le 
27  avril  1837.  Frappés  de  ses  heureuses 
dispositions,  ses  parents  rassemblèrent 
leurs  modiques  ressources  pour  l'en- 
voyer aux  meilleures  écoles,  et,  comme 
il  y  fit  de  rapides  progrès,  s'imposèrent 
des  privations  afin  de  le  placer  à  TUni- 
versité  de  Ileidelberg.  Là,  le  jeune 
Bekker  apprit  à  se  passionner  pour 
Tantiquité  classique  :  il  suivit  avec  avi- 
dité les  leçons  des  maîtres  les  plus 
célèbres  ;  mais,  voué  lui-même  ù  ren- 
seignement, il  s'adonna  spécialement  ù 
la  philologie  et  se  pénétra  des  mé- 
thodes de  Jahn  et  de  Creuzer.  a  II 
n  s'était  fait  en  quelque  sorte  citoyen 
»  d'Athènes  et  de  Rome,  »  dit  le  baron 
de  Reiffenberg,  dont  nous  résumons 
la  notice  ;  «  malgré  la  générosité  de 
»  son  âme,  il  prit  peu  de  part  aux  pro- 
»  jets  de  ses  camarades,  qui  voulaient, 
»  en  chantant  les  hymnes  de  Kôrner  et 
»  d'Arnim,  reconstruire  l'antique  Ger- 
»  manie.  Il  ne  connaissait  bien,  à  vrai 
n  dire,  que  la  Germanie  de  Tacite.  »  Le 
baron  de  Geer,  qui  fut  chargé  en  1817, 
par  le  gouvernement  des  Pays-Bas,  de 
recruter  des  professeurs  pour  les  Uni- 
versités que  l'on  proposait  de  fonder 
en  Belgique,  avait  étudié  et  voyagé  en 
Allemagne.  La  manière  d  enseigner  de 
ce  pays  était,  selon  lui,  préférable  à 
toutes  les  autres.  Il  se  rendit  dans  le 
Grand-Duché  de  Bade  et  en  ramena 
entr'autres  Bekker,  qui  fut  nommé 
d'emblée  professeur  de  littérature  an- 


I 


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BEK 


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cienne  à  TUniversité  de  Louvain  (M. 
Bekker  avait  le  don  des  langues  ;  il 
s'exprimait  eu  latin  avec  une  merveil- 
leuse facilité  ;  il  n'était  pas  moins  ha- 
bile comme  helléniste  (*),  et  dans 
rinterprétation  des  textes  les  plus  obs- 
curs, c'était  un  véritable  (^dipe.  11 
était  surtout  Tennemi  des  à  peu  près  ; 
il  habituait  ses  élèves  à  n'être  contents 
d'eux-mêmes  qu*après  avoir  pénétré 
jusque  dans  les  moindres  détails  d'une 
question.  Les  RuhnlLenius,  les  Hems- 
terhuis  et  les  Wyttenbach  étaient  ses 
modèles  :  école  savante,  un  peu  trop 
trop  formaliste  peut-être,  mais  très- 
capable  de  discipliner  les  esprits  et  de 
former  le  goût,  amoureuse  qu'elle  était 
de  la  pureté  et  de  la  correction  du  style. 
Bekker  avait  trop  de  sérénité  dans 
l'âme  et  des  habitudes  intellectuelles 
d'un  ordre  trop  élevé  pour  tomber  dans 
le  pédantisme  ;  mais  il  savait  étaler  à 
l'occasion  une  gravité  magistrale,  ce 
qui  ne  contribua  pas  médiocrement  à 
le  faire  réussir  en  Hollande,  «  pays  où 
n  le  sérieux  est  déjà  du  mérite.  »  Pa- 


tient et  persévérant.  Il  avait  tenu,  dès 
son  arrivée  dans  les  Pays-Bas,  k  se 
faire  pardonner  sa  qualité  d'étranger. 
«  Un  an  ne  s'était  pas  écoulé  qu'il  par- 
»  lait  le  français  et  le  flamand  ;  et 
»  bientôt ,  non  seulement  il  sut  les 
»  langues  en  grammairien,  mais  il  en 
»  posséda  tous  les  dialectes  et  les  idio- 
»  tismes  populaires,  incompris  souvent 
»  par  les  indigènes.  »  Député  à  Leyde, 
à  l'époque  du  jubilé  de  l'Université  de 
cette  ville,  il  s'exprima  en  hollandais 
en  termes  si  choisis  et  en  même  temps 
si  naturels,  qu'on  le  prit  pour  un 
Batave  pur  sang.  L'austérité  de  sa 
méthode  d'enseignement  ne  l'empêchait 
pas  de  se  dérider  à  l'occasion.  Ce  fut 
par  l'arme  de  la  plaisanterie,  maniée 
d'ailleurs  avec  réserve  et  discrétion, 
qu'il  combattit  les  idées  de  Jacotot  qui 
faisait  alors  flores  à  Louvain.  Tandis 
que  Dumbeek  tonnait  dans  sa  chaire 
contre  renseignement  universel^  Bekker 
se  contentait  de  copier  Vémancipateur 
en  comédien  consommé  (*)  Ces  sorties 
innocentes  ne  l'empêchaient  pas  d'être 


(  *  )  Nous  croyons  devoir  rAproduire  ici, 
dans  Fintérèt  de  la  justice,  les  remarques 
très-sensées  auxquelles  se  livre  le  biographe 
de  Bekker,  à  propos  de  la  sensation  fâ- 
cheuse que  produisit  d'abord,  dans  notre 
pays,  l'apparition  de  tous  ces  étrangers, 
dont  la  réputation  n'était  pas  encore  faite, 
et  qui  ignoraient  nos  usages  et  notre  langue. 
«  Quelques-uns,  il  faut  en  convenir,  justi- 

>  fiaient  jusqu'à  un  certain  point  ces  pré- 

>  venlions.  Hais  le  plus  grand  nombre  ob- 
»  tinrent  rapidement  des  titres  à  notre  recon- 
»  naissance.  Eclairés  par  l'expérience,  nous 
»  sentons  aujourd'hui  qu'il  n'est  pas  si  aisé 
»  de  rem  placer  ces  hommes  utiles  qu'on  l'a- 

>  vait  cru  d'abord  ,  et  que  les  Bekker ,  les 
»  Birnbaum,  les  Dumbeek  laisseront  encore 

>  longtemps  un  vide  difficile  à  remplir  «  (N'ou- 
blions pas  que  ceci  a  été  écrit  en  1838). 
«  A  leur  arrivée  en  Belgique,  une  réforme 
»  dans  l'enseignement  était  urgente.  Les 
»  lycées  avaient  été  surtout  destinés  à  for- 
»  mer  des  artilleurs  et  des  soldats.  La  phi- 
»  losophie  et  la  littérature  y  étaient  aussi 
»  nulles  que  dans  les  Académies,  succur- 
»  sales  de  la  grande  et  despoiiquo  Univer- 

>  site  de  France,  organisée  militairement, 
»  comme  le  reste  de  l'Empire ,  avec  ses  gé- 
»  néraux,  ses  officiers,  ses  fantassins  et  ses 
»  gougats.  —  Ces  Allemands  que  les  jour- 
*  naux  avaient  pris  pour  leur  point  de  mire, 


«  en  nous  accoutumant  aux  études  graves, 
>  profondes,  nous  apportèrent  les  trésors 
•  que  la  science  avait  accumulés  dans  leur 
«  patrie.  Leur  plus  bel  éloge  est  dans  leurs 
»  élèves.  Que  les  hommes  les  plus  distin- 
»  gués  de  l'époque  actuelle  se  lèvent  et 
»  qu'ils  disent  s'ils  ne  doivent  pas  à  leurs 
»  maîtres  la  meilleure  part  de  leur  succès.  > 
[Annuaire  de  l'Académie  royale  de  Bru- 
xelles, 1838,  p.  69  et  70). 

(*)  «  Je  me  souviens,  dit  M.  de  ReifTen- 
berg,  que  le  ministre  Falck  (qui  faisait 
grand  cas  de  Bekker) ,  assistant,  à  Lou- 
vain, à  un  dîner  rectoral,  H.  Van  Hulthem, 
l'un  des  curateurs  de  l'Univereité,  prit  la 
parole,  se  fit  apporter  une  bouteille  do 
vin  national,  celui-là  même  que  H.  An- 
door  montra  au  salon  de  l'industrie  à 
Gand,  en  offrit  majestueusement  quelques 
précieuses  gouttes  à  toute  l'assemblée,  et 
invita  Bekker  à  en  faire  l'éloge  en  gr«c. 
L'invitation  fut  acceptée  aussitôt  :  le  docte 
professeur  porta,  en  l'honneur  de  ce  que 
M.  Falck  appelait  le  poison  de  Wesemael, 
un  toast  dans  la  langue  qu'on  parlait  au 
banquet  de  Platon  et  à  celui  d'Athénée.  • 
(')  Bekker  était  un  mime  parfait;  c'était 
an  coin  du  feu  qu'il  fallait  le  voir.  Quelques 
heures  avant  d'expirer,  il  s'amusa  encore  à 
contrefaire  le  ton  d'importance  de  Xartiate 
qui  lui  appliquait  des  sangs\;c8. 


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B£K 


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habituellement  d^one  limidité  extrême, 
défaut  qu'il  devait  sans  doute  à  Tisole- 
ment  où  il  avait  passé  son  enfance,  au 
sein  d*une  famille  obscure,  enfoui  pour 
ainsi  dire  au  fond  d*un  village  perdu.  A 
Louvain  même,  il  vivait  plutôt  en  éco- 
lier qu'en  professeur,  dans  une  petite 
chambre,  au  milieu  de  ses  livres  Les 
services  qu'il  rendait  en  cachette  à  des 
élèves  indigents,  les  frais  de  ses 
voyages  en  France,  en  Allemagne,  en 
Italie,  pour  visiter  les  savants  et  les 
collections  ,  en  un  mot  pour  se  dis- 
traire en  s'instruisant  ;  ses  achats  d'ou- 
vrages nouveaux,  enfin,  constituaient 
ses  seules  dépenses  somptuaires.  Il 
contracta  dans  son  pays  natal  un  ma- 
riage des  plus  modestes  ;  il  concentra 
sur  son  fils  unique  tous  ses  soins  et 
toute  sa  tendresse,  et  le  perdit  malheu- 
reusement en  4854,  après  dix  ans  d'es- 
pérances. Cet  événement,  dit  le  baron 
de  Reiffenberg,  étroitement  lié  à  cette 
époque  avec  Bekker,  le  frappa  dans  les 
sources  de  sa  vie. 

En  1830,  il  avait  songé  à  résilier  ses 
fonctions  ;  il  ne  les  conserva  que  sur 
les  instances  de  l'ami  que  nous  venons 
de  citer.  Quand  l'Université  de  Louvain 
fut  supprimée,  l'un  et  l'autre  vinrent  à 
Liège.  Bekker  fut  nommé  recteur  pour 
Tannée  académique  1835-1836  ;  «  et 
»  par  sa  douceur,  par  son  caractère  de 
»  conciliation,  il  sut  applanir  les  diffi- 
B  cultes  qui  naissaient  d'un  ordre  de 
B  choses  que  tout  le  monde  n'avait  pas 
B  désiré  et  qui  froissait  bien  des  inté- 
B  rets.»  Bekker  était  foncièrement  bon; 
mais  son  indulgence  était  clairvoyante 
et  sa  bienveillance  active.  11  se  fai- 
sait remarquer  par  une  rare  politesse 
et  par  un  sentiment  délicat  des  conve- 
oances.  Dans  l'intimité,  lorsqu'il  n'était 
pas  consterné  par  les  regards  de  la 
foule»  la  vivacité  de  son  esprit  se  révé- 
lait, et  sa  conversation  étincelait  de 
verve  et  d'aimable  malice.  Il  n'était  pas 
beau  :  si  le  portrait  qu'on  a  publié  de 
lui  (*)  est  fidèle,  il  avait  quelques 
traits  de  la  race  tartare.  Mais  l'expres- 
sion de  finesse  et  dlntelligence  répan- 


due sur  ses  traits,  surtout  celle  de  la 
bonté,  rendait  singulièrement  avenante 
cette  figure  anguleuse. 

«  Des  palpitations  de  cœur  chaque 
»  Jour  plus  violentes  et  un  affaiblisse- 
»  ment  rapide  de  la  vue  furent  les 
»  signesprécurseursdesafin.  Fohmann 
»  (v.  ce  nom),  qui  devait  bientôt  le 
»  suivre  dans  la  tombe,  venait  le  con- 
»  soler  et  réveiller  son  aimable  causti- 
»  cité.  Des  chagrins  domestiques  plus 
»  vifs  lui  causèrent  une  secousse  fa- 
»  taie.  »  Le  baron  de  Reiffenberg  fut 
présent  à  ses  derniers  moments  et 
reçut  de  lui  les  plus  touchants  témoi- 
gnages d'affection.  Le  moribond  se 
parlait  tout  haut  à  lui-même  ;  tout  d'un 
coup  il  entonna,  d'une  voix  creuse,  le 
chant  d'adieu  des  étudiants  allemands 
quand  ils  quittent  l'Université.  «  Ce 
monde,  en  effet,  n'avait  été  pour  lui 
que  sa  classe  ;  une  heure  plus  tard,  il 
l'avait  quitté  pour  un  monde  meilleur.  » 
Ceux  qui  l'avaient  mal  jugé  lui  ren- 
dirent justice  quand  il  ne  fut  plus  à 
côté  d'eux.  Sa  mémoire  resta  particu- 
lièrement chère  à  ses  élèves.  Et.  He- 
naux,  entr'autres,  se  fit  l'éloquent  inter- 
prète de  leurs  regrets  dans  un  morceau 
de  poésie  qui  fut  très-remarque  ('). 

Bekker  écrivait  lentement  et  visait  à 
une  perfection  minutieuse  ;  en  outre, 
ses  études  s'adressaient  surtout  à  ses 
disciples  ;  ainsi  s'explique  le  peu  d'é- 
tendue de  la  liste  de  ses  ouvrages.  En 
revanche,  les  soins  infinis  qu'il  consa- 
crait à  revoir  les  travaux  des  jeunes 
gens  qui  lui  étaient  confiés  permettent 
de  compter  parmi  ses  titres  à  l'estime 
les  dissertations  très -remarquables  de 
plusieurs  d'entre  eux,  dissertations  re- 
cherchées par  les  savants,  même  de 
premier  ordre.  Telles  sont  celles  de 
MM.  Baguet,  sur  Chrysippe  et  sur  Dion 
Chrysostome;  VanderTon,  sur  le  traité 
de  Senectute;  Kaieman,  sur  les  Ephètes  ; 
Bernard,  sur  les  Archontes  :  Roukz, 
sur  Carnéade  ;  Schmitz  d'Aix-la-Cha- 
pelle, sur  le  Panalhémùque  d'Isocrate  ; 
Tkiry  d'Ath,  sur  Diosène  deBabylone, 
et  Deiwert  de  Louvain,  sur  Héraclide 


(  '  )  Dans  {Iconographie  des  Universitit , 
lithographiée  par  Lemonnier. 


(*)  Reproduit  dans   le    Mal   du  pay$, 
Liège,  1843,  ia-8o,  p.  35-40, 


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BEK 


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de  Pont.  Voici  IVnumération  de  ses 
propres  travaux  (d*aprës  le  baron  de 
Reiffenberg)  : 

io  Spécimen  variarum  kctianum  et 
observatimum  in  PhUostrati  vitœ  Apol- 
lonii  librum  primum,  edidit  et  scholias- 
tara  grœcum  Mscr,  ad  septem  libros 
priores  adjecit  G.J.  Bekker^Walldura- 
Badefisis^  philos.  D^^  seminarti  philolo^ 
gici  Heidelbergœnuper  sodalis;  accedunt 
Friderici  Creuzeri  annotationes.Heïdei- 
berg,  A.  Oswald,  1818.  in-8^ 

Bekker  projetait  ane  édition  complète  de 
Philostrals.  Ses  notes  et  ses  collations  ont 
été  remises  après  sa  mort  à  M.  C.  L.  Kayser, 
de  Heidelberg,  qui  en  a  tiré  parti  dans  son 
volume  des  Vies  det  Sophistet  {^\^o\jio\j 
^tXo9tpdkou  /3ioi  90«piTt(ov),  publié  en  1838 
à  Heidelberg,  chez  Mohr ,  in-8o. 

2«  Oratio  de  leclUme  auctorum  grœ- 
corum  eîoquentiœ  politicœ  et  forensis 
duce  et  magistra^  Lovanii,  1823,  in-4^ 

Discours  rectoral,  inséré  dans  les  Annales 
de  t Université  de  Louvain. 

5<*  Rudimenta  lingvœ  hebraicœ  ad 
usum  alumnomm  CoUegii  philosophici. 
Lovanii.  1826,  in-8o. 

Cette  grammaire  est  suivie  de  Loci  è 
vetere  Testamento  telecti ,  avec  un  Index 
vocabulorum. 

4<^  Isocratis  oratio  admanitoria  ad 
Demonicum,  Accessit  index  verborum 
grœco-latinum.  Lovan.  1827,  in-8(». 

5<»  Odyssea  Homerica,  notis  et  indi- 
cibus  illustrata.  Lovanii  1829,  in-S». 

Ouvrage  classique,  parfaitement  appro- 
prié aux  besoins  de  l'enseignement,  et  connu 
sous  le  nom  de  petite  Odyssée,  <  Quand  il 
»  vit  le  jour,  un  homme  qui  se  croyait  l'égal 
»  de  Bekker  parce  qu'il  était  son  collègue, 
»  et  qui  rédigeait  un  mauvais  journal  en 
B  mauvais  hollandais,  osa  imprimer  que  te 
»  petit  Bekker  y  au  moyen  de  la  petite  Odys- 
»  sée^  avait  gagné  grande  somme  de  de- 
»  niera.  Un  autre  journaliste  lui  reprocha  de 
»  sucer  le  plus  pur  de  la  substance  de  la 
»  jeunesse  belge  !  »  (de  Reiffenberg). 

6»  Traduction  allemande  des  Yitœ 
Sophistarum  et  des  Epistolœ  de  Philos- 
traie,  pour  la  collection  des  prosateurs 
grecs  publiée  par  Tafel,  Osiander  et 
Schwal. 

7»  Bemardi  Bauhusii  Proteus  Par- 
theniuSf  cum  disputatictiibus  Erycii  Pu- 


team,  ex  edit.  Anttf.  a.  1617.  Accedunt 
Jacobi  Facciolati  vita  et  acia  Beatœ 
MariœVirgittiSfes edit.  Palav.  a.  1764, 
et  Oratio  dominica  24  modis  condnnata 
Lovanii  1835,  in-52. 

Bekker  n'a  .été  que  l'éditeur  de  ce  petit 
volume. 

8»  Dans  les  UeidelbergerJahrbûcherf 
cinq  articles  de  critique  littéraire  :  sur 
la  vie  de  Daniel  Wyttenbach  par  L. 
Mahne  (1824,  n»*  68  et  69};  sur  les 
opuscules  de  Ruhnkenius  (Id.  n^  67  et 
68)  ;  sur  la  Prosopographia  Platonica 
de  Groen  van  Prinsterer  (1825,  n*»*  63, 
64  et  65);  sur  les  Anecdota  Hemsterhu- 
siana  (1826,  n»  26);  enfin  sur  les  Initia 
philoHophiœ  pUttonicœ  de  Vînit  Heusde 
(1830,  2«  partie,  no*  983-1004). 

9o  Dans  les  Bulletins  de  rAcadémie 
royale  de  Bruxelles  : 

a.  Observations  sur  une  prétendue 
médaille  juive  en  Fhonneur  de  Louis  le 
Débonnaire,  décrite  par  M.  Carmoly 
(t.  11, 1835,  p  43). 

M.  Cbalon  a  refuté  l'opinion  de  M.  Carmoly 
dans  la  Revue  de  la  Numismatique  française 
(de  MH.  Cartier  et  de  la  Saussaye). 

b.  Examen  d'un  mémoire  de  M-  Rou- 
lez, intitulé  :  Sur  le  Mythe  de  Dédale 
considéré  par  rapport  à  rorigine  de  Fart 
grec  (Ibid.,  p.  208). 

c.  Sur  une  notice  relative  à  la  Guerre 
phocéenne,  attribuée  aux  historiens  Cé- 
phisodore,  Ephore  et  Anaxtmène  de 
Lampsaque,  et  conservée  par  le  con- 
servateur de  TEthique  d*Aristote  [Ibid. 
p.  310). 

cf.  Rapport  sur  Touvrage  de  M.  Ph. 
Dernard  intitulé  :  Commentatio  in  Ly- 
siœ  orationem  funebrem  (t.  III,  1856, 
p   125). 

lO»  De  nombreuses  noies  (restées 
manuscrites)  sur  Térence ,  Cicéron  , 
Hérodote,  Homère,  Xénopbon,  Platon, 
Démosthène,  sur  Thistoire  de  la  phi- 
lologie et  sur  rhistoire  littéraire  des 
Grecs  et  des  Romains. 

Bekker  était  membre  de  Tlnstitut  des 
Pays-Bas  et  correspondant  de  TAca- 
démie  royale  de  Bruxelles  (7  mai  1834). 
-~  11  possédait  une  bibliothèque  très- 
remarquable  (vendue  en  1838) ,  dont 
le  catalogue  ,   rédigé  avec  un  grand 


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BRÂ 


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soin  par  le  professeur  Tandcl .  v.  ce  nom) , 
ami  du  défunt,  a  été  publié  en  1857 
à  Liège,  chez  Dessain,  en  un  vol.  in-S» 
de  ISI  pages ,  intitulé  :  Bibliotheca 
Bekkeriana. 


Brasseur    (JeAN-BaPTISTE)  ,    Ué    à 

Esch-sur-1'Alzette  le  5  messidor  an  X 
(24  juin  1802),  mourut  ik  Liège  le  13 
mai  1868.  Sa  jeunesse  fut  austère,  la- 
borieuse, préoccupée  ;  il  dut  songer  à 
venir  en  aide  le  plus  tôt  possible  à  ses 
parents  et  à  frayer  la  route  à  une  fa- 
mille nombreuse  dont  il  était  Tainé  (*). 
U  y  réussit  à  force  de  volonté  ;  mais  il 
eut  d'autant  plus  de  peine  à  faire  des 
études  régulières,  qu'à  Tépoque  de  la 
chute  de  Napoléon  1,  les  établisse- 
ments dMnsIruction  publique  se  trou- 
vèrent momentanément  fermés.  Les 
difficultés  qu'il  avait  dû  surmonter 
donnèrent  une  trempe  particulière  à 
son  caractère  ;  il  s'habitua  à  voir  les 
choses  en  philosophe,  ù  se  concentrer 
en  lui-même,  à  vivre  en  stoïcien.  Ne 
pouvant  se  procurer  aisément  des  li- 
vres ,  il  mit  en  pratique  l'excellente 
maxime  :  Non  multa  sed  mvltûm,  «  Il 
restreignit  ses  lectures  à  quelques  ou- 
vrages profonds,  dont  il  méditait  l'es- 
prit au  point  de  se  les  assimiler  com- 
plètement. La  rudesse  de  son  éduca- 
tion première  lui  ôta  toute  idée  de 
Inxe,  et  le  rendit  même  insensible  au 
bien-être  matériel  que  procure  une 
installation  r4)nfortable  (*).  «  On  jugera 
par  un  seul  trait  de  la  simplicité  des 
mœurs  qu'il  avait  conservée,  même 
étant  arrivé  à  une  belle  position  de 
iortune  :  jamais  de  sa  vie  Brasseur  ne 
s^assit  dans  un  fauteuil  »(  '). 

Sa  première  éducation  achevée,  tant 
sous  la  direction  d'un  instituteur  par- 
ticulier, qu'au  moyen  de  Tautodidaxie, 
Brasseur  entra  à  l'athénée  de  Luxem- 
bourg avec  toute  une  légion  de  jeunes 
gens  comme  lui  passionnés  pour  l'é- 


tude :  nous  citerons  feu,  le  grammai- 
rien Heiderscheide,  M.  Altmeyer,  le 
savant  historien.  M.  le  général  Weiler, 
M.  Stehres  ,  directeur  du  progymnase 
de  Diekirch  et  auteur  de  livres  clas- 
siques justement  estimés.  Sa  philo- 
sophie achevée,  il  vint  à  Liège  en 
1824,  suivit  à  l'Université  le  cours  de 
métaphysique  de  Denzinger ,  les  cours 
de  M.  Yan  Rees,  de  Vanderheyden, 
de  Delvaux,  de  Dandelin,  etc.,  dans 
la  Faculté  des  sciences ,  et  se  fit  re- 
cevoir en  1829,  docteur  en  sciences 
physiques  et  mathématiques.  Il  passa 
l'année  suivante  à  Paris,  fréquentant 
les  leçons  de  Binet  au  collège  de 
France  ,  à  la  Sorbonne  celles  de  Cau- 
chy,  Thénard,  Gay-Lussac,  Biot,  Pouil- 
let,  Dulong  et  Hachette  (professeur 
de  géométrie  descriptive) ,  allant  s'i- 
nitier, à  l'école  (lu  soir ,  à  la  coupe 
des  pierres  et  à  la  charpente,  et  s'y 
trouvant  sans  le  savoir,  aux  leçons  de 
Douliot,  condisciple  de  M.  Catalan 
(V.  ce  nom),  son  futur  collègue  à  l'Uni- 
versité de  Liège  et  à  l'Académie  royale 
de  Belgique.  Il  rencontra  dans  les 
rues  de  Paris  son  compatriote  Meyer, 
dont  la  condition  était  des  plus  pré- 
caires :  sa  conduite  à  l'égard  d'un  ami 
dans  le  malheur  fut  au-dessus  de  tout 
éloge.  Quand  il  repassa  la  frontière, 
en  1830.  la  révolution  était  un  fait 
accompli.  Brasseur  s'établit  à  Liège 
comme  professeur  privé  ;  à  la  suite  de 
l'arrêté  du  16  décembre,  il  essaya  une 
première  fois  de  se  faire  attacher  à 
l'Université  ;  mais  ses  démarches  res- 
tèrent sans  résultat.  Il  attendit  et  paya 
sa  dette  au  pays  en  acceptant  les  fonc- 
tions de  capitaine  commandant  de  l'ar- 
tillerie de  la  garde  civique  liégeoise. 
Cependant,  le  gouvernement  ne  se 
montrant  pas  empressé  de  réorganiser 
les  Universités  de  l'Etat,  un  moment 
vint  où  Brasseur  ne  se  contenta  plus 
de  vivre  d'espérances  :  il  se  fit  nommer, 
en  1851,  conducteur  de  3«  classe  des 


(  *  )  Celte  notice ,  rédigée  avaot  la  mort 
de  Brasseur,  a  été  complétée,  depuis  lors, 
par  de  précieux  renseigoements  empruntés 
k  réloge  du  défunt,  que  M.  le  major  Liagre 
a  fait  paraître  dans  VAnnuaire  de  V Acadé- 
mie royale  de  ifelgiquepour  1869. 


(')  Liagre,  p.  1S8, 

(  '  )  Ibid,  Ce  trait  Garaclérisii4|ue  a  été 
rapporté  à  M.  Liagre  par  un  des  fils  de 
notre  collègue,  M.  le  lieutenant  Brasseur,, 
aujourd'hui  inspecteur  des  études  à  TEcole 
militaire. 


79 


BRÂ 


80 


ponts  et  chaussées  ,  et  en  cette  qualité 
fut  désigné  pour  surveiller  les  cons- 
tructions navales  qu*on  se  proposait 
d*exécuter  à  Boom.  Ces  travaux  étant 
restés  à  Tétat  de  projet,  on  lui  assigna 
la  résidence  de  Louvain.  La  Faculté  des 
sciences  de  TUniversité  de  cette  ville 
venait  d'être  supprimée  ;  une  Faculté 
libre  en  tenait  momentanément  lieu; 
Brasseur  y  enseigna  les  mathématiques 
élémentaires  jusqu*en  1852,  époque  où 
le  désir  qu'il  nourrissait  depuis  long- 
temps  trouva  enfin  sa  réalisation  ;  il  fut 
nommé  lecteur  à  FUniversité  de  Liège 
Chargé  des  cours  de  géométrie  des 
criptive  et  de  haute  analyse  appliquée 
à  la  géométrie,  il  prit  pour  base  de  ses 
leçons  les  doctrines  de  Monge,  si  fé- 
condes en  applications,  et  les  exposa 
avec  une  précision  et  une  netteté  qui 
lui  valurent  la  confiance  et  la  considé- 
ration de  la  jeunesse.  La  réorganisa- 
tion de  4835  lui  enleva  le  cours  d'ana- 
lyse pour  lui  attribuer  en  échange  celui 
de  mécanique  appliquée  ;  il  conserva 
le  cours  de  géométrie  descriptive  (avec 
applications  à  la  coupe  des  pierres,  à 
la  charpente,  à  la  perspective  et  aux 
ombres)  ;  en  un  mot,  il  devint  titulaire 
de  la  chaire  quMl  occupa  jusqu'à  sa 
mort.  Il  fit  en  outre,  pour  les  élèves 
des  différentes  candidatures,  conformé 
ment  à  la  loi  de  1855,  un  cours  de  ma- 
thématiques élémentaires,  qu'il  parta- 
gea plus  tard  avec  son  collègue  Noël 
(v.  ce  nom),  et  qui  fut  supprimé  lors 
de  la  mise  en  vigueur  de  la  loi  de 
1849.  La  promotion  de  Brasseur  à  l'ex- 
traordinariat  date  de  1857  ;  il  fut  nom- 
mé ordinaire  en  1844.  En  1858-1859,  il 
avait  rempli  les  fonctions  de  secrétaire 
académique.  Le  17  décembre  1847, 
TÂcadémie  royale  de  Belgique  le  porta 
sur  la  liste  de  ses  membres  correspon- 
dants; le  14  décembre  1855,  il  fut  élu 
membre  titulaire  de  cette  compagnie 
savante  (section  des  sciences  mathé- 
matiques et  physiques).  Il  existait  à 
Liège,  depuis  longtemps,  une  Société 
des  sciences  dont  Pagani  (v.  ce  nom) 
avait  été  l'âme,  mais  dont  l'activité 
s'était  singulièrement  ralentie  après 


le  départ  de  ce  mathématicien  distin- 
gué. Brasseur  s'entendit  avec  quelques- 
uns  de  ses  collègues,  MM.  Spring,  La- 
cordaire,  etc. ,  pour  fonder  une  nouvelle 
association,  qui  est  devenue  la  Sociélé 
royale  des  sciences  de  Liége,ssins  contre- 
dit la  plus  importante  de  la  Belgique 
après  la  classe  des  sciences  de  l'Acadé- 
mie royale  de  Bruxelles.  Brasseur  y 
remplit  les  fonctions  de  secrétaire- 
général  pendant  plusieurs  années  ; 
lorsqu'il  lui  plut  d'y  renoncer,  elles 
passèrent  à  M.  Lacordaire,  qui  les 
occupe  encore  aujourd'hui.  Brasseur 
était  membre  de  la  Société  des  sciences 
naturelles  du  grand-duché  de  Luxem- 
bourg depuis  le  15  juin  1864.  Le 
roi  Léopold  I  avait  reconnu  ses  ser- 
vices en  lui  décernant,  le  26  octobre 
18G0,  la  croix  de  chevalier  de  son 
ordre  ;  le  roi  dès  Pays-Bas,  grand  duc 
de  Luxembourg,  le  nomma  officier  de 
l'ordre  de  la  Couronne  de  chêne,  le  19 
février  1868.  Brasseur  fut  d'autant  plus 
sensible  à  ces  marques  de  distinction, 
qu'il  était  sincèrement  modeste  et  qu'il 
n'avait  jamais  cherché  à  se  faire  valoir. 
Il  mettait  peu  d'empressement  à  publier 
lui-même  ses  travaux,  ce  qui  l'a  peut- 
être  frustré  de  l'honneur  de  la  priorité 
qu  il  aurait  pu  revendiquer  dans  la  dé- 
couverte de  maint  théorème  de  géo- 
métrie supérieure.  C'est  ainsi  qu'il  avait 
démontré,  sept  ans  avant  la  publication 
du  premier  ouvrage  de  Steiner  (de 
Berlin),  un  grand  nombre  des  proprié- 
tés nouvelles  qui  y  sont  exposées.  En 
1840,  il  avait  montré,  avant  tout  le 
monde,  que  les  projections  cotées  peu- 
vent servir  de  moyen  de  démonstra 
tion,  et  en  avait  fait  l'application,  avec 
beaucoup  d'élégance,  aux  surfaces  gau- 
ches (  *  ).  Ses  programmes  de  géométrie 
descriptive  et  de  mécanique  appliqua, 
le  premier  surtout,  sont  des  chefs- 
d'œuvre  de  méthode  et  de  concision 
lumineuse;  mais  son  ouvrage  capital 
est  le  Mémoire  sur  une  nouvelle  méthode 
d^application  de  la  géométrie  descrip- 
tive à  la  recherche  des  propriétés  de 
rétendue ,  qu'il  fit  paraître  dans  le 
t.  XXIX  des  Mém.  de  VAcadém,  royale 


(  *  )  Discours  prononcé  par  M.  Spring.  au 
nom  de  l'Académie,  aux  funéraiUes  de  Bras- 


seur (Journal  de  lAége^  18  mai  1868  . 


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BRA 


i^2 


de  Beigique.  La  méthode  dont  il  s'agit, 
aussi  simple  qu'originale ,  repose  tout 
entière  sur  la  proposition  suivante,  à 
laquelle  fauteur  donnait,  très-juste- 
ment, le  nom  de  Théorème  fondamen- 
tal :  n  Si  Ton  trace,  sur  une  surface  al- 
»  gébrique,  une  ligne  arbitraire ,  et 
»  qu'on  la  projette  orthogonalement 
9  sur  deux  plans,  les  points  où  les 
n  deux  projections  de  cette  ligne  se 
»  rencontrent  (sur  l'épure)  appartien- 
»  nent  à  un  lieu  géométrique  de  même 
»  degré  que  celui  de  la  surface.  »  Au 
moyen  de  ce  lemme  évident,  dit  M.  Ca- 
talan (  *  ) ,  Brasseur  démontre  ,  sans 
calcul,  la  plupart  des  propositions  dont 
l'ensemble  constitue  la  nouvelle  géomé- 
trie créée  par  Newton,  Pascal,  Brian- 
chon,  Bobillier,  Poncelet,  Steiner  et 
Chastes  ;  il  n'a  besoin,  ni  des  faisceaux 
projectifs  ou  homographiqucs,  ni  des 
rapports  anharmaniques  de  ces  deux 
illustres  géomètres;  les  démonstra- 
tions dont  il  fait  usage  sont  si  simples 
que,  la  plupart  du  temps,  on  les  peut 
supprimer  et  se  contenter  de  lire  les 
énoncés  des  théorèmes  :  Tordre  dans 
lequel  ils  sont  placés  est  tellement  na- 
turel, que  ces  théorèmes  sont,  comme 
on  le  dit  quelquefois,  intuitifs  (').  Le 
savant  dont  nous  reproduisons  le  ju- 
gement n'hésite  pas  à  déclarer  que, 
«  si  Brasseur  avait  vécu  à  Berlin  ou  à 
Paris,  son  nom  brillerait  à  côté  de  Stei- 
ner et  de  Chasies,  »  et  il  lui  décerne, 
sans  craindre  que  la  postérité  ne  rati- 
fie pas  cet  hommage,  le  titre  de  Monge 
de  Belgique.  Brasseur  a  moins  innové 
en  mécanique  qu'en  géométrie  descrip- 
tive, bien  qu'il  fût  doué  d'une  aptitude 
incontestable  pour  les  sciences  d'ap- 
plication. Il  s'y  montrait  d'une  ex- 
trême prudence,  s'attachant  aux  prin- 
cipes acquis,  se  préoccupant  surtout 
de  développer  dans  son  cours  les  théo- 
ries propres  à  éclairer  et  à  diriger 


les  travaux  de  l'ingénieur  { M-  Comme 
professeur,  son  talent  fut  à  la  hau- 
teur de  son  savoir,  et  ce  n'est  pas  peu 
dire,  il  ne  se  fit  pas  seulement  esti- 
mer, mais  chérir  de  ses  élèves,  qui 
appréciaient  son  zèle  infatigable,  sa 
patience  et  son  dévouement.  Ils  le  sa- 
vaient foncièrement  bon  et  bienveil- 
lant, mais  avant  tout  droit  et  intègre, 
étranger  à  toute  intrigue,  presque  |)U- 
ritain  dans  sa  vie,  et  ces  qualités  aus- 
tères exerçaient  sur  eux  un  véritable 
prestige.  Brasseur  n'était  pas  homme 
ik  se  contenter  de  connaissances  super- 
ficielles ni  de  vérités  convenues.  Il  se 
renfermait  dans  le  domaine  de  ses 
études  spéciales  ;  mais  là  il  régnait  en 
maitre,  par  l'influence  morale  de  sa 
sincérité  sans  prétention. N'avait-il  pas 
été  bien  compris,  il  s'en  attribuait  la 
fauté,  reprenait  son  idée,  la  retournait 
de  mille  manières  et  ne  se  tenait  point 
satisfait  qu'il  ne  l'eût  mise  dans  une 
complète  évidence,  à  la  portée  de  tous. 
On  lui  doit  la  première  idée  de  l'a- 
telier de  construction  qui  subsiste  à 
côté  de  l'Ecole  des  mines,  et  l'indica- 
tion des  moyens  de  le  réaliser  :  il  était 
alors  professeur  extraordinaire.  Un 
supplément  de  traitement  lui  ^ut  ac- 
cordé jusqu*à  sa  promotion  à  Vordina- 
riat,  pour  la  surveillance  de  l'atelier 
et  des  élèves.  En  dehors  de  l'Univer- 
sité, il  remplit  diverses  fonctions  par- 
ticulières. Pendant  les  premières  an- 
nées qui  suivirent  la  révolution,  il  fit 
à  la  Halle  des  drapiers  des  cours  de 
géométrie  analytique  (  *  )  et  de  géométrie 
descriptive,  destinés  à  compléter  l'in-  ' 
struction  des  lieutenants  d'artillerie 
nommés  en  1850,  et  à  les  mettre  ainsi 
en  mesure  de  parvenir  au  grade  de  ca- 
pitaine. Il  fit  partie  depuis  l'origine,  et 
pendant  plusieurs  années,  des  jurys 
d'examen  de  l'école  militaire;  il  fut, 
pour  l'avant-dernière  période,  membre 


(  *)  Discours  prononcé  au  nom  de  la  Fa- 
culté des  sciences,  le  18  mai  1868  [Ibid), 

(')  Malgré  sa  grande  modestie  ,  ajoute 
M.  Catalan,  Brasseur  n'ignorait  pas  la  va- 
leur de  cet  admirable  mémoire  ;  il  dit  même 
expressément  '  «  Si  l'on  ne  connaissait 
»  d'autres  applications  de  la  géométrie  de- 
>  scriptîve,  on  pourrait  croire  que  la  mé- 


»  thode  des  projections,  combinée  avec  les 
»  propriétés  des  plans  bissecteurs,  a  été 
•  imiginée  exprès  pour  établir,  par  voie 
»  descriptive,  la  théorie  des  faisceaux  pro- 
>  jeclifs  ou  homographiques.  > 

(')  Discours  de  M.  Cuyper,  recteur  de 
l'Université,  ibid. 

(  *)  Ce  cours  a  été  autographié. 


À 


83 


BRA 


84 


du  Jury  chargé  de  décerner  le  prix 
quinquennal  des  sciences  physiques  et 
mathématiques  ;  enfin,  pendant  plus  de 
trente  ans,  il  rendit  des  services  à  la 
ville  de  Liège,  comme  membre  de  la 
Commission  de  surveillance  de  l'Ecole 
industrielle.  Il  prit  k  cœur  le  succ^^s 
de  cet  établissement  et  se  rendit  parti- 
culièrement utile  k  Tadministration 
communale,  en  Téclairant  sur  le  choix 
du  personnel  enseignant  (*).  Rien  ne 
faisait  prévoir  sa  fin  prochaine;  au 
mois  d'avril  1868,  il  était  encore  en 
pleine  santé  et  s'oe^nipait  comme  d'or- 
dinaire de  ses  cours  et  de  ses  publica- 
tions. Il  voulut  assister  à  la  distribu- 
tion des  prix  de  TEcole  industrielle  ; 
Il  y  avait  toujours  été  assidu.  En  ren- 
trant chez  lui,  il  se  plaignit  d'un  re- 
froidissement. Le  mal  s'aggrava,  donna 
un  instant  de  sérieuses  inquiétudes, 
puis  parut  se  dissiper.  Au  moment 
même  où  l'on  annonçait  la  convales- 
cence de  Brasseur  et  où  sans  doute  il 
y  croyait  lui-même,  il  tomba  frappé  de 
mort  subite.  Ce  fut  un  coup  de  foudre 
non  seulement  pour  sa  famille,  mais 
pour  runiversité  entière,  où  tous,  pro- 
fesseurs et  élèves,  savaient  apprécier 
les  éminentes  qualités  du  savant  et  de 
Thomme.  Les  larmes  qu'on  versa  sur 
sa  tombe  ne  furent  pas  des  larmes  de 
commande. 

Les  publications  de  Brasseur  sont 
importantes  au  double  point  de  vue  de 
renseignement  et  de  la  science.  Nous 
en  donnons  la  liste  complète  : 

1®  De  resolubilitate  funcUonum  alge- 
bricarum  integrarum  in  factures  primi 
velsecundigradus.  Liège,  1829,  in-4". 

Thèse  de  doctorat.  V.  Quetelel,  Hist.  des 
sciences  phys,  et  mathém,  chez  tes  Belges. 
Bruxelles,  1864,  iD-S»,  p.  368. 

20  Programme  du  cours  de  géométrie 
descriptive  donné  par  J,  B,  Brasseur. 
Liège,  Dessain,  1837,in-4^  —  2'édit., 
1850.  — 3*  éd.,  1860.  — 4«  et  dernière 
édition,  Liège,  Sazonoff,  1867,  in-4<». 

Ce  programme,  rédigé  à  l'usage  des  élèves, 
contient  toutes  les  indications  nécessaires 
pour  la  construction  des  épures.  Le  profes- 
seur réservait  pour  son  cours  les  explica- 


tions détaillées.  —  «  L*esprit  de  Brasseur, 
essentieUement  philosophique, dit  M.  Liagre, 
classait  immédiatement  et  comme  d'instinct 
les  principes  d'une  science,  ses  grandes  di- 
visions et  les  différents   procédés  qu'elle 
peut  suivre.  C'est  ainsi  qu'il  analyse  toutes 
les  circonstances  qui  se  lisent  sur  l'épura 
même,  et  toutes  celles  qu'on  ne  peut  y  dé- 
couvrir sans  constructions  auxiliaires  ;  qu'il 
ramène  toutes  les  constructions  graphiques 
à  deux,  savoir  :  rencontre  d'une  droite  et  d'un 
plan,  longueur  d'une  portion  de  droite  ;  qu'il 
résout  successivement  tous  les  problèmes 
sur  la  droite  et  sur  le  plan  par  quatre  mé- 
thodes distinctes,  que  l'on  n'employait  avant 
lui  que  comme  de  simples  artifices  propras  à 
faciliter  les  solutions  :  la  méthode  des  pro- 
jections sur  deux  plans  coordonnés,  celle  des 
rattachements,  celles  des  changements  de 
plans  de  projection  et  celle  des  projections 
cotées.  Cette  analyse  Ta  conduit  à  des  dé- 
couvertes brillantes.  Dans  sa  théorie  des  sur- 
faces, il  a  donné  des  démonstrations  toutes 
nouvelles.  >  Ça  et  là,  cependant,  il  n'a  pu 
se  dépouiller  de  l'influence  de  quelques  idées 
qu'il  avait  reçues  dans  sa  jeunesse  :  c'est 
ainsi  qu'il  prend  les  traces  d'un  plan  pour 
représenter  sa  position,  ce  qui  manque  de  gé- 
néralité et  rejailhl  sur  la  solution  qu'il  donne 
de  l'important  problème  de  l'intersection  de 
plans.  <  Son  programme  n'en  restera  pas 
moins  un  modèle,  qu'on  ne  pourra  surpasser 
qu'en  le  suivant  pour  ainsi  dira  pas  à  pas.  » 
(Liagra,  p.  136). 

3«  Applications  des  projections  cotées 
à  diverses  recherches  sur  retendue, 
Liège,  1841,  in-4«,  avec  une  pi. 

Brasseur  fonde  simplement  la  double  gé- 
nération des  surfaces  gauches  du  second  de- 
gré sur  la  proportionnalité  qui  existe  entre 
les  divisions  de  droites  représentées  par 
leurs  projections  cotées.  Il  traite  de  la 
même  manière,  et  sans  emprunter  le  se- 
cours d'aucune  propriété  analytique,  les 
principaux  problèmes  relatifs  à  ces  surfaces. 
Ce  travail  renferme  également  la  première 
mention  de  l'idée  féconde  développée  dans 
le  Mémoire  n^l  :  ici  toutefois  l'auteur  fait 
usage  d'une  propriété  qu'il  suppose  donnée 
par  l'analyse,  concernant  le  degré  d'inter- 
section d'une  surface  avec  un  plan.  [Ilfid.). 

4^  Lignes  de  courtmre  de  quelques 
surfaces  exprimées  par  des  équations 
différentielles  partielleSy  et  note  sur  une 
propriété  de  Ihyperboloide  à  une  nappe^ 
et  du  paraboloîde  hyperbolique  (Mém. 


(')  Discours  de  M.  Julien  D'Andrimont,      bourgmestre  de  Liège, /M. 


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BRA 


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de  la  Soc.  royale  des  sciences  de  Liège, 
1843,  t.  I,  p.  265),  in-S^". 

«  La  manière  dont  Mongo  reprdscnlait 
par  l'analyse  toale  une  famille  de  surfaces 
amena  Brasseur  à  rechercher  s'il  ne  pour- 
rait pas  exprimer  de  même  les  lignes  de 
coarbore  de  toute  une  famille,  et  il  y  réus- 
si! pour  le  cas  oit  leur  équation  se  décom- 
pose en  deux  facteurs  rationnels,  ce  qui  a 
lieu  pour  les  cylindres,  les  cônes,  les  sur- 
faces de  révolution  et  les  surfaces  dévelop 
pables.  »  (Liagre,  p.  iS7). 

5«  S»r  la  double  génération  des  sur- 
faces  du  second  degré  par  le  numvement 
d'un  cercle,  Liège,  1843,  in-S»,  avec 
une  pi.  (Extr.  du  même  recueil,  1. 1, 
p.  157). 

Essai  d'une  démonstration  purement  syn- 
thétique de  toutes  les  propriétés  des  sur- 
faces du  second  degré.  «  L'auteur  arrive  à 
ooe  double  génération  au  moyen  de  la  cir- 
conférence ;  il  la  démontre  par  une  propriété 
simple  et  nouvelle  de  deux  cordes  anti-pa- 
rallèles se  coupant  dans  une  section  co- 
nique, propriété  qui  a  pour  conséquence 
immédiate  que  les  deux  séries  de  circonfé- 
rences, ayant  pour  diamètres  et  pour  pro- 
jections deux  systèmes  de  cordes  anti-paral- 
lèles, constituent  une  même  surface.  >  De 
Ml  une  classification  des  surface^  du  second 
degré,  fondée  sur  quelques  principes  fort 
simples  des  projections  (Ibid,), 

6^  Note  sur  un  nouvel  énoncé  des 
conditions  d'équilibre  d'un  système  de 
forces.  Liège,  1846,  în-8». 

Même  recueil,  t.  Il,  p.  359.  —  Ces  con- 
ditions sont  que,  pour  un  système  de  forces 
agissant  dans  un  même  plan,  la  somme  de 
leurs  moments  soit  nulle  autour  de  trois 
points  non  en  ligne  droite  ;  pour  un  sys- 
tème de  forces  dans  l'espace,  la  somme  des 
moments  de  leurs  projections  sur  les  trois 
plans  coordonnés  doit  être  nuUe  autour  de 
l'origine,  et  autour  d'un  autre  point  quel- 
conque de  chaque  plan,  pourvu  que  ces  trois 
derniers  points  ne  soient  pas  les  projections 
d'un  même  point  de  l'espace.  Cette  forme 
oonveile  se  prête  surtout  à  la  détermination 
des  efforts  qui  sont  exercés  sur  les  diffé- 
rentes parties  d'un  assemblage. 

7<»  Mémoire  sur  divers  lieux  géomé- 
triques du  second  degré,  déterminés 
par  la  géométrie  descriptive  (Mém.  cou- 
ronnés de  TAcad.  royale  de  Belgique, 
t.  XXV,  1847,  în-4«). 

8®  Transformation  du  principe  des 
moments  en  celui  des  vitesses  virtuelles. 


et  note  sur  une  construction  géométrique 
de  la  surface  d'élasticité.  Liège,  1849, 
in-8o. 

Mém.  de  la  Soc.  roy.  des  se.  de  Liège, 
t.  IV,  p.  379. 

9°  Note  sur  une  construction  gra- 
phique du  centre  de  gravité  d'un  poly- 
gone quelconque,  en  supposant  connue 
la  construction  du  centre  de  gravité  dû 
triangle.  Liège,  i849,  'm-^\ 

(bid.,  p.  449.  —  Le  centre  de  gravité  du 
polygone  doit  se  trouver  sur  la  droite  qui 
unit  ceux  de  deux  ligures  arbitraires,  dans 
lesquelles  on  peut  le  décomposer. 

10<*  Notice  sur  quelques  propriétés 
des  surfaces  gauches  du  second  degré 
(Bull,  de  TAcad.  t.  XVill,  1851,  in-8''), 

Après  avoir  démontré  synthétiqueroent 
que  les  projections  de  toutes  les  généra- 
trices d'un  hyperboloïde  à  une  nappe  sont 
tangentes  à  une  même  courbe  du  second 
degré,  l'auteur  fait  remarquer  que  la  réci- 
proque peut  conduire  à  déterminer  un  lieu 
du  second  degré  comme  l'enveloppe  d'un 
système  de  droites. 

11»  Mémoire  sur  une  nouvelle  mé- 
thode d'application  de  la  géométrie  des- 
criptive à  la  recherche  des  propriétés  de 
l'étendue.  Bruxelles,  1855,  m-i^. 

Mém.  de  l'Académie,  t.  XXIX.  —  Monge 
avait  indiqué,  il  est  vrai,  la  voie  où  s'est 
engagé  Brasseur;  mais  il  était  réservé 
à  celui-ci  de  découvrir  d'immenses  richesses 
dans  un  domaine  à  peu  près  inexploré  jus- 
qu'à lui.  Comme  M.  Catalan,  M.  Liagre  met 
Brasseur  au  rang  des  géomètres  les  plus 
distingués  de  l'école  moderne.  Il  reproche  à 
sa  méthode  de  partir  do  propriétés  dans 
l'espace  pour  arriver  k  des  propriétés  dans 
le  plan  ;  il  no  fait  pas  aussi  bon  marché  que 
Ini  du  rapport  anharmoniqae  ;  cependant  il 
n'hésite  pas  à  reconnaître  que  tous  les  théo- 
rèmes de  l'auteur  découlent  sans  effort  de 
quelques  principes.  «  La  conception  de 
Brasseur,  dit-il ,  rentre  dans  cette  méthode 
géométrique  que  Chasles  appelle  méthode 
de  transmutation  des  figures.  Desargues  et 
Pascal  en  avaient  déjà  donné  des  exemples 
en  se  servant  de  la  perspective  ;  Poncelet, 
dans  SCS  propriétét  projectives,  par  la  théo- 
rie des  polaires  réciproques  et  de  l'homolo- 
gie  ;  Dandelin  et  Quetelet,  par  les  projections 
stéréographiques.  Envisagée  4'une  manière 
générale,  cette  méthode  consiste  à  tranfor- 
mer,  au  moyen  de  certaines  conventions, 
une  figure  en  une  autre,  et  à  déduire  des 
propriétés  connues  de  l'une  les  propriétés 


87 


BRA 


88 


inconnues  de  Taulre.  il  faut  actueltemenl 
pour  cela  que  l'on  donne  d'abord  une  défini- 
tion  géomëlrique  des  figures.  Brasseur  se 
sert  à  cette  fin  de  plusieurs  systèmes  de 
lignes  qui,  soit  par  leur  enveloppe,  soit  par 
leur  intersection,  donnent  le  lieu  proposé. 
Ces  systèmes  de  lignes  constituent  au 
fond,  comme  il  le  dit,  des  systèmes  de  coor- 
données beaucoup  plus  riches  que  ceux 
dont  la  géométrie  analytique  fait  ordinaire- 
ment usage.  Les  lieux  qu'il  transforme  sont 
des  lieux  de  l'espace  dont  les  propriétés  sont 
données,  et  son  seul  principe  de  transforma- 
tion consiste  dans  l'emploi  de  plans  bissec- 
teurs, qui  lui  permettent  de  réduire  ces 
propriétés  dans  l'espace  à  des  propriétés 
dans  le  plan.  Il  se  sert  quelquefois  aussi  de 
la  perspective,  pour  donner  de  l'extension  à 
certains  théorèmes  (p.  430)...  Brasseur  fait 
voir  que  des  systèmes  de  parallèles,  de  po- 
laires, de  circonférences, représentent,  sous 
certaines  conditions,  des  plans,  des  surfaces 
réglées  ou  des  surfaces  de  révolution  :  ses 
théorèmes  sur  les  plans  bissecteurs  lui 
donnent  tout  aussitôt  toute  une  chaîne  de 
propriétés  de  ces  systèmes  de  lignes,  les 
unes  entièrement  nouvelles,  d'autres  dont 
les  analogues  ont  été  trouvées  par  Poncelet, 
Ghasles,  Steiner,  et  ne  sont  parfois  que  des 
cas  particuliers  (le  celles  de  Brasseur.  On 
est  étonné  qu'il  ait  pu  voir  dans  ces  proprié- 
tés si  instructives,  si  restreintes,  si  parti- 
culières même  des  plans  bissecteurs,  le 
germe  d'une  méthode  si  transcendante,  si 
féconde  et  si  générale.  Les  mêmes  principes 
le  conduisent  à  des  procédés  généraux  de 
réformation  des  courbes  (p.  431).  »  —  Aux 
relatibns  purement  descriptives,  il  joint  en- 
suite une  relation  métrique,  la  proportion , 
et  cette  simple  relation,  combinée  avec  les 
propriétés  de  l'hyperboloîde  à  une  nappe, 
acquiert  entre  ses  mains  la  même  puissance 
que  le  rapport  anharmonique  appliqué  aux 
faisceaux  projectifs  ou  homographiqucs  de 
Steiner  et  de  Chasles  (Ib.,  p.  132).  —  Bras- 
seur annonçait  un  second  mémoire  où  il 
comptait  défendre  le  principe  qui  le  dispen- 
sait d'avoir  recours  à  i'involution  :  il  est  à 
craindre  qu'il  ne  l'ait  pas  écrit  et  qu'il  n'ait 
même  laissé  aucune  note  de  géométrie  supé- 
rieure. Il  éprouvait  une  difficulté  matérielle  à 
tenir  la  plume,  à  cause  du  tremblement  ner- 
veux de  sa  main;  peut-être  celle  infirmité 
avait-elle  contribué  à  lui  faire  prendre  l'ha- 
bitude de  se  confier  absolument  ài  sa  mémoire 
On  dira  qu'il  aurait  pu  compter  sur  ses  élèves  : 
il  leur  était  eflTectivement  tout  dévoué  ;  il 
leur  confiait  ses  découvertes  et  n'était  jamais 
plus  heureux  que  quand  il  voyait  ses  idées 
revivre  dans  des  têtes  plus  jeunes  ;  il  eût 
voulu  être  devancé.  «  Mais  pour  l'aider  dans 
la  publication  de  son  second  mémoire ,  il 


avait  surtout  compté  sur  son  fils  Léopold, 
jeune  homme  plein  d'avenir ,  docteur  en 
sciences  physiques  et  mathématiques,  et  ré- 
pétiteur de  géométrie  descriptive  à  l'école 
des  mines.  La  mort  de  ce  fils  lui  causa  un 
chagrin  profond;  il  ne  lui  survécut  pas 
longtemps  >  (Liagre,  p.  133). 

12o  DsLnsïesBulletinsderAcadémie: 
a.  Quelques  propriétés  des  surfaces 
gauches  du  second  degré  démontrées 
par  la  géométrie  (t.  XVII,  3o,  igsf, 
p  4f)  ;  ^.  Extrait  d*un  mémoire  sur  un 
nouveau  moyen  de  démontrer  les  lieux 
géométriques  par  la  géométrie  descrip- 
tive (t.  XVli.  io,  1851,  p.  372)  ;  c. Rap- 
port sur  une  note  de  M.  Meyer  concer- 
nant le  théorème  de  Bernouilli(t.  XXIII, 
io,  pp.  97,  549,  734)  :  d.  Rapport  sur 
un  mém.  de  M.  Dagoreau,  intitulé  : 
Essais  atMlytiques  :  les  lignes  du  3* 
ordre  (2«  série,  t  II,  1857,  p.  7,  et 
t.  IV,  p.  80)  ;  e.  Rapport^sur  un  mém. 
de  M.  Lamarck,  intitulé  :  Exposé  géo- 
métrique du  calcul  différentiel  et  inté- 
gral (l.  XIV,  1862,  p  453)  ;  f.  Rapp. 
sur  deux  mémoires  de  M.  Folie,  con- 
cernant une  théorie  nouvelle  du  mou- 
vement d*un  corps  libre  et  sur  le  mou- 
vement dTun  corps  gêné  (t.  XXIV, 
1867,  p.  284). 

13»  Précis  du  cours  de  foécanique 
appliquée ,  ouvrage  posthume  terminé 
d'après  les  manuscrits  de  Tauteur,  par 
F.  Folie.  Liège,  1868,  in-4^ 

Brasseur  donnait  le  cours  simultanément 
à  des  élèves  de  deux  catégories,  les  uns 
connaissant  le  calcul  différentiel,  les  autres 
y  étant  complètement  étrangers,  ce  qui  ren- 
dait la  tâche  du  professeur  particulièrement 
difficile.  «  Il  est  réellement  remarquable, 
dit  M.  Liagre,  de  voir  avec  quelle  aisance 
Brasseur  sait  rendre  élémentaires  les  for- 
mules pour  lesquelles  on  recourt  ordinaire- 
ment à  l'analyse  infinitésimale.  »  Nous 
croyons  devoir  rappeler,  pour  répondre  à 
une  observation  du  même  biographe  sur  le 
plan  de  l'ouvrage,  que  l'enseignement  de  la 
mécanique  a  été  conçu  jusqu'ici,  à  l'Univer- 
sité de  Liège,  de  manière  à  attirer  l'attention 
des  élèves  sur  les  généralités  qui  concernent 
toutes  les  machines,  et  non  sur  les  détails  de 
certaines  machines, 

14°  Exposition  nouvelle  des  principes 
du  calcul  différentiel  et  intégral,  édités 
après  la  mort  de  Fauteur,  par  F.  Folie. 
Liège,  1868,  in-8\ 

Mém.  de  la  Soc.  roy.  des  sciences  de 


89 


BRO 


90 


Liège,  t.  III  (S*  série)  »  4868,  in-S.»  — 
Brasseur  gardait  en  portefeuille  ce  travail, 
rédigé  dès  1829  ;  il  se  réservait  de  le  déve- 
lopper à  loisir.  Il  ne  prit  aucune  part  aux 
longs  débats  qui  s'élevèrent  il  y  a  quelques 
années,  sur  t infini  en  mathématiques ,  entre 
M.  Lamarle,  de  Gand,  et  la  plupart  des 
hommes  spéciaux  du  pays.  A  la  fin,  cepen- 
dant, il  communiqua  son  mémoire  «  à  celui 
de  ses  élèves  qu'il  considérait  entre  tous 
comme  donnant  les  plus  belles  promesses 
d'avenir  »  (  M*  M.  Folie,  chargé  ainsi  de 
l'exécution  de  son  testament  scientifique, 
s'est  acquitté  pieusement  et  dignement  de 
cette  t&che,  en  i^outant  au  texte  de  son 
maître  quelques  notes  qui  prouvent  qu'il 
s'est  parfaitement  assimilé  la  pensée  de 
Brasseur.  Le  but  de  l'ouvrage  est  de  faire 
disparaître  du  calcul  différentiel  et  intégral 
tonte  notion  métaphysique.  L'auteur  n'em- 
ploie que  l'analyse  Hnie,  aussi  commode  dans 
les  applications  et  aussi  rigoureuse  que 
celle  des  limites  ou  des  fluxions.  Nous 
appelons  l'attention  sur  l'avant- propos,  oîi 
M.  Folie  décrit  avec  une  grande  lucidité  les 
anciennes  méthodes,  et  fait  ress'>rtir  le  mé- 
rite et  l'utilité  pratique  de  la  conception  de 
Brasseur. 

iS'*  Communications  diverses  à   la 
Revue  nniverselle  de  M.  de  Cuyper. 


Rronn  (Valentik),  né  à  Ziegelhau- 
sen  (près  Ifeidelberp;),  le  7  mars  1796, 
mourut  dans  ce  même  village  le  20 
mars  1854.  Son  grand-père  avait  oc- 
cupé la  charge  de  forestier  dans  le 


Palatlnat;  son  père  était  grand  forestier 
(Oberfùrster)  au  service  de  Bade  ;  lui- 
même  fut  élevé  en  vue  de  cette  carrière. 
Il  perdit  de  bonne  heure  ses  frères  et 
ses  sœurs  ;  il  ne  lui  resta  finalement 
qu'une  sœur  plus  âgée  que  lui  et  un 
frère  plus  jeune,  qui  se  fit  une  brillante 
réputation  comme  naturaliste  (').  L'in- 
stituteur et  le  pasteur  de  Ziegelhausen 
furent  ses  premiers  maîtres  ;  il  entra 
ensuite  au  gymnase  de  Heidelberg 
(1808),  d'où  il  passa  en  1812  au  Lycée  de 
Mannheim,  de  création  récente.  Ce  fut 
là  qu'il  prit  goût  aux  sciences  natu- 
relles, sous  la  direction  du  pharmacien 
Bader,  et  qu'il  y  fit  de  rapides  progrès 
en  visitant  assidûment  le  ciibinet  de  la 
ville,  confié  à  la  garde  de  ce  professeur. 
Son  zèle  fut  récompensé  par  des  succès 
scolaires.  Il  revint  habiter  la  maison 
paternelle  en  1818  ;  mais  chaque  jour 
il  se  rendait  à  Heidelberg,  acquérant 
k  l'Université  les  connaissances  théo- 
riques dont  il  avait  besoin  pour  sa 
vocation  de  forestier,  tandis  qu'il  s'ini- 
tiait à  la  pratique  en  résidant  k  la 
campagne.  La  chaire  des  sciences 
forestières  était  alors  occupée  par  le 
comte  de  Sponeck  ;  celle  de  zoologie 
n'avait  point  de  titulaire  ;  mais  le  jeune 
Valentin,  déjii  habitué  à  l'autodidaxie, 
ne  se  laissa  point  rebuter  ;  il  devint 
notamment  très-fort  en  ornithologie.  Il 
commença  dès  cette  époque  h  former 


(*)  Discours  de  M.  Spring.  Il  s'agit  do 
M.  Folie,  docteur  en  sciences  physiques  et 
mathématiques,  ancien  répétiteur  à  TEcole 
des  mines,  actuellement  professeur  à  l'Ecole 
industrielle  de  Liège.  M.  Folie  s'était  déjà 
fait  connaître  par  plusieurs  pubhcations  im- 
portantes, entr'auires  par  une  traduction 
de  l'ouvrage  allemand  de  Claudius  sur  la 
théorie  de  la  chaleur  considérée  comme  équi- 
valent du  mouvement.  M.  Folie  a  fait  à  la 
Salle  académique,  en  1867,  un  coors  public 
sur  cet  intéressant  sujet. 

(*)  Henri  Ceorge  Bronn,  né  le  3  mars 
1800,  mort  le  5  juillet  1863,  professeur  à 
l'Université  de  Heidelberg.  On  a  quelquefois 
confondu  les  deux  frères.  Henri-Georges  fit 
ses  premières  leçons  sur  les  sciences  fores- 
tières dès  1821,  fut  nommé  en  1828  pro- 
fesseur extraordinaire,  et  en  1835  professeur 
ordinaire  d'histoire  naturelle.  Outre  le  cours 
prémentionné,  il  enseigna  la  zooYogic  et  fil 


des  leçons  très- remarquées  sur  la  conchyo- 
logie  et  les  pétrifications.  Ses  publications 
sur  ces  derniers  objets  n'ont  pas  peu  contri- 
bué k  faire  avancer  la  science.  Nous  citerons 
les  suivantes  :  System  der  urweltlichen  Con- 
ehylien  (1824);  System  der  urweltlichen 
Pflanzenihiere(i9Z0)  ;  Gaea  Heidelbergensis 
(même  année),  description  geognostique  de 
son  pays  natal  ;  Lethœa  geognostica  (3*  éd., 
6  vol.  et  atlas,  1852-56),  son  principal  ou- 
vrage ^rédigé  avec  Rœrocr)  ;  ses  Morpholo- 
gische  Studien  (Leipzig  1858)  ;  enfin,  ses 
Untersuehungen  ûtir  die  Entwickelungs- 
gesetze  der  organischen  Welt  wàhrend  der 
Bildungszeit  unserer  Erdoberflàche  (Stuttg. 
1858),  ouvrage  couronné  par  l'Académie  des 
sciences  de  Paris.  Il  a  dirigé  f  avec  Leonhard), 
depuis  1830  jusqu'à  sa  mort,  le  Jahrbuch 
fur  Minéralogie,  Geognosie,  Géologie  und 
Petrefactenkunde ,  recueil  des  plus  estimé;». 


91 


BRO 


92 


une  collection  de  mammifères  et  d'oi- 
seaux, collection  qui,  enrictiie  plus 
tard  d'animaux  de  l'Europe  méridio- 
nale et  de  quelques  échantillons  prove- 
nant du  Brésil,  devint,  grâce  à  la  muni- 
ficence de  son  propriétaire,  le  premier 
fonds  du  cabinet  annexé  à  Fécole  fores- 
tière de  Carlsruhe.  La  lecture  des 
voyages  de  Levaillant  faillit  un  instant 
détourner  fironn  de  ses  premiers  pro- 
jets :  il  rêva  d'entreprendre  un  grand 
voyage  d'exploration  ;  mais  les  circons- 
stancesne  s'y  prêtèrent  point.  £n  1817, 
le  grand>maître  des  forêts  Jaetgerschmidt 
étant  venu  à  Heidelberg,  avait  eu  l'occa- 
sion de  constater  le  zèle  et  l'habileté 
que  le  forestier  Bronn  déployait  dans 
l'accomplissement  de  ses  fonctions.  11 
le  promut  au  grade  de  grand-forestier, 
et  lui  déclara  en  même  temps  qu'il 
jugeait  nécessaire  de  dépayser  Valentin 
pour  permettre  à  celui-ci  de  compléter 
ses  études  pratiques  ;  il  lui  offrit  même 
de  mettre  personnellement  le  jeune 
homme  au  courant  des  affaires  qu'il 
traitait  sur  une  grande  échelle,  étant 
non-seulement  grand-mailre  des  forêts, 
mais  encore  directeur  du  flottage  de  la 
Forêt-Noire.  Une  année  s'écoula  ainsi  ; 
tout  d'un  coup  le  grand-forestier  reçut 
l'invitation  (très-voisine  d'un  ordre)  de 
rappeler  ses  fils  ;  l'administration  avait 
jugé  à  propos  de  confier  autant  que 
possible  aux  employés  deseaux,  moyen- 
nant un  modique  salaire,  le  soin  de 
veiller  à  l'économie  forestière  ;  quant 
aux  hautes  fonctions,  elle  avait  pris  le 
parti  de  les  réserver  entièrement  à  la 
noblesse.  Ce  fut  pour  le  jeune  Bronn 
une  nouvelle  et  amère  déception.  Il 
employa  toute  l'année  suivante  à  aider 
son  père,  dont  le  ressort  s'était  agrandi 
par  l'annexion  du  district  de  Schônau, 
voisin  du  sien.  Après  avoir  subi  de 
brillants  examens,  Valentin  passa  l'été 
de  1819  à  circuler  dans  les  Pays-Bas, 
en  France  et  en  Suisse,  pays  desquels 
il  rapporta  de  nouveaux  trésors  pour 
ses  collections.  Il  s'agissait  cependant 
pour  lui  d'obtenir  une  nomination  ; 
mais  les  candidats  plus  anciens  que  lui 
étaient  nombreux,  et  en  ce  temps  là 
(ce  qui  heureusement  ne  dura  pas)  les 
préférés  étaient  moins  souvent  les  plus 
instruits,  que  ceux  qui  se  recomman- 


daient par  une  constitution  vigoureuse 
et  des  talents  de  chasseur.  Bronn  père 
vint  à  mourir  le  2  janvier  1820  ;  à 
deux  reprises  différentes,  son  fils  fut 
chai]gé  de  l'intérim  des  fonctions  qu'il 
délaissait,  et  eut  en  outre  à  s'occuper  de 
petites  affaires  de  taxes  et  d'arpentage. 
Mais  ses  loisirs  comptaient  plus  dans 
sa  vie  que  ses  occupations:  il  les  utilisa 
en  étudiant  le  français,  l'anglais  et 
ritalien,  et  en  retournant  chaque  jour, 
comme  autrefois,  à  Heidelberg,  où  il 
suivit  les  cours  de  chimie,  de  zootomie, 
de  physiologie,  etc.  11  se  livra  aussi  à 
des  observations  barométriques,  et  à 
des  expériences  chimiques  sur  la  quan- 
tité de  tannin  de  différentes  écorces. 
Enfin,  déterminé  à  changer  de  carrière, 
il  prit  le  grade  de  docteur  et  ouvrit,  à 
côté  de  son  maître,  un  cours  sur  les 
sciences  forestières.  L'essai  réussit  ; 
en  1825,  le  gouvernement  des  Pays- 
Bas  le  nomma  professeur  extraordi- 
naire d'économie  rurale  et  forestière 
k  l'Université  de  Liège,  aux  appointe- 
tements  de  1600  florins.  Peu  de  temps 
après,  il  reçut  le  titre  de  secrétaire 
stipendié  de  la  Commission  provinciale 
d'agriculture  installée  dans  la  même 
ville.  Bronn  vit  un  instant  s'ouvrir  de- 
vant lui  de  brillantes  perspectives.  Il 
était  appelé  à  introduire  dans  notre 
pays  un  nouvel  enseignement,  à  y 
donner  pour  la  première  fois  un  carac- 
tère scientifique  à  des  études  dont 
l'importance  avait  été  jusque  là  mécon- 
nue au  point  de  vue  théorique.  Mais  il 
arriva  que,  presque  au  moment  même 
où  le  ministre  des  cultes  appelait  à 
l'Université  liégeoise  un  professeur  de 
sciences  forestières  et  d'économie  ru- 
rale, le  ministre  des  finances  prit  et 
exécuta  la  résolution  d'aliéner  la  plupart 
des  forêts  nationales  de  la  Belgique. 
D'un  autre  côté,  le  nouveau  cours  étant 
facultatif  et  les  jeunes  gens  n'en  com- 
prenant guère  l'utilité,  à  cause  de  sa 
nouveauté  même,  Bronn  ne  put  réunir 
qu'un  petit  nombre  d'auditeurs  assidus. 
Il  ne  perdit  cependant  pas  courage  ;  le 
gouvernement  lui  accorda  un  subside 
pour  parcourir  la  Hollande  et  la  Bel- 
gique, et  il  profita  de  ses  nombreux 
voyages  pour  étendre  en  dehors  de 
l'Université  la  sphère  de  son  influence. 


93 


RRO 


94 


Il  étudia  spécialement  les  parties  in- 
cultes de  TArdenne  et  les  bruyères  de 
la  Campine.  Tant  par  des  instances 
verbales  que  par  des  exhortations 
écrites,  il  stimula  le  zèle  des  proprié- 
taires, en  appelant  leur  attention  sur 
les  avantages  qu'ils  pourraient  retirer 
de  plantations  forestières,  le  prix  du 
bois  étant  fort  élevé.  11  entreprit  lui- 
même  des  plantations  d'arbres  indi- 
gènes ,  surtout  d'arbres  aciculaires  ; 
il  se  livra  à  toutes  sortes  d'essais  et 
d'observations  intéressantes  surPaccli- 
mation  de  diverses  essences  étran- 
gères, et  ses  prévisions  s'étant  pra- 
tiquement réalisées ,  il  se  vit  enfin 
apprécié  à  sa  juste  valeur.  I^a  glace 
était  rompue  :  le  public  afDua  à  ses 
leçons  sur  la  physiologie  végétale.  Mal- 
gré la  satisfaction  qu'il  en  éprouva, 
il  songea  pourtant  à  quitter  l'Univer- 
sité de  Liège  pour  celle  de  Gand, 
cette  dernière  ville  lui  paraissant  offrir 
plus  de  ressources  au  point  de  vue  des 
sciences  dont  il  s'occupait.  La  révolu- 
tion belge  réduisit  ses  espérances  en 
fumée.  Il  ne  crut  pas  compatible  avec 
son  honneur  de  renier  le  Gouverne- 
ment qui  l'avait  appelé.  11  continua 
d'occuper  sa  chaire  de  Liège  tant  que 
Hssue  des  événements  fut  incertaine  ; 
mais  il  ne  voulut,  ni  solliciter  du  Gou- 
vernement belge  la  confirmation  de  sa 
nomination  première,  ni  poursuivre 
ses  négociations  à  Gand,  lorsque  cette 
ville  se  fut  décidément  séparée  de  la 
Hollande.  Il  s'établit  tout  simplement 
dans  un  faubourg  de  Liège  (  *  )  comme 
pépiniériste,  vivant  du  produit  de  ses 
plantations  et  de  ses  cultures,  complè- 
tement séparé  du  monde,  avec  sa 
femme  et  une  petite  fille  de  trois 
ans.  Les  événements  de  4850  lui 
avaient  porté  un  coup  fatal.  Une  vio- 
lente oppression  de  poitrine  le  tour- 
mentait, et  l'agitation  de  son  cœur,  au 
physique  aussi  bien  qu'au  moral ,  dit 
son  biographe  allemand,  était  rarement 
calmée.  Un  voyage  en  Allemagne,  en- 
trepris par  les  conseils  de  son  méde- 
cin, lui  procura  peu  de  soulagement. 
Cependant  des  offres  avantageuses  lui 
ayant  été  faites  dans  son  pays,  il  ne  se 


jugea  pas  assez  malade  pour  les  refuser. 
Là  aussi ,  l'administration  avait  été 
changée;  là  aussi^  les  anciens  errements 
avaient  été  abandonnés.  Une  Ecole 
forestière  devait  être  annexée  à  l'in- 
stitut polytechnique  projeté  à  Carls- 
ruhe  ;  la  Commission  supérieure  des 
forêts  lui  en  offrit  la  direction.  11  y 
retrouva  comme  collègue  son  ancien 
maître  et  ami  Jœgerschmidt.  Bronn 
employa  l'été  de  1832  à  se  préparer  aux 
devoirs  de  sa  nouvelle  charge  ;  l'Ecole 
fut  inaugurée  le  5  novembre,  et  il  ou- 
\Tii  immédiatement  son  premier  cours. 
Ses  fonctions  l'absorbèrent  tout  entier; 
il  vécut  plus  retiré  que  jamais,  ne  quit- 
tant sa  chaire  ou  son  cabinet  que  pour 
aller  visiter  les  plantations  de  la  Fai- 
sanderie, composée  d'une  grande  va- 
riété d'arbres  tant  étrangers  qu'indi- 
gènes, et  placée  sous  sa  direction. 
Sa  santé,  un  instant  raffermie,  devint 
tout  à  fait  mauvaise  à  partir  de  la  mort 
de  sa  mère,  qu'il  aimait  tendrement. 
Les  crises  devinrent  de  plus  en  plus 
fréquentes  ;  on  craignait  pour  lui  la 
moindre  émotion.  D'autre  part,  il  était 
accablé  de  besogne  administrative,  et 
ses  fonctions  de  directeur  étaient  d'au- 
tant plus  ingrates  et  difficiles,  qu'il 
avait  affaire  à  des  élèves  de  condition, 
d'éducation  et  d'âge  très-différents, 
depuis  le  seigneur  fier  de  son  blason 
jusqu'à  l'humble  garde-chasse.  Il  exer- 
çait une  discipline  ponctuelle,  dont  il 
savait  du  reste  tempérer  la  rigueur,  en 
réduisant  à  leur  plus  simple  expression 
les  prescriptions  réglementaires.  Il  se 
préoccupait  de  tout  le  monde ,  mais 
laissait  à  chacun,  autant  que  possible, 
sa  pleine  liberté  d'action  ;  il  travaillait 
à  polir  les  plus  rustiques,  semait  à 
propos  les  encouragements,  recevait  à 
sa  table  et  dans  son  intimité  ceux  qui 
lui  paraissaient  dignes  d'un  intérêt  par- 
ticulier. Son  administration  générale, 
sa  comptabilité  étaient  des  modèles 
d'ordre  ;  esclave  de  son  devoir,  pas- 
sionné pour  la  justice,  ennemi  de 
rintrigue,  il  tenait  à  l'honneur  plus 
qu'à  la  vie.  Le  Gouvernement  lui  té- 
moigna sa  pleine  satisfaction  dès  le 
2  avril  1853,  en  le  nommant  conseiller 


(')  Rue  Grand -Jonckeu. 


98 


BRO 


96 


des  forêts.  On  lui  offrit  la  même  année, 
à  Marbourg,  une  chaire  d'économie 
financière  et  plus  spécialement  d'éco- 
nomie forestière;  ii  refusa.  Aux  va- 
cances de  Pâques  1854,  il  fut  pris  du 
désir  d'aller  passer  quelques  jours  dans 
la  maison  où  il  était  né,  et  qui  lui  était 
tombée  en  partage.  La  famille  se  mit 
en  route,  comme  pour  une  partie  de 
plaisir  ;  cependant  Bronn  songeait  en 
même  temps  à  profiter  de  son  passage 
à  Heidelberg  pour  y  consulter  un  mé- 
decin spécialiste  renommé,  son  docteur 
de  Carlsruhe  ne  s'étant  occupé  jusque 
là  que  de  calmer  ses  maux,au  lieu  d'en 
entreprendre  directement  la  guérison. 
Sans  rien  laisser  deviner  k  sa  jeune 
famille,  il  ne  pouvait  écarter  le  vague 
pressentiment  d'une  catastrophe  pro- 
chaine peut-être.  On  arriva  ii  Ziegel- 
hausen,  où  deuxjours  s'écoulèrent  dans 
les  joies  intimes  du  foyer  ;  le  professeur 
Bronn  de  Heidelberg  était  venu  retrou- 
ver son  frère  aine  ;  toute  la  famille  était 
présente.  On  célébra  les  fêtes  de  la  Se- 
maine sainte,  la  sérénité  dans  l'âme,  se 
reportant  aux  années  insouciantes  de 
l'enfance.  Le  troisième  jour,  on  se  ren- 
dit en  ville;  le  quatrième  devait  être 
consacré  ù  une  excursion  dans  les  fo- 
rêts jadis  administrées  par  le  père  du 
défunt  et  par  Valentin  lui-même.  A  Hei- 
delberg, celui-ci  rencontra  un  grand 
nombre  d'anciennes  connaissances  ;  on 
devisa  du  temps  passé,  on  rentra  au 
logis  content  et  heureux.  Ces  belles 
journées  devaient  avoirun  triste  lende- 
main. Le  âG  mars  au  matin,  au  moment 
même  où  le  frère  puîné  entrait  dans  la 
salle  du  déjeuner  pour  venir  prendre 
Valentin,  celui-ci  tomba  sans  vie  à  ses 
pieds.  Un  anévrisme  de  l'aorte  venait 
de  se  rompre.  Qu'on  juge  de  la  scène 
qui  suivit  ce  coup  de  foudre.  —  Bronn 
avait  souvent  souhaité  de  mourir  au 
village  natal  :  son  désir  était  accompli. 

Voici  la  nomenclature  de  ses  écrits  : 

i**  Oratù),  quà  sylvarum  et  reisallua- 
riœprœcipua  quœdammomenta  historica 
exposuit  V.  Bronn.  Leodii  1825  (Annales 
de  l'Université  de  Liège,  1828). 

2o  Over  de  noodzaakelykheid,  om  by 
liet  openbaar  onderwys  het  onderrigd  in 
Landhuishoudkunde  te  voe{jen  ,  en  de 


middelen  am  hier  toe  degeraken,  Liège, 
1829).  11  existe  aussi  une  édition  fran- 
çaise de  cet  opuscule,  sous  le  titre 
suivant  :  Quelques  mots  sur  la  nécessité 
et  les  moyens  de  faire  entrer  dans  /'tn- 
structiou  publique  renseignement  de  l'a- 
gricullure.  Liège,  1850). 

5®  Mémoire  sur  Vutilisation  des  ter- 
rains incultes  de  VArdenne.  Liège,  4829, 
in-8«. 

4°  Veber  die  yothwendigkeit  der  wis- 
senschaplicher  Ambildung  des  Forst- 
mannes.  Carlsruhe,  i852,  in-8«. 

5*  Divers  articles  ou  courtes  disser- 
tations dans  le  Journal  d'Agriculture 
des  Pays  Bas  et  dans  le  recueil  de 
Soulange  Bodin  :  Annales  de  V Institut 
royal  horticole  de  Fromont. 

G®  Bronn  avait  entrepris  la  rédaction 
de  plusieurs  ouvrages  étendus  sur  l'é- 
conomie forestière;  il  s'était  notamment 
occupé  de  recueillir  et  de  coordonner 
ses  observations  sur  les  soins  que  ré- 
clament les  arbres  étrangers  dont  on 
peut  essayer  l'acxïlimatation  dans  nos 
contrées;  sa  mort  prématurée  ne  lui 
permit  pas  d'y  mettre  la  dernière  main. 
—  Il  était  affilié  aux  sociétés  d'économie 
agricole  ou  d'histoire  naturelle  de  Bade, 
de  Liège,  de  Bruxelles  et  de  Jassy. 

N.  B.  La  notice  qui  précède  est  en 
grande  partie  traduite  d'une  biographie 
de  Bronn  publiée  en  Allemagne,  et  mise 
obligeamment  k  notre  disposition  par 
M.  Ed.  Morren. 


Drouwer  (PiERRE  vau  Limbourg\ 
né  à  Dordrecht  le  20  septembre  1795, 
mourut  à  Groningue  le  21  juin  i8i7. 
Son  goût  pour  ranliquilé  se  révéla  dès 
son  adolescence  et  attira  l'attention  d'un 
Mécène  éclairé,  M.  R.  P.  van  Wesele 
Scholten,  conseiller  à  la  haute  Cour 
de  La  Haye.  Envoyé  à  Leyde  par  ce  gé- 
néreux protecteur,  Brouwer  y  devint 
l'un  des  auditeurs  les  plus  zélés  de 
Wyttenbach,  à  qui  il  avait  été  spéciale- 
ment recommandé.  Mis  en  demeure  de 
se  choisir  une  carrière,  il  opta  pour  la 
médecine  et  se  fit  recevoir  docteur  en 
1810,  à  la  suite  d'une  dissertation  De 
seneclute.  Il   pratiqua  l'art  de  guérir  k 


97 


BRO 


98 


Tiel,  près  de  Rotterdam;  mais  ses  pre- 
miers succès  n*enrent  pas  le  pouvoir  de 
le  détourner  des  études  auxquelles  il 
avait  secrètement  résolu  de  consacrer 
sa  vie.  Il  soumît  à  TUniversité  de 
Leyde  un  volume  intitulé  :  Comment, 
de  ratione  quû  Sophocles  veterumdeadr 
minxBtratione  et  justifia  divinà  notiotti- 
Ims  v^us  est ,  ad  voluptatem  tragicam 
augendam,  en  présenta  publiquement 
la  défense  et  fut  proclamé  docteur  en 
philosophie   et  ès>lettres  le  21  juin 
1820.  Deux  mois  plus  tard,  le  gymnase 
d'AIkmaar  raccueillait  en  qualité  de 
vice-recteur  ;  Tannée  suivante,  il  alla 
remplir  les  mêmes  fonctions  à  Rotter- 
dam. La  tragédie  grer^iue  eut  d'abord 
le  privilège  de  le  passionner  presque 
exclusivement;  mais  peu  à  peu  son  ho- 
rizon s'élargit  :  il  voulut  connaître  le 
génie  hellénique  sous  toutes  ses  faces, 
et  ses  études  littéraires,  esthétiques, 
archéologiques  se  complétèrent  par  des 
recherches  approfondies  sur  Thistoire 
des  doctrines  philosophiques  de  Tan- 
cienne  Grèce.  La  Société  des  sciences 
et  des  beaux-arts,  de  Leyde,  couronna, 
en  1822,  un  travail  de  Brouwer  Sur  le 
théâtre  national, spécialement  au  point  de 
vue  de  la  tragédie;  en  1 823,  les  curateurs 
du  legs  de  J.  Stolp  décernèrent  une  mé- 
daille à  son  traité  en  réponse  à  la  ques- 
tion :  An  et  quatenUs  philosophi  qui  antè 
Socratemet  Platonem  fuerunt,  atque  illi 
if^i  et  qui  ex  eorum  scholis  posteà  pro- 
dierunt,  in  commemorandis  vel  expo- 
nendis  principiis  moralUms  divinœ  exis- 
tentis  naturœ  et  providentiœ  notionem 
suhindèadhibuerint,  et  virtutis  constan- 
ter  ac  sincero  pectore  colendœ  incita- 
menta,prœsidia  atque  alimenta  indè  de- 
duxerint.  Ces  opuscules,  justement  re- 
marqués, lui  valurent  en  1825  le  titre 
de  professeur  extraordinaire  à  TUni- 
versifé  de  Liège.  Son  discours  inaugu- 
ra I  (De  veterumGrœcorum  traditionwus 
ad  antiquitatis  cognitionem  prudenter 
adhibendis),  prononcé  le  21  novembre, 
donna  une  haute  idée  de  Térudition  et 
de  la  sagacité  critique  du  jeune  maitre. 
Brouwer  enseigna  à  Liège  Thisteire  an- 
cienne et  les  littératures  classiques  ;  il 
dirigea,  en  outre,  les  exercices  philolo- 
giques de  TEcole  propédentique  an- 
nexée à  la  Faculté  des  lettres.  Travail- 


leur opiniâtre,  maître  de  son    style 
dans  les  langues  vivantes  comme  dans 
les  langues  mortes,  il  trouva  le  loisir, 
sans  négliger  Taccom  plissement  de  ses 
nombreux  devoirs,  d'enrichir  la  litté- 
rature hollandaise  de  différentes  pro- 
ductions estimables,  tantôt  sérieuses, 
tantôt  légères  et  même  humoristiques, 
sur  tous  les  objets  de  ses  études  ché- 
ries ;  en  même  temps,  il  rassemblait  les 
matériaux  du  grand  ouvrage  qui  fera 
vivre  son  nom.  De  cette  époque  datent 
ses  dissertations  sur  la  beauté  morale 
de  la  poésie  d'Homère,  sur  Pindare,  sur 
Eschyle,  sur  la  morale  des  Egyptiens^ 
sur  les  travaux  de  M.  ChampoUion- 
Figeac.  Les  événements  le  ramenèrent 
en  1851  dans  son  pays  natal  :  il  reprit 
à  Groningue  les  cours  de  langue,  de 
littérature  et  d'antiquités  grecques,  dé- 
laissés par  le  professeur  Ten  Brinlc. 
Nommé  en  outre  conservateur  de  la 
bibliothèque  de  l'Université  en  rem- 
placement de  Van  Eerde,  il  publia  en 
18i1  la  deuxième  partie  du  catalogue 
de  ce  dépôt.    Sa  fécondité  littéraire 
sembla  s'accroître  à  mesure  qu'il  deve- 
nait plus  mûr  :  coup  sur  coup  on  le 
voit  mettre  au  jour  des  études  sur  So- 
phocle et  sur  Euripide  ;  une  sorte  de 
roman  grec,  Chariclès  et  Euphorion  ; 
une  traduction  hollandaise  des  Fian- 
cés de  Manzoni;  Diophanes  (2  vol.): 
une  étude  sur  l'apologie  de  Socrate; 
des  Dialogues  des  morts  ;  la  biographie 
de  Benvenuto  Cellini,  traduite  de  l'ita- 
lien ;  une  Histoire  de  César  ;  une  no- 
tice sur  son  beau-père  S.  Iperuszoon 
Wiselius,  auteur  dramatique  ;  des  opus- 
cules théologiques,  des  lettres  sur  la 
philosophie  moderne,  etc.,  etc.  Son 
ouvrage  le  plus  considérable  est  VHis- 
toire  des  progrès  de  la  civilisation  mo- 
rale et  religieuse  des  Grecs,  éCTite  en 
langue  française  (Groningue  ,   1853- 
1842,  8  vol.  in-8<»).  Les  deux  premiers 
volumes  sont  consacrés  aux   siècles 
héroïques  ;  les  six  derniers  embrassent 
la  période  comprise  entre  le  retour  des 
Héraclides  et  la  domination  romaine. 
On  sait  à  quels  résultats  remarquables 
la  critique  moderne  est  parvenue  dans 
cet  ordre  de  recherches;  le  livre  de 
Brouwer  n'en  a  pas  moins  conservé 
une  importance  réelle  :  plus  d'une  fois 

9 


99 


BAR 


100 


les  derniers  historiens  de  la  Grèce  an- 
tique ont  ratifié  les  Jugements  du  pro- 
fesseur hollandais  et  mis  à  profit  sa 
science  des  faits.  Ce  qu*on  peut  repro- 
cher à  notre  écrivain,  c'est  de  ne  point 
s*être  assez  attaché  à  condenser  sa 
pensée  :  il  n'a  pas  pris  le  temps  d'être 
court. 

Brouter  portait  la  décoration  de 
rOrdre  du  Lion  néerlandais.  Il  était 
membre  d'un  grand  nombre  de  Sociétés 
savantes,  tant  étrangères  que  hollan- 
daises. Le  6  février  1846,  l'Académie 
royale  de  Belgique  le  porta  sur  la  liste 
de  ses  associés,  M.  Quetelet  lui  a  con- 
sacré une  notice  dans  ÏAnnuaire  de 
cette  compagnie  (i848);  une  autre  a 
paru  dans  le  Gedenkboek  de  l'Université 
de  Groningue,  p.  145. 

BIBLIOORÀPHIE. 

1  Redevoering  behelzende  eene  be- 
schouwing  van  de  voomaamste  denk- 
beelden  ,  in  het  grieksche  treurspcl 
heerschende,met  betrekking  tôt  deszelfs 
doelmatige  werking  op  hetmenschelijk 
hail  (Mncmosyne,  t.  VU). 

2°  Commentatio  de  ratUme  quâ  So- 
phocles.eic,  (v.  ci-dessus).  Leyde,  1820. 

5o  Verhandeling  over  de  vraag  : 
Bezitten  de  Nederlanders  een  nationaal 
tonneel,  met  betrekking  tôt  het  Treur- 
spel  ?  Zoo  jtty  welk  is  deszelfs  karakter  ? 
Zoo  neen,  welke  zijn  de  beste  middelen 
om  het  te  doen  ontstaan  ?  Is  het  in  het 
laaste  geval  noodzakeîijk  eene  reeds 
bestaande  school  te  volgen^  en  welke 
redenen  zouden  eene  keus  hietin  moeten 
bepalen?  Leyde,  1823. 

Dissertation  couronnée  par  la  Hollandsche 
Maatichappij  van  fraaye  kuruten  en  weten- 
schappen  et  insérée  dans  les  Mémoires  de 
cette  Société,  t.  VI. 

4«  Over  het  onderscheid  tusschen 
den  Xenophontischen  en  Platonischen 
Socratesp/o^^azi/nt/oor  Wetenschappen, 
Kunsten  en  Letteren^  t.  I,  stuk  5). 

5»  Over  de  Kikvorschen  van  Aristo- 
phanes  (même  recueil). 

G®  Disputatio  quâ  responditur  ad 
quœstionem  :  An  et  quatenUs  philoso- 
phi,  etc.  (v.  ci-dessus).  Leyde  ,  1824. 
in-4^ 


1^  Oratio  de  veterum  Graecorum  tra- 
ditionibus  ad  antiquitatis  cognitionem 
prudenler  adhibendis,  habita  d.  XXI 
novembr.  anni  1825,  ad  extraord.  phi- 
los, theor.  et  lit.  hum.  professionem  in 
Acad.  Leodiensi  auspicandam.  Liège, 
1825,  in-4o. 

Dans  les  Annales  Acad,  Leodiensis, 

8*  Proeve  over  de  zedelijke  schoon- 
heid  der  poêzij  van  Homerus.  Leyde, 
1825,  in-8o. 

Nous  lisons  dans  l'Annuaire  de  l'Université 
de  Liège  pour  4830  :  «  Une  traduction  fran- 
çaise de  cet  ouvrage  a  été  publiée  à  Liège 
en  4829  ;  on  y  a  joint  fa  traduction  d'une 
réfutation,  par  M.  Limburg-Brouwer,  des 
opinions  de  M.  Benjamin-Constant  sur  TI- 
liad*}  et  l'Odyssée.  L'original  de  ce  dernier 
ouvrage  paraîtra  bientôt  dans  on  recueil 
hollandais.  »  La  traduction  française  est 
intitulée  : 

9<»  Essai  sur  la  beauté  morale  de  la 
poésie  d'Homère,  suivi  de  remarques 
sur  les  opinions  de  M.  Benjamin-Cons- 
tant, concernant  l'Iliade  et  l'Odyssée, 
développées  dans  son  ouvrage  par  la 
religion.  Liège,  1829,  in-8«. 

10»  Proeve  over  de  zedelijke  schoon- 
heid  der  poêzij  van  Pindarus.  Amster- 
dam, 1826,  in-8o. 

11*  Gedachtenover  hetverband  tuss- 
chen de  godsdienstige  en  zedelijke  be- 
schaving  der  Ëgyptenaren.Amsterdam, 
1828,  in-8o. 

12*  Proeve  over  de  zedelijke  schoon- 
heid  der  poêzij  van  Eschylus.  Amster- 
dam, 1829,  in-8«. 

io^  Hulde  aan  de  nagedachtenis  van 
Benjamin  Petrus  van  Wesele  Scholten, 
door  eenen  zijner  leerlingen,  in  een 
Brief  aan  eenen  vriend.  1829,  in-8''. 

14**  lets  over  de  nasporingen  van 
Champollion  den  jungeren,  ten  opzigte 
van  de  Egyptische  Godenleer.  Amster- 
dam, 1830,  in-8<». 

15**  Charicles  en  Euphormion.  Een 
verhaal  van  Clearchus  den  Cypriér. 
Groningue,  1831,  in-8<». 

16«  Proeve  over  de  zedelijke  schoon- 
heid  der  poêzij  van  Sophocles.  Ibid. 
1832,  in-8». 

17«  Proeve  over  de  zedelijke  schoon- 


101 


GHÉ 


102 


beid  der  poêzij  van  Euripsides.  Ibid. 
1833,  in-8. 

18*  Etat  de  la  civUlsation  morale  et 
religieuse  des  Grecs,  dans  les  temps 
héroïques.  Ibid.  1853,  2  vol.  in-8o. 

19*  Histoire  de  la  civilisation  morale 
et  reli^peuse  des  Grecs,  depuis  le  retour 
des  Heraclides  jusqu'à  la  domination 
des  Romains.  Ibid.  1 837-42, 6  vol.  in-8o. 

20*  Verhandelingen  en  losse  ge- 
schriften.  Ibid.  1836,  in-8  . 

21*Apologia  Socratis  contra  Meliti 
redivivi  calumniam,  sive  judicium  de 
P.  G.  Forchhammer  libro  inscripto  : 
Die  Athener  und  SoeraUs,  dieGfsetzli- 
ehen  und  der  Revolutionnàr.  Ibid.  1838, 
in-8». 

22*  Diophanes.  Ibid.  1838 ,  2  vol. 
in-8*. 

23*  Proeve  eener  recensie  door  een 
niet  recenserend  Schryver.  Ibid.  1839, 
in-8». 

Aussi  sotts  le  titre  suivant  :  Al  weder  iet» 
oier  het  Griektche  traurtpet. 

24*  Handboek  der  Grieksche  mytho- 
logie, ten  dienste  der  Latijnsche  scholen 
en  Gymnasien.  Ibid.  1842,  in-8*. 

25^  Het  leven  van  Benvenuto  Cellini, 
Florentinischen  goudsmid  en  beeldhou- 
wer.  Ibid.  1843,  2  vol.  in-8<',  avec  pi. 

Traduction  de  Tautobiographio  du  célèbre 
artiste. 


26o  Gesprek  van  een  geheimen  zen- 
deling  van  de  orde  der  Jesuiten  met 
zijnen  leerling,  over  dezeven  wijzen  van 
Nederl.  Ibid.  1843,  in-8» 

27«  Overzigtvan  de  geschiedenis  der 
allegorische  uitlegging  van  de  Grieksche 
mythologie.  Amsterdam  1844,  in-8*. 

Mémoire  lu  k  la  3«  classe  de  rinstitut 
royal  oëerlaodais,  les  10  octobre  1843  et 
30  janvier  1843. 

28»  César  en  zijne  tijdgenolen.  Gro- 
ningen  1814-1846,  4  parties  in-8". 

29<»  Schoonheden  uit  de  Grieksche 
treurspeidichten.  Ibid.  1845,  in-8«. 

30»  Het  leven  van  M' Samuel  Iperusz. 
Wiselius,  beschreven  door  zijnen  be- 
huvirdzoon. /frid  1846,  in-8*'. 

31*  Het  leesgezelschap  te  Diepen- 
beek.  Ibid.  1847,  in-8«. 

32<'  Mémoire  sur  Texplication  allégo- 
rique de  la  mythologie  grecque.  Ibid. 
1847,  in-8^ 

Olidiiedolté  (JOS.-LOUIS-ChàRLES- 

Ai'GusTE-LioiLT  de),  né  à  Hambourg 
le  26  novembre  1797,  pendant  rérai- 
gration,  mourut  à  Bruxelles  le  11  fé- 
vrier 1862  (•).  Ses  parents  se  sépa- 
rèrent peu  de  temps  apr{*s  sa  nais- 
sance ;  le  père  alla  vivre  quelque  temps 
en  Suisse ,  dans  Torblte  de  M"**  de 
Staël,  puis  rentra  en  France,  où  il  se 


(*)  M.  U.  Capitaine,  qui  a  laborieusement 
recueilli  sur  de  ChènedoUd  des  renseigne- 
ments tout  à  fait  inédits,  nous  apprend  que 
le  professeur  liégeois  était  pelit-fils  de 
Charles  LiouU  de  Saint-Martindon,  membre 
de  la  chambre  des  comptes  de  Normand  ie«  et 
fils  de  Charles-Julien  Lioult  de  Chènedollé 
(le  célèbre  auteur  du  Génie  de  C homme) , 
professeur  de  belles-lettres  à  l'Université  de 
Caen,  puis  inspecteur  général  de  TUniversilé 
de  France,  né  à  Vire  (Calvados)  le  4  no- 
vembre 1769,  mort  au  château  de  Coi  sel  le 
2  décembre  1833.  Chènedollé  est,  paratt-il, 
le  nom  dTun  étang  où  le  futur  poète  allait 
promener  ses  rèses  d'enfant  «  Des  doutes 
s'élant  élevés,  ajoute  le  consciencieux  bio- 
graphe, sur  le  lieu  et  l'époque  précise  de  la 
naissance  de  Ch.  de  Chènedollé  fils,  nous 
reprodoisons,  d'après  les  archives  de  l'église 
catholique  de  Hambourg,  Textrait  baptislaire 
que  notre  honorable  ami  M.  le  D' P.  L.  BofT- 


mann  a  bien  voulu  nous  communiquer  :  Anno 
1797,  die  38  decembrin,  baptizaïus  eut  puer 
Joieph-Loui8-Charle»'Augu9teynatut  die  26 
prœcedentin  memis  novembris^ex  légitima 
thoro  patris  D"*  Caroli  Chènedollé^  oriiindi 
ex  urbe  Caen  (?)  in  Normanniû  et  matris  Tic- 
toriœ  Bourguignon,  oriundœ  ex  urbe  Liège, 
conjugum.  M.  Sainte-Beuve,  qui  a  consacré 
une  charmante  étude  littéraire  à  de  Chène- 
dollé père  et  nous  a  initiés  aux  détails  de  sa 
vie  intime,  passe  sous  silence  ses  relations 
avec  W]^  Bourguignon  cl  ne  fait  aucune 
mention 'de  son  fils.  La  Biographie  univer- 
9Hle  de  Michaud  (t  YII,  1841)  et  X^Nom^elU 
Biographie  générale  de  Didot  (t.  IX,  1854) 
écrivent  par  erreur  Pioult  pour  Lioult.  U 
France  littéraire  contemporaine  confond  le 
père  avec  le  fils  et  attribue  au  premier  les 
publications  du  second  »  [Nécrologe  liégeoii 
pour  1863). 


403 


CHÊ 


i04 


distingua  dans  les  lettres  et  dans  ren- 
seignement (')  ;  en  i798,  la  mère  vint 
s'établir  à  Liège  ,  sa  ville  natale,  où 
elle  retrouva  une  sœur,  qui  se  consacra 
comme  elle  à  Féducation  du  jeune 
Charles.  Celui-ci  était  un  enfant  pré- 
coce :  au  lycée  de  Liège,  il  mérita  Tat- 
tention  particulière  du  professeur  Char- 
mant (v.  Tart.  N.-G.-A.-J.  Ansiaux), 
qui  le  prit  en  affection  et  dirigea  ses 
aptitudes  vers  renseignement.  11  venait 
d'être  reçu  licencié  en  lettres  lorsque 
le  commissaire-général  de  Tinstruction 
publique,  Repelaer  van  Driel,  le  nom- 
ma régent  de  5*  latine  au  collège  de 
Liège,  en  remplacementdeWillems('). 
En  1822,  il  passa  en  4«;  en  1828,  il 
devint  professeur  de  grec  ;  ilavait  subi, 
peu  de  temps  après  sa  première  pro- 
motion, Texamen  de  docteur  en  philo- 
sophie et  lettres.  Immédiatement  après 
la  révolution,  il  se  fit  naturaliser  belge; 
en  483 i,  il  obtint  au  collège  de  Liège 
la  chaire  de  rhétorique  française  qu'il 
occupa  pendant  treize  ans,  tout  en  fai- 
sant des  cours  d'histoire,  de  géogra- 
phie, d'économie  politique  et  de  statis- 
tique. C'est  dans  la  première  partie  de 
cette  période  qu'il  rendit  des  services 
à  l'Université  de  Liège  en  contribuant 
à  fonder,  avec  Rouillé,  Fuss,  Gall  et 
MM.  Fassin  et  Wûrth  (v.  ces  noms) 
une  Faculté  libre  de  philosophie.  Il 
prit  pour  sa  part  le  cours  d'histoire 
générale  et  siégea,  jusqu'en  i855,  dans 
la  Commission  autorisée  à  délivrer  des 
diplômes  de  candidat,  conformément  k 
l'arrêté  royal  du  2  octobre  1851. 

De  Chênedollè  possédait  une  érudi- 
tion très-variée,  une  grande  mémoire 
et  un  goOt  littéraire  vraiment  délicat  ; 
c'était  un  vrai  professeur  de  rhétorique, 
s'exprimant  avec  élégance  et  facilité, 
sachant  prendre  tous  les  tons  et  rendre 
ses  leçons  aussi  intéressantes  qu'in- 
structives. 11  avait  tout  un  arsenal 
d'anecdotes  et  de  citations  et  il  y  pui- 
sait volontiers  ;  il  recherchait  les  éty- 
mologies,  se  plaisait  aux  analyses  sub- 
tiles et  aux  rapprochements  curieux, 


mais  ne  s'attachait  aux  mots  que  pour 
remonter  aux  pensées,  selon  le  précepte 
de  Platon.  En  économie  politique,  en 
histoire,  il  n'était  point  profond  ;  mais 
il  savait  éveiller  la  curiosité  des  élèves, 
et  c'est  déjà  beaucoup.  De  Chênedollè 
jouissait  à  Liège  de  l'estime  publique 
et  vivait  heureux  au  milieu  de  ses 
livres,  lorsqu'en  1844  sa  fortune,  qu'il 
n'avait  jamais  su  gérer,  se  trouva  com- 
promise. Il  se  vit  dans  la  douloureuse 
nécessité  de  vendre  sa  riche  biblio- 
thèque, qu'il  avait  mis  vingt-cinq  ans  â 
former  avec  le  zèle  et  le  talent  d'un 
bibliophile  consommé  ;  il  se  crut  même 
obligé  d'abandonner  ses  fonctions  et 
de  quitter  Liège  pour  Bruxelles,  où 
son  activité  littéraire,  mal  dirigée,  lui 
procura  d'assez  minces  ressources , 
malgré  la  protection  du  gouvernement. 
De  Chênedollè  manquait  de  persévé- 
rance et  il  n'entendait  rien  aux  choses 
de  la  vie  ;  il  formait  cent  projets  qu'il 
abandonnait  tour  à  tour  ;  il  a  laissé 
une  foule  de  travaux  à  peine  ébauchés, 
et  en  somme  presque  rien  de  durable. 
On  ignore  ce  que  peut  contenir  un 
paquet  scellé  en  cire  rouge,  déposé  à 
la  bibliothèque  de  Liège  par  les  soins 
de  MM.  Polain  et  U.  Capitaine,  confor- 
mément à  ses  dernières  volontés,  pour 
être  ouvert  quarante  ans  après  sa  mort. 
  Liège,  il  s'était  mis  de  bonne  heure 
à  écrire;  dès  1819,  il, prit  part  aux 
travaux  de  la  Société  d'Émulation  (')  ; 
vers  la  même  époque,  il  commença  à 
envoyer  des   articles  aux  journaux , 
notamment  à  VObservateur  de  la  Bel- 
gique  et  au  Mercure  belge.  Quelques 
dissertations  et  notices,  des  réimpres- 
sions d'ouvrages  étrangers,  deux  ou 
trois  pièces  de  vers,  tel  était  son  bagage 
de  publiciste  lorsqu'il  partit  pour  la 
capitale.  Correcteur  en  chef  de  l'impri- 
merie Devroye,  il  fut  agréé  par  la  Com- 
mission royale  des  anciennes  lois  et 
ordonnances  pour  la  surveillance  de  ses 
impressions.  —  «  En  1850 ,  il  succéda 
au  baron  de  Reiffenberg  (v.  ce  nom) 
dans  la  direction  du  Bulletin  du  biblio- 


(  * }  11  ne  revit  que  deux  fois  son  fils  dans 
l'espace  de  plus  de  trente  années. 

(')  Père  de  M.  Florent  Willems,  notre 
célèbre  peintre  de  genre. 


(')  U  en  fut  bibliothécaire  cette  même 
année,  et  exerça  les  fonctions  de  secrétaire- 
général  de  1823  à  1827. 


108 


CHË 


106 


phik  belge.  Il  entreprit  également  diffé- 
rents travaux  qu'il  n'acheva  point,  no- 
tamment une  Table  analytique  de  la 
deuxième  série  des  comptes  rendus  de 
la  Commission  royale  d'histoire  (*),  et 
une  Histoire  de  VOrdre  de  Léopold^  avec 
pièces  justificatives.  Il  s'occupa  long- 
temps de  ce  dernier  ouvrage,  pour  la 
rédaction  duquel  il  obtint  non  seule- 
ment l'accès  des  archives  du  ministère 
des  affaires  étrangères,  mais  encore 
des  subventions  du  gouvernement  et 
de  la  liste  civile  »  (').  A  Bruxelles, 
malgré  la  pénurie  de  ses  ressources,  il 
était  parvenu  à  se  refaire  une  nouvelle 
bibliothèque,  «  plus  importante,  il  est 
vrai,  par  le  nombre  de  volumes  que 
par  la  qualité  des  ouvrages.  »  Ceux 
qui,  à  cette  époque,  ont  connu  de 
Chênedollé,  ajoute  le  biographe  que 
nous  prenons  pour  guide  ,  se  sou- 
viennent sans  nul  doute  de  sa  petite 
maison  de  la  rue  Notre-Dame-aux- 
Meiges,  encombrée  de  la  cave  au  gre- 
nier, et  dont  l'escalier  était  devenu, 
sinon  impraticable,  du  moins  dange- 
reux pour  les  visiteurs.  Cette  seconde 
bibliothèque  a  été  dispersée  le  50  mai. 
i862.  L'auteur  du  catalogue  nous  ap- 
prend qu'indépendamment  des  1,991 
numéros  inventoriés,  on  avait  vendu 
préalablement  vingt  mille  volumes  dé- 
pareillés ou  sans  valeur  (').  M.  Capi- 
taine s'est  donné  la  peine  de  dresser 
la  bibliographie  complète  et  détaillée  des 
ceuvres  de  Ch.  de  Chênedollé  ;  nous 
nous  contenterons  d'y  renvoyer  les 
curieux  et  d'en  donner  ici  un  court 
aperçu. 

I*  Dans  les  Frocès-verbaux  des  séan- 
ces publiques  de  la  Société  libre  ^Emu- 
lation de  Liège,  de  Chênedollé  a  publié, 
en  1859 ,  un  essai  de  traduction  en 
vers  du  début  du  poème  de  la  Seconde 
guerre  punique  y  de  Silius  Italicus;  en 
1825,  un  Rapport  sur  les  travaux  de  la 
Société  depuis  le  25  décembre  1822.  — 
Le  Registre  aux  procès-verbaux  du  Co- 


mité de  littérature  de  la  même  compa- 
gnie contient  (1824)  une  intéressante 
notice,  communiquée  plus  tard  à  l'Aca- 
démie de  Belgique  (v.  Bull.  t.  X,  l'« 
partie,  p.  287)  sur  l'ancien  ministre 
Faick,  présenté  à  la  Société  comme 
membre  honoraire. 

2<»  Dans  VAlmanach  de  la  province  de 
Liège,  année  i820,  on  trouve  une  notice 
signée  C.C.  sur  rUniversité  deLiége  et 
sur  VEcole  d'enseignement  mutuel.  De 
Chênedollé  y  annonçait  l'intention  de 
publier  chaque  année  un  résumé  des 
travaux  de  l'Université  ;  mais  il  ne 
donna  pas  suite  à  ce  projet. 

3»  Notices  nécrologiques  sur  G.  J.  E. 
Ramoux,  associé  résidant,  et  H.  iV.  Ba- 
ron de  Villenfagne,  membre  honoraire 
de  la  Société  d'Emulation.  Liège,  182G, 
în-8o. 

Extr.  du  Journal  de  la  province  de  Liège 
(29  janvier,  i,  2  et  3  février  1826).  L'art, 
consacre  à.  de  Villenfagne  a  éié  repro> 
duit  dans  la  Riograpfne  universelle  de  Mi- 
chaud  ,  dans  X Annuaire  nécrologique  de 
Mahul  (1826,  p.  441),  dans  la  Biographie 
liégeoise  de  Becdelièvre  ,  el ,  avec  des 
corrections,  dans  V Annuaire  de  C Académie 
royale  de  Bruxelles  (i837). 

4"  Eléments  de  prosodie  à  Vusage  des 
élèves  du  collège  de  Liège.  Liège,  in-12 
(vers  i827),  anonyme. 

5«  Dissertation  sur  les  Concordats 
par  le  comte  de  Lanjuinais,  pair  de 
France,  etc.,  suivie  du  texte  officiel  de 
toutes  les  pièces  formant  les  Concordats 
de  1801  et  de  1827,  et  d'un  Examen 
critique  de  la  dernière  convention. 
Liège,  1827,  in-8«. 

&*  Contrefaçon  du  Globe,  célèbre  re- 
cueil français  (philosophique,  politique 
et  littéraire).  Du  5  juillet  1827  au  51 
décembre  1828,  petit  in-fol.  (Cette  pu- 
blication cessa  faute  d'abonnés). 

V  OEuvres  complètes  de  Walter 
Scott,  trad.  de  Defauconpret.  Liège 
Lemarié,  1827, 1829, 94  vol.  in-12. 


(')  Travail  refait  et  publié  depuis  par 
M.  Ernest  Van  Bruyssel,  secrétaire  du  bu- 
reau paléographiqne. 

(•)  Vi.  CSi^iiSimt,  Nécrotoge  liégeoi»pour 
4862. 


[i)  Id.,  Ibid,  Le  catalogue  de  la  première 
bibliothèque  vendue  à  Liège  ne  comprenait 
pas  moins  de  9,930  numéros. 


107 


CUÊ 


108 


Cette  édition  contient  des  rectifications 
et  des  notes  dues  à  MM.  F.  Capitaine, 
Ch.  de  ChènedoUé  et  A.  Lemarié. 

8«  Notice  historique  sur  les  évéques, 
leur  origine,  leurs  prérogatives,  etc., 
suivie  du  tableau  complet,  en  latin  et 
en  français,  des  cérémonies  usitées  à 
leur  sacre  et  à  leur  dégradation,  et 
d*une  liste  chronologique  des  évéques 
et  des  suffragants  du  s  ége  de  Liège. 
Liège,  Desocr,  18Î9,  in-S*. 

Brochure  publiée  à  l'occasion  du  sacre  de 
MP  Van  Bommel,  évèque  de  Liège. 

9^  Gulielmo  primo  Regium  Leodiense 
gymnasium  invisenti,  etc.  Liège,  1829, 
feuille  in-plano  (Pièce  de  vers  hexa- 
mètres). 

lO»  Mesures  proposées  dans  Vintérét 
des  lettres,  de  la  librairie  et  des  biblio- 
thèques de  rEtat  en  Belgique,  Liège, 
18i0,  in-8o. 

Tiré  k  part  de  la  Revue  beige.  De  Chêne- 
dollé  demande  qu'aucun  ouvrage  ne  puisse 
Atre  annoncé  par  la  presse  s'il  n'a  été  préa- 
lablement inscrit  au  Journal  de  la  librairie, 
et  que  trois  exemplaires  des  publications 
nouvelles  soient  déposés,  avant  la  mise  en 
vente,  an  secrétariat  communal  du  domicile 
des  auteurs. 

Il<»  Observations  sur  Vart.  H  du 
projet  de  loi  relatif  à  la  propriété  litté- 
raire en  France,  Ibid,  i840,  in-8*. 

Complément  du  No  précédent.  «  L'exem- 
plaire destiné  à  la  Bibliothèque  royale  de- 
vrait être  présenté  relié,  lorsque  Touvrage 
compte  plus  de  150  pages,  et  en  demi-re- 
liure, s'il  est  moins  étendu.  » 

i2<>  De  la  Belgique  au  17  mars  184i, 
par  un  électeur.  Liège  4841,  in-8''. 

L'auteur  demande  la  dissolution  des  deux 
Chambres. 

15**  Supplément  aux  Promenades  his- 
toriques du  D' Bovy.  Liège  1841,in-8o, 
avec  portrait. 

Ce  volume,  comprenant  des  extraits  de  la 
Bévue  belge  et  des  articles  relatifs  à  Bovy, 
forme  le  t.  II I  des  Promenades  historiques 
(v.  la  Revue  belge,  t.  XX,  p.  109). 

14o  Lettre  au  Journal  de  Liège  sur  le 
prétendu  6*  exemplaire  de  la  première 
bible  de  Mayence  retrouvé  à  S'-Trond 
(25  oct.  1842). 

15*  John  Cockerill  et  le  pont  de  Se- 


raing  (poème  de  40  vers,  avec  notes). 
Liège,  1843,  in-8«. 

16°  Lettre  inédite  de  Reynier.  Liège, 
1843,  in-8o.  —  De  Cbénedolié  annonce 
qu'il  prépare  une  nouvelle  édition  des 
Loisirs  de  trois  amis  (v.  Fart.  Destri- 
veaux),  et  qu'il  recueille  les  éléments 
d'un  Essai  de  biographie  liégeoise.  En- 
core de  beaux  projets  avortés. 

17®  Note  biographique  sur  un  passage 
de  la  notice  que  M,  Ch.  Morren  a  con- 
sacrée àP,de  Candolle  (Bull,  de  l'Acad. 
de  Bruxelles,  t.  X,  1"  p.,  p.  241), 
1843.  —  Dans  le  même  Bulletin,  t. 
XIX,  correction  proposée  pour  le  vers 
43  de  VÉpitre  aux  Pisons.  Au  lieu  de  : 

Ut  j^m  nunc  dicat  jàm  nunc  debentia  dici, 

de  Cbénedolié  voudrait  : 

Ut  jftm  nunc  dicat  jiim  nunc  dicenda,diuque. 

M.  Bormans  a  consacré  à  cette  cor- 
rection un  rapport  de  20  p.,  et  Ta 
déclarée  inadmissible  —  Note  pour 
servir  à  Vhistoire  des  sciences  en  Bel- 
gique pendant  le  XVIII*  siècle  (sur  les 
travaux  scientifiques  de  Neuray,  curé 
de  Slavelot).  —  Sur  une  découverte  de 
monnaies  gauloises  faite  à  Fisenne  (Lux- 
embourg) en  1832;  sur  «ne  inscription 
en  vers  latins  du  musée  d'Aix  (1841)  ; 
sur  un  Ms.  de  la  bibliothèque  de  Bour- 
gogne (1843);  deux  pièces  de  vers  iné- 
dites adressées  au  baron  de  Stassart  et 
à  Ph,  Lesbroussart  (1855). 

1 8«  Un  grand  nombre  d'articles  biblio- 
graphiques dans  le  Bulletin  du  Biblio- 
phile belge,  réunis  en  un  vol.  sous  le 
titre  de  Mélanges  littéraires,  Bruxelles, 
Devroye,  1853,  în-8«).— De  Cbénedolié 
dirigea  ce  recueil  de  1850  à  1852.  Il  y 
publia,  entre  autres,  de  Nouveaux  mé- 
langes inédits  du  baron  de  Yillenfagne. 

19®  Bibliographie  générale  des  Belles 
morts  ou  vivants.  Bruxelles.  Leipzig, 
Muquardt,  1849,  in-8«. 

L'auteur  principal  de  cet  ouvrage  est  M. 
P.  Roger,  de  Marseille,  ancien  sous-préfet 
et  fondateur  de  VEurope  monarchique  (Bru- 
xelles) ;  de  Cbénedolié  y  a  travaillé  avec 
MM.  A.  Pinchart  et  A.  de  Reume. 

2^  Dans  le  Messager  des  sciences,  etc., 
de  Gand  ;  a.  Le  pont  de  la  Meuse  à 
Maestricht  (note  biographique  sur  Frère 


109 


COiM 


HO 


Romain,  architecte),  185i  ;  b.  Cause 
secrète  de  la  perte  de  la  bataille  de  Ra- 
mllies.  (Détails  curieux  infirmant  l*opi- 
nioQ  de  VoJtaire  et  de  la  plupart  des 
historiens,  et  empruntés  à  la  Vie  de 
Charles  VI  publiée  par  le  génovéfain 
OudîD,  en  1780,  dans  VEsprit  des  jour- 
naux, 

%i^  Simples  conseils  aux  ouvriers,  par 
un  de  leurs  véritables  amis.  Bruxelles, 
Devroye,  185?.  in-12. 

Peiite  brochure  populaire,  destinée  à  rap- 
peler à  l'ouvrier  les  bienfaits  de  l'ordre,  du 
travail  et  de  la  tempérance.  Elle  a  eu  trois 
tirages.  L'auteur  nous  a  assuré,  dit  M.  Ca- 
pitaine, qu'il  en  avait  été  vendu  9000  ex. 
La  Société  générale  pour  favoriser  F  industrie 
nationale  a  souscrit,  à  elle  seule.poar  500 
exemplaires.  —  Il  en  a  paru,  en  1853,  une 
traduction  flamande  (S  tirages  de  \  ,000  ex. 
chacun). 

2â<*  Mémoires  et  souvenirs  sur  la  Cour 
de  Bruxelles  et  sur  la  Société  belge  depuis 
Tépoque  de  Marie-Thérèse  jusqu'à  nos 
jours,  Bruxelles  (Lessines),  1856,  un 
vol.  in-S^". 

En  collaboration  avec  M.  P.  Roger.  Les 
portraits  politiques  de  MM.  Ch.  et  H.  de 
Brouckere,  le  prince  Joseph  de  Chimay,  Ad. 
Decbamps,  de  Decker,  B.  Dumortier,  De- 
vaux  ,  Frère  Orban ,  Gendebien,  Lebeau,  le 
prince  de  Ligne,  le  comte  F.  de  Mérode,  J.-B. 
Mothomb,  Ch.  Rogier,  le  baron  de  Surlet,  de 
Theux,  Van  de  Weyer  et  J.  Van  Praet,  qui 
terminent  le  volume,  seraient  plus  particu- 
lièrement dfts  k  de  Chènedollé. 

25*  Lettre  à  \sl  Revue  de  la  Numisma 
tique  belge  (1859):  faut -il  dire  Numis- 
mate ou  Numismatiste  ?— De  Chènedollé 
se  prononce  pour  Numismate. 

24"  A  la  mémoire  d^Edouard  Wac- 
ken,  par  un  de  ses  anciens  professeurs, 
confident  de  ses  premiers  essais  poé- 
tiques. Liège  1861,  feuille  in-8  (extr, 
de  la  Meuse  du  15  avril).  —  C'est, 
paraît-il ,  la  dernière  production  de 
Ch.  de  Chènedollé. 

2&>  Collaboration  à  ^Observateur  de 
la  Belgique^  au  Mercure  belge,  à  la  Ga- 
zette de  Liège  de  M.  Latour,  (1819- 
1824);  communications  au  Journal  de 


Liège,  (avant  1844),  k  la  Meuse  et  k 
YEtoUe  belge  ;  art.  dans  la  Biographie 
universelle  de  Michaud  ;  articles  de  cri- 
tique littéraire  dans  la  Revue  belge , 
notices  diverses,  entre  autres  sur  S.  P. 
Q.  R.  (t.  XXI,  p.  86),  traduction  en 
vers  6'épigrammes  de  Martial  (t.  XXIII, 
p.  280  et  572,  t.  XXIV,  p.  61  et  163), 
discours  de  distribution  de  prix,  etc. 

Le  succès  de  la  brochure  citée  n*  21 
inspira  au  Gouvernement,  en  1854, 
ridée  de  charger  de  Chènedollé  de 
la  rédaction  d*un  petit  Traité  de  mo- 
rale à  l'usage  des  prisons  ;  mais  ce  pro- 
jet n'eut  pas  de  suite.  Notre  publi- 
ciste,  d'autre  part,  conçut,  comme  nous 
Tavons  dit,  toutes  sortes  de  plans  qull 
n'exécuta  jamais  :  nous  renvoyons  le 
lecteur  au  Nécrologe  liégeois. 

De  Chènedollé  avait  été  membre  de 
la  Commission  administrative  et  Tun 
des  fondateurs  de  la  Société  d'encou- 
ragement pour  Vinstruction  élémentaire 
(v.  Tart.  Arnould),  et  membre  de  la 
Commission  directrice  de  IxRevue  belge 
1859-1845)  ;  l'Institut  historique  de 
France,  la  Société  des  Antiquaires  de 
Normandie  et  la  Société  des  Biblio- 
philes de  Mons  le  comptaient  parmi 
leurs  associés. 


Comlialre  (JbAN-NiCOLAS)  ,    né    k 

Liège  le  30  janvier  1778,  mort  à 
Flémalle-Haute  le  22  octobre  1857. 
Son  frère  aîné,  Mathieu-Nicolas,  se  fit 
un  nom  comme  poète  pastoral  {*); 
r«lui-ci,  avec  des  goûts  littéraires  non 
moins  prononcés,  se  sentit  cependant 
plus  porté  à  sonder  les  secrets  de  la  na- 
ture qu'à  en  célébrer  les  beautés. 

Le  professeur  Charmant  lui  avait 
appris  à  aimer  les  anciens  ;  le  pro- 
fesseur Christian  sut  l'enthousiasmer 
pour  l'étude  de  la  chimie  et  des  sciences 
naturelles,  et  cette  dernière  influence 
fut  décisive.  Ses  maîtres  le  prirent  en 
affection;  il  en  résulta  qu  à  l'époque  où 
il  partit  pour  Paris,  avec  l'intention  d'y 
commencer  ses  éludes  médicales,  on 
remarqua  en  lui  une  maturité  précoce. 


(M  Cne  intéressante  étude  sur  M.   N.      H.  Kuborn,  a  paru  en  iS57  dans  t'ilnnuaire 
Comhaire^  due  à  la  plume  de  M.  le  docteur      de  la  Société  d'Emulation  de  Liège. 


m 


COM 


112 


un  esprit  sainement  cultivé,  des  apti- 
tudes brillantes  déjà  nettement  accu- 
sées. Il  subit  de  brillants  examens  ; 
Duméril  et  Husson  constatèrent  dans  le 
procès-verbal  de  son  admission  qu'il 
était  très-versé  dans  les  sciences  ana- 
tomiques.  il  fut  prosecteur  de  Dupuy- 
tren;  sa  thèse  de  doctorat  est  dédiée  à 
cet  homme  illustre.  Elle  traite  de  l'ex- 
traction  des  reins  et  des  conséquences 
anatomicO'physiologiques  qui  en  décou- 
lent (1805).  Ce  premier  travail  fit  sen- 
sation; le  docteur  Rullier,  à  Tarticle 
reins  du  Dictionnaire  des  sciences  médi 
cales,  en  paria  dans  les  termes  les  plus 
favorables.  Gomhaire  revint  à  Liège  et 
ne  tarda  pas  à  s'y  faire  une  notable 
clientèle.  Mais  la  pratique  de  la  méde- 
cine ne  suffisait  pas  à  son  ardente 
activité;  dès  i806,  sous  les  auspices  de 
Tautorité,  il  ouvrit  avec  Ansiaux,  à 
Tamphithéâtre  S'-Clément,  des  cours 
publics  et  gratuits  de  médecine  et  de 
chirurgie  (  *  ).  Bientôt  de  nombreux 
élèves,  sur  les  certificats  de  ces  deux 
hommes  éminents,  furent  admis  à  Texa  • 
men  de  docteur  dans  les  diverses  écoles 
de  Paris  ;  d'autres  subirent  Texamen 
d*officier  de  santé  devant  le  jury  dépar- 
temental. L'école  fondée  par  Ansiaux 
et  Comhaire  fut,  pendant  dix  ans,  un 
des  centres  scientifiques  de  la  Belgique 
réunis  à  l'Empire.  «  Lors  de  la  création 
»  des  Universités  belges  en  1816,  la 
»  réputation  des  professeurs  de  l'école 
»  de  Liège,  les  avantages  évidents  que 
»  leur  enseignement  avait  répandus 
»  dans  une  grande  partie  delà  Belgique, 
»  fixèrent  le  choix  du  gouvernement,  et 
»  l'un  des  grands  centres  d'instruction 
»  fut  établi  dans  cette  ville.  Ce  sont 
»  donc  les  travaux  d'Ansiaux  et  de  son 
»  digne  collègue  et  ami  Comhaire,  ajoute 
»  le  docteur  Habets('),  qui  nous  ont 
»  en  quelque  sorte  dotés  de  moyens 
»  d'instruction  inappréciables...  nCorn- 
haire  compléta  son  œuvre  en  fondant 
un  cours  de  clinique  interne  à  l'hôpital 


de  Bavière  (1811).  On  voit  que  le  gou- 
vernement trouva  sous  la  main,  le  mo- 
ment venu,  les  éléments  essentiels  d*une 
bonne  Faculté  de  médecine.  Comhaire 
fut  nommé  en  1817  professeur  à  l'Uni- 
versité, avec  mission  d*enseigner,  pen- 
dant le  semestre  d'hiver,  Tanatomie  et 
la  physiologie,  et  en  été,  la  matière 
médicale  et  la  clinique  interne.  Plus 
tard ,  il  remplaça  l'enseignement  de 
l'anatomie  par  celui  de  l'hygiène  :  il 
s'était  depuis  longtemps  occupé  d'une 
manière  particulière  de  cette  science, 
dont  la  haute  importance  n'avait  pu 
échapper  à  un  esprit  aussi  élevé  et  aussi 
clairvoyant.  Il  recueillait  avec  le  plus 
grand  zèle  des  observations  météoro- 
logiques, et  mettait  autant  de  soin 
minutieux  à  observer  les  faits,  que  de 
prudence  à  en  tirer  des  conclusions.  Il 
sut  acquérir  le  respect  et  la  confiance 
de  ses  élèves  par  sa  dignité  personnelle, 
par  la  clarté  et  la  solidité  de  son  ensei- 
gnement, par  son  dévouement  et  son 
activité  infatigables.  En  dehors  de  l'U- 
versité,  son  exemple  et  ses  travaux 
scientifiques  exercèrent  une  influence 
féconde  sur  le  Corps  médical.  Il  fut 
un  des  plus  zélés  propagateurs  de  la 
vaccine  ;  il  remplit  les  fonctions  de 
secrétaire  du  Comité  institué  à  cet  effet. 
Comhaire  fit  partie,  en  la  même  qualité, 
de  la  Commission  médicale  provinciale; 
l'administration  lui  conféra,  en  outre, 
le  titre  d'inspecteur  de  la  santé  pu- 
blique. Membre  honoraire  de  la  Société 
de  médecine  de  Liège,  correspondant 
de  celles  de  Louvain  et  de  Bruxelles,  il 
rendit  de  nombreux  services  aux  so- 
ciétés qui  l'accueillirent  dans  leur  sein. 
En  1811  et  en  1819,11  présida  le  Comité 
des  sciences  de  la  Société  d'Emulation. 
Il  fut  l'éloquent  organe  de  ce  Comité, 
lorsqu'il  prononça  en  séance  publique, 
le  25  avril  1821,  un  discours  sur  la  vie 
et  les  travaux  de  son  ami  le  docteur 
Nysten,  dans  le  but  d'obtenir  Finscrip- 
tion  honorabk  du  nom  de  l'auteur  du 


(  '  )  La  même  année,  le  docteur  Ramoux 
rétablit,  ài  la  Malernitd,  le  cours  sur  l'art 
des  accouchements  qui  avait  été  fondé,  vers 
la  fin  du  siècle  dernier,  par  Fallize,  sous  la 
surveillance  de  la  Société  d'Emulation,  et 
supprimé  pendant  la  tourmente  révolution- 


naire. V.  Ul.  Capitaine,  Notice  historique 
sur  la  Société  cCBmulation  (Annuaire  de 
1886,  p.  51). 

(■)  Notice  sur  N.  G,   A,  J.   Ansiaux, 
LiégeiSlâ,  in-S»,  p.  13. 


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GOM 


H4 


Dictionnaire  de  médecine  dans  la  galerie 
des  illastrations  liégeoises,  qui,  comme 
on  sait,  donne  à  la  grande  salle  de  la 
Société  le  caractère  d*une  sorte  de 
panthéon  local.  Le  nom  de  Nysten  y  fut 
effectivement  inscrit  en  lettres  d'or, 
comme  plus  tard  celui  d^Ânsiaux.  On 
doit  à  Comhaire,  outre  sa  thèse,  un 
assez  grand  nombre  de  travaux  divers  : 
i"»  De  Anatomiày  discours  inaugural 
prononcé  le  3  novembre  i8i7  (Ann. 
Acad.  Leod.  vol.  1)  ;  2""  Constitution 
météorologico-médicale  observée  à  Liège 
en  i816  (Liège,  1817,  in-8«);  3°  Notice 
historique  sur  le  docteur  Nysten  (Liège. 
1822,  in-8<>);  4°  De  vanitate  systematum 
in  clinice  medicâ,  discours  prononcé  le 
9  octobre  1826,  à  Toccasion  de  la  re- 
mise du  rectorat,  dignité  qu'il  avait 
revêtue  le  10  octobre  de  Tannée  pré- 
cédente (Ann.  Acad.  Leod.  vol.  9);  5° 
Rechercha  physico-médicales  sur  rem- 
ploi et  Vaction  du  sulfata  de  quinine 
(1850),  ouvrage  dédié  à  M.  Andral, 
professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de 
Paris  (Comhaire  est  le  premier  qui,  en 
Belgique,  ait  employé  ce  médicament); 
6®  De  nombreuses  observations,  consi- 
gnées dans  les  principaux  journaux  de 
médecine  de  Paris.  —  Enfin  Comhaire 
a  laissé  un  précieux  recueil,  malheu- 
reusement inédit,  d'observations  météo- 
rologiques (sous  forme  de  tableaux), 
commençant  en  1804  et  se  prolongeant 
Josqu^à  Tannée  même  de  sa  mort. 

Sources  :  Ul.  Capitaine ,  Notice  sur 
la  Société  d^Emulation.  —  A.  Habets, 
Notice  sur  Ansiauj;.  —  Piron,  Alge- 
meen  Levensbeschryving.eiv,  Malines, 
1860,  in-4».  —  Journaux  de  1837.  — 


Renseignements  fournis  par  M.  N.  An- 
siaux. 


courtou  (Richard-Joseph)  naquit 
à  Verviers  le  17  janvier  180G  et  mourut 
à  Liège  le  U  avril  1835.  Une  rue  de 
cette  dernière  ville  porte  aujourd'hui 
son  nom  (')  ;  son  portrait  figure  sur  le 
diplôme  de  la  Société  royale  d'horticul- 
ture de  Liège,  parmi  ceux  des  grands 
botanistes  qui  ont  illustré  le  pays  (*)  ; 
mais  autant  ces  honneurs  ont  été  légi- 
timement conquis  par  lui  dans  le  court 
espace  d'une  carrière  de  vingt-neuf  ans, 
autant  cette  carrière  elle-même  a  été 
pénible  et  douloureuse.  La  vie  de  Cour- 
tois peut  se  résumer  en  deux  mots  : 
dévouement  iniatigable  à  la  science, 
lutte  incessante  contre  la  misère.  On  ne 
peut  rappeler  le  souvenir  de  ses  travaux 
et  de  ses  souffrances  sans  partager 
Témotion  de  son  biographe  Ch.  Morren, 
dont  nous  ne  saurions  mieux  faire  que 
de  suivre  le  récit  ('). 

Courtois  père  était  un  petit  fabricant 
de  draps,  peu  aisé,  chargé  d'une  famille 
nombreuse  et  ne  pouvant  donner  à  ses 
treize  enfants  une  éducation  soignée. 
Une  circonstance  toute  vulgaire  déter- 
mina la  carrière  du  jeune  Richard. 

«  Placé  dans  une  petite  école  d'en- 
fants, à  quatre  ans  il  savait  lire  cou- 
ramment; hors  des  heures  de  classe, 
il  allait  jouer  avec  ses  camarades  aux 
abords  si  pittoresques  de  sa  jolie  ville 
natale.  On  sait  que  Verviers  était  l'ha- 
bitation du  Nestor  de  la  botanique  belge, 
le  docteur  Lejeune  (*),  qui  préparait 
vers  ces  années  sa  Flore  de  Spa,  ^iuhWèe 


('  )  Derrière  le  jardin  botanique,  entre  la 
rae  Fuach  et  la  rue  des  Anges. 

{ *)  Cet  hommage  a  été  rendu  k  sa  mémoire 
sor  la  proposition  de  Ch.  Morren. 

(  *  )  Notice  sur  A.  Courrou,  dans  V Annuaire 
de  tAcad,  roy,  de  Belgique ,  année  1838, 
p.  105-139,  et  année  1839,  p.  91-93.—  Une 
autre  notice  plus  courte  a  paru  dans  le 
Messager  des  arts,  etc.  de  Gand  (nouv.  série, 
S*  livr.,  p.  345};  elle  renferme  quelques 
inexactitudes.  —  Le  travail  de  Ch.  Morren  a 
été  réimprimé  dans  la  Biographie  liégeoise 
de  Becdelièvre,  t.  Il,  p.  73i-75i. 


{*)  Lejeune  (Alexandre-Louis-Simon),  né 
k  Verviers  le  S3  décembre  1179,  y  mourut 
le  38  décembre  1858. 

Nous  aurons  l'occasion,  ci-après,  de  dire 
un  mot  de  quelques-uns  de  ses  travaux , 
entrepris  en  collaboration  avec  Courtois.  Le 
professeur  Kickx,  de  Gand,  lui  a  consacré 
une  notice  intéressante  dans  le  tome  XI  de 
la  Belgique  horticole  (Repr.  dans  VAnnuaire 
de  l'Acad,  royale  de  Belgique). —  Voir  aussi 
le  Nécrologe  liégeois  de  H.  Ulysse  Capitaine, 
1858,  p.  69-79  et  1860.  p.  85. 


H5 


COU 


116 


en  181 1  (  *  ).  Dans  ses  visites  médicales, 
il  descendait  souvent  de  cheval  pour 
herboriser  et  recueillir  les  nombreuses 
espèces  de  plantes  que  produit  un  aussi 
beau  pays,  tout  entrecoupé  de  mon- 
tagnes, de  vallons,  de  ruisseaux  et  de 
rivières.  Le  Jeune  Richard,  tout  enfant 
qu'il  était,  avait  remarqué  ce  manège  ; 
sa  curiosité  fut  vivement  piquée  ;  son 
intelligence  naissante  mais  si  précoce, 
se  demandait  ce  qu'on  pouvait  voir  de 
si  attrayant  dans  les  fleurs.  Rencontrant 
souvent  M.  Lejeune,  il  quitte  ses  com- 
pagnons de  jeu,  longe  les  berges  des 
chemins  et  se  hasarde  enfln  à  demander 
un  jour  à  notre  botanographe  la  per- 
mission de  tenir  la  bride  de  son  cheval. 
Son  but  n'était  que  de  voir  de  plus  près 
pourquoi  et  comment  les  fleurs  occu- 
paient tant  M.  Lejeune.  Il  comprit  alors 
que  leur  diversité,  leurs  formes  si  gra- 
cieuses se  multipliaient  en  quelque  sorte 
par  leur  dissection;  la  curiosité,  si  na- 
turelle aux  enfants,  si  utile  à  l'homme 
fait,  fournit  dès  lors  à  Courtois  d'inta- 
rissables jouissances  dans  la  contem- 
plation de  tant  de  beautés.  Il  n'osait 
pourtant  souffler  mot;  mais  M.  Sister. 
l'instituteur,  avait  remarqué  le  goût 
qu'il  portait  désormais  aux  fleurs  et  la 
constance  qu'il  mettait  à  suivre,  de  loin, 
le  botaniste  qui  devait  bientôt  devenir 
son  protecteur;  il  en  parla  à  M.  Lejeune  ; 
celui-ci  interrogea  le  petit  Richard  et 
le  prit  en  affection.  Richard  avait  alors 
six  ans;  M.  Lejeune  le  fit  entrer  au 
collège,  et  un  an  après,  son  protégé 
remportait  le  prix  dit  du  drapeau  (*)  o. 
Stimulé  par  un  premier  succès,  l'enfant 


continua  de  se  distinguer  dans  ses 
études;  l'excellent  docteur  l'envoya  au 
collège  de  Liège  pour  y  terminer  ses 
humanités  ;  Richard  en  sortit  à  14  ans, 
chargé  de  couronnes,  mais  inquiet  de 
l'avenir.  L'abbé  Roland,  qui  avait  dirigé 
ses  études,  à  Verviers,  le  destinait  k  l'état 
ecclésiastique.  Or  l'enfant  ne  se  sentait 
aucune  inclination  pour  la  théologie;  son 
désir  eût  été  d'aborder  à  l'Université  de 
Liège  les  études  médicales  :  mais  ses  pa- 
rents ne  pouvaient  s'imposer  un  pareil 
sacrifice.  Le  docteur  Lejeune  fut  encore 
sa  providence  ;  il  s'entendit  avec  un 
autre  homme  généreux,  M.  Génin,  mar- 
chand de  laines ,  le  même  à  qui  le  cé- 
lèbre violoniste  Vieuxtemps  doit  aussi 
en  partie  son  avancement  ('),  et  tout  fut 
dit.  A  l'Université,  Denzinger  (v.  ce  nom) 
remarqua  bientôt  sur  les  bancs  un  tout 
jeune  élève  qui  se  distin^ait  entre 
tous  ;  il  le  fit  venir  chez  lui ,  le  traita 
comme  son  propre  enfant  et  le  poussa 
plus  avant  dans  Tétude  du  latin.  Richard, 
apprit  à  manier  cette  langue  avecaisance 
et  élégance;  il  se  mit  k  rédiger  en 
latin  des  thèses  pour  ses  condisciples, 
et  trouva  ainsi  le  moyen  de  faire  quel- 
ques économies  (*),  Reçu  candidat  en 
médecine,  il  fut  nommé  chef  de  la 
clinique  interne  à  l'hôpital  de  Bavière. 
Il  y  resta  deux  ans ,  mais  s'occupa  de 
botanique  plus  volontiers  que  de  mé- 
decine ;  cependant  il  subit  son  dernier 
examen  avec  la  plus  grande  distinction, 
le 20 juin  1825.  Nous  venons  dédire 
que  Tétude  des  plantes  était  restée  sa 
passion  ;  il  finit  par  s'y  consacrer  en- 
tièrement Pendant  son  séjour  à  l'hô- 


(« )  Liège,  S  vol.  in-8«,  1811-1813.—  En 
18S4  parut  une  ff«vii«  de  cet  ouvrage,  conte- 
nant des  additions  et  des  modiflcalions  :  le 
nom  de  Courtois  figure  parmi  ceux  des  per- 
sonnes dont  l'auteur  avait  reçu  des  commu  - 
nications.  Dès  l'année  suivante,  Courtois 
était  devenu  le  collaborateur  inséparable  du 
docteur  Lejeune. 

(')  Morren,  p.  108-109.  —  Le  prix  du 
drapeau  dtait  un  prix  d'excellence  ;  on  con- 
duisait le  lauréat  chez  lui,  en  cortège,  dra- 
peau en  tète. 

(')  Ch.  Morren  l'appelle  M.  Gémie;  c'est 
une  faute  d'impression  fv.  dans  VAnnuaire 
de  la  Société  d'Emulation  de  Liège,  année 


1867,  la  notice  de  M.  J.  Renier,  de  Verviers, 
sur  Yenfance  de  Vieuxtempe,  p.  S05-218). 

(*)«Pius  tard,  dit  Ch.  Morren ,  lorsque 
le  malheur  vint  assiéger  son  foyer  domes- 
tique, le  papier  de  ces  thèses  lui  servait  de 
feuilles  d'herbier;  j'ai  trouvé  sur  les  marges 
de  ces  publications  des  notes  fort  intéres- 
santes pour  la  flore  du  pays.  Pouvait-il 
imaginer,  le  jeune  Courtois,  qu'alors  qu'il 
serait  devenu  professeur,  il  serait  à  court 
d'argent  pour  acheter  du  papier,  et  que  les 
mêmes  pages  qu'il  vendait  à  des  élèves  in- 
capables deviendraient  le  dernier  véhicule 
de  sa  pensée  ?  >  (p.  109} . 


«7 


COU 


118 


pilai,  il  avait  remporté  (7  octobre  182S) 
la  médaille  d*or  au  concours  ouvert  par 
lUniversité  de  Gand  sur  la  question 
suivaote:  On  demande  une  exposilion 
succincte  de  nos  connaissances  actuelles 
sur  foriginef  la  situation,  la  structure 
et  la  fonction  des  organes  servant  à  la 
propagation  chez  les  plantes  phanéro- 
games. Ce  n'était  qu*un  travail  d*élève, 
mais  remarquable  déjà  par  une  logique 
serrée,  par  une  disposition  claire  et 
méthodique,  par  un  style  concis  et  par 
une  saine  érudition  ;  on  y  sentait  1  in- 
fluence de  Tesprit  germanique,  l'in- 
fluence de  Denzinger  et  de  Gaëde  (v.  ces 
noms).  Ce  début  fut  remarqué,  et  une 
liaison  de  plus  en  plus  intime  avec  le 
docteur  Lejeune  rendit  Courtois  de  plus 
en  plus  indifférent  à  Tart  d'Uippocrate. 
Malgré  la  différence  d'âge,  Lejeune,  qui 
avait  conçu  l'idée  de  publier  une  flore 
du  pays  en  plantes  sèches,  un  herbier 
mis  en  fascicules ,  choisit  Courtois 
comme  collaborateur.  C'était  en  i825; 
Richard  était  sur  le  point  de  se  faire 
recevoir  docteur  en  médecine  ;  néan- 
moins, il  accepta  avec  enthousiasme  la 
proposition  de  son  protecteur  et  se  mit 
à  parcourir,  en  herborisant,  toutes  les 
localités  de  la  contrée.  Ces  courses  lui 
offrant  l'occasion  de  recueillir  des  ren- 
seignements de  toute  espèce ,  Lejeune 
lui  donna  lldée  de  recueillir,  chemin 
faisant,  les  matériaux  d'une  statistique 
provinciale.  Ainsi  s'explique,  pour  le 
dire  en  passant,  le  choix  du  sujet  de  la 
thèse  de  Courtois  :  Topographie physico- 
médicale  de  la  province  de  Liège.  Posi- 
tion géographique,  constitution  géolo- 
gique et  minéralogique,  marais,  cours 
d'eau,  eaux  minérales  (liste  très-com- 
plète) ,  flore  et  faune,  météorologie , 
constitution  physique  et  morale  des  ha- 
bitants, hygiène,  maladies  et  épidé- 
mies, hospices,  etc..  Courtois  nota, 
observa  tout:  on  regrette  que  cette 
dissertation,  fourmillant  de  faits  curieux 
et  peu  connus,  soit  devenue  rare  au  bout 
de  peu  de  temps,  et  surtout  qu'elle  n'ait 
point  été  traduite  en  français.  Quant  au 
Choix  des  plantes  de  la  Belgique,  il  en  a 
paru,  de  1825  k  1850,  20  livraisons  de 


50  plantes  chacune,  soit  1,000  plantes 
parfaitement  classées  et  élégantées , 
quelquefois  décrites  par  les  deux  au- 
teurs.—  La  Statistique  de  la  province  vit 
le  jour  en  1828  (2  vol.  in-8o).  Courtois 
s'attachait  surtout  à  la  topographie,  à 
la  géographie  et  à  l'histoire  naturelle. 
Son  cadre  n'embrasse  ni  la  criminalité, 
ni  l'instruction  publique,  ni  rien  de  ce 
qui  tient  à  la  vie  sociale  ;  mais  comme 
description  du  pays  et  de  ses  ressources 
naturelles,  l'ouvrage  est  aussi  complet, 
aussi  exact  qu'on  peut  le  désirer,  et 
aujourd'hui  encore  il  soutiendrait  le 
parallèle  avec  les  meilleurs  du  genre. 
A  l'époque  où  il  le  publia,  Courtois 
était  depuis  trois  ans  attaché  à  l'Uni- 
versité de  Liège,  en  qualité  de  sous- 
directeur  du  jardin  botanique  (  *  )  ;  il 
relevait  du  professeur  Gaêde.  Son  ho- 
rizon commençait  à  s'étendre  :  il  pouvait 
se  livrer  à  loisir  à  ses  études  chéries  et 
ses  relations  scientifiques  devenaient 
de  plus  en  plus  nombreuses.  11  travail- 
lait toujours  avec  Lejeune.  Ils  donnèrent 
au  public,  dès  1827,  le  premier  volume 
du  Compendium  florœ  Belgicœ,  recueil 
où  les  résultats  des  investigations  de 
tous  les  botanistes  belges  étaient  réu- 
nies pour  la  première  fois  en  un  fais- 
ceau, et  enrichis  des  propres  recherches 
des  deux  auteurs.  L'ouvrage  forme  trois 
volumes  :  le  second  parut  en  1831,  le 
troisième  en  1836  seulement,  après  la 
mort  de  Courtois;  1791  espèces  y  sont 
décrites,  les  cryptogames  cellulaires 
comprises.  «  La  description  des  es- 
pèces, dit  Ch.  Morren,  y  est  souvent 
originale;  les  localités  y  sont  indiquées 
avec  soin,  les  synonymies  revues  aux 
sources  mêmes  ;  après  tout,  cet  ouvrage 
mérite  encore  la  préférence  sur  tous 
ceux  que  nous  possédions  déjà  (*)  ». 
Res  angusta  <iemi,  c'était  le  revers  de 
la  médaille.  Avec  son  modique  traite- 
ment, qui  le  mettait  presqu'au  niveau 
du  jardinier  en  chef.  Courtois  ne  par- 
venait pas  à  nouer  les  deux  bouts  de 
l'année.  Etudiant ,  il  avait  su  vivre  de 
privations  ;  mais  la  situation  n'était 
plus  la  même;  en  1828,  il  s'était  marié 
à  Veniers,  sans  calculer,  ne  consultant 


(')  Sa  nominalioQ  date  da  l**  décembre 
1825. 


{•)?.iiA. 


H9 


COU 


120 


que  son  cœur.  Il  se  rappela  donc  qu*U 
était  médecin,  et  pour  se  faire  connaître 
comme  tel,  publia  deux  traductions 
d'ouvrages  allemands,  dûs  à  des  pro- 
fesseurs de  rUniversité  de  Wûrzbourg. 
Les  efforts  quHl  dut  faire  pour  chercher 
à  se  procurer  une  position  indépen- 
dante, tout  en  conservant  ses  fonctions 
et  en  poursuivant  ses  travaux  scienti- 
fiques, développèrent  en  lui  le  germe 
fatal  de  la  phthisie  pulmonaire  qui 
Tenleva  avant  Tâge.  Ajoutons  qu'il  ne 
parvint  Jamais  à  s'affranchir  des  préoc- 
cupations du  lendemain;  son  logement 
plus  que  modeste,  au  Jardin  botanique, 
était  en  rapport  avec  son  train  de  vie. 
Les  angoisses  de  la  misère  finirent  par 
l'aigrir  et  par  lui  faire  commettre  une 
grave  imprudence.  Nous  ne  qualifierons 
pas  autrement  la  démarche  qu'il  fit  au- 
près du  ministre  pour  obtenir  la  chaire 
de  Gaéde,  son  professeur  :  l'arrêté  du 
16  décembre  4830,  en  apportant  de 
grands  changements  dans  le  personnel 
enseignant  de  l'Université  de  Liège, 
n'avait  point  pourvu,  par  une  circons- 
tance inexplicable,  à  la  nomination  d'un 
professeur  des  sciences  naturelles,  ou 
au  maintien  de  l'ancien  titulaire  :  Cour- 
tois crut  pouvoir  en  conclure  que  Gaëde 
avait  par  cela  même  reçu  sa  démission, 
comme  d'autres  étrangers,  il  se  trom- 
pait: au  bout  de  quelques  jours,  Gaëde 
fut  réintégré  dans  ses  droits,  et  natu- 
rellement il  n'y  eut  plus  dès  lors  que 
des  rapports  légaux  entre  le  directeur 
du  Jardin  botanique  et  son  subor 
donné.  Gaéde  mourut  le  2  janvier  i854  ; 
la  demande  de  Courtois  devenait  alors 
légitime;  mais  le  gouvernement  avait 
pris  la  résolution  de  ne  point  nommer 


de  nouveaux  professeurs  avant  la  pro- 
mulgation d'une  loi  organique  de  l'en- 
seignement supérieur.  Sur  l'avis  du 
Collège  des  assesseurs,  l'héritage  de 
Gaëde  fut  divisé  :  Courtois  obtint  pro- 
visoirement le  cours  de  botanique  ;  Car- 
lier  (  *  ),  remplacé  plus  tard  par  Schmer- 
ling ,  celui  de  géologie  ;  Fohmann , 
l'anatomie  comparée  ;  enfin  Davreux  (  '), 
la  minéralogie.  Il  ne  fut  pas  donné  au 
malheureux  Richard  de  former  de  nom- 
breuses générations  d'élèves  :  le  mal  qui 
le  rongeait  prit  graduellement  des  pro- 
portions graves  ;  il  y  succomba  quelques 
mois  avant  la  réorganisation  universi- 
taire. Ses  derniersjours  même  ne  furent 
pas  tranquilles  ;  soupçonné  à  tort  d'avoir 
prêté  la  main  à  certaines  menées  poli- 
tiques, il  fut  un  instant  sur  le  point  de 
perdre  son  emploi.  Il  lutta  jusqu'au  bout 
contre  la  mauvaise  fortune,  travaillant 
toujours  avec  une  ardeur  qui  devait 
accélérer  les  progrès  de  sa  maladie, 
ne  parvenant  pointa  recueillir  les  fruits 
de  ses  peines  ;  «  aimant  les  autres,  dit 
son  biographe,  et  n'en  étant  point  aimé.  » 
Aussi  bien  sa  manière  d'être  ne  prévenait 
pas  en  sa  faveur  ;  pour  l'apprécier,  il 
fallait  le  pratiquer  de  très-près.  Il  con- 
naissait peu  les  ménagements  :  sa  rude 
franchise  lui  fit  souvent  du  tort.  «  Il 
était  sec,  comme  une. phrase  spécifique 
de  Linné,  mais  aussi,  comme  elle,  précis 
et  juste,  frappant  d'aplomb  et  allant  au 
cœur  de  la  vertu  s'il  avait  à  la  louer,  du 
vice  s'il  avait  k  le  combattre  Ce  genre 
de  précision  dans  l'esprit,  exprimée  par 
une  parole  quelquefois  un  peu  âpre,  ne 
devait  pas  lui  concilier  l'amitié  de  tout 
le  monde  ;  mais  si  le  botaniste  de  Ver- 
vierfi  n'eut  pas  ce  bonheur,  souvent  peu 


(  *  )  Préparateur  à  l'Université. 

(*)  Davreux  (G.-J.),  pharmacien  à  Liège, 
professeur  à  l'Ecole  industrielle  de  celte 
ville,  n'a  fait  qu'une  apparition  à  l'Univer- 
sité. Il  a  fourni,  depuis,  une  carrière  des  plus 
honorables  et  a  rendu  de  véritables  services 
à  la  science.  On  lui  doit  non  seulement  un 
Cours  de  chimie  et  de  minéralogie  (in-8<>), 
fort  estimé  en  son  temps,  mais  encore  un 
Essai  sur  la  constitution  géognostique  de  la 
province  de  Liège,  mémoire  couronné  par 
l'Académie  de  Bruxelles  (t.  IX.de  la  coll., 
i^  partie,  p.  137).  Davreux  fut  longtemps 
secrétaire  de  la  Commission  n  édicale  de  la 


province  et  président  de  la  Commission  ad- 
ministrative des  hospices  civils  de  Liège.  Il 
prit  une  part  très>active  aux  travaux  de 
l'Académie  royale  de  médecine,  où  il  entra 
en  1854  en  qualité  de  membre  titulaire.  Les 
services  qu'il  rendit  en  1849,  lors  de  l'inva- 
sion du  choléra,  lui  valurent  la  croix  de  Léo- 
pold.  Dans  ses  loisirs,  il  s'occupait  avec 
succès  d'histoire  et  d'archéologie  liégeoises. 
Né  à  Liège  en  1806,  il  y  mourut  presque 
sexagénaire,  universellement  regretté  pour 
les  qualités  de  son  cœur  non  moins  que  pour 
son  mérite  scientifique. 


121 


COU 


122 


désirabte  en  lui-même,  du  moins  il  fut 
honoré  de  Testime  de  tous  ceux  qui  le 
connurent.  Sa  vie  est  peut-être  semée 
de  quelques  traits  sur  Tappréciation 
desquels  on  n'est  pas  précisément  d*ac- 
cord;  mais  je  dois  à  la  vérité,  continue 
Ch.  Morren  (*),  de  déclarer  ici  que 
Courtois  mettait Famour  filial  au-dessus 
de  tous  les  devoirs.  Des  banqueroutes 
et  la  révolution  avaient  détruit  Tindustrie 
de  son  père,  qui  expédiait  ses  draps  en 
Hollande  ;  cette  nombreuse  famille  souf- 
frait d'une  gène  continuelle.  Richard 
seul  venait  \  son  secours,  et  à  peine 
avait-il  recueilli  quelque  récompense  de 
ses  travaux,  que,  sans  s'inquiéter  du 
lendemain  pour  lui-même,  il  allait  de 
gailé  de  coeur  donner  à  ses  parents  ce 
qu'il  avait  reçu.  Les  dernières  années 
de  sa  vie  sont  remplies  d'actions  tou- 
chantes et  qui  devraient  à  jamais  fermer 
la  bouche  à  ses  détracteurs.  Ce  n'est 
pas  sans  doute  le  dehors  qui  doit  nous 
donner  l'estime  de  nos  concitoyens,  et 
si  quelque  chose  est  tout  l'homme,  ce 
ne  doit  être  que  le  cœur,  que  l'âme,  que 
la  conscience  enfin, dont  la  moralité  est 
celle  des  actions  elles-mêmes.  » 

Courtois  était  correspondantde  l'Aca- 
démie royale  des  sciences  et  belles- 
lettres  de  Bruxelles,  membre  de  l'Aca- 
démie impériale  Leopoldino- Caroline 
des  Curieux  de  la  Nature  (sous  le  nom 
de  Dodonée  H),  de  la  Société  royale  de 
botanique  et  d'agriculture  de  Gand,  de 
la  Société  d'horticulture  d'Anvers,  delà 
F/ore  de  Bruxelles,  enfin  secrétaire  de  la 
Société  d'horticulture  de  Liège.  Il  jus- 
tifia le  préndm  que  lui  av;nt  décerné 
I  Académie  Leopoldino-Caroline,  selon 
l'usage  traditionnel,  par  une  élégante 
dissertation  in  Remberti  Dodonœi  pemjh 
tades  (1855),  a  dans  laquelle  il  établit 
une  synonymie  complète  entre  les  noms 
que  portaientles  plantes  au  XVI'  siècle, 
tels  qu'on  les  trouve  dans  les  ouvrages 
de  Dodonée,  etceux  que  la  nomenclature 
actuelle  leur  attribue.  A  ce  mémoire 
est  jointe  Ténumération  des  espèces 
Indigènesetexotiques  cultivées  au  jardin 
de  1  infirmerie  de  la  célèbre  abbaye  de 
Diilighem,  en  1653,  d'après  l'herbier 


du  frère  Bernard  Wynhouts  (•).  Ce 
travail  est  fort  curieux  pour  Thistoire 
du  commerce  et  de  l'horticulture  an- 
cienne de  notre  pays;  c^r  il  démontre, 
comme  son  auteur  le  fait  remarquer,  que 
la  Belgique  voyait  cultiver  à  cette  époque 
une  foule  de  plantes  très-rares,  surtout 
de  Curaçao,  des  Moluques,  du  Brésil, 
etc.  ))  Le  titre  de  membre  correspondant 
de  l'Académie  de  Bruxelles  fut  obtenu 
par  Courtois  à  la  suite  de  l'envoi  d'un 
mémoire  (6  décembre  1854)  sur  les  til- 
leuls d'Europe^  le  dernier  de  ses  ou- 
vrages. «  A  la  même  époque,  je  dirais 
au  même  jour  (nous  laissons  encore  par- 
ler Ch.  Morren),  M.  Edouard  Spach 
remit  à  Paris,  aux  directeurs  des  Annales 
des  sciences  naturelles,  un  travail  sur 
la  même  matière  ;  l'histoire  de  ce  bel 
arbre,  si  abondamment  cultivé  dans  les 
sites  pittoresques  de  la  province  de 
Liège,  n'en  deviendra  que  plus  difficile. 
L'un  et  l'autre  de  ces  botanistes  ont, 
comme  on  le  pense  bien,  créé  des  es- 
pèces nouvelles.  M.  Hosl,  premier  mé- 
decin de  l'empereur  d'Autriche,  décédé 
en  avril  1854,  avait  déjà  précédé  les 
auteurs  dans  la  détermination  des  es- 
pèces confondues  par  Linné  sous  le  nom 
de  Tilleul  d'Europe.  Cet  arbre  méritait 
une  attention  particulière.  Courtois  le 
regardait,  d'après  M.    de  Candolle , 
comme  celui  qui,  en  Eurot)e,  pouvait 
atteindre  les  plus  grandes  dimensions. 
On  cite  cependant  des  Pins  sylvestres 
et  des  Frênes  (Fraxinus  excc'lsior)  de 
150  pieds  de  hauteur,  tandis  que  la  plus 
longue  branche  du  Tilleul  de  Neusladt 
dans  le  Wurtemberg,  dont  on  estime 
l'âge  â  700  ou  800  ans,  ne  mesure  que 
iOO  pieds  de  longueur.  Il  est  très-re- 
marquable que  les  espèces  nouvelles 
citées  par  Courtois  ont  toutes  été  trou- 
vées dans  la  même  avenue  d'une  petite 
ferme  des  environs  de  Verviers.  » 

Courtois  exerça  une  grande  influence 
sur  l'horticulture  et  l'industrie  des 
jardins,  dans  la  province  de  Liège. 
Son  nom  reste  inséparable  de  celui  de 
Jacob-Makoy ,  cet  homme  d'une  vo- 
lonté et  d'une  persévérance  indomp- 
tables, qui,  abandonnant  tout  d'un  coup 


(  *  )  P.  12S.  notice,  cet  herbier  appartenait  au  professeur 

V*  j  A  l'époque  où  Ch    Morren  écrivit  sa      Kickx  (p.  ii9). 


123 


COU 


124 


le  pic  du  bouilleur  pour  la  bêche  du 
jardinier,  sans  savoir  un  mot  de  latin, 
mais  doué  d'one  mémoire  sûre  et  plein 
de  confiance  dans  sa  bonne  étoile,  sM- 
nitia  en  peu  de  temps  à  la  connais- 
sance des  plantes  et  de  leur  culture, 
fonda  les  premières  serres  modèles  que 
Liège  ait  construites,  devint  le  premier 
jardinier  du  continent  et  répandit  ses 
produits  dans  les  deux  hémisphères. 
Jacob-Makoy  fut,  avec  Courtois,  le  fon- 
dateur de  la  Société  d'horticulture  de 
Liège,  dont  Gaêde  occupa  le  premier 
le  fauteuil  présidentiel.  Courtois  était 
son  secrétaire.  Lors  du  premier  voyage 
de  Léopold  1*'  à  Liège,  le  roi  visita 
les  serres  de  Jacob-Makoy,  et  grâce 
à  sa  libéralité,  Richard  put  visiter  les 
serres  de  Claremont  et  d'autres  éta- 
blissements horticoles  de  TAngleterre, 
d*où  il  rapporta  un  grand  nombre  de 
plantes  rares.  Les  observations  du 
jeune  voyageur  furent  recueillies  dans 
le  Magann  d^ horticulture^  et  les  conseils 
qu'il  donna  aux  Anglais  sur  la  taille 
des  poiriers  et  des  pommiers,  traduits 
dans  leur  langue,  profitèrent  aux  jardi- 
niers de  la  Grande-Bretagne  et  des  Etals- 
Unis  d'Amérique  (  *  ).  Un  jardinier  an- 
glais, dont  il  n'avait  pas  loué  les  mé- 
thodes, crut  cependant  devoir  protes- 
ter dans  un  article  assez  vif,  publié  â 
Londres  et  à  Paris  ;  Courtois  lui  ré- 
pondit en  deux  pages ,  où  il  fit  l'apo- 
logie des  cultures  du  jardin  Botanique 
de  Liège,  injustement  critiquées  par 
l'écrivain  étranger.  —  Voici ,  d'après 
Ch.  Morren,  la  liste  des  ouvrages  de 
notre  infortuné  botaniste. 

1®  Richardi  Courtois,  Ververiensis, 
Responsio  ad  quaestionem  botanicam 
ab  ordine  matheseos  et  philosophi» 
naturalis  in  academiâ  Gandavensi  , 
anno  4821  propositam  :  Quceritur  con- 
cinna  expositio  eorum ,  quœ  de  organo- 
rum  propagationi  inserventium  pha- 
nerogamicorum  ortu^  «t/u,  fabricâ  et 
fonctione  innotuerunt,  Ann.  Acad.  Gan- 
davensis,  1821-4822,  113  p.  in-K 

2^  Conspectus  topographie  physico- 


medicœ  provlnci»  Leodiensis.  Liège, 
1825,  in-4<»  (Thèse  inaugurale). 

y  Yerslag  van  een  plant  en  land- 
bouwkundig  reisje  ,  gedaan  in  julij 
182G ,  langs  de  oevers  der  Maas ,  van 
Luik  naar  Dinant,  in  de  Ardennes  en 
het  groot  hertogdom  LuJiemburg  {Bij- 
dragen  tôt  de  naturk.  wetenschapen  ^ 
de  Van  Kall,  Vroiik  et  Mulder  (t.  Il, 
p.  450-479,  1827,  in-8«). 

Relation  d'un  voyage  entrepris  tvec  Rronn 
(v.  ce  nom;.  Instractive  pour  les  fleoristes. 

4«  Aanteekeningen  over  enige  planten 
der  Zuidenlandsche  Flora ,  en  voor- 
namlijk  der  Flora  van  de  omstreeken 
van  Spa  (Ib,  p.  292-299). 

Le  doctear  Lejeune  a  travaillé  à  celle 
notice. 

5**  Verhandeling  over  de  Renuncu- 
laceœ  der  Nederlandsche  Flora  (Ibid. 
p.  G9-110). 

Même  observation. 

6*  Beschrijving  van  twee  plantaar- 
dige  miswassen  {Ibid,  p.  226-227). 

C'est  l'histoire  d'une  prolification  de  VEry- 
simum  Cheiramhoidei  et  celle  d'une  sem- 
blable anomalie  dn  Veronica  monstruota 
{média). 

7»  Overzigt  van  de  minérale  wateren 
en  warme  bronnen  van  het  Nederland 
en  een  gedeelte  van  Pruisseu  (Ihid.  t. 
IV,  p.  19-55). 

Statistique  très-complète  des  eaux  miné- 
rales et  thermales  de  la  Belgique. 

8<*  Compendium  florx  Belgicae , 
cozyunctis  studiis  ediderunt  A.  L.  S. 
Lejeune  et  R.  Courtois.  T.  T.  Liège, 
1827, 264  pages,  petit  in-8o.  —  T.  Il, 
1834 ,  520  p.;  T.  III,  1856  (publié  à  Ver- 
viers  après  la  mort  de  Courtois). 

9^  Recherches  sur  la  statistique 
physique,  agricole  et  médicale  de  la 
province  de  Liège.  Verviers,  1828, 
2vol.in-8<». 

Au  S*  vol.,  après  la  page  281,  s'ajoutent 
14  tableaux  non  numérotés  el  un  supplément 
de  S3  p.  avec  une  pagination  particulière. — 
L'Université  de  Liège  possède  l'exemplaire 


(  *  )  De  l'influence  de  la  Belgique  sar  l'in- 
dustrie horticole  des  Etats-Unis,  par  Ch. 


Morren.  Liège,  1837,  in-S». 


1S5 


DAN 


126 


de  l'auteur  avec  une  foule  d'annotations  et  de 
corrections,  surtout  au  premier  volume,  des 
tiné  i  une  seconde  édition. 

lO""  Mémoire  sur  la  population  des 
villes  de  la  province  de  Liège,  i839, 
i8  p.  in-8»,  et  7  tableaux. 

Publié  chez  Vandermaelen.  [Recueil  de  do- 
cuments statistiques  de  Belgique). 

il*»  Mémoire  sur  la  dyssenterie, 
par  le  prof.  Frederick  de  Wurzbourg, 
trad.  de  Fallem.  sur  la  2«  édition. 
Liège,  i  828.  in-8o. 

\^  Mémoire  sur  Tauscultation  ap- 
pliquée à  la  grossesse,  par  G.-S. 
Haus,  D.  M.  à  Wurzbourg,  trad.  de 
Tallemand,  Liège,  1828,  in-8*. 

45**  Catalogues  et  Procès-verbaux  de 
la  Société  d*Horticulture  de  Liège, 
i850àl854. 

U«  Magasin  d'horticulture.  Liège, 
CoUardin,  4852-1853,  un  vol.  ou  42 
livraisons  în-8^. 

La  première  livraison  du  second  volume 
(4-3)  a  paru  en  4834. 

4:;o  Commentarius  in  Remberti  Do- 
donaei  peroptades,  80  p.  in-4°  (Ann. 
Acad.  Cœs.  Leop.  Car.  nat.  curios.. 
vol.  XVil,  4855). 

Le  second  commentaire  occupe  les  o.  65 
à  80. 

46*  Lettre  au  directeur  du  Journal 
d^Horticulture  de  Paris  {Journal  de 
VAcad.  d'Hortic,  de  Paris,  t.  II,  nov. 
4854,  p.  97-98). 

Réponse  intéressante  pour  Tbistoire  de 
lliorliculture  en  Reigique,  à  une  attaque 
fort  injuste  d'un  jardinier  de  Londres. 

47*  Mémoire  sur  les  tilleuls  d'Eu- 
rope. Bruxelles,  Hayez,  4855,  48  p. 
in-4*>,  et  5  pi.  (Mém  de  VAcad.  royale 
de  Bruxelles,  l.  X). 

Maniscrits.  —  4»  Bibliotheca  bola- 
nica.  Circiter  fasciculi,  LX. 

Courtois  travailla  plus  de  dix  ans  à  cette 
Bibliographie  générale  de  la  botanique, 
conservée  par  M.  Fiess,  bibliothécaire  en 
chef  de  l'Université  de  Liège.  Les  littéra- 
tures belge  et  hollandaise,  trop  négligées  par 


les  étrangers,  y  sont  admirablement  traitées. 
L'auteur  a  mis  à  profit  les  meilleurs  recueils 
publiés  en  Allemagne  et  en  Angleterre.  11 
est  très-regrettable  que  cet  ouvrage  n'ait 
pas  été  publié  :  continué  sur  le  même  plan 
jusqu'à  nos  jours,  il  intéresserait  l'Europe 
entière. 

2®  Tableaux  d'organograpbie  végé- 
tale, in-fol.  piano. 

Ch.  Morren  nous  apprend  que  plusieurs 
articles  ou  mémoires  de  Courtois  ont  été 
reproduits  en  Amérique,  où  ce  jeune  savant 
avait  plus  de  notoriété  que  dans  sa  patrie. 
C'est  ici  l'occasion  de  dire,  ajoute  notre  bio- 
graphe, que  son  Mémoire  sur  la  Géographie 
botanique  est  connu  dans  tous  les  pays  ou  le 
goût  des  cultures  savantes  a  pénétré. 


I»an<lelln    (GkRMINAL-PiKRRB)  ,    Uè 

au  Bourgetprès  Paris,  le  42  avril  4794, 
mourut  à  Ixelles  lez-Bruxelles  le  45 
février  4847.  C'est  à  M.  Quetelet  que 
nous  demandons  Tbistoire  de  sa  vie  ('), 
à  M.  Quetelet,  son  ami  d'enfance,  le 
confident  et  souvent  le  promoteur  de 
ses  travaux,  et  comme  il  le  disait  lui- 
même,  son  frère  d'adoption.  Le  père  de 
Dandelin  était  Bourguignon  ;  sa  mère, 
née  aux  Ecaussines,  le  rattachait  k 
notre  pays.  Il  était  encore  enfant  lors- 
que ses  parents  vinrent  s'établir  en 
Belgique  (*).  Il  entra  au  Lycée  de 
Gand  en  4807,  lors  de  la  création  de 
cet  établissement  ;  dès  la  première  an- 
née, il  y  reçut  les  galons  de  sergent- 
m:gor,  a  grade  le  plus  élevé  dans  cette 
petite  colonie  semi-militaire,  n  Ses 
études  furent  troublées  par  l'attaque  de 
l'Angleterre  contre  l'île  de  Walcheren. 
Il  s  enrôla  comme  volontaire  dans  la 
première  compagnie  des  gardes  natio- 
nales de  l'Escaut,  obtint  le  grade  de 
sergent,  resta  sous  les  armes  jusqu'au 
départ  de  l'armée  d'invasion,  décimée 
par  la  fièvre  des  polders,  puis  revint 
se  mettre  sur  les  bancs  du  collège,  d'où 
il  sortit  en  4845  avec  le  premier  prix 
de  mathématiques  spéciales.  Admis  au 
mois  de  novembre  à  l'Ecole  polytech- 
nique, il  fut  rappelé  sous  les  drapeaux 
par  le  décret  de  mobilisation  qui  parut 


{*)  Wotice  sur  C.-P.  Dandelin  [Annuaire 
de  VAcadémie  royale  de  Bruxelles,  année 
4848,  p.  195-466;. 


(*)  Son  père  fut  attaché  à  la  préfecture 
du  département  de  l'Escaut  par  Faipoult, 
plus  tard  ministre  des  finances  en  Espagne. 


I 


127 


DAN 


138 


vers  la  fin  de  cette  même  aimée.  Le  50 
mars  1814,  il  fut  blessé  d'un  coup  de 
lance  au  combat  livré  sous  les  murs  de 
Paris  ;  pendant  les  Cent-jours,  il  mérita 
par  sa  belle  conduite  la  croix  de  la 
Légion-d'Honneur,  qui  lui  fut  envoyée 
avec  une  lettre  très-flatteuse  du  célèbre 
géomètre  Carnot,  alors  ministre  de 
rintérieur.  Il  ne  reparut  que  peu  de 
temps  à  TEcole,  Carnot  ayant  voulu  rat- 
tacher à  sa  personne.  La  bataille  de  Wa- 
terloo força  le  ministre  de  s'expatrier; 
Dandelin  rentra  en  Belgique  où  il  avait 
toute  sa  famille,  mais  refusa  de  prendre 
du  service  aux  Pays-Bas,  dont  le  régime 
ne  lui  plaisait  pas,  à  raison  de  ses  pré- 
ventions napoléoniennes.  Un  instant 
il  eut  ridée  d'émigrer  aux  Etats-Unis, 
où  il  entrevoyait  une  carrière  ;  enfin  il 
resta  parmi  nous,  et  c'est  surtout  i 
partir  de  cette  époque  qu'il  devint  l'in- 
séparable de  M.  Quetetet,  son  ancien 
condisciple  du  Lycée.  Ils  passaient 
leurs  journées  ensemble,  cultivant  à  la 
fois  les  mathématiques  et  la  poésie. 
L'idée  leur  vint  de  composer  pour  le 
théâtre  :  l'opéra  de  Jean  Second  fut  re- 
présenté deux  fois  sur  le  théâtre  deGand 
avec  un  certain  succès  que  Dandelin 
n'attribua  qu'à  la  bienveillance  du  par- 
terre, bien  que  réellement  sa  musique  fût 
agréable  et  le  tour  de  ses  vers  parfois 
plein  de  charme (*).  Les  deux  amis  en 
revinrent  donc  aux  sciences.  Dandelin, 
appartenant  â  une  famille  nombreuse, 
dut  songer  à  l'avenir  ;  le  général-duc 
Bernard  de  Saxe-Weimar ,  qui  avait 
remarqué  son  talent,  lui  fit  obtenir  des 
lettres  de  grande  naturalisation  (4  avril 
1816)  et  le  brevet  de  sous-lieutenant 
du  génie  (46  avril  1847).  On  l'envoya 
â  Namur,  où  il  fut  employé  à  la  con- 
struction de  deux  lunettes  voisines  de 


la  citadelle,  dont  l'une  a  conservé  son 
nom  ('). C'est  à  Namur, ajoute  M.Que- 
telet,  que  Dandelin  écrivit  la  plupart  de 
ses  ouvrages  mathématiques  les  plus 
remarquables.  En  mai  1815,  il  avait 
fait  insérer  dans  le  t.  III  de  la  Corres- 
pondance sur  VEcole  polytechnique  la 
solution  de  deux  problèmes  de  géomé- 
trie :  c'était  le  seul  signe  de  vie  qu*il 
eût  donné  au  public  savant;  un  mémoire 
sur  quelques  parties  de  la  géométrie , 
présenté  au  mois  de  mars  1817  à  l'Aca- 
démie de  Bruxelles ,  avait  obtenu  peu 
de  succès  et  était  resté  manuscrit.  Il 
en  serait  probablement  resté  là  sans 
M.  Quetelet.  Celui-ci  publia,  en  1819, 
pour  être  promu  au  doctorat  en  scien- 
ces, une  dissertation  sur  la  focale\ 
courbe  nouvelle  jouissant  de  diffé- 
rentes propriétés.  L'une  se  rapportait 
aux  foyers  des  sections  coniques  ;  Fau- 
teur montrait  que,  sur  le  cône  droit, 
la  distance  des  deux  foyers  est  égale  à 
la  différence  des  deux  rayons  vecteurs^ 
menés  du  sommet  du  cône  aux  deux  ex- 
trémités  du  grand  axe  de  la  courbe, 
quand  c*est  une  ellipse  ;  et  à  la  somme^ 
quand  c'est  une  parabole.  Dandelin  reçut 
naturellement  un  exemplaire  du  travail 
de  son  ami  et  s'empressa  de  l'examiner 
à  fond.  ((  J'ai  justement  sous  la  main 
les  œuvres  de  Pascal ,  écrivait-il  à  M. 
Quetelet  ;  le  rapport  qui  existe  entre 
vos  idées  et  les  siennes  me  fournira  un 
point  dedépart  pour  mes  observations.  » 
Une  correspondance  active  s'engagea  : 
Dandelin  découvrit  deux  générations 
nouvelles  de  la  focale  et  résolut  une 
foule  de  problèmes  intéressants.  Les 
deux  savants  poursuivirent  parallèle- 
ment leurs  études  :  «  pour  la  première 
et  la  seule  fois  de  sa  vie,  Dandelin 
songea  à  mériter  quelque  réputation  par 


(  *  )  Ce  succès  faillit  être  compromis,  à  la 
première  représentation,  par  un  incident 
tout  à  fait  inattendu.  «  Le  père  de  Dandelin, 
qui  ne  se  souciait  que  médiocrement  de 
nous  voir  suivre  la  carrière  dramatique,  dit 
M.  Quetelet,  avait  promis  d'ameuter  tous 
ses  amis  contre  nous  et  de  faire  siffler  notre 
pièce  chérie.  Toutefois,  au  moment  du  dan- 
ger, sa  tendresse  paternelle  se  réveilla  et, 
pendant  la  représentation  même,  il  voulut 
rassurer  son  fils.  Mais,  en  le  cherchant  aux 
•bords  du  théâtre,  il  se  trompa  de  route,  et 


fit  subitement  une  entrée  de  scène,  à  la 
grande  surprise  des  acteurs  et  des  specta- 
teurs, qui  furent  pris  de  l'hilarité  la  plus 
bruyante  »  (p.  43t).  Trois  opéras  avaient 
été  commencés  en  même  temps  :  Jean  Se- 
cond, let  Troubadours  et  le  Railleur,  Péchés 
de  jeunesse  très- pardonnables  ;  Carnot  lui> 
même  avait  donné  l'exemple  à  Dandelin  en 
composant  des  poésies  légères,  voire  la 
chanson  de  Madame  Gertrude, 
{*)  Quetelet,  p.  ISS. 


129 


DAN 


130 


ses  travaux  mathématiques.  »  Un  plan 
d*étodes  suivi  fut  adopté;  M.  Quetelet, 
c|ui  avait  déjà  communiqué  à  TAcadémie, 
en  i820,  un  Mémoire  sur  une  nouvelle 
théorie  des  sections  coniques  considérées 
dans  le  solide (*),  reprit  ses  recherches 
avec  plus  d*ardeur,  et  Dandelhi  présenta 
son  mémoire  sur  la  focale  parabolique, 
soigneusement  revu  ,  à  la  même  Com- 
pagnie, en  1822  (").  Ce  travail  très- 
distingué  lui  valut  sans  retard  un  fau- 
teuil d*académicien  (').  Il  y  donnait 
une  démonstration  simple  et  élégante 
de  la  propriété  que  M.  Quetelet  avait 
reconnue  aux  sections  coniques. 

Voici  renoncé  du  théorème  :  «  Si  Von 
fait  mouvoir  dans  un  cône  droit  une 
sphère,  et  que,  dans  une  position  quel- 
conque de  cette  dernière,  supposée  tan- 
gente au  cône,  on  lui  mène  un  plan 
tangent,  Vintersection  de  ce  plan  et  du 
cône  aura  pour  foyer  le  point  de  contact 
de  la  sphère  et  du  plan.  On  voit  en  effet, 
immédiatement,  que  le  triangle  qui  a 
pour  base  le  grand  axe  de  la  section 
conique,  et,  pour  sommet,  le  sommet 
du  cône,  a  ses  rôles  touchés  par  la 
sphère,  de  manière  que  les  points  de 
contact  sont,  deux  à  deux,  à  égale  dis- 
tance du  sommet  de  ce  triangle.  On 
voit,  dès  lors,  que  la  différence  des  deux 
segments  du  grand  axe  de  Tellipse  égale 
In  différence  des  deux  autres  côtés  du 
triangle,  cVst-à-dire  des  deux  rayons 
vecteurs  menés  du  sommet  du  cône  aux 
extrémités  du  grand  axe  de  la  courbe, 
quand  c'est  une  ellipse,  et  à  la  somme, 
quand  c*est  une  parabole  ».  Le  théorème 
des  foyers  trouva  bientôt  place  dans 
les  ouvrages  élémentaires  :  M. Hachette, 
le  premier,  en  fit  usage  dans  la  seconde 
édition  de  son  traité  de  géométrie  des- 
criptive (4828);  quinze  ans  plus  tard 
(4847),  M.  Théodore  Olivier,  qui  s'était 
vivement  intéressé,  dès  483i,  aux  ré- 
sultats des  études  de  M.  Quetelet  et  de 
Dandelin,  basait  sur  leur  mode  de  dé- 
monstration, qu'il   appelait  les  Théo- 


rèmes belges  ,  toutes  les  recherches 
touchant  les  propriétés  géométriques 
des  sections  coniques  et  des  surfaces 
du  second  ordre  (*).  Les  travaux  des 
deux  académiciens  de  Bruxelles,  écri- 
vait-il, ((sont  comme  un  reflet  de  la 
géométrie  antique».  L'écrit  de  Dandelin 
sur  la  focale  parabolique,  dit  M.  Que- 
telet, ((  renferme  un  théorème  bien 
curieux,  à  cause  de  la  singulière  res- 
semblance de  son  énoncé  avec  celui  de 
l'hexagone  mystique  de  Pasc^il.  L'auteur 
le  fait  servir  fort  ingénieusement  à  dé- 
montrer que  les  focales,  courbes  du  5^ 
degré,  ne  sont  que  des  transformations 
des  sections  coniques,  avec  lesquelles 
elles  ont  un  grand  nombre  de  propriétés 
communes.  Ces  analogies  sont  démon- 
trées avec  la  plus  grande  élégance,  au 
moyen  de  la  théorie  des  projections 
stéréographiques,  que  notre  confrère 
employait  avec  un  rare  bonheur,  il  en 
a  fait  encore  un  usage  remarquable  dans 
son  mémoire  sur  les  intersections  de  la 
sphère  et  d'un  cône  du  2«  degré,  qu'il 
nous  communiqua  au  mois  de  juin  4825 
(^),  presque  en  même  temps  que  son 
beau  travail  sur  remploi  des  projections 
sténographique  ou  géométrie  (•).  C'est 
dans  ce  dernier  ouvrage  que  Dandelin, 
répondant  aux  sollicitations  qui  lui 
étaient  adressées,  fait  connaître  sa  ma- 
nière de  procéder  en  géométrie,  pour 
résoudre  les  problèmes  ou  pour  arriver 
2i  des  théorèmes  nouveaux;  on  y  trouve 
le  cachet  de  son  génie  mathématique, 
en  même  temps  qu'on  admire  les  res- 
sources et  la  variété  de  sa  belle  intel- 
ligence. L'auteur  montre  (ju'un  grand 
nombre  de  figures,  et  spécialement  les 
polygones  inscrits  et  circonscrits,  peu- 
vent être  ramenés  h  des  figures  régu- 
lières, dont  elles  conservent  les  proprié- 
tés dans  leurs  déformations.  11  y  revient 
encore  sur  la  théorie  des  sections  co- 
niques et  donne  une  élégante  solution 
du  problème  du  plus  court  crépuscule.» 
M.  Quetelet  considère  le  mémoire 


(  *  )  Métn.  de  FAcad.  de  Brux.,  t.  II. 

(  •  )  Ibid. 

(*)  Il  fat  éla  à  ruDaniraitt^. 

l*)  Additioru  au  cours  de  géométrie  des- 
criptive, Paris,  CariUiaû*Gœury,i847,  ia-4<* 
(avec  atlas). 

(")  T.    IV  des  Mém.  de  VAead.,  4827. 


«  On  y  voit  que  les  projections  stiîréogra- 
phiqnes  de  l'interscclion  d'une  sphère  et 
d'un  cône  du  3«  degré  sont  des  lemniscaiet, 
formées  par  les  pieds  des  perpendiculaires 
abaissées  d'un  point  fixe  sur  les  tangentes 
d'une  conique  »  (Note  de  3/.  Quetelet), 
[•)  Ibid. 

10 


131 


DAN 


13i 


sur  rhyperbolotde  de  révolution  et  sur 
les  hesagones  de  Pascal  et  de  Brianchon, 
publié  par  rAcadémîe  en  1826,  comme 
le  plus  remarquable  des  ouvrages  de 
Dandelîn.  L*8uteur  y  généralise  le  théo- 
rème des  foyers,  et  l'étend  aux  sections 
coniques  considérées  dans  Thyperbo- 
loïde  de  révolution,  au  lieu  du  cône 
droit.  C'est  un  chef-d'œuvre  d'élégance 
géométrique  ;  en  le  reproduisant  dans 
ses  Annales f  M.  Gergonne  ne  tarit  pas 
d'éloges.  Or  Dandelin  n'écrivait  que 
pour  répondre  aux  instances  de  son 
ami  :  que  n'aurait-il  pas  produit,  si 
l'ambition  et  le  désir  de  briller  eussent 
eu  quelque  prise  sur  lui  !  Il  était,  disait- 
il  lui-même,  paresseux  avec  délices^ 
comme  Figaro,  et  quand  M.  Queteletle 
talonnait,  l'excitait  à  travailler,  il  se 
vengeait  par  des  plaisanteries  et  allait 
raconter  à  qui  voulait  l'entendre  qu'on 
le  faisait  venir  à  Bruxelles  pour  l'en- 
fermer et  lui  mettre  la  plume  à  la  main. 
Il  dédaignait  les  savants  par  amour - 
propre,  et,  comme  Pascal,  il  ne  tenait 
guère  les  géomètres  que  pour  d'habiles 
artisans. 

N'oublions  pas  de  mentionner  un 
travail  d'analyse,  entrepris  moins  dans 
la  vue  de  rechercher  des  méthodes 
nouvelles  pour  la  solution  des  équa- 
tions, que  de  simplifler,  de  généraliser 
les  méthodes  ordinaires,  «et  d'en  rendre 
Tusage  plus  commode.  »  Le  mémoire 
de  Dandelin  sur  la  résolution  des  équa- 
tions numériques,  communiqué  à  l'Aca- 
démie dès  iS25  et  inséré  dans  le  t.  111 
des  Mémoires,  attira  l'attention  du  vé- 
nérable commandeur  de  Nieuport  (de 
rinstitut  de  France),  qui  consulta  son 
jeune  confrère  sur  une  équation  qui 
l'avait  arrêté ,  et  à  laquelle  il  avait  été 
conduit  par  l'examen  d'un  problème  sur 
le  calcul  des  probabilités.  Dandelin  le 
tira  d'embarras,  et  les  deux  écrits  pa- 
rurent ensemble  dans  les  Mémoires  de 
r Académie  (*). 

Dandelin  avait  dû  quitter  Namur  à  la 
fin  de  4821,  pour  prendre  part  à  la 
construction  des  forteresses  entre  la 
Lys  et  l'Escaut.  Sa  résidence  à  Gand  le 

{*)  T.  ni.  Nous  ne  faisons  ici  que  repro- 
duire ou  résumer  la  notice  de  M.  Quetelet. 
(')  C'est  le  résumé  d'un  cours  donné  à 


rapprochait  de  sa  famille  ;  cependant 
cette  circonstance  ne  le  réconcilia  pas 
avec  le  service  militaire,  pour  lequel  il 
finit  par  éprouver  un  dégoût  insurmon- 
table, lorsqu'il  se  vit  relégué,  en  1824, 
dans  la  petite  ville  de  Venlo.  Ni  bi- 
bliothèque à  sa  disposition,  ni  relations 
intellectuelles  d'aucun  genre  :  il  étouf- 
fait. 11  fut  promu  au  grade  de  lieutenant 
en  premier;  peu  lui  importait.  M.  Que- 
telet conçut  alors  la  pensée  de  le  lancer 
dans  la  carrière  de  l'enseignement,  qui 
semblait  devoir  lui  convenir  à  tous 
égards.  Le  commandeur  de  Nieuport 
accueillit  favorablement  c«tte  idée,  et 
grâce  à  l'entremise  de  l'inspecteur  des 
études  Walter  (v.  ce  nom),  Dandelin 
fut  nommé,  le  15  mai  1825,  professeur 
extraordinaire  à  l'Université  de  Liège, 
chargé  du  cours  d'exploitation  des  mi- 
nes. Ce  n'était  pas  précisément  le  fait 
de  notre  mathématicien;  il  eut  fort  à 
faire  pour  se  mettre  au  courant  de  ses 
nouvelles  fonctions.  Mais  ces  obstacles 
ne  l'efi'rayèrent  pas;  il  descendit  coura- 
geusement dans  tous  les  détails  des 
sciences  métallurgiques  et  de  la  pra- 
tique des  ateliers;  il  s'engagea  même 
dans  le  labyrinthe  des  affaires,  le  gou- 
vernement lui  ayant  confié  quelques 
missions  administratives.  Ses  préoccu- 
pations ne  l'empêchèrent  pas  de  tailler 
sa  plume  ;  dès  1827  il  publia  chez  Des- 
sain, à  Liège,  le  premier  volume  d'un 
ouvrage  élémentaire  :  Leçons  sur  la 
mécanique  et  lesmachines(*),  II s'occupa 
également  d'un  traité  conçu  d'après  le 
plan  de  l'astronomie  populaire  de  M. 
Quetelet,  et  destiné  aux  ouvriers  et  aux 
militaires  ;  nous  n'avons  pas  trouvé  de 
trace  de  cet  écrit,  qui  devait  paraître  à 
Verviers.  Le  fait  est  que  Dandelin  fut  pris 
subitement  d'une  profonde  répugnance 
pour  la  publicité;  il  est  probable  que  le 
dernier  travail  cité  fut  compris  dans 
l'Auto-da-fé  qu'il  fit  lui-même  de  pres- 
que tous  ses  papiers.  Dandelin  était 
très-mobile  de  c^iractère,  très-facile  à 
influencer  et  tout  entier  à  l'impression 
du  moment.  C'étaitun  charmantcauseur, 
un  peu  enclin  au  paradoxe,  mais  sans 

l'Ecole  gratuite  des  arts  et  métiers  de  Liégt. 
Nous  ne  croyons  pas  que  cet  ouvrage  ait  été 
terminé. 


133 


DAN 


134 


entêtement  et  toujours  plein  de  géné- 
rosité :  son  laisser-aller,  ses  distrac- 
tions et  ses  excentricités  ne  laissèrent 
pas  que  de  l'exposer  plus  d*une  fois  à 
des  désagréments  ou  tout  au  moins  à 
des  interprétations  fâcheuses (*);  mais 
en  général,  comme  il  n*affichait  aucune 
espèce  de  prétentions,  on  lui  pardonna 
beaucoup,  d'autant  plus  qu'il  se  faisait 
toujours  un  vrai  plaisir  de  mettre  les 
autres  en  relief.  Ceux  de  ses  anciens 
élèves  avec  qui  nous  avons  euToccasion 
de  parler  de  lui  sont  unanimes  à  louer 
sa  modestie  sincère  en  même  temps  qu'ils 
reconnaissent  que  toute  sa  manière  d'être 
leur  Inspirait  confiance  et  sympathie. 

Dandelin,  avons-nous  dit,  fut  chargé 
de  différentes  missions  par  le  Gouver- 
nement. En  1825,  Il  se  rendità  La  Haye 
en  qualité  de  membre  de  la  Commission 
chargée  d'organiser  les  écoles  des  ser- 
vices publics.  La  même  année,  il  alla 
visiter  en  Allemagne  les  établissements 
scientifiques  et  les  mines,  pour  les  com- 
parer avec  les  nôtres.  En  4827,  il  s'ac- 
quitta d'une  semblable  mission  en  An- 
gleterre, où  il  eut  pour  compagnon  de 
voyage  M.  Quetelet,  qui  allait  y  com- 
mander des  instruments  pour  l'Obser- 
valoirede  Bruxelles.  Lebateauà  vapeur 
qu'ils  montaient  échoua  sur  un  banc  de 
sable,  à  l'entrée  de  la  Tamise  ;  ils  s'at- 


tendaient à  périr,  lorsqu'ils  furent  heu- 
reusement dégagés  par  la  marée  mon- 
tante. Arrivés  à  bon  port.  Ils  se  sépa- 
rèrent, et  deux  mois  se  passèrent  sans 
qu'on  eût  de  nouvelles  de  Dandelin. 
Tout-à-coup  il  reparut  à  Liège,  et  le 
rapport  détaillé  qu'il  adressa  au  Gou- 
vernement sur  sa  mission  servit  ample- 
ment d'excuse  à  son  silence.  En  4829 
le  syndicat  ayant  pris  la  résolution  de 
mettre  en  exploitation  les  mines  de  fer 
et  les  autres  ressources  des  forêts  de 
Hertogenwald  et  de  Grunbaut,  il  fut 
désigné  pour  intervenir  dans  cette  opé- 
ration; mais  la  révolution  de  4  830  éclata 
et  changea  encore  une  fois  le  cours  de 
ses  Idées.  Pour  la  troisième  fois,  il 
quitta  la  plume  pour  l'épée.  Ses  con- 
naissances spéciales,  son  esprit  supé- 
rieur lui  assignaient  un  rang  distingué: 
il  fut  nommé  commandant  de  la  légion 
d'artillerie  de  la  garde  urbaine  (45  sep- 
tembre 4850),  qui  ne  tarda  pas  à  lui 
décerner  un  sabre  d'honneur.  Mais , 
ajoute  M.  Quetelet,  la  roclie  Tarpéienne 
est  près  du  CapUole  ;  une  accusation  de 
trahison  fut  lancée  contre  lui  ;  il  eut 
beaucoup  de  peine  à  s'y  soustraire.  Il 
fallut  que  l'autorité  détrompât  le  public, 
en  déclarant  hautement  l'imputation  ca- 
lomnieuse. Nommé  major  du  génie  le 
I  â  octobre  suivant,  Dandelin  partit  pour 


(')  Uo  jour,  dit  M.  Quetelet,  je  trouvai 
radmiDistraleur- générai  de  l'instruction  fort 
indisposé  contre  lui,  pour  une  petite  scène 
qui,  si  elle  avait  eu  réellement  lieu,  eût  été 
de  nature,  en  effet,  k  compromettre  étran- 
genaent  la  dignité  académique.  Dandelin,  di- 
sait-on, k  la  suite  dune  excursion  géolo- 
gique, était  rentré  dans  Liège  en  jouant  du 
violon  et  accompagné  de  ses  élèves  qui  dan- 
salent  autour  de  lui.  Je  me  hasardai  k.  lui 
parler  de  l'accusation  :  Dandelin  en  fut  indi- 
gné. «  Voilà,  dit-il,  comme  on  dénature  les 
9  meilleures  actions.  Dans  une  promenade 

•  géologique  que  je  As  avec  mes  élèves,  nous 
»  rencontrâmes  un  pauvre  ménétrier  aveugle; 

•  j'en  eus  pitié,  et  lui  donnai  quelque  argent. 
»  Je  voulus  eosuito  essayer  son  violon,  et  je 
9  jouai  quelques  airs  qui  mirent  mes  élèves 
»  eo  gaieté  ;  ce  que  la  liberté  de  la  campagne 
m  autorisait  en  quelque  sorte»  et  me  fit  faci- 

•  lement  excuser  :  voilà  le  canevas  sur 
»  lequel  on  a  brodé  tou^  cette  histoire.  » 
Cette  histoire,  en  effet,  avait  en  un  certain 
retentissement,  que  la  médiocrité  envieuse 


avait  exploité  à  son  bénéfice  (p.  445).  —  La 
notice  de  M.  Quetelet  fourmille  de  traits 
d'insouciance  et  de  bizarrerie  remontant  à 
la  jeunesse  de  Dandelin.  Nous  n'en  rappel- 
leroQS  qu'un  seul.  Non  seulement,  quoiqu'il 
ne  fût  pas  riche,  il  ne  coonaisait  pas  la  va- 
leur de  l'argent  :  «  il  lui  est  arrivé  de  le  jeter, 
littéralement,  par  les  fenêtres.  C'était  à  Na- 
mur;  il  venait  de  toucher  son  traitement,  et 
rentré  chez  lui,  il  avait  placé  l'argent  sur  une 
table,  en  priant  son  hôtesse  de  vouloir  bien 
le  mettre  en  lieu  de  sûreté.  Comme  cette 
personne  tardait  à  obtempérer  à  ses  désirs, 
Dandelin  insista  en  disait  que  cet  argent  le 
gênait.  L'on  ne  lit  que  rire  de  son  impa- 
tience; et,  la  fenêtre  étant  ouverte,  Dande- 
lin en  DU  tour  de  main  débarrassa  la  table,  à 
la  grande  satisfaction  de  plusieurs  petits 
malheureux  qui  passaient  en  ce  moment  et 
qui  prélevèrent  une  notable  partie  sur  le 
traitement,  dont  les  personnes  de  la  maisoA 
s'empressèrent  d'aller  recueillir  les  restes.  • 
(p.  440). 


135 


DAN 


136 


Ypres,  puis  pour  Gand^où  il  commauda 
la  brigade  du  génie  à  Tannée  des  deux 
Flandres,  jusqu'en  juillet  4851. 11  comp- 
tait néanmoins  encore  rentrer  dans  ren- 
seignement :  le  brevet  de  lieutenant- 
colonel,  signé  par  le  Régent  ^24  juin), 
le  détermina  déllnitivement  à  opter  pour 
son  ancienne  carrière. 

Il  avait  rimagination  ardente,  la  tête 
vive  ;  la  part  qu1l  prit  aux  discussions 
des  clubs  les  plus  exaltés  faillit  l'amener 
devant  un  Conseil  de  guerre.  Ce  fut 
encore  M .  Quetelet  qui  détourna  Torage  : 
on  envoya  Dandelin  à  Namur  (7  sep- 
tembre 1851).  Il  y  passa  dix  années, 
mais  sans  pour  ainsi  dire  se  remettre 
aux  études.  L'homme  éminent  qui  avait 
encouragé  et  partagé  ses  premiers  tra- 
vaux, lui  dédia  la  'è'^  édition  des  Posi- 
tions de  physique  et  finit  par  le  décider 
à  reprendre  ses  recherches.  Des  instru- 
ments furent  empruntés  pour  lui  au 
Musée  de  Bruxelles  (i  855);  on  le  nomma 
professeur  de  physique  à  FÂtbénée  de 
Namur  (9  novembre  1855),  sans  l'en- 
lever au  ser\ice  actif  de  l'armée.  Il 
rentra  en  relation  avec  l'Académie , 
s'occupa  de  la  théorie  de  la  décompo- 
sition de  la  lumière,  étudia  les  formes 
des  racines  imaginaires  des  équations 
et  prépara  en  un  mot  divers  travaux 
qu'il  ne  termina  point,  si  ce  n'est  un 
mémoire  sur  la  détermination  géomé- 
trique des  orbites  cométaires ,  qui  fut 
communiqué  à  la  classe  des  sciences 
en  mars  1 840.  L'année  suivante,  comme 
il  avait  témoigné  le  désir  de  se  fixer 
dans  la  capitale,  le  général  Buzen,  alors 
ministre  de  la  guerre,  lui  conféra  le 
commandement  du  génie  dans  les  places 
de  Bruxelles ,  Louvain  et  Yilvorde. 
Dandelin  était  heureux  de  ce  change- 
ment; il  allait  se  mettre  en  route,  lors- 
qu'il reçut  tout  d'un  coup  l'ordre  de  se 
rendre  à  Liège,  pour  prendre  la  direc- 
tion des  fortifications  de  la  5*  division 
territoriale  (25  octobre  1841)  En  vain 
ses  amis  intervinrent  ;  il  fallut  se  rési- 
gner. Le  15  décembre,  Dandelin  reçut 


la  Croix  de  Tordre  de  Léopold.  11  n*a- 
vait  jamais  témoigné  qu'il  fût  sensible 
aux  honneurs  (*);  mais  la  bienveillance 
royale  le  toucna  et  le  stimula.  L'Aca- 
démie reçut  de  lui,  au  mois  de  décembre 
1842,  un  mémoire  sur  quelques  points 
de  métaphysique  géométrique,  étude  dont 
un  travail  de  Legendre  (')  lui  avait 
suggéré  l'idée.  Il  en  revenait  aux  médi- 
tations de  sa  jeunesse  et  il  s'en  étonnait 
lui-même,  quoique  l'exemple  de  d'Alem- 
bert,  de  Lagrange,  de  Carnot  et  de 
Legendre  eût  dû  lui  faire  reconnaître 
qu'il  ne  faisait  que  subir  une  loi  de 
l'Intelligence  humaine.  «  C'est  ordinai- 
rement après  avoir  usé  des  théories 
mathématiques,  dit  très-bien  M.  Que- 
telet, que  les  savants  se  préoccupent 
le  plus  de  la  nécessité  d'en  consolider 
les  bases.  » 

Dandelin  fit  partie  chaque  année,  à 
partir  de  1850,  des  jurys  d'examen  de 
l'Ecole  militaire  ou  des  jurys  pour  les 
aspirants  du  corps  des  ponts  et  chaus- 
sées. En  1845,  il  dut  faire  un  nouveau 
voyage  en  Angleterre,  comme  membre 
de  la  Commission  chargée  de  rechercher 
les  causes  qui  avaient  pu  amener  l'écrou- 
lement du  tunnel  de  Cumptich,  près 
Tirlemont.  En  1846,  il  fit  partie  de  la 
Commission  instituée  pour  «  examiner 
les  documents  géodésiques  de  la  trian- 
gulation du  royaume,  exécutée  anté- 
rieurement k  1850,  et  arrêter  les  bases 
principales  et  le  mode  d'exécution  du 
travail  complémentaire  de  celui  auquel 
ces  documents  appartiennent.  »  11  prit 
ces  nouvelles  occupations  à  cœur,  tant 
que  sa  santé  le  lui  permit.  Sa  position 
s'était  sensiblement  améliorée  ;  il  avait 
été  nommé  colonel  du  génie  le  1^  août 
1845;  il  résidait  à  Bruxelles,  bien  que 
le  siège  de  la  direction  des  fortifications 
delà  2« division  territoriale,  qui  lui  était 
confiée,  fût  à  Anvers.  Tout  semblait  lui 
sourire,  et  néanmoins  son  caractère 
revêtait  peu  à  peu  une  teinte  de  mélan- 
colie. Il  fut  vivement  affecté  de  la  mort 
de  son  père  ;  il  ne  cessait  d'évoquer  le 


(  *  )  Il  possédait,  relativement  à  son  mé- 
rite et  à  sa  réputation,  peu  de  litres  hono- 
rrfiqueâ.  Eo  i835,  l'Université  de  Gaad  lui 
avait  décerné  un  diplôme  de  docteur  hono- 
raire i  il  faisait  panie  de  la  Société  minéra- 


logique  dléna  et  des  trois  Sociétés  des 
sciences  de  Liège. 

(*)  Mém,  de  l'Acad.  des  sciences  de  Paris ^ 
t.  XII,  4833. 


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DAN 


138 


souvenir  de  ses  jeunes  années.  Quand 
rAcadémie  fut  réorganisée,  ses  con- 
frères rélurent  directeur  annuel  de  la 
classe  des  sciences  :  il  se  montra  très- 
sensible  à  kur  suffrage  et  continua  jus- 
qu'à sa  mort  à  prendre  part  aux  travaux 
de  la  Compagnie,  sinon  par  des  mé- 
moires de  Tordre  de  ceux  «  qui  fixeront 
à  jamais  son  nom  dans  Thistoirc  des 
sciences  »  (*),  du  moins  par  de  nom- 
breux et  savants  rapports.  11  tomba  sé- 
rieusement malade  au  commencement 
de  1847;  ses  derniers  jours  furent  mar- 
qués par  une  résignation  douce  et  reli- 
gieuse. Il  chercha  même  des  yeux,  au 
moment  suprême,  ses  frères  et  trois 
camarades  d*études  qui  avaient  voulu 
recueillir  ses  derniers  adieux  ;  puis  il 
perdit  counaissance... 

Dandelin  inaugura  TEcole  des  mines 
de  Liège,  en  même  temps  que  Bronn 
(y.  ce  nom)  ouvrait  à  TUniversité  un 
cours  d'économie  forestière.  Mais  les 
circonstances  ne  favorisèrent  pas  ce 
dernier  enseignement,  tandis  que  Tex- 
ploitation  des  mines,  répondant  à  des 
besoins  déterminés  par  la  consliuuion 
mêmedu  sol  liégeois,  fut  bientôt  étudiée 
avec  un  zèle  en  rapport  avec  les  inten- 
tions du  gouvernement.  Ce  n'est  pas  que 
Dandelin  ait  jamais  eu  de  nombreux 
élèves  ;  mais  TEcole  naissante  se  déve- 
loppa constamment,  et  il  en  sortit  des 
ingénieurs  capables,  qui  contribuèrent 
efficacement  à  Tessor  vigoureux  que  prit 
l'industrie  nationale  à  partir  de  cette 
époque.  La  première  organisation  de 
l'Ecole  des  mines  date  du  3  août  i  825  (  '  ) ; 
les  cours  furent  ouverts  au  mois  d'oc- 
tobre suivant.  Le  programme  embras- 
sait deux  années  d'études,  comprenant 
chacune  cinq  cours.  Les  certificats  de 
capacité  étaient  délivrés  par  lu  Faculté 
des  sciences  (V.  l'art.  Lesoikne). 

BIBLIOGRAPHIE. 

I.  1«  Solution  de  deux  problèmes, 
dans  la  Correspondance  sur  rEcole  po^ 
lytechnique,  t.  111,  i8i6. 

IL  Mémoires  de  V Académie  royale  de 
Bruxelles  : 


^  Mémoire  sur  quelques  propriétés 
remarquables  de  la  ior^le  parabolique 
(Séance  du  i"  avril  1822;,  t.  IL 

5o  Recherches  sur  la  résolution  des 
équations  numériques  (Séance  du  5  mai 
1823),  t.  m. 

4<*  Blémoire  sur  l'hyperboloïde  de 
révolution  et  sur  les  hexagones  de  Pascal 
et  de  M.  Brianchou  (Séatice  du  ^février 
1824),  t.  III. 

5^  Note  additionnelle  au  mémoire  de 
M.  de  Nieuport,  sur  une  question  rela- 
tive au  calcul  des  probabilités  ("Séance 
du  8  mai  1824),  1. 111. 

6°  Sur  les  intersections  de  la  sphère 
et  d'un  cône  du  second  degré  (Séance 
dtt4;»tn1825),  LIY. 

7^  Mémoire  sur  l'emploi  des  pro- 
jections stéréométriques  en  géométrie 
(Séance  du  25  avril  1825),  t.  IV. 

8^  Sur  la  détermination  géométrique 
des  orbites  comélaires  (Séance  du  7 
mars  1840),  t.  WU  (Bulletin  deCAcad,, 
t.  VII,  V*  partie). 

9^  Mémoire  sur  quelques  points  de 
métaphysique  géométrique  (Séance  du 
3  décembre  1842),  t.  XVII,  v.  le  BulL, 
t.  IX,  2«  p.,  et  t.  X,  1"  p.). 

III.  Bulletins  de  V Académie: 

10^  Rapports  sur  des  mémoires  et  des 
communications  faites  à  l'Académie: 
t.  III  (sur  un  mémoire  de  géométrie  de 
M.  Lefrançois);  t.  Vil,  1'^  partie  (sur 
les  positions  d'harmonie  de  M.  de  Ro- 
biano);  t.  XIII,  1''  p.  (sur  un  mémoire 
de  M.  Brasseur,  concernant  certains 
lieux  géométriques);  t.  XIII,  2*  p.  (sur 
le  procédé  de  M.  Burhin,  pour  arrêter 
une  locomotive  lancée  à  toute  vitesse)  ; 
t.  XIV,  1"  p.  (sur  une  note  de  M.  de 
Bavay). 

Dandelin  a  pris  une  pari  active  aux  travaux 
de  rAcadémie  comme  commissaire  chargé 
d'apprécier  les  mémoires  de  concours,  etc.; 
V.  les  t.  IV  à  XIV  (lr«  p.)  des  Bulletins, 

110  Discours  prononcé  à  la  séance 
générale  de  la  classe  des  sciences,  le 
17  décembre  1846,  t.  XIII,  2»  partie, 
p.  426. 


(M  Qoetelet,  p.  156.  leignemenl  supérieur  (1844),  T.  I,  p.  LXIX. 

('  )  V.  le  rapport  de  M.  Noihomb  sur  l'en-      On  y  trouve  le  programme  de  l'IScole. 


139 


DEC 


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IV.  Correspondance  mathématique  et 
physique  de  M.  Quetelet  : 

42°  Sur  IVmploi  des  projections  sté- 
réographiques  en  géométrie,  t.  I,  p. 
246  et  316,  1825. 

C'est  un  travRil  spécial,  et  non  un  simple 
extrait  du  Mémoire  n<»  6. 

15^  De  la  sphère  tangenle  à  quatre 
sphères,  t.  Il,  p.  15,  1826. 

Note  se  rapportant  au  Mémoire  xfi  6. 

14^  Problème  du  plus  court  crépus- 
cule, t.  Il,  p.  97. 

V.  encore  le  Mémoire  no  6. 

1 5«  Propriétés  projectivesdes  courbes 
du  second  degré,  t.  III,  p.  9, 1827. 

16^  Sur  quelques  applications  de  la 
théorie  des  polaires,  t.  III,  p.  277. 

17*  Note  sur  les  vaisseaux  insub- 
mersibles, Und,^  p.  311. 

18°  Sur  une  difficulté  mécanique  re- 
lative aux  professions  exercées  sur  un 
plan,  t.  IV,  p.  241, 1828. 

V.  19*.  Leçons  9ur  la  mécanique  et 
les  machiner  A.  I.  Liège,  Dessain,  1827, 
un  vol.  de  471  p.  in-S*»,  avec  pi. 


DeClo»»ot(LÉON-DnUDONNÉ-MARIE  • 

Stànislas*Kostka  de)  naquit  à  Liège 
le  18  novembre  1827,  et  y  mourut  dans 
la  fleur  de  Tâge,  d'une  attaque  fou- 
droyante de  choléra ,  le  31  aoOt  1866. 
Il  At  d'excellentes  études  au  Collège  de 
St-Servais,  en  sortit  déjà  helléniste 
plus  qu'ordinaire,  et  justifia  sur  les 
bancs  de  rUniversité  de  Liège,  avant 
de  s'y  distinguer  dans  une  chaire, 
toutes  les  espérances  qu'il  avait  fait 
concevoir  dès  son  adolescence.  Il  s'ap- 
pliqua aux  langues  orientales  comme 
aux  langues  classiques,  aux  sciences 
historiques  comme  aux  sciences  philo- 
sophiques. Son  Essai  sur  Vhistoriogra- 
phie  romaine  avant  le  siècle  d'Auguste, 
couronné  en  1848  par  le  jury  du  con- 
cours universitaire,  donna  une  haute 
idée  de  son  érudition,  de  son  juge- 
ment et  de  la  précision  de  ses  idées, 
bien  que  l'inexpérience  du  jeune  au- 
teur s'y  trahît  çji  et  là.  Avec  une  brève 
dissertation  sur  la  Germanie  de  Tacite, 
r£««atconstituetout l'héritage  littéraire 


de  Léon  de  Closset  ;  mais  les  papiers 
qu'il  a  laissés  attestent  que  s'il  eût  vécu, 
il  aurait  enrichi  la  littérature  philolo- 
gique de  plusieurs  ouvrages  de  mérite. 
Aussi  bien  les  circonstances  ne  lui 
permirent  guère  de  disposer  librement 
de  son  temps.  Dès  le  19  août  1847,  à 
peine  docteur  en  philosophie  et  lettres, 
il  se  vit  chargé,  â  titre  d'agrégé,  des 
cours  d'antiquités  grecqueset  romaines. 
Il  fit  sa  première  leçon  au  mois  d'oc- 
tobre, et  sa  méthode  sûre,  réiégance 
df  sa  diction,  la  solidité  de  ses  con- 
naissances lui  acquirent  dès  le  début 
l'estime  de  ses  élèves.  Mais  il  allait, 
sans  l'avoir  prévu,  se  trouver  tout  d'un 
coup  investi  d'une  auguste  confiance. 
Lors  de  la  visite  de  Léopold  I  à  Liège, 
en  juin  1849,  les  étudiants  de  l'Univer- 
sité avaient  voulu  manifester  haute- 
ment l'enthousiasme  qu'inspirait  à  la 
jeunesse,  comme  à  la  nation  tout  en- 
tière, la  sagesse  et  le  dévouement  d'un 
prince  k  qui  la  Belgique  devait  d'être 
restée  calme  au  milieu  des  orages  qui 
venaient  de  bouleverserl'Europe.  Inter- 
prète de  leurs  sentiments,  de  Closset 
sut  parler  le  langage  du   cœur.  En 
1851,1e  roi  se  souvint  du  jeune  orateur 
et  prouva  une  fois  de  plus  qu'il  se  con- 
naissait en  hommes  :  Léon  de  Closset 
eut  l'insigne  honneur  d'être  appelé  à 
devenir  le  guide  intellectuel  des  princes 
belges.  Pendant  six  ans,  il  se  consacra 
tout  entier  à  l'accomplissement  de  cette 
haute  et  délicate  mission,  qui  lui  valut 
plus  tard  le  titre  de  chevalier  de  l'ordre 
de  Léopold,  et  de  la  part  de  Tiropératrice 
Charlotte,  la  croix  d'officier  de  l'ordre  de 
la  Guadelupe.  Quelques  semaines  avant 
la  catastrophe  qui  nous  enleva  notre  col- 
lègue, le  roi  Léopold  II,  recevant  le 
corps  académique  de  Liège,  rendit  à  de 
Closset  un  magnifique  hommage,  et  dai- 
gna ajouter,  avec  une  grâce  parfaite, 
qu'il  se  rangeait  lui-même  parmi  les 
élèves  de  notre  Université ,  puisqu'il 
avait  reçu  les  leçons  de  l'un  de  ses  pro- 
fesseurs. De  Closset  avait  repris  des 
fonctions  à  Liège  depuis  1856  :  il  y 
était  rentré  comme  professeur  extraor- 
dinaire, chargé  du  grec  au  doctorat 
en  philosophie,  et  de  renseignement 
des  principes  de  la  littérature  à  l'Ecole 
normale  des  humanités.  Le  12  janvier 


141 


DEF 


142 


1862,  le  roi  le  nomma  professeur  or- 
dinaire; le  14  janvier  1864,  il  échangea 
son  cours  de  TEcole  normale  contre 
celui  de  grec  ;  le  14  février,  il  fut  char- 
gé des  cours  de  latin  (candidature  et 
doctorat)  délaissés  par  M.  le  professeur 
Bormans.  Il  allait  enfin  pouvoir  vivre 
dans  la  plus  étroite  familiarité  avec 
ses  chers  auteurs  grecs  et  latins  ; 
il  allait  déployer  à  Taise ,  dans  le 
champ  qu*il  aimait  le  mieux  de  parcou- 
rir, ses  brillantes  qualités  de  philolo- 
gue etd*homme  de  goût;  il  allait  se 
montrer  pleinement  digne  du  maître 
qui  Tavait  formé.  Dieu  ne  Ta  point 
voulu.  —  La  famille  royale  prit  part 
ù  la  douleur  de  sa  veuve;  la  nouvelle 
de  sa  mort  inopinée  affligea  profondé- 
ment tous  ceux  qui  Tavaient  connu,  et 
qui  savaient  ses  vertus  privées  à  la 
hauteur  de  son  talent. 

Sources  :  Derniers  honneurs  rendus 
à  M.  Léon  de  Closset  (Discours  de  M. 
Troisfontaines, etc.).Liége,i866,in-8  . 
—  Notice  biographique  dans  la  Gazette 
de  Liège,  —  Journal  historique  du  i 
novembre  1866,  etc. 


ne  F<»os  (Jean-Henri-Nicolàs),  na- 
quità  Liège,  le'lO  Juillet  1804,  et  mourut 
k  sa  campagne  dUaccourt  (*)  le  20 
novembre  1865.  Il  appartenait  à  Tune 
des  plus  anciennes  familles  de  la  Hes- 
baye  :  un  de  Fooz  se  distingua  aux 
Croisades;  à  la  bataille  de  Steppes  (i5 
octobre  1215),  quinze  chevaliers  seule- 
ment, sur  plus  de  cinq  cents,  restèrent 
fidëlesà  rétendard  de  St-Lambert  :  parmi 
eux  était  un  sire  de  Fooz  ;  le  4  août  1 512, 
dans  cette  funeste  journée  surnommée 
la  Mal  St'Martin,  Marie  de  Fooz,  dame 
opulente,  sauva  de  la  mort,  par  sa  pré- 
sence d*esprit,  150  nobles  réfugiés  dans 
sa  maison,  et  dont  le  peuple  demandait 
la  vie  (*  ).  Mais  pour  le  but  qu'on  se  pro- 
pose ici,  redisons-le  avec  le  biographe 
à  qui  nous  empruntons  ces  détails  gé- 
néalogiques ('),  Tessentlel  n'est  point 

(  M  A  S 1/2  lieues  N.  de  Liège. 

(')  Polaio,  Récits  hiMtoriquet  du  pays  de 
Liège, 

(*)  La  notice  qui  nous  a  principalement 
servi  de  guide  occape  les  pages  I-XVI  du 


d'évoquer  ces  souvenirs;  il  suffit  de 
rappeler  que  notre  de  Fooz,  et  avant  lui 
son  père,  placés  dans  des  conditions 
toutautres que  leurs  belliqueuxancêtres, 
avaient  conservé  pures  et  vives  les  tra- 
ditionsd'honneurque  ceux-ci  leuravaient 
léguées.  Le  père  du  professeur  était 
un  chimiste  distingué,  connu  en  outre 
par  la  part  qu'il  prit  ù  la  réorganisation 
du  bureau  de  bienfaisance  de  Liège  et 
à  la  formation  de  la  Société  d'Émulation 
(1 779).  Il  envoya  son  fils  au  séminaire 
de  Liège  pour  y  étudier  les  humanités. 
Jean-Henri-Nicolas  se  distingua  entre 
tous  ses  condisciples  et  se  mit  au  tra- 
vail avec  une  ardeur  qui,  vu  sa  consti- 
tution délicate,  mit  un  instant  ses  jours 
en  danger.  Les  mathèmaliiiues  n'étaient 
pour  lui  qu'une  récréation  ;  tout  jeune 
encore,  il  écrivait  et  parlait  le  latin  avec 
une  facilité  peu  commune  ;  le  latin  lui 
était  si  familier,  qu'il  prenait  noie  en 
cette  langue  des  explicalions  des  pro- 
fesseurs, même  dans  les  cours  qui  se 
donnaient  en  langue  française.  En  1822, 
dans  une  classe  de  100  élèves,  il  rem- 
porta le  premier  prix  de  philosophie. 
Ses  supérieurs  cherchèrent  à  se  l'alia- 
cber  et  lui  confièrent  la  chaire  de  rhé- 
torique :  il  avait  alors  dix-huit  ans.  A 
une  grande  aptitude  pour  l'enseigne- 
ment, il  unissait  déjà  une  habileté  toute 
exceptionnelle  pour   l'administration. 
Mgr  Barrett,  alors  vicaire  capitulairede 
Liège  (*),  son  parent,  son  ami  et  son 
guide,  jeta  bientôt  les  yeux  surlui  pour 
occuper  une  place  importante  dans  l'ad- 
ministration du  diocèse.  Mais  cette  per- 
spective n'éblouit  pas  de  Fooz,  qui  ne  se 
sentait  point  appelé  à  la  carrière  ecclé- 
siastique; il  n'occupa  qu'un  an  sa  chaire 
de  rhétorique,  et  prit  ses  Inscriptions 
à  l'Université  de  Liège  en  1825.  Le  20 
juilletl825Jlfutreçucandidaten  droit; 
le  6  juin  1827,  docteur,  avec  la  mention 
summis  cum  laudilms  sur  ses  deux  di- 
plômes. Sa  thèse  inaugurale  (De  pos- 
sessione)  fut  soutenue  cum  summâ  doc- 
trinœ  prœstantià,  le  8  mai  1828. 

4*  volume  du  traité  de  Droit  administratif 
de  de  Fooz.  Elle  est  accompagnée  d'un  beau 
portrait. 
(*)  Mort  évëque  de  Namur  en  1838. 


143 


DEF 


144 


L*étude  du  droit  ne  Tavait  pas  absorbé 
au  point  de  le  détourner  de  la  philoso- 
phie, pour  laquelle  il  éprouvait  un  irré- 
sistible  aurait.  En  4826  et  4827,  il  prit 
part  au  concours  et  fut  deux  fois  cou- 
ronné. Ses  mémoires  sont  respective- 
ment intitulés:  Commentatio  litkraria 
definiiioncm  pulchrià  Clar.Hetnsterhuûi 
dalam  cum  reliquorum  philosophoj'um 
definitionum  comparans  atque  dijudicans. 
—  Commentatio  litteraria  quà  respon- 
detur  ad  qucstioiiem  :  Quemnam  fmctum 
è  studio  philosophicn  moralis,  in  studio 
doctrinarum  politicarum  smcipere  pos- 
mmus  ? 

Son  mérite  attira  Tattention  du  gou- 
vernement hollandais,  qui  lui  fit  offrir 
la  place  de  secrétaire  de  la  ville  de  Liège. 
Il  n*accepta  point  ;  on  peut  croire  que 
ce  fut  par  scrupule  de  conscience.  De 
Fooz,  très-religieux  et  grand  partisan 
des  libertés  revendiquées  de  plus  en 
plus  énergiquement  par  Topposiiion 
belge,  ne  tenait  pas  à  devenir  Tobligé 
d*un  pouvoir  dont  il  n*approuvait  pas 
les  actes.  Aussi,  dès  qu'on  apprit  h 
Liège  que  Bruxelles  avait  secoué  le  joug, 
fut-il  Tun  des  premiers  l\  embrasser  la 
cause  nationale.  Sorti  de  sa  demeure 
sans  savoir  que  la  révolution  venait 
d'éclater,  il  y  rapporta  le  soir  (27  août 
4830)  un  brevet  de  capitaine  de  la  garde 
urbaine,que  lui  avaient  offert  la  Régence 
de  Liège  et  la  Commission  de  sûreté 
publique.  11  fit  preuve,  dans  r>es  circon- 
stances difficiles,  de  beaucoup  d'énergie 
et  d'activité.  Les  ressources  de  la  garde 
urbaine  étaient  insuffisantes  ;  plus  d'une 
fois  il  paya  de  ses  propres  deniers  la 
solde  des  hommes  de  sa  compagnie.  Il 
avait  transformé  sa  maison  en  un  véri- 
table corps  de  garde,  chauffé  et  éclairé 
à  ses  frais;  il  faisait  en  outre  distribuer 
des  vivres  aux  plus  nécessiteux(*).  Les 
électeurs  liégeois  l'envoyèrent  siéger  à 
la  Régence  le  22  novembre  4850  ;  le 
20  décembre  suivant,  ilfut  nommé  éche- 
vin  par  44i  suffrages  sur  429  votants. 
Lors  de  l'institution  de  la  garde  civique 
(54  décembre),  ilfut  maintenu  dans  son 
grade  de  capitaine  ;  peu  de  temps  après, 
il  obtint  par  élection  celui  de  major, 
quMl  conserva  jusqu'à  son  entrée  ckins 


la  magistrature.  Comme  échevin,  il  était 
délégué  à  la  police,  mission  difficile  à 
c^tte  époque,  à  Liège  surtout,  où  la  po- 
pulace, surexcitée,  était  toujours  prête 
à  piller  les  maisons  des  citoyens  sus- 
pects A'orangisme,  L'évêque  de  Liège, 
Mgr  Van  Bommel,  hollandais  de  nais- 
sance, nommé  par  Guillaume  I,  fut  dé- 
signé comme  favorable  au  gouvernement 
déchu  :  n'avait-il  pas  dû,  lors  de  sa  prise 
de  possession ,  recommander  1  obéis- 
sance  k  l'autorité  constituée?  Il  n  en  fal- 
lait pas  plus  :  la  foule  se  précipita  sur  le 
palais  épisc^pal.  Sans  le  courage  de 
de  Fooz,  qui  s'y  jeta  aussitôt  avec  sa 
troupe;  sans  le  calme  du  prélat  qui, 
voyant  l'acharnement  du  peuple,  em- 
pêcha toute  défense  et  se  présenta  har- 
diment aux  émeutiers,  un  désastre  eût 
été  inévitable.  En  maintes  circonstances 
analogues,  de  Fooz  paya  de  sa  personne 
et  contribua  puiss^imment,  par  ses  ex- 
hortations et  par  sa  présence  d'esprit, 
à  calmer  reffervcscence  populaire. 

De  Fooz  resta  éihevin  de  Liège  jus- 
qu'au 50  décembre  1855,  époque  où  il 
crut  devoir  se  roliror  de  la  vie  publi- 
que à  la  suite  d*un  conflit  mémorable  qui 
s'éleva  au  sein  du  Conseil  de  Régence, 
au  sujet  de  la  publicité  de  ses  séances. 
Le  conseiller  Auguste  Dclfosse  avait 
demandé,  le  45  octobre,  que  l'on  rendit 
obligatoire,  pour  les  procès-verbaux 
communiqués  à  la  presse,  la  mention 
des  votes'  affirmatifs  ou  négatifs  de 
chaque  conseiller  dans  toutes  les  affaires 
qui  seraient  délibérées  en  Conseil.  La 
majorité  accueillit  favorablement  cette 
proposition,  ce  qui  enhardit  trois  mem- 
bres de  l'assemblée  à  pousser  les  choses 
plus  loin  ;  ils  réclamèrent  la  publicité 
pure  et  simple  des  séances.  La  question 
de  la  compétence  du  Conseil  fut  soulevée 
et  résolue  affirmativement;  quatre  mem- 
bres s'abstinrent,  entr'autres  de  Fooz, 
qui  donna  sa  démission  dans  la  séance 
suivante.  Le  conflit  continua  et  prit  des 
proportions  considérables.Nous  n'avons 
pas  à  nous  en  occuper  autrement  ici  : 
le  lecteur  curieux  de  connaître  les  dé- 
tails de  cet  épisode,  sans  contredit  l'un 
des  plus  curieux  de  l'histoire  de  notre 
réorganisation    politique ,    consultera 


(  '  )  Nous  suivons  fidèlement  la  notice  prdci-      tée,  dont  l'autour  a  puisé  à  très-bonne  source. 


14o 


DEF 


U6 


utileaent  le  Néerologe  Liégeois  pour 
1858  (arU  Oelfosse)  et  VHistoire  du 
règne  de  Léopold  I  par  M.  Thonissen. 

Les  circonstances  seules  avaient  a- 
mené  De  Fooz  à  prendre  activement  part 
aux  affaires  publiques.  La  politique  n'é- 
tait pas  son  fait  :  il  aimait  le  silence  de 
son  cabinet  d'étude  et  la  vie  de  famille. 
Les  insistances  le  trouvèrent  inflexible  ; 
plus  tard,  il  refusa  même  de  se  lais- 
ser porter  à  la  Cbambre  des  représen- 
tants. On  lui  proposa  coup  sur  coup  les 
fonctions  de  secrétaire-général  dans 
deux  départements  ministériels  ;  le  bio- 
graphe que  nous  suivons  rapporte  qu'il 
aurait  pu  devenir  bourgmestre ,  même 
gouverneur  de  Liège.  Il  n'accepta  que  les 
fondions  de  Commissaire  (par  intérim) 
du  district  de  Liège  et  celles  de  membre 
du  Cdnseildemilicede  l'arrondissement, 
en  1831  et  f852;  il  était  dévoué  à  son 
pays,  mais  nullement  ambitieux.  Ce  fut 
même  pour  ainsi  dire  malgré  lui  qu'il 
entra  dans  la  magistrature.  Il  com- 
mença par  refuser  la  charge  de  subs- 
titut du  procureur  du  Roi  à  Liège  ;  le 
gouvernemefit  dut  multiplier  ses  ins- 
tances pour  le  décider  à  se  rendre  en 
la  même  qualité  à  Namur  (29  juin  4854). 
Le  5  avril  4835,  il  fut  nommé  juge  au 
tribuBal  de  première  instance  de  Ton- 
gres.  Enfin,  le  5  décembre  suivant.  Il 
entra  de  plein  pied  dans  une  carrière 
phis  conforme  ^  ses  goûts  :  le  gouver- 
nemefit lui  confia  la  chaire  de  droit 
administratif  à  rUniversîté  de  Liège, 
avec  le  titre  de  professeur  ordinaire  (  '  ). 

11  eut  à  créer  son  enseignement ,  et 
pour  ainsi  dire  la  synthèse  de  la  science 
qull  avait  à  exposer.  Le  mérite  d'un 
professeur  a  contribué  plus  d'une  fois, 
en  Belgique  aussi  bien  qu'ailleurs,  à 
éclairer  le  gouvernement  sur  Timpor- 
taoce  intrinsèque  d'un  cours  :  on  peut 
dire  que  l'utilité  de  l'institution  d'un 
nouvel  examen  roulant  principalement 
sur  le  droit  administratif  de  la  Bel- 
gique (*)  a  été  surtout  mis  en  relief 


par  la  réputation  méritée  des  leçons  de 
de  Fooz.  Un  cours  spécial  de  Législih' 
(ion  des  minea^  d'autre  part,  fut  annexé 
à  l'Ecole  des  mines  et  confié  au  même 
professeur,  qui  le  publia  in  extenso 
avant  même  d'avoir  achevé  son  grand 
ouvrage  (v.  ci-après).  De  Fooz  enseigna 
aussi,  pendant  quatre  ans,  le  droit  na- 
turel, et,  selon  sa  coutume,  il  rédigea 
ses  leçons  ;  malheureusement  on  n'a  pu 
retrouver  son  manuscrit. 

En  1861,  frappé  d'une  première  at- 
taque d'apoplexie,  il  dut  cesser  de  se 
rendre  à  l'Université;  M.  F.  Macors, 
son  futur  successeur,  eut  mission  de  le 
suppléer.  De  Fooz  ne  voulut  pas  que 
cet  état  de  choses  se  prolongeât  outre 
mesure  :  il  sollicita  l'éméritat,  qui  lui 
fut  accordé  par  arrêté  royal  du  i<^^  juil- 
let 186â.  Il  vécut  dès  lors  dans  une  re- 
traite studieuse,  partageant  son  temps 
entre  des  lectures  sérieuses  et  des 
exercices  pieux,  et  donnant  les  der- 
niers soins  au  travail  de  longue  haleine 
qui  perpétuera  sa  mémoire.  Il  |)assait 
l'été  ù  Haccourt,  répandant  des  bien- 
faits autour  de  lui  et  se  faisant  volon- 
tiers arbitre  et  conciliateur  dans  les 
contestations  qui  s'élevaient  entre  ses 
voisins,  k  Liège,  il  avait  conservé  quel- 
ques fonctions  administratives  ;  il  était 
notamment  président  de  deux  Conseils 
de  fabrique  et  de  la  Commission  des 
sépultures.  Comme  membre  du  Comité 
administratif  des  fabriques  d'église  do 
dloi^èse  ('),  il  eut  k  traiter  les  ques- 
tions les  plus  ardues  ;  il  a  laissé  les 
minutes  de  plus  de  8,000  consultations. 
Son  avis  sur  ces  matières  a  été  maintes 
fois  invoqué  non-seulement  en  Bel- 
gique, mais  même  en  Hollande,  en 
Allemagne  et  en  France. 

En  novembre  1863,  il  se  rendit  à 
Haccourt,  bien  qu'il  fit  déji  très-froid, 
pour  assister  aux  sermons  et  aux  céré- 
monies d'une  mission  des  PP.  Rédemp- 
toristes.  fl  dut  bientôt  reconnaître  que 
le  moment  était  venu  pour  lui  de  se 


(  * }  Il  ne  consentit  pas  à  se  charger  du 
coars  de  droii  public  interne ,  qui  lui  (ut 
offert.  Deslriveaux  (v.  ce  nom)  y  tenait  ;  son 
son  ancien  élève  ne  pouvait  le  déposséder. 
De  là  des  rapports  d'intimité  entre  ces  deux 
hommes  d'opinions  si  diirérent4;s,  mais  d'une 


égale  élévation  de  caractère. 

('  )  Le  doctorat  en  sciences  politiques  et 
administratives,  créé  par  la  loi  de  i849  sur 
l'enseignement  supérieur  (art.  36  et  50). 

(')  Il  exerça  ces  fonctions  pendant  près 
de  30  ans. 


\ 


147 


DËF 


148 


préparer  à  un  plus  grand  voyage.  Le 
SO  novembre,  il  rendit  son  âme  à  Dieu. 

De  Fooz  était  chevalier  de  la  Croix 
de  fer  (2  avril  4855)  ;  de  Tordre  royal 
de  la  Conception  de  Viiia-Vicosa  de 
Portugal  (9  janvier  1855),  et  de  Tordre 
de  Léopoid  1  de  Belgique  (24  septembre 
1855).  Son  traité  de  droit  administratif 
lui  valut  en  outre,  avec  une  charmante 
lettre  autographe  du  Grand-duc  Fré- 
déric de  Bade,  le  diplôme  de  comman- 
deur de  Tordre  du  Lion  de  Zaehringen 
(23  Janvier  18G2).  L*Académie  impériale 
de  législation  de  Toulouse  TInscrIvit, 
le  11  Juillet  1860,  au  nombre  de  ses 
membres  correspondants. 

Il  fut  secrétaire  académique  en  1842- 
1843.  Il  déclina  le  rectoral. 

Comme  professeur,  de  Fooz  se  distin- 
guait par  une  grande  clarté,  par  une  logi- 
que serrée,  par  un  esprit  méthodique 
dont  son  traité  peut  donner  Tidée ,  et 
surtout  par  un  rare  talent  de  réduire  les 
questions  les  plus  complexes  à  leur  plus 
simple  expression.  Sa  parole  avait  Tcx- 
aciltude  et  la  concision  du  Code,  et  le 
terme  juridique  ne  lui  faisait  Jamais 
défaut.  Sa  mémoire  était  prodigieuse  : 
il  citait  souvent  les  lois,  les  arrêtés  et 
jusqu^aux  jugements  des  tribunaux  et 
des  justices  de  paix,  sans  avoir  besoin 
de  recourir  aux  recueils.  Il  tenait  à  être 
complet,  mais  il  se  gardait  soigneuse- 
ment de  surcharger  la  mémoire  des 
élèves.  Il  se  plaisait  ù  répéter  que  la 
mission  du  professeur  n*est  pas  de  faire 
des  savants,  mais  de  fournir  à  ses 
disciples  les  moyens  de  le  devenir.  Il 
avait  le  travail  facile  et  une  persévé- 
rance qui  ne  se  laissait  jamais  rebuter. 
Son  activité  était  incessante  :  lorsque 
la  mort  vint  le  surprendre,  il  préparait 
deux  grands  ouvrages  :  Tun  sur  les 
Fabriques  d'église  (il  en  a  laissé  le 
plan);  Taulre,  un  Répertoire  complet  des 
lois  administratives,  dans  le  genre  du 
recueil  de  Dalioz  :  cette  vaste  compila- 
tion devait  servir  de  développement  à 
son  Traité. 

Comme   homme,  de  Fooz   donna 


l'exemple  de  toutes  les  vertus  privées  : 
sa  probité,  sa  droiture,  son  attache- 
ment, sans  bornes  à  tous  les  devoirs, 
son  désintéressement  et  son  extrême 
délicatesse,  aussi  bien  que  son  affabilité 
et  son  caractère  bienfaisant  lui  atti- 
rèrent Testime  et  Taffection  générales 
(*).  Il  avait  pour  ses  élèves  Tattache- 
ment  d*un  père;  il  s'occupait  de  leurs 
études  et  de  leur  conduite,  et  ne  les 
perdait  pas  de  vue  même  après  leur 
sortie  de  TUniversilé:  tous  pouvaient 
recourir  librement  à  ses  lumières  et  à 
son  crédit.  Comme  citoyen,  nous  avons 
dit  quel  fut  son  patriotisme  et  quel  fut 
son  courage.  Il  resta  jusqu'il  sa  mort  du 
parti  de  VUnion  de  1850,  et  se  distingua 
toujours  par  une  fermeté  inébranlable 
dans  ses  principes.  11  était  sincère- 
ment, on  peut  dire  naïvement  reli- 
gieux :  jamais  il  ne  connut  le  respect 
humain. 

Son  grand  ouvrage  est  intitulé  :  Le 
Droit  administratif  belge,  l\  comprend 
cinq  gros  volumes  in-8^  ;  le  quatrième 
n'a  paru  qu'après  sa  mort.  Le  premier 
traite  de  Vorganisation  et  de  la  compé" 
tence  des  autorités  administratives  {Tour- 
na} ,  Casterman  ,  1859 ,  IV  et  486  p.  ); 
le  second  est  Intitulé  :  De  la  fortune 
publique  en  Belgique,  ou  du  domaine  so- 
cial et  des  impôts,  des  dépenses  et  de  la 
comptabUité  de  VÈtat  (Ibid.  1861,  767 
p.)  ;  le  troisième  expose  le  système  de 
rordre  public  ou  de  la  police  adminis- 
trativeien  Belgique  (1863;  818  p.)  ;  le 
quatrième  s'occupe  de  rAdministration 
de  la  commune,  de  Parrondissement,  de 
la  province  et  des  établissements  publics 
('),  combinée  avec  la  tutelle  du  gouver- 
nement (1866  ;  notice  biographique  , 
p.  I  à  XYI  ;  VI  et  574  p  );  le  cinquième 
enûn,  publié  avant  les  autres,  est  un 
traité  de  Législation  des  mines  (538 
pages),  iustement  estimé  en  Belgique  et 
en  France.  —  La  haute  impartialité 
de  de  Fooz  a  été  re(M>nnue  par  des 
hommes  éminents  de  toutes  les  opi- 
nions, et  l'utilité  pratique  de  son  œuvre 
est  de  plus  en  plus  appréciée.  L'auteur 


(M  S68  collègues  firent  des  ddmarehcs 
auprès  du  ministère  pour  le  faire  nommer 
administrateur  de  l'Universitë  après  la  mort 
de  D.  Amould  (v.  ce  nom)  ;  mais  bien  qu'il 


se  fût  rendu  à  leur  désir,  l'afiTatre  n'eut  pas 
de  suite. 

(*)  Fondations;  instruction  publique;  bien  - 
faisance  publique  ;  Fabriques  d'église. 


149 


DËH 


150 


ne  s*est  point  noyé  dans  les  détails  ;  il 
a  porté  la  lumière  dans  le  labyrinthe 
obscur  des  milliers  de  lois,  arrêtés, 
décisions  qu'il  classe,  commente,  com- 
pare avec  une  rare  habileté  d'ordonna- 
leur  et  une  solidité  parfaite  de  juge- 
ment, sans  céder  aux  entraînements  du 
jour,  sans  connaître  d'autre  passion 
que  celle  de  la  justice.  On  est  frappé 
de  la  sincérité  de  Tauteur  :  ses  conclu- 
sions sont  d*un  juge  équitable;  ses 
prémisses,  d*un  philosophe  homme  de 
bien. 


uoiinut  (Lous-Josepn),  ué  à  Chiè- 
vres  le  30  décembre  4805,  mourut  à 
Liège  le  !^  juillet  1841.  La  modicité 
des  ressources  de  sa  mère,  prématuré- 
ment privée  du  soutien  de  la  famille, 
n'aurait  pas  permis  à  Dehaut  d'aborder 
des  études  supérieures,  si  quelques 
personnes  généreuses,  frappées  de  ses 
dispositions  précoces  et  surtout  de  son 
ardeur  au  travail,  ne  l'avaient  pris  sous 
leur  protection.  Il  fut  envoyé  au  Collège 
d'Ath  en  1822  :  trois  ans  lui  suffirent 
pour  achever  ses  humanités.  «  Une 
»  particularité  trop  remarquable  pour 
»  être  passée  sous  silence,  c'est  que, 
»  parvenu  en  4*,  il  se  montra  d'une 
»  force  si  supérieure  it  celle  de  ses 
■  condisciples,  pour  la  plupart  bien 
»  plus  anciens  dans  l'établissement , 
B  qu'ils  refusèrent    à   l'unanimité  de 

>  concourir  avec  lui  :  et  leurs  objec- 
»  lions  parurent  si  fondées ,  que  le 
9  Conseil  d'administration,  les  dispen- 
»  sant  d'une  lutte  trop  inégale,  enjoi- 
»  gnit  ^  cet  émule  redouté  de  passer 

>  en  3*;  sorte  d*honorable  ostracisme 
n  contre  lequel  murmura  toutefois  le 
»  jeune  athlète,  qui  seul  ne  s*en  jugeait 
»  pas  digne  (*).  »  11  poursuivit  ses 
études  avec  le  plus  grand  succès  au 
Collège  philosophique  et  k  l'Université 
de  Louvain  ;  ses  progrès  furent  surtout 
remarquables  en  philologie.  La  révo- 
lution éclata  au  moment  où  il  se  dis- 
posait à  soutenir  sa  thèse  de  doctorat. 
Ce  grand  événement,  qui  pouvait  en- 
traver sa  carrière,  le  trouva  dans  les 
rangs  des  amis  de  l'émancipation  na- 


tionale, tt  Son  rôle  politique,  pour 
»  rester  secondaire  ainsi  qu'il  avait 
»  déclaré  lui-même  le  vouloir,  n'en  fut 
»  pasmoinsdigne d'estime.— Lorsqu'un 
»  attentai  odieux,  mais,  hâtons-nous 
9  de  le  dire,  le  seul  attentat  irréparable 
n  qui  ait  affligé  la  Belgique  durant  cette 
»  ère  d'affranchissement,  frappa  dans 
»  Louvain  un  malheureux  désigné  à  la 
»  fureur  populaire,  Dehaut  n'hésita  pas 
»  à  manifester  son  indignation  en  face 
»  de  ceux  qui  donnaient  à  leur  rage 
»  vindicative  le  nom  de  patriotisme,  et 
»  félicita  hautement  le  fonctionnaire 
»  dont  l'intrépide  énergie  avait  fait  dé- 
»  truire  sous  les  yeux  des  assassins  le 
»  monument  érigé  par  lui-même  à  la 
n  liberté,  nais  qu'ils  avaient  souillé  de 
»  sang  (').  »  Dehaut  prit  part,  quelque 
temps  après,  à  la  rédaction  du  Courrier 
belge,  feuille  très-influente  :  son  esprit 
judicieux  et  la  solidité  de  ses  connais- 
sances se  firent  remarquer  dans  les 
articles  qu1l  publia  sur  l'organisation 
judiciaire  ,  sur  les  dépôts  de  mendicité 
et  enfin  sur  l'enseignement  Le  gouver- 
nement provisoire,  par  arrêté  du  16 
décembre  1830,  l'attacha  en  qualité  de 
lecteur  Ji  l'Université  de  Louvain,  pour 
l'histoire  ancienne,  l'histoire  du  moyen- 
âge  et  l'histoire  politique  moderne.  Ces 
nouvelles  occupations  ne  l'absorbèrent 
pas  tout  entier  ;  il  trouva  le  temps  de 
subir  les  épreuves  prescrites  par  la  loi 
pour  l'obtention  du  diplôme  en  droit 
romain  et  moderne.  Secrétaire  acadé- 
mique en  1833-54,  il  vit  son  mandat 
renouvelé  l'année  suivante,  et  quoique 
accablé  de  besogne,  il  parvint  pendant 
celte  même  période  ù  rédiger ,  pour  le 
ministère  de  l'intérieur,  un  travail  vrai- 
ment prodigieux  par  sa  masse  et  par 
son  importance  :  la  statistique  com- 
plète de  l'Université  de  Louvain  depuis 
1817  (deux  volumes  grand  In-folio),  et 
de  plus  le  catalogue  systématique  et 
raisonné  des  archives  universitaires, 
et  de  celles  de  l'ancienne  Ecole  de  droit 
de  Bruxelles,  â  partir  de  1806.  Son 
indomptable  volonté  l'avait  soutenu  jus- 
qu'au bout  ;  mais  c'en  était  trop  pour 
cette  nature  frêle  et  maladive.  Une 
affection  de  poitrine  le  conduisit  aux 


*  )  Lesbronssart,  NoUee  sur  L.-J.  Dehaut.         (  *  )  Ibid.  —  Il  s'agit  de  l'aflOiire  Gaillard. 


ISl 


DEH 


152 


portes  du  tombeau  ;  cependant  U  sur- 
vécut à  cette  première  attaque ,  contre 
Tattente  des  hommes  de  Tart,  qui  dé- 
clarèrent qu*un  des  organes  de  la  res- 
piration était  entièrement  oblitéré.  U 
ne  quitta  son  lit  de  douleur  que  pour 
se  replonger,  avec  une  ardeur  fébrile, 
dans  ses  études  meurtrières  et  chéries. 
—  «  Vous  voulez  donc  absolument  vous 
»  tuer?  lui  dit  un  de  ses  amis,  irrité  de 
»  cette  obstination  presque  frénétique. 
»  —  Dieu  m'en  garde  !  répliqua  Louis  : 
»  je  n'ai  pas  le  droit  de  mourir  avant 
»  d'avoir  laissé  à  ma  famille  de  quoi 
»  vivre.  »  Ainsi  s'expliquait  sa  sincérité 
sublime.  «  Demeuré,  depuis  la  mort 
»  de  son  père ,  presque  le  seul  appui 
»  d'une  mère  et  de  sept  enfants ,  il 
»  semblait  avoir  calculé ,  avec  calme  et 
»  précision,  combien  il  lui  fallait  d'an- 
»  nées  de  vie  pour  placer  ses  frères  el 
»  pour  établir  ses  sœurs  (').  »  Enûnson 
dévouement  obtint  une  première  ré- 
compense :  il  fut  nommé  en  4855  pro- 
fesseur extraordinaire  k  l'Université  de 
Gand,  chargé  des  cours  de  statistique 
et  de  géographie  physique  et  ethnogra- 
phique. Le  climat  des  Flandres  ne  con- 
venant pas  à  sa  santé  altérée ,  il  obtint 
un  changement  de  résidence  ;  il  entra 
au  mois  d'août  1857  dans  la  Faculté  des 
lettres  de  Liège,  comme  professeur 
d'histoire  politique  moderne.  Il  s'y  Ût 
estimer  de  tout  le  monde,  et  l'âpre 
franchise  de  son  caractère  ne  l'empêcha 
pas  de  se  faire  des  amis.  Il  touchait  au 
comble  de  ses  vœux,  il  était  sur  le  point 
de  parvenir  à  l'ordinariat ,  lorsqu'à  la 
suite  d'une  excursion  champêtre,  les 
symptômes  du  mal  dont  il  avait  déjÀ 
souffert  reparurent  plus  effrayants  que 
jamais.  Ses  collègues  voulurent  le  for- 
cer au  repos  ;  «  mais  ce  soldat  de  l'in- 
telligence ,  outrepassant  sa  consigne  , 
refusa  de  quitter  son  poste  ;  et  l'on 
peut  dire  qu'il  y  tomba  sur  place,  pour 
ne  plus  se  relever.  »  U  mourut  résigné, 
tranquille  en  apparence,  mais  peut-être 
l'Âme  déchirée,  pensant  à  ceux  qu'il 
allait  délaisser  et  à  la  science  pour  la- 
Quelle  il  se  voyait  perdu.  La  carrière 
de  Dehaui  fut  courte,  mais  singulière- 
ment bien  remplie.  Nous  ne  sachions 


pas  qu'il  ait  été  affilié  à  d'autres  So- 
ciétés savantes  qu'à  l'Académie  royale 
de  Belgique,  dont  il  fut  nommé  corres- 
pondant le  7  mai  1840.  Il  a  laissé  un 
assez  grand  nombre  d'écrits,  notam- 
ment : 

1«  Un  Mémoire  sur  Iphicrate,  général 
et  orateur  athénien  (1827),  qui  allait 
paraître  dans  les  Annales  de  rUniver- 
site  de  Louvain,  lorsque  les  événements 
entraînèrent  la  suppression  de  ce  re- 
cueil. 

2°  Mémoire  sur  le  tô  êyjj,  ou  Exis- 
tence objective  de  l'âme  (inédit).  Ce  tra- 
vail valut  à  son  auteur  la  médaille  d'or 

(1829). 

5«  Mémoire  sur  la  vie  et  la  doctnne 
d'Aclemonius  Saccas,  couronné  par  l'A- 
cadémie royale  de  Bruxelles  (1850)  ; 
Bruxelles,  Uayez,  1855,  in-i^"  de  204 
pages.  —  C'est  l'ouvrage  capital  de  De- 
haut,  et  le  point  de  départ  d'une  série 
d'études  sur  les  doctrines  de  l'école 
d'Alexandrie  ,  notamment  sur  celles  de 
Numenius  d'Apamée  et  de  Plotin,  dans 
leurs  rapports  avec  les  idées  théosophi- 
ques  d'Ammonius.  Dehaut  termina  en 
1857  la  première  partie  de  son  travail 
sur  Plotin.  On  peut  juger  par  un  seul 
trait  de  l'ardeur  scientifique  de  l'auteur: 
il  dut  lire  d'un  bout  à  l'autre,  dans  le 
texte  grec,  les  5i  livres  des  Eunéades 
de  Plotin,  et  il  ne  put  se  servir  pour 
cette  tâche  ardue  que  d'une  ancienne 
édition  fort  défectueuse,  celle  de  Creu- 
zer  n'étant  pas  alors  terminée.  —  Le 
Mémoire  sur  Ammonius  atteste  à  la  fois 
uu  esprit  philosophique  élevé ,  une 
érudition  saine  et  une  grande  habileté 
dans  la  critique.  Dehaut  y  montre  par 
quelles  phases  passa  la  philosophie 
rationnelle  en  décadence  pour  arriver 
au  bord  de  l'abime  du  mysticisme  ;  il 
propose  une  nouvelle  classification  des 
écoles  alexandrines  et  présente  ainsi, 
en  quelque  sorte,  le  plan  d'un  vaste 
travail  d'ensemble  qu'il  se  proposait  de 
faire  paraîtra  un  jour,  ainsi  qu'il  le  dit 
dans  la  préface,  mais  que  la  mort  ne 
lui  a  pas  permis  d'achever.  Quant  à 
Ammonius,  il  est  d'avis  que  les  ouvrages 
qui  portent  le  nom  du  Saccophore  ne 


(M  ibid. 


183 


DEL 


184 


sont  réellement  pas  de  lui,  mais  peut- 
être  d*un  écrivain  chrétien  du  même 
nom,  et  il  se  prononce  pour  Porphyre 
contre  Eusèbe  et  S*-Jérôme,  en  soute- 
nant Topinion  qu'Ammonius  renia  le 
christianisme  pour  se  livrer  à  Fétude 
de  la  philosophie.  Selon  Tauteur,  Âm- 
monîus  ne  relève  directement  que  de 
Philon  le  juif,  syncrétique,  et  de  Nu- 
menius,  pythagoricien  ;  il  n*admet  pas 
que  Fignorant  porte-faix  ait  eu  la  pensée 
de  combiner  ensemble  Platon  et  Aris- 
tote.  —  L'exposé  de  la  doctrine  de  ce 
personnage  est  un  modèle  de  méthode 
et  atteste  une  profonde  intelligence  du 
sujet  ;  même  après  les  grands  travaux 
dont  les  écoles  d*Alexandrie  ont  été 
Tobjet  depuis  quelques  années,  le  mé- 
moire de  Dehant  a  conservé  une  haute 
portée  comme  chapitre  d'histoire  de  la 
philosophie. 

Royer-Collard  en  apprécia  le  mérite 
en  écrivant  à  Tauteur,  en  1857:  «  Vous 
êtes  savant  et  philosophe  ».  MM.  Ville- 
main,  de  Gerando,  JoufTroy,  Matter 
(Fauteur  de  Y  Histoire  du  Gnosticisme)^ 
enfin  M.  Guizot  lui  accordèrent  des 
éloges  bien  sentis.  11  est  doublement 
regrettable  que  Dehaut  n'ait  pu  pour- 
suivre ses  travaux  en  philosophie  : 
c'était  un  esprit  clair,  net,  positif,  et 
pourtant  plein  d*ardeur  et  d'enthou- 
siasme, et  détestant  par  dessus  tout  les 
idées  préconçues  et  les  opinions  exclu- 
sives. 

4^  En  4855,  Dehaut  publia  (en  colla- 
boration avec  M.  Adolphe  Roussel, 
alors  professeur  à  Louvain) ,  sous  le 
pseudonyme  de  Philarète  Durosoir^  une 
brochure  assez  volumineuse,  intitulée  : 
Observations  sur  le  titre  III  du  projet 
de  loi  sur  Vinstruction  publique,  et  sur 
le  rapport  de  la  section  centrale  (Brux. 
Berthot,i855,in-8'»).  La  même  année, 
il  lança  dans  le  public  des  méditations 
Sur  Vexistence  et  les  conditions  d'un  en- 
seignement supérieur  donné  en  Belgique 
aux  frais  de  VÉtat  (Brux.  ibid,  in-8»). 
Enfin,  trois  ans  plus  tard  (déc.  1858), 
il  fit  paraître  sous  son  nom  un  livre 
intitulé  :  De  Vétat  actuel  de  Vinstruction 
publique^mais  surtout  de  renseignement 
supérieur  en  Belgique  (Liège,  Jeune- 
homme,  in-8*;  exlr.  de  la  Revue  belge.) 
Ces  trois  publications,  où  Fauteur  prend 


énergîquement  la  défense  de  Fenseigne- 
ment  de  FEtat  et  s'élève  contre  les 
empiétements  des  Universités  privées, 
surtout  en  ce  qui  concerne  le  jury 
d'examen,  eurent  dans  le  monde  poli- 
tique et  dans  Fenceinte  des  Universités 
un  long  et  légitime  retentissement. 
Dehaut  y  fait  preuve  de  la  plus  louable 
franchise  et  d'une  noble  indépendance 
de  caractère.  Tantôt  enjoué ,  tantôt 
grave,  toujours  plein  de  feu  et  de  vi- 
gueur et  pourtant  maître  de  lui-même, 
il  enveloppe  les  adversaires  de  son 
opinion  dans  les  mailles  d'une  argu- 
mentation de  plus  en  plus  serrée,  et 
laisse  le  lecteur  aussi  animé  par  Fentrain 
de  la  discussion  que  frappé  de  l'esprit 
méthodique  de  l'auteur  et  de  la  justesse 
de  ses  observations.  Ce  sont  là,  si  l'on 
veut,  des  œuvres  de  circonstance  ;  mais 
les  questions  qui  y  sont  touchées  ne 
sont-elies  pas  aujourd'hui  aussi  brû- 
lantes qu'alors,  et  le  dernier  mot  a-t-il 
été  dit  sur  le  jury  d'examen?  Plus  que 
jamais,  peut-être,  les  brochures  de 
Dehaut  ont  une  valeur  d'actualité;  ajou- 
tons que  l'importance  des  considéra- 
tions générales  qui  y  abondent  leur 
donne  un  intérêt  que  les  hommes  spé- 
ciaux apprécieront  toujours. 


De  Lo vacherie  (BaRTHÉLEMY-Va- 

LENTiN)  naquit  à  Eysden  le  20  septembre 
1798  et  mourut  à  Liège  le  50  octobre 
1848.  Le  6  octobre  avait  eu  lieu  la 
séance  de  réouverture  de  l'Université  ; 
de  Lavacherie,  recteur  sortant,  n'avait 
pu  y  paraître  ;  se  sentant  légèrement 
indisposé,  il  avait  prié  M.  Sauveur, 
doyen  de  la  Faculté  de  médecine,de  lire 
en  son  nom  le  discours  d'usage  et  de 
remettre  à  M.  Borgnet  les  faisceaux 
académiques.  Un  mois  ne  s'était  pas 
écoulé,  que  M.  Sauveur  portait  de  nou- 
veau la  parole  à  la  même  tribune,  mais 
cette  fois  en  présence  de  la  dépouille 
mortelle  de  celui  dont  il  venait  d'être 
Finterprête.  «  Je  ne  puis  trop  me  féli- 
»  citer,  avait  écrit  de  Lavacherie,  d'être 
))  arrivé  au  terme  de  mon  rectorat  sans 
»  avoir  vu  se  rouvrir  notre  fatal  nécro- 
»  loge,  qui,  dans  ces  dernières  années, 
»  s'est  couvert  de  tant  de  noms  pré- 
»  cieux  à  notre  amitié,  non  moins  qu'à 


155 


DEL 


156 


n  la  science  et  à  renseignement.»  Quand 
M.  Sauveur  rappela  ces  paroles  ,  qui 
recevaient  au  moment  même  un  si  cruel 
démenti ,  l'émotion  fut  générale.  I/in- 
disposition  de  de  Lavacherie  n'avait 
d*abord  présenté  aucun  caractère  in- 
quiétant; on  avait  regretté  Tabsence 
de  cet  aimable  collègue,  mais  le  ban- 
quet annuel  de  rentrée  s'était  passé 
comme  à  Tordinaire.  Tout-jt-coup  des 
symptômes  d'une  extrême  gravité  étaient 
venus  effrayer  les  amis  du  malade  :  lui- 
même,  quand  il  les  eut  constatés,  ne  se 
At  pas  un  instant  illusion  sur  son  état, 
et  effectivement  il  fut  enlevé  au  bout  de 
quelques  jours.  Les  médecins  jugèrent 
que  r:tfectioii  qui  se  développa  inconti- 
nent avec  une  rapidité  si  funeste  avait 
pris  sa  source  dans  une  blessure  lé- 
gère, que  de  Lavacherie  s'était  faite  en 
opérant  un  de  ses  patients.  «  Sa  mort, 
disait  M.  Sauveur,  serait  donc  le  ré- 
sultat de  son  ardeur  à  secourir  l'hu- 
manité souffrante.  » 

Orphelin  de  bonne  heure ,  de  Lava- 
cherie avait  appris  à  ne  compter  que 
sur  lui-même.  Il  fit  d'excellentes  études 
au  Collège  de  Maestricht,  suivit,  bien 
jeune  encore,  les  leçons  d'Ansiaux  et 
Comhaire  (v.  ces  noms)  à  l'Ecole  de 
médecine  de  Liège,  et  enfin  se  fit  ins- 
crire en  1817  à  l'Université,  qui  venait 
d'être  organisée.  Il  prit  part  au  con- 
cours universitaire  de  1819-1820  et  y 
obtînt  un  accessit  (v.  Ann,  acad,  Leod, 
1810-1820).  Il  ne  tarda  pas  à  être 
nommé  premier  aide  de  clinique  chi- 
rurgicale ;  en  juin  et  juillet  1821,  il  fut 
reçu  docteur  en  médecine  et  en  chi- 
rurgie (sa  thèse  est  intitulée  :  De  C<in- 
cro.  Liège,  1821,  in-4*).  Il  se  rendit 
alors  à  Paris,  où  il  suivit  assidûment 
les  leçons  de  Dupuytren,  de  Broussais, 
de  Lisfranc,  de  Capuron,  etc.,  revint  Ji 
Liège  pour  y  subir,  en  novembre  1824, 
l'examen  de  docteur  en  accouchements, 
et  offrit  sans  délai  ses  services  au  pu- 
blic. Sa  clientèle  était  déjà  nombreuse, 
lorsque  les  événements  de  1850  lui  ins- 
pirèrent tout  d'un  coup  l'idée  de  s'im- 
poser de  nouveaux  devoirs.  Il  aimait 
ardemment  son  pays  ;  l'indifférence  au 
moment  du  danger  lui  eût  paru  un 
crime.  Il  se  dévoua  corps  et  âme,  et 
ses  compatriotes  le  prirent  au  mot  en 


lui  confiant,  dans  la  milice  citoyenne, 
des  fonctions  élevées  en  rapport  avec 
ses  études.  La  Croix  de  Fer  lui  fut  dé- 
cernée en  1835;  c'était  la  récompense 
légitimement  acquise  de  son  dévoue- 
ment et  de  son  patriotisme  :  il  s'était 
multiplié  pour  porter  des  secours  aux 
blessés  ;  il  avait  distribué  des  soulage- 
ments de  tout  genre,  avec  une  touchante 
sollicitude,  aux  victimes  de  nos  troubles 
civils.  Dans  quelque  position  que  se 
trouvât  de  Lavacherie,  il  ne  se  conten- 
tait pas  d'accomplir  strictement  son 
devoir  :  il  était  toute  ardeur,  toute  gé- 
nérosité. Chirurgien  des  pauvres  pen- 
dant quatorze  ans,  il  se  fit  bénir  pour 
son  désintéressement,  pour  son  zèle 
infatigable.-  Il  jooissait^dans  tontes  les 
classes  de  la  société ,  d'une  réputation 
d'habile  opérateur  parfaitement  justi- 
fiée ;  tout  en  lui ,  d'ailleurs ,  inspirait 
confiance  et  sympathie.  Au  premier 
abord ,  sa  parole  paraissait  un  |)eu 
brusque  ;  mais  bientôt  son  cœur  se  lais- 
saitdeviner,  et,une  fols  la  glace  rompue, 
il  devenait ,  il  restait  le  confident  et 
l'ami  de  ses  malades.  «  Il  avait,  dit 
M.  Sauveur ,  la  conception  facile ,  le 
coup-d'œil  pénétrant  et  exercé,  l'ap- 
préciation prompte,  le  tact  fin  et  droit, 
la  résolution  soudaine,  la  volonté  ferme 
et  la  conviction  arrêtée  ;  sa  main  avait 
acquis  beaucoup  d'habileté  et  d'a- 
plomb. »  Tant  de  qualités  personnelles, 
un  tel  talent  de  praticien,  joint  à  un 
savoir  peu  ordinaire ,  ne  pouvaient 
échapper  à  l'attention  du  Gouverne- 
ment, désireux  d'assurer  l'avenir  de 
ses  Universités  réorganisées  par  la  loi 
de  1855.  Le  5  décembre  de  cette  même 
année,  de  Lavacherie  reçut  le  titre  d'a- 
grégé à  la  Faculté  de  médecine  de  Liège, 
avec  mission  de  faire  le  cours  de  cli- 
nique chirurgicale.  Dès  le  5  août  1857, 
il  fut  promu  à  l'extraordinariat  ;  un 
arrêté  royal  du  20  septembre  18il 
réleva  au  rang  de  professeur  ordinaire. 
Son  nom  figure  au  programme,  l'année 
de  sa  mort,  pour  les  cours  de  médecine 
opératoire  et  de  clinique  externe. 

Nous  avons  dit  plus  haut  qu'il  revêtit 
l'hermine  rectorale  en  1847-1848.  A 
peine  était-il  en  fonctions,  que  l'arrêté 
royal  du  9  novembre  1847  fit  tomber 
«  les  puériles  entraves  qui  si  longtemps 


\ 


187 


DEL 


iK8 


paralysèrent  le  corps  professoral.  »  On 
n'eut  plus  à  subir,  pour  pouvoir  se 
réunir  et  délibérer,  la  condition  humi- 
liante de  Tautorisation  préalable.  De 
Lavacherie  proflta  de  cet  affranchisse- 
ment pour  inviter  le  Conseil  acadé- 
mique à  se  livrer  à  Tétude  des  modlfl- 
fications  dont  la  loi  de  4855  sur 
renseignement  supérieur  pouvait  être 
susceptible.  Des  Commissions  spéciales 
fiirent  nommées;  leurs  travaux  don- 
nèrent lien  à  des  discussions  appro- 
fondies, et  un  rapport  explicite,  ex- 
pression des  vœux  du  corps  professoral, 
fut  adressé  an  Gouvernement.  Le  rec- 
teur entra  également  en  négociation 
avec  la  ville  de  Liège,  dans  le  but 
d'obtenir ,  pour  rUniversité ,  des  amé- 
liorations matérielles  réclamées  par  la 
prospérité  croissante  de  cette  grande 
institution. 

De  Lavacherie  faisait  partie,  depuis 
le  mois  de  janvier  1855,  de  la  Commis- 
sion médicale  de  la  province  de  Liège  ; 
le  26  novembre  484i,  jour  de  rinstalla- 
tion  de  rAcadèmie  royale  de  médecine, 
il  (lit  élu  membre  de  la  section  de 
chirurgie  à  la  majorité  de  26  voix  sur 
28  votants.  En  mai  4845,  il  reçut  la 
croix  de  chevalier  de  TOrdre  de  Léo- 
poid,  à  Foccasion  d'un  acte  de  dévoue- 
ment (*).  Considération  publique,  for- 
tune honorablement  acquise  ,  santé 
florissante  qui  semblait  lui  assurer  de 
longs  jours,  rien  ne  lui  manquait,  lors- 
qu'il fut  inopinément  frappé,  victime 
d'une  affection  qui  défiait  le  génie  mé- 
dical. La  douleur  de  sa  famille  fut 
partagée  par  la  population  comme  par 


ses  collègues  et  par  ses  élèves,  qui  le 
chérissaient  autant  qu'il  les  aimait 
lui-même.  Le  souvenir  de  son  noble 
caractère  et  de  ses  talents  est  resté  du- 
rable chez  tous  ceux  qui  Tout  connu  ; 
d'autre  part,  les  quelques  opuscules 
qu'il  publia  dans  les  dernières  années 
de  sa  vie  sont  assez  remarquables  pour 
ne  pas  être  oubliés.  Son  activité  scien- 
tifique ne  se  révéla  guère,  à  proprement 
parler,  que  de  4839  à  4848  ;  on  doit  le 
regretter,  car  tous  ses  écrits  se  distin- 
guent par  la  lucidité,  par  la  méthode  et 
surtout  par  un  rare  talent  d'observation. 
Il  mérite  une  page  dans  l'histoire  de  la 
chirurgie  belge. 

De  Lavacherie  prit  une  part  très- 
actlve  aux  travaux  de  l'Académie  royale 
de  Médecine;  il  concourut  aussi  à  l'éla- 
boration de  plusieurs  projets  de  légis- 
lation médicale.  Il  avait  l'esprit  péné- 
trant et  sagace  ;  il  exerça  souvent  une 
Influence  utile  et  prépondérante  dans 
les  comités  où  il  fut  appelé  à  siéger. 
Dans  sa  jeunesse,  il  soutint  une  assez 
vive  polémique  contre  Fohmann  (v.  ce 
nom)  ;  l'un  et  l'autre  y  apportèrent  une 
aigreur  passionnée  qui  n'est  jamais  de 
mise,  surtout  quand  on  croit  avoir  rai- 
son (*).  On  ne  retrouve  heureusement 
aucune  trace  de  ces  dispositions  d'esprit 
dans  les  écrits  postérieurs  de  de  Lava- 
cherie. Nous  connaissons  de  lui  : 

4®  Un  mémoire  de  concours  sur  les 
purgatifs  (v.  Ann.  Acad.  Leod,^  4849- 
4820). 

2<^  Sa  thèse  inaugurale  :  Be  cancro, 
Liège,  4824,  in-K 


(*  )  «  Celait  pen  de  temps  après  la  catas- 
trophe arrivée  au  chemin  de  fer  de  Versailles, 
et  les  esprits  étaient  encore  sous  le  poids 
de  la  vive  émotion  que  ce  grand  malheur 
avait  répandue  dans  le  public.  Un  convoi 
parti  de  Bruxelles  pour  Liège  et  dont  de 
Lavacherie  faisait  partie,  eut,  dans  le  trajet, 
une  de  ses  voitures  incendiée.  Le  feu  mena- 
çait de  se  propager  aux  autres  voitures,  et 
les  voyageurs  effrayés,  pour  se  soustraire 
au  danger,  qui  cependant  n'était  pas  encore 
imminent,  voulurent  se  précipiter  pèle-mèle 
sur  la  voie.  Une  horrible  confusion  s'ensui- 
vit, au  milieu  de  laquelle  une  jeune  fille 
perdit  la  vie.  De  Lavacherie,  d'un  coup  d'oeil, 
▼oit  le  péril  qui  menace  tous  ses  compagnons 
de  voyage,  et,  avec  un  sang-froid  admirable. 


il  s'oppose  énergiquement  à  leurs  tentatives 
d'abandonner  les  voitures  encore  en  mouve- 
ment. Le  train  arrêté,  il  change  de  rôle  ;  il 
se  multiplie  pour  panser  les  blessés  et 
rassurer  ceux  qui,  ayant  échappé  au  danger, 
sont  encore  sous  la  funeste  impression  de  la 
peur  et  n'ont  pas  moins  besoin  de  ses  soins. 
Grâce  À  lui ,  gr&ce  à  sa  fermeté,  on  n'eut 
pas  à  déplorer  la  mort  d'un  grand  nombre 
de  personnes  si  fatalement  exposées  à  périr  » 
(Notice  Êur  d*  Lavacherie,  par  M.  le  docteur 
Marinus,  lue  k  l'Académie  royale  de  méde- 
cine. Moniteur  belge,  4856,  n«  304,  p.  4S85, 
col.  4). 

(*)  v.  le  MathicH  LaeMberg  du  9  et  do 
40  mai  i8i7. 


m 


DEL 


160 


^^  De  la  compression  contre  les  in- 
meurs  blanches  des  parties  dures.  Gand 
(1859),  in-8<>  de  99  p. 

Extrait  des  Annalet  de  la  Société  de  mé- 
decine de  Gandf  dont  de  Lavaeherie  était 
membre  corrcspoadaot.  L'auteur  suit  la  mé- 
thode amovo-inamovibie  du  docteur  deotin, 
et  ae  basant,  lui  aussi,  sur  les  effisis  salu- 
taires de  la  compressioa,  recommande  un 
appareil  construit  avec  des  bandelettes  agglu- 
tinatives.  Il  prouve,  par  les  faits  nom^eux 
qu'il  a  recueillis,  que  les  arthrocaces  des 
parties  dures  et  la  carie  de  certains  os  spon- 
gieux peuvent  céder  k  la  compression  et 
guérir  aussi  bien  que  les  arthrocaces  des 
parties  noUes  et  les  ulcères  simples.  —  Ce 
mémoire  est  suivi  de  quelques  observations 
sur  les  effets  thérapeutiques  de  l'huile  de 
foie  de  morue  (Marinus,  op.  cit,), 

A^  De  la  gangrène  de  la  bouche  avec 
nécrose  des  os  maxillaires,  Bruxelles, 
4843,  in-8o  de  46  p. 

Extr.  du  Jourfial  de  la  Société  des  sciences 
médicales  et  naturelles  de  Bruxelles^  dont 
de  Lavaeherie  était  également  correspon- 
dant (').  Les  p.  9  à  ^6  de  cette  brochure 
sont  occupées  par  Deux  observations  de 
tétanos,  recueillies  à  la  clinique  chirurgicale 
de  M.  de  Lavaeherie  par  A.  Vermer,  chef  de 
clinique  (aujourd'hui  médecin  à  Beauraing). 

5°  Mémoire  sur  quelques  maladies  des 
os  maxillaires.BruxeWes,  Tirchcr,  4843, 
in-8°  de  50  p. 

Extrait  du  Journal  de  ta  Soe,  des  se.  méd, 
et  nat.  de  Bruxelles,  C'est  la  relation  de 
quinze  observations  dans  lesquelles  les  opé- 
rations les  plus  difficiles  ont  été  pratiquées. 

6°  Du  traitement  de  la  rupture  du 
tendon  d'Achille  (Bulletin  de  VAcad,  roy, 
de  médecine,  t.  I,  p.  604-G44). 

7*  De  la  ténotomie  appliquée  au  trai- 
tement des  luxations  et  des  fractures. 
Bruxelles,  4848,  în-8<'  de  24  p. 

Extrait  du  Bull,  de  tÀc,  de  médecine, 
l,  II,  p.  391-409. 

8**  De  Vœsophagotomie  (Mém,  de  VAc. 
de  médecine,  1. 1,  p.  93-452). —  Il  existe 
une  édition  séparée  de  ce  mémoire 
(Bruxelles.  4845,  in-40  de  50  p.). 

9*^  OEsophagotomie  appliquée  aux  ré- 


trécissements de  Vœsophage  (Bull,  id., 
t.  IV,  p.  758-764). 

40**  Tumeur  sanguine  fibroïde  du  cor- 
don testiculaire  droit  du  volume  d'une 
tête  d'adulte,  produit  par  cause  trauroa- 
tique  ;  ablation  et  castration  (IMd.,  t. 
lY,  p.  304-304). 

44^  Tumeur  osseuse  (ostéophyte)  du 
volume  d'une  tête  de  fœtus ,  embrassant 
à  peu  près  la  circonférence  de  plus  du 
tiers  moyen  de  la  diaphyse  de  Thumerus 
droit  ;  ablation  de  cette  tumeur  avec 
conservation  du  membre  (/^tcl.,p.304- 
307). 

42°  Observation  d'un  hydroencéphale 
congénial  situé  à  la  région  occipitale. 
Bruxelles,  4847,  in-S**  (Ibid  ,  t.  VI,  p. 
240245). 

43°  Instructions  sur  les  secours  à 
donner  aux  mineurs  et  aux  ouvriers  des 
établissements  minéralurgiques  en  C4is 
d'accidents.  Bruxelles,  4843,  in-8°  de 
63  p. 

Rapport  très- remarquable,  rédigé  au  nom 
d'une  Commission  composée  de  membres  des 
Commissions  médicales  de  Namur,  du  Hai- 
naut  et  de  Liège. 

44°  Notice  historique  sur  F.-C.-E. 
Voltem.  Bruxelles,  Deniortier,  4843, 
iD-8°. 

45°  Du  bandage  amidonné  dans  les 
fractures;  de  Vopjiortunité  de  son  emploi. 
Bruxelles,  4846,in-8°.  {l£XBull.  de  FAc. 
de  médecine,  t.  V,  p.  467-548). 

46°  Observations  et  réflexions  sur  les 
inhalations  de  vapeurs  d'étherpour  sup- 
primer la  douleur  dans  les  opérations 
c^irt«rflficfl/<?».  Liège,  Oudart,  1847, in-8° 
de  50  p. 

Mémoire  communiqué  k  la  Société  de  mé- 
decine de  Liège. 

46»  Bésumé  analytique  d'un  mémoire 
surTopportunité  de  fextirpation  des  hu- 
meurs du  cou  non  susceptibles  de  réso- 
lution, suivi  de  Réflexions  sur  Vintro- 
duction  de  Voir  dans  le  cosur  par  des 
veines  ouvertes  accidentellement.  Bru- 


\ 


(')  Il  appartenait,  comme  on  voit,  à  plu- 
sieurs sociétés  savantes.  Peu  de  temps  avant 
sa  mort,  il  avait  été  porté  sur  la  liste  des 
candidats  au  titre  de  membre  correspondant 


de  l'Académie  de  médecine  de  Paris,  pour 
un  mémoire  sur  les  plaies  du  cr&oe,  qu'il 
avait  communiqué  à  cette  illustre  compa- 
gnie (Marinus,  p.  4286»  col.  \). 


16i 


DEL 


162 


xelles,  1848,  in-S^"  de  44  pages  (et 
BulL  de  VXcad.  de  méd,),  t.  VII, 
n°9). 

17°  Mémoire  sur  ropportuniléde  Vex- 
tirpation,  etc.  {Mém,  de  VAcad,  de  méd. 
de  Belgique,  l.  Il,  p.  525-576). 

C*€8i  le  ménoire  dont  il  est  qoestion  au 
n*  prâcédeot.  M.  Marinas  le  qualifie  de 
«  maf  oifique.  • 

18*"  De  Vimportance  que  la  chirurgie 
a  acquise  depuis  la  fin  du  XVW  siècle 
(Annales  des  Universités  de  Belgique, 
4848-4849,  p.  601  et  suiv.). 

Discours  lu  (par  M.  Sauveur)  en  séance 
publique,  à  ta  Satie  acadëmique  de  l'Univer- 
sité de  Liège,  à  l'occasion  de  la  remise  du 
rectorat  et  de  la  réouverture  des  cours,  le 
16  octobre  1848. 


Del  vaux  de  PenlTe    (  JEAN  -  Ch.- 

Phiijppe-Joseph)  naquit  â  Rochefort  le 
25  juillet  1782  et  mourut  dans  sa  pro- 
priété de  Fenffe  le  14  novembre  1865. 
Dès  rage  de  8  ans,  il  fut  envoyé  à 
Liège  chez  un  de  ses  oncles,  le  chanoine 
Beiletroid,  qui  dirigea  ses  premières 
éludes  avecun  zèle  affectueux.  Le  jeune 
Delvaux  fréquenta  d'abord  fécole  col- 
légiale de  Saint-Lambert;  il  suivit  en- 
suite son  oncle  en  Westphalie.d^oùil  ne 
revint  qu  à  la  rentrée  des  émigrés.  En 
1800,  il  partit  pour  Paris  avec  deux  de 
ses  frères  et  s  y  fit  recevoir,  au  bout  de 
SIX  ans,  docteur  en  médecine.  Rentré 
à  Rochefort,  il  pratiqua  Fart  de  guérir 
sous  les  auspices  de  son  père,  qui  était 
lui-même  un  praticien  distingué.  Enfin, 
peu  de  temps  après  son  mariage  (1809), 
il  vînt  se  fixer  à  Liège,  ne  sachant  trop, 
k  vrai  dire,  s1]  continuerait  sa  carrière 
commencée  ou  s'il  se  vouerait  à  Findus- 
trie  encore  naissante.  M .  Chandelon,  qui 
nous  transmet  <  es  détails,  ajoute  que  la 
considération  que  le  docteur  Delvaax 
avait  su  acquérir  à  Paris  lui  ouvrit 
tout  d'un  coup  une  voie  nouvelle.  Le 
15    septembre   1810 ,  un   arrêté  du 
grand  maître  de  l'Université  de  France, 
M.  de  Fontanes,  lui  confia  la  chaire 
des  sciences  physiques  au  lycée  im- 
périal de  Liège.  La  Faculté  des  scien- 
ces de  TÂcadémie  de  la  même  ville 
ayant  été  fondée  l'année  suivante,  il 
fut  chargé  d'y  enseigner  la  physique 


et  la  chimie  ,  et  promu  au  grade  d'of- 
ficier de  l'Université.  Le  28  mai  1812« 
une  lettre  rectorale  l'admit  à  siéger  au 
Conseil  académique  ;  la  même  année,  il 
reçut  le  diplôme,  alors  très-rare,  de 
docteur  en  sciences  En  1814,  l'admi- 
nistration du  pays  de  Liège  étant  tom- 
bée pour  quelque  temps  entre  les  mains 
de  M.  deSack,  gouverneur-général  du 
Bas-Rhin  et  du  Rhiu  moyen,  un  seul 
établissement  de  haute  instruction  fut 
maintenu  au  chef-lieu ,  sous  le  nom 
de  Gymnase.  Delvaux  y  continua  ses 
cours ,  destinés  surtout  aux  jeunes 
gens  «  qui  étudiaient  l'art  de  guérir 
dans  des  cours  particuliers,  l'enseigne- 
ment médical  n'étant  pas  encore  offi- 
ciellement rétabli  à  Liège.  »  Enfin  l'U- 
niversité fut  créée  en  1817  :  la  place  de 
Delvaux  y  était  naturellement  marquée. 
Dès  le  1^  octobre,  il  se  trouva  investi 
du  titre  de  professeur  de  la  Faculté  des 
sciences,  chargé  des  cours  de  phy- 
sique, de  chimie  générale  appliquée 
aux  arts,  et  de  métallurgie.  La  netteté 
de  son  esprit,  son  érudition  de  bon 
alol ,  son  zèle  soutenu  et  sa  bien- 
veillance innée  le  firent  respecter  et 
chérir  de  ses  élèves,  et  d'autant  plus 
que  sa  modestie  égalait  sou  mérite.  Il 
ne  gardait  pas  pour  lui  ses  découvertes, 
mais  se  faisait  un  plaisir  de  les  com- 
muniquer à  ceux  qui  étaient  à  même 
d'en  tirer  parti.  11  se  fit  ainsi  nombre 
d'obligés*  et  un  témoignage  éclatant 
des  sentiments  qu'il  avait  su  inspirer 
lui  fut  donné  en  1855  par  ses  anciens 
auditeurs,  lorsqu'ils  lui  rémirent  so- 
lennellement son  portrait,  seize  ans 
après  sa  mise  à  la  retraite.  Etranger  aux 
débats  politiques  ,  mais  dévoué  de 
cœur  à  l'affranchissement  de  son  pays, 
Delvaux  conserva  sa  chaire  en  1850; 
deux  ans  plus  tard,  il  fut  élevé  à  la  di- 
gnité rectorale.  Lors  de  la  réorganisa- 
tion de  1855,  il  resta  chargé  des  cours 
de  chimie  générale  et  de  chimie  appli- 
quée. Le  besoin  de  repos  le  détermina 
peu  de  temps  après  à  solliciter  l'émé- 
ritat,  qu'il  obtint  enfin  en  1857  (16 
novembre).  Le  roi  lui  conféra  en  même 
temps  la  croix  de  son  ordre.  Dans  sa 
retraite,  Delvaux  sut  encore  se  rendre 
utile  :  il  patrona  dans  l'industrie  ceux 
qu'il  avait  Initiés  à  la  science,  et  finis- 

11 


163 


DEN 


164 


sant  comme  il  avait  commencé,  il  se  fil 
le  médecin  assidu  et  le  bienfaiteur  des 
pauvres.  Il  faisait  partie,  depuis  1824, 
de  la  Commission  médicale;  en  i833, 
il  avait  été  chargé  de  prendre  part  à  la 
rédaction  de  la  pharmacopée  belge. 
Dès  son  séjour  à  Paris,  il  avait  con- 
tracté d'illustres  amitiés  qui  contri- 
buèrent à  entretenir  son  ardeur  pour 
la  science  :  il  suffira  de  citer  le  nom  de 
M.  d'Omalius  d'Halloy.  Delvaux  fut 
nommé,  le  24  décembre  1841,  membre 
titulaire  de  TAcadémie  royale  de  Bru- 
xelles, et  presque  au  même  moment, 
Tun  des  huit  membres  titulaires  de 
TAcadémie  royale  de  médecine  de  Bel- 
gique. A  Liése,  il  fut  Tun  des  fondateurs 
de  la  Société  des  sciences  naturelles  et 
de  la  Société  royale  des  sciences.  Ses 
publications  sont  peu  nombreuses  :  on 
signale  surtout  des  analyses  chimiques 
importantes,  relatées  dans  les  recher- 
ches statistiques  de  R.  Courtois  sur  la 
province  de  Liège,  dans  les  mémoires 
d'André  Dumont  et  de  C.  Davreux  sur 
la  constitution  géologique  de  la  même 
province,  et  dans  des  notices  de  D. 
Sauveur  et  d'autres  sur  les  eaux  de 
Spa.  Il  détermina  la  composition  d'une 
nouvelle  espèce  minérale  trouvée  à  Ber- 
neau,  près  de  Visé  ;  Dumont  lui  en  Gt 
honneur  en  la  lui  dédiant  sous  le  nom 
de  Delvauaine.  —  En  1857,  âgé  de  75 
ans,  Delvaux  prit  le  parti  de  se  retirer 
tout-à-fait  de  la  vie  active.  Il  emmena 
sa  vénérable  compagne  au  château  de 
Fenffe,  et  ils  s'y  éteignirent  presque  en 
même  temps,  après  s'être  donné  l'un  à 
Tautre  «  plus  d'un  demi-siècle  de  bon- 
heur. »  Delvaux  conserva  toute  son 
intelligence  jusqu'au  dernier  jour,  et 
consat  ra  ses  suprêmes  loisirs  à  des 
lectures  et  à  des  méditations,  s'intéres- 
sant  comme  autrefois  au  progrès  des 
études  et  aux  découvertes  qui  font  la 
gloire  de  notre  siècle.  Les  pauvres 
pleurèrent  en  lui  un  bienfaiteur,  et 
toutes  les  voix  qui  s'élevèrent  autour 


de  sa  tombe  lui  rendirent  un  hommage 
de  reconnaissance.  M.  le  docteur  Royer 
consacra  une  élégante  épitaphe  latine  à 
la  mémoire  du  savant  et  de  l'homme  de 
bien  :  elle  a  été  insérée  à  la  suite  de  la 
Notice  nécrologkfue  (Liège,  1864,  in-8*, 
avec  portrait)  d'où  sont  principalement 
extraits  les  renseignements  qui  pré- 
cèdent. 


Denciniiei*  (Bernard-Ignace)  na- 
quit à  Dettelbach ,  petite  ville  de  la 
Franconie  orientale,  le  21  juillet  1782, 
et  mourut  à  Wûrzbourg  le  7  février 
1802.  Son  père  était  un  honnête  arti- 
san (*),  peu  fortuné,  mais  entreprenant 
et  actif.  Le  jeune  Ignace  fut  envoyé  au 
chef-lieu  de  la  principauté  (')  pour  y 
faire  ses  études  philosophiques,  qu'il 
acheva  en  1802  avec  la  distinction  dite 
primai,  qui  donnait  droit  au  doctorat 
en  philosophie.  Le  professeur  André 
Metz,  partisan  déclaré  du  criticisme  de 
Kant(*),  l'initia  au^  doctrines  du  pen- 
seur de  Kônigsberg  ;  il  y  resta  scrupu- 
leusement tidèle  dans  toute  la  première 
partie  de  sa  carrière.  Denzinger  acquit 
d'ailleurs  des  connaissances  très-va- 
riées, et  la  spéculation  transcendantale 
ne  lui  Gt  négliger  ni  l'histoire  ni  les 
belles-lettres.  Il  s'occupa  même  de 
droit  et  d'économie  politique.  Primum 
vivere ,  deindè  philosophari  :  il  entra 
donc  en  qualité  de  répétiteur  au  Gym- 
nase de  Wûrzbourg,  puis  se  trouva 
chargé  de  l'éducation  du  fils  de  Fam- 
bassadeur  de  Bavière  près  la  Cour  de 
l'ex-grand-duc  de  Toscane ,  qui  avait 
reçu  le  grand-duché  de  Wûrzbourg  à 
titre  de  dédommagement.  De  1812  à 
1814,  il  fut  commissaire  du  bureau 
statistique  de  la  Franconie  orientale. 
Ce  fut  à  la  même  époque  (1812-1816) 
qu'il  fonda  et  rédigea  VAurore^  publi- 
cation périodique  consacrée  à  la  poésie 
et  aux  beaux-arts.  Cet  emploi  de  ses 
loisirs  le  mit  en  rapport  avec  Thecla 


\ 


(  '  )  Il  exerçait  la  profession  de  menuisier. 

(*)  Le  prince-ëvèque  de  Wfirzbourg  ne 
fnt  dépossédé  de  sa  puissance  temporelle 
qu'en  1803. 

(')Nous  connaissons  d'André  Metz  les 
deux  ouvrages  suivants,  qui  peuvent  donner 


une  assez  juste  idée  de  l'éducation  philoso- 
phique de  Denzinger  :  Critica  rationis  prac- 
ticœ  teu  partis  primœ  pbilosophiœ  practicœ 
compendium.  Vt^irceburgi,  1800,  gr.  in-8<»; 
20  Handbuch  der  Logik,  Wûrzburg,  1809, 
in-8». 


168 


DEN 


166 


/ 


/ 


Molitor,dont  le  talent  poétique  se  révéla 
dans  ce  journal,  et  dont  il  ne  tarda  pas 
à  faire  sa  compagne.  Le  mariage  n'im- 
posa point  silence  à  la  muse  de  M*"* 
Denzinger  :  toute  sa  vie  elle  sut  concilier 
ses  inclinations  poétiques  avecTaccom- 
plissement  le  plus  exact  des  devoirs 
d'une  bonne  mère  de  famille.  Notre 
philosophe  eut  enfin, en  i8i7,la  chance 
d^obtenir  une  position  en  rapport  avec 
ses  goûts  scientifiques:  il  fut  appelé 
par  le  gouvernement  des  Pays-Bas  à  la 
chaire  de  philosophie  de  FUniversité  de 
Liège,  avec  mission  d'enseiper  Tency- 
clopédie  philosophique,  Tanthropologie 
pragmatique ,  la  logique ,  la  métaphy- 
sique, la  philosophie  morale,  Thistoire 
de  la  philosophie  et,  pour  couronne- 
ment, Thistoire  universelle  (*).  Son 
discours  inaugural ,  prononcé  le  K  no- 
vembre 1817,  est  intitulé:  ht  animo 
quo  ad  philosophiœ  siudium  accedendum 
est  (Ann.  Acad.  Leod.  vol.  1).  Malgré 
les  fonctions  multiples  dont  il  devait 
s'acquitter,  il  trouva  le  temps,  dès  Tan- 
née suivante,  de  publier  un  abrégé  de 
logique,  qui  fut  bientôt  suivi  d'études 
approfondies  sur  cette  même  science 
(v.  ci-après).  En  4820-1824,  il  fut  in- 
vesti du  rectorat;  dans  le  cours  de  cette 
même  année,  il  institua  auprès  de  la 
Faculté  des  lettres ,  avec  Fuss  et  Wa- 
gemann  (v.  ces  noms)  une  Ecole  propré- 
deutique ,  dont  ils  se  partagèrent  les 
leçons  :  Denzinger  se  chargea  du  cours 
de  pédagogie.  Son  zèle  ne  connaissait 
point  de  bornes  ;  en  guise  de  récréation. 
Il  présidait  les  séances  d'une  Académie 
allemande  qu'il  avait  fondée,  et  aux  Ira- 
vaux  de  laquelle  prenaient  surtout  part 
les  étudiants  luxembourgeois.  Il  mettait 
la  dernière  main  in  un  grand  tableau  des 
religions  et  des  écoles  philosophiques  y 
lorsque  la  révolution  de  i850  éclata.  Il 
refusa  défaire  des  certificats  au  nom  du 
peuple  belge  et  de  prêter  serment  au  gou- 
vernement provisoire  ;  d'autre  part ,  la 
Faculté  de  philosophie  et  des  lettres  fut 
supprimée  par  arrêté  du  16  déc.  1850. 
Denzinger  se  trouva  donc  mis  en  non- 


activité  en  même  temps  que  son  collègue 
Fuss,  Allemand  comme  lui.  Le  gouver- 
nement des  Pays-Bas  eu  égard  aux  cir- 
constances, consentit  à  laisser  jouir  de 
leur  traitement  les  professeurs  qu'il  avait 
fait  venir  d'Outre -Rhin,  mais  à  la  condi- 
tion expresse  qu'ils  quittassent  la  Bel- 
gique. Fuss  préféra  rester  à  Liège,  où  fut 
bientôt  fondée  une  Faculté  libre;  Den- 
zinger rentra  dans  sa  patrie  au  mois 
de  mars  185t ,  et  attendit  les  événe- 
ments. Voyant  finalement  que  l'ancien 
état  de  choses  ne  serait  vraisemblable- 
ment pas  rétabli  en  Belgique,  il  répondit 
à  l'appel  (Ruf)  de  la  Faculté  de  philo- 
sophie de  Wûrzbourg,  qui  lui  offrait 
d'entrer  dans  son  sein.  En  1852,  il  fut 
donc  nommé  professeur  d'histoire  et  de 
statistique  à  l'Université  Julienne  (Ju- 
littS'Universitât).  En  1854,  il  exerça  en 
outre  les  fonctions  de  suppléant  des 
cours  de  philosophie;  enfin,  en  1855, 
il  eut  mission  d'enseigner  la  pédagogie. 
Ses  connaissances  administratives  lui 
valurent  d'être  nommé ,  dès  1853 , 
membre  du  Conseil  d'administration 
des  domaines  de  l'Université,  assez 
considérables,  par  parenthèse,  pour 
former  en  quelque  sorte  une  petite 
principauté.  De  1854  à  1858,  il  fut 
chargé  de  l'inspection  officielle  des  Col- 
lèges, Lycées  et  Écoles  polytechniques 
de  la  province.  Il  serait  trop  long  d'é- 
numérer  tous  les  travaux  dont  il  assuma 
la  responsabilité  pour  le  bien  public. 
Il  dirigea  pendant  longues  années  la 
Société  historique  de  W'iirzbourg,  à  la- 
quelle il  finit  par  consacrer  la  plus 
grande  partie  de  ses  rares  loisirs.  Un 
jour  arriva  où  il  dut  reconnaître  que  le 
temps  était  venu  pour  lui  de  renoncer 
aux  fonctions  publiques.  Il  obtint  sa 
pension  en  1858,  et  à  cette  occasion, 
le  roi  de  Bavière  lui  envoya  la  croix  de 
l'*  classe  de  l'Ordre  de  S^-Michel  (pour 
le  mérite).  Les  faiblesses  de  l'âge,  com- 
pliquées d'un  catarrhe  sénile ,  l'enle- 
vèrent à  l'amour  des  siens,  le  7  février 
1862,  presque  octogénaire.  Celle  qui 
lui  avait  donné  quarante  années  de  bon- 


(  *  )  Il  ne  fit  qae  deux  fois  ce  dernier  cours, 
il  son  arrivée,  le  professeur  n*étant  pas  en- 
core nommé,  et  en  1825,  par  intérim  ,  en 


attendant  l'arrivée  du  successeur  de  Wage^ 
mann. 


m 


nEN 


46B 


heur  domestique  éluil  morte  depuis 
1857:  cette  perte  lui  avait  porté  un  coup 
qu'il  ne  put  jamais  oublier. 

Denzinger  était  l*homme  du  devoir, 
dans  le  sens  le  plus  rigoureux  du  mot  ; 
tous  ceux  qui  l'ont  vu  de  près  se  sont 
plu  à  reconnaître  l'élévation,  la  délica- 
tesse, la  générosité  de  ses  sentiments, 
son  activité  désintéressée,  son  abnéga- 
tion capable  des  plus  grands  sacrifices, 
son  amour  ardent  pour  la  science  et 
son  désir  sincère  de  trouver  la  vé- 
rité (  *  ).  Sa  philosophie  était  un  kan- 
tianisme  très-modéré  :  dans  ses  der- 
niers travaux,  il  rejeta  même  la  célèbre 
table  des  catégories.  En  pratique,  il 
était  esclave  de  Vimpératif  catégorique. 
Lorsque  Schelling  enseigna  à  Wûrz- 
bourg,  il  voulut  l'entendre,  mais  il  ne 
se  rallia  jamais  k  ses  doctrines.  Dans 
sa  jeunesse,  il  se  ressentit  des  ten- 
dances rationalistes  dominantes  en  Al- 
lemagne, même  chez  une  bonne  partie 
des  théologiens  catholiques  ;  plus  tard, 
rentré  à  Wûrzbourg,  il  se  rapprocha  de 
la  méthode  d'Aristote  et  des  idées  reli* 
gieuses,  et  il  ne  le  dissimula  point. 
C'était  un  cœur  sincère  dans  toute  la 
force  du  terme.  Son  enseignement  était 
solide  et  nourri  ;  à  Liège,  il  ne  fut  ce- 
pendant pas  apprécié  comme  il  aurait 
dû  l'ètKe,  si  ce  n'est  de  l'élite  des 
élèves  :  d'une  part  les  formules  kan- 
tiennes y  étaient  trop  nouvelles  il  y  a 
cinquante  ans  ;  de  l'autre,  le  latin  de 
Denzinger  demandait,  pour  être  suffi- 
samment compris,  une  extrême  atten- 
tion. Lors  des  troubles  de  1827,  Den- 
zinger fit  preuve  d'une  grande  présence 
d'esprit  :  syoutons  que  s'il  eût  été  moins 
aimé  des  élèves,  les  choses  eussent 
peut-être  tourné  autrement.  Le  gou- 
vernement avait  prescrit  aux  profes- 
seurs de  faire  l'appel  au  commence- 
ment de  chaque  leçon.  Les  étudiants 
s'étaient  donné  le  mot  pour  n'y  point 
répondre  :  les  auditoires  étaient  en- 
combrés, et  personne  ne  se  déclarait 


présent.  Plusieurs  professeurs  se  fi- 
chèrent tout  rouge  :  on  eut  à  signaler 
des  scènes  de  tumulte.  La  première  fois 
que  Denzinger  parut  en  chaire  après  la 
promulgation  du  règlement,  il  lut  à 
haute  voix  la  liste  de  ses  élèves  :  pro- 
fond silence.  Il  ne  fronça  seulement 
pas  le  sourcil,  mais  ferma  son  cahier, 
donna  sa  leçon  comme  si  de  rien 
n'était  et  se  contenta  de  dire  en  termi- 
nant :  Omatissim  andiiorcs  !  Probavi 
me  esse  philosophnm  ,  vos  esse  komines. 
Et  il  fut  applaudi.  Son  attitude  contri- 
bua certainement  à  pacifier  les  esprits 
(v.  l'art.  J.  G.  J.  Ernst). 

BIBLIOCRAPHIE  (*). 

i^  Aurora,  Zeitschrifl  fur  Kunst  und 
Poésie  in  Franken.  Wûrzburg,  1812- 
1816. 

2°  Prima  eîementa  logices,   Liège , 

1818,  in-8''(avec  deux  tableaux). 

5*^  Oratio  de  antmo,  quo  ad  pMloso- 
phiœ  studium  accedendum  est.  Liège  , 

1819,  in-i°. 

Discours  inaugural  prononcé  -le  4  no- 
vembre 4817  (Ann,  Acad,  Leod.y  t.  I). 

4**  De  facuUale  reprœsentandi  et  «h 
gnoscendi  bretis  commentatio  antkro^ 
pobgico-psychologicaf  eic,  Liège,  1819, 
in-8«. 

5^  Logicœ  à  professore  Ign.  Denzin- 
ger  éditas  quœ  ipse  addenda  dictaviL 
Liège,  1820,  ln-8«. 

Brochure  que  Ton  trouve  souvent  reliée 
avec  le  no  3. 

6^  Oratio  de  sublinUtate  ejusque  ad 
virtutem  excrcendam  momento^  publiée 
dicta  die  1  m.  oct.  1821,  quum  Acade- 
tniœ  regendœ  munus  selemni  ritu  de- 
poneret.  Liège,  1822,  in-4<». 

Ann,  Acad,  Uod.,  1820-18S1. 

7*  Ignatii  Denzinger  Compendium 
logices  y  quo  duce  ^usdem  doctrtnœprœ- 
cepta  ejEponet,  prenUssâ  de  studio  aca- 
demko  in  génère ,  et  de  studio  philoso- 


\ 


\ 


(  *  )  Vis  omnis  et  fraus  horrentur  !  Ce  mot 
de  F.  Patrizzi  est  Tépigraphe  de  son  grand 
traité  de  Logique  ;  il  peint  son  caractère. 

(*  )  Nous  devons  communication  de  la  plu- 
part des  renseignements  qui  suivent  à  M. 
U.  Capitaine,  qui  doit  les  utiliser  pour  son 


Néerologe,QiqmB  eu  Texlrême  obligeance 
de  mettre  en  même  temps  à  notre  disposition 
une  notice  manuscrite,  envoyée  de  Wûrz- 
bourg. —  V.  aussi  Y  Annuaire  de  VUniv,  de 
Liège  pour  1830,  p.  93. 


i69 


DER 


ITO 


phÛB  in  êpecie  imtitutkmey  etc.  Liège, 
CoUardin,  i8â3-i824,  2  vol.  in-S»  (de 
596  et  520  p.)«  avec  deux  tableaux. 

Yen  la  fto  de  4834,  Denzioger  ajouta  un 
quatrième  chapitre  aux  exemplaires  non 
vendus,  changea  l'introduction  et  fit  paraître 
le  tout  sous  ce  titre  :  Ign,  Denzinger  Insti- 
tutiones  logicœ,  ad  qua»  rtspicieru  de  Logicd 
lectiones  habebit^  prœmUsd  de  studio  aca- 
demico  in  génère  et  de  studio  philosophiœ 
in  specie  prolusione,  etc.  Li^ge,  CoUardin, 
9  vol.  en  3  parties,  formant  VI  —  396  et 
769  pages,  avec  deux  tableaux.  —  La  der- 
nière partie  se  termine  par  une  Bibliogra- 
phia  logica  étendue,  précédée  d'une  Histoire 
de  la  logique. 

8^  De  Hermotimo  Clazomenio  corn- 
w^entatio.  Liège,  Bassompierre ,  1825, 
ln-«*. 

9"*  Prima  elementa  logices  secuTMium 
ûistitutianes  logicas  exposita.lhlA.i^^Q^ 
iii-8®.  —  Ediiio  secunda,  materie  aucta. 
Liège,  1828,  in-8^ 

iQ^  Tableau  synoptique  des  religions 
et  des  écoles  philosophiques  (Inédit  ;  v. 
d-dessus). 

11°  Critique  de  quelques  nouveaux 
essais  de  division  de  Phistoire  en  pé- 
riodes (en  allemand). 

La  première  livraison  de  ce  travail  a  seule 
paru  (4832);  elle  est  consacrée  à  l'école 
Saint-Simonienne.  Dans  la  deuxième,  restée 
manuscrite,  l'auteur  discute  les  opinions  de 
Victor  Cousin. 

\^  Die  Logik  als  Wissenschafl  der 
Denkkunst.  Bamberg,  1856,  in-8«. 

Ce  n'est  pas  une  traduction  des  Institutio- 
nés  logicœ  \  c'est  un  ouvrage  tout  nouveau, 
et  révélant  des  tendances  entièrement  difTé- 
rentes.  L'auteur  l'a  dédié  à  ses  trois  fils, 
dont  l'un  occupe  encore  aujourd'hui,  avec 
distinction,  une  chaire  de  théologie  à  l'Uni- 
versité de  Wurzbourg.  La  préface,  ou  Den- 
zinger se  plaint  de  l'indifférence  d^  Belges 

(')  Sur  la  famille  de  Reiffenberg,  origi- 
naire des  environs  de  Wiesbaden,  v.  le  Bu/- 
Ifftn  du  bibliophile  belge^  i^  série,  t.  VU, 
p.  458et  saiv.  (Art.  de  II.  X.  Heuschiing  , 
et  V Annuaire  de  la  noblesse  belge ^  année 
4849.  —  Quérard  (France  littéraire ,  t.  XII, 
p.  57),  qui  ne  cesse  de  reprocher  à  notre 
personnage  son  àpreti  aux  titres  acadé- 
miques fictifs  et  aux  hochets^  ne  manque  pas 
de  rappeler  que  sa  filiation  aristocratique  a 
élé  longtemps  contestée  à  Bruxelles  ;  <  mais 


pour  la  philosophie  à  l'époque  où  il  se  trou- 
vait à  Liège,  est  curieuse  à  plus  d'un  titre. 
L'auteur  se  sépare  décidément  de  Kant,  qui, 
dit-il,  a  construit  l'édifice  de  la  logique  de 
dehors  en  dedans,  tandis  qu'il  faut  procéder 
en  sens  inverse,  c'est-à-dire  partir  du  fond 
même  de  la  conscience  et  commencer  par  la 
phénoménologie  de  l'esprit.  <  Die  Form 
B  der  Kantischen  Logik ,  ajoute-t-il ,  làsst 
»  sich  ohne  Sophisterei  nicht  retten.  ÏHeses 
»  ist  meine  jetzige  Ueberzeugung.  Wie  soU 

>  ich  Euch  meine  fr&heren  Logiken  empfeh- 

>  len  f  Irren  ist  menschlich ,  im  Irrthume 

>  vorsàtzlich  verharren,  ist  schlecht,  > 

15°  Dans  le  Journal  de  la  Société 
historique  de  Wurzbourg^  des  Recher- 
ches historiques  sur  la  Franconie  orien- 
tale (un  grand  nombre  d^articles). 

14°  Denzinger  a  travaillé  jusqu^à  sa 
mort  à  une  Biographie  franconienne  ; 
plusieurs  milliers  de  notices  destinées 
à  cet  ouvrage,  ainsi  que  divers  opus- 
cules (également  restés  manuscrits)  où 
il  avait  traité  des  questions  d'histoire 
locale ,  ont  passé  après  sa  mort  à  la 
bibliothèque  de  TUniversilé  de  WOrz- 
bourg. 

De  ReHTonbern    (  FRÉDÉRIC -Ac- 

gcste-Ferdinand-Thomas ,  baron)  na- 
quit k  Mons  le  14  nov.  1795  et  mourut 
à  St.-Josse-ten-Moode,  lez-Bruxelles, 
le  18  avril  1850  (M.  Il  faudrait  plu- 
sieurs savants,  dit  M.  Quetelet  (*),  pour 
apprécier  d*une  manière  complète  un 
homme  dont  les  talents  ont  été  si  va- 
riés ;  mais  comme  en  M.  Quetelet  lui- 
même  il  y  a  plusieurs  savants,  nous  ne 
prenons  point  garde  à  sa  modestie  et 
lui  renvoyons  en  toute  sécurité  les  lec- 
teurs désireux  d'observer  sous  tous  ses 
aspects  ce  brillant  esprit  à  facettes,  ce 
Protée  littéraire  toiyours  en  métamor- 
phose, tantôt  abeille,  tantôt  papillon , 

enfin,  ajoute  le  terrible  censeur,  il  avait 
obtenu  reconnaissance  du  titre  de  baron, 
par  diplôme  du  So  décembre  4849.  » 

(')  Annuaire  de  tAcad.  royale  de  Bel- 
gique^ 485i,  p.  98.  —  Nous  avons  suivi 
pas  à  pas  cette  remarquable  notice  ;  pour 
certains  détails,  nous  avons  en  recours  à 
celle  que  M.  Ad.  Mathieu  a  publiée  à  Mons 
en  4850,  sous  les  auspices  de  la  Société  des 
bibliephiles  de  Mons. 


171 


DER 


172 


qui  a  laissé  des  traces  lumineuses  par- 
tout où  il  a  passé ,  mais  qui  pourtant , 
aussi  léger  qu*érudit ,  n'a  su  illustrer 
son  nom  qu'en  émiettant  son  talent  et 
en  semant  autour  de  lui  moins  de  dia- 
mants que  de  perles.  Ambitionner  la 
royauté  d'un  Voltaire  aurait  été  de  la 
part  du  spirituel  et  malin  baron  une 
audace  pardonnable,  s'il  eût  possédé 
quelque  chose  de  plus  qu'un  goût  dé- 
licat, une  prodigieuse  facilité  d'écrire, 
une  verve  étincelante  dans  l'attaque  et 
Tart  d'amuser  en  instruisant;  mais 
l'iroaginaiion  n'était  pas  son  lot;  il  sa- 
vait mieux  broder  que  concevoir.  Il 
voltigeait  partout  sans  poursuivre  aucun 
but,  louable  ou  non,  si  ce  n'est  d'être 
toujours  en  relief  :  disposition  dange- 
reuse, qui  le  rendit  quelquefois  peu 
scrupuleux  sur  le  choix  des  moyens  et 
finit  par  le  faire  estimer  moins  qu'il  ne 
valait.  Aussi  bien  son  esprit  sarcastique 
lui  suscita  de  nombreux  adversaires, 
toujours  prêts  à  grossir  et  à  multiplier 
ses  fautes  ;  la  justice  veut  qu'on  n'ac- 
cepte leur  jugement  que  sous  bénéûce 
d'inventaire.  On  s'est  plu  à  le  dépeindre 
comme  un  faux  bonhomme  :  il  était  trop 
léger  pour  cela.  Sa  mobilité  même  a 
pu,  sans  doute,  faire  prendre  le  change  : 
il  ne  pouvait  garder  dans  son  carquois 
un  trait  piquant,  fallût-il  le  décocher 
contre  quelqu'un  dont  il  venait  de  faire 
l'éloge  ;  le  premier  à  s'en  repentir,  il 
passait  néanmoins  pour  méchant  et 
envieux,  alors  qu'il  n'était  qu'impru- 
dent et  étourdi.  Quand  le  démon  de  la 
satire  ne  le  possédait  pas,  il  était  plein 
d'égards  pour  tout  le  monde  ;  jamais 
ses  confrères  de  TÂcadémie  n'eurent  à 
lui  reprocher  un  manque  de  conve- 
nance. M.  Ad.  Mathieu  a  célébré  en 
beaux  vers  (*)  son  dévouement  à  ses 
amis  et  ses  vertus  de  famille  :  or  ceux 
dont  on  peut  parler  ainsi  sans  craindre 
un  démenti  ne  sont  point  des  hommes 
mauvais.  En  somme,  les  défauts  et  les 
qualités  du  baron  émanaient  d'une  de 
ces  natures  impétueuses,  pétulantes, 
tissues  de  contradictions,  auxquelles  on 
doit  beaucoup  pardonner,  parce  qu'elles 
sont  au  fond  généreuses. 


«  De  Reiflfeaberg  fréquenta  d'abord 
l'école  primaire  dirigée  à  Mons  par 
l'abbé  Olinger  ('  )  ;  il  suivit  deux  cours 
au  collège  de  la  même  ville  et  termina 
ses  humanités  au  Lycée  de  Bruxelies,en 
4845;  de  là,  il  se  rendit  en  Allemagne, 
où  était  alors  son  père,  embrassa  pres- 
que immédiatement  l'état  militaire  et 
fit  partie  du  4*  bataillon  d'infanterie, 
formé  à  Mons,  en  4844,  sous  les  ordres 
du  colonel  Murray.  »  C'est  à  peu  près 
tout  ce  que  nous  apprend  de  sa  jeu- 
nesse M.  Ad.  Mathieu,  son  parent  et 
le  compagnon  de  ses  premières  années. 
Il  résulterait  de  deux  certificats  qu'il 
aurait  été  admis  à  l'Ecole  normale  et 
qu'il  en  aurait  sui>i  les  cours  pendant 
quelque  temps;  vérifier  ce  fait  et  rap- 
porter à  une  date  précise  son  séjour  à 
Paris  n'est  pas  chose  facile.  En  tous 
cas ,  il  est  certain  que  de  Reificnber^ç 
était,  en  mars  48U,  sous-lieutenant  au 
4"  régiment  d'infanterie  belge,  «  avec 
une  Commission  spéciale  pour  recevoir 
les  engagements  volontaires  dans  l'ar- 
mée qu'on  organisait  alors.  »  Promu 
au  grade  de  |>remier  lieutenant  l'année 
suivante,  au  mois  d'avril,  il  assista, 
mais  sans  combattre,  k  la  bataille  de 
Waterloo;  la  chute  de  l'Empire  et  un 
penchant  irrésistible  pour  l'étude  des 
belles-lettres  le  détournèrent  ensuite 
de  la  carrière  des  armes.  Il  obtint  sa 
démission  honorable  le  â5  janvier 
4848;  le  3  mars,  il  fut  nommé  régent 
de  poésie  latine  à  Anvers,  et  en  outre, 
quelques  jours  plus  tard ,  second  pro- 
fesseur de  mathématiques.  Ces  nou- 
velles fonctions  ,  les  premières  du 
moins,  lui  convenaient  mieux  que  celles 
d'ofiicier  recruteur;  néanmoins  le  sé- 
jour d'Anvers  lui  pesa  bientôt  :  tous 
ses  amis  étaient  à  Bruxelles  ;  là  seu- 
lement ,il  pourrait  déployer  ses  ailes. 
Il  s'empressa  d'accepter,  le  5  février 
4849,  la  chaire  de  5«  à  l'Athénée. 

Son  arrivée  à  Bruxelles,  dit  M.  Que- 
telet,  fut  une  véritable  ovation.  On  ci- 
tait comme  des  coups  de  maître  ses 
premiers  essais  littéraires  insérés  dans 
le  Mercure  belge,  qu'il  avait  fondé  en 
4847  avec   Ph.  Lesbroussart  (v.  ce 


(*)  Bull,  du  bibl.  belge,  vol.  cité,  p.  170 
et  suiv. 


{*)  Parent  de   l'auteuc  du  dîclioDoaire 
français-hollandais. 


173 


DER 


174 


/ 


nom)  et  Raoul;  on  fondait  sur  lui  les 
plus  hautes  espérances  (*).  Il  fut  reçu 
et  choyé  en  enfant  ^âté  ;  ses  excentri- 
cités même  contribuèrent  à  lui  donner 
plus  de  renom  (*).  Gai  jusqu'à  Fespiè- 
glerie,  il  désarmait  les  censeurs  en  les 
faisant  rire;  sérieux  quand  il  fallait 
rêtre,  mais  ayant  en  horreur  la  pédan- 
terie, il  savait  prêter  des  séductions  à 
la  science  même  la  plus  sévère  :  d'un 
commerce  facile  et  agréable,  il  plaisait 
autant  par  le  piquant  de  sa  conversa- 
tion que  par  les  grâces  de  son  style  ; 
on  saluait  en  lui  «  Théritier  privilégié 
de  Tesprit  de  Voltaire.  »  Ajoutons  que 
Bruxelles  était  alors  un  milieu  éminem- 
ment favorable  à  Tépanouissement  du 
talent,  a  Les  lettres,  les  arts  et  les 
sciences  y  avaient  pris  un  nouvel  essor  ; 
Tancienne  Académie  de  Marie-Thérèse 
venait  d'être  réorganisée;  un  grand 
nombre  de  réfugiés  français,  parmi 
lesquels  on  remarquait  David,  Arnault, 
Bory  de  St-Vincent,  Berlier,  Merlin, 
etc.,  répandaient  dans  la  société  tout 
le  charme  de  leur  esprit  et  la  variété 
de  leurs  connaissances.  Reiffeuberg  fut 
particulièrement  distingué  par  eux,  et 
s'associa  à  quelques-uns  de  leurs  tra- 
vaux. Cette  période  est  sans  contredit 
la  plus  brillante  de  sa  carrière.  )>('). 
Sonactivitétenaitduprodige.aProse, 
vers,  philologie,  histoire,  théâtre,  ar- 


ticles de  journaux,  tout  cela  marchait 
à  peu  près  de  front  ;  il  était  toujours 
prêt,  la  nuit  et  le  jour.  Si  on  venait 
lui  demander,  à  la  hâte ,  un  article  de 
remplissage  pour  le  Mercure  belge  ou 
pour  un  des  nombreux  journaux  aux- 
quels il  coopérait,  il  abandonnait  aus- 
sitôt son  travail  commencé,  et  le  mes- 
sager ne  sortait  pas  sans  emporter 
l'article  désiré.  »  Il  assiégeait  à  la  fois, 
syoute  M.  Quetelet,  toutes  les  avenues 
du  théâtre  de  la  Monnaie  :  le  Comte 
d'Egmont,  drame  historique,  les  Poli- 
tiques de  salon,  comédie,  le  Siège  de 
Corinthe,  grand  opéra,  la  Toison  dor^ 
opéra  comique,  étaient  en  même  temps 
sur  le  métier,  avec  une  histoire  des 
poètes  latins  de  la  Belgique  (^),  avec 
un  recueil  ù'Excerpta  de  l'histoire  na- 
turelle de  Pline,  avec  un  mémoire,  qui 
fut  couronné  (1820),  Sur  Vétat  de  la 
population,  des  fabriques  et  manufac- 
tures et  du  commerce  dans  les  provinces 
des  Pays-Bas  y  pendant  les  XV*  et  XVI^ 
siècles,  enfin,  avec  un  mémoire  sur 
Juste-Lipse,  aussi  couronné  l'année 
suivante  (').  Il  n'en  fréquentait  pas 
moins  les  réunions  et  les  bals,  au  risque 
de  compromettre  sa  santé;  il  eut  en 
effet  des  hallucinations.  De  cette  époque 
datent  aussi  ses  premiers  démêlés  avec 
Froment,  autre  esprit  mordant,  qui 
paya  sa  bienvenue  â  la  Société  de  littéra- 


(*)  Son  premier  article  :  Coup  (fasil  sur 
les  progrès  des  lettres  en  Belgique,  Tavait 
mis  tout  d'emblétt  en  vogue.  U  y  traça  d'a- 
vance, par  parenthèse,  le  programme  des 
travaux  littéraires  qui  remplirent  toute  sa 
vie. 

(  *  )  «  Wallez,  qui  ne  le  connaissait  pas, 
avait  dirigé  contre  lui  quelques  attaques 
daos  son  journal  ;  il  s'ensuivit  des  provoca- 
tions assez  vives.  Wallez  demandait  quel 
était  ce  grand  diable  de  ferrailleur  qui  sem- 
blait vouloir  pourfendre  son  monde  ;  il  fut 
singulièrement  désappointé,  quand  on  lui 
montra  un  petit  jeune  homme,  frêle  et  sé- 
millant, de  la  hauteur  de  cinq  pieds  au  plus, 
d'une  politesse  parfaite,  et  riant  tout  le  pre- 
mier de  l'aventure  et  de  l'dtonnement  de  son 
adversaire.  Quelle  rancune  eût  pu  tenir  de- 
vant cette  gatté  expansive»  devant  cette  vi- 
vacité toute  méridionale  ?  Malgré  sa  petite 
taille,  malgré  ses  cheveux  d'une  couleur  un 
peu  hasardée,  Reiffenberg ,  à  cet  âge,  avait 
on  extérieur  véritablement  agréifle.  Ses 


yeux  pleins  de  vivacité  donnaient  à  sa  phy- 
sionomie beaucoup  d'expression  et  de  fi- 
nesse; sa  conversation  vive  et  spirituelle 
rachetait  d'ailleurs  ce  qui  aurait  pu  lui  man- 
quer sous  le  rapport  du  physique.  »  (Quete- 
let, p.  97). 

(»)  /*.,  p.  98. 

(*)  Il  ne  prit  point  part  au  concours  ou- 
vert sur  ce  sujet  :  le  prix  fut  décerné,  en 
1820,  à  M.  Peerlkamp. 

(*)  Son  mémoire  sur  Erasme  n'obtint, en 
48S3,  qu'une  médaille  d'argent.  Devenu  aca- 
démicien, de  Reiffenberg  en  réclama  inuti- 
lement Tinsertion  dans  les  Mémoires',  de 
guerre  lasse,  il  remplaça  ce  travail  par  une 
histoire  des  deux  premiers  siècles  de  rUni- 
versité  de  Louvain  (cinq  mémoires) ,  une 
statistique  ancienne  de  la  Belgique,  une 
étude  sur  les  relations  des  Belges  avec  les 
étrangers,  etc.  —  L'Académie  remit  au  con- 
cours, trente  ans  plus  tard,  une  étnde  sur 
Erasme. 


175 


D£R 


176 


ture  de  Bruxelles  (v.  Tart.  Lesbrous- 
sart)  par  une  satire  contre  ceux  qui 
venaient  de  raccueillir  dans  leur  cé- 
nacle. De  Rdffenberg  s'empara  de  cette 
boutade,  la  publia  dans  le  t.  X  du  Mer- 
cure belge,  puis  y  répondit  dans  TAn- 
nuaire  de  la  Société  (1822).  Il  s'ensui- 
vit une  guerre  de  plume  qui  n'aboutit, 
comme  c'est  l'ordinaire,  qu'à  une  série 
de  désagréments  ('). 

M.  Van  Hulthem,  conservateur  de  la 
bibliothèque  royale  de  Bruxelles  et  de 
celle  de  Bourgogne,  s'était ,  sur  ces 
entrefaites ,  épris  du  baron  de  Reiffen- 
berg,  et  l'avait  fait  nommer,  en  i821, 
bibliothécaire -adjoint.  Cette  nouvelle 
position,  de  fait  très-indépendante,  de- 
vait ,  ce  semble ,  convenir  à  un  homme 
de  lettres  qui  était  en  même  temps 
journaliste,  et  à  cause  des  ressources 
qu'elle  lui  offrait  au  point  de  vue  de  ses 
études,  et  parce  qu'elle  lui  laissait  plus 
de  loisirs  pour  s'occuper  activement  de 
la  presse  périodique.  L'ancien  rédac- 
teur du  Mercure^  le  collaborateur  du 
Nain  jaune  et  des  autres  journaux 
édités  par  les  conventionnels  (*),  re- 
nonça effectivement  moins  que  jamais 
à  tailler  sa  plume  au  profit  de  l'opposi- 
Uon  libérale.  Aussi  fiit-on  fort  surpris 
de  voir  paraître,  un  beau  jour  (25  mai 
1822),  sa  nomination  à  l'Université  de 
Louvain,  en  qualité  de  professeur  ex- 
traordinaire de  philosophie.  On  crut  à 
une  défection;  on  glosa;  a  un  homme 
perdu  de  réputation,  auquel  le  Gouver- 
nement n'avait  pas  refusé  ses  bienfaits, 
et  que  Reiffenberg  avait  eu  la  faiblesse 
de  recevoir  chez  lui,  affecta  de  répéter 
que  c'était  à  son  intervention  que  le 
nouveau  professeur  devait  sa  place ,  et 
qu'on  ne  la  lui  avait  accordée  que  sous 
certaines  conditions.   »  11  n'en  était 


rien  :  Reiffenberg  rompait  tout  simple- 
ment avec  la  politique  pour  adorer  une 
nouvelle  déesse,  la  philosophie,  qu'il 
se  mit  à  encenser  avec  sa  ferveur  habi- 
tuelle. Il  poursuivit  cependant  ses  re- 
cherches philologiques ,  qui  lui  valu- 
rent, le  8  mai  1 825,  le  titre  d'acadé- 
micien, à  l'unanimité  des  suffrages.  Le 
commandeur  de  Nieuport  lui-même , 
oubliant  un  article  où  notre  polémiste 
l'avait  assez  maltraité,  vota  pour  lui. 
«  Dès  la  séance  suivante,  dit  H.  Quête- 
let,  il  nous  apporta  son  Mémoire  mr  le 
bombardement  de  Bruxelles  en  1695.  Ce 
travail  servit  de  prélude  à  un  nombre 
considérable  de  mémoires  qui  ont  en- 
richi nos  recueils.  » 

A  Louvain,  de  Reiffenberg  rompit 
«  imprudemment  »  quelques  lances 
contre  les  partisans  de  la  méthode  Ja- 
eotot,  qui  avait  mis  deux  armées  en 
présence.  Ne  ménageant  pas  ses  plai- 
santeries, il  éveilla  contre  lui  des  ran- 
cunes ;  on  commenta  ses  écrits ,  on 
pervertit  le  sens  de  ses  paroles.»  Je  fais 
assez  de  sottises  sans  qu'on  ait  besoin 
de  m'en  attribuer, disait-il;  au  reste, il 
faut  que  ie  prenne  mon  parti ,  puisque 
je  suis  destiné  à  être  mis  en  scène  ». 
Cependant  il  céda  aux  représentations 
de  ses  amis  et  se  retira  dans  sa  tente, 
mélancolique  et  désillusionné,  en  dépit 
de  son  stoïcisme  apparent.  Il  trouva  des 
consolations  dans  l'étude  et  dans  la  vie 
de  famille  (');  il  donna  un  premier  gage 
de  ses  nouvelles  résolutions,  en  publiant 
(4825-1826)  les  Archives  philologiques^ 
recueil  où  l'érudition,  sans  cesser  d'élre 
sérieuse,  se  présente  sous  la  forme  la 
plus  attrayante. 

La  révolution  de  1850  fit  perdre  k 
l'Université  de  Louvain  deux  de  ses 
Facultés,  et  au  baron  de  Reiffenberg 


{*)  Non-seulement  ces  querelles  d*indi- 
vidu  à  individu  sont  en  elles-mêmes  stériles, 
mais  quand  elles  passent  en  habitude,  elles 
ont  pour  effet  de  diviser  la  république  des 
lettres  en  coteries.  Au  lieu  de  poursuivre  un 
idéal  élevé,  on  dépense  tout  ce  qu'on  a  d'es- 
prit, comme  dans  les  petites  villes,  à  dtîni- 
grer  ses  voisins.  Les  écrivains  belges  ont 
trop  souvent  cédé  à  ces  entraînements,  ce 
qui  n'a  pas  laissé  que  d^entraver  le  dévelop- 
pement de  la  littérature  nationale  (v.  Heu- 
schling,  p.  462^. 


(■)  y.  Warzde,  Essai  sur  les  journaux 
belges^  Brux.  1844,  in-8<>,  p.  70  et  suiv. 

(  ">  )  Il  épousa  le  29  août  4827  Marie-Adèle- 
Natalie  Frantzen,  fille  de  radjudant-général 
au  service  de  France,  et  de  Nathalie  Vander- 
meersch,  fille  du  célèbre  général  de  ce  nom. 
Il  en  eut  plusieurs  enfants,  dont  deux  seule- 
ment lui  ont  survécu  :  Prédério-Guiltaumo- 
Eméric-Cuno-Marsilius  (né  à  Louvain  le  28 
août  4830),  connu  par  quelques  recueils  de 
poésies,  et  Herman-Frédëric  Lombaire  (né  le 
44  mai  4832). 


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DER 


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ses  émoluments.  Il  ambitionna  la  place 
dinspeeteur  des  études  :  un  arrêté  du 
6  décembre  1855  le  nomma  professeur 
ordinaire  à  l'Université  de  Liège,  avec 
mission  d'enseigner  Fhistoire  du  moyen 
âge  et  celle  du  pays.  La  philosophie  fut 
congédiée  à  son  tour,  bien  que  les  pre- 
miers essais  de  notre  polygraphe  eussent 
été  jugés  dignes,  malgré  la  confusion 
qui  y  régnait,  de  l'attention  sérieuse  du 
grand-prêtre  de  Técleclisme  (*). 

C*est  pendant  son  séjour  k  Liège 
qu'éclata  une  affaire  malheureuse,  dont 
le  retentissement  fut  tel  qu'il  est  im- 
possible de  n'en  point  parler.  Nous 
transcrivons  simplement  le  récit  de  M. 
Quetelet  (■).  «  De  Reiffenberg  avait  in- 
séré, sous  son  nom,  dans  ses  mmvelles 
archives  et  Ù2iî\s\es Mémoires  de  V Acadé- 
mie,ûifférenis  travaux  historiques,  qu'il 
avait  extraits  des  manuscrits  laissés  par 
Simon-Pierre  Ernst,  curé  d'Afden.  A 
cette  accusation  malheureusement  fon- 
dée (v.  Tan.  Lavalleye) s'enjoignirent 
plusieurs  autres  de  même  nature.  Dès 
lors  il  de\int  le  but  général  de  toutes 
les  attaques  :  aux  réclamations  légitimes 
de  ceux  qui  se  sentaient  lésés  ou  qui 
avaient  été  inconsidérément  attaqués 
par  lui,  succédaient  des  diatribes  amè- 
res,  des  attaques  violentes  de  tous  ceux 
qu'offusquent  les  supériorités  intellec- 
toelles  et  qui  se  plaisent  à  écraser  sans 
danger  un  ennemi  renversé  (*).  Les 
accusations  de  plagiat  se  mêlaient  à  des 
satires  sanglantes  sur  ses  faiblesses  à 
Tendroitdes  décorations  et  des  distinc- 
tions académiques;  on  lui  contesta  ses 
titres  de  noblesse  ;  on  provoqua  sa  des- 
titution; on  alla  même  jusqu'à  scruter 
les  secrets  les  plus  intimes  de  la  famille, 
pour  trouver  de  nouvelles  armes  contre 
lui  {*).  Sa  position  devint  véritablement 
insoutenable.—  En  vain  quelques  voix 


s'élevaient  généreusement  en  sa  faveur 
et  demandaient  que  Ton  eût  au  moins 
égard  aux  services  incontestables  qu'il 
avait  rendus  aux  lettres  ;  en  vain  elles 
faisaient  remarquer  que  c'était  marcher 
contre  nos  propres  intérêts  que  de 
chercher  à  flétrir  aux  yeux  de  l'Europe 
un  des  noms  beiges  qui  lui  étaient  le 
plus  connus.  Le  débordement  était  alors 
trop  violent  pour  que  l'on  pût  lui  oppo- 
ser brusquement  une  digue  ;  il  y  aurait 
même  eu  imprudence  à  le  tenter.  Quel- 
ques collègues,  auxquels  Reiffenberg 
s'était  adressé  dans  sa  détresse,  lui 
conseillaient  de  se  renfermer  dans  la 
retraite ,  d'y  préparer  quelque  ouvrage 
important,  tel  qu'il  était  capable  de  le 
faire,  et  de  se  présenter  ensuite  au  pu- 
blic avec  ce  gage  expiatoire...» 

Il  saisit  au  vol,  on  le  conçoit,  l'occa- 
sion de  quitter  Liège.  Un  arrêté  royal 
du  25  juillet  1857  lui  confia  la  garde 
de  la  bibliothèque  de  la  capitale,  enri- 
chie du  fonds  Van  Hulthem  et  désor- 
mais réunie  à  la  bibliothèque  de  Bour- 
gogne. La  satisfaction  du  nouveau  con- 
servateur eut  un  lendemain.  Dans  cette 
même  bibliothèque,  quinze  ans  aupa- 
ravant, il  avait  eu  ses  coudées  fran- 
ches, quoique  employé  en  sous-ordre; 
chef  d'administration  maintenant,  il  se 
voyait  ou  se  croyait  placé  sous  la  tu- 
telle d'une  Commission  administrative. 
De  plus,  au  point  de  vue  pécuniaire, 
sa  position  était  plutAt  amoindrie  qu'a- 
méliorée :  il  eût  désiré  tout  au  moins 
être  logé  aux  frais  de  l'Etat.  Le  fait  est 
que  non  seulement  il  se  plaignit,  mais 
qu'il  se  fit  accuser  de  négligence.  Ses 
fréquentes  absences  profitaient  du  reste 
à  la  science.  La  rédaction  du  Biblio- 
phile belge,  qu'il  avait  créé,  celle  de 
son  Annuaire  de  la  Bibliothèque,  les 
soins  qu'il  consacrait  à  la  Commission 


(*)  Cousin,  Fragmenté  phitosophiques , 
éd.  belge,  t.  II,  p.  440  et  sniv. 

(■)  L^autenr  de  la  France  littéraire  n'a 
pas  cru  devoir  être  aussi  modéré  que  l'ho- 
norable Secrétaire  perpétuel  de  PAcadémie. 
Y.  Les  plagiats  Reiffenberg ien s  dévoilés , 
^ari8,i851,in-So. 

(*)  Le  journal  V Espoir  se  distingua  par- 
ticulièrement par  ses  aménités. 

{*)  •  Il  avait  jusque  là  été  désigné  an- 
noellement,  par  la  Chambre  des  représen- 


tants, pour  faire  partie  du  jury  chargé  des 
examens  pour  les  grades  universitaires  :  il 
ne  fut  pas  réélu  dans  ce  poste  honorable. 
Hais  M.  le  baron  de  Stassart,  son  confrère 
à  l'Académie,  qui  était  alors  président  du 
Sénat ,  usa  de  toute  son  influence  auprès 
de  ses  amis,  pour  le  faire  nommer  par  ce 
corps  el  pour  reporter  sur  de  Reiffenberg 
les  voix  qui  lui  étaient  (févolues.  Il  eut  la 
satisfacUon  d*y  réussir  »  (Note  de  M.  Que- 
telet). 


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d*histoire,  dont  il  était  un  des  princi- 
paux appuis  (*),et  une  infinité  d*autres 
travaux  de  détaii  qui  lui  faisaient  re- 
chercher la  solitude  et  fuir  les  ennuis 
d*une  administration  peu  conforme  à 
ses  goûts,  avaient  leur  côté  véritable- 
ment utile.  Il  eût  mieux  valu,  sans 
doute,  qu'on  eût  séparé  la  parlie  admi- 
nistrative de  la  parlie  scientifique  de 
ses  fonctions  ;  mais  une  séparation  pa- 
reille, quelque  désirable  qu'elle  eût  été 
dans  son  propre  intérêt,  n'aurait  pas 
manqué  de  blesser  sa  susceptibilité  » 

Grand  connaisseur  de  livres,  grand 
fureteur,  il  flairait  des  découvertes  jus- 
que dans  les  reliures  des  bouquins  et 
dans  les  vieux  meubles  :  témoin  la  fa- 
meuse estampe  de  i'ii8(v.  ci-après), 
qui  fut  l'occasion  d'une  interminable 
polémique.  Il  arriva  aussi  que  son  ha- 
bileté fut  mise  en  défaut;  en  pareil  cas, 
il  savait  mettre  les  rieurs  de  son  côté, 
en  riant  plus  haut  que  les  aulres  de  sa 
méprise.  L'histoire  du  Catalogue  du 
comte  de  Fortsas  a  fait  le  tour  de  l'Eu- 
rope. Un  des  confrères  du  baron  à 
l'Académie,  M.  R.  Chalon,  qui  n'en 
était  pas  à  son  coup  d'essai  en  fait  de 
mystifications  érudites,  annonça  dans 
les  journaux  (1840)  qu'il  venait  de 
mourir  à  fîinche  un  bibliophile  ex- 
centrique, dont  toute  la  bibliothèque 
se  composait  de  52  volumes  ,  tous 
exemplaires  uniques ^  M.  de  Fortsas  dé- 
truisant les  livres  aussitôt  qu'il  recon- 
naissait qu'ils  existaient  ailleurs  qu'en- 
tre ses  mains  (').  11  va  sans  dire  que 
ces  joyaux  sans  prix ,  de  même  que 
leur  heureux  possesseur,  étaient  des 
créations  de  l'auteur  du  catalogue;  si 
M.  Van  de  Weyer  avait  publié  à  cette 
époque  son  factum  contre  E.  Mûnch 
(v.  ce  nom),  il  aurait  doublé  tout  d'un 


coup  sa  liste  déjà  nombreuse  des  livres 
imaginaires.  Mais  les  titres  étaient  si 
savamment  rédigés  et  d'une  vraisem- 
blance si  frappante,  que  les  mieux 
avisés  s'y  laissèrent  prendre  et  se  pré- 
parèrent à  faire  des  emplettes.  Le  petit 
fils  du  prince  de  Ligne  s'empressa  de 
donner  des  ordres,  pour  qu'on  achetât 
à  tout  prix  des  mémoires  qui  pouvaient 
compromettre  les  grand'mères  de  la 
plupart  de  nos  belles  dames.  Un  homme 
grave  assura  que  la  moitié  au  moins 
des  articles  n'était  pas  unique^  et  qu'il 
en  possédait  plusieurs  dans  sa  biblio- 
thèque. Un  propriétaire  titré  du  Hai- 
naut  déclara  qu'il  avait  l'honneur  d'ap- 
partenir au  comte  de  ForLsas,  très-bon 
gentilhomme  qu'il  se  repentait  d'avoir 
négligé;  il  marquait  même  l'emplace- 
ment exact  de  son  château ,  à  droite, 
sur  la  route  de  Binche  ;  on  en  voyait 
poindre  les  tourelles  à  travers  une  touffe 
de  peupliers  (*).  Le  chef  d'atelier  de 
la  maison  Casterman,  de  Tournai,  se 
rappela  clairement  avoir  imprimé  en 
1829  un  ouvrage  sur  les  affaires  du 
temps,  dont  le  libraire  Castiau  ,  de 
Lille,  voulait  faire  l'acquisition  :  cet 
ouvrage,  bien  entendu,  n'existait  pas 
plus  que  les  autres.  De  Reiffenberg 
allait  partir  pour  Binche,  quand  M. 
Chalon,  ne  voulant  pas  pousser  la  plai- 
santerie trop  loin,  lui  avoua  la  vérité. 
C'est  une  ruse  de  guerre,  se  dit  le  sa- 
vant bibliothécaire,  qui  n'en  fut  que 
plus  empressé  de  se  mettre  en  route. 
Un  éclat  de  rire  homérique  signala  le 
dénouement  de  cette  petite  comédie; 
de  Reiffenberg  s'exécuta  lui-même  de 
bonne  grâce.  11  faut  reconnaître  que , 
pour  l'induire  ainsi  en  erreur,  un  savoir 
et  un  talent  plus  qu'ordinaires  étaient 
indispensables  :  aussi  n'est-ce  point 
trop  dire  que   de  qualifier  de  chef- 


(  '  )  La  création  de  la  Commission  royale 
d'histoire  remonte  au  22  juillet  1834;  un  ar- 
rêté du  i*»"  décembre  ^846  Ta  fait  rentrer 
dans  le  sein  de  l'Académie.  Le  30  juillet 
4847,  il  y  a  été  annexé  un  bureau  paléogra- 
pbique.  —  De  Reiffenberg  y  siégea,  en 
qualité  de  secrétaire,  à  côté  de  MM.  de  Ger- 
lache,  président,  Gacliard,  Bormans,  le  cha- 
noine de  Ram,  le  chanoine  de  Smet  et  Du- 


mortier.  Après  sa  mort,  le  secrétariat  échut 
à  M.  Ad.  Borgnet. 

(*)  Quetelet,  p.  123. 

(' j  Nous  renvoyons  le  lecteur  à  l'amusant 
récit  que  de  Reiffenberg  a  publié  lui-même 
de  cette  aventure  dans  Y  Annuaire  de  ta  bibl, 
royale  pour  i841,  p.  269  et  suiv.  Cf.  le 
Hibliophilebelffe,  1. 1,  p.  463. 

(*;   Bibl,  belge f  ibid. 


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d^œuvre  en  son  genre  le  Catalogue  de 
FortsasC). 

La  biographie  des  savants  se  résume 
en  grande  partie  dans  l'histoire  de  leurs 
travaux  ;  de  Reiffenberg  ne  fait  pas  ex- 
ception à  la  règle.  Ses  dernières  années 
furent  assez  ternes  :  il  vécut  dans  son 
cabinet ,  principalement  occupé  de  ses 
grands  travaux  historiques  et  des  no- 
tices qu'il  présentait  à  l'Académie, 
presque  à  chaque  séance  ;  d'autre  part 
il  éprouva  le  besoin  de  chercher  dans 
la  poésie,  la  première  idole  de  sa  jeu- 
nesse ('  ),  des  consolations  aux  chagrins 
qui  le  minaient  sourdement,  quand  il 
se  voyait  moins  considéré  qu'il  ne 
semblait  devoir  l'être.  «  Rien  de  ce  qui 
excite  en  général  l'attention  ou  la  con- 
voitise des  hommes  ne  paraissait  lui 
manquer;  »  cependant  il  sentait  un 
vide  autour  de  lui.  Sans  se  plaindre 
ouvertement,  il  laissait  quelquefois 
percer  de  l'aigreur,  quand  il  était  mis 
sur  le  chapitre  des  bouleversements 
politiques,  qui  ne  lui  avaient  attiré 
que  des  déboires.  Sa  santé  aussi  lais- 
sait à  désirer  :  lui  en  demandait-on  des 
nouvelles,  il  entrait  dans  ses  humeurs 
noires,  puis  tout  d'un  coup,  pour  s'é- 
tourdir. Il  lançait  quelque  bon  mot.  Il 
conserva  jusqu'à  la  fln  la  plénitude  de 
ses  facultés  intellectuelles  ;  au  lit  de 
mort,  il  signa  des  pièces  relatives  au 
service  de  la  Bibliothèque.  Peu  de 
jours  auparavant,  il  apportait  encore  à 
l'Académie  un  rapport  sur  le  concours: 
«  Peut-être,  écrivait-il,  suis-je  disposé 
à  rindulgence  par  la  souffrance  ;  peut- 
être  aussi  aurais-je  dû  m'abstenir  de 
juger.  Quand  on  est  malade  comme  je 
le  suis,  on  est  en  quelque  sorte  ce  que 
les  Romains  appelaient  Capiieminu' 
tus,.  »  ('). 


U  mourut  doucement  et  pieusement, 
dans  les  bras  d'une  épouse  chérie.  M. 
Â.  Mathieu  lut  sur  sa  tombe,  au  cime- 
tière de  Laeken,  la  touchante  pièce  de 
vers  que  nous  avons  citée.  La  Société 
des  h'éliophiles  de  Mons  chargea  M.  L. 
Wiener  de  frapper  une  médaille  à  son 
effigie  ;  son  buste  en  marbre,  exécuté 
par  M.  G.  Geefs,  aux  frais  du  Gouver- 
nement, est  placé  dans  la  salle  des 
séances  de  l'Académie  :  il  est  malheu- 
reusement peu  ressemblant,  ayant  été 
modelé  de  mémoire. 

De  Reiffenberg,  membre  de  l'Acadé- 
mie royale  de  Belgique  et  secrétaire  de 
la  commission  royale  d'histoire,  était 
en  outre  membre  correspondant  de 
l'Institut  de  France  (Académie  des  in- 
scriptions et  belles-lettres),  de  la  So- 
ciété royale  de  Goettingue,  des  Acadé- 
mies de  Berlin,  Munich,  Turin,  Stock- 
holm ;  des  sociétés  des  antiquaires 
de  Londres,  de  France,  de  Normandie 
et  de  Morinie  ;  l'un  des  vingt-neuf  de 
la  Société  des  bibliophiles  français;  de 
celle  des  bibliophiles  du  Hainaut,  de 
la  Société  de  l'histoire  de  France,  de 
l'Institut  historique,  des  Académies  de 
Rouen  et  de  Lyon,  de  la  Société  de 
statistique  universelle,  de  celle  de  sta- 
tique de  Marseille,  des  Sociétés  asia- 
tique, polytechnique  et  philotechnique 
de  Paris,  de  la  Société  historique  grand- 
ducale  de  Fribourg,  de  la  Société 
grand-ducale  d'Iéna,  de  celles  de  Ba- 
tavia (Asie)  et  du  Rhode-Island  (Amé- 
rique du  Nord),  de  la  Société  maritime 
d'Angleterre,  des  Sociétés  académiques 
de  Leyde,  Utrecht,  Toulon,  Evreux, 
Blois,  Douai,  Boulogne-sur-Mer,  Cam- 
brai, Valenciennes,  Anvers,  Liège, 
Gand,  Biuxelles  et  du  Hainaut  (M.  La 
liste  de  ses  décorations,  dit  Quérard, 


(*}  Il  a  été  réimprimé  à  Lyon,  en  1833, 
pour  le  libraire  Van  Trigt,  de  Bruxelles.  V. 
Delecoart,  Dict.  det  anonymes  et  des  pseudo- 
nymes, Bruxelles,  4864,  io-8o,  n«>  846, 
p.  138.  —  De  Reiffenberg  nn  parla  toujours 
avec  admiration.  «  Chacun  de  ces  étonnants 
ouméros,  disait-il,  allait  à  l'adresse  de  quel- 
quon  ,  il  loi  allait  droit  au  cœur...  Un 
Promptuarium  antiquiiatum  Trevirensium, . 
auctore  Willtlmo  comité  ab  Reiffenberg , 
causaît  de  cruelles  insomnies  k  quelqu'un 
de  vos  amis...  »  (Uuetelet,  p.  iS4). 


(*)  U  disait,  presque  au  moment  de 
mourir  : 

Cm  ver*  convienneot  à  tont  àg«  ; 
Je  leur  dou  dd  peu  de  coarag€i 
Quand  pour  mot  s^assombritle  jour; 
N'ont-iU  pas  droit  à  mon  hommage  ? 
Ils  furent  mon  premier  ianfcafto, 
I  s  furent  mon  (tremier  amour 

(Fuhltê  nouvtUeif  pi-ulo^nu). 

(')  Quetclet,  p.  466. 

<*)  En  4836,  il  assista  au  Congrès  scien- 
tifique de  Liège,  et  en  fut  nommé  secrétaire- 
général. 


183 


DER 


184 


serait  presque  aussi  ion^e.  Nous  don- 
nons celle  de  ses  meilleurs  titres , 
c'est-à-dire  de  ses  principaux  ouvrages, 
d'après  cet  auteur  et  les  notices  de  MM. 
Quelelet  et  Heuschling. 

1.  Littératuhe. 

i%e  Malheur  imaginaire  ,  comédie 
en  un  acte  et  en  prose.  Bruxelles , 
Weissembruch,  i8i9,  in-S^". 

^  Le»  Politiques  de  Salon,  comédie 
en  trois  actes  et  en  vers.  Brux.,  Hayez, 
i82i,  in-S^"  (Dédicace  à  Pb.  Lesbrous- 
sart). 

Le  Comte  d'Egmont,  tragédie  composée  en 
même  temps  que  cette  pièce,  est  resté  inédit, 
sauf  quelques  n*agment8  (Mercure  Mge,  1. 1, 
p.  487,  i8i7;  Recueil  annuel  de  poésies  de  la 
Soc,  de  Littérature  de  Bruxelles,  1848,  p. 
i4;  Leçons  de  Littérature  de  Noél  et  de  La- 
place,  éd.  de  Gand,  4822  ;  et  dans  l'édition 
de  Vandervynckt ,  citée  ci-après  ,  n^  55) . 
L'opéra-comique  (  *  )  :  La  Toison  d'or  (v.  ci- 
dessus]  ,a  été  joué  mais  non  imprimé.  Le  Siège 
de  Corinthe ,  en  revanche ,  a  paru  dans  les 
Harpes  (403),  mais  n'a  point  subi  l'épreuve 
de  la  scène.  Les  Politiques  de  Salon  ren- 
ferment quelques  scènes  heureuses  ;  en 
somme,  la  donnée  est  peu  neuve  ;  le  prin- 
cipal mérite  de  la  pièce  est  dans  le  style,  à 
la  fois  élégant,  pittoresque,  d'une  aUure 
franche  et  pleine  d'entrain  (v.  Quetelet , 
p.  436-433). 

S""  Les  Harpes.  Ibid.,  18i2,in-i8. 

Recueil  de  poésies,  réimprimé  en  4825  à 
Paris  (Dondey*Dupré,  %  vol.  in-48)«  sous  le 
titre  de  Poésies  diverses,  suivies  d  épitres  et 
de  discours  en  vers»  Les  épUrcs(t.  Il)  sont 
adressées  à  Raoul,  à  de  Barante,  à  Viennet, 
à  Vautier,  à  Cousin,  à  M.  Quetelet,  à  Ch. 
Nodier, à  Arnauld,  àTalma,  k  Froment,  enfin 
à  Mii«Le  Normand  (Elles  avaient  d'abord  paru 
séparément).  Les  Ruines  et  Souvenirs  (Brux. , 
Demat,  483i,  in-8<>),  ne  sont  qu'une  troi- 
sième édition  du  même  ouvrage,  moins  le 
Siège  de  Corinthe  et  les  Epitres,  L'auteur 
n'a  guère  conservé  dans  ce  volume  que  les 
Mgendes  et  les  traditions  nationales. —  Reif- 
fenberg  dut  renoncer  au  litre  de  Harpes, 
qui  avait  paru  bizarre.  «  11  faudra  mainte  - 
nant,  disait  Froment,  que  vous  publiiez  vos 
flûtes,  et  moi  mes  violons  (*).  »  —  a  J'au- 


rais pu  répondre  que  le  nom  ne  fait  rien  à 
l'affaire  et  m'autoriser  d'illustres  exemples,» 
répliquait  Reiffenberg  ;  réflexion  faite,  il  ne 
s'obstina  point.  —  Ses  vers  lyriques  ne  sont 
pas  toujours  aussi  coulants  que  sa  prose  ; 
néanmoins  il  a  fait  preuve  de  talent.  11  y  a 
de  la  chaleur  et  de  la  force  dans  le  Chant  de 
victoire  de  la  prétresse  Velléda,  daz)s  les 
Imprécations  du  serf  du  XU»  siècle  au  pied 
de  la  Croix,  dans  le  Barde  captif;  de  la 
grâce  et  de  l'esprit  dans  le  Sire  de  War- 
fusée,  la  Bannière,  la  Peur,  les  Cruches  de 
dame  Jacqueline,  le  Ris  de  la  Folle,  etc. 
Les  Epitres  se  distinguent  par  une  grande 
flexibilité  de  langage,  qui  permet  à  l'auteur 
d'aborder,  plus  ou  moins  heureusement,  des 
sujets  qui  semblent  étrangers  au  domaine  de 
la  poésie.  On  ne  saurait  voir,  du  reste, 
qu'un  tour  de  force  ou  une  fantaisie  d'écri- 
vain dans  le  résumé  suivant  de  la  Critique 
de  la  raison  pure  : 

Kant  enfin  apparat  :  rhommo  fui  «léU-ompé; 
L'absolu  ramoDta  sur  i»ou  trAu«  usurpé  (^}. 
De  notre  entendement  la  force  subjective 
Aux  objets  imorima  m  forme  im[>ôrdtiTe; 
San»  attendre  les  faits,  elle  om  décider; 
La  nature  sentie  A  »es  lois  dut  céucr, 
Kt  l'espace  et  le  temps,  ces  types  nécessaires, 
De  la  perception  légisûteurs  primaires. 
Dans  rétre  connaissant  restèrent  désormais. 
Surtout  ne  crofez  paa,  ne  répétez  ismais 
Que  ridée  aTec  rhomme  aussiiét  a  dû.  aattre; 
L*enfant  n*a  point  connu,  mais  est  prêt  à  connaître  ; 
Ses  facultés  dormaient  :  il  reille,  il  a  senti; 
L*objet  frappe  les  sens;  par  les  sens  averti. 
Dans  Té  me  le  cerveau  fait  éclore  une  idée  ; 
Et  ridée  A  son  tour,  en  sa  route  guidée, 
Affit  sur  le  oerveau,  de  qui  rébranlament 
A  rorgane  attentif  passe  fidèlement. 

{Epilre  à  Vavtter  ) 

4^  VAme  et  le  Corps,  dialogue  en 
vers.  Brux.,  Hayez,  1823,  in-8*». 

Réimprimé  dans  les  poésies  diverses.  — 
Encore  un  sujet  philosophique,  mais  sus- 
ceptible du  moins  d'être  traité  en  beaux 
vers. 

5°  Le  Champ  Frédéric,  poème.  Ibid., 
4825,  in-8*'. 

On  y  remarque  un  beau  passage  sur  le 
Travail  (un  peu  trop  mythologique,  même 
pour  des  lecteurs  de  4823).  —  Réimpr.  dans 
les  Poésies  diverses» 

6^  Épttre  d'un  Parisien  à  la  statue 
d'Erasme,  Paris,  4825,  in-8«. 

1°  Épttre  du  général  des  Jésuites  à 
un  jeune  Père,  Brux.,  Tarlier,  4827, 
in-8^ 


(  *  )  Musique  de  M.  Messemacker. 

(*)  Ce  mot  de  flûtes  faisait  allusion  aux 
traductions  de  quelques  égiogues  de  Virgile, 
insérées  par  notre  poète  dans  le  Mercure 
belge  (t.  V  et  suiv.,  4818).  Une  première 


épigramme  du  môme  Froment  avait  arrêté 
l'entreprise  commencée  : 

Ordonne  &  ReiffenbvrK  do  quittcu*  sa  boulette; 
JVime  mieux  soa  simet  eacor  qae  sa  mn»«9lte. 

(')  Il  me  paiera  son  absolu,  disait  Raoul. 


18S 


DER 


18è 


8*  Le  Dimanche^  récits  de  Marsittus 
Branck.  Brux.,  Hanman,  4854,  2  toI. 
in-i8. 

9^  Le  Lundi,  nouveaux  récits  de  Mar^ 
silios  Brunclt.  Ibid.,  4835,  in-18. 

c  Sous  ces  titres  très-élastiqoes,  il  (De 
Reiffenberg)  s'était  ménagé  la  faculté  de 
mettre  le  public  daos  la  confidence  de  tout 
ce  qu'il  voulait  bien  lui  communiquer.  Il  est 
peu  d'auteurs  qui  ne  se  laissent  aller  au 
plaisir  de  se  mettre  en  scène  dans  leurs 
tableaux,  fût-ce  même  dans  un  coin  obscur; 
à  peu  près  comme  ces  personnages  qu'on 
voit  dans  les  peintures  anciennes  et  qui, 
sans  prendre  part  à  l'action  principale,  se 
tiennent  en  prières,  tout  préoccupés  de  leur 
salut.  >  iQuetelet,  p.  i43).  La  notice  nécro- 
logique de  Marsilius  est  un  portrait  du  baron 
peint  devant  un  miroir  ;  certaines  touches  y 
sont  dignes  de  l'auteur  de  Candide.  Il  y  a 
dans  ces  volumes  un  peu  de  tout,  des  fa- 
céties, de  Térudition  à  foison,  des  légendes, 
des  peintures  de  mœurs  un  peu  trop  ea 
déshabillé,  c  Reiffenberg,  sans  s'en  aperce- 
voir, cédait  à  l'influence  de  cette  mauvaise 
littérature  contre  laquelle  lui-même  s'est 
souvent  élevé,  et  qui,  dans  ces  derniers 
temps,  a  été  une  déplorable  source  de  dé- 
moralisation. >  (là,,  p.  447). 

10*  Souvenirs  d'un  Pèlerinage  en 
fhonneur  de  Schiller.  Bruxelles,  Mu- 
quardt,  1859,  in-8'^,  avec  une  grav.  sur 
bois. 

11®  Nouveaux  souvenirs  d'Allemagne, 
pèlerinage  à  Munich.  Ibid.,  1859, 2  vol. 
in-18. 

Les  Souvenirs  du  baron  de  Reiffenberg 
peuvent  être  placés  parmi  ses  meilleures 
productions  littéraires.  On  y  trouve  des 
observations  fines,  des  détails  charmants  ; 
on  y  apprend,  tout  en  s'amusant,  mille 
choses  intéressantes. 

12"  Pièce  de  vers  lue  à  la  Sociélé  des 
Bibliophiles  de  Mons.  Brux.,  5  avril 
1842,  broch.  in-8®.  —  Au  dîner  des 
Bibliophiles  de  Mons.  Mons,  1842,  in-4^ 

IS""  Apologues  (poésies).  Bruxelles, 
Maquardt,1848,  in-8<>de  184  p. 

14°  Fables  nouvelle».  Ib.,  1848,  in- 
18  de  60p. 

(  *  )  De  Reiffenberg  et  ses  amis  s'adres- 
saient volontiers  des  vers,  ce  qui  faisait  dire 
aux  rieurs  qu'ils  composaient  ensemble  la 
confrérie  de  XAdoration  mutuelle,  H.  Que-' 
telet  était  lui-même  un  des  confrères  ;  il  en 
fait  le  très-humble  aveu  et  fournit  même  une 
preuve  à  l'appui. 


«  le  n'avais  jamais  fait  de  fbbles,  dit  Tau- 
leur.  Pendant  mes  vacances  (-1847),  à  la 
campagne,  privé  de  livres,  presque  de  plu- 
mes et  de  papier,  le  tout  par  ordonnance  du 
médecin,  je  revins  avec  délices,  tel  qu^un 
écolier  qni  trompe  ses  maîtres,  aux  jeux 
ravissants  de  ma  jeunesse,  qu'un  instinct 
mystérieux  attirait  vers  la  poésie  et  que  le 
caprice  de  la  destinée  poussa  dans  une  di- 
rection contraire.  »  En  quinze  jours,  80  fa- 
bles furent  composées,  et  un  second  volume 
suivit  de  près  le  premier.  Cette  féoondit<$  ne 
fût  pas  toajours  également  heureuse  ;  les 
fables  du  baron  de  Stassart ,  celles  de  Rou- 
veroy  n'eurent  point  k  redouter  la  compa- 
raison. Malade  et  chagrin,  de  Reiffenberg 
sut  pourtant  trouver  encore  des  inspirations 
nouvelles  et  des  vers  dignes  de  ses  meilleurs 
jours.  En  revanche,  on  ne  peut  s'empêcher 
de  sourire  en  voyant  le  poète,  cédant  à  son 
penchant  pour  la  satire,  et  celle  fois  man- 
quant de  tact,  mettre  une  persistance  singu- 
lière à  tourner  en  ridicule  la  manie  des 
titres  et  des  décorations,  lui  plus  titré  et 
plus  décoré  que  n'importe  qni  en  Belgique. 
—  Le  sixième  livre  des  Fables  est  dédié  à 
Ph.  Lesbroussart  : 

Le»  TieiRes  «mittès  sont  toujonn  les  meilleores; 

Comme  un  viu  bien  mûri  mliHuife  te  TietUard, 

Elle»  ▼îenuent  encor  uotiii  cbarnirr  kur  le  Uri(, 

Et  tlorer  noi  dernière»  licnres  (  *  J. 

11.  Histoire  (•).  — a.  Ouvrages  non 
publiés  par  V Académie. 

15®  Fastes  belgiques,  ou  Galerie  li- 
thographiée  des  principaux  actes  d'hé- 
roîsme  civil  et  militaire,  et  des  faits 
mémorables  qui  appartiennent  à  la  na- 
tion belge.  Brux.,  Hayez,  1825,  in-fol. 
(2  livraisons). 

En  collaboration  avec  H.  Lecocq. 

16°  Des  Mémoires  de  J,  Du  Clercq, 
Bruxelles,  1824,  in-8''. 

V.  les  Œuvres  du  baron  de  Stassart, 
p.  875  et  ci-après,  n®  56. 

16  ^M.  Résumé  de  V Histoire  des  Pays- 
Bas.  Brux.,  Tariier,  1827, 2  vol.  in-18. 

On  lit  dans  les  Souvenirs  d'un  Pèlerinage, 
p.  203  (note)  :  «  J'avais  fait  pour  lui  (pour 
F.  Bodin)  un  Résumé  de  t Histoire  de  Bel- 
gique dans  le  sens  de  la  philosophie  puérile 
de  la  plupart  des  résumés  de  ce  genre.  » 

(*)  C'est  ici  surtout  que  de  Reiffenberg 
s'est  acquis  des  titres  durables  et  qu'il  a  fait 
preuve  de  goût  et  de  sagesse.  On  a  pu  lui 
reprocher  des  erreurs  ;  mais  personne  n*est 
infaillible,  et  quelques  grains  de  sable  ne 
feront  pas  que  la  balance  ne  penche  très- 
fortement  du  côté  de  ses  mérites. 


187 


DER 


188 


17*"  Recueil  héraldique  tl  kisiorique. 
Anvers,  RepoU,  1855-4836,  in-foi.  (un 
spécimen  et  4  livraisons,  avec  pL). 

En  collaboration  avec  M.  Lecocq. 

18<»  Mémoire  sur  Jehan  Molinet,  his- 
torien et  poète.  Cambrai,  1855,  in  8«. 

Exlr.  des  Mém,  de  la  Soc.  d'Emulation 
de  Cambrai. 

19°  De  quelques  solennités  ancienne- 
ment usitées  en  Belgique  :  tournois,  car- 
roussels Jubilés.  Brux.,  Demat,  1838. 

20«  Discours  sur  rUistoire  de  Bel- 
gique. Brux.,  Lacrosse,  1858,  in-8°. 

M.  Uuetelet  dit  que  c'est  la  préface  d'un 
ouvrage  de  M.  Guizot.  Quérard  pose  un 
point  d'interrogation. 

%Obis.  Chronologie  historique  des 
sires  de  Diest  en  Brabant.  Brux.,  Van 
Dale,  1844,  in-4°  avec  2  pi. 

20 /er.  Renseignements  sur  les  noms 
de  famille  et  de  lieux.  Ib.,  1844,  in-4°, 
avec  2  pi. 

20  quater.  Établissement  de  Tordre 
des  Jésuites  aux  Pays-Bas  au  comment 
cernent  du  XVW  siècle.  Ibid.,  1848, 
in'8^ 

21«  Histoire  du  Comté  de  Hainaut. 
Brux.,  Jamar,  1849-1850,  2  vol.  in-12. 

Fait  partie  de  la  Bibliothèque  nationale. 
—  Cet  ouvrage  devait  avoir  un  3«  vol. 
(Heuschling). 

B.  Ouvrages  publiés  par  V Académie. 

22*»  Quel  a  été  Télat  de  la  popula- 
tion, des  fabriques  et  manufactures  et 
du  commerce,  dans  les  provinces  des 
Pays-Bas,  pendant  les  XV«  et  XVI»  siè- 
cles? (Mém.  couronnés,  t.  Il,  1820). 

23*»  De  Justi  Lipsii  vite  et  scriptis 
commentarius  (Ib.,  i.  III,  1821). 

24°  Mémoire  sur  le  séjour  que  Louis, 
dauphin  de  Viennois,  depuis  roi  sous 
le  nom  de  Louis  XI,  a  fait  aux  Pays-Bas 
de  Tan  1456  à  Tan  1461  (Mém.  des 
membres,  t.  V,  1828). 

25°  Mémoire  sur  les  deux  premiers 
siècles  de  TUniversité  de  Louvain. 
(Ibid.).  —  2%  5°  et  4«  mémoires  sur  le 
même  sujet,  t.  VII,  1851.  —  5«  mé- 
moire, t.  X,  1834. 

Ce  travail,  qui  devait  être  continué,  s'ar- 
rôte  k  Erasme. 


26'»  Notice  sur  Olivier-le-Diable,  ou 
le  Dain,  barbier  de  Louis  XI  (Ibid.). 

27°  Notice  sur  un  exemplaire  des 
lettres  d'indulgence  du  pape  Nicolas  V 
pro  re^no  Cypri.  (Ibid),  avec  un  fac- 
similé  (^). 

28°  Notice  sur  les  archives  de  la  ville 
de  Louvain  (l.  VI,  1829). 

29<>  Mémoire  sur  les  sires  de  Kuyk 
Obid.).  —  V.  ci-après,  n°  37. 

50°  Remarques  sur  deux  actes  de 
Henri  II  et  de  Henri  III,  ducs  de  Bra- 
bant (Ibid.,  1850). 

51°  Note  sur  des  lettres  dHndulgence 
du  pape  Jules  II  (Ib.). 

V.  t.  VIII,  p.  3. 

32°  Eloge  de  Tabbé  Mann  (Ibid.). 

55°  Recherches  sur  la  famille  de 
Pierre-Paul  Rubens  (Ib.). 

34°  De  la  peinture  sur  verre  au 
Pays-Bas  (t.  VII,  1851). 

55°  Essai  sur  la  statistique  ancienne 
de  la  Belgique  jusque  vers  le  XVII"^ 
siècle  (Ib.). 

56°  Particularités  inédites  sur  Char- 
les-Quint et  sa  Cour  (t.  VIII,  1852). 

57°  Supplément  à  \Art  de  vérifier 
les  dates  (Ibid.). 

Ouvrage  de  S.-P.  Ernsl  et  du  P.  Nép. 
Stephaoi,  que  le  baron  de  Reiflenberg  s'est 
attribué,  ainsi  que  le  no  29,  le  Mémoire  sur 
les  Comtes  de  Louvain  (Nouv.  archives  hist. 
des  Pays-Bas,  t.  III  ou  II,  p.  29-56  et 69-93] 
et  la  Chronologie  historique  des  Comtes  de 
Salm  Reifferscheid  en  Ardenna. (fb. ,  1. 1  ou  II, 
p.  40,  1829-1832).  —  V.  Vart.  Lavalleye. 

58®  Nouvelles  recherches  sur  P.-P. 
Rubens  (t.  X,  1855). 

V.  les  Bull,  de  CAcad.,  t.  lï,  12,  47  et 
121;  t.  V,  75,  et  t.  Xl-â,  15. 

59°  De  quelques  anciennes  préten- 
tions à  la  succession  du  duché  de 
Brabant  (t.  XI,  1858). 

40<*  Coup-d'œil  sur  les  relations  qui 
ont  jadis  existé  entre  la  Belgique  et  la 
Savoie  (t.  XIV,  1840). 

41*  Coup-d'œil  sur  les  relations  qui 
ont  jadis  existé  entre  la  Belgique  et  le 
Portugal  (Ibid.). 

42''  Notice  sur  frère  Corneille  de 
Si-Laurent,  poète  belge  (Ibid.). 


(M  II  «'agit  d*une  impression  de  1457,      sur  peau  de  vélin. 


189 


DER 


190 


43*  Notice  sur  Re^çnîer  de  Bruxelles, 
id.  (Ibid,). 

W  llinéraire  de  Tarchiduc  Albert, 
de  1599  à  1600.  (Ibid,). 

45^  La  plus  ancienne  gravure  con- 
nue avec  une  date  (t.  XIX,  1S45,  avec 
un  fac-simik). 

Y.  le  BulL  du  Bibliophile  belge,  t.  I, 
p.  436-438,  el  p.  479  ;  t.  Il,  p.  6S-66.  Pour 
les  détails  de  la  polémique  provoquée  par 
cette  découverte,  v.  Quérard,  France  litté- 
raire, t.  XII,  p.  61).  Le  sujet  de  VesUmpe 
de  1448  est  St  Christophe  portant  l'enfant 
Jésus. 

46''  Le  feld-maréchal  prince  Charles- 
Joseph  de  Ligne.  (Ibid.). 

47*"  D'innombrables  articles  histo- 
riques, archéologiques,  philologiques, 
etc.,  dans  le  Bulletin  de  V  Académie. 
V.  les  Tables  générales  et  analytiques 
du  recueil  des  Bulletins,  Brux.,  1858, 
in-8**,  p.  350-356.  —  Nous  citerons 
seulement  quelques  notices  biographi- 
ques sur  Michel  d'Eylzing  (historien  du 
XVI*  siècle),  sur  J.-C.  Calvete  de  Es- 
trella,  J.-F.  Foppens,  Eram.  d'Aranda, 
Gabriel  de  Grupello  (sculpteur),  H.  Del- 
loye  (le  troubadour  liégeois),  etc.  On  en 
retrouve  plusieurs  dans  XAnumiire  de  In 
Bibliothèque  royale,  et  dans  d'autres  re- 
cueils). 

48*'  Notices  et  extraits  des  manu- 
scrits de  la  Bibliothèque  de  Bourgogne^ 
relatifs  aux  Pays-Bas.  T.  1,  Brux., 
Ilayez,  1829,  in-4^ 

L'exploration  de  ce  riche  dépôt,  entre- 
prise d'abord  par  TAcadémie,  est  rentrée 
ensuite  dans  les  attributions  de  la  Commis- 
sion royale  d'histoire.  Indépendamment  des 
publications  de  cette  Commission,  dont  l'in- 
fatigable bibliophile  était  secrétaire,  l'Acadé- 
inie,si  l'on  avait  voulu  écouter  de  Reiffenberg, 
aurait  mis  au  jour  chaque  année  un  volume 
de  renseignements  inédits (Quetelet,  p.  1S5). 

a.  Sur  un  Ms.  du  XV"  siècle,  conte- 
nant les  danses  en  usage  à  la  Cour  de 
Bourgogne.  —  b.  Sur  un  Ms.  ayant 
appartenu  à  Marguerite  d*Autriche.  — 
c.  Sur  un  Ms.  du  XV!»  siècle,  contenant 
une  censure  générale  des  œuvres  d*E- 
rasme.  —  d.  Sur  les  lettres  d'Erycius 
Puteanus  et  d'autres  gens  de  lettres 
(De  R.  a  publié  la  corresp.  de  Puteanus 
dans  le  Bull,  de  VAc,  t.  VIU).—  c.  Sur 
un  Ms.  intitulé  :  Cronickes  de  Flandres 
abbroghiés.  —  f.  Mémoires  de  Messire 


J.  Uopperus.  —  g.  Extrait  d'un  Ms.  du 
XVI''  siècle,  contenant  les  antiquités  de 
Flandres,  par  Ph.  Wielant.  —  h.  Extr. 
d'anciens  registres  de  la  trésorerie  de 
Poligny.  —  i.  Les  droits  de  la  duchesse 
Marie,  par  Jean  du  Fay.  —  Poème  con- 
tenant la  vie  de  Marguerite  d'Autriche, 
par  Cornélius  Graphaeus. 

49®  Annuaires  de  l'Académie.  —  No- 
tices biographiques  du  comte  de  Co- 
bentzl,  du  marquis  de  Chasteler,  du 
président  de  Neny,  du  baron  de  Feltz, 
1835;  de  H.  Delmotle,  1837;  de  Bek- 
ker,  1838  ;  de  Raynouard,  1839  ;  de 
Van  Praet,  1840;  de  Daunou,  1841  ; 
de  Raoux,  1842  ;  de  Des  Roches,  1843  ; 
du  marquis  de  Forlla  d'Urban,  1844. 

De  Reiffenberg  excellait  dans  la  composi- 
tion des  notices  biographiques  :  seulement 
«  le  défunt  n'échappait  pas  toujours  à  l'exa- 
men sans  avoir  reçu  quelques  égratignures. 
La  notice  du  bon  marquis  de  Fortia  d'Ur- 
ban, lue  en  séance  publique,  a  fait  craindre  à 
plus  d'un  savant  académicien  d'avoir  son 
confrère  pour  panégyriste.  »  (Quetelet,  p. 
45g).  _  La  collection  des  notices  rédigées 
par  de  Reiffenberg,  soit  pour  les  publica- 
tions de  l'Académie,  soit  pour  V Annuaire  de 
la  Bibliothèque  royale,  pour  le  Bibliophile 
belge  ou  pour  la  Biographie  universelle  de 
Michaud  et  son  supplément,  etc.,  formerait 
aisément  iO  ou  iS  volumes. 

c.  Commission  royale  d'histvire. 

50*»  Histoire  de  l'Ordre  de  la  Toison 
d'or.  Rruxelles,  imprimerie  normale, 
1850,  1  vol.  in-4"  avec  atlas. 

Travail  capilal  qui  restera,  dit  M.  Heu- 
schling. 

51**  P.  à  Thymo  Historia  Brabantiœ 
diplomatica.  T.  1.  Bruxelles,  Muquardt, 
1830,  in-8<». 

C'est  le  seul  vol.  qui  ait  paru  de  la  Col- 
lection des  historiens  belges  inédits^  dont  le 
gouvcrnemen!  des  Pays-Bas  avait  ordonné 
la  publication. 

52°  Chronique  rimée  de  Philippe 
Mouskes  ou  Mouskès,  publiée  pour  la 
première  fois,  avec  les  préliminaires, 
un  commentaire  et  ses  appendices. 
Bruxelles,  Hayez,  1836  et  1845,  2  vol. 
in-4^  de  7  à  800  p.  chacun.  —  Supplé- 
ment à  la  dite  chronique.  Ibid.,  184C, 
in-4°  de  30  p.,  avec  une  planche. 

Fait  partie  de  la  «  collection  des  chro- 
niques belges  inédites.  »  (V.  le  Journal  des 
Savants,  nov.  1836,  p.  634,  art.  de  Daunou). 


191 


DER 


i92 


53*  Monuments  pour  servir  à  l'his- 
toire des  provinces  de  Namur,  de  Hai- 
naul  et  de  Luxembourg.  Ibid..  18i4- 
1849,  5  vol.  in•4^ 

Même  collection.  —  «  La  mort  n'a  pas 
permis  au  baron  de  ReilTenberg  d'achever 
cet  ouvrage  ;  il  n'en  a  publié  que  les  vol. 
I,  IV,  V,  VII  el  VIII.  M.  Adolphe  Borgnet  a 
été  chargé  par  la  Commission  royale  d'his- 
toire de  le  continuer.  Dans  sa  lettre  à  l'édi- 
teur (*  ),  le  terrible  Pimpurniaux  lui  signale 
un  assez  grand  nombre  de  plagiats  dans  le 
4^  volume  (1844).  Les  t.  IV  et  V  contiennent 
deux  poèmes  historiques,  intitulés  :  Le  Che- 
valier au  Cygne  et  Codefroid  de  Douillon, 
publiés  pour  la  première  fois,  avec  de  nou- 
velles légendes  qui  ont  rapport  a  la  Bel- 
gique, un  travail  et  des  documents  sur  les 
croisades  (').  Le  t.  VIII  (1848)  contient  : 
Antiquita»  ecclesiœ  Andaginensù  nancti  Pé- 
tri, —  Chronique  de  (abbaye  de  Fhreffe, 
de  l'ordre  de  Prémontré,  prov.  de  Namur. — 
Annale»  de  i'abbaye  de  Saint-Ghislain,  par 
dom  Pierre  Baudry  (Ivj  et  843  p.)  >  (Que- 
rard). 

54.  Comptes  rendus  des  séances  de 
la  Commission  royale  d*bistoire  ou  Re- 
cueil de  ses  bulletins,  t.  VI  à  XVI. 
Brux.,  Hayez,  1857-4850,  ln-8«. 

De  Reiffenberg  considérait  ce  recueil  à 
peu  près  comme  un  journal  dont  il  aurait  été 
le  seul  rédacteur  responsable  :  zèle  excessif, 
mais  qui  au  fond  mérite  plus  de  reconnais- 
sance que  de  blâme,  dit  M.  Quetelet.  Ce  qu'il 
déploya  d'activité  au  profit  de  la  Commission 
d'histoire  tient  vraiment  du  prodige. 

D.  Editions  et  fniblicalions  diverses^ 
contrefaçons^  etc. 

55®  Histoire  des  troubles  des  Pays- 
Bas,  par  Vandervynckt,  avec  discours 
préliminaires  et  notes.  Brux.,  48ââ,  3 
vol.  in-8«. 

SG*"  Mémoires  inédits  de  Jacques  Du 
Clercq,  publiés  pour  la  première  fois, 
sur  les  Mss.  du  roi  (avec  un  Essai  sur 
rilistoire  des  Pays-Bas,  un  Glossaire 
historique,  héraîdique  et  grammatical 
et  des  Tables).  Brux.,  4825, 4  vol.  in-8^ 

Les  deux  ouvrages  n»*  55  et  56  forment  le 
commencement  d'une  collection  de  Mémoireê 
pour  Muivre  à  Vhittoire  des  Pays-Bas,  qui  n'a 
pas  été  continuée.  Le  J.  Du  Clercq  a  été 


réimprimé,  avec  U  plupart  des  appendices, 
dans  la  dolUction  des  Chroniques  de  M.  Bu- 
cbon  (Quérard), 

57°  Lettres  du  prince  d*Orange  Guil- 
laume, surnommé  le  Taciturne,  aux 
Etats-Généraux.  Paris,  Didot,  48S4, 
in-S^"  de  8  p. 

58''  Manuel  de  Thistoire  politique  de 
TEurope,  de  Heeren.  Brux.,  Hauman, 
4854,  5  vol.  in-48. 

59"  Histoire  des  ducs  de  Bourgogne, 
de  M.  de  Barante,  avec  des  remarques 
par  le  B.  de  B.  Brux.,  Lacrosse,  4855-* 
4856,  40  vol.  ln-8\  fig. 

6ir*  Leçons  de  littérature  el  de  mo- 
rale (de  Noël  et  De  la  Place),  avec  une 
introduction  (par deBeiffenberg).  Brux., 
Meline,  485G,  in-8^ 

L'introduction  présente  un  Tableau  des 
vicissitudes  de  la  langue  française. 

64®  Chronique  métrique  de  Cliaste- 
lain  et  Molinet.  Ibid,,  4856,  in-8°. 

Se  trouve  aussi  dans  l'édition  de  de  Barante. 

62®  Walther,  ou  la  première  Expé- 
dition d'Attila  dans  les  Gaules,  légende 
du  VI*  siècle,  mise  en  vers  latins  par 
un  moine  du  X",  avec  des  notes  et  les 
var.  du  Ms.  de  BruxeileSi  publiées  en 
français  (Retme  de  Bruxelles,  déc.  4858, 
p.  4-55,  et  mars  1859,  p.  28-49). 

65°  Mémoires  du  comte  Mérode  d*On- 
gnies  (1665),  avec  une  introd.  et  des 
notes.  Mons,  Leroux,  4840,  in -8°. 

Extr.  du  t.  IX.  des  publ.  de  la  Soc,  de» 
Bibliophiles  de  Mons,  —  Edition  très-soi- 
gnée, enrichie  de  notes  intéressantes  et  de 
tables  utiles.  L'introduction,  morceau  bril- 
lant, avait  déjà  pani  dans  le  Messager  des 
Sciences  de  Gand  et  dans  le  Bulleiin  de 
Techener,  On  a  dit  de  ce  Uvre  que  l'avant- 
garde  et  l'arrière-garde  valaient  mieux  que 
le  corps  d'armée.  —  Le  baron  de  Stasbart  a 
reproché  à  son  confrère  deux  erreurs  histo- 
riques. 

64''  Correspondance  de  Marguerite 
d'Autriche,  ducbesse  de  Parme,  avec 
Philippe  II.  Brux.,  Muquardt,  4841, 
gr.  in-8°. 

Première  publ.  de  la  Soc  des  Bibliophile* 
belges,  —  On  y  trouve  V interrogatoire  du 
Comte  d'Egmont  (aussi  imprimé  à  part,  à 


{*)  y,  ci-après  Tart.  Borgnet,  n«  4S  de 
la  bibliographie. 
(*  )  Il  a  été  tiré  des  exettplaires  à  part  de 


ces  deux  poèmes.  Brux.,  Hayez,  4848,  ia-4« 
de  près  de  200  p. 


i93 


DER 


494 


80  ex.  Bras.,  Vandale,  1843,  •ih.g?,  avec  un 
fac-nmiU).  -^  iea  letired  de  Marg^rile 
sont  ao  nombre  de  72  (  *  ). 

G^"*  Lettres  sur  la  vie  intérieure  de 
Temperear  Charles-Qulul,  écrites  par 
GuiUaume  Van  Maie,  gentilhomme  de  sa 
chambre ,  et  publiées  pour  la  première 
fois.  /^.,  4843,  ln-8^ 

Deoxième  publ.  de  la  Soc.  de$  Ribl,  belg/e$, 
—  La  troisième  est  Je  d^  66. 

66^  Une  existence  de  grand  seigneur 
au  XV1«  siècle.  Mémoires  autographes 
du  duc  Ch.  de  Croy,  publiés  pour  la 
première  fois.  Ib,,  i846,  in-8*,  portr. 

eT"  Gilles  de  Chin ,  poème  de  Gau- 
tier de  Touroay,  trouvère  du  XIV»  siè- 
cle. Ib.,  4847,  in-8°. 

Edition  Prmcepê,  avec  une  introd.  et  des 
notes. 

68»  OEuvres  choisies  de  J.-B.-D. 
Vautier,  précédées  d'une  notice.  Brux., 
Parent,  4847,  ln-48. 

E.  Science*  politiqueêy  instruction  pi^ 
blique  (v.  les  n*»  22,  25,  35,  39  à  44). 

69«  Essai  de  réponse  aux  questions 
officielles  sur  renseignement  supérieur 
Bfux.,  Tartier,  4828,  in-8». 

En  collaboration  avec  Warokœnig  v.  ce 
nom . 

70»  Qu'est-ce  que  le  Collège  philo- 
sophique? —  Enlrerai-je  au  Collège 
philosophique?  —  Réponse  du  portier 
du  Collège  philosophique.  Louvain, 
4828,  3  broch.  in-S*»,  publiées  sous  le 
voile  de  l'anonyme. 

74''  L'honneur  national,  à  propos  des 
24  articles,  par  un  Luxembourgeois  de 
la  partie  cédée.  Brux.  et  Leipzig,  Mu- 
quardt,  4839«  in-8°. 

p.  PkUowphu. 

It^  OratiQ  inaugurali»  quà  philoso- 
phiœ  fata  m  Acad,  Lovan.  esposuit. 
Louvain,  Van  Linthout,  4822.  ln-4^ 

73<*  Eclectisme,  ou  premiers  prin- 
cipes de  philosophie  générale.  Pre- 
mière partie  :  Psychologie.  Brux., 
Tarlicr,  4822,  ln-8». 

74''  De  la  direction  actuellement  né- 

(')  M.  Vandenpeereboom ,  ministre  de 
llntérieur,  a  chargé  M.  Gachard,  archiviste- 
glanerai  du  royaume,  de  publier  la  corres- 
pondance complète  <ki  Marguerite  de  Parme. 


cessaire  aux  études  phllasophlques. 
Louvain,  Michel,  4828,  in-8''  (Dédié  k 
Y.  Cousin). 

75°  Principes  de  logique.  Brux., 
Hauman,  4833,  in-S"*- 

De  HeiHenberg  et  M.  S.  Van  de  Weyer  in- 
troduisirent en  Belgique,  où  les  études  phi- 
losophiquea  avaient  été  fort  négligées  (sur- 
tout lorsqu'on  enseignait  en  latin),  les  idées 
du  grand  éelectique  Irançais,  dont  i*élo- 
qnence  brillante  passionnait  alors  la  jeu- 
nesse. Cousin  accueillit  de  bonne  grftce  les 
essais  de  ses  nouveaux  disciples,  aa^  pour- 
tant ménager  les  critiques  au  b^ron  de  Reif- 
fenberg.  Celui-ci,  i  vrai  dire,  ne  pouvait 
aspirer  à  se  taire  un  nom  en  philosophie  ; 
il  rendit  du  moins  des  services  en  tempérant 
la  forme  un  peu  ra,ide  jdcjs  anciens  traitais  de 
logique. 

G.  Beaux-arts  (v.  les  n~  40,  44,  55, 
54,  38  et  45). 

76°  Lf^ttres  4  M.  Fétis  sur  Tblsloire 
de  la  musique.  Brux.,  1834,  in^». 

Réimprimé  dans  le  OUnamehe  (n«  8),  avec 
des  corrections. 

770  Scènes  de  la  vie  des  peintres 
flamands,  etc.,  dessinées  par  Madou, 
avec  des  notes  explic.  Brux.,  Société 
des  beaux-arts,  4838, 4n-fol.  (avec  M. 
Massard). 

78<'  Les  loges  de  Raphaël.  Bruxelles, 
Lacrosse,  4844,  in-4®. 

Ouvrage  revendiqué  par  M.  E.  de  Buss- 
cher.  (études  det  étude»  de  M,  U  baron  de 
Beiffenberg ,  sur  les  Loges  de  Raphaël. 
Gand  ,  1846,  in- 8»  ;  v.  le  Buit,  du  Bibtio- 
phile  belge,  1. 1,  4845,  p.  S7S-280,  et  t.  H, 
1846,  p.  S43-S34}. 

79""  Mémoires  sur  les  sculpteurs  et 
/architectes  des  Pays-Bas,  d'après  Ph. 
Baert.  Brux.,  Hayez,  4848.  in-8''. 

H.  Philologie  (v.  les  n«*  23  et  60). 

80»  Excerpta  è  C.  Plinii  SecuwU  fus- 
torià  naturatij  notulis  Utustrata,  Brux., 
Wahlen,  4820,  in-42. 

84<»  Archives  philologiques.  Brux., 
Tarlier,  4825-482G,  2  vol.  in-8°. 

82»  Observations  sur  la  langue  ro- 
mane, sur  les  trouvères,  etc.  Brux., 
Muquardt,  4839,  in-8».  (Dédié  à  M. 
^olff,  prof,  à  léna). 

Le  savant  et  laborieux  éditeur  en  a  pu  faire 
paraître  le  t.  I  dès  4867  (iB-4»,  avec  un /ac- 
rimiie  photolithographié). 


a 


i9S 


DER 


196 


SS"^  Remarques  sar  les  patois  ro- 
mans asités  en  Belgique.  Bmx.,  Hayez, 
1839,  in-8*.  •—  Nouvelles  remarques, 
ibid. 

Les  Nouvetlet  Remarques,  eilr.  da  Bnil. 
de  tÀcad.  (t.  VI,  n»  8),  ont  été  réimprioides 
daos  les  Archivet  du  Nord  de  la  France 
a,  il,  Douv.  série,  4840)  et  dans  VAnn.  de 
ta  Biblioth.  roy,  de  Brux.  (7»  année,  i 846). 
—  De  Reiffenberg  avait  commencé  la  rédac- 
tion d*un  lexique  wallon-hennuyer  ;  ce  projet 
fut  perdu  de  vue. 

I.  Histoire  Uttéraire,  bibliographie  et 
mélanges  (v.  les  n«»  16,  25,  25,  5i,  42, 
45,  46,  48,  49,  52,  60,  61,  65,  67,  68 

et  81). 

84®  Notice  sur  le  roman  de  Joudain 
de  Blaye.  Brux.,  Muquardt ,  1858 , 
in-8». 

84^»'  Archives  pour  Thistoire  civile 
et  littéraire  des  Pavs-Bas.  Louvain, 
Michel,  1827-1828,  2  vol.  in-»*  (t.  III 
et  IV  du  recueil  commencé  sous  le  titre 
d'Archives  philologiques  (n^  80).  —  Les 
t.  Y  et  \I  (Brux.,  Demat,  1829-1852), 
sont  intitulés  :  Nouvelles  archives  /<»- 
toriques  des  Pays-Bas, 

85""  Annuaire  de  la  Bibliothèque  royale 
de  Bel^que.  Brux.,  Muquardt,  1840- 
1850,  11  vol.  in-18 

Recueil  fourmillant  de  renseignements  cu- 
rieux. Chaque  vol.  comprend  :  !<>  Un  coup- 
d'œil  sur  la  Bibliothèque  royale;  â<^  des 
notices  et  extraits  des  Mss.;  3<>  des  mé- 
moires pour  rhisloire  des  lettres,  des  scien- 
ces, des  arts  et  des  mœurs  en  Belgique 
(entr'autres  de  nombreuses  biographies)  ; 
4»  cnHn,  des  mélanges  bibliologiques  très- 
variés. 

86^  Notice  sur  les  cours  d^amour  en 
Belgique.  Ibid.,  1841,  in-8^  (Dédicace 
à  M.  Le  Glày,  de  Lille). 

Archives  du  Nord,  t.  11,  nouv.  série,  p. 
64-76;  Ann,  de  la  BibL  royale  pour  1844. 

%1^  Le  Bibliophile  belge,  t.  I  à  VL 
Bruxelles,  Van  Dale,  1845  et  années 
suiv. 

Les  deux  premières  livraisons  du  t.  Vil 
appartiennent  encore  au  fondateur.  C'est  un 
1res- estimable  recueil,  dit  Quérard,  meilleur 


que  ce  qui  a  été  tenté  en  France  dans  le 
même  genre,  et  dans  lequel  l'attrayant  cou- 
doie toujours  l'érudition.  Ses  principales  di- 
visions ont  presque  toujours  été  :  Histoire 
des  livres  et  des  bibliothèques.  —  Hist.  des 
auteurs,  des  bibliophiles  et  des  libraires.  — 
Chronique  et  variétés.  —  Revue  bibliogra- 
phique. 

LYnumération  des  articles  insérés 
par  de  Reiffenberg  lui-même  dans  le 
Bibliophile  nous  entraînerait  trop  loin. 
Nous  en  citerons  quelques-uns,  uni- 
quement pour  donner  une  juste  idée 
du  recueil  :  Des  marques  et  devises 
mises  à  leurs  livres  par  un  grand  nom- 
bre d'amateurs,  t.  L  —  La  presse  es- 
pagnole  en  Belgique  (t.  I-V).  A  partir 
du  tome  VI,  ces  Annales  ont  été  conti- 
nuées par  un  érudit  bibliographe  de 
llambourg,M.F.-L.  Hoffmann  —Sup- 
plém-  aux  mém.  littéraires  dePaquot  (t. 
L). —  Les  tableaux  parlants  du  peintre 
namurois  (t.  V.).  —  Addition  à  la 
France  littéraire  (l  II).  —  Matériaux 
pour  une  bibliogr,  poétique  de  Louvain 
(t.  II;.  —  Pseudonymes  et  anonymes 
(t.  IIL).  —  Livres  rares,  oubliés  ou  peu 
connus  (t.  IV.).  — Quelques  mots  sur 
la  presse  pendant  la  Révolution  fran- 
çaise (Ibid.),  — Quelques  ouvrages  con- 
tenant des  prédictions^  et  en  particu- 
lier de  la  prophétie  d'Onal  (t.  V.).  — 
Auteurs  qui  ont  été  ou  sont  encore  calli- 
graphes,  imprimeurs,  correcteurs,  li- 
braires, etc.  (t.  VI  et  ViL).  —  Re- 
marques  sur  une  des  versions  du  Re- 
nard (l.  XL).  —  Impostures  littéraires 
(celles  de  Valla  el  Candc,  t.  VU.).  — 
Le  Bibliophile  belge  renferme,  en  outre, 
de  nombreuses  notices  biographiques 
(sur  Aubert  le  Mire  ,  J.-F.  Willeras  , 
de  la  Sema  y  Santander^Vautîer,  W  ah- 
len,  etc  ).  —  Une  foule  de  notes  sur 
l'histoire  de  Timprimerie,  notamment 
en  Belgique,  et  la  description  de  plu- 
sieurs bibliothèques  célèbres.  Après 
la  mort  du  fondateur,  Ch.  de  Chêne- 
dollé  (V.  ce  nom)  et  M.  Sterkx,  ont 
tour  à  tour  recueilli  son  héritage  ;  M.  A. 
Scheler,  bibliothécaire  du  Roi  (  *  ),  a  su 


(*)  Et  agrégé  à  l'Université  de  Liège. 
H.  Scheler  s'est  fait  connaître  par  différents 
travaux  d'histoire,  de  statistique  et  surtout 
de  philologie  et  d'histoire  littéraire  ,  juste- 


ment estimés.  (HisL  de  la  maUon  de  Saxe- 
Cobourg,  Atmuaire  statistique  de  Belgique, 
Commentaire  sur  fCEdipe-Roi  de  Sophocle, 
Dictionnaire  étymologique  de  la  langue  frau- 


197 


DES 


198 


ensuite  la  faireprospérer.  Depuis  1865, 
le  Bibliophile  est  aux  mains  d'une  so- 
ciété d*amateurs  éclairés ,  qui  à  leur 
tour  ne  le  laisseront  point  tomber  en 
langueur. 

88"  Paléographie.  —  Histoire  litté- 
raire. —  Exlr.  de  différents  écrits  du 
moyen-âge.  Brux.,  Hayez,  i842,  in-8». 

89^  Catalogue  des  accroissements 
de  la  Bibliothèque  royale  (de  4858  à 
i8i8).  Brux.,  Muquardt,  1845-1849, 
il  parties in-8^ 

90^^  Des  moyens  de  former  une  col- 
lection des  meilleurs  écrivains  belges. 
Brux.,  1846.  in-8«. 

I.  Collaboration  aux  journaux  y  revueê 
périodiqufH,  etc. 

91®  Un  grand  nombre  d'écrits  de 
tout  genre,  poésies,  contes  et  nou- 
velles, biographies,  articles  de  polé- 
mique, notices  historiques,  notes  sur 
Thistoire  litléraire,  etc.,  dans  les 
recueils  suivants  ;  Mercure  belge.  — 
Le  Courrier  des  Paya-Has,  —  Le 
Vrai  libéral  —  Le  Nain  jaune  réfu- 
gW.  —  Le  Mercure  du  XÏX"^  siècle.  — 
Litterary  gazette  de  Londres.  —  La 
Biographie  universelle^  de  Michaud. — 
iievue  universelle.  —  Revue  encyclopé- 
dique de  France. —  La  France  littéraire 
de  M.  Ch.  Maie.  —  La  France  provin- 
ciale. —  Les  supercheries  littéraires 
(par  Quérard).  —  Messager  des  sciences 
et  des  arts  (de  Gand).  —  Les  Annales 
belgiques.  —  Le  Recueil  encyclopédique 
belge.  —  Dictionnaire  de  la  conversation 
et  de  la  lecture.  —  L Artiste. —  Le  Jour- 
nal de  rhistoire  de  France.  — Les  Soirées 
littéraires  de  Paris.  —  Les  publications 
de  la  Société  des  Bibliophiles  belges, 
séant  à  Mons.  —  Le  Trésor  national 
(Bruxelles).  —  VAlmanach  libéral.  — 
V Annuaire  poétique\  —  VAlmanach 
des  étudiants  de  Louvain.  —  Le  Journal 
de  rinslitut  historique  de  France.  — 
L'Émancipation  (Bruxelles).  —  Le  Bul- 
letin de  la  Société  de  V histoire  de  France. 
—  La  Correspondance  mathématique  et 
physique  (Brux.).  —  La  Renaissance, 
chronique  des  arts  et  de  la  littérature 


(Brux).  —  Les  Archives  du  nord  de  la 
France  et  du  midide  la  Belgique  (\sÀen- 
ciennesj.  —  Les  Belges  illustres.—  Les 
Belges  peints  par  eux-mêmes.  —  L'Al- 
bum biographique  des  Belges  célèbres. — 
L'Ermite  en  Belgique  (Bruxelles). 

N.  B.  Par  nne  singulière  distraction,  d'an- 
tant  plas  impardonnable  que  le  fae-timile 
de  l'estampe  de  4418  était  sous  nos  yeux  au 
moment  même  où  nous  écrivions,  nous  avons 
dit  plus  haut  (col.  498,  no  45)  qu'elle  reprë> 
sentait  S.-Cbristophe  portant  l'enfant  Jésus. 
Le  S.  Christophe  de  4433  est  précisément  la 
gravure  que  la  découverte  du  baron  de  Reif- 
fénberg  a  reicguée  au  second  rang,  au  point 
de  vue  de  la  date.  La  planche  de  4448,  su- 
périeure pour  l'exécution  au  S.  Christophe, 
est  ainsi  décrite  dans  le  Bulletin  du  Biblio- 
phile :  «  Dans  le  haut,  trois  anges  tendent 
des  deux  mains  des  couronnes  de  fleurs. 
Deux  colombes  volligent  au-dessous  d'eux. 
Au  centre  d'un  cercle  palissade,  semblable  à 
celui  du  jardin  de  la  puceJle  de  Hollande, 
est  assise  entre  deux  arbres  la  Vierge  avec 
l'enfant  Jésus.  Celui-ci  se  tourne  à  droite 
vers  Sie-Catherine,  qui  a  pour  attribut  un 
glaive  et  une  roue.  Sur  l'extrémité  de  la  pa- 
lissade voisine  de  l'épaule  droite  de  la  sainte 
est  perché  un  oiseau,  une  colombe  encore, 
peut-être.  A  gauche  est  Sle-Barbe  tenant 
une  tour;  sur  le  premier  plan,  à  droite, 
Sle-Thérèse  (  ?  ]  avec  un  bouquet  de  fleurs 
et  un  panier  de  fruits  ;  au  milieu,  le  serpent 
ou  dragon,  dont  la  Vierge  doit  écraser  la 
tôte;  k  gauche,  Ste-Marguerite,qui  tient  une 
croix  et  un  livre.  La  pkiissade  est  fermée 
par  une  barrière,  et  en  dehors,  vers  la  gau- 
che, on  aperçoit  un  lapin  en  entier,  tandis 
que  dans  l'estampe  de  S.  Christophe  le  la- 
pin est  presque  entièrement  caché  dans  son 
terrier  (t.  1,  p.  437). 


Dc»trlvcnux  (PlERRE-JOSEPU),  né 

k  Liège  le  15  mars  1780,  mourut  à 
Schaerbeek  lez-Bruxelles  le  5  février 
1855.  Nous  ne  savons  pas  grand*chose 
de  sa  première  jeunesse,  il  s'occupa 
pendant  quelque  temps  d'affaires  de 
banque  ;  mais  se  sentant  peu  de  goût 
pour  ce  genre  d'opérations,  il  se  mit  à 
fréquenter  Tétude  de  M«  Harzé,  avocat 
en  renom ,  et  finalement  alla  chercher 
à  Paris  le  4  septembre  1800,  le  di* 


çaise,  publication  à*anciena  glossaires  latins 
et  de  poèmes  du  moyen-ftge  dans  le  Jahrhuch 
fur  romanische  und  englische  Literatur  de 


H.  Lemcke,  dans  les  Annotes  de  VAead^ 
ttarchéot.  de  Belgique,  etc.). 


199 


DES 


800 


plôroe  de  licencié  en  droit  (*  ).  Nommé 
en  4808  défenseur  près  la  cour  crimi- 
nelle de  Liège,  il  remplit  cette  ctiarge 
avec  distinction  pendant  trois  ans.  Le 
li  juin  4811,  il  prêta  serment  comme 
avocat  près  la  cour  d'appel  de  Liège  ('). 
Ses  coups  d'essai  furent  des  coups  de 
maître,  surtout  dans  les  affaires  crimi- 
nelles. Sa  parole  coulait  de  source;  ses 
périodes,  toujours  littéraires  (ce  qui, 
comme  Ta  dit  quelque  part  M.  de  La- 
martine, ne  manque  jamais  son  effet 
sur  un  auditoire  nombreux),  s'arron- 
dissaient sans  efforts  ;  il  avait  à  son 
service  plus  d'images  peut-être  que 
d'idées,  il  était  plus  sûr  d'entrainer 
que  de  convaincre;  mais  parfois  il  frap- 
pait si  juste,  il  y  avait  tant  d'imprévu 
dans  son  éloquence,  tant  d'énergie  et 
de  noble  passion  dans  ses  apostrophes, 
tant  de  généreuses  audaces  dans  ses 
appels  k  la  conscience  des  juges,  qu'il 
était  impossible  de  ne  pas  subir  son 
ascendant.  Nourri  de  l'étude  des  grands 
maîtres  du  barreau  français,  enthou- 
siaste du  défenseur  de  Calas ,  encore 
sous  l'impression  des  ardentes  et  so- 
lennelles philippiques  des  orateurs  ré- 
volutionnaires, il  unissait  rèlégance  à 
la  force  ;  insinuant  et  frémissant  tour  à 
tour,  il  éveillait  à  son  gré,  comme  les 
maîtres  de  l'art  dramatique,  la  piiiè  et 
la  terreur.  Sa  flgure  expressive  et  ani- 
mée, sa  voix  puissante  et  vibrante,  son 
geste  naturel  et  décisif  contribuaient  à 
subjuguer  ceux  qui  l'écoutaient.  Le 
souvenir  de  ses  chaleureuses  improvi- 
sations lui  a  survécu  (')  ;  sur  un  plus 
grand  théâtre,  il  se  serait  certainement 
fait  un  nom  illustre.  Il  fallait  du  reste, 
dt's  lors,  un  talent  plus  qu'ordinaire 
pour  briller  au  barreau  de  Liège.  Les 
événements  politiques  avaient  amené 
dans  notre  ville  plusieurs  avocats  fran- 
çais d'un  mérite  supérieur,  notamment 
J.-B.  Teste,  qui  commençait  à  faire 

(  *  )  Ce  furent,  paralt-il,  ses  amis  le  doc- 
teur Ansiaux  père,  Bassenge  et  Henltart  qui 
ie  décidèrent  à  entrer  dans  la  carrière  du 
barreau. 

(  *)  Nous  empruntons  ces  détails  et  beau- 
coup d'autres  à  la  Notice  sur  Destrivaux, 
publiée  par  M.  U.  Capitaine  dans  le  Nécro- 
loge  liégeoit  pour  18iJ3. 

(')  On  cite  encore  au  barreau  de  Liège 


école  et  devait  trouver  plus  tard  en  M. 
Forgeur  un  successeur  digne  de  lui. 
Destriveaux  était  donc  vivement  sti- 
mulé ;  nous  ajouterons  que  ses  rela- 
tions habituelles  étaient  de  nature  à 
provoquer  de  plus  en  plus  l'épanouis- 
sement de  ses  facultés.  La  politique,  à 
laquelle  il  était  resté  jusque  là  étran- 
ger, devint  sous  la  restauration  une  de 
ses  idoles  favorites.  La  tournure  de 
son  esprit,  comme  son  éducation ,  le 
rattachait  aux  encyclopédistes  et  de 
plus  près  encore  aux  hommes  de  4789; 
il  prit  donc  rang  parmi  les  libéraux 
avancés.  Le  pharmacien  Lafontaine 
réunissait  alors  chez  lui  la  plupart  des 
réfugiés  politiques  français  et  des  Lié- 
geois qui  se  distinguaient  par  leur  es- 
prit d'opposition.  C'est  chez  lui  que 
Destriveaux  connut  dans  l'intimiié  non 
seulement  J.-B.  Teste,  mais  Bory  de 
St-Vincent,  Maithe,  Pocholle,  le  doc- 
teur Ansiaux,  Guillois,  Levenbach  , 
Cauchois-Lemaire,  Guyet,  Paganel,  P. 
de  Ceulleneer,  Brissot-Thivars,  Thu- 
riot  de  la  Rozière,  Harel,  Duval  de  la 
Bréhonnière,  etc.  Il  ne  tarda  pas  à  de- 
venir leur  collaborateur  :  le  Mercure 
des  Pays-Bas  et  le  Mercure  surveillant^ 
feuilles  libérales  rédigées  sous  leur 
inspiration,  publièrent  en  i845un  cer- 
tain nombre  d'articles  dus  à  la  plume 
de  Destriveaux  (*). 

Lorsque  le  Gouvernement  nomma, 
le  8  novembre  4815,  une  Commission 
chargée  de  préparer  la  réorganisation 
du  haut  enseignement  dans  les  pro- 
vinces méridionales  du  royaume ,  Des- 
triveaux, l'un  des  premiers,  fit  valoir, 
dans  la  presse,  les  raisons  qui  mili- 
taient en  faveur  de  l'installation  d'une 
Université  de  l'Etat  dans  la  ville  de 
Liège  ("  ).  On  a  tout  lieu  de  croire  que 
ce  plaidoyer  ne  resta  pas  sans  influence. 
L'Université  ayant  été  créée  l'année 
suivante,  Destriveaux  y  fut  immédiate- 
plusieurs  causes  gagnées  par  Destriveaux, 
entre  autres  l'acquittement  d'A...,  accusé 
d'assassinat  et  deux  fois  condamné  à  mort 
(24  octobre  4819). 

(*j  U.  Capitaine,  p.  44.  —  Id.,  Re- 
chercher sur  tes  journaux  liégeois ,  p,  459 
et  464. 

(*)  Mercure  du  26  novembre,  46  et  48 
décembre  4845.  —  U.  Capitaine,  p.  44. 


301 


DES 


202 


meot  nommé  professeur  ordinaire  , 
chargé  des  cours  de  droit  criminel  mo- 
derne et  de  procédure  civile.  Son  dis- 
cours d*ouverture,  présentant  des  con- 
sidérations générales  sur  ces  matières, 
se  trouve  dans  le  vol.  I  des  Antiales 
Acadenùœ  Leodiensis.  Deux  ans  plus 
tard,  il  devint  titulaire  de  la  chaire  de 
droit  public  interne  et  externe,  mais 
renonça  au  cours  de  procédure  civile. 
Ses  attributions  ne  subirent  pas  d^autre 
changement  jusqu*à  la  réorganisation 
de  4855,  si  ce  n'est  qu1l  lit,  de  4833  à 
1835,  un  cours  de  droit  administratif 
qui  eut  beaucoup  de  succès  {*).  De 
4835  à  4836,  il  enseigna  purement  et 
simplement  le  droit  criminel  (Code  pé- 
nal, instruction  criminelle)  et  le  droit 
militaire. Des  difficultés  survenues  entre 
le  ministère  catholique  et  Thonorable 
professeur  déterminèrent  celui-ci  à  res- 
ter éloigné  de  TUnlversité  pendant  trois 
ans;  enfin,  en  48^4,  M.  Nothomb  lui 
confia  le  cours  d'histoire  politique  mo- 
derne. Il  obtint  le  titre  de  professeur 
émérite  le  28  septembre  4847  ;  il  avait 
été  deux  fois  secrétaire  académique 
(1824-25  et  1832-33)  et  deux  fois  rec- 
teur (4823-24  et  4 845-46). Pendant  son 
premier  rectorat,  il  inaugura  la  salle 
académique  (44  octobre  4824);  après 
la  mort  de  Wagemann  (v.  ce  nom),  il 
présida  de  nouveau  le  Sénat,  en  qua- 
lité de  pro-recteur,  jusqu'au  40  octo- 
bre 4  825. 

A  répoque  où  Destriveaux  prit  pos- 
session de  sa  chaire  de  droit  criminel, 
il  n'existait  aucun  commentaire  sur  le 
Code  pénal  (*).  Le  nouveau  professeur, 
étranger  d'ailleurs  aux  travaux  des  cri- 
mlnalistes  allemands,  se  trouvait  livré 
à  ses  propres  forces ,  en  présence  de 
textes  qui  avaient  à  peine  trois  années 
d*exis(ence  et  sur  lesquels,conséquem- 
ment,  la  jurisprudence  ne  fournissait 
que  de  faibles  éclaircissements.  La  po- 
.sition  était  difficile  :  Destriveaux  l'en- 
visagea sans  crainte  et  s'en  tira  avec 
honneur.  C'est  à  lui  que  revient  le 


mérite  d'avoir  le  premier  signalé  les 
vices  du  Code  pénal  en  matière  de 
crimes  politiques^  avec  une  énergie  et 
une  force  de  raisonnement  qui  n'ont 
point  été  dépassées.  Les  commenta* 
teurs  qui  sont  venus  après  lui  n'ont  pu 
que  répéter  ce  qu'il  avait  si  bien  dit 
dans  son  Essai  sur  le  Code  pénale  pu- 
blié k  Liège  en  4818.  Son  cours  de 
droit  public,  qu'il  faisait  précéder  d'une 
introduction  historique,  eut  d'autre 
part  un  grand  retentissement.  Destri- 
veaux n'était  pas  précisément  profond; 
son  exposition ,  d'ailleurs  toujours  lu- 
cide, était  plus  brillante  que  nourrie  ; 
quand  il  tenait  une  idée ,  il  la  retour- 
nait sous  toutes  ses  faces,  procédait 
par  amplification,  épuisait  les  analo- 
gies s'exaltait  tout  d'un  coup  et  se  fai- 
sait applaudir  ;  mais  en  somme ,  k& 
leçon  eût  pu  se  résumer  en  quelques 
mots,  et  prendre  des  notes,  dégager 
de  ces  phrases  fleuries  l'expression  la 
plus  simple  de  la  pensée  n'était  pas 
toujours  chose  facile  pour  les  élèves. 
Destriveaux  plaidait  plus  qu'il  n'ensei- 
gnait ;  sa  toge  professorale  ,  à  son 
insu,  se  changeait  en  robe  d'avocat. 
Mais  comme  il  plaidait  bien,  et  quel 
effet  magique  r>elte  parole  animée,  vé- 
hémente, pleine  de  feu  produisait  sur 
la  jeunesse  !  On  ne  sortait  pas  savant 
de  son  cours,  mais  on  en  sortait  con- 
vaincu, attaché  pour  jamais  aux  grands 
principes  constitutionnels,  passionné 
pour  toutes  les  libertés.  1/influence  de 
Destriveaux  sur  lesjeunes  gens  fut  sur- 
tout considérable  dans  le  cours  des 
années  qui  précédèrent  la  révolution. 
11  touchait  à  toutes  les  questions  brû- 
lantes, et  l'on  courait  l'écouter  non  pas 
seulement  pour  se  préparer  à  des  exa- 
mens, mais  pour  apprendre  à  connaître 
les  droits  et  les  devoirs  du  citoyen, 
comme  par  un  secret  pressentiment  de 
l'heure  qui  était  proche.  À  ce  point  de 
vue,  quand  on  songe  que  Destriveaux 
comptait  alors  parmi  ses  disciples  la 
plupart   des  hommes    politiques    du 


(MU  Rfvtte  belge  de  4899  (p.  339)  a 
pablié  an  article  intéressant  de  M.  le  baron 
Jales  Del  Marmol  (gendre  de  Destriveaux) 
rédigé  d'après  des  notes  prises  à  co  cours. 
Sur  les  principaies  inatiiutionM  administra' 


tivts  depuis  4789  jmqv'à   cette   époque. 

(')  Le  Ommetttaire de  Caniot,  le  premier 

dans  l'ordre  des  dates,  est  de  4834  (v.  Ny- 

pela.   Bibliographie  du  droit  criminel,   n* 

744). 


203 


DES 


204 


nouveaa  régime,  il  est  permis  de  dire 
qae  son  cours  laissa  dans  le  pays  des 
traces  plus  durables  qu*aucun  autre,  si 
nous  en  exceptons  celui  de  AVagemann. 
Destriveaux  faisait  réfléchir,  il  éman- 
cipait et  il  exaltait  son  auditoire  : 
résultat  considérable  par  excellence,  à 
une  époque  où  Topposition  commen- 
çait ^  rallier  la  nation  toute  entière.  Il 
était  sur  la  brèche,  il  le  savait  et  re- 
doublait de  hardiesse  :  lorsqu'en  1829 
le  message  du  ii  décembre  fut  envoyé 
aux  fonctionnaires  avec  sommation  d'y 
adhérer,  c'est-à-dire  d'adhérer  au  sys- 
tème du  gouvernement  personnel,  Des- 
triveaux  eut  le  courage  de  faire  tout 
exprès  trois  leçons  sur  la  responsabi- 
lité ministérielle  :  la  salle  était  comble; 
les  voûtes  retentirent  d'applaudisse- 
ments frénétiques  dont  la  signification 
n'était  pas  douteuse.  Il  faut  dire  à 
l'honneur  du  Gouvernement  des  Pays- 
Bas  que  le  professeur  ne  fut  pas  in- 
quiété ;  le  gouverneur  de  la  Coste  écrivit 
seulement  aux  Curateurs  des  Universi- 
tés, sous  la  date  du  20  janvier  4850, 
pour  leur  recommander  de  ne  rien  lais- 
ser enseigner  qui  pût  servir  (Taliment 
aux  passions.  Destriveaux  mutila  son 
cours,  mais  ne  renia  aucun  de  ses  prin- 
cipes. Plus  tard,  sous  le  ministère  de 
Theux,  il  refusa  de  remonter  dans  sa 
chaire  de  droit  public,  parce  que  le 
Gouvernement  voulait  qu'on  lui  sou- 
mit le  programme  des  cours.  Jamais  il 
ne  céda  aux  exigences  du  pouvoir  ;  ja- 
mais il  ne  connut  les  concessions  ti- 
mides ni  les  capitulations  de  con- 
science. C'était  un  vrai  fils  de  la  révolu- 
tion française,  tout  d'une  pièce,  fidèle 
k  ses  principes,  capable  de  tout  braver 
plutôt  que  subirune  compression  quel- 
conque. Ces  hommes  de  forte  trempe  sé- 
duisent immanquablement  la  jeunesse, 
toujours  enthousiaste  de  tous  les  cou- 
rages et  surtout  du  courage  civil.  Plus 
tard,  comme  nous  l'avons  dit,  Destri- 
veaux enseigna  l'histoire  politique  mo- 


derne. De  fait,  un  bon  tiers  du  cours 
était  consacré  à  l'exposé  des  grands 
principes  du  droit  public,  surtout  à  la 
théorie  de  la  souveraineté  du  peuple. 
L'orateur  n'avait  rien  perdu  de  son  ta- 
lent ni  de  son  ardeur  :  faisant  allusion 
à  ses  cheveux  blancs,  il  pouvait  se 
comparer  à  un  volcan  sous  la  neige. 
Mais  ses  sorties  véhémentes  contre  la 
tyrannie,  ses  argumentations  serrées 
en  faveur  de  la  liberté  de  la  presse  et 
de  toutes  les  garanties  constitution- 
nelles laissaient  l'auditoire  relativement 
froid.  Il  s'en  plaignait  un  jour  après 
sa  leçon  :  il  déplorait  la  prétendue  in- 
différence des  jeunes  gens.  Il  se  faisait 
illusion  :  ses  élèves  d'il  y  a  vingt  ans 
n'étaient  point  indifférents  aux  ques- 
tions politiques  et  sociales  :  bon  nombre 
d'entre  eux  l'ont  assez  prouvé.  »  Mais 
ce  qui,  avant  1830,  n'était  encore  qu'un 
mirage,  un  pur  idéal,  ce  qui  ne  pouvait 
être  conquis  alors  qu'au  prix  d'un  com- 
bat à  outranc^e,  était  devenu  le  patri- 
moine de  la  génération  nouvelle ,  éle- 
vée à  l'ombre  de  nos  institutions  libres. 
Les  jeunes  gens  de  1815  s'étonnaient 
de  ce  zèle  de  leur  professeur  U  réfuter 
des  objections  que  personne  ,  leur 
semblait-il,  n'aurait  songé  h  faire.  Ils 
trouvaient  tous  nos  droits  naturels 
comme  le  jour  qui  nous  éclaire,  comme 
l'air  qu'on  respire  :  à  quoi  bon  tant 
discuter?  Ce  qui  afOigeait  Destriveaux 
était  précisément  son  titre  d'honneur  : 
il  ne  voyait  pas  que  la  moisson  dépas- 
sait ses  espérances,  et  que  l'arbre  de  la 
liberté  qu'il  avait  contribué  fi  planter, 
robuste  et  en  pleine  croissance,  n'avait 
désormais  plus  besoin  de  tuteur! 

Destriveaux  ne  se  contentait  pas  de 
faire  de  {apolitique  en  théorie:  à  partir 
de  1850,  il  s'intéressa  directement  aux 
affidres  publiques  Le  9  novembre  1830 , 
le  district  de  Liège  l'élut  député  au 
Congrès  national.  Il  fut  très-assidu 
aux  séances,  mais  prit  rarement  la  pa- 
role (*).  Le  18  du  môme  mois,  leGou- 


(*)  Parmi  les  votes  les  plus  importants 
qu'il  émit,  nous  remarquotts  les  suivants  : 
pour  riodëpendance  du  peuple  belge,  sauf 
les  relatioDs  du  Limbourg  avec  la  Confédé- 
ration germanique  (18  novembre  1830); 
pour  la  monarchie  constitutionnelle  sous  un 


chef  hdréditaire  (22  novembre)  ;  pour  Tex- 
clttsion  des  Nassau  (94  novembre)  ;  contre 
rinslilution  des  deux  Chambres  (IS  dé- 
cembre) ;  contre  la  nomination  du  Sénat  par 
le  Roi  (16  décembre);  pour  la  dissolution 
du  Sénat  (17  décembre),*  pour  l'abolition  de 


205 


DES 


206 


vernement  provisoire  le  nomma  Tun 
des  six  membres  du  Comité  diploma- 
tique, dont  les  attributions  répondaient 
à  celle  du  ministre  des  affaires  étran- 
gères. It  s'occupa  peu  activement  des 
travaux  de  ce  comité,  résigna  son  man- 
dat an  commencement  de  1851  et  re- 
vint à  Liège  après  Tinstallation  du  Roi. 
En  4856,  il  fut  élu  (50  septembre) 
membre  du  Conseil  provincial  de  Liège 
(  '  )  ;  le  7  août  4840,  ses  collègues  re- 
levèrent à  la  vice-présidence  ;  il  con- 
serva ce  titre  jusqu'en  4847.  Le  8 
juin  de  cette  dernière  année,  quelques 
mois  avant  sa  mise  à  la  retraite,  les 
électeurs  de  Liège  l'envoyèrent  à  la 
Chambre  des  Représentants;  il  y  siégea 
jusqu*à  sa  mort,  aussi  attaché  que  Ja- 
mais aux  principes  de  sa  jeunesse , 
champion  déclaré  des  idées  libérales. 
Ses  conseils  et  l'autorité  de  son  expé- 
rience furent  en  mainte  occasion  utiles 
à  ses  collègues. 

  Liège,  il  fit  partie  d'un  grand 
nombre  de  Commissions  administra- 
tives, d'institutions  philanthropiques, 
etc.  Sous  le  Gouvernement  hollandais, 
il  fut  membre  du  Collège  électoral;  il 
fui  vice-président,  puis  président  de 
l'Institut  royal  des  sourds-muets  et  des 
aveugles  ;  secrétaire  de  la  Commission 
administrative  de  l'école  gratuite  de 
géométrie  et  de  mécanique  établie  à 
Liège  pour  la  classe  ouvrière  ;  membre 
du  Comité  consultatif  institué  le  45  sej)- 
lembre  4  850  pour  les  mesures  à  prendre 
dans  rintèrét  de  la  sûreté  publique  ; 
plus  tard,  membre  du  comité  des  char- 
bonnages; membre  de  la  Caisse  de 
prévoyance  instituée  en  4859  pour  les 
onvriêrs  mineurs  de  la  province  de 
Liège  ;  du  Conseil  d'Administration 
de  la  Société  d'encouragement  pour 
rinstruction  élémentaire  ;  de  l'adminis- 
tration du  Mont-de-Piélé,  etc.  Membre 
de  la  Société  d'Emulation  depuis  4814, 


il  y  occupa  pendant  environ  un  an 
(4844-4842)  le  poste  de  Secrétaire-gé- 
néral (•).  Deslriveaux  était  décoré  de 
la  croix  de  fer  et  chevalier  de  l'ordre 
de  Lèopold  (4846).  On  lui  doit  les  pu- 
blications suivantes  (•)  :  ^ 

4°  Essai  sur  le  Code  pénal.  Liège, 
Collardin,  1848,in-8odeXIII  et  200  p. 

Travail  estimable  poar  Tëpoque.  Quel- 
ques-unes des  observations  que  l'auteur  y  a 
émises  ont  reçu  la  sanction  de  la  loi. 

2o  Honneurs  funèbres  rendus  dans 
la  R.\L,\  de  la  parfaite  intelligence  à 
VOr.'.  de  Liège,  le  28*'iotfr  du  42«mow 
de  ran  de  la  V.\  L.\  5848,à  lamé- 
moire  du  V.\  F,',  S.  Martin,  ancien 
vénérable  de  la  R,\zzz,  Liège,  Desoer, 
5848(4848),  in-8»de54  p. 

Dcstrivcnux,  rédacteur  de  cette  brochure 
qui  suscita  une  vive  polémique,  était  alors 
orateur  de  la  loge  de  la  parfaite  inlelligeuce 
de  Liège.  V.  le  Spectateur  belge,  t.  VHI 
fart,  de  M.  de  Foere)  et  les  Annales  de  la 
Franc-Maçonnerie  des  Pays-Bas),  t.- III  (art. 
signés  M...). 

5»  Question  de  médecine  légale.  Pré- 
cis des  mémoires  du  docteur  Pfeffer, 
etc.  (v.  l'art.  N.-G.-A.-J.  AifsiAux). 

4»  Loisirs  de  trois  amis,  ou  opus- 
cules de  A.-B.  Régnier,  N.  Bassenge, 
et  P.-J.  HenS^art ,  de  Liège.  Liège, 
Haleng,  4825,  2  vol.  in-8«. 

c  Ce  recueil  a  été  publié  par  les  soins  de 
N.-G.-A.-J.  Ansiaux,  H.  Fabry  et  P.  Des- 
triveaux.  Ge  dernier  fut  chargé  du  choix 
des  poésies  de  Bassenge,  qu'il  fît  précéder 
d'une  notice  biographique  intéressante  ii  la 
vérité,  mais  trop  concise  et  trop  peu  déve- 
loppée, eu  égard  surtout  au  rôle  important 
que  cet  homme  célèbre  a  joué  dans  l'his- 
toire politique  et  littéraire  des  dernières 
années  de  la  principauté  de  Liège  »  (U. 
Capitaine,  p.  SO.  —  V.  Tari.  Bauenge  dans 
la  Biographie  nationale), 

5^  Discours  académiques,  a.  Discours 
iuaugurad  (4847);  v.   ci-dessus,  b. 


toate  distinction  d'ordres  (94  décembre); 
pour  l'élection  du  duc  de  Nemours  (3  février 
i831);  contre  l'abaissement  du  cens  électo- 
ral pour  les  campagnes  (17  février)  ;  contre 
la  première  loi  électorale  (22  février)  ;  pour 
la  seconde  loi  électorale  (3  mars)  ;  contre  la 
priorité  en  faveur  de  l'élection  immédiate 
du  chef  de  l'Etat  (31  mai;  ;  contre  l'élection 


du  prince  Lèopold  de  Saxe-Gobourg  (4  juin)  ; 
contre  les  dix-huit  articles  (9  juillet).  —  Û. 
Capitaine,  p.  46. 

(  *  )  Sa  candidature  fut  palronée  par  1*17- 
nion  libérale  (nuance  avancée). 

(')  U.  Capitaine,  p.  47,iS. 
(*)  /6ld.,p.48et8mv. 


267 


DEV 


308 


Discours  sur  l'instruction  publique, 
prononcé  à  l'occasion  de  rkiaugura^ 
tion  de  la  Salle  académique  (il  octobre 
(1824),  inséré  dans  les  Annales  Acad, 
Leod.  (4823-4824),  et  réimprimé  ii>-8<' 
(chez  Desoer)  au  profit  de  llnstitut  des 
sourds-muets  et  des  aveugles,  c.  Hon- 
neurs funèbres  rendus  à  la  mémoire  de 
Wagemann  (v.  4x  nom),  rf.  Discours 
prononcé  il  TouTerture  du  cours  de 
droit  public.  Liège,  Lemarié,  f  82S, 
in-8*  (Extr.  de  la  BibL  de  jurisconsulte. 
L'orateur  traite  de  Tbistoire  nationale 
dans  ses  rapports  avec  Tétude  de  la  lof 
fondamentale),  e.  Discours  prononcé 
(cofflitte  recteur  sbrtant),  lors  de  la 
réouverture  solennelle  des  cours  (4840*- 
4847)  :  Sur  les  tendances  actuelles  de 
la  civilisation  et  les  révolutions  des 
quatre  derniers  siècles,  f.  Réponse  à 
M.  Fuss,  recteur  sortant,  le  3  novembre 
4845  {Ann,  des  Univ-  de  Belgique , 
4846).  g.  Discours  prononcé  lors  de  la 
remise  du  rectorat,  le  49  octobre  4846. 
(Ibid.,  4847). 

6*»  Recueil  d^actes  et  de  traités  poli- 
tiques, intéressant  tes  provinces  qui  ont 
fait  partie  du  rogaume  des  Pays  Bas. 
Liège,  Desoër,  4830,  ln-8o. 

Ce  recaeil  s^arrèle  an  6  juillet  4827. 

1^  Traité  de  droit  public,  Bruxelles, 
Tircher,  4849-4854 , 1.  I  et  II  ;  t.  IH 
(posthume),  4855,  in  8^  Le  t.  III  a  été 
rédigé  par  M...  sardes  notes  laissées 
par  Destriveaax.  Il  y  est  question 
des  institutiofis  politiques  des  Pays- 
Bas  catholiques  et  de  la  principauté  de 
Liège,  des  bonsèquences  politiques  de 
notre  incorporation  à  la  France,  de  la 
Belgique  soùs  le  régime  français  et  en- 
fin de  la  révolution  de  4850. 

8<>  Dans  la  Bibliothèque  du  juriscon- 
sulte (dont  DestriTeaux  fut  un  collabo- 
rateur en  titré)  :  a.  Le  discours  pro- 
noncé k  rouverture  du  cours  de  droit 
public,  cité  ci-dessus ,  n<^  6  d;h.  Prix 
proposé  par  la  Société  de  la  morale 
chrétienne  à  Paris,  sur  la  question  de 
la  peine  de  more  (4825-4826,  p.  238- 
249)  ;  c.  Notice  sur  quel(]ues  recueils 

(*)  lions  puisons  nos  renseignememts 
dans  les  discours  prononcés  sor  la  tombe  de 
de  Vaux,  et  noMàiment,  poor  les  détails  bio- 
graphiques, dans  celui  de  M.  Jocbams,  in- 


de  Jurisprudence  publiés  dans  le  royau- 
me des  Pays-Bas  (En  collaboration 
avec  J.-G.-J.  Ernst  ;  même  année, 
p.  287-292);  d.  Examen  critique  de 
1  opinion  dé  M .  Livingston  contre  la 
peine  de  mort,  consigné  dans  son  rap- 
port sur  le  projet  d'un  Code  pénal ,  faK 
à  rassemblée  générale  de  la  Looistane. 
(/^«i.,  p.  427-458). 


De  Vnnx    (  jEAN-ÂtK>LPH£-j0SEi>H  ) 

naquit  à  Neuss,  près  de  Dnsseldorf,  le 
45  septembre  4794,  et  mourut  à  Bruxel- 
les, le  24  avril  4866.  Né  pendant  Témi- 
gration,  il  fut  envoyé  en  France  aussitôt 
que  la  situation  le  permit,  et  reçut  au 
lycée  de  Douai  une  remarquable  ins- 
truction préparatoire.  Admis  à  TEcole 
polytechnique  le  4^'  novembre  4842,  il 
en  sortit  le  4"  août  4844,  lorsque  les 
Pays-Bas  furent  séparés  de  TEmpire 
français.  Il  avait  pris  part  à  la  défense 
de  Paris  contre  les  armées  alliées  (*). 
—  Le  baron  Ch.  de  Vaux,  son  oncle, 
consal  de  France  à  Rome,  le  fit  alors 
venir  près  de  lui  et  le  garda  plusieurs 
années.  Le  jeune  homme  continua  ses 
études  scientifiques  et  rentra  finalemeni 
dans  sa  patrie  adoptive,  pour  se  pré- 
senter aux  examens  de  TEcole  militaire 
de  Delft.  Tel  fut  Thonneur  avec  lequel 
il  sortit  de  ces  épreuves,  que  le  gou- 
vernement passa  outre  sur  sa  qualité 
de  Belge  et  l'attacha  au  génie  militaire. 
Le  49  août  4819,  de  Vaux  fut  envoyé  à 
Mons  pour  y  diriger  les  travaux  des 
fortifications.  En  4823,  reconnaissant 
que  ses  goûts  et  ses  études  rappelaient 
vers  une  autre  carrière,  il  échangea  ses 
épaulettes  contre  une  fonaion  civile. 
Le  40  juillet  4823,  le  jour  même  où 
un  arrêté  royal  divisa  le  territoire  du 
royaume  en  sept  districts,  relativement 
au  service  des  mines,  minières,  car- 
rières et  usines,  de  Vaux  fat  nommé 
ingénieur  des  mines  de  deuxième  classe 
et  chargé  du  district  de  Huy,  com> 
prenant  Tarrbndissement  jàdfciaire  &n 
même  nom.  Il  se  diî^drigua  si  bien  dans 

gënieur  en  chef  des  miàes  do  ihrinaat 
(Bulletin  trimettrtet  de  tMiiôciatiàlt  éet  m- 
génieurê  sortis  de  t Ecole  de  Uége,  4886J. 


209 


DEV 


IMO 


l'aecoroplîssemefH  de  sa  tâche  difficile^ 
que  la  direction  du  sixième  district, 
composé  à  cette  époque  de  l^arrondis- 
sement  Judiciaire  de  Liège,  lui  fut  con- 
fiée dès  l'année  suivante.  Le  â2  août 
i8i8,  uA  arrêté  royal,  sans  lui  ôter  ni 
son  titre  ni  son  mng  dans  le  corps  des 
mines,  l'envoya  diriger  les  travaux  de 
la  grande  Société  du  Luxembourg.  Les 
événements  de  1850  ayant  arrêté  brus- 
quement les  opérations  de  cette  Com- 
pagnie, de  Vaux  reprit,  le  5  Janvier 
{85i ,  sa  position  dans  la  hiérarchie 
administrative ,  et  fut  chargé  provisoi- 
rement du  quatrième  district  (Namur). 
Dès  le  4  septembre  suivant,  il  revint 
k  Liège ,  chargé  de  remplir  les  fonc- 
tions d'ingénieur  en  chef  de  la  troisième 
division  des  mines,  dont  le  ressort 
s'étendait  aux  provinces  de  Liège  et  de 
Limboorg,  conformément  à  l'arrêté  or- 
ganique du  99  août.  Le  titre  dingénieur 
en  chef  lui  fut  décerné  le  Si  décembre 
1856;  le  10  septembre  f84i,  il  obtint 
rehii  d'Ingénieor  en  chef  de  première 
classe.  Sur  ces  entrefaites,  l'enseigne- 
ment supérieur  donné  aux  frais  de 
FEtat  avarlt  été  régulièrement  recon- 
stitué, par  là  lof  du  37  septembre  1855. 
Adolphe  de  Vaux,  lauréat  de  l'Académie 
des  sciences  cette  même  année,  savant 
théoriden  en  même  temps  qu'habile  in- 
génieur,  fut  appelé,  le  i  7  octobre  1856, 
i  enseigner  l'exploitation  des  mines  à 
rUniversité  de  Liège.  La  Faculté  des 
sciences  de  Liège ,  disait  la  loi ,  doit 
être  organisée  de  manière  à  offrir  l'in- 
struction nécessaire  pour  les  arts  et 
manQfactnres  et  pour  la  spécialité  des 
mines.  Le  germe  de  l'Ecole  actuelle 
était  dans  cet  article,  mais  le  germe 
seulement.  A  ses  attributions  comme 
professeur,  de  Vaux  joignait  celles  d'in- 
specteur des  études.  Il  comprit  large- 
ment l'importance  de  sa  mission ,  traça 
le  plan  et  le  programme  des  études 
des  Ecoles  spéciales,  dont  il  prévoyait 
rimmense  développement ,  régla  tontes 
l6s  conditions  d'admission,  et  en  un 
mot  exerça  une  influence  prépondérante 
sur  les  destinées  de  ces  établissements, 
en  s'appuyant,  pour  leur  imprimer  un 
vigoureux  essor,  sur  des  bases  solides 
et  rationnelles.  Les  Ecoles  spéciales  de 
Liège  l'intéressèrent  jusqu'aux  derniers 


Jours  de  sa  vie  ;  c'est  encore  en  partie 
à  son  concours  actif  qu'elles  sont  rede- 
vables de  la  création  récente  d'un  cours 
d'exploitation  des  chemins  de  fer.  il  y 
resta  professeur  jusqu'en  1844,  époque 
où  fut  créée,  par  l'arrêté  royal  du  iO 
Juin,  «  une  inspection  pour  établir  Fu- 
nité  dans  l'application  des  lois  et  règle- 
ments en  matière  de  mines  dans  les 
provinces  »  L'ingénieur  en  chef  de  pre- 
mière classe  de  Vaux,  nommé  inspec- 
teur-général des  mines«  dut  aller  ré- 
sider à  Bruxelles.  La  confiance  du 
gouvernement  n'eût  pu  être  mieux 
placée —  Le  mérite  de  de  Vaux  doit 
être  apprécié  à  trois  titres  différents  : 
comme  professeur,  comme  fonction- 
naire, comme  écrivain  utile,  cet  homme 
d'élite  s'est  acquis  des  droits  à  la  re- 
connaissance de  ses  concitoyens.  «  De 
Vaux,  dit  M.  Trasenster  (son  élève,  son 
auxiliaire  et  finalement  son  successeur 
à  l'Ecole  des  mines  ;  v.  ce  nom),  de 
Vaux  possédait  à  un  degré  éminent  les 
qualités  du  professeur  :  connaissances 
étendues  et  variées ,  ferme  bon  sens , 
exposition  à  la  fois  lucide  et  élégante, 
recherche  judicieuse  des  principes  gé- 
néraux et  choix  heureux  des  détails  ; 
enfin,  intérêt  sympathique  pour  les  pro- 
grès de  ses  élèves.  Il  savait  captiver 
l'attention  de  ses  auditeurs,  leur  inspi- 
rer le  goût  du  travail  et  en  faire  des 
ingénieurs  unissant  la  science  au  sens 
pratique.  »  Ainsi  que  nous  l'avons  dit, 
il  eut  toujours  à  cœur  la  prospérité  des 
Ecoles  qu'il  avait  tant  contribué  à  créer  ; 
chaque  année,  quand  il  venait  présider, 
comme  chef  des  mines,  les  examens  de 
sortie,  il  s'enquérait  de  l'état  de  l'en- 
seignement et  discutait  les  modiflca- 
tions  à  y  introduire.  Sa  qualité  de  pré- 
sident du  Conseil  de  perfectionnement 
lui  permettait  d'être  lui-même  pour 
quelque  chose  dans  la  réalisation  de 
ses  idées  ;  mais  il  ne  se  laissa  jamais 
décider  que  par  de  bonnes  raisons  ,  de 
quelque  part  qu'elles  vinssent.  Aussi 
était-il  aussi  aimé  qu'estimé  de  ses  an- 
ciens collègues  et  des  ingénieurs  sortis 
de  l'Ecole.  En  4849,  lorsque  ces  der- 
niers fondèrent  leur  Associatian  (v.  l'art. 
Trasknsteu),  «  leur  première  pensée  fut 
d'appeler  à  la  présidence  honoraire  le 
principal  organisateur  de  l'Ecole  des 


2H 


DEV 


212 


mines,  celui  qui  avait  dirigé  les  pas 
des  premiers  élèves,  et  qui  considérait 
comme  ses  enfants  tous  ceux  qui  avaient 
reçu  rinstruction  à  celte  Académie  des 
industries  minérales  et  mécaniques.  » 
Il  aimait  à  assister  aux  fêtes  frater- 
nelles qui  réunissent  chaque  année  les 
anciens  condisciples,  et  on  le  voyait 
avec  bonheur  redevenir,  par  le  cœur  et 
la  gaité ,  le  contemporain  des  plus 
jeunes.  —  Laissons  maintenant  M.  Tin- 
génieur  en  chef  Jochams  nous  parler  du 
fonctionnaire.  Dans  cette  haute  posi- 
tion, dil-ll,  de  Vaux  présida  les  Com- 
missions chargées  d'élucider  toutes  les 
questions  se  rattachant  à  la  police  des 
mines  et  des  carrières  souterraines,  et 
fut  ensuite  chargé  de  la  rédaction  des 
règlements  qui  sont  aujourd'hui  en  vi- 
gueur. Il  prit  également  une  large  part 
dans  rélaboration  des  règlements  ci>n- 
cernant  la  surveillance  des  appareils  à 
vapeur.  Justement  ému  du  grand  nom- 
bre d^explosions  de  ces  derniers  appa- 
reils, explosions  qui  avaient  jeté,  dans 
ces  derniers  temps,  Tépou vante  parmi 
les  populations  de  nos  contrées  indus- 
trielles, il  consacrait  tous  les  instants 
qu  il  pouvait  dérober  aux  autres  bran- 
ches de  son  service  à  la  recherche  d'un 
mode  de  surveillance  qui  piU  faire  es- 
pérer la  fin  de  cet  état  de  choses.  A  cet 
effet,  il  avait  ouvert  des  conférences 
dans  les  différents  centres  miniers,  afin 
de  recueillir  toutes  les  données  que 
l'expérience  de  la  pratique  des  chau- 
dières à  vapeur  pouvait  lui  fournir, 
pour  l'aider  à  résoudre  une  question 
intéressant  de  si  près  la  sûreté  pu- 
blique. Son  énergie,  son  activité,  son 
savoir  l'auraient  sans  doute  conduit  au 
but.  Quelques  jours  avant  sa  mort,  les 
principaux  industriels  avaient  adopté 
son  projet...  Ainsi  ses  derniers  efforts 
ont  encore  été  utiles  à  l'humanité...  In- 
fatigable jusqu'au  dernier  moment,  il 
n'a  pu  néanmoins  que  projeter  une 
œuvre  d'une  importance  capitale,  dont 
il  aurait  pu  dire  sans  hésiter  :  eaegi 
monumcnium.  Nous  voulons  parler  d'une 
carte  générale  des  mines,  destinée  ù 


faire  ressortir  graphiquement  les  ri- 
chesses minérales  de  la  Belgique.  Ce 
précieux  travail ,  confié  aujourd'hui  à 
des  mains  non  moins  habiles,  est  heu- 
reusement en  plein  cours  d'exécution 
(v.  l'art.  Dumont).  —  M.  Bidaul,  secré- 
taire-général du  ministère  des  travaux 
publics,  a  rendu  un  juste  hommage  à 
la  mémoire  de  de  Vaux,  en  rappelant 
la  manière  distinguée  dont  il  remplit 
les  mandats  multiples  qui  lui  furent 
confiés  pendant  une  longue  suite  d'an- 
nées. Président  de  la  Commission  des 
Annales  des  travaux  publics^  de  la  Com- 
mission des  procédés  nouveaux,  de  la 
Commission  directrice  du  Musée  de 
l'industrie,  de  la  Commission  consulta- 
tive des  pensions ,  des  jurys  d'examen 
universitaires  (pour  la  section  des  scien- 
ces) et  des  jurys  de  sortie  de  l'Ëcole 
des  mines,  entin  du  Conseil  de  perfec- 
tionnement de  cette  même  Ecole,  il  suf- 
flt  à  tout,  et  laissa  partout  des  traces  de 
son  influence  féconde  et  de  son  esprit 
supérieur.  Il  ût  partie  des  jurys  inter- 
nationaux des  grandes  expositions  de 
Paris  et  de  Londres,  et  fut  appelé  à  des 
vice-présidences  par  le  libre  choix  de 
ses  collègues  étrangers.  Des  occupa- 
tions si  nombreuses  et  si  variées  au- 
mient  dû  ,  œ  semble ,  l'absorber  tout 
entier;  il  n'en  trouva  pas  moins  le 
temps  de  publier,  soit  dans  les  recueils 
de  l'Académie  royale  de  Belgique ,  soit 
dans  diverses  revues  scientitiques  ou 
industrielles,  des  mémoires  et  des  no- 
lices  (|ui  témoignent  de  l'étendue  et  de 
la  solidité  de  ses  connaissances ,  non 
moins  que  de  son  es\mi  éminemment 
pratique.  La  géologie,  la  physique,  la  mé- 
canique apphquée  furent  les  objets  de  ses 
constantes  études.  La  question  des  eaux 
souterraines,  celle  du  grisou,  l'occupè- 
rent particulièrement  :  c'est  k  lui  que 
l'ingénieur  Mueselerdutde  voir  sa  lampe 
de  sûreté  préférée  à  t^lle  de  Davy  (  *  ). 
Il  estimait  qu'une  abondante  ventilation 
était  le  meilleur  moyen  de  faire  sortir 
le  gaz  de  la  mine  ;  en  vue  de  ce  résultat, 
il  recommanda  l'emploi  de  machines 
pneumatiques,  d'appareils  d'alarme  des- 


(  *  )  Vingt-cinq  années  (Texpéricncc  ont 
ralifld  le  clioix  d'Ad.  de  Vaux;  on  se  rap- 
pelle la  toiicbantc  ovation  faite  à  Mueseler, 


en  1862,  par  les  ouvriers  oiineurs  du  bassin 
de  Liëgd. 


âi3 


DEV 


214 


tiiiés  à  signaler  toute  interruption  dans 
les  appareils  de  ventilation,  et  surtout 
d'un  manomètre  muitipllcateur .  per- 
mettant d'apprécier  les  moindres  diffé- 
rences de  pression.  —  A|)rôs  le  fonc- 
tionnaire et  le  sa\antjl  faudrait  peindre 
Fhomme  :  quil  suffise  de  dire  avec  M. 
Bidaul  que  sa  famille  et  ses  amis  per- 
dirent en  lui  une  âme  d'élite,  un  cceur 
dévoué.  Il  idolâtrait  sa  mère  veuve,  qu'il 
suivit  de  près  dans  la  tombe  ;  comme 
époux  et  comme  père,  il  a  versé  sur  les 
siens  des  trésors  de  tendresse  ;  à  ses 
amis,  il  a  prodigué  Taide  de  sa  science 
et  de  son  expérience.  Sa  vie  était  pure, 
OH  peut  dire  austère  ;  il  était  d'un  com- 
merce agréable,  il  savait  plaire  à  tous 
p;.r  son  esprit  à  la  fois  simjile  et  bril- 
lant. H  cachait  avec  soin  ses  bienfaits  ; 
mais  après  sa  mort,  11  est  permis  de 
révéler  que  l'infortune  trouva  toujours 
en  lui  un  appui  et  un  protecteur  géné- 
reux, judicieux  et  persévérant.  Que 
pourrions-nous  ajouter  ? 

Voici  la  liste  (nous  n'oserions  affir- 
mer qu'elle  soit  complète)  des  publica- 
tions d'Adolphe  de  Vaux  : 

A.  Ouvrage*  publiés  par  l'Acndémie 
royale  dt'  Belgique. 

{**  Mémoire  sur  l'épuisement  des  eaux 
dans  les  mines  3tém  couronnés^  t.  XII, 
1855. 

î''  Rapport  à  TAcadémie  sur  les 
moyens  d'empêcher  le  déraillement  sur 
le  chemin  de  fer,  proposés  par  M.  lleins- 
man  (BuUeiim,  t.  XIV,  i8i7). 

Ad.  Devaux  entra  ic  'Iti  décembre  184(i  à 
fAcadémie,  cofnme  membre  effectif. 

5*^  Rapport  sur  le  mémoire  de  M. 
René  Michel,  concernant  la  direction 
des  aérostats  {Ibid), 

4"  Rapport  sur  les  systèmes  de  loco- 
motion aérienue  de  MM.  Van  Hecke  et 
Van  £sschen  (Ibid)- 

5*"  Rapport  sur  un  mémoire  de  M.  De 
Boer,  concernant  les  points  brillants 
de.s  courbes  et  des  surfaces  (Ib.^  t.  XVI, 
i8i9). 

6^  Rapport  sur  une  machine  à  élever 
Teau,  par  M.  de  Caligny  (Ib,,  t.  XVIll, 
185i). 

T  Rapport  sur  un  mémoire  en  réponse 


à  la  question  d'agriculture  des  polders 
(Ibid). 

8"  Rapport  sur  Tutilité  d'ouvrir  un 
concours  spécial  pour  perfectionner  les 
moyens  de  sauvetage  employés  dans 
les  mines  (t.  XIX,  1852). 

G""  Notice  conceniant  l'emploi  de  l'air 
échauffé,  au  lieu  de  vapeur  d'eau,  comme 
moteur  dans  les  machines  (Ibid), 

W  Observations  sur  le  régime  des 
eaux  souterraines  de  Bruxelles  et  des 
environs  C/^w/>. 

Il*"  Rapport  sur  une  machine  de  M. 
Lallemand  (t.  XXI,  i854). 

li°  Rapport  sur  la  boussole  électro- 
magnétique de  M.  Gloesener  (t  XXII, 
1855). 

15*  Gisement  et  formation  de  l'oli- 
glste,  de  la  limonite  et  de  la  pyrite 
(t.  XXIIÏ,  1856). 

14"  Rapports  sur  des  concours  et  sur 
des  communications  faites  à  l'Académie, 
t.  Vil.  XIIl,  XV,  XVIll  à  XXIIl  des 

Bulletins, 

15"  Rapport  sur  quatre  mémoires 
envoyés  à  l'Académie  en  réponse  à  la 
question  des  mines  pmposée  par  le 
Gouvernt'menl  (Exploitation  de  la  houille 
à  1000  mètres  de  profondeur  (t.  XXIIl). 

IG"  Moyen  de  préserver  les  édifices 
des  ravages  de  la  foudre \l.  IX*,  2'  série). 

17°  Sur  la  conservation  du  bois  au 
moyen  de  Thuile  lourde  du  goudron  de 
houille  (t.  XV,  2«  série). 

18®  Discours  prononcé  en  séance  pu- 
blique de  l'Académie,  sur  les  richesses 
minérales  de  la  Belgique  et  les  moyens 
de  les  extraire  (16  décembre  1865). 

Ad.  De  Vaux  ayant  été  nommé,  en  1863, 
directeur  de  ia  classe  des  sciences,  prononça 
le  discours  d'usage.  C'est  un  exposé  très- 
remarquable  des  richesses  minérales  do  la 
Belgique  et  des  moyens  de  les  extraire. 

B.  Ouvrages  non  publiés  par  l'Aca- 
démie . 

19"  Notice  sur  un  nouveau  moyen 
d'appliquer  la  vapeur  à  l'épuisement  des 
eaux  et  à  l'aérage  des  travaux  dans  les 
mines.  1856,  in-8°. 

20"  Instruction  pratique  conc>ernant 


218 


DUM 


1216 


l'aérage  et  l'éclairage  des  mines  à  grisou  ; 
45  juin  1839,  in-8^ 

2i^  Carte  minière  de  la  Belgique  (tout 
ce  qui  est  relatif  à  la  province  de  Liège). 
1837^1841. 

ââ""  Compte  rendu  de  cette  publica- 
tion. Décembre  iU%  in-8^ 

ty  Instruction  pratique  sur  ta  lampe 
de  ringénieur  Mueseler.  Id, 

34°  Rapport  sur  Tappareil  de  M.  Jac- 
quemet,  tendant  à  prévenir  les  explo- 
sions des  chaudières  à  vapeur  (commis- 
saires :  AIM.  De  Vaux  et  Maus).  4844, 
in-8«. 

25"  Indicateur  pour  Taérage  des 
mines.  Février  4840,  in-8°. 

26»  Analyse  de  la  publication  ,  faite 
eu  4846,  des  documents  statistiques 
concernant  les  mmes,  les  usines  miné- 
ralurgiques  et  les  machines  à  vapeur. 
4846,  in-80. 

27o  Publications  faites  par  le  dépar- 
tement des  travaux  publics  sur  la  sta- 
tistique des  mines,  minières,  usines  et 
machines  à  vapeur.  4846  et  4852,  iu-4\ 

28'*  Notice  sur  un  coup  de  feu  qui  a 
éclaté  dans  la  houillère  d  Ashwel,  près 
de  Durham.  Angleterre,  4848,  in-8'\ 

29o  Relation  des  expériences  faites 
par  M.  Regnault,  pour  déterminer  les 
principales  lois  physiques  et  lesdonnéesr 
numériques  qui  entrent  dans  le  calcul 
des  machines  à  vapeur.  4848,  in-8®. 

30«  Note  sur  un  ventilateur,  breveté 
en  faveur  du  sieur  Struve.  4849,  in-8''. 

34<*  Documents  relatifs  à  rétablisse- 
ment des  lignes  télégraphiques  en  Bel- 
gique (Commission  composée  de  MM. 
Quetelet,  président,  Caby  et  de  Vaux, 
secrétaire-rapporteur.  Mars  4858,in-8<». 

32»  Rapport  sur  les  tubes  indicateurs 
du  niveau  de  Teau  dans  les  chaudières 
à  vapeur.  Mars  4850,  in-8o. 

33*  Rapport  sur  un  appareil  de  sûreté 
pour  les  chaudières  à  vapeur,  inventé 
par  le  sieur  Dunn.  4850,  in-8«. 

34**  Rapport  sur  le  système  de  géné- 
ration de  vapeur  ûlipueumatosphérMaly 
de  M.  Teslud  de  Beauregard.  Août 
4854,in-8o. 


55«  Rapport  sur  les  ciments  de  Tour- 
nai, de  M.  Leschevin-Lepez  (Commis- 
saires :  MM.  de  Vaux,  Roget  et  Didier). 
4852,  in-8«. 

36*^  Notice  sur  le  régime  et  les  causes 
d'altération  des  eaux  potables  de  la 
ville  de  Bruxelles  et  de  la  banlieue.  45 
septembre  4852,  in-8*. 

37^  Statistique  des  mines,  minières, 
usines  minéralurgiques  et  machines  à 
vapeur  :  compte  rendu  des  deux  der- 
nières publications  du  Département  des 
travaux  publics  {Ann,  des  trav.  publics^ 
février  4855). 

N.  B.  C'est  dans  ce  receuil  qu'ont  été 
publiées  la  plupart  des  notices  men- 
tionnées ci-dessus. 

38°  Moyens  propres  à  soustraire  les 
ouvriers  mineurs  au  danger  d'asphyxie 
à  la  suite  des  coups  de  feu  (Ib.^  t.  XiV, 
juin  4855). 

30^  Note  sur  la  théorie  des  lampes 
de  sûreté.  Avril,  1860,  in-8^'. 

40°  Appareils  de  translation  des  mi- 
neurs dans  les  puits.  (Ann,  des  tr,  pu- 
blics, t.  XIX,  avril  4860). 

44o  Notice  sur  fa  saxifragine.  4863. 

42°  Notice  sur  la  division  de  l'aérage 
dans  les  mines  (RevueuniverselU,  4863). 

43''  Des  égoûts  considérés  au  point 
de  vue  de  la  salubrité  publique  (Com- 
munication au  Congrès  de  bienfaisance 
réuni  à  Bruxelles  en  4856).  Mai  4863. 

44°  Rapport  sur  l'Exposition  univer- 
selle de  Londres  en  4862.  Bruxelles, 
4863,  in -8°. 

45°  Jaugeage  et  frottement  des  cou- 
rants dans  les  mines  {Ann  des  tr*  publics 
t.  XXII,  oct.  4864). 

46°  Des  dégagements  instantanés 
de  gaz  dans  les  travaux  des  houillères 
r/^.  t.  XXllI,juin4865). 

i»umont  (Andbé-Hubert)  ,  né  à 
Liège  le  45  février  4809,  mourut  en 
cette  ville  le  28  février  4857.  Sa  vie  se 
résume  dans  la  poursuite  et  Faccomplis- 
semem  d'une  seule  idée;  Il  y  sacrifia 
jusqu'à  sa  santé,  mais  il  mourut  dans 
les  honneurs  du  triomphe.  Son  père 
Jean-Baptiste  et  son  oncle  Barthélémy 


217 


D€M 


318 


s'occnpaient  ensemble  de  chimie  indus- 
trielle (M  ;  ils  possédaient  en  outre  une 
belle  collection  de  spécimens  des  sub- 
stances minérales  du  pays.  C'est  en 
jouant  dans  leur  laboratoire  et  en  re- 
gardant curieusement  autour  de  lui  que 
le  jeune  André  reçut,  sans  y  prendre 
garde,  sa  première  éducation.  11  fré- 
quenta l'école  primaire  jusqu'à  Tâge  de 
douze  ans,  puis  ce  fut  tout  :  le  digne 
iean-BapUste  ne  voyait  pas  que  Tenfant 
eût  besoin  d'en  savoir  plus  que  lui- 
même;  d'ailleurs  il  le  destinait  au  com- 
merce^ André  ne  songeait  pas  à  l'ave- 
nir :  il  cultivait  des  fleurs,  composait 
des  herbiers,  dessinait  des  coquillages 
fossiles,  accompagnait  dans  les  dis- 
tricts charbonniers  son  père,  attaché 
au  corps  des  mines,  et  rentrait  chargé 
de  minéraux  et  de  fragments  4e  ro- 
ches, puis  se  mettait  au  piano  {>our  ré- 
jouir le  coeur  de  sa  mère  idolâtrée. 
Quand  il  eut  quinze  ans,  on  renvoya 
chez  des  parents,  à  Paris,  s'initier  aux 
opérations  du  négoce  ;  il  en  revint  plus 
passionné  que  jamais  pour  Tétode  de  la 
nature.  Déjà  s'étaient  révélées  ses  qua- 
lités d'observateur;  en  ailant  visiter 
les  mines  avec  son  père,  il  avait  fait 
des  remarques  sur  la  superposition 
des  roches,  il  avait  levé  des  pians  :  ce 
qui  sans  doute,  dit  M.  d'Oroalius  (*), 
développa  chez  lui  le  coup  d'œil  straii- 
graphique  qui  l'a  toujours  distingué. 
Le  27  janvier  4828,  âgé  de  48  ans,  il 
fut  nommé  arpenteur  et  géomètre  des 
mines.  La  pratique  ne  lui  fit  pas  oublier 
la  théorie  ;  insensiblement  même  le  be- 
soin de  ramener  à  des  données {((^nérales 
les  faits  qu'il  avait  observés  s'empara 
de  son  esprit  ;  il  en  sut  bientôt  autant 
qu'un  autre  en  géologie,  grâce  aux 
mémoires  de  M.  d'Oroalius  d'Halloy  et 
de  Brongniart,  et,  grâce  au  traité  de 
Haûy,  en  minéralogie  cristallographi- 
que  ;  mais  il  avait  encore  plus  étudié 
la  nature  que  les  livres ,  et  ce  fut  là  sa 


gloire  (*).  En  4828,  l'Académie  de 
Bruxelles  proposa  au  concours,  pour 
4830,  la  question  suivante  :  «  Faire  la 
»  description  géologique  delà  province 
»  de  Liège,  indiquer  les  espèces  miné- 
»  raies  et  les  fossHes  qu'on  y  rencontre, 
»  avec  l'indication  des  localités  et  la 
»  synonymie  des  noms  sous  lesquels  ces 
»  substances  déjà  connues  ont  été  dé- 
n  crites.  »  Dumont  ne  laissa  pas  échap- 
per l'occasion  :  il  parcourut  la  pro- 
vince pendant  six  mois,  sans  faire 
part  de  son  projet  à  personne,  puis 
soumit  à  l'Académie  un  mémoire  por- 
tant pour  épigraphe  :  a  On  ne  peut 
»  établir  avec  certitude  l'âge  relatif  des 
»  roches  primordiales  d'après  leur  in- 
»  clinaison.  »  MM.  d'Omalius,  Sauveur 
etCauchy  furent  nommés  rapporteurs; 
le  5  mai  4850,  la  médaille  d'or  fut  dé- 
cernée à  l'auteur.  Cependant  l'impor- 
tance et  surtout  la  nouveauté  des  con- 
sidérations émises  par  Dumont  frap- 
pèrent tout  particulièrement  M.  d'O- 
malins,  qui,  voulant  s'assurer  par  lui- 
même  si  le  concurrent  s'appuyait  sur 
des  découvertes  réelles,  ou  s'il  ne  s'a- 
gissait que  des  inventions  d'une  ima- 
gination ardente,  se  rendit  tout  exprès 
à  Liège.  L'éminent  académicien  fut 
très-surpris  lorsqu'on  lui  présenta,dans 
un  magasin  de  la  rue  Yinàve-d'Ile,  un 
tout  jeune  homme  o  qui  paraissait 
avoir  quinze  ans,  mais  qui  me  prouva 
bientôt,  dit-il,  qu'il  était  l'auteur  du 
mémoire  !  —  Je  lui  demandai  s'il  pou- 
vait me  conduire  dans  quelques  loca- 
lités ,  où  il  me  ferait  voir  la  preuve 
de  ses  assortions,  et  sur  sa  réponse 
affirmative,  nous  nous  rendîmes  dans 
la  vallée  de  la  Meuse  ,  au  Sud  de 
Liège  (*).  On  sait  que  c^tte  vallée  est 
bornée  par  des  pentes  rapides  et  éle- 
vées sur  lesquelles  il  y  a  des  chemins 
creux.  Dumont  me  montra  d'abord, 
dans  un  de  ces  chemins,  la  succession 
de  toutes  les  couches  qui  composent 


(*  )  Ils  firADt  les  premiers,  à  Liège,  des 
essais  sur  la  fsbricaiiOQ  du  sucre  de  bette- 
rave, pendant  le  blocos  continental.  Ils  s'ap- 
pliquèrent ensuite  avec  succès  à  la  prépa- 
ration de  falun  et  finirent  par  fonder ,  avec 
M.  le  clievalierT.  de  Laminne,  l'établissement 
d'Ampsin,  près  de  Buy.  —  V.  Payn.  André 
Dumoni,  «a  rie  et  ses  travaux.   Paris  et 


Liège,  4864,  in-8o,  p.  6. 

1  '  )  Notice  sur  A.  Dumont,  dans  V Annuaire 
de  tAcad,  roy,  de  Belgique,  année  4858, 

p. -ei. 

(  '  )  Nous  suivons  ici  pas  à  pas  Teicellent 
travail  de  H.  Fayn. 

{*)  Plus  exactement,  au  S.-O.;  il  s'agit 
des  environs  de  Chok.ier. 


219 


DUM 


220 


son  terrain  anthraxifère  ;  mais  il  s'agis- 
sait, pour  prouver  le  plissement,  de 
montrer  ces  couches  disposées  en  sens 
contraire,  et  cVst  ce  qu  il  annonçait  être 
visible  dans  un  chemin  voisin  ;  toute- 
lois,  comme  ces  chemins  ou  plutôt  ces 
ravins  se  ressemblent,  il  se  trompa  et 
nous  descendîmes  par  un  ravin  où  les 
éboulis  cachaient  la  strati  G  cation.  Le 
pauvre  jeune  homme  se  tiouva  dans 
une  position  désespérée  :  il  était  cer- 
tain de  sou  affaire,  mais  11  craignait  que 
je  ne  voulusse  pas  consentir  à  gravir 
de  nouveau  la  côte,  et  alors  son  tra- 
vail allait  être  signalé  à  rAcadémie 
comme  une  rêverie  ;  aussi,  quel  ne  fut 
pas  son  bonheur  lorsque  je  lui  propo- 
sai de  faire  une  nouvelle  ascension  ?  Je 
dois  dire  qu'il  m*a  toujours  conservé 
une  vive  reconnaissance  de  cette  dé- 
marche bien  naturelle  sans  doute, 
mais  qui,  disait-il,  avait  décidé  de  son 
avenir»  (').  Toutes  les  observations 
consignées  dans  le  Mémoire  étaient 
d'une  exactitude  minutieuse.  Dès  ce 
moment  Dumont  put  compter  sur  un 
ami,  sur  un  prolecteur  éclairé,  digne 
appréciateur  de  son  mérite. 

A  rétranger,  il  trouva  quelques  con- 
tradicteurs ei  en  revanche  de  chauds 
partisans.  Ses  divisions  furent  discu- 
tées ;  en  tin  de  compte ,  confirmées  par 
des  études  ultérieures,  elles  ont  acquis 
droit  de  cité  dans  la  science.  En  1855, 
la  Société  géologique  de  France  s  étant 
réunie  à  Mézières,  quelque  temps  avant 
le  Congrès  scientifique  de  Bonn ,  il  fut 
convenu  que  plusieurs  membres  de  la 
compagnie ,  tant  anglais  que  français , 
descendraient  la  vallée  de  la  Meuse  pour 
se  rendre  dans  cette  dernière  ville,  et 
s'arrêteraient  à  Huy  et  k  Chokier.  Du- 
mont, qui  allait  de  son  côté  entreprendre 
un  voyage,  résista  aux  instances  de  M. 
d'Omalius  ,  qui  aurait  voulu  qu'il  fut 
présent  lorsque  les  savants  étrangers 
traverseraient  le  pays.  M.d'Omalius  se 
chargea  lui-même  de  le  représenter,  et 
l'épreuve  fut  décisive.  Cinq  ans  plus 
tard ,  le  5  février  1840,  la  Société  géo- 
logique de  Londres,  sur  la  proposition 
de  MM.  Sedgwick  et  Filton,  décerna 


au  savant  belge  la  médaille  de  Wol- 
laston,quine  s'accorde  qu'aux  œuvres 
d'une  valeur  exceptionnelle. 

Dumont,  sur  ces  entrefaites,  ne  s'était 
pas  laissé  éblouir  par  son  triomphe 
académique.  Tout  en  abordant  de  nou- 
velles recherches  et  en  préludant  k  ses 
grands  voyages  ])ar  une  excursion  en 
Suisse  et  dans  les  volcans  éteints  de 
l'Eifel,  il  songeait  sérieusement  à  com- 
bler les  lacunes  de  son  éducation  pre- 
mière, du  moins  au  point  de  vue  des 
sciences  exactes  Sur  le  conseil  de  M. 
Gloesencr  et  de  Lemaire(v.  ces  noms), 
il  se  tit  inscrire  à  TUniversité  :  le  44  jan- 
vier 1855,  le  diplôme  de  docteur  en 
sciences  physiques  et  mathématiques  loi 
fut  décerné.  Il  était  depuis  plusieurs 
mois  membre  correspondant  de  l'Aca- 
démie ;  ce  titre  ne  l'avait  pas  empêché  de 
s'asseoir  sur  les  bancs.  Mais  déjà,  dans 
le  modeste  élève,  l'opinion  des  juges 
compétents  avait  proclamé  un  maître. 
Le  choix  de  M.  de  Theux,  qui  le  nom- 
ma le  5  décembre  i855  à  l'Université 
de  Liège,  en  qualité  de  professeur  ex- 
traordinaire, chargé  des  cours  de  mi- 
néralogie et  de  géologie,  fut  universel- 
lement approuvé  (*).  Ici  commence 
pour  Dumont  une  période  d'activité  fé- 
briWy  presque  surhumaine  :  les  travaux 
dont  il  va  bientôt  assumer  la  respon- 
sabilité suffiraient  k  eux  seuls  k  remplir 
la  vie  d'un  comité  de  savants  ;  il  ne  me- 
sure point  la  tâche,  il  marche  en  avant 
et  ne  s'arrête  jamais  ;  sa  ténacité  n*a 
d'égale  que  son  génie  obser>'ateur;  un 
secret  instinct  lui  dit  qu'il  est  appelé  à 
doter  sa  patrie  d'un  monument  impé- 
rissable ;  il  sacrifie  tout  à  ce  but  uni([ue 
et  succombe  bien  jeune  encore,  mais 
lomme  le  soldat  de  Marathon,  en  an- 
nonçant la  victoire  ! 

L'excellence  de  son  enseignement  ne 
contribua  pas  moins  que  ses  premiers 
travaux  scientifiques  k  consolider  et 
à  étendre  sa  réputation.  «  Le  jeune 
maître  fut  obligé  de  créer  pour  ainsi 
dire  un  cours  de  géologie,  où  ses  sa- 
gaces  obsenations  sur  notre  pays  ser- 
virent de  terme  de  comparaison  à  tout  ce 
qui  avait  été  fait  jusque  \k.  ^vec  quel  ta- 


{*)  D'Omalius,  p.  94-98,  note. 

(  '  )  Dumont  fut  promu  à  l'ordinariat  le  20 


septembre  i  841. 


2i1 


nuM 


2â3 


lent,  dès  le  début  de  son  enseignement, 
il  sait  définir  et  exposer  tous  les  points 
saillants  de  la  science!  Sa  jeunesse, 
sa  modestie,  la  grâce  de  son  visage, 
son  talent  consacré  par  un  grand  suc- 
cès, captivaient  rattention  de  ses  audi- 
teurs et  éveillaient  dans  leur  Ame  la 
plus  vive  sympathie  :  aussi  des  mar- 
ques de  bienveillance  accueillirent-elles 
chacune  de  ses  1eçons(  '  ).  »  Au  moment 
de  prendre  la  parole,  son  extrême  timi- 
dité influait  sur  son  débit; mais Tatten- 
tion  avec  laquelle  on  Fécoutatt  Tenhar- 
dissait  bientôt.  A  mesure  qu'il  s'échauf- 
fait, son  langage  devenait  plus  clair;  les 
fiûts  saisissants,  les  exemples  se  pré- 
sentaient à  propos  à  son  esprit; d'ail- 
leurs il  restait  toujours  simple  et  pré- 
cis, ne  se  noyait  jamais  dans  les  détails 
et  possédait  Tart  d'intéresser  toujours, 
soit  qu'il  exposât  les  formules  arides 
de  la  cristallographie,  soit  qu'il  abor- 
dât les  théories  séduisantes  de  la  géo- 
génie. Il  inoculait  pour  ainsi  dire  â 
ses  éièves,  avec  les  éléments  de  la 
science,  l'ardent  amour  du  progrès  et 
des  découvertes  qui  le  possédait  tout 
entier  ;  il  assurait  le  succès  de  leurs 
études  en  se  faisant  leur  ami ,  en  les 
emmenant  fréquemment  en  excursion. 
«  Nous  étions  tous  de  la  partie,  dit  M. 
Fayn  (*).  Dumonl  avec  sa  bienveillance 
accoutumée,  répondait  A  toutes  nos 
questions,  nous  initiait  à  la  manière 
d'observer,  de  rechercher  les  mystères 
que  récèlent  parfois  les  divers  terrains 
dans  leur  superposition.  Toujours  gai 
et  souriant,  il  savait  nous  communi- 
quer une  sérénité  qui  calmait  nos  las- 
situdes. On  marchait  quelquefois  dix 
heures  par  jour,  gravissant  les  mon- 
tagnes, côtoyant  les  ruisseaux,  se  per- 
dant à  travers  champs  sous  la  réverbé- 
ration d'un  soleil  d'airain!  N'importe  : 
le  contentement  était  général,  et  à  l'ap- 
proche de  la  nuit,  on  regagnait  la  ville 
prochaine  où  le  prévoyant  maître  avait 
fait  préparer  gite  et  nourriture.  Pen- 
dant qu'un  sommeil  réparateur  nous 
rendait  de  nouvelles  forces,  lui  veillait, 
rassemblant  ses  notes,  mettant  de 
Tordre  dans  ses  obsenalions.  C'est 


ainsi  qu'on  remontait  la  vallée  de  la 
Meuse ,  de  Liège  â  Givet ,  Mézières 
et  Charleville,  qu'on  parcourait  les  cal- 
caires de  Visé,  la  craie  de  Maestricht, 
les  sables  d'Aix-la-Chapelle,  les  pla- 
teaux des  Àrdennes  et  les  vallées  de 
l'Eifel,  du  Taunus  et  du  Hundsriick.  » 

Les  courses  de  Dumont  à  travers  le 
pays  n'eurent  pas  seulement  pour  but 
l'instruction  de  ses  élèves.  Le  gouver- 
nement ayant  résolu  de  faire  dresser  la 
carte  géologique  du  territoire  belge, 
l'auteur  du  Mémoire  sur  la  province  de 
Liège,  couronné  en  4830,  se  trouva 
tout  naturellement  l'homme  indispen- 
sable. Ses  délimitations  des  quatre  sys- 
tèmes du  terrain  anthraxifère  avaient 
été  proclamés  par  les  commissaires  de 
l'Académie  «  ce  qui  avait  été  fait  de 
mieux  en  ce  genre  dans  notre  pays  ; 
une  Coupe  des  terrains  primordiaux  de  la 
lieigiquej  entre  Funuty  et  Gembloux, 
publiée  en  1855  dans  \e&  Bulletins  de 
la  Société  géologique  de  France  ,  à  la- 
quelle Dumont  était  dès  lors  affilié, 
avait  confirmé  les  premières  inductions 
do  jeune  savant,  et  donné  de  nouveau 
la  mesure  de  son  talent  d'observation. 
Dumont  fut  au  comble  de  la  joie  quand 
un  arrêté  royal  du  ôl  mai  1856  le 
chargea ,  sous  les  auspices  de  l'Aca- 
démie ,  de  dresser  la  carte  géologique 
des  provinces  de  Liège,  du  Hainaut  et 
du  Luxembourg.  On  lui  accordait  seu- 
lement trois  ans  pour  accomplir  sa 
mission.  Non-seulement  il  assuma  c^tte 
lourde  responsabilité  ;  mais,  sur  sa  de- 
mande, le  25  septembre  de  l'année  sui- 
vante ,  il  reçut  autorisation  d'entre- 
prendre seul  la  c^irte  du  pays  tout  en- 
tier. Le  terme  fixé  d'abord  fut  prorogé 
d'un  an  C). 

Membre  titulaire  de  l'Académie  de- 
puis le  15  décembre  1856 ,  Dumont 
trouva  le  temps ,  tout  en  poursuivant 
ses  études  sur  le  terrain  dans  les  coins 
les  plus  reculés  du  pays ,  d'enrichir  les 
Mémoires  et  les  Bulletins  de  la  Compa- 
gnie des  résultats  de  ses  nombreuses 
découvertes.  Quant  au  délai  stipulé 
pour  l'achèvement  de  son  œuvre  prin- 
cipale, on  comprend  qu'il  fut  dépassé  * 


(')  Fayn,  p.  16. 
(•)  P.  4i. 


{»    Fayn,  p.  17. 


3^3 


nuM 


S24 


la  carte  de  la  Belgique  n'absorba  pas 
moins  de  seize  années  de  recherches 
assidues ,  et  l*on  a  même  peine  à  com- 
prendre comment  il  a  été  possible  à 
un  seul  homme,  d'une  constitution  frêle 
et  délicate,  de  mener  à  bonne  un  ce 
travail  d'Hercule.  Il  ne  s'a^ssait  pas 
ici  d'une  étude  de  cabinet:  il  fallait 
courir  les  montagnes ,  sonder  les  pro- 
fondeurs du  sol,  faire  quelquefois  mille 
kilomètres  à  pied  daios  une  seule  t^m- 
pagne,  en  toujs  sens,  pour  arriver  à  une 
pleine  Cfirtitude.  Ce  qui  soutint  Du- 
mont,  ce  fut  d'abord  la  force  de  sa  \o- 
lonté.  Ce  fut  ensuite  le  culte  ardent,  ex- 
clusif, désintéressé,  qu'il  avait  voué  à  la 
science;  enfin,  son  esprit  d'ordre  et 
d'exactitude,  et  par-dessus  tout,  le  ca- 
ractère vraiment  scientifique  de  la  mé- 
thode à  laquelle,  dès  son  début  dans  la 
carrière,  il  s'éuit  fait  une  loi  de  rester 
fidèle.  Il  se  dépouillait  de  tout  esprit 
de  système ,  s'attachait  k  l'observation 
de  chaque  fait  en  particulier,  vérifiait 
incessamment ,  par  des  observations 
nouvelles,  les  résultats  acquis  et  ne  s'ar- 
rêtait pas,  avant  que  les  faits  généraux 
ne  se  révélassent  pour  ainsi  dire  d'eux- 
mêmes,  lorsqu'il  en  venait  à  embrasser 
l'ensemble  de  ses  remarques.  Il  était 
par  instinct  disciple  de  Bacon  ;  nous 
disons  par  instinct,  parce  que  Dumont 
avait  peu  étudié  la  philosophie  ,  peu 
médité  même  sur  les  hautes  questions 
de  la  logique  scientifique.  Mais  dans 
.son  domaine,  il  se  trouvait  pleinement 
à  l'aise  :  une  rare  prudence  naturelle, 
un  coup-d'œil  stratigraphlque  éminem- 
ment perspicace,  une  indépendance  ab- 
solue à  l'égard  des  opinions  qu'il  n'a- 
vait point  contrôlées,  donnaient  à  ses 
prémisses  toute  la  précision  et  la  sin- 
cérité désirables,  à  ses  conclusions  une 
autorité  que  relevait  encore  sa  modes- 
lie.  Lorsqu'il  croyait  avoir  raison, 
d'ailleurs,  il  était  homme  à  épuiser 
un  débat  plutôt  que  de  céder,  témoin 
sa  discussion  avec  M.  de  KonincJi  sur 


la  valeur  du  caractère  paléontologique 
eu  géologie.  Dumont  pensait  que  «  les 
formes  organiques  sont  bien  moins  en 
rapport  avec  le  temps  qu'avec  les  con- 
ditions d'existence,  variables  à  diaqae 
épo<|ue  d'un  point  du  globeàl'aptre  ('). 
M  de  Koninck  partageait  au  contraire 
l'opinion  de  MM.  Âgassiz  et  d'Orbigny, 
c'est-à-dire  soutenait  qu'à  chaqueépoqne 
géologique  rx)rrespond  une  faune  spé- 
ciale. Une  note  Sur  la  valeur  du  caractère 
paléontologique  eu  géologie^  extraite  pour 
le  Bulleliu  de  l'Académie  d'un  discours 
prononcé  par  Dumont  le  5  mars  4847, 
à  Touverture  du  cours  de  géologie, 
mit  le  feu  aux  poudres.  Les  escar- 
moucbeâ  prirent  plusieurs  séances  ;  à 
la  fin  M.  de   Koninck ,  bien  que  non 
convaincu,  déclara  qu'il  lui  paraissait 
inutile  de  prolonger  le  débat.  Dumont 
retrouva  plus  d'une  fois  les  paléonto- 
logistes sur  son  chemin,  notamment  au 
sujet  de  l'argile  de  Boom  et  du  Lon- 
don-Clay,  qu'ils  rapportaient  à  la  même 
période  de  formation,  à  raison  de  la 
ressemblance  de  leurs  fossiles.  Pour 
le  même  motif,  ils  regardaient  comme 
équivalents  le  calcaire  grossier  et  le 
London-Clay,  et  concluaient  au  paral- 
lélisme de  l'argile  de  Boom,  du  cal- 
caire grossier  et  enfin  du  système  bru- 
xellien.  Dumont,au  contraire,  avait  été 
C4>nduit  par  ses  observations,dès  i859, 
à  reconnaître  que  l'argile  de  Boom  est 
supérieure  aux  sables  de  Bruxelles.  Dix 
ans  plus  tard,  il  donna  une  nouvelle  clas- 
sification des  terrains  tertiaires  etsépara 
les  sables  de  Bruxelles  des  argiles  de 
Boom  par  le  puissant  dépôt  des  sables 
de  Lethen  (qui  forment  la  base  du  sys- 
tème tongrien),  par  les  argiles  vertes 
de  Henis  et  par  les  sables  jaunes  de  la 
partie  inférieure  du  système  rupélien. 
(').  M.  d'Ârchiac,  dans  son  Histoire  des 
progrès  de  la  géologie  (t.  II,  2«  partie, 
p.   498),  se  rangea   ouvertement  du 
côté  des  adversaires  de  Dumont  et  pré- 
tendit que  les  conclusions  de  ce  der- 


(*)  Depuis  que  la  terre  est  habitable» 
dcriviiitril,  la  chaleur  solaire  a  toujours  eu 
assez  d'influence  pour  que  la  même  faune 
n'ait  jamais  pu  s'étendre  sur  toute  sa  sur- 
face ;  en  d'autres  termes,  il  y  a  toujours  eu, 
comme  h  présent,  des  faunes  différentes  h 


une  même  époque.  C'est  donc  à  tort  que  leii 
paléontologistes  considèrent  comme  syn- 
chroniques  les  dépôts  qui  présentent  les 
mêmes  faunes  sous  des  latitudes  différentes. 
(•)  Fayn,  p.  482.  —  V.  ci-après. 


238 


DUH 


236 


ni(?r  étalent  forces,  m^m^  sous  le  rap- 
port ntratigraphique.  Le  géologue  lié- 
geois recotmnença  ses  observations, 
passa  la  Manche  afin  d'étadier  par  lai- 
même  les  terrains  tertiaires  de  l'Angle- 
terre, et  n>ut  de  repos  que  quand  il 
pat  s^ppuyer  sur  des  faits  précis.  Il 
finit  par  Justifier  pleinement  sa  elassifi- 
cation,fiiém^  sans  le  rapport  paléontolo- 
dûjitte  ('  ).  Sa  note  Sur  la  position  géolo- 
gique de  FargUe  rupélienne,  en  réponse 
à  M.  d'Archiac,  est  un  travail  analy- 
tique des  plus  remarquables  ;  elle  fait 
vivement  regretter  que  Dumont  n*ait 
pas  eo  le  temps  de  traiter  en  détail  de 
la  constitution  des  terrains  tertiaires 
de  la  Belgique,  comme  il  se  Tétait  pro- 
posé dès  i839,  alors  qu'il  avait  formé 
le  projet  d'écrire  une  histoire  géolo- 
gique de  notre  pays  (■). 

Le  travail  capital  de  Dumont ,  ce- 
lui auquel  toutes  ses  études  se  ratta- 
chent par  des  liens  plus  ou  moins 
étroits,  doit  être  apprécié  d  trois  points 
«te  vue  différents.  D'abord  ce  serait 
se  tromper  étrangement  que  de  le 
réduire  aux  proportions  d'une  œuvre 
de  patience  :  la  carte  géologique  de 
Belgique  s'adresse  aux  savants  comme 
aux  industriels.  Les  rapports  adressés 
par  Dumont  à  l'Académie  sur  les  résul- 
tats de  ses  courses  attestent  qn1l  s'at- 
tachait non  seulement  h  constater  des 
faits,  mais  à  tirer  parti  de  ses  observa- 
tions pour  atteindre  une  intuition  ou 
une  démonstration  de  plus  en  plus 
claire  des  grandes  lois  de  la  nature. 


Tantôt  il  s'arrête  en  passant  sur  un 
point  spécial;  tantôt  11  généralise  et 
résume  sa  théorie.  11  annonce  à  l'Aca- 
démie, le  7  avril  1858,  la  découverte 
d'une  nouvelle  espèce  de  phosphate  fer- 
rique,  la  Delvauxine  (^)  ;  il  publie  un  an 
plus  tard ,  dans  les  Mémoires  de  la 
Compagnie,  ses  tableaux  analytiques 
des  minéraux  et  des  roches^  où  la  mé- 
thode naturelle  se  combine  heureuse- 
ment avec  l'analyse,  au  grand  profit 
des  élèves,  pour  qui  cette  classification 
a  été  surtout  dressée.  La  fin  de  chaque 
campagne  est  toujours  signalée  par 
quelque  découverte  ou  par  la  défense 
de  quelque  thèse  nouvelle.  Dans  son 
rapport  de  1K57.  il  démontre  que  les 
petites  vallées  qui  traversent  la  plaine 
de  Hesbaye  correspondent  à  des  failles, 
c'est-à-dire  qu'elles  doivent  leur  ori- 
gine à  des  dislocations  de  l'écorce  ter- 
restre et  non  à  de  simples  érosions  des 
eaux,  ainsi  qu'on  l'avait  supposé  jus- 
qu'alors (^).  En  1858,  il  fait  connaître 
la  nature  et  les  limites  du  dépôt  mo- 
derne dit  argile  d'Ostende,  qui  s'étend 
le  long  des  côtes  de  Flandre ,  depuis 
Anvers  jusqu'à  Dunkerque.  Nous  avons 
mentionné  ses  travaux  de  i859  sur 
les  terrains  tertiaires  (");  son  Mémoire 
de  184i,  sur  les  terrains  triasiques  et 
jurassiques  du  Luxembourg,  bien  que 
les  conclusions  en  soient  encore  con- 
testées, mérite  également  d'être  cité, 
comme  ne  devant  pas  rester  sans  in- 
fluence sur  la  solution  définitive  de  la 
question.  L'une  de  ses  œuvres  les  plus 


(*)  fMtf.,  p.  186. 

(*)  Ufid.  —  La  synihôse  des  vues  de  Do- 
noDl  à  cet  égard  est'expoaëe  par  M.  Fayn, 
daos  les  pages  suivantes,  avec  beaucoup 
de  clarté,  d'après  les  leçons  du  maître  et 
de  précieuses  notes  manuscrites  trouvées 
dans  ses  papiers. 

(')  En  l'honneur  du  chimiste  Del  vaux  (v. 
ce  nom),  qui  détermina  le  premier  ce  mi- 
néral, signalé  à  Bernean,  lez-VJsë,  dès  4793, 
par  Dumont  père. 

{*)  D'Omalius,  p.  96. 

(')  On  a  désapprouvé  sa  nomenclature, 
empruntée  aux  noms  des  localités  belges  : 
terrain  Landénien,  terrain  Bruxellien,  Ton- 
yrieriy  Ùiestien,  etc.  Les  Français  et  les  An- 
glais Font  repousséo;  elle  a  été  mieux  ac- 
cueillie en  Allemagne,  sans  doute  parce  que 


les  terrains  tertiaires  de  Belgique  ont  plus 
d'analogie  avec  o*jux  de  ce  pays  qu'avec  ceux 
de  France  et  d'Angleterre,  doul  ils  sont  ce- 
pendant plus  voisins.  11  faut  dire  que  Du- 
mont s'était  trouvé  embarrassé  de  faire  con- 
corder ses  divisions  avec  celles  qui  étaient 
déjà  adoptées  dans  d'autres  contrées.  On 
lui  a  reproché  l'abus  des  subdivisions  :  dans 
les  descriptions  locales,  dit  très^bien  M. 
d'Omaliu8,on  n'en  saurait  trop  admettre. 
Aux  hommes  qui  s'occupent  de  travaux  plus 
généraux,  de  réduire  le  nombre  des  groupes  ; 
l'essentiel  est  que  les  membres  d'une  même 
division  se  rangent  bien  et  dûment  dans  le 
même  groupe;  or,  sous  ce  rapport,  personne 
ne  s'est  encore  plaint  de  la  classification  de 
Dumont. 


\ 


227 


nUM 


228 


importantes  est  le  Mémoire  sur  les  ter- 
rains ardenfuns  et  rhénans,  honoré  du 
prix  quinquennal  des  sciences  en  4854, 
avec  les  travaux  de  MM.  de  Koninck  et 
Van  Beneden.Nous  laissons  la  parole  k 
M.  d^Omalius  :  «  La  partie  la  plus  an- 
cienne du  sol  belge  appartient  à  un 
grand  massif,  qui  s*étend  depuis  TEs- 
caut  jusqu'à  la  Diemei,  et  qui  a  été  long- 
temps désigné  sous  les  noms,  trop 
vagues  ,  pour  la  géologie  actuelle ,  de 
formation  du  Thonschiefer  ou  de  ter- 
rain ardoisier,  sans  que  Ton  fût  par- 
venu à  établir  de  bonnes  divisions. 
Dumont  lui-même,  avec  son  coup  d*œil 
perçant,  s'y  était  déjà  essayé  sans  ob- 
tenir un  résultat  satisfaisant.  Mais  il 
présenta  à  l'Académie  ,  en  18i7  et 
1848,  deux  grands  Mémoires  qui  de- 
vaient former  les  deux  premiers  cha- 
pitres de  l'explication  de  la  Carte  géo- 
logique, et  dans  lesquels  il  divisait  les 
dép6t8  dont  il  s'agit  en  deux  groupes, 
sous  les  noms  de  terrain  ardennais  et 
de  terrain  rhénan.  Ces  groupes  com- 
prenaient eux-mêmes  six  systèmes  que, 
fidèle  à  ses  principes  de  nomencla- 
ture (  '  ),  Dumont  désignait  par  les  épi- 
thètes  de  Deviîlien,  Révinien,  Salmien, 
Gedinnien,  Coblenzien  et  Ahrien.  Cet 
immense  travail  est  demeuré  jusqu'à 
présent  le  dernier  mot  de  la  science, 
et  n'a  pas  encore  été  contredit  dans  au- 
cun de  ses  détails.  »  —  A  mesure  que 
notre  géologue  étendait  le  champ  de 
ses  recherches ,  il  se  préoccupait  da- 
vantage, ainsi  qu'on  Ta  indiqué,  des 
grandes  théories  scientifiques.  Nous 
citerons  notamment  l'application  qu'il 
fit,  en  1852,  de  la  théorie  des  soulève- 
ments lents  à  la  description  des  ter- 
rains supérieurs  de  la  Belgique,  dépo- 
sés presque  toujours  horizontalement, 
et  dans  lesquels  la  ressemblance  des 
caractères  paléonlologiques  et  minéra- 
logiques  rendait  indiscernable  la  suc- 
cession des  époques.  La  géométrie, 
selon  Dumont,  peut  conduire  à  des  ré- 
sultats presque  aussi  certains  que  l'ob- 
servation de  la  continuité  des  couches. 
Tous  les  phénomènes  de  la  nature  ont 
leur  continuité;  les  violentes  révolutions 


du  globe  sont  annoncées  par  des  mou- 
vements insensibles  dont  elles  peuvent 
bien  n'être  qu'un  maximum,  et  qui  se 
prolongent  encore  après  la  crise.  Ces 
mouvements  lents  ne  se  sont  pas  étendus 
sur  des  espaces  aussi  considérables  que 
les  soulèvements  brusques  ;  néanmoins, 
en  mainte  circonstance,  il  est  possible 
de  reconnaître,  sur  plusieurs  centaines 
de  lieues,  des  traces  non  équivoques  de 
leur  passage.  «  Or,  lorsqu'en  des  loca- 
lités différentes,  on  constate  que  divers 
mouvements  lents  se  sont  succédé  dans 
le  même  ordre,  en  présentant  les  mê- 
mes circonstances,  on  peut  souvent  en 
conclure  qu'ils  ont  été  produits  simul- 
tanément ;  que  l'élévation  ou  l'abaisse- 
ment constaté  en  un  point  correspond 
à  l'élévation  ou  à  l'abaissement  obser- 
vé dans  l'autre  ;  que  les  mouvements 
qui  ont  eu  lieu  d'un  côté  d'un  axe  d'os- 
cillation sont  corrélatifs  aux  mouve- 
ments en  sens  inverse  qui  se  sont  ma- 
nifestés de  l'autre ,  et  que  par  consé- 
quent les  couches  qui  se  seront  dépo- 
sées de  part  et  d'autre  pendant  les 
mouvements  simultanés  sont  contem- 
porains, quelles  que  soient  d'ailleurs 
les  différences  minéralogiques  ou  pa- 
léontologiques  qu'elles  peuvent  pré- 
senter »  (').  Cette  méthode  conduisit 
notre  géologue  à  établir  que  le  sol  de 
la  Belgique,  pendant  la  formation  des 
couches   landéniennes   (éocène   infé- 
rieur) ,  s'était  successivement  abaissé 
par  rapport  à  l'Océan,  et  que,  pendant 
l'époque  yprésienne  (éocène  moyen), 
le  sol  avait  éprouvé  un  double  mouve- 
ment ascensionnel  et  de  bascule  jusqu'à 
la  fin  de  l'époque  tongrienne  (éocène  su- 
périeur) ;  que,  d'autre  part,  c^s  mouve- 
ments s'étaient  répétés  avec  une  grande 
similitude  en  Angleterre  et  en  France. 
A  l'époque  de  la  formation  landénienne, 
abaissement  du  sol  et  couches  en  dé- 
bordement; à  l'époque  de  la  déposition 
des  argiles  de  Londres  et  d'Ypres, 
mouvement  ascensionnel ,  compliqué 
d'un  mouvement  simultané  de  bascule. 
Dumont  put  reconnaître,  sur  le  terrain 
même,  les  résultats  de  ces  deux  der- 
niers mouvements,  dont  le  premier 


(*)  V.  la  note  prëcddente. 


(  *}  Dumont  [Bulletin  de  fAead,,  t.  XIX), 
ap.  Fayn,  p.  490. 


229 


DUM 


230 


reslreignit  les  limites  des  bassins,  tan- 
dis que  le  second  en  déplaça  le  centre, 
cVst-à-dire  le  point  le  phis  bas  ;  de  là 
les  différences  importantes  qu*on  re- 
marque dans  les  formations  tertiaires 
de  la  Belgique,  du  Nord  de  la  France  et 
de  FÂngleterre,  à  Tépoque  tongrienne. 
«  Pendant  que  le  mouvement  reculait 
vers  le  Nord  les  limites  des  mers  de  la 
Belgique  et  mettait  à  sec  le  bassin  de 
Londres,  il  déplaçait,  vers  le  sud,  le 
centre  géologique  des  bassins  de  Paris 
et  du  Hampshire  et  transformait  enfin 
ces  bassins  marins  en  lacs.  Un  abais- 
sement général  ramena,  comme  on  Ta 
vu,  les  eaux  marines  dans  le  bassin  de 
Paris,  phénomène  pendant  lequel  se 
déposèrent  d'un  coté  les  marnes  ma- 
rines et  les  sables  de  Fontainebleau, 
et  de  Tautre,  les  argiles  à  Cyrena  se- 
mntrUita  de  Tétage  supérieur  du  sys- 
tème tongrien  et  les  sables  inférieurs 
du  système  rupélien  »  (M.  C'est  ainsi 
que  les  problèmes  ardus  de  la  géogno- 
sle  étalent  ramenés  par  Dumont  à  des 
problèmes  de  dynamique  et  de  géomé- 
trie :  il  parlait  tout  simplement  de  la 
loi  de  gravité,  en  vertu  de  laquelle 
tous  les  dépôts  sédlmentaires  doivent 
se  disposer  en  séries  horizontales  suc- 
cessives, d'après  Tordre  des  phéno- 


mènes. Il  demandait  Tâge  d'un  massif 
à  la  plac^;  qu'il  occupe,  à  la  disposition 
de  ses  parties,  à  la  direction  des  mou- 
vements de  sa  formation,  laquelle  sub- 
siste malgré  les  dislocations  des  cou- 
ches et  se  vérifie  par  le  caractère  même 
de  ces  dislocations.En  procédant  ainsi, 
Dumont  ne  faisait  que  tirer  de  nou- 
velles conséquences  des  prémisses  qui 
l'avaient  conduit,  dès  l'âge  de  vingt 
ans,  à  une  découverte  stratigraphique 
de  premier  ordre,  et  qui  plus  tard  lui 
firent  a  débrouiller  tontes  les  difficultés 
de  l'Ârdenne  »  (•). 

Si  la  confection  de  la  Carte  géologi- 
que de  la  Belgique  a  fourni  à  Dumont 
1  occasion  de  rendre  d'éminents  services 
à  la  science,  l'œuvre  elle-même,  heu- 
reusement accomplie .  constitue  pour 
l'industrie  nationale  un  trésor  non 
moins  précieux.  Un  juge  compétent  (') 
n*hésite  pas  à  déclarer  que  telle  est 
l'exactitude  des  observations  de  Du- 
mont, que  ses  cartes  resteraient,  même 
si  l'on  en  changeait  la  nomenclature  et 
le  groupement  des  éléments  qui  y  sont 
établis.  M  d'Archiac  a  reproché  au 
géologue  belge  de  n'avoir  presque  point 
donné  de  coupes  de  terrains  dans  ses 
Mémoires  descriptifs  (*);  le  fait  est 
que  cette  allégation  est  peu  fondée  et 


(*)  Damont,  ibid. ,  p.  45;  ap.  Fayn , 
p.  191. 

(  *  )  Discours  de  M.  Lâchât,  4856  (v.  ci- 
après). 

(  *)  M.  Trasenstcr.  —  M.  Dewalque  (v.  ce 
nom),  en  modiflanl  à  certains  égards  la 
classincation  de  Dumont,  dit  de  son  côté 
que  ces  changemonts  ne  font  que  consacrer 
les  idées  générales  de  riUiistre  auteur,  en 
leur  donnant  tout  leur  développement  et  en 
montrant  avec  quelle  facilité  elles  se  plient 
à  suivre  les  inévitables  progrès  de  la  science 
[BuiL  Acad.,  S«  série,  t.  Xi,  n»  i),  M.  De- 
walque s*cst  fait  un  devoir,  dans  la  notice 
que  nous  citons  (sur  le  syttème  eifélien  du 
Condroz),àe  répondre  péremptoirement  il  un 
ingëoieur  qui  reprochait  à  Dumont  d'avoir 
oublié,  dans  sa  petite  carte ,  une  petite 
bande  de  calcaire  au  sud  de  Limbourg.  Du- 
mont n'était  pas  infaillible  ;  mais  ses  obser- 
vations sont  toujours  scrupuleusement  sin- 
cères et  d'une  merveiUeuse  exactitude.  V. 
Fayn,  p  98  et  suiv. 

{*)  Hist»  des  progrès  de  la  géologie, 
t.  VIII,  p.  70.  -^  C'est  ici  qu'il  convient  de 


dire  quelques  mots  de  la  Carte  minière  de  la 
Belgique,  précieux  complément  des  recher- 
ches de  Dumont  (v.  l'art.  Dp.  Vaux).  Un  ingé- 
nieur au  courant  de  ce  grand  travail  a  bien 
voulu  nous  communiquer  la  noie  suivante, 
que  nous  nous  empressons  de  mettre  sous 
les  yeux  du  lecteur  : 

<  N'oublions  pas  que  Dumont  avait  été 
géomètre  des  mines  avant  de  se  révéler 
comme  le  lumineux  interprète  de  Tun  des 
problèmes  les  plus  ardus  et  les  plus  com- 
plexes que  la  nature  ait  offert  à  la  spécula- 
tion humaine. 

»  C'est  sans  doute  ii  celte  circonstance,  et 
gr&ce  au  concours  dévoué  de  plusieurs  di- 
recteurs de  charbonnages,  que  nous  devons 
le  premier  essai  sur  l'allure  et  la  synonymie 
des  couches  du  bassin  de  Liège. 

»  Quelque  incomplet  que  devait  être  un 
travail  accompli  dans  un  temps  relativement 
très  court,  Dumont  y  a  laissé  un  témoignage 
de  plus  de  sa  haute  intelligence ,  de  son  es- 
prit de  méthode  et  de  cette  espèce  de  devi- 
nation  propre  au  génie  ;  car,  il  convient  de 
le  remarquer,  son  aptitude  naturelle  était  ici 


231 


DUM 


S3â 


que  les  descriptions  de  Dumont  ont 
toute  la  clarté  désirable,  à  ce  point  que 
le  lecteur  peut  généralement  recon- 
struire la  figure.  DViUenrs,  nombre  de 


coupes  ont  été  publiées,  et  enfin,  avant 
de  porter  un  jugement  définitif,  il  faut 
attendre  que  M.  Dewalquc  ait  mis  au 
jour  les  notes  laissées  par  son  maître. 


tenue  en  échec  par  l'Impossibilité  d*observer 
directement  l'ordre  de  succession  de  toutes 
les  couches  de  houille. 

»  Son  Mémoire  sur  la  constitution  géolo- 
gique de  la  province  de  Liège  a  été  souvent 
consulté. 

»  Malheureusement,  l'échelle  réduite  do  la 
carte  qui  l'accompagne  et  le  manque  de  ren- 
seignements sur  la  position  des  couches  en 
profondeur,  n'ont  pas  permis  aux  ingénieurs 
et  aux  exploitants  des  mines  d'en  retirer  tout 
le  fruit  qu'ils  pouvaient  espérer. 

>  Toutefois,  les  jalons  qu'il  a  posés  n'ont 
pas  été  perdus  et,  comme  le  dit  M.  Fayn  dans 
son  excellent  ouvrage  sur  la  vie  et  les  tra 
vaux  de  Dumont,  «  ils  ont  servi  de  point  de 
»  départ  à  toutes  les  études  nouvelles  entre- 

>  prises  de  nos  jours  sur  le  raccordement 

>  des  diverses  couches  de  houille  dans  la 
»  province  de  Liège.  * 

>  Sur  l'initiative  et  à  la  suite  des  vives 
instances  de  feu  M.  de  Vaux ,  inspecteur- 
général  des  mines,  le  Gouvernement  a  dé- 
crété la  confection  d'une  carte  générale  des 
mines  du  pays  ('). 

»  Un  spdcimcn  de  cette  carte,  comprenant 
l'important  groupe  houiller  de  Seraing,  a 
figuré  à  l'Exposition  universelle  de  Paris  on 
^1867.  Les  hommes  compétents  ont  eu  ainsi 
l'occasion  d'apprécier  la  valeur  et  les  bases 
de  ce  travail. 

»  La  carte  est  dressée  à  une  échelle  sufll- 
sante  (i  à  5000)  pour  renseigner  toutes  les 
circonstances  de  gisement  qui  peuvent  inté- 
resser le  mineur.  Elle  fait  connaître  le  mou- 
vement de  toutes  les  couches  de  houille 
exploitables,  non  par  un  simple  trait  comme 
il  a  été  pratiqué  jusqu'à  ce  jour,  mais  au 
moyen  d'une  tranche  horizontale  d'une  cer- 
taine épaisseur.  Par  une  heureuse  applica- 
tion des  projections  cotées,  ce  système  per- 
met de  suivre  les  mouvements  les  plus 
compliqués,  les  failles  et  les  dérangements 
dont  les  couches  sont  affectées,  et  laisse  en 
quelque  sorte  deviner  leur  allure  en  profon- 
deur (»). 

9  La  tranche  choisie  pour  le  bassin  de 
Liège  a  une  hauteur  verticale  de  cinquante 
mètres,  comprise  entre  i40  et  i90  mètres 


sous  le  niveau  de  la  mer  à  Ostende.  C'est 
celle  qui  correspond  en  moyenne  k  l'exploi- 
tation actuelle  et  qui  présente  par  conséquent 
le  plus  grand  intérêt  pour  le  moment. 

>  La  base  réelle  du  travail  consiste  dans 
une  série  de  coupes  verticales,  très-rappro- 
chées  les  unes  des  autres,  sur  toute  l'étendue 
du  bassin  et  suivant  des  plans  généralement 
parallèles. 

»  Ces  coupes  donnent  la  conflguration  du 
terrain  houiller  à  toute  profondeur  et,  si  on 
le  désire,  le  tracé  immédiat  d'une  carte  gé- 
nérale à  un  niveau  quelconque.  Elles  per- 
mettent aussi  de  connaître  la  position  pro- 
bable des  couches  de  houille  dans  une  tranche 
déterminée  de  terrain  destinée  à  l'exploita- 
tion. Sous  ce  rapport,  la  carte  qui  s'exécute 
rendra  les  plus  grands  services  aux  exploit 
tants,  car  ils  seront  fixés  d'avance  sur  la 
direction  k  donner  aux  travaux  prépara- 
toires, sUr  les  obstacles  k  vaincre  et  sur  la 
durée  de  Texploitation  proposée. 

»  On  conçoit  facilement  les  difficultés  et 
les  lenteurs  de  ce  travail,  qui  réclame  le 
dépouillement  de  tous  les  plans  et  docu- 
ments relatifs  aux  travaux  de  mines,  la  re- 
cherche des  anciens  travaux  signalés  par  la 
tradition  ;  de  plus,  des  opérations  géodési- 
ques  très-délicates,  des  visites  souterraines 
fréquentes  et  laborieuses  ;  enfin,  des  études 
et  des  essais  sur  le  mouvement  probable  des 
couches  dans  les  territoires  inexplorés,  soins 
capables,  à  eux  seuls,  de  lasser  la  patience 
d'un  Bénédictin. 

>  On  peut  alTirmer  que,  de  son  vivant, 
Dumont  eût  applaudi  à  l'exécution  d'une 
Carte  générale  des  mines  de  Belgique,  puis- 
qu'on lit  dans  son  Mémoire  précité,  page 
â09  :  «  L'étude  des  mouvements  que  font  les 

>  couches  de  houille  est  de  la  plus  haute  im- 

>  portance  pour  la  géologie  de  la  province 
»  de  Liège,  en  ce  qu'elle  jette  un  grand  jour 
»  sur  la  disposition  de  toutes  nos  roches 
»  primordiales  et  sert  à  déterminer  leur  âge 
»  relatif.  »  Or.  celte  vérité  est  surtout  appli- 
cable au  bassin  houiller  du  Hainaut,  recou- 
vert sur  une  grande  étendue  par  des  dépôts 
puissants  de  terrains  plus  récents,  qui  le  dé- 
robent aux  investigations  du  géologue.  » 


(*)U.J.VflnScfaerpeQzeelTbiffi,  âgrégëà  rCnîrer- 
ffité  ileUége  et  inçëuienr  principal  des  mines.a  été 
chargé  de  ce  iterTice,  aoquel  est  adjoint  M.  Fingé- 
Dieur  ordinaire  des  mines  R.  Halberiie. 


(*)  U.  le  professear  J.  P.  Schmit,  dans  son  Cours 
de  géométrie  descriptive  en  Toie  de  pnblicatton ,  a 
fait  ressortir  les  ressources  que  présente  cette  mé  • 
thode  pour  la  représentation  des  sarfates  géolo- 
giqoe». 


S33 


DUM 


234 


La  précision  des  études  de  Domont 
peut  être  appréciée  par  Texemple  sui- 
vant :  a  Le  ministère  des  travaux  publics 
ayant  alloué  des  fonds  pour  faire  dans 
la  station  de  Hasselt  un  essai  de  puits 
artésien  jusqu'à  100  mèt.de  profondeur, 
notre  géologue  fut  consulté  sur  le  suc- 
cès plus  ou  moins  prochain  de  cette 
enU'eprise.  On  était  arrivé  à  la  limite 
fixée  par  le  Gouvernement.  Dumont, 
sur  Tinspection  des  échantillons  qui 
lui  furent  envoyés,  engagea  le  ministre 
à  continuer  Fessai  au  moins  jusqu'à  la 
première  couche  aquifère.  Les  fonds 
furent  accordés  et ,  à  la  limite  des 
marnes  beersiennes,  on  trouva  la  cou- 
che giauconieuse  et  aquifère  cherchée  : 
en  une  nuit,  les  eaux  jaillirent  à  plus 
de  trois  mètres  au-dessus  du  sol.  La 
connaissance  géologique  de  notre  pays, 
que  Dumont  possédait  jusque  dans  ses 
plus  minutieux  détails,  lui  avait  fourni 
la  solution  d'une  des  plus  belles  ques- 
tions d'hydrographie  souterraine  qui 
puisse  intéresser  la  science  de  Tingé- 
nieur  »  ('  ).  L'utilité  pratique  des  cartes 
de  Dumont  est  aujourd'hui  de  plus  en 
plus  appréciée.Elles  évitentd'abord  des 
mécomptes  à  l'industrie  charbonnière, 
en  indiquant  les  limites  exactes  de  nos 
bassins  houillers,  aussi  bien  dans  les 
parties  oii  ces  limites  sont  cachées  sur 
des  dépôts  superficiels  que  là  où  elles 
sont  découvertes  :  hors  de  là,  les  ex- 
plorations pour  trouver  de  la  houille 
seraient  inutiles.  D'autre  part,  ^ioute 
M.  Fayn,  la  recherche  des  filons  de 
zinc,  de  plomb,  de  fer,  ne  pourra  se 
poursuivre  que  dans  une  certaine  di- 
rection ,  rendue  facile  par  la  délimita- 
tion exacte  des  diverses  bandes  qnar- 
tzo-schisteuses  et  calcaires  du  terrain 
anthraxifère.  En  consultant  la  carte 
géologique,  l'ingénieur  et  l'entrepre- 
neur de  travaux  publics  connaîtront  la 


nature,  la  cohésion  et  la  dureté  des 
teiTains  à  entamer  pour  la  construction 
d'un  ouvrage  d'art  quelconque  ;  l'en- 
trepreneur de  puits  artésiens  saura 
quels  sont  les  points  où  il  peut  obte- 
nir de  l'eau  jaillissante;  l'architecte 
pourra  trouver  des  matériaux  de  cons- 
truction ,  des  pierres  à  chaux ,  etc. 
Enfin  le  pays  y  trouvera  l'amélioration 
de  son  sol  cultivable,  par  l'emploi  bien 
entendu  des  amendements,  et,  comme 
corollaire,  l'augmentation  de  ses  ri- 
chesses territoriales  (*). 

Dumont  s'est  beaucoup  occupé  des 
rapports  de  la  géologie  avec  l'agricul- 
ture ;  c'est  là  le  troisième  point  de  vue 
sous  lequel  il  convient  de  considérer  la 
Carte  géologique.  Notre  observateur 
reconnaissait  en  Belgique  sept  zones 
géologico-agricoles  :  VArdenne  aride , 
quartzeuse  et  schisteuse,  qui  a  besoin 
d'être  amendée  par  la  chaux  ;  au  sud, 
une  petite  contrée  se  rattachant  géolo- 
giquement  à  la  Lorraine,  par  les  terrains 
jurassique  et  triasique  :  les  céréales  sur 
le  calcaire,  les  pâturages  sur  l'argile , 
les  sables  infertiles  ;  puis  le  Candroz, 
dont  les  bandes  alternativement  quartzo- 
schisteuses  et  calcareuses appartiennent 
au  terrain  anthraxifère  et  présentent 
une  végétation  brillante  ici.  là  maigre 
et  chétive  comme  en  Famène,  si  le 
quartzoschiste  n'est  désagrégé  et  amen- 
dé ;  la  Hesbaye  argileuse ,  embrassant 
toule  la  zone  du  limon  hesbayen  depuis 
la  Meuse  jusqu'à  Ypres,  Audenarde, 
Âlost ,  Vilvorde  .  terre  fertile  entre 
toutes  ;  la  Campine  plate ,  sableuse  et 
stérile  ;  entre  Furnes  et  Anvers,  une  zone 
d'argile  moderne,  parfaitement  horizon- 
tale, pays  de  riches  prairies  ;  enfin,  le 
long  des  côtes,  les  sables  mouvants  des 
dunes,  non  encore  appropriés  à  la  cul- 
ture. Dans  un  de  ses  rapports  à  l'Aca- 
démie, Dumont  posait  des  règles  et 


(  '  )  Dumont  s'occupa  aussi,  pour  la  villa 
de  Liège,  de  la  recherche  d'eaux  souter- 
raines (ISSi)  et  proposa  une  solution  re- 
marquable. Le  plan  adopté  et  exécuté  dopais 
est  dû  à  son  neveu,  M.  Tingénieur  Gustave 
Dumont.  L'auteur  de  la  carte  géologique  nous 
apprend,  dans  son  rapporta  la  ville  de  Liège, 
qu'il  s'occupait  d'un  vaste  travail  intitulé  : 
ikl'exiU€nc€et  de  la  forme  d^diven  bassins 


hydrographiques  souterrains  de  la  Belgique, 
Cet  ouvrage  est  resté  manuscrit.  V.  Fayn, 
p.  Si  et  S3. 

(  *  )  Fayn,  p.  i8.  On  fait  ici  allusion,  ea- 
tr'autres,  aux  sondages  exécutés  en  Campine, 
sous  la  direction  de  Dumoni,  pour  déterminer 
la  profondeur  des  couches  argileuses  qui 
peuvent  être  employées  à  l'amélioration  du 
sol  de  cette  contrée. 


235 


DUH 


236 


formulait  des  conclusions  positives.»  Le 
sable  est  très-mobile,  disait-il,  Targile 
pure  trop  plastique,  le  calcaire  trop 
actif,  pour  constituer  isolément  une 
bonne  terre  végétale  ;  mais  le  sable  peut 
devenir  fertile,  s'il  est  amendé  par  des 
matières  argileuses  ;  Targile,  au  con- 
traire, demande  à  être  amendée  par  des 
substances  calcaires;  enfin,  les  sols 
argilo-sableux  qui,  en  général,  ont  peu 
d'action  chimique  sur  les  matières  or- 
ganiques, forment  d'excellentes  terres 
végétales  lorsqu'ils  sont  amendés  par 
des  substances  actives,  telles  que  la 
chaux,  le  plâtre,  etc.  (')»  Ainsi  les 
diverses  bandes  Sableuses  de  la  région 
triasique  et  jurassique  peuvent  être  amé- 
liorées l'une  par  l'autre  ;  la  zone  ardcn- 
naise,  exposée  à  des  vents  froids,  a 
besoin  de  chaux  ;  les  bandes  quartzo 
schisteuses  du  Condroz  seront  amendées 
au  moyen  de  la  chaux  provenant  des 
bandes  calcareuses  voisines;  en  lles- 
baye,  on  emploiera  le  calcaire  qui  se 
trouve  à  peu  de  profondeur  dans  les 
terrains  crétacés  et  tertiaires  ;  dans  la 
zone  sableuse,  on  aura  recours  à  l'ar- 
gile et  à  des  matières  exerçant  une 
action  chimique  sur  les  substances  or- 
ganiques, etc.  Entre  Thourout  et  Aellre, 
par  exemple,  on  rencontre  parfois  l'ar- 
gile à  moins  d'un  mètre  de  profondeur. 
Mais  pour  produire  avec  discernement 
les  améliorations  signalées,  il  faut  con- 
naître la  nature  du  sous-sol  comme  celle 
du  sol,  il  faut  connaître  la  nature  des 
roches  sur  lesquelles  repose  la  terre 
cultivable.  L'utilité  des  cartes  géolo- 
giques saute  aux  yeux:  pour  chaque 
localité,  elles  indiquent  où  il  est  pos- 
sible, où  il  convient  d'aller  chercher 
les  amendements,  etc.  etc. 

Dumont  fit  paraître  en  novembre 
i849  un  résumé  de  ses  recherches.  La 
Carte  géologique  de  la  Belgique  et  des 


contrées  voisineSf  représentant  les  ter- 
rains qui  se   trouvent  au-dessous  du 
limon  hesbayen  et  du  sable  campinien, 
en  une  seule  feuille,  eut  un  énorme 
succès  et  fit  prévoir  ce  que  serait  le 
grand  travail  dont  elle  annonçait  l'appa- 
rition prochaine.  Le  jury  de  l'Exposi- 
tion de  Paris  en  loua  la  netteté  et  la 
déclara  très-utile  à  consulter,  o  par  les 
relations  qu'elle  établit  entre  les  forma- 
tions contemporaines  de  France,  de 
Belgique  et  des  provinces  rhénanes,  n 
(*).  Enfin  la  publication  de  la  grande 
Carte  géologique  de  la  Belgique^  en 
1853,  vint  mettre  un  terme  à  l'impa- 
tience du  monde  scientifique.  Cette  carte, 
réduction  en  9  feuilles  de  la  grande 
Carte  topographique  de  Van  der  Maelen 
(*)  est  à  l'échelle  de  1/160,000.  Elle 
fut  suivie,  en  1856,  d'une  carte  du  sous- 
sol,  libellée  comme  la  petite  carte  d'en- 
semble, mentionnée  tout  à  Theure,  et  qui 
fip;ura  manuscrite,  des  1855,  à  l'Expo- 
sition universelle  de  Paris.  Le  grand 
édifice  était  achevé,  la  synthèse  était 
formulée.  Néanmoins, on  nesauraittrop 
regretter,  avec  M.  Trasenstcr,  que  le 
temps  ait  manqué  à  Dumont  pour  publier 
tous  les  Mémoires  qni  devaient  servir 
de  description  aux  terrains  de  la  Bel- 
gique. »  Le  temps  lui  a  manqué  aussi 
pour  donner  le  résumé  des  lois  qui  re- 
lient ces  observations,  la  conclusion 
qui  éclaire  tous  les  faits  et  que  ses 
élèves  seuls  possèdent  en  grande  partie. 
Dumont,  dédaigneux  des  moyens  vul- 
gaires de  succès,  oubliait  trop,  peut- 
être,  de  populariser  ses  idées  en  dehors 
de  son  enseignement.  »  Il  paraîtrait, 
selon  M    Fayn ,  que  l'absence  de  ces 
Mémoires  explicatifs  fut  la   véritable 
cause  de  la  froideur  de  l'accueil  que  fil 
à  Dumont  le  ministre  de  Tintérieur  M. 
Rogier,  lorsque  l'éminent  géologue  lui 
présenta  le  fruit  de  seize  années  d'un 


(  •)  Bull.  Aead.,  l.  XV;  ap,  Fayn,  p.  219. 

(*)  Fayn,  p.  32.  —  Une  seconde  édition 
de  celte  carte  a  vu  le  jour  à  Paris  en  1855 
(une  feuille  chromoUthographiëe  sous  la  di- 
rection de  M.  Derenemesnil,  inspecteur  des 
travaux  de  l'imprimerie  impériale  de  France). 
V.  le  Nécrologe  liégeois  pour  1857,  p.  39. 

(')  L'exemplaire  de  la  carte  de  Van  der 
Maelen  en  250  feuilles  (Echelle  1/20,000) 


dont  Dumont  s'est  servi ,  a  été  acquis  par  le 
gouvernempnt  pour  la  bibliothèque  de  rUoi- 
versilé  de  Liège.  Il  est  collé  sur  toile  et  con 
tenu  dans  40  cartons.  Les  cartes  des  pays 
limitroph(-8  comprennent  huit  carions  com- 
plémentaires,  5  pour  la  France,  2  pour 
l'AUemagne,  i  pour  la  Hollande.  Celte  carte 
précieuse  est  coloriée  en  grande  partie  et 
littéralement  couverte  de  notes  manuscrites. 


237 


DUM 


238 


travail  presque  si}rhumain  (').  M.  d*0- 
malius,  qui  rapporte  ce  fait,  explique 
rétonnement  de  Damont  en  disant  que 
notre  savant,  étranger  à  la  politique, 
«  ne  se  doutait  pas  qu'un  ministre  trouve 
peu  de  charme  dans  un  travail  ordonné 
par  un  prédécesseur,  surtout  si  ce  pré- 
décesseur appartient  au  parti  con- 
traire :  9  nous  ne  pouvons  croire,  pas 
plus  que  M.  Fayn,  que  la  politique 
ait  été  ici  pour  quelque  chose.  En  tous 
cas  Dumont  futattéré;  Tindifférence  du 
ministre  Idi  parut  une  expression  de 
ringratitnde  nationale.  Il  ne  tarda  pas 
à  être  désabusé  :  le  reste  de  sa  vie  ne 
fut  pour  ainsi  dire  qu'une  longue  ova- 
tion ;  il  est  même  rare  que  la  modestie 
d'an  homme  soit  soumise  à  de  telles 
épreuves. 

Nous  avons  dit  que  son  premier  mé- 
moire lui  avait  valu,  en  4840,  la  mé- 
daille de  WoUaston;  le  i4  décembre 
i8i6,  il  avait  reçu  la  Croix  de  chevalier 
deTOrdrede  Léopold  ;  un  des  premiers 
actes  du  ministère  Piercot  fut  de  Télever 
an  rang  d'officier,  le  48  décembre  4855. 
Deux  mois  auparavant,  TAssociation  des 
ingénieurs  sortis  de  TEcole  des  mines 
de  Liège  lui  avait  voté  un  témoignage 
public  de  sa  gratitude ,  tant  pour  ses 
travaux  géologiques  que  pour  les  ser- 
vices qu'il  avait  rendus  à  Tindustrie  des 
mines.  Le  9  avril  4854,  une  médaille 
d'or  de  grand  module  lui  fut  solennel- 
lement remise  (').  LesSociétés  savantes 
de  plusieurs  pays  étrangers  (v.  ci-après) 
se  disputèrent  l'honneur  de  le  compter 
parmi  leurs  membres  ;  le  roi  de  Portu- 
gal le  nomma  chevalier  de  la  Conception 
de  Villa-Viciosa  ;  plusieurs  paléonto- 
logues distingués,  entr'aulres  MM.  de 
Koninck,  d'Ârchiac,  d'Orbigiiy ,  de  Ryck- 
holt,  Nyst,  Chapuls  et  Dewalque,  lui 
dédièrent  une  vingtaine  de  fossiles  nou- 
veaux trouvés  dans  les  terrains  de  la 


Belgique  (').  Mais  tandis  que  son  nom 
devenait  célèbre,  Dumont  ne  se  laissait 
pas  éblouir  et  ne  croyait  pas  le  moment 
venu  de  se  reposer  sur  ses  lauriers.  Il 
ne  pensait  qu'à  ses  études  ;  il  avançait 
sans  relâche,  insoucieux  de  sa  santé 
déjà  compromise.  On  l'a  vu  se  rendre 
en  Angleterre  (4854)  pour  y  étudier  les 
terrains  tertiaires  ;  vers  la  même  épo- 
que, quand  il  trouve  un  moment  de 
loisir ,  il  l'emploie  à  réviser  les  calculs 
que  Miller  donne  dans  son  Mémoire  sur 
la  cristallographie;  puis  le  voilà  de 
nouveau  en  campagne  (octobre  485S), 
allant  explorer  avec  M.  Horion,  son 
élève,  l'Allemagne,  la  Suisse  et  la 
France,  et  à  peine  de  retour,  rédigeant 
et  publiant  son  beau  travail  sur  les 
soulèvements  lents.  Il  n'entendait  pas 
le  bruit  des  applaudissements  :  il  vou- 
lait se  rendre  utile ,  travailler  jusqu'au 
bout;  en  poursuivant  son  idée  fixe,  il 
oubliait  de  mesurer  ses  forces.  Cepen- 
dant un  germe  de  mort  commençait  à 
se  développer  en  lui  ;  il  souffrait  d'une 
affection  nerveuse  qui  se  traduisait  en 
vertiges  et  ressemblait  à  une  lésion  de 
la  moelle  épinière.  Les  médecins  lui 
prescrivirent  un  repos  absolu  :  ci'dant 
enfin  aux  instances  de  sa  famille  et  de 
ses  amis ,  il  résolut  d'aller  demander  à 
un  ciel  plus  clément  que  le  nôtre  le  ré- 
tablissement de  ses  forces.  «  C'était 
pourtant  bien  moins  encore  le  soin  de 
sa  santé  chancelante,  ajoute  M.  Fayn, 
qu'une  sorte  de  curiosité  inquiète ,  qui 
le  poussait  ainsi  à  parcourir  l'Orient  et 
le  Midi  de  l'Europe.  Il  était  impatient 
de  comparer  les  terrains  de  ces  régions 
lointaines  à  ceux  de  notre  pays  qui  sont 
des  types  saillants,  une  sorte  de  pôle 
géologique  qui  porte  l'empreinte  des 
révolutions  successives  du  globe,  et  où 
tous  les  terrains  sont  représentés.  »  Du 
22  mars  au  7  novembre  4855,  Dumont 


(  *  )  Peu  de  temps  avant  sa  mort,  brisé  de  fa- 
tigoe,  Domoot  mesurait  avec  une  sorte  d'effroi 
ràeodue  des  efforts  qu'il  avait  dû  accomplir. 
En  vérité,  disait-il,  quand  je  revois  cette 
carte  géologique  de  la  Belgique,  je  me  de- 
mande comment  je  l'ai  pu  exécuter  en  aussi 
peu  de  temps  ;  je  crois  que  je  n'aurais  pas 
assez  du  restant  de  ma  vie,  s'il  me  fallait 
refaire  le  quart  de  ce  travail  •  (Fayn,  p.  26). 


(  *)  L'avers  est  à  l'effigie  de  Dumont  ;  on 
lit  au  revers  le  nom  de  l'Association,  entou- 
rant cette  légende  :  A  l'auteur  de  la  carie 
géologique  de  Belgique.  MDCCGLUI.  A  l'oc- 
casion de  la  remise  de  cetie  médaille,  un 
grand  banquet  fut  donné  à  Dumont;  les 
principaux  industriels  de  la  province  vou- 
lurent y  assister. 

(»)  Fayn,  p.  27. 


DUM 


240 


parcourut  la  Prusse,  la  Saxe,  la  Bo- 
hême, rÂutdche,  la  Turquie,  la  Grèce, 
rilalie  et  la  Sicile,  le  Midi  de  la  France 
et  TEspagne.  Ce  voyage  est  un  travail 
d'Hercule  !  s'écrie  son  biographe.  M'ou- 
blions pas  que  Dumont  est  malade  ;  lui 
seul  a  1  air  de  ne  pas  s'en  apercevoir. 
11  distance  ses  compagnons  ;  finalement 
on  renonce  à  le  suivre.  Il  porte  avec  lui 
son  marteau  de  géologue  et  son  carnet 
de  notes  ;  il  observe  partout  le  terrain, 
trace  des  coupes  à  la  hâte,  confère  avec 
les  ingénieurs ,  assiste  aux  débats  des 
Académies,  qui  accueillent  sa  présence 
par  des  applaudissements,  se  multiplie 
enfin  pour  tirer  tout  le  parti  possible 
du  peu  de  temps  et  de  force  dont  il 
dispose  encore.  11  débute  à  Berlin  par 
des  entretiens  avec  Humboldt;  il  noue 
des  relations  scientifiques  ù  Dresde,  à 
Vienne,  à  Constantinople  ;  en  Grèce,  il 
s'aventure  dans  des  vallées  sauvages  et 
infestées  où  nui  n'ose  le  suivre  ;  à 
Rome,  il  discute  avec  le  Pape  sur  la 
richesse  du  territoire  pontifical  ;  il 
sonde  les  mystères  du  Vésuve  et  de 
l'Etna  ;  il  contourne  l'Espagne,  pousse 
jusqu'à  Gibraltar  et  se  décide  à  entre- 
prendre ,  à  cheval ,  tout  le  voyage  de 
l'inlérieur  de  la  Péninsule.  Le  2  no- 
vembre, il  arrive  à  Bordeaux  ;  le  5,  il 
assiste  à  une  séance  de  l'Académie  de 
Bruxelles  et  vérifie  au  ministère  75 
exemplaires  de  sa  carte  géologique, 
aussi  tranquillement  que  s'il  n'était  pas 
sorti  de  chez  lui  (  *  ).  Le  surlendemain, 
sa  famille ,  ses  amis  et  trois  cents 
élèves  vont  le  recevoir  à  la  station  du 
chemin  de  fer.  A  peine  prend-il  le  temps 
de  s'abandonner  aux  douces  effusions 
de  l'intimité  :  il  est  obsédé  par  un  nou- 
veau projet  conçu  en  route  ;  tromirant 
la  surveillance  de  ceux  qui  Tentourent, 
il  se  renferme  dans  son  cabinet  pour 
coordonner  les  éléments  d'une  carte 
géologique  de  l'Europe  entière.  L'Ex- 
position universelle  de  1855  est  an- 
noncée ;  à  tout  prix,  cette  œuvre  gran- 
diose doit  y  figurer.  Tout  d'un  coup 
cependant ,  H  hésite  :  il  vient  d'ap- 
prendre que  rniBstre  géologue  anglais 


Sir  B.  1'.  Mtirchison  est  sur  le  point  de 
publier  un  travail  sem'blable.  Quelques 
amis,  plus  zélés  pour  sa  gloire  que 
pour  sa  santé,  triomphent  de  son  incer- 
titude :  il  reprend  ses  matériaux  avec 
une  ardeur  fébrile  ;  la  carte,  entîère- 
roeot  achevée ,  est  mise  sous  les  yeux 
de  l'Académie  le  7  juillet  1855.  Elle 
figura  manuscrite  à  TExposUion  de  Pa- 
ris ,  ^  côté  de  celles  que  nous  connais- 
sons déjà,  de  la  Carte  du  sous-sol  de  la 
Belgique,  décrétée  par  arrêté  royal  en 
1-85&,  et  de  la  Carie  géologique  de  Spa, 
Theux  et  Pepinster,  achevée  en  1854. 
Les  journaux  apprirent  bientôt  à  Du- 
mont que  le  jury  de  la  première  classe, 
cx)mposé  des  hommes  les  plus  compé- 
tents (  *  ),  lui  avait  décerné  um  grande 
médaille  d'honfieur,  «  D'abord  il  ne  vou- 
lut pas  y  croire,  regardant  comme  im- 
possible, dit  M.  E.Bède,  une  chose  qu'il 
eût  trouvée  toute  simple  s'il  se  fût  agi 
d'un  autre  que  lui  (').  »  Le  rapport  du 
jury  sur  les  travaux  de  notre  compa- 
triote était  ainsi  conçu  :  a  Les  travaux 
de  11.  Dumont  se  distinguent  par  un 
rare  talent  d'observation,  qui  l'a  conduit 
à  subdiviser  les  formations  beaucoup 
plus  qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'ici.  C'est 
ainsi  que  le  système  devonien  du  Geo- 
logical  Survey  est  composé,  suivant 
M.  Dumont,  de  huit  parties  très-dis- 
tinctes ,  dont  cinq  se  rapportent  à  son 
terrain  anthraxitère  et  trois  à  son  ter- 
rain rhénan.  —  Bien  que  Tutilité  pra- 
tique de  ces  subdivisions  ne  soit  pas 
encore  généralement  admise  et  qu'elle 
ait  eu  pour  conséquence  d'imprimer  à 
M.  Dumont  une  tendauœ  à  s'écarter  do 
la  nomenclature  la  plus  employée ,  ou 
ne  peut  méconnaître  la  haute' Impor- 
tance des  travaux  de  cet  éminent  géo- 
logue ;  car,  il  faut  le  dire  et  le  répéter, 
toute  la  géologie  de  la  Belgique  est  le 
fruit  exclusif  de  ses  propres  observa- 
lions.  Un  semblable  travail ,  exécuté 
d'une  manière  aussi  consciencieuse ,  suf- 
fit à  remplir  la  vie  d'un  hmnme  et  doit 
appeler  sur  son  auteur  les  distinctions 
les  plus  hautes.  En  conséquence,  h. 
jury ,  appréciant  la  valeur  scientifique 


(M  /6id.,p.  50. 

(*)  MM.  EUe de  Beaumont,  Dufrëooy, Le- 
pUy,  Gallon,  de  Vaux,  de  Gha&oourlois,  Ha- 


milloD,  W.  Smyth,.  Overweg  et  Ritiiiiger. 

(')    A»aate$  de  tenseignemeni  pmbiîc  , 
1. 1.  p.  â36.  ^  Faya,  p.  34. 


Ml 


DUM 


243 


des  couvres  de  M.  Dumont  en  général 
et  spécialement  leur  utilité  pratique , 
tant  pour  Tagriculture  que  pour  Tin- 
dustrie  minérale,  estime  qu'il  y  a  Heu 
de  lui  aœorder  une  grande  médaille 
d'honneur,  a  L*opinion  individuelle  d'un 
grand  nombre  de  savants  ratifia  ce  ju- 
gement :  la  Carte  géologique  de  la  Bel- 
gique fut  mise  par  M.  Elle  de  Beaumont 
sous  les  yeux  de  ses  auditeurs  du  Col- 
lège de  France  ;  M.  Constant  Prévost, 
de  la  Sorbonne,  la  qualiQa  publiquement 
de  monument  national  et  scientifique  ; 
M.  Gravez  laissa  déborder  son  enthou- 
siasme. Le  27  septembre,  Dumont  fut 
appelé  à  Thonneur  de  présider  la  So- 
ciété géologique  de  France.  Son  triom- 
phe fii  événement  à  Liège  :  TAdminis- 
tration  communale  organisa  une  fête 
pour  recevoir  les  lauréats  de  l'Exposi- 
tion ;  Dumont  en  fut  le  principal  héros. 
Le  bourgmestre  alla  le  recevoir  au  che- 
min de  fer  et  le  conduisit  à  l'Uôtel-de- 
Ville  ;  les  étudiants  se  pressaient  sur 
les  pas  de  leur  vénéré  maître  ;  le  cor- 
tège pouvait  à  peine  avancer.  Le  2  dé- 
cembre, la  Société  d'Emulation,  réunie 
en  assemblée  générale,  décerna  par  ac- 
clamation ,  aa  savant  liégeois  ,  le  titre 
de  membre  honoraire ,  dérogeant  ainsi 
à  ses  statuts ,  qui  ne  permettent  pas 
d'accorder  cette  distinction  à  un  con- 
citoyen domicilié  dans  la  commune. 
Le  S,  M.  de  Decker,  ministre  de  Tin- 
térieuf,  se  rendit  exprès  à  Liège  pour 
assister,  avec  un  grand  nombre  de 
notabilités,  au  banquet  offert  par  le 
Corps  professoral  à  Dumont  et  à  M. 
Gloesener  (v.  ce  nom) ,  pour  célébrer 
leurs  succès  scientiflques.  Le  roi  de 
Suède,  d'autre  part,  envoya  à  Dumont 
la  Croix  de  l'Etoile  polaire  ;  le  il  dé- 
cembre, le  roi  des  Belges  le  proclama 
Commandeur  de  son  Ordre.  Enfin,  les 
étudiants  voulurent  offrir  à  leur  Rec- 
leur  (Dumont  avait  été  élevé  à  ce  poste 
le  25  septembre)  un  témoignage  durable 
de  leur  estime  et  de  leur  affection.  Ils 
s'adressèrent  à  l'éminent  artiste  lié- 
geois, M.  Eugène  Simonis,  qui  répondit 


à  leur  appel  en  patriote  désintéressé. 
Une  manifestation  grandiose  et  lou- 
chante eut  lieu  dans  la  Salle  acadé- 
mique ,  lorsque  plus  de  sept  cents 
élèves ,  en  présence  de  l'éliie  de  toute 
la  province ,  vinrent  rendre  hommage 
au  talent  modeste  de  Dumont  et  lui 
offrir,  au  nom  de  l'Université,  son  buste 
en  marbre.  MM.  Dastot,  Lâchât  et 
Bockstael ,  respectivement  organes  de 
la  Faculté  des  sciences ,  de  l'Ecole  des 
mines  et  de  toute  la  jeunesse  universi- 
taire ,  rappelèrent  les  principaux  titres 
de  Dumont  à  la  reconnaissance  pu- 
blique, développèrent  l'excellence  de 
sa  méthode ,  énumérèrent  avec  orgueil 
ses  découvertes ,  célébrèrent  sa  bonté 
paternelle  et  son  dévouement  à  ses  dis- 
ciples. On  peut  se  représenter  l'émo- 
tion du  digne  maître  au  moment  où 
M.  Bockstael  lui  remit  le  procès-verbal 
de  la  séance  où  les  étudiants  avaient 
pris  leur  décision.  «  Ce  témoignage, 
dit-il,  je  le  reçois  de  tout  cœur  parce 
que  de  mon  côté  je  vous  aime...  Ce 
buste  m'installe  à  jamais  au  milieu  de 
de  vous  et  ces  parchemins  seront  parmi 
les  étudiants  mes  titres  de  nobles- 
se... (*)•  » 

Ici  se  place  un  incident  qui  a  donné 
lieu,  en  son  temps,  à  toutes  sortes  de 
commentaires.  En  sa  qualité  de  recteur 
de  l'Université,  Dumont  dut  présider 
pour  1856-1857  la  séance  solennelle  de 
rentrée,  et  y  prononcer  le  discours  d'u- 
sage. Il  choisit  pour  sujet  Vorigine  du 
monde  physique  et  la  théorie  de  sa  for- 
mation.  Le  Journal  de  Liège  du  i7  oc- 
tobre 1856  analyse  comme  suit  ce  mor- 
ceau :  «  Après  avoir  exposé  les  notions 
d'espace,  de  temps,  de  matière,  de  force, 
d'infini ,  les  rapports  de  l'esprit  et  de 
la  matière,  etc.,  M.  Dumont  s'est  livré  à 
des  considérations  de  Tordre  le  plus 
élevé  sur  l'existence  d'un  fluide  uni- 
versel (l'éther)  distinct  de  la  matière 
pondérable  qui  forme  les  globes  répan- 
dus dans  les  espaces.  Il  a  esquissé  k 
grands  traits  les  théories  actuelles  (') 
sur  le  rôle  de  l'éther  dans  les  phéno- 


(  '  )  Remise  solennelle  du  buste  en  marbre 
offert  à  M,  Dumont  par  les  étudiants  de 
rUmvessiti,  Liège,  Desoer,  1856,  in-S». 

(*  )  lioUnmeoi  la  tbëorie de  M.  de  Bou- 


choporo  {Etudes  sur  Vhisloire  de  la  terre  et 
sur  les  causes  des  révolutions  de  sa  surface, 
Paris^  1844,  in  %^  ;  Du  principe  général  de 
la  philosophie  naturelle,  Paris,  1853,  iD-8<*. 


243 


DUM 


244 


mènes  de  la  lumière ,  de  la  chaleur,  de 
Télectricité,  ainsi  que  sur  la  constitu- 
tion moléculaire  des  corps,  sur  Taction 
des  forces  attractives,  sur  Torigine  de 
la  gravitation,  sur  la  formation  de  notre 
système  solaire ,  etc.  11  a  aussi  abordé 
tous  les  plus  grands  problèmes  de  Tordre 
physique,  et  malgré  les  difficultés  du 
sujet  traité,  il  a  su  constamment  cap- 
tiver Tattention  et  Tintérêt  de  Taudi- 
toire.»  Or  c'est  en  vain  que  Ton  cher- 
cherait le  texte  de  ce  discours,  soit 
dans  les  journaux  de  Liège,  soit  en  tête 
du  programme  de  TUniversité  pour 
4850-1857.  Pourquoi  cette  supression? 
On  a  dit  que  des  collègues  de  Dumont 
avaient  cru  trouver  dans  son  discours 
quelques  traces  de  panthéisme  et  pour 
ce,  Tavaient  engagé  à  le  garder  par 
devers  lui.  Nous  ne  savons  jusqu'à  quel 
point  cette  supposition  est  fondée;  dans 
tous  les  cas  Dumont  n'inclinait  en  au- 
cune façon  vers  le  panthéisme  ;  cette 
conviction  résulte  en  nous  des  entre- 
tiens que  nous  eûmes  avec  lui,  lorsqu'il 
nous  fit  l'honneur  de  nous  communiquer 
son  discours ,  quelques  jours  avant  de 
le  prononcer.  Nous  nous  permîmes  seu- 
lement de  lui  faire  quelques  observa- 
tions sur  l'exactitude  de  certains  termes  ; 
le  fait  est  qu'il  n'avait  pas  l'habitude  du 
langage  philosophique  et  qu'il  n'avait 
guère  lu  dans  ce  domaine  que  les  écrits 
de  Destutt-Tracy  ;  il  était  resté  presque 
étranger  à  ce  qui  ne  se  rattachait  pas 
immédiatement  à  ses  études  favorites. 
Depuis  quelques  années ,  il  s'était  sé- 
rieusement préoccupé  des  problèmes 
de  la  géogénie  ;  mais  les  questions  spé- 
culatives proprement  dites  ne  s'empa- 
raient guère  de  son  esprit,  bien  qu'il 
fût  loin  d'être  indifférent  en  matière 
religieuse.  Son  discours  était  le  fruit 
d'un  travail  trop  hâtif;  bien  loin  de  le 
supprimer,  il  s'occupait  de  le  revoir 
lorsque  la  mort  vînt  le  surprendre  (*). 
Dumont  vécut,  nous  l'avons  dit,  pour 
une  idée  unique;  il  ne  connut  d'autres 


joies  que  celles  de  la  science ,  et  son 
ardeur  fébrile  le  consuma  avant  le 
temps.  Il  vint  un  moment  où  la  nature 
triompha  de  la  force  de  sa  volonté.  Il 
vint  un  moment  où  ses  élèves  le  distan- 
cèrent dans  les  excursions  géologiques; 
alors  il  se  vit  perdu.  Il  continuait  ses 
travaux  :  il  avait  encore  tant  de  choses 
à  faire  !  Les  résultats  de  tant  d'obser- 
vations à  publier,  des  lois  générales  à 
formuler,  une  théorie  d'ensemble  à 
élaborer!  Il  sentait  la  terre  manquer 
sous  ses  pas,  la  plume  échapper  à  sa 
main  défaillante,  et  pourtant,  malgré 
ses  médecins ,  malgré  sa  mère  adorée, 
il  marchait  toujours,  il  travaillait  tou- 
jours. Son  enseignement  achevait  de 
le  tuer,  et  il  enseignait  toujours.  Il 
venait  d'ouvrir  un  nouveau  cours  qui 
devait  durer  deux  ans ,  et  où  il  voulait 
embrasser  dans  une  vaste  synthèse 
toutes  ses  idées  sur  les  origines  du 
globe  ;  l'heure  fatale  sonna  tout  d'un 
coup.  Il  s'éteignit  en  deux  jours  à  la 
suite  d'un  anthrax  ;  pendant  qu'il  ago- 
nisait il  parlait  encore  de  ses  élèves  (*). 
La  nouvelle  de  sa  mort  eut  un  doulou- 
reux retentissement.  On  lui  fit  de  ma- 
gnifiques funérailles. L'évêque  de  Liège 
prononça  son  éloge  funèbre  dans  l'é- 
glise de  St-Denis;  à  la  Salle  acadé- 
mique, le  gouverneur  de  la  province 
se  joignit  aux  autorités  universitaires 
pour  rappeler  les  hautes  qualités  du 
défunt;  à  la  Chambre  des  représen- 
tants, M.  le  Ministre  de  l'intérieur  dé- 
plora publiquement  la  perte  irrépa- 
rable que  venait  de  faire  l'Université 
de  Liège.  Les  élèves  de  l'Ecole  des 
mines  prirent  le  deuil  pour  un  mois('). 
Une  souscription  publique  fut  immé- 
diatement ouverte  pour  élever  un  mo- 
nument ù  celui  qui  avait  si  bien  mérité 
du  pays:  une  Commission  de  vingt 
membres  se  chargea  de  recueillir  les 
dons  et  de  déterminer  le  caractère  du 
projet  (*).Bientôt  une  sommede  25,000 
frs.  fut  réalisée  :  la  Commission,  se 


(•)  Fàyn.p.  38. 

(•)  Ibidr.p,  43. 

{■)  Honneur X  funèbrea  rendue  à  M.  An- 
dré-Hubert Dumont,  recteur  de  VUniventité 
de  Liéfje,  etc.  Liège,  Desocr.  4857,  in-8». 

(  *  )  £Ue  se  composait  de  MM.  de  Rossmê- 


fhban,  président  du  Conseil  provincial  ;  P. 
Behr^  id.  du  Comité  des  charbonnages  ;  Ca- 
pitaine, père,  id.  de  la  Chambre  de  com- 
merce do  Liège;  Closset,  bourgmestre  de 
Liège  ;  de  Cuyper,  inspecteur  de  l'Ecole  des 
mines  et  directeur  de  la  Revue  universelle  ; 


245 


DUM 


246 


ralliant  au  projet  de  M.  Eugène  Simo- 
nis,  décida  qu'une  statue  en  bronze^ 
représentant  le  savant  géologue  de- 
bout, vêtu  de  sa  robe  de  recteur,  serait 
élevée  sur  une  des  places  publiques 
adjacentes  à  TUniversité.  On  jugea  fi- 
nalement convenable  d*élever  ce  mo- 
nument en  face  même  de  la  Salle  aca- 
démique, à  la  place  occupée  jusque 
là  par  la  statue  de  Grétry ,  qui  fut 
transportée  devant  le  Théâtre  royal. 
L'inauguration  solennelle  eut  lieu  le  17 
juillet  4866,  en  présence  de  LL.  MM. 
le  roi  Léopold  II  et  la  reine  des  Belges, 
au  milieu  d'une  foule  d'élite  où  Ton  re- 
marquait plusieurs  géologues  éminents 
venus  de  Télranger,  et  d'un  concours 
immense  de  peuple.  Non  seulement  la 
veuve  eX  les  enfants  de  Dumont  assis- 
taient à  la  cérémonie,  mais  il  fut  donné 
à  une  mère  de  voir  rendre  à  son  fils  un 
hommage  que  la  postérité  lointaine 
s'arroge  ordinairement  seule  le  droit 
de  décerner  aux  hommes  illustres.  Ce 
fut  une  journée  d'enthousiasme  et  d'é- 
motions, car  Dumont  avait  payé  de  sa 
vie  l'apothéose  qu'on  lui  décernait.  Ses 
amis,  ses  anciens  élèves,  en  énumérant 
avec  orgueil  ses  titres  à  rimmortalilé, 
ne  pouvaient  s'empêcher  de  remarquer 
que  ce  bronze  monumental  qui  leur 
rappelait  ses  traits  perpétuait  aussi  le 
souvenir  de  son  holocauste.  Un  autre 
hommage  fut  encore  rendu  par  la  ville  de 
Liège  à  la  mémoire  du  défunt  :  l'an- 
rienne  rue  du  Collège  reçut  le  nom  de 
rue  André  Dumont. 

Trois  semaines  après  la  mort  de 
notre  éminent  concitoyen,  M.  Sedg- 
vick,  ancien  président  de  la  Société 
géologique  de  Londres,  justifiait  d'a- 
vance, dans  une  lettre  à  M.  de  Koninck, 
les  distinctions  exceptionnelles  dont 


nous  venons  de  parler.  «  Sur  le  terrain, 
comme  observateur  pratique,  écrivait- 
il,  Dumont  n'a  pas  d*égal  parmi  les  géo- 
logues du  continent.  »0n  peut  ajouter, 
avec  M.  Nypels,  que  son  nom  sera  res- 
pecté et  honoré  aussi  longtemps  qu'on 
s'occupera  de  la  constitution  physique 
de  notre  globe.  Ses  qualités  person- 
nelles furent  à  la  hauteur  de  son  sa- 
voir :  c'est  tout  dire.  On  n'a  pas  eu 
seulement  à  regretter  en  lui  le  savant, 
l'investigateur  de  premier  ordre ,  le 
professeur  modèle,  mais  l'homme  in- 
tègre qui  refusa  son  concours  aux  plus 
brillantes  offres  de  l'agiotage  et  sut 
conserver  à  la  fois  sa  propre  estime  et 
celle  de  ses  concitoyens  (*);  le  sage 
austère  dans  sa  vie,  inflexible  pour- 
suivant de  la  vérité,  ne  transigeant  ja- 
mais avec  ses  convictions,  mais  en  même 
temps  timide  comme  un  enfant  dans 
les  relations  privées,  le  plus  doux,  le 
plus  simple,  le  plus  bienveillant  des 
hommes.  Sa  candeur  et  sa  bonté  lui 
attiraient  tous  les  cœurs;  il  y  avait 
dans  sa  voix  claire  et  sympathique, 
dans  ses  manières  naturellement  élé- 
gantes et  pleines  de  convenance,  dans 
son  sourire  joyeux  et  franc,  dans  la 
sérénité  de  son  beau  front,  dans  la 
limpidité  de  son  regard,  un  charme  au- 
quel personne  ne  résistait.  D'autre 
part  il  inspirait  toute  confiance,  non 
seulement  à  raison  de  la  clarté  de  ses 
idées,  de  son  esprit  d'ordre  et  de  pré- 
cision f  mais  parce  qu'on  lui  connais- 
sait une  extrême  délicatesse ,  qui  fem- 
pèchait  de  hasarder  une  opinion  sur 
ce  qui  n'était  pas  démontré  à  ses  yeux. 
C'est  sans  doute  à  cette  loyauté  rigide, 
autant  qu'à  son  ardente  et  inépuisable 
curiosité,  qu'il  a  dû  d'atteindre  un  rang 
si  élevé  parmi  les  observateurs  de  la 


Delahaye^  ingëaieur  en  chef  des  ponts  et 
cliaussées  ;  Dewandre,  prés,  de  la  Soc.  d'E- 
mulation ;  le  général  Frédérix ,  directeur  de 
la  fonderie  royale  do  canons  ;  de  Koninck^ 
prés,  de  la  Soc.  roy.  des  sciences;  Mue»e- 
Uvy  ingénieur  des  mines  de  i^  classe; 
Muller,  membre  de  la  Dépuiation  perma- 
nente; Nf/pelSf  pro-recteur  de  l'Université  ; 
de  SélyH'Longchamps^  sénateur,  membre  do 
l'Académie  ;  de  Tomaco,  sénateur,  prés,  de 
la  Comm.  d'agric.  de  la  prov.  de  Liège; 


Donckier,  délégué  par  les  souscripteurs  au 
portrait  de  Dumont;  Ch,  Horion^  £.  iMndois 
et  C,  Malaise,,  étudiants,  respectivement  dé- 
légués par  les  élèves  de  l'Université,  des 
Ecoles  spéciales  et  de  la  Faculté  des  scien- 
ces ;  Trasenster,  président  de  l'Association 
des  ingénieurs  sortis  de  l'Ecole  de  Liège, 
secrétaire,  et  van  Hoorickt  ingénieur  civil, 
trésorier 

(  *  )  Lettre  de  M.  Bortier  (Paris,  iS  mars 
1857). 


247 


DUM 


248 


nature.  Peu  de  savants  ont  rassemblé 
autant  de  faits  et  avec  une  pareille  pré- 
cision; il  n*en  est  que  plus  douloureux  de 
penser  que  sa  carrière  a  été  brisée  au 
moment  où  il  commençait  à  tirer  parti 
de  tous  ces  trésors,  pour  remonter  par 
la  synthèse  aux  formations  des  pre- 
miers âges. 

La  science  ne  s'arrête  jamais  ;  nul 
ne  peut  prétendre  à  la  gloire  de  l'avoir 
reculée  jusqu'à  ses  dernières  limites. 
Mais  si  Pœuvre  de  Dumont  a  déjà  été 
perfectionnée  et  rectifiée  dans  quelques 
détails,  la  partie  essentielle  en  est  restée 
debout.  M.  Fayn  résume  comme  suit 
0  les  quatre  découvertes  principales  dont 
tout  l'honneur  lui  appartient  et  qui  res- 
teront lumineuses  dans  les  traditions 
de  la  géologie:  i^  la  découverte  de  la 
constitution  du  terrain  anthraxifère  dis- 
posés en  bassins  et  en  selles,  et  l'âge 
relatif  des  divers  systèmes  c^lcareuxct 
quartzo-schisteux  qui  le  composent,  la 
plus  grande  découverte  stratigraphique 
du  siècle;  2^  la  découverte  de  la  discor- 
dance de  stratification  qui  existe  entre 
le  terrain  ardennais  et  le  terrain  rhénan, 
laquelle  a  eu  pour  résultat  de  doter  la 
science  du  terrain  rhénan  ;  3°  dans  les 
terrains  secondaires,  la  position  et  les 
rapports  stratigraphiques  du  grès  de 
Luxembourg  et  par  conséquent  l'âge 
relatif  des  divcres  assises  de  lias;  4° 
enfin,  dans  les  terrains  tertiaires,  la 
supériorité  des  argiles  de  Boom  sur  les 
sables  bruxelliens,  démontrée  à  l'évi- 
dence par  la  description  de  nombreuses 
coupes  de  terrain  ».  En  géogénie,  les 
idées  de  Dumont  ne  sont  connues  que 
par  son  enseignement  ;  c'est  à  deux  de 
ses  anciens  élèves,  MM.  Fayn  et  Horion 
(*),  qu'il  faut  s'adresser  pour  en  acqué- 
rir une  notion  un  peu  claire.  A  l'ancienne 
division  des  terrains  en  plutoniens  et 
neptuniens,  Dumont  ajoutait  une  troi- 
sième série,  les  terrains  geysériens^ 
également  distincts  des  uns  et  des 
autres  (*).  Comme  les  terrains  pluto- 
niens, ils  ont  été  engendrés  intérieure- 


ment en  filons  et  en  amas  et  ne  présen- 
tent point  de  fossiles;  mais, tandis  que 
les  premiers  ont  été  produits  par  sec- 
tion ignée,  ceux-ci  proviennent  d'éma- 
nations gazeuses  et  aqueuses  ;  on  ne 
saurait  d'autre  part  les  confondre  avec 
les  terrains  neptuniens,  à  raison  des 
substances   métallifères   et   lithoîdes 
qu'ils  renferment,  de  leur  texture  cris- 
talline non  uniforme,  concrétionnée  , 
celluleuse,  compacte,  à  raison  enfin  de 
leur  origine,  de  leur  forme  non  stratifiée 
et  de  l'absence  de  débris  organisés.  Us 
ne  sont  pas  aussi  étendus  que  les  antres, 
mais  importants  comme  objet  d'exploi- 
tation. La  division  chronologique  des 
terrains  plutoniens  et  geysériens  n'est 
pas  aisée,  parce  qu'ils  ne  se  sont  pas 
produits  d'une  manière  continue.  Deux 
séries  identiques  de  terrains  plutoniens 
ne  sont  pas  nécessairement  contempo- 
raines; au  contraire:  s'il  y  a  eu  éjection 
sur  un  point,  cette  éjection  a  dû  retarder 
les  éjaculations  sur  d'autres  points  du 
globe.  Si  l'on  doit  prendre  un  terme  de 
comparaison  pour  cette  chronologie, 
c'est  aux  terrains  neptuniens  qu'on  s'a- 
dressera :  c'est  ainsi  qu'on  pourra  juger 
de  l'âge  d'un  terrain  plutonien  par  les 
fragments  neptuniens  qu'il  contiendra, 
etc.  Dumont  formule  ici  un  ensemble 
de  règles  très-remarquables.  L'expli- 
cation de  la  formation  des  filons  mé- 
talliques (geysériens)  n'est  pas  moins 
intéressante (*);  Dumont  combattit  l'o- 
pinion de  Werner,  qui  en  faisait  le 
résultat  d'alluvions  superficielles  ;  les 
faits  démontrent  qu'ils  ont  été  formés 
par  des  émanations  analogues  à  celles 
des  Geysers  et  des  sources  minérales. 
D'autre  part,  la  nature  des  roches  en- 
caissantes influe  sur  la  composition  du 
filon ,  et  les  affleurements  subissent 
l'action    des  agents   atmosphériques. 
Dans  la  théorie  des  formations  ncptu- 
niennes ,  Dumont  considère  les  forma- 
tions généraks,  locales  et  indépendantes; 
il  montre  avec  quelle  lenteur  elles  se 
produisent,  à  quels  bouleversements 


(  *  )  Fay^  p.  839  et  suiv.  —  Ch.  Horion, 
André  Ihàmoni  et  ta  philo»,  de  la  nature 
[Presse  Scientifique  des  Deux- Mondes,  t.  1; 
%•  (Sdit.  Liège,  Garmaniie,  i866,  in-S»). 

(*)  Bult.  de  t Académie,  t.  XIX, 


{ '  )  Celle  élude  se  rattache  de  près  aux 
expériences  lenléesde  nos  jours  pour  imiter 
arlificieUemenl  Las  fllona  métalliques  (Y. 
l'ouvrage  de  M.  Gurll,  Irad.  par  M.  D9- 
walque). 


249 


DUM 


250 


elles  sont  exposées,  tire  des  inductions 
aussi  bien  des  soulèvements  brusques 
que  (les  soulèvements  lents,  puis  discute 
tour  à  tour  la  valeur  du  caractère  roîné- 
ralogique  et  du  caractère  paléontolo- 
gîque.  Cesi  sur  ce  dernier  point,  nous 
le  savons,  que  son  système  a  été  prin- 
cipalement mis  en  cause;  mais  c*est 
aussi  sur  ce  point  que  ses  argumenta- 
tions sont  particulièrement  pressantes. 
Il  était  singulièrement  frappé  de  Thy- 
pothèse  de  M.  de  Boucheporn,que  Taxe 
de  la  terre  aurait  changé  de  position 
à  chaque  révolution  géologique  ;  de  là 
des  changements  brusques  de  climat, 
des  races  détruites,  le  développement 
des  êtres  organisés  recommençant  dans 
des  conditions  nouvelles  ;  et  Ton  com- 
prendrait parfaitement,  par  exemple, 
que  des  êtres  équatoriaux  se  trouvassent 
dans  des  formations  postérieures  à  d'an- 
tres formations  renfermant  des  êtres 
polaires.  Nous  ne  pouvons  insister  :  Il 
suffit  ici  d'indiquer  la  place  que  Dumont 
occupe  dans  rhistoire  de  la  science. 

Voici,  par  ordre  de  dates,  la  liste  de 
ses  travaux  scientifiques  (  *  )  : 

A.  OUVRAGES  IMPRIMi^S. 

i°  Mémoire  sur  la  constitution  géolo^ 
giquc  de  la  province  de  Liège,  Bruxelles, 
Hayez,  1852,  in-i*"  de  Yl,  574  p.  et  5 
pi.  coloriées  (tableaux  des  terrains, 
coupes  systématiques  des  terrains  pri- 
mordiaux. Carte  géologique  de  la  pro- 
vince). 

Ouvrage  couronné  par  l*Acad.  roy.  de 
Belgique,  inséré  dans  le  t.  VIII  de  ses  Mé- 
moires, et  honoré  en  ^1840,  il  Londres,  de  la 
Médaille  d'or  de  Wollaston.  V.  le  UuU,  delà 
Soc.  géot,  de  France,  1834,  t.  V,  p.  â8S  et 
sulv.  (art.  de  M.  Boue;. 

^  Aperçu  géologique  et  minéralogique 
de  la  province  de  Liège.  —  Tableau  de 
r élévation  du  sol  de  la  province  au-dessus 
de  VOcéan.  —  Tableau  méthodique  des 
eêpèces  minérales  de  la  prov.  de  Liège. 

Notes  fournies  à  H.  Pb.  Van  der  Maelen 
pour  son  Diet,  géogr,  de  la  pror.  de  Liège 
(p.  4-46). 

Z*"  Coupe  de^  terrains  primordiaux  de 
lu  Belgique^  de  Fumay  à   Gembloux, 


présentant  Tes  quatre  systèmes  anthra- 
xifères  établis  par  H.  Dumont  ("Bull,  de 
la  Soc.  géol.  de  France,  1855,  t.  VI,  p. 
547,  pi.). 

4®  yàtice  sur  la  structure  des  cônes 
volcaniques  de  VEifel  (Bull,  de  TAcad. 
roy.  de  Belgique,  t.  I,  1856,  p.  \  85). 

5°  Tableaux  analytiques  desminéraux 
et  des  roches.  Bruxelles,  in-4''  de  95 
p.  (Nouv.  Mém-  de  TÂcad.  roy.  db 
Belgique,  t.  XIl,  1859). 

Remis  dans  le  commerce  en  4857  sons  la 
rubrique  Liège,  F.  Renard. 

6°  Notice  sur  une  nouvelle  espèce  de 
phosphate  ferrique  (Bull,  id.,  i.  V,  4858, 
p.  295). 

7^  Mémoire  sur  les  terraifis  triasique 
et  jurassiifue  de  la  province  de  Luxem- 
bourg (Nouv.  Mém.  id.,  t.  XV,  1842, 
56  p.). 

8^  Mémoire  sur  les  terrains  ardennais 
et  rhénan  de  VArdenne,  du  Rhin,  du 
Brabant  et  du  Condroz.  Bruxelles,  Hayez, 
1848,  in-4''  de  645  p. 

Ce  mémoire,  inséré  d'abord  dans  les  iifém. 
deVAcad.  (t.  XXU  et  XXUi,  4847-4848),  a 
partagé  le  prix  quinquennal  des  sciences, 
pour  la  période  4 847 -4 8S4, avec  les  travaux 
de  HH.  de  Koninck  et  van  Reneden(Arr.  roy. 
du  34  décembre  48M). —  Deux  chapitres  en 
ont  été  publiés  séparément,  avec  une  pagi- 
nation particulière  :  Coupe  des  terrains  pri- 
maires de  la  vallée  du  Rhin.  Rrux.,  Hayex, 
4848,  in-4o  de  49  p.;  Coupe  des  terrains  pri- 
maires de  la  vallée  de  la  Meuse^  faits  avec 
les  élèves  de  l'Ecole  des  mines  de  Liège  en 
4847.  Ib.,  4848,  in-4o  de  iO  p. 

9^  Sur  la  valeur  du  caractère  palèon- 
tologique  en  géologie  (Bull,  de  TAcad., 
t.  XIV  i\  1847,  p.  29«). 

Réponse  de  M.  de  Koninck,  sous  le  même 
titre,  t.  XIV  2»,  p  63;  réplique  de  Dumont, 
ib.,  p.  44â;  nouvelles  observations  de  M. 
de  Koninck,  i6.,  p.  349  ;  note  de  Dumont  et 
fin  du  débat,  ibid. 

10°  Coup  d*œil  sur  la  constitution 
géologique  de  la  Belgique  (Art.  de  14  p., 
dans  le  Manuel  de  Chimie  agricole  de 
Johnston.  Bruxelles,  1850,  in-12). 

11°  Note  sur  une  application  de  la 
géologie  à  la  recherche  d'eaux  souter- 


(*  )  D'après  MM.  Fayn  et  M.  CapiUine. 


281 


DUM 


2S2 


raines  (Bull,  acad.,  t  XVlil  i«,  185i, 

p.  47). 

12^  Note  sur  la  position  géologique  de 
Pargile  rupélienne  et  sur  le  synchro- 
nisme desi  formations  tertiaires  de  la 
Belgiqm^  de  r Angleterre  et  du  Nord  de 
la  France  (Ib.  t.  XVIIl  2°,  1851,  p. 
179). 

15"  Tableau  des  terrains  de  la  Bel- 
gique rangés  dans  Vordre  de  superposi- 
tion. —  Tableau  des  minéraux  et  des 
roches  qu'ils  renferment,  classés  métho- 
diquement. —  [ndicatiùtt  sommaire  du 
gisement  des  minéraux  et  des  roches  et 
de  leurs  principaux  usages. 

Travail  demandé  par  la  Comm.  de  statis« 
tique  de  la  prov.  de  Liège  et  inséré  dans 
YExpo^é  de  la  situation  du  royaume  de 
Belgique  (18H-1860).  Réimprimé  vers  1859 
sous  le  titre  :  Coup  éœil  sur  le  gisement  et 
tes  principaux  usages  des  minéraux  et  des 
roches  de  la  Belgique  (Bruxelles,  s.  d.),  gr. 
in-4o  de  12  p.  à  S  col. 

14®  Note  snr  la  découverte  d'une  cou- 
che aquifère  à  la  station  de  Hasselt 
(Bull,  acad.,  t.  XVIIl,  2^  1851,  p. 
505). 

15*  Coupe  du  puits  artésien  de  Has- 
selt (Ibid.,  t.  XÏX  \\  1852,  p.  29). 

16®  Note  sur  la  division  des  teirains 
en  trois  classes,  d'après  leur  formation, 
et  sur  remploi  du  mot  geysérien  pour 
désigner  la  troisième  de  ces  classes 
(Ibid.,  t.  XIX  2°,  p.  18). 

17®  Observations  sur  la  constitution 
géologique  des  terrains  tertiaires  de 
l'Angleterre,  comparés  à  ceux  de  la 
Belgique,  faites  en  octobre  1851.  (Ib., 
p.  544). 

18®  Note  sur  Femploi  des  caractères 
géométriques  résultant  des  mouvements 
lents  du  sol,  pour  établir  le  synchronisme 
des  formations  géologiques.  (Ibid.,  p. 
514). 

19°  Coupes  des  terrains  tertiaires  de 
V Angleterre.    (Ib..  t.   XIX  3®,   1852, 

p.  335). 

20®  Neuf  rapports  sur  la  Carte  géo- 
logique de  la  Belgique  (1856-1849).  •— 
Dans  les  Bull,  de  VAcad.  roy.  de  Bel- 
gique. 

Arrêté  royal  du  31  mai  1836,  confiant  à 


Dumont  Texécation  de  la  carte  géologique 
des  provinces  de  Liège,  de  Namur ,  de  Rai- 
nant et  de  Luxembourg.  (T.  III,  1836,  p. 
234).  —  Rapport  sur  l'état  des  travaux  de 
celte  carte,  avec  le  plan  figuratif  du  massif 
schisteux  des  Àrdenne*  et  ta  coupe  des  ter- 
rains  primordiaux  de  Hervé  à  Gerotstein, 
(ib.,  p.  330).  —  Arr.  royal  du  25  sept. 

1837,  confiant  à  Dwnont  l'exécution  de  la 
carte  géologique  des  prov.  de  Brabant,d*An- 
vers,  des  Flandres  et  du  Limbourg.  (T.  IV, 

1838,  p.  373).  —  2«  rapport.  (Ib.,  p.  461). 
—  3«  rapport,  avec  une  carte  indiquant  re- 
tendue géographique  du  dépôt  moderne  de 
Flandre  et  les  limites  de  la  Belgique  an- 
cienne (t.  V,  1838,  p.  634).  —  4«  rapport, 
avec  la  Cane  géologique  des  environs  de 
Bruxelles  (t.  VI  2«,  1839,  p.  464).  —  5« 
rapport,  avec  la  Carte  géol.  des  environs  de 
Louvain  (t.  VU  2®,  1840  .  —  6»  rapport 
(t.  VIII  20,  ^841,  p.  197).  —  7*  rapport 
(verbal)  (t.  XIII  1»,  1846,  p.  517).  —  8® 
rapport  (t.  XV  2o,  1848,  p.  683).  —  Rap- 
port sur  le  degré  d'avancement  de  la  carte 
géologique  du  royaume,  adressé  au  Gouver- 
nement parM.d'Omaliusd'llalloy  (t.  XVI  i^, 
1849,  p.  310).  —  9«  rapport  (t.  XVI  2o. 
1849,  p.  3).  —  Rapport  sur  la  Carte  géol. 
de  la  Belgique  par  H.  d'Omalius  d'Halloy. 
(Ibid.,  p.  542). 

21®  Communications  à  la  Société  géo> 
logique  de  France  :  a.  Le  1*'  rapport 
mentionné  n®  20;  b.  le  n®  6;  c.  le  n® 
9,  avec  une  réfulalion  par  M.  de  Ver- 
neuil  (2®  série,  t.  IV,  1847,  p.  590); 
d.  Note  sur  les  terrains  geysériens  (t.  XI, 
1854,  p.  715);  e.  Lettre  accompagnant 
renvoi  de  la  Carte  géol.  de  la  Belgique 
et  des  contrées  voisines  (ibid.,  p.  480>  ; 
f.  Obs.  présentées  par  M.  Dumont  pen- 
dant la  réunion  extraord.  de  la  Soc, 
géol.  à  Paris  (t.  XII,  1855,  p.  1275, 
1277,  1278,  1294, 1298  et  1536). 

22®  Rapports  sur  différents  mémoires 
scientifiques  présentés  à  TAcadémie 
royaledeBelgique(fiii//.,l.VIlI,  X,  XV 
et  XVIl). 

23®  Réouverture  solennelle  de^  cours 
de  l'UniversUé  de  Liège  (1856-1857). 
Rapport,  programme  des  cours,  etc. 
Liège,  Desoer,  in-8®. 

Le  discours  rectoral  est  resté  inédit  (v. 
ci -dessus;. 

24®  De  retendue  et  de  la  forme  des 
divers  bassins  hydrographiques  de  la 
Belgique  (inédit). 


253 


DUM 


3S4 


B.  Manuscrits  (acquis  par  le  Gou- 
vernennent  et  déposés  à  la  bibliothèque 
de  Liège). 

25"*  Carnets  de  voyage  (8  vol.  reliés 
et  4  liasses  en  feuilles  détachées). 

1&*  Partie  descriptive  de  la  Carte 
géoL  de  la  Belgique ,  feuillets  détachés 
réunis  en  liasses  et  intitulés  :  Descrip- 
tion générale  des  couches  du  système 
infra-landénien.  —  Descr.  des  roches 
de  la  Flandre  occidentale.  —  Descr. 
physique  des  collines  d'Ypres.  —  Ter- 
rain crétacé.  —  Descr.  du  système 
landénien  inférieur.  —  Massifs  entre 
TEscaut  et  la  Dandre;  détails  locaux. 

—  Rive  droite  de  la  Sambre.  —  Rive 
droite  de  la  Dyle  ;  craie.  —  Système 
.sénonien  ;  rive  gauche  de  la  Meuse.  — 
Massif  du  LImbourg.  —  Système  rupé- 
lien  ;  massif  de  la  Campine.  —  Syst. 
aachénien.  —  Syst.  quartzo-schisteux 
inférieur.  —  Terrain  anlhr.ixifère  du 
Brabant.  —  Fossiles  tertiaires  de  la 
Belgique.— Généralités  descriptives  des 
terrains  crétacés  d'Angleterre.  —  Coupe 
des  terrains  crétacés.  —  Descr.  des 
terrains  tertiaires  des  pays  étrangers. 

—  Terrain  quaternaire  et  moderne.  — 
Vallées  et  failles.  —  Terrains  tertiaires 
de  la  Belgique  par  localités.  —  Coupe 
des  terrains  ardennais  et  rhénan.  — 
Fossiles  du  terrain  houiller. 

27"^  Dumont  a  figuré  sur  la  liste  des 
collaborateurs  de  la  Revue  universelle 
publiée  par  M.  de  Cuyper  ;  il  venait  de 
mourir  lorsque  parut  la  première  li- 
vraison de  ce  recueil,  où  Ton  trouve, 
au  lien  des  études  qu'il  se  proposait 
d*y  faire  insérer,  une  notice  sur  sa  vie 
et  ses  travaux. 

C.  Cautes. 

28^  Carte  géologique  de  la  province 
de  Liège  (v.  ci-dessus,  n^  4). 

C'est  la  carie  de  Ferraris  qai  a  servi  de 
canevas.  Le  tracé  de  Dumoot  est  irès-net  ;  la 
marche  des  diverses  bandes  anthraxifères  du 
Condroz  et  la  position  du  bassin  houiller  de 
Liège  sont  parfaitemeni  indiquées. 

29'*  Carte  géologique  de  la  Belgique 
et  des  contrées  voisines,  représentant  les 
terrains  qui  se  trouvent  au-dessous  du 
ItHion  kesbayen  et  du  sable  campinien. 
Bruxelles,  Vander  Maelen,  1849.  —  2* 


édition,  Paris,  imprimerie  impériale, 
4855,  une  feuille.  —  V.  ci-dessus. 

30*'  Carte  géologique  de  la  Belgique^ 
exécutée  par  ordre  du  Gouvernement 
sous  les  auspices  de  l'Académie  royale 
des  sciefices,  des  lettres  et  des  beaux- 
arts.  Bruxelles,  Etablissement  géogra- 
phique de  Vander  Maelen ,  4855.  Neuf 
feuilles,  à  Féchelle  de  4/460,000. 

Rédaction  de  la  carte  lopographiquê  de 
la  Belgique,  en  950  feuilles.  Relief  levé  par 
M.  J.-F.  de  Keyser. 

54<^  Carte  géologique  de  la  Belgique, 
indiquant  les  terrains  qui  se  trouvent 
au-dessous  du  limon  hesbayen  et  du 
sable  campinien,  Ibid,,  i85G,  neuf  feuil- 
les, échelle  de  4/400,000. 

Complément  de  la  carte  précédente  ;  elle 
représente  les  terrains  dégagés  des  dépôts 
quaternaires.  Relief  levé  par  M.  J.-F.  de 
Keyser.  Cette  carte  a  figuré  manuscrite  à 
l'Exposition  universelle  de  Paris  (4855^. 

52°  Carte  géologique  de  Spa,  Theux 
etPepimter.  Ibid.,  4855;  échelle  de 
4/20,000. 

Cette  carte,  achevée  en  4854,  a  été  livrée 
au  commerce  en  mai  4855  par  M.  Gouchon, 
libraire  à  Liège,  qui  en  avait  acquis  la  pro- 
priété. 

55*  Carte  géologique  de  l'Europe.  Pa- 
ns, imprimerie  impériale,  septembre 
4857, 4  feuilles. 

Exposée  manuscrite  à  Paris,  en  4855. 
Propriété  de  M.  £.  Noblet,  éditeur  k  Paris 
et  à  Liège. 

54»  Carte  géologique  de  la  Belgique^ 
en  250  feuilles,  manuscrite. 

Déposée  à  la  bibliothèque  de  TUniversité 
de  Liège.  —  V.  ci-dessus. 

Dumont  était  membre  de  TÂcadémie 
royale  de  Belgique  (nommé  correspon- 
dant le  5  avril  4854;  membre  effectif 
le  5  décembre  1850;  directeur  en  4856); 
de  la  Commission  de  statistique  de  la 
province  de  Liège  (44  décembre  1846); 
membre  fondateur  de  la  Société  royale 
des  sciences  de  Liège;  membre  de  la 
Société  des  sciences,  des  arts  et  des 
lettres  du  Hainaut  (5  mars  4855); 
membre  honoraire  de  la  Société  cen- 
trale d'agriculture  de  Belgique  (5  mai 
4854);  de  la  Société  libre  d^Emulation 
de  Liège  (v.  ci-dessus)  et  de  l'Associa- 


2S5 


DUM 


?B6 


tion  des  ingénieurs  sortis  de  l'Ecole  de 
Liège;  membre  (185S)et  ancien  prési- 
dent (1855)  de  la  Société  géologique 
de  France;  membre  de  TAcadémie  de 
Nap1es;de  TAcadémie  royale  des  scien- 
ces de  Turin  (6  janvier  i859);  de  la  So- 
ciété impériale  de  minéralogie  de  St- 
Pétersbourg  (U  février  4854)  ;  de  la 
Société  impériale  des  naturalistes  de 
Moscou  (48  mars  4854);  membre  ho- 
noraire de  la  Société  géologique  de 
Londres  {24  février  4844),  et  membre 
correspondant  de  la  Société  des  scien- 
ces physiques ,  chimiques  et  agricoles 
de  France  (4855). 

Nous  avons  rappelé  les  principaux 
hommages  rendus  à  sa  mémoire  :  ajou- 
tons que  de  son  vivant,  il  reçut  non 
seulement  de  ses  élèves ,  au  retour  de 
son  grand  voyage  d'Europe,  un  beau 
portrait  en  pied  dessiné  par  Schubert, 
mais  de  ses  collègues  de  l'Académie 
une  réduction  de  ce  portrait,  en  buste, 
gravé  par  J.  Delboête.  Un  médaillon 
en  plâtre,  représentant  Dumont  à  mi- 
corps,  a  été  exécuté  en  4857  par  M.  J.-J. 
Halleux.  On  cite  encore  un  portrait  pu- 
blié aux  Etats-Unis  en  4858 ,  dans  un 
recueil  biographique.  L'Annuaire  de  la 
Société  d'Emulation  de  Liège  pour  4857 
contient  (p.  448  et  suiv.)  un  poème 
inspiré  à  M.  J.-D.  Baze  par  la  carte 
géologique  de  la  Belgique;  d'autre  part, 
MM.  Springuel,  étudiant,  et  Denis  So- 
tiau  se  firent,  en  mars  4857,  dans  les 
journaux  de  Liège,  les  poétiques  înter^ 
prêtes  de  la  douleur  publique;  J.-D. 
Fuss  (voir  ce  nom)  consacra  une  pièce 
de  vers  latins  à  son  illustre  et  regretté 
collègue,  enlevé  dans  la  fleur  de  Fâge  ; 
la  Gazette  de  Liège,  enfin,  proposa,  dès 
le  5  mars,  une  inscription  latine  pour 
le  buste  de  Dumont.  —  Les  notices 
biographiques  les  plus  importantes  ont 
été  citées  dans  le  cours  du  présent  ar- 
ticle; celle  qui  figure  dans  le  Diction* 
naire  des  contemporains  de  M.  Vape- 
reau  est  pleine  d'erreurs. 


Dreaee  (JeAN-HuBERT),  né  à  Cor- 


nesse,  près  de  Yerviers,  le  2  octobre 
4845,  mourut  k  Lfége  le  28  juin  4864, 
à  peine  arrivé  au  but  vers  lequel  avaient 
lendu  tous  les  efforts  de  sa  vie  labo- 
rieuse. Ses  parents,  eettimabl^  fer- 
miers-propriétaires,  s'étaient  fait  un 
devoir  de  ne  rien  négliger  pour  lui  don- 
ner un^  bonne  éducation,  et  il  répondit 
à  leur  attente.  11  n'entra  cependant 
qu'assez  tard  à  l'Ecole  industrielle  et 
littéraire  de  Verviers  ;  en  revanche,  il 
y  fit  de  solides  études.  Immatriculé  à 
l'Université  de  Liège  en  4856,  Il  s'y  fit 
remarquer  par  son  aptitude  au  travail 
et  par  les  qualités  originales  de  son 
esprit  (').  Très-assidu  aux  travaux  de 
la  salle  d'anatomie,  il  ne  tarda  pas  à 
acquérir,  dans  l'art  des  dissections, 
cette  habileté  peu  commune  qui  lai 
valut,  dans  tout  le  cours  de  sa  carrière, 
les  éloges  enthousiastes  des  étudiants 
placés  sous  sa  direction.  Au  commen- 
cement de  4844,  il  emporta  au  concours 
la  place  de  prosecteur,  qu'il  conserva 
pendant  dix-sept  ans.  Le  29  septembre 
4845,  il  fut  reçu  docteur  en  médecine 
avec  grande  distinction  ;  le  50  octobre 
suivant,  M.  Van  de  Weyer  le  porta  sur 
la  liste  des  agrégés  de  l'Université  de 
Liège.  Bien  que  son  mérite  fût  géné- 
ralement reconnu,  il  eut  beaucoup 
de  peine  à  conquérir  une  chaire  aca- 
démique. Un  arrêté  ministériel  du  7 
septembre  4858  lui  confia  enfin  le  cours 
d'anatomie  descriptive  et  le  nomma,  en 
échange  du  titre  de  prosecteur,  chef 
des  travaux  anatomiques.  Le  6  octobre 
4862,  il  fut  promu  au  grade  de  profes- 
seur extraordinaire. 

Dresse  possédait  à  un  degré  éminent 
les  deux  qualités  requises ,  par  excel- 
lence ,  d'un  professeur  d'anatomie  des- 
criptive :  l'exactitude  et  la  méthode. 
Ses  élèves  appréciaient  son  zèle  et  son 
inépuisable  obligeance  :  il  prenait  leurs 
succès  à  cœur  et  se  sentait  aussi  heu- 
reux qu'eux-mêmes,  quand  ils  s'étaient 
distingués  dans  les  examens.  Il  ne  se 
contentait  pas  de  remplir  son  devoir  ; 
il  voulait  que  les  élèves  de  Liège  se 
fissent  remarquer  entre  tous  ceux  du 


(*  )  Noas  empruntons  les  principaux  dé- 
tails de  cette  notice  aux  discours  prononcés 
sur  la  tombe  de  Dresse,  notamment  au  dis- 


cours de  M.  Spring  ;  nous  avons  aussi  évo- 
qué nos  souvenirs  personnels. 


fST 


DRE 


pajs^  et  te  résultat  fut  atteint  aussi 
longtemps  qu1l  8*occupa  d*eui.  Il  leur 
donnait  régulièrement  des  répétitions 
sur  les  parties  les  plus  difficiles  de 
Tanatomie  ;  îl  était  leur  ami  en  même 
temps  que  leur  conseiller  ;  il  leur 
communiquait  son  ardent  amour  pour 
la  science.  A  leur  demande,  il  flt 
pendant  quelques  années  un  cours 
prité  d'anatomie  des  réglons.  Ce  zèle 
infatigable,  cette  otialenr  de  oœur,  cette 
générosité  passionnée,  il  les  portait 
jnsqu*à  Feialtation  dans  les  autres 
sphères  de  son  activité.  Dresse  avait 
débuté  dans  la  pratique  civile  comme 
médecin  des  pauvres  ;  jamais  mandat 
ne  fut  mieux  rempli.  On  le  vit  se  mul- 
tiplier, en  I8i9,  au  chevet  des  cho- 
lériques. C'était  un  soldat  sur  le  champ 
de  bataille, Jaloux  de  combattre  au  pre- 
mier rang.  L'Administration  commu- 
nale lui  vota  des  remerclments,  le  Gou- 
vernement lui  décerna  une  médaille 
d'honneur  ;  mais  les  bénédictions  una- 
nimes des  malheoreux  qu'il  avait  sou- 
lagés furent  sa  plus  l>elle  récompense. 
Il  n'entreprenait  rien  à  demi  :  nous 
ravo«s  dit,  tout  était  extrême  en  loi  ; 
ajoutons  qu'il  avait  naturellement  be- 
soin d'expansion  :  il  aimait  la  vie  ex- 
térienre,  les  discussions  publiques,  l^es 
hitéréts  de  la  profession  médicale  trou- 
vèrent en  Dresse  un  vigoureux  cham- 
pion :  il  fut  un  des  membres  les  plus 
actifs  de  l'Association  des  médecins 
de  l'arrondissement  et  de  la  province 
de  Liège,  ligue  constituée  pour  dé- 
fendre la  dignité  de  la  proiession  (v. 
l'art.  Sramc)  ;  son  éloquence  chaleu- 
reuse a  laissé  des  souvenirs  durables 
aux  Congrès  médicaux  de  Bru«elles(  '  ). 
Il  aorait  voulu  voir  le  Corps  médiciil 
prendre  une  part  considérable  à  la  vie 
politique,  et  II  finit  par  prêcher  d'exem- 
ple, li  siégea  pendant  plusieurs  années  à 
l'Hôtel-de-Ville  en  qualité  de  conseiller 
communal,  et  remplit  pendant  un  assez 
long  intérim  les  fondions  d'écbevin. 
Magistrat  de  la  cité,  il  se  préoccupa 
tout  spécialement  des  réformes  à  la- 

{*)  Dresse  fat  également  on  membre 
trèà-actif  de  la  Société  de  mééeeine  ée  Uéffe, 
Il  y  prit  une  grande  part  k  la  discnssioa  qui 
fut  soulevée,  à  propos  d'un  accident  arrivé 
an  chemin  de  fer  de  la  Vesdre,  sur  l'ampula- 


troduîre  dans  l'organigation  de  la  cha- 
rité publique,  au  point  de  vue  du  ser- 
vice médical.  Le  Bureau  de  Bienfai- 
sance suivit  ses  conseils  et  s'en  trouva 
bien.  Il  indiqua  aussi  différentes  amé- 
liorations â  introduire  dans  le  régime 
hospitalier  ;  Il  ne  lui  fut  pas  donné  de 
les  voir  réaliser.  Ses  idées  sociales  et 
politiques  étaient  essentiellement  pro- 
gressistes :  sa  nature  répugnait  aux 
tempéraments  et  aux  transactions.  Il 
eut  des  adversaires,  mais  pas  un  en- 
nemi, car  on  le  savait  sincère  et  d'une 
loyauté  4  toute  é()reuve.  H  était  très- 
populaire  à  Liège,  surtout  dans  la  bour- 
geoisie et  dans  les  4^lasses  ouvrières. 
Plusieurs  sociétés  d'utilifé  et  d'agré- 
ment l'avaient  rois  à  leur  tête.  Médecin 
de  la  garde  civique  de  Liège  depuis 
184S,  il  iîit  promu ,  quelques  années 
avant  sa  mort,  au  grade  de  chef  du  corps 
de  santé  de  la  légion.  Dresse  a  laissé 
la  réputation  d'un  professeur  distingué, 
d'un  homme  de  coeur  et  d'un  citoyen 
utile.  Il  a  peu  écdt  ;  nous  ne  pouvons 
citer  de  lui  qu'un  certain  nombre  d'ar- 
ticles publiés  dans  le  Journal  médical 
le  Scalpel  {*),  Lespius  caractéristiques 
ont  été  réunis  en  4848  en  un  volume 
intitulé  : 

Intérêts  sociaujc.  Devoir  du  Corpn 
médical  de  prendre  part  à  la  politique, 
aux  questions  sociales  et  à  l'élaboration 
des  lois,  ou  mission  sociale  du  Corps 
médical,  Liège,  Denoêl,  18i8,  in-8<». 

Ce  litre  est  assez  clair.  L'ouvrage  est 
écrit  avec  feu,  et  l'on  n*y  peut  méconnaître 
l'accent  d'une  conviction  sincère  ;  mais  à 
cMé  d'idées  justes  H  saines,  on  y  trouve 
des  exagérations  évidentes.  L'auteur  s'y 
peint  tout  entier  :  généreux  et  enthousiaste, 
ami  du  progrès  et  de  la  vérité ,  d'une  par- 
laite  bonne  foi,  mais  voyant  le  monde  d'un 
seul  c6té  et  à  travers  le  prisme  de  sa  vive 
imagination.  Dresse  paraît  s'être  inspiré  de 
quelques  opinions  formulées  par  M.  Ltttré. 
Les  idées  qu'il  émit  en  1848  provoquèrent 
une  assez  curieuse  discussion  dans  les  jour- 
naux médicanx  du  pays  (Voir  le  Scalpel, 
première  année,  la  Gaiette  médknk  htlgc, 
la  PharmaeU  belge,  etc.). 

tion  immédiate  ou  consécutive.  V.  le  Scal- 
pel et  les  Annales  de  la  dite  Société. 

(*)  Nous  mentionnerons  spéctalement 
une  notice  sur  l'emploi  du  cahwiet  dans  le 
traitement  du  choléra. 

14 


289 


DUP 


S60 


Dnpret  (ViCTOR-ÀNSELME-GaSTOM), 

naquit  à  Ath  le  5  juillet  1807  et  mourut 
à  Gand  le  6  mai  4851.  Ses  parents, 
honorables  négociants,  remarquèrent 
ses  dispositions  précoces  et  lui  firent 
donner  une  éducation  libérale.  11  sortit 
du  Collège  à  l'âge  de  16  ans;  ses  succès 
avaient  été  si  soutenus  et  si  brillants, 
que  Tadministration  athoise  lui  vota 
une  récompense  extraordinaire.  Son 
étoile  pâlit  au  contraire  à  TUniversité 
de  Gand,  où  il  étudia  le  droit  à  partir 
de  1825.  Il  regretta  toute  sa  vie  cette 
période  de  relâchement,pendantlaquelle 
il  n'avait  travaillé  tout  juste  que  ce  qu'il 
fallait  pour  obtenir  des  grades.  Se  pro- 
posant d'entrer  dans  la  magistrature, 
ses  études  terminées,  il  se  rendit  en 
Hollande  afin  de  se  familiariser  avec  la 
langue  néerlandaise,  condition  sine  quâ 
non,  avant  1830,  de  l'admissibilité  aux 
emplois  publics.  Cette  fois  son  zèle  et 
son  énergie  se  réveillèrent:  au  bout  de 
deux  ans,  on  eût  pu  se  méprendre  sur 
sa  nationalité.  La  révolution  le  trouva 
secrétaire  du  parquet  à  Anvers.  Lors 
de  la  réorganisation  des  tribunaux  bel- 
ges (16  novembre  1850),  il  fut  envoyé 
à  Louvain  en  qualité  de  substitut  du 
commissaire  du  gouvernement.  Le  4  oc- 
tobre 1852,  il  obtint  le  titre  de  substitut 
du  procureur  du  roi  près  le  tribunal  de 
Gand.  Là,  il  eut  l'occasion  de  traiter 
plusieurs  questions  délicates  de  droit 
civil,  et  le  jugement  solide,  la  rare  sa- 
gacité dont  il  donna  plus  tard  des 
preuves  si  remarquables  commencèrent 
à  se  révéler  dans  ses  réquisitoires.  Le 
premier  président  et  le  procureur-gé- 
néral n'hésitèrent  pas  à  le  présenter  en 
première  ligne,  en  1834,  pour  une  place 
d'avocat-général  vacante  à  la  Cour  d'ap- 
pel de  Gand.  Mais  Dupret  avait  le  grand 
défaut  d'être  trop  jeune  :  moins  de  vingt- 
sept  ans  1  11  fut  écarté  ;  en  revanche, 
trois  mois  après,  le  ministre  de  la  justice 
lui  offrit,  comme  dédommagement,  le 
titre  de  procureur  du  roi  à  Courtrai , 
avec  promesse  d'avancement  à  la  pre- 
mière occasion.  Conçue  dans  les  termes 
les  plus  flatteurs,  cette  offre  devait  être 


acceptée.  Dupret  continiia  de  se  distin- 
guer dans  ses  nouvelles  fonctions,  si 
bien  que  le  Ministre  de  la  justice , 
A.  N.  J.  Ernst  (v.  ce  nom),  saisit  avec 
empressement  l'occasion  de  l'appeler 
sur  un  théâtre  plus  tavorable  au  déve- 
loppement de  ses  connaissances  juri- 
diques. Les  Universités  de  l'État  ve- 
naient d'être  réorganisées  par  la  loi  du 
27  septembre  1855;  le  gouvernement 
se  préoccupait  d'y  faire  entrer  des 
hommes  d'élite.  Ancien  professeur  lui- 
même  et  excellent  appréciateur  des  be- 
soins de  l'enseignement,  Ernst  désigna 
Dupret  à  son  collègue  de  l'intérieur. 
En  vertu  d'un  arrêté  royal  du  5  décembre 
1855,  le  chef  du  parquet  de  Courtrai 
devint  professeur  ordinaire  â  la  Faculté 
de  droit  de  l'Université  de  Liège,  chargé 
des  cours  de  droit  civil  approfondi  et 
de  procédure  civile.  Par  arrêté  du  51  du 
même  mois,  le  nouveau  titulaire,  sur 
sa  demande,  fut  autorisé  à  ne  conserver 
que  le  cours  de  droit  civil  ;  alors  il  se 
trouva  au  comble  de  ses  vœux.  Mais 
aussi  comme  il  se  sentit  soutenu  par 
ses  auditeurs,  et  comme  il  mérita  leurs 
applaudissements!  Jugement  parfait, 
esprit  clair  et  méthodique,  élocution 
sobre  et  facile,  il  possédait  au  plus  haut 
degré  toutes  ces  qualités;  la  précision, 
la  clarté  limpide  de  ses  explications 
laissaient  dans  les  esprits  une  impres- 
sion profonde  et  durable  :  on  était  sub- 
jugué pour  ainsi  dire.  Insensiblement 
il  élargit  le  cadre  de  ses  études  person- 
nelles :  il  remonta  aux  origines  du  Code; 
il  lut  les  anciens  jurisconsultes  français, 
notamment  le  célèbre  commentateur  de 
la  coutume  de  Bretagne,  d'Argentré, 
dont  l'argumentation  rigoureuse  avait 
tant  de  rapport  avec  la  nature  de  son 
esprit,  et  ses  leçons  se  ressentirent  de 
cesrechercheshisioriqucs,utiliséesavec 
discernement  (').  La  réputation  de 
Dupret  s'étendit  bientôt  au-delà  du 
cercle  universitaire.  Avocats  et  magis- 
trats prirent  l'habitude  de  le  consulter 
sur  les  questions  les  plus  ardues ,  et 
jamais  on  ne  fit  vainement  appel  à  ses 
lumières.  11  se  faisait  un  strict  devoir 


(*)  Nous  empruntons  ces  appréciations  , 
ainsi  que  l'analyse  des  écrits  de  Dupret ,  k 
la  notice  biographique  tue  par  M.  Nypels  au 


Conseil  académique,  le  12  janvier  1852. 
Nous  n'aurions  pu  puiser  h  meilleure  source. 


261 


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de  ces  travaux  non  obligatoires,  et  «  la 
seule  pensée  d*être  utile  suffisait  à  son 
désintéressement  (  *  )». Aussi  s'attira-t-ii 
Testime  générale,  en  même  temps  que 
raffection  de  ses  collègues,  qui  connais- 
saient d'ailleurs,  non  seulement  son 
dévouement  à  la  science,  mais  sa  bonté 
et  sa  sensibilité  exquise.  Le  chef  d'un 
établissement  libre  fit  des  démarches 
pour  rengager,  par  des  offres  sédui- 
santes, à  transporter  dans  une  autre 
ville  ses  talents  et  ses  connaissances. 
Le  Conseil  académique  s'émut  (*)  et 
chargea  une  députation  spéciale  d'en- 
gager le  Ministre  de  Tintérieur  à  faire  le 
possible ,  pour  conserver  à  FUniversité 
de  Liège  un  professeur  dont  la  présence 
honorait  cette  institution.  Le  gouverne- 
ment éleva  au  nuunmum  le  traitement  • 
de  Dupret  et  lui  décerna  la  croix  de 
Tordre  Léopold  (2  août  et  28  sept.  1 843) . 
Dupret  fut  encore  tenté  deux  fois:  deux 
fois  ses  concitoyens  du  Hainaut  lui  of- 
frirent un  mandat  à  la  Chambre  des 
représentants  ;  deux  fois  il  refusa,  par 
attachement  pour  TUniversité  autant 
que  par  modestie.  A  peine  âgé  de  38 
ans,  il  était  arrivé  à  Tune  des  positions 
les  plus  élevées  qu'un  fonctionnaire  pu- 
blic puisse  ambitionner.  Tout  lui  sou- 
riait, et  la  fortune  semblait  lui  promettre 
ses  faveurs  pour  un  grand    nombre 
d'années  encore.  Sa  vie  austère  et  pure 
s'écoulait  paisible  et  studieuse;  hélas  ! 
il  lui  manquait  la  force  d'âme  qui  seule 
pouvait  l'aider  à  triompher  d'épreuves 
inattendues.  Des  chagrins  domestiques 
réveillèrent  une  ancienne  maladie  ner- 
veuse qui  se  manifesta,  dès  le  principe, 
parlessymptùmes  les  plus  alarmants  ('). 
On  l'envoya  successivement  à  Gram- 
mont,  â  Ostende,  à  Bruges;  tous  les 
modes  de  traitement  furent  essayés  en 
vain  :  la  cause  du  mal  n'était  point  phy- 
sique. Il  finit  par  se  retirer  chez  son 
frère  Emmanuel,  â  Tongres-St-Martin, 
le  corps  épuisé,  mais  l'intelligence  in- 
tacte... Tout  d'un  coup  des  symptômes 
extrêmement  inquiétants  se  manifestè- 
rent; les  hommes  de  l'art  déclarèrent 
que  le  régime  sévère  et  régulier  d'une 
maison  de  santé  lui  était  devenu  indis- 


pensable. On  choisit  l'établissement 
dirigé  par  le  docteur  Guislain,  à  Gand  : 
son  collègue  Lefebvre,  professeur  à  la 
Faculté  de  droit  de  cette  ville,  vint  le 
prendre  à  Tongres-St-Martin  ;  six  jours 
plus  tard,  M.  Mypels,  à  qui  nous  sommes 
redevables  des  détails  qui  précèdent, 
recevait  la  nouvelle  de  sa  mort....  Une 
des  dernières  pensées  de  Dupret  avait 
été  pour  l'Université  de  Liège;  il  avait 
ajouté  à  son  testament  un  codicille  pour 
lui  léguer  son  beau  portrait  peint  par 
Vieillevoye,  â  condition  qu'on  le  plaçât 
dans  une  salle  de  la  bibliothèque.  — 
Dupret  remplit  les  fonctions  de  recteur 
pendant  1  année  académique  184i-i8i2. 
—  On  connaît  de  lui  les  travaux  sui- 
vants : 

I.  Manuscnts, 

i""  hefi  Réquisitoires ,  connus  seule- 
ment par  le  souvenir  qu'ifs  ont  laissé 
au  tribunal  de  Gand.  Qu'il  suffise  de 
dire  que  ses  conclusions  furent  cons- 
tamment sanctionnées  par  la  Chambré 
civile,  et  que  la  Cour  d'appel  lui  donna 
raison,  dans  les  deux  seules  circons- 
tances où  le  tribunal  crut  devoir  adop- 
ter un  avis  différent  du  sien. 

2°  Des  Cahiers,  c'est-à-dire  le  Cours 
de  droit  civil  approfondi,  fait  â  l'Univer- 
sité de  Liège  de  1835  â  4868.  Ils  em- 
brassent tout  le  Code,  sauf  les  articles 
4832  â  209i.  Dupret  vérifiait  chaque 
année  une  partie  de  son  cours.  Ce  sont 
ces  parties  ainsi  retravaillées  qui,  seu- 
les, peuvent  être  considérées  comme 
entièrement  achevées  (les  commentaires 
des  deux  premiers  livres  du  Code,  et  les 
commentaires  sur  les  titres  des  succès- 
sions,  des  donations  et  testaments,  du 
contrat  de  mariage,  de  la  vente  et  du 
louage).  On  doit  y  voir  l'œuvre  capitale 
de  l'auteur.  Quoique  restés  manuscrits, 
ces  cahiers  sont  invoqués  fréquemment 
devant  les  tribunaux.  La  publication  en 
serait  très-désirable. 

II.  Travaux  imprimés. 

ô*^  De  la  déclaration  de  bâtardise  des 
enfants  de  l'épouse  dans  le  cas  d'ab- 
sence du  mari  (Revue  du  droit  français 
et  étranger,  publiée  ù  Paris  par  MM. 


(*)  NypeU,  p.  40. 

(■  )  Procès^verbal  de  la  séance  du  M  jaillet 


4843. 
(*)  Nypels,  p.  2S. 


263 


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Foeîis,  Valette  et  Duvergier,  1. 1,  p.  725 
à  755,  et  Revue  des  revues  du  droit,  pu- 
bliée à  Bruxelles,  t.  VIII,  p.  i  et  suiv.). 

Lorsque  leofant  dont  on  Tent  Caire  déclarer 
la  bâtardise  élait  conçu  au  moment  de  la  dis- 
parition ou  des  dernières  nouvelles  du  mari, 
sa  légitimité  doit  être  combattue  par  l'action 
en  désaveu ,  parce  qu'alors  l'enfant  est  pro- 
tégé par  la  règle  :  Paier  ii  est,  quem  nuptiœ 
demouttrant.  Lors ,  an  contraire ,  que  la 
conception  de  l'enfant  est  postérieure  a  la 
disparition  ou  aux  dernières  nouvelles  du 
mari,  cet  enfant  ne  peut  invoquer  la  règle  : 
Pater  it  ett,  etc.,  et  par  conséquent  on  peut 
agir  contre  lui  par  la  contestation  de  légiti- 
mité proprement  dite.  —  Mais  qui  peut 
exercer  l'action  en  désaveu  ?  Ici  Du  prêt 
8*écarte  de  l'opinion  commune ,  et  soutient 
que  l'action  n'appartient  ni  à  l'envoyé  en 
possession  provisoire,  ni  à  l'envoyé  en  pos- 
session définitive.  Cette  action,  d'après  lui, 
est  tout-à-fait  personnelle  (peraonnalissime) 
au  mari  et  non  transmissible  aux  héritiers. 
Pour  ce  motif ,  il  dénie  également  l'action 
en  désaveu  au  tuteur  d'un  mari  interdit. 
Cette  dernière  partie  de  la  solution  est-elle 
incontestable?  (V.  Dalioz,  Rec,  périod.  1844, 
i,  455). 

4*  En  droit  français ,  le  tiers  délen- 
teur a-t-il  Texception  cedendarum  ac- 
timum,  c'est-à-dire,  est-il  libéré  de 
Faction  hypothécaire,  lorsque  le  créan- 
cier a  rendu  impossible  sa  subrogation 
aux  droits  hypothécaires  qu'il  avait  sur 
d'autres  immeubles  pour  sûreté  de  la 
même  créance?  (Rev.  du  droit  français, 
etc.,  t.  il,  p.  401  à  416,  et  p.  505  à 
528;  et  Rev,  des  revues  de  droit,  t. VI 11, 
p.  169). 

Dissertation  d'un  grand  intérêt  pratique. 
Dumoulin,  et  après  lui  Loyseau  et  Poihier 
accordaient  au  tiers  détenteur  le  môme  droit 
qu'au  fidéjusseur.  En  présence  du  silence  du 
Code  civil,  les  modernes  ont  généralement 
adopté  la  théorie  de  Dumoulin.  Du  prêt 
prouve  à  l'évidence  qu'elle  est  inadmissible, 
et  se  fonde  principalement  sur  ce  principe, 
que  la  possibilité  de  la  subrogation  n'en- 
traîne pas  nécessairement  l'existence  de 
l'exception  cedendarum  actionum.  Et,  en 
efl'et,  la  subrogation  et  l'obligation  de  con- 
server ce  qui  a  été  conféré  par  subrogation 
sont  deux  choses  fort  différentes.  —  La 
Cour  de  cassation  de  France,  convaincue 
par  la  force  des  arguments  de  Dupret,  a 
changé  sa  jurisprudence  sur  ce  point  (De 
Villeneuve,  4847,  1,86.—  Dalioz,  i847, 
i ,  5).  —  La  dissertation  de  Dupret  est  aussi 
remarquable  au  point  de  vue  de  l'érudition 


historique  qu'au  point  de  vue  de  la  vigueur 
du  raisonnement. 

5^  De  la  modification  des  servitudes 
par  la  prescription.  —  Interprétation 
de  Tart.  708  du  Code  civil  {Revue  du 
droit  français,  etc.,  t.  III,  p.  8(7à84i, 
et  Revue  des  revues  de  droit,  t.  X,  p. 
32). 

La  doctrine  admet  généralement  les  solu- 
tions suivantes:  I*»  Si  le  propriétaire  du 
fonds  dominant  a  joui,  pendant  trente  ans, 
d'un  droit  plus  étendu  que  ne  le  comportait 
son  titre,  il  a  acquis  l'extension,  pourvu 
qu'il  ne  s'agisse  que  d'une  servitude  continue 
et  apparente  ;  mais  non,  s'il  s'agit  d'une  ser> 
vitude  discontinue  ou  non  apparente  ;  2°  Si 
l'on  a  exercé  le  droit  d'une  manière  restreinte, 
la  servitude,  quelle  qu'elle  soit,  sera  réduite 
par  la  prescription;  3°  Enfin,  lorsque  la 
servitude  dont  on  a  usé  pendant  trente  ans 
diffère  du  droit  concédé,  par  le  lieu  ou  par 
le  temps  de  son  exercice,  on  décide,  dans 
tous  les  cas,  que  le  droit  primitif  est  éteint, 
et  que  le  droit  concédé  est  acquis  s'il  constitue 
une  servitude  continue  et  apparente.  —  Du- 
pret accorde  le  premier  point,  mais  trouve 
trop  absolue  la  solution  des  deux  autres. 
Elles  ont  le  tort,  à  ses  yeux,  d'isoler  complè- 
tement la  possession  du  titre.  Pour  que  la 
possession  puisse  modifier  le  droit,  dit-il,  il 
faut  qu'il  soit  certain  que  cette  possession 
n'est  pas  conforme  au  droit  ;  car,  si  elle  est 
de  nature  à  pouvoir  s'accorder  avec  le  titre, 
il  ne  peut  être  question  ni  de  prescription 
acquisitive»  ni  de  prescription  extinctive. 
Ainsi,  en  ce  qui  concerne  la  restriction  de 
ta  servitude,  le  droit  sera  conservé  dans  son 
entier,  malgré  l'usage  restreint,  toutes  les 
fois  que  la  possession  s'accordant  avec  le 
titre,  l'exercice  du  droit  n'aura  trouvé  des 
limites  que  dans  la  volonté,  les  besoins  ou 
les  convenances  du  propriétaire  dominant. 
Le  droit,  au  contraire ysem  restreint,  lorsque 
la  possession  prendra  des  caracières  qui 
devront  la  faire  envisager  comme  ayant  été 
réglée  par  un  droit  moindre  que  le  droit 
établi.  ]\  n'y  a  plus  dèslors  à  résoudre  qu'une 
question  do  fait,  laquelle  doit  être  appréciée 
par  le  juge.  —  Môme  conclusion  dans  la 
troisième  hypothèse  mentionnée  ci-dessus. 
Le  juge  aura  à  examiner  si  l'assignation  de 
temps  ou  de  lieu  a  été  un  des  éléments  con- 
stitutifs de  la  servitude,  ou  seulement  un 
pacte  accessoire  pour  en  régler  l'exercice. 
Dans  le  premier  cas,  l'exercice  de  la  ser\'i- 
tude  avec  une  autre  assignation  pourra 
éteindre  le  droit  primitif,  et  l'assignation 
nouvelle  faire  acquérir  un  nouveau  droit  s'il 
s'agit  d'une  servitude  prescriptible.  Quand 
la  servitude  est  imprescriptible,  l'assignation 


26S 


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nouvelle  ne  peut  donner  naissance  à  un  nou- 
veau droit,  et  conséquemroent  la  servitude 
est  éteinte.  Dans  le  second  cas,  c'est-ài-dire 
lorsque  Tassignation  de  lieu  ou  de  temps  n'a 
élé  stipulée  que  pour  régler  le  mode  d'exer- 
cice de  la  servitude,  le  changement  d'exercice 
n'influe  pas  nécessairement  sur  l'existence 
du  droit  de  servitude  en  lui-même. 

6^  Note  sur  le  sens  des  mots  :  par 
amtribution  avec  les  héritiers  naturels^ 
dans  l*art.  1015  du  Code  civil  (Revue 
du  droit  fr.,  t.  Il,  p  881  à888,  et  Rev, 
des  revues  du  droit,  t.  IX,  p.  211). 

Contre  l'interprétation  de  M.  Duranton.  — 
Ce  dernier  jurisconsulte,  sans  avoir  connais- 
sance de  l'opinion  de  Du  prêt,  est  revenu 
spontanément  sur  sa  première  thèse,  et  s'est 
trouvé  pleinement  d'accord  avec  le  professeur 
de  Liège,  dans  la  nouvelle  édition  de  son 
Cours  de  droit  civit, 

V  Analyse  de  la  première  partie  du 
Traité  des  privilèges  et  des  hypothèques 
de  M.  Valette,  professeur  à  TEcole  de 
droit  de  Paris  (Revue  du  droit  fr.^  etc., 
t.  IV,  p.  59  à  68). 

C'est  le  dernier  travail  imprimé  de  Dupret. 

8*^  Dor4iments  divers,  relatifs  à  Tins- 
truction  publique,  etc. 

a)  Mémoire  adressé  au  roi,  par  le 
Conseil  académique  de  l'Université  de 
Liège  (6  avril  1858),  à  l'occasion  du 
projet  de  loi  sur  les  pensions,  présenté 
à  la  Chambre  des  représentants  pendant 
lasession  de  1857-1858. 

(MËuvre  d'une  Commission  dont  Dupret 
faisait  partie. 

b)  Note  sur  la  question  relative  A  ren- 
seignement du  droit  civil  élémentaire  et 


du  droit  civil  approfondi  (Documents  de 
la  Chambre  des  représentants.  Session 
de  1841-1842.  Annexe  au  Rapport  de 
la  section  centrale  sur  le  projet  de  révi- 
sion de  la  loi  du  27  septembre  1855). 

c)  Rapport  à  M.  le  Ministre  de  Tln- 
lérieur  sur  renseignement  du  droit  civU 
à  V Ecole  de  droit  de  Paris  (Annales  des 
Universités  de  Belgique,  t.  III,  p.  1087- 
1110). 

Rédigé  à  la  suite  d'une  mission  oflicielle 
confiée  k  Dupret  en  1845.  L'auteur  se  préoc- 
cupe incidemment  de  la  ligne  de  démarcation 
à  établir  entre  l'enseignement  élémentaire 
et  renseignement  approfondi  du  droit  civil. 

M.  Nypels,  dans  la  notice  qu'il  a  consacrée 
à  Dupret,  relève  avec  raison  le  mérite  peu 
ordinaire  du  style  de  son  ancien  collègue  et 
ami.  «  Il  est  impossible,  dit-il,  d'exprimer 

>  sa  pensée  avec  plus  de  netteté  et  de  préci- 

>  sion.  C'est  le  style  à  la  fois  simple  et  élé- 
»  gant,  dont  Pothier  et  Touiller  sont  les  plus 
»  parfaits  modèles  parmi  les  juriscensuUes 
»  français.  » 


Ki«n»t  (Jean-Gérard-Joseph)  na- 
quit à  Aubel,  province  de  Liège,  le  12 
octobre  1782,  et  mourut  à  Louvain  le 
6  octobre  1842.  Il  était  parent  du  cé- 
lèbre curé  d*Afden  (*)  et  Tainé  de  quatre 
frères  (*)  dont  deux  se  distinguèrent, 
comme  lui,  dans  renseignement  du 
droit,  à  Liège  et  à  Louvain  (v.  les  art. 
Ant.-N.-J.  et  Lambert  Ernst).  Ernst 
a^fi^  commença  ses  études  préparatoires 
à  Tabbaye  de  Sainte-Croix  et  les  ache- 
va à  Aix-la-Chapelle  (*).  L^ancienne 
Aima  Mater  de  Louvain  avait  disparu 


(*)  Simon-Pierre  Ernst,  chanoine  régu- 
lier et  professeur  en  théologie  à  l'abbaye  de 
Rolduc  (Herzogenrath) ,  puis  curé  d*Afden 
(vers  1757),  près  d'Aix-la-Chapelle,  a  mérité 
une  place  dans  toutes  les  liiographies  uni- 
rersetles.  On  lui  doit  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages estimés,  entre  autres  le  Tableau  histo- 
rique des  suffragants  de  Liège  iiSQS)^  VHis- 
toiredu  Lim^our^/, éditée  par  M.  Ed.Lavalleye 
(v.cenom),7  V.  in-8o«  plusieurs  chronologies 
historiques  dans  le  t.  III  de  l'Art  de  vérifier 
les  datêJi,  des  brochures  sur  le  Serment  et 
une  apologie  du  nouveau  Catéchisme  publié 
par  ordre  de  Bonaparte  (v.  Barbier,  Exa- 
men critique  et  complément  des  dict,  histo- 
riques ,  et  Becdelièvre ,  Biogr,  liégeoise , 
t.  II,  p.  665-670).— S.-P.  Ernst  fut  nommé, 


en  1814,  membre  de  l'Institut  des,  Pays- 
Bas;  il  mourut  le  11  décembre  18Ï7,  ftgé 
de  73  ans.  Après  la  révolution,  il  était  de- 
venu propriétaire  des  bâtiments  de  l'abbaye 
de  Rolduc  ;  il  en  disposa  en  faveur  de  Tévè- 
ché  de  Liège,  à  condition  qu'on  y  établit  un 
petit  séminaire.  Sa  riche  bibliothèque  fut 
léguée  au  grand  séminaire  du  mémo  diocèse. 

(  *  )  Ulric  Ernst,  qui  se  place  entre  Gé- 
rard et  Antoine,  se  retira  au  pays  natal  et 
mourut  notaire  à  Montzen.  Il  avait  fait  de 
bonnes  éludes  juridiques  k  l'Ecole  de  droit 
de  Bruxelles,  oii  il  fut  reçu  docteur  en  1817. 
Sa  thèse  de  droit  romain  roule  sur  Cemphy- 
théose;  sa  thèse  de  droit  civil,  sur  la  recon- 
naissance des  enfants  naturels. 

(*)  Nous  empruntons  ces  détails  et  pla- 


267 


ERN 


268 


au  milieu  de  la  tourmente  révolution- 
naire :  c'est  à  Liège ,  sous  la  direction 
de  l'avocat  Jean-Hubert- Vincent  (*), 
qu'il  acquit  ses  premières  connaissan- 
ces juridiques.  Survinrent  la  loi  du  22 
ventôse  au  XII ,  qui  institua  des  écoles 
de  droit  à  Paris,  Dijon,  Turin,  Gre- 
noble, Àix,  Toulouse,  Poitiers,Rennes, 
Caen,  Bruxelles,  Coblence  et  Stras- 
bourg, et  le  décret  (daté  de  Mayence, 
le  4«  complémentaire  de  la  même  an- 
née) qui  en  régla  Torganisation.  L'E- 
cole de  droit  de  Bruxelles  ayant  été 
solennellement  installée  le  25  mars 
iSOG,  Ernst  fut  un  des  premiers  à  s'y 
faire  inscrire  (*).  Il  prit  le  grade  de 
bachelier  le  9  mars  1807  et  celui  de 


licencié  le  21  avril  suivant,  après  avoir 
soutenu ,  conformément  à  l'art.  48  du 
décret  organique  précité,  un  acte  pu- 
blic sur  le  droit  romain  {qui  potiore* 
in  pignore  vel  kypotfieca  habeantur,  et 
de  his  qui  in  priorum  creditorum  loco 
9ucceduttt),  sur  le  droit  civil  français 
(sur  la  loi  du  i5  floréal  an  XI  :  (te  to 
portion  des  biens  disponibles)  et  sur  dif- 
férentes positions  du  Code  de  procé- 
dure civile.  Le  22  janvier  i8i0,  sur  la 
demande  du  doyen  de  la  Faculté ,  il  fut 
autorisé  par  Fontanes  (grand-maître 
de  l'Université)  à  remplacer,  comme 
professeur  suppléant,  Maurissens,  qui 
venait  de  quitter  l'enseignement  pour 
la  magistrature  (').  Le  ii  juin  1810, 


ftiears  autres  à  Télogede  J.-G.-J.  Ernst  par 
le  chanoine  de  Ram,  recteur  de  l'Cniversilé 
d*  Louvain(Louv.,  1849,  in-S»)  ;  mais  la  pré- 
sente notice  a  été  rédigée,  pour  la  plus  grande 
partie,  d'après  des  documents  authentiques 
mis  gracieusement  à  notre  disposition  par 
M.  Tavocat-général  Ernst,  fils  de  l'hono- 
rable professeur 

(  *  )  Premier  de  Louvain^  en  philosophie, 
le  19  août  1783,  ensuite  Ucencié  en  droit 
civil  et  en  droit  canon,  Vincent  était  venu 
s'établir  à  Liège,  où  il  jouissait  d'une  consi- 
dération méritée  comme  avocat  et  comme 
jurisconsulte. 

(*)  L'enseignement  y  était  confié  à  cinq 
professeurs  {Taru,  substitut  du  procureur- 
général  à  la  Cour  de  Bruxelles;  vanGobbels- 
chroy,  doyen,  ancien  professeur  en  droit  à 
Louvain  ;  van  Hoogien,  qui  avait  été  insti- 
tuteur de  l'archiduc  Charles  d'Autriche; 
CahuaCf  ci-devant  professeur  à  l'Université 
de  Douai  ;  Jacquetart,  ancien  titulaire  d'une 
chaire  de  droit  romain  à  Louvain)  et  deux 
suppléants  [Mauristens  et  Heuschting,  éga- 
lement venus  de  Louvain).  Van  Bavière  rem- 
plissait les  fonctions  de  secrétaire-général 
de  l'Ecole.  —  V.  le  Manuel  dei  étudiants 
en  droit  de  Bruxellet^  par  Ign.  Timmer- 
mans,  appariteur.  Bruxelles,  1813,  in-iS*. 

(  '  )  Charles-Lambert  Maurissens  ou  plutôt 
de  Maurissens  (il  avait  émigré  et  brûlé  ses 
titres  par  prudence  avant  de  repasser  la 
frontière),  né  à  Namur  en  172K),  avait  ensei- 
gné le  droit  romain  dès  17$3,  en  qualité  de 
professeur  agrégé,  à  l'Université  de  Lou- 
vain. C'est  en  cette  ville  qu'il  fit  imprimer, 
en  1789,  ses  Recitationes  in  L  libros  Diges- 
torum  (5  vol.  in-S^I  et  ses  Questiones  juris 
romani  tam  in  IV  institutionum  librox  , 
quam  in  praseipuos  Digestorum  litulos,  ou- 
vrages qui  furent  longtemps  populaires  par- 
mi les  étudiants  en  droit.  A  la  révolution 


brabançonne ,  il  dut  quitter  l'Université , 
avec  ceux  de  ses  collègues  qui  avaient  ad- 
héré à  la  rénovation  décrétée  par  Joseph  II. 
En  1791,  il  fut  nommé  auditeur  à  la  cour 
des  comptes.  L'invasion  française  le  ramena 
dans  sa  ville  natale,  d'où  il  vint  à  Liège, 
lors  de  la  restauration,  envoyé  par  le  prince 
de  Mettemich  pour  sonder  l'opinion  publique 
sur  la  réunion  éventuelle  de  Liège  à  la  Bel- 
gique. La  |)olilique  changea  ;  la  seconde  in- 
vasion française  le  força  de  prendre  le  che- 
min de  l'exil.  Il  n'attendit  pas  sa  radiation 
de  la  liste  des  émigrés  pour  rentrer  à  Na- 
mur (1800;, où  le  jury  d'instruction  du  dépar- 
tement le  chargea  d'un  cours  de  droit.  C'est 
de  là  qu'il  passa  en  1806  à  Bruxelles.  En 
1809,  il  devint  juge  au  tribunal  de  cette 
ville  et  fut  presque  en  même  temps  nommé 
membre  du  jury  de  concours,  pour  les  leçons 
qui  viendraient  à  vaquer  aux  écoles  de  droit 
de  Bruxelles,  de  Coblence  et  de  Strasbourg. 
Il  fut  plusieurs  fois  présenté  à  la  Cour  pour 
la  place  de  conseiller  :  mais  on  connaissait 
trop  son  attachement  pour  la  maison  d'Au- 
triche, avec  laquelle  la  France  était  en  guerre. 
En  1815,  le  roi  des  Pays-Bas  le  nomma 
maître  des  requêtes  à  la  Chambre  des 
comptes  de  Bruxelles  ;  mais  cette  charge  fut 
supprimée  avant  qu'il  y  entrât.  Il  fut  plus 
tard  question  de  l'envoyer  à  la  Cour  supé- 
rieure :  Tàge  était  venu ,  et  avec  l'âge  les 
infirmités  ;  de  Maurissens  obtint  sa  pen- 
sion en  18^2  et  se  relira  dans  sa  propriété 
de  Pellenberg,  près  de  Louvain,  encore  habi- 
tée par  ses  neveux.  Il  mourut  à  BruxeUes 
en  1832 ,  âgé  de  82  ans.  C'était  un  grand 
travailleur  et  un  homme  austère.  Nous  lui 
avons  consacré  quelques  lignes  à  cause  de 
l'influence  qu'il  exerça  sur  Ernst,  son  élève 
et  son  successeur,  et  parce  que  ses  ou- 
vrages ont  été  en  leur  temps  très-répandus 
à  Liège. 


269 


ERN 


270 


il  subit  avec  ane  distinction  toute  par- 
ticalière  les  dernières  épreuves  exigées 
par  la  loi  :  son  diplôme  de  docteur  est 
daté  du  6  juUet  suivant.  Dans  la  séance 
du  14  juin,  le  recteur  Van  Hulttiem  et 
le  doyen  Van  Gobbelschroy  lui  adres- 
sèrent ,  Fun  en  français,  Tautre  en  la- 
tin ,  des  allocutions  où  ils  lui  promet- 
taient le  plus  brillant  avenir  :  le  pro- 
cès-verbal de  PÂssemblée  fut  imprimé 
par  ordre  de  la  Faculté,  pour  être  en- 
voyé au  grand-maitre  (*).  Ernst  aîné 
est  le  premier  docteur  en  droit  qui  soit 
sorti  de  TEcole  de  Bruxelles.  A  ses 
succès  comme  étudiant,  il  Joignait  déjà, 
lors  de  sa  promotion,  une  réputation 
légitimement  conquise  en  chaire ,  et  il 
jouissait  de  l'estime  et  de  Famitié  de 
ses  anciens  condisciples,  qu'il  avait  en 
toute  circonstance  aidés  de  ses  conseils 
et  stimulés  par  son  exemple.  On  appré- 
ciait en  lui  une  rare  candeur  et  une 
modestie  qui  relevait  Téclat  de  son  ta- 
lent et  de  son  savoir.  Une  chaire  de 
Code  Napoléon  devint  vacante  en  18H  ; 
Emst  était  trop  jeune  pour  prendre 
part  au  concours  (il  fallait  être  âgé  de 
30  ans)  ;  on  lui  accorda  une  dispense 
d'âge,  mais  le  concours  fut  ajourné 
jusqu'en  4813  (10  mars).  Les  épreuves, 
selon  l'usage,  furent  écrites  et  orales  : 
pour  les  premières,  on  déposait  dans 
l'urne  trois  séries  de  questions ,  dont 
Tune  était  désignée  par  le  sort  ;  on  ti- 
rait également  au  sort  les  sujets  des 
leçons  (quatre  matières  différentes). 
Ernst  obtint  la  chaire  de  Code  Napo- 
léon en  remplacement  de  Cahuac,  dé- 
cédé le  8  mai  1813.  Faveur  alors  très- 
rare,  il  obtint  le  5  juin  4815,  du  com- 
missaire général  de  l'intérieur, «à  raison 
des  services  qu'il  rendait  à  la  Faculté 
de  droit,  »  un  subside  destiné  à  «  faci- 
liter son  remplacement  »  dans  la  milice 
nationale.  Sur  ces  entrefaites,  il  avait 
décidé  sa  mère  veuve  à  lui  conûer  ses 
jeunes  frères.  Tous  trois  vinrent  le  re- 
joindre à  Bruxelles  :  il  leur  prodigua 
dévouement  et  affection,  surveilla  lui- 
même  leurs  études  et  en  un  mot  se  mon- 
tra pour  eux  un  second  père  :  ses  efforts 
furent  plus  tard  noblement  récompen- 


sés par  la  manière  dont  ils  tinrent  leurs 
promesses  d'avenir.  Ernst  aîné  ne  prit 
aucune  part  aux  événements  qui  ame- 
nèrent la  création  du  royaume  des 
Pays-Bas  ;  mais  bien  qu'il  restât  à 
l'écart,  le  Gouvernement  comprit  qu'un 
mérite  tel  que  le  sien  ne  pouvait  être 
laissé  dans  l'ombre.  Lorsque  les  trois 
Universités  de  l'Etat  furent  créées  (de 
l'avis  d'Ernst,  la  centralisation  eût  été 
préférable),  on  lui  laissa  l'option  :  il 
choisit  naturellement  Liège,  pour  se 
rapprocher  de  sa  famille.  Sa  nomina- 
tion de  professeur  ordinaire  à  la  Fa- 
culté de  droit  fut  confirmée  par  arrêté 
royal  du  3  juin  4847. 

Il  enseigna  le  droit  civil  moderne,  le 
droit  naturel  et  le  droit  public.  En  4849- 
4820,  il  remplitles  fonctions  de  recteur; 
le  t.  III  des  Annales  de  TUniversité 
renferme  un  discours  étendu  De  jure 
civili  quo  hodiè  utimur,  qu'il  prononça 
au  moment  de  remettreà  son  successeur 
les  faisceaux  académiques,  le  2  octobre 
4820.  Ses  frères  l'avaient  suivi  à  Liège: 
deux  d'entre  eux,  ainsi  quenousl'avons 
dit  plus  haut,  entrèrent  tour  à  tour  dans 
la  Faculté  de  droit.  Il  s'était  marié  en 
4848  :  entouré  de  douces  affections , 
jouissant  d'une  réputation  brillante,  ar- 
rivé aune  position  en  rapport  avec  le  mé- 
riteetlesaptitudesquil^aractérisaient, 
il  semblait  n'avoir  plus  rien  à  désirer 
ici-bas,  lorsque  la  mort  lui  enleva  coup 
sur  coup  deux  enfants  et,  plus  doulou- 
reuse épreuve  encore,  sa  compagne  ché- 
rie. Sa  constitution,  déjà  affaiblie  parle 
travail,  se  trouva  vivement  ébranlée  par 
les  longues  veilles  et  par  le  chagrin  ; 
cependant  sa  religion  lui  rendit  du  cou- 
rage :  il  reporta  toute  sa  tendresse  sur 
les  deux  enfants  qui  lui  restaient  et  se 
dévoua  plus  que  jamais  â  l'accomplis- 
sement de  ses  devoirs  et  â  la  pratique 
de  la  charité.  Il  n'était  pas  moins  re- 
commandable  comme  professeur  que 
comme  homme  privé.  Nous  reviendrons 
tout  â  l'heure  sur  son  enseignement; 
qu'il  nous  suffise  de  dire,  quant  à  pré- 
sent, que  son  cours  de  droit  civil  lut  un 
de  ceux  qui  contribuèrent  le  plus  à  jeter 
de  l'éclat  sur  l'Université  naissante. 


(  *  )  Acte  public  de  doctorat  en  droite  etc.      BroxtUes,  MaUly,  4840,  in-^  de  40  p. 


Î71 


ERN 


273 


Ses  premiers  audiieuf  s  avaient  éié,iM>ur 
la  plupart,  ses  anciens  élèves  de  Brur 
xelles  :  la  fidélité  des  disciples  est  rbom- 
mage  le  plus  flatteur  qui  puisse  être 
rendu  au  talent  d'un  maître  et  à  ses 
qualités  sympathiques.  Quelques  années 
s*écoulèrent  paisiblement.  En  1826 , 
sous  le  rectorat  de  M.  Van  Rees(v.  ce 
nom).  Tordre  fut  tout  d*un  coup  troublé 
à  lUniversité  par  la  promulgation  d'un 
nouveau  règlement  sur  la  fréquentation 
des  cours  (v.  le  discours  de  M.  Nypels). 
Le  projet  de  ce  règlement,  élaboré  par 
une  Commission  composée  de  D.  Sau- 
veur, Destriveaux  et  Denzinger,  avec  le 
recteur  comme  président  et  Ernst  aine 
comme  secrétaire,  fut  adopté  le  10  dé- 
cembre, sauf  quelques  modifications, 
par  le  Conseil  académique.  Il  y  était 
stipulé,  entre  autres,  que  les  examens 
auraient  lieu  désormais^  époquesfixes  ; 
que  les  absences  seraient  constatées 
par  des  appels  nominaux  (au  moins 
deux  fois  par  mois)  ;  que  celles  qui  ne 
seraient  pas  justifiées  entraîneraient  la 
peine  de  Tadmonition  rectorale,  etc 
Ce  document  fut  traduit  en  latin  par 
Van  Limburg  Brouwer,  dans  le  langage 
dur  et  rebutant  delaloi  des  XII  tables(  *) , 
puis  distribué  aux  étudiants.  Ce  fut  le 
signal  d'un  violent  orage.  La  jeunesse 
d'alors  commençait  à  entrer  en  efferves- 
cence; elle  était  disposée  à  regarder 
comme  tvrannique  toute  mesure  d'auto- 
rité; les  ferments  de  l'agitation  politique 
qui  prit  trois  ans  plus  tard  un  caractère 
si  grave  n'étaientpas  encore  en  travail; 
mais  le  gouvernement  commençait  à 
perdre  sa  popularité,  et  l'esprit  d'op- 
position se  laisait  jour  partout  où  il 
trouvait  une  issue,  encore  inconscient 
du  but  k  poursuivre,  mais  disposé  À 
résister  énergiquement  k  toute  com- 

Îiression.  Le  Mathieu  Laensbergh  (v. 
'art.  Yak  Hulst)  florissait  alors;  k  en 
croire  le  directeurde  la  police,  ce  jour- 
nal n'aurait  pas  été  étranger  à  la  surex- 
citation qui  se  manifesta  parmi  les  étu- 
diants. On  ne  cessait  de  leur  répéter, 
dîsaix  ce  fonctionnaire  au  professeur 
Ernst,  qu'ils  ne  devaient  pas  se  laisser 
traiter  comme  des  enfants.  Quoi  qu'il 


en  soit,  le  rédacteur  de  la  réclamation 
qui  fut  remise  au  recteur  au  nom  dBs 
âèves  était  lui-même  l'un  des  corres- 
pondants de  la  feuille  en  question.  Le 
recteur  promit  de  convoquer  le  Sénat, 
à  condition  qu*on  s'abstiendrait  de  tout 
désordre.  Les  étudiants  délégués  dé- 
clarèrent (qu'ils  feraient  leur  possible, 
mais  ajoutèrent  qu'il  y  avait  une  cabale 
organisée  contre  Fohmann  (v.  ce  nom), 
et  qu'ils  ne  pouvaient  répondrede  rien. 
Le  recteur  engagea  Fohmann  à  retarder 
sa  leçon  et  convoqua  le  Sénat.  Van 
Limburff  Brouwer  et  Kinker  deman- 
dèrent T'abolition  pure  et  simple  des 
statuts;  ils  furent  seuls  de  leur  avis,  et 
une  nouvelle  Commission,  composéede 
Destriveaux,Comhaire,BronnetBouillé, 
eut  mission  de  composer  une  procla- 
mation aux  élèves.  Rouillé  s'abstint 
pour  raison  de  santé  ;  Destriveaux  pré- 
senta un  projet,  qui  fut  accueilli  malgré 
les  protestations  des  deux  adversaires 
des  statuts.  On  eut  la  malencontreuse 
idée  de  TafiElcber,  au  lieu  de  le  distri- 
buer aux  élèves.  Le  matin  même,  une 
autre  affiche  avait  été  placardée  à  l'en- 
trée de  l'Université  ;  on  y  lisait  :  «  Ce 
»  sont  des  jeunes  gens  qu  il  faut  fléchir 
»  par  la  fermeté  et  la  ligueur,  a  dit  un 
»  professeur  qui seprétend libéral; qui, 
»  antagoniste  des  nouvelles  dispositions 
»  lorsqu'il  est  en  chaire,  devient  leur 
»  plus  2^1é  défenseur  au  Sénat.  —  Dp- 
»  posez  à  la  fermeté  le  mépris,  l'énergie 
»  aux  rigueurs  :  voilà.  Messieurs,  ce 
»  que  l'on  attend  de  vous.  »  Lorsque 
la  proclamation  des  professeurs  parut 
ad  valvas^  de  bruyantes  clameurs  ébran- 
lèrent les  voûtes  du  grand  corridor. 
Ernst  aîné  venait  de  donner  sa  leçon  de 
droit  civil;  il  rencontra  M.  Van  Rees 
et  le  dissuada  de  donner  la  sienne.  Le 
recteur  n'en  voulut  rien  faire  :  il  entra 
dans  son  auditoire,  occupé  par  une 
masse  d'élèves  étrangers  à  son  cours. 
Ils  le  toisèrent  et  restèrent  couverts. 
M.  Van  Rees  voulut  parler  :  sa  voix  fut 
étouffée  par  les  frottements  des  pieds  et 
par  les  sifflets.  Il  sortit  sous  les  huées 
et  alla  retrouver  Ernst  aîné.  La  fou)e 
se  porta  ensuite  cbezDestriveaax,  àqui 


(  '  )  Nous  trouvons  cette  expression  dans 
vi)  caliiar  autographe  é'ErAsi  aîné,  oti  sent 


minutieusement  rapportés  tous  (es  détails  d^ 
cotte  afttife. 


273 


ERN 


274 


Ton  aUnJi>ttait  (à  tort)  les  propos  relevés 
dans  Taffiche  des  insurgés,  el  chez 
Emsi  junior.  Ces  deux  professeurs  flrent 
annoncer  qu'ils  ajournaient  leur  leçon, 
et  se  réunirent  à  leurs  collègues  pour 
délibérer.  Il  fut  convenu  que  le  Sénat 
serait  convoqué lelendemain,  d*urgence. 
La  conférence  terminée,  on  se  sépara. 
La  place  de  TUniversité  regorgeait 
d'étudiants  :  ils  gardèrent  le  silence, 
mais  restèrent  couverts.  Warnkœnig, 
qui  venaitd*arriver  pour  donner  sa  leçon, 
Ait  seul  poursuivi  jusqu'à  sa  demeure  : 
on  le  regardait  comme  Tun  df  s  princi- 
paux inspirateurs  du  règleânent  ('). 
Cependant  le  gouverneur  s'émut  et  se 
plaipit  au  recteur  de  n'avoir  pas  été 
informé  (*)  de  ce  qui  se  passait.  On 
aurait  pu  lui  répondre,  dit  £rnst  aîné, 
par  les  art.  100,  i06,  i07.  178  el  179 
du  règiement  de  1816;  à  son  avis,  tou- 
tefois, le  Hiieux  était  de  s'expliquer  dans 
lue  audience.  L'audience  fut  accordée; 
mais,  avant  l'heure  fixée,  arriva  un  arrêté 
suspensif  des  statuts.  Le  recteur  indi- 
gné écnvii  au  gouverneur  que  les  pro- 
fesseurs allaient  être  mis  k  la  discrétion 
des  élèves,  et  que  l'audience  était  inu- 
tile. La  eontenaoce  forcée  de  certains 
professeurs  faisait  croire,  d'autre  part, 
qu'ils  étaient  pour  quelque  chose  dans 
l'arrêté.  Erast  aine  engagea  le  recteur 
St  rester  calme  et  lui  demanda  la  per- 
mission de  se  rendre  à  Bruxelles,  |)our 
exposer  l'affaire  aux  autorités  supé- 
rieures. «  Il  y  va  de  ma  place,  dit-il  ; 
a  mais  ma  santé,  mon  système  nerveux, 
•  ma  sensibilité  extrême,  duc  k  des 
a  éludes  inconsidérées  et  â  des  acci- 
9  dents  fâcheux,  ne  me  permettent  plus 
»  de  me  présenter  devant  des  élèves  qui 
a  ont  triomphé  par  des  voies  de  fait, 
«quils  renouvelleront  quand  bon  leur 
»  semblera.»  Le  recteur  déclara  qu'il 
voulait  accompagner  son  collègue  et  que 
la  résolution  de  celni-ci,  en  cas  de  non 
réussite,  serait  également  la  sienne; 
en  attendant,  le  secret  devait  être  gardé. 


Le  Sénat  s'assembla;  le  recteur  posa  la 
question  de  savoir  u  si  les  Curateurs 
»  avaient  le  droit  de  suspendre  provi- 
n  soirement  les  statuts,  sans  avoir  en- 
0  tendu  le  Sénat,  m  Destriveaux  demanda 
la  division  ;  le  vote  fut  le  même  sur  les 
deux  points:  9  voix  pour  l'arrêté,  8 
contre,  deux  abstentions  (Gaëde  et 
Fuss).  On  décida  ensuite  que  les  faits 
seraient  portés  à  la  connaissance  du 
Ministre.  Ernst  aîné  intervint  active- 
ment pour  amener  une  solution  sauve- 
gardant la  dignité  rectorale  et  ménageant 
en  même  temps,  de  fait,  la  susceptibilité 
des  Jeunes  gens.  On  fit  droit  à  quelques 
réclamations  légitimes  de  ces  derniers, 
et  de  leur  côté  ils  adhérèrent  aux  sta- 
tuts, qui  furent  officiellement  mis  en 
vigueur,  mais  avec  un  caractère  provi- 
soire :  en  réalité,  on  les  oublia  bientôt. 
La  conduite  d'Ernst  dans  toute  cette 
affaire  lui  valut,  non  seulement  les  re- 
merciments  chaleureux  de  l'autorité , 
mais  une  nouvelle  nomination  de  recteur 
pour  l'année  académique  1827-1828. 
Son  mandat  expiré,  le  ministre  Van  Gob- 
belschroy  voulut  le  prolonger  d'une  an- 
née encore  :  mais  toutes  les  insistances 
échouèrent:  le  13  juillet  18âH,  Ernst 
obtint,  non  sans  peine,  d'être  déchargé 
de  sa  présidence  (').  Le  roi  des  Pays- 
Bas  le  créa,  Tannée  suivante,  chevalier 
de  l'Ordre  du  Lion  belgique  (*).  Cette 
distinction  lui  était  due  à  toutes  sortes 
de  titres,  non  seulement  à  raison  de  son 
mérite  comme  professeur,  non  seule- 
ment en  souvenir  de  la  sagesse  et  de  la 
fermeté  qu'il  avait  déployées  dans  les 
moments  difficiles,  et  de  l'influence  qu'il 
avait  eue  sur  le  rétablissement  de  la 
discipline  universitaire,  mais  encore 
comme  récompense  des  service^  parti- 
culiers qu'il  avait  rendus  à  l'instruction 
publique  en  dehors  de  ses  fonctions. 
En  1816,  il  avait  fait  partie  de  la  Com- 
sion  instituée  pour  rendre  aux  familles 
et  aux  collèges  la  jouissance  des  an- 
ciennes fondations  boursières,  détour- 


(  *  )  Ces  avanies  précipitèrent  sa  réaolation 
4e  quitter  Liège  pour  LÔuvaio,  bien  qu'il  al< 
I^IbAC  d'aetres  oiotife  (v.  l'art.  Wabnkoebig). 

(*  )  CaaMwe  président  du  Collège  des  Cu- 
rateurs. 

(*)  11  eat  pour  suçcfys^eur  KûUier(v.  ce 


nom). —  En  1834-1835,  Ernst  alnë  occupa 
pour  la  troisième  fois  le  fauteuil  rectoral. 

(M  4  juillet  1829.—  L'Ordre  de  Léopold 
lui  fut  offert  plus  tard  :  il  fU  entendre  qu'il 
Ae  croyait  pas  avoir  assez  fait,  sous  le  oou- 
vaau  régime,  poar  le  mériter. 


275 


ERN 


276 


nées  pendant  quelques  temps  au  proflt 
des  Ecoles  centrales.  Il  s'était  acquitté 
de  sa  tâche  avec  tant  de  zèle  et  de 
conscience,  que  le  ministre  Falck  le 
supplia,  en  1819,  d'accepter  le  titre  de 
membre  d'une  nouvelle  Commission, 
chargée  d'aider  le  Gouvernement  dans 
la  recherche  et  le  rétablissement  des 
anciennes  fondations.  Ernst  habitait 
alors  Liège  :  il  n'accepta  point;  le  mi- 
nistre lui  déclara  formellement  qu'il 
tenait  à  le  conserver,  au  moins  comme 
membre  correspondant,  pour  l'exécu- 
tion d'une  mission  dont  il  ne  voulait  in- 
vestir que  des  personnes  dignes  de  la 
confiance  générale  par  leurprobité,  leur 
instruction  et  leur  amour  pour  le  bien 
public  (*).  En  1829,  un  arrêté  du  22 
février  l'avait  placé  dans  la  Commission 
chargée  de  rédiger  un  projet  d'organi- 
tion  de  l'instruction  moyenne  (')  :  il 
supporta  à  lui  seul  la  plus  grande  par- 
tie du  fardeau  (').  Plus  tard,  maintenu 
dans  ses  fonctions  professorales  par 
l'arrêté  du  16  décembre  1830,  il  fit 
encore  acte  de  dévouement,  malgré  sa 
mauvaise  santé,  en  acceptant  le  mandat 
de  membre  de  la  Commission  nommée  le 
51  août  1831  par  le  Ministre  de  Tinté- 
rieur  ad  intérim  Teichmann,  «  pour 
discuter  le  projet  d'une  loi  relative  à 
l'instruction  publique  »  (*).  Le  zèle  et 
les  lumières  dont  il  fit  preuve  dans 
l'accomplissement  de  cette  nouvelle 
tâche  lui  valurent  la  confiance  toute 
spéciale  de  M.  de  Theux,  qui  lui  pro- 
posa, en  mai  1852,  la  place  de  secré- 
taire-inspecteur de  l'Université,  —  «  un 
.  surcroit  de  besogne,  »  lui  écrivait  le 
Ministre.  Ernst  aima  mieux  rester  ex- 
clusivement occupé  de  ses  cours  :  Wal- 
ter  (v.  ce  nom)  fut  maintenu  jusqu'à  la 


promulgation  de  la  loi  organique  de 
1855. 

Au  lieu  de  s'attacher  par  un  nouveau 
lien  à  l'Université  de  Liège  ,  Ernst  ac- 
cepta, le  15  juillet  de  cette  dernière  an- 
née, la  chaire  de  droit  national  et  de 
droit  civil  approfondi  à  l'Université  de 
Louvain,  où  ses  frères  Antoine  et  Lam- 
bert allèrent  encore  une  fois  le  retrouver 
plus  tard.  Cette  résolution  s'explique 
d'un  côté  par  son  zèle  religieux,  de 
l'autre  par  les  instances  réitérées  du 
chanoine  de  Ram,  recteur  de  Louvain 
(').  Les  étudiants  de  Liège  virent  avec 
déplaisir  leur  ancien  maître  les  quitter; 
M.  Lambert  Ernst  (v.  ce  nom)  faillit  su- 
bir le  contre-coup  de  leur  mécontente- 
ment. Ernst  aine  réussit  â  Louvain 
comme  à  Liège  :  ses  leçons  de  droit 
civil,  toujours  préparées  avec  le  plus 
grand  soin,  remarquables  surtout  par 
une  logique  serrée  et  par  une  sagacité 
critique  peu  ordinaire,  méritèrent  litté- 
ralement l'admiration  du  célèbre  juris- 
consulte Blondeau  ,  qui  voulut  l'en- 
tendre lors  de  sa  visite  à  Louvain  (*). 
Malheureusement  le  digne  professeur 
soufi'rait  d'une  affection  grave  des  pou- 
mons, qui  s'aggrava  tout  d'un  coup  ;  il 
mourut  â  peine  sexagénaire. 

Quelques  mots  sur  son  enseignement. 
Ernst  aine  n'appartenait  pas  à  cette 
école  historique,  dont  Isi  tradition,  long- 
temps interrompue  en  France  et  chez 
nous,  remonte  jusqu'à  Cujas,  et  que  les 
grands  travaux  des  Savigny,  des  Hugo 
et  de  tant  d'autres  illustres  représen- 
tants de  la  science  allemande  ont  rendue 
de  nos  jours  plus  florissante  que  jamais. 
Tandis  que  Warnkœnig  (v.  ce  nom) 
importait  à  Liège  les  doctrines  et  les 
méthodes  de  ses  maîtres  d'outre-Rhin 


(M  De  Ram,  p.  46. 

('}  Avec  le  dacd'Ursel,  président,  C. Le- 
hon,  L.  G.  Luzac,  M.  R.  Mctelerkamp,  le 
baron  Rengers,  le  baro«  de  Sécus,  J.  Van 
Focrs,  P.  F.  Nicolal  et  A.  L.  DugnioUe,  se- 
crétaire. 

(')  De  Ram,  p.  20. 

(  *)  Il  eut  pour  collègues,  dans  celte  Com- 
mission, Arnould,  Belpaire,  Gauchie,  Gh.  Le- 
cocq  et  M.  Quelelet.  Le  Ministre  écrivit  à 
Ernst,  en  lui  expédiant  l'arrêté  :  <  Vous  ôles 
le  premier  de  ceux  qui  se  sont  présentés  k 
mon  esprit.  >  —  Le  projet  de  la  Commission 


de  4831  a  été  imprimé  par  ordre  du  Gouver- 
nement. (Bruxelles,  H.  Remy,  4832,  in-8*  de 
S06  p.). 

{*)  c  Le  Gorps  épiscopal  attachait  l'io- 
>  térèt  le  plus  vif  à  pouvoir  acquérir,  pour 
»  son  Université,  un  homme  si  éminemmeat 
»  distingué  par  son  savoir  et  par  sa  piété.  » 
(De  Ram,  p.  22). 

(*)  Blondeau ,  doyen  de  la  Faculté  d« 
droit  de  Paris,  était  Namurois.  Il  revenait 
volontiers  en  Belgique ,  où  il  comptait  beau- 
coup d'amis,  surtout  à  Liège  (v.  la  Biogra- 
phie  nationale,  t.  II}. 


277 


ERN 


278 


Ernst,  en  droit  civil,  restait  fidèle  aux 
habitudes  de  l'école  française.  Sa  ma- 
nière se  rapprochait  de  celle  de  Merlin  ; 
îl  s'attachait  essentiellement  au  texte 
du  Code,  le  scrutait  dans  les  moindres 
dét;nls  et  s'appliquait,  à  force  de  le  ser- 
rer de  près,  à  en  exprimer  pour  ainsi 
dire  la  sève.  Le  cours  de  droit  civil  ap- 
profondi devait  durer  plusieurs  années  : 
tous  les  ans,  il  en  détachait  un  ou  deux 
titres  ;  mais  il  savait  rapporter  si  heu- 
reusement à  l'ensemble  du  système  les 
sujets  spéciaux  qu'il  traitait,  que  les  élè- 
ves auraient  pu  s'imaginer  qu'ils  avaient 
entendu  expliquer  tout  le  Code.  L'ex- 
posé de  certains  principes  générateurs 
et  de  quelques  controverses  capitales 
trouvait  place,  par  ce  procédé,  dans 
rétude  de  n'importe  quel  titre.  C'est 
en  considérant  le  Code  comme  un  tout 
complexe  et  indivisible,  dont  un  même 
souffle  pénètre  et  vivifie  tous  les  or- 
ganes, qu'il  se  distinguait  de  la  plupart 
des  commentateurs  ordinaires.  Tandis 
que  les  élèves  s'initiaient,  dans  le  cours 
de  droit  civil  élémentaire,  à  la  langue 
juridique  et  aux  éléments  du  droit,  le 
cours  approfondi  leur  montrait  c4)m- 
ment  on  applique  les  principes ,  leur 
apprenait  à  étudier  les  questions  spé- 
ciales, les  habituait   aux  polémiques 
savantes  :  en  un  mot  ils  s'y  présentaient 
les  armes  à  la  main  ;  on  les  y  exerçait 
à  s'en  servir.  L'érudition  d'Ernst  était 
peu  commune;  mais  il  n'en  était  point  ac- 
c*4iblé.  Quand  il  avait  réduit  une  question 
controversée  à  sa  plus  simple  expres- 
sion et  cité  les  autoritésqui  avalenttraité 
la  matière,  il  exprimait  en  termes  lumi- 
neux et  concis  sa  propre  opinion.  Cette 
introduction  terminée  et  dictée,  il  abor- 
dait la  discussion  proprement  dite.  Son 
improvisation  était  pleine  de  verve  ;  sa 
parole  libre,  véhémente,  sincère  ;  sa  lo- 
gique serrée  et  impitoyable.  11  ne  sa- 
vait ménager  ni  l'éloge  ni  le  blâme. 
L'apostrophe,  le  sarcasme,  les  saillies 
imprévues,  les  mots  heureux,  toute 
Tartillerie  légère  du  discours  étaient 


mis  en  œuvre  à  certains  moments  par 
l'ardent  polémiste  (*).  Touillier  sur- 
tout n'était  pas  ménagé;  en  général, 
du  reste,  Ernst  aimait  à  se  prendre 
corps  à  corps  avec  les  autorités  les  plus 
accréditées.  On  lui  a  fait  un  reproche 
de  ce  rigorisme  inflexible  qui  l'avait 
mis,  sur  un  grand  nombre  de  points,  en 
désaccord  complet  avec  la  doctrine  et 
la  jurisprudence.  Mais  peut- on  lui  en 
vouloir  de  n'avoir  rien  accepté  sans 
contrôle?  C'était  un  homme  de  théorie, 
et  comme  professeur  il  devait  l'être  : 
il  pesait  les  autorités  au  lieu  de  les 
compter  ;  il  voulait  la  vérité  et  rien  que 
la  vérité  :  excellent  exemple  pour  les 
avocats,  si  aisément  portés  à  faire  vio- 
lence à  la  loi  pour  avoir  raison  quand 
même.  Les  circonstances,  d'ailleurs, 
avaient  contribué  à  développer  l'esprit 
militant  d'Ernst  aîné  ;  à  l'époque  où  il 
débuta  dans  l'enseignement,  le  Code 
civil  venait  à  peine  de  paraître  ;  la  Cour 
de  cassation  n'avait  encore  été  saisie 
que  d'un  petit  nombre  de  questions  ; 
sa  jurisprudence  était  parfois  incertaine 
et  hésitante.  «  En  1840,  la  situation  était 
modifiée  sans  doute  ;  mais  en  4840  les 
opinions  d'Ernst  étaient  formées,  et  il 
eût  été  absurde  d'en  attendre  ou  d'en 
exiger  le  sacrifice  »  (*)•  Ernst  fut  pour 
la  Belgique  ce  que  Touillier,  Delvin- 
court  et  Merlin  furent  pour  la  France  : 
il  déblaya    en  quelque  sorte  un  sol 
vierge.  Imbu  de  l'esprit  de  Pothier, 
pour  lequel  il  professait  un  profond  res- 
pect ,  et  d'autre  part  également  versé 
dans  la  science  du  droit  romain  et  du 
droit  coutumier,  il  se  sentait  sur  un  ter- 
rain solide  et  il  marchait  en  avant  sans 
timidité.  Quelques-unes  de  ses  théories 
paraîtraient  surannées  aujourd'hui;  mais 
n'en  est-il  pas  de  même  de  celles  de 
bon  nombre  de  ses  contemporains?  En 
publiant  après  sa  mort,  pendant  la  mi- 
norité de  son  fils,  certains  fragments 
de  son  cours,  on  l'a  exposé  à  être  mal 
jugé,  car  on  n'a  pas  rendu  la  dernière 
expression  de  sa  pensée.  Chaque  fois 


{*)  Ces  appréciations  se  rapportent  au- 
tant aux  leçons  données  à  Louvain  qu'aux 
leçons  données  à  Liège.  Nous  les  emprun- 
tons partiellement  à  M.  Schoitaert,  ancien 
élève  d'Ernst ,  qui  a  bien  voulu ,  k  notre  in- 


tention, consigner  par  écrit  les  impressions 
qui  lui  sont  restées  du  cours  de  son  digne 
maître. 

(  *  )  Schotlaert,  lettre  citée. 


279 


ËRN 


380 


qu'une  matière  se  représentait  dans 
son  enseignement,  il  l'étudiait  à  nou- 
veau, comme  s'il  ne  s'en  était  jamais 
occupé  :  c'est  même  ce  désir  sincère  de 
faire  toujours  mieux  qui  l'empêcha  jus- 
qu'à la  un  de  prêter  Toreille  à  ses  amis, 
qui  rengageaient  à  mettre  au  jour  ses  ex- 
cellentes dissertation (*),  Bien  qu'ayant 
certaines  idées  arrêtées,  il  progressa 
donc  avec  la  science,  et  il  serait  injuste 
de  fonder  une  appréciation  sur  d'anciens 
cahiers  d'élèves.  Cependant  son  exemple 
prouve,  une  fois  de  plus,  que  le  mieux 
est  l'ennemi  du  bien,  et  que  la  modestie 
doit  avoir  des  limiles.  Si  Ernst  avait 
donné  une  forme  définitive  aux  parties 
les  plus  importantes  de  son  cours,  il 
resterait  de  lui  un  souvenir  plus  du- 
rable que  celui  de  ses  qualités  person- 
nelles. -—  Son  couis  de  droit  naturel 
était  très-simple,  très-pratique  et  es- 
sentiellement chrétien.  Ernst  répugnait 
aux  systèmes  des  nouveaux  philosophes: 
sincèrement  religieux,  il  cherchait  un 
critérium  dans  la  révélation  comme 
dans  l'évidence.  Il  tenait  surtout  en  dé- 
fiance le  transcendantalisme  allemand  ; 
il  ne  le  ménageait  pas  plus  qu'en  droit 
civil  il  n'épargnait  Touiller. 

Ernst  avait  été,  à  Liège,  membre  du 
Collège  électoral,  sous  le  gouvernement 
des  Pays-Bas  ;  pendant  quelques  an- 
nées, il  siégea  au  Conseil  communal. 
A  Bruxelles,  en  i8i6,  il  avait  succédé 
au  comte  de  Ficquelmont  (nommé  com- 
mandant de  Spa),  comme  conseiller  de 
fabrique  de  l'église  SS.  Michel  et  Gu- 
dule. 

Voici,  d'après  le  chanoine  de  Ram, 
la  liste  de  quelques-uns  de  ses  ou- 
vrages, tant  imprimés  que  manuscrits  : 

i^  Thèses  proposées  à  la  discmsiott 
publique  pour  oUenir  le  grade  de  li- 
cencié en  droit,  Bruxelles,  1807,  8  p. 
in-4^ 

2®  Thèses  proposées  à  la  discttssi4)n 
publique  pour  obtenir  le  grade  de  doc- 
teur en  droit,  Bruxelles,  1810,  55  p. 
in-4^ 


y*  Thèses  juris  romani ,  de  acqui- 
rendà  vel  amitlendâ  hereditat£,  quas  in 
certamine  publico ,  ad  obtinendam  ca- 
thedram  juris  Napoleontei ,  aut  virarii 
munus,  quae  vacant  in  Facultate  juridicâ 
Bruxellensi,  public»  disceptationi  pro- 
ponet  J.-G.-J.  Ernst  (iO  avril  1813). 
Bruxelles,  16  p.  in-4*». 

4*»  Thèses  sur  les  successions  irrégu- 
Hères,  soumises  à  la  discussion  pu- 
blique du  concours,  le  22  avril  1813. 
/Wrf.,  28  p.  in-4». 

5°  De  jure  civili  quo  hodiè  utimur 
(Discours  prononcé  à  Liège,  comme  rec- 
teur sortant).  Ann.  acad.  Leod.,  vol.  III, 
1820. 

6°  Mémoire  Ms.  (en  possession  de 
M.  l'avocat-général  Ernst)  sur  la  ques- 
tion de  savoir  si  la  ville  de  Liège  doit 
conserver  son  Collège.  —  La  réponse  est 
afiQrmative  et  justifiée  par  des  raisons 
solides.  Ce  travail  remonte  sans  doute 
à  l'époque  où  Ernst  siégeait  à  l'Hôtel- 
de-Yille  de  Liège. 

7®  Réponse  aux  questions  soumises  à 
Vexamen  de  la  Commission  de  révision 
des  règlements  sur  rinstruction  publique 
(20  juin  1828.  La  Haye,  17  p.  in-folio). 

Mémoire  rédigé  au  nom  du  Sénat  acadé- 
mique de  Liège,  et  signé  par  Ernst,  comme 
recteur,  et  par  D.  Sauveur,  comme  secrétaire. 
L'enseignement  moyen ,  y  est-il  dit ,  doit 
préparer  exclusivement  la  jeunesse  aux  étu- 
des universitaires.  CeUes-ci  ne  doivent  être 
libres  que  pour  les  jeunes  gens  qui  ne  visent 
pas  à  obtenir  des  grades.  Pour  les  autres,  il 
y  a  lieu  d'exiger  des  cerliflcats  de  fréquenta- 
tion assidue.  —  La  Faculté  des  sciences  est 
d'avis  que  les  Ecoles  polytechniques  doivent 
être  séparées  des  IJniversités,  etc.  (  '  ). 

8°  TUre  XVIII  du  Code  civil  (livre 
III)  ;  Des  privilèges  et  hypothèques. 
Louvain,  in-8°. 

Ouvrage  posthume,  publié  d'après  an  ca- 
hier d'élève.  C'est  une  simple  ébauche,  ré- 
digée par  Ernst  lorsqu'il  était  malade,  et  ne 
pouvant  donner  qu'une  idée  très-imparfaite 
de  son  enseignement  et  de  ses  qualités 
comme  jurisconsulte  (v.  ci-dessus}. 


(  *  )  Nous  avons  sous  les  yeux  une  cor- 
respondance de  plusieurs  profe.sseurs  de 
droit,  relative  à  cet  objet.  M.  l'avocat-géné- 
ral Ernst  possède  en  copie  trois  dissertations 


de  son  père  :  les  autres  peuvent  être  consi- 
dérées comme  perdues  en  partie 
(  "  )  Autres  temps,  autres  idées. 


281 


ÈRN 


282 


9*  Dissertations  manuscrites,  commn- 
niquèes  par  Ernst  à  ses  élèves  (  *  ),  sa- 
voir : 

a.  Sur  Vart,  6  du  Code  civil.  —  Cet 
article  est  un  de  ceux  qui  offrent  les 
plus  grandes  difficultés.  La  plupart  des 
auteurs  se  réfugient  dans  des  généra- 
lités lorsqu'il  faut  expliquer  les  mots 
bonnes  mœurs, 

b.  Sur  le  système  du  Code  relative- 
ment aux  actions  des  mineurs.  —  L'au- 
teur passe  en  revue  les  actes  des  mi- 
neurs et  des  tuteurs,  et  discute  les 
principales  opinions  en  présence. 

c.  Sur  les  obligations  divisibles  et  in- 
divisibles. —  L'indivisibilité  des  obli- 
gations est  une  matière  extrêmement 
difficile ,  et  sur  laquelle  il  y  a  eu  dis- 
sentiment ,  non-seulement  parmi  les 
auteurs  anciens,  mais  aussi  parmi  les 
modernes  ;  Ernst  a  rendu  le  système 
du  Code  si  simple  et  si  naturel,  qu'on 
ne  comprend  plus  ce  dissentiment. 

d.  Sur  la  résolution  expresse  et  sur 
la  résolution  tacite  des  contrats. 

e.  Sur  la  nullité  de  la  vente  de  la 
chose  d'autrui.  —  Travail  non  moins 
remarquable  que  les  précédents,  par  la 
richesse  des  principes  que  l'auteur  in- 
dique et  par  la  profondeur  de  ses 
vues. 

On  avait  volontiers  recours  aux  lu- 
mières d'Ernst,  et  les  notes  qu'il  don- 
nait à  ceux  qui  le  consultaient  for- 
maient souvent  de  véritables  disserta- 
tions. ((  Pour  ma  part,  dit  le  chanoine 
»  de  Ram  (p.  38),  je  puis  citer  celles 
»  qu'il  eut  la  bonté  de  me  communi- 
»  quer  sur  la  législation  des  fabriques 
I»  et  des  établissements  religieux,  sur 
»  les  effets  de  la  personnification  civile, 
»  et  sur  l'utile  distinction  du  cours  de 
»  droit  civil  en  cours  élémentaire  et  en 
i>  cours  approfondi,  n 

Sources  :  Documents  en  possession 
de  M.  Ernst  fils.  —  Discours  de  P.  F.X. 
de  f^am,  prononcé  le  10  octobre  1842 
an  cimetière  de  l'abbaye  du  Parc  lez- 
Louvain  (Louv.,  1842,  59  p.  in-8")  (■). 
—  Discours  de  MM.  Quirini  et  Van 
Bockel,  bourgmestre  de  Louvain  (Ibid., 
22  p.  in-8«).  —  Discours  de  M.  Schol- 


laert  (Ibid,,  45  p.  in-8<»).  —  Correspon- 
dance. 


Efni«t  (Antoine  -  Nicolas -Josepb), 
frère  du  précédent,  naquit  à  Aubel  le 
20  mars  1796  et  mourut  à  Boppart  (sur 
le  Rhin)  le  lOjuillet  1841,  quinze  mois 
avant  son  afné.  Nous  avons  dit  que  ce- 
lui-ci fut  pour  lui  un  second  père  (v. 
l'art.  J. -G  -J .  Ernst)  et  un  maître  éclairé. 
Ses  humanités  achevées  au  lycée  impé- 
rial de  Bruxelles,  le  jeune  Antoine  sui- 
vit les  cours  de  l'Ecole  de  droit  de  cette 
ville  et  en  sortit  le  6  juin  18i6.  avec 
le  grade  de  licencié,  obtenu  summà  cum 
laude.  Il  prit  immédiatement  place  au 
barreau,  mais  en  même  temps  se  pré- 
para au  professorat,  en  donnant  des  ré- 
pétitions de  droit  romain.  Ernst  afné 
ayant  été  appelé  à  l'Université  de  Liège 
en  1817,  ses  frères  l'y  suivirent  ;  An- 
toine fut  nommé  professeur  extraordi- 
naire à  la  Faculté  de  droit  le  15  février 
1822,  |)uis,  le  3  juillet  1827,  promu  à 
l'ordinariat.  Son  discours  inaugural, 
prononcé  le  15  avril  1822,  est  intitulé  : 
Dejuris  causis  diversisque  jurispruden- 
tiœ  partibus  (Ann.  Acad.  Leod..  vol. 
V,  1821-1822).  Dans  la  première  partie 
de  sa  carrière,  il  se  voua  tout  entier  à 
l'enseignement;  dans  la  seconde,  il  de- 
vint l'un  des  hommes  politiques  les  plus 
influents  du  pays  ;  dans  la  troisième 
enfin,  il  occupa  de  nouveau  une  chaire 
universitaire.  Rien  qu'il  n'eût  pris  au- 
cune part  aux  événements  de  1850,  il 
fut  élu  membre  suppléant  du  Congrès 
national;  mais  on  fit  de  vains  efforts 
auprès  de  lui  pour  le  décider  à  siéger 
dans  cette  illustre  assemblée,  après  la 
retraite  de  M.  Nagelmackers.  Pendant 
l'année  académii|ue  1851  -1852,  il  exerça 
les  fonctions  de  recteur.  Il  ne  consentit 
À  interrompre  ses  cours  pour  aller  rem- 
plir un  mandat  parlementaire  qu'en  1855, 
ù  l'occasion  de  la  dissolution  des  Cham- 
bres. Pour  procéder  avec  ordre,  nous 
le  considérerons  tour  A  tour  comme 
professeur  et  comme  homme  d*ElaL 

Il  enseigna  successivement  le  droit 


(  *  )  D'après  M.  le  professeur  Itelconr  (ap. 
De  Ram). 


(•)  Et  Journal  de  Ùruxellei,  n«  du  15  oc- 
tobre 1849. 


283 


ERN 


284 


commercial  (  '  ),  rencyclopédie  du  droit, 
le  droit  civil  élémentaire  et  les  Institu- 
tes  du  droit  romain.  Son  cours  d'en- 
cyclopédie, bien  que  non  obliptoire  à 
cette  époque,  fut  suivi  par  tous  les 
élèves,  qui  en  appréciaient  la  baute  uti- 
lité. C'était  un  enseignement  nouveau 
dans  notre  pays,  importé  d'Allemagne 
et  encore  inconnu  en  France  :  de  pré- 
cieuses rechercbes  sur  Forigine  du 
droit,  un  tableau  des  législations  an- 
ciennes, un  appendice  sur  le  droit  cou- 
tumier,  la  transition  du  droit  ancien 
au  droit  moderne  parfaitement  mar- 
quée, le  tout  mis  en  rapport  avec  nos 
besoins  et  l'état  de  notre  législation,  le 
tout  envisagé  au  double  point  de  vue 
de  la  philosophie  et  de  l'histoire,  c'en 
était  plus  qu'il  ne  fallait  pour  attirer 
une  jeunesse  qui  commençait  à  se  pas- 
sionner vivement  pour  les  sciences  mo- 
rales et  politiques  (').  On  n'admirait 
pas  seulement  chez  le  professeur  une 
logique  puissante,  une  clarté  limpide 
dans  l'exposition,  une  grande  solidité 
dans  les  idées,  mais  on  devinait  sous  le 
profond  jurisconsulte  un  penseur  et 
tout  à  la  fois  un  esprit  pratique.  Mais 
où  Ernst  triompha  véritablement,  ce 
fut  dans  ses  cours  de  droit  civil  élé- 
mentaire et  des  institutes.  Laissons 
parler  son  biographe  (')  :  a  Avant  M. 
Ernst,  il  n'y  avait  guère  dans  nos  Uni- 
versités que  des  leçons  approfondies 
sur  une  partie  du  Code  ;  le  jeune  pro- 
fesseur comprit  qu'il  y  aurait  avantage 
à  placer,  à  côté  de  ce  cours  de  haute 
discussion,  un  cours  plus  restreint  aux 
principes,  et  qui  embrasserait  en  deux 
ans  l'ensemble  du  Code.  Le  succès  fut 
tel ,  qu'aujourd'hui  encore  ses  anciens 
élèves  n'en  parlent  qu'avec  enthou- 
siasme ;  ils  se  souviennent  toujours  de 
cette  puissance  d'analyse ,  qui  permet- 
tait au  professeur  de  simplifier  les  ma- 
tières les  plus  compliquées  et  de  les 
présenter  en  un  tableau  succinct  qui 
frappait  tous  les  esprits.  —  Dans  le 
cours  des  Institutes,  il  avait  parfaite- 


ment saisi  la  llmile  qui  sépare  ce  cours 
de  celui  des  Pandectes;  il  réunissait 
les  deux  anciennes  méthodes  presque 
exclusives  :  celle  du  traité,  qui  ne  don- 
nait que  les  principes  sans  voir  les 
textes;  et  celle  du  commentaire,  qui 
s'attachait  à  interpréter  sèchement  la 
lettre,  sans  vue  d'unité  et  sans  point 
de  départ.  Pendant  six  mois  d'abord. 
M.  Ernst  expliquait  les  Institutes  en 
forme  de  traité;  il  résumait  avec  ordre 
les  principes  généraux  de  tout  le  droit 
romain,  mais  toujours  en  prenant  les 
Institutes  pour  base,  et  ce  n'était  qu'en 
passant  qu  il  commentait  çà  et  là  l'un 
ou  l'autre  passage  difficile.  Chaque  cha- 
pitre, chaque  titre  avait  en  tête  les  in- 
dications des  sources,  Institutes,  Pan- 
dectes, Code,  Novelles,  où  le  professeur 
puisait  les  principes  qui  formaient  et 
complétaient  le  beau  plan  de  cette  pre- 
mière partie  de  son  cours.  La  seconde 
était  essentiellement pra/t^tt^:  M. Ernst 
y  aidait  ses  élèves,  fortifiés  déjà  par  le 
suc  d'une  saine  doctrine,  à  expliquer 
la  lettre  même  des  principales  matières 
des  Institutes.  »  Malheureusement  ces 
cours  n'existent  qu'en  cahiers  ;  et  s'il 
devait  être  un  jour  déféré  au  vœu  du 
chanoine  de  Ram,  qui  en  souhaitait 
ardemment  la  public4ition,  on  devrait 
user  de  beaucoup  de  prudence  et  s'as- 
surer avant  tout  qu'on  possède  bien  la 
pensée  définitive  de  l'auteur  (v.  l'art. 
J.-G.-J.  Ernst).  Il  y  aurait  lieu,  en 
tous  cas,  de  comparer  les  anciens  cours 
faits  à  Liège  avec  ceux  qu'Antoine  Ernst 
donna  pendant  les  deux  dernières  an- 
nées de  sa  vie  à  l'Université  de  Lou- 
vain,  où  il  était  ailé  rejoindre  ses  frères 
(1859),  renonçant  une  fois  pour  toutes 
aux  affaires  publiques  et  heureux  de 
reprendre  sa  vie  paisible  et  studieuse. 
La  période  intermédiaire  dont  il  nous 
reste  à  parler  embrasse  six  années 
(4855-1839),  qui  marqueront  dans  l'his- 
toire de  la  jeune  Belgique,  non  qu'elles 
aient  été  fertiles  en  événements  reten- 
tissants, mais  à  cause  de  la  gravité  des 


(  '  )  Oc  cours  était  très-élémentaire.  L'en- 
seignement du  droit  commercial  ne  prit  que 
plus  tard  une  importance  sérieuse  à  l'Uni- 
versité de  Liège  (v.  l'art.  Godet). 

{*j  II  est  certain  que,  jusqu'à  4830,  cette 


tendance  fut  dominante  chez  les  étudiants  de 
l'Université  de  Liège. 

(*)  P.  F.  X.  De  Ram,  Discours  prononcé 
sur  la  tombe  de  M,  Antoine-N.-J,  Ernsi^  le 
47  juillet  4841.  Louvain,in-8<>,  note  4,  p.  18. 


^2%S 


ERN 


286 


questions  agitées  au  sein  du  Parlement, 
et  de  l'influence  des  solutions  qui  y  ont 
été  données  sur  Tattilude  ultérieure  des 
partis  et  sur  les  destinées  de  nos  insti- 
tutions nationales.  Le  traité  des  vingt- 
quatre  articles,  onéreux  pour  la  Bel- 
gique mais  reconnaissant  sa  neutralité 
perpétuelle  sous  la  garantie  des  puis- 
sances, avait  été  ratifié  à  la  fin  de  1851  ; 
mais  il  s'agissait  d'en  assurer  l'exécu- 
tion, et  la  Conférence  de  Londres,  à 
qui  ce  soin  difficile  était  contié,  voulait 
faire  tout  dépendre  d'une  négociation 
entre  les  Pays-Bas  et  la  Belgique  ('). 
La  Belgique  était  pressée  d'en  finir; 
mais  elle  entendait  qu'avant  tout  son 
territoire  ne  fût  plus  à  la  merci  des 
étrangers.  Le  roi  Guillaume,  au  con- 
traire, protestait  contre  le  traité  et 
comptait  sur  une  politique  de  tergi- 
versation. La  France  et  l'Angleterre 
voulurent  lui  forcer  la  main  en  le  met- 
tant en  demeure  d'évacuer  Anvers  ;  mais 
l'opinion  publique,  dans  nos  provinces, 
ne  vit  pas  sans  déplaisir  cetle  interven- 
tion ,  et  s'indigna  de  voir  la  Belgique 
placée  sous  une  sorte  de  tutelle.  On 
voulait  la  guerre  avec  la  Hollande  :  en 
vain  le  ministère  fit  tous  ses  efforts 
pour  ménager  les  susceptibilités  popu- 
laires, tout  en  sauvegardant  la  dignité 
nationale  ;  en  vain  MM.  Devaux,  Ko- 
gîer,  Notbomb  insistèrent  sur  Timpor- 
tance  capitale  de  Tévacualion  d'Anvers  : 
la  Chambre  des  représentants  répondit 
par  une  abstention  à  la  demande  d'un 
vote  de  confiance.  Le  Sénat  se  montra 
de  meilleure  composition  :  sur  ces  en- 
trefaites, les  Français  s'étai  iit  mis  en 
marche  et,  le  25  décembre  1852,  après 
une  héroïque  défense,  le  général  bol- 
landais  Chassé  leur  remettait  les  clefs 
de  la  citadelle  d'Anvers.  Mais  Guillaume 
n'en  parut  pas  plus  disposé  à  traiter  ; 
il  lissa  pendant  cinq  ans  encore  la  toile 
de  Pénélope.  En  Belgique,  le  Cabinet 
de  1852  se  trouva  dans  la  situation  la 


plus  fausse  :  suspects  de  trahison  pour 
avoir  accepté  le  secours  d'une  puis- 
sance amie,  les  ministres  avaient  donné 
leur  démission  le  26  novembre,- mais 
s'étaient  vus  forcés  de  reprendre  leurs 
portefeuilles,  par  suite  de  l'impossibilité 
de  constituer  une  administration  nou- 
velle (').  Battus  sur  le  budget  de  la 
guerre  au  mois  d'avril  1855,  démis- 
sionnaires une  seconde  fois  et  main- 
tenus encore  par  la  volonté  royale ,  ils 
ne  pouvaient  plus  compter  que  sur  une 
mesure  extrême  :  l'appel  au  pays.  Un 
arrêté  du  28  avril  prononça  la  disso- 
lution de  la  Chambre  des  représentants  ; 
la  Chambre  nouvelle  fut  convoquée  pour 
le  7  juin.  La  presse  s'émut,  l'orangisme 
releva  la  tête  ;  des  désoi*dres  eurent 
Heu  à  Gand  et  à  Anvers  ;  les  élections 
ne  modifièrent  pas  sensiblement  la  ma- 
jorité parlementaire  ;  mais  le  ministère 
trouva  un  point  d'appui  dans  la  Con- 
vention du  21  mai,  commencement 
d'exécution  du  traité  des  24  articles. 
Plus  ardents  que  jamais,  les  adver- 
saires du  Cabinet  ne  reculèrent  pas  de- 
vant des  violences  :  M.  Gendebien  pro- 
posa la  mise  en  accusation  du  ministre 
de  la  justice  (Lebeau),  qui  avait  accordé 
au  gouvernement  français  l'extradition 
d'un  banqueroutier  frauduleux.  11  fallut 
toute  leloquence  de  M.  Nolhomb  pour 
faire  rejeter  la  proposition  Gendebien 
(55  voix  contre  18).  On  doit  reconnaître, 
du  reste,  que  Lebeau  n'avait  pas  pour 
lui  la  stricte  légalité  :  mais  il  n'avait 
fait  que  suivre  l'exemple  de  M.  Gende- 
bien lui-même,  qui,  étant  chef  du  dé- 
partement de  la  justice,  avait  livré  à  la 
police  prussienne  deux  forçats  parve- 
nus à  se  réfugier  dans  l'armée  belge. 

C'est  au  milieu  de  ces  débats  pas- 
sionnés qu'Antoine  Ernst,  porté  au  Par- 
lement par  les  électeurs  de  Liège  après 
la  dissolution  de  la  Chambre ,  dessina 
pour  la  première  fois  son  attitude  poli- 
tique, franchement  anti-ministériel]e('). 


[*}  Hymans,  liiu,  populaire  du  règne  de 
UopoidI,  3« édition,  Broxelles,  1865,  in-S», 
p.  108  et  suiv.  —  Thonissen,  La  Belgique 
sous  Léopold  /,  2*  tfdilion,  t.  I  et  t.  11. 

t  *}  Hymaos,  p.  137.  —  Thonissen,  t.  II, 
p.  119. 

(  ' ,  Il  importe  de  rectifier  ici  une  errcar 


accrédilde.  Ernst  entra  à  la  Chambre  sans 
avoir  pria  d'engagement  envers  aucun  parti, 
el  il  tint  à  honneur  de  le  faire  entendre  clai- 
rement à  ses  collègues  (Séance  du  21  juin 
1833  ;  Moniteur^  n"  174).  En  jugeant  super- 
ficiellement sa  conduite  ultérieure,  on  l'a  re- 
présenté comme  un  transfuge  du  libéralisme  : 


287 


ERN 


288 


Il  attaqua  la  convention  du  24  «lai,  re- 
procha au  cabinet  la  répression  insnf- 
flsante  des  désordres,  lui  fit  on  grief  de 
la  dissolution  de  la  Chambre  et,  dans 
l'affaire  Gendebien,  déclara  que  son  ser- 
ment de  maintenir  la  Constitution robll- 
gerait  de  souscrire  à  Pacte  d^accusation, 
s'il  était  formulé.  Le  ministère,  voulant 
couper  court  à  toutes  les  controverses, 
soumit  à  la  Chambre  un  projet  de  loi 
sur  l'extradition  ;  rapporteur  de  la  Sec- 
tion centrale,  Ërnst  défendit  les  amen- 
dements qu'elle  proposait,  parce  qu'ils 
étaient  à  ses  yeux  des  précautions  prises 
contre  Tarbitraire  auquel  le  projet  du 
Gouvernement  laissait  la  porte  ouverte. 
Son  rapport  n'en  est  pas  moins  une 
oeuvre  d'impartialité  et  de  bonne  fol, 
d'autant  plus  méritoire  qu'en  somme  II 
y  venait  indirectement  en  aide  à  un  ca- 
binet qui  n'avait  pas  sa  confiance.  11 
était  virulent  dans  la  discussion  ;  mais 
la  modération  du  langage  n'était  pas 
alors  chose  commune  au  Parlement; 
dans  tous  les  cas,  s'il  est  permis  de 
penser  qu'il  ne  tint  pas  toujours  compte 
des  dlflicultés  de  la  situation  que  les 
événements  faisaient  au  ministère,  on 
ne  saurait  méconnaître  non  plus  que  son 
intention  ne  tut  jamais  de  susciter  des 
tracasseries  au  pouvoir  :  Il  faisait  de  l'op- 
position, non  pas  quand  même,  mais  à 
raison  de  ses  convictions;  îl  était  si 
pu  inféodé  à  qui  que  ce  soit,  quMl  ne  fit 
jamais  difficulté  de  résister  à  ses  amis 
politiques,  alors  qu'il  semblait  que  son 
intérêt  eût  été  de  les  ménager.  C'est 
ainsi  qu'il  soutint  contre  MM.  Dubuset 
l'abbé  de  Foere  le  maiiuien  des  subsides 
accordés  aux  établissements  d'instruc- 
tion moyenne  :  «  Je  défends  ce  que  je 
crois  juste  et  vrai  avec  tes  ministres, 
dit-il,  comme  je  le  défendrais  contre 
eux  (')  »;  seulement,  il  se  hâtait  d'a- 
jouter que  le  cabinet  n'avait  pas  sa  con- 


fiance :  dêlenda  Catikafo,  Se  cfoyàit-11 
en  présence  d'un  devoir  à  remplir,  il  ne 
redoutait  pas  rimpopularité,  témoin  son 
discours   contre  la  suppression   ée& 
traitements  d'attente  accordés  sous  Fan- 
rien  gouvernement  :  c'était  plaider,  in- 
sinuait-on, la  casse  des  orangist«s! 
Ernst  avait  d'abord  étonné  la  Chambre 
par  ses  philippiques  ;  mieux  on  le  con- 
nut, plus  on  l'estima,  ses  adversaires 
comme  ses  amis,  bien  qu'il  ne  les  épar- 
gnât pas.  Son  talent,  son  éloquence,  et 
d'autre  part  son  profond  respect  pour  la 
légalité  lui  valurent  dès  ses  débuts  une 
influence  considérable:  on  pressentit 
bientôt  en  lui  un  futur  ministre.  Il  était 
sans  ambition  ;  mais  la  lutte  qu'il  avait 
engagée,  il  la  poursuivit  à  outrance,  et 
s'il  ne  cherchait  pas  un  portefeuille  pour 
lui-même  ,  il  avait  du  moins  à  cœur  la 
reconstitution  du.ministère.  L'hésitation 
ou  la  faiblesse  du  gouvernement,  en 
présence  des  pillages  de  4854,  porta  son 
irritation  au  comble;  il  proposa formel- 
tofnent  à  la  Chambre,  conjointement 
avec  M.  Dubus,  d'infliger  anx  ministres 
un  blâme  dans  l'adresse,  et  d'y  faire 
allusion  à  loi  sur  les  étrangers,  à  propos 
des  mesures  exceptionneltes  que  récla- 
mait la  sécurité  de  l'Etat.  La  Chambre 
ne  le  snivit  pas  sur  ce  terrain  ;  eHe  se 
contenta  de  voter  une  loi  sévère  contre 
les  manifestations  orangistes,  et  eHe 
eat  raison. —  Le  ministère,  dans  cette 
circonstance,  obtint  une  majorité  im- 
posante; aussi  bien  sa  position  parais- 
sait se  raffermir:  le  vote  des  chemins 
de  fer,  la  reprise  vigoureuse  du  travail 
national,  l'ordre  public  rétabli,  tout 
senrt>lalt  lui  présager  une  longue  exis- 
tence, lorsqu'à  l'étonnement  général 
MM.  Rogier  et  Lebeau,  dans  la  séance 
du  4"  août,  vinrent  annoncer  leur  re- 
traite (■).  On  fit  toutes  sortes  de  con- 
jectures: il  ne  s'agissait  en  définitive, 


c'est  une  injustice.  Ses  aspirations  étaient 
libérales  comme  celles  d'un  certain  nombre 
de  catlioliques  au  temps  de  YUnion  ;  mais  il 
mettait  son  amour-propre  à  rester  person- 
nellement indépendant.  C'était  avant  tout  un 
homme  d'ordre,  mais  en  même  temps  tm  es- 
prit entier  et  un  ardent  polémiste,  fi  se  trouva 
en  liostilité  déclarée  avec  les  chefs  futurs  du 
libéralisme,  et  sa  véhémence  dut  naturelle- 


ment irriter  leurs  amis.  Mais  encore  une  fois 
il  n'avait  point  donné  d'arrhes  au  parti,  et 
par  conséquent  on  ne  peut  pas  dire  qu'il 
l'abandonna. 

(  *  )  Séance  du  )1  septembre  (Moniteur, 
no  S65). 

(■)  Thonissen,  t.  II,  p.  497  et  suiv.  — 
Hymans,  p.  450. 


289 


ERN 


290 


parait-il,  que  du  général  ETaîn,  ministre 
de  la  guerre,  dont  les  deux  démission- 
naires avaient  inuiilemenl  demandé  le 
renvoi.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  dislo- 
cation du  cabinet  de  1832  était  chose 
prévue,  puisque  des  démarches  officieu- 
ses furent  tentées  auprès  d^Ernst,  dès 
le  mois  de  juillet,  pour  l'engager  A  en- 
trer dans  un  nouveau  ministère  (  *  ).  Il 
repoussa  d'abord  les  offres  qui  lui  furent 
faites  ;  mais  on  savait  que  son  0(>posi- 
tion  n'avait  eu  pour  mobile  que  le  bien 
du  pays  ;  on  comprenait  que  l'inaugu- 
ration d  une  politique  nouvelle,  politique 
de  conciliation,  était  devenue  néces- 
saire ;  bref,  on  insista  si  bien  qu'il  n'eût 
pu,  sans  se  manquer  à  lui-même,  refu- 
ser de  contribuer  à  faire  cesser  les  em- 
barras du  moment.  Un  ministère  mixte 
fut  donc  constitué  le  4  août:  MM.  de 
Tbeux  et  de  Meulenaere  y  entrèrent 
comme  représentants  de  l'opinion  c^- 
tliolique  ;  MM.  d'IluartelËrnsty  prirent 
place  à  titre  de  libéraux  ;  le  général 
EvaÎJi  et  Félix  de  Mérode  survécurent 
seuls  à  leurs  anciens  collègues.  On  glosa 
beaucoup  sur  cette  combinaison;  on 
prétendit  qu'Antoine  Ernst,  en  s'asso- 
ciaotavec  M.  de  Theux, reniait  enquel- 
que  sorte  ses  antécédents.  11  laissa  dire; 
aussi  bien,  en  acceptant,  restait-il  fidèle 
aux  traditions unâonis/f».  Ces  traditions 
étaient  encore  vivantes  à  Liège,  puisque 
libéraux  et  catholiques  y  accordèrent  de 
nouveau  leurs  suffrages  à  Ernst,  soumis 
à  réélection  par  suite  de  l'acceptation 
du  portefeuille  de  la  justice  ;  elles  étaient 
encore  vivantes  dans  l'esprit  môme  des 
ministres  démissionnaires,  puisque  M. 
Rogier  accepta  du  nouveau  cabinet 
le  gouvernement  de  la  province  d'An- 
vers, et  Lebeau  celui  de  Namur  (  "  ).  Ce- 
pendant les  partis  étaient  à  la  veille  de 


s'affirmer,  ch^K^un  de  son  côté,  plus 
fermement  que  januiis,  comme  le  prouva 
bientôt  la  création  des  deux  Universités 
libres  ;  mais  le  |)oint  de  vue  où  se  pla- 
çait Ant.  Ërnsi  n'i»\ait  rien  de  commun 
avec  le  radicalisme  de  leurs  dissidences  : 
il  s'unissait  à  M.  de  Theux  parce  qu'il 
y  avait,  entre  ces  deux  hommes,  assez  de 
convictions  communes,  pour  qu'ils  pus- 
sent compter  l'un  sur  l'autre  pour  assu- 
reraupaysune administration  répondant 
loyalement  aux  aspirations  générales. 
Une  des  premières  œnditions  de  l'ac- 
ceptation d  Ernst  avait  été  la  présenta- 
tion d'un  projet  de  loi  sur  l'expulsion 
des  étrangers  :  à  aucun  prix  il  ne  voulait 
de  mesures  arbitraires,  prises  par  de 
simples  arrêtés.  Ce  qui  avait  été  adopté 
pour  l'extradition,  il  le  demaiMlait  pour 
l'expulsion  et  il  l'obtint  (loi  du  22  sep- 
tembre 1855).  On  a  voulu  plus  tard 
mettre  le  minislreen  contradiction  avec 
le  dé|)uté,  à  propos  de  l'affaire  Mala- 
fosse ,  dont  il  fut  fait  rapport  à  la 
Chambre  dans  la  séance  du  26  octobre 
1857.  Il  s'agissait  de  l'arrestation  d'un 
banqueroutier  condamné  à  Toulouse, 
en  fuite  avec  des  valeurs  considérables, 
et  dont  l'autorité  française  réclamait 
Texiradition.  Le  ministère  avait  tout 
simplement  transmis  au  procureur-gé- 
néral le  mandat  d'arrêt  expédié  de 
France  ;  ce  magistrat  devait,  d'après  la 
loi  sur  rextra(Stion,  faire  déclarer  ce 
mandai  exécutoire  par  le  Tribunal  de 
première  instance  de  Bruxelles  ;  mais 
le  tribunal  ne  siégeant  pas  ce  jour  là, 
il  avait  transmis  d'urgence  les  pièces, 
bien  que  non  régulières,  à  I  Administra- 
teur de  la  sûreté  |)uhlique.  Malafosse 
fut  retrouvé  h  Anvers  nanti  de24,000rr., 
en  billets  et  en  livres  sterlings,  ce  qui 
rendait  mani reste  son  intenliim  de  partir 


(*)  V.  la  note  S  du  discours  du  chanoioc 
de  Ram,  p.  26.  Celte  note  est  extraite  d'une 
nolice  rt^digt^  par  une  personne  1res -bien 
informée  el  dont  le  manuscrit  original  nous 
a  été  eonfié  ;  nous  y  avons  puisé  quelques 
détails  inédits. 

(')  Thonissen,  p.  204.  —  Il  fut  même 
qocstioD  d'introduiro  M.  Rogier  dans  le  nou- 
veau cabinet.  Nous  lisons  dans  une  lettre 
privée  d'Ant.  Ernst,  datée  du  H  août  :  «  Sur 
ma  pro{iosition,  Toffre  a  été  faîte  hier  à  H. 
Rogier  de  diviser  le  ministère  de  l'intérieur 


avec  M.  de  Tlieux,  et  de  prendre  les  travaux 
publics  et  le  commerce  ;  il  a  demandé  à  ré- 
fléchir jus(iu'à  ce  jour.  M.  Rogier  a  beaucoup 
gagné  dans  Tupinion  de  la  Chambre  et  du 
pays  depuis  quelque  temps;  moi  aussi  je  n'ai 
pu  m'empècher  de  voir  en  lui  un  horamo 
franc,  loyal  et  qui  ne  manque  pas  de  talent  ; 
Je  désire  d'autant  plus  qu'il  accepte,  que  cela 
Torliflera  Topinion  libérale  dans  le  Conseil...» 
—  P.  S.  «  M .  Lcbeau  a  donné  brusquement 
sa  démission...  il  a  entraîné  M.  Rogier  dans 
sa  dcmarche.  » 

15 


391 


ERN 


292 


pour  TAngleterre.  On  Parrêta  donc  pro- 
visoirement, ei  (lès  le  lendemain  le  tri- 
bunal remplît  les  formalités  léguâtes. 
Malafosse  adressa  une  réclamation  au 
Parlement,  d'urgence)  le  ministre  différa 
Textradition  par  respect  pour  la  Cham- 
bre, et  répondit  aux  interpellations  qui 
lui  furent  adressées,  en  démontrant  que 
Textradition  était  régulière ,  mais  que 
Tarrestation  lui  était  étrangère.  —  Vous 
fuyez  le  débat,  s'écria-t-on. — 11  répondit 
en  appuyant  énergiquement  ses  infé- 
rieurs et  en  déclarant  que  s*il  eût  été 
consulté  à  temps,  il  aurait  donné  lui- 
même  l'ordre  d'arrestation.  Les  jour- 
naux épuisèrent  contre  le  ministre 
toutes  les  munitions  de  leur  arsenal  :  il 
garda  le  silence,  au  risque  de  compro- 
mettre sa  popularité.  L'affaire  n'eut 
pas  de  suite  ;  on  finit  par  s'apercevoir 
que  l'on  avait  confondu  deux  faits  bien 
distincts  (*). 

Nous  lisons  dans  un  rapport,  d'ail- 
leurs fort  remarquable,  présenté  au 
Sénat  français,  en  1867,  par  M.  de 
La  Guéronnière  : 

n  En  Belgique,  pendant  une  période 
»  de  cinq  années,  de  iSSO  à  1854,  la 
»  peine  de  mort,  quoique  maintenue  en 
))  droit,  a  élé  pratiquement  abolie,  et 
n  cependant  les  crimes  entraînant  cette 
»  peine  ne  se  sont  pas  accrus.  Toule- 
»  fois,  le  Gouvernement  belge  n'a  pas 
»  jugé  pouvoir  prolonger  l'expérience, 
»  et  Véchafaud ,  qu'on  croyait  abattu , 
»  8'est  relevé  (').  »  Cette  dernière 
phrase  s'applique  à  Ant  Ernst,  qui  ef- 
fectivement, en  1835,  remit  en  vigueur 
la  pratique  de  la  peine  de  mort.  Au 
Sénat  {'),  MM.  de  Mérode  et  de  Sécus 
s'étant  plaint  de  l'abus  du  droit  de 
grâce,  et  ayant  attribué  la  multiplica- 
tion des  crimes  à  la  fausse  philanthro- 
pie du  ministre  de  la  justice,  celui-ci 
répondit  que  la  peine  de  mort  n'était 


pas  plus  abolie  en  fait  qu*en  droit.  Il 
ajouta  que,  pour  sa  part,  il  n'avait  ja- 
mais fait  de  proposition  de  grâce  pour 
un  assassin  (*),  Il  annonça  en  même 
temps  qu'on  s'occupait  dans  son  mi- 
nistère d'une  statistique  criminelle  gé- 
nérale :  en  admettant  même  son  opi- 
nion sur  la  peine  de  mort,  on  comprend 
qu'il  avait  besoin,  pour  expliquer  son 
consentementà  des  rigueurs  auxquelles 
on  n'était  plus  habitué,  d'établir  que 
lexpérienc^  en  démontrait  la  nécessité. 
D'autre  part,  dans  la  même  séance, 
M.  de  Baillet  avait  élevé  des  doutes 
sur  la  prétendue  augmentation  des 
crimes  depuis  cinq  ans,  et  soutenu 
qu'en  tout  cas  la  diffusion  des  lumières 
servit  ait  plus  efficacement  que  la  sé- 
vérité des  peines  à  prévenir  les  crimes 
et  les  délits.  M.  de  Hobiano  s'était  pro- 
noncé sans  hésitation  contre  la  peine 
capitale,  au  nom  du  commandement 
divin  :  non  occides!  M  le  comte  d'Aer- 
schot  avait  rappelé,  en  revanche,  qu'on 
s'était  vu  obligé  de  rétablir  la  peine  de 
mort  en  France.  Il  s'agissait  dans  tous 
les  cas  d'interroger  les  faits  :  or,  il 
arriva  que  le  ministre  fit  paraître  au 
Moniteur^  le  3  février,  c'est-à-dire  avant 
que  la  statistique  eût  été  dressée,  une 
note  relative  aux  condamnations  capi- 
tales prononcées  le  6  et  le  25  oc- 
tobre 1837  par  la  Cour  d'assises  de 
la  Flandre  Occidentale.  Six  condamnés 
obtenaient  la  commutation  de  la  peine 
capitale  en  travaux  forcés  à  perpétuité; 
mais  cette  commutation  était  refusée  à 
l'assassin  Nys.  «  L'arrêt  sera  exécuté, 
»  disait  la  note.  L'atrocité  du  crime  et 
»  les  antécédents  du  condamné  l'ont 
»  rendu  indigne  de  la  clémence  royale. n 
La  tête  de  Nys  tomba  en  effet  sur  la 
place  de  Courtrai  le  9  février,  six  jours 
après  la  déclaration  du  journal  officiel. 
Le  jour  même  où  cette  déclaration  avait 


(*)  De  Ram,  note  1,  p.  30. 

(*)  Pas  cependant  à  Liège,  ni  dans  tout  le 
ressort  de  la  Cour  d'appel.  On  n'a  plus  exé- 
cuté à  Liège  depuis  1824. 

{^)  V.  la  séance  du  Sénat  du  31  janvier 
1835  [Moniteur,  no  33),  et  le  Journal  de 
Bruxelles  du  S3  août  1867  (Lettre  de  M. 
Lambert  Ernsl) 

(*;  Y.  1\ioms%eïi y  Quelques  mots  sur  Iq 


prétendue  nécessité  de  la  peine  de  mor/,  dans 
les  Publications  de  C Association  pour  l'abo- 
lition de  la  peine  de  mort,  n°  i.  Liège  1863, 
in-8o,  p.  35.  —  Le  no  3  des  mômes  Publi- 
cations contient  un  compte-rendu  ddtaillè  et 
très-instructif  des  mêmes  débats,  par  M.  A. 
Visschers,  notre  èminent  statisticien  philan- 
thrope. Nous  renvoyons  le  lecteur  aux  ré- 
flexions qui  terminent  ce  travail. 


293 


ERN 


294 


paru,  M.  H.  de  Brouckère  s'était  cm 
obligé  de  reproduire  à  la  Chambre  des 
représentants  une  motion  qu'il  y  avait 
déjà  présentée,  pour  Tabolition  de  la 
peine  de  mort.  La  proposition  fut  ren- 
voyée aux  sections;  M.  Milcamps  pré- 
senta un  rapport  au  nom  de  la  section 
centrale  ;  mais  la  proposition  resta  en- 
terrée pendant  dix  ans ,  parce  qu'on 
jugea  nécessaire  de  consulter  avant 
tout  les  Cours  et  Tribunaux.  La  statis- 
tique criminelle  des  années  185i  à 
iSoA  parut  sous  la  forme  d'un  rapport 
au  Roi  ,  à  la  date  du  15  octobre 
1855;  celle  de  1855  fut  publiée  trois 
ans  plus  tard,  par  le  même  ministre 
Démontre-t-elie  clairement  qu'il  y  avait 
nécessité  de  rétablir  Téchafaud  ?  On 
en  jugera  en  consultant  Texamen  im- 
partial qu'en  a  fait  M.  A.  Visschers  (M. 
Nous  dirons  seulement,  quanta  Ernst, 
qu'en  refusant  d'intercéder  pour  Nys, 
il  crut  remplir  un  strict  devoir  et  fil 
certainement  violence  à  ses  propres 
sentiments  (  '  ).  Onze  condamnations  à 
mort  prononcées  à  Bruges  dans  une 
seule  session  !  Ce  fait  avait  fortement 
frappé  son  esprit,  et  de  même  que  le 
comte  de  Mérode,  il  se  représentait 
avec  terreur  la  sécurité  devenue  prover- 
biale parmi  les  assassins.  «  L'inquié- 
tude, il  faut  en  convenir,  s'était  répan- 
due dans  le  |iays;  des  feuilles  étran- 
gères se  plaisaient  à  qualifier  la  Bel- 
gique de  repaire  de  criminels.  C'était 
une  calomnie  évidente  :  les  condam- 
nations de  1854  se  rapportaient  ù  des 
bandes  de  brigands  qui  avaient  infesté 
le  pays  pendant  plusieurs  années  et 


qu'on  venait  seulement  de  découvrir; 
elles  n'attestaient  point  une  recrudes- 
cence générale  delà  criminalité.—  L'ex- 
périence d'une  seule  année  n'était  pas 
en  tous  cas  décisive;  et  enfln,  pourquoi 
ne  pas  attendre  la  publication  de  la 
statistique  ?  Mais  le  ministre  voyait 
l'ordre  public  menacé  ;  les  considé- 
rations auxquelles  il  nous  est  facile  de 
nous  livrer  aujourd'hui  ne  se  présen- 
tèrent point  à  sa  pensée  ;  il  ne  songea 
qu'à  rassurer  les  honnêtes  gens  et  il  se 
prononça  d'urgence,  à  ses  risques  et 
périls,  comme  les  juges  inflexibles  de 
l'antiquité. 

Les  adversaires  politiques  d'Antoine 
Ernst  sont  les  premières  à  faire  l'éloge 
de  son  intégrité  et  de  son  habileté 
comme  administrateur  (^).  Ennemi  des 
intrigues  et  des  coteries,  il  mit  une  at- 
tention minutieuse  à  ne  confier  les  em- 
plois qui  venaient  à  vaquer  dans  son 
département,  surtout  dans  l'ordre  judi- 
ciaire, qu'à  des  hommes  dignes  de  les 
occuper,  sous  te  double  rapport  de  la 
capacité  et  de  la  moralité.  Il  anéantit 
le  principe  de  la  vénalité,  qu'il  avait 
attaqué  sous  le  ministère  précédent  (*). 
La  Chambre  rendit  un  hommage  écla- 
tant à  sa  rigoureuse  équité,  lorsque, 
après  avoir  augmenté  le  personnel  de 
la  Cour  d'appel  de  Bruxelles  (  *  ),  elle 
conféra  au  Gouvernement  le  premier 
choix  des  nouveaux  conseillers  (°). 
Tout  en  s'occupant  activement  d'intro- 
duire d'utiles  réformes  dans  les  divers 
services  placés  sous  son  autorité  (^),  il 
prit  une  grande  part  aux  délibérations 
des  Chambres,  lorsque  furent  discu- 


(  *  )  V.  la  note  précédente. 

(*)  Le  faitsaivaot,  rapporté  par  De  Ram, 
le  démontrerait  au  besoin  :  «  On  vit  plusieurs 
jours  M.  Ernst  dans  un  tHat  extraordinaire 
d'inquiétude ,  et  quelle  en  était  ta  cause? 
L'ne  vieille  mère  était  venue  de  bien  loin  se 
jeter  k  ses  pieds  pieds  et  solliciter  la  grAce 
de  son  fils,  condamné  à  mort.  Le  ministre 
attendait  en  tremblant  les  rapports,  crai- 
gnant de  devoir  repousser  la  mère  ;  ce  fut 
pour  lui  un  jour  de  bonheur,  quand  i!  trouva 
des  circonstances  favorables  qui  lui  per- 
mirent de  solliciter  du  Roi  une  commutation 
de  peine  »  (p.  31). 

(»)  Hymans,  p.  157. 

(«)  Moniteur  de  183 i  (n»  i240  . 


(")  Momfeur  de  183G  (no  36  . 

(0)  De  Ram,  p.  3â  (note  S>. 

(  ^  )  Ernst  tu  beaucoup  pour  les  établisse- 
ments de  bienfaisance  ;  il  améliora  en  outre 
le  régime  des  prisons,  où  il  introduit  les 
sœurs  de  charité.  C'est  sous  son  adminis- 
tration que  fut  fondé  te  Pénitencier  de  Na- 
mur,  où  se  trouvent  réunies,  dans  un  but 
d'amélioration  morale,  les  femmes  condam- 
nées à  un  emprisonnemeni  de  plus  de  six 
mois  :  elles  étaient  auparavant  disséminées 
dans  tes  diverses  prisons  du  pays.  C'est  à 
lui  encore  qu'appartient  la  première  pensée 
du  Pénitencier  des  jeunes  délinquants,  fondé 
plus  tard  à  St-Hubert.  (De  Ram,  note  S,  p. 
36;  Hymans,  p.  458). 


295 


ERN 


296 


tées,  en  i855  et  1856,  les  grandes  lois 
organiques  de  renseignement  supé- 
rieur (  *  )«  de  la  province  et  de  la  com- 
mune. Dans  le  cours  de  cette  dernière 
année,  des  difficultés  financières  fail- 
lirent amener  la  dislocation  du  cabinet. 
De  nombreuses  questions  étaient  en  li- 
tige entre  TEtat  et  la  Société  générale. 
Partout  surgissaient,  sous  le  patronage 
de  cette  dernière,  des  sociétés  ano- 
nymes, dont  il  s'agissait  de  régulariser 
la  marche  et  de  prévenir  les  écarts  par 
des  moyens  légaux.  La  Société  géné- 
rale, caissière  de  FEtat,  était  l'objet 
d*altaques  incessantes  :  on  allait  jus- 
qu'à dire  qu'elle  spéculait  avec  les  de- 
niers des  contribuables,  et  que ,  le  roi 
Guillaume  possédant  les  trois  quarts 
des  actions,  les  bénéfices  étaient  trans- 
portés à  La  Haye,  d'où  ils  servaient  à 
solder  la  contre-révolution  à  Bruxelles  ! 
La  Banque  de  Belgique  fut  créée  pour 
lui  servir  de  contre-poids  et  pour  de- 
venir plus  tard  un  établissement  natio- 
nal :  voulant  parer  le  coup  et  se  ratta- 
cher ouvertement  au  régime  nouveau, 
la  Société  sollicita  pour  son  gouverneur 
et  l'un  de  ses  directeurs  (')  le  titre  de 
ministre  d'Etat.  M.  de  Mculenaere  ap- 
puya cette  prétention,  qui  fut  énergi- 
quement  combattue  par  MM.  de  Theux, 
Ernst  et  d'Huart.  Ernst  déclara  qu'il 
déposerait  plutôt  son  portefeuille  que 
de  consentir  à  un  acte  contraire,  selon 
lui,  aux  intérêts  du  pays.  Les  docu- 
ments que  nous  avons  sous  les  yeux 
établissent  qu'il  fit  preuve,  en  cette 
circonstance,  d'une  fermeté  et  d'une 
dignité  de  caractère  qu'on  ne  saurait 
assez  admirer.  Il  sut  résister  à  toutes 
les    influences   :  un  temps  viendra  , 


écrivait-il  en  haut  lieu,  où  l'on  me  ren- 
dra justice.  Le  cabinet  fut  maintenu;  M. 
de  Meulenaere  seul  échangea  son  por- 
tefeuille contre  le  gouvernement  de  la 
Flandre  orientale.Quelque  temps  après, 
les  mêmes  dissidences  se  reprodui- 
sirent sous  une  autre  forme,  à  propos 
du  refusd'autoriserla  Société  de  mutua- 
lité industrielle;  la  démission  d'Ernst 
fut  de  nouveau  refusée. 

La  plus  grave  de  toutes  les  ques- 
tions, celle  de  Texéculion  du  traité  des 
24  articles,  auquel  la  Hollande  adhéra 
tout  d'un  coup,  vint  créer  au  cabinet 
de  graves  embarras,  .en  présence  de 
l'explosion  du  sentiment  public  et  d'une 
brochure  restée  célèbre  de  M.  Dumor- 
tier,  plaidant  la  nullité  des  stipulations 
en  vertu  desquelles  une  partie  du  Lim- 
bourjc  et  du  Luxembourg  devaient  re- 
tourner à  la  Hollande.  Le  fait  est  que 
les  négociations  n'avaient  été  que  sus- 
pendues en  1855,  et  maintenant  il  n'é- 
tait queslion.de  rien  moins,  que  de 
faire  passer  purement  et  simplement  la 
Belgique  sous  des  fourches  caudines. 
Ce  n*est  point  ici  le  lieu  de  revenir  sur 
les  épisodes  palpitants  d'intérêt  qui 
pré.!édèrent  le  douloureux  sacrifice  de 
580,000  Belges  (*).  Les  ministres  Ernst 
et  d'Huarl  ne  crurent  pas  pouvoir  sous- 
crire h  la  mutilation  du  territoire  :  ils 
déposèrent  leur  portefeuille  le  51  jan- 
vier 1859,  huit  jours  après  le  vole  (*). 
Leur  démission  fut  un  acte  conscinn- 
cieux,  accompli  sans  arrière-pensée. 
Ils  le  prouvèrent  le  lendemain  même  ù 
la  Chambre,  en  aidant  de  leur  parole 
et  de  leur  vote  les  ministres  restants  à 
sortir  de  l'embarras  où  ils  se  trou- 
vaient (*).  Le  mandai  parlementaire 


(*)  V.  le  discoarsdn  M.  Nypels.  —  Ernst 
avait  fait  partie ,  avec  MIM.  de  GerJHche,  de 
Theux ,  P.  Devaux,  de  Behr  ,  d'Uane  de 
Potter  et  Warnkœnig ,  de  la  Commission 
chargée,  le  18  novembre  1833,  de  préparer 
un  nouveau  projet  de  loi  de  l'enseignement 
supérieur. 

(  ■  )  MM.  Meeus  et  Coghen.  —  Thonis- 
sen,  t.  Il,  p.  27â  et  suiv. — V.  les  séances  de 
la  Chambre  des  représestan'.s  du  â8  et  du 
30  Janvier  1837. 

(')  On  n'a  pas  oublié  le  mot  de  M.  Gonde- 
bien  !  «Non  !  380,000  fois  non, pour 380, 000 
Belges  que  vous  sacriflez  à  la  peur  l  » 


{*)  Cette  démission  ne  fut  cependant  in- 
diquée que  sous  la  date  du  4  février  eX  pu- 
bliée que  le  lendemain,  en  mCmc  temps  qu'un 
arrêté  prorogeant  les  Chambres  d'un  mois 
(De  Uam,  note  2,  p.  34).  Ernst  fut  remplacé 
au  ministère  de  la  justice  par  M.  Baikom, 
depuis  procureur  général  à  Liège;  M.  Des- 
maisières  devint  le  chef  du  département 
des  finances. 

(*)  «  Avant  que  M.  de  Theux  ne  déposât 
à  la  Chambre  un  simple  rapport  sur  la  noti- 
fication des  actes  de  la  Conférence  en  d.itc 
du  â3  janvier,  plusieurs  députés  songèrent 
k  faire   cesser  le  dissentiment  qui  s'était 


297 


ERN 


298 


d'Ernst  expirait  au  mois  de  juin  :  peu 
de  temps  après  Tadoption  du  trailé,  il 
déclara  aux  électeurs  liégeois  qu*il  re- 
nonçait à  toute  candidature  et  rentra 
dans  la  vie  privée.  Des  fonctions  pu- 
bliques, des  distinctions  honorîGques 
(')  lui  furent  vainement  offertes  :  il  se 
contenta  d^eniporler  dans  sa  retraite  la 
conscience  de  n'avoir  jamais  cherché, 
dans  le  cours  de  son  long  ministère, 
que  le  bien  de  son  pays.  On  a  dit  jus- 
tement de  lui  qu'il  fut  toute  sa  vie  plus 
désireux  d*ètre  utile  que  de  le  paraître  : 
simple  dans  ses  goûts ,  consciencieux 
jusque  dans  les  moindres  détails  des 
affaires,  sévère  envers  lui-même,  sin- 
cère, loyal  et  désintéressé,  il  n*bésita 
en  aucune  circonslance  devant  Tac- 
complisseroent  du  devoir,  et  ne  mit 
point  sa  popularité  dans  la  balance,  en 
regard  de  Tintérêt  public  tel  qu'il  le 
comprenait.  S'est-il  quelquefois  fait  il- 
lusion au  début  de  sa  carrière  parle- 
mentaire, s'est-il  parfois  laissé  empor- 
ter par  l'ardeur  de  ses  convictions?  En 
tous  cas,  son  entière  bonne  foi  n'est  pas 
plus  douteuse  que  son  zèle  patriotique  : 
c'en  est  assez  pour  assurer  à  sa  mé- 
moire feslime  de  tous  les  partis. 

Quand  il  accepta,  en  4859,  une 
chaire  à  l'Université  deLouvain,le  Roi 
daigna  lui-même  féliciter  le  recteur  au 
sujet  de  cette  brillante  acquisition,  et 
lui  exprimer  en  même  temps  la  haute 
opinion  qu'il  avait  du  talent  et  du  ca- 
ractt^re  de  son  ancien  ministre.  Ce  té- 
moignage était  d'autant  plus  flatteur 


que,  comme  nous  l'avons  fait  entendre, 
Ernst  n'avait  pas  craint,  à  l'occasion, 
de  résister  aux  plusihautes  influences.  A 
Louvain,  l'éminent  professeur  fut  œ 
qu'il  avait  été  à  Liège  ;  plus  que  jamais 
il  s'attacha,  dans  son  cours d'Institutes, 
à  dégager  nettement  les  principes  fon- 
damentaux du  droit  et  à  former  l'intel- 
ligence des  élèves.  Il  faisait  compren- 
dre comment  le  droit,  dans  ses  plus 
petits  détails,  doit  être  constamment 
l'expression  de  la  justice  naturelle.  Il 
ne  cherchait  pas  uniquement  k  faire  de 
ses  disciples  de  bons  avocats  ;  il  éle- 
vait leurs  sentiments  et  voulait  qu'ils 
fussent,  uri  jour,  de  véritables  juris- 
consultes. 11  les  dominait  par  ses  vues 
d'ensemble  et  les  habituait  à  remonter 
toujours  à  la  source  des  choses.  Quoi- 
que surchargé  de  besogne,  il  était  tout 
U  eux,  il  leur  prodiguait  lumière  et 
conseils.  Tel  on  l'avait  connu  au  début 
de  sa  carrière  :  esclave  du  devoir,  ad- 
vienne que  pourra.  Un  de  ses  anciens 
auditeurs  de  Liège  nous  rappelle  que 
le  jour  même  où  il  fut  élu  membre  de 
la  Chambre  des  représentants,  il  donna 
comme  à  l'ordinaire  sa  lecou  du  droit 
commercial.  Son  élection  était  combat- 
tue; un  bureau  électoral  se  trouvait 
presque  sous  les  fenêtres  de  la  salle  où 
il  enseignait.  Ces  circonstances  si  pro- 
pres à  le  troubler  ne  laissèrent  aucune 
impression  dans  sa  parole  ni  sur  ses 
traits;  ses  élèves  étaient  plus  agités 
que  lui.  Le  soir  seulement,  quand  ils 
se  réunirent  devant  sa  maison  pour  le 


élevé  entre  les  ministres  :  c  ëlait  de  faire 
déclarer  par  la  Chambre,  après  la  lecture 
du  rapport,  séance  tenante,  qu'elle  passait 
à  Tordre  dn  jour.  Il  était  clair  que  si,  après 
noe  semblable  déclaration,  le  Gouvernement 
se  décidait  à  proposer  l'adoption  du  traité, 
il  serait  forcé  de  dissoudre  la  Chambre.  M. 
de  Tbeiix  demanda  rsûourncmeut  de  cotte 
motion,  qui  avait  une  gravité  immense.  M. 
Ernst  vint  avec  sa  loyauté  ordinaire  au  se- 
cours de  son  ancien  collègue  et  vota,  ainsi 
que  l'honorable  M.  d'Uuarl,  pour  l'ajourne- 
ment. La  position  des  ministres  restés  au 
pouvoir  était  sans  doute  très-difficile  et  en 
même  temps  très-honorable,  puisqu'ils  ne 
faisaient  que  suivre  leur  conviction  ;  mais 
aussi,  ne  doit-on  pas  rendre  hommage  il  la 
conduite  de  ceux  qui  quittent  le  pouvoir  par 


conviction,  comme  l'ont  fait  MM.  Ernst  et 
d'Huart?  (Note  S  annexée  au  discours  de  de 
Ram,  p.  34).  M.  E.  Yandcnpeereboom,  peu 
favorable  à  Ernst,  ne  peut  s'empêcher  de 
s'écrier  :  «  Heureux  ceux  qui  n'ont  pas  été 
appelés  à  se  prononcer  sur  le  sort  de  leurs 
frères!  »  {Du Gouvemetnent repréientatif  en 
Belgique^  t.  I.  p.  315).  La  majorité  adopta 
le  traité,  pour  ne  pas  laisser  remettre  en 
question  l'indépendancede  toute  la  Belgique; 
mais  les  dissidents,  qui  ne  pouvaient  croire 
que  les  puissances  seraient  disposées  k  user 
de  moyens  de  contrainte ,  ne  peuvent  être 
blftmés  d'avoir  eu  le  courage  de  protester 
jusqu'à  la  fin. 

(  *  )  La  croix  d'officier  de  l'ordre  de  Léo- 
pold  ;  offre  brillante,  ^squ'il  n'était  pas 
chevalier. 


299 


FOH 


300 


féliciter,  il  ne  put  y  tenir  ;  il  répondit  à 
leurs  acclamations  cordiales  que  la  dé- 
marche dont  il  était  Fobjet  de  leur  part 
faisait  de  ce  jour  un  des  plus  beaux  de 
sa  vie  :  on  peut  se  représenter  Fen- 
thousiasme  de  la  jeunesse  universitaire 
et  rémotion  du  digne  roaitre. 

1/activité  extraordinaire  qu'avait  dé- 
ployée Ernst  pendant  son  ministère  de- 
vait exercer  sur  sa  santé,  d'ailleurs  peu 
robuste,  une  iirfluence  désastreuse. 
L*Université  de  Louvain  ne  le  conserva 
que  deux  ans.  Une  inflammation  des 
intestins  qui  ne  cédait  à  aucun  remède 
lui  Gt  prendre  la  résolution  de  se  rendre 
à  Hetdelbcrg,  pour  y  consulter  un  mé- 
decin en  renom.  Il  se  mît  en  route  avec 
M""**  Ernst,  au  mois  de  juillet  1 84i .  Dans 
le  trajet  de  Cologne  à  Mayence,  il  se 
trouva  si  mal  sur  le  bateau  à  vapeur, 
qu'on  fut  obligé  de  le  débarquer  à  Bop- 
part,  où  M.  le  docteur  Schmidt,  direc- 
teur de  rétablissement  hydrosudopa- 
tique  institué  dans  cette  localité,  con- 
sentit à  lui  donner  un  appartement.  On 
n'eut  pour  ainsi  dire  que  le  temps  de 
lui  administrer  les  secours  de  la  religion; 
le  lendemain  (iO  juillet), il  avait  cessé 
de  vivre.  Ses  restes  furent  transportés 
à  Louvain  huit  jours  plus  tard  et  inhu- 
més au  cimetière  du  Parc,  où  sa  famille 
possède  un  caveau. 

Ânt.  Ernst  était  moins  écrivain  qu'o- 
rateur ;  mais,  sous  ce  dernier  rapport, 
il  a  laissé  au  Parlement  la  plus  bril- 
lante réputation.  Nous  ne  connaissons 
de  lui  d'autres  publications  que  ses 
thèses  De  Confusione,  De  Fadoplion  et 
de  ses  effets,  etc.  (Bruxelles,  18i(»,  in- 
4°  de  16  p.),  quelques  articles  remar- 
quables insérés  dans  la  Tfiémis  et  plu- 
sieurs rapports  importants  imprimés 
dans  les  Annales  parlementaires,  entre 
autres  un  rapport  sur  la  proposition 
de  M.  Dumortier  relative  à  l'organisa- 
tion de  l'Académie  belge  (i 4  janvier 
1854).  Ce  document,  suivi  d'un  projet 


de  loi  élaboré  par  la  Commission  dont 
Ernst  était  l'organe,  a  été  reproduit 
dans  \ Annuaire  de  V Académie,  année 
1846,  p.  404-117  (*). 

Folimann    (  ViNCENT)  uaqult  à  As- 

samstadt  (grand-duché  de  Bade)  le  5 
avril  1794  et  mourut  à  Liège  le  25 
septembre  1857.((ll  y  a  au  monde,  dit 
Auguslin  Thierry,  quelque  chose  qui 
vaut  mieux  que  les  jouissances  maté- 
rielles, mieux  que  la  fortune,  mieux  que 
la  santé  elle-même,  c'est  le  dévouement 
il  la  science.  »  Fohmann  partageait  cette 
conviction  de  l'illustre  aveugle,  et  ce 
fut  elle  sans  doute  qui  Tempêcha  d'in- 
terrompre ses  travaux  lorsqu'il  ressentit 
les  premières  atteintes  du  mal  qui  le 
conduisit  prématurément  dans  la  tombe. 
Il  pouvait  choisir  : 

...  .ou  beaucoup  d'ans  saos  );loîre, 
Ou  pon  de  jours  «uivisiru ce  longue  mémoire.  .  . 

Il  n'hésita  pas  un  instant;  mais  aussi 
l'oracle  s'accomplit  à  la  lettre  :  les  dé- 
couvertes auxquelles  son  nom  reste  at- 
taché lui  coûtèrent  la  vie. 

Fohmann  était  fils  d'un  accoucheur 
distingué,  qui  sut  lui  inspirer  de  bonne 
heure  le  goût  des  sciences  de  lanature. 
Ses  études  préparatoires  achevées,  il  se 
rendit  à  lieidelberg  pour  y  suivre  les 
cours  de  la  Faculté  de  médecine.  Tie- 
demann,  le  grand  anatomisle  dont  les 
travaux  ont  provoqué  l'admiration  de 
toute  l'Europe,  remarqua  bientôt  l'ap- 
titude et  le  zèle  du  jeune  Vincent,  le 
nomma  prosecteur  d'anatomie  (1817)  et 
le  décida  aisément  ^  prolonger  de  plu- 
sieurs années  sonséjourà  l'Université, 
pour  se  livrer  à  des  recherches  délicates 
et  approfondies.  Ce  fut  Tiedemann  qui 
attira  le  premier  son  attention  sur  les 
vaisseaux  lymphatiques,  dont  la  nature 
était  peu  connue,  et  pour  lesquels  on 
n'avait  rien  fait  depuis  Mascagni.  Lais- 
sons parler  Ch  Morren  (*)  :  »  Avingt- 


(  *  )  Ernst  avait  appuyé,  dans  la  séance  du 
3  octobre  18tS3,la  proposition  de  M.  Dumor- 
tier, et  soutenu  que  l'Académie  devait,  au 
vœu  de  la  Constilution  et  dans  t'intérôt  de 
sa  propre  dignité,  être  organisée  par  une 
loi.  Ce  résultai  ne  fut  pas  obtenu  ;  la  con- 
stitution de  l'Académie  a  été  réglée  par  l'ar- 


rôté  royal  du  \^  décembre  1845. 

(  '  )  Notice  sur  Fohmann  [Annuaire  de  t'A- 
cad.  de  llrujrelfe»,  1838,  p.  79-105).  '.e 
travail  a  servi  de  base  au  présent  article. 
Voir  aussi  le  discours  de  Vottcm  {Journal 
de  Liège,  n<>  du  28  septembre  1837). 


301 


FOH 


302 


six  ans,  nous  voyons  encore  Fohmann 
auxarophithéâtres,  disséquant,  avec  une 
ardeur  sans  relâche,  l^homme  et  les 
animaux.  Tant  de  zèle  fut  récompensé 
par  une  brillante  découverte  au  prin- 
temps de  1820  :  à  Fouverture  des  va- 
cances de  cette  époque,  Tiedemann  dut 
s^absenter,  précisément  au  moment  où 
l'on  venait  d'apporter  à  FUniversité  un 
phoque  qui  venait  de  mourir.  Tiedemann 
le  confie  à  son  cher  élève  et  lui  demande 
d'en  conserver  le  plus  de  pièces  possible. 
Fohmann,  seul, livré  àlui-même,  trouva 
daus  cette  occasion,  qui  avait  été  perdue 
pourtant  d'autres,  et  le  moyen  de  satis- 
faire au  vœu  de  son  illustre  maître,  et 
les  premiers  jalons  d'une  théorie  qui, 
sapant  les  fondements  des  opinions  alors 
universellement  enseignées,  devait  don- 
ner naissance  aux  idées  contraires  que 
la  science  a  adoptées  aujourd'hui.  Le 
mésentère  de  ce  phoque  présentait  des 
vaisseaux  lymphatiques  remplis  de 
cbyle.  Fohmann  sentit  qu'il  était  facile 
de  les  injecter;  mais  ici,  comme  tant 
de  fois,  le  hasard  intervint,  et  notre 
anatomiste.  qui  ne  voulait  faire  qu'une 
préparation  curieuse  où  les  glandes 
auraient  été  réunies  et  injectées  avec 
leurs  vaisseaux  afi'érents  et  efférents, 
trouva  ce  qu'il  ne  cherchait  pas.  Le 
mercure  dont  il  remplissait  les  glandes, 
au  lieu  de  s'écouler  par  les  vaisseaux 
efférents,  passa  uniquement  dans  les 
reines.  Il  en  était  de  celte  nouvelle 
fonction  des  veines  comme  de  la  décou- 
verte elle-même  des  vaisseaux  lympha- 
tiques, que  Gaspard  Azelli  vit  pour  la 
première  fois  en  4622,  tout  en  cher- 
chant autre  chose  que  ces  organes  ab- 
sorbauts  ;  il  étudiait  le  mouvement  du 
diaphragme  sur  un  chien.  L'histoire  des 
sciences  fourmille  de  ces  hasards  heu- 
reux qui  ne  tournent,  du  reste,  au  pro- 
fit de  l'humanité  que  par  le  génie  ob- 
servateur de  ceux  qui  les  fécondent. 
L'expérience  de  Fohmann  fut  de  ce 


genre.  Pour  donner  une  juste  idée  de 
son  importance,  il  faut  se  reporter  au 
temps  où  elle  fut  faite.  L'anatomie, 
pour  ce  qui  regardait  les  anastomoses 
des  lymphatiques  avec  les  vaisseaux  de 
la  circulation  sanguine,  comptait  trois 
camps  et  la  physiologie  se  partageait 
généralement  en  deux  opinions,  dont 
l'une  était  cependant  embrassée  par  peu 
de  savants.  Ce  fut  celle  que  Fohmann 
était  destiné  à  relever.  Eustache,  en 
1565,  avait  découvert  le  canal  thora- 
cique,  ou  ce  qu'il  nommait  la  veine 
blanche  du  thorax,  et  qu'il  prenait  pour 
l'organe  nutritif  de  la  poitrine.  Slenon, 
Huysche,  Rudbeck  et  d'autres  anato- 
mistes  avaient  noté  plus  tard  des  com- 
munications entre  les  vaisseaux  lym- 
phatiques et  les  veines,  mais  seule- 
ment dans  le  voisinage  de  la  jonction 
des  veines  sous-clavières  avec  les  gros 
troncs  chylifères.  W'alœus,  Mertrud,  le 
premier  professeur  de  Cuvier,  Merckel 
l'ancien  et  Lobstein  avaient  reconnu 
des  anastomoses  avec  des  veines  t)lus 
éloignées,  et  enfin  ce  même  Merckel, 
ainsi  que  son  fils,  Coster,  Abernethy 
et  Vrolik  ,  avaient  reconnu  que  les 
glandes  lymphatiques  mettent  en  com- 
munication les  vaisseaux  de  ce  nom 
avec  les  veines.  C'était  là  l'observa- 
tion de  Fohmann;  mais,  quoiqu'elle 
comptât  des  noms  illustres  pour  se  sou- 
tenir, la  théorie  physiologique  qui  en 
découlait  fut  abandonnée  ;  on  attri- 
buait le  passage  du  mercure,  si  bien 
vu  par  Fohmann  et  avant  lui  par  Merc- 
kel, à  des  infiltrations  dues  à  des  déchi- 
rements. Les  plus  grandes  autorités 
dans  l'enseignement  rejetaient  ces  com- 
munications en  déclamant,  dans  leurs 
ouvrages  comme  dans  leurs  cours,  con- 
tre ces  découvertes  consciencieuses. 
Quand  Fohmann  fit  sa  première  obser- 
vation, il  était  étourdi  y  disait-il,  du  bruit 
dont  l'absorption  veineuse  faisait  retentir 
lEuropc  (  '  ).  Le  vulgaire,  étranger  aux 


(  '  )  En  ddpit  des  observations  de  Vealing, 
qui  avait  poursuivi  le  trajet  dc8  vaisseaux 
d*Aselli  jusque  dans  le  canal  thoraeique  d'Eu- 
stacbcs  Harvey  s'était  obstiné  k  nier  l'exis- 
tence des  lymphatiques;  il  attribuait  aux 
veines  les  fonctions  de  l'absorption.  Hunter 
et  Hascagni  parvinrent  à  détrôner  sa  théorie 


et  chargèrent  les  vaisseaux  lymphatiques  de 
ce  r61e.  Mais,  au  commencement  du  XIX« 
siècle,  une  réactiou  s'opéra  :  Magendie  sur- 
tout réhabilita  le  système  de  l'absorption 
veineuse.  C'est  à  ses  écrits,  répandus  dans 
tout  le  monde  savant,  que  fait  ici  allusion 
Fohmann.  Il  était  réservé  à  Breschet  de  de- 


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FOH 


304 


discussions  scienliflques,  aurait  peine 
à  comprendre  que,  dans  le  champ  si 
trauquille  de  l'observation,  on  peut  agir 
avec  tant  de  chaleur  et  de  véhémence, 
s'il  ne  savait  que  les  médecins,  par  Tiu- 
fluence  sans  doute  de  leur  profession , 
apportent  souvent  dans  leurs  procédés 
une  exagération  singulière...  »  Ainsi 
s'explique  peut-être  Torigine  du  carac- 
tère éminemment  caustique  et  railleur 
de  notre  anatomlste.  l/épigramme  do- 
minait dans  ses  écrits  comme  dans  ses 
conversations  ;  au  reste  ce  fut  plus  tard, 
lors  de  sa  lutte  avec  Lippi,  que  ces 
dispositions  d'esprit  se  développèrent 
surtout.  A  l'époque  de  sa  vie  où  nous 
sommes  parvenus,  il  songeait  moins  à 
combattre  qu'à  garnir  son  arsenal.  L'ob- 
servation faite  sur  le  veau  marin  en 
provoqua  d'autres:  Fohmann  disséqua 
et  intecta,  sous  les  yeux  de  Tiedemann, 
les  vaisseaux  lymphatiques  de  l'homme, 
du  chat,  du  chien,  des  martres,  des 
loutres,des  chevaux  et  de  divers  oiseaux. 
Des  liens  d'amitié,  cimentés  plus  tard 
par  une  alliance  encore  plus  étroite  (  '  ), 
rapprochèrent  |>our  la  vie  le  maître  et 
le  disciple.  Tiedemann  rédigea  la  pré- 
face du  premier  ouvrage  que  |)ublia  son 
élève,  en  1821,  à  Heidelberg,  et  que 
Breschet,  dès  l'année  suivante,  fit  con- 
naître à  la  France.  Tandis  que  Mai^endie 
ne  parvenait  à  découvrir  de  rares  lym- 
phatiques au  cou  du  cygne  et  de  l'oie, 
Fohmann  exposait  dans  un  cabinet  pu- 
blic de  belles  préparations  démontrant 
la  communication  de  ces  canaux,  chez 
les  oiseaux,  avec  les  veines  rénales  et 
sacrées;  le  savant  l^auth,  professeur 
d*anatomie  à  Strasbourg,  faisait  tout 


exprès  le  voyage  de  Heidelberg  (1825) 
pour  venir  les  examiner,  et  se  déclarait 
partisan  des  vues  physiologiques  de 
l'ami  de  Tiedemann  (  '  ).  Fohmann  dé- 
montra le  premier  l'existence  des  lym- 
phatiques chez  les  oiseaux  de  proie, 
notamment  chez  la  buse  ;  il  fallut  que 
Blagendie  lui-même  se  rendit  à  l'évi- 
dence. Le  jeune  anatomiste,  ardemment 
stimulé  par  ses  premiers  succès,  résolut 
d'étendre  ses  recherches  aux  poissons. 
Il  partit  pour  la  Hollande,  où  le  célèbre 
Temninck,  directeur  du  Musée  royal  de 
Leyde,  mil  un  local  ù  sa  disposition  et 
lui  procura  un  grand  nombre  d'animaux. 
Le  préparateur  du  Musée  était  Boié,son 
ancien  condisciple,  d'étudiant  en  droit 
devenu  naturaliste,  par  l'influence  des 
leçons  de  Tiedemann  C'est  le  même 
Boié  qui  lui  envoya  plus  tard  de  Java, 
où  il  devait  périr  \ic!inie  du  climat,  des 
reptiles  et  autres  animaux  rares,  dont 
Fotimann  montrait  avec  orgueil,  dans 
les  derniers  temps  de  sa  vie,  les  belles 
préparations,  au  cabinet  de  l'Université 
de  Liège  (').  Fohmann  prolongea  son 
séjour  en  Nêerlande  jusqu'en  1820  ;  il 
injecta  et  disséqua  avec  soin,  en  faisant 
représenter  chacune  de  ses  prépara- 
tions, les  lymphatiques  de  la  torpille, 
du  silure,  de  l'anarrhiquc,  de  la  morue 
et  du  saumon  ;  il  avait  déjà  trouvé  ceux 
de  l'anguille  et  du  brochet.  Ces  recher- 
ches parurent  à  lieidelberg  en  1827 
dans  son  grand  ouvrage  Sur  le  systemi: 
absorbant  des  animaux î>eriêbrés,doi\\  ia 
première  partie,  celle  qui  traite  des 
poissons,  a  seule  vu  le  jour.  «  J'ai  vu 
chez  lui,  dit  Ch.  Morren,  une  partie  des 
matériaux  pour  la  seconde  partie,  qui 


venir  un  nouveau  Mascagni,  en  mettant  en 
lumière  les  travaux  de  l'anatomiste  de  Uei- 
detberg.  Cependant  on  verra  plus  loin  que 
là  victoire  ne  fut  pas  facile  à  remporter. 

(* ,  Fohmann  épousa  en  1828  la  fdle  du 
célèbre  professeur  de  Heidelberg,  «  femme 
d'une  grande  beauté,  du  caractère  le  plus 
doux  et  de  l'éducation  la  plus  élevée  *  (  Mor- 
ren, Op,  cit.,  p.  84). 

(*)  Lauth  professait  pour  Fohmann  une 
véritable  admiration*,  plus  tard,  il  lui  dédia 
son  excellent  Manuel  de  l'tmaiomie  de  l'hom- 
me ^  devenu  classique  à  Strasbourg,  à  Paris 
et  en  Belgique.  Cependant  un  nuage  passa- 
ger semble  s'être  élevé  entre  eux,  par  le 


fait  de  l'insertion,  dans  les  Annales  de% 
sciences  naiurelU's,  d  un  mémoire  de  Laulh 
sur  les  lymphatiques  des  oiseaux.  Fohmann 
crut  à  tort  que  cette  publication  avait  eu  lieu 
en  verlu  d'une  décision  de  i'inslilut,  et  il  lo 
dit  au  public,  (/était  une  erreur,  lu  recueil 
en  question  ne  dépendaut  pas  de  T Académie 
pour  le  choix  des  articles.  Mais  Fohmann 
en  voulait  à  l'Institut,  pour  avoir  couronné 
le  travail  de  Lippi  et  non  lésion (v.  ci-après) 
—  Morren,  p.  88. 

(')  L'éloge  de  Boié,  cet  autre  Victor  Jac- 
quemonl,  a  été  écrit  par  M.  Susanna,  admi- 
nistrateur du  Musée  ix>yal  de  l>eyde.  Am- 
sterdam, \%?^y  ia-8<^. 


305 


FOH 


306 


devait  traiter  du  système  des  amphibies. 
Ces  rectierches  sur  les  lymphatiques 
des  poissons  constituent  lè  seul  et  uni- 
que grand  ouvra(j;e  que  la  scieniuî  pos- 
sède sur  celte  matière.  Blonro  a\ait 
découvert  les  lymphatiques  de  la  raie 
eu  1760;  en  17G9,  Hewson  publia  son 
mémoire  sur  ceux  des  reptiles  et  des 
poissons,  et,  depuis  leurs  travaux,  rien 
n*avait  paru  sur  ces  organes.  Il  est  inu- 
tile de  dire  que  les  préparations  de 
Fobmann  sont  à  une  distance  immense 
de  celles  de  ses  devanciers  ;  aussi  son 
ouvrage  reçut-il  un  assentiment  una- 
nime: Cuvier,  Carus,  Merckel,  les  plus 
gi'ands  anatomistes  du  siècle,  lui  ont 
rendu  une  éclatante  justice,  et  un  con- 
cert dVloges  fut  la  digne  récompense  de 
ses  veilles.  »  —  «  C'est  précisément, 
continue  le  savant  biogra|)he,  c'est  pré- 
cisément à  cause  de  celte  unanimité 
d'opinions  sur  sa  méthode,  que  Fobmann 
(ut  si  sensible  à  la  décision  que  prit,  à 
regard  des  travaux  concernant  les  lym- 
phatiques ,  TAcadémie  des  sciences  de 
Paris.  Un  des  points  fondamentaux  de 
sa  doctrine  était  que,  dans  les  vertébrés 
supérieurs,  Thommc  et  les  mammifères, 
les  glandes  absorbantes  seules  servent 
de  communication  entre  les  lymphati- 
ques et  les  veines ,  hormis  aux  régions 
ctavicQlaires  ;  chez  les  vertébrés  infé- 
rieurs, où  les  glandes  n'existent  plus  ou 
rarement,  les  communications  directes 
entre  ces  deux  ordres  de  vaisseaux  se 
rencontrent  dans  les  régions  mêmes  où, 
chez  les  hommes  et  les  mammifères,  les 
glandes  existent.  Dans  les  poissons,  les 
communications  s'établissent  dans  le 
parencbymemème  des  organes. C'étaient 
là  des  points  auxquels,  dans  sa  théorie 
de  l'absorption ,  il  donnait  la  plus  haute 
importance  :  or  M.  LIppi  avait,  en  18â5, 
fait  paraître  à   Florence  un  ouvrage 
devenu  fameux  sur  les  mêmes  matières 
(  *  )  9  et  ce  travail  fut  couronné  par  l'In- 
stitut, deux  ans  après  la  publication  du 
dernier  ouvrage  de  Fobmann.  M.  Lippi 
rejetait  les  communications  entre  les 
glandes  et  les  veines,  démontrées  par 
Fobmann  et  vérifiées  par  Lauth  ;  il  ad- 


mettait au  contraire  les  anastomoses  di- 
rectes entre  les  vaisseaux  lymphatiques 
et  la  veine  porte,  la  veine  honteuse  inter- 
ne, les  veines  rénales,laveinecaveascen- 
dante  el  Tazygos.  Ces  comniunicafious 
ressemblaient  aux  anastomoses  des  vei- 
nes el  des  artères.  Fobmann  ne  put  res- 
ter en  repos  en  présence  d'un  système 
qui  anéantissait  le  sien,  si  les  faits 
avances  |)ar  son  antagoniste  étaient  fon- 
dés. Il  saisit  l'occasioi)  de  la  publication 
de  son  grand  ouvrage  sur  les  poissons, 
pour  prouver  combien  Terreur  de  M. 
Lippi  avait  été  grossière.  L'anatomiste 
italien  avait  confondu  les  veines  des 
glandes  avec  les  vaisseaux  absorbants  ; 
ailleurs,  il  avait  pris  des  veines  fort 
grosses  pour  des  lymphatiques.  Fob- 
mann déclara  fausses  les  anastomoses 
entre  les  lymphatiques  et  les  veines  par 
l'intermédiaire  des  vaisseaux  capillaires; 
et,  0  ce  qui  est  sans  exemple,  dit-il,  ce 
»  qui  surpa.sse  encore  les  autres  pro- 
»  duits  de  l'imaginalion  féconde  deLip- 
»  pi,  c'est  ce  qu'il  rapporte  à  l'égard 
»  du  passage  des  lymphatiques  des  or- 
»  ganes  digestifs  dans  les  bassinets  des 
»  reins.  Lippi  a  trouvé  plus  commode 
»  de  faire  arriver  des  matières,  que  Dar- 
»  wyn  et  autres  faisaient  passer  des 
»  organes  digestifs  dans  les  voies  uri- 
«  naires,  au  moyen  d'un  nK)uvement  ré- 
»  trograde  dans  les  lymphatiques,  sans 
»  intervention  du  système  vasculaire 
»  sanguin  ;  de  les  faire  arriver  d'une 
»  manière  tout  ordinaire,  des  rameaux 
»  dans  les  troncs  absorbants  qui  se 
»  rendent  de  ces  organes  dans  les  bas- 
»  sinets  des  reins pours'y  implanter!  » 
Ënûn,  après  avoir  signalé  une  foule  de 
mécomptes  où  Lippi  était  tombé,  Fob- 
mann finit  par  démontrer  que  son  an- 
tagoniste avait  pris,  pour  glandes  lym- 
phatiques, les  testicules  des  oiseaux. 
il  n'a  rien  aflirmé  de  vrai,  disait-il  dans 
un  de  ses  derniers  mémoires,  pas  plus 
pour  l'anatomie  que  pour  sonhisloire.n 
Malg'é  les  assertions  catégoriques  de 
Fobmann,  les  anatomistes  hésitèrent 
longtemps  encore  entre  lui  et  Lippi  : 
il  fallut  que  Lauth  et  Breschet  vinssent 


'  *  \  iltuitraxioni  flsioiogiche  e  patoUHjic' e 
dei  siêtema  limfatico-  chilifero,  mediante  la 
scoperia  di  un  gran  numéro  di  commumw- 


zioni  di  esso  col  veitoso,  Florence,  48^,  in- 
4o. 


307 


FOH 


308 


à  la  rescousse  pour  produire  sur  les 
esprits  une  impression  décisive.  Ce 
n'est  guère,  en  effet,  que  depuis  les 
derniers  travaux  de  ces  deux  savants 
qu*on  a  rendu  universellement  justic-e 
aux  observations  consciencieuses  de 
Tanatomiste  de  Heidelberg. 

Un  grand  changement  s*opéra  dans 
Texistence  de  Fohmann  pendant  qu'il 
travaillait  à  la  publication  de  son  grand 
ouvrage  sur  les  poissons.  La  Faculté  de 
médecine  de  TUniversité  de  Liège  ne 
comptait,  en  i826,  que  trois  profes- 
seurs :  renseignement,  par  suite,  res- 
tait élémentaire  au  delà  de  toute  ex- 
pression (').  Il  fallait  en  finir  avec  ce 
système  ;  mais  où  trouver  des  profes- 
seurs capables?  Â  celle  époque,  ils 
étaient  rares  en  Belgique,  et  d'autre 
part,  l'opinion  générale  était  ouverte- 
ment hostile  à  l'introduction  d'éléments 
étrangers  dans  le  personnel  des  Uni- 
versités nationales.  Cependant  un  cours 
aussi  important  que  l'anatomie  ne  pou- 
vant rester  confié  à  un  professeur  déjà 
surchargé  d'autres  occupations,  le  gou- 
vernement passa  outre  et  consulta  Tie- 
demann,  déjà  précédemment  appelé  à 
désigner  un  naturaliste.  Fohmann,  doc- 
teur en  médecine  et  en  chirurgie  pro 
meritis,  chef  des  travaux  anatomiquesà 
l'Université  de  Heidelberg,  professeur 
agrégé  pour  l'ostéologie  ;  Fohmann, 
qui  à  trente  ans  commençait  à  marcher 
de  pair  avec  les  illustrations  de  la 
science ,  s'offrait  naturellement  au 
choix  du  maître  qui  l'avait  formé  et 
connaissait  toute  sa  valeur.  Il  fut  donc 
nommé,  sur  la  fin  de  1825,  professeur 
ordinaire  d'anatomie,  eu  remplacement 
de  Comhaire  (v.  ce  nom),  qui  conserva 


le  cours  de  physiologie,  et  fut  en  même 
temps  chargé  de  celui  d'hygiène.  Grand 
émoi  dans  l'Université,  aussi  bien  chez 
certains  professeurs  que  parmi  les  élè- 
ves :  on  eut  lieu  de  craindre  que  des 
manifestations  bruyantes  n'éclatassent 
à  l'ouverture  du  cours.  Une  grande  agi- 
tation régnait  à  cette  époque  à  l'Uni- 
versité :  l'opposition  au  régime  hollan- 
dais prenait  de  plus  en  plus  consistauce 
et  saisissait  tous  les  prétextes  pour  se 
produire  :  on  le  vit  bien  au  commence- 
menl  de  l'année  suivante  (v.  l'art.  J.-C- 
J.  Ernst).  Fohmann  était  alors  peu  au 
fait  de  la  langue  française,  et  son  accent 
germanique  rortement  prononcé,  trahis- 
sant à  chaque  root  son  origine  étrangère, 
ne  pouvait  manquer  d'exciter  la  passion 
de  ses  auditeurs,  fomentée  du  reste  par 
les  excitations  du  dehors.  Mais  il  était 
phlegmatique  et  caustique  tout  à  la  fois  : 
il  parut  d'abord  ne  s'apercevoir  de  rien  ; 
puis,  quand  il  se  trouva  suffisamment 
orienté ,  il  prit  lui-même  l'offensive  et 
retourna  contre  ses  adversaires  l'arme 
du  ridicule  (').  On  rendit  bientôt  justice 
à  la  droiture  de  son  caractère,  à  la  pro- 
fondeur de  ses  connaissances  ;  on  lui 
pardonna  ses  saillies  parfois  vives,  mais 
au  fond  très-innocentes.  Les  suffrages 
des  savants,  qui  se  ralliaient  de  plus  en 
plus  à  ses  conclusions,  imposèrent  fina- 
lement silence  à  l'envie.  Il  fit  venir  de 
Heidelberg  une  bonne  partie  de  ses 
préparations,  dont  il  se  servit  pour 
donner  à  ses  leçons  un  intérêt  pratique 
inconnu  jusqu'alors  dans  les  Universités 
belges.  11  voulut  «  nationaliser  l'art  de 
faire  des  découvertes  »,  et  dans  ce  but 
il  projeta  la  création  d'un  Musée  anato- 
mique,  à  l'instar  de  ceux  dont  s'enor- 


(M  11  en  était  de  même  dans  la  Faculté 
des  sciences  :  il  n'y  avait  qu'une  seule  chaire 
d'histoire  naturelle!  (v.  l'arl.  Gaede). 

(  '  )  Il  commença  sa  première  leçon  par 
une  phrase  que  personne  n'a  oubliée  :  On  tU 
que  j'ai  lit  ce  que  je  n'ai  pas  tit.  «  Un  rire 
inextinguible  s'empara  de  l'auditoire  et  cha- 
cun, selon  le  proverbe,  put  se  dire  désarmé. 
La  haine  avait  néanmoins  envenimé  les 
contes  absurdes  qu'on  avail  à  dessein  répan- 
dus dans  le  publie,  et  lorsque  Fohmann  con- 
nut ceux  qui  avaient  le  plus  blâmé  sa  nomi- 
nation, il  s'amusa  à  leurs  dépens  de  manière 
à  mettre  les  rieurs  de  son  côté.  L'Université 


de  Liège  possédait  alors  un  instrument  qu'on 
montrait  avec  ostentation  au  cal>inct  :  c'était 
une  énorme  seringue  à  injecter,  mue  par 
des  manivelles.  Celui  qui  avait  poussé  si 
loin  l'art  des  injections  feignit  de  ne  pas 
comprendre  l'emploi  auquel  on  disait  cet 
instrument  destiné,  et  il  le  représenta  à  ses 
auditeurs  comme  servant  à  Tusage  personnel 
et  hygiénique  de  celui  que  la  malignité  pu- 
blique lui  donnait  pour  adversaire.  Toute  sa 
vengeance  se  bornait  ainsi  à  des  traits  ma- 
licieux, mais  qui  n'attaquaient  nullement 
l'honneur  de  ses  ennemis...  *  (Morren, 
p.  93-94}. 


309 


FOH 


310 


giieillîssait  la  Hollande.  «  La  gloire 
d*avoir  amené  à  bien  une.  entreprise  si 
grandiose  lui  appartient  tout  entière,  et 
nous  pouvons  dire  que  depuis  le  mo- 
ment où  il  mit  la  main  à  l^œuvre,  Foli- 
mann  a  tenu  en  Belgique  le  sceptre  de 
Vanatomie.  De  4827  à  1852,  il  se  con- 
sacre tout  entier  à  raccomplîssement 
de  son  dessein.  Dès  le  lever  du  soleil 
jusqu^au  soir,  il  se  trouve  dans  les 
amphithéâtres  de  dissection  ou  dans 
son  cabinet  particulier,  et  en  moins  de 
six  ans,  il  achève  150  préparations  pour 
les  injections  des  lymphatiques,  100 
squelettes,  au-delà  de  900  préparations 
molles,  60  appareils  organiques,  sans 
compter  la  série  d'embryons ,  de  fœ- 
tus et  de  monstres  qu'il  recueille  de 
toutes  parts.  Tout  cela  est  préparé  de 
ses  propres  mains,  sans  le  secours 
d'aucun  aide  et  dans  le  silence  le  plus 
absolu...  »  (*).  La  révolution  de  1850 
interrompit  ses  travaux;  il  craignit 
même  un  instant  pour  sa  place  ;  mais 
averti  à  temps  par  un  ami  (*),  il  par- 
vint à  déjouer  les  intrigues  dont  il  allait 
être  victime.  Cependant  ses  droits  ne 
furent  pas  immédiatement  reconnus. 
11  n'avait  commencé  ses  travaux  pour 
le  musée  que  sur  la  promesse  de  l'ad- 
ministrateur de  rinslructlon  publique 
(*)y  que  le  Gouvernement  acquerrait 
la  collection  pour  FUniversité  de  Liège 
moyennant  une  rente  viagère  :  or  cette 
convention  se  trouvait  rompue  par  le 
fait  des  événements  (*).  Ce  ne  fut  que 
sous  le  ministère  de  Theux,  et  ;grâce 
aux  soins  et  à  Tinsistance  toute  parti- 
culière de  radministrateur  D.  Ârnould, 
(v.  ce  nom),  que  les  préparations  de 
de  Fohmann  furent  tirées  du  coin  hu- 
mide et  sombre  où  on  les  avait  reléguées, 
pour  occuper  enfin  une  salle  conve- 
nable, et  que  fauteur  de  tant  de  pré- 
cieux travaux  put  espérer  d'être  indem- 
nisé de  ses  peines.  À  l'époque  où  cette 
affaire  fut  conclue,  Fohmann  'semble 
avoir  déjà  pressenti  sa  destinée  :  le 


contrat  prévoit  le  cas  où  il  viendrait  à 
mourir  avant  1845.  Il  ne  pouvait  plus, 
en  effet,  se  promettre  de  longs  jours. 
La  mauvaise  disposition  des  locaux  (^) 
où  il  travaillait  sans  relâche  dans  une 
atmosphère  insalubre ,  aspirant  inces- 
samment des  vapeurs  délétères  ;  le  ma- 
niement quotidien  du  mercure,  les  éma- 
nations cadavériques,  tout  avait  contri- 
bué à  compromettre  sa  santé.  Dès  1855, 
il  éprouva  les  premières  atteintes  d'une 
myélite,  qui  passa  à  l'état  chronique. 
Les  abondantes  salivations  qui  le  tour- 
mentèrent depuis,  les  douleurs  fré- 
quentes qu'il  ressentait  aux  poignets  et 
aux  mains,  ne  prouvent  que  trop  l'in- 
fluence du  mercure.  Bientôt  un  de  ses 
membres  fut  paralysé  :  il  n'en  continua 
pas  moins  â  faire  deux  leçons  par  jour 
(*);  il  n'en  reprit  pas  moins  le  cours  de 
ses  publications,  momentanément  in- 
terrompues par  ses  travaux  d'amphi- 
théâtre. En  mars  185i,  l'Académie  de 
Bruxelles  le  reçut  dans  son  sein;  le 
4'''  août  1856,  il  fut  nommé  président 
de  la  section  de  médecine,  et  il  justifla 
ces  nouveaux  titres  par  des  services 
actifs  et  efficaces.  La  mort  de  Bekker 
(v.  ce  nom),  son  compatriote  et  son 
ami  de  cœur,  l'affecta  profondément  : 
il  dit  à  M.  Dupont,  lorsque  celui-ci,  en 
qualilé  de  recteur,  eut  prononcé  le 
discours  funèbre  :  Je  suis  maintenant 
le  premier  candidat  de  la  mort,  n  Le 
souvenir  du  boiteux  qui  conduisait  l'a- 
veugle, dit  avec  émotion  Ch.  Morren , 
vivra  toujours  parmi  ceux  qui  ont  connu 
ces  deux  malheureux ,  mais  insépa- 
rables amis,  et  si  la  poésie  des  temps 
anciens  nous  prêtait  encore  les  char- 
mes de  ses  rêves,  nous  les  verrions 
dans  l'Elysée  d'un  monde  meilleur , 
sous  cette  touchante  image  de  l'ami- 
tié »('). 

Fohmann  passa  les  vacances  de  1857 
à  Heidelberg,  chez  Tiedemann  ;  il  re- 
vint à  Liège  au  commencement  de  sep- 
tembre. Le  16,  il  sortit  par  un  temps 


(  *  )  Morren,  p.  95-96. 

(*j  Le  docteur  Dcwild. 

{ »  )  Van  Ewyck. 

*  *  )  Fohmann  s'était  en  outre  engagé  à 
faire  une  collection  semblable  pour  l'Univer- 
sité de  Gand. 


(  *)  Les  bâtiments  de  TUniversité  n'étaient 
pas  alors  ce  qu'ils  sont  aujourd'hui. 

{*)  Après  la  mort  de  Gaêde,  il  fut  chargé 
du  cours  d'anatomic  comparée. 

C)  V.  les  art.  RouiLLé  et  Ruth. 


311 


FOH 


312 


froid  et  humide,  pour  se  mettre  à  la 
recherche  d*un  jeune  homme  qui  logeait 
chez  lui,  et  qui  n*était  pas  rentré  à  son 
heure  accoutumée.  U  rentra  avec  la 
licvre  ;  son  collègue  el  ami  Raikem  l'en- 
toura de  soins.  Le  mal  s'aggrava  :  le  21 , 
arriva  de  Paris  Breschet,  «  Thomme 
pour  lequel  Fohmann  professait  la  plus 
haute  estime ,  l'homme  qui  le  compre- 
nait le  mieux  et  qui  depuis  quinze  ans 
avaitfait  connaître  ses  travaux  en  France 
(*).  Celle  visite  réjouit  le  cœur  du  mo- 
ribond; mais  Breschet  dut  partir  le  len- 
demain pour  Bonn,  et  la  maladie  fit 
de  rapides  et  funestes  progrt'S.  Le  doc- 
teur Poncelet  fut  appelé  en  consulta- 
tion ;  le  âo,  le  délire  commença  ;  dans 
la  matinée  du  â5,  il  perdit  l'usage  de 
la  vue  et  de  l'ouïe  ;  à  onze  heures  moins 
cinq  minutes  du  matin,  il  expira  après 
avoir  donné  à  la  religion  catholique, 
qu'il  professait,  tous  les  gages  de  sa 
foi  et  de  sa  piété.  »  Il  avait  vécu  43 
ans.  —  Nous  reproduisons,  d'après 
Ch.  Morren,  la  bibliographie  de  ses 
ouvrages  : 

1»  Anatomischc  Untersuchungen  ùber 
die  Verbindung  der  Saugadern  mit  de» 
Vencn.  Heidelberg,  «841,  in-8^ 

La  préface  de  cet  ouvrage  est  de  Tiede- 
mann. 

—  Recherches  atiatomiques  sur  la 
communication  des  vaisseaux  lympha- 
tiques avec  les  veines,  précédées  d'une 
préface  par  M.  Tiedemann  ;  trad.  de 
Tallemand  par  M.  Breschet.  Paris  , 
1822,  in-8«. 

Celle  traduction  est  insérée  dans  les  Mé- 
moires de  la  Société  médicale  d'Emulation, 
avril  1822,  p.  136. 

2"  Dos  Saugadersystem  der  Wirbeî- 
thiere,  Erstes  Heft,  Dus  Saugadersys- 
tem  der  Fische,  mit  X  VU!  Steindruck- 
tafeln.  Heidelberg  et  Leipzig,  1827, 
in-folio. 

La  seconde  partie  do  cet  ouvrage  :  Doê 
Saugadersystem  der  Àmp'ibien^  annoncée 
dans  la  préface ,  n*a  point  paru. 

—  Sur  Vétat  présent  de  nos  connais- 

(  *  )  La  Gazette  médicale  de  Paris  (année 
1837 1  contient  une  notice  de  Raikem  (v.  ce 
nom)  sur  la  maladie  de  Fohmann,  el  le  pro- 
cès-verbal de  l'autopsie  de  son  cadavre,  par 


sances  relativement  au  système  lympha- 
tique, Paris,  1827,  p.  123-157  du /o«r- 
nal  complémentaire  du  Dictionnaire  des 
sciences  médicales^  t.  XXVII. 

C'est  la  traduction  de  la  majeure  partie  de 
rintroduction  de  l'ouvrage  précédent.  Ch. 
Morren  y  a  relevé  les  erreurs  suivantes, 
corrigt^es  de  la  main  de  Fohmann  dans  l'exem- 
plaire déposé  à  rUniversilé  de  Liège  : 

P.  130,  l.  2.  Veine  cave,  lisez  :  reine 
porte, 

P.  135,  1.  19.  En  ont  agrandi.  Usez  :  n*en 
ont  pas  agrandi, 

—  Sur  le  mécanû^me  de  Vabsorption, 
diaprés  la  disposition  anntomique  du  sys- 
tème lymphatique  des  poissons,  Paris, 
1827,  p.  226-239  du  Journal  complé- 
mentaire, etc.,  t.  XXVll. 

C'est  la  traduction  de  la  dernière  partie 
de  l'ouvrage  Sur  le  système  absorbant  des 
poissons. 

3*»  Notice  sur  la  texture  de  la  cornée 
transparente  (T.  YI  de  la  Correspon- 
dance matliématiquc  et  physique  de  M. 
Quetelet,  1831). 

Reprod.  par  M.  Quetelet  dans  les  notes 
de  la  traduction  du  Traité  de  la  lumière,  par 
HerscheU,  t.  IL  p.  407. 

io  Mémoire  sur  le^  communications  des 
vaisseaux  lymphatiques  avec  les  veines 
et  sur  les  vaisseaux  absorbants  du  pla- 
centa et  du  cordon  ombilical,  Liège, 
Desoer.  1852,  in-4^  52  p.,  avec  une  pi. 
lithogr.  et  coloriée. 

C'est  le  dernier  travail  qu'ait  publié  Foh- 
mann dans  la  plénitude  de  la  santé. 

5**  Mémoire  sur  les  vaisseaux  lympha- 
tiques de  la  peau,  des  membranes  mu- 
qiwuses,  séreuses,  du  tissu  nerveux  el 
musculaire,  Liège,  Desoer,  1833,  in-4« 
(28  p.,  la  Uible  et  10  pi.  gravées  part- 
Jehotte). 

6**  Considérations  sur  rœilde  rhomme^ 
relatives  à  Vophthalmie,  Liège, Dessain. 
1835.  12  p.  in-8°. 

Ces  considérations  font  suite  aux  Rtcher- 
ches  sur  les  causes,  Chistoire  et  le  traitement 
de  Cophthalmie  militaire,  par  H.  Vandcrmeer. 
Liège,  Dessain,  mai  1835,  io  8*. 

Raikem,  Vottem  et  M.  le  docteur  Poncelet. 
Ces  documents  ont  été  livrés  k  la  publicité 
par  les  soins  du  professeur  Breschet. 


3i:^ 


FUS 


314 


7**  Note  sur  VAcrochordus  javanicus. 
Bruxelles.  1835,  in-8«  {Bull,  de  VAcad. 
royale  de  Belgique,  l.  II.  p.  17}. 

Toutes  les  pièces  anatomiques  de  ce  rep- 
tile rare,  communiqué  à  Fohmann  par  son 
ami  Boié,  sont  conservée»  au  cabinet  de 
l'Université  de  Litige. 

8^  Sur  Vorgane  de  la  vue  chez  les  ani- 
maux etcfiez rhomme{lh'nï  , t. III,  1856, 
p.  275). 

Cette  notice  fut  lue  par  Fohmann  au  Con- 
grès scientifique  de  Liège,  le  \"  août  1836. 
L'auteur  constate  la  présence  dupecten  dans 
l'œil  des  reptiles. 

9"  Rapport  sur  un  mémoire  de  Bl.  Van 
Beacden,inlitulé  :  Remarques  sur  le  siège 
du  goût  dans  la  carpe  (Ibid.,  t  U,  p. 
105). 

10**  Rapport  sur  un  mémoire  de  M. 
Desvignes,  traitant  de  Vodorat  des  pois- 
sons (Ibid.,  t.  Il,  p.  169). 

Ito  Rapport  sur  un  mém(ire  de  M. 
Ch.  Morren,  intitulé  :  Ohnervations  os- 
léologiques  sur  Vapparcil  contai  des  ba- 
traciens (II).,  t.  II,  p.  258)- 

là'*  Rapport  sur  un  mémoire  de  M. 
Van  B^neden  :  Sur  VHelix  algira  (Ib.,  t. 
II,  p.  576) 

13«  Rapport  sur  un  os  fossile  trouvé 
à  Tuyvenberg  (Ib.,  l.  III,  p.  iO). 

C'était,  croyait  Fohmnnn,  une  vertèbre  de 
ce  lacé. 

li**  Rapport  sur  les  mémoires  de  BI. 
Burg^raeve  (deGand)  relatifs  aux  nums- 
truùsités  humaines  (Ib.,  t.  III,  p.  240). 

15**  Rapport  sur  le  mémoire  de  M. 
Lambotte,  candidat  en  médecine  à  rUni- 
versité  de  Liège,  sur  la  question  jjro- 
posée  par  TAcadémie:  DHei-miner  les 
modifications  que  sulfissent  les  appareils 
sanguin  et  respiratoire  dans  les  méta- 
morphoses des  batraciens  anoures;  mé- 
moire qui  a  obtenu  une  médaille  d'ar- 
gent (Ibid.,  t.  IV,  1857,  p.  180). 

Nous  avons  dit  que  Fohmann  dtait  membre 
de  l'Académie  de  Bruxelles.  Il  Taisait  en  outre 
partie  des  Sociétés  suivantes  :  Académie 
royale   de   médecine  de  France  ;   Société 


d'histoire  naturelle  de  Strasbourg  ;  Société 
de  médecine  de  Gand  ;  Geseltschaft  fur  Na- 
turwissenschaftf  de  Heidelberg  ;  Senkenifer- 
giwtiê  naturforschtnde  Gesellgchafi  ,  de 
Francfort  ;  PhUomphischrmediciniiche  Gc- 
seUschaJt,  de  Wûrzbourg. 

Fu«*H  (Jean-Dominique),  né  à  Dûren 
le  2  janvier  1782,  mourut  à  Liège  le 
31  janvier  1800.  Professeur  érudit, 
philologue  éminent,  poète  latin,  un  des 
derniers  successeurs  des  Sarbievski, 
des  Jean  Second ,  des  Hosschius ,  des 
Vanière,  Fuss  mériterait  une  notice 
plus  étendue  que  celle-ci.  Tous  ses  tra- 
vaux, sans  être  également  distingués, 
portent  un  cachet  d'originalité  qui  don- 
nerait certainement  lieu  à  des  obser- 
vations intéressantes  ;  malheureuse- 
ment à  cause  de  leur  caractère  spécial , 
ils  ne  sont  connus  que  d'un  public  res- 
treint. Ce  public  môme  a  la  mémoire 
courte;  les  préoccupations  purement 
littéraires  ne  sont  pas  le  fait  d'une  so- 
ciété inquiète.  Aussi  bien  l'idée  domi- 
nante de  Fuss  ,  ridée  d'exprimer  en 
latin  la  pensée  moderne,  semble  être 
venue  trois  siècles  trop  tard  ;  il  a  fallu 
tout  le  talent  de  celui  qui  l'a  émise 
pour  qu'elle  ne  parût  point  un  para- 
doxe. On  peut  galvaniser  un  cadavre, 
mais  non  lui  rendre  la  \ie.  Les  Poè- 
mata  latina  de  Fuss  ont  d'ailleurs  une 
haute  valeur  intrinsèque  ;  espérons  que 
tôt  ou  tard  ils  reparaîtront  au  grand 
jour.  L'auteur  en  avait  préparé  avec 
soin  une  nouvelle  édition  (  '  )  ;  celui  qui 
entreprendrait  de  la  publier  rendrait 
un  véritable  sei*vice  à  la  république  des 
lettres. 

Fuss  appartenait  h  une  famille  ho- 
norable, mais  qui  éprouva  des  revers 
de  fortune.  Orphelin  dès  l'âge  de  douze 
ans,  il  fut  placé  chez  les  jésuites  de 
Duren  et  fil  sous  leur  direction  d'ex- 
cellentes humanités.  Son  quatrième 
lustre  révolu,  pour  nous  servir  de  son 
expression  ('),  il  dit  adieu  k  sa  ville 
natale,  plein  de  confiance  dans  sa  bonne 
étoile.  En  1801,  nous  le  trouvons  à 
AViirzbourg,  fréquentant  les  cours  de 


(  *  )  L'exemplaire  annoté  dans  ce  but  a  étû 
disposé  à  la  bibliothèque  de  fUniversilé  de 
Litige. 


(*)  Hic  cgit  vilœ  lustra  quatenm  suse. 
IHtren  und  xeiue  Vmffrbttnff,p,  8  (v.  ci-après 
la  bibliographie;. 


315 


FUS 


316 


philosophie  et  (Inesthétique  de  Sciiel- 
ling  ;  l*année  suivante,  à  Halle,  coin- 
plèlanl  sous  W'olff  ses  études  philolo- 
giques. C'est  vers  la  même  époque  ou 
un  peu  plus  tard  qu'il  fit  la  connais- 
sance d'Âug.  Guillaume  Schlegel(^), 
et  vraisemblablement  c'est  à  celui-ci 
qu'il  dut  d'être  mis  en  rapport  avec 
M°"'  de  Staël,  qui  commençait  alors 
Outre-Rhin  ses  pérégrinations  d'exi- 
lée. Le  discours  prononcé  sur  la  tombe 
de  Fuss  par  M.  Th.  Lacordaire  nous 
apprend  que  le  jeune  érudit  eut  la 
bonne  fortune  de  rendre  quelques  ser- 
vices littéraires  à  l'auteur  du  livre  de 
r Allemagne,  M"*«  de  Staél  lui  conseilla 
de  se  rendre  à  Paris,  où  sa  protection 
l'accompagna.  Grâce  à  ce  patronage 
illustre,  Fuss  ne  tarda  pas  à  trouver 
de  l'occupation.  Le  sénateur  comte 
Rigal  lui  confia  l'éducation  de  son  fils, 
qui  fut  admis  à  l'Ecole  polytechnique  ; 
il  devint  ensuite  précepteur  chez  le  ban- 
quier Antoine  Odier,  dont  il  se  fit  un 
ami(*).  Une  autre  liaison  qu'il  con- 
tracta bientôt  avec  le  savant  Hase  exerça 
sur  son  avenir  une  influence  décisive. 
Us  publièrent  ensemble  à  Paris,  en 
iSlâ,  d'après  un  manuscrit  du  IX' 
siècle  appartenant  au  comte  de  Choi- 
seul-Gouffier,  VédUion  princeps  de  l'im- 
portant traité  de  Jean  Laurentius  Ly- 
dus  sur  les  magistrats  romains^  ouvrage 
longtemps  considéré  comme  perdu,  et 
qui  n'est  pas  l'un  des  moins  précieux 
de  la  collection  byzantine.  Fuss  le  tra- 
duisit en  latin ,  tandis  que  le  profond 
helléniste  se  chargea  de  la  révision  du 
texte,  de  la  rédaction  d'un  commentaire 
et  d'une  notice  sur  la  vie  et  les  travaux 
de  l'écrivain  du  Bas-Empire.  La  répu- 
tation de  Jean-Dominique  était  fondée 


(');  il  fut  attaché  ià  la  Bibliothèque 
impériale ,  avec  le  titre  de  secrétaire 
du  savant  archéologue  Millin  ,  alors 
conservateur  du  Cabinet  des  antiques  et 
rédacteur  du  Magasin  fnqfehpédi^uô. 
Fuss  fit  insérer  dans  ce  recueil,  de 
1813  à  1815,  un  assez  grand  nombre 
d'articles  littéraires  (*), 

Le  5  mars  1815,  le  gouvernement 
prussien  lui  offrit  une  chaire  degrec(*) 
au  gymnase  de  Cologne^,  il  accueillit 
cette  proposition,  fut  nommé  le  6  avril 
professeur  de  littérature  ancienne  et 
quitta  immédiatement  Paris  (*).  Deux 
ans  plus  tard,  lorsque  le  gouvernement 
des  Pays-Bas  s'occupa  de  recruter  le 
personnelenseignant  de  nos  Universités, 
Fuss,  un  des  premiers,  attira  l'attention 
royale,  il  fut  nommé  professeur  ordi- 
naire à  la  Faculté  des  lettres  de  Liège, 
chargé  des  cours  de  littérature  ancienne 
et  d'antiquités  romaines.  La  lecture  de 
son  élégante  traduction  en  vers  latins 
de  l'élégie  d'Âug.  G.  Schlegel  sur  Rome 
servit  de  péroraison  à  son  discours  inau- 
gural (Ann,  Acad.  Leod  ,  vol.  1  ;  v.  ci- 
après).  Il  coopéra,  en  1820-1821,  à  la 
fondation  de  V Ecole  propédeutique(\\  les 
art.  Denzinger  et  Wagemann).  Les  nom- 
breuses occupations  officielles  qui  ab- 
sorbèrent Fuss  à  cette  époque  entre- 
tinrent sa  fécondité  littéraire,alors  qu'on 
eût  pu  le  croire  tenté  de  déposer  sa 
plume.  Fuss  ne  sortait  de  son  cabinet, 
pour  ainsi  dire,  qu'aux  heuresdes  repas  ; 
il  lisait  énormément,  et  toujours  la  plume 
k  la  main  :  certains  volumes  de  sa  bi- 
bliothèque, surchargés  de  notes  parfois 
en  plusieurs  langues,  surtout  son  Ho- 
race, sont  restés  de  véritables  curiosités. 
Avec  ces  habitudes  studieuses  et  une 
bonne  distribution  du  temps,  on  finit 


(  *  )  Ha  t^^s- souvent  entretenu  l'auteur 
de  la  présente  notice  de  ses  relations  avec 
cet  homme  célèbre. 

(  *  )  H  resta  pendant  longues  années  en 
correspondance  avec  la  famille  Odier,  si 
douloureusement  éprouvée  plus  tard. 

(  *  )  Letronne,  dans  un  article  sur  des  frag- 
ments d'autres  écrits  de  Lydus  publiés  par 
E.  Hase,  se  plut,  entre  autres,  à  reconnaître 
que  Fuss  était  profondément  versé  dans  tes 
deux  idiomes.  D'autres  critiques,  en  Alle- 
magne et  ailleurs,  vantèrent  sa  pure  latinité, 
son  jugement  impartial ,  et  exprimèrent  le 


désir  de  le  voir  poursuivre  ses  études  philo- 
logiques. 

(  *  )  Alph.  Le  Roy,  Notice  sur  Fuss,  dans  la 
Revue  de  l'instruction  publique  en  France^ 
1860  (reprod.  dans  la  Revue  de  tinst.  pu- 
blique en  Belgique ,  mars  1860,  p.  87).  — 
U.  Capitaine,  Ndcrol.  liégeois  pour  iB^.  — 
Discours  de  M.  Lacordaire. 

(  "  )  C'est  par  erreur  qu'on  a  imprimé  une 
chaire  de  latin  dans  les  notices  précitées. 

(*)  11  venait  de  s'y  marier;  il  s'en  fallut 
de  peu  que  la  France  ne  devint  sa  patrie 
d'adoption. 


317 


FUS 


318 


par  posséder  des  trésors  d'érudition. 
C'est  ainsi  que  tout  en  faisant  ses  cours, 
en  annotant  les  anciens,  en  devenant 
un  latiniste  et  un  helléniste  de  premier 
ordre,  Fuss  put  rassembler  les  maté- 
riaux de  son  traité  classique  dVln/i^/ui/^^ 
romaines,  écrire  une  foule  de  disser- 
tations sur  toutes  sortes  de  sujets  et 
composer  ses  Carmina^  dont  la  pre- 
mière édition  parut  en  1822.  Cette  der- 
nière publication  faillit  lui  couler  cher. 
Fuss  avait  Tesprit  satirique,  et  Ton  sait 
que  les  savants,  même  les  plus  paisibles, 
ne  brillent  pas  toujours  par  la  modé- 
ration du  langage,  une  fois  que  la  pomme 
de  discorde  est  tombée  entre  eux.  Lais- 
sons parler  M.  Capitaine  :  «  Parmi  les 
pièces  insérées  dans  les  Carmina  latina 
de  18âi,  il  s'en  trouve  trois.  PygolichUiy 
Vulpums  et  In  homines  ventôsos,  qui 
semblèrent  avoir  été  dirigées  contre  un 
honorable  professeur  de  rUniversitéde 
Liège,  M.  W...  (  '  ).  Fuss  non-seulement 
fut  blâmé  d'avoir  publié  ces  vers  d'un 
goût  équivoque,  mais  un  critique  du 
Journal  de  Bruxelles^  abrité  sous  l'ini- 
tiale (t.,  accusa  l'auteur, en  termes  d'une 
extrême  violence,  d'abuser  de  l'hospi- 
talité que  le  gouvernement  lui  accordait. 
Ce  compte  rendu  éveilla  l'attention  des 
autorités  supérieures,  et  peu  de  jours 
après,  Fuss  fut  appelé  dans  le  cabinet 
de  M.  Falck,  alors  ministre  de  l'in- 
struction publique.  Le  poète,  interpellé, 
protesta  de  l'innocence  de  ses  inten- 
tions :  il  avait  voulu  censurer  un  vice 
inhérent  à  l'espèce  humaine;  mais  il 
n'était  point  entré  dans  sa  pensée  d'en 
faire  l'application  à  persoiiitc.  Cette 
explication  ne  satisfit  pas  le  ministre. 
Fuss  fut  placé  dans  l'alternative  de  se 
létracteroude  voir  proposer  àson  égard 
one  mesurede  rigueur,  ilétaitsurle  point 
lie  donner  sa  démission  de  professeur 
pon  r  accepter  la  place  de  sous-conser- 


vateur de  la  bibliothèque  royale  de 
Bruxelles,  qui  venait  de  lui  être  of- 
ferte, lorsque  ses  collègues,  MM.  Gall 
et  Destriveaux,  parvinrent  à  faire  accep- 
ter, comme  transaction  honorable  pour 
les  deux  parties,  une  Réponse  au  Jour- 
nal de  Bruxelles  (') ,  dans  laquelle 
Fuss  se  défend  d'avoir  voulu  attaquer 
dans  ses  vers  un  membre  quelconque 
de  l'enseignement  supérieur  n  ('). 
Ces  dissentiments  s'oublièrent  avec  le 
temps  :  les  orages  violents  n'ont  ja- 
mais longue  durée.  Quant  à  Fuss,  il 
vit  de  nouveau  sa  position  menacée 
en  i850,  lorsque  les  professeurs  hol- 
landais durent  quitter  l'Université. 
Bien  que  n'appartenant  pas  à  cette 
nationalité,  il  figura  un  instant  sur 
la  liste  de  proscription  :  il  protesta 
avec  une  énergie  qui  étonna  tous  ceux 
qui  connaissaient  son  calme  habituel  ; 
enfin  il  fut  maintenu,  mais  tout  d'un 
coup  la  Faculté  dont  il  faisait  partie 
se  trouva  supprimée.  Fuss  prit  place 
dans  la  Faculté  libre  (v.  l'art.  Rouillé), 
qui  fonctionna  jusqu'à  la  réorganisa- 
tion de  1855.  Au  mois  de  décembre 
de  cette  dernière  année,  le  Gouverne- 
ment le  réinstalla  dans  sa  chaire  : 
seulement  on  ne  lui  laissa  que  les  cours 
d'antiquités  romaines  et  d'archéologie 
(celui-ci  facultatif).  Fuss  regretta  long- 
temps ses  cours  de  langues,  surtout 
celui  de  latin  :  il  se  consola  en 
composant  de  nouvelles  poésies  et  en 
élargissant  chaque  jour  le  cercle  de 
ses  études  privées.  11  écrivait  le  latin 
mieux  que  toute  autre  langue;  cepen- 
dant son  style  allemand  n'est  pas  sans 
mérite,  témoin  la  traduction  en  vers  de 
la  Lucrèce  de  Ponsard,  qu'il  publia  en 
1844.  La  même  année  (1844-1845),  il 
fut  nommé  recteur.  Son  dernier  acte 
public  est  le  discours  qu'il  prononça  en 
déposant  les  faisceaux  académiques  : 


(*)  Wagemaon.  —  La  pièce intitulde  Py- 
gotichia  avait  paru  d'abord  dans  Viu-n  d'O- 
kcn  JcDa,  1821,  IS*  cahier).  Le  Vuipurus 
étail  une  critique  de  la  nouvcUe  loi  sur  les 
ionputs,  défendue  par  Wageniann. 

(')  Lidge,  CoUardin,  iSââ,  in-8o  de  16 
pages. 

{ *  j  L'auteur  du  Nécroloye  iiégeoh  fait  re- 
marquer que  les  trois  pièces  ccneurées  ont 


été  reproduites  in  extenso  dans  l'édition  des 
Poimata  latina  de  1837.  L'édiliçn  de  1845- 
1846  les  renferme  également;  toutefois, 
dans  cette  dernière .  au  tilre  Pygolichia, 
l'auteur  a  substitué  celui  de  Lambentis  prœ- 
cepta  deœ;  il  a  aussi  supprimé  les  80  der- 
niers vers,  qui  avaient  été  maintenus  dans 
l't^dition  précédente. 


319 


FUS. 


320 


il  y  essaya  une  nou?elle  démonstratioR 
de  sa  thèse  favorite  :  Que  le  latin  mo- 
derne n'a  rien  perdu  de  son  impor- 
tame.  En  1847,  il  reçut  la  croix  de 
chevalier  de  Tordre  de  Léopold  ;  Tan- 
née suivante ,  il  demanda  et  obtint  son 
éméi'itat,  dont  il  jouit  pendant  onze  ans 
encore.  Relire  de  Tenseignement,  il  ne 
cessa  pas  de  fréquenter  de  TUniver- 
sité  :  on  Ty  revoyait  presque  tous  les 
jours,  venant  s'informer  de  la  marche 
des  études,  s'intéressanl  aux  jeunes, 
professeurs,  encourageant  leurs  tra- 
vaux, se  tenant  au  courant  des  publi- 
cations nouvelles.  Dans  les  derniers 
temps  de  sa  vie,  il  lut  beaucoup  le 
Dante,  et  Timpression  finale  que  lui 
laissa  la  divine  Csomédie  donna  lieu  à  un 
réquisitoire  (*)  en  vers  latins,  dirigé 
contre  tes  admirateurs  outrés  du  grand 
poète.  Il  traduisit  cependant  lui-même 
en  hexamètres  les  épisodes  de  Fran- 
çoise de  Rimini  et  du  Comte  Ugolin,  Fuss 
était  loin  de  vouloir  rabaisser  la  taille 
du  colosse;  mais  son  propre  esprit 
était  coulé  dans  le  moule  de  Tantiquité 
classique  et  n'en  pouvait  plus  sortir. 
D'autre  part,  c'est  au  point  de  vue  du 
fond  qu'il  se  prit  surtout  à  combattre 
l'enthousiasme  des  écrivains  modernes 
pour  le  Dante,  surtout  de  ceux  qui  se 
servaient  de  ce  prétexte,  à  ce  qui  lui 
semblait,  pour  remettre  en  honneur  la 
scolastique  et  nous  ramener  au  catho- 
licisme du  moyen  âge.  Insensiblement 
cette  dernière  préoccupation  devint  do- 
minante chez  Fuss  :  il  s'était  toujours 
vivement  intéressé  aux  questions  théo- 
logiques ;  le  Dante  le  ramena  aux 
livres  bibliques,  dont  il  se  remit  à  faire 
une  étude  assidue  dans  le  texte  hé- 
breu. 11  exprima  ses  doutes  en  vers 
latins,  suivant  sa  coutume: 

Qdiiiqitiii  ti'nl>il»nt  stiibprc,  vci-stus or.it. 

Il  mourut  peu  de  temps  après,  dans 
toute  la  vigueur  de  ses  facultés,  sans 
avoir  pu  trouver  le  dernier  mot  des 
redoutables  problèmes  auxquels  il  son- 


geait sans  cesse,  mais  la  conscience 
tranquille,  parce  qu'il  avait  cherché  la 
vérité  sincèrement  et  honnêtement.  Fuss 
était  aussi  tolérant  envers  les  autres 
que  sévère  pour  lui-même  ;  il  estimait 
ioutcs  les  convictions  loyales  et  il  n'a- 
vait, quant  ù  lui,  rien  tant  à  cjcmr  que 
de  s*éclairer.  Il  y  avait  en  lui  de  la  can- 
deur et  de  la  finesse  tout  ensemble,  le 
sens  de  Tart,  la  religion  du  beau,  du 
juste  et  du  vrai,  pas  l'ombre  de  pédan- 
tisme  ni  do  prétentions,  mais  une  téna- 
ciié  extrême  une  fois  qu'il  s'était  attaché 
à  une  idée  ou  engagé  dans  une  contro- 
verse. Il  était  très-versé  dans  la  plupart 
des  littératures  deTEurope,cequi  ren- 
dait sa  conversation  instructive  et  sou- 
vent pittoresque.  En  dépit  de  l'incident 
rap|M)rté  plus  haut,  s'il  puisa  quelque- 
fois des  armes  dans  le  carquois  d'Ar- 
chi loque,  il  y  avait  en  lui  un  fonds  de 
bonté  véritable  ;  mais  il  fallait  le  voir 
dans  l'intimité  pour  l'apprécier.  Pour 
achever  de  le  faire  connaître,  c'est  à  ses 
œuvres  que  nous  devons  nous  adres- 
ser (*).  Il  a  |)ublié: 

1°  Joannis  Laurcntii  Lydi  PhUadel- 
pheni  de  maghtratibus  reipublicœ  Ro- 
mance lïbri  1res,  vunc  primum  in  Incem 
edifi  et  versione,  notis  indicibusque  aucii 
à  J.-D.  Fuss.  Pra*fatus  est  C-B.  Hase, 
codd.  grœc.  et  lat,  in  Bibliolhecà  ImjK- 
riali  Parisiensi  sub  conservât ore  cusios, 
Paris,  Eberhart,  1812,  !n-8«deLXXXVl 
et  316  p. 

2°  Roma,  elegiaA.'G,  Schlegel,  luti- 
nitatedonata  notisque  illustrataàJ.-D. 
Fuss.  Adjectus  est  textus  g.rmanicus. 
Cologne,  Rommerskirchen,  1817,  in-i». 

Ce  morceau  a  é\6  reproduit,  comme  nous 
Tavons  dît,  daos  les  Ammlet  académiques 
(vol.  I),  et  séparément,  in-4«.  On  le  retrouve 
dans  les  Poëmata  latina,  précédé  de  quatre 
vers  grecs. 

3°  Prœlectionibus  in  fac,  philos,  et 
litt.  human,  pcr  hune  annum  habendis 
exhoriaiione  ad  ejus  alumnos  prœlus^it 
J,-D^  Fuss.  Accessit  versio  latina  car- 


{*)  Expression  employée  dans  le  Rapport 
de  M.  de  Ram  à  l'Acadëroie.  V.  aussi  les 
Rapports  de  MM.  Bormans  et  Ph.  Leshrous- 
sart  {bulletin,  l.  XX,  n»  3;.  —  (Voir, dans  le 
Moniteur  de  l'enseignement  du  iO  juin  1853, 


p.  273-280,  nos  observations  sur  lo  poème 
de  Fuss  et  sur  les  vives  attaques  dont  il  fut 
robjcl  dans  la  presse  bruxelloise). 

(')  Nous  reproduisons  en  général  la  liste 
dressée  par  M.  U.  Capitaine. 


3S1 


FUS 


322 


mtJiM  elegiaci  sermone  germanico  corn- 
positi  ab  Aug.  Guil.  ScMegel.  Liège, 
CoIJardin,  «820,  in-S». 

Démonstration  de  l'atilitë  de  l'étude  des 
langues  anciennes.  Le  poème  de  Schlegel 
iur  l'art  grec  termine  la  brochure. 

*•  J.-D.  Fuss  ttd  C.'B,  Hase  eptstola, 
i»  quâ  Joannvn  Laurentii  Lydi  demagis- 
tratilms  reipublicœ  Romanœ  textus  et 
versio  emendantur^  locidifficitioresilltts- 
trantur.  Liège,  Collardin,  1820,  in-8». 

5**  Amimlatio^  elegia  Fred.  Schiller, 
ègermanicà  inlatinam  linguam  translata 
à  J,-D.  Fuss.  Accessit  de  SchUleri  poesi 
ode,  Cologne,  Dumont-Schauberg,  i  820, 

in-8^.  —  Dédicace  aux  mânes  de  Schiller 

• 

Réimprimé  dans  les  Poêmata  latiua, 

6®  Antiquitates  Romanœ  compendio 
leetianum  suarum  in  nsum  enarratœ  à 
J.  D,  Fuss,  Liège,  Collardin,  1820, 
in-8*  de  XX  et  282  p.  —  2«  édition,  cor- 
rigée et  considérablement  augmentée. 
îhid,,  4826,  in-8"  de  XXII  et  565  p.— 
5' édition,  également  revue  et  corrigée. 
ïbid,,  1836,  in-8«  de  XV  et  521  p. 

Ouvrage  important,  plein  de  renseigne- 
ments et  bien  coordonné,  rédigé  dans  la 
forme  ordinaire  des  manuels  allemands,  au 
courant  de  la  science  si  l'on  se  reporte  à 
l'époque  où  il  parut.  Les  grands  travaux  ac- 
complis depuis,  dans  le  domaine  des  anti- 
quités romaines,  lui  ont  ôté  une  grande  partie 
de  sa  valeur  ;  cependant  on  peut  encore  le 
consulter  avec  fruit.  II  a  été  classique  dans 
plusieurs  Universités,  en  Allemagne  comme 
en  Belgique,  et  pendant  plusieurs  années  à 
Oxford  et  à  Cambridge.  L'édition  de  1836  a 
été  traduite  en  anglais  par  A.  W.  Street  sous 
ce  titre:  Roman  antiquitiex,  by  J.-D,  Fuss, 
prof  essor  in  the  Univcrsity  of  Liège,  Trans- 
lated  front  the  tant  édition.  Oxford,  Talboys, 
1840,  io-80  de  XIV  et  608  p. 

7"*  /.  D.  Fuss  carmina  latina,  additis 
è  germanico  ver  gis  ^  in  quibus  Roma  etArs 
Grœcorum  A,  W,  Schlegel  et  Ambnlatio 
Fred.  Schiller,  eîegiœ,  denuo  etnendaiio- 
res  vutgatœ.  In  cœleris  Schilleri  Cam- 
pana^  Goethei  Alexis  et  Dora,  Prœcedil 
de  iinguœ  latinœ  cum  universo  ad  scri- 
bendum  dissertatio,  Cologne,  Dumont- 
Schauberg,  1822,  ln-8''  de  CIV  et  176 
!>.,  et  deux  feuillets  d*errata,  manquant 
à  \'À  plupart  des  exemplaires.  —  Dédi- 
cace à  Kinker  (v.  ce  nom). 

La  dissertation  finale  a  été  tirée  k  part 


(Cologne,  lëSS)  et  réimprimée  plus  tard, 
avec  de  nombreux  changements,  à  la  tète  de 
l'édition  des  Poêmata  latina  de  1837. 

8°  Réponse  à  un  article  du  Journal  de 
Bruxelles  du  5  octobre  i%^,  adressée  à 
M.  R.  auteur  du  même  article,  Liège, 
Collardin,  1822,  iî)-8*.  —  V.  ci-dessus. 

9®  /.-D.  Fuss  ad  Lycocriticum  épis- 
tola^  in  quâ  loci  Metamorphoseon  et  Fas- 
torum  Ovidii,  nec  nm  aUi  nonnulli  sive 
defhnduntur  et  illustraniur,  sive  emen-- 
dantur,  Chr.  Conr  Sprengel  cmcnda- 
tiones  exempli  causa  refutantur,  Adhœ- 
rent  anonymi  è  reperlorio  Beckidno 
mendacia,  Ibid.,  1823,  in-8''. 

Les  Mendacia  sont  une  reportée  très-vive 
à  des  observations  cMtiqoes  dont  la  disser- 
tation citée  sous  le  n»  7  venait  d'être  l'objet 
dans  VAUgem.  Repert,  der  Uteraiw^  1823 
(t.  I,  p.  i60).  Fuss  se  préoccupait  beaucoup 
des  jugements  qu'on  portait  sur  ses  compo- 
sitions. 

10»  Goethei  elegiiÈ  XXÎll  et  Schilleri 
Campana,  latine,  servatâ  archet  y  pi  for- 
ma, redditœ  à  J,-D.  Fuss,  Adhœrent 
epigrammatan4>nnulla,necnon  odœ  très, 
et  de  Goethei  elegiis,  deque  Lydo  ademto 
ad  amicum  epistola.  Liège,  Collardin, 
1824,in-8«. 

Edition  publiée  aux  frais  de  l'auteur.  Le 
Chant  de  la  Cloche  avait  déjà  paru  dans  les 
Carmina  latina  de  i8â!2  ;  mais  le  texte  de 
1824  présente  de  nombreux  changementi. 

H*'  Fred.  Schiller  Carmen  de  Cam- 
pana, sive  das  Lied  von  der  Glocke, 
latine  redditum,  iterkmque  et  emenda- 
tins  editum  à  J,  D.  Fuss.  Adhœret  ejus- 
dem  de  Schilleri  poesi  ode.  fbîd.,  1824, 
in-8«. 

\i,^  Dissertatio  J,-D.  Fuss,  versuum 
Itomœoteleutorum  sive  consonantiœ  in 
poesi  neolatinà  usum  commeudans,  Ad- 
hœrent Schilleri  Festum  Victoriœ  et 
C^ssandra  versibus  homœoteleutis,  nec 
non  Gœthei  elegia  XII  latine  reddita, 
Ibid.,  1824,  in-8".—  2«  édition,  1828, 
considérablement  augmentée. 

Fuss  poursuivit  toute  sa  vie  un  seul  but  : 
réhabiliter  le  latin  et  perpétuer  sa  littérature 
à  côté  des  littératures  modernes.  Il  ne  cessait 
de  répéter  que  le  latin  est  assez  riche  et 
assez  flexible  pour  exprimer,  en  gardant  sa 
pureté  classique,  toutes  les  idées  nouvelles, 
tout  ce  que  les  anciens  n'avaient  pas  même 
pressenti.  A  peine  faisait- il  des  réserves 


323 


FUS 


334 


pour  les  scieoces  naturelles.  Il  est  pennis 
de  voir  là  uoe  étrange  illusion  ;  mais  la  con- 
science qu'avait  Fuss  de  la  flexibilité  de  son 
propre  talent  le  fortifiait  dans  cette  manière 
de  voir  ;  et  comment  lui  répondre  qo'il  sou- 
tenait un  paradoxe  ,  alors  qu'il  prêchait 
d'exemple?  Cette  alliance  souvent  heureuse 
d'une  forme  immobile  et  d'une  inspiration 
toute  pénétrée  des  sentiments  des  générations 
nouvelles, donne  un  attrait  particulière  quel- 
ques-unes de  ses  poésies,  surtout  à  ses  tra- 
ductions des  ballades  les  plus  populaires  de 
l'Allemagne.  Mais  ici,  pour  tout  dire,  il  a 
pris  quelque  liberté.   A  côté  de  ses  vers 
épiques,  de  ses  distiques,  de  ses  strophes 
horatiennes,  il  s'est  plu  à  ressusciter  la  forme 
poétique  des  hymnes  de  l'Église  et  à  l'appli- 
quer à  toutes  sortes  de  pièces,  voire  ù  des 
chansomf.  Il  avait  un  faible  pour  les  vers 
rimes  et  rhythmés ,  tels  qu'il  en  rencontrait 
chez  les  écrivains  germaniques  ;  il  en  trans- 
porta les  combinaisons  les  plus  variées  dans 
la  poésie  latine,  et  se  persuada  sincèrement 
que  ce  système  était  destiné  il  rendre  tôt  ou 
tard  leur  éclat  aux  muses  romaines.  Sa  tra- 
duction de  la  Cloche  de  Schiller  est  un  tour 
de  force  sous  ce  rapport;  on  a  vu  quelque 
chose  d'analogue  chez  certains  peintres  con- 
temporains, qui  donnent  le  costume  antique 
à  des  personnages  évidemment  modernes,  et 
en  nous  représentant  nos  scènes  d'intérieur," 
nous  feraient  croire  que  nous  avons  sons  les 
yeux  un  tableau  détaché  des  murs  de  Pompei. 
Ceci  s'appliquerait  surtout  aux  poésies  que 
Fuss  a  jetées  dans  le  moule  d'Horace,  mais 
est  vrai  aussi,  jusqu'à  un  certain  point,  de 
ses  traductions  rimées.  André  Chénier,  Goethe 
et  d'autres  dont  le  génie  est  essentiellement 
païen  lui  offraient  plus  de  prise;  mais  Schil- 
ler, à  part  ses  ballades  dont  les  sujets  sont 
empruntés  à  la  légende  grecque,  Schiller, 
dans  le  Chant  de  la  Cloche  surtout,  semblait 
résister  à  toutes  les  tentatives.  Il  ne  se  rebuta 
point,  remit  vingt  fois  son  ouvrage  sur  le 
mélier  et  finit  par  ne  plus  connaître  d'ob- 
stacles. Un  fragment  de  la  Cloche,  sans  com- 
mentaire : 


Eoge,  masse  jam  liqoate; 
Bnlia  ciioB  emicaut; 
Sale  citô  satnrat* 
Alcalino  cœant. 

Silque  spameo 

Para  mistio 
Ut  liqaente  rox  ab  asre 
l'Iena  clangAt  et  sincère. 


i^onore  feato  nam  nascentezn 
Caram  aalotat  p«rtnlam. 
Ad  limen  vite  qoem  gemeatem 
Pacavit  somni  brachiaio  : 
Coi  sinos  «evi  cam  beatin 
Commista  ceiat  ni((ra  fatis; 
Stib  matre  euro  ridet  boni. 
It  ritm  blandiens  aarora. 
Ct  telum,  tr.insit  MscDlaai, 
Cjetam  cnatemneus  paellarom, 
In  mundom  paer  irrait, 
Ferox  va^ator  orbe,  laram 
Sub  patns  bospes  rediit, 
iEriqoe  foUçidam  décore. 
De  coelo  vefnt  speriem. 
Caste  gênas  sparwam  robore 
Coràm  tnetnr  rirginem. 
Cupido  gliacen5,  en,  tnenti 
r.or  tentât  ineiTabilis  : 
Fratrnm  procnl  cboro  frejnentî 
Rigon»  it  ora  lacrymîs. 
Trnbit  padeotem  Tenerata, 
UeAt  salatans  tenoram  (<), 
U  prata  pcr,  quarens,  amats, 
Qno  ntleat,  palcberrimam. 
O  flammn  miti.*,  sprt.«,  amori:i 
Soles  repentis  itarei  î 
In  c«li  lumen  baret  oris; 
Tor  rore  pleonm  gandii. 
O  prima  pal^bro  flamma  Tere, 
2Etema  poosis  si  vigerel 

En,  nt  tnbi  jam  rervesnint!  etr. 

Un  autre  fragment,  dans  la  pure  forme 
d'Horace  (les  premiers  vers  du  Lac,  de  La- 
martine) : 

sic  Yocat  pnisos  uota  sempcr  ora. 
Noxqae  non  nlli  remeanda  ;  rasto 
NuUa  nos  horam  retinebit  «tï 
A  nchora  ponto  ! 

0  Ucua,  vernis  redacem  sab  acri<<, 
Rope  me  solam,  en,  propè  te  sedentem; 
Non  Yenit  caras,  nt  amanat,  undas 
llln  rovi.«cns,.. 

La  Dissertation  sur  les  vers  latins  rimes 
est  très-curieuse  :  l'auteur  explique  l'éloi- 
gnement  des  anciens  pour  la  rime,  en  faisant 
remarquer  que  leurs  vers  sont  essentielle- 
ment quantitatifs,  c'est-à-dire  que  l'accent 
tonique  y  tombe  aussi  bien  sur  une  brève  que 
sur  une  longue  ;  or  la  rime  ne  plaît  à  l'oreille 
que  dans  les  versus  accentiviy  où  la  syllabe 
accentuée  est  toujours  une  longue,  comme 
en  allemand.  En  français,  où  la  quantité  est 
peu  marquée,  on  ne  saurait  se  passer  de  la 
rime.  Après  le  siècle  d'Auguste,  on  vit  ap- 
paraître insensiblement  à  Rome  des  vers  à 
assonances,  symptôme  de  décadence  si  l'on 
veut,  si  Ton  songe  aux  œuvres  des  grands 
poètes  classiques  ;  mais  les  modernes  se 
trouvent  placés  dans  une  condition  toute 
différente,  et  l'on  ne  voit  pas  pourquoi  ils 


{*)  Dans  l'exemplaire  annoté  que  nous 
avons  sous  les  yeux,  nous  remarquons,  écrite 
de  la  main  de  Fuss,  une  observation  qui  ca- 
ractérise bien  les  préoccupations  antl-dan- 
tesqnes  de  ses  dernières  années.  «  On  pour- 


rait croire,  dit  il,  que  Schiller  a  emprunté 
ce  trait  à  la  Vita  Nuova  ;  mais  il  semble  que 
le  Dante  ne  devait  pas  plaire  beaucoup  à 
notre  poète  ». 


325 


FUS 


326 


o'aeeomaoderaieat  pas  io  latio  à  leur  goût, 
■ans  tooeber  do  reste  à  la  pureté  du  langage. 
Des  beautés  nouvelles  se  sont  révélées,  et 
pour  être  rimées,  beaucoup  de  pièces  de  vers 
écrites  en  langue  vulgaire,  sur  des  siiy^ts 
classiques,  ont  un  parfum  d'antiquité  qui  fait 
illusion.  Pourquoi  ne  pas  en  composer  aussi 
en  latin,  mais  conformément  aux  usages  de 
la  poétique  moderne?  Ce  qui, au  quatrième 
siècle,  attestait  la  perversion  du  sens  esthé- 
tique, peut  au  contraire,  de  nos  jours,  rendre 
une  seconde  jeunesse  au  vieil  Eaon.  —  A  la 
dissertation  de  Fuss  sont  annexées  quelques 
observations  philologiques,  particulièrement 
sur  l'emploi  du  mot  nempé  :  c'est  une  réponse 
explicite  aux  objections  d'un  critique  alle- 
mand. 

13®  Réflexions  sur  Fusage  du  latin 
moderne  en  poésie  et  sur  le  mérite  des 
poètes  latins  modernes,  suivies  de  poésies 
en  partie  traduites  du  français.  Litige, 
Collardin,  4829,  in-8^ 

C'est  un  complément  naturel  de  la  disser- 
tation précédente  ;  car  la  première  question 
est  toujours  de  savoir  s'il  convient,  à  notre 
époque,  de  continuer  k  écrire  en  latin.  Fuss 
déclare  franchement  que  cette  langue  lui  sert 
mieux  que  toute  autre  à  rendre  sa  pensée,  et 
il  ne  voit  pas  pourquoi  on  lui  reprocherait 
de  s'en  servir  :  aussi  bien,  d'autres  peuvent 
se  trouver  dans  le  môme  cas.  D'ailleurs  la 
littérature  néolatine  n'est  nullement  à  dédai- 
gner. L'autour  passe  en  revue  les  principaux 
poètes  de  la  latinité  moderne  et  reproduit 
quelques-uns  de  leurs  meilleurs  morceaux. 

14"  Aquisgrani  regionis  amœnitas,  in 
eâque  mons  Francorum,  Caroli  Magni 
arcis  ruinœ.  Ibid  ,  1829,  in-8» 

Pièce  de  vers  réimprimée  dans  les  Poë- 
mata  latina. 

15®  J.-D  Fuss  Carmittum  latinorum 
pars  nova,  cum  nonnuUis  hic  denuo 
edUis,  Ibid.,  1830,  in-8®. 

Edition  publiée  aux  frais  de  l'auteur.  —  2* 
éd.,  ibid.,  1833,  in-go  (Dédicace  ù  B.  Will- 
mann).  —  H.  B.  Willmann  avait  lui-même 
dédié  à  Fuss,  en  1832,  en  souvenir  de  leur 
séjour  à  Paris,  sa  traduction  en  vers  alle- 
mands du  poème  d'Apollonius  de  Bbodcs  : 
Y  Expédition  det  Argonaufe$, 

16^  Un  mot  touchant  Vusage  du  latin 
dans  les  leçons  académiques.  I^iége  , 
(s.  d.),  in-8®. 

A  propos  d'une  brochure  de  Warnkœnig 
sur  les  Universités,  publiée  en  collaboration 
avec  le  baron  de  RcitTenberg  (v.  l'art.  Warn- 
KCERic).  Fuss  combat  l'opinion  do  son  col- 


lègue, qui  en  était  venu  k  soutenir  qu'ensei- 
gner en  latin,  c'était  infliger  aux  étudiants 
le  supplice  de  Mézence  : 

Morta.'i  qninetiam  jiingelMt  (rorpor*  rivis. 

17®.  D&ren  und  seitie  Umgelfung^  he- 
sungen  mit  Bezugaufdes  Yerf assers  Le- 
ben,  von  /.-/).  Fuss;  abgedruckt  aun 
di'ssen  Canninum  latinorum  pars  nova 
(Leodii  1852),  nebst  Uebersetzung  im 
Versmasse  desOriginals  von  P.  /.  Fisch- 
bach,  Dûren,  Knoll,  1853,  in  16®,  avec 
portrait  de  Fuss. 

M.  Fischbach,  de  Bonsberg,  rédigea  cette 
traduction  (en  distiques)  à  la  demande  de 
plusieurs  concitoyens  de  Fuss.  KUe  a  été 
réimprimée  à  Liège,  in  8®  (s.  d.).  Le  texte 
latin  se  retrouve  dans  les  Poêmata  latina, 
éd.  de  1846,  t.  II,  sous  le  titre  :  Hœc  pta- 
ceant  patriœ  quœ  pia  dona  fera  (p.  3-9;. 

18**  Badekur  in  Aaciten,  seine  Une- 
gebung^  und  in  dieser  der  Frankenberg 
mit  dem  Màhrchen  vom  Zauberringe. 
Âix-la-Chapelle,  Urilchs,  1855,  in-12. 

Poème  latin  de  Fuss,  traduit  par  lui-même 
en  allemand. 

19®  La  Cloche  de  Schiller,  traduite 
en  vers  français  (et  suivie  d'observa- 
tions). Liège,  Collardin,  1854,  în-8®. 

Fuss  a  essayé  de  conserver  la  mesure  et 
le  rhythme  de  l'original  :  sa  version  n'est  pas 
précisément  élégante. 

SO®  J.-D.  Fuss  poemata  Intina,  ad- 
jectis  et  grœcis  germanicisque  non- 
nullis,  hoc  volumitie  primum  conjuncta, 
fnsunt  Schilleri,  Gœihei,  G.  Schle- 
gelii,  Klopstockii,  de  Lamartinii  alio- 
rumque  pœtarum  carmina,vertendo  aut 
imitando  latine  expressa.Accedit,pvœter 
notas  in  carmina,  de  linguœ  latinœ  cum 
omnino  ad  scribeudum  tum  in  poesi 
usu,  deque  poësi  etpoëtis  neolatinis  dis- 
sertatio,  Liège,  Dessain  (aux  frais  de 
rauleur),  1857,  grand  in-8®  de  XLVIII 
et  214  p.  à  2  col.  —  Dédicace  à  M.  U. 
Nisard. 

21®  Lettre  à  M.  le  docteur  Bovy  sur 
quelques  objets  d'antiquités  découverts  à 
Poulseur  (dans  les  Promenades  histo- 
riques de  Bovy).  Liège,  1859,  in-8*, 
t.  II,  p.  154-159. 

22®  Dos  Lied  von  der  Ruhr  (Roêr). 
Dûren,  1845,  4  feuillets  in-8®,  litho- 
graphies 


327 


FUS 


3:28 


Douze  strophes  allemandes  de  J.  Blum, 
de  Maubach,  avec  traduction  latine  par  Fuss. 

25'*  Lucretia.  Trauerspiel  in  fûnf 
ActeHy  von  M,  Ponsard.  Ans  dcm  Fran- 
zôsischen  ûbersetzt  von  J.-D.Fuss,  pro- 
fessor,  Dûren,  Knoll,  1844,  in-i2^ 

Traduction  bien  écrite,  composée  à  la  de- 
mande de  quelques  personnes  de  Liège  qui 
s'occupaient  de  littérature  allemande  et  pu- 
bliée au  profit  des  pauvres  de  Dûren. 

24**  De  umbiliciSf  comibus,  frontUms 
in  veterum  libris  disceptatio^  Tibulli 
inter  geminaspinganturcornua  frontes 
iUustrans ,  contraque  tentntam  emen- 
dationem  defendens  (TIrlemont ,  J.-P. 
Merckx,  1845,in-8»). 

Extrait  ùuJournal  de  Vlmiructitm  publique 
(n^  du  5  septembre  1845). 

25**  J.-D.  FuHS  poëmata  latina,  ad- 
jecîis  et  germanicis  grœcisqne  nonnuUis^ 
partim  hic  denud  atque  emend^itiora , 
partim  primiim  édita,  Liège,  Oudart, 
vol.  l,  1845,  in-8<'  de  XVIU  et  410  p.; 
vol.  ir,  i84G,  in-80  de  XIV  et  552  p. 

En  4849,  Fuss  publia  des  addenda  k  cet 
ouvrage  (p.  4H-4S0pourle  premier  volume, 
p.  333-384  pour  le  second).  Des  exemplaires 
du  vol.  I,  contenant  les  traductions,  ont  été 
mis  en  vente  sous  ce  titre  :  Carminum  quœ 
J.-D,  Fuss  de  germanicd  alUsque  Unguis 
latine  vertit  pars  /,  elegis  composita,  ptera- 
que  argumenta  quoque  elegiaca  continem, 
—  Cette  édition  est  beaucoup  plus  complète 
et  plus  soignée  que  les  précédentes.  Le  vol. 
II  est  exclusivement  consacré  aux  composi- 
tions originales  de  Fuss.  L'auteur  n'a  ces- 
sé, jusqu'à  la  On  de  sa  vie,  de  réviser  le 
texte  de  cette  édition.  L'exemplaire  an- 
noté qu'il  déposa  lui-môme  à  la  Bibliothèque 
de  Liège  porte  les  lignes  suivantes  :  c  Si 
»  quelqu'un  veut,  n'importe  pourquoi,  savoir 
»  exactement  ce  que  j'ai,  soit  changé  seule- 
»  ment,  soit  approuvé  ou  condamné  dans  le 
»  texte  de  mes  Poëmata  latina  publi<''S  en 
>  i 845-46  et  dans  les  addenda  foulés  trois 
»  ans  plus  tard  k  cette  édition,  je  l'engage  à 
»  s'adressera  M.  le  bibliothécaire  de  l'Uni- 
•  versité  de  Liège,  qui,  Tavorable  à  mon  in- 
»  Icnlion  k  cet  égard,  a  bien  voulu  recevoir 


9  un  oxemplaira  des  deux  volnmea  chargés 
i>  de  notes  et  indiquant,  d'ane  manière  par- 

•  tout  claire  et  exacte ,  comment  je  donne- 

•  rais  le  texte  si  je  publiais  une  édition,  ce 
m  à  quoi  du  reste  je  ne  songe  nullement... 
»  C'est  à  mes  compositions  en  vers  latins  que 

•  j'ai  consacré  une  grande  partie  de  ma  vie, 
«  toujours  convaincu  que ,  si  je  parvenais  à 
»  donner  k  ces  compositions  un  mérite  réel, 
»  ne  fût-ce  que  celui  d'un  langage  latin  peu 
9  commun  k  notre  époque,  elles  ne  seraient 
»  pas  inutiles  dans  une  réaction ,  peut-être 

•  moins  éloignée  qu'on  ne  pense ,  en  faveur 
»  de  la  poésie  latine  moderne,  dédaignée  au- 

•  jourd'hui  et  pourtant,  ce  me  semble,  très- 
»  digne  d'intéresser,  et  par  ce  qu'elle  a  été 
»  et  par  ce  qu'elle  pourrait  devenir,  quel- 
»  ques-uns  de  nos  philologues  renommés.  » 
Un  autre  exemplaire,  aussi  tout  chargé  de 
notes,  est  en  possession  de  M.Th .  Fuss,  con- 
seiller t  la  Cour  d'appel  de  Liège;  il  devrait 
être  également  consulté  par  le  nouvel  édi- 
teur, ainsi  que  plusieurs  liasses  contenant 
des  notes  critiques  sur  des  points  délicats 
de  latinité,  cl  dilTéreotes  compositions  iné- 
dites. Les  Poëmata  latina  renferment  des 
morceaux  réellement  très-distingués,  sur- 
tout dans  les  traductions  ;  si  la  lecture  des 
œuvres  de  Fuss  demande  parfois  un  certain 
effort,  cet  effort  accompli,  on  est  amplement 
récompensé.  Le  style  est  pur  et  souvent  bien 
ciselé  ;  le  choix  des  termes  est  habile  et  dé- 
licat. Fuss  possédait  une  connaissance  rare 
de  toutes  les  finesses  de  la  langue  latine  :  il 
en  était  venu  au  point  de  pouvoir  justifier 
l'emploi  de  chacune  de  ses  expressions,  de 
chacune  de  ses  tournures  de  phrase  (*).  Il 
travaillait  avec  la  même  facilité  tous  les 
rhythmes  et  se  jouait  de  toutes  les  difficultés 
avec  la  même  franchise  d'allure.  Nous  cite- 
rons, parmi  les  versions  les  plus  remarqua- 
bles, celles  de  la  Cloche  de  Schiller  (v.  ci -des- 
sus) et  de  quelques  ballades  du  même  au- 
teur ;  les  XXIil  élégies  de  Goethe,  i'ÀmyntaSy 
aussi  de  Goethe  ;  la  Borna  de  Schlegel,  la 
Chute  des  feuilles  de  Millevoye,  trois  Médi- 
tations de  Lamartine,  la  Jeune  captive  d'An- 
dré Chénier,  etc. —  Au  second  volume  (com- 
positions originales) ,  les  connaisseurs  reli- 
ront avec  plaisir  Tuo,  natura,  in  tramite 
tendam  (p.  9;;  yaturœ  et  Musis  (p.  Î5); 
Est  aliquid,  calcare  solum  gro  creveris  in- 
fans (p.  27);  Te  beet  ut^puro  naturam  corde 
tuere  (p.  87)  :  in  corde,  quo  fidas  quœrt 


(M  Nous  nous  en  référons  au  jugement 
que  nous  avons  porté  sur  les  Poëmata  latina 
dans  le  Journal  de  l'Instruction  publique, 
t.  I,  p.  i09,  496  et  216.  Dans  le  t.  II  de  cet 
ouvrage,  Fuss  a  bien  voulu  répondre  k  quel- 
ques-unes de  nos  observations  ;  mais  la  plu- 


part ont  été  ensuite  confirmées  (Cf.  les 
Ann,  liti.  et  philos,  de  Liège,  t.  1,  4837,  p. 
348  et  372  ;  la  Revue  de  Liège,  t.  IV,  4845, 
p.  464;  le  Procès-verbal  de  la  séance  pu" 
blique  de  la  Société  d'Emulation  de  Liège, 
tenue  le  29  décembre  4850.  etc.). 


329 


FUS 


330 


(p.  ii8)  ;  Tria  tenenda  (p.  420)  ;  Ipsa  mihi 
patriœ  dulce  loquela  meœ  (p.  iH),  etc.  Ces 
titres  disent  assez  qa'il  ne  faut  pas  s'at- 
tendre k  rencontrer  ici  en  général  de  grands 
éclats  de  passion,  des  élans  d'enthonsiasmo, 
des  appels  chaleureux  et  persuasifs  :  la  poé- 
sie de  Fdss  est  essentiellement  intime  ;  il 
faol  la  lire  quand  on  est  calme,  quand  on 
veut  s'encourager  soi-même  dans  la  voie 
des  bonnes  études  ,  quand  on  a  besoin  d'un 
noble  écho  pour  les  pensées  de  la  solitude, 
après  la  vie  du  mouvement  et  de  l'action  : 

Non  mibi  diviti»,  neo  clarant  nomeo  avonsin 
Tontiuerant,  Roimî  S4sd  mcliora  bon.*). 

CoDtrntam  modicîs  me  jumit  amare  quietein, 
Me  stntlia  el  Htucai  jossit  aœat-e  Den». 

Fuss  n*a  point  l'aimable  insouciance  d'Ho- 
race ,  mais  Horace  est  partout  son  modèle  : 
il  le  relisait  sans  cesse  et  il  eut  même  la 
pensée  d'en  préparer  une  édition,  comme  le 
témoignent  les  papiers  qu'il  a  laissés.  Ce 
qu'il  lui  a  emprunté  surtout,  c'est  l'art  exquis 
du  rbythme  et  de  l'harmonie  ;  à  ce  point  de 
vue,  ses  oituvres  personnelles,  où  il  n'a  point 
mis  en  pratique  son  système  sur  la  rime, 
sont  à  notre  sens  plus  élégantes  et  plus  ai- 
sées que  ses  traductions,  r^ous  ne  parlerons 
que  pour  mémoire  des  satires  académiques; 
les  épigrammes  (*))  an  contraire,  mérite- 
raient une  attention  spéciale.  Les  Rûcker- 
tiana,  entre  autres,  forment  une  collection 
de  traits  heureux,  qui  ne  s'étendent  jamais 
au-delà  d'un  seul  distique  ,  k  la  manière  des 
poètes  allemands.  —  Le  vers 

('or  patrÛB  detlit  ip«e,  lyram  sibi  Yindicat  oibijt, 

quB  l'on  n'a  pas  voulu  inscrire,  nous  ne  sa- 
vons pourquoi,  sur  le  piédestal  de  la  statue 
de  Grétry,  k  Liège,  est  de  Fuss.  Parmi  les 
pièces  grecques,  Romœ  œternœ^  est  digne 
de  l'antique.  Les  poésies  allemandes  ne  sont 
pas  À  dédaigner;  mais  Fuss  était  surtout  poète 
en  latin,  ou  plutôt  habile  artiste ,  amoureux 
de  la  forme,  et  la  forme  qui  lui  était  vrai- 
ment familière,  ce  n'était  point  celle  que 
nous  comprenons  le  mieux. 

25®  Sur  Vimportance  actuelle  de  la 
langue  latine  et  sur  la  question  :  S'il 
faut  encore  écrire  en  latin.  Tirlemont, 
J.-P.  Merckx(1846),in-8<». 

Discussion  extraite  du  discours  prononcé 
par  Fuss  comme  recteur  sortant ,  le  3  no- 
vembre 4845.  —  Exlr.  du  Journal  de  Vin- 
girnction  publique  (29  novemb. ,  5,  4  K  et  96 
décembre  4848  et  5  janvier  4846). 

27*  Dantis  Divinœ  conurdiœ  poëtica 
virtus.  Bruxelles,  1855,  in-8®. 


Extr.  des  Unlletins  de  l'Acad,  royaU  de 
Belgique ^  t.  XX.  Le  poème  (543  vers}  est 
précédé  des  rapports  de  MM.  fiormans,  Les- 
broussarl  et  De  Ram,  commissaires  de  l'A- 
cadémie. On  lit  dans  le  rapport  de  M.  Bor- 
mans  :  «  M.  Fuss  est  connu  depuis  longtemps 
»  comme  le  premier  latiniste  de  notre  pays, 
»  et  je  crois  qu'il  en  est  aujourd'hui  le  der- 
9  nier  poète,  jedis  le  seul  qui  sache  encore  se 
»  servir  de  la  langue  de  Virgile  et  d'Horace 
»  comme  d'autres  se  servent  de  leur  langoe 
»  maternelle.  >  —  V.  ci -dessus. 

28o  Française  de  Bimini  et  le  Comte 
Ugolin,  Deux  épisodes  de  VEnfer  du 
Dante  y  traduits  en  vers  latins  par  J.-D, 
Fuss  et  suivis  d'observations  sur  la  Di- 
vine comédie.  Tournai ,  Malo  et  Levas- 
seur,  4854,  in-8«. 

Extr.  du  Moniteur  de  renseignement .  Fuss 
corrigea  plus  tard  avec  soin  cette  traduc- 
tion ;  il  se  proposait  de  la  réimprimer  avec 
de  nouvelles  notes. 

29*  Fuss  a  revu  et  corrigé  le  texte 
du  poème  de  Placenlîus  (Pugna  porco- 
rvm),  dont  M.  IJl.  Capitaine  a  donné 
une  nouvelle  édition  en  4855. 

50o  Quœstiones  theologicœ  :  Ratio  et 
fides,  Dies  creationis  Mosei^  Beati  pou- 
pères  spiritu^  quas  tribus  hic  carmini- 
bus  conjunxit  J.-D,  Fuss.  Accedunt  ab 
eodem  descripta^  quœ  Leodii^  in  templo 
sancti  Paulin  insignis  cathedra,  et  la-- 
tinè  redditapars  pi^terior  hymni  Alfre^ 
di  de  Musset  :  Tespoir  en  Dieu.  Liège, 
Carmanne,  1859,  in-8«. 

Les  différentes  pièces  qui  composent  ce 
recueil  avaient  déjà  paru  séparément,  de 
4855  à  4857,  chez  le  même  imprimeur. 

51*  Fuss  a  fait  insérer  un  assez 
grand  nombre  de  pièces  de  vers  latins 
de  circonstance  dans  la  Revue  belge, 
dans  la  Bévue  de  Liège,  et  plus  tard 
dans  le  Journal  de  Liège  et  dans  la 
Meuse,  Nous  avons  dit  qu'il  avait  colla- 
boré au  Magasin  encyclopédique  de  Mil- 
lin  ;  YHermione ,  publiée  à  Hamm ,  par 
le  docteur  H.  Schulz,l7^  d'Iena,etc., 
ont  également  reçu  de  lui  quelques 
communications.  Un  recueil  westpha- 
lein  doit  avoir  publié  sa  dissertation 
sur  parûm,  paullum,  quoqne,  quin  et 
sur  le  verbe  occurrere.  Les  Annales  de 


(  '  ]  Ce  mot  pris  dans  le  sens  antique. 


331 


GAE 


332 


rUniversUé  de  Liège  ont  inséré  (t.  I) 
rode  latine  qu'il  composa  à  Toccasion 
de  rinauguration  de  TUniversité  de 
Liège  (v.  les  notes  du  discours  de  M. 
Nypels).  Enfin  le  Journal  de  rinstruc- 
tioH  publique,  outre  les  dissertations 
citées  plus  haut,  a  publié  quelques 
notes  de  Fuss  sur  des  passages  de  Vir- 
gile (t.  1,  p.  101),  d'Horace  (Ib.,  p. 
209  et  224)  et  de  Properce  (Ibid.).  — 
Dans  le  volume  intitulé  :  Gedichte  in 
der  Aachner  Mundart  (Aix-la-Chapelle, 
Urlichs  Sohn,  4840,  in-12),  on  trouve 
une  traduction  latine  des  stances  en  pa- 
tois d*Aix  intitulées  de  Zogvogel,  dédiée 
par  Fuss  à  Tauteur,  M.  J.  MuUer  (*). 

Fufts  a  été,  de  1817  à  1830,  membre  de 
la  Commission  administrative  du  Collège  de 
Liège  ;  il  a  fait  partie  de  la  Société  d'Emu- 
lation de  celte  ville,  de  PAcad.  d'archéologie 
de  Belgique,  etc. 

Gaëde  (Henri-Maurice)  ,  né  à  Kicl 
(Holstein)  le  26  mars  1 795,  mort  à  Liège 
le  2  janvier  1854.  Voué  par  son  père  à 
Tétude  de  la  théologie,  qui  semblait 
convenir  à  ses  aspirations  religieuses 
et  presque  mystiques,  il  renonça  cepen- 
dant de  bonne  heure  à  entrer  dans  le 
sacerdoce,  et  s*appliqua  aux  sciences 
naturelles,  notamment  à  Tanatomie  com- 
parée, avec  une  véritable  passion.  11 
fréquenta  tour  à  tour  les  Universités  de 
Kiel  et  de  Berlin  et  se  fit  remarquer,  dès 
1815,  par  une  première  publication  sur 
ranaUmie  des  insectes  (Altona ,  54  p. 
in-4^  et  2  pi.).  L'année  suivante,  il  fit 
imprimer  &  Berlin  son  Essai  sur  Vanfi- 
tomie  et  la  physiologie  des  Méduses  (28 
p.  in-8°  et  2  pi.),  qui  attira  sérieusement 
l'attention  du  monde  savant.  On  y  si- 
gnala une  riche  érudition,  des  dissec- 
tions délicates,  des  observations  judi- 
cieuses. Sa  dissertation  de  doctorat 
(1817),  écrite  en  latin  suivant  Tusage, 
mais  plus  tard  réimprimée  en  langue 
allemande  et  enrichie  de  nouveaux  dé- 
veloppements, obtint  également  du  suc- 
cès. Elle  traite  de  la  structure  des  in- 
sectes et  des  vers  (Hydrophilus  picetis^ 
Buprestis  mariana ,  Mygale  avicularUt^ 
etc).  Gaêde,  à  Page  de  21  ans,  était  déjà 


un  anatomiste  distingué;  les  professeurs 
de  Kiel  le  signalèrent  comme  un  jeune 
homme  de  grande  espérance,  appelé  à 
rendre  des  services  à  renseignement 
supérieur.  Une  bourse  de  600  thalers 
lui  fut  accordée  par  le  gouvernement 
Danois  pour  un  voyage  en  Italie  :  il 
était  au  moment  de  franchir  les  Alpes 
(1818),  lorsqu'il  reçut  la  proposition 
officielle  de  venir  enseigner  les  sciences 
naturelles  à  Louvain  ou  à  Liège.  Ne 
connaissant  point  les  Pays-Bas,  il  dé- 
cida la  question  par  pile  ou  face,  se  hâta 
d'accourir  à  Liège  et  entra  immédia- 
tement en  fonctions  comme  professeur 
d'histoire  naturelle,  de  minéralogie, 
d'anatomie  comparée,  de  botanique  et 
de  physiologie  des  plantes.  Il  prononça 
le  16  novembre  un  discours  d'inaugu- 
ration (De  vero  naturœ  indagatore  ; 
Annal.  Acad.  Leod.  t.  H),  où  se  révé- 
lèrent les  sentiments  religieux  dont  il 
était  pénétré.  Investi  de  la  dignité  rec- 
torale en  1822-1825,11  ouvrit  la  séance 
solennelle  de  rentrée  par  un  discours 
«tir  la  distribution  des  êtres  organisés 
sur  le  globe.  Ses  difllérentes  allocutions 
aux  élèves  ont  été  réunies  en  trois  opus- 
cules qui  parurent  en  1821,  en  1824  et 
en  1828.  Le  litre  du  second  :  Dieu  dans 
la  nature,  témoigne  assez  clairement 
des  sentiments  de  Gaêde.  Sa  pensée 
était  toujours  élevée  et  son  cœur  débor- 
dait de  sensibilité.  On  a  dit  de  lui  qu'il 
était  autant  un  moraliste  qu'un  savant. 
Nullement  systématique,  il  opposait  les 
unes  aux  autres  les  théories  en  vogue, 
et  réfutait,  par  le  microscope  perfec- 
tionné d'Amici,lesconjectures  hasardées 
des  naturalistes.  Mais,  à  l'exemple  de 
Bernardin  de  St-Pierre,  ajoute  M.  Pa- 
gani,  il  ne  plaçait  pas  le  but  de  la  science 
dans  la  multiplicité  et  la  classification 
des  faits  qui  servent  à  l'enrichir  chaque 
jour  davantage:  autant  il  s'armait  de 
prudence  avant  de  conclure,  autant  il 
cherchait  à  retrouver,  dans  les  mer- 
veilleux phénomènes  de  la  nature,  «  la 
preuve  la  plus  sensible  de  la  toute- 
puissance  et  de  la  sagesse  infinie  du 
Créateur.  »  Il  considérait  la  vie  comme 
existant  à  l'état  latent  lors  de  la  forma- 


(  *  )  Pour  de  plus  amples  détails,  v.  la  no-      tice  déjà  citée  de  M.  U.  Capitaine. 


333 


GAL 


384 


tion  de  la  terre  :  elle  n'a  servi  d*abord, 
disait-il,  qu'à  en  ordonner  et  disposer 
toutes  les  parties;  ensuite  eile  s'est 
montrée  à  l'extérieur  en  formant  de 
nouveaux  organismes,  de  petites  terres, 
si  l'on  peut  s'exprimer  ainsi,  qui  se  dé- 
taciièrent  delà  terre  primitive  à  laquelle 
elles  devaient  leur  origine...  On  recon- 
naît ici  l'influence  de  l'école  de  Schel- 
ling,  à  cette  différence  près,  que  toute 
tendance  au  panthéisme  répugnait  pro- 
fondément à  l'esprit  de  Gaëde.  —  Le 
Jardin  botanique  de  Liège ,  créé  en 
i817  ,  fut  placé  sous  la  direction  du 
professeur  d'histoire  naturelle  ,  qui 
en  classa  les  plantes  d'après  le  sys- 
tème de  Jussieu  et  en  publia  le  cata- 
logue en  1828 ,  avec  la  coopération 
du  sous-directeur  Courtois,  lequel  à 
vrai  dire,  exécuta  la  plus  grande  par- 
tie de  ce  travail.  Garde  fut  nommé,  en 
1850,  président  de  la  première  Société 
d'horticulture  établie  à  Liège.  La  même 
année,  il  ressentit  le  contre-coup  des 
événements  politiques ,  et  ne  vit  pas 
sans  un  vif  déplaisir  sa  chaire  de  bo- 
tanique sollicitée  par  son  disciple  R. 
Courtois,  qui  ne  devait  guère  lui  sur- 
vivre. Sa  position  fut  un  instant  com- 
promise :  le  professeur  de  mathéma- 
tiques Lemaire  dut  se  charger  provi- 
soirement des  leçons  de  botanique. 
ËnGn  Gaéde  fut  maintenu  ;  mais  à  par- 
tir de  ce  moment  il  devint  de  plus  en 
plus  rêveur  et  mélancolique,  et  il  des- 
cendit à  39  ans  dans  une  tombe  pré- 
maturée. L'entomologie  fut  l'objet  de 
ses  dernières  prédilections  :  sa  collec- 
tion d'insectes  n'était  guère  moins  in- 
portante  que  son  herbier  ;  ses  miné- 
raux ont  été  acquis  par  l'Université. 
—  A  la  liste  de  ses  publications  men- 
tionnées ci-dessus,  il  faut  ajouter  deux 
articles  sur  YAreantkothorax  longicome 
et  sur  la  Calandra  securifera  (descrip- 
tion et  iconographie  :  insérés,  l'un  dans 
le  recueil  de  Guérin  (1802),  l'autre 
dans  les  Ann,  de  la  Soc-  eulomol,  (II, 
458);  quelques  mots  sur  les  vivisec- 
tions et  sur  les  tourments  auxquels  on 
expose  souvent  les  animaux  (Gaéde  ne 
pouvait  souffrir  les  dissections  qui  n'é- 
talent pas   impérieusement   comman- 


dées par  l'intérêt  de  la  science);  enfln 
un  recueil  de  pensées  intimes  {Stille- 
ben  aus  dem  innern  Leben)  publié  à  Kiel 
un  an  avant  sa  mort  :  son  âme  émue, 
pieuse  et  délicate  s'y  est  peinte  tout 
entière.  —  Gaéde  pratiquait  largement 
la  charité  ;  quand  il;nourut,  on  entendit 
les  pauvres  s'écrier  qu'ils  avaient  perdu 
leur  père.  Il  était  en  outre  très-modeste 
et  indifférent  aux  distinctions  honori- 
fiques. 

Sources  :  H.  M.  Gaéde,  sa  vie  et  ses 
œuvres,  par  Edouard  Morren.  Gand, 
1865,  in-8%  avec  portrait.  (Bulletin  de 
rEj:positi4)n  dlwrtic.  à  Liège,  par  Ch. 
Horren.  On  y  trouve,  sous  forme  d'épi- 
taphe,  l'énumération  des  titres  scienti- 
fiques de  Gaéde  et  la  liste  des  socié- 
tés savantes  dont  il  faisait  partie).  — 
Discours  de  M.  Pagani  (Ann.  de  Vens. 
sup.,  t.  V,  p. -74).  —  Nécrologie  van 
H.  M,  Gaede,  door  J.  Van  der  Howen, 
in  Tijdschrift  voor  natuurlijke  Geschic* 
dénis,  Amst.,  1834,  t.  I,  p.  197. 


isnii  (François-Pierhe), uaquItàSit- 
tard  (duché  de  Limbourg)  le  8  juin  1763 
et  mourut  icLiége  le  24  novembre  1841. 
Il  fit  ses  premières  études  à  Cologne 
et  ne  quitta  définitivement  les  écoles 
qu'après  avoir  reçu  tour  à  tour  les  di- 
plômes de  docteur  en  philosophie,  de 
docteur  en  droit  et  de  docteur  en  méde- 
cine. C'était  un  esprit  encyclopédique, 
dévoré  de  curiosité ,  doué  de  facultés 
et  d'aptitudes  qu'on  trouve  rarement 
réunies.  Le  comte  de  Nesseirode,  le  cé- 
lèbre diplomate  qui  stipula  plus  tard 
les  conditions  du  traité  de  Toeplitz  et 
du  traité  de  la  quadruple  Alliance ^  fut 
frappé  du  mérite  du  jeune  Gall  et  l'ad- 
mit chez  lui  en  qualité  de  précepteur. 
Ce  fut  une  bonne  fortune  pour  celui-ci  : 
le  comte  était  grand  protecteur  des 
sciences  et  des  lettres  ;  la  société  la 
plus  exquise  de  Dusseldorf  se  réunis- 
sait dans  ses  salons  ;  à  un  pareil  con- 
tact, Gall  dut  sentir  se  développer 
en  lui  cette  délicatesse  de  goût  dont 
il  fit  preuve  depuis,  comme  professeur 
de  littérature  ancienne  (  *  ).  11  passa 
plusieurs  années  dans  ce  milieu  favo- 


('  )  Dupret.  Discours  sur  la  tombe  de  Gall      (Ann,  des  Univ.  de  Belgique,  t.  IV,  p.  60S.) 


33& 


GAL 


336 


rable,lravaiUaen$uUe  (lour  les  librairi^, 
entra  vers  179$,  dans  renseigneioent 
supérieur,  le  quitta  tout  d*un  coup 
pour  Tadministration  et  la  politique , 
y  rentra,  le  quitta  encore,  et  ne  tut 
enfin  décidément  acquis  à  Tinstruc- 
tion  publique  qu'en  1817,  date  de 
sa  nomination  à  TUniversité  de  Liège. 
Dans  le  cours  de  cette  période  de 
22  ans,  nous  le  trouvons  tour  à  tçur 
professeur  à  Bonn  ,  président  de  l'Ad- 
ministration cantonale  de  Brûhl,  ad- 
ministrateur de  Tarrondissement  de 
Mûnster-Eiffel,  secrétaire-interprète  de 
la  Commission  intermédiaire  chargée 
par  la  France  du  gouvernement  de« 
pays  conquis  sur  les  deux  rives  du 
Rhin,  commissaire  du  directoire  exé- 
cutif près  le  tribunal  de  Cologne  et  en 
même  temps  professeur  de  littérature  an- 
cienne en  la  même  ville,  enfin  procureur 
impérial  près  le  tribunal  de  Deux-Ponts. 
H  résigna  volontairement  ses  dernières 
fonctions  en  1805,  pour  devenir  censeur 
et  professeur  de  littérature  ancienne  au 
Lycée  impérial  de  Bonn.  En  i8U, 
après  la  retraite  des  Français,  il  s'en- 
thousiasma pour  Tindépendance  de  TAl- 
lemagne  et  s'associa  ouvertement  aux 
patriotes  décidésà  lepousser  à  tout  pri]^ 
la  domination  étrangère.  Cette  attitude 
lui  valut  d'être  nommé  secrétaire-géné- 
ral du  département  de  l'Ourte,  ressor- 
tissant au  gouvernement  général  du  bas 
et  moyen  Rhin,  siégeant  à  Aix-ia-Cha- 
pelle  et  dirijgé  par  M.  de  Sack  ;  mais 
bientôt  ses  goûts  studieux  reprirent  le 
dessus  :  il  s'empressa  d'accepter,  du 
représentant  des  puissances  alliées,  la. 
direction  du  Gymnase  de  Liège  et  l'ins- 
pection générale  de  l'instruction  pu- 
blique dans  les  provinces  wallonnes  — 
Comme  nous  l'avons  dit,  le  Gouverne- 
ment des  Pays-Bas  lui  confia,  en  1817, 
une  chaire  à  l'Université  de  Liège  ;  il' 
figure  au  programme  de  cette  année  pour 
des  cours  de  littérature  grecque  et  la- 
tine, ainsi  que  pour  les  antiquités  grec- 
ques. Gall  resta  en  activité  jusqu'à  la 
promulgation  de  l'arrêté  du  16  décembre 
1850,  qui  lui  accorda  l'éméritat.  II  con- 
serva cependant  l'autorisation  d'ensei- 
gner, conformément  à  l'art.  85  du  rêgle^ 
liient  de  1816.  Lorsque  la  Faculté  de 
philosophie  fut  supprimée,  il  fut  du 


nombre  des  professeurs  qui  fondèrent 
une  Faculté  libre,  et  fit  partie,  ave^ 
Fuss,  de  Chènedojlé,  Rouillé  et  M. 
Fassin  (v.  ces  noms)  <)ela  Commission 
d'examen  qui  fut  instituée  par  le  Gpju- 
vçrnement  à  raison  des  circonstances. 
Un  arrêté  royal  du  5  décembi;e  1855  le 
confirma  dans  sonémérital  et  le  com- 
prit au  nombre  des  docteurs  compo- 
sant le  personnel  enseignant  de  l'Uni- 
versité de  Liège.  11  prit  alors  décidé- 
ment du  repos,  vivant  avec  ses  chers 
auteurs  et  se  récréant  chaque  jour  par 
de  longues  promenadçs.  Il  consf4*va 
jusqu'à  la  fin  toutes  les  forces  (jiu  corp^ 
et  de  l'esprit  ;  sa  vieillesse  f^t  paisible 
et  heureuse.  Nombre  de  personnes  se 
rappellent  encore  ce  digne  et  aimable 
vieillard,  aux  longs  cheveux  blancs, 
grand  causeur,  évoquant  volontiers  ses 
souvenirs  et  aimant  à  s'entourer  de 
jeunes  gçns.  Sa  vivacité  naturelle  s'ac- 
cordait avec  une  parfaite  bonhomie  : 
il  eut  à  soutenir  à  l'Université  des  dis- 
cussions a;iimées,  et  pourtant  ijl  em- 
porta dans  sa  retraite  l'estimeeiraffec- 
tion  de  tous  ses  anciens  collègues.  Son 
enseignement  était  solide  et  en  même 
temps  remarquable  sous  le  rapport  es- 
thétique ;  il  possédait  celte  forte  éru- 
dition qui  faiu'honncur  de  l-AUemague; 
hâtons-nous  d*ajoutçr  qu'elle  n'avait 
étoufié  en  Ijui  ni,  le  ^^n^  délicat  du  beaju 
ni  les  élans  de  l'enthousiasme;.  Quanta 
ses  productions  Ulléra^ires,  on  cite  de 

lui  : 

■t 

1^  Une  traduction  lai  ine  de  Touvrage 
du  célèbre  médecin  Christophe-Louis 
Hofl'mann,  Sur  la  setmibilité  et  VirrUor 
tion  des  parties  malades  ^  publiée  vers 
1794. 

2p  Une  traduction  allemande  des 
lettres  écrites  en  hollandais  par  M.  J- 
J^n^jS^s,  Sur  riialie  (de  1793  à  1794) 

5^  Une  traduction  allemande  des 
quatre  premiers  volumes  de  VHistoire 
romaine  du  hollandais  Stuart  (de  1796 
à  1805). 

4°  Une  traduction  en  \  ers  latjnsdu  cin- 

qm^^e  chant  de  l'Iliadi^,  restée  inédite. 

I^'inscription  Universis  discipukis, 

3ui  brille  en  lettres. d'qr  aji  frontis^piçe 
e  la  Salle  académique ,  est  du  profes^' 
seur  Gall. 


937 


GIB 


338 


GifKitii  (HippotYTfi)  naquit  à  Laigle 
(Orne)  en  I80i,çt  mourut  en  mai  i864 
i  Ismaïlia,  aumônier  des  ouvriers  du 
canal  de  Si^ez.  Il  ne  fit  qu'une  courte 
apparition  en,  Belgique  ;  mais  il  y  sou- 
leva un  orage  universitaire,  et  le  récit 
de  cet  épisode  ne  serait  pas  suffisam- 
iççnt  clair  si  nous  ne  faisions  connaître 
tout  entier  celui  q^yi  en  fut  le  héros. 
Gibon  avait  fait  de  bonnes  études  au 
Lycée  Napoléon,  qui  devint  sous  la  res- 
tauration le  Collège  royal  de  Henri  lY. 
Il  appartenait  à  une  famille  honorable  ; 
mais  la  fortune  était  loin  de  lui  sourire  : 
il  se  fit  maître  d'études.  Ayant  de  son 
autorité  privée  changé  le  but  assigné  à 
u^e  promenade,  il  conduisit  les  enfants 
i  la  Glacière,  où  il  arriva  un  accident. 
Gibon  dut  donner  sa  démission  ;  réduit 
à  une  grande  pénurie,  il  alla  vivre  dans 
une  mansarde  et  se  mit  à  travailler  cou- 
rageusement; enfin  il  fut  reçu  agrégé 
des  Lettres,  à  Tun  des  premiers  con- 
coure établis  en  i82l.  Il  utilisa  ce  tilre, 
jusqu>  U,  résolution  de  1850,  en  ensei- 
giaant  la  grao^maire  et  les  humanités 
dans  diférents  Collèges  royaux  de  Paris. 
Ce  fut  à  contre-cqçur  :  Tidéal  de  ses 
rêves  était  una  chaire  de  philosophie. 
Ses  premières  études  Tavaient  détourné 
pendant  quelque  temps  des  idées  reli- 
gieuses ;  mais  il  se  lia  d'amitié  avec  ses 
condisciples  M3I.  de  Salinis  el  de  Scor- 
biac,  qui  lui  firent  connaître  Lamennais  ; 
celui-ci  non  seulement  le  fit  rentrer 
d^ns  le  giron  de  TEglise,  mais  lui  in- 
spira d'ardentes  convictions  traditiona- 
listes. Elles  se  Duanifestècçnt  nettement 
dans  la  thèse  qu'il  rédigea  pour  l'agré- 


gation en  philosophie  (*)  :  il  n'aurait  pu 
inieux  s'y  prendre  pour  indisposer  ses 
juges.  L'abbé  Nicole  exerçait  alors  dans 
rUniversité  le  même  despotisme  scien- 
tifique qu'on  a  reproché  plus  tard  à 
Victor  Cousin  :  l'enseignement  philoso- 
phique fut  interdit  à  Gibon  (*). 

Un  instant  le  disciple  de  Lamennais 
eut  l'idée  d'entrer  au  séminaire  ;  mais 
il  renonça  brusquement  à  ce  projet  et 
se  maria  en  1826.  La  ré\olution  éclata  : 
Cousin  devint  grand-maître  de  l'Uni- 
versité, annonça  l'intention  de  réparer 
les  iiyustices  du  règne  précédent,  et  fit 
nommer  Gibon  professeur  de  philoso- 
phie au  collège  Stanislas  (').  L'ensei- 
gnement du  aébutant  jeta  de  l'éclat  ; 
trois  fois  de  suite  sa  classe  remporta 
le  prix  d'honneur  du  concours  général. 
Insensiblement,  Gibon  subit  l'influence 
de  l'éclectisme  ;  cependant  ses  convic- 
tions religieuses  ne  firent  que  se  ren- 
forcer, et  il  est  constant  qu'il  mêlait 
parfois  des  apologies  du  catholicisme  à 
ses  explications  philosophiques.  Ces 
hors-d'œuvre  pouvaient  paraître  natu- 
rels dans  un  établjssenàent  placé  sous 
la  main  du  clergé  ;  mais  quand  le  goq- 
vernement  belge  eut  appelé  Gibon  (5i 
décembre  1855)à  l'Université  de  Liège, 
en  qualité  de  professeur  ordinaire  de 
philosophie,  les  journaux  libéraux  de 
toute  la  Belgique  éclatèrent  en  protes- 
tations et  ne  trouvèrent  pas  d'expres- 
sions assez  vives  pour  blâmer  le  mi- 
nistre d'avoir  introduit  dans  l'enseigne- 
ment de  l'Etat  un  des  plus  fougueux, 
apôtres  de  la  propagande  catholique. 
Peu  au  courant  de  l'état  des  esprits 


!  '  )  Il  n'y  avait  pas  alors  d'agrégation  spé- 
eiale  de  pliilosophie  ;  Gtbon  eut  simptonent 
à  snlkir  une  ëpreove  supplémentaire. 

(  *>  Gibon  conserva  tovûours  de  rattache- 
mentj  non  seulement  pour  les  anciennes 
doctriaes,  mais  aussi  pour  la  personne  de 
Lamennais.  Lorsque  l'auteur  des  Paroles 
tTun  croyant  se  fut  séparé  de  Rome,  il  lui 
adressa  un  écrit  où  il  le  suppliait  de  revenir 
à  d'autres  idées.  Nous  n'avons  pu  mettre  la 
main  sur  cette  brochure. 

(*  Quoi  qa.'oo  ail  dit  du  despotisme  de 
M.  GonsiD,  il  est  incontestable  qu'en  cette 
circonstance  il  se  montra  libérai.  La  décla- 
ration suivante  de  Gibon  mérite  d'être  re- 
cueillie :  «  Je  ne  pui^  pasi  dj[r^  que  je  q'ai  pas 


»  profité  de  la  révolution  de  juillet.  Ecarté, 

•  pendant  les  sept  années  qui  l'ont  précédée, 
»  de  renseignement  philosophique,  auquel 

>  me  donnait  droit,  dès  l'année  18^,  mon 

•  ad  I  ission  au  concours  de  l'agrégation 
n  pour  les  classes  de  philosophie  et  Lettres, 
»  ce  fut  en  4830  seulement  que  je  dus  à  M. 
»  Cousin  d'être  appelé  à  la  chaire  de  philo- 

>  Sophie  du  Collège  Stanislas.  Je  ne  tairai 
»  point  une  circonstance  qui  ajoute  aux  sen- 
»  timents  de  reconnaissance  dont  je  sois  rc- 
»  devable  k  M.  Cousin  :  c'est  qu'il  me  fit 

•  nommer  sur  la  lecture  de  quelques  articles 
»  de  journaux  que  j'avais  écrits  contre  lui.  » 
{Fragments  philoêophiquet ,  préface  ,  p, 
XXVIII,  note. S). 


339 


GIfi 


340 


dans  notre  pays,  Gibon  manqua  en 
outre  de  celle  prudence  que  lui  ren- 
daient doublement  indispensable  et  sa 
qualité  d'étranger  et  les  préventions 
qui  pesaient  sur  lui.  11  monta  en  chaire 
le  7  janvier  1856  et  prit  pour  sujet  de 
son  discours  d'ouverture  la  liberté  de 
renseignement.  «  Elle  vient  de  recevoir 
»  ici,  dit-Il,  une  éclatante  réalisation. 
»  Trois  ans  à  peine  écoulés,  et  déjà, 
»  fort  du  droit  commun,  jaloux  d'ail- 
»  leurs  d'assurer  contre  les  nouvelles 
»  tentatives  du  despotisme  cette  natio- 
»  lité  belge  en  partie  son  ouvrage ,  le 
»  catholicisme  avait  ouvert,  à  côté  de 
»  Fantique  métropole  (  *  ),  à  la  sagesse 
n  mondaine  une  école  où  Ton  a  vu  se 
»  renouveler  enfin  l'alliance  si  dési- 
»  rable  de  la  science  et  de  la  religion. 
»  Puis,  pour  montrer  à  tous  de  quelle 
»  généreuse  émulation  elle  est  saisie 
»  dans  les  voies  où  elle  vient  d'entrer, 
n  c'est  dans  les  murs  mêmes  de  cette 
»  cité  d'universitaires  souvenirs  ,  où 
»  pèsent  désormais  sur  elle  deux  sië- 
»  des  de  la  plus  haute  illustration 
n  scientifique  et  littéraire ,  que  cette 
»  école  catholique  est  venue  relier  ses 
r>  efforts  aux  puissantes  traditions  du 
»  passé  le  plus  glorieux.  D'autre  part, 
»  et  au  sein  même  de  la  capitale,  une 
»  autre  religion  conviait  en  même  temps 
»  la  jeunesse  aux  libres  enseignements 
»  de  la  science  :  religion  de  l'avenir  ! 
»  ainsi  l'a  dit  du  moins  l'enthousiasme 
»  de  ses  adeptes  ;  foi  vive  dans  le  pro- 
»  grès  incessant  de  l'humanité,  tout  en 
»  ignorant  les  conditions  de  ce  progrès  ; 
»  répudiation  audacieuse  du  passé  com- 
»  me  faisant  entièrement  faute  aux  be- 
))  soins  du  présent;  compromettant  le 
»  plus  souvent  les  succès  légitimes  par 
»  l'indiscrétion  de  ses  aveux  et  la  té- 
»  mérité  de  ses  espérances  ;  ayant 
»  droit  toutefois,  dans  ses  vagues  aspi- 
»  rations  vers  la  liberté  et  vers  une 
»  plus  grande  diffusion  du  bien-être 
»  social,  aux  sympathies  de  tous  les 
»  cœurs  honnêtes  J'oserais  dire  à  celles 
»  du  pouvoir,  lors  même  que  celui-ci 
»  se  voit  dans  la  nécessité  de  combattre 
»  les  intolérables  prétentions  de  ce  ra- 


»  dicalisme  impatient^  et  ses  conseils 
»  précipités...» Puis  enfin,  ajoutait-il, 
commence  l'action  gouvernementale , 
venue  la  dernière  au  milieu  de  l'ardeur 
empressée  des  partis.  «  Le  pouvoir 
«  s'emparera  de  l'action  qui  lui  est  dé- 
»  volue  dans  l'organisation  des  Univer- 
»  sites  de  l'Etat,  au  degré  précis  où 
»  cette  action  lui  appartient,  et  où  elle 
»  est  compatible  avec  la  liberté  de 
»  l'enseignement.  Dans  ces  écoles  en- 
»  core,  il  sera  donné  à  la  jeunesse  de 
))  venir  puiser  la  science  aux  sources 
»  les  plus  abondantes  et  les  plus  éte- 
»  vées,  non  pas  précisément  la  science 
»  se  mettant  au  service  de  la  religion, 
»  non  pas  davantage  la  science  explol- 
»  têe  au  profit  de  l'esprit  novateur, 
»  mais  la  science  amie  de  la  religion  et 
»  de  la  liberté,  et  tout  à  la  fois  indépen- 
»  dante  de  l'une  et  de  l'autre,  la  science 
»  hautement  impartiale  et  tolérante  ;  en 
»  un  mot,  la  science  pour  la  science..» 
L'orateur  était,  sans  doute,  de  bonne 
foi,  et  la  critique  n'aurait  guère  eu 
prise  sur  lui  s'il  s'était  contenté  de  ca- 
ractériser le  rôle  de  l'Etat  dans  rensei- 
gnement, en  présence  des  Universités 
libres.  Mais  il  avait  été  plus  loin,  beau- 
coup trop  loin,  en  se  faisant  directe- 
ment, ex  cathedra,  l'apologiste  de  l'U- 
niversité de  Louvain  et  le  détracteur 
de  sa  rivale  de  Bruxelles.  Il  compro- 
mettait ainsi  le  gouvernement  lui-même, 
qui  semblait  ne  l'avoir  appelé  que  pour 
gagner  la  jeunesse  à  la  majorité  domi- 
nante ,  et  les  mois  d'indépendance 
scientifique  et  de  tolérance,  dans  sa 
bouche,  avaient  l'air  de  dissimuler  un 
piège  et  de  justifier  un  appel  aux  pas- 
sions haineuses.  L'auditoire  était  stu- 
péfié :  on  avait  peur  de  comprendre. 
Gibon  poussa  jusqu'au  bout  la  mala- 
dresse. «  Il  ne  faut  pas  que  vous  igno- 
»  riez,  dit-il  encore,  qu'il  est  plus  fa- 
»  elle  de  conquérir  la  liberté  que  de  la 
»  défendre.  La  liberté,  au  moment  où 
»  nous  croyons  la  posséder ,  devient 
»  tout-à-coup  notre  plus  grande  enne- 
»  mie  :  il  faut  la  vaincre  elle-même 
»  après  l'avoir  comprise  ,  ou  plutôt 
»  il  faut  vaincre  tous  ces  faux  alliés 


(*)  On  sait  que  l'Université  catholique  fui      d'abord  inslallée  àMalinos. 


341 


GIB 


344 


»  qu^elle  traîne  toujours  à  sa  suite, 
»  i>sprit  de  licence  et  d'anarchie,  le 
»  zèle  hypocrite  pour  la  multitude  facile 
»  à  égarer,  le  fol  enivrement  qui  nous 
H  jette  tout  haletants  à  la  suite  d*une 
»  perfectibilité  chimérique  ;  Firopa- 
9  tience  dans  le  présent,  la  précipita- 
»  lion  dans  Pavenir,  la  haine  et  le  dé- 
»  goût  de  toute  autorité,  les  jalousies, 
9  les  discordes  intestines...  tels  sont 
»  les  nouveaux  ennemis  qu*il  nous  faut 
»  alors  combattre,  plus  dangereux  cent 
9  fois  que  Tennemi  intérieur,  que  tous 
9  les  tyrans  conjurés...  et  la  liberlése 
9  met  pour  nous  au  prix  de  la  vie- 
9  toîre  sur  cette  soldatesque  merce- 
9  naire,  dont  elle  a  bien  pu  se  servir 
9  pour  bâter  son  triomphe,  mais  avec 
9  laquelle  elle  ne  saurait  jamais  ré- 
9  gner.  9  Dans  son  mémoire  justificatif, 
Gîbon  nous  apprend  que  son  allocution 
fut  vivement  ei  unanimement  applaudie. 
Le  fait  est  qu*on  n'avait  pas  eu  le  temps 
de  se  reconnaître,  et  que  la  publication 
de  ses  paroles  mit  au  contraire  le  feu 
aux  poudres.  VEclaireur  de  Samur 
traduisit  comme  suit  le  dernier  passage 
cité  :  ft  Ce  sont  les  vauriens  qui  font  les 
9  révolutions.  Une  fois  les  révolutions 
9  faUeSy  les  honnêtes  gens  doivent ^  dans 
»  Pintérét  de  la  libertéy  se  débarrasser 
»  de  cette  canailk^  et  prendre  les  rênes 
»  des  affaires.  —  Si  bien  que  M.  Gibon 
9  va  toute  à  Fheure  nous  démontrer 
9  par  Â  plus  B  que  les  gens  de  sep- 
9  tembre  n'ont  travaillé,  en  1830,  que 
9  pour  mettre  H  Gibon  en  attitude  de 
9  les  insulter  du  haut  de  sa  chaire,  n 
Le  Lilféral  fit  chorus  :  toute  la  presse 
s'émut  :  ce  propagandiste  fanatique, 
s'écriait-on,  appelle  sur  la  Belgique  des 
lois  d'intimidation.  Quelques  journaux 
catholiques  ou  mixtes,  sans  prendre 
fait  et  cause  pour  Gibon,  hasardèrent 
des  conseils  à  la  jeunesse  liégeoise  :  il 
était  trop  tard.  Quand  Gibon  se  pré- 
senta, le  i2  janvier,  pour  donner  sa 
première  leçon,  il  fut  accueilli  par  une 
bordée  de  sifflets.  Le  Recteur  Tavait 


fait  venir  une  heure  auparavant  pour 
lui  communiquer  ses  craintes;  mais 
il  voulut  affronter  le  péril.  Beaucoup 
de  personnes  étrangères  à  l'Université 
étaient  présentes;  la  leçon  s'acheva, 
mais  au  milieu  du  tumulte,  des  trépi- 
gnements, des  applaudissements  et  des 
huées.  Les  journaux  rendirent  compte 
des  faits,  chacun  à  son  point  de  vue  ; 
mais  la  plupart,  cette  fois,  avec  une 
modération  relative  (*).  Cependant  il 
n'y  avait  plus  à  se  faire  illusion  :  les 
personnes  les  plus  prudentes  et  les 
mieux  informées  engagèrent  Gibon  ii  ne 
point  paraître  en  chaire  le  il;  il  se 
vit  mis  en  demeure,  ou  de  donner  im- 
médiatement sa  démission,  ou  d'at- 
tendre un  revirement  de  l'opinion  pu- 
blique. Il  prit  le  parti  d'adresser  à 
r  Union  de  Bruxelles  une  lettre  expli- 
cative, où  il  ailnonça  l'intention  de  pu- 
blier ses  premières  leçons,  afin  que 
chacun  sût  positivement  à  quoi  s'en  te- 
nir. Cette  lettre  était  vive  ;  on  y  répondit 
vivement  ;  il  répliqua  ;  la  guerre  de 
plume  devint  de  plus  en  plus  acerbe  et 
la  mêlée  fut  bientôt  générale.  Le  pro- 
fesseur Baron  (v.  ce  nom)  releva  dans 
VObservateur  le  gant  jeté  à  l'Université 
libre  de  Bruxelles  (•);  son  adversaire 
répondit  dans  rf/nion.Toute  cette  polé- 
mique a  été  résumée  par  Gibon  lui- 
même  dans  ses  Fragments  philosophi- 
ques; les  curieux  y  verront  comment 
l'abîme  se  creusait  alors  de  plus  en  plus 
profondément  entre  les  partis.  Gibon 
dut  finalement  songer  à  regagner  la 
France  :  on  ne  reconquiert  pas  le  ter- 
rain ainsi  perdu.  C'était  certainement 
un  homme  de  mérite  ;  mais  il  ne  savait 
pas  garder  la  mesure.  Son  enthousiasme 
Inconsidéré  n'était  comparable  qu'à  la 
ténacité  de  ses  résolutions,  qu'il  arrêtait 
parfois  trop  légèrement.  Ses  amis  eurent 
toute  la  peine  du  monde  à  le  décider  à 
quitter  Liège  :  il  craignait  d'être  accusé 
de  faiblesse.  Son  grand  tort  fut  de  ne 
jamais  savoir  tenir  compte  des  circon- 
stances. Quant  k  sa  tolérance  pratique. 


(  *  )  VEsjfoir,  de  Liège,  continua  jusqu'au 
bout  ses  attaques  avec  une  extrême  violence. 

(  *  )  Et  à  lui  personnellement,  »i  l'on  con- 
sidère que  le  discours  d*ouverture  de  Gibon 


était  précisément  la  contre-partie  de  la 
tbèse  soutenue  publiquement  et  solenneUe- 
ment  par  Baron,  lors  de  l'inauguration  de 
l'Uni versilë  de  Bruxelles. 


343 


GIB 


344 


on  peut  la  eroîre  sincère,  sinon  complè- 
tement désintéressée  (*).  Il  se  four- 
voya en  Belgique,  parce  qu'il  ne  s'in- 
quiéta pas  d  étudier  avant  tout  le  pays, 
et  qu'il  ne  prit  pas  le  temps  de  préparer 
son  discours  d'ouverture  (*).  Avec  un 
peu  de  circonspection,  il  aurait  pu  réus- 
sir, C4)mme  son  élève  M.  Huet  réussit  à 
Gand  pendant  quelques  années.  Son 
spiritualisme  relevait  de  Descartes,  et 
ses  fortes  convictions  religieuses  se 
conciliaient  parfaitement,  k  ses  yeux, 
avec  la  saine  liberté,  sinon  avec  les  té- 
mérités aventureuses  delà  pensée.  Peut* 
être  eut-il  toujours  trop  de  conflance  en 
lui-même  :  il  écoutait  peu  les  conseils, 
et  se  croyait  guidé  par  la  raison  quand 
il  n'était  que  lejouet  de  son  imagination. 
I>e  là  toute  une  série  de  déceptions  et 
de  déboires.  En  quittant  Liège,  il  rentra 
au  Collège  Stanislas,  où  il  fut  quelque 
temps  directeur  des  études  ;  ensuite  il 
fonda  un  internat,  qui  ne  prospéra  que 
quand  il  Teut  transporté  du  quartier 
Saint-Jacques  sur  l'autre  rive  de  la  Seine. 
Il  avait  beaucoup  de  pensionnaires  de 
familles  riches;  mais  il  fut  un  adminis- 
trateur malheureux.  Il  formait  chaque 
Jour  de  nouveaux  projets  d'amélioration 
matérielle,  qui  l'entraînaient  dans  des 
dépenses  exagérées  ;  il  rêvait  sans  r«sse 
de  nouveaux  types  de  maison-modèle, 
qu'il  réalisait  à  grands  frais  et  dont  il 
se  dégoûtait  ensuite.  Bref,  il  avait  fait 
des  dettes  dans  la  rue  Saint-Jacques,  et 
dans  la  rue  Blanche  il  en  fil  de  nouvelles. 
Il  perdit  sa  femme  au  moment  où  son 
pensionnat  tombait  ;  heureusement  l'é- 
ducation de  ses  enfants  fut  assurée.  Il 
partit  pour  la  Pologne,  ouvrit  des  cours 
de  littérature  à  Varsovie  et  s'y  créa  un 
revenu  de  10,000  francs.  Mais  le  climat 


du  nord  ne  convenait  pas  à  sa  santé; 
rassuré  sur  \e  sort  de  sa  famille  et  de 
plus  en  plus  dominé  par  ses  idées  reli- 
gieuses, il  se  rendit  à  Rome  et  se  fit 
ordonner  prêtre.  «  Je  présente  le  rare 
exemple,  disait-il  à  un  ami,  d'un  homme 
qui  a  reçu  les  sept  sacrements  de  l'E- 
glise (  '  ).  »  Il  obtint  une  position  &  Saint- 
Louis  des  Français;  mais  habitué  à 
professer,  et  par  conséquent  à  com- 
mander, la  soumission  aune  règle  fixe, 
à  un  supérieur,  ne  lui  allait  pas  (*).  Il 
avait  besoin  d'air,  de  mouvement  exté- 
rieur. Il  revint  en  France  et  obtint, 
grâce  à  M.  de  Lesseps,  son  ancien  con- 
disciple, le  titre  d'aumônier  des  ouvriers 
du  canal  de  Suez;  M.  le  marquis  de 
Raigecourt,  un  de  ses  anciens  amis, 
l'accompagna  jusqu'à  Alexandrie  et  le 
revit  deux  fois  au  désert,  «  déjà  au  cou- 
rant de  tout  ce  qui  se  passait,  connais- 
sant tous  les  employés,  occupé  surtout 
de  la  construction  d'un  hôpital  et  d'une 
église  qu'on  lui  avait  promis  à  Ismailia, 
content  et  heureux  du  bien  qu'il  espérait 
faire  et  com(>tantsur  le  concours  de  son 
fils,  son  doyen  dans  l'apostolat  (*)  »  Il 
habita  Tlsthme  pendant  deux  ans  et 
demi,  prodiguant  à  la  colonie  euro- 
péenne les  consolations  ou  les  encou- 
ragements. «  Vivant  de  la  vie  des  tra- 
vailleurs, longtemps  sous  la  tente  comme 
eux,  il  avait  su,  non  pas  seulement  faire 
respecter  son  caractère  sacré,  mais  en- 
core se  faire  aimer  de  tous  par  sa  bien- 
veillance, par  son  indulgence,  par  l'a- 
ménité de  ses  relations  (*).  n  11  mourut 
regretté  de  tous,  mais  loin  de  son  pays, 
loin  des  siens,  qui  n'eurent  pas  la  con- 
solation de  lui  fermer  les  yeux.  Gibon 
ne  fut  jamais  le  favori  du  sort  :  ses  dé- 
fauts lui  furent  très-funestes  et  ses  qua- 


(  *  )  On  Ht  dans  la  préface  des  Fragments, 
p.  \XV.  «  Un  candidat  au  doctorat  en  phi- 
losophie doit  pouvoir  être  admis  à  ce  grade 
sur  une  thèse  matérialiste...  Nous  dirons, de 
même,  sur  une  ih^se  hégélienne,  Lamen- 
naisienne,  et  sur  toute  autre  thèse  para- 
doxale possible,  si,  dans  la  composition  et 
la  défense  de  sa  thèse,  il  fait  preuve  de  con- 
naissances, de  capacité  et  de  talent.  ')  Voir 
aussi  la  note  placée  à  la  ftn  du  volume). 

(  '  )  Il  le  réaigea  tout  entier  dans  la  nuit 
du  6  au  7  janvier  ;  il  ne  put  consulter  per- 
sonne. Gibon  était  doué,   par  parenthèse, 


d'une  prodigieuse  facilité  de  travail. 

(  '  ;  Il  avait  fait  une  grande  maladie  à 
Varsovie. 

*)  Lettre  de  M.  le  marquisde  Raigtcourt 
insérée  dans  le  journal  Vhthme  de  Sâtez, 
n»  du  15  juin  4864. 

(  ")  Son  fils,  retenu  en  France  par  d'an- 
tres engagements,  n'a  pu  le  rejoindre.  Le  P. 
Gibon,  prêtre  de  l'Oratoire,  est  aujourd'hui 
préfet  des  éludes  du  Collège  de  JaiUy 
(Seine-et-Marne). 

(*)  V isthme  de  Suez  (Art.  de  M.  Ernest 
Desplaces). 


345 


GIB 


346 


Ihés  lui  servirent  peu.  Il  esl  permis 
de  dire ,  tout  en  rendant  Justice  à  ces 
dernières,  qu'il  n'eut  jamais  de  plus 
grand  ennemi  que  lui-même.  Son  en- 
thousiasme irréfléchi  lui  fit  du  tort  à 
Paris  comme  à  Liège:  en  1848,  croyant 
la  France  mûre  pour  la  liberté,  il  tomba 
dans  une  exaltation  qui  effraya  sa  clien- 
tèle du  faubourg  Saint-Germain  :  ce  fut 
une  des  causes  de  la  ruine  de  son  insti- 
tution. Il  revint  plus  tard  à  des  idées 
plus  pratiques;  il  disait  souvent:  «  Si 
nous  étions  sages  comme  les  Belges, 
nous  ferions  de  bien  grandes  choses.  » 
Mais  il  ne  fut  en  aucun  temps  clairvoyant 
quand  il  fallait  Tètre  :  ainsi  s'explique 
sa  vie  aventureuse. 

A  Rome,  il  se  plaignait  vivement  de 
la  perte  de  manuscrits  qui  lui  avaient 
été  saisis  par  la  douane  de  Varsovie,  et 
sur  lesquels  II  n'avait  pu  remettre  la 
main.  Ces  manuscrits  contenaient  toutes 
ses  leçons  de  philosophie,  coordonnées 
en  ouvrage  complet.  Son  ami  M.  de  Rai- 
geconrt  parvint  à  lui  inspirer  Tidée  de 
se  remettre  courageusement  à  Tœuvre. 
a  C'est  à  cette  circonstance,  dit  M.  de 
»  Raigecourt,  que  je  reconnus  plus  que 
1»  jamais  raimable  simplicité,  la  candeur 
»  presque  enfantine  de  cet  excellent 
»  esprit.  Chaque  soir  il  me  lisait  le 
»  travail  du  jour  ;  j'avais  lieu  d'admi- 
»  rer  des  pages  d'une  éloquence  véri- 
»  table,  mais  quelquefois  aussi  de  con- 
»  tredire  des  idées  qui  me  paraissaient 
»  fausses  ou  exagérées.  Il  prenait  feu 
»  avec  sa  vivacité  ordinaire,  se  défen- 
9  dait  avec  d'autant  plus  d'acharné- 
»  ment  que  sa  cause  était  plus  mau- 
»  vaise ,  et  le  lendemain  je  retrouvais 
■  le  travail  de  la  veille  complètement 
»  recommencé  dans  le  sens  que  je  lui 
»  avais  indiqué.  »  Après  bien  des  hési- 
tations, Gibon  s'était  arrêté  à  la  forme 
épistolaire  et  au  titre  de  Lettres  d'un 
clérical  à  un  philosophe.  Le  philosophe 
auquel  il  destinait  la  dédicace  de  son 
livre  était  son  ancien  et  illustre  con- 
disciple, M.  Saint-Marc  Girardtn.  Mal- 
heureusement Gibon  abandonna  son 
o>uvre  quand  il  n'eut  plus  auprès  de  lui 
un  auditeur  dévoué,  et  l'on  n'a  trouvé 


dans  ses  papiers  que  Fébauche  Informe 
d'un  plan  de  philosophie  religieuse. 

Les  Fragments  philosophiques  sont 
en  résumé  le  seul  écrit  un  peu  consi- 
dérable qu'il  ait  publié.  Outre  les  pièces 
justificatives  de  l'exposé  des  faits  rela- 
tifs à  l'épisode  de  Liège  et  aux  disser- 
tations sur  l'enseignement  de  la  philo- 
sophie dans  les  Universités  de  l'Etat  en 
Belgique,  on  y  remarque  un  mémoire 
assez  étendu  sur  la  logique.  Il  y  fait 
profession  d'éclectisme,  en  dépit  des 
objections  de  Lerminier  et  de  Henri 
Heine,  «  qu'il  se  propose  d'examiner  & 
fond,  dii-il,  dans  un  prochain  volume.  » 
H  y  fait  l'histoire  de  ses  propresidées; 
il  raconte  comment  Lamennais  le  guérit 
du  condillacisme,et  comment  il  en  vint 
finalement  à  se  guérir  de  l'esprit  de 
système.  «  Travailler  à  la  science  avec 
»  tous  et  pour  tous,  dit-il;  prendre  l'es- 
»  prit  humain  où  il  en  est  dans  les  in- 
i>  vestigations  scientifiques,  etavec  ses 
»  ressources  concertées  ,  c'est-ii-dire 
»  avec  la  pnissam*e  des  méthodes , 
»  marcher  à  de  nouvelles  conquêtes  ; 
»  voilà  l'éclectisme  comme  je  l'en- 
»  tends.  »  (*).  Quant  au  plan  de  son 
cours,  il  nous  annonce  qu'à  son  avis 
l'enseignement  de  la  philosophie  doit 
commencer  par  quelques  règles  géné- 
rales de  méthode,  et  appuyer  ensuite  la 
logique  sur  la  psychologie.  Il  n'ad- 
met que  sous  toute  réserve  la  logique 
transcendante  de  Cousin  ;  il  fait  une 
part  k  Aristoie,  mais  aussi  une  part 
à  Bacon  ;  son  idéal  est  une  logique  qui 
serait  aux  sciences  ce  que  la  critique 
est  à  la  littérature  et  aux  arts  ;  avant 
tout  il  faut  discipliner  resprit,et  ne  pas 
oublier  que  la  Méthode  de  Descartes 
n'a  pas  préservé  son  immortel  auteur 
lui-même  de  la  théorie  des  tourbillons. 
Gibon  cite  volontiers  les  Principes  de 
logique  du  baron  de  Beiflenberg  (v.  ce 
nom)  :  cet  auteur,  dit-il,  est  sur  la  voie 
de  toutes  les  réformes  désirables  dans 
cette  partie  de  la  science  ;  il  ne  lui  a 
manqué  que  de  secouer  un  peu  plus 
vigoureusement  la  forme  scolastique, 
qui  a  évidemment  gêné  son  libre  déve- 
loppement ("). 


(  *  )  Fragments  philosophiquêM^  p.  SI  4 . 
(*  j  Nous  eussions  ea  beaucoup  de  peine 


i  recueillir  les  élénênis  de  cette  nottee,  atns 
l'extrême  obligeance  d'un  ancien  élève  d« 


347 


GOI) 


348 


oodet  (Emmanuel-Victor)  ,  né  k 
Liège  le  îfà  Juillet  4805,  y  mourut  le 
28  février  i$44.  Sa  vocation  professo- 
rale se  révéla  de  bonne  heure  :  avant 
même  d*avoir  conquis,  ntmmà  cum 
laude,  son  diplôme  de  docteur  en  droit 
de  runiversité  de  Liège,  il  servait  de 
guide  k  ses  condisciples.  Une  question 
était-elle  restée  obscure  dans  la  leçon, 
la  sagacité  de  Godet  s'y  appliquait  et 
mettait  fin  aux  incerlitudes.  Plus  d'un 
de  SOS  camarades  lui  fut  redevable  de 
ses  succès.  Godet  n'était  pas  seulement 
un  bon  élève  ;  il  étudiait  pour  la  science 
et  pensait  par  lui-même.  «  Liégeois 
»  de  c^ur  et  de  naissance,  dit  son  bio- 
»  graphe,  il  s'était  livré  avec  ardeur  à 
»  l'élude  des  institutions  de  l'ancien 
»  pays  de  Liège.  Il  avait  été  frappé  du 
n  caractère  d'originalilé  dont  le  droit 
»  de  ce  pays  est  profondément  em- 
»  preint;  il  avait  comparé,  avec  soin, 
»  plusieurs  manuscrits  de  notre  vieux 
»  Pawilhar ,  afln  de  rétablir  les  vérita- 
»  blés  bases  de  ce  monument  de  la  sa- 
»  gesse  de  nos  ancêtres,  et  d'en  donner 
»  un  jour  une  édition  critique.  »  Les 
circonstances  le  forcèrent  de  retarder 
l'exécution  de  son  plan:  cependant,iltira 
parti  de  ses  recherches  pour  faire  choix 
d'un  sujet  de  dissertation  inaugurale. 
L'histoire  de  l'ancien  droit  liégeois  ne 
pouvait  être  étudiée  isolément  avec 
fruit  Godet  s'attacha  donc  tout  d'abord 
aux  antiquités  juridiques  de  la  Gaule 
et  des  provinces  belges,  dont  la  con- 
naissance devait  lui  servir  à  expliquer 
certaines  parties  de  la  législation  qu'il 
voulait  étudier.  Sa  dissertation,  publiée 
au  commencement  de  i850,  est  le  résu- 
mé succinct,  mais  très-complet  pour 
cette  époque,  de  ces  premiers  travaux. 
Elle  est  intitulée  :  Essai  sur  Vhistoire 
externe  du  droite  dans  la  Gaule  et  dans 
la  Belgique,  sous  la  période  franque  et 
la  période  féodale.  Godet  avait  obtenu 


Pautonsation  de  récrire  en  français, 
ce  qui  devait  avoir  pour  effet  de  la 
rendre  accessible  à  la  masse  du  public. 
La  presse  s'en  occupa  effectivement  et 
ne  trouva  que  des  éloges  pour  le  jeune 
auteur.  Mais  ces  encouragements  n'eu- 
rent pas  le  pouvoir  de  conjurer  la  for- 
tune. Dans  la  carrière  de  l'avocat,  les 
années  d'attente  sont  parfois  longues 
et  pénibles.  Peut-être  aussi  les  luttes 
du  barreau  convenaient-elles  médiocre- 
ment au  caractère  doux,  réservé  et  stu- 
dieux de  Godet,  liref,  il  accepta  une 
chaire  de  droit  commercial  à  l'Ecole 
spéciale  de  commerce  que  M.  Charlier 
venait  de  fonder  à  Liège,  excellent  éta- 
blissement dont  le  directeur  sut  tou- 
jours s'entourer  d'hommes  d'élite.  Il 
fallut  dire  adieuaux  études  historiques, 
non  pour  toujours  sans  doute  :  mais  ce 
fut  un  sacrifice.  Cependant  les  élèves 
se  louèrent  si  hautement  de  leur  nou- 
veau maître,  que  le  Gouvernement  prit 
des  informations  sur  son  compte.  Go- 
det parut  bientôt  sur  un  théâtre  plus 
élevé  ;  en  4835,  il  fut  attaché  comme 
agrégé  à  l'Université  de  Liège,  pour  y 
interpréter  le  Code  de  commerce.  Il 
s'agissait  de  créer  un  cours  pour  ainsi 
dire  sans  précédent  en  Belgique  (*); 
de  plus,  il  s'agissait  de  le  faire  avec 
assez  de  distinction  pour  retenir  les 
auditeurs  par  le  seul  attrait  de  la  scien- 
ce :  les  leçons  de  droit  commercial 
n'étaient  pas  obligatoires.  Godet  réus- 
sit au-delà  de  toute  espérance  :  non 
seulement  les  étudiants  se  pressèrent 
autour  de  sa  chaire,  mais  des  personnes 
étrangères  à  l'Université  voulurent  pro- 
fiter de  son  enseignement.  —  Godet 
n'était  pas  seulement  un  bon  profes- 
seur :  il  était  né  écrivain.  Ses  princi- 
pales publications  se  rapportent  à  l'é- 
poque de  sa  vie  où  nous  sommes  par- 
venus. Au  commencement  de  1855,  il 
s'était  formé  à  Liège  une  xKssociation 


l'UniversUëdeLiége.M.  Ai*8ène  Deschamps, 
docteur  en  philosophie  et  lettres,  momentané- 
ment à  Paris  pour  ses  études.  H.  Deschamps 
a  bien  voulu  s'adresser  pour  nous  à  M. 
Alexandre  Gibon,  oncle  du  professeur  de 
Liège,  et  au  P.  Gibon  (de  l'Oratoire),  cité 
plus  haut.  L'un  et  l'autre  ont  mis  le  plus 
gracieux  empressement  à  nous  renseigner; 


M.  Dcscbamps,  de  son  c6lë,  s'est  donné  U 
peine  de  transcrire  à  notre  usage  quelques 
documents  intéressants  ,  entre  autres  la 
lettre  de  M.  de  Raigecourl.  Nous  prions  ces 
MM.  de  ne  pas  voir  une  indiscrétion  dans 
le  témoignage  public  de  notre  vive  reeoa* 
naissance. 

(*}  V.  l'art.  FR.  KUPFFBRSCHLASCEB. 


349 


KIN 


•^50 


nationakpour  rencouragementet  le  déve- 
loppement de  la  littérature  en  Belgique. 
Accueillie  avec  faveur  dans  tout  le  pays, 
elle  fonda  la  Revue  belge^  avec  le  concours 
de  presque  tous  les  publicistes  de  nos 
neuf  provinces  (V.  Part.  Polain).  Non 
seulement  Godet  ne  resta  pas  en  arrière, 
mais  il  fut  Tun  des  membres  les  plus 
actif  du  Comité  de  rédaction,  et  il  y 
exerça  une  influence  féconde.  Le  mérite 
de  ses  propres  articles  donne  une  idée 
de  ce  qu'on  pouvait  attendre  de  lui,  sMI 
eût  vécu,  ou  si  seulement  il  eût  été  moins 
réservé,  moins  ennemi  du  bruit.  On  re- 
marqua notamment  un  Aperçu  sur  lea 
éléments  d'une  histoire  du  commerce, 
magnifique  programme  qui  ne  lui  fut 
pas  donné  d'exécuter,  pas  plus  qu'il  ne 
put  reprendre  les  études  chéries  de  sa 
jeunesse.  Dans  une  autre  étude.  Sur  la 
théorie  du  fermage  en  lui-même  et  dans 
ses  rapports  avec  les  profils  des  capitana:^ 
Godet  exposa,  de  la  manière  la  plus 
claire  et  la  plus  précise,  les  grands  prin- 
cipes de  l'économie  politique  sur  la  dis- 
tribution des  richesses  sociales;  il  exa- 
mina, en  s'appuyanl  sur  les  recherches 
desAnglais,  si  les  causes  du  paupérisme 
sont  purement  accidentelles,  ou  si  elles 
tiennent  à  l'essence  même  de  la  société. 
En  iS37,  dans  un  article  qui  fut  aussi 
publié  à  part,  il  se  préoccupa  des  abus 
de  l'association,  caractérisa  nettement 
les  différentes  espèces  de  sociétés ,  et 
démontra  que  la  voie  où  Ton  s'engageait 
alors  aveuglément  devait  conduire  fata- 
lement au  développement  de  l'esprit 
d^agiotage  et  à  la  ruine  de  la  plupart 
des  bailleurs  de  fonds.  Nous  si;:::alerons 
encore  une  dissertation  Sur  la  proitriété 
littéraire  et  la  contrefaçon^  œuvre  sage 
et  siîrieuse,  réponse  aux  déclamations 
l>assioBnées  de  quelques  écrivains  fran- 
çais ,  et  un  article  Sur  le  régime  des 
prisons  en  Belgique,  où  l'auteur  conteste 
la  légalité  de  certaines  mesures  récem- 
ment prises  par  simple  arrêté  royal. 
Godet  publia  encore,  en  1858  (à  Bru- 
xelles), une  nouvelle  édition  annotée  des 
Insiilutes  de  droit  commercial  de  Del- 
t'inrottr/,  ouvrage  qui  avait  besoin  d'être 
remis  au  courant  des  progrès  de  la 
science».  Toutes  ses  productions  sont 
remarquables  au  triple  point  de  vue  du 
style,  de  la  logique  et  de  rélévnlîon  des 


idées.  Il  semble  que  Godet,  malheureu- 
sement, ne  fut  jamais  libre  de  pénétrer 
aussi  loin  qu'il  l'aurait  voulu  dans  les 
divers  domaines  où  son  activité  s'exerça: 
à  chaque  pas  qu'il  fit  en  avant ,  il  lui 
fallut  donner  à  son  esprit  une  direction 
nouvelle.  Nommé  professeur  extraordi- 
naire le  i  septembre  1859,  il  fut  chargé 
de  l'enseignement  du  droit  civil  élémen- 
taire, conçu remment  avec  le  droit  com- 
mercial. Il  dut  résigner  ses  fonctions  à 
l'Ecole  de  commerce  et  se  consacrer 
entièrement  à  Taccomplissement  de  sa 
nouvelle  tâche.  11  y  apporta  ses  émi- 
nentes  qualités  ;  il  sut  vivifier  par  sa 
parole  toujours  nette,  précise  et  élé- 
gante, par  l'intérêt  qu'il  savait  attacher 
à  tout  c^  qu'il  disait,  un  enseignement 
quelque  peu  aride  de  sa  nature.  Sa  di- 
gnité naturelle,  la  pureté  de  sa  vie,  sa 
douceur  et  son  obligeance  jamais  lassée 
le  firent  respecter  et  chérir;  elles  lais- 
sèrent d amers  regrets  à  ses  élèves, 
lorsqu'ils  apprirent  la  fatale  nouvelle  de 
sa  mort  presque  subite.  Il  s'était  plaint 
d'un  mal  de  gorge  qui  n'avait  inspiré  au- 
cune inquiétude  :  deux  jours  plus  tard, 
il  se  sentit  assez  bien  pour  préparer  sa 
leçon  du  lendemain  ;  ce  lendemain ,  il 
ne  le  vit  pas.  Il  n'avait  pas  59  ans  !  — 
Godet  se  rendit  utile  autant  qu'il  en 
trouva  l'occasion,  même  en  dehors  de 
rUniversilé.  Il  fut  pendant  plusieurs 
années  secrétaire  du  Collège  des  régents 
des  prisons  et  membre  du  Conseil  d'ad- 
ministration de  la  Société  d*encourage- 
ment  pour  Vinstruction  élémentaire  dans 
la  province  de  Liège,  —  M.  Nypels  a 
publié  dans  la  Revue  de  Liège  (et  aussi 
ik  part:  Liège,  Ondart,  1844, in-S*")  une 
intéressante  biographie  de  Godet  ;  la 
présente  notice  n'en  est  pour  ainsi  dire 
que  le  résumé. 


E^Enkei*  (Jean)  ,  né  à  Meilust  sous 
Nieuw-Amstel ,  près  d'Amsterdam,  le 
1"  janvier  1764 ,  mourut  en  cette  der- 
nière ville  le  16  septembre  1845.  C'était 
un  vrai  Hollandais  de  la  vieille  roche, 
c'est-à-dire  un  des  caractères  les  plus 
indépendants  qu'il  se  puisse  rencontrer, 
toujours  prêt  à  répéter  avec  Cicéron  : 
ratio  plus  apud  me  valet  quàm  opinio 
multitudinis.  Il  y  avait  en  lui  de  l'E- 


35 1 


KIN 


35S 


rfisme  et  sartom  dn  Yoltârire  ;  il  tié 
s'infëodftit  à  rien  ni  S  personne ,  pen- 
sait à  sa  guise ,  aimait  l'iiumanité  en 
cosmopolite  et ,  au  nom  même  de  sa 
ptiilanthropie,  partageait  les  haines  vi- 
goureuses du  penseur  de  Ferney.  Par- 
fois enttiousiaste ,  plus  souvent  scep- 
tique ,  toujours  logicien  implacable , 
esprit  encyclopédique  et  cufleux  de 
toutes  choses,  il  forçait  chacun  de 
compter  avec  lui ,  et  ses  flèches  de 
Parthe  n'étaient  pas  moins  redoutables 
que  les  coups  de  lance  de  son  érudi- 
tion. Ecrivain  politique,  il  a  exercé  une 
influence  réelle  ;  il  a  marqué  en  philo- 
sophie (*);  comme  poète,  il  a  brillé 
d'un  éclat  non  emprunté;  son  savoir 
philologique  s*est  fait  admirer  dans  le 
pays  des  Vossius  et  des  Wyttembach  ; 
ses  écrits  sur  les  beaux- arts  n'y  sont 
pas  plus  oubliés  que  ses  études  litté- 
raires :  avec  tout  cela,  en  dehors  de  la 
Hollande ,  c'est  à  peine  si  l'on  connaît 
aujourd'hui  son  nom.  Ce  fait  s'explique 
par  la  circonstance  que  la  langue  hol- 
landaise est  conflnée  dans  des  limites 
assez  étroites  :  il  est  très-difficile  à  nos 
voisins  du  Nord ,  si  distingués  qu'ils 
soient,  d'arriver  à  une  notoriété  en  rap- 
port avec  la  valeur  de  leurs  œuvres. 
Van  Liml)urg  Brouwer  (v.  ce  nom)  et 
Kinker  paraissent  avoir  reconnu  cet 
inconvénient,  puisqu'ils  se  sont  quel- 
quefois hasardés  à  se  servir  de  notre 


langue  ;  mais  nous  lie  somntes  plus  au 
temps  où  les  impressions  d'Amsterdam 
ou  de  La  Haye  faisaient  plus  aisément 
le  tour  du  monde  que  celles  de  Paris. 
Leurs  productions  hollandaises  n'ont 
trouvé,  par  la  force  des  choses,  qu'un 
cercle  restreint  de  lecteurs  t  les  Mtres, 
faute  de  moyens  de  publicité ,  ne  soht 
guère  allées  plus  loin  Jusqu'à  présent. 
Il  serait  temps  qu'on  franchit  cette 
muraille  de  la  Chine  ;  déjà  plusieurs 
écrivains  français  ont  proclamé  bien 
haut  que  les  Hollandais  ont  amassé  des 
richesses  intellectuelles  aussi  bien  que 
des  tonnes  de  ducats  ;  mais  les  explo- 
rateurs sont  rares  et  le  seront  peut-être 
longtemps  encore.  Puisse  cette  notice 
sommaire  sur  un  esprit  éminent  c^n-^ 
tribuer  à  en  augmenter  le  nombre  ! 

Jean  Kinker  éuit  encore  en  bas-âge 
lorsqu'il  perdit  son  père  ,  fabricant  à 
Meilust.  M««  Kinker  était  en  mesure  de 
ne  rien  négliger  pour  Téducation  de 
l'orphelfn  :  elle  l'envoya  d'abord  à  l'é- 
cole latine  de  Weesp ,  dont  le  recteur, 
Van  Achter,  Jouissait  à  bon  droit  d'une 
réputation  d'érudit.  Jean  s'y  distingua, 
si  l'on  peut  voir  une  preuve  de  cette 
assertion  dans  un  discours  en  vers  la- 
tins sur  Jajeunegse  d'Alexandre  ^  qu'if 
prononça  coram  populo^  suivant  Tusage, 
en  guise  d'adieux  au  Collège.  M.  Van 
Hall  (*)  dit  qu'on  y  pouvait  déjà  pres- 
sentir quelques-unes  des  qualités  du 


(')  De  Cérando,  Destutt-Tracy  fiVém.  </« 
VAead.  des  se.  mor.  et  polit.,  t.  IV)  et  Cou- 
sin <^De  Cinstruction  publ,  en  Hollande ,  éd. 
l)elg:e,  in-18o,  l.  1.  p.  95)  ont  signale  ses 
mérites  à  leurs  compatriotes  (v.  aussi  le 
Dict.  philos,  de  Franck);  M.  Roorda  {Zeit- 
schr.  fur  Philos,  de  J.-H.  Fichte.  Tub.  1843, 
in-8^  l.  X,  p.  145  et  suiv.)  l'a  fait  connaître 
en  Allemagne  comme  penseur,  etc.  Nous 
nous  expliquons  difficilement  que  les  der- 
niers historiens  de  la  philosophie  moderne, 
MM.  Erdmann  et  Ueberweg,  ne  lui  aient 
môme  pas  accordé  l'honneur  d'une  mention. 
—  En  Hollande,  surtout  depuis  sa  mort,  on 
l'a  élevé  sur  un  piédestal.  Nous  ne  saurions 
voir  sans  doute  qu'un  zèle  indiscret  dans 
certain  article  du  Nederland,  intitulé  :  Aris- 
tote,  Kant  et  Kinker,  les  trois  plus  grands 
philosophes  du  monde  ;  mais  la  Hollandsche 
Maatschappij  van  fraije  kunsten  en  weten- 
schappen  n'a  fait  que  rendre  justice  à  la  mé- 


moire d*un  penseur  d'élite,  en  mettant  au 
concours  une  étude  sur  ses  travaux  spécu- 
latifs. La  médaille  d'or  a  été  décernée  k  M. 
Van  der  Wijck,  professeur  à  l'Université  de 
Groningue  (M^  Johannes  Kinker,  S*  édition, 
Gron.  1864,  un  vol.  de  305  p.  in-8<»).  Il  sera 
question  plus  loin  de  cet  ouvrage,  écrit  avec 
talent,  mais  dans  des  idées  toutes  différentes 
de  celles  de  Kinker,  et  qui  a  provoqué  de  la 
part  de  M.  Van  Yloten  une  assez  verte  ré- 
ponse (/.  Kinker  misduid).  Notre  philoso- 
phe a  trouvé,  d'autre  part,  des  admirateurs 
sans  réserve,  notamment  en  M.  Cocherel  de 
la  Moriniôre,  l'éditeur  de  ses  ûMvres  pos- 
thumes. Ces  discussions  mériteraient  d'ètro 
plus  connues  de  l'Europe  savante. 

{*)  M^  Johannes  Kinker,  Bijdragen  lot 
zijn  leven,  karakter  en  schriften^  door  M.  C. 
Van  Hall.  Amsterdam,  1850,  un  vol.  in-8«, 
I.  VI  et  152  p.  —  Etude  pleine  d*intérël, 
écrite  con  amore  :  on  ne  se  douterait  pas 


383 


KIN 


354 


futur  poète.  «  Mon  premier  péché,  di- 
sail  plus  tard  Kinker  ;  mais  quoi  !  mon 
maître  lui-même  s*était  fait  mon  com- 
plice! »  L'école  de  Weesp  lui  laissa 
des  souvenirs  d*un  autre  genre  :  obligé 
de  tenir  tête  à  ses  camarades»  qui  le 
harcelaient  de  plaisanteries  sur  son  air 
engoncé  et  presque  grotesque  (*),  il 
avait  eu  cent  occasions  d*exercer  sa 
causticité  naturelle.  Légitime  défense  à 
coup  sûr  ;  mais  ces  escarmouches  eu- 
rent aussi  l'avantage  de  le  préparer  à 
des  luttes  plus  sérieuses. 

De  Weesp,  il  passa  en  4781  à  FUni- 
versité  d'Uirecht,  avec  l'intention  d'élu- 
dicr  la  médecine.  La  Société  Dulces  antè 
omnia  Musœ  lui  prit  bientôt  une  bonne 
partie  de  son  temps  :  sans  rompre  avec 
les  sciences,  il  enfourcha  Pégase  le 
plus  souvent  possible.  Rau ,  Carp , 
Utenhove ,  Clarisse  et  surtout  Bellamij 
devinrent  ses  familiers  ;  n'oublions  pas 
M.  C.  Van  Hall.  En  i782,  sept  jeunes 
poètes,  tous  membres  de  la  Société, 
convinrent  d'organiser  entre  eux  une 
sorte  de  concours  sur  un  sujet  donné  : 
rOrage.  Bellamij  l'emporta  :  Kinker, 
l'un  des  concurrents ,  fut  le  premier  à 
lui  adjuger  la  palme  (*).  Vers  la  même 
époque,  l'aimable  et  savant  Hinlopen('), 
qui  faisait  aussi  partie  de  la  confrérie, 
réunissait  chez  lui,  de  temps  à  autre, 
quelques  amis  des  lettres  ;  il  ne  parait 
pas  que  Kinker  ait  été  admis  dans  ce 
i-ercle,  dont  la  fréquentation  aurait 


probablement  détourné  le  cours  de  ses 
idées.  On  y  discutait  les  plus  hautes 
questions  d*esthélique;  on  s'y  passion- 
nait surtout  pour  la  littérature  idéaliste 
de  l'Allemagne,  dont  Klopstock  était 
alors  le  coryphée.  Resté  en  dehors  de 
ce  milieu,  Kinker,  que  Schiller  devait 
compter  plus  tard  parmi  ses  admira- 
teurs les  plus  fervents,  suivit  son  pen- 
chant pour  l'ironie  et  la  satire  et  en- 
censa le  dieu  du  jour.  Voltaire.  11  alla 
jusqu'à  traduire  en  vers  libres  des 
fragments  de  la  Pucelle ,  mais  il  eut  le 
bon  sens  de  garder  |)Our  lui  son  ma- 
nuscrit, qui  n'a  point  été  retrouvé  (*). 
11  fut  moins  prudent  en  mettant  au 
jour,  en  1786,  un  premier  recueil  de 
poésies,  Myne  mindcrjarige  zangrier 
(litt.  Ma  muse  mineure).  La  critique  se 
montra  si  sévère  envers  Tauteut*,  au 
nom  des  mœurs,  que  Kinker,  croyant 
avoir  à  se  justitier  personnellement, 
cita  devant  les  tribunaux  l'éditeur  du 
Hecensent,  Bien  qu'il  eût  Bilderdijk 
pour  avocat,  l'aiTaire  ne  tourna  pas  à 
son  avantage  :  Bilderdijk  essaya  de  le 
consoler  en  lui  dédiant  une  pièce  de 
vers  (■). 

La  muse  du  jeune  Kinker  était  ici 
plus  ricaneuse  que  folâtre;  elle  man- 
quait d'abandon  jusque  dans  ses  éga- 
rements. Quatre  morceaux  ont  passé 
du  Minderjatige  Zangster  dans  la  Poste 
de  rHélicon;  ils  ne  méritaient  guère 
d'être  conservés. 


que  c'est  un  oelAgënairc  qui  a  tenu  la  plume. 
M.  C.  Vao  HaU,  après  avoir  pris  les  armes 
en  1813  pour  secouer  le  joug  de  la  France 
et  commandé  un  bataillon  de  la  Landsturm, 
a  été  l'un  des  avocats  les  plus  éloquents  du 
barreau  d'Amsterdam.  Les  hautes  fonctions 
dont  il  a  été  investi  à  diverses  reprises  ne 
l'ont  jamais  détourné  du  culte  des  lettres  ;  ses 
écr'iiê  en  prose  et  en  vers  lu!  ont  valu  le  titre 
de  membre  de  r Institut  des  Pays  Bas.  On 
ne  doit  pas  te  confondre  avec  son  flis  aîné, 
qui  a  repris  son  étude  et  a  fait  plusieurs 
fois  partie  du  cabinet.  Deux  autres  de  ses 
Dis  ont  été  professeurs,  l'un  à  VAthenœnm 
illuêtre  d'Amsterdam,  l'autre  k  l'Université 
d'Utrecht.  —  Nul  n*était  plus  i  même  que 
M.  C.  Van  Hall  d'apprécier  dignement  Kin- 
lier,  son  ami  intime  pendant  soixante  ans. 
{*)  Sans  ressembler  précisément  à  Esope, 


Kinker  avait,  comme  on  dit,  le  cou  dans  les 
épaules. 

(*)  Cette  pièce,  publiée  plus  tard,  est 
considérée  comme  une  des  meilleures  de 
Bellamij.  Een'  der  tchoomte  van  de  zeven 
Dondersiagen,  répétait  volontiers  Kinker. 

('}  Le  même  qui  accepta  plus  tarJ  des 
fonctions  publiques  sous  Louis  Bonaparte. 

{*]  On  a  eu  tort  d'attribuer  à  Kinker  la 
traduction  hollandaise  qui  existe  de  ce  poè- 
me :  elle  n'est  positivement  pas,  elle  ne  sau< 
rait  être  de  lui. 

(  "; Cette  charmante  bluettc  a  trouvé  sa  place 
dans  les  œuvres  do  Bilderdijk  (Harlem  , 
Kruseman,  1858,  in-8o],  t.  X,  p.  60.  Elle 
répondait  à  une  politesse  de  Kinker,  qui 
avait  lui-même  dédié  à  son  ami  une  petite 
pièce  badine,  où  il  appelait  les  baisers  les 
voyelles  de  la  langue  des  amours. 

17 


385 


KIN 


386 


Ajoutons  que  l*auteur ,  quelques  an- 
nées après ,  n'hésita  pas  à  se  recon- 
naître en  faute. 

A  son  séjour  à  Ulrecht  se  rattachent 
encore  quelques  satires  politiques  {Aca- 
demie-zangen ,  de  Eigenbaaty  parodie, 
etc.),  où  il  prend  à  partie  les  uto- 
pies révolutionnaires  et  les  discordes 
civiles  qu'avaient  suscitées  la  guerre 
avec  VAngleterre.  Au  fond  ,  Kinker 
était  un  homme  d'ordre  ;  mais  son 
âpreté  à  la  controverse  induisit  l'opi- 
nion publique  en  erreur  sur  son  compte. 
M  était  moins  assidu  aux  cours  qu'aux 
séances  de  promotions;  ici,  en  revan- 
che, il  se  Jetait  à  corps  perdu  dans  la 
discussion,  et  comme  il  parlait  le  latin 
avec  facilité,  comme  en  outre  il  avait 
toujours  en  réserve  quelque  thèse  origi- 
nale, sinon  quelque  paradoxe,  les  pro- 
fesseurs eux-mêmes  finirent  par  le  voir 
d'un  mauvais  œil.  Il  entrait  en  lice 
aussi  volontiers  chez  les  théologiens 
que  chez  les  médecins,  ne  leur  épargnait 
pas  plus  qu'à  ceux-ci  les  attaques  à 
fond ,  et  surtout  ne  manquait  pas  d'é- 
gayer l'auditoire  par  ses  saillies  spiri- 
tuelles. 11  en  résulta  qu'on  le  fit  passer 
pour  impie,  pour  athée  même.  Sa  vie  et 
ses  écrits  protestent  contre  cette  impu- 
tation, qu'il  ne  daigna  même  pas  dé- 
mentir. Ce  qu'il  y  a  de  vrai,  c'est  que 
Kinker  n'accepta  jamais  ses  croyances 
d'une  source  étrangère  :  kantien  rigide 
jusqu'au  bout,  on  peut  dire  kantien 
outré,  il  ne  rendit  jamais  les  armes 
qu'à  la  raison  pure  (*). 

Les  études  médicales  mettaient  cha- 
que jour  à  l'épreuve  sa  sensibilité 
très-délicate  ;  il  les  abandonna  pour 
s'occuper  de  droit.  Sans  cesser  de 
charmer  ses  loisirs  par  la  musique  et 
la  poésie,  il  se  mit  au  travail  avec  tant 
d'ardeur,  que  le  diplôme  de  docteur 
tUriuaque  juris  put  lui  être  délivré  dès 
le  18  juin  1787.  Il  se  rendit  alors  à  La 
Haye,  où  Yander  Linden  et  Bilderdijk 
se  chargèrent  de  l'initier  à  la  pratique 


des  affaires.  De  fait,  soit  quil  se  défiât 
de  son  physique,  soit  plutôt  qu'il  ne 
pût  résister  à  ses  goûts  dominants, 
Thémis  eut  à  se  plaindre  de  sa  froi- 
deur. La  politique  et  la  littérature  l'ab- 
sorbèrent tour  à  tour.  Son  esprit  rail- 
leur se  donna  carrière  dans  le  Janus 
(1787)  et  dans  le  Janus  verrezen  (res- 
suscité), qui  parut  jusqu'en  1798;  il 
prit  également  une  certaine  part  à  la 
rédaction  de  Y  Arche  de  Noé  et  de  Sem, 
Cliam  et  Japhet,  recueils  humoristiques 
où  les  sottises  et  les  extravagances  du 
jour  étaient  tantôt  simplement  tournées 
en  ridicule,  tantôt  impitoyablement  fus- 
tigées. La  Poste  de  VHélicon  parut  à 
Utrecht  en  1783  ;  on  y  trouve  quelques 
morceaux  de  Bilderdijk  et  un  plus 
grand  nombre  d'élucubrations  de  Kin- 
ker, qui  en  était  à  la  fois  le  fondateur, 
l'éditeur  et  le  rédacteur  principal.  Vers 
la  même  époque,  il  commença  aussi  à 
travailler  pour  le  théâtre. 

Sur  la  fin  de  l'année  1795,  il  quitU 
le  barreau  de  La  Haye  pour  celui 
d'Amsterdam.  En  rappelant  ses  rares 
plaidoyers,  M.  G.  Van  Hall  a  l'occa- 
sion de  relever  des  traits  qui  font  hon- 
neur à  ses  sentiments  d'humanité  et  à 
la  noblesse  de  son  caractère.  Par  cen- 
tre, les  adversaires  qui  lui  tombaient 
sous  la  main  étaient  serrés  comme  dans 
un  étau.  Comme  il  les  tenait  bien,  et 
comme  les  étincelles  brûlantes  de  son 
esprit  tombaient  dru  sur  q.ux  !  Un  jour 
Schimmelpenninck  lui-même ,  le  futur 
grand-pensionnaire  (*),  ne  sachant  plus 
où  donner  tête,  ne  put  se  tirer  d'embar- 
ras qu'en  citant  le  mot  d'Horace  : 

Pictoiibas  atqae  {loëtiB 
Qaidlibot  andcndi  ««mper  fait  cqaa  potestas. 

Mais,  comme  nous  l'avons  dit,  les 
goûts  de  Kinker  l'entraînaient  ailleurs. 
Il  cultiva  plus  que  jamais  les  muses  ; 
seulement,  à  partir  de  1798,  sa  lyre 
prit  un  ton  de  plus  en  plus  sérieux. 
L'influence  des  études  philosophiques, 
auxquelles  il  se  livra  tout  d'un  coup 


[*)  C'est  siosi,  et  noo  dans  le  sens  d'une 
complète  indifférence,  que  nous  interpré- 
tons sa  réponse  bien  connue  au  baron  de 
Broich  (curateur  de  l'Université  de  Liège), 
qui  lui  demandait  un  jour,  à  Chaudfontaine  : 
«  Mais  voyons,  H.  Kinker,  oui  ou  non,  êtes- 


vous  catholique?  —  Non.  —  Êtes-vous  pro- 
testant? —  Non!  —  Qu'êtes- vous  donc  ?  — 
Je  suis  Kinker.  »  (V.  ci-après). 

{*)y,  La  Cour  de  Hollande  êoug  LouiS' 
Bonaparte,  par  un  auditeur.  Paris,  18S7, 
in-8<>,  p.  408  et  suiv. 


3S7 


KIN 


358 


avec  passion  «y  fui  poarone  bonne  part; 
son  admiration  poar  SchiUer  fit  le  reste. 
Il  en  vint  à  définir  la  poésie  :  la  phikh 
Mophiê  rendue  sentikle;  si  de  ce  Jour  il 
ne  dépouilla  pas  le  vieil  hoimne,  M 
fit  du  moins  le  premier  pas  dans  un 
domaine  dont  il  n'avait  point  paru 
jusque-là  soupçonner  Texistenoe.  Il 
parcourut  à  son  tour  les  cliamps  sans 
bornes  de  l'idéal  ;  une  voix  intérieure 
lui  cria  :  SmreUm  carda.  Seulement  la 
réaction  fut  trop  forte  :  il  s'exposa  à 
tomber  dans  la  séclieresse  en  s'exal- 
tant  pour  des  abstractions,  écueil  dan* 
gereux  que  Scliiller  lui-même  côtoya  de 
très-près  dans  la  seconde  période  de  sa 
carrière,  mais  pour  y  échapper  glorieu- 
sement, témoin  son  GuUlaiime  TelL 
Mélange  d'enthousiasme  et  de  ré* 
flexion,  &  la  fois  inspirées  et  presque 
didactiques,  les  pièces  de  Kinker  inti- 
tulées God  en  Vr(jheid,  Wib-Krackt  en 
Deugd ,  Gedackten  MJ  het  graf  vom 
Kanî  (') ,  se  distinguent  d'ailleurs  par 
des  pensées  justes  et  profondes  et  par 
une  élégante  dignité  de  style,  qui  assi- 
gnent à  leur  auteur  une  place  mar- 
quante dans  la  galerie  littéraire  de  nos 
voisins.  Le  drame  allégorique  Het  Eeuw- 
fest  rentre  encore  dans  la  catégorie  de 
ses  compositions  purement  philoso- 
phiques. 11  y  salue  en  beaax  vers  l'avé- 
nement  du  XIX*  siècle,  formule  à  ce 
propos  toute  une  théorie  des  devoirs 
de  I  homme  et  montre  comment  nos  di- 
verses facultés  sont  appelées  à  concou- 
rir à  notre  perfectionnement  moral. 
Pour  affronter  la  scène  avec  un  tel 


sujet,  sans  individualiser  ses  person-^ 
nages,  le  poète  devait  être  bien  sûr  de 
lui-même  :  il  n*en  faut  pas  moins  admi- 
rer le  tempérament  spécial  et  la  puis- 
sance d'attention  du  public  hollandais, 
qui  redemanda  quatorze  fois  de  suite  la 
représentation  de  l'œuvre  de  Kinker, 
au  théâtre  d'Amsterdam  (*). 

Kinker  s'était  ouvertement  rangé  sous 
la  bannière  du  kantisme.  Les  écrits 
du  chef  de  l'école  critique  loi  avaient 
d'abord  semblé  obscurs;  il  dut  faire  aussi 
un  grand  effort  pour  se  placer  à  un  point 
de  vue  entièrement  en  désaccord  avec 
ses  premières  habitudes  intellectuelles. 
Deux  fois  il  relut  les  œuvres  complètes 
du  philosophe  deKoenigsberg,  avant  de 
se  déclarer  satisfait:  il  recommença, 
poussé  par  un  instinct  secret  qui  lui 
faisait  entrevoir  dans  la  nouvelle  doc- 
trine la  solution  des  incertitudes  dont 
son  propre  esprit  était  assailli  ;  cette 
dernière  tentative  lui  réussit  pleinementé 
Alors  il  fut  possédé  d'un  zèle  d'apôtre; 
il  voulut  contribuer,  avec  Paul  van  He- 
mert,  l'éditeur  du  Magaz^n  van  krUùh 
cke  Wijsbegeerie  en  hare  Geschiedenis , 
à  propager  en  Hollande  la  philosophie 
de  Kant.  Il  publia  d'abord  dans  ce  re- 
cueil ,  sur  les  philosophes  anciens  et 
modernes,  une  série  d'articles  qui  furent 
très-remarques,  et  qu'on  n*aurait  certes 
pas  attendus  de  sa  plume  légère  (*). 
Abordant  ensuite  le  sujet  qu'il  se  pro- 
posait de  traiter  spécialement,  il  mit  au 
jour  une  dissertation  intitulée  :  Prœve 
van  eene  Opheldering  van  de  KrUiek  der 
zuivere  Rede^  dont  le  retentissement 


(  '  )  RéÎBprioiëes  dans  les  Ctdichten,  1. 1, 
p.  S6-t9d  (Anst.,  4819,  m>8o].  —  Cf.  Van- 
derwijck,  p.  70-90. 

J  *  )  Elle  eat,  eo  tout,  plus  de  ceoi  reprëseo- 
talions. —  Un  caprice  qui  peint  bien  l'homme 
inspira  k  Kinker,  en  4801,  l'Idée  de  parodier 
l'ouvrage  qui  lui  avait  valu  ce  succès.  De 
MÊenachheidin  '/  Lcoaruthui*  bij  den  aanvang 
der  negemiendë  eemw^  dans  la  pensée  de 
Faoïeitr,  devait  servir  de  commentaire  au 
premier  poème.  Poar  mieox  éclairer  an  ta^* 
bleau,  ditril,  il  tuai  en  renforcer  les  ombres; 
et  enfin...  le  XIX* siècle  s'oavre  pour  lesfoos 
aussi  bien  que  pour  les  sages.  —^  Les  curieux 
trouveront  une  analyse  (Mtaillée  des  deux 
poèmes  dans  Van  der  Wijck,  p.  44-70.  M. 
Van  der  Wyck  cherche  à  disculper  Kinker  de 


Taccusation  d'impiété,  en  lui  appliquant  le 
mot  de  Schleiermacher  :  t  La  religion  n'est 

>  ni  dans  le  dogme  ni  dans  les  pratiques  ex- 

>  térieures,  mais  dans  une  certaine  dispos!- 
»  t  on  de  t'Ame.  »  Et  notre  écrivain  «joute  : 
quelles  que  fussent  les  idées  de  Kinker  sur  la 
personnalité  divine,  il  avait  foi  dans  la  Provi- 
dence  ;  ses  plaisanteries  cachent  toiyours  un 
sens  p^fond.  — 11  n'est  pas  inutile  de  faire 
remarquer  que  M.  Van  der  Wijck  est  un  dis- 
ciple die  M.  Opzoomer,  professeur  de  philo* 
Sophie  à  Utrecbt,  et  que  les  idées  de  M.  Op- 
zoomer  se  rattachent  à  ceUes  de  Comte  et  de 
M.  John  Stnart  MIM  (v.  aoa  livre  Oie  Méthode 
der  WiBUfUckafi,  Utrechi,  48S9,  in-8«). 

(*)  Les  critiques  le  qaaliiSranl  de  Ge- 
Uerdê  vmt  génie  (v.  ci-après). 


359 


KIN 


360 


fut  considérable.  J.  Lefèvre  en  donna 
(en  4801)  une  bonne  traduction  fran- 
çaise (*)»  <!"»  servit  de  texte  au  rap- 
port présenté  à  ïlnstUui  national  de 
France  par  Destull-Tracy,  sur  la  méta- 
physique de  Kant  (•).  M.  Van  der  WijcJt 
fait  peu  de  cas,  en  général,  du  jugement 
des  Français  en  matière  de  philosophie 
allemande  (M;  en  plus  d'un  endroit  de 
son  livre,  Rinker  lui-môme  n^est  pas 
ménagé.  Ici,  cependant,  il  n'hésite  pas 
à  s'associer  aux  éloges  qui  furent  de- 
cernés  de  loutes  parts  à  r initiateur. 
Kinker  n'a  pas  seulement  étudié  à  fond 
la  théorie  de  Rant,  dit-il  :  elle  est  deve- 
nue en  quelque  sorte  sa  propre  façon 
de  concevoir,  le  moule  de  sa  pensée  ; 
k  ses  yeux,  elle  est  absolument  indis- 
cutable. Delà,  bien  que  certains  pas- 
sages de  Y  Essai  soient  sujets  à  caution, 
ceux  qui,  n'ayant  pas  le  temps  de  lire 
Rant,  sont  cependant  désireux  de  le 
bien  connaître,  peuvent  en  toute  con- 
fiance s'adresser  à  Rinker. 

Les  Beginzelen    der   Kantiaansche 
Wijsgeerte,  de  Van  Hemert,  le  discours 
de  Chaudoir  (prof,  à  Franekcr)  De  mo- 
mentis  philosophiœ  Kantianœ,  les  ar- 
tic4es  publiés  dans  le  Magazijn  par  le 
D'  phil.  Heumann,  par  le  médecin  Ser- 
vaas  de  Delfshaven,  par  Schrœder,  par 
les  médecins  Deiman  et  Dornik,  etc., 
conconrurent,avec  YEssai^ik  naturaliser 
en  Hollande  la  nouvelle  philosophie. 
Feith,  Van  Alphen,  Nieuhoif,  Van  de 
V^'jjnperse,  Wijttenbach  furent  mis  de 
côté,    comme  en  Allemagne  Herder, 
Wieland  et  Nicolai  (  *).  Le  progrès  des 
idées  de  la  révolution  favorisa  puis- 
samment ce  résultat.  Rant  se  tenait  «  ré- 
solument campé  devant  l'entrée  du  pa- 
radis perdu  des  dogmatiques,  menaçant 
de  l'épée  flamboyante  de  sa  critique  les 
vaincus  assez  audacieux  pour  essayer 
d'y  rentrer  ;  »  on  lui  sut  gré  de  cette  at- 


titude qui,  dans  le  domaine  politique, 
était  point  pour  point  celle  des  adver- 
saires de  l'ancien  régime.  Lecriticisme 
devint  la  grosse  question  du  moment  : 
Onze  lUeratmr,  dit  M.  Van  der  Wijck, 
werd  in  eeu  slagveld  herschapen. 

Dans  le  cours  de  celte  période,  Rin- 
ker eut  à    soutenir    plusieurs    polé- 
miques, notamment  contre  Nieuhofl  et 
Feith .  Le  premier  réduisait  d  un  seul 
problème  toute  la  philosophie  morale  : 
«  Que  dois-je  faire  pour  être  heureux?» 
Rinker  enseignait  au  contraire,  avec 
Rant ,  que  le  devoir  exclut  la  recherche 
de  tout  avanuge  personnel.  Une  action 
est  d'autant  meilleure,  disait-il ,  qu  elle 
est  plus  désintéressée.-  Point  de  bon- 
heur en  dehors  de  la  vertu ,  répondait 
Nieuhoif.  -  S'il  faut  identifier  le  bon^ 
heur  et  la  vertu,  répliquait  Rmker,  je 
ne  vois  pas  pourquoi  le  voluptueux  et 
l'avare  ne  céderaient  pas  ù  Tenlraine- 
ment  de  leurs  passions,  puisqu elles 
leur  procurent  la  satisfaction  qu  ils  re- 
cherchent. —  Il  y  avait  malentendu  : 
Rinker  forçait  les  conclusions  de  son 
adversaire,  et  celui-ci  ne  comprenait  pas 
Rant,  bien  qu'il  se  flattât  de  professer  sa 
pure  doctrine.  Nieuhoff  jouait  ici  le  rôle 
de  l'ami  imprudent  dont  on  dit  volon- 
tiers :  Non  tali  auxilio.  Tout  autre  fut 
l'attitude  de  Feith,  radicalement  hostile 
au  kantisme  ; 

.  .  .  .  Een  antal  atcplioRcn 
Dat  on*  Kaot'aonU-acheid  aUgod-prak  up  wil  dringen. 

Qui  reconnaîtrait  ici  cette  muse  tendre 
de  M  Rhynvis  Feith  ,  toujours  prête  à 
fondre  en  larmes,  ajoute  M.  \an  der 
Wijck  ?  C'est  dans  les  Lettres  a  Sophte 
que  Feith  nous  révèle  le  motif  de  son 
irritation  :  introduire  la  philosophie  de 
Rant  dans  les  Universités,  c'était,  selon 
lui,  travailler  à  déchristianiser  la  jeu- 
nesse. Rant ,  fit  observer  Rinker,  s  est 
contenté  d'accepter  ce  qu'il  y  a  d  esscn- 


(*)  Essai  d'une  Exposition  suceincU  de  ta 
critique  de  la  raison  pure  de  Kant.  Amster- 
dam, 180i,  in-80.  —  J.  Lefèvre  était  Lié- 
geois. 

(  •  )  L'ouvrage  de  Kiûker,  dit  le  rapporteur; 
ce  est  fait  avec  une  méthode  qui  montre  bien 
tout  i'enchatnemeûl  des  idées  ;  el  il  exprime 
les  opinions  du  philosophe  dont  il  expose  le 
système  avec  une  précision  et  une  netteté 


qui  ne  laissait  place  à  aucune  incertitude,  et 
qui  font  voir  avec  assurance  que  là  où  il  se 
rencontre  quelque  obscurité ,  elle  est  dans 
les  idées  elles-mêmes,  et  non  dans  la  ma- 
nière dont  elles  sont  présentées.  »    , 

{■)MM.  H.  Taino elEdm.  Scherer  trouvent 

seuls  grùce  devant  lui. 
(*)VanderWijck,p.  47. 


361 


RIN 


362 


tiel  dans  le  christianisme  :  or ,  on  ne 
dira  pas  que  les  miracles,  par  exemple, 
en  font  à  ce  point  partie  intégrante  , 
tous  les  chrétiens  n'étant  pas  même 
d'accord  là-dessus  !  Les  Lettres  de  So- 
phie à  iV.  R,  Feith  développèrent  cette 
thèse  sur  le  ton  d'un  brillant  persif- 
flage(*);  il  n'en  reste  pas  moins  vrai 
que  Kant  avait  battu  en  brèche  Jusqu'à 
la  Tyologie  naturelle,  et  que  l'argument 
moral  par  lequel  son  scepticisme  théo- 
rique devait  être  racheté  put  très-bien 
paraître  insuffisant,  surtout  à  l'époque 
où  écrivait  Feith.  Plus  tard,  le  pasteur 
J.-J.  Le  Roy  fit  des  efforts  méritoires 
pour  concilier  le  kantisme  avec  l'or- 
thodoxie protestante  ;  il  n'y  panint 
qu'au  moyen  d'une  exégèse  à  laquelle 
Kinker  fut  le  premier  à  ne  point  se  ral- 
lier (•). 

Tout  en  agitant  ces  redoutables  ques- 
tions, notre  philosophe  entretenait  sa 
muse  poétique.  Hœ  nuffœ  ad  serium  du- 
cu»f,  disait-il  :  c'est  ainsi  que  dans  son 
Gczangboek  voor  Vrijmetselaaren  (ann. 
180G),  il  trouvait  le  moyen,  dans  un 
couplet,  de  recommander  aux  Francs- 
Maçons  la  lecture  des  trois  critiques  de 
Kanl{»).  GaMelle  de  Fayel  (4798), 
parodie  d'une  sombre  tragédie  de  de 
Belloy,  fut  Jugée  par  Bilderdijk  une 
œuvre  utile  à  la  société,  parce  qu'elle 
ne  pouvait  manquer  de  désabuser  le 
public  à  l'endroit  des  extravagances  qui 
faisaient  alors  ses  délices  au  théâtre. 
La  parodie  d'Ericia  (1799),  que  Kinker 
lui-même  appelait  KermistreursitelyU'^- 
vait  point  cette  portée  ;  celle  de  la  ro- 
mance de  Feith  :  Alrick  en  Asi/asia, 
ne  doit  passer  également  que  pour  un 
jeu  d'esprit  Jamais  peut-être  Kinker  ne 
fut  en  si  belle  humeur.  En  parodiant 
enfin  le  monologue  d'HamIet  et  VOE- 
dipe  à  Co/one(i807),  il  ne  fit  que  suivre 
l'exemple  d'Aristophane,  qui  s'en  était 
pris  à  Eschyle  et  à  Euripide.  Celle  der- 


nière pièce  fut  moins  goûtée  que  les 
précédentes  :  en  tous  cas  on  ne  peut 
refuser  à  Kinker  le  génie  comique; 
un  juge  non  prévenu  a  cru  pouvoir  dire 
de  lui  qu'il  y  avait  dans  ses  veines  quel- 
ques gouttes  du  sang  de  Molière. 

Une  pièce  allégorique  sur  les  der- 
nières agitations  de  l'Europe,  terminées 
par  la  paix  (1802);  Mmanzor  et  Zehra 
(1804) ,  tragédie  assez  médiocre  ;  des 
traductions  ôesTempliers  de  Raynouard , 
de  la  Pucelle  d'Orléans  ei  de.MoriaStuart 
de  Schiller  (1807),  fort  bien  écrites  en 
vers  iambiques  et  plus  fidèles  que  celle 
de  Tout  est  bien  qui  finit  bien,  dt;  Sha- 
kespeare (*)  ;  une  version  du  Don  Car- 
loSf  malheureusement  inachevée  ;  une 
autre  de  Turandot;  enfin  diverses  com- 
positions lyriques  plus  ou  moins  remar- 
quables, remontant  aux  mêmes  années, 
témoignent  de  la  flexibilité  de  son 
talent  et  de  son  activité  infatigable. 
Le  drame  allégorique  de  1802  mérite 
une  mention  particulière ,  ù  cause  de 
l'enthousiasme  dont  l'auteur  y  est  en- 
flammé pour  Napoléon,  «  le  sauveur  et 
le  pacificateur  de  l'Europe.  »  C'était 
chez  lui  une  conviction  sincère  ;  non 
moins  sincère  fut  l'expression  coura- 
geusede  son  désappointement, lorsqu'il 
dut  reconnaître  que  le  règne  de  Louis- 
Bonaparte  n'avait  été  qu'un  achemine- 
ment  à  l'absorption  de  son  pays  par 
la  France  (").  Il  salua  par  des  chants 
(le  triomphe  la  chute  de  l'empire  et 
l'établissement  du  royaume  des  Pays- 
Bas  :  si  sa  philosophie  le  conduisait  au 
cosmopolitisme,  il  sentait  néanmoins 
battre  dans  sa  poitrine  un  cœur  de  pa- 
triote; à  ce  titre,  nous  regardons  comme 
une  de  ses  plus  nobles  rompositions  De 
verlossing  en  herstellintj  van  Neder- 
land  (t.  lU  des  Gedichten,  p.  36-67). 
Ajoutons  que  le  style  est  à  la  hauteur 
de  la  pensée. 

Almauzor  et  Zehra,  les  Templiers  et 


(*)  Il  faut  recoaoMlre  que  ce  ton  D'élait 
pas  de  mise  à  Tdgard  de  Feith  ,  poète  vrai- 
ment distingué  et  d'une  grande  dignité  de 
caractère.  Mais  —  GenU9  irritabile  :  le  mot 
est  toujours  vrai.  Celte  polémique  fit  du  tort 
à  Kinker. 

(*)  Roorda,  an.  cité» 

{•)  VanderWgck,  p.  30. 


f*)  Cette  pièce  est  restée  inédite. 

(*)  Il  exhala  sa  haine  contre  la  domina- 
tion étrangère  dans  deux  odes,  StiUe  bemoe- 
diging  et  Weeklagt,  dont  les  accents  prophé- 
tiques relent! rent  dans  tous  les  cœurs^  (Ge- 
diehien,  t.  II,  p.  -15-33).  V.  Steger,  Brgàn- 
zungs-ConvemaîioHê'Lexicon,  Leipzig,  1846, 
t.  II,  p.  458et8ttlv. 


863 


KIN 


364 


toutes  les  parodies  de  Kinker  parurent 
devant  le  public,  et  plus  d'une  f<ris  :  les 
traductions  de  la  Pucelie  d^Orléam  et 
de  Marie  Sluart  eurent  «oins  de  chance, 
malgré  les  efforts  de  Wattier,  célèbre 
artiste  dramatique.  L'administration  du 
Théâtre  d'Amsterdam  »  paralt-ll,  n'ad- 
mettait pas  qu'on  s'écartâtde  la  poétique 
de  Boiieau,  et  peut-être  avait-elle  des 
raisons  de  croire  que  les  chefs-d'œuvre 
de  Schiller  plairaient  moins  au  public 
que  les  drames  de  Kotzebue  et  d'Iffland, 
voire  même  que  les  mélodrames  de 
Pîxérécourt(*). 

C'est  sans  doute  en  traduisant  Schil- 
ler que  notre  poète  fut  amené  à  s'inté- 
resser spécialement  k  la  théorie  de  la 
versification.  Son  Essai  (Tune  prosodie 
kollandaise  rapportée  au  rkythme  des 
anct^iM,  couronné,  en  1810,  par  la  Hol- 
landsche  Maatschapp\i  van  fraije  Kuns- 
tenenWeicnsekappenMi  fit  le  plus  grand 
honneur:  on  peut  appeler  Kinker  le  lé- 
gislateur du  Parnasse  hollandais,  en  ce 
sens  du  moins  qu'il  Jeta  les  fondements 
d'une  prosodie  régulière  et  qu1l  donna 
l'exemple  de  rintroduction  de  l'élément 
rhythmique  dans  la  poésie  nationale  (  *  ). 
C'est  le  moment  de  faire  remarquer  qu1l 
était  grand  musicien.  Il  fallait  l'être 
pour  traduire  comme  il  l'a  fait  (4803), 
les  paroles  de  la  Création  de  Haydn  ; 
Helmina  en  Elize^  des  cantates  et  divers 
morceaux  lyriques  notés  par  des  artistes 
hollandais  sur  des  textes  de  Kinker, 
prouvent  en  outre  que  notre  poète  en- 


tendait admirablement  les  conditions  à 
remplir  pour  amener  l'accord  parfait  du 
langage  et  de  la  mélodie.  Il  est  extrê- 
mement regrettable  que  son  opéra  Meck- 
teld  van  Velsen  ne  soit  pas  entièrement 
terminé.  Le  compositeur  Bertelman,  qui 
s'était  chargé  de  le  mettre  en  musique, 
mais  qu'une  faiblesse  de  santé  força 
dlnterrompre  ses  travaux,  en  parlait 
comme  d'un  chef-d'œuvre  (').  Kinker, 
instrumentiste  habile,  s'occupait  en  ou- 
tre de  la  théorie  et  de  l'histoire  de  l'art 
musical.  La  bibliothèque  de  l'Institut 
royal  des  Pays-Bas  possède  quelques 
manuscrits  qu'il  a  laissés  sur  ces  ma- 
tières, entr'autres  des  Réflexions  sur  la 
musique  des  Grecs.  Nous  devons  k  Fo- 
bligeam*«  de  M.  Ed.  Capitaine,  président 
du  la  Cour  du  duché  de  Limbourg  (*}, 
ami  intime  et  confident  de  Kinker  jus- 
qu'au dernier  moment,  communication 
de  quelques  fragments  de  ce  dernier 
travail.  11  y  définit  la  musique  des  Grecs 
une  peinture  pour  Voreille  ;  il  est  per- 
suadé que  les  Grecs  ont  connu  un  grand 
nombre  d'effets  et  de  délicatesses  dont 
les  modernes  s'attribuent  la  découverte  ; 
les  anciens,  dit-Il ,  marquaient  tout  en 
chiffres  et  avec  une  précision  telle,  qu'un 
sourd-muet  pourrait,  au  moyen  de  leur 
notation ,  acquérir  par  analogie  une 
sorte  d'intuition  de  la  différence  des 
tons.  Le  cadre  du  présent  travail  ne 
nous  permet  pas  d'insister  sur  ces  in- 
génieuses recherches;  signalons-en  seu- 
lement l'existence  et  espérons  qu'il  se 


(«)VanHatl,  p.  41. 

(*)  Moo8  faisons  allusion,  entr^autres,  à  sa 
belle  trtdvotioB  de  Tode  d'Horace  .*  Odipro- 
fifnum  vulgy$.  —  Les  trois  préfaces  des 
Cedichten  sont  des  plus  intéressantes ,  au 
point  de  vue  des  idées  théoriques  de  Kinker 
en  matière  de  versification.  —  Citons  encore, 
parmi  ses  essais ,  des  traductions  (inédites) 
du  premier  livre  de  Vltiade  et  de  VEunnque 
de  Térenoe.  H  faUutà  Kinker  beaucoup  de  xèle 
et  de  patience  pour  aboutir  à  un  résulUt  sa- 
tisfaisant, bien  que  les  langues  germaniques 
se  prêtent  mieux  que  la  nôtre  k  la  poésie 
H^ylbmée.  On  peut  d^s  à  présent  prévoir,  du 
reste,  que  ce  qui  a  réussi  en  Méerlande  réus- 
sim  anasi  ea  France.  Une  heureuse  initiative 
a  été  prise  dans  notre  pays  aième  :  on  con- 
naît les  tUudeM  rkyihmiqueM  dQ  M.  A.  Van 
Hnsselt  et  les  traductions  en  vers  rbythmés 
de  plusieurs  opéras  allOMuads ,  dues  |  ce 


même  écrivain  et  k  M.  J.-B.  Rongé,  composi- 
teur à  Liège.     - 

(MVanHall,  p.  «7-14. 

(*)  Nous  manquons  d'expressions  pour 
témoigner  dignement  notre  reconnaissance 
k  M.  Capitaine,  qui  a  bien  voulu  non-seule- 
ment nous  transmettre  copie  de  ces  docu- 
ments et  de  diverses  lettres  privées,  oii  Kin- 
ker entretenait  son  ami  de  ses  travaux,  mais 
nous  renseigner  sur  toutes  les  sources  à 
consulter  et  nous  initier  k  des  particularités 
inédiles  concernant  l'écrivain  et  le  profes- 
seur. Nos  remerclmenU  s'adressent  égale- 
ment à  M.  Stas,  aneien  conseiller  k  la  ik>nr 
de  cassation  do  Belgique,  dont  les  indica* 
tiofis  et  les  souvenirs  personnels  nous  ^nt 
grandement  servi.  Si  nous  parvenons  k  don- 
ner une  assez  juste  idée  du  mérite  de  Kinker, 
c'est  k  ces  excellents  appréciateurs  que  ce 
résultat  sera  dC^. 


365 


KIN 


36« 


trouvera,  tôt  ou  tard,  quelque  vrai  con- 
naisseur pour  les  tirer  de  l'oubli  ('). 

Kinker  élargit  de  jour  en  jour  le  cercle 
de  ses  éludes:  la  rhytbmique  et  la  mu- 
sique le  conduisirent  à  la  théorie  de  la 
déclamation  ,et,par  une  pente  insensible, 
à  des  observations  sur  l*art  de  bien  pro- 
noncer ;  finalement,  il  se  jeta  en  plein 
dans  la  linguistique.  Sur  ce  dernier 
terrain,  il  rencontra  encore  Bilderdijk, 
mais  cette  fois  pour  combattre  ses  théo- 
ries grammaticales  (*).  On  regrette  ici 
de  voir  Kinker,  à  propos  d'orthographe, 
ne  garder  aucun  ménagement  envers  un 
ancien  ami.  Je  sais  bien,  dit-il,  que 
j'attaque  un  géant  armé  de  la  massue 
d'Hercule.  Ce  n'était  certes  pas  une 
raison,  eût-il  oublié  le  passé,  pour  avoir 
recours  à  l'ironie  et  au  sarcasme.  Tout 
autre  est  le  ton  de  Siegenbeek,  dont  les 
observations  sur  le  même  ouvrage  ont 
été  publiées  à  la  suite  du  factum  de 
Kinker.  Bilderdijk ,  de  son  coté ,  ne  se 
montra  pas  tendre  à  l'endroit  de  son 
adversaire  ;  on  peut  juger  de  son  irri- 
tation et  de  sa  rancune  par  c^s  vers: 

Boemt,  roflmt  nw  Berf  er»,  rMUil  aw  Kinken  in  (fat 

fsoort, 
Dat,  ower  wurdiff.Tan  de  FichNche  hellcnirls  jjloort, 
Verwalen  mntRelt.datCotl  lelfin  *t  «anrirht  lastert, 
ITit  apen  Toort^ebroeiti,  tôt  npeo  weâr  verbuterd  ^ 
M«ar  ooemt  ge«n  kemper.   Neen  ,  miin  Dichtlier 

[wts  Mm  w«ard  ; 
Bj  wias  mju  Trteod.V«n(omtI  «o  rastbij  zacbt  ittd« 

[aard. 

Ces  querelles  d'allemand  n'ont  d'ail- 
leurs rien  enlevé  au  mérite  du  travail  de 
Bilderdijk  ni  à  la  portée  sérieuse  des 
remarques  de  son  antagoniste.  Bilder- 
dijk joignait  à  son  talent  d'écrivain  une 
prodigieuse  érudition  :  malheureuse- 
ment son  esprit  était  paradoxal  (  '  )  et 
son  caractère  aigri.  La  Spraakleer  est 
savante  et  mûrement  conçue;  mais  à 
côté  de  grandes  vérités  et  de  données 
vraiment  instructives ,  on  y  trouve  les 
excentricités  les  plus  impardonnables. 
La  critique  de  Kinker,  si  l'on  ne  prend 


point  garde  aux  inutiles  violences  de 
Tardent  polémiste,  et  restée  un  précieux 
document  k  consulter  par  tous  ceux  qui 
désirent  acquérir  une  connaissance  ap- 
profondie de  la  langue  hollandaise. 
Kinker,  nous  Tavons  dit  au  début  de  cet 
article,  était  un  vrai  philologue  :  non 
seulement  il  écrivait  avec  une  rare  per- 
fection sa  langue  maternelle  ;  non  seule- 
ment l'anglais,  l'allemand  et  le  français 
lui  étaient  tout  aussi  familiers;  mais  il 
était  grand  latiniste,  bon  helléniste  et 
orientaliste  distingué.  Il  étudia  entr'au- 
tres  la  langue  copte,  pour  parvenir  à 
déchiffrer  un  manuscrit  appartenant  au 
professeur  Willmet,  et  sur  lequel  on 
l'avait  consulté  C),  On  peut  voir,  en 
parcourant  les  Mémoires  de  la  3*'  classe 
de  l'Institut  des  Pays-Bas,  comment  sa 
persévérance  fut  couronnée  de  succès. 
Tout  en  se  livrant  ainsi  aux  occupa- 
tions les  plus  variées,  il  restait  essen- 
tiellement philosophe.  Ses  recherches 
philologiques  n'avaient  pas  pour  but  la 
satisfaction  que  peut  procurer  l'érudi- 
tion pure  ;  elles  devaient  lui  servir  à 
concevoir  et  à  formuler  une  théorie  phi- 
losophique du  langage.  Dès  i8i7,  il 
exposa  ses  vues  sur  ce  sujet  à  la  y  classe 
de  l'Institut.  C'est  par  l'analyse  de  la 
faculté  pensante  qu'il  veut  arriver  aux 
lois  du  langage,  lequel  n'est,  dit-il,  que 
la  raison  incarnée  (het  besklde  kleed  der 
rede).  Le  langage  est  sorti  de  l'esprit 
humain:  c'est  à  l'esprit  qu'il  faut  remon- 
ter Quand  même  toutes  les  langues 
parlées  périraient,  la  véritable  langue, 
la  langue  pensée^  subsisterait  encore. 
Ainsi  s'explique  la  parenté  de  tous  les 
idiomes  :  leurs  formes  et  leurs  éléments 
essentiels ,  primitifs ,  ne  sont  que  le 
moule  de  l'intelligence,  qui  est  partout 
la  même.  On  reconnaît  ici  le  disciple  de 
Kant:  nous  sommes  en  pleine  doctrine 
des  catégories.  11  n'y  aurait  donc,  au 
fond,  qu  un  seul  système  de  langues. 


(  ')  Le  Iravail  de  Kinker  fui  l'objet  de  plu< 
sieurs  lectures  ,  Ji  la  3<*  classe  de  rinstitut. 
Il  répondait  à  la  question  posée  par  celle 
assemblée  :  0/  de  Toonkunst  bij  de  Grieken 
al  dan  niei  aanspraak  kon  maken  op  meer^ 
dere  voortreffelijkheidf  boven  die  der  beden- 
daagtehe  ? 

{*)  Btùordeeling  van  M,  W,  BUderdijk'ê 


NederUutdsche  Spraakleer  (4899). 

(')  A  preuve  le  trait  suivant  :  vers  la  fin 
de  sa  vie,  il  soutenait  que  trois  découvertes 
avaient  tout  gâtd  dans  les  sociétés  modernes: 
l'imprimerie,  les  pommes  de  terre  et  la  vac- 
cine. Bilderdijk  mourut  à  Leyde  en  483S. 

{*)  Ce  Ms.  est  aujourd'hui  déposé  dans  la 
Bibl.  de  l'Institut  des  Pays-Bas. 


367 


KIN 


368 


Kinker  ne  s'est  point  suffisamment  pré- 
occupé du  fond  même  de  la  question, 
qui  est  d'expliquer  Findividualisatlon 
des  signes.  Sa  théorie  est  trop  exclusi- 
vement mécanique ,  ses  généralisations 
sont  hâtives  ;  il  n'en  est  pas  moins  \rai 
qu'en  beaucoup  de  points,  il  s'est  montré 
ici  tout-à-fait  supérieur  à  ses  contem- 
porains. Si  P.  Kerst^  (M  avait  connu 
son  travail,  il  lui  aurait  certainement 
accordé  une  place  d'honneur  dans  la 
galerie  des  adversaires  du  bonaldisme. 
Les  événements  de  i  81 5  détournèrent 
le  cours  des  idées  de  Kinker;  il  descendit 
dansl'arënepolitiqueetfondatoutexprès 
un  journal,de£ferilMUitt«^er  (le  Ruminant), 
où  il  exprima  sa  pensée  sur  tes  affaires 
du  temps  et  sur  les  questions  d'intérêt 
public,  avec  la  liberté  la  plus  entière. 
Pendant  trois  ans  (4815-1817),  il  sou- 
tint presque  seul  tout  le  fardeau  de  la 
rédaction  du  Herkaauwer;  sans  se  laisser 
remorquer  par  aucun  parti ,  taxant  de  stu- 
pidité lesdémocrates  et  combattant  avec 
une  verve  passionnée  ce  qu'il  appelait 
VesprU  de  Loyola  (  ■  ),  Il  professa  un  genre 
de  libéralisme  qui  devait  lui  attirer  la 
bienveillance  du  roi  Guillaume.  Par 
dessus  tout  il  était  hostile  à  l'influence 
française,  et  il  faisait  peu  de  cas  du 
régime  constitutionnel.  A  son  sens,  le 
souverain  devait  tenir  d'une  main  ferme 
les  rênes  du  char  de  l'Etat  ;  un»  admi- 
nistration forte,  une  bonne  instruction 
primaire ,  point  de  division  des  pou- 
voirs, point  de  contrôle  sur  les  actes 
de  l'autorité,  tel  était,  suivant  lui,  l'i- 
déal que  devait  poursuivre  la  Hollande. 
Il  ne  répugnait  nullement  aux  mesures 
préventives  et  repoussait  même  les 
libertés  dont  il  croyait  qu'on  pourrait 
aisément  abuser.  Cette  doctrine  lui  sem- 
blait également  propre  à  préserver  le 
pays  de  l'anarchie  et  de  la  tyrannie  ; 
ce  fut  son  illusion  comme  celle  de  son 
roi.  Cependant  Guillaume  1^,  tout  on 
faisant  grand  cas  de  Kinker  ('),  trouva 
peut-être  son  zèle  un  peu  gênant;  peut- 
être  aubsi  jugea-t-il  qu'un  pubtictsle 
de  ce  caractère  le  servirait  plus  uti- 


lement dans  les  pro\inces  du  Sud  que 
dans  celles  du  Nord.  Quoiqu'il  en  soit, 
Kinker,  fut  nommé,  en  1817,  profes- 
seur de  littérature  hollandaise  à  l'Uni- 
versité de  Liège.  Son  ami  Falck  ne  fut 
certainement  pas  étranger  à  cette  dé- 
cision, qui  du  reste  sembla  parfaite- 
ment convenir  ù  celui  qui  en  était 
l'objet.  Il  se  plut  à  considérer  sa  mis- 
sion comme  civilisatrice  :  nous  holian- 
dweVy  c'était  à  ses  yeux  nous  polir. 
Bosscha  traduisit-cette  pensée  dans  un 
quatrain  qui  dut  médiocrement  flatter 
les  Liégeois,  s'ils  le  connurent  alors  : 

Pellere  barbariem,  cultseqco  mUoeirere  liogtic. 

Kinkeril  iodoeiles  adcrâdiere  viros? 
Herfalii>  lalwir  est,  Msd  lorti  periore  ili;enu-, 

Ualvric^  famas  polc-broqao  et  umpla  lux. 

M.  C.  Van  Hall  se  montra  plus  ai- 
mable en  dédiant  à  son  tour  à  Kinker 
quelques  vers  hollandais  :  il  se  félicita 
seulement  de  ce  que  les  chants  de  Hooft 
et  de  Vondel  se  feraient  désormais  en- 
tendre dans  la  patrie  de  Grétry. 

Le  nouveau  professeur  eut  besoin  de 
toute  sa  présence  d'esprit  et  du  presti^^e 
de  son  talent  pour  dompter  la  jeunesse 
universilaiie,  qui  attribuait  dès  lors  au 
gouvernement  une  arrière-()ensée.  Lors- 
que Kinker  parut  pour  la  première  fois 
dans  Taudiloire  ,  quelques  étudiants 
murmurèrent  ie  nom  d'Esope.  —  Eh  î 
messieurs,  répliqua-t-il  sans  sourciller, 
Esope  faisait  parler  les  bêtes  ;  moi,  j'es- 
père enseigner  à  parler  à  des  gens  (lolis. 
-^  La  tribune  était  barricadée  :  il  y  jette 
un  coup-d'œil ,  puis ,  se  tournant  vers 
les  élèves  avec  un  demi-sourire  :  Mes- 
sieurs !  dit-il  encore,  faut-il  prendre  la 
chaire  hollandaise  à  l'assaut?  —  En  un 
moment,  bancs  et  tables  furent  remis  à 
leur  place,  et  la  leçon  d'ouverture  s'a- 
cheva sans  encombre  (*).  La  réaction 
fut  aussi  durable  qu'elle  avait  été  spon- 
tanée :  l'éloquence  de  Kinker  (qui  s'ex- 
primait fort  bien  en  français,  ce  qu*on 
ne  pouvait  dire  de  tous  ses  collègues 
hollandais  ou  allemands),  son  goût  dé- 
licat en  littérature,  la  tournure  piquante 
de  son  esprit,  son  affabilité  enfin  lui 


(  *  )  Essai  sur  f activité  du  principe  pen- 
sant considéré  dans  Vinstitution  du  langage, 
Liège,  1851-1863,  3  vol.  in-8o. 

(*)  V.  le  t*  II  des  Gedichun,  p.  68-88. 


(')  Il  loi  décerna,  en  1817,  la  croix  de 
l'Ordre  du  Uon  Nëertandats. 
(*)  Van  Hall,  p.  78. 


369 


KIK 


370 


eurent  bientôt  conquis  des  partisans. 
11  recevait  volontiers  chez  lui  les  Jeunes 
gens  dont  les  dispositions  Pavaient 
frappé  ;  le  charme  de  sa  conversation, 
éloi^ée  de  tonte  pédanterie ,  aussi 
amusante  qu'instructive,  leur  faisait  dé- 
sirer d'y  retourner  le  plus  souvent  pos- 
sible (*).  Le  but  de  Kinker,  en  grou- 
pant autour  de  lui  l'élite  de  ses  élèves, 
était  d'aider  à  cimenter  l'union  des 
provinces  wallonnes  avec  la  Hollande» 
par  le  rapprochement  des  traditions 
des  deux  pays  et  par  la  propagation 
insensible  de  la  langue  hollandaise 
dans  nos  contrées.  Les  entretiens  du 
maître  et  des  disciples  finirent  par  de- 
venir hebdomadaires  :  une  Société  ré- 
gulière fut  constituée  (4822)  sous  le 
nom  de  Tandem  (par  allusion  aux  espé- 
rances du  fondateur,  qui  comptait  bien 
pouvoir  dire  un  Jour  :  Tandem  fit  cir- 
cuivs  arbor).  L'étude  de  la  langue  et  de 
la  littérature  néerlandaises,  le  progrès 
des  lumières,  le  développement  du  sen- 
timent national ,  tel  fut  le  programme 
inscrit  à  Fart.  \  du  règlement.  Nous 
laissons  la  parole  à  M.  Ed.  Capi- 
taine (')  :  «  La  Société  Tandem  se 
composait  de  dix  membres  effectifs  et 
d'un  nombre  indéterminé  de  membres 
honoraires.  Pour  être  membre  effectif, 
il  fallait  être  élève  de  TUniversilé,  pos- 
séder assez  le  hollandais  pour  |>ouvoir 
s'exprimer  dans  cette  langue,  être  ami 
du  progrès  et  de  l'ordre  des  choses 
existant  à  cette  époque  dans  les  Pays- 
Bas.  En  quittant  l'Université,  les  mem- 
bres effectifs  devenaient  membres  ho- 
noraires. On  se  réunissait  chez  le  pro- 
fesseur Kinker  tous  les  lundis,  de  5  i/a 
à  8  i/s  h.  du  soir.  Pendant  les  réunions, 
il  n'était  permis  de  parler  qu'en  hol- 


landais. Chaque  membre,  à  tour  de 
rôle,  devait  produire  une  composition 
sur  tel  sujet  qu'il  trouvait  convenable. 
Ce  travail  était  remis  à  un  autre  mem- 
bre qui,  dans  la  séance  suivante,  devait 
en  rendre  compte  et  y  noter  toutes  les 
fautes  de  langue.  Après  la  lecture  de 
cette  revue,  chacun  émettait  son  opi- 
nion ;  parfois  la  discussion  se  prolon- 
geait et  s'animait.  Le  professeur  re- 
voyait en  dernier  lieu  toutes  les  com- 
positions et  notait  les  fautes.  Si  le 
membre  chargé  de  la  première  correc- 
tion avait  laissé  échapper  quelque  faute, 
il  avait  à  expier  sa  négligence.  Chaque 
faute  était  frappée  d'une  amende,  une 
l'on  déposait  dans  la  boetekas  qui  se 
trouvait  sur  la  table.  On  lisait  aussi 
des  écrivains  hollandais,  etc.—  Les  réu- 
nions étaient  ordinaires  et  extraordi- 
naires. Aux  réunions  ordinaires,  Kinker 
offrait  du  thé  ;  aux  réunions  extraordi- 
naires, du  vin  :  c'étaient  celles  où  l'on 
célébrait  les  fêtes  nationales.  A  la  fin 
de  l'année  académique,  soit  dans  un 
hôtel  de  Liège  .  soit  à  Chaudfontaine  , 
on  dinait  ensemble  aux  dépens  de  la 
boite  aux  amendes.  Quand  celle-ci  n'é* 
tait  pas  assez  bien  fournie,  ce  qui  arri- 
vait presque  chaque  année,  Kinker  sup- 
l)onait  le  reste  des  frais.  Dans  ces 
petites  solennités,  les  membres  qui 
allaient  quitter  Liège  ou  TUniversité 
faisaient  leurs  adieux  et  recevaient  leur 
diplôme  de  membre  honoraire.  » 

L'intime  conviction  de  Kinker  était 
que  l'union  des  10  provinces  ne  |>ouvait 
éire  que  grandement  avantageuse  aux 
uns  et  aux  autres,  et  rien  ne  lui  pa- 
raissait plus  propre  à  cimenter  cette 
union,  que  l'introduction  en  Belgique 
de  la  langue  dont  se  servait  le  souve- 


(  *  )  Nous  citerons  parmi  les  disciples  de 
Kinker,  outre  M.  Ed.  Capitaine ,  dont  il  fit 
plus  tard  on  ami  intime,  MM.  i.-B.  Nothomb 
(aujourd'hui  minisire  de  Belgique  è  Berlin)  ; 
i.-F-X.  WQrth  (v.  ce  nom),  qui  lui  dédia  ses 
Leçons  de  littérature  koiiandaise  ;  le  lieute> 
nant  d'artillerie  Van  Eichslorir,  qui  iraduisit 
en  allemand  quelques-unes  de  ses  poésies  ; 
le  poète  Weustenraad  ;  Stedman  (membre  de 
l'Assemblée  de  Francfort  en  1848  et  1849); 
le  conseiller  Stas,  et  enfin  l'avocat  Jottrand, 
de  Bruxelles,  qui  rendit  un  pieux  hommage 
à  la  mémoire  de  son  maUre  dans  le  Hotter- 


damsche  courant ,  le  46  février  48S0. 

;'.M.  Ed.  Capitaine  fut,  ainsi  que  son 
beau-frère  M.  Stas,  l'un  des  membres  les 
plus  zélés  de  la  Société  Tandem,  A  diffé- 
rentes époques ,  MM.  Wûrtb,  Paquet,  Jot- 
trand, Weustenraad,  Beving,  G.-L.-J.  Heu- 
schling,  A.  Nicoiaï  (de  Bruxelles),  Strens, 
aujourd'hui  procureur-général  &  Maestrichi, 
Putzeys  (secr. -général  du  dép.  de  la  justice), 
Hermans  (juge  de  paix  à  Liège),  Verduchène 
(avocat  à  Maestrichi),  Van  Affefden,  Fr. 
Behr,  etc.,  firent,  eotr'autres,  partie  de  ce 
Cercle. 


371 


KIN 


372 


rain  Iw-mème.  Pour  se  mieax  initier  à 
Tesprit  des  popalalioos  wallonnes,  qu*il 
avait  à  coeur  de  convertir  ^  ses  idées. 
Il  étudia  leur  pittoresque  idiome  et  finit 
même  par  le  parler  couramment.  11  y 
reconnaissait  beaucoup  d'éléments  ger- 
maniques et  se  disait  que  c'était  autant 
de  pris  sor  Tennemi.  Son  zèle  s*atte8te 
par  quelques  vers  wallons  insérés  dans 
sa  boutade  originale  M^n  afscheid  aan 
ket  IJ  en  den  Amstel^  composée  en 
1848: 

Gimn  *o  mmi  eitU  po  n'fé  rin  / 
Lige,  ma  dtuaetmt  |wlr#i«/  / 
Fb  b*n  kig'  kuirt  on  paslin  (  * }. 

Help  mij,  daar,  <le  doizend  kUnken 

Vaa  nw  moederspraak,  Hretry  I 
Yormtn^  Imf  m*  «r  «Bgf  on  :  —  Li  konr 

Mi  r'montt  jusqu'à  ffoxy  ! 
Ureng  mij  daar  bet  Anuliafh-Keltisch- 

Prankaehe  oeérduitwk  vaor  't  Mboor. 
Laat  mij,  i»\{9,  de  hout-ti-plouêche 

Dorpsproak  kitllen  in  bet  oori  (*}. 

Le  caractère  des  Liégeois  plaisait  k 
Kinker  :  il  aimait  leur  esprit  vif,  leur 
gaité  franche,  leur  hospitalité  cour- 
toise. Sans  la  RévoUition,  il  ne  nous 
auraitjamais  quittés  (').  Il  s'intéressa 
non-seulement  à  notre  dialecte  popu- 
laire, mais  encore  à  notre  histoire  ; 
impossible  de  ne  point  lui  pardonner  sa 
qualité  de  Hollandais.  Mais  les  chefs  des 
patriotes  liégeois,  en  1850,  ne  pensaient 
pas  comme  Tes  jeunes  gens  qui  avaient 
vécu  dans  son  intimité,  o  Kinker,  nous 
écrit  M.  Stas,  fut  arrêté  comme  otage 
au  mois  de  septembre  ;  on  voulait  ob< 
tenir  ainsi  Télargissement  de  M.  Behr, 
pris  à  S'^-'Walburge.  L'échange  des  pri- 
sonniers fut  négocié  par  M.  Ed.  Capi- 
taine, qui  fit  alors  de  fréquents  voyages 
entre  Liège  et  Maestricht.  De  mou  côté, 
J*activai  l'affaire  auprès  des  autorités 
hollandaises  de  cette  dernière  ville. 
Après  sa  libération  (*),  Kinker  passa 


par  Maestricht,  où  il  vint  m'embrasser  : 
je  le  conduisis  à  la  barque  de  Hollande. 
Je  fus  ainsi  le  dernier  élève  et  ami  qui 
lui  serra  la  main  au  moment  où  il 
quitta  la  Belgique,  qu'il  ne  devait  plus 
revoir,  bien  qu'il  Faimât  sincèrement.  » 

Tous  les  anciens  élèves  de  Kinker 
s'accordent  à  faire  le  plus  grand  éloge 
de  son  talent  de  professeur.  «Jamais je 
n'oublierai,  dit  encore  M.  Stas,  les  le- 
çons que  je  lui  ai  entendu  donner  sur 
Vondcl,  entr'aulres  sur  le  Lucifer. n  On 
ne  savait  ce  que  l'on  devait  le  plus  ad- 
mirer, de  son  éloquence  ou  de  sa  science 
à  la  fois  profonde  et  variée.  Nous  avons 
rappelé  qu'il  était  grand  latiniste.  «  Un 
livre  dont  il  recommandait  la  lecture 
aux  jeuhes  gens,  dans  son  cours  de  lit- 
térature, était  le  De  OraLore  de  Cicéron. 
11  préférait  cet  ouvrage  à  la  plupart  des 
autres  traités  de  rhétorique  :  d'abord, 
parce  que  Cicéron  s'y  place  à  un  point 
de  vue  élevé  et  pbitosophique,  qu'il  y 
considère  l'éloquence  dans  ses  rapports 
avec  l'ensemble  des  connaissances  hu- 
maines et  en  fait  un  peu  l'encyclopédie  ; 
ensuite,  parce  qu'il  y  joint  l'exemple  au 
précepte  (").  »  Kinker  pratiquait  lui- 
même  les  conseils  du  grand  maître ,  et 
à  son  tour  pouvait  servir  de  modèle  à 
ses  disciples. 

Les  soins  du  professorat  ne  ralen- 
tirent point  son  activité  littéraire.  De 
son  séjour  à  Liège  datent  quelques-uns 
de  ses  travaux  les  plus  importants.  Il 
ne  se  laissa  point  oublier  en  Hollande  ; 
en  1819,  il  y  publia  ses  poésies  (Amster- 
dam, 5  V.  in  %"")',  en  1820,  il  développa 
ses  théories  philosophiques  et  ses  as- 
pirations dans  une  Ode  à  l'empereur 
Alexandre  de  Russie,  qui  fut  autant 
remarquée  par  ses  hardiesses  que  par 
son  grand  style;  les  Mémoires  de  l'In- 


(M  âtc.  Nous  respectons  l'orthogniphe  de 
l'atttear. 

(•)  Gediekien,  i.  III,  p.  493  et  494. 

(')  Au  moment  où  la  séparation  allait  de- 
venir un  fait  accompli,  il  dit  même  k  Vnn  de 
ses  amis  qui  lai  maDiresiait  rintenlion  de 
s'établir  dans  les  proviaoes  du  Nord  :  —  Y 
serez^vDus  mieux  qu'à  Liège  ?  Les  pommes 
de  terre  sont-elles  moins  tonnes  ici  que  là- 
bas  ?  —  Le  patriote  était,  comme  on  voit, 
doublé  d'un  cosmopolite. 

(*)  Belges  et  HoUandais  se  rencontrèrent 


à  Tongres,  où  M.  F.  Capitaine,  qui  avait  été 
chargé  d'escorter  la  voiture  de  Kinker,  fut 
fort  étonné,  en  arrivant  è  rhôtel-de-ville,  de 
voir  apparaître  son  propre  frère  en  compagnie 
du  prisonnier.  L'affiiire  arrangée  ,  Kinker 
demanda  aux  envoyés  belges  s'il  pouvait 
aller  où  il  voulait.  «  Sans  doute.  —  En  ce 
«as,  je  vous  accompagne  k  Liège.  »  Il  ne  nous 
quitta,  en  elfet,  que  tors  de  la  suppression 
de  la  Faculté  des  lettres.-^  M.  Ed.  Capitaino 
le  conduisit  jusque  Bois-le*  Duc. 
(")  Extrait  d'une  leUre  de  M.  SUIS. 


373 


KIN 


374 


stitoi  des  Pays*Bas,le  MuzefhÀlmanak 
restèrent  çn  outre  les  confidents  de  ses 
études  ou  de  ses  inspirations  nouvelles. 
Le$  Leçons  de  littérature  hollandaise  de 
U.  Wûrtb  renferment  plusieurs  mor- 
ceaqx  de  la  même  époque  ;  d*autres  n*ont 
paru  que  plus  tard,  entr'autres  une  belle 
traduction  dq  Chant  de  la  Cloche ,  de 
Schiller.  Il  eut  aussi  Foccasion  de  s*oc- 
çuper  d'instruction  publique,  à  propos 
de  la  métbode  de  Jacotot  (v.  les  art. 
Dk  Rkiffskderg  et  Wû&th),  sur  laquelle 
le  roi  Guillaume  avait  ordonné  une  en- 
quête. Son  rapport,  où  les  avantages  et 
les  inconvénients  de  VEnseignemenl  uni- 
versel  étaient  discutés  sans  rélicences, 
n*eut  pas  la  chance  de  plaire  au  Fonda- 
i€ur^  qui  adressa  même  au  roi  un  mé- 
moire en  réponse  à  Kinker.  Cette  pièce 
a  été  imprimée  :  le  professeur  de  Liège 
y  est  qualifié  de  «  philosophe  érudlt. 
qui  a  raisonné  sur  des  expériences  qu'il 
n'a  point  faites».  Kinker  écrivit  ^  M. 
Jottrand  :  «  Notre  homme  pourrait  bien 
avoir  raison.  Je  crains  seulement  qu'en 
exagérant  ce  qu'il  y  a  de  bon  dans  celle 
méthode,  on  ne  la  rende  plus  nuisible 
qu'utile  (M.» 

A  cette  période  se  rattachent  encore 
un  mémoire,  accueilli  par  l'Instilut  (*), 
Sur  VutUité^  pour  la  haute  philosophie, 
de  la  connaissance  empirique  de  la  lin- 
guistique générale^  et  des  Lettres  sur  le 
droit  naturel,  un  des  principaux  ou- 
vrages de  Kinker.  Ces  lettres,  adressées 
à  P.  Yan  Hemert,  virent  le  jour  à  Ams- 
terdam en  1825.  Écrites  à  l'occasion 
d'un  travail  de  Bilderdijk  sur  le  même 
sujet  ('),  elles  furent  le  premier  bran- 
don de  discorde  jeté  entre  les  deux  an- 
ciens amis,  la  querelle  grammaticale 
dont  nous  avons  parlé  ne  remontant 
qu'à  I83D.  Kinker  commence  par  dé- 
clarer que  les  erreurs  de  Bilderdijk  ne 
mériteraient  peut-être  pas  une  réfutation, 
si  elles  n'étaient  d'autant  plus  dange- 
reuses quelles  se  présentaient  sous  le 
couvert  d'un  nom  respecté.  Au  nom  de 
la  science,  d'autre  part,  il  ne  croit  pas 
pouvoir  transiger.  Bilderdyk  soutient 
que  le  droit  repose  sur  le  besoin  :  or 


les  besoins  de  l'homme  sont  infinis,  d'où 
il  résulte  que  ses  droits,  pris  en  eux- 
mêmes,  le  sont  aussi;  nous  voilà  en  état 
de  guerre.  C'est  la  doctrine  de  Hobbes. 
dit  Kinker  :  bellum  omnium  contra  omnes. 
Il  y  a  pourtant  cette  dilTérence  que,  se- 
lon Hobbes,  l'état  de  guerre  est  notre 
état  naturel,  et  que,  selon  Bilderdijk, 
c*est  précisément  le  contraire.  Les  hom- 
mes ne  naissent  pas  égaux  :  il  y  a  par- 
tout, et  nécessairement,  une  autorité, 
à  commencer  par  celle  du  père:  c'est  là 
le  correctif.— Fondez  donc  sur  de  telles 
bases  la  morale  et  le  droit  !  reprend 
notre  impitoyable  critique  :  la  patria 
potestas  elle-même  émane  de  la  société 
civile.  Vous  mettez  en  péril  ridée  du 
devoir  en  même  temps  que  celle  du 
droit.  Le  mot  droit  signifie  deux  choses  : 
une  faculté  et  une  règle.  Dans  le  premier 
sens,  il  s'agit  de  ce  qu'on  peut  faire  ; 
dans  le  second  sens ,  de  ce  qu'on  doit 
faire  :  le  droit  est  la  loi  elle-même.  Quel 
est  le  contenu  de  la  loi  ?  Voilà  la  vraie 
question.  Appartient-il  à  la  volonté  de 
commander  ou  de  se  soumettre  ?  C'est 
la  ra»<m  qui  est  souveraine  et  qui  seule 
peut  justifier  le  droit. — L'idéal  de  Kin- 
ker est  lelui  de Kant, un  rigorisme  trè^- 
iogique,  mais  qui  malheureusement  ne 
descend  pas  des  hauteurs  de  l'abstrac- 
tion. On  a  rangé  parmi  les  utopies  son 
projet  de  législation  universelle  et  l'on 
n'a  pas  eu  tort  :  sa  réfutation  de  Bil- 
derdijk n'en  est  pas  moins  fondée.  Ce- 
pendant le  droit  naturel  a  des  racines 
plus  profondes  que  les  deux  adver- 
saires ne  Tout  supposé  :  l'homme  n'a 
pas  seulement  des  besoins,  mais  des 
affections;  l'amour  est  un  lien  social 
plus  puissant  que  l'autorité,  et  la  froide 
raison  ne  peut  justifier  que  le  droit 
strict.  L'œuvre  de  Kinker  honore  son 
auteur;  mais  elle  n'a  plus,  en  somme , 
qu'une  importance  historique. 

Nous  trouvons  très-naturel  qu'un 
kantien,  surtout  nn  poète ,  ait  fait  une 
excursion  dans  le  domaine  de  l'esthé- 
tique. Dans  lets  over  het  schoone,  mé- 
moire académique  publié  en  4826. 
Kinker  soutient  que   la  beauté  est 


(M  Van  Hall,  p.  88.  (  ')  Korte  ontwikketing  der  gronda  van 

('jSurle  rapport  de  Schroeder  et  Cla-      k$(  natuurre^t, 
risse. 


378 


KIN 


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objective.  Notre  goût  la  reconnaît  et 
la  proclame,  mais  n'en  est  point  le 
Créateur.  Théorfe  opposée  à  celle  de 
Voltaire,  pour  qui  le  t6  yuûJb^  n*est  pas 
plus  le  même  partout ,  que  la  mode  de 
Paris  n*est  semblable  à  celle  de  Pékin. 
Il  s*agit,  bien  entendu,  de  la  beauté 
sensible  :  la  beauté  morale,  au  con- 
traire, frappe  tout  le  monde  :  il  n'y  aura 
jamais  qu'une  voix  sur  le  dévouement 
de  Codrus,  par  exemple.  Voltaire  con- 
fond le  beau  avec  Vagrénble  :  la  beauté 
proprement  dite,  ainsi  que  Kant  Ta  fait 
remarquer,  nous  procure,  à  vous  comme 
à  mol,  une  satisfaction  désintéresHée. 
Mais  en  quoi  réside-t-elle?«  La  beauté, 
dit  encore  Kant ,  est  comme  la  forme 
sous  laquelle  nous  saisissons  dans  la 
nature  une  conformité  â  des  fins  (Zwcck- 
màssigkeit) ,  mais  sans  nous  représen- 
ter ces  fins  elles-mêmes  (  on  ne  com- 
prend pas  la  beauté,on  la  sent),  nGrande 
vérité ,  reprend  Kinker  ;  mais  ce  n>sl 
pas  tout.  Une  autre  condition  est  né- 
cessaire :  il  n'y  a  véritablement  beauté 
qu'en  raison  de  la  corrélation  analo- 
gique des  formes  sensibles  avec  une 
idée.  D'après  cela ,  selon  notre  philo- 
sophe, la  beauté  est  mystique  ou  aUé- 
gotique.  Mystique ,  elle  rapporte  à  un 
but  le  monde  matériel  ;  allé^'orique , 
elle  est  l'incarnation  du  monde  spiri- 
tuel. Nous  n'aborderons  pas  la  discus- 
sion de  cette  thèse,  dont  la  proposition 
fondamentale  rapproche  Kinker  de  l'é- 
cole de  Schelling ,  que  cependant  il 
n'aimait  guère  ;  disons  seulement  avec 
M.  Van  derWijck qu'une  esthétique  es- 
sentiellement basée  sur  le  principe  de 
l'analogie  mérite  à  bon  droit  l'épithète 
û'exclusive  {*), 

Le  même  critique  nous  parait  en  re- 
vanche pousser  la  sévérité  à  l'excès , 
lorsqu'il  déclare  (p.  45)  bon  2k  jeter  au 


feu  le  dernier  ouvrage  philosophique  de 
Kinker,  VEssai  sur  le  dualisme  de  k 
raison  humaine  ('),  écrit  en  français... 
très-peu  français,  il  est  vrai;  mais  le 
style  est  ici  chose  secondaire.  Avant 
tout ,  notons  qu'ù  partir  de  ses  IMtres 
sur  le  droit  naturel ,  Kinker  a  cessé 
d'être  un  pur  kantien  :  «  Il  répudie  au- 
jourd'hui ce  nom,  dit  M.  Roorda;il 
n'accepte  que  le  titre  de  philosophe  eri- 
iique  (  '  ).  »  Son  but  avoué,  dans  Y  Essai, 
est  de  perfectionner  le  criticisme  au 
point  de  vue  de  la  raison  pure,  et  de  le 
compléter  au  point  de  vue  de  la  raison 
pratique.  Kant  a  soutenu  que  les  caté- 
gories ne  s'appliquent  qu'aux  objets  de 
IVxpérience  externe  ;  il  n'a  pas  vu,  dit 
Kinker,  qu  elles  s'appliquent  tout  aussi 
bien  à  l'expérience  interne,  c'est-à- 
dire  aux  phénomènes  perçus  par  le  sens 
intime.  La  critique  Kantienne  est  donc 
trop  étroite  ;  de  plus,  le  philosophe  de 
Kœnigsberg  n'a  pas  même  essayé  de 
justifier  son  affirmation.  Les  deux  seuls 
passages  de  la  Critique  de  In  raison 
pure  (*)  où  il  conteste  que  les  catégo- 
ries interviennent  dans  le  domaine  du 
sens  intime  ne  prouvent  nullement  ce 
qu'il  avance.  Or,  la  critique  ne  com- 
prendra réellement  les  principes  de 
toutes  les  sciences  accessibles  à  l'es- 
prit humain ,  que  lorsqu'elle  aura  pris 
pied  sur  le  terrain  de  la  morale,  en  ap- 
pliquant les  catégories  aux  phénomènes 
de  notre  vie  intérieure.  Kant  n'a  cjoû- 
struit  qu'une  des  deux  ailes  de  l'édifice  ; 
sa  critique  de  la  raison  pratique  n'est 
au  fond  qu'un  véritable  dogmatisme, 
qui  s'arcorde  mal  avec  la  théorie  de  la 
connaissance  objective  :  il  s'y  égare 
tout  d'un  coup  dans  l'inconnu;  Il  y  fran- 
chit les  limites  que  lui-même  a  tracées, 
inconséquence  qui  a  donné  lieu  aux 
systèmes  de  Fichte,  de  Schelling  et  de 


(M  Van  derWijck,  p.  98-i  16. 

(')  Kinker  n'eut  pas  le  temps  de  le  publier 
lui-même  ;  il  légua  cette  mission  à  sun  ami 
M.  Cocheret  de  la  Moriniëre  (  ancien  pas- 
teur à  Liège  et  à  l'église  wallonne  de  Bois- 
le-Duc),  qui  s'en  acquitta  avec  un  soin  pieux. 
L'ouvrage  forme  2  vol.  in-8«  de  S70  et  371 
pages  (v.  ci-après  la  bibliogr  ).  Il  est  pn^tédd 
d'une  notice  sur  Kinker  et  accompagné  d'un 
beau  portrait  (reproduction  de  celui  qui  parut 
fP  1925,  au  rrontispicedulfttZ€R-44/manaAr), 


qu'on  nous  dit  être  plus  ressemblant  que 
celui  dont  la  notice  de  H.  C.  Van  Hall  est 
ornée. 

(')  Frûher  ein  eifriger  Kantianer^  vtr- 
schmàht  Herr  Kinker  jetsl  diesen  Namen,  da 
er  niir  krilischer  Philosoph  su  heissen  ver- 
lamjt.  P.  145. 

(*)  EtemetifarL  H»  partie,  sect.  I,  liv.  II, 
ch.  II,  paragr  3:  Syatemaiische  Vorxt.  aller 
sytH^.  Grunds.,  p.  29i  (5«  éd.) ,  et /JCrifi* 
der  spekul.  Théologie,  p.  710,  II, 


377 


KIN 


378 


Hegel.  Appliquons  les  lois  de  la  pensée 
aux  données  subjectives ,  k  la  volonté 
humaine  :  nous  aurons  encore  un  dua- 
lisme; la  raison  humaine  se  trouvera 
encore  en  présence  d'une  antinomie; 
mais  ce  ne  sera  plus  simplement  entre 
des  notions  objectives ,  ni  entre  les 
deux  sections  de  la  critique  prises  sé- 
parément ,  ni  entre  c^^rtaines  proposi- 
tions prises  dans  chacune  d'elles  et 
considérées  abstraction  faite  de  leur 
liaison  :  Tanti thèse  s'établira  entre  les 
deux  tendances  de  la  cosmologie  et  de 
la  psychologie,  entre  des  vérités  analo- 
giques mais  diamétralement  opposées , 
dont  Tune  est  la  proclamation  du  fata- 
lisme et  du  matérialisme  absolu^  tandis 
que  l'autre  est  l'attestation  de  la  liberté 
et  du  spiritualisme  absolu  (*).  Or,  ces 
vérités  étant  relatives,  on  est  naturelle- 
mont  conduit  ik  les  concilier  en  s'éle- 
^ant  à  la  considération  d'une  vérité  ab- 
solue, supérieure  à  l'expérience  et 
n'admettant  rien  au-dessus  d'elle  ('). 
Ce  n'est  point  là,  ajoute  Kinicer,  un  sys- 
tème nouveau;  c'est  le  système  de  Kant 
perfectionné,  achevé.  S'il  fallait  aban- 
donner le  criticisme ,  le  seul  dogmatisme 
rationnel  serait  celui  de  Hegel  ;  mais  il 
ne  s'agit  point  d'en  venir  là.  Les  tenta- 
tives du  pasteur  J.-J.  Le  Roy  (v.  ci- 
dessus)  n'eurent  jamais  aucune  chance, 
on  le  voit,  de  trouver  grâce  devant  son 
compatriote. 

Qu'on  partage  ou  non  les  idées  de 
Kinker  en  philosophie  et  en  politique, 
on  doit  reconnaître  en  lui  un  esprit  su- 
périeur et,  ce  qui  vaut  mieux  encore, 
un  penseur  consciencieux  et  sincère. 
Quant  au  fond  de  son  système,  il  se- 
rait diflicile  de  n'y  point  reconnaître 
une  sorte  de  panthéisme  logique  :  sa 
déclaration  à  propos  de  Hegel  nous 
semble  assez  explicite  à  cet  égard.  A 
ses  yeux,  le  moi  est  un  fait-acte  (daad); 
sur  ce  point,  il  se  rencontre  avecFichte. 
Mais  il  ne  considère  pas  le  monde,  à 
l'instar  de  ce  dernier  philosophe,  com- 
me un  produit  de  l'activité  du  moi  ;  il 
ne  nie  pas  non  plus  Texistence  nounié- 


oale.  Il  proclame  avec  Scbelling  l'iden- 
tité du  sujet  et  de  l'objet;  mais,  tandis 
que  Scbelling  puise  sa  certitude  dans 
l'intuition  intellectuelle ,  et  place  con- 
séquemment  son  principe  au-dessus  de 
toute  démonstration,  Kinker  envisage 
l'identité  absolue  comme  la  vérité  scien- 
tifique par  excellence,  comme  impliquée 
au  fond  du  dualisme  de  la  raison.  Telle 
qu'il  la  conçoit,  elle  n'est  que  le  milieu 
indifférent  où  s'évanouissent  toutes  les 
contradictions  phénoménales,  même 
celle  du  bien  et  du  mal.  La  nature 
nouménale  n'est  pour  lui  que  la  toute- 
puissance,  la  volonté  absolue  (aurait 
dit  Schopenhauer),  qui  s'incarne  sans 
cesse  dans  une  double  série  de  mani- 
festations inconciliables  au  point  de 
vue  phénoménal.  Que  ce  ne  soit  pas  là 
le  Dieu  qui  parle  à  notre  conscience,  il 
est  inutile  de  le  dire  ;  il  est  permis  d'ad- 
mettre aussi  que  Kinker  s'est  laissé  do- 
miner par  l'idée  fixe  de  rompre  abso- 
lument en  visière  avec  la  théologie 
chrétienne,  qui  l'obsède  comme  un  fan- 
tôme. Il  ne  peut  pardonner  à  Scbelling 
d'avoir  voulu  introduire  le  contenn  de 
la  foi  dans  le  domaine  de  la  science.  11 
est  critique  jusqu'au  bout,  critique  sin- 
cère autant  que  radical  :  conséquent 
avec  lui-même,  il  aboutit  à  la  confusion 
de  l'abstrait  et  du  concret.  Il  accorde  à 
la  nature  nouménale ,  il  est  vrai ,  une 
tendance  intentionnelle;  mais  cela  s'ac- 
corde difficilement  avec  sa  parfaite  in- 
différence :  c'est  une  simple  échappa- 
toire. Son  Dieu  ne  peut  être  que  celui 
de  Schopenhauer  :  der  Wille  an  sick 
okne  Eitiskht,  selon  la  remarque  judi- 
cieuse de  M.  Van  der  W'ijck.  Et  encore, 
si  l'on  voulait  le  presser,  nous  ne  sa- 
vons pas  comment  il  s'y  prendrait  pour 
expliquer  non  seulement  la  volonté  in- 
tentionnelle, mais  simplement  la  puis- 
sance divine.  Les  catégories  entendues 
au  sens  de  Kant,  même  rapportées  au 
monde  moral,  ne  nous  apprennent  ab- 
solument rien  là-dessus.  Evidemment 
il  n'y  a  ni  causalité  ni  activité,  là  où  il 
n'y  à  qu'absolue  indifférence.   Kinker 


(  ' }  Il  eût  ëtd  plus  exact  de  dire  Vidéa- 
tUme,  Kinker  en  convient  dans  une  lettre  à 
H.  Capitaine.  «  Ce  teryne  doit  6tre  entendu  , 
di(-il«  dans  le  sens  qu'on  lui  donne  quand  on 


l'applique  à  l'École  d'Elée.  »   Parfaitement 
juste. 

(*)Roorda,  p.  446>i 47.  —  Essai,  i.  I, 
p.  956. 


379 


RIN 


380 


n*étiu  pas  le  cercle  videas  :  U  s'ippuie 
sur  sa  propre  hypotiièse  pour  la  dé- 
montrer. 

Malgré  ces  défauts  eseeatiels,  mal- 
gré le  ijeo  de  sympathie  que  nous 
éprouvons  pour  une  doctrine  qui  ne 
cliercbe  Tabsolu  que  dans  les  limites  de 
Tentendement  humain  et  ne  8*ooenpe 
même  pas  de  rendre  raison  de  ces  il-* 
mites  ('),  nous  ne  pouvons  nous  ranger 
à  ravis  de  M.  Van  der  Wijcfc ,  qui 
n'attribue  à  r^sani  aucune  importance 
philosophique  sérieusew  Nous  passons 
condamnation  sur  le  langage  technique 
de  Kinker,  hérissé  d*expressions,  non 
seulement  peu  françaises,  mais  ne  ren- 
dant pas  toujours  exactement  sa  pen- 
sée, qu'on  ne  parvient  souvent  à  déga- 
ger qu'après  plusieurs  lectures.  Ce- 
pendant Touvrage  fourmille  d'aperçus 
ingénieux  et  profonds  ;  la  discussion  y 
est  serrée  et  poursuivie  avec  la  plus 
grande  bonne  foi,  si  bien  que  les  er- 
reurs mêmes  de  Tauteur  font  réfléchir 
et  servent  ainsi  indirectement  la  cause 
de  la  vérité.  Rien  n>8t  plus  utile  que 
la  critique  :  Tédifice  qu'elle  bat  en 
brèche  s*ébranle  quand  elle  a  raison,  et 
sa  chute  fait  bientôt  place  à  un  édifice 
nouveau ,  Tesprit  recommençant  inces- 
sammeut  son  œuvre;  et  quand  tous  ses 
efforts  sont  impuissants,  elle  sert  en- 
core à  raffermir  notre  confiance  dans 
les  vérités  étemelles. 

Pour  connaître  la  dernière  pensée  de 
Kinker,  il  faudrait  avoir  sous  les  yeux  le 
roman  philosophique  auquel  il  travailla 
longuement  dans  sa  retraite  studieuse 
d'Amsterdam,  et  qu'il  a  léffué  a  M.  Van 
Lee  pour  être  achevé  et  puolié  par  celui- 
ci  ,mission  qui  n*a  pas  encore  été  rempile. 
•—  Depuis  longtemps  déjà  il  avait  songé 
à  exposer  ses  idées  sous  cette  forme, 
un  peu  à  la  façon  du  iaeobi.  Le  dia- 
logue entre  un  matérialiste  et  un  spl- 
ritualiste  inséré  dans  le  1. 1  de  VEssai, 
a  étéécrtt  sous  Fempire  de  cette  préoc- 
cupation. Grâce  à  M.  Ed.  Capitaine,  11 


nous  sera  du  moins  possible  de  dire 
quelques  mots  du  plan  de  l'ouvrage. 
«  Deux  frères  Jumeaux,  l'un  matérialiste, 
l'autre  spiritualiste,  soutiennent  chacun 
leur  système.  L'un  des  deux  frères  a 
une  fille  nommée  Sophie ,  très-experte 
en  sténographie.  Elle  s'est  occupée  à 
recueillir  les  conversations  et  les  dis- 
cussions de  son  père  et  de  son  oncle. 
Les  deux  frères  ne  pouvant  tomber 
d'accord,  prennent  le  fiarti  de  consul- 
ter l'amant  de  Sophie,  Jeune  homme  in- 
telligent, qui  a  lu  beaucoup  de  livres 
de  philosophie  sans  adopter  aucun  sys- 
tème. Notre  arbitre  se  met  à  lire  les 
pièces  du  procès  ;  ensuite,  désirant  ne 
déplaire  ni  au  futur  beau-père  ni  à  l'on- 
cle futur,  il  s'efforce  de  condtier  leurs 
opinions  :  inutile  d'syouter  que  le  sys- 
tème qu'il  expose  est  celui  de  Kinker.  » 
Dans  une  lettre  du  29  avril  4935,  Tex- 
professeur  de  Liège  rappelle  qu'avant 
de  quitter  ses  élèves  (*),  il  leur  parla  de 
la  possibilité  de  résoudre  l'antithèse  du 
matérialisme  et  du  spiritualisme,  a  Si 
J'ai  encore  devant  moi  quelques  années 
de  vie,  j^ta-t-il,  et  qu'on  ne  puisse 
m'appliquer  l'adage  his  pumsf  nés.  J'en- 
treprendrai can  amore  cette  tache  ardue 
et  J'espère  la  mener  à  bonne  fin.  »  Quant 
à  sa  thèse  fondamentale  ou  plutôt  quant 
à  son  hypothèse,  elle  est  légitimée  a  ses 
yeux  parce  qu'elle  est  la  seule  base  poê- 
sible  d'une  solution  satisfaisante.  Mais 
il  s'agit  de  le  faire  comprendre  à  tout 
le  monde  :  là  est  la  difficulté.  Il  s'agit 
d'exprimer  comment  le  dualiKMe  se  ré- 
sont en  un  trwlisme,  trias  harmonica  ; 
or  on  se  heurte  Ici  à  tout  bout  de 
champ  contre  le  même  obstacle  :  la 
pauvreté  des  langues.  Ce  fut  l'embar- 
ras de  Lucrèce,  Juste  au  moment  où, 
matérialiste  Jusque  là,  il  se  trouva 
tout  d'un  coup  transporté  sur  le  ter- 
rain du  spiritualisme  : 

Nuor,  ea  qao  pacto  ioter  leM  mixU.  qoibaiiqBtt 
Comti  aoaû  T^aant,  r«ti»B«ai  reddart  «vwitoB 
AUtnhit  invitum  patrii  Mrmonii  egtstu  : 
S«d  Uinvii,  utpolero,  lummAtiiii  attingare  taDgam  ['}. 


(*)  C'est  la  même  lacune  que  les  socces- 
seors  de  Kaot  ont  essayé  de  combler  ;  ils  ont 
fatalement  abouti  à  Hegel ,  c'est  à-dirt  à 
l'identité  de  l'être  et  du  néant.  Il  ne  reste 
que  la  forme  pure ,  que  Hegil  ne  parvient  à 
considérer  comme  concrète  qu'en  supprimant 


le  principe  de  contradiction. 

(*)  Indépendamment  de  ses  leçons  offi- 
cietles,  Ktniier  ouvrit  k  Liège  des  cours  pri- 
vés de  pliilofioplite  et  de  droit  naturel. 

{*)  De  natura  rtrum  I.  III,  v.  989.  — 
On  Ut  sur  le  même  sujet,  dans  le  JTMse»  ill- 


381 


KIN 


382 


En  1840,  Rinker  prit  U  résolutkm 
d'écrire  son  ouvrage  en  français,  d'y 
introdoire  un  nouveau  personnage,  un 
abbé,  aumônier  des  deux  frères  et  par- 
tisan déclaré  du  Hermésianisme,  et  d'ap- 
peler la  Jeune  fille  Rosalie  Sophie.  Celle- 
ci,  dans  le  prologue,  se  déclare  heureuse 
de  voir  son  amant  essayer  de  mettre 
d'accord  les  deux  adversaires  :  tt  mais 
en  tons  cas,  poursuit-elle,  Je  vous  con« 
seillerais  de  n'en  rien  faire  avant  qu6 
d'avoir  consulté  notre  curé,  qui  se  prê- 
tera volontiers  à  vous  procurer  l'oc^sioD 
de  réfléchir  sur  nos  sens  externes,  en 
vous  faisant  assister  à  un  entretien  de 
deax  fils  de  l'un  de  nos  fermiers,  dont 
l'an  est  aveugle-né,  l'autre  sourd-rouet. 
Le  dernier  prouvera  à  sa  manière  que 
rien  n'est  plus  impossible  que  ce  qu'on 
nomme  un  son,  et  que  la  science  qu'on 
appelle  acoustique  ne  peut  ^tre  qu'une 
théorie  pleine  d'illusions;  tandis  que 
Taveugle-né  ne  trouvera  rien  de  si  ab- 
surde, que  de  vouloir  soutenir  qu'il  y  a 
des  objets  visibles,  ouqu'il  puisse  exister 
nn  fluide  (dit  lumière)  au  moyen  duquel 
on  puisse  recevoir,  à  une  grande  dis- 
tance, l'impression  sensible  d'objets  co- 
lorés. Cette  dialectique  a  toujours  beau- 
coup plu  à  mon  oncle  le  spiritualiste, 
qui  ne  voit  dans  nos  cinq  sens  que  cinq 
portes  par  où  notre  âme  se  plait  k  sor- 
tir» pour  ne  voir,  dans  la  nature  soi- 
disant  matérielle,  qu'une  allégorie  du 
monde  immatériel,  dont  la  nature  visible 
est  l'image.  Au  reste  il  soutient  que  ce 
sont  surtout  les  femmes  qui  se  plaisent 
à  voir  dans  cette  allégorie  une  réalité.  » 
Tout  en  se  préoccupant  ainsi  des  détails 
de  son   travail,  Kinker  songeait  aux 
chances  de  succès  que  l'avenir  réservait 
à  ses  doctrines.  Nous  vivons  dans  un 
temps  de   bigotisme,  disait-il;   nous 
sommes  en  pleine  éclipse,  mais  des 
temps  meilleurs  viendront.  «  L'autruche 
dépose  tranquillement  son  oeuf  sur  le 
sable  ;  les  pinsons  et  les  passereaux  ne 
sauraient  l'écraser  ;  le  bec  des  sanson- 


nets et  des  oorneWes  ne  peut  l'entamer 
ni  le  repousser  dans  l'ombre  ;  c'est  à 
l'astre  qui  dispense  la  lumière  de  le  faire 
éclore.  n 

La  doctrine  de  Kinker  reposait  sur  la 
séparation  radicale  de  la  reûgion  et  de 
la  philosophie,  œqu'ilnefaatpas  perdre 
nn  instant  de  vue  quand  on  lit  les  ou- 
vrages de  ses  critiques,  o  Le  domaine 
de  la  religion,  écrii-il  (li  décembre 
i8^5),  doit  rester  pour  le  philosophe 
une  terra  incognita  :  permis  aux  théo- 
logiens de  s'occuper  de  nos  spéculations  ; 
mais  nous  ne  devons,  nous  ne  pouvons 
accepter  d'autre  contrôle  que  celui  delà 
raison  humaine.  Or,  c'est  ce  qu'on  ne 
comprend  plus  guère  de  nos  jours,  même 
en  Allemagne.  »  Le  pur  kantisme,  comme 
on  voit,  n'a  peut-être  jamais  eu  de  sec- 
tateur plus  rigoureux  que  Kinker  ;  seu- 
lement, îk  la  différence  de  Kant,  le  pen- 
seur hollandais  croyait  à  la  possibilité 
d'une  métaphysique  complète  dans  les 
limites  posées  par  son  maitre.  Il  ex- 
cluait de  la  discussion  protestants  et 
catholiques  ;  il  considérait  la  morale  de 
l'Evangile,  bien  comprise,  comme  par- 
faitement d'accord  avec  la  doctrine  de 
Kant,etil  s'arrêtait  là.  Parfois  H  élevait 
son  âme  vers  le  principe  éternel  et 
immanent  de  toutes  choses  ;  le  Dieu  qu'il 
invoquait  dans  ses  vers  n'était  que  la 
raison  noumène,  le  Dieu  de  la  dialec- 
tique ;  mais  ce  Dieu,  il  l'adorait  dans  la 
sincérité  de  son  cœur. 

Kinker  <  onsacrait  tout  son  temps  à 
l'étude.  Il  travailla  aussi  longtemps  qu'il 
eut  un  souffle  de  vie.  Il  mourut  résigné, 
content  de  son  lot;  la  dernière  fois  que 
M.  Ed.  Capitaine  lui  serra  la  main,  Il 
lui  dit  seulement:  «  Ah  !  mon  véritable 
ami  !  Que  ne  suis-!e  dans  l'autre  monde  !  » 
C'est  la  seule  plaintequ'it  énonça  jamais, 
et  elle  renferme  une  pensée  consolante. 
Sa  perte  fut  vivement  sentie:  on  peut  en 
Juger  par  le  concert  d'hommages  qui 
retentit  autour  de  sa  tombe  (').  M.  S. 
Muller,  président  de  l'Institut  des  Pays- 


manak  de  4831,  lés  quatre  vers  suivante  : 

yyvi  «oordea  zijo  er.  din  «lechb onzin  in  sicb  «laitaci; 
Ntt-ii  in«er  gadachten,  die  geeo  woorden  klaak  ka» 

juiten, 
Fb  dit»  geeo  rlnulijk  beeld,  g«en  teeken  «cblerhaiili. 


Door  dichtar»  flaiiw  gcvœMtdoor  deaker«  aooit  hê" 

[paaldi 
Joh>  KiHKcil. 

(M  Los  restes  mortels  de  Kinker  ont  été 
déposés,  le  âO  septembre  i845,  in  de  Oude-^ 
xijdi'Kapel^  k  Amsterdam. 


â8â 


KIN 


384 


Bas,  prononça  son  éloge  dans  l'Assem- 
blée générale  de  la  Compagnie  et  n*bé- 
sita  pas  à  le  proolamerTun  des  hommes 
les  plus  remarquables  de  son  pays.  MM. 
Siegenbeek,  C.  Van  der  Vijver,  respec- 
tivement présidents  de  la  Maattclumij 
van  Letterkunde  et  de  la  loge  ôelaCltOr 
rite  (d'Amsterdam),  relevèrent  à  leur  tour 
ses  brillantes  qualités.  M.  Westerman 
Inscrivit  ces  vers  au  bas  d'un  de  ses  por- 
traits : 

Wat  (ioOadiieiJ  MiliiUreoU  voriiiile  en  Utere  eeaweo 

Ji^baardea; 
_  ^  ,  acht  hieH 

f  geboeid  ; 
Wat  de  eoCile  geesilkrat^it  «rrocht .  do  «ebooue  kao- 

[slen  gaardea, 

T»  weeldriif  iu  bet  breio  van  KiNKBB  saàmgetloeid. 

Ueeft  wijtthenl  rei(t  oplor,  vernaft  op  laawerblaileu, 

Dan  woi'dt  dit  «cfaraader  boofd  met  kiamteo  over- 

[laden. 

La  glorieuse  épithèle  de  génie  a  été 
appliquée  à  Kinker  par  quelques-uns 
de  ses  biographes;  en  la  lui  contestant, 
M.  Van  der  Wijk  s'est  exposé  à  toutes  les 
colères  de  M.  Van  VIoten  (').  Il  faut 
s*entendre  sur  la  portée  du  terme  génie  : 
nous  renvoyons  le  lecteur  à  rarticle  pu- 
blié par  M.  Cocheret  de  la  Morinière 
dans  le  Recensent  ook  der  Recense»- 
len  (1850,  n^"  9,  p.  571),  et  dont  les  con- 
clusions motivées  sont  favorables  au 
philosophe-poète.  Au  fond,  ces  discus- 
sions sont  oiseuses  :  ce  qu'on  ne  peut 
contester  k  Kinker ,  c'est  une  origina- 
lité véritable,  dans  le  meilleur  sens  du 
mot;  un  talent  des  plus  distingués, 
comme  orateur  et  comme  écrivain  ; 
infiniment  d'esprit  et  de  finesse  comme 
critique  ;  de  l'enthousiasme,  trop  ex- 
clusivement peut-être,  pour  les  idées 
générales  ;  enfin  un  libéralisme  certai- 
nement loyal  d'intentions,  à  part  la 
légitimité  de  son  idéal.  Mais  il  a  cherché 
A  éclairer  les  hommes  bien  plus  qu'à  les 
loucher;  jusqu'en  poésie,  il  a  rêvé  de 
ses  formules  kantiennes  :  sa  i)opula- 
rité  en  a  souffert,  sinon  sa  célébrité 
chez  les  gens  d'élite.  On  l'admire,  mais 
il  n'est  ni  l'ami  du  foyer  ni  l'écho  des 
sentiments  les  plus  profondsde  l'homme. 
On  est  séduit  par  la  musique  de  son 
langage,  mais  il  fait  réfléchir  plutôt 
qu'il  n'enlève.  Il  est  le  poète  d'un  sys- 
tème politique,  plutôt  que  le  poète  na- 


tional de  la  Hollande.  Mais  ce  qa*il  est, 
Il  l'est  si  complètement  et  d'une  façon 
siparticulière,si  individuelle,  qu'ondoit 
certainement  voir  en  lui,  de  quelque 
côté  qu'on  le  considère,  une  des  person- 
nalités les  plus  saillantes  de  son  pays, 
dans  la  première  moitié  de  ce  siècle. 
Comme  philosophe,  M.  Van  der  Wijck 
le  Juge  en  polémiste  autant  qu'en  his- 
torien; aussi  éloigné  nous-méroe  des 
idées  de  Kinker  que  des  principes  de 
l'Ecole  d'Utrecht,  nous  croirions  être 
injuste  si  nous  ne  revendiquions  pas 
pour  l'auteur  de  \  Essai  une  page  dans 
l'histoire  de  la  pensée  humaine,  à  côté 
de  Van  Hemert,  peut-être  même  au- 
dessus  de  lui.  Il  y  aurait  à  procéder  au 
triage  de  ses  écrits,  dans  Tintérèt  mê- 
me de  sa  mémoire  ;  ce  triage  opéré 
pieusement  et  avec  soin,  la  Hollande 
pourrait  être  fière  de  son  Kinker  devant 
toute  l'Europe. 

M.  Ed.  Capitaine  a  bien  voulu  dres- 
ser tout  exprès  pour  nous,  d'après  M. 
Van  der  Aa  et  d'après  ses  propres 
notes,  une  bibliographie  des  œuvres 
de  Kinker,  beaucoup  plus  complète  que 
celles  de  MM.  Van  Hall  et  Cocheret  de 
la  Morinière.  Nous  nous  empressons  de 
reproduire  ce  document. 

i^  OratieoverdejeugdvanÀlesander 
den  Grooten  ,  in  latijnschen  verzen. 
Amsterdam,  1786. 

Cf.  le  Ckronicon  cathoHcon  d'Edward 
Simson. 

2"  Academie-zangen,  Utrecht ,  i78i, 
in-4«. 

3*  Mijne  minderjarige  zangster.  Ib., 
i  785,  in-8«. 

A"*  De  Eigenbaat,  parodie.  Ib  i785, 
in-g*». 

5<»  Janns,  \  787,  in-i*"  (35  numéros). 

G*"  Orosmane  de  kleine  of  de  dood  van 
Zaâre^  moorddadig  treurspel.  Utrecht, 
1787,  in-8«. 

7^^  Depostvan  den  Helicon.  Ib.,  1788, 
in.8°. 
8«  Eerstellingen.  Ib.,  1788,  in-8^ 

9^  Van  Ao/9,episodischdraroa.  Amst., 
1789,  in-8«. 


{*)  Dans  le  Levembode,  V.  ci-dessus. 


38S 


KIN 


386 


10«  Celia,  treurspel.  Utr.,  4792,  ifl-8«». 

il'»  Morceaux  divers  dans  les  recueils 
suivants:  a.  De  Sler;  b.  Janus  verrezen 
(4795)  ;  c.  De  arche  Noachs  (4799)  ;  d. 
Sem,  Cham  et  Japhel  (i80'>)  ;  e,  Maça- 
zijn  voor  de  krilische  wijsbeçfeerte  (de 
Van  Hemert);  f.  Zangboek  der  Yrijrael- 
selaeren  (p.  48,  49,  66,  408,  435, 459, 
165,  465,  474,  480,  494,  280,  283  el 
285)C). 

42*  GabrieUe  van  Fayel,  Kallenspel 
(parodie).  Utr.,  4799,  in-8». 

45'>£rtrw,  parodie.  Ulr.  4799,in-8^ 

44**  Het  Eeuwfest  bij  dm  aanvaiig 
van  de  ncgeutiende  Eeuw,  Zinnbeeldige 
vDorstelling.  Utr.,  4801,  in-8o. 

45**  Armand  en  ConaioMce ,  zanespel. 
4804. 

46**  De  Menscheid  in  het  LazM'uskuis, 
bij  den  aanvang  van  de  negentiende 
Eeuw.  Zinnb.  voorsteliiQg.  Ulr.,  4804, 
in-8«. 

Parodie  du  a«  44. 

47"*  Essai  d'une  exposition  iuccincie 
de  k[  Critique  de  la  raison  pure  de  Kant, 
AiQst.,  1801,  in-8°. 

Trad.  en  français  par  J.  Lefèvre.  —  Outre 
les  jugements  sur  cet  ouvrage  rapportés  plus 
haat,  citons  encore  un  passage  de  Ch.  ViUers 
(PbUos,  de  Kant,  p.  Il,  p.  441). 

48**  Tafereel  der  jongttie  higevallen 
van  Europa  ,  geeindigd  door  vreede. 
Zinnb.  voorstelling.  Utr.,  1802. 

\^  De  Schepping,  geestelijk  musiek- 
stnk  van  J.  Haydn, de  woorden  naar  het 
oorspronkelijk  Engeisch  en  het  Hoog- 
duilsi^i  gevolgd.  Anist.,  4803,  in-H*». 

20*  Almauzor  en  Zehra,  (reurspel. 
Utr.,  4804,  în-8*. 

24**  De  Tempelheereu,  treurspel, naar 
het  Fransch  van  Raynouard.  Utr.,  4805. 
in-8*». 

22®  De  Vereeniging  van  liet  verhevene 
met  het  schoone, ilnnb.  voorstelling,  ter 
reestviering  van  de  25  verjaring  van 
J.   C.  Wattier,  als  tonneelkunstena- 


resse  van  bel  Ai»st«rdainsche  Schouw- 
burg.  Amst.  4805,  in-8o. 

23» /fc/  beminnelijk  Mûlenaars  Meisje , 
opéra.  4806. 

24**  De  Maagdvan  Orléans,  f  reurspel, 
naar  Schiller.  Amst.,  4807,  in-S*». 

25*  Maria  Sluart ,  treurspel,  naar 
Schiller.  Amst. ,  4807,  in-8». 

26»  Edipus  teKolone,  zangspei.  Utr., 
4807,  in-8*. 

27*  Brieven  van  Sophie  aan  Feith. 
Amst.,  4807,  ln-8*. 

28*  Proeve  eencr  hoUandsche  Proso- 
die,  toegepasi  op  het  Metrvm  der  Ouden 
(Mém.  de  la  Mnatseh.  voor  fr.  Kunsten 
en  Wetens,,  t  I).  Amst.,  48iO,  in-S*. 

29-  De  Nagedachtenis  van  Joseph 
Haydn.  Km&i.,  1810,  in-8*. 

Éloge  funèbre  ,  prononcé  en  séance  de  la 
Société  Feli^  Meritis  .•). 

50*  De  Herkaauwer.  Amst. ,  4845- 
4817.  3Yol.,i0-8*. 

54*  Inleiding  eener  wijsgecrige  a!ge^ 
meene  théorie  der  tahti.  Amst  ,  4820, 
in-8o. 

Parut  d'abord  en  4817  dans  les  Mémoire  t 
de  VInstitut  royat  des  Paya- t'ai  {3«  classe, 
t.  I.  4817,  in-4»;. 

^%'' Gedichten,  Amst.,  4849-1821, 
5  vol.  in-8*. 

53*.  Over  de  hoorbare  voordragt  van 
den  redenaar  (Mém,  dcVlnst,  desP.-É,, 
5«  classe,  t.  11).  Amst. ,  4820,  in-4*. 

34*  Dans  le  Muzen-Almnnak  de  Rot- 
terdam :  a.  De  geboorfe  van  Paltas 
(4822,  p.  4);  b.  Athe,  ecne  vortelling 
uit  het  laatste  gedeelte  van  de  gouden 
Eeuw  (1825,  p.  27)  ;  c.  Pygmalion,  een 
romantischer  droom  (4832,  p.  190). 

35*  Brieven  over  het  naluurregt  aan 
P.  van  Hemert,  naar  aanleîding  van  M'. 
Rilderdyks  Ontwikkeling  der  gronden 
van  het  natuurregt,  en  daarbij  gevoegde 
zielknndige  verhandelingen.  Amst. , 
4825,  ln-8*. 


C)  Ajoutons  :  Pauca  quce  tegai  ipsa  Ly- 
coris  ,  et  quelques  poésies  bigitlves  restées 
BMDOScrilaB  (4792). 

(*)  Kinker  prononça  également,  en  4808, 


devant  la  Société  Harmonica,  un  discours 
funèbre  en  mémoire  de  Jacques  Kuyper, 
membre  de  l'Institut  (Cochrrkt;. 


48 


387 


KIN 


388 


Oa  nous  dit  que  M.  Thorbecke  a  publié 
une  réfutation  de  cet  ouvrage. 

36*»  Uuwel^ksgroet  aan  Z.  K,  H.  Pnns 
Willem-Frederik'Karel  der  Nederlanden 
en  H,  K,  H,  Princesse  Louisa-Augusla' 
Wilhelmina-Amelia  van  Pruusen  (20 
mai  1825). 

37*  lets  over  hei  schoone  (Mém.  de 
rinsL  des  P.-B,,  5^>cl.,  t.  III).  Amst., 
\  826,  in-4o. 

SS*"  Dans  les  Leçons  hollandaises  de 
Ull.  et  de  morale  de  M.  Wûrlh  (Luxem- 
bourg, 1825,  in-8«)  :  a.  De  Godsdien- 
sten  (l.  Il,  p.  29)  ;  b.  De  Vrouw  (p.  78)  ; 

c.  De  ezel  en  zijn  eente  meester,  imita- 
tion d'une  table  de  Kouveroy  (p.  U3)  ; 

d.  Cantate,  vervaardigd  voor  de  open 
bare  examina  der  leerlingen  van  hetln- 
stiluut  voor  blinden  te  Amsterdam  (p. 
228);  e.  Homère  (p.  312)  ;  f.  Jeanne 
d'Arc  (p.  282). 

Le  môme  recueil  renferme  (l.  I,  p.  33, 45, 
60  et  245)  plusieurs  pièces  extraites  des 
Gedichten  de  Kinker  (n»  3S). 

59*»  Lierzang  aandeKoninglijke  Maat- 
schappy  van  Nederl.  taal  en  letterkunde 
te  Bi'ugge,  onder  de  zinspreuk  :  Eendragt 
en  vaderlandsliefde,  1828  (Imprimé  à  la 
suite  de  la  notice  de  M.  C.  Van  Hall, 
p.  127). 

40»  Schillers  Klokkengieterslied  (Ib., 
p.  133). 

41»  Verslag  aangaande  de  leerwijze 
van  Jacotot.  Liège,  1826,  in-8^ 

42*»  Beoordeeling  van  M.  Bilderdijks 

Nederlandsche  SpraakleeVf  gevolgd  van 

.eenen  bricfdes  hoogkeraars  M,  Siegen- 

beek  aan  den  Schrijver.  Amsl.,  1829, 

in-8^ 

43*>  De  Ueldendood  van  van  Speijk^ 
toonkunstig  lafereel.  —  Muziek  van 
J.-B.  Van  Brée.  Amst ,  1831,  in-4«. 

44*»  Helmina  en  Elisay  zang  van  twee 
vaderlandsche  Meisjes ,  in  musiek  ge- 
bragt  door  Wilms.  Amst.,  1832,  in-4^ 

45»  Oud'Nedertand  in  Oogstmaand, 
toonkunstig  tafereel  Muziek  van  J.-B. 
Van  Brée.  Amst.,  1832,  in  4». 

46»  lets  voor  de  meest  kenscketsende 
teekenen  des  tijds,  uit  den  gegenwaar- 
digen  toesîand  van  Europa  opgemaakt 
(Dans  \eBecensent  ook  der  Recensenten, 
1852,  6),  in-8o. 


AViets  over  het  Romantiscke  (Ib., 
1833),  in-8». 

Kinker  essaie  d'ëUblir  des  limites  précises 
entre  le  romantisme  et  le  classicisme,  et  s'at- 
tache à  faire  ressortir  des  diftérences  impor- 
tantes entre  l'ancien  el  le  nouveau  roman- 
tisme. 

48**  In  hoc  verre  it  de  Geschûdenis 
eene  leerschool  voor  Vorsten  en  Voïken, 
eene  voorlezing  (Ib.,  1853,  5),  in-8». 

49"  Toespraak  aan  het  litt,  Genoots- 
chap  Toi  iml  te  Amsterdam,  bij  gele- 
genheid  der  feeslviering  van  deszelfs 
25  jaars  beslaan(lb.,  1853).  in-8^ 

50**  Proeve  eener  beantwoordiny  der 
vraag  :  Watnutkan  de  empirische  taal- 
kennis  aan  de  hoogere  wijsbegecrte  toe- 
bringen  ?  (Mém.  de  Vlftst.  des  P.-«.,  3« 
cl.,  L  IV,  1833),in-4o. 

51**  Frankrijk  tegen  voor  Europa  (Re- 
censent, 1834,  5),  in-8». 

55**  Een  Imriertakje  op  het  graf  van 
Comitis  Loots.  Amsl.,  1835,  in-8**. 

53**  Een  woord  en  wed^rufoord  van  A 
en  B  over  de  Maceionische  Kunst.  — 

54**  Europa  op  den  Stier  en  1850- 
1831  (Keur  van  scherts  en  luim,  t.  II , 
p.  61).  Amst. .  1855,  in-8**. 

55»  Recensie  over  brieven  van  M.  W. 
Bi/derdyA  (5  articles  dans  \e  Recensent), 
el  Metigelingen  en  fragmenten  nagela- 
ten  door  M.  W.  BUderdijk  (Ibid.). 

Ici  Kinker  prend  la  défense  de  Bilderdiick. 

56*»  Comptes  rendus  des  traductions 
bollandaises  de  deux  ouvrages  philos, 
de  H  Schmid  (Sur  Vessence  de  la  phi- 
los, et  ses  rapports  avec  la  science  et  In 
vie)  et  de  Kannegîesser  (Hist.  de  la 
philos,),  dans  le  Recensent  (1839). 

Le  traducteur  de  Kannegîesser  est  le  pas- 
teur J.-J.  Le  Roy.dëjà  cité.— On  doit  à  ce  der- 
nier écrivain,  enir  autres,  des  Bedenkingen 
aan  M.J.  Kinker  wegens  krilische  wijabegeerte 
(Delft,  1827,  in-8»,. 

57»  lets  over  den  brief  van  Af .  Derk 
Doncker-Curtius  (Avondbode,  Amst., 
9  sept.  1839). 

58**  Le  dualimc  de  la  raison  humaine, 
ou  le  criiicisme  de  Em.  Kant ,  amélioré 
sous  le  rapport  de  la  raison  pure  et  rendu 
complet  sous  celui  de  la  raison  pratique. 
Amsterdam,  t.  l,  1850;  1.  II,  1852, 
in  8». 


389 


KIN 


390 


Ouvrage  posthame,  annote  et  pnblië  par 
M.  Cocberet  de  la  Morioière ,  conformément 
an  désir  de  l'auteur.  Le  t.  I  est  orné  d'un 
eieellent  portrait  et  enrichi  d'une  notice  bio- 
bibliographique sur  Kinker. 

KiDker  a  laissé  en  manuscrit  un 
grand  nombre  de  travaux  de  tout  genre, 
plus  ou  moins  Importants.  La  biblioth. 
de  rinstitut  royal  des  P.-B.  possède 
4«  sa  version  de  VEunuchus  de  Térence 
(de  Gesnedene);  ^  Bedenkingen  over  de 
Muziek  der  Oude  Grieken  ;  3^  Savor- 
tckingen  omirent  de  taal  en  den  inhoud 
van  het  onbekende  Hand»chrift  door 
den  Hoogleeraur  WUlmet  aan  de  5*** 
Klasse  van  het  Institunt  medegedeeld. 
(Il  a  été  question  ci-dessus  de  ce  Ms. 
en  langue  copte  (M,  également  déposé 
dans  la  Bîbl.  de  Tlnstitut)  ;  4<>  Toott- 
kuastige  Opslellen  (5  liasses);  5°  Un 
paquet  de  notes  détachées,  ayant  rap- 
port à  la  musique  des  Grecs  (la  plu- 
part en  langue  française).  —  M.  G.  Van 
Hall  signale  comme  lui  appartenant  : 
6*  Het  einde  goed,  ailes  goed,  comédie, 
diaprés  Shakespeare  (AlFs  well  that 
ends  well);  7*  Le  \^  acte  et  une  grande 
partie  du  t^  acte  de  la  version  hollan- 
daise du  Don  Carlos  (de  Schiller)  ;  S"" 
La  plus  grande  partie  du  livre  I  de 
VUiade,  trad.  en  vers  hollandais,  dans 
le  rhythme  de  Torlginal  ;  9^  la  version 
du  Chant  de  la  Cloclie  (n?  ÎO,ci-dessus). 

—  M.  Fréd.  Mûller,  libraire,  possède  : 
iQ^  De  dood  van  Minette,  of  het  eerste 
Jaar  der  Turksche  vrijhetd,  tragédie  ; 
il*  Achilles  en  Polyxena,  id.;  \^^  Ma- 
chteld  van  Velzen,  opéra  ;  i5o  Turandot, 
comédie,  d*après  Schiller;  Pygmalion, 
songe  romantique  (n"*  54);  ii*"  le  n°  59 
(ci-dessus)  ;  15^  enfln,  différents  essais 
sur  la  poésie,  la  musique  et  la  littérature. 

—  Quelques-uns  des  Ils.  qui  précèdent 
figurent  au  catalogue  de  la  bibliothèque 


délaissée  par  Kinker;  y  sont  encore 
mentionnés  les  cahiers  de  ses  cours  de 
Liège  (sur  la  linguistique  générale,  sur 
la  langue  néerlandaise,  sur  le  style,  sur 
la  synonymie,  sur  la  prononciation, 
sur  la  philosophie  et  sur  rhistoire); 
des  dissertations  sur  le  magnétisme 
animal,  sur  la  loi  de  polarité,  sur  la 
conscience  de  soi  et  rimmortalité,  sur 
le  matérialisme  et  Tathéisme,  sur  le 
droit  naturel  et  primordial,  sur  Tes- 
thélique  de  Kant,  sur  Tinfluence  des 
Français  en  philosophie,  etc.  ;  des  re- 
cherches sur  la  métrique  et  la  prosodie 
des  Grecs  et  des  Romains  (*),  sur  la  lan- 
gue Anglo-Saxonne  dans  ses  rapports 
avec  le  hollandais,  etc.  ;  le  plan  d*un 
journal  critique  (1805),  vraisemblable- 
ment la  première  ébauche  du  Recen^ 
sent  ;  des  notes  destinées  à  Tinstitut  et 
à  d'autres  Sociétés  savantes;  le  dis- 
cours (')  qu'il  prononça  comme  recteur 
sortant  (1829;  v.  fart.  J.-G.-J.  Ernst), 
des  ébauches  de  pièces  de  théâtre,  etc. 
On  peut  juger,  par  celte  énumération, 
de  Tactivité  de  Kinker  et  de  la  variété 
de  ses  éludes.  Il  avait  Thabitude  de 
charger  ses  livres  de  notes  :  nombre 
de  volumes  acquis  à  sa  vente  sont  de- 
venus précieux  à  raison  des  observa- 
tions qu'il  y  a  consignées. 

Outre  les  biographies  de  MM.  Van 
Hall,  Van  der  W'ijck,  Steger  et  Goche- 
ret  de  la  Morinière,  il  existe  un  grand 
nombre  de  notices  sur  Kinker.  Nous  en 
citerons  seulement  queUiues-unes  :  Al- 
gemen  kunst  en  Leiterbode,  t.  II,  i845, 
p.  225  (');  Algemeen  Uandelsblad  (17 
sept.  1845)  ;  Amslerdamsche  courant  (8 
av>il  1847);  Muien-Almanak ,  1846, 
p.  161  ,*  Handel,  van  de  jaarl.  verga- 
dering  der  Maatsch.  voor  Nederl.  letter- 
kunde  te  Leiden,  1846,  p.7;  Uaarlemsche 
covran/ (10  avril  1847)  ;  Recensent  (1850 


(  *  )  Le  catalogue  rédigi^  pour  la  vente  de 
la  bibliothèque  de  Kinker  mentionne  onze 
pièces  relatives  a  ce  Ms.  et  aux  recherches 
sur  la  langue  égyptienne  entreprises  par  le 
savant  philologue.  On  y  remarque,  entr'au* 
très,  un  glossaire  copte-latin. 

(')  Nous  rappellerons,  à  ce  propos,  qu'il 
parle  de  Fuss  ;v.  ce  nom)  dans  une  de  ses 
lettres  il  M.  Ed.  Capitaine.  Il  s'étonne  de 
voir  Fuss  plus  préoccupé  de  U  métrique  que 


de  la  musique  des  anciens  :  comme  si  leur 
métrique,  ajoule-t-il ,  ne  faisait  point  partie 
de  leur  musique  ! 

(>)  Dans  le  livre  d'E.  MQnch  intitulé  : 
Die  Freiheit  den  Uuterrichts  (Bonn,  1829, 
in-8<>),  on  trouve,  p.  271,  un  autre  discours 
de  Kinker, adressé  au  roi  des  P.-B. —  L'ora- 
teur s'y  prononce  contre  la  liberté  de  l'en  - 
seignement. 

(*)  Art.  de  M.  Cocheretde  la  Morinière. 


391 


KUP 


392 


n»9};  Nieuwe  Rotterdamsche  caurml, 
i5fév.  4850 (* );  Onze  Tijd,  1. 1.  p. 203; 
Van  Campen,  Gesch,  der  letteren  en  We- 
tenschappen  in  Nederland,  t.  Il,  p  44G; 
Gollot  d*£scury,  HoUandsche  rœmX  III, 
p.244,  et  t.  VI,  p  42i;A.J.VanderAa, 
Biogr.  Woordenbœky  t.  ÏX,  p.  4 77,  etc. 

—  î/oratson  funèbre  prononcée  par  M. 
F.  Mutler,  en  sa  qualité  de  président  de 
la  3«  classe  de  i*lnsti(ut,  remonte  au  8 
avril  4847  (•)  ;  celle  de  M.  Van  der 
Vijver,  au  21  Janvier  4846  (lorsque  le 
buste  de  Kinker  fut  placé  dans  la  salle 
des  séances  de  la  loge  de  la  Charité), 

—  Voir  encore  le  Broederhand  (de  Bru- 
xelles), 7*  livraison  de  1845,  et  le  Ne- 
derlandsche  Staatsc^urant  du  54  jan- 
vier 4850  (appréciation  sur  Kinker, 
par  M.  le  professeur  den  Tex,  secré- 
taire de  la  5*  classe  de  rinstitut).  — 
L'art,  de  M.  le  prof.  Van  VIolen,  en 
réponse  à  M.  Van  der  Wijck,  se  trouve 
dans  le  Levensbode,  année  4865. 


KnpffeiiMshlnef^of    (FraNÇ.-Hen- 

rt-Joseph)  naquit  à  Liège  le  5  février 
4844  et  y  mourut  le  49  octobre  4866. 
Il  fit  toutes  ses  études  dans  sa  ville  na- 
tale, obtint  le  iO  juin  4834,  avec  dis- 
tinction ,  le  diplôme  de  docteur  en 
droit  et  se  fit  inscrire,  le  4  juillet  sui- 
vant, au  tableau  des  membres  du  bar- 
reau liégeois.  Il  se  serait  distingué 
comme  avocat  ou  comme  magistrat  : 
une  circonstance  particulière  le  jeta 
dans  la  carrière  de  renseignement,  qui 
ne  lui  convenait  pas  moins.  La  loi  des 
incompatibilités  parlementaires  n'exis- 
tait pas  alors  :  la  Chambre  des  repré- 
sentants comptait  parmi  ses  membres 
Antoine  Ernst,  professeur  à  l'Univer- 
sité de  Liège,  ensuite  à  celle  de  Lou- 
vain  (v.  son  article).  Ernst  ayant  besoin 
d'un  suppléant  pour  le  cours  û'Insti- 
tutes  du  droit  romain^  en  fit  charger, 
pour  l'année  académique  4 833- 54,  le 


jeune  jurisconsulte,  dont  il  avait  remar- 
qué l'esprit  méthodique,  le  jugement 
sOr  et  le  langage  net  et  précis.  Kupf- 
ferschlaeger  s'acquitta  de  sa  tâche  ar- 
due à  la  satisfaction    générale.  Son 
mandat  fut  renouvelé  pour  4834-35: 
Ant.  Ernst  avait  accepté  le  porte-feuille 
de  la  justice  et  semblait  par  consé- 
quent plus  éloigné  que  jamais  de  remon- 
ter dans  sa  chaire.  Kupfferschiaeger 
obtint  le  traitement  de  lecteur  (22  sep- 
tembre 4834),  ajouta  au  cours  d'Insti- 
tûtes  celui  d'Encyclopédie  du  droit,  éga- 
lement délaissé  par  le  professeur  mi- 
nistre, et,  sur  la  demande  expresse  des 
élèves,  enseigna  gratuitement,  la  même 
année,  le  droit  commercial  (v.  Godet). 
Il  devint   définitivement  titulaire    du 
cours  A* Encyclopédie  (*)  en  décembre 
4835,  et  resta,  par  intérim,  chargé 
du  cours  ûlnstitutes  jusqu'au  5  août 
4837,  date  de  sa  promotion  h  l'extraor- 
dinariat.  Dès  lors  il  fut  non  seulement 
titulaire  des  deux  cours  précités,  mais 
de  celui  (THistoire  du  droit  romain^ 
dont  M.  Dupont,  alors  Investi  des  fonc- 
tions de  recteur  et  accablé  d'occupa- 
tions, avait  exprimé  le  désir  d'être  dé- 
chargé. Kupfferschiaeger  supporta  cou- 
rageusement son  lourd  fardeau.  Rigide 
observateur  du  devoir,  dévoué  par  des- 
sus tout  à  la  science  et  à  l'Université, 
il  ne  crut  jamais  avoir  assez  fait  pour 
améliorer  ses  cours  et  pour  inspirer  à 
ses  élèves  le  goût  des  fortes  études  :  il 
élargit  même,  autant  que  le  programme 
le  lui  permit,  le  cadre  de  son  enseigne- 
ment, et,  pour  ne  pas  le  laisser  incom- 
plet, il  s'astreignit  à  donner  régulière- 
ment de  nombreuses  leçons  supplémen- 
taires, au  risque  de  compromettre  sa 
santé.  Le  22  septembre  4848,  il  reçut 
le  titre  de  professeqr  ordinaire  ;   la 
croix  de  l'ordre  de  Léopold  lui  fut  dé- 
cernée le  24  septembre  1855.  De  1863 
à  48G6,  il  fit  partie  du  conseil  de  per- 
fectionnement de  renseignement  supé- 


(  *  )  Art.  de  M.  Joltraod,  de  Bruxelles. 

(*)  Kinker  fut  pendant  35  ans  l'un  des 
membres  les  pins  actifs  do  Tlnslilut;  déjà 
plus  qu'octogénaire,  il  eui  l'honneur  d'être 
appelé  à  la  présidence  des  classes  réunies. 

(  *  )  11  sut  donner  à  ce  cours  une  sérieuse 
importance,  en  mettant  k  profit  les  travaux 


des  Allemands.  Son  point  de  vue  était  celai 
du  spiritualisme  chrétien,  éclairé  parles  idées 
libérales.  L'esprit  de  son  enseignement  éuit, 
sous  plusd'un  rapport,  te  même  que  celui  des 
cours  de  son  collègue  et  ami  M.  J.  G.  Macors 
(v.  ce  nom). 


393 


LEM 


394 


rieur;  enfin,  par  arrêté  royal  du  29 
septembre  1864,  îl  revêtit  les  insignes 
du  rectorat  triennal.  Fidèle  à  la  devise 
qu'il  avait  adoptée  :  «  Fais  ce  que  dois, 
advienne  que  pourra,  »  il  se  multiplia 
pour  suffire  à  ses  doubles  fonctions, 
bien  que  sa  constitution  physique  se 
ressentit  depuis  longtemps  déjà  de  ses 
excès  de  travail  ;  enfin  la  nature  récla- 
ma ses  droits.  Aussi  bien,  le  rectorat 
de  Kupfferschlaeger  coïncida  malheu- 
reusement avec  une  période  d'agitation 
universitaire  :  de  regrettables  manifes- 
tations eurent  lieu,  et  le  premier  Con- 
grès inUrnaiional  des  étudiants  donna 
la  mesure  de  Texaltation  momentanée 
d*une  partie  de  la  jeunesse.  L'honorable 
recteur  resta  ferme  comme  un  roc  ;  mais 
son  coBur  était  navré.  11  se  dévoua  de  plus 
en  plus  à  ses  fonctions;  il  succomba  pour 
ainsi  dire  à  la  tâche.  KupfTerschlaeger 
était  lejustuni  et  tenacem  d'Horace  ;  il 
ne  connaissait  ni  les  transactions,  ni  les 
attermoiements,  et  cette  austérité,  c^tte 
religion  du  droit  et  du  devoir  s'alliaient 
pourtant  chez  lui  à  toutes  les  affections 
généreuses  du  cœur.  Peu  d'hommes  ont 
joui  jusqu'à  la  fin  d'une  estime  aussi 
universelle ,  et  peu  cependant  se  sont 
montrés ,  en  toute  circonstance ,  aussi 
peu  disposés  à  des  concessions  (*).  Il 
était  d'un  commerce  agréable,  bienveil- 
lant par  caractère ,  très-gai  dans  l'in- 
timité ;  mais  quand  la  voix  du  devoir  se 
faisait  entendre.  Il  redevenait  grave  et 
presque  solennel  :  sachant  du  reste 
écouter  la  discussion,  mais  inébranlable 
et  inflexible  quand  sa  puissante  logique 
Tavait  conduit  à  des  conclusions  for- 
melles. Son  cours  d'Institutes  est  un 
modèle  d'ordre  et  de  précision  :  on  doit 
regretter  qu'il  n'ait  pas  cru  devoir  céder 
aux  instances  de  ses  amis ,  qui  à  di- 
verses époques  le  pressèrent  de  le  pu- 
blier. Sévère  envers  lui-même,  il  ne 
croyait  jamais  avoir  assez  fait  ;  il  pré- 
férait l'oubli  à  une  réputation  qu'il  eût 
jugée  trop  aisément  conquise  :  ce  trait 
le  peint  tout  entier.  Au  lit  de  mort,  il 
témoigna  le  désir  d'être  conduit  obscu- 
rément au  champ   du  repos  ;  on  dut 

(  *)  £a  matière  d'enseignement  8U{>érieur, 
Dotammeai,  il  avait  des  convictions  très-ar- 
rètées;  en  se  montrant  moins  rigide,  il  aurait 


s'abstenir  de  lui  décerner  les  honneurs 
universitaires.  —  Kupfferschlaeger  fut, 
pendant  plusieurs  années  l'un  des  mem- 
bres les  plus  actifs  du  Conseil  commu- 
nal de  Liège  :  il  résilia  son  mandat  en 
1857.  A  partir  de  1852  (arr.  royal  du 
22  mars),  il  fit  partie  du  bureau  admi- 
nistratif de  l'Athénée  royal  de  Liège. 
Il  prit  part  à  la  création  du  Bulletin 
Communal  (2  vol.  in-4<') ,  recueil  utile, 
où  étaient  traitées  avec  le  plus  grand 
soin  toutes  les  questions  intéressant 
l'administration  locale.  On  doit  encore 
à  Kupfferschlaeger  une  brochure  inti- 
tulée :  De  l'espèce  de  majorité  requise 
pour  la  formation  des  actes  des  Conseils 
communaux (Lïé^e,  s.d.,in-8oà  2  col  ). 
il  y  soutient  «  qu'en  thèse  générale,  les 
»  résolutions  des  Conseils  communaux 
»  ne  peuvent  être  prises  qu'à  la  majorité 
»  absolue  des  membres  présents  et  non 
»  pas  seulement  à  la  majorité  absolue 
»  des  membres  votants  ,  si  le  vote  a 
»  lieu  à  haute  voix ,  ou  des  suffrages 
»  réels  valablement  exprimés,  si  le  vote 
»  a  eu  lieu  au  scrutin  secret.  »  H  ap- 
plique spécialement  cette  théorie  aux 
nominations  et  présentations  de  candi- 
dats ;  cependant,  ajoute-t-il,  si  la  majo- 
rité des  membres  présents  n'est  pas 
obtenue  au  premier  tour  de  scrutin, 
«  on  doit  procéder  à  un  scrutin  de  bal- 
»  lottage  entre  les  concurrents  qui  ont 
»  eu  le  plus  de  voix ,  pris  en  nombre 
»  double  des  nominations  ou  présenta- 
»  tions  à  faire,  auquel  cas  la  nomination 
»  a  lieu  à  la  pluralité  des  votes,  et  s'il 
»  y  a  parité  de  votes ,  le  plus  âgé  est 
»  préféré.  » 


i^emnire  (Jean  Fràmçois),  né  à  Gand 
le  7  août  1797,  mourut  à  Grammoat  le 
51  octobre  1852  II  fit  ses  études  au 
Collège  et  à  l'Université  de  sa  ville  na- 
tale, et  avant  de  les  avoir  terminées,  se 
trouva  mis  en  demeure  de  faire  face  aux 
nécessités  de  la  vie  :  ri  dut  abandonner 
pour  les  mathématiques  les  belles-let- 
tres et  ta  philologie,  vers  lesquelles  il  se 
sentait  particulièrement  attiré.  Lemaire 

• 

cru  trahir  les  véritables  intérêts  de l'IJaiver- 
sitd. 


398 


LEM 


396 


lutta  contre  Tadversité  avec  un  courage 
exemplaire,  pour  écarter  de  sa  famille 
Jusqu  à  la  conscience  de  la  position  pé- 
nible où  elle  se  trouvait  ;  il  employa  ses 
journées  à  donner  des  leçons ,  ses 
nuits  à  étudier,  et  malgré  les  entraves 
de  tout  genre  qui  paralysaient  son  zèle, 
subit  avec  distinction,  en  i  8i  8,  Texamen 
de  candidat  en  sciences  physiques  et 
mathématiques.  Ses  efforts  furent  ré- 
compensés par  un  arrêté  ministériel 
du  5  décembre  de  la  même  année,  qui 
le  nomma  régent  de  la  seconde  classe 
de  mathématiques  au  Collège  royal 
de  Gand.  H  ne  tard^  pas  à  remplacer 
dans  la  première  classe  M.  Queteiet, 
appelé  à  1  Athénée  royal  de  Bruxelles. 
Le  14  avril  1821,  l*Université  de  Gand 
lui  décerna  le  diplôme  de  docteur  en 
sciences  mathématiques  et  en  philoso- 
phie naturelle;  sa  thèse  inaugurale  trai- 
tait des  solutions  singulières,  des  équa- 
tions différentielles,  et  en  présentait  un 
exposé  net  et  méthodique,  d*après  les 
travaux  de  Lagrange  et  des  écrivains 
qui,  après  lui,  s'étaient  ajipliqués  in  rat- 
tacher ces  formules  longtemps  inexpli- 
quées aux  équations  intégrales  ordi- 
naires, et  sVn  étaient  servis  pour  ré- 
soudre directement  une  foule  de  problè- 
mes difficiles.  Le  7 août  suivant,  Lemaire 
passa  du  Collège  de  Gand  à  TAthénée  de 
Toumay,  comme  professeur  de  mathé- 
matiques supérieures;  Tannée  suivantejl 
fut  en  outre  chargé  d*une  partie  des  cours 
destinés  aux  commençants.  Il  se  dévoua 
entièrement  â  ses  devoirs  de  profes 
seur  et  obtint  des  succès  réels  ;  on  peut 
rappeler  en  passant  qu'il  introduisit 
avec  avantage,  dans  l'enseignement  élé- 
mentaire, la  considération  des  projec- 
tions stéréométriques.  Son  mérite  ne 
resta  point  méconnu  :  le  1^  août  1826, 
un  arrêté  royal  le  nomma  professeur 
extraordinaire  à  TUniversité  de  Gand , 
avec  mission  d'enseigner  la  géométrie 
appliquée  aux  arts  et  à  la  mécanique 
industrielle  (*)  En  i827,il  fit  un  cours 


spécial  à  Tusage  des  ouvriers,  et  le  ré- 
suma dans  un  petit  tr«iitéintitulé,comme 
sa  chaire  :  De  Meetkunst  op  de  Kunêten 
en  amhachten  toegepast  (Gand,  1828, 
\n-S^  de  170  p.  et  3  pi.,  dédié  à  H. 
A.-J.  Ewyck).  Il  eut  ainsi  Tbonneor 
d'être  l'un  des  premiers,  dans  nos  pro- 
vinces, à  contribuer  au  développement 
de  rinstruction  technologique,  qui  de- 
vait plus  lard  y  devenir  si  importante. 
Il  ne  négligea  rien  pour  sinitier  aux 
procédés  industriels  :  on  le  rencontre  k 
Seraing,  en  Angleterre,  partout  où  il  a 
la  chance  d'enrichir  ses  connaissances 
pratiques.  La  Faculté  des  sciences  ayant 
été  supprimée  à  Gand  le  lendemain  de 
la  révolution,  Lemaire  fut  désigné  pour 
l>asser  à  l'Université  de  Liège,  et  chargé 
des  cours  d'introduction  aux  mathéma- 
tiques supérieures  et  de  calcul  diffé- 
rentiel et  intégral.  Promu  à  l'ordinariat 
en  1835,  il  devint  titulaire  des  cours 
d'analyse  et  de  mécanique  analytique. 
Un  arrêté  royal  du  3  septembre  183S 
l'éleva  au  rectorat  pour  l'année  acadé- 
mique suivante;  le  14  décembre,  il 
ajouta  aux  Insignes  de  sa  dignité  la  Croix 
de  l'Ordre  de  Léopold.  La  même  année, 
il  reçut  le  titre  d'inspecteur  de  l'Ecole 
préparatoire  des  mines;  en  1812, il  fut 
investi  des  fonctions  de  secrétaire  du 
Conseil  de  perfectionnement  des  écoles 
spéciales.  Lemaire,  malgré  une  corpu- 
lence excessive  qui  finit  par  compro- 
mettre sa  santé,  était  très-actif:  à  ses 
occupations  académiques,  il  ajouta  plu- 
sieurs missions  ayant  trait  à  rinstruc- 
tion primaire,  et  ses  rares  loisirs  étaient 
régulièrement  absorbés  par  l'étude  dès 
chefs  d*œuvre  littéraires,  tant  anciens 
que  modernes.  Il  possédait  bien  le  grec 
et  le  latin  ;  les  principales  langues  vivan- 
tes de  l'Europe  lui  étaient  également  h- 
niilières.  La  littérature  italienne  surtout 
avait  le  privilège  de  le  passionner  :  en 
18iG,  il  ne  put  résister  au  désir  d'aller 
saluer  la  patrie  du  Dante  et  de  Michel- 
Ange.  Il  s'était  fait  illusion  sur  sa  force 


(  *  )  Lemaire  fol  oommë,  k  proprement  par- 
ier, professeur  k.  l'Ecole  iodustrieUe.qui  était 
une  section  de  ta  Faculté  des  sciences  de 
rUniversité  de  Gand.  11  y  eut  pour  collègue 
le  Hollandais  van  Breda,  qui  reçut  sa  démis- 
sion après  les  événements  de  1830.  La  Fa- 


cullë  des  sciences  fut  en  môme  temps  sup- 
primée k  Gand  ;  mais  le  Gouvernemeol,  ne 
voulant  pas  laisser  tomt)er  rKcoleindustrielle, 
remplaça  Lemaire  et  Van  Breda  par  Ed.  Jac- 
quemyns  et  Ch.  Norren  (v.  ce  nom). 


397 


LER 


398 


physique  :  le  voyage  s'accomplit  beu- 
renseroent,  mais  au  retour,  Leinatre  fut 
retenu  à  AIbi  (Tarn)  par  une  fièvre  vio- 
lente qui  prit  bientôt  de  telles  propor- 
tions, qu1l  se  vit  forcé  de  demander  sa 
retraite,  il  put  revoir  sa  patrie;  mais 
son  corps  était  épuisé  et  bientôt  ses  fa- 
cultés subirent  un  affaissement  général. 
Déclaré  émérite  par  arrêté  royal  du  45 
mars  4847 ,  il  alla  vivre  à  Bruxelles 
chez  un  frère  qui  lui  prodigua  les  soins 
les  plus  tendres  ;  il  ferma  les  yeux  à 
Grammont ,  où  il  s'était  rendu  pour  se 
soumettre  au  traitement   hydrothéra- 
pique.  —  Lemaire  a  peu  écrit  :  les  An- 
nales •de  rUniversité  de  Gand  (1848- 
1849)  contiennent  de  lui  un  Mémoire 
académique  couronné,   en  réponse  à 
une  question  de  botanique  (ExposUio 
commodomm  methodi  naturalis  planta- 
rum   tant  in  scUntià  botanicà   ipsâ, 
quàm  m  ejus  applicationibus)  ;  la  dis- 
sertation citée  sur  les  équations  diffé- 
rentielles (4821)  et  un  discours  inau- 
gural (1826)  sur  le  dessin  linéaire  et 
sur  le  rapport  des  arts  mécaniques  avec 
les  arts  libéraux.  Quelques   discours 
insérés  dans  les  Annales  des  Universités 
de  Belgique ,  quelques  travaux  statisti- 
ques dans  la  Correspondance  mathéma- 
tique de  M.  Quetelet  complètent  à  peu 
près  son  bilan.  Lemaire  était  avant  tout 
un  excellent  professeur,  un  homme  in- 
struit et  d'un  commerce  agréable;  peul- 
étre  se  serait-il  élevé  plus  haut  s'il  lui 
avait  été  donné  de  suivre  sa  vocation. 
Sources  :  Notice  sur  J.  F.  Lemaire , 
par  A.  G.  De  Gnyper.  Liège,  4855,  in- 
8*.  —  Nécrologe  liégeois  pour  4862  (par 
U.Gapitaine),p.  50-55. 


i^ero»'  (Joseph-Antoine)  naquit  à 
Anvers  le  25  mars  4800  et  mourut  à 
Liège  le  9  janvier  4859.  Son  père,  doc- 
teur en  médecine,  était  ptofesseur  d>- 
natomie  et  de  chirurgie  à  l'ancienne 
école  de  chirurgie  d'Anvers.  L'instruc- 
tion secondaire  étant  assez  négligée  en 
cette  ville,  à  l'époque  de  la  domination 
impériale,  le  jeune  Leroy  fut  envoyé  au 
lyeée  de  Bruxelles,  où  il  fit  des  progrès 
rapides.  En  4849,  il  se  rendit  à  l'Uni- 
versité de  Louvain  pour  y  étudier  les 
sciences  médicales.  Il  y  arriva  pénétré 


de  la  conviction  qu'aucune  branche  des 
connaissances  humaines  ,  pour  ainsi 
dire,  ne  doit  res^jBr  entièrement  étran- 
gère au  médecin  :  la  philologie,  la  bo- 
tanique, la  physique,  la  chimie,  les 
mathématiques  l'occupèrent  tour  à  tour; 
il  voulait  asseoir  son  édifice  sur  les 
bases  les  plus  solides.  Son  examen  de 
candidat  en  sciences  fut  des  plus  bril- 
lants. Kn  4824,  la  Faculté  de  Louvain 
mit  au  concours  la  question  suivante  : 
Quels  sont  les  principaux:  phénomènes 
chimiques  qui  peuvent  être  interprétés 
physiquement  de  deux  manièi'es  diffé- 
rentes ?  Il  s'agissait ,  non  seulement 
d'énumérer  ces  phénomènes,  mais  de 
décrire  les  circonstances  dans  lesquels 
ils  ont  lieu,  et  les  procédés  à  employer 
pour  les  produire.  Le  Mémoire  du  jeune 
Leroy,  d'une  étendue  de  456  p.  in-4», 
obtint  la  palme  le  40  octobre  4822. 
L'auteur  y  défendait  les  idées  de  son 
professeur  Ynn  Mons,  qui  regardait 
l'hydrogène  comme  le  corps  le  plus 
simple  ou  pour  mieux  dire  comme  le 
seul  corps  simple,  et  le  prenait  pour 
l'unité  de  la  théorie  atomique,  tandis  que 
les  autres  chimistes  adof)taient  l'oxy- 
gène. S'appuyant  sur  cette  hypothèse, 
Leroy  traita  son  sujet  in  extenso  et  fit 
preuve  d'une  érudition  chimique  très- 
remarquable  pour  son  âge.  Ce  travail 
ardu  ne  l'empêcha  pas,  au  temps  voulu, 
de  subir  avec  la  plus  grande  distinction 
l'examen  de  candidat  en  médecine.  In- 
fatigable et,  de  plus,animé  |)ar  le  succès, 
il  rentra  presque  aussitôt  en  lice,  et 
obtint  en  4824  la  médaille  d'or,  pour  un 
mémoire  sur  remploi  du  forceps  et  sur 
Vusage  du  levier,  «  Dans  tout  accouche- 
ment et  dans  toutes  ses  périodes ,  soit 
que  la  tète  vienne  la  première,  soit  que 
ce  soient  les  pieds,  les  plus  petits  dia- 
mètres de  la  tète  doivent  toujours  cor- 
respondre aux  plus  favorables  du  bas- 
sin. »  Telle  était  la  doctrine  enseignée 
à  Louvain  par  Van  Solingen,  et  exposée 
par  cet  habile  professeur,  dans  un  livre 
estimé  :  HH  werktuiglykc  der  verlossing 
verklaerd,  betoogd ,  en  Iwrleidt  tôt  een 
algemeen  grondbeginsel  (Leiden ,  Hon- 
kcop,  4799,  in-8^  de  288  p.).  Leroy 
suivit  l'opinion  de  son  maitre  et  démon- 
tra que  le  diamètre  le  plus  favorable  est 
le  diamètre  oblique,  qui  s'étend  d'une 


399 


LER 


400 


éninence  ilio-pectinée  il^un  côté,  à  la 
symphyse  sacro-Iliaque  opposée.  Dans 
la  première  partie  de  son  Mémoire ,  il 
itétermina  les  huit  positions  dans  les- 
quelles il  convient,  en  général ,  d*avoir 
recours  au  forceps ,  d'après  Tavis  des 
auteurs  les  plus  recommandables  ;  dans 
la  seconde,  il  soutint  que  Tinstrument 
de  Palfyn  (dont  Leroy  attribue  par  er- 
reur Tinvention  à  Chamberlayne)  n'est 
pas  applicable  toutes  les  fois  que  la  tête 
est  trop  grosse  pour  traverser  la  filière 
du  baFsin;  dans  la  troisième,  il  indiqua 
les  positions  dans  lesquelles  le  levier 
doit  être  préféré  ;  dans  la  quatrième,  il 
passa  en  revue  toutes  les  contre-indi- 
cations de  cet  instrument;  enfin,  dans 
la  cinquième,  il  détermina  le  but  précis 
de  chacun  des  deux  procédés,  et  for- 
mula des  conclusions  nettes  sur  Toppor- 
tunité  de  leur  emploi  respectif.  —  Ce 
mémoire  important  fut  suivi  d'une  dis- 
sertation Inaugurale  sur  rhématose  : 
Leroy  fut  reçu  docteur  en  médecine 
avec  la  plus  grande  distinction  te  1  dé- 
cembre i8St4.  Le  jeune  savant,  par  ses 
premiers  travaux,  s'était  fait  remarquer 
surtout  comme  un  excellent  élève  ;  son 
étude  sur  Vhématosele  plaça  plus  haut  : 
il  y  hasardait  quelques  opinions  per- 
sonnelles. Vkématose  y  est  définie  :  la 
formation  du  sang  aux  dépens  des  élé- 
ments puisés  tant  au  dehors  qu'au  de- 
dans de  l'individu  chez  lequel  ce  phé- 
nomène a  lieu.  Cette  formation  est  une 
opération  de  chimie  vitale;  la  différence 
de  couleur  qui  caractérise  le  sang  arté- 
riel et  le  sang  veineux  est  due  au  plus 
ou  moins  d'oxydation  du  fer  qui  entre 
dans  la  composition  de  cette  substance. 
L'hématose  ne  commence  pas  au  moment 
où  les  éléments  du  sang  se  rencontrent, 
mais  seulement  alors  qu'ils  arrivent 
dans  les  jioumons,  où  ils  reçoivent  le 
contact  de  l'air  atmosphérique.  L'air 
expiré  renferme  la  même  quantité  d'a- 
tote  que  l'air  inspiré;  mais  il  a  |>erdu 
une  partie  de  son  oxygène.  Qu'est  de- 
venu cet  oxygène  !  11  s'est  combiné  par- 
tie avec  le  carbone,  partie  avec  l'hydro- 
gène, selon  Lavoisier  ;  avec  le  carbone 
seulement,  selon  Ellis.  Mais  le  carbone 
ne  se  combine  avec  l'oxygène  qu'à  la  cha- 
leur rouge, dit  Leroy;  on  ne  peut,  pour 
iiivalider  cette  objection,  invoquer  la 


chimie  vitale,  puisque  d'abord  racide 
carbonique  se  trouve  tout  formé  dans 
le  sang,  et  qu'ensuite  il*  est  probable 
que  les  matériaux  de  la  perspiration 
pulmonaire  proviennent  des  artères 
bronchites  :  il  en  résulterait,  en  somme, 
que  l'acide  carbonique  expiré  ne  résulie 
pas  de  la  combinaison  de  l'oxygène 
avec  le  carbone  du  sang  veineux  Avec 
quoi  donc  se  combine  I  oxygène  absor- 
bé? Avec  le  fer  de  la  matière  colorante. 
Leroy  cite  à  l'appui  de  sa  théorie  une 
expérience  qu'il  a  instituée  (Dis»,  inaug, 
p.  31).  Il  ne  conclut  pas,  toutefois,  que 
l'hématose  consiste  uniquement  dans 
la  suroxydation  du  fer  :  d'autres  modi- 
fications ont  lieu  également;  mais  elles 
tombent  moins  sous  les  sens.  Les  pou- 
mons ne  sont  point  passifs  dans  l'acte 
de  l'hématose,  comme  le  prouvent  les 
expériences  de  Dnpuytren  et  d'autres 
physiologistes.  —  Etabli  comme  prati- 
cien à  Anvers,  Leroy  ne  renonça  pas  à 
ses  habitudes  studieuses.  Le  célèbre 
accoucheur  Capuron  ayant  attaqué  avec 
aigreur,  dans  les  Annaks  de  médecine 
physiologiques  de  Broussais  (nov.  i8S3) 
la  théorie  de  Van  Solingen ,  celui  ci  se 
défendit  par  une  brochure  publiée  à 
Louvain  en  1821.  Caporon  revint  à  la 
charge  l'année  suivante  et  se  servit  du 
nom  de  Leroy  pour  essayer  de  ternir  la 
réputation  scientifique  de  son  adver- 
saire. L'élève  de  Van  Solingen  crue  de 
son  devoir  de  prendre  lui-même  la  plu- 
me :  il  démontra  péremptoirement  que 
le  principe  adopté  par  Van  Solingen 
n'avait  point  été  formulé  par  Solayres 
et  Baudelûcque ,  ainsi  que  l'aOïrroait 
Capuron.et  qu'il  ne  résultait  mème|>oint 
de  l'ensemble  de  leur  doctrine;  il  con- 
vainquit en  outre  d'erreur  le  polémiste 
français,  qui  soutenait  que  les  plus  pe- 
tits diamètres  de  la  tête  doivent  corres- 
pondre avec  les  plus  grandes  dimensions 
du  bassin,  tandis  que  Van  Solingen, 
avec  raison,  veut  qu'ils  coïncident  avec 
les  dimensions  les  plus  favorables  au 
passage  de  la  tête.  La  réplique  se  ter- 
minait par  des  réflexions  sur  one  lettre 
de  Baudelocque,  approuvant  le  princifie 
de  Van  Solingen.  La  querelle  en  resta 
\k  ;  elle  eut  seulement  |)Our  effet  d'atti- 
rer Fattention  du  gouvernement  sur  le 
docteur  Leroy,  qui  fut  nommé  lecieur  à 


401 


LES 


405 


rUoiversité  de  Lonvain,  le  i  7  «efHenibre 
1826.  Il  y  enseignattde  tout  cœur  et  de 
toute  âme'»  la  pathologie  générale  et 
ia  physiologie  humaine  et  comparée.  Il 
reçut  le  titre  de  professeur  eiLtraordi- 
nsire  le  28  juin  4828.  La  révolution 
ayant  amené  la  suppression  de  la  Fa- 
culté des  sciences  et  par  suite  une  no- 
table diminution  du  nombre  des  aspi- 
rants à  la  médecine,  Leroy  prêta  son 
concours  à  ceux  de  ses  collègues  qui 
avaient  jugé  utile  de  fonder  une  Fa- 
cuHé  libre.  Tout  en  conservant  ses 
cours  en  médecine,  il  enseigna  la  phy- 
^qoe  et  sut  s'attirer,  par  son  talent 
d*expo8ition,  un  auditoire  nombreux  et 
flfiéle.  En  1855,  Leroy  fut  appelé  à 
rUniversitéde  Liège  comme  professeur 
de  physiologie  humaine  et  comparée. 
Le  14  décembre  1858,  le  roi  le  nomma 
chevalier  de  son  ordre.  Dans  sa  nou- 
velle résidence,  il  se  distingua  par 
toutes  les  qualités  qui  léi  avaieut  valu 
ses  premiers  succès  :  mais  il  était  d'une 
constitution  frêle,  et  ses  travaux  assi- 
dus Tavaient  graduellement  épuisée.  Il 
Ait  inopinément  frappé  à  son  poste, 
qvand  lotit  semblait  lui  promettre  un 
brillant  avenir.  Comme  Godet,  il  n'avait 
pas  59  ans  ! —  Outre  les  dissertations  ci- 
tées, on  connaît  de  Leroy  une  observa- 
tion (en  coll.  avec  M.  le  D*  Lanthier)  de 
Phltgnum  à  la  marge  de  l'anus^  soumise 
au  jugement  de  la  Sociéié  tkmédecitteûe 
Louvain,dont  il  fut  un  des  membres  les 


plus  zélés,  pendant  son  séjour  en  cette 
ville  (v.  les  Annales  de  cette  compa- 
gnie). —  Une  notice  très  bien  faite  sur 
la  vie  et  les  travaux  de  A.-J.  Leroy  a 
été  lue  par  M.  le  docteur  P.  Broeck  à 
la  27«  séance  solennelle  de  la  Société 
de  médecine  d'Anvers,  et  publiée  sépa- 
rément (Anvers ,  Buschmann ,  18G2  , 
in-S**  de 28  p.,  avec  portrait). 


Le»br€f  a»Mii-i  (PHiupP£),né  à  Gaud 
le  25  mars  1781,  mourut  à  Ixelles  le  4 
mars  1855.  Comme  citoyen,  comme 
écrivain  et  comme  professeur ,  Les- 
broussart  a  laissé  un  nom  cher  aux 
patriotes  belges,  à  la  république  des 
lettres  et  à  l'Université  de  Liège.  Son 
père  était  lui-même  un  littérateur  dis- 
tingué, aussi  recommandable  par  ses 
qualités  privées  que  par  son  talent  (*); 
le  jeune  Philippe  n'eut  jamais  sous  les 
yeux  que  de  saines  traditions  et  de  bons 
exemples,  et  il  sut  les  mettre  à  prottt. 
Cependant  les  études  qu'il  avait  com- 
mencées au  collège  Thérésien  de  Bru- 
xelles se  trouvèrent  forcement  inter- 
rompues, et  les  circonstances  l'éloi- 
gnèrent  pour  un  temps  de  la  carrière 
vers  laquelle  le  portaient  ses  goûts  et 
son  éducation.  Il  fut  mis  en  réquisition 
(on  disait  ainsi)  en  l'an  ill,  pour  senir 
comme  expéditionnaire  dans  l'un  des 
bureaux  provisoires  qu'avaient  organi- 
sés les  représentants  alors  en  mission 


{*)  Jean-Baptiste  Lesbroussart, nt^  à  OUy- 
Si-Georges,  en  Picardie,  le  2i  juin  1747, 
ttournt  en  Belgique  te  10  décembre  1818. 
Il  était  arrivé  dans  notre  pays  en  1778,  avec 
le  titre  de  professear  de  poésie  aaColh^e  de 
Gand.  11  passa  pins  lard,  en  qualité  de  pro- 
fesseur de  rtiéleriqiie,  au  Collège  Tbérésien. 
8«8  publieatioDS  lui  ouvrirent,  en  1790,  les 
portes  de  rancienne  Académie  de  Bruxelles. 
Il  fut  compris,  en  4816,  au  nombre  des  nou- 
veaux membres  de  celte  Compagnie  réorga- 
nisée. Il  eut,  d'un  premier  mariage,notre  Phi- 
lippe et  ttée  fille  (M"«Leboeof,  mère  du  di- 
redeitr  du  jardin  xoologique  de  Bruxelles); 
Tutoe  de  ses  trois  filles  du  second  lit  épousa 
H  L.  Alvin,  ancien  directeur  de  rinstruction 
ÏNiblique  au  ministère  de  l'intérieur^  aujoor- 
dlivi  conservateur  de  la  Bibliothèque  royale 
de  Bruxelles.  Voici,  d'après  M.  Uuetelet,  qui 
tious  Mti  Ici  encore  de  guide  Annuaire  de 
tÀcad.  nyak  de  ùelçi^ue,  1864,  p.  tOO), 


Ja  liste  des  principaux  ouvrages  de  J.-B. 
lesbroussart  :  i^  Etoye  du  prince  Chnrlen  de 
Lorraine.  Bruxelles,  4781  ;  ^Education  lit- 
téraire ou  réflexions  iur  le  plan  d'études  adopté 
par  S.  M,  f  Empereur  pour  les  Collèges  des 
Pays-Bas  autrichiens,  ln-1â,  178«3  (v.  l'art. 
Rouillé*;  3^  Eloge  de  Jeande  Carondelet, 
iB-8«,1786;  4»  Atmales  de  Flandre,  par  P. 
d'Oudegherst,  avec  un  discours  préliminaire, 
des  notes,  chartes,  dipl6me8,etc.,  S  vol.in-8<», 
4  786  ;  6<»  Différents  Mémoires  dansles  publica- 
tions de  l'Académie  ;  huit  ont  paru  daas  le 
t.  I  des  yout^eaux  Mémoires,  en  4890.  — H. 
Ad.  Mathieu  nous  apprend,  dans  une  note  de 
son  ëpilre  Sur  la  tombe  de  hh.  Lesbroussart  ^ 
que  la  Bibliothèque  de  Bourgogne  conserve 
deux  manuscrits  de  Lesbroussart  père  :  4« 
Ou  Belgium  primitif,  in-fol.,  a»  4 11(83;  99 
Viiœ  et  gestorum  Brabantiœ  ducum  brève 
ampendium  (4 64 K- 4 740},  Ma.  autographe. 
Bo  45766. 


403 


lES 


404 


il  Braxelles  {*),  «  Lors  de  la  création 
de  VÀdminûtration  centrale  de  la  Beïr 
giquCj  il  fut  attaché  au  secrétariat  gé- 
néral ;  et  plus  tard,  au  cabinet  particu- 
lier du  citoyen  Lambrechts*  commis- 
saire du  gouvernement,  depuis  ministre 
de  la  Justice  et  enfin  Pair  de  France  ('). 
La  Belgique  ayant  été  divisée  en  dé- 
partements, Ph.  Lesbroussart  fut  em- 
ployé dans  Fadmlnistration  départe- 
mentale de  la  Dyle,  successivement  en 
qualité  de  commis  de  première  classe, 
puis  de  sous-chef  dans  Tadministration 
des  contributions  directes.  Après  le  i8 
brumaire  an  VllI ,  les  i.dministrations 
départementales  ayant  été  remplacées 
par  des  préfectures,  il  fut  placé  par  M. 
Doulcet  de  Pontécoulant,  préfet  de  la 
Dyle,  comme  chef  de  bureau,  dans  la 
division  qui  avait  pour  directeur  N. 
Jouy.  »  Le  futur  auteur  de  Sylla^  des 
paroles  de  la  VestalCy  de  YHermite  de 
la  chaussée  d'Anltn  ne  pouvait  man- 
quer de  s'intéresser  à  un  jeune  homme 
qui  partageait  ses  goûts  personnels. 
Lesbroussart  put  consacrer  une  partie 
de  son  temps  à  compléter  ses  études  : 
il  fréquenta,  entr'autres,  à  TEcole  cen- 
trale du  département,  les  cours  des 
professeurs  Wyns(l^islatlon)  et  Rouil- 
lé (littérature  française}.  Jouy  le  prit 
décidément  en  aift^ction  ;  et  il  est  pro- 
bable, dit  M.  Qnetelet.  que  les  muses 
eurent  à  s'applaudir  de  ce  rapproche- 
ment, bien  plus  que  Fadministration  à 
laquelle  ils  appartenaient.  C'est  à  Ttn- 
fluence  de  nos  deux  hommes  de  lettres 
que  Ton  doit  la  création  et  la  pros|)érité 
de  la  Société  littéraire  de  Bruxelles, 


qui  continua  ses  utiles  travaux  pen- 
dant près  d'un  quart  de  siècle  ('). 

En  1804,  Lesbroussart  donna  sa  dé- 
mission pour  aller  rejoindre  son  père, 
alors  directeur  de  l'école  secondaire 
d'Âlost.  Il  y  débuta  dans  l'enseipe- 
ment,  comme  professeur  de  troisième 
latine.  Confiné  dans  une  petite  ville,  il 
n'en  entretint  pas  moins  des  relations 
littéraires  avec  la  plupart  des  écrivains 
belges,  et  donna  signe  de  vie  en  com- 
posant quelques  pièces  de  société,  res- 
tées d'ailleurs  inédiles  {*).  11  fit  paraî- 
tre à  Paris,  en  1807,  ta  traduction  d'un 
roman  anglais  (*);  la  censure  interdit 
la  publication  dun  autre  ouvrage, 
Adolphe  et  Maurice,  dont  il  avait  remis 
le  manuscrit  à  son  libraire. 

A  Gand,  où  le  grand-maitre  de  l'Uni- 
versité l'envoya  pour  remplir,  au  lycée, 
la  chaire  de  seconde  année  d'humani- 
tés, il  rencontra  des  gens  distingués  : 
Cornelissen,  llVallez,  Roelants,  Ferra- 
ris,  Couret  de  Villeneuve,  Kluyskens, 
Benans,  Malengreau,  le  préfet  Faipont 
et  son  secrétaire  Liégeard,  spirituel 
chansonnier,  le  savant  chanoine  de 
Bast  et  un  autre  chanoine,  De  Graeve, 
bien  connu  par  sa  République  des 
Champs  Elysées,  sorte  de  mystification 
involontaire  dont  l'auteur  Ait  la  pre- 
mière dupe  (*).  Tous  ces  hommes  d'ap- 
titudes et  de  goûts  si  divers  vivaient  en 
parfaite  harmonie,  voués  qu'ils  étaient 
tous  au  culte  des  choses  de  l'esprit; 
les  uns  sacrifiaient  aux  Muses  et  aux 
Grâces,  les  autres  se  livraient  à  des 
études  sérieuses  ;  Lesbroussart  se  mê- 
lait à  tous  et  prêtait  au  besoin  sa  plume 


{*)  Les  détails  qui  suiveotsoot  empraotés 
k  UDe  note  de  Lesbroussart,  communiquée 
par  M.  Th.  Juste  k  M.  Queielel. 

(*  )  Y.  les  Vies  de  quelques  Beiges ,  par  M. 
Van  Hulst.  Liège,  184S,  in-8«. 

(  ')  Les  membres  de  cette  Société  se  réu- 
nissaient régulièrement,  le  dimanche  matin, 
pour  se  communiquer  leurs  productions.  A  la 
fin  de  chaque  année,on  publiait  un  Almanach 
poétique,  et  de  temps  à  autre  on  banquetait, 
sans  manquer  jamais  de  chanter  ou  de  lire 
des  vers  au  dessert,  le  plus  souvent  sur  des 
sujets  indiqués  d'avance.  Outre  Jouy  et  Les- 
broussart, nous  citerons,  parmi  les  hahilués 
du  cénacle,  les  barons  de  Stassart  et  de  Reif- 
fenberg,  Raoul,  Baron,  Cornelissen,  MM. 
Alvin,  LeGlay,etc.  (v.Qubtblet,  iVorict  «Kr 


ie  baron  de  Siassart ,  dans  V Annuaire  précité, 
p.  i1S-il3>. 

(  * }  A  l'exemple  de  Molière,  de  Boursault, 
de  Picard,  il  était  à  la  fois  auteur  et  acteur 
(Quetelet,  Notice  sur  Ph.  Lesbroussart ,  dans 
V Annuaire  précité,  p.  SOI). 

(*)  Fanny  Seymour,  3  vol.  in-1S. 

(  *  )  Quetelet,  p.  S09.  —  La  République 
des  Champs  Elysées,  renouvelée  des  rêves  de 
Goropius  Bccanus,  a  été  écrite  pour  prouver 
que  la  scène  de  TOdyssée  se  passe  en  Bel- 
gique. Viissingen  ou  Ulissingen  est  la  ville 
d'Ulysse  ;  Minerve  aux  yeux  bleus  est  évi- 
demment une  Flamande  ;  les  trois  gueules 
de  Cerbère  sont  les  tria  ostia  Bheni;  la  Bol- 
lande  a  donné  son  nom  à  mellespont  ;  le 
Brabant  est  la  Propontide,  etc.,  etc. 


405 


LES 


406 


à  des  confrères  plus  érudits  qu'habiles 
à  tourner  la  phrase.  On  avait  recours  à 
lui  dans  toutes  sortes  de  circonstances: 
c'est  ainsi  qu'à  Toccaslon  d'une  céré- 
monie publique,  il  se  chargea  de  faire, 
à  lui  seul,  tous  les  discours  qui  de- 
vaient y  être  prononcés  (*). 

Lesbroussart  versifiait  avec  la  plus 
grande  facilité  :  on  peut  dire  qu'il  rima 
dès  quil  sut  tenir  une  plume.  On  cite 
de  lui  une  pièce  de  vers  sur  h  mort  et 
Marie-Aniotnette,  publiée  dans  les  Jour- 
naux en  i  794  :  il  n'avait  alors  que  treize 
ans.  il  ne  songeait  guère,  du  reste,  ft 
mettre  au  Jour  ses  élucubrations  ;  indul- 
gent envers  les  autres,  il  était  pour  lui- 
même  d*une  sévérité  excessive  :  Il  atta- 
chait si  peu  de  prix  ft  ses  poésies  légères, 
qu1l  n'en  gardait  pas  copie.  II  se  décida 
pourtant ,  en  1810,  à  prendre  part  au 
concours  de  poésie  ouvert  par  la  Société 
des  Catherinistes  d'Âlost  :  son  poème 
des  Belges  fut  couronné  et  lui  valut  dans 
tout  le  pays  d'unanimes  applaudisse- 
ments (*).  Cette  œuvre  remarquable, 
la  plus  importante  peut-être  de  l^es- 
broussart,  comprend  à  la  fois  une  des- 
cription de  la  Belgique ,  une  brillante 
revue  de  ses  annales  et  un  tableau  des 
progrès  des  sciences,  des  lettres,  des 
arts,  du  commerce  et  de  l'industrie  dans 
notre  pays.  Ce  plan  était  en  quelque 
sorte  imposé  aux  concurrents  ;  le  prin- 
cipal mérite  du  lauréat  devait  donc  con- 
sister dans  l'exécution.Or,  Lesbroussart 
possédait  la  langue  française  comme 
l'un  des  Quarante  :  familier  avec  les 
grands  maîtres  du  style,  il  avait  sur- 
pris tous  leurs  secrets;  son  oreille  dé- 
licate ne  pouvait  souffrir  la  moindre 
discordance  ;  la  tournure  la  plus  heu- 
reuse, la  plus  harmonieuse  se  présen- 
tait à  lui  naturellement ,  et  cette  élé- 
gance innée,  ce  purisme  sans  effort  n'en- 
levaient à  sa  phrase  ni  la  fermeté  ni  la 
dignité.  L'influence  de  Delllle  se  fait 
sentir  dans  ses  compositions  du  genre 


descriptif;  cependant  il  savait  trouver 
de  mâles  accents,  lorsque  sa  fibre  pa- 
triotique était  touchée.  Le  poème  des 
Belges  présente  les  plus  saisissants  con- 
trastes et  atteste  à  la  fois  la  flexibilité 
du  talent  de  l'auteur  ,  l'élévation  et  la 
générosité  de  ses  sentiments.  Le  facU 
indignatio  versum  pourrait  s'appliquer 
à  son  tableau  du  règne  de  Philippe  H; 
en  revanche ,  il  ne  comprit  pas  Ârte- 
velde.  A  cette  époque,  nos  annales  n'a- 
vaient guère  encore  jfail  l'objet  d'une 
étude  sérieuse  ;  d'incroyables  préjugés 
règnai«*nt  au  sujet  des  séditions  commu- 
nales du  moyen-âge,  et  tout  en  recon- 
naissant â  la  nation  belg[e  un  carac- 
tère et  des  aspirations  sui  geneiis,  on 
en  était  venu,  â  la  suite  des  révolutions, 
et  peut-être  Lesbroussart  tout  le  pre- 
mier, â  considérer  son  existence  indé- 
pendante â  peu  près  comme  un  rêve  ir- 
réalisable (').  Si  Lesbroussart  prévoit 
de  meilleurs  Jours,  c'est  en  pressentant 
une  renaissance  des  lettres  et  des  arts; 
son  idéal  dans  le  passé ,  c'est  le  règne 
d'Albert  et  d'Isabelle.  Rappeler  ce  règne, 
c'est  immédiatement  évoquer  les  sou- 
venirs glorieux  de  l'École  flamande  de 
peinture  des  Bubens,  des  Van  Dyck, 
des  Jordaens  et  des  Ténîers  Par  paren- 
thèse, Lesbroussart  s'est  plu  à  réhabi- 
liter le  peintre  des  kermesses  flamandes, 
et  la  postérité  lui  a  donné  raison.  Nous 
suivrons  l'exemple  de  M.  Quetelet, 
en  citant  les  vers  pleins  de  grâce  et 
de  fraîcheur  que  les  charmants  ta- 
bleaux de  l'artiste  méconnu  par  Louis 
XIV  {*)  ont  inspirés  â  Tauteur  des 
Belges  : 

Qn0  j*aiino  d»  Ténieit  Im  peintnros  ehftinpétfM  I 
LA,  ce  soat  Hm  boTean  aocronpis  aoiu  dM  hêtres  ; 
\jB  pUiflir  est  empreint  tor  leur  front  bonrgeonné  : 
D*un  cAté  celui-ri,  sur  1«  taille  incliné, 
SaîYent  da  coin  île  rail  U  létère  fumée 
Ou*ezli«le  dans  le«  airs  sa  pipe  bien-aimée  ; 
Celai-lA,  saToorant  sa  dealiie  vulapté, 
Son  verre  devant  lui,  m  belle  à  sou  côté, 
rt  Pentourant  d^an  bras,  sur  sa  fraîche  maltresne 
Hse  de»  jenz  brillants  <le  vin  et  lie  tendresse  ; 
l'Ioj  loin,  MU»  eet  ormeao  tourne  un  cercle  j«yenf , 


(  * }  ExeeUent  moyea  d'éviter  les  redites, 
ajoate  M.  Qoetelet  ;  de  plus,  on  pouvait  être 
sAr  que  les  orateure  ne  m  eonlredirtient  pas 
les  uns  les  autres. 

(*)  François  de  Neafchâteau,  juge  du  con- 
cours, après  SYoir  consulté  quelques-uns  de 
ses  confrères  de  F  Académie  rrançaise,  dé- 
clara qu'il  s'y  avait  qu'une  voix  pour  adjuger 


le  prix  ft  Lesbroussart.  Un  second  prix  fut 
décerné  k  M.  Lemayeur,  et  un  accessit  à  M. 
Benau,  de  Gand. 

(>)Y.  Quetelet,  p.  918. 

{*)  m  Qu'on  enlève  ces  magots!  »  s'écria  le 
grand  roi  lorsqu'on  lui  présenta  des  tableaux 
de  Téniers. 


407 


LKS 


408 


Qai,  «^agiUnt  a«  sain  d*nn  loorbillon  poudreux, 

A  U  franche  galté  saeriflaat  U  f(ràre, 

Ihi  terrain  »ar  «et  pat  fait  trembler  hi  surface  ; 

Taadu  ^ue  da  sommet  d'un  énorme  tonneau, 

Cn  rustique  ampliion,  lo  charme  du  hameau, 

IPunr  guider  les  élans  de  la  foule  brujrante. 

Joint  son  archet  criard  A  sa  Toix  Kiapiasaute. 

Le  :>ol(;ueur  du  canton,  dans  «on  fauteuil  &  bran 

GraTement  étendu,  préside  à  leurs  ébats. 

Hais  que  font  dana  ce  coin  ces  auatre  solitaire»? 

Ce  sontde  vieux  fermiers,  enlr<H:Iioqu^nt  leuré  Terres; 

Lear  mçard  e^t  hnmide  :  un  heureux  vermillon 

De  «ee  vives  oonleurs  enlnmine  lenr  front  ; 

Ils  parlent  :  je  croîs  presoue  euteudre  leur  langage; 

Le  rire  épanoui  sur  leur  large  visage 

Par  son  aspect  joyeux  excite  ma  fii^Hé, 

Rt  je  souris  moi-méuie  à  leur  félicité. 

Le  poème  des  Belges  renferme ,  dans 
nn  genre  plus  élevé,  des  beautés  de  pre- 
mier ordre.  On  Ta  mis  en  parallèle  avec 
Foeuvre  célèbre  de  Helmers  :  De  Hol- 
landsche  natte;  cependant  il  faut  re- 
connaître dans  celte-cj  plus  d*éclat 
et  de  vigiiear.  LesbroussaK ,  ne  Tou- 
blions  pas,  écrivait  à  une  époque  où  la 
littérature  française  ne  se  distinguait 
pas  précisément  par  ces  qualités.  —  En 
iKiS,  la  rhétorique  du  Lycée  de  Gand 
lui  fut  confiée.  Il  ne  l'occupa  qirune 
année  :  des  avantages  considérables 
le  déterminèrent  il  entreprendre  ,  en 
1815,  avec  un  jeune  homme  dont  il 
dirigeait  Téducation ,  un  voyage  dans 
les  contrées  méridionales  de  l'Europe . 
Il  venait  de  se  marier  (  *  )  :  le  moment 
du  départ  fut  pénible  ;  mais  il  se  dé- 
dommagea de  Télolgnement  par  une 
active  correspondance.  Si  Lesbrous- 
Bart  avait  les  lumières  et  le  cœur  d'un 
Mentor,  ajoute  son  biographe,  il  n*en 
avait,  ce  semble,  pas  toujours  la  pru- 
dence :  c'est  ainsi  qu'à  Lausanne  il  pro- 
voqua en  duel  un  officier  suisse,  qui 
l'avait  traité  avec  brusquerie.  Le  com- 
bat eut  lieu  à  l'épée ,  bien  que  notre 
voyageur  fût  myope  au  plus  haut  degré  : 
Tofficier  eut  le  bras  traversé,  puis  on 
reprit  tranquillement  le  chemin  de  la 


ville ,  ainsi  que  la  conversation  un  mo- 
ment interrompue  {*)  Après  un  séjour 
d'environ  deux  ans  en  France ,  en  Sa- 
voie et  en  Suisse,  Lesbroussart  dut 
rentrer  à  Gand  sans  avoir  visité  l'Italie  : 
son  élève  venait  d'être  désigné  pour 
faire  partie  de  la  garde  d'honneur.  Les 
événements  se  précipitèrent  :  l'empire 
de  Napoléon  s'écroula  dans  nos  plaines. 
Pendant  qu'on  saluait  avec  transport  le 
retour  de  la  paix,  la  Société  des  beaux- 
arts  de  Gand  mit  au  concours  une  can- 
tate sur  la  bataille  de  Waterloo.  Les- 
broussart conquit  une  nouvelle  palme  ; 
cependant  ce  second  triomphe  eut  moins 
d'éclat  que  le  premier.  «  La  pièce  cou- 
ronnée, remarquable  comme  OBUvre  lit- 
téraire, laissait  à  désirer  peut-être  sous 
le  rapport  lyrique  :  les  opinions  d'ail- 
leurs étaient  encore  fort  partagées , 
même  parmi  les  Belges,  sur  l'événement 
politique,  objet  du  concours  »  (') 

Lesbroussart  ne  rentra  dans  l'ensei- 
gnement qu'en  4817,  comme  professeur 
de  poésie  à  l'Athénée  royal  de  Bruxelles; 
son  père  étant  venu  à  mourir  en  1818 , 
il  lui  succéda  en  rhétorique,  et  occupa 
cette  chaire  jusqu'en  1850.  Ses  connais- 
sances étendues,  sa  mémoire  littéraire 
vraiment  prodigieuse,  ses  qualités  per- 
sonnelles ,  surtout  sa  bonté  prover- 
biale et  l'affection  qu'il  portail  aux 
jeunes  gens  lui  assurèrent  un  succès 
complet ,  résultat  d'autant  plus  remar- 
quable que  «  le  professeur,  par  suite  de 
son  extrême  myopie,  était  à  peu  près 
dans  l'impossibilité  de  voir  ce  qui  se 
passait  dans  sa  classe,  et  devait  maintes 
fois  s'en  rapporter  aux  bons  sentiments 
de  ses  élèves  »  (*). 

La  création  du  royaume  des  Pays- 
Bas  avait  été  accueillie  par  Lesbroussart 
avec  enthousiasme  :  «  A  ses  yeux,  les 


(  *  )  Avec  M"»«  V«  Giron ,  née  Dewaele. 
Lesbroastart  devint  ainsi  le  beau-père  de 
M.  Aug.  Giron,  qui  s'est  fait  également  un 
nom  dans  les  lettres  (Quetelel,  p.  S04). 

(*)  Q«etelet,  p.  305.  —  Lesbroussart 
laissa  des  traces  de  son  excursion  dans  les 
Alpes.  A  Chamounix,  il  inscnvit,  sur  un  re- 
gistre d'iiMel,  à  propos  des  faiseurs  d'enthou- 
siasme à  froid,  une  boutade  qui  a  été  recueil- 
lie dans  VHermUe  de  ta  Guyane  (t.  U)  ei  re- 
produite, avec  quelques  corrections,  daiis  le 
volume  de  poésies  publié  en  1827.  A  Genève, 


il  fit  imprimer  une  réponse  à  l'écrit  de  Cha- 
teaubriand intitulé  :  De  Bonaparte  et  des 
Bourbon», 

(*)  Quetelel,  p.  207.  ~  La  canUte  de 
iSIft  n'a  pa.s  été  comprise  par  Tauteor  dans 
ses  œuvres  liitéraires  ;  il  la  regardait  saos 
doute  comme  une  simple  œuvre  de  circons- 
tance, ei  il  est  permis  d'admettre  aussi  que 
ses  idées  se  modiAèrent  plus  lard.  La  fin  du 
poème  des  Belges  est  également  un  peu  trop 
empreinte  de  la  couleur  de  l'époque  (Ibid,). 

V*)  Ibid,,  p.  208. 


409 


LES 


4t0 


anciennes  fermes  républicaines  et  les 
libertés  communales,  dont  nos  voisins 
du  nord  avaient  mieux  que  nous  con- 
servé les  traditions,  allaient  faire  revivre 
notre  histoire  nationale  et  y  ajouter 
quelques  pages  glorieuses.  »  Il  voulut 
témoigner  ses  sympathies  au  gouver> 
nement,  en  prenant  part  a  la  rédaction 
du  journal  officiel  et  en  composant,  en 
1816,  à  Toecasion  dumariagedu  prince 
d'Orange  avec  la  grande  duchesse  de 
Russie,  un  opéra-comique  intitulé  le 
Fermier  belge  (*),  qui  fut  représenté  au 
théâtre  du  Parc.  Ses  généreuses  illu- 
sions furent  de  courte  durée.  Le  salon 
de  Lesbroussart  était  le  rendez-vous  des 
exilés  français  et  de  tout  v^  que  Bru- 
xelles renfermait  de  gens  de  lettres  :  là 
se  rencontraient  Arnauld,  Bory  de  St- 
Vinceut,  Cauchois  -  Lemaire ,  Tissot, 
Pocholle,  Juilian,  Baron,  de  Potier, 
Vautier,de  Reiffenberg('),  Raoul,  etc 
On  y  parlait  littérature  et  bo»ux-arts  ; 
insensiblement  on  y  parla  politique. 
Les  tendances  du  roi  Guillaume  com- 
mençaient à  se  manifester:  à  la  paisible 
Société  de  littérature  de  Bruxelles  avait 
succédé  la  Concordia,  instituée  pour 
faire  |>erdre  du  terrain  à  la  langue  fran- 


çaise au*  profit  du  flamand  ou  plutôt  da 
hollandais  (').  Une  sourde  opposition 
se  formait:  la  Société  des  Dciize  (^), 
fondée  en  apparence  dans  un  but  litté- 
raire et  point  de  mire  des  attaques  de 
ia  presse  gouvernementale,  à  cause  de 
Tobsiurité  même  dont  elle  s*entourait, 
n'y  était  probablement  pas  étrangère. 
Lesbroussart  fut  un  instant  suspect. 
Il  prenait  part  à  la  rédaction  ûnCourrier 
des  Pays-Bas;  un  article  de  cette  feuille, 
intitulé  Fond  de  valise,  fut  incriminé. 
On  constata  qu'il  en  avait  revu  les 
épreuves;  on  y  trouva  même  quelques 
corrections  de  sa  main  :  bref,  il  fut  ap- 
préhendé par  la  gendarmerie  et  jeté  en 
prison,  oùil  resta  un  mois,  jusqu'à  son 
acquittement  (").  Le  gouvernement  ne 
fut  pas  fâché  de  lui  témoigner,  quelques 
temps  après,  que  cet  incident  ne  lui  avait 
pas  fait  perdre  sa  confiance  :  Lesbrous- 
sart fat  nommé  professeur  d'histoire  gé- 
nérale au  Musée  de  Bruxelles  (*).  il  se 
laissa  faire  et  ne  montra  pas  de  rancune; 
en  1850,  on  le  vit  un  des  premiers  se  mê- 
lera la  foule  insurgée,  non  pour  exciter 
les  passions,  mais  pour  maintenir  fordre 
public  (  '  >.  Cependant  il  appartenait  de 
tout  cœur  au  parti  révolutionnaire.  La 


(*)  Masique  de  M.  Mees. 

(  *)  C'est  avee  ces  deux  derniers  qae  Les- 
brOQSsart  fonda,  en  tSIT,  le  Mercure  beige, 
—  Un  article  de  Raoul  contre  une  tragédie 
nouvelle  d'Arnauld  donna  lieu  à  une  polé- 
mique asseï  vive  que  les  deux  collaborateurs 
s'empressèrent  d'éteindre  :  le  Mercure  vécut 
alors  paisiblement  pendant  plusieurs  années. 
Lesbroussart  y  publia  surtout  des  analyses 
littéraires. —  V.  ta  notice  do  M.  Oueteiet  sur 
Raoul,  dans  V  Annuaire  de  l'Académie  de 
Bruxeile* ,  année  4849. 

(*)  Lesbroussart  en  faisait  partie  :  quand 
arriva  son  tour  de  porter  la  parole ,  il  tran- 
cha la  difficulté  en  prononçant  un  discours 
laiin  sur  la  lutte  des  classiques  et  des  ro* 
mantiques.  — ^uetclet,  p.  S09. 

(*)  Ainsi  nommée  u  cause  du  nombre  de 
ses  membres,  qui  étaient  MM.  baron,  de 
Doncicer,  L.  de  Fotter,  Drapiez ,  L.  Gruyer, 
L.  Jollrand  ,  Lesbroussart ,  Odevaere  ,  Que- 
telet ,  Ed.  Smits ,  TieJemans  et  S.  Van  de 
Weyer. 

(')  L'auleur  de  l'article,  qui  s't^tait  fait 
coanatlre,  fut  seul  condamné  à  6  mois  d'em- 
prisonnement et  500  fr.  d'amende. 

(*  )  V.  l'art.  BAR6N  et  ia  notice  de  M.  Que- 
telel  sur  Lesbroussart,  p.  SIO  et  suiv. 


('')  Son  attitude  est  expliquée  dans  une 
note  rédigée  par  lui-même  pour  M.  Jnste, 
auteur  d'une  notice  sur  la  vie  de  Lesbrons* 
sart  (Album  national,  1845]  :  «  Après  l'in- 
cendie de  l'hôtel  Van  Maanen,  Ph.  Lesbrous- 
sart fut  du  nombre  des  six  ou  sept  personnes 
qui,  dans  la  matinée  du  lendemain,  se  ren- 
dirent près  de  la  Régence,  à  l'eRet  de  pro- 
poser la  formation  d'une  garde  urbaine  pour 
la  protection  des  personnes  et  des  propriétés. 
Ce  corps  ayant  été  iamédiatement  organisé 
et  armé ,  Fh.  Lesbroussart ,  accompagné  de 
quelques  citoyens  détachés  d'une  patrouille 
commandos  par  le  général  Plelinckx,  ftit 
assez  heureux  pour  négocier,  avec  l'officier 
commandant  la  caserne  des  Anncuiciades, 
l'évacuation  de  ce  local  par  la  troape  et  sa 
remise  à  la  bourgeoisie.  Il  eut  également  le 
bonheor  de  faire  cesser  les  hostilités  qui 
coaMDençaient  à  s'engager  sur  le  Grand- 
Sablon,  après  quelques  instants  de  confé- 
rence avec  le  major  sous  les  ordres  duquel 
était  placé  le  délachoment  qui  occupait  ce 
point.  Nommé  membre  du  Conseil  de  la  garde 
urbaine»  Lesbroussart  prit  part,  en  cotte  qua- 
lilé,à  toutes  les  délibérations  qui  eurent 
lien  à  l' hôtel-de-vil  le,  et  fut  du  aoaibre  de 
ceux  qui  ae  rendirent  au  pahiis  du  prince 


4ii 


LES 


412 


faiblesse  de  sa  vue  ne  rempècha  même 
pas  de  circuler  armé  dans  Bnixelles  pen- 
dant les  journées  deseptembre^au  risque 
de  se  trouver  en  présence  d*adversaires 
qu*il  ne  distinguait  pas:  c'est  ainsi  qu'il 
faillit  être  tué  à  rentrée  de  la  rue  Notre- 
Dame-aux-Neiges  (*). 

Le  gouvernement  provisoire,  voulant 
récompenser  son  lèle,  le  nomma,  dès 
le  mois  d'octobre  1830,  administrateur- 
général  de  rinstruction  publique.  Il 
remplit  ces  hautes  fonctions  jusqu'en 
1835,  date  de  sa  nomination  à  TUni- 
verslté  de  Liège.  Le  lendemain  de  la 
révolution,  il  se  trouva  en  présence  de 
difficultés  de  toute  sorte  :  on  deman- 
dait à  grands  cris  la  réouverture  des 
Universités,  dont  les  cours  n'avaient  pu 
recommencer,  comme  d'habitude,  vers 
la  fin  de  septembre.  Le  gouvernement 
ne  put  donner  suite  aux  réclamations 
que  vers  la  fin  de  l'année;  les  trois 
Universités  de  l'Etat  furent  maintenues 
par  un  premier  arrêté  du  12  octobre,  et 
provisoirement  réorganisées  par  un  se- 
cond arrêté  du  16  décembre.  Des  me- 
sures définitives  ne  pouvaient  être  pri- 
ses, dans  l'opinion  des  hommes  du 
pouvoir,  qu'en  présence  d'un  concours 
de  circonstances  qui  ne  se  présente- 
rait que  plus  tard,  et  d'autre  part  une 
interruption  plus  longue  pourrait  de- 
venir préjudiciable  aux  intérêts  de  la 


Jeunesse  :  on  se  contentait  donc  de 
pourvoir  au  plus  pressé.  Mais  l'arrêté 
du  16  décembre  alla  plus  loin,  en  sup- 
primant d'jin  trait  de  plume  cinq  Fa- 
cultés :  à  Gand,  la  philosophie  et  les 
êei£nce9;^  Louvain,  le  droit  et  les 
sdeneeê  ;  à  Liège,  la  vhilosophie.  Sur 
les  vives  réclamations  de  la  Régence  et 
des  habitants  de  Louvain,  la  Faculté 
de  droit  fot  rétablie  en  cette  ville,  mais 
avec  un  personnel  insuffisant  (*).  C'est 
alors,  comme  nous  l'avons  dit  ailleurs, 
que  des  Facultés  libres  s'éublirent  dans 
les  Universités  mutilées.  11  s'ensuivit  des 
complications  et  des  embarras.  Etran- 
ger aux  mesures  décrétées  par  l'autori- 
té, Lesbroussart  ne  devait  pas  moins  en 
être  l'exécuteur  :  l'opinion  publique  lai 
sut  mauvais  gré  de  son  intervention. 
Les  professeurs  des  Facultés  suppri- 
mées se  trouvaient  tout  d*un  coup  sans 
emploi ,  et  parmi  eux  se  trouvaient 
quelques  amis  de  l'administrateur-gé- 
néral ,  entr'autrcs  Raoul.  On  disait  de 
Lesbroussart  «  qu'il  administrait  l'In- 
struction publique  comme  on  admi- 
nistre un  malade  ;  on  se  plaignait  par- 
tout de  la  décadence  des  études  et  des 
rigueurs  officielles;  cependant, quand 
à  ce  dernier  point,  on  sait  aujourd'hui 
qu'il  fit  tout  le  possible  en  faveur  des 
professeurs  lésés.  Au  commencement 
de  1831,  il  présenta  au  gouvememeni 


d'Orange  lorsque  celui-ci ,  par  uoe  détermi- 
nation honorable  pour  son  caractère,  mais 
infructneuM  dans  ses  résultais ,  fut  entré  à 
Bruxelles  avec  ses  aides  de  camp.  Le  Si  sep- 
tembre, la  garde  se  trouvant  à  peu  près  dis- 
soute, par  suite  d'incidents  asses  connus ,  il 
se  rendit  avec  M.  l'avocat  Plaisant ,  depuis 
administrateur  de  la  sûreté  publique ,  dans 
le  Hainaut,  d'où  ils  revinrent,  le  Si,  avec  une 
assez  fone  compagnie  de  braves  villageois 
des  communes  de  Fayt ,  Labutre  et  Morlan- 
welz,  à  laquelle  se  joignirent  sur  la  route 
des  volontaires  de  Charleroy.  Pendant  les 
deux  dernières  journées  de  la  lutte  dont  la 
capitale  était  devenue  le  théâtre,  il  se  trou- 
vait auprès  de  don  Juan  van  Halen ,  qui 
l'avait,  dès  ce  moment ,  attaché  à  son  état- 
migor,  et  dont  le  quartier-général  était  alors 
établi  è  l'bôtel  de  Ghimay ,  d'où  ii  fut,  dans 
la  soirée  du  S5,  transféré  à  l'hôtel  de  Tirle- 
mont.  Les  seules  personnes  qui,  pendant  la 
nuit  suivante,  se  trouvèrent  auprès  du  géné- 
ral, étaient  MM.  Michaux  (de  Limbourg) , 


Palmaert  atné  et  Ph.  Lesbroussart.  Après  le 
départ  des  Hollandais ,  ce  dernier  assista, 
pendant  quelques  semaines ,  avec  voix  sim- 
plement consultative ,  aux  séances  du  goo- 
vemement  provisoire,  qui  le  nomma ,  con- 
jointement avec  MM.  Nicolay  et  Vautier, 
membre  de  la  Commission  d'enseignement, 
et  pins  tard  administrateur-général  de  rins- 
truction pubUque.  » 

(  *)  «  Cet  excellent  homme,  qui  n'a  jamais 
fait  le  moindre  mal  à  personne ,  qui  n'en  a 
pas  même  eu  la  pensée,  avait  parfois,  cooune 
tant  d'autres ,  la  manie  de  paraître  terrible. 
Ainsi,  pendant  les  premiers  jours  de  la  ré- 
volution ,  il  avait  laissé  croître  sa  tiarbe  et 
traînait  un  grand  sabre.  Quù  generum  meum 
huic  gladio  aliigavU  f  disait  Cicéron,  en 
voyant  son  gendre  dans  le  même  appareil 
belliqueux.  *  (Quetelet,  p.  SiS). 

(')  Etai  de  VinstrmctioH  tupérieure  em 
Belgique  (Rapport  de  M.  Notbomb),  Bru- 
xelles, 1844,  in-a«,  1. 1,  p.  GIV. 


4i3 


LES 


414 


OD  rapport  général  sur  la  sHuation  ;  le 
i5  juin,  il  fut  chargé  de  rédiger  un 
projet  de  loi  organique.  Le  30  août, 
le  ministre  de  rintérleur  ad  intérim 
Teichmann,  nomma  une  Commission  (  *  ) 
chargée  de  discuter  ce  projet,  qui  nit 
achevé  le  20  septembre  suivant.  Les- 
broussart  demandait   une  Université 
unique»  dont  les  Facultés  auraient  été 
disséminées  dans  le  pays  :  la  Faculté 
des  lettres  à  Louvain,  celle  des  sciences 
à  Liège,  celle  de  droit  à  Gand  et  celle 
de  médecine  k  Bruxelles.  Â  ces  deux 
dernières  auraient  été  annexées  des  sec- 
tions préparatoires  (lettres  et  sciences). 
L'établissement  d'une  Ecole  militaire 
dans  une  localité  à  déterminer,  d'une 
Ecole  de  navigation  à  Anvers  ou  à  Os- 
tende,  d'une  Ecole  des  mines  à  Namur, 
d'une  Ecole  des  arts  et  métiers  à  Li^e 
ou  à  Bruxelles,  enfin  d'une  Ecole  vété- 
rinaire à  Tervueren  était  en  outre  prévu 
par  le  projet.  Quant  aux  diplômes  aca- 
démiques, ils  devaient  être  délivrés 
par  une  Commission  centrale,  produit 
de  l'élection  (').  La  Commission  se 
prononça  pour  la  centralisation  de  tou- 
tes les  Facultés  dans  une  seule  ville 
et  pour  ta  création  d'une  Ecole  poly- 
technique; quatre  Commissions  spé- 
ciales, nommées  par  le  Roi  et  répon- 
dant aux  quatre  Facultés,  auraient  eu 
mission,  selon  elle,  de  délivrer  les  di- 
plômes académiques.  Elle  réclamait  en 
outre  rinstitution  d'un  Conseil  général 
de  perfectionnement.  Le  gouvernement 
reçut  ce  projet  le  20  mars  1852,  mais 
ne  crut  pas  devoir  le  soumettre  à  la  lé- 
gislature. Le  projet  qui  fut  présenté  aux 
Chambres  le  31  juillet  iS3l,  et  discuté 
l'année  suivante  pour  aboutir  à  la  loi 
du  27  septembre  1835,  est  l'œuvre  d'une 
seconde  Commission,  nommée  le  18  no- 
vembre 1833.  Lesbroussart  ne  donna 
signe  de  vie,  dans  la  dernière  période 
de  son  administration,  que  par  ses  rap- 
ports sur  l'instruction  publique,  qui  té- 
moignent d'ailleurs  des  vues  élevées  et 
du  zèle  de  cet  honorable  fonctionnaire. 
Quand  la  réorganisation  fut  un  fait  ac- 
compli, il  résolut  de  redevenir  profes- 
seur, au  prix  d'un  grand  sacrifice  pécu- 


niaire :  la  chaire  de  littérature  française 
de  l'Université  de  Liège  lui  fut  confiée, 
et  ce  fut  une  bonne  fortune  pour  la  jeu- 
nesse. Il  joignit  à  son  cours  principal 
un  cours  d'histoire  littéraire  comparée, 
qui  a  laissé  des  souvenirs.  Il  était  aussi 
versé  dans  la  connaissance  de  la  plu- 
part des  langues  modernes  de  l'Europe 
que  dans  les  langues  anciennes;  il  pui- 
sait partout  à  son  gré  «  sans  dépendre 
des  traductions  imprimées,  ce  qui  don- 
nait à  son  enseignement  l'attrait  piquant 
de  la  nouveauté ,  bien  qu'il  eût  soin  de 
proportionner  ses  leçons  de  manière  k 
mettre  surtout  en  relief  les  chefs- 
d'œuvre  les  plus  connus.  Son  cours  de 
littérature  française  était  remarquable 
par  la  délicatesse  des  analyses  et  par 
le  choix  heureux  des  rapprochements; 
en  outre,le  charme  de  sa  diction  suspen- 
dait les  auditeurs  k  ses  lèvres.  Nous  em- 
pruntons à  M.  Quetelet  le  portrait  sui- 
vant, qui  est  d'une  ressemblance  frap- 
pante :  «  Ph.  Lesbroussart  n'avait  rien 
qui  annonçât  son  mérite,  rien  qui  fixât 
l'attention  ;  il  était  maigre  et  de  taille 
moyenne  ;  son  regard  distrait  (*)  man- 
quait en  outre  d'expression,  par  suite 
de  son  extrême  myopie  ;  ses  cheveux 
blonds  étaient  clair-semés,  et  ses  joues 
sillonnées  de  rides  présentaient,  avant 
l'âge ,  la  plupart  des  caractères  de  la 
vieillesse.  Sans  avoir  rien  d'embarrassé, 
sa  tenue  était  simple  et  modeste,  sur- 
tout quand  il  gardait  le  silence  ;  mais 
dès  qu'il  parlait ,  sa  physionomie ,  ha- 
bituellement grave  et  pâle ,  s'animait 
d'un  sourire  de  bienveillance,  sa  voix 
vibrait  d'une  manière  sympathique,  et 
ses  phrases,  d'une  pureté  irréprochable, 
se  déroulaient  sans  effort,  toujours 
pleines  et  élégantes,  nettes  et  précises: 
on  eût  pu  les  imprimer  sans  avoir  un 
mot  k  y  changer.  » 

Il  a  été  fait  allusion  plus  haut  k  ses 
dispositions  bienveillantes  :  elles  se  ré- 
vélèrent dans  sa  jeunesse,  alors  surtout 
qu'il  faisait  partie  du  Comité  des  théâtres 
royaux  de  Bruxelles.  «  Il  n'y  avait  pas  de 
si  mauvaise  pièce  où  II  ne  trouvât  des 
scènes  k  faire  valoir,  des  vers  k  citer  avec 
éloge.  A  l'en  croire,  tous  les  ouvrages 


(*i  V.  l'art.  J.-G.-J.  Ernst. 
(•}  NoUiomb,  p.  CXIV  etCXLII. 


(*)  Les  dittractioos  da  Leabroossart  ont 
éié  proverbialaa  à  Liège. 


41S 


LES 


Hé 


qu*on  représentah  étalent  exceUents  ou 
lout  an  moins  admîssibtes.  Philinte  ne 
montre  pas  plus  dlndulgence  dans  son 
appréciation  du  sonnet  d'Oronte  (  *  ).  » 
Mais  c'est  surtout  dans  les  Jurys  d'exa^ 
men  que  Lesbroussart  se  trouvait  sou- 
mis à  de  rudes  épreuves  :  «  en  voyant 
les  embarras  et  les  angoisses  des  réci- 
piendaires, il  oubliait  à  tout  Instant  son 
rôled*exaroinateHr,et,  soufflant  officieu- 
sement les  réponses ,  il  fiiisait  sourire 
Pauditoire  et  compromettait  parfois  la 
gravité  du  jury  (•)  »•  A  Liège,  lorsqu'il 
devint  président  du  Comité  de  rédaction 
de  \2i  Reloue  be1^e{*)  y  Use  montra  égale- 
ment d'une  indulgence  excessive  envers 
les  jeunes  écrivains  qui  lui  soumettaient 
leurs  essais  :  disposition  louable  en  un 
sens,  mais  parfois  dangereuse.  Il  faut 
cependant  dire  qu*en  général  il  a  exercé 
une  influence  favorable  sur  ia  Jeunesse. 
Ses  encouragements  ne  devaient  être 
pris  au  sérieux  qu'à  moitié  ;  mais  on 
avait  fini  par  savoir  à  quoi  s'en  tenir. 
En  revanche,  avait-on  besoin  d'un  bon 
conseil ,  on  était  sûr ,  en  s'adressant  à 
lui,  d'en  recevoir  deux  pour  un,  et  des 
plus  utiles.  Quant  à  lui-même,  nous 
avons  dit  qu'il  ne  se  contentait  pas  ai- 
sément ;  joutons  que  sa  modestie  natu- 
relle l'empêchait  deviser  à  la  célébrité. 
La  plupart  de  ses  écrits  ne  furent  popu- 
larisés que  par  extraits  qu'on  lu!  em- 
pruntait pour  en  enrichir  des  revues 


liltér»lres  (  ^  ).  Si  Tun  4e  sesamis  n*avait 
pas  eu  soin  de  garder  copie  de  ses  poé- 
sies ,  le  recueil  qui  en  fut  publié  en 
18^7  n'aurait  jamais  vu  le  jour  ;  et  en- 
core eut-on  toute  la  peine  du  moùée  à 
lui  arracher  l'autorisation  de  le  mettre 
sous  presse  :  il  supprima  lout  ce  qu'il 
put  supprimer,  si  bien  <yu11  ne  resta 
qu'un  assez  mince  in-iS.  11  a  été  ques- 
tion plus  haut  du  poè8i«  des  Belgeê  : 
VAH  de  conter  ne  mérite  pas  moins  de 
vivre.  Lesbroussart  était  un  cbannant 
oauseur  :  il  savait  par  expérience  com^ 
ment  on  intéresse  un  cerde ,  comment 
on  soutient  l'attention;  il  avait  du  sel 
attaque  et  même  une  pointe  de  malice, 
avec  toute  sa  bonhomie;  ses  anecdotes 
étaient  toujours  de  bon  goût  et  venaient 
à  propos,  bien  qu'il  ne  fit  jamais  d'al- 
lusion directe  à  des  personnes.  Jamais 
il  ne  blessa  qui  que  ce  soit  ;  jamais  il 
ne  médit  des  absents.  Avec  ces  dispo- 
sitions ,  Lesbroussart  était  on  ne  peut 
plus  compétent  pour  tracer  les  pré- 
ceptes de  cet  art  qu'il  est  si  difficile  de 
pratiquer  sans  être  ennuyeux.  Ces  pré- 
ceptes forment  la  seconde  partie  de  son 
poème  :  la  première  est  une  sorte  d'his- 
toire de  la  conversation ,  parsemée  de 
traits  ingénieux.  On  entre agréabi«ne«it 
au  cœur  du  sujet  : 

Maotlit  9oit  te  boarrean  dont  U  loqaaeîté 
D«puû»  tui0  h«ttre,  «a  moinn,  m'enciMlae  à  km  c6té  I 
A-t-il  awez  de  foU,  brisant  ma  pttience, 
Aox  rot^a  fatif;nès  cmnmuniléle  aUenee, 


(M  Quelelet,  p.  343. 

(')  Dans  une  sëance  présidée  par  M. 
l'abbé  de  Ram,  Lesbroussart  se  livrait  aux 
élaos  de  sa  bienveiUaace  habituelle.  Cette 
fois,  le  récipiendaire  était  du  dernier  mé- 
diocre. On  venait  de  lui  demander  le  nom  du 
vainqueur  des  Sarrasins  à  la  bataille  de  Poi- 
tiers  :  après  avoir  erré  dans  toute  la  salle, 
ses  regards  inquiets  s'étaient  arrêtés  sur 
Lesbroussart;  celui-ci ,  eo  regardant  «ne 
prise  qu'il  froissait  entre  ses  doigts,  mur- 
mura le  nom  de  Charles  Martel  ;  le  récipien- 
daire aussitôt  de  répéter  :  Charles  Martel,  et 
l'auditoire  de  sourire.  Une  seconde  question 
demandait  le  nom  du  chef  des  Sarrasins. 
Lesbroussart,  interrogé  du  regard,  prononça 
encore  à  demi-voix  le  nom  d'Abdérame  : 
<  l'abbé  de  Ram  !  •  répondit  vivement  le  réci- 
piendaire. Pour  le  coup ,  l'hilarité  fut  à 
son  comble  ;  Lesbroussart  lui-môme  ne  put 
s'empêcher  d'y  prendre  part  •  (^uételet,  p. 


(')  La  Hevuê  belge  était,  comme  on  sait, 
l'organe  de  la  Société  pour  t encouragement 
de  la  littérature  nationale.  Cette  Société  de- 
vait avoir  des  Comités  dans  toutes  les  villes 
importantes  du  royaume  :  eelui  de  Liège  a 
seul  existé.  Il  a  été  présidé  par  M.  Polaia 
jusqu'après  la  publication  du  t.  XIII  ^v.  le 
Rapport  du  secrétaire-général,  1. 1,  p.  33^ et 
la  séance  du  i^  décembre  1839,  t.  XIII,  p. 
334).  Les  premiers  collaborateurs  de  la  Re- 
vue ont  été  MM.  Polain,  Weustenraad,  Bor- 
gnet,  Ch.  Faider,  de  Decker,  van  Hulst,  Go- 
det, Demarteau,  Visschcrs,  Bovy,  F.  Lebrun, 
J.  Lebeaa,  Ducpétiaux,  L.  Labarre,  deSt-Ge- 
nots  et  Grandgagnage.  Lesbroussart  n'y 
écrivit  qu'à  partir  de  4888  :  sa  collaboration 
ne  fut  jamais  très-acttve  ;  mais  il  présida  le 
Comité  après  la  retraite  volontaire  des  fon- 
dateurs. La  Revue  belge  a  vécu  jusquen 
4844  (v.  l'avis  inséré  t.  XXV,  p.  307,  et  les 
art.  PoLAUf  et  van  Hulst). 

(*)  Quetelet,  p.  tU, 


417 


I.KS 


418 


Répéta  que  le  fait  est  dif^ne  <le  crédit, 
Dtetillè  Koutte  A  goatla  an  éternel  révil, 
Rro>Jé  chaque  diitail,  coiumoDtâ  irh.ique  phrase, 
Et  prenant  bonnement  mon  ennai  pour  extCM, 
Onan<l  de  «on  lon:c  «liicour!!  j*entrevov-iM  le  boat, 
RameDé  ce  refrain  :  «  Monsieur,  ce  aW  pas  tnut  I  < 

Quel  contraste  avec  le  conteur  ai- 
mable et  spirituel, 

Toajonrs  an  naturel  noimant  la  Sne^ie, 

Enjoué,  g;racieux,  élégant,  léger, 
sachant 

Voler  j{acliae:«  initanlii  aux  Innuaeurs  de  la  vie  1 
On  oe  voit  pu  se^  mots  «o  trntner  Deianiment, 
D'un  rervt'ttji  U'iiiîbi'tiax  n(;aih\e  enfantement; 
On  ne  voit  p<is  non  plu-i  fVnne  f«it4«e  ('le^aru'u 
Sa  phr^iM)  srnitftriqiie  éttler  Tappireni-o  ; 
Rit-n  n'y  vi'-^î  A  l'otfof,  rien  n'y  Irihil  l'effor!  ; 
U  fesse  «le  parier,  l'hiti'un  écoafe  encor, 
Kt  partout  le  plaisir,  empreint  «ur  Um  viiiafçe.s 
De*  au'litenrs  rh^rm»»"*  proiliinic  le<  <nTrage«, 

• 

On  doit  à  Lesbroussart  quelques  sa- 
tires :  le  Manuel  du  vrai  royaliste,  VAlo- 
gistonomie  ou  Varl  de  déraisonner  par 
écrit  et  VEpUre  à  S.  M.  Akdola  /,  roi 
des  Putis,  «  Cette  dernière  pièce  fut  écrite 
à  Toccasion  de  Tarrivée  à  Bruxelles  du 
chef  d*nne  tribu  sauvage  du  Brésil  et  de 
sa  femme,  amenés  en  Europe  par  le 
prince  Maximilien  de  Neuwied.  Notre 
poète  saisit  habilement  cette  circon- 
stance pour  endoctriner  le  chef  étranger 
et  le  mettre  au  courant  de  la  politique 
d'alors:  c*était  vers  1826 (*).  »  Nous 
regrettons  de  ne  pouvoir  reproduire  les 
beaux  vers  cités  par  M.  Quetclet;  Tau- 
leur  s'y  monire  dans  son  vrai  jour,  pas- 
sionné pour  la  justice  et  la  liberté,  ad- 
versaire décidé  de  toutes  les  tyrannies 
et  de  toutes  les  bassesses.  Lesbroussart 
savait  prendre,  quand  il  le  voulait,  le 
ton  de  la  plus  haute  poésie:  témoins 
le  Rêve  du  tyran,  le  Spartiate  mourant 
et  les  Malheurs  de  la  Grèce.  Il  a  aussi 
composé  quelques  jolies  fables  et  des 
épigrammes ,  quelques  ouvrages  en 
prose,  notamment  Everard  VSerclaes, 
chronique  brabançonne,  publiée  à  Liège, 
enfin  un  grand  nombre  d'articles  de 
toute  sorte,  dispersés  dans  différentes 
revues  littéraires  et  exposés  à  tomber 
dans  Toubli,  si  quelque  pieux  ami  de 
rinsoQCiant  écrivain  ne  se  décide  à  les 
exhumer.  Nous  attendons  avec  impa- 
tience la  publication  de  VEtudc  sur  Les- 
broussart  annoncée  par  M.  L.  Al  vin  :< 
nul  n'est  plus  capable  d'apprécier  di- 


gnement le  poète;  nul  ne  signalera  avec 
plus  d'exactitude  celles  de  ses  produc- 
tions qui  méritent  d*être  conservées. 

Lesbroussart  était  décoré  de  la  Croix 
de  fer;  le  i4  décembre  i858,  il  fut 
nommé  chevalier  de  l'ordre  de  Léopold. 
La  même  année,  il  devintmembre  titu- 
laire de  l'Académie  royale  de  Belgique, 
un  peu  malgré  le  règlement,  la  poésie 
n'étant  point  comprise  dans  le  cercle 
des  travaux  de  la  Compagnie.  En  1840- 
1841,  il  exerça  les  fonctions  de  recteur 
derUnlversitédelJége.  En  1848,  ayant 
droit  à  rémérilat,il  sollicita  et  obtint  sa 
retraite ,  puis  se  relira  dans  la  capitale 
où  il  vécut  en  famille  ,  ne  voyant  qu'un 
petit  nombre  d*amis  qull  entretenait  de 
ses  souvenirs.  Il  avait  perdu  de  bonne 
heure  l'usage  d'un  œil  :  sa  cécité  presque 
complète  l'empêcha  de  s'occuper  acti- 
vement des  travaux  de  l'Académie  ;  ce- 
pendant Il  s'acquitta  toujours  avec  zèle 
des  missions  qui  lui  furent  conflées. 
Jusqu'au  dernier  moment ,  il  conserva 
sa  présence  d'esprit.  «  La  veille  de  sa 
mort,  malgré  les  difflcultés  qu'il  éprou- 
vait à  respirer,  il  prit  part  à  une  con- 
versation sur  le  caractère  et  le  mérite 
des  écrivains  anglais,  et,  par  intervalles, 
sa  pensée  se  manifestait  encore  vive  et 
lumineuse,  comme  les  derniers  jets 
d'une  flamme  près  de  s'éteindre.  Son 
agonie  fut  de  courte  durée.  »  Il  mourut 
dans  les  sentiments  d'une  piété  vive  : 
vers  la  fin  de  sa  vie ,  il  avait  de  plus  en 
plus  élevé  sa  pensée  vers  Dieu  et  mé- 
dité sur  la  destination  de  l'homme.  Il 
laissa  d'unanimes  regrets  :  on  ne  lui 
avait  point  connu  d'ennemis. 

Nous  empruntons  la  liste  de  ses  ou- 
vrages à  la  Bibliographie  académique, 

L  Ouvrages  publiés  : 

1»  Fanny  Seymour,  trad.  de  l'anglais. 
Paris,  1807,  5  vol.  in-12. 

2°  Les  Belges,  poème.  Alost,  1810, 
ln-8°. 

5«  Réponse  à  Vécrit  de  M.  de  Cha- 
teaubriand intitulé  :  De  Bonaparte  et 
des  Bourbons.  Genève,  1815,  in-8*^. 

4®  Collaboration  à  la  Galerie  histo- 
rique  des  Contemporains.  Bruxelles, 
1816  et  années  suiv. ,  8  vol.  in-8^ 


(*)  Qoetelet,  p.  234. 


19 


419 


LES 


4âÛ 


5°  Le  Fermier  belge ,  opéra-comique 
en  un  acte,  musique  de  M.  Mees,  repré- 
senté au  Théâtre  du  Parc,  à  roccasion 
du  mariage  du  prince  Guillaume  d'O- 
range avec  la  grande-duchesse  de  Rus- 
sie, Bruxelles,  1816.  in-8". 

6°  Discours  latin  sur  la  lutte  des  clas- 
siques et  des  romantiques,  lu  ù  la  So- 
ciété Concordia,  pour  être  inséré  dans 
les  actes  de  cette  Association.  Bruxelles, 
in-8". 

7^  Collaboration  aux  Almanachs  poé- 
tiques de  la  Société  de  littérature  de 
Bruxelles. 

8<*  Poésies,  Bruxelles,  in-8". 

Ce  volame  rorm«  le  tome  III  de  la  Collée- 
lion  des  poète$  belges,  11  8e  termine  par  un 
compte-rendu  de  VHéracléide,  poème  épique 
en  â4  chants ,  qui  n'a  jamais  existé.  Les- 
broussart  y  décrit  avec  une  maligne  caus- 
ticité le  passage  de  la  fiidassoa  et  la  guerre 
de  la  Péninsule. 

9*  Everard  VSerclaes,  chronique  Bra- 
bançonne. Liège,  1857,  in-8^. 

iO*»  Chimèi*e  et  réalité ,  comédie  en 
deux  actes,  traduite  librement  de  la 
pièce  espagnole  intitulée  :  Contigo  pan 
y  ceboUUy  par  D.  Manuel  de  Gorostiza, 
envoyé  du  Mexique  près  la  Cour  des 
Pays-Bas.  Liège,  in-8». 

1 1<*  Dans  les  Bulletins  de  l'Académie  : 
Rapport  sur  Touvrage  intitulé  :  Mémoire 
sur  l'abrégé  poétique  du  Polyhistor  de 
Solin,  par  Thierry ,  attribué  jusqu'ici  à 
P, Diacre^  par Léopold  Latapie  (t.  XVI, 
18i9)  ;  Rapport  sur  le  poème  de  Fuss  : 
Dantis  divinœ  comediœ  poetica  virtus 
(t.  XX,  1855). 

12o  Dans  V Annuaire  de  V Académie  : 
Notice  sur  L.  J.  Dehaut  (1845). 

15°  Dans  le  Journal  de  Liège  (août 
1841)  :  yotice  sur  r Université  de  Liège 
(aussi  tiréeà  part,in-12,  avec  une  pi., 
et  plusieurs  fois  réimprimée  (  V.  Po- 
lain ,  Liège  pittoresque.  Liège,  1842, 
in-8%  p.  251  et  suiv.) 

14°  Collaboration  au  Journal  général 
des  Pays-Pas  (1815)  ;  à  la  Gazette  gétié- 
rale  des  Pays-Bas  (Algemeene  Neéer- 
landsche  courant) ,  pour  la  partie  fran- 
çaise (  1815-1818)  ;  au  Mercure  belge; 
aux  Annales  Belgiques  (Etude  sur  By- 
ron);  ù  la  Bévue  belge  (  de  Bruxelles)  ; 
au  Becueil  encyclopédique  belge  ;  à  la 


Berue  belge  (de  Liège),  k  la  Bévue  de 
Liège  (Esquisse  de  mœurs  anglaises, 
t.  i;  De  renseignement  moyen  ,  t.  H  ; 
La  Colonne  infâme,  ibid.;  Analyses  et 
comptes-rendus,  etc.);  enfin  ^u  Messa- 
ger des  arts  et  des  scienas  de  Gand 
(sur  Solvyns,  auteur  des  Hindous,  1820  ; 
sur  VArtcvelde  de  Voisin,  1841 ,  etc.). 

IL  OEUVRKS  INÉDITES. 

a.  Prose  :  Essais  de  traduction  de 
fragments  choisis  de  Tacite,  de  Tile- 
Live,  de  Florus  et  de  Velleius  Pater- 
culus.  —  Id.  d'un  choix  de  pièces  du 
théâtre  anglais  d'après  Shakespaere, 
Otway  (Venice  preserved),  Congreve 
(The  mourning  ^ride,  etc  )  ;  de  las  Xo- 
velas  escoUiidas  (en  langue  portugaise)  ; 
de  la  comédie  espagnole  de  Moratin, inti- 
tulée :  El  Café;  des  deux  premiers  chants 
du  poème  italien  intitulé  :  Gli  animait 
parlanti,  par  Tabbé  Casii.  —  Adolphe 
et  Maurice,  ou  lettres  de  deux  amis  (La 
publication  de  ce  dernier  manuscrit,  re- 
mis en  1807  à  un  libraire  de  Paris,  fut 
défendue  par  la  censure  impériale).  — 
LHntrigue  en  l'air  ou  les  aérostats, \SiUde- 
ville  (en  collaboration  :  le  manuscrit  de 
cette  pièce  appartient  à  M.  Quelelet). 

b.  Poésie  :  Essais  de  traduction  d'Odes 
choisies  d'Uorace  et  de  Fragments  de 
Lucain,  de  Trovi  épisodes  de  l'Enfer  de 
Dante,  d'un  fragment  de  la  Beine  dts 
fées,  de  Spenser.  —  Artevelde,  drame 
en  cmq  actes  et  en  vers  (  les  trois  pre- 
miers actes  seulement  sont  achevés).  — 
Cèlestine,  opéra  en  trois  actes  (tiré 
d'une  nouvelle  de  I  lorian.  —  Le  Cor- 
saire, opéra  en  trois  actes  (d  après  le 
poème  de  Byron).  —  Traduction  du 
Manfred  de  Byron. 

Sur  la  proposition  de  rAcadémle,  le 
gouvernement  a  décidé,  dès  1855,  qu'un 
buste  de  Lesbroussart  serait  placé  dans 
la  salle  des  séances.  Cet  hommage  était 
bien  dû  à  la  mémoire  de  l'un  des  éci  i- 
vains  les  plus  distingués  de  notre  Bel- 
gique. 

l.e»oUine  (PhiLIPPE-AdOLPHE),  né 

à  Liège  le  6  mai  1 805,  mourut  au  Val- 
Benoit  le  5  octobre  1856.  Du  lycée  im- 
périal de  Liège  (ensuite  gymnase),  il 
passa  en  1818  au  Collège  S^«- Barbe,  à 
Paris,  puis  à  l'institut  Bourdon,  où  il 
reçut  les  leçons  de  ce  mathématicien 


421 


LES 


422 


distingaé.  En  1825,  le  gouvernement 
des  Pays-Bas  lui  accorda  Tautorisation 
d^entrer  à  l*EcoIe  des  mines  de  Paris  : 
il  justifia  les  espérances  que  le  succès 
de  ses  premières  études  avait  fait  con- 
cevoir. Un  voyage  scientifique  en  Alle- 
magne, en  Pologne  et  en  Bohême, 
avec  son  condisciple,  demeuré  Tun  de 
ses  meilleurs  amis,  M.  Perdonnet,  in- 
génieur en  chef  du  chemin  de  fer  de 
Paris  à  Strasbourg,  voyage  dont  ils 
publièrent  en  commun  ta  relation,  ser- 
vit à  Lesoinne  de  transition  entre  la  vie 
d'étudiant  et  celle  de  professeur.  De 
retour  à  Liège,  il  fut  en  effet  nommé, 
dés  le  51  mars  1828,  lecteur  à  TUni- 
versité  de  Liège.  L*arrêté  du  15  mai 
1825  avait  annexé  à  la  Faculté  des 
sciences  des  cours  de  chimie  et  de  mé 
caniqne  appliqués  aux  arts  industriels, 
ainsi  qu*un  cours  d'exploitation  des 
mines.  Le  5  août  suivant  avait  pani  le 
règlement  organique  de  TEcole  spéciale 
des  mines,  née  viable  et  vigoureuse, 
grâce  à  des  professeurs  tels  que  Lévy 
et  Dandeiin  (v.  ces  noms),  et  promet- 
tant de  répondre  dignement  à  la  pensée 
du  roi,  qui  s'était  proposé,  en  l'insti- 
tuant, de  favoriser  les  progrès  de  l'in- 
dustrie nationale.  Lesoinne  y  fut  ad- 
joint avec  mission  d'enseigner  la  métal- 
lurgie et  la  docimasic.  Il  créa  ces  deux 
cours  et  mérita,  par  la  distinction  de 
son  enseignement  et  par  son  empire 
sur  les  étudiants,  qu'on  attribuât  plus 
tard  en  grande  partie  à  l'influence  de 
son  talent  la  renommée  plus  qu'eu- 
ropéenne de  l'Ecole.  «  Presque  en 
»  même  temps,  il  ouvrit  à  l'Université, 
»  avec  l'approbation  de  l'autorité  com- 
»  pétente,  un  cours  public  et  gratuit  de 
»  construction,  d'exploitation  et  de  mc- 
9  talturgie  pour  la  classe  ouvrière. 
i>  Dans  ces  conférences,  il  parvint  â 
»  rendre  attrayants  et  instructifs  les 
»  résultats  les  |>lus  saillants  des  scien- 
»  ces  d'observation  et  de  calcul.  Il 
n  possédait  à  un  haut  degré  l'art  de 
D  vulgariser  les  choses  les  plus  ab- 


»  traites;  au  besoin,  dans  ses  leçons, 
»  il  se  servait  du  wallon,  ajoutant  à 
»  l'originalité  naturelle  de  sa  diction 
»  tout  le  pittoresque  de  i'idiome  lié- 
»  geois  (•).  Ce  cours  fil  plus  lard  naî- 
»  tre  l'idée  de  créer  à  Liège  une  Ecole 
»  industrielle  pour  les  ouvriers  (*).  » 
Après  1850,  Lesoinne  ajouta  aux 
cours  précités  un  cours  de  construc- 
tion (à  la  Faculté  des  sciences);  nommé 
professeur  extraordinaire  en  1855,  il 
fut  chargé  d'enseigner  la  mètailurgie 
et  l'exploitation  des  mines.  Ce  dernier 
cours  passa  l'année  suivante  à  l'ingé- 
nieur en  chef  Ad.  de  Vaux  (v.  ce  nom); 
Lesoinne  ne  conserva  que  la  métallur- 
gie, son  étude  de  prédilection.  C'est 
surtout  dans  le  domaine  de  cette  science 
qu'il  a  rendu  des  services  signalés  au 
pays.  «  La  plupart  des  sciences  d'ap- 
»  plication,  dit  M.  Trasenster,  viennent 
»  à  peine  de  naître  et  ne  se  trouvent 
»  guère  encore  dans  les  livres.  La 
»  métallurgie  surtout  présente  des  pro- 
»  cédés  extrêmement  remarquables  ; 
»  mais,  si  quelques-uns  sont  le  résul- 
»  tat  des  recherches  des  savants,  un 
»  plus  grand  nombre  sont  dus  aux 
»  ouvriers  mêmes  ,  ces  observateurs 
»  souvent  si  intelligents  et  si  sagaces. 
»  Pour  rattacher  ces  procédés  aux  prin- 
»  cipes  de  la  science  et  les  féconder 
»  par  une  étude  plus  rationnelle  de 
»  leur  but  et  de  leurs  résultats  ,  il  faut 
»  non  seulement  des  connaissances 
»  scientifiques  profondes,  il  faut  sur- 
»  tout  pouvoir  et  savoir  observer.  Le- 
»  soinne  était  admirablement  préparé  à 
»  ce  double  rôle.  Ayant,  par  sa  famille, 
»  de  grands  intérêts  dans  plusieurs 
»  établissements  industriels  et  dans  di- 
»  vers  pays  de  l'Europe,  il  avait  promp- 
»  tement  acquis  ce  tact  pratique  que  le 
»  contact  de  l'indusirje  peut  seul  don- 
»  ner  ,  en  permettant  de  soumettre 
»  constamment  la  théorie  à  l'épreuve 
»  des  faits  :  doué  d'une  prodigieuse 
»  mémoire  et  de  connaissances  ency- 
»  clopédiques,  il  n'oubliait  aucun  fait. 


(')  Lesoinne  parlait  le  wallon  avec  une 
rare  facilité  et  un  cachet  tout  particulier.  U 
fat  plus  tard  (97  décembre  1856)  un  des  fon- 
dateurs de  la  Société  iiégeoise  de  littérature 
wallonne  (v.  le  discours  d'inauguration  pro- 


noncé par  H.  Forir). 

(*)  Discours  prononcés  aux  funérailles  de 
Lesoinne  par  A.  Dumont  et  M.  Trasenster 
(Ann.  des  Univ.,  4857,  p.  913  et  S15<»  et 
Nécrologe  liégeois  pour  i857,  p.  29  et  30. 


423 


LES 


4-24 


»  aucun  détail  ;  enfin,  possédant  les 
«principales  langues  de  l'Europe,  il 
»  savait  parfaitement  se  mettre  en  rap- 
»  port  aussi  bien  avec  l'ouvrier  qu'avec 
»  le  savant,  et  ainsi  recueillir  une  ample 
»  moisson  d'observations.  Si  Ton  ajoute 
»  à  ce  riche  trésor  d'études  et  d'expé- 
»  rience  une  facilité  Irès-rare  d'expo- 
»  silion,  le  mouvement  et  le  relief  de 
»  l'expression,  on  aura  une  idée  de  ce 
»  que  pouvait  être  le  cours  de  mêlai- 
»  lurgie  de  notre  École,  et  l'on  compren- 
»  dra  les  services  qu'un  pareil  cours 
»  a  pu  rendre  à  la  Jeunesse  studieuse.» 
Lesoinne  fut  promu  à  Tordinariat  en 
i841.  Le  2G  octobre  1847,  ses  anciens 
élèves,  la  plupart  directeurs  de  grands 
établissements  industriels,  lui  décer- 
nèrent, en  témoignage  d'estime  et  de 
gratitude,  le  titre  de  membre  honoraire 
de  Y  Association  des  ingénieurs  sortis  de 
V Ecole  des  mines  de  Liège.  En  1818, 
les  électeurs  libérauxde  Liège  l'élureni 
membre  du  Conseil  communal;  il  y 
siégea  avec  distinction  jusqu'à  sa  mort. 
11  eut  à  remplir  diverses  missions  spé- 
ciales ;  entr'autres  il  fit  partie ,  avec 
MM.  Demanet  et  Dandelin,  de  la  Com- 
mission chargée  par  la  Chambre  des  re- 
présentants de  rechercher  les  causes  de 
réboulement  du  tunnel  de  Cumptich. 
Il  fut  membre  de  la  Commission  pro- 
vinciale de  statistique,  du  Comité  des 
charbonnages  liégeois,  du  Conseil  de 
salubrité  de  la  province,  de  la  Société 
royale  des  sciences  (1855),  de  la  Société 
libre  d'Émulation,  du  Conseil  d'admi- 
nistration de  la  Société  agricole  de 
Liège,  etc.  La  croix  de  chevalier  de 
l'ordre  Léopold  lui  futaccordée  en  1855, 
en  récompense  des  services  nombreux 
qu'il  avait  rendus  («  à  la  science,  à  l'en- 
seignement et  à  l'industrie.  »  11  reçut 
de  S.  M    la  reine  d'Espagne  la  Croix 
de  Commandeur  de  l'ordre  d'Isabelle- 
la-Catholique,  distinction  doublement 
méritée  par  l'industriel  et  par  le  pro- 
fesseur. Créateur  de  la  Compagnie  royale 
asturienne  des  mincs^  il  organisa  la 
grande  et  belle  exploitation  que  dirige 
actuellement  son  neveu,  M.  J.  Hauzeur  ; 
sa  réputation,  d'autre  part,  attira  nombre 
d'étudiants  espagnols  à  l'Ecole  de  Liège  ; 
il  fut  en  tout  temps  leur  conseiller,  leur 
ami,  et  souvent  leur  protecteur.  L'in- 


dustrie espagnole  lui  doit  autant  que 
l'industrie  belge.  Quant  à  cette  dernière, 
il  contribua  par  son  exemple  à  l'empê- 
cher de  s'égarer  dans  la  voie  nouvelle 
où  il  comprit  l'un  des  premiers  qu'elle 
entrait  forcément.  Il  fallait,  selon  lui, 
arriver  à  de  grandes  productions  en 
introduisant  dans  les  divers  appareils 
la  puissance  et  la  perfection  de  moyens 
que  réclame  la  mise  en  mouvement  de 
grandes  masses.  L'exploitation  des  mi- 
nes lui  doit  plusieurs  améliorations  : 
on  cite  notamment  un  ventilateur  d'une 
rare  simplicité,  très-utile  chaque  fois 
que  l'état  de  la  mine  n'exige  que  de 
faibles  efforts  i>our  assurer  un  aérage 
convenable. 

S'il  avait  pris  soin  de  publier  ses  tra- 
vaux, son  nom  serait  connu  dans  toute 
l'Europe.  Pour  ne  citer  que  quelques 
faits,  rappelonsavec  M.  Trasenster  que 
Lesoinne,  dès  ses  débuts  dans  l'ensei- 
gnement, indiqua  le  premier  la  véritable 
théorie  de  la  réduction  des  minerais  de 
fer  dans  les  hauts-fourneaux,  en  l'ex- 
pliquant par  l'action  de  l'oxyde  de  car- 
bone. —  Dans  les  derniers  temps  de  sa 
vie,  il  avait  cherché  à  modifier  le  trai- 
tement des  minerais  de  zinc,  qui  est 
encore  si  peu  satisfaisant  comparé  ^ 
celui  des  autres  métaux.  Il  voulait  ar- 
river à  un  procédé  plus  économique  qui 
permit  de  réduire  les  minerais  peu 
riches,  et  surtout  de  retirer  le  fer  et  le 
zinc  des  produits  naturels  si  nombreux 
qui  contiennent  ces  deux  métaux.  Les 
expériences  entreprises  dans  cette  di- 
rection d'idées  ne  paraissent  pas  avoir 
été  jusqu'ici  pleinement  satisfaisantes  ; 
mais  de  pareilles  investigations  ne  sont 
jamais  slérlles,  et  au  moment  où  l'on 
s'y  attend  le  moins,  elles  peuvent  aboutir 
à  de  grands  résultats. 

Lesoinne  se  distinguait  par  les  trois 
qualités  qui  constituent  le  bon  profes- 
seur :  théorie,  pratique,  méthode,  rien 
ne  lui  faisait  défaut.  Sa  parole  était 
simple,  sans  prétention,  d'une  gaité 
spirituelle  et  pleine  de  bonhomie,  et 
toujours  saillante,  d'un  effet  sûr  et 
durable.  Dans  les  relations  privées,  qui 
était  plus  aimable,  plus  affable,  plus 
dévoué  à  ses  parents  et  à  ses  amis  ? 
André  Dumont  l'a  caractérisé  d'un  mot 
en  l'appelant  «  l'homme  le  plus  aimant 


435 


LÉV 


426 


et  le  plus  aimé  qae  l'on  puisse  rencon- 
trer. » 

A  part  son  Voyage  scientifique  rédigé 
avec  M.  Perdonnet,  il  n*a  presque  rien 
publié.  M.  Ul.  Capitaine  cite  de  lui  : 

i»  Une  Notice  sur  les  mines  de  houilh 
de  Saarbrûck  (en  collaboration  avec  M. 
Armand  Nagelmackers).  Liège, Oudart, 
4842,  in-8<>,  avec  2  planches.  (Tiré  à 
part  des  Mém.  de  la  Société  royale  des 
sciences  de  Liége^  t.  i,  p.  75-84). 

S""  Rapport  sur  les  égoûts  à  établir 
dans  la  ville  de  Liège  (en  collaboration 
avec  M.  Chandelon),  inséré  dans  le 
Moniteur  belge,  n°  du  28  mai  1849. 

De  la  forme  et  de  la  capacité  qu'oo  doit 
donner  aux  égoûts;  des  matériaux  k  employer 
pour  leur  construction  ;  des  moyens  propres 
à  empêcher  le  dégagement  des  émanations 
dans  les  rues  et  dans  les  habitations. 

Les  leçons  de  métallurgie  de  Le- 
soinne  forment  un  recueil  scientifique 
très-remarquable ,  dont  la  première 
partie  a  été  livrée  au  public  par  les 
soins  de  M.  A.  Gillon«  après  la  mort 
de  son  ancien  maître.  IS'ous  renvoyons 
le  lecteur  à  l'observation  consignée  au 
D''  2  de  la  bibliographie,  dans  la  notice 
que  nous  consacrons  à  Tédlteur  des 
œuvres  posthumes  de  Lesoinne. 

Lcvy  (Aaron),  né  à  Paris  en  1794, 
y  mourut  en  i84i,  «sans  avoir  pu  payer 
»  aux  sciences,  dit  M.  Quetelet,  le  tribut 
»  qu'on  était  en  droit  d'attendre  de  ses 
»  talents  véritablement  distingués.  »  il 
s'appliqua  de  bonne  heure  aux  sciences 
exactes,  entra  en  181 2  à  l'École  normale 
et,  deux  ans  plus  tard,  fut  nommé  ré- 
pétiteur de  mathématiques  dans  ce  cé- 
lèbre établissement.  L'intolérance  de  la 
restauration  brisa  inopinément  sa  car- 
rière :  on  ne  lui  pardonna  pas  d'être  né 
Juif.  Une  destitution  n'était  pas  justi- 
fiable :  on  l'envoya  continuer  ses  cours 
an  Collège  royal  de  l'Ile  Bourbon.  Il 
s'embarqua  à  Rochefort  et  fut  jeté  par 
la  tempête  sur  les  côtes  d'Angleterre, 
non  loin  de  Plymouth,à  cequ'on  croit. 


11  tomba  en  bonnes  mains,  vit  son  mé- 
rite apprécié,  et  se  décida  finalement 
à  ne  point  repasser  la  Manche.  Ses 
connaissances  variées  lui  procurèrent 
des  relations  avec  des  hommes  tels  que 
Wollaston  et  Brewster.  Il  prit  part  à  la 
rédaction  de  l'Encyclopédie  anglaise,  et 
trouva  le  moyen  d'employer  fructueuse- 
ment le  reste  de  son  temps ,  en  accep- 
tant la  mission  de  rédiger  le  catalogue 
raisonné  d'un  cabinet  considérable  de 
minéralogie.  Ce  travail ,  qui  vit  le  jour 
en  1857,  lui  fit  beaucoup  d'honneur  et 
consolida  la  réputation  qu'il  s'était  ac^ 
quise  par  son  talent  de  cristallographe 
(*).  —  Lévy  s'était  attaclié  à  l'Angle- 
terre, dès  1822,  par  un  lien  plus  étroit. 
Les  circonstances  qui  se  rattachent  à 
son  mariage  ont  quelque  chose  de  ro- 
manesque et  mettent  en  évidence  tout 
ce  qu'il  y  avait  de  générosité  dans  son 
caractère  (*).   «  II  devint  amoureux 
»  d'ilarrlet  Drewet ,  en  la  voyant  au 
»  spectacle  :  elle  avait  alors  17  ans. 
»  Fille  d'un  fermier  de  l'Yorkshire,  elle 
»  avait  peu  d'éducation  et  point  de  for- 
»  tune.  Lévy  la  fit  mettre  pendant  deux 
»  ans  dans  un  des  premiers  pensionnats 
»  de  l'Angleterre,  se  chargea  de  toutes 
»  les  dépenses  nécessaires  à  son  éduca- 
n  tion,  et  ne  cessa  de  lui  témoigner  le 
»  plus  grand  respect».  —  Cependant  la 
famille  arriva,  et  avec  elle  l'inquiétude 
de  l'avenir.  Le  professeur  Baron  avait 
formé  un  pensionnat  à  Bruxelles  ;  il 
pressa  son  ancien  ami  et  condisciple 
Lévy  d'en  reprendre  la  direction  (1828). 
Celui-ci  se  laissa  persuader  ;  mais  sa 
qualité  d'Israélite  mit  encore  une  fois 
obstacle  à  ses  succès.  Enfin  le  Gouver- 
nement des  Pays-Bas,  se  plaçant  au- 
dessus  du  préjugé,  nomma  Lévy  lecteur 
h  la  Faculté  des  sciences  de  l'Université 
de  Liège.  Il  commença  ses  cours  au 
mois  d'octobre  1828.  Il  enseignait  la 
mécanique  analytique  (Poisson),  la  mé- 
canique céleste  (de  Pontécoulant),  l'as- 
tronomie physique  (Biot),  la  minéralo- 
gie, la  cristallographie  et  la  géologie  ; 
il  donnait  en  outre  un  cours  de  physique 


(  ^  )  En  voici  le  litre  exact  :  Description 
ifung  collection  de  minéraux  formée  par  M, 
Henri  Heuland,  et  appartenant  à  M,  Charte» 
Hampden  Tumer,  de  Booknea,  dans  le  comté 


de  Surrey  en  Angleterre;  par  A.   Lévy, 
Londres,  A.  Richter,  1837,  3  vol.  in-Soet 
atlas  in-4«  de  83  planches. 
(')  Qaetelet,  Notice,  etc.  p.  139. 


427 


LOM 


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populaire  à  FËcole  industrielle.  «  Cette 
»  énumération,  ajoute  M.  Quetelet,  doit 
»  faire  comprendre  quelle  était  ractivité 
»  de  M.  Lévy,et  combien  Forpnisation 
»  universitaire  était  vicieuse,  en  plaçant 
»  les  professeurs  dans  une  position  qui 
»  leur  rendait  impossible  toute  espèce 
»  de  travail  pour  l'avancement  des 
9  sciences».  Lévy  lutta  si  énergique- 
ment  contre  ces  désavantages ,  qu'il 
s'acquit  à  la  fois  la  réputation  d'un  bon 
professeur  et  d'un  savant  sérieux.  L'A- 
cadémie royale  de  Bruxelles ,  en  l'ac- 
cueillant dans  son  sein  (3  avril  1850), 
montra  une  fois  de  plus  (  '  )  que  la  li- 
berté de  la  conscience  n'avait  pas  moins 
de  prix  à  ses  yeux  que  l'hommage  dû 
au  talent.  La  révolution  éclata  :  le  Gou- 
vernement provisoire,  loin  de  dépossé- 
der Lévy  Je  promutàl'ordinariat.Mais  le 
souvenir  des  tracasseries  qu'on  lui  avait 
autrefois  suscitées  ne  pouvait  s'effacer 
de  Tesprit  du  professeur:  il  était  devenu 
ombrageux,  susceptible,  perpétuelle- 
ment inquietde  l'avenir,  etd'autant  plus, 
qu'il  se  voyait  père  de  famille  et  sans 
fortune.  Il  finit  par  céder  aux  sollicita- 
tions de  quelques  savants  de  Paris, 
entre  autres  de  Poisson,  qui  le  rappe- 
laient à  Paris  et  lui  faisaient  entrevoir 
de  brillants  avantages.  Il  rentra  dans 
son  pays  natal  en  qualité  de  maître  de 
conférences  à  l'École  normale,  profes- 
seur de  mathématiques  au  Collège  royal 
de  Charlemagne  et  chargé  de  la  répéti- 
tion de  plusieurs  cours  supérieurs. 
L'aisance  s'assit  à  son  foyer;  mais  tout 
son  temps  se  trouva  absorbé  par  des 
labeurs  pénibles.  Le  désir  de  reprendre 
ses  études  favorites  lui  fit  prêter  l'o- 
reille à  des  propositions  de  M.  Rogier, 
alors  ministre  de  l'intérieur,  désireux 
de  le  revoir  en  Belgique.  M.  Quetelet 
fut  chargé  (juillet  1852)  de  préparer  la 
nomination  de  Lévy  au  poste  de  direc- 
teur du  Musée  de  Bruxelles  ;  un  chan- 
gement de  ministère  fit  tomber  la  négo- 
ciation k  néant.  Vivement  affecté  de  ce 
revirement,  douloureusement  éprouvé 
dans  ses  affections  les  plus  chères  par 
la  perte  successive  de  son  épouse  chérie 
et  de  plusieurs  de  ses  enfants,  Lévy 
tomba  dans  une  sorte  de  découragement 


qui,  joiut  aux  fatigues  du  professorat, 
mina  insensiblement  sa  santé.  Il  ploya 
sous  le  faix  en  4841,  à  peine  âgé  de  45 
ans.  —  Indépendamment  du  catalogue 
delà  collection  Turner,  on  lui  doit  quel- 
ques notices  insérées  dans  la  Corres- 
pondance mathématique  et  physique  de 
Bruxelles^  savoir  : 

i.  Mémoire  sur  différentes  propriétés 
des  surfaces  du  second  ordre  (t.  IV, 
p.  18). 

2.  Note  sur  le  théorème  :  si  une  droite 
divise  l'un  des  côtés  opposés  d'un  qua- 
drilatère gauche  en  parties  proportion- 
nelles, toute  droite  qui  la  coupera,  ainsi 
que  les  deux  autres  côtés  du  quadrila- 
tère, sera  divisée  par  elle  dans  le  même 
rapport  (t.  IV,  p.  5). 

5.  Sur  une  nouvelle  manière  de  dé- 
terminer la  pesanteur  spéciûque  des 
corps  (t.  VI,  p.  208).—  Il  s'agissait  de 
déterminer  la  pesanteur  spécifique  d'un 
corps  solide  plongé  dans  l'eau,  sans  le 
sortir  île  ce  liquide. 

4.  Mémoire  sur  quelques  propriétés 
du  système  des  forces  (t.  VI,  p.  201). 

Le  mémoire  communiqué  à  l'Acadé- 
mie de  Bruxelles  sur  quelques  minéraux 
trouvés  à  la  Vieille-Montagne  à  Mores- 
net,  prùa  d Aix-la-Chapelle,  M  retiré 
par  son  auteur,  qui  ne  trouva  jamais  le 
temps  de  le  revoir  pour  l'impression. 
Les  minéraux  décrits  dans  ce  travail 
appartiennent  à  des  espèces  dont  on  n'a 
découvert  que  fort  peu  d'échantillons. 
Nous  citerons  entre  autres  un  silicate 
anhydre  de  zinc  qui  reçut  le  nom  de 
Willemite,  en  l'honneur  du  roi  des  Pays- 
Bas.—  Les  expériences  de  M.  Chevreul 
sur  l'eau  de  la  Géronstère  (lez-Spa) 
furent  faites  en  présence  de  Lévy  (Sur 
la  polémique  fi  laquelle  elles  donnèrent 
lieu,  V.  DkKDo:s\iLLK,  des  eaux  minérales 
de  Spa,  Liège,  s.  d.,  in-12). 

La  notice  qu'on  vient  de  lire  est  ex- 
traite, pour  la  plus  grande  partie,  de 
celle  de  M.  Quetelet  (Ann.  de  l*Acad.de 
Bruxelles,  1844,  p.  159  et  suiv.). 


i.ombnrdi  (Lambert-Materne),  na- 
quit à  Liège  le  25  novembre  1795  et  y 
mourut  le  9  février  1855   Peu  de  car- 


(*)  Allusion  à  la  réception,  dans  ce  corps      savant,  du  célèbre  jurisconsulte  Mayer. 


^ 


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LOM 


430 


rières  ont  été  aussi  bien  remplies.  Lom- 
bard a  peu  écrit  :  à  part  sa  Dissertalion 
sur  les  avantages  de  Vallaitement  ma- 
ternel (Paris,  Didot,  jeune,  23  p.  in-S"), 
présentée  à  la  Faculté  de  Paris  le  16 
mars  1816  pour  obtenir  le  diplôme  de 
docteur  en  médecine,  et  quelques  rap- 
ports à  TAcadémie  de  médecine  de  Bel- 
gique, on  ne  cite  sous  son  nom  que  la 
Gazette  médicale  belge  ,  recueil  éphé- 
mère fondé  en  1854  avec  iM.  le  docteur 
Boéns,  gui  en  fut,  de  fait,  le  rédacteur 
unique.  En  revanche,  Lombard  réunit 
au  plus  haut  degré  les  qualités  du  pra- 
ticien et  laissa  une  brillante  réputation 
comme  professeur  de  clinique  médicale. 
Sa  cx)nstiiution  physique,  sanguine  et 
vigoureuse,  son  caractère  généreux  et 
enthousiaste,  la  promptitude  de  son 
coup  d'œil  et  de  son  jugement,  ainsi  que 
se;»  goilts  d'homme  du  monde  le  dispo- 
saient plutôt  à  mener  une  vie  active  et 
pour  ainsi  dire  tout  extérieure,  qu*à 
pâlir  sur  des  livres  ou  à  méditer  assi- 
dûment dans  le  silence  du  cabinet.  A 
force  de  volonté,  quand  il  fut  profes- 
seur, il  compléta  des  études  qu'il  n'a- 
vait pas  eu  Toccasion  d'approfondir 
suffisamment  dans  sa  jeunesse  ;  mais  il 
dut  la  meilleure  part  de  ses  brillants  suc- 
cès à  ses  talents  naturels  et,  pour  le  dire 
en  un  mot.  avec  M.  le  D' Spring,  à  cette 
influence  mystérieuse  qu'on  appelle  le 
prestige.  Si  Lombard  n'eût  pas  été 
médecin,  il  eût  été  soldat  :  il  avait  be- 
soin d'agir  et  de  se  trouver  en  quelque 
sorte  mis  en  demeure  de  remporter  une 
victoire.  Aussi  bien  les  circonstances 
contribuèrent  à  fnvoriser  le  développe- 
ment de  ses  dispositions  innées.  Orphe- 
lin de  bonne  heure,  il  fut  élevé  par  son 
aïeul,  qui  exerçait  la  profession)  de  no- 
taire; à  l'âge  de  15  ans,  il  songea  à 
faire  choix  d'une  carrière  et  entra  comme 
élève  à  l'hôpital  militaire  de  Liège.  Dès 
Tannée  suivante  (1809),  il  reçut  la  no- 
mination de  chirurgien  sous-aide  :  en 
1811,  il  fut  désigné  pour  les  établis- 
sements hospitaliers  de  la  34* division 
militaire,  à  l'ile  de  Walchtren,  et  atta- 
ché à  l'hôpital  de  Middelbourg  en  Zé- 
lande.  Son  aptitude,  son  zèle  et  son 
dévouement  lui  valurent,  en  1812, d'être 
envoyé  à  l'hôpital  d'instruction  du  Yal- 
de-Grâce,  pour  y  continuer  ses  études. 


Il  s'y  appliqua  surtout  à  l'art  des  dis- 
sections. Une  place  de  prosecteur  de- 
vint vacante  :  il  prit  part  au  concours 
et  remporta  la  palme;  mais  presque 
aussitôt  il  fut  mandé  ù  Tours,  en  qua- 
lité d'aide-major  du  5"  régiment  des 
gardes  d'honneur.  Il  reçut  le  baptême 
du  feu  le:  16  octobre  1815,  devant  Leip- 
zig, où  il  eut  un  cheval  tué  sous  lui  dans 
une  charge  de  cavalerie.  Le  50  octobre, 
à  la  bataille  de  Hanau,  toujours  aux 
côtés  du  colonel  de  Salluste,  qui  l'avait 
pris  en  affection,  une  balle  vint  le  frap- 
per à  la  jambe  gauche  ;  il  fut  proposé 
pour  la  Légion  d'honneur,  distinction 
qui  ne  lui  parvint  qu'en  1846,  après 
55  années  d'oubli.  Lombard  suivit  l'ar- 
mée dans  sa  retraite  vers  la  France; 
en  janvier  1814,  il  tomba  avec  son  co- 
lonel aux  mains  d'un  parti  de  Cosaques  : 
enivrer  leurs  gardiens,  s'emparer  des 
chevaux,  sabrer  le  détachement  ennemi 
et  regagner  ventre  à  terre  le  quartier 
général ,  ce  fut  l'affaire  de  quelques 
heures.  Lombard  fut  ensuite  chargé  de 
la  polic>e  des  hôpitaux  de  Nancy,  puis 
du  service  médical  de  celui  de  Bois- 
servilie.  .Mais  la  guerre  allait  encore  le 
réclamer.  La  nouvelle  du  débarquement 
de  Napoléon  si  Cannes  exalta  son  jeune 
enthousiasme  ;  il  ne  songea  qu'au  triom- 
phe de  l'aigle  impériale  et  ne  se  de- 
manda pas  quel  sort  serait  réservé  aux 
provinces  belges.  Il  assista, comme  aide- 
major  du  12^  chasseurs,  à  la  bataille  de 
Waterloo,  parvint  à  rejoindre  l'armée  de 
la  Loire  et  fut  enfin  licencié  à  Nar- 
bonne,  le  5  septembre  1815.  Avec  la 
carrière  militaire,  il  abandonna  la  chi- 
rurgie :  installé  à  Paris,  il  s'y  fit  pro- 
clamer docteur  en  médecine  (27  avril 
1816);  rien  nele  retenant  plusen  France, 
il  revint  à  Liège,  où  il  s'acquit  en  peu 
de  temps  une  clientèle  et  une  renommée 
considérables.  En  1821,  il  fut  nommé 
membre  de  la  Commission  médicale  de 
la  province  ;  dix  ans  plus  tard,  il  fut 
appelé  à  présider  ce  Corps,  et  conserva 
cette  fonction  jusqu'en  1855.  Le  10  dé- 
cembre de  cette  année,  le  roi  Léo- 
pold  I^*^  lui  décerna  la  croix  d'officier 
de  son  ordre.  Sa  nomination  à  l'Univer- 
sité, comme  professeur  ordinaire,  est 
datée  du  5  décembre  1855.  Ainsi  qu'on 
l'a  indiqué  plus  haut,  le  gouvernement 


431 


LOM 


432 


lui  confia  la  clinique  médicale.  Il  eût  été 
diflicilede  faire  un  meillenrchoix.o  Lom- 
»  bard,  dit  M.  le  docteur  Didot ,  était 
»  avant  tout  clinicien,  clinicien  éclec>- 
»  tique,  admirateur  des  travaux  hippo- 
»  cratiques.  Comme  diagnosticien ,  il 
»  put  être  égalé  ;  Il  ne  fut  surpassé  par 
»  personne.  Son  coup  d'œil  était  en 
»  quelque  sorte  divinatoire.  Que  de  fois, 
»  en  entrant  dans  les  salles  de  clinique. 
»  Il  se  procura  Tinnocente  satisfaction 
n  d'établir  un  diagnostic  différentiel , 
»  avant  même  d*avoir  questionné  lema- 
»  lade,  et  d'après  les  seules  indications 
»  de  l*habilude  extérieure!  Pendantré- 
»  pidémie  cholérique  de  1849 ,  une 
»  femme  est  apportée  à  Thôpital, en  proie 
»  à  des  vomissements  incessants  et  à 
»  des  crampes  très-manifestes.  La  dou- 
»  leur  crispait  sa  face,  qui  du  reste  pré- 
»  sentait  une  teinte  voisine  delà  cyanose. 
»  Le  mot  de  choléra  circule,  et  chacun 
»  s'arrête  à  Tidée  que  cette  malheureuse 
»  est  victime  de  Tépidémie.  —  Non , 
»  Messieurs,  dit  Lombard,  c^tte  femme 
»  n'est  point  cholérique  ;  elle  souffre 
»  d'un  obstacle  intestinal,  hernie,  volvu- 
»  lus  ou  autre.  —  En  effet,  on  reconnut 
»  bientôt  Texislence  d'une  hernie  cru- 
»  raie  étranglée  depuis  la  veille,  et  dont 
»  on  ne  soupçonnait  pas  l'existence.  » 
Il  serait  facile  d'énumérer  une  foule  de 
faits  du  même  genre;  il  suffit  d'ajouter 
que  la  renommée  du  professeur  Lom- 
bard s'étendait  jusque  dans  les  pays 
étrangers.  Lombard  ne  s'exprimait  pas 
seulement  avec  une  facilité  remarquable  : 
il  avait  des  convictions  franches  et  pro- 
fondes, et  son  grand  art  était  de  savoir 
les  communiquer  à  ses  auditeurs,  et 
entretenir  en  eux  le  feu  sacré  de  la 
science.  Il  avait  recours  à  des  compa- 
raisons ingénieuses,  rapprochait  des 
faits  dissemblables  en  apparence,  et, 
toujours  dominé  par  l'amour  sincère 
de  la  vérité,  prémunissait  les  jeunes 
esprits  contre  les  théories  trop  abso- 
lues et  contre  les  systèmes  de  circon- 
stance. Il  ne  faisait  point  étalage  d'é- 
rudition, mais  se  montrait  pénétré  de 
l'esprit  des  grands  classiques  et  surtout 
s'attachait  à  former  des  observateurs. 
Mais  aussi  comme  l'exemple  du  praii- 
cien  venait  en  aide  aux  enseignements 
du   professeur!    Lombard  déchiffrait 


une  affection  en  paraissant  à  peine  s'en 
occuper  ;  il  rassérénait  son  malade ,  il 
le  distrayait  par  sa  parole  aimable  et 
sympalhi(}ue ;  il  forçait  l'espérance, 
pour  ainsi  dire,  à  reprendre  place  dans 
les  cœurs.  Ses  formes  aimables  le  firent 
chérir  dans  les  familles  opulentes,  en 
même  temps  que  la  sûreté  de  ses  juge- 
ments le  fit  rechercher  comme  méde- 
cin consultant  chaque  fois  qu'il  se  pré- 
sentait un  cas  difficile.  Réputation  , 
honneurs,  richesses,  il  eut  tout,  et  il 
faut  dire  qu'en  l'élevant  sur  un  piédes- 
tal, l'opinion  publique  ne  Gt  que  recon- 
naître en  lui  des  qualités  qu'il  possé- 
dait réellement.  Il  était  l'idole  des  |)au- 
vres  comme  des  riches.  Sa  mort  fat 
le  signal  d'un  deuil  général  :  une  foule 
immense,  où  étaient  représentées  toutes 
les  classes  de  la  population,  accompa- 
gna son  corps  jusqu'.'^  plus  d'une  lieue 
de  la  ville,  au  cimetière  de  Grâce-Ber- 
leur.  —  Lombard  revêtit  la  toge  recto- 
rale en  1859-1840.  En  dehors  de  l'Uni- 
versité, il  remplit  pendant  plusieurs 
années  des  fonctions  électives.  Il  ap- 
partenait à  l'opinion  catholique.  La  part 
active  qu'il  avait  prise  aux  événements 
de  1830  lui  valut  la  Croix  de  fer.  Il  fut 
membre  du  Comité  de  sûreté  publique 
institué  le  27  août  1830;  le  â  septembre 
suivant,il  entra  au  Conseil  de  régonce,où 
Il  siégea  jusqu'en  1834.  Quatre  ans  plus 
tard,  les  électeurs  du  canton  de  Hollo- 
gne-aux-Pierres  lui  confièrent  le  man- 
dat de  conseiller  provincial  :  il  le  con- 
serva jusqu'en  1848.  — -  .\mateur  pas- 
sionné de  tableaux,  il  avait  formé  une 
collection  qui  devint  célèbre  :  elle  est 
malheureusement  dispersée  aujour- 
d'hui. On  y  remarquait  nombre  de  bon- 
nes toiles  anciennes,  et  parmi  les  mo- 
dernes, le  premier  Patrocle  de  Wiertz, 
qu'il  découvrit  par  hasard,  roulé  et 
couvert  de  poussière,  dans  un  coin  du 
musée  St-André.  Lombard  fit  rentoiler 
cette  œuvre  remarquable,  et  construire 
tout  exprès,  pour  l'y  placer,  une  vaste 
galerie.  —  Dans  une  biographie  très- 
circonstanciée,  lue  en  séance  de  l'Aca- 
démie royale  de  médecine  de  Belgique 
et  insérée  au  t.  IV  des  Mémoires  de  ce 
corps  savant,  M.  le  docteur  Didot  a 
exposé  les  opinions  de  Lombard  sur 
un  certain  nombre  de  questions  pra- 


433 


MAR 


434 


tiques;  M.  Boëns  n'a  pas  donné  suite 
au  pro^t  qu*il  avait  formé  de  résumer 
les  leçons  et  les  entretiens  du  maître. 
—  V«  le  Nécrologe  liégeois  de  M.  UL 
Capitaine,  année  1K55,  p.  35-4â.  —  M. 
le  docteur  lieuse  a  décrit  la  maladie  de 
Lombard  dans  le  Bull,  de  VAcad,  royak 
de  médecine  de  Belgique,  t.  XIX,  n''  5. 


Mai-ty no^Mkl    (JÉRÔME) ,  né  à  LU- 

dowikonka,  près  de  Wilna  ('),  le  â3 
juillet  4807,  mourut  à  Liège,  le  S  no- 
vembre I8G4.  Il  fit  ses  humanités  au 
gymnase  de  l^inica  en  Podolie  (ancien 
Collège  des  Jésuites)  et  s'appliqua  par- 
ticulièrement aux  sciences  exactes.  Ce 
goût  dominant  ne  l'abandonna  pas  à 
runiversité  de  Wilna ,  où  il  entra  en 
1827;  cependant,  pour  se  créer  une  car- 
rière ,  il  s'y  livra  pendant  trois  ans  à 
Tétude  de  fa  médecine.  Il  allait  rerevoir 
son  diplôme,  quand  éclata  l'insurrection 
lithuanienne.  11  prit  aussitôt  du  service 
dans  l'armée  révolutionnaire,  assista 
comme  sous-officierd'artillerie  aux  com- 
bats de  Wilna  et  de  Szawlé,  et  s'y  dis- 
tingua par  sa  bravoure.  Survinrent  les 
désastres  d'Ostrolenka  et  de  Varsovie  : 
les  débris  des  troupes  polonaises  furent 
refoulés  snr  le  territoire  prussien ,  où 
il  fallut  déposer  les  armes.  Proscrit, 
isolé,  sans  asile,  Martynowski  chercha 
vainement  du  travail  en  Prnsse  et  ré- 
solut enfin  de  gagner  la  France ,  cette 
seconde  patrie  des  Polonais,  il  se  mit 
en  route  à  pied ,  dénué  de  tout,  parvint 
à  Besançon  après  bien  des  souffrances, 
et  dut  quitter  c^tte  ville  comme  il  y  était 
entré.  Les  mêmes  déceptions  l'atten- 
daient à  Paris  ;  à  Bruxelles,  au  con- 
traire, il  retrouva  des  amis  et  parvint  à 
se*  procurer  quelques  légères  ressour- 
ces. Enfin  l'idée  lui  vint  de  se  fixer 
à  Liège  et  de  reprendre  ses  études 
ik  l'Université  de  cette  ville  :  des 
leçons  de  mathématiques  devaient  lui 
fournir  le  pain  quotidien.  Il  donna  aus- 
sitôt suite  à  son  projet ,  subit  l'examen 


de  candidat  en  sciences  naturelles  et 
suivit  pendant  quelque  lem|)s  les  cours 
de  la  candidature  en  médecine.  Mais  ses 
leçons  ne  lui  donnaient  pas  de  quoi 
vivre  :  forcé  de  compter  avec  la  néces- 
sité, il  accepta  une  place  de  surveillant 
au  Collège  communal  de  Liège.  Ce  fut 
l'humble  point  de  départ  d'une  car- 
rière qui  n'aurait  pas  été  sans  éclat,  si 
Martynowski  avait  eu  plus  nettement 
conscience  de  sa  propre  valeur.  Cepen- 
dant ses  aptitudes  remarquables  et  son 
savoir  étendu  ne  pouvaient  manquer 
d'attirer  l'attention,  non  moins  que  sa 
conduite  exemplaire  et  sa  rigoureuse 
exactitude.  En  1858,  lors  de  l'organi- 
sation du  régime  intérieur  des  Ecoles 
spéciales  annexées  à  l'Université,  il 
fut  nommé  répétiteur-surveillant.  Plus 
tard,  on  lui  confia  l'enseignement  de 
certaines  parties  des  mathématiques,  et 
en  1849,  sur  la  demande  expresse  de  la 
Faculté  des  sciences ,  il  obtint  le  titre 
d'agrégé  k  la  dite  Faculté.  Après  la 
mort  de  Meyer  (v.  ce  nom),  un  arrêté 
royal  lui  attribua  exclusivement  le  cours 
de  calcul  différentiel  et  intégrai.  —  Il 
resta  vingt  ans  attaché  à  l'Université  de 
Liège  ,  esclave  de  son  devoir ,  dévoué 
à  la  science,  à  ses  élèves  et  à  la  famille 
qu'il  s'était  créée  en  Belgique,  jouissant 
de  l'estime  générale ,  mais  se  tenant  en 
dehors  du  monde,  supportant  dignement 
les  rigueurs  de  l'exil  et  celles  de  la  for- 
tune. Celles-ci  se  ralentirent  pourtant 
dans  la  dernière  période  de  sa  vie.  Une 
succession  provenant  des  parents  de  sa 
femme  lui  permit  d'acquérir,  aux  abords 
de  la  ville,  une  maison  confortable  et  un 
morceau  de  terrain  qu'il  se  mil  k  culti- 
ver lui-même.  A  un  Polonais,  ne  cessait- 
il  de  dire,  il  faut  absolument  un  jardin. 
Étant  élève  en  médecine ,  il  avait  étu- 
dié la  botanique.  11  se  mit  à  impor- 
ter des  simples  de  son  pays  et  essaya 
de  les  acclimater.  Il  fit  venir  d'Ojcaco 
un  Jet  de  bouleau  qu'il  planta  religieu- 
sement près  de  sa  demeure  ;  il  en  suivit 
la  croissance  avec  une  joie  d'enfant  : 


{*)Nécrohge  liégeois  pour  1861,  p.  61. 
Noos  suivons  la  version  de  H.  U.  Capitaine, 
qui  puise  toujours  ses  renseignements  aux 
meilleures  sources.  Un  journal  polonais  fait 
naître  Hartynowskl    dans  la  province  de 


Kaminiec,  en  1806.  Cette  indication  est  assez 
vague  ;  quoi  qu'il  en  soit,  c'est  en  Podolie 
que  notre  regretté  collègue  passa  les  années 
de  son  enfance. 


435 


MAR 


436 


hélas  !  il  eut  il  peine  le  temps  de  se  re- 
poser sous  son  ombrage.  11  était  d'une 
constitution  robuste  ;  mais  quoique  at- 
taché à  la  Belgique  par  les  liens  les  plus 
étroits  et  plein  d'une  ineffable  tendresse 
pour  les  siens,  il  avait  au  cœur  une 
plaie  incurable  :  la  nostalgie  le  minait 
sourdement.  Il  pensait  sans  cesse  à  la 
lointainePologne,  il  ne  parlaitque  d'elle, 
il  n'était  intime qu 'avec sescompatrioies. 
La  dernière  semaine  de  sa  vie,  il  remplit 
encore  à  l'Université  ses  devoirs  d'exa- 
minateur. Un  typhus  des  plus  violents 
le  coucha  brusquement  sur  son  lit  de 
mort.  Au  moment  suprême,  il  fit  ouvrir 
la  fenêtre.  Dès  que  l'air  frais  pénétra 
jusqu'à  lui ,  il  fondit  en  larmes ,  et  l'on 
comprit  aux  paroles  délirantes  qui  lui 
échappèrent  qu'il  se  croyait  transporté 
dans  sa  chère  Samogitie.  Ses  derniers 
motsfurent  inintelligibles  pour  sa  femme 
et  pour  ses  enfants  :  il  parlait  la  langue 
maternelle.  —  Nous  avons  compris, 
balbutiait-il ,  en  faisant  allusion  aux 
derniers  événements...  Une  poignée  de 
terre  apportée  de  Pologne  et  arrosée  de 
quelques  larmes  polonaises  a  été  jetée 
sur  sa  tombe;  plus  tard,  ses  compatriotes 
présents  en  Belgique  lui  ont  érigé  un 
modeste  monument.  Martynowski  avait 
des  droits  particuliers  à  leur  reconnais- 
sance :  ardent  ami  de  son  pays,  très- 
versé  dans  les  langues  et  les  littéra- 
tures slaves,  il  entretenait  les  souvenirs 
et  les  aspirations  de  ses  compagnons 
d'exil;  il  était  pour  les  jeunes  étudiants 
polonais  un  conseiller  sûr  et  dévoué, 
un  maître  d'histoire  et  de  poésie  na- 
tionales, en  même  temps  qu'un  guide 
dans  les  sentiers  de  la  scienr>e.  Avec 
eux,  il  se  retrouvait  en  imagination  sur 
la  terre  natale  :  on  relisait  les  poètes 
aimés,  on  les  commentait,  on  se  remé- 
morait toutes  les  gloires  des  ancêtres... 
Martynowski  était  lui-même  poète  :  il  a 
laissé  en  manuscrit  plusieurs  ballades 
historiques  et  diverses  pièces  de  vers 
auxquelles  les  connaisseurs  reconnais- 
sent un  vrai  mérite.  Quelques  pièces 
échappées  à  sa  plume  (contes  et  fables) 
ont  paru  dans  le  Journal  littéraire  po- 
lonais et  ont  été  fort  goûtées.  Il  s'occu- 
pait aussi  de  critique  et  d^analyse.  Il 
admirait  beaucoup  Adam  Miçkiewicz  ; 
des  notes  très-étendues  sur  les  œuvres 


de  ce  maître  ont  été  envoyées  par  lui 
au  vénérable  Lelewel,  son  ami  de  cœur; 
elles  ont  dû  être  mises  sous  scellé  avec 
les  papiers  de  ce  dernier,  décédé  quel- 
ques mois  seulement  avant  Martynows- 
ki ;  elles  ne  seront  probablement  pas 
perdues.  Martynowski  lisait  beaucoup 
et  retenait  aisément  :  il  affectionnait 
certains  genres ,  entr'autres  l'églogue. 
Bohdan  /aiewski  était  son  poète  favori. 
Dès  qu'il  se  rappelait  quelque  chanson 
ukrainienne ,  sa  c^lme  et  triste  figure 
s'animait  d'un  feu  juvénile  et  un  éclair 
passait  dans  ses  yeux. 

Martynowski  était  affilié  à  la  Société 
scientifique  de  Cracovie  et  à  la  Société 
royale  des  Sciences  de  Liège.  Voici, 
d'après  M.  Ulysse  Capitaine,  la  liste 
de  ses  ouvrages  sur  les  mathéma- 
tiques. 

1*  Leçons  sur  le  chauffage  et  la  con- 
duite des  machines  (Cours  donné  à  TE- 
cole  des  arts  et  manufactures  de  Liège, 
in-i"",  autographié). 

2"  Leçons  de  calcul  différentiel  et  in- 
tégral  (Id.,  2  cahiers  in-folio,  autogra- 
pbiés). 

3"  Cours  spécial  de  calcul  différen- 
tiel et  intégral,  donné  par  J.  Marty- 
nowski, professeur  agrégé,  rédigé  et 
publié  avec  son  autorisation  par  les 
élèves  de  l'Ecole  préparatoire  des 
mines.  Première  année  (1855,  cahier 
in-folio,  autographié). 

\^  Mémoire  sur  la  for  mat  ion  des  [mis- 
sances  ordinaires  et  celle  du  développe- 
ment logarithmique  d'une  fonction  ex- 
plicite d'une  seule  variable: 

Ce  M(5moire«  adresse  en  janvier  183T  k 
rAcadémie  royale  de  Belgique,  a  éié  l'objet 
d'un  rapport  de  MM.  Pagani  et  Gamier, 
inséré  dans  les  Bultttim  de  cette  Coropagoîe, 
l.  IV,  4837,  p.  82. 

5*  ^ote  sur  la  recherche  du  coeffi- 
cient dans  le  retour  des  suites. 

Rapport  des  mêmes  commissaires,  t.  (V, 
1837,  p.  t3S  des  mêmes  Bulletins, 

(îo  Mémoire  sur  les  formes  des  équa- 
tions des  lignes  de  second  ordre. 

Rapport  de  MH.  Timmermans  ctQaetelel, 
l.  VIII,  ira  partie,  p.  116  des  mêmes  Bul- 
letins, 


437 


MEY 


438 


70  Mémoirf  tur  la  congruence 

Mémoire  adressé  à  l'Académie  et  men- 
Uonné  t .  IX,  i«  série,  1860,  p.  i  49  des  mêmes 
DulUtins, 

8<>  Sur  les  transformées  de  VéquatUm 
du  second  degré  à  detuc  variabks. 

Travail  inséré  dans  les  Mèmoiret  de  la 
Société  royale  des  êciences  de  Liège,  t.  I, 
1843,  p.  177. 

9^  Snr  la  solution  des  équations  nu- 
mériques. 

Mémoire  important,  inséré  1. 1, 1843,  p. 
S90;  t.  Il,  1845,  p.  445,  et  t.  VIII,  1853, 
do  même  recneil. 

10^  De  la  construction  des  normales 
dans  les  courbes  du  second  degré  {Ibid.^ 
t.  IV,  1848,  p.  1). 

11^  Essai  sur  la  théorie  des  paral- 
lèles (Ibid  t.  VII.  1852;  reproduit  dans 
le  Moniteur  de  renseignement^  t.  I,  S** 
série,  avec  de  nouveaux  développe- 
ments). 

12°  Des  combinaisons  avec  répétition 
(Ilnd.  t.  XVI,  1861,  p.  55. 

Les  Mémoires  n»*  7  à  12  ont  été  aussi  tirés 
à  part. 

15^  Divers  articles  dans  le  Moniteur 
de  renseignement  (Tournai),  sur  rem- 
ploi de  rînfini  en  mathématiques,  etc. 
(v.  Tari.  Noël). 

14**  Notessur  Tlntroduction  à  la  phi- 
losophie des  mathématiques,  par  Hoëne 
Wronski. 

Ce  commentaire  considérable,  auquel  Mar- 
lynowski  travailla  plusieurs  années,  est  resté 
inédit.  Le  Ms.  a  été  acquis  {k  une  vente  pu- 
blique) par  M.  Ulysse  Capitaine,  en  même 
temps  que  les  n^  suivants. 

15*  Abrégé  d^arilkmétique.  —  Cours 
de  mathématiquîs  pures.  —  Cours  de 
statique  professé  en  184G-1847.  — 
Méthode  spéciale  pour  la  solution  géné- 
rale des  équations,  —  Addition  àîa  ré- 
forme des  wuithématiques»  —  Résolution 
du  problème  universel  des  mathéma- 
tiques et  son  application  à  la  résolution 
générale  des  équations  de  tous  les  degrés. 

Onlre  les  compositions  poétiques  ci- 
dessus  menlionnées ,  llartynowski  a 
laissé,  en  manuscrit,  une  Histoire  abré- 
gée de  la  Pologne, 


Sources.  Nécrologe  liégeois  pour  1 861 . 
— Extraits  des  journaux  polonais,  com- 
muniqués par  M  L.  Syroczynski.  — 
Souvenirs  personnels. 


Meyer  (ANTOINE),  né  à  Luxcmbourg 
le  31  mai  1805,  mourut  à  Liège  le  29 
avril  1857.  Il  serait  difficile  d'imaginer 
une  nature  plus  complète,  un  esprit 
plus  sérieux  et  plus  aimable  à  la  fois. 
Mathématicien  de  premier  ordre,  poète 
par  bouffées,  peintre  s*ll  avait  voulu 
l*ètre,  et  avec  cela,  aussi  versé  dans  la 
connaissance  de  Thistoire  et  des  lan- 
gues mortes  ou  vivantes  que  dans  celle 
des  sciences  exactes,  Meyer  avait  tout 
pour  lui.  sauf  les  dons  de  la  fortune. 
Il  fut  cruellement  ballotté  par  Forage 
avant  d'arriver  au  port  ;  et  quand  il  Feut 
atteint,  sa  riche  organisation  était  épui- 
sée. Il  succomba  dans  la  pleine  Jouis- 
sance de  ses  facultés,  mais  vaincu  par 
les  souffrances  physiques.  Son  courage 
et  sagalté  naturelle  ne  Tabandonnèrent 
cependant  pas  un  instant  :  aussi  bien 
Texpérience  de  la  vie  lui  avait  coûté 
assez  cher  pour  qu'il  en  tirât  profit. 
Son  père,  honnête  artisan,  reconnais- 
sant ses  dispositions  naturelles,  lui 
avait  permis  de  fréquenter  TÂthénée  de 
Luxembourg.  Anioine  y  fit  des  études 
brillantes;  mais  le  moment  vint  de  les 
poursuivre  à  l'extérieur,  et  la  famille 
était  sans  ressources.  Un  grand  nombre 
de  Luxembourgeois  fréquentaient  alors 
l'Université  de  Liège  :  ils  se  cotisèrent 
pour  le  faire  venir  auprès  d'eux.  Il  les 
récompensa  en  devenant  en  quelque 
sorte  le  centre  de  leurs  reunions,  qu'il 
animait  par  sa  conversation  spirituelle 
et  par  son  talent  à  improviser,  en  dia- 
lecte de  son  pays,  des  vers  sur  toutes 
sortes  de  sujets.  Il  ne  larda  pas,  du 
reste,  à  subvenir  par  lui-même  à  ses 
besoins,  en  donnant  des  leçons  parti- 
culières et  en  se  chargeant  de  rédiger 
le  catalogue  des  livres  de  science  de  la 
bibliothèque  académique.  Le  soin  qu'il 
mit  à  s'acquitter  de  ce  petit  travail  (la 
bibliothèque  n'élait  pas  alors  ce  qu'elle 
est  aujourd'hui)  lui  valut  la  confiance 
des  professeurs  ;  ils  le  prièrent  de  leur 
indiquer  un  jeune  homme  capable  de 
dresser  le  catalogue  des  livres  de  droit: 


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MEY 


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Meyer  désigna  M.  Fiess,  Luxembour- 
geois comme  lui;  M.  Fiess  ne  quitta 
plus  la  bibliothèque,  et  Ton  sait  ce 
qu*elie  est  devenue  entre  ses  mains. 
Meyer,  étudiant  et  enseignant  à  la  fois, 
songea  à  se  faire  recevoir  docteur  et  k 
se  rendre  ensuite  à  Paris,  pour  y  en- 
tendre les  mathématiciens  les  plus  cé- 
lèbres. Il  rédigea  sa  thèse  ('),  mais  ne 
se  présenta  pas  à  Texamen ,  quoiqu'en 
aient  dit  ses  biographes  (*).  Il  partit  pour 
la  grande  ville,  ayant  tout  juste  assez 
d'argent  dans  sa  bourse  pour  y  arriver  : 
là ,  il  fallut  vivre ,  et  il  vécut ,  mais  à 
quel  prix  ?  H  ne  recula  pas  devant  le 
travail  manuel  le  plus  vulgaire  :  ce  fut 
le  corps,  cette  fois,  qui  nourrit  Tintel- 
ligencc.  11  suivit  néanmoins  avec  assi- 
duité les  leçons  des  maîtres,  et  comme 
le  héros  de  certain  roman  anglais,  il 
prit  Ihabitude  de  lire,  aux  étalages  des 
libraires  en  plein  vent,  les  livres  qu'il 
n'avait  pas  le  moyen  d'acheter.  Enfin  il 
rentra  dans  sa  patrie  en  1826,  pourvu 
d'une  chaire  au  Collège  d'Echternach. 
Quelle  chaire!  Il  fallait  enseip;ner  le 
latin,  le  grec,  le  hollandais,  Tallemund, 
les  mathématiques  :  il  est  vrai  que  tout 
le  personnel  de  l'établissement  se  com- 
posait de  deux  professeurs.  Heureuse- 
ment, en  1828,  il  fut  nommé  professeur 
de  mathématiques  à  l'École  militaire  de 
Breda.  Il  n'y  resta  pas  plus  d'un  an  :  on 
le  retrouve  en  1851  professeur  au  Col- 
lège de  Louvain,  et  en  1852  à  l'institut 
Gaggia,  consacrant  ses  moments  de 
liberté  à  préparer  des  élèves  pour  TÉ- 
cole  militaire,  alors  dirigée  par  le  co- 
lonel Timmerbans.  En  1854,  cette  in- 
stitution ayant  reçu  son  organisation 
définitive,  Meyer  y  fut  nommé  profes- 
seur. Mais  il  n'était  pas  au  bout  de  ses 
tribulations,  a  Son  caractère  indépen- 
»  dant  n'allait  pas  à  certaines  positions, 
D  et  nous  voyons  ici  éclater  au  grand 
»  jour  la  cause  véritable  des  malheurs 
»  de  toute  sa  vie.  On  avait  imposé  à 
»  son  enseignement  une  condition  con- 


»  traire  à  la  liberté  du  professeur,  en 
»  exigeant  qu'il  suivit  dans  ses  leçons 
»  un  certain  ouvrage.  Le  savant,  père 
»  de  famille,  avait  cédé  ;  mais  un  jour 
»  sa  fière  intelligence  se  révolta  en  pré- 
»  sence  de  l'incapacilé  de  «te  guide 
»  qu'on  lui  avait  imposé,  et  rejetant  au 
n  loin  le  livre  obligatoire ,  il  s'écria 
»  qu'il  ne  pouvait  enseigner  de  telles 
»  absurdités.  L'acte  était  d'autant  plus 
»  grave  que  l'auteur  de  ce  livre  existait 
»  et  occupait  une  haute  position  dans 
»  un  pays  voisin.  On  exigea  de  Meyer 
»  des  excuses  :  il  répondit  par  sa  dé- 
»  mission,  et  lorsqu'on  lui  demandait 
»  où  il  comptait  aller  après  avoir  ainsi 
»  renoncé  à  son  seul  moyen  d'exis- 
»  tencc  :  sous  le  ciel  bleu^  disait-il  ;  ce 
»  ne  sera  pas  la  première  fois  »  (').  Il 
resta  effectivement  sans  emploi  jus- 
qu'en 1858,  date  de  sa  nomination  à 
l'Université  de  Bruxelles,  où  on  lui  con- 
fia l'enseignement  des  hautes  mathé- 
matiques. Il  occupa  en  même  temps 
l'emploi  de  calculateur  au  Ministère  de 
la  guerre.  En  1859,  il  profita  de  la  loi 
du  4  avril  pour  se  rattacher  à  la  famille 
belge.  Dix  ans  plus  tard,  il  remplaça 
Lemaire  à  l'Université  de  Liège,  comme 
professeur  ordinaire,  chargé  des  cours 
de  calcul  différentiel  et  int^ral,  d'ana- 
lyse supérieure  et  de  calcul  des  proba- 
bilités (*).  «  Placé  enfin  dans  une  posi- 
»  tion  digne  de  lui,  ditM .  Bède,il  montra 
»  sur  le  champ  tout  ce, qu'il  valait.  Sa 
»  vie  jusqu'alors  agitée*  et  parfois  dé- 
»  sordonnée  comme  celle  de  tant  d'hom- 
»  mes  cherchant  l'oubli,  devint  immé- 
»  diatement  calme  et  rangée;  son  acti- 
»  vite  intellectuelle  redoubla;  toute  son 
»  existence  fut  concentrée  dans  le  cer- 
»  de  de  son  enseignement  et  de  ses 
»  éludes.  H  he  sortait  de  chez  lui  que 
»  pour  se  rendre  à  TUniversité  et  par- 
»  fois  k  la  Société  des  sciences,  dont 
»  ses  travaux  eniichissaient  les  Mémoi- 
»  res.  Il  ne  voyait  ainsi  que  ses  col- 
»  lègues  et  ses  élèves,  dont  il  était 


(  '  )  Elle  a  été  imprimëe  (De  maximiê  et 
minimis;  Luzemb.,  Lamort,  1880,  in-4«). 

(  *  )  Meyer  oe  fut  reçu  docteur  que  le  16 
juin  1832. 

('}  if.  Antoine  Meyer ^  Notice  par  E.  Bède 
(Annales  de  Venneignement  public,  t.  I,  p. 
360). 


{*)  Sa  nomination,  vivement  combattue, 
fat  un  acte  de  courage  de  M.  Rogier,  alors 
au  département  de  rinldrieur.  On  était  aUé 
jusqu'à  dire  à  rhonorable  ministre  :  M.  Heyer 
est  un  vaiëtudinaire  ;  dans  un  an,  vous  devrez 
lui  donner  sa  pension.  —  Soil,  répondit  N. 
Rogier  ;  il  l'aura  bien  gagnée. 


44i 


MEY 


442 


•  profondément  aimé.  Ses  cours  d*ana- 
0  lyse  transcendante  étaient  d'ailleurs 
»  admirables  de  tous  points  ;  il  m'a  été 
»  donné  d'entendre  d'illustres  profes- 
»  seurs  de  mathématiques,  et  je  puis 
»  aiBrmer  sans  crainte  que  je  n'en  ai 
»  jamais  vu  d'aussi  complets.  Sa  parole 
0  était  simpje  et  précise,  élégante  sans 
»  affectation  ;  ses  calculs  rapides,  sûrs, 
»  ordonnés  avec  une  rare  perfection  ; 
»  son  expo>ition  d'une  lucidité  telle, 
0  que  ceux  qui  suivaient  ses  cours  dé- 
9  claraient  n'avoir  jamais  rencontré  de 
»  difficultés  sérieuses  dans  les  ques- 
»  lions  les  plus  ardues  de  la  théorie 
»  des  nombres  ou  du  calcul  des  pro- 
»  habilités.   »  Cependant,  comme  on 
Fa  dit  plus  haut,  sa  santé  était  grave- 
ment compromise.  L'intelligence  était 
en  pleine  vigueur  ;  mais  le  corps  restait 
souvent,  pendant  des  mois  entiers, 
cloué  sur  un  lit  de  martyre.  A  peine 
se  sentait-il  mieux  ,  qu'il  ra^ipelait  ses 
élèves  et  se  hâtait ,  par  des  leçons  plus 
fréquentes,  de  regagner  le  temps  per- 
du. Aux  labeurs  de  l'enseignement  il 
joignit,  avec  une  rare  persévérance,  les 
travaux  du  cabinet.  Il  se  mettait  à 
l'œuvre  dès  le  point  du  jour,  passait  sa 
matinée  à  faire  des  mathématiques,  et 
consacrait  à  des  études  diverses  le  reste 
de  la  journée  et  quelquefois  des  nuits 
dinsomnie.  Il  avait  prodigieusement  lu 
et  non  moins  retenu  :  sa  mémoire  était 
d'une  rare  précision.  Le  dialogue  entre 
la  goutte  et  Franklin  lui  eût  été  appli- 
cable, si  ce  n'est  qu'il  avait  flni  par  être 
complètement  maître  de  lui-même. C'est 
ainsi  qu'il  put  en  très-poi  d'années, 
malgré  ses  souffrances,  composer  un 
grand  nombre  d'ouvrages  sur  les  pro- 
blèmes les  plus  élevés  de  la  science, 
a  Et  cet  homme,  qui  passait  sa  vie  à  la 
•  recherche   des  abstractions  mathé- 
»  roatiques,  avait  conservé  toute  la  sen- 
9  sibilité  d'une  âme  ardente  et  enlhou- 
»  siaste  :  il  savait  comprendre  le  beau, 
»  et  il  l'aimait  au  point  qu'un  jour  la 
0  vue  d'une  toile  de  Raphaël  lui  arra- 
i>  cha  des  larmes.  H  ne  se  borna  pas  à 


»  aimer  le  beau,  il  le  réalisa.  On  doit  à 
»  son  pinceau  de  charmantes  produo- 
»  tions,  et  plus  d'une  fois  son  inspira- 
»  tion  poétique  Gt  l'admiration  de  ses 
»  compatriotes  »  (*).  Meyer  était  cor- 
respondant de  l'Académie  royale  de 
Belgique  depuis  le  i6  décembre  i8i6. 
Il  a  publiée). 

1*^  Dans  les  Bulletins  de  cette  Com- 
pagnie savante  :  a)  Recueil  de  quelques 
développements  peu  connus  en  analyse 
cmbimtoire  (t.  XIV,  2'  p.);  h)  Sur  la 
base  géodésique  que  Von  mesure  actuel- 
lement dans  les  environs  de  Bonn  (Ib.)  ; 
c)  Théorèmes  sur  les  polyèdres  (t.  XV,  V 
p.)  ;  d)  Résolution  d^un problème  de  cal- 
cul des  probabilités  (t.  XV,  2«  p.);  e) 
Note  sur  quelques  intégrales  définies 
(t.  XVI,  !'•  p.);  f)  Note  sur  le  théorème 
inverse  de  Bernouilli  (t.  XXIH,  1"  p.); 
g)  Différents  rapports. 

2**  Dans  les  Mémoires  de  V Académie  : 
h)  Mémoire  sur  deux  fonctions  irration- 
nelles particulières  (t.  XXI);  i)  Mémoire 
sur  Vapplication  du  calcul  des  probabi- 
lités aux  opérations  du  nivellement  topo- 
graphique (Ib.)  ;  j)  Mémoire  sur  le  déve- 
loppement en  séries  de  quatre  fonctions 
(Ib.);  k)  Mémoire  sur  Vintégration  de 
Véquation  générale  aux  différences  par- 
tielles du  premier  ordre  d'un  nombre 
quelconque  de  variables  (t.  XXVli). 

5^  Diverses  communications  de  Meyer 
à  l'Académie  ont  été  l'objet  de  rapports 
plus  ou  moins  étendus.  Avec  M.  Capi- 
taine,nous  mentionnerons  les  suivantes  : 
Mémoire  sur  une  nouvelle  exposition 
complète  du  théorème  de  Taylor  (7 
août  1847).  — -  Mémoire  sur  quelques 
formules  nouvelles  de  la  trigonomé- 
tries  phérique  (7oct.  1848).—  Note  sur 
Vintégration  des  différentielles  bin&me4t 
(13  janv.  1849).  —  Note  sur  deux  inté- 
grales définies  d'Enter  (5  mars  1849). 
—  Note  sur  l'expression  du  rayon  vec- 
teur d'une  planète  en  série  suivant  les 
cosinus  des  multiples  de  Vanomalie 
moyenne  (2  mars  1850).  —  Notice  sur 
Vintégration  d'un  système  quelconque  dé- 


(  '  )  Sicrologe  liégeois  (par  M.  Ulysse  Ca- 
pilaioe),  1857,  p.  68. 

(  *  )  Nous  avons  mis  à  profit,  pour  les  ren- 
seignemeDls  qui  suiveot,  la  ^atice  de  M. 


Capitaine,  ploB  exacte  et  plus  complète  que 
la  bibliographie  académique  de  1854,  ci  le 
discours  prononce  par  M.  Trasensler  sur  la 
tombe  de  Meyer. 


' 


443 


MEY 


444 


-^i 


quatians  linéaires  nmuUanées  à  coëHi- 
dents  constants,  les  seconds  menUtres 
étant  égaux  à  zéro  (8  nov.  iSoi),  — 
Mémoires  concernant  une  proposition 
géodésique  de  M.  Liagre  (5  nov.  4855). 
—  Dénumstration  nouvelle  d'un  théo- 
rème de  Bemouilli  (1  mars,  5  avril  et 
ii  juin  4856).  —  Mémoire  sur  une  es- 
position  nouvelle  de  la  théorie  des  pro- 
babilités à  posteriori  (27  mars  1850). — 
N.-B.  Dans  la  séance  du  7  août  1847, 
Meyer  demanda  que  la  Classe  des 
sciences  exprimât  le  vœu  qu*il  fût  pro- 
cédé à  la  triangulation  du  royaume^  la 
Belgique  étant  Tun  des  pays  de  TEu- 
rope  le  plus  arriérés  sous  ce  rapport. 
Ce  fut  à  la  suite  de  cette  proposition, 
appuyée  par  M.  Quetelet,  que  TÂcadé- 
mie  adressa  une  demande  au  Gouver- 
nement {BulL  de  VAcad,  t.  XIY,  2« 
partie,  p.  99  et  oSO). 

En  dehors  de  rAcadémie,  Meyer  a 
fait  paraître  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages, savoir  : 

i^  Quelques  développements  d'analyse 
com^ma/oire  (Bruxelles,  Balleroy,  4838, 
in-4<^). —  L'auteur  était  alors  professeur 
à  rinstilut  Gaggia. 

5^  Nouveaux  éléments  de  mathéma- 
tiques pures.  T.  /.  Arithmétique  (Brux., 
Decx], 4844, in-8^).—  Cette  publicalion 
ne  fut  pas  continuée ,  un  changement 
de  ministère  ayant  fait  perdre  à  Meyer 
Tappui  sur  lequel  il  comptait. 

6*^  Leçons  de  trigonométrie  rectiligne 
(Ibid.  4H43,in-8°,  avec 2  pi.).  —  Texte 
d'un  cours  fait  par  Meyer  en  4842  au 
dépôt  de  la  guerre,  par  ordre  du  géné- 
ral Joly. 

7°  Leçons  de  trigonométrie  sphérique 
(Ibid.  4844,  in-S"",  avec  un  tableau).  — 
Texte  d'un  cours  fait  au  dépôt  de  la 
guerre,  spécialement  pour  les  officiers 
d'état-major  attachés  à  la  division  du 
colonel  Trumper. 

8<*  Exposé  élémentaire  de  la  théorie 
des  intégrales  définies  (Brux.  et  Leipzig, 
Muquardt;  Liège,  Dessain,  4851,  in-8^ 
de  510  p.). —  Ce  traité,  le  seul  qui  existe 
sur  la  matière ,  est  l'œuvre  capitale  de 
Meyer,  qui  eut  ainsi  l'honneur  de  com- 
bler une  lacune  dans  la  science.  L'ou- 
vrage atteste  une  profonde  connaissance 
du  sujet  et  se  fait  en  outre  remarquer 


par  la  simplicité  des  méthodes ,  par  la 
clarté  et  l'enchaînement  des  principes. 
Il  forme  le  7*  vol.  des  Mémoires  de  la 
Soc.  royale  des  sciencea  de  Liège. 

9*'  Nouveaux  élétnents  de  goniométrie 
(Liège,  Dessain,  4854,  in-8«).  —  Autre 
traité  unique  dans  son  genre. 

40*^  Manuel  d'un  cours  de  calcul  diffé- 
rentiel (Ibid.  4855,  in-8<>).  —  C'est  uue 
introduction  aux  Traité  des  intégrales 
définies  ;  les  deux  ouvrages  sont  pour 
ainsi  dire  inséparables.  Meyer  a  su, 
dans  une  science  où  il  est  si  difficile 
d'innover,  présenter  plusieurs  théorè- 
mes importants  d'une  manière  plus  sim- 
ple et  plus  claire  que  ses  devanciers. 

4  4*  Nouveaux  éléments  de  calcul  des 
variations  (Ib.  4856,  in-8<»).  —  Tiré  à 
part  du  t.  XI  des  Mém.  de  la  Soc.  des 
sciences  (Une  bonne  analyse  de  ce  tra- 
vail a  été  publiée  par  M.  Folie,  élève  de 
Meyer ,  ancien  répétiteur  aux  Écoles 
spéciales  de  Liège,  dans  les  Ann.  de 
l'Enseignement  public,  t.  (,  p.  342). 

42®  Détnonstration  de  deux  proposi- 
tions nouvelles  sur  le  calcul  des  proba- 
bilités, précédée  de  la  réfutation  des  ob- 
jections formulées  contre  elles  au  sein  de 
l'Académie  de  Belgique  (Liège,  Dessain, 
4856,  in-4°).— Ce  travail,  destiné  à  l'A- 
cadémie, fut  retiré  par  l'auteur  à  la  suite 
d'une  discussion  qui  prit  un  caractère 
d'aigreur  et  à  laquelle  une  lettre  de  M. 
Bienaymé ,  donnant  pleinement  raison 
à  Meyer,  put  seule  mettre  fin.  V.  les 
Ann,  de  l'enseignement  public,  t.  I,  p. 
454  et  suiv.  (Art.  de  M.  Folie). 

43^  Examen  critique  de  la  notice  de 
M.  Liagre  sur  la  probabilité  de  la  cause 
d^une  erreur  constante  dans  une  série 
d'observations  insérées  dans  le  t.  XXII 
du  Bulletin  de  l'Académie  royale  de 
Bi^/^t^tti;  (Liège ,  Dessain ,  4857,  in- 

44«  Diverses  notices  dans  le  Journal 
de  Crelle  (de  Berlin). 

45^^  Essai  sur  une  exposition  nouvelle 
de  la  théorie  analytique  des  probabilitésà 
posteriori.— Cei  ouvrage, digne  pendant 
du  Traité  des  intégrales  définies ,  était 
sous  presse  lorsque  Meyer  fut  enlevé  à 
la  science.  On  assure  que  le  manuscrit 
est  complet  ;  Il  serait  à  désirer  que  des 


us 


MOR 


446 


mains  amies  le  tirassent  de  Toubli. 
Meyer  avait  donné  à  l'élude  des  proba- 
bilités une  extension  qu'elle  n'avait  ja- 
mais reçue  dans  les  Universités  belges  ; 
les  succès  qu'il  obtint  dans  son  cours 
sont  un  sûr  garant  du  mérite  de  son  livre. 
Après  le  savant  mathématicien,  après 
le  professeur  passionné  pour  ses  fonc- 
tions, voici  l'aimable  poète  et  le  lin- 
guiste ingénieux.  Les  vers  de  Meyer, 
pleins  d'originalité  et  d'humour,  ne  sont 
malheureusement  destinés  qu'à  un  pu- 
blic restreint,  le  dialecte  luxembourgeois 
offrant  des  difficultés  aux  Allemands 
eux-mêmes.  Indifférent  à  sa  propre  re- 
nommée autant  qu'insouciant  de  l'avenir, 
Meyerrîma  uniquement  pour  se  délasser, 
et  ne  s'adressa  qu'à  ses  compatriotes  : 
cependant  les  curieux  qui  désireraient 
apprécier  le  talent  souple  et  l'esprit  pé- 
tillant du  poète,  et  s'initier  en  même 
temps  aux  mystères  du  langage  de  nos 
voisins,  trouveront,  grâce  à  Me>cr  lui- 
même  et  à  son  ami  M.  Gloden,  leur  tâche 
considérablement  facilitée.  Les  petits 
volumes  dont  nous  allons  donner  la 
liste  renferment,  outre  des  poésies,  une 
série  très-intéressante  d'observations 
grammaticales  et  autres,  fort  instruc- 
tives, sur  l'idiome  luxembourgeois, 
ainsi  que  d'utiles  vocabulaires. 

i6**  KSchrek  ob  de  Lezeburger  Par- 
nassus  (LouMkïny  Massart-Meyer,  i8â9, 
in- 12). 

1 7**  Jong  vum  Schrek  ob  de  Lezeburger 
Parnassus  (Ibid.  i85!2,  in-lâ). 

.  1 8<»  Lmemburgische  Gedichte  und  Fa- 
beln^  von  .4.  Meyer  ;  nebsl  ciner  gram- 
matîsohen  Einleitung  undeiner  Worter- 
klârung  der  dem  Dialekte  mehr  oder 
weniger  eigenartigen  Ausdrûcke,  von 
Gloden  (Bruxelles,  Delevingne,  ^845, 
in  12).  —  Bouffonneries ,  légendes  , 
scènes  populaires,  apologues,  on  trouve 
de  tout  dans  ce  charmant  recueil,  dont 
plusieurs  pièces  sont  devenues  popu- 
laires. Meyer  accorde  sa  lyre  sur  tous 
les  tons.  Il  a  tout  chanté,  jusqu'à  la 
lettre  x. 

19*  Oilzegt'klàng  (Liège,  Dessain, 
1853,  in- 12)  —  Oiïzegt  est  le  nom  lu- 
xembourgeois de  l'Alzctte  :  c'est  assez 


dire  que  ce  recueil  est  essentiellement 
consacré  à  des  traditions  et  à  des  cou- 
tumes locales.  La  variété  des  rhythmes 
est  très-remarquable  ;  le  ton  est  géné- 
ralement plus  élevé  que  dans  le  recueil 
précédent. 

20*  Regelbttchelchen  vum  Lezeburger 
Orthôgraf,  en  Vress,  aïspràv,  d*Fraèchen 
aus  dem  Hà,  a  Versen  vum  A.  Meyer 
(Liège,  Dessain,  1854, in-i2).— Meyer 
essaie  de  figurer ,  au  moyen  de  signes 
particuliers,  la  prononciation  luxem- 
bourgeoise ,  et  propose  un  système  com- 
plet et  raisonné  d'orthographe. 

Un  beau  portrait  de  Meyer,  peint  par 
son  fils,  décore  le  cabinet  du  recteur 
de  l'Université  de  Liège. 

Morroii  (ChARLES-FRANÇ.-AnTOINE), 

né  à  Gand  le  5  mars  1807,  mourut  à 
Liège  le  17  décembre  1858.  A  ne  con- 
sidérer que  ces  dates,  sa  vie  fut  courte  ; 
phis  courte  encore,  si  l'on  songe  qu'il 
faut  en  décompter  trois  années  d'agonie  ; 
par  contre,  on  serait  tenté  d'admettre 
qu'elle  dépassa  de  beaucoup  les  limites 
ordinaires,  si  l'on  ne  connaissait  de 
Morren  que  ses  travaux.  Quelle  riche 
et  vigoureuse  organisation,  quelle  va- 
riété de  talents,  quelle  activité  dévo- 
rante, quelle  fécondité  continuel  Mais 
ce  n'est  jamais  impunément  qu'on  s'in- 
terdit le  repos.  Dans  la  légende  grec- 
que, Antée  est  vaincu  du  moment  où 
Hercule  l'a  mis  en  demeure  de  conti- 
nuer la  lutte  sans  pouvoir  réparer  ses 
forces.  Par  une  étrange  illusion,  Mor- 
ren se  condamna  lui-même  à  rouler 
incessamment  le  rocher  de  Sisyphe  : 
il  entrevoyait  une  existence  paisible- 
ment studieuse,  et  à  force  d'impatience, 
il  ût  tout  c^  qu'il  est  possible  de  faire 
pour  tomber  épuisé  avant  d'atteindre 
la  terre  promise.  Quand  il  s'en  aperçut, 
il  était  trop  tard  ;  la  nature  allait  récla- 
mer ses  droits.  On  ne  pense  pas  sans 
frémir  à  l'affreuse  douleur  qui  dut  l'é- 
treindre,  lorsque  dans  la  fleur  de  l'âge, 
dans  toute  la  plénitude  de  sa  vigueur 
physique,  il  pressentit  qu'un  voile  al- 
lait s'étendre  sur  sa  belle  intelligence 
(  *).  Il  est  mort  sans  avoir  pu  couronner 


(*)  «  Une  note  reofermëe  dans  son  porte-      feuille  pour  4854,  prophétisait  avec  une  poi- 


447 


MOR 


448 


son  édifice;  cependant  il  n'a  point  brillé 
seulement  d'un  éclat  passager.  Ses  pre* 
niiers  travaux,  â  eux  seuls,  lui  assignent 
une  place  distinguée  dans  Ttiisioiredes 
sciences  naturelles  ;  son  talent  de  vul- 
garisateur, son  zèle  et  son  esprit  d'ini- 
tiative ont  exercé  en  Belgique  et  même 
il  l'extérieur  une  influence  qui  se  fera 
sentir  longtemps  encore. 

Orphelin  dès  sa  plus  tendre  enfance, 
Charles  Morren  fut  élevé  à  Bruxelles 
chez  un  de  ses  oncles  (').  Son  pre- 
mier maître  fut  Van  Brabant,  ecclésias- 
tique instruit,  ancien  professeur  de  TU- 
niversitéde  Louvain.  A  Técole  primaire, 
lise  lia  d'amitié  avec  M.  J.  Decaisne, 
qui  devint  plus  tard  un  savant  de  pre- 
mier ordre  ("),  P.  Decaisne,  qui  se  dis- 
tingua comme  médecin,  et  Paneel,  Tex 
cellent  peintre  de  fleurs.  La  chasse  aux 
papillons  décida  de  leur  carrière  à  eux 
quatre  :  a  Les  enfants  jouent  et  Dieu 
règle  leur  sort  sur  leurs  jeux  !  »  écrivait 
Morren  vers  1S40.  En  dessinant  et  en 
t^eignant  les  formes  gracieuses  et  le 


coloris  si  éclatant  des  papillons  et  des 
fleurs,  Morren  développait  à  son  insu 
ses  facultés  d'observation  et  se  pré- 
parait à  devenir  naturaliste.  A  l'Athé- 
née royal  de  Bruxelles,  ses  aptitudes 
scientifiques  parurent  si  heureuses,  que 
M.  Quetelet  (M  n'bésila  pas  21  lui  pré- 
dire un  brillant  avenir  (*).  Dekin,  ik 
qui  il  dédia  en  t850,  sous  le  nom  de 
Dekinia,  un  genre  d'animalcules  mi- 
croscopiques qu'il  venait  de  découvrir, 
fut  son  premier  professeur  d'histoire 
naturelle  ;  Laisné  lui  enseigna  la  chimie 
(182i);Vanderlinden,lazoologie(t8i4); 
Kickx,  à  l'Ecole  do  médecine,  le  compta 
parmi  ses  auditeurs  au  cours  de  bota- 
nique. Le  15  août  182i,  il  remporta 
dans  cette  dernière  classe  le  prix  de 
botanique^  consistant  en  une  médaille 
d'argent  offerte  par  le  professeur.  Ce 
prix,  décerné  à  la  suite  d'un  concours 
où  Morren  eut  à  lutter  contre  25  émules 
la  plupart  plus  âgés  que  lui,  préluda 
aux  nombreuses  distinctions  que  lui  ré- 
servait l'avenir.  Le  jeune  lauréat  quitta 


gnante  vérild ,  le  malheur  qui  arriva  l'annexe 
suivante ,  et  décrivait ,  avec  la  plus  terrible 
exactitude ,  la  cause  et  les  détails  de  la  ma- 
ladie dont  il  Tut  frappé.  »  —  V.  Ed.  Morren, 
Notice  sur  Ch,  Morren,  !2«édit.,  Gand,  1860, 
in-8»,  p.  84.  Nous  avons  largement  puisé 
dans  cet  excellent  travail,  publié  pour  la  pre- 
mière fois  dans  Y  Annuaire  de  l'Acad.  royale 
de  Belgique^  année  1860,  et  séparément, 
in>ll2o,  avec  un  beau  portrait.  —  Voir  aussi 
les  discours  réunis  sous  le  titre  de  Docu- 
ment» pour  servir  à  la  biographie  de  Ch, 
Morren,  Gand,  Annoot,  1859,  in-8*;  le  Bul- 
letin de  la  Société  botanique  de  France, 
t.  VII,  p.  60;  la  Botanische  Zeitung,  1861, 
no  4,  etc.  —  Le  Nécrologe  liégeoi»  pour  1858 
ne  consacre  à  Ch.  Morren  qu'une  courte  no- 
tice. —  L'art.  Morren,  dans  la  Biblioyraphie 
académique,  est  Tort  incomplet;  pour  la  liste 
complète  des  ouvrages  de  l'émincnl  bota- 
niste, c'est  à  la  seconde  édition  du  travail  de 
M.  Ed.  Morren  qu'il  faut  s'adresser . 

(*)  La  famille  Morren  est  originaire  d'Ir- 
lande. La  branche  qui  s'établit  sur  le  conti- 
nent émigra  pendant  les  troubles  du  règne 
de  Henri  VIII.  Elle  compte  plusieurs  écri- 
vains qui  se  sont  fait  un  nom  dans  les  sciences, 
entr'autres  M.  Aug.  Morren,  actuellement 
doyen  de  la  Faculté  de  Marseille,  et  Fran- 
çois Morren,  auteur  de  plusieurs  ouvrages 
de  médecine  et  spécialement  de  thérapeu- 
tique. 


(*)  Professeur  au  Muséum  de  Parts. 

(')  Alors  attaché  à  cet  établissement  comme 
professeur  de  mathématiques ,  de  physique 
et  d'astronomie. 

(*  )  Van  Hulthem  s'intéressa  également  à 
lui.  «  J'avais  à  peine  seize  ans,  écrit  Morren 
dans  la  notice  qu'il  a  publiée  sur  cet  acadé- 
micien ,  et  j'étais  amoureux  de  botanique  : 
j'avais  lu  dans  la  vie  de  Linné  qu'un  de  ses 
écrittf  favoris  était  les  institutiones  rei  her- 
bariœ  de  Tournefort ,  ouvrage  que  je  n'avais 
jamais  vu.  Je  le  trouvai  un  jour  en  vente  pu- 
blique à  Bruxelles;  mais,  prévoyant  qu'il  au- 
rait  été  vendu  ^au-delà  de  la  ressource  de 
mes  petites  épargnes,  je  copiai  avant  les  en- 
chères quelques  caractères  do  genres.  Van 
Hulthem,  que  je  ne  connaissais  pas,  remarqua 
ce  manège  :  «  Vous  étudiex  la  botanique , 
mon  petit  ami,  me  dit-il  en  souriant;  et  con- 
naissez-vous Touruefort  ?  >  Je  lui  répondis 
que  je  connaissais,  non  Tournefort,  mais 
l'estime  qu'avait  Linné  pour  cet  ouvrage  ;  il 
fut  si  enchanté  de  ma  réponse  qu'il  acheta 
l'ouvrage  35  francs  et  me  força  de  l'accepter, 
bien  que  j'eusse  formellement  refusé  de  lui 
dire  mon  nom.  Deux  ans  après,  je  lui  fus  pré- 
senté par  M.  Quetelet.  «  Il  ajoute  quelques 
lignes  plus  bas  :  «  Pour  ma  part,  je  n'ou- 
blierai jamais  comment  Van  Hulthem  me  re- 
commanda à  Guillaume  !«',  à  l'époque  où  je 
faisais  mus  études  à  l'Université,  où  il  était 
curateur.  •  (Ed.  Morren,  p.  11  et  13.) 


449 


MOR 


450 


TÂthénée  en  4823  avec  un  certifient 
obtenu  summà  cum  laude,  et  se  rendit 
à  rUniversité  de  Gand  pour  y  étudier 
la  philosophie,  les  sciences  et  la  méde- 
cine. En  sciences ,  il  eut  pour  maîtres 
Garnier,  Haufi'  et  Van  Breda  ;  celui-ci 
le  prit  bientôt  en  affection,  Tassocia 
même  à  ses  travaux,  lui  apprità  se  gui- 
der dans  des  voies  encore  inexplorées 
et  surtout  lui  fit  envisager  Tétude  de  la 
nature  d'un  point  de  vue  élevé  et  philo- 
sophique. Quand  Morren  subit,  le  i^ 
août  1826,  Texamen  de  candidat  en 
sciences  mathématiques  et  en  philoso- 
phie naturelle,  il  n'était  plus  un  simple 
élève,  il  était  à  la  veille  de  prendre  rang 
dans  la  science.  Son  Mémoire  sur  l  his- 
toire naturelle  et  l\tnatomie  du  Lombric 
obtint,  le  2  octobre  suivant,la  palme  du 
concours  ouvert  par  la  Faculté  des 
sciences  (').  Ce  travail  remarquable, 
dont  rimpression  ne  put  être  achevée 
quVn  i8â9  (un  vol.  in-4°,  accompagné 
de  52  planches  gravées  d'après  les 
dessins  de  rauteun,  jeta  les  fondements 
de  la  réputation  de  Morren.  Il  mérita 
d'être  cilé  par  Cuvier,  par  Miquel,  |)ar 
Carus,  par  Burdach  ;  il  est  resté  dans 
la  science.  M.Lacordaire,  juge  compé- 
tent, n'hésite  pas  à  déclarer  que,  selon 
toutes  les  apparences,  aucun  ouvrage 
de  Morren  ne  vivra  j)lus  longtemps  que 
relui-ci.  Le  mémoire  est  divisé  en  qua- 
tre parties,  successivement  consacrées 
à  l'histoire  naturelle  générale  du  Lom- 
bric, à  la  description  et  à  l'anatomie 
des  parties  externes,  puis  des  organes 
in  ternes,  des  muscles,  des  nerfs,  des 
organes  de  la  nutrition,  de  la  respira- 
tion, de  la  circulation,  de  la  génération, 
des  sécrétions  et  des  excrétions  ;  enfin, 
l'ouvrage  se  termine  par  l'examen  de 
quelques  particularités  remarquables 
que  présente  cet  annélide(*),  lequel 
est  encore  aujourd'hui ,  sur  certains 
points,  l'un  des  problèmes  de  l'anatomie 
comparée  (').  C'est  ainsi  que  Morren 
débutait  dans  la  carrière,  à  22  ans,  par 
un  trait  qu'on  pourrait  presque  quali- 
6er  d'audacieux.  Ce  premier  succès 
Tenflamma  :  en  4827,  l'Université  de 


Gand  le  couronna  de  nouveau  pour  son 
anatomiede  VOrchis  latifolia,  l'un  des 
premiers  ouvrages  de  phytotomie  qui 
aient  paru  en  Belgique  ;  en  1828,  sa 
Description  des  polypiers  fossiles  du 
royaume  des  Pays-Bas  obtint  la  mé- 
daille d'or  décernée  par  l'Université  de 
Groningue  ;  en  4829,  sa  thèse  inau- 
gurale Sur  ta  génération  spontanée  et 
sexuelle  lui  valut  le  diplôme  de  docteur 
avec  le  premier  grade.  H  est  à  remar- 
quer, dit  o|)portunément  le  biographe 
que  nous  suivons,  que  Ch.  Morren  rem- 
porta ces  quatre  victoires  scientifiques, 
chacune  dans  une  branche  différente, 
la  zoologie,  la  botanique,  la  géologie  et 
l'histoire  naturelle  générale,  ce  qui  sup- 
pose nécessairement  les  études  les  plus 
vastes.  «  A.  cette  époque,  d'ailleurs,  on 
n'avait  pas  encore  méconnu  que  les 
sciences  naturelles  s'appuient  les  unes 
sur  les  autres  ;  on  ne  se  spécialisait  pas 
encore  en  s'asseyant  sur  les  bancs  de 
l'école,  et  bien  loin  d'encourager,  comme 
on  ne  l'a  que  trop  fait  depuis,  la  ten- 
dance du  jeune  homme  à  négliger,  ou  à 
peu  près,  tout  ce  qui  ne  lui  semble  pas 
d'une  utilité  personnelle  et  immédiate, 
on  s'étudiait  au  contraire  à  réunir  les 
éléments  variés  des  diverses  sciences 
naturelles  en  un  seul  et  même  faisceau. 
On  devenait  naturaliste  alors,  qualifi- 
cation que  l'on  n'entend  plus  guère  pro- 
noncer aujourd'hui,  et  à  laquelle  on  ne 
sait  plus  exactement  quel  sens  atta- 
cher. » 

Les  encouragements  n'avaient  pas 
manqué  à  Morren  pendant  celte  |)ériode. 
  la  suite  de  son  examen  de  docteur, 
le  gouvernement  le  mit  en  mesure  de 
visiter  Paris,  Gœtlingue  et  Berlin.  11 
partit  sans  retard  ;  à  |)eine  arrivé  à  Paris , 
il  fut  présenté  à  la  Société  géologique 
de  France.  Il  alla  écouter  les  grands 
maîtres,  Cuvier,  Brongniart,de  Jussieu, 
Richard,  Villemain  et  Cousin  :  il  eut  le 
bonheur  d'être  distingué  et  encouragé 
par  le  premier  ;  il  entra  aussi  en  rela- 
tions avec  Redouté,  le  célèbre  peintre 
de  fleurs  ardennais.  Cependant  les  évé- 
nements de  septembre  le  rappelèrent 


(  '  )  Sept  concurreots  étaient  entrés  en  lice. 

(*)  L'ouvrage  est  complètement  épuisé  : 

les  exemplaires  d'occasion  atteignent  en  li- 


brairie un  prix    très-élevé.   Ed.   Morren  , 
p.  36. 
(  ' }  Discours  de  M.  Lacordaire. 

20 


451 


MOll 


4otî 


en  Belgique,  où  il  troava  les  Univer> 
sites  désorganisées,  par  suite  du  renvoi 
des  professeurs  hollandais.  Van  Breda 
ayant  offert  sa  démission,  Ch.  Morren 
fut  chargé,  par  le  Collège  des  curateurs 
de  rUniversité  de  Gand,  d'occuper  la 
chaire  vacante  (géologie,  zoologie  et 
anatomie  comparée)  ;  mais  Tarrêté  du 
16  décembre,  en  supprimant  brusque- 
ment la  Faculté  des  sciences,  rendit 
cette  délégation  inutile:  on  lui  donna 
en  compensation,  le  5  Janvier  1851,  le 
titre  de  professeur  de  physique  à  TErole 
industrielle  de  Gand.  Sur  ces  entrefaites, 
il  s'était  entendu  avec  ses  amis  F. 
Mareska  et  E.  Jacquemyns  pour  con- 
stituer, d^s  le  lendemain  du  46  dé- 
cembre,uneFacultélibredessciences('). 
L'École  indusiricllefut  momentanément 
annexée  à  rUniversitévers  la  fin  de  mai 
IS53;  lorsqu'elle  reçut,  le  7  décembre, 
une  nouvelle  organisation,  Morren  resta 
professeur  de  physique  à  la  Faculté 
(arrêté  du  i  7  du  même  mois).  La  science 
qu'il  enseignait,  les  heures  que  lui  pre- 
nait l'accomplissement  de  diverses  mis- 
sions spéciales  (*)  n'absorbèrent  pas 
toute  son  activité  :  dès  cette  époque, 
il  prit  rhabilude  de  ne  se  reposer  d'un 
travail  que  par  un  autre.  Entre  1850  et 
1835,  il  fournit  à  différents  recueils 
scientifiques  des  mémoires  et  des  notes 
sur  la  paléontologie,  la  botanique  des- 
criptive, l'horticulture,  etc.,  et  publia 
plusieurs  biographies,  entres  autres 
celles  de  G.  Cuvier  et  de  Kickx.  En 
1851,  il  aborda  les  études  médicales; 
le  10  juillet  1855,  le  Sénat  académique 
de  Gand  le  dispensa  des  derniers  exa- 
mens et  le  proclama  docteur  homris 
causa.  Il  ne  pratiquajamais la  médecine  : 
ù  partir  de  1854,  on  le  voitdiriger  plus 
spécialement  ses  études  vers  la  bota- 
nique. Une  dissertation  sur  le  tissu  cel- 
lulaire des  plantes,  qu'il  avait  mise  au 
jour  quelques  années  auparavant,  dans 
un  recueil  hollandais,  fut  remarquée 
par  Auguste-Pyrame  de  Candolle,  qui 
la  cita  dans  son  cours  et  dans  sa  Phy- 


mlogie  végétale  (t.  1,  p.  481).  Ce  que 
Morren  avait  dit  de  la  reproduction  des 
cellules  pour  expliquer  la  nutrition  des 
cryptogames  fut  appliqué  par  l'illustre 
botaniste  A  tout  le  règne  végétal  et 
transformé  en  une  règle  générale.  La 
double  citation  de  de  Candolle  attira 
sur  le  jeune  savant  l'attention  de  M. 
Th.  Papejans  de  Monchoven,  homme 
très-compétent;  M.  Papejans  signala 
Morren  à  M.  le  vicomte  Vilain  XHII, 
que  M  de  Theux,  ministre  de  rimé- 
rieur,  venait  de  charger,  à  l'occasion 
de  la  réorganisation  de  l'enseignement 
supérieur,  de  chercher  pour  Liège  un 
professeur  de  botanique.  Morren  ne  te- 
nait pas  à  rester  k  Gand,  dont  le  climat 
ne  convenait  pas  à  sa  santé.  Le  5  dé- 
cembre 1855,  le  Moniteur  publia  l'ar- 
rêté qui  le  nommait  professeur  extra- 
ordinaire à  l'Université  de  Liège.  Une 
leçon  de  de  Candolle  avait  ainsi  décidé 
de  sa  carrière.  Deux  ans  plus  tard,  le 
5  août  1857,  il  fut  promu  à  l'ordinariat. 
  la  demande  du  gouvernement,  il 
remplit  pendant  quelques  mois,  jusqu'à 
l'arrivée  de  M.  Lacordaire  (v.  ce  nom), 
la  chaire  de  zoologie  en  même  temps 
que  celle  de  botanique.  11  se  consacra 
ensuite  exclusivement  k  cette  dernière 
science  et  aux  études  qui  s'y  rattachent  ; 
horticulture,  agronomie,  économie  ru- 
rale. Nous  laissons  au  successeur  de 
Ch.  Morren  le  soin  de  l'apprécier 
comme  professeur.  «  Il  suivait  dans  son 
enseignement  une  méthode  qui,  si  elle 
ne  lui  est  pas  personnelle,  est  au  moins 
rarement  pratiquée,  méthode  élevée  et 
philosophique,  toute  remplie  de  souve- 
nirs et  de  discussions  :  peu  ou  point  de 
définitions  ;  il  ne  s'arrêtait  guère  aux 
lenteurs  de  l'enseignement  élémentaire 
et  didactique.il  attachait  plus  d'impor- 
tance aux  principes  qu'aux  faits;  à  pro- 
pos de  chaque  question ,  il  remontait 
à  son  origine  et  déroulait  les  phases  par 
lesquelles  elle  avait  passé,  en  s'arrêtant 
avec  une  prédilection  marquée  à  faire 
ressortir  l'importance  des  découvertes 


(*)  Cette  Faculté  Tut  reconnue  dès  le  29 
par  le  Collège  des  curateurs ,  qui  mit  à  sa 
disposition  les  locaux  et  les  collections  de 
l'Université.  V.  la  DUc.  de  la  loi  sur  tinst. 
supérieure,  p.  11  (V.  l'art.  Lemaue). 


;*  )  Il  fut  chargi^  en  1831 ,  3S  et  33 de  la 
vérification  des  poids  et  mesures  dans  la 
Flandre  Orientale  ;  en  1831  ,  il  fut  nommé 
inspecteur  des  machines  à  vapeur  dans  la 
même  province. 


4S^ 


fiO 


MOR 


434 


qu'il  pouvait  attribuer  à  des  savants 
belges.  Il  exposait  les  opinions  les  plus 
contradictoires  qui  partagent  les  natu- 
ralistes sur  certains  points ,  et  souvent 
ne  concluait  pas  ,  préférant  laisser  du 
doute,  là  où  il  y  en  avait  réellement 
dans  la  science,  plutôt  que  de  voiler  à 
ses  auditeurs  les  hésitations  de  Tesprit 
humain.  Quand  on  voit  les  choses  d*en 
haut ,  on  découvre  entre  elles  des  rap- 
prochements, des  points  de  contact, 
inaperçus  et  invisibles  d'ailleurs.  Il  tâ- 
chait donc  d'élever  les  esprits  à  ces 
hauteurs  et  d'exciter  en  eux  ce  besoin 
d'investigation  qui  pousse  aux  progrès 
scientifiques.  Tout  en  enseignant  la  doc- 
trine, il  apprenait  à  connaître  et  à  vé- 
nérer ceux  auquels  nous  en  sommes 
redevables,  hommage  dont  on  ne  se 
soucie  guère  dans  beaucoup  de  cours. 
Ici  l'élève  étiiit  tenu  au  courant  des  dis- 
fussions  qui  se  débattaient  dans  le  do- 
maine de  la  science.  En  un  mot,  on 
reconnaissait  le  disciple  de  Cuvier  et  de 
Rrongniart ,  qui  s'était  abreuvé  aux 
sources  vives  de  la  science  ,  au  génie 
des  Linné,  des  de  Jussieu,  des  de  Can- 
dolle  et  des  Goethe,  et  qui  connaissait 
les  œuvres  des  pères  de  la  botanique. 
—  Son  récit  était  semé  d'anecdotes  pi- 
quantes appropriées  au  sujet,  et  qui,  se 
gravant  beaucoup  plus  facilement  dans 
Tesprit  de  ses  jeunes  auditeurs,  que  les 
problèmes  des  hautes  sphères  scienti- 
fiques, servaient  à  faire  retenir  ceux-ci. 
Joignez  à  cela  une  élocution  facile, 
élégante,  des  manières  empreintes  de 
chaleur,  et  la  plus  grande  cordialité,  et 
vous  comprendrez  le  respect  et  l'affec- 
tion  qui  entouraient  le  professeur  de 
botanique  de  l'Université  de  Liège.  » 
Ces  éloges  sont  mérités  :  nous  avons 
entendu  plus  d'une  fois  d'anciens  élèves 
de  Ch.  Morren  nous  tenir  le  même  lan- 


gage que  son  fils,  dont  on  pourrait 
croire  d'abord  le  Jugement  prévenu. 
Non  seulement  à  l'Université,  mais 
pendant  les  herborisations,  Morren  était 
l'ami  de  ses  disciples  :  il  s'intéressait  à 
chacun  d'eux  en  particulier ,  il  discer- 
nait leurs  aptitudes ,  il  les  initiait  à  l'art 
d'observer  les  faits  et  de  travailler  par 
eux-mêmes.  Il  comprenait  la  poésie  de 
la  nature,  et,  littéralement,  il  semait  de 
fleurs  les  sentiers  de  la  science  ;  il  ren- 
dait aimable  cette  sévère  maltresse. 
Ses  publications  se  succédaient,  d'autre 
part,  avec  une  rapidité  qui  étonnait 
tout  le  monde  :  physiologie  végétale, 
anatomie,  morphologie,  botanique  des- 
criptive, littérature  scientifique,  bota- 
nique appliquée,  il  abordait  les  stijets 
les  plus  divers  comme  en  se  jouant,  et 
il  était  toujours  à  la  hauteur  de  sa 
tâche.  Ses  Mémoires  sur  l'anatomie 
végétale,  ses  recherches  sur  les  mou- 
vements des  plantes,  sur  l'organisation 
et  le  développement  des  algues,  méri- 
tent une  mention  particulière.  L'Acadé- 
mie royale  de  Belgique  reçut  commu- 
nication de  ses  travaux  à  partir  de 
1855;  sa  nomination  de  correspondant 
date  du  17  janvier  de  celte  année  ;  le  7 
mai  1858,  il  devint  membre  titulaire. 
Dès  qu'il  fut  de  l'Académie,  ce  corps 
savant  ne  tint  pour  ainsi  dire  pas  une 
séance  sans  que  Morren  y  fit  quelque 
lecture.  Son  dévouement  égalait  sa  fé- 
condité :  Il  rédigeait  des  rapports, 
s'occupait  activement  des  concours  et, 
à  l'occasion,  se  faisait  avec  une  ardeur 
jalouse  le  champion  des  prérogatives 
de  rinstitulion.  Sa  réputation  s'étendit 
promptement  au  dehors;  s1l  faut  juger 
du  mérite  d'un  savant  par  le  nombre 
de  ses  diplômes,  Morren  fut  sans  rival 
(').  Au  bout  de  peu  d'années,  sa  poi- 
trine se  trouva  en  outre  constellée  de 


(  '  )  Voici  la  liste  des  Sociélda  auxquelles 
Morren  fut  afillid  :  Société  des  sciences  d'U- 
trecht  (1829)  ;  Soc.  géologique  de  France 
(4830)  ;  Soc.  des  se.  mëdic.  et  naturelles  de 
Bruxelles  (1830)  ;  Soc.  d'Iiist.  nat.  de  Stras- 
bourg (1831 }  ;  Soc.  des  se.  phys.  eichimi- 
qoes  de  Paris  (1833;  ;  Soc.  de  médecine  de 
Gaad  (1835);  Ae.  Ces,  Ijtop.-Car,  nanirœ 
curiM,  «v^co^ftomnie  l'Héritier  (1836)  ;5oc. 
des  se.  nat.  de  Liëgis  (1836)  ;  Soc.  linnéenne 
de  Normandie  (1836)  ;   Meeklemburgische 


naturforschende  GeseilMchafi  (1837)  ;  Acad. 
royale  de  se.  nat.de  Madrid  (1837);  Soc. 
industrietto  d'Angers  (1838  ;  Soc.  I.  et  R. 
des  Ceorgojili  de  Florence  (1838)  ;  Acad.  des 
se,  arts  et  belles-lettres  de  Dijon  (1838  ; 
Acad.  des  Lincei  de  Rome  ^1838;  ;  Soc.  bo- 
tanique d'Edimt)onrg  (1838)  ;  Soc.  royale  de 
boUnique  de  Dublin  (1839);  Soc.  des  natu- 
ralistes ,  k  Halle  (1839)  ;  Id..  à  Leipzig 
(1839)  ;  Soc.  des  sciences  et  de  médecine  de 
Heidelberg(1840}  ;  Soc.  royale  de  botanique 


45d 


MGR 


456 


décorations  (*;.  Il  tenait  beaucoup  , 
trop  peut-être,  à  cette  grande  notoriété 
et  A  ces  signes  extérieurs  de  distinction  ; 
ses  brillantes  facultés  natives  lui  au- 
raient permis  d'exécuter  un  plus  grand 
nombre  de  travaux  durables  s'il  avait 
été  moins  pressé  de  s'entendre  applau- 
dir. Les  services  rendus  par  Morren  k 
la  science,  tels  qu'ils  sont,  ne  lui  en 
donnent  pas  moins  des  droits  à  la  re- 
connaissance des  naturalistes  de  toute 
l'Europe  et  plus  particulièrement  à 
celle  de  ses  compatriotes.  L'Université, 
de  son  côté,  lui  doit  un  nouveau  mu- 
sée ;  elle  lui  doit  aussi  le  déplacement 
et  l'agrandissement  de  son  Jardin  bota- 
nique. Le  cabinet  qu'il  commença  de 
former  pour  ainsi  dire  dès  son  arrivée 
ù  Liège  serait  aujourd'hui  l'un  des  plus 
intéressants  et  des  plus  instructifs  de 
l'Université,  si  le  fondateur  eût  reçu 
quelque  encouragement.  Mais  sans 
aide,  sans  subsides,  sans  sympathies, 
pour  son  œuvre,  que  pouvait-il  faire  ? 
En  vain  le  cabinet  botanique  de  Liège 


acquit  une  renommée  lointaine  ;  en  vain 
les  savants  les  plus  illustres  y  vinrent 
admirer  ies  dissections  des  plantes, 
les  préparations  anatomiques,  les  in- 
jections de  tissus  végétaux  et  une  riche 
galerie  de  tératologie  végétale  :  le 
courage  de  Morren  flnit  par  se  briser 
contre  la  force  d'inertie  ;  la  collection 
cessa  non  seulement  de  s'accroître, 
mais  d'être  entretenue  :  ce  n'est  que 
depuis  peu  d'années  que  des  mesures 
ont  été  prises  pour  la  sauver  d'une 
ruine  complète  et  qu'elle  s'est  enrichie 
de  quelques  nouvelles  acquisitions. 
Morren  fut  plus  heureux  quant  au  Jar- 
din botanique.  L'ancien  Jardin,  placé 
autour  des  bâtiments  de  l'Université 
depuis  1818,  était  devenu  notoirement 
insuffisant.  Le  professeur  sut  décider 
l'autorité  communale  à  faire  l'acquisi- 
tion d'un  terrain  d'environ  six  hectares 
au  Ras-Laveu  (*),  pour  y  installer  un 
établissement  complet,  en  rapport  avec 
les  exigences  de  la  science.  Dès  qu'il 
fut  informé  de  la  décision  du  Conseil, 


de  Breslau  (4840);  Soc.  des  se.  nat.  de  Mar- 
bourg  (1840);  Acad.  royale  des  sciences  et 
beUes-ietires  de  Rouen  (1844)  ;  Acad.  royale 
des  sciences  de  Napies  (1841);  Soc.  des 
sciences  de  Turin  (1841  )  ;  Acad.  des  sciences, 
lettres  et  beaux-arts  de  Padoue  (1842);  Acad. 
des  sciences  de  Valence  (1843,  ;  Acad.  d'ar- 
cbéologie  de  Belgique  (184â;;  Société  des 
sciences  de  Rollerdam  (1843)  ;  Cercle  artis- 
tique et  littéraire  de  Bruxelles  (1848)  ;  Soc. 
des  se.  médicales  et  naturelles  de  Maliijes 
(1850;;  Soc.  des  sciences  de  Groningue 
(1851.;  Cercle  artistique  et  littéraire  d'Anvers 
(1859);  Soc.  des  se.  nat.  de  Cherbourg  (18S2,; 
Soc.  impériale  d'Agriculture  des  sciences  et 
des  arts,  de  Douai  (1852).  —  Il  reçut  égale- 
ment le  diplôme  de  membre  honoraire  ou 
correspondant  de  nombreuses  sociétés  d'hor- 
ticulture, d'agriculture, etc.,  savoir:  Soc. 
royale  de  botanique  et  d'agriculture  de  Gand 
(1832);  Soc.  d'hortic.  d'An  vers  (183  i);  Soc. 
royale  d'hortic.  de  Paris  (1838);  Id.  d'agri- 
culture de  Turin  (18d9);  Soc.  d'hortic.  de 
Suède  (1839);  Association  pour  l'avancement 
de  l'horticulture  en  Prusse  (1839);  Soc.  Silé- 
sienne  d'hortic.  de  Breslau  v18«^9,;  Soc.  pro- 
vinciale d'agric. ,  d'horticulture  et  de  bota- 
nique de  Bruges  (1842;  ;  Soc.  d'hortic.  de 
Matines  (1844)  ;  Id.  de  l'Auvergne  (1844)  ; 
Id.  de  la  Drenthe  (1845)  ;  Soc.  de  Flore,  de 
Bruxelles  (1846);  Soc.  royale  de  zoologie 
d'Anvers  (184T);  Soc.  Gérés  et  Flore  >  de  la 


même  ville  (1850);  Soc.  centrale  d'hortic.  du 
dép'.  de  la  Seine  inférieure  (1851);  Société 
hollandaise  d'agriculture  (1852);  Soc.  d'hor- 
tic. du  dépt.  de  la  Moselle  (1853)  ;  Id.  de  la 
Sarthe  (1853)  ;  Id.  d'Eure-et  Loir  (1853,  ; 
Soc.  d'agric. ,  d'horticulture  et  de  botanique 
d'Alost  (1853);  Gercle  agricole  et  horticole 
du  Grand-Duché  de  Luxembourg  (1854); 
Académie  royale  d'horticulture  de  Suède 
(1855);  Soc.  impériale  d'horticulture  de  St- 
Pétersbourg  (1858). 

(*  )  11  fut  créé  chevalier  de  l'Etoile  polaire 
de  Suède  le  25  juin  1846;  de  l'Ordre  de  Léo- 
poid,  le  8  septembre  suivant;  de  la  Couronne 
de  Chône  de  (Hollande),  le  2  mai  1849;  de 
l'Ordre  royal  de  Danebrog,  le  4  avril  1850  ; 
de  la  Couronne  de  Wurtemberg,  le  16  janvier 
1852;  enfin,  de  l'Ordre  royal  et  militaire  du 
Christ,  de  Portugal,  le  5  août  1854.  —  Le 
17/29  juillet  1851,  1  Empereur  de  Russie  lai 
fit  remettre  la  grande  médaille  d'or  instituée 
pour  les  savants  étrangers  ;  il  reçut  des 
marques  particulières  de  distinction  de  la 
reine  des  Belges ,  du  roi  de  Napies  et  du 
grand-duc  de  Toscane  ;  plusieurs  souverains 
lui  firent  l'honneur  de  lui  écrire  personneUe- 
ment. 

(*)  Le  quartier  an  centre  duquel  se  trouve 
le  Jardin  botanique  actuel  était  à  peine  tracé 
il  y  a  trente  ans  ;  les  terrains  y  ont  depuis 
décuplé  de  valeur. 


457 


MOK 


458 


Morren  se  mit  à  Tœuvre  :  le  5  novembre 
1858.  il  put  soumettre  à  FÂcadémie 
royale  de  Bruxelles  les  plans  du  nou- 
veau {ardin ,  qui  devait  contenir  une 
école  de  botanique  divisée  par  familles, 
des  écoles  de  plantes  médicinales  et 
vénéneuses,  de  botanique  industrielle, 
de  la  flore  belge,  de  culture  maraî- 
chère et  d^agriculture,  d'horticulture  ; 
un  arboretum,  un  pinicetum  et  un  fruc- 
tice(um;  des  aquaria,  des  parterres 
d'acclimatation  et  d'expériences  ;  enfln, 
des  vastes  serres.  Il  ne  lui  fut  pas 
donné  de  voir  son  œuvre  achevée  ;  au- 
jourd'hui même,  il  reste  beaucoup  à 
faire  pour  répondre  à  l'idéal  conçu  par 
Morren  (•). 

De  1858  à  1841,  Morren  employa  ses 
rares  loisirs  à  voyager  et  surtout  à  vi- 
siter les  savants  étrangers.  Il  parcourut 
l'Allemagne,  la  Hollande,  la  Suède,  l'I- 
talie, la  Suisse  et  la  France.  Partout  il 
reçut  l'accueil  le  plus  flatteur.  Il  vit  à 
Paris  firongniart,  de  Jussieu,  Gaudi- 
chaud,  Mirbel  et  Delessert  ;  il  fut  reçu 
à  Lyon  par  M.  Seringe  ;  à  Genève,  il  fut 
admis,  le  7  septembre  i8li,à  consoler 
M.  Alphonse  de  Candolle,  le  digne  fils  de 
Pyrame,en  deuil  de  son  père  depuis  deux 
jours.  Il  se  rendait  alors  en  Italie,  au 
Congrès  scientifique  de  Florence,  où  il 
fut  trallé  avec  la  plus  haute  distinction. 
«  Le  grand-duc  de  Toscane  fit  faire  les 
portraits  des  principaux  sayants  qui  se 
trouvaient  alors  réunis  dans  sa  capitale, 
et  il  choisit,  parmi  les  botanistes,  Ro- 
bert Brown,  Link,  Tenore  et  Morren, 
ce  dernier  appelé,  en  cette  circonstance, 
à  représenter  la  Belgique  à  côté  des  re- 
présentants illustres  de  l'Angleterre,  de 
l'Allemagne  et  de  l'Italie  (').  »  Les 
splendeurs  de  l'art  en  Italie,  au  retour 
la  majesté  des  Alpes,  impressionnèrent 
vivement  Morren ,  qui  était  doué  d'une 
âme  poétique.  De  retour  de  Naples  et 
de  Rome,  il  se  retira  à  la  campagne  et 


là,  sous  l'ombrage  d'un  vieux  châtai- 
gnier ,  il  essaya  de  traduire  ses  souve- 
nirs dans  ta  langue  des  Uieux('):  telle 
est  l'origine  du  volume  de  poésies  qu'il 
intitula  Fleurs  éphémères,  et  qui  parut 
en  1818.  Ces  délassements  ne  l'empê- 
chaient pas  d'étendre  le  cadre  de  son 
enseignement  et  de  ses  études;  il  fut  le 
premier  titulaire  du  cours  d'économie 
rurale  et  d'agriculture,  fondé  par  le 
gouvernement  à  l'Université  de  Liège, 
le  â5  mars  1842.  Il  admit  le  public  à 
ses  leçons,  et  bientôt  la  réputation  de 
l'agronome  égala  celle  du  botaniste. 
Les  grands  propriétaires  de  la  province 
vinrent  l'entendre  et  n'eurent  qu'à  se 
louer  de  ses  conseils.  L'enseignement  de 
Morren,  nous  l'avons  dit,  était  singuliè- 
rement attrayant  :  il  possédait  par  ex- 
cellence le  talent  du  vulgarisateur.  Ses 
nouveaux  succès  lui  attirèrent  diverses 
fonctions:  le  6  avril  1845,  il  fut  nommé 
membre  de  la  Commission  de  statistique 
de  la  province  de  Liège;  depuis  le  1«' 
février  1840,  il  faisait  partie  de  la  Com- 
mission provinciale  d'agriculture  ;  non 
seulement  son  mandat  lui  fut  continué 
le  15  février  1847,  mais  il  ne  tarda  pas 
à  l'échanger  contre  celui  de  membre  du 
Conseilsupérieurd'agriculture,siégeant 
à  Bruxelles.  Sa  plume  féconde  venait  en 
aide  à  sa  parole.  Insensiblement  ses 
publications  prirent  un  caractère  pério- 
dique. -—Il  fonde  plusieurs  revues  spé- 
ciales et  les  soutient  concurremment, 
sans  interruption  :  de  1845  à  1849,  il 
publie  les  Annales  de  la  Société  royale 
de  botanique  et  d^agriculture  de  Gand  ; 
la  Belgique  horticole  (1850)  succède 
dans  sa  vie  d'écrivain  à  ÏHorticulteur 
belge  ^855-1858);  le  Journal  d'agricul- 
ture pratique  du  royaume  de  Belgique 
remplace  le  Cultivateur,  qui  avait  paru 
en  1857.  «Ses  notices  scientifiques  sont 
assez  nombreuses  pour  former  à  peu 
près  chaque  année  un  volume  ;  il  fait  en 


(  *  )  Le  professeur  de  bolaDique  de  Liège 
fut  mis  par  le  gouveroemcot  en  mesure  de 
s'entourer  des  meilleurs  reuscignements.  Il 
visita,  en  1888,  les  principaux  jardins  bo- 
taniques de  FAngleterre,  de  l'Ecosse  et  de 
l'Irlande,  et  porta  surtout  son  attention  sur 
les  serres  de  ces  pays ,  éminemment  horti- 
coles. C'est  pendant  co  voyage  qu'il  assista 
au  Congrès  scientifique  de  Newcastle,  où  il 


entra  en  relation  avec  Lindiey  et  Robert 
Brown.  Plusieurs  mémoires  de  botanique, 
publiés  par  Ch.  Morren  en  Angleterre,  datent 
de  la  même  époque. 

(■)  Ed.  Morren,  p.  S6. 

(  '  )  Il  avait  rimé  dès  l'ftge  de  17  ans.  On 
a  retrouvé  dans  ses  papiers  un  recueil  de 
poésies  intimes  intitulé  :  Me$  loisirs»  Plu- 
sieurs pièces  sont  datées  de  t8S4  etdel8S5. 


459 


MOR 


460 


outre  insérer  régulièrement  dans  la 
presse  quotidienne  des  écrits  de  litté- 
rature, de  botanique  et  d*borticulture 
qui  ont  été  en  partie  réunis  sous  le  nom 
de  Palmes  et  couronnes  de  rhoriiculture 
belge.  On  a  peine  à  comprendre  com- 
ment des  conceptions  si  variées  peuvent 
se  succéder  si  rapidement.  Â  partir  du 
5  mars  1842,  il  est  occupé  pendant  plu- 
sieurs mois,  chaque  année,  par  les  jurys 
d'examen  universitaires  ;  on  le  voit  en 
même  temps  dans  tous  les  concours, 
dans  toutes  les  expositions  ;  il  dirige 
attentivement  les  travaux  d'un  jardin 
botanique  nouvellement  créé,  et  il  en- 
tretient une  correspondance  extrême- 
ment étendue  avec  les  agronomes,  les 
horticulteurs  et  les  botanistes  de  l'Eu- 
rope. Son  enseignement,  il  le  modifie 
chaque  année  pour  le  maintenir  au  ni- 
veau le  plus  élevé  des  sciences.  Inviié 
en  1852  et  en  1853  par  le  Cercle  artis- 
tique et  littéraire  à  donner  des  confé- 
rences publiques  à  Anvers,  il  emporte 
comme  orateur  le  même  succis  qu'il 
avait  obtenu  dans  sa  chaire  professo- 
rale...» (*). 

Une  semblable  manière  de  vivre  ne 
saurait  manquer  d'user  avant  le  temps 
les  ressorts  de  l'organisation  la  plus 
solide.  Morren  fut  frappé  dans  la  force  de 
Fâge,  pour  avoir  tenu  son  système  ner- 
veux pendant  la  plus  grande  partie  de  sa 
carrière,  dans  un  état  de  surexcitation 
continuelle.  Nous  l'avons  dit  plus  haut: 
alors  que  ses  amis  ne  prévoyaient  pas 
une  catastrophe  soudaine,  il  voyait 
l'heure  fatale  s'approcher,  le  mirage 
s'évanouir  (•).  Ses  facultés  intellec- 


tuelles étaient  restées  intactes;  la  mé- 
moire seule  commença  peu  à  peu  à  le 
trahir.  «  Pendant  l'année  1855  et  sur- 
tout en  1854,  sa  santé  s'altéra  de  plus 
en  plus;  son  humeur  enjouée,  ses  al- 
lures si  cordiales  et  si  ouvertes  sem- 
blèrent l'abandonner,  tandis  que  des 
préoccupations  vagues  et  indéterminées 
s'emparaient  de  son  cœur  ;  —  et  puis 
tout  à  coup,  le  18 février  1855,  le  génie 
de  la  mort  s'appesantit  sur  lui;  la  veille 
encore  il  occupait  sa  chaire  à  l'Uni- 
versité, et  personne  n'aurait  soupçonné, 
la  leçon  terminée,  que  Charles  Morren 
en  descendait  pour  la  dernière  fois.  — 
Il  fallut  à  la  mort  plusieurs  années  pour 
briser  cette  riche  organisation  (').  »  M. 
Ed.  Morren,  à  peine  arrivé  à  la  (in  de 
ses  études,  se  trouva  mis  en  demeure, 
pendant  la  maladie  de  son  père,  de  rem- 
plir toutes  les  obligations  de  chef  de 
famille  (*).  II  supporta  le  lourd  fardeau 
avec  courage,  continua  sans  que  rien 
y  parût  la  publication  des  revues  pério- 
diques fondées  par  le  pauvre  malade, 
monta  d'abord  ;>ariR/t'rimdans  la  chaire 
paternelle,  puis,  après  avoir  subi  à  Gand 
les  épreuves  du  doctorat  spécial,  devint 
titulaire  du  cours  de  botanique  et  com- 
prit dignement  les  obligations  scienti- 
fiques que  lui  imposait  son  nom  ('). 
Charles  Morren  obtint  réméritat  le  11 
octobre  1858,  deux  mois  avant  de  suc- 
comber. 

C'est  encore  à  la  notice  qu'une  main 
pieuse  a  consacrée  à  la  mémoire  de  Té- 
minent  botaniste  que  nous  emprunterons 
quelques  détails  sur  ses  travaux  scien- 
tifiques. Ch.  Morren  se  fit  naturaliste 


(  *  )  Ed.  Morren,  p.  30.  —  V.  le  Précurseur 
d'Anvers  du  â2  décembre  1852. 

(  *  )  Il  dut  éprouver ,  dit  son  fils ,  la  plus 
immense  de  toutes  les  douleurs ,  une  de  ses 
souffîrances  tellement  poignantes ,  qu'une 
grande  ftme  chrétienne  trouve  seule  la  force 
de  la  supporter,  celle  de  sentir  mourir  cette 
partie  de  son  être  par  laquelle  il  avait  le  plus 
vécu,  qui  faisait  sa  gloire,  mais  aussi ,  qui 
tout  en  mourant  ne  reste  pas  moins  impéris- 
sable. Que  de  fois  ne  Tavons-nous  pas  vu,  la 
tète  entre  les  deux  mains,*gëmir  et  soupirer, 
silencieux  avertissement  que  nous  avions 
peur  de  comprendre...»  (Ed.  Morren,  p.  31  >. 

{*)  Ch.  Morren  avait  épousé  à  Braxelles, 


le  4  juin  1833, 51"«  Marie  Henriette-Caroline 
Verrassel  ;  il  en  eut  cinq  enfants  :  M.  Ed. 
Morren  est  l'ainé  d'un  frère  et  de  trois  sœurs. 
]l|m«  Morren  ne  survécut  que  peu  d'années 
à  son  époux,  dont  elle  ne  fui  pas  seulement 
la  compagne  aimante  et  dévouée,  mais  le 
collaboraleur  assidu  :  elle  contribuait  à  ses 
publications  par  des  traductions  et  par  des 
peintures  de  fleurs.  On  lui  doit  quelques 
œuvres  littéraires,  entre  aulres  Emma  Nesbit 
on  de  riujîuence  des  premières  impre&sions 
et  un  Manuel  de  tart  héraldique ,  trad.  dft 
ranglais. 

(  '  )  V.  le  discours  de  rentrée  prononcé  par 
M.  le  recteur  Lacordaire  en  1859. 


46t 


MOR 


462 


sans  parti  pris,  dans  le  sens  le  plus  large, 
ne  songeant  point  d*abord  à  spécialiser 
ses  travaux  :  les  circonstances  seules 
ramenèrent  à  se  préoccuper  plus  parti- 
culièrement  du  règne  végétal.  Nous  l'a- 
vons vu  explorer  avec  succès  les  do- 
maines de  la  paléontologie,  de  lazoologie 
et  de  l'anatomie  comparée  :  il  n'aban- 
donna jamais  complètement  ces  études  ; 
mais  une  fois  son  choix  arrêté,  la  science 
dt*s  plantes  avec  toutes  ses  ramifications 
et  sesappUcations  réclama  presque  tout 
son  temps.  La  physiologie  Tinléressait 
particulièrement;  Il  soccupa  de  re- 
cherches micrographiques  sur  les  ani- 
maux inférieurs  et  sur  les  végétaux  les 
plus  obscurs,  tels  que  les  algues  unicel- 
lulaires  et  en  général  les  hydrophytes  ; 
il  obser>'a  de  part  et  d'autre  les  pre- 
mières manifestations  de  la  vie,  cher- 
chant à  caractériser  la  différence  des 
deux  règnes  et  variant  à  l'inflni  ses  ex- 
périences. Sa  thèse  inaugurale,  ses  re- 
cherches sur  les  rapports  de  la  lumière 
avec  les  végétaux,  préludes  des  Essais 
Mil-  rhétérogénie  dominante,  furent  les 
premiers  résultats,  et  non  les  moins 
remarquables,  de  ce  labeur  assidu  :  l'au- 
teur s'attache  à  y  établir,  par  des  faits 
nombreux,  que  o  le  caractère  fondamen- 
tal de  la  vie  végétale,  c'est  le  pouvoir 
d'organiser  la  matière  inorganique.  » 
Les  Recherches  sur  la  rubéfaction  des 
eaux,  entreprises  avec  la  collaboration 
de  M.  Aug.  Morren  et  souvent  citées 
dans  les  traités  de  physiologie  et  dans 
les  manuels  d'hygiène,  se  rapportent 
encore  au  même  ordre  de  travaux  (*). 
En  même  temps,  notre  savant  enrichis- 
sait l'anatomie  végétale  de  toutes  sortes 
d'observations  nouvelles  :  c'est  ainsi 
qu'il  signala  dans  les  Santaiacées,  les 
Phytolacées,  les  Jasminées  et  les  Bé- 
goniacées  un  grand  nombre  d'exemples 
des  moelles  discoïdales,  qui  n'avaient 
guère  été  observées  que  par  Grew  dans 
le  noyer  ;  les  Annals  of  natural  history 
et  surtout  les  Bulletins  de  C Académie  de 


Bruxelles  abondent  en  notices  et  en 
communications  intéressantes  du  même 
genre  ('),  notamment  sur  la  mobilité 
des  végétaux,  sur  la  panachure  des 
feuilles,  sur  l'arrangement  régulier  des 
grains  verts  de  chlorophylle,  etc.  In- 
sensiblement Morren,  sous  l'influence 
des  idées  de  Goethe  et  des  doctrines  de 
Cuvier  et  de  Brongniarl,  s'éleva  k  des 
vues  d'ensemble,  surtout  à  paitir  de  i'é- 
poque  où  il  monta  en  chaire.  Il  fut  de 
plus  en  plus  frappé  delà  nécessité  d'ob- 
server de  près  les  déviations  acciden- 
telles qu'on  regarde  comme  des  mons- 
truosités, etil  en  vint  à  cette  conviction, 
que  des  études  téralologiques  approfon- 
dies sont  le  plus  sûr  moyen  que  possède 
la  science  de  mettre  en  relief  l'invaria- 
bilité des  grandes  lois  delà  nature.  Les 
monstruosités  obéissent  à  ces  lois  mor- 
phologiques; elles  contribuent  même 
par  excellence  à  les  révéler  :  il  n'y  faut 
voir  que  des  cas  particuliers  qu'il  est 
possible  de  classer  en  raison  des  types 
spécifiques. 

La  découverte  de  la  fécondation  ar- 
tificielle du  Vanillier  par  Ch.  Morren 
mérite  une  mention  toute  particulière. 
Les  anciennes  serres  du  Jardin  bota- 
nique de  Liège  contenaient  quelques 
vieux  pieds  de  Vanilla  plauifolia  qui 
avaient  fleuri  plusieurs  fois,  mais  étaient 
toujours  restés  stériles.  Morren  étudia 
l'organisation  de  ces  fleurs  et  conçut 
ridée  d'aider  la  nature.  Le  46  février 
1856,  il  eut  la  satisfaction  de  voir  s'ou- 
vrir la  première  fleur  ;  un  an  après, 
jour  pour  jour,  elle  donnait  «  le  premier 
fruit  de  vanille  qui  eût  mûri  en  Eu- 
rope »  (*).  Ce  succès  fit  événement  : 
plus  tard,  Ch.  Morren  fit  bâtir  une 
vaste  serre  pour  cultiver  en  grand  ce 
précieux  produit,  qu'il  sut  obtenir  dans 
des  conditions  parfaites  de  proportions 
et  d'arôme. 

Morren  ne  s'occupait  pour  ainsi  dire 
qu'accidentellement  de  botanique  des- 
criptive ;  on  ne  lui  en  doit  pas  moins 


(M  On  y  trouve  sartoui  des  observalionis 
sur  les  Monat,  Trachetomonas,  Oitcerea, 
Eugiena ,  Uœmatococcus  et  TeMiararihera, 
—  Citoos  encore  an  Mémoirt  iur  let  Cioêté' 
ries  et  l'histoire  da  genre  Aphaniiomène , 
petite  algue  d*ean  douce  voisine  des  Zygnema, 


et  qui  itolore  souvent  en  vert  les  eaux  sta- 
gnantes des  Flandres  (Ed.  Morren,  p.  38). 

(*)  La  plupart  ont  été  réunies  sons  les 
titres  de  Etudes,  Prémices,  laisirs,  Dodonœa . 
Fuchsia,  Lobelia,  CUsia. 

(')  Ed.  Morren,  p.  4i. 


463 


MOR 


464 


d'avoir  signalé  on  grand  nombre  d'es- 
pèces nouvelles  (').  il  slnléressail 
beaucoup,  nous  Pavons  dit,  aux  pro- 
grès de  riiorliculture  en  Belgique  ;  dès 
1832,  il  publia  des  recherches  érudites 
sur  Torigine  des  expositions  de  plantes 
dans  notre  pays  ;  Tannée  suivante,  il 
fonda  (avec  Drapiez  et  Van  Mons)  17/or- 
ticulteur  belge,  cité  plus  haut  ;  il  tra- 
duisit VEsquisse  de  Lindiey  ;  il  impri> 
ma  une  forte  impulsion  à  la  Société 
royale  d'horticulture  de  Liège ,  par 
rinstitulion  de  conférences  publiques, 
où  il  traitait  avec  éclat  des  Ques- 
tions spéciales;  tout  en  publiam,  à 
Gand,  les  Annales  puis  la  Belgique  hor- 
ticole, recueils  dont  les  services  sont 
appréciés  partout,  il  tint  le  public  au 
courant  des  expositions  de  fleurs  :  les 
intéressants  comptes  rendus  qu'il  fit 
insérer  dans  VIndépendance  belge  ob- 
tinrent un  succès  vraiment  populaire , 
qui  ne  contribua  pas  peu  à  répandre 
dans  le  pays  le  goût  de  l'horticulture 
scientifique.  En  même  temps ,  car  il  y 
avait  en  lui  une  activité  surabondante, 
Morren  faisait  de  l'agronomie.  Ses  in- 
structions populaires  sur  la  maladie  des 
pommes  de  terre  (1845)  lui  donnèrent 
tout  d'abord  une  grande  notoriété  ;  ses 
journaux  et  le  cours  spécial  qu'il  ou- 
vrit à  l'Université  contribuèrent  à  lui 
assurer  une  influence  de  plus  en  plus 
considérable.  Â  travers  tant  d'occupa- 
tions poursuivies  avec  une  ardeur  fié- 
vreuse, il  rongeait  son  frein,  il  nour- 


rissait des  rêves  qui,  hélas!  ne  devaient 
point  se  réaliser.  Un  traité  de  botani- 
que belge,  une  flore  belge,  une  histoire 
des  sciences  en  Belgique,  que  ne  pro- 
jeta-t-il  point,  que  n'eût-il  point  exé- 
cuté, s'il  n'avait  trop  présumé  de  ses 
forces  physiques  et  s'il  n'avait  été  trop 
constamment  préoccupé  de  ses  intérêts 
matériels!  Avec  des  goûts  calmes  et 
paisibles  et  des  habitudes  d'intérieur, 
il  avait  pourtant  besoin  de  voir  beau- 
coup de  monde  et  d'être  partout  au 
premier  plan.  On  s'est  mépris  sou- 
vent sur  son  caractère  ;  on  a  regardé 
comme  vanité  ce  qui  n'était  que  l'effet 
d'une  nature  cxpansive,  heureuse  de 
dépenser  une  énergie  intarissable , 
aWde  de  jouissances  extérieures,  d'é- 
clat et  de  popularité,  mais  sans  égoïs- 
me  ,  au  contraire;  car  personne  pins 
que  Morren  n'aimait  à  obliger.  De 
grandes  ressources  lui  étaient  indis- 
pensables, on  le  conçoit;  il  ne  put  se 
les  procurer  qu'au  prix  d'efforts  sur- 
humains, et  sa  prodigieuse  facilité  de 
travail  ne  lui  laissa  entrevoir  que 
trop  tard  l'abime  où  il  se  précipitait. 
Jamais  de  trêve;  une  ébullition  per- 
manente du  c^îrveau  De  sa  chaire  à  son 
cabinet,  puis  à  rAcadémie.  puis  m 
voyage,  puis  à  quelque  tribune  pu- 
blique, puis  aux  expositions,  et  à  peine 
rentré,  la  plume  courant  sur  le  papier 
jusqu'à  être  usée  avant  qu'il  fût  las 
d'écrire!  La  main  finissait  par  tomber 
paralysée,  et  déjà  il  méditait  un  nouvel 


(  *  )  Le  Horlua  Morrenianua  compread  :  A. 
Flore  du  Japon  :  Polygonatum  japonicum. 
Dec.  et  Mn.;  /(/.  Thunbergii;  Heterolropa 
Asaroides;  Scutellaria  japonica;  Hoteia  Ja- 
pon. ;  Acenanthus  diphyllus  ;  Yancouveria 
hexandra  ;  Epimedium  macranlhum  ;  Id, 
Musschianum,  —  vioiaceum,  —  pubigei-um, 
—  eialum  ;  Helwingia  japonica  ;  Elseagnus 
reflexa;  Cynanchum  japon.;  —  purpurascens; 
Mandenia  tomentosa  ;  Clematis  patens  ;  Eu- 
phorbia  Sieboidiana  ,  —  adenochlora.  B. 
Académie  :  Maiaxis  Parlhoni;  Mn.  C.  Horti- 
culteur belffe  :  Liiium  Broussarlii ,  Mn.  (en 
rhonneur  de  Ph.  Lesbroussart)  ;  Epimedium 
grandiflorum;  Hemerocallis  Dumorlieri  ;  Ca- 
lanthe  flava.  D.  Annales  de  Gand,  T.  I  :  On- 
cidium  gallopavinum;  CatUeya  Papejansiana; 
Maxillaria  Ueynderyckii  ;  Odonloglossum 
membranaceuro  ;  Griffînia  Liboniana;  Epime- 
dium pleroceras  ;  Microchilus  pictus  ;  Rixea 


azurea;  l.  II  :  Sprekelia  rtngcns  ;  Batalas 
Wallii;  Uydroica  extra-axiliaris;  Achimcne:s 
Toliosa;  Torcnia  iongiflord;  Paya  iongirolia; 
t.  III  :  Angelonia  grandiflora;  Acacia  squam- 
mala  ;  Dipiancdia  iiobiiis  ;  Stanhopea  veiala  ; 
Pilcairnia  fasluosa;  Pimelea  Verschaffellii; 
t.  IV  :  («atlleya  sphenophora  ;  Oncidium 
Gcertianium;  Catllcya  elegans;  Dossinia 
marroorata  ;  Ëpidcndrum  funirerum  ;  Gattleya 
amelhystina  ;  Echiles  nobilis,  varielas  ro- 
sea;  Myanthus  fimbrialus;  t.  V  :  Lycasle 
chrysoplera  ;  Conoclinium  ianthinum  ;  Odon- 
toglossum  phyllocbilum  ;  Oncidium  0>rym' 
bephorum  ;  Neippergia  clirysanlha  ;  E.  Uel- 
gique  horticole,  t  I  :  Cypripedium  alsmori  ; 
Monarda  contorla  ;  t.  II  :  Canna  Warszewic- 
zii  ;  Comparetia  cryphoceras  ;  Crinum  Knyf- 
fii  ;  t.  III  :  Anguloa  Uotienlobii  ;  Ghirita 
communis;  Remaclea  funebris;  t.  IV:  Epi- 
medium rubrum  ;  Sollya  Drummondi. 


465 


MOR 


466 


article,  il  ruminait  une  découverte,  il 
songeait  à  son  œuvre  du  lendemain! 
Et  quelle  érudition  variée,  quelle  con- 
versation amusante,  jamais  banale,  tou- 
jours pleine  de  faits  et  pétillante  d'es- 
prit! Toutes  ses  facultés  étaient  con- 
stamment en  éveil  :  était-il  possible  qu'il 
ne  succombât  point  à  la  tâche  ? 

Morren  se  distinguait  par  un  patrio- 
tisme ardent  :  Science  et  Belgique,  telle 
était  sa  devise.  H  s'attacha  toute  sa  vie 
â  mettre  eu  relief  nos  gloires  nationales  : 
les  titres  de  plusieurs  de  ses  ouvrages 
Fattestent;  en  outre,  il  plaça  chaque  vo- 
lume de  ses  recueils  sous  le  patronage 
d'une  illustration  belge.  Tout  en  recon- 
naissant que  la  science  ne  connaît  point 
de  frontières,  il  aimait  à  relever  la  gloire 
de  ses  compatriotes,  afin  de  stimuler  le 
zèle  de  la  génération  nouvelle.  Ses  no- 
tices biographiques  sont  empreintes  à 
cet  égard  des  plus  nobles  sentiments  ; 
elles  font  vivement  regretter  qu'il  n'ait 
pas  eu  le  temps  de  coordonner  les 
éléments  d'une  histoire  générale  des 
sciences  dans  nos  provinces. 

A  l'occasion  de  la  description  du 
Morrenia  odorata,  l'illustre  sir  John 
Lindiey  a  consacré  à  la  mémoire  deCh. 
Morren  un  genre  de  la  famille  des  Apo- 
cynées.  Cet  hommage  en  vaut  bien  d^au- 
ires('). 

M.  Ed.  Morren  a  publié,  à  la  suite  de 
sa  notice,  une  bibliographie  irès-dc- 
taillée  des  œuvres  de  son  père  :  elle  ne 
comprend  pas  moins  de  2^5  numéros , 
et  c'est  à  peine  si  elle  est  complète. 
Nous  la  résumerons  aussi  brièvement 
que  possible. 

1«  Mes  loisirs,  recueil  de  poésies,  5 
vol.  (inédits),  1825-1835. 

2»  De  Lumbrici  terrestris  historià 
nalurali  necnon  anatomiâ  tractatus, 
Bruxelles,  1829,  in-i*»  de  289  p.,  avec 
32  pi. 

Mémoire  couronné  par  l'Université  de  Gand 
(concours de  1825):  Ann.Àcad,  Gand,  (18S5- 
4826).  Gand,  1839,  )n-4o. 

3*»  Orchidis  latifoîiœ  descriptio  bota- 
nica  eianatomica,  (Gand)  1827,  in-4«de 
92  p.  et  6  pi. 

(  *)  La  lettre  initiale  de  la  2«  édition  de  la 
biographie  de  Cb.  Morren  par  son  fils  repré- 
sente un  rameau  dn  Morrenia  adora  ta,  — 


Ib.  -.Concours  de  1826).  Ànn,  Acad.  Gand. 

(i826'18â7). 

4^  Sur  les  rester  fossiles  de  deux 
Cirrhipèdes,1827,in-8ode  7  p.  et  1  pi. 
(Description  du  TubicineUa  maxima 
Morr,), 

5°  Descriptio  coralliorum  fossilium  in 
Belgio  repertorum.  (Groningue)  1828, 
in-*'»  de  76  p.  et  22  pi. 

Mémoire  couronné  |  ar  l'Université  de  Gro- 
ningue (concours  de  'tSâS).  Ann,  Ac,  Gron. 
(1827-1828;. 

6""  Revue  systématique  des  nouvelles 
découvertes  d'ossements  fossiles  faites 
dans  le  Brabant  méridional.  Gand  1831, 
in-4«»  et  in-8°,  46  p.  et  1  pi.  (Messager 
des  arts  et  des  se.  de  Gand,  t.  V,  1828; 
Bijdragen  tôt  de  Nntuurkundige  weten- 
schappen,  1829,  IV  deel,  n'>  il,  p.  88). 

7"  Over  de  Bakenoptera  rostrata  van 
FabjHcius  en  Beoorileeling  der  werken, 
welke  over  een  dier  tlezer  soort,  den  A^^ 
november  1827,  ten  oosten  van  de  haven 
van  Ostende  gestrand,  uitgegeven  zyn, 
1828,  in-8^  32  p. 

8°  Réponse  aux  obsei'vations  de  M. 
Vanderlinden  sur  le  mémoire  précédent, 
in-8*',  14  p  (Mess,  des  arts  et  des  se.  de 
Gand,  1827-28,  p.  218;. 

9**  Spécimen  acadetnicum  exhibens  ten- 
tamen  Biozoogeniœ  generalis,  quo  contir 
nentur  leges  primitivœ  apparitionis  en- 
tium  organicorum  ad  super ficiem  telluris 
eorumqne  speciei  proiiagationis  per  gene- 
rationem,  novœ  inqaisitiones  de  modo 
quo  producuntur  entizoa  intestinalia  et 
zoospermoes,  quo  vero  propagantur  infu- 
soria  vegetabiliaque  microscopica.  Bru- 
xelles, 1829,  in-i°,  55  p. 

19°  Dans  le  Messager  des  arts  et  des 
se.  de  Gand:  a,  Obs.  sur  le  Fragilaria 
Hneata  de  Lyngbie,l.îp.et  1  pi.  (1827- 
28,  p.  167)  ;  b.  Mém.  sur  les  vibrions 
lamellaires  des  autei  rs  (Ib.,  p.  341)  ; 
c.  Mém.  sur  les  osseu  ents  humains  des 
tourbières  de  Flandre  ,  23  p.  et  1  pi., 
in-8"  et  in-4<»  (1853,  |».  253)  ;  d.  Eloge 
hist.  de  P.  L.  Vanderlinden  (1833,  p. 
69)  ;  c.  Notice  sur  un  lis  du  Japon 

M.  Martius  a  dédié  k  Morren  un  palmier; 
M.  de  Koninck,  une  coquille  de  l'argile  de 
Boom,  le  Heurotoma  Moireni. 


9 


467 


MOR 


468 


(LUium  speciotum  Thunb,)^  4  p.  et  4  pi. 
(Ib,,  p.  i89);  f.  Mém.  sur  les  ossements 
fossiles  d'éléphants  trouvés  en  Belgique, 
1834,  23  p.  et  2  pi.  (t.  U,  p.  277)  ;  g. 
Compte-rendu  des  recherches  de  Sch- 
merllng  sur  les  ossements  fossiles  (t. 
m,  1835,  p.  147),  etc. 

11*  Dans  les  Btjdragen  tôt  de  No- 
tuurkurtdige  wetemchappen  :  a.  Over 
den  betrekkelijken  oiiderdom  der  Kernen 
(moules  intérieurs)  van  de  Mollusken  en 
andere  fossUe  dieren,  1829,  6  p.  (t.  IV, 
n"  1).—  V.  Bull.  d<*^  se,  nat.  de  Férussac, 
XX!,  227;  XXII,  112;  b,  Àantekenimfen 
over  de  wording  der  wortnabootsingen 
(pseudo-morphoses)  en  over  den  oor- 
sprong  der  porenkeijen  (silex  cornés), 

11  p.  et  1  pi.  (i^irf.;  V.  Férussac,XXIl, 
162);  c.  Verhandelingoverdewarewijze, 
waarop  de  voorgang  der  siandelkenden 
(orchidées)  nu*t  tweeknollige  worteh 
plaaU  heeft ,  1829 ,  27  p.  (t.  IV,  n»  4  ; 
V.  Férussac,  XXII,  162,  et  Ann.  des  se, 
nat,^  XXI,  116)  ;  ^.  OpmerkiTigen  over 
het  geslaeht  Leïodina  en  over  de  oprig- 
iing  van  een  nieuw  geslaeht  Dekinia  onder 
de  microscopische  dieren ,  met  de  opgave 
van  hunne  wederzijdsehe  toi  nu  toebe- 
kende  soorten,  1830,  3G  p.  et  1  pi. 
(t.  V ,  n®  2)  :  e,  Yerhandeling  over  de 
Blaasjes  van  het  plantaardig  œlwijs- 
weessel  en  de  ontlasting  van  deelen  uit 
dezelve,  1850,  32  p.  (t.  V,  nM). 

12*  Dans  les  Annales  des  seiences  na- 
turelles (Paris)  :  a.  Mém.  sur  un  végétal 
microscopique  d'un  nouveau  genre , 
proposé  sous  le  nom  de  Crucigénk  et 
sur  un  instrument  que  Fauteur  nomme 
Mkrosoter,  1830,  24  p.  et  1  pi.  (août 
1830;  v.  Férussac,  XXII,  181);  b.  Obs. 
sur  le  genre  Leiodinay  etc.  (oct.  1850; 
V.  ne  11,  d,)  ;  c,  Obs.  sur  la  flore  du 
Japon,  par  Ch.  Morren  et  J.  Decaisne, 

12  p.  et  2  pi.  (oct.  1834)  ;  d,  Obs.  sur 
la  flore  du  Japon,  suiv.  de  la  monogr. 
du  genre  Epimedium  (en  coll.  avec  M. 
J.  Decaisne),  15  p.  et  3  pi.  (nov.  1854)  ; 
e-  Mém.  sur  les  Clostéries,  41  p  et  3 
pi.  (1836);  f.  Mémoire  sur  Témigration 
du  puceron  du  pêcher  (Aphis  persieœ), 
etc.,  29  p.  et  1  pi.  (août  1836)  (*). 

(•)  V.  /«  Dutl.  de  rAcad,,  t.  III,  p.  224 
(Rapport  de  M.  Dumortier)  et  F.  Plateau, 
Etude  êur  la  parthénogenèse,  diss.  ioaug. 


13*  Dans  le  Bull,  de  la  Soc. géologique 
de  France  :  a.  Lettres  sur  plusieurs 
sujets  d'hist.  naturelle  (t.  Il,  4831, 
p.  26)  ;  b.  Lettre  sur  les  animaux  fos- 
siles de  la  Flandre  Orientale  (t.  II,  1832, 
p.  26). 

14<»  Lettre  à  TAcad.  des  sciences  de 
Paris  sur  finfluence  des  rayons  colorés 
sur  la  germination  des  plantes.— Séance 
du  16  juillet  1832  (Ann,  des  se,  nat., 
2*  série,  t.  XXVII,  p.  201). 

15*  Notices  biographiques:  a.  En- 
geIspach-Larivière  (Paris,  1831,  in  8*); 
h.  Vanderlinden  (n*  10,d);  c,  G.  Cuvier 
(dans  Vlndépendant  de  Bruxelles,  24 
mai  1832);  d.  J.  Kickx  (Paris,  1832); 
e.  F.  A.  Koucel  {Bull,  de  TAc.  de  Bel- 
gique, t.  Il,  p.  59  et  91)  ;  f.  Schmerling 
(V Espoir,  de  Liège,  10  nov.  1836;  Dis- 
cours ann,  de  VAcad.^  1838,  notice); 
g.  Courtois  (Ann.  de  VAcad.,  1838)  ;  h, 
Fohmann(/^tV2.);  t.  Adrien  Spiegel(Rev. 
de  Brux.,  1838);;.  Minkelers  (Ann.  de 
/'Ac,  1839);  il'.  A. -P.  deCandolle  (/«d., 
1843;  Indépendance  belge,  16  déc. 
1842)  ;  /.  R.  Dodonée  (Belges  illustres, 
t.  III,  p.  35);  m.  Ch.  de  TEscluse  (Ib., 
p.  66)  ;  n.  J.  L.  Van  Aelbroeck  (Journal 
d'agric.  pratique,  t.  I,  1848);  o.  Van 
Mons  (Ibid,,  t.  II);  p.  C.  d'Olmers,  ba- 
ron de  Poederlé  (/&.,  t.  III);  q.  O*  de 
Lichtervelde(/&.,t  ÏV);  /.M.  deTObel 
(Bclg.  horticole,  i,  II,  1852)  ;«.  Legrelle 
d'Hanis  (Ib.,  t.  III,  p.  232);  /.  C.-J.-C. 
Van  Hulthem  (/.  d'agric.  prat,,  t.  V)  ; 
Baron  de  Serret  (Ib  ,  t.  VI)  ;  «.  B*°  de 
Mevius  (Ibid.).  —  Autres  notices  sur 
Dodoens,  Ch.  de  Lescluse,  R.  Fusch, 
de  rObel,  Adr.  Spiegel,  etc.,  dans  le 
J.  d'agric,  la  Belg,  hort.  et  le  BulL  de 
V  Académie. 

IG*  Dans  la  Revue  encyclopédique 
belge:  a.  Acéphale  cynocéphale  (L  II, 
p.  336);  b.  Examen  du  Mém.  de  M.  B. 
Dumortier  sur  la  structure  comparée 
des  animaux  et  des  végétaux  (t.  III,  p. 
221)  C). 

17*  Etat  des  machines  à  vapeur  en 
activité  de  service  dans  la  Flandre 
orientale.  Gand,  1H32,  in-8*  (8  p.). 

(Gaod  1868,  io-8). 

(*)  V.  Les  algues,  les  fièvres  et  Ch.  Mor- 
ren {Bull,  hortic,  1866,  p.  277). 


469 


MOR 


470 


IS'^fiphémérides  d'Hanswyck,  miscel- 
lanées  scieiHiûques  et  lîUé<  aires  (tiré  à 
5  ex.),  1^5,  in-8*. 

Dans  le  recaeil  de  docam.  sUlistiques  pu- 
Mids  par  Van  der  Maoleo. 

19°  L'horticulteur  beige,  journal  des 
jardiniers  et  amateurs.  Bruxelles,  1855- 
56,  3  vol.  in-S*"  (Notices  sur  le  jardiu 
botanique  de  Bruxelles  et  sur  le  jardin 
botanique  de  Gand  ;  Epimedium  gran- 
diporum,U0KK. ;E.  violaceum^  Morr.). 

W  Dans  le  Bulletin  deVAcad.  royale 
de  Belgique  :  a.  Sur  plusieurs  lis  plus 
ou  moins  rares  (t.  I,  p.  457  et  154)  ;  b. 
Sur  les  éléptiants  fossiles  (p.  i5i  et 
178);  c  Sur  Témigration  du  puceron 
du  pécher  (t.  II,  p.  25  et  75;  v.  n«  i%, 
f.)  ;  d.  Descr.  Coralliorum,  etc.  (t.  II, 
p.  68;  V.  n^  5);  e.  Ossements  humains 
des  tourbières  (t.  II,  p  iiO);  f.  Obs. 
ostéologiques  sur  Tappareil  costal  des 
Batraciens  (Ib.,  p.  412  et  238);  g.  Ré- 
clamation de  priorité  en  faveur  de  Min- 
kelers,  relativement  à  Tinvenlion  de 
récUiirage  au  gaz  {Ib,,  p.  162);  h.  Obs. 
sur  la  flore  du  Japon  (Ib.^  p.  205)  ;  i. 
Obs.  sur  les  Ciosiéries  (Ib.,  p.  248  et 
297)  ;;'.  Sur  un  cas  de  fissure  indienne, 
avec  1  pi.  (Ib.,  p.  550);  k.  Végétation 
remarquable  d*une  racine  de  garance 
(t  II,  p.  550)  ;  L  Obs.  sur  quelques 
plantes  du  Japon  (en  coll.  avec  Bl.  J. 
Decaisne;  t.  III,  p.  168);  m.  Effets  de 
réclipse  de  soleil  du  15  mai  1856,  sur 
la  respiration  végétale  et  sur  le  sommeil 
des  plantes  (III,  297);  n.  Sur  la  cata- 
lepsie de  Dracœephalum  virginianum 
(III,  542,  ave^  1  pi.)  ;  o.  Notice  sur  la 
vanille  indigène  (IV,  225);  p.  Sur  le 
mouvement  de  la  sève  dans  les  dicoty- 
lédones (IV,  500)  ;  q.  Sur  la  caUlepsie 
du  Dracocepiuilum  austriaeum  et  mol- 
davieum  (lY,  591);  r.  Sur  les  plantes 
bypocarpogées  (IV,  454)  ;  s.  Sur  Teffet 
pernicieux  du  duvet  de  platane  (IV,  447); 
I.  Sur  la  circulation  observée  dans  To- 
vule,  la  fleur  et  le  phoranthe  du  figuier 
(IV,  519)  ;  ft.  Sur  le  développement  des 
tubercules  didymes  (V,  65)  ;  v.  Obs. 
anatomiques  sur  la  congélation  des  or- 
ganes des  végétaux  (V,  65  et  95); 
w.  Quelques  remarques  sur  Tanatomie 
de  YArscaride  lombricotde  (V,82  et  168, 
avec  1  pi.)  ;  X.  Sur  Texistence  des  ra- 


phides  ou  cristaux  de  matières  inorga- 
niques en  dehors  des  végétaux  (V,  185); 
y.  Sur  le  mouvement  et  Tanatomie  du 
Stylidium  adnatum  (V,  184)  ;  2.  Rech. 
anatomiques  sur  Torganisation  des 
Jungermannidées  (V,  546);  aa.  Obj.  sur 
Tanat.  et  la  physiologie  de  la  fleur  du 
Cerceu*  grandijlorus  (V,  560);  bb.  Mor- 
phologie des  ascidies  (V,  450)  ;  ce, 
Nouv.  remarques  sur  le  même  sujet  (V, 
582);  (Id.  Sur  la  Malaûris  Parthoni  (V, 
484);  ce.  Présentation  du  plan  du  nou- 
veau Jardin  botanique  de  Liège (V,  672); 
ff.  Sur  la  formation  de  iMndigo  dans  les 
feuilles  du  Polygonum  tinetorium  (V. 
765);  gg.  Sur  Thistologie  de  VAgaricus 
epixyton  (VI,  l^  p.  51,  577);  hh,  Obs. 
sur  Taiiat.  des  Hedychium  (Ib.^  p.  61); 
ii.  Sur  un  mémoire  concernant  le  Gold- 
fwufia  anysophylla  (Ib.,  p.  69,  150); 
jj.  Rapp.  sur  Touvrage  du  d^  Philips, 
de  Liège  :  AmtonUedu  cheval  (Ib,^  p. 
149,245);  kk.  Id.  sur  le  Mém.  de 
M.  Trichinetli,  de  Milan  :  De  odoribus 
fiorum  (Ib,,  p.  51,  577);  //.  Obs.  sur 
Tanat.  des  Musa  (Ib.,  p.  178);  mm.  De 
Texistence  des  infusoires  dans  les 
plantes  (Ib,,  p.  298);  n».  Obs.  sur  la 
circulation  des  poils  c^rollins  du  iVa- 
rica  coerulea  (Ib,,  p.  423);  oo,  Obs.  sur 
la  formation  des  huiles  dans  les  plantes 
(Ib,,  p.  510);  pp.  Sur  rcxcitabilité  et  le 
mouvement  des  feuilles  chez  les  Oxalis 
(t.  VI,  2'\  p.  68);  qq.  Exp.  et  obs.  sur 
la  gomme  des  cycadées  (Ib,,  p.  155); 
rr.  Obs.  sur  Tépaississement  de  la 
membr.  végétale  dans  plusieurs  organes 
de  Tappareil  pileux  (Ib.,  p.  279);  ss. 
Sur  les  procédés  héliographiques  de 
M.  Breyer  (Ib,,  p.  295);  tt.  Sur  les 
fruits  aromatiques  du  Leptodes  bicolor 
(Ib,,  p.  582);  titt.  Rapp.  sur  un  Mém. 
en  réponse  à  la  question  :  Exposer  la 
théorie  de  la  formation  des  odeurs  dans 
les  fleurs  (Ib,,  p.  555);  même  sujet, 
L  VIII,  i\  p.  2,  49,  284;  vv.  Rapp. 
sur  la  biogr.  de  R.  F.  Sluse  par  M.  Van 
Hulst  (Ib.,  p.  45,  116);  wuf.  Sur  la 
qualité  du  papier  d'impression  de  Vkc. 
(Ib.,  p.  54);  xjr.  Sur  le  tissu  cellulaire 
des  mousses  et  en  particulier  sur  c«lui 
des  Ilypnum  (Ib.,  p.  68);  yy-  Hydro- 
phytes  de  Belgique  (Ib,,  p.  82,  202); 
zz.  Sur  le  mém.  de  M.  Van  Beneden  : 
Rech,Hnr  rembryogénie  des  sépioles  (Ib^, 


L.. 


471 


iMOR 


472 


p.  424);  aaa,  Rech.  sur  Tinenchyme  des 
Sphagnum  (Ib.,  p.  164);  bbb.  Sur  les 
Lycopodîacées  (Ib.,  p.  201,379);  ccc. 
Sur  Fanât,  et  la  physiol.  des  Fonlinalis 
(Ib.,  p.  222);  ddd.  Rapp.  sur  le  méro.  de 
M.  Van  Beneden  sur  la  Limacina  arc- 
tica  (Ib.,  p.  298);  eee.  Sur  les  efflores- 
cences  de  quelques  plantes  (Ib.,  p.  545); 
fff.  Sur  la  motiiité  du  labellum  du  Me- 
gadinium  falcatum  (Ib.,  p.  585);  ggg. 
Obs.  anat.  et  physiol.  sur  le  Phyteuma 
ëpicaium  (Ib.,  p.  591);  hhh.  Sur  la  pa- 
nachure  des  feuilles  (t.  VIII,  2«,  p.  9V, 
iih  Sur  la  symétrie  de  la  chlorophylle 
dans  les  plantes  (ïb,,  p.  81);//;.  Sur  le 
mouvement  des  sensitives  soumises  à 
des  secousses  répétées  (Ib-,  p.  252); 
kkk.  Sur  VArachis  hypogea  (7^., p- 552); 
///.  Rech.  sur  la  circulation  dans  les 
plantes  (t.  IX,  1^,  p.  175);  mmm.  Rech. 
littéraires  sur  les  fleurs  de  la  Passion 
(Ib,,  p.  202);  nnn.  It.  sur  le  lis  de  S^- 
Jacques  (AnMryllis  formosissima),  Ib., 
p.  502);  000.  Sur  la  motiiité  des  fleu- 
rons dans  les  Cynarées (t.  IX,  2^,  p.  47); 
ppp.  Gérée  de  Napoléon  (Ib,,  p.  210); 
ppp  bis.  Ossements  trouvés  dans  le  ter- 
rain bruxellien  (fb^j\i.  559);  qqq.  Rapp. 
sur  le  mém.  de  MM.  Martius  et  Bravais 
concernant  la  croissance  du  pin  syl- 
vestre (p.  560,  500);  rrr,  Rech.  sur 
rivoire  végétal  (7^.,  p.  562);  sss.  Sur 
Tanat.  du  raisin  et  la  coloration  des 
vins  (Ib,^  p.  511);  ttt,  Rech.  sur  le  pa- 
pier de  riz  (t.  X,  1®,  p.  26);  uuu.  Sur 
quelques  effets  de  la  compression  chez 
les  végétaux  (t.  X,  2*»,  p.  292);  vvv.  Rapp. 
sur  le  mém.  de  M.  Verloren  :  Sur  la  cir- 
culation chez  les  insectes  (t.  XI,  1°,  p. 
294);  wtvw.  Sur  la  Monographie  du  genre 
lis,  mém.  de  M.  Spae  (t.  XII,  2°,  p.  157); 
xxjr.  Lettre  ft  M.  Quetelel  sur  les  phé- 
nom.  périodiques  observés  en  Chine 
(Ib.,  p.  255);  yyy»  Obs.  sur  la  notice  de 
M.  Martens  :  Sur  la  nmladie  des  pommes 
de  terre  (Ib-,  p.  572);  «a.  Rapp.  sur 
cinq  Mém.  présentés  pour  le  concours 
d*écon.  rurale,  proposé  en  1845  par 
rAcad.  (t.  XIII,  2^  p.  151);  «.  Sur 
réglise  SWacques  à  Liège  (7i>.,  p.  595); 
^.  Disc,  sur  les  fleurs  nationales  de 
Belgique,  pron.  dans  la  séance  pu- 
blique de  TÂcad. ,  le  17  décembre 
1846  (Ib,,  p.  442);  y-  Obs.  sur  la  fruc- 
tification du  Caraguata  (t.  XIV,  2^,  p. 


108);  ^.  Sur  le  Mayua  des  Péruviens 
(Tropœolum  tuberosium)^  t.  XVI,  p.  544; 
e.  Sur  une  synanthie  compliquée  de  ré- 
sorption et  de  torsion  observée  sur  le 
Torenia  Scabra  (Ib.  p.  594).  C.  Sur  la 
péiorisation  lagéniforme  des  calcéo- 
laires  et  sur  une  synanthie  bicaicéifère 
et  Iristaminale  des  mêmes  plantes  (t. 
XV,  2*,  p.  7);  n-  Obs.  sur  les  mœurs  de 
la  chenille  processionnaire  (Ib,^  p- 152); 
0.  Rapp.  sur  un  mém.  en  réponse  à  une 
question  concernant  les  nouv.  théories 
des  engrais,  etc.  (Ib,^  p.  591);  t.  Notice 
sur  Tautophyllogénie  (t.  XVI 1",  p.  52); 
X.  Philosophie  tératologique  d'une  fleur 
doubledelégumineuse(t.XVI2<»,p.260); 
X.  Sur  la  cératomanie  en  général  et  plus 
partie,  sur  les  cornets  anormaux  du 
périanthe  (!b.y  p.  575);  y-,  Rapp.  sur 
les  consid.  bibliques  duD'Mausd^Ess- 
lingen,  sur  l'histoire  des  céréales  (Ib,^ 
p.  445);  V.  Sur  la  chorise  des  corolles 
des  Gloxinin  (Ib,,  p.  628);  ^.  Le  globe, 
le  temps  et  la  vie ,  ou  discours  sur  les 
phénomènes  périodiques  (!b. ,  p.  660)  ; 
0.  Sur  la  structure  du  Mussienda  en 
particulier  et  sur  les  monstruosités  par 
épanodie  en  général  (t.  XV!l  l«,p.  17); 
ic.  Mémorandum  sur  la  Vanille,  son  his- 
toire et  sa  culture  (Ib.,  p.  108);  p.  Sur 
la  speiranthie  des  Cypripèdes  (7^.,  p. 
188);  9.  Quelques  fleurs  de  Fuchsia  sur 
la  tombe  d'un  père  de  la  botanique  belge, 
Remacle  Fuchs  de  Limbourg  (Ib,^  p. 
555);  T.  Etude  sur  la  pélalification  suc- 
cessive dans  les  saxifrages  ^^6.,  p.  415); 
u.  Sur  la  structure  morphologique  de  la 
fleur  des  Lopeziées  et  sur  une  adéno- 
pétalie  observée  dans  cette  tribu  (Ib.,  p. 
516);  (p.  Sur  les  disparitions  des  organes 
sexuels  (Céranthie)  et  sur  le  développe- 
ment de  nombreux  rameaux  aiianthes 
dans  le  Bellevalia  comosa  et  sa  variété 
mjomtruosa  (t.  XVII  2<»,  p.  29);  /..  Sur  les 
virescences  distinctes  de  phyllomor- 
phieset  cas  particuliers  d'une  virescence 
du  Chèvrefeuille  (Ib,,  p.  125)  ;  +.  Sur 
un  procédé  qui  fait  produire  à  certaines 
t  aces  de  pommes  de  terre  quatre  récoltes 
dans  Tannée  (Ib.,  p.  151);  u>.  Propos, 
d'un  concours  en  mém.  de  S.  M.  la  Reine 
(ïb,,  p.  575);  «a.  Coryphyllie  d'un  Ces- 
neria,  genre  de  monstruosité  où  la 
feuille  termine  l'axe  végéta]  (Ib. ,  p.  565); 
PP,  Rapp.  sur  le  concours  sur  la  maladie 


473 


MOR 


47  i 


des  pommes  de  terre  (Ib.^n^l);  77.  Sur 
le  spiralisme  tératologique  des  tiges 
(l.  XVIII,  4«,  p.  27)  ;  M.  De  Tatrophie 
en  générai  et  démonstration  que  les 
pollens  de  certains  monstres  sont  im- 
puissants (Ib,,  p.  274);  ec.  D'une  pélori- 
sation  sigmoîde  des  calcéolaires  (Ib, . 
p.  584)  ;  ce.  De  l'influence  de  Téclipse 
de  soleil  du  28  juillet  1861  sur  les 
plantes  (t.  XVH!  2«,  p.  161);  y^n,  Sole- 
naidie  ou  métamorphose  des  organes 
sexuels  en  tubes  creux  et  stériles  (Ib,^ 
p.  172);  M-  Sur  un  nouveau  genre  de 
monstruosités  végétales,  appelées  Gym- 
nonamie  (Ib.,  p.  288);  ».  Sur  les  ano- 
malies de  déplacement  (Ib.,  p.  495)  ; 
XX.  Rapp.  sur  un  Mém.  sur  les  polders 
(Ib.,  p.  632)  ;  XX.  Rapp.  sur  un  catal.  des 
cryplogrames  observées  dans  les  env.  de 
Namurparleprof.  Â.BeIlynck(t.X[X,l<' 
p.  7);  (Jiii.  Rapp.  sur  un  Mém.  (de  M.  le  D^ 
Crocq)  sur  la  maladie  de  la  vUfHe  et  le 
champigmn  qui  raccompagne  (Ib.,  p. 
14);  w.  Sur  une  maladie  provenant  d'un 
diptère  attaquant  les  navets, etc.,  et  sur 
la  rhizocollesief/6.,  p.  56);oo.Sur  deux 
Uém.  concernant  la  maladie  des  pommes 
de  terre  (Ib.,  p.  225);  inr.  Sur  Tachei- 
larie  des  Orchidées  (Ib.^  p.  250);  pp.  La 
tubicinelle  fossile  du  terrain  bruxellien 
est-elle  un  palais  de  poisson  ?  (Ib.,  p. 
295);  99.  Recb.  sur  les  synanthies  (Ib., 
p.  541);  Tt.  Rech.  sur  la  synandrie  et 
l'apillarie  des  fleurs  synanthérées  ob- 
servées dans  les  calcéolaires  (Ib.,  p. 
655);  00.  Philos,  tératologique  d'une 
fleur  double  et  pleine  d'ajonc  épineux 
(l.  XIX  2»,  p.  7);  9?.  Sur  les  vraies  fleurs 
doubles  chez  les  Orchidées  f///  ,p  171); 
XX.  Quelques  fleurs  de  LobelUif  jetées 
sur  la  tombe  d'un  des  pères  de  la  bota- 
nique belge,  Mathias  de  l'Obel  (Ib.,  p. 
180);  4^1.  Sur  les  fleurs  de  Pétunias 
doublées  par  chorise  staminale  (Ib.,  p. 
550);  <*M^.  Etude  d'un  genre  partie  de 
monstruosité  par  stase,  appelé  sléoomie 
florale  (Ib.,  p.  519);  moi.  Consid.  sur 
les  métamorphoses  des  bractées  et  des 
calices  en  pétales  ou  corolles  (t.  XIX  5^ 
p.  85);  P^^.  Con.^id.  sur  les  monstruo- 
sités dites  de  disjonction  (Ib.,  p.  514)  ; 
yyv.  Consid.  gén.  sur  les  déformations 
(Ib.,  p.  444);  «^.  Souvenirs  phœnolo- 


giques  de  l'hiver  1852-1853  (t.  XX  l^ 
p.  160);  eee.  De  la  nature  des  couronnes 
chez  les  Narcisses  (t.  XX,  2^  p.  264); 
;CC-  Sur  une  fleur  double  de  Lilas  (Ib., 
p.  275);  )}9]i}.  Sur  une  émigration  de 
Demoiselles  [ib.,  p.  525);  066.  Pélorie 
des  Gloxinias  (t.  XX,  5<*,  p.  45);  i».  Des 
causes  des  disettes  en  céréales  depuis 
le  commencement  du  XIX**  siècle  {Ib., 
p.  169). 

21<^  Esquisses  des  premiers  prin- 
cipes d'horticulture,  par  J.  Lindley, 
trad.  de  l'anglais  et  augmenté  de  no- 
tes. Bruxelles,  1855,  in-12^'  de  100  p. 

22'>  Dans  le  Bulletin  de  la  Société 
de  médecine  de  Gand  :  a.  Sur  le  Bigno- 
nia  ophthalmica,  t.  I,  p.  15;  b.  Rapp. 
sur  un  Mém.  de  M.  le  docteur  van 
Peene,  sur  les  affections  de  rame,  ib., 
p.  110;  c.  Discussion  sur  une  lettre 
philosophique  de  M.  Huet,  t.  111;  d. 
Communication  sur  la  fructification  de 
la  vanille,  ib.,  p.  42;  e.  Lettre  sur  la 
fièvre  intermittente,  ib.,  p.  124,  etc. 

25®  Catalogue  (ou  choix)  des  graines 
récoltées  au  jardin  botanique  de  Liège, 
20  broch.  in-4»  et  in-8'  (1855-1855). 

240  Quelques  mots  sur  l'hist.  de 
l'horticulture,  suivies  du  rapport  sur 
la  première  période  décennale  de  la 
Soc.  d'hortic.  de  Liège.  Liège,  1858, 
in-8°  de  16  p.  (Exir.  de  la  Bévue  belge). 

25""  Dans  les  Mémoires  de  V Académie 
royale  de Belgique,\ïi'k^  :  a.  Obs.  ostéo- 
logiques  sur  l'appareil  costal  des  Ba- 
traciens, 10  p.  et  1  pi.  (t.  X)  ;  b.  Hist. 
d'un  genre  nouveau  de  la  tribu  des 
confervées,  nommé  Apliani:Somène.  — 
Rech.  physiol.  sur  les  hydrophiles  de 
la  Belgique  (t.  XI);  c.  Rech.  sur  le 
mouvement  et  Tanatomie  du  Stylidium 
gramittifolium  (*),  22  p.  et  une  pi.  (t. 
XI)  ;  d.  Rech.  sur  le  mouvement  et  l'a- 
natomie  du  style  du  Goldfussia  aniso- 
phylla,  54  p.  et  2  pL  (t.  Xll)  ;  e.  Mém. 
sur  la  formation  de  l'indigo  dans  les 
feuilles  du  Polygonum  tinctorium.  54 
p.  et  1  pi.  (Ibid.);  f.  Rech.  sur  la  ru- 
béfaction des  eaux  et  leur  oxygénation 
par  les  animalcules  et  les  algues  (en 
collaboration  avec  M.  Âug.  Morren), 


(*)  Le  rapport  de  M.  Damoilier  sur  ce      travail,  Bull.  l.  IV,  p.  288-288. 


478 


MOR 


476 


1  vol.  in-4«,  170  p.el  7pl,(l.X[V)  (•); 
g.  Rech.  sur  le  mouvement  et  l'anat. 
des  étamines  du  Spartnannia  africana 
(fbid,);  h.  Rech.  sur  le  mouvement  et 
Fanât,  du  labellum  du  Megaclinium  fal- 
catum  (t.  XV)  ;  i.  Obs.  sur  les  phénoro. 
périodiques,  faites  au  jardin  botanique 
de  Liège  (en  4841)  en  collab.  avec  M. 
V.  Devllle  (Fbid.);  j.  It.,  année  4842, 
obs.  anthochronologiques  sur  la  pério- 
dicité des  motilités  sexuelles  chez  les 
plantes;  sur  les  période»  diurnes,  etc. 
(t.  XVI). 

46»  Note  sur  la  première  fructiflca- 
tion  du  Vanillier  en  Europe.  (Extr.  des 
Annales  de  la  Soc,  roy.  d'hortic,  de 
Paris,  t.  XX,  mai  1837). 

â7<^  De  rinfluence  de  la  Belgique  sur 
rindustrie  horticole  des  Etats-Unis. 
Liège,  4837,  in-8>»  (Disc,  prononcé  à 
la  Soc.  roy.  d'hortic.  de  Liège). 

28°  Les  siècles  et  les  légumes,  ou 
quelques  mots  surThistoire  des  jardins 
potagers.  Liège,  1837,  in-8» 

29^  Le  Cultivateur,  ou  recueil  d'ar- 
ticles sur  réconomie  rurale  et  l*hygiène 
vétérinaire  de  la  Belgique.  Bruxelles, 

4857,  un  vol.  in-8o. 

50°  Essais  sur  rhétérogénie  domi- 
nante, dans  laquelle  on  examine  Tin- 
fluence  qu'exerce  la  lumière  sur  la  ma- 
nifestation et  les  développements  des 
êtres  organisés.  Liège,  4838, 4  vol.  in-8° 
(120  p.). 

MciDoires  publiés  en  1833  dans  i'O&Mrra- 
leur  belge,  et  OQ  4835  dans  les  Ann,  des 
sciences  naturelles  de  Paris, 

31«  Les  femmes  et  les  Qeurs.  Liège, 

4858,  in-8». 

52°  Horticulture  et  philosophie.  ïbid  , 
4838,  in-8°. 

53°  De  la  spécialité  des  cultures  pro- 
pies  aux  établissements  horticoles  de 
Liège  et  de  TinOuencede  la  division  du 
travail  en  horticulture.  Liège,  4838, 
in-8°. 

3i°  On  Ifœ  discoid  PU  lis  of  plants. 
Londres,  1859,  in-8°,  15  p.  et  4  pi. 
(Annah  and  Magazine  ofnaturalhistory, 
vol.  IV,  n°  22). 


55°  On  the  production  of  Vanilla  in 
Europe.  Londres,  1839,  in-8°  (Ib.,  vol. 
IIL  n°  14). 

56°  Obs.  sur  la  circulation  dans  les 
poils  corollins  du  Marica  cœruUaei  sur 
Thistologie  de  celle  fïewr  (Monde  savant, 
7  août  1859;  VI°  année,  n°462). 

37«  Dans  la  Revue  de  Bruxelles  :  a. 
Huit  jours  à  Newcastle  en  4858  (Janv. 
et  fév.  4859,  pp.  4  et  55;  à  part,  Brux., 
4839,  in-12o  de  102  p.);  b  Hist.  litté- 
raire et  scientiûque  des  tulipes,  ja- 
cinthes, narcisses,  lis  et  fritillaires,  ou 
fragment  d'une  histoire  de  Thorticulture 
belge  (Avril  et  août  1844,  pp.  1  et  50; 
à  part,  Brux.,  1842,  in-12  de  68  p.). 

38°  Etudes  d*anatomie  et  de  physio- 
logie végétales,  ou  collect  ion  d'opuscules 
sur  ces  sciences.  Bruxelles.  18-14,  un 
vol.  in-8°. 

Reprod.  des  no*  30  p,  t,  26,  90  ti,  bb,  gg, 
hh,  ii.  II,  mm,  nn,  oo,  pp,  qq,  rr^  tt, 

59°  Prémices  d'anat.  et  de  physio- 
logie végétales,  ou  collection  d'opus- 
cules sur  ces  sciences.  Bmxelles,  4844, 
un  vol.  in-8°. 

Reprod.  des  n*»  30  9,  36,  30  a,  i>,  s,  aa, 
bb,  ce,  dd,  hh,  kk.  II,  mm,  nn,  00^  pp,  qq, 
rr,  tt, 

40*  Loisirs  d'anat.  et  de  physiol.  vé- 
gétales, ou  collection  d'opusailes  sur 
ces  sciences.  Bruxelles,  4H44,  un  vol. 
in-8°. 

Reprod.  des  no*  30  n,  o,  p,  r,  s,  t, 

A\^  Dodonœa,  ou  recueil  d'observa- 
tions de  botanique.  Bruxelles,  4844 , 
un  vol.  in-8°  de  272  p.  et  40  pi. 

Reprod.  des  no*  30  aaa,  bbb,  eee,fff,  ggg, 
hhh,  m,  jjj,  mmm,  nnn,  000,  ppp,  qqq,  rrr, 
sss,  ttt,  uuu, 

42°  Considérations  respecling  spur- 
shaped  nectaries  and  those  of  AquUegia 
vulgaris  inparticular,  Londres,  1844, 
in-8°,  16  p.  et  4  pi.  (Annals  and  Maga- 
zine ofnaturalhistory,  mars  4841). 

42bis.  Disc,  prononcé  au  Congrès 
des  naturalistes  italiens ,  k  Florence 
(Diario  délia  terza  reumone  degli  scien- 
ùati  italiani  in  Firenze  (1841),  n°  14. 

45°  Fleurs  éphémères,  recueil  depoé- 


(*)  Les  deux  dernières  parties  de  l'ou-      Itœmatococcus  ei  Tessararthera. 
vrage  sont  consacrées  à  Thist.  des  genres 


477 


MOR 


478 


sies.  Lîége,  1843,  in-8''  de  448  p-  et  4 
gravures. 

44®  Motions  élémentaires  des  sciences 
natarelies  et  physiques,  comprenant  la 
physique,  la  chimie,  la  minéralogie  et 
la  botanique  (en  coll.  avec  M.  Aug. 
Morren).  Liège,  4855,  5  vol.  .in-i2.  — 
2«  édition,  1855. 

45<*  Nouvelles  instructions  populaires 
sur  les  moyens  de  combattre  et  de  dé- 
truire la  maladie  actuelle  des  pommes 
déterre.  Gand,  4845,in-12. — Id.  Paris, 
1845,  in-12.  —  Trad.  flamande,  Gand, 
1845.  —  Trad.  hollandaise  (par  M.  le 
prof.  Van  Hall),  Groningen,  1845,  in-8«. 

46^  Uebcr  die  Krankhcit  der  Kartof- 
feln.  Cologne,  impr.  Eschbach,  1845, 
in-lS. 

47^  Surledéfrichemenlde  TArdenne, 
de  la  Campine  et  des  Bruyères  (Indép. 
belge,  U  nov.  1845,  17  déc.  184C; 
Journal  de  Liège,  10  fév.  1847;. 

4S^  Programme  du  cours  de  bota- 
nique. Liège,  184G-1847,  in-8^ 

49**  Rapp.  sur  Texposition  publique 
des  produitsde  Tagricultureet  de  Thor- 
tlcultare  en  Belgique,  ouverte  à  Bru- 
xelles en  sept.  1847.  Brux  ,  1848,  in-8'' 
de  65  p. 

50^  Instruction  pour  la  plantation 
des  pommes  de  terre  en  1848  {Mémo- 
rial administratif  de  la  province  de 
Liège,  t.  XVIll,  p.  47.  n«  1015). 

5P  Journal  d*agricuUure  pratique, 
d*économie  forestière,  d**économie  ru- 
raie  et  d'éducation  des  animanx  domes- 
tiques. Gand,  1848-1855,  7  vol.  in-8'' 
de  500  à  600  p. 

52^  Fuchsia  ou  recueil  d'observa- 
tions de  botanique,  d'agriculture,  d'hor- 
ticulture et  de  zoologie  (Gand),  1849, 
tn-S"»  de  170  p.  et  12  pi. 

Lettre  à  M.  Qaelelet  sur  les  phénomènes 
périodiques  ;  reprod.  des  n"*  20  www,  xxx, 
y»y^  s«.  A  Y»  ^»  e»  5,  it,  e,  i,  a,X,  |x,  v,  0. 

55*  Rapp.  sur  les  légumes,  les  pro- 
duits agricoles,  les  plantes  rares,  etc., 
faisant  partie  de  l'exp.  ouverte  à  Bru- 
xelles en  sept.   1848.   Brux.,   1849. 

Extrait  du  Rapport  sur  la  dite  Exposition, 
p.  â56à311. 


5^i<*  Concordance  des  espèces  végé- 
tales décrites  et  figurées  par  Rerobert 
Dodoens  (en  collab.  avec  M.  P. -G.  d'A- 
voine) Matines,  1850,  un  vol.  in-8<' 

55°  Héliotrope.  Immortalité  de  Loui- 
se-Marie. Brux.,  1850,  in-4'*  de  8  p.  et 
ipl. 

56»  Beknopie  beschryving  der  vreemde 
verkensrassen.  Bruges,  1850,  in-8''  de 
50  p. 

57°  Lobelia  ou  recueil  d'observations 
botanique,  spécialement  de  tératologie 
végétale.  Bruxelles,  1851,  in-8«. 

Reprod.  des  n«»  âO  Ç,  r,  e,  t,  v,  ç,  x,  +» 
««»  Vf  y  «^^.  es.  sC,  TjTQ,  eO,  u,  XX,  xy.- 

58°  Palmes  et  couronnes  de  l'horti- 
culture de  Belgique,  ou  Annuaire  ré- 
trospectif des  expositions  de  fleurs, 
fruits  et  légumes,  organisées  depuis 
1845  jusqu'en  1850.  Bruxelles,  1851, 
in-12  de  547  pp. 

Les  articles  publiés  postérieurement  (1851- 
1855)  dans  les  journaux  quotidiens,  et  prin- 
cipalemont  les  bulletins  horticoles  de  Vlndé- 
pendatice  bftge,  pourraient  former  un  second 
volume  de  Palmes  et  Couronnes. 

58"  bis,  Bapport  au  Conseil  super, 
d'agric.  sur  la  proposition  de  M.  de 
Made  relat.  au  rouissage  et  à  la  mani- 
pulation du  lin  (1851). 

59°  La  Belgique  horticole,  journal 
des  jardins,  etc.  (Gand),  1851-1855), 
5  V.  in-8°  de  500  p.  environ  et  XXIV 
planches. 

60°  Cltisia  ou  recueil  d'observations 
de  botanique  et  spécialement  de  téra- 
tologie végéUle.  Bruxelles,  1852,  in-8° 
de  221  p.  (inédit). 

Reprod.  des  n**  20  w,  oo,  inr,  w,  tc,  ui», 
(P9,  ^,  cow,  a«a,  fififi,  nY»  «««»  ^K- 

61°  Mémoire  sur  la  fécondation  des 
céréales,  envisagée  dans  ses  rapports 
avec  l'agriculture.  Liège,  1853,  in-8° 
de  46  p.  (Extr.  du  Journal  d^agricul- 
ture). 

Les  Bijdragen  lot  de  natuurkundige 
welenschappen^  la  Revue  de  Bruxelles, 
le  Messager  des  sciences^  etc.,  de  Gand  ; 
les  Annals  and  Magazine  of  natural  his- 
tory,  de  Londres,  le  Bulletin  général 
des  Sciences  de  Férussac,  les  Ann.  des 
sciences  naturelles  de  Paris,  ï Institut, 
y  Echo  du  monde  savant,  [Indépendance 


479 


MUN 


48Û 


belge  f\e  Bon  Génie,\^  SetUinelle  des  Cam- 
pagtieSf  le  Cultivateur,  eic*,  ont  inséré 
dans  leurs  colonnes  un  grand  nombre 
d*articles  de  Ch.  l^lorren.  Ajoutons  que 
les  nombreuses  planches  dont  ses  ou- 
vrages sont  ornés,  et  qui  se  distinguent 
par  une  rare  netteté  et  par  une  très- 
grande  exactitude,  ont  été  toutes  gra- 
vées d'après  ses  modèles  (*).  Morren 
maniait  le  pinceau  aussi  facilement  que 
la  plume. 


Mûiieh    (ERNICST-HeRMAN-JoSEPH)  , 

né  à  Rheinfelden  le  25  octobre  1798,  y 
mourut  le  9  juin  1841.  Il  lit  ses  huma- 
nités au  g>'mnas;  de  Soleure  et  ses 
études  de  droit  à  TUniversité  de  Fri- 
bourg  en  Brisgau,  où  il  s'occupa  de 
resserrer  les  liens  des  étudiants  cons- 
titués en  corporation  (Burscfienschaft), 
Ses  goûts  rentrai  nèrent  vers  les  belles- 
lettres,  et  celles-ci  le  conduisirent  à 
rhistoire,  dont  il  finit  par  faire  la  prin- 
cipale occupation  de  sa  vie  ;  il  se  flt 
également  remarquer  comme  polémiste 
ardent  et  passionné,  ce  qui  lui  attira 
plus  d'un  désagrément  Après  avoir 
rempli  pendant  quelque  temps  les  fonc- 
tions de  greffier  (!e  justice  dans  sa  ville 
natale,  il  fut  nommé  instituteur  à  l'é- 
cole cantonale  d'Aarau;  il  n'y  resta  que 
deux  ans  (IK19-tiil)  et  passa  en  Alle- 
magne, où  il  vécut  des  produits  de  sa 
plume  facile,  peut-être  trop  féconde. 
En  1824,  rUni>ersité  de  Fribourg  le 
chargea  d'un  cours  sur  les  sciences 
auxiliaires  de  l'histoire;  en  1828,  le 
roi  Guillaume  l'appela  k  Liège,  pour  y 
enseigner  l'histoire  et  le  droit  eœ\é' 
siastiques,  conformément  à  l'art.  15  du 
règlement  du  Vô  septembre  1816,  litt. 


d.  Il  ne  parait  pas  que  Mûnch  ait  ja- 
mais paru  dans  sa  chaire  :  il  consacra 
surtout  son  temps  à  écrire  dans  le 
Courrier  universel,  journal  créé  le  15 
mai  1829  pour  défendre  les  actes  du 
gouvernement  contre  les  protestations 
d'une  opposition  de  plus  en  plus  mena- 
çante, et  qui  ne  vécut  guère  plus  d'un 
semestre,  malgré  les  25,0':0  francs  de 
subside  qui  lui  étaient  alloués  sur  les 
fonds  de  l'industrie  (').  Le  Conversa- 
tions-Lesican  de  M.  Brockhaus  prétend 
que  Mûnch  eut  à  craindre  pour  sa  sûreté 
personnelle ,  à  raison  de  la  tendance 
anii-rotnaineûe  ses  écrits.  Nous  doutons 
fort  que  les  choses  en  soient  venues  là  ; 
mais  ce  qui  décida  Mûnch,  avant  la  fln 
de  1829,  à  quitter  Liège  pour  La  Haye, 
où  il  devint  conservateur  de  la  Biblio- 
thèque, ce  fut  bien  certainement  le  peu 
de  sympathies  qu'il  s'était  attirées  par 
son  attitude  politique.  A  peine  dans  sa 
nouvelle  résidence,  il  lança  une  flèche 
de  Parthe  à  M.  Yan  de  iVeyer,  alors 
professeur  au  Musée  de  Bruxelles  et 
l'un  des  principaux  rédacteurs  du 
Courrier  des  Pays-Bas,  A  propos  des 
arrêtés  qui  imposaient  la  langue  hol- 
landaise aux  habitants  des  provinces 
méridionales,  il  reprocha  au  publiciste 
belge  d'avoir  publié  lui-même  un  écrit 
en  faveur  du  flamand  (').  M.  Van  de 
Weyer  releva  le  gant  et  eut  beau  jeu, 
la  brochure  qui  lui  était  attribuée 
n'ayant  jamais  existé  (*).  Mûnch  fut 
spirituellement  persifElé  dans  une  lettre 
sur  les  livres  imaginaires,  qui  eut  édi- 
tions sur  éditions  (*)  et  se  lit  encore  avec 
plaisir  et  profit,  les  traits  de  satire  y 
étant  assaisonnés  d'une  érudition  de 
bon  aloi,  aussi  solide  que  pleine  de  dé- 
sinvolture. Mûnch  ne  répliqua  point, 


(  *  )  Il  a  aussi  dessiné,  pour  M.  de  Ko- 
ninck,  les  pi.  de  la  Detcription  d^  Coquilles 
fossilet,  publiée  |iar  ce  savant  dans  le  t.  XI 
des  JUém,  de  CAc.  roy.  de  Belgique. 
■  (']  Le  Courritr  universel,  imprimé  cliez 
J.  de  Sartorius,  jut  pour  principaux  colla- 
boralcurs  son  imprimeur  lui-même,  J.  Bran- 
dis, Am.  Pocbollc,  J.  B.  et  Ch.  Teste,  E. 
Mûnch,  et  pour  gérant  S.  Levenbach  (V.  Ul. 
Capitaine,  Rech,  sur  les  journaux  liégeois, 
Liège,  1850,  in- 12,  p.  184). 

(  *  )  Cette  allégation  est  formulée  à  la  page 
127  du  recueil  intitulé  ;  Aletheia,  fondé  par 


Mûnch  et  imprimé  à  Liège,  chez  J.  de  Sar- 
torius  (1829). 

(*)  M.  Heifferich,  dans  un  livre  sur  la 
Belgique  (Pforzheim,  1837,  in-8o,  p.  62), 
cite  une  réponse  du  célèbre  flamingant  WiJ- 
lems  il  la  Lettre  de  M.  Van  de  Weyer  dont 
nous  allons  parler,  et  semble  croire  ferme- 
ment à  l'existence  de  l'écrit  attribué  à  ce 
publiciste. 

(V)  La  dernière  (40:2  p.  in-12]  est  de  1863 
(Londres,  TrObner,  dans  la  V^  série  des 
Opuscules  de  M,  S,  Van  de  Weyer). 


481 


MUN 


482 


mais  il  n'oubliajainais  sa  déconvenue  (*). 
li  quitu  La  Haye  en  185i,  avec  le  titre 
de  conseiller  intime  et  de  bibliothécaire 
da  roi  de  Wurtemberg.  Son  activité 
littéraire  et  son  ardeur  à  rompre  des 
lances  en  politique  se  soutinrent  jus- 
qu'au dernier  moment:  il  était  à  la  fois 
plein  de  spontanéité  et  de  finesse;  ses 
compatriotes  lui  reprochent  de  la  légè- 
reté, Tbabitude  de  composer  avant  d'a- 
voir pris  le  temps  de  mûrir  ses  idées 
ou  de  les  rectifier,  par  une  critique  ap- 
profondie des  sujets  qull  se  proposait 
de  traiter  :  en  revanche,  ils  constatent 
sa  grande  habileté  à  saisir  Toccasion 
de  faire  des  livres  de  circonstance,  et 
son  talent  incontestable  de  journaliste 
et  d'agent  de  propagande.  — -  On  doit  à 
Mûnch  : 

!*•  Une  édition  des  OEuvres  d'Ulrich 
vonHûlten,  Berlin,  1821-25,  cinq  vol. 
in-8°. 

2«  Une  traduction  allemande  des  OEu- 
vres choisies  du  même  Leipzig,  1822- 
24,  trois  vol.  in-S"". 

3«  Die  Heerzûge  der  christlichen  Eu-- 
ropa  wider  die  Osmancn  und  die  Ver- 
suchen  der  Griechen  zur  Freilteii  Bàle, 
1822-26,  cinq  vol.  in-8«. 

4®  Die  Schicksale  der  altcn  undneuen 
Kortea  von  Ionien.  Stuttgart,  1824,  2 
vol.  in-8^ 

5*  Franz  von  Sickingen  Thaten,  Stutt- 
gart, 1827-29,  5  vol. 

6*  Charittts  Pirkheimer,  ihre  Schwes^ 
tem  und  Nichteu.  Nuremberg,  1826. 

7"  Une  édition  des  Epistolœ  obscu- 
rorum  nrorum,  augmentée  de  quelques 
pièces  rares  et  précédée  d'une  intro- 
duction étendue.  Leipzig,  1827,  gr.in-8'' 

8<^  Vermischte  historische  Schriften. 
Ludwigsbonrg,  1828,  2  vol.  in  12. 

Ce  recueil  contient  des  notices  i^  sur  le 
roi  Eozio ,  fils  naturel  de  l'empereur  Frédé- 
ric II  (•)  ;  2«  sur  Pîerre-le-Cruel  et  Inès  de 
Castro  ;  Z^  sur  les  Conférions  de  Pétrarque  ; 
4*  sur  Thraseas  Pœtus  ;  5^  sur  Hypatie 
d'Alexandrie,  martyre  de  la  philosophie  ; 


6»  sur  HakoD  Jarl  de  Nonvége  ;  7»  sur  Lien- 
hard  Kaiser,  victime  de  Hnlolérance  reli- 
gieuse en  Bavière  au  XVI«  »iècie  ;  8<»  sur 
Fui  via  Olympia  Morata,  femme  illustre  du 
XVI«  siècle  ;  9<»  sur  le  cardinal  Giovanni 
Morone,  président  du  Concile  de  Trente  ; 
10»  sur  Stepbano  Porcaro,  imitateur  de  Cola 
Rieozi  ;  14»  sur  la  prétendue  donation  de 
Constantin  ;  tSo  enfin  sur  les  grands  héros 
de  l'Allemagne  à  l'époque  de  la  prépondé 
rance  française  en  Europe  (règne  de  Louis 
XIV). 

9»  Jugendbilder  und  Jygendtrâume. 
Liège,  1829,  in-8° 

Volumineux  recueil  de  poésies,  dont  quel- 
ques-unes ne  sont  pas  sans  mérite. 

ïO'^DieFreifieitdes  Untenichts.  Bonn, 
1829,  in-8». 

Ouvrage  consacré  k  l'apologie  du  système 
de  Guillaume  1er  (v.  HelfTerich,  ohv,  cité, 
p.  46  et  49).  —  L'auteur  s'y  cache  sous  le 
pseudonyme  :  Un  Suisse  ami  de  la  vérité,  II 
s'appuie,  pour  combattre  la  liberté  de  l'en- 
seignement, sur  Montesquieu,  Destult  Tracy 
et  Filangieri.  Il  dislingue  entre  la  direction 
des  écoles  par  l'État  et  le  monopole  ;  il  dis- 
cute vivement  les  théories  du  Globe,  passe 
en  revue  les  difTérents  systèmes  d'organisa- 
tion de  l'instruction  publique  adoptés  chez 
toutes  les  nations  civilisées  et  finit  par  com- 
parer le  clergt;  belge  de  i829  ë  celui  de  1815, 
qui  réclamait  le  monopole  de  l'enseignement, 
mais  à  son  prolit.  Le  purti  catholique  ne  se 
montre  aujourd'hui  si  jaloux  de  la  liberté, 
ajoutc-t-il,  que  pour  en  revenir  U  ;  quant  à 
l'opposition  libérale,  elle  a  tout  simplement 
peur  des  fortes  éludes.  Mijnch  prend  ensuite 
la  défense  du  Collège  philosophique,  ei  finit 
par  conclure  q^e  la  surveillance  de  toutes  les 
écoles  est  un  droit  inaliénable  du  pouvoir. 
Des  pièces  juslificalives  fort  intéressantes 
terminent  le  volume. 

1  i^  Geschichte  des  Hauses  uud  Landes 
FUrstemberg,  Âix-ia-Chapelle,  1820-52, 
3  vol.  in-S». 

12o  GescMchie  des  Hauses  Nassau^ 
Oranien,  Ibid.  1851-53,  3  vol.  in-8". 

Ko^  Dos  llerzogthum  Luxemburg  aln 
integrirender  Theil  des  deutschen  Bun- 
des.  La  Haye,  183i,in-8«. 

14°  Karl  von  Rotteck,geschildert  nach 


(*)  «  Il  continua  d'attaquer,  en  Alle- 
magne, la  Belgique,  ses  écrivains,  ses  hom- 
mes politiques,  et  plus  tard  sa  révolution  et 
ses  institutions,  jusqu'à  l'époque  de  sa  mort, 


arrivée  en  1841.  »  (0.  Delepierre,  Àvam- 
propos  de  la  Lettre  à  M.  Miinch,  éd,  de  1863. 
(  *  )  Une  seconde  édition  de  celte  notice  a 
paru  à  Stuttgart  en  1841. 

21 


483 


XOE 


484 


seinen  Schriften  und  semer  polUUchen 
WirksamkeU.  La  Haye,  1851,  in-8o. 

i5"  Vollsiândige  Sammlung  altérer 
und  neuerer  Concordate.  Leipzig,  1851- 
55,  2  vol.  in-8^ 

16®  Die  FûrsHnnen  des  Hanses  Bur- 
gund'OEsterreich  in  d^n  Niederlanden, 
Ibid.  1852,  2  vol. 

17®  AUgemeine  Gcschichte  der  neues- 
ten  Zeit.  ibid.  1855-55,  6  vol. 

1 8®  Erinnerungen  und  Studien  aus  den 
ersten  olJahren  eines  deutsehen  Gelehr- 
ten,  Carisruhe,  1856-58,  5  vol. 

Aulobiognrapbie  Irès-délaillée. 

19®  Paolo  Sarpi  und  Sein  Kampf  mit 
dem  CuriûlismusundJesuitismus,  Stutt- 
gart, 1859,  in-8®. 

20®  Denkwûrdigkeiteti  zur  polit.  Kir- 
chen-und  Sittengeschichte  der  drci  letz- 
ten  Jahrhunderte,  Ibid.  1859,  in-8o. 

21®  Denkw&rdigkeUen  zur  Geschichte 
des  Hauses  Este  und  Lothringen,  Ibid. 
1840  (t.  1). 

22®  Erinnerungen,  Reisebilder,  etc, 
a.  d.  /.  1828-1840.  Stuttgart,  1841, 
2  vol.  in-8®. 

25®  Sàmmtliche  Diehtungen.  Stutt- 
gart, 1841,  in-8o. 

24®  On  attribue  encore  à  .Miinch  deux 
lettres  intitulées:  Sendschreiben  eines 
deuischen  Publicisten  aneinen  Diploma- 
ten  ûber  die  grossen  Fragen  am  Wiener 


Congress  (1859) ,  et  adressées  selon 
toute  vraisemblance  à  M.  Prokesch  von 
Osten.  La  publication  des  écrits  pos- 
thumes de  Schmeller  avait  mis  notre 
publiciste  en  relation  avec  ce  person- 
nage, qui  lui  avait  même  laissé,  en  1856, 
le  soin  de  publier  ses  Denkwûrdigkeiten 
und  Erinnerungen  aus  dem  Orient,  — 
N.  B.  Les  écrits  politiques  de  Mûncb, 
assez  souvent  cités  en  Allemagne,  y  ont 
répandu,  sur  les  hommes  et  les  choses 
de  la  Belgique  de  1850,  des  préjugés 
qui  tendent  à  s'effacer  aujourd'hui,  mais 
qu'il  ne  serait  cependant  pas  trop  tard 
de  redresser  dans  une  étude  impartiale. 


nroëi  (Jean-Nicolas)  naquit  à  Dom- 
brot,  département  des  Vosges,  le  6 
février  1785,  et  mourut  à  Liège  le  12 
mars  18G7,  resté  le  dernier  de  la  fa- 
mille qu'il  s'était  créée ,  à  l'exception 
d'un  petit-fils  comme  lui  dévoué  à  la 
science  et  comme  lui  appelé  à  se  distin- 
guer dans  l'enseignement  (').  Eprouvé 
dans  ses  affections  les  plus  chères, 
Noël  chercha  des  consolations  dans  un 
redoublement  d'ardeur  au  travail;  il 
s'était  d'ailleurs  fait  une  loi, dès  sa  plus 
tendre  jeunesse,  de  ne  point  passer  un 
jour  sans  rien  faire  ;mais  sa  fécondité, 
dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  à 
un  âge  qui  commande  ordinairement 
le  repos,  a  quelque  chose  de  vraiment 
exceptionnel.  Noël  était,  dans  toute  la 


{*  )  Noêl  eut  deux  enfants,  un  fils  qui  don- 
nait de  grandes  espérances,  mais  qui  mou  - 
rut  dans  la  fleur  de  la  jeunesse,  et  une  fille 
qui  épousa  en  1838  le  docteur  Habets.  Tous 
deux  furent  à  leur  tour  moissonnés  avant  le 
temps.  Noél  resla  seul  avecsa  digne  et  véné- 
rable compagne,  qu'il  eut  le  bonheur  de  con- 
server jusqu'au  23  novembre  1863,  et  son 
petit  fils  M.  Alfred  Habets,  ingénieur  des 
mines  et  répétiteur  aux  Ecoles  spéciaks. 

Le  nom  du  docteur  Habets  doit  trouver 
place  dans  les  fastes  dt  TUniversité  de  Liège. 
Habets  était  Liégeois;  né  le  16  décembre 
1807,  il  mourut  dans  sa  ville  natale  le  24 
septembre  1 844.  Ses  études  médicales  avaient 
été  brillantes  ;  possédé  d'un  ardent  désir  de 
savoir,  il  ne  se  laissa  point  absorber  par  la 
pratique  de  son  art,  mais  se  tint  assidûment  au 
courant  des  théories  les  plus  nouvelles,  avec 
la  pensée  d'entrer  161  on  tard  dans  renseigne- 


ment. La  mort  de  J.-Ant.  Leroy  (v.  ce  nom) 
lui  offrit  l'occasion  qu'il  recherchait  :  le  22 
janvier  1839,  il  fut  chargé  provisoirement  du 
cours  de  physiologie  humaire  et  de  physio- 
logie comparée,  en  y  comprenant,  conformé- 
ment au  plan  adopté  par  le  professeur  défunt, 
quelques  notions  indispensables  d'anatomie 
générale.  Il  ne  resla  qu'une  année  dans  sa 
chaire  :  sa  santé,  qui  n'avait  jamais  été  bien 
florissante,  fut  tout  d'un  coup  gravement 
compromise  ;  la  dernière  période  de  sa  vie 
ne  fut  pour  ainsi  dire  qu'une  lente  agonie. 
11  a  publié  : 

i»  Une  traduction  du  Traité  de  phyiiologie 
du  Dr  Rodolphe  Wagner.  Bruxelles.  4841, 
in-8", 

2«  Notice  sur  N.'J.-G,-A,  Amiaux  (v.  ce 
nom).  Liège,  4849,  in-S®. 

3«  Exposé  du  système  hydriatiqne,  Bm- 
xelles,  1843,  in-8«. 


48S 


NOE 


48U 


force  du  terme,  le  fils  de  ses  œuvres. 
Les  biens  de  ses  parents,  honorables 
cultivateurs,  avaient  été  engloutis  dans 
la  tourmente  révolutionnaire  :  Jean- 
Nicolas  ne  pouvait  compter  que  sur 
lui-même.  Son  goût  pour  les  arts  du 
dessin   fentraîna  un   instant  :  nous 
le  voyons,  à  seize  ans,  exécuter  des 
peintures  pour  Téglise  de  son  village. 
Mais  le  rôle  d*arliste  de  campagne  ne 
lui  souriant  que  tout  juste,  il  se  dit  que 
son  intérêt  le  plus  pressant  était  de 
compléter   son  instruction.    L'argent 
qu'il  avait  gagné  par  ses  premiers  es- 
sais lui  permit  de  passer  une  année  k 
FEcole  centrale  de  Nancy,  où  il  rem- 
porta les  prix  de  mathématiques  et  de 
dessin.   Il  en  revint  l'escarcelle  vide, 
mais  la  tête  déjà  bien  meublée.  Tout 
en  prodiguant  à  sa  mère  malade  les 
soins  d*un  bon  fils,  il  tint  Técole  du 
village  et,  dans  ses  heures  libres,  se 
mil  à  étudier  les  œuvres  du  géomètre 
Lacroix,  son  pris  de  Nancy.  Il  entra 
ensuite  au  cadastre  en  qualité  de  géo- 
mètre ;  ses  collaborateurs  reçurent  de 
lui  des  leçons  sur  la  science  qu'ils  de- 
devaient  appliquer  ensemble.  Nommé 
maître  d'études  et  répétiteur  de  mathé- 
matiques au  Lycée  de  Nancy,  en  I80i, 
il  eut  enfin  un  point  d'appui   A  la  fols 
élève  et  maitre,  il  suivit  les  cours  supé- 
rieurs de  rétablissement  avec  tant  de 
succès,  qu'au  bout  d'un  an  il  se  vit  appelé 
à  la  chaire  de  mathématiques  du  Collège 
de  Pbalsbourg,  petite  ville  de  l'ancienne 
Lorraine.  Le  5  décembre  i  8 10,  il  reçut 
sa  nominationdéûnitive  de  professeur  de 
l'Université  de  France.  Le  diplôme  de 
bachelier  ès-sciences  lui  fut  délivré  le 
âojanvier  18 1 1.  Quelques  années  s'écou- 
lèrent paisiblement  pour  Noël,  tout  oc- 
cupé de  ses  devoirs  et  de  ses  études  :  il 
perfectionnait  sa  méthode  d'enseigne- 
ment, il  acquérait  de  l'expérience,  il  pré- 
parait de  longue  main  le  plan  et  les  ma- 
tériaux des  ouvrages  qui  devaient  plus 
lard  consacrer  sa  renommée.  L'Empire 
s'écroula  ;  l'un  des  premiers  soins  du 
nouveau  gouvernement  des  Pays-Bas 
fut  d'organiser,  sur  des  bases  solides 
et  d'après  les  meilleures  traditions,  des 


établissements  d'instruction  moyenne  et 
supérieure  dans  les   différentes  pro- 
vinces du  royaume.  Noël  fut  appelé, 
en  1819,  à  l'Athénée  de  Luxembourg, 
pour   y  enseigner  les  sciences  phy- 
siques et  mathématiques.  Laissons  par- 
ler M.  Spring  (*)  :  «  C'est  à  partir  de 
cette  époque  et  jusqu'en  1855,  où  il  fut 
nommé  à   I  Université  de  Lié(:e,  que 
Noël  exerça  une  grande  influence  sur 
l'étude  et  l'enseignement  des  sciences 
exactes,  non-seulement  dans  l'ancien 
Grand-Duché,  mais  aussi  dans  les  pro- 
vinces occidentales  de  la  Belgique  ac- 
tuelle. Il  réforma  coraplèlement  cet  en- 
seignement et  parvint  à  le  placer  k  une 
grande  hauteur.  Pour  y  parvenir,  il  se 
dévoua  à  donner  aux  instituteurs  du 
Grand- Duché  un  cours  normal    d'a- 
rithmétique, afin  que  les  élèves  arri- 
vassent mieux  préparés  à  l'Athénée.  El 
c'est  Ji  ses  soins  que  le  Luxembourg 
est  redevable  d'avoir  produit  un  grand 
nombre  d'esprits  mathématiques,  qui  ont 
brillé  depuis  dans  les  difl'érentes  car- 
rières savantes  de  la  Belgique  régé- 
nérée... Je   pourrais   citer  des  noms 
qui,  à  eux  seuls,  témoigneraient  de  l'ex- 
cellence des  services  rendus  par  notre 
collègue.  J'en  pourrais  citer  dans  l'en- 
seignement, dans  le  génie  civil,  dans 
le  génie  militaire  ;  et  même,  en  dehors 
des  branches  spéciales,  l'ascendant  des 
sciences  exactes  et  l'esprit  de  méthode 
qu'elles  prêtent  aux  intelligences  supé- 
rieures n'ont  certes  pas  été  étrangers 
au  développement  des  hommes  émi- 
nents  que  le  Luxembourg  a  fournis  à 
radmlnistration,  à  la  magistrature ,  à 
la  diplomatie  et  à  la  politique.  J'ai  per- 
sonnnellement  eu  l'occasion  fréquente 
de  voir  avec  quel  plaisir  de  tels  hommes 
se  rappelaient  l'époque  de  leurs  éludes 
à  TAlhénée,  dont  la  réputation  était  im- 
mense :  j'ai  été  témoin  du  respi^ct  et  de 
la  reconnaissance  qu'ils  avaient  voués  à 
leur  ancien  professt'ur.  En  vérité,  Noël 
pouvait  dire,  comme  autrefois  le  profes- 
seur d'éloquence  Eumène,  demandant 
au  préfet  des  Gaules  le  rétablissement 
des  écoles  d'Autun  :  Multi  ex  me  rivi 
non  ignobiles  fluunt,  multi  sectatores  mvi 


(*)  Discûors  proococé  aux  funérailles  de      delon  el  Schmit,  dans  le  Journal  de  Liège 
Noël,  publié,  ainsi  que  ceux  de  MM.  Chan-      du  15  mars  1867. 


487 


NOE 


488 


provincias  administrant  (*).  »  Ce  fut 
dans  le  cours  de  cette  même  période  que 
NoM  publia  les  premières  éditions  de  la 
plupart  de  ses  traités  classiques;  quoi- 
que tirés  à  grand  nombre,  plusieurs  de 
ces  volumes  furent  jusqu'à  huit  fois 
réimprimés.  L'Académie  de  Metz  soumit 
les  ouvrages  de  Noël  à  Texamen  de  Com- 
missions scientifiques  (*)  et  s*at(acha 
Fauteur  à  titre  de  membre  correspon- 
dant. Professeur  zélé,  fécond  écrivain, 
Noël  suffisait  k  tout,  parce  que  sa  vie 
était  parfaitement  réglée  ;  ses  nom- 
breuses occupations  ne  Tempêchèrent 
pas  d'accepter,  en  1824,  le  titre  de  prin- 
cipal de  r  Athénée,  et  il  s'acquitta  de  ces 
fonctions  toutes  spéciales  avec  une  ac- 
tivité et  une  vigilance  exemplaires.  In- 
dulgent sans  faiblesse,  ferme  et  juste 
sans  rigueur,  il  fut  pour  ses  élèves  un 
père  éclairé,  et  l'on  peut  vraiment  ap- 
peler filial  l'amour  qu'ils  lui  vouèrent. 
En  1855,  lorsque,  malgré  toutes  les 
instancesquefitle  gouvernement  luxem- 
bourgeois pour  le  retenir,  il  saisit  l'oc- 
casion d'aller  rendre  des  services  sur 
un  plus  grand  théâtre,  Thcure  de  la  sé- 
paration fut  le  signal  d'une  scène  tou- 
chante :  M.  Schmit  (v.  ce  nom)  porta 
la  parole  au  nom  de  tous  ses  condis- 
ciples de  rAthénée,et  remit  à  Noël  une 
médaille  d'or ,  en  témoignage  de  leur 
reconnaissance.  Ce  ne  fut  pas  une  dé- 
monstration de  commande  ;  les  rapports 
ultérieurs  de  Noël  avec  ses  anciens 
élèves  prouvent  assez  qu'il  leur  avait 
inspiré  autant  d'affection  sincère  que 
de  respect.  H  en  retrouva  successive- 
ment un  grand  nombre  à  Liège,  où  il 
enseigna ,  de  1855  à  1852 ,  comme 
professeur  ordinaire  de  la  Faculté  des 
sciences,  les  mathématiques  élémen- 
taires et  la  haute  algèbre.  Il  apporta, 
dans  l'exercice  de  son  nouveau  man- 
dat, non  seulement  les  rares  qualités 
dont  il  avait  fait  preuve  comme  profes- 
seur à  Luxembourg,  mais  encore  le  tri- 
but d'un  savoir  solide  et  approfondi 
qu'il  avait  graduellement  acquis,  en  con- 


centrant sur  la  spécialité  de  ses  études 
toutes  les  forces  d'an  esprit  à  la  fols 
pénétrant  et  judicieux.  Un  de  ses  an- 
ciens auditeurs  a  très-bien  fait  i*emar- 
quer  que  Noël  cherchait,  en  toute  occa- 
sion, à  éveiller  la  spontanéité  desélèves, 
et  qu'il  savait  leur  communiquer  cet 
enthousiasme  froid,  permanent,  que 
rien  ne  rebute  et  que  tout  fortitie.  Il  leur 
donnait,  d'autre  |)art,  l'exemple  d'une 
activité  infatigable.  Son  influence  s'é- 
tendait au  delà  de  l'Université  et  des 
Écoles  spéciales  ;  elle  se  fit  notamment 
sentir  dans  l'enseignement  moyen,  qui 
compta  parmi  ses  professeurs  un  grand 
nombre  d'élèves  de  Noël.  Par  sa  col- 
laboration assidue  aux  différents  jour- 
naux pédagogiques  du  pays,  aussi  bien 
que  parla  révision  incessante  à  laquelle 
il  soumettait  ses  propres  ouvrages  , 
Noël  tint  constamment  en  haleine  le 
monde  scolaire  des  mathématiciens.  La 
ville  de  Liège  eut  plus  d'une  fois  re- 
cours à  sa  grande  expérience  au  pro- 
fit de  ses  établissements  d*instrnction  ; 
le  gouvernement  invoqua  également  ses 
lumières.  Recteur  de  l'Université  en 
1842-43,  il  reçut  la  croix  de  chevalier 
de  l'ordre  de  Léopold  le  26  septembre 
de  cette  dernière  année.  Il  obtint  Témé- 
ritat,  sur  sa  demande,  le  5  janvier 
1849,  après  45  années  de  services  : 
toutefois  il  continua,  jusqu'à  la  fin  de 
1852  ,  d'enseigner  la  haute  algèbre. 
Forcé  alors  de  prendre  du  repos,  il 
quitta  l'enseignement,  mais  ne  se  con- 
fina dans  son  cabinet  que  pour  se  li- 
vrer plus  assidûment  que  jamais  à  ses 
études  chéries.  Le  soir,  il  descendait 
quelquefois  au  salon  pour  s'entretenir 
une  heure  ou  deux  avec  de  vieux  amis  : 
il  ne  connaissait  point  d'autres  distrac- 
tions. La  t)erte  de  la  femme  aimable  et 
distinguée  qu'il  avait  associée  à  sa  vie 
lui  porta  un  coup  fatal,  il  s'affaiblit  de 
jour  en  jour;  cependant  il  n'abandonna 
son  pupitre  que  quand  il  fut  absolu- 
ment incapable  de  se  tenir  debout  ('  ). 
Il  mourut  universellement  regretté,  et 


(  '  )  Oratio  pro  restaurandis  sekoU^. 

(*)  Left  Mémoires  de  V Académie  de  Sieiz 
(1819-1832}  coatienoent  l'analyse  des  rap- 
port de  ces  Commissions  :  on  peut  s'y  fair<3 
une  idtic  de  IVstime  dont  jouissait  l'auteur 


auprès  des  tioromes  compétents,  tant  sous 
rapport  du  s^ivoir  qu'au  point  de  vue  de 
son  m>îrite  didactique. 

(*)  C'est  dans  celte  attitude  que    Noël 
avait  travaillé  toute  sa  vie;  il  y  avait  gagné 


489 


XOE 


490 


ii  méritait  de  l*être,  car  son  cœur  va- 
lait son  talent. 

BIBLIOGRAPHIE. 

1.  Ouvrages  classiques. 

i<»  ArUhmétique élémentaire  nlsonnée 
et  appliquée.  Luxembourg,  181»,  in-8«. 

—  2«  édition,  revue,  corrigée  et  aug- 
mentée, ibid.,  4822,  in  8°— 3«  édition, 
id.,  iWd.,  1825,  in-8o.  _  ^.  éd.,  ib., 
1829.  —  5«  éd.,  revue,  corr.  et  aug- 
mentée, ib.y  1852.  —  6«,  revue,  corri- 
gée el«m/>/t/î«^,t*.,  1835.~7*  (Arithm. 
élémentaire  raisonnée.  appliquée  et  gé- 
néralisée)y  re^Tie,  augm.  et  simplifiée, 
»..  1839,  in-8«.  —  8«  éd.  (Intitulée: 
Traité  complet  d'arithmétique,  suivi  des 
Eléments  d'Algèbre),  revue,  augm.  et 
simplifiée.  Liège,  1843,  in-8°. 

2*  Algèbre  élémentaire,  raisonnée  et 
appliquée.  Metz,  1820,  in-8^  —  2«  édi- 
tion, sous  le  litre:  Traité  d'algèbre  élé- 
mentaire. Lux.,  1827,in  8».  ~  3«.  revue, 
corr.  et  augm.  Ibid.,  1854.  —  4«,  aug- 
mentée et  simplifiée.  Liège,  1840,  in-8^ 

—  5«,  ibid.,  1846,  in-8». 

3<>  Supplément  à  la  2*"  partie  de  TA* 
rithmétique.  Luxembourg  (s.  d.),  36  p. 
in-8*. 

i""  Éléments  d'arithmétique  à  l'usage 
des  écoles  primaires  (publ  par  la  So- 
ciété d'encouragement  pour  Vinstruction 
primaire  de  la  province  de  Namur). 
Luxemb.,  1825,  in-12.  —  V  édition , 
sous  le  titre  :  Arithmétique  des  écoles 
primaires  (Revue,  corrigée  et  simpll- 
flée).  Liège,  1843,  in-12.  —  8*  éd.  (deux 
tirages).  Liège,  1854,  in-12  (*). 

5"  Traité  de  géométrie  élémentaire, 
contenant  les  géomélrics  plane  et  so- 
lide, les  trigonométries  rectiligne  et 
sphériquc,  et  l'application  de  Talgèbre 
à  la  géométrie  élémentaire.  Luxem- 
bourg, 1830,  in-8^  —  2*  édition,  en- 
tièrement refondue,  avec  des  notes  et 
des  additions.  Luxembourg,  1 835,  in-6^ 

—  3«  éd.  (Traité  de  géom,  élémentaire 
et  cours  de  trigonométrie),  Liège,  1844, 
ID-S*.  —  4«  éd.,  Liège,  1850,  in-8«. 


6^  Notions  de  géométrie  analytique 
appliquées  à  la  recherche  des  proprié- 
tés des  courbes  du  2^  degré.  Luxem- 
bourg, i  850,  in-8^ 

7«  Notes  complémentaires  de  géométrie 
analytique  (56  pages  autographiées , 
sans  date), 

S^  Notions  de  mécanique,  Luxemb.. 
1853,  in-8°.  —  2«  éd.  (Eléments  de  mé- 
canique), entièrement  refondue.  Liège, 
1840,  in-8«. 

9°  Traité  de  géométrie  analytique. 
Liège  (Dessain),  juillet  1837,  in-8°.  — 
2*éd.,tW<f.,  1849,  in-8". 

10**  Eléments  d'arithmétique.  Liège 
(Riga),  1859,  in-8«.  -  2*  éd.,  Liège, 
1848,  in-8o. 

11*»  Notions  de  calcul,  servant  d'intro- 
duction ù  l'étude  approfondie  de  l'arith- 
métique. Liège,  1847,  in-8«. 

12*»  M  Mouzon,  directeur  de  l'Ecole 
moyenne  de  l'Etat,  à  Bruges,  a  édité  le 
Traitédarithmétiqne^t^ohX  (n*>  1)  sous 
le  titre:  Arithmétique  élémentaire,  rai- 
sonnée et  appliquée,  suivie  des  Eléments 
d'algèbre  :  sixième  édition,  revue,  slm- 
pliâée  et  mise  en  rapport  avec  le  pro- 
gramme officiel  des  Ecoles  moyennes 
et  des  Ecoles  normales.  Liège  et  Paris, 
1862,  in-8o.  —  2*>  édition,  ibid.,  1864, 
in-8^ 

II.  Mélanges  de  mathématiques,  etc. 

13*»  Mélanges  de  mathématiques,  on 
Application  de  l'algèbre  à  la  géométrie, 
suivie  de  plusieurs  propositions  de  sta- 
tique et  précédée  d'un  recueil  de  théo- 
rèmes et  de  problèmes  de  géométrie  ; 
ouvrage  offrant  des  applications  utiles 
à  l'étude  des  sciences  exactes.  Luxem* 
bourg,  1822,  in-8*». 

1 4*»  Note  sur  les  éléments  de  géométrie. 
Luxemb.,  s.  d,  (24  pages). 

Celte  note  a  pour  objet  de  remplacer  la 
réduction  à  l'absurde  par  une  méthode  plus 
simple,  et  plus  directe  dans  la  recherche  des 
quantités  incommensurables. 

{o""  Mélanges  d'algèbre,  ou  recueil 


une  infirmité  qui  le  fit  beaucoup  souffrir 
dans  les  derniers  temps. 

(*  )  Les  3«,  S«,  4«,  5«  et  6«  éditions  de  cet 
ouvrage,  ont  été  probablement  publiées  k 


Luxembourg.  Les  bons  livres  classiques  s'é- 
puisent rapidement  :  nous  n'avons  pu  trou- 
ver  trace  do  ceux-ci. 


401 


NOE 


492 


d*uii  grand  nombre  de  problèmes  et 
d'applications  algébriques.  Luxemb. , 
1827,  in-8^ 

16**  Note  sur  In  géomélrk  élémentaire, 
Luxemb.,  février  1829  (40  pages). 

Note  ayant  surtout  pour  objet,  comme  la 
précédente  ,no  44),  de  remplacer  la  réduction 
à  l'absurde  par  des  méthodes  plus  simples 
et  plus  directes. 

1 7°  Notes  complémentaires  d'algèbre, 
Luxemb.,  1835,  in-8®. 

18®  Développements  et  recherches  de 
mathématiques  élémentaires.  Luxemb., 
1858,  in-8^ 

19°I>e  la  méthode  analogique.  Liège, 
1845,  in-8°. 

Discours  prononcé  le  6  novembre  1843,  à 
la  solennité  de  la  réouverture  des  cours  de 
l'Université  de  Liège. 

20'»  Note  sur  la  théorie  du  mesurage 
(4  pages,  s.  d.). 

21"  Résumé  des  méthodes  élémentaires 
en  géométrie,  Lîége,  1845,  in-8°. 

22"  Différents  modes  élémentaires  de 
génération  des  nombres.  Liège,  1845, 
in-8". 

25®  Addition  à  l*ouvrage  précédent. 
Liège,  1846,  in-8®. 

24®  Exercices  de  géométrie  élémen- 
taire, Liège,  1846,  in-8°. 

25*^  Complément  de  trigonométrie^  pré- 
cédé de  différentes  méthodes  géomé- 
triques et  algébriques.  Liège,  1851, 
in-8®. 

26®  De  remploi  de  Vinfini  dans  le^ 
mathématiques  y  ou  Eléments  de  la  théorie 
inlinitéMmale,  Liège,  1852-1853,  in-8®. 

Cet  ouvrage  se  rattache  à  une  série  do 
travaux  auxquels  donna  lieu  un  article  publié 
par  M.  le  professeur  Wezel,  d'Anvers,  dans 
le  Moniteur  de  renseignement  (2«  série,  t.  I, 


p.  351),  à  propos  d'une  note  de  M.  Lamarle 
(professeur  à  l'Université  de  Gand)  tur  rem- 
ploi de  Cinfini  dam  Vennei*jnement  de»  ma- 
thématiques élémentaires  (  '  ).  Le  célèbre 
Wronski  avait  cherché  à  établir  que  la  science 
des  mathématiques  n'est  possible  que  par 
Vinfini,  M.  Lamarle  proscrivait  au  contraire 
sans  réserve  l'intervention  de  cet  élément , 
qui  avait  fait  invasion  jusque  dans  le  pro- 
gramme de  l'Ecole  polytechnique.  <  Au  point 
»  de  vue  de  rinstruclion  scientifique  pro- 

>  prement  dite,  concluait-il,  rien  ne   se- 

>  fait  plus  dangereux  qu'une  école  établie 

>  sur  les  bases  adoptées  par  les  novateurs. 
»  Pour  s'en  convaincre,  il  suffit  d'observer 
»  que  cette  école  serait  forcément  réduite, 
k  d'une  part  à  affirmer  des  principes  qu'elle 
»  tenterait  en  vain  de  rendre  intelligibles  ; 

>  de  l'autre ,  à  nier  certaines  déductions  de 
•  ces  mômes  principes,  et  par  conséquent  à 
»  les  infirmer  toutes  ».  Noél  releva  le  gant, 
et  soutint,  dans  une  première  note,  la  stipé- 
riorité  de  la  méthode  infinitésimale ,  conve- 
nablement employée,  dans  la  théorie  du  me- 
surage des  corps  ronds,  sur  la  réduction  à 
l'absurde  et  mémo  sur  la  méthode  des  limites. 
M.  Lamarle  répliqua;  M.  L.  Noél,  oeveu  du 
professeur  de  Liège  { ' } ,  se  déclara  comme 
son  oncle  partisan  de  l'infini.  MM.  Pàque('), 
I.-B.  Annoot    {*),  A.-L.  Marchant  (*)  pri- 

>ent  fait  et  cause  pour  M.  Lamarle  ;  Marty- 
nowski  (v.  ce  nomj  et  M.  J.  M.  (Hanilius?) 
rompirent  des  lances  contre  les  infinifuges  ; 
bref,  la  querelle  se  prolongea  sans  interrup- 
tion pendant  plus  de  deux  ans  cl  se  ralluma 
plus  lard  encore  par  intervalles.  Noèl  finit 
par  se  préoccuper  presque  exclusivement  de 
la  question  en  litige ,  et  se  mil  en  devoir  de 
coordonner  ses  conclusions  de  manière  à  en 
former  un  corps  de  doctrine.  La  liste  de  $«3S 
Mémoires  insérés  dans  divers  recueils  scien- 
tifiques donnera  une  idée  de  la  persévérance 
infatigable  avec  laquelle,  à  partir  de  1852, 
il  s'efi'orça  de  propager  une  méthode  en  de- 
hors de  laquelle  il  ne  voyait  point  de  salut 
[*).  La  polémique  dont  on  vient  de  parler 
eut  en  tous  cas  pour  efiîel,  ce  qui  arrive 
presque  toujours  en  pareille  conjoncture  , 
sinon  de  convaincre  les  adversaires,du  moins 
de  provoquer  incidemment  des  observations 
et  de  soulever  des  problèmes  d'un  véritable 
intérêt. 


(  *  )  Mém.  de  fAcad.  royale  de  Belgique, 
t.  XXVII, 

(  '  )  A  cette  époque  professeur  de  mathé- 
matiques; aujourd'hui  directeur  du  pensionnat 
annexé  à  l'Athénée  royal  de  Liège. 

(  *  ;  Prof,  à  Namur,  puis  k  Liège  ,  auteur 
d'un  Cours  de  mathématiques  très-développé; 
M.  Pàque  a  fait  ses  études  à  Gand. 


{ ^  )  Professeur  à  l'Athénée  de  Bruxelles, 
auteur  d'un  travail  estimé  sur  la  méthode 
dans  les  sciences,  etc. 

(^  Prof.  àl'Ath.  de  Bruxelles. 

(')  C'est  gr&ce  à  l'obligeance  de  M.  A. 
Hahcts  qu'il  nous  a  été  possible  de  dresser 
une  liste  complète  et  détaillée  des  publica- 
tions de  Noél. 


493 


NOE 


494 


III.  Collabaralion  à  des  recueils  pé- 
riodiques. 

A.  Correspondance  mathématique  pu- 
bliée par  MM.  GarnierelQuelelel.  in-8o. 

27»  Nouvelle  solution  d^un  problème 
sur  les  alliages  (!'•  série,  t.  I,  p.  H8), 

ioZO. 

28»  De  quelques  usages  des  puissances 
des  nombres  naturels  dans  la  géométrie 
et  la  mécanique  {Ibid,,  p.  124,  199, 
525). 

29*»  De  quelques  raaxiraa  et  miniroada 
2«  d^flff^  (l.  H,  p.  71,  155),  1826. 

50»  Nouvelle  solution  d'un  problème  de 
géométrie  élémentaire  (t.  III,  p.  184) 
1827.  ^         '' 

51»  NoUsur  le  pendule  composé  (Ibid. , 
p.  250). 

52*  Solution  de  divers  problèmes  de 
géométrie  et  d'analyse  (t.  IV,  p.  4,  87. 
149,212).  1828. 

ZZ»  De  quelques  propriétés  résultantes 
des  cercles  qui  touchent  les  directions 
des  côtés  d'un  triangle  (l.  V,  p.  22),  1 829. 

54»  De  la  division  en  parties  égales 
d'une  droite  donnée  sur  le  terrain ,  en 
n*empioyant  pourcet  effet  que  des  jalons 
et  une  fausse  équerre  (7^.,  p.  215). 

35**  De  la  déterminatimidu  nombre  de 
boulets  qui  entrent  dans  une  pile  dont 
la  base  a  la  forme  d'un  hexagone  régu- 
lier (/^.,  p.  547). 

56»  De  la  mesure  des  volumes  que  dé- 
crivent, autour  d*un  axe  extérieur,  un 
demi-segment,  un  secteuretun  segment 
circulaires  (t.  VI,  p.  61),  1850. 

37»  De  la  sommation  de  quelques  séries 
(2*»  série,  t.  VU,  p.  184),  1852. 

38»  Note  sur  quelques  applications  de 
la  méthode  des  projections  (t.  Vllf,  p. 
238),  1855. 

39^  Note  sur  quelques  développements 
des  fonctions  en  séries  (5«  série,  t.  X,  p. 
20),  1858. 

B.  Mémoires  de  la  Société  royale  des 
sciences  de  Liège,  in-8^. 

Noël  fot  an  des  membres  fondateurs  de 
cette  association. 

40»  De  ranalogie  en  géométrie  (t.  I, 
i'*  partie,  p.  1),  1845. 

41*  Propositions  de  géométrie  appli- 
quée (t.  I,  2«  partie,  p.  208),  1844. 

42*  Mémoire  sur  les  propriétés  de  Vel- 
Hpse  (t.  Il,  1'»  partie,  p.  145),  1845. 

43*  Résumé  des  méthodes  élémentaires 


en  géométrie  (t.  II,  2»  partie,  p.  495), 
1846. 

44»  Théorèmes  et  problèmes  numé- 
riques (t.  IV,  1«  partie,  p.  55),  1847. 

45*  Exercices  de  géométrie  analytique 
(t.  IV,  2«  partie,  p.  297),  1848-1849. 

46*  Note  sur  les  deux  genres  de  mo- 
ments (Ibid.,  p. 585). 

47*  Note  sur  rabaissement  de  cer- 
taines équations  au  second  deqré  (t.  VIII 
p.  94),  1855.  ^ 

48*  Théorie  infinitésimale  appliquée 
(t.  X,  p.  25),  1855  (aussi  publiée  à 
part,  avec  un  appendice  de  10  pages). 

49»  Simplification  des  éléments  de 
géométrie  (Ibid.,  p,  461). 

50°  Méthode  infinitésimale  en  géomé- 
trie {u\S\,j^.Tù),  1861. 

51»  Notes  sur  Vanalyse  infinitésimale 
(Ibid.,  p.  411). 

52*  Mémoire  relatif  à  différents  su- 
jets de  mathématiques  élémentaires  (t. 
XX),  1865. 

Les  Mémoires  n»»  40,  41  et  42  ont  été 
édités  en  un  volume,  précédé  de  Considéra- 
tions sur  renseignement  scientifique  moyen  ; 
le  discours  sur  la  méthode  analogique  [n» 
19)  est  placé  à  la  fin  de  l'ouvrage.  Il  existe 
une  édition  séparée  des  Considérations 
(Liège,  novembre,  1844,  in-8«).  —  Les  cinq 
derniers  Mémoires  (n»>«  47-52)  ont  été  éga- 
lement réunis  en  un  volume  intitulé  :  De 
l'emploi  des  grandeurs  infinitésimales  en 
mathématiques  (Liège,  1865,  io-8»). 

c.  Journal  de  l'instruction  publique 
publié  par  Tabbé  Louis  (Tirlemont)! 
in-4». 

55*  Quelques  réflexions  sur  les  élé- 
ments de  géométrie  (1"  année,  p.  79) 
1845-1846.  ^ 

54*  Exercices  de  géométrie  plane 
(Ibid.,  p.  215,  255,  254,  268, 286). 

55*  Exercices  de  géométrie  des  trois 
dimensions  (2*  année,  p.  6,  50).  1846- 
1847. 

56*  Considérations  sur  l'étude  et  l'en- 
seignement de  rarithmétique  (Ibid.,  p. 
209). 

57*  Exercices  d'anthmétique  (Ibid., 
p.  277). 

D.  Moniteur  de  l'enseignement,  publié 
par  F.  Hennebert,  père  (Tournai),  in-8*. 

58»  Note  sur  les  méthodes  en  géomé- 
trie (!'•  série,  t  III,  p.  256),  1850- 
1851. 

59*  Sur  remploi  de  l'infini  dans  les 


495 


PAG 


496 


mathématiques  élémentaires  (2®  série, 
t.  I,  p.  508,  425;  t.  II,  p.  78;  l.  ÎV,  p. 
105,  136,  171,  578;  o^  série,  l.  I,  p. 
15,  155,  578),  1851-1854. 
K.  Retme  pédagogique  (Mons) ,  in-8'^. 

G0°  Observations  relatives  à  une  note 
sur  la  méthode  des  variables  auxiliaires 
ou  des  limites  (l.  111,  p.  187,  2>^9), 
1855. 

Gl«  Note  sur  la  solution  de  deux  pro- 
blèmes de  physique  mécanique  (t.  IV,  p. 
371),  1856. 

F.  Annales  de  renseignement  public 
(Verviers,  in-S»  (publ.  par  Ph.  Bède) 

62»  Du  postulatum  d^Euclide  (t.  I,  p. 
277),  1857. 

65»  Réplique  à  la  réponse  de  M.  La- 
marle  (Ibid. ,  p.  403).  —  Sur  la  deu- 
xième réponse  de  M,  Lamarle  (Ibid.,  p. 
533). 

G.  Revm  de  Vinstructwn  publique  en 
Belgique  (Bruges) ,  in-8<»  (publ.  par 
MM.  Feys  et  Roersch). 

64"  Explications  relatives  à  deux  ar- 
ticles de  M,  Battenx  (ÎV*  année,  p.  12), 
1856.  —  Réplique  à  la  réponse  de  M, 
Batteux  (\b,,\h  16). 

65*'  Note  sur  la  théorie  des  fractions 
périodiques  (Ib.,  p.  73j. 

66"»  Note  sur  la  théorie  des  loga- 
rUhmes  (V«  année,  p.  149,  213,  274), 
1857. 

67"  Note  sur  la  proportionnalité  Ib., 
p.  535,  401). 

68"  Note  sur  les  approximations  des 
racines  numéiiques  (Ib.,  p.  470,  497). 

69"  Des  quatre  premières  opérations  de 
Varithméttque  généralisée  (\b.,  p.  581). 

70^  Propositions  relatives  aux  carrés 
et  aux  cubes  des  nombres  (Ib.,  p.  597). 

71"  Calcul  des  quotients  indiqués 
(Ib.,  p.  625). 

72»  Théorèmes  relatifs  au  plus  grand 
commun  diviseur  et  rapports  de  deux 
longueurs  (V*  année,  t.  I,  nouv.  série, 
p.  85),  1858. 

73"  Propositions  relatives  aux  séries 
numériques  (Ib.,  p.  195). 

74"  Notes  sur  la  discussion  des  for- 
mules (Ib.,  p.  344). 

(  *  )  A  quatre  aos,  il  servit  la  messe  dans  la 
cathédrale  de  Valenza.  Toat  jeune  encore,  il  flt 
(coutume  cisalpine)  le  panégyrique  d'un  saint 


75<»  Propositions  relatives  aux  po- 
lyèdres (t.  Il,  nouv.  série,  p.  97),  1859. 

7U"  Propositions  relatives  aux  corpa 
ronds  (Ib.,  p.  257). 

77"  Problèmes  de  géométriî  numé- 
rique (Ib.,  p.  349). 

78"  Des  génératrices  de  séries  illmi- 

téesiUUU  P-  65),  1860. 

79"  Problèmes  relatifs  à  quelques 
séries  (Ib.,  p.  176). 

80"  Propositions  de  géométrie  (Ib., 
p.  478). 

81«  Notes  sur  V analyse  infinitésimak 
(l.  lV,p.  18  et  89),  1861. 

82"  Exercices  de  trigonométrie  (Ib., 
p.  177,  et  t.  V,  p.  507). 

85«  Quelques  observations  sur  les 
traités  d'arithmétique  (t.  IV,  p.  585,  et 
t.  VI,  p.  254. 

84"  Théorèmes  de  géotnétrie  numé- 
rique (t.  V,  p.  65),  1862. 

85"  Quelques  observations  sur  les 
traités  d' arithmétique^  fib.,  p.  192). 

86"  Mesurage  de  toute  pyramide  (t. 
VI,  p.  119).  1863. 

87"  Sur  le  volume  de  la  pyramuk 

Ib.,  p.  301. 

88"  Aires  et  volumes  de  révolution  : 
problèmes  (l.VI.  p.  46),  1864. 

89"  Du  calcul  infinitésimal  :  démon- 
stration des  principes  éléraeniaires 
(Ibid.,  p.  252). 

90"  Propriétés  infinitésimales  du  cer- 
cle et  problèmes  de  géométrie  numérique 

(Ib.,  p.  412. 

91"  Radicaux  imaginaires  du  sccoti'f 

degré  (t.  VIII,  p.  238),  1865. 

î)2"  Calcul  des  axes  principaux  (Ib., 
p.  410). 


pa«ani  (Gaspard-Michel)  naquit  à 
San-Giorgio,  dans  la  province  pîémon- 
taise  de  Lomelline,  le  î2  février  1796, 
et  mourut  le  10  mai  1855  à  Woubreoh- 
tegem,  entre  Alosl  et  Grammonl.  Il 
perditson  père  il  quinze  mois  et  futélevé 
par  sa  mère  sous  la  surveillance  d[un 
grand  oncle,  le  chanoine  Chîesa,  qui  le 
prit  bientôt  en  afifeclion  C'était  un  en- 
fant précoce  (*)  :  il  avait  quatorze  ans 

dans  une  des  églises  de  la  mèoie  ville»  en 
présence  d'un  auditoire  nombreux.  Destiné  à 
entrer  dans  le  sacerdoce,  à  cause  des  avan- 


m 


PAG 


4y8 


quand  son  i^rofesseur  de  philosophie 
au  collège  de  Yalenza,  le  P.  Gozoni, 
déclara  n'avoir  plus  rien  à  lui  appren- 
dre (')  L'année  suivante,  Pagani  se 
trouvant  enliêrement  orphelin  et  se  sen 
tant  moins  de  goût  pour  la  théologie 
que  pour  les  mathématiques,  alla  suivre 
les  cours  de  rVniversité  de  Turin  au 
lieu  d'entrer  au  Séminaire,  comme  on  le 
hii  avaitd*abord  conseillé.  Peu  de  temps 
après,  il  s*offrit  pour  remplacer  son 
frère  unique,  appelé  à  contre-coeur  à 
faire  partie  de  la  garde  d'honneur  de 
Napoléon  H'  :  l'échange  fiil  accepté.  Le 
générai  Despinois  distingua  le  futur  sa- 
vant et  le  désigna  pour  donner  des  cours 
ft  l'école  militaire  d'Alexandrie  ;  mais 
Uichel  saisit  la  première  occasion  de 
quitter  le  service  et  revint  à  Turin,  où 
il  donna  des  répétitions  de  mathéma- 
tiques, tout  en  poursuivant  ses  études 
U  subit,en  1846  et  en  4817,  les  examens 
les  plus  brillants  sur  le  calcul  différentiel 
et  le  calcul  Intégral,  sur  la  mécanique  et 
sur  l'hydraulique.  Ses  professeurs  et  les 
magistrats  lui  décernèrent  un  diplôme 
des  plus  flatteurs,  où  ils  vantèrent  ses 
connaissances  étendues,  o  spécialement 
dans  Fart  de  mesurer  et  de  distribuer 
les  eaux  courantes,  de  prévenir  et  de 
réparer  la  corruption  des  eaux,  d'em- 
pêcher les  Inondations,  d'éviter  le  dé- 
bordement des  rivières  et  d'améliorer 
les  terrains.  »  Michel  Pagani  se  lança 
dans  la  vie  active  avec  le  titre  d'ingé- 
nieur civil  et  d'architecte  hydraulique. 
Il  débuta  par  le  tracé  du  lit  d'un  canal 
à  Alexandrie;  il  fut  ensuite  nommé, 
provisoirement,  conseil ler-maitre  de  la 
monnaie  à  Turin.  Mais  son  pays  natal 
ne  devait  pas  le  conserver.  Doué  d'une 
imagination  ardente  et  rêvant,. comme 


tant  d'autres,  l'indépendance  de  l'Italie, 
il  crut  prudent  de  se  condamner  à  un 
exii  volontaire,  lorsque  les  décrets  de 
proscription  eurent  frappé  plusieurs  de 
ses  camarades,  dont,  au  reste,  il  ne 
partageait  pas  de  tout  point  les  idées. 
Il  vécut  deux  ans  en  Suisse,  où  il  noua 
des  relations  précieuses,  et  arriva  flna- 
lement  à  Bruxelles  (4822),  où  les  re- 
commandations de  ses  amis  de  Genève 
lui  ménagèrent  le  plus  bienveillant  ac- 
cueil. On  lui  procura  des  élèves,  parmi 
lesquels  nous  citerons  Ph.  Vander  Mae- 
len,quidutà  ses  leçons  de  pouvoir  im- 
primer une  marche  scienliûque  à  l'éta- 
blissement qu'il  venait  de  fonder  pour  la 
géographie.  Le  commandeur  de  Nieu- 
port,\\alter,  Dewez,etc.,  encouragèrent 
les  efforts  du  Jeune  Italien  ;  on  lui  con- 
seilla d'aspirer  à  l'Académie,  de  se 
créer  une  notoriélé  en  remportant  des 
succès  dans  les  concours ,  et  ainsi  de 
se  ménager  le  moyen  d'entrer  tôt  ou 
tard  dans  une  institution  d'enseigne- 
ment public  (*).  L'Académie  lui  ouvrit 
ses  portes  le  28  mars  4825,  après  l'a- 
voir couronné  une  première  fois,  et  au 
moment  de  lui  décerner  une  seconde 
distinction  (*)•  Quelques  mois  plus 
tard,  la  chaire  de  mathématiques  s'é- 
tant  trouvée  vacante  ù  l'Université  de 
Louvain,  des  amis  puissants,  entre 
autres  le  baron  de  Falck  et  le  marquis 
de  Trazegnies,  engagèrent  Pagani  à  la 
solliciter  et  lui  promirent  leur  appui 
auprès  du  gouvernement,  Au  retour 
d'un  voyage  scientifique  en  Angleterre, 
en  Ecosse  et  en  Irlande,  il  reçut  à  la 
fois  l'arrêté  royal  du  47  janvier  4826, 
qui  le  nommait  professeur  extraordi- 
naire, et  l'acte  qui  lui  conférait,  à  par- 
tir du  même  jour,  la  petite  naturalisa- 


taget  d'un  béoéRce  de  famiUe,  il  porta  U 
soutane  étant  encore  dcolier,  comme  c'est 
Toeage  en  Italie  :Qaetelet,  Noike  iur  Paga- 
ni, dans  V Annuaire  de  CAcad.  roy,  de  Bel- 
gique, 4855,  p.  91-446). 

(  *  )  Queielet,  p.  92  —  Nous  eaivons  pas 
à  paa  cette  notice. 

(*)  Il  avait  rintentioD,  en  attendant,  de 
fonder  lui-même,  avec  un  associé,  un  établis- 
aement  privé.  Mais  les  premières  dIfiicuUés 
qn'il  rencontra  sur  son  chemin  le  rebu- 
tèrent, et  l'alAiire  n'eut  pas  de  suite. 


(  *  )  Ce  fut  en  cette  même  année  4825  que  le 
célèbre  géomètre  et  mystique  polonais  Hoè- 
né  Wronski  arriva  de  Londres  à  Bruxelles, 
dans  le  but  de  soumettre  à  l'Académie  une 
invention  nouvelle;  L'Académie  nomma  com- 
missaires Dandelin,  Paguni  et  M.  Quetelet. 
Pagani  sympathisa  peu  avec  le  réformat^'ur  ; 
ses  collègues  se  tinrent  aussi  sur  la  réserve, 
mais  sans  lui  témoigner  la  même  défiance  ; 
ils  acquirent  même  des  droits  à  la  reconnais- 
sance de  Wronski,  meilleur  au  fond,  dit  M. 
Quetelel ,  qu'on  ne  le  pensait  communément. 


499 


PAG 


300 


tion.  Trois  mois  après,  un  mariage 
bien  assorti  (*)  resserra  encore  les  liens 
qui  l'attachaient  à  sa  patrie  d'adoption. 
Dégagé  dès  lors  de  toute  préoccupa- 
tion extérieure,  Pagani  se  livra  sans 
réserve  à  ses  travaux  scientifiques. 
Chaque  année,  TAcadémie  recevait  de 
lui  quelque  mémoire  sur  la  mécanique 
analytique;  il  aurait  fini  par  composer 
un  traité  complet  de  cette  science, 
qu'il  affectionnait  particulièrement.Son 
avenir  se  trouva  inopinément  compro- 
mis par  la  révolution  de  i850  :  la  fa- 
culté des  sciences  de  Louvain  fut  sup- 
primée par  le  gouvernement  provi- 
soire; les  grandes  études  de  Pagani 
subirent  une  interruption  forcée.  Enfin 
îl  put  rentrer  dans  renseignement  :  le 
17  septembre  1852,  il  obtint  le  titre 
de  professeur  à  TUniversité  de  Liège. 
11  reprit  ses  travaux,  mais  avec  moins 
d'énergie  qu'auparavant.  En  1834,  il 
obtint  du  roi  de  Sardaigne  l'autori- 
sation de  faire  un  voyage  en  Italie  : 
il  y  fut  entouré  d'attentions  et  de  pré- 
venances, entre  autres  de  la  part  de 
M.  le  commandeur  de  Plana,  son  an- 
cien professeur.  Rentré  en  Belgique, 
il  fut  pressé  (')  d'accepter  une  chaire 
à  l'Université  catholique,  dont  on  for- 
mait alors  le  personnel  :  l'exemple  d'un 
de  ses  collègues  de  la  Faculté  de  droit 
contribua  à  le  décider  ;  le  2K  novembre 
4855,  il  reçut  sa  nomination  signée  de 
tous  les  évèques  de  Belgique.  11  revit 
encore  trois  fois  l'Italie  :  ses  deux  der- 
niers voyages  furent  entrepris  par  rai- 
son de  santé.  A  partir  de  1855,  il  dut 
renoncer  à  ses  cours;  en  avril  1855, 
il  visita  encore  ses  anciens  amis  de 
Liège  :  leur  chaleureuse  réception  lui 
fit  du  bien.  Mais  ce  n'était  qu'un  mieux 
factice  ;  parti  à  la  fin  du  même  mois 
pour  sa  campagne  de  Woubrechtegem, 
il  y  passa  quatre  jours  heureux,  dans 
les  Joies  de  la  famille,  puis  tomba  sé- 
rieusement malade  et  mourut  en  chré- 


tien ,  après  dix  Jours  de  souffrances 
qu'il  supporta  avec  un  courage  héroï- 
que. Les  dernières  années  de  sa  vie 
n'avaient  pas  été  inoccupées;  mais  il 
avait  fini  par  ne  plus  songer  que  de  loin 
en  loin  aux  vastes  travaux  rêvés  jadis,  et 
ses  communications  à  TAcadémie  n'é- 
taient plus  guère  relatives  qu'à  des 
questions  d'une  importance  secondaire. 
Il  se  sentait  depuis  longtemps  fatigué, 
à  ce  point  que,  sur  sa  demande  et 
à  ses  frais  ^  l'Université  de  Louvain 
avait  consenti  à  lui  donner  un  sup- 
pléant (').  Il  assista  jusqu'à  la  fin  aux 
séances  de  l'Académie,  consentant  de 
temps  en  temps  à  examiner  des  Mé- 
moires, mais  n'aimant  plus  à  se  charger 
d'un  travail  de  rédaction.  Il  parlait  peu 
de  ses  souffrances  ;  cependant  on  aper- 
cevait sans  peine  qu'il  en  était  accablé. 
Pagani  était  chevalier  de  l'ordre  de  Léo- 
pold  depuis  le  20  sept.  i841.  Il  faisait 
partie  de  la  Société  des  Sciences  phy- 
siques etchimiques  de  France  (1854);  de 
la  Société  des  Sciences,  etc. ,  d'Anvers 
(1854)  ;  de  l'Académie  de  Turin  (1837), 
etc.  (*).  A  Liège,  il  devint  membre  de 
la  Commission  administrative  de  l'E- 
cole industrielle;  à  Louvain  (1855), 
membre  et  sociétaire  de  la  Commission 
administrative  de  l'Ecole  modèle,  il 
siégea  pendant  huit  ans  au  Jury  cen- 
tral, pour  la  Faculté  des  sciences-  — 
Nous  empruntons  à  M.  Quetelet  la  liste 
de  ses  ouvrages,  en  y  joignant  un  ex- 
trait des  appréciations  de  l'honorable 
secrétaire-perpétuel  de  l'Accadémie. 

I.  Travaux  publiés  par  F  Académie 
royale  de  Belgique, 

1^  Analyse  des  lignes  spiriques  (Mém, 
couronnés,  t.  Y.  1825). 

Les  lignes  spiriqaes  ou  sections  anna- 
laires  sont,  comme  on  sait,  des  courbes  du 
4«  degré ,  formées  par  l'intersection  d'un 
plan  avec  la  surface  du  solide  engendré  par 
la  circonvolution  d'un  cercle  autour  d'uo 
axe  donné  de  position.  On  en  attribue  la  dé- 


(*)  Pagani  épousa  M^i^  Waepenaert  de 
Termiddel  Erpen,  d'Alost(i9  avril  ^826;. 

(*}  Des  démarches  avaient  été  faites  au- 
près de  lui  dès  la  fin  de  1834,  avant  son 
départ  pour  l'Italie  ;  mais  il  n'avait  voulu 
prendre  aucun  engagement. 

('  )  Andries,  un  de  ses  meilleurs  élèves, 


mort  en  1848,  à  peine  âgé  de  24  ans.  Pa- 
gani fut  très-sensible  à  cette  perte.  ^V.  la 
Ùiographie  nationale,  art.  ANDRIES). 

(*)  Le  "ii  mai  18S6,  il  avait  été  nommé 
membre  de  la  Société  Concordia,  de  Bru- 
elles.  (V.  l'art.  Lesbroussart). 


§01 


PAG 


;o2 


couverte  au  géomètre  tecien  Pertem  ;  chez 
les  modernes,  elles  ont  été  particulièrement 
étudiées,  sous  le  rapport  de  leurs  propriétés 
usuelles,  par  Hachette,  dans  son  Court  de 
géométrie  desenpth*e,  L'Académie  de  Bel- 
gique ayant  demandé  l'équation  générale 
des  lignes  spiriqucs ,  avec  discussion  com- 
plète, M.  Vène,  capiUine  du  génie  en  France, 
obtint  une  médaille  d'argent  en  4823  ;  mais 
la  question  fut  remise  au  concours  l'année 
suivante.  La  médaille  d'or  échut  à  Pagani  et 
la  médaille  d'argent  à  M.  Demoor,  ingénieur 
en  chef  du  Waaterstaat.  Le  Mémoire  dont 
il  s'agit  ici  est  très -soigné,  surtout  dans 
la  seconde  partie ,  consacrée  è  la  discussion 
de  l'équalion  générale  :  cependant  l'auteur 
s*y  occupe  des  questions  géométriques  beau- 
coup plus  que  des  questions  de  pratique, 
en  dépit  de  son  épigraphe  :  Ntst  utile  est 
quodfaeimuSf  ttufta  e»t  gloria, 

^  Sur  la  question  :  Vn  fil  flexible  et 
uniformément  pesant,  étant  sutpendu 
par  Vune  de  ses  extrémités  à  un  point 
fixe ,  et  soulevé  par  son  autre  extrémité 
à  une  hauteur  et  à  une  distance  quel- 
conques^  si  Von  vient  à  lâcher  cette  se- 
conde extrémité,  et  à  abandonner  ainsi 
ce  fil  à  Paction  libre  de  la  pesanteur,  on 
demande  les  circonstances  de  son  mou- 
vement dans  Vespace  supposé  vide,  (Mém. 
C4juronnés,  îbid.)- 

Il  s'agit,  dit  Pagani,  d'un  véritable  pro- 
blème de  calcul  intégral,  et  sous  un  énoncé 
aussi  simple,  il  faut  voir  ici  an  écueil,  contre 
lequel  viendront  se  briser  longtemps  encore 
les  efforts  de  l'analyse  actuelle.  De  tous 
temps,  les  plus  grands  géomètres  se  sont 
vusarrètés  par  des  obstacles  qui  paraissaient 
insignifiants  au  premier  abord,  mais  qui  n'é- 
taient pas  moins  invincibles  par  les  forces 
actuelles  de  la  science.  Platon  et  tous  les 
géomètres  de  premier  ordre  de  l'antiquité  se 
sont  trouvés  incapables  de  résoudre  le  fa- 
meux problème  d«)  la  duplication  du  cube, 
et  tout  le  savoir  de  Galilée  a  été  insuffisant 
lorsqu'il  s'est  agi  de  déterminer  la  courbe 
de  la  chaînette.  —  L'ouvrage  de  Pagani  n'est 
point  remarquable  par  des  aperçus  nou- 
veaux, mats  en  ce  qu'il  présente  fait  bien 
connaître  les  résultats  obtenus  jusqu'è  lui. 
Ce  qui  l'a  toujours  distingué  dans  ses  tra- 
vaux de  géométrie  analytique, dit  M.  Quete- 
let,  c'est  moins  l'invention  de  méthodes  nou- 
veUes,  qu'une  exposition  claire  et  exacte  de 
la  méthode  des  grands  maîtres  ;  c'est  par  là 
qu'il  se  faisait  remarquer  surtout,  comme 
professeur  des  sciences  mathématiques. 

V"  Mémoire  8ur  le  principe  des  vi- 
tesses virtuelles  (Mém.  des  Membres  de 
rAcadémie,  t.  III,  1936). 


Résumé  des  travaux  de  Lagrange;  remar- 
quable par  une  grande  élégance  dans  le  choix 
des  formules. 

4*»  Mémoire  sur  Téquilibre  des  sys- 
tèmes flexibles  (Ibid.,  t.  IV,  1827). 

«  Lagrange,  dans  sa  Mécanique  analy- 
tique, et  Poisson,  dans  un  mémoire  lu  à 
l'Institut  de  France  en  i Si  4,  avaient  traité 
ce  sujet  avec  beaucoup  de  savoir  :  le  cheva- 
lier Cisa  de  Grety,  dans  les  Mémoires  de 
V Académie  de  Turin  (48i6),  avait  abordé 
un  cas  spécial,  celui  de  l'équilibre  des  sur- 
faces flexibles,  qui  semblait  avoir  échappé 
aux  recherches  de  ses  savants  prédéces- 
seurs. Pagani  revint  avec  persévérance  sur 
ce  problème  et  crut  rendre  un  service  II  la 
science,  en  cherchant  è  répandre  quelque  lu- 
mière nouvelle  sur  un  sujet  aussi  délicat, 
que  Lagrange  lui-même  ne  semblait  pas 
avoir  complètement  embrassé.  La  difilculté, 
en  effet,  ne  consistait  pas  dans  l'emploi  du 
principe  des  vitesses  virtuelles  pour  mettre 
ce  problème  en  équation,  mais  bien  dans 
l'usage  de  la  méthode  des  variations,  pour 
exprimer  algébriquement  les  conditions  qui 
dépendent  de  la  nature  du  système.  »  (Que- 
telet,  p.  iOO). 

5^  Mémoire  sur  le  développement  des 
fonctions  arbitraires  en  séries  dont  les 
termes  dérivent  de  la  même  fonction 
continue  (Ibid,,  t.  V,  1829). 

«  Il  importait  ici  de  savoir  comment  La- 
grange avait  été  prévenu  par  un  autre  géo- 
mètre, en  introduisant  dans  sa  méthode  une 
notation  nouvelle  ;  ainsi,  il  s'agissait  de  dé- 
velopper tous  les  coefficients  des  termes 
d'une  série  qui  dérive  d'une  même  fonction, 
d'après  une  certaine  loi,  de  manière  que  la 
somme  de  tous  ces  termes  fût  égale  à  la  va- 
leur d'une  fonction  arbitraire  donnée,  pour 
toutes  les  valeurs  de  la  variable  comprises 
entre  les  deux  limites  connues.  L'auteur  dé- 
crit les  tentatives  de  Lagrange  fc  cet  égard, 
celles  plus  explicites  de  Pourier,et  enfin,  ce 
qu'il  a  essayé  lui-m^me  pour  exposer  la 
théorie  des  fonctions  arbitraires  d'une  ma- 
nière générale  et  Indépendante  de  toute 
question  de  ;)hysique  »  (Quetelet,  p.  iOl). 
—  A  l'occasion  de  ce  mémoire,  M.  Quetelet 
insiste  sur  les  idées  qui  préoccupaient  alors 
Pagani,  et  fait  remarquer  que  ce  savant 
avait  porté  fort  loin  ses  prévisions  ;  mais  il 
s'entourait  de  difficultés  de  toute  sorte,  et 
c'est  peut-être  ce  qui  le  força  de  s'arrêter 
de  bonne  heure  dans  la  voie  de  l'analyse.  En 
4839,  il  exposa  dans  un  cours  public,  devant 
un  nombreux  auditoire,  un  nouveau  système 
de  physique,  dont  il  crut  devoir  donner  une 
idée  à  M.  Quetelet,  afin  de  (^revenir  le  re- 
proche  de  plagiat,  au  cas  oii  les  Idées  qu'il 


50^5 


PAG 


504 


énetUii  86  retroa version l  dans  un  travail 
da  même  genre  qui  venait  d'être  adres»(:  par 
M.  Parrot,  médecin  à  Grenoble,  à  l'Acadé- 
mie des  sciences  de  Paris.  M.  Quetelet  ne 
put  obtenir  qu'une  mention  dans  les  Bulle- 
tins de  l'Académie  royale  de  Belgique.  Nous 
reproduisons,  d'après  lui,  la  déclaration  de 
Pagani  : 

>  Depuis  longtemps,  tes  physiciens  tâ- 
chent de  ramener  l'explication  des  phéno- 
mènes naturels  à  des  lois  très-simples  et  fc 
an  petit  nombre  de  principes.  Voici  ceux 
que  j'ai  adoptés  dans  mon  cours  et  au  moyen 
desquels  j'explique,  de  la  manière  la  plus  fa- 
cile, tontes  les  lois  générales  et  tous  les 
phénomènes  particuliers  de  la  nature  inor- 
ganique. 

»  i9  Je  donne  le  nom  d'atome  à  une  éten- 
dve  extrêmement  petite  en  tous  sens,  dont 
la  forme  est  invariable  et  dont  la  figure  et  la 
densité  ne  peuvent  être  déterminées  à 
priori  ; 

»  99  Tous  les  atomes  sont  doués  de  Tinerlie 
et  de  l'impénétrabilité;  ils  sont,  en  outre, 
animés  chacun  do  deux  forces,  l'une  qui 
attire  et  l'autre  qui  repousse,  en  raison  di- 
recte des  masses  et  en  raison  inverse  du 
carré  de  la  distance; 

»  3«  En  séparant  les  atomes  en  deux 
classes,  tous  ceux  de  la  première  classe,  que 
j'appelle  pondirablea,  se  repoussent  entre 
eux  et  attirent  ceux  de  la  seconde  classe,  que 
je  nomme  éthérés  ;  les  atomes  étht^rés  se  re- 
poussent et  attirent  les  atomes  pondérables; 

»  4»  Tous  les  atomes  pondérables  n'ont 
pas  la  même  ûgure  ni  la  même  densité;  les 
variétés  dans  la  forme  et  dans  la  masse  de 
ces  atomes  établissent  les  divers  éléments 
des  corps.  U  est  impossible  de  déterminer 
d'avance  si  tous  les  atomes  éthérés  sont 
identiques  entre  eux  ;  cette  détermination, 
aussi  bien  que  celle  des  variétés  des  atomes 
pondérables,  dépend  des  pbénonoènes  parti- 
culier» qui  doivent  la  fixer,  comme  toutes 
les  constantes  arbitraires  introduites  dans 
le  calcul  par  les  intégrations  sont  détermi- 
nées par  certains  faits  connus. 

»  Ces  quatre  principes  posés,  je  puis  dé* 
finir  d'une  manière  claire  et  rigoureuse  les 
mots  corp$^  corps  simple,  corps  compote  ^ 
corps  homogène  f  corps  hétérogène,  Vétat  so- 
lide^ l'étût  liquidé  et  gazeux  d'un  corps  ;  la 
eohésiiM,  la  viscotUé  et  ÏHasticité. 

»  Une  molécule  corporelle  étant  un  corps 
dont  les  dimensions  sont  très- petites,  doit 
être  considérée  c^omme  un  assemblage  de 
plusieurs  atomes  pr»ndérables  et  éthérés. 
Deux  molécules  placées  à  une  dislance  trè»- 
grande  comparai  vement  aux  dimensions  des 
atomes,  s'attirent  toujours  en  raison  directe 
des  masses  et  en  raison  inverse  du  carré  de 
la  distance  entre  les  deux  centres  d'action. 


Cette  force,  connue  sous  le  nom  de  pesanuur 
universelle,  n*est  que  l'excès  de  la  force 
attractive  des  atomes  pondérables  d'une 
molécule  relativement  aux  atomes  éthérés 
de  l'autre,  et  réciproquement,  sur  la  force 
répulsive  des  atomes  pondérables  et  des 
atomes  éthérés  d'une  molécule  par  rapport 
aux  atomes  de  même  nom  de  l'autre  molé- 
cule. Cette  loi  explique,  comme  on  sait,  tous 
les  phénomènes  à  distance^  ce  qui  comprend 
toute  la  mécanique  céleste. 

»  La  théorie  des  phénomènes  capillaires, 
la  théorie  des  vibrations  des  corps  élastiques, 
les  compositions  et  les  décompositions  chi- 
miques, etc.,  s'expliquent  par  l'analyse  des 
forces  attractives  et  répulsives  des  atomes, 
en  ayant  égard  à  leur  figure  et  à  leur  dureté; 
ce  qui  peut  donner  des  résultats  tout  opposés 
à  ceux  que  fournirait  la  simple  loi  de  la  gm- 
vilation  universelle. 

»  Enfin,  la  lumière  consiste  dans  le  mou- 
vement vibratoire  des  atomes  éthérés,  la 
chaleur,  dans  la  condensation  de  ces  atomes; 
le  froid,  dans  leur  raréfaction.  L'électricité 
vitrée  n'est  autre  chose  que  le  fluide  éthéré 
rendu  libre  à  la  surface  des  corps  ;  l'électri- 
cité résineuse  se  manifeste  lorsqu'une  certaine 
quantité  de  fluide  éthéré  est  enlevée  è  la 
surface  d'un  corps.  L'électro -magnétisme  et 
les  phénomènes  magnétiques  s'expliqneat 
par  la  considération  des  mouvements  de 
transport  des  atomes  éthérés  et  quelquefois 
des  atomes  pondérables  ;  lequel  mouvement 
est  une  conséquence  nécessaire  de  la  rupture 
de  l'équilibre  entre  les  atomes  pondérables 
et  les  atomes  éthérés.  > 

Pagani  termine  en  annonçant  qu'il  se  pro- 
pose d'écrire  un  traité  complet  de  physique 
basé  sur  ces  principes.  —  L'Académie  cmt 
devoir  garder  le  silence;  il  lui  parut,  malgré 
la  grande  confiance  que  lui  inspirait  l'auteur 
du  système,  que  l'hypothèse  de  nouvelles 
forces  devait  être  justifiée  autrement  que  par 
des  raisonnements.  Pagani  ne  se  découragea 
point;  seulement,  dans  ses  cours  ordinaires, 
il  s'abstint  pour  le  moment  de  s'écarter  des 
idées  reçues.  —  La  révolution,  comme  nous 
l'avons  dit,  interrompit  ses  études. 

6«  Mémoire  sur  la  théorie  des  projec- 
tions algébriques  (Ihid.  t.  VU,  1832). 

Non  seulement  l'auteur  se  proposait  de 
donner  les  principaux  théorèmes  relatifs  aux 
projections  ;  mais  il  voulait  présenter  une 
solution  nouvelle  de  l'important  problème  où 
il  s'agit  de  déterminer  le  mouvement  de  ro- 
tation d'un  corps  solide.  Il  avait  fait  à  Paris, 
en  48^8,  la  connaissance  du  baron  Foorier  : 
on  reconnaît  ici  l'influence  de  ses  entrevues 
avec  ce  savant ,  par  sa  tendance  à  traiter 
plus  spéeialemeBt  les  questions  relatives  à 
la  constitution  de  noire  univers* 


r»5 


PAG 


506 


7"*  Recbercbessur  rinlégration  d'une 
classe  d*équalions  aux  différentielles 
partielles  linéaires,  relatives  au  mouve- 
ment de  la  chaleur  (7^td.  t.  VIII,  1854;. 

QuelqneB  parties  de  ce  travail  avaient  déjà 
paru  dans  la  Correspondance  maihémiHique 
de  M.  Quetelet.  Pagani  soogeait  toujours  il 
traiter  successivcmeat  des  diflérenles  parties 
de  TéquRibre  et  du  mouvement,  pour  re- 
prendre ensuite  toutes  ces  éludes  spéciales 
et  en  former  un  corps  de  doctrine. Son  analyse 
est  habile;  mais  il  vit  plutôt  des  pensées  des 
grands  maîtres  que  des  siennes  propres.  On 
voit  qu'il  tourne  volontiers  autour  des  diffl- 
cultés  scientifiques  pour  se  donner  la  satis- 
faction de  les  vaincra,  plutôt  que  pour  se 
faire  un  nom  (Quetelet,  p.  106  . 

8""  Note  sur  l'équilibre  d'un  système 
dont  une  partie  est  supposée  inflexible, 
et  dont  Tautre  partie  est  flexible  et  ex- 
tensible (Ibid.,  t.  VlU,  1854). 

A  Fappui  de  la  dernière  observation  que 
lai  a  suggérée  le  mémoire  n^  7,  ]|||.  Quetelet 
cite  la  déclaration  suivante  de  Paguni  :  «Dans 
les  derniers  mois  do  l'année  1828,  je  rédigeai 
sur  le  môme  sujet  (le  sujet  de  la  présente 
note)  un  essai  qui  fut  présenté  à  l'Académie 
de  Bruxelles,  et  qui  mérita  les  encourage- 
ments de  cette  savante  compagnie.  Duns  mon 
travail,  je  supposai,  comme  tous  les  géomètres 
qui  s'étaient  occupés  de  ce  point  de  statique, 
que  la  forme  du  système  est  invariable,  et 
après  avoir  établi  à  priori  que  la  somme  des 
carrés  des  pressions  doit  être  an  minimum, 
je  fis  voir  que  ce  principe  conduisait  fc  l'hypo- 
thèse d'Euler.  Je  me  propose  maintenant  do 
revenir  sur  le  même  objet ,  en  ayant  égard 
cette  fois  à  la  déformation  du  système  t  ce 
qui  fait  disparaître  l'indétermination  qui 
existe  efTectivcmcnt  dans  le  cas  général  où  la 
forme  du  système  est  supposée  invariable.  » 

9"  Problème  relatif  au  cilcul  des 
variations  (BulL  de  l'Acad-,  t*  11»  p-  ^i, 
1855). 

10^  Note  sur  un  point  de  mécanique 
analytique  (Ibid^,  t.  lii,  p.  262,  4836. 

1  i^  Sur  la  forme  d'un  corps  doué  de 
la  plus  grande  attraction  (Ibid,,  p.  505). 

12"  Rapport  sur  deux  mémoires  de 
M.  Uartynowski  (Ibid,,  t.  IV,  p.  81  et 
155,  1857. 

1 5°  Mémoire  sur  Téquilibre  d'un  corps 
solide  suspendu  k  un  fil  flexible  (Mém» 
de  VAcàd,,  t.  X,  1857). 


I  Ce  Mémoire,  dit  M.  Quetetat»  renferma 

encore  un  exemple  bien  frappant  du  change- 
menlqui  s'était  manifesté  dans  notre  con* 
frère,  k  l'égard  des  théories  mathématiques. 
On  y  trouve  une  nouvelle  preuve  qu'il  a  quitté 
les  méthodes  générales  pour  s'occuper  de 
problèmes  qui  attiraient  ratlenlion.  J'avais 
décrit  dans  la  Correspondance  mathématique 
une  expérience  asses  curieuse  de  M.  Gregory, 
professeur  de  mathématiques  à  Woolwich. 
Il  s'agissait,  entre  autres,  de  l'équilibre  d*un 
corps  attaché  par  un  point  &  l'extrémité  in- 
férieure d'un  cordon,  dont  l'autre  extrémité 
est  fixée  à  l'axe  vertical  d'une  roue  qui  tourne 
avec  une  vitesse  constante.  M.  Pagani  avait 
étudié  avec  soin  les  différents  mouvements 
que  prend  le  corps,  et  en  avait  fait  Tol^eL  de 
notes  qui  avaient  excité  l'attention  de  M.  de 
Salys,  jeune  officier  do  génie,  nouvellement 
sorti  de  l'Ecole  polytechnique,  qui  présenta 
ses  observations  dans  le  même  recueil  (  *  ). 
Pagani,  en  s'attachant  à  répondre  aux  objec- 
tions qui  lui  avaient  été  faites,  était  parvenu 
à  faire  un  travail  assez  complet;  c'est  ce 
mémo  travail  qu'il  reprend  plus  tard  avec  plus 
d'ensemble,  mais  sans  trop  se  soucier  de  la 
distance  qu'il  met  entre  ses  études  sur  la 
mécanique  en  général  (p.  107).  • 

14"  Mémoire  sur  Téquation  A"  «=C 
(/Wi.,  t.  XI,  1858). 

Cette  difllcullé  avait  déjà  préoccupé  Euler; 
Pagani  s'attache  à  en  développer  l'interpréta* 
tion. 

15^  Note  relative  à  l'équation  binôme 
A»  «=  C  iJBM.  de  l'Acad.,  t.  lY»  p.  587 
et  455,  1857). 

1 6®  Note  sur  la  théorie  algébrique  des 
logaritbmes  (/i».,t.  VI,  1'*  partie,  p.  256, 
1859). 

17"  Quelques  considérations  mathé- 
matiques sur  les  vents  alizés  (/^.,  p.  442). 

18**  Note  sur  une  nouvelle  manière  de 
parvenir  aux  équations  fondamentales 
de  r hydrodynamique  (It.y  t.  VI ,  2''  p., 
p.  26, 1859). 

19"^  Nouveau  théorème  de  statique, 
qui  comprend  le  (U^lébre  théorème  de 
Leibniz  (!b,,  p.  497). 

20"  Mémoire  sur  quelques  transfor- 
mations générales  de  Téquation  fonda- 
mentale de  la  mécanique  ()/éiit.  de  l'A- 
a<(/.,t.Xll,  1859). 

Ecrit  substantiel,  oii  l'auteur  s'attache  sur- 


(  *  )  M.  le  général  Nerenburger .  parent  de 
M.  de  Salys,  prit  pari  à  celte  di:i€Uâsion, dont 


les  résultats  ne  furent  pas  sans  intérêt. 


SOT 


PÉT 


508 


tout  à  montrer  les  avantages  d'une  notation 
qu'il  avait  indiquée  et  que  Poisson  employa 
depuis,  à  la  fin  de  l'introduction  de  son  Traité 
de  mécanique  {publié  en  4883),en  lui  donnant 
le  nom  de  permutation  tournante. 

21  '  Rapport  sur  un  Mémoire  du  con- 
cours de  i840  (Bull,  de  VAcad.,  t.  Vil, 
1«  partie,  p.  277,  4840). 

22«  Note  sur  quelques  transforma- 
lions  algébriques  (Ib.,  2«  p..  p.  50, 
1840). 

25<>Notesurquelquestransformations 
des  équations  relatives  au  mouvement 
d'un  point  matériel  (Ib.,  t.  VIII,  271,  p. 
152, 1841). 

24^  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M. 
Pioch  (l.  X,  1"  p.,  p.  94, 1845). 

25**  Note  sur  la  manière  de  parvenir 
aux  équations  fondamentales  de  Thy- 
drodynamique  (t.  X,  2«  p.  p.  279, 1845). 

26"*  Note  sur  une  fonction  exponen- 
tielle (t.  Xni,  2«-p.,  p.  547, 1846). 

27»  Nouvelle  démonstration  des  for- 
mules relatives  au  rayon  du  cercle  os- 
culaieur  (  t.  XIV,  V*  p.,  p.  185,  1847). 

28^  Rapport  sur  un  Mémoire  du  con- 
cours de  1849  (l  XVI,  2«  p.,  p.  615, 
1849). 

29»  Sur  le  théorème  d*Euier,  relatif  à 
ladécom|K>silion  du  mouvement  de  ro- 
tation des  corps  (t.  XIX,  2®  p.,  p.  161, 
1852). 

30"  Mémoire  sur  le  mouvement  d*un 
point  matériel  rapporté  à  trois  axes 
fixes  dans  un  c^rps  mobile  autour  d'un 
point  (t.  XIX,  5«  p.,  p.  49, 1852). 

II.  Travaux  non  publiés  par  F  Aca- 
démie. 

31<^  Résumé  des  leçons  sur  la  géo- 
métrie et  la  mécanique  des  arts  indus- 
triels. 1826,  in-8«. 

Ce  résumé»  comprenant  96  leçons ,  était 
destiné  à  servir  de  manuel  dans  l'enseigne- 
ment. L'auteur  n'en  annonça  la  publication  à 
personne,  insouciance  qui  lui  attira  des  dif- 
ficultés avec  son  libraire  et  lui  coûta  une 
somme  assez  ronde. 

52^  Divers  articles  dans  la  Corres- 


pondance mathématique  et  physique  de 
M.  Qnetelet,  savoir  : 

Vitesses  virtuelles,  11, 19,  94  et  158 
(1820);  Spiriques,  H,  257,  (1826); 
Problèmes,  II,  559  (1826)  ;  III,  156 
(1827);  IV.  226  (1828);  Vitesses  vir- 
tuelles, 111,75  (1827);  Résonnance,!!!, 
145;  Théorie  de  la  chaleur,  III,  257; 
IV,  584  (1828)  ;  Dynamique,  IV,  58, 
504  ;  V,  227  (1829)  ;  VI  (1850)  ;  Points 
brillants,  IV,  127  (1828)  ;  RotaUon  des 
corps,  IV,  254;  Théorie  des  équations, 
IV,  291  ;  Optique,  V,  222  (1829)  ;  Mé- 
ciinique,  VI,  h7  (1830)  ;  Analyse,  VI, 
210  ;  Balistique,  Vil,  128(1852);  Mé- 
canique analytique,  VII,  169,217,257, 
297(1852);  VIII,  62(1855). 

55*  Différents  écrits  dans  les  Mé- 
moires de  r Académie  de  Turin. 

—  On  lit  dans  le  Bulletin  de  T Aca- 
démie royale  de  Belgique^  année  1840, 
p.  162  :  «  M.  Pagani  annonce  à  TAcadé- 
mie  quHI  s'ocxupe  de  la  rédaction  d*un 
travail  sur  les  principes  fondamentaux 
de  l'analyse  algébrique,  et  qu'il  se  pro- 
pose de  le  soumettre  incessamment  k 
rapprobation  de  la  Compagnie.  Il  se 
borne,  pour  le  moment,  à  faire  con- 
naître qu'il  croit  être  parvenu  à  établir 
une  théorie  complète  des  quantités  né- 
gatives et  imaginaires,  et  à  démontrer 
que  ces  dernières  quantités  peuvent 
servir,  au  même  titre  que  les  quantités 
négatives,  à  la  construction  géométrique 
des  problèmes  de  la  géométrie  analy- 
tique. »— Il  n'a  pas  été  donné  suite  à  ce 
projet. 


l>oter«.  Vaunt     (  GiLLES  -  PaSCAL- 

Napoléon),  néà  Glons  le  17  mai  1804, 
mourut  subitement  à  Liège  le  15  dé- 
cembre i867.  Après  avoir  achevé  ses 
humanités  sous  la  direction  de  son 
frère  aine,  maître  intelligent  et  instruit 
('),  il  suivit  à  rUniversité  de  Liège  les 
cours  de  la  Faculté  des  sciences.  Reçu 
pharmacien  avec  la  plus  grande  dis- 
tinction, par  la  Commission  médicale  de 
la  province,  le  15  août  1826,il  prit  part. 
Tannée  suivante,  au  concours  public 


(*)  M.  l'abbé  Peters,  auteur  de  plusieors      dit  da  Beaurtgûrd,  faaboorg  St-Giiles,  à 
ouvrages  classiques  et  fondateur  du  collège      Liège  (aujourd'hui  llnstitutSt-Joieph). 


509 


RAI 


510 


que  la  Régence  de  Liège  ouvrit  entre 
les  candidats  à  la  chaire  de  pharmacie 
instituée  en  cette  ville  (M.  Ses  efforts 
furent  couronnés  de  succès  i  ')  ;  un  ar- 
rêté royaldu  4  décembre  1821  le  nomma 
professeur  à  Thôpital  de  Bavière.  Il  y 
ût  son  cours  pendant  huit  ans,  tout  en 
remplissant  les  fonctions  de  pharma- 
cien en  chef  des  hospices  civils.  En 
i  855,  lors  de  la  réorganisation  de  ren- 
seignement supérieur,  il  obtint  le  titre 
d'agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de 
rUniversité.  Le  7  décembre  1854  , 
il  fut  nommé  professeur  extraordi- 
naire; le  16  mars  18GI,  professeur 
ordinaire.  Ses  attributions  restèrent 
les  mêmes  pendant  tout  le  cours 
de  sa  carrière  universitaire,  savoir  : 
!•  PItartnacie  théorique,  y  compris 
rhistoire  des  drogues  et  des  médica- 
ments ,  leurs  altérations  et  leurs  falsi- 
fl cations,  les  doses  maxima  auxquelles 
on  peut  les  administrer  ;  2»  Pharmacie 
jn-atique^  y  compris  les  opérations  to- 
xicologiques.  En  1867,  il  demanda  un 
suppléant  pour  la  partie  non  chimique 
de  son  enseignement  :  le  gouvernement 
lui  adjoignit  M.  le  docteur  Van  Aubel 
(V.  ce  num),  son  gendre.  L'École  de 
pharmacie,  installée  dans  un  labora- 
toire spacieux  et  bien  aménagé,  répond 
de  tous  points  k  sa  destination,  si  ce 
n*est  qu'elle  pourrait  être  plus  riche  en 
appareils.  Les  résultats  qu'elle  a  four- 
nis, sous  rimpulsion  intelligente  et  vi- 
goureuse de  PeterS'Vaust ,  méritent 
d^ètre  signalés.  Depuis  que  les  élèves 
subissent  leurs  examens  devant  les 
jurys  combinés,  on,  pour  parler  plus 
précisément,  de  1849  à  1867,  trois  ré- 
cipiendaires seulement  ont  été  ajour- 
nés, ce  qui  constitue  une  proportion 
tout  à  fait  excejHionnelle.  Des  93  phar- 
maciens formés  pendant  cette  période, 
55  ont  été  reçus  avec  la  plus  grande 
distinction,  5  avec  grande  distinction 
(grade  aujourd'hui  supprimé),  5i  avec 
distinction,  19  enûn  d'une  manière  sa- 
tisfaisante. De  pareils  chiffres  en  disent 


assez  par  eux-mêmes.  —  Peters  faisait 
partie  de  la  Commission  médicale  pro- 
vinciale depuis  le  54  décembre  1857  ; 
H  présida  ce  corps  en  1865,  4864  et 
1865.  11  était  membre  honoraire  de 
l'Académie  royale  de  médecine  de  Bel- 
gique (arrêté  royal  du  1  décembre 
1862)  et  affilié  à  plusieurs  autres  so- 
ciétés savantes.  —  Y.  l'art.  Chande- 

LON. 


Rnlkem  (ANTOmE-FRANÇOIS^OSEPH) 

naquit  à  Liège  le  20  juillet  1785,  et  y 
mourut  le  4  octobre  1862.  Il  fit  de 
fortes  études  à  l'Ecole  centrale  du  dé- 
partement de  i'Ourte,el  partit  dès  4800 
pour  Paris,  avec  une  vocation  décidée 
pour  la  carrière  de  son  père,  médedo 
très-distingué  (*)  Au  quartier  latin,  il 
retrouva  les  Hauzeur,  les  Nysten,  les 
Dejaer,  les  Colson,  comme  lui  enfants 
de  Liège,  comme  lui  passionnés  pour 
la  science.  Il  conquit  des  palmes  aca- 
démiques, obtint  au  concours  le  titre 
d'élève  de  l'École  pratique,  et  fut  ensuite 
attaché  au  service  de  l'hôpital  St-An- 
toine.  Trois  fois  de  suite  il  mérita  le  prix 
d'émulation  que  l'administration  décer- 
nait annuellement  aux  élèves  internes 
les  plus  recommandables.  La  Gazette 
de  Liège  de  J-F.  Desoer  (n»  du  40  août 
4840)  nous  apprend  que  ses  succès  lui 
valurent  des  félicitations  nationales,  et 
que  lamunicipalité  liégeoise  lui  accorda 
une  récompense  pécuniaire.  Raikem 
fut  reçu  docteur  en  médecine  de  la  Fa- 
culté de  Paris, le  4  décembre  4807.  Il 
ne  quitta  point  la  grande  cité,  mais  s'y 
établit  en  praticien  ;  le  24  mars  4808# 
le  préfet  de  la  Seine  le  nomma  médecin 
du  bureau  de  bienfaisance  de  la  section 
de  Montreuil,  et  Tannée  suivante,  mé- 
decin de  la  garde  nationale  du  même 
arrondissement  (8').  Son  mérite  attira 
l'attention  toute  particulière  de  l'illustre 
Halle,  de  l'Institut,  médecin  ordinaire 
de  l'Empereur.  Sur  la  proposition  de  ce 
personnage,  Raikem  fut  attaché  en  qua- 


(*)  Règlementda  ii  avril  1827,  approuve 
par  le  gouverDement  le  7  juillet  suivant. 

(')  Les  épreuves  durèrent  trois  jours. 

(  '  •  Guillaume- François- Joseph  Raikem  , 
doeteur  de  la  Faculld  de  Nancy,  avait  été 


médecin  consultant  du  dernier  priuce-évèque 
de  Liège  ;  il  remplissait  alors  ses  fonctions 
de  médecin  des  hôpitaux  civils  de  sa  ville 
nalale. 


5H 


RAI 


512 


lité  de  médecin,  par  décret  du  17  oc- 
tobre 1810,  aux  enfants  des  princes  de 
Lucques  et  de  Piombino.  Il  vécut  à  la 
cour  de  Florence,  entouré  de  restime 
générale,  Jusqu*à  la  chute  de  la  famille 
qui  Tavait  appelé  ;  la  grande-duchesse 
Elhalul  coniia,  outre  les  fonctions  pré- 
citées, le  service  médical  de  sa  maison 
et  de  la  pagerie.Ce  fut  à  Florence  qu'il 
épousa  M"**  Marie-Louise  Corsî,  camé- 
riste  de  la  princesse  Napoléon  Baciocchi  : 
union  heureuse,  d*où  naquirent  six  en- 
fants, qull  eut  le  bonheur  de  voir  gran- 
dir autour  de  lui.  Les  événements  ne  le 
prirent  pas  au  dépoun'u  :  il  passa  avec 
éclat  les  examens  nécessaires  pour  ob- 
tenir le  droit  de  pratiquer  la  médecine 
en  Toscane,  et,  le  limai  1815,  concou- 
rut victorieusement  pour  la  place  de 
premier  médecin  de  Volterra.  Il  habita 
cette  ville  Jusqu'en  Y856,  joignit  à  son 
litre  celui  de  médecin  en  chef  des  hôpi- 
taux et  de  tous  les  établissements  pu- 
blics, et  fut  chargé  en  outre  du  service 
médical  des  salines  de  S*  Léopold. 
Dans  le  cours  d'une  si  laborieuse  car- 
rière, Raikem  trouva  le  temps  de  se  li- 
vrer à  de  profondes  études  spéciales, 
dont  l'importance  fiit  reconnue  par  un 
grand  nombre  de  sociétés  savantes. 
Parmi  ses  titres  académiques,  il  faut  citer 
ceux  de  membre  correspondant  de  TE- 
cole  de  médecine  de  Paris,  de  membre 
de  la  Société  anatomique  de  la  même 
ville,  de  correspondant  de  l'Académie 
impériale  de  médecine,  de  la  Société 
médicale  d'émulation  de  Paris,  de  la 
Société  MedicO'fisica  de  Florence,  des 
Georgafiii  de  Florence,  de  la  Soc.  mé- 
dicale d'£rlangen,  à^X  AccademmNapth 
leone  et  de  la  Faculté  médico-chirurgi- 
cale de  Lucques,  de  la  Société  I.  et  R. 
Arétine,  de  VAccad,  Labronica  de  Li- 
vourne,  de  la  Soc,  Cobmbaria  de  Flo- 
rence, de  VAecad,  Etrusca  de  Cortone, 
de  VAccad.  de*  SepolH  de  Volterra,  de 
la  Soc.  Toscane  de  géographie  et  d'his- 
toire naturelle,  etc.  Rentré  en  Belgique, 
il  ût  en  outre  partie  des  Soc.  médicales 
de  Gand,  Bruges,  Bruxelles ,  Liège  et 
Verviers;  de  la  Soc.  d'Emulation  de 


Liège,  etc.,  etc.  —  Depuis  longtemps 
il  nourissait  le  désir  secret  de  revoir  son 
pays.  Il  n'en  laissa  pas  échapper  l'oc- 
casion, lorsqu'il  fut  question  de  réorga- 
niser nos  Universités  de  l'État.  M.  de 
Theux  songea  au  médecin  de  Volterra, 
et  n'eut  pas  besoin  d'insister  beaucoup 
pour  le  déterminer.  Par  arrêté  royal  dn 
8  août  I85G,  Raikem  fut  nommé  profes- 
seur ordinaire  à  TUniversité  de  Lîége  ('), 
avec  mission  d'enseigner  Fanatomie 
pathologique  et  l'hygiène  (').  Il  se  fit 
remarquer  dans  sa  chaire  par  son  esprit 
positif  et  par  une  érudition  peu  com- 
mune. Il  aimait  il  citer  les  auteurs  ita- 
liens, Mascagni,  Gîacomini,  Buffelinî, 
Tomassini,  Ramazzini  et  tant  d'autres; 
il  rendit  sous  ce  rapport  des  services  k 
la  Faculté  de  Liège,  en  fiimiliarisant  les 
élèves  avec  des  idées  et  des  méthodes 
peu  connues  en  Belgique.  Notons  en 
passant  qu'il  fut  chargé ,  pendant  plu- 
sieurs semestres,  d'un  cours  de  clinique 
médicale. —  Raikem  n'était  pas  orateur: 
malgré  tout  son  savoir  et  sa  riche  ex- 
|)érience,  on  doit  avouer  qu'il  ne  parve- 
nait que  difficilement  à  captiver  son 
auditoire.  Mais  lorsqu'il  se  trouvait  en 
présence  d'un  cas  particulier  à  inter- 
préter, tel  qu'une  maladie  obscure  ou 
une  lésion  anatomi(]ue  rare,  son  œil 
s'animait,  sa  figure  rayonnait,  l'expres- 
sion propre  se  présentait  naturellement 
sur  ses  lèvres.  Il  savait  aussi  produire 
de  l'effet,  à  Foccasion ,  |}ar  la  ténacité 
de  ses  recherches,  par  la  force  de  sa 
logique  et  par  une  bonne  foi  candide 
qui  déroutait  les  esprits  prévenus,  et 
faisait  s'évanouir  les  sourires  narquois 
ou  incrédules  quelquefois  prêts  à  l'ac- 
cueiilir.  Il  se  consacra  tout  entier  à 
l'enseignement  ;  aussi  bien,  son  âge 
avancé  ne  lui  permettait  plus  guère  de 
s'adonner  régulièrement  îi  la  pratique 
médicale  Quand  il  consentit  à  traiter 
des  malades,  non-seulement  il  le  Ut  sans 
honoraires,  mais  plus  d'une  fois  il  sup- 
porta lui-même  les  frais  des  médicaments 
qu'il  prescrivait.  Homme  simple  et  con- 
fiant jusqu'à  la  naïveté,  il  fut  trop  .sou- 
vent victime  de  son  cœur  généreux.  Sa 


(M  il  oe  fat  pas  tout  dïilrard  acctteilli 
comme  il  méritait  de  i'èlre  (v.  l'Industrie  du 
-14  avril,  le  Journal  de  Liège  des   18  et  19 


août  1836,  etc.). 

(')  A  partir  de  i84â,  il  donna  aussi  un 
cours  spécial  d'hygiène  à  l'Ecole  des  mines. 


513 


RAI 


514 


bienveillance  s*alliait  à  une  franchise 
imperturbable  et  en  tempérait  les  effets: 
on  te  savait  exempt  d^ambitlon,  et  dévoué 
exclusivement  à  la  science  et  à  sa  fa- 
mille. —  Il  remplit  les  fonctions  de  rec- 
teur pendant  Tannée  académique  1845- 
1844;  Tarrêté  royal  qui  le  créa  chevalier 
de  rOrdre  de  I.éopold  date  du  18  no- 
vembre 1844;  dix  ans  après  (11  octobre 
1854), il  fut  déclaré  émérite.  — Raikem 
a  surtout  honoré  son  nom  par  de  nom- 
breux travaux  scientifiques,  dont  l'heure 
de  sa  retraite  n*a  pas  interrompu  la 
série.  Les  Bulletins  de  la  Société  de 
TEcole  de  médecine  de  Paris  mention- 
nent ou  reproduisent  par  extraits,  de 
1806  à  1815,  neuf  Mémoires  élaborés 
par  lui  sur  les  maladies  du  cœur,  no- 
tamment sur  la  cardite,sur  l'anévrisme, 
sur  rinflammation  des  veines,  etc.  et 
sur  Tétat  de  la  médecine  en  Italie.  — 
Son  Mémoire  Sur  diverses  maladies  du 
système  hépatique  a  été  inséré,  en  1823, 
dans  la  Bibl.  médicale  du  professeur 
Royer-Collard.  —  A  Thôpiial  St-An- 
toine,  Raikem  avait  eu  pour  collègue  le 
célèbre  Breschet  ;  ils  se  lièrent  d*une 
amitié  qui  ne  se  démentit  jamais,et  notre 
compatriote  devint  Tun  des  collabora- 
teurs en  titre  du  Répertoire  d'anatomie 
et  de  physiologie   chirurgicales.   Il  y 
écrivit  enir'autres  sur  les  maladies  de 
Tencéphale,  sur  la  splénite  terminée 
par  suppuration,  etc.,  etc. —  Dans  la 
Nuova  hihliotheca  universale,  de  Flo- 
rence» on  trouve  de  lui  un  Mémoire 
Sulla  pleuritide  semplice  (1817);  il  pu- 
blia également  à  Florence,  en  1818, 
une  notice  sur  le  typhus  contagieux  et 
sur  d'autres  maladies  qui  avaient  régné 
â  Volterra  en  1816  et  1817.  A  diverses 
époques,  il  adressa  des  communica- 
tions importantes  à  PAcadémie  de  mé- 
decine de  Paris  :  sur  une  disphagie 
chronique  suivie  de  guérison  ;  sur  une 
hépatite  chronique  terminée  heureuse- 
ment par  suppuration  et  par  Texpecto- 
ration  du  pus  qui  s'était  frayé  un  pas- 
sage entre  le  diaphragme  et  le  poumon  ; 
un  deuxième  Mémoire  sur  rinflammation 


des  veines  (1855),  etc.,  etc.  —  Les 
Mémoires  et  les  Bulletins  de  TAcadémie 
de  médecine  renferment  un  grand  nom- 
bre de  travaux  plus  ou  moins  étendus 
de  Raikem,  ayant  trait  pour  la  plupart 
à  Tanalomie  patho'ogique,  qu'il  regar- 
da toujours  comme  la  vraie  base  de  la 
médecine.  Son  Mémoire  sur  quelques 
affections  de  la  veine  porte  (1843) , 
entr'autres,  obtint  un  légitime  reten- 
tissement. Raikem  se  tint  scrupuleuse- 
ment au  courant  de  la  science  jusqu'à 
ses  derniers  jours  ;  ii  en  suivit  les  pro- 
grès à  l'étranger  comme  dans  son 
pays;  on  lui  doit  la  traduction  de  plu- 
sieurs ouvrages  italiens  sur  l'hygiène, 
etc.  —  Il  fut  un  des  membres  les  plus 
actifs  du  Conseil  de  salubrité  publique 
de  la  ville  de  Liège  (v.  les  Annales  de 
cette  Commission);  à  l'Université,  il 
créa  la  collection  d'anatomie  patholo- 
gique. —  Son  discours  de  rectorat, 
Sur  la  morale  du  médecin^  est  un  mor- 
ceau digne  d'être  conservé.  —  La  spé- 
cialité de  ses  éludes  n'empêcha  pas 
Raikem  de  faire  quelquefois  des  excur- 
sions dans  divers  domaines,  entr'au- 
tres dans  celui  de  l'archéologie  :  sa 
notice  sur  les  thermes  romains  de  Vol- 
terra, insérés  en  1851  dans  les  procès- 
verbaux  de  la  Société  libre  d'Émulation 
de  Liège ,  est  l'œuvre  d'un  véritable 
érudit,et  tout  à  la  foisd'un  observateur 
attentif  et  exact.  Raikem  ne  sut  jamais 
se  faire  valoir  :  il  n'en  a  que  plus  de 
droit  peut-être  à  une  page  honorable 
dans  l'histoire  de  la  médecine  belge  (*). 

M.  Ul.  Capitaine  a  dressé  avec  le 
plus  grand  soin ,  pour  son  Nécrologe 
liégeois  (1862),  la  bibliographie  des 
ouvrages  de  Raikem.  Nous  n'avons 
qu'à  résumer  son  travail. 

1<*  Propositions  sur  les  maladies  de 
poitrine,  Vembarras  gastrique,  etc., 
présentées  et  soutenues  à  l'Ecole  de 
médecine  de  Paris ,  le  27  novembre 
1807.  Paris,  Didot  jeune,  1807,  in-4^ 

Dédicace  aa docteur Lecierc,  prof,  de  mé- 
decine légale  à  TEcole  de  Paris.  —  Od  lit 
dans  le  Troubadour  liégeois  du  31  janvier 


(*}  Soi^CEs  :  hommage  à  la  mémoire 
de  A.'F.'J,  Raikem,  Liëge,  1869,  in-S», 
(Discours  de  MBf ,  Spring,  Scbwann  et  Fos- 
lion). —  Moniteur  de  renseignement, ^^Bérie, 


t.  1, 1854,  p.  288.  —  Mém,  de  CAcad,  roy, 
de  médecine  (notice  de  M.  J.-R.  Marinus, 
1863,  in-4«.  —  France  littéraire,  t.  XI.  — 
Nécrologe  liégeois,  186i. 

22 


815 


RAI 


816 


4808  :  «  Le  professeur  Leclerc  qui  tenait 
lieu  de  père  à  notre  jeune  docteur  Raikem, 
est  mort  subitement  le  24  de  ce  mois. 

2°  Observations  (inédites)  sur  les  di- 
latations du  cœur  ci  de  V aorte  ^  —  Sur 
certaines  maladies  de  la  colonne  verté- 
brale. —  Sur  les  cancers  des  organes 
de  la  digestion.  —  Sur  la  péripneumù- 
nie.  —  Sur  les  malndies  cérébrales  et 
nerveuses —  Sur  une  laaladie  rare  du 
tissu  cellulaire,  —  Réflexions  et  disser- 
tations sur  la  colique  bilieuse  qui  a  ré- 
gné à  la  fin  de  Vannée  1807,  —  Sur  la 
cause  de  Vinvagination  des  intestins. 
—  Sur  les  signes  propres  à  faire  distin- 
guer les  affections  cancéreuses  de  Vesto- 
mac  de  In  gastrite  chronique-  —  Sur 
VutUité  de  la  pression  sur  V abdomen  pour 
distinguer  la  péripneumonie  de  la  pieu- 
rodinie  rhumatismale.  —  Sur  Vutilité 
pour  les  pansements  des  vésicatoires  pré" 
parés  avec  Veau  distillée  des  cantharides» 

Ces  recherches  valurent  à  Raikem  un  des 
grands  prix  décernés  aux  élèves  des  hôpi- 
taux de  Paris. 

5»  Suite  malattie  che  hanno  regnato 
in  Yolterra  negli  anni  1816  e  1817, 
e  particolarmente  sut  tifo  contagioso. 
Florence,  1808,  in-8o. 

En  collaboration  avec  M.  Brianchi. 

4<»  Notice  sur  la  maladie  (inflamma- 
tion) de  la  moelle  épiniére,  des  mé- 
ninges, du  cerveau  et  du  poumon  droit, 
à  laquelle  a  succombé  V.  Fohmann, 
prof.ord.  àVUniversité  de  Liège.  Paris, 
Everat,1857,  in-8», 

£xtr.  de  la  Gazette  médicale  de  Paris 
(Repr.  dans  VEncyclographie  dei  sciences 
médicales  de  Bruxelles,  1837). 

5^  Recherches,  observations  et  expé- 
riences sur  le  Théridion  marmi^natte 
C)de  Volterra  et  sur  les  effets  de  sa 
morsure.  Paris,  1839,  in-8*. 

Extr.  des  Ann.  des  Sciences  nat.  de  Paris, 
t.  XI. 

6»  Observ.  suivie  de  quelques  ré- 
flexions sur  un  vaste  kyste  ovarique, 
enflammé,  suppuré,  gangrené  et  per- 
foré, à  la  face  interne  duquel  étaient  im- 
plantéesdouze  dents.  Gand,  1841,  in-8'>, 
avec  planches. 

Extr.  des  Mém.  de  la  Soc.   de  médecine 


de  Gand.  Observation  recueillie  à  Volterra 
en  1820.  Raikem,  dans  une  note  manuscrite, 
déclare  n'avoir  pas  eu  connaissance  de  l'art, 
publié  à  la  même  époque,  sur  un  sujet  ana- 
logue, par  Seutin  [Ann.  dfoculistiqHe  de 
Cunier). 

V  Trad.  du  travail  du  docteur  F. 
Grassi  intitulé  :  //  rendi  conte  ossia 
rapporto  délia  gestione  medica  delV 
Ospedale  del  lazzaretto  dAlessandria 
(Malte,  1841). 

Sur  la  peste  d'Alexandrie  (1840-1841).  — 
Ce  travail,  demandé  à  Raikem  par  ses  col- 
lègues de  l'Acad.  de  médecine,  est  resté 
inédit. 

S""  Trad.  du  mém.  de  L.  Toffbli,  de 
Bassano,  Sur  la  rage  canine.  Brax., 
1845,  in^û. 

Extr.  des  Amu  médico-légales  belges. 

d^  Discours  sur  la  morale  du  méde- 
cin. Liège,  Dessain,  1844,  in-8o(Repr. 
dans  les  Ann.  des  Univ.  de  Belgique^ 
1V«  année,  1845,  p.  650. 

Discours  prononcé  par  Raikem,  recteur 
sortant,  à  la  séance  de  réouverture  des  cours 
de  rUniversité  de  Liège,  le  15  octob.  1844. 

10*»  Observations,  réflexions  et  aper- 
çus sur  quelques  affections  de  la  veine 
porte,  etc.  Brux.,  1844,  in-8<»,  et  (avec 
quelques  variantes)  (845,  in-4'  (Tiré 
à  part  des  Mém.  de  VAcad.  rog.  deméd, 
de  Belgique)- 

Fait  suite  aux  travaux  présentés  par 
l'auteur,  sur  le  même  sujet,  à  la  Société  de 
l'Ecole  de  médecine  (1813}  et  à  l'Acad.  roy. 
de  médecine  de  Paris. 

\V  Vente  et  colportage  des  viandes. 
Liège,  Oudart,  1845,  in-8*>  (Extr.  des 
Ann.  du  Conseil  de  salubrité  de  Liège, 
t.  II,  p.  4). 

Propositions  adressées  à  la  Députatioa 
permanente,  de  la  province,  à  propos  de  Té- 
pizootie  charbonneuse  de  1845. 

12°  Recherches  et  observations  sur  les 
abcès  du  foie  ouverts  dans  les  bronches. 
Brux.,  1848,  in-4°  (Tiré  à  part  des 
Mém.  de  VAcad.  de-  médecine  de  Bel- 
gique). 

15°  Trad.  du  Mém.  de  Louis  Paroia 
(couronné  à  Lucques  par  le  5*  congrès 
scientifique  italien)  sur  Vergot  des  gra- 


{ *  )  Araignée  noire  tachetée  de  rouge , 
connue  aussi  sous  le  nom  de  marmignatto 


et  daranea  tredecim  gutlata. 


ta 

0 


\1 


RAI 


518 


minées^  ou  réponse  aux  questions  do 
programme  da  prof.  J.-B.  Mazzoni. 
Bnix.,1848,  in-8*. 

Extr.  des  Archive*  de  la  médecine  belge ^ 
l.  XXni,  XXIV  et  XXV. 

14**  Quelques  conM.  Mer  la  hauteur 
des  numotts  comparée  à  la  largeur  des 
rues  dans  les  villes,  Liège,  4851,  in-8^ 

Extr.  des  Atm.  du  Conseil  de  talubr.  de 
Liège,  t.  II,  p.  33 

15^  Notice  sur  les  anciens  thermes 
romains  de  Volterra.  Liège,  Desoer, 
1841,  în-8». 

Exlr.  dtt  Procès-verbal  de  la  séance  pu- 
blique tenue  le  S9  déc.  4850  par  la  Soc, 
Ht  Emulation  de  Liège,  p.  39.  —  On  trouve 
dans  ïeGuidaperla  Cittàde  Volterra  (1833), 
OD6  analyse  de  VAcqua  San  Peliee  de  cette 
ville,  faite  par  Railbem  en  4833. 

IC*  Trad.  de  Touvrage  du  D'  L. 
Parola  (de  Con!)  :  Traitement  de  la  tu- 
àerculisation  en  général  et  de  la  phthisie 
pulmonaire  en  particulier,  Brux. ,  Grè- 
goir,  4852,in-8^de207p. 

Extr.  des  Archives  de  la  médecine  belge. 
L'ouvrage  original  est  intitulé  :  Délia  tuber- 
cuhsi  in  génère  e  detla  ftini  polmonare  in 
tpeeie.  Turin^  4849,  in>4o  avec  pi.  (Gouron. 
pir  YAcûd,  roy,  médico-chirurg,  de  Turin). 
Kb  tète  de  sa  traduction,  Raikem  reproduit 
le  rapport  du  docteur  Girola  sur  le  mémoire 
de  Parola. 

17^  Rapport  sur  renseignement  de  la 
médecine  en  Italie,  Brux.,  1855,  iB-8^. 

Extr.  des  Ann,  des  Vniv,  de  l^elgique, 
—  Rapport  rédigé  ^  la  suite  d'un  voyage  que 
fit  Raikem  en  Halie  (mai -Juillet  1855)  et  pour 
lequel  le  Gouvernement  lielge  lui  alloua  un 
eal»side  de  3000  francs. 

i»*  Collaboration  â  différents  re- 
cueils périodiques,  savoir  : 

a.  Le  Bulletin  de  VEcole  de  médecine 
de  Pttris  et  de  la  Société  établie  dans 
son  sein  (180^1816)  contient  des  rap- 
ports sur  plusieurs  travaux  de  Raikem  : 
Obs.  sur  les  maladies  du  cœur  consé- 
cutives à  certaines  affections  des  pou- 
mons (4806).  —  Rapprochement  de 


quelques  faits  observés  à  Thôpltal  St- 
Antoine  de  Paris  (4807)  (*),  —  Mèm. 
sur  la  pneumonie  aigûe  (4808).  —  Obs. 
sur  une  cardite  aigâe  (4809).  —  Mèm. 
sur  la  pneumonie  chronique  (4840).  — 
Notice  sur  l'étude  de  la  médecine  en 
Toscanne  et  spécialement  sur  les  tra- 
vaux du  célèbre  anatomiste  Mascagni 
(4844).  —  Deux  obs.  relatives  à  des 
anévrismes  de  Taorte  ouverts  dans 
Tœsophage  (4842).  —  Notice  sur  l'u- 
sage à  llntérieur  du  carbonate  de  po- 
tasse (4845).—  Obs.  sur  l'inflammation 
et  sur  robiitération  des  veines  (4845). 

—  Mèm.  sur  la  bronchite  pseudo-mem- 
braneuse (1845).  —  Mémoire  surquel- 
ques causes  de  I*an4vrisme  du  ventri- 
cule gauche  du  cœur  (4845).  —  Mèm. 
sur  les  maladies  qui  ont  régné  à  Vol- 
terra en  4845(4846). 

b.  Gazette  de  Liège  de  Desoer  :  Disc, 
prononcé  sur  la  tombe  de  Célestin 
Closon,  de  Liège,  mort  à  Paris  le  30 
juin  4809  (n^"*  des  10  et  43  Juillet 
4809). 

Colaon,  condisciple  et  ami  de  Raikem, 
comme  lui  couronné  plusieurs  fois  à  Paris, 
avait  eu  sa  part  de  Tovation  dont  nous  avons 
parlé.  Nicolas  Bassenge,  dans  les  journaux 
du  temps,  fit  le  plus  grand  éloge  des  deux 
jeunes  émules. 

c.  Nuova  biblioteca  universale  (Flo- 
rence) :  Memoria  sulla  pleuriiide  sim- 
plice  (4847). 

d.  Bibliothèque  médicale  de  Royer^ 
Collard:  Mèm.  sur  diverses  maladies 
du  système  hépatique  (4825). 

e.  Répertoire  d'analomie  et  de  physio- 
logie pathologiques  et  de  clinique  chirur- 
gicale,  de  Breschet  (Paris)  :  Mèm.  sur 
quelques  maladies  de  l'encéphale  et 
particulièrement  sur  rinflammation  et 
le  ramollissement  de  cet  organe.— Obs. 
sur  la  splènite  terminée  par  suppuration. 

—  Obs.  sur  une  inflammation  du  canal 
digestif  et  de  plusieurs  vaisseaux  san- 
guins, artériels  et  veineux. 

f.  Bulletin  de  VAcadémie  royale  de 
médecine  de  Paris  :  Obs.  sur  une  dys- 


(  *)  «  Le  professeur  Alibert,dans  ssJVbto- 
logie  naturellcy  à  propos  de  la  fièvre  quMl 
appelle  lente  nerveuse,  parle  d'une  fièvre 
niiiqueiisf  exaiHhémàtiqae  qui  se  manifesta 
en  i806  fc  l'bOpital  St-Antoine,  et  dont  fl 


donne  une  idée  sommaire  d'après  la  descrip- 
tion  que  j'en  ai  tracée  sous  les  yeux  de  mon 
maître,  M.  Leclerc,  alors  médecin  en  chef 
de  cet  hôpital  >  (Tfou  autogr,  de  Rdikem, 
ap.  Capitaine,  p.  438). 


819 


RAI 


S20 


phade  chronique  saivie  de  guérison. 
—  Obs.  sur  uneectopie  accidentelle  du 
cœur  terminée  par  la  giiérison.  —  Hé- 
patite chronique  terminée  heureusement 
par  suppuration  et  par  Texpectoration 
du  pus  à  travers  le  diaphragme  et  le 
poumon.  —  Mém  sur  Tinflammation 
des  veines. 

g.  Annales  de  la  Société  de  médecine 
de  Gand  :  Le  tiré  à  part  n*»  6.  —  Obs. 
d'amaurose  et  d^hypertrophie  du  cœur, 
maladie  à  laquelle  a  succombé  G.-J. 
Bekker,  prof.  ord.  à  TUniv.  de  Liège 
(1837,  p.  535). 

h.  Bulletin  de  la  Soc,  de  médecine  de 
Gand:  Expérience  surTexistence  et  les 
lois  des  courants  électro-physiologiques 
des  animaux  à  sang  chaud  (t.  VI,  i840, 
p.  i3G).  —  Traductions  de  Titalien 
(Hist.  d'un  hermaphrodite  de  Vcspèce  bo- 
vincy  par  Mascagni,  t.  IV,  i838,  p.  31  ; 
De  Vutilité  de  la  statistique enmédecine y 
parle  D'  Jerrario,  t.  VI,  1840,  p.  67). 

Raikem  présenta  encore  à  celle  Société 
(1840)  la  trad.  d'un  Mémoire  lu  à  l'Acad. 
des  Georgofili  de  Florence,  par  le  docteur 
Puccinoti,  Sur  le»  relations  de  ia  médecine 
avec  l'économie  publique. 

i.  Gazette  médicale  de  Paris  :  Le  tiré 
à  part  n»  4. 

j.  Annales  de  la  Société  des  sciences 
naturelles  et  médicales  de  Bruxelles: 
Mém.  sur  rhydrophobierabiflque  déve- 
loppée chez  des  brebis  à  la  suite  de  mor- 
sures faites  par  un  chien  enragé  (Repr. 
dans  le  Bulletin  médical  belge  et  dans 
le  recueil  suivant). 

k,  EncyclograplUe  des  sciences  médi- 
cales, de  Bruxelles  :  Reproduction  des 
n««  4,  17,  18/"1,  18i,  18n3.  —  Sur  la 
phlogose  des  vaisseaux  (trad.  d'un  ex- 
trait de  Touvrage  duD'  Rasori  sur  rin- 
fiammation), 

l.  Annales  des  sciences  naturelles. 
Partie  zoologique  (Paris)  :  Le  tiré  à  part 
n«5. 

m.  Annales  des  sciences  naturelles  de 
Bruges:  kvéiéQ^  par  F.  Puccinotti  d'Ur- 
bin  (t.  Il,  1840-1841,  p.  140-155). 

Trad.  des  préliminaires  de  l'ouvrage  de 
Puccinotti  sur  Ârélée. 

n.  Archives  de  lamédecine  belge  :  Les 


tirés  à  part  n<"  13  et  16.  —  Notice  sur 
Tanatomie  et  la  pathologie  de  la  glande 
thymus,  par  le  D'  Corti  (t.  IV,  1841,  p. 
65  et  156),  art.  traduit  du  Journal  des 
se,  médicales  de  Turin  (Repr.  par  la 
Gazette  des  hôpitaux  de  Paris).  —  Du 
cryptogame  de  la  teigne,  trad.  duo 
Mém.  couronné  à  Milan  en  1850  sous  le 
titre  ûeEnzoografia  tfmana(Repr.  dans 
YEncyclogr,  des  se,  méd,),  — Nouv.  con- 
sidérations tirées  d'une  foule  d'expé- 
riences et  d'observ.  pathologiques  sur 
le  pouls  veineux,  par  le  D^  Desiderio, 
de  Venise  (t.  XXXVII,  1851,  p.  255). 
-  Reprod.  du  Mém.  n^  12  (t.  XXIV, 
1847,  p.  143)  et  d'autres  communications 
faites  à  TAcad.  de  médecine.  —  Rapp. 
sur  les  indications  prophylactiques  à 
suivre  contre  le  choléra-morbus  asia- 
tique (t.  XXVI,  1848,  p.  17).  —  Rapp. 
sur  les  Mém.  de  concours  relatifs  à 
Thist.  de  Talbuminerie  (t.  XXXIII .  1 850, 
p.  154).— Art.  divers  (trad  deriialien), 
anonymes  ou  signés  R. 

0,  Journal  de  médecine  publié  par  la 
Soc,  des  se,  médicales  et  naturelles  de 
Bruxelles:  Obs.  sur  un  abcès  urineux 
consécutif  à  une  perforation  delà  vessie 
(t.  I,  1843,  p.  531  et 561).— Quelques 
obs.  sur  des  tumeurs  sous-cutanées 
renfermant  des  vers  vésiculaires  (t.  111, 

1845,  p.  543).  -  Trad.  d'articles  ita- 
liens :  Méthode  rationnelle  du  traitement 
de  Thydrophobie,  par  L.  Toffoli,  (t.  Il, 
1844,  p.  469);  Remèdes  anti-épilep- 
tiques  du  D'  Marochetti  (t.  IV,  1846, 
p.  147);  Nouveau  procédé  pourfampu- 
tation  de  la  verge,parM.Rizzoli  (t.  IV, 

1846,  p.  810);  Des  avantages  de  Tellé- 
bore  noir,  partie,  dans  les  cas  de  manie 
et  de  mélancolie,  par  F.  Gozzi  (t.  IV, 
1846,  p.  803),  etc.,  etc. 

p.  Bulletin  de  rAcadénûe  royale  de 
médecine  de  Belgique:  Obs.,  réfl.  et 
aperçus  sur  quelques  aflfections  mor- 
bides de  la  veine  porte,  etc.  {Discussion^ 
t.  III,  1844,  p.  170;  v.  ci-dessus,  n« 
10).  —  Rech.,  obs.  et  réflexions  sur  les 
abcès  du  foie  ouverts  dans  les  bronches 
(Résumé  analytique^i,  VI,  1847, p. 553  ; 
V.  ci-dessus,  n^  12);  Rapp.  présenté  au 
nom  de  la  Commission  {*)  chargée 


(*)Uo  des  meilleurs  travaux  de  Raikem. 
La  Commission  était    composée    de  MM. 


Craninx,  Lombard,  de   Mersseman,  Vie- 
minckx  et  Raikem,  rapporteur. 


r 


S21 


KOU 


52-J 


d'examiner  la  question  relative  aux 
moyens  prophylactiques  à  suivre  contre 
le  cboléra-morbus  asiatique  (t.  Vil, 
1848,  p.  335-377).  ~  Disc-  sur  les  alté- 
rations pathologiques  rencontrées  dans 
les  cadavres  des  cholériques  (t.  VllI, 
p.  507);  Rapp.  de  la  Commission  char- 
gée d'examiner  les  Mémoires  envoyés 
an  concours  sur  la  question  :  Faire  Phis- 
toire  de  ral^mnerie,eic.  (t.  IX,  i849, 
p.  675;  V.  ci-dessus,  n),  —  Rapp.  sur 
des  essais  d'inoculation  faits  avec  du 
cowpox  recueilli  dans  la  commune  de 
Hinghene  (t.  IX,  1849,  p.  622). 

Le  Bull,  de  V Académie  de  médecine  ren- 
ferme encore  une  vingtaine  de  rapports  sur 
différents  travaux  communiqués  à  cette  Com- 
pagnie par  les  docteurs  Van  Heerbeek,  A. 
Sovet,  J.  Ansiaux,  Meunier,  Moreau,  Bras- 
seur, A.  Baze,  Delcour,  Desiderio,  Heuse, 
Graux,  Tardini,  etc.  Ces  rapports,  dit  H. 
Marinas  ,  sont  faits  avec  conscience  et 
peuvent  être  cités  comme  des  modèles 
d*exaclitude  et  de  judicieuse  appréciation. 

q.  Annales  médico-légales  belges,  pu- 
bliées par  le  D'  Crommelinck  (i843^: 
le  tiré  à  part  n?  8. 

r.  Mémoires  de  V Académie  royale  de 
médecine  de  Belgique  :  les  tirés  à  part 
D~  10  et  42. 

s  Annales  des  Univers,  de  Belgique, 
voir  les  numéros  9  et  47.  —  Discours 
prononcé  sur  la  tombe  de  E.  Y.  Goda 
(ill«  année,  1854,  p.  934). 

r  Annales  du  Conseil  de  salubrité 
publique  de  la  prov.  de  Liège  :  les  tirés  ù 
part  numéros  44  et  44.— Rapp.  relatif 
à  une  note  de  M.  le  docteur  Sovet,  de 
Beauraing,  sur  la  bière  considérée  au 
point  de  vue  de  Thygiène  publique 
(t.  II,  4845,  p.  65). 

v.  Annales  d'oculistiaue  de  Th.  Cu- 
nier  :  Traductions  de  1  italien  :  sur  un 
nouveau  procédé  opératoire  du  docteur 
Cappeletti  pour  exécuter  la  blépharo- 
plastie  (4846).  —  Sur  l'emploi  des 
verres  convexes  chez  les  opérés  de  la 
pupille  artificielle,  par  le  docteur  Trin- 
cbinetti  (4846).  —  Sur  l'helminthiase 
dans  ses  rapports  avec  l'oculistique 
(4855),  etc. 


V.  Annales  delà  Société  de  médecine 
de  Liège  :  Rapport  sur  le  travail  du 
docteur  Collette  relatif  aux  inondations 
à  Liège  (t.  III.  4848,  p.  iî7-45). 

M.  U.  Capitaine  nous  apprend  encore 
que  Raikem  a  laissé  quelques  travaux 
inédits,  pour  la  plupart  inachevés,  no- 
tamment une  traduction  commentée  de 
la  partie  de  l'ouvrage  de  clinique  du 
prof.  Bufalini ,  de  Florence,  relative 
aux  maladies  du  cœur. 


Rouille  (Louis-Pierre)  ,  né  à  Ver- 
sailles le  20  mars  4757,  naturalisé 
belge  le  48  mai  4845,  mourut  à  Liège 
le  47  octobre  4844.  Il  appartenait  par 
son  père  à  une  ancienne  famille  de 
robe,  et  par  sa  mère,  Marie-Madeleine 
Gaillard,  à  la  famille  de  Thistorien  de 
François  I ,  de  Cbarlemagne  et  de  la 
Rivalité  de  la  France  et  de  ^Angleterre 
(*).  Son  éducation  terminée,  il  fut, 
suivant  un  usage  assez  général  à  cette 
époque,  placé  chez  un  procureur  (vers 
4779),  où  il  rencontra  François-Stanis- 
las Andrieux,  dont  la  carrière  devait 
avoir  avec  la  sienne  une  étrange  res- 
semblance. La  similitude  de  leurs  goûts, 
de  leur  caractère,  de  leur  génie  les  pré- 
destinait en  quelque  sorte  à  courir 
les  mêmes  chances  de  fortune.  L'un  et 
l'autre  déployèrent,  dans  Vétude  de  leur 
patron,  plus  de  zèle  et  d'aptitude  à  faire 
des  plans  de  tragédies  et  de  comédies 
—  qu'à  grossoyer.  Ils  abandonnèrent 
la  procédure  presque  en  même  temps, 
pour  entrer ,  Andrieux ,  chez  le  duc 
d'Uzès ,    en    qualité   de    secrétaire  ; 
Louis  Rouillé ,   à    l'hôtel    des   che- 
vaux-légers, en  qualité  de  secrétaire 
aussi,  sur  la  proposition  du  petit-fils 
de  d'Aguesseau  et  de  M.  de  Ségur. 
«  L'un  et  l'autre  traversèrent  honora- 
is blement    la   tourmente  /évolution- 
»  naire;  l'un  et  l'autre  se 'réfugièrent 
»  dans  l'étude  des  lettres,  qui  leur  pro- 
»  cura  plus  tard  des  chaires  sembla- 
»  blés ,  d'où,  sans  s'être  revus,  ils  fai- 
»  salent  descendre   en  même  temps, 


(*  )  Noos  résumons  la  notice  biographique 
publiée  dans  la  Revue  de  Liège  (t.  11, 1844, 
p.  625-662)  par  M.  Félix  van  HuUt,  gendre 
de  RouiUé.  —  Voir  aussi  Van  Hollebeek , 


Let  Poète»  belges,  Bruxelles,  4864,  ln-8*, 
p.  27  et  suiv.  et  le  Journal  de  Uége  du  48 
octobre  1844  (art.  de  M,  CI.  Muller). 


523 


ROU 


534 


»  Tun  à  Paris*  Tautre  à  Bruxelles  et 
»  ensuite  à  Liège,  avec  la  même  grAce 
9  et  la  même  aménité,  des  enseigne- 
»  ments  également  dictés  par  les  inspi- 
»  rations  les  plus  nobles  et  par  le  goût 
»  le  plus  pur,  et  recueillis  des  deux 
»  parts  avec  le  même  zèle  et  le  même 
n  amour.  »  —On  possède  neu  de  détails 
sur  la  jeunesse  de  Rouillé  :  il  fallait 
pour  ainsi  dire  employer  la  ruse,  ou  ré- 
Teiller  chez  lui  un  souvenir  de  recon- 
naissance, pour  ramener  ji  parler  de 
ses  anciennes  relations  avec  Thomas, 
avec  Marmontel,  Chamfbrt,  Tabbé  de 
Roismont ,  Tabbé  Morellet ,  Suard  , 
Saint-Ange,  Dncis,  Florian,  qu*il  voyait 
fréquemment  chez  M"»  d*Angivilliers, 
dont  le  salon  réunissait  tout  ce  que  la 
Cour  avait  de  plus  aimable  et  les  lettres 
de  plus  distingué.  Rouillé  s'attacha 
surtout  à  Thomas,  puis  à  Ducis,  parce 
que  Ducis  aimait  Thomas.  Ils  ne  dirent 
pas  les  seuls  à  lui  reconnaître  de  Fap- 
titude  et  un  jugement  délicat  en  litté- 
rature; en  1783,  Saint-Ange,  Télégant 
traducteur  des  Métamorphoses  ,  pria 
Rouillé,  Ducis  et  Mistelet  de  corriger 
sa  comédie  intitulée  YEcole  des  pères 
ou  VHeurenœ  échange.  Le  secrétaire 
des  chevau-légers  partageait  son  temps 
entre  Taccomplissement  des  devoirs  de 
sa  charge,  la  culture  des  lettres  et  la 
fréquentation  assidue  des  gens  d*élite  : 
pour  tout  concilier ,  il  était  obligé  de 
prolonger  ses  veilles  outre  mesure,  ce 
qui  finit  par  compromettre  sa  santé,  au 
point  qu'on  fut  obligé  de  lui  interdire 
tout  travail  et  de  le  mettre  au  lait  d*â- 
nesse.  11  avait  fait  une  comédie  ;  on  ne 
lui  permettait  même  pas  de  la  relire. 
Enfln  arriva  Fheure  bénie  de  la  conva- 
lescence; Rouillé  la  salua  par  une 
charmante  invocation  à  la  Santé,  qu1l 
adressa  sous  forme  de  lettre  à  J.-B. 
Lesbroussart,  son  oncle  par  alliance 
(*).  Il  était  encore  souffrant  lorsqu'il 
écrivit  ces  vers;  à  peine  osait-il  comp- 
ter sur  Tavenir  : 

Aimac  moi,  mon  ami,  je  prendrai  patieorc. 

Adiea.  De  celle  que  j'encea^e 
Je  eesse  d*e:$pérer  an  traitemeot  plu^t  doux  ; 

Hais  j*apprend»  quVUe  eat  près  de  Tou.t  : 

Je  regrette  rooing  non  abfeoce. 

(  *  )  Cette  pièce  a  été  insérée  dans  la  He- 
vue  de  Liége^  t.  tt,  p.  210,  et  dans  le  vo- 


Lesbroussart,  appelé  en  Belgique 
par  Marie-Thérèse,  avait  publié  à  Bru- 
xelles, en  1785,  sous  le  titre  De  Védu- 
cation  belgique,  des  réflexions  sur  le 
nouveau  plan  d*études  que  Joseph  II 
venait  d*adopter  pour  le  Collée  Thé- 
résien.  L*idée  lui  vint,  en  17&7»  de  se 
faire  un  titre  aupi'ès  du  Musée  de  Bor- 
deaux, en  faisant  hommage  à  cette  Aca- 
démie d*un  exemplaire  de  son  ouvrage; 
il  y  joignit  une  pièce  de  vers  de  Rouillé, 
sollicitant  pour  celui-ci  le  titre  de 
membre  correspondant  qu'il  ambition- 
nait lui-même.  Tous  deux  furent  nom- 
més :  inconnu  la  veille  à  Bordeaux, 
Rouillé  s*y  vit  porter  aux  nues  Ior$qu*on 
eut  donné  lecture  du  Moment^  petit 
poème  d'une  conception  vralmeat  ingé- 
nieuse et  d'une  grâce  dont  aou*e  si^ïle 
a  perdu  le  secret. 

dioi  te*  hamaimi,  pliu  qu'où  oe  peoee, 
To«t  mi  Touvre^je  d'un  nomeat 
Un  moment  non«  donne  la  rie. 
Un  moment  nous  donne  la  mort. 
Un  moment  fixe  no«re  aert. 
Un  moment  comJJe  notre  enrie. 
Un  moment  non*  rend  meikeareoz, 
^     Un  moment  nous  rend  odieux. 
Un  moment  nou«  réconcilie... 

Le  mouient  à  aon  gré  ae  joue 
De  notre  eapoir,  de  no«  Main  : 
Du  sort,  il  fait  tourner  1«  roae... 

...  Au  mortel  le  plus  malkabile 

14  prête  Itt  dextérité, 

Bt  dana  l'esprit  le  pws stArilt 

U  porte  la  réconditi... 

U  embarra^e  U  prudence. 

Excuse  la  témérité. 

Éteint  la  seoiùbUité, 

Anime  La  froide  indolence. 

Fait  triompher  Paridité 

Où  tient  «ndboaer  U  icieoce, 

Et  donue  à  la  stupidité 

Le  ton  Tuinquenr  de  rdoqnenœ. 

D*an  guerrier  toat.£liai^  d'kinoeara 

Le  moment  obscurcit  la  gloire. 

Et  d'un  Erostate  A  vapeuri 

H  éternise  la  mémoire. 

D*un  poltron,  il  fait  un  héros. 

De  U  fade  Klmire,  une  idolo; 

U  Toue  menu  an  aa^e  A  Paphoe, 

Et  frère  Looe  an  capitole. 

Belten,  vous  Mentez  comme  moi 

Le  prix  d*an  moment  de  délice... 

Beau  sexe,  assez  sonreni 

L*instsnt,  dit-ou,  a  itur  tous  quelque  empire. 
Je  n*en  cron  rien  :  point  ne  roudreis  médire; 
Point  ne  Tondrais  m'exposer  à  Totre  ire: 
Trop  bien  sauriec  punir  le  médisant... 

L*abbé  Sicard,  le  célèbre  instituteur 
des  sourds-muets,  fut  chargé  de  noti- 
fier leur  nomination  à  Lesbroussart 
et  à  Rouillé.  Le  diplôme  de  ce  dernier 
lui  donne  la  qualification  de  Secrétaire 

lame  de  poésies  I<5gôres  doDt  il  sera  qoçs- 
tioa  ci-apr^8. 


5:^0 


ROU 


526 


de  rétat^mqjor  des  gardes-du-^orps  du 
Roi.  Il  ne  parailpas  que  celui-ci,  mal- 
gré les  înslances  réitérées  de  son  cor- 
respondant, ait  rien  communiqué  ulté- 
rieuremenl  à  TÂcadémie  de  Bordeaux. 
Sa  santé,  toujours  inégale ,  lui  servit 
d'excuse.  G*est  pourtant  de  cette  époque 
que  datent  les  principaux  écrits  qu'il 
a  laissés,  deux  petits  recueils  de  poé- 
sies légères  publiés  par  ses  amis  sans 
son  agrément,  et  une  comédie  en  trois 
actes  et  en  vers  (le  Connametirj,  repré- 
sentée à  Versailles,  puis  à  Bruxelles. 
Rouillé  écrivait  en  quelque  sorte  pour 
lui-même  :  il  n'aimait  pas  qu'on  parlât 
de  lui  ;  il  avait  peur  d'être  en  évidence. 
Il  racheta,  pour  les  anéantir,  tous  les 
exemplaires  de  ses  poésies  qu'il  put  dé- 
couvrir, et  de  même  il  retira  sa  comé- 
die, imprimée  également  sans  sa  par- 
ticipation. Le  Connaisseur  est  moins 
remarquable,  il  faut  le  dire,  sous  le 
rapport  de  l'invention  que  sous  le  rap- 
port du  style,  toujours  naturel,  élé- 
gant et  délicat.  On  y  trouve  des  por- 
traits finement  dessinés,  des  saillies 
spirituelles,  des  vers  qui  se  retiennent 
et  qui,  s'ils  étaient  plus  connus,  ob- 
tiendraient fréquemment  les  honneurs 
de  la  citation  :  quant  à  la  donnée,  c'est 
tout  simplement  celle  du  conte  de  Mar- 
montel  qui  porte  le  même  titre,  et  le 
dénouement  fait  trop  penser  au  dernier 
acte  de  la  Métromanie.  Evidemment, 
Rouillé  n'avait  composé  cette  pièce 
que  pour  essayer  ses  forces;  ainsi  en- 
core s'explique  sa  discrétion.  En  tout 
cas,  il  pouvait  se  promettre  une  bril- 
lante carrière  littéraire,  lorsque  la  tour- 
mente de  1789  vint  faire  trembler  jus- 
qu'en ses  fondements  l'édifice  social, 
et  rompre  en  un  moment  la  chaîne  des 
traditions  de  la  France  de  Louis  XIV 
et  de  Louis  XV  :  les  coups  de  foudre  de 
l'éloquence  révolutionnaire  étouffèrent 
le  fllel  de  voix  des  poètes  de  cour. 

tt  Intelligent  et  généreux,  dit  Ph.  Les- 
broussart  (*),  Rouillé  avait  salué  avec 
transport  cette  grande  rénovation  ;  mais 
bientôt  il  fut  réduit  à  détourner  ses  re- 
gards des  scènes  déplorables  qui  com- 


mençaient à  la  profaner.  Dans  Tune  de 
ces  occasions ,  il  fit  preuve  d'un  dé- 
vouement trop  honorable  pour  que  nous 
omettions  de  le  signaler.  Lorsque,  dans 
les  sanglantes  journées  des  5  et  G  oc- 
tobre, Versailles  fut  envahi  par  la  po- 
pulace parisienne,  et  le  quartier  des 
gardes  livré  au  pillage,  Rouillé  sau\a 
la  caisse  de  l'hôtel  et  parvint  à  déposer 
les  fonds  dans  une  sûre  retraite,  non 
sans  avoir  plusieurs  fois,  au  péril  de 
sa  vie,  traversé  les  rangs  de  cette  mul- 
titude également  avide  de  meurtre  et 
de  rapine.  Il  parvint  aussi  à  protéger 
les  jours  menacés  de  quelques  gentils- 
hommes ;  double  service  qui ,  après 
le  rétablissement  momentané  de  l'ordre, 
fut  récompensé  par  la  croix  de  Saint- 
Louis,  que  du  reste  il  ne  porta  jamais.  » 

Il  resta  employé  au  ministère  de  la 
guerre  jusqu'au  moment  où  J.-B.  Les- 
broussart,  devenu  son  beau-frère,  le 
décida  (en  l'a^  V  de  la  République) 
à  venir  le  rejoindre  à  Bruxelles  et  à  s'y 
fixer  définitivement.  Le  jurisconsulte 
Lambrechts  (*),  commissaire  du  pou- 
voir exécutif,  le  nomma  chef  dans  ses 
bureaux.  Enfin  la  carrière  de  l'ensei- 
gnement s'ouvrit  pour  lui,  lors  de  l'orga- 
nisation des  Écoles  centrales.  A  la  suite 
d'un  concours,  il  fut  appelé  à  professer 
les  belles-lettres  dans  celle  de  la  Dyle. 
Lambrechts  fit  tous  ses  efforts  pour  le 
retenir  et  chercha  même  les  moyens  de 
concilier  les  fonctions  des  deux  places: 
Rouillé  ne  se  laissa  point  convaincre  ; 
par  conscience  il  refusa  le  cumul,  et 
par  goût  il  opta  pour  la  chaire 

Il  débuta,  le  l*'  messidor  an  V,  par 
un  discours  qui  fit  d*emblée  pressentir 
en  lui  un  professeur  distingué.  A  une 
époque  où  l'on  jetait  volontiers  pardes- 
sus bord  tout  ce  qui  semblait  rappeler 
rancien  régime,  il  se  fit  le  courageux 
défenseur  des  Rollin  et  des  Condillac, 
il  enseigna  le  respect  de  la  pureté  clas- 
sique. L'insistance  sur  ce  point  était 
alors  d'autant  plus  nécessaire,  que  les 
Collèges  avaient  été  désorganisés  depuis 
la  révolution,  et  que  le  soin  de  la  forme 
n'avait  guère  été  jusque  là,  même  avant 


(  *  )  Dincoars  proooncé  aax  fanëraiUes  de 
Rouillé. 
(*)  V.  la  biographie  de  Lambrechts  par 


M.  Van  Hulst,  dans  les  Vies  de  queiques 
Belgei.l'ié%e,  Oudart,  1843,  in-8*. 


527 


ROU 


528 


les  derniers  événements,  la  qualité  do- 
minante des  Beiges.  Bientôt  Rouillé  et 
Lesbroussart  constatèrent  même  que, 
parmi  leurs  auditeurs  les  plus  zélés, 
beaucoup  manquaient  des  connaissances 
préliminaires  indispensables  pour  pro- 
fiter de  leurs  leçons.  Ils  eurent  le  cou- 
rage d*y  suppléer  et  de  sMmposerla  târhe 
de  faire  des  cours  d*humanités,  répartis 
et  gradués  selon  les  besoins  des  élèves. 
Ce  zèle  désintéressé  et  sans  éclat  fut 
pourtant  divulgué  par  la  reconnaissance 
des  élèves,  et  en  Tan  X,  le  préfet  du 
département  de  la  Dyle,  M.  Doulcet  de 
Pontécoulant,  transmit  collectivement 
aux  deux  professeurs  Texpression  offi- 
cielle «  de  Vestime  et  de  h  reconnaissance 
que  leur  conduite  avait  inspirées  au  mi- 
nistre de  rintérieur.  »  Ce  témoignage 
était  d'autant  plus  honorable  que  Rouillé 
n*avail  jamais,  dans  ses  discours  de 
distribution  de  prix,  saisi  l'occasion 
d'encenser  le  héros  «  qui  avait  ramené 
Tordre  dans  Tempire  et  la  victoire  sur 
toutes  les  frontières.  »  Quand  il  avait 
parlé  de  Napoléon,  il  s'était  contenté 
de  le  représenter  commedestiné  à  faire 
fleurir  la  paix  en  affermissant  la  liberté^ 
cette  liberté  qui  avait  coûté  tant  de  sang. 

En  Tan  XI  (1803),  lors  de  l'organi- 
sation des  Lycées,  Rouillé  devint  pro- 
fesseur en  litre  des  classes  de  5"  et  4', 
qu'il  avait  jusque  là  volontairement  di- 
rigées. Quand  l'Université  impériale  se 
constitua,  un  arrêté  du  grand-maitre, 
Fontànes,  le  nomma  professeur  de  lit- 
térature latine  à  la  Faculté  des  lettres 
de  Bruxelles.  En  exécution  des  nou- 
veaux règlements,  il  se  munit  en  18i0 
du  diplôme  de  licencié  ès-lettres,  et 
l'année  suivante  de  celui  de  docteur 

Dès  l'an  VII,  il  avait  été  désigné  par 
l'administration  départementale   pour 


faire  partie  de  la  Société  libre  des  arts^ 
des  sciences  et  dvs  lettres^  qui  fil  place 
en  1816  à  la  nouvelle  Académie  de 
Bruxelles  (*).  Nous  ne  sachions  pas 
qu'il  aitété  affilié,  depuis,  àaucun  corps 
savant,  si  ce  n'est  à  la  Société  royale 
des  beaux-arts  et  de  la  littérature  de 
Gand  (1816). 

Le  événements  de  1814,  on  le  com- 
prend sans  peine,  ne  le  laissèrent  point 
indifilérent.  11  avait  un  frère  à  Paris  ; 
M*"«  d'Angivilliers,  sa  vieille  amie,  était 
rentrée  ;  la  Croix  de  Saint-Louis,  s'il 
rentrait  en  France,  devait  être  le  pré- 
lude d'autres  faveurs,  de  la  part  de  la 
famille  qu'il  avait  servie  dans  ses  pre- 
mières années:  mille  raisons  le  pous- 
saient à  quitter  la  Belgique.  Hais  il 
s'était  marié  à  Bruxelles  ;  saHlIey  était 
née  ;  Lesbroussart  tenait  à  y  rester  ;  ses 
meilleurs  amis  étaient  Belges  ;  enfin  il 
s'aperçut  que  son  cœur  appartenait  au 
pays  qu'il  habitait  déjà  depuis  vingt 
ans.  Il  demanda  donc  etobtinten  1815, 
du  roi  Guillaume,  des  lettres  de  grande 
naturalisation.  La  même  année.  Il  fut 
nommé  membre  de  la  Commission  char- 
gée de  préparer  un  plan  de  réorganisa- 
tion du  haut  enseignement  (*).  Quand 
11  eut  été  décidé,  plus  tard,qu'il  y  aurait 
trois  Universités  de  l'Etat,  le  commis- 
saire-général de  l'instruction  publique, 
Repelaer  van  Driel,  offrit  à  Rouillé  le 
choix  de  l'Université  dans  laquelle*  il 
continuerait  d'enseigner  les  belles-let- 
tres. Il  opta  pour  Liège  et  fut  en  con- 
séquence nommé,  par  arrêté  royal  du 
3  juin  1817,  professeur  ordinaire  à  la 
Faculté  de  philosophie  spéculative  et 
des  lettres  établie  en  cette  ville  ('). 

Son  enseignement  a  laissé  parmi  nous 
des  souvenirs  durables.  Ceux  qui  ont 
entendu  Rouillé  s'accordent  à  vanter  la 


(*)  L'administration  désigna  vingt  mem- 
bres, qui  furent  chargés  à  leur  tour  de  s'ad- 
joindre vingt  autres  collègues.  Rouillé  fil 
partie  des  vingt  premiers  avec  son  beau-frère 
Lesbroussart ,  Van  Mons  le  chimiste ,  le 
peintre  François,  Heusschling,  savant  suriout 
en  linguistique,  le  bibliophile  La  Sema  San- 
tander,  l'agronome  Poederle,  le  professeur 
de  législation  Wyns,  etc.  Parmi  les  collègues 
qu'ils  s'adjoignirent,onciteIe  mathématicien 
et  antiquaire  de  Nieuport,  Plasschaert,  Gcn- 


debien,  Dotrenge,  çtc.  (Van  Hulst,  yotice  sur 
RouiUé). 

(  *  )  Celte  Commission  était  composée  de 
MM.  de  La  Haroaîde,  avocat-général  près  la 
cour  supérieure  de  justice  de  Bruxelles,  le 
baron  L.  H.  de  Broeck,  le  chanoine  de  Bast, 
de  Gand,  le  professeur  de  physique  Sentelet, 
J.-B.  Lesbroussart  et  Rouillé  (Arr.  royal  du 
8  novembre  1815). 

'  )  Le  programme  de  4817  lui  attrikme  les 
cours  suivants  :  littérature  française ,  art 
oratoire,  histoire  des  provinces  beïgiqacs. 


529 


UOU 


530 


pureté  et  Taisance  de  son  langage,  la 
délicatesse  de  ses  aperçus,  le  rare  bon- 
heur avec  lequel  il  savait  combiner 
Tordre  didactique  et  renseignement  his- 
torique: notons  en  passant  qu*en  ce 
temps-là,  le  cours  de  littérature  fran- 
çaise embrassait  les  préceptes  de  Fart 
d*écrire  en  même  temps  que  l'analyse 
des  chefs-d'œuvre  littéraires.  Rouillé 
en  voulait  beaucoup  à  l'école  romantique, 
qui  lui  inspirait  de  temps  en  temps  des 
sorties  assez  vives  :  cependant  il  était 
en  un  certain  sens  éclectique,  et  il  sa- 
vait rendre  une  pleine  justice  aux  beautés 
des  productions  les  plus  récentes.  «  Ja- 
mais, dit  son  biographe,  jamais  vieux 
professeur  peut-être  ne  se  montra  plus 
empressé  que  lui  à  citer  honorablement 
des  œuvres  contemporaines  :  c'est  qu'il 
était  aussi  bon  que  spirituel;  mais  il 
faut  se  hâter  d'ajouter  que  nul  ne  pos- 
sédait à  un  plus  haut  degré  l'art  de  ré- 
veiller l'intérêt  en  variant  le  ton  de  la 
louange,  n  Ses  leçons  étaient  publiques  : 
à  Bruxelles,  du  temps  de  la  réunion 
avec  la  France,  elles  avaient  même  été 
fréquentées  par  un  grand  nombre  de 
dames.  Â  Liège,  beaucoup  d'amis  des 
lettres,  sans  distinction  d'âge,  se  plai- 
saient â  retremper  leurs  souvenirs  en 
allant  écouter  l'aimable  vieillard. 

Affable  avec  tout  le  monde.  Rouillé 
se  montrait  peu  prodigue  du  titre  d'ami. 
Surtout  il  était  avare  de  ses  lettres,  «  si 
enviées  par  tous  c^ux  qui  en  avaient  lu 
quelqu'une,  n  Plasschaert  resta  finale- 
ment son  unique  correspondant  et  l'u- 
nique confident  des  gracieux  caprices 
de  sa  fantaisie  littéraire.  Plasschaert  le 
consultait  sur  le  choix  des  devises  ou 
des  inscriptions  dont  il  ornait  les  bustes 
des  grands  hommes  de  son  Elysée  (*)  : 
Rouillé  lui  indiquait  Carpe  dkm  pour 
Horace,  et  pour  Molière  : 

Je  T^ui  qne  Voa  «oit  homoie... 

Cest  k  Plasschaert  qu'il  adressait  les 
jolies  fables  que  M.  Van  Hulst  nous  a 
partiellement  fait  connaître  dans  la 
Revue  de  Liège;  en  revanche,  c'est  à  lui 

{*)  Le  célèbre  parc  de  Wespelaer,  entre 
Louvaio  et  Malines.  —  V.  la  biographie  de 
Plasschaert  dans  les  Vie*  de  quelques  Belges, 

('  )  II  doit  avoir  continué,  l'année  suivante, 
&  faire  son  cours  de  littérature  française  à 


que  Plasschaert  soumettait  son  Essai 
sur  la  noblesse,  son  Esquisse  sur  les 
langues,  son  charmant  conte  en  vers  du 
Vieux  baron  et  du  Jeune  chevalier ,  et 
son  appel  à  l'exilé  Arnault,  imitation 
heureuse  d'une  pièce  qui  est  dans  la 
mémoire  de  tout  le  monde  {La  Feuille). 

  Liège,  sa  vie  devint  de  plus  en 
plus  studieuse  et  retirée.  Il  vint  un  mo- 
ment où  ses  forces  ne  secondèrent  plus 
son  zèle  :  l'éméritat  lui  fut  accordé  par 
le  gouvernement  provisoire  (le  16  dé- 
cembre 1850)(').  <(  Depuis  lors,  il  vivait 
doucement,  libre  de  soucis,  mais  non 
pas  oisif,  au  milieu  de  tout  ce  qu'il  ché- 
rissait :  sa  famille,  quelques  amis,  et 
ses  livres,  qui  étaient  aussi  pour  lui 
d'anciens  et  de  précieux  amis  :  car,  à 
l'exemple  d'un  illustre  contemporain 
(Royer-Collard),  il  lisait  peu,  mais  re- 
lisait beaucoup  (').  11  était  aussi  versé 
dans  les  littératures  de  l'antiquité  clas- 
sique que  dans  la  littérature  française; 
Horace  était  son  ami  inséparable,  mais 
il  n'en  aimait  pas  moins  le  langage  pro- 
fond et  sévère  de  Tacite.  Il  possédait 
un  talent  de  plus  en  plus  rare  :  il  savait 
lire.  Les  inflexions  de  sa  voix,  les 
nuances  de  son  débit,  variées  à  l'infini, 
toujours  fines  et  toujours  justes,  con- 
tribuaient mieux  qu'un  commentaire  à 
l'intelligence  des  beautés  littéraires.  » 

Sa  modestie  d'auteur  était  sincère. 
«  H  y  quatre  ou  cinq  ans,  dit  M.  Van 
Hulst,  que  nous  étions  parvenus  à  ras- 
sembler quelques  feuilles  éparses  de  sa 
jolie  comédie  du  Connaisseur.  Voulant 
lui  faire  une  surprise  agréable  au  jour 
de  sa  fête,  quelques  amis  s'étalent  réu- 
nis et  avaient  appris  cette  pièce  par 
cœur.  Le  jour  venu,  on  l'invita,  dans  la 
soirée,  à  passer  au  salon,  où  l'on  avait 
dressé  un  petit  théâtre  à  l'aide  de  para- 
vents. On  se  mit  donc  k  jouer  sa  pièce  : 
il  écoutait  altentivemeotet  avec  plaisir; 
mais  plusieurs  scènes  avaient  déjà  été 
jouées  lorsqu'il  dit  â  ses  voisins  : 
a  Mais  c'est  singulier  !  Je  connais  cela, 
j'en  suis  sûr,  j'ai  vu  cela  quelque  part  ; 
aidez-moi  donc  à  le  retrouver,  n 

la  Faculté  libre.  En  lous  cas,  son  nom  figure 
parmi  ceux  des  membres  de  la  Commission 
dexamen  nommée  tout  exprès,  pour  lesélèveâ 
de  celle  Facullé,  le  23  octobre  1831. 
(*j  Discours  de  Ph.  Lesbroussart. 


531 


KOY 


032 


Bon,  indulgent,  délicat,  il  avait  Tart 
de  mettre  tout  le  monde  à  Taise.  C'était 
uii  homme  de  mérite,  etpourtant  il  n'eut 
jamais  ni  ennemis  ni  détracteurs.  Ce 
témoignage  d'un  de  ses  anciens  élèves 
qui  fut  aussi  toujours  son  ami  (*)  vaut 
tout  un  panégyrique.  — 11  avait,  ajoute 
Fuss,  tout  ce  qui  rend  Fhomme  digne 
d*être  aimé, 

Coi  peutu»,  qioret  eoi  Mpîtntii  erat  (*). 

Nous  avons  dit  que  Rouillé  conser- 
vait pour  lui,  ou  pour  quelques  amis 
tout  au  plus,  les  écrits  qu1l  n'était  point 
forcé  de  publier.  II  brûla  même  plu- 
sieurs manuscrits.  M.  Van  Hulst  eut 
beaucoup  de  peine  âarréter  celle  œuvre 
de  destruction  et  à  sauver  même  les 
cahiers,  très-riches  en  renseignements 
et  en  observations  remarquables,  des 
cours  de  son  beau-père. 

La  liste  suivante  sera  donc  nécessai- 
rement incomplète. — Nons  connaissons 
de  Rouillé  : 

1^  Deux  recueils  dt  poésie*  légères^ 
par  M.  K'*\  1787,  in-lS,  sans  nom 
d'imprimeur  ni  de  lieu,  l'un  de  8,  l'autre 
de  66  pages.  —  C*est  à  grand'peine  que 
M.  Van  Hulst  est  parvenu  à  rassembler 
les  fragments  épars  de  deux  exemplaires 
de  ces  opuscules.  Les  pièces  ainsi  re- 
trouvées ont  été  réimprimées  en  4845 
chez  F.  Oudart,  à  Liège,  en  un  joli 
volume  in-8*,  édité  par  les  soins  de  M. 
Aug.  Van  Hulst  flls,  squs  ce  titre  :  Poé- 
sies légères,  par  L,  P.  IlouUlé. 

^  Le  Conmifiseur,  comédie  eu  trois 
aptes  et  en  vers. —  Nous  avons  dit  que 
la  famille  elle-mèioen'a  pu  en  retrouver 
que  des  fragments. 

3**  La  ooUefilion  des  IHscours  pronon- 
cés par  les  professeurs  de  V Ecole  centrale 
du  dépariem^t  de  la  Byie,  à  Voaverture 
des  leçons,  le  i  Messidor  an  V,  contient 
un  discours  de  Rouillé  (Bruxelles,  Tutot, 
\%ri^^  de  75  p.).  —Nous  ne  savons  si 
les  discours  prononcés  aux  distribu- 
tions des  prix  de  l'Ecole  centrale  ont 
vu  le  jour. 

4«  Discours  d'ouverture  du  cours  de 
littérature  française  (à  TUniversité  de 


Liège)  :  Sur  les  progrès  de  la  poésie  ei 
de  léloquence  (Ann.  A(*ad.,  vol.  1). 

5°  DesFa^/^«,  des  Êpigrammes,  etc. 
quelques-unes  très-remarquables ,  pu- 
bliées dans  la  Revue  de  Liège,  t.  I  (14 
fables),  H  (5  fables  et  la  Lettre  à  M, 
Lesbroussart) ,  IH  (2  fables),  iV  (^ 
fables),  VI  (L'ours  et  le  renard,  fable 
ancienne  cum  notis  variorum  (sic)  et 
4  épigrammes). 

^^Lausus,  tragédie  (probablement  iné- 
dite). —  Ph.  Leshroussart  se  souvenait 
de  l'avoir  entendu  lire  dans  sa  jeunesse; 
elle  lui  avait  laissé  o  une  impression 
puissante  ».  M.  Van  Hulst  n'en  a  re- 
trouvé que  deux  actes  dans  les  papiers 
de  Rouillé. 


noyer  (Jean-Guillacme)  naquit  à 
H unsterbilsen  (province  de  Limbourç) 
le  26  mars  1798,  et  mourut  à  Liège  Te 
20  octobre  1867,  quelques  jours  avant 
la  (  élébration  du  jubilé  universitaire  et 
quelques  mois  avant  l'époque  où  il  comp- 
Uit  obtenir  l'éméritat,  conformément  à 
la  loi.  Son  nom  figure  encore  au  pro- 
gramme de  1867-1868,  mais  seulement 
pour  mémoire,  M.  Heuse  (v.  ce  nom), 
qui  le  remplace  aujourd'hui  définitive- 
ment comme  professeur  de  pathologie 
spéciale,  ayant  été  désigné  pour  le  sup- 
pléer dès  le  commencement  de  cette 
année  académique.  Royer  était  doué 
d'une  constitution  robuste  :  sa  famille 
avait  offert  de  rares  exemples  de  longé- 
vité; son  père  était  mort  centenaire, 
accablé  sous  le  poids  de  l'âge,  mais 
nullement  infirme.  Selon  toute  appa- 
rence, Jfean-Guillaume  devait  compter 
sur  une  verte  vieillesse,  longue  et  pai- 
sible; mais  une  lésion  des  organes 
digestifs,  dont  la  cause  remontait  k 
quelques  années,  s'aggrava  tout  d*un 
coup  pendant  les  vacances  de  1867  et 
ne  laissa  bientôt  plus  d'espoir.  Royer 
avait  fait  d'excellentes  études  à  J'Athénée 
de  Maestricht ,  et  il  en  était  sorti  pas- 
sionné pour  les  langues  et  les  littéra- 
tures de  l'antiquité.  On  peut  dire  qu'il 
était  né  philologue  :  il  écrivait  le  lalin 


(  *  )  H.  Cl.  MuUer,  membre  dç  la  Chambre 
des  Représentanta, 


(  *  )  Hemoriœ  Lud.  tLouitli,  pièce  de  vers 
ÎQsérée  dans  la  Revu^  de  Liige^i,  II,  p.  662, 


&33 


RUT 


534 


avec  une  pureté  rare»  et  nous  Tavons 
connu  parlant  six  langues  avec  une 
facilité  presque  égale.  Sa  mémoii*» 
prodigieuse,  au  surplus,  lui  venait  sin- 
gulièrement en  aide  :  les  tours  de 
force  lui  étaient  familiers  ;  il  eût  réiilé 
Virgile,  Horace  et  peut-être  Homère 
d*un  bout  à  Tautre;  les  poètes  secon- 
daires^ ceux  mêmes  delà  décadence,  lui 
étaient  familiers,  et  il  savait  par  cœur 
de  longs  chapitres  d*histoire  et  jusqu^à 
des  traités  de  médecine  :  tout  Celse  était 
d^ns  sa  tête,  et  pour  peu  qu'on  l'en 
priM,  il  en  donnait  volontiers  ce  qu'on 
pourrait  appeler  une  édition  verbale. 
Il  ne  s'engagea  cependant  point  dans 
la  carrière  des  lettres  :  ses  humanités 
achevées,  il  alla  suivre  à  TUniversité  de 
Leyde  les  cours  de  médecine»  et  en  re- 
vint porteur,  à  18  ans,d'ua  diplôme  de 
docteur  obtenu  avec  le  pitM  grand  suc^ 
cèsAl  termina  ses  études  à  TUniversité 
de  Liège,  où  il  subit  d'une  nanière 
trèsrdistinguée,  devant  la  Faculté  de 
médecioe,  les  examens  de  docteur  en 
ctiirurgîe  et  ea  accouchements.  UXMi 
comme  praticien  ilansaon  village  natal, 
il  s'y  acquit,  gr^ce  à  son  lèle  et  à  «on 
dévouement  pour  les  malades  indi- 
gents, Testime  et  la  reconnaissance  de 
tout  le  monde;  mais  les  nombreux 
amis  qu'il  s'était  faits  à  Liège  lui  firent 
comprendre  qu'il  était  appelé  j^  rendre 
des  services  sur  un  plus  grand  théâtre, 
et  il  se  rendit  à  leurs  conseils.  Il  fut 
bientôt  en  réputation  dans  la  ville  uni- 
versitaire; il  devint  entr'autres  le  mé- 
decin ordinaire  de  l'évéque  van  Bom- 
mel,  fonctions  qull  consena  jusqu'à 
la  mort  de  ce  prélat.  Lors  de  la  réor- 
ganisation de  1835,  Royer  fut  nommé 
a^égé  à  la  Faculté  de  médecine  de 
rÇniversité  ;  U  obtint  le  titre  de  pro 
fesseur  extraordinaire  environ  douze 
ans  après,  le  5  août  1837,  et  enfln 
rordinariat  le  26  août  1844.  II  fut 
chargé  pendant  plusieurs  années  du 
cours  de  pathologie  et  de  thérapeutique 
génénMes,  en  remplacement  de  M.  Sau- 
veur ;  ce  cours  a  été  postérieurement 


dédoublé  et  partagé  entre  MM.  Sprii^ 
et  Vausi.  Royer  professa  ensuite  la 
pathologie  et  la  thérapeutique  s|)éciales 
des  maladies  internes,  y  compris  les 
maladies  des  femmes  et  des  enfants, 
celles  de  la  peau  et  les  maladies  sy- 
philitiques, cours  de  deux  ans,  confié 
actuellement  à  M.  Heuse  (v.  ci-dessus). 
En  outre,  il  resta  titulaire  (  '  ),  jusqu'à 
sa  mort,  du  cours  de  médecine  légale 
(y  compris  la  toxicologie),  et  du  cours 
facultatif  d  encyclopédie  et  d'histoire  de 
la  médecine.  D'un  caraaère  bienveil- 
lant et  afiable,  Royer  s'était  acquis 
l'affection  aussi  bien  que  la  considéra- 
tion de  ses  élèves.  Son  zèle  ne  se  dé- 
mentit jamais;  il  s'obstina  même,  quoi- 
que déjà  très-souffrant,  à  continuer 
sans  interruption  son  cours  de  patho- 
logie spéciale  jusqu'à  la  fin  de  l'année 
1800-1867.  Peut-être  se  faisait-il  illu- 
sion sur  son  état;  en  tous  cas  il  ne 
voulut  suivre  aucun  traitement  jusqu'à 
ce  que,  peu  après  l'ouverture  de  la  ses- 
sion du  jury,  il  dut  enfin  se  rendre  à 
l'évidence  (').  -^  Royer  a  été  secrétaire 
acadénûque  eu  1857-1858.  Nous  ne 
connaissons  de  lui  aucune  publication, 
à  part  quelques  pièces  de  vers  latins, 
pour  la  plupart  consacrées  à  la  mé- 
moire de  ses  anciens  collègues  et  dis- 
séminées dans  les  journaux  de  Liège. 


uu<t>  ( Ignace -ÂNTOiNJS)  naquit  à 
Luxembourg  le  4"  jour  complémentaire 
de  l'an  X  (21  septembre  1802),  et  mou- 
rut à  Liège,  d'une  attaque  de  choléra, 
le  31  juillet  1849,  presque  en  même 
temps  que  son  compatriote  et  ami  Mo- 
litor,  professeur  à  la  Faculté  de  droit 
de  l'Université  de  Gand.  Ils  avaient  fait 
leurs  études  ensemble „débuté  ensenUile 
au  barreau,  quitté  ensemble,  en  1830, 
leur  ville  natale  pour  venir  servir  la 
cause  de  l'indépendance  nationale  ;  ils 
s'étaient  ensuite  trouvés  réunis  au  tri- 
bunal d'Arlon,  en  qualité  de  substituts; 
enfin  ils  avaient  quitté  l'un  et  l'autre  la 
magistrature  pour  l'enseignement  :  il  n'y 


(*)  Sauf  une  Interroption  :  le  cours  de 
médeeiae  légale,  a  été  donné  par  H.  Boriée, 
delSSSilsei. 

(*)  Av  Ifl  ds  mort,  il  exprima  formelle- 


meot  la  volonlé  de  ae  pas  recevoir  les  hoo- 
Dcurs  universitairee.  —  Son  corps  a  é\^ 
transporté  à  Hnnsterbilsen. 


00  i 


SAU 


536 


avait  plus  qu'an  point,  ajoute  M.  Nypels, 
le  biographe  de  Ruth,  où  leur  destinée 
pouvait  être  diflférente,  le  terme  de  leur 
carrière  ici-bas  :  le  ciel  voulut  que  la 
coïncidence  fût  complète.  —  Ruth  prit 
ses  premières  inscriptions  à  TUniversité 
de  Liège  avec  un  autre  condisciple  luxem- 
bourgeois, M.  Jean-Baptiste  Nothomb. 
Ils  furent  compagnons  de  chambre  et 
prirent,  dès  le  début,  des  habitudes  stu- 
dieuses. Ils  se  séparèrent  en  1827, 
M.  Nothomb  déjà  impatient  de  prendre 
part  aux  affaires  publiques,  Ruth  préoc- 
cupé de  faire  honneur  au  diplôme  de 
docteur  en  droit,  qu'il  venait  de  con- 
quérir par  une  dissertation  sur  le  Pri- 
vilège du  vendeur^  le  seul  travail  imprimé 
qu'on  connaisse  de  lui.  Les  événements 
entravèrent  la  réalisation  des  projets 
du  jeune  avocat;  au  premier  signal 
parti  de  Bruxelles,  la  jeunesse  du  Grand- 
Duché  se  leva  pleine  d'enthousiasme 
pour  les  principes  de  la  Révolution. 
Ruth  fonda  une  association  publique  à 
Luxembourg,  en  fut  le  secrétaire  et 
rendit,  dans  les  moments  de  crise,  des 
services  qui  furent  récompensés  plus 
tard  par  la  Croix  de  fer.  Au  mois  d'oc- 
tobre 1830,  il  passa  au  tribunal  qui 
venait  d'être  créé  à  Arlon,  en  qualité 
de  substitut  du  commissaire  du  Gou- 
vernement ;  Il  y  eut  l'occasion  de  rem- 
plir par  intérim  les  fonctions  de  chef 
du  parquet,  en  l'absence  de  ce  fonc- 
tionnaire.  Non  seulement  il  profita  de 
sa  position  pour  gagner  dans  son  ar- 
rondissement des  partisans  à  la  cause 
qull  avait  embrassée,  mais  il  parvint 
à  faire  de  la  propagande  jusque  dans 
les  murs  de  la  forteresse.  Le  ministère 
jugea  prudent  de  l'éloigner  d'Ârlon  et 
lui  confia  le  poste  de  procureur  du  roi 
à  Neufchâteau.  Cependant  la  conduite 
de  Ruth  avait  porté  ombrage  au  Gou- 
vernement Grand-Ducal  :  des  poursuites 
judiciaires  furent  exercées  contre  le 
jeune  agent  politique  (janvier  1853);  la 
Cour  d'assises  de  Luxembourg  le  con- 
damna à  mort  par  contumace.  Ruth 
aurait  pu  faire  rapporter  l'arrêt  :  il  ne 
le  voulut  pas,  et  laissant  au  temps  le 
soin  de  le  justifier,  il  préféra  rester 
exilé  de  Luxembourgjusqu'à  la  conclu- 
sion delà  paix  (1859).  Soit  modestie, 
soit  attachement  au  sol  natal,  il  refusa 


en  1837  une  nomination  de  substitut 
au  Tribunal  de  Bruxelles;  malgré  les 
instances  de  son  ancien  professeur, 
Ant.  Ernst,  alors  ministre  delà  justice, 
l'arrêté  dut  être  révoqué.  La  carrière 
de  Ruth  ne  devait  pas  toutefois  s'ache- 
ver à  Neufchâteau.  La  mort  de  Godet 
(28  février  18^4)  ayant  laissé  vacante 
la  chaire  de  droit  civil  élémentaire  à 
l'Université  de  Liège,  M.  Nothomb, 
alors  ministre  de  l'intérieur,  se  souvint 
de  son  ancien  commensal.  Cette  fois 
Ruth  céda ,  mais  après  de  longues  hé- 
sitations. Nourri  par  de  longues  études, 
familiarisé  avec  toutes  les  difficultés  du 
droit  (  ivil,  il  fit  à  Liège  un  excellent 
cours,  mais  peut-être  un  peu  trop  sub- 
stantiel pour  des  commençants.  Au  bout 
de  quelque  temps,  quand  on  s'était  ha- 
bitué à  sa  méthode,  on  appréciait  son 
mérite  ;mais  il  eût  été  mieux  à  sa  place 
dans  une  chaire  de  droit  civil  a^ro- 
fondu  Ruth  fut  dominé  toute  sa  vie  par 
un  rigoureux  sentiment  du  devoir  : 
comme  homme  privé,  comme  citoyen, 
comme  magistrat,  comme  professeur, 
il  a  laissé  une  haute  réputation  de  pro- 
bité, de  loyauté,  de  zèle  à  s'acquitter 
de  sa  tâche.  —  Le  discours  de  M.  Ny- 
pels, cité  plus  haut,  a  été  prononcé  le 
26  octobre  1849  à  la  Salle  académique 
de  Liège,  et  publié  dans  les  AnnaU9 
des  Universités  de  Belgique^  t.  VIL 


Aauveiir    (TOUSSAINT  -  DlEUDONHË) 

naquit  à  Liège  le  26  avril  1766  et  y 
mourut  le  27  janvier  1838,  professeur 
émérite.  Sauveur  fut  le  premier  recteur 
derUniversité  de  Liège  ;  il  enfutaussile 
dernier  avant  les  événements  de  1830,  et 
iisurvécutà  tous  ses  collègues  de  laFa- 
cultéde  médecine  de  1817.— L'histoire 
de  sa  première  jeunesse,  racontée  dans 
la  Revue  ^«'/geparM.  L.  Renard,  abonde 
en  détails  intéressants.  Il  fut  élevé  au 
Collège  de  Visé,  l'une  des  nombreuses 
annexes  de  la  célèbre  Congrégation  de 
l'Oratoire  ;  il  obtint  ensuite  de  son  père 
la  permission  d'aller  à  Paris,  où  il  se 
prépara,  par  trois  années  d*études  as- 
sidues et  brillantes,  à  entrer  dans  le 
corps  enseignant  des  Oratoriens.  On 
l'envoya  professer  les  humanités  au  Col  - 
lége  de  Juilly,  puis  la  rhétorique  à  l'U- 


^ 


837 


SAU 


538 


Diversité  d*Angers,  établissement  sapé- 
rieur  de  la  Congréffation.  Il  y  fui  reçu 
WMitre'èi-arti,  ci  C  est  là,  dit  Técrivain 
»  dont  nous  suivons  le  récit,  quVl  connut 
)>  Yolney  et  Lanjuinais.  C'est  là  qu'Use 
»  lia  avec  Chabrol  de  Volvic,  Dessoles, 
»  Creusé  de  Lesser,  Pocholle,  les  La- 
»  rochejaquelin  et  Fouché.  Il  eut  avec 
»  ce  dernier  d'assez  étroites  relations. 

8  Les  événements  les  séparèrent  :  ils 
»  firent,  de  l'un,  un  ministre  puissant, 
0  un  duc  de  l'empire,  un  diplomate  rusé, 
»  couvert  des  décorations  de  la  plupart 
»  des  souverains  de  l'Europe  ;  de  l'autre, 
»  un  médecin  modeste  mais  estimé  dans 
»  la  science,  mais  honoré  dans  la  pra- 
A  tique  de  son  art,  mais  considéré  de 
»  ses  concitoyens.  A  trente-six  ans  de 
»  distance  (1816),  quand  Monseigneur 
»  d'Otrante  partit  pour  un  exil  qui  de- 
»  vaitëtre  éternel,  avec  le  titre  pompeux 
»  de  ministre  plénipotentiaire  à  Dresde, 
»  il  se  souvint,  en  passant  par  Lié^e, 

9  qu'il  devait  y  avoir  un  ancien  ami  de 
0  collège.  11  s'en  informa,  et,  apprenant 
»  qu'il  vivait  encore,  il  s'empressa  de 
»  le  visiter.  Il  s'expliquait  difficilement, 
»  lui  homme  puissant  et  répandu,  com- 
»  ment,  alors  que  son  crédit  avait  été 
»  utile  à  tant  de  monde,  il  n'avait  pas 
»  trouvé  l'occasion  de  l'employer  une 
»  seule  fois  en  faveur  de  son  ancien 
9  collègue  d'Angers.  Vous  êtes,  lui  dit- 
»  il,  le  seul  de  mes  anciens  condisciples 
»  qui  ne  m'ayez  jamais  rien  demandé,  n 
Mais  Sauveur  ne  voulait  rien  devoir  qu'à 
lui-même  ;  et  loin  démettre  à  contribu- 
tion ses  anciens  camarades  d'études,  il 
les  obligea  au  contraire  quand  il  le  put. 
C'est  ainsi  qu'il  secourut,  avec  la  plus 
délicate  générosité,  quelques Oratoriens 
forcés  par  un  décret  de  proscription, 
lors  de  la  rentrée  des  B<iurbons  en 
France,  à  chercher  un  refuge  en  Bel- 
gique. —  Sauveur  rencontra  sur  son 
chemin,  au  début  de  la  C4irrière,  des 
célébrités  de  plus  d'un  genre.  Il  fut 
l'ami  de  Daunou,  et  il  pressentit  dans 
les  confidences  du  jeune  philosophe  le 
noble  et  généreux  défenseur  de  la  cause 
de  l'humanité,  le  Judicieux  historien, 
le  publiciste  irréprochable.  Il  lia  con- 
naissance, à  Arras,  avec  deux  jeunes 
gens  qui  avaient  témoigné  le  désir  de 
se  rapprocher  de  lui,  et  dont  personne 


ne  prévoyait  alors  les  destinées.  Ils 
s'appelaient Maximilien  et  Augustin  Ro- 
bespierre. Sauveur  assista  entr'autres, 
avec  eux,  à  une  fête  de  famille  célébrée 
à  propos  de  la  promotion  d'un  jeune 
prêtre  à  des  fonctions  pastorales  :  épi- 
sode fort  insignifiant,  si  le  héros  de  la 
fête  n'eût  été...  Joseph  Lebon,  un  nom 
que  l'histoire  écrit  en  lettres  de  sang. 
Cependant  les  esprits  commençaient  à 
fermenter  en  France  :  une  catastrophe 
était  imminente.  Prévoyant  que  les  éta- 
blissements d'instruction  dirigés  par 
des  communautés  religieuses  en  ressen- 
tiraient infailliblement  le  contre-coup , 
Sauveur  résolut  de  changer  de  carrière. 
Il  ne  quitta  pas  sans  regret  sa  paisible 
retraite  ;  mais  il  subit  courageusement 
la  loi  de  la  nécessité.  Ce  fut  à  Paris 
même,  au  milieu  du  tourbillon,  que,  de 
i789  à  1792,  il  consacra  son  temps  à 
l'étude  de  la  médecine  et  suivit  assi- 
dûment les  leçons  de  Bosquillon,  de 
Desault,  de  Deyeux,  de  Portai,  d'An- 
toine Dubois  et  de  Corvisart.  Sur  ces 
entrefaites  s'ouvrit  le  règne  de  la  terreur. 
Sauveur  comprit  qu'il  n'avait  pas  de 
temps  à  perdre,  et  qu'il  lui  importait 
d'autant  plus  de  regagner  son  pays,  que 
l'invasion  des  Pays-Bas  par  les  Autri- 
chiens allait  interrompre  ses  communi- 
cations avec  sa  famille,  et  par  conséquent 
le  priver  de  ressources. Or,la  Convention 
avait  décrété  la  peine  de  mort  contre 
quiconque  se  présenterait  à  la  frontière 
sans  passe-port;  et  demander  un  passe- 
port, c'était  se  rendre  suspect.  Grâce  à 
son  hôte,  perruquier  carmagnol  en  rap- 
port avec  des  clubistes  influents,  il  ob- 
tint le   laissez-passer  indispensable; 
mais  il  ne  fit  halte  à  Liège  que  pour 
revoir  sa  famille,  et  alla  se  faire  rece- 
voir docteur  à  Utrecht,  en  i793.  Rentré 
enfin  dans  ses  foyers,  il  fut  nommé 
médecin  à  l'hôpital  St-Abraham  ;  dé- 
noncé par  un  membre  de  la  municipalité 
comme  ayant  un  frère  émigré,  il  quitta 
les  fonctions  publiques  et  ne  s'occupa 
plus  que  de   sa  pratique  civile.  Sa 
clientèle  devint  bientôt  importante,  et 
rhorizon  politique  s'étant  éclairci  après 
la  réaction  thermidorienne,  il  put  envi- 
sager l'avenir  avec  sécurité.  Diverses 
missions  ou  distinctions  lui  furent  con- 
férées de  1800  à  i8U  :  il  fit  partie  du 


S39 


SAU 


54Û 


Comité  de  vaccinfè;  il  Ait  nommé' méde- 
cin des  épidémies  et,  dès  la  création  du 
Lycée  impérial  de  Lié^e,  médecin  de  cet 
établfs^emem.  Llllastre  Bartbez  le  flt 
associer  à  ia  Société  médicale  d'émula^- 
tion  de  Paris;  d'autres  compagnies  sa* 
Vantes  de Parisiet  d'Orléans  ne  tardèrent 
pas  â  se  l'affiKer.  Les  événements  de 
1814  ne  lui  portèrent  aucune  atteinte. 
En  1816,  le  roi  des  Pays-Bas  le  chargea 
de  prendre  part  à  la  rédaction  de  la 
Pharmacopée  belge;  Tannée  suivante,  il 
fbt  nommé  pré^deïit  de  la  Commission 
médicale  de  la  province  de  Liège  (sons 
le  régime  précédent,  11  avait  été  itremfore 
du  jury  médical  du  département  de 
lX)urte).  Ses  connaissances  et  son  ex-^ 
périence  rappelèrent  tout  naturellement 
à  occuper  une  chaire  académique,  lors* 
que  rUnlTersité  de  Liège  fut  fondée.  Il 
rentra  dans  la  carrière  professorale  à 
TâgedeSO  ans,  et  eut  Thonneur  insigne, 
dès  son  entrée  en  fonctions,  d*ètre  pro- 
clamé prxiMU  inter  pares ,  c'est-à-dire 
de  revêtir,  avant  tout  autre,  les  insignes 
du  rectorat.  Son  enseignement  fut  es- 
sentiellement éclectique  (*);  il  se  tenait 
avec  le  plus  grand  soin  au  courant  de 
la  science,  remaniait  constamment  ses 
cours  et  se  tenait  à  Taffût  de  tous  les  faits 
nouveaux  et  dirigeait  ses  élèves  dans 
leurs  lectures.  Ses  connaissances  litté- 
raires se  reflétaient  dans  ses  discours  et 
leur  prêtaient  un  attrait  piquant,  u  II  en* 
D  seigna  successivement  la  pathologie 
n  générale  et  la  pathologie  spéciale  des 
»  malaâiesinternes,rhygtèneetlatbéra- 
»  peutique.  Dans  chacun  de  ces  cours,  il 
»  porta  une  méthode  claire  et  logique* 
))  un  savoir  approfondi ,  une  raison  supé- 
»  rieure,  toujours  affranchie  des  entrai 
»  ves  systématiques  Mais  c'est  surtout 
})  dans  sa  clinique  journalière  à  Thôpital 
n  quil  Gt  briller  cette  sagacité  péné- 
n  trante,  ce  tact  sûr,  cette  investigation 
»  prompte  et  saisissante,  cet  aplomb 
n  en  quelque  sorte  Instinctif  qui  avaient 
»  développé  en  lui,  à  un  si  haut  degré, 
»  la  science  difficile  du  diagnostic  et 
n  du  pronostic,  il  étonna  souvent  ses 
»  plus  studieux  disciples  par  la  certi- 
»  tude  de  ses  appréciations ,  par  la 


m  pfédsle^n  avec  laquelle  fPsavaH  iron- 
»  ver  le  siège  de  la  maladie  dans  les 
a  cas  obscurs  ou  douteux...  »  Son  zèle 
»  ne  se  démentit  jamais,  ni  à  rUniver- 
»  site  ni  an  lit  des  malades.  Aami  To- 
pinion  publique  se  souleva-t-ellê  éton- 
née, on  peut  dire  indignée,  lorsque  le 
nom  de  rhonorable  docteur  fut  Inopi- 
nément rayé  du  programme  des  eours, 
réorganisés  eu  1835.  QoeHes  influen- 
ces avaient  déicide  le  pouvoir  à  lui  arra- 
cher sa  démission?  11  paraît  que  ceux 
qui  concoururent  à  son  élimHiation 
furent  les  premiers  à  la  regretter; 
mais  il  était  trop  tard  pour  réparer  le 
mal.  Proclamé  émérite,  ne  eonsenrant 
plus  aucune  attribution  dans  rensei- 
gnement, Sauveur  souflHt  de  cette 
inaction  forcée  et  inattendue  :  il  cher- 
cha en  vain,  dans  la  pratique,  une 
distraction  aux  pensées  qui  revenaient 
fassaillir  chaque  jour,  aux  heM'es  ha- 
bituelles de  ses  leçons  ;  sa  situation 
morale  fut  encore  aggravée  par  une 
affection  dont  les  symptômes  n'effhtyè^ 
rent  pas  ses  confrères  de  la  Faculté, 
mais  sur  laquelle  il  ne  se  flt  point 
Illusion.  11  eut  claîremenl  conscience 
de  son  état  jusqu'au  dentier  mo^ 
ment,  et  il  mourut  en  s'appKquant  à 
lui-même  la  science  qui  l'avait  illustré. 
—  Sauveur  n'écrivit  guère  que  sa  thèse 
Inaugurale  et  quelques  mémoires  dis- 
persés dans  des  recueils  périodiques; 
les  manuscrits  de  ses  cours  et  son 
portefeuille  ^'observations,  si  les  soins 
de  sa  nombreuse  clientèle  lui  avaient 
permis  de  les  coordonner  ou  d'en  pu- 
blier des  extraits,  auraient  pu  rendre 
d'utiles  services  à  l*art  de  guérir.  Il  fut, 
en  1806,  l'un  des  fondateurs  de  la  So- 
ciété des  sciences  physiques  et  médicales 
de  Liège  :  il  fit  insérer,  au  premier  vo*- 
lume  des  Actes  de  cette  compagnie,  un 
long  rapport  sur  les  travaux  des  cor- 
respondants et  sur  une  belle  question 
mise  au  concours  :  Be  rinfluence  des 
passions  sur  la  production  des  maèadies. 
Les  procès -verbaux  de  la  Société  d'E- 
mulation de  Liège  (19  mars  1810,  p. 
38-56)  contiennent  un  éloge  histo- 
rique du  célèbre  docteur  Ab  Heei*s,  de 


(  *  )  II  répétait  volontiers  ces  paroles  de      utratque,  ubi  veritatem  coiutu^  tequor  ;  ma- 
Klein  :  Nec  ab  antiquis  «um,  nec  à  novis  :      gn{fico  sœpiui  repetitam  experientiam. 


S41 


SCH 


543 


Tongres  (*),  dû  également  à  la  plume 
de  Sauveur.  Le  Discours  pour  Vinslalla- 
liott  de  rUniversité,  prononcé  le  S5 
septembre  i817  (Ann.  1819)  et  le  Dis- 
cours pour  la  remise  du  rectorat  en 
1818  (hid.)  sont  des  morceaux  remar- 
quables par  le  fond  et  par  la  forme  ;  on 
peut  en  dire  autant  d*un  travail  Sur  la 
c/fnt^ve,  préparé  pour  la  rentrée  solen- 
nelle de  1851,  mais  malheureusement 
resté  inédit.  Sauveur  prit  une  grande 
part  aux  travaux  de  la  Commission 
chargée,  dès  1829,  de  Texamen  et  de 
la  révision  des  lois,  arrêtés  et  règle- 
ments sur  Tart  de  guérir,  et  contribua 
à  la  rédaction  du  rapport  sur  le  même 
sujet,  présenté  au  gouvernement,  en 
1855,  par  une  autre  Commission  spé- 
ciale. C*était  un  homme  de  bon  con- 
seil, d*un  Jugement  sûr,  d^une  clair- 
voyance pénétrante  et  d*un  esprit  éle- 
vé. Il  eut  le  bonheur  de  voir  ses 
enfants  annoncer,  dès  leurs  drbuts  dans 
la  carrière  où  il  s'était  lui-même  dis- 
tingué ,  qu*ils  se  montreraient  un  jour 
les  dignes  héritiers  de  sa  science  et  de 
ses  exemples. 

Sources:  Revue  belge,  art.  cité.— Dis- 
cours prononcé  par  le  profeseur  Leroy 
aux  funérailles  de  Sauveur. 


schaar  (Matrias),  ué  à  Lùxcmbourg 
le  28  décembre  1817,  mourut  à  Nice  le 
26  avril  1867  (').  Son  père.  Ingénieur 
au  service  des  Pays-Bas,  l'emmena  tout 
enfant  à  Grevenmachern,  puis  l'envoya, 
âgé  de  treize  ans,  au  Collège  de  Sierck, 
en  France,  pour  y  faire  ses  humanités. 
Cinq  années  s*écoulèrent  ;  il  fut  alors 
décidé  que  Mathias  étudierait  la  méde- 
cine à  l'Université  de  Gand.  A  peine 
installé  dans  cette  ville,  il  eut  le  malheur 
de  perdre  son  père,  ce  qui  changea  du 


tout  au  tout  sa  position  sociale  et  ren- 
versa ses  projets  d'avenir.  Rappelé  dans 
le  Luxembourg,  il  h'y  resta  que  le  temps 
de  s'orienter  ;  nous  le  retrouvons  bien- 
tôt à  Gànd,  maître  d'études  au  pension- 
nat de  TÂthénée  (*),  tout  absorbé  par 
ses  fonctions  et  par  l'étude  des  sciences 
mathématiques,  à  laquelle  il  se  livra 
tout  d'un  coup  avec  une  ardeur  singu- 
lière. Il  ne  pouvait  suivre  les  cours  de 
l'Université  ;  maisl'isolement  ne  faisait 
que  fortifier  son  esprit  el  lui  donner 
l'habitude  de  la  méoitation.  Désireux 
cependantd'essayer  ses  forces,  iirésolut 
de  prendre  part  au  concours  universi- 
taire, qui  venait  d'être  institué.  Or,  pour 
y  être  admis,  il  fallait  non-seulement 
se  faire  inscrire  au  rôle  des  étudiants, 
mais  posséder  le  diplôme  de  candidat. 
Scbaar  se  mit  en  règle,  rédigea  un  Mé- 
moire Sur  l'emploi  de  la  vapeur  comme 
force  motrice  et,  le  2  août  1842  (*),  fui 
proclamé  premier  en  sciences  physiques 
et  mathématiques.  Ce  triomphe  semblait 
devoir  inspirer  au  jeune  vainqueur  de 
la  confiance  en  lui-même  ;  mais  il  était 
d'une  timidité  excessive,  et,  d'autre  part, 
il  ne  se  dissimulait  pas  que  la  méthode 
auto-didactique  ne  supplée  jamais  com- 
plètement à  la  direction  d'un  maître 
éclairé.  Grâce  â  l'interventioti  d'un  ami 
influent,  il  aurait  pu  être  envoyé  en  Al- 
lemagne et  placé  sous  la  direction  de 
l'illustre  géomètre  Gauss  ;  le  ministre 
était  tout  disposé  à  lui  accorder  deux 
années  de  congé  s'il  le  fallait,  en  ajou- 
tant même  aux  revenus  de  sa  position 
actuelle.  Schaar  accepta  ces  offres  avec 
reconnaissance,  mais  demanda  du  temps 
pour  se  préparer  ;  il  parla  de  son  ma- 
riage, qui  était  sur  le  point  de  se  con- 
clure; bref,  Taifaire  n'eut  pas  de  suite. 
Il  faillit  s'en  repentir  lorsqu'il  se  pré- 
senta devant  le  jury,  pour  subir  l'exa- 


{*)  Connn  par  ses  Uraviux  sor  les  €tvz 
minérales. 

(*)  Nous  rëstmons  It  Notice  publiée  par 
M.  Qttetelet  dans  {'Annuaire  de  t Académie 
royale  de  Belgique  pour  1868,p.  llSetsuiv. 

(')  Alors  dirigé  par  M.  de  Potter,«(quiiui 
servK  de  guide  et  de  père  >» 

{ *)  Celte  date  est  restée  célèbre  dans  les 
Annales  de  l'Université  de  Gand.  Quatre 
questions  avaient  été  mises  au  concours  ;  les 
quatre  prix  furent  obtenus  par  des  élèves  de 


Gand  (Mathias  Scbaar  et  MBf.  L.  Fraeys, 
J.-B.  Lauwers  et  J.  Foerfaon).  On  était  à  la 
veille  de  célébrer  le  95*  anniversaire  de  Tins- 
tallation  de  TUniversité  :  le  Conseil  communal 
résolut  de  rattacher  à  cette  fête  le  triomphe 
des  quatre  lauréats.  Outre  la  médtille  d'or 
décernée  par  le  gouvernement ,  ils  reçurent 
cbaeun,  de  la  pari  de  la  ville,  une  branche  de 
laurier  en  argent  et  un  ouvrage  de  prix.  (V. 
le  discours  du  professeur  Moluj ,  Ann,  du 
Univ.  de  Belgique,  1843, 1. 11,  p.  6S6). 


543 


SCH 


544 


men  de  docteur  eo  sciences  physiques 
et  mathématiques.  Dès  le  commence- 
ment de  l*épreuve,  il  se  troubla,  hésita 
ets*embrouillasi  bel  et  si  bien,  que  sans 
M.  Quetelet,  qui  connaissait  sa  valeur 
et  parvint  à  lui  rendre  quelque  assu- 
rance,il  eût  été  infailliblement  ajourné. 
Il  conquit  enfin  son  grade  avec  distinc- 
tion^  «  et  Ton  a  pu  juger  depuis  com- 
bien cette  distinction  était  méritée.  » 
Le  doctorat  en  sciences  lui  valut  une 
double  promotion  :  Tadministration  gan- 
toise l'attacha  à  son  Athénée  en  qualité 
de  professeur  de  mathématiques ,  et  le 
gouvernement  lui  confia  les  fonctions 
de  répétiteur  d'analyse  à  TEcole  du 
génie  civil.  La  classe  des  sciences  de 
TAcadémie  reçut  de  lui  une  première 
communication  le  10  janvier  1846  ; 
d'autres  se  succédèrent  rapidement  et 
furent  accueillies  avec  une  faveur  mé- 
ritée. Préoccupé  de  s'initier  aux  mé- 
thodes des  grands  géomètres,  il  se 
contenta  d'abord  de  régler  ses  investi- 
gations sur  les  leurs  ;  mais,  à  partir  de 
la  fin  de  1849,  ses  allures  devinrent 
plus  franches  ,  plus  indépendantes  : 
elles  marquent  déjà,  dit  M.  Quetelet, 
le  géomètre  qui  suit  sa  propre  voie  et 
procède  d'une  manière  sûre.  Malheu- 
reusement, rétat  de  sa  santé  le  força 
sinon  d'interrompre,  du  moins  de  ra- 
lentir ses  travaux.  Il  était  d'une  taille 
élevée,  mais  d'une  constitution  assez 
faible  ;  d*un  caractère  doux,  naturelle- 
ment affectueux,  mais  d'une  vivacité 
fébrile  et  d'une  susceptibilité  nerveuse 
qui  lui  commandait  plus  qu'à  un  autre 
d'éviter  les  surexcitations  de  l'esprit. 
£n  1857,  après  la  mort  de  Meyer,  le 
gouvernement  résolut  de  l'envoyer  à 
Liège  :  on  pouvait  espérer  que  le  chan- 
gement d'air  lui  serait  favorable.  Il  fut 
donc  nommé  professeur  ordinaire  (24 
septembre)  et,  peu  de  temps  après,  in- 
stallé dans  la  chaire  délaissée  par  son 
compatriote  (analyse  supérieure,  calcul 
intégral,  calcul  aux  différences,  calcul 
des  variations,  fonctions  elliptiques  ; 


probabilités;  astronomie).  Son  talent, 
son  dévouement  aux  élèves,  son  carac- 
tère bienveillant  lui  acquirent  tous  les 
suffrages.  Jusqu'en  1865,  son  état  pa- 
rut sensiblement  amélioré  :  plus  de 
tension  d'esprit  extraordinaire ,  un  ré- 
gime hygiénique,  de  longues  prome- 
nades dans  les  beaux  environs  de 
Liège,  qui  lui  rappelaient  le  pays  na- 
tal, tout  contribuait  à  rendre  l'espoir  k 
sa  famille.  Sa  vie  était  d'ailleurs  très- 
occupée  :  depuis  le  8  mars  1858,  il 
était  membre  du  Conseil  de  perfection- 
nement de  l'enseignement  moyen,  et  il 
remplissait  son  mandat  avec  le  zèle 
consciencieux  qu'il  déploya  partout  où 
Il  eut  des  services  à  rendre.  La  Société 
royale  des  sciences  le  comptait  parmi 
ses  membres  (5  décembre  1857)  ;  l'A- 
cadémie le  nomma,  en  1865,  directeur 
de  la  Classe  des  sciences,  pour  l'année 
suivante,  et  le  gouvernement  le  choisit 
comme  président  de  la  Compagnie,  pen- 
dant la  même  année.  11  se  remit  insen- 
siblement à  composer  quelques  notices, 
mais  sans  se  fatiguer.  Il  semblait  fixé 
à  Liège  pour  toujours;  ce  milieu  lui 
convenait  sans  doute  :  il  venait  de  s'y 
faire  construire  une  belle  demeure, 
disposée  conformément  à  ses  goûts, 
lorsqu'une  circonstance  imprévue  vint 
tout  à  coup  le  relancer  en  pleine  mer, 
du  port  où  il  s'était  abrité.  Son  ancien 
confrère  Timmermans,  de  l'Université 
deGand  (*),  fut  frappé  d'apoplexie  et 
succomba  le  â  septembre  1864.S€haar 
n*était  pas  très-bien  portant  en  ce  mo- 
ment :  cependant  ii  regarda  comme  un 
devoir  d'accepter  la  chaire  vacante,  et 
ni  les  instances  réitérées  de  ses  élèves, 
ni  celles  de  tous  ses  collègues  de 
Liège,  ni  les  soins  de  ses  bâtisses  à 
peine  terminées  ne  parvinrent  à  le  re- 
tenir (*).  Les  adieux  furent  doulou- 
reux :  on  pressentait  quelque  malheur. 
A  Gand,  Schaar  ne  jouit  jamais  d'une 
santé  stable.  11  essaya  de  tons  les 
moyens  pour  se  distraire  ;  il  fit  de  la 
musique,  passionnément  et  avec  suc- 


(  *  )  Sar  Timmermans ,  v.  YÀnnuaire  de 
VAcadémie,  précité  (Notice  de  M.  Quetelet). 

(  *  )  Les  étadiants  de  Liège,  qui  lui  avaient 
d^À  offert  son  portrait,  voulurent,  au  dernier 
moment,  lai  laisser  une  nouvelle  marque  de 


leur  gratitude.  Ils  lui  remirent  une  grande 
pendule  allégorique  portant  cette  inscription  : 
À  M.  Schaar,  les  élèves  de  l'Université  de 
Liège  reconnaissants. 


54S 


8CH 


546 


ces  ;  il  s'adonna  aox  travaux  mécanl* 
qotts,  et  ptos  spécialement  à  la  cons- 
truction des  corps  flotteurs  et  des  vais- 
seaux. Depuis  longtemps  déjà  ce  goût 
s'était  développé  chez  lui,  à  ce  point 
qu'il  s'était  misa  faire  lui-méme,sur  mer, 
l'essai  des  flotteurs  qu'il  avait  construits 
(').Au  retourd'unvoyageà  Vichy (joillel 
1866),  d'où  il  revint  en  apparence  guéri 
radicalement,  il  s'embarqua  dans  son 
petit  yacht,  à  Ostende,  pour  se  rendre 
à  Calais  et  à  Douvres.  Le  mauvais  temps 
continuel,  les  émotions  du  voyage  lui 
furent-ils  funestes?  Toujours  est-il  que 
tout  le  bénéfice  du  séjour  de  Vichy  fut 
perdu.  II  voulut  remonter  en  chaire  ; 
mais,  le  8  Janvier  4867,  le  médecin  lui 
défendit  formellement  de  continuer  ses 
leçons.  Aflligé  de  ce  contretemps,  il 
passa  un  mauvais  hiver,  alla  se  distraire 
quelques  Jours  à  Bruxelles  et  enfln  se 
décida,  sur  les  conseils  de  M.  le  docteur 
Gluge,  qui  avait  sa  confiance,  il  deman- 
der sa  guérison  au  doux  dimat  du  midi. 
Il  partit  pour  llaotoue  le  14  mars,  ac- 
compagné desa  femme,compagnefidèle 
et  dévouée ,  dont  le  courage  ne  faillit  pas 
un  instant  jusqu'à  la  fin.  Mantoue  fut 
bientôt  délaissé  pour  Nice,  sur  le  désir 
du  malade  :«  Ce  devait  être  sa  dernière 
étape  ici-bas;  il  s'y  éteignit  le  26  avril, 
implorant  le  Très- Haut  pour  ses  en- 
fants qu'il  n'avait  pu  revoir  avant  de 
mourir  !»(■). 

Schaar  était  membre  correspondant 
de  l'Académie  royale  de  Belgique  depuis 
le  15  décembre  1848  ;  membre  titulaire, 
depuis  le  15  décembre  1851.  Le  28 
décembre  1860,  le  Roi  lui  avait  décerné 
la  Croix  de  chevalier  de  son  ordre. 

BlBLlOCRAPHIE. 

i**  De  remploi  de  la  vapeur  comme 
forée  motrice.  Mémoire  couronné  au  con- 
cours universitaire.  Bruxelles,  1843,  un 
vol.  gr.  in-8*>. 


Extrait  do  tome  I  des  Annales  det  Univer- 
sités de  Belgique.  C'est  un  résumé  clair  et 
méthodique  des  meilleurs  travaux  sur  la 
question, 

2«  Note  9ur  les  expressions  des  raeines 
d'un  nombre  de  produits  infinis  (BaM.ûe 
l'Acad.  royale  de  Belgique,  1^«  série,  t. 
XÏIÏ,  1«  partie,  1846,  p.  228). 

5°  Sur  la  transformation  de  quelques 
intégrales  définies([h.,  t.  Xïll,  2''partie, 
1846,  p.  30). 

4^  Nouvelle  démonstration  de  la  loi 
de  réciprocité  sur  les  résidus  quadra- 
tiques (Ib.,  t.  XIV,  p.  79). 

«  L'illustre  Gauss  en  a  donné  le  premier, 
dit  l'auteur,  six  démonstrations  tout-à-fait 
différentes,  dont  quelques-unes  se  trouvent 
dans  les  Disquisitiones  aritkmeiicœ,  et  qui 
sont  toutes  remarquables  par  les  principes 
qui  y  sont  développés.  La  nouvelle  démons- 
tration que  nous  allons  en  ddnnçr  est  très- 
élémentaire  et  no  paraît  pas  indigne  de  l'at- 
tention des  géomètres,  à  cause  de  sa  simpli- 
cité. 9 

5"  Sur  la  théorie  des  intégrales  Eulé- 
riennes  (Mém.  cour,  et  des  sav.  étran- 
gers, t.  XXH.  in-iS  i848). 

6«  Sur  la  convergence  d*une  certaine 
classe  de  séries  (Ibid). 

Les  Mémoires  n<»  S  et  6  présentent  sous 
un  jour  nouveau  des  diffieuliés  mathématiques 
déjà  traitées  par  Legendre,  Canchy,  Euler, 
Poisson, etc. — Ils  influèrent  sur  la  nomination 
de  Schaar  comme  membre  correspondant  de 
l'Académie. 

V  Sur  une  formule  d'analyse  (Ib.,  t. 
XXIII,  1848). 

Examen  d*une  formule  donnée  par  Poisson, 
et  qui  a  également  occupé  MM.  Diricfalel  et 
Gauchy  ;  Schaar  cherche  à  simplifier  ses  cal- 
culs et  è  en  déduire  quelques  conséquences 
qui  avaient  échappé  à  ces  habiles  géomètres. 
H.  Quetelet  lui  reproche  une  brièveté  exces- 
sive :  Schaar  ne  songe  qu'au  but  do  ses  re- 
cherches, et  «  compte  peut-être  trop  que  le 
lecteur  est,  ainsi  que  loi,  initié  à  tous  les 


(  *  )  Ontre  plusieurs  cbaloupe8,8oità  rames» 
soit  à  voiles,  de  dimensions  diverses,  il  cons- 
truisit un  petit  cutter  de  15  tonneaux  avec 
leqnel ,  pendant  les  vacances  universitaires, 
il  visita  à  diffi^ntas  reprises  les  eaux  ijaté- 
rieares  de  la  Hollande,  les  c6tes  extérieures 
de  notre  pays  et  même,  en  dernier  lieu,  la 
côte  nord  de  Franee  jusqu'à  Galais ,  d'oii  il 
alla  jusqu'à  Douvres.  La  dernière  embarcation 


qu'il  fit  exécuter  d'après  ses  plans  et  sous  sa 
direction  fut  un  cuUer  de  65  tonneaux  belges, 
lequel,  au  dire  de  plusieurs  hommes  compé- 
tents, est,  sous  beaucoup  de  rapports,  d'une 
coupe  et  d'une  construction  irréprochables. 
(Note  communiquée  à  M.  QueiHet  par  M, 
Henri  Schaar  fil»), 
{*]  Ibid. 


25 


SCH 


UH 


faits  ci  k  l'ensemble  des  leciarcs  qui  l'ont 
inspiré.  » 

8**  Sur  le  développement  de  ({--'%  jcz 
+  2  •)  —  1  suivant  les  puissances  de  z 

(Bull,  de  TAcad.,  première  série,  t.  XV, 
2  p.  1848,  p,  il5). 

9*  Sur  la  réduction  d*une  intégrale 
multiple  {Ibid.y  p.  500). 

Démonstration  nouvelle  d'une  Tomiule 
d'intégration  très-simple,  à  laquelle  était 
déjà  parvenu  Diriclilet. 

40**  Sur  les  propriétés  dont  jouissent 
les  produits  infinis  qui  expriment  les 
racines  des  nombres  entiers  (Ib.,  t.  XVI, 
^  p.  1849,  p.  580). 

i  !"  Sur  la  théorie  des  résidus  qua- 
dratiques (Mm.  des  membres  de  TAc-, 
t.  XXIV,  in-4S  1849). 

Timmermans  rendit  compte  de  ce  travail 
dans  les  termes  suivants  :  «  Le  mémoire  de 
M.  Schaar  concerne  les  résidus  quadratiques 
dont  l'illustre  Gauss  a  fait  la  base  de  la  réso- 
lution des  équations  indéterminées  du  second 
degré.  On  sait  que  les  propositions  fonda- 
mentales de  cette  théorie  ont  été  démontrées 
par  ce- géomètre  au  moyen  d'une  analyse  su- 
blime qui  lui  est  propre,  mais  qui  a  le  dé- 
faut d'isoler  cette  branche  des  mathéma- 
tiques. —  Les  principaux  théorèmes  ont  en- 
suite été  repris  par  plusieurs  géomètres  et 
démontrés  par  des  procédés  divers,  plus  en 
rapport  avec  l'analyse  vulgaire  ;  des  géo- 
mètres, comme  Legendre,  leur  ont  donné 
plus  d'extension  et  ont  fait  connaître  des 
propriétés  nouvelles  et  importantes.  Il  res- 
tait encore  à  les  faire  découler  d'une  source 
commune  et  à  les  vulgariser  en  quelque 
sorte,  en  rendant  plus  simple  et  plus  facile 
l'accès  de  cette  théorie.  C'est  ce  que  H. 
Schaar  est  parvenu  à  faire  avec  un  grand 
bonheur.  La  théorie  des  résidus  quadra- 
tiques, qui  jusqu'à  présent  était  réservée  aux 
Mémoires  académiques  ,  peut  aujourd'hui 
entrer  dans  le  domaine  de  l'enseignement 
même  assez  élémentaire.  C'est  là  un  service 
réel  rendu  à  la  science.  > 

iî®  Recherches  sur  la  théorie  des  ré- 
sidus quadratiques  (1  bid . ,  t.  XXV,  in-4®, 
i850). 

i3<»  Sur  les  oscillntions  du  pettdule 
en  ayant  égard  à  la  rotation  de  la  terre 
(lbid.,t,XXVI,in-4»,i851. 

Cet  écrit  se  rapporte  à  la  célèbre  expé- 
rience de  Foucault,  qui  rend  la  rotation  de  la 
terre  sensible  à  l'œil.  «  Le  phénomène,  dit 
Schasr,  est  loin  d'être  aussi  simple  qu'on 


pourrait  le  croire,  et  je  ne  puis  partager 
l'avis  d'un  illustre  géomètre,  lorsqu'il  pré- 
tend que  l'explication  en  doit  être  donnée 
par  la  simple  géométrie,  et  que  les  principes 
de  la  dynamique  n'y  entrent  pour  rien,  il 
est  vrai  qu'à  cause  de  la  |ietitesse  de  la  vi- 
tesse angulaire  de  la  terre,  le  plan  du  pen- 
dule paraît  tourner  d'un  mouvement  uni- 
forme autour  de  la  verticale  ;  mais  il  n'en 
est  rigoureusement  ainsi,  quelle  que  soit 
l'amplitude  des  oscillations,  qu'au  pôle.  Si 
la  vitesse  angulaire  de  la  terre  était  telle 
que  la  résultante  de  la  force  centrifuge  et 
de  la  gravité  fût  nulle  à  l'équateur,  la  chute 
des  graves  se  ferait .  sous  une  latitude  quel- 
conque, dans  le  sens  de  l'axe  de  rotation, 
et,  dans  ce  cas  encore,  le  mouvement  du 
plan  d'oscillation  du  pendule  serait  uni- 
forme. »  Bien  que  le  Mémoire  de  Schaar 
soit  très-court,  dit  M.  Quetelet,  on  voit  que 
l'auteur  a  pris  plaisir  à  le  composer  et  qu'il 
s'applaudit  en  quelque  sorte  de  marcher  li- 
brement dans  sa  voie. 

W  Sur  la  réduction  de  Vespressim 

^- —  en  fractimis  continues,  (Bull, 

de  TAcad.,  !'•  série,  l.  XVII). 

15^  Notice  sur  la  ditnsion  ordonnée  de 
Fourier  et  sur  ses  applications  à  Vex- 
fracfûm  d€ /a  racine  carr^«(Ib.,  t.  XVIII, 
2«  p.,  4851,  p.  144). 

16'  Note  sur  le  développement  des 

expressions  de  la  forme  - — en 

fraction  continue  (Ib.,  t.  XIX,  l"p., 
1852,  p.  16). 

17*  Rapport  sur  une  note  de  M.  Car- 
bonnelle  intitulée  :  Examen  du  cas  dou- 
teux dans  les  triangles  spléniques  (Ib., 
t.  XIX.  3«  p.,  1852,  p.  42). 

18*  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  A. 
Genocchi  sur  la  théorie  des  résidus 
quadratiques  (Ibid.,  t.  XX,  première 
partie,  1855,  p.  145). 

19*  Rapport  sur  une  note  de  M.  Ge- 
nocchi relative  à  la  démonstration  élé- 
mentaire d*une  formule  logarithmique 
de  M.  Binel(lbîd.,  t.  XX,  2*p.,  p  591). 

20*  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M. 
Liûgre  sur  Torganisation  de  la  Caisse 
des  veuves,  avec  des  applications  à  la 
Caisse  des  veuves  et  des  officiers  de 
rarméebelge  (lb.,t,  XX,3«p.,  p.  157). 


S49 


SCH 


mo 


21  <*  Rapport  sur  un  Mémoire  de  con- 
cours  de  la  classe  des  sciences  pour  1 855, 
relatif  à  FéUt  des  connaissances  dans 
(Intégration  des  équations  aux  déri- 
vées partielles  des  deux  premiers  or- 
dres (Ib.,  t.  XX,  y  p.,  p.  354). 

S2<*  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M. 
Cartfonelle  sur  l*altération  des  fonc- 
tions et  des  équations  (ib.,  t.  XXI,  p. 
U). 

25<*  Sur  la  théorie  analytique  des  co- 
niques  (Ib.,  2«  série,  t.  VI,  1859,  p. 

42). 

24*^  Sur  les  variations  des  éléments 
des  orbes  planétaires  (Ib.,  t.  VI,  p.  ni). 
—  Suite  à  ce  travail  (Ib.,  t.  VII,  1859, 
p.  44). 

25''  Eléments  de  calcul  différentiel  et 
de  calcul  intégral  Bruxelles,  1862,  un 
vol.  in-8^  de  480  pages. 

Ouvrage  spt^cialement  destioé  aux  élèves. 

20''  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M, 
Lamarle  relatif  à  Texposé  géométrique 
du  calcul  différentiel  et  intégral  (Bull, 
de  TAcad.,  t.  XIV,  1862,  p.  455). 

27"  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M, 
E.  Catalan  relatif  à  la  transformation 
des  séries  et  sur  quelques  intégrales 
définies  (Bull.,2«  série,  t.  XIX,  p.  524). 

28"  Rapport  sur  une  note  de  M.  Dauge 
relative  à  la  rotation  du  soleil  (Ibid., 
t.  XXI,  4866,  p.  80). 

29"  Travail  (inédit)  Sur  la  géométrie 


analytique^  destiné  aux  classes  supé- 
rieures des  Athénées  de  Belgique. 

Achmerllnn  (PHILIPPE  -  ChARLES) 

naquit  à  Delft  le  24  février  1791  et 
mourut  à  Liège  le  6  novembre  1856. 
Sa  famille,  originaire  d'Autriche,  était 
établie  en  Néerlande.  Fils  d'un  médecin, 
Schmerling  fut  destiné  à  la  carrière  de 
son  père.  De  Delft,  où  il  flt  ses  pre- 
mières études,  il  se  rendit  à  Leyde,  y 
séjourna  deux  ans,  puis  quitta  cette 
ville  pour  La  Haye.  Ce  fut  là  qu'il  puisa 
le  goût  des  collections,  à  l'exemple  du 
docteur  de  Riemer,  qui  avait  consenti 
à  le  prendre  sous  sa  direction  (*).  Il 
fut  reçu  officier  de  santé  en  1812,  et 
entra  vers  la  tin  de  l'année  suivante,  en 
qualité  de  médecin  militaire,  dans  l'ar- 
mée des  Pays-Bas,  de  récente  formation. 
Envoyé  en'  garnison  à  Venlo ,  il  donna 
sa  démission  en  1816  pour  se  livrer  k 
la  pratique  civile.  Il  épousa  en  1821 
Sara  -  Henriette  -Caroline  de  Douglas , 
d'une  ancienne  famille  noble  écossaise, 
dont  u  ne  branche  avait  depuis  longtemps 
pris  racine  en  Hollande.  Au  bout  de 
quelques  mois,  il  vint  s'établira  Liège, 
où  l'Université  commençait  d'être  en 
réputation.  Il  se  mit  à  l'étude  et  fut  reçu 
docteur  en  médecine  le  6  septembre 
1825,  après  avoir  soutenu  une  thèse 
De  studii  psychologiœ  in  medicinâ  utili- 
tate  et  necessitate.  Jusque-là  rien  que 
detrès-ordinaire  dans  sa  vie  ;  et,  défait. 


{*)  Le  docteur  de  Riemer  était  an  homme 
savant  et  singulier,  qui  avait  employé  une 
partie  de  sa  fortune  à  construire  un  grand 
cabinet  de  pièces  anatomiques,  parfaitement 
exécotées,  conservées  et  disposées  avec  celte 
recherche  luxueuse  que  l'on  sait  être  le  ca- 
ractère distinctif  des  Musées  hollandais.  «  II 
était  difficile,  dansce  pays,de  faire  un  cabinet 
de  ce  genre  qui  méritJkt  quelque  attention 
auprès  des  riches  collections  de  Bleuland, 
de  Camper,  de  Yrotik  et  des  Musées  colos- 
saux de  Leyde.  De  Riemer  se  distingua  pour- 
tant par  une  circonstance  fort  curieuse  :  c'est 
qu'il  ne  laissait  jamais  tomber  la  lumière  du 
joar  sur  ses  préparations  ;  son  Musée  était 
une  chambre  obscure  dans  toute  la  rigueur 
du  mot  ;  le  soleil  ne  pouvait  y  faire  pénétrer 
un  seul  de  ses  rayons.  Aussi, quand  il  s'agis- 
sait de  visiter  cette  collection,  fallait-il  l'é- 
clairer aux  boufçie».  On  ne  s'y  rendait  donc 


que  le  soir,  après  avoir  sollicité  de  son  heu- 
reux possesseur  l'honneur  insigne  de  Jeter 
un  regard  sur  ces  richesses  scientifiques  ; 
et  si  Ton  n'était  pas  porteur  de  l'un  de  ces 
grands  noms  qui  accompagnent  plus  sou- 
vent la  fortune  que  le  mérite  ;  si  l'on  n'avait 
pour  toute  recommandation  que  la  science 
et  le  désir  d'en  acquérir  davantage,  on  était 
éconduit  avec  une  sorte  de  morgue  qui,  heu- 
reaseroenl,  ne  saurait  être  reprochée  à  tous 
les  savants  do  la  Hollande.  «  Ch.  Morren 
[Notice  sur  Schmerling ^  dans  VAiw.  de  l'A^ 
cad,  de  Bruxelles ,  année  1838,  p.  132,  et 
dans  Bec- de-Lièvre,  Biogr.  liégeoise,  t.  II, 
p.  758).  Nous  prenons  pour  guide  la  notice 
de  Ch.  Morren,  plus  exacte  que  son  discours 
prononcé  aux  funérailles  de  Schmerling, 
grftce  aux  renseignements  fournis  par  le 
docteur  Habets. 


S81 


SCH 


552 


il  atteignit  Tâge  de  qnaraiite-deDx  ans 
sans  pressentir  lui-même  sa  future  re- 
nommée. Scbmerlingétait  très-modeste; 
il  sentait  vivement  combien  son  éduca- 
tion première  l'avait  peu  préparé  à  s'é- 
lever au-dessus  du  commun  des  prati- 
ciens ;  mais,  ardent  au  travail  et  d*une 
grande  force  de  volonté,  il  entreprit 
courageusement ,    quand  les  circon- 
stances Teurent  amené  à  ses  grandes 
découvertes,  et  à  un  âge  où  Ton  se  con- 
tente volontiers  de  ce  qu'on  a  d*acquis, 
les  études  les  plus  ardues  et  les  plus 
variées.  De  longuesannées  s'écoulèrent 
donc  pour  Schmeriing  dans  une  obscu- 
rité relative.  Sa  clientèle  devint  nom- 
breuse, bien  qu*i]  résistât  obstinément, 
comme  les  médecins  des  Flandres,  à 
l'envahissement  des  doctrines  de  Brous- 
sais,  alors  eo  grande  vogue  au  pays  de 
IJége.  Mais  il  ne  cherchait  pas  à  faire 
du  bruit  ;  à  ses  yeux,  son  plus  beau  titre 
était  la  reconnaissance  des  pauvres; 
non  seulement  il  leur  prodiguait  ses 
soins  avec  un  désintéressement  absolu, 
mais  il  distribuait  généreusement  à  une 
foule  de  malheureux  les  remèdes  néces- 
saires. Comme  médecin,  il  ne  publia 
qu'une  petite  dissertation  Sffr  latànture 
de  colchique  (i85â),  dont  il  avait  con- 
staté les  puissants  effets  dans  les  affec- 
tions rhumatismales  et  goutteuses.  11 
y  donne  l'histoire  littéraire  et  médicale 
du  colchique,  avec  une  grande  érudition 
et  beaucoup  de  sagacité:  il  y  consigne 
ensuite  une  foule  d*observations  neuves 
et  recommande  à  l'attention,  entr'au- 
tres,  un  moyen  héroïque  dont  les  pra- 
ticiens ont  depuis  grandement  profité. 
Mais  si  habile  qu'ait  été  Schmeriing 
dans  Fart  de  guérir,  c'est  dans  un  tout 
autre  domaine  qu'il  lui  a  été  donné  de 
conquérir  une  éclatante  illustration.  Sa 
pratique  médicale  fut  ici  la  cause  occa- 
sionnelle ;  plus  tard,  il  se  plaisait  lui- 
même  à  répéter qu*il  devait  toutau  con- 
cours fortuit  des  événements.  En  1829, 
s'étant  rendu  à  Chokier,  A  deux  lieues 
et  demie  de  Liège,  pour  y  visiter  un 
pauvre  ouvrier  des  carrières,  il  fut  sur- 
pris de  voir  les  enfants  de  cet  homme 
jouer  avec  des  os  dont  les  dimensions 
et  les  formes  lui  parurent  extraordi- 


naires. «  11  interroge  le  nMdade ,  qui 
Ini  apprend  que  la  carrière  mettait  à 
découvert  un  nombre  considérable  de 
ces  os;  le  pauvre  homme  ne  trouvait 
à  cela  rien  de  remarquable  ;  c'était,  di- 
sait-il, un  ancien  cimetière  de  la  com- 
mune. Mais  son  docteor  lui  promit  tous 
les  soins,  s'il  se  donnait  la  peine  de 
conserver  tous  les  os  qu'il  découvrirait 
avec  ses  compagnons.  En  attendant , 
Schmeriing  emporta  ceux  qu'il  avait 
trouvés  dans  la  cabane  et  aux  environs 
de  la  carrière.  Peu  d'heures  lui  suffirent 
pour  y  reconnaître  des  ossements  fos- 
siles du  plus  haut  intérêt.  Ce  premier 
fait  se  passa  au  mois  de  septembre  i  829. 
Schmeriing  n'eut,  dès  ce  moment,  plus 
un  jour  de  repos.  Il  avait  découvert  à 
Chokier  la  première  grotte  ou  plutôt  la 
première  excavation  à  ossements  qui 
fut  connue  en  Belgique.  Ses  courses  se 
multiplièrent,  et  en  moins  de  quatre  ans 
il  signala  plus  de  quarante  grottessem- 
blables  dans  les  seules  provinces  de 
Liège  et  de  Luxembourg.  Une  négligea 
rien  pour  recueillir  tous  les  fruits  de 
sa  mémorable  trouvaille.  Soins,  travaux, 
études,  argent,  il  mettait  tout  en  œuvre 
pour  amasser  les  richesses  {>aléontolo- 
giques  de  ces  cavités  souterraines;  il 
affrontait  mille  dangers  pour  pénétrer 
le  premier  dans  ces  routes  tortueuses 
et  sombres  ;  sa  patience  ne  se  fatiguait 
Jamais  ;  son  domestique  le  suivait  par- 
tout, si  bien  instruit  par  son  maître  à 
reconnaître  les  gîtes  des  ossements, 
qu'il  savait  dire  à  point  nommé  si  les 
travaux  devaientêtre  couronnés  de  suc- 
cès ou  demeurer  stériles;  il  reconnais- 
sait les  os  et  les  raccommodait  avec 
beaucoup  d'art, quandils  étaient  brisés. 
Schmeriing  dépensa  à  ses  recherches 
d'énormes  sommes,  dont  le  chiffre  peut 
être  porté  à  20,000 ou  30,000  fr.  n  (*)• 
Rien  ne  le  rebutait.  Il  n  avait  point, 
jusque  là,  fait  d'étude  spéciale  de  la 
géologie  ni  de  l'anatomie  comparée. 
Pour  cette  dernière  science,  il  eut  re- 
cours aux  lumières  de  Fohmann  (v.  ce 
nom).  Il  y  avait  peu  de  squelettes  à 
Liège;   mais  le  savoir  de  Fohmann 
pouvait  remplir  bien  des  lacunes.  A 
trente-neuf  ans,  Schmeriing  eut  le  cou- 


/ 1 

V 


)  Ch.  Moprftn,  p.  437-138^, 


^3 


SCH 


rage  d'aborder  de  front,  sous  ia  cou- 
duile  de  ce  maître  habile,  les  difficui- 
tëâ  les  plus  ardues  de  la  science.  Us 
parvinrent  ensemble,  malgré  la  pénurie 
de  leurs  ressources,  i  déterminer  toutes 
les  pièces  de  la  collection  commencée 
à  Chokler.  «  Il  fallait  reconstruire  des 
animaux  de  race  éteinte  par  la  seule 
puissance  de  Tanalogie,  en  s*aidant 
des  planches  publiées  par  les  auteurs  ; 
il  fallait  comparer  les  fossiles  aux  os 
des  animaux  vivants  » (  * ).  l^s  effortsde 
Schmerling  furent  récompensés  par  une 
de  ces  découvertes  qui  font  époque  : 
il  reconnut  la  présence  d'ossements  ku- 
flMtfM  dans  les  cavernes. 

Avant  dlnsister  sur  ce  grand  événe- 
ment scientifique,  il  convient  de  donner 
une  idée  générale  du  plan  d'études 
adopté  par  Schmerling.  11  s'occupa 
d'abord  d'étudier  les  grottes  elles-mê- 
mes, puis  les  débris  d'animaux  qui  s'y 
trouvaient  entassés,  enfin  les  ossements 
humains.  Les  grottes  s'annoncent  au 
dehors  par  des  trous  ordinairement 
surbaissés,  irréguliers,  sans  caractère 
fixe,  tt  Ces  ouvertures ,  dit  Schmerling 
en  parlant  de  la  caverne  de  Forêt  (*), 
sont  connues  des  habitants  de  l'endroit 
sous  le  nom  de  Trous  de  Sottais  ('). 
Ils  prétendent  que  jadis  ces  grottes 
servaient  d'habitation  à  une  espèce  hu- 
maine d'une  très-petite  taille,  Sottais, 
nains,  pygmées,  qui  y  vivaient  de  leur 
industrie,  et  restauraient  tout  ce  qu'on 
déposaient  près  des  ouvertures,  à  con- 
dition qu'on  y  sûout4t  des  vivres.  En 
très-peu  de  temps  ces  effets  étaient 
n&parés,  et  remis  à  la  même  place.  La 
fable  ajoute  que,  un  jour,  on  déposa 
un  pain  dont  on  avait  ôté  la  mie  ;  il  ne 
restait  qne  les  croûtes  ;  les  Sottais, 
indignés  de  cette  conduite,  quittèrent 
leur  demeure  et  se  retirèrent  dans  un 
autre  pays.  »  Schmerling  ne  dédai- 


gnait pas  les  contes  populaires;  mais 
tt  l'histoire  des  cavehaes  devait  se  ré- 
véler à  lui  par  leur  mode  de  coustruc^ 
tion.  »  Il  les  étudiait  à  Tétat-vierge,  et 
ses  observations  lui  donnèrent  la  con- 
viction qu'elles  n'avaient  pu  être  creu- 
sées par  les  eaux  ou  par  lesgaz.  Elles  se 
trouvent  dans  les  couches  relevées  du 
calcaire  intermédiaire;  le  repli  de  ces 
couches  suffit  à  expliquer  le  creuse- 
ment Les  couches  se  sont  relevées, 
redressées,  et  les  vides  résultant  de 
ces  redressements,  résultant  eux-mê- 
mes des  cataclysmes  terribles  qui  ont 
soulevé  les  montagaes^sontaujourd^hui 
ce  que  nous  nommons  des  grottes. 
Certaines  grottes  du  pays  de  Liège  ne 
contiennent  pas  d'ossements  ;  d'autres 
en  sont  remplies.  Il  ne  s'appesantit 
point  sur  cette  distinction  dans  son 
ouvrage  ;  mais,  disait-il  à  Ch.  Morren, 
ii  avait  remarqué  que  celles  de  la  pre- 
mière catégorie  avaient  une  direction 
commune  ou  des  ouvertures  dirigées 
du  même  côté,  tandis  que  celles  de 
l'autre  avalent  aussi  entre  elles  une 
similitude  analogue.  Il  concluait  de 
U  que  la  plupart  des  matières  organi- 
ques et  inorganiques  remplissant  main- 
tenant les  cavernes  ont  été  précipitées 
par  les  eaux  k  l'intérieur,  à  travers  d'é- 
troites fissures  verticales  ou  obliques, 
dont  les  ouvertures  supérieures  sont 
encombrées  de  terre  de  gravier  et 
sont  à  peu  prés  introuvables  à  la  sur- 
face, surtout  dans  une  contrée  aussi 
boisée  {*).  Cette  théorie  a  été  depuis 
confirmée  par  de  nouvelles  observa- 
tions de  rillusire  géologue  anglais  Sir 
Charles  Lyell  (■*). 

Les  ossements  fossiles  d'animaux, 
recueillis  par  Schmerling  dans  les  pro- 
vinces de  Liège  et  de  Luxembourg, 
appartienneni  k  plus  de  soixante  es- 
pèces :  Buckland  n'en  avait  reconnu 


(*)  llrid,,p.  439. 

(  *)  Kneherchet  êur  les  ossemews  fo*nile$^ 
i.  I,  p.  43. 

(')  M.  Grand8agoagpe,pr9mierprëftid6ut 
de  la  Coor  d'appel  de  Liège,  a  recueilli  les 
traditions  poimlaires  relatives  aux  petite 
hommes  des  cavemtes  (Umtoermatmeiêns  , 
Kaifotermûnmkem  des  Flamands)  dans  une 
très-intdKflsanle  notice  pvbliée  en  1853  par 
VImsritmt  uf€héoh§iqme  tiégeois,  et  sépoiré- 


ment  sous  ce  titre  :  Notice  sur  les  anciens  et 
mystérieux,  habitants  des  Grottes.  Uëge, 
Carmanne,  4853,  in-8*.  —Cf.  Spring,  Les 
hommes  d'Kngis  et  les  hommes  de  Chauvauz 
(BuU.  de  l'Acad.  roy.  de  Belgique,  t.  XVIIl, 
no  43,  4864}. 

{*)  Lyell,  Vancienneié  de  Chomme^  trad. 
R.  Chaper.  Paris,  4884,  ia-8»,  p.  J3. 

(•)  f6i(f.  p.  Î3-77. 


5^' 


SCH 


5S6 


que  21  dans  la  célèbre  caverne  de 
Kirkdall,  et  les  grottes  du  midi  de  la 
France  n'en  offraient  que  52.  «  Ce  beau 
résultat,  dit  Ch.  Morren,  provient  sur- 
tout de  ce  que  les  petits  os  ont  été  étu- 
diés comme  les  grands.  Ainsi,  on  y  a 
trouvé  des  restes  de  chauve-souris,  de 
hérisson,  de  musaraignes,  de  laupe, 
d'une  nouvelle  espèce  d*ours  nommée 
par  Tauteur  Oun  gigantesque,  d'autres 
restes  de  VOurs  des  cavernes  (  Ursus 
spelseus),  de  ÏOnrs  ancien  (Ursus  pris- 
cus),  un  squelette    presque  complet 
d'une  nouvelle  espèce  nommée  Ours  lié- 
geois (Ursus  leodieosis)  et  des  osse- 
ments de  deux  autres  plus  petites,  de 
blaireau,  de  glouton,  de  martres,  de 
putois,  de  belettes,  d'un  putois  de  race 
inconnue,  de  chien,  de  loup,  de  re- 
nard, d'hyène,  de  Felis  ant^ua,  d'une 
nouvelle  espèce  :  Cattus  minuta,  et  du 
Cattus  magna  ;  les  débris  de  castor,  de 
lièvre,  de  lapin,  d'éléphant,  de  cochon, 
de  sanglier,  de  rhinocéros,  de  cheval, 
de  cerf  gigantesque,  d'une  nouvelle  es- 
pèce de  cerf,  du  cerf  commun,  de  trois 
espèces  de  rennes,  de  chevreuil,  d'une 
espèce  d'antilope,  d'une  espèce  voisine 
de  la  chèvre,  d'un  mouton  et  de  trois 
espèces  de    bœufs;    d'un  oiseau   de 
proie,  de  deux  espèces  de  passereaux, 
de  corbeau,  de  deux  gallinacées,  de 
deux  palmipèdes,  d'un  serpent  et  de 
plusieurs    poissons.    On   remarquera 
dans  cette  énumération  très-peu  d'es- 
pèces éteintes  ;  aussi  le  travail  de  notre 
paléontologiste  Ta-t-il  conduit  à  émet- 
tre cette  grande  idée,  que,  lors  du  der- 
nier cataclysme,  te  règne  animal  était 
formé  r^mme  aujourd'hui.  Il  a  d'ail- 
leurs également  admis  que  des  espèces, 
et  même  des  genres,  ont  été  entière- 
ment détruits  à  cette  époque  de  dé- 
sastre, quoique  la  majeure  partie  ait 
échappé  et  se  soit  propagée  depuis. 
Mais  ici  sa  théorie  devient  confuse,  c^r 
il  n'établit  pas  quelles  sont  les  espèces 
qui  appartiennent  aux  races  détruites 
par  ce  dernier  cataclysme,  et  celles 
qui  doivent  leur  disparition  aux  bou- 


leversements antérieures.  Cette  der- 
nière distinction  était  pourtant  essen- 
tielle. »  ('). 

La  découverte  mémorable  de  Schmer- 
ling,  la  découverte  de  l'homme  fos- 
sile, remonte  presqu'au  début  de  ses 
recherches.  Le  monde  savant  en  accueil- 
lit ta  nouvelle  avec  une  extrême  dé- 
fiance, pour  ne  pas  dire  avec  une  en- 
tière incrédulité.  En  1828,  M.  Tour- 
nai, dans  le  département  de  l'Aude  et 
M.  Christol,  à  Poudres  près  de  Nimes, 
avaient  reconnu  des-  ossements  hu- 
mains mêlés  à  des  fragments  de  po- 
terie grossière,  à  des  coquilles  ter- 
restres  d'espèces  vivantes  et  à  des 
débris  de  mammifères,  les  uns  perdus, 
les  autres  actuels.  L'homme  avait-Il  été 
contemporain ,  en  France,  du  rhinocé- 
ros, de  l'hyène  et  de  l'ours  fossiles? 
Telle  était  leur  opinion,  qui  trouva  un 
contradicteur  décidé  en  M.  Desnoyers, 
et  les  objections  de  ce  dernier  savant 
furent  d'un  grand  poids  dans  la  ba- 
lance. Des  découvertes  analogues,  fai- 
tes au  bord  du  Khin  et  en  Autriche  par 
MM.  Roué  et  le  Comte  Razounowsky, 
dans  les  plâtrières  de  Costritz  par  le 
Comte  de  Sternberg  et  von  Schlotheim; 
par  Ch.  Morren  dans  les  tourbières 
de  Flandre  ('),  etc. ,  avaient  laisse 
subsister  des  doutes;  M.  Nœggerath, 
de  Ronn,  avait  constaté  que  les  osse- 
ments trouvés  par  lui  dans  les  cavernes 
d'HohlersteinenWestphalie  devaient  y 
avoir  été  amenés  dans  des  temps  pos- 
térieurs au  remplissage  des  cavités. 
Enfin,  Cuvier  avait  non  seulement  dé- 
montré que  VHomo  diluvii  teMis  n'était 
qu'une  salamandre  colossale,  mais  dé- 
terminé d'avance  la  figure  des  os  que 
personne  n'avait  vus,  puisqu'ils  étalent 
enfouis  dans  la  pierre,  et  son  admirable 
intuition  exerçait  sur  les  esprits  une 
sorte  de  fascination ,  à  laquelle  n'é- 
chappa point  Sir  Ch.  Lyell  lui-même, 
lors  de  son  premier  voyage  à  Liège, 
ainsi  qu'il  le  déclare  avec  une  noble 
franchise  (').  Aussi  bien,  pour  oppo* 
ser  l'autorité  d'un  investigateur  isolé 


(*)  Morren.  p.  i4i-Uâ. 
(  *  )  Ménager  de»  arts  et  de»  tvience»  de 
Gaod,  i.  I,  p.  253  et  suiv.,  4832. 
(  '  )  L'ancienneté  de  F  homme,  p.  71 .  «Qa'on 


se  figure  Schmerliog  aUant,  an  jour  après 
l'autre,  se  laisser  glisser  le  loog  d'une  corde 
attachée  à  un  arbre,  jusqu'au  pied  de  la 
première  ouverture  de  la  caverne  d'Kngis,  ou 


Ot>i 


SCH 


55^ 


aux  témoignages  aceumulés  des  repré- 
sentaots  les  plus  illustres  delà  science, 
il  eût  fallu  pouvoir  contrôler  Texactl- 
tude  de  ses  recherches.  Sir  Ch.  Lyell 
mentionna  pourtant  les  faits  dans  ses 
Principes  de  géologie  (p.  461,  4834), 
mais  sans  leur  attribuer  Timportance 
(|u*il  leur  reconnaît  actuellement.  » 
Boucher  de  Pertbes,  lui  aussi,  a  eu  le 
sort  de  Schmerling;  seulement  le  sa- 
vant néerlandais  n*a  pas  vu  luire  le 
jour  du  triomphe. 

Schmerling  trouva  les  os  de  l'homme 
si  roulés  et  si  épars,  qu*il  dut  exclure 
complètement  ridée  de  leur  ensevelis- 
sement intentionnel  dans  les  grottes(  '  ). 
Quant  à  la  couleur,  quant  à  la  matière 
animale  qu'ils  contenaient,  ils  étaient 
dans  les  mêmes  conditions  que  les  os 
des  animaux  découverts  en  même  temps 
qu'eux.  Les  os  fossiles  étaient  plus  lé- 
gers que  leurs  analogues  de  fraîche 
date,  excepté  quand  leurs  pores  étaient 
remplis  de  carbonate  de  chaux,  auquel 
cas  ils  se  trouvaient  souvent  beaucoup 
plus  lourds.  Les  restes  humains  dont 
la  rencontre  était  le  plus  fréquente 
étaient  lesdents  séparées  des  mâchoires, 


les  os  du  carpe,  du  métacarpe,  du  tarse, 
du  métatarse  et  des  phalanges,  séparés 
du  reste  du  squelette.  Les  os  corres- 
pondants de  Tours  des  cavernes,  le  plus 
abondant  de  tous  les  mammifères  asso- 
ciés, se  trouvaient  dans  le  même  état 
d*éparpillement.AccidenteIlement,queI- 
ques  os  longs  de  mammifères  présen- 
taient des  cassures  ressoudées  ou  ci- 
mentées après  coup  par  le  dépôt  stalag- 
mitique  ,  pendant  leur  séjour  sur  le 
sol  de  la  caverne.  Ni  os  rongés  ni  co- 
prolithes  :  circonstance  d'où  Schmer- 
ling conclut  que  les  grottes  de  la  pro- 
vince de  Liège  n'avaient  point  servi  de 
repaires  à  des  bètes  sauvages,  mais  que 
leur  contenu  organique  et  inorganique 
y  avait  été  précipité  par  des  courants 
en  communication  avec  la  surface  du 
pays.  Les  os  pouvaient  avoir  été  roulés 
longtemps  dans  le  lit  de  ces  courants, 
avant  d'atteindre  définitivement  le  fond 
des  cavernes.  Les  mêmes  causes  ex- 
pliquent la  présence  de  plusieurs  co- 
quilles terrestres  dans  la  boue  de  ces 
dépôts  :  (VHelix  nemoralis,  H.  lapicida, 
U*  pomatia  et  autres  espèces  vivantes). 
Plusieurs  os  du  même  squelette  étaient 


se  trouvèrent  les  crâDes  homains  les  mieux 
conservés  ;  qu'on  se  le  représente, ayant  ainsi 
pénétre  dans  la  première  galerie  souterraine, 
rampant  ensuite  il  quatre  pattes  dans  un  étroit 
passage  menant  aux  grandes  chambres  ;  là, 
sorvejllant  à  la  loeur  des  torcbe8,de  semaine 
en  semaine  et  d'année  en  année,  les  ouvriers 
perçant  la  couche  stalagmitique  aussi  dure 
que  du  marbre, pour  extraire  au-dessouSfpièce 
à  pièce,  la  brèche  osseuse  presque  aussi  dure, 
restant  pendant  des  heures  les  pieds  dans  la 
boue,  la  tète  sous  l'eau  qui  suintait  des  pa- 
rois, afin  de  noter  la  position  et  prévenir  la 
perte  du  moindre  os  isolé;  et  au  bout  de  tout 
cela,  après  avoir  eu  le  temps,  la  force  et  le 
countge  d'exécuter  toutes  ces  choses,  voyant 
dans  l'avenir ,  comme  le  fruit  de  son  labeur, 
la  publication  mal  accueillie  des  travaux  d'un 
esprit  luttant  contre  les  préjugés  du  public 
scientifique  et  du  public  ignorant  ;  qu'on  se 
rappelle  tous  ces  circonstances ,  qu'on  en 
tienne  compte,  et  l'on  n'osera  plus  s'étonner, 
non-seulement  qu'un  voyageur  de  passage 
ait  néglige  de  s'arrêter  pour  contrôler  la  va- 
leur des  preuves  qu'on  lui  donnait,  mais 
même  que  les  professeurs  de  l'Université 
de  Liège,  vivant  tout  à  côté,  aient  laissé 
écouler  un  quart  de  siècle  avant  d*entrc- 
prendre  la  défense  de  la  véracité  de  leur  in- 


fatigable et  clairvoyant  compatriote». — Sir 
Lyell  revisila  Liège  en  1860 ,  vingt-six  ans 
après  son  entrevue  avec  Schmerling.  Il  ne 
restait  plus  de  traces  des  cavernes  d'Engis, 
de  Chokier  et  de  GotTontaine ,  explorées  par 
ce  dernier;  mais  heureusement  celle  d'Engi- 
houl  était  restée  dans  le  même  état  qu'en 
1834,  époque  oii  trois  squelettes  humains  en 
avaient  été  retirés.  Sir  Lyell  s'y  aventura  en 
compagnie  de  M.  Malaise,  naturaliste  lié- 
geois, alors  répétiteur  à  l'Ecole  des  mines  ; 
ils  ne  tardèrent  pas  à  découvrir  des  dents 
d'ours  et  d'autres  espèces  éteintes.  Quelques 
semaines  plus  tard,  M.  Malaise  mit  au  jour, 
à  deux  pieds  au-dessous  de  la  couche  de  sta- 
lagmites, trois  flragments  d'un  crftne  humain, 
at  deux  mâchoires  inférieures  intactes  avec 
leurs  dents  :  «  le  tout  était  associé  de  telle 
façon  aux  os  d'ours,  de  grands  pachydermes 
et  de  ruminants,  et  avait  avec  eux  une  telle 
analogie  de  couleur  et  d'état  de  conservation, 
qu'aucun  doute  ne  put  subsister  dans  son 
esprit  sur  la  contemporanéité  de  Thomme  et 
des  espèces  éteintes  «  (v.  le  BuH.  de  VAcad. 
roy,  de  Êtetgiquef  t.  X,  p.  546,  4860). 

(  *  )  Nous  résumons  prindpaléaeat  l'exposé 
de  sir  Ch.  Lyell  {V Ancienneté  de  t homme, 
p.  66  et  suiv.,  89  et  suiv.,  et  passim). 


im 


scu 


§60 


restés  dans  leur  jnità-posltîon  nats- 
relle  ;  ces  portions  de  carcasses  avaient 
dû  flotter  sur  des  cours  d'eau  perma- 
oenls,  étant  encore  couvertes  de  chairs. 
D^autres  ossements  étaient  roulés,  bri- 
sés, détériorés  ;  les  squelettes  bumains 
surtout  avaient  souffert  et  leurs  débris 
étaient  dispersés.  Â  Engis»  sur  la  rive 
gauche  de  la  Meuse,  on  déterra  les 
restes  d'au  moins  trois  êtres  buiDalns. 
Le  crâne  de  rund*eax,  enfoui  tout  à  côté 
d'une  dentie  mammouth,  était  entier, 
mais  si  fragile,  qu'il  tomba  en  pièces 
pendant  qu'on   le  retirait.  C'était  le 
crâne  d'un  jeune  individu  ;  un  autre, 
celui  d'un   adulte,  est  le  seul  que 
Schmerling  ait  pu  garder  dans  un  état 
de  conservation  suffisante  pour  per- 
mettre à  l'anatomiste  de  rechercher  la 
race  à  laquelle  il  appartient.  11  était  à 
1""  50  de  profondeur,  dans  une  brèche 
qui  contenait  également  des  dents  de 
rhinocéros,  des  os  de  cheval,  de  renne 
et  de  quelques  ruminants.  Cette  trou- 
vaille était,  pas  n'est  besoin  de  le  dire, 
d'une  importance  capitale.  Schmerling 
publia  le  crâne  d'Engis  dans  sim  grand 
ouvrage,  en  faisant  remarquer  qu'il 
était  trop  incomplet  pour  qu'on  ptlit  en 
déterminer  l'angle  facial;  mais  en  y 
appliquant  le  système  dlnspection  de 
Blumenbacb,  il  se  crut  en  droit  d'éta- 
blir que  cette  boîte  osseuse  avait  dû 
renfermer  le  cerveau  d'uji  homme  d'une 
intelligence  très-bornée,  et  il  y  recon- 
nut des  analogies  frappantes  avec  la 
structure  propre  â  la  race  ^hioplenne, 
tout  en  convenant  d'ailleurs,  en  cela 
d'accord  avec  M.  Nœggerath,  qu'un  ou 
deux  exemples  ne  suffisaient  pas  pour 
légitimer  sur  ce  dernier  point  une  con- 
clusion formelle.  M.  Geoffroy  Saint- 
Hilaire  et  d'autres  ostéologues  n'ad- 
mirent pas  l'hypothèse  de  Schmerling. 
«  <2uaod  je  vis  Toriginal  au  Maséom  de 
Uége,  dit  sir  Ch.  Lyeli  (*),  j'engageai 
le  docteur  Spring  (v.  ce  nom),  profes- 
seur à  l'Université,  auquel  nous  sommes 
redevables  d'un  excellent  mémoire  sur 
les  restes  humains  fossiles  de  la  ca- 
verne de  Chauvaux,  près  de  Mamur, 
à  faire  faire  le  maulage  du  crâne  d'En- 
gis.  NoB  8eil«meni  il  out  r<Allgeance 


d'accéder  â  ma  den^nde,  mais  il  ren- 
dit un  vrai  service  au  monde  sdenti- 
fque  en  ajoutant  au  crâne  primitif  plu- 
sieurs fhigments  détachés  que  Schmer- 
ling avait  trouvés  à  Engis  et  qui  s'y 
adaptaient  exactement  »  Aussi  le  moule 
représenté  daos  l'ouvrage  de  sir  Lyell 
(p.  84)  est-il  plus  complet  que  le  dessin 
publié  par  Schmerling.  Il  laisse  voir, 
sur  le  côté  droit,  le  trou  auditif,  que 
n'indique  pas  l'ancienne  figure.  M.  Dssk. 
quand  il  le  vit,  remarqua  Tétroitesse 
du   front,   qui  avait  sortont  frappé 
Schmerling ,  mais  estima  néanmoins 
qu'on  pouvait  lui  trouver  beMcoup  d'a- 
nalogues dans  lesiadiviétts  de  race  eu- 
ropéenne. Grâce  aux  soins  intelligents 
de  M.  Spring,  M.  le  prof.  Huxley  i  |mi 
confirmer  d'une  manière  positive  l'opi- 
nion de  M.  Busk.  a  La  longueurextrèmt^ 
du  crâne,  dit-il,  est  de  19â  millimètres, 
et  sa  plus  grande  largeur  lie  dépasse 
pas  iôl  millimètres;  il  est  donc  fran- 
chemeni  du  type  dolichocéphale.  Mais 
en  même  temps  se  hauteur  est  assez 
normale.  Il  compte  i  18  millimètres  du 
plan  glabello-occipital  au  sommet  Le 
front  est  assez  bombé.  Il  en  résulte 
que  la  circonférence  horizontale   dn 
crâne  est  d'envhron  542  miilim.,  et  que 
l'arc  longitudinal  qui  sépare  la  glabelle 
de  la  protubérance  occipitale  mesure 
environ  340  millimètres.  L'arc  trans- 
verse allant  d'sn  trou  auditif  â  l'autre 
par  le  milieu  de  la  future  sagHtal^  me- 
sure environ  3â5  milKm.  La  siutorc  sa- 
gittale a  15?  millitn.  de  longueur.  Les 
arcades  sotircillières  sont  bien  dévelop- 
pées, sans  excès,  et  sont  séparées  par 
tine  dépression  médiane  dans  la  région 
de  la  glabelle  :  ceci  indique  de  vastes 
sinus  frontaux.  En  plaçant  horizonla- 
lement  la  ligne  qui  joint  la  glabelle  â  la 
firotubérance  occipitale  ,  i'occip«it  ne 
se  projetterait  pas  plus  de  2  roiifim. 
au-delà  de  rextinâmité  postérieure  de 
cette  ligne.  Le  bord  supérieur  du  trou 
auditif  se  trouve  presque  sur  cette 
même  ligne,  ou  plutôt  sur  sa  paraître 
tangente  â  la  «urfac«d«  crâne. 

La  caverne  d'EngibouU  située  sur  la 
rive  droite  de  la  Me«se,  à  peu  près  vis- 
à-vis  d'Engis,  contenait,  comme  celle 


(•)  Op,cit,  p.  83. 


%1 


SGH 


802 


d'Engis,  des  osseuenis  banains  aéiés 
à  des  débris  de  mamnifères  d'euftèces 
éteintes.  Mais  tandis  qa*â  Engis,  en  fait 
de  restes  bumains^on  avait  trouvé  plu- 
sii^nrs  crânes  et  Irès-peu  d'autres  os, 
onaiit  au  jour,  ft  Engilioul,  de  nom- 
breux 08  des  extrémités  appartenant  à 
tro^s  individus  au  moins,  et  seuJ^oent 
deux  petits  fragments  de  crâne.  La  même 
distribution  caprioieuse  fui  signalée 
dans  d'autres  cavernes,  notamment  4 
Cbokier  et  à  Goffontaine»  en  ce  qui  con- 
cerne ÏVrmig  spelœui.  Userait  difficile, 
mdme  après  les  nombreuses  découvertes 
opérées  dans  les  derniers  temps,  de 
donner  de  «e  finit  une  explication  plei- 
nement satisfaisante.  On  doit  cependant 
s*attendre  à  voir  plus  clair  on  jour. 
Longtemps  les  savants  s'étoBUërent  de 
ne  point  rencontrer  quelques  restes  hu- 
maiBs  dans  le  diluvium  ancien  des  val- 
lées 4e  TEurope,  alors  qu'on  y  déterrait 
à  chaque  instant  des  objets  évidemment 
travaillés  par  la  main  de  Tbomme;  tout 
d'oii€0»p  M.  Boucher  de  i^rthes(1865) 
découvrit  la  fiaimeuse  roik;hotre  de  Mou- 
Ufl-QutgnoB,  et  il  faHut  bien  renoncer 
aux  funeuves  négati>ves  (  '  ).  Eu  somme, 
il  reste  établi  que,  dans  les  cavernes  de 
la  provincede  Liège,  les  ossements  hu- 
mains se  sont  présentés  à  toutes  les 
profondeurs  dans  la  boue  des  cavernes 
et  dans  le  gravier^  tantôt  au  dessus, 
tantôt  au-dessous  de  ceux  de  Téiéphant, 
de  roufs,  du  rhinocéros,  de  rbyène,  etc. 
Dans  la  caverne  d'Engis,  auprès  du 
crtoe  dont  nous  avons  parlé,  Scbmer- 
ling  remarqua  un  os  talUé  et  plusieurs 
silex  Isçonnés.  lien  avait  d^à  rencontré 
aillemrs  ;maia,  absorbé  par  ses  recher- 
ches géohigiques,  il  n'avait  pas  d'abond 
mis  grand  soin  à  les  recueillir.  Il  fut 
cependant  frappé  de  la  circonstance 
que  ces  instmments  se  trouvaient  un 
peu  partout,  tandis  que  sur  quarante- 
deux  cavernes explorée8,trols  ou  quatre 
seulement  avaient  pnteenté  des  osse- 
ments humains-  Quoi  ^u'il  laliât  penser 
decesIrrégnlarités^iOontéesè  celles  qui 
ont  été  signalées,  il  demeura  convaincu 


qu'aucun  de  ces  ob^^ts  travaillés  «  n'a- 
vait pu  être  introduit  il  une  époque  pos- 
térieure, puisqu'ils  se  trouvaient  dans 
la  même  position  que  les  restes  d'ani- 
maux qui  les  accompagnaient.  »  Par 
conséquent,  continuait-il,  a  j'attache 
une  grande  Importance  à  leur  présentée; 
car,  même  si  je  n'avais  pas  trouvé  d'os- 
sements humains  dans  des  conditions 
tout-^-taltpropresàme  les  foire  consi- 
dérer comme  af^rtenant  4  l'époque 
antédiluvienne,  j'aurais  pu  néanmoins 
trouver  des  preuves  de  l'existence  de 
l'homme  dans  la  présence  des  os  et  des 
sUex  travaillés.  » 

Schmerling  n'hésita  donc  pas  à  con- 
clure que,  dans  le  district  de  Liège, 
r homme  nété  contemporain  de  Vours  des 
cavernes  et  de  plusieurs  espèces  éteintes 
de  quadrupèdes.  11  fut  cependant  em- 
barrassé lorsqu'il  essaya  de  se  rendre 
compte  de  l'état  ancien  de  la  faune  des 
pays  traversés  par  ia  Meuse  :  comme  la 
plupart  des  naturalistes  de  son  temps, 
il  regardait  le  mammouth  et  l'hyène 
comme  des  animaux  d'un  climat  plus 
chaud  que  ne  l'est  actuellement  le  nôtre, 
il  inventa  diverses  hypothèses  et  eut 
toute  la  peine  da  monde  à  rester  d'ac- 
cord avec  lui-même.  La  théorie  des 
transformations  insensibles  n'était  point 
alors  en  vogue,  et  Schmerling,  d'autre 
part,  affirmait  d'une  manière  trop  al>- 
sohie  la  contemporanéité  de  tous  les 
ossements  trouvés  ensemble  dans  les 
cavernes  (*).  Ses  travaux  ont  rendu, 
en  tous  cas,  les  plus  grands  services  à 
la  géologie,  à  la  paléontologie  «l  à 
l'étude  de  l'homme.  Longtemps  mé- 
connus et  tombés  dans  l'oubli ,  à.  ce 
point  qu'une  grande  partie  de  l'édition 
des  Reckerches  passa  chez  l'épicier , 
ils  jettent  atyourd'hui  sur  son  non  un 
éclat  qui  ne  s'affaiblira  plus.  Relégué 
pendant  des  années  dans  un  grenier, 
le  musée  Schmerling,  qu'il  a  fallu  clas- 
ser de  nouveau ,  tant  on  en  avait  pris 
peu  de  soin,  est  aujourd'hui  l'un  des 
plus  précieux  trésors  de  l'Université 
de  Liège.  La  justice  s'est  fait  attendre  ; 


(  ')  V.  les  Comptêê-rtndus  de  t Académie 
des  seieneti  (de  Paris  ),  du  Su  avril  la  iO 
août  ia63,  et  LyeU,  op.  cit.,  p.  i5i). 

(*)  y  oit  LyeU,  passion  ,  et  Spring,  Sur 


Us  divers  modes  de  formation  des  dépôts 
ossifires  dans  tes  cavernes,  dans  le  BulL  de 
tAcad,  royale  de  Belgique,  i.  XX,  n»  8. 


563 


SCH 


564 


mais  enfin  son  heure  est  venue,  et 
c'est  une  couronne  d'immortelles  qu*eile 
dépose  sur  la  tombe  du  savant  modeste. 
La  Description  détaillée  des  osêemtnts 
humains  fassUes,  dont  on  vient  de  rendre 
compte ,  fut  (communiquée  par  Schmer- 
ling,  dès  1852,  à  TAcadémie  royale  de 
Belgique.  Le  12  octobre  de  Vannée 
suivante ,  il  fit  hommage  de  la  première 
partie  de  ses  Recherches  (v.  ci-dessous) 
à  la  même  compagnie  savante,  qui  se 
l'attacha,  en  qualité  de  membre  corres- 
pondant, le  5  avril  1854.  Les  Bulletins 
de  TAcadémie  ne  renferment  de  lui  que 
deux  notices ,  Tune  sur  le  trou  de  Ho- 
gbeur-sur-Aisne  ( '),  caverne  à  osse- 
ments ;  l'autre ,  extrêmement  curieuse, 
sur  quelques  os  de  pachydermes  trouvés 
dans  le  terrain  meuble,  près  deChokier. 
Nous  laissons  parler  Ch.  Morren  ; 
«  Schmeriing  eut  tout  k  coup  une  idée 
des  plus  ingénieuses.  11  était  médecin; 
il  voulut  savoir  si  ces  animaux  si  an- 
ciens n'avalent  pas  été  malades ,  et  11 
résolut  d'étudier  leurs  maladies.  En 
effet,  il  découvrit  plusieurs  altérations 
morbides  auxquelles  ils  avaient  été  su- 
jets, et  comme  tout  se  lie  dans  les 
sciences,  il  tira,  des  faits  nouveaux  que 
sa  sagacité  venait  de  lui  révéler,  des 
inductions  utiles  à  la  médecine  des  vi- 
vants. Il  avait  reconnu  des  fractures, 
des  caries,  des  névroses  et,  chose  plus 
singulière,  des  os  raehitiques,  desexos- 
toses.  Or,  la  médecine  a  tâché  d'expli- 
quer ces  dernières  altérations  par  l'usage 
des  boissons  chaudes,  comme  le  thé,  le 
café;  par  celui  d'aliments  mauvais,  par 
l'abus  des  pâtisseries,  par  l'effet  de  l'air 
humide  ou  de  la  malpropreté,  toutes 
causes  qui  n*ont  pu  agir  sur  les  ani- 
maux antédiluviens.  Schmeriing  con- 
cluait de  là  que  le  rachitisme  était  aussi 
ancien  que  les  races  elles-mêmes.  Le 
docteur  Buckland,  connu  par  l'origina- 
lité de  son  esprit  autant  que  par  sa 
sagesse  profonde,  disait  un  jour  dans 
un  congrès  scientifique  :  //  faut  bien  que 
nous  croyions  à  Vhistoire  des  animaujr 


fossiles  telle  que  nous  la  donne  Jf. 
SchmerlinÇy  puisqu'U  a  été  le  médedn 
des  hyènes  antédiluviennes,  » 

Cette  notice,  à  cause  de  son  origina- 
lité même,  valut  à  Schmeriing,  en  Alle- 
magne, un  succès  de  popularité  que 
n'avait  pu  obten  ir  l'exposé  de  ses  grandes 
recherches.  Par  contre-coup,  du  r0»te, 
une  curiosité  de  plus  en  plus  vive  s*é- 
veilla  à  l'égard  de  ces  dernières  ;  Alex, 
de  Humboldt  y  contribua  par  des  pa- 
roles encourageantes  ('),  et  plusieurs 
sommités  scientifiques  se  rendirent  tout 
exprès  à  Liège  pour  visiter  les  collec- 
tions du  docteur.  Mais  au  moment  même 
où  l'indifférence  commençait  à  être 
vaincue,  Schmeriing  fut  brusquement 
arrêté  dans  sa  carrière.  Les  courses  qu'il 
était  obligé  de  faire  rapidement,  afin  de 
ne  pas  négliger  ses  malades,  et  aussi  la 
fatale  habitude  qu'il  avait  contractée  de 
travailler  depuis  9  heures  du  soir  jus- 
qu'à 5  heures  de  la  nuit,  au  milieu*  d'un 
nuage  de  tabac,  avaient  miné  sa  consti- 
tution (*).  Depuis  1854,  il  souffrait  de 
la  poitrine  et  du  cœur.  Au  moins  d'août 
1856,  il  fit  le  voyage  de  Strasbourg 
pour  aller  voir  ses  deux  filles,  seuls  en- 
fants issus  de  son  mariage:  il  en  revint 
plus  accablé  que  jamais.  La  veille  de  sa 
mort,  il  fit  descendre  son  lit  et  travailla 
encore  à  la  classification  de  ses  fossiles. 
Il  expira  doucement;  son  domestique 
l'ayant  laissé  un  instant,  plongé  dans 
un  léger  sommeil,  le  retrouva  mort.  Le 
docteur  Habets  trouva  parmi  ses  papiers 
un  écrit  sur  les  fémurs,  rédigé  quelques 
heures  auparavant ('). 

Schmeriing  avait  nourri,  dans  les 
dernières  années  de  sa  vie,  de  nouveaux 
projets  scientifiques.  Il  s'occupait  de  la 
recherche  des  polypiers  fossiles  du  ter- 
rain de  Maestricht.  La  collection  qu'il 
en  avait  formée  était  déjà  très-riche,  à 
en  juger  par  ses  communications  au 
Congrès  scientifique  de  Liège,  le  1'' 
août  1850  et  les  jours  suivants. 

Une  seule  année  de  sa  vie  fut  consa- 
crée â  l'enseignement  :  après  la  mort 


1  '  )  L'Aisne  est  un  affluent  de  l'Ourthe.  Le 
trou  de  Hogheur  est  situé  ii  un  quart  de  lieuo 
de  Yillers-St^-Gertrudo.  Les  découvertes  que 
fit  Schmeriing  le  confirmèrent  dans  son  opi  • 
nion,  que  les  animaux  dont  on  trouvait  des 
estes  dans  les  grottes  n'y  avaient  point  vécu. 


mais  que  leurs  ossements  y  avaient  été  char- 
riés avec  le  limon. 

(*)  Au  congrès  de  Bonn,  etc. 

(»)  Morren,  p.  148. 

(*)  Ibid.,p.  149. 


SIM 


S66 


de  Gaêde,  il  fui  chargé  du  cours  de 
zoologie  à  FUniversité  de  Liège.  Ce 
iresl  pas  comme  professeur  qu'il  se 
rendit  utile  à  cet  établissement  :  il  s*ex- 
primait  en  français  avec  difficullé,  et  il 
savait  mieux  observer  pour  son  propre 
compte  que  transmettre  aux  autres , 
sous  forme  didactique,  le  fruit  de  ses 
études.  11  n'en  resta  pas  moins  estimé 
des  jeunes  gens,  qui  appréciaient  son 
savoir  et  son  zèle,  et  se  plaisaient  par- 
fois à  raccompagner  dans  ses  explora- 
tions. 

Peu  de  jours  avant  sa  mort,  Scbmer- 
ling  reçut  le  diplôme  de  membre  de 
rinstitut  des  Pays-Bas  ;  il  se  sentit 
particulièrement  fier  de  cette  distinc- 
tion, témoignage  d'estime  du  premier 
corps  savant  de  son  pays.  11  était  déjà 
membre  correspondant  de  plusieurs 
Compagnies  savantes,  entre  autres  de 
la  Société  géologique  de  France. 

La  Commission  chargée,  après  sa 
mort,  d'examiner  si  sa  collection  de 
fossiles  méritait  dï'tre  acquise  par 
TËtat ,  en  constata  la  richesse  excep- 
tionnelle. Elle  renferme,  écrivait  Ch. 
Morren  en  1838,  les  ossements  de  56 
espèces  de  mammifères,  de  8  espèces 
d'oiseaux  et  d'autres  ossements  de 
reptiles  et  de  poissons.  «  Le  nom- 
bre des  gros  objets  est  d'environ  900, 
et  si  Ton  énumère  les  petits  débris, 
qui  sont  loin  d'être  sans  mérite,  il  y 
a  de  18,000  à  20,000  ossements.  Il 
s'y  trouve  au  moins  450  canines  d'ours 
et  un  nombre  au  moins  égal  de  molaires 
de  ces  animaux.  Les  ossements  d'ours 
sont  si  nombreux  et  si  diversifiés,  qu'il 
serait  possible  d'en  faire  deux  ou  trois 
squelettes  complets  ou  à  peu  près. 
On  ne  doit  pas  oublier  les  débris  si 
rares  de  l'homme,  ni  les  restes  deTan- 
clenne  industrie  humaine,  qui  donnent  à 
cette  collection  un  mérite  particulier  (  *  ). 
Il  est  triste  de  penser  que  ces  trésors 
paléontologiques,  restés  pour  ainsi  dire 
à  l'abandon,  ont  failli  être  dispersés  et 
perdus  à  jamais  pour  la  science;  cepen- 
dant les  pièces  essentielles  ont  pu  être 
sauvées  à  temps,  et  le  Gouvernement 
belge  doit  se  féliciter  aujourd'hui  d'en 
avoir  enrichi  le  Musée  de  notre  Univer- 


sité, où  était  sans  contredit  leur  place 
naturelle. 

BIBLIOGRAPHIE. 

i"*  De  sludii  psychologiœ  iu  medicinâ 
utililate  et  necemtnte  (Thèse  inaugu- 
rale). Liège,  1825,  in-4». 

2''  Quelques  observations  sur  la  tein- 
turedecohkique,  Liège,  Coliardin,  1832, 
in-8''  de  04  p. 

5"  Notes  sur  les  cavernes  à  ossements 
fossiles  découvertes  jusqu'à  ce  jour  dans 
la  province  de  Liège,  1852,  in-8<>  (Van- 
der  Maelen,  Dict.  géogr.  de  la  prov,  de 
Liége^  appendice,  p.  5). 

4^  Notice  sur  les  cavernes  à  ossements 
de  la  province  de  Liège ,  1855,  in-8* 
(BulL  de  la  Soc.  géologique  de  France, 
t.  Ili,  p.  217). 

5°  Recherches  sur  les  ossements  fos- 
siles découverts  dans  les  cavernes  de  la 
province  de  Liège;  Liège,  1835-1854, 
2  vol.  in-4*'  avec  2  vol.  d'atlas  in-folio. 

Le  premier  volume  a  167  p.  et  XXXI V  pi.; 
le  second,  195  p.  et  XL  planches.  —  Cet  ou- 
vrage a  été  traduit  ou  analyse  en  Italie,  en 
France,  en  Allemagne,  en  Russie,  en  Angle- 
terre et  aux  Amériques.  M.  Malaise  en  a 
rendu  compte,  en  1860,  dans  son  Mémoire 
sur  tes  découvertes  pa'éontologiques  faiiei  en 
Belgique  (t.  1  des  Mém,  de  la  Soc.  dÈmula- 
tion  de  Liège,  1860)  ;  il  se  montre  très-rë- 
serve  an  sujet  de  la  théorie  de  Scbmerling. 

6**  Renseignements  sur  la  caverne  à 
ossements  dite  le  trou  de  Hogbeur,  dans 
le  Luj:embourg  (BulL  de  PAcad,  de 
Bruxelles,  t.  Il,  p.  271-275, 1855). 

7"*  Notice  sur  quelques  os  de  pachy- 
dermes découverts  dans  le  terrain  meuble 
près  du  village  de  Chokier,  (Ibid.,  t.  Ili, 
p.  82, 1856). 

»imon  (Jacques-Henri-Joseph),  né 
â  Liège  le  27  septembre  1794,  y  mourut 
le  14  septembre  1861.  Son  père,  un  des 
braves  de  l'armée  patriotique  liégeoise, 
entra  dans  la  police  de  la  cité  lorsque 
l'administration  française  fut  définitive- 
ment constituée,  et  ne  tarda  pas  à  de- 
venir Commissaire  du  quartier  de  l'Est 
(Outre-Meuse),  où  le  nom  de  Simon  est 


(  *  )  Extrait  textuel  du  rapport  de  la  Com- 
mission, dont  M.  Ed.  Morren  a  bien  voulu 


nous  communiquer  une  copie. 


507 


SIM 


H68 


resté ,  encore  aujourd'hui ,  synonyme 
d'honorabilité  et  de  courage  (').  Le 
digne  fonctionnaire  éJeva  douze  en- 
fants :  Henri  était  l*ainé  de  huit  frères; 
tous  sont  parvenus  f  par  leur  activité, 
leur  persévérance  et  leur  haute  probité, 
à  s'élever  dans  la  hiérarchie  sociale. 
L'enfance  de  Henri  se  passa  dans  les 
hâtimems  actuels  de  rUniversité;  là 
même  devait  s'accomplir  toute  sa  car* 
rière,  ainsi  qu  il  se  plaisait  à  le  dire 
lorsqu'il  en  pressentit  le  terme.  Reçu 
en  i80^  au  Lycée  impérial  de  Liège  en 
qualité  d'élève  boursier*  il  y  fit  des  hu- 
manités brillantes.  Sa  vocation  se  des- 
sina avant  qu'elles  fussent  terminées  : 
intimement  lié  avec  un  jeune  élève  chi- 
rurgien attaché  à  l'hôpital  militaire  de 
St-Laurent,  et  comme  lui  enfant  du 
quartier  d'Outremeuse  (*),  il  reçut  de 
celui-ci  ses  premières  leçons  d'anato- 
mie.  A  la  fin  ^e  1812,  il  entra  à  l'Ecole 
de  médecine  établie  par  Ansiaux  et 
Comhaire  (v.  ces  noms)  dans  l'ancienne 
église  de  St-Clément,  et  y  suivit  les 
cours  d'anatofflie,  de  médecine  cl  de 
chirurgie.  Uès  l'année  suivante,  il  ob- 
tint le  premier  prix  d'anatomie  ('). 
Lorsque  le  préfet,  en  séance  publique 
de  la  Société  d'Emulation,  lui  remit  sa 
médaille,  Ansiaux  lui  adressa  quelques 
paroles  d'encouragement  (*)  qui  res- 
tèrent profondément  gravées  dans  son 
esprit,  et(.ontribuèrent  certainement  à 
lui  inspirer  de  la  confiance  en  lui-même. 
Il  fut  atuché,  dès  1813,  à  l'hôpital  de 
Bavière,  comme  élève  interne  ;  il  pour- 
suivit assidûment  ses  études  théoriques 
et  pratiques,  se  fit  recevoir  officier  de 
santé  te  21  mars  1816  et,  le  looct.  sui- 


vant, mérita  le  prix  de  pathologie  ex- 
terne. Il  avait  en  déjà  l'occasion  de 
payer  de  sa  personne  :  à  la  suite  des 
événements  de  18U  et  de  1815,  Liège 
était  encombré  de  blessés.  Le  zèle  da 
jeune  Simon,  dans  cette  première  cam- 
pagne de  chirurgien,  avait  été  au-des- 
sus de  tout  éloge.  Llinîversité  de  Liège 
1^  créée  en  1817;  Delvaux  de  Fenne 
(v.  ce  nom),  professeur  de  chimie,  n'i- 
gnorant pas  que  Simon  s'était  beau- 
coup occupé  de  cette  science  dans  ses 
loisirs,  le  fit  nommer  préparateur  de 
son  cours.  Mats  le  jeune  homme  visait 
à  se  faire  recevoir  docteur  en  méde- 
cine, en  chirui^e  et  en  accouchements. 
Il  fit  deux  parts  de  son  temps ,  et  tout 
en  s'acquittant  de  ses  fonctions  à  TU- 
ntvcrsité,  s'occupa  de  rédiger  sa  dis- 
sertation inaugurale.  Elle  traite  de  l'u 
tflité  des  sciences  auxiliaires  de  la  mé^ 
decine  (De  scientns  inedicinœ  adseilis)  ; 
elle  lui  valut  son  diplôme  en  juillet 
1820.  Simon  avait  été  compléter  ses 
études  à  Paris ,  en  suivant  les  leçons 
des  Dupuytren,  des  Capuron,  des  Mar- 
jolin  et  des  autres  illustrations  de  l'é- 
poque. A  partir  de  1821,  de  nouveaux 
liens  le  rattachèrent  à  Liège.  Le  25 
janvier,  un  arrêté  du  baron  de  Liede- 
kerke,  gouverneur  de  la  province  de 
Liège,  nomma  Simon  professeur-df- 
recteur-adjoint  de  l'hospice  de  la  Ma- 
teniité  établi  en  cette  ville  depuis 
1801.  Le  6  janvier  1825,  la  DépuUtioB 
des  Etats  lui  conféra  le  rang  de  titu- 
laire, le  chirurgien  Ramoux ,  qui  occu- 
pait cet  emploi,  ayant  pris  sa  retraite. 
Cette  nomination  fut  confirmée  le  24 
août  1827,  à  la  suite  d'une  délibération 


(  *  )  Henri  Simon  (père)  exerça  les  fonc- 
tions de  commissaire  de  police  jusqu'en  18H5. 
En  1807,  le  préfot  du  département  de  TOurte 
loi  remit  solennellement,  à  rH6iel-de<Ville, 
le  jour  anniversaire  de  la  fêle  de  l'Empereur, 
une  paire  de  pistolets,  en  témoignage  de 
satisfaction,  et  le  proposa  plus  tard  pour  la 
Croix  de  la  Légion  d'honneur. 

(*)  Louis- Joseph  Borguet  né  le  24  juillet 
1799),  plus  tard  chirurgien  distingué.  Bor- 
guet remporta,  en  1811,  te  premier  prix  d'a- 
natomie, en  séance  poblique;  il  Ait  attaché 
aux  armées  impériales  de  France,  prit  part 
à  la  campagne  de  Russie ,  subit  le  fameux 
siège  de  Dantzig,  y  fut  fait  prisonnier,  et 


finit,  en  1814,  par  revoir  sa  patrie ,  où  il  se 
livra  jusqu'en  1855  à  la  pratique  civile  de  la 
chirurgie  et  des  accouchements  C'est  Simon 
lui-mâme  qui  nous  apprend  que  fiorguel  fut 
son  premier  maître  (Scalpel ^  1855). 

(  '  Procès-verbal  de  ta  séance  publique  de 
la  Société  (tÈmulation  de  Liège, 

{*)  c  11  y  a  à  peine  quatre  mois  que  vous 
vous  adonnez  âi  l'étude  de  l'anatomie,  «tdéjà 
vous  avez  devancé  ceux  qui  s'y  livraient  de- 
pals  piusiev»' années.  Yens  travaiUes  sur 
des  baaes  solides  ;  l'édifioe  s'élèvera  sans 
peine...  »  (V.  le  Nécroloye  liégeois  pour  1861 , 
p.  110}. 


S69 


SIM 


B7e 


de  radninistratioD  des  hospices,  prise 
en  vertu  d'un  article  spécial  du  règle- 
ment des  3-41  avril  (');  enfin,  le  4 
décembre  suivant,  un  arrêté  ministé- 
riel emiféra  définivement  â  Simon  le 
titre  de  professeur  de  Técole  des  sages- 
femmes,  inséparable,  d*après  le  règle- 
ment pi^cité,  de  celui  de  chirurgien  en 
chef  de  Thospice. 

«  Les  services  que  Simon  a  rendus  an 
))  pays  comme  maître  des  sages-femmes, 
»  durant  une  période  de  quarante  an- 
»  nées,  dit  M.  Spring  (*).  sont  Inappré- 
»  ciables.  Il  faut  connaître  Tétat  d*aban- 
»  don  où  les  campagnes  se  trouvaient 
»  autrefois  sous  ce  rapport;  il  faut  avoir 
»  assisté  à  ces  scènes  de  désolation,  et 
»  je  dirai  presque  de  carnage,  que  11- 
»  gnorance ne préparailqne  trop  souvent 
»  aux  familles  privées  des  secours  ré- 
»  guliers  de  Tart  ;  il  faut  connaître  la 
»  somme  de  douleurs  que,  dans  cette 
»  branche  des  sciences  mé(]i  cales  sur- 
»  tout ,  une  routine  aveugle  et  présomp- 
»  tueuse  peut  répandre  dur  des  cœurs 
couverts  à  Tespérance  et  au  tendre 
»  dévouement,  pour  estimer  à  sa  valeur 
n  Timportance  sociale  de  bonnes  insti- 
»  tutions  de  maternité,  et  les  bienfaits 
»  que  répand  une  bonne  instruction 
»  donnée  aux  sages-femmes.  »  —  «  On 
»  peut  difficilement  se  figurer,  dit  un 
»  autre  biographe  ('),  les  efforts  qu'a 
»  dû  faire  Simon  pour  inculquer  k  près 
9  de  500  garde-couches ,  ayant  à  peine 
n  reçu  les  premiers  principes  de  Fin- 
»  struetion  primaire  et  venant  en  majori- 
»  lé  de  villages  ignorés  de  la  Hesbaye,du 
D  Comlroz  et  de  TArdenne,  les  notions 
1)  d*anatomie ,  de  physiologie ,  de  chi- 
»  rurgie  et  de  médecine  pratique,  d*hy- 
»  glène  et  même  de  géométrie  nécessai- 
1»  res  à  rétude  de  son  cours.  »—  «  Lors- 
»  qu'un  homme  d'une  vaste  et  noble 
Inintelligence,  »  écrivait  le  i2  octobre 


1860  la  Commission  médicale  de  la 
province  de  Luxembourg  à  i*honorabli 
professeur,  «  la  consacre  en  grande 
»  partie  et  pendant  une  si  longue  période 
»  à  donner  tant  de  savoir  à  des  femmes 
»  souvent  dépourvues  de  la  première 
»  instruction,  cet  homme  a  bien  mérité 
»  de  ses  semblables.  » 

Simon  mérita  encore  la  reconnais- 
sance publique  par  son  zèle  dévoué  à 
propager  la  vaccine.  «Chaque  dimanche, 
»  à  heure  fixe,  il  abandonnait  toutes  ses 
»  occupations  pour  procéder  à  des  vao^ 
»  cinatlons  gratuites  à  Thospice  de  la 
»  Maternité.  Cinq  cents  enfants  environ 
»  recevaient  annuellement  par  cette  voie 
)>  une  immunité  presque  assurée  contre 
»  l'un  des  fléaux  les  plus  cruels  qui 
»  ainigent  l'humanité.  On  était  frappé 
»  d'admiration  quand  on  voyait  Simon, 
»au  milieu  d'une  foule  d'enfiints  qui 
»  assourdissaient  par  leurs  cris  les  assis- 
»  tants,  rechercher  avec  un  soin  minu- 
»  tieux  les  sujets  les  plus  propres  à 
«servir  aux  inoculations,  et  prendre 
»  toutes  les  précautions  possibles  pour 
)>  conserver  le  virus-vaccin ,  source  k 
n  laquelle  puisaient  largement  les  chi- 
}>  rurgiens  de  la  province  et  des  localités 
»  avoisinantes.  Aussi,  chaque  année, 
»  obtenaitril  du  Gfmvernement  la  mé- 
»  daille  d'encouragement  instituée  en 
»  1818  par  le  roi  Guillaume  pour  les 
»  vaccinateurs  les  plus  zélés  (*).n 

Lors  de  la  réoiîganisation  universi- 
taire de  1855,  Simon  fut  nommé  agrégé 
à  la  Faculté  de  médecine  et  chargé  du 
cours  théorique  et  pratique  des  accou- 
chements. Le  5  août  1857,  une  circons- 
tance fortuite,  «  une  de  ces  occasions 
»  où  le  mérite  édate  mieux  aux  yeux 
»  des  personnes  étrangères  à  l'art,  » 
détermina  le  Gouvernement  à  l'élever 
au  rang  de  professeur  extraordinaire 
(  M.  Sa  promotion  à  l'ordinarlat,  en  re- 


•  M  «Le  professeur  aciael  4*accoiieiraiDeot8 
à  la  Materoité  pourra  être  conserve  dans  ses 
fooctioos  sans  concours  préslable.»  La  déK< 
bération  des  Hospices,  conforme  il  l'avis  una- 
nime de  la  Commission  médicale,  est  conçue 
dans  les  termes  les  pins  honorables  et  les 
plus  flatteurs  pour  Simon.  J9ous  renvoyons 
le  lecteur  à  rexeelleni  S^yfpoH  de  M.  Félix 
Macors  sur  t hospice  deJuMMemiié,  Véeole 
provinciale  (te%  nageJtjfmmc*  v:  la  clinique 


univcr9itaire  dtn  aeeouehementê ,  présenté  à 
la  Commission  des  Hospices  en  mai  4860,  et 
publié  la  même  année  à  Liège,  in-S». 

/"  )  Scalpel  dos  SO  et  30  septembre  1861. 

(>)  M.  Ul.  CapiUine. 

i*)  Id.  Nécrol,  liégeoi»  pour  1861,  p.  1  lli. 

'  *)  Noas  extrayons  ce  qui  suit  du  diseoura 
de  M.  le  professeur  Dupont^  proâoncë  en 
1861  à  la  salie  académique  :  €  Dans  Thospice 
de  la  Maternité  de  Tune  des  principales  villas 


571 


SIM 


K7S 


vancbe,  se  fit  attendre  plus  longtemps 
que  ne  i*avaient  désiré  tous  ses  col- 
lègues. Elle  ne  date  que  du  22  sep- 
tembre 1848.  Les  leçons  de  Simon 
étaient  cependant  aussi  remarquables 
que  son  habileté  comme  opérateur. 
Laissons  encore  parler  M.  Spring  : 
n  Esclave  de  son  devoir  et  pénétré  de 
»  rimportance  de  sa  mission,  aucune 
»>  peine  ne  lui  coûtait  quand  elle  devait 
»  profiter  à  son  enseignement.  Entiè* 
»  rement  dévoué  an  progrès  de  ses 
»  élèves,  il  ne  se  contenta  pas  d'ensei- 
u  gner  les  prin ripes  de  Tart  et  d'en 
»  montrer  les  applications  par  son 
»  exemple;  roaisils*obstinaitpourainsi 
»  dire  à  rendre  habiles,  à  Taide  de  ré- 
»  pétitions  et  d'exercices  constamment 
»  renouvelés,  tous  ceux  qui  sortaient 
»  de  son  cours.  Aussi  ses  élèves  ont- 
»  ils  toujours  brillé  dans  les  épreuves 
»  publiques,  et  un  grand  nombre  de 
»  praticiens  doivent  leur  succès  dans 
»  les  accouchements  à  Texcellente  école 
»  à  laquelle  ils  ont  eu  le  bonheur  d*être 
»  formés.  »  Le  talent  de  Simon  éuit 
essentiellement  pratique  ;  les  esprits 
positifs  de  cette  trempe  préfèrent  la 
science  faite  à  la  science  à  faire  :  aussi 
a-t-il  peu  écrit.  «  Mais  quelle  pratique! 
»  ^oute  son  digne  collègue.  Il  m'a  été 
»  donné  de  voir  des  villes  et  des  pays 
»  divers,  et  j'ose  affirmer  que  nulle  part 
»  je  n'ai  rencontré  un  homme  plus  ex- 
))  pert  que  Simon  dans  l'art  qu'on  a 
»  appelé  ajuste  titre  l'art  conservateur 
»  des  familles.  Quelle  sûreté  de  vues, 
»  quelle  prudente  fermeté,  quelle  réso- 
))  lution  dans  les  moments  difficiles  , 
»  quelle  dextérité  manuelle,  quelle  ex- 
D  périence  consommée  !  » 

Un  des  premiers,  il  a  reconnu  la  lé- 
gitimité et  l'excellence  de  l'accouche- 
ment prématuré arti6ciel,  opération  qui 
permet  de  sauver  à  la  fois  la  mère  et 


l'enfant  ;  sa  propre  expérience  a  démon- 
tré qu'il  ne  se  trompait  pas.  Frappé 
des  inconvénients  que  présentaient  les 
anciens  instruments  perforateurs  de 
Levret  et  Smellie ,  il  les  a  modifiés  en 
allongeant  considérablement  les  man- 
ches, pour  en  rendre  le  maniement  plus 
facile  et  pour  donner  plus  de  sûreté  à 
l'opération.  —  Un  des  premiers  aussi, 
il  a  employé  le  forceps-scie,  que  dans 
un  noble  élan  il  a  appelé  o  un  chef- 
d'œuvre  auquel  le  nom  de  Van  Heuvel 
doit  rester  éternellement  et  invariable- 
ment attaché.  »  (*).  —  Presque  per- 
sonne avant  lui  n'avait  conseillé  et  pra- 
tiqué la  perforation  de  la  base  du  crâne 
par  la  région  sus-hyoïdienne,  dans  les 
cas  de  rétrécissement  du  bassin  et  de 
déflexion  de  la  tète  fœtale.  —  Pour 
pratiquer  la  section  du  cou,  il  adopta 
l'instrument  de  Chassaignac.  Cette  mé- 
thode rend  l'opération  plus  aisée  et 
tout- à-fait  inoffensive  pour  la  mère.  — 
Il  apporta  une  modification  heureuse 
au  forceps  ordinaire,  en  calculant,  sur 
un  grand  nombre  de  têtes  d'enfants,  la 
courbe  qui  devait  être  donnée  au  plat 
de  la  cuiller.  Cette  modification  permet 
de  tirer  fortement  en  bas,  lorsque  la 
tète  est  au-dessus  du  détroit  supérieur, 
sans  distendre  les  parties  génitales 
outre  mesure (■). 

Entre  autres  opérations  remarqua- 
bles, Simon  a  pratiqué  la  symphyséoto- 
mie,  et  il  est  parvenu  trois  fois  à  amener 
l'enfant  vivant  ;  s'il  a  |)erdu  l'une  des 
trois  mères,  c'est  par  suite  d'un  acci- 
dent étranger  aux  dis|)Ositions  prises 
par  l'accoucheur.  On  cite  encore  ses 
saecès  d'opération  césarienne,  succès 
d'autant  plus  dignes  d'être  relevés  qu'ils 
ont  été  obtenus  en  ville  et  dans  les 
conditions  que  présente  un  hospice  de 
la  Maternité. 

L'Académie  royale  de  médecine  s'é- 


dc  la  Belgique,  un  accouchement  des  plus 
difficiles  épuisait  depuis  24  heures  les  forces 
des  élèves  et  de  leur  maître.  La  vie  de  la 
mère  était  en  danger  ;  déjà  1  on  s'apprêtait  à 
recourir  aux  opérations  les  plus  doulou- 
reuses. Simon  examine  et  promet,  si  on  lui 
permet  d'agir,  de  sauver  en  cinq  minutes  la 
mère  et  l'enfant.  On  hésite,  on  se  livre  à  de 
nouveaux  et  infructueux  efforts.  Alors  seule- 
ment on  permet  à  Simon  d'essayer.  Le  résul- 


tat répond  à  la  promesse  :  en  cinq  minutes 
la  mère  et  l'enfont  sont  sauvés. — Le  ministre 
de  rintérieur,  informé  de  ce  fait,  nomma 
immédiatement  Simon  professeur  extraordi- 
naire.» 

(  •  )  Bulletin  de  l'Acad.  roy,  de  médecine, 
t.  XI,  p.  75. 

(*)  Renseignements  fournis  par  M.  le  pro- 
fesseur Wasseige.    ^. 

's 


w»0 


TAN 


574 


tait  attaché  Simon,  en  1849,  comme 
membre  correspondant;  elle  lui  décerna, 
en  1855,  le  litre  de  membre  honoraire. 
Il  faisait  partie  de  la  Commission  mé- 
dicale depuis  1842.  Un  arrêté  royal  du 
i8  décembre  1844  le  nomma  chevalier 
de  Tordre  de  Léopold  ;  il  fut  promu  au 
grade  d'officier  en  novembre  1859,  aux 
applaudissements  de  TUniversité  et  de 
la  ville  Ce  dernier  témoignage  de  la 
bienveillance  royale  fut  le  signal  d'une 
manifestation  des  plus  honorables  pour 
celui  qui  en  était  Tobjet.  Les  élèves  de 
Simon,  ses  anciens  condisciples  et  ses 
nombreux  amis  lui  offrirent  solennelle- 
ment, le  29  mars  1860,  un  magnifique 
portrait  dû  au  pinceau  de  M.  Nissen 
(*).  Nous  renonçons  à  traduire  rémo- 
tion du  vénéré  maitre  ;  quiconque  Ta 
connu  sait  quel  cxcur  sensible  et  déli- 
cat se  cachait  en  lui  sous  des  dehors 
d'une  froide ,  mâle  et  presque  rude 
énergie.  Sa  modestie  était  d'ailleurs  à 
la  hauteur  de  son  talent;  il  s'était  tou- 
jours dévoué,  par  devoir  et  par  compas- 
sion pour  Thumanlté  souffrante,  sans 
ambition  et  sans  espoir  de  récompense  : 
Tovation  qui  lui  fut  faite  le  surprit  autant 
qu'elle  le  rendit  heureux.  Mais  le  bonheur 
d'ici-bas  n'est  jamais  de  longue  durée  : 
Simon  fut  cruellement  éprouvé.  Tannée 
suivante,  par  la  mort  de  la  tendre  et 
chère  compagne  qui,  pendant  le  cours 
d'une  longue  carrière,  avait  prodigué 
au  praticien,  après  les  fatigues  et  les 
agitations  de  chaque  jour,  des  soins 
dont  il  sentait  doublement  le  prix. 
Noluit  coMolarL  Sa  santé  déclina  ra- 
pidement :  «  après  s'être  d'aUord  relevé 
»  d'une  maladie  fluxionnaire  qui  l'avait 
i>  tenu  éloigné  de  sa  chaire  depuis  le 
»  mois  de  janvier,  il  continua  de  subir 
»  les  tristes  effets  de  celte  maladie  du 
»  cœur  à  laquelle  tant  de  chirurgiens 
»  célèbres  ont  succombé  (*  ).  »  L'Uni- 
versité perdit  en  lui  Tune  dé  ses  illus- 


trations, et  la  population  tout  entière 
partagea  ses  regrets;  il  semblait  qu'on 
fût  sous  le  coup  d'une  calamité  pu- 
blique ,  d'autant  plus  inopinée  que  la 
constitution  robuste  de  Simon  devait 
lui  promettre  une  verte  vieillesse. 

L'auteur  du  Nécrologe  liégeois^  tou- 
jours si  bien  informé,  ne  connaît  de 
Simon  que  les  travaux  suivants  : 

l*"  IHsgertaiio  inauguraiis  medica  de 
scientiis  medicinœ  adsdtis.  Leodii,  Col- 
lardin,  1820,  in-4<>. 

2*  Revue  de  la  clinique  des  accouche- 
ments de  la  Maternité  de  Liège, 

Articles  rédigés  par  M.  le  docteur  Ch.  De- 
tienne  sur  des  noies  fournies  par  Simon,  et 
insérés  dans  la  Revue  médicale,  livraisons 
de  février,  mars  et  avril  1848. 

5^  Observations  d'application  du  for- 
ceps-scie^  suivies  de  quelques  considé- 
rations sur  c^t  instrument  et  sur  les 
différents  moyens  employés,  jusqu'à  ce 
jour,  pour  délivrer  la  femme  dans  le  cas 
d'angustie  du  bassin.  Bruxelles,  De 
Mortier,  1851,  in-8 

Tiré  à  part  du  Bulletin  de  l'Académie 
royale  de  médecine  de  Belgique,  t.  XL 

Simon  a  communiqué  des  renseigne- 
ments à  Richard  Courtois  (v.  ce  nom) 
pour  la  rédaction  des  Recherches  sur  In 
statistique  physi^iue^  agricole  et  médi- 
cale de  la  province  de  Liège  (Verviers, 
1828).  Son  nom  est  encore  cité  parmi 
ceux  des  collaborateurs  aux  tomes  V 
et  \I  de  VObservateur  médical  (1828- 
1829);  mais  il  n'a  fourni  aucun  arti- 
cle à  ce  recueil. 

Taiifioi  (Nicolas-Émile)  naquit  à 
Luxembourg  le  9  germinal  an  XII  (50 
mars  1804)  et  mourut  à  Saint-Trond  le 
25  octobre  1850.  11  entra  dés  1814  au 
Collège  de  Luxembourg ,  et  quoique  le 
plus  jeune  de  sa  classe  et  mis  en  pré- 
sence de  concurrents  redoutables  C*), 


(')  M.  le  docteur  Picard  porta  la  parole, 
en  cette  circonstance ,  au  nom  des  condis- 
ciples de  Simon;  M.  Védrine,  au  nom  de  ses 
confrères  et  de  ses  amis.  V.  la  brochure 
intitulée  :  Une  belle  et  légitime  ovation  (Liège, 
1860,  in-8<»}.  —  Le  portrait  de  Simon  a  été 
reproduit  en  lithographie  par  M.  Schubert. 
)  Spring,  DiMc.  citéj 
MM.Engling,  ar(^,ard'hui  professeur  U 


n 


TAthénéc,  savant  et  publiciste  distingué; 
Eyschen  ,  adminislrateur^général  ;  Grégo- 
rins,  qui  passa  en  Belgique  et  s'y  fll  estimer 
dans  l'enseignement  ;  Majerus ,  doyen  ù 
Meersch,  etc. — Nous  empruntons  ces  détails 
à  une  Notice  sur  li.  Tandel,  publiée  par 
M.  le  docteur  Kleyr  dans  les  Annales  de  la 
Société  archéologique  Grand-Ducale  (aussi 
tirôe  à  part,  10  p.  in-4o). 


575 


TAN 


576 


H  figura  invaHablement  (yarmi  les  pne- 
m^ers.  Plus  les  luttes  scolaires  étaient 
ardentes,  plus  les  Jeunes  émules  s*atla- 
chale»tlesuns  aux  autres:  Ils  formaient 
même  entre  eux  une  Société  littéraire 
qui  se  réunissait  chez  Ph.  Graas  ('), 
leur  ami  commun ,  et  les  liens  de  soli- 
darité et  d'affection  mutuelle  qu'ils  con- 
tractèrent dès  cette  époque  ne  firent  que 
se  resserrer  plus  tard ,  après  leur  dis- 
persion. Ce  fui  le  cœur  serré  que  Taodel 
quitta  ses  chers  condisciples,  en  1819, 
pour  suivre  sa  mère  et  sa  sœur ,  qui 
allaient  se  fixera  Bruxelles.  Il  se  consola 
en  redoublant  de  zèle  pour  Tétude.  Au 
moment  de  son  départ ,  il  n'avait  point 
achevé  son  cours  de  rhétorique  :  il  eut 
recours  à  rautodidaxie  et  compléta  sans 
maître,  avec  une  merveilleuse  facilité, 
son  éducation  classique.  H  visait  dès 
lors  au  professorat  :  pour  s'y  préparer, 
il  se  voua  pendant  plusieurs  années  à 
l'enseignement  privé;  les  sttc^.s  qu'il  y 
obtint  lui  firent  une  réputation  précoce. 
En  4826,  à  l'âge  de  22  ans,  il  fut  chargé 
de  donner  un  cours  approfondi  de  langue 
allemande  au  Collège  flhilasophique,  nou- 
vellement créé  à  Louvain.  H  justifia 
bientôt  d'une  manière  éclatante  le  choix 
qu'on  avait  fait  de  lui.  Sa  Grammaire 
allemande  (v.  ci-dessous)  ne  parut  pas 
seulement  l'œuvre  d'un  philologue  ins- 
truit, d'un  esprit  clair,  délié,  métho- 
dique :  elle  révéla  un  philosophe.  Ob- 
servateur scrupuleux  des  faits,  Tandel 
ne  se  contenta  jamais  de  coordonner  les 
résultats  de  ses  recherches  ;  il  possédait 
à  un  degré  éminent  le  génie  de  l'analyse, 
et  cette  clairvoyance  pénétrante  qui 
soulève  le  voile  de  la  mystérieuse  Isis, 
découvre  dans  la  variété,  en  apparence 
irrégulière,  des  phénomènes,  la  cons- 
tance et  rinflexibllité  des  lois,  et  grâce 
à  une  attention  fortement  concentrée , 
finit  par  contempler  face  â  face  les 
vérités  primordiales.  Cette  puissante 


méthode  dinvestigation,  pratiquée  avec 
autant  de  prudence  que  de  persévérance 
ophriâtre  et  faisant  place,  â  un  moment 
donné,  aux  déductions  d'une  logique 
serrée,  donne  un  caractère  svi  generi» 
k  tous  les  travaux  de  Tandel  :  très-ré- 
servé dans  les  questions  métapbysiques, 
sans  timidité  cependant,  il  n^âvançait 
qu'à  pas  sûrs,  mais  ne  perdait  jamais  de 
vue  le  but  élevé  qui  seul  lui  paraissait 
digne  de  ses  efforts.  Ainsi  que  le  fait  re- 
marquer M.  Loomans(*  ),  qui  Ta  connu  de 
près,  il  procéda  ainsi  dans  tout  ce  qall 
entreprit; il  éclaira  du  flambeau  de  la 
philosophie  les  sciences  diverses  dont  il 
fut  mis  en  demeare  de  s'occuper,  avant 
de  pouvoir  se  consacrer  entièrement  et 
directement  A  celle  qui  avait  toutes  ses 
prédilections.  La  grammaire  leflt  songer 
à  une  philosophie  du  langage  ;  l'écono- 
mie politique  le  conduisit  jusqu'à  la  loi 
suprême  de  l'ordre  moral.  Cette  pé- 
riode transitoire  fut  assez  longue.  La 
révolution  de  1850  entraîna  la  suppres- 
sion du  Collège  philosophique  ;  Tandel 
aurait  pu  faire  son  chemin  dans  l'admi- 
nistration (*);  mais  les  perspectives 
brillantes  qui  s'ouvrirent  alors  devant 
lui  ne  réblouirent  point  :  il  préféra 
rentrer  en  janvier  1851  à  l'Université  de 
Louvain,  avec  le  titre  modeste  de  lecteur 
(*).  Il  y  enseigna  la  statistique  et  l'éco- 
nomie politique,  et  ce  fut  là  qu'il  publia, 
en  1854,  sa  traduction  annotée  de  l'ou- 
vrage de  Mone  (v.  ci-après).  L^annéc 
suivante,  il  passa,  toujours  en  qualité 
de  lecteur,  à  l'Université  de  Liège.  Il  y 
continua  le  cours  d'économie  politique 
et  de  statistique;  il  y  joignit  le  cours  de 
géographie  physiqueet  ethnographique, 
obligatoire  pour  le  doctorat  en  philo- 
sophie et  lettres.  Sur  ces  entrefaites 
éclatèrent  les  troubles  qui  forcèrent  le 
professeur  de  philosophie  Gibon  (v.  ce 
nom)  à  descendre  de  sa  chaire  et  à  re- 
tourner en  France.  M.  le  comte  deTheux 


(  *  )  Mort  doyen  à  Dfelcrrch. 

(*)  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de 
Nicotat'Emile  Tandel,  Liège,  485S,  in-8o 
(v.  l'art.   Loomaos). 

(*)  I!  fut  quelqoe  temps  attaché  au  mi- 
nistère de  rintérieur. 

{*)  Coe  chaire  d'histoire  lui  TtatofTerte  à 
l'Université  de  Gand  la  même  année  :  U  la 


refusa  parce  que.  disail-îl,  il  ne  se  sentait 
pas  capable  do  la  remplir.  Tandel  possédait 
une  instruction  très- variée;  mais  il  était  con- 
sciencieux avant  tout ,  et  il  eut  le  bonheur 
de  connaître  à  temps  sa  véritable  vocation, 
ainsi  que  le  courage  d'y  rester  imperturbable- 
ment fidèle. 


i 


577 


TAN 


878 


>  I 


désigna  Tandei  poarleremfkiaeer  :après 
quelques  hésitations,  ie  jeiine  professeur 
accepta,  et  ce  fut  une  bonne  fortune 
pour  rUniversité.  Par  sa  parole  et  par 
ses  écrits,  il  exerça  sur  ia  jeunesse,  de 
1835  à  1850,  une  influence  féconde  et 
durable.  Il  se  consacra  entièrement  aux 
sciences  qu'il  avait  mission  d*enseigner, 
resta  pleinement  étranger  aux  intérêts 
et  aux  passions  qui  s'agitaient  autour 
de  lui,  et  littéralement  fut  martyr  de  son 
zèle.  «Atteint  d*nne  maladie  mortelle,  ré- 
9  sultat  d'un  travail  immodéré,  il  con- 
»  tinuait  à  donner  à  renseignement  un 
»  reste  de  vie  qui  devait  s'éteindre 
»  bientôt.  Il  consentit  enfin  à  suspendre 
i>  ses  cours,  grâce  aux  sollicitations  de 
»  sa  famille  et  de  ses  amis;  mais  il  ne 
»  crut  pas  devoir  renoncer  à  ses  étu- 
9  des.  Cependant  ses  espérances  s*é- 
n  taient  évanouies;  îl était  accablé  de 
»  maux  de  l'âme  et  du  corps,  il  entre- 
i>  voyait  le  terme  de  son  existence;  et 
n  c'est  alors,  au  sein  de  Tadversité, 
A. près  de  son  beure  dernière,  qu'il 
»  conçut  sa  belle  théorie  sur  le  souve- 
»  rain  bien  et  sur  la  destinée  humai- 
»  ne...  »  (^).Tour  â  tour,  les  médecins 
Tavaient  envoyé  à  Grammont  et  à  Nice  : 
le  régime  hydropathique,  le  doux  cli- 
mat du  midi  n'exercèrent  sur  sa  santé 
qu'une  influence  factice  et  passagère  ; 
avant  tout  il  avait  besoin  d'un  repos 
absolu,  a  il  quitta  la  bruyante  cité  de 
»  Liège  et  se  retira  au  petit  séminaire 
»  de  St-Trood»  chez  son  ami  M.  l'abbé 
»  l^nay,  professeur  de  philosophie  ('). 
»  Comme  dernier  moyen  de  guérison, 
»  les  médecins  lui  avaient  cous^illé  un 
»  essai  fréquemment  tenté  aux  environs 
»  de  Paris  et  notamment  au  bois  de 
»  Boulogne,  c'est-à-dire,  d'aspirer  un  air 
»  imprégné  d'odeurs  de  dépendance  de 
»  ferme.  On  lui  prépara  au  petit  sémi- 
»  naire  de  St-Trond  un  appartement 
»  disposé  d'après  les  conseils  de  l'art. 


»  Mais  le  mal  s'opiniâtra  contre  les 
»  ressources  et  les  combinaisons  de  la 
»  médecine.  Entouré  de  sa  famille 
»  éplorée  et  pénétré  des  sentiments  de 
»  la  plus  pieuse  résignation  ^  il  mourut 
»  en  chrétien  le  â5  octobre  iS50,  âgé 
»  seulement  de  4C  ans  »  ('). 

Tandel  avait  été  nommé  professeur 
extraordinaire  par  l'arrêté  même  qui 
lui  confiait  les  cours  de  philosophie  ; 
sa  promotion  à  l'ordinariat  date  de 
1839,  quatre  ans  plus  tard.  Il  vécut 
paisible  et  retiré,  exempt  d'ambition, 
absorbé  par  ses  éludes,  renfermé  en 
lui-même,  et  cependant  profondément 
affectueux  et  dévoué.  M.  Kleyr  nous  a 
laissé  de  lui  le  portrait  suivant  :  ceux 
qui  ont  connu  de  près  Tandel  en  certi- 
fieront l'exactitude,  o  il  était  froid  au 
))  premier  abord;  son  calme  était  gla- 
»  cial  ;  SOI»  œil  bleu  et  doux  intimidait 
«par  la  fixité  du  regard  {te  qu'on  di- 
»  sait  aussi  de  l'œil  de  Fénélon)  ;  mais 
»  touchiez-vous  une  corde  sensible,une 
»  fibre  délicate,  à  l'instant  il  s'animait, 
»  il  se  montrait  tel  qu'il  était,  passion- 
»  né  pour  les  idées  générales,  pour  les 
»  enchaînements  logiques ,  éloquent 
»  lorsqu'il  traçait  le  tableau  des  égare- 
»  ments  de  l'esprit  humain.  Aviez-vous 
D  sa  confiance ,  il  était  tout  à  vous, 
»  plein  de  cœur  et  d'un  dévouement 
»  sans  bornes.  On  ne  savait  pas  ce 
»  que  l'on  devait  admirer  le  plus  en 
B  lui,  ou  sa  modestie  ou  sa  puissance 
»  de  raisonnement.  Il  fut  un  modèle 
»  de  piété  filiale....  »  Comme  philoso- 
phe, il  a  été  dignement  apprécié  par 
son  successeur,  M.  Loomans,  qui  a 
très-bien  fait  ressortir  l'unité  de  des- 
sein de  tous  ses  ouvrages ,  quel  qu'en 
fût  ie  sujet,  les  tendances  dominantes 
de  son  esprit,  la  force  et  la  sincérité  de 
ses  convictions. — Les  travaux  de  Tandel 
se  répartissent  naturellement  en  deux 
groupes  ;  d'un  côté  les  œuvres  du  lec- 


(  *  )  Loomans,  op,  cit,,  p.  29. 

(*)  Postérieurement,  doyen  de  Saint- Bar- 
thélemi  à  Liège. —  M.  Lonay  est  bien  connu 
en  Belgique  par  »ea  DUneriation»  phiioto- 
phiques  nur  les  points  capitaux  de  la  dic- 
tion, chrétienne  (Bruxelles,  1857,  un  vol. 
in-8<»}.  Son  nom  est  inséparable  de  celui  de 
Tandel,  non  seulement  ù  cause  de  leur  ami- 


tié, mais  encore  à  raison  de  la  part  active 
qu'ils  prirent  l'un  et  l'autre  aux  controverses 
qui  s'élevèrent,  en  4845  et  1846,  entre  la 
Revue  catholique  de  Louvain  et  le  Journal 
historique  de  P.  Kersten  (Liégo)  9ur  la  ques- 
tion de  l'origine  du  langage. 
(»)  Kleyr,  p.  9. 


ai 


879 


TAN 


580 


leur  de  Louvain,  de  Tautre  celles  de 
professeur  de  Liège.  Nous  en  donne- 
rons, principalement  d'après  M.  Loo- 
mans,  une  courte  analyse,  qui  fera  con- 
naître le  penseur  mieux  que  des  con- 
sidérations générales.  ' 

1.  Première  période  (Louvain)  :  de 
18â6à1835. 

1®  Lexigraphie  (Formenlehre)  de  la 
langue  allemande.  Louvain,  i829,in-8''. 
—  2«  édition.,  iWd.,  4835,  in-8°. 

â"  Syntaxe  de  la  langue  allemande. 
Première  partie.  Louvain,  1855,  in-8". 
(Lorsque  ce  volume  parut,  Touvrage 
entier  attendait  depuis  six  ans  Tocca- 
sion  favorable  de  se  présenter  au  pu- 
blic :  la  seconde  partie  est  restée  iné- 
dite). 

On  croit  pouvoir  arranger  à  sa  guise  la 
matière  d'une  grammaire,  dit  l'auteur,  el  l'on 
oublie  qu'eUe  doit  s'arranger  d'elle-même, 
que  Tarrangemeol  est  donné  avec  l'objet. 
Une  langue  est  un  tout  organique  :  elle  se 
forme  et  se  développe  à  la  façon  d'un  corps 
vivant.  Les  mots  qui  la  composent  se  grou- 
pent autour  de  certains  mots  générateurs  : 
la  grammaire  comprendra  donc  une  partie 
étymologique,  où  seront  démontrés  les  prin- 
cipes el  les  lois  delà  génération  des  mots. 
Mais  parler,  c'est  exprimer  des  rapports 
entre  idées  ;  en  modifiant  les  idi'es,  ces 
rapports  donnent  lieu  à  des  modifications 
de  termes,  aux  formes  grammaticales  :  dé- 
crire les  formes  k  peu  près  comme  l'analo- 
mie  décrit  les  organes  des  corps,  tel  est 
l'objet  de  la  lexigraphie,   La  syntaxe  étu- 
diera ensuite  les  fonctions  et  la  coordina- 
tion de  ces  formes  diverses;  la  théorie  de 
la  construction  (Wortfolge)»  s'occupera  de 
l'ordre  dans  lequel  nos  pensées  se  succèdent 
et  se  produisent  l'une  l'autre  dans  le  temps 
(Ici  l'analogie  avec  un  corps  vivant  ne  peut 
plus  être  invoquée,  les  parties  de  celui-ci 
existant  simultanément,  juxtà-posées  dans 
t espace.  Lsi  prosodie  et   Yortl.ographe  d'u- 
»age,  enfin ,  seront  les  compléments  obligés 
de   toute    grammaire    particulière.   Tandel 
distingue  avec  soin  la  grammaire  positive 
de  la  grammaire  philosophique  :  il  repousse 
la  vaine  scolastique,  les  règles  arbitraires 
de  la  plupart  des  grammairiens  de  la  vieille 
école,  et  s'écrie  avec  Rousseau  :  c  Des  faits, 
des  faits  !  Il  faut  bien   lire  dans  les  faits 
avant  de  lire  dans  les  maximes.  »  C'est  par 
ce   procédé  et  pas  autrement,    selon  lui, 
qu'il  est  possible  d'arriver  à  construire  une 
saine  philosophie  du  langage.  Si  les  circon- 
stances lui  avaient  permis  de  pousser  plus 


avant  l'étude  de  ces  belles  questions,  il  se 
serait  certainement  fait  un  nom  parmi  les 
linguistes  contemporains  :  il  a  fonaulé  la 
méthode  de  la  vraie  science  des  langues,  et 
par  une  sorte  de  divination  ,  d'aillenre  in- 
spiré par  les  maîtres  de  rAIlefflagne,iIa  pres- 
senti les  brillantes  découvertes  de  la  philo 
logie  comparée. 

5°  Théorie  de  la  statistiqve^  trad.  de 
Kaltemand  et  du  latin  de  F.-J.  Mone,  et 
augmentée  d'additions,  de  notes  et  d'une 
bibliographie.  Louvain,  1854,  un  vol. 
in-8<». 

Ce  volume  fut  publié  pour  servir  de  texte 
aux   leçons  de  Tandel.   Le  traducteur  de 
Monc  nous  apprend,  dans  sa  préface,  qu'il 
avait  d'abord  travaillé  à  rédiger  un  nouveau 
manuel  ;  mais  à  quoi  bon ,  se  dit-il,  répéter 
en  d'autres  termes  ce  que  d'autres  ont  dit  et 
redit? —  Ce  fut  donc  sous  l'influence  d'un  ho- 
norable scrupule  qu'il  se  contenta  du  rôle 
d'interprète  et  d'annotateur.  Il  serait  diffi- 
cile de  se  faire  une  idée,  au  moyen  de  cette 
préface  et  des  notes  dont  l'ouvrage  est  en- 
richi, des  opinions  générales  de  Tandel  en 
matière  de  statistique  et  d'économie  poli- 
tique ;  toutefois  il  est  permis  d'induire,  de 
l'ensemble  de  ses  écrits,  qu'il  rejetait  bien 
loin    «   ce    matérialisme    économique   qui 
n  stimule  et  surexcite  les  appétits  maté- 
»  riels,  qui  transforme  la  société  en  atelier 
»  et  en  comptoir,  qui  considère  l'Etat  comme 
p  une  machine  à  production.   >  Il  admet- 
tait l'appropriation   individuelle  ,  la  divi- 
sion du  travail,  la  liberté  de  l'échange,  etc., 
en  un  mot  tout  l'ordre  économique;  mais 
il  estimait  en   même  temps  qu'il  y  a  une 
force  morale  qui  l'anime,  le  féconde,  le  per- 
fectionne dans  toutes  ses   parties  et  peut 
seule  le  transformer  en  organisme  parfait. 
Comment  concilier  ensemble  les  droits  de 
l'individu  et  ceux  de  la  Société,  l'individua- 
lisme et  le  communisme?  <  Ce  secret,  répond 
»  Tandel,  on  ne  peut  pas  le  découvrir  à 
•  priori;  maïs  l'expérience  nous  le  révèle 
»  dans  Vamour.  C'est  lui  qui  lève  ici  toutes 
»  les  contradictions,  en  identifiant  t'égolsme 
»  avec  le  dévouement  le  plus  absolu...  L'a- 
»  mour  fait  en  sorte  que  Tefi'et  du  don  soit 
V  le  même  que  celui  de  la  conservatioo  ex- 
»  clusive.  »  —  Quant  k  la  statistique,  elle 
est  k  ses  yeux  l'histoire  pragmatique  con- 
temporaine. Si  l'on  admet  que  l'Etat  est  une 
quantité  de  forces,  qui  agissent  dans  une 
grande  partie  de  la  famille  humaine,  d'ac- 
cord avec  une  intelligence  souveraine  et 
conformément  à  la  vérité  suprême ,  la  sta- 
tistique indique  en  même  temps  la  circonfé- 
rence d'oii  parlent  les  rayons  et  le  foyer 
vers  lequel  ils  doivent  converger.  Inutile  de 
faire  remarquer  que  la  disposition  intellec- 


S8i 


TAN 


S82 


tuelle  et  morale  d'une  époque  donoëe  ne 
sort  pas  moins  de  facteur  aux  calculs  et 
aux  conclusions  des  statisticiens  que  les 
chiffres  et  les  nombres  '  *  ).  Tandel  était 
peu  sympathique,  en  général,  aux  idées  de 
J.-B.  Say  ;  il  n'a  laissé  échapper  aucune  oc- 
casion de  les  critiquer  dans  ses  notes. 

If.  Deuxième  période  (Liège)  ;  1855- 
1850. 

Jk'*  Dictionnaire  des  définitions  de  lo- 
gique, Liège,  1838,  brocb.  in-8®.  et 
Plan  sommaire  (ftin  cours  de  logique^ 
îbid.,  quatre  tableaux  in-i°  (oblong). 

A  l'usage  des  élèves  de  l'Université  de 
Liège.  —  Les  tableaux  ont  été  plus  tard  in- 
tégralement reproduits  dans  le  Cours  de  lo- 
gique {jfi  1). 

5^^  Sur  un  problème  de  logique  (Bull. 
deVAcai,  royale  de  Belgique,  t.  VI, 
première  partie,  1 ,558  ;  t.  VI,  2«  partie, 

4,79). 

C'est  une  démonstration  toute  formelle 
des  jugements  catégoriques,  hypothétiques 
et  disjonctifs.  On  la  retrouve  dans  le  Cours 
de  logique  ;n®  7\ 

6^  Nouvel  examen  d'un  phénomène 
psychologique  du  somnambulisme  (Mèm. 
couronnés  et  mèm.  des  savants  étran- 
gers publiés  par  TAcad.  royale  de  Bel- 
gique, t.  X,  1841-1845;  Bull,  de  la 
même  Académie,  t.  VI,  2*  partie,  p. 
488;  t.  Vil,  première  partie,  p.  180, 
et  t,  X,  première  partie,  p.  505). 

«  Adversaire  de  l'opinion  surannée,  émise 
en  1784  par  la  Commission  composée  de 
Franklin,  Lavoisier,  Bailly ,  Leroy ,  Bory, 
Dareet,  Majault,  Sallin,  GuiUoiin,  Poisson- 
nier, Desperrières,  Caille ,  Mauduyt,  Andry 
et  iussieu  ;  mettant  à  profit  les  observations 
plus  récentes  de  Kieser,  Gmelin,  Hufeland, 
Nées  von  Esenbeck,  Passavant,  Eschen- 
mayer,  Brandis,  Nasse,  Strombeck,  Meyer, 
etc.,  Tandel  aide  à  mettre  la  théorie  du  som- 
nambulisme en  voie  de  faire  de  nouveaux 
progrès.  Contrairement  au  principe  généra- 
lement admis,  qu'au  réveil  il  ne  reste  plus 
aucun  souvenir  de  ce  qui  s'est  passé  dans 
l'état  somnambuliqueje  professeur  de  Liège 
prouve  qu'il  y  a  souvenir  pour  le  somnam- 
bule quand  il  y  a  association  des  idées  entre 
le  somnambulisme  et  l'état  de  veille,  et  que 
les  conditions  de  cette  association  sont  ab- 
solument les  mêmes  que  pour  deux  états  quel- 
conques de  la  veille.  11  fait  ainsi  perdre  beau- 
coup de  son  étrangeté  k  un  phénomène  con- 


sidéré jusqu'ici  comme  très-extraordinaire, 
et  il  le  fait  rentrer  dans  le  cadre  des  phéno- 
mènes connus  et  compris  de  tout  le  monde. 
Pour  que  l'association  des  idées  se  produise, 
il  faut  que  le  somnambule  veuille  se  souve- 
nir, qu'il  soit  libre,  qu'il  soit  en  position  de 
se  rendre  compte  de  lui-même,  qu'il  veuille 
réaliser  les  conditions  d'une  association  des 
idées  entre  le  somnambulisme  iH  l'état  de 
veille.  Pour  Tandel,  la  clarté  de  nos  idées 
dépend  de  Tatlention  que  notre  esprit  ac- 
corde à  leur  objet.  Dans  le  système  de  La- 
romiguière,  l'attention  est  elle-même  la 
cause  de  toutes  nos  idées.  Tandel  avoue  sa 
prédilection  pour  les  questions  de  l'ordre 
intellectuel  et  pour  le  côté  immatériel  des 
choses,  et  combat  à  la  fois  la  doctrine  de 
Maine  de  Biran  et  celle  de  Broussais.  Biran, 
pour  s'expliquer  les  phénomènes  du  som- 
nambulisme, admettait  deux  moi.  Broussais, 
pour  qui  la  penséo  se  manifeste  k  l'occasion 
du  mouvement  de  la  matière,  nie  le  moi  psy- 
chologique, et  refuse  aux  psychologues  la 
possibilité  de  créer  une  théorie  indépendam- 
ment de  la  physiologie.  Inférant  mal  du 
principe  vrai  :  Entia  non  sunt  muliiplican- 
da  prœter  necessitatem,  il  fait  dériver  les 
phénomènes  moraux  de  la  substance  ner- 
veuse, et  aboutit  au  matérialisme.  En  médi- 
tant la  savante  monographie  de  Tandel,  on 
est  amené  au  corollaire  pratique  :  que  la 
liaison  des  idées  est  la  loi  fondamentale  de 
la  mémoire.  Jamais  une  idée  ne  se  réveille 
en  nous  qu'à  l'occasion  d'une  autre  idée  qui 
nous  est  actuellement  présente...  »  (Kleyr, 
p.  4  et  5). 

V  Cours  de  logique,  à  Tusage  de  l'en- 
seignement universitaire.  Liège,  1841, 
in-8°.  —  ^  édition.  Liège,  1844,in-8«. 

La  première  édition  ne  contient  que  la 
logique  formelle,  divisée  en  logique  analy- 
tique ou  élémentaire  (théorie  du  concept, 
du  jugement  et  du  raisonnement  et  logique 
synthétique  ou  systématique  (théorie  de  la 
définition,  de  la  division  et  de  la  démons- 
tration). La  seconde  édition  contient  en 
outre  la  logique  réelle  (quatre  chapitres  ; 
de  la  vérité  ;  de  la  certitude  ;  des  sources 
de  nos  erreurs  ;  du  scepticisme).  La  logique 
formelle  de  Tandel  se  rattache  il  la  théorie 
d'Aristote,  mais  en  même  temps  à  la  critique 
de  Kant;  elle  n'a  rien  de  commun  avec  la 
dialectique  hégélienne.  L'auteur  s'explique 
nettement  k  cet  égard  :  «  Le  mot  formelle, 
»  dit-il,  indique  que  je  ne  veux  donner  ici 
»  que  cette  partie  essentielle  de  toute  logique 
»  qui  a  pour  objet,  non  la  vérité  en  général 
»  et  sous  tous  ses  rapports,  mais  seulement 


(•)  Kleyr,  p.  3. 


583 


TAN 


584 


»  la  vérité  que  donne  la  pensée ,  abstraction 
»  faite  de  nos  autres  moyens  de  connaître.  » 
La  première  partie  de  l'ouvrage  ne  difiT^re 
donc  en  rien  d'essentiel  de  la  plupart  des 
traités  connus  sur  la  matière  (notamment 
de  ceux  de  Twesten  et  Bachmann).  Le  Dtc- 
tum  de  omni  et  nulio  des  anciens  domine  ou 
plutôt  résume  tout  le  système.  Certains  pa- 
ragraphes méritent  cependant  une  mention 
spéciale,  notamment  ceux  qui  concernent 
les  jugements  considérés  au  point  de  vue  de 
la  relation  (v.  ci-dessus,  tfi  5),  et  l'analyse 
purement  formelle  des  raisonnements  par 
induction  et  par  analogie.  Quand  une  qucs- 
tion  controversée  se  présente,  l'auteur  se 
contente  de  l'indiquer  en  passant  :  c'est  à 
l'enseignement  oral,  disait-il,  que  revient  la 
mission  d'expliquer  et  de  discuter  les  pro- 
blèmes dont  la  solution  n'est  pas  encore  ac- 
quise à  la  science.  Le  Coun  de  logique  n'est 
même,  k  proprement  parler,  qu'un  program- 
me détaillé  :  ainsi  s'explique  le  peu  de  re- 
tentissement qu'il  a  eu  en  dehors  de  l'Uni- 
versité de  Liège.  Il  est  permis  de  regretter 
que  l'auteur  se  soit  imposé  cette  réserve; 
car,  ainsi  que  le  fait  remarquer  M.  Loo- 
mans,  son  œuvre  est  à  la  fois  un  traité  et 
un  modèle  de  logique.  —  La  théorie  de  la 
vérité  et  de  la  certitude,  dans  la  logique 
réelle^  se  rattache  intimement  aux  convic- 
tions fondamentales  de  l'auteur,  clairement 
exposées  dans  le  Court  d'anthropologie ,  (v. 
ci-après).  «  Je  suis  entré  à  l'école  de  la  phi- 
losophie, disait  Tandel  il  M.  Loomans,  grâce 
surtout  à  un  opuscule  de  Schelling,  intitulé  : 
Dm  moi  comme  principe  de  la  philosophie 
(Vone  Ich  als  Prinzip  der  Philosophie).  »  Il 
avait  été  surtout  frappé  de  la  manière  dont 
les  questions  étaient  posées  dans  cet  opus- 
cule. Il  en  vint  k  prendre  pour  point  de  dé- 
part l'analyse  de  la  conscience,  l'examen 
attentif  des  faits  que  cette  analyse  révèle, 
la  recherche  de  leur  origine  et  des  lois  qui 
les  régissent  ;  cependant  il  sut  tenir  compte, 
d'autre  part,  des  principes  métaphysiques 
qui  expliquent  la  synthèse  de  nos  connais- 
sances. A  un  moment  donné,  la  synthèse  et 
l'analyse  doivent  coïncider,  et  alors  nous 
sommes  sûrs  d'être  en  possession  de  la  vé- 
rité. C'est  en  procédant  de  la  sorte  que  Tan- 
del trouva  dans  le  seul  fait  de  la  conscience 
de  soi  la  démonstration  de  la  liberté  (*  ;,  et 
que  les  conditions  métaphysiques  de  la  li- 
berté lui  attestèrent  l'existence  d'un  Dieu 


personnel  et  libre,  dont  notre  esprit  est  l'i- 
mage vivante.  Toute  sa  théorie  est  là  :  quel- 
que sujet  qu'il  traite,  il  y  revient  toujours. 
L'esprit  est  essentiellement  vérité,  et  la  vé- 
rité immédiate  porte  en  elle-même  son  évi- 
dence. L évidence,  c'est  le  fond  même  de 
notre  intelligence  à  l'état  de  conscience  de 
soi.  Nulle  réalité  ne  saurait  se  trouver  en 
contradiction  avec  les  notions  pures  de  la 
raison...  Mais,  notons-le  bien  :  si  la  raison 
pure  dévoile  le  contradictoire  et  Hmpos- 
sible,  elle  ne  donne  pas  le  réel;  elle  peut 
nier  et  détruire,  elle  ne  saurait  édiAer  ni 
construire  ;  son  rôle  est  négatif  et  non  pas 
positif. —  Schelling  ne  parla  pas  autrement  à 
Berlin,  dans  son  cours  de  184â-i843  (v.  la 
notice  de  M.  Loomans,  p.  37,  44,  59  et 
suiv.). 

S^EsqvUse  (Tun  cours  (Tanlhropologit 
à  rusa|[e  de  reoscignement  universi- 
taire Liège,  4843,  in-8«.— 2«édit.,  re- 
vue et  partiellement  développée.  Liège, 
i8i5,ln-8». 

Excellent  manuel,  mais  rédigé,  de  même 
que  le  précédent,  avec  une  concision  systé- 
matique dont  le  but  avoué  est  de  rendre  les 
explications  du  professeur  indispensables 
aux  élèves,  à  qui  l'ouvrage  est  exclusivement 
destiné.  L'auteur  tient,  d'un  côté,  à  faire 
prendre  au  sérieux  l'étude  de  la  philosophie, 
qui  n'est  pas  k  la  portée  de  tout  le  monde  ; 
de  l'autre,  il  ne  veut  laisser  subsister  aucun 
doute  sur  ses  véritables  tendances ,  et  c'est 
pourquoi,  surtout  dans  la  seconde  édition  de 
son  ouvrage,  il  épuise  pour  ainsi  dire  cer- 
taines questions,  tandis  que  d'autres  sont 
simplement  indiquées  (').  Aujourd'hui  qu'il 
n'est  plus  \k  pour  discuter  et  résoudre  celles- 
ci,  on  peut  se  plaindre  de  ses  réticences 
volontaires  ;  h&tons-nons  d'ajouter  ,  néan- 
moins, qu'il  a  pris  soin  de  s'étendre  assez  sur 
les  premières,  pour  que  des  lecteurs  initiés 
puissent  conclure  de  ce  qu'il  met  en  lumière 
à  ce  qu'il  laisse  dans  l'ombre  (  '  ) .  Ko  égard  au 
but  immédiat  qu'il  s'est  proposé,  fauteur  est 
pleinement  justifié;  disons  pourtant  que,  si  son 
œuvre  lui  survit  et  est  digne  de  lui  survivre, 
sans  les  inégalités  que  nous  signalon8,eUe  ren- 
drait deux  fois  plus  de  services  à  Iajeuncs8e,et 
que  sa  réputation  aurait  franchi  nos  frontières. 
La  modestie  de  Tandel  l'a  empêché  de  se  faire 
k  lui-même  cet  aveu  :  maintenant  il  est  trop 


(*  )  Tout  acte  de  conscience  de  soi  est  un 
acte  d'indépendance  à  l'égard  de  tout  autrui, 
un  acte  de  spontanéité  absolue,  un  acte  de 
liberté  »  (Cours  danthropoL^  S«  éd.,  p.  86). 

(  *  )  lia  choisi  pour  épigraphe  celte  dé- 
claration de  Liebniz  :   Philosophica  melete- 


mata  non  minus  quàm  mathematica  vulgi 
captum  superant,  sed  magis  interprétai io- 
nibus  iniquis  obnoria  sunt. 

(*)  M.  Loomans  dit  très-bien  que  les 
livres  de  Tandel  ne  sont  pos  destinés  à  être 
appris,  mais  à  être  refaits  par  le  lecteur. 


58  o 


TAX 


586 


tard...  L'oovrage  embrasse,  conformément  à 
la  loi  de  4835 ,  ua  sommaire  de  physiologie 
hamaioe  (somatologie)  en  même  temps  qa'un 
traité  de  psychologie  et  une  étude  sur  les 
rapports  du  corps  et  de  l'àme  ;  selon  l'usage 
en  Belgique ,  l'auteur  aborde  même,  autant 
qu'il  peut  les  aborder  en  partant  de  l'analyse 
philosophique  des  faits,  certaines  questions 
métaphysiques,  telles  que  celle  de  l'immor- 
ialité  de  l'Ame.  Sur  d'autres  points,  par 
exemple  sur  le  débat  entre  le  vitalitme  et 
ïanimitme^  il  s'abstient  de  toute  recherche 
transcendante  et  se  contente  d'exposer  les 
systèmes  en  présence.  Prise  dans  son  en- 
semble, sa  théorie  psychologique,  basée 
comme  nous  Pavons  dit  sur  une  observation 
minutieuse  des  caractères  du  fait  de  con- 
science, tient  le  milieu  entre  les  doctrines  qui 
attribuent  au  moi  la  faculté  d'atteindre  la 
science  absolue,  et  celles  qui  ne  lui  accordent 
que  la  réceptivité.  Le  pouvoir  et  le  savoir  de 
l'homme  sont  limités  ,  dit-il;  l'esprit  humain 
est  libre  et  autonome,  mais  il  est  borné  ;  le 
«  roseau  pensant  •  est  sup<irieur  à  la  nature, 
mais  la  pensée  et  la  volonté  se  produisent  au 
sein  de  la  nature.  Des  relations  de  réceptivité 
nous  unissent  d'autre  part  ^  Dieu  lui-même  ; 
l'homme  ne  peut  se  connaître  qu'à  condition 
de  connaître  IMeu.  Tandel  se  rapproche  de 
Platon,  de  S*- Augustin,  de  Descartes  et  de 
Leibniz  en  soutenant,  mais  avec  une  extrême 
prudence ,  le  système  des  idées  innées  : 
qu'est-ce  que  l'esprit,  se  demande-t-il,  sinon 
les  idées  rationnelles  et  la  liberté  ?  Mais  la 
raison,  n'étant  pas  absolument  spontanée,  a 
besoin  de  conditions  extérieures  pour  se  dé- 
velopper. L'action  de  la  société  sur  l'individu 
est  indispensable;  chaque  individu  humain 
ne  se  fait  homme  que  par  Yéducation  ;  sans 
elle  il  ne  deviendrait  jamais  homme  ;  et 
comme  il  faut  bien  remonter  à  un  principe, 
il  faut  nécessairement  admettre  des  relations 
primitives  de  l'homme  avec  Dieu.  —  Celte 
solution  nous  conduit  d'elle-même  à  poser  le 
grave  problème  de  l'origine  du  langage.  «  Le 
premier  homme,  dit  Tandel,  n'a  parlé  (n'a 
bit  aet€  de  parole)  qu'en  entendant  la  parole 
d'autmi,  peut-être  cette  parole  interne  qui 
n'appartient  à  l'idiome  d'aucun  peuple  (').  * 
Mais  une  fois  le  premier  acte  de  connais- 
sance de  soi  posé,  il  a  eu  nécessairement 
conscience  de  toutes  les  lois  de  la  gram- 
niaire,  puisque  ces  lois  sont  celles  de  Yesprit 
humain,  et  conscience  de  toutes  les  vérités 
générales,  puisque  ces  vérités  ne  sont  que 
l'expression  de  la  nature  et  des  relations 
absolues  ou  divines  de  la  raison.  Quant  an 
vocabulaire  relatif  aux  choses  extérieures 
sensibles,  l'homme  a  pu  le  faire  lui-même,  ii 


mesure  que  les  choses  se  sont  présentées  à 
ses  sens.  Le  savant  publiciste  P.  Kersteo , 
auteur  d'un  Essai  sur  V activité  du  principe 
pensant  considéré  dans  l'institution  du  lan- 
gage (Liège,  1851-1863,  3  vol.  in-S»),  mal- 
heureusement resté  inachevé ,  discuta  les 
opinions  de  Tandel  dans  son  Journal  histo- 
rique et  littéraire,  en  tira  des  arguments 
contre  de  Bonald,  dont  il  combattait  à  ou- 
trance le  traditionalisme,  qu'il  croyait  re- 
trouver dans  l'enseignement  de  l'Université 
de  Louvain,  et  toutefois  ne  se  rallia  pas  au 
système  du  professeur  de  Liège,  système 
qui  n'était  à  ses  yeux  qu'un  bonaldisme  ren- 
versé. P.  Kersten  soutenait  que  l'homme 
parle  naturellement,  et  que  le  langage  est 
inséparable  de  sa  qualité  de  créature  raison- 
nable. Il  s'ensuivit  une  longue  polémique,  à 
laquelle  prirent  part  les  rédacteurs  do  la 
Bévue  Catholique  de  Louvain,  Tandel,  M.  Lo- 
nay  et  plusieurs  autres,  et  qui  porta  finale- 
ment un  rude  coup  au  traditionalisme.  Le 
rôle  de  Tandel  y  fut  surtout  celui  d'un  mo- 
dérateur ;  la  nature  de  son  esprit  le  porta 
toujours  è  se  défier  des  opinions  extrêmes. 
Il  devait  aussi  celte  défiance  à  son  éducation 
philosophique  :  il  s'était  formé  lui-même  ;  il 
ne  pouvait  s'inféoder  à  aucune  école.  Il  n'é- 
tait pas  éclectique,  mais  il  tenait  compte  des 
enseignements  de  l'histoire  et  il  avait  princi- 
palement foi  dans  l'analyse  des  faits ,  poussée 
assez  loin  et  sans  idée  préconçue.  On  peut 
s'assurer  par  ses  uuvrages  du  soin  scrupu- 
leux avec  lequel  il  cherchait  à  justifier  de- 
vant lui-même  les  procédés  qu'il  employait. 
Dans  les  derniers  temps  de  sa  vie,  il  attacha 
un  grand  prix  à  la  méthode  de  Herbart,qui  se 
préoccupe  avant  tout  de  rectifier  nos  idées  ; 
mais  il  mit  le  même  zèle  à  s'initier  aux  tra- 
vaux des  autres  écoles,  et  surtout  à  ceux  de 
M.  J.  H.  Fichte  (fils),  qui  contribuèrent  cer- 
tainement à  lui  faire  prendre  la  résolution 
d'ouvrir  à  l'Université  un  cours  de  métaphy- 
sique. Il  le  recommença  plusieurs  fois  sans 
jamais  l'achever  :  ses  leçons  furent  surtout 
remarquables  au  point  de  vue  de  la  critique 
des  systèmes. 

9«  Lettres  à  if.  P.  Kersten  sur  la 
av^stion  de  Vorigine  du  langage  (Journal 
historique  et  littéraire  de  Liège ,  t.  XV 

et  xvn. 

10**  SomnMire  d'un  cours  de  philoso- 
phie morale.  Lié^'P,  «845,  in-8«  (2«  édi- 
tion). 

La  publication  de  cet  opuscule  ne  fut 
achevée  qu'en  i849.  —  Nous  savons  que, 
d'après  Tandel,  la  théorie  de  la  conscience 


*  )  S<-Augustin  de  Trittiiate. 


587 


VAN 


588 


aboutit  à  ce  résultat  :  que  l'humanité  est  un 
organisme  dont  Dieu  est  le  principe  D'après 
cette  ductrine,  la  personne  morale  est  néces- 
sairement rapportée  k  d'autres  personnes 
comme  les  parties  d'un  corps  vivant  sont 
reliées  entre  elles,  et  le  principe  des  êtres 
personnels  et  libres  possède  à  son  tour  les 
attributs  de  la  personnalité.  L'ordre  moral 
est  donc  la  société  des  êtres  libres,  le  règne 
de  la  personnalité,  distinct  du  règne  de  la 
nature  et  de  la  fatalité.  La  philosophie  morale 
étudiera  donc  la  théorie  de  la  personnalité 
humaine ,  de  la  souveraineté  divine  et  de  la 
loi  morale.  Tandel  se  place  au  point  de  vue 
du  spiritualisme  le  plus  élevé  et  le  plus  pra- 
tique. Sa  théorie  du  souverain  bien  est  sur- 
tout digne  d'attention  :  nous  nous  contente- 
rons, avec  M.  Loomans ,  de  dire  quelques 
mots  du  principe  qui  domine  tout  l'ouvrage. 
—  Selon  Tandel,  la  loi  morale  se  résume  dans 
ce  précepte  :  soyez  parfaitement  libres.  «  La 
liberté  parfaite  n'est  ni  Tégolsme,  ni  le  désin- 
téressement pur  ;  elle  n'est  ni  ta  puissance 
de  l'homme,  ni  la  négation  de  celte  puissance: 
elle  est  amour.  L'amour  seul  concilie  entre 
eux  l'intérêt  et  le  désintéressement,  la  puis- 
sance et  la  soumission.  Considéré  dans  les 
rapports  sociaux,  l'égoïsme  conduit  k  l'indi- 
vidualisme et  à  l'exaltation  de  la  puissance 
des  uns  au  détriment  des  autres  ;  le  désinté- 
ressement pur  engendre  le  communisme , 
l'annihilation  de  la  puissance  et  de  la  liberté 
individuelles,  au  profit  de  la  société.  L'amour 
seul  concilie  les  hommes  entre  eux;  car  celui 
qui  aime,  non-seulement  respecte  les  droits 
d'autrui,  mais  il  fait  du  bien  à  son  semblable. 
Envisagé  dans  ses  rapports  avec  le  principe 
de  la  société,  l'égoïsme  est  la  négation  de  ce 
principe  ;  le  désintéressement,  c'est  l'empire 
de  la  nécessité,  c'est  le  stoïcisme.  L'amour, 
c'est  la  souveraineté  d'un  Dieu  personnel  et 
libre,  c'est  l'empire  de  l'éternel  amour,  car 
si  la  loi  morale  est  une  loi  d'amour,  il  faut 
que  son  principe  soit  également  amour  : 
Deuê  charitai  est,  «  Le  principe  suprême, 
»  dans  sa  plus  grande  généralisation,  dit 
»  Tandel,  prescrivait  à  l'homme  de  se  rendre 
»  libre.  Mais  en  nous  rendant  compte  des 
»  rapports  dans  lesquels  cette  liberté  devait 
»  se  réaliser,  nous  l'avons  trouvée  contra- 

>  dictoire ,  jusqu'au  moment  où  nous  avons 
»  compris  qu'elle  s'identifiait  avec  l'amour. 

>  Ce  précepte  peut  donc  actuellement  se  for- 


»  mulcr  ainsi  :  se  rendre  libre  en  réalisant 
»  par  l'amour  la  nation  de  la  société ,  c'est- 
»  à-dire,  en  aimant  Dieu  au-dessus  de  toutes 
»  choses  (  comme  principe  de  la  société}  et 
»  son  prochain  comme  soi-même.  >  Ama  et 
»  fac  quod  vis  (Loomans,  p.  66). 

1 1^  Tandel  a  encore  publié,  dans  une 
revue  de  Lîége ,  un  rompte-rendu  de 
Fouvrage  du  professeur  De  Cock  (de 
Louvain),  intitulé  :  Ethicœ  «eu  Philoso- 
phiœ  moralis  elemenia ,  et  quelques  ar- 
ticles insérés  dans  la  Correspondance 
mathématique  de  M.  Quetelet. 

Outre  les  deux  notices  de  MM.  Loo- 
mans et  Kleyr,  ci-dessus  citées Jl  existe 
une  biographie  de  Tandel  par  M.  G. 
hoxi^y  (Revue  cathoLyi^^G).  —  V.  aussi 
le  Journal  de  Vinsfruction  publique  de 
Fabbé  Louis,  n*"  du  5  novembre  1850, 
et  Tari,  de  Warnkœnig  sur  la  philoso- 
phie en  Belgique^  dans  le  journal  de  M. 
J.-H.  Fichte  :  Zeitschrifl  fUr  Philosophie 
uttd  philosophische  Kritik,  Halle,  1857, 
I.  XXX,  p.  100  et  sulv. 


Vanclei«liey«loii  (JëAN-MiCHEL),  né 

à  Maeseyck  en  1707,  mourut  à  Liège  le 
2  septembre  1836.  Élève  de  Tancienne 
Université  de  Louvain, ily  fut  proclamé 
premier,  en  1786,  dans  la  Faculté  de 
philosophie  et  des  arts;  il  est  le  dernier 
enfantdu  pays  de  Liège  (*  )  qui  ait  obtenu 
cet  honneur,  dont  nos  pères  faisaient 
si  grand  cas  (').  Nousn^avons  pu  re- 
cueillir que  peu  de  détails  sur  ses  dé- 
buts dans  la  carrière  de  renseignement. 
En  Tan  X  de  la  République,  il  était  pro- 
fesseur de  physique  expérimentale  et 
de  chimie  à  TEcoIe  centrale  du  dépar- 
tement de  rOurte.  Il  figura  ensuite  au 
programme  du  Lycée  impérial  de  Liège 
comme  titulaire  des  cours  supérieurs  de 
mathématiques:  il  conserva  ces  fonc- 
tions au  Collège  royal,  sous  le  gouver- 
nement dés  Pays-Bas,  jusqu'en  1817, 
époque  où  il  fut  nommé  professeur 


(  *  )  A  moins  que  nous  ne  regardions 
comme  tels  trois  Maestrichtois,  qui  obtinrent 
postérieurement  la  même  distinction.  Mais 
on  sait  que  Maestricht  n'appartenait  qu'à 
moitié  à  la  principauté  de  Liège  (V.  l'art. 

POLAIN). 

(•)  Promoiiones  générales  (1750-1797), 


Bruxelles,  Van  Ginderachter  s.  d.).  —  Ca- 
lalogus  omnium  primonim  in  generali  et  so- 
lemii  promotione  ab  origine  famosissimœ 
universiUtis  Lovaniensis  (1428-1 797). /6iV/., 
et  Mechliniœ,  18S4,  in  S».  —  Vanderheyden 
appjtrtonalt  au  Pœdagogium  Castri. 


589 


VOT 


590 


d*aigèbre  élémentaire,  de  géométrie,  de 
géométrie  analytique,  de  calcul  diffé- 
rentiel et  intégral ,  et  en  même  temps 
d'astronomie  physique  et  théorique,  à 
rUniversité  de  Liège  (  '  ).  Il  remplit  le 
premier,  la  même  année,  les  fonctions  de 
secrétaire  du  Sénat  académique;  en  1818- 
1819,  il  succéda  à  D.  Sauveur  (v.  ce 
nom)  en  qualité  de  recteyr.  La  Faculté 
des  sciences  ne  s*était  composée  jusque 
là  que  de  deux  professeurs,  Vanderhey- 
den  et  Charles  Delvaux  (v.  ce  nom);  un 
troisième  (Gaêde)  leur  fût  adjoint,  pour 
les  sciences  naturelles,  en  novembre 
1818;  un  quatrième  (M.  Van  Rees), 
pour  les  mathématiques,  à  la  fin  de 
18il.  Vanderheyden   se  trouva,  par 
suite  de  la  nomination  de  ce  dernier, 
déchargé  d*une  partie  de  ses  cours  ;  en 
juin  1828.  il  obtint  le  titre  de  profes- 
seur émérite.  11  continua  d'habiter  Liè- 
ge; après  la  révolution,  les  électeurs 
du  district  de  Ru  remonde  renvoyèrent 
à  la  Chambre  des  représentants  pour 
succéder  à  J.-W.  Ernst,  décédé;  il  y 
siégea  du  50  mai  1853  au  9  juin  1855, 
et  ne  fut  point  réélu  :  les  suffrages  se 
portèrent  sur  le  général  Nypels.  Van- 
derheyden vécut  depuis  lors  dans  la 
retraite,  mais  sans  rester  étranger  au 
mouvement  scientifique.  Il  avait  été, 
en  1808,  Tun  des  membres  fondateurs 
de  la  Société  des  sciences  physiques 
et  médicales  de  Liège.  Nous  ne  con- 
naissons de  lui  qu'un  mémoire  étendu 
sur  Vélectn-magnétinAe^  inséré  dans  le 
Journal  de  physique  publié  par  Ducrotay 
de  Blainville  (année  18S2,  cahiers  de 
mai  et  juin).  —  V.  l'art.  Gloesbner. 


%  ottem  (  FeRD.-ChARLES-EdOUARI)), 

né  à  Visé  le  50  août  1797,  périt  mal- 
heureusement dans  les  eaux  de  la  Meuse, 
à  Liège,  le  2  juin  18i5.  Il  fit  ses  pre- 
mières études  chez  un  de  ses  oncles, 
curé -desservant  de  Lixhe  lez -Visé. 
Quand  il  eut  quatorze  ans,  un  autre 


oncle ,  le  professeur  N.-G-A.-J.  An- 
siaux  (v.  ce  nom) ,  qui  avait  remarqué 
ses  heureuses  dispositions,  le  reçut 
chez  lui  et  l'envoya  au  Lycée  de  Liège  : 
mais  les  événements  de  1814  amenè- 
rent brusquement  la  fermeture  des  clas- 
ses, et  il  ne  fut  pas  donné  à  Vottem 
d'achever  ses  humanités.  Il  s'en  fallait 
de  peu  cependant ,  et  plus  tard  on  ne 
s'aperçut  jamais  de  cette  lacune.  Les 
circonstances  mêmes  qui  l'éloignaient 
du  Lycée  le  décidèrent  à  commencer 
immédiatement  ses  études  médicales. 
Il  fréquenta  les  cours  de  l'école  secon- 
daire de  médecine ,  fondée  à  Liège  par 
Ansiaux  et  Comhaire.  Il  eut  bientôt  l'oc- 
casion de  rivaliser  de  zèle  avec  ses  pro- 
'fesseurs,  en  administrant  les  secours 
de  l'art  aux  blessés  de  Waterloo.  Son 
aptitude  fut  remarquée  en  diverses  cir- 
constances, si  bien  que,  l'Université  de 
Liège  ayant  été  installée  en  1817,  ou 
lui  confia,  dès  le  mois  de  novembre,  les 
fonctions  de  chef  de  clinique.  Il  les 
remplit  jusqu'en  1820,  ne  les  résigna 
que  pour  prendre  ses  grades  acadé- 
miques (*),  passa  ensuite  une  année  à 
Paris,  où  il  suivit  les  leçons  des  maîtres 
les  plus  célèbres ,  et  finalement  revint 
s'établir  à  Liège  en  1821.  Se  sentant 
du  goût  pour  l'enseignement ,  il  consa- 
cra les  loisirs  que  lui  laissait  sa  clien- 
tèle à  donner  des  répétitions  d'anato- 
mie  et  de  matière  médicale.  Le  5  mai 
1828,  il  fut  nommé  lecteur  à  l'Univer- 
sité, chargé  d'enseigner  cette  dernière 
branche  et  de  faire  le  cours  de  méde- 
cine opératoire.  Le  15  novembre  1850, 
il  obtint  le  titre  de  professeur  extraor- 
dinaire. Lors  de  la  réorganisation  de 
1855,  il  échangea  le  cours  de  matière 
médicale  contre  celui  de  pathologie  chi- 
rurgicale. En  1857,1a  mort  prématurée 
de  Fohmann(v.  ce  non),  l'un  des  ana- 
tomistes  les  plus  distingués  de  notre 
époque,  selon  l'expression  de  de  La  Va- 
cherie ('),  laissa  vacante  la  chaire  d'à- 
natomie  descriptive  :  Vottem  osa  y  mon- 
ter, et  ses  débuts  prouvèrent  que  le 


(  *  )  Il  fot  remplacé  au  Collège  par  Henri 
Forir  (V.  Henri  Forir,  par  A.  Le  Roy,  Liège, 
1863,  in-lSo). 

(*)  Soo  diplôme  de  docteur  en  médecine 
est  daté  da  11  août  1820;  le  12  octobre  sui- 


vant, il  fut  reçu  docteur  en  chirurgie  et  en 
accouchements. 

(")  Notice  iitr  Vottem.  Bruxelles,  1843, 
in-8^ 


hdl 


VOT 


59:2 


|[Ouvernement  n'avait  pas  trop  présu- 
mé de  lui.  Le  10  octobre <le  la  même 
année,  il  fut  promu  au  grade  de  pro- 
fesseur ordinaire.  On  peut  dire  qu'il 
avait  la  vocation  :  son  élocntion  était 
facile ,  simple  et  claire ,  son  esprit  mé- 
thodique et  toujours  maître  de  lui-même; 
enfin,  il  se  tenait  assidûment  au  courant 
de  la  science.  Ses  élèves  i*aimaient 
autant  qu'ils  Testimaient  :  leurs  sen- 
timents éclatèrent  hautement  et  dou- 
loureusement ,  k  la  nouvelle  de  la  fa- 
tale catastrophe  qui  le  leur  enleva 
plein  de  vie  et  de  santé,  et  consterna 
la  population  liégeoise  toute  entière. 
Appelé  à  Bruiseiles  en  qualité  de  membre 
du  jury  du  concours  universitaire,  Yot- 
tem  se  rendit,  le  2  juin  1845,  à  la  sta- 
tion des  Guillemins,  pour  y  déposer  son 
bagage  ;  ensuite ,  jugeant  qu'il  avait 
encore  assez  de  temps  pour  faire  une 
visite  au  hameau  de  Bac-en-Pot ,  il  se 
dirigea  vers  cette  localité  par  le  pont  du 
Val-Benoit.  Il  était  en  tilbury,  accom- 
pagné de  son  domestique.  Au  retour, 
quand  il  eut  repassé  le  pont ,  il  remar* 

Sua  que  son  cheval  donnait  des  signes 
'impatience.  Il  jugea  prudent  de  ne 
point  suivre  le  quai,  à  cette  époque  dé- 
pourvu de  garde-corps  (*),  Il  essaya  de 
prendre  le  chemin  qui  conduit  du  quai 
à  la  route  de  Namur  ;  il  ne  put  y  parve- 
nir; Tune  des  guides  se  rompit  dans 
ses  mains,  et  le  cheval,  ne  se  sentant 
plus  dirigé,  se  cabra,  s*em|)orta  dans 
une  coursé  furieuse,  se  rapprochant  de 
plus  en  plus  des  dalles  qui  couronnaient, 
au  niveau  de  la  voie  charretière,  le  mur 
de  soutènement  du  quai.  Enfin  la  roue 
de  droite  perdit  tout  point  d*appui ,  et 
Yottem  ,  son  domestique,  le  cheval  et 
le  ttlbury  furent  précipités  dans  la  ri*- 
vière,  dont  les  eaux  étaient  hautes. 
C*étaH  par  une  belle  matinée  :  la  chaleur 
était  accablante  ;  il  n'y  avait  personne  à 


deux  cents  pas  de  distance.  Le  domes- 
tique paient  à  se  dégager  et  maintint 
même  un  instant  son  maître  mr  la  ca- 
pote du  ttlbury;  mais  celie-d  s'aiffaissa 
insensiblemefit.  ..  Le  domestique  fut 
retiré  de  Teau  sain  et  sauf;  Vottem  re- 
parut deux  fois  sur  Teau  ;  les  ^cout^ 
arrivèrent  trop  tard  (*).  Nous  jetons  un 
voile  sur  les  scènes  déchirantes  qui  se 
passèrent  au  sein  de  sa  malheureuse 
famille.  Lorsque  les  faits  furent  connus, 
la  ville  tout  entière  parut  frappée  de 
stupeur  :  Vottem  avait  de  nombreux 
clients  dans  toutes  les  èlasses  de  la  so- 
ciété, et  les  sympathies  du  public  lui 
étaient  acquises,  autant  que  la  haute 
considération  due  à  son  caractère  et  à 
son  talent.  L'Université  fut  profondé- 
ment affectée  de  sa  perte,  cruelle  pour 
ses  élèves  et  pour  ses  collègues  non 
moins  que  pour  la  science.  On  a  vu  ra- 
rement à  Liège  une  pareille  affluence  à 
des  funérailles.  —  Le  nom  de  Yottem 
reste  attaché,  en  dehors  de  TUniversité, 
à  plusieurs  institutions:  on  lui  doit  la 
création  du  Conseil  desalubrité  publique 
de  la  province  de  Liège  (' ) ;  de  1827  à 
1845,  il  fut  bibliothécaire  de  la  Sodéîé 
d'Émulation;  il  fit  à  TAcadémie  de  dessin 
un  cours  très^remarquable  d'anatomie 
appliquée  aux  arts  :  membre  titulaire  de 
TAcadémie  royale  de  médecine  depuis 
la  fondation  de  cette  compagnie  savante, 
il  fit  en  outre  partie  du  Centle  vrédico^ 
chimique  et  pharmaceutique  de  Lîége 
(à  titre  de  membre  honoraire),  et  de 
diverses  Sociétés  scientifiques  de  Bru- 
xelles, Gand,  Bruges,  Lisbonne,  etc. 
(à  titre  de  membre  correspondant)  ;  il 
présida  enfin  le  Conseil  de  salubrfté 
publique  (*).  Nous  donnons  sa  biblio- 
graphie  d'après  Bl.  Frankinet  et  d'après 
la  notice  sur  sa  vie  et  se&  travaux ,  lue 
par  le  docteur  de  La  Yacherie  en  séance 
de  l'Académie  de  médedne  (1845)  : 


{*)  W  n'a  fallu  rien  de  moins  que  la  mort 
de  Voliem  pour  faire  décréter  la  construction 
d'un  parapet  au  quai  de  Fragnée. 

(*)  «  Joaeph  Donnay,  pêcheur,  appelé  par 
sa  mère,  arrive  à  son  bateau  avec  deux  autres 
pécheurs,  et,  muni  d'un  grand  filet  nommé 
ipervAer^  se  fait  indiquer  d'«ne  manièrB  pré  - 
ci  se  l'endroit  de  la  rivière  où  M.  Voftlem  e8t< 
revenu  sur  L'eau  pour  la  dernière  fois.  Du 
premier  coup,  il  ramène  au  jour  un  corps 


inanimé  et  ne  donnant  plus  aucun  signe  de 
vie.  M.  Yottem  avait  en  les  pieds  pris  dans 
les  bourses  du  filet  »  (Jouittat  de  Uige , 
not.^.  4  et  3  juin  184;^). 

(')  Discours  de  M.  d«t  Lebidart  de  Thu- 
maide  {Journal  de  Liège,  n9  cité). 

(*)<èl  remplit  auasi  divers  mandats  gra- 
lui  ts  ou  honorifiques  :  chiturgietf  des  pauvres 
par  quartier;  chirurgien  des  hospices 43ivits; 
chirurgien  aide^rnsgoTide  la  garde  dviqoe. 

ii       •        .       1     *.   '    Ml      O*  ^»    .1    .  .       I    ■  '       JCl 


593 


VOT 


sw 


i^  De  veutriculi  perforatUmi^. 
Liège,  1820,  in-4»  (Thèse  inaugurale). 

i*"  Note  sur  une  observation  d*un  en- 
fant noir  Venu  avec  deux  blanrs  (Obs. 
mééical  de  Liège,  1. 1,  p.  IG). 

D'après  le  North  American  auryical  jour- 
nal, avril  4826,  p.  466). 

S""  Note  sur  une  observation  de  réu- 
nion immédiate  à  la  suite  d'une  amputa- 
tion de  cuisse,  et  sur  Tutilité  des  su- 
tures, (Ib.,  p.  C5). 

Cette  obaeryaiioD ,  recueillie  daaa  le  ser- 
vice de  M.  le  professeur  Delpech  de  Hont- 
peUier,  a  été  rédigée  et  publiée  par  H.  J.- 
N.H.  Villette. 

4^  Réflexions  sur  les  travaux  de  M. 
Magendie  sur  le  fluide  cérébro-spinal 
(Ib.,p.  H6). 

5®  Piote  sur  une  observation  d*un 
crâne  dont  les  os  pariétaux  étaient  di- 
visés par  des  sutures  (Ib.,  p.  284). 

Observation  publiée  par  SœmmeriDg, 
dans  le  Ztiuchrift  f&r  Phy$mL,  de  Tiede- 
manu.. 

6«  Not€  sur  une  observation  d'anus 
contre  nature,  guéri  par  une  grossesse 
(Ib.,p.288). 

Extr.  du  JourtMl  fur  Chirurg,  und  Au- 
genheilk,,X.  i. 

7**  Analyse  critique  d'un  ouvrage  du 
docteur  ftousseau,  intitulé  :  Anatomie 
cùmparée  du  système  dentaire  chez 
Thammc  et  chez  les  principaux  animaux 
(lb.,t.1I,  p.  t55). 

8®  DescripUpn  de  deux  fœtus  réunis 
parla  tète  (Ib.,  t.  11.  p.  356,  et  t.  lY, 
p.l). 

C'est  le  plus  remarquable  des  mémoires 
publiés  par  Vottem.  M.  Is.  GeoflVoy-Saint- 
Hilaire,  dans  son  Traité  de  tératologie,  s'ex- 
prime comme  suit  au  sujet  de  ce  travail  : 
«  Ce  ne  fut  qu'en  i828  qu'un  savant  chirur- 
»  gien  de  Liège,  H.  Vottem,  dans  une  des- 
»  cription  anatomique  très-détaillée,  fit  con- 

>  naître  un  deuxième  exemple  ù'épicoma, 
»  resté  jusqu'à  ce  jour  aussi  ignoré  que 
•  l'autre  est  devenu  célèbre.  ^-  Cette  bro- 

>  cbure  est  généraleogyBnt  rédigée  ayec  luci- 
»  dite,  et  plusieurs  des  inductions  physiolo  - 
»  giques  que  l'auteur  a  tirées  des  faits  ob- 
»  serves  par  lui,  attestent  également  son  sa- 

>  voir  et  sa  sagacité.  » 

9^  Obsen'ation  d*un  enfant  nouveau- 
né,  pesant  19  livres,  \  once,  2  gros, 


60  grains  (poids  ancien  de  France). 
r/^Mi.,!.  Il,  p.  188). 

10^  Analyse  d'un  mémoire  intitulé  : 
Expériences  sur  la  sécrétion  de  la  bile, 
par  le  docteur  Simon,  de  Metz  (Ib., 
t.  III,  p.  115). 

D'après  le  Journal  des  progrès  de»  sciences 
et  des  institutiotès  médicales,  wl  Vli,  1828. 

Ii«  Extrait  d*un  discours  prononcé 
par  M  Mareschal,  secrétaire  de  la  So- 
ciété anatomique  de  Paris  (/^.,  t  III, 
p.  202). 

12*  Note  sur  le  développement  du 
tube  digestif  (/ft.,  p.  225). 

15»  Analyse  d'un  Mémoire  de  M. 
Biancini  Sur  la  communicationdes  vai^ 
seauxutérins  et  placentaireê{Ib.,i.  III, 
p.  229).  > 

14"*  Notice  critique  du  Dictionnaire 
historique  de  la  médecine  ancienne  et 
moderne  (par  Dezeimeris,  Olivier  d'An- 
gers et  Raige-Delorme).  (Ib,,  t.  III;  p. 
218  et  t.  IV,  p.  105). 

15^  Note  surla  structure  du  cerveau, 
envoyée  par  M.  le  docteur  Fovelli  à  la  ' 
Société  anatomique  (Ib,,  t.  lY,  p.  16); 

16^  Analyse  d'une  observation  inti- 
tulée :  Luxation  en  avant  de  Vextrémité 
supérieure  du  radîMS,  pr  M .  Willeaume, 
de  Metz.  (7^.,  t.  lY.  p.  1G4). 

D'à  près  le»  A  rcbives  générales  de  médecine, 
l.  XVI ,  p.  173. 

17«  Note  sur  Texistence  des  nerfs 
dans  les  os  (Ib.,  t.  IV,  p.  219). 

18^"  Note  sur  remploi  du  plomb  la- 
miné, pour  le  pansement  des  plaies, 
ulcères,  etc.  (Ibid,,  t.  lY,  p.  261). 

19® Analyse  de  l'ouvrage  intitulé:  La 
méthode  ovalaire^  ou  nouvelle  méthode 
pour  amputer  dans  les  articulations, 
par  D'  Scoutetten  (Ib.,  t   IV,  p.  275). 

20®  AnaWse  de  l'ouvrage  intitulé  : 
DisquisiluTanatomico-physiotogica  de 
peculiari  arteriarum  extremitatum  in 
notinullis  animalibus  dispositione;  auc- 
torev.  Vrolik{Ib.,i.\,  p.  1). 

21''  Analyse  de  l'ouvrage  intitulé  : 
Chirurgie  clinique  de  Montpellier ,  ou 
observations  et  réflexions  tirées  des  tra- 
vaux de  chirurgie  clinique  de  cette 
Ecole,  par  le  docteur  Delpech  (/^.,  t.  V, 
p.  262  et  t.  YI,  p.  50). 


1 


50 


«5 

0 


WAG 


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22<*  Observations  dlnflammation  de 
la  capsule  cristalline  {Annales  de  la  So- 
ciété de  médecine  de  Gand^  t.  III,  p. 
507,  1837). 

23^  Instruction  générale  sur  les  se- 
cours à  administrer  aux  noyés  et  aux 
asphyxiés  Liège,  Riga,  1840,  in-8^ 

Cette  brochure,  publiée  sans  nom  d'au- 
teur, est  positivement  de  Vottem.  Nous  te- 
nons d'une  personne  digne  de  foi  (*)  que 
Vottem  éprouvait  une  sorte  de  frayeur  in- 
stinctive, à  la  seule  pensée  de  la  mort  par 
submersion.  Il  se  rendait  régulièrement  k 
l'Ecole  de  natation  pour  s'exercer  k  nager  et 
à  plonger  ;  ce  fut  peut-être  cette  préoccupa- 
tion, que  des  esprits  frappés  pourraient 
prendre  pour  un  sinistre  pressentiment,  qui 
lui  inspira  l'idée  de  rédiger  une  notice  de 
circonstance,  à  l'époque  où  l'administration 
communale  de  Liège  commença  de  prendre 
des  mesures  pour  organiser  le  sauvetage. 

24""  Mémoire  sur  une  cystotomie  pé- 
rinéale,  pratiquée  chez  un  individu 
dont  la  portion  prostatique  du  canal 
de  Turêtrc  était  oblitérée  (Ann.  de  la 
Soc.  de  médecine  de  Gand,  t.  Vill,  p. 
273,  i84i). 

Nous  ne  pouvons  terminer  cette  no- 
lice  sans  rendre  un  dernier  hommage 
au  caractère  personnel  de  Vottem.  Son 
désintéressement,  son  zèle  pour  le  bien 
public,  son  intréi)idité  étaient  au-des- 
sus de  tout  éloge.  Il  ne  laissait  échap- 
per aucune  occasion  de  faire  du  bien, 
et  à  rheure  du  danger,  il  était  le  pre- 
mier à  son  poste.  Il  fil  tous  les  efforts 
et  tous  les  sacrifices  possibles  pour  dé- 
montrer à  l'Académie  de  médecine  la 
nécessité  de  rendre  la  vaccine  obliga- 
toire ;  au  combat  de  Ste-Walburge,  il 
vola  au  secours  des  blessés  avant  la  fin 
de  la  fusillade  :  Dupret  a  pu  dire  de 
lui  «  que,  dans  une  véritable  action  d*é- 
clat ,  il  ne  voyait  qu'une  acte  ordinaire 
de  la  vie.  »  Aussi  n*ambitionna-t-it 
aucune  récompense  honorifique  :  la 
Croix  de  fer  elle-même ,  destinée  à  re- 
connaître les  services  rendus  lors  de  la 
révolution,  ne  brilla  point  sur  sa  poi- 
trine. —  Il  se  distinguait  en  général 
par  une  sensibilité  délicate,  aussi  bien 
que  par  Taménité  de  ses  manières. 
0  Malade,  vous  deveniez  scn  ami  ;  il 


»  compatissait  à  vos  souffrances  ;  votre 
»  enfant  moribond  devenait  le  sien,  il 
»  mêlait  ses  larmes  à  vos  larmes  de 
»  père,  car  il  avait  aussi  des  enfants, 
))  et  son  cœur  paternel  sympathisait 
n  avec  le  vôtre.  »  Celui  qui  parlait 
ainsi  (*)  Tavait  vu  à  Toeuvre,  au  che- 
vet d'un  être  chéri... 

Sur  Vottem,  v.  les  Annales  des  Uni- 
versités de  Belgique,  t.  II,  p.  638  et 
suiv.,etle  Bulletin  de  r Académie  royale 
de  médecine  de  Belgique,  i843.  (La  no- 
tice de  M.  de  La  Vacherie  a  été  aussi  ti- 
rée à  part). 

Woisemann  (  JeAN-GEORGE)  Daquit 

à  Gœttingue  en  1782  et  mourut  à  Liège 
le  51  mars  1825,  recteur  magnifique  de 
rUniversité.  Les  leçons  et  les  exemples 
de  son  père,  qui  était  ministre  de  la  re- 
ligion réformée ,  fortifièrent  ses  excel- 
lentes dispositions  naturelles  et  le  pé- 
nétrèrent, de  bonne  heure,  de  la  vérité 
d'une  maxime  dont  il  fil  la  règle  de  toute 
sa  vie,  savoir  :  «  Qu'il  faut  faire  con- 
»  sister  la  dignité  de  l'homme  dans  l'o- 
»  nion  du  savoir  et  de  la  vertu.  »  Il  fil 
ses  premières  études  en  Saxe,  au  Col- 
lège de  Pforta,  l'un  des  meilleurs  de 
l'Allemagne  ;  de  là  ,  il  rentra  à  Gœt- 
tingue, où  il  devint  bientôt  l'un  des 
meilleurs  élèves  du  célèbre  philologue 
Heyne.  Ses  penchants  le  portaient  à 
embrasser  la  carrière  du  sacerdoce  :  il 
s'y  prépara  pieusement  et  consciencieu- 
sement, et  termina,  en  1803,  son  cours 
de  théologie  ;  mais  les  circonstances 
l'appelèrent  à  d'autres  destinées.  A 
peine  âgé  de  24  ans,  il  accepta  une 
charge  d'instituteur  en  Livonie,  et  l'in- 
fluence du  milieu  nouveau  où  lise  trouva 
tout  d'un  coup  appelé  à  vivre  agit  puis- 
samment sur  son  esprit.  Il  fut  frappé 
des  inconvénients  d'un  régime  social 
qui  dégradait  l'homme  en  l'asservissant, 
et  il  apprécia  en  même  temps  les  diffi- 
cultés et  les  dangers  inséparables  de 
l'émancipation  trop  subite  de  popula- 
tions moralement  incapables  de  se  con- 
duire par  elles-mêmes.  Ces  réflexions 
lui  firent  attacher  une  extrême  Impor- 
tance aux  sciences  politiques  et  histo- 


(  *)  M.  Mathieu  Beyne,  beau  frère  et  an- 
cien ami  de  Vottem. 


(  *  ]  Le  professeur  Dupret. 


597 


WAG 


o98 


riques,  pour  lesquelles  du  reste  il  s'é- 
tait toujours  senti  deTattrait.  Son  beau- 
frère,  professeur  distingué  de  l'Univer- 
sité de  Heidelberg,  lui  conseilla  d'en 
recommencer  Tétude  :  rentré  dans  ses 
foyers  après  une  absence  de  six  années, 
il  résolut  de  se  conformer  à  cet  avis, 
prit  pour  maître  le  savant  Heeren  et  sut 
gagnerramitiéde  cet  homme  supérieur. 
Des  affections  privées  ramenèrent  ^a- 
gemann  à  Heidelberg,  où  il  se  fit  rere- 
voir docteur  en  philosophie  le  29  oc- 
tobre 4810.  Sa  dissertation  inaugurale 
traitait  des  Causes  des  troubles  et  des 
révolutions  dans  les  sociétés  anciennes 
et  modernes  :  on  peut  croire  qu'en  choi- 
sissant ce  sujet,  il  s'était  souvenu  des 
doctes  entretiens  de  Heeren.  D'une 
épreuve  académique,  dit  P.-J.  Destri- 
veaux,  le  jeune  écrivain  se  fit  un  titre 
d'honneur.  On  remarqua  sa  philoso- 
phie élevée,  l'étendue  de  ses  connais- 
sances en  histoire  et  en  politique,  la 
justesse  de  ses  observations,  la  vigueur 
de  sa  logique.  Il  ne  défendit  d'abord 

3ue  la  première  partie  de  sa  disserta- 
on  ;  après  avoir  soutenu  la  seconde, 
le  45  janvier  I8i4,  avec  un  succès  non 
moins  brillant,  il  fut  investi  du  droit  de 
donner  des  cours  publics.  En  mars 
1814,  l'Université  de  Heidelberg  s'at- 
tacha llVagemann,  dont  l'activité   ne 
connut  dès  lors  plus  de  bornes.  Nommé 
professeur  extraordinaire  d'histoire  et 
des  sciences  accessoires,  il  ouvrit  des 
cours  d'histoire  générale  de  l'antiquité, 
d'histoire  de  TEspagne,  de  la  France, 
de  la  Grande-Bretagne,  des  Pays-Bas, 
de  la  Russie,  de  la  Prusse  et  de  la 
Révolution  française;  il  enseigna  en 
même  temps  la  statistique  générale  et 
particulière  des  principaux  Etats  de 
l'Europe,  et  des  Etats-Unis  d'Amérique. 
Ses  études  lui  inspirèrent  le  désir  de 
connaître  de  près  l'Angleterre  :  le  gou- 
vernement lui  accorda  la  faculté  d'y 
voyager.  Il  s'y  livra  passionnément  à  des 
recherches  et  à  des  observations  de  tout 
genre  ;  la  politique  anglaise ,  les  liber- 
tés constitutionnelles,  les  institutions 
financières,  les  lois  civiles  et  criminelles, 
notamment  Finstitution du  jury, rien  ne 
resta  étranger  à  ses  investigations.  Il 
se  mit  en  rapport  avec  quelques-uns 
des  membres  les  plus  distingués  du 


Parlement,  leur  soumit  ses  doutes  et 
ses  inquiétudes  philosophiques,  et  fut 
initié  par  eux  à  la  solution  des  contra- 
dictions apparentes  que  présente,  en 
Angleterre,  le  respect  fétichiste  de  la 
tradition  d'une  part,  et  de  l'autie  l'a- 
mour du  progrès  et  cette  audace  dans 
les  entreprises  qui  caractérise  la  race 
anglo-saxonne.  Wagemann  repassa  la 
Manche,  fit  un  court  séjour  en  France, 
et  regagna  sa  patrie  avec  cette  double 
conviction  :  «  Que  la  partie  saine  de  la 
population  anglaise  était  persuadée  de 
la  nécessité  de  réparer  en  beaucoup  de 
points  l'édifice  social  ;  mais  qu'elle  n'en- 
tendait pas  s'en  rapporter  au  hasard  des 
révolutions  ;  »  et  ensuite  :  «  que  la  liberté 
n'est  pas  le  résultat  exclusif  d'une  forme 
expresse  de  Gouvernement ,  mais  bien 
des  sentiments  et  de  l'opinion.  »  Wa- 
gemann était  loin  de  contester  l'in- 
fluence des  institutions,  mais  il  n'en 
admettait  point  l'influence  absolue  : 
donnez ,  disait-il  ,  l'application  des 
meilleures  théories  à  une  nation  stu- 
pide  et  dépravée;  elle  n'y  verra  que 
de  vaines  et  quelquefois  fatigantes 
prescriptions  ;  d'un  autre  côté,  suppo- 
sez une  nalion  éclairée  où  la  vraie  di- 
gnité de  l'homme  soit  connue,  où  tous 
se  croient  solidaires  dans  l'accomplis- 
sement des  devoirs  et  le  maintien  des 
droits  ;  où  l'amour  de  la  patrie  ne  soit 
point  confondu  avec  le  dévouement  aux 
personnes,  qui  peut  être  généreux,  mê- 
me sublime,  mais  reste  cependant  un 
attachement  particulier;  où  nul  ne  dise, 
l'Etat  c'est  moi,  mais  où  tous  diront  : 
l'Etat,  c'est  nous;  supposez  une  telle 
nation,  modifiez  les  formes  de  son  gou- 
vernement, elle  restera  libre  et  la  ty- 
rannie fuira  devant  elle  (Disc,  de  P.-J, 
Destriveaux^  p.  25-2G).  Ainsi  pensait 
l^agemann  à  la  veille  de  Waterloo, 
ainsi  pensa-t-il  jusqu'à  sa  mort  :  il 
avait  appris  en  Angleterre  à  ne  rien 
craindre  pour  les  nations  qui  sentent  le 
prix  de  la  liberté.  11  est  permis  de  se 
demander  ce  que  l'expérience  des  cin- 
quante dernières  années  lui  eût  appris, 
s'il  eût  vécu  jusqu'à  nos  Jours.  Quoi 
qu'il  en  soit,  il  savait  priser  haut  les 
institutions  qui  assurent  aux  peuples 
la  jouissance  des  droits  naturels  de 
l'homme.  Quand  le  gouvernement  des 


590 


WAG 


6m 


Pays-Bas  l'appela,  en  i8i9,  à  PUniver- 
site  de  Liège,  pour  y  enseigner  l'his- 
toire, la  statistique  et  Téconomie  poli- 
tique, il  accepta  Toffre  qui  lui  fut  faite, 
eu  disant  qu*il  aimait  d'avance  un  pays 
oU  Von  pouvait  dire  la  vérité  sans  trou- 
ble. Son  discours  d'inauguration  fut 
prononcé  le  5  avril  1820  :  il  roule  sur 
Tunlon  intime  de  Thistoire  politique  et 
de  la  jurisprudence  (De  nolitia  rerum 
publicarum  jurisprudentiœ  arctissiinè 
juncta.  kïiTi.  Acad.^vol.  IIl).  Il  fit  de  la 
statistique  son  cours  principal  ;  Téco- 
nomie  politique  n'en  formait  qu'une 
division.  A  ses  yeux,  la  statistique  de- 
vait  être  quelque  chose  de  plus  qu'une 
simple  classification  de  chiffres,  ou  que 
l'inventaire  minutieux  des  ressources 
d'un  pays  :  la  richesse  des  nations,  di- 
sait-il, se  compose  d'un  capital  moral 
et  d'uT)  capital  matériel  ;  sans  le  pre- 
mier, l'autre  ne  produit  rien,  ou  pro- 
duit au  profit  des  étrangers  qui  l'ex- 
ploitent. «  La  liberté,  ajoutait-il,  est  le 
»  souffle  fondamental  de  notre  science. 
»  Frédéric  II  fUl  le  premier  qui  fit  faire 
»  des  listes  statistiques  ;  le  Directoire 
»  en  ordonna,  Napoléon  en  fit  dresser  ; 
»  mais  tout  cela  n'était  que  des  chiffres 
»  Tant  que  la  liberté  constitutionnelle 
»  n'était  pas  née,  notre  science  ne  pou- 
»  vait  prendre  son  essor.  Sous  le  gou- 
»  vernement  constitutionnel,  il  faut  que 
»  les  citoyens  aiment  l'Etat,  et  pour 
n  l'aimer  il  suffit  de  le  connaître.  Notre 
»  science  croîtra  donc  avec  le  système 
»  constitutionnel.  »  En  économie  poli- 
tique, il  disait  que  la  terre  n'est  rien 
sans  l'homme  ;  il  préconisait  les  idées 
d'Adam  Smith,  c'est-à-dire  lé  système 
de  l'industrie,  par  opposition  au  sys- 
tème mercantile,  qui  n'aboutit  qu'à  des 
prohibitions  et  des  privilèges  11  ex- 
posa nettement,  comme  les  thèses  de 
quelques-uns  de  ses  élèves  en  font  foi, 
la  théorie  du  libre  échange.  Ses  leçons 
étaient  extrêmement  instructives,  et  il 
s'efforçait  toujours  de  leur  donner  une 
importance  locale,  en  discutant  avec 
calme  les  questions  qui  intéressaient  le 
plus  directement  le  royaume  des  Pays- 
Bas.  Ses  cours  d'histoire,  qu'il  faisait 
pour  ainsi  dire  en  se  jouant,  grâce  à  sa 
mémoire  prodigieuse,  étaient  également 
remarquables,  et  sous  le  rapport  de  la 
critique,  et  au  point  de  vue  de  l'ensei- 


gnement moral  qu'il  savait  tirer  du  ré- 
cit des  actions  humaines.  Des  occupa- 
tions si  nombreuses  et  si  fatigantes  ne 
suffisaient  pas  encore  à  son  zèle  :  dans 
le  cours  de  l'année  académique  4820- 
21,  Il  fonda,  avec  ses  collègues  Fuss 
et  Denzinger,  une  Ecole  propédentique 
ou  classe  normale  de  philologie,  pour 
les  aspirants  à  l'euseigoement.  Ce- 
pendant il  avait  trop  présumé  de  sa 
constitution,  d'ailleurs  robuste.  Son 
ardeur  se  soutint  jusqu'au  bout;  mais 
il  tomba  épuisé  au  moment  où  l'on  s'y 
attendait  le  moins.  Promu  au  rectorat 
en  1824,  il  reçut  les  faisceaux  acadé- 
miques des  mains  de  son  prédécesseur 
Destriveaux,  le  jour  même  de  l'inaugu- 
ration de  la  nouvelle  salle  académique 
(11  octobre)  ;  six  mois  ne  s'étaient  pas 
écoulés,  qu'on  célébrait  sa  pompe  funè- 
bre dans  la  même  enceihte.  Ce  fut  une 
année  de  deuil  pour  l'Université ,  qui 
jusque  là  n'avait  point  perdu  un  seul  de 
ses  membres,  et  qui  coup  sur  coup, 
dans  la  même  période,  vit  descendre 
dans  la  tombe  plusieurs  de  ses  élèves, 
'entr'autres  le  jeune  Théodore  Lenz,  de 
Luxembourg,  couronné  au  concours 
quinze  jours  avant  sa  mort.  L'éloge 
funèbre  de  Wagemann  fut  prononcé  par 
le  pro-recteur  Destriveaux,  le  1"  avril 
avril  1825;  Rouveroy,  l'un  des  cura- 
teurs, de  l'Université,  Ch.  de  Chène- 
dollé,  député  de  la  Société  d'Emulation, 
et  Van  der  Bank,  ministre  du  C4ilte 
protestant,  adressèrent  à  leur  tour  de 
touchants  adieux  au  recteur  défunt. 
W'agemann  a  laissé  parmi  ses  anciens 
élèves  une  réputation  méritée  :  peu  de. 
professeurs  ont  exercé  en  Belgique  une 
influence  aussi  profonde  et  aussi  du- 
rable. Aussi  bien,  la  génération  qui 
passa  sur  les  bancs  de  FUniversitéà 
cette  époque  était  passionnée  pour  les 
sciences  politiques,  et  quand  Wage- 
mann  s'exaltait  au  nom  de  la  liberté,  sa 
voix  devait  trouver  de  l'écho  dans  tous 
les  cœurs.  Noublions  i)as  que  les  jeu- 
nes gens  auxquels  on  fait  ici  allusion 
devinrent  les  hommes  de  1830... 

Sources  :  Honneurs  funèbres  re»d»s 
à  la  mémoire  de  M,  le  professeur  Wa^e- 
mann,  recteur  fnagnifique,  Liège,  Col- 
lardin,  1825,  in-8".  -  Annuaire  de 
rUniversité  de  Li^e  (1850),  etc. 


60i 


WAR 


60:2 


^«rnrukœniff  (LÉOPOLD-AuGUSTE), 

né  le  f  août  i79l  à  Bruchsal,  mourut 
à  Stuttgart  le  i9  août  i866,  frappé  dV 
poplexie  dans  l^établîssement  de  Char- 
lottenbad,  où  il  était  allé  prendre  un 
bain  chaud.  Le  matin  même,  comme  il 
s'occupait  de  rendre  compte  d*un  ou- 
vrage récent,  dû  à  Tun  de  nos  compa- 
triotes, son  ancien  élève,  la  plume  lui 
tomba  des  mains,  et  il  ressentit  au  bras 
droit  et  dans  la  main  des  douleurs  qu*il 
considéra  comme  rhumatismales.  Il 
jugea  qu'un  bain  lui  procurerait  du  sou- 
lagement ,  et  ce  fut  dans  la  baignoire 
qu'on  retrouva  son  cadavre,  trois  quarts 
d'heure  après  la  catastrophe  :  personne 
n'avait  pu  lui  porter  secours.  Il  ne  fut 
point  reconnu  d'abord ,  et  ce  ne  fut 
qu'après  plusieurs  heures  que  la  famille 
apprit  qu'elle  venait  de  perdre  son  chef 
(*).  La  fatale  nouvelle  arriva  en  Bel- 
gique comme  un  coup  de  foudre  :  deux 
ans  avant  sa  mort,  Warnkœnio:  avait  fait 
le  voyage  de  Liège  et  de  Bruxelles  ;  sa 
verte  vieillesse  semblait  lui  promettre 
de  longs  jours ,  et  ses  amis  comptaient 
le  revoir  plus  d'une  fois  encore.  En 
1860,  il  écrivait  à  M.  Ad.  Borgnet(v. 
ce  nom)  qu'il  se  faisait  une  fête  d'assis- 
ter au  jubilé  de  l'Université  de  Liège 
l'année  suivante;  vers  la  même  époque, 
il  proposait  au  baron  de  Saint-Génois, 
son  futur  biographe ,  d'entreprendre 


avec  lui  une  publication  dont  l'un  let 
l'autre  n'ont  pu  léguer  aux  Belges  que 
l'idée-mèrc  :  jusqu'au  dernier  moment, 
il  s'était  senti  plein  de  vie  et  de  santé. 
Warnkœnig  était  prodigieusement  actif 
et  très-persévérant  ;  intelligence  puis- 
sante dans  un  corps  robuste,  esprit 
vif  et  toujours  éveillé,  il  se  faisait  remar- 
quer par  un  jugement  sain  et  vigoureux 
autant  que  par  ses  connaissances  ap- 
profondies et  variées,  et  par  cette  ardeur 
infatigable  aux  recherches  érudites,  qui 
caractérise  les  savants  de  son  pays.  Sa 
famille  était  catholique;  son  père,  An- 
toine Warnkœnig,  était  attaché  au 
prince-évêque  de  Spire  (')  en  qualité 
(l'administrateur  des  domaines.  Léo- 
pold-Auguste  reçut  sa  première  éduca- 
tion dans  un  pensionnat  (')  où  l'on  sui- 
vait la  méthode  de  Pestalozzi.  Il  y  ûtdes 
progrès  rapides,  passa  ensuite  au  Gym- 
nase de  Bruchsal,  puis  au  Lycée  de 
Rastadt,  où  il  acheva  ses  humanités,  et 
enfin  se  fit  inscrire ,  dans  les  derniers 
mois  de  1812,  à  l'Université  de  Heidel- 
berg.  A  Rastadt,  en  181  i  et  1812,  il 
avait  fait  sa  philosophie,  comme  on  dit, 
sous  Lorcy,  de  Kappler  et  Demeter, 
plus  tard  archevêque  de  Fribourg  en 
Brisgau.  A  Ileidelberg,  son  maitre  de 
philosophie  futCreuzer;  Heise,  Zacha- 
rise,  Thibaut,  les  grandes  illustrations 
de  la  Faculté  de  droit,  le  comptèrent 


(*  )  Warnkœnig  laisse  trois  flis ,  Charles, 
ingénieur  de  district;  Léopold,  procureur 
criminel  (Rechiaauioali  ),  el  Adolphe  ,  con- 
seiller de  domaines  [Domànenrath],  C'est  k 
ce  dernier  que  le  regrettable  baron  Jules  de 
$>  Génois ,  biblioihécaire  de  TiJuiversité  de 
Gand,  a  été  redevable  des  particularités  bio- 
graphiques inédites  que  nous  reproduisons 
d'après  lui.  Par  une  étrange  coïncidence, 
l'écrivain  belge  avait  à  peine  tracé  les  der- 
nières lignes  de  sa  notice  sur  Warnkœnig, 
que  la  plume  échappait  aussi  à  sa  main  dé- 
faillante (40  septembre  4867).  Ce  morceau  a 
paru  dans  {'Annuaire  de  t Académie  royale 
de  Belgique  pour  1868,  p.  4  59-183  ;  on  y  a 
joint  un  beau  portrait.  —  Une  autre  notice 
sur  Warnkœnig,  par  M.  Ed.  Laboutaye,  a  paru 
dans  la  Revue  étrangère  et  française  de  lé- 
gislation. Par  un  autre  singulier  rapproche- 
ment, M.  Laboulaye  a  été  nommé  associé  de 
l'Académie,  précisément  pour  remplacer  Til- 
lastre  jurisconsulte  dont ,  vingl-einq  ans 
auparavant,  il  avait  signalé  le  mérite  à  la 


France.  —  La  plupart  des  Biographies  con- 
temporaines contiennent  un  article  Warn> 
kœnig;  nous  mentionnerons  en  outre  un 
article  nécrologique  inséré  dans  la  Gazette 
universelle  d'Augsbourg  du  45  septembre 
4866,  un  autre  publié  dans  la  revue  Unsere 
Zeit,  de  Leipzig,  n«  du  45  octobre  suivant, 
p.  5i6,  et,  pour  la  bibliographie  détaillée, 
l'article  Warnkœnig  du  Kaiser' s  Bûcher- 
lexicon,  —  11  nous  reste  à  remercier  M.  de 
Stielin,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Stuttgart, 
qui  a  bien  voulu  nous  faire  parvenir  d'utiles 
renseignements,  par  l'entremise  obligeante 
de  M.  le  docteur  K.  A.  Schmid,  directeur  de 
l'Encyclopédie  de  rinstruciion  publique  qui 
parait  en  cette  ville. 

(*)  Bruchsal,  aujourd'hui  grand -duché  de 
Bade,  était,  à  l'époque  de  la  naissance  de 
Warnkœnig,  la  résidence  du  prince -évèqne 
de  Spire. 

('}  Non  loin  du  château  de  Ritzlau,  où 
Warnkœnig  père  exerçait  ses  fonctions. 


603 


WAR 


604 


parmi  leurs  élèves.  Un  premier  succès 
décida  de  sa  carrière  :  en  i814,  il  rem- 
porta une  médaille  d'honneur  pour  un 
mémoire  sur  le  droit  romain ,  intitulé  : 
Esplicatur  lex  ultim,  C  de  pactis  pigno- 
rum  et  de  lege  commissoriâ  in  pigfiorilms 
rescindefidâ.  Il  résolut  de  se  vouer  à 
renseignement  du  droit  et  partit  en 
1815  pour  GoBttingue,  où  le  savant  Hugo 
le  prit  en  affection  ;  il  y  suivit  en  outre 
les  cours  de  philologie  et  de  littérature 
de  Bouterweck,  de  Wunderlich  et  de 
Dessen.  Il  y  trouva  aussi  son  ancien 
maître  de  Heidelberg,  le  docteur  Heise 
(*).  Son  diplôme  de  docteur  jum  utrius- 
que  est  daté  du  i7  février  i816.  Il  n'eut 
pas  de  repos  qu'il  n*eût  obtenu  une 
chaire  de  Privât- Docent,  Il  ouvrit  sans 
retard  un  cours  d'encyclopédie  du  droit; 
il  expliqua  en  outre  les  fragments  d'Ul- 
pienet,  pendant  l'été  de  18n,il  aborda 
hardiment  l'enseignement  des  Pandec- 
tes.  Son  premier  ouvrage  remonte  à 
Tannée  précédente  ;  il  est  intitulé  :  An- 
kûndigung  eines  Praktikums  ûber  dos 
Civilrecht  (Gœttingue,  1816,  in-8'»)  (•). 
Comme  écrivain  et  comme  professeur, 
Léopold,  tout  jeune  encore,  travaillait 
ainsi  à  établir  sa  réputation  sur  des 
fondements  solides;  il  jouissait  de  l'es- 
time de  toute  l'Université,  et  il  semblait 
désireux  de  s'y  attacher  définitivement, 
lorsqu'une  offre  brillante  de  la  part  du 
gouvernement  des  Pays-Bas,  en  ce  mo- 
ment à  la  recherche  de  professeurs  pour 
ses  Universités,  donna  tout  d'un  coup 
un  autre  cours  à  ses  idées.  Il  accepta 
le  titre  de  professeur  ordinaire  à  la  Fa- 
culté de  droit  de  Liège ,  chargé  d'en- 
seigner les  Institutes  et  les  Pandectes, 
et  se  rendit  sans  retard  à  son  poste.  Le 
4  novembre  1817,  il  prononça  son  dis- 
cours inaugural  De  studii  juris  Romani 


utilitate  et  neceasitate  (Ann,  acad,  Leod. 
vol.  I).  La  circonstance  que  le  règlement 
de  1816  (art.  18)  prescrivait  l'usage  du 
latin  dans  les  cours  universitaires  ne 
déplut  pas  à  Warnkœnig,  qui  n'avait 
pas  encore  acquis  l'habitude  de  parier 
français.  La  langue  de  Cicéron  lui  était 
en  revanche  très-familière,  et  il  s'en 
servit  non  seulement  en  chaire ,  mais 
dans  une  série  d'écrits  didactiques  qui 
ne  tardèrent  pas  à  être  appréciés  à  l'é- 
tranger comme  en  Belgique  (*).  A  ses 
fonctions  de  professeur  il  ajouta,  en 
1821 ,  celles  de  bibliothécaire  en  chef 
de  l'Université  (v.  l'art.  Fiess);  il  s'oc- 
cupa immédiatement  du  plan  d'un  double 
catalogue  alphabétique  et  méthodique 
et  en  fil  rédiger  le  commencement  sous 
ses  yeux.  En  1819,  il  fonda  et  dirigea 
la  Thémis  ou  Bibliotlièque  des  juriscon- 
sultes, organe  commun  pour  la  Franc*, 
les  Pays-Bas  et  l'Allemagne.  11  visita 
ces  trois  pays  pour  s'assurer  la  colla- 
boration régulière  des  juristes  les  plus 
renommés;  il  fut  puissamment  aidé  par 
Hugo  et  Savigny,  ainsi  que  par  les 
professeurs  de  l'Ecole  de  droit  de  Paris. 
De  cette  époque  date  la  vaste  corres- 
pondance littéraire  qu'il  ne  cessa  d'en- 
tretenir avec  les  principaux  savants  de 
l'Allemagne,  de  la  France,  de  l'Angle- 
terre et  de  la  Russie.  En  même  temps 
il  contribuait  à  la  publication,  queSchra- 
der  et  ses  amis  avaient  entreprise  à 
Tubingen,  d'une  édition  du  Corpus  juris, 
en  collationnant  pour  eux  divers  textes 
anciens  dont  les  manuscrits  se  trou- 
vaient en  Belgique.  Tous  ces  travaux 
ne  l'empêchaient  pas  d'écrire  des  arti- 
cles pour  les  Heidelberger  Jahrbûcher, 
VArchiv  fur  civilistische  Prasis  et  d'au- 
tres revues  (*). 
Warnkœnig  refusa  de  quitter  Liège 


(*)  St-GeD0i8,  p.  158-159. 

(*)  Nous  suivons  la  version  du  recueil 
Unsere  Zeii  Le  baron  de  St-Genois  ne  men- 
tionne pas  ce  premier  travail  de  Warnkœnig. 
L'Aftnuatre  de  V Université  de  Liège  pour 
1830  l'intitule  :  Einleitnng  su  einem  civilis- 
tischen  Praktikum.  Le  titre  primilif  a  été 
probablement  modifié. 

(')  «  Son  cours  d'Institules,  remarquable 
par  la  méthode,  conserva  une  telle  autorité 
en  Angleterre,  en  Espagne  et  en  Portugal, 
qu'il  en  fut  publié  dans  ces  pays,  en  1855  et 


en  1860,  de  nouvelles  éditions  entièrement 
refondues  pour  les  besoins  de  l'enseigne- 
ment. »  (Saint-Génois,  p.  160).  La  4*  el 
dernière  édition  originale  du  cours  de  Warn- 
kœnig a  vu  le  jour  à  Bonn  en  i860;  l'aateor 
nous  a  dit  à  nous-mème,  lors  de  son  dernier 
voyagea  Liège,  que  cette  réimpression  avait 
été  faite  exprès  pour  les  Universités  de  la 
Péninsule  Ibérique  et  du  Brésil ,  où  son  ou- 
vrage était  recherché. 
r)  Saint-Genois,  i^iVi. 


60 


WAR 


60<; 


pour  Kœnigsberg  et  pour  Breslau,  où 
une  chaire  de  droit  lui  fut  offerte  :  il 
avait  fini  par  s^attacher  de  la  Belgique, 
d'où  son  influence  rayonnait  au  loin  par 
ses  publications  et  ses  relations  inter- 
nationales Cependant  la  mort  du  pro- 
fesseur de  Pandectes  de  Bruyn,de  Lon- 
vain,  lui  inspira  le  désir  de  changer  de 
résidence  ;  aussi  bien  il  tenait  à  se  rap- 
procher du  professeur  Mone  (v.  Part. 
TANDEi.),son  beau-frère,  qui  venait  d'être 
appelé  à  TUniversité  de  cette  ville  pour 
y  enseigner  Thistoire  et  la  statistique 
{*),  Warnkœnig  ouvrit  à  Louvain  des 
cours  d'Institutes,  de  Pandectes  et  de 
phi  losophie  du  droit.  1 1  y  déploya,comme 
â  Liège,  une  rare  activité.  Le  Gouver- 
nement ayant  nommé,  en  18S8,une 
Commission  chargée  d'examiner  toutes 
les  questions  relatives  à  l'enseignement 
supérieur,  publia  une  sériede  questions 
touchant  les  points  fondamentaux  de 
la  législation  alors  existante,  et  dé- 
créta que  les  réponses  auxquelles  elles 
donneraient  lieu  seraient  adressées  di- 
rectement au  roi.  L'un   des  commis- 
saires, Ch.  de  Brouckere,  le  futur  bourg- 
mestre de  Bruxelles,  rédigea,  lorsque 
l'assemblée  eut  terminé  ses  travaux, 
une  brochure  fort  intéressante,  où  il 
exposa  ses  opinions  personnelles  (*)  ; 
c'était  un  plaidoyer  en  faveur  de  la  li- 
berté de  l'enseignement.  Warnkœnig 
n'attendit  pas  jusque  là  pour  se  pro- 
noncer ;  il  fit  paraître  à  Bruxelles ,  dès 
i8â8,  une  série  de  réponses  élaborées 
conjointement  avec  le  baron  de  Reiffen- 
berg  (v.  ce  nom; ,  son  collègue  à  l'Uni- 
versité (').  H  laissèrent  de  côté  la  ques- 
tion de  la  liberté ,  pour  ne  s'occuper 
que  d'une  sérieuse  réforme  des  études. 
Ils  ne  dissimulaient  pas  la  gravité  de  la 
situation  ;  le  régime  de  18t6  n'avait 
produit  aucun  des  fruits  qu'on  en  avait 
attendus;  ils  en  cherchaient  la  cause,  et 
la  trouvaient  surtout  dans  l'absence 
d'influence  directe  des  Universités,  res- 
tées en  quelque  sorte  des  colonies  exo- 


tiques,sur  l'opinion  publique  en  général. 
Ils  demandaient  la  séparation  des  Ecoles 
polytechniques  et  des  Universités  ;  ils 
voulaient  que  celles-ci  fussent  pénétrées 
d'un  véritable  esprit  philosophique,  et 
qu'elles  représentassent  réellement  l'en- 
cyclopédie organique  des  sciences.  Ils 
voulaient  de  fortes  études  classiques;  Ils 
soutenaient  avec  raison  que  le  droit  n'est 
qu'un  métier,  séparé  des  sciences  histo- 
riques, politiques  et  morales  ;  que  la 
médecine  enseignée  exclusivement,  dans 
une  Ecole  spéciale,  ne  saurait  former  que 
desempiriquesetdes  opérateurs;  que  les 
mathématiques,  à  elles  seules,  rétrécis- 
sent l'esprit  sous  prétexte  de  lui  donner 
de  la  rectitude.  Ils  condamnaient  donc 
le  système  français  des  Facultés  isolées; 
et  quant  aux  Universités  nationales, 
qu'il  leur  répugnait  de  voir  fractionner, 
ils  demandaient  précisément  qu'on  en 
augmentât  le  personnel,  afin  de  n'en  ex- 
clure aucune  discipline  féconde.  Warn- 
koenig  n'était  plus  l'homme  de  1817; 
il  en  était  venu  à  parler  et  à  écrire  avec 
facilité  la  langue  française,  et  le  pre- 
mier usage  qu'il  faisait  de  cette  pré- 
cieuse acquisition  était  de  condamner 
l'usage  du  latin  dans  les  cours,  <iu 
grand  étonnement  du  professeur  Fuss 
(V.  ce  nom),  qui,  partisan  décidé  du 
latin  moderne,  ne  laissa  pas  échapper 
l'occasion  de  se  plaindre  au  public  de 
ce  virement  de  bord.  Les  deux  auteurs 
se  prononçaient  aussi  sur  la  question 
des  examens:  selon  eux,  les  Universi- 
tés pourraient  délivrer  les  diplômes  de 
candidats;  mais  une  commission  d'E- 
tat, siégeant  dans  la  capitale,  devait 
être  seule  autorisée  à  procéder  à  l'exa- 
men final.  Leur  système  se  rapprochait 
visiblement  de  celui  de  l'Allemagne, 
mais  sans  perdre  de  vue  les  convenan- 
ces particulières  inhérentes  aux  mœurs 
et  aux  besoins  de  nos  populations.  Les 
passions  brtHlantes  qui  fermentaient  à 
cette  époque   absorbèrent  l'attention 
que  méritait,  sans  contredit,  un  écrit 


{ * }  Mone  rentra  plus  lard  dans  le  grand- 
duché  de  Bade,  avec  le  titre  d'archiviste-gé- 
Déral  (1834).  —  Warnkœnig  eut  encore  d'au- 
tres raisons  de  quitter  Liège  (V.  l'art.  J.-G.-J. 
Ernst,  col.  273). 

(*)  Examen  de  quelqueê  questions  rela- 
tives à  V enseignement  suptf rieur   dans   le 


royaume  des  Paya-Bas,  Liège,  Lebeau-Ou- 
werck,  1829,  in-S». 

(  '  }  Essai  de  réponse  aux  questions  offi- 
cielles sur  l'enseignement  supérieur,  par  MM. 
de  Reiflenberg  et  Warnkœnig.  Bruxelles,  H. 
Tarlier,  1838,  in-8«. 


607 


WAR 


608 


semblable,  où  k  Vhenre  qu'il  est  nous 
aurions  encore  beaucoup  k  puiser.  La 
révolution  était  imminente  ;  Il  ne  s'agis- 
sait plus  d'améliorations  internes  dans 
renseignement ,  mais  de  la  solidité 
même  de  tout  Fédiûce 

Warnkœnig  continuait,  sur  ces  entre- 
faites, de  s'occuper  de  ses  travaux  ordi- 
naires. Il  flt  parailre  à  Louvain,  en  i829, 
les  volumes  IX  et  X  de  la  Thémis,  ré- 
digés en  collaboration  avec  les  profes- 
seurs Bimbauffl,  Holizius,  etc.  Tout-à- 
coup  l'enseignement  universiitaire  fut 
suspendu,  et  l'arrêté  du  i6  décembre 
1850  supprima  la  Faculté  de  droit  de 
Louvain.  Vingt-neuf  professeurs  étran- 
gers furent  congédiés,entr*autres  Warn- 
kœnig,  >qui  était  sur  le  point  de  se 
retirer  à  Gœttingue,  lorsque  le  gouver- 
ment  provisoire,  revenant  à  son  égard 
sur  la  mesure  qu'il  venait  de  prendre, 
lui  conféra  le  titre  de  professeur  à  l'U- 
niversité de  Gand,  pour  les  Pandectes, 
l'encyclopédie  et  l'histoire  du  droit  (\^ 
janvier  4831).  Warnkœnig  accepta  :  Sa 
temme  était  Belge,  ses  enfants  étaient 
nés  parmi  nous  (*).  D'ailleurs,  en  allant 
se  fixer  à  Gand ,  «  il  prévoyait  qu'il 
pourrait  s'y  livrer  à  des  recherches 
suivies  sur  les  institutions  communales 
de  la  Flandre  au  moyen-âge,  recherches 
vers  lesquelles  il  avait  été  poussé  depuis 
longtemps  par  le  célèbre  Niebuhr  (')». 
il  ouvrit  ses  cours  le  20  Janvier  et  con- 
sacra toutes  ses  heures  de  loisir  à 
fouiller  les  archives  flamandes.  Ses  pre- 
mières investigations  furent  très-fruc- 
tueuses; il  eut  le  bonheur  de  découvrir, 
entr'autres,  des  pièces  extrêmement 
intéressantes  pour  la  Commission  royale 


des  Records,  de  Londres.  H  entra  aus- 
sitôt en  relation  avec  M.Cooper,  secré- 
taire de  ce  Collège,  qui  le  nomma  son 
correspondant  ;  c'est  ainsi  qu'il  put 
travailler  utilement  k  compléter  la  pré- 
cieuse collection  des  Fcederoy  commen- 
cée par  Rymer  (').  De  ces  études  labo- 
rieuses sortit  TouVrage  capitalde  Warn- 
kœnig, VHi8toire  politique  de  la  Flandre 
et  de  ses  institutions  (Flandrischc  Staats- 
und  RechtsgeMhichte), ùonifen  le  séna- 
teur Alb.  Gbeldolf,  alors  juge  à  Gand, 
nous  a  donné  une  excellente  version 
française,  enrichie  des  trésors  de  sa 
propre  érudition.  oÂuteur  et  traducteur 
se  complètent ,  dit  Saiht-Genois ,  et 
rendent  indispensable  la  possession  de 
l'œuvre  originale  et  de  la  traduction, 
pour  tous  ceux  qui  veulent  connaître  à 
fond  un  travail  qui  a  fait  époque  dans 
nos  annales  ».  L'Histoire  politique  de 
la  Flandre  se  compose  de  trois  volumes 
divisés  en  cinq  tomes,  publiés  à  Tu- 
bingue  de  i855  à  1842  (*).  Les  deux 
premiers  volumes  seulement  ont  paru 
en  français.  Avant  de  prendre  la  plume, 
l'auteur  dépouilla  patiemment,  comme 
nous  l'avons  dit,  les  archives  de  Gand, 
de  Bruges,  d'Ypres,et  de  la  Chambre  des 
comptes  de  Lille.  Ensuite  il  prépara,  en 
quelque  sorte ,  la  synthèse  de  ses  re- 
cherches en  donnant,  à  TUniversité  de 
Gand,  un  cours  sur  l'histoire  du  droit 
belgique  (4852-1853).  Avec  le  remar- 
quable talent  qui  distinguait  toujours 
son  enseignement,  il  y  caractérisa  l'es- 
pritdes  anciennes  institutions  flamandes 
et  sut  inspirer  à  ses  élèves  le  goût  des 
recherches  qui  Toccupaient  lui-même 
{*).  Mais  l'étude  approlondie  de  notre 


(  *  )  Warokœoig  avait  épouse  en  premières 
noces  Mil>:  Wober,  parente  de  l'illustre  auteur 
de  Freiwhûtz  ;  de  cette  union  procédèrent 
trois  fils,  tous  trois  nés  en  Belgique  (v.  ci- 
dessus).  Veuf  de  bonne  heure,  Warnkœnig 
se  remaria  avec  M'ie  Smal  t  veuve  Ansiaux), 
de  Liège,  dont  il  eut  une  fille  qui  ne  vécut 
que  peu  d'années. 

(*;  Saiot-Genois,  p.  163. 

(*)  iMd, 

(*)  Le  1*'  vol.  en  4835  ;  le  «•,  i"  partie, 
en  4836;  S«  partie,  en  4837  ;  le  8*,  â«  partie 
(documents),  en  4839;  i^  partie  (texte  ,  en 
4842. 

( *)  c  J'appartenais,  ajoute  son  biographe. 


à  celte  jeunesse  avide  d'écouter  sa  parole, 
aussi  ingénieuse  par  le  fond  que  pittoresque 
par  la  forme,  et  toute  empreinte  de  germa- 
nismes, bien  qu'il  s'exprimât  en  français  avpc 
autant  de  feu  que  de  volubilité.  Warnkœnig 
forma  k  cette  époque  une  pléiade  de  travail- 
leurs qui  se  livrèrent  depuis,  avec  succès, 
à  l'étude  de  notre  histoire  et  de  nos  institu- 
tions ;  il  aimait  à  les  diriger,  è  leur  prodi- 
guer SCS  conseils.  Moi-même,  aidé  autant 
qu'encouragé  par  lui,  je  composai  m^n  His- 
toire des  avoueries,  mémoire  couronné  par 
l'Académie  royale  de  Bruxelles  en  4834, 
alors  que  j'étais  encore  son  élève  k  l'Univer- 
sité »(p.  463). 


609 


WAR 


610 


passé  ne  présentait  pas  uniquement,  en 
ce  temps-lâ,  un  intérêt  historique.  En 
exposant  les  résultatsde  ses  découvertes, 
WarniLœnig  démontrait  par  le  fait  que 
les  espérances  de  la  nation,  réalisées 
en  183i  par  la  proclamation  d'une  loi 
fondamentale  qui  loi  assurait  toutes  les 
liliertés,  étaient  des  es|)érances  et  des 
traditions  séculaires.  Le  cours  de  Wam* 
kœnig  était  pour  ainsi  dire  l'explication 
génétique  de  la  Constitution  de  1851. 
L*iroportance  n'en  pouvait  échapper,  à 
ce  point  de  vue,  au  roi  Léopold,  qui 
voyait  avec  plaisir,  au  commencement 
de  son  règne,  un  homme  d'un  mérite 
reconnu  contribuer  ainsi  â  affermir  la 
conflance  des  jeunes  gens  dans  l'avenir 
de  la  Belgique  indépendante.   Aussi 
Wamkœnig  fut-Il  honoré,  d'une  manière 
ti>ate  particulière,  delà  bienveillance  du 
chef  de  notre  dynastie.  UHUtoire  de 
Flandre  fut  cependant  écrite  surtout 
pour  l'Allemagne.  Le  récit  des  événe- 
mentSy  très-concis,  n'y  intervenait  que 
poar  relier  entre  elles  les  différentes 
périodes  de  notre  évolution  politique  et 
sociale.  L'essentiel  était,  aux  yeux  de 
Warnl^œnig.  de  mettre  en  relief  le  rôle 
considérable  que  les  Flamands  avaient 
joué,  dans  l*Europeoccidenta1e,  du  IX*, 
au  XIV*  siècle,  et  de  suivre  pas  k  pas 
le  développement  intérieur  de  ce  peuple 
si  Jaloux  de  son  indépendance  et  de  sa 
liberté,  et  l'extension  de  son  crédit  au 
dehors,  par  l'Industrie  et  le  commerce. 
«  Wamfcoenig  brille  surtout  par  la  rare 
sagacité  avec  laquelle  il  expose  l'en- 
efaainement  des  faits.  Son  esprit  de  cri- 
tique est  tout  allemand  ;  aussi  a-t-il  for- 
tement empreint  de  sa  nationalité  l'em- 
ploi qnll  fit  des  documents  nouveaux. 
N«1  mieux  que  lui  n'a  saisi  le  véritable 
caraetère  de  nos  institutions,  l'influence 
qu'elles  ont  exercée  sur  la  vie  publique 
daos  l'ancienne  Flandre  ;  sous  ce  rap- 
port, il  a  laissé  loin  derrière  lui  les  Jac- 
ques Meyer,  les  Oudegherst,  les  Rapsaet 


et  bien  d'autres.  Partout  il  promène  le 
flambeau  d'une  science  sûre  et  solide, 
sur  des  faits  mal  appréciés  ou  incom- 
plètement connus  ;  il  place  dans  son  vé- 
riuble  jour  une  période  de  notre  histoire 
obscurcie  par  le  préjugé  ou  l'ignorance  : 
aussi  peut-on  dire  que  son  livre  forma 
une  véritable  école,  d'où  sortit  toute 
une  génération  de  savants  qui  font  au- 
jourd'hui honneur  au  pays  »  (').  —  Les 
deux  premiers  volumes  de  la  traduction 
française,  faits  sous  les  yeux  de  l'auteur, 
parurent  respectivement  en  f  855  et  en 
1836,  à  Bruxelles.  Un  troisième  volume, 
consacré  plus  spécialement  à  l'histoire 
de  la  ville  de  Gand,  vit  le  jour  en  1846; 
un  quatrième  (l'Histoire  de  Bruges),  en 
1851;  enfin,  un  cinquième  (l'Histoire 
d'Ypres),  en  i86i  seulement.  A  partir 
du  troisième  volume,  le  traducteur  s'est 
donné  plus  de  liberté;  des  parties  en- 
tières de  l'ouvrage  lui  appartiennent, 
des  rectifications  importantes  ont  été 
apportées  à  des  assertions  trop  légère- 
ment accueillies  ;  des  détails  secondaires 
ont  fait  place  à  d'autres  plus  importants. 
L'histoire  de  Bruges  est  complètement 
remaniée,  tant  pour  la  disposition  des 
matières  que  pour  le  texte;  de  nom- 
breuses lacunes  ont  été  comblées.  Le 
cinquième  volume  est  en  réalité  une 
œuvre  originale  (  '  )  ;  il  n*a  pas  été  donné 
àGheldolf,  malheureusement,  de  mettre 
la  dernière  main  à  son  beau  travail  ('}) 
dont  Wamkœnig  fut  le  premier,  jusquà 
sa  dernière  heure,  k  reconnaître  tout  le 
prix. 

Pendant  son  séjour  k  Gand,  Wam- 
kœnig fut  plus  d'une  fois  consulté  sur 
les  questions  relatives  à  l'enseigne- 
ment. H  avait  donné,  depuis  longtemps 
déjà,  des  preuves  de  sa  parfaite  com- 
pétence; en  outre,  6n  lui  reconnais- 
sait un  esprit  éminemment  pratique. 
Le  bourgmestre  de  Gand,  Van  Grom- 
brugghe,  eut  recours  à  ses  lumières  en 
1852,  pour  réorganiser  les  différents 


(*)  SaiQt  Génois,  p.  170. 

( ■)  Le  titre  le  dit  d'ailleurs  :  Sur  U  plan 
de  tomprage  aliemand  de  M.  Warnkœoig. 

(*)  L'Académie,  dëaireose  de  faire  com- 
pléter Touvrage  josqa'à  la  rëunioa  du  comté  de 
FlaiMlre  aux  autres  provinces  belges^  a  porté 
aa  programme  de  ses  couconra  pour  1868 


la  question  suivante  :  Fairg  Vhuioire  poli" 
iique  de  la  Flandre,  depuiâ  130S  jusqu'à 
ravinement  de  la  nutUon  de  Bourgogne 
(  i  38S),tfn  s'auochani  principalement  auxnuh 
di/lcations  qu'ont  subieë^  à  cette  époque,  lee 
institutianM  générâtes  du  comté  et  les  insti- 
tutions partieuliires  des  grandes  communes, 

25 


611 


WAR 


613 


cours  du  Collège  de  la  ville  ;c*est  à  son 
initiative,  par  parenthèse,  qu*on  fut  re- 
devable du  rétablissement  de  la  chaire 
de  commerce,  abandonnée  depuis  la 
chute  du  roi  Guillaume.  En  1855,  il  fut 
appelé  à  faire  partie  de  la  Commission 
chargée  de  préparer  la  loi  d*organisation 
de  Tinstruction  publique  aux  deux  de- 
grés supérieurs.  Ses  vues  ne  furent  pas 
réalisées,et  plus  tard  il  en  exprima  bien 
souvent  le  regret  (  *  ). 

Warnkœnig  suffisait  à  tout  :  nommé 
en  1854  membre  de  la  Commission 
royale  d'histoire,  nouvellement  créée  à 
Bruxelles  pour  la  publication  de  nos 
anciennes  chroniques,  il  s'occupa  im- 
médiatement de  coordonner  les  maté- 
riaux du  Corpus  chtonkommFlandriœ, 
dont  le  premier  voiume  fut  commencé 
sous  sa  direction  (*).  Les  Bulletins  de 
la  Commission  sont  remplis  de  com- 
munications sur  ses  découvertes;  elles 
témoignent  à  la  fois  de  son  activité  in- 
fatigable et  de  la  sagacité  critique  qui 
distingue  tous  ses  travaux.  Vers  la 
même  époque,  il  reprit,  en  société  avec 
Voisin,  van  Lokeren,  M.  Serrure  et  le 
baron  de  Reiffenb^rg,  la  publication  du 
Messager  des  sciences  historiques^  re- 
cueil justement  estimé,  fondé  en  1825, 
mais  interrompu  en  1850.  Le  baron  de 
Saint-Génois  le  remplaça  en  1856 
comme  directeur  de  cette  revue  ;  mais 
Warnkœnig,  rentré  en  Allemagne,  n'en 
continua  pas  moins  d'y  envoyer  des 
articles  (jusqu'en  1851). 

L'Université  de  Gand  ne  devait  pas 
le  conserverlongtemps.  «  Certains  frois- 
sements personnels  (')  dont  il  est  inu- 
tile de  parler,  autant  que  l'espèce  de 
nostalgie  dont  il  fut  atteint,  après  la 
mise  en  vigueur  de  la  loi  du  â7  sep- 
tembre 1855,  l'engagèrent  à  quitter  sa 
patrie  adoptive,  pour  revoir  sa  terre 
natale.  »  Il  expliqua  sa  résolution  par 
l'état  de  sa  santé,  altérée,  disait-il,  par 
l'air  humide  de  la  Flandre.  Le  baron  de 
Saint-Génois  nous  apprend  qu'il  fut 


question  de  le  replacer  à  TUniversité 
de  Liège,  avec  un  traitement  considé- 
rable; en  tous  cas  ces  négociations 
n'aboutirent  pas.  Warnkœnig  alla  re- 
cueillir, à  l'Université  de  Fribourg,  la 
succession  de  riUustre  historien  Rot- 
teck.  11  fut  nommé  professeur  de  droit 
naturel  et  d'histoire  politique,  avec  le 
titre  de  conseiller  (Uofratk)  du  grand- 
duc  de  Bade.  Il  voulut  tout  d'abord 
donner  un  témoignage  de  reconnais- 
sance au  pays  qu'il  venait  de  quitter: 
il  prit  l'histoire  du  droit  belgique  pour 
sujet  de  son  discours  inaugurai.  En  re- 
vanche, un  peu  plus  tard ,  il  conçut  l'i- 
dée de  faire  connaître  aux  nations 
étrangères  les  progrès  immenses  accom- 
plis en  Allemagne  de  1815  à  1840, 
dans  le  domaine  des  sciences  juridi- 
ques. Son  intéressante  brochure  inti- 
tulée :  De  la  science  du  droit  en  Alle- 
magne depuis  1815  (*),  présente  un 
aperçu  des  travaux  de  Savigny,  Mitter- 
roaier,  Eichhorn,  Walter,  Hugo,  Thi- 
baut, et  de  tant  d'autres  sommités 
scientifiques  dont  il  avait  lui-même  pro- 
pagé les  doctrines  parmi  nous.  Ses 
écrits  sur  VHistoire  et  les  sources  du 
droit  coutumier  liégeois^  sur  le  droit  na- 
turtU  et  son  Introduction  (en  langue 
allemande  aux  Institutes  et  aux  PaU" 
dectes  datent  de  la  même  période.  En 
1844,  il  échangea  sa  chaire  de  Frl- 
bourg  contre  celle  de  droit  ecclé- 
siastique à  Tubingue;  c'était  la  sixième 
Université  qui  le  comptait  au  nombre 
de  ses  professeurs.  Tubingue  était  alors 
le  centre  d'un  mouvement  politico-reli- 
gieux qui  passionnait  toute  cette  partie 
de  l'Allemagne:  Warnkœnig  se  jeta  dans 
l'arène  et  se  mit  à  écrire  brochure  sur 
brochure,  dans  un  sens  peu  favorable 
à  l'Eglise  romaine.  Ces  préoccupations 
de  polémiste  le  poursuivirent  long- 
temps, comme  le  témoignent  divers  ar- 
ticles qu'il  publia  vers  la  fin  de  sa  vie 
dans  toutes  sortes  de  recueils  périodi- 
ques. Mais  elles  ne  l'empêchèrent  pas 


(  *  ;  Saint-Geoois,  p.  162. 

(*  )  Celle  grande  pablicaliona  été  achevée 
en  1837,  par  les  soins  de  M.  le  chanoine  de 
Smet. 

(')  Nous  ne  saurions  dissimuler  que 
Warnkœnig  se  fit  des  ennemis  un  peu  par- 


tout. Nous  avons  déjà  fait  entendre  qae  les 
raisons  qu'il  allt^gua  pour  justifier  son  dé- 
part de  Liège,  étaient  au  fond  des  pré- 
textes. 

(*)  Trad.  en  français  par  M.  Ed.  Labos- 
laye  et  insérée  dans  la  Revue  de  tégitlation» 


613 


WAR 


614 


de  donner  suite  à  an  grand  projet 
scientifique  quMI  avait  conçu  étant  en- 
core à  Fribourg.  Il  résolut  d*écrire, 
avec  le  professeur  Stein  (de  Kiel),  une 
histoire  complète  du  droit  français; 
la  tAcbe  de  son  collaborateur  devait 
consister  simplement  à  exposer  Fhls- 
toire  du  droit  criminel  (*).  Les  tra- 
vaux de  Klimrath  (*)  et  de  M.  Labou- 
laye  fournissaient  à  l^amlLœnig  de 
nouvelles  et  précieuses  indications  ; 
pour  les  compléter  et  pour  s*éclairer 
directement,  il  entreprit  de  nombreux 
voyages  scientifiques  dans  le  nord  de 
rAllemagne ,  en  Suisse ,  en  Hollande 
et  à  Paris.  Trois  fois  de  suite,  de 
1850  à  1843,  la  section  des  scien- 
ces morales  et  politiques  de  Tlnstilut 
de  France  avait  mis  au  concours  une 
partie  de  la  question  quil  avait  à  cœur 
de  traiter  ;  mais  le  plan  du  savant  alle- 
mand était  plus  vaste  :  il  voulait  em- 
brasser le  sujet  dans  toute  son  ampleur. 
L'ouvrage  parut  à  Bâie  (184G  et  18i7) 
en  2  vol.,  in-8<»;  de  même  que  Y  His- 
toire de  Flandre,  il  a  conquis  et  con- 
servé dans  la  science  une  légitime  auto- 
rité. L'auteur  s*est  renseigné  aux  meil- 
leures sources  et  a  porté  la  lumière 
dans  une  foule  de  recoins  obscurs; 
commençant  aux  temps  antérieurs  à  la 
période  française,  il  s'arrête  à  1787, 
et  présente  un  tableau  complet  de  la 
société  française  dans  les  hautes  sphè- 
res de  la  politique,  des  institutions 
municipales,  judiciaires  et  administra- 
tives, pendant  une  période  de  près  de 
quatorze  siècles  ('). 

Les  dernières  années  de  Warnkœnig 
furent  paisibles.  A  vrai  dire,  il  ne  con- 
nut jamais,  en  fait  d'orages,  que  les  que- 
relles des  savants,  plus  bruyantes  que 
désastreuses.  Des  démarches  inconsi- 
dérées, des  articles  publiés  mal  à  pro- 
pos, ou  d'un  ton  peu  mesuré,  purent  lui 


faire  du  tort  dans  certaines  circon- 
stances ;  mais  au  fond  il  n'y  avait  dans 
son  caractère  ni  aigreur  ni  manque  de 
délicatesse;  il  était  avant  tout  spontané, 
un  peu  fantasque  peut-être,  et  c'en  était 
assez  pour  le  faire  quelquefois  mal 
Juger.  Il  eut  des  adversaires;  mais  le 
temps  fit  disparaître  les  rancunes.  Re- 
tiré à  Stuttgart  à  partir  de  1854,  il  se 
consacra  tout  entier  à  ses  études  favo- 
rites, et  la  Belgique  réclama  encore  la 
meilleure  partie  de  son  temps.  En  1860, 
il  publia  en  feuilleton,  dans  la  Gazette 
de  Cologne,  un  excellent  résumé  de 
VHistoire  de  la  principauté  de  Liége^ 
dont  on  doit  féliciter  M.  Stanislas  Bor- 
mans  ,  conservateur-adjoint  des  Ar- 
chives liégeoises,  de  nous  avoir  donné 
la  traduction  (').  En  1856,  l'Académie 
royale  de  Belgique  ayant  mis  au  concours 
la  question  de  savoir  quel  a  été  le  lieu 
de  naissance  de  Charlemagne,  un  gé- 
néreux donateur  offrit  un  prix  considé- 
rable à  l'auteur  qui  parviendrait  à  prou- 
ver que  le  grand  empereur  était  belge. 
Huit  mémoires  furent  envoyés  à  la  Com- 
pagnie, qui  ne  se  déclara  point  satis- 
faite et  modifia  son  programme,  d'ac- 
cord avec  le  fondateur  anonyme  du 
prix.  Exposer  Forigine  des  Carlovin" 
giens  ;  discuter  les  faits  de  leur  histoire 
qui  se  rattachent  à  la  Belgique,  tel  fut 
le  libellé  du  nouveau  programme  (  *  ). 
Les  lauréats  furent  Warnkœnig  et  M. 
Gérard,  auditeur-militaire  à  Bruxelles; 
MM.  Kervyn  de  Lettenhove,  lebaron  de 
Gerlache  et  M.  L.  Polain ,  rapporteur, 
furent  unanimes  dans  leurs  conclusions, 
et  la  classe  des  lettres  tout  entière  par- 
tagea leur  manière  de  voir.  L'ouvrage 
couronné  se  distingue  par  une  étude 
approfondie  des  travaux  des  érudits 
modernes  et  par  un  emploi  judicieux 
des  sources.  L'alliance  d'un  Belge  et  d'un 
Allemand,  tous  deux  versés  dans  la  litté- 


(  *  )  Nypels,  Bibliographie  du  droit  crimi- 
nel, p.  530.  L'ouvrage  de  Stein  forme  le  3* 
volume  de  VHistoire  du  droit  français.  Il  a 
paru  en  4846  à  Bftie  en  Suisse. 

(*)  Traraux  sur  C  histoire  du  droit  fran- 
çais, par  feu  H.  Klimrath  ,  mis  en  ordre  et 
précédés  d*uDe  préface  par  L.-.  A  Warnkœnig, 
prof,  k  r Université  de  Fribourg,  avec  une 
carte  de  la  France  coutumière.  Paris,  4843, 
S  vol.  in-8^  (M.  Nypels  a  publié  dans  la  Re- 


vue de  Uége^  t.  IV,  p.  446  et  suivante8,une 
analyse  étendue  de  cet  ouvrage). 

(■)  Saint-Génois,  p.  466. 

(«)  Liège,  Renard,  4864,  in  4io. 

(*)  Le  prix  devait  être  un  capital  de 
6000  frs.,  à  S  4/i  «/o,  inscrit  sur  le  grand- 
livre  de  la  dette  publique  belge,  avec  jouis- 
sance des  intérêts  k  partir  du  4*^  janvier 
4866  [BuU,  de  VÀcad.,  4860,  p.  3S).  —  V« 
l'art.  PoLAiN^ 


6t5 


WAR 


(M  6 


rature  historique  de  leur  pays  respec- 
tifs, produisit  ici  les  plus  heureux  effets, 
bien  que  les  auteurs  avouassent  dans  leur 
préface  que  a  leurs  aspirations  n'étaient 
peut-être  pas  strictement  les  mêmes  » 

Depuis  nombre  d'années,  WarnlLoe- 
nig  publiait  régulièrement  dans  la  Revue 
historique  de  M.  de  Sybel,  à  Bonn,  un 
compte  rendu  périodique  des  travaux 
des  érudits  et  spécialement  des  histo- 
riens belges.  L'un  de  ses  derniers  pro- 
jets littéraires  fut  de  réunir  et  de  mettre 
en  œuvre  tous  les  documents  qu'il  avait 
recueillis  sur  ce  sujet,  et  de  nous  doter 
d'une  Histoire  des  études  historiques 
en  Belgique  depuis  1830.  Assurément, 
s*il  est  un  domaine  où  les  écrivains 
belges  contemporains  se  soient  aven- 
turés avec  succès,  c'est  bien  c^lui  de 
l'histoire  ;  on  pouvait  s'attendre  k  une 
publication  k  la  fois  intéressante  et 
utile.  Mais  Warnkœnig,  vivant  éloigné 
de  nous,  avait  besoin  d'un  collabora- 
teur :  il  s'adressa  tour  à  tour  an  baron 
de  Saint-Génois  tt  à  M.  J.  Delecourt, 
qui,  faute  de  loisir,  ne  purent  ni  l'un  ni 
l'autre  s'associer  k  son  entreprise.  Il 
est  k  souhaiter  que  les  nombreuses 
notes  recueillies  par  Warnkœnig,  en 
vue  de  ce  travail,  soient  tôt  ou  tard 
utilisées.  Eu  attendant,  nous  croyons 
devoir  reproduire  le  plan  que  l'auteur 
de  l'idée  communiqua,  par  lettre  du  2 
juin  1866,  à  son  ami  de  Gand  : 

1.  Coup  d'œil  sur  l'historiographie 
belge  pendant  les  temps  antérieurs  au 
règne  de  Marie-Thérèse. 

2.  Restauration  des  éludes  histo- 
riques pendant  la  deuxième  moitié  du 
XVlll''  siècle.  Erection  de  l'Académie 
de  Bruxelles;  ses  historiens  et  leurs 
travaux. 

5.  Les  Bollandistes. 

4.  Etat  stationnaire  des  études  his- 
toriques pendant  la  domination  fran- 
çaise. Consen'ation  des  études  histo- 
riques par  les  bibliophiles,  dans  la 
Bibliothèque  dite  de  Bourgogne,  les  Bi- 
bliothèques et  les  Archives  communales. 

(  *)  M.  Gérard  a  publié  depuis,  sans  col- 
laborateur, l'Histoire  dea  Francs  cCAustrùsie, 
(Bruxelles,  4865,  S*  éd.,  S  vol.  in-8«),  ou- 
vrage remarquable ,  mais  dont  Warnkœnig 
n'aurait  bien  certainement  pas  accueilli  les 


5»  Résurrection  des  études  histo- 
riques sous  le  gouvernement  des  Pays- 
Bas.  Rétablissement  de  l'Académie; 
ses  anciens  et  ses  nouveaux  membres 
et  leurs  travaux;  MM.  le  baron  de  Reif- 
fenberg  etQuetelet;  les  historiens  no- 
tables de  cette  époque;  études  histo- 
riques dans  les  Universités. 

6.  L*Ar4idémie  pendant  et  après  la 
révolution  de  1850.  Nouvel  élan  des 
études  historiques,  dû  k  l'esprit  pubUc 
et  au  Gouvernement  national. 

7.  Création  de  la  Commission  royale 
d'histoire  de  Belgique  en  1833;  ses 
membres,  ses  travaux. 

8.  Nouvelle  organisation  de  l'Acadé- 
mie. Arrêtés  royaux  favorables  aux 
progrès  des  études  historiques. 

9.  Commission  royale  pour  la  publi- 
cation des  sources  de  l'histoire  de  l'an- 
cien droit  belgique,en  1846  ;  ses  mem- 
bres, ses  travaux. 

10.  Les  membres  de  l'Académie 
depuis  1831.  Notices  historiques. 

11.  Travaux  et  publications  de  l'A- 
cadémie :  l'Annuaire,  les  Bulletins,  les 
Mémoires. 

12.  Historiens  en  dehors  de  l'Aca- 
démie ;  Sociétés  et  Revues  historiques 
et  archéologiques.  Notices  biographi- 
ques. 

15.  Travaux  concernant  l'histoire  de 
la  Belgique,  exécutés  en  France,  en 
Hollande,  en  Allemagne,  en  Angleterre. 

U.  Ouvrages  sur  l'histoire  générale 
de  la  Belgique,  depuis  les  temps  les  plus 
reculés  jusqu'à  nos  jours. 

15.  Id.  pour  les  périodes  celtique,  ro- 
maine, franque  et  du  moyen-âge. 

16.  Id.  au  XVI' siècle. 

17.  Id.  depuis  le  XYll*  siècle  jusqu'à 
l'incorporation  du  pays  k  la  France. 

18.  Histoire  de  la  Belgique  sous  le 
gouvernement  de  la  France  et  des  Pays- 
Bas. 

19.  Histoire  de  la  révolution  de  1830 
et  du  gouvernement  du  roi  Léopold  l^. 

20.  Histoire  constitutionnelle,  légis- 
lative et  administrative  de  la  Belgique. 

21.  Histoire  ecclésiastique. 

thëses  fondamentales.  —  VHistoire  des  Ca- 
rolingiensy  (oaronnée  par  TAcadémie,  est 
dédiée  à  H.  de  Pouhon,  ancien  représen- 
tant, le  généreux  donateur  dont  il  est  ques- 
tion ci-dessus ,  col.  614. 


617 


WAR 


618 


22.  Histoire  derinstruotîon  publique. 

25.  Histoire  spéciale  des  provinces  : 
les  Flandres,  le  Brabant,  Anvers,  Hai- 
naut,  Namur,  Limbourg,  Luxembourg, 

Liège. 

2i.  Histoire  des  belles-lettres  et  des 
l)eaux-arts.  Poésies  française,  flamande, 
wallonne.  Histoire  de  la  peinture,  de  la 
musique  et  de  Tart  dramatique. 

25.  Bibliographie  des  sciences  auxi- 
liaires de  rhistoire. 

Wamkœnig  était  chevalier  de  la  Lé- 
gion d'honneur  et  de  l'Ordre  de  Léopold 
de  Belgique.  Il  appartenait  à  un  grand 
nombre  de  Sociétés  savantes  :  Institut 
de  France  (Académie  des  sciences  mo- 
rales et  politiques);  Institut  des  pro- 
vinces de  France;  Société  desantiquaires 

de  France;  Société  d'histoire  de  France; 
Sociétés  de  Lille,  Douai,  Valenciennes, 
Saint-Omer;  Académie  royale  de  Turin; 
Académie  de  Munich  ;  Académie  de  lé- 
gislation de  Toulouse;  Société  des  an- 
tiquaires  de  Londres;   Société   des 
antiquaires  du  Nord ,  à  Copenhague  ; 
Sociétés  dlJtrecht  et  de  Groningue  ; 
Société  des  antiquaires  de  Wurzbourg; 
Comité  pour  la  conservation  des  monu- 
ments historiques  de  TAIsace,  à  Colmar  ; 
Académie  rovale  de  Belgique  ;  Société 
d'Émulation  de  Liège;  Société  liégeoise 
de  littérature  wallonne;  Institut  archéo- 
logique liégeois  ;  Société  royale  des 
beaux-arts,  à  Gand  ;  Commission  mu- 
nicipale des  monuments,  ibid.;  Société 
royale  d'agriculture  et  de  botanique, 
Und.;  Société  d'Émulation,  à  Bruges.  — 
H  avait  en  outre  été  membre  effectif  de 
l'ancien  Institut  des  Pays-Bas,  à  Ams- 
terdam, et,  pendant  plusieurs  annéçs, 
correspondant  de  la  Commission  royale 
des  Becords,  à  Londres,  et  membre 
correspondant  de  la  Commission  pour 
l'histoire  nationale  de  France,  créée  par 
M.  Fortoul,  ministre  de  l'instruction 
publique. 

La  bibliographie  complète  des  œuvres 
de  Warnkœnig  n'est  pas  facile  k  dresser; 
ses  écrits  sont  dispersés  un  peu  partout; 
ils  ont  eu  comme  lui ,  si  l'on  peut  dire 
ainsi,  plus  d'une  patrie.  Nous  ferons  de 
notre  mieux,  en  nous  aidant  du  Keyser's 
Bûckerlexïkon^  des  recherches  du  baron 
de  Saint-Genoîs  et  des  principaux  re- 
cueils de  bibliographie  française. 


1.  DnÀt  romain, 

l*"  Oratio  de  studii  Juris  romani  uti- 
lilateet  necessitale.  Liège,  4817,  in-**» 
(Ann.acad.  Leod.,  vol.  I),  et  1819,  in-i°. 

2^  Institutionum  seu  elementorum 
juris  privali  romani  libri  lY,  in  usum 
praelect.  acad.  vulgati,  cum  introdûct.  in 
univers,  jurisprud.  ad  sludium  juris 
romani  et  notis  litterariis.  Liège,  Col- 
lardin,  1819,  in-8«. 

La  seconde  édition  de  cet  ouvrage,  publiée 
également  chez  CoUardin,  en  1825,  difl^re 
beaucoup  de  la  première,  non-seulement  par 
les  corrections  nombreuses  qui  y  ont  été 
introduites  et  par  une  disposition  nouvelle 
des  matières,  mais  encore  en  ce  que  l'auteur 
y  a  joint  le  texte  des  InstUutes  de  Gajus,  les 
Fragmenta  Vaticana  et  d'autres  anciens  mo- 
numents du  droit  romain,  récemment  décou- 
verts.—  3«édit.,  de  nouveau  refondue,  Bonn, 
4834,  in-8".  —  La  4»  et  dernière  édition 
a  vu  le  jour  à  Bonn  en  4860  (v.  ci-dessus). 

3°  Précis  de  l'histoire  du  droit  romain 
d'après  Gibbon,  traduit  par  M.  Guizot, 
revu  et  enrichi  de  notes.  Liège,  1821, 
2  vol.  in-8<*. 

A  été  traduit  on  hollandais. 

4<»  Analyse  du  Traité  de  la  possesmn 
par  M.  de  Savigny.  Liège,  1824,  in-8o. 
-Deuxième édition, iAtd.,  1827,  in-8«. 

Traduite  en  anglais,  en  1838,  par  M.  Cus- 
hing,  il  Boston  (Etats-Unis),  et  publiée  dans 
VAmerican  jurist,  vol.  XIX,  p.  13  et  257. 

5«  Commentarii  juris  romani  privati, 
ad  exemplum  opt.  compendior.  à  cele- 
berr.  jurisconsultis  compos.  adornati, 
in  usum  acad.  praelect.  et  studii  privati. 
Liège,  1825-1852, 3  vol.  in-8o. 

&»  Histoire  externe  du  droit  romain. 
Bruxelles,  1856,  in-B^". 

Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  italien  et  en 
espagnol. 

T  GrundrisszuPandekten-Vorlesun- 
gen,  mit  Yerweisungen  auf  die  Lehr- 
bûcher  von  Thibaut,  von  Wening-Ingel- 
heim,  Mûhlenbruch  und  seine  Commen- 
tarii juris  privati.  FribourgenBrisgau, 
1837,in-8«. 

8^  Yorschule  der  Institutionen  und 
Pandekten.  EînCommentar  zuden  Ein- 
leitungen  der  latelnischen  Lehrbûcher 
des  rômischen  Rechts  des  Verfassers. 
Fribourg,  1859,  in-8«  (avecun  Ubieau). 


619 


WAR 


620 


9*  Introduction  k  Tétùde  du  droit  ro- 
main, trad.  de  l'allemand  de  M.  Mackel- 
dey,  augmentée  et  enrichie  de  notes. 
Mons,  1826,  in-8^ 

M.  Jules  Beviog,  avocat  à  Bruxelles,  a 
publié  en  4837,  en  celte  ville,  une  nouvelle 
traduction  du  Manuel  de  droit  romain  de 
Mackeldey,  d'après  la  iO«  édition  allemande. 

B.  Science  du  droit  en  général,  phU 
losophie  du  droit,  etc, 

1(^  Ankûndigung  eines  Praktikums 
liber  das  Civilrecht.  Gœttingen,  i816, 
in-8^ 

ll*Versuc)i  einer  Begrûndung  des 
Rechts  durch  eine  Vernunftidee.  Bonn, 
Marcus,  1819,  in-8*. 

12^  Oratio  de  jurispnidentiâ  gentium 
Europearum  unA,  eâque  assiduo  docto- 
rum  commercio  excolendâ.  LouvaSn, 
1828,  in-4^ 

Inséré  dans  les  Ànn.  Acad,  Lovan.,  ann. 
4897-1838. 

13*  Doctrinajurisphilosophica  apho- 
rismis  distincta,  in  nsum  scholarum. 
Louvain,  1850,  gr.  in-8^. 

U*  De  rétat  de  la  science  du  droit 
en  Allemagne.  Paris,  1841,  in-8''(dans 
la  Revue  française  etétr.  de  législation  ; 
trad.  de  M.  Ed.Laboulaye  :  v.  ci-dessus). 

15°  Recbtsphilosopiiieals  Naturlehre 
des  Rechts.  Fribourg,  1839,in-8<'. 

Traduit  en  hollandais  (4856). 

16*^  Juristische  Encyclopaedie.  £r- 
langen,  1853,  in-8^ 

17*  Philosopbiae  Juris  delineatio.  Tu- 
bingue,  1855,  in-8<>. 

C.  Droit  ecclésiastique  et  polémique 
politico-religieuse. 

\9^  Umrisse  der  Geschichte  des  Kir- 
chenrechts.  Tubingue,  1845,  in-8''. 

19*  Die  Kirche  Frankreichs  und  die 
Unterrichtsfreiheit.  Fribourg,  1845, 
in.8*. 

20*  Diekatholische  Frage  im  Sommer 
1848.  Ein  Versuch  zu  ihrer  Lôsung  fur 
Wurtemberg.  Tubingue,  1848,  in-8*. 

Celte  brochure  fit  sensation  et  provoqua 
une  réponse  intitulée  :  «  Dergehoime  Hofralh 
Wamkœnîg  als  Yerfasser  der  Schrift  Die 
kaihotitche  Frage  im  Sommer  4  848,  vor  dem 
Richterstohl  der  Kritik  gezogen  vom  Yer- 


fasser der  katholischen  Bedenken  ûber  die 
erzwungene  Einsegnung  der  gemischten 
Ehen.  »  Stuttgart,  4848,  in-8<>.  Warnkœnig 
répliqua  par  un  nouvel  écrit  : 

21^  Diekatholische  Frage  im  Anfange 
des  Jahres  1849.  Tubingue,  1849,  in-8«. 

22*  Ueber  den  Conflicl  des  Episko- 
pats  der  oberrheinischen  Kirchenpro- 
vinz  mit  den  Landesregierungen  inder- 
selben.  Erlangen,  1853,  in-8*. 

Une  traduction  française  de  cet  opuscule 
{Expoté  du  conflit  entre  Cépiêcopai  de  ta 
province  du  Haut- Rhin,  en  Allemagne,  et 
les  gouvernements)  a  paru  en  4864  à  Bru- 
xelles. —  Pour  se  faire  une  juste  idée  du 
point  de  vue  où  se  plaçait  Warnkoenig  en 
s'engageant  dans  ces  discussions,  on  aura 
utilement  recours  aux  articles  publiés  par  lui 
dans  la  Bévue  trimestrielle  de  Bruxelles,  k 
partir  de  4853  (v.  ci-après). 

23*  Die  staatsrechtliche  Stellung  der 
katholischen  Kirche  in  den  katholischen 
Lândern  des  deutschen  Reichs,  beson- 
dersiroXVIir«°  Jahrhundert.  Erlangen, 
1855,  in-8". 

D.  Histoire  du  droit  helgvque  et  du 
droit  liégeois. 

24*  Recherches  sur  la  législation  belge 
au  moyen-âge.  Gand,  1834,  in-B*. 

25*  Ordo  judidorum,cum  glossâsub 
flnem  saeculi  XII 1  ei  adjectâ,  è  Cod. 
Trevir.  accuratiss.  descriptus.  Gand, 

1835,  in-8". 

26*  Flandrische  Staals-  und  Rechls- 
geschichtdbis  zum  Jahr  1305.— Premier 
volume,  avec  une  carte  de  la  Flandre 
au  XIV*  siècle  et  un  fac-similé.  Tu- 
bingue, Fues,  1 835,  in-8*.  -  2*  volume, 
l'«  et  2*  partie,  Und.,  1836  et  1837, 
in-8o.  -  3*  vol ,  2*  partie,  iWd.,  1829; 
4'*  partie,  1842,  in-8*. 

Nous  avons  parlé  plus  haut  de  la  traduc- 
tion française  de  cet  important  ouvrage  par 
Alb.  Gheldolf. 

27*  Histoire  du  droit  belgique,  con- 
tenant les  institutions  politiques  et  la 
législation  de  la  Belgique  sous  les 
Francs.  Bruxelles,  1837,  in-8*. 

28*  Von  der  Wichtigkeit  der  Kunde 
des  Rechts  und  der  Geschichte  der  bel- 
gischen  Provinzen  fur  die  deutsche 
Staats-und  Rechtsgeschichte.  Fribourg 

1836,  in-8*. 


6âl 


WAR 


632 


Discours  prononcé  par  Warnkœnig  lors- 
qu'il prit  possession  de  sa  chaire  à  l'Univer- 
sité de  Pribourg. 

29<*  Beitrâge  zur  Geschichte  und 
Qaellenkunde  des  Lûtticher  Gewohn- 
heitsrechts.  Frîbourg ,  Wagner,  1838, 
in-8».  —  2«  édition,  18S4,  in-.8^ 

E.  Hûtoire  du  droit  français, 

SO^Franzôsische  Staats-und  Rechts- 
geschicbte.  Bâle,  1846-1847,2  v.  in-8o. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  cette  publi- 
cation a  été  complétée  par  le  professeur 
Stein,  pour  le  droit^criminel. 

F.  Histoire. 

ôi^  Précis  de  Tiiistoire  de  Liège. 
Liège,  1864,  m-12^ 

Traduction  française,  par  M.  Stanislas 
Bormans,  d'une  série  de  feuilletons  publiés 
par  Warnkœnig  dans  la  Gazette  de  Cologne 
en  i86S. 

l^'^  (En  collaboraiion  avec  M.  Gérard, 
de  Bruxelles).  Histoire  des  Carolin- 
giens. Bruxelles,  1862,  2  vol.  in-8^ 

53^  Mémoire  concernant  Vexposé  des 
droits  de  succession  de  la  maison  de 
Sonderbourg-Augustenbourg  à  la  partie 
cî-devant  Gottorpienne  du  duché  de 
Holstein.  Stuttgart,  1864,  in-8<». 

34*  Don  Carlos.  Leben,  Verbaftung 
und  Tod  dièses  Prinzen.  Nach  den 
neuesten  Biographien  und  mit  Riicksicht 
auf  frûhere  Forschungen  bearbeitet. 
Stuttgart,  1864,  in-8o. 

M.  Gachard  venait  de  jeter  un  nouveau 
jour  sur  ce  mystérieux  épisode  de  l'histoire 
d'Espagne,  en  publiant  à  Bruxelles  son  beau 
livre  Intitulé:  Don  Car  loi  et  Philippe  II 
(1863,  3  vol.  in-80). 

G.  Instruction  publique. 

35<»  (En  collaboration  avec  le  baron 
de  Reiffenberg).  Essai  de  réponse  aux 
questions  officielles  sur  renseignement 
supérieur.  Bruxelles,  Tarlier,  1838, 
in-8». 

H.  Poésies. 

36^  PoetischeErheilerungen.  Aix-la- 
Chapelle,  1825,  ln-8^ 

Pour  apprécier  retendue  et  la  variété 
des  études  de  Warnkœnig,  son  influence 


comme  représentant  de  Vécole  histori- 
quey  ses  tendances  religieuses  et  poli- 
tiques enfin,  il  faudrait  surtout  parcou- 
rir les  nombreux  recueils  périodiques 
dont  il  fut  le  fondateur  ou  auxquels  il 
prêta  son  concours.  Nous  ne  pouvons 
même  songer  à  dresser  ici  la  liste  dé- 
taillée des  articles  qu1l  y  publia  ;  nous 
ne  parlons  pas  des  notices  éphémères, 
mais  des  études  (essays,  comme  disent 
les  Anglais)  de  tout  genre,  qui  mérite- 
raient pour  la  plupart  d'être  conser- 
vées, ou  du  moins  qu'on  peut  encore 
avoir  intérêt  à  consulter.  Nous  nous 
voyons  obligés,  comme  le  baron  de 
Saint  Génois,  de  nous  contenter  d'in- 
diquer les  titres  des  revues  ou  des 
journaux  qui  reçurent  de  lui  des  com- 
munications plus  ou  moins  régulières. 
En  premier  lieu  vient  la  Thémis  ou 
Bibliothèque  du  jurvtconsulte,  dont  il  fut 
en  1819  un  des  fondateurs,  avec  Blon- 
deau,  Demante  et  Ducaurroy,  profes- 
seurs à  la  Faculté  de  droit  de  Paris  ('  ). 
Publiée  pendant  dix  ans  dans  cette 
dernière  ville,  où  elle  rajeunit  les  tra- 
ditions de  récole  de  Cujaset  contribua, 
dans  cet  ordre  d'Idées,  k  provoquer  la 
création  d'oeuvres  nouvelles  ,  la  Tlté- 
mis  fut  transportée  à  Louvain  en  1829, 
et  y  vécut  encore  deux  ans,  pour  re- 
naître plus  tard  sous  le  nom  de  Thémis 
belge,  sans  la  collaboration  de  Warn- 
kœnig. L'ancienne  Thémis  est  encore 
consultée  avec  fruit  par  les  juriscon- 
sultes qui  ne  se  contentent  pas  d*une 
sèche  interprétation  des  textes,  mais 
qui  tiennent  à  se  rendre  compte  de 
l'esprit  des  lois,  en  remontant  aux 
sources  classiques.  —  Nous  citerons 
encore,  parmi  les  recueils  français  qui 
contiennent  des  articles  de  Warnkœnig, 
la  Revue  encyclopédique  (Paris),  rédi- 
gée par  M.  Jull1en;la  Revue  étrangère, 
du  droit,  de  M.  Foelix;  la  Revue  du 
droit,  ûe  M.  Wolowski  ;  les  Annales  de 
législation ,  publiées  par  M.  Odilon 
Barrot  (1829);  enfin  le  Recueil  de  FA- 
endémie  de  législation,  publié  k  Tou- 
louse depuis  1855. —  En  Belgique,  ou- 
tre la  suite  de  la  Thémis,  Warnkœnig 
peut  revendiquer,  comme  nous  l'avons 
dit,  le  commencement  de  la  nouvelle 


(*  )  V.  notre  art.  Blondbau  dans  la  Biogra-     phie  nationale  de  Belgique,  t.  II. 


623 


W'IL 


624 


série  du  Messager  des  sciences ,  etc.  de 
Gand;  la  Revue  trimestrielle  de  Bru- 
xelles, fondée  par  M.  Van  Bemniel, 
contient  également  de  lui  plusieurs  ar- 
ticles importants  (De  Vesprit  et  de  Vor- 
ganisition  des  Universités  allemandes, 
t.  V.  p.  iil  ;  Du  mouvement  protestant 
en  Allemagne,  t.  XVIII,  p.  175;  Docu- 
ments nouveauo!  sur  le  règne  de  Philippe 
Il  en  Belgique,  t.  XIX,  p.  357;  La 
guerre  de  Rome  contre  la  science,  en 
Allemagne  (  *  ),  t.  XLVI,  p.  5).  —  En 
Allemagne,  WarnkœDîg  a  été,  avec  M. 
Rosshirt,  le  fondateur  de  la  Zeitschrift 
furCivil'Und  Criminalrecht  {i%^),  et 
plus  tard,  Tun  des  principaux  collabo- 
rateurs de  ta  Kritiscke  Vierteljahr- 
schrift  fur  Gesetzgebung ,  de  M.  Pôlze 
(Municii,  depuis  1859).— Dans  la  Revue 
historique  (Uistorisclie  Zeilschr^)  de 
M.  de  Sybel  (Bonn),il  a  publié,  de  18o9  à 
1865,  un  compte  rendu  annuel  du  mou- 
vement de  la  littérature  historique  en 
Belgique.— L7w  de  feu  Oken  (lena),  les 
Heidelberger  JahrbUclier^  les  Archives 
du  droit  de  Mittermaier,  Wangerow,etc. 
(Heldelberg)  ;  \a  Revue  pour  la  jurispru- 
dence historique  de  Savigny  (Berlin),  la 
Revue  pour  le  droit  civil  (Giessen),  les 
Annalesdejurisprudence  de  Schunk  (Er- 
langen),  la  Revue  critique  de  la  législation 
et  de  la  jurisprudence  à  Vétranger  (Uei- 
delberg,  1827-1856),  dans  ses  derniers 
volumes  ;  la  Revue  du  droit  germanique 
(de  Reyscher)  ;  les  Annales  de  la  juris- 
prudence de  Scheller  (Leipzig);  les 
Annonces  littéraires  de  l*Académie  de 
Munich  ;  la  Revue  trimestrielle  théoUh 
gique ,  de  Fribourg  ;  la  Revue  trimes- 
trielle allemande  {Deutsche  Viertdjahrs- 
chrift  :  Stuttgart ,  CotU  )  ;  la  Gazette 
universelle  d^Augsbourg  ;  la  Gazette  de 
Vienne  (nous  citerons  un  article  sur  les 
Recueils  des  ordonnances  publiés  par  M. 
Polain)  ;  la  Gazette  universelle  d*Augs- 
bourg;  le  Slaats-Anzeiger  fur  Wur- 
temberg (notamment  deux  articles  sur 
la  crise  de  la  vie  constitutionnelle  en 
Belgique ,  6  et  7  août  1864)  ;  enfin  la 
Revue  philosophique  (  Zeitsdirift  fur 


philosophie  und  philoeophische  Kritik), 
de  MM.  Ficbte,  Ulrici  et  Wirth  (Halle), 
ont  reçu  de  lui  de  nombreuses  commu 
nications.  Dans  ce  dernier  recueil  (t. 
XXX,  p.  100-145),  un  article  sur  la 
phihsop^  en  Belgique  doit  être  men- 
tionné spécialement.  —  N'oublions  pas 
le  StaaUlejricon  de  RottecketWelcler, 
dont  Wamkœnig  a  été  Pun  des  colla- 
borateurs en  titre. 


^M'Ilmart   (PlERIŒ-ÂLEXAKDRB),  né 

il  Vinalmont  (province  de  Liège),  le  15 
août  1818,  mourut  à  Liège  le  18  dé- 
cembre 1860.  Après  avoir  fait  de  bril- 
lantes études  au  Collège  communal  de 
Huy,  il  se  rendit  à  Liège  en  1855  et  se 
fit  Inscrire  à  runiversité.  Les  profes- 
seurs de  la  Faculté  de  médecine  ne  tar- 
dèrent pas  à  le  considérer  comme  l'un 
de  leurs  meilleurs  élèves  ;  lous  ses  di- 
plômes, depuis  le  premier  jusqu*au 
dernier  exaçien,  furent  obtenus  awc 
la  plus  grande  distinction.  En  1839, 
il  obtint  au  concours  la  place  de  chef 
de  clinique  chirurgicale;  eo  1841,11 
lut  nommé  de  la  même  manière  interne 
en  chirurgie.  La  bourse  de  voyage  que 
lui  avait  value  son  dernier  doctorat  lui 
servit  à  visiter,  pendant  deux  ans,  les 
grandes  écoles  de  médecine  de  Paris, 
de  Berlin  et  de  Vienne.  En  1845,  il 
remplaça  M.  le  docteur  Kleincrmann 
en  qualitède  médecin  de  rétablissement 
fondé  par  madame  Laroche,  dans  Ton- 
cien  couvent  de  la  Chartreuse  lez-Liége 
(*),  pour  le  traitement  des  maladies 
mentales.  M.  Van  de  Weyer  lui  ouvrit 
la  carrière  de  l'enseignement  supérieur 
en  le  nommant,  en  1845,  agrégé  à  TU- 
niversité  où  il  avait  fait  se.s  études.  Il 
débuta  deux  ans  plus  tard  dans  ren- 
seignement, en  acceptant  une  partie  du 
cours  d'auatomie  descriptive;  le  pro- 
fesseur de  La  Vacherieétantvenu  à  mou- 
rir en  1848  (v.  ce  nom),  Wilmart  fot 
déchargé  de  ces  fonctions,  et  reçut  en 
échange  une  partie  de  la  pathologie 
chirurgicale  et  de  la  médecine  opéra- 


(  *  )  A  propos  des  eensures  eeclésîastiques 
dMit  t  été  Tobjet  H.  Frohscbaminer,  profes 
senr  de  philosophie  k  rUniversité  de  Manich. 

^*)  Occupé  aajoord'hoi  par  les    Peiites 


9œurs  dea  pauvres,  qui  y  entretienneot  des 
vieillards  mfirmes,  aa  moyen  de  dons  ehari- 
ritables  qu'elles  vont  récolter  elles-mèaies 
dans  kl  ville. 


625 


WIL 


636 


toire  ;  il  conserva  ces  attributions  jus- 
qu'à sa  mort.  Sa  promotion  à  Textra- 
ordinarîat  date  du  24  septembre  1855. 
— Wilmart  a  laissé  à  ses  collègues  et  à 
ses  élèves  les  meilleurs  souvenirs  ;  par 
son  caractère  comme  par  ses  talents, 
il  s'était  acquis  l'estime  et  l'affection 
générales:  M.  le  recteur  Tb.  Lacordaire, 
en  prononçant  sur  sa  tombe,  creusée 
avant  le  temps,  les  paroles  solennelles 
du  suprême  adieu,  lui  a  rendu  un  hom- 
mage mérité,  en  déclarant  son  ensei- 
gnement l'un  des  plus  remarquables  et 
des  plus  fructueux  de  PUniversité.  Wil- 
mart était  consciencieux,  méthodique  et 
d'une  parfaite  clarté  dans  l'exposition  ; 
Félégance  de  son  langage  se  conciliait 
avec  une  précision  sévère; une  certaine 
dignité  naturelle,  répandue  dans  toute 
sa  personne,  une  réserve  pleine  de  mo- 
deôle  et  par  Là  même  exempte  de  toute 
morgue,  contribuaient  adonner  de  l'au- 
torité à  sa  parole.  Sa  bienveillance 
inaltérable,  la  générosité  bien  connue 
de  ses  idées  et  de  ses  sentiments  lui 
gagnaient  tous  les  cœurs.  Sa  perte  fbt 
douloureuse  non  seulement  pour  l'Uni- 
versité, mais  pour  la  société  liégeoise, 
qui  lui  accordait  comme  médecin  une 
large  part  de  confiance;  plus  doulou- 
reuse encore  pour  le  médecin  distingué 
qui  avait  vu  en  lui  son  successeur  na- 
turel (').  Il  était  l'ami  du  pauvre  comme 
du  riche;  bien  des  larmes  sincères 
furent  versées  sur  son  cercueil,  au  sou- 
venir de  la  charité,  de  son  abnégation 
et  de  toutes  ses  vertus  privées.  Il  n'a 
laissé  qu'un  petit  nombre  d'écrits; 
mais  on  peut  dire  que  s'il  eOt  vécu 
quelques  années  encore,  il  aurait  illus- 
tré son  nom.  Nous  donnons,  d'après 
le  Nécrologe  liégemsûe  M.  U.  Capitaine, 
qui  nous  a  fourni  les  éléments  de  cette 
notice,  la  liste  de  ses  principales  pu- 
blications et  quelques  renseignements 
sur  les  services  qu'il  a  rendus  à  la 
médecine  opératoire. 

f*  Raffport  sur  renseignement  mé- 
dical à  rUniversité  de  Paris  (Annales 
des  Univ.  de  Belgique,  i843,  p.  690- 
708). 

^  Rapport  adressé  à  M.  le  Ministre 


de  Pmtérienr  smr  la  Focalti  de  méde- 
cmê  de  rUniversité  de  Berlin,  Brux  , 
Lesigne,  1846,  in  9^  (tiré  à  part  des 
Annales  des  Universités  de  Belgique,  t. 
iil. 

5^  Rapport  fait  à  la  Société  de  mé- 
decine de  Liège,  au  nom  de  la  Com- 
mission chargée  de  présenter  un  règle- 
ment pour  Vorganisatim  d'un  Conseil 
de  discipline  dans  le  sein  de  la  Société 
{Ann.  de  la  Société  de  médecine  de  Liège, 
1. 1,  4847). 

VITiloiart  fut  le  fondateur  de  cette  aMOcia- 
lion. 

4®  A/ij'oorlfvriifie  Observation  d'an- 
gine œdémateuse  ou  d'œdème  de  la 
glotte,  par  le  docteur  Tasset,  présenté 
à  la  Société  de  médecine  de  Liège,  p^it  le 
docteur  Wilmart  {Ibid..  t.  III,  i848). 

«^°  Note  sur  rhygiène  chirurgicaU 
envisagée  spécialement  dans  ses  rapports 
avec  la  police  publique  (t.  III,  des  Ann. 
du  ConseU  de  SaluMié  publique  de  la 
province  de  iÀége^  1851). 

6®  Nouvelle  méthode  pour  la  cautéri- 
sation du  canal  de  Vurètre.  Bruxelles, 
Leiong,  i860,  in-8*  (Extr.  de  la  Revue 
médicale  belge,  1860). 

a  Wilmart  a  fait  subir  à  différents 
procédés  opératoires,  surtout  dans  l'ap- 
pareil instrumental,  de  nombreuses  mo- 
difications qu'il  a  dictées  dans  ses  cours. 
On  cite  notamment  :  son  appareil  pour 
la  taille,  dont  l'idée  première  lui  a  été 
fournie  par  Guérin,  de  Lyon  ;  —  des 
modifications  aux  pinces  de  Ricord, 
pour  l'opération  du  phymosis:  — un  di- 
latateur pour  la  trachéotomie,  ainsi  que 
des  changements  au  tenaculum  de  Chas- 
saignac;  —  des  pinces  pour  la  castra- 
tion, instrument  combiné  des  pinces 
de  Ricord  modifiées  et  de  celles  de 
Breschet,  pour  la  varicocèle  ;  — un  in- 
strument destiné  aux  contre-ouvertures; 
—  un  tube  plongeur  applicable  à  la 
seringue  de  Guérin,  conduisant  le  li- 
quide extrait  dans  un  vase  et  permet- 
tant de  faire  immédiatement  les  injec- 
tions ;  —  le  curseur  au  trocart  de  Gué- 
rin ,  iiermettant  de  fixer  solidement 


(  '  )  Wilaart  était  gendre  de  M.  le  profes-      sear  émérite  Franlûnel  (v.  ce  nom). 


627  WIL  628 

riDstnimentcontrelapoitrine,etc.  »(').     1859,  il  avait  été  appelé  à  faire  partie 
Wilmart  était  médecin  du  5*  batail-     de  la  Commission  provinciale  de  sta- 
lon  de  la  garde  civique  de  Liège;  en     tistique. 

(*)  Nécroioge  liégeois  pour  1860,  p.  69. 


Dans  !*espace  d'un  demi-siècle,  l'Université  de  Liège  a  perdu  60  de  ses  pro- 
fesseurs, savoir  :  la  Faculté  de  philosophie  i7,  celle  de  droit  10,  celle  des  sciences 
18,  enfin  la  Faculté  de  médecine  15.  Un  seul  n*a  pas  atteint  Tâge  de  30  ans; 
6  sont  morts  âgés  de  moins  de  40  ;  16  n*en  ont  pas  atteint  ou  dépassé  50;  14  ont 
vécu  de  50  à  60;  9  ne  sont  point  parvenus  à  70;  10  sont  morts  septuagénaires; 
enfin,  4  sont  entrés  dans  leur  dix-septième  lustre.  On  a  eu  des  morts  accideatelles 
à  déplorer,  des  morts  prématurées  et  que  rien  ne  faisait  prévoir;  mais  à  considérer 
la  moyenne  générale,  il  ne  semble  pas  que  la  carrière  de  renseignement,  malgré 
les  fatigues  qu'elle  impose,  soit  plus  meurtrière  que  d'autres. 

Il  est  à  remarquer  que  Ton  n'a  eu  à  constater  que  quatre  décès  de  1817  à  1835 
(date  de  la  réorganisation  de  l'enseignement  supérieur). 


III 


PROFESSEURS   EMERITES, 


DÉMISSIONNAIRES,  ETC. 


\Vi 


>de  (Emile),  ]gt,  néàVerviers  le  9 
mai  1828,  date  ses  débuts  dans  IVnsei- 
gnement  supérieur  de  Tâge  de  vingt- 
deux  ans.  Il  avait  fait  d'excellentes 


études,  d*abord  dans  sa  ville  natale,  sous 
la  surveillance,  ou  plutôt  sous  la  direc- 
tion immédiate  d'un  père  éclairé  (  '  ),  qui 
sut  reconnaître  de  bonne  heure  ses  apti- 


(')  Piiilippe  Bède,  né  à  Stavelot  le  i«r 
octobre  t803,dirigea  pendant  de  longues  an- 
nées TEcole  industrielle  et  littéraire  de  Ver» 
viers,  et  s'acqoit,  comme  professseur  d'huma- 
nités, une  réputation  méritée.  11  appartenait 
à  Fone  des  meilleures  familles  de  Halmedy. 
Sds  parents  subirent  le  contre  coup  des  ré- 
volutions; il  y  eut  de  durs  moments  à  pas- 
ser. Orphelin  de  bonne  heure,  il  crut  aux 
prédictions  d'une  sœur,  qui  ne  cessait  de  lui 
dire  qu'il  relèverait  la  famille.  A  i7  ans,  il 
enseignait  déjà  chez  l'abbé  Morsomme;  et 
tout  en  donnant,  en  outre,  des  leçons  parti- 
culières, il  parvint  à  subir,  après  avoir  suivi 
par  échappées  quelques  cours  de  FUnlveraité 
de  Liège ,  l'examen  de  candidat  en  philoso- 
phie. 11  reprit  rétablissement  pour  son  compte 
et  le  fit  prospérer.  En  i83t,  il  le  quitta  pour 
occuper,  k  Verviers,  une  chaire  de  littéra- 
ture et  d'histoire.  Nommé  directeur  de  l'École 
IH^meotionnée,  en  4840,  il  sut  faire  de  cette 
institution  ie  tneilUur  collège  communal  du 
payé.  Il  fut,  à  partir  de  i849,  l'un  des  prin- 
cipaux rédacteurs  du  Moniteur  de  l'emeigne- 
mefUf  où  il  traita  surtout,  à  la  veille  de  l'or  - 
ganieation  légale  de  rinstruction  moyenne, 
les  questions  relatives  au  programme  des 
études.  Il  remplaça  le  professeur  Moke  (de 
Gand}  comme  président  de  V Association  pro- 


fessorale de  Belgique  (v.  l'art.  Alph.  Le  Rot), 
et  fit  partie  du  premier  Conseil  de  perfection- 
nement de  l'enseignement  moyen. Le  IfoniMnr 
de  renseignement  ayant  cessé  de  paraître  en 
4868,  après  la  mort  de  son  directeur  Fr. 
Uennebert  (de  Tournai),  Ph.  Bède  créa  les 
Annales  de  renseignement  public^  recueil 
estimable  et  qu'on  peut  encore  consulter 
avec  fruit,  mais  dont  la  publication  dut  être 
interrompue  au  bout  de  deux  ans,  par  suite 
de  circonstances  particulières.  Ph.  Bède 
n'était  pas  seulement  un  bon  professeur  ;  il 
s'intéressait  vivement  à  la  chose  publique, 
et  son  rôle  dans  la  presse  quotidienne  fût 
des  plus  considérables.  Libéral  convaincu, 
également  ennemi  des  partis  extrêmes,  il 
exerça  sur  l'opinion,  à  Verviers,  une  in- 
fluence longtemps  sans  rivale  ;  il  prit  ensuite 
une  part  très-aclive  à  la  rédaction  du  Jour- 
nal de  l.iége^  et  finalement  s'adonna  tout 
entier  à  la  politique,  en  quittant  Verviers 
pour  Bruxelles,  où  il  accepta  la  direction 
de  XEcho  du  Parlement  belge.  Par  la  dignité 
de  son  caractère,  par  sa  franchise  et  sa 
loyauté,  ainsi  que  par  ses  qualités  aimables, 
il  s'éUit  acquis  l'estime  et  l'affection  géné- 
rales; aussi  les  regrets  les  plus  sincères 
se  mèlèrent-ils  à  la  stupeur  que  produisit, 
en  4866  (48  février  ,  la  nouvelle  de  la  caU- 


631 


BED 


632 


tudes  dominantes  et  en  favoriser  le  déve- 
loppement, sans  négliger  de  le  pourvoir 
de  ces  connaissances  générales  dont  les 
esprits  naturellement  le  mieux  doués  ne 
sauraient  être  privés,  sous  peine  de  res- 
ter toujours  au-dessous  d*un  certain  ni- 
veau. Inscrit  à  TUniversité  de  Liège  en 
octobre  1843,  il  fut  reçu,  deux  ans  plus 
tard,  candidat  en  sciences  physiques  et 
mathématiques,  et  partit  ensuite  pour 
Paris,  d'où  il  ne  revint  qu*en  mai  1848, 
rapportant  un  Mémoire  qui  lui  valut  le 
titre  de  lauréat  du  concours  universi- 
taire. En  avril  1849,  il  fut  proclamé 
docteur  en  sciences;  au  mois  d'août 
suivant,  il  se  rendît  de  nouveau  à  Paris, 
dans  le  but  spécial  de  suivre  les  travaux 
et  les  expériences  de  M.  Regnault,  pro- 
fesseur au  Collège  de  France.  Une 
nomination  d*agrégé  à  la  Faculté  des 
sciences  de  Liège  vint  le  trouver  dans 
le  laboratoire  de  Tillustre  savant  ;  par 
arrêté  du  4  octobre  1850,  il  fut  chargé 
du  cours  de  physique  industrielle  et 
d^une  partie  des  cours  de  physique  gé- 
nérale et  de  physique  mathématique,  à 
titre  de  suppléant  de  M.  Gloesener  (v. 
ce  nom).  Le  7  Janvier  1857,  M.  Gloe- 
sener ayant  exprimé  le  désir  d'être 
entièrement  déchargé  du  cours  de 
physique  expérimentale,  un  arrêté  mi- 
nistériel confia  exclusivement  cet  ensei- 
gnement à  M.  Bède,  qui  conserva,  en 
outre,  la  physique  industrielle.  Le  nou- 
veau titulaire  ne  put  être  promu  àTex- 
traordinariat  qu'au  commencement  de 
1861,  la  Faculté  étant  au  complet.  Il 
arriva,  sur  ces  entrefaites,  que  la  ges- 
tion de  graves  intérêts  de  famille  rap- 
pela M.  Bède  à  Verviers  ;  le  26  sep- 
tembre, un  congé  sans  traitement  lui 
fut  accordé  sur  sa  demande,  et  le  même 
arrêté  chargea  M.  Pérard  (v.  ce  nom) 
de  le  suppléer  dans  ses  deux  cours. 
M.  Bède  ne  reparut  plus  à  TUniversité  ; 
il  sollicita  et  obtint  sa  démission  en 
1865.  A  la  tête  de  Fun  des  établisse- 


ments industriels  les  plus  importants 
du  pays  (')*  il  est  aujourd'hui  plus 
occupé  que  jamais  ;  cependant,  comme 
on  va  s'en  convaincre,  il  n'est  pas  perdu 
pour  la  science.  Secrétaire  de  la  Société 
industrielle  de  Verviers  ;  membre  de  la 
Commission  de  l'Ecole  professionnelle, 
du  Conseil  d'administration  de  la  Société 
des  maisons  d'ouvriers  ('),  du  Comité 
provisoire  de  la  Société  des  bains  et 
lavoirs  ;  président  de  la  Société  Frank- 
lin et  de  quelques  autres  de  moindre 
importance,  il  suffit  à  tout,  en  dépit  du 
tracas  des  affaires,  et  trouve  encore 
le  temps  d'écrire.  Comme  professeur, 
il  a  laissé  les  meilleurs  souvenirs  à 
l'Université  ;  comme  industriel  et  comme 
philanthrope,  il  a  pris  un  rang  élevé 
parmi  les  hommes  utiles  ;  comme  savant 
enfin  et  comme  publlciste,  il  s'est  fait 
une  réputation  qui  a  franchi  nos  fron- 
tières. Voici  la  liste  de  ses  principales 
publications  - 

1"*  Mémoire  sur  la  vUeau  comnimt- 
quée  à  un  mobile  par  quelques  corps 
élastiques,  etc.  (Mémoire  couronné  au 
Concours  universitaire  de  1847-1848). 
Bruxelles,  Lesigne,  1849,  in-8®. 

2*"  Six  petits  volumes  de  la  Biblio- 
thèque pour  tous  :  A.  Eléments  d'al- 
gèbre; B.  id.  de  géométrie;  C.  Prin- 
cipes de  physique ;D.  Id  d'arpentage; 
F.  Principes  du  dessin  linéaire.  Paris, 
1850,  in-18^ 

Plusieurs  de  ces  petits  volumes  ont  en 
jusqu'à  six  éditious  de  40,000  exemplaires. 

5^  Mémoire  sur  VascensUm  de  Veau 
et  la  dépression  du  mercure  dans  Us 
tubes  capillaires  (Mém.  de  l'Acad.  roy. 
de  Belgique  ;  Mém.  couronnés  et  Hém. 
des  savants  étrangers,  t.  XXV). 

4"  Recherches  sur  la  chaleur  spéci- 
fique de  quelques  foetaux  à  différentes 
températures  (Ibid.,  t.  XXVII). 

5®  Rapport  sur  les  pouvoirs  édai- 
rants  du  gaz  destiné  à  l^éclairage  de  la 


strophe  «lui  l'enleva  inopinément  à  sa  famille 
et  à  ses  amis.  Comme  il  rentrait  chez  lui 
le  soir,  trompé  par  l'obscurité,  il  longea  de 
trop  près  le  bord  d'un  canal ,  en  pleine  ville 
de  Bruxelles  :  le  pied  lui  manqua...  11  fut 
imtpossible  de  lui  porter  secours. 
{ *  )  La  maison  Houget  et  Teston. 


(  *  )  On  a  beaucoup  remarqué,  à  TExposi- 
tion  universelle  de  1867  ,  les  spécimens 
d'habitations  pour  les  IravaiUeura  (cl.  93) 
exhibés  par  la  maison  flouget  et  TesUm.  — 
C'est  À  la  suite  de  l'Exposition  que  M.  Em. 
Bède  a  été  nommé  chevalier  de  l'ordre  de 
Léopold,  le  15  février  1869. 


633 


BOR 


634 


ville  de  Liège  (Bull,  administratif  de  la 
villede  Liège,  4855). 

6<»  Progranmed'nncoursde physique. 
Liège,  4855,  iD-8«. 

Cet  ouvrage  a  obtena,  en  i863,  les  bon- 
neura  d'une  seconde  édition,  revue  et  aug- 
mentée. M.  L.  Pérard,  qui  8*e8t  chargé  de 
cette  révision,  a  joint  des  planches  an  vo- 

lUBM. 

7^  JOe  Véconomie  du  conUntstible.  Pa- 
ris et  Liège,  Noblet,  i859,  un  vol. 
in-^  avec  pl.  —  2*  édition,  revue  et 
augmentée,  !bid,,  1863. 

Recueil  d'articles  publiés  d'abord  dans  la 
Revue  universelle  de  M.  de  Cuyper.  —  Cest 
roovrage  le  plus  important  qui  ait  été  écrit 
sur  la  matière  dans  ces  derniers  temps  : 
M.  Kûhbaann,  professeur  à  l'Ecole  polytech- 
nique de  Hanovre,  n'hésite  pas  k  s'exprimer 
ainsi  dans  son  Allgemeine  Moâchinenlehre, 
Le  livre  de  M.  Bède  a  été  traduit  en  allemand 
par  M.  le  D*"  Zjckwolff;  une  autre  version 
libre  a  paru  tout  récemment  (frei  ùbenetzt 
ron  Bede,  etc. 

8^  De  Véiai  actuel  de  la  physique, 
Verviers,  1859,  in-8». 

Série  d'articles  publiés  dans  les  Annale* 
de  Censeignement  public  et  réunis  en  bro* 
chnre. 

9®  Recherches  sur  la  capillarité.  ï. 
examen  des  tliéories  de  Inaction  capil- 
laire. IL  Recherches  expérimentales 
sur  Téquilibre  des  liquides  dans  les 
tubes  cylindriques  (Mém.  de  PAcad., 
deBelg.,i.X)iX). 

10°  Recherches  sur  la  liaison  entre 
les  phénomènes  de  capillarité  et  d'en- 
dosmose (Ibid.,  t.  XXXI). 

11<^  Recherches  sur  la  caiiillarité.  1. 
Equilibre  d'une  goutte  entre  deuxplans 
inclioés  Tun  sur  Tautre.  IL  Equilibre 
d'une  bulle  d'air  sur  un  plan  horizon- 
tale dans  une  masse  liquide  (/^td.,  t. 
XXXII). 

12^  Sur  la  théorie  des  machines  à 
vapeur  et  particulièrement  des  machines 
à  enveloppe  de  vapeur  (Articles  publiés 
dans  la  Revue  universelle  et  réunis  en 
brochure).  Paris  et  Liège,  1863,  iu-8''. 

15°  Sur  les  transmissions  de  mouve- 

tuent  dans  les  manufactures,  Verviers, 

1864,  in-8°. 

Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  indus^ 
trielle  de  Vervier*. 


iZ^ Recherches  sur  lacapiUarité.  Equi- 
libre des  liquides  entre  deux  plans  pa- 
rallèles et  contre  un  plan  vertical.  Ad- 
hésion d'un  disque  à  une  surface  liquide 
plane  {Mém,  de  PAc.  roy.  de  Belgique,  t. 
XXXIII). 

14°  Recherches  sur  la  capillarité. 
Equilibre  d'une  goutte  de  mercure  sur 
un  plan  horizontal  (Ihid.). 

15°  Note  sur  les  travaux  de  la  Société 
Verviéloise  pour  la  construction  de  mai- 
sons d'ouvriers.  Verviers,  1867,  in-8°. 

Extrait  du  Bulletin  de  la  Soc.  induitrielie 
de  Vervieri. 

i%^  Articles  divers,  rapports,  traduc- 
tions, etc.,  publiés  dans  la  Revue  uni-- 
verselle  de  M.  de  Cuyper,  dans  les  An- 
nales de  renseignement  public  et  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  industrielle  de 
Verviers. 


WSarnkmnm  (JeAM-HeNRI),  0.  #,  Uè 

à  Saint-Trond,  le  17  novembre  1801,  a 
été  déclaré  sur  sa  demande ,  par  arrêté 
royal  du  17  août  1865,  professeur  èroè- 
rite  de  l'Université  de  Liège,  après 
avoir  fourni ,  dans  l'enseignement  moyen 
et  surtout  dans  renseignement  supé- 
rieur, une  longue  et  laborieuse  carrière. 
Il  n'avait  pas  encore  17  ans,  quand  la 
direction  du  petit  Séminaire  de  Liège 
lui  confia  des  cours  de  poésie  et  de  rhé- 
torique. Il  resta  dans  cet  établissement 
Jusqu'en  1821 ,  puis  accepta  au  Col- 
lège de  la  même  ville  une  place  de  pro- 
fesseur suppléant  (charge  en  même 
temps  d'une  partie  de  la  surveillance)  : 
fonctions  modestes,  mais  qui  lui  ren- 
dirent sa  liberté  et  lui  permirent  de 
continuer  ses  études  philologiques  sous 
Fuss  etGali.  La  question  mise  au  con- 
cours en  1821,  probablement  par  l'in- 
fluence du  premier  de  ces  deux  profes- 
seurs (v.  l'art.  Fuss),  étant  restée  sans 
réponse,  la  Faculté  des  lettres  Jugea 
convenable  de  la  reproduire  l'année 
suivante.  Il  s'agissait  d'écrire  une  dis- 
sertation sur  l'emploi  du  latin  comme 
langue  littéraire  chez  les  modernes,  et 
d'établir  un  parallèle  entre  le  grand 
poète  de  Vénouse  et  le  jésuite  polonais 
Sarbiewslii  ou  Sarbievius^  exalté  par 
Grotius  en  ces  termes  :  Uoraiium  as 


63B 


BOR 


636 


8eeutu$  e»t ,  imô  altqtumd»  tuperavit  (  '  ). 
Celte  fois  deax  concorrents  se  présen- 
tèrent, et  la  lotte  fut  anssl  brillante 
qD*OQ    pouvait  l'espérer  :  tous  deux 
furent  couronnés  (*),  et  Ton  put  pré- 
voir dès  lors  à  quel  rang  s'élèverait  un 
Jour  M.  Bormans  parmi  les  philologues 
belges.  Cependant  il  s'agissait  pour  lui, 
avant  tout,  de  se  créer  une  position 
moins  ingrate  que  celle  à  laquelle  il 
s'était  provisoirement  résigné.  Il  obtint, 
en  1825,  le  titre  de  professeur  de  troi- 
sième au  Collège  de  St-Trond  ;  succes- 
sivement il  passa  en  seconde  et  en  rhé- 
torique; en  4854,  il  était  principal  de 
l'établissement.  La  chaire  de  poésie  et 
de  rhétorique  s'étant  trouvée  vacante 
celte  année  même  à  Hasselt,  ainsi  que 
la  direction  du  collège,  M.  Bormans 
fut  appelé  à  ces  fonctions.  Mais  l'at- 
tention du  gouvernement  était  flxée  sur 
lui  :  il  entra  dans  l'enseignement  supé- 
rieur, comme  professeur  extraordinaire 
h  la  Faculté  des  lettres  de  Gand,  lors 
de  la  réorganisation  des  Universités  de 
l'Etat.  Son  séjour  en  Flandre  ne  dépassa 
pas  deux  ans;  mais  il  y  noua  des  rela- 
tions durables,  et  l'on  peut  dire  que 
l'influence  du  milieu  où  il  vécut  à  Gand 
fut  considérable,  au  point  de  vue  de  la 
direction  de  ses  études  ultérieures.  Son 
goût  prononcé  pour  la  philologie  ger- 
manique se  développa,  se  fortifia  gra- 
duellement ,  sans  nuire  à  ses  travaux 
sur  les  auteurs  anciens.  En  1857,  M. 
Bormans  passa  k  l'Université  de  Liège, 
où  il  ne  tarda  pas2i  être  promu  à  l'ordi- 
nartat.  M.  Bormansaétè,avec  MM.Bor- 
gnetetBurggraff,  le  principal  promoteur 
de  l'institution  des  cours  normaux  an- 
nexés à  la  Faculté  des  lettres.  Lors 
de  la  translation  de  ces  cours  à  l'Ecole 
normale  des  humanités,  il  resta  chargé 
de  l'enseignement  du  grec  et  du  latin. 


Quand  il  demanda  réméritat  pour  cause 
de  santé,  ses  cours  de  philologie  grec- 
que et  latine  à  l'Université  furent  par- 
tagés entre  MM.  Burggraff  et  Léon  de 
Closset(v.  ces  noms).  —  M.  Bormans  a 
élé  secrétaire  académique  en  1 852-55.  Il 
a  fait  partie,  sans  interruption,  du  jury 
central  créé  par  la  loi  du  27  septembre 
1855,  jusqu'à  la  suppression  de  cette  in- 
stitution. Chevalier  de  l'ordre  de  Léo- 
pold  depuis  longues  années,  il  a  été 
promu  au  grade  d'officier  par  arrêté 
royal  du  29  septembre  1864.  il  est 
membre  titulaire  de  l'Académie  royale 
de  Belgique  depuis  le  H  janvier  1847, 
et  de  la  Commission  royale  d'histoire 
depuis  que  ce  corps  est  constitué.  Il 
lait  en  outre  partie  de  la  Maatschaffpij 
voor  Nederlandsche  Letterkunde  (de 
Leyde)  ;  de  la  Société  De  Taa!  »  gansch 
het  Volk  (  de  Gand  )  ;  de  la  Société 
Met  Tyd  en  Vlyt  (de  Louvain),  de  la 
Société  liégeoise  de  littérature  wal- 
lonne, de  l'institut  archéologique  lié- 
geois, etc.  —  Les  travaux  littéraires  de 
M.  Bormans  sont  considérables  et  d'une 
extrême  importance  au  point  de  vue 
de  la  haute  critique  philologique.Nons 
en  donnons  la  liste  exacte  et  détaillée. 

A.  Ouvrages  non  publiés  par  r Acadé- 
mie royale  de  Belgique, 

1«  Dissertation  sur  Vemploi  du  latin 
comme  langue  littéraire  chez  les  moder- 
nes^ etc.  (v.  ci-dessus).  Mémoire  cou- 
ronné (Ann.acad,  Leod,  1822-25,  in-4°). 

2<^  Notœ  in  Reinardum  vulpem,  ex 
edit.  Fr.  Mone.  Gand,  1855-56,  4  fas- 
cicules in-8^. 

5»  Prodromus  animadversionum  ad 
Sest.  Aurelii  PropertiiElegiarum  libros 
IVf  et  novœ  simul  editionis  spécimen. 
Lovanii,  1856,  in-8». 

On  peut  juger  par  ce  travail  des  services 


(*  )  La  question  était  ainsi  posée  :  »  Quum 
9  inler  recentiores  poetas  latinos  vel  insi- 
»  gniler  olim,  sive  arie ,  sive  dictione,  sive 
»  utr&que  celebrari  nunc  vulgô  ab  indoctis 
>  juxtà  doctisque  negligantur  et  coniem- 
»  nantur,  quumque  intcr  Jyricos  ità  emineat 
»  Sarbievius,  ut  critici  Horatium  ab  eo  equa- 
»  tum  lyric  poesi,  nonnulli  superatum  cen- 
»  suerini  :  posUilatur  commentalio.  In  quft, 
»  pr>enil88&  de  neglectse  neolatins  poeseos 
»  causis,  deque  cyus  sive  juste ,  sive  imme- 


»  rito  contemtu  disputatione,  in  alterft  parle, 
»  quatenùs  Sarbievius  Horatium  dictione  et 
»  poetic&  facttUate  vel  sequaverit ,  vel  supe- 
»  raverit,  instiUitft,  et  uni  verse,  et  carminam 
»  aliquot  comparatlone,  dijudlcetur.  » 

(*J  Le  concurrent  de  M.  Bormans  ét^it 
M.  Gorneil  Star  Numan,  de  Sappemer ,  étu- 
diant à  rCniversité  d'Utrech.— Les  deux  Hé- 
moires ont  été  publiés  dans  les  Annales  de 
eUniversité  de  Liège,  année  18S2-i823, 
in-4«. 


C37 


BOR 


638 


que  M.  Bormans  aurait  rendus  à  la  philologie 
ancienne,  ai  I*élude  approfondie  des  roona- 
ments  littéraires  de  son  pays  n'avait  graduel- 
lement réclamé  la  meilleure  part  de  son 
activité. 

A*^  Verslag  over  de  verhandelingen 
ingck&men  by  ket  staetêbestuer  van  Bel- 
giëy  ten  gevolge  der  taelkundiae  prys- 
vraeg  voorgesteld  by  koninglyk  besluit 
van  den  6  geptember  i856.  Gand,  1841, 
un  vol.  de  640  p.  in-8«. 

Ouvrage  capital  pour  la  langue  flamande, 
qui  lui  doit  d'avoir  enfin  pu  fixer  son  ortho- 
graphe d'une  manière  rationnelle  et  établir 
les  règles  de  sa  gramoiaire.  Jusque  là  tout 
était  anarchie;  l'arbitraire  avait  engendré 
l'absurde.  Le  livre  de  M.  Bormans  était  écrit 
comme  on  n'avait  pas  encore  su  écrire  de 
nos  jours  en  flamand  ;  l'antique  idiome  na- 
tional, purifié  de  tout  alliage,  retrouvait  son 
cachet  propre,  sa  régularité  et  son  cachet 
original  tout  ensemble.  L'auteur  jouit  désor- 
mais d'une  autorité  prépondérante  auprès  des 
connaisseurs  ;  le  Verslag  peut  être  rogardé, 
au  point  de  vue  philologique,  comme  le  point 
de  départ  de  la  renaissance  flamande. 

5*^  Leven  van  sinte  Christina  de  Won- 
derbare^  in  oud-dietsche  rymen,  naer  een 
parkementen  hs.  uU  de  XI V  eeuw,  met 
inleiding,  aentekeningen  en  andere  aen- 
hangseU  (met  fac-similé).  Gand,  i850, 
in-8»  et  iiH4<'  (LXXI  p.  dlntroduction, 
Ll  feuillets  de  texte  en  caract.  goth.  et 
591  p.  de  notes). 

Les  notes  de  cette  importante  publication, 
faite  directement  sur  le  manuscrit  auto- 
graphe de  l'auteur ,  discotent  et  établissent 
toutes  les  principales  règles  de  l'ancienne 
grammaire  et  de  la  métrique  thioises.  C'est 
un  véritable  répertoire  grammatical  et  philo- 
logique. 

6^  Het  leven  van  sinte  Lutgardis, 
Amsterdam,  1857,  in-8^. 

Ce  poème,  d'environ  «3,000  vers,  est  du 
même  auteur  que  la  Légende  de  S^M^hristine. 
L'édition  qu'en  a  donnée  M.  Bormans  est 
accompagnée,  comme  la  précédente,  de  fac- 
similé^  d'une  introduction  et  de  notes  gram- 
maticales, linguistiques  et  esthétiques,  mais 
moins  développées. 

7'  Sinte  Servatius  légende  van  Ueyn- 
rijk  van  Veldeken,  publ.  diaprés  un  ms. 


du  XV*  $iècle,avec  introduction  etnotes. 
Maestricbt,  1858,  in-S  (gotii.). 

Autre  publication  d'un  haut  intérêt  philo- 
logique et  littéraire  (  '  ) — Van  Veldeken  est  le 
plus  ancien  poète  thiois  connu  dont  il  nous 
soit  resté  des  écrits.  Il  florissait  vers  4170. 
Tous  ses  autres  ouvrages  ayant  été  refondus 
en  haut-allemand,  et  son  St-Servais  étant 
resté  perdu  depuis  1463,  l'Allemagne  l'a 
revendiqué  comme  sien  et  l'a  considéré  comme 
le  maître  de  ses  Minnesinger,  et  comme  le 
fondateur  de  sa  langue  et  de  sa  versification. 
Cependant  la  présence  d'un  grand  nombre  de 
formes  bas-allemandes,  dans  la  poésie  de  Van 
Veldeken,  a  fait  surgir  des  doutes  sur  sa  na- 
tionalité. M.  Bormans  prouve  péremptoire- 
ment qu'il  était  Limbourgeois ,  Lossain  ;  la 
découverte  de  son  St-Servais  thiois,  dédié  à 
une  comtesse  de  Looz,  suffirait  à  eUe  seule 
pour  le  démontrer.  Veldeken  nous  appartient 
k  tous  les  points  de  vue. 

8^  La  Chanson  de  Wmcevaux,  Frag- 
ments d*anciennes  rédactions  thioises , 
^yec  fac-similé  f  Introduction  et  notes. 
Bruxelles,  Hayez,  1864,  in-8<'. 

Les  Commentaires  de  M.  Bormans  ont 
porté  ombrage  à  M.  Gaston  Paris,  qui  ne 
pouvait  laisser  de  côté,  dans  son  Histoire 
poétique  de  Charlemagne,  certaines  ques- 
tions traitées  par  le  savant  belge.  Il  paraît 
avéré  que,  malgré  la  date  inscrite  au  fronti- 
spice de  ce  livre,  il  n'a  été  mis  en  vente 
qu'après  celui  de  M.  Bormans. 

9^  Lettre  à  M.Ch.  Grandgagnagesur 
les  éléments  thiois  de  la  langue  wallonne, 
Liège,  1856,  in-8«  (Extr.  du  Bulletin 
de  rinstitut  archéologique  liégeois). 

Contient  des  observations  piquantes,  no- 
tamment en  ce  qui  concerne  les  noms  wallons 
des  outils,  presque  tous  d'origine  thioise. 

10^  Lejuryd^examen  organisé  au  point 
de  vue  désintérêts  sociaux  et  scientifiques 
et  simplifié  dans  son  exécution  (anonyme). 
Gand,  1849,  in-8^ 

L'auteur  veut  soustraire  le  jury  k  toute 
influence  politique.  Il  propose  la  création 
d'un  Conseil  supérieur  d'instruction  publique 
composé  de  neuf  membres,  représentant  les 
diverses  sciences  qui  font  l'objet  de  l'ensei- 
gnement universitaire.  Le  ministre  ferait  les 
premières  nominations  ;  dans  la  suite ,  le 
Conseil  pourvoirait  lui-même  à  son  recrute- 
ment. Les  conseillers  seraient  inamovibles. 


(  *  )  Le  travail  de  M.  Bormans  a  paru  d'à  •      gique  de  Maesiricht  (1857). 
iiord  dans  les  Annales  de  la  Soc,  utchéolo- 


639 


BOR 


640 


ItB  foranitertienk  une  double  série  de  ques- 
tions :  questions  principsles,  pour  les  épreu* 
vas  par  écrit  ;  questions  secondaires,  pour 
les  épreuves  orales.  Elles  seraient  publiées 
une  fois  pour  toutes,  sauf  les  modifications 
que  Texpérience  ferait  reconnaître  néces- 
saires. L*examen  serait  fait  par  des  profes- 
seurs des  Universités,  sous  la  direction  du 
(Conseil.  Les  présidents  de  section,  membres 
du  Conseil,  auraient  le  droit  de  veto  ou  de 
suspension,  dans  le  cas  où  ils  ne  pourraient 
approuver  immédiatement  le  vote  des  exami- 
nateurs. 

il''  Différents  articles  de  littérature 
et  de  critique,  publiés  dans  le  Messager 
des  arts  et  des  sciences  (Gand,  i855); 
dans  le  Belgiseh  Muséum  (Gand,  1856, 
17<57  et  i846),  dans  le  Middeîaer  (Lou- 
vain,18iO-i843;St-Trond,1844-18i6), 
et  dans  le  Moniteur  de  renseignement 
(â"  série,  t.  Il  :  sur  Tinterprétation  du 
vers  44  de  VÊpttre  aux  Pisons). 

B.  Bulletin  de  V Académie  royale  de 
Belgique, 

i^*"  Rapport  sur  le  Mémoire  de  M. 
Baguel intitulé  :  Notice  sur  André Sckott 
(t.  XY,  <848). 

Sur  la  vie  et  les  travaux  de  Baguet,  v.  une 
nAtice  de  M.  Laforèt,  recteur  de  TUniversité 
catholique  de  Louvain,  dans  VAnnuaire  de 
cette  Université  (année  4868-1869). 

15^  Sur  la  cinquième  églogue  de  Vir- 
gile (t.  XVII,  1850). 

L'auteur  démontre  que  le  dialogue  est  mal 
coupé  dans  toutes  les  éditions  modernes. 

14°  iVo(e  concernant  une  transposition 
de  quatre  vers  dans  i'exorde  du  poème 
de  Lucrèce:  ùe  la  nature  des  choses  (t. 
XVUI,  1851). 

15*  Rapport  sur  deux  Mémoires  en- 
voyés au  concours  de  1851.  en  réponse 
à  la  question  suivante  :  Faire  un  travail 
sur  Démétrius  de  Phalère  (Ibid.). 

La  palme  a  été  décernée  à  MM.  S.-J.  Le- 
grand  (*)  et  à  F.  Tycbon  (*),  élèves  de 
rCniversité  de  Liège  (Afém.  cour,  de  l'Acad.f 
t.  XXV). 

16®  Thomas  de  Cantimpré^  indiqué 
comme  une  des  sources  où  Albert-le- 


Grand  et  surtout  Maerlant  ont  puisé  les 
matériaux  de  leurs  écrits  sur  rbistoire 
naturelle  (t.  XIX,  1852). 

17«  Rapport  sur  une  Notice  de  M.Ch. 
de  ChènedoUé,  relative  à  une  correction 
proposée  pour  le  vs.  43  de  VEpUre  aus 
Pisons  (Ibid.). 

V.  ci-dessus,  col.  108. 

18®  Rapport  sur  trois  Mémoires  en- 
voyés au  concours  de  1853,  en  réponse 
à  la  question  suivante  :  rEl4>ge  de  Go- 
defroid  de  BouUlon  (t.  XX,  1853). 

19®  Notice  sur  TRpitre  latine  de  M. 
le  professeur  Fuss  intitnlf^e  :  Bantis  di- 
vines cùmœdiœ  poetica  virtus  (Ibid.). 

V.  ci-dessus,  col.  319  et  330. 

20®  Collation  et  restitutûm  des  175 
premiers  vers  de  VMtna  de  LucUius  ju- 
nior, d*après  un  fragment  ms.  du  X\* 
siècle  (t.  XXI,  n®  8). 

Travail  critique  d'une  baiite  importance, 
le  texte  de  ce  poète  étant  le  pins  corrompu 
de  tous  ceux  que  l'antiquité  nous  a  légués. 

21o  Rapport  sur  dix  très-anciens 
fragments  des  Origines  ou  Etymologies 
dlsidore  de  Séville  (t.  XXII,  n®  1). 

M.  Bormans  établit  que  la  distribution  des 
livres  et  des  chapitres  de  cet  ouvrage  est 
fautive  et  même  absurde,  dans  tous  les  textes 
imprimés  depuis  le  XV«  siècle  jusqu'à  ce 
jour. 

22®  Notice  sur  deux  fragments  de  tra- 
ductions thioises  du  Roman  de  la  Rose 
(t.  XXII,n«1). 

Il  résulte  de  ces  fragments  qu'il  a  existé 
deux  anciennes  versions  thioises  du  Roman 
de  la  Rose,  et  que  l'auteur  de  l'une  d'elles  est 
Hein  van  Aken,  de  Bruxelles,  connu  d'ail- 
leurs par  d'autres  poésies.  Il  florissait  vers 
1315. 

23®  Note  annonçant  la  découverte  de 
la  Légende  de  St-Servais,  de  Henri  de 
Veldcken,  en  vers  thioîs;  et  d'un  frag- 
ment de  720  vers  d'une  ancienne  ver- 
sion thioise  du  Perceval  de  ChresUen 
de  Troyes  (t.  XXIV,  n®  4). 

24»  Fragments  d'une  ancienne  persion 


(  *  )  Aujourd'hui  professeur  de  rhétorique 
latine  à  l'Athénée  royal  do  Liège. 

{")  M.  Tycbon  a  obtenu  plus  Urd  (1866) 
un  nouveau  succès  au  concours  de  la  Société 


d'Émulation  de  notre  ville,  pour  son  Histoire 
du  pays  de  Liège  racontée  aux  enfants  {Mém. 
de  la  Soc,  d'Émulation,  t.  III,  et  aussi  à  part, 
Liège,  1866,  un  vol.  in-8«). 


641 


DEL 


642 


thûnse  de  la  Geste  d'Aiol  (avec  fac-si- 
mile),  suivis  d'un  extrait  du  texte  inédit 
du  poème  français  et  d'annotations  (2« 
série,  t.  X,  n*  4). 

C.  Bulletins  de  la  Commission  royale 
d'histoire, 

25*  Communication  d'un  tneux  frag- 
ment d'un  poème  morale  en  français,  du 
XIIl«  siècle  (T.  III,  i"  série). 

26*"  Notice  sur  deux  Mss.,  dont  un  de 
XI«  siècle,  1"  partie  (Traité  inédit  de 
physîognomonie.— Poésies  latines  iné- 
dites d'un  certain  Gaultier,  adressées  à 
Marbode,  évêque  de  Rennes,  mort  en 
1125).  (T.  IV,  ibid.). 

27*  JVo/e«»r  latranscriptiond'un  frag- 
ment de  diplôme  de  Vépoque  mérovin- 
gienne  (Ibid.)* 

^"^  Notice  sur  unmanuscrit de  Thomas 
à  Kempis,  appartenant  au  Séminaire  de 
Liège  (T.  X,  ibid.). 

29*  Notice  concernant  le  second  livre 
de  la  vie  de  Sl-Héribert^  archevêque  de 
Cologne,  par  Lambert  de  Liège,  moine 
de  Deutz  (Tuitia).  (T.  XIII,  ibid.). 

30®  Fragment  d'un  ancien  roman  du 
cycle  de  Charlemagne,  en  vers  thiois, 
avec  introduction  et  notes  (T.XIY,ibid.). 

Aassi  publié  k  part  en  un  vol.  in-S^,  sous 
ce  titre  :  La  Chanson  de  Roncevaux  (Brux., 
Rayez,  4864).  V.  ci- dessus,  n»  8. 

31  •  Second  livre  de  la  vie  de  St-Hén- 
bert,  d'après  un  Ms.  du  XP  siècle  (T. 
XVI,  ibid.). 

32»  Rapport  sur  quelques  fragments 
d'anciens  manuscrits  latins,  thiois  et 
français  (t.  VI,n»1,2«série  du  Compte 
rendu). 

Ces  fragments  sont  au  nombre  de  seize, 
dont  plusii^urs  très-importants.  On  doit  citer 
en  premier  lieu  un  feuillet  et  une  parcelle, 
zo  et  v<^,  in-folio  maximo,  à  quatre  colonnes 
de  56  lignes  chacane,  ayant  appartenu  à  un 
glossaire  latin  de  la  fin  du  X«  siècle  ou  du 
commencement  du  Xl«,  avec  une  dizaine  de 
vieilles  gloses  tudesques.  Dans  le  commen- 
taire qii*il  y  a  joint,  M.  Bormans  l'a  comparé 
d'un  bout  à  l'autre  avec<0M«  les  anciens  glos- 
saires existants,  y  compris  ceux  qu'a  publiés 
Ange  Mai.  Les  autres  fragments  contiennent 
an  long  morceau  du  roman  du  St-Graal,  un 
certain  nombre  de  vers  de  la  chronique  thioise 
de  MelîM  Stoke,  offrant  de  bonnes  variantes, 
d'autres  vers  thiois  du  Dietiche  Doctrinaet 
de  Jan  Boendale  (de  Klerk),  etc. 


33^  Noticeconcemant  rinstitutUmdes 
Rogations  et  certaines  o/frandes  publiques 
(Bancruces,  mailles  ou  oboles  de  St- 
Pierre,  etc.),  d'après  un  ancien  Ms.  de 
Namur  (t.  VIII,  n°  2). 

D.— -  M.  Bormans  est  chargé,  par  la 
Commission  royale  d" histoire,  ûe  publier 
le  t.  III  des  Brabantsclie  Yeesten,  of 
Rymkronyk  van  Brabant,  door  Jan  de 
Klerk  van  Antwerpen  (Les  deux  pre- 
miers volumes  de  cette  précieuse  chro- 
nique ont  paru  en  1839  et  en  1843, 
édités  par  feu  J.-F.  Wlllems,  in-i»). 

E.— Observations  critiques  sur  le  texte 
du  Roman  de  Cléomadès,  par  Adénès  Li 
Rois.  Liège,  1867,  un  vol.  in-8^ 

Examen  approfondi  de  l'édition  de  Cleo- 
madàs  publiée  par  M.  A.  Van  Hasselt.  Ce 
travail  avait  été  communiqué  à  l'Académie 
royale  de  Belgique  ;  mais  des  raisons  parti- 
culières ont  déterminé  l'auteur  à  le  faire  im- 
primer directement. 

DolvnusL  do  FcnOV»  (AdOLPHE),  flls 

de  Jean-Cbarles-Philippe-Josepb(v  ce 
nom),  naquit  à  Liège  le  30  Juillet  1815, 
fit  ses  éludes  au  Collège  et  à  ITniver- 
sité  de  cette  ville,  subit  le  24  avril 
1838  l'examen  de  candidat  en  sciences, 
suivit  ensuite  les  cours  des  écoles  spé- 
ciales et  reçut  lediplôme  de  sous-ingé- 
nieur honoraire  des  mines  le  26  mars 
1842.  A  cette  époque,  l'industrie  mé- 
tallurgique traversait  une  période  de 
crise  en  Allemagne.  On  y  ressentait  le 
contre-coup  de  la  fièvre  de  production 
qui  avait  également  sévi  en  Belgique, 
de  1835  à  1839;  en  1842,  la  concur- 
rence anglaise  avait  forcé  les  maîtres 
de  forges  à  réduire  considérablement 
leurs  prix  ;  or,  malgré  les  vives  récla- 
mations qui  s'étaient  élevées  de  toutes 
parts,  deux  Congrès  douaniers  réunis, 
le  premier  à  Stuttgart  en  août  1842, 
le  second  k  Beriin  en  septembre  1843, 
décidèrent  le  maintien,  jusqu'en  1845, 
du  tarif  établi  par  le  Zollverein  en  1837. 
La  question  méritait  d'être  étudiée  de 
près;  elle  intéressait  nos  industriels 
comme  leurs  voisins  d'Outre  -  Rhin. 
Al.  Delvaux  alla  faire  un  long  séjour 
dans  les  principaux  districts  métallur- 
giques de  l'Allemagne  et  surtout  de  la 
Haute-Silésie ,  entreprit  une  enquête 
minutieuse  de  la  situation,  calcula  le 

26 


643 


DEL 


644 


prix  de  revient  de  la  fonte  dans  ce  der- 
nier pays,  recueillit  toutes  les  données 
du  problème,  se  demanda,  en  établis- 
sant des  comparaisons  entre  les  hauts- 
fourneaux  de  la  Pnisse  et  ceux  de  la 
Belgique,  de  quels  perfectionnements 
le  travail  de  ces  établissements  était 
susceptible  sur  le  théâtre  de  la  crise, 
et  consigna  enfin  le  résultat  de  ses  ob- 
servations dans  un  volume  qu'il  publia 
en  4844  à  Liège,  et  qui  attira  Tatten- 
tion  sur  le  jeune  ingénieur.  Les  con- 
clusions de  M.  Delvaux  étaient  for- 
melles .-après  mûr  examen,  il  se  rangeait 
à  ravis  des  Congrès  douaniers,  c'est-à- 
dire  considérait  le  système  de  protec- 
tion réclamé  par  les  intéressés  comme 
devant  exercer,  s'il  était  rétabli,  une 
influence  pernicieuse  dont  ils  seraient 
les  premiers  à  se  repentir  plus  tard. 
La  véri  table  solution , selon  lui ,  était  dans 
Tamélioration  des  procédés  techniques  : 
par  là  seulement,  il  y  aurait  possibilité 
de  soutenir  la  concurrence  anglaise,  et 
cette  possibilité  ne  pouvait  être  révo- 
quée en  doute.  Nous  n'avons  pas  à  con- 
stater ici  quel  chemin  ont  fait  ces  idées 
depuis  un  quart  de  siècle  ;  notons  seu- 
lement que  l'ouvrage  de  M.  Delvaux 
SurVindustric  du  fer  en  Prusse  lui  valut, 
le  25  octobre  4845,  le  titre  d*agrégé  à 
la  Faculté  des  sciences  de  l'Université 
de  Liège.  En  octobre  485G,  après  la 
mort  de  Lesoinne  (v.  ce  nom),  il  fut 
chargé  par  intérim  du  cours  de  métal- 
lurgie ;  un  arrêté  royal  du  â4  septembre 
de  Tannée  suivante  le  lui  conûa  défini- 
tivement. Il  en  resta  titulaire  jusqu'au 
28  mars  1864,  date  de  sa  retraite  du 
professorat.  Il  n'a  fait  d'ailleurs  que 
changer  de  fonctions  ;  l'arrêté  qui  le  dé- 
charge du  cours  de  métallurgie  le  nom- 
me consenateur  des  collections  des 
Ecoles  spéciales  et  conservateur  de  la 
Bibliothèque.  Les  collections  soumises 
à  la  garde  de  M.  Delvaux  ont  été  nota- 
blement enrichies  par  ses  dons  ;  c'est 
un  autre  fruit  de  ses  voyages  scienti- 
fiques en  Allemagne,  pendant  les  années 
4840-4844  et  4842-4843.  M.  Delvaux 
a  publié  nombre  de  mémoires  et  de  no- 
tices sur  des  questions  industrielles  : 

4*  De  la  situatiin  de  Vindustrie  du 
fer  en  Prusse  (Haute-Silésie),  ou  3fé- 
moire  sur  les  usines  à  fer  de  ce  pays 


et  sur  k  crise  actuelk,  par  A.  Delvaux 
de  Fenffe,  ingénieur  civil  des  mines. 
Liège,  Oudart,  4844,  in-8». 

2^  Mémoire  sur  les  machines  employées 
à  monter  et  à  descendre  le^  ouvriers  rf« 
mines  (Ann.  des  travaux  publics,  t.  ÏV). 

S^"  Du  travail  du  fer  au  moyen  des 
gaz  produit  par  les  combustibles  de  peu 
de  valeur  (Ibid.). 

V.  la  Revue  de  Liège,  1. 1,  p.  405  et  sniv. 
(art.  de  M.  J.  Gillon). 

4»  Modifications  de  M.  Truran  dans 
la  construction  et  la  soufflerie  des  hauts- 
fourneaux  (Revue  universelle  de  M.  de 
Cuyper,  t.  I). 

5'  Fabrication  de  V acier  puddlé  en 
Allemagne  (Ibid.) 

6**  Notice  sur  les  monte-charge  em- 
ployés dans  les  usines  métallurgiques 
(Ibid  ). 

7<»  Carbonisation  de  la  houille  dans 
des  fours  inclinés  (Ibid.). 

8^  Appareils  pour  le  chauffage  au  gaz 
dans  la  verrerie  de  Tscheitsch  en  Mora- 
vie (Ibid.,  t.  II). 

9**  Statistique  minérale  de  la  Prusse 
en  4856  (Ib.,  t.  II). 

40"^  Statistique  minérale  et  métallur- 
gique de  la  Bavière  (Ibid.). 

41»  Id,  de  r Angleterre  (Ib.,  t.  III). 

42°  Sur  remploi  des  gaz  des  hauts- 
fourneaux  et  des  fours  à  coke  (Ib.,  t. 
llïetïV). 

43<*  Emploi  de  la  chaux  vive  dans  les 
fiautS'fourneaux  (Ib.,  t.  11). 

44**  Préparation  mécanique  des  mi- 
nerais à  la  mine  d'Himmelfahrt,  près 
de  Freyberg  (Ib.,  t.  III  et  IV). 

45**  Emploi  des  fourneaux  à  poitrine 
fermée  {Ws,,  t.  IVJ. 

46o  Table  continue  à  secousse  (Ibid.). 

47^  Cuvelage  en  fonte  en  Westphalie 
(Ib.,  t.  ÏV  et  V). 

48^  Ventilateurs  pour  les  mines  (Ib., 
t.  V). 

49°  Des  Fahrkunst  et  de  leurs  avan- 
tages pour  les  propriétaires  de  mines  et 
pour  leurs  ouvriers  (Ib.  t.  V,  2  art.). 

20<^  De  remploi  du  procédé  Bessemer 
pour  la  fabrication  de  racier  (Ib.,  l.  VI), 


64S 


DUP 


646 


21*  Pur^cation  de  Vétain  et  emploi 
du  Tungstène  pour  Vamélioration  de 
racier  et  de  la  fonte  du  fer  (Ib.,  l.  Vïï). 

22**  De  la  fabrication  et  des  usages 
de  ralundnium  et  de  ses  alliages  (\b\d,). 

23«  Notice  sur  le  Fahrkunst  de  M, 
Hanrez,sumeùe  quelques  considéra- 
tions sur  l'emploi  des  Man  Engines  en 
Angleterre  (i8C0). 

24^  Notices  diverses,  dans  la  même  Re- 
vue :  Sur  la  forme  et  la  théorie  des  hauts- 
fourneaux  ;  Perfectionnements  dans  le 
travail  du  cuivre;  Fabrication  des  rails 
en  Autriche;  Bandages  en  fer  et  en 
acier  pour  les  chemins  de  fer  ;  Analyse 
du  puddlage  ;  Composition  des  diverses 
espèces  de  fer  cru,  etc. —  Analyses  et 
extraits  de  Mémoires  publiés  en  Alle- 
magne, etc-,  sur  di^s  questions  de  mé- 
tallurgie et  dVxploitation  des  mines. 


Dupont  (Evrard),  0.  ^,  né  à  Liège 
le  \^  avril  1799,  fit  ses  humanités  au 
Collège  de  cette  ville  et  entra  à  TUni- 
versité  Tannée  même  où  cet  établisse- 
ment fut  fondé.  11  y  conquit  successive- 
ment les  diplômes  de  candidat  en  lettres 
et  de  candidat  en  droit.  En  4820-1821, 
la  Faculté  de  droit  mit  au  concours  la 
question  suivante  :  a  Cum  genuini  Ins- 
»  titutionnm  Gaji  jurisconsulti  commen- 
»  tarii  jàm  vulgati  sint  ;  disquiratur , 
»  quasnam  debeamus  huic  operi  circà 
f>  jus  actionum  et  circà  rationem  proce- 
»  dendi  in  causis  privatis  apud  Romanos 
0  notitias  hactenùs  desideratas  ;  quse 
ninquisitio  ità  inslituatur,  ut  judicio- 
n  mm  privatorum  ordo  historicè  illus- 
n  tretur,  Judicetur  deniquè  in  quantum 
»  in  hâc  juris  parte  G^um  secutus  sit, 
n  vel  ab  eo  recesserit  in  suis  Institutio- 
»  nibus  componendis  Justinianus.  »  Le 


siyet  était  difficile;  M.  Dupont  voulut 
néanmoins  essayer  ses  forces  et  obtint 
un  brillant  succùs.  Son  Mémoire  cou- 
ronné est  le  premier  travail  qui  ait  été 
entrepris  sur  le  quatrième  livre  des 
Commentaires  de  Gajus,  où  il  est  traité 
des  actions,  Tune  des  matières  les  plus 
intéressantes  et  le  moins  connues  jus- 
qu'alors du  droit  romain.  Les  journaux 
scientifiques  ,  nationaux  et  étrangers, 
firent  Téloge  du  jeune  lauréat  (*);  les 
auteurs  de  Tèpoque  qui  s'occupèrent 
des  actions  en  droit  romain  ne  man- 
quèrent pas  de  mettre  son  ouvrage  à 
profit  (*).  A  cette  publication  succéda 
bientôt  une  dissertation  inaugurale  sur 
\ai  prescription,  qui  non  seulement  valut 
à  M.  Dupont,  le  10  avril  1823,  le  litre 
de  docteur  en  droit,  mais  fixa  Tattention 
des  jurisconsultes,  à  raison  du  parti  que 
l'auteur  avait  su  tirer  de  la  théorie  de 
Savigny,  en  l'appliquant  au  droit  mo- 
derne (■).  —  M.  Dupont  prêta  ensuite 
serment  comme  avocat  ;  mais  avant  de  se 
livrer  à  la  pratique  des  affaires,  il  crut 
utile,  pour  développer  encore  ses  con- 
naissances scientifiques,  devîsiter  quel- 
ques Universités  étrangères,  et  consacra 
une  année  entière  à  aller  entendre  suc- 
cessivement les  professeurs  les  plus 
éniinents  k  Ulrecht,  à  Gœttingue  et  à 
Paris.  De  retour  à  Liège,  il  débuta  au 
barreau,  et  déjà  il  se  sentait  attiré  vers 
cette  carrière  par  les  encouragements 
qu'il  y  recevait,  lorsqu'une  circonstance 
extraordinaire  vint  donner  unedirection 
nouvelle  à  ses  idées.  Par  suite  d'une 
maladie  grave  du  professeur  de  droit 
romain ,  le  cours  des  Institutes  était 
suspendu  depuis  plusieurs  mois  à  l'Uni- 
versité de  Liège.  Pourparcrà  cet  incon- 
vénient, la  Faculté,  autorisée  par  le 
Collège  des  curateurs,  proposa  à  M. 
Dupont  de  faire  l'intérim  des  leçons 


(*)  Hermès,  t.  XXV,  p.  308  et  suiv.  Sur 
la  restJtutiuD  dequelqucs  passages  corrompus 
du  IV»  livre  de  Gigus  {Themis,  vol.  VI,  p. 
86;  cf.  vol.  IV,  p.  451).  —  Bibliothèque  du 
jurisGonsDlte,  vol.  I,  p.  99,  et  vol.  IL  p.  266 
et  suiv.  —  Jenaiêche  allgem  Literatur-Zei- 
lung,  1825,  n»  147.  —  Bijdragen  lot  rechtn- 
geieerheid  en  Wetgeving,  t.  I,  p.  288.  — 
Hixtorical  noticei  of  the  Roman  Imo  and  of 
ihe  récent  progrese  ofits  study  in  Germany, 
by  John  Reddie,  i.  U.  D..  Edinburgh,  1826. 


(  ^  '.  Mackeldey,  Lehrbuchder  Inttitutionen, 
1823,  p.  56.  —  DupÎQ,  Prof,  d'avocat,  1832, 
t.  II,  no  525  et  sniv.  —  Thibaut,  Geschichte 
der  Institutionen,  1842,  p.  352.  —  Mûhlcn- 
bruch,  Lehrbuchder Pandekien^  ëd.  de  1844. 
l.  I,  p.  309.  —  Vangepow,  Lehrbuch  der 
Pandekien,  4851,  p.  4,  n»  L 

(  '  )  Warokœoig,  Commentarii juris  romani, 
t.  I,  p.  298.  —  Hauboldt,  tnstitutiones  histo- 
riœjuridicœ,  1826,  p.  499.  —  Thémis,  vol. 
VI,  p.  104. 


647 


DUP 


648 


d*Instilutes  et  d'ouvrir  un  cours  de  ré- 
pétitions générales  sur  le  droit  romain. 
Il  accepta  cette  mission,  qui  se  prolon- 
gea pendant  deux  ans  environ,  à  cause 
des  rectiutes  longues  et  fréquentes  de 
rindisposition  dont  souffrait  Warnkœnig 
(v.  c«  nom).  En  même  temps,  pour  se 
rendre  utile  autant  que  possible  et  pour 
satisfaire  au  désir  de  ses  professeurs, 
il  faisait  un  cours  élémentaire  de  lé- 
gislation commerciale  à  Tlnstilut  dirigé 
par  M.  Cbariier,  établissement  où  se 
trouvaientréunis,  comme  pensionnaires, 
un  nombre  déterminé  de  jeunes  gens 
appartenant  aux  premières  maisons  de 
banque  et  de  commerce  de  la  Belgique 
et  des  pays  étrangers  (*). 

En  1826,  le  gouvernement,  sur  la 
demande  officielle  de  la  Faculté,  qui 
désirait  attacher  définitivement  M.  Du- 
pont à  rUniversité,  le  cbargea,  en  qua- 
lité de  lecteur,  du  cours  d'histoire  du 
droit,  cours  annuel  dont  Warnkœnig, 
pour  motifs  de  santé,  avaitdû  se  borner 
jusqu'alors  à  esquisser  rapidement  une 
partie  (rhistoire  externe),  sous  forme 
d'introduction  à  son  cours  des  Institutes. 
En  même  temps  ses  collègues,  pour 
compléter  l'enseignement  de  la  Faculté, 
l'engagèrent  à  faire  le  cours  de  procé- 
dure civile.  Enfin,  le  8  juillet  1827, 
Warnkœnig  ayant  demandé  à  passer  à 
rUniversité  de  Louvain,  M.  Dupont  fut 
nommé  pour  lui  succéder  dans  la  chaire 
de  Pandectes,  en  qualité  de  |)rofesseur 
extraordinaire,  avec  le  droit  de  siéger 
au  Sénat  et  dans  la  Faculté  (M.  Dès 
lors  il  fut  obligé  de  renoncer  au  barreau 
et  aux  leçons  qu'il  donnait  k  l'Institut 
Charlier  (*).  Ce  ne  fut  pas  sans  regret 
qu'il  se  sépara  d'un  établissement  dont 
il  avait  modifié  l'organisation  d'une  ma- 
nière avantageuse,  en  y  introduisant 
l'enseigneinentindustriel  et  en  obtenant, 
pour  les  jeunes  gens  de  la  ville,  l'auto- 
risation de  le  fréquenter  en  qualité 
d'externes.  Mais  ses  fonctions  universi- 
taires étaient  de  nature  à  l'absorber  en- 
tièrement ;  il  se  considéra  comme  mis 
en  demeure  d'opter. 

L'objet  de  ses  prédilections  était  le 


cours  d'histoire  du  droit,  qu'il  avait  créé 
à  Liège.  L'ancien  règlement  lui  laissait 
une  latitude  dont  il  se  hâta  de  profiter,  en 
faisant  entrer  dans  le  cadre  de  ses  leçons 
des  études  de  législation  comparée.  Pre- 
nant le  droit  romain  pour  base  de  ses 
recherches  historiques ,  il  aimait  à  re- 
tracer la  marche  et  les  progrès  de  l'es- 
prit humain  dans  le  dévelop|)ement  des 
idées  du  juste  et  de  l'injuste.  Il  fit  ce 
cours  jusqu'en  4857,  époque  à  laquelle 
on  crut  utile  de  le  fondre  dans  les  Ins- 
titutes, pour  simplifier  les  matières  de 
l'examen.  —  Quant  au  cours  de  pro- 
cédure civile,  la  révision  de  la  législa- 
tion étant  alors  annoncée  comme  immi- 
nente, il  se  crut  obligé,  à  raison  de 
cette  circonstance,  d'adopter  une  mé- 
thode toute  particulière.  Laissant  de 
côté  l'explication  analytique  des  arti- 
cles du  code  et  tout  ce  qui  concerne  la 
rédaction  des  formules,  il  s'attachait 
aux  grands  principes  qui  dominent  les 
formes  constitutives  de  la  procédure  et 
de  l'organisation  judiciaire,  et  en  fai- 
sait ressortir  la  valeur  et  les  défauts, 
dans  un  examen  critique  et  comparatif 
des  essais  de  codification  si  remarqua- 
bles, publiés  sur  cette  matière  en 
Suisse  et  en  Allemagne.  Grâce  à  cette 
méthode,  bien  que  le  cours  ne  fût  pas 
obligatoire,  la  plupart  des  élèves  dn 
doctorat  se  faisaient  un  devoir  d'y  as- 
sister. M.  Dupont  en  resta  chargé  jus- 
qu'à la  réorganisation  de  l'enseigne- 
ment supérieur,  qui  entraîna  une  nou- 
velle répartition  des  tâches. 

Le  cours  des  Pandectes,  le  plus  im- 
portant de  ceux  qui  lui  étaient  confiés, 
fut  aussi  celui  qui  lui  présenta  le  plus 
de  difficultés.  Aussi  longtemps  qu'un 
même  professeur  avait  été  chargé  de 
l'enseignement  élémentaire  et  de  l'en- 
seignement approfondi  du  droit  romain, 
la  séparation  de  ces  deux  cours  s'était 
faite  tout  naturellement  ;  mais  une  fois 
que  les  Institutes  se  trouvèrent  dans 
dans  les  mains  d'un  titulaire  spécial, 
il  n'en  fut  plus  de  même.  On  vit  le  cours 
d'Institutcs  prendre  graduellement  des 
proportions  telles ,  qu'il  devint  impos- 


(  M  V.  les  an.  Godet  et  Polain. 
{ *  )  En  vertu  du  règlement  du  â5  septembre 
1816,  les  professeurs  ordinaires  seuls  fai- 


saient partie  du  Sénat  académique. 

(  ')  Il  désigna,  pour  l'y  remplacer,  v.  Godet, 
son  futur  collègue  à  TUoiversité. 


649 


nup 


6S0 


sible  à  M.  Dupont  d'enseigner  les  Pan- 
dectes,  d'après  la  méthode  suivie  par 
son  prédécesseur.  Pour  tracer  une 
ligne  précise  de  démarcation  entre  les 
deux  cours,  il  déféra  d'abord  à  l'avis 
de  ses  anciens  professeurs,  et  prit  le 
parti  de  considérer  la  connaissance 
des  principes  du  droit  romain  comme 
sulBsammment  acquise  dans  le  cours 
des  Instilutes  ;  professelir  de  Pan- 
dectes,  il  résolut  de  se  renfermer  ex- 
clusivemenl  dans  la  discussion  des  con- 
troverses. Mais  l'expérience  ne  tarda 
pas  à  le  convaincre  que  peu  d'élèves 
étaient  assez  fermes  sur  les  principes 
pour  en  saisir  immédiatement  l'appli- 
cation. Au  surplus  cette  méthode  lui 
répugnait  comme  étant  trop  scolastique: 
il  finit  donc  par  asseoir  son  enseigne- 
ment sur  des  fondements  plus  larges  et 
plus  en  rapport  avec  les  besoins  de  la 
jeunesse.  Après  mûre  réflexion,  et  tout 
en  admettant  que  les  Institutes  doivent 
contenir  l'explication  complète  et  rai- 
sonnée  de  l'ensemble  des  principes,  il 
fut  conduit  à  revendiquer,  comme  fai- 
sant partie  des  Pandectes,  le  dévelop- 
pement de  ces  mêmes  principes,  aussi 
bien  que  leur  application  et  la  discus- 
sion des  controverses  qui  en  résultent, 
le  tout  puisé  dans  une  étude  sérieuse 
des  textes,  lesquels  servent  ainsi  de 
base  et  délimite  à  cet  enseignement.  Il 
saute  aux  yeux  qu'un  cours  de  cette 
nature  ne  saurait  parcourir,  dans  l'es- 
pace d'une  seule  année,  tout  le  vaste 
champ  du  droit  romain.  Voulant  d'au- 
tre part  populariser  l'étude  des  Pan- 
dectes, M.  Dupont  s'attacha  soigneuse- 
ment à  choisir,  pour  en  faire  l'objet  de 
ses  leçons,  les  matières  les  plus  inté- 
ressantes au  point  de  vue  des  rapports 
du  droit  romain  avec  notre  législation 
actuelle.  Il  les  divisa  par  séries,  cha- 
que série  faisant  l'objet  d'un  cours  an- 
nuel comparable,  quant  au  fond  et  quant 
à  la  forme,  aux  cours  dits  de  monogra- 
phie ,  si  ordinaires  dans  les  Universités 
allemandes.  Ainsi  formulé,  l'enseigne- 
ment des  Pandectes  ne  pouvait  plus  se 
confondre  avec  l'enseignement  élémen- 
taire. 11  ne  s'agissait  plus,  comme  au- 
trefois, d'un  simple  exercice  de  gym- 
nastique intellectuelle,  mais  d'un  cours 
de  haute  théorie  et  d'application  tout 


ensemble  :  l'élève  s'y  préparait  à  la  vie 
pratique,  s'habituait  à  interpréter  les 
textes  et  devenait  capable  de  lire  par 
lui-même,  avec  fruit,  les  écrits  des 
jurisconsultes  romains,  qui  sont  les 
modèles  les  plus  propres  à  former  l'es- 
prit juridique  et  à  développer  les  fa- 
cultés et  les  aptitudes  requises  de  l'a- 
vocat et  du  magistrat. 

Tels  furent  les  efforts  que  fit  M. 
Dupont  pour  succéder  dignement,  com- 
me professeur,  à  son  ancien  maître,  à 
celui  dont  les  travaux  ont  répandu  tant 
d'éclat  sur  l'Université  de  Liège,  et  ont 
vulgarisé  en  France  et  en  Belgique  les 
immenses  progrès  que  l'Allemagne  a 
réalisés  dans  la  science  du  droit.  11  en 
fut  récompensé.  Le  16  décembre  1850, 
il  fut  nommé  professeur  ordinaire  et 
maintenu  en  la  même  qualité  lors  de 
la  réorganisation,  en  vertu  de  la  loi*du 
27  septembre  1835. 

Cette  loi,  basée  sur  le  principe  de  la 
liberté  d'enseignement,  principe  nou- 
veau dont  on  ne  comprenait  pas  encore 
le  sens  ni  la  portée,  bouleversait  com- 
plètement le  système  qui  avait  jusqu'a- 
lors régi  notre  enseignement  supérieur. 
Le  soin  d'en  régler  la  mise  à  exécution 
incomba  d'abord  à  Bekker  (v.  ce  nom), 
ancien  professeur  de  l'Université  de 
Louvain,  envoyé  à  Liège  en  1835  et 
immédiatement  nommé  recteur.  Bekker 
était  à  la  hauteur  de  sa  mission  déli- 
cate. Malheureusement  il  ne  tarda  pas 
à  être  atteint  d'une  maladie  grave,  qui 
le  mit  hors  d'état  d'Imprimer  ù  l'Uni- 
versité la  direction  impérieusement 
réclamée  par  les  conditions  nouvelles 
où  elle  était  appelée  à  vivre.  M.  Dupont 
fot  appelé  à  le  remplacer  en  183G-1857 
et  conserva  le  rectorat  l'année  suivante 
(1857-1838).  Il  est  essentiel  d'entrer 
dans  quelques  détails  sur  les  difficul- 
tés de  tout  genre  qu'il  eut  à  vaincre 
dans  le  cours  d^  cette  période,  qui 
n'est  pas  la  moins  intéressante  de  nos 
annales. 

D'abord,  la  loi  nouvelle,  en  enlevant 
aux  Facultés  la  collation  des  grades, 
avait  complètement  changé  la  position 
des  professeurs  vis-à-vis  des  élèves.  De 
là  un  certain  relâchement  dans  la  dis- 
cipline. D'un  autre  côté  ,  un  grand 
nombre  d'étudiants,  se  prévalant  de  la 


651 


DUP 


652 


liberté  que  leur  laissait  la  loi,  ne  s'ins- 
crivaient qu'à  quelques  cours.  11  fallait 
donc,  tout  en  respectant  le  principe  de 
la  liberté,  prendre  des  mesures  pour 
maintenir  Tordre  si  nécessaire  aux 
bonnes  études,  et  empêcher  les  jeunes 
gens  d'abuser  de  la  loi  à  leur  grand 
préjudice  et  contre  le  gré  de  leurs  pa- 
rents ('). 

Un  personnel  nouveau  (plus  du  double 
du  personnel  ancien)  composait  le  corps 
académique.  La  plupart  des  professeurs 
se  connaissaient  à  peine.  Ils  étaient 
généralement  étrangers  aux  traditions 
universitaires.  De  là  des  froissements 
et  parfois  des  conflits  (*).  Il  fallait  mé- 
nager les  susceptibilités,  mais  il  n'était 
pas  moins  indispensable  d'assurer  le 
respect  des  règlements  ;  il  fallait  rame- 
ner à  l'unité  tant  de  personnes  d'opi- 
nions et  de  sentiments  divers,  et  recréer 
l'esprit  de  corps  qui  fait  la  vie  et  la 
force  des  institutions. 

Le  Collège  des  curateurs  était  sup- 
primé, et  l'on  avait  établi,  près  de  chaque 
Université,  un  commissaire  du  gouver- 
nement portant  le  titre  d'administrateur- 
inspecteur.  Â  Liège,  ce  fonctionnaire, 
s'y  croyant  sans  doute  autorisé ,  avait 
adopté,  dans  ses  rapports  avec  le  corps 
enseignant,  un  système  tendant  à  para- 
lyser l'influence  rectorale  et  à  centrali- 
ser l'autorité  académique  dans  les  mains 
de  l'administration  (').  Rien  n'était  plus 
désirable  que  le  maintien  d'une  parfaite 
harmonie  entre  l'administrateur  et  les 
professeurs  :  il  fallait  cependant  sauve- 
garder la  dignité  et  les  prérogatives  du 
corps  enseignant.  Le  commissaire  du 
gouvernement,  au  point  de  vue  où  il  se 
plaçait,  et  en  présence  d'une  délimita- 
tion encore  mal  établie  de  sa  sphère 
d'activité,  peut  être  justifié  d'un  excès 
de  zèle  (*);  mais  l'autorité  académique 
avait  aussi  ses  devoirs  à  remplir,  et 
sous  peine  de  se  rendre  coupable  de  fai- 


blesse et  de  compromettre  sa  respon- 
sabilité, elle  a  dû  ne  pas  tolérer  la  plus 
légère  atteinte  à  Tindépendance  univer- 
sitaire, que  la  loi,  très-certainement, 
n'avait  pas  voulu  laisser  dépérir.  La 
création  de  deux  Universités  libres, 
soutenues  par  les  grands  partis  qui  di- 
visent la  Belgique,  avait  précédé  d'un 
an  la  réorganisation  de  l'enseignement 
supérieur  (fonné  aux  frais  de  l'État. 
Quelle  allait  être  exactement,  dès  lors, 
la  position  des  Universités  de  Liège  et 
de  Gand?  Il  était  presque  impossible  de 
le  prévoir  ;  en  tous  c^s  l'essentiel  était 
d'imprimer  aux  établissements  de  TËtal 
leur  véritable  caractère  et  de  faire  com- 
prendre que,  pour  remplir  la  mission 
qui  leur  est  propre  et  pour  vivre  d'une 
existence  libre  et  indépendante ,  elles 
doivent  se  tenir  en  dehors  des  partis 
et  n'arborer  d'autre  drapeau  que  celui 
de  la  science. 

Enfin,  l'enseignement  supérieur  était 
réorganisé  conformément  à  l'art.  17, 
§  2  de  la  Constitution  ;  mais  il  n'y  avait 
ni  enseignement  primaire  ni  enseigne- 
ment moyen  pour  lui  servir  de  pépinière. 
L'Ecole  des  arts  et  manufactures  et  des 
mines  existait  ;  mais  à  peine  avait-elle 
reçu  les  développements  nécessaires 
pour  lui  assurer  une  importance  en 
rapport  avec  l'étendue  de  nos  relations 
industrielles  et  commerciales,  que  déjà 
l'on  nous  la  disputait,  et  que  des  efforts 
sérieux  étaient  faits  auprès  de  la  légis- 
lature pour  l'adjoindre  à  l'Ecole  mili- 
taire de  Bruxelles  C). 

L'institution  d'un  Conseil  de  perfec- 
tionnement, composé  d'hommes  spé- 
ciaux, de  professeurs  expérimentés,  si 
désirable  à  une  époque  de  rénovation 
surtout,  avait  été  omise  dans  la  loi 
nouvelle. 

Les  pensions  des  professeurs,  celles 
de  leurs  veuves  étaient  remises  en 
question  (*).  L'institution  des  agrégés. 


(  *  )  Correspondance  rectorale.  Circulaires 
aux  doyens  des  Facultés  et  aux  parents  des 
élèves  (i4  novembre  1836  et  48  janvier 
4837). 

(*)  Même  correspondance.  Lettres  des4â, 
46,  U  janvier,  et  du  6  février  4837. 

(')  Procès-verbal  de  la  séance  du  Conseil 
académique  du  46  août  4837.  —  Correspon- 
dance. Lettres  des  S7  novembre  4837,  3â 


février  et  i*»"  mars  4838.  —  Rapport  au 
Minisire  (20  août  4838).  —  V.  l'art.  Ar- 

NOULD 

(  *  )  V.  ci  dessus,  coL  8. 

(  *  )  Correspondance.  Lettres  au  Ministre 
el  à  l'Administrateur-Inspecteur  de  l'Univer- 
sité de  Gand,  du  12  février  4837.  —  Souve- 
nirs, 4837,  no  44. 

(*)  V.  la  pétition  adressée  au  Roi  parle 


6S3 


DUP 


654 


la  composition  des  jurys  d^exainen  sou- 
levaient des  réclamations.  La  collation 
des  grades  scientifiques  par  les  Facul- 
tés, Forganisation  du  concours  étaient 
lettre-morte,  à  défaut  de  prescriptions 
réglementaires. 

Il  importait  cependant  de  ne  laisser 
aucun  de  ces  grands  intérêts  en  souf- 
france et  d'appeler  instamment  Fatten- 
tion  du  Conseil  académique,  du  mi- 
nistre, des  autorités  et  de  tous  ^les 
hommes  influents  par  leur  position,  sur 
les  mesures  nécessaires  pour  défendre 
les  droits  do  Corps  professoral,  pour 
sauvegarder  renseignement  de  TEtat  et 
lui  donner  tous  les  développements 
qu'exigeait  sa  prospérité  (  *  ). 

Dans  cet  état  de  choses,  pour  établir 
quelle  fut  la  conduite  de  M.  Dupont, 
quels  furent  les  travaux  auxquels  il  dut 
se  livrer,  les  luttes  qu'il  eut  à  soutenir 
loi  iqu*il  se  mit  à  Tœuvre,  comme  rec- 
teur, décidé  à  remplir  sa  mission  d'a- 
près les  principes  qu'il  avait  arrêtés,  il 
faudrait  lire  sa  correspondance,  ses 
rapports,  tons  les  documents  de  cette 
époque  déposés  aux  archives  de  l'Uni- 
versité, et  qui  sont  en  quelque  sorte 
les  rudiments  de  la  jurisprudence  aca- 
démique. Qu'il  nous  suffise  de  dire  que 
ses  services  furent  appréciés  ;  qu'il  fut 
soutenu  par  la  confiance  de  ses  col- 
lègues, dont  le  concours  lui  vint  en 
aide  dans  les  circonstances  les  plus 
difficiles,  et  que  le  gouvernement  lui 
donna  d'éclatants  témoignages  de  satis- 
faction en  le  nommant  recteur  deux 
années  de  suite,  mesure  tout  excep- 
tionnelle, en  lui  décernant  la  croix  de 
Chevalier  de  l'Ordre  national  (*)  et  en 
portant  son  traitement  au  maximum 
prévu  par  la  loi.  Fohmann  (v.  ce  nom) 
jouissait  déjà  de  cet  avantage  :  M.  Du- 
pont y  avait  d'autant  plus  de  titres, 
qu'il  en  aurait  pu  obtenir  un  plus  con- 
sidérable encore,  s'il  n'eût  préféré  res- 
ter fidèle  à  l'Université  qui  l'avait  si 
bien  accueilli  ('). 


M.  Dupont  consacra  la  seconde  anuée 
de  son  rectorat  à  assurer  le  maintien 
du  système  qu'il  avait  cherché  à  faire 
prévaloir,  et  ù  le  développer  selon  que 
l'exigeaient  les  circonstances  et  l'intérêt 
de  l'Université.  A  la  fin  de  l'année  aca- 
démique, croyant  avoir  fait  tout  ce  qui 
était  en  son  pouvoir  pour  remplir  digne- 
ment sa  mission,  il  considéra  sa  tâche 
comme  achevée.  Pour  éviter  une  nou- 
velle prolongation  de  ses  fonctions  rec- 
torales, contraire  au  principe  d'égalité 
observé  jusqu'alors  entre  les  membres 
du  corps  enseignant,  il  fit  connaître  au 
gouvernement  son  intention  de  se  dé- 
vouer désormais  entièrement  à  ses  fonc- 
tions de  professeur  ;  en  même  temps  il 
pria  le  ministre  de  vouloir  bien  pour- 
voir â  son  remplacement  si ,  comme  on 
le  supposait ,  le  gouvernement  avait 
l'intention  de  réélire  les  recteurs  des 
deux  Universités. 

En  renonçant  à  présider  le  Conseil 
académique.  M,  Dupont  ne  s'en  crut  pas 
moins  obligé  d'employer  tout  le  zèle  dont 
il  était  capable,  dans  les  difiérentes  oc- 
casions qu'il  eut  de  se  rendre  utile  à  l'en- 
seignement. C'est  ainsi  qu'après  avoir, 
dès  l'origine,  comme  membre  du  jury 
central  de  candidature  en  droit,  con- 
couru avec  Ernst  aine  (v.  ce  nom), 
son  ancien  maître,  à  un  perfectionne- 
ment pratique  de  cette  institution,  dont 
le  personnel  se  composait  presque  en- 
tièrement de  personnes  étrangères  aux 
Universités,  il  fut  conduit  à  se  mettre 
en  rapport  avec  le  jury  du  doctorat  (  *  ) 
pour  régulariser  l'interrogatoire  sur 
les  Pandectes  et  contribuer,  autant 
qu'il  était  en  son  pouvoir,  au  maintien 
et  au  progrès  de  l'enseignement  du 
droit  approfondi.  Ces  relations  se  pro- 
longèrent jusqu'à  Ci  qu'il  eut  atteint 
son  but.  Pour  couvrir  sa  responsabilité 
comme  professeur  vis-à-vis  de  ses  pro- 
pres élèves,  il  se  voyait  forcé,  à  chaque 
session,  d'exposer  sa  méthode  et  les 
matières  de  son  enseignement.  Enfin, 


CooMil  académique  de  TtJ Diversité  de  Liège 
le  6  avril  1838  (Liège,  ia-4<»  de  43  p.). 

(*  )  Rapport  au  Conseil  académique  sur  les 
grades  scientifiques  et  las  concours,  transmis 
aa  Gouveraemenl  le  i3  avril  4838.  —  Rap- 
port au  Htnisire,  du  8  ao6t  4837.  —  Souve- 
nirs, 4837,  n»  54;  4838,  n»  20. 


[*)  Dès  4837,  lors  de  la  visite  de  Léopold 
I*'  à  Liège,  le  roi  avait  spontanément  annoncé 
cette  distinction  à  l'honorable  recteur. 


/  • 


)  v.  l'art.  DupRET. 


{*)  Lettre  au  jury  du  doctorat  (8  août 
4837). 


655 


ERN 


656 


il  fut  assez  heureux  pour  faire  agréer 
de  ses  collègues  des  autres  Universités 
un  programme  commun,  qui  fixait  dV 
vance  le  cadre  et  les  matières  de  Texa- 
men  (*),  et  ainsi  furent  déflniiiveroeni 
aplanies ,  pour  les  récipiendaires ,  les 
difficultés  de  Texamen  sur  les  Pan- 
dectes,  examen  fréquemment  compro- 
mis jusque  là,  faute  d'accord  entre  les 
membres  du  jury  sur  les  points  essen- 
tiels. 

M.  Dupont  continua,  jusqu'à  Theure 
de  sa  retraite,  à  prendre  une  part  ac- 
tive à  toutes  les  mesures  propres  à 
maintenir  la  dignité,  la  discipline  et 
Tesprit  progressif  de  rUniversilé.  Son 
influence  a  été  des  plus  fécondes,  soit 
dans  la  Faculté  de  droit,  soit  au  Con- 
seil académique,  et  elle  a  laissé  des 
traces  durables.  Il  ne  s  est  pas  rendu 
moins  utile  au  Conseil  de  perfectionne- 
ment de  renseignement  supérieur,  où 
il  a  siégé  pendant  six  ans,  à  partir  de 
la  création  de  cette  institution.  Le  26 
octobre  1860,  le  gouvernement  a  voulu 
reconnaître  de  nouveau  les  services  du 
digne  professeur,  en  relevant  au  rang 
d'Officier  de  l'Ordre  Léopold. 

Son  âge  lui  faisant  désirer  le  repos, 
M.  Dupont  manifesta  officiellement  le 
désir  de  prendre  sa  retraite  :  elle  lui 
fut  accordée  par  arrêté  royal  du  27 
septembre  1866  ;  mais  le  ministre 
n'ayant  pas  été  en  mesure  de  pourvoir 
à  son  remplacement  avant  la  fin  des 
vacances,  fit  appel  au  dévouement  du 
professeur  émérite,  et  celui-ci  reprit 
immédiatement  son  cours,  qu'il  con- 
tinua jusqu'à  la  fin  de  l'année  acadé- 
mique 1866-1867. 

Doyen  de  l'Université  et  le  dernier 
survivant,  à  Liège  (  *  ),  de  l'ancien  corps 
professoral,  M.  Dupont  s'est  retiré  du 
service  actif  après  45  ans  et  A  mois 
d'enseignement  académique,  et  quel- 
ques mois  avant  d'avoir  atteint  l'ex- 
trême limite  fixée  par  la  loi,  dans  le 
cas  où  l'émérltat  est  réclamé  en  raison 
de  rage,  indépendamment  du  nombre 
d'années  de  service.  L'estime  et  l'affec- 
tion sincères  de  tous  ses  collègues,  le 


respect  et  les  sympathies  de  ses  an- 
ciens élèves,  dispersés  sur  toute  la 
surface  de  la  Belgique,  l'ont  suivi  dans 
sa  retraite  :  témoignage  kii  en  a  été 
hautement  et  unanimement  rendu  lors 
de  la  célébration  du  cinquantième  an- 
niversaire ;  les  hommes  les  plus  dis- 
tingués du  pays,  de  tout  rang  et  de  tout 
âge,  se  pressaient  autour  du  vénérable 
maître,  lui  tendaient  une  main  cordiale 
et  se  plaisaient  à  évoquer  ses  souve- 
nirs ;  lui,  rayonnant  et  retrouvant  la 
verdeur  de  sa  jeunesse,  ne  cessait  de 
répéter  qu'il  n'eût  pu  espérer  un  plus 
digne  couronnement  de  sa  carrière. 

M.  Dupont  a  publié  : 

{^  DUtqumliones  in  CommeiitariurnlV 
Institutionum  Gaji,  rccenierrepertarum, 
Lugduni  Batavorum  (Leodii),  1822,  in- 
8".  (Mémoire  couronné). 

Cet  ouvrage  a  dgalemeot  paru  dans  les 
Amialet  Academiœ  Leodiensis.  —  A  la  liste 
des  auteurs  qui  en  ont  tiré  profit,  nous 
devons  ajouter  J.  D.  Fuss  (v.  ce  nom),  qui 
le  cite  fréquemment  dans  ses  Antiquitii  ro- 
maine» et  rectifie,  d'après  les  idées  de  M.  Do- 
pont,  plusieurs  opinions  accréditées. 

2^  Deprœscriptionibus.  Leodii,  1823, 
in-4<'  (Thèse  inaugurale). 

3°  Discours  et  notices,  dans  les  An- 
nales den  Universités  de  Belgique. 


Ri-n»t  (Lambert-Joseph-Henri)  iia- 
quit  à  Aubel  le  7  octobre  1798,  fil  ses 
premières  études  au  foyer  domestique, 
sous  la  direction  d'un  prêtre  du  voisi- 
nage, puis  accompagna  ses  firères  Ul- 
ric  et  Antoine  à  Bruxelles,  où  les  ap- 
pelait le  digne  Jean-Gérard-Joseph . 
leur  aîné,  devenu  le  second  père  de 
toute  la  jeune  fn mille.  Il  acheva  ses 
humanités  au  Lycée  impérial  ;au  sortir  de 
la  classe  de  rhétorique,  tenue  alors  par 
Lesbroussart,  père  de  son  futur  col- 
lègue à  l'Université  de  Liège,  il  se  fit 
inscrire  à  l'Ecole  de  droit,  dont  il  fut 
bientôt  regardé  comme  l'un  des  meil- 
leurs élèves.  Le  24  juin  1817,  il  subit 
avec  la  plus  grande  distinction  son  pre- 


(  '  )  Programme  arrêté  le  4  avril  1845,  et         (*)  M.  Van  Rees  est  i*entrë  depats  long* 
déposé  aux  archives  de  la  Faculté  de  droit  le      temps  on  Hollande  (v.  sa  notice). 
SI  da  même  mois. 


657 


ERN 


6S8 


mier  examen  de  bachelier  ('),  et  obtint 
un    diplôme   conçu  dans  les  termes 
les  plus  flatteurs.  Peu  de  temps  après, 
rinstitution  des  Universités  de  l'Etat 
ayant  amené  la  suppression  de  la  Fa- 
culté de  droit  de  Bruxelles,  une  chaire 
de  droit  fut  résen'ée  à  Emsl  aîné  qui , 
désirant  se  rapprocher  de  sa  famille, 
opta  pour  Liège,  où  il  emmena  ses 
frères  avec  lui.  M.  Lambert  Ernst  re- 
commença ses  études  conformément  au 
nouveau   programme   (*) ,  passa   de 
brillants  examens  et  défendit  sa  thèse 
avec  grande  distinction^  le  6  août  1819. 
11  avait  choisi  pour  sujet,  en  droit  civil, 
les  droits  et  les  obligations  des  époux 
4'ommuns  ;  il  posa  en  outre  une  impor- 
tante question  de  droit   criminel  :  le 
droit,  pour  le  prêtre,  de  non-révélation 
d'un  crime  qui  ne  serait  venu  à  sa  con- 
naissance que  sous  le  sceau  du  secret 
de  la  confession.  A  raison  de  Tintérét 
plus  qu'ordinaire  qui  devait  s'attacher 
au  débat  de  ce  dernier  point,  le  réci- 
piendaire fut  autorisé,  par  faveur  toute 
spéciale,  à  formuler  son  argumentation 
en  français,  dans  la  discussion   pu- 
blique ;  il  en  résulta  une  séance  des 
plus  animées,  qui  contribua  sans  au- 
cun doute  ù  faire  ressortir  les  incon- 
vénients et  rinutilité  des  entraves  du 
latin  académique  ('). 

Le  diplôme  de  docteur  ne  mentionnant 
à  cette  époque  aucune  distinction  de 
pade,  le  doyen  de  la  Faculté  de  droit 
(Destriveaux)  se  plut  à  délivrer  à  M.  L. 
Emst  une  attestation  constatant  que  , 
dans  la  défense  publique  de  sa  thèse , 
ce  Jeune  homme  avait  montré  «  une 
»  force  de  raisonnement  et  une  étendue 
»  de  connaissances  que  Ton  pourrait 
9  admirer,  même  dans  un  juriscx)nsulle 
»  formé  par  de  longs  travaux.  «  Jouis- 
sant personnellement  d*une  considéra- 


tion méritée ,  encouragé  ainsi  par  ses 
anciens  maîtres ,  qui  n'estimaient  pas 
moins  son  caractère  que  son  talent,  M.  L. 
Ernst  pouvait  se  promettre  une  belle 
carrière.  Il  ne  songeait  pas  alors  à  l'en- 
seignement, bien  qu'il  pût,  non  moins 
que  ses  frères,  avoir  foi  dans  son  ap- 
titude, comme  la  suite  le  démontra.  Ses 
études  trop  assidues  ayant  compromis 
sa  santé,  il  se  retira  quelque  temps  à 
Aubel,  où  il  pratiqua  un  peu  devant  les 
justices  de  paix.  Enfin,  le  17  janvier 
1824,  il  fut  nommé  substitut  du  procu- 
reur du  Roi  à  Namur,  et  de  fait  il  de- 
vint premier  substitut,  le  Gouverne- 
ment ne  pourvoyant  pas  à  l'autre  place 
vacante.  Il  remplit  en  outre  en  cette 
ville,  avant  1850,  plusieurs  mandats 
gratuits  :  nous  trouvons  son  nom  par- 
mi  ceux  des   membres  de  la  Com- 
mission de  surveillance  de  l'Athénée 
(*),  sur  la  liste  des  membres  du  Con- 
seil d'inspection   et   de   surveillance 
du  dépôt  de  mendicité  (3  mars  1829); 
le  6  octobre  1828,  il  fut  appelé  à  exer- 
cer les  fonctions  d'auditeur  près  la 
garde  communale,  alors  que  tout  était 
à  organiser. —  Il  resta  étranger  à  la  ré- 
volution :  sa  nomination  de  premier 
substitut  fut  simplement  confirmée  par 
le  gouvernement  provisoire.  En  1832 
(*),  il  eût  pu  venir  à  Liège  en  la  même 
qualité:  il  refusa,  ne  voulant  quitter 
Namur  que  pour  un  poste  supérieur  ; 
enfin,  le  29  juin  1834,  un  arrêté  royal 
l'appela  dans  cette  dernière  résidence, 
comme  substitut  du  procureur-géné- 
ral. Le  8  juin  1835,  il  reçut  du  roi  une 
marque  toute  particulière  a  de  confiance 
et  d'estime  »  (*)  :  il  fut  nommé  com- 
missaire  royal  pour  administrer,  de 
commun  accord  avec  le  commissaire 
du  roi  de  Prusse,  la  partie  restée  neutre 
(')  du  territoire  de  Moresnet  :  haute 


(*  )  A  Braxelles,  avant  d'obtenir  le  grade 
de  docteur  en  droit,  il  fallait  sabir  quatre 
ezamens  :  les  deux  premiers  roulaient  sur 
les  parties  respectivement  enseignées  du 
droit  civil  et  du  droit  romain;  le  troisième, 
sur  l'ensemble  du  droit  civil  ;  le  quatrième 
enfin,  sur  Fensemble  du  droit  romain.  Puis 
venait  la  défense  d'une  thèse. 

(')  L'examen  subi  à  Bruxelles  ne  put  être 
pris  en  considération. 

(')  La  thèsede  M.  L.  Ernst  a  été  imprimée 


à  Liège,  chez  CoUardin,  sous  le  titre  :  De 
juribui  et  obligationibms  legalis  interconjuge» 
communionù  secundum  jus  civile  hodiernum, 
adJHnciâ  de  jure  criminali  noviësimo  quces' 
tioue  (1819,  in-4o  de  4S  pages). 

(  *  )Sa  démission  fut  acceptée  lel  Bmai  1 833. 

(  *  )  Lors  de  la  promulgation  d'une  nouvelle 
organisation  judiciaire  (4  décembre). 

(  *  )  Ce  sont  les  propres  termes  de  la  dé- 
pêche ministérielle  du  M  juin. 

(^}  En  vertu  du  traité  des  limites  conclu. 


«ol» 


FAS 


660 


mission,  qui  lui  conférait  le  droit  de 
correspondre  directement  avec  chacun 
des  minisires,  dans  le  cercle  de  leurs 
attributions  respectives,  et  qui  du  reste 
fut  entièrement  gratuite.  Son  frère  aîné 
ayant  accepté  une  chaire  à  FUniver- 
sité  catholique  de  Louvain  le  15  juillet 
suivant,  et  les  Universités  de  TEtal 
allant  être  réorganisées,  on  lui  proposa 
d'entrer  dans  renseignement  supérieur. 
Longtemps  il  hésita  ;  cédant  enfln  à 
des  insistances  réitérées,  il  quitta  la 
Cour  pour  FUniversité  de  Liège,  où  il 
fut  chargé  des  cours  de  droit  civil  élé- 
mentaire et  de  droit  naturel  (5  décem- 
bre). Aussitôt  cette  nomination  connue, 
une  forte  cabale  s'organisa  :  on  voulait 
protester  contre  le  départ  de  son  frère 
aine.  Ne  sachant  rien  des  dispositions 
peu  bienveillantes  de  son  auditoire,  il 
ouvrit  son  cours  au  Jour  flxéet  recueil- 
lit d'unanimes  applaudissements  :  une 
quarantaine  d'élèves,  à  la  sortie  de  la 
leçon,  coururent  se  faire  inscrire.  Il  se 
montra  digne  de  ses  frères  :  c'est  assez 
dire.  Un  enseignement  nourri  et  con- 
densé, multa  pauds,  une  grande  puis- 
sance de  synthèse  et  une  habileté  non 
moins  remarquable  dans  l'art  de  dissé- 
quer et  d'élucider  les  textes,  telles  sont 
les  qualités  dominantes  que  ses  anciens 
élèves  s'accordent  à  lui  reconnaître. 
Sa  faible  santé  résistant  difficilement  à 
une  double  fatigue,  il  obtint,  le  13  Juil- 
let i857,  décharge  du  cours  de  droit 
naturel.  Le  28  aotït  18')9,  il  donna  sa 
démission  pour  rejoindre  une  troisième 
fois  ses  frères  chéris  :  depuis  cette 
époque,  il  remplit  à  l'Université  de 
Louvain  les  fonctions  qui  lui  avaient 
été  confiées  à  Liège  (*).  En  renonçant 
à  servir  l'Etat,  M.  S.  Ernst  a  considéré 
comme  un  devoir  de  délicatesse:  i"  de 
renoncer  aux  fonctions  de  Commissaire 
du  terriloîre  neutre;  2**  de  prier  le  Sé- 
nat, qui  l'avait  désigné  (29  décembre 
1855)  comme  membre  du  jury  d'exa- 
men pour  le  doctorat  en  droit  (confor- 
mément à  la  loi  du  27  sept.),  de  choisir 
un  autre  représentant  de  l'Université 


de  Liège  ;  S"*  de  se  retirer  du  Conseil 
provincial  de  Liège,  où  les  électeurs 
du  canton  d'Aubel  l'avaient  envoyé  sié- 
ger, presque  à  l'unanimité,  le  29  sep- 
tembre 1856,  et  de  rechef  le  28  mai 
1858  (*).  —  Nous  trouvons  dans  le 
Journal  de  Bruxelles  du  25  août  1847 
une  lettre  de  M.  L.  Ernst,  écrite  à  1*oc- 
casion  d'un  rapport  au  Sénat  français 
sur  la  peine  de  mort;  dans  ce  docu- 
ment, M.  de  La  Guéronnière  prétend 
que  l'échafaud,  pratiquement  abattu  de 
1850  à  1854,  s'est  relevé  sous  le  mi- 
nislère  d'Ant.  Ernst.  M.  L.  Ernst  fait 
remarquer  qu'il  y  a  erreur  complète 
dans  les  renseignements  recueillis  par 
l'honorable  rapporteur,  quant  au  mou- 
vement de  la  statistique  criminelle,  et 
déclare  souverainement  injuste  le  re- 
proche adressé  au  Ministre  de  fa  Jus- 
tice de  1855  d'avoir  rétabli  la  peine 
de  mort  sans  nécessité,  mesure  qui  eût 
mérité,  dit-il,  la  qualification  «  d'inhu- 
maine et  absurde  inconséquence  »  (v. 
l'art.  Ant.  Ernst). 


Paaiftlii  (DlEUDONMÉ-ÉDOL'ARI))  ,  Ué  à 

Liège  en  1798,  s'est  voué  de  très-bonne 
heure  à  la  carrière  de  l'enseignement. 
Il  quitta  en  1819  la  chaire  de  troisième 
latine  du  Collège  de  Namur,  pour  venir 
prendre  ses  grades  à  l'Université  de 
sa  ville  natale.  Promu  au  grade  de 
docteur  en  philosophie  magnà  cum 
lande  (sa  dissertation  inaugurale  est 
intitulée  :  De  republica  Achetorum), 
il  passa  en  1826  au  collège  de  Ruré- 
monde,  avec  le  titre  de  professeur  de 
poésie  latine.  Il  s'y  trouva  dans  une 
situation  assez  difficile,  ne  parlant  pas 
le  flamand,  et  ayant  affaire  à  des  élèves 
qui  pour  la  plupart  ne  savaient  pas  un 
mot  de  français.  Force  lui  fut  de  se 
servir  de  la  langue  latine;  mais  ici 
nouvel  obstacle  :  on  n'était  guère  en 
état  de  le  comprendre.  Ses  dégoûts  de- 
vinrent insurmontables  :  il  donna  sa 
démission  et  alla  professer  dans  di- 
vers  établissements    privés  Jusqu'en 


le  26  juin  1816,60 tre  le  gouveroemeot  prus- 
sien et  celai  des  Pays-Bas. 

(  *  )  Le  Dom  de  H.  L.  Ernst  figure  encore 
au  programme  de  l'Université  catholique  : 


defiiit,  il  y  a  plusieurs  aonéesqu'il  n'ait  paru 
en  chaire 

(*)  Il  siégea  au  bureau,  pendant  toutes  ces 
sessions,  en  quaUtë  de  premier  secrétaire. 


6iH 


FRA 


662 


f82S,  époque  où  il  entra  au  Collège 
royal  de  Liège,  depuis  Collège  commu- 
nal et  finalement  Athénée  royal.  Il  y 
resta  jnsqn^en  i86i  :  il  fut  alors  mis 
en  disponibilité,  puis  admis  à  la  pen- 
sion. Jusqu'en  4850,  il  avait  occupé  la 
chaire  de  4*  latine  :  de  profondes  mo- 
difications ayant  été  introduites  au 
Collège  communal  après  la  révolution, 
on  confia  à  M.  Fassin  les  cours  d'his- 
toire et  de  géographie  ;  il  fut  également 
chargé,  plus  tard,  de  donner  aux  élèves 
des  notions  d'économie  politique  et 
d'astronomie.  Lorsque  la  toi  du  i*' 
juin  1850  sur  l'instruction  moyenne  fut 
mise  en  vigueur,  M.  Fassin  obtint  la 
chaire  de  poésie  latine;  il  remplaça  M. 
Prinz  comme  professeur  de  rhéto- 
rique, lorsque  ce  dernier  fut  appelé  à 
diriger  l'Ecole  normale  des  humanités, 
annexée  à  l'Université  de  Liège. 

Le  nom  de  M.  Fassin  doit  trouver 
place  ici  à  plus  d'un  titre.  La  Faculté 
de  philosophie  de  l'Université  de  Liège 
ayant  été  supprimée  par  arrêté  du  gou- 
vernement provisoire  du  16  décembre 
1830,  deux  professeurs,  Gall  et  Rouillé, 
furent  déclarés  èmèrites  ;  deux  autres, 
Fnss  et  Denzinger,  mis  en  non-activité. 
Cependant  il  fallait  pourvoir  aux  be- 
soins les  plus  pressants  :  un  nouvel 
arrêté  (30  décembre)  autorisa  donc  les 
professeurs  de  la  Faculté  supprimée, 
présents  dans  la  ville  en  assez  grand 
nombre  pour  constituer  un  Jury  d'exa- 
men, à  se  réunir  pour  examiner  les 
étudiants  des  années  scolaires  précé- 
dentes, qui  auraient  déjà  rempli  les 
conditions  requises  à  cet  effet,  et^dé- 
clara  valables  les  diplômes  de  candi - 
daU  délivrés  par  les  dits  professeurs. 
Non  seulement  ce  jury  provisoire  entra 
en  fonctions,  mais  la  force  des  choses 
amena  la  création  d'une  Faculté  libre. 
M.  Fassin,  sans  abandonner  sa  chaire 
du  Collège,  y  entra  conjointement  avec 
Rouillé,  Fuss,  Gall,  Ch.  de  Chénedollé 
et  11.  Wûrth.  Pendant  près  de  cinq  ans, 
jusqu'à  la  réorganisation  du  27  sep- 
tembre 1835,  ils  enseignèrent  dans  ces 
conditions  et  signèrent  des  diplômes. 
Le  gouvernement  se  souvint  plus  tard 
des  senices  de  M.  Fassin,  en  le  nom- 
mant agrégé  à  l'Université  de  Liège 
(i845).  Il  y  reparut  en  chaire,  avec  la 


mission  de  faire  un  cours  d'histoire  an- 
cienne, concurremment  avec  M.  Wurth, 
professeur  titulaire  :  mais  cet  état  de 
choses  ne  dura  pas  longtemps,  le  mi- 
nistre de  l'intérieur  (M.  Ch.  Rogier) 
n'ayant  pas  tardé  à  reconnaître  que  le 
système  de  concurrence  n'est  pas  d'une 
application  aussi  facile  en  Belgique 
qu'en  Allemagne.  —  M.  Fassin  a  été 
appelé,  plusieurs  années  de  suite,  k 
siéger  au  jury  central  de  philosophie 
et  lettres,  à  Bruxelles;  il  a  également 
fait  partie  du  jury  délivrant  le  diplôme 
de  professeur  agrégé  de  l'enseignement 
moyen  du  degré  supérieur.  Comme 
professeur  de  rhétorique  dans  un  athé- 
née royal,  il  a  été  appelé  à  prendre 
place  à  son  tour,  conformément  à  la 
loi,  dans  le  Conseil  de  perfectionnement 
de  l'instruction  moyenne.  En  1866,  il  a 
été  nommé  membre  du  bureau  admi- 
nistratif de  l'Âthénée  royal  de  Liège. 
De  1858  k  18G7,  il  a  représenté  les 
électeurs  liégeois  au  Conseil  commu- 
nal. —  Â  part  sa  dissertation,  M.  Fas- 
sin n'a  rien  publié.  On  doit  regretter 
qu'il  n'ait. pas  jusqu'ici  donné  suite  à 
son  projet  de  mettre  au  jour  un  traité 
sur  la  prononciation  et  l'accentuation 
grecque,  travail  approfondi  auquel  fl  a 
consacré  plusieurs  années  de  sa  vie. 


n-MnkInet  (JaCQ-J0SEPH-ChAR13S), 

0.  ^,  né  à  Liège  le  28  août  1786,  fit 
ses  humanités  dans  sa  ville  natale,  sous 
des  maîtres  particuliers.  De  1808  à 
1815,  il  fréquenta  les  cours  de  l'Ecole 
de  médecine  de  Paris,  où  ses  progrès 
attirèrent  à  ce  point  l'attention  de  Laudre 
Reauvais,  que  ce  maître  éminent  es- 
saya de  le  décider  à  se  fixer  auprès  de 
lui.  L'amour  filial  parla  plus  haut  que 
les  convenances  personnelles  :  M.Fran- 
kinet  ne  put  se  résoudre  k  vivre  loin  de 
sa  mère.  Le  professeur  parisien  re- 
gretta vivement  une  résolution  qu'il  ne 
pouvait  se  défendre  d'approuver;  ils  se 
séparèrent  également  émus,  l'élève  em- 
portant, avec  l'estime  de^on  maître, 
le  souvenir  des  honorables  paroles  par 
lesquelles  celui-ci  lui  prédisait  un  bril- 
lant avenir.  De  retour  à  Liège  en  1815, 
M.  Frankinet  s'attacha  au  docteur  De- 
jaeret  trouva  bientôt  l'occasion  d'uii- 


663 


FRA 


664 


User  ses  talents  et  son  zèle,  en  prodi- 
guant ses  soins  aux  malheureux  atteints 
d'une  épidémie  qui  décimait  alors  la 
population  de  cette  ville.  Il  faillit  être 
lui-même  victime  du  fléau  ;  pendant 
quelque  temps,  sa  famille  et  ses  amis 
conçurent  des  craintes  sérieuses.  Enûn 
il  put  se  remettre  k  Tétude  et  partir  pour 
Leyde,  où  il  se  flt  recevoir  docteur  en  mé- 
decine, le  16  septembre  i816.Âprès  un 
nouveau  séjour  de  deux  ans  à  Paris,  il 
rentra  définitivement  dans  son  pays,  où 
sa  prudence,  son  habileté  et  son  dé- 
vouement lui  firent  une  réputation  pré- 
coce. Dès  1849,  les  administrateurs 
des  Hospices  civils  de  Liège  le  char- 
gèrent de  suppléer,  gratuitement,  le  doc- 
leurN.-J.-A  Ânsiaux  (v.Tart.  N.-G.-A.- 
J.  Ansiaux,  note  4),  médecin  des  hôpi- 
taux, alors  octogénaire  ;  bientôt  il  fut 
chargé,  par  intérim,  du  service  de  Fhô- 
pital  de  Bavière,  dont  le  titulaire  était 
le  docteur  Dupont,  valétudinaire  de- 
puis un  certain  temps.  Ânsiaux  étant 
venu  à  mourir  en  avril  1825,  M.  Fran- 
kinet  le  remplaça  définitivement  pour 
THospice  des  femmes  incurables  et  ce- 
lui des  filles  orphelines  ;  enfin,  en  1 833, 
la  mort  du  médecin  en  chef  de  Bavière 
mit  rintérimaire  en  possession  du  titre 
vacant  :  il  dirige  encore  aujourd'hui  le 
service  médical  de  cette  institution,  sans 
que  son  activité  se  soit  ralentie  pen- 
dant plus  d'un  tiers  de  siècle. 

En  1835,  lors  de  la  réorganisation 
universitaire,  le  gouvernement  fit  appel 
aux  lumières  de  M.  Frankinet,  qui  re- 
çut le  titre  de  professeur  ordinaire  et 
la  mission  d'enseigner  la  pathologie 
médicale,  précédemment  confié  au  doc- 
teur D.  Sauveur  (v.  ce  nom).  Par  suite 
d'un  remaniement  de  cours,  il  fut  en- 
suite désigné  pour  faire  les  leçons  de 
clinique  médicale,  fonctions  laissées 
vacantes  par  Comhaire  (v.  ce  nom).  Fi- 
dèle à  la  doctrine  physiologique,  alors 
en  grande  vogue,  il  a  continué  pendant 
de  longues  années,  k  en  transmettre 
les  traditions  à  ses  élèves,  avec  la 
double  autorité  du  savoir  et  de  l'expé- 
rience, et  sous  le  contrôle  incessant 


d'une  sérieuse  observation  des  faits. 
Il  a  également  rendu  des  senices  à 
l'Université,  en  se  chargeant,  en  sus  de 
ses  occupations  principales,  d'abord 
du  cours  d'hygiène,  puis  du  cours  des 
maladies  nerveuses,  jusqu'au  momentoù 
son  âge  lui  a  donné  droit  à  l'éméritat. 
L'arrêté  royal  qui  le  déclare  professeur 
émérite  est  daté  du  15  septembre  1856. 
Le  même  jour,  M.  Frankinet  recevait  la 
croix  d'officier  de  l'ordre  de  Léopold; 
il  était  chevalier  depuis  1846.  Cette 
dernière,  ou  plutôt  c^tte  première  dis- 
tinction, avait  été  obtenue  dans  des  cir- 
constances qui  méritent  d'être  rappe- 
lées. A  deux  reprises  différentes,  le  25 
fév.  1857  et  le  30  janv.  1839,  la  santé  de 
l'un  des  princes  ayant  inspiré  des  in- 
quiétudes, M.  Frankinet  avait  été  ap- 
pelé à  la  Cour  comme  médecin  consul- 
tant La  première  fois,  le  roi  avait  en- 
voyé un  témoignage  de  satisfaction  per- 
sonnelle (  '  )  ;  quand  il  eut  achevé  de  se 
montrer  digne  de  l'auguste  confiance 
dont  il  était  l'objet,  l'Ordre  national 
vint  décorer  sa  poitrine.  A  bien  des 
titres ,  au  reste ,  M.  Frankinet  avait 
droit  à  une  consécration  publique  de 
son  mérite  :  il  jouissait  depuis  long- 
temps, à  Liège,  dans  tous[les  domaines 
où  s'exerçait  son  activité,  d'une  consi- 
dération justement  acquise.  Bientôt  il 
ne  se  contenta  plus  de  soulager  physi- 
quement et  moralement  ses  malades:  mé- 
decin des  Hospices,  Il  résolut  d'y  laisser 
des  traces  durables  de  son  zèle  pourUha- 
manité  souffrante.  Appelé  dans  l'humble 
demeure  du  pauvre  pour  secourir  des 
enfants  malades,  il  reconnut  l'impossi- 
bilité d'abandonner,  dans  des  habita- 
tions malsaines,  l'application  de  la  mé- 
dication à  des  mains  inhabiles.  11  voulut 
fournir  à  ces  jeunes  êtres  un  asile  sa- 
tubre,où  des  soins  intelligents  leur  se- 
raient donnés.  On  lui  doit  la  fondation, 
à  l'hôpital  de  Bavière,  d^s  premiers  lits 
réservés  à  V  enfance  »(•).—  M.  Franki- 
net a  payé  de  sa  personne  dans  tous  les 
moments  difficiles.  Lorsque  le  choléra 
sévit  à  Liégè  en  1849,  il  fut  des  pre- 
miers, comme  dans  sa  jeunesse,  à  affron- 


(  ^  )  Une  tabatière  en  or  aa  chiffre  royal 
enrichi  de  diamants. 
(*)  Discours  de  H.  N.  Ansiaux,  cité  ci- 


après.  —  Ce  travail  nous  a  fourni  plusieurs» 
renseignements  utiles. 


665 


6L0 


666 


ter  le  daoger;  en  1866,  ii  ne  se  montra 
pas  moins  ardeni  à  l'œuvre  :  il  s'offrit 
de  nouveau  pour  diriger  un  service  spé- 
cial.  Le  gouvernement  lui  envoya,  la 
première  fois,  une  récompense  natio- 
nale  ;  la  seconde  fois,  ses  services  lui 
valurent  la  Croix  de  première  classe. 
Mais  en  celte  môme  année  186G,  comme 
sa  50*  année  d'exercice  ou  de  pratique 
de  la  médecine  venait  de  s'accomplir,  le 
corps  médical  et  le  corps  pharmaceu- 
tique de  la  province  se  réunirent  pour 
lui  décerner  une  récompense  plus  rare 
et  plus  touchante.  Une  Commission  fut 
formée  de  MM.  Spring  (v.  ce  nom),  Put- 
zeys,  Wasseige  père,  Bihet  (de  Huy)et 
Simon  (de  Verviers),sous  la  présidence 
de  M.  N.  Ansiaux  (v.  ce  nom).  Le  27 
Juin  1867,  k  la  Salle  académique  de 
rUniversité,  M.  Ansiaux  porta  la  parole 
et  rappela,  dans  un  langage  qui  émut 
les  nombreux  assistants,  les  titres  de 
l'honorable  Jubilaire  à  la  reconnaissance 
publique.  Alors  un  voile  tomba,  et  les 
applaudissements  redoublèrent  quand 
on  reconnut,  fidèlement  et  fièrement 
taillé i  dans  le  marbre,  les  traits  du 
maître  et  du  collègue  vénéré.  Le  beau 
buste  qui  fut  remis  à  cette  occasion  à 
M.  Franklnet  est  dû  au  ciseau  de  M. 
Nopius ,  de  Liège ,  Jeune  sculpteur  d'a- 
venir; les  médecins  et  les  pharmaciens 
qui  avaientcoopéréà  cette  manifestation 
voulnrentégalement  que  le  procès-verbal 
de  leur  décision,  accompagné  de  la  liste 
de  leurs  noms,  fût  calligraphié  avec  un 
grand  luxe,  à  l'instar  des  riches  manu- 
scrits du  moyen-âge,  et  remis  solennel- 
lement au  héros  de  la  fête  (  '  ).  M.  Fran- 
klnet trouva  quelques  paroles  profon- 
dément senties,  pour  dire  qu'il  n'osait 
se  croire  digne  d'un  tel  honneur  :  mais 
il  fut  seul  de  son  avis. 

M.  le  docteur  Frankinet  a  rempli  dif- 
férentes missions  en  dehors  de  l'Uni- 
versité ;  c'est  ainsi  qu'en  i845,  il  a  été 
nommé  inspecteur  des  eaux  minérales 
de  Spa.  Il  est  membre  correspondant 
de  la  Société  médico-chirurgicale  de 
Berlin  depuis  1840;  le  49  septembre 


de  l'année  suivante ,  il  a  été  nommé 
membre  titulaire  de  rAcâdémie  royale 
de  médecine  de  Belgique;  en  1845,  il 
a  reçu  le  diplôme  de  membre  de  la  So- 
ciété physico-médicale  d'Erlangen,  et 
en  1845,  celui  de  membre  effectif  delà 
Société  de  médecine  de  Liège.  En  1843, 
il  a  présidé  le  Comité  des  sciences  de 
la  Société  d'Emulation  de  Liège,  dont 
il  fait  partie  depuis  1820.  —  Le  regret- 
table Wilmart  (v.  ce  nom)  était  gendre 
de  M.  Frankinet. 


Gloesetiei*  (MiCHEL),   0.  ^  ,   né  à 

Haut-Charage  (C'-Duché  de  Luxem- 
bourg) le  4  mars  1794  (•),  compte  au- 
jourd'hui (1S69)  quarante-cinq  années 
de  services  dans  l'enseignement  supé- 
rieur. Du  droit  que  lui  ont  conféré  ses 
services,  il  jouit  de  Votium  cum  digni- 
taie;  mais  il  estémérite  plutôt  nomina- 
lement qu'en  réalité ,  puisque  son  nom 
figure  encore  au  programme  de  l'Uni- 
versité de  Liège,  pour  le  cours  de  phy- 
sique mathématique.  Indefeasus  agendo :  ' 
cette  expression  d'Ovide  s'applique  ici 
à  la  lettre.  Non-soulement  M.GIoesener 
est  resté  fidèle  à  ses  habitudes  de  pro- 
fesseur, mais  il  poursuit  plus  active- 
ment que  jamais,  avec  une  ardeur  toute 
juvénile,  les  études  spéciales  qui  lui 
ont  fait  un  nom  dans  l'histoire  de  la 
science.  Son  infatigable  persévérance 
est  comparable  à  celle  d'André  Du- 
monl;  et  il  est  assez  piquant  de  noter, 
en  passant ,  que  le  premier  grand 
triomphe  de  l'un  et  de  l'autre  a  été  cé- 
lébré dans  la  même  fête  (v.  l'art.  Du- 
mont).  Les  études  de  M.  Gloesener  ont 
été  plus  étendues  et  plus  variées  que 
celles  de  son  éminent  collègue  ;  mais 
tous  deux  ont  eu  le  bonheur,  dès  leur 
première  jeunesse,  de  reconnaître  clai- 
rement leur  véritable  aptitude,  et  assez 
d'énergie  pour  s'appliquer,  de  plus  en 
plus  exclusivement,  à  un  seul  ordre  de 
recherches  et  d'expériences.  C'est  ainsi 
qu'on  parvient  à  creuser  un  profond 
sillon  dans  le  champ  du  savoir  humain, 


(*)  Cette  page  remarquable  a  été  dessinée 
et  écrite  par  M.  FlorenviUe,  aussi  de  Liège. 

(')  La  famille  Gloesener  est  originaire 
d'Autriche  ou,  plus  exactement,  de  Bohème; 
lun  de  ses  membres  paraît  être  resté  dans 


le  Luxembourg  à  ta  suite  des  guerres  qui  ont 
suivi  Tavénement  de  la  maison  de  Gorlitz 
(Aitg,  Europ.  Wappenbueh,  Tti.  III,  fol.  73. 
Nuremberg,  1496). 


667 


GLO 


668 


surtout  dans  le  domaine  de  Tétude  de 
la  nature  ;  mais  il  est  diflirile,  en  pareil 
cas .  pour  ne  pas  dire  impossible ,  de 
s'abandonner  aux  douceurs  du  repos , 
parce  que  rien  n'alimente  la  curiosité 
plus  sûrement  que  les  découvertes. 

Sa  première  éducation  terminée,  le 
jeune  Michel  tut  confié  aux  doctes  soins 
de  Tabbé  Rodesch,  ancien  professeur  au 
Collège  de  St-Hubf  rt.  Un  an  plus  tard, 
il  entra  au  Collège  im|)érial  de  Luxem- 
bourg. Admis  le  premier,  il  garda  son 
rang  de  classe  en  classe  :  la  dernière 
année ,  il  reçut  le  titre  de  conférencier, 
qui  impliquait  la  mission  de  diriger  les 
études  des  élèves  en  poésie.  —  L'occu- 
pation de  la  ville  et  du  Grand-Duché  de 
Luxembourg  par  les  alliés  eut  pour  con- 
séquence la  fermeture  momentanée  des 
écoles.  En  1816,  notre  étudiant  partit 
pour  Metz,  où  il  s'appliqua  particuliè- 
rement aux  mathématiques,  sous  le 
professeur  Lesage  ;  de  là,  nous  le  ren- 
controns au  Gymnase  de  Trêves,  con- 
tinuant à  sMnitier  aux  sciences,  s'or^u- 
pant  déjà  de  physique  et  suivant  inci- 
demment un  cours  de  théologie.  Enfin 
il  franchit,  en  i8I8,  le  seuil  de  l'Uni- 
versité de  Lié^e.  Tout  en  se  préparant 
à  conquérir  le  diplôme,  alors  très-ra- 
rement recherché  (*),   de  Matheseos 
magifttcr  et  Phil.  naturalis  doctor,  il 
prit  part  chaque  année  au  concours  uni- 
versitaire et  remporta,  coup  sur  coup, 
trois  médailles  d'or  ,   trois  victoires 
dans  autant  de  sciences  différentes, 
comme  Ch.  Morren  D'abord  il  traita  une 
question  d  algèbre;  puis  la  botanique  eut 
son  tour,puis  la  chimie. La quatrièmean- 
née  (18âi-18ââ),  on  posa  une  question 
de  physique  ;  il  eut  occasion  d'aborder 
la  théorie  de  rêlectro-magnétisme,  qui 
commença  dès  lors  à  devenir  sa  préoc- 
cupation dominante.  La  majorité  du  jury 
lui  vola  la  médaille;  néanmoins  elle  ne 
lui  fut  pas  décernée,  par  égard,  paraît-il, 
pour  le  professeur  Vanderheyden  (v.  ce 


nom),  qui  avait  cru  voir  on  acte  d'hos- 
tilité dans  le  fait  que  le  concurrent  avait 
défendu  une  opinion  opposée  à  la  sienne 
(').  Rien  n'était  plus  loin  de  la  pensée 
et  du  caractère  de  M.  Gloeseoer  que 
de  donner  aux  étudiants  l'exemple  de 
l'insubordination  :  en  matière  scienti- 
fique, après  tout,  quand  on  croit  avoir 
la  main  pleine  de  vérités,  il  est  bien 
permis  de  l'ouvrir.  Autant  vaudrait  re- 
procher à  Galilée  le  cri  de  sa  con- 
science :  E  pur  si  muove  !  M.  Gloese- 
ner  ne  fut  pas  médaillé  celte  fois; 
mais  II  persista  dans  sa  manière  de 
voir,  comme  l'atteste  sa  dissertation 
inaug:urale  pour  le  doctorat  en  sciences 
(25  février  1825),  où  il  soutint  brillam- 
ment les  idées  d'Ampère(').  Les  encou- 
ragements qu'il  reçut  plus  tard  de  l'il- 
lustre savant  français  le  consolèrent  de 
sa  déconvenue,  et  il  ne  tarda  pas  à  voir 
les  théories  dont  il  s'était  fait  le  cham- 
pion obtenir  le  droit  de  bourgeoisie 
dans  la  cité  des  savants. 

Dès  cette  époque,  M.  Gloesener  avait 
manifesté  le  désir  d'embrasser  la  car- 
rière de  l'enseignement.  Sa  famille  n'é- 
tait pas  favorable  à  ce  projet  ;  il  résolut 
de  se  suffire  à  lui-même.   Il  renonça 
spontanément  à  toucher  les  revenus 
qui  lui  étaient  déjà  dûs  et  y  suppléa  en 
donnant  des  leçons  de  mathématiques 
et  en  traduisant  des  thèses  en  latin, 
langue  qui  lui  était  très-familière.  Un 
ecclésiastique  de  mérite,en  même  temps 
son  oncle  et  son  parrain,  l'encouragea 
dans  ses  travaux  et  ne  l'en  estima  que 
davantage,  pour  s'être  imposé  une  vie 
austère.  Le  recteur  de  l'Université  lui 
offrit  une  bourse  d'études  :  il  répondit 
fièrement  qu'il  n'en  avait  pas  besoin. 
Pour  la  lui  faire  accepter,  on  dut  lai 
persuader  qu'il  y  avait  droit  à  raison 
des  distinctions  qu'il  avait  obtenues. 
Les  circonstances  le  mirent  en  rapport 
avec  des  familles  influentes  :  jamais  il 
ne  chercha  à  profiter  de  ses  relations 


(*)  De  1817  à  1830,  il  n'est  sorti  defUni- 
versitëde  Liège  que  sept  docteurs  en  sciences 
physiques  et  malhémaliques  :  MM.  Martens 
nSât).  Gloesener  it823;,  D.  Leclercq,  Pla- 
teau, Valerius,  Brasseur  (i8!29;  et  Jacque- 
myns  (i830). 

(*)  Vandcrtieyden  s'était  expliqué  sur  Vé- 


lectro-magDétisme  dans  un  Mémoire  publié 
en  4822  par  Ducrolay  de  Blain ville.  —  Le 
Mémoire  de  M.  Gloesener  sera  prochainement 
traduit  et  publié. 

(*)  Ik  identitaie  fluidi  electrici ei  magne- 
lici,  deducta  ex  iheorià  à  clarissimo  Ampère 
proposiiâ,  Liège,  Collardin,  4823,  in- 4». 


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GLO 


670 


pour  lui-même;  en  revanche,  ses  con- 
disciples moins  heureux  eurent  à  se 
louer,  en  plus  d'une  occasion,  de  son 
obligeance  et  de  sa  générosité  (v.  Tart. 
Meyer). 

Avant  de  subir  son  dernier  examen, 
il  était  allé  passer  quelque  temps  à 
Utrecht.  N'y  trouvant  pas  les  ressources 
scientiQques  sur  lesquelles  il  avait 
«'ompté,  il  revint  se  faire  diplômer,puis 
partit  pour  Paris,  emportant  la  certi- 
tude d*entrer,  ù  son  retour,  dans  les 
cadres  de  renseignement  supérieur  (*). 
M.  Gloesener  suivit  pendant  deux  ans 
les  cours  de  Lacroix,  de  Lefèvre,  de 
Thénard  et  de  Biot  au  Collège  de 
France  ;  à  la  Sorbonnc,  il  entendit  Gay- 
Lassac,  Pouiilel,  Dulong,  Dinet,  Cau- 
chy.  Hachette,  Francœur,  et  encore 
Lacroix,  Thénard  et  Biot  ;  au  Conserva- 
toire des  arts  et  métiers,  il  fut  Télève 
de  Dupin.de  Clément  et  de  Say;  enfin, 
d'Arago,  à  l'Observatoire  (•).  Incidem- 
ment, il  fréquenta  même  des  cours 
étrangers  à  ses  études  spéciales  :  au 
Jardin  des  Plantes,  il  alla  écouter  Du- 
méril,  Brongniart,  Chevreul  et  Cordier  ; 
Orfila  et  llargelin,  à  TEcole  de  méde- 
cine :  on  le  vit  même  assister  plusieurs 
fois,  à  l'hôpital,  à  la  clinique  de  Dupuy- 
iren.  Les  belles-lettres  n'étaient  pas 
oubliées  :  c'était  pour  lui  une  fête  de 
courir  k  la  Sorbonne  se  suspendre  aux 
lèvres  éloquentes  des  Andrieux,  des 
ViUemain  ou  des  Guizot. 

Les  étrangers  n'étaient  pas  admis 
aux  cours  de  TEcole  polytechnique,  où 
enseignait  Ampère;  mais  M.  Gloesener 
eut  la  bonne  fortune  d'être  présenté,  par 
Hachette,  à  celui  des  savants  français 
qu'il  tenait  le  plus  à  connaître.  Ampère 
reçut  le  jeune  homme  avec  beaucoup 


de  distinction ,  se  montra  enchanté  de 
sa  thèse  de  doctorat,  lui  prêta  des  in- 
struments etdes  piles  pour  faire  des  ex- 
périences, et  donna  son  approbation  à 
deux  Mémoires  soumis  par  M.  Gloese- 
ner à  l'Académie  de  Bruxelles  ('). 

Dès  18âl,la  chaire  de  mathématiques 
supérieures  et  de  physique  au  Collège 
royal  de  Bruges  lui  avait  été  offerte,  avec 
un  traitement  de  i500 florins  dcsP.-B., 
plus  un  casuel  ;  mais  alors  ses  études 
n'étaient  pas  terminées,  et  comme  il  ne 
recherchait  point  l'enseignement  pour 
les  avantages  matériels  qu'il  pourrait 
en  retirer  immédiatement,  il  refusa. 
Aut  Cœsar,  aut  nihiL  Ce  qu'il  appelait  de 
tous  ses  vœux,  c'était  le  droit  de  monter 
dans  une  chaire  académique.  Le  Gou- 
vernement tint  promesse  :  M.  Gloese- 
ner fut  nommé,  le  6  octobre  i8â4,  lec- 
teur à  la  Faculté  des  sciences  de  l'Uni- 
versité de  Louvain,  chargé  des  cours 
d'astronomie  (^)  et  de  mécanique  ana- 
lytique (").  Il  accepta  ensuite  (28  sept. 
1825)  une  chaire  au  Collège  philosch 
phiqtte  (Introduction  aux  sciences  natu- 
turelles)  et  la  conserva  jusqu'à  la  sup- 
pression de  l'établissement  (1850)  : 
sa  nomination  définitive  ù  l'Université, 
comme  professeur  extraordinaire,  date 
du  4  octobre  1825-  On  lui  fit  une  posi- 
tion exceptionnelle,  en  lui  accordant 
les  droits  et  les  privilèges  attachés  à 
l'ordinariat  (•);  il  eut  mission  d'en- 
seigner la  physique  mathématique  (M 
et  une  partie  de  la  physique  expérimen- 
tale (').  Son  discours  inaugural  :  De 
verà  scUntias  physkas  excolendi  me- 
thodo  et  vero  illarum  studii  fine,  fut  pro- 
noncé le  26  janvier  182G,  en  séance 
solennelle  de  la  Faculté,  selon  Tusage. 

On  peut  qualifier  d'héroïque  la  con- 


f  '  )  Le  Ministre  le  lai  promit  par  écrit,  en 
regrettant  qa'il  n'y  eût  point  de  fonds  des- 
tinés à  envoyer  les  jeunes  gens  d'avenir  se 
perfectionner  à  l'étranger.  A  propos  des  titres 
de  M.  Gloesener,  il  ajoutait  :  <>  J*ai  rarement 
vu  d*aussi  briUanis  certificats.  » 

(  *  )  M.  Gloesener  eut  ensuite  avec  Arago 
des  relations  personnelles ,  qui  durèrent 
aussi  longtemps  que  la  vie  de  l'ëminent  as- 
tronome. 

(*)  Ses  études  sur  Tëlectro-magnétisme 
furent  également,  en  1823,  approuvées  par 
(^rsted  (v.  ci-après  la  lUbliogr.,  n»  4). 


(*)  11  a  fait  gratuitement  ce  cours  pendant 
23  ans. 

{ •  )  Pour  le  prof.  Goebel. 

{ *]  A  cette  époque,  les  professeurs  ordi- 
naires faisaient  seuls  partie  du  Sénat  acadé- 
mique. —  V.  l'art   DuPOHT. 

(  ^  )  11  n'a  pas  cessé  de  faire  ce  cours,  soit 
k  Louvain,  soit  à  Liège,  depuis  i835  jusqu'à 
l'heure  où  nous  écrivons. 

(')  Il  succéda  à  Sentelel,  qui  ne  se  retira 
définitivement  qu'en  18!28.  M.  Gloesener  lui 
laissa  la  jouissance  de  I  habitation  à  laquelle 
avait  dro  t  le  professeur  de  physique. 


I 


671 


GLO 


672 


duUe  que  tint  M.  Gloesener  en  1830, 
dansune  circonstance  dont  les  historiens 
de  la  révolution  belge  n*ont  consacré 
le  souvenir  que  la  rougeur  au  front. 
La  maison  du  commandant  de  Louvain, 
voisine  de  la  sienne,  fut  envahie  et  pil- 
lée par  la  populace  en  furie.  M.  et  M"* 
Gloesener  osèrent  recueillir  M"*  Gail- 
lard, avec  son  argenterie  et  tout  ce 
qu*elle  parvînt  b  sauver,  même  les  mi- 
nutes des  ordres  du  gouvcmemeni  des 
Pays-Bas.  On  sait  qu'une  troupe  de  for- 
cenés s'emparèrent  de  la  personne  du 
malheureux  major,  et  qu'ils  inventèrent 
des  tortures  pour  le  martyriser  lente- 
ment jusqu'il  la  mort.  L'horrihie  nou- 
velle de  cet  acte  de  cannibalisme  par- 
vint h  BI.  Gloesener  avant  que  M™* 
Gaillard  en  fût  informée  .elle  se  trouvait 
alors  chez  une  de  ses  amies.  Ne  rencon- 
trai que  dos  autorités  hésitantes  et 
voyant  la  révolution  triompher,  notre 
professeur  s'entendit  avec  le  docteur 
Baud,  dont  le  courage  civil  fut  aussi, 
danc>  toute  cette  affaire,  au-dessus  de 
tout  éloge  :  il  fut  convenu  que  Tinfor- 
lunée  retournerait  i\  son  pi»emier  asile. 
Il  n'y  avait  pas  un  Instant  à  perdre  :  on 
pouvait  tout  craindre  de  l'exaltation  des 
masses  ;  d'autre  part,  la  difficulté  était 
de  persuader  M*"'  Gaillard  sans  lui  lais- 
ser soupçonner  la  vérité.  Ne  voulant  pas 
compromettre  M.  Gloesener,  qui  vint 
la  chercher  à  la  faveur  de  la  nuit,  elle 
hésita  longtemps  à  accepter  :  enfin  elle 
se  décida,  sur  l'assurance  qui  lui  fut 
donnée  qu'il  s'agissait  de  la  conduire 
auprès  de  son  mari,  à  Bruxelles,  où  (soi- 
disant)  on  allait  le  juger.  Ils  se  rendirent 
effectivement  en  cette  ville,  où  d'activés 
démarches  furent  faites  pour  régler  la 
position  de  la  veuve  du  major  et  ménager 
son  départ  pour  la  France,  son  pays 
natal.  Nous  laissons  ^  penser  de  quelle 
reconnaissance  elle  resta  toute  sa  vie 
pénétrée  envers  M.  et  M"*  Gloesener; 
ce  sentiment  aurait  sans  doute  été  par- 
tagé à  la  cour  de  Hollande,  si  les  détruis 
que  nous  venons  de  rapporter  y  avaient 
été  connus.  Mais  il  n'est  que  juste  de 


signaler  au  gouvernement  belge  hii- 
même  la  conduite  du  sauveur  de  M** 
Gaillard  :  c'est  peut-être  à  son  courage 
et  à  sa  présence  d'esprit,  que  notre  révo- 
lution doit  de  ne  s'être  souillée  que  d'une 
seule  tache  de  sang. 

Le  1G  décembre  1830,  M.  Gloesener 
fut  maintenu  dans  sa  qualité  de  profe.s- 
seur  extraordinaire,  mais  transféré  à 
l'Université  de  Liège.  Le  gouvernement 
provi<ioire  lui  confia  les  cours  de  phy- 
sique expérimentale,  de  physique  appli- 
quée k  la  vie  domestique,  ù  la  médecine 
et  aux  arts  (v.  le  Rapp.  de  M.  Nothomb, 
t.  I,  p.  690),  d'astronomie  physique 
(populaire)  et  de  physique  mathéma- 
tique. Après  la  mort  de  Gaêde,  sur  la 
demande  de  la  Faculté  des  sciences,  il 
consentit,  non  sans  peine,  à  donner  le 
cours  de  minéralogie  pendant  Tannée 
académique  1854-1835;  seulement,  ne 
voulant  à  atiyi^un  prix  consener  celte 
nouvelle  charge  (')«  il  n'accepta  point 
la  responsabilité  du  cabinet,  dont  les 
clefs  furent  remises  au  lecteur  Lesoinne 
(v.  ce  nom).  La  résolution  de  M.  Gloe- 
sener au  sujet  de  la  minéralogie  eut 
pour  conséquence  d'ouvrir  les  portes  de 
l'Université  à  notre  illustre  Dumont  ;  à 
ce  titre,  on  ne  saurait  trop  s*en  applau- 
dir. L'intelligence  précoce  d*Ândré  Du- 
mont avait  fra|)pé  M  Gloesener,  qui, 
ayant  entendu  parler  de  lui,  s'était  em- 
pressé de  visiter  et  d'examiner  ses  col- 
lections. Remarquant  d'autre  part  sa 
faiblesse  en  mathématiques,  il  l'avait 
fait  venir  chez  lui  pour  le  présenter  à 
Lemaire  (v.  ce  nom),  et  pour  lui  donner 
le  conseil  d'aborder  des  études  régu- 
lières et  de  subir  des  examens.  Le 
voyage  de  TEifel  dont  il  est  question 
ci-dessus  (col.  ^0)  fut  entrepris  avec 
Dumont  parM.Gloesener,dans  les  condi- 
tions les  plus  favorables.  Les  deux  tou- 
ristes se  convenaient  :  ils  rapportèrent 
des  trésors  (*)  et  d'agréables  souve- 
nirs. M.  Gloesener,  dont  les  relations 
étaient  dès  lors  fort  étendues,  eulFoc- 
casion  de  présenter  son  Jeune  compa- 
gnon d  plusieurs  hommes  distingués  : 


(M  L.6  cours  de  mioéralogie  avait  été  un 
instant  confié  à  Davreux  (v.  ci-dessus,  col. 
lâO);  mais  la  Faculté  revint  sur  cet  arran- 
gement. 


(*)  Une  partie  de  la  collection  formée 
alors  par  M.  Gloesener  a  été  donnée,  depuis, 
à  rétablissement  des  Joséphites  de  Nelle. 


I 


673 


GLO 


674 


vers  la  fin  de  sa  vie,  Damont  se  plaisait 
encore  à  raconter  les  épisodes  de  ces 
belles  journées. 

M.  Gloesener  fut,  avec  Brasseur  (v. 
ce  nom),  Fun  des  premiers  organisa- 
teurs et  le  premier  président  de  FAsso- 
ciation  qui  devint,  comme  nous  l'avons 
dit(*),  la  Société  royale  des  Sciences 
de  Liège  ^  et  qui  remplaça  Tancienne 
Société  des  Sciences  naturelles ,  fondée 
en  i822. 

Le  1^  septembre  i835,  Tinspecteur- 
général  de  rarlillerie  fit  offrir  au  pro- 
fesseur de  physique  de  Liège,  par  une 
lettre  des  plus  flatteuses,  une  chaire 
(également  de  physique)  à  TÉcole  d'ar- 
tillerie créée  par  décision  du  5  août 
précédent.  Le  5  décembre  de  la  même 
année,  un  arrêté  royal  régla  de  nou- 
veau ses  attributions  à  l'Université  (par 
suite  de  la  réorganisation  de  l'ensei- 
gnement supérieur)  :  physique  mathé- 
matique, physique  expérimentale,  as- 
tronomie, mécanique  céleste,  physique 
appliquée  aux  ails.  La  même  année 
encore,  il  fut  nommé  secrétaire  du 
Conseil  académique.  En  i837,  il  obtint 
Tordinariat  ;  il  revêtit  l'hermine  recto- 
rale en  4846-1847.  Trois  ans  plus  tard, 
a  le  généreux  acquiescement  donné  par 
M.  Gloesener  à  un  partage  du  cours  de 
physique  expérimcniale  et  de  phy'si(}ue 
mathématique,  »  dit  M.  Borgnet  (*), 
procura  à  M.  Bêde  tt  les  moyens  de  se 
former  à  l'enseignement  d'une  science 
qui  compte  aujourd'hui  un  fort  petit 
nnmbrt*  de  représentants.  »  En  outre, 
M.  Gloesener  céda  entièrement  à  son 
ancien  élève  le  cours  de  physique  in- 
dustrielle (arr.  minist.  du  iSnov.  1850). 
Enfin,  sur  sa  demande,  le  7  janvier 
1857,  il  fut  autorisé  à  ne  conserver  que 
le  cours  de  physique  mathématique  (v. 
l'art.  Pérard). 


En  se  réservant  ainsi  la  libre  dispo- 
sition d'une  plus  grande  partie  de  son 
temps,  M.  Gloesener  ne  songeait  en 
aucune  façon  à  prendre  du  repos. 
Jamais,  ce  semble,  il  n'a  été  aussi  actif, 
aussi  fécond  que  depuis  qu'il  a  le  droit 
de  ne  plus  l'être.  Il  faut  du  zèle  à  un 
professeur  ;  il  en  faut  plus  encore,  il 
faut  une  persévérance  infatigatUe  à  ce- 
lui qui  travaille  à  perfectionner  les  ap- 
plications de  la  science,  surtout  si  l'on 
songe  aux  déboires  de  toute  nature  qui 
sont,  jusqu'à  un  moment  parfois  bien 
tardif,  le  lot  ordinaire  des  inventeurs. 
La  collaboration  assidue  de  M.  Gloe- 
sener à  divers  recueils  scientifiques  (v. 
ci-après),  ses  communications  à  l'Aca- 
démie royale  de  Belgique  attestent  qu'il 
s'est  de  plus  en  plus  adonné,surtoutdans 
c^s  derniers  temps ,  à  des  recherches 
spéciales  d'une  utilité  immédiate.  Fidèle 
aux  prédilections  de  sa  jeunesse,  il  a 
entrepris  des  expériences  délicates  et 
variées  surréleciro-magnéiismeet  a  élé 
graduellement  amené  à  modifier,  ou  plu- 
tôt à  transformer  le  système  des  télé- 
graphes, des  chronographes  et  des  hor- 
loges électriques.  Il  s'appuie  sur  le 
principe  de  la  solidarité  des  attractions 
et  des  répulsions  simultanées  et  conspi- 
rantes de  deux  électro-aimants  sur  les 
deux  pôles  contraires  d'une  armature  ou 
palette  aimantée;  et  réciproquement,  de 
deux  |)ôles  temporaires  contraires  sur 
un  seul  pôle  permaneilt,  et  de  deux 
pôles  permanents  sur  un  seul  pôle  tem- 
poraire mobile  (').  Ce  principe,  il  a  eu 
l'honneur  de  le  découvrir  (dès  1857)  et 
de  l'appliquer  le  premier.  C  est  encore 
lui  qui  a  eu  Thonneur  d'avoir  le  premier 
conçu,  construit  et  décrit  un  télégraphe 
à  écrire  fonctionnant  avec  renversement 
du  courant  (^);  malheureusement,  il 
n'est  point  parvenu  à  faire  adopter  son 


{*  )  Col.  80.  —  NouB  avons  omis  de  te- 
nir compte,  dans  Tari.  Brasseur^  de  celte 
période  intermédiaire  de  1835  à  18ii  (date 
de  la  publication  du  t.  I  des  ilémoires  de  la 
Soc,  royale  des  sciences).  Cette  abstention 
est  aaaez  naturelle  :  pendant  ces  sept  années 
la  Société  ne  parait  guère  avoir  eu  qu'une 
existence  nominale.  —  En  1842,  M.  Gloe- 
sener s'entendit  avec  Brasseur,  MM.  Lacor- 
daire,  Spring,  deKoninck,  etc.,  *  pour  lui 
imprimer  une  activité  nouvelle. —  M.  Gloese- 


ner est  aujourd'hui  le  seul  membre  fondateur 
survivant  de  la  Société  de  1835. 

(*)  Discours  de  réouverture,  1851. 

(  *  )  Traité  général  des  applications  de  l'é* 
lectriciié,  t.  I,  p.  70. 

(*)  En  revanche,  la  priorité  de  l'intro- 
duction de  ce  système  dans  le  service  public 
peut  être  revendiquée  parle  savant  directeur 
de  la  télégraphie  à  Londres,  M.  Varley,  qui 
a  appliqué,  en  1854  ou  vers  la  fin  de  1853 
(longtemps  après  que  M.  Gloesener  eut  pris 

t7 


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GLO 


676 


appareil  en  Belgique  :  on  lui  a  répondu 
qu*il  fallait  s'en  tenip  aux  systèmes 
adoptés  dans  les  pays  voisins  avec  les- 
quels nous  sommes  en  correspondance. 
(*).  En  revanche,la  disposition  proposée 
par  M.  Gloesener  pour  supprimer  le  res- 
sort de  rappel,  dans  les  télégraphes  avec 
letlres,foncUonnedepuis  1851  surtoutes 
les  lignes  des  chemins  de  fer  belges.  On 
lit  dans  le  Cosmos  du  17  novembre 
1858  :  «  Ce  ressort  (le  ressort  à  boudia 
dans  Tancien  système)  ne  doit  être  ni 
trop  tendu  ni  trop  lâche,  et  il  faut  que 
son  degré  de  tension  soit  en  rapport 
exact  avec  Tintensité  sans  cesse  variable 
du  courant  de  la  ligne.  De  là,  la  né- 
cessité de  régler  souvent  TappareiL  et 
cette  nécessité  est  un  inconvénient  d'au- 
tant plus  grave  que,  pour  rendre  les 
services  qu'on  en  attend,  le  télégraphe 
à  cadran  doit  pouvoir  être  manié  par 
les  mains  les  moins  exercées,  n  —  Il 
fallait  donc  absolument  supprimer  le 
ressort  antagoniste,  et  c'est  ce  que  M. 
Gloesener  a  appris  à  M.  Lippens  (*)  à 
faire,  en  mettant  à  sa  disposition  (') 
l'heureuse  idée  qu'il  a  eue  le  premier  de 
recourir  à  des  renversements  succes- 
sifs de  courants,  en  remplaçant  l'ar- 
mature enfer  doux  par  une  armature  ai- 
menlée.  De  cette  manière,  l'appareil  est 
toujours  équilibré  ;  quelles  que  soient 
les  variations  d'intensité  du  courant, 
un  effort  sera  toujours  suivi  d'un  effort 
égal,  ou  du  moins  efiScace,  exercé  en 
sens  contraire.  Le  principe  posé  par 
M.  Gloesener,  qui  caracl élise  et  diffé- 
rentie  les  nouveaux  appareils,  a  été 
parfaitement  appliqué  par  M.  Lippens  n 


<^).  Les  idées  de  M.  Gloesener  ont 
donc  fait  leur  chemin;  seulement,  le  vé- 
ritable inventeur  est  resté  dans  l'om- 
bre, en  ce  sens  qu'il  n'a  retiré  de  ses 
labeurs  aucun  avantage  personnel  (*). 
Il  ne  s'est  |)Oint  découragé,  alors  même 
que  d'autres  étaient  obligés  de  se  ser- 
vir de  son  nom  pour  exploiter  sa  dé- 
couverte. Il  a  fait  publiquement  appel 
aux  savants,  et  les  savants  lui  ont 
donné  raison  sur  tous  les  points  ;  puis 
il  s*est  remis  noblement,  naïvement 
pour  ainsi  dire,  à  l'œuvre.  Ses  Recher- 
cher sur  la  télégraphie  électrique,  pu- 
bliées en  1853,  ont  eu  un  grand  reten- 
tissement ;  l'édition  en  a  été  rapidement 
épuisée.  Une  médaille  d'honneur  en  or 
(de  i"  classe),  décernée  à  cet  ouvrage 
i^^fV Académie  natUmale^n  Paris,  a  été 
pour  l'auteur,  sinon  un  dédommage- 
ment, du  moins  un  de  ces  sujets  de  sa- 
tisfaction qui  sont  Inappréciables  dans 
certaines  circonstances  données  (*). 
On  verra  plus  loin  qu'il  avait  envoyé  à 
l'Académie  belge  mémoires  sur  mé- 
moires :  à  mesure  qu'il  arrivait  à  un 
résultat  nouveau,  il  avait  soin  d'en  faire 
part  à  cette  compagnie  savante,  afin 
de  s'assurer  un  droit  de  priorité;  son 
intention  était  de  refondre  le  tout  quand 
son  travail  serait  achevé.  Il  eut  tort 
peut-être  de  procéder  ainsi,   on  du 
moins  il  montra  qu'il  avait  moins  de 
savoir-faire  que  de  savoir  :  on  ne  lui 
accorda  pas  même  l'insertion  de  ses 
notices  dans  les  Bulletins  de  l'Acadé- 
mie. Cependant  tout  n'était  pas  dit.  Le 
succès  des  fiecherches  décida  M.  Gloe- 
sener, d'ailleurs  stimulé  par  l'approba- 


date  de  ses  découvertes),  au  télégraphe  à 
écrire  de  M.  Morse,  une  disposition  de  son 
inveniion  pour  écrire  avec  renversement  du 
courant  alternativement  en  sens  contraire 
{Ibid,,  p.  75). —  Il  n'est  pas  tiors  de  propos 
de  noter  qu'en  Angleterre,  les  lignes  télé- 
graphiques ne  sont  pas  exploitées  par  le 
Gouvernement. 

(  *  )  Le  service  international  n'en  eût  pas 
souffert, une  disposition  spéciale  de  M.  Gloe- 
sener lui  permettant  de  mettre  son  appa- 
reil en  concordance  avec  les  télégraphes 
à  écrire  de  l'autre  système. 

(*}  Constructeur  d'instruments  de  phy- 
sique à  Bruxelles. 

(')  V.  ci-après,  bibliog.,  no  ^i. 


{*)  tbid,  ,  note.  —  Pour  se  faire  une 
juste  idée  de  la  part  qui  revient  i  ce  dernier, 
le  lecteur  devra  recourir  aux  notes  addition- 
nelles insérées  à  la  fin  des  Recherches  {tfi 
â1),  p.  116  et  suiv.,  et  p.  ftS,  53  et  58  du 
dernier  ouvrage  de  M.  Gloesener  (Bibliog., 
no  36). 

(")  La  législation  belge  a  voté  plus  de 
16,000  frs.  pour  contribuer  à  la  somme  de 
400,000  frs.  accordés  au  professeur  Morse 
par  les  gouvernements  qui  emploient  son 
télégraphe  il  écrire  ;  les  droits  d'auteur  de 
M.  Gloesener  n'ont  pas  même  été  respectés. 

(*}  Cette  nouvelle,  apportée  à  Liège,  va- 
lut à  M.  Gloesener  une  ovation  de  la  part  des 
étudiants. 


677 


GLO 


678 


tion  de  quelques  membres  de  rinstilot 
de  France,  à  exposer  à  Paris,  en  i855, 
quelques  appareils  de  son  invention.  Il 
s*y  prit  un  peu  tard  ;  mais  les  difiScullés 
furent  aplanies  par  Cb.  de  Brouckere, 
le  type  et  le  modèle  des  présidents  (  '  ), 
et  M.  Raimbaud  eut  pour  le  savant  belge 
les  égards  les  plus  délicats.  M.  Gloe- 
sener  trouva  donc  place  dans  une 
annexe  du  Palais  de  Tindustrie.  Tou- 
tes les  médailles  étaient  déjli  votées  : 
ce  ne  fut  qu'après  les  vacances,  au 
mois  d*octobre ,  lorsqu'on  procéda  à 
un  travail  de  révision,  qu1l  fut  ques- 
tion de  ses  travaux.  Un  Jury  composé 
de  MM.  Wbeatslone ,  Babinet,  Péclet, 
L.  Foucault,  Edm  Becquerel,  Clerget, 
Magnus,  Hessier  et  Niel  Arnolt  lui  dé- 
cerna la  seule  médaille  dont  il  pouvait 
encore  disposer.  225  médailles  d'or 
décernées  n*avaient  point  été  accordées 
par  le  gouvernement  français;  point 
de  possibilité  d'en  réserver  une  à  M. 
Gloesener,  comme  Teussent  désiré  lf*s 
membres  du  jury.  Il  reçut  donc  Tunique 
médaille  de  1"  classe  que  la  Belgique 
ait  obtenue  pour  Télectricité.  M.  de 
Decker,  ministre  de  Pintérienr,  lui  fit 
sans  relard  obtenir  la  croix  de  chevalier 
de  l'ordre  national.  Ses  collègues  de 
rUniversité  s'émurent  ;  un  splendide 
banquet,  dont  il  fut  le  héros  avec  An- 
dré Dumont,  et  auquel  ashistèrent  les 
plus  hautes  autorités  du  pays,  fut  donné 
dans  la  grande  salle  de  la  Société  d'E- 
mulation, en  vertu  d*une  décision  du 
Conseil  académique  (').  La  Jeunesse, 
de  son  c6té,  ne  resta  pas  en  arrière 
('),  et  le  bourgmestre  de  Liège,  au 
nom  de  la  cité,  remit  au  lauréat  une 
médaille  d'argent,  dans  une  cérémonie 
publique  (^). 

Les  travaux  de  M.  Gloesener  ont  été 
récompensés  postérieurement  par  un 


grand  nombre  d'autres  distinctions.  Tan- 
tôt c'est  VAcadémh  natianaie  de  Paris 
qui  lui  décerne  une  seconde  médaille 
d'honneur  en  or  de  l'hélasse  (29  janvier 
1857),  pour  son  nouveau  ckronotcùpe 
électrique^  ou  qui  rappelle  sa  première 
médaille  (  \^  juillet  1858),  ou  lui  dé- 
livre un  diplôme  d'honneur  (20  mars 
4861),  deux  fois  rappelé  (2i  déc.  1864 
et  20  Juin  1866),  ou  enfin  lui  en  accorde 
un  nouveau,  à  la  suite  de  la  dernière 
Exposition  universelle  (18  nov.  4868); 
tantôt  c'est  la  Société  (^encouragement 
pour  rindustrie  nationale^  de  Paris,  qui 
lui  vote  (4862)  une  médaille  de  platine 
pour  son  chronographe  électrique;  c'est  le 
Jury  de  l'Exposition  de  Londres  (4862) 
qui  lui  remet  une  médaille  grand  mo- 
dule (*),  ce  qui  lui  vaut  une  mention 
extrêmement  élogieuse  en  séance  de 
VAcadémie  natûmale  et  la  mise  hors 
concours  (4K65).  A  l'Exposition  univer- 
selle de  4867,  M.  Gloesener  n'a  reçu 
qu'une  médaille  d'argent  (sans  décision 
du  jury),  par  suite  d'un  enchaînement 
de  circonstances  des  plus  fâcheux.  Une 
caisse  adressée  à  la  Commission  belge, 
et  contenant  des  instruments  entiers  et 
le  complément  des  autres  appareils,  n'a 
pu  être  retrouvée  que  le  29  juin  ;  son 
contenu  était  endommagé.  Le  jury  étant 
dissous,  à  l'époque  où  la  montre  de 
M  Gloesener  s'est  trouvée  enfin  aussi 
complète  que  possible  (au  mois  d'août), 
il  n'y  a  pas  eu  possibilité  de  revenir 
sur  le  passé.  Faute  de  révision  des  ré- 
compenses distribuées  et  d'examen  des 
objets  non  exposés,  il  n'a  pu,  d'autre 
part,  être  donné  suite  au  projet  de  la 
Commission  impériale  et  de  quelques 
membres  de  l'Académie  des  sciences  qui 
faisaient  partie  du  Jury,  de  proposer 
M.  Gloesener  pour  la  Croix  d'officier  de 
la  Légion  d'honneur  (*).  C'eût  été  un 


(*)  L'ëminent  bourgmestre  de  Bruxelles 
était  à  la  tète  de  la  Commigsioo  de  TExposi- 
lîQD  belge. 

(  *)  Un  extrait  (sur  parcbemio)  du  procès- 
verbal  cooetatant  cette  décision  fut  remis,  à 
^acoQ  des  deux  lauréats,  par  une  Réputation 
do  Conseil. 

(  ')  C'est  à  cette  occasion  que  U.  Gloesener 
a  reçu  son  portrait  Utbographié. 

{*)  Les  six  instruments  et  appareils  cou- 
ronnés à  Paris  en  i8ft5  ont  été  acquis  par  le 


Gouvernement,  sur  la  proposition  spontanée 
de  M.  Cbandelon  (v.  ce  nom),  moyennant  un 
subside  extraordinaire  de  4155  frs.,  pour 
le  cabinet  de  physique  de  l'Université  de 
Liège. 

(*]  V.  le  rapport  du  colonel  Fleming  ien- 
king,  trad.  dans  les  Annotes  léliyraphiques 
(1865). 

{ *)  Le  mérite  des  travaux  de  M.  Gloesener 
a  été  hautement  reconnu,  entr'autres,  par  le 
célèbre  physicien  de  Jacobi,  de  St-Péters- 


679 


GLO 


680 


insipe  bien  mérité,  à  placer  sur  sa 
poitrine  auprès  de  ceux  que  plusieurs 
souverains  y  avaient  déjà  attachés  (  *  ). 
M.  Gloesener  est  ofiicier  de  l'ordre 
de  Leopold  depuis  le  4  février  iK61 
(*),  commandeur  de  l'Ordre  impérial 
de  Saint-Stanislas  de  Hussie  depuis 
le  i9  octobre  1803,  euûn  officier  de 
rOrdre  royal-grand-dural  de  la  Cou- 
ronne de  ctiéne  depuis  le  19  février 
4864.  —  Les  Sociétés  savantes  aux- 
quelles il  a  été  suc(-4sssivement  affilié" 
sont  :  la  Soc.  des  ne,  naturelles  de  Liège 
(correspondant,  lel«rdéc.l824);  V Aca- 
démie de  Metz  (id.,  1829);  VAcad.  Sta- 
nislas de  Manr.y  (id.,  25  déc.  1829);  la 
Soc,  royale  des  scietices  de  Liège  (membre 
fondateur  et  président  en  18-i5);  la  Soc. 
des  se.  phys.^  chim.  et  départs  agricoles 
et  indmOi«/«  de  France  (corresp.,  4  fev. 
1857};  la  Soc.  d'Emulation  des  Vo.sges 
(corrésp.,  déc.  1844);  [Institut  poly- 
technique de  Wûrzbourg (membre  bon., 
i2  lév.  i«i5i);  VAcad.  /.  et  R.  des 
sciences  de  Bobème  (corresp.,  2  fev. 
1853);  VAcad  jiationaU  agricole, manu- 
facturière et  commerciale  de  Paris  (id., 
30  juin  1853)  (');  la  Soc.  impériale  des 
sciences  de  Cherbourg  (id.,  2  juillet 
1855);  la  Soc.  philonuttique  de  Paris 
(id.,  23  fév.  1856);  VAcad.  royale  de 
Belgique  (corresp.,  le  15  déc.  1856, 
membre  titulaire  le  15  dec.  i864);  la 
Soc.  royale  des  se.  y  des  lettres  et  des  arts 
du  Hainaut  (5  no\.  1858);  la  Soc.  de 
physique  et  de  médecine  de  Wûrzbourg 
(corresp.,  30  déc.  1859j;  V Association 
scientifique  d'Anvers  (id.  14  déc.  1861); 
\2LSoc.des  naturalistes  de  Riga(id.,  4fév. 
1863);  VInstitut  arcliéologique  liégeois 
(membre  associé,  25  fév.  1863);  la  Soc. 

bourg,  dans  deux  rapports,  dont  l'un  a  éié 
lu  devant  \'Acad.  imp,  des  sciences  de  celte 
vUle,  le  â8  nov.  1867  (v.  le  Journal  de  Si- 
Pèiers  ourg  ,  n«  61);  l'aulrc  a  paru  par 
extraits  dan»  le  Cosmos  (âS  sept.  1867). 

{')Ceci  est  littéralement  exact  pour  la 
Croix  de  chevalier  de  l'ordre  de  Léopold,que 
le  roi  des  belges  lui  remit  en  mains  propres, 
le  16  décembre  l8oi>,  dans  la  séance  publique 
tenue  à  l'Eglise  des  Augustins,  à  Bruxelles. 

(*)  Celle  promotion  coïncide  avec  son  ad- 
mission à  rémtfritat. 

(  ')  Vice-président  honoraire  le  49  janvier 
18S9;  président  honoraire  en  1861. 

[*,  Société  littéraire  fondée  par  M.  l'abbé 


ray.-g^^ucale  des  se.  naturelles  de  Lu- 
xembourg (membre  bon.,  18fév.  1864); 
entin  le  Cercle  Ozanam  C)de  Liège  (id., 
24janv  1868). 

M.  Gloesener  a  élé  déclaré  émérite 
le  4  fé\rier  1861.  Par  décision  minis- 
térielle du  1 7  du  même  mois,  il  est  resté, 
comme  nous  Tavons  dit,  chargé  du 
cours  de  physique  mathématique.  Le 
16  novembre  suivart,  jugeant  le  moment 
venu  de  donner  suite  à  un  projet  qull 
nourrissait  depuis  longtemps,  nous  le 
voyons  insister,  auprès  de  la  Faculté  des 
Sciences,  sur  l'importance  et  même  la 
néi*4;ssilé  quMl  y  aurait  d'exercer  à  la 
manipulation  des  instruments  de  phy- 
sique les  étudiants  inscrits  aux  cours 
du  doctorat  en  sciences  physiques  et 
mathématiques,  et  plus  spécialement 
ceux  qui  se  destinent  au  professorat.  H 
offre  de  rçmplir  gratuitement  cette  mis- 
sion ;  la  Faculté  adopte  sa  proposition, 
le  Recteur  partage  l'avis  de  la  Faculté. 
Mais  un  léger  subside  est  nécessaire  (*): 
là  est  la  difficulté.  L'affaire  instruite,  le 
Gouvernement  ne  croit  pas  pouvoir  se 
rendre  au  vœu  exprimé  par  M.  Gloese- 
ner :  si  le  cours  dont  il  s*agii,  dit  M.  le 
Ministre,  s'adresse  aux  jeunes  gens  qui 
aspirent  au  professorat  dans  les  athé- 
nées, c'est  à  I  Ecole  normale  de  Gand 
qu'il  doit  se  faire  ;  s'il  ne  s'agit  que  des 
rares  élèves  du  doctorat  en  sciences 
physiques  et  mathématiques,  ces  élèves 
peuvent  trouver,  comme  aides -prépa- 
rateurs du  cours  de  physique  expéri- 
mentale, les  moyens  de  s'exercer  à 
manier  les  instruments,  sans  qu1l  en 
résulte  aucun  frais  pour  TEiat  —  En 
France,  depuis  que  M.  Duruy  est  aux 
affaires,  on  en  a  jugé  autrement  ;  un 

Bodson,  et  principalement  composée  d'étu- 
diants de  rUaiversité.  Elle  est  sur  le  point 
de  publer  le  t.  Il  de  ses  Annote*,  composées 
de  Mémoires  lus  dans  les  séances.  CeUes-ci 
sont  consacrées,  en  outre,  k  des  conférences 
ou  à  des  discussions  sur  les  questions  philo- 
sophiques, littéraires  ou  scientifiques  à  l'ordre 
du  jour  ;  on  y  apprécie  les  auteurs,  les  opi- 
nions qui  se  produisent,  «itc.  —  Il  existe  ou 
il  a  exisié  à  Liège  d'autres  Sociétés  ana- 
logues, de  tendances  diverses  ;  nous  les  no- 
tons à  mesure  qu'elles  se  présentent  sur 
notre  chemin. 
(*)  250  frs.,  pour  achat  d'acides,  etc. 


681 


GLO 


682 


superbe  laboratoire  affecté  aux  mani- 
pulations de  physique  a  été  installé  à  la 
Sorbonne  sous  la  direction  de  M.  Ja- 
main  (de  rinsiitul),  professeur  de  phy- 
sique à  la  Faculté  et  à  TEcoie polytech- 
nique. Ce  qui  est  possible  à  Paris  ne 
Test  pas  toujours  sur  un  théâtre  moins 
vaste  *  cependant  il  est  permis  de  sou- 
haiter que,  même  au  prix  de  quelques 
sacrifices,  le  gouvernement  favorise  non 
seulement  les  travaux  pratiques  des 
élèves,  mais  les  mette  en  mesure  d'en- 
treprendre des  expériences  nouvelles 
et  de  contribuer,  en  unissant  leurs  ef- 
forts à  ceux  des  professeurs,  an  per- 
fectionnement des  sciences.  Depuis 
longtemps  les  Universités  allemandes 
sont  entrées  dans  cette  voie,  et  Ton 
sait  si  elles  ont  à  s'en  féliciter.  Les 
élèves  du  doctorat  sont  peu  nombreux, 
il  est  vrai  ;  mais  si  Ton  veut  que  nos 
Universités  forment  des  savants,  il  est 
indispensable  de  mettre  à  leur  dis- 
position des  ressources  suffisantes. 
Etendue  dans  le  sens  de  Tinstituiion 
de  laboratoires  de  recherches  pour 
les  sciences  physiques  et  chimiques . . 
la  proposition  de  M.  Gloesener  nous 
paraît  appelée  à  être  prise  tôt  ou  tard 
en  sérieuse  considération.  Les  Uni- 
versités ne  sont  pas  exclusivement  des 
écoles  professionnelles. 

L'œuvre  capitale  de  M.  Gloesener, 
celle  qui  résume  pour  ainsi  dire  toutes 
ses  éludes  piéférées,  a  fait  son  appa- 
rition dans  le  monde  scientifique  en 
184ÎI  :  nous  voulons  parler  du  Traité 
général  des  applications  de  l*électricité^ 
dont  la  seconde  partie  ne  tardera  plus 
longtemps  à  paraître  (v.  ci-après).  On 
peut  considérer  cet  ouvrage  comme  une 
seconde  édition  des  Recherches^  corri- 
gée, refondue  et  considérablement  aug- 
mentée (*).  Un  supplément  au  premier 
volume  a  vu  le  jour  en  1868;  c'est  une 
démonstration  théorique  De  Vimpor- 
tance  du  principe  du  renversement  al- 
ternatif du  courant  dans  les  électro- 
aimants. L'auteur  y  revendique,  comme 
de  raison,  la  priorité  de  ses  découvertes 
et  fait  voir  comment  il  a  construit  lui- 


même,  ou  donné  l'occasion  de  construire 
une  foule  d'appareils  qu'on  n'aurait  ja- 
mais |)u  exécuter  sans  son  principe,  no- 
tamment son  télégraphe  à  écrire  double 
sur  deux  lignes  parallèles  avec  deux 
molettes  ou  plumes,  te  premier  de  ce 
g  nre  en  un  seul  appareil,  La  solution 
du  problème  des  horloges  électriques 
par  M.  Gloesener  (•)  n'est  également 
qu'un  corollaire  de  sa  théorie.  C'est 
encore  lui  qui  a  remplacé  le  premier 
les  multiplicateurs  par  les  électro-ai- 
mants, dans  les  télégraphes  â  aiguille 
(système  anglais),  et  accru  ainsi  sensi- 
blement leur  force  ;  enfin,  il  a  construit 
le  premier  un  translateur,  renversant 
alternativement  en  sens  contraire  le 
courant  d'une  batterie  locale.  Son  li- 
vre ne  renferme  point  d'hypothèses  : 
théories  et  applications,  tout  a  été  ri- 
goureusement vérifié,  contrôlé,  passé 
au  creuset  de  l'expérience.  M.  Gloese- 
ner est  à  la  veille  de  pouvoir  dire  : 
Exegi  monumentum. 

Cette  longue  et  studieuse  carrière 
n'a  pas  été  exempte  de  traverses  :  plus 
d'une  fois,  même  comme  professeur, 
M.  Gloesener  s'est  heurté  contre  des 
obstacles  que  rien,  ce  semble,  n'aurait 
dû  lui  faire  prévoir,  et  plus  d'une  fois 
il  a  été  frustré  du  fruit  de  ses  efforts. 
Absorbé  par  ses  recherches,  il  n'a  pas 
toujours  assez  songé  au  profit  qu'en 
pourraient  tirer,  à  son  détriment,  ceux 
à  qui,  dans  son  enthousiasme  naïf  de 
savant,  il  confiait  son  Eurêka,  Il  lui 
reste  du  moins  la  conscience  d'avoir 
rendu  des  sei  vices  réels  à  la  science, 
à  l'industrie  et  à  son  pays;  et  sa  verte 
vieillesse  permet  d'espérer  qu'il  en  ren- 
dra longtemps  encore.  Instruit  par  une 
dure  expérience,  il  veillera  sans  doute, 
à  l'avenir,  à  ce  qu'ils  ne  soient  pas  plus 
stériles  pour  lui  que  pour  les  autres. 

Principaux  travaux  scientifiques  de 
M.  Gloesener. 

A.  Travaux  relatifs  à  rélectricité. 

1«  Mémoire  en  réponse  à  la  question 
du  concours  universitaire  :  Exponatur 
theoria  attractionis  molecularis  seu  af- 


;  *  )  On  y  retrouve  en  substance  la  plupart 
des  Hëmotres  et  des  notes  qu'il  a  communi- 
quéa  depuis  30  ans  à  des  Sociétés  savan- 


tes, etc. 

(  *  )  Les  horloges  de  M.  Gloesener  ont  été 
adoptées  par  la  ville  de  Liège. 


683 


GLO 


684 


finitatis  chimicœ  (Ann.  Acad.  Leod. 
1820-1821,  vol.  IV).  —  Aussi  à  part, 
412p.  in-4". 

Médaille  d'or.  —  L'aoteor  explique  l'affi- 
nité chimique  par  i'éiectncité;  ou  n'a  nui 
besoin,  dit- il,  de  recourir  à  no  autre  agent 
pour  se  rendre  compte  des  phénomènes  de 
la  chimie  inorganique.  Après  avoir  formulé 
les  lois  de  l'action  électro-chimique,  il  ex- 
pose et  discute  les  théories  des  proportions 
•t  des  atomes,  et  flnit  par  ramener  à  des 
formules  algébriques  le  système  des  combi- 
naisons. —  Ce  Mém.  a  été  présenté  par  M. 
Gloesener,  en  1833,  à  l'Académie  Sianislas 
de  Nancy. 

2<*  Mémoire  en  réponse  à  la  question 
du  concours  universitaire  :  Exffonantur 
prœcipua  phœnomena  ekctro-magnetica 
et  aecuratè  fubjidantur  dùquisUUmU 
Uà  ut  eorum  légitima  detur  explicatio 
(182i-i822). 

Réponse  non  couronnée.  M.  Gloesener  y 
soutenait  une  opinion  opposée  à  celle  de 
Vanderbeyden,  professeur  émérite  et  prési- 
dent du  jury  (v.  ci-dessus,  col.  667).  Les 
savants  lui  ont  donné  raison  plus  tard. 

3»  Mém.  sur  un  Exposé  de  la  théorie 
de  rélectro-magnétiame^  confié  en  1822 
à  OErsted. 

Il  valut  à  Tauteur  les  encouragements  les 
plus  flatteurs,  notamment  de  la  pari  du  cé- 
lèbre savant  danois,  qui  avait  découvert, 
dès  1820  ,  l'aclion  directrice  que  les  cou- 
rants fixes  exercent  sur  les  aimants  mo- 
biles, préparant  ainsi  la  voie  à  Ampère,  à 
Faraday  et  k  Ar&go. 

4®  Diss.  inaugurali»  physica  :  De 
ideiUitate  fluidi  eleclrici  et  magnetici, 
deducla  ex  theoriâ  à  clar.  Ampère  pro^ 
posità  (20  fév.  1823).  Liège,  Collardin, 
1823,  in-4o(Extr.  des  Ann.Aead.  Leod., 
1822-1823). 

De  même  que  les  Mém.  précédents,  cette 
thèse  attira  l'attention  de  FAcadémie.--  Am- 
père s'en  déclara  enthanté, 

5*  Mém»  9ur  des  explications  d'expé- 
riences électro-dynamiques,  envoyé  à 
TAcad.  de  Bruxelles  le  4  oct.  1823. 

Mentionné  honorablement  dans  les  pro- 
cès-verbaux de  l'Académie. 

6**  Mém.  sur  IHn/luence  du  magné- 
tisme sur  le  corps  humain,  présenté  à 
la  Soc.  des  sciences  naturelles  de  Liège. 

7*  flém.  sur  le  magnétisme  terrestre, 
présenté  a  FAcad.  de  Bruxelles. 


Médaille  d'argent.  —  La  question  fui  re- 
mise au  concours,  mais  avec  une  modifica- 
tion essentielle  (la  suppression  du  mot  ter- 
rtëtre).  M.  Gloesener  ne  crut  pas  devoir 
rentrer  en  lice. 

8^  Communications  diverses  à  la 
même  Société,  â  VAcad.  de  Stanislas 
de  Nancy  et  à  Y  Acad  roy.  des  sciences, 
etc.,  de  Metz. 

9^  Mém»  sur  Caction  réciproque  du 
courant  électrique  et  des  aiguilles  d^a- 
cier  et  de  fer  non-aimantées,  communi- 
qué en  1828  à  la  Soc.  des  se.  naturelles 
de  Liège. 

iO°  Mém.  9ur  Inaction  réciproque  du 
courant  électrique  et  des  aiguilles  d'a- 
cier et  de  fer  aimantées  et  non-aimoM- 
tées,  envoyé  à  VAcad.  de  Bruxelles  (3 
oct.  1829).  —  Supplém.  au  dit  Mémoire 
(1830).  —  Antres  communications  à  la 
même  Académie  (v.  la  table  générale 
des  BuUetins,  publiée  en  1858). 

1 1*"  Mém.  sur  la  théorie  des  aimants 
relativement  à  rinfiuence  qu'exercent 
sur  eux  les  courants  électro-magnéti- 
ques, envoyé  à  l'Académie  de  Stanislas 
(1833). 

Ce  mémoire  fit  entrer  M.  Gloesener  dans 
l'Acadcmiede  Nancy. 

12*  Notice  sur  faction  récipr.  entre 
un  courant  électrique  et  des  aiguilles 
d'acier  non-aituantées  (Dans  la  Corresp. 
dephys.  et  demathém.  de  M.  Quetelel, 
Brux.,  Hayez,  t.  V[,  1830,  p.  o9i). 

13*  Mém.  ayant  pour  but  d'expliquer 
les  attractions  et  les  répulsions  des  cou- 
rants électro-dynamiques,  envoyé  à  l'A- 
cad.  de  Bruxelles  en  1836. 

U»  Mém.  sur  les  paratonnerres,  té- 
digé  pour  la  Fac.  des  sciences  de  Liè- 
ge, en  réponse  à  une  demande  du  mi- 
nistre de  rinlèrieur  (31  juillet  1842). 

L'auteur  y  préconise  les  pointes  multiples, 
recommandées  depuis  par  l'Institut  de  Fran- 
ce. ;V.  le  Bull,  de  VAe.  roy,  de  l'eigique,  t. 
XXV,  no  8j. 

15*  Mémoire  sur  quelques  appareils 
électro-magnétiques  et  leur  emploi  (Mé- 
moires de  la  Soc.  royale  des  sciences  de 
Liège,  1843,  in-8*,  avec  une  pi.). 

S  1.  Pan-éteetrO'magnetieum  ou  Pan- 
électro-magnétique.  —  $  .U.  Moulinets  et 
boussoles  électro-magnétiques  :  î*  Monlir 
net  horizontal;  99  Moulinet  et  boussoles 


68S 


GW 


686 


électro-magnétiques  ;  3»  Moulinet  et  bous- 
soles électro-dynamiques  verticaux. 

16®  Notice  sur  deux  petits  appareils 
propres  à  changer  la  direction  des  cou- 
rants  électriques  (Ibid.,  1844,  in-8^ 
avec  1  pi.)* 

I.Chaageur.—lI.Chaogeur  plongeant  dans 
do  mercure. 

1 7°  Discours  prononcé  (comme  rec- 
teur sortant)  à  la  Salle  acad.  de  TUni- 
versité  de  Liège,  le  12  octobre  1847. 
Liège,  Desoer.  1847,  in-8*. 

De  l'influence  de  t étude  de  la  phytique 
Mur  le  bun-4tre  de  l'humanité.  (L'orateur 
appelle  incidemment  l'attention  sur  diffé- 
rentes applications  nouvelles  de  la  science, 
entr'autres  sur  les  horloges  électriques). 

18"^  Notes  sur  la  Construction  d'hor- 
loges et  de  télégraphes  magnétiques.  — 
Horloge  électrique  sans  pile.  —  Nouveau 
transmetteur  dans  les  télégraphes  avec 
les  lettres  alphabétiques.  —  Transmet- 
teur simultané  de  mêmes  dépêches  dans 
deux  ou  même  dans  plusieurs  directions 
différentes.  —  Suppression  du  ressort  à 
boudin  dans  les  horloges  électriques  et 
dans  le*  télégraphes  (v.  les  Comptes  ren- 
dus hebdomadaires  de  X Académie  des 
sciences  de  Paris,  1848,  t.  XXVI,  p. 
360  et  suiv.). 

Dès  1847,  M.  Gloesener  avait  expérimenté 
avec  succès  les  appareils  décrits  dans  ces 
notes,  particulièrement  en  présence  des  élè- 
ves de  son  cours  de  ph^ysique  industrielle. 

19**  Mémoire  sur  une  horloge  magné- 
to^lectrique,  sur  les  télégraphes  élec- 
triques et  magnéto-électriques,  et  sur 
un  appareil  magnéto-électrique  (v.  les 
mêmes  Comptes  rendus,  1848,  t.  XXVII, 
p.  23,  et  une  noie  sur  les  mêmes  sujets 
et  sur  des  perfectionnements  importants 
dans  la  constr.  des  télégr.  électriques, 
insérée  dans  le  Journal  de  Liège  du  17 
mars  1848). 

20"  Etude  sur  les  chronoscopes  (v.  le 
Journal  de  Liège  du  8  mai  1849). 

21**  Dépôt  à  i*Acad.  royale  de  Bel- 
gique, le  6  octobre  1850,  d  un  paquet 
cacheté  contenant  une  Notice  démon- 
trant davantage  de  combiner  un  électro- 
aimant avec  un  multiplicateur,    pour 


accrottre  la  puissance  motiice  dans  les 
télégraphe*  à  aiguilles  et  dans  toutes 
espèces  d*appareiîs  du  même  genre, 

22**  Mémoire  sur  la  télégraphie  élec- 
trique, etc.,  envoyé  à  XAcad.  roy.  de 
Belgique  (séance  du  7  maf  1S51).  — 
Suite  au  dit  Mémoire  (séance  du  14  juin 
1851).  —  2«  suite  (séance  du  7  juillet, 
même  année). 

Indication  de  perrectionnements  impor- 
tants concernant  les  télégr.  électriques  à 
une  et  à  deux  aiguilles  de  Wheatstone.  — 
Moyen  nouveau  et  avantageux  d'utiliser  la 
force  motrice  dans  les  télégraphes  k  cadran 
et  à  écrire,  et  d'augmenter,  par  suite,  la  vi- 
tesse de  transmission  des  signaux.  —  Mo- 
difications importantes  dans  la  construction 
des  galvanomètres,  en  vue  de  l'accroisse- 
ment de  la  force. 

25*  Recherches  sur  la  télégraphie 
électrique.  Liège,  Dessain,  1853,  un 
vol.  in-8^  avec  14  pi. 

Tiré  à  part  des  Mém.  de  la  Soc.  roy.  des 
aciencetde  Liéne  {iBH'^).  —  V Académie  na- 
tionale agricole,  manufacturière ,  etc.  de 
Paris,  a  décerné  à  M.  Gloesener,  à  raison  de 
cet  ouvrage,  où  sont  décrits  tous  les  perfec- 
tionnements introduits  par  ce  savant,  jus- 
qu'en 1853,  dans  les  télégraphes  électriques, 
les  horloges,  les  sonneries,  etc.,  une  mé- 
daille d'honneur  en  or  de  i^  clatse  (Séance 
générale  du  SO  juin  4855,  tenue  à  l'Hôlel- 
de-ViUe  de  Paris). 

24**  Analyse  sommaire  et  table  des 
matières  de  Touvrage  précédent.  (Extr. 
des  Mém.  de  la  Soc  roy.  des  sciences 
de  Liège,  1853,  t.  VIII  ;  8  p.  in-8<»). 

Nous  n'avons  rien  de  mieux  à  faire  que  de 
laissera  l'auteur  le  soin  d'exposer  lui-même 
ses  idées.  «  Voici,  dit-il,  lordre  des  ma- 
tières qui  constituent  mon  Mémoire. J'expose 
et  démontre  les  divers  inconvénients  du 
ressort  de  rappel  dans  les  télégraphes  ;  je 
propose  un  moyen  de  paralyser  complète- 
ment ces  inconvénients,  en  supprimant  le 
ressort  même;  je  démontre  que,  par  ce 
moyen,  je  n'évite  pas  seulement  tous  les  in- 
convénients de  ce  ressort,  mais  qu'en  même 
temps  je  me  procure  une  puissance  motrice 
au  moins  double  (  *  ),  et  encore  susceptible 
d'accroissement  J'indique  et  vérifie  parl'ex- 
rience  un  nouveau  mode  de  construction  des 
télégraphes  k  aiguilles  asiatiques,  qui  les 
rend  deux  fois  plus  sensibles  que  les  télé- 


(*)  1^  inoy«n  dont  il  s'agit  a  été  décrit      moire  envoyé  k  l'Institut  de  France  (24  fé- 
par  M.  Gloesener  dès  1848,  dans  un  W-      vrier). 


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GLO 


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graphes  actuels  de  cette  espèce.  Je  con- 
struis un  récepteur  où  l'aiguille  indicatrice 
des  signaux  peut  avancer,  rétrograder  et 
osciller  à  la  volonté  du  télégraphiste,  en 
employant  un  moyen  fondé  sur  un  principe 
qui  m'appartient,  que  j'ai  démontré  par  l'ex- 
périence, et  dont  j'indique  d'utiles  applica- 
tions aux  moteurs  électro-magnétiques.  — 
Je  donne  un  moyen  d'augmenter  beaucoup 
la  vitesse  des  transmissions  des  signaux 
dans  le  télégraphe  k  cadran,  en  rëpartissant 
les  lettres  de  l'alphabet  sur  deux,  trois  ou 
quatre  circonférences  et  en  indiquant,  par  un 
nombre  et  deux  coups  de  timbre  ,  celle 
des  lettres,  devant  l'aiguille  en  repos,  qu'on 
veut  transmettre. —  J'augmente  par  là  beau- 
coup la  vitesse  de  transmission  et  en  même 
temps  la  sûreté  de  la  marche  de  l'aiguille, 
en  diminuant  ses  mouvements  inutiles.  — 
Je  donne  la  description  d'un  système  de  té- 
légraphe avec  clavier,  construit  d'après  un 
principe  qui  est  mien ,  où  le  courant  fait 
tout.  Dès  que  le  circuit  est  formé,  le  courant 
passe  dans  un  récepteur  k  la  station  qui 
donne  la  dépèche  et  dans  un  autre  semblable 
k  la  station  qui  le  reçoit  :  l'opérateur  n'a 
rien  de  plus  à  faire  qu'à  poser  le  doigt  sur 
la  touche  marquée  par  la  lettre  qu'il  veut 
transmettre  ;  il  interrompra  le  courant,et  les 
aiguilles ,  aux  deux  stations ,  s'arrêteront 
devant  la  même  lettre,  si  tout  est  bien 
réglé.  Ce  système  diffère  des  autres  à 
clavier  : 

1«  En  ce  qu'il  est  à  double  échappement, 
tandis  que  celui  de  Simens,  celui  de  Fro- 
ment, etc.,  sont  à  simple  écbap|)ement  et 
transmettent  conséquemmenl  les  signes  ht  au  • 
coup  plus  lentement  ; 

So  £q  ce  qu'il  permet  d'opérer  avec  une 
force  beaucoup  plus  faible,  le  courant  n'ayant 
à  vaincre  aucune  espèce  d'obstacle,  ni  tension 
d'un  ressort, ni autrerésistance,  nia  produire 
directement  le  mouvement  même  de  l'aiguille, 
mais  seulement  à  dégager  une  simple  roue 
d'échappement  ; 

3^  En  ce  que  mon  système  marche  avec 
des  courants  faibles  et  des  courants  forts, 
sans  que  jamais  l'adhérence  de  la  palette 
aimantée  avec  les  électro-aimants  puisse  se 
produire  et  sans  que  jamais  aucun  réglage 
devienne  nécessaire,  comme  c'est  le  cas  dans 
tous  les  autres  systèmes  à  clav  er  connus  ; 

4»  En  ce  que  la  force  motrice  étant  plus 
grande,  l'appareil  est  plus  sensible  que  dans 
les  autres  systèmes  de  même  espèce. 

>  La  mouvement  est  produit  par  deux  élec- 
tro-aimants placés  symétriquement  de  part 
et  d'autre  et  très- près  d'une  palette  de  fer 
doux  ou  d'une  palette  d'acier  aimantée,  qui, 
attirée  successivement  par  l'un  vers  la  gauche, 
puis  par  l'autre  vers  la  droite,  fait  osciller 
par  les  vibrations  de  sa  tige  les  palettes 


d'échappement,  qui  arrêtent  alternativement 
et  laissent  passer  une  dent  à  la  fois  de  la  roue 
à  rochet  Le  courant  conduit  dans  cette  roue, 
passe  dans  l'une  des  deux  palettes  respecti- 
vement isolées  et  communiquant,  l'une  avec 
un  bout  de  ftl  de  l'électro-aimant  A,  et  l'autre 
avec  un  bout  de  fil  de  l'électro-aimant  B, 
tandis  que  leurs  deux  autres  extrémités  sont 
reliées  au  conducteur  de  la  ligne.  Une  ai- 
guille horizontale  en  laiton  est  fixée  à  un 
axe  vertical  passant  parle  centre  du  clavier, 
et  les  touches  de  celui-ci  sont  disposées  de 
manière,  qu'en  les  abaissant  par  le  doigt,  le 
courant  continue  à  subsister  et  n'est  inter- 
rompu que  lorsque  l'aiguille  vient  frapper 
contre  la  touche.  A  la  seconde  station,  il  faut 
un  clavier  semblable  à  celui  de  la  première, 
et  les  quatre  électro-aimants  des  deux  récep- 
teurs doivent  être  de  force  égale. 

»  Je  discute  les  difTérents  modes  de  con- 
struction des  transmetteurs  ou  manipulateurs 
des  télégraphes  à  cadran,  en  me  posant  ces 
questions  : 

i^  Faut- il  conduire  à  la  main  un  levier, 
qui  en  tournant  un  changeur  interrompt  le 
courant  et  en  change  la  direction  ;  l'arrêter 
devant  la  lettre  voulue,  gravée  sur  une  cir- 
conférence de  cercle  immobile  dont  il  est  ie 
rayon  ;  transmettre  par  ce  mouvement  du  le- 
vier, directement,  le  courant  de  la  pile  dans 
le  récepteur  de  la  station,  qui  reçoit  la  dé- 
pêche pour  faire  passer  son  aiguille,  par  l'in- 
fluenre  de  la  palette,  de  lettre  en  lettre,  d'a- 
cord  avec  le  levier  mû  à  la  main,  de  sorte 
que  l'aiguille  et  le  levier  se  trouvent  con- 
stamment sur  la  même  lettre? 

S«  Faut  il  opérer  comme  sous  1^,  mais 
faire  passer  le  courant  sorti  du  changeur 
dans  un  récepteur  identique  et  mis  d'accord 
avec  celui  de  la  station  qui  reçoit,  afin  que 
le  télégraphiste  puisse  voir  si  l'aiguille  de- 
vant lui  est  d'accord  avec  son  transmetteur 
conduit  à  la  main  ,  et  se  convaincre  par  là 
que  l'aiguille  du  second  récepteur  indique 
aussi  la  même  lettre  ? 

d^  Faut-il  prendre  pour  transmetteur  deux 
claviers,  et  laisser  à  la  pile  le  soin  d'inter- 
rompre et  de  rétablir  le  courant,  après  que 
le  circuit  est  fermé,  le  télégraphiste  n'ayant 
autre  chose  à  faire  que  d'arrêter  le  clavier 
devant  la  lettre  qu'il  veut  signaler  ? 

4»  Ëst-il  plus  facile,  plus  commode,  plus 
sûr  et  en  même  temps  plus  cxpéditif  de  ne 
pas  confier  à  la  main  le  mouvement  du  trans- 
metteur ,  et  de  ne  pas  charger  non  plus  la 
pile  de  tout  faire  sans  intervention  d'un  opé- 
rateur, mais  d'employer  un  mouvement  d'hor- 
logerie bien  réglé,  pour  arrêter  et  faire  passer 
le  courant  de  la  pile  alternativement  en  sens 
contraire  dans  les  deux  électro-aioianta  du 
récepteur  à  la  station  qui  reçoit,  ou  bien 
d'abord  dans  un  récepteur  à  la  première 


689 


GLO 


690 


sUttoD,  et  de  là  dans  le  fil  de  la  ligne  et  dans 
le  récepteur  de  la  station  k  laquelle  on  parle  ? 

•  Je  propose  la  construction  d'un  télé- 
graphe à  cadran  complet,  c'est-à-dire  avec 
transmetteur  et  avec  récepteur.  Le  trans- 
metteur est  à  clavier  circulaire, avec  un  mou- 
vement dlborlogerie  qui  interrompt  le  cou- 
rant et  en  change  la  direction  :  il  permet  de 
transmettre  les  lettres  aussi  rapidement  qu'il 
est  possible  de  les  piquer. 

•  S'il  est  en  repos,  le  courant  de  la  pile 
ne  passe  plus  et,  par  conséquent,  la  pile  ne 
s*use  pas  inutilement.  Il  est  construit  de  ma- 
nière que  la  personne  k  laquelle  on  parle 
peut  donner  des  signes  après  chaque  lettre 
transmise  par  la  dépèche  non  comprise,  et 
en  avertir  par  là  le  correspondant.  Pour 
transmettre,  on  pose  un  doigt  sur  la  touche 
portant  la  lettre  qu'on  veut  signaler,  et  on 
cherche  en  même  temps  de  l'œil  celle  qu'on 
vent  communiquer  après. 

•  Je  propose  la  construction  d'un  tél<*graphe 
à  écrire,  même  à  de  grandes  distances,  sans 
pile  locale;  le  tmnsmelteur  est  à  clavier,  et 
sans  le  ressort  de  rappel  qui  se  trouve  dans 
tous  les  systèmes  à  clavier. 

•  Je  propose  un  alphabet  pour  écrire,  dans 
lequel  le  nombre  de  signes  n'est  que  de  49  à 
43,  tandis  qu'il  est  de  69  à  7S  dans  les  autres 
systèmes.  Je  décris  un  appareil  qui  permet 
de  transmettre  les  dépêches  à  une  troisième, 
à  une  quatrième  station,  en  omettant  les 
stations  intermédiaires,  sans  faire  passer 
directement  le  courant  de  la  première  station 
à  la  dernière,  et  sans  faire  copier  et  trans- 
mettre les  dé  pèches  de  station  en  station.  Le 
courant  de  la  première  station  passe  à  la 
seconde,  met  la  pile  de  cette  station  en  acti- 
vité et  retourne  à  la  première.  Le  courant  de 
la  seconde  station  va  mettre  en  activité  la 
pile  de  la  troisième,  revient  à  la  seconde  et 
ainsi  de  suite.  Jusqu'ici  on  n'a  pas  encore 
produit,  que  je  sache,  un  semblable  amen- 
dement des  systèmes  à  cadran  :  on  a  fait  des 
essais  avec  le  système  à  écrire  ;  j'ignore 
comment  on  s'y  est  pris  et  jusqu'à  quel  point 
on  a  réussi  ;  mais  la  chose  est  facile  dans  ce 
système,  lorsqu'on  emploie  encore  le  ressort 
de  rappel,  comme  on  le  fait  partout  ;  elle 
est  plus  difficile  si  l'on  y  supprime  le  ressort, 
comme  on  a  intérêt  à  le  faire  ;  or,  dans  ce 
cas,  mon  système  est  nouveau  aussi  pour  le 
télégraphe  à  écrire. 

(  *)  M.GloeMnsr  ce  plaint  fA«cA.,  p.  109  et  raiT.)de 
c«  que  le  repportenr  (des  mémoire»  meotioané»  ptu 
b«at  MOI  le  D*S]  ettribne  à  M.  Uppen*  ringéoieDM 
appticetioD  d*id6ee  qai  seraient  restées  à  l'itat  é$ 
tméitrtê  cbei  le  professenr  de  Lié^^e.  Or,  non-seale- 
ment  oelni-ci  «Ttit  décrit  l'epplicetion  de  son  principe 
dansnn  Mém.  edreesé  en  lèlS  A  rtn»titnt  de  France 
fa*  19);  meis  il  s*était  empressé  de  eonstru  re  nne  bor- 
lofie  ei  nji  téléKrapfae  nnnisdn  dit  perfeclionnement, 
et  il  tes  «Tait  fait  nuiintes  fois  fonctionner  dans  son 
I  à  l*UniTenité,  et  en  présence  dn  rapportenr  Ini- 


»  Je  compare  les  divers  systèmes  de  télé- 
graphe; j'indique  les  avantages  et  les  désa- 
vantages dA  chacun  d'eux;  j'examine  les 
causes  qui  peuvent  déranger  leur  marche. 

»  Je  présume ,  d'après  quelque»  expé- 
riences que  j'ai  tentées,  que  l'on  pourra  em- 
ployer avec  avantage  en  télégraphie,  comme 
force  motrice,  un  courant  d'induction  déve- 
lopp«i  dans  un  fil  de  cuivre  fin  ,  de  plusieurs 
mille  mètres  de  longueur,  à  l'aide  d'une  pile 
d'un  élément  ou  d'un  petit  nombre  d'éléments. 
Le  commutateur  serait  mù  par  un  mouvement 
d'horlogerie  avec  ressort,  et  devrait  produire 
à  chaque  révolution  autant  de  courants  in- 
duits alternativement  de  sens  contraire,  qu'il 
y  a  de  lettres  dans  l'alphabet,  si  l'on  em- 
ploie un  télégraphe  à  cadran.  Les  deux  bo- 
bines, sur  lesquelles  on  enroulerait  le  long 
fit,  seraient  fixées  sur  les  jambes  d'un  fer 
doux  recourbé,  de  deux  ou  trois  centimètres 
de  diamètre.  Ce  transmetteur  serait  surtout 
commode  pour  les  télégraphes  portatifs,  par- 
ce qu'il  n'occuperait  qu'un  très-petit  volume. 

»  Je  discute  la  question  relative  à  l'éta- 
blissement des  fils  aériens  et  souterrains  des 
lignes  télégraphiques,  en  m'appuyant  sur 
l'observation  des  résultats  produits  par  les 
uns  et  par  les  autres.  —  Je  finis  par  des  re- 
marques et  par  une  réclamation  au  sujet  d'un 
rapport  relatif  à  un  point  contenu  dans  le 
présent  Mémoire,  rapport  fait  par  M.  A. 
De  Vaux,  inspecteur-général  des  mines,  à 
l'Académie  de  Bruxelles,  le  7  août  1851  ('). 

»  Mon  premier  Mémoire  est  suivi  d'un 
second,  composé  de  plusieurs  notices.  Dans 
la  première,  je  donne  la  construction  d'un 
pendule  magnéto-électrique.  Le  courant  élec- 
trique est  développé  par  un  fort  aimant,  por- 
tant sur  ses  pôles  deux  bobines  à  fin  fil  de 
cuivre  rouge  de  plusieurs  mille  mètres  de 
longueur,  devant  lesquelles  tourne  très-vite 
une  plaque  de  fer  doux ,  dont  le  mouvement 
est  rt<glé  par  le  balancier  d'un  pendule  nor- 
mal, à  l'aide  d'un  levier  qui  fait  mouvoir, 
sur  un  axe  horizontal  fixé  à  côté  de  l'aimant, 
une  pièce  en  fer  arrêtant  la  plaque  et  la  lais- 
sant s'échapper  deux  fois  pendant  une  oscil- 
lation entière.  On  se  procure  ainsi  plusieurs 
pendules  électriques  avec  une  seule  pendule 
normale. 

»  La  seconde  notice  contient  deux  modi- 
fications de  la  construction  des  galvanomètres 
ou  rhéoroètres,  dont  chacun  a  pour  elTet  de 

même.  Le  téléfpmphe  fut  confié  A  ce  dernier  sur  sa 
demande,  arec  le  commntatenr.  A  Bruxelles,  on  ne 
sat  pas  le  faire  marcher.  M.  Lippens,  A  rinsti};ation 
d*Aa.  De  Vaux,  exécuta  sur  ces  entrefaites  son  eppe- 
reil,  comprenant  le  perfectionnem<>nt  de  M.  oloe- 
«ener,  et  ne  put  faire  autrement  q[ue  de  reconnaître 

a  ne  le  principe  du  système  ne  lui  appartenait  pa«. 
lais  notre  inTenteur  ne  se  contente  pas  de  cette  dé- 
daraljon,  qni  ferait  supposer  que,  sans  les  additions 
de  II.  Lippens,  son  instrument  n*auroit  pas  été  pra- 
tique (Voir  ci-après,  n*  39). 


691 


GLO 


692 


rendre  ces  appereiis  plus  seoeibles  qu'ils  ne 
le  sont  actuellement. 

»  La  première  modification  consiste  à  di- 
viser le  fil  à  employer,  de  façon  ii  faire  un 
galvanomètre  en  deux  parties;  à  enrouler 
chacune  sur  un  cadre,  à  les  fixer  Toiie  sur 
l'autre,  et  à  y  suspendre  è  la  manière  ordi- 
naire  quatre  aiguilles,  formant  deux  systèmes 
compensés;  enfin,  àconduîre  lecourantdans 
les  deux  fils  réunis,  de  manière  qu'ils  con- 
spirent pour  faire  dévier  les  aiguilles.  En 
suspendant  une  seule  aiguille  dans  l'espace 
intérieur  de  chaque  cadre,  le  galvanomètre 
devient  encore  plus  sensible  que  si  tout  le 
fil  avait  été  enroulé  sur  un  seul  cadre.  Ce 
mode  de  diviser  le  fil  est  principalement  ap- 
plicable aux  cas  où  il  s'agit  de  galvanomètres 
à  très-longs  fils. 

»  La  seconde  modification  revient  ii  diviser 
le  fil  destiné  à  construire  un  galvanomètre 
en  deux  parties,  et  à  faire  de  l'une  un  gal- 
vanomètre, de  l'iiulre  un  électro-aimant  ;  à 
réunir  ces  fils  bout  à  bout,  et  à  placer  Télec- 
tro-aimant  convenablement  par  rapport  à 
Taigutlle  extérieure,  de  manière  qu'il  con- 
spire avec  le  multiplicateur  pour  faire  dévier 
l'aiguille  ou  les  aiguilles,  suivant  que  l'on  en 
emploie  une  seule  ou  deux.  Les  deux  modi- 
fications dans  la  construction  des  galvano- 
mètres conviennent  beaucoup  pour  constater 
des  courants  très-faibles  de  grande  tension, 
comme  dans  les  recherches  physiologiques, 
•te. 

»  La  troisième  notice  contient  des  expé- 
riences iniéressanles  concernant  l'influence 
du  magnétisme  ordinaire  sur  le  corps  hu- 
main »  ^Liége,  45  septembre  i85S). 

25^  Sur  les  appareits  télégraphiques 
exposés  à  Paris  en  1855  (La  Science, 
no»  des  24,  26  et  27  nov.  1855). 

26"^  Analyse  du  Mémoire  présenté  au 
nom  de  M.  Gloesener  à  TAcadémie  des 
sciences  de  Paris,  sur  un  chronoscope 
nouveau,  par  M.  Despretz  (de  Tlnsli- 
lut).  Paris,  1856,  m-8o  (Exlr.  des 
Comptes  rendus  de  VAc,  des  sciences. 
V.  le  Cosmos,  année  i856). 

27^"  Réclamation  de  priorité  sur  des 
perfectionnements  apportés  aux  horloges 
électriques  et  dûs  à  M  Gloesener  (Vin- 
dépendance,  la  Meuse,  le  Journal  de 
Liège,  V Illustration,  etc.,  4856). 

28^  Rapport  sur  un  nouveau  syst. 
de  télégr.  électrique  applicable  aux 
chemins  de  fer,  inventé  par  M.  Caude- 
ray  (Jounuil  des  trav.  de  lAcad.  natio- 
nale 6e  Psltïs,  1857;. 

29^  Note  sur  une  boussole  électro- 


magnétique, envoyée  k  VAcad.  rojf,  de 
Belgique  (i^l). 

SO"*  Mémoire  sur  une  nouvelle  applic. 
de  réUctricUé^  envoyé  à  VAcad.  natio- 
nal^ de  Paris  (id.), 

51^  Mém.  lu  an  Congrès  de  Bonn 
(4857)  sur  un  chronoscope  et  sur  Vap- 
plic,  du  renversement  au  courant  vol- 
taîque  dans  les  horloges,  les  télégraphes 
avec  lettres,  dans  les  relais  et  les  trans- 
lateurs des  télégr.  à  écrire,  et  en  géné- 
ral dans  toutes  les  applications  du  cov- 
rant  électrique  (V.  le  Rapport  officiel 
sur  le  55*  Congrès  des  naturalistes 
allemands.  Bonn,  1859). 

di""  Télégraphe  à  aiguille  i^rfection- 
né,  Liège,  1857,  In-S**  avec  1  pi.  (Extr. 
de  la  Revue  universelle  de  M.  de  Cuy- 
pcr). 

55"  Rapp.  à  VAcad.  nationale  de 
Paris  sur  une  borloge  électro-moteur 
(v.  le  journ.  de  cette  soc,  1858). 

51^  Uescr.  d'un  transtnetteur  pour 
les  télégr.  à  écrire^  permettant  de  ren^ 
verser  le  courant  alternativement,  ou 
de  IHnterrompre  successivement,  ou  d^é- 
crire  alternativement  avec  deux  plumes, 
soit  avec  Pune  soit  avec  l'autre,  soit  en 
combinant  leur  jeu  (v.  le  Cosmos,  Paris, 
1859,  t.  XV,  p.  412). 

55^  Descr.  de  deux  nouveaux  chro- 
noscopes  électriques,  présentés  à  V Aca- 
démie des  sciences  de  Paris,  au  nom 
de  M.  Gloesener,  par  M.  Despretz  (v. 
les  Comptes  rendus  de  VAcad  des  scien- 
ces, Paris,  1860,  t.  L). 

Les  deux  appareils  dont  il  s'agit  ont  été 
mis  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

56^  Traité  général  des  applications 
de  Vélectricité.  Première  partie.  Paris 
et  Liège,  Noblet,  1861,  un  vol.  de  550 
p.  in-8''.  avec  18  pi.  gravées  sur  pierre. 

On  ne  possédait  sur  cette  matière  impor- 
tante, avant  M.  Gloesener,  que  VBxpoié  du 
vicomte  du  Moncel,  ouvrage  remarquable, 
mais  moins  scientifique  et  moins  complet  que 
celui-ci.  Le  premier  volume  du  Traité  com- 
prend :  40  une  introduction, faisant  voir  com- 
ment la  science  a  fourni  successivement  les 
connaissances  rendant  possibles  les  applica- 
tions du  courant  électrique  ;  ^  un  exposé 
succinct  àesconnaissancea  exigées  pour  com- 
prendre, raisonner  etconstruire  les  appareils 
qui  fonctionnent  par  l'action  du  courant  élec- 


693 


GLO 


694 


triqjM  ;  3«  la  descriplion  des  divers  systèmes 
de  télégraphes  ;  4^  les  appareils  employés 
poiA*  les  commoDications  directes;  5»  les 
déràogements  eitérieors  des  flls  télt^graphi- 
qoes  ;  6»  les  parafoadres  ;  7«  les  cAbles  soas- 
marins;  8*  les  sooDeries  électriques  et  leurs 
applications  aux  usages  domestiques  ;  9«  les 
ehronoecopes.— Le  second  volume  contien- 
dra :  i«  les  horloges  électriques  ;  2«  l'appli- 
cation du  courant  électrique  :  a)  à  la  déter- 
mination des  longitudes  terrestres;  b)  à 
diveh^es  obsenralions  scientifiques  de  préci- 
sion ;  e)  aux  observations  météorologiques  ; 
tf)  à  rinflanmatlon  des  mines;  S*  l'application 
de  U  lumière  électrique  :  a)  aux  expîériences 
d'optique  et  d'acoustique  pour  la  proiection 
des  phénomènes;  b)  aux  opérations  mili- 
taires ;  c)  à  l'éclairage  des  villes,  des  phares, 
des  routes,  des  navires  sur  mer,  des  galeries 
des  àiines,  des  travaux  souterrains,  des  tra- 
vaux de  nuit,  etc.  ;  4*  la  théorie  des  princi- 
paux électro-moteurs;  5»  diverses  applica- 
tions du  courant  électrique  aux  arts  et  à 
l'industrie  ;  6»  la  galvanoplastie  ;  To  Tappli- 
catioo  de  l'électricité  k  la  médecine.  —  Les 
appareils  inventés  ou  perfectionnés  par  M. 
Gloeaener  n'ont  été  décrits  qu'après  avoir  été 
soua^is  è  des  épreuves  réitérées.  «  Mon  té- 

•  léAraphe  à  aiguilles  et  celui  à  lettres  mar- 
»  chant  avec  renversement  alternatif  du  cou- 
»  rant,  ^joute-t-il,  ont  fonctionné  pendant 
»  dei  années  sur  de  landes  lignes  de'Bel- 
9  gique  ;  le  dernier  sert  encore  et  l'autre  n'a 
»  dté  mis  {»•  côté  que  parce  que  le  gouver- 
»  neoent,  voulant  se  cuuformer  aux  pays 
»  voisins,  a  oesaé  d'employer  le  téli'graphe  k 
n  aiguilles  ;  cet  appareil  avait  fonctionné  à 
»  rEzpOftition  de  Paris  en  1858,  oh  il  m'a 
»  valu  une  médaille  de  1'«  clause,  ainsi  que 
»  mon  télégraplie  écrivant  sans  rHais  avec 
»  renversement  alternatif  du  courant.  Ce 
»  dernier  et  celui  écrivant  avec  deux  plumes, 
»  soit  avec  l'une  ou  l'autre  indifféremment, 

•  soit  alternai ivement,  et  dans  les  deux  cas 

•  sans  relais  et  sans  ressort  antagoniste,  ont 

•  marché  à  Paris  devant  une  Commission 
»  nommée  par  la  Société  d'encouragement 
»  et  seront  Vohjet  d'un  rapport.  » 

57*  Rapp.  sor  ane  Notice  sur  Ui  ai- 
wuinU  de  fonte  trempée,  par  M.  Flori- 
mond  (BulL  de  FAcad.  roy.  de  Belgique, 
!•  série,  t.  VU,  n<*  6);  id.  sur  une  note 
de  M.  Florimond  concernant  Télectri- 
dté  atmosphérique  (Ib.,  t.  XI,  n«  %)  ; 
id.  sur  un  Esiai  sur  la  résistance  com- 
parée des  conducteurs  de  fer  et  de  cuivre 
à  la  rupture  par  le  courant  galvanique 
et  Fétincelle  électrique^  par  M.  Jaspar 
(ib.,  U  XY,  n''  2)  ;  id,  sur  une  note  de 
M.  Carette-Dobbels  Sur  les  paratonner- 


res sans  raccordements;  Note  sur  quel- 
ques perfectionnements  apportés  aux 
appareils  chronographiques  (envoyée  à 
VAcad.  roy.  de  Belgique  le  f  5  déc.  i863). 

5S*  Aperçu  général  des  appareils  té- 
légraphiques à  TExpositlon  de  Londres 
en  i862;  leurs  progrès  depuis  1855 
(inéd.). 

39*  De  Fimportance  du  principe  du 
renversement  alternatif  du  courant  dans 
les  électro-aimants-  De  sa  théorie  et  de 
ses  applications  scientifiques  et  indus- 
trielles. Avantages  du  système  à  arma- 
ture aimantée.  Liège,  Desoer,  1868, 
ltt-8«  de  75  p. 

Complément  du  n«  33. 

B.  Travaux  n*ayant  pas  félectricité 
pour  objet. 

40*  Mémoire  (couronné)  en  réponse 
k  la  question  de  mathématiques  (1818- 
1819)  :  Ut  calculi  littcralis  seu  alge- 
braici  theoria,  principiis  è  solâ  arith- 
metirâ  et  signorum  naturâ  pctitis,  missA 
quantitalum  positivarum  et  necatîva- 
rum  seorsim  existentium  absurdâ  dis- 
tinctione  superstruatcr.  Dein  xquatio 
generalis ,  cùm  primi ,  tùm  secnndi 
gradûs  resolvatur ,  discuMaturque  ità  , 
ut  varia  solutionum  gênera ,  puta  ne- 
gativarum  ,  etc.  en  aniur ,  verus  et 
genuinus  earnm  sensus ,  ratioque  ils 
in  analysi  utendi  explirentur,  aptisque 
eTH^m\)\\s\\\nsireî\iur  (Ann.Acad,  Leod., 
vol.  il).  —  Aussi  à  part,  in-**. 

41*  &!émoire  (couronné)  en  réponse 
k  la  question  ôe botanique {i^ld-ih^O): 
Quaeritur  et  diversarum  opinionum  de 
fabricâ  nsuque  vasorum  plantarum  enu* 
merailo  chronologica,  et  quse  sit  hanim 
oplnionumoptlroa.exposiliof^iliifi.ilca(2. 
Leod  ,  vol.  111).  —  Aussi  à  part,  in-4*. 

42*  Mém.  sur  le  calcul  infinitésiwuih 
présenté  en  18Î2  il  VAcad.  de  Bruxelles 
(1822). 

45*  Notice  sur  une  nouvelle  démon- 
stration du  parallélogramme  des  forces^ 
présenté  en  1822  à  la  Soc.  des  se,  na- 
turelles de  Liège. 

44*  Bésumé  d'un  cours  de  physique 
expérimentale.  Liège,  Oudart,  1843, 
in-8*. 

L'éditeur  ayant  quitté  la  ville,  l'impres- 
sion de  cet  ouvrage  est  restée  inachevée. 


605 


HEN 


696 


45^  Mém,  sur  la  réfraction,  Liège, 
Dessaîn,  1846,  in-8*,  avec  \  pi.  (Exlr. 
du  t.  11  des  Mém.  de  la  Soc,  roy.  des 
scienceê  de  Liège). 

46®  Communications  à  VAcad-  roy. 
de  Belgique  sur  des  questions  de  phy- 
sique, notamment  sur  les  travaux  de 
&1.  Zenger  concernant  Vaction  molécu- 
laire des  éléments  chimiques  (Bull.,,  2* 
série,  t.  VU,  n""  8),  Tinfluence  de  celte 
action  sur  la  vitesse  de  la  lumière,  etc. 
(Ibid.,  t.  VIII,  n»9);  Rapport  sur  la 
notice  de  M.  De1bœur(v.  ce  nom)  inti- 
tulée :  Détermination  rationnelle  des 
nombres  de  la  gamme  chromatique 
fibid,,  t.  XXI,  n°  5),  etc. 

c.  Inventions  et  perfectionnements. 

Nous  ne  pouvons  songer  à  énumérer 
ici  les  instruments  et  appareils  de  tout 
genre  que  M.  Gloesener  a  conçus  et 
exécutés  le  premier,  non  plus  que  ceux 
dont  le  perfectionnement  lui  est  dû.  La 
liste  que  nous  avons  sous  les  yeux  ,  et 
qui  ne  comprend  pas  ceux  qui  ont  figuré 
à  TExposition  universelle  de  Paris  en 
1867,  ne  s'étend  pas  à  moins  de  lOâ 
numéros.  A  côté  des  instruments  des- 
tinés à  rendre  palpable  la  démonstra- 
tion des  théories  du  physicien  (*),  nous 
en  trouvons  d*autres  d'une  utilité  pra- 
tique immédiate  :  galvanoplastie,  pro- 
duction électrique  du  mouvement,  ap- 
plication de  rélecthciié  à  la  médecine, 
chronoscopes  et  horloges,  télégraphes 
surtout  (systèmes  nouveaux  ou  perfec- 
tionnements de  détail),  rien  n>st  resté 
stationnaire,  rien,  dans  ce  domaine  spé- 
cial, n'est  resté  indllTérenl  à  l'infati- 
gable chercheur.  Les  lecteurs  intéres- 
sés pourront  compter  ses  écrits,  ainsi 
que  les  descriptions  qui  accompagnent 
ses  brevets  (14  Janvier  et  5  juillet  1851, 
28  avril  1855,  S9  sept.  1856,  3  juillet 
1858,  28  février  1862.  8  février  1864 
et  8  mars  1867).  Quant  aux  objets  ex- 
posés en  1867  (ensemble  20  appareils), 
ils  ont  été  sommairement  décrits  dans 
une  notice  intitulée  :  Appareils  élec- 
triques de  M.  Gloesener,  et  distribuée 
aux  visiteurs  des  merveilles  du  Champ- 
de-Mars  (V.aussi  les  Comptes  rendus  de 
TExposition,  cl.  11  et  12). 


ueiinnii  (Charles- Auguste),  né  à 
Liège  le  11  avril  1798,  a  fait  ses  études 
humanitaires  au  Lycée  impérial  de  cette 
ville. —  Sorti  de  rhétorique  avec  on  prix 
d'honneur,  i  I  a  lia  passer  une  année  à  TE- 
cole  de  droit  de  Bruxelles,  puis  revînt  2^ 
Liège  en  1817,  lorsque  l'Université  fut 
instituée.  Vers  la  Un  de  1818,  il  prit  la 
résolution  de  résider  à  Paris,  où  ses  ha- 
bitudes intellectuelles  semblaient  tout 
naturellement  l'attirer.  Les  belles-let- 
tres et  la  philosophie  l'absorbaient 
alors  presque  tout  entier;  d'autre  |)art, 
jouissant  de  cette  aurea  mediocritas  si 
Justement  vantée  par  le  poète,  il  se 
trouvait  dans  la  meilleure  condition  que 
puisse  souhaiter  un  homme  qui  tient 
il  mener  une  vie  simple,  mais  en  même 
temps  à  choisir  en  toute  liberté  les  ob- 
jets de  ses  occupations.  Il  se  mît  donc 
à  suivre  assidûment  les  principaux 
cours  qui  jetèrent  tant  d'éclat  sur  les 
dernières  années  de  la  Restauration. 
Il  fréquenta  le  Collège  de  France  et  le 
Conservatoire  des  arts  et  métiers  ;  ce 
fui  dans  ce  dernier  établissement  qu*il 
prit  insensiblement  du  goût  pour  une 
science  qui  comptait  alors  peu  d'adeptes 
et  beaucoup  de  détracteurs  :  c'est  dé- 
signer assez  clairement,  ce  semble,  Té- 
conomie  politique.  J.-B.  Say  avait  été 
appelé  par  M.  Decaze  à  la  chaire  d'éco- 
nomie industrielle,  désignation  alors 
moins  mal  sonnante  à  certaines  oreilles. 
Les  leçons  de  ce  maître  attiraient  sur 
les  bancs  peu  d'auditeurs  (la  plupart 
étrangers)  ;  M.  Hennau  n'en  apprécia 
pas  moins  la  haute  valeur  ;  il  entre- 
voyait l'avenir  de  la  science  économi- 
que. C'est  aux  conseils  de  J.  B.  Say, 
dont  il  s'est  toujours  déclaré  publique- 
ment le  disciple,  que  M.  Hennau  n'a 
cessé  d'attribuer  l'accueil  bienveillant 
qui  a  encouragé  ses  débuts  dans  la  car- 
rière universitaire. 

Le  IG  décembre  1850,  un  arrêté  du 
gouvernement  provisoire  l'attacha,  en 
qualité  de  lecteur,  à  rUniversilé  de 
Liège,  et  lui  confia  les  cours  d'histoire 
|)olitique  moderne,  d'économie  poli- 
tique et  de  statistique.  Il  ne  conserva 
pas  longtemps  le  premier,  mais  resta 


(  *  )  Environ  70  instrumenta  de  physique      scner  pour  les  démonstraltoos  de  sas  coors. 
ont  été  perfectionnés  ou  modifiés  par  M.  Gloe-      L'explication  en  sera  prochainement  publiée. 


697 


HEN 


698 


titulaire  de  la  chaire  d'économie  poli- 
tique et  d'économie  industrielle  Jus- 
qu'an  28  mai  1864.  date  de  Tarrêté 
royal  qui  Ta  déclaré  émérite.  Nommé 
professeur  extraordinaire  lors  de  la 
réorganisation  de  1855,  il  avait  obtenu 
Tordinariat  en  1855. 

C'est  à  partir  de  cette  dernière  date 
que  la  chaire  d'économie  politique,  at- 
tachée pendant  vingt  ans  à  la  Faculté 
de  philosophie,  a  éié  considérée  comme 
appartenant  à  la  Faculté  de  droit  (*). 
L'économie  industrielle proprementdlte 
(cette  désignation  prise  dans  un  sens 
plus  spécial  que  ci-dessus)  ne  flgure, 
d'autre  part,  qu'au  programme  de  l'en- 
seignement des  Ecoles  des  arts,  des 
manufaciures  et  des  mines,  annexées 
ù  la  Faculté  des  sciences.  M.  Hennau 
en  a  été  le  créateur  à  Liège.  Initié  à  la 
vie  industrielle  sur  un  grand  théâtre 
avant  d'être  appelé  aux  fonctions  pro- 
fessorales, il  s'est  trouvé  dans  d'excel- 
lentes conditions  pour  tracer  le  cadre 
de  c^ite  science ,  avant  lui  explorée  et 
mal  délimitée;  il  y  est  parvenu  avec 
assez  de  précision  et  de  bonheur,  pour 
que  c«  c^dre  ait  été  maintenu  jusqu'à 
ce  jour  sans  modiflcation  dans  le  pro- 
gramme des  Écoles  (*). 

On  doit  à  M.  Hennau  plusieurs  pu- 
blications plus  importantes   qu'éten- 


dues. En  1839,  onze  ans  avant  que  M. 
Michel  Chevalier  ne  professât  la  même 
doctrine,  dans  son  traité  sur  la  Mort" 
naie^  il  mit  au  Jour  quelques  vues  sur 
rémission  d*une  nouvelle  monnaie  d*or 
en  Belgique^  travail  qui,  sérieusement 
discuté  dans  la  presse  périodique,  con- 
tribua peut-être  aux  modiflcations  in- 
troduites en  1850  dans  le  régime  mo- 
nétaire du  pays.  M.  Hennau  y  soute- 
nait la  thèse  de  l'unification  des  mon- 
naies, et  prenait  ainsi  l'initiative  du 
système  qui  a  prévalu  au  seiu  de  la  ré- 
cente conférence  monétaire  interna- 
tionale (V.  le  Rapport  de  M.  de  Parieu, 
du  6  juillet  1 8G7).  --  Secrétaire  de  la 
Commission  de  statistique- de  la  pro- 
vince de  Liège  pendant  dix-sept  ans,  il 
a  communiqué  à  ses  collègues,  entr'au- 
tres,  des  Recherches  relatives  aux  cau- 
ses locales  de  criminalité  en  Belgique. 
Ce  mémoire  a  été  inséré,  sur  la  propo- 
sition de  MM.  Ch.  Faider  et  A.  Viss- 
chers,  dans  le  Bulletin  de  la  Commis- 
sion centrale  de  statistique  (Documents 
publiés  par  le  Ministère  de  l'intérieur, 
t.  III,  p.  185-209).  C'est  le  premier 
travail  rédigé  au  sein  des  Commissions 
provinciales  qui  ait  éié  jugé  digne  de 
cette  insertion. 

Comme  professeur,  M.  Hennau  se 
souvint,  nous  l'avous  dit,  de  son  illus- 


{*)Lê  chaire  d'histoire  politique  moderne 
apparlienl  dgalemenl  a  la  Faculté  de  droit; 
ce  n'est  que  pour  mémoire,  ou  pluldl  pour  se 
conformer  a  la  leitre  de  la  lot,  que  celle  ma- 
tière esi  encore  portée  au  programme  des 
deux  Facultés  :  en  fait,  M.  leprofcsr^eur  Jos. 
Macors  (v.  ce  nom  n'a  pour  élevés  que  les 
jeones  geos  qui  se  prëpareoi  à  l'examen  de 
candidat  en  droit.  Mi  le  règlement  de  1816, 
ni  la  loi  de  18H5,  ni  la  loi  actuelle  n*ont  im- 
posé aux  élevés  en  philosophie  l'élude  de 
J 'histoire  moderne  :  il  esl  permis  de  regretter 
cette  lacune»  au  point  de  vue  du  dociorai  en 
philosophie  et  lettres.  Quoi  qu'il  en  soit,  si 
l'enseignement  dont  il  s'agit  ne  rentre  point 
précisément,  par  sa  nature,  dans  le  domaine 
Juridique  (ce  que  la  loi  a  voulu  constater  dans 
son  article  3),  il  ne  serait  pas  juste  que  le 
professeur  qui  en  est  chargé  fit  partie  d'une 
Faculté  autre  que  celle  qui  lui  fournil  exclu- 
sivement ses  auditeurs.  Celle  manière  de 
voir  a  prévalu  depuis  1835,en  ce  qui  concerne 
l'histoire  politique  moderne;  elle  devait  logi- 
qaemeni  prévaloir  aussi  pour  l'écon  imie  po- 


litique. Tant  que  l'ancien  état  de  choses  n'of- 
frit pas  d'inconvénients  celte  question  ne  fut 
pas  soulevée;  mais  un  moment  vint  où  les 
besoins  du  service  et  l'équité  même  mirent 
le  Gouvernement  en  demeure  de  la  résoudre. 
La  loi  déterminant  le  nombre  des  professeurs 
de  chaque  Faculté,  il  arriva  que  la  Faculté 
de  philosophie  se  trouva  au  grand  complet, 
et  que  néanmoins  on  se  vit  obligé  de  confier 
à  des  agrégés  des  cours  de  première  impor- 
tance. Ces  aspirants  avaient  beau  acquérir 
des  titres  à  i  avancement:  leur  carrière  se 
trouviitl  enrayée.  Le  gouvernement  satisfit  k 
ài»  réclamations  fondées,  en  transportant 
dans  la  Faculié  de  droit  la  chaire  d'économie 
politique  elencessantde  considérer  le  biblio- 
thécaire de  l'Univers  lé.  d'ailleurs  membre 
(de  droit)  de  la  Faculté  de  philosophie,  comme 
complétant  le  nombre  maximum  des  profes- 
seurs de  cette  Faculté. 

(  *  )  Voir  le  programme  détailté  des  Ëcoles 
spéciales  des  arls  et  manufaciures  et  des 
mine?,  publié  par  le  Gouvernement  le  S5 
septembre  185i,  art.  Economie  indtutrieUe. 


699 


LAV 


700 


tre  malcre  J.*B.  Say;  mais  il  élargit 
gradueUement  son  horizon  et  se  mit  à 
penser  par  lui-même.  Dès  1854.  il  rom- 
pit des  lances  contre  le  maiérialisme 
économii|oe  Jusque  là  universellement 
accrédité;  il  osa  s*avancer  dans  une 
voie  nouvelle,  la  mAme  où  s'engagea 
résolument  en  1845  M.  Ch.  Dunoyer, 
dans  son  beau  livre  De  la  liberté  du  tra- 
vail. Grâce  au  principe  spirilualiste 
placé  dans  tout  son  Jour  et  sur  le  pre- 
mier plan,  il  mit  pleinement  en  saillie 
la  nécessité,  moins  comprise  alors  que 
de  nos  Jours,  de  la  diffusion  la  plus 
grande  possible  de  rinstruclion  et  des 
lumières,  aussi  bien  an  point  de  vue 
économique  qu'au  point  de  vue  du  pro- 
grès moral  des  socié:és  humaines. 
Amant  passionné  de  la  nature,  M. 
Hennau  n'a  pas  attendu  l'heure  de  sa 
retraite  pour  chercher  une  utile  diver- 
sion aux  travaux  de  la  pensée.  La  cul- 
ture de  scb  beaux  vergers  a  non  seule- 
ment occupé  ses  loisirs  ;elle  lui  a  fourni 
l'occasion  de  rendre  à  ta  science  et  au 
public  des  services  qui,  pour  être  d'une 
nature  très-spéciales,  n'en  sont  p^is 
moinsgéiiéralement appréciés.  M.  Hen- 
nau s'est  fait  comme  pomologue  une  ré- 
putation méritée.  Ayant  pris  l'habitude 
(vers  1840)  d*  consacrer  quelques  loi- 
sirs k  l'élude  de  l'amélioration  des  fruits, 
il  fut  d'abord  effrayé  et  même  un  instant 
rebuté  du  chaos  inextricable  où  il  s'é- 
garait. L'idée  lui  vint  de  provoquer  la 
création  d'une  Commission  cora|M)sée 
d'un  certain  nombre  d'hommes  compé- 
tents, expérimentés,  capables  de  servir 
de  guides  dans  le  choix  des  fruits  les 
plus  avantageux  et  le  mieux  appropriés 
au  c&imat  belge,  et  d'en  fixer  autant  que 
possible  la  nomenclature.  Cette  idée 
fut  accueillie  avidement  par  MM.  Lau- 
rent de  Bavay  et  Aug.  Roger,  auxquels 
vint  ensuite  s'acUoindre  un  antre  pomo- 
logue fort  accrédité,  M.  Alex.  Bivort. 
Ainsi  se  forma,  sous  la  protection  d'un 
ministre  grand  zélateur  des  progrès 
agricoles  et  horticoles,  M.  Cb.  Rogier, 


le  Comité  de  rédaction  des  Annales  de 
la  Cfnammionde  pomologiey  Instiiuée  en 
1853  par  arrêté  royal.  M.  Hennau  y  fut 
associé  malgré  lui;  mais  l'initiative  qu'il 
avait  prise  ne  lui  permit  pas  de  persister 
dans  son  refus.  On  lui  assij(na  pour 
spécialité  le  genre  pomme^  matière  vaste 
et  embrouillée,  dont  personne  n'avait 
voulu  s'accommoder.  Il  prit  pendant 
cinq  ans  une  part  très-active  et  très- 
zélée  à  la  rélacUon  des  Amiales;  Il  est 
superflu  «rsgouter  que  ces  fonctions 
étaient  toutes  gratuites.  La  récompense 
des  travaux  et  des  sacriAces  de  M.  Hen- 
nau se  trouve  dans  la  satisfaction  qu'il 
doit  éprouver  aujourd'hui  en  voyant  ses 
efforts  couronnés  du  plus  brillant  suc- 
cès. Les  connaisseurs  savent  quel  nom- 
bre de  fruits  d^éiitc,  grâce  4  lui,  ont  été 
naturalisés  belges  et  partout  répandus, 
au  'ji'and  avan  aje  des  producteurs  et 
des'coiisommaieurs.  L'œuvre  conscien- 
cieuse de  la  Commission  n  yole  de  po- 
molegie  a  pris  rang  à  côté  des  pitis  im- 
portants recueils  de  ce  genre  publiés 
dans  les  principales  contrées  de  l'Eu- 
rope, et  l'estime  dont  elle  iouit  est 
surabondamment  prouvée  par  de  fré- 
quentes citations  et  par  les  plus  hono- 
rables témoignages.  Eliea  certaiiieoent 
contribué  à  maintenir  le  renom  et  le 
lustre  dont  Jouit  la  Belgique  tiorticole 
Jusqu'aux  extrémités  du  monde,  grâce 
aux  soins  et  aux  travaux  du  célèbre  pro- 
fesseur de  rUttiversilé  de  Louvain,  J.- 
B.  van  Mons. 


LAvaiieye  (Édouaro),  né  à  Liège 
le  17  avril  1811,  a  fait  ses  études 
dans  sa  ville  natale.  A  peine  sorti  des 
écoles,  il  s'est  signalé  comme  biblio- 
phile et  comme  archéologue.—  Il  av^t 
fini  par  rassembler  à  grands  frais  une 
précieuse  collection  de  livres  et  de  ma- 
nuscrits, malheureusement  dispersée  en 
grande  partie,  depuis  que  l'état  de  sa 
santé  l'a  forcé  de  renoncer  à  ses  travaux 
(').  Parmi  ses  acquisitions  se  trou- 


er )  Il  a  ét^  dooné  ^  la  fiibliothèqae  de  l't- 
niveraitéd'acqudrtr  quelques-unes  des  perles 
les  pinsrichesdece  trésor,  dont  l'importance 
est  bien  connue  de  toutes  les  personnes  qui 
s'intéressent  ii  l'Iiistoire  du  pays.  Le  pré- 


cieux Us.  de  Detvaux  (HiMt,poliitqiie,eecléi. 
et  titiérairt  de  ta  priticipauté  de  Lié§e,  8  vol. 
in-fol.)  a  été  acheté  aux  firtis  de  la  viUe  de 
Liège. 


704 


LAV 


702 


vaient  les  précieux  manuscrits  d'ErnsI, 
curé  (VAfden,  l'un  des  auteurs  de  Y  Art 
de  vérifier  les  dates.  Une  copie  de  l*un 
de  ces  documents  inédits,  étant  tombée 
entre  les  mains  du  baron  de  Reiffen- 
berg  (v.  ce  nom),  celui-ci  ne  fit  nulle 
difficulté  de  la  publier  sous  son  propre 
nom,  ce  qui  fit  grand  scandale  en  1857, 
quand  M.  Lavalleye  édita  lui-même  le 
Mémoire  sur  les  comtes  de  Louvain  d'a- 
près Tautographe  du  véritable  auteiir 
(▼.  la  France  littéraire,  de  Quérard, 
t.  XII).  M.  Lavalleye  a  mis  successive- 
ment au  Jour  les  principaux  travaux 
d'Emst.  notamment  VHistoire  du  duché 
de  Limbaurg,  qu*il  a  enrichie  de  com- 
mentaires et  de  dissertations  intéres- 
santes sur  des  questions  spéciales.  Les 
premières  productions  de  sa  plume  at- 
tirèrent l'attention  du  gouvernement, 
avant  qu'il  put  mettre  la  dernière  main 
aux  ouvrages  qui  ont  surtout  contribué 
à  sa  notoriété.  11  fut  attaché  à  TUniver- 
sité  de  iJége  lors  de  la  réorganisation 
de  1855  (sa  nomination  date  du  mois 
de  novembre),  chargé  des  cours  d'his- 
toire de  Liège  et  d'histoire  du  duché 
de  Limbourg.  Le  professeur  Fuss 
ayant  délaissé  le  cours  d'archéologie  , 
Il  fit  également  quelques  leçons  sur  ce 
sujet  pendant  l'hiver  de  1842.  L'année 
suivante,  il  donna  sa  démission,  sé- 
journa qiielque  temps  en  France  et  re- 
vint définitivement  au  pays,  pour  s'y 
renfermer  dans  une  retraite  studieuse. 
Il  a  donné,  pendant  plusieurs  années,  à 
l'Académie  des  beaux-arts  de  Liège,  un 
cours  spécial  d'archéologie.  —  M.  La- 
valleye est  membre  de  plusieurs  Socié- 
tés savantes  de  Liège,  du  Limbourg,  du 
Luxembourg  grand-ducal,  etc.  —Voici 
la  liste  de  ses  principales  publications. 

4*  Notice  sur  le  Pont-des- Arches, 
Gand,  1854,  in-S»  (2« édition,. Liège, 
in-18), 

Extr.  du  Messager  des  Arts,  etc.  de  Gand. 

2®  Mémoire  sur  les  comtes  de  Durbuy 
et  de  La  Roche,  par  M.  S.  P.  Ernst, 
curé  d'Afden  (Edition  annotée).  Liège, 
1836,  in-8«. 

y  Mémoire  sur  les  comtes  de  Louvain 
jusqu'à  Godefroid' le -Barbu,  ouvrage 
posthume  du  même  auteur  (Edition  an- 
notée). Liège,  1857,  in-8''. 


Qaelqaes  passages  de  cet  opnacoleavaient 
déjà  figuré  dans  VÀrt  de  vérifier  les  dates. 
L'édition  du  baron  de  ReiSeoberg  se  trouve 
dans  le  t.  fil  des  Nouveltes  archives  histo- 
riques dis  Pays  Bas,  c  Ui,  dit  M.  Lavalleye, 
»  cet  écrivain  a  fait  preuve  de  meilleure  foi 
»  que  dans  le  livre  qu'il  a  donné  soos  le  titre 
»  de  :  Supplément  à  fart  de  vérifier  'es  dûtes 
9  et  aux  divers  recueils  diplomatiques, inséré 
9  dans  le  t.  VIII  des  Mémoires  de  l'Académie 

>  de  Bruxelles  ;  il  dit  en  note  que  ce  Mémoire 
»  est  tiré  des  papiers  de  M.  Ernst.  Cette  in- 
»  dication  n'est  pas  tout-à-fait  eiacte,  et 
»  pourrait  (aire  croire  que  notre  savant  Au- 
»  gustin  avait  laissé  quelques  notas  éparses, 
»  quelques  documents  en  lambeaux,  quo  M. 
»  de  ReiflTeiiberg  se  serait  donné  la  peine  de 

>  class^er  et  de  coordonner  ;  mais  que  le  pu- 
»  blic  se  détrompe:  le  Mémoire  sur  les  comtes 
»  de  Louvain  était  écrit  tel  qae  je  l'olTre  ici, 
»  et  le  seul  travail  qu'ail  pu  faire  M.  de  Reif* 

>  fenberg  est  une  copie  plus  fidèle  et  plus 
»  propre  que  celle  qui  existe.  » 

4®  Histoire  du  Limbourg ,  suivie  de 
celle  des  Comtés  de  Daelhem  et  de 
Fauquemont  et  des  annales  de  l'abbaye 
de  Itolduc,  par  Ernst,  curé  d'Afden. 
Liège,  1857-1852,  7  volumes  in-8^ 

Edition  annotée,  avec  des  Mémoires  sup- 
plémentaires sur  diverses  questions  (sur  la 
calamine,  sur  l'origine  de  la  bouille,  etc.). 
Le  L  VI,  publié  en  1840,  contient  le  i'odex 
diplomaticuH  Valkenburgensis  et  le  Codex 
diptomaticuji  Limttunjensis  ;  le  t.  VU  (1859) 
est  consacré  aux  Annales  Rodenses  (il  doit 
être  complété). 

5**  Petite  dissertation  sur  les  chanoines 
de  St-Lambert  en  1151,  par  E.  L.  A. 
A.  L.  U.  0.  L.  (Ed.  Lavalleye,  agrégé 
à  l'Université  de  Liège,  1859,  in-8«. 

0°  Notice  sur  le  Passage-Lemonnier, 
à  Liège  (Messager  des  arts,  etc.  de 
Gand,  1859). 

7**  Notice  sur  Véglise  St-Nicolas  en 
Glain,  lez-Liège  (Ibid,,  1859,  avec  une 
pi.  représentant  les  ruines  de  cet  inté- 
ressant monument  de  l'époque  romane). 

8"*  Ruines  d'un  vieux  cloître  à  Liège 
(Ibid.,  184G). 

9^  Histoire  de  la  Fête-Dieu,  Liège, 
1846,  un  vol.  in-l2«>. 

Publié  à  l'occasion  du  6«  jubilé  séculaire 
de  l'Institution  due  à  S>«-JuUenne  de  Ré- 
tinnc.  —  Nous  croyons  savoir  que  la  réim- 
pression de  l'ouvrage  du  P.  Rerlholet  sur  la 
Fête-Dieu  (Liège,  Oudart,  1846)  est  égale- 
ment due  au  zèle  de  M.  Lavalleye. 


703 


'  SAI 


704 


10»  Relation  du  sixième  jubilé  de  la 
Fête-Dieu,  Liège,  4846,  in-42». 

11°  Le  vieux  Liège,  ses  monuments 
religieux  et  civils,  etc.,  revue  rétro- 
spective publiée  au  profit  de  la  Société 
de  St'Vincent  de  Paul.  Liège,  1857, 
in-12. 

D'après  un  maoaftorit  attribué  à  Henri 
Vandenberg.  C'est  le  tableau  de  Liège  en 
1612  (avec  commentaires,  eto  ).  —  Publié 
d'abord  dans  la  Gazette  de  Uége, 

i^o  £c0ig  ^  musique  à  Liège  (Bull, 
de  [Institut  archéolog,  liégeois,  t.  IV, 
p.  566). 

IS^"  LesHamaLUé^e,  I860,ln-12^ 

Extrait  de  V Annuaire  de  la  Société  d'Ému- 
lation pour  1860.  —  Étude  sur  une  famille 
de  musiciens  liégeois. 

14**  Une  perle  archéologique,  Liège, 
in-8^ 

15°  Notice  sur  Véglise  St-Jacques  (de 
Liège).  Liège,  in-4°. 

Avec  planches  (mesures  et  dessins  de  M. 
l'architecte  Delsaux). 

16**  Notice  sur  Véglise  Notre-Dame 
de  Huy,  Liège,  1854,  un  vol.  in-tolio. 

Monographie  accompagnée  de  nombreuses 
planches  (me;(ures  et  dessins  do  M.  l'archi- 
tecte Vierael-Godin). 

17°  Une  quaiiiitè  d  articules  de  jour- 
naux {McHsafjer  des  art  h,  etc.,  de  Gaud  ; 
Gazette  de  Liège ,  etc.)  et  plusieurs 
notices  dans  la  Biographie  universelle, 

fitainto-op»iivo  (Ch.-Augustin),  né 
le  2  nivôse  an  Xlll  (23 décembre  1804) 
à  Boulogne-sur-Mer,  a  èié  deux  fois,  ^ 
dix-sept  années  de  distance,  nommé 
professeur  de  littérature  française  ^ 

(*  j  La  première  nomination  de  M.  Sainte- 
Beuve  comme  professeur  ordinaire  de  litté- 
rature française  (comparée  ou  générale) 
porte  la  signature  du  Régent  et  la  date  du 
31  mai  1831.  Le  10  juin  suivant,  le  nouveau 
titulaire  notifia  son  acceptation  ;  le  4  sep- 
tembre, il  pria  le  gouvernement  d'agréer  sa 
dt^mission  Mapp,  de  Al.  Nothomb  sur  Cens, 
»up,  en  Belgique,  t.  I,  p.  CXVI. 

(  *  :  Serait-il  resté  longtemps  fidèle  à  cette 
résolution?  11  est  permis  d'en  douter,  en 
présence  de  la  déclaration  suivante,  que 
nous  lisons  dans  la  préface  des  Causeries  du 
lundi  :  <  i'étais  revenu  k  Paris  au  mois  de 


lUoiversité  de  Liège  ( * ).  Il  n*a  guère 
passé  plus  de  douze  mois  en  Belgique; 
cependant  peu  s*en  est  fallu ,  nous  le 
savons  de  bonne  source,  qu'il  ne  fixât 
chez  nous  sa  destinée  et  qu*il  n*y  plantât 
sa  tente,  au  moins  pour  quelques  années 
(*),  ainsi  que  Teût  désiré  M.  Charles 
Rogier,  ministre  de  rintèrieur  en  1848. 
—  On  n'attendra  de  nous  ni  une  étude 
tant  soi  peu  complète  sur  le  prince  des 
critiques  français,  ni  même  une  rapide 
analyse  de  ses  travaux  littéraires.  Ses 
œuvres  sont  dans  toutes  les  mains;  il 
figure  dans  nos  bibliothèques  au  rang 
des  dieux  lares;  nous  en  dirions  trop 
pour  un  public  qui  le  connaît,  trop  peu 
pour  rendre  dignement  hommage  à  ses 
talents  ;  enfin,  pour  atteindre  la  juste 
mesure,  en  supposant  que  nous  en  fus- 
sions capable,  il  nous  faudrait  dépasser 
de  beaucoup  les  limites  du  cadre  où 
notre  mission  nous  oblige  de  nous  ren- 
fermer. On  ne  rencontre  pas  un  tel 
maître  sur  son  chemin,  évidemment, 
sans  le  saluer  au  passage;  mais  la  con- 
venance est  parfois  dans  la  discrétion, 
plutôt  que  dans  la  longueur  des  haran- 
gues. Donc,  traitons  M.  Sainte-Beuve 
comme  un  simple  mortel,  bien  qu'il  soit 
l'un  des  Quarante,  et  faisons  scrupu- 
leuse l>ebOgtie  de  fidèle  narrateur,  nous 
al.  aciiaiu  surtout  à  enregistrer  des  faits, 
laissant  à  d'autres  le  soin  d'en  tirer 
parti. 

On  a  quelquefois  voulu  rattacher 
l'historien  du  jansénisme  au  docteur  en 
théologie  Jacques  de  Sainte-Beuve  ('), 
qui  perdit  sa  chaire  de  Sorbonne  pour 
avoir  refusé  de  souscrire  à  la  censure 
contre  Ârnauld  (*).  Ce  point  a  été  touché 
dans  la  dernière  édition  de  Port-Royal, 
donnée  en  1867,  an  tome  IV,  pag.  564. 

septembre  1849,  quittant  la  Belgique  et 
Liège,  où  j'étais  aUé  être  professeur  un  an. 
//  me  semble  quelquefois  qu'il  serait  bon 
pour  Cesprit  de  faire  tous  les  ans  une  chose 
nouvelle,  et  de  le  traiter  comme  les  terres, 
quon  ensemence  tantôt  dune  façon  tantôt 
d'une  autre,  » 

(>)  Né  k  Paris  en  1613,  mort  en  166». 
Ses  œuvres  ont  été  recueillies  et  publiées 
par  son  frère  Jérôme,  connu  sous  le  nom 
de  Prieur  de  Sainte- *feuve. 

(  *  )  11  revint  plus  tard  à  d'autres  senti- 
ments et  adbéra  au  formulaire  d'Alexandre 
Vil. 


70S 


SAÎ 


m 


Le  ftft  est  que  M.  Sâiate-Beuve  n'a  rien 
de  certain  sur  cette  parenté  :  il  n'en  sait 
absolument  rien.  Au  surplus,  peu  im- 
porte: il  n*y  aurait  là  qn*uii  rapproche- 
ment plus  ou  moins  piquaht,  et  la  cou- 
ronne de  notre  contemporain  n'en  comp- 
terait pas  un  fleuron  de  plus. 

son  père,  contrôleur  principal  des 
droits  réunis  de  l'arrondissement  et 
directeur  de  i'octroi  de  Boulogne,  s*é- 
tait  marié  en  f  804  et  était  mort  même 
année,  six  semaines  atant  la  naissance 
de  Cliaries-Angustin.  L'enfant  fut  élevé 
par  sa  mère  ('),  de  concert  avec  une 
belle-sceiur  (■).  Né  dans  l'honnête  bour- 
geoisie, mais  dans  la  pins  modeste  des 
conditions,  il  acheva  toutes  ses  classes 
k  Boulogne,  y  compris  la  rhétorique, 
dans  la  pension  laïque  de  M.  Blériot, 
soDs  un  bon  humaniste,  natif  de  Mont- 
didler,  appelé  M.  Clouët.  Ayant  achevé 
sa  rhétorique  à  treize  ans  et  demi,  il 
aspirait  ft  venir  à  Paris  recommencer 
en  partie  et  fortifier  ses  études.  Le  fils 
unique  n'eut  pas  de  peine  à  décider  sa 
mère,  toute   dévouée   à   son   avenir. 
Charles-Augustin  arriva  donc  dans  la 
capitale  en  septembre  1818,  entra  aus- 
sitôt à  l'institution  Landry,  rue  de  la 
Cerisaie,  au  Marais,  et  suivit  les  cours 
du  Collège  Charlemagne,  à  partir  de  la 
troisième.  Dès  la  première  année,  an 
concours  général  de  1819,  il  obtint  le 
premier  prix  d'histoire  (l'histoire  était 
one  Faculté  tout  nouvellement  intro- 
duite dans  les  Collèges).   En  1821 , 
rinstitution  de  M.  Landry  ayant  changé 
de  quartier  et  s'étant  transportée  rue 
Blanche  (Chaussée  d'Antin),  le  Jeune 
Sainte-Beuve  fréquenta  le  Collège  Bour- 
bon, où  il  fit  sa  rhétorique  et  sa  philo- 
sophie, ainsi  que  des  mathématiques. 
11  obtint,  au  concours  de  1822,  le  pre- 
mier prix  de  vers  latins ,  parmi  les  vé- 
térans. On  le  voit  ensuite  se  livrer  à  des 
étodes  de  science  et  de  médecine  ;  il 
cominaa  ces  dernières  jusqu'en  1827, 
c'est-à-dire  pendaht  près  de  quatre  ans. 
Il  fit  pendant  une  année  le  service  d'ex* 
terne  à  l'hôpital  Safait-Louis,  et  en  gé- 
néral il  profita  beaucoup  de  tout  l'en- 
seignement médical,   anatomiqne  et 


physiologique,  à  cette  date.  Déjà,  dit 
l'un  de  ses  biographes,  «  tous  les  dé- 
mons de  la  littérature  lui  avaient  soufflé 
dans  le  cœur  la  passion  d'écrire  »  : 
mais... /irimàm  vivere,  deindè  philoso- 
pkari.  n  poursuivit  courageusement  un 
but  professionnel  Jusqu'au  jour  où  l'ac- 
cueil fait  à  ses  premiers  essais  l'en- 
traina  irrésistiblement  à  quitter,  une 
fois  pour  toutes,  le  scalpel  pour  la 
plume. 

La  nature  et  l'étendue  des  connais- 
sances acquises  influent  moins  sur  le 
développement  du  talent  et  sur  la  qua- 
lité même  de  l'érudition,  que  la  ma- 
nière dont  on  a  été  amené  à  les  ac- 
quériir  On  a  fait  remarquer  plus  d'une 
fois,  et,  croyons-nous  fort  à  propos, 
que  l'habitude  de  l'analyse  et  la  pra- 
tique de  l'observation  physiologique 
ont  puissamment  contribué  à  imprimer 
à  la  critique  de  M.  Sainte-Beuve  le  ca- 
chet tout  particulier  qui  la  distingue. 
La  lecture  assidue  des  œuvres  des 
encyclopédistes,  surtout  des  pages  brû- 
lantes de  leur  grand  artiste,  Diderot  ; 
l'influence  de  la  méthode  condilla- 
cienne;  la  circonstance,  enfin,  qu'un 
esprit  naturellement  poétique  et  rê- 
veur s'est  trouvé,  au  moment  de  pren- 
dre son  élan,  forcé  par  raison  de  cher- 
cher, dans  les  faits  extérieurs,  l'image 
de  cette  Minerve  qui  était  tout  armée 
dans  son  cerveau  et  avec  laquelle  il  eût 
voulu  directement  converser,  tout  cela 
y  a  été  aussi  pour  quelque  chose,  et,  en 
présence  de  tout  cela,  l'écho  inattendu 
de  la  note  nouvelle  que  le  romantisme 
commençait  à  faire  vibrer  et  qui  ren- 
versait les  vieilles  murailles,  comme  la 
trompette  de  Jéricho.  La  tête  du  jeune 
homme  bouillonnait  ;  tiraillé  en  sens 
divers,  entre  la  froide  et  patiente  dissec- 
tion et  l'inspiration  sentimentale»  poète 
intime  fourvoyé  dans  la  clinique,  M.  S*«- 
Beuve  nous  fait  penser  involontairement 
au  bronze  de  Corinthe,  dont  un  mélange 
d'éléments  incompatibles  en  apparence, 
mais  fortuitement  bien  proportionnés, 
a  composé  un  métal  sui  generis  des 
plus  précieux.  Nous  expliquerions  de 
la  sorte  ses  enthousiasmes  successifs, 


(  *  )  W^  SaîDte-Beuve  était  fille  d'un  ma- 
rin de  Boulogne  et  d'une  Angliisp. 


(*)  Une  sœur  do  père. 


707 


»AI 


708 


qu  oiiaeu  tort  de  prendre,  à  notre  sens, 
pour  des  reviremenls  ;  selon  Theure, 
les  aspirations  personnelles  du  poète 
on  les  affinités  électives  de  Tobser- 
vateur  Tout  emporté,  puis  tout  s'est 
harmonieusement  fondu  ensemble;  et,au 
fond,  il  n'est  pas  exact  de  dire  qu'il  ajeté 
de  côté  le  scalpel  :  il  Ta  transformé  en  une 
plume  d'or.  Quand  son  choix  a  été  ré- 
solu, quand  le  premier  feu  a  été  essuyé, 
après  les  premiers  épancberaents  trop 
longtemps  c^ontenus,  sa  voie  déûnitive 
s'est  tout  naturellement  trouvée  ;  il  a 
étudié  le  génie  humain  comme  il  avait 
étudié  notre  organisme  physique.  D'a- 
bord les  points  obscurs  l'ont  frappé, 
parce  qu'il  était  Ji  la  poursuite  de  l'i- 
déal dans  le  réel  ;  l'expérience  venant, 
et  avecelle  la  patience  et  la  clairvoyance, 
il  a  peu  à  peu  tempéré  ses  jugements,  on 
plutôt  il  les  a  rendus  plus  équitables 
en  les  rendant  plus  profonds,  se  faisant 
déplus  en  plus  une  loi  de  placer  chaque 
figure  dans  son  milieu  et  sous  son  vrai 
Jour;  et  grâce  à  cette  méthode  trop  peu 
comprise  des  lecteurs  superficiels,  il  en 
est  venu  à  présenter  le  rare  exemple 
d'un  talent  que  1  âge,  aujourd'hui  encore, 
ne  fait  que  fortifier  et  rendre  plus  fécond, 
et  qui,  nous  osons  le  dire,  est  à  peine 
arrivé  à  son  apogée.  Bl.  Sainte-Beuve 
n'a  pas  à  regretter  d'avoir  failli  devenir 
médecin,  pas  plus  que  de  s'être  enrôlé, 
fût-ce  sous  l'empire  d'une  de  ces  Illu- 
sions dont  il  est  permis  d'être  fier,  parmi 
les  apôtres  du  romantisme.  £t  si,  dans 
son  Panthéon,  il  y  a  eu  place  pour  tous 
les  dieux,  que  ses  confrères  sur  qui 


récleetisme  n'a  pas  déteint  lai  Jettent 
la  première  pierre. 

Dès  l'année  i  824,  à  l'automne,  s'était 
fondé  à  Paris  un  nouveau  journal,  le 
Globe^  dirigé  par  d'anciens  et  encore 
très-Jeunes  professeurs  de  l'Université, 
que  le  triomphe  du  parti  religieux  avait 
éloignés  de  l'enseignement  (*)-  Le  ré- 
dacteur en  chef,  Pierre  Dubois,  avait 
été  professeur  de  rhétorique  de  M. 
Sainte-Beuve.  Le  Jeune  étudiant  en  mé- 
decine s'enhardit  à  lui  soumettre  un  pre- 
mier essai  de  style  :  TArlstarque  fut 
satisfait,  et,  quand  l'article  eut  paru, 
le  public  ne  le  fut  pas  moins.  Le  débu- 
tant avait  choisi  un  sujet  alors  tout  d'ac- 
tualité, la  géographie  de  la  Grèce.  Â 
ces  préludes  succédèrent  (1824-1827) 
quelques  articles  liltéraires,  portant  en 
général  sur  des  ouvrages  historiqnes, 
sur  des  Mémoires  relatifs  à  laBévolution 
française,  sur  des  ouvrages  aussi  de 
poésie  et  de  purelittérature(*).  Attaché 
définitivement  à  la  rédaction  du  Globe, 
M.  Sainte-Beuve  envoya  sa  démission 
au  directeur  de  Saint-Louis.  L'Académie 
française  venait  de  proposer,  pour  sujet 
de  prix,  le  Tableau  littéraire  du  XVI* 
siècle.  Sur  le  conseil  de  Daunou,  l'an- 
cien conventionnel  et  l'illustre  érudit('), 
M.  Sainte-Beuve  se  mit  à  l'étude  ;  mais 
bientôt,  se  trouvant  «1  l'étroit  dans  le 
cadre  d  une  simple  notice  et  se  laissant 
entraîner  par  ses  prédilections,  il  re- 
nonça à  concourir  et  concentra  toute 
son  attention  sur  le  côté  purement  poé- 
tique du  Tableau.  Cela  le  conduisit  à 
insérer  dans  le  Globe,  en  i827,  une  sé- 


(  *  )  Le  fondateur  et  ri^acteur  en  chef  du 
Giobe,  M.  Pierre  Dubois,  avait  été  destitué 
en  4823  pour  ses  opinions  politiques.  Le 
but  avoué  du  nouveau  journal  était  de  donner 
toutes  les  libertés  comme  conséquences  k  la 
liberté  politique,  et  de  faire  rayonner  les 
principes  de  1789  dans  la  sphère  de  l'art, 
de  la  philosophie,  de  la  religion.  M.  Pierre 
Leroux  prit  la  direction  du  matériel  de  l'en- 
treprise ;  les  philosophes  Joutîroy  et  Dami- 
ron,  MM.  Duchàtel,  Vitet,  Ch.  Magnio,  Pa- 
tin, de  Rémusat  et  Dnvergier  de  Hauranne 
furent,  avec  H.  Sainte-Beuve,  les  principaux 
rédacteurs  de  cette  publication  remarquable, 
dont  le  succès  toujours  croissant  ne  fut  pas 
moins  dû  à  l'unité  d'esprit  qui  animait  tous 
les  collaborateur:*,  qu'à  leur  verve  soutenue 


et  au  mérite  de  leur  style.  •  Quels  hommes 
que  ces  messieurs  du  Olobe  !  •  disait  Goethe 
à  Eckermann.  «  Comme  ils  deviennent  de 
jour  en  jour  plus  grands,  et  leur  œuvre  pins 
importante  !  Ils  sont  tous  pénétrés  du  même 
esprit  à  un  point  incroyable.  En  Allemagne, 
une  pareille  feuille  serait  impossible.  »  El  il 
ajoutait  :  «  Je  regarde  ce  journal  coanoe  le 
plus  intéressant  de  noire  époque,  et  je  ne 
saurais  m'en  passer  »  (Eckermaan  ,  Ge^ 
sprœche  mit  Goethe, &p.liemo%eoi,  Hiat.  de 
la  litt.  française,  p.  6i8}. 

(*)  Ces  articles  n'ont  point  encore  été 
recuetUis. 

(')  Damiron  était  de  Boulogne-sur-Mer 
(v.  Mignet,  Notices  historiques,  t.  I). 


709 


SAI 


710 


rie  d'articles  qui  furent  recueillis  l'année 
suivante  sous  ce  titre  :  Tableau  histo- 
rique et  critique  de  la  Poésie  française 
et  du  Théâtre  français  au  XVI*  siècle 
(Paris,  in-S*).  L'ouvrage  avait  deux  vo- 
lumes ;  mais  le  second  contenait  sim- 
plement les  OEuvres  choisies  de  Pierre 
de  Ronsard^  avec  notices,  notes  et  cam-- 
mentaires.  Cette  réhabilitation  de  Ron- 
sard et  en  général  de  la  poésie  du  XVi' 
siècle  excita,  dans  le  temps,  une  vive 
polémique,  et  classa  d'emblée  M.  Sainte- 
Beuve  parmi  les  novateurs. 

Le  drapeau  qu'il  venait  d'arborer 
comme  critique,  il  ne  tarda  pas  à  l'ar- 
borer aussi  comme  poète.  Un  article 
publié  dans  le  Globe,  le  2  jan.  i827  (*), 
le  mit  immédiatement  en  relation  avec 
M.  Victor  Hugo.  Cette  relation  devint 
bientôt  une  intimité.  Elle  dura  plusieurs 
années  et  hâta  le  développement  poé- 
tique de  M.  Sainte-Beuve ,  ou  même  y 
donna  jour.  En  1829,  il  publiait,  sans 
y  mettre  son  nom,  le  petit  volume  in-16'' 
intitulé  :  Vie,  Poésies  et  Pensées  de  Jo- 
seph Delorme.  Ce  Joseph  Delorme,  sans 
être  lui  tout  ^  fait  quant  aux  circon- 
stances biographiques,  était  assez  fidè- 
lement son  image  au  moral.  «  S'il  m'a- 
vait été  donné  d'organiser  ma  vie  à  mon 
plaisir  ,  disait  cet  autre  lui-même  , 
j'aurais  voulu  qu'elle  pût  avoir  pour 
devise  :  Vart  dans  la  rêverie  et  la  rê- 
verie dnns  Vartn,  L'ouvrage  se  résumait, 
quant  au  fond,  en  une  suite  d'épan- 
chements  tout  personnels  ;  quant  à  la 
forme,  les  Pensées  contenaient,  comme 
la  préface  de  Cromwell,  les  articles  de 
fol  de  la  nouvelle  pléiade,  en  fait  de  poé- 
tique. La  bataille  s'engageait  sur  toute 
la  ligne;  la  jeune  école  se  voyait  mise 
en   demeure  de  joindre   résolument 


l'exemple  au  précepte.  M.  Sainte-Beuve 
fit  paraître,  en  mars  1850,  un  deuxième 
recueil  :  Les  Consolaiicîis^ûoni  le  succès 
fut  moins  contesté  que  celui  de  Joseph 
Delorme  (•).  L'auteur  y  parUlt  égale- 
ment de  certains  sujets  de  la  vie  privée, 
qu'il  s'attachait  à  rendre  avec  relief  et 
franchise.  Un  Incident  domestique,  une 
conversation,  une  promenade,  une  lec- 
ture, un  rien  lui  suffisait  :  l'exquise  déli- 
catesse de  l'analyse  donnait  non-seule- 
ment aux  tableaux  et  aux  pensées  un 
cachet  de  vérité  tout  à  fait  saisissant, 
mais  poétisait  et  spiritualisait  en  quel- 
que sorte  la  réalité  la  plus  vulgaire.  Â 
cet  égard,  M.  Sainte-Beuve  pouvait  dire 
nettement  dans  sa  préface  :  «  Ce  livre 
serait  (en  supposant  le  but  atteint),  par 
rapport  au  précédent,  ce  qu'est  dans 
une  spirale  le  cercle  supérieur  au  cercle 
qui  est  au-dessous  ;  il  y  aurait  eu  chez 
moi  progrès  poétique  dans  la  même 
mesure  qu'il  y  a  eu  progrès  moral.  » 
C'est  encore  à  l'expression  de  senti- 
ments personnels  que  sont  principale- 
ment consacrées  les  Pensées  d'août  (*), 
publiées  en  1837,  et  réunies  en  1840, 
avec  les  deux  premiers  recueils,  en  un 
volume  in-12<»  (*).  G.  Planche  y  trouve 
rinspiration  de  l'auteur  trop  voilée  ;  en 
revanche,  il  ne  peut  s'empêcher  d'ad- 
mirer la  simplicitédesmoyensemployés 
par  M.  Sainte-Beuve  pour  produire  une 
émotion  profonde.  «  Dans  la  Pensée 
d'août,  dit-il,  dans  Monsieur  Jean,  dans 
la  pièce  à  madame  de  T.,  M.  Sainte- 
Beuve  ne  parait  pas  s'élever  au-dessus 
du  procès  verbal,  il  nomme  les  choses 
et  les  hommes  par  leur  nom  ;  il  énumèrc 
les  événements  comme  aurait  pu  le  faire 
un  greffier.  11  a  l'air  de  transcrire  les 
faits  plutôt  que  de  les  raconter.  Mais 


(  '  )  Eekennann  dous apprend  que  cet  article 
fut  remarqué  de  Goethe. 

(*)  Le  ConitUuiionnel,  cntr*autre8,  avait 
vivement  attaqué  les  théories  esthétiques  de 
l'auteur  dans  unfaetum  intitulé  :  Im  conver- 
Mton  dun  romantique,  manuscrit  de  Jacquet 
Delorme ,  frère  de  Jo$eph ,  par  M.  Jay,  a 
anssi  paru  séparément. 

(*)  «  Le  titre  général  de  ce  volume  est  tiré 
de  la  première  pièce,  comme  c'était  la  cou- 
tome  dans  plusieurs  des  recueils  poétiqoes 
des  anciens  »  (Préface). 

(  *)  Plusieurs  éditions  des  Poésies  corn» 


plètes  de  M,  Sainu-Beuve  ont  paru  posté- 
rieurement ;  la  meilleure,  au  point  de  vue 
du  complet,  a  été  donnée  par  M.  Michel 
Lévy  en  i863  (3  vol.  in-iS).  —  On  lit  dans 
la  prérace  de  l'édition  de  1840  :  «  En  publiant 
ces  poésies  complètes  et  en  les  donnant 
comme  un  dernier  mot,  je  ne  prétends  pas 
renoncer  ft  la  poésie  sans  doute;  mais  je 
compte  désormais  la  contenir  déplus  en  plus 
et,  pour  ainsi  dire,  la  réduire  en  moi  au  strict 
nécessaire  du  cœur.  —  Je  dirai  donc  adieu 
à  la  Muse,  en  ia  congédiant  plus  qu'à  demi...  > 


714 


SAI 


Hû 


Part  du  narrateur,  quoique  caché,  n*en 
est  pas  moins  sûr.  Le  récit  va  si  lente- 
ment et  affiche  si  peu  de  prétentions , 
que  le  lecteur  le  suit  avec  une  entière 
confiance.  Peu  à  peu  cependant  les  li- 
gures se  dessinent,  le  paysage  s'éclaire, 
les  plans  s'ordonnent,,  et  la  sympathie 
est  acquise  à  fauteur.  Il  n*est  pas  facile 
de  découvrir  comment  il  s'y  est  pris 
pour  intéresser  ;  mais  il  intéresse,  et, 
selon  nous,  c'est  le  point  important. 
Tous  les  détails  vivants  ou  inanimés 
sont  empreints  d'une  telle  vérité,  chaque 
chose  est  si  bien  à  sa  place,  que  l'incré- 
dulité ou  ledoute  sont  impossil)les.Nous 
ajoutons  foi  aux  paroles  du  poète,  pré- 
cisément parce  qu'il  n*a  pas  l'air  de 
vouloir  nous  dominer.  Il  parle  simple- 
ment, et  nous  l'écoutons,  de  sentiments 
vrais,  et  nous  sympathisons  avec  lui. 
Les  pensées  qu'il  exprime  naissent  du 
sujet ,  semblent  ne  pouvoir  s'en  déta- 
cher, et  nous  acceptons  ses  pensées 
comme  nôtres  (M.»-—  Le  mêmecrili(|uc 
porte  sur  les  Pensées  d'août  un  autre 
jugement  que  nous  croyons  devoir  re- 
produire ici,  parce  qu'il  nous  paraît 
applicable  aux  œuvres  poétiques  de  M. 
Sainte- neuve  en  général.  «Quoique  les 
pièces  du  volume  nouveau  soient  nom- 
breuses et  ne  paraissent  pas ,  nu  pre- 
mier aspect,  disposées  dans  un  ordre 
logique,  cependant  une  lecture  alleniive 
réussit  à  saisir  le  lien  qui  unit  entre 
elles  les  impressions  successives  racon- 
tées et  analysées  par  le  poète.  Les  son- 
nets, sous  une  forme  plus  brève  et  plus 
laborieuse,  expriment  les  mêmes  senti- 
ments que  les  récits  de  longue  haleine, 
et  appartiennent,  comme  toutes  les 
pages  du  recueil,  à  une  maturité  d'in- 
telligence et  de  cœur  qui  participe  ù  la 
fois  de  la  confiance  et  du  désabusement. 
Ainsi  le  titre  du  nouveau  volume  n'a  rien 
d'arbitraire  ni  de  capricieux  ;  car  il 
traduit,  avec  précision,  la  nature  des 
pensées  et  des  sentiments  que  le  poète 
a  connus  et  célébrés.  Il  est  inutile  d'In- 
sister sur  la  conciliation  de  la  confiance 


et  du  désabusement  :  tout  le  monde 
comprendra,  sans  peine,  que  la  perle 
des  illusions  qui  ont  égaré  les  premières 
années  de  la  vie,  loin  de  contrarier  la 
sérénité  de  la  pensée,  mène  â  l'espé- 
rance par  la  sagacité,  et  rend  Tavenir 
d'autant  plus  facile  que  l'âme,  en  se 
familiarisant  avec  la  réalité,  arrive  à 
contenir  son  ambition  dans  de  Justes 
limites  (*)  ». 

Voilà  pour  le  côté  Intérieur,  subjectif 
(s'il  est  permis  d'employer  ici  ce  vilain 
mot),  de  M.  Sainte-Beuve.  En  regard  se 
présente  la  longue  série  de  ses  éludes 
critiques,  remarquables  tout  d'abord 
parla  nouveauté  du  point  de  vue  où  s'est 
placé  Tauteur.  M.  Sainte-Beuve  avait 
été  novateur  en  poésie,  plus  encore  par 
le  choix  de  ses  sujets  que  par  le  style 
qu'il  s'était  créé,  et  qui  était  ici  vérita- 
blement Vhomme  mème^  Sur  le  terrain  de 
la  critique,  on  peut  dire  qu'il  a  inauguré 
un  genre  et  une  méthode  (*).  Ce  n'est 
toutefoisquegraduellementqu'ila  trouvé 
le  secret  des  procédés  qui  lui  assignent 
une  place  à  part  dans  la  littérature  con- 
temporaine. Dès  le  mois  d'avril  18i9, 
il  inséra  dans  la  Revue  de  Paris,  fondée 
par  le  docteur  Véron,  des  articles  plus 
étendus  que  ceux  qu'il  pouvait  donner 
dans  le  Globe,  des  articles  sur  Boileau, 
La  Fontaine,  Racine,  J.-B.  Rousseau, 
Mathurin  Regnieret  André  Chénier.  Son 
attitude  dominante  y  était  polémique 
plutôt  que  littéraire  à  proprement  par- 
ler; il  y  plaidait  surtout,  a-t-on  dit,  la 
cause  du  cénacle;  d'ailleurs  les  idées 
saines  et  justes  y  éclataient  à  chaque 
page,  et  la  dissection  y  était  pratiquée 
avec  une  merveilleuse  légèreté  de  main. 
A  un  moment  donné,  sans  rien  perdre 
de  ses  qualités  distinctives ,  son  talent 
subit  une  transformation  notable  :  entre 
le  critique  de  la  Restauration  et  l'au- 
teur des  Portraits  littéraires,  le  con- 
traste est  aussi  frappant  qu'entre  les 
deux  régimes  politiques  séparés  l'un  de 
l'autre  par  la  Révolution  de  juillet  (*). 

Les  événements  de  4850,à  toutpren- 


I  •  )  Féîuden  lUtirairex,  Paris,  Michel  Ld vv, 
4855,10-12,  p.  240-2 H. 

(•)  ffrirf.,  p.  229. 

{')  Nous  renvoyons  le  lecteur  à  Tappré- 
ciation  des  œuvres  cHliques  de  M.  Sainte- 


Beuve,  récemment  publiée  dans  le  Grand 
dictionnaire  universel  dn  X(X^  siècle  (de  P. 
Lat^usse),  art.  Causeries  dn  lundi,  t.  III, 
p.  627. 
(  *  )  ffnbemus  confitentem  reum.  «  Au  Glo^ 


713 


SAI 


714 


dre,  ne  pouvaient  manquer  d'apporter 
quelque  trouble  dans  les  travaux  litté- 
raires et  dans  les  préoccupatioufi  des 
poêles  romantiques  de  cette  époque.  Ce 
fut  pour  M.  Sainte-Beuve  une  période 
de  transition.  Pendant  les  premiers  mois 
qui  suivirent  la  Révolution,  il  collabora 
plus  activementau  Globe  pardesartides 
non  signés  (*)\  Tannée  suivante,  il  se 
rattacha  même  au  journal  Le  National, 
dirigé  par  Armand  Carrel.  liais  ses  ex- 
cui'sionsdanslapolitiquefurent  courtes, 
et  il  se  tint  ou  revint  le  plus  possible 
dans  sa  ligne  littéraire.  La  Revue  des 
deux  Mondes^  dirigée  par  M.  Buloz  dès 
1851,  lui  fournit  un  cadre  en  rapport 
avec  le  développement  de  ses  études. 
Il  y  débuta  par  un  article  sur  (Georges 
Farcy,  jeune  professeur  de  philoso- 
phie "tué  pendant  les  journées  de  juillet. 
Ces  articles  critiques  de  M.  Sainte- 
Beuve,  tant  ceux  de  la  Revue  de  Paris 
que  de  la  Revue  des  deux  Mondes, 
furent  recueillis  en  cinq  volumes  in-S"" 
qui  parurent  successivement  de  183i 
à  1859,  sous  le  titre  de  Critiques 
et  Portraits  littéraires.  Depuis,  conti- 
nuellement accrus  et  augmentés,  dis- 
posés aussi  dans  un  autre  ordre,  ils  ont 
revu  le  jour  dans  le  format  in-12,  sous 
les  titres  de  Portraits  de  femmes,  — 
Portraits  littéraires,  —  Portraits  con- 
temporains,—  Derniers  Portraits.  Celle 
collei^tion  qui,  prise  dans  son  ensemble, 
ne  forme  pas  moins  de  sept  volumes,  a 
été  bien  des  fois  réimprimé^;,  avec  de 
légères  variantes,  depuis  1844  jusqu*à 
ces  dernières  années. 

La  transformation  signalée  tout  à 
l'heure  s*accuse  rien  quedans  le  choix  du 
litre  :  Portraits.  M .  S*«-Beuve  adopte  dès 
lors,  sans  peut-être  encore  avoir  plei- 
nement conscience  de  la  portée  de  son 


innovation,  la  méthode  dont  M.  Taine 
donnera  plus  tard  la  formule  phi- 
losophique, tout  en  la  pratiquant  à  son 
tour  dans  des  conditions  spéciales.  Il 
ne  s'agit  plus  seulement  do  juger  des 
livres,  mais  de  pénétrer  dans  le  secret 
de  leur  composition  :  c'est  un  procédé 
génétique  pour  ainsi  dire.  Pour  bien 
connaître  et  pour  bien  comprendre  un 
ouvrage,  évoquez  Tauteur  lui-même  ; 
vivez  dans  son  intimité,  voyez-le  vivre  et 
agir,  ou  plutôt  vivez  vous-même  en  lui, 
devenez  en  un  mot  son  incarnation. 
Quel  nouveau  jour  éclaire  alors  la  cri- 
tique, comme  elle  s'empare  à  son  tour 
de  vous,  c{»mme  elle  éveille  vos  facultés 
d'intuition  !  Dans  les  Par^rai/«,  l'analyse 
des  menus  détails  l'emporte  encore  sur 
la  synthèse  ;  mais  la  synthèse  y  est  en 
germe.  M.  Sainte-Beuve  en  est  encx)re  à 
s'orienter  ;  mais  patience  !  il  est  bien 
eflectivement  dans  le  chemin  où  il  veut 
être;  il  ne  faudra  qu'une  circonstance 
pour  qu'il  s'en  aperçoive,  et  alors,  une 
fois  pour  toutes,  il  ira  en  avant  d'un  pas 
plus  résolu. 

Nous  ne  mentionnons  qu'en  passant 
le  roman  intitulé  Volupté,  publié  en  1854 
(â  vol.  in-8o),  et  par  conséquent  anté- 
rieur aux  Penséesd'août.  C'est  une  étude 
attachante  de  pathologie  du  cœur  hu- 
main ,  à  la  fois  hardie  et  délicate  ;  c'est  le 
poème  de  la  lutte  douloureuse  de  la 
chair  et  de  l'esprit,  peu  chargé  d'épi- 
sodes, mais  d'une  sentimentalité  mor- 
bide et  d'un  raffinement  de  nuances  qui 
paraîtraient  en  dehors  de  la  réalité,  si 
l'auteur  ne  nous  assurait  lui-même  (*) 
que  M*"*  de  Canaén  n'était  pas  une  inven- 
tion, et  si  les  Lettres  d'Eugénie  de  Gnérin 
n'avaient  pas  révélé,  depuis,  l'existence 
de  natures  d'élite  de  la  même  famille  ('). 
Volupté,  à  l'heure  qu'il  est,  a  eu  cinq 


d'abord,  et  ensuite  à  la  Bévue  de  Pari$,  sous 
la  Restauration,  jeune  et  dëbatant,  je  fis  de 
la  critique  polémique,  volontiers  agressive, 
ealreprenanle  du  moins,  de  la  critique  d'in- 
vasion.—  Sous  le  règne  de  Louis-PbUippe, 
pendant  les  dix-huit  années  de  ce  régime 
d'une  littéral uro  sans  initiative  et  plus  pai- 
sible qu'animée,  j'ai  Tait,  principalement  à 
la  Revue  des  deux  Mondes,  de  la  critiqun 
plus  neutre,  plus  impartiale,  mais  surtout 
analytique,  descriptive eX  curieuse.  Celle  cri- 
tique avait  pourtant,  comme  telle,  un  défaut  ; 


cUe  ne  concluait  pas..  »  [Causeries  du  lundis 
préface). 

(M  Sa  collaboration  au  Globe  se  ralentit 
dans  ia  ^uite,  lorsque  cette  feuille  fut  devenue 
l'organe  spécial  du  Saint-Simonisme  (France 
linéraite,  l.  VIII,  p.  886). 

(*)  Port-Royal,  éd.  de  4867, t.  I,  p. 580, 
note. 

(']  Balzac,  sous  l'impression  d'un  arliclo 
^blié  par  M.  Sainte-Beuve  dans  la  Revue 
des  deux  Mondes  à  propos  de  la  Recherche 
de  l'absolu  t  jura  de  se  venger  et  de  refaire 


î?AI 


716 


éditions,  toutes  réelles,  chacune  des 
quatre  dernières  formant  un  vol.  in-*i2**. 
Dans  Tautomne  de  4857,  M.  Sainte- 
Beuve  voyageant  en  Suisse,  fut  invité  à 
donner  un  cours  d'une  année,  comme 
professeur  extraordinaire  à  FÂcadémie 
deLausanne,sur  lesujet  de  Port-Royal, 
dont  il  s'occupait  depuis  quelques  an- 
nées déjà.  Il  fit  ce  cours  en  81  leçons, 
dans  Tannée  scolaire  4857-1838  ('), 
et  il  bâtît  ainsi  Touvrage  qui  parut  suc- 
cessivement en  cinq  volumes  in-8^,  de- 
puis 4840  jusqu'en  4859.  L'intervalle 
qu'il  y  eut  entre  la  public^ition  de  plu- 
sieurs des  volumes  s'explique  par  les 
travaux  ou  les  événements  qui  traver- 
sèrent la  vie  littéraire  de  l'auteur.  Port- 
Royal  est  parvenu  à  sa  troisième  édi- 
tion; la  dernière,  publiée  en  4867  (6 
vol.  in-!2®),  est  très-augmentée,  et  né- 
cessaire pour  qui  veut  connaître  non 
seulement  le  glorieux  cloître  ,  mais 
beaucoup  de  circonstances  de  la  vie 
morale  et  littéraire  de  M.  Sainte-Beuve. 
Sous  ce  dernier  rapport,  la  page  sui- 
vante, où  l'auteur  se  livre  k  une  sorte 
d'examen  de  conscience,  ne  doit  pas 
échapper  à  l'attention  :  «  Je  suis  l'esprit  le 
»  plus  brisé  et  le  plus  rompu  aux  méta- 
»  morphoses  J'ai  commencé  franche- 
»  ment  et  crûment  par  le  dix-huitième 
»  siècle  le  plus  avancé,  par  Tracy,  Dau- 
»  nou,  Lamarck  et  la  physiologie  :  là 
»  est  mon  fond  véritable.  De  lu  je  suis 
»  passé  par  l'école  doctrinaire  et  psy- 
»  chologique  du  Globej  mais  en  faisant 
»  mes  réserves  et  sans  y  adhérer.  De  là 
»  j'ai  passé  au  romantisme  poétique  et 
»  parle  monde  de  Victor  Hugo,  et  j'ai  eu 
»  l'air  de  m'y  fondre.  J'ai  traversé  en- 
»  suite  ou  plutôt  côtoyé  leSaint-Simonis- 
»  me,  et  presque  aussitôt  le  monde  de 
»  Lamennais  ,encore  très-catholique.  En 
»  4857, à  Lausanne,  j'ai  côtoyé  le  cal- 
»  vinisme  et  le  méthodisme,  et  j'ai  dû 
»  m'efforcer  à  l'intéresser.  Dans  toutes 
»  ces  traversées ,  je  n'ai  jamais  aliéné 
»  ma  volonté  et  mou  jugement  (hormis 
»  un  moment  dans  le  monde  de  Hugo 
0  et  par  l'effet  d'un  charme),  je  n'ai  ja. 
»  mais  aliéné  ma  croyance  ;  mais  je  com- 


»  prenais  si  bien  les  choses  et  les  gens, 
»  que  je  donnais  les  plus  grandts  espé- 
»  rances  aux  sincères  qui  voulaient  me 
»  convertir  et  qui  me  croyaient  déjà  à 
»  eux.  Ma  curiosité,  mon  désir  de  tout 
»  voir,  de  tout  regarder  de  près,  mon 
»  extrême  plaisir  à  trouver  le  vrai  re- 
»  latlf  de  chaque  chose  et  de  chaque 
»  organisation,  m'entraînaient  à  cette 
»  série  d'expériences  qui  n'ont  été  pour 
»  moi  qu'un  long  cours  de  physiologie 
»  morale.  » 

Ainsi  M.  Sainte-Beuve  est  retourné 
à  son  point  de  départ,  et  il  a  la  fran- 
chise de  le  dire.   Il  revendique  lui- 
même  sa  place  dans  cette  famille  d'es- 
prits dont  il  parle  au  livre  premier  de 
Port-Royal,  à  propos' de  l'art  drama- 
tique, et  qui,  tout  en  se  livrant  à  Ten- 
irainement  de  l'heure  présente,  domi- 
nent leur  talent  par  un  sang-froid  in- 
térieur et  le  jugent.  Tel  était  Gœthe, 
dit-il  quelque  part;  seulement  Gœthe  se 
piquait  de  cette  sérénité.  M.  Sainte- 
Beuve  n'affiche  point  de  prétention  ; 
mais,  amené  à  un  examen  de  conscience, 
il  se  déclare  volontiers  l'insaisissable 
Protée.    Prenez-y   garde  pour  vous- 
même  :  le  voilà  qui  vous  séduit  par  le 
charme  indéfinissable  du  demi-jour  où 
il  tient  volontairement  sa  pensée;  le 
voilà  qui  triomphe  de  vous  en  vous  en- 
laçant de  mille  liens  invisibles,  avecune 
merveilleuse  adresse  et  la  subtilité  qui 
lui  est  naturelle  ;  puis,  inopinément , 
quand  vous  avez  capitulé,  il  vous  rend 
à  cette  liberté  dont  il  est  si  jaloux  pour 
lui-même.  H  n'a  point  songé  à  se  mo- 
quer de  vous  ;  c'est  une  simple  ejrpé- 
rknce  qu'il  a  voulu  faire. 

a  Je  D*ai  été,  dit-il,  el  je  oe  sais  qu'un  io- 
»  vestigatéur,  un  observateur  sincère,  at- 
»  tentif  et  scrupuleux.  Et  même,  à  mesure 
»  que  j'ai  avancé,  le  charme  s'en  étant  allé, 
»  je  n'ai  plus  voulu  être  autre  chose.  Il  m'k 
»  semblé  qu'à  défaut  de  la  flamme  poétique 
p  qui  colore ,  mais  qui  leurre,  il  n'y  avait 
>  point  d'emploi  plus  légitime  et  plus  hono- 
D  rable  de  l'esprit  que  de  voir  les  choses  et 
»  les  hommes  comme  ils  sont,  et  de  les 
»  exprimer  comme  on  les  voit,  de  décrire  an- 


Volupté,  «  Il  me  le  paiera  !  dit-tl  :  je  lai  pas- 
serai ma  plume  au  travers  du  corps.  >  Telle 
est  l'origine  du  Lys  dans  la  vallée. 


(*)  En  reconnaissance,  rAcadémie  de 
Lausanne  l'inscrivit  au  nombre  de  ses  mem* 
bres. 


717 


SA[ 


718 


tour  de  soi,  en  serviteur  de  la  science,  les 
variétés  de  l'espèce,  les  diverses  formes 
de  l'organisaiioQ  humaine,  étrangement 
modifiée  dans  la  société  et  dans  le  dédale 
artificiel  des  doctrines...  J'ai  été  à  ma  ma- 
nière un  homme  de  vérité,  aussi  avant 
que  j*ai  pu  l'atteindre.  —  Mais  cela  même, 
que  c'est  peu  !  Que  notre  regard  est  borné  ! 
Qu'il  s'arrête  vite  !  Qu'il  ressemble  à  un 
pAIe  (lambeau  alhimé  un  moment  an  milieu 
d'une  nuit  immense  !  Et  comme  celui  qui 
avait  le  plus  à  cœur  de  connaître  son  ob- 
jet, qui  mettait  le  plus  d'ambition  à  le 
saisir  et  le  plus  d'orgueil  à  le  peindre,  se 
sent  impuissant  et  au-dessous  de  sa  tâche, 
le  jour  où  la  voyant  à  peu  près  terminée, 
et  le  résultat  obtenu,  l'ivresse  de  la  force 
s'apaise,  où  la  défaillance  finale  et  l'iné- 
vitable dégoût  le  gagnent,  et  où  il  s'aper- 
çoit à  son  tour  qu'il  n'est  qu'une  illusion 
des  plus  fugitives  au  sein  de  Tlllusion  in- 
finie !(').» 

Est-ce  doncpour  en  venir  à  cette  dé- 
sespérance qu*il  a  livré  la  bataille  de  la 
vie?  Est-ce  là  le  dernier  mot  de  M. 
Sainte-Beuve  ?  Peut-être  bien.  A  le 
prendre  à  la  lettre,  on  à  peine  à  se  dé- 
fendre d*un  serrement  de  cœur.  Mais 
faut-il  le  prendre  à  la  lettre?  Avec  un 
Judicieux  écrivain  suisse  (*),  n*insistons 
pas  trop  sur  ce  qui  donnerait  à  penser 
que  cet  esprit  si  ouvert  n'a  atteint  à 
une  entière  liberté  que  par  une  entière 
indifférence,  car  jamais  M.  Sainte-BeUve 
n'a  été  moins  indifférent  que  dans  ces 
dernières  années,  a  Elles  lui  ont  valu 
UD  regain  de  jeunesse,  dont  les  Noti- 
veaux  lundis  sont  le  précieux  monument, 
et  dans  plus  d'une  occasion  on  Fa  vu 
donner  un  démenti  à  ceux  qui  le  ju- 
geaient incurabl'iment  versatile  et  inca- 
pable de  s'attacher  à  rien.  En  certaines 
matières,  M.  Sainte-Beuve  est  toujours 
le  même  sceptique,  ce  qui  tient,  si  je 
ne  me  trompe,  Ji  sa  trop  grande  con- 
naissance des  hommes  ;  en  politique, par 
exemple,  il  ne  croit  pas  à  une  base  sûre, 
mais  seulement  à  des  équilibres  qui 
varient  selon  les  temps,  les  lieux  et  les 
circonstances;  la  politique  lui  parait 
un  terrain  mouvant,  dont  il  faut  s*acco- 
moder  le  mieux  possible.  Mais  il  n'é- 
tend pas  JÉ  tout  cette  facilité,  et  Ton  se 


tromperait  si  Ton  croyait  qu'il  ne  tien- 
dra bon  sur  rien.  11  fléchira  sur  ce  qui 
s'appelle  principes  ou  doctrines,  il  s'ar- 
rangera selon  les  circonstances,  il  ne 
dira  pas  toujours  ce  qu'il  pense,  mais 
il  ne  dira  jamais  ce  qu'il  ne  pense  pas  ; 
il  y  aura  dans  son  fait  du  plus  ou  du 
moins,  mais  il  ne  variera  pas  sur  les 
grandes  questions  qui  se  rattachent  à  la 
culture  générale  de  l'humanité;  il  cher- 
chera à  diriger  l'opinion  non  jusqu'à  un 
certain  point,  mais  dans  un  certain  sens, 
et  il  y  mettra,  s'il  le  faut,  de  l'activité, 
de  l'énergie,  de  la  fermeté,  de  l'audace. 
Il  a  moins  de  système  que  jamais  ; 
mais  il  a  une  tendance  de  plus  en  plus 
marquée.  Que  l'esprit  aille  où  il  voudra, 
pourvu  qu'il  aille  et  qu'on  ne  l'empri- 
sonne pas  :  voilà  ce  qu'il  désire  et  ce 
qu'il  demande.  Et  c'est  ainsi  que  cet 
homme  réputé  changeant  a  fini  par  dé- 
fendre une  cause  ('),  celle  même  de 
l'esprit,  et  que  tant  de  souplesse  a  eu 
pour  dernière  conséquence  des  actes 
de  courage,  il  est  aussi  serein  que  jadis, 
mais  à  sa  sincérité  s'unissent  un  mou- 
vement et  une  chaleur  de  vie  qui  semblent 
croître  avec  l'âge;  au  milieu  de  l'Illu- 
sion infinie,  il  y  a  une  chose  qu'ilaimc, 
dont  il  jouit ,  dont  il  sent  plus  que  ja- 
mais l'inestimable  valeur,et  cettechose, 
c'est  encore  l'esprit  toujours  vivant  et 
agissant.  » 

Le  livre  de  Port-Royal  est  le  vrai 
centre  de  l'œuvre  de  M.  Sainte-Beuve, 
à  tous  les  points  de  vue.  Ce  n'est  pas 
un  simple  sentiment  de  curiosité  qui  l'a 
porté  à  vivre  si  longtemps  dans  ce 
monde  ascétique.  Il  devait  sympathi- 
ser avec  ces  hommes  austères,  dont  la 
vie  ne  passe  pas  sous  nos  yeux  «  sans 
quelques  reflets  de  douceur,  sans  quel- 
que sujet  d'attendrissement»  (*).  Leur 
piété  un  peu  rigide,  le  côté  sombre  de 
leur  théologie  n'était  qu'un  attrait  de 
plus  ;  il  voyait  en  eux  ce  qu'ils  ont 
été  en  effet,  moins  des  discuteurs  sub- 
tils «  que  des  conseillers  intimes  et 
des  directeurs  des  âmes.  »  C'était  un 
admirable  thème  pour  la  critique  et 
l'analyse,  pour  cette  dissection  minu- 


\*)  Port- Royal,  chapitre  final. 
(*)  M.  Rambert  (Bibliothèque  universelle 
et  Revue  tuitie^  nouv.  période,  t.  XXXI, 


fëv.  1868,  p.  2^6). 
<»)  V.  ci-après. 
(*)  Discours  préliminaire. 


719 


SAI 


720 


lieuse  du  cœur  humain  qui  n'a  pas 
cessé  d'être  la  passion  de  M.  Sainte- 
Beuve.  «Qui  ne  connaît  pas  Port-Royal, 
js*écriait  un  jour  Royer-Coilard ,  ne 
eonnait  pas  Thumanlté  !  »  De  plus,  il 
retrouvait  là  comme  un  reflet  de  son 
âme,  dans  un  milieu  tout  différent  du 
Dôtre.  «  Les  solitaires  de  Port-Royal, 
dit  très-bien  M.  Bambert,  ont  quelque 
chose  de  son  imagination  méditative  et 
tournée  en  dedans  ;  Ils  ont  les  prémi- 
ces de  ces  souffrances  sans  nom,  de 
ces  Inquiétudes  vagues  et  profondes 
qui,  de  nos  Jours,  ont  tourmenté  tant 
d'hommes  et  auxquelles  M.  Sainte- 
Beuve  n*a  pas  écha|>pé  ;  ils  ont  Tamour 
de  la  retraite,  Tamour  de  l'observation 
et  de  l'analyse  Dénétrante  des  choses 
Intérieures.  »  On  peut  présumer  que 
Pori-Hoyal  eût  été  écrit  tôt  ou  tard, 
même  sans  le  cours  de  Lausanne.  La 
vocation  de  H*  Sainte-Beuve  étant  de 
devenir  le  naturaliste  des  esprits^  rien 
n'était  plus  propre  à  la  lui  révéler  que 
cette  étude  si  complexe,  si  sévèrement 
attrayante,  où  il  y  avait  tant  à  deviner 
dans  l'ombre.  Port-Royal  a  été  com- 
paré à  un  observatoire  d'où  il  était  cu- 
rieux de  voir  se  dérouler  en  perspec- 
tive tout  le  XVII"  siècle  religieux, 
ecclésiastique,  philosophique,  moral  et 
littéraire.  En  soi ,  d'ailleurs ,  Port- 
Royal  est  peut-être  l'originalité  la  plus 
nettement  tranchée  de  ce  siècle  de 
Louis  XIV,  placé  entre  deux  Ages  vo- 
lontiers incrédules.  Une  haute  question 
de  philosophie  de  l'histoire  se  pose 
ici  :  «  Comment  celte  cause  catholique, 
qui  fut  si  grande  de  doctrine  et  de  ta- 
lent au  XVIi*  siècle,  se  trouva-t-elle 
ai  impuissante  et  désarmée  du  premier 
jour  au  début  do  XV1II%  et  tout  d'abord 
criblée  sous  les  flèches  persanes  de 
Montesquieu?  Car  ces  trois  siècles  (du 
moins  en  France],  le  XVI%  le  XVI1«  et 
le  XViIl%  se  peuvent  figurer  à  l'esprit 
comme  une  immense  bataille  en  trois 
Journées...  »  (*  ).Pendant  de  longues  an- 


nées, ce  problème  a  été  la  préoccupation 
ajbfiidue  de  M.  Sainte-Beuve;  d'autre 
parr,  fidèle  à  son  penchant  qui  le  porte 
à  s'attacher  aux  individualités  ,  les 
traits  de  famille  de  tous  les  jansé- 
nistes lui  ont  fait  entrevoir  la  possibilité 
d'entrer  par  le  portrait  jusqu'au  coeur 
de  la  grande  histoire.  Il  s'est  d'autant 
plus  attaché  k  Por^-Royal,  enfin,  qu'il 
y  a  puisé  la  conscience  olaire  de  «a  mé- 
Ihoae.  Rien  n'est  plus  juste  que  ce  mot 
de  Vinet  :  «  Vous  semblés,  Itonsleur, 
confesser  les  auteurs  que  vous  criti- 
quez; et  vos  conseils  ont  quelque 
chose  d'intime  comme  ceux  de  la  con- 
science, n  C'est  Port-Royal  qui  a  fait 
de  M.  Sainte-Beuve  un  confesseur  plu- 
tôt encore  qu'un  naturaliste. 

M.  Sainte-Beuve  était,  depuis  1840, 
l'un  des  conservateurs  de  la  Bibliothè- 
que Nazarine.  Nommé  mtVÊtre  de  M- 
cadémie  française  à  la  place  de  Casimir 
Delavigne,  il  y  avait  été  reçu  le  17  fé- 
vrier 1845  par  M.  Victor  Hugo,  qui 
était  alors  directeur  ou  président.  La 
révolution  de  février  1848  vint  tout  à 
coup  déranger  son  existence.  A  un  mo- 
ment donné,  il  dut  reconnaître  qull  y 
avait  des  gens  tout  disposés  à  lui  sus- 
citer des  embarras.  D'autre  part,  l'ins- 
tabilité qui  semblait  devoir  présider 
pour  longtemps  aux  destinées  de  la 
France,  lui  inspira  la  résolution  de 
prêter  Toreille  à  l'appel  qu'on  faisait 
d'un  professeur  de  littérature  française, 
pour  l'Université  de  Liège.  M.  Charles 
Rogler,  qu'il  connaissait  depuis  très- 
longtemps,  le  décida  à  ac^pter  ;  il  ar- 
riva à  Liège  en  octobre  1848-  Les  diffi- 
cultés étaient  grandes,  plus  même  que 
ne  l'avait  soupçonné  M.  Sainte-Beuve 
(*).  Il  eut  le  bonheur  de  trouver  «  dans 
M.  Rorgnet,  recteur,  un  homme  équi- 
quable  et  juste,  et  dans  le  public  et  dans 
la  jeunesse  une  disposition  k  l'écouter 
avant  de  le  juger  »  (').  Il  faisait  trois 
cours  par  semaine,  lundi,  mercredi  et 
vendredi.  Le  cours  du  lundis  qui  était  ï 


{«)  Ibid. 

(*)  On  peut  s'en  faire  one  idée  en  ouvrant 
U  Revue  de  Belgique  du  mois  de  septembre 
1848.  On  y  lira  un  facium  dont  I«  malveil- 
lance a  été  à  peine  égalée  par  la  èoi-disant 
biographie  de  M.  Eugène  de  Mirecourt.  — 


Cet  article  a  été  aussi  tiré  à  part  (Iimssiblb  !  ! 
ou  M.  Sainte-Beuve  et  i^néveraité  de  Uêge, 
Bruxelles,  D.  Raes,  1848,  in-18). 

(  '  )  Ce  sont  ses  propres  expressions,  que 
nous  trouvons  dans  une  lettrf  pariicuUère. 


7il 


SAI 


7-22 


U  fois  pour  les  élèves  ei  pour  le  public, 
et  qui  se  tenait  dans  la  grande  salle 
académique,  roulait  sur  Chateaubriand 
et  son  époque.  Le  cours  du  mercredi 
et  du  vendredi ,  destiné  aux  seuls 
élèves,  embrassait  l'ensemble  de  la  lit- 
térature française.  Vers  le  temps  de 
Pâques  et  pendant  les  derniers  mois, 
M.  Sainte-Beuve  eut  encore  à  faire  des 
conférences  de  rhétorique  et  de  style, 
pour  les  sept  ou  buit  élèves  qui  se  pré- 
paraient à  Tenseigneme^it.  «  Les  sou- 
venirs de  cette  année  d'étude  et  d'Uni- 


versité lui  sont  demeurés  précieux» ('  ). 
Il  a  voulu,  plus  tard,  payer  à  la  Bel- 
gique un  tribut  de  reconnaissance  : 
nous  faisons  allusion  aux  deux  vo- 
lumes intitulés  :  Chateaubriand  et  son 
groupe  littéraire  sous  VEmpire,  qui  vi- 
rent le  Jour  â  Paris  en  1861. 

Dans  la  préface  de  cet  ouvrage  (*), 
Fauteur  s'est  complu  â  faire  un  retour 
sur  sa  vie  de  Liège  et  d'indiquer  les 
travaux  qu'il  prépara  pendant  son  séjour 
en  Belgique  ('). 

M.  Sainte-Beuve  C4)nsidère  lui-même 


( *)  U  s'agit  de  la  pr^l^  de  i849. 

(  '  )  «  Je  a'ai  pas  à  expliquer  au  public,  ni 
■lème  k  mes  amis,  dit-il,  pourquoi,  sans  y 
être  en  rien  oblige,  j*ai  cm  devoir  chercher 
aiUeurs  oon  pas  fortune,  mais  étude  et  variété 
de  vie.  Ce  sont  de  ces  motifs  tout  particu- 
liers, qui  D*oot  nul  rapport  au  sens  commun, 
mais  qui  HaoBeol  à  la  fibre  secrète.  Si  l'on 
vooiaii  abaoÉUBent  des  faiàoBa,je  n'en  dirais 
qu'une,  et  U  voici  : 

•  L'aaaée  1848  a  été  une  année  folle  et 
taiale.  Puisque  le  monde  était  eo  démence, 
j'ai  saisi  ce  moment  aussi  de  faire  mes  folies  ; 
el  mes  foUes  k  moi,  c'a  été  d'aller  dans  un 
pays  ami  vivre  toute  une  année  avec  les  il- 
lustres et  aimables  awits,  Vlllehardouin, 
Joinvitte,  Frofssart,  Communes,  Montaigne, 
loas  m  foule  et  b  la  fbis.  Jusqu'à  Buflbn  et 
CbaUaubiiand  ;  de  les  aoeueilUr  ea  moi,  de 
les  anteadre ,  de  les  interpréter ,  de  ne 
Bêler  plus  intimeaient  que  jamais  à  eux,  et 
d'oublier,  s'il  se  pouvait,  dans  leur  commerce, 
les  sottises  et  lea  miaères  du  préseoL 

»  Ce  <tue  j'avais  résolu,  je  l'ai  fait.  Ledis- 
eoars  d'ouverture  qui  résume  mon  plan  de 
cette  année,  dira  à  quel  travail  je  me  suis 


•  Le  cours  de  littérature  française,  com- 
BeDçaal  avant  Villehardeain  et  allant  jus- 
qu'av  XTIU*  siècle,  a  été  professé  dans  toute 
son  étendue  pour  les  étudiants  de  TUniver- 
slté  de  Liège.  Je  n'en  ai  gardé  que  des  notes 
el  d'utiles  souvenirs. 

*  Le  second  cours,  tout  public,  et  qui  en- 
tame rétad<  littéraire  approfondie  des  cin- 
qoaote  premièras  années  du  siècle,  est  celui 
qv'oo  va  lire,  et  que  je  livre  ici  à  très  peu 
près  dans  la  même  forme  ou  il  a  été  donné  : 
je  dis  à  tris  peu  prés,  car  je  ne  Usais  pas,  je 

(  *  }  Anjoonrjot  inembra  «Ir  U  (llinmbre  rfc*  Ra- 


préimntmùU. 

(*»)  PrafMaarikrbÊ 
rofmï  dt  Liég«,  mort  «n 


fitariaihifitiNçai^e  «rAtliénéa 
.»*«.  ...  .^o«t  "^x  — >  iSS\.  Apcéâ  «*<)tr«  hit  uoii> 
bAitra  Até  Uictenti  de  U  Jl«vti«  W/m  fNtr  «lu.*  po<"«iei 
•C  Het  jye—tto  tTan  «eotiiBeBt  •lelh^at,  Henri  Col^oo 
f«t|«  daM  la  rèdadipa  da  /••mal  W«  LUfe*  où  il 


parlais;  le  Discours  d'ouverlare  a  été  la  seule 
partie  écrite  et  lue. 

>  La  btigue  que  j'ai  ressentie  de  ce  double 
travail  m*a  averti  que  je  ne  pouvais  le  pro- 
longer impunément,  et  j'ai  dû,  après  cette 
première  année ,  renoncer  è  une  hospitalité 
bienveillante,  dont  j'avais  d'abord  compté 
jouir  pour  un  temps  plus  long. 

>  CeUe  année,  pour  moi  si  remplie,  m'aura 
laissé  de  profitables  eoseignements. 

»  J'ai  va  un  pays  sage  et  paisible,  labo- 
rieui  et  Ubre,  un  peaple  sensé  qui  apprécie 
ce  qu'il  possède,  et  qui  n'attend  pas  qu'U  l'ait 
perdu  pour  le  sentir. 

»  J'ai  vu  une  Vnivereité  savante  et  non 
pédantesqoe,  sans  entre-mangeriei  professo- 
rales, comme  dit  Bayle,  et  sans  aucune  tra- 
casserie. Je  voudrais  pouvoir  espérer,  dans 
aM>a  court  passage,  y  avoir  laissé  quelque 
chose  de  restime  et  des  sautimeats  qae  j'em- 
porte avec  moL 

>  J'ai  vu  un  beau  pays,  nae  riche  nature, 
et  dans  cette  vallée  de  Liège  où  je  pouvais 
me  croire  loin  de  la  ville  comme  dans  un  ver^ 
aer,  j'ai  joui,  pour  la  première  fois  peut-être, 
de  la  naissance  d'avril  et  des  premières  fleurs 
du  printemps.  La  tristesse  qui  s'attachait  au 
souvenir  de  noire  malheureux  pays  et  des 
amis  dont  j'avais  besoin,  se  gravait  mieox 
dans  cette  vie  calme,  et  chaipie  seatimeat 
était  dans  son  ordre. 

>  Ma  nomination  n'avait  pas  été  sans  ex- 
citer un  petit  ou  même  un  gres  orage,  bieniêt 
dissipé.  Je  ne  veux  me  souvenir  que  de  ceux 
qui  m'ont  généreusement  appuyé  sans  me 
connaître  M.  Clément  Muller,  rédacteur  du 
journal  de  M.  Desoer  (  *  ) ,  M.  Henri  Golson(  **  ) 
et  M.  de  Jonghe  (***)  me  permettront  de  leur 
témoigner  ici  ma  reconnaissance. 

»  Ne  pas  nommer  M.  le  professeur  Lacor- 

rat  rhai^M  tie  In  rritiqaa  Utti^rair<t  at  thMtrala.  Où 
lai  doit  encore  le  ramaii  da  tÊmmhtrt^  qùt  «I  loin 
d*«ti^  Mn«  mérita  /V.  la  IfétroL  li駗iê,  aoo.  1S»4 
at  i8.-Sft). 

(  ***  I  l/aiic^eu  CorresfonHtuit  Jn  nmté:  du  lommal 
dé  Liégt. 


723 


SAI 


724 


Chateaubriand  et  son  groupe  littéraire 
comme  une  introduction  naturelle  aux 
Causeries  du  lundi,  lesquelles  ne  se- 
raient, ^  ce  titre,  littéralement  pariant, 
que  la  continuation  du  cours  publierait 
à  Liège.  Cependant,  si  introduction  il  y 
a,  hâtons-nous  d'igouterque  l'architec- 
ture du  portail  n*est  pas  exactement 
celle  du  vaisseau  de  rédiflce.  «  Le  cours 
que  je  reproduis  en  ce  volume,  dit  M. 
Sainte-Beuve,  ne  paraîtra  pas  rentrer 
dans  ma  manière  habituelle,  qui  jus- 
qu'ici était  plutôt  dépeindre  que  déju- 
ger. Cette  fois  je  n'ai  voulu  faire  que  de 
la  crilique  judicieuse  :  cela  a  l'air  d'un 
pléonasme,  c'est  pourtant  une  nouveau- 
té. »  Il  n'y  a  là-dessous  rien  de  moins 
qu'une  menaoe.  M.  Sainte-Beuve  avoue 
que,  pendant  bien  longtemps,  il  ne  s'est 
pas  cru  libre  de  dire  tout  ce  qu'il  pen- 
sait sur  Chateaubriand.  «  Les  amis  qui 
m'ont  introduit  pour  la  première  fois 
auprès  de  M'"«Récamier  savent  bien  que 
c'était  là  ma  crainte,  et  que  le  critique 
en  moi  résistait  ;  mais  un  si  doux  charme 
attirait  d'ailleurs  vers  cette  femme  gra- 
cieuse qui  s'était  consacrée  à  René  vieil- 
lissant, qu'il  fallut  bien  céder  en  défi- 
nitive et  faire  comme  tous  ceux  qu'elle 
a  vaincus.  »  Maintenant,  aucune  conve- 
nance n'impose  plus  de  ces  ménage- 
ments. Chateaubriand  est  à  la  barre  de 
la  postérité.  «  11  est  temps  que  pour 
lui  la  véritable  critique  commence,  à 
moins  qu'on  ne  veuille  faire  de  sa  re- 
nommée, comme  de  celle  de  Bossuetet 
de  Racine,  une  de  ces  religious  frau- 
çaises  (  <  )  auxquelles  on  ne  peut  trouver 
mot  à  dire  sous  peine  d'être  excommu- 
nié. La  dévotion  et  la  critique  ne  vont 
guère  ensemble...  » 

Tout  le  monde  n'a  pas  accepté  sans 
réserve  les  explications  de  M  Sainte- 
Beuve,  qui  plus  tard,  dans  les  Causeries, 
renchérit  encore  sur  la  sévérité  dont  il 
avait  désaccoutumé  ses  lecteurs.  On 
s'est  écrié:  a  II  brise  comme  à  plaisir 
les  idoles  de  sa  jeunesse  !  »  Le  fait  est 


que  Chateaubriand  n'avait  jamais  été 
pris  ainsi  à  partie;  cependant,  si  cette 
grande  personnalité  toute  remplie  d'elle- 
même  est  plus  d'une  fois, dans  \eCours, 
descendue  de  son  piédestal,  si  l'auteur 
des  Mémoires  d'outre-tombe  surtout  n'y 
est  pas  ménagé,justicey  est  pleinement 
rendue  au  poète,  et  le  critique  proteste 
à  l'avance  contre  le  reproche  de  défec- 
tion :  «  Ce  premier  type,  ce  père  de  qui 
nous  émanons,  je  tiens  non-seulement 
à  ce  qu'on  l'admire,  mais  à  ce  qu'on 
l'aime  toujours  »  ('). 

Le  premier  volume  de  l'ouvrage  com- 
prend seize  leçons,  toutes  consacrées 
à  Chateaubriand;  dans  le  second, outre 
cinq  leçons  sur  le  même  sujet,  on  trouve 
une  étude  étendue  sur  Chênedollé  (*)  et 
une  autre  sur  Gueneau  deMussy,  écrites 

Î plutôt  dans  la  manière  des  Portraits 
illéraires.  Des  Cliateaubriand^  recueil 
de  notes  diverses,  et  des  extraits  de 
Mémoires  inédits  viennent  enfin,  en  forme 
de  supplément. 

Non  marié,  mais  ayant  sa  mère  plus 
qu'octogénaire,  M.  Sainte-Beuve  revint 
à  Paris  en  septembre  1849,  sous  la  pré 
sidence  du  prince  Louis-Napoléon.  Le 
docteur  Véron  lui  proposa  immédiate- 
ment de  commencer,  dans  le  journal 
le  Constitutionnel,  qu'il  dirigeait,  une 
série  d'articles  littéraires,  paraissant 
tous  les  lundis.  Le  succèsde  cesarticles 
fut  ce  qu'il  devait  être,  immense.  Ils 
donnèrent  le  signal  d'une  reprise  de  la 
littérature.  M.  Sainte-Beuve  les  conti- 
nua trois  ans  au  Constitutionnel,  puis 
dans  le  Moniteur,  devenu  Journal  de 
r Empire.  A  partir  de  1851,  ils  repa- 
rurent réunis  en  volumes,  sous  le  titre 
de  Causeries  du  lundi:  cette  collection 
se  continua  pendant  les  années  suivantes, 
au  point  de  former  en  définitive  quinze 
volumes  in-18^ 

Le  mot  Causeries  fait  comprendre 
que  le  ton  de  l'auteur  est  celui  qui  est 
en  usage  dans  ce  qu'où  est  convenu 
aujourd  hui  d'appeler  Conférences  ('  ) , 


daire,  ce  sérail  paraître  trop  oublier  les  soios 
de  l'amitié  la  plus  attentive,  qui  a  présidé  à 
mon  arrivée  et  m'a  entouré  pendant  tout  mon 
séjour»  p.  1i-16). 

(  *  )  Expression  du  comte  Joseph  de  Maistre 
{Note de  M,  Sainte-Beuve), 


{ ')  Chateaubriand  et  son  groupe  littéraire^ 
t.  Il,  p.  433. 

(  '  )  M.  Sainte-Beuve  parait  avoir  ignoré 
l'existence,  en  Belgique,  d'un  fils  de  l'auteur 
du  Génie  de  l'homme  iv.  Kart.  ChêKCDOLLè). 

(*)  M.  Sainte-Beuve  s'est  expliqué  lai- 


7i6 


SAl 


726 


sinon  celui  qui  est  de  mise  dans  des 
entretiens  familiers.  Les  détails  cu- 
rieux et  piquants  y  sont  bien  venus  ; 
Tanecdote  y  troute  sa  place  ;  les  ex- 
traits y  abondent  et  donnent  lieu  à  des 
réflexions,  JÉ  des  rapprochements,  b  des 
commentaires  Ingénieux  et  délicats.  Il 
n'y  a  d'ailleurs  rien  de  frivole  dans  les 
Causeries  de  M.  Sainte-Beuve  :  il  en 
résulte  presque  toujours  un  enseigne- 
ment, en  dépit  du  scepticisme  de  Fau- 
teur, qui,  plus  souvent  qu'il  n*en  con- 
fient, a  ses  jours  de  grand  sérieus. 
Seulement,  cet  enseignement  est  tou- 
jours caché  sous  des  fleurs,  et  il  arrive 
même  que  Técrivain  nous  y  conduit 
sans  pour  ainsi  dire  s'être  douté  lui- 
même  du  résultat  de  ses  recherches.  La 
mobilité  de  ce  rare  esprit  le  détourne 
sans  cesse  de  la  poursuite  d'un  but  et 
l'empêche  trop  souvent  de  mettre  à 
profit  les  découvertes  qu'il  fait  en  se 
jouant.  Mais  il  est  incontestablement 
de  bonne  foi,  et  si,  pour  avoir  trop 
vécu,  il  ne  voit  plus  dans  le  monde 
que  des  illusions  qui  sVnlre-détrui- 
sent,  il  s'attache  néanmoins  tour  à 
tour  à  chacune  d'elles  comme  s'il  y 
croyait:  chacune  d'elles  est  pour  lui, 
k  son  moment,  la  vérité  qu'il  cherche 
avec  une  entière  sincérité  et  avec 
une  persévérance  passionnée.  Le  style 
des  Causeries  accuse  en  M.  Sainte- 
BeuTe  une  nouvelle  transformation  : 
Il  est  plus  vif,  plus  alerte,  surtout  plus 
précis,  et  en  même  temps  plus  fine- 
ment ciselé  que  celui  des  Portraiis.  Spi- 
rituel, sagace,  brillant,  chatoyant,  con- 
sommé, souple,  malin,  rusé,  madré,nar- 
quols,  atttque,  élégant,  délicat,  varié, 
prestigieux,  irrésistible,  M.  de  Pont- 
martin  a  pu  lui  prodiguer  toutes  ces 
épithètes  ;  avec  tout  cela,  il  ne  lui  plaît 
pas  de  voir  en  M.  Sainte-Beuve  un  cri- 
tique sérieux.  M.  Cuvillier-Fleury  trouve 
au  contraire  les  Causeries  aussi  sé- 
rieuses que  charmantes,  mais  maintient 
que  l'illustre  critique  a  perdu  en  élé- 
Tation  ce  qu'il  a  gagné  en  surface  ('). 
Il  y  a  un  peu  de  vrai  dans  ces  jugements; 
mais  Ils  sont  évidemment  trop  absolus. 


M.  Sainte-Beuve  aime  les  menus  dé- 
tails, les  recherches  de  pinceau,  les 
subtilités  d'analyse; mais  on  ne  saurait 
dire  qu'il  s'y  perde  jamais.  Il  reste  de 
chaque  article  une  impression  d'en- 
semble, un  portrait  tracé  en  caractères 
indélébiles.  Seulement,  pouren  démêler 
les  grandes  lignes  et  le  caractère  es- 
sentiel, il  faut  faire  un  retour  sur  soi- 
même  après  avoir  lu.  L'enchanteur 
vous  a  si  complètement  ébloui  tout 
d'abord,  il  vous  a  si  irrésistiblement 
entraîné  k  partager  sa  curiosité  mi- 
nutieuse, qu'j^  force  de  regarder  mille 
tableaux  divers,  comme  au  sortir  d'un 
grand  Musée,  vous  ne  savez  plus  où 
vous  en  êtes,  sinon  que  vous  venez  de 
passer  quelques  heures  délicieuses. 
Mais  retournez  à  ce  Musée,  vous  en  ap- 
précierez de  plus  en  plus  la  richesse,  et 
vous  attachant  tour  à  tour,  à  loisir,  à 
chaque  toile ,  vous  apprendrez  à  recon- 
naître le  cachet  des  maîtres ,  et  toute 
confusion  sera  désormais  impossible. M. 
Sainte-Beuve  peint  la  vie  dans  ses  inci- 
dents multiples  et  fugitifs  ;  mais  c'est  en 
cela  que  réside  précisément  son  sérieux 
comme  critique,  car  l'âme  ne  se  révèle 
pas  autrement  :  le  comble  de  l'art  du 
biographe,  la  philosophie  même  de  la 
critique  consiste,  non  pas  k  nous  présen- 
ter des  types  fixés  par  la  convention,  des 
lignes  sculpturales  et  immobiles,  mais 
k  faire  entrevoir  l'élément  constant  des 
caractères  k  travers  l'élément  variable 
des  passions  et  des  faiblesses  humaines. 
M.  Sainte-Beuve ,  frappé  de  la  compli- 
cation infinie  des  phénomènes  de  la  vie, 
cherche  k  tenir  compte  de  l'action  de 
toutes  les  causes  concomitantes  avant  de 
rien  induire  des  symptômes  que  lui  pré- 
sente le  cas  spécial  observé  :  ainsi  font 
les  médecins  observateurs,  que  nous 
réputons  plus  sérieux  que  les  médecins 
dogmatlstes.  Aussi  le  public  ne  s'y  est 
pas  trompé  :  demandez  k  toutes  les 
personnes  que  touchent  véritablement 
les  choses  de  l'esprit  qui  a,  de  nos 
jours,  en  France,  le  plus  exactement 
pesé  dans  la  balance  les  réputations 
littéraires  :  nul  doute  qu'elles  ne  pro- 


mème  snr  les  Lectures  publiques  ou  Confé- 
rences dans  les  Causeries  du  lundi,  t.  1,  S* 
édition,  p.  SiO  et  soiv. 


(  *  )  V.  l'art.  Causeries  du  lundi  dans  le 
Grand  Dictionnaire  universel  du  XIX*  siècle 
(de  P.  LaroDSse). 


7^27 


SÂl 


728 


Doncent  sans  hésiter  le  nom  de  M. 
Sainte-Beave. Nul  n'est  plus  pénétrant; 
par  cela  même,  nui  n'est  plus  profond  ; 
joutons  :  nul  n*est  plus  patiemment 
érudit,  ce  qui  ne  gâte  rien.  I^  critique 
du  Grand  dictkmnaire  n*est  que  juste  en 
disant  que,  malgré  les  défaillances,  les 
inégalités  d*aperçus,  les  changement*  de 
température  qu'on  y  peut  signaler,  les 
Camerien  du  lundi  resteront  m  au  pre- 
mier rang  parmi  les  œuvres  littéraires 
destinées  à  Illustrer  le  XiV  siècle  (')». 

L'activité  prodigieuse  déployée  par 
11.  Sainte-Beuve  an  OmstUatiaimei  et 
au  MimUmr{nue  caiu»erie  par  semaine  !) 
ne  suffisait  pas  à  l'absorber  tout  entier. 
En  4854,  il  fut  nommé  professeur  de 
poésie  latine  au  Collège  de  France,  en 
remplacement  de  11.  Tissot.  Il  prononça 
son  discours  inaugural  le  9  mars  ISSSi. 
Celle  leçon  4'ouYeriure,  qui  fut  suivie 
dune  seconde,  fut  troublée  par  des  ma- 
nifestations tenant  à  la  politique,  ei  le 
cours  en  resta  là.  M.  Sainte-Beuve  lit 
ce  qu'il  crut  devoir  faire  :  il  serait  d'au-* 
tant  plus  bors  de  propos  de  revenir  sur 
ce  chapitre  délicat,  que  l'injustice  dont 
il  se  vit  un  moment  l'objet  a  été  am- 
plement réparée  depuis,  par  des  témoi- 
gnages publics  de  sympathie  et  d'indul- 
gence. 

Il  tint  à  honneur,  toutefoîs,de  publier 
la  première  {nartie  du  cours  ^u'il  devait 
professer.  De  là  le  volume  intitulé  : 
Etude mr  Virgi!e{\^l,ïià-i9i^).Lenom 
de  M.  Sainte-Beuve  a  conliiMié  de  ligu- 
rer  sur  les  affiches  du  Collège  de  France, 
accompagné  de  la  qualité  de  professeur 
titulaire  ;  mais  il  a  depuis  longtemps 
renoncé  à  toiw  ses  droits. 

f^ommé  ultérieurement  (par  M..  Hou- 
land,  ministre  de  l'instruction  publique) 
maître  de  conférences  à  TRcole  normale 
supérieure,  M.  Sainte-Beuve  a  rempli 
ces  fonctions  très*«xacteuient  pendant 
trois  ou  quatre  aas  (1858-1861).  C'est 
alors  que  s^  plume  de  critique  et  de 
journaliste  fui  réclamée  de  nouveau  par 
1^  Constitutionnel  ;  il  y  reprii  ses  ar- 
ticJes  littéraires  du  htndi,  k  dater  du 
16  septembre  1861.  Il  remplit  de  nou- 
veau toute  une  carrière  :  la  série  de 
ces  études,  recueillies,  à  partir  de  1863, 


sous  le  titre  de  Nouveaux  lundis^  ne 
forme  pas  aujourd'hui  (1869)  moins  de 
dix  volumes,  qui  auront  même  une  suite. 
Ce  que  nous  avons  dit  des  Causeries 
s'applique  à  plus  forte  raison  aux  Nou- 
veaux lundis.  Il  semble  même  qu'on  plus 
grand  jour  se  fait  dans  la  pensée  de  M. 
Saittte-Beuvcà  mesure  qu'il  avance  dans 
la  carrière.  «Ma  tâche, dit- il,estdeeom- 
prendre  et  de  décrire  le  plusde  groupes 
possibles,  en  vue  d'une  science  plus  gé- 
nérale«  quil  appartiendra  à  d'autres 
d'organiser.  »  Est-ce  là  le  langaged'on 
simple  dilettante^  ou  la  profession  de 
foi  d'un  pur  philosophe  ?  Et  ce  philo- 
sophe, est-il  bien  vrai  qu'il  faille  le 
rangerdans  la  catégorie  des  sceptiques? 
S'il  s'est  tour  ù  tour  ideniiié  avec  les 
illusious,  les  préjugés»  les  engoaemetts, 
les  prétentions  et  les  vanités  des  hom- 
mes pour  arriver  à  s'en  aflfranchir,dans 
son  for  Intérieur,  et  à  sourire  douce- 
meiit  aa  voyant  beaucoup  de  bruit  pour 
ries,  cette  liberté  d'esprit  à  laquelle  il 
s'est  élevé  n'est  pas  celle  du  froid  stoï- 
cien qui*assiste  imperlorbableàla  ruiee 
de  l'univers.  On  a  beau  dire  :  derrière 
les  mirages  décevants  que  poursuivent 
les  acteurs  des  luttes  humaines,  il  en- 
trevoit une  vérité  supérieure  ,  impres- 
criptible, ineffable,  dont  nous  avons 
l'instinct  vague  et  qui  se  traduit  pour 
kd  dans  te  droit  des  consdenœs.  Il 
entrevoit  une  humanité  éclairée,  et 
le  seul  lait  qu'il  la  dé^re  telle,  prouve 
qu'il  y  a  au  fond  de  son  coeur  une  affec- 
tion^tune  noble  croyance.  Quand,  dans 
un  moment  de  crise  morale,  il  jette  au 
regard  sur  nos  destinées  et  se  fiiailia- 
rise  avec  la  |)ensée  du  Nirwàna,  il  est 
sincère,  mais  il  ne  dit  pas  tout  :  si  l'éter- 
nelle nuit  était  à  ses  yeux  la  fin  de  toutes 
choses,  aucune  cause  ne  vaudrait  la 
peine  d'être  défendue.  La  sérénité  de 
II.  Sainte-Beuve  n'est  pas  ataraxie, 
puisqu'il  y  a  une  cause  qui  mérite  à  ses 
yeux  qu'on  s'y  attache,  ùinuit  lait  place 
à  l'aurore ,  et  les  grandes  espérances 
données  aux  sincères  ne  sont  point  ab- 
solument vaines.  Non.  qui  épouse  les 
grands  intérêts  de  rhivmanlté  n'est  pas 
un  sceptique  :  désabusé,  oui,  Il  T^st 
certes,  a  l'égard  de  tout  ce  qu'il  a  passé 


(*)  tbid. 


729 


SAI 


730 


au  creuset  :  mais  au-delà?...  Relisez 
IkNuit  du  nowel  an  de  Jean-Paul,  vous 
comprendrez  cette  situation  morale. 

Comme  talent,  nous  le  répétons  vo- 
lontiers, M.  Sainte-Deuve  ne  s*est  ja- 
mais élevé  aussi  haul  que  dans  les  Cau- 
series et  (nous  allions  ajouter  :  surtout) 
que  dans  les  Nouveaux  lundis.  Plus  que 
jamais  il  sait  premire  tous  les  tous , 
plus  que  jamais  son  esprit  ondoyant 
s*épanouit  dans  toutes  ses  grâces,son 
pinceau  délicat  se  joue  de  toutes  les 
nuances  et  les  fond  merveilleusement 
Tune  dans  Tautre.  Mais  il  y  a  plus  de 
verve  franche  dans  son  allure,  plus  de 
relief  et  de  force  dans  ses  traits,  plus 
de  netteté  dans  ses  contours.  Les  por- 
traits contemporains  sont  hors  ligne  ; 
tOBs  sont  d'un  maftre  consommé,  sûr 
de  lui-même  et  en  possession  de  tous  ses 
moyens.  Le  procédé  est  toujours  Tana- 
lyse;  mais  on  dirait  qu'un  nouveau  souflEJe 
de  vie  pénètre  tout  rensemhie  pour  en 
faire  ressortir  Tbarmonie.  N.  Sainte- 
Beuve  a  été  longtemps  avant  d'atteindre 
cette  pleine  et  glorieuse  maturité  ; 
mais  on  peut  dire  de  lui  qu1i  a  toujours 
progressé  ;  sa  carrière  littéraire,  à  cet 
égard,  est  un  phénomène  presque  uni- 
que en  son  genre. 

L^empereur  Napoléon  lil  ajugé  à  pro- 
pos de  conférer  à  &|.  Sainte-Beuve,  en 
avril  1859»  la  dignité  de  sénateur.  De- 
pois  le  il  août  tS50,  il  est  en  outre 
commandeur  de  la  Légion-d'Honnear 
Il  a  pris  une  part  peu  active  aux  discus- 
sions du  Sénat,  jusqu'au  moment  où 
des  circonstances  qui  intéressaient  vi- 
vement ses  convictions  personnelles 
l'y  ont  en  quelque  sorte  obligé.  Il  dé- 
clare volontiers  lui-même  que  le  r6le 


qu'il  y  a  pris  et  qui  a  fait  de  lui  comme 
le  défenseur  déclaré  de  la  libre  pensée, 
a  été  moins  le  résultat  d'une  volonté 
réfléchie  que  d'un  mouvement  irrésis- 
tible (*). 

Cette  attitude,  M.  Sainte-Beuve  l'a 
depuis  résolument  conservée.  Le  Mo- 
niteur universel  ayant  cessé  d'être  le 
journal  officiel  de  l'Empire,  au  com- 
mencement de  la  présente  année  1869, 
on  aurait  pu  croire  que  M.  Sainte-Beuve 
y  serait  resté  d'autant  plus  volontiers 
attaché,  que  la  rédaction  en  devenait 
Indépendante.  Le  contraire  est  préci- 
sément arrivé  :  le  Moniteur  a  trouvé  un 
peu  vif  un  article  de  M.  Sainte-Beuve 
et  n'a  pas  cru  pouvoir  l'insérer  ;  M. 
Sainte-Beuve,  dès  le  lendemain,  a  rompu 
a\'ec  le  Moniteur  (*}pour  se  ranger  im- 
médiatement sous  là  bannière  du  Temps. 
«  Le  maître  renommé  de  la  critique 
française,  dit  ce  journal,  M.  Sainte- 
Beuve,  vient  à  nous,  et  c'est  désormais 
dans  le  Temps  que  paraîtront  ces  im- 
provisations qui  sont  des  monuments  ; 
ces  articles ,  synthèse  merveilleuse 
d'esprit,  de  science  et  de  goût,  harmo- 
nie toujours  égale  d'une  jeunesse  Inal- 
térable et  d'une  maturité  consommée  ; 
ces  Causeries,  enfin ,  qui  sont,  depuis 
vingt-ans,  un  sujet  incessamment  renoti- 
velé  d'admiration  pour  tous  les  esprits 
cultivés.  11  vient  à  nous,  varee  qu'il  est 
assuré  de  trouver  ici  la  liberté  qu'il  lui 
faut  et  qui  est  son  droit,  mais  qm  M 
a  été  contestée  ailleur$..,..  Nous  nous 
imputons  à  grand  et  singulier  honneur 
d'avoir  été  choisis  par  un  tel  esprit, 
pour  un  tel  wu4if.  Cette  accession  spon- 
tanée est  la  meilleure  récompense  de 
nos  efforts,  et  la  preuve  de  la  force  de 


(  * }  Nous  raisons  aUusioo  aux  séances  ora- 
geuses do  S  avril  1867,  où  H.  Sainte-Beuve 
prit  parti  pour  M.  E.  Renan,  et  du  95  janv. 
solvant ,  oii  il  demanda  Tordre  do  joor  sor 
oae  pétitioB  d'Iiabitants  de  Saint*  Etienne, 
qui  se  plaignateot  de  l'introduction  de  cer- 
tains ouvrages  dans  deux  bibliothèques  po- 
potaires. 

(*)  Voici  les  explications  du  Mvniuur 
k  ce  siget  :  «  H  n*est  pas  tout  à  fait  exact 
que  l'article  qui  a  été  roccasion  de  la  retraite 
de  M.  Sainte-Beuve  ait  M  refusé  comme 
«  trop  indépébdant  à  l'égard  de  Tépiscopat 
et  du  Saiol-Siéfe.  »  La  v<^ité  cift  qu'on  pas- 


sage de  cet  article  pouvait  être  accosé  d'une 
tendance  aox  personnalités  peo  conformes  à 
des  traditions  modérées,  qoe  noàs  n'enten- 
dons nullement  répudier  et  qoi, au  contraire, 
rentrent  formellement  dans  notre  nouveau 
programme.  Noua  n'avons  donc  pas  cm 
devoir,  dès  les  débuts  dujoomal  transformé, 
laisser  la  question  de  l'enseignement  s'en- 
gager dans  la  voie  fâcheuse  des  querelles  de 
personne.  Nous  avons  demandée  M.  Sainte- 
Beuve  d'atténoercn  cette  occasion  les  spiri- 
toelles  vivacités  de  sa  pkime  ;  il  n'a  pas  cru 
pouvoir  y  consentir.  »    (Paul  Dalloz). 


731 


SAI 


732 


resprit  libéral  tel  que  bous  Tentendoos, 
en  dehors  de  toute  étroite  préoccupa- 
tion départi,  de  secte  et  de  coterie.  La 
liberté  n'est  pas  seulement  une  doctrine 
que  nous  prêctious  :  elie  est  notre  prin- 
cipe et  notre  vie  ;  nous  la  mettons  en 
œuvre,  et  nous  osons  croire  que  nous 
lui  avons  donné  un  milieu  digne  d'elle, 
un  terrain  large  et  élevé,  puisque  les 
Louis  Blanc  et  les  Sainte-Beuve  peuvent 
s'y  rencontrer  sans  compromis,  sans 
inconséquence  et  sans  atteinte  k  Tunité 
du  journal.  C'est  là  notre  originalité, 
et  une  originalité  que  nous  pouvons 
dire  heureuse  et  féconde,  puisque  les 
faits  sont  là  pour  le  démontrer.  »  — 
L'article  refusé  par  le  Moniteur  a  été 
publié  le  i  janvier  dans  le  Temps  :  c'est 
une  étude  sur  la  Poésie,  écrite  à  pro- 
pos de  l'enseignemeut  secondaire  des- 
tiné aux  filles.  Le  15  du  même  mois  a 
paru  un  Essai  sur  Talleyrand  qui  a  été 
très-remarque,  et  où  Ton  retrouve  tou- 
tes les  qualités  du  maître.  Quant  aux  vi- 
vacités qui  ont  porté  ombrage  au  Moni- 
leur,  nous  n'avons  pas  à  nous  pronon- 
cer ici  ;  qu'il  nous  suflise  d'ajouter  que 
de  tous  les  journaux  français,  le  Temps 
est  celui  dont  la  profession  de  foi  ré- 
pond incontestablement  le  mieux  aux 
déclarations  faites  par  M.  Sainte-Beuve 
au  Sénat. 

Bibliographie  (d'après  la  France  lit- 
téraire, t.  VU  1,1a  Littérature  française 
contemporaine,  t.  VI,  etc.). 

l"*  Articles  de  critique  littéraire , 
historique,  etc.,  dans  le  Globe  (de 
4824  à  1850);  articles  divers  dans  le 
National,  après  la  révolution  de  juillet. 

2*»  Tableau  historique  et  critique  de 
la  poésie  française  et  du  théâtre  fran- 
çaise au  XVI*  siècle,  et  OEuvres  choi- 
sie de  Ronsari,  avec  une  notice  (bio- 
graphique et  littéraire),  notes  et  com- 
mentaires. Paris,  1828, 2  vol.  in-8^  — 
2«  édition  (du  Tableau)  revue  et  très- 
augmentée  ,  suivie  de  portraits  par- 
ticuliers des  principaux  poètes.  Paris, 
1845,  in-12. 

3**  Yie^  Poésies  et  Pensées  de  Joseph 
Delormc.  Paris,  Delangle,  1829,  gr. 
in-16.  —  Nouv.  éd.,  Paris,  E.  Ren- 
duel,  1850,  in-8». 

11  en  existe  uoe  coalrefaçon  belge  (dans 
la  coUeclion  Laurent,  in-'l  8). 


i®  Les  Consolations,  poésies.  Paris, 
Canel,  mars  1850,  ln-48^  —  2*  éd., 
Paris,  Renduel,  1854,  in>8<'. 

La  première  ëditioû  est  anonyme. 

50  Volupté,  Paris,  Renduel.  1834,  2 
vol.  in-8» 

Ce  roman  a  en  cinq  éditions  suecessives 
(4840,  4845,  ete.^;  ctiacune  des  quatre  der- 
nières en  un  seul  vol.  in.42o.  —  li  a  été 
réimprimé  à  Bruxelles. 

6*  Pensées  d'août,  poésies.  Paris, 
Renduel;  1857,  in-48\ 

7°  Critiques  et  portraits  littéraires. 
Paris,  Renduel,  4852-4859,  5  vol.  in- 
8*.  -  2«  édit.,  4844,  5  vol.  in-8«. 

Recueil  d'articles  publiés  d'abord  dans  la 
Revue  dea  deux  mondes  et  dans  la  Revue  de 
Paris.  —  On  y  trouve  également  la  notice 
sur  Farcy,  imprimée  en  4831  en  tète  du  vo- 
lume intitulé  :  J.-G.  Farcy  reliquiœ,  dont 
M.  Sainte-Beuve  a  été  Téditcur  ;  l'article  sur 
M.  do  Sdnancour,  rédigé  pour  servir  de 
préface  à  la  2«  éd.  éîOI>ermann,  due  aussi 
à  l'auteur  des  Portraits  ;  Tart.  sur  les  Soirées 
littéraires,  inséré  dans  le  t.  II  do  Livre  des 
Cent  et  un;  Tintrod.  aux  lettres  inédites  de 
M^*  Roland,  publiées  en  4835  par  le  li- 
braire Renduel,  etc.  —  La  galerie  de  por- 
traits comprend  la  plupart  des  grands  clas- 
siques du  siècle  de  Louis  XIV,  quelques 
écrivains  du  XVllI*  siècle^  entr'aulres  Dide- 
rot (art.  très-remarquable),  l'abbé  Prévost, 
etc.;  André  Chénier,  M««  de  Suêl,  M»*  de 
Récamier,  etc.,  enfin  un  grand  nombre  de 
contemporains,  principalement  les  chefs  de 
l'école  romantique. 

8''  Portraits  littéraires,  édition  re- 
vue. Paris,  Didier  4844,  2  vol.  in-12. 

9*  Portraits  de  femmes,  éd.  revue  et 
augmentée.  Ibid.,  484G,  in-12. 

40^  Portraits  contemporains»  Ihid., 
484G,  2  vol,  in-42«. 

440  Port-Royal,  Paris,  Renduel, 
4840-4860,  5  vol.  in-8°.  —  2*  éd., 
48G4.  —  5<^  éd.  (seulement  pour  les 
premiers  vol.),  1867, 6  vol.  in-12^ 

Voir  ci-dessus.  —  Parmi  les  nombreux 
comptes  rendus  de  cet  important  ouvrage, 
nous  citerons,  pour  la  première  édition ,  on 
article  de  M.  Lerminier  {Revue  des  deux 
mondes,  i^^  juin  4840)  et  nn  autre  de  M. 
de  Sacy  {Journal  des  Ùébats,  43  décembre 
4843);  pour  la  3«,  l'art,  de  M.  Rambert 
intitulé  :  Le  doyen  des  critiques  français 
{Ribl.  univ.  et  revue  suisse,  Lausanne,  4^' 
février  4868),  et  une  analyse  publiée  cette 


733 


SAI 


734 


année  môme  dans  la  Revue  critique,  —  A  la 
(in  du  lome  I  de  la  nouvelle  édition,  M. 
Sainte-Beuve  a  cru  devoir  répondre  verte- 
ment à  certaines  critiques  de  Balzac,  tt  no- 
tamment à  des  insinuations  relatives  aux 
relations  de  l'auteur  de  Port-Royal  avec  Vi- 
net.  La  première  édition  est  dédiée  aux 
auditeurs  du  cours  de  Lausanne;  cette  dédi- 
cace est  simplement  rappelée  dans  la  troi- 
sième. 

1i«  Institut  royal  de  France  :  Dis- 
cours prononcés  dans  la  séance  publique 
tenue  par  r Académie  française,  pour  la 
réception  de  M.  Sainte-Beuve.  Paris, 
IW5,  in-4°. 

Contient  le  discours  de  M.  Sainte-Beuve 
et  la  réponse  de  M.  Victor  Hugo. 

13^  Chateaubriand  et  son  groupe  lit- 
téraire  sous  PEmpire,  cours  professé  à 
Liège  en  i848-1849.  Paris,  Gamier 
frères,  1861,  2  vol.  in-8^ 

14®  Causeries  du  lundi-  Paris,  Gar- 
nier  frères,  1851*1862,  i5vol.in-12. 

Articles  du  Constitutionnel  et  du  Moniteur. 
La  Galeries  des  femmes  célèbres  (Paris  , 
1858,în-1Sl  est  extraite  des  Causeries {*  ), 
Le  tome  Xi  du  recueil  est  accompagné  d'une 
bonne  table  analytique  des  matières  conte- 
nues dans  les  onze  premiers  volumes,  et 
d'une  table  clironologiqMe  des  articles.  Nous 
reproduisons  cette  dernière,  bien  que  les 
ouvrages  de  M.  Sainte-Beuve  soient  très- 
répandus,  pour  appeler  l'attention  sur  la  fé- 
condité vraiment  prodigieuse  du  grand  cri- 
tique. 

Antiquité  et  moyen  à(je  :  Pline  l'ancien 
(t.  Il);  Firdousi  (Ij;  Saint-Anselme  (VI); 
Villebafdouin  (IX);  le  roman  de  Renart 
iVlII);  Joinville  (Vlll);  Dante  (XI);  Frois- 
sart  (IX);  Jeanne  d'Arc  (II);  Commynes  (I). 

Seizième  siècle,  Rabelais  (111);  Margue- 
rite,sœur  de  François  I  (Vil  ;  Montluc  (XI)  ; 
Marie  Stuart  (IV)  ;  Amyot  :IV);  Etienne  Pas- 
quierdll;;  Montaigne  (IV;  ;  Etienne  de  la 
Boétie  (IX);  Charron  (XI);  Henri  IV  (XI); 
Cabrielled'Estrées  (YIIIj;  Marguerite,femme 
de  Henri  IV  (VI)  ;  Sully  (VIII)  ;  d'Aubigné 
(X)  ;  le  préaident  Jeannin  (X'  ;  Saint  Fran- 
çois de  Sales  (VII). 

Dix-septième  siècle.  —  Malherbe  et  son 
école  (VIII)  ;  le  cardinal  de  Richelieu  (VII)  ; 
Mëzeray  (VIII  ;  le  cardinal  Mazarin  (II);  le 
cardioaide  Retz(V);  le  surintendant  Fou- 
quet  (V);  Pascal  (V);  Patru  (V);  Saint- 
Evremonl  (IV)  ;  Bussy-Rabutin  (III);  Gour- 


ville  (V)  ;  Gui  Patin  <VIII)  ;  M"«  de  Motte- 
ville  (VJ  ;  la  Grande  Mademoiselle  (III)  ;  ma- 
demoiselle de  Scudéry  (IV)  ;  Chapelle  et 
Bachaumont  (XI,  ;  Louis  XIV  (V)  ;  Madame 
Henriette,  duchesse  d'Orléans  (VI)  ;  Madame 
de  la  Vallière  (Illl  ;  madame  de  Sévigné  (I)  ; 
Dangeau  (XI)  ;  Daniel  de  Cosnac  (VI  ]  ;  Huet, 
évèquc  d'Avranchcs  (II}  ;  Boileau  Despréaux 
(VI);  La  Fontaine  (VIH  ;  le  chanoine  Mao- 
croix  (X)  ;  Bossuet  (X)  ;  Bourdaloue  (IX)  ; 
Fénelon  H  etX);  Massillon  (IX);  M"»»  de 
Maintcnon  (VIII et  XI)  ;  M*"»  do  Caylus  (III j  ; 
la  duchesse  de  Bourgogne  (11);  la  princesse 
des  l'rsins  (V);  Madame,  mère  du  Régent 
(IX)  ;  l'abbé  do  Choisy  (111)  ;  Charles  Per- 
rault (V)  ;  le  duc  de  Saint  Simon  (III)  ;  le  duc 
d'Antln(V);  Hamilton  (I);  Chaulieu  (I);  La 
Fare  (X);  Regnard  (VII);  le  marquis  de 
Lassay  (IX)  ;  le  comte  pacha  de  Bonneval 
(V)  ;  M-ne  Dacier  (IX). 

Dix-huitième  siècle.  —  Fontenelle  (III); 
Dagaesseau(III);  Hollin  (YI)  ;  la  duchesse 
du  Maine  (III)  ;  M»«  de  Lambert  (IV;  ;  Le- 
sage  (II)  ;  l'abbé  Prévost  (IX)  ;  Adrienne  Le 
Couvreur  (I);  Marivaux  (IX);  Dudos  (IX); 
Montesquieu  (VII)  ;  le  président Henaalt  (XI)  ; 
M<"«  du  DefTand  (I);  Voltaire  (II  et  VII); 
Mn«  du  Chàtelet  (II)  ;  M"«  de  Graffigny  (II)  ; 
Vauvenargues  (III)  ;  le  cardinal  de  Bernis 
(VIII)  ;  M""»  de*  Pompadour  (II)  ;  M««  Geof- 
n*in  (II)  ;  Bum>a  (IV  et  X);  le  président  de 
Brosses  (VIIj  ;  Jean  Jacques  Rousseau  (II  et 
III);  M»««  de  La  Tour  Franqueville  (H); 
M<n«  d'Epinay  (II)  ;  Grimm   (Vil)  ;  Diderot 

(III)  ;  l'abbé  Galiani  (II)  ;  M"«  de  Lespinasse 
(II);  Marmontel  (IV);  La  Harpe  (V). 

Etrangers.  —  Lord  Chesterileld  (II)  ;  Fré* 
déric  le  Grand  (III  et  VII)  ;  Franklin  (VII)  ; 
Gibbon  (VIII)  ;  le  prince  de  Ligne  (VIII)  ; 
Goethe  (II  et  XI). 

Règne  de  Louis  XVI.  —  Marie- Antoinette 

(IV)  ;  Malesherbes  (II);  Necker  (VU)  ;  M»* 
Necker  (IV);  M>"«  de  Genlis  (III;;  Rulbière 
(IV);  Cbamfort  (IV);  Rivarol  (Vj;  Beaumar- 
chais (VI);  l'abbé  Maury(IV);  la  Sophie  de 
Mirabeau  (IV);  Florian  (III);rabbé  Barthélémy 
(VI  ;  Bernardin  de  St-Pierre  (VI);  Saint-Mar- 
tin, le  philosophe  inconnu  (X);  Sénacde  Meil- 
ban  (X);  Vicq-d'Azyr  (X);  le  duc  de  Lauzun 
(IV  ;  Condorcet  (III);  Bailly (X);  Volney  (VU,; 
Ramond  (X);  Ducis(VI). 

De  la  Poésie  de  la  nature,  de  la  Poésie  du 
foyer  et  de  la  famille  (Saint-Lambert,  Rou- 
cher)  (XI)  ;  William  Cowper  ou  de  la  Poésie 
domestique  (XI;. 

Révolution. —  Mirabeau  JVj  ;  Sieyès  (V)  ; 
Bamave(ir;  Camille  Desmoulins  (III);  Saint- 


(')  1}m  Nouvelle  galerie  des  femmes  ce-      18B4. 
lèbres  a  été  publiée  par  M.  Sainte-Beuve  en 


738 


THt 


736 


JttM(V);  André  Cbënier  (IV);  UBrnn-Pindare 
(V);  Millet  dn  Pao  (IV). 

Dix-neuvième  »iicte. —  Portalis  (V);  Roe- 
derer  (VIII);  Fiëvée  (V);  Napoléon  (I);  le  ma- 
réchal MarmoDt  (VI)  ;  M.  de  Fezeosac  (I); 
Ghateaabriand  (I,  II  et  X);  Joseph  de  Maistre 
(IV);  De  Bonald  (IV)  ;  FeleU,  GeoflOroy,  Hoff- 
mann, Dusaolt  (I);  M.  Joubert  (1^  P8ri8ct(I}; 
Raynoaard  (V);  Etienne  (VI);  Arnault  (VII); 
Michaud  (VU)  ;  M»»  Sophie  Gay  (VI)  ;  Droz 
(111);  Daro,  Picard,  Alexandre  Daval,  An- 
drieux  (IX);  H.  Walckenaer  (VI);  Paul-Louis 
Courier  (VI);  Béranger  <  H);  Théodore  Leclerq 
(III);  M.  de  LamarUne  (I  et  IV)  ;  MM.  Ville- 
main  et  Cousin  (I  et  VI);  M.  Guizot  'l);  Fran- 
çois Arago  :X);  H.  Thiers  (I);  M.  Mignet 
(VIII);  Armand  Carre!  (Vi;;  M.  de  Broglie  (II); 
H.  de  Rémiisat  (VI)  ;  M.  de  Stendhal  (Henri 
Beyte  (IX);  M.  Prosper  Mérimée  (Vil);  M. 
Saint-Marc  Girardin  J);  M.  Alfired  dé  Musset 
(l);  W^  fimite  de  Girardin  (III);  H.  de  Bal- 
zac (II);  M.  iules  Janin  (Il  et  V);  l'abbé  Ger- 
bat  (VI):  M.  de  MonUlembert  (I)  ;  le  Pèra 
Lacordaire  (I);M"'*  la  daehessed'AngoulèmA 
(V);  M"M  Bécamier  (I);  George  Sand  (1);  De 
Latoucbe  (111)  ;  Bazin  (11)  ;  Léopold  Robert 
(X);  Hégésippe  Morean(lV);  Jasmin  (IV); 
Topffer  (Vlil);  Pierre  Dupont  (IV);  M.  Denne- 
Baroa  (X;;  M.  Gratet-Daplessis  (IX). 

Qu*e9t'te  qu*Mn  etanique  ?  (III)  ;  Lecturet 
publiqiiet  du  nir  (I)  ;  De  la  h>éne  et  det 
Poètei  en  1B5t  (V  ;  êm  Regrets  (VI  ;  De  la 
queition  de»  Théâtres  (I);  Rapporté  de  la 
O>fiimtMf0it  des  primes  à  décerner  aux  ou^ 
vraget  dramatiqites  (IX  et  X);  Inttrnction 
générale  but  l'exécution  du  plan  d'étudei^ 
de  M.  FortonI  (XI). 

Ai^ourdlmi,  en  y  comprenant  les  iVoir- 
veaux  lundtê,  on  pourrait  plus  que  donbler 
cette  liste  ! 

15»  Étude  sur  Virgile.  Paris  1857, 

Première  partie  du  cours  de  poésie  latine 
qui  devait  être  professé  au  Collège  de  France. 

16*"  Nouveaux  lundis.  Paris,  i86i- 
lgG9,  iO  vol.  In-ii». 

iV  Discimn  p'mumeés  au  Sénat. 
Paris,  Gamier,  1867,  in-ii». 

48'  Collaboration  au  Journal  Le 
Temps,  à  partir  du  mois  de  janvier  i869, 

M.  Sainte-Beave,  dit  M.  Bourquelol  (La 
litt.  française  contemporaine^  t.  VI,  p.  293t , 
est  l'auteur  des  notices  biographiques  et  lit- 
téraires qui  précèdent  les  ouvrages  suivants: 
J,*G.  Farcy,  Reliquiœ  (4881 ,  gr.  in-18i  ; 
Œuvres  de  Molière  (1835-4  84S,  gr.  in-S^et 
S  vol.  gr.  in-8«);  Paul  et  Virginie^  par  Béf- 
nardin  de  Saint-Pierre  (4836,  gr.  in-S»)  ; 


Œuvres  de  FonUnes  (4889,  9  vol.  in-8*)  ; 
Histoire  de  Manon  Lescaut  et  du  ckewaÛer 
des  Grieux,  par  l'abbé  Prévost  (4839 ,  4844, 
in-48)  ;  Conr^de  Ch.  Nodier  (4840,  in-4f); 
Œuvres  de  M«"«  de  Souza  (1840,  in-48)  ; 
Œuvres  choisies  de  Joachim  dtr  Bellay  (4841 , 
gr.  in-8«);  Poésies,  par  M<m  Desbordes> 
Valmore  (4849,in-49»);  Gaspmddela  nuit, 
par  Louis  Bertrand  (484),  in-8^  ;  Galerie 
morale,  par  H.  le  comte  de  Ségur  (4843, 
in-49^);  Études  littéraires  i  par  Charles  La- 
bitte  (4846,  S  vol.  in-8*)  ;  Rasa  et  Gertrude, 
par  Rodolphe  Topffer  (4846.  in-4^);  Lettres 
de  Mil*  Aissé  à  M"«CalaAdrtni(4846,ia-48«). 
—  Il  a  fait  précéder  de  Lettres  :  Maladie  et 
guérison  ,  retour  d*un  enfant  du  siècle  au 
catholicisme,  par   J.-L.  Tremblai  (4840, 
in-8<»);  Essais  en  prose  et  poésie,  par  Marie- 
Uare  {W^  Groaaffd)(4644,  in-49o);  —  et  de 
préfaces  :    Valérie ,   par  M"«  de  Krodner 
(4840, 4846,in-49o);  Corimre.oit  ritalie^  par 
M»«  de  SU61  (484S,  in-4»»)  ;  Delphine,  jfw 
la  même  (484S,  in-4SB).—  On  lui  doit  un  Ju- 
gement littéraire  sur  Arthur,  mr  Eugène 
Sue,  4840,  S  vol.  anglais);  un  Eloge  de  Ca- 
simir Delavigne,  en  tète  de  ses  oeuvres  com- 
plètes (  4843 ,  6  vol.  in-8o)  ;  des  Pragmenu 
sur  Manon  Lescaut, ioinis  k  la  «uife  de  f  his- 
toire du  chevalier  des  Grieux  et  de  Manon 
Lescaut,  par  MM.  Jules  Janin  ei  Arsène 
Houssaye  (t847,  ia-46).—  Outre  set  articles 
de  critique,  reproduits  pour  la  plupart  dans 
les  recueils  précités,  M.  Sainte-Beuve  a  pu- 
blié dans  la  Revue  des  deux  mandes  quel- 
ques nouvelles  CM»*  de  Pontivg,  4837; 
Christel,  4839),  des  poésies,  etc.— 11  a  tra- 
vaillé è  T/fraf/e»  au  Keepsake  français^  an 
Dictionnaire  de  la  conversation  et  de  la  lec- 
ture, à  V A thenœum  français^  etc. 

n  existe  un  grand  nombre  de  notiees  bio- 
graphiques outittérairessurM.  Sainte-Beuve. 
Les  plus  récentes  ne  sont  pas  les  meilleures. 
Nous  n*en  citerons  que  deux,  qui  remontent 
à  plusieurs  années  de  date  :  celle  de  M.  Louis 
de  Loménie,  dans  la  Galerie  des  contempo- 
rains par  un  homme  de  rien,  et  un  article  de 
Gustave  Planche,  inséré  dans  le  premier  vo- 
lume de  ses  Portraits  littéraires. 

Thlmus   (FraN^S-GuIUACME-Jo- 

seph),  né  k  Dolbaln-Limbourg  le  8  oo- 
vembre  4808,  fit  de  brillantes  étadesan 
Collège  (magnà  tmm  laude,  4  3  août  4  828) 
et  à  lUnlversité  de  Liège  (candidat  en 
droit  le  40  Juillet  4830,  snmmâ  cum 
laude;  docteur  le  4i  Jaillet  4832,  avec 
disHnction).  ris^établitàVe^ierscoaime 
avocat;  en  4855,  Tidée  lui  vint  d*ouvrir 
gratuitement  m  cours  dé  droit  eemmer" 
dal  k  TEcole  indastrielle  de  cette  ville. 


.nti 


T37 


VAN 


738 


A  peine  eut-il  le  temps  de  le  terminer  : 
un  arrêté  royal  du  4  avril  1856  lui  con- 
féra le  litre  d*agrégé  à  la  Faculté  de  droit 
de  rUniversité  de  Liège,  et  lui  confia 
le  cours  de  droit  public.  L'année  sui- 
vante, M.  le  professeur  Lambert  Ernst 
(v.  ce  nom)  ayant  été  autorisé  à  renon- 
cer aucoursde^froiliui/iird,  M.Tbimus 
fut  désigné  (arrêté  ministériel  du  i2  juil- 
let 1857)  pour  remplacer  le  démission- 
naire, tout  en  conservant  d*ailleurs  ses 
premières  attributions.  Il  flt  partie  de 
lancien  Jury  centralen  I842eteni845, 
à  titre  de  membre  suppléant.  Toutd*un 
coup,  soit  convenances  personnelles, 
soit  lassitude  de  renseignement,  il  dé- 
tourna ses  regards  des  perspectives  qui 
s'ouvraient  devant  lui ,  sans  abjurer 
d'ailleurs  le  culte  de  la  science,  comme 
le  témoignent  les  publications  qu'il  a 
faites  depuis  lors.  Désirant  entrer  dans 
l'ordre  judiciaire,  il  fut  déchargé,  sur 
sa  demande,  par  arrêté  ministériel  du 
H  décembre  1845,  du  cours  de  droit 
naturel  et  du  cours  de  droit  public.  Le 
2  mai  i845,  un  arrêté  royal  le  nomma 
juge  de  paix  du  canton  de  Hervé  ;  il  oc- 
cupe encore  aujourd'hui  ces  fonctions. 
11  est  membre  du  Conseil  communal  de 
Battice  depuis  le  22  août  t848;  élu 
membre  de  la  Commission  administra- 
tive des  hospices  civils  de  Hervé  le  22 
décembre  4860,  lia  résilié  en  1866  ces 
dernières  fonctions.  M.  Thimus  a  pu- 
blié : 

i*  ConêidéraiiansiurrorigineetrhiS' 
/Ofre(fii;tfry  (Revue  belge,  t.  ¥11,1857). 

2^  Mamtel  de  droit  naturel  ou  de  pki- 
îoiophie  du  droit,  Liège,  Dessain,  1859, 
un  vol.  grand  in-8^. 

5*  Traité  de  droit  publie,  ou  Exposi- 
tion méthodique  des  principes  du  droit 
public  de  la  Belgique  ;  suivi  d'un  ap- 
pendice contenant  le  texte  des  princi- 
pales lois  de  droit  public.  Liège,  Dessain, 
1844, 1846  et  1848,  5  vol.  grand  in-8^ 

C'est  le  premier  traité  complet  qoi  ait  para 
en  Belgique  sur  cette  matière.  En  tète  do 
tome  I  se  trouve  an  précis  de  notre  histoire 
eonstitotionoelle  ;  vient  ensuite  une  étude 
sur  le  droit  public  philosophique  ;  enfin  le 
corps  de  l'ouvrage  est  intitulé  :  Droit  publie 


potitif.  L*atttenr  s'attache  moins  à  commenter 
la  Coostitotion  qu*à  exposer  un  corps  de  doc- 
trine. 

4®  Du  contentieux  administratif  (Be^ 
vue  de  l'administration  et  du  droit  ad- 
ministratif de  la  Belgique,  t.  II!  ;  Liège, 
Dessain). 


Van  Hee»  (RICHARD),  ]^,né  ft  Ni- 

mègue  le  24  mai  1797,  flt  ses  études  k 
Utrecbt,  où  sa  mère  était  venue  rési- 
der en  1864,  après  la  mort  du  chef  de 
la  famille.  Il  y  fréquenta  successive- 
ment les  écoles  dites  françaises  et  les 
classes  du  gymnase  ;  en  1815,  il  prit 
ses  inscriptions  à  l'Université,  comme 
étudiant  en  médecine.  11  y  a  des  voca* 
tions  irrésistibles.  Sans  être  infidèle  k 
Esculape,  le  Jeune  étudiant  se  sentait 
plus  particulièrement  attiré  vers  la 
science  d'Archimède,  et  il  consacrait 
toutes  ses  heures  de  loisir  k  faire  des 
mathématiques.  Il  sut  mener  de  front 
les  deux  coursiers  de  son  char  :  en 
1819 ,  il  subit  l'examen  de  docteur  en 
sciences,  et  il  éuit  sur  le  point  de 
franchir  la  dernière  barrière  qui  le  sé- 
parait du  doctorat  en  médecine,  lors- 
qu*en  1821,  le  gouvernement  des  Pays- 
Bas,  appréciant  son  aptitude  pour  les 
sciences  exactes,  le  nomma  professeur 
extraordinaire  à  la  Faculté  des  sciences 
de  l'Université  de  Liège.  M.  Van  Rees 
accepta  cette  marque  de  confiance  avec 
d'autant  plus  de  joie,  qu'elle  lui  donnait 
la  liberté  de  poursuivre  désormais  ex- 
clusivement ses  études  favorites.  Le 
Conseil  académique  de  l'Université  d'U- 
trecht,  à  cette  occasion,  lui  décerna  le 
diplôme  de  docteur  en  médecine,  hono- 
ris causa.  —  De  1821  k  1830,  M.  Van 
Rees  enseigna,  à  l'Université  de  Liège, 
les  mathématiques  élémentaires,  les 
mathématiques  transcendantes  et  la 
mécanique  analytique.  En  1825,  il  fut 
promu  au  rang  de  professeur  ordinaire. 
Il  revêtit  les  insignes  du  rectorat  pen- 
dant l'année  académique  1826-1827  (*). 
—  Rentré  en  Hollande  à  la  fin  de  1830, 
sous  le  coup  de  l'arrêté  du  16  décem- 
bre, il  fut  adjoint,  dès  l'année  suivante, 
à  la  Faculté  des  sciences  de  l'Université 


(  '  )  V.  l'art.  Ernst  (J.-G.-J.). 


29 


739 


WLR 


710 


d*Utrecbt  ;  les  souvenirs  qull  ayaît  lais- 
sés en  cette  ville,  la  réputation  qu'il 
s'était  faite  à  Liège,  tout  devait  lui 
donner  Tespoir  d'une  prociiaine  nomi- 
nation déilnitive,  et  cet  espoir  se  réa- 
lisa. Jusqu  en  1858,  il  fut  titulaire  du 
cours  de  mathématiques  élémentaires. 
La  mort  de  son  ancien  professeur  G. 
Mok  ayant  alors  laissé  vacante  la  chaire 
de  physique,  renseignement  de  cette 
science  lui  fiit  confié,  avec  le  titre  de 
professeur  ordinaire.  11  y  consacra  tout 
son  zèle  Jusqu'à  la  fin  de  Tannée  acadé- 
mique 1866-1867,  c'est-à-dire  jusqu'à 
ce  que,  parvenu  à  l'âge  de  70  ans,  il  fut 
déclaré  professeur  émérite ,  conformé- 
ment aux  règlements  universitaires.  M. 
Yan  Rees  est  venu  revoir  ses  vieux 
amis  de  Liège  quelque  temps  avant  la 
célébration  du  50*  anniversaire  de  l'U- 
niversité; il  n'a  pu  malheureusement 
entreprendre  un  second  voyage  pour 
assister  à  la  fête  jubilaire,  à  laquelle 
le  corps  professoral  avait  s|)écialement 
convié  ce  vénérable  vétéran.  Le  roi  des 
Beiges  a  voulu  donner  à  M.  Van  Rees, 
dans  cette  circonstance,  un  témoignage 
de  sa  haute  bienveillance,  en  lui  dé- 
cernant, par  arrêté  royal  du  5  novem- 
bre (le  jour  même  de  l'auniversaire),  la 
croix  de  chevalier  de  Tordre  de  Léo- 
pold.  —  M.  Van  Rees  a  publié  t 

1®  Disquisitio  de  decompositionc  acidi 
carbonici  in  vcgetatione^  prxmio  ornata 
(Ann,  Acad.  Rheno-Traj.,  1817-1818). 

2<^  Tentamma  malhamitica  de  cuba- 
turâ  segmenii  ellipmdu^  auctoribus  R. 
K.  van  TuyII  van  Serooskerke  et  R.  Van 
Rees.  Traj.  ad  Rbenum,  1819. 

5*"  Dissertatio  physico-mat/ienmtica 
inauguralû  de  celeritate  ioni  per  fiuida 
clmiica  propagati.  Traj.  ad  Rbenum, 
1819. 

4»  De  veterum  recentwrumque  in 
Iractnndâ  mathcsi  ratione  et  laudibns 
(Ann.  Acad,  Lforf., vol.  V,  1821-1822;. 

Discours  inaugural,  prononcd  le  4  octobre 
18:21. 

5"  De  rerum  incertanim  probabili- 
tatCy  quatenUs  matliematicoiiim  calcu- 
lis  subjicilur.  (Ibid.,  1829). 


Discoor»  prononcé  le  8  octobre  18ST, 
lorsque  M.  Van  Rees  transmit  à  J.-O.-J. 
Ernsi  Taulorilé  rectorale. 

O'^  Mémoire  sur  les  focales  (Corresp, 
malhém.  etphys,  publiée  parCarnieret 
Quetelet,  t.  Y,  p.  561). 

7°  Sur  la  convergence,  des  séries  et 
des  produits  continus  (Ib,^  t.  VI,  p. 
185). 

8*^  Sur  l'analyse  des  fonctions  angu- 
laires (Ib.,  t.  VI,  p.  277). 

9*  Sur  les  marées  le  long  des  côtes 
de  la  Néerlande  (Nieuwe  Verhandel.  der 
1^  KlnsHe  van  hei  Kon.  Ned,  InstUuut, 
t.  Vif,  p.  27). 

10*  Deux  chutes  d'aérolilhes  en  Hol- 
lande (Ann.  de  Poggcndorjf,  t.  LIX,  p. 
548). 

11^  Sur  la  distribution  du  magnétisme 
dans  les  aimants  et  les  éleclro-aimants 
(Ib.,  t.  LXX,  p.  1,  et  t.  LXXÏV,  p.  215). 

12<»  Sur  les  propriétés  électriques  des 
pointes  et  des  flammes  (Ib.^  t.  LXXllI, 
p.  41  ;  t.  LXXIV,  p.  529). 

15°  Sur  les  forces  électro-motrices 
des  piles  galvaniques  k  un  métal  etdeax 
liquides  (Tijitckrift  van  het  Kon,  N^d. 
Imtiluut,  t.  IV,  p.  270). 

ii'*  Sur  la  théorie  des  lignes  de  fon« 
magnétique  de  Faraday  (Ann.  de  Pog- 
gendoi%  t.  XC,  p.  415). 

15"*  Sur  la  décharge  latérale  de  Té- 
leciriciîé  (Verslagen  der  Kon.  AkademU 
der  Wetemclmppen^  t.  ÏX,  p.  126). 

16^  Sur  l'analogie  des  théories  de 
Tinduction  électrostatique,  du  courant 
galvanique  et  de  la  propagation  de  la 
chaleur  f/^.,  t.  XV,  p.  428). 

17**  Sur  la  tension  électrique  et  le 
potentiel  (Ib,,  2«  série,  t.  I,  p.  494). 


%vai>iii  (Jean-François-Xavier)  est 
né  à  Luxembourg  le  19  mai  1800.  il 
appartient  il  une  famille  ancienne  et  jus- 
tement honorée  ;  par  sa  mère,  il  se  rat- 
tache au  célèbre  Henri  Vander  Noot^ 
que  la  révolution  brabançonne  porta  uo 
instant,  A  Bruxelles,  au  faite  du  pouvoir 
(*).  Ses  études  moyennes  furent  brll- 


(')  Ces  détails  et  une  partie  de  ceux  qui      suivent  sont  empruntés  à  une  notice  sur 


741 


WUR 


742 


lantes  et  se  trouvèrent  terminées ,  en 
18i7,  juste  au  moofienl  où  TUniversité 
de  Liège  ouvrit  pour  la  première  fois 
ses  portes  à  la  jeunesse.  Il  s*y  fit  ins- 
crire sans  retard  et  suivit  assidûment, 
pendant  cinq  années  consécutives ,  les 
cours  de  la  Faculté  des  lettres,  ceux  de 
la  Faculté  des  sciences  et  c^ux  de  la 
Faculté  de  droit.  11  prit  part  au  con- 
cours de  philosophie  en  1819-i820; 
son  mémoire  fut  non  seulement  cou- 
ronné, mais  signalé  à  Tattention  pu- 
blique dans  la  Reviœ  encyclopédique  de 
Paris.  C'était  une  rt^ponse  à  la  question  : 
Quo  jure  rerum  philosophicarum  scrip- 
tore9  à  Socrate  novam  historiœ  philoso- 
phiœ  periodum  inchoandam  putant  ? 
(Ann.  Ac.  Leod.  I8i9-1820,27  pages). 
Il  fut  reçu  docteur  en  philosophie  et 
lettres  en  i821,  après  avoir  publié  et 
défendu  une  dissertation  sur  les  poèmes 
d'Homère  (Quœdam  de  Ifomericarum 
poemalum  origine ,  composilione ,  et  ad 
formandum  Grœcorum  animum  moment 
ta);  une  autre  dissertation  sur  rhvdoire 
des  instilulions  judiciaires  dans  lanti- 
quité  et  au  moyen-àge  :  De  judiciurià  in 
graviorihus  deliciis  apud  diversas  gentes 
potestate,  lui  valut  en  1827  le  dipiômcde 
docteur  en  droit.  II  débuta  au  barreau 
de  Liège  et  ne  tarda  pas  à  être  nommé 
juge  suppléant  près  le  tribunal  de  pre- 
mière instance  de  celte  ville.  Mais  il 
irétait  entré  dans  cette  carrière  que  pour 
obéir  A  un  père  vénéré  :  il  se  sentait  né 
pour  le  professorat  ;  il  n*eut  de  repos 
qu'après  avoir  arrêté  la  résolution  de 
consacrer  désormais  tout  ce  qu'il  avait 
d'intelligence  et  d'énergie  à  la  propa- 
gation incessante  d'une  méthode  dont 
il  s'était  ardemment  épris ,  et  hors  de 
laquelle  il  ne  voyait  point  de  salul  pour 
les  études.  Nous  voulons  parler  des 
procédés  de  Jacotot,  le  ccir'bre  apôtre 
de  y  Emancipation  intellectuelle.  Les  in- 
telligences sont  égales  ;  tout  est  dans 
fout;  apprenez  bien  une  seule  chose  et 
rapporlez-y  toutle  reste  :  tel  fut  le  Credo 
de  M.Wûrlh,  aussi  décidément  que  celui 
de  son  maître  et  ami;  tel  il  est  encore. 
Littéralement  dévoré  du  besoin  de  pro- 
pagande, il  ouvrit  ù  Liège  des  cours 


publics  de  langue  et  de  littérature,  où 
il  battit  en  brèche,  avec  un  zèle  infati- 
gable et  le  dévouement  le  plus  désinté- 
ressé, renseignement  traditionnel  des 
Collèges.  Il  fut  l'un  des  membres  de  la 
Faculté  libre  de  philosophie,  établie  à 
Liège  dans  la  période  de  transition  qui 
suivit  immédiatement  les  événements 
de  1850  (v.  Part.  Fassin).  Nommé  pro- 
fesseur extraordinaire  d'histoire  an- 
cienne et  de  littérature  flamande  k  l'U- 
niversité de  Liège,  en  1855,  par  M.  le 
comte  de  Theux,  il  remplit  fidèlement 
ses  devoirs  officiels;  mais  tout  le  temps 
qu'il  y  pouvait  dérober  était  employé  à 
des  leçons  libres  de  omni  re  scibili^ 
toujours  d'après  la  méthode  Jacotot. 
Insensible  aux  honneurs  académiques, 
M.  Wùrth  eût  voulu  avoir  à  diriger  le 
plus  modeste  Collège ,  si  une  latitude 
suffisante  lui  eût  été  accordée  pour 
l'organiser  d'après  ses  vues.  11  réunis- 
sait chez  lui  les  étudiants  pour  les  pré- 
parer gratuitement  aux  examens  ou  les 
initier,  par  des  lectures  cursives,  aux 
chefs-d'œuvre  littéraires  de  toutes  les 
langues  de  TEurope  occidentale;  il  fai- 
sait même  venir  des  enfants  des  écoles 
primaires,  lisait  et  relisait  avec  eux  Té- 
Icmaque,  et  trouvait  le  moyen  d'y  ratta- 
cher tout  l'ensemble  de  leurs  études.  Il 
distribuait  à  ses  élèves  de  petits  livres 
composés  exprès  pour  eux,  ou  des  feuil- 
les auto^Taphiées  où  il  se  donnait  la  peine 
de  copier  texte  et  commentaires  linguis- 
tiques ;  il  créait  des  journaux  jacotistes 
et  des  Sociétés  d'enseignement  libre. 
Kugène  de  Pradel,  le  |)Oête  improvisa- 
teur, séjourna  quelque  temps  à  Liège 
vers  1841  ;  ainsi  que  M.  Alexandre 
Dumas,  il  se  déclarait  partisan  de  la 
méthode  Jacotot  :  M.  Wùrth  s'attacha 
résolument  à  lui,  et  après  son  départ, 
fut  l'un  des  fondateurs  et  des  membres 
les  plus  actifs  delà  Société pradéli^nne^ 
où  l'on  s'exerçait  tour  A  tour  à  l'im- 
provisation, dans  la  salle  académique, 
sur  des  sujets  désignés  par  le  sort. 
Quelque  jugement  qu'on  porte  sur  le 
jacotisme,  il  faut  reconnaître  que  l'in- 
fluence de  M.  Wùrth,  pendant  toute 
cette  période,  ne  fut  point  stérile  en 


Wûrth  publiée  k  Paris  dans  le  Panthéon  bio- 
graphique universel,  cl  réimprimée  en  1851 


à  la  Rû  de  VHuttoire  abrégée  des  Liégeoit^ 
3«  édition  (voir  ci  dessous). 


743 


WUR 


744 


bons  résultats.  Cependant  ses  idées 
sur  la  réforme  des  études  classiques 
devinrent  de  plus  en  plus  radicales. 
Un  philologue  français ,  fabbé  Auguste 
Latouche,  grand  zélateur  de  la  linguis- 
tique comparée  (*),  avait,  dés  i859, 
ouvert  à  Liège  un  cours  de  langue  hé- 
braïque, où  il  montrait  qu'en  ne  tenant 
nul  compte  des  points-voyelles,  inven- 
tion des  Massorètes,  et  en  prenant 
pour  point  de  départ  quelques  lois 
très-simples  auxquelles  se  ramène  toute 
grammaire,  il  était  facile,  en  quelques 
semaines,  d'acquérir  la  connaissance 
de  rhébreu.  Les  mêmes  idées  avaient 
déjà  frappé  M.  AVûrth,  qui,  d'autre  part, 
considérant  l'hébreu  comme  la  langue 
primitive  et  la  plus  naturelle  de  toutes, 
avait  songé  à  en  introduire  l'étude  jus- 
que dans  les  écoles  élémentaires.  Les 
deux  novateurs  fraternisèrent  et  M 
Wûrlh  agrandit  de  plus  en  plus  la 
sphère  de  ses  études  linguistiques, 
qu'il  dirigea  du  reste  presque  exclusi- 
vement vers  les  recherches  étymolo- 
giques, ne  s'occupant  de  la  grammaire 
que  pour  en  réduire  les  règles  à  leur 
plus  simple  expression.  Ses  Petits  /»- 
vres  d*or  (Chrysobiblia)  n'ont  pas  eu  le 
privilège  d'être  pris  au  sérieux  par 
tout  le  monde;  cependant  il  s'y  trouve 
plus  d'une  remarque  ingénieuse.  M. 
Svûrth  a  eu,  dans  tous  les  cas,  l'hon- 
neur d'inspirer  à  un  grand  nombre  de 
personnes  de  l'Intérêt  pour  un  ordre 
d'études  dont  M.  Chavée,  en  s'attachant 
de  préférence  aux  langues  aryennes,  a 
depuis  fait  apprécier  la  haute  impor- 
tance k  Bruxelles  et  à  Paris.  Mais  M. 
Chavée  s'adresse  aux  savants,  tandis 
que  M.  W'ûrth  avait  à  cœur  les  études 
des  commençants.  Ce  zèle  infatigable 
ne  se  ralentit  point  et  chen  ha  finalement 
de  nouvelles  issues.  Sous  l'influence 
de  la  révolution  de  4848,  M.  Wiirth 
publia  les  deux  premiers  volumes  d'un 
Cmtrs  d'histoire  universelle,  où  il  ne 
manqua  pas  d'exposer  ses  opinions  sur 
toutes  sortes  de  questions,  notamment 


sur  la  réforme  générale  des  études. 
Quelque  temps  après,  vers  la  fin  de 
1849,  le  gouvernement  le  déchargea 
du  cours  d'histoire  politique  de  Tanli- 
quité,  pour  confier  cet  enseignement, 
modifié  conformément  à  l'esprit  de  la 
nouvelle  loi,  à  M.  Troisfonlaines  (v.  ce 
nom).  M.  Wûrth  resta  titulaire  du 
cours  de  littérature  flamande  jusqu'au 
51  juillet  4856,  date  de  l'arrêté  royal 
qui  lui  confère  le  titre  de  professeur 
émérite. 

Nous  n'oserions  prendre  sur  nous 
de  dresser  un  catalogue  complet  des 
publications  de  M.  Wûrth  ,  d'autant 
plus  qu'elles  n'ont  pas  toutes  été  mises 
dans  le  commerce.  Voici  les  indications 
que  nous  avons  pu  recueillir. 

Cours  préparatoire  à  l'étude  de  la  lan- 
gue hollandaise,  Liège,  Collardin,  4820, 
un  vol.  in-8*^.  —  Leçona  hollnndaises  de 
littérature  et  de  morale,  2  vol.  in-S"*  (V. 
l'art.  Kinker).—  Cours  de  langue  latine, 
contenant  Cornélius  Nepos,  accompagné 
d'une  traduction  interlinéaire  et  d'une 
traduction  en  bon  français,  les  Odes  d'Ho- 
race expliquées  et  le  Robinson  de  Campe 
traduit  en  latin,  un  vol.  d'environ  500  p. 
—  Cours  préparatoire  à  Tétude  de  la  lan- 
gue grecque. —Les  œuvres  d^  Horace, inù. 
littéralement  en  français,  en  flamand  et 
en  allemand. —  Epitome historiée  sacrœ^ 
en  quatre  langues.  —  Art  poétique  (THo- 
r<7ce ,  expliqué  grammaticalement  et  lit- 
téralement. —  S^-Lambert,  patron  des 
Liégeois,  légende  historique  du  VII' 
siècle.  —  S^'Servais,  légende  du  IV» 
siècle.  —  Leçons  d'histoire  universelle 
d'un  maître  de  pension  à  ses  élèves.  — 
Histoire  abrégée  des  Liégeois  et  de  la 
civilisatinn  dans  le  pays  des  Eburons  et 
des  TongroiSy  suivie  d'un  petit  Guide  de 
Vétranger  à  Liège  et  d'un  tableau  som- 
maire des  éléments  de  moralité,  de  puis- 
sance intellectuelle  et  de  bien-être  que 
possède  la  ville  de  Liège  à  l'époque  ac- 
tuelle. Liège,  Collardin,  4853,  in-12 
(â*  édition,  corrigée  et  augmentée  ; 
Liège,  Carmanne,  4851,  in-42).  — 


(*)  Auteur  d'une  Chrentomathie  biblique, 
d'une  Grammaire  hébraïque,  de  VAdattt  éty- 
mologique (classification  par  idée»  de  toute 
la  langue  hdbralquc\  d'un  Vocabulaire  éty- 
mologique latin  ;  Paris,  V»  Dondey-Dupré), 


etc  —  M.  Latouche  passa  de  Liège  à  ^U- 
vers  et  de  \k  en  Espagne,  où  il  essaya  d'ap- 
pliquer SCS  idées  en  fondant  un  Collège  mo- 
dèle [à  Madrid). 


74o 


WUR 


746 


Psaumes  de  David,  traduction  fidèle  dia- 
prés le  texte  hébreu  universellement 
admis,  par  A.  L.  (Auguste  Latouche), 
publiée  de  concert  avec  le  traducteur. 
Liège,  1841,  in-12.  —  Programme  d'un 
cours  populaire  d'histoire  universelle. — 
Petite  logique.  —  Résumé  des  antiquités 
romaities,  — Leçons  élémentaires  sur  les 
InstUutes  et  rhistoire  du  droit  romain, 

—  Précis  de  rhistoire  sainte  (1859).  — 
Lecture  simplifiée  et  première  étude  des 
langues  (première  chrestomathie  bibli- 
que). Liège,  1859,  in-12.  —  Les  Om- 
nibus de  Parithmétique  et  de  Valgèbre, 

—  Vision  d'un  croyant  sur  Liège  et  la 
Belgique.  —  Langue  mère  et  liitéi'ature 
sacrée,  ou  morceaux  choisis  de  la  Bible, 
texte  hébreu  et  traduction  fidèle  (Chry- 
sobiblia,  \^  livraison).  Liège,  1842, 
In- 12.  —  La  vie  de  Jésus-Christ  et  des 

.Apôtres,  dans  les  termes  mêmes  de  TE- 
vangile  et  des  actes  des  Apôtres  (Chry- 
sobiblia,  2*  livraison)  :  Epitome  pour 
Tétude  des  langues  grecque  et  latine. 

—  La  tragédie  de  Guillaume  Tell,  suivie 
de  plusieurs  légendes^  ballades  et  du 
poème  de  la  Cloche,  traduction  fidèle  de 
Tallemand  de  Schiller  (Chrysobiblia,  5* 
livraison)  :  Epitome  pour  Tétude  de  là 
langue  allemande.  —  Moniteur  des  fa- 


iiii//4»etderinstruction  publique,  quatre 
années  à  12  livraisons  par  an  (1844- 
1847).  —  Le  Remorqueur  pour  Vétwde 
des  langues /}eu  grammatical  et  étymolo- 
gique, réunissant,  dans  un  ordre  simple 
et  facile,  la  variété,  qui  n>st  qu'appa- 
rente, du  Dictionnaire  et  de  la  Gram- 
maire de  toutes  les  langues,  en  un  seul 
corps  de  science  d'une  évidence  et  d^une 
rigueur  presque  mathématiques,  avec 
lequel  on  s'habituera,  en  y  consacrant 
pendant  une  année  une  heure  par  jour, 
à  entendre  et  à  analyser  complètement 
six  langues  :  Vhébreu,  le  grec,  le  latin. 
Vallemand,  Vanglais  et  le  français  (27 
caries  in-24"). —  Collaboration  au  Cour- 
rier des  campagnes*  —  Bonhomme  Ri- 
chard, —  Devoir  des  chrétiens  au  XIX* 
siècle.  —  Cours  d^histoire  universelle- 
Liège.  1849,  2  vol.  in-i2«.  —  Esquisse 
d'un  cours  complet  de  philosophie.  — 
Esquisse  d'un  cours  de  philosophie  mo- 
rale. —  Un  grand  nombre  d'opuscules 
(sur  la  méthode  Jacotot  et  ses  applica- 
tions) que  nous  n'avons  pu  nous  pro- 
curer. —  Quinze  leçons  d'initiation  à 
I^hèbreu,  à  l'arabe,  au  grec,  au  latin,  à 
l'allemand  et  à  l'anglais  (feuilles  aulo- 
graphiées). 


AGRÉGÉS    NON    CHARGÉS    DE    COURS 

(v.  ci-dessus  le  discours  de  M.  Nypels, 
p.  48,  et  la  note  51,  p.  75). 

Nous  croyons  devoir  donner  ici  la 
liste  complète  des  agrégés  attachés  à 
l'Université  de  Liège  depuis  1845  (*). 

Ont  été  chargés  de  cours  :  a)  dans  la 
Faculté  de  philosophie  :  MM.  E.-DD. 
Fassln,  Alph.  Le  Roy,  Troisfontaines, 
Van  llulst  et  L.  de  Closset  ;  b)  dans  la 
Faculté  des  sciences:  MM.  Em.  Kède, 
Ad.  Delvaux ,  Fossion ,  Is.  Knpffer- 
schlaeger  et  Trasenster  ;  c)  dans  la  Fa- 


cultédedroit  :  MM.  F.  de  Savoye,  J.-G. 
Macors,  F.  Macors  et  V.Thiry;  d)  dans 
la  Faculté  de  médecine  :  MM.  Borlée, 
Dresse,  Heuse  et  Wilmart(v.  ces  noms). 

N'ont  point  fait  partie  du  corps  en- 
seignant actif  les  agrégés  suivants  : 

A.  Faculté  de  philosophie  et  lettres. 
MM.  Becart  (A.-J.),  docteur  en  phll., 
ancien  professeur  de  rhét.  à  l'Athénée 
de  (-and,  depuis  prof,  privé  à  Bruxelles 
(*);  Bernard  (Phil.),  id.,  corresp.  de 
l'Académie  royale  de  Bruxelles  (')  Le- 
MOiNE  (P.-J.),  prof,  au  Collège  de 


(*)  C«ax  dont  la  Domination  «st  aotë- 
rieore  au  ministère  de  M.  Van  de  Weyer  ont 
tous  fait  partie  da  corps  enseignant  ;  chacun 
d*eux  est  par  conséquent  l'objet  d'une  notice 
spéciale. 

(*)  Auteur  de  divers  ouvrages  classiques. 


notamment  d'un  Cvur»  d'anthropologie. 

\*)  Décédé  en  1853,  inspecteur  de  l'en- 
setgnement  moyen  ;  auteur  d'ouvrages  clas- 
siques (Ed.  de  la  Chrestomathie  de  Jacobs, 
etc.)  et  de  nombreuses  diss.  philologiques 
(v.  la  Biogr.  nationale,  t.  II). 


747 


AYUU 


7-48 


Lié^e  (  '  )  ;  Manbour  (Benoit) ,  id. , 
prof,  à  TAthénée  de  Namur;  Marlin 
(P.-F.-H.-Désiré),  docteur  en  phi!,  et 
en  médecine,  prof,  à  l'Athénée  roy»! 
de  Namur  (•)  ;  Polain  (M.-L.),  aujour- 
d'hui administrateur-inspecteur  de  TU- 
versité  de  Liège  (v.  ce  nom)  ;  ScHErjin 
(Aug.),  docteur  en  phil.,  bibliothécaire 
du  roi  (v.  ci-dessus,  col.  195);  Fabry- 
Rossius  (A.),  docteur  en  pbil.  ('); 
Van  Hassëlt  (André),  docteur  en  droit, 
inspecteur  des  écoles  normales,  etc. 
(*)  et  Wel'stenraad  (Théodore),  id., 
auditeur  militaire  à  Liège  (*). 

B.  Faculté  des  sciences. 

MM.  Davreix  (E.-J.),  prof,  à  TÉcole 
industrielle  de  Liège  (v.  ci-dessus,  col. 
119  et  671)  ;  DLGM0LLE(Max.),  docteur 
en  se.  naturelles ,  à  Bruxelles  ;  Lam- 
BOTTE  (Henri),  prof,  à  TAthénée  royal 
de  Namur  (');  Leclercq  (Désiré),  doc- 
teur en  sciences  pbys.  etmathém.  (de- 
puis, directeur  de  l'Ecole  industrielle 
de  Liège)  C);  Van  Scherpenzeel-Thim, 
ingénieur  des  mines  (v.  ci-dessus,  col. 
231);  d'Uoekem  (P.),  docteur  en  méde- 

(^)  Décédé.  —  P.-J.  Lcmoioe  avait  été 
deux  fois  lauréat  du  concours  universitairo 
(V.  ci-après,  3«  partie). 

(  *  )  Décédé  préfet  des  études  du  Collège 
de  Liège  ;  auteur  de  quelques  écrits  sur  l'eu- 
seignemenl,  etc. 

(')  Membre  de  la  Commission  prov.  de 
statistique  de  Liège.  —  il  a  publié,  en  celte 
qualité,  des  recherches  intéressantes  sur 
l'étymologie  des  nomt  de  lieux  du  pays  de 
Liège.  • 

[*)  M.  Van  Hasselt  est  membre  de  l'Acad. 
royale  de  Belgique.  —  Il  s'est  fait  connaître 
par  un  grand  nombre  de  publications  clas- 
siques (sous  le  pseudonyme  de  Charles  An- 
dré), et  surtout  par  des  recueils  de  poésies, 
dont  les  plus  intéressants  sont  des  Etudes 
rhythmiques  (v.  ci-dessus,  col.  363). 

(  *  )  Décédé.  —  Wcustenraad  s'est  fait  un 
nom  comme  publiciste  et  surtoul  comme 
poète.  Ses  belles  pièces  de  vers  :  le  Remor- 
queur et  le  Haut  Fourneau,  ne  seront  de 
longtemps  oubliées. 

(*}  Depuis  à  Bruxelles;  connu  par  de 


cine à  Bruxelles  (  *  )  ;  Ziane  (Théophile)* 
Ingénieur  des  mines  (*). 

C.  Faculté  de  droit. 

MM.  Drèze  (Edouard-Auguste),  D' 
en  droit  ;  Houze  (Léonard),  id.  (*•). 

D.  Faculté  de  médecine. 

MM.  Ansialx  (Jules),  D'en  médecine» 
ancien  prof,  d'anatomie  à  TAcad.  des 
beaux-arts  de  I  jège,  fondateur  et  direc- 
teur (jusqu'en  18G8)  du  dispensaire 
ophthalmiquc  de  cette  ville;  Dejardin 
(Ch.)  et  son  frère  Dejardin  (Louis), 
nommé  en  1844  conservateur  du  cabinet 
d'instruments  de  chirurgie  et  prépara- 
teur du  cours  de  médecine  opératoire 
et  d'anatomie  pathologique  à  TUniver- 
silé;  LEPAs(Ch.-Jos.)j,  docteur  en  mé- 
decine, etc.,  ancien  prosecteur  à  FUni- 
versilè;  Dkwildt,  id.,  ancien  prof, 
d'hygiène  à  l'Ecole  indusir.  de  Liège, 
ancien  collaborateur  de  Fohmann  ("); 
Termonia  (Corneille),  docteur  en  méd., 
en  chir.  et  en  accouchements,  à  Liège; 
Val'st  (Jos  )  (v.  l'article  Th.  Vaust,  ci- 
après)  ;  Wasseige  (Ch.-Joseph)  (v.  Tari. 
Adolphe  Wasseige,  ci-après). 

nombreux  travaux  scientifiques. 

(  '  )  Aujourd'hui  en  retraite.—  Il  a  été  rem- 
placé à  l'Ecole  industrielle  par  M.  L.  Hou- 
tain,  docteur  en  se,  ancien  élève  de  l'Oni- 
vcrsité  de  Liège. 

(■)  Décédé.  —  Auteur  de  divers  travaux 
scientif.  communiqués  à  l'Académie. 

(*)  Attaché  au  corps  des  mines  le  10 
août  4850;  quelques  mois  avant  sa  nomina- 
tion comme  agrégé,  M.  Ziane  a  obtenu,  en 
i85!2,  un  congé  illimité,  ce  qui  lui  a  permis 
de  prendre  la  direction  générale  des  forges 
de  la  Providence,  l'une  des  Sociétés  indus- 
trielles les  plus  importantes  et  les  plus 
prospères  de  la  Belgique.  M.  Ziane  a  reçu  la 
croix  de  l'ordre  do  Léopold  en  i86i,  pour 
tertfiees  rendus  à  Cinduttrie  nationale.  Il 
est  né  à  Liège  en  4835  et  a  fait  toutes  ses 
études  aux  Ecoles  spéciales  annexées  à  l'U- 
niversité de  cette  ville. 

(*•)  Lauréat  du  concours  universitaire 
(v.  le  t.  III  des  Ann.  des  Univ.  de  Belgique). 

{")  Décédé. 


IV 


CORPS   ENSEIGNANT 


ACTUEL. 


.%u»laux  (NlCOLAS-iOSEPH-VlCTOn), 

0.  ^ ,  fils  de  N.-G.-J.-A.  Ânsiaux  (v. 
ct-dessns),  né  à  Liège  le  9  mars  4802, 
commença  ses  études  moyennes  au  Ly- 
cée impérial  de  cette  ville  et  les  acheva 
sous  la  direction  de  H.  Firmin  Rogier, 
professeur  particulier.  Inscrit  au  rôle 
des  étudiants  de  TUniversité  de  Liège 
dès  1817-18,  Tannée  même  de  rinstai- 
lation,  il  fui  reçu  docteur  en  médecine, 
en  chirurgie  et  en  accouchements  en 
1823;  sa  dissertation  est  intitulée  : 
De  fUtulà  lacrymali  (Leod.  1825).  Il 
partit  pour  Paris  au  mois  d'octobre  de 
la  même  année,  s*y  attacha  au  docteur 
Roux,  qui  Tadmit  comme  aide  dans  la 
pratique  civile,  et  fut  en  même  temps 
prévôt  au  cours  de  bandages  et  appa- 
reils du  professeur  Amussat.  En  182i, 
une  place  de  répétiteur  au  cours  d'ac- 
couchements de  Maygricr  lui  fut  offerte  ; 
forcé  de  retourner  à  Liège,  il  ne  put 
Faccepter.  Au  mois  d'avril  suivant,  il 
entra  comme  adjoint  à  l'hôpital  de  iki- 
vière,  et  aux  Hospices  desfllles  orphe- 
lines et  des  hommes  Incurables ,  en 
qualité  de  chef  du  service  chirurgical. 
Il  ouvrit  en  octobre  un  cours  de  ban- 


dages et  appareils  et  des  maladies  des 
os,  et  le  continua  chaque  année  Jus- 
qu'à sa  nomination  à  l'Université  ;  il 
donna  également,  aux  élèves  de  dernière 
année,  des  répétitions  de  pathologie 
chirurgicale  et  d'accouchements.  Ses 
services  universitaires  datent  du  mois 
de  mai  1828.  Nommé  lecteur  à  la  Fa^ 
culte  de  médecine,  il  figura  an  pro- 
gramme pour  le  cours  de  maladies  des 
os,  bandages  et  appareils,  pour  le  cours 
d'accouchements  et  pour  la  clinique  ob- 
stétricale. En  1834-1855,  il  dirigea  en 
outre  la  clinique  chirurgicale  en  rem« 
placement  de  son  père,  décédé  le  26 
décembre  1834.  En  1858,  il  obtint  le 
titre  de  professeur  extraordinaire  , 
chargé  des  cours  de  médecine  opéra- 
toire, bandages  et  appareils— et  d'op- 
thalmologie  —  théorie  et  clinique.  En 
1843,  la  pathologie  chirurgicale  fut 
ajoutée  à  ses  attributions.  Cinq  ans 
après  sa  promotionà  rordinariat(1844), 
celles-ci  furentencoreune  fois  changées. 
Il  conserva  jusqu'en  1860  la  clinique 
des  maladies  des  yeux  ;  depuis  1849, 
il  est  resté  définitivement  chargé  des 
cours  de  clinique  chirurgicale,  de  ban- 


751 


ANS 


752 


dages  et  appareils,  et  de  palhologie  chi- 
rurgicale (matières  générales).  —  M. 
Aosiaux  est  chirurgien  en  chef  de  l*hô- 
pital  civil  de  Bavière  depuis  1854, 
membre  de  la  Commission  médicale 
provinciale  de  Liège  et  membre  du  Co- 
mité provincial  de  surveillance  pour  les 
aliénés.  Lors  de  la  première  apparition 
du  choléra,  il  fil  partie  du  Comité  de 
Salubrité  institué  pour  le  quartier  du 
Sud  ;  le  Conseil  de  Salubrité  publique 
de  Liège  le  compte  au  nombre  de  ses 
fondateurs.  Il  est  membre  honoraire  de 
l'Académie  royale  de  médecine  de  Bel- 
gique, membre  des  Sociétés  de  méde- 
cine de  Louvain,  de  Gand  et  de  Tou- 
louse, de  la  Société  d'Emulation  de 
Liège  et  de  la  Société  des  Sciences  na- 
turelles de  Bruxelles.  Indépendamment 
d'un  grand  nombre  d'articles  de  fond 
ou  de  comptes  rendus  d'ouvrages  scien- 
tifiques, disséminés  dans  les  Journaux 
de  médecine  de  France  et  de  Belgique, 


on  lui  doit  les  publications  suivantes  : 
I*  Traité  des  bandages  et  appareils 
(première  édition.  Liège,  i827,  un  vol. 
in-8»;2«  édition,  1839). 

2®  Description  des  appareils  amovo- 
inamovibles  (i842). 

5"  Notice  sur  les  maladies  obser- 
vées à  la  Clinique  opbthalmologique 
de  rUniversilé  de  Liège  (i8i8). 

4*  De  rinfluenre  de  la  position  dans 
les  maladies  chirurgicales  (1852). 

5®  Mémoire  sur  le  seigle  ergoté  (On 
trouve  une  analyse  de  ce  travail  dans  les 
Annales  de  la  Société  de  médecine  de 
Toulouse). 

6*^  Clinique  chirurgicale  de  Thôpital 
civil  de  Liège,  année  l854-i835  (Id.), 

La  promotion  de  M.  Ansiaux  au  grade 
d'officier  de  Lèopold  a  eu  lieu  le  3  no- 
vembre i8G7,  à  l'occasion  des  fêtes  du 
50*  anniversaire  de  l'Université  (M. 


(  *  )  Le  nom  d'Aosiaux,  comme  celai  de  Sau- 
veur, est  cher  à  rUoiversité  de  Liège  et  pa- 
rait appelé  k  figurer  pendant  de  longues  an- 
nées encore  sur  ses  programmes.  Par  déci- 
sion ministérielle  dn  3  juillet  1867,  M.  le 
docteur  Oscar  Ansiaux,  fils  du  professeur 
actuel  de  pathologie  chirurgicale,  a  été  auto- 
risé à  remplacer  son  père,  pour  la  partie  de 
ce  coura  qui  comprend  les  maladies  des  os 
et  des  articulations,  et  pour  le  coura  entier  de 
bandages  et  appareils.  •—  M.  Oscar-Nicolas- 
Ambroise  Ansiaux  (on  pourrait  dira  Ansiaux 
IV)  est  né  à  Liège  le  S8  janvier  4834.  U  a 
fait  ses  études  au  Collège  communal  et  k 
rUniversitë  de  cette  ville.  Chef  de  clinique 
chirurgicale  (nommé  au  concoure)  dès  le  S4 
octobre  4857,  il  a  été  raçu  le  9  août  de  l'an- 
née suivante,  avec  la  plut  grande  dittinction^ 
docteur  en  médecine,  en  chirurgie  et  en  ac- 
couchements. En  4888  et  4869,  il  a  visité 
les  grandes  écoles  de  Paris  et  de  Londras, 
ainsi  que  les  Universités  belges.  A  Paris  no- 
tamment, il  s'est  livré  d'une  manière  toute 
spéciale  à  l'étude  de  la  médecine  opératoira. 
Installé  ensuite  comme  médecin  à  Liège,  il 
n*a  pas  tardé  à  suivra  les  traditions  de  sa 
fomille.  Visant  à  l'enseignement,  il  s'est  mis 
en  mesura  de  subir,  le  3  mai  4864,  l'éprauve 
définitive  du  doctorat  êpécial  en  sciences 
chirurgicales;  il  est  le  pramier  qui,  dans 
cette  branche,  ait  obtenu  ce  diplôme  à  l'Uni  • 
versité  de  Liège.  Un  arrêté  ministériel  du 
48  août  4865  l'a  autorisé  à  faire,  dans  la 
Faculté  de  médecine  de  yié$e,  un  court  librç 


sur  l'étude  générale  et  approfondie  du  fnu- 
ument  dtt  fracturen.  Ce  coora  ne  pouvait 
s'étendre  au-deli  de  douze  leçons  ;  il  a  été 
repris  l'année  suivante  (4866-4867),  et  le 
nomhra des  leçons  a  été  porté  à  48  :  la  réussite 
de  ce  double  essai  a  décidé  le  gouvernement 
à  prandre  l'arrêté  du  3  juillet  4867.  —  M. 
Oscar  Ansiaux  a  contribué,  avec  quelques 
confrères  de  la  ville,à  fonder  32  juillet  4864) 
la  Société  médico-chirurgicale  de  Liège  ;  il 
en  a  été  secrélaira-ad|joint  de  4864  à  4863  ; 
depuis  lora  il  en  est  secrétaira,  et  depuis  la 
fondation  de  la  Société,  il  fait  partie  du  Co- 
mité de  rédaction.  —  Le  28  octobra  4863, 
il  a  été  nommé  conseiller  communal  de  la 
ville  de  Liège;  son  installation  en  celte  qua- 
lité date  du  8  janvier  4864.  Le  4  août  4866, 
il  a  été  appelé  à  faire  partie  du  Comité  de 
salubrité  du  Centre  ;  des  Comités  semblables, 
comme  on  sait,  ont  été  institués  dans  chaque 
quartier  de  Liége,en  4  866,pour  combattre  l'é- 
pidémie régnante  et  pour  surveiller  les  mai- 
sons ouvrièras  :  ils  fonctionnent  encore  au- 
jourd'hui. M.  0.  Ansiaux  préside  celui  do 
Centra  depuis  le  7  août  4866.  —  Par  arrêté 
royal  du  35  septembre  4867,  il  a  reçu  la  dé- 
coration civique  de  2«  classe.  —  Il  a  pu- 
blié: 

4*  De  la  résection  des  articulations  dn 
■Mmbra  inférieur.  Liège,  4864,  in-8*  (Thèse 
pour  l'obtention  dn  doctorat  spécial). 

f^  De  l'emploi  de  la  sutura  métalliqae  en 
chirurgie,  et  principalement  de  son  applica- 
tion à  l'opération  du  bec-de-lièvre  {AnnaUs 


iS3 


BOR 


784 


(Chables  -  Jos.  -  Adolphe), 
0.  ^,  né  à  Namur  le  9germinal  an  XH 
(28  mars  i804).  Il  aborda  les  études 
latines  au  Lycée  de  Reims,  les  pour- 
suivit à  TÂthénée  de  Namur,  et,  au  sor- 
tir de  la  rhétorique,  se  vit  sous  le  coup 
d*un  Connlium  abeundi,  qui  faillit  lui 
fermer  les  portes  de  Y  Aima  mater  de 
Louvain.  Cette  mesure  de  rigueur  avait 
été  provoquée  par  un  péché  de  Jeunesse 
Intitulé  la  Dewezade,  poème  tragi-co- 
mique ,  tiré  à  52  exemplaires  seule- 
ment ('),  mais  d'une  audace  à  provoquer 
de  violents  orages,  le  héros  choisi  par 
Fauteur  n^étant  pas  un  moindre  person- 
nage que  llnspecteur-général  des  Col- 
lèges. L^année  scolaire  venait  de  s'a- 
chever ;  le  jeune  satirique  avait  mérité, 
comme  les  années  précé(lentes,plu8ieurs 
prix  d'excellence  ;  on  jugea  à  propos 
de  les  lui  retirer ,  lors  de  la  distribution 
solennelle  des  récompenses  Une  véri- 
table émeute  éclata  dans  le  public  :  on 
alla  jusqu'à  prétendre  que  la  sévérité 
de  la  condamnation  avait  pour  cause 
principale  le  désir  de  certain  père 
de  famille  influent,  qui  ambitionnait 
pour  son  fils  un  accessit.  Pour  faire 
admettre  le  coupable  à  l'Université  de 
Louvain  (1822),  Tintervention  du  pro- 
fesseur Dumbcek  vint  très  ii  propos. 
M.  Borgnet  quitta  Louvain  en  1826, 
avec  le  titre  de  docteur  en  droit.  A  Na- 
mur ,  il  retrouva  d'anciens  amis ,  en- 
pgés  dans  la  politique  de  l'opposition.; 
il  se  joignit  à  eux  et  prit  part  en  i829, 
pendant  quelques  mois,  k  la  rédaction 
du  Courrier  de  la  Samhre,  avec  MM. 
Brabant  et  Wautiet.  Le  30  août  1850, 
il  fut  nommé  membre  de  la  Commission 
centrale  de  la  garde  bourgeoise  de  Na- 
mur. Dans  cette  ville,  comme  ailleurs, 
il  avait  fallu  recourir  à  cette  mesure 
pourveniren  aide  à  l'administration  com- 
munale, impuissante  à  maintenir  l'ord  re . 

de  ia  Soeiiié  médico-chirurgicale  de  Liège, 
«▼ril  4863). 

3«  Tameur  adënotdê  de  la  voûte  palatine 
(/6itf.,  mai  1862). 

4»  Hémalocèle  delà luniqae vagiotle  fibid  , 
jaillet  1862). 

A^  Kyste  coogënitil  do  plancher  de  la 
bouche  (/M.,  joillet  1862). 

6»  De  l'acupressare  ,  d'après  Simpson 
[iàid.,  mars  et  avril  1864). 


Le  5  octobre  suivant,  M.  Borgnet  fit 
encore  partie  d'une  Commission  de  se- 
cours chargée  de  provoquer  des  sou- 
icriptions  pour  procurer  des  secours  aux 
habilants  de  Namur  qui  ont  été  victimes 
des  événements  mémorables  du  !' '  de  ce 
mois.  Ce  furent  là  les  seuls  épisodes 
politiques  de  la  carrière  du  jeune  avocat  : 
rappelons  seulement  qu'en  1834,  il  prit 
part  à  la  rédaction  du  Journal  de  Namur, 
avec  ses  collaborateurs  de  1829. 11  était 
entré  dans  la  magistrature  l'année  même 
de  la  révolution;  sept  ansaprès,  iléchan  • 
gea  son  mandat  de  juge  d'instruction 
près  le  tribunal  de  première  instance 
de  Namur,  pour  le  titre  de  professeur 
extraordinaire  à  l'Université  de  Liège. 
Il  fut  chargé  d'enseigner  l'histoire  na- 
tionale et  l'histoire  politique  du  moyen- 
âge.  Rien  n'a  été  changé  depuis  lors  dans 
ses  attributions;  il  est  à  remarquer  seu- 
lement que  ses  cours,  de  même  que  la 
littérature  française,  la  logique  et  la 
morale,  ont  disparu,  conformément  à 
la  loi  qui  régit  actuellement  l'enseigne- 
ment supérieur,  du  programme  des  exa- 
mens principaux  de  la  candidature  en 
philosophie  etlettres,  pour  figurer  parmi 
les  matières  dites  â  certificats.  M.  Bor- 
gnet, promu  à  l'ordinariat  le  20  sep- 
tembre 1841,  a  été  élevé  à  la  dignité 
rectorale,  pour  1848-49,  pararrêté  royal 
du  51  août  1848,  et  prorogé  pour  trois 
ans  dans  les  mêmes  fonctions,  par  un 
second  arrêté  du  10  octobre  1849.  Cette 
dernière  date  marque  le  point  de  départ 
du  système  en  vigueur;  en  d'autres  ter- 
mes ,  c'est  depuis  lors  que  le  rectorat 
triennal  a  été  substitué  au  rectorat  an- 
nuel. —  Indépendamment  de  ses  cours 
universitaires,  M.  Borgnet  a  mission 
d'enseigner  à  l'Ecole  normale  (depuis 
la  création  de  cet  établissement)  la 
méthodologie  spéciale  de  l'histoire  et 
de  la  géographie.  Il  fait  en  outre  partie  dtt 

70  De  l'anesthësie  locale,  d'après  le  procédé 
de  B.  Richardson  {tbid,,  mai  1866). 

%o  Divers  articles  de  bibliographie,  des 
revues  critiques  et  un  grand  nombre  de  tra- 
ductions de  travaux  anglais,  dans  le  recueil 
prémeniionnë. 

i')  La  Ùewfzade  a  été  réimprimée  plus 
tard  k  Mons,  dans  un  volume  intitulé  -.  Poé- 
sies de  Coliége, 


755 


BOR 


786 


iary  d'admission  aux  Ecoles  spéciales. 
Pour  compléter  la  liste  de  ses  services 
académiques ,  nous  ajouterons  quMI  a 
été  nommé,  Ie29décembre  1844,  mem- 
bre du  Conseil  d'administration  de  la 
caisse  des  pensions  des  Universités,  et 
que,  le  7  décembre  i848,il  a  été  adjoint  à 
M.Paul  DevauxetDerote,  dans  une  Com- 
mission chargée  de  présenter  un  projet 
de  loi  sur  renseignement  supérieur. 

Membre  correspondant  de  l'Acadé- 
mie royale  de  Belgique  depuis  le  4  5  dé- 
cembre 4836,  il  a  été  élevé  au  rang  de 
titulaire  le  40  janvier  4846.  Un  arrêté 
du  23  octobre  4850  l'a  fait  entrer  dans 
la  Commission  royale  d'histoire,  où  il 
a  fait  preuve  d'une  rare  activité.  L'In- 
stitut archéologique  liégeois  (4  avril 
1850),  l'Académie  royale  de  Sévîlle  (5 
mai  4851),  la  Société  littéraire  de  Leyde 
(47  juin  4852),  la  Société  histonque 
d'Utrecht  (45  janvier  4855),  la  Société 
libre  d'Emulation  de  Liège  (49  février 
1854),  la  Société  provinciale  des  Arts 
et  des  Sciences  d'Utrechl  (28  mars 
1856)  et  l'Institut  genevois  (24   mars 
4858)  le  comptent  parmi  leurs  associés. 
Le  34  juillet  4  «49,  le  Cercle  artistique 
et  littéraire  de  Bruxelles  lui  a  décerné 
un  diplôme  d'honneur.—  11  a  été,  deux 
fois,  nommé  membre  du  jury  institué  à 
l'occasion  d'un  concours  ouvert  par  le 
Gouvernemenl ,  pour  un  livre  de  Lec- 
tures historiques  belges;  le 26  décembre 
1850,  il  a  été  appelé  à  concourir  aux 
travaux  de  la  Commission  chargée  de 
présenter  un  projet  dedécorailon  sym- 
bolique  pour  le  palais  de  Liéjçe  ;  en 
vertu  d'un  arrêté  du  28  février  4856,  il 
a  siégé  au  Concours  quinquennal  d'his- 
toire nationale  ;  il  s'est  acquitté  enfin, 
la  même  année,  d'une  mission  litté- 
raire en  Italie,  conformément  à  un  autre 
arrêté  du  3  février.  Chevalier  de  l'Or- 
dre de  Léopold  depuis  le  40  juin  4849, 
il  a  été  nommé  officier  le  21  novembre 
1862. 

Les  titres  littéraires  de  M.  Borgnet 
sont  considérables.  Nous  mentionne- 
rons d'abord  les  ouvrages  qu'il  a  pu- 
bliés en  dehors  de  l'Académie  ;  ensuite, 
les  communications  qu'il  a  faites  à  cette 
Compagnie  savante;  enfin,  les  travaux 
qu'il  a  entrepris  pour  la  Commission 
royale  d'histoire^ 


I.  Ouvrages  non  publiés  par  V Aca- 
démie. 

1.  La  Dewezade  (v.  ci-dessus). 

2''  Lettres  sur  la  Révolution  Bra- 
bançonne. Bruxelles ,  1834  ,  2  vol. 
In-12°. 

S""  Lettres  sur  l'histoire  de  la  Bel* 
gique  pendant  les  années  1791  à  1795 
(Revue  belge,  Imprimée  à  Liège,  1836- 
59). 

4^  Légendes  namuroises,  par  Jérôme 
Pimpurniaux,  ancien  procureurau  Con- 
seil de  Namur.  Namur  1837 ,  in-12^ 

5^  Le  divorce  du  roi  Lotbaire  II  et 
de  la  reine  Theutberge  (Inséré  dans  la 
Revue  nationale  de  Belgique^  dont  M. 
Borgnet  a  été  l'un  des  membres  fonda- 
teurs). 

6»  Louis  XIV  et  la  Belgique,  1659  à 
1668  (ibid,). 

V  Le  traité  de  la  Barrière  (Ibid.). 

8o  La  compagnie  d'Ostende  (Ibid.), 

9°  La  guerre  de  la  Marmite  (Ihià.). 

i^  Cinq  chapitres  d'une  histoire 
des  Belges  pendant  le  XYIII»  siècle. 
Bruxelles,  1843,  un  vol.  in-8<'. 

Série  d'articlea  extraits  du  même  râcoeil 
et  tirdâ  k  part  à  30  exemplaires. 

11.  Histoire  des  Belges  à  la  fin  du 
XVillo  siècle.  Bruxelles,  1844, 2  vol. 
in-80;  2  édition,  Bruxelles,  1861,  2  v. 
in-8^ 

Ouvrage  d'une  haute  importance,  com- 
posé eolièrement  sur  les  sources,  pour  la 
plupart  inédites;  le  premier  travail  complet 
publié  sur  cette  période  de  notre  histoire. 
Les  idées  de.  l'auteur  se  rapprochent  de  celles 
des  Vonckistes  ;  mais  la  haute  impartialité 
du  récit  a  été  unanimement  reconnue  par  la 
presse,  tant  à  Tétranger  qu*en  Belgique. 

12°  Lettre  à  Monsieur  le  baron  de 
Reiffenberg  (suit  une  demi-page  de  ti- 
tres), connu  dans  l'univers  et  dans 
mille  autres  lieux,  par  Bonaventure 
Pimpurniaux,  de  la  Société  du  Casino 
de  Namur  et  de  nulle  autre  Société 
savante.  Liège,  1846,  in-8«. 

Boutade  à  fond  de  train,  écrite  en  tfieux 
français,  pour  servir  de  réplique  à  des  obser- 
vations assez  aigres pubUées  par  le  directeur 
du  Bulletin  du  bibliophile  belge,  relevani 
des  critiques  formulées  par  M.  Borgnet  lai- 
mème  dans  la  Revue  de  Liège,  au  siqei  des 


737 


BOR 


788 


Monumentt  pour  tervir  à  Vhitioire  des  pro- 
vinces de  Ifamury  de  Bainaut  et  de  Luxem- 
bourg (Les  premiers  volâmes  de  cette  col- 
lecUoo  ont  ea  poor  éditeur,  comme  on  sait, 
M.  de  Reiffenberg  ;  v.  ce  nom). 

i3«  Introduction  à  une  histoire  des 
institutions  politiques  de  francien  pays 
de  Liège  (dans  le  Progrès  pacifique ^ 
Liège,  1851,  in-S^). 

Ce  travail  résume  les  idées  émises  par 
M.  Borgnet  dans  un  cours  pul)Iié  sur  l'his- 
toire de  Liège,  donné  l'année  précédente  à 
l'Université ,  devant  un  nombreux  auditoire. 

\\^  Sac  de  Dînant  par  Charles  le 
Téméraire  (Dans  les  Annales  de  la  So- 
ciété archéologique  de  Namur.  Namur, 
4855,  in-8^;  aussi  tiré  à  part). 

45^  Jean  de  ^elnsher^  (Bulletin  de 
rinslitut  archéologique  liégeois.  Liège, 
4854,  in-8«). 

46*  Guide  du  voyageur  en  Ârdenne, 
ou  Excursions  d*un  touriste  belge  en 
Belgique,  par  Jérôme  Pimpumiaux. 
Bruxelles,  4856  et  4857,  2  vol.  in-42* 
(avec  cartes). 

L'aoteur  raconte  ses  propres  excursions 
et  mêle  volontiers  des  remarques  humoris- 
tiques à  ses  descriptions  et  à  ses  récits. 

4  7»  Manuel  d'histoire  et  de  géogra- 
phie anciennes  (anonyme).  Bruxelles, 
4854,  in-42". 

Cet  ouvrage,  rédigé  d'après  le  manuel 
allemand  de  Piitz,  a  eu  trois  éditions.  Le 
Conseil  de  perfectionnement  de  renseigne- 
ment moyen  l'a  adopté  pour  les  Athénées  et 
les  Collèges.  One  édition  italienne  en  a  paru 
à  Turin  en  1868.  Le  traducteur  insiste  beau- 
coup, dans  sa  préface,  sur  le  talent  d'expo- 
sition de  M.  Borgnet. 

48<'  Histoire  de  la  Révolution  liégeoise 
de  4789  (4785-1795).  Liège,  1865,  2 
vol.  in-8«. 

Cet  ouvrage,  le  seul  qui  existe  sur  la  ma- 
tière, a  été  jugé  digne,  en  4866,  d'obtenir  le 
prix  quinquennat  dhittoire  nationale.  De 
mèine  que  X Histoire  des  Belges  à  la  fin  du 
XVI If  siècle j  il  a  été  composé  d'après  des 
docoments  originaux,  presque  tous  inédits. 
Archives,  papiers  de  famille,  tout  a  été  mis  à 
contribution  par  l'auteur,  qui  a  consacré  de 
longues  années  à  ce  travail.  On  doit  à  M. 
Boi^et  et  à  lui  nul,  dit  le  rapporteur  du 
concours,  la  connaissance  aussi  claire,  aussi 
complète  qu'on  pouvait  respérer.de  toute  une 
période  de  rhistoire  politique  de  notre  pays. 


19®  Discours  prononcé  à  la  séance 
du  Concours  généralde  4 849 (Important 
au  point  de  vue  de  la  réforme  de  ren- 
seignement). 

W  De  4849  à  4852,  quatre  discours 
sur  différents  sujets  d^histoire,  pronon- 
cés à  la  réouverture  des  cours  de  fUni- 
versité  (Liège,  4  brochures  fn-8°). 

II.  a.  Mémoires  de  V  Académie  (in-4°). 

21°  Etude  sur  le  règne  de  Charles-lc- 
Simple  (^ouv.  Mém,,  t.  XVII,  4844). 

^^^^  Philippe  II  et  la  Belgique  (Nouv. 
Jf<^.,t.XXV,  1850). 

Ce  mémoire  a  été  réimprimé  in-8o,  et  une 
traduction  hollandaise  en  a  été  piû>liée  k 
Leyde,  par  M.  le  D'  Van  Yloten. 

b.  Bulletins  de  VAcadémiey  in-8®. 

tù^  Sur  un  diplôme  du  IV*  siècle, 
relatif  à  Saint-Gérard  (t.  lY,  4838). 

24®  Note  sur  un  ancien  manuscrit 
(im,). 

W  Note  sur  une  chronique  publiée 
dans  les  Monumenta  Germaniœhistorica, 
deM.Pertz(t  X,  4845). 

26^  Renseignements  sur  Touverture 
d*un  tumulus,  près  de  Namur  (Ibid.). 

27''  Causes  et  résultats  de  l'absence 
d*unîté  nationale  en  Belgique  pendant 
le  XVII- siècle  (t.  XIV,  1847). 

28°  Note  sur  un  manuscrit  de  la  bi- 
bliothèque de  Bourgogne  (Ibid,), 

29°  Sur  une  œuvre  inédite  de  Sidro- 
nius  Hosschius  (t.  XV,  1848). 

III.  a.  Publications  de  In  Commission 
royale  d*hi8toire:  Collection  de  chro- 
niques nationales  (in-4°). 

30°  Monuments  pour  servir  à  Vhistoire 
des  provinces  de  Namur,  de  Hainautet 
de  Luxembourg^  t.  VI,  4'°  partie:  suite 
du  chevalier  au  Cygne  et  Godefroid  de 
Bouillon  (XCVII  et  556  p.). 

La  seconde  partie  de  ce  volume  (p.  561- 
1031)  contient  le  Glossaire  de  MM.  Em.  Ca- 
chet et  Liebrecbt  (1859). 

31°  Chronique  de  Jean  de  Stavelot, 
XII  et  604  p.  (4864). 

32°  Chronique  de  ieban  des  Preis 
dit  d*Outremeuse  (Ly  myreur  des  hi- 
stors),  1. 1,  684  p.  (4864);  t.  II  (4869); 
t.  V,  752  p.  (4867),  ln-4''- 


à 


••  •>* 


759 


BOR 


760 


Publication  du  plus  haut  intérêt  pour  This- 
toire  du  pays.  La  Ge$te  de  Liège  est  impri- 
mée à  la  suite  de  la  chronique  en  prose.  — 
L'introduction,  comprenant  un  essai  sur  la 
vie  et  les  œuvres  de  Jean  d'Outre-Meuse,  pa* 
rallra  avec  un  prochain  volume. 

b.  Bulktins  de  la  Commission  royale 
d'histoire  (in-S""). 

33''  Yingl-quatre  lettres  inédites  de 
Stockmans  (vol.  !)• 

34''  Note  sur  la  loi  muée  (Ibid,). 


Uorlée    (JOSEPH-ÂUGUSTIN)  ,    Ué    à 

Huy  le  4  Janvier  18i7,  sortit  lauréat  de 
rhétorique  du  collège  communal  de 
cette  ville  en  1834,  étudia  ensuite  la 
médecine  à  lUniversité  de  Liège,  et 
obtint  successivement,  au  concours,  les 
places  d*élève  interne  en  médecine , 
d'interne  en  chirurgie  et  de  chef  de  cli- 
nique chirurgicale  à  Thôpltal  de  Ba- 
vière. Ses  examens  de  docteur  en  mé- 
decine, en  chirurgie  et  en  accouche- 
ments ayant  été  subis  avec  la  plus 
grande  distitiction,  il  fut  gratiflé,  en 
1842,d*une  bourse  de  voyage  (en  vertu 
de  Tart.  35  de  la  loi  sur  renseigne- 
ment supérieur),  visita  plusieurs  Uni- 
versités étrangères,  et  fit  rapport  au 
gouvernement  des  observations  qu'il  y 
avait  recueillies.  11  fut  attaché  en  1845, 
en  qualité  d'agrégé,  à  l'établissement 
même  où  il  avait  conquis  ses  diplômes, 
et  ne  tarda  pas  à  figurer  au  programme. 
Il  fut  successivement  chargé  du  cours 
de  pathologie  chirurgicale,  d'une  partie 
du  cours  d'anatomie  descriptive,  du 
cours  de  médecine  légale,  d'ophthalmo- 
logie,  de  médecine  opératoire  et  de 
clinique  des  maladies  des  yeux.  Il  en- 
seigne aujourd'hui  les  matières  spé- 
ciales de  la  pathologie  chirurgicale, 
y  compris  les  maladies  des  yeux  ;  il  di- 
rige la  clinique  ophthalmologique  et 
fait  des  leçons  sur  les  opérations  chirur- 
gicales. M.  Borlée  a  été  nommé  profes- 
seur extraordinaire  en  octobre  1856;  sa 
promotion  à  Tordinariat  date  du  â2 
Janvier  1862.  —  Il  a  publié  : 

1»  Dans  le  Journal  de  la  Société  des 
sciences  médicales  de  Bruxelles  :  a.  Un 
Mémoire  sur  le  ramollissement  et  les  tu- 
hercules  du  cerveau;  B.  Une  Observation 


relative  à  une  énorme  tumeur  anévris- 
maie  de  Vaorte, 

S''  Dans  les  Annales  de  la  Société  de 
médecin^  de  Gand;  c.  Un  Mémoire  sur 
un  cas  d*anévrisme  extérieur  de  la 
crosse  de  raorte,  avec  destruction  des 
trois  premières  côtes  et  d^une  partie  du 
sternum  ;  d.  Un  Mémoire  sur  les  granu- 
lations des  vaupières;  e.  Un  Mémoire 
sur  ropkthalmie  scrofuleuse;  f.  Des  Ob- 
servations sur  le  traitement  de  cette 
ophthalmie. 

A  la  suite  de  rapports  très-favora- 
bles sur  ces  publications,  M.  Borlée  a 
été  nommé  membre  correspondant  des 
deux  corps  savants  précités. 

d**  Dans  la  Presse  médicale  de  Bru- 
xelles ;  G  Une  dissertation  sur  le  trai- 
tement des  maladies  chroniques  de  la 
peau;  h.  Un  Mémoire  sur  le  traitement 
des  ophthalmies  scrofuUuses  ;  i.  De  fo- 
zène  et  de  son  traitement. 

4*^  Dans  le  Scalpel  :  J.  Leçons  cli- 
niques sur  les  ophthalmies  scrofuUu- 
ses,—  Ce  dernier  travail,  adressé  à  la 
Société  médicale  d'Emulation  de  Paris 
et  à  la  Société  médico-pratique  de  la 
même  ville,  a  valu  à  l'auteur  le  titre 
de  membre  correspondant  de  ces  deux 
compagnies. 

5o  Dans  le  Bulletin  de  VAcadéme 
royale  de  médecine  de  Belgique  :  k.  Une 
Observation  sur  une  tumeur  énorme  de 
Vutérus^  extirpé  avec  succès;  l.  Un 
Mémoire  intitulé  :  Etudes  cliniques  sur 
Vophthalmologie  rhumatismale  et  sur 
son  traitement  ;  m.  Du  traitement  des 
tmneurs  blanches  des  articulations;  n. 
Du  choléra  épidémique  et  de  son  traite- 
ment (1866).— M.  Borlée  a  été  nommé, 
en  1862,  membre  correspondant  de  CA- 
cadémie  royale  de  médecine. 

6**  Dans  les  Annales  de  la  Société 
médico-chirurgicale  de  Liège  :  o.  Ré- 
ponse aux  objections  provoquées  par 
l'ouvrage  mentionné  sous  la  lettre  l; 
p.  Du  diagnostic  du  ramoHissemeut  du 
cerveau  et  de  Vapoplexie;^  q.  Mémoire 
sur  la  névralgie  intercostale  et  son 
traitement. 

T  Enfin,  dans  le  Scalpel  et  la  Ga- 
zette médicale  de  Liège,  diverses  ana- 
lyses d'ouvrages  d'opblbaUnologie. 


16i 


BUR 


762 


Biirffifrafr(PiERnE),  ^,  né  en  1S05 
à  Troine,pelit  village  du  canton  deCler- 
vaux  (Grand-Duché  de  Luxembourg)» 
entra  au  Collège  philosophique  de  Lou- 
vain  après  avoir  achevé  ses  humanités 
dans  un  établissement  privé  de  sa  pro- 
vince, à  Haut-Bellain.  Les  langues  an- 
ciennes avaient  été  la  passion  de  son 
adolescence;  le  goût  de  la  philologie 
ne  fit  que  se  fortifier  en  lui,  à  Louvain» 
sous  Tinfluence  de  G.-J.  Bekker  (v.  ce 
nom).  On  peut  dire  que  les  leçons  de 
cet  excellent  maître  décidèrent  de  son 
avenir  :  non  seulement  elles  lui  inspi- 
rèrent le  désir  de  pousser  plus  loin  ses 
études  en  grec  et  en  latin,  mais  elles 
rinitièrent  aux  premiers  éléments  de  la 
langue  hébraïque.  —  En  4828 ,  le  roi 
des  Pays-Bas  jugea  utile  d*envoyer  à 
rUniversité  de  Bonn  quelques  élèves 
du  Collège  philosophique.  M.  Burg- 
graff  fut  du  nombre  des  élus  ;  il  passa 
trois  ans  dans  la  grande  école  rhénane, 
suivant  entr'autres  les  cours  de  Nie- 
buhr  et  de  G.  Schlegel,  et  plus  parti- 
culièrement ceux  du  célèbre  orienta- 
liste Freytag,  qui  professait  Thébreu  et 
Tarabe.  Il  retourna  en  4853  à  Louvain, 
où  il  fréquenta  TUniversité  pour  se  pré- 
parer au  doctorat  en  philosophie  et 
lettres.  Il  subit  Texamen  final  le  7  août 
4855,  avec  beaucoup  de  distinction. 
Quelques  mois  plus  tard,  le  Gouverne- 
ment belge  lui  accorda  une  bourse  de 
voyage,  qui  lui  permit  de  continuer  à 
Paris  ses  études  spéciales.  La  réputa- 
tion de  Silvestre  de  Sacy,  de  Quatre- 
mèreet  de  quelques  autres  professeurs 
distingués  attirait  alors,  dans  la  capi- 
tale de  la  France,  toutes  les  personnes 
qui  visaient  à  une  connaissance  appro- 
fondie des  langues  de  PAsie.  M.  Burg- 
graff  ne  quitta  Paris  qu^en  4857,  époque 
où  il  fut  appelé  (arrêté  royal  du  5  oc- 
tobre) à  rUniversilé  de  Liège,  en  qua- 
lité de  professeur  extraordinaire,  pour 
y  enseigner  la  littérature  orientale.  Bien 
que  cette  matière  n*ait  jamais  figuré 
que  nominalement  au  programme  des 

(*)  L'art.  46  de  la  loi  do  S7  septembre 
4835  mentionnait  l'Introduction  à  f  élude  dei 
longuet  orientaUt  parmi  les  matières  exigées 
pour  le  doctorat  en  philosophie  et  lettres.  En 
fait,  le  programme  de  4816  est  resté  en  vi- 
gneyr  jiisQo'en  4849. 


examens  (  *  ),  et  qu'elle  ne  soit  plus« 
depuis  4849,  que  Tobjet  d*un  cours  fa- 
cultatif, les  élèves  n*ont  jamais  fait  dé- 
faut au  professeur  :  tantôt  il  a  eu  Toc- 
casion  d'enseigner  Thébreu,  tantôt  Ta- 
rabe,  quelquefois  même  le  persan.  Les 
fonctions  académiques  n*ont  pas  ab- 
sorbé toute  Tactivité  de  M.  Burggraff. 
En  4845,  il  a  présenté  à  l'Académie 
royale  de  Belgique  un  travail  considé- 
rable. Il  s'agissait  de  publier,  pour  la 
première  fois,  l'un  des  plus  précieux 
commentaires  que  Ton  possède  sur  le 
Coran,  le  grand  ouvrage  de  Zamak- 
schari.  M.  Burggraff  réclamait  le  pa- 
tronage de  la  Compagnie  savante,  pour 
trouver  les  moyens  de  faire  imprimer 
en  Belgique  ce  monument  littéraire, 
dont  le  texte  avait  été  collationné  avec 
soin  sur  les  manuscrits  existant  à  Paris 
et  en  Angleterre.  L'Académie  ne  man- 
quait pas  de  bonne  volonté;  les  rappor- 
teurs reconnaissaient  le  mérite  excep- 
tionnel du  travail  de  l'éditeur  ;  mais  la 
dépense  eût  été  très-considérable,  les 
imprimeurs  belges  ne  possédant  point 
de  caractères  arabes.  Le  Gouvernement, 
de  son  côté;,  n'ayant  pas  donné  suite 
aux  démarches  de  notre  orientaliste, 
Zamakschari  est  resté  inédit  en  Eu- 
rope. Postérieurement,  les  Anglais  ont 
jugé  à  propos  de  tirer  cet  écrivain 
de  la  poussière  des  bibliothèques  :  il  a 
été  donné  à  M.  Lee  d'en  publier  il  y  a 
quelques  années,  à  Calcutta,  uneédition 
très-bien  faite.  -  La  sphère  des  attri- 
butions de  M.  Burggraff  s'est  graduelle- 
ment élargie  depuis  4  847.  L'arrêté  royal 
du  5  novembre  de  cette  année  ayant  in- 
stitué, dans  les  Universités  de  l'Etat, 
un  enseignement  pédagogique  destiné 
à  former  des  professeurs  pour  l'en- 
seignement moyen  (*),  la  Faculté  de 
philosophie  de  Liège  saisit  avec  em- 
pressement l'occasionqui  s'offrait  à  elle 
de  renouer  le  fil  de  ses  traditions  ('),  et 
organisa  des  cours  normaux:  M.  Burg- 
graff se  chargea,  pour  sa  part,  de  la 
Grammaire  générale  (*),  qu'il  enseigne 

(*)  A  Gand,  pour  les  sciences  ;  à  Liège, 
poar  les  humanités. 
(')  V.  les  art.  DENzniGCR, Foss  et  Wagb- 

MAHN. 

(*)  M.  Bormans  fit  des  cours  spéciaux  de 
philologie,  accompagnés  d'exercices  pratt* 


763 


BUR 


764 


encore  BVi}OViTÛ*hu\îkV Ecole  normale  des 
humanités.  L*enseignement  pédagogique 
tel  qu'il  existait  à  Liège  fut  maintenu 
par  arrêté  royal  du  16  avril  4851  ;  le  1*' 
septembre  de  Tannée  suivante  parut  un 
nouvel  arrêté,  organisant  l'Ecole  nor- 
male, mais  comme  établissement  dis- 
tinct de  l'Université.  —  Les  élèves  sont 
internes;  unefoisadmisà  l'Ecole  (après 
examen  ou  plutôt  concours,  le  nombre 


des  admissions  étant  fixé  chaque  an- 
née), ils  jouissent  d'une  bourse  suffisant 
à  payer  les  frais  de  leur  pension  ;  ils 
suivent  à  l'Université  certains  cours; 
d'autres  leur  sont  donnés  à  l'établisse- 
ment même,  en  général  par  des  profes- 
seurs de  la  Faculté  de  philosophie.  Le 
dlrecteurde  l'Ecole  a  rang  de  professeur 
ordinaire,  mais  n'appartient  pas  à  l'Uni- 
versité(  *  ) . — M .  BurggralF, tout  en  restant 


ques  ;  M.  Borgnet  s'occupa  de  préparer  les 
élèves  à  renseignement  de  Thistoire  et  de  la 
géographie;  Baron  leur  montra  comment  on 
analyse  les  auteurs  français  ;  Tandel  enHn 
enseigna  reslhtHique,la  pédagogie  et  la  mé- 
thodologie. L'état  maladif  de  ce  dernier  pro- 
fesseur força  M.  Scbwarz  de  le  remplacer 
pendant  quelque  temps  pour  l'esthétique  ; 
en  iSSO,  les  cours  normaux  de  Tandel  pas- 
sèrent à  M.  Alph.  Le  Boy,  qui  les  a  conser- 
ves :  Testhétiquc  à  l'Université,  la  pédagogie 
et  la  méthodologie  à  r^c'o/e  normale  instituée 
en  i852  (v.  la  note  suivante). 

(*]  Faute  de  local,  l'institution  nouvelle 
n'a  pu  fonctionner  régulièrement  qu'à  partir 
de  t8S4.  Durant  la  période  de  transition,  la 
direction  des  cours  normaux  a  continué  d'ap- 
partenir au  doyen  de  la  Faculté  de  philoso- 
phie; on  maintenant  deux  années  de  suite  M. 
Burggrafl'  à  ce  poste  ,  contrairement  à  l'u- 
sage, la  Faculté  s'est  préoccupée  de  l'esprit 
de  suite  à  introduire  dans  les  études  de  l'E- 
cole.—  Enfin,  les  élèves  ont  été  internés,  k 
partir  de  l'année  scolaire  1854-1855,  et  la 
direction  de  l'École  a  été  confiée,  par  arrêté 
royal  du  30  juillet  4854,  â  M.  Xavier  Prinz, 
alors  professeur  de  rhétorique  latine  à  l'Athé- 
née royal  de  Liège.  Né  à  Aix-la-Chapelle  en 
i809 ,  M.  Prinz  a  obtenu  la  naturalisa- 
tion. Ses  débuts  dans  l'enseignement  moyen 
remontent  à  1837;  l'Athénée  de  Uasselt  l'a 
possédé  tour  à  tour  comme  proresseur  de 
troisième  et  de  rhétorique  ;  en  cette  dernière 
qualité,  il  a  été  pendant  plusieurs  années 
appelé  il  siéger  au  jury  conférant  le  grade 
à'clève  universitaire,  M.  Prinz  s'est  fait  de 
bonne  heure  de  la  philologie  classique  une 
spécialité  :  ses  humanités  achevées  au 
au  Gymnase  d'Aix-la  Chapelle,  il  s'est  rendu 
à  Bonn  pour  approfondir  ses  études  en  ce 
sens  :  Heinrich ,  Naecke,  Welcker,  Brandis 
l'ont  compté  au  nombre  de  leurs  meilleurs 
élèves  (  *  I .  Il  a  publié  dans  le  Moniteur  de  l'en 
seiynement  (t.  VI)  et  dans  la  Revue  de  l'ins- 
truction publique  en  Belgique  (Mouv.  série, 
t.  VI  et  suiv.j  QD  assez  grand  nombre  d'ar- 
ticles littéraires  et  critiques  sur  des  passages 


d'auteurs  anciens,  ainsi  que  plusieurs  pièces 
de  vers  latins,  dans  toutes  sortes  de  rhytb- 
mes.  Les  services  qu'il  a  rendus  à  l'enseigne- 
ment lui  ont  valu  la  Croix  de  l'Ordre  nationaL 
En  vertu  des  arrêtés  du  i^*  septembre 
4852  et  du  26  octobre  4854,  les  cours  de 
l'Ecole  normale,  embrassant  trois  années 
d'études,  avaient  été  d'abord  répartis  comme 
suit  :  les  élèves  delà  première  année  ne  re- 
cevaient point  d'enseignement  spécial  à  l'E- 
cole :  ils  fréquentaient  purement  et  simple- 
ment, ik  l'Université,  les  leçons  de  MM.  Bor- 
mans  [Litt,  grecque  et  latine) ,  Loomans 
{Anthropologie  et  philos,  morale  ,  Schwartz 
[Logique),  Baron  {Hist.  de  la  littérature  fran- 
çaise) et  Troisfontaincs  (Hist.  ancienne  et 
Antiquités  romaines).  Les  élèves  de  la  se- 
conde année  suivaient  aussi,  à  l'Université, 
les  cours  de  MM.  Borgnet  [Histoire  du 
moyen'âge  et  Histoire  de  la  Belgique)  et 
Stechcr  {Hist.  des  litt.  anciennes);  ceox  de 
la  troisième  année  n'y  assistaient  qu'aux  le- 
çons de  ce  dernier  professeur.  Les  cours 
spéciaux  de  l'Ecole  étaient,  pour  la  2«  an- 
née :  le  latin  (cxplic.  d'auteurs,  compos.  en 
prose  et  en  vers)«  confié  à  M.  Bormans  ;  le 
grec  (explic.  d'auteurs,  thèmes),  à  M.  Ste- 
cher  ;  la  Grammaire  générale  et  les  théories 
principales  des  trois  syntaxes  (grecque,  la- 
tine, française  ,  à  M.  Burggraff;  VExposé 
des  principes  théoriques  de  ta  littérature  par 
tétude  des  grands  écrivains  grecs,  latins  et 
français  ,  à  M.  Baron,  chargé  en  même 
temps  ^pour  tes  deux  dernières  années)  d'un 
cours  de  Compositions  et  dissertations  fran- 
çaises; enfin,  M.  Borgnet  enseignait  la  ^éo- 
graphie,  tant  ancienne  que  moderne.  En  3« 
année,  on  faisait  des  dissertations  sur  des 
sijets  de  critique,  de  philologie  ou  d'his- 
toire ;  les  f'ours  de  MM.  Bormans,  Stecher 
et  Borgnet  cessaient  d'être  élémentaires.  Le 
cours  dé  pédagogie  et  méthodologie  (prof. 
M  Le  Boy)  complétait  l'enseignement  nor- 
mal: Il  y  avait  encore  deux  cours  facultatifs, 
communs  aux  élèves  des  trois  années  :  la 
litt.  flamande  (H.  Bonnansj  et  la  litt.  alle- 
mande (M.  Liebrecht,  prof,  ii  l'Athénée). 


(*)  M.  Priai  a  piLisé  trois  ans  ot  «leini  aa  5^Mt-       naire  phtlologiqaf  de  Bonn. 


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BUR 


766 


chargé  de  ses  cours  de  langues  orien- 
tales et  de  grammaire  générale,  a  repris 


en  4865  le  cours  d'Exercices  philolo- 
giqnes  sur  la  langue  grecque,  laissé  va- 


En  vertu  d'un  arrêté  royal  du  S8  octobre 
i854,  M.  l'abbë  Ctiëvremonl  (f  i858},  dé- 
teigne par  le  chef  du  diocèse  de  Liège,  avait 
été  admis  k  donner  l'enseignement  religieux 
aux  élèves  réunis  des  trois  années.  Il  a  été 
successivement  remplacé  par  MM.  les  abbés 
Roufrarl(t1862}  et  Linden  (nommé  le  29 
août  1862). 

Pendant  l'année  scolaire  4855-1856,  les 
cours  d'anthropologie  et  de  morale  ont  été 
supprimés  au  profit  de  l'étude  du  latin  et  de 
la  littérature  ;  le  directeur  de  l'Ecole  normale 
a  été  chargé  de  donner  des  conférences  sur 
les  langues  anciennes  ;  le  programme  s'est 
enrichi  d'un  cours  de  tangue  et  littérature 
anglaises,  confié  à  M.  Lfebrccht. 

L'année  suivante,  sur  la  proposition  du 
Conseil  de  perfectionnement  de  renseigne- 
ment moyen,  le  nombre  des  années  d'études 
a  été  porté  k  quatre.  L'arrêté  organique  du 
i^^  sept.  1852  a  été  remplacé  par  celui  du 
26  juillet  1856.  Une  nouvelle  n- partition  des 
cours  a  eu  lieu  k  partir  de  1866-1857,  mats 
sans  effet  rétroactif,  pour  les  élèves  entrés 
k  l'Ecole  sous  le  régime  des  trois  années. 
Voici  le  programme  tel  qu'il  a  été  rédigé 
alors  : 

Première  année.  Religion  (cours  commun 
à  tous  les  élèves  de  l'Ecole)  ;  langue  et  litté- 
rature latines;  langue  et  litt.  grecques;  lo- 
gique; exposé  des  principes  Lbéoriques  de 
la  littérature,  par  l'étude  des  grands  écri- 
vains grecs,  latins  et  français;  dissertations 
et  compositions  françaises  (Les  deux  der- 
niers cours  et  celui  do  religion  se  donnent  à 
l'Ecole  ;  les  autres  à  TCniversité). 

Deuxième  année.  Latin  ;  grec  ;  histoire 
des  littératures  anciennes  (cours  de  l'Uni- 
versité) ;  histoire  de  la  littérature  française, 
(id.);  continuation  de  l'exposé  i  hi^orique  des 
principes  de  Ja  littérature,  etc.;  dissertations 
et  compositions  françaises. 

Troisième  année.  Latin;  grec;  grammaire 
(générale  et  théorie  des  trois  syntaxes;  hist. 
des  litt.  anciennes  (cours  de  l'Université)  ; 
antiquités  romaines  (id.!;  exposé  des  prin- 
cipes théoriques,  etc.;  dissertations  et  com- 
positions françaises. 

Quatrième  année.  Latin;  grec;  hist.  du 
moyen-ftge  (cours  de  l'Université);  hist.  de 
Belgique  (id.);  géographie  ancienne  et  géo- 
graphie moderne  ;  dissertations  et  composi- 
tions françaises;  pédagogie  et  méthodolo- 
gie. 

Outre  ces  cours,  il  est  fait,  dans  chacune 

(*)  M.  Loomaiu  en  avait  élé  iii^rno  ià  titolAÎre; 
M.  SrhwarU  n^ajamnis  ««n<<«ii;né  U  lu,  iquequ'A  titra 


des  quatre  années  d'études,  des  conférences 
sur  le  latin  et  sur  le  grec.  —  Les  cours  de 
de  flamand,  d'allemand  et  d'anglais  sont  fa- 
cultatifs. 

Les  élèves  entrés  k  l'Ecole  sous  l'ancien 
régime  n'ont  quitté  l'établissement  qu'en 
1858;  ce  n'est  donc  qu'à  partir  de  1858- 
1859  que  le  programme  rédigé  sur  la  base 
de  quatre  années  d'études  a  pu  être  mis 
complètement  en  vigueur. 

Depuis  lors,  il  n'y  a  été  apporté  que  deux 
changements  :  1^  Un  arrêté  ministériel  du  16 
juiUet  1850  a  remplacé  le  cours  de  logique 
que  les  élèves  suivaient  k  l'Université  (  *  ) 
par  un  cours  spécial  de  psychologie  fait  k 
l'établissement  même.  Ce  cours,  «  compre- 
nant les  questions  les  plus  importantes  de 
la  science  et  devant  être  terminé  par  l'ex- 
posé des  principes  généraux  de  la  logique,» 
a  été  conné  à  M.  Alph.  Le  Roy;  2»  Un  arrêté 
min.  du  30  janvier  1864  a  institué  k  l'Ecole 
normale  un  cours  de  «  Lecture  et  débit  ora" 
toire.  »  1^  titulaire  est  M.  Auguste  Le  Pas, 
professeur  au  Conservatoire  royal  de  mu- 
sique de  Liège. 

Quant  au  personnel  enseignant,  nous 
avons  k  noter  les  modifications  suivantes. 
Les  cours  du  professeur  Baron  (exposé  théo- 
rique, etc.;  diss.  françaises)  ont  passé  en 
1856  à  L.  de  Closset  (v.  ce  nom),  et  en  1868 
à  M.  Stecher,  qui  d'autre  part,  devant  sup- 
pléer Baron  à  l'U  ni  versité  en  1 860-1 861 , avait 
été,  sur  sa  demande,  déchargé  du  cours  de 
grec.  Ce  dernier  cours  devint  le  lot  de  M. 
Delbœuf ,  plus  tard  (23  mars  1863)  nommé 
maître  de  conférences.  Le  3  décembre  1863, 
M.  Delbœuf  ayant  reçu  le  titre  de  professeur 
extraordinaire  à  l'Université  de  Gand,  pour 
occuper  la  chaire  de  philosophie  délaissée 
par  Callier ,un  nouveau  remaniement  est  rendu 
nécessaire.  L.  de  Closset  reprend  le  grec  en 
échange  du  français,  qui  échoit  à  M.  Stecher  ; 
on  marche  ainsi  jusqu'au  mois  de  septembre 
1865,  date  de  la  retraite  de  M.  Bormans.  A 
l'Université,  L.  de  Closset  succède  au  véné- 
rable émérite  pour  lé  latin,  M.  BurggrafTpour 
le  grec.  De  Closset  ayant  été  victime  du  cho- 
léra le  31  août  1866,  M.  Delbœuf  est  rappelé 
à  Liège  pour  le  remplacer  tout  à  la  fois  à 
rUniversilé  et  à  l'Ecole  normale.  Dès  l'année 
précédente,  il  avait  été  indispensable  d'atta- 
cher à  ce  dernier  établissement  un  nouveau 
maître  de  conférences.  C'est  en  cette  qualité 
que  M.  Louis-Chrétien  Roersch  (né  k  Macs- 
tncht),  docteur  en  philosophie  et  lettres, 

de  !}upplênDt  (V.  Tort.  A.  Lk  Rot). 


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CAT 


768 


cant  par  M.  Bormans.  Il  est  professeur 
ordinaire  depuis  4855.  Les  services  qu'il 
a  rendus  à  renseignement  et  le  succès 
bien  mérité  obtenu  par  fouvrage  dont 
nous  allons  dire  un  mot  lui  ont  valu, 
en  18G5,  la  Croix  de  chevalier  de  TOrdre 
de  Léopold. —  Il  a  publié  : 

Principes  de  grammaire  générale,  ou 
exposition  raisonnée  des  éléments  du 
langage.  Liège,  Dessain,  4863,  un  vol. 
in*8^  de  601  pages  (avec  une  pi.  repré- 
sentant Vappareil  vocal  de  ritomme). 

Ouvrage  doublement  important,  et  parce 
qo'il  est  plas  complet  que  la  plupart  des  trai- 
tes du  même  genre  non  exclusivement  des- 
tinés aux  hommes  spéciaux,  ei  parce  que, 
servant  de  base  à  renseignement  de  M.  Burg- 
graff  à  l'Ecole  normale,  il  exerce  naturelle- 
ment une  grande  influence  sur  les  cours  de 
langues  professées  dans  les  Athénées  belges. 
Il  se  divise  en  trois  parties,  respectivement 
consacrées  à  Vêlement  matériel  du  mot  y  k  la 
forme  logique  du  langage  et  à  la  syntaxe 
(théorie  de  la  construction).  Dans  la  pre- 
mière partie  sont  étudiées  tour  à  tour  les 
lettres,  voyelles  et  consonnes,  ainsi  que  les 
lois  de  leurs  permutations,  si  importantes 


an  point  de  voe  de  l'ëtymologieel  de  forUio- 
graphe.  L'auteur  aborde,  en  passant,  laques^ 
tion  de  l'origine  du  langage  et  la  résout  à 
peu  près  dans  le  sens  de  P.  Kersten  (v.  Fart. 
KiNKBR,  col.  367,  et  l'art.  Tàrdcl,  col. 
585  et  586).  La  seconde  partie,  beaucoup 
plus  détaillée,  nous  fait  passer  du  mot  à 
l'idée  :  des  lemmes  empruntés  à  la  psycholo- 
gie et  à  la  logique  servent  de  point  de  dé- 
part à  la  classiflcation  des  parties  du  dis- 
cours, à  la  théorie  des  flexions  et  en  géné- 
ral des  changements  que  subissent  les  Tonnes 
primitives,  en  raison  des  rapports  qu'il  s'agit 
d'exprimer  entre  les  idées  (cas,  temps, 
modes,  etc.)  L'élude  synthétique  de  ces  rap- 
ports eux-mêmes  vient  en  dernier  lieu  :  M. 
BurggraflT  distingue  quatre  espèces  de  coa- 
structions  :  de  sentiment  ^  réjléekie,  artifi- 
cielle et  usuelle, —  Le  volume  se  tennine  par 
un  aperçu  de  l'histoire  de  la  grammaire, 
suivi  d'indications  biographiques.  (V.  la  Bé- 
vue trimestrielle  de  BruxeUes ,  t.  XL! , 
1864,  p.  S5i  et  suiv.). 

CttCoian  (Eugène),  né  à  Bruges  le  50 
mai  1814,  fut  élevé  à  Paris,  où  son  père 
était  venu  s'établir  comme  architecte. 
Envoyé  dès  1826  à  TEcole  gratuite  de 


professeur  à  l'Athénée  royal  de  Bruges,  l'un 
des  directeurs  et  des  collaborateurs  les  plus 
assidus  de  la  Revue  de  Cinstruction  publique 
en  Belgique,  et  depuis  auteur  de  commen- 
taires estimés,  à  l'usaKe  des  classes  d'huma- 
nités {César,  Cornélius  Nepos,  etc.),  a  été 
attaché  à  l'Ecole  par  arrêté  royal  du  4  S  oc- 
tobre 1865.  Les  leçons  de  M.  Roersch  sont 
au  nombre  de  4!2  par  semaine  :  5  h.  de  latin, 
6  de  grec,  i  de  littérature  flamande.  Outre 
le  cours  de  M.  Bormans,  il  donne  les  confé- 
rences sur  la  langue  grecque  qui  faisaient 
précédemment  partie  des  attributions  de  M. 
Prinz.  Enfln,  M.  Liebrecht  ayant  été  admis, 
vers  la  fin  de  l'année  scolaire  4866-4867,  i 
faire  valoir  ses  droits  à  la  pension,  M.  Trois- 
fontaines  (v.  ce  nom)  lui  a  succédé  pour  la 
littt^rature  allemande.  Le  cours  d'anglais, 
également  délaissé  par  M.  Liebrecht,  est  en- 
core vacant  au  moment  où  nous  écrivons 
(mars  4869). 

Un  Secrétaire-surveillant  est  attaché  à 
l'Ecole.  Cet  emploi  a  été  successivement 
confié  à  MM.  Gillet,  ancien  élève  de  l'éU- 
blissement,  professeur  agrégé  de  l'enseigne- 
ment moyen  du  degré  supérieur  (4854- 
4858),  F.  Rasquin  (id.,  id  ),  aujourd'hui 
prof,  il  l'Athénée  royal  de  Mons  (4858-4864) 
et  Charles  Gaprasse,  docteur  en  philosophie 
et  lettres  (depuis  4864,  à  titre  provisoire  ; 
définitivement  nommé  le  30  octobre  4865). 


]>ans  le  système  en  vigueur,  outre  l'exa- 
men d'admission  à  l'Ecole,  les  élèves  subis- 
sent, devant  leurs  professeurs,  prt^dés  par 
l'inspecteur -général  de  l'enseignement  moyen 
(actuellement  M  Blondel,  ancien  préfet  des 
études  de  l'Athénée  royal  de  Bruges;,  des 
examens  de  passage  de  la  4  <^  à  la  3«,  et  de  la 
S*  à  la  3*  année  d'études.  Pour  être  admis  aux 
cours  de  la  4*  année,  il  faut  avoir  obtenu,  d'un 
jury  spécial  siégeant  a  Liège,  et  où  l'enseigne- 
ment libre  est  représenté,  le  titre  exaspérant- 
professeur  agrégé  ;  le  même  jury  confère, 
aux  élèves  qui  ont  subi  l'examen  de  sortie, 
le  diplôme  de  professeur-agrégé  de  l'ensei- 
gnement moyen  du  degré  supérieur  pour  les 
humanités  (Cf.  l'art.  10  de  la  loi  du  4«r  juin 
4850  sur  l'ens.  moyen).  —  Les  professeurs 
agrégés  qui  ont  fait  leurs  études  à  l'Ecole 
normale  sont  tenus  de  rester  pendant  deux 
ans  à  la  disposition  du  Gouvernement,  sous 
peine  d'avoir  à  restituer  le  montant  de  leur 
bourse  d'études.  Il  sort  en  moyenne  de  l'E- 
cole 3  ou  4  élèves  par  an  :  ce  n'est  pas  tou- 
jours assez  pour  combler  les  vides  ;  mais 
les  Universités  fournissent,  de  leur  côté,  un 
contingent  de  docteurs  en  philosophie  et 
lettres,  qui  trouvent  assez  ordinairement  à 
se  placer  dans  les  Collèges  communaux  et 
même  quelquefois  dans  les  Athénées,  bien 
que  la  préférence  soit  assurée  aux  profes- 
seurs-agrégés. 


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CAT 


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dessin ,  il  y  fit  des  progrès  si  rapides, 
surtout  en  mathématiques ,  qu'au  bout 
de  trois  années  d'études,  âgé  seulement 
deiS  ans,  il  put  obtenir,  au  concours, 
une  place  de  répétiteur  de  géométrie 
dans  cet  établissement.  11  débuta  aus- 
sitôt dans  la  carrière,  sans  négliger 
d'ailleurs  aucune  occasion  d'étendre  ses 
connaissances.  Apprenant  et  enseignant 
tout  à  la  fois,  il  reçut  à  l'Ecole  de  des- 
sin les  excellentes  leçons  de  Lavit  et  de 
Douliot  ;  à  TEcole  des  beaux-arts,  il  sui- 
vit le  cours  de  constructiou  de  Jay,  et 
le  cours  de  perspective  du  regrettable 
Girard  ;  dans  la  maison  paternelle,  enfin, 
il  s'initia  à  la  théorie  et  à  la  pratique  de 
i^architerture.  Son  aptitude  pour  les 
sciences  exactes  fut  remarquée  par  Le- 
fébure  de  Fourcy,  qui  le  prit  bientôt  en 
affection  et  lui  donna  le  conseil  de  se  pré- 
parer à  l'Ecole  polytechnique.  1^  jeune 
répétiteur  se  laissa  aisément  persuader, 
se  fit  pendant  six  moisTélèvede  M.  Dr- 
lisie,  au  Lycée  S'-Louis ,  remporta  au 
concours  général  le  premier  prix  de  ma- 
thématiques spéciales,  et  fut  reçu  à  l'E- 
cole polytechnique  (1855).  Deux  ans 
après,  il  sortit  seizièt/ie  de  l'Ecole, dans 
le  senrice  des  ponts  etrChaussées  ;  mais, 
se  sentant  une  vocation  décidée  pour  l'en- 
seignement, il  donna  sa  démission  et  fut 
envoyé,  en  qualité  de  professeur  de  ma- 
thématiques, au  Collège  de  Chàlons-sur- 
Maroe.  En  i858,  nommé  répétiteur-ad- 
joint de  géométrie  descriptive  k  l'Ecole 
polytechnique,  il  résolut  de  prendre  ses 
grades  :  dès  1841,  il  était  docteur  ès- 
sciences  mathématiques.  En  1846,  il  se 
présenta  pour  la  première  fois  au  con- 
cours d'agrégation  (*)  et  fut  admis  le 
premier.  Il  pouvait  s'attendre  k  devenir 
professeur  ou  examinateur  à  l'Ecole  po- 
lytechnique :  dès  1844,  le  Conseil  de 
perfectionnement,  à  l'unanimité,  l'avait 
proposé  comme  répétiteur  ;  d'ailleurs  il 
remplissait  depuis  1859,  dans  le  Jury 
d'admission,  les  fonctions  d'examina- 
teur-suppléant. Il  avait  encore  rendu  des 


services  au  même  établissement  en  fon- 
dant, vers  1858,  avec  quelques  profes- 
seurs éminenls ,  VEcole  préparatoire  de 
S^'Barbe,  dont  on  connaît  les  succès 
rapides;  mais  ses  opinions  politiques 
nuisirent  à  son  avancement.  En  1846, 
M.  Catalan  fut  nommé  agrégé-division- 
naire de  mathématiques  supérieures  au 
Collège  Charlemagne.  Le  proviseur  de 
C4ît  établissement  le  somma  en  même 
temps,  sur  l'ordre  du  ministre,  de  quit- 
ter S'^-Barbe,  où  il  ne  comptait  pas 
moins  de  97  élèves  dans  sa  classe. 
En  1849,  MM.  Vincent  et  Delisle,  pro- 
fesseurs de  mathématiques  supérieures 
au  Lycée  S^-Louis,  ayant  été  mis  à  la 
retraite,  leurs  chaires  furent  réunies 
en  une  seule,  qu'il  occupa  jusqu'en 
1852  (*).  A  partir  de  cette  époque,  il 
fut  chargé,  en  tout  ou  en  partie,  de 
l'enseignement  préparatoire  à  l'Ecole 
polytechnique  ,  dans  les  institutions 
Jauifret,  Barbet,  Lesage,  etc.  Sa  nomi- 
nation à  l'Université  de  Liège,  comme 
professeur  ordinaire  d'analyse,  date  du 
V  mars  18G5.  Il  est  actuellement  titu- 
laire des  cours  suivants  :  Hautealgèbre. 
—  Analyse  supérieure,  calcul  intégral, 
calcul  aux  différences,  calcul  des  varia- 
tions, fonctions  elliptiques- —  Probabi- 
lités.— L'Académie  royale  de  Belgique, 
qui  dès  1840avait  couronné  un  Mémoire 
de  M.  Catalan,  lui  a  conféré,  le  15  dé- 
cembre 1865,  le  titre  d'associé.  En  1860, 
son  nom  a  été  porté,  par  la  section  de 
géométrie  de  l'Académie  des  sciences 
(Institut  de  France)  sur  la  liste  des  can- 
didats k  la  place  devenue  vacante  par 
suite  du  décès  de  Poinsot.  -  M.  Catalan 
a  publié,  non-seulement  toute  une  série 
d'ouvrages  classiques,  mais  encore  un 
grand  nombre  de  travaux  scientifiques, 
dans  les  Mémoires  de  diverses  Sociétés 
savantes,  en  France,  en  Belgique  et 
dans  d'autres  pays.  Nous  en  reprodui- 
sons (en  la  complétant)  la  liste  détaillée, 
d'après  la  brochure  intitulée  :  Notice  sur 
les  travaux  d'Eugène  Catalan, professeur 


(*  Les  épreuves  porluient  alors  sur  les 
parties  élevées  de  raoalyse  et  de  la  iiK^ca- 
niquc. 

(*)  Le  Grand  Dictionnaire  universel  de  P. 
Larousse  nous  apprend  que  M.  Catalan  avait 
pris  part  à  la  révolution  de  juillet  et  aux  ma- 


nifestations contre  Louis  Philippe.  En  4848, 
il  fut  le  premier  à  réclamer  un  gouvernement 
provisoire.  Son  refus  de  serment,  après  le  S 
décembre  ,  eut  pour  conséquence  naturelle 
une  Jestitulion. 


50 


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CAT 


772 


à  rUnivenité  de  Liège  (Rome,  impri- 
merie des  sciences  mathématiques  et 
physiques,  1867.  in-4*): 

1.  Journal  de  M.  Liouville, 

1.  T.  II.  Solution  d*un  problème  de 
probabilités  ,  relatif  au  jeu  de  ren- 
contre. 

2.  »  III.  Note  sur  un  problème  de 
combinaisons. 

3.  »  »  Note  sur  une  équation  aux 
différences  finies. 

Ces  deux  problèmes  : 

De  combien  de  manières  peut-on  décom' 
poser  un  polygone  en  triangles,  au  moyen  de 
diagonales  ? 

De  combien  de  manières  peut-on  effectuer 
le  produit  de  n  facteurs  ?  dépeDdenl  de  U 
même  équation. 

4.  lY.  Note  sur  la  théorie  des  nom- 
bres. 

5.  »  Solution  nouvelle  de  cette 
question  :  Un  polygone  étant  donnée  de 
combien  de  manières  peut-on  le  partager 
en  triangles,  au  moyen  de  diagonales  ? 

6.  »  Mémoire  sur  la  réduction 
d'une  classe  dlntégrales  multiples. 

Ce  mémoire  coatieat,  entre  autres  sujets, 
une  détermination  simple  de  l'aire  de  l'ellip- 
soide. 

7.  »  Note  sur  Tintégrale 


t/  0     < 


cos  ^x 


dx. 


0      (l  +  X*)° 

8.  »  »  Problème  de  combinaisons. 

9.  »  VI.  Solution  d'un  problème  de 
combinaisons. 

10.  »  »  Deux  problèmes  de  proba- 
bilités. 

il.  »  »  Théorème  sur  la  réduction 
d'une  classe  d'intégrales  multiples. 

Ce  tliéorème  comprend ,  comme  cas  parti- 
culier, une  formule  de  Poisson. 

12.  »  VI.  Problèmes  de  calcul  inté- 
gral. 

15.  »  VII.  Note  sur  la  sommation 
de  quelques  séries. 

14.  »     »     Sur  les  surfaces  réglées 
dont  l'aire  est  un  minimum. 

Théorèue.  Vhéliçoide  gauche  à  plan  di- 
recteur est  la  seule  surface  réglée  qui  ait. 


en  chaque  point,  ses  deux  rayons  principaux, 
égaux  et  de  signes  contraires. 

15.  »  »  Note  sur  une  formule  de 
combinaisons. 

1G.  tt  VIII.  Note  sur  une  formule 
relative  aux  intégrales  multiples. 

17.  »  IX.  Note  sur  une  formule  d'Ea- 
1er. 

Somnaation  de  diverses  séries  remarqua- 
bles. 

48.  »  XI.  Note  sur  un  problème  de 
mécanique. 

19.  »  XII.  Note  sur  les  trajectoires 
orthogonales  des  sections  circulaires 
d'un  ellipsoïde. 

20.  s  XIX.  Sur  la  prcjection  sté- 
réograpbique. 

SoluttoD  géométrique  de  oe  problème  : 
Trouver  tous  les  systèmes  de  cercles  ottkO' 
gonaux  tracés  sur  une  sphère  donnée. 

H.  Comptes  rendus  hebdomadaires  des 
séances  de  r Académie-  des  sciences  de 
Paris. 

21.  T.  XVU.  Théorème  sur  les  sur- 
faces développables. 

Théorème.  Si  Con^considère  une  ligne  tra- 
cée sur  une  surface  développable  et  la  trans- 
formée de  cette  ligne,  le  rapport  des  rayons 
de  courbure  de  ces  deux  lignes,  en  deux 
points  correspondants,  est  égal  au  cosinus  de 
Vangle  formé,  par  le  plan  osculateur  de  la 
première,  avec  le  plan  tangent  à  la  surface. 

22.  »  XXIV.  Théorème  de  statique. 

25.  »  XLI.  Note  sur  une  surface  mi- 
nimum. 

Celte  surface  ,  qui  jouit  de  propriétés  cu- 

.  cos  X 

rieuses ,  a  pour  équation  s  ==-  log. . 

cos  y 

24.  »  »  Note  sur  deux  surfaces 
minimum. 

L'une  de  ces  surfaces  comprend ,  comme 
cas  particulier,  VhéliçcÊde  et  le  eaténoide. 

25.  »  XLII.  Note  à  Toccaslon  d'un 
théorème  de  M.  Serret. 

26.  »  XLIII.Notesur  quelques  points 
de  la  théorie  des  séries: 

Forme  simple  et  mnémotechnique  des  con- 
dilions  de  convergence  de  toute  série  à  termes 
positifs  ;  valeurs  approchées  de  la  somme  des 
n  premiers  termes  de  la  série  harmonique. 

27.  »  XLV.  Sur  la  théorie  des  déve- 
loppées. 


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28.  »  »  Sur  an  cas  particulier 
de  la  formule  du  binôme. 

29.  »  XL  VU.  Sur  une  applic^Uon 
de  la  formule  du  binôme  aux  intégrales 
eulériennes. 

Développement  de  l'intégrale  eulérienne 
«t  de  800  inverse,  en  série  convergente. 

Une  infinité  de  développements  de  ic  et  de  - . 

50.  »  »  Note  sur  la  théorie 
des  équations. 

Nouveaux  indices  de  l'existence  des  racines 
imaginaires. 

51.  »  »  Note  sur  une  fonction 
homogène  entière. 

52.  »  LIV.  Note  sur  Téquation  du 
troisième  degré 

55.  B  »  Sur  les  nombres  de  Ber- 
nouUi ,  et  sur  quelques  formules  qui 
en  dépendent. 

Relation  nouvelle  entre  les  nombres  de 
Bernoulli.  —  Délermination  de  quelques  in- 
tégrales définies. 

54.  »  LVIU.  Sur  le  calcul  des  nom- 
bres de  Bernoulli. 

m.  Journal  de  V Ecole  polytechnique. 

55.  29*  Cahier.  Mémoire  sur  les  sur- 
faces gauches  à  plan  directeur. 

Discussion  de  Théliçoîde  à  plan  directeur. 
Lignes  géodésiqnes,  lignes  de  courbure,  etc. 

56.  29»  Cahier.  Sur  la  ligne  de  lon- 
gueur donnée,  qui  renferme  une  aire 
maximum. 

57.  5t«  Cahier.  Note  sur  la  théorie 
des  solutions  singulières. 

5g.  57*  Cahier.  Mémoire  sur  les  sur- 
faces dont  les  rayons  de  courbure,  en 
chaque  point,  sont  égaux  et  de  signes 
contraires. 

Ce  mémoire  renferme  la  solution  d'un  pro- 
blème qui  avait  résisté  aux  efforts  de  Monge, 
de  Legendre  et  d'autres  iHustres  géomètres. 
On  y  indique,  ce  qui  n'avait  pas  encore  été 
fait,  le  moyen  d'obtenir  des  surfaces  mini- 
mum algébriques.  Enfin,  les  lignes  de  cour- 
bure  des  surfaces  dont  il  s'agit,  y  sont  pré- 
sentées sous  une  forme  plus  simple  que 
celle  qui  a  été  donnée  par  M.  Michaël  Ro- 
berts. 

39.  41"  Cahier.  Mémoire  sur  la  théo- 
rie des  polyèdres. 


La  théorie  de  la  possibilité  d'un  polyèdre 
ayant  des  éléments  donnés  est  ramenée  à  un 
problème  appartenant  à  la  géométrie  de  si- 
tuation dans  te  plan, 

[l  y  a  trente  polyèdres  semi-réguliers,  — 
Propriétés,  éléments  et  représentation  de  ces 
trente  corps,  qui  comprennent  les  solides 
dArchimède, 

IV.  Mémoires  couronnés  et  mémoires 
de  savants  étrangers,  publiés  par  t  Aca- 
démie royale  de  Belgique. 

40.  T.  XIV.  Mémoire  sur  la  trans- 
formation des  variables,  dans  les  inté- 
grales multiples. 

Théorèmes  sur  les  déterminants,  sor  les 
intégrales  elliptiques  ,  et  sur  les  intégrales 
définies  abéliennes. 

41.  T.  XXXII.  Recherche  des  lignes 
de  courbure  d'une  surface. 

Détermination  de  quelques  systèmes  tri- 
plement orthogonaux.  —  Toute  surface  don- 
née appartient  à  un  pareil  système. 

42.  T.XXXHl.  Sur  la  transformation 
des  séries,  et  sur  quelques  intégrales 
définies. 

Calcul  de  la  constante  G  ;  valeurs  d'un 
grand  nombre  d'intégrales  définies. 

45.  »  »  Recherches  sur  les 
surfaces  gauches. 

44.  T.  XXXVIil.  Sur  les  nombres 
de  Bernoulli  et  d'Ëuler,  et  sur  quelques 
intégrales  définies. 

V.  Bulletins  de  VAcadémie  de  Bel- 
gique. 

45.  T.  XIII.  Recherches  sur  les  dé- 
terminants. 

Notation  et  démonstration  nouvelles.  Be- 
cherche  des  valeurs  de  quelques  détermi- 
nants. Application  aux  intégrales  multiples. 

46.  T.  XXi.  Sur  rintégralion  d'une 
classe  d'équations  simultanées. 

47.  »  XXII.  Application  d'un  pro- 
blème de  géométrie  à  une  question  d'a- 
nalyse indéterminée. 

48.  »  XXIll.  De  l'intégrale  définie 
qui  représente  la  somme  des  p  -|- 1  pre- 
miers  termes  du    développement  de 

(«-fi9)«. 

49.  »  XXVI.  Note  sur  les  surfaces 
orthogonales. 

50.  »  XXVIl.  Sur  les  roulettes  et 
les  podaires. 


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51.  »  Sur  raddiUon  des  fonctions 
elliptiques. 

Yl.  Nouvelles  annales  de  mathéma- 
tiques. 

5S.  T.  II.  Note  sur  le  rapport  de 
la  circonférence  au  diamètre. 

53.  T.  III.  Note  sur  la  toroïde. 

54.  IV.  Sur  rinté^ration  des  équa- 
tions simultanées. 

55.  T.  VI.  Sur  les  sphères  tangentes 
à  quatre  plans  donnés. 

56.  T.  Sur  les  foyers  des  courbes 
dMntersection  de  deux  surfaces  du  se- 
cond degré. 

Théorème.  4»  Pour  que  l'intersection  de 
deux  surfaces  du  second  degré  ait  des 
foyers  y  il  faut  et  il  suffit  que  cette  ligne  soit 
située  sur  une  surface  de  révolution,  du  se- 
cond degré  ;  Î9  Lorsque  deux  surfaces  du 
second  degré  ont  leurs  plans  principaux  pa- 
rallèles, chacun  à  chacun,  leur  intersection 
appartient  à  une  surface  de  révolution. 

57.  T.  VII.  Théorème  de  statique. 

58.  T.  IX.  Sur  le  problème  de  la 
sphère  tangente  à  quatre  plans  donnés. 

59.  T.  XI.  Théorème  sur  les  hexa- 
gones inscrits  ou  circonscrits  à  une  co- 
nique. 

60.  T.  XV.  Note  sur  la  théorie  des 
roulettes. 

Toute  courbe  plane  est  une  roulette, 

6i.  »  »  Sur  la  somme  des  puis- 
sances semblables  des  nombres  natu- 
rels. 

Cette  note  a  éié  le  point  de  départ  des 
recherches  de  l'auteur  sur  les  nombres  de 
Bernoolli. 

62.  »  »  Note  sur  la  sommation 
de  certaines  séries. 

65.  T.  XX.  Sur  la  sommation  de 
certains  coefficients  binomiaux. 

64.  T.  XXII.  Sur  un  problème  d'al- 
gèbre légale,  et  sur  une  transformation 
de  séries. 

65.  Sur  réquation  du  quatrième  de- 
gré. 

VI II.  Annali  di  matematica  pura  ed 
applicata,  pubblicati  da  Bamaha  T&r- 
tolini. 

66.  (1859).  Sur  les  différences  suc- 


cessives de  (|9),  et  sur  les  nombres  de 
Bernoulli. 

Formule  nouvelle  pour  te  calcul  des  nom- 
bres de  Bernoulli. 

VIII.  Atti  deir  Accademia  pontificia 
de^  nuovi  Lincei. 

67.  T.  XIX.  Sur  un  problème  d'a- 
nalyse indéterminée. 

Solution  de  ce  problème  :  Trouver  plu- 
sieurs cubes  entiers^  consécutifs,  dont  la 
somme  toit  un  carré, 

68.  »  »  Rectiflcation  et  addition 
à  la  note  sur  un  problème  d'analyse 
indéterminée. 

69.  Sur  quelques  questions  relatives 
aux  fonctions  elliptiques. 

IX.  Mémoire  de  la  Société  royale  des 
sciences  de  Liège*  Nouv.  série,  t.  II.  — 
Recueil  de  69  uotes,  la  plupart  inédites, 
sur  l'algèbre,  la  géométrie,  le  calcul 
intégral,  etc. 

Ces  études  ont  été  publiées  k  part  sous  le 
titre  de  Mélanges  mathématiques,  k  Liège, 
chez  Desocr,  4868,  un  vol.  in-8<».  (Le  Bulle- 
tin de  bibliographie  publié  à  Rome,  par  le 
prince  B.  Boncompagni  ,  en  a  donné  la 
liste  complète  et  déUillée,  t.  \,  p.  SOS). 

X.  Ouvrages  divers, 

a.  Eléments  de  géométrie.  Paris, 
Bachelier,  1845;  2«  édition.  Liège, 
Carmanne,  1865,  un  vol.  in-8®. 

b.  Manuel  des  candidats  à  l'Ecole 
polytechnique.  Paris,  M allet- Bachelier, 
1857,  in-12°. 

c.  Manuel  du  baccalauréat  ès-scien- 
ces.  Paris,  Delalain,  5  parties  in-lâ% 
savoir  :  Arithmétique,  Algèbre,  Géomé- 
trie, Cosmographie.  Mécanique'  Six  édi- 
tions depuis  1852. 

d.  Traité  élémentaire  de  géométrie 
descriptive.  Paris,  Dunod  (quatre  édi- 
tions). 

e.  Traité  élémentaire  des  séries. 
Paris,  Leiber,  1860. 

f.  Théorèmes  et  problèmes  de  géo- 
métrie élémentaire.  Paris,  Dunod  (i 
éditions). 

g.  Notions  d'astronomie  (dans  la  Bi- 
bliothèque utile),  —  2  éditions. 

h.  Application  de  l'algèbre  au  Code 
civil.  —  L'article  757.  Paris,  Dentu, 
1862,  in-8«. 

t.  Histoire  d*un  concours.  Liège, 
1865,  in-8^'  (2«  édition»  1867). 


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CHA 


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UUre  à  M.  Laugier,  de  TAcadéniie  des 
sciences  de  Paris,  aa  sujet  d'un  concours, 
ouvert  en  1861  par  cette  compagnie,  sur  la 
question  suivante.:  Perfectionner,  en  quel- 
que point  important,  la  théorie  géométrique 
de*  polyèdres.  M.  Catalan  avait  envoyé  à 
rAcadémie  un  mémoire  qui,  plus  tard,  grilce 
à  Tintervention  bienveillante  de  MM.  Mo- 
rin ,  Elie  de  Beaumont  et  Riflf^uH  ,  parut 
dans  le  Journal  de  VEeole  polytechnique 
(y,  ci-dessus,  n^  39).  Ce  travail  fut  reconnu 
le  meilleur  ;  cependant  la  Commission  con- 
clut, à  Cunanimité,  qu'il  y  avait  lieu  de  retirer 
la  question,  bien  que  son  rapporteur,  M. 
Serret,eût  formellement  demandé  à  l'auteur, 
quelques  jours  auparavant,  si  celui-ci  se 
contenterait  de  la  moitié  du  prix,  au  cas  où 
l'on  déciderait  de  ne  pas  le  décerner  inté- 
gralement. De  là  un  étonnement  bien  naturel. 

;.  Enfin,  M.  Catalan  a  publié,  dans 
VAvenir  (4855;,  une  vive  critique  de 
rouvrage  de  M.  l'abbé  Gratry,  intitulé  : 
Logique.  Dans  cet  ouvrage,  M.  Gratry 
avait  essayé  d'appliquer  le  calcul  dif- 
érentiel  à  la  meta  physique. 

Chanclelon     (  JOSEPH  -  THÉODORE  - 

Pierbe),  0.  ^,  né  à  Liège  le  29  mars 
1814,  a  fait  ses  éludes  au  Collège  et  à 
rUniversité  de  celte  ville.— 11  avait  déjà 
pris  ses  grades  en  pharmacie  lorsque, 
la  chimie  ayant  toutes  ses  prédilections, 
il  accepta  avec  empressement,  le  48  jan- 
vier 1836,  le  titre  de  préparateur  du 
cours  de  Delvaux  de  Fenffe  (v.  ce  nom), 
qui  avait  remarqué  son  aptitude  spé- 
ciale et  tenait  à  n'admettre  comme  col- 
laborateur qu'un  jeune  homme  dont  la 
vocation  ne  fût  pas  douteuse  (*).  Les 
attributions  de  M.  Chandelon  prirent 
graduellement  de  Timportance  ;  le  24 
janvier  4857,  il  fui  nommé,  sur  le  désir 
qui  en  avait  été  exprimé  par  André  Du- 
moni,  conservateur  et  préparateur  pour 
la  minéralogie,  la  géologie  et  la  chimie  ; 
le  5  octobre  1858,  répétiteur  de  chi- 
mie appliquée,  chargé  des  leçons  de 
manipulations  chimiques  et  métallur- 
giques; le  15  juillet  1842,  agrégé  à 

(  *  )  Le  diplôme  de  pharmacien  obtenu  par 
M.  Chandelon  est  daté  du  31  avril  1835.  Il 
y  est  déclaré  que  le  récipiendaire  a  donné 
des  preuves  très-distinguées  de  savoir  et 
d'aptitude  :  à  cette  époque,  une  telle  mea- 
tion  équivalait  au  grade  le  plus  élevé.  Le 
professeur  Delvaux  ne  manqua  pas  l'occasion 


la  Faculté  des  sciences ,  titulaire  des 
mêmes  cours.  Le  19  décembre  suivant, 
l'enseignement  de  la  docimasie  lui  fut 
confié  ;  enfin  il  obtint ,  le  22  juillet 
1844,  le  titre  de  professeur  extraor- 
dinaire. Les  cours  de  chimie  générale 
organiqueetde  chimie  industrielle  inor- 
ganique, dont  il  est  encore  actuellement 
chargé,  figurent  au  programme  sous 
son  nom  depuis  1847-48,  année  où  il 
remplit  en  même  temps  les  fonctions  de 
secrétaire  académique.  Sa  promotion 
à  Tordinariat  date  du  4  octobre  1850. 
Le  8  août  précédent,  il  avait  été  nommé 
membre  du  Conseil  de  perfectionne- 
ment des  Ecoles  spéciales  des  arts,  des 
manufactures  et  des  mines  ;  depuis  le 
l*'  octobre  1858,  il  est  en  outre  l'un 
des  trois  inspecteurs  des  éludes  près 
des  mêmes  Ecoles,  li  a  siégé  au  Con- 
seil de  perfectionnement  de  l'enseigne- 
ment supérieur  de  1857  à  1860. Indé- 
pendamment de  s')s  fonctions  universi- 
taires, il  est  investi  de  divers  mandats; 
c'est  ainsi  qu'il  fait  partie  de  la  Com- 
mission médicale  provinciale  (29  avril 
1850)  (*)  ;  de  la  Commission  directrice 
des  Annales  des  travaus  publics {^^^oûi 
1862);  de  la  Commission  administra- 
tive des  Hospices  civils  de  Liège  (5 
juillet  1863)  et  de  la  Commission  ad- 
ministrative de  l'Ecole  industrielle  de 
la  même  ville  (11  janvier  1867).  11  est 
chargé,  depuis  le  51  mars  1865,  de  la 
haute  surveillance  active  et  permanente 
des  fabriques  de  produits  chimiques  de 
tout  le  royaume.  De  1848  (10  décembre) 
à  1856,  il  a  fait  partie  du  Conseil  com- 
munal de  Liège  ;  la  multiplicité  de  ses 
occupations  a  fini  par  ne  plus  lui  per- 
mettre de  siéper  à  l'Hôtel-de-VIlle.  — 
On  jugera  par  l'énumération  suivante  de 
l'influence  que  M.  Chandelon  a  eu  l'oc- 
casion d'acquérir,  tant  sur  l'industrie 
nationale  que  sur  le  progrès  des  sciences 
qu'il  cultive  et  sur  la  direction  impri- 
mée à  différentes  branches  de  l'admi- 
nistration. Le  21  juin  1841,  il  fut  ai- 
de s'attacher  un  de  ses  disciples  les  plus 
zélcS,  lorsque  le  docteur  Simon,  qui  avait 
été  jusque-là  préparateur  du  cours  de  chi- 
mie, eut  été  nommé  agrégé  à  la  Faculté  de 
médecine. 

(')  Il  a  présidé  ce  corps  pendant  la  pé- 
riode triennale  de  1860  à  1862. 


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CHA 


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taché  comme  professeur  de  chimie  à 
TEcole  de  pyrotechnie,  éiablie  à  Liège 
par  arrêté  royal  du  24  janvier  de  la 
même  année,  et  il  y  continua  cet  ensei- 
gnement jusqu'en  4859,  date  de  la 
translation  de  TEcoie  à  Anvers.  L'A- 
cadémie royale  de  médecine,  dont  il 
est  membre  depuis  4845,  Tassocia,  un 
an  plus  tard,  aux  travaux  de  la  Com- 
mission instituée  pour  la  révision  de  la 
Pharmacopée.  De  4852  k  485(),  il  a  fait 
partie  du  Comité  de  surveillance  des 
établissements  d'aliénés,  et  des  asiles 
provisoires  et  de  passage  de  Tarrondis- 
«ement  de  Liège.  En  4864,  il  a  été  un 
des  juges  du  Concours  quinquennal  des 
sciences  médicales.  En  4847,  il  a  été 
nommé  membre  (secrétaire  et  rappor- 
teur de  la  3*  section)  du  jury  de  FEx- 
positioB  publique  des  produits  de  Tin- 
dustrie  nationale;  en  4854, membre  dé- 
légué du  jury  international  de  l'Expo- 
sition universelle  de  Londres  ;  en  4862, 
membre  effectif  du  jury  de  la  seconde 
Exposition  universelle  ouverte  dans  la 
même  ville  ;  en  4867,  membre  effectif  du 
jury  de  l'Exposition  universelle  de  Paris 
et  secrétaire-rapporteur  de  la  classe 
XVII.  —  Autres  missions  spéciales  : 
adjoint  à  la  Commission  consultative 
chargée  de  l'examen  international  des 
procédés  nouveaux  et  des  matéraux  in- 
digènes (1845-45);  membre  de  la  Com- 
mission chargée  d'étudier  les  questions 
se  rattachant  à  l'existence  des  eaux  ali- 
mentaires dans  la  ville  de  Liège  (4867)  ; 
membre  du  Comité  consultatif,  chargé 
d'émettre  un  avis  sur  les  questions  re- 
latives à  l'assainissement  des  rues  et 
des  habitations  occupées  par  la  classe 
ouvrière  (4849)  ;  de  la  Commission 
chargée  d'apprécier  les  qualités  et  les 
propriétés  des  eaux  qui  alimentent  les 
bains  de  Spa  (4850)  ;  de  la  Commission 
instituée  en  4850  pour  l'étude  des  amé- 
liorations à  apporter  au  service  du 
nettoiement  public  et  des  vidanges, 
tant  sous  le  rapport  de  la  salubrité  pu- 
blique qu'au  point  de  vue  de  l'économie 
agricole  et  des  finances  de  la  ville  de 
Liège  ;  de  la  Commission  chargée  d'exa- 
miner si  la  pyrite  de  fer  et  le  schiste 


albumineux  doivent  élre  classés  parmi 
les  substances  que  la  loi  de  4840  con- 
sidère comme  mines  concessibles ,  ou 
parmi  les  substances  dont  l'exploitation 
rentre  dans  la  catégorie  des  minières 
(4850)  ;  de  la  Commission  chargée  de 
rechercher  les  moyens  propres  à  for- 
mer des  établissements  économiques  de 
bains  et  lavoirs  publics,  en  y  uilAi- 
sant ,  s'il  y  avait  lieu ,  les  eaux 
chaudes  provenant  des  établissements 
industriels  (4854);  de  la  Commission 
chargée  d'examiner  le  travail  général 
de  M.  Rémont  sur  les  ègoûts  de  la 
ville  de  Liège  (4855);  membre  et  se- 
crétaire de  la  Commission  d'enquête 
instituée  pour  examiner  les  questions 
que  soulève  la  fabrication  des  pro- 
duits chimiques,  par  rapport  à  son 
influence  sur  la  végétation  et  à  l'hy- 
giène (4854);  de  la  Commission  char- 
gée de  rechercher  les  moyens  propres 
à  éviter  les  inconvénients  provenant 
de  l'atelier  d'affinage  de  l'hôtel  des 
monnaies  à  Bruxelles  (4854);  membre 
de  la  Commission  d'enquête  instituée 
pour  examiner  la  demande  en  permis- 
sion d'usine  formée  par  la  Société  ano- 
nyme de  Valentin-Cocq ,  à  HoUogne- 
aux-Pierres  ;  chargé  ,  conjointement 
avec  M.  Bidaut,  inspecteur-général  de 
l'agriculture  et  des  chemins  vicinaux, 
de  la  révision  du  tableau  annexé  à 
l'arrêté  royal  du  44  novembre  4849, 
concernant  la  police  des  établisse- 
ments dangereux, ipsalubres  ou  incom- 
modes (4856)  ;  membre  de  la  Commis- 
sion instituée  pour  déterminer  les  con- 
ditions essentielles  auxquelles  doivent 
être  subordonnées  en  général  les  auto- 
risations pour  l'érection  ou  le  maintien 
des  poudrières  et  magasins  à  poudre 
(4856);  de  la  Commission  chargée 
d'apprécier  l'efficacité  des  changements 
apportés  dans  les  fabriques  de  produits 
chimiques,  en  exécution  de  l'arrêté 
royal  du  25  février  4856  (même  an- 
née) ;  de  la  Commission  instituée  pour 
apprécier  les  résultats  de  l'essai  or- 
donné par  l'arrêté  royal  du  24  mars 
4859  À  l'usine  à  zinc  de  St-Léonard  (') 
à  Liège    (4859);  de  la  Commission 


{*)  Expériences  décrétées  à  la  suite  de 
plaintes  réitérées  des  habitants  du  quartier 


du  Nord  ,  où  est  situé  cet  établissemenl 
(appartenant  à  la  Société  de  la  Vieitle-Moa- 


781 


CHA 


782 


chargée  d*étiMyer  et  de  diriger  les  tra- 
vaux à  exécuter  pour  la  oaptation  des 
eaux  minérales  de  la  source  de  Pouhon 
k  Spa,  etc.,  elc.  M.  Chandelon  fait  en 
outre  partie  d*un  grand  nombre  de  So- 
ciétés  savantes.  —  Chevalier  de  Tordre 
de  Léopold  depuis  le  50  avril  4853  (  '  ), 
il  a, été  promu  au  grade  d'officier  par 
arrêté  royal  du  3  novembre  i867,  à  Toc- 
casion  du  50*  anniversaire  de  TUniver- 
sité  de  Liège.  Le  30  juin  précédent,  un 
décret  impérial  Tavait  nommé  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur,  Comme  secré- 
taire-rapporteur de  la  classe  XVÎI  à 
l'Exposition  universelle.  C'est  au  même 
titre  que  le  roi  de  Prusse  lui  a  conféré 
(4  nov.  4867)  le  rang  de  chevalier  de  ù^ 
classe  de  l'Ordre  de  la  Couronne.  Enfln, 
le  10  décembre  suivant,  il  a  été  nommé 
commandeur  de  TOrdre  espagnol  d'Isa- 
belle-la-Catbolique  (comme  professeur 
i  l'Université).  11  a  publié  : 

1*^  Notice  sur  la  Hatchitine  de  Bal- 
daz-Lalore,  commune  de  Chokiet  (Bull, 
de  FAcad.  de  Bruxelles,  t.  V). 

2^  De  l'emploi  des  amorces  fulmi- 
nantes considérées  sous  le  point  de  vue 
hygiénique  (Journal  militaire.  Liège, 
1841). 

5®  Résumé  d'un  cours  de  manipula- 
tions chimiques.  Liège,  1841,  in-8o. 

4®  (En  collaboration  avec  M.  de  Ko- 
ninck)  :  Examen  comparatif  des  garan- 
ces en  Belgique  et  des  garances  étran- 
gères (Mém.  de  la  Soc-  roy.  des  sciences 
de  Liège,  1. 1). 

5*"  Analyse  de  la  pondre  à  canon 
(Ann.  des  trav,  publics  de  Belgique,  t.I). 

6»  Essais  docimastiques  faits  à  l'E- 
cole spéciale  des  arts,  des  manufac- 
tures et  des  mines  (Ib.,  t.  Il,  V,  VII). 

7®  Note  sur  la  réductibilité  du  sili- 
cate de  zinc  par  le  charbon  (Bull,  de 
VAoad.de  médecine,  4846). 

8^  Les  chap.  III  et  IV  du  Rapport  de 


la  3*  section  du  jury  de  l'Exposition  de 
l'industrie  belge  en  1847.—  Bruxelles, 
1848,  in-8». 

9^  Appareil  destiné  à  éviter  les  dan- 
gers d'empoisonnement  dans  la  fabri- 
cation du  fulminate  de  mercure  (Mém, 
de  la  Soc.  des  sciences^  t.  IV). 

10^  Note  sur  la  préparation  écono- 
mique du  sulfure  de  carbone  (Bull, 
acad.  méd.,  1848). 

li<*  (En  collaboration  avec  Ad.  Le- 
soinne)  Notice  sur  les  égoûts  établis 
dans  la  ville  de  Liège  (Moniteur  belge, 
23  mai  1849). 

12®  Recherches  sur  la  com|)osition 
de  la  pondre  à  tirer  (Mém.  se.  desscten- 
ces,  t.  VU). 

13<*  Analyse  des  eaux  d'irrigation  de 
la  Campine.  —  Observations  sur  les 
quantités  des  matières  terreuses  que 
les  eaux  de  la  Meuse  tiennent  en  sus- 
pension (Ann.  des  trav.  publics,  t.  IX). 

14<»  Notice  sur  la  fabrication  de  la 
céruse  en  Angleterre  (Ibid.,  t.  XII). 

15**  Rapport  de  la  Commission  d'en- 
quête instituée  pour  examiner  les  ques- 
tions que  soulève  la  fabrication  des 
produits  chimiques  <le  chap.  relatif  à 
l'apprédation  du  procédé  de  fabrica- 
tion de  l'acide  sulfurique)  (Annalespar- 
lementaires,  1856). 

16^  (En  collaboration  avec  MM.  De- 
vaux  et  Maus)  :  Rapport  à  la  Commis- 
sion des  procédés  nouveaux,  sur  les 
houilles  des  pays  propres  à  la  fabrica- 
tion du  coke  (Ann.  des  trav.  publics, 
t.  III,  V,  VI,  VII). 

iV  (En  collaboration  avec  MM.  Da- 
vreux  et  Péters-Vaust)  :  Rapport  à  la 
Commission  médicale  de  la  province 
sur  les  fabriques  de  cuivre  de  Biache  et 
de  Jemeppe  (Ibid.,  t.  XVI). 

18®  Les  analyses  mentionnées  aux 
tableaux  13, 14,  15,  16  et  17  du  Rap- 
port adressé  k  M.  le  Ministre  des  tra- 


tagne).  Ces  plaintes  avaient  pris  inseosible- 
meot  le  caractère  «f  une  opposition  politique, 
de  même  qu'en  i854  iesfumëes  des  fabriques 
de  produits  chimiques,  dans  la  province  de 
Namor  ,  avaient  donné  lieu  à  une  véritable 
émeute.  A  la  suite  des  travaux  des  Commis- 
•iona  précitées ,  tout  rentra  dans  le  calme. 


(  '  )  11  a  reçD  cette  décoration  sur  la  pro- 
position du  ministre  de  la  guerre,  de  concert 
avec  le  ministre  de  l'intérieur,  en  récompense 
des  services  qu'il  a  rendus  à  TËtat  en  sa  qua- 
lité de  professeur  de  chimie  à  l'École  de 
pyrotechnie. 


783 


DEC 


784 


vaux  publics  par  la  Commission  ins- 
tituée pour  apprécier  les  résultats  de 
Tessai  ordonné,  par  Varrèf é  royal  du  21 
mars  1859,  à  Tusine  à  zinc  de  St-Léo- 
nardàLiéger/*t(i,.t,XVni). 

19*^  Atlas  de  chimie  industrieUe ,  à 
Tusage  des  élèves  des  Ecoles  spéciales 
des  arts,  des  manufactures  et  des  mi- 
nes. Liège,  Âvanzo,  un  voL  in-folio. 

SO^  Description  d*un  appareil  de  sû- 
reté pour  les  moulins  à  meules  en 
usage  dans  les  poudrières  (Ann.  des 
trav,  publics,  t.  XX). 

21°  Etude  sur  remploi  du  charbon 
maigre  dans  la  fabrication  de  la  fonte 
et  du  fer,  faite  à  la  demande  de  la  Dé- 
IHitation  permanente  du  conseil  provin- 
cial de  Namur  (Procès-verbaux  des 
séances  du  cous,  prov»  de  iV^mur,  1856). 

22°  Rapport  sur  les  substances  et 
produits  chimiques,  sur  les  procédés 
et  produits  pharmaceutiques  de  TEx- 
position  universelle  de  Londres  (1862). 
—  Bruxelles,  1863,  in-8o,avecll  pi. 

23°  Rapport  sur  les  produits  céra- 
miques de  l'Exposition  universelle  de 
1862.  Bruxelles,  1865,  in-8^ 

U^  Rapport  sur  les  causes  de  l'ex- 
plosion survenue  le  3  février  1866  à 
la  poudrière  de  Clermont-sur-Heuse 
(Ann,  des  trav.  publics,  t.  XXIII). 

25°  Études  sur  les  produits  réfrac- 
taires  à  l'Exposition  de  1867  (Rapports 
du  jury  international ,  publiés  sous  la 
direction  de  M.  Michel  Chevalier,  t. 
Vin,p.  459). 

26°  Divers  rapports  sur  des  ques- 
tions d'hygiène  publique,  analysés  dans 
les  Exposés  annuels  des  travaux  des 
Commissions  médicales  provinciales , 
publiés  par  le  ministère  de  Tîntérieur. 
Bruxelles,  Hayez,  1860-1867. 

27°  Exposition  universelle  de  Paris 
(1867).  Rapport  sur  la  classe  XVII  : 
Porcelaines,  faïences  et  autres  poterie» 
de  luxe,  Bruxelles,  E.  Guyot,  gr.  în-8°, 
de  74  p.,  avec  2  planches  (1869). 

28°  Cours  de  Vécole  de  pyrotechnie 
(autographiés). 
a.   Cours  de   chimie  élémentaire , 


donné   aux  élèves  artificiers,  1851, 
in-4°. 

b  Cours  de  chimie  appliquée  aux 
travaux  techniques  de  l'artillerie,  donné 
aux  officiers  détachés  à  l'École,  1851, 
in-4°. 

c.  Résumé  des  leçons  de  chimie  ana- 
lytique, !n-4°. 

d.  Analyse  quantitative  des  sub- 
stances minérales  employées  dans  la 
pyrotechnie  militaire,  in-4"« 

'  e   Cours  de  chimie  appliquée  à  l'art 
militaire.  1857-1859,  2  vol.  iD-4°. 

De  Cuyper  (ANTOnŒ-CHARLES),g(, 

né  à  Bruxelles  le  2  janvier  18 11, mérita, 
par  ses  succès  à  l'Athénée  de  ceUe 
ville,  d'être  envoyé  à  l'Univei-silé  de  Bo- 
logne, comme  pensionnaire  delà  fonda- 
tion Jacobs.  Il  s*y  fil  sucressivemenl 
recevoir  bachelier  et  licencié  en  philo- 
sophie, et  couronna  ses  études  par  un 
brillant  examen  de  docteur  en  sciences. 
Pendant  son  séjour  en  Italie,  les  évé- 
nements politiques  et  des  circonstan- 
ces particulières  dirigèrent  ses  aspi- 
rations vers  la  carrière  des  armes; 
il  dut  à  ses  connaissances  mathéma- 
tiques, dès  son  retour  en  Belgique, 
d'être  immédiatement  nommé  aspirant 
de  rétat-major  du  génie  (28  janvier 
1854),  chargé  de  lever  des  places  for- 
tes. Le  25  février  1835,  il  obtint  le 
grade  de  sous-lieutenant,  adjudant  de 
la  3°  division  des  fortifications;  le  2 
août  1857,  il  se  trouva  lieuleDaiU,  atta- 
ché au  général  Willmar;  enfin,  le  l*' 
octobre  1842,  un  arrêté  royal  lui  con- 
féra le  grade  de  capitaine  du  génie.  Ce- 
pendant un  goût  prononcé  pour  l'ensei- 
gnement des  sciences  s'était  développé 
en  lui ,  et  il  avait  trouvé  moyen  de  le 
satisfaire,  sans  sortir  de  la  voie  qu'il 
croyait  alors  devoir  être  la  sienne.  En 
1837  et  1838,  il  avait  rempli,  à  l'Ecole 
centrale  de  Bruxelles,  les  fonctions 
d'inspecteur  des  études  et  de  profes- 
seur de  géométrie  descriptive  et  de 
mécanique.  Son  aptitude  fut  remar- 
quée par  le  gouvernement,  qui  résolut 
de  l'attacher  à  l'enseignement  supé- 
rieur, sans  toutefois  l'enlever  provisoi- 
rement à  l'armée  (*).  Le  12  décembre 


(*)  L'arrêté  qu'on  va  citer  mentionne  les      services  rendus  par  M.  de  Coyper  à  l'École 


785 


DEC 


786 


1858,  un  arrêté  royal  le  nomma  pro- 
fesseur extraordinaire  à  rUniversité 
de  Gand,  chargé  des  cours  d'hydrau- 
lique, de  mécanique  appliquée,  de 
technologie  du  constructeur,  d'astro- 
nomie et  d'arithmétique  sociale.  De  si 
nombreuses  fonctions  finirent  par  com- 
promettre sa  santé,  sur  laquelle  le  cli- 
mat de  Gand  exerçait  d'ailleurs  une  in- 
fluence défavorable.  Il  sollicita  donc  un 
changement  de  résidence,  et  Tobtint  le 
12  novembre  1846.  Il  fut  chargé  d'ensei- 
gner, à  rUniversité  de  Liège,  l'astrono- 
mie, la  mécanique  céleste  et  la  méca- 
nique analytique.  Lors  de  la  retraite  de 
J.-N.  Noël  (1849),  il  pnt  en  outre  les 
cours  d'algèbre  supérieure  et  de  géo- 
métrie analytique  des  trois  dimensions. 
Le  séjour  d>ine  maison  de  campagne 
agréablement  située  à  mî-c6te,  dans  la 
vallée  de  la  Vesdre,  lui  avait  rendu 
force  et  confiance  ;  il  put  de  nouveau 
donner  un  libre  essor  à  son  ardent  be- 
soin d'activité.  Mais  tout  a  des  limites: 
aussi  bien  ,  des  occupations  nouvelles 
réclamèrent  une  partie  du  temps  que 
M.  De  Cuyper  avait  consacré  jusque  là 
à  l'enseignement.  Il  céda  donc  le  cours 
d'astronomie  à  M.  Scbaar;  ce  dernier 
ayant  été  remplacé  par  M.  Catalan,  une 
nouvelle  combinaison  eut  lieu  :  l'astro- 
nomie rentra  dans  les  attributions  de 
H.  De  Cuyper,  mais  le  professeur  d'a- 
nalyjse  fut  chargé  du  cours  d*dlgèbre 
supérieure,  qui  se  rattachait  plus  di- 
rectement à  son  enseignement  princi- 
pal. M.  De  Cuyper  est  donc  resté  titu- 
laire de  la  mécanique  rationnelle,  de  la 
géométrie  analytique  des  trois  dimen- 
sions et  de  l'astronomie.  Il  a  été  promu 
à  l'ordinariat  le  S6  juillet  185i  et  nommé 
secrétaire  acadépiique  l'année  suivante. 
Un  arrêté  royal  du  28  août  1867,  enfin. 
Ta  élevé  au  rang  de  recteur,  dignité 
qu'il  a  inaugurée  en  présidant,  le  3 
novembre,  la  séance  solennelle  qui  a 
remplacé  cette  année  la  cérémonie  or- 
dinaire de  rentrée  ,  à  l'occ^ision  du 
50*  anniversaire  de  la  fondation  de  rU- 
niversité. —  Nous  avons  touché  un  mot 
des  fonctions  supplémentaires  qui  ont 
été  confiées  à  M.  De  Cuyper,  indépen- 
damment de  ses  cours  académiques. 


Depuis  le  12  novembre  1846,  il  est 
inspecteur  des  études  des  Écoles  spé- 
ciales des  mines,  des  arts  et  manufac- 
tures, etc.,  annexées  à  l'Université  de 
Liège,  et  membre-secrétaire  du  Conseil 
de  perfectionnement  des  dites  Écoles.  La 
prosi)érité  croissante  de  ces  beaux  éta- 
blissements, qui  attirent  chaque  année 
des  élèves  de  toutes  les  parties  du 
monde,  a  graduellement  imposé  à  leurs 
inspecteurs  une  tâche  de  plus  en  plus 
laborieuse.  M.  De  Cuyper  s'y  est  dé- 
voué tout  entier,  et  c'est  encore  au  pro- 
grès des  Écoles  qu'il  consacre  le  peu  de 
loisirs  que  lui  laissent  ses  fonctions 
multiples  :  la  Revue  universelle^  quMI  a 
fondée  et  qu'il  continue  de  diriger,  est 
en  effet  le  complément  presque  indis- 
pensable d'une  institution  de  ce  genre. 
— M.  De  Cuyper  est  chevalier  de  l'Ordre 
national  de  Léopold  et  commandeur  de 
nombre  de  l'Ordre  d'Isabelle-la-Catho- 
lique  (3  déc.  1867).  Il  est  affilié  à  plu- 
sieurs compagnies  savantes  :  la  Société 
royale  des  sciences  de  Liège  ;  la  So- 
ciété impériale  des  sciences  naturelles 
de  Cherbourg;  la  Société  académique 
de  la  même  ville;  l'Académie  impériale 
des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de 
Caen;  la  Société  imp.  d'agriculture, 
d'histoire  naturelle  et  des  arts  utiles 
de  Lyon  ;  l'Académie  imp.  des  sciences 
et  belles-lettres  de  Bordeaux,  etc.,  le 
comptent  au  nombre  de  leurs  membres. 
— 11  a  publié  : 

l*"  Cours  d'hydraulique {vtutogrs^pMé). 
Gand,  1839,  in-4^ 

^^  Cours  d'astronomie  (Id.).  Gand, 
1840,  in-4^ 

5°  Cours  d'algèbre  supérieure  (Id.), 
Liège,  1860,  in-4^ 

4"  Mémoire  sur  la  polygonométrie 
analytique.  Liège,  in-8". 

6°  Note  sur  le  régime  des  fleuves  et  des 
rivières  et  sur  les  moyens  employés  pour 
prévenir  les  inondations,  Lié^e,  1852, 
in-8''  (Ëxtr.  des  Mém.  de  la  Société  nyale 
des  sciences  de  Liège). 

Ces  observations,  bocëes  dans  le  public  à 
l'époque  où  la  dérivation  projetée  de  la  Meuse 
était  à  Liège  l'objet  d'une  préoccupalton  gé- 


ceotrale,  en  sa  qnaUté  d'officier  du  génie. 


787 


DER 


788 


aérale,  furent  très-remarquées.  L'auteur  s'at- 
tachait &  démontrer  «  qu'en  général  les  déri- 

>  valions  sont  d*une  ufîiité  faible  et  qu'elles 
»  peuvent  devenir  plus  funestes  qu'utiles  ; 
»  que  les  redressements  contrariant  le  cours 
»  des  fleuves  peuvent  établir  un  régime  non- 
9  veau  qui,  n'étant  pas  en  harmonie  avec  le 
»  régime  actuel  d'amont  et  d'aval,  donnera 

>  lieu  il  de  grands  désastres.  >  M.  de  Cuyper 
insiste  beaucoup  sur  le  reboisement,  et  sou- 
tient la  nécessité  «  d'attaquer  les  fleuves  à 
leur  berceau,  >  si  l'on  veut  prévenir  leurs  dé- 
bordements. Dans  l'examen  général  de  la 
question,  il  s'appuie  surtout  sur  l'expérience 
t!e  l'Italie  ;  appliquant  sesconclasions  au  bas- 
sin de  Liège,  il  propese  de  corriger  au  préa- 
lable les  vices  nombreux  du  régime  de  l'Ourthe, 
et  de  rendre  à  cette  rivière  l'énergie  qoi  lui 
manque,  en  réunissant  toutes  ses  eaux  dans 
un  seul  lit  navigable. 

6*^  Noticenécrohgiqttesnr  leprofesseur 
LewuUre.  Liège,  1853,  in-S^"  (v.  Tart. 

Lemaike). 

7^  Revue  universelle  des  mines,  de  la 
tnétallurgie,  des  travaux  publics,  des 
sciences  et  des  arts  appliqués  à  llndus- 
trie,  Paris  et  Liège,  Noblel,  éditeur, 
1837  à  1859, 24  vol.  in-S*",  avec  de  nom- 
breuses planches. 

Recueil  sérieux  et  utile,  rédigé  avec  la  col- 
laboration de  savants  et  d'ingénieurs  belges 
et  étrangers.  Au  directeur  (H.  de  Cuyper)  est 
adjoint  un  Comité  de  rédaction  composé  de 
MM.  Chandelon,  Trasensler,  de  Koninck, 
Delvaux,  Schmit  et  Cilion.  La  Revue  publie, 
outre  des  traductions  des  meilleurs  mémoires 
spéciaux  édités  en  Angleterre  et  en  Alle- 
magne, des  articles  de  fond  sur  toutes  les 
questions  scientifiques  ou  industrielles  qui 
rentrent  dans  son  domaine,  et  les  essais  de 
quelque  valeur  dûs  à  des  élèves  des  Ecoles 
spéciales  de  Liège.  Sous  tous  ces  rapports, 
elle  rend  des  services  réels  dont  l'importance 
a  été  consacrée  par  un  succès  soutenu. 

8*^  Revue  de  VExposition  universelle 
de  4867,  rédigée  en  collaboration  avec 
des  ingénieurs  belges  et  français. 

C'est  une  annexe  de  la  publication  précé- 
dente, mais  formant  un  ouvrage  séparé.  Les 
trois  premiers  volumes  oat  seul  paru  (chez 
£.  Noblel)  au  moment  où  nous  écrivons.  — 
L'ouvrage  entier  se  composera  de  4  vol. 


l>e  Konlnek  (LAUBBfT-GuiLLAUllE), 

0.  :g(,  néà  Louvain  Ie3  mai  i809,quitta 
rUniversité  avec  les  titres  de  candidat 
en  sciences  physiques  et  mathéma- 
tiques, de  docteur  en  médecine,  dans 
I*art  des  accouchements  (')  et  en  phar- 
macie. Le  6  avril  i83i,  il  y  rentra 
comme  préparateur  de  chimie,  k  la 
suite  d'un  concours  public.  En  1834  et 
1835,  il  entreprit,  avec  Faide  du  gou- 
vernement, plusieurs  voyages  à  fétran- 
ger«  dans  le  but  de  compléter  ses  étu- 
des. A  Paris,  il  fut  admis  dans  les 
laboratoires  deGay-Lussac  et  du  baron 
Thénard  ;  à  Berlin,  chez  Mitscherlich  ; 
à  Giessen,  chez  le  baron  de  Liebig.  Il 
profila  notamment  de  son  tour  d*Âlle- 
magne  pour  visiter  les  professeurs  les 
plus  célèbres  (*)  et  se  mettre  au  cou- 
rant des  progrès  de  Tinstruction  pu- 
blique. Il  revint  eu  Belgique  à  la  veille 
de  la  réorganisation  universitaire  :  le 
10  décembre  1855,  il  fut  nommé  agrégé 
à  rUniversité  de  Gand  et  chargé  du 
cours  de  chimie  industrielle.  Sa  trans- 
lation à  Liège,  au  mois  d*octobre  sui- 
vant, fut  décidée  sur  sa  demande  ex- 
presse :  il  eut  mission  d'enseigner  la  chi- 
mie organique,  science  dont  on  s*ctait  i 
peine,  jusque  Id,  occupé  dans  nos  pro- 
vinces. L'Académie  royale  des  sciences 
de  Belgique  se  rattacha  dès  lors  en 
qualité  de  correspondant  (15  décem- 
bre); sa  nomination  comme  membre 
effectif  date  de  1842.  Il  a  été  nommé, 
en  1862,  directeur  de  la  classe  des 
sciences.  A  rUniversité,  il  a  reçu  le  titre 
de  professeur  extraordinaire  en  1838, 
et  (-«lui  de  professeur  ordinaire  en 
185G.  Après  la  mise  à  la  retraite  de  J.- 
Ch.-Ph.-Jos.  Delvaux  de  Fenffe  (v.  ce 
nom),  il  a  été  chargé  du  i^urs  de  chimie 
générale  ,  organique  et  inorganique. 
Quelques  années  après,  un  échange  d'at- 
tributions a  eu  lieu  entre  lui  et  M.  Chan- 
delon, qui  enseignait  la  chimie  indus- 
trielle, organique  et  inorganique.  M. 
Chandelon  lui  a  cédé  la  partie  orga- 
nique de  son  cours,  en  remplacement 


(*)  De  1833  k  1834,  il  a  exercé  la  méde- 
cine et  pratiqué  les  accouchements  k  Louvain  ; 
il  y  a  rempli  pendant  quelques  mois  les  fonc- 
tions de  médecin  des  pauvres  de  la  paroisse 
deN.-D.  des  fièvres. 


(  *)  L.  de  Buch,  Humboklt,  H.  et  G.  Rose, 
Nagnns  et  Poggendorf, à  Berlin;  à  Bonn, 
Goldfuss  et  Nœggeratb  ;  àMarbourg,  Worzer  ; 
iiHeidelberg,Gmelin,Geiger  etBraun  ;  àJena, 
Dœbereiner  ;  à  GœiUngae,  Wieaoler,  etc. 


7«9 


DEK 


790 


de  la  partfe  inorganique  de  la  diimie 
générale.  On  lui  a  confié,  de  plus,  uji 
cours  de  chimie  organique  approfondie, 
^  Taisage  des  élèves  qui  se  préparent 
audoctorat  en  sciences  naturelles.  — 
Les  publications  de  M.  de  Koninck  lui 
OBt  valu  un  grand  nombre  de  distinc- 
tions honorifiques  et  de  missions  spé- 
ciales, k  trois  reprfêes  différentes, 
rAdministratioo  du  Aluseiun  de  Paris 
a  eu  recours  à  ses  lumières.  En  1846, 
sur  la  proposition  de  MM.  Dut renoy  et 
Elle  de  Beaumont,  il  a  été  nommé  che- 
valierdela  L^ion d'honneur  ;rordrede 
Léopold  lui  a  été  conféré  en  1852  (il  a 
été  promu,  en  1868,  au  grade  d'officier; 
la  5*  classe  de  l'ordre  de  TAigle  rouge 
de  Prusse,  en  1855.  Les  rois  de  Prusse 
et  d'Italie  lui  ont  décerné  leurs  grandes 
médaille  d'or,  destinées  ji  récompenser 
les  travaux  scientifiques  importants;  il 
a  reçu ,  en  outre ,  d'honorables  témoi- 
gnages de  feienveiltanee  de  la  part  des 
rois  de  Danemarck  et  des  Pays-Bas  (  '  ). 
En  1853,  il  a  obtenu  de  la  Société 
géologique  de  Londres  le  subside  de 
^ollaston;  en  1852  et  en  1857,  il  a 
partagé  le  prix  quinquennal  des  scien- 
ces, institué  par  le  gouvernement  belge; 
la  première  fois,  avec  MM.  Van  Beneden 
et  Dumont,  la  seconde  fois,  avec  MM.  de 
Selys,  Kickx  et  Wesmael.  —  M.  de  Ko- 
ninck est  membre  titulaire  ou  corres- 
pondant de  l'Académie  de  médecine  de 
Belgique,  et  de  celles  des  sciences,  de 
Turin  et  de  Munich  ;  des  Sociétés  géo- 
logiques» de  Londres,  de  Dublin  et  de 
Berlin  ;  de  la  Société  philomatique  de 
Paris,  des  Sociétés  impériales  des  na- 
turalistes de  Moscou  et  de  minéralogie 
de  St-Pétersbourg  ;  de  la  Société  hol- 
landaise des  sciences  de  Harlem,  de  la 
Société  philosophique  américaine  de 
Philadelphie,  etc.,  etc.  —  En  1859  et 
en  1864,  il  a  fait  partie  du  jury  pour  le 
prix  quinquennal  des  sciences  mathé- 
matiques et  physiques,  la  dernière  fois 
en  qualité  de  membre  rapporteur;  il  a 
été  nommé,  en  1862,  membre  du  jury 
pour  le  prix  quinquennal  des  sciences 
naturelles,  et,  en  1869,  du  jury  chargé 


ée  décerner  le  prix  des  sHences  phy- 
siques et  mathématiques.  L'Académie 
l'a  délégué,  en  1859,  à  la  fête  sé- 
culaire de  la  fondation  de  TAcadémie 
de  Munich;  en  1861,  il  a  représenté  la 
classe  des  sciences  au  congrès  artis- 
tique d'Anvers.  —  En  1860,  il  a  été 
chargé  par  le  gouvernement  :  i**  de 
recueillir  les  fossiles  découverts  à 
Lierre  pendant  le  creusement  du  canal 
de  dérivation  de  la  Nèlhe  ;  S*»  comme 
membre  d'une  commission  d'enquête, 
d'examiner  les  travaux  du  puits  arté- 
sien d'Ostende  et  de  faire  l'analyse  des 
eaux  provenant  de  ce  puits.  En  186S, 
il  a  été  délégué  à  l'Exposition  interna- 
tionale de  Londres,  et  chargé  de  faire 
un  rapport  sur  les  substances  et  pro- 
duits chimiques;  en  1865,  il  a  été  l'un 
des  experts  désignés  par  le  tribunal  de 
première  instance  de  Bruxelles,  dans 
la  célèbre  affaire  Claes  de  Lembecq  ; 
enfin  il  fait  partie  depuis  l'origine,  avec 
M.  A.  Borgnet  (v.  c^  nom),  de  la  Com- 
mission des  pensions  de  l'enseigne- 
ment supérieur.  —  Voici  Ténumération 
des  principaux  ouvrages  de  M.  de 
Koninck  : 

1<»  Tabieau  êynoptique  des  principales 
combinaisons  chimiques.  Louvain  1855, 
deux  feuilles  in  piano. 

2°  Mémoire  sur  une  nouvelle  méthode 
de  préparer  la  salicine,  par  L  de  Ko- 
ninck et  Hensmans  (Bull,  de  l'Acad., 
t.  L,  1854). 

5<*  Note  additionnelle  an  précédent 
Mémoire  r/^  t.  Il,  1835). 

A"^  Sur  S'analyse  de  deux  calculs  d'un 
volume  considérable,  /'un  biliaire  et 
l'autre  rénal  (Ib.  t.  lll,  1856). 

^'^  Mémoire  sur  les  propriétés  de  la 
phloridùne.  Louvain,  1836,  in-8. 

6"*  Note  sur  Vemploi  de  la  phloridzine 
(Bull,  de  VAcad.  t.  IV,  1838). 

Dans  celte  note,  l'autenr  rend  compte  des 
expériences  qu'il  a  faites  pour  combattre  la 
fièvre  intermittente  au  moyen  de  la  phlorid- 
zine, substance  qu'il  a  découverte,  coi^oiate- 
ment  avec  M.  Stas,  dans  l'écorce  fraîche  des 


("*)  Le  roi  de  DajMmark  lui  a  expédié  une 
riche  bague  en  briUants  ;  le  roi  de  Hollande 
Uii  a  fait  don  d'un  exemplaire  de  la  magni* 


fique  Histoire  naturelle  de$  Colonkê  hoêlan- 
daiies,  publiée  en  3  vol.  in-fol.,avecun  grand 
nombre  de  planches  coloriées. 


•;9i 


DEK 


792 


racines  de  pommier.  Ces  expériences  ont  été 
continuées  en  Hollande  par  M.  Barning,  qui 
en  a  fait  le  sujet  d'une  thèse  inaugurale. 

7°  Deêcription  des  coquilles  fossile^ 
de  Cargile  de  Basele,  Boom,  Sizèlle,  etc* 
(Mém.deVAcad.,  t.  XI,  ÎD-i*',  avec  l 
|)l.  ;  4837). 

8^  Eléments  de  chimie  inorganique. 
Liège.  1859,  ln-8». 

9^  Note  sur  la  populine  (Bullet.  de 
rAcad,,  t.  Vil,  première  p.  1840). 

iO^  Ml  moire  sur  les  crustacés  fos- 
siles de  la  Belgique  (Mém.  de  fAcad.,  t. 
XVI,  iD-4^  avec  i  pi.  1841). 

!!•  Notice  sur  le  sulfocarbamylate  de 
potasse (B.  derAcad.,X.l\,^  p.,  1842). 

lî<»  Examen  comparatif  des  garances 
de  Belgique  et  des  garances  étrangères, 
par  L.  de  Koninck  et  J  -J.-P.  Cbande- 
ion  (Mém^  de  la  Soc.  des  Sciences  de 
Liège,  l.  1,  1842). 

15°  Notice  sur  t existence  des  ché- 
Ioniens  fossiles  dans  Vargile  de  Basele 
(B-  de  VAc.  t.  X,  prem   partie,  1845). 

44°  Sur  une  coquille  fossile  des  ter- 
rains  anciens  de  la  Belgique  (Ibid.). 

15°  Description  des  animaux  fossiles 
du  terrain  carbonifère  de  la  Belgique. 
Liège,  1842-1851,  un  vol.  in-4<>  avec 
suppiém.  et  70  planches. 

C'est  l'ouvrage  le  plus  complet  qui  ait  paru 
en  Europe  sur  ces  animaux.  Il  comprend  la 
description  détaillée  et  les  figures  de  434  es- 
pèces, dont  206  nouvelles,  ramenées  à  85 
genres,  dont  7  nouveaux.  M.  de  Koninck  dé- 
montre que  toutes  leis  espèces  décrites,  sauf 
une  sur  laquelle  il  reste  des  doutes,  sont  pro- 
pres aux  couches  carbonifères,  ne  descendent 
pas  dans  des  couches  plus  anciennes  et  sont 
éteintes  dans  les  couches  plus  modernes. 

16°  Rapport  au  Conseil  de  salubrité 
publique  de  Li^e,  Sur  Vemploi  de  cer- 
tains appareils  de  chauffage,  dits  poêles 
de  Robert  WhUe.  Liège,  1844,  in-8°. 

17°  Notice  sur  quelques  fossiles  du 
Spilzberg  (Bull,  de  PAcad,,  t.  XIII,  !'• 
partie,  1846). 

18°  Nouvelle  notice  sur  les  fossiles  du 

(  *  )  Les  conclusions  de  AI.  de  Koninck  on 
été  confirmées  par  M.  Davidson  et  d'autres 
géologues. 

(  *  )  M.  Gauthy  était,  k  l'époque  où  ce  tra- 


Spit%berg,  avec  I  pi  (Ib.,i.  XVI,  2* p., 
1849). 

Dans  ces  notices,  l'auteur  constate  que  les 
fossiles  qu'il  a  observés  appartiennent  an  ter- 
rain permien  et  non  au  carbonifère,  comme 
on  l'avait  cru  jusqu'alors. 

19°  Noticesurdeux  espèces  de  Brachio- 
podes  du  terrain  paléozoîque  de  la  ChîMe^ 
avec  i  pL  (Ib.,  t. XIII,  2°  p.,  1846). 

Démonstration,  par  l'étude  de  ces  fossiles 
(Spiri/er  et  AtbyrU) ,  de  l'existence,  non 
constatée  antérieurement,  du  terrain  dévonien 
en  Chine  (*)• 

20°  Notice  sur  la  valeur  du  caractère 
paléontologique  en  géologie,  en  réponse 
à  une  notice  publiée  sous  le  même  titre 
par  A.  bumonifib.,  t.  XIV,  2°p.,  1847). 
—  V.  Part.  DmoNT. 

M.  de  Koninck  soutient,  contrairement  k 
Dumont,  que  non-seulement  on  peut  détermi- 
ner d'une  manière  rigoureuse  l'âge  des  ter- 
rains au  moyen  des  fossiles,  mais  encore  ar- 
river plus  promptement  k  cette  détermination, 
et  dans  des  cas  où  la  stratigraphie,  abandon- 
née k  ses  propres  ressources,  serait  impuis- 
sante k  débrouiller  le  chaos. 

21°  Discours  sur  les  progrès  de  la  pa- 
léontologie en  Belgique  (Ib.,  t.  XVIIN 
2«  p.,  1851). 

22°  Bionographie  du  genre  ProducUis 
(Mém,  de  la  Soc.  royale  des  scdeUége, 
l  IV,  1847,  avec!  pi.). 

25°  Recherches  sur  les  animaux  fos- 
siles, 1'*  partie.  Liège,  1847,  in-4°,  avec 
21  pi. 

Monographie  des  genres  Produetus  et  Cho- 
retet.  Il  y  est  démontré  que  chaque  espèce 
est  caractéristique  pour  l'étage  qui  la  ren- 
ferme. 11  y  est  en  outre  proposé  une  nou- 
velle méthode  de  classement  pour  ces  deux 
genres.  L'ouvrage  est  précédé  d'une  iisie 
bibliographique  et  chronologique  de  tons  les 
livres  publiés  sur  la  matière. 

24°  Sur  remploi  des  vases  en  zinc  dans 
Véconomie  domestique  et  agricole ,  par  L. 
de  Koninck  et  E.  Gauthy  (Ann,  du  Con- 
seil de  salubrité  de  Liège,  t.  III,  1851, 
in-8o). 

Les  auteurs  démontrent  par  des  expé- 
riences nombreuses  que  l'emploi  de  ces  vases 
est  dangereux  pour  la  santé  (  '  ). 

vail  parut,  préparateur  de  chimie  à  l'Univer- 
sité de  Liège  (il  avait  succédé  k  M.  Is.  Knpf- 
ferschlaegcr  en  1844).  Depuis  lors,  il  a  ensei- 
gné la  physique  et  la  chimie  k  l'Athénée  royal 


793 


DEK 


794 


25«  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de 
P"L^-C.'E.  Louyet,  avec  portrait  (An- 
nuaire de  VAcad.  1851). 

26*  Notice  sur  k  genre  Davidsonia 
(Mém,  de  la  Soc.  royale  des  8c>de  Liéae. 
I-  VIII,  «52,  avec  p|.). 

,r,.*r  ^^/*^  *^  '*  ^^^<^  Hypodema 
(IM,,  pi.). 

28*  Recherches  sur  les  crinoîdes  du 
terrain  carbonifère  de  la  Belgique,  par 
L.  de  Koninck  et  H.  Lehon  (Mém.  de 
rAcad.y  t.  XXVIII,  in.4«,  avec  7  pi., 
1855). 

Dans  ce  travail,  les  autears  proposeol  une 
nou?elle  oomeDcIature  destinée  à  faire  cod- 
naître  les  diverses  parties  dont  se  composent 
les  Crinoîdes.  Cette  nomenclatare a  ëté  géné- 
ralement adoptée  par  les  naturalistes. 

29*  Notice  sur  un  nouveau  genre  de 
crinoîdes  du  terrain  carbonifère  de  l' An- 
gleterre, avec  1  pi.  (IbJ. 

30*  Notice  sur  la  distribution  de  quel- 
ques fossiles  carbonifères  (Bull,  de  TA- 
eod,  t.  XXIII,  2*p.,1856). 

3i*»  Sur  deux  nouvelles  espèces  appar- 
tenant au  genre  Chiton,  avec  p|.  (Id. 
2*sérle,l.  III,  1857). 

32*  Sur  quelques  crinoîdes  paléozoî- 
ques  nouveaux  de  fAuffleterre  et  de  VE- 
cosse,  avec  pl.  (Ib.,  t.'lV,  1858). 

52^"  On  two  neuf  gênera  of  British 
palœozaicCrinoîds,  avec  pl.  (The  Geolo- 
ffisl,  in-8%  1858). 

Traduction  daN*  précédent. 

ZZf>Onanew  genus  of  Crinoîdes,  dis- 
covered  in  the  mountain  limestone  of 
SwaUdale,  by  Edw,  Wood ,  with  a  des- 
cription of  the  genus  by  professor  L.  de 
Koninck,  of  Liège,  avec  pl.  ((kologist, 
i  858). 

34*  On  the  genus  Woodocrinus,  by  L. 
de  Koninck  and  Edw.  Wood  (Rep.  of 
the  British  Association,  etc.,  1857). 

35*  Rapport  sur  une  découverte  d'os- 
sements fossiles  faiU  à  Si-Nicolas  (Bull, 
de  VAcad.,  t.  VIII,  1859). 

36*  De  fm/luence  de  la  chimie  sur  les 

de  Liège,  puis  k  l'Athénée  de  Bruxelles  :  il  est 
aojonrd'bui  directeur  du  Musée  de  l'industrie 
de  cette  dernière  ville.  M.  Gautby  a  été  un 
membre  trèsactif  du  Conseil  de  salu'urité  de 


progrès  de  Vindustrie  (Discours).  ïbid. 
t.  XIV,  1862. 

37*  Rapport  sur  V Exposition  de  Lon- 
dres; substances  et  produits  chimiques. 
(Documents  et  rapp.  du  jury,  t.  II), 

38*  Description  ofsonce  fossils  ofln- 
dm,  discovercd  by  D"  Fleming  of  Edin- 
burgh,  avec  7  pl.  (Quart,  journal  ofUie 
geol.  Society  for  February18C3,  in-8°). 

59*  Mém,  sur  les  genres  et  les  sous- 
genres  des  Brachiopodes  munis  d^appa- 
reils  spiraux  destinés  au  soutien  des  bras 
buccaux,  et  sur  leurs  espèces  découvertes 
dans  les  lies  Britanniques  par  Davidson  ; 
traduit  et  augmenté  de  quelques  notes 
par  L.  de  Koninck.  Avec  2  pi.  (Mém.  de 
la  Soc-  royale  des  sciences  de  Liéae.  t. 
XVI,  1861).  ^ 

40«  Notice  sur  le  Palœdaphusinsignis, 
par  Van  Beneden  et  de  Koninck,  avec  2 
pl.  (Bull,  de  VAcad.,  t.  XVII,  1864). 

41*  Rapport  sur  Veau  minérale  du 
puits  artésien  d'Ostende  et  analyse  de 
cette  eau  (Ibid.), 

42*  Rapport  au  nom  du  jury  pour  le 
prix  quinquennal  des  sciences  physiques 
et  mathématiques  (!bid.), 

43*  Résumé  de  la  théorie  chimique  des 
types.  Bruxelles,  1865,  in-12o. 

44*  Rapport  sur  les  analyses  chimiques 
faites  pendant  Vautomne  de  Vannée  186G 
à  la  demande  du  ministre  du  commerce 
de  PiiMse,  à  Voccasion  des  recherches 
de  raffinage  exécutées  à  Cologne,  sur  le 
sucre  brut  extrait  des  betteraves,  par  le 
D' Landolt,  prof,  de  chimie  à  TUniv.  de 
Bonn,  irad.  de  Fallem.  par  L.  de  Ko- 
ninck, M.  D.,  etc.  (Revue  univ.,  1869.) 

Mémoire  très-important,  parce  qu'il  ren- 
ferme les  divers  résultats  obtenus  par  le  tra- 
vail de  plus  de  8000  centner  ou  40,000  kil. 
de  sucre  brut,  travail  qui  a  été  suivi,  avec  le 
plus  grand  soiri,  dans  tous  ses  détails,  par 
l'auteur.  Il  est  à  remarquer  que  ces  recher- 
ches ont  été  entreprises  k  la  suite  de  l'en- 
quête ordonnée  par  les  gouvernements  belge, 
français,  anglais  et  néerlandais,  pour  con- 
stater le  rendement  qui  devait  servir  de  base 

Liège  ;  k  Bruxelles  J!  a  collaboré  assidûment 
à  la  Hei'ue  populaire  de»  seieneex  et  s'est 
beaucoup  occupé  de  la  question  des  réformes 
k  introduire  dans  l'enseignement  moyen. 


795 


DEL 


796 


à  ia  oonvenlion  passée  entre  ces  gouverne- 
ments le  8  novembre  4864. 

45<»  Tableaitx  des  principales  séries  de 
composés  organiques,  à  Tusage  desélèves- 
Liège,  4867,  în-12^ 

M.  de  Koninck  a  introduit  le  premier,  en 
Belgique,  dans  l'enseignement  de  la  chimie, 
la  théorie  unitaire,  aujourd'hui  assez  généra- 
lement admise.  C'est  pour  en  faciliter  l'étude 
à  ses  élèves  qu'il  a  publié  son  Résumé  et  ses 
Tableaux, 

N.  B.  C'est  d'après  des  notes  fournies  par 
M.  de  Koninck  à  sir  Roderick  Murchison  (  •  ), 
que  cet  illustre  géologue  a  décrit  les  terrains 
paléozoîques  de  la  Belgique,  dans  son  remar- 
quable ouvrage  intitulé  :  Situria,  The  history 
of  the  oidest  fossHiferous  rocks  and  tkeir 
fmtndatioM.   Third  édition,  4889  (V.  pages 
323,  347,  421-437).  —  «  La  formation  car- 
»  bonifère  de  la  Belgique,  qui  a  une  si  grande 
»  importance  industrielle,  n'en  a  pas  moins 
»  sous  le  rapport  scientifique.  Ses  caractères 
»  avaient  déjà  bien  été  indiqués,  il  y  a  plus 
»  d'un  demi'Siècle,  par  M.  d'OroaUus-d'Hal- 
»  loy  ;  mais  elle  a  trouvé  depuis,  dans  A.  Du- 
»  mont,  un  géologue  éminent  qui,  dès  4830, 
»  en  exposait  tous  les  incidents  stratigra- 
»  phiques  avec  une  rare  habileté,  et  dans  M. 
»  de  Koninck  un  paléontologiste  non  moins 
»  distingué,  qui  en  a  fait  connaître  les  formes  » 
(Géologie  et  paléontologie,  par  d'Archiac,  de 
l'Institut.  Paris. 4866,  p.480).  Sir  Ch.  Lyell 
a,  de  son  côté,  misa  profit  les  observations 
du  savant  belge.  On  lit  dans  son  Mémoire  sur 
les  terrains  tertiaires  de  la  Belgique  et  de  la 
Flandre  française  (Trad.  par  MM.  Ch.  Le 
Hardy  de  Beaulieu  et  Toilliez,  Ann.destrav, 
publics  de  Belgique,  t.  XIV,  et  séparément, 
Brux.,  4856,  in-8«,  p.  69):  «  Quand,  dans 
»  mes  Principes  de  géologie, iû  rangé  le  bas- 
»  siA  de  Mayence  dans  la  formation  miocène, 
»  ma  classilicaiion  était  défectueuse  sous  ce 
»  rapport,  car  M.  de  Koninck  m'a  indiqué,  en 
»  4850,  les  raisons  qu'il  avait  depuis  plu- 
»  sieurs  années  ,  d'admettre  qu'une  grande 
»  partie  des  fossiles  de  Mayence  correspon- 

>  dent  à  ceux  de  Rupelmonde  et  du  Lim- 
»  bourg.  H.  Bosquet  m'a  fait  remarquer  de- 

>  puis,  que  cette  concordance  a  lieu  avec 
»  l'étage  moyen  et  non  avec  l'étage  inférieur 
»  du  Limbourg.  »  —  Un  grand  nombre  d'es- 
pèces fossiles  ont  été  dédiées  à  M.  de  Ko- 
ninck par  la  plupart  des  -paléontologistes 
modernes.  Deux  genres  portent  également 
son  nom  et  ont  été  désignés,  l'un  par  M.  Da- 
vidson,  sous  le  nom  de  Koninckina,  l'autre 

(*)  Sir  R.  Murchison  s'exprime  comme 
suit,  p.  418  de  Touvrage  que  nous  citons  -. 
The  anthùrity  ofM,  de  Koninek  will  in  thê 


par  MM.  Milne-BdwardsetHaime,8ouseelai 
de  ICoHiTtckia, 

De  L.aveleye(ÉMILE-LÔUlS-VlCT.), 

0.  3g:,  né  à  Bruges  le  5  avril  1822, 
commença   ses  humanUéaà  rAlkénée 
de  cette  ville,  et  passa  ensuite  qwilrc 
ans  à  Paris,  au  Collège  Stanislas,  d  où 
il  sortit  chargé  de  couronnes  scolaires. 
Il  fit  sa  philosophie  à  Louvain,  son 
droit  à  Gand,  fut  lauréat  du  concours 
universitaire  en  1^44,  subit  son  exa- 
men final  en  4846 ,  et  finit  par  fixer  sa 
résidence  à  Gand  ,  où  il  fui  un  peu 
avocat  et  beaucoup  homme  de  lettres. 
L'élude  des   anciennes   civilisations, 
Thistoire  littéraire,  la  politique,   les 
questions  sociales  et  économiques  le 
passionnèrent  tour  à  tour  ;  la  direction 
qu'il  imprima  dans  les  derniers  temps 
à  ses  études  le  prépara,  peut-être  à  son 
insu,  à  renseignement  universitaire. 
En  tous  cas,  le  gouvernement  le  com- 
prit ainsi;  la  chaire  d'économie  poli- 
tique et  d'économie  industriene,  deve- 
nue vacante  à  TUniversilé  de  Liège,  en 
1864,  par  suite  de  la  mise  à  la  retraite 
de  M.  Hennau,  fut  offerte  à  M.  de  U- 
valeye,  qui  reçut,  par  arrêté  royal  du 
28  mai,  le  litre  de  professeur  extraor- 
dinaire.  Sa  promotion  à  Tordinariat 
date  du  12  octobre  de  Tannée  suivante; 
en  1866-67,  il  a  rempli  les  fonctionsde 
secrétaire  académique.  Dans  le  cours 
de  celte  même  année,  TAcadémle  royale 
de  Belgique  se  Test  attadié  à  titre  de 
membre  correspondant  ;  enfin,  en  1867, 
il  a  été  appelé  à  siéger,  dans  ia  seclioD 
des  beaux-arts,  au  jury  international  de 
l'Exposition  universelle  de  Paris.  11  est 
chevalier  de  l'ordre  de  Léopold  depuis 
le  15  février  1868,  date  de  la  remise 
solennelle  des  récompenses  décernées 
aux  jurés  et  aux  exposants  belges.  Les 
éludes  variées  et  les  nombreux  voyages 
de  M.  de  Laveleye  ont  contribué  à  don- 
ner à  son  enseignement  et  à  ses  écrits 
un  caractère  essentiellement  pratique 
et  instructif  et  un  intérêt  d^actualHé, 
qui  ne  font  que  mettre  en  plus  haut 
relief  les  idées  générales  donl  il  en- 

sequel  be  cited  in  support  ofviews  simUarto 
my  own. 


797 


DEL 


798 


treprend  la  démonslratîon.  Voici  la  liste 
aussi  complète  que  possible  de  ses  ou- 
vrages ; 

i"  Texte (TnnAIhumcrOatfnde/invtS' 
tré  par  M.  Ghéraar. 


CooMdéfM  «ttrtoat.  illiMtros  Seifcoearie», 

Combien  lantonr  est  jenoe,  et  o^entuoo  premier  pa«. 

**  La  langue  et  la  littérature  proven- 
çales, mémoire  couronné  au  concours 
universitaire  (Ann.  des  Universités  de 
Belgique,  i844). 

3<>  Histoire  des  rois  Francs.  Bru- 
xelles, i%él,^w\.in'{^  (Bibliothèque 
nationale,  collection  Jamar). 

Imitation  des  Réetts  des  temps  mérovin- 
giens  d'Augustin  Thierry. 

4*»  Larmée  et  renseignement.  Bru- 
xelles, Decq,  1848,  brochure  in-8^ 

L'auteur  dUblit  que  le  meilleur  moyen  de 
consolider  la  natiooailtd  belge,  c'est  de  ré- 
pandre l'instruction  dans  le  peuple,  d'y  con- 
sacrer des  millions  et,  pour  les  oblenir ,  de 
réduire  le  budget  de  la  guerre. 

5^  Le  S^Mt belge.  Gand.  Noste,  4849, 
brochure  in-8». 

Le  Sénat  peut  devenir  on  përl{  en  temps 
de  crise,  car  il  est  constitué  sur  une  base 
peu  rationnelle.  Dans  une  époque  démocra- 
tique comme  la  nôtre,  il  est  dangereux  de 
donner  le  droit  de  veto  à  la  richesse  :  c'est 
la  désigner  à  rhoslilité  des  classes  infé- 
rieares.  En  faisant  élire  les  représentaols  et 
les  sénateurs  par  les  mômes  électeurs,  on 
viole  la  notion  du  système  représentatif.  Si, 
en  eflfet,  ces  deux  corps  viennent  à  différer 
d'opinion,  l'un  des  deux  cesse  de  représen- 
ter ses  commettants.  La  combinaison  adr»p- 
tée  en  Amérique  et  en   Hollande  est  bien 
mieux  entendue  que  le  système  belge. 

6*»  Différents  articles  (anonymes) 
dans  la  Flandre  libérale  (Gand,  1848- 
49)  :  1»  à  propos  des  lettres  de  M  Mi- 
chel Chevalier  sur  VorganisatUm  du 
travail;  2*  sur  le  communisme  (2  art.); 
3*  sur  les  expositions  de  tableaux  de 
Gand  et  de  Bruxelles  ;  4«  sur  remploi 
de  l'armée  aux  travaux  publics  (sys- 
tème du  colonel  Eenens)  ;  5°  sur  la  si- 
tuation politique. 

7«  Différent»  articles  de  critique 
économique,  religieuse  et  littéraire, 
publiés  (de  4856  à  4859)  dans  la  Lihre 
recherche  (revue  fondée  à  Bruxelles  par 
M.  Pascal  Duprat)  et  dans  la  Revue  tri- 
mestrielle-, réunis  depuis  en  un  volume 


intitulé  :  Questions  contemporaines, BnX" 
xelles  et  Paris  Jibrairie  internationale. 
4865,  in-i2o). 

Si^ets  traités  :  i»  la  question  religieuse 
dans  les  pays  catholiques  ;  i«  de  l'avenir  du 
catholicisme,  k  propos  du  livre  de  MM. 
Huet  et  Bordas  :  La  ré/orme  catholique;  3« 
Le  parti  catholique  en  Belgique;  4»  Ëtude 
critique  sur  le  livre  de  Proudhon  :  La  Justice 
dam  ta  Révolution  et  dans  C Eglise;  fi<»  Le 
communisme  ;  6»  Du  progrès  des  peuples 
Anglo-Saxons  ;  7o  Les  coulisses  d'un  grand 
règne  ;  S»  Le  mouvement  littéraire  en 
France  depuis  4830. 

8°  Débats  sur  Vorganisation  de  ren- 
seignement primaire  dans  les  Chambres 
hollandaises.  Gand  ,  Vanderhaeghen . 
4858,  in-8«.  *       ' 

9«  VEnseignement  obligatoire.  Bru- 
xelles, Rosez,  1859,  broch,  in-8^ 

Exposition  des  arguments  qui  militeot  en 
faveur  de  ce  système. 

10*»  La  question  de  Vor.  Gand,  Hoste, 
1860,  broch.  in-8«, 

L'auteur  se  prononce  contre  la  démonéti- 
sation de  l'argent  et  s'efforce  de  montrer 
que  la  Belgique,  ayant  le  même  système  mo- 
nétaire que  la  France,  doit  aussi  avoir  la 
môme  monnaie.  II  réclame  donc  le  cours 
légal  pour  l'or. 

il"  Étude  sur  le  livre  de  MM.  Fisco 
et  Vanderstraeten  :  Les  taxes  locales 
en  Angleterre  (Revue  britannique,  i^QO, 

là**  Étude  sur  les  banques  populaires 
en  Allemagne  (ibid.,  1861, 1. 1). 

43«»  Étude  sur  la  formation  de  l'épo- 
pée germanique  (Revue  germtmque , 
1861). 

14°  £exiVt>Mfm^en,  traduction  nou- 
velle, précédée  d'une  étude  sur  la  for- 
mation de  Fépapée.  Paris,  Hachette, 
un  vol.  in-i8o  Jésus  (Bibliothèque  va- 
riée), 4~  édition,  1864;  2«  édition, 
4866,  avec  la  traduction  des  chants 
héroïques  de  VEdda  ayant  rapport  aux 
Niebelungen.  (Ici  Tlntroduction  est  in- 
titulée :  Etude  sur  la  formation  des 
épopées  nationales). 

r.elte  publication,  importante  en  ce  qu'elle 
a  pleinement  révélé  aux  lecteurs  français 
des  Irésors  littéraires  dont  les  travaux  de 
M.  Ampère  lui-même  n'avaient  pu  leur  don- 
ner qu'une  Idée  Inexacte  et  Incomplète,  l'est 
encore  au  point  de  vue  des  grandes  contro- 


799 


DEL 


800 


verses  fraochemént  «bordées  dans  l'inlro- 
doction.  M.  de  Laveleye  discute  à  fond, 
cntr'aotres,  l'opinion  émise  par  Lachmann, 
sons  rinfluence  des  systèmes  de  Wolf,  an 
sujet  de  la  formation  et  de  la  rédaction  déû- 
nitive  d^  l'épopée  allemande,  qu'il  met  en- 
suite en  parallèle  avec  le  cycle  des  traditions 
irlandaises.  La  presse  d'Outre-Rhin  et  les 
journaux  français  (enlr'autres  le  Journal  des 
débats  et  la  Revue  de  t instruction  publique) 
ont  accordé  une  attention  sérieuse  à  son 
travail  ;  on  consultera  surtout  avec  fmit,  à 
propos  de  la  deuxième  édition,  un  article 
étendu  et  consciencieux  de  M.  Albert  Ré- 
ville,  publié  dans  la  Revue  des  Deux-Mondes 
du  i5  décembre  1866. 

\^^  Les  forces  productives  de  la  Lom- 
hardie  (Revue  des  Deux-Mondes,  i  859). 

16*  Économe  rurale  de  la  Belgique 
(ilrid.  1860  et  1861  ;  4  articles).  —  V. 
ci-après. 

17®  La  crise  religieuse  au  XIX' siècle 

(Ibid,  1865). 

Cet  article  a  été  traduit  en  hollandais  par 
M.  Pirson. 

18®  VÉconomie  rurale  de  la  Suisse 
(Ibid,  1863). 

Les  n»*  15  et  18  viennent  d'être  réunis  en 
un  volume  in-18,  publié  à  Bruxelles  (1869) 
sous  le  titre  :  La  Lombardie  et  la  Suisse 
(Etudes  d'économie  agricole'. 

lO"*  Marina,  souvenir  de  la  vie  des 
artistes  à  Rome  (Ibid.  1865). 
Nouvelle. 

20®  VÉconomie  rurale  dans  les  Pays- 
Bas  (Ibid.  1863  et  1864). 

Les  articles  mentionnés  sous  les  n^*  18  et 
âO  ont  été  publiés  séparément  en  deux  vo- 
lumes respectivement  intitulés  :  VEconomie 
rurale  de  la  Relgique  (Lacroix  et  Yerboc- 
khoven,  1863  et  1864,  deux  éditions;,  et 
L Economie  rurale  de  la  Nterlande,  id.  1865, 
in-12. —  Charun  de  ces  ouvrages  a  été  l'objet 
d'un  rapport  de  H.  Léonce  de  Lavergne  à 
l'Institut  de  France.  Tous  deux  ont  été  tra- 
duits en  flamand  pkr  M.  Boone  et  publiés  k 
Gand. —  L'auteur  décrit  le  caractère  distinctif 
de  chaque  région  agricole  de  la  Belgique  et 
de  la  Mécrlandc,  établit  comment  le  travail 
accumulé  de  cinquante  générations  a  trans- 
formé le  territoire  ingral  des  Flandres  en  une 
des  contrées  les  plus  fertiles  de  la  terre, 

(*j  Cette  publication,  dont  il  existe  une 
traduction  allemande,  attira  dès  son  appari- 
tion l'attention  de  la  Commission  d'enquête 
sur  la  circulation  fiduciaire,  créée  à  Paris  en 


étudie  avec  le  même  soin  le  Brabant,la  Cam- 
pine,  la  Uesbaye ,  le  Rainant  et  l'Ardenne, 
pénètre  jusque  dans  les  coins  les  plus  reculés 
de  la  Néerlande ,  discute  les  procédés  en 
usage,  résume  les  progrès  accomplis,  et  se 
livrant  k  des  comparaisons  fécondes  avec 
l'agriculture  anglaise,  s'élève  k  des  vues 
d'ensemble ,  aboutit  enfin  à  des  conctusioDs 
pratiques  tirées  des  faits  eux-mêmes  et  des 
enseignements  de  l'économie  politique.  (Y.  le 
Journal  des  économistes  de  septembre  1863, 
etc.,  et  le  Rapport  de  H.  de  Boe  sur  le  con- 
cours quinquennal  des  sciences  morales  et 
politiques,  1866). 

21®  Les  partis  en  Belgique  (Revae 
des  Deux-Mondes,  18G4). 

22®  Les  crises  commerciales  et  moné- 
taires (Ibid.  1865;  deux  articles). 

25®  Le  marché  monétaire  depuis  ctn- 
quante  ans.  Paris,  Gulllaumin,  1865, 

in-8®{*). 

L'auteur  s'attache  k  rechercher  les  causes 
des  crises  qui  se  sont  périodiquement  pro- 
duites, depuis  le  commencement  de  ce  siècle, 
dans  la  circulation  fiduciaire  et  monétaire. 
«  Il  indique  les  moyens  qui  serateat  de  na- 
ture, sinon  k  en  empêcher  le  retour ,du  moins 
à  les  rendre  plus  rares  et  moins  intenses 
dans  leurs  effets.  Il  ne  croit  pas  qu'elles 
aient  pour  origine  l'excès  de  la  productioa, 
une  trop  grande  émission  de  billets  de  ban- 
que, une  sarabondance  de  capital,  oa  le 
brusque  retrait  des  sommes  déposées  cbei 
les  banquiers.  Les  causes  se  trouvent,  seloo 
lui  :  1»  dans  l'excès  du  crédit  sous  toutes  5es 
formes  et  porté  au  point  qu'il  réduit,  dans  de 
trop  fortes  proporUons,remploi  de  la  monnaie 
métallique;  S<*  dans  un  commerce  dont  Té- 
tendue  nécessite  de  temps  k  autre  l'exporta- 
tion d'une  grande  quantité  de  numéraire  qoi, 
strictement  limité  aux  besoins  d'une  circu- 
lation normale  ,  devient  rapidement  insofli* 
sant  ;  3o enfin,  dans  la  surabondance  des  opé- 
rations k  terme ,  soit  par  achat  de  marchaa- 
dises,  soit  par  des  souscriptions  à  des  entre- 
prises dont  le  capital  n'est  pas  immédiate- 
ment exigible.  —  Tout  en  constatant  que  la 
circulation  fiduciaire  des  billets  de  banque 
est  minime  en  comparaison  de  la  circulation 
fiduciaire  générale,  l'auteur  recommande  de 
larges  approvisionnements  métalliques  dans 
les  caisses  des  institutions  de  crédit,  à  l'aide 
desquels  on  puisse  satisfaire,  dans  une  juste 
mesure,  aux  demandes  d'exportation,  il  pres- 

1865.  Unquestionnairefnt adressé  klanUiBr: 
sa  réponse  est  insérée  au  tome  V  du  coaipte- 
rendu  de  l'enquête. 


801 


DEL 


m 


crit  la  hausse  du  taux  de  Tescompte  en  temps 
opportun,  lorsque  le  change  indique  un  drai- 
nage prolongé  du  numéraire.  M.  de  Laveleye 
estime  que  la  liberté  des  banques  d'émission, 
loin  de  prévenirleserises  monétaires,  aggra- 
verait celles  qui  Tiendraient  à  éclater.  L'obli- 
gation pour  les  banques  d'allouer  un  intérêt 
sur  les  dépôts  qu'elles  reçoivent  n'exercerait 
sur  les  perturbations  qu'une  faible  influence. 
La  création  des  billets  à  rente  portant  un  in- 
térêt journalier  serait  des  plus  utiles,  mais  à 
un  autre  point  de  vue.  Ils  devraient  être  émis 
par  l'Etat,  et  remplacer  les  titres  de  la  dette 
flottante  ;  ils  seraient  remboursables  k  éché- 
ances déterminées  et  recevables  en  payement 
des  contributions.  C'est  le  système  des  bons 
de  l'échiquier,  tel  que  M.  Gladstone  l'a  éubli 
en  Angleterre.  L'auteur  traite  une  sérié 
d'autres  questions,  celle  des  billets  de  banque 
non  remboursables,  celle  de  l'augmentation 
du  capital  des  banques  privilégiées  et  celle 
de  l'emploi  de  ce  capital.  Il  étudie  enfin  la 
charte  de  la  banque  d'Angleterre  île  f  814, 
et  examine  les  attaques  dont  elle  a  été  fré- 
quemment l'objet  et  qui  lui  partissent  les  unes 
injustes  et  les  autres  fobdées.  »  (fl.  de  Boe, 
Rapport  préciié)»  —  L'ouvrage  de  M  d)  La- 
veleye ayant  été  publié  à  l'étranger,  a  dû  être 
mis  hors  concours  en  4866. — Nous  croyons, 
par  parenthèse,  devoir  rcicverune  apprécia- 
tion de  l'honorable  rapporteur.  Il  résulte  de 
Tensemble  des  écrits  de  M.  de  Laveleye  qu'il 
ne  peut  être  rangé  parmi  les  économistes 
«  qui  maintiennent  rigoureusemeniréoonomie 
politique  dans  les  limites  qu'elle  se  fixa  à 
l'origine,  et  lui  assignent tfdrci«itivemeiii  pour 
objet  la  production,  la  distribution,  la  circu- 
lation et  la  consommation  des  richesses  >. 

24*  Le  Mont-Rou  et  les  Alpes  pen- 
nines  (Revue  des  Deux-Mondes,  1865)« 

25^  Uenseignemeni  du  peuple  au  XIX* 
siècle  (IHi.,  1865  et  1866,  quatre  ar- 
ticles). 

Étude  comparative  des  systèmes  d'instruc- 
tion primaire  en  vigueur  chez  les  principales 
nations  civilisées,  et  appel  k  la  diÂTusion  des 
lumières  dans  toutes  lesclasseade  la  société, 
comme  le  plus  sûr  moyen  de  prévenir  les 
crises  morales.  —  Ces  art.  ont  été  traduits 
en  hollandais  et  en  suédois ,  et  publiés  sous 
forme  do  volume  par  les  traducteurs. 

26®  La  monnaie  internationale,  Pro- 
jetée  convention  monétaire  f/W.,i867). 

27®  L'Allemagne  depuis  la  guerre  de 
1866  (Ibid.,  1 867-1 8G9;  neuf  articles). 

4»  Les  agrandissements  et  les  armées  de 
la  Prusse  ;  2*  Le  sol  de  la  Prusse  et  la  con- 
stitution de  la  propriété  ;  3^  Les  progrès  ré- 
cents de  Tagricttlture  en  Prusse  ;  4<»  Le  mou- 


vement unitaire  germanique  et  la  Confédéra- 
tion du  Nord;  5«  L'Autriche  et  sa  constitution 
nouvelle;  6*  La  Hongrie,  ses  institutions  et 
son  avenir  ;  T  Les  nationalités  en  Hongrie 
et  les  Slaves  du  Sud  (Yougo-Slaves^;  8<>Deak 
Ferenes;  9«  Le  Concordat  autrichien.  —  Il 
4ù\i  paraître  vu  dixième  article  (sur  la  Bo- 
hême). One  traduction  allemande  de  cet  im- 
portant travail ,  réuni  en  vol.,  est  en  cours 
de  publication. 

28®  Discours  prononce  à  la  distribu- 
tion des  prix  du  concours  universitaire 
et  du  cGDConrs  général  des  établisse- 
ments d'instruction  moyenne,  le  25 
septembre  1867. 

Surrintervention  de  l'Etat  dans  renseigne- 
ment (indispensable  en  Belgique). 

29®  Étude  de  géographie  économique, 
h  propos  du  voyage  de  circumnaviga- 
tion de  la  frégate  aotriebienne  IzNo- 
vara  et  des  relations  publiées  par  M. 
Von  Scherzer  (Revue  da  deux  mondes, 
15  janvier  1868). 

50®  Léopold  I  et  la  Belgique  (Ibid^ 
15  Janvier  1H69). 

A  propos  des  ouvrages  de  Mil.  Vymaoa, 
Juste  et  Tbonissen  sur  le  règne  de  Léopold 
I*',  l'auteur  aborde  la  question  de  politique 
générale  et  fait  voir  combien  l'indépendance 
des  provinces  belges  est  nécessafre  k 
l'Eurcq  e. 

31®  Rapp,  sur  V Exposition  univer- 
selle de  Paris,  —  Peinture ,  sculpture  ^ 
gravure,dessin  d'architecture  et  bronzes 
d*art.  Paris,  1868,  in-8®. 

52®  La  question  du  grée  et  la  réforme 
de  Renseignement  mogen.  Bruxelles,  A. 
Lacroix  et  C^  1969,  in-8®. 

Ce  vol.  reproduit  les  lettres  échangeai 
entre  M.  de  Laveleye  et  M.  F.  Bennebert 
(Bis),  prof,  k  rUniv.  de  Gand«  ainsi  que  di- 
vers articles  de  journaux  relalib  k  la  polé- 
mique provoquée  par  quelques  paroles  pro- 
noncées par  M.  Pirmez,  ministre  de  l'inté- 
rieur, au  sein  du  Conseil  de  perfectionnement 
de  renseignement  moyen,  à  propos  de  l'in- 
signifiance actuelle  des' études  grecques  dans 
les  Athénées  belges.  M.  de  l4iveleye  rédame 
des  méthodes  plus  rapides;  si  l'on  n'eu 
trouve  pas,  il  souacrirail  k  la  suppressioii 
du  grec.  M.  Hennebert  admet  la  nécessité 
d'une  réforme,  mais  prend  vigoureusement 
la  défense  de  l'hellénisme  --  Ce  débat  a  été 
porté  devant  la  Chambre  des  représentants, 
où  il  a  rempli  plusieurs  séances  :  on  n'est 
pas  arrivé  k  conclure  ;  mais  11  est  probable 
que  des  modifications  importantes  seront  ap* 

_       51 


803 


DEL 


804 


pondes  au  programme  des  Athénées,  pour 
la  prochaine  année  scolaire  (1869-70}. 

où^ Études  et  Essais.  Paris, Hachette, 
4869Jn-12. 

Ce  volume  réunit  difTérenls  articles  pu- 
bliés dans  la  Revue  des  deux  Mondes  et 
d^jà  indiqués  plus  haut.  (La  crise  religieuse 
au  XIX«  siècle.  —  Les  partis  en  Belgique. — 
Le  voyage  de  la  l^ovara.  —  Un  roi  constitu- 
tionnel :  Léopold  l«^  —  Le  Mont-Rose  et  les 
Alpes  pennines.  —  Wiertz.  —  Marina). 

neihœuf  (  Joseph -Remi-Léopold), 
né  à  Liège  le  V^  octobre  1834,  élève 
de  TAthénée  et  de  rUniversité  de  celte 
ville,  subit  avec  la  plus  grande  distinc^ 
tion,  en  1855,  Texanien  de  docteur  en 
philosophie  et  lettres  (*),  et  en  4858, 
avec  distinction,  Fexamen  de  docteur 
en  sciences  physiques  et  mathémati- 
ques. Ayant  droit  à  une  bourse  de 
voyage,  il  en  proflta  pour  aller  passer 
quelques  mois  à  TUniversité  de  Bonn, 
où  il  s*attacha  particulièrement  à  M. 
Uebenveg,  aujourd'hui  professeur  de 
philosophie  à  rUniversité  de  Kœnigs- 
berg.  Il  entra  dans  renseignement  pu- 
blic le  45  décembre  4i^G0;  un  arrêté 
ministériel  lui  confia  un  cours  de  grec 
à  TÉcole  normale  des  humanités.  Le 
titre  de  maître  de  conférences  au  même 
établissement  lui  fut  conféré  par  arrêté 
royal  du  25  mars  4865.  La  mort  inopi- 
née de  M.  Cailler  ayant  laissé  la  chaire 
de  philosophie  vacante  à  FUniversité 
de  Gand,  un  arrêté  royal  du  o  décembre 
de  la  même  année  désigna  M.  Delbœuf 
pour  remplacer  le  défunt,  en  qualité  de 
professeur  extraordinaire.  Non  seule- 
ment tous  les  cours  de  philosophie 
portés  au  programme  de  la  candidature 
et  du  doctorat  rentrèrent  dans  ses  at- 
tributions, mais  il  eut  encore  à  ensei- 
gner, à  TÉcoIe  normale  des  sciences, 
la  psychologie  et  la  logique.  Une  se- 
conde circonstance  imprévue,  la  perte 
douloureuse  de  Léon  de  Closset  (v.  ce 
nom)  le  ramena  dans  sa  ville  natale  et 
lui  lit  reprendre  ses  études  philolo- 
giques. Depuis  le  2  octobre  4866,  il 
est  chargé  à  l'Université  de  Liège  de 
deux  cours  de  latin  (candidature  et 


doctorat  en  philosophie)  et  d*un  cours 
de  grec  (doctorat).  Un  arrêté  royal  du 
5  du  même  mois  l*a  en  outre  réinstallé 
à  rÉcole  normale  des  humanités,  pour 
renseignement  de  la  langue  grecque; 
enfin,  un  autre  arrêté  du  9  avril  4869 
Ta  élevé  au  rang  de  professeur  ordinaire. 
—  M.  Delbœuf  a  débuté  dans  la  car- 
rière littéraire  par  quelques  poésies 
(Reloue  trimestrielle,  t.  XIV,  XVI  et 
XIX)  ;  en  4857  et  4858,  il  a  pris  part  à 
la  rédaction  des  Antiales  de  renseigne- 
ment public,  où  il  a  traité,  entr'autres, 
la  question  du  thème  latin;  en  4864, 
il  a  fait  paraître  dans  la  Belgique  am- 
temporaine  un  travail  assez  étendu  sur 
la  moralité  en  littérature.  Ses  publica- 
tions proprement  scientifiques  sont  au 
nombre  de  cinq,  savoir  : 

40  Prolégomènes  philosophiques  de  la 
géométrie  et  solution  des  postulats,  sui- 
vis d'une  Dissertation  sur  les  principes 
de  la  géométrie,  par  M.  Ûeberweg. 
Liège,  Paris  et  Leipzig,  4860,  in-8* 
(XXI  et  508  p.). 

2<^  Essai  de  logique  scientifique.  Pro- 
légomènes, suivis  d'une  Étude  sur  la 
question  du  mouvement  considérée  dans 
ses  rapports  avec  le  principe  de  contra- 
diction. Ibid.,  4865,  in-8<>  (XLiV  et 
286  p.). 

5^  Note  sur  certaines  illusions  ^op- 
tique. Essai  d'une  théorie  psychopfay- 
sique  de  la  manière  dont  l'œil  apprécie 
les  distances  et  les  angles  {Bull,  de 
VAc.  royale  de  Belgique,  2«  série,  t.  XIX, 
no  2). 

40  Seconde  note  sur  de  nouvelles  il- 
lusions d'optique.  Essai  d'une  théorie 
psychophysique  sur  la  manière  dont 
l'œil  apprécie  les  grandeurs  (Ibid., 
t.  XX,  n»  6). 

h^  Détermination  rationnelle  des  nom- 
bres de  la  gamme  chromatique  (Ibid., 
t.  XXÏ,  n»  5). 

Les  deux  premiers  ouvrages,  si  dif- 
férents par  leur  titre  et  par  leur  objet, 
ont  cependant  un  fond  commun  :  l'au- 
teur ne  croit  pas  à  la  certitude  à  priori, 
ni  par  conséquent  à  l'existence  de  pro- 
positions évidentes  par  elles-mêmes. 
Selon  lui,  toute  proposition  peut  et  doit 


(  *  )  Son  diplôme  constate  que  Texamen  a      philosophiques  et  sur  les  matières  philolo- 
ëté  approfondi  tout  à  la  fois  sur  les  matières      giques. 


805 


DEL 


806 


être  démontrée.  On  va  tour  à  tour  du 
particulier  au  généra]  et  du  général  au 
particulier  ;  le  particulier  éiaie  le  gé- 
néral, et  réciprojquement  le  général  sert 
à  établir  le  particulier.  La  majeure 
d*un  raisonnement  n*est  qu'une  propo- 
sition hypothétique  basée  sur  un  nom- 
bre de  faits  plus  ou  moins  grand,  et 
dont  révidence  croit  à  mesure  qu'elle 
est  confirmée  par  des  faits  nouveaux. 
L'expérience  est  donc  le  seul  critérium 
de  certitude  admis  par  M.   Delbœuf: 
rbomme  croit  souvent  posséder  la  <*«r- 
titude  absolue,  soit;  aux  yeux  de  Fau- 
teur, il  n'y  a  là  qu'un  fait  psycholo- 
gique naturel  et  nécessaire.  En  vertu 
de  ces  prémisses,  la  géométrie  est  une 
science  expérimentale  aussi  bien  que 
la  chimie  et  la  physique.  Il  y  a  dans 
toute  science  une  partie  inductive  et 
nne  partie  déductive  ;  si  la  vérification 
par  les  faits  tourne  à  l'honneur  des 
principes,  la   science  est  constituée 
(sauf  erreur)  et  le  rôle  de  l'expérience 
devient  de  moins  en  moins  important 
ou  finit  par  s'annuler,  p.  ex.  en  mathé- 
matiques. Le  même  phénomène  se  pro- 
duit, à  divers  degrés,  en  mécanique, 
en  astronomie,  en  optique;  au  c>on- 
traire,  le  reste  de  la  physique,  la  chi- 
mie, les  sciences  biologiques,  etc., 
en  sont  encore  à  chercher  leurs  prin- 
cipes et  ne  se  composent  jusqu'ici  que 
de  la  partie  expérimentale.   Quant  à 
la  géométrie,  les  axiomes  qu'on  met 
ordinairement  en  tête  des  traités  sont- 
ils  les  vrais  principes  de  cette  science? 
M.  Delbœuf  pense  que  non ,  et  jus- 
tifie cette  négation  par  l'existence  des 
postulats.  Il  énonce  donc  d'autres  prin- 
cipes (l'espace  est  homogène  (*);  le 
plan  est  une  surface  homogène;  la  droite 
est  une  ligne  homogène)  et  s'appuie  sur 
eux  pour  résoudre  les  postulats.  —  Dans 
VEssai  de  logique  scientifique^  l'auteur 
applique  sa  méthode  critique  d'une  part 
à  la  logique,  de  l'autre  à  la  mécanique. 
Les  principes  delà  logique,  dit-il,  sont 
réels  ou  formels.  Les  premiers  sont  au 
nombre  de  trois  :  K^  On  peut  conclure 
de  la  représentation  des  phénomènes 
aux  phénomènes  eux-mêmes;  2*  on  peut 


poser  comme  identiques  les  résultats  de 
l'abstraction  des  différences;  V"  l'en- 
chaînement logique  des  idées  correspond 
à  renchainemenl  réel  des  choses.  Ces 
principes  se  déduisent  du  postulat  de  la 
raison,  à  savoir  que  la  certitude  est  pos- 
sible (formule  de  VUlmion  essentielle,  du 
fait  psychologique  naturel  et  nécessaire 
dont  il  a  été  question  plus  haut).  —  Les 
principes  formels  sont  le  principe  de 
contradiction  et  celui  du  tiers  exclu,  qui 
se  complètent  et  se  déterminent  l'un 
l'autre.  Appliquant  ses  idées  à  la  méca- 
nique, l'auteur  étudie  la  notion  du  mou- 
vement, et  se  demande  si  elle  est  com- 
patible avecle  principe  de  contradiction. 
De  déduction  en  déduction,  il  arrive  à 
renverser  en  partie  l'ordre  traditionnel 
des  catégories  et  à  s'arrêter  à  celui-ci  : 
espace,  force,  mouvement,  temps,  vi- 
tesse. Il  considère  la  force  comme  l'é- 
quivalent (mécanique)  de  la  position 
(géométrique)  du  point  dans  l'espace. 
—  Le  mouvement  est  la  mesure  de  la 
force.  —  Le  temps  est  l'unité  de  mou- 
vement. —  La  vitesse  est  le  rapport  du 
mouvement  au  temps.  —  L'auteur  pré- 
tend, avec  ces  principes,  simplifier  la 
mécanique  sans  nuire  à  la  rigueur  de  la 
construction  de  cette  science.  —  M.  K. 
A.  de  Reichlin-Meldegg  s'est  livré  ré- 
cemment à  une  discussion  approfondie 
des  théories  de  M.  Delbœuf,  dans  le 
Journal  de  philosophie  (Zeitschrift  fur 
Philosophie  und  philosophische  Kritik) 
de  MM.  J.-U.  de  Fichte,  H.  Ulrici  et 
J.-U.  Wirlh,  t.  LL  Halle,  i867,  in-8«, 
p.  119-148. 

En  1858,  MM.  Delbœuf  et  Hanssens 
(ce  dernier  avocat  à  Liège  et,  depuis 
1867,  échevinde  l'instruction  publique) 
ont  édité  les  œuvres  de  leur  condis- 
ciple et  ami  Otto  Duesberg,  ne  de  pa- 
rents belges  à  Moselkern  (prov.  Rhéna- 
ne), le  iOsept.  1855,  et  mort  à  Graach, 
près  deBerncastel,le27  octobre  1857, 
l'année  même  où  il  comptait  se  faire 
recevoir  docteur  en  philosophie.  Dues- 
berg avait  pris  part  au  concours  uni- 
versitaire ;  la  sévérité  avec  laquelle  son 
mémoire  fut  écarté  par  le  jury  semble 
avoir  porté  un  coup  fatal  à  ce  jeune 


(*)M.  Delbœuf  appelle  homogénéité  U      les  mëmesqQalitéa  que  te  tout  et  n'en  diffèrent 
propriété  d'une  chose  dont  les  parties  ont     que  sous  le  rapport  de  la  grandeur. 


807 


DES 


808 


homme,  qui  donnait  les  plus  belles  es- 
pérances. Il  eût  retrouvé  sa  conflanre 
en  lui-même  s'il  lui  eût  été  donné  de 
de  connaître  les  jugements  de  la  cri- 
tique allemande  sur  son  Exposé  théo- 
rique de  la  religion  naturelle.  Le  vo- 
lume publié  par  MM.  Delbœuf  et  Hans- 
sens  est  précédé  d*une  lettre  de  M.  A. 
Le  Roy  (v.  ce  nom)  aux  éditeurs;  outre 
le  Mémoire  précité,  il  contient  un  Ex- 
posé critique  des  doctrines  de  rEcole 
matérialiste  contemporaine ,  le  meil- 
leur ouvrage  de  Duesberg,  et  quelques 
opuscules  moins  importants  (voir  les 
Annales  de  renseignement  public  et  le 
Nécrologe  liégeois  pour  1857). 

En  1868,  M.  Delbœuf  a  publié,  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  liégeoise  de  lit- 
térature wallonne  (t.  VIII,  p.  58-200) 
une  élude  sur  l'orthographe  du  dialecte 
liégeois  :  c*est  le  commentaire  philolo- 
gique détaillé  d'une  pièce  couronnée 
(Li  maie  neur  da  Cola,  comédie  en  deux 
actes,  par  M.  Ch.  Hannay). 


De  SMVoye  (THÉODORE- J OS.- JULES- 

Joseph),  né  à  Ath  le  iO avril  1817,  fit  ses 
études  humanitaires  au  Collège  de  cette 
ville,  entra  ensuite  à  l'Université  de  Liè- 
ge, et  en  sortit  docteur  en  droit  le  4  oc- 
tobre 1858.  Il  avait  subi  avec  distinction 
son  examen  de  candidat  en  philosophie 
et  lettres  ;  il  s'éle>a  à  la  plus  grande  dis- 
tinction dans  toutes  les  épreuves  ulté- 
rieures. Le  brillant  succès  de  son  doc- 
torat lui  donnait  droit  à  une  bourse  de 
voyage  :  il  en  profita  pour  visiter  quel- 
ques Universités  étrangères,  et  prolon- 
gea pendant  deux  années  entières  (1859 
et  1840)  son  séjour  à  Paris,  à  Heidel- 
berg  et  à  Berlin,  dans  le  double  but  de 
se  familiariser  avec  les  méthodes  et  l'é- 
loquence des  grands  maîtres,  et  d'autre 
part  d'étendre  et  d'approfondir  ses  con- 
naissances juridiques.  II  se  fit  alors  in- 
scrire au  tableau  des  avocats  de  la  Cour 
d'appel  de  Bruxelles,  et  se  livra  jusqu'à 
la  fin  de  1845  à  la  pratique  des  affaires. 
La  carrière  de  la  magistrature  s'ouvrit 
tout  d'un  coup  devant  lui  :  il  s'y  engagea 
d'autant  plus  résolument,  qu'elle  lui  pa- 
raissait plus  favorable  à  ses  goûts  stu- 
dieux que  la  vie  active  du  barreau.  Un 
arrêté  royal  du  18  novembre  1845  le 
nomma  substitut  du  procureur  du  Roi 


près  le  tribunal  de  première  instance  de 
Tournai.  Il  remplit  ces  fonctions  jus- 
qu'au 15  février  1850,  date  de  sa  nomi- 
nation, en  la  même  qualité,  près  le  tri- 
bunal (leMons.  Ce()endant  le  gouverne- 
ment avait  reconnu  depuis  longtemps 
que  les  aptitudes  et  les  qualités  spé- 
ciales de  M.  de  Savoyele  prédestinaient 
à  l'enseignement  supérieur.  Dès  1845 
(arrêté  royal  du  25 octobre),  M.  Van  de 
Weyer,  ministre  de  l'intérieur,  l'avait 
porté  sur  la  liste  des  agrégés  de  l'Uni- 
versité de  Liège.  Le  moment  arriva 
d'assigner  à  M.  de  Savoye  sa  véritable 
place  lorsque  M.  Namur  (v.  ce  nom), 
professeur  de  droit  civil  moderne  à 
Liège,  fut  appelé  à  la  Faculté  de  Gand. 
Malgré  les  chances  d'avenir  sur  les- 
quelles le  substitut  de  Mons  pouvait 
légitimement  compter  en  suivant  natu- 
rellement la  route  qu'il  s'était  tracée,  il 
n'hésita  pas  un  instant  à  se  rendre  au 
désir  du  ministre.  En  conséquence  il 
reçut,  par  arrêté  royal  du  4  octobre 
1850,  le  titre  de  professeur  extraordi- 
naire, chargé  des  cours  de  droit  ci>11 
moderne  et  d'exposé  des  principes  gé- 
néraux du  Code  civil  (v.  l'art.  Thïry). 
Ce  dernier  cours,  précédé  d'une  In- 
troduction historique  qui  rentre  dans 
les  attributions  de  M.  Jos.  Macors  (v. 
ce  nom),  figure  au  programme  de  la 
candidature  depuis  la  promulgation  de 
la  loi  du  27  septembre  1855.  Il  est 
destiné  à  servir  de  préparation  au  cours 
complet  de  Droit  civil,  réservé  au  doc- 
torat. On  a  pensé  qu'il  était  bon  d'ex- 
poser d'abord  les  choses  d'une  manière 
simple,  sauf  à  les  approfondir  ensuite. 
Conformément  à  cette  idée  rationnelle, 
les  principes  élémentaires  du  droit  civil 
sont  expliqués  d'après  leurs  origines  et 
présentés  avec  leurs  applications  di- 
rectes, mais  sans  controverses.  L'élude 
spéciale  des  textes  n'appartient  pas  à  ce 
cours  ;  mais,  désireux  de  rendre  l'usage 
du  Code  civil  familier  aux  élèves,  le 
professeur  suit  ordinairement  l'ordre 
adopté  par  le  législateur,  et  ne  s'en 
écarte  que  lorsqu'il  y  est  amené  par 
les  exigences  de  la  méthode.  —  Les 
attributions  de  M.  de  Savoye  n'ont 
point  changé  depuis  ;  il  a  été  promu  à 
l'ordinariat  le  24  septembre  1857.  il  a 
été  investi,  en  1858-50,  des  fonctions 
de  secrétaire  académique. 


k 


800 


DEW 


810 


nowaïqne  (G.-J.  Gustaye),  né  à 
Slavelol  le  2  décembre  1827,  quilla 
rÉeole  moyenne  de  sa  ville  natale  pour 
le  Collège  de  Liège  t  où  il  conquit  une 
palme  au  Concours  général.  Ses  huma- 
nités terminées,  il  lésoliil  d'étudier  la 
médecine  ;  mais  le  succès  de  son  exa- 
men de  candidat  en  sciences  fortifia 
son  goût  pour  Thistoire  nalurcllo,  et 
les  encouragements  du  professeur  Ch. 
Morren  le  portèrent  à  s'en  occuper 
spécialement,  en  vue  d'une  carrière 
professorale.  M.  Dewalque  prit  part  au 
Concours  universitaire;  son  Mémoire 
sur  la  nature  de  raffluité  chimique  fut 
couronné  le  20  juillet  1849.  La  bota- 
nique avait  eu  d'abord  ses  prédilections  ; 
il  finit  par  s'attacher  davantage  à  la  mi- 
néralogie et  à  la  géologie,  et  il  n'eut 
point  à  regretter  cette  inconstance. 
Cependant  il  n'avait  point  renoncé  ik  la 
médecine  ;  il  subit  avec  éclat  son  troi- 
sième examen  de  docteur  en  1855,  et  fut 
reçu  l'année suivantedocteuren sciences 
nalurelles.M.DewalquealIaitpartirpour 
Paris,  lorsque  la  réapparition  subite 
du  choléra  lui  inspira  l'idée  de  se  mettre 
à  la  disposition  de  la  Commission  des 
Hospices  civils  de  Liège.  Il  rendit 
des  services  dans  ces  moments  difi]^ 
ciles,  comme  médecin  interne,  tour  a 
tour  à  l'hôpital  provisoire  de  St  -Ju- 
lien et  à  celui  de  St.-Thomas.  Mais  sa 
yéritable  mission  était  renseignement. 
Il  débuta  le  5  mai  1850  au  Collège 
communal  de  Liège,  en  qualité  de  pro- 
fesseur suppléant  de  physique  et  de 
chimie.  Au  printemps  de  1852,  il  re- 
mit le  pied  à  l'Université,  comme  pré- 
parateur du  cours  de  M.  Spring  (|)hy- 
siologie  humaine  et  comparée)  ;  à  par- 
tir de  1855,  il  joignit  à  ces  fonctions, 
sur  le  conseil  d'André  Dumont,  celles 
de  conservateur  des  cabinets  de  miné- 
ralogie et  de  géologie,  et  de  répétiteur 
de  ces  mômes  sciences  aux  Écoles  spé- 
ciales, lia  mort  inattendue  de  l'illustre 
géologue  modifia  tout  d'un  coup  sa  po- 
sition. Il  monta  dans  la  chaire  de  Do- 
mont  à  titre  d'intérimaire,  et  acquit  en- 


fin un  titre  définitif  au  professorat  en 
subissant  le  premier,  i\  Liège,  les 
épreuves  du  doctorat  spécial  (11  juillet 
1857).  Trois  mois  plus  tard  (24  sept.), 
il  fut  nommé  professeur  extraordinaire, 
chargé  des  cours  de  minéralogie,  de 
géologie  et  de  paléontologie  (  *  )  ;  sa 
promotion  ù  l'ordinariat  date  du  12 
octobre  18G6.  —  Les  travaux  de  M. 
Dewalque  lui  ont  valu  Taffiliation  à  un 
grand  nombre  de  sociétés  savantes. 
Il  est  correspondant  de  l'Académie 
royale  de  Belgique  depuis  le  IG  dé- 
cembre i85i;  cinq  ans  après,  jour  pour 
jour,  il  a  été  élevé  au  rang  de  membre 
titulaire  (*).  Il  fait  partie  de  la  Société 
royale  des  Sciences  de  Liège,  de  la 
Société  des  Sciences  naturelles  du 
Grand-Duché  de  Luxembourg,  du  Con- 
seil de  Salubrité  publique  de  la  pro- 
vince de  Liège,  de  la  Société  lin- 
nécnne  de  Normandie,  de  la  Société 
palèontologique  de  Belgique,  de  la  So- 
ciété f'éologique  de  France  (');  de  la 
Société  des  sciences,  etc.  du  ïlainaut  ; 
du  Naturliistoriacher  Vcrein  des  preus- 
sischen  Rkeinlandes  und  Woflphalen  ; 
enfin,  de  la  Société  Blalacologique  de 
Belgique.  —  Voici  quelques  renseigne- 
ments sur  ses  recherches  scientifiques 
et  sur  ses  publications. 

1^  lilémoire  en  réponse  à  la  question  : 
Exposer  et  discuter  les  théories  émises 
sur  les  causes  qui  déterminent  Vaclion 
chimique  (couronné  au  Concours  uni- 
versitaire de  1848-49;  inséré  dans  les 
Annales  des  Universités  de  Belgique, 
t.  VU,  1851). 

2*"  Observations  faites  à  Liège  dans 
le  but  de  rechercher  les  rapports  qui 
peuvent  exister  entre  le  choléra  et  les 
éléments  météorologiques  (Mémoires  de 
rAcad,,i.  XXV). 

M.  Dewalque  n'a  communiqué  à  l'Acadc- 
mie  que  les  pèsuUats  gt'ndraux  do  ses  obscp- 
valions  :  au  point  de  vue  dtiologique,rien  n'a 
été  publié  ;  faute  de  documents  précis  sur  la 
marche  de  l'épidémie,  il  a  fallu  renoncer  à 
terminer  le  travail. 

j*"  Observations  météorologiques  et 


(')  Ce  dernier  cours  lui  fut  cédé  par  M.  de 
Kooinck. 

(*)  Le  9  janvier  1869,  il  a  été  nommé 
directeur  de  la  classe  des  Sciences  pour  1870. 


[  '  )  M.  Dewalque  a  rempli  les  fonctions  de 
secrétaire  lors  de  la  session  tenue  à  Liège 
en  1862  (ses  Rapports  ont  été  insérés  dans 
le  t.  XX  du  DuUetiH  de  la  Société). 


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observalions  sur  les  phénomènes  pé- 
riodiques des  animaux  et  des  plantes, 
faites  à  Slavelol  de  1849  â  1860  (Mém, 
de  l'Acad,,  t.  XXVI  à  XXXÏU). 

Ces  documenls,  embrassant  une  période 
de  onze  anndes ,  sont  les  plus  complets  que 
nous  possédions  sur  le  climat  de  l'Ardenne  ; 
l'auteur  ferait  chose  utile  en  les  résumant  et 
en  les  rapprochant  de  la  série  s'multanée  de 
Bruxelles,  point  aigourd'hui  bien  connu  par 
les  longues  rechorches  de  M.  Quetelet. 

V  Quelques  faits  pour  servir  ù  Té- 
tude  des  phénomènes  périodiques  des 
végétaux  (Bull,  de  VAcad,,  t.  XVIII, 
2«,  195). 

5<>  Notice  sur  un  cas  de  développe- 
ment tuberculeux  de  bourgeons  aériens 
sur  une  pomme  de  terre  (Ibid.,  t  XIX, 
5%  352). 

&*  En  collaboration  avec  M.  Chapuis 
(aujourd'hui  membre  de  TAcadémie)  : 
Description  des  fossiles  des  terrains  se- 
condaires de  la  province  de  Luxem- 
bourg. Mémoire  couronné  par  la  classe 
des  sciences  de  TAcadémie  (Mém.  cou- 
ronnés, t.  XXX). 

7°  Noie  sur  les  divers  étages  de  la 
partie  inférieure  du  lias  dans  le  Luxem- 
bourg et  les  contrées  voisines  (BulL  de 
VAcad.,  annexe,  185G). 

8°  Note  sur  les  divers  étages  qui 
constituent  le  lias  moyen  et  le  lias  su- 
périeur dans  le  Luxembourg  ,  etc.  , 
(/Wd.,  t.  XXI,  2û,  210). 

Ces  deux  dernières  communications,  re- 
produites dans  le  DulL  de  la  Soc»  Géologique 
de  France  (2«  série,  \l,  434  et  546),  don- 
nèrent lieu  à  une  controverse  qui  se  termina 
à  l'avantage  de  M.  Dewalque  ;  les  principaux 
résultats  obtenus  furent  résumés  en  1 857  dans 
une  nouvelle  note  intitulée  : 

0*^  Observations  critiques  sur  Tâge 
des  grès  liasiques  du  Luxembourg, 
avec  une  carte  géologique  des  environs 
d'Arlon  (Bull,  de  VAcad,.  2«  série,  II, 
245,  et  BulL  de  la  Société  géolog.  de 
France,  ^^  série,  X\,  719). 

10°  Description  du  lias  de  la  pro- 
vince de  Luxembourg.  Liège,  1857, 
in-8^. 

Dissertation  inaugurale  pour  le  doctorat 
spécial. 

i{^  Collaboration  aux  Annales  de 
renseignement  public  (1856).  Articles 
signés  G.  D. 


12''  Id.  à  la  Revue  universelle  dis 
mines,  publiées  par  M.  de  Cuyper. 

Traductions  ou  analyses  d'articles  élran- 
gers,  sur  la  série  tertiaire  du  nord  de  l'Alle- 
magne, sur  les  minéraux  artificiels  pyrogé- 
nés,  sur  la  formation  des  silicates  anhydres 
par  voie  humide  et  sur  le  métamorphisme, 
sur  les  terrains  patéozolques  des  provinces 
rhénanes  et  de  la  Belgique  (art.  de  Sir  Mur- 
chison),  etc.,  (t.  H,  111,  Yll,  elc). 

15«  Note  sur  le  fer  oxydé  oclaé- 
drique,  dans  le  grès  de  Luxembourg 
(BulL  de  VAcad.,  2»  série,  l.  VII). 

14*  Rapport  sur  un  Mémoire  relatif 
à  des  recherches  sur  faction  des  forces 
moléculaires  des  éléments  chimiqaes 
(Ibid,). 

15°  Sur  la  faune  du  grès  de  Martin- 
sart  (Reîme  univ-,  t.  lY). 

16''  Examen  de  Teau  acidulé  ferru- 
gineuse de  Blanchimont  près  de  Suve- 
lol  (Ib.,  t.  V). 

17°  Tableau  synoptique  de  la  Cks- 
sificatmi  des  terrains  tertiaires  du  nord 
de  V Europe.  Liège,  1859,  une  feuille 
in-plano. 

*  18°  Rapport  au  Conseil  de  Salubrité 
t^ublique  de  la  province  sur  réchauf- 
fement du  sol  des  jardins  du  quartier 
St.-Jacques,  à  Liège,  par  une  Commis- 
sion composée  de  MM.  Schwann , 
Schmit  et  Dewalque,  rapporteur  (BulL 
admin.  de  Liège,  18G0;  Bev.  unix.y 
l.  VU). 

19°  Atlas  de  cristallographie,  à  Tu- 
sage  des  élèves  du  cours  de  minéralo- 
gie. Liège,  Noblet,  1860. 

20o  Sur  la  constitution  du  système 
eifélien  dans  le  bassin  anthraxifère  du 
Condroz  (BulL  acad.,  2«  série,  XI). 

21°  Rapport  sur  une  note  de  M.  Ma- 
laise :  sur  rage  des  phyllades  fossili- 
fères de  Grand-Manil  (Ibid.). 

22°  Sur  la  non-existence  du  terrain 
houiller  à  Menin  (Ib.). 

23°  Sur  quelques  fossiles  éocènes 
de  la  Belgique  (Ib.  XV). 

24*  Observations  sur  le  terrain  an- 
thraxifère de  la  Belgique  (Ib). 

25°  Sur  les  fossiles  siluriens  de 
Grand-Manil,  près  de  Gembloux  (Ib-h 


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26''  Sur  quelques  poîQts  fossilifères 
du  calcaire  eifélien  (IbJ). 

2V  Sur  quelques  fossiles  trouvés 
dans  le  dépôt  de  transport  de  la  Meuse 
et  de  ses  affluents  (Ib.,  t.  XVI). 

SS""  Sur  la  distribution  des  eaux  mi- 
nérales en  Belgique  (/^.,  XVII). 

29«  Sur  le  gisement  de  la  chaux 
phosphatée  en  Belgique  et  sur  la  pré- 
sence du  mercure  dans  les  minerais  de 
zinc  (Ib,,  XVIIÏ). 

50""  Rapport  sur  Peau  minérale  d'Os- 
tende  (Ib.). 

M""  Notice  sur  le  puits  artésien 
d'Ostende  (BulL  de  la  Soc.  géol.  de 
France,  l.  XX,  p.  235). 

SS""  Sur  une  nouvelle  dent  de  Car- 
charodon  trouvée  dans  le  gravier  de  la 
Meuse  (BulL  Acad.,  2«  série,  t.  XVIII). 

^Z^  Rapport  sur  deux  Mémoires  de 
concours,  relatifs  à  la  constitution  de 
racler  (Ib.), 

54<>  Sur  le  bolide  du  17  février  i865 
(/^.,l.  XIX). 

55^  Trois  rapports  sur  les  travaux 
de  M.  Dupont  concernant  les  fouilles 
de  Furfooz  (Ib.,  t.  XIX  et  XX). 


SG''  Rapport  sur  un  travail  de  MM. 
Cornet  et  Briart,  intitulé  :  sur  la  dé- 
couverte,  dans  le  Hainaut,  d'un  calcaire 
grossier  avec  fauue  tertiaire^  en  dessous 
des  sables  rapportés  par  Dumont  au  sy- 
stème landénien  (Ib,,  t.  XX). 

57o  Rapport  sur  la  description  miné- 
ralogique,  géologique  et  paléontologique 
de  la  Meule  de  Bracquegnies,  par  les 
mêmes  (/^.,  t.  XXI). 

58»  Rapport  sur  la  description  miné- 
ralogique  et  stratigraphique  de  Vêlage 
inférieur  du  terrain  crétacé  du  Ilai- 
fMut,  par  les  mêmes,  (Ib.). 

39<*  Rapport  sur  la  description  des 
végétaux  fossiles  rencontrés  par  MM. 
Briart  et  Cornet  dans  le  terrain  crétacé 
du  Hainaut,  par  M.  Coemans  (Ib.). 

40»  Rapport  sur  une  note  de  Bî.  Ma- 
laise intitulée  :  Sur  les  corps  organisés 
fossiles  trouvés  dans  le  terrain  arden- 
nais  de  Dumont  (Ib.)- 

U°  Rapport  sur  un  travail  de  MM. 
Gosselet  et  Malaise  :  Observations  sur 
le  terrain  silurien  de  lArdenne  (Ib., 
t.  XXV,p.  4ii). 

MM.  Gosselet  (  '  )  et  Malaise  (*)  ont  remis 
en  question  la  classification  du  terrain  ar- 


(*)  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences 
de  LiUe. 

(')  M.  Malaise  (Constantin  H.-L.),  né  le 
7  novembre  4834  ù  Liëge,  oii  son  père  était 
médecin  homœopathe,  est  sorti  de  TUniver- 
sité  de  cette  ville  le  4â  avril  1858  avec  le 
titre  de  docteur  en  sciences  naturelles.  Atta- 
ché aux  écoles  spéciales  dès  le  il  mai  sui- 
vant, en  qualité  do  répétiteur  de  minéralogie 
Gt  de  géologie,  il  y  est  resté  jusqu'au  30 
octobre  4860 ,  date  de  sa  nomination  à  la 
chaire  d'histoire  naturelle  de  l'Institut  agri- 
cole de  l'Ëlat,  à  Gembloux.  M.  Malaise  a  été 
l'an  des  meilleurs  élèves  de  Dumont  :  ses 
condisciples  l'ont  reconnu  en  lui  confiant  la 
mission  de  prononcer  un  discours  sur  la 
tombe  du  maUre  vénéré,  et  en  le  déléguant 
pour  faire  partie  delà  Commission  qui  s'est  oc- 
cupée du  monument  érigé  plus  tard  à  sa  mé- 
moire. H.  Malaise  a  été  couronné  en  4860 
par  la  Société  d'Émulation  de  Liège,  qui  avait 
mis  au  concours  (4858  un  Exposé  des  décou- 
vertes paléontologiques  faites  en  Belgique 
jusqu'à  ce  jour  (Mém.  de  la  Soc.  d'Em.fi.  I, 
aussi  à  part,  Liège,  Renard,  4860 ,  in  8».  Y. 
l'art.  Schmerung;;  depuis  lors,  il  s'est  fait 
connaître  par  divers  travaux  scientifiques, 


qui  lui  ont  valu,  en  4865,1e  titre  de  membre 
correspondant  de  l'Académie  royale  de  Bel- 
gique. Il  fait  également  partie  de  la  Soc.  des 
sciences,  etc.  du  Uainaut  (4862),  de  la  Com- 
mission de  Statistique  de  la  province  deNa- 
mur  (1868),  de  rinstitul  géologique  imp. 
d'Autriche  (4869),  etc.  Ses  éludes  paléonto- 
logiques  sur  le  massif  de  Grand-Manil  (v. 
ci-dessus,  n»  ^i  et  25)«  que  M.  Gosselet  con- 
sidère comme  silurien,  contrairement  à  l'opi- 
nion de  Dumont,  (v.  les  Bull,  de  VAcad.,  2' 
sr'rie,  t.  Xlll  et  XX),  ont  été  justement  re- 
marquées, ainsi  que  ses  observations  sur  les 
silex  ouvrés  de  Spienne  (t.  XXI  et  XXII), 
etc.  Nous  connaissons  encore  de  M.  Malaise 
un  Programme  détaillé  du  cours  d'histoire 
naturelle  fait  à  Gembloux  (Brux.,  4868, 
in -S'^,  diverses  notes  communiquées  à  l'Aca- 
démie (Bull.,  t.  X,  XVIII,  XXI,  XXIV, 
etc.),  une  Lecture  sur  l'utilité  de  l'étude  de 
la  botanique  (aux  soirées  populaires  de  St- 
Josse-ten-Noode,4865);  enfin,  des  Rapports 
sur  des  questions  agricoles,  insérés  dans 
le  Bull,  de  l'Institut  de  Gembloux).  —  M. 
Malaise  a  travaillé,  avec  M.  Van  Scherpenzeel- 
Thim,  au  Catalogue  des  roches  et  des  produits 
minéraux  du  sol  de  la  Belgique  exposés  à 


813 


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816 


dennais  proposée  par  Dunont  (v.  te  nom). 
Où  Dumont  admettait  sept  élaèes,  groupés 
en  trois  systèmes,  nos  observateurs  en  ad- 
mettent onze.  M.  Dewalque  résume  ainsi  leur 
opinion  dans  sonProifrome,p.30S)  :  ^  Ils  ont 
étudié  ta  constitution  des  deux  massifs  de 
Rocroy  et  de  Stavelot  ;  leurs  recherches  les 
ont  amenés  à  considérer  comme  de  pures 
hypothèses  les  faits  sur  lesquels  Dumont  s'est 
appuyé  pour  établir  Page  relatif  des  diverses 
bandes  de  roches  qu'on  y  rencontre.  Ainsi, 
selon  eux,  les  bandes  devilliennes  de  Rimo- 
gne,  de  Fumay,  de  Grand- Halleux  ne  pré- 
sentent nullement  la  disposition  en  série 
symétrique  d'où  Dumont  concluait  qu'elles 
constituent  des  selles  ou  des  bassins  ;  les 
voûtes  que  Dumont  a  cru  voir,  n'existent  pas 
davantage;  de  sorte  que  nous  n'avons  aucune 
raison  pour  attribuer  un  4ge  plutôt  qu'un 
autre  aux  bandes  reviniennes  qui  les  avoisi- 
nent.  En  ce  cas,  le  plus  simple  est  de  con- 
sidérer les  superpositions  apparentes  comme 
l'expression  de  la  réalité.  Quant  au  système 
salmien,  sa  position  à  la  périphérie  du  massif 
de  Stavelot  et  le  bassin  qu'il  forme  k  Rabier, 
en  font  l'étage  le  plus  élevé  ;  seulement,  les 
auteurs  y  réunissent  des  assises  de  phyllades 
noirs  avec  peu  de  qnarUite,  qoe  Dumont  ran- 
geait dans  le  revinien.  —  Dans  cette  hypo- 
thèse, on  peut  établir  la  succession  suivante: 
schistes  violets  à  coticule  de  Salm-Chftteau; 
quartzo-phyllades  de  la  Lienne;  qnartzites  et 
sehistes  noirs  pyritifbres  de  Bogny  et  de 
Font;  quartaites  et  schistas  bbinc  veixlâtre 
de  Deville  et  de  Grand-Halleux  ;  quartaites 
et  schistes  noirs  de  Revin  et  des  Rautes- 
Fagnes  ;  quartzites  et  ardoises  de  Fumay. — 
Quant  k  cette  dernière  assise ,  les  auteurs 
hésitent,  et  préfèrent  rhypothèse  qu'elle  re- 
présenterait le  salmien  supérieur.  Enfin,  la 
bande  revinienne  que  Dumont  a  figurée  au 
nord  de  la  bande  devillienne  de  Fumay,  n'a 
pu  être  reconnue  par  les  auteurs  ;  suivant 
eux,  on  ignore  sur  quoi  reposent  les  ardoises 
de  Fumay.  »  —  M.  Dewalque  fait  voir,  dans 
son  Rapport ,  comment  ses  propres  obser- 
vations ne  s'accordent  pas  avec  celles  de 
MM.  Gossclet  et  Malaise,  mais  confirment  la 
plus  grande  partie  de  celles  de  Dumont.  Il 
n'admet  pas  non  plus  le  dédoublement  du 
poudingue  de  Fépin  proposé  par  les  deux 
auteurs,  au  zèle  consciencieux  desquels ,  au 
reste,  il  se  plaît  à  rendre  justice. 

42^  Rapport  sur  un  travail  de  M.  Yao 

Paris,  en  4$67,  par  le  Gouvernement  belge. 
Le  jury  de  la  dite  Ezposition  lui  a  décerné 
une  médaille  de  bronze  pour  sa  Cartr  géolo- 
gique agricole  ou  agronomique  de  Bettjique 
en  4  feuilles,  k  l'échelle  de  4 :  300,000,  ac- 
tuellement sous  presse.  Le  DulUiin  de  l'Ios- 


Horen  :  Noie  sur  quelques  peints  de 
la  géologie  des  environs  de  Tirkvumi 
(/^.,  t.  XXV,  p.  6!  1). 

43®  Trois  autres  Rapports  sur  divers 
sujets  (/^.,  t.  XXVI);  It.  an  Conseil  de 
saluh'ité  de  la  prov.  de  Liége^  à  la  Soc. 
des  lettres,  des  sciences  et  des  arts  du 
Hainaut,  etc. 

44<^  Abrégé  de  conchyliologie  appli- 
quée â  la  géologie.  Liège,  Carmaone, 
1867,  in-12,  pi. 

45®  Prodrome  d*une  description  géo- 
logique de  la  Belgique.  Liège,  Car- 
manne,  iS68,  un  vol.  in- 8^. 

40®  Plusieurs  notices  dans  la  Bio- 
graphie nationale.  —  Communications 
à  diverses  Sociétés  savantes,  etc. 

En  1865  eut  lieu  à  Cologne  une  gran- 
de exposition  internationale  d'agricul- 
ture; on  voulut  naturellement  y  faire 
place  à  la  géologie.  Le  gouvernemeot 
belge  ne  paraissant  pas  disposé  à  laire 
les  frais  d*une  exhibition  semblable  k 
celle  qu'il  avait  envoyée  à  Londres,  oa 
eut  recours  à  M*  Dewalque.  Celui-d  par- 
vint à  former  deux  grandes  collections, 
Tune  des  rocbes  constitutives  denosdi- 
vers  terrains,  Tautredetousles  produits 
minéraux  exploités  en  Belgique ,  sauf 
les  minerais  métalliques,  qui  n'y  étalent 
pas  admis.  Appelé  à  Thonneur  de  faire 
partie  du  Jury,  il  fut  exclu  du  concours 
pour  la  première  ;  la  seconde  (Pexpo- 
sition  collective  de  nos  exploitants) 
obtint  une  médaille  d'or  (il  n'en  fot 
décerné  que  trois).  Cette  collection  a 
été  offerte  à  l'Université  de  Liège ,  la- 
quelle n'a  pu  jusqu'ici  l'accepter,  faute 
de  locaux  et  de  mobilier. 

M.  Dewalque  a  été  cbargé  par  le 
gouvernement  de  mettre  en  ordre  les 
notes  de  Dumont  et  de  compléter  la 
description  de  la  carte  géologique  de 
la  Belgique  dressée  par  son  illustre 
maître. 

titut  de  Gembloux  a  donné,  en  4868  (t.  I), 
une  juste  idée  de  Tintérftt  pratique  que  pré- 
sente Teol reprise  de  M.  Malaise  (Fart,  inséré 
dans  ce  recueil  a  aussi  paru  séparément  : 
Carte  géologique  agricole,  etc.  Brux.,  Mer- 
tens,  4868, 16  p.  in-8«). 


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*D\vel»liciuvora-Dory    (\lCTOR- 

Auguste-Ebn£st)  ,  Dé  à  Dînant  le  25 
avril  4  83G,  successivement  élève  du 
Collège  de  ^a  ville  natale  et  de  TAlhé* 
née  royal  d'Anvers ,  a  fréquenté  en- 
suite les  Universilés  de  Bruxelles  et 
de  Liège,  ainsi  que  TEcole  spéciale  des 
mécaniciens  annexée  à  cette  dernière. 
Pe  son  séjour  à  Bruxelles  date  son 
examen  de  candidat  en  sciences  phy- 
siques et  mathématiques  ;  comme  étu- 
diant de  Liège,  il  a  subi  les  épreuves 
du  doctorat  devant  le  jury  combiné  ; 
le  jury  de  l*École,  d*autre  part,  lui  a 
conféré,  en1861,  le  diplôme  d'ingénieur 
civil  mécanicien.  Attaché  à  cet  établis- 
sement dès  le  mois  d'octobre  de  la 
m(^me  année,  il  y  a  été  chargé  d'a- 
bord des  répétitions  de  mécanique  ap- 
pliquée et  de  physique  industrielle; 
celles  da  mécanique  élémentaire  lui  ont 
en  outre  été  confiées  en  janvier  4862, 
Là  mon  de  Brasseur  (v.  ce  nom)  ayant 
laissé  vacants  les  cours  de  géométrie 
descriptive  et  de  mécanique  appliquée 
aux  arts,  des  arrêtés  ministériels  du  5 
septembre  1868  ont  nommé  titulaire  du 
premier  M.  l'agrégé  Scbmit  (v.  ce  nom), 
et  du  second  M.  DwelFhauvers-Dery. 
Non  seulement  les  succès  obtenus 
par  M.  Dwelshanvers  dans  ses  études, 
mais  la  valeur  Intrinsèque  de  ses  pre- 
mières publications  lui  ont  servi  de 
titres  aux  yeux  du  gouvernement.  De- 
puis au'il  s'est  voué  à  l'enseignement, 
il  a  déployé  une  activité  multiple  :  en 
donnant  çà  et  là  des  conférences  pu- 
bliques, il  a  témoigné  de  son  dévoue- 
ment à  rinstruction  des  classes  ou- 
vrières; en  collaborant  assidûment  à 
divers  recueils  spéciaux,  et  enfin,  en 
commençant  la  publication  d\in  traité 
sur  la  science  dont  il  est  aujourd'hui 
Torgane  à  TUniversîté ,  il  s'est  fait  con- 
naître comme  spécialiste.  Voici  la  liste 
de  ses  travaux  imprimés  : 


io  Dans  la  Revue  universelle  de  M. 
Ch.  de  Cuyper  : 
a-  Piston  d'égale  résistance  (i860). 

b.  Note  sur  une  machine  à  mortaise 
(4860). 

c.  Rapport  sur  la  partie  mécanique 
de  PExposiiion  de  Londres  en  i8Gâ. 

d.  Rapport  sur  les  machines  mo- 
trices de  l'Exposition  de  Paris  en  1807. 

e.  Roue  hydraulique  de  Delnest 
(1808). 

f.  L'indicateur  de  Watt  et  la  distri- 
bution dans  les  machines  à  vapeur. 

g.  Notes  et  traductions  diverses. 

2^  Dans  le  Bulletin  du  Musée  de  Vin- 
dustrie  : 

h.  Le  régulateur  à  gaz  de  M.  Giroud 
(1868). 

t.  Les  moteurs  hydrauliques  de 
Faivre  et  Coque  pour  1$  petite  indus- 
trie (1863). 

;'.  Sur  le  dynamographe  de  Uoitz 
(1868). 

k.  Gros  tour  en  Vair ,  construit  par 
MM,  Fétu  et  Deliége. 

3«  Dans  le  Dimanche  (journal  popu- 
laire paraissant  à  Liège)  : 
/.  Histoire  de  la  machine  à  vapeur. 

4®  Manuel  de  mécanique  ajmliquée. 
Première  partie  :  Cinématique,  Paris  et 
Liège,  Baudry,  1800,  un  vol.  in-8«, 
avec  12  planches. 

5<^  Atlas  d'un  cours  de  mécanique 
appliquée  (Liège,  1869). 


Vîcmm  (MATHIEU-GeORGES-JoSEPH), 

^,  né  à  Meisenheim,  petite  ville  de 
l'ancien  duché  de  Deux-Ponts  (*),\e 
4  janvier  1802,  commença  ses  études 
humanitaires  au  collège  d'Arlon,  d'où 
il  passa  successivement  à  l'Athénée  de 
Luxembourg  et  au  Lyc^e  de  Metz.  Il 
revint  faire  sa  philosophie  à  Luxem- 


(*)  Nous  marquons  d'un  astërisqnfi  les  noms 
des  fonctionnaires  de  t'Universilé  dont  la 
nomination  est  posldricuro  au  3  novembre 
1807.  A  la  rigneur ,  ils  n'auraient  pas  dû 
prendre  place  dans  notre  galerie  ;  mais  l'U- 
niversité ayant  eu  te  malheur  de  perdre  plu- 
sieurs de  ses  professeurs  depuis  cette  date, 
Qous  nous  sommes  dit  que  notre  travail  per- 


drait de  son  intérêt  d'actualité,  si  nous  gar- 
dions un  silence  absolu  sur  ces  nouveaux 
collègues. 

(*)  En  i80S,le  territoire  du  Meisenheim 
faisait  partie  du  département  de  la  Sarre.  11 
échut  plus  tard  au  landgrave  de  Hesse-Hom* 
bourg  ;  il  est  prussien  depuis  les  dernier^ 
événements. 


819 


FIE 


820 


bourg,  et  y  eut  entre  autres  pour  pro- 
fesseurs Trausch,  Nocl  (v.  ce  nom), 
Stammer,  etc.,  et  pour  condisciples 
Meyer  et  Brasseur  (v.  ces  noms),  ses 
futurs  collègues,  avec  qui  dès  lors  il 
se  lia  d'amitié.  Ils  se  retrouvèrent  à 
Liège  (  '  ),  où  M.  Fiess  arriva  dès  i819, 
avec  rintention  de  se  vouer  à  la  car- 
rière du  barreau.  Il  se  fit  effectivement 
recevoir  docteur  en  droit  en  4824, 
après  avoir  soutenu  une  thèse  De  ser- 
vitute  luminum  et  ne  luminibus  officia- 
turf  et  pendant  quelque  temps  il  plaida 


devant  les  tribunaux  de  Liège.  Mais, 
avant  même  de  quitter  les  bancs  de 
rUniversité,  il  s'était  trouvé  en  pré- 
sence de  circonstances  exceptionnelles 
qui  devaient  décider  de  son  avenir  et 
le  détourner  insensiblement  de  la  pra- 
tique du  droit.  En  1817,  les  li\Tes  de 
la  Bibliothèque  publique  de  la  ville  de 
Liège  avaient  été  cédés  à  TUniversité, 
et  le  conservateur  Terwangne ,  ainsi 
que  son  second  Janssens ,  avaient  par- 
tagé le  sort  de  la  collection  munici- 
pale (').    La  place  de  bibliothécaire 


(*)  Meyer  était  absolument  sans  ressour- 
ces, et  n'avait  pu  obtenir  une  l)Ourse  d'études 
dès  son  entrée  à  TUniversilé.  Ses  compa- 
triotes se  cotisèrent  pour  lui  faire  une  pen- 
sion, que  M.  Fiess  était  chargé  de  lui  payer 
régulièrement  (v.  l'art.  Meyer). 

(  '  )  Selon  M.  Ferd.  Henaux,  la  bibliothèque 
publique  de  la  ville  de  Liège  existait  déjàt  en 
Î7S0.  Le  catalogue  en  fut  imprimé  pour  la 
première  fois  onze  ans  plus  tard,  en  1731 
(45  p.,  sans  nom  d'imprimeur);  il  en  parut 
trois  autres  éditions  dans  le  cours  du  \VIII« 
siècle,  en  1733,  en  1749  (80  p.),  enfin  en 
1767  (106  p.),  chez  Plomteux.  M.  P.  Namur 
nous  apprend  qu'aussi  loin  qu'il  a  pu  remon- 
ter, cette  collection  comprenait  729  volumes 
imprimés,  dont  233  traitant  de  la  théologie 
et  se  rattachant  aux  matières  ecclésiastiques, 
et  7  manuscrits  ,  entr'autres  un  Grégoire  de 
Tours,  dont  l'auteur  des  Délices  du  pays  de 
Liège  (t.  I,  p.  351),  a  soin  de  faire  mention, 
en  rappelant  le  zèle  des  magistrats  de  la 
Cité,  qui  attachaient  un  grand  prix  à  ce  dé- 
pôt, l'un  des  trésors  de  leur  hôtel-de-ville. 
(Les  anciens  cahiers  de  dépenses  de  la  ville 
rapportent  qu'une  somme  de  300  fl.  était  an- 
nuellement consacrée  à  l'achat  de  livres  ;  la 
commune  pourvoyait  également  au  traitement 
du  bibliothécaire). Le  catalogue  de  1767  com- 
prend 3363  vol.;  ce  nombre  était  sans  doute 
de  beaucoup  dépassé  à  l'époque  de  la  pre- 
mière invasion  française,  lorsque  la  Régence 
fit  transporter  à  Maeslricbt  tous  les  livres  et 
papiers  qui  se  trouvaient  à  l'hôtel-de- ville. 
Les  documents  administratifs  furent  disper- 
sés en  Hollande  et  en  Allemagne  :  quant  aux 
livres,  ils  restèrent  entassés  dans  un  bâti- 
ment appartenant  à  l'État,  et  ne  furent  pas 
réclamés  jusqu'à  la  seconde  invasion.  Quand 
la  ville  de  Maestricht  eut  été  reprise  par  les 
Français,  les  autorités  liégeoises  ne  son- 
gèrent pas  davantage  à  revendiquer  leur 
propriété  :  les  livres  passèrent  en  France  et 
l'on  n'y  songea  plus  jusqu'en  1804.  Enfin  on 
se  souvint  que  le  baron  de  Villenfagne  avait 
été  chargé  de  faire  transporter  les  livres  à 


Maestricht  ;  on  l'interpella,  on  fil  une  en- 
quête ;  on  apprit  finalement  que  dans  le 
dépôt  général  des  bibliothèques  de  province, 
il  ne  se  retrouvait  plus  rien  de  ce  qni  était 
venu  de  Liège.  Tout  avait'élé  distribué  çà  et 
là.  Cependant  le  ministre,  reconnaissant  la 
justice  de  la  réclamation  des  Liégeois,  donna 
ordre  de  puiser,  dans  le  dépôt  général,  de 
quoi  former  le  noyau  d'une  nouvelle  biblio- 
thèque. La  ville  de  Liège  obtint,  comme  dé- 
dommagement, des  ouvrages  tirés  de  plu- 
sieurd  bibliothèques  des  ordres  religieux  de 
Paris,  et  de  celle  de  Chantilly.  A  ce  premier 
fonds ,  le  gouvernement  en  adjoignit  peu 
après  un  autre ,  provenant  des  anciens  cou- 
vents du  pays  et  déposé  jusque-là  dans  les 
cloîtres  de  S^-Xean.  Cependant  les  volumes 
de  cette  dernière  catégorie  n'échurent  pas 
tous  à  la  ville.  Le  décret  du  33  ventôse  an 
XII  (14  mars),  instituant  un  Séminaire  dans 
chaque  arrondissement  métropolitain,  et  ac- 
cordant une  Bibliothèque  à  chacun  de  ces 
établissements,  eut  pour  conséquence  un  ar- 
rêté impérial,  ordonnant  le  partage,  entre  le 
Séminaire  de  Liège  et  la  ville ,  des  livres 
d'abord  affectés  exclusivement  à  cette  der- 
nière. 11  paraît ,  dit  M.  Voisin  (Documents 
pour  servir  à  l'histoire  des  Bibliothèques  de 
Belgique,  p.  186),  que  ce  partage  se  Gt  d'une 
manière  bien  singulière  :  les  livres  furent 
pour  ainsi  dire  mesurés  à  la  toise  ou  au  pied 
cube,  de  sorte  que  le  premier  volume  du 
manuscrit  autographe  de  ï Histoire  ecclésias- 
tique des  Pays-fias  par  Bertholet,  p.  ex., 
resta  dans  la  Bibliothèque  municipale,  tandis 
que  le  second  passa  au  Séminaire  ;  et  ainsi 
d'une  foule  d'ouvrages.  Le  célèbre  J.-N.  Bas- 
senge,  rentré  dans  la  vie  privée  après  la 
révolution ,  fut  conservateur  de  la  Biblio- 
thèque de  la  ville  jusquen  1811  ;  mais  il  ne 
parait  pas  s'en  être  beaucoup  occupé  :  nombre 
de  volumes  furent  perdus  pendant  sa  gestion; 
en  1813,  il  n'y  avait  pas  encore  d'inventaire. 
L'abbé  J.-P.-J.  Tcr\vangne  fut  nommé  biblio- 
thécaire en  1813,  après  la  mort  de  Bassenge  : 
c'était  un  homme  peu  lettré,  tout  au  moins 


821 


FIE 


sn 


en  chef  restait  vacante  (*);  une  Com- 
mission de  trois  membres  (Denzinger , 
Fuss  et  Warnkœnig),  nommée  par  les 
curateurs  de  l^Université  (iSlS),  avait 
mission  de  procéder  au  triage  des 
livres  et  de  pourvoir  aux  premiers 
soins  d'organisation.  Un  premier  fonds 
de  18,000  florins  P.-B.  devait  servir 
aux  acquisitions  tes  plus  indispensa- 
bles, au  point  de  vue  des  besoins  de 
renseignement.  Le  Sénat  académique 
se  composait  de  1 8  professeurs  :  cha- 
cun disposait  de  mille  florins  ;  cha- 
cun achetait  à  sa  guise.  De  là  des 
désordres  inévitables,  des  doubles  em- 
plois, etc.  —  Les  choses  allèrent  ainsi 
jusqu'aux  vacances  de  Pâques  (1820)  : 
enfin  la  Commission  reconnut  que  son 
premier  devoir  était  de  procéder  au 
plus  tôt  à  la  rédaction  d*un  double  ca- 
talogue, alphabétique  et  méthodique, 
conformément  aux  prescriptions  de 
Tart.  ii5  du  règlement  de  1816  sur 
renseignement  supérieur.  On  fit  appel 
aux  étudiants:  Meyer  fut  chargé  de  re- 
lever la  liste  des  ouvrages  relatifs  aux 
sciences  mathématiques  ;  un  élève  en 
médecine  se  chargea  des  livres  de 
son  domaine  ;  M.  Fiess  catalogua  les 
livres  de  droit  (').  Sur  ces  entrefaites, 
Wamkœnig  fut  nommé  bibliothécaire 
en  chef  (21  juin  1821),  avec  Terwangne 
en  sous-ordre.  Restaient  les  belles- 
lettres  et  la  théologie,  pour  lesquelles 
personne  ne  s*était  présenté.  Quand 
M.  Fiess  eut  terminé  sa  tâche,  vers 
la  fin  de  1821,  on  le  pria  de  combler 
cette  lacune;  Warnkœnig  avait  eu 
d'ailleurs,  dans  le  cours  de  la  même 
année,  une  nouvelle  occasion  d'appré- 


cier Taptilude  de  son  Jeune  auxiliaire  : 
ils  s'étaient  rendus  ensemble  à  Opitter, 
près  Maeseyck,  pour  y  recevoir  les 
livres  de  Tabbaye  d'Everboden,  don- 
nés à  la  Bibliothèque  de  Liège,  et  en 
dresser  rinventaire.Les  collaborateurs 
de  M.  Fiess  avaient  dû  renoncer  à  leur 
besogne;  Terwangne  faisait  peu  de 
chose  ;  le  bibliothécaire  en  chef  ne 
s'inquiétait  que  des  acquisitions  (')  : 
bref,  l'exécution  de  l'art.  115  du  règle- 
ment organique  allait  incomber  à  un 
seul  homme.  M.  Fiess  accepta  coura- 
geusement ce  lourd  fardeau,  et  dès  ce 
moment  le  travail  devint  uniforme  et 
beaucoup  plus  rapide.  Un  système  bi- 
bliographique régulier  fut  adopté  pour 
le  classement  par  ordre  de  matières;  il 
fut  tenu  compte,  d'ailleurs,  de  la  diffé- 
rence des  formats  (in-folio,  in-4o,  in-8<* 
et  minori  forma).  Les  grands  in-folio 
occupèrent  de  grandes  armoires,  pla- 
cées dans  la  salle  du  centre.  Le  timbre 
universitaire  fut  apposé  au  verso  du 
titre  de  chaque  volume;  des  chiffres 
d'ordre  (division  et  subdivision)  furent 
inscrits  également  dans  chaque  vo- 
lume, k  la  fin,  au  bas  de  la  feuille  de 
garde.  L'inventaire  commencé  par  Ter- 
wangne  d'après  les  prescriptions  de 
Warnkœnig  fut  continué  par  M.  Fiess, 
après  la  mort  du  sous-bibliothécaire,  à 
dater  du  28  décembre  1822.  Les  cata- 
logues généraux  de  la  Bibliothèque, 
entièrement  (sauf  les  premières  pages 
de  l'inventaire)  de  la  main  de  M.  Fiess 
et  tenus  constamment  au  courant,  avec 
un  soin  et  une  exactitude  au-dessus  de 
tout  éloge,  sont  au  nombre  de  quatre, 
savoir  : 


un  bibliographe  médiocre,  comme  le  prouve 
son  Catalogue,  publia  en  1813.  On  y  trouve 
les  titres  de  3866  ouvrages,  classes  par 
format  :  c  La  bibliothèque,  ajoute  le  digne 
abbé,  possède  en  outre  plus  de  deux  cents 
manuscrits  relatifs  à  divers  genres,  tant  en 
vdlin  et  parchemin  qu'en  papier  ;  ils  seront 
tous  placés  sous  les  mains  des  lecteurs,  qui 
pourront  les  feuilleter  ;  ainsi  que  plusieurs 
liasses  de  différents  formats.  »  La  Biblio- 
thèque resta  stationnaire  jusqu'à  la  création 
de  l'Université  de  Liège  (P.  Namur,  Hist.  des 
bibiioth.  pubL  de  la  Belgique,  t.  111,  p.  IS- 
31).  —  Lorsqu'elle  fut  cédéo  à  cet  établisse- 
ment, elle  comptait  7000  volumes. 
(  '  )  Terwangne  était  adjoint  à  la  Commis- 


sion avec  la  qualité  de  sous-bibliothécaire  ; 
Janssens  avait  le  titre  d'aide-bibliotbécaire. 

(  *  )  Ce  fut  Meyer  qui  le  signala  à  l'attention 
de  Warnkœnig,comme  ayant  déjà  l'expérience 
du  classement  des  livres.  Etant  encore  à 
Luxembourg,  M.  Fiess  avait  effectivement 
fondé  une  espèce  de  circulating  lihrary,  à 
l'usage  de  ses  condisciples  de  l'Athénée. 

(  *  )  Le  seul  acte  important  de  sa  gestion 
est  la  rédaction  d'un  lièglemeni  pour  le  ser- 
vice de  la  Bibliothèque ,  adopté  par  le  Collège 
des  curateurs  le  17  octobre  1891.  Ce  règle- 
ment fut  remplacé,  le  14  octobre  4837,  par 
une  disposition  ministérielle  applicable  aux 
deux  Universités  de  l'État ,  conformément  à 
la  loi  de  1835. 


823 


FIE 


1^  Vlnventairfiy  journal  ou  catalogue 
des  acquisitions  et  des  dons  faits  à  la 
Bibliothèque,  indiquant  les  dates  de 
l'entrée  de  chaque  ouvrage  ; 

2o  Le  Catalogue  alphabétique  par 
noms  d'auteurs,  en  feuilles  détachées 
(dans  des  cartons  grand  in-4^),  placé 
dans  le  salon  de  lecture  ; 

5*  Le  Catalogue  de  placement ,  par 
ordre  de  matières,  in-folio  (les  livres 
étant  inscrits  à  mesure  qu'ils  arrivent. 
Tordre  de  ce  catalogue  ne  peut  être  ri- 
goureusement scientifique  dans  les  me- 
nus détails); 

4**  Enfin,  le  Catalogue  sur  bulletins 
classés  méthodiquenient  et  scientifique- 
ment, comprenant  les  titres  exacts, 
non-seulement  de  tous  les  livres,  mais 
de  toutes  les  dissertations  et  brochures, 
dont  la  bibliothèque  de  Liège  possède 
une  très-riche  collection.  Ce  catalogue, 
œuvre  considérable  et  digne  de  toute 
attention,  a  été  rédigé  après  les  autres, 
d'après  un  système  nouveau  et  par- 
faitement logique  :  il  est  renfermé 
dans  des  cartons  grand  in- 8"*  et  placé 
dans  le  cabinet  du  bibliothécaire  en 
chef,  avec  l'inventaire  et  le  catalogue 
de  placement.  Le  premier  bulletin  de 
chaque  carton,  en  papier  rose,  con- 
tient la  table  générale  du  contenu  du 
carton  ;  viennent  ensuite  des  bulletins 
jaunes  indiquant  les  subdivisions,  et 
enfin  des  bulletins  blancs,  un  pour 
chaque  ouvrage. 

Nommé  premier-aide  bibliothécaire 
le  29  mars  1823,  par  arrêté  ministériel 
(signé  Falck),  conformément  au  vœu 
exprimé  par  le  Collège  des  curateurs, 
M.  Fiess  s'occupa  d'abord  de  la  récep- 
tion des  livres  acquis,  comme  il  a  été 


dit  ci-dessus,  par  les  18  professeurs 
de  rUniversifé.  Quand  tout  fut  en 
ordre,  il  s'occupa  sans  retard  du  clas- 
sement, et  son  zèle  soutenu  ne  larda 
pas  ù  donner  à  la  Bibliothèque  une 
utilité  croissante.  AVarnkœnig  donna 
sa  démission  de  bibliothécaire  en  chef 
en  4825  et  fut  remplacé  par  M.  Fiess, 
qui  depuis  H  ans  est  resté  à  son 
poste,  ne  passant  pas  un  jour  sans 
travailler  à  l'accroissement  et  à  l'amé- 
lioration du  dépôt  confié  à  ses  soins. 
Il  a  eu  successivement  pour  aides  Bar- 
bier, jusqu'en  4827  ;  M.  Kirsch  [*), 
jusqu'en  1831;  M.  Hennequin,  de  4855 
à  4855;  M.  P.  Namur  (en  qualité  de 
second  bibliothécaire),  jusqu'en  4858; 
M.  Coune,  et  enfin  M.  Grandjean,  sous- 
bibliothécaire  ûe^ms  4859  ("). 

La  bibliothèque  de  l'Université  de 
Liège  ne  possède  que  des  ressources 
minimes  :  le  subside  annuel  dont  elle 
jouit  actuellement  pour  acquisitions  de 
livres,  abonnements  aux  recueils  pé- 
riodiques, reliures  et  frais  accessoires 
de  toute  espèce,  ne  s'élève  pas  à  plus  de 
40,500  fr.  Les  étrangers  qui  la  visitent 
ont  peine  à  se  figurer  comment  il  a  été 
possible,  avec  si  peu  de  moyens,  de 
former  une  telle  collection.  Il  est  vrai 
que  des  dons  précieux  et  considérables 
ont  contribué  çà  et  là  à  l'enrichir.  Mais 
la  ville  de  Liège,  jusqu'à  ces  dernières 
années,  y  est  restée  indifférente  et  n'a 
cessé  de  l'ôtre  qu'à  un  point  de  vue  tout 
spécial.  En  vain  M.  Fiess  fit  remarquer, 
il  y  a  plus  de  vingt  ans,  qu'on  évilerail 
tout  double  emploi  et  qu'on  rendrait 
d'émînents  services  aux  études  géné- 
rales, si  la  ville  consentait  à  déposer 
à  l'Université  les  fonds  de  bibliothèque 


(  *  )  Depuis  commissaire  do  police  en  chef 
de  la  viUe  de  Liëge,  aujourd'hui  en  retraite. 

(')  H  y  a  aussi  un  aidc-bibliothëcaire.  — 
M.  Grandjean  (Mntbicu),  né  à  Liège  le  30 
octobre  484  5«  a  fait  de  brillantes  études  à 
l'Université  de  Liège,  d'oii  il  est  sorti  docteur 
en  ptiilosophie  et  lettres  au  mois  de  mai 
4843.  Il  aurait  pu  se  distinguer  dans  la  car- 
rière de  l'enseignement;  il  a  fait  ses  preuves 
au  Collège  de  Liège ,  en  4849,  comme  pro- 
fesseur suppléant.  Il  est  resté  fidèle  à  la  Bi- 
bliothèque, où,  de  même  que  M.  Fiess,  il  est 
entré  étant  encore  étudiant.  On  doit  à  M. 
Grandjean  la  rédaction  de  plusieurs  cata- 
logues plus  ou  moins  importants,  ceux  de  la 


bibliothèque  populaire  de  Hognoul  (1862), 
dont  il  est  le  fondateur,  et  qui  est  la  fremière 
de  ce  genre  instituée  en  Belgique  ;  de  la  bibl. 
de  la  Soc.  d'Émulation  de  Liège  ;  de  la  bibl. 
populaire  de  cette  ville;  de  la  bibl.  de  M.  le 
comte  deMercy-Argenteau  (au  château  d'Ar- 
genteau),  etc.  —  M.  Grandjean  ,  élève  de 
BurggraflT,  s'est  beaucoup  occupé  de  philo- 
logie sémitique  et  en  général  d'études  gram- 
maticales. Le  Bulletin  de  la  Société  wal- 
lonne de  Liège  (t.  IV,  p.  89)  contient im 
rapport  sur  une  Grammaire  du  patois  lié- 
geois^ rédigé  par  lui  en  (qualité  de  juge  d'an 
concours. 


835 


FIÉ 


826 


pour  lesquels  elle  slmposait  régulière- 
ment (les  sacrifices  :  nous  voulons  par- 
ler des  livres  à  Tusage  des  élèves  de 
FÂcadémie  dos  beaux-arts  et  de  TEcole 
industrielle.  L'administration  lui  oppo- 
sa une  fin  de  non-recevoir  ;  ce  fut  seule- 
ment après  1861  cpe  M.  VHenaux,  de- 
venu échevin  de  l'instruction  publique, 
fit  voter  1,000  frs.  pour  l'achat  de 
£eodt^»st/i, qui  devaient,  bien  entendu, 
rester  la  propriété  de  la  ville.  Deux 
cents  francs  furent  en  outre  alloués 
pour  médailles  et  monnaies  liégeoises 
et  deux  cents  francs  pour  gravures  lié- 
geoises. Des  subsides  extraordinaires 
permirent  aussi  l'acquisition  de  quel- 
ques livres  ou  manuscrits  d'un  haut 
intérêt  pour  l'histoire  du  pays,  aux 
ventes  DeJongbe  et  Lavalleye. 

M.  Fiess  a  obtenu,  en  1841,  le  titre 
de  professeur  extraordinaire  à  l'Uni- 
versité, il  fait  partie  de  la  Faculté  de 
philosophie  et  des  lettres.  Depuis  1827, 
il  est  régulièrement  élu,  par  le  corps 
professoral ,  receveur  académique.  Ava  nt 
cette  époque,  il  était  d'usage  que  les 
professeurs  fissent  personnellement  la 
recette  de  leurs  honoraires  {minerval)  ; 
dans  la  Faculté  de  droit  seulement, 
Warnkœnig  avait  réussi,  dès  1825- 
182i,  à  faire  nommer  un  délégué,  M. 
Fiess.  Cette  mesure,  toute  facultative 
jusqu'en  1855,  fut  géï)éralisée  en  1827 
par  l'initiative  de  toutes  les  Facultés. 

£n  18i8,  lors  du  renouvellement 
complet  du  Conseil  communal  de  Liège, 
les  électeurs  envoyèrent  M.  Fiess  à 
riIôte1-de-Ville.  Il  accepta  volontiers  un 
mandat  qui  devait  lui  permettre  de  tra- 
vailler efiicacement  à  la  réalisallûnd'un 
projet  dont  sa  propre  expérience,comme 
père  de  famille, lui  avait  démontré  Tim- 
portance.  A  celte  époque,  il  n'existait 
à  Liège  que  des  écoles  communales 
gratuites,  en  fait  exclusivement  fréquen- 
tées par  les  enfants  pauvres  :  l'instruc- 
tion des  enfants  de  la  classe  aisée  était 
complètement  abandonnée  à  la  spécu- 
lation. Les  idées  les  plus  simples  et  les 
plus  fécondes  sont  lentes  à  mûrir.  Ici 
encore  M.  Fiess  fut  déçu  dans  ses  espé- 
rances. Dès  la  première  séance  à  la- 

(  '  )  Dirigée  par  M.  Jaminet. 
(')  Il  s'agit  de  l'école  des  filles,  rue 
Bsaae-Wei,  et  de  l'école  dite  de  Crèvecaur 


quelle  il  assista,  il  réclama  formellement 
la  création  d'une  école  payante  :  un  seul 
membre  de  l'assemblée,  M.  le  bourg- 
mestre Piercot,  appuya  sa  proposition. 
Huit  ans  s'écoulèrent  sans  que  la  ques- 
tion fît  un  pas  ;  enfin ,  lorsque  M .  Closset 
devint  le  chef  du  Collège,  M.  Fiess  fut 
instamment  invité  par  le  nouveau  ma- 
gistrat à  entrer  dans  ce  corps,  en  qua- 
lité d'échevin  de  l'instruction  publique, 
il  accepta,  mais  sous  la  condition  ex- 
presse que  le  Collège  ferait  tous  ses 
efforts  pour  amener  la  création  d'écoles 
payantes  pour  les  deux  sexes.  Cette  fois 
il  fut  au  comble  de  ses  vœux  :  VInstitut 
Si-Jean,  excellente  école  modèle  (^  ),ne 
tarda  pas  à  ouvrir  ses  portes  aux  jeunes 
garçons;  deux  ans  plus  tard  fut  installé 
VInstitut  communal  des  filles,  dans  la 
maison  primitivement  occupée  par  le 
premier  établissement,  qui  fut  transféré 
place  Saint-Jean,  d'où  son  nom  actuel. 
—  Il  était  devenu  nécessaire,  d'autre 
part, de  multiplier  les  écoles  gratuites: 
le  faubourg  S^'^-Walburge,  séparé  de  la 
ville,  en  était,  entr'autres,  absolument 
dépourvu.  M.  Fiess  le  dota  de  deux 
écoles,  l'une  pour  les  garçons ,  l'autre 
pour  les  filles.  11  créa  également  une 
école  des  filles  rue  Grétry,  et  fit  décréter 
rétablissement  de  deux  autres,  qui  ne 
purent  être  ouvertes  qu'après  1861, 
époque  où  il  quitta  l'échevinat  ("), —  Ce 
fut  encore  sur  l'initiative  de  M.  Fiess 
que  le  Conseil  communal  nomma  un 
inspecteur  général  des  écoles  primaires 
de  la  ville.  Non  content  d'avoir  assuré 
par  là  Tuniformité  des  méthodes  et  la 
haute  surveillance  d'études,  il  voulut 
connaître  de  près,  par  lui-même,  le 
personnel  enseignant.  Pendant  trois 
ans,  il  s'imposa  la  tâche  de  visiter  quo- 
tidiennement l'une  ou  l'autre  école  com- 
munale ;  nous  n'avons  pas  besoin  d'in- 
sister sur  les  résultats  d'une  telle  solli- 
citude. —  A  l'échevinat  de  M.  Fiess  se 
rattache  encore  le  transfert  de  l'École 
industrielle  au  local  de  l'École  commu- 
nale des  Croisiers,  et  l'installation  du 
Musée  des  beaux-arts  à  la  Halle  des 
drapiers  (  ').  Enfin,  il  poussa  le  premier 
à  la  reconstruction  du  Théâtre  royal, 

(quartier  du  nord). 

(*)  Prdcc^dcmmenl  occupée  par  l'École 
industrielle. 


827 


FOS 


838 


qui  n*était  plus  en  rapport  avec  les  be- 
soins de  la  population.  Son  insistance 
à  ce  sujet  ne  trouva  d'abord  que  des 
contradicteurs;  il  persista  et  obtint,  non 
sans  peine,  que  M.  Rémont,  architecte 
de  la  ville,  serait  chargé  de  se  livrer 
aux  études  nécessaires  et  d'élaborer  un 
projet.  Plus  tard  Tidée  fit  son  chemin  ; 
un  concours  fut  ouvert  entre  les  hom- 
mes de  Part;  M.  Rémont  remporta  et 
la  ville  fut  enfin  dotée  d'une  vaste  et 
magnifique  salie,  dont  elle  est  justement 
flère  aujourd'hui. 

La  rédaction  des  catalogues  de  la 
Bibliothèque  de  l'Uni versité  a  réclamé 
de  longues  années  de  travail  :  on  ne  sau- 
rait s'étonner  que  d'une  chose,  c'est 
que  ce  travail  immense  ait  pu  être  ac- 
compli par  les  soins  d'un  seul  homme, 
et  avant  qu'il  fût  parvenu  au  milieu  de 
sa  carrière.  Tout  était  achevé  et  prêt  à 
paraître  il  y  a  plus  d'un  quart  de  siècle; 
il  est  éminemment  regrettable  que  le 
manque  de  fonds  ait  empêrhé  le  gou- 
vernement de  donner  suite  au  projet 
arrêté,  de  publier  intégralement  ce  pré- 
cieux recueil  d'indications  encyclopédi- 
ques. C'eût  été  là,  sans  contredit,  un 
service  de  premier  ordre  rendu,  non  pas 
seulement  à  l'Université,  mais  à  la 
science  elle-même.  Deux  volumes  seu- 
lement ont  vu  le  jour,  et  l'un  des  deux 
est  resté  inachevé.  —  M.  Fiess  a  publié  : 

i"  De  scrvitute  luminum  et  ne  lumini- 
bus  olpciatur  (Thèse  inaugurale).  Liège, 
1834,  in-4^ 

So  Annuaire  de  rUnivemté  de  Liège. 
Liège,  1850.  in-12«. 

Nous  avons  puisé  de  nombreux  renseigne- 
roenls  dans  ce  petit  volume,  rédigé  avec  un 
soin  extrême,  en  collaboration  avec  Courtois 
(v.  ce  nom). 

5^  Catalogue  des  manuscrits  de  V  Uni- 
versité de  Liège,  Liège,  1844,  ln-8S 
avec  5  pi.,  dont  l'une  représente  la  cou- 
verture (ivoire  et  émail)  du  précieux 
évangéliaire  de  l'évêque  Notger,  décou- 
vert par  M  Fiess  et  donné  à  l'Univer- 
sité sur  ses  instances.  —  Dix  feuilles 
seulement  du  Catalogue  des  Manuscrits 
ont  été  imprimées;  M.  Fiess  prépare 
une  nouvelle  édition  complète  de  cet 
ouvrage. 

4**  Catalogue  de  la  Bibliothèque  de 


rVniversité  de  Liège,  Tome  XL  Méde- 
cine. Liège,  1844,  un  fort  vol.  in-8<>à 
3  col. 

C'est  la  reproduction  du  Caialogue  métho- 
dique mentionné  ci-dessus  (n»  4,  col.  823). 

S*"  Note  d'où  il  résulte  que  Hasselt 
(Limbourg)  et  le  pays  de  Liège  doivent 
renoncer  à  l'honneur  d'avoir  possédé 
une  imprimerie  au  XV*  siècle  (Messager 
des  Sciences,  etc.,  de  Gand,  1855,  p. 
454). 

M.  Fiess  établit  que  Peter  Van  0$  impri- 
mait à  Hasselt  en  Hollande(diocèse  d'Glrechl). 

&*  Alexandre  y  61*  évéque^dt  Liège 
(1 161-1167).  Même  recueil,  1857,  p.  59. 

Notice  sur  one  lettre  de  Renaud'  de  Co- 
logne, relative  au  combat  qui  eut  pour  résul- 
tat l'entrée  de  Frédéric  Barberoussc  â  Rome. 

M.  Fiess  est  chevalier  de  l'Ordre  de 
Léopold.  Il  fait  partie  de  plusieurs 
Compagnies  savantes  :  de  la  Société 
historique  et  archéologique  du  Grand- 
duché  de  Luxembourg ,  de  celle  d'Ar- 
lon,  de  la  Société  historique  et  litté- 
raire de  Bois-le-Duc;  il  est  membre 
honoraire  de  la  Société  géologique  de 
Vienne  et  de  l'Institut  archéologique 
liégeois;  il  a  été,  de  1828  à  i850. 
membre  du  Comité  des  lettres  de  la 
Société  d'Émulation  de  la  môme  ville  ; 
enfin ,  il  est  un  des  fondateurs  (et  le 
président  depuis  l'origine)  de  la  Société 
des  bibliophiles  liègeoiSy  aux  travaux  de 
laquelle  il  n'a  cessé  de  prendre  une 
part  très-active. 

FoMion  (Nicolas-Gisbert)  ,  né  à 
Hannut  le  29  novembre  1811 ,  aborda 
les  études  médicales  à  l'Université  de 
Liège  après  avoir  achevé  ses  humanités 
au  collège  de  S^-Trond.  11  atteignit  le 
premier  grade  dans  ses  examens  de  can- 
didat en  sciences  et  en  médecine,  et  fut 
reçu  docteur  avec  grande  distinction  en 
1856  (levant  le  jury  central ,  assemblé 
pour  la  première  fois.  Il  se  rendit  alors 
à  Paris,  où  il  suivit  assidûment,  jusqu'à 
la  fin  de  1857,  les  leçons  de  Bouillaud, 
de  Broussais  et  de  Chomel  ;  rentré  à 
Liège,  il  partagea  son  temps  entre  les 
soins  de  la  pratique  civile  et  l'étude 
de  la  physiologie,  qui  avait  toujours  eu 
pour  lui  beaucoup  d'attrait.  En  4845, 
M.  Van  de  Wcycr  l'attacha  à  l'Univer- 


829 


FOS 


830 


site  (le  Liège  en  qualité  d'agrégé  ;  il  fut 
également  nomiré,  cette  année,  conser- 
vateur du  cabinet  d'anatomie  compa- 
rée. Deux  ans  plus  tard,  un  arrêté 
royal  lui  conOa  un  cours  de  physiolo- 
gie humaine  et  comparée,  dont  ii  resta 
titulaire  en  concurrence^  lors  de  la  no- 
mination de  M.  Schwann.  Les  travaux 
scientifiques  de  M.  Fossion  lui  ont  valu, 
dès  48^1,  le  titre  de  correspondant  de 
FÂc^démie  de  médecine  de  Belgique  ; 
en  i854Jl  a  été  élu  membre  titulaire 
de  celte  compagnie;  en  1860,  vice-pré- 
sident. En  4867,  la  décoration  de  2« 
classe  de  Tordre  récemment  créé  pour 
récompenser  les  services  civils,  lui  a  été 
décernée  en  mémoire  du  dévouement 
dont  il  a  fait  preuve  pendant  les  an- 
nées d*épidémic. 

Les  Bulletins  de  P Académie  de  méde- 
cine contiennent  un  grand  nombre  de 
Rapports  rédigés  par  M.  le  docteur 
Fossion.  Il  serait  trop  long  de  les  énu- 
mérer  ici  ;  nous  nous  contenterons 
d'un  aperçu  sommaire  de  ses  princi- 
paux Mémoires. 

4^  En  1842,  il  a  communiqué  à  VA- 
cadémie  royale  des  sciences  de  Bruxelles 
un  Mémoire  sur  les  glandes  dites  san- 
guines. 

^  En  4845,  il  a  publié,  au  nom  du 
Conseil  de  salubrité  de  la  province  de 
Liège,  dont  il  faisait  partie,  un  Rapport 
de  4  40  pages  sur  la  condition  des  ou- 
vriers et  le  travail  des  enfants  dans  les 
manufactures  et  les  mines  de  la  dite 
province,  en  réponse  à  une  série  de 
questions  posées  par  le  gouvernement. 
Ce  document  est  inséré,  avec  une  men- 
tion très-honorable,  dans  le  Recueil 
officiel  de  Mémoires  publiés  en  4847 
par  la  Commission  centrale  d'enquête. 

5**  Nous  mentionnerons  particulière- 
ment, à  cause  de  leur  importance, 
deux  Rapports  à  V Académie  royale  de 
médecine,  sur  les  concours  ouverts  au 
sujet  des  maladies  des  ouvriers  bouil- 
leurs, et  un  troisième  sur  une  ques- 
tion relative  à  la  formation  des  glo- 
bules du  sang. 

4®  Mémoire  sur  la  pathogénie  de  la 
phthisie  pulmonaire,  et  sur  les  moyens 


prophylactiques  à  opposera  la  produc- 
tion de  cette  redoutable  maladie  (Mém. 
de  VAcad,  de  médecine  ^  4847);  —  M. 
Fossion  cherche  à  prouver  que  la  phthi- 
sie pulmonaire  est  habituellement  le 
résultat  d'une  réfrigération  des  pou- 
mons, qui  serait  la  conséquence  :  i^  de 
la  vie  sédentaire  ;  2<>  de  Tinsuffisance 
des  aliments  réparateurs  ;  5°  des  pertes 
excessives  qui  résultent  de  la  lactation 
prolongée,  de  l'excès  du  coït,  de  la 
suppuration  prolongée,  etc.;  4*  des 
refroidissements  qui  se  produisent  fa- 
cilement dans  les  localités  et  les  climats 
de  température  variable.  Il  conseille  aux 
personnes  prédisposées  à  la  phthisie  le 
mouvement  au  grand  air,  l'usage  de  la 
viande  de  porc^  etc.  Il  croit,  en  outre, 
que  l'exercice  des  facultés  locomotrices 
est  le  principal  moyen  préventif  de  la 
maladie,  parce  qu'il  active  la  digestion 
et  développe  la  chaleur  animale.  Il  fait 
remarquer  que  les  ouvriers  bouilleurs 
sont  en  général  à  l'abri  de  la  phthisie, 
parce  qu'ils  travaillent  activement  des 
bras,  mangent  beaucoup  de  lard  et  vi- 
vent dans  une  atmosphère  chaude  et 
bitumineuse. 

5^  Mémoire  sur  les  mouvements  et  les 
bruits  du  cœur  (Ibid.  4850).  L'auteur 
s'attache  à  démontrer,  par  des  expé- 
riences auxquelles  il  s'est  livré  lui- 
même,  que  les  mouvements  des  divers 
compartiments  du  cœur  sont  réglés 
d'après  une  loi  d'ensemble,  mais  nulle- 
ment par  ordre  de  succession  alterna- 
tive, et  que  le  premier  bruit  du  cœur 
correspond  à  la  systole,  le  second  à  la 
diastole  (*). 

6o  Note  sur  les  gangrènes  spontanées 
(Bull,  de  /'Acod.,  4852),  ayant  pour  objet 
de  démontrer  qu'elles  sont  tout  aussi 
souvent  le  résultat  du  défaut  d'innerva- 
tion, que  de  l'inflammation  et  de  l'ossi- 
fication des  artères. 

7®  De  la  dérivation  du  sang  (Ib.  1866). 
Dissertation  tendant  à  établir  l'existence 
d'une  loi  complémentaire  du  système  de 
la  circulation  du  sang.  Les  organes  dé- 
rivateurs,  selon  l'auteur,  sont  la  rate^ 
le  corps  thyroïde^  Us  thymus  et  les  glandes 
surrénales. 


(*)  Ce  travail  a  donné  lieu  à  de  longues      dl&cu&s'ions û^lmIsl  Gazette  médicale àeVwî», 


831 


GIL 


833 


8<>  Réponse  au  rapport  de  M,  Kubom 
{*)  sur  le  travail  des  femmes  dans  les 
mines.  Bruxelles,  H.  Manceaux,  48()9, 
in-8o. 

Extrait  du  BuU,  de  VAcad,  rtt^,  de  mide- 
ciM  de  Belgique,  t.  III ,  â«  série,  n«  2.  — 
L'auteur  Boutieol  que  le  métier  de  mineur 
n'est  nullement  insalubre,  et  qu'il  n'y  a  pas 
plus  d'immoralité  chez  les  mineurs  que  chez 
les  autres  ouvriers  ;  qu'en  i^onséquence , 
l'Académie  est  incompétente  pour  provoquer 
une  loi  qui  interdirait  aux  femmes  le  travail 
dans  les  galeries. 

M.  Fossion  a  fait  partie,  à  denx  re- 
prises différentes,  du  jury  chargé  de 
décerner  le  prix  quinquennal  des  scien- 
ces médicales. 

oiiion  (àlxuste),  né  à  Liège  le  i5 
novembre  182G,  a  fait  ses  humanités  au 
Collège  de  celte  ville,  ses  études  scien- 
litiques  k  TEcole  du  génie  ci\il  annexée 
à  rUnivei'sité  de  Gaiid,  et  ses  études 
d*application  à  l'Ecole  des  arts  et  ma- 
nufactures de  Liège,  d*où  il  est  sorti  en 
i8[>l  muni  du  dijdôme  d'ingénieur  civil, 
après  avoir  été  proclamé,  au  concours 
universitaire,  premier  en  sciences  na- 
turelles. Le  Mémoire  couronné  à  cette 
occasion  liaite  des  différents  procédés 
de  fabrication  du  fer  (Ann.  des  Univ. 
DE  Belgique,  185i-52,  p.  765-943,  et 
séparément  :  Bruxelles ,  Leslgne,  un 
vol.  gr.  in-8**).  On  y  trouve  une  disser- 
tation sur  Tinfluence  des  cyanures  dans 
tous  les  cas  où  se  produit,  dans  les 
fourneaux  de  Tindustrie,  la  cémentation 


carburante  du  fer,  et  notamment  dans 
la  fabrication  des  aciers.  Depuis  quel- 
ques années,  ù  la  suite  d'intéressants 
travaux  de  chimistes  français  et  anglais, 
les  vues  théoriques  auxquelles  touchait 
Tauteur  sont  admises  parla  plupart  des 
métallurgistes. 

M.  Gillon  débuta  dans  renseignement 
en  1853,  comme  professeur  de  chimie 
et  de  physique  à  TAthénée  royal  et  à 
FÉcole  des  arts  et  métiers  de  tournai. 
Il  résilia  ces  fonctions  au  bout  de  deux 
ans  et  demi,  et  se  rendit  à  Paris  pour  y 
suivre  les  cours  de  TÉcole  des  mines  et 
d'autres  institutions  scientiflques.  En 
i857,  il  rapporta,  d'un  voyage  d'études 
dans  les  mines  et  usines  de  quelques 
parties  de  l'Allemagne,  un  Mémoire  sur 
la  préparation  mécanique  des  minerais 
au  HarZj  qui  parut  dans  la  Revue  uni- 
verselle des  miftes  (t.  Il,  p.  487-526  ;  L 
in,  p.  S60-Î88,  et  p.  55>560).  —  En 
cette  même  année  1 857,  il  fut  attaché  aux 
Ecoles  spéciales  de  Liège,  en  qualité 
de  répétiteur  des  cours  de  métallurgie 
et  d'exploitation  des  mines.  En  18G0, 
ta  Société  Bmr\yme  àe\9  Nouvelle-Mon- 
tagne lui  confia  la  direction  des  mines 
et  usines  d'Engis.  On  lui  doH  les  pre- 
mières installations  des  trommels  con- 
centriques, très  appréciés  aujourd'hui. 
S'il  se  chargea  volontiers  de  fonctions 
qui  devaient  achever  de  l'initier  k  la 
pratique  industrielle,  elles  n'eurent  ce- 
pendant pas  le  pouvoir  de  le  tenir  long- 
temps éloipé  de  Liège.  Nommé  titu- 
laire du  cours  de  métallurgie  à  TUni- 


(*)  II.  Hyacinthe  Kuborn,  docteur  en  mé- 
decine k  Seruing,  a  été  l'un  dos  élèves  les 
plus  brillants  de  notre  Cnivorsité.  Lauréat 
et  membre  correspondant  de  l'Académie 
royale  de  médecine,  il  a  obtenu,  sans  avoir 
eu  à  se  soumettre  aux  épreuves  du  doctorat 
spécial,  l'autori$«ntlon  de  faire,  près  la  Fa- 
culté de  médecine  de  Liège,  un  cours  public 
et  spécial  ù'Uroncopie  pratique  ou  Vro*copie 
au  Ht  du  malade.  Ce  cours  a  été  ouvert  au 
second  semestre  de  1867  et  continué  l'année 
suivante.  —  M.  Kubom  a  obtenu,  en  1862, 
le  prix  de  mille  francs  drccrné  par  l'Aca- 
démie au  meilleur  mémoire  sur  les  maladies 
auxquelles  sont  sujets  les  ouvriers  mineurs 
(Garaclùrcs, causas, symptômes  et  traitement 
de  ces  maladies:  ;  des  l'année  suivante,  il  a 
été  ufîlHié  à  celle  compagnie,  en  qualité  de 
membre  correspondant.  11  a  pris,  depuis  lors, 


une  part  très-active  k  ses  discussions  orales; 
les  Bulletins  (i 863-4867)  renferment  en 
outre  un  grand  nombre  de  notices  sctenti- 
Qques  dues  k  M  Kuborn.  Le  Rapport  dont 
M.  le  docteur  Fossion  a  cru  devoir  reponsser 
les  conclusions  a  été  rédigé  au  nom  d'une 
Commission  d'enquête  nommée  par  l'Acadé- 
mie ;  il  a  égnirment  trouvé  un  adversaire  en 
M.  A.  liabets  (v.  l'art.  Noel\  organe  d'une 
Commission  spéciale  composée  d'industriels 
(MM.  Saint-Paul  de  Sincay  ,  G.  Kamp.  L. 
Laportc,  J.  de  Macar,  R.  Paquet  et  E.  Scb- 
midt;.  Le  travail  de  M.  Babets,  approuvé  par 
le  Comité  permanent  de  V Union  des  charbon- 
nages, mines  et  usines  métallurgiques  de  la 
province  de  Liège  .  a  été  publié  au  nom  de 
celte  association  Liège,  Carmannc  ,  4869, 
in-8"). 


833 


GIL 


834 


versité,  en  i86i,  il  prit  rang  dans  la 
Facalté  des  scienœs,  le  i6  août  4865, 
en  qualité  de  professeur  extraordinaire. 
—  M.  Gillon  est  chevalier  de  Tordre  de 
Charles  III  depuis  la  même  époque; 
cette  distinction  lui  a  été  conférée  en  ré- 
compense des  services  qu'en  maintes  cir^ 
constances  il  a  rendus  aux  officiers  et 
aux  ingénieurs  espagnols  en  mission  à 
Liège.  En  i  867,11  a  été  appelé  à  prendre 
part  aux  travaux  du  jury  international  de 
TExposition  universelle  de  Paris.  — En 
dehors  du  domaine  de  ses  études  habi- 
tuelles, il  a  eu  Toccasion  de  servir  effi- 
cacement les  intérêts  de  sa  ville  natale: 
nous  reviendrons  naturellement  sur  ce 
point  en  disant  un  mot  de  ses  princi- 
pales publications. 

i®  Indépendamment  des  Mémoires 
ci-dessus  mentionnés,  M.  Gillon  a  fait 
Insérer  dans  la  Revue  universelle  des 
mines  {Ae  M.  Ch.  de  Cuyper),à  laquelle 
il  est  attaché  comme  membre  du  Comité 
de  rédaction  :  a.  Une  notice  sur  la  mé- 
thode anglaise  de  fabrication  du  fer  et 
sur  les  procédés  de  MM.  Bessemer , 
Martien,  Clay  et  autres  (t.  I);  b.  Du  tra- 
vail dans  les  tré/iieries  (U II),  et  d'autres 
articles  de  métallurgie. 

2<*  Chargé,  en  i  859,de  réunir  les  notes 
du  cours  d*Ad.  Lesoinne,son  prédéces- 
seur, et  de  les  compléter  au  besoin,  il  a 
fait  paraître,  en  un  volume  (in-8o,avec 
atlas  du  même  formai),  le  commence- 
ment de  ce  travail  considérable,  sous  le 
titre  suivant  :  Cours  de  métallurgie  gé- 
nérale; impartie  :  Préparation  méca- 
nique des  minerais  (Paris  et  Liège,  No- 
blet).  Les  notes  de  Lesoinne  s'arrêtant 
à  1850,  il  a  fallu  y  faire  des  additions 
plus  ou  moins  étendues.  La  suite  de 
Touvrage  est  restée  inédite  :  le  grand 
mouvement  industriel  de  ces  dernières 
années  ayant  amené  des  modifications 
profondes  dans  les  procédés  et  les 
moyens  de  travail  des  usines,  force  a 
été  d'abandonner  un  exposé  qui  n'au- 
rait plus  présenté  qu'un  intérêt  histo- 
rique. Les  anciens  élèves  de  l'Éceledes 
mines  de  Liège  ont  aidé  puissamment 
à  cette  transformation  de  l'industrie  na- 
tionale ;  M.  Gillon  a  pensé  qu'il  serait 
surtout  utile  de  faire  connaître  l'état 
actuel  des  usines.  Un  volume  consacré 
à  ce  sujet,  d'une  si  haute  importance 


pratique,  est  actuellement  sous  presse. 

3o  Mouvement  de  Vinstruction primaire 
à  Liège,  pendant  la  période  quinquennale 
1862-1 867.  Liège,  Redouté,  1867,  in-8^ 
—  C'est  aux  actes  publics  résumés  dans 
cet  exposé  que  nous  avons  tout-à-l'heure 
fait  allusion.  Envoyé  au  Conseil  com- 
munal de  Liège  par  les  électeurs  de  celte 
ville,  le  42  novembre  1862,  M.  Gillon 
fut  nommé,  par  arrêté  du  I  décembre 
suivant,  échevin  de  Vinstruction  publi- 
que et  des  beaux-arts.  Membre  sor- 
tant du  Conseil  en  octobre  1863,  il 
fut  réélu.  Il  jugea  à  propos,  en  1867, 
de  renoncer  à  son  mandat  d'éche- 
vin,  qui  n'était  pas  encore  expiré;  sa 
démission  fut  acceptée  le  11  août.  — 
C'est  l'histoire  ou  le  compte  rendu  de 
son  administration  qu'il  a  présenté  au 
public,  dans  un  document  d'où  il  ré- 
sulte que  la  ville  de  Liège  figure  en 
première  ligne,  parmi  les  grandes  ci- 
tés belges,  au  point  de  vue  des  sacri- 
fices accomplis  en  faveur  de  l'instruc- 
tion primaire  (v.  V Abeille ,  journal  pé- 
dagogique de  M.  Bronn  de  Nivelles, 
n«  de  novembre  1867).  C'est  surtout 
dans  le  cours  des  dernières  années  que 
de  grandes  dépenses  et  des  réformes 
essentielles  ont  amélioré  la  situation 
(v.  l'art.  Fjess).  Sous  l'administration 
de  M.  Gillon,  le  nombre  des  écoles  de 
Liège  a  été  doublé  ;  la  population  éco- 
lière  s'est  accrue  de  moitié,  les  traite- 
ments des  instituteurs  ont  été  notable- 
ment augmenté  ;  enfin  ,  le  régime  de 
l'enseignement  a  été  complètement  re- 
fondu et  amélioré.  Le  budget  des  écoles, 
pour  1867,  s'élève  à  frs.  285,255,  soit, 
sur  105,903  habitants,  une  dépense  de 
2  fr.  70  c  par  chaque  habitant.  Le  per- 
sonnel des  écoles  gardiennes,  des  écoles 
primaires  et  de^  écoles  d'adultes  des 
deux  sexes  se  compose  de  200  fonc- 
tionnaires. Liège  renfermait,  en  octobre 
1 862,  vingt-cinq  écoles  ;  en  1867,  on  en 
comptait  quarante-cinq,  avec  11,927 
élèves.  Les  dépenses  nouvelles  se  sont 
élevées,  pour  cette  période  quinquen- 
nale, à  830,i29  fr.  67  c,  y  compris  les 
subsides  de  l'État  et  de  la  province, 
s'élevant  ensemble  à  94,000  frs.  Parmi 
les  améliorations  qui  ont  été  introduites 
dans  le  régime  des  écoles  et  dans  ren- 
seignement, nous  citerons  rinstitution 

32 


835 


HEU 


836 


de  soppléants  des  directeurs,  ayant  pour 
avantage  de  permettre  à  ceux-ci  de  vi- 
siter toutes  les  classes  une  fois  au  moins 
par  semaine,  sans  nuire  aux  études  de 
leurs  propres  élèves  ;  l'iiomogénéité 
complète  de  l'instruction  établie  dans 
toutes  les  écoles  ;  Tinstitution  de  con- 
férences mensuelles  ;  Tintroduction  ou 
le  maintien  de  la  méthode  de  lecture 
par  émistim  des  sons  (*);  un  meilleur 
choix  d'ouvrages  classiques;  rensei- 
gnement élémentaire  du  droit  constitu- 
tionnel ;  la  création  d'écoles  de  toute 
espèce  dans  chaque  faubourg;  une  ex- 
tension nouvelle  de  Tapplication  de  la 
méthode  Frœbel  aux  écoles  gardiennes 
(un  essai  heureux  avait  été  tenté  dès 
i861),  etc.  —  M.  Gillon  a  laissé  les 
meilleurs  souvenirs  parmi  les  institu- 
teurs ;  lorsqu'il  a  renoncé  à  ses  fonc- 
tions d*échevin,  ils  ont  voulu  lui  laisser 
un  gage  de  leur  reconnaissance  durable. 
Cest  un  magniflque  album,  renfermant 
les  portraits  photographiés  de  tous  ses 
administrés,  et  accompagné  d'une  dé- 
dicace des  plus  flatteuses  (v.  le  Journal 
de  Liège  du  22  novembre  18G7). 


HeuBe(HENRi-Jos.),néà  Louvcigué 
le  13  juil.  1819,  afait  ses  études  moyen- 
nes au  Collège  (aujourd'hui  Athénée)  de 
Liège.  Sorti  de  rhétorique  magnà  cum 
laude,  il  aborda  en  1857  les  études 
académiques  dans  la  même  ville,  avec 
une  vocation  bien  décidée  pour  la  car- 
rière médicale.  Il  subit  tous  ses  exa- 
mens devant  l'ancien  jury  central,  de  la 
manière  la  plus  brillante  :  les  épreuves 
de  la  candidature  en  médecine  avec 
grande  dUtinciion  (^ti^oûi  1842),  celles 
dudoctoraten  médecine  (16  août  18i5), 
du  doctorat  en  chirurgie  (8  mai  1846) 
et  du  doctorat  en  accouchements  (\9 
mai  1846)  avec  la  plus  grande  distinc- 
tion. A  peine  candidat  en  sciences  na- 
turelles, il  avait  fourni  à  la  Faculté  de 


médecine  l'occasion  de  constater  son 
aptitude  spéciale  :  il  avait  pris  part,  en 
1841-1842,  au  Concours  institué  entre 
les  élèves  de  première  année,  et  obtenu 
le  prix,  qui  lui  fut  remis  en  séance  so- 
lennelle, le  15  novembre  1842.  VoUem 
(v.  ce  nom)  s'était  dès  lors  aitacbé  M. 
Heuse .  comme  aide-préparateur   du 
cours  d'anatomie  descriptive.  De  1845 
à  1845,  il  avait  rempli  les  fonctions  de 
chef  de  clinique  médicale  à  l'hôpital  de 
Bavière.  Ses  études  achevées  à  Liège, 
il  se  rendit  à  Paris,  où  il  passa  l'année 
1845-1846,  fréquentant  particulière- 
ment les  cliniques  de  Trousseau  (ma- 
ladies des   enfants) ,  de  Gendrin ,  de 
Piorry,  de  Velpeau,  de  Malgaigne,  de 
Blandin,  etc.  et  assistant  aux  cours 
d'anatomie  pathologique,  de  patholo- 
gie interne,  de  pathologie  générale,  de 
thérapeutiqne  et  de  médecine  opéra- 
toire. Il  flt  ensuite  un  séjour  de  quatre 
mois  à  Bonn  (1 846-1 84'7)  et  enfin  nn 
autre  de  deux  mois  à  Heidelberg  (mai 
et  Juin  1847),  d'où  il  revint  s'établir  i 
Liège,  pour  se  livrer  k  la  pratique  de  la 
médecine.  Cependant  il  avait  été  com- 
pléter ses  études  à  l'étranger  en  vue  de 
l'enseignement  :  nommé  agrégé  k  l'Uni- 
versité de  Liège  le  50  octobre  1 845, 
par  M.  Van  de  Weyer,  il  pouvait  pré- 
voir que  le  gouvernement  se  trouverait 
tôt  ou  tard  en  mesure  d'utiliser  ses  ser- 
vices. Il  entra  effectivement  en  exercice 
le  12  janvier  1S50  :  un  arrêté  ministé- 
riel lui  confia  le  cours  d'anatomie  pa- 
thologique. Un  autre  arrêté  du  30  oc- 
tobre 1854  s^outa  à  ces  attributions  le 
cours  d'hygiène  publique  et  privée,  dé- 
laissé par  RailLem  (v.  ce  nom).  Il  en  est 
resté  titulaire  jusqu'à  ce  jour  ;  en  revan- 
che,un  arrêté  royaldu21  décembrel867 
l'a  déchargé  du  cours  d'anatomie  patho- 
logique, et  l'a  nommé,  en  remplacement 
de  Royer  (décédé  le  20  octobre) ,  pro- 
fesseur de  pathologie  et  de  théni|>ett- 
tique  spéciale  des  maladies  internes,  y 


(  <  )  Nous  avons  eu  l'occasloo  d'apprdcier 
par  nous-mêmes  l'excellence  de  cette  mé- 
thode, il  Ylmtitut  S^-Jean  et  il  l'Ecole  du  sud, 
lors  de  la  ▼isite  que  nous  y  avons  faite  en 
1867  avec  M.  Gillon ,  dans  le  but  d'initier  à 
noire  organisation  scolaire  l'hon.  H.  P.-J.-O. 
Chauveau,  surintendant-général  de  l'instruc- 


tion publique  dans  le  Bas-Canada  (aujour- 
d'hui ministre  de  l'intérieur  de  la  provînoe 
de  Québec^  H.  Chauveau  s'est  déclaré  en- 
chanté des  résultats  et  nous  a  fait  connaUre 
son  intention  de  tirer  paKi ,  pour  son  paya, 
des  observations  qu'il  a  recueillies  dans  les 
écoles  de  Liège. 


837 


KUP 


838 


compris  les  maladies  des  femmes  et  des 
enfants,  celles  de  la  peaaetles  maladies 
syphilitiques  (cours  de  deux  ans).  M, 
Heuse  a  été  nommé  professeur  extraor- 
dinaire le  25  mars  i86i  ;  il  est  profes- 
seur ordinaire  depuis  le  12  octobre 
48G5.  Directeur  du  Cabinet  d*anatomie 
pathologique  depuis  plusieurs  années , 
il  a  concouru  à  Taccroissement  de  cette 
collection.  H  est  membre  correspondant 
delà  Société  des  sciences  médicales  de 
Lisbonne  depuis  le  !«'  mars  1849  ;  de 
l'Académie  de  médecine  de  Belgique 
depuis  le  51  décembre  1855,  et  membre 
titulaire  de  la  Société  de  médecine  de 
Liège.  Un  arrêté  royal  du  12  janvier 
1864  Ta  nommé  membre  de  la  Commis- 
sion médicale  de  la  province  de  Liège  ; 
il  a  été  chargé,  dans  le  sein  de  cette 
Commission,  de  plusieurs  Rapports  sur 
rbygiène.  —  Il  a  publié  : 

1°  Une  notice  sur  la  maladie  du  doc- 
leur  Lombard  (v.  ce  nom).  Bruxelles, 
1845,  in-8^ 

Cette  notice,  rédigée  sur  la  demande  de 
V Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique, 
a  été  Ine  en  présence  de  ce  corps  savant,  le 
94  février  4858,  et  insérée  d'abord  dans  son 
Bulletin^  XIV,  n»  5.  —M.  Hease  avait  été 
l'élève  de  Lombard  et  était  devenu  son  ami. 

2"  Des  kystes  apoplectiques  dévelop- 
pés dans  Us  parois  du  cœur  et  des  ané- 
vrismes  des  artères  coronaires  cardia- 
9ite«,  notes  et  réflexions  communiquées 
à  TAcadémie  royale  de  médecine  de 
Belgique.  Bruxelles,  1856,  in-8%  avec 
A  pi.  coloriées. 

Extr.  du  Bulietin  de  TAcadémie,  t.  XV, 
n«8. 

KapITeinMshlaeser  (IsiDORE),  frère 

de  François  (v.  ci-dessus),  né  â  Liège 
le  9  janvier  1819,  fréquenta  successi- 
vement le  Collège  communal  et  TUni- 
versité  de  cette  ville,  et  fut  attaché  à 
ce  dernier  établissement,  avant  même 
d'avoir  achevé  ses  études  (51  octobre 
1840),  en  qualité  de  préparateur  de 
chimie   générale  et  industrielle  (*). 


Nommé  répétiteur  de  chimie  et  de  mi- 
néralogie à  TEcole  spéciale  des  mines, 
le  27  novembre  1844,  il  s^acquitta  de 
son  mandat  de  telle  manière,  que  Tan- 
née suivante,  eu  égard  aux  rapports 
favorables  des  autorités  compétentes, 
son  nom  fut  porté  sur  la  liste  des  agré- 
gés de  la  Faculté  des  sciences.  Les 
manipulations  chimiques  sont  restées 
sous  sa  direction  depuis  lors  jusqu*au 
50  octobre  1867,  date  de  Tarrètè  qui 
confie  ce  cours  à  M.  Camille  Benard. 
En  1855-1854,  ila  été  chargé  d^ache- 
ver  le  cours  de  minéralogie  d'André 
Dumont,  qui  voyageait  à  cette  époque 
en  Italie.  La  même  année,  il  a  suppléé 
M.  Chandelon  pour  le  cours  de  doci- 
masie  ;  il  est  resté  seul  chargé  de  cet 
enseignement  à  partir  de  1854-1855. 

11  a  été  promu  à  Textraordinariat  le  24 
septembre  1857  (');  à  Tordinariat,  le 

12  octobre  1865.  Il  a  été  investi, 
pour  Tannée  1867-18G8,  des  fonctions 
de  secrétaire  académique.  —  En  de- 
hors de  TUni versité,  M.Kupfferschlae- 
ger  est  membre  du  Conseil  de  salubrité 
publique  de  la  province  de  Liège  (de- 
puis 1846)  et  du  Comité  d'inspection 
des  établissements  d'aliénés  (depuis 
18f;8).  En  1847,  ila  été  nommé  membre 
secrétaire  et  rapporteur  de  la  Commis- 
sion instituée  pour  la  recherche  des 
eaux  alimentaires  de  la  ville  de  Liège  : 
son  travail  a  paru  en  1851 .  Enfin,  il  fait 
partie  de  la  Société  royale  des  sciences 
1').  — lia  publié: 

A.  Dans  les  Mémoires  de  cette  com- 
pagnie : 

1^  Observations  sur  le  procédé  de 
M.  Frémy  pour  séparer  la  potasse  de 
la  soude  (t..  Il,  1844). 

M.  Kupflfersclilaeger  démontre  que  Tanti- 
moniate  bi- potassique  ne  permet  de  distin- 
guer la  potasse  de  la  soude  que  dans  le  cas 
où  ces  deux  oxydes  se  trouvent  seuls  dans 
une  dissolution. 

2«  Procédé  pour  essayer  les  mine- 
rais de  zinc  par  la  voie  sèche  (t.  X, 

1854). 


(M  Eo  fait,  il  a  été  préparateur  de  chimie 
et  de  pharmacie,  et  spécialement  préposé 
aux  manipulations  chimiques. 

(')  Et  dispensé,  il  cette  occasion,  de  l'exa- 


men de  docteur  en  sciences* 

(*)  Depuis  1868,  il  fait  des  conférences 
sur  la  chimie  à  Vlmtitui  supérieur  de  demoi- 
selles, place  St-Paul  (v.  l'art  Stechkr;. 


839 


LAC 


840 


50  Notice  sur  l'action  du  fer  et  du 
zinc  dans  les  dissolutions  des  métaux 
dont  les  oxydes  sont  solubles  dans 
Tammoniaque  (t.  Xl^I,  i860). 

B.  Dans  le  Journal  de  pharmacie 
d'Anvers  : 

A^  Remarques  sur  la  purification 
de  Tacide  sulfuriqne  arsénifère  (t.  I, 
i845). 

L'auteur  établit  qu'on  peut,  par  le  sulfide 
hydrique,  précipiter  coinplèteroeol  (ce  qui 
était  contesté;  l'arsenic  existant  dans  l'acide 
suifttrique  à  l'état  d'a<:ide  arsénique.  Mais, 
pour  cela,  il  faut  transformer  an  préalable  ce 
dernier,  par  un  courant  de  gaz  sulfureux,  en 
acide  arsénieux,  puis  y  dégager  du  sulfide 
hydrique. 

S'*  Sur  IVxIstence  de  Facide  valéria- 
nique  k  l'état  de  valérianate  organique 
dans  la  racine  de  valériane  (Ib.)- 

Go  De  rincompatibilité  des  substan- 
ces employées  en  médecine  et  notam- 
ment de  Hodure  potassique  dans  la 
pommade  mercurielle  (Ib,,  t.  II,  1846). 

7<>  Quelques  mots  sur  la  fabrication 
de  Tacide  valérianique  (Ib.). 

8<*  Observations  sur  la  teinture  d'io- 
de (fb,), 

9'  Sur  la  purification  et  la  conser- 
vation de  Tazotate  argentique  (/^., 
t.  III,  1847). 

C.  Dans  \q  Journal  d'agriculture  pra- 
tique : 

10®  Sur  remploi  du  sulfate  de  fer  en 
agriculture  (t.  11, 1849). 

i\^  De  Tusage  et  des  effets  du  plâtre 
en  agriculture  {Jb,). 

D.  Dans  la  Revue  universelle  des 
mines  (de  M.  de  Cuyper): 

12<»  Note  sur  le  procédé  de  M.  Ko- 
bell  pour  doser  les  oxydes  aluminique 
et  ferrique  (t.  I,  1857). 

15**  Comptes  rendus  d'essais  doci- 
mastiques  de  minerais  de  fer,  de  zinc, 
de  cuivre  et  de  plomb  (t.  11,  XXI,  1857 
à  1867). 

14»  Modifications  faites  au  procédé 
de  M.  Margueritte  pour  le  dosage  vo- 
lumétrique  du  fer  (t.  XXI,  1807). 

£.  Dans  le  Médecin  de  la  famille 
1857  à  1867): 


15*  Divers  articles  sur  Thygiène  et 
sur  l'économie  domestique,  sur  la  con- 
servation des  denrées  alimentaires, 
sur  leur  falsification,  etc.  (Tfaé,  vinai- 
gre, farines,  etc.),  sur  l'éclairage  à 
l'huile  de  pétrole,  sur  les  engrais  arti- 
ficiels, sur  l'empoisonnement  par  les 
pains  à  cacheter,  etc.,  etc. 

F.  Dans  les  Annales  du  Con9eil  dt 
salubrité  publique  : 

16®  Exposé  et  discussion  des  moyens 
généralement  employés  pour  détruire 
les  insectes  et  les  animaux  nuisibles 
(t.  111,  1850). 

17<>  Instruction  pratique  pour  rem- 
ploi de  l'huile  de  pétrole  à  l'éclairage 
(1865). 

C'est  le  résumé  d^ane  conférence  publique 
donnée  par  M.  KupfTerschlaeger  dans  la  salle 
Franklin.  Cette  notice  a  été  imprimée  sépa- 
rément par  ordre  du  Conseil  et  répandue  à 
profusion. 

G.  Dans  le  Bulletin  communal  de 
Liège  : 

18*  Les  établissements  insalubres, 
etc.  — De  l'air  (1855). 

19*  Hygiène  publique.  —  Des  houil- 
lères (1856). 

âO*  La  morgue,  au  point  de  vue  de 
la  salubrité  et  de  la  police  (td.). 

âlo  Les  égoûts  de  la  ville  (1857). 

H.  Si*  M.  Kupfferschlaeger  a  publié 
régulièrement,  dans  la  3«  série  du  Mo- 
niteur de  renseignement^  un  Bulletin 
scientifique: 

I.  23*  Tableau  des  caractères  pyro- 
gnosliques  des  substances  minérales. 
Liège,  broch.in-4*  (1860). 

J.  24*  Extrait  du  cours  de  docima- 
sle.  Liège,  broch.  in-8*  (1862).  —  2* 
édition  (1867). 

K.  25*  Le  sel  et  ses  divers  usager, 
s.  l.  n.  d.  (1868),  in-8*. 

Conférence  faite  à  la  Société  Franklin  de 
Uége,le5avriM868. 


Lacorclalre  (JEAN-TbÉODORE),  0. 

^,  a  VU  le  jour  à  Recey-sur-Ource , 
département  de  la  Côte  d'Or  (France), 
le  l"'  février  1801.  Son  père  était  doc- 


8il 


UC 


842 


leur  en  médecine;  sa  mère,  Marie- 
Anne  Dugied,  fille  d*un  avocat  au  par- 
lement de  Bourgogne.  De  leurs  quatre 
fils,  celui  dont  nous  nous  occupons  est 
rainé  ;  le  second,  Jean-Bapliste4Ienri, 
fut  le  P.  Lacordaire,  de  TAcadémie 
française  (');  le  troisième  a  dirigé  la 
manufacture  impériale  des  Gobelins; 
enfin  le  quatrième,  ancien  chef  d'esca- 
dron, se  repose  des  fatigues  de  la  vie 
militaire  dans  sa  retraite  de  Vendôme. 
Jean-Théodore  reçut  sa  première  édu- 
cation chez  un  curé,  dans  un  village 
perdu  au  fond  des  bois  :  il  est  permis 
de  croire  qu'il  y  apprit  à  aimer,  à  ob- 
server les  merveilles  de  la  création,  et 
que  les  impressions  de  ces  années  d'en- 
fance influèrent  sur  la  direction  des 
goûts  du  futur  naturaliste.  Après  avoir 
fait  ses  humanités  au  lycée  de  Dijon 
(1810-1817) ,  il  prit  ses  inscriptions 
<hins  la  Faculté  de  droit ,  et  se  fit 
recevoir  capable  (grade  dont  la  dé- 
signation est  tombée  en  désuétude , 
«t  qui  équivalait  à  notre  candidature). 
Mais  un  moment  vint  où  il  n'y  put 
tenir  :  un  penchant  irrésistible  l'en- 
trainait  vers  l'étude  des  sciences  natu- 
relles, et  il  était  possédé  du  désir  de 
parcourir  le  vaste  monde.  11  renonça 
donc  à  la  carrière  du  barreau  et  s'em- 
barqua pour  Buenos-Ayres,  où  il  sé- 
journa quatre  mois.  Huit  années  de  sa 
vie  (i824-1852)  ont  été  remplies  par 
des  voyages  d'exploration  au-delà  de 
l'Atlantique.  Le  second  ne  dura  pas 
moins  de  deux  ans,  pendant  lesquels 
Il  résida  tour  à  tour  à  Buenos-Ayres 
et  à  Montevideo,  parcourut  en  tous 
sens  la  république  Argentine,  jus- 
qu'aux confins  de  la  Patagonie,  visita 
rUruguay,  et  fit  enfin  une  halte  de  six 
mois  au  Brésil,  où  il  choisit  pour  do- 
maine de  ses  investigations  les  pro- 
vinces de  Rio-de-Janeiro  et  de  Minas 


Geraes.  Son  troisième  voyage  fut  plein 
de  péripéties.  Après  cinq  mois  de  sé- 
jour au  Chili,  il  traversa  tout  le  conti- 
nent américain  de  Santiago  à  Buenos- 
Ayres,  au  plus  fort  de  la  guerre  civile. 
Il  passa  deux  mois  dans  la  ville  de 
Mendoza,  depuis  renversée  par  un 
tremblement  de  terre,  et  deux  autres 
mois  à  Cordova,  qu'il  vit  prendre  et 
reprendre  successivement  par  les  par- 
ties belligérantes.  Il  fut  témoin  de  la 
bataille  de  la  Tablada,  qui  livra  Cordo- 
va aux  unitaires,  tandisque,parun  sin- 
gulier jeu  du  sort,  leur  adversaire  Rosas 
était  proclamé  gouverneur  de  Buenos- 
Ayres.  M.  Lacordaire  finit  par  gagner 
cette  dernière  ville,  d'où  il  passa  à  Mon- 
tevideo. Il  revit  la  France  dans  les 
derniers  jours  de  la  restauration  ,  as- 
sista aux  événements  de  juillet  et  le 
lendemain  même  du  couronnement  de 
Louis-Philippe,  quitta  Paris  pour  se 
remettre  en  mer,  à  Brest.  11  tou- 
cha en  passant  au  Sénégal ,  visita 
Cayenne  et  toute  la  Guyane  française, 
remonta  l'Oyapock,  jusqu'à  une  cen- 
taine de  lieues  des  côtes,  et  après  22 
mois,  rappelé  en  France  par  George 
Cuvier,  qui  lui  offrait  de  l'attacher  à  sa 
personne,  prit  place  sur  un  navire  en 
partance  pour  Bordeaux.  Aussitôt  ar- 
rivé au  port,  il  s'informa  des  nouvelles 
du  jour  :  on  lui  apprit  la  mort  du 
grand  naturaliste,  décédé  la  veille —  Il 
se  rendit  à  Paris,  où  il  reprit  ses  études 
et  coordonna  ses  nombreuses  observa- 
tions, faisant  trêve  de  temps  en  temps 
aux  occupations  sérieuses  pour  rédiger 
le  récit  de  quelques  épisodes  de  ses 
voyages,  comme  on  peut  s'en  assurer 
en  parcourant  la  Revtie  des  deux  Mon- 
de$(\%7A^  1835).  Il  arriva,  sur  ces  en- 
trefaites que  le  Gouvernement  belge 
prit  la  résolution  de  réorganiser  l'en- 
seignement supérieur.  M.  le  comte  de 


(')  Le  nom  de  l'illustre  dominicain  est 
enregistré  dans  les  Annales  de  l'Universilë 
de  Liëge.  Comme  il  avait  consenti  à  prêcher, 
dans  la  cathédrale  de  cette  ville,  le  Carême 
de  i8i7,  les  étudiants,  conjointement  avec 
les  membres  de  la  Société  d'Emulation,  lui 
demandèrent  quelques  conférences  spéciales, 
qui  furent  données  dans  la  salle  de  cette 
Société,  et  eurent  un  grand  retentissement. 
I^e  professeur  Lesbroussart  (v.  ce  nom)  et 


M.  l'avocat  Bury ,  ce  dernier  parlant  au  nom 
de  la  jeunesse  universitaire,  adressèrent  k 
l'orateur  chrétien  des  remercimenls  publics; 
de  son  côté,  la  Faculté  de  philosophie,  usant 
pour  la  seconde  fois  du  pouvoir  qu'elle  tient 
de  la  loi,  lui  décerna  le  titre  do  doctetir  ho- 
noraire ,  et  cette  résolution  fut  ratifiée  par 
Tunanimité  du  Sénat  académique  (v.  le  Ni- 
crologe  liégeois  pour  i861,  p.  5S  et  ci-de§- 
sus  l'art.  Walter). 


843 


LAC 


844 


Theux,  ministre  de  rintérieur,  chargea 
enlr'autres  M.  Vilain  XIllI,  ambassa- 
deur à  Rome,  de  cliercher  des  profes- 
seurs pour  l!s  Universités  de  rEtat(*). 
A  Liège,  il  s*agissail  notamment  de 
développer  et  de  fortifler  l'enseignement 
dcsscieni^es  naturelles  (v.  Fart.  Gaede). 
M.  Vilain  XIIII  eut  Toccasion  des*enou- 
vrir  au  P.  Lacordaire ,  qui  signala  son 
frère  à  Tattention  de  l'envoyé  belge.CVst 
ainsi  que  M.  Jean-Théodore  Lacor- 
daire est  entré  à  Tllniversité  de  Liège, 
le  51  décembre  i855,  avec  le  titre  de 
professeur  extraordinaire,  chargé  du 
cours  de  zoologie.  A  peine  installé  , 
il  eut  à  résister  aux  instances  de  IV 
miral  Dumont-d'Urville  ,  qui  voulait 
à  tout  prix  l'emmener  comme  natu- 
raliste, dans  son  voyage  d'exploration 
au  pôle  sud.  M.  Lacordaire  ne  se  laissa 
pas  convaincre  :  il  avait  un  grand  ou- 
vrage en  projet  ;  le  temps  était  venu 
de  mettre  la  main  à  l'œuvre.  Ici  com- 
mence une  nouvelle  période  de  sa  vie, 
désormais  tout  entière  consacrée  à 
l'enseignement  et  à  la  science.  En 
1857,  après  la  mort  de  Fohmann  (v.  ce 
nom),  il  fut  chargé,  tout  en  conservant 
ses  premières  attributions,  du  cours 
d'anatomie  comparée,  porté  tout  à  la 
fois  au  programme  du  doctorat  en 
sciences  naturelles  et  au  programme 
de  la  candidature  en  médecine  (')  ;  il 
en  est  encore  aujourd'hui  titulaire?.  Sa 
promotion  à  l'ordinariat  date  du  5  sep- 
tembre 1858.  Lorsque  l'Université  eut 
le  malheur  de  perdre  André  Dumont 
(v.  ce  nom),  M.  Lacordaire  eut  mission 
de  remplacer  le  recteur  décédé,  jusqu'à 
l'expiration  de  la  période  triennale; 
il  resta  investi  des  mêmes  fonctions 
pendant  toute  la  période  suivante  , 
et  dirigea  par  conséquent  l'Université 
depuis  l'année  académique  1857-1858 
jusqu'à  la  fin  de  l'année  18G0-1861.  Le 
9  octobre  1852  ,  il  avait  été  nommé 
chevalier  de  l'ordre  Léopold  ;  le  26  déc. 
18C0,  un  arrêté  royal  le  promut  au 
grade  d'officier.  —  M.  Lacordaire  est 


affilié  à  un  grand  nombre  de  Sociétés 
savantes.  A  Liège,  il  a  été,  de  1842  à 
4846,  secrétaire-général  de  la  Société 
d'Emulation  (');  depuis  1845,  il  est 
secrétaire-général  de  la  Société  royale 
des  sciences,  à  laquelle  il  n'a  pas  peu 
contribué  à  donner  une  impulsion  vi- 
goureuse; il  est  entré  à  l'Académie 
royale  de  Belgique  le  15   décembre 
1842  avec  le  titre  d'associé^  le  pins 
élevé  que  les  règlements  de  la  compa- 
gnie permettent  d'accorder  à  un  étran- 
ger. Il  est  en  outre  membre  honoraire 
ou  correspondant  des  Sociétés  entomo- 
logiques  de  France,  de  Londres,  de 
Stettin,  de  Berlin,  de  St-Pétersbourg, 
de  Bruxelles,  de  la  Société  des  sciences 
naturelles  de  France  (à  Paris)  ;  deTÂ- 
cadémie  des  sciences,  etc.,  de  Lille; 
de  la  Société  Linnéenne  de  Lyon  ;  de 
l'Académie  des  sciences  et  belles-let- 
tres de  Dijon  ;  de  l'Académie  des  Lin- 
cet  de  Rome;  de  la  Société  royale  d'E- 
dimbourg; de  la  Société  des  naturalistes 
de  Moscou  ;  de  la  Société  d'histoire 
naturelle  de  Halle:  de  la  Société  phy- 
sico-économique de  Kœnigsberg  ;  de  la 
Société  d'histoire  naturelle   de  Her- 
mannstadt;  de  la  Société  d'histoire  na- 
turelle de  Nassau  ;  de  la  Société  d'his- 
toire naturelle  du   Luxembourg;  de 
l'Académie  des  sciences  naturelles  de 
Philadelphie;  de  la  Société   philoso- 
phique américaine  ;  de  la  Société  ma- 
lacologique  d'Anvers;  de  l'Académie 
royale  des  sciences  de  Stockholm;  de 
l'Académie  d'archéologie  de  Belgique. 
—  Voici  la  liste  de  ses  principaux  ou- 
vrages : 

L  Récits  de  voyages  ^  etc. 

1**  Articles  publiés  dans  la  Revue  des 
deux  Mondes^  dans  le  Temps^  etc.,  et 
reproduits  pour  la  plupart  dans  la  Revue 
universelle  de  Bruxelles  (1852  et  années 
suivantes). 

II.  Travaux  scientifiques. 

2^  Mémoire  sur  les  habitudes  des  Oh 


(  '  )  Des  oKces  furent  faites,  aa  oom  du  nou- 
veau gouvernement,  par  H.  Vilain  XIIH,  à 
plusieurs  Français  de  distinction,  entr'aulres 
à  l'éminent  jurisconsulte  Troplong  ,  qui  ne 
se  décida  point  à  venir  à  Lidgâ. 


(*  )  Ce  cours,  ainsi  que  celui  de  zoologie, 
est  à  certificat  depuis  4857. 

(  '  )  Il  a  rédigé,  en  cette  qualité,  le  procès- 
verbal  de  la  séance  publique  du  19  juiUet 
1842. 


843 


LAC 


846 


iéoptères  de   VAmérique   méridionale, 
Paris,  i830,  in-8«. 

Extr.  des  Annales  des  sciencct  naturelles, 
t.  XX. 

S**  Esmi  sur  les  Coléoptères  de  la 
Guyane  française.  Paris,  185â,  in-8°, 

Nouv,  Annales  du  Muséum,  t.  IL 

4"*  Notice  sur  Ventomologie  de  la 
Guyane  française.  Paris,  1832, in-8®. 

Annales  de  la  Société  Entomotogique  de 
France,  1. 1.  —  Concerne  principalement  les 
Lépidoptères. 

5^  Notice  sur  les  habitudes  des  Lépi- 
doptères rhopalocères  de  la  Guyane  fran- 
çaise. Paris,  1853,  in-8^ 

ibid.,L  IL 

&*  Mémoires  sur  M.  le  baron  George 
Cuvier  ;  traduits  de  Tanglais  de  Mistress 
Lee.  Paris,  1853,  in-8''. 

La  (radoction  a  été  rédigée  et  publiée  en 
même  temps  que  l'original  anglais. 

1**  Faune  entomologique  des  environs 
de  Paris.  Paris,  1855,in-18°. 

L'ouvrage,  publié  chezMéquignon-Marvis, 
devait  avoir  trois  volumes.  Lors  de  l'incen- 
die, resté  célèbre,  de  la  rue  du  Pot- de  fer, 
l'édition  du  tome  I  fut  brûlée  presque  tout 
entière;  les  rares  exemplaires  qui  échap- 
pèrent an  désastre  figurent  aujourd'hui  parmi 
les  curiosités  bibliographiques.  L'éditeur  ée- 
manda  et  obtint  la  résiliation  du  contrat  (*). 

%^  Introduction  à  rEntomologie-V^Lris 
1854-1838, 2  vol.  in-8^  avec  U  pi. 

9*"  Monographie  de  la  famille  des 
Erotyliens.  Paris,  1842,  in-8^ 

Description  de  près  de  800  espèces  ,  dont 
environ  650  nouvelles. 

10®  (En  collaboration  avec  M.  A, 
Spring)  :  Note  sur  quelques  jwints  de 
rorganisation  dt»  Phrynosoma  Harianii, 
Saurien  de  la  famÛle  des  Iguaniens 
{Bulletin  de  VAcad.  royale  de  Belgique ^ 
t.  1\,  1842). 

1 1°  Monographie  des  Coléoptères  pen- 
tamèresphytophages^Ué^e,  1845-1845, 
2  vol.  în-8». 

Cet  ouvrage  forme  les  tomes  III  et  V  des 
Mémoires  de  la  Société  royale  des  sciences 
de  Uéfjê. 


\^  En  collaboration  avec  M.  A. 
Spring)  :  Nouveau  manuel  d'anatomie 
comparée,  trad.  de  l'allemand  de  Th. 
de  Siebold  et  H.  Stannias.  Paris, 
1849,2  voLin-1 8». 

15<)  Rajfpori  sur  le  Concours  quin- 
quennal des  sciences  naturelles  (1847- 
185i;;  Bruxelles,  1852,  in-8S 

Inséré  dans  le  Bulletin  de  CAcad.  royale 
de  Belgique  (L  XIX,  1852).  —M.  Lacor- 
daire  a  été  également  rapporteur  du  Con- 
cours quinquennal  des  sciences  naturelles 
pour  les  trois  périodes  suivantes  (v.  le  dit 
Bulletin). 

14°  Observations  sur  la  notice  de  M. 
Van  Beneden,  sur  la  génération  alter- 
nante et  la  digénèse  {Ibid.,  t.  XX,  1", 
p.  552). 

15<»  Observatioîis  sur  rinfluence  du 
choléra  chez  les  animaux  (Ibtd.,  t.  XXI, 
2«,  p.  652). 

16®  Gênera  des  Coléoptères,  ou  Ex- 
posé méthodique  et  critique  de  tous 
genres  proposés  jusqu'ici  dans  cet 
ordre  des  insectes.  Paris,  Roret,1854- 
1868,  8  vol.  in-8  ,  avec  96  plan- 
ches 

OEuvre  capitale  de  l'auteur.  Fait  partie 
de  la  grande  collection  dite  des  Suites  à 
Buffon,  publiée  par  l'éditeur  Roret.  L'ou- 
vrage comprendra  en  tout  dix  volumes,  et 
embrassera  la  révision  d'environ  6000  gen- 
res, dont  se  compose  actuellement  l'ordre 
des  Coléoptères. 

17°  Rapports  sur  des  Mémoires  pré- 
sentés à  TAcadémie  royale  de  Belgique, 
insérés  dans  les  Bulletifis  de  ce  corps 
savant. 

18°  Discours  académiques,  pronon- 
cés à  Toccasion  de  la  réouverture  des 
cours  de  l'Université  de  Liège. 
'  d.  Sur  rinslinct  et  Tintelligence  des 
animaux,  et  en  particulier  sur  leur 
instinct  de  sociabilité  (1857-1858). 

b.  Sur  l'espèce,  sa  permanence  et 
ses  variations  (1858-1859). 

c.  Sur  les  espèces  perdues  et  notam- 
ment sur  le  Dronte  ou  Dodo  (1859- 
1860). 

d.  Sur  la  géographie  zoologique 
(1860-1861). 


(*}  L'ouvrage  est  tout  entier  de  M.  Lacor- 
daire,  bien  que  le  titre  porte  également  le 


nom  du  docteur  Boisduval. 


847 


LER 


848 


L.e  noy  (Alphonse)  ,  né  k  Liège  le 
28  juillet  1822,  a  fait  ses  études  au 
Collège  communal  et  à  rUoiversité  de 
cette  ville eta  reçu,  le  42octobre  1841, 
le  diplôme  de  docteur  en  philosophie  et 
lettres.  H  songeait  à  y  joindre  c^lui  de 
docteur  en  droit,  lorsqu^un  attrait  in- 
vincible le  ramena  insensiblement  dans 
le  domaine  de  ses  premières  prédilec- 
tions. Au  moment  d'achever  sa  seconde 
année  de  droit,  il  prit  tout  d  un  coup  la 
résolution  d'aller  passer  quelque  temps 
à  Paris.  Il  eut  la  chance  heureuse  d'y 
être  mis  en  rapport  avec  quelques 
hommes  éminents  (Ch.  Nodier,  Le- 
tronne,  le  baron  Walkenaer,  etc.)t  dont 
les  conseils  contribuèrent  à  le  diriger 
vers  la  carrière  de  renseignement.  Le 
directeur  du  Collège  de  Tirlemont  lui 
offrit  une  chaire  de  rhétorique  en  1844  ; 
il  accepta  et  fut  nommé  préfet  des 
études  de  rétablissement  en  septembre 
1 846,après  la  retraite  de  Tabbé  l^ouis  (*). 
11  obtint  de  la  commune  que  celle-ci 
reprendrait  directement  l'administra- 
tion  du  Collège,  et  du  gouvernement, 
en  1848,  qu'une  école  d'agriculture  y 
serait  annexée.  La  nouvelle  institution , 
la  première  de  ce  genre  qui  ait  été  fon- 
dée en  Belgique  (^),  fut  placée  sous  la 
direction  de  M.  Le  Roy  et  solennelie- 
raent  inaugurée  par  M.  Ch.  Rogier, 
ministre  de  l'Intérieur,  le  17  avril  1849. 
Dans  le  cours  de  la  même  période, 
M.  Le  Roy  s'était  activement  dévoué  à 
une  autre  tâche.  A  plusieurs  reprises, 
le  gouvernement  avait  vainement  essayé 
d'obtenir  des  Chambres  une  loi  sur 
l'instruction  moyenne,  loi  devenue  d'au- 
tant plus  urgente,  que  les  études  huma- 
nitaires, surtout  dans  les  villes  de  se- 
cond ordre  ,  étaient  livrées  au  caprice 
d'administrateurs  souvent  peu  éclairés 
eux-mêmes,  et  qu'il  n'y  avait  aucune 


connexion  entre  l'enseignement  des 
Collèges  et  l'enseignement  des  Facul- 
tés des  lettres  et  des  sciences.  Une 
publication  spéciale,  le  Journal  de  Fini- 
tmction  publique,  avait  été  fondée  à 
Tirlemont  dès  1845  par  Fabbé  Louis, 
avec  le  concours  de  M.  Le  Roy,  dans  le 
but  de  populariser  ces  questions.  En 
1848,  M.  Le  Roy  crut  le  moment  favo- 
rable et  n'hésita  pas  à  convoquer  en 
Congrès,  à  l'Hôtel-de-Ville  de  Bruxelles, 
mis  à  sa  disposition  par  le  bourgmestre 
Ch.  de  Brouckere ,  les  professeurs 
des  Athénées  et  des  Collèges  de  tout  le 
royaume.  Deux  établissements  seule- 
ment manquèrent  à  l'appel,  et  l'Assem- 
blée émit  des  vœux  que  le  ministère 
accueillit  avec  bienveillance,  tout  en  re- 
commandant aux  professeurs  de  ne 
traiter,  dans  leurs  débats,  que  les 
questions  non-politiques.  Le  Congrès 
se  renferma  strictement  dans  les  li- 
mites qui  lui  étaient  assignées  ;  eo- 
tr'autres  mesures  qu'il  proposa  et  qui 
ne  tardèrent  pas  à  recevoir  une  consé- 
cration officielle,  nous  citerons  la  créa- 
tion du  grade  d'élève  universitaire  (*) 
et  Tiûstitution  d'un  Conseil  de  perfec- 
tionnement de  l'enseignement  moyen. 
La  composition  de  ce  Conseil  fut  pen- 
dant deux  ans  abandonnée  à  l'élecUon, 
et  deux  fois  le  Comité  permanent  du 
Congrès,  dont  M.  Le  Roy  faisait  partie 
en  qualité  de  Secrétaire-général,  fut 
choisi  à  la  presque  unanimité.  Cepen- 
dant un  projet  de  loi  fut  soumis  à  la 
législature.  Le  Congrès  se  transforma 
aussitôt  en  Association  régulière,  et,  ne 
parvenant  pas  à  s'entendre  avec  Tabbé 
Louis,  resté  seul  rédacteur  du  Journal 
de  rinstruction  publique,  fonda  un  nou- 
veau recueil,  le  Moniteur  de  TEnsetgue- 
mentM»  Le  Roy  en  fut  un  des  collabora- 
teurs les  plus  assidus  (*).  Cependant  la 


(  *  )  Sur  Tabbé  Louis,  v.  le  Nécrologe  liégeois 
pour  4860. 

(*)  L'enseignement  agricole  a  été  depuis 
centralisé  à  Gembloux.  Le  professeur  d'agri- 
culture de  ïlnsiitut  établi  en  cette  ville, 
H.  G.  Fouquet,  ancien  élève  lauréat  de  Cri- 
gnon,  a  débuté  dans  l'enseignement  à  l'Ecole 
de  Tirlemont. 

(')  Supprimé  plus  tard,  puis  rétabli  par  la 
loi  du  27  mars  1861,  avec  un  changement 


de  dénomination  et  quelques  modifications 
au  programme.  Le  titre  de  gradué  en  lettres 
a  remplacé  celui  à'élève  universitaire, 

(*  )  Le  Moniteur  de  l'enseignement  fut  placé 
sous  la  direction  de  Fréd.  Hannebert  (père), 
professeur  à  l'Athénée  royal  de  Tournai,  et 
principalement  rédigé  par  Ph.  Bède  (v.  l'art. 
Em.BÈDfi),  par  M.  J.  Coune  (aujourd'hui  préfet 
des  éludes  de  l'Athénée  d'Aavers)  et  par 
M.  Le  Roy.  La  collection  complète  (1849- 


849 


LER 


850 


promulgation  de  la  loi  du  i«'  juin  1850 
rendit  inutiles  les  démarches  des  pro- 
fesseurs; rAssociation  fut  dissoute, 
mais  le  Moniteur  continua  de  paraître. 
Sur  ces  entrefaites,  M.  Le  Roy  songea  à 
quitter  renseignement  moyen  :  agrégé 
à  la  Faculté  des  lettres  de  Liège  depuis 
le  25  octobre  i845,  il  aspirait  à  vivre 
dans  un  milieu  plus  conforme  à  ses 
goûts  ;  d'autre  part,  certaines  innova- 
tions que  le  Conseil  communal  de  Tir- 
lemont  avait  jugé  à  propos  d'introduire 
dans  le  régime  du  Collège  ne  pouvant 
lai  convenir,  il  donna  sa  démission  et 
revint  à  Liège,  où  un  arrêté  du  4  octobre 
1850  le  chargea  de  Mte^eneoncurrence, 
les  cours  de  logique  et  de  métaphysique 
à  rUniversité.  Cet  arrêté  fut  rapporté 
le  Tl  décembre  suivant  :  le  décès  de 
Tandel  (v.  ce  nom)  venait  de  rendre  pos- 
sible une  répartition  définitive  des  cours 
que  ce  professeur  avait  dû  abandonner, 
pendant  la  dernière  période  de  sa  longue 
maladie.  M.  Schwartz  (v.  ce  nom)  resta 
seul  chargé  à  titre  de  suppléant  de  M. 
Loomans;  (v.  ce  nom)  du  cours  de  lo- 
gique ;  M.  Le  Roy  devint  titulaire  des 
cours  de  métaphysique»  d'esthétique  et 
de  pédagogie  (v.  Tart.  Rurgoraff).  Il  a 
été  promu  à  Textraordinariat,  le  6  oc- 
tobre i856  ;  k  rordinariat,  le  14  janvier 
f862  ;  en  la  présente  année  1868-1869, 
il  remplit  les  fonctions  de  Secrétaire 
du  Conseil  académique.  Depuis  1860, 
M.  Loomans  ayant  été  déchargé  du  cours 
de  logique,  il  en  est  devenu  titulaire; 
ses  attributions  universitaires  actuelles 
comprennent  en  outre  les  autres  cours 
précités,  plus  le  cours  facultatif  d'ar- 
chéologie ,  devenu  vacant  en  1866  par 


suite  de  la  mort  de  L.  de  Closset  (v. 
ce  nom).  A  l'Ecole  normale  des  huma- 
nités, il  enseigne  la  pédagogie ,  depuis 
la  création  de  cet  établissement  ('); 
on  lui  a  de  plus  confié  ,  depuis  1859 , 
un  cours  spécial  de  psychologie  et  de 
logique,  destiné  aux  élèves  de  la  pre- 
mière année.  De  1851  à  1859,  il  a  été 
membre-secrétaire  du  jury  conférant  le 
grade  de  professeur  agrégé  de  l'ensei- 
gnement moyen  du  degré  supérieur; 
depuis  1857,  il  fait  partie  du  jury  d'ad- 
mission aux  Ecoles  spéciales  des  mines, 
etc.  En  1859,  il  a  prononcé,  au  temple 
des  Augusllns,  le  discours  d'usage,  lors 
de  la  distribution  des  prix  du  concours 
général.  En  1865,  il  a  été  nommé  mem- 
bre-rapporteur du  jury  chargé  de  dé- 
cerner le  prix  quinquennat  d'histoire 
nationale,  pour  la  période  1861-1865.— 
En  dehors  de  l'Université,  M.  Le  Roy 
s'est  intéressé  à  différentes  questions, 
notamment  à  l'éducation  des  sourds- 
muets  et  des  aveugles  :  de  1850  à  1867, 
il  a  rempli  les  fonctions  de  secrétaire 
de  la  Commission  administrative  de  l'In- 
stitut de  Liège.  Depuis  1861,  Il  est 
membre  de  la  Commission  provinciale 
de  statistique  ;  en  1869,  il  a  été  nommé 
membre  de  la  Commission  de  surveil- 
lance de  l'Académie  des  beaux-arts  de 
Liège;  il  est  membre  du  Comité  de  lec- 
ture du  Théâtre  royal  de  la  même  ville, 
depuis  que  cette  institution  existe,  etc. 
Il  a  été  pendant  neuf  ans  bibliothé- 
caire de  la  Société  d'Emulation  de  Liège 
et  l'un  des  rapporteurs  de  ses  Concours, 
ainsi  que  de  ceux  de  la  Société  liégeoise 
de  littérature  wallonne  (*),  Il  appartient 
à  l'Institut  archéologique  liégeois,  à 


1856)  forme  19  vol.  iii-8<»,  phis  9  vol.  de 
soppl.,  eoD tenant  la  discussion  de  la  loi  du 
i«r  jaîn  4880  B«r  renseigaeneni  moyen.  La 
mort  de  Fr.  Hennebert  ftt  passer  la  direction 
dn  journal  dans  les  mains  de  Pb.  Bède,  qui 
le  continua  (à  Verriers),  sous  le  titre  iTAn- 
nales  de  renseignement  public. 

(*)  il  avait  fait  pendant  deux  ans  ce  cours 
à  rUniversité. 

(*)  Cette  Société,  fondée  en  i8ft6,  a  pour 
but,  non  pas  de  pousser  à  an  mtmtfement 
waiion,  mais  tout  simplement  de  eonserver 
les  traditiûDS  du  pays  et  surtout  la  connais- 
sance d*tn  idiome  auquel  les  linguistes  mo- 
dernes, à  commencer  par  M.  Littrë,  attachent 


avec  raison  de  jour  en  jour  plus  d'intérêt. 
La  Société  wallonne  oovro  chaque  année  des 
concours  sur  des  questions  d'érudition  ou  sur 
des  siigets  de  composition  purement  litté- 
raires. Elle  publie  régulièrement  iMtAnnmaire 
(in-i2o/  et  un  Bulletin  (in-8o)  :  ce  dernier 
recueil  comprend  déjà  onze  vol.  —  Le  pré- 
sident de  la  Société,  depuis  la  mort  de 
H.  Forir,  est  M.  Cb.  Grandgagaage  (ancien 
membre  de  la  Chambre  des  représentants), 
auteur  d'un  Dict,  éiymol,  wallon^  é' Etudes 
êur  les  noms  de  lieux  de  la  Belgique  orien- 
tale, etc,  ;  le  secrétaire,  depuis  la  mort  de 
l'avocat  F.  Bailleux,  qui  avait  imprimé  à  la 
Société  une  impulsion  vigonrense,  est  H*  St, 


851 


LER 


852 


l*Acadéinie  d'archéologie  de  Belgique, 
aax  Sociétés  d'histoire  et  de  littérature 
de  Gand,  de  Tournai ,  du  Limbourg, 
etc.;  à  rinstitut  des  provinces  de 
France,  à  la  Société  des  antiquaires  de 
Normandie,  etc.  —  11  a  publié  : 

I.  Philosophie, 

I®  De  la  philosophie  considérée 
comme  puissance  religieuse.  Liège, 
1844,  in-8^  (Extr.  de  la  Revue  de 
Liège,  t.  II.) 

î>^  Questions  psychologiques.  Bru- 
xelles (Tirlemont),  1846,  in-8<'(Extr.  du 
Journal  de  rinstr.  publique). 

y  L'esthétique  de  la  laideur  (Meê- 
sager  de  Gand,  28  et  29  déc.  i855). 

4^  La  philosophie  en  i  854.  Bruxelles, 
1855,  in-i2\ 

Extr.  de  h  Revue  trimeȔritHe[v.  ZeiUehr, 
/.  Philo9.,  de  M.  J.-H.  de  Ficht«,  t.  XXX, 

i857). 

5^  La  philosophie  au  pays  de  Liège 
(XVIl«elXVni«  siècles).  Liège,  Renard, 
i860,  un  YOl.  in-8o. 

Tiré  à  part  du  Bull,  de  l'Insiitut  archéol. 
liégeoi»,  t.  IV. 

6®  Note  sur  la  pensée  et  la  conitaû- 
«diice,  dans  V Essai  sur  ractivité  du  prin- 
cipe pensant,  etc.,  de  P.  Kersten  (Liège, 
1865,  in-8%  t.  III). 

7°  Trois  publications  belges  sur  la 
philosophie  du  langage  (Revue  trimes- 
trielle, t.  XLI,  1864,  p.  230-259). 

8^  Art.  de  critique  philos,  dans  le 
Moniteur  de  l'enseignement,  la  Meuse, 
le  Journal  de  Liège,  etc.  (Plusieurs  ont 
été  tirés  à  part). 

II.  Etudes  historiques,  biofjraphiques, 
etc.  (v.  no  59). 

9^  Lettres  èbnronnes.  La  controverse 
sur  Torigine  des  Wallons  (Rev.  irimestr. , 
t.  VIII,  p.  68;  t.  IX,  p.  115;  t.  XI,  p. 
206  ;  t.  XVI,  p.  215). 

lOo  Deux  Rapp.  à  la  Soc.  d'Emulation 


de  Liège  sur  le  concours  ayant  pour 
objet  :  L'Histoire  de  Liège  racontée  aux 
enfants  (Mém,  de  la  dite  Société,  t.  let 
t.  III  ;  aussi  à  part). 

{{^  Art.  de  critique  historique  dans 
la  Revue  belge  (sur  D.  Mabillon,  1845), 
dans  la  Revue  de  Liège,  le  Mon,  de  Venr 
seignement,  XAnn.  delaSoc,  d'Emulation 
et  les  journaux  précités. 

12®  Rapport  sur  le  concours  quin- 
quennal d'histoire  nationale  (  1861  - 
1865).  Bruxelles,  Ucltombe,  1865,  in- 
8*. 

15®  La  Biographie  nationale.  Liège, 
de  Thier,  1866,  in-12®. 

14®  Collaboration  à  la  l^io^A/rAt^  m- 
tionale,  à  partir  du  t.  II. 

III.  Instruction  publique, 

A.  Instruction  primaire. 

15®  L'Ami  des  enfants,  livre  de  lec- 
ture, spécialement  destiné  aux  Ecoles 
primaires  (division  supérieure),  aux 
Ecoles  moyennes  et  aux  classes  profes- 
sionnelles des  Athénéeset  des  Collèges, 
ouvrage  entièrement  refondu,  complété 
et  approprié  à  l'usage  des  écoles  de  la 
Belgique.  Liège,  Dessain,  in-12®(Quatre 
éditions  stéréotypes,  de  1857  à  1868; 
les  trois  dernières  sont  augmentées 
d'un  cbap.  sur  les  droits  et  les  devoirs 
du  citoyen  belge.  V.  à  ce  sujet  le  dise, 
prononcé  par  M.  le  Gouverneur  de  la 
province  de  Liège  ,  dans  la  séance 
du  Conseil  provincial  du  20  juillet 
1865). 

Ouvrage  dont  le  Gouvenieineot  a  autorisé 
remploi  dans  les  Ecoles  primaires,  lesEcoles 
moyennes,  TEcole  des  enfants  de  troape  d*A- 
losl,  etc. — C'est  une  refonte  do  Kinderfreund 
de  Wilmsen,  destinée  à  remplacer  l'ancien 
Ami  des  enfatns  édité  en  1847  par  la  Société 
d'encouragement  pour  l'instruction  élémen- 
taire, <  Souvent  noas  avons  traduit  Wilmsen, 
»  dit  l'auteur  dans  sa  préface  ;  plus  souvent 
»  nous  avons  essayé  de  refaire  son  livre, 
»  comme  il  nous  a  paru  qu'il  l'aurait  fait  loi- 


Bormans  (fils  de  l'honorable  prof,  ëmëritc) , 
conservateur  adjoint  des  Archives  de  Liège. 
Les  séances  mensuelles  de  la  compagnie  se 
tiennent  il  l'Université,  où  est  également 
déposée  sa  Bibliothèque  spéciale.  Parmi  les 
rédacteurs  les  plus  actifs  du  Bulletin,  nous 
citerons  MM.  A.  Hock  (poésies,  études  sur 
les  coûtâmes  locales),  Defrecheux,  appariteur 


de  r Université  (poésies)  ;  Dejardin  (auteur 
d'un  Dict,  des  proverbes  wallons);  Ad.  Picard, 
conseiller  à  la  Cour,  G.  Magnée,  A.  Desoer, 
M.  Thiry  (poésies),  Delarge  (id.).  les  prof. 
Stecher  et  Le  Roy,  etc.  —  Parmi  les  Hé- 
moires  couronnés,  on  remarque  des  Etodes 
sur  les  anciens  métiers,  avec  des  glossaires 
technologiques. 


853 


LER 


854 


»  même,  s'il  eût  vécu  de  nos  jours  et  dans  nos 
»  contrées.  »  VAmi  des  enfants  de  M.  Le 
Roy  a  été  traduit  en  flamand,  sur  la  S«  édi- 
tion, par  M.  Van  Driessche,  prof,  à  TAthénée 
royal  de  Bruxelles,  sous  ce  titre  :  De  Kinder- 
vriend,  leesboek  ten  gebruike  der  Volksscholen 
in  Betgië.  Malines,  Dessain,  4863  et  4865, 
in-iS«  (L'orthographe  a  été  modifiée  dans  la 
2«  édition,  conformément  à  la  loi).  La  trad. 
de  M.  Van  Driessche  est  oCHciellement  auto- 
risée pour  les  écoles  des  provinces  flamandes. 
—  Une  3«  édition  est  en  préparation. 

16^ Divers  articles  dans  rA^ei7/e(Bru- 
xelles),  revue  pédagogique  publiée  par 
11.  Th.  Braun  (de  Nivelles),  etc. 

B.  Instruction  moyenne. 

iV  Collaboration  au  Joumalde  Vins- 
trvction  publique  (Tirlennont ,  4845 
1846),  au  Moniteur  de  renseignement 
(1849-4856),  aux  Annales  de  renseigne- 
ment public  (1857-1858),  à  la  Revue  de 
Finstruction  publique  en  France  et  dans 
tes  paysétrangers  (1855-1859),  à  la  iie 
vue  de  Vinstmction  publique  en  Belgique 
(depuis  1861). 

18®  Étude  historique  et  critique  sur 
renseignement  élémentaire  de  la  gram- 
maire latine.  Bruges,  Daveluy,  1864, 
un  vol.  in-S^"  de  262  p. 

Réunion  d*une  série  d'art,  publiés  d*abord 
dans  la  Revue  de  Vinstr.  publique  en  Belgi-  ' 
que  (1861 -4864)  :  Enseignement  gramma- 
tical au  moyen  ftge.  —  Renaissance  des 
lettres  *.  tes  Cicéroniens,  —  Les  jésuites  et 
Port-Royal. — Les  gymnases  protestants.  — 
Les  réalistes  et  les  humanistes  :  Comenius, 
Basedow;  Gesner  ,  Emesti,  Heyne  ,  Wolf, 
Hermann. — Les  orthodoxes  et  les  dissidents  : 
RolUn ,  Lbomond^  les  Allemands  ;  Ratich, 
Locke,  Dumarsais,  Pluche,  Radonvilliers , 
Uamilton,  Jacotot,  Ruthardt,  MeieroUo.  — 
Kant  et  Herbart.  —  Mager.  —  Les  réformes 
de  H.  Kœchly.  —  Les  idées  du  professeur 
Baguet  (  de  Louvain  ).  —  L*auteur  cherche  à 
établir  que,  dans  l'intérêt  même  de  l'étude 
des  langues  anciennes,  c'est  la  langue  mater- 
nelle qui  doit  être  le  pivot  des  humanités. 

19®  Discours  prononcé  ik  la  distribu- 
tion des  prix  du  Concours  général.  Bru- 
xelles, 1859,  in-8®  (elAnn,  des  Univer- 
sités, t.  I,  2®  série). 

Sur  l'enseignement  national, 

c.  Instruction  supérieure. 

20®  Le  jury  d*examen,  par  un  profes- 
seur. Tournai,  1855,  in-8®. 

Ext.  du  Mon,  de  renseignement.  Les  vues 


de  l'auteur  se  rapprochent  du  système  pro- 
posé par  rCniversilé  de  Liège. 

21®  Art.  divers  dans  les  Revues  ci- 
dessus  désignées  (sur  les  agrégés,  sur 
lejury^  etc.). 

22®  Le  présent  ouvrage. 

D.  Etudes  générales,  statistiqueet  his- 
toire de  renseignement. 

25^  Les  Écoles  publiques  dans  TAmé- 
rique  du  Nord,  trad.  de  Tallemand  du 
D' Wimmer.  Tournai,  1853,  in- 8®. 

24»  L'instruction  publique  en  Angle- 
terre, d'après  le  D'  W'iese  (Revue  de 
Vinstr.  publ.  en  France,  1852;  9  arti- 
cles). 

25®  De  l'enseignement  aux  Etats-Unis 
d'Amérique  (Ibid.,  1855-1856  ;  18  ar- 
ticles). 

Travail  rédigé  d'après  des  documents  au- 
thentiques fournis  par  M.  H.  Barnard  et  par 
M.Gilman  (duGonnecticut),  Commissaire  de 
l'Union  américaine  à  TExpos.  nntv.  de  1855 
(v.  Amunategui,  De  la  instruccion  primaria 
en  Chile.  Santiago  du  Chili,  1856,  in  g»). 

26®  De  l'instruction  publique  au  Ca- 
nada (Ibid.,  1858-1859;  12  articles). 

V.  le  Journal  de  Vinstr, publ.  de  Montréal. 
— C'est  à  la  suite  de  cette  publication  que  des 
relations  se  sont  établies  entre  l'Université 
de  Liège  et  le  gouvernement  Canadien. 

27®  Collaboration  à  VEncyclopasdie 
des  gesammten  Erziehungs-  und  Ûnter- 
richtswesens,  publ.  à  Stuttgart  par  M. 
le  D' K.  A.  Schmid  (en  cours  de  publi- 
cation). 

Art.  Belgique  (t.  I,  p.  491-521);  art. 
Hollande  (t.  III,  p.  558-579)  ;  art.  Portugal 
(t.  VI,  p.  149-148);  art.  Espagne  et  art. 
Séminaires  (en  préparation).  —  L'art,  Por- 
tugal a  été  reproduit  aux  Etats-Unis  (trad. 
en  anglais)  dans  The  American  journal  of 
Education  {pnhX.  par  M.  H.  Barnard). 

IV.  Arclléologie  et  beaux-arts. 

28®  Antiquités  architecturales  de  la 
Normandie,  contenant  les  monuments 
les  plus  remarquables  de  cette  contrée 
(architecture  romane  et  ogivale)  pré- 
sentés en  plans,  élévations,  coupes, 
détails,  etc.,  par  Auguste  Pu^in. Traité 
historique  et  descriptif  par  John  Brit- 
ton.  Trad.  de  l'anglais  et  annoté  par 
Alph.  Le  Roy.  Paris  et  Liège,  E.  No- 
blet,  1855,  un  vol.  in-4°  avec  78  pi. 


855 


LER 


856 


%9^  Motifs  et  détails  choisis  d'ar- 
chitecture gothique  empruntés  aux  an- 
ciens édiflces  de  l'Angleterre,  par  A. 
Pugin.  Texte  historique  et  descriptif, 
par  E.-J.  Willson.  Trad.  et  annoté  par 
Âlph.  Le  Roy.  Paris  et  Liège,  Noblet 
et  Baudry,  1858-1867,2  vol.  in-4«  avec 
115  planches. 

Le  second  vol.  contient  une  étude  de  M. 
Le  Roy  sur  les  caractères  distioctifs  de  l'ar- 
chiteclure  anglaise  aux  différentes  périodes 
du  moyen  âge.  —  Chacun  des  deux  ouvrages 
no*  28  et  29  a  obtenu  de  la  Société  archéo- 
logique française  une  naédaille  d'argent. 

50^  Glossaire  d«  ternies  choisis 
d'architecture  gothique ,  composé  en 
anglais  par  Ed.  James  Willson,  traduit, 
remanié  sous  la  forme  d'un  glossaire 
français-anglais,  revu  et  augmenté  par 
Âlph.  Le  Roy.  Paris  et  Liège,  1867, 
în-!2*  avec  2  p|. 

Exir.  du  t.  n  de  Touvrage  précédent,  sauf 
quelques  changements. 

5!''  Rapport  (à  l'Administration  com- 
munale de  Tongres)  sur  la  statue  d'Âm- 
biorix.  ToBgres,  i860,  in-S^.  —  tbid. 
(à  XlmtUftt  archéaL  lié^oois)  sur  le  Mu- 
sée archéoK  de  Liège,  etc. 

32«  L'Eglise  Sainte-Croix  et  ses 
peintures  murales.  Liège,  i8Gâ,  in-iS». 

V.  Questions  spéciales. 

53®  Art.  sur  la  question  des  Monts- 
de-Piété  dans  la  Revue  de  Liège  (t.  Il, 
p.  187-201  ;  t.  Y,  p.  466-181). 

34**  Rapports  et  discours  concer- 
nant l'éducation  des  sourds  -muets  et  des 
aveugles  (Publications  de  Y  Institut  royal 
de  Liège,  de  1851  à  1864). 

35»  Collaboration  au  Scalpel  (sur  la 
questioB  des  aliénés,  etc.)  et  au  Méde- 
cin de  la  Famille  (traductions  de  l'es- 
pagnol et  de  l'italien). 

VI.  Littérature^  —  bibliographie,- — 
voyages,  etc. 

36®  Contes  villageois  de  la  Forêt- 
Noire,  trad.  de  l'allemand  de  Berthold 
Auerbach,  avec  une  introduction.  Liège, 
Desoer,  1853,  un  vol.  in-8®  de  470  p. 

Pttbl.  d'abord  dans  le  Journal  de  Liège 
(80  feuilletons). 

$7®  La  littérature  française  en  Bel- 


gique (en  1859).  Berlin  ,  1860,  in-8. 

Extr.  du  Jahrbuch  fur  romaniêcke  und 
êngli»che  Literatur  (du  D^  Ebert),  t.  Ui,  p. 
32-S5. 

38*'  Rapports  à  la  Soc.  d^Emulation 
et  ù  la  Société  wallonne  sur  des  con- 
cours littéraires  (10  rapports,  insérés 
dans  les  publications  de  ces  Sociétés  et 
aussi  tirés  à  part). 

SO"*  Notices  diverses,  insérées  dans 
divers  recueils  et  tirées  à  part  :  a.  M.Quë- 
rard  (1863)  ;  b,  J.-B.  De  Wandre,  pré- 
sident de  la  Soc.  d'Emulation  (1865)  ; 
c.  Il  Forir  (1865)  ;  d.  M.  Yan  de  Weyer 
publiciste  (1864)  ;  a.  (le  curé)  Ch.  Du 
Vivier  (1864);  f.  F.  Bailleux  (1867); 
g.  (le  colonel)  L.  Micheels. 

40^  Souvenirs  de  vacances  :  a.  As- 
cension de  l'Etna  (août  1863)*  Liège, 
1866,iQ-12%  b*  A  travers  les  Carpathes 
(1865).  Liège,  1867,  in-12«. 

Extr.  de  V Annuaire  de  la  Soc,  d^Emulation 
de  Lidge.  — VAsceniion  de  VEina  a  eu  plu- 
sieurs éditions,  dont  une  américaine. 

41»  Collaboration  au  J>ictionnaiTc 
des  spots  ou  proverbes  wallons  (Bull,  de 
la  Soc,  wallonne,  1861-1863,  et  suppl., 
Liège,  1863,  in-8''de  628  p. 

Le  principal  auteur  de  cet  ouvrage  est  H. 
J.  Dejardin ,  notaire  k  Liège  ;  viennent  ea- 
Buite  MM.  Defrecheux,  Delarge  et  Alexandre. 
Le  tout  a  été  revu  et  augmenté  par  MM.  A. 
Le  Roy  et  Ad.  Picard. 

4^0  Poésies  wallonnes  (en  collab. 
avec  MM.  Th.Fusset  Ad.  Picard,  1842; 
plusieurs  éditions  ;  en  collab.  avec  M. 
Ad.  Picard,  sous  le  pseudonyme  Alcide 
Pryor,  un  second  recueil,  1861;  deux 
éditions  augmentées  en  186i  et  1865, 
etc.). 

45**  Un  très-grand  nombre  d'articles 
de  critique  littéraire  et  de  notices  di- 
verses dans  le  Journal  de  Liège  (BulL 
litt.  mensuel  en  1856  ei  1857),  dans 
la  Meuse  et  dans  divers  journaux  ou  re- 
vues de  Belgique,  de  France,  etc. 

M.  Le  Roy  a  rendu  compte  de  la  plupart 
des  publications  d'une  certaine  importance 
qui  ont  vu  le  jour  en  Belgique  depuis  une 
vingtaine  d'années,  et  d'un  certain  nombre 
d'ouvrages  do  haute  valeur  publiés  da^s  les 
pays  étrangers.  —  Ses  article^  sont  signés 
tantôt  A.  L.,  tantôt  Y. 


857 


LOO 


888 


E,c»omatM  (Chari^s),  :^,  né  à  La- 
Daeken  (Lîmbourg  belge),  le  42  no- 
vembre 1816,  termina  au  petit  séminaire 
de  Rûlduc  (Herzogenrath)  ses  huma- 
nités commencées  à  TAthénée  de  Maes- 
tricht,  et  y  fut  initié  aux  éléments  de  la 
philosophie  par  le  chanoine  Tits,  dont 
les  leçons  jouissaient  alors  d*une  répu- 
tation méritée,  et  qui  devint  plus  tard 
professeur  de  théologie  dogmatique 
générale  à  rUniversité  catholique.  Épris 
des  sciences  spéculatives,  Fétudiant  de 
Rolduc  se  rendit  à  L«nvain  en  1836, 
et  au  bout  de  deux  «ns  fut  reçu  doc- 
teur en  philosophie  et  lettres  avec  ia 
plus  grande  distinction.  Il  se  fit  alors 
inscrire  dans  la  Faculté  de  droit ,  et 
subit  en  i842,  avec  grande  distinction^ 
l'examen  flnal  qui  devait  lui  ouvrir  la 
carrière  du  barreau.  Il  ne  songea  cepen- 
dant pas  immédiatement  à  entrer  dans 
la  vie  active  ;  un  entraînement  irrésis- 
tible le  ramena  aux  études  spécula- 
tives. Il  alla  suivre  à  Berlin  le  cours 
de  philosophie  positive  de  Scbelling 
qui,  redevenu  chrétien  à  la  fin  de  sa 
carrière,  cherchait  à  concilier  les  dé- 
couvertes de  rintuition  intellectuelle 
avec  les  enseignements  de  TEvangiie. 
Pour  tirer  tout  le  profit  possible  des 
ressources  que  lui  offrait  la  célèbre 
Université  allemande,  il  assista  en  même 
temps  aux  cours  de  droit  romain  de 
Pnchta  et  de  Rudoriï,  disciples  de  Sa- 
Vigny,  ainsi  qu'aux  leçons  de  Stahl,  sur 
la  philosophie  du  droit.  Ces  dernières 
surtout  lui  laissèrent  d'intéressants  sou- 
venirs. De  Berlin,  il  passa  à  Heidelberg, 
où  il  entendit  Mitiermaier,  le  grand 
criminaliste.  Enfin,  dans  les  derniers 
mois  de  1845,  il  partit  pour  Paris,  où 
Burnouf,  Tocqueviile,  Ozanam  et  Rossi 
lacf^ueiliirenl  avecla  plus  aimable  bien- 
veillance. Il  fut  rélève  de  ces  deux  der- 
niers, ainsi  que  de  M.  Valette,  profes- 
seur de  droit  civil.  Rossi  lui  plut  par- 
ticulièrement par  son  esprit  philoso- 
phique ,  par  le  sens  pratique  qu'il 
possédait  au  plus  haut  degré,  enfin  par 
Texcellence  de  sa  méthode.  M.  Loomans 
rentra  dans  ses  foyers  sur  la  fin  de 


1844,  tout  préparé  ou  professorat  sll 
avait  eu  dès  lors  le  dessein  de  s'y  vouer; 
il  devait  être  bientôt  mis  en  demeure  de 
se  prononcer.  Au  commencement  de  mai 

1845,  M.  Nothomb  le  désigna  pour  sup- 
pléer à  l'Université  de  Liège,  en  qualité 
d'agrégé,  le  professeur  de  philosophie 
Tandet,  qui  commençait  à  ressentir  les 
atteintes  de  la  maladie  qui  l'enleva  pré- 
maturément à  la  science.  Un  Rapport 
sur  renseignement  supéiieur  en  Prusse^ 
rédigé  par  M .  Loomans  pendant  les  quel- 
ques mois  de  stage  qu'il  venait  de  passer 
à  Bruxelles,  plut  au  ministre  et  déter- 
mina probablement  sa  nomination. 

Le  nom  de  l'agrégé  fut  porté  au  pro- 
gramme à  côté  de  celui  du  titulaire  ;  il 
y  eut  ensuite  un  partage  des  cours, 
Tandel  se  réservant  les  élèves  du  doc- 
torat (*).  Le  22  septembre  1848,  M. 
Loomans  fut  nommé  professeur  extraor- 
dinaire. Tout  en  conservant  ses  cours 
de  candidature,  l'anthropologie  et  la 
morale,  il  accepta ,  le  22  octobre  de 
l'année  suivante ,  le  cours  de  droit  na- 
turel, en  remplacement  de  M.  De  Fooz, 
et  se  trouva  de  la  sorte  attaché  ti  deux 
Facultés.  Le  soin  d'enseigner  la  logique 
fut  laissé  à  M.  Schwartz  jusqu'en  1856; 
un  arrêté  du  14  juin  rendit  alors  ce 
cours k  M.  Loomans,  qui  finit  par  en 
être  déchargé,  en  faveur  de  M.  A.  Le 
Roy,  par  arrêté  du  7  juillet  1859.  Quant 
k  Tandel,  l'Université  avait  eu  le  mal- 
heur de  le  perdre  dès  la  fin  de  l'année 
1850. — Les  attributions  des  professeurs 
de  philosophie  n'ont  plus  changé  depuis 
1859.  La  répartition  actuelle  de  leurs 
fonctions  se  justifie  d'ailleurs  par  d'ex- 
cellents motifs  ;  d'une  part  la  logique  et 
la  métaphysique  se  lient  intimement; 
de  l'autre,  l'anthropologie  et  la  mo- 
rale servent  d'introduction  naturelle  à 
la  philosophie  du  droit.  Il  y  a  plus  d'u- 
nité et  d'harmonie  dans  les  leçons,  ainsi 
qu'un  écrivain  compétent  (*)  le  faisait 
remarquer  dès  1845,  k  propos  de  l'Uni- 
versité de  Bruxelles,  où  ces  trois  cours 
étaient  alors  confiés  à  M.  Ahrens.  M. 
Loomans  a  été  promu  à  l'ordinariat  le 
24  septembre  1857  ;  il  est  chevalier  dç 


(  *  )  En  fait ,  k  caose  de  t'ëtat  de  santë  de 
ce  professeor ,  M.  Loomans  a  été  chargé 
pendant  quelque  temps  du  cours  de  roéia- 


pliysiqné. 

(')  Ann.  des  Univ.  de  Belgique^  t.  II. 


8S9 


LOO 


860 


rOrdre  de  Léopold  depois  le  49  Joillet 
1856.  H  a  été  secrétaire  académique  en 
4850-57;  il  a  fait  partie  du  Conseil  de 
perfectionnement  de  renseig;nement  su- 
périeur.—  On  lui  doit  les  publications 
suivantes  : 

i**  Du  progrès  en  philosophie  (Revue 
DE  Brdxeli^s,  1858).  -  L'auteur  affirme 
que  Tesprit  humain  se  développe  pro- 
gressivement sur  la  base  des  vérités 
intellectuelles  et  morales  permanentes^ 
et,  se  plaçant  au  point  de  vue  métaphy- 
sique ^ou  des  lois  générales  des  êtres), 
s'attache  à  concilier  ainsi  la  conserva- 
tion avec  Tinnovation. 

^  Notice  sur  la  philosophie  allemande 
depuis  Kant  (Ibid.  1843).  —  Ce  travail, 
qui  n*a  paru  qu'en  abrégé,  est  destinée 
montrer  comment  les  principaux  sys- 
tèmes qui  ont  été  en  vogue  au-delà  du 
Rhin  dans  la  première  moitié  du  XIX* 
siècle  se  rattachent  au  Kantisme. 

S*"  Dit  fait  et  du  droit  (Ankales  de  la 
SociÊTii  littéraire  de  l'Université 
CATHOLiQiiE,  1. 1). —  C'est uDeétudchis- 
torique  sur  la  philosophie  du  droit  de- 
puis Grotius  Jusqu'à  Kant  et  jusqu'à 
Stahl.  M.  Loomans  y  fait  voir  que  les 
principales  écoles  de  philosophie  du 
droit,  au  lieu  de  concilier  le  droite  ce 
qui  doit  être,  avec  le  fait,  ce  qui  existe, 
soutiennent  le  fait  contre  le  droit  (Ecole 
historique  de  Savigny),  où  le  droit 
contre  le  fait  (École  de  Kant).  Il  pro- 
clame la  nécessité  d'une  philosophie 
nouvelle  conciliant  entr'eux  ces  deux 
termes ,  et  montre  les  germes  de  cette 
réforme  dans  l'enseignement  de  Stahl. 

Le  professeur  est  resté  fidèle  aux 
convictions  de  l'étudiant.  Son  enseigne- 
ment, ses  travaux  ultérieurs  ont  natu- 
rellement acquis  plus  de  consistance; 
mais  ils  reposent  sur  le  même  fonds 
d'idées. 

4®  Notice  sur  la  pie  et  les  travaux  du 
professeur  Em.  Tandel^  lue  en  séance 
du  Conseil  ac4)démique  du  12  janvier 
1852  (Liège,  Desoer,  1852;  dans  la 
même  brochure  se  trouve  la  notice  de 
M.NypelssurDupret).  —  M.  Loomans  y 
expose  en  détail  les  vues  philosophiques 
de  son  prédécesseur,  qui  a  droit  à  une 
mention  très-honorable  dans  l'histoire 
de  la  science  (v.  l'art.  Tandel). 


5<*  Rapport  sur  renseignement  supé- 
rieur en  Prusse,  présenté  en  1845  à  M. 
Nothomb,  ministre  de  l'Intérieur  (Ann. 
des  Univ.  de  Belgique,  1860,  et  sépa- 
rément, Bruxelles,  Lesigne,  1860,  un 
vol.  in-S"*).— L'impression  de  ce  travail, 
décrétée  dès  1845,  ne  put  être  achevée 
que  quinze  ans  plus  tard,  par  suite  d'un 
concours  particulier  de  circonstances. 
Cependant  l'organisation  des  Univer 
sites  allemandes  n'a  pas  tellement  varié 
dans  le  cours  de  cette  période,  que 
les  renseignements  recueillis  en  1843 
n'aient  cx)nservé  leur  prix  ;  et  quant 
aux  questions  d'organisation  universi- 
taire, l'expérience  n'a  fait  que  confir- 
mer, aux  yeux  de  M.  Loomans,  les  opi- 
nions qu'il  avait  émises  à  la  suite  de  son 
voyage  en  Allemagne.  L'ouvrage  a  donc 
paru  sans  changements,  et  néanmoins 
il  a  gardé  tout  son  intérêt.  On  y  trouve 
un  exposé  sommaire  de  l'histoire  des 
Universités,  et  des  principes  qui  ont 
présidé  à  leur  organisation.  L'ensei- 
gnement supérieur  en  Prusse  est  spé- 
cialement étudié  dans  ses  règlements 
constitutifs.  L'auteur  fait  ressortir  les 
avantages  du  système  de  décentralisa- 
tion ou  de  corporation  existant  en  Alle- 
magne. Il  établit  comment  cette  orga- 
nisation ,  et  notamment  les  règles  con- 
cernant la  nomination  des  professeurs, 
les  programmes  des  cours  et  les  exa- 
mens, conduisent  à  cet  Important  ré- 
sultat :  le  développement  de  Pesprit 
scientifique.    Il   se   demande  ensuite 
quelles  sont  les  réformes  dont  notre 
enseignement  universitaire  est  suscep- 
tible, en  tenant  compte  des  principes 
constitutionnels  qui   nous    régissent. 
L'Etat  ne  saurait  être  indifférent,  selon 
lui,  eu  matière  de  doctrines;  la  sépara- 
tion absolue  entre  l'ordre  légal  et  l'ordre 
moral  n'est  pas,  à  son  sens,  un  principe 
constitutionnel  ;  si  ce  principe  pouvait 
et  devait  être  admis,  il  aurait  pour  con- 
séquence logique  la   suppression  de 
l'enseignement  de  l'Etat.  Quant  aux  ré- 
formes à  introduire,  IL  Loomans  pro- 
pose de  distinguer  les  examens  pratiques 
des  épreuves  scientifiques  ;  il  pense  que 
la  collation  des  grades  scientitiques  doit 
être  résenée  aux  Universités,  et  formule 
ainsi  dans  ses  traits  généraux,  le  pre- 
mier peut-être,  le  système  qui  depuis 


861 


MAC 


862 


lors  a  été  proposé  par  le  Conseil  aca- 
démique de  Liège. 

6**  Cours  de  philosophie  morale  pro- 
fessé par  M.  Loomans  à  l'Université  de 
Liège  (autographié),  —  Le  professeur 
soutient  que  tous  les  principes  de  la 
morale  rationnelle  se  résument  dans 
Tùfé^e  d'une  société  universelle  des  êtres 
personnels,  qui  doit  se  réaliser  dans 
Thumanilé.  Il  s'attache  à  faire  l'appli- 
cation de  cette  idée  fondamentale  à 
toutes  les  parties  de  l'éthique. 

WSmcarm  (JoSEPH-GÉRARD),  T^^nék 

Liège  le  6  Juin  i  817,  a  fait  ses  humanités 
au  Collège  communal  de  cette  ville 
(182S-i8S4);  il  est  sorti  de  rhétorique 
latine  (*)  avec  le  certificat  summà  cum 
laude  (août  1854).  11  continuait  ses  étu- 
des à  l'Université  de  Liège ,  lorsque 
la  mort  de  son  père  le  força  de  les  in- 
terrompre pendant  plusieurs  années  : 
en  sa  qualité  de  fils  aîné,  il  eut  k 
s'occuper,  pendant  cet  intervalle ,  des 
intérêts  de  sa  famille.  Il  consacra 
néanmoins  ses  loisirs  k  étendre  et  k 
approfondir  ses  connaissances  en  his- 
toire et  en  politique,  sciences  pour  les- 
quelles il  éprouvait  un  invincible  at- 
trait. Enfin  il  lui  fut  donné  d'employer 
tout  son  temps  d'une  manière  conforme 
k  ses  goûts  :  le  16  septembre  1845,  il 
subit  avec  grande  distinction  l'examen 
de  docteur  endrolL  Un  mois  plus  tard, 
le  25  octobre,  M.  Van  de  Weyer  l'atta- 
chait k  la  Faculté  de  droit  de  Liège  en 
qualité  d'agrégé.  Un  arrêté  ministériel 


du  9  ,'octobre  1847  le  chargea  de  faire 
le  cours  de  droit  public,  pendant  le 
premier  semestre  de  1847-1848.  Le 
vœu  unanime  du  Conseil  académique, 
formulé  en  séance  du  29  juillet  1848, 
détermina  le  gouvernement  à  lui  con- 
fier en  outre,  par  arrêté  royal  du  15 
septembre  suivant,  le  cours  d'histoire 
|)oiitique  moderne ,  avec  le  titre  de 
professeur  extraordinaire.  Une  dispo- 
sition ministérielle  lui  attribua  encx)re 
ultérieurement  le  cours  d'introduction 
historique  au  code  civil,  créé  par  la  loi 
de  1849.  Sa  promotion  à  l'ordinariat 
date  du  24  septembre  1857;  en  i854- 
1855  (arrêté  royal  du  7  août  1854),  il 
a  rempli  les  fonctions  de  secrétaire- 
académique.  Le  gouvernement  a  re- 
connu les  services  qu'il  a  rendus  k 
l'enseignement,  en  lui  conférant  la 
croix  de  l'Ordre  de  Lèopold.  --  M. 
J.-G.  Macors  a  rempli  diverses  fonc- 
tions extrà-universitaires  et  pris  une 
part  très-active  à  la  vie  publique.  Par- 
tisan déclaré  de  l'opinion  libérale,  il 
adhéra  avec  empressement,  en  1846, 
au  projet  de  ses  amis  politiques,  déci- 
dés k  se  réunir  en  congrès  k  Bruxelles, 
pour  formuler  une  déclaration  de  prin- 
cipes. Il  rédigea,de  commun  accord  avec 
son  ami  Bailleux,  qui  partageait  ses 
idées  (*),  un  manifeste  adressé  â  celte 
assemblée  sur  la  question  du  programme 
(v  ci-après)  ;  cette  pièce  eut  un  grand 
retentissement  et  n'exerça  pas  une  mé- 
diocre influence,  tant  sur  les  décisions 
du  Congrès  que  sur  l'attitude  ultérieure 
des  libéraux  liégeois.  M.  Macors  entra 


(  ^  )  Le  prix  de  mérite  de  rhétorique  (ni 
disputé  au  Collège  de  Liège,  en  celle  année 
scolaire  1833-4834,  avec  une  ardeur  dont 
les  annales  de  noire  enseignement  moyen 
rappellent  peu  d'exemples,  par  quatre  élèves 
de  force  à  peu  près  égale,  dont  l'émulation 
et  les  succès  alternatifs  excitèrent  à  Liège 
un  intérêt  général.  Le  souvenir  de  leur  lutte 
généreuse  n'est  pas  encore  effacé.  Le  vain- 
queur fut  M.  A.  Falloiee,  aujourd'hui  vice- 
président  du  tribunal  de  Liège;  mais  son 
compétiteur  M.  Trasenster  (v.  ce  nom)  fut  à 
peine  distancé,  et  Bailleux  (plus  tard  avo- 
cat, décédé  en  1866),ainsi  que  M.  J.-G.  Ma- 
cors, les  snivireoi  de  très-pires.  On  a  réim- 
primé il  Liège,  en  1867,  ii  la  suite  de  quel- 
ques considérations  sur  renseig:u*ment  des 


humanités,  les  discours  qui  furent  pronon- 
cés à  l'occasion  de  la  distribution  d*)S  prix 
de  1834.  Le  principal  du  collège  J.-H.  Guil- 
lery,  regarda  comme  un  devoir  de  rendre  un 
hommage  public  aux  quatre  concurrents. 
«  Tiiusles  quatre,  disait-il,  se  distingueront 
«  dans  la  suite  d'une  manière  plus  utile  pour 

>  la  société  ;  leurs  sucoès,  leur  conduite  en 

>  sont  des    garanties    irrécusables.  Bons 

>  jeunes  gens,  chez  lesquels  l'émulation  n'a 
»  jamais  pris  le  caractère  de  l'envie,  et  que 

>  la  rivalité  n'a  point  empêchés  d'fitre  unis 
»  par  la  plus  loyale,  la  plus  louchante  inti- 
»  mité....  » 

(  ■  ;  V.  la  Biographie  de  FrançoU  Bailleux 
par  Alphonse  Le  lioy.  Liège,  1867  (avec 
portrait),  in-19«,  p.  7  et  suiv. 


m 


MAC 


864 


au  Conseil  commtinal  de  Liège  en  août 
1848,  fut  réélu  en  octobre  185t,  et  sié- 
gea à  rilôtel-de- Ville  jusqu'à  la  fln  de 
4857.  Elu  capitaine  de  la  garde  civique 
au  mois  d'août  4848,  il  déposa  ses 
épaulettes  dans  les  derniers  Jours  de 
4853.  M.  Hacors  s'est  aussi  occupé  de 
bienfaisance  publique  :  il  a  fait  partie 
(4859-4864)  de  la  Commission  admi- 
nistrative de  l'Institut  royal  des  sourds- 
muets  et  des  aveugles  de  Liège,  qui  lui 
doit  son  nouveau  règlement  organique 
et  son  règlement  d'ordre  intérieur  (4 
décembre  48GO).—  Il  a  publié  : 

4®  Au  Congrès  libéral^mr  la  queBtUm 
du  programme.  8  juin  4846  (Liège, 
In  8»). 

En  collaboration  avec  F.  Bai  lieux,  avocat. 
—  Les  deux  jeunes  publicistes  8e  propo- 
saient surtout  pour  but  de  réclamer,  au  nom 
de  la  Conslilulion  beige,  l'indépendance  com- 
plète de  pouvoir  civil,  avec  toutes  ses  con- 
séquences. «   En  (Belgique,  disaient-ils,  il 

>  n'y  a  d'autres  pouvoirs  que  ceux  procla- 

>  mes  par  la  Constitution  ;  elle  protège  des 
»  intérêts  religieux,  catholiques  ou  antres, 
•  mais  ne  reconnaît  aucun  pouvoir  spirituel ^ 

>  aucune  autorité  ecctMastique.  »lls  deman- 
daient au  Congrès  de  formuler  an  programme 
sur  la  signification  et  la  portée  duquel  il  n'y 
aurait  pas  ii  se  méprendre,  et  qui  serait 
comme  la  charte,  comme  la  règle  de  con  • 
duite  des  libéraux  belges.  Ils  demandaient 
l'abaissement  et  rnnifbrmité  du  cens  élec- 
toral, mesures  qui  devaient  rendre  aux  villes 
leur  légitime  iuffuence;  l'abolition  du  cens 
d'éligibilité  pour  les  fonctions  de  conseiller 
communal  ;  la  loi  des  incompatibilités,  c'est- 
à-dire  t'éloigncment  des  fonctionnaires  de 
tout  conseil  électif,  au  moins  de  ceux  qui 
portent  un  caractère  politique  ;  la  création 
d'un  enseignement  national  à  tous  les  de- 
grés, enseignement  où  les  ministres  des 
cultes  ne  pourraient  intervenir  à  titre  d'au- 
torité; enfin,  ils  proposaient  une  série  d'amé- 
liorations à  introduire  dans  l'intérêt  des 
classes  ouvrières,  préconisaient  en  principe 
l'impôt  sur  le  revenu  ;  et,  en  attendant  le 
moment  où  une  telle  réforme  serait  devenue 
possible,  recommandaient,  comme  mesure 
transitoire,  l'abolition  des  octrois,  lesquels 
pourraient  être  utilement  remplacés  par  une 
capitation  qui,  étant  basée  sur  le  revenu, 
dégrèverait  immédiatement  les  familles  peu 
aisées  (  * }. 

^  Le  Bulletin  communal  ^  journal 


des  intérêts  communaux  de  la  ville  de 
Liège  :  4'«  année,  4855-4856;  2«  année, 
4856-4857;  ensemble,  74  d<^  in  4«,  à 
deux  colonnes. 

Journal  fondé  avec  François  KapiTerscb- 
laeger,  mais  dont  M.  Macors  a  été  de  ftit 
le  principal  rédacteur.  Les  questions  à  l'or- 
dre da  jour  y  étant  discutées  d'one  manière 
approfondie  et  rattachées  aox  principes  gé- 
néraux du  droit  public  et  du  droit  adminis- 
tratif, le  Bulletin  communal  est  encore 
aujourd'hui  utile  à  eonsulter. 

5»  Avant-projet  (Tamélioratwn  et  tfa- 
grandissement  de  rhâpital  de  Bavière 
(42  avril  4864).  Liège,  4864,  in-8«. 

M.  Macors  ne  croit  pas  nécessaire  de  dé- 
placer la  maison  de  Bavière  ;  il  pense,  en 
revanche  qu'elle  doit  être  agrandie  et  qu'elle 
peut  être  améliorée,  c'est-à-dire  recevoir 
une  distribution  et  un  aménagement  de  na- 
ture il  remplir  roviex  les  conditions  de  l'hos- 
pitalisation moderne. 

4^  Essai  d'une  formule  d'organùtitian 
militaire  appliquée  à  la  Belgique ,  par 
J.-G.  M.  Liège,  (avril)  4867,  in-48  de 
404  p. 

Ce  travail,  inséré  d'abord  dans  la  Meuse, 
comprend  d'abord  quelques  apborismes  mi- 
litaires applicables  k  la  Belgiqoe,  puis  une 
formule  d'organisation  rédigée  en  articles  et 
suivie  d'une  application  et  d'une  démonstra- 
tion.— Etat  de  second  ordre,  la  Belgiqoe,  dit 
l'auteur,  n'a  d'autre  devoir  envers  elle-même 
et  envers  l'Europe,  sous  le  rapport  militaire, 
que  de  se  défendre  dans  les  limites  de  ses 
ressources.  Mais  ce  devoir,  son  honneur 
exige  qu'elle  le  remplisse.  Un  seul  système 
est  admissible,  celui  de  la  défense  concen- 
trée, le  système  adopté  par  le  gouvernement 
lorsqu'il  a  fortifié  Anvers.  11  faut  accepter 
les  conséquences  des  prémisses  posées, 
mais  se  garder  de  tonte  exagération  :  c'est 
ainsi  que  l'idée  de  la  formation  d'un  quadri- 
latère, s'appuyant  sur  Lierre  et  sur  Malines, 
n'est  nullement  pratique.  Quant  an  recnite- 
ment  des  troupes,  le  tirage  au  sort  n'aurait 
lieu  qu'à  l'âge  de  âO  ans  (au  lieu  de  19)  ;  le 
pouvoir  législatif  fixerait  annuellement  le 
contingent  de  l'armée  et  dé  la  milice.  En 
temps  de  paix,  l'armée  serait  seule  incorporée 
dans  les  dépôts  et  les  corps  actifs  ;  le  ser- 
vice étant  de  1  ans,  les  dernières  classes 
formeraient  des  corps  de  réserve.  Le  tirage 
au  sort  comprendrait  deux  séries  de  numé- 
ros, à  concurrence  des  contingenta  fixés  par 
la  loi  ;  la  première  désignerait  les  hommes 


(M  Ibid. 


86S 


MAC 


866 


appelés  4  servir  dans  l'armëe  ;  la  seconde, 
ceux  qai,  désignés  poar  la  milice,  resteraient 
dans  leurs  foyers  en  temps  de  paix,  sauf  k 
y  recevoir  une  instruction  complète,  sous 
des  oflRciers  nommés  par  le  Roi,  et  à  faire 
au  moins  une  période  de  séjour  à  Anvers  ou 
de  campement  k  Beverloo.  Tous  les  autres 
inscrits  feraient  partie  du  premier  ban  de 
la  garde  civique,  ainsi  que  les  remplacé»  (le 
remplacement  (*)  ne  serait  admis  que  dans 
Tarmée).  Ce  premier  ban,  comprenant  tous 
les  individus  valides  non  incorporés  dans 
l'armée  ou  dans  la  milice,  ne  se  compose- 
rait que  de  corps  d'infanterie  et  pourrait 
être  mobilisé  ;  toutefois  les  gardes  civiques 
qui  viendraient  k  se  marier  passeraient  dans 
la  garde  sédentaire.  Serait  exempté  du  tirage 
au  sort  pour  la  formation  de  l'armée, l'inscrit 
qui,  k  l'âge  de  48  ans ,  après  avoir  subi  un 
examen  de  capacité  littéraire  et  militaire, 
contracterait  l'engagement  de  s'habiller  k  ses 
frais  et  de  servir  comme  sous-officier  dans 
la  milice.  Les  sous-officiers  delà  milice  pour- 
raient être  nommés  officiers  d'après  le  mode 
d'avancement  réglé  par  la  loi. 

La  loi  sur  l'organisation  des  forces  dé- 
fensives du  pays  réglerait ,  pour  l'armée  et 
pour  la  milice  :  4<>  le  pied  de  paix;  ^  le 
pied  de  rassemblement  ;  3«  le  pied  de  guerre. 
Dans  les  deux  derniers  cas,  les  miliciens 
devraient  se  présenter  au  premier  appel  ; 
en  temps  de  paix,  ils  ne  pourraient  être 
mobilisés  que  pour  le  maintien  de  l'ordre 
public,  et  sur  la  requête  de  l'autorité  civile. 
—  M.  Macors  discute  in  extemo  les  avan- 
tages de  son  système  et  le  compare  avec 
ceux  qui  sont  en  vigueur  dans  les  prin- 
cipaux Etats  de  l'Europe  :  il  insiste  no- 
tamment sur  l'importance  des  réserves  ;  sur 
la  modération  des  charges  qu'entraînerait 
l'adoption  de  ses  idées  ;  enfin,  sur  l'accord 
de  ses  vues  avec  celles  des  partisans  de  la 
diflbsion  de  l'instruction. 

^^  Hospices  civils  de  Liège,  Rapport 
de  la  Commission  spéciale  instituée 
jMur  rexamen  des  plans  d'agrandisse- 
ment et  d*amélioration  de  Vhôpital  de 
Bavière,  24  juin  i8G7.  Liège,  4867, 
in-8^,  avec  les  deux  plans  de  M.  Hal- 
kin  et  de  M.  G.  Umé. 

La  Commission,  présidée  par  M.  J.-G. 
Macors,  a  repoussé  déflnitivement  toute  de- 
mi-mesure, surtout  en  présence  des  nou- 
veaux besoins  créés  par  l'accroissement  ra- 
pide de  la  ville  de  Liège. 

G**  Articles  de  polémique  politique, 
articles  sur  la  bienfaisance  publique  et 


sur  des  matières  administratives  dans 
divers  journaux  de  Liège. 

7®  Divers  Rapports  au  Conseil  comr- 
munal  de  Liège,  au  nom  de  la  Commis- 
sion des  travaux  publics. 

Nous  croyons  utile  de  donner  ici  une 
idée  sommaire  du  plan  adopté  par  M. 
J.-G.  Macors  dans  son  cours  de  droit 
public.  Ce  cours  comprend  deux  grandes 
divisions:  4"*  le  droit  public  propre- 
ment dit  ou  droit  public  interne  (Sfaâ/«- 
recht);  2^  le  droit  international  pu- 
blic ou  droit  public  externe  (Vôlker- 
recht).  Nous  ne  nous  occuperons  que 
de  la  première,  qui  comporte  une  in- 
troduction générale,  puis  trois  parties, 
savoir  :  A.  Théorie  de  TEtat  ;  B.  Histoire 
du  droit  public  belge;  C.^  Droit  public 
positif  beige  :  nous  laisserons  même  de 
côté  ces  deux  dernières  subdivisions. 

L'introduction  a  pour  objet  la  notion 
générale  de  i^Etat  et  celle  du  droit  pu- 
blic ;  les  divisions  et  subdivisions  du 
droit  public  proprement  dit  et  du  droit 
international  ;  les  rapports  et  les  diffé- 
rences entre  ces  deux  branches  du  droit  ; 
les  rapports  et  les  différences  entre  le 
droit  public  proprement  dit  et  les  autres 
branches  du  droit.Elle  expose,  en  outre, 
les  origines  et  les  principes  fondamen- 
taux des  deux  grandes  écoles  en  ma- 
tière de  droit  public,  Fècole  philoso- 
phique et  l'école  historique;  elle  cri- 
tique le  caractère  absolu  et  exclusif 
des  principes  de  chaque  école,  et  mon- 
tre qu'il  est  possible  de  les  concilier 
en  les  tempérant  l'une  par  Tautre. 

Théorie  de  VEtat.  L'Etat  doit  être 
étudié  :  4''  Dans  ses  caractères  fonda- 
mentaux, dans  son  but  et  dans  son  his- 
toire ;  2®  dans  le  pouvoir  qu'il  exert*e, 
c'est-à-dire  dans  sa  souveraineté  et 
dans  l'organisation  qu'il  convient  de 
donner  à  cette  souveraineté  ;  5»  Dans 
sa  forme  ou  sa  constitution.  Cette  étude 
provoque  l'examen  de  toutes  les  grandes 
questions  politiques  et  elle  conduit  à 
des  solutions  reposant  sur  une  double 
base,  la  base  spirituallste  et  la  base  ra- 
tionaliste. Voici  l'indication  de  quelques 
questions  : 

\^  La  société  est-elle  un  fait  ^mt- 


(^  )  M.  Macors  laisse  intacte  la  question      de  l'exonération. 


53 


867 


MAC 


868 


meni  cetitingeni,  arbitraire,  dépendant 
uniquement  des  volontés  humaines,  ou 
bien  est-elte  ie  produit  et  la  manifesta- 
tion terrestre  d*une  loi  providentielle 
et  par  conséquent  supérieure  à  la  vo- 
lonté de  l'homme  ? 

â^  Quel  rap|)ort  existe-t-il  entre  VE- 
tat  et  la  société?  TEtat  est-il  identique 
à  la  société,  ou  bien  est-il  seulement 
Torgane  central  et  régulateur  de  la  vie 
sociale? 

5»  L*Etat  est-il  une  institution  légi- 
time, et  quel  est  te  fondement  de  sa 
légitimité  ? 

4**  Quelle  mission  doit-il  remplir? 
Peut-il  s'emparer  de  toute  Tact i vite  so- 
ciale pour  la  diriger  à  son  gré,  ou  bien 
doit-il  se  borner  à  formuler  et  à  faire 
respecter  le  droit,  en  laissant  toute  li- 
berté à  Tactivité  de  la  société  ? 

5®  Quelles  sont  les  diverses  manifes- 
tations de  l'Etat  dans  l'histoire  ?  Quel 
a  été  le  caractère  dominant  de  l'Etat 
antique?  Quel  a  été  celui  de  l'Etat  ger- 
manique ?  Quel  est  celui  de  l'Etat  mo- 
derne ? 

G°  En  quoi  consiste  la  souveraineté 
de  l'Etat?  Quelles  sont  ses  conditions, 
ses  caractères  principaux  /  Quel  en  est 
l'agent  légitime  ?  A  quel  système  faut- 
il  demander  la  solution  de  cette  dernière 
question  ?  Est-ce  à  la  théorie  du  droit 
divin,  soit  qu'elle  s'énonce  par  le  prin- 
cipe du  pouvoir  direct, soit  qu'elles'ex- 
prime  par  le  principe  du  pouvoir  indi- 
rect ?  Est-ce  au  système  du  contrat 
social,  fondé  sur  le  principe  de  la  souve- 
raineté des  volontés  individuelles  ?  Est- 
ce  au  système  doctrinaire  de  la  sou- 
veraineté de  la  raison,  de  la  justice  et 
du  droit,  soit  dans  sa  formule  théorique, 
soit  dans  sa  formule  historique?  Est-ce 
au  système  de  la  souveraineté  natio- 
nale? 

7"*  Que  doit-on  entendre  par  souve- 
raineté nationale? Qu'est-ce  que  le  pou- 
voir constituant,  quelle  est  sa  fonction, 
comment  se  manifeste- t-il  et  en  quoi 
diffère-t-il  des  pouvoirs  constitués  ? 
Quels  sont  les  rapports  et  les  différen- 
ces entre  le  système  de  la  souveraineté 
nationale  et  i^  le  système  de  la  souve- 
raineté du  peuple  déduite  du  contrat 
social, et  S'^lesystème  delà  souveraine- 
té de  la  raison,  de  la  justice  et  du  droit? 


8*  Quels  sont  les  pouvoirs  comli- 
tués?  Quelles  fonctions  ont-ils  à  rem- 
plir? Gomment  doivent-ils  être  organi- 
sés? Sous  ce  rapport,  que  faut-il  préfé- 
rer, du  système  de  la  concentration  des 
pouvoirs,  ou  du  système  de  leur  sépa- 
ration? Quelles  sont  l'origine  histo- 
rique, les  conditions  essentielles  et  la 
valeur  du  système  de  la  séparation  des 
pouvoirs  ? 

9*"  Qu*entend-onpar  centralisation  et 
par  décentralisation  ?  Y  a-t-il  à  distin- 
guer entre  la  centralisation  nationale 
et  politique  et  la  centralisation  admi- 
nistrative ?  Qu'est-ee  que  la  centralisa- 
tion adroinhitrati^,  quels  en  sont  les 
dangers  et  tes  inconvénients?  Quels 
sont  les  avantages  de  la  décentraKsation 
administrative  ? 

10°  Qu'entend-on  par  constitution! 
Quelles  sont  les  principales  dirisions 
des  constitutions?  Quels  doivent  être 
les  caractères  d'une  constitution  et 
quels  sont  les  fondements  de  son  aoto- 
rilé?  Quelle  est  la  meilleure  constitu- 
tion ?  Quelles  sont  les  plus  sûres  ga- 
ranties de  la  durée  d'une  constitution? 

41®  Qu'en  tend-on  par  formes  de  gou- 
vernement ?  Quelles  sont  les  princi- 
pales dassiflcations  des  formes  de  goa- 
vemement  ? 


Miteor»  (HENRI-NiCOLilS-FÉLIx),  g, 

frère  du  précédent,  est  né  à  Liège  le 
30  mars  i820.  Comme  son  aine,  il  a  fait 
de  brillantes  études  humanitaires  au 
Collège  communal  de  cette  ville.  Après 
avoir  doublé  sa  rhétorique  (sous  H. 
Guillery),  11  fréquenta  les  cours  de  l'Uni- 
versité, et  en  sortit  docteur  en  droit  nrec 
grande  distinction,  le  16  sept.  1845. 
Il  embrassa  naturellement  la  carrière  du 
barreau  ;  néanmoins,  se  sentant  du  goût 
pour  renseignement,  il  se  préoccupa 
d'approfondir  et  en  même  temps  de  spé- 
cialiser ses  connaissances  Juridiques. 
La  Faculté  de  droit  avait  l'œil  sur  lui  : 
il  fut  adjoint  à  ce  corps  en  qualité  d'a- 
grégé, par  arrêté  royal  du  «  octobre 
ISiO,  et,  par  arrêté  ministériel  du  len- 
demain, chargé  du  cours  de  droit  nota- 
rial. Nommé  professeur  extraordinaire 
le  2i  septembre  1855,  il  conserva  ses 
premières  attributions  ;  un  arrêté  mtnis- 


869 


MAC 


870 


tériel  da  28  novembre  1861  le  chargea 
eo  oatre  de  suppléer  le  professeur  De 
Fooz  (y.  ce  nom)  dans  le  cours  de  droit 
administratif,  cours  dont  il  devint  défi- 
nitivement  titulaire  Tannée   suivante 
(arrêté  royal  du  10  septembre).  11  est 
professeur  ordinaire  depuis  le  ii  jan- 
vier 1862  ;  il  a  rempli  les  fonctions  de 
secrétaire  du  Conseil  académique  pen- 
dant Tannée  1862-1863.  —  L'ensei- 
gnement du  droit  administratif  a  pris 
de  plus  en  plus  d'importance  à  TUni- 
versité  de  Liège,  dans  les  derniers 
temps  :  M.  F.  Macors  envoie  régulière- 
mentau  jury  presque  autant  d'aspirants 
au  doctoral  en  sciences  politiques  et 
administratives,  que  ses  collègues  des 
trois  autres  Universités  ensemble  T). 
Le  cours  de  M.  F.  Macors  est  annuelle- 
ment fréquenté  par  une  dizaine  d'é- 
lèves. Le  professeur  soutient  la  thèse 
de  la  décentralisation  administrative  : 
il  estime  que  la  solution  de  toutes  les 
questions  qui  ne  touchent  pas  aux  in- 
térêts généraux  du  pays  doit  être  aban- 
donnée aux  pouvoirs  locaux  ;  la  mis- 
sion de  TEiat,  en  revanche,  est  de 
résoudre  les  questions  générales.  En 
matière    d'industrie ,    par   exemple , 
TEtat  ne  doit  intervenir  que  dans  les 
cas  où  l'industrie  privée  est  impuis- 
sante (sous  la  réserve,  bien  entendu, 
des  grands  intérêts  politiques  de  la 
nation).  —  En  dehors  de  l'Université, 
M.  Félix  Blacors  a  prêté  et  prête  en- 
core le  concours  de  ses   lumières  à 
différentes   administrations ,    surtout 
dans  le  domaine  de  la  bienfaisance 
publique.    Le  7  janvier   1855,  il   a 
été  nommé  membre  de  la  Commission 
administrative  des  Hospices  civils  de  la 
ville  de  Lié^e  :  non-seulement  il  a  ob- 
tenu trois  fois,  depuis  lors  (31  décembre 
1855,  11  janvier  1861  et  29  décembre 
1865),  les  honneurs  de  la  réélection, 
mais  le  Gouvernement  a  voulu  recon- 
naître les  services  qu'il  a  rendus  dans 
l'accomplissement  de  ce  mandat,  en  lui 

(^)  Un  fait  analogue  se  prodait  dans  la 
Facollé  des  lettres  ;  depuis  la  promulgation 
de  la  loi  sur  l'enseignement  moyen  (4850), 
rUniversiië  de  Uëge  et  celle  de  Louvam 
ont  fourni  un  nombre  exceptionnel  de  doc- 
teurs en  philosophie  et  lettres.  Tous  ne  se 
destinent  pas,  d'ailleurs,  au  professorat  : 


décernant,  par  arrêté  royal  du  31  juil- 
let 1866,  la  Croix  de  chevalier  de  l'Or- 
dre de  Léopold.  En  vertu  d'un  arrêté 
royal  du  7  décembre  1857  (renouvelé 
pour  la  quatrième  fois  le  14  mars  1867), 
il  fait  partie  du  Comité  d'inspection  des 
établissements  d'aliénés  de  l'arrondis- 
sement de  Liège.  Depuis  le  4  décembre 
1854,  il  est  administrateur  des  bains  et 
lavoirs  publics  de  S^Léonard,  et  depuis 
le  26  novembre  1865,  membre  du  Con- 
seil d'administration  des  bains  et  lavoirs 
publics  d'Outremeuse.  Il  a  pris  part  aux 
travaux  de  plusieurs  Commissions  d'en- 
quête instituées  pour  l'application  de 
la  loi  du  i'"'^  juillet  1858,  sur  l'assainis- 
sement des  quartiers  insalubres.  A  six 
reprises  différentes,  de  1859  à  1865, 
il  a  été  appelé  par  la  Députation  per- 
manente du  Conseil  provincial  à  se  pro- 
noncer sur  des  questions  de  ce  genre, 
et  il  a  été  chargé ,  dans  ces  occasions, 
de  rédiger  plusieurs  rapports  justifica- 
tifs des  mesures  proposées.  Les  docu- 
ments qu'il  a  publiés  au  nom  de  Tadmi- 
nistration  des  Hospices  méritent  une 
mention  spéciale.  Nous  citerons  : 

V  VHospice  de  la  Maternité ,  VÉcole 
provinciale  des  sages-femmes  et  la  cli- 
nique universitaire  des  accouchements. 
Liège,  1860,  in-8o  de  100  pages. 

Rapport  adressé  à  la  Commission  des  Hos- 
pices en  mai  1860.  C'est  un  mémoire  com- 
plet, embrassant  à  la  fois  l'histoire  ,  la  des- 
cription et  la  statistique  des  éiablissemcnts 
précités.  Les  conclusions  sont  formelles  : 
i<»  Il  y  a  Ueu  d'adresser  des  réclamations  aux 
communes  c/omici7e.s  de  secours ,  pour  le  paye- 
ment de  leurs  arriérés  ;  2o  la  province  doit 
supporter  à  elle  seule  les  frais  de  l'Ecole  d'ac* 
couchements, créée  par  elle  et  daasson  unique 
intérêt  ;  3<»  Il  est  juste  que  l'Etat,  à  raison 
des  avantages  que  l'Université  de  Liège  retire 
de  l'Hospice  de  la  Maternité,  fasse  les  sacri- 
fices nécessaires  pour  établir  auprès  de  cet 
établissement  une  clinique  obstétricale, orga- 
nisée sur  le  pied  de  celle  dont  l'tJniversité 
de  Gand  dispose  depuis  1852. 

2o  Hospices  civils  de  la  ville  de  Liège. 

près  de  la  moitié  entrent  en  droit,  après 
avoir  subi  l'examen  de  docteur.  A  Louvain, 
on  compte  parmi  les  nouveaux  docteurs  un 
certain  nombre  d'ecclésiastiques  :  c'est  la 
pépinière  des  professeurs  des  petits  sémi- 
naires. 


871 


MAY 


812 


Rapports  représentés  par  la  Commission 
administrative  au  Collège  des  Bourg- 
mestre  et  Échevins  de  la  ville  de  Liège, 
Liège,  iSGSet  1866,  resp.  70  et  126 
p.  in-8*. 

Les  Rapports  de  1863  et  do  1866  forment 
ensemble  un  exposé  très-dëvcloppé  de  la 
siloation  des  Hospices  de  Lt<<ge.  «  Notre 
intention,  dit  l'organe  de  la  Commission, 
V  est  de  fournir  au  Conseil  communal  les 

>  bases  d'une  discussion  large  sur  l'état 

>  moral  et  matériel  de  l'Administration  des 
»  Hospices,  et  de  la  mettre  à  même  d'ezpri- 

>  mer  nettement  ses  opinions  sur  nos  actes 
«  et  sur  les  principes  qui  nous  dirigent.  > 
Ces  documents  tirent  une  grande  importance 
de  la  circonstance  que  la  Commission  n*a 
pas  hésité  à  y  aborder  de  front  les  questions 
l^s  plus  ardues  et  les  plus  délicates. 

5<^  M.  Félix  Macors  a  pris  part  à  la 
rédaction  du  Bulletin  communal  de  Liège 
(V.  les  art.  J.-G.  Macors  etFr.  Kupffer- 
schlaecer).  Il  y  a  pablié,  indépendam- 
ment de  nombreux  articles  sur  la  fon- 
dation des  divers  Hospices  de  Liège, 
une  histoire  du  testament  du  prince- 
évéque  George-Louis  de  Berghes,  qui 
avait  légué  son  immense  fortune  aux 
pauvres  de  cette  ville  (v.  la  Biographie 
nationale,  t.  II,  art.G.-L.  De  Berghes). 

4®  En  qualité  de  membre-secrétaire 
du  Comité  d'inspection  des  établisse- 
ments d'aliénés  de  Tarrondissement  de 
Liège,  il  a  rédigé  divers  rapports 
adressés  au  ministre  de  la  justice.  Plu- 
sieurs de  ces  documents  ont  été  impri- 
més à  la  suite  des  Rapports  annuels  de 
la  Commission  permanente  d'inspection 
des  établissements  d'aliénés  (V.  no- 
tamment le  7®  Rapport,  1862,  pages  il 
à  73). 


An»  (Jean-Baptiste -Nicolas- 
Voltaire),  né  à  Remich  (Grand-Duché 
de  Luxembourg)  en  mars  1856,  subit 
l'examen  d'élève  universitaire  à  Namur, 
en  1854,  en  quittant  l'Athénée  d'Ârlon, 
où  il  s'était  distingué  en  obtenant  une 
mention  au  Concours  général.  Il  se  fit 
inscrire  à  l'Université  de  Liège  la  même 
année,  et  en  sortit  le  1^  août  1861, 
muni  du  diplôme  de  docteur  en  méde- 
cine, en  chirurgie  et  en  accouchements. 
Ses  premiers  examens  avaient  été  bril- 


lants ;  les  trois  doctorats  furent  subis 
avec  la  plus  grande  distinction.  De  1857 
ik  1859,  M*  Masius  fut  préparateur  du 
cours  de  physiologie.  Ayant  obtenu  la 
bourse  de  voyage,  il  passa  l'hiver  de 
1861-62  et  celui  de  1862-63  à  Paris, 
fréquentant  surtout  le  laboratoire  de 
M.  Claude  Bernard,  professeur  au  Col- 
lège de  France,  et  suivant  les  leçons  de 
cet  éminent  physiologiste.  Il  consacra 
Tété  de  1862  à  visiter  les  Universités 
allemandes  et  notamment  celle  de  Wûrz- 
bourg,  dont  la  Faculté  de  médecine  est 
justement  renommée.—  Il  est  chargé  à 
l'Université  de  Liège,  depuis  le  mois 
d'août  1864,  du  cours  d'anatomie  hu- 
maine descriptive,  et  des  fonctions  de 
chef  des  travaux  anatomiques  ;  par  ar- 
rêté royal  du  14  décembre  1867,  il  a 
été  nommé  professeur  extraordinaire. 
—  En  août  1867,  il  a  présenté  à  la 
section  des  sciences  de  l'Académie 
royale  de  Belgique  un  mémoire  intitulé: 
Du  centre  ano-spinal.  Ce  travail,  qui 
fait  connaître  l'existence  d'un  nouveau 
centre  dans  la  moelle  èpinière,  a  mérité 
les  honneurs  de  l'Insertion  dans  le 
Bulletin  de  la  compagnie.  —  Le  même 
recueil  (t.  XXV,  n«  5,  1868)  contient 
encore,  du  même  auteur ,  des  Recher- 
ches expérimentales  sur  Vinnervation 
des  sphincters  de  Vanus  et  delà  vestie, 

MayiiK  (Charles-Gustave),  né  le  8 
août  1812  à  Essen  (alors  grand-duché 
de  Berg,  aujourd'hui  Prusse  rhénane), 
où  son  père  était  magistrat  au  Tribunal 
de  première  instance ,  commença  ses 
études  moyennes  au  Collée  de  Wesel 
(1822-1826)  et  les  acheva  dans  sa  ville 
natale  (1 826-29).  L'enseignement  moven 
était,  à  c^tte  époque,  généralement  libé- 
ral et  progressif;  les  tendances  qui 
avaient  déterminé  le  soulèvement  du 
peuple  allemand  contre  le  despotisme 
de  Napoléon  !•'  régnaient  dans  les 
écoles,  au  grand  déplaisir  du  gouver- 
joement prussien  qui,  après  s*ètre appuyé 
pendant  quelque  temps  sur  les  patriotes, 
en  avait  tout  d'un  coup  pris  ombrage  et, 
reculant  devant  ses  engagements,  s'é- 
tait décidément  rangé  du  côté  de  la 
réaction  absolutiste  (*).  La  fermenta- 


(')  V.  Cazalès,  Etudes  hUtoriques  etpo-      ris,  1843.  in-lâ«. 
litiques  sur  C Allemagne  contemporaine,  Pa- 


873 


MAY 


^74 


tion  des  esprits  était  extrême,  surtout 
dans  les  Universités  ,  devenues  des 
foyers  très-actifs  de  propagande.  Les 
étudiants  avaient  conçu  l'idée  de  rem- 
placer leurs  associations  particulières 
par  une  association  générale  (i?»r«cA^- 
Bchaft) ,  qui  devait  resserrer  les  liens 
de  la  fraternité  nationale  et  substituer 
au  patriotisme  local  un  sentiment  éner- 
gique de  l*unité  de  la  patrie  allemande 
(  •  ).  La  Prusse  et  FAulriche  s'effrayè- 
rent: elles  se  crurent  en  présence  d'une 
vaste  conspiration  organisée  pour  le 
renversement  de  tous  les  trônes  :  des 
mesures  de  rigueur  furent  prises,  en 
1819,  contre  les  Universités  et  contre 
la  presse.  Insensiblement  les  libéraux 
laissèrent  détourner  leur  attention  des 
questions  allemandes,  s'intéressèrent 
plutôt  avec  une  vivecnriosité  aux  luttes 
parlementaires  de  la  France,  mais  par 
là  même  se  remirent  à  vivre,  dans  des 
conditions  toutes  nouvelles,  sous  Tin- 
fluence  des  idées  d'une  nation  dont  ils 
avaient  d'abord  voulu  rester  séparés 
par  une  sorte  de  cordon  sanitaire  ('). 
On  rêva  la  conquête  de  la  liberté  uni- 
verselle, et  en  attendant  on  cessa  de 
se  passionner  pour  l'unité  germanique  : 
les  gouvernements  avaient  atteint  leur 
but.  Cependant  les  choses  ne  se  pas- 
sèrent point  ainsi  dans  Tenceinte  des 
Universités,  refuges  du  teutonisme  et 
des  opinions  républicaines.  On  y  vou- 
lait aussi  la  liberté,  mais  on  la  regar- 
dait comme  incompatible  avec  la  Cons- 
stitntion  de  la  Confédération  germa- 
nique ;  et  l'on  réclamait,  avant  tout,  le 
rétablissement  du  droit  commun.  La 
police  et  la  censure,  les  prohibitions  de 
toute  espèce  furentimpuissantesàdomp- 
ter  une  jeunesse  ardente  et  pleine  de 
foi  dans  l'avenir.  Les  délibérations  des 
étudiants  se  poursuivirent  en  secret: 
mais  le  feu  couva  sous  la  cendre,  et  le 
contre-coup  des  révolutions  de  France 
et  de  Belgique,  en  4830,  se  fit  sentir 
au-delà  du  Rhin  par  des  soulèvements 
partiels,  qui  provoquèrent  de  la  part 

(*)  W.  Menzel,  Histoire  dta  Allemands, 
SlDUgsirt,  1837  ,  in-8«.  —  Cazalès,  p.  196. 

('  )  L'ëtadiant  frappé  de  peioe  de  la  réléga- 
lion  ne  peut  ôtre  admis  aux  eoura  acadë- 


de  la  Diète  des  décrets  répressifs  plus 
énergiques  que  jamais.  C'est  au  moment 
où  la  situation  était  le  plus  tendue,  à 
la  veille  de  la  Révolution  de  juillet,  que 
BL  Maynz  se  fit  inscrire  à  l'Université 
de  Bonn  (octobre  18â9),  fortement  im- 
prégné de  son  éducation  libérale.  Il  y 
étudia  la  médecine  pendant  trois  se- 
mestres, puis  changea  d'idée  (Pâques 
1831)  et  fréquenta  pendant  trois  autres 
semestres  les  cours  de  la  Faculté  de 
droit,  assistant  en  même  temps  à  des 
leçons  de  philosophie  et  d'histoire , 
entre  autres  à  celles  de  Niebuhr.  Il  ne 
manqua  pas  de  s'affilier  à  VAlUjemeine 
Burschenschttft ,  association  qui,  nous 
venons  de  le  dire,  embrassait  les  étu- 
diants de  toutes  les  Universités.  Blora- 
liser  la  vie  académique,  réunir  la  jeu- 
nesse allemande  dans  l'idée  d'une  pa- 
trie commune,  tel  était  double  le  but  de  la 
BurschenscliafX.  Lorsque  l'effervescence 
politique  de  juillet  1830  se  fut  propa- 
gée à  Brunswick,  à  Cassel,  en  Saxe  et 
ailleurs,  les  solidarités  d'étudiants  de- 
vinrent particulièrement  suspectes  au 
pouvoir  fédéral,  à  un  pouvoir  devant 
qui  les  constitutionnels  eux-mêmes  al- 
laient tomber  en  disgrâce  aussi  bien  que 
les  radicaux. La  Burschenschaft  futi)0ur- 
suivie  dans  presque  tous  les  pays  de  la 
Confédération  germanique.  A  Bonn,  elle 
fut  mise  en  accusation  par  les  autorités 
académiques  au  moment  où  M.  Maynz 
était  président  (Sprecher)  de  l'Associa- 
tion de  cette  Université.  En  juillet  183i, 
huit  membres  du  Comité,  parmi  lesquels 
le  président,  furent  frappés  de  la  peine 
de  la  rélégation  ;  quatorze  autres  re- 
çurent le  iX)nsilium  abfundùM.Muynz 
se  rendit  à  Berlin  au  mois  d'octobre 
suivant  ;  après  dix-huit-mois,  il  obtint 
l'abolition  des  conséquences  légales  de 
la  rélégation  (  '  ) ,  et  l'autorisation  d'a- 
chever ses  éludes  à  l'Université  de  Ber- 
lin et  de  subir  les  examens  juridiques. 
Il  suivit  à  Berlin,  dans  la  Faculté  de 
droit,  les  cours  de  MM.  Gans,  Rudorff 
et  de  Savigny. 

miques  ni  aux  examens  ;  en  conséquence,  il 
est  de  fait  incapable  de  remplir  ancono  fonc- 
tion publique  et  d'exercer  aucune  profession 
libérale. 


87S 


MAY 


876 


En  septembre  4854,  aa  moment  de 
commencer  sa  carrière  pratique,  il  ap» 
prit  que,  nonobstant  les  poursuites, 
la  condamnation  et  l*aboiltion  anté- 
rieures ,  il  allait  être  impliqué  dans 
une  nouvelle  instruction  criminelle,pour 
sa  participation  à  la  Burschenschaft  de 
Bonn.  Il  résolut  de  se  soustraire  à 
cette  iniquité  et  réussit,  grâce  au  con- 
cours de  plusieurs  hauts  fonction- 
naires, à  sortir  de  Prusse.  Arrivé  le  24 
octobre  4854  à  Liège,  il  y  subit,  dans 
le  courant  du  mois  suivant,  Texamen  de 
candidat  en  philosophie  et  lettres  ;  les 
diplômes  de  candidat  et  de  docteur  en 
droit  lui  furent  ensuite  délivrés  par  la 
Faculté  de  Gand,  le  dernier  en  mai 
1855.  Revenu  à  Liège,  M.  Maynz  prêta 
serment  en  qualité  d'avocat  près  la 
Cour  d'appel  de  cette  ville  an  mois  de 
novembre  1855  et  y  fit  son  stage  Jus- 
qu'au 27  janvier  4857,  date  de  son  éta- 
blissement dans  la  capitale  du  royaume. 

A  l'exception  des  premières  nomi- 
nations faites  en  4854  et  4855,  les 
chaires  de  l'Université  libre  de  Bru- 
xelles, conformément  aux  art.  50  et  54 
des  Statuts  organiques  du  20  octobre 
4854,  ne  s'étaient  Jusque  là  obtenues 
qu'à  la  suite  d'un  concours.  M.  Maynz, 
le  premier,  lut  dispensé  de  remplir 
cette  condition,  et  nommé  d'emblée,  en 
Juin  4858,  professeur  extraordinaire  à  la 
Faculté  de  droit,avec  mission  de  laireles 
cours  d'tnstltutes  et  d'histoire  du  droit 
romain  (*).  L'Université  n'était  pas  enco- 
re, à  cette  époque,  solidement  assise  sur 
ses  bases  :  le  nouveau  professeur  acheva 
l'année  académique  4857-4858  avec  un 
seul  élève,  et  il  n'en  eut  pas  dix  au  com- 
mencement de  l'année  4  858-4859.  Peu  à 
peu  cependant  la  situation  s'améliora  : 
dix  ans  plus  tard,  la  Faculté  de  droit  de 
Bruxelles  était  loin  d'avoir  quelque 
chose  à  enviera  ses  sœurs.  M.  Maynz  y 
paya  largement  de  sa  personne  :  bien 
qu*absorbé  parles  soins  d'une  clientèle 
considérable  (il  ne  cessa  de  paraître  au 
barreau  que  deux  ans  avant  de  quitter 
Bruxelles),  il  consentit  à  se  charger  du 
cours  de  Pandectes  en  septembre  4848, 
sans  renoncer  à  ceux  dont  il  était  déjà 


titulaire,  et  sut  mener  de  front  son 
qoadrige  Jusqu'en  4857,  époque  où  il 
céda  Les  instilutes  à  son  Jeune  collègue 
M.  Giron.  Fidèle  aux  convictions  qui 
avaieal  amené  son  exil,  il  concoaroten 
outre  très-activement,  jusqu'au  moment 
où  un  surcroit  d'occupations  l'éloigna 
forcément  du  domaine  de  la  politique 
militante,  aux  efforts  tentés  en  Bel- 
gique, de  4842  à  4848,  pour  wm  et 
discipliner  le  parti  libéral.  C'est  ainsi 
qu'il  contribua  de  tout  son  zèle  à  l'or- 
ganisation du  Congrès  de  4846,  et  au 
développement  des  associations  pro- 
gressistes qui  suivirent  ce  Congrès, 
mais  disparurent  devant  la  réaction 
provoquée  par  la  révolution  de  1848. 
A  partir  de  là,  il  s'abstint  de  toute  in- 
tervention dans  les  affaires  du  pays. 

En  octobre  4866,  le  gouvernement 
offrit  à  M.  Maynz,  dans  les  conditions 
les  plus  honorables,  une  chaire  de  droit 
romain  à  l'Université  de  Liège.  Le  pro- 
fesseur bruxellois  ne  crut  pas  pouvoir 
se  rendre  au  désir  du  ministre  :  dans  les 
circonstances  particulières  où  l'on  se 
trouvait,  c'est-à-dire  le  lendemain  de  la 
rentrée ,  le  départ  d'un  professeur , 
chargé  de  cours  importants,  aurait  porté 
un  grave  préjudice  à  i'Université  libre. 
M.  Maynz  remonta  donc  dans  sa  chaire; 
mais  le  20  novembre  suivant,  il  se  vit 
amené  à  remettre  sa  démission  entre  les 
mains  du  Conseil  d'administration  de 
l'Université.  Des  démarches  nombreu- 
ses furent  tentées  auprès  de  lui  pour  le 
faire  revenir  sur  cette  décision  :  il  per« 
sista  et  la  confirma  formellement,  dans 
les  derniers  jours  de  février  4867.  Le 
4''  mai  4857,  il  fut  appelé  à  l'Université 
de  Liège  pour  y  enseigner  les  Pandectes 
en  remplacement  de  M.  Dupont,  devenu 
professeur  émérite  (v.  ce  nom).  Il  prêta 
serment  et  fit  sa  première  leçon  le  24 
octobre,  juste  trente-trois  ans  après 
son  entrée  en  Belgique.  Le  même  jour, 
une  dépulation  de  42  étudiants  en  droit 
(candidature  et  premier  doctorat)  de 
l'Université  de  Bruxelles  se  rendit  à 
Liéçe,  et  un  beau  vase  de  bronze  fut 
remis  à  M.  Maynz,  en  témoignage  de 
l'estime  et  de  l'afiedioa  des  délégués 


(*)  Il  fut  promu  à  l'ordinariat  au  corn-     menGQtnent  du9««enieslrede  4844-464S. 


877 


MAY 


878 


et  de  ceax  qulls  représentaient  ('). 

M.  Maynz  a  été,  de  i843  à  t847,  col- 
kfooraleur  de  la  première  Gazette  rhé- 
naue  {Rheiniscke  Zeitung),  et  de  1852  à 
1854,  correspondant  de  la  Gazette  na- 
tionale de  Berlin  (NatUmalrZettung)  ;  il 
a  publié,  en  outre,  des  articles  juridi- 
ques dans  la  Belgique  judiciaire  et  dans 
le  Journal  du  Palais  (Jurisprudence 
kelge,  années  1855  et  1854). 

L'ouvrage  qui  a  fondé  sa  réputation 
k  rétrang^  comme  en  Belgique  (*),  est 
un  Cours  de  droit  romain,  dont  le  pre- 
mier folume  parut  à  Bruxelles,  cbezMe- 
line,  dès  1845.  Le  tome  II  vit  le  jour  un 
peuplus  tard  ;rédition fut  prompLement 
épuisée.  En  1856  a  paru  une  seconde 
édition,  également  en  deux  volumes, 
chez  Decq  à  Bruxelles  et  chez  Â.  Du- 
rand à  Paris.  Ces  deux  éditions  sont 
intitulées:  Eléments  de  droit  romain;  le 
mot  Cours  a  été  substitué  au  mot  Elé^ 


ments  dans  la  troisième,  dont  les  tomes 
I  et  11  sont  sur  le  point  d'être  livrés  au 
public;  le  tome  III,  enc^e  inédit,  est 
annoncé  comme  devant  paraître  sans 
retard. 

M.  Maynz  s*est  proposé,  dans  cet 
ouvrage,  de  donner,  d'une  part,  dans 
un  ordre  systématique,  un  exposé  com- 
plet, dogmatique,  de  la  législation  ro- 
maine, et  d'autre  part,  de  retracer  le 
développement  historique  des  institu- 
UoDs  juiidiques  de  l'ancienne  Rome. 
C'est  le  premier  travail  de  ce  genre  qui 
ait  été  pubUé  en  français.  L'ouvrage 
de  M.  Ciraud  n'a  en  vue  que  l'histoire 
externe;  celui  de  M.  Ortolan,  malgré  son 
titre  :  Explicatiott  historique  des  Itisti- 
tûtes,  est  à  la  vérité  dogmatique  et  his- 
torique tout  ensemble;  mais,  bien  que 
très-complet  dans  ses  dernières  édi- 
tions, il  oe  répond  pas  encore  ù  Tidéal 
qu'on  se  fait  d'un  manuel  classique  ('). 


(  *  )  M.  Biebuyck ,  organo  des  étudiants 
bruxellois,  prononça  en  celte  circonstance 
des  paroles  louchantes  el  vivement  senties. 
M.  Aib.  Picard ,  bâtonnier  de  l'Ordre  des 
avocats  de  Bruxelles,  et  M.  Schuerroans, 
conseiller  b  la  Cour  de  Liège ,  voolurent  as- 
sister à  TovalioD  dont  lear  ancien  professeor 
était  l'objet. 

(*)  Voir  la  préface  de  la  4<'  édition  des 
InsiUutioms  jun$  romani  priva ti  de  Waru- 
kœnig  (Bonn,  1860,  in-8o}. 

(')  L*ouvragede  M.  Ortolan  diflîjre  essen- 
tiellement de  celui  de  M.  Maynz.  Le  but  de  ce 
dernier  est,  comme  nous  venons  de  le  dire, 
d'exposer  le  sujet  dans  un  ordre  tt/néma- 
tique f  rationnel  autant  que  possible ,  et  sur- 
tout méthodique^  ce  qui  présente  les  avan- 
tages suivants  :  A.  Au  point  de  vue  de 
félude  spéciijUe  du  droit  romain,  de  donner 
au  Jectenr  une  idée  exacte  de  l'ensemble  delà 
législation  et  de  lui  montrer  le  lien  qui  rat- 
tachent les  uns  aux  autres  les  diverses  ins- 
titutionsdu  droit  privé;  de  faciliter  à  l'élève 
rétade  de  la  matière ,  en  le  débarrassant 
des  difficultés  éepure  mémoire  et  en  faisant 
constamment  appel  à  son  intelligence; enfin, 
de  permettre  à  tout  le  monde  de  s'orienter 
|ilus  aisëiient  dans  ce  vaste  domaine;  B.  A 
n/i  point  de  vue  plus  générai,  d'exercer  les 
facultés  actives  de  la  jeunesse  et  de  l'habi- 
tuer à  penser  et  à  travailler  d'après  une  mé- 
thode sévère  el  rallosneUe  (résultat  inap- 
préckd>le);  de  meftCre  le  leeteio'  k  même  d'ap- 
précier le  mérite  du  droit  romain,  et  notam- 
ment la  logique  qui  a  présidé  au  développe- 


ment des  diverses  institutions  qu'il  comporte, 
de  manière  à  constiluerjlnalementce  système 
si  digne  do  l'admiration  des  siècles,  ce  monu- 
ment grandiose  et  impérissable  dont  les  imper- 
fections de  détail,  pourtant  très-nombreuses, 
ne  parviennent  pas  à  diminuer  la  majesté  et 
la  beauté  pure  (abstraction  faite,  bien  en- 
tendu, de  cerlaines  monstruosités  fonda- 
mentales telles  que  l'esclavage,  lesquelles, 
au  reste,  ne  conslUuenl  que  des  excrois- 
sances que  l'on  pourrait  retrancher  sans 
faire  du  tort  à  l'ensemble).  Sous  ce  rapport, 
Tétude  du  droit  romain,  telle  que  M.  Maynz 
la  conçoit,  peut  être  considérée  comme  une 
espèce  de  Philosophie  du  droit  et  comme  une 
introduction  à  un  Cours  de  législation,  — 
Tous  ces  avantages  font  défaut  dans  la  mé- 
thode employée  par  M.  Orlolan  et  suivie 
dans  toutes  les  Facultés  françaises,  ainsi 
que  dans  les  ouvrages  élémentaires  publiés 
par  des  professeurs  français,  qui  se  sont 
obstinés  â  suivre  l'ordre  anti- méthodique  de 
Juslinien.  De  là  :  Â.  il»  point  de  vue  de  l'é- 
tude tpéeiaie  du  droit  romain,  un  désordre 
inoai  dans  l'exposé,  non  pas  de  rensomble, 
mais  des  diverses  règles  dont  se  compose 
la  législation,  et  par  suite  difficulté  extrême 
d'en  faire  bien  saisir  et  comprendre  l'esprit 
général.  Pour  nous  servir  dun  root  de  Wie 
tand,  les  lecteurs  se  heu  den  Wald  vor  lau- 
ter  Bàumen  nicht,  c'est-à-dire  que  «  la  mul- 
»  tiplicité  et  hi  variété  des  arbres  les  em- 
»  pèchent  de  voir  \9  forêt.  »  Même  difllcuilé 
de  retanir;  D^fin^qufisi-im possibilité  de  trouv 
ver  ce  que  Lan  chorçhe  dans  nn  cas  donné  ; 


879 


MOR 


880 


D'autre  part,  les  traités  classiques 
écrits  en  latin,  tels  que  les  Commenta- 
rit  de  Warnkœnig(v.  ce  nom)  et  les  Ht- 
storiœjuris  romani  lineamenta,  de  Hoi- 
tius,  n'atteignent  k  leur  tour  qu'im- 
parfaitement le  but  ,  Tun  négligeant 
riilstoîre,  l'autre  s'en  ocxnipant  unique- 
ment. La  science  du  droit  romain  est 
arrivée,  dans  notre  siècle,  au  plus  haut 
degré  de  perfection  ;  il  suffit  de  citer 
les  noms  des  Savigny,  des  Niebuhr, 
des  Hugo  ;  mais  renseignement  de  cette 
science  a  longtemps  attendu  sa  syn- 
thèse professionnelle,  pour  nous  servir 
de  l'expression  de  M.  E.  de  Molinari  (  '  ). 
Le  Irailé  de  Mûhlenbnich  (*)  est  peu 
sympathique  à  notre  jeunesse,  qui  le 
trouve  trop  aride.  Aux  habitudes  sé- 
vères de  l'érudition  et  de  la  critique 
allemande,  il  fallait  associer  des  allures 
plus  vives,  un  ton  plus  persuasif,  et  en 
un  mot  cette  simplicité,  cette  lucidité 
frappante  qui  caractérisent  les  écrivains 
français.  M.  Maynz  s'est  efforcé  d'ob- 
server toutes  ces  conditions  dans  le 
choix  de  sa  méthode.  Il  dégage  d'abord 
Vidée  rationnelle  dont  la  législation  ro- 
maine est  une  manifestation  plus  ou 
moins  fidèle;  il  passe  ensuite  de  la 
philosophie  à  Thistoire,  nous  fait  as- 
sister en  quelque  sorte  à  l'épanouisse- 
ment gradue]  des  institutions,  et  nous 
montre  comment  les  Romains ,  sans  se 
rendre  toujours  compte  des  raisons  ju- 
ridiques auxquelles  ils  obéissent,  mais 
se  laissant  guider  par  leur  bon  sens 
pratique,  arrivent  presque  toujours  à 
des  conclusions  justes  ;  enfin  il  aborde 
la  critique  des  lois,  s'attachant  à  res- 
taurer dans  toute  son  intégrité  la  doc- 
trine des  jurisconsultes  romains,  et 
prenant  pour  pierre  de  touche  l'idée 
fondamentale  qu'il  a  commencé  par  dé- 
gager. Dans  l'introduction  historique, 
l'auteur  suit  les  destinées  du  droit  ro- 
main même  après  la  chute  de  l'empire, 


tant  en  Orient  qu'en  Occident;  abor- 
dant les  matières  spéciales,  il  prend 
également  soin  de  noter,  autant  qoe 
son  sujet  le  comporte,  les  diverses  in- 
fluences qui  ont  contribué,  avec  le 
temps,  à  la  transformation  des  lois  ; 
l'exposé  de  la  série  de  ces  transforma- 
tions successives  prend  ainsi  le  carac- 
tère d'une  explication  génétique.  Dans 
l'étude  des  droits  réels,  par  exemple,on 
voit  comment,  grâce  à  l'autorité  des 
préteurs,  lejns  civile,  d'abord  exclusif 
et  formaliste,  se  perfectionna,  au  furet 
à  mesure  que  le  territoire  s'agrandit, 
en  s'appropriant  les  principes  du  droit 
des  nations  (jus  gentium).  Quant  à  la 
partie  critique  du  Cours,  on  doit  signa- 
ler (t.  Il)  une  vive  censure  de  la  loi 
française  qui  déclare  nulle  la  vente  de 
la  chose  d'autrui;  une  théorie  neuve 
des  dommages  et  intérêts,  de  l'^rr^r 
et  des  arrhes^  une  explication  claire 
de  la  Htterarum  obligatio,  de  nouvelles 
données  sur  les  contrats  innommés, 
etc.  (').  L'ouvrage  de  M.  Maynz, 
approprié  aux  besoins  de  l'enseigne- 
ment en  même  temps  qu'il  peut  être 
consulté  avec  fruit  par  les  savants  et 
par  les  législateurs  eux-mêmes,  a  ob- 
tenu dans  les  pays  étrangers,  notam- 
ment dans  le  midi  de  l'Europe  et  au 
Brésil,  un  succès  considérable.  Plo- 
sieurs  Universités  l'ont  adopté;  mais 
cette  circonstance  même  a  eu  pour 
effet  de  le  rendre  assez  rare ,  et  il  est 
grand  temps  que  la  troisième  édition 
voie  le  jour  (*). 


Morfen  (ChAHLES-JACQ.-ÉdOUAIU)), 

fils  de  Charles  (v.  l'art.  €h.  Morben), 
né  à  Gand  le  2  décembre  1833,  a  été 
élevé  à  Liège,  où  la  réorganisation  uni- 
versitaire de  1835  amena  son  père.  Dès 
sa  plus  tendre  enfance,  il  prit  goût  aux 
sciences  naturelles,  dont  il  entendait 


B.  A  un  point  de  vue  plus  général,  mauvaises 
habitudes  d'étudier,  et  finalement  absence 
complète  d'utilité  quanta  la  philosophie  et  à 
la  raison  des  lois. —  A  part  ces  désavantages 
inhérents  à  la  méthode,  hfttons-nous  d'ajou- 
ter que  l'onvrago  de  M.  Ortolan,  dans  ses 
deux  dernières  éditions  au  moins,  se  recom- 
mande par  de  très-grands  mérites. 


(  «  )  Revue  trimestrielle,  t.  XXVIU,  p.  384. 
—  Y.  aussi,  sur  le  livre  de  M.  Mayoz,  le  t. 
XIII  du' même  recueil,  p.  359  et  suiv. 

(  *  )  Doctrina  Pandectarum, 

(  *  )  E.  de  Holinari,  art,  cité. 

(M  V.  la  Belgique  judiciaire  au  S3  mai 
1858,  etc.' 


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MOR 


882 


parler  tous  les  jours.  Cb.  Morren  venait 
lui-même  le  prendre  tous  les  jours  à 
récole  Lenoir  et  Malchair,  et  Ton  re- 
montait la  colline  Boul-li-cau,  en  com- 
pagnie de  H.  Clément  Cbapuis,  alors 
étudiant,  en  devisant  de  plus  belle.  Au 
Collège  St-Servais,  il  fit  ses  huma- 
nités, mais  trouva  aussi  le  temps  de 
former  des  collections  de  papillons  et 
d'insectes  de  toute  sorte,  et  de  s'occu- 
per de  peinture.  Il  y  gagna  l'esprit 
d'ordre  et  de  méthode;  le  dessin  déve- 
loppa en  lui  l'esprit  d'observation  ;  les 
mathématiques  et  le  jeu  d'échecs  lui 
apprirent  la  logique  ;  il  connut  enfin  le 
prix  du  seif-help.  Le  17  janvier  1849,  il 
se  fit  inscrire  à  la  Faculté  de  philosophie 
de  l'Université,  avant  d'avoir  achevé  sa 
rhétorique:  il  croyait,  à  tort,  que  cette 
inscription  le  dispenserait  de  l'examen 
d'élève  universitaire.  Le  51  octobre,  il 
entra  décidément  à  l'Université,  muni 
du  diplôme  de  rigueur.  Quand  il  fut 
candidat  en  philosophie  (15  avril  1851), 
son  père  Teuvoya  en  droit,  songeant  à 
le  lancer  plus  tard  dans  la  carrière  po- 
litique. Il  rédigeait  le  matin  ses  cahiers 
dlnstitutes,  mais  l'après-midi  il  courait 
au  bois  :  Ch.  Morren  dut  consentir  à 
laisser  son  fils  suivre  ses  propres  tra- 
ces. Le  droit  fut  donc  abandonné  pour 
les  sciences  naturelles  (octobre  1851). 
Un  jour  le  jeune  étudiant  apprend  que 
l'Académie  royate  de  Belgique  vient  de 
mettre  au  concours  une  question  sur 
la  coloration  des  végétaux:  travaillez  ! 
lui  dit  son  père.  11  travailla  un  an,  tout 
seul,  et  il  vainquit.  Ce  fut  des  mains 
paternelles  qu'il  reçut,  en  séance  solen- 
nelle, la  médaille  de  vermeil  (16  dé- 
cembre 1852).  Ce  premier  succès  dou- 
bla son  ardeur;  il  suivit  Dumont  dans 
ses  courses  géologiques,  MM.  de  Ko- 
ninck ,  Cbandelon  et  Is.  Kupflerschlae- 
ger  dans  leurs  laboratoires,  composa 
des  herbiers  de  la  flore  rurale,  etc.,  et 
subit  avec  grande  distinction  l'examen 
de  candidat.  Il  assista  pendant  cinq 
ou  six  ans  aux  leçons  de  son  père,  s'i- 
nitia en  même  temps  à  la  géologie  et  à 
l'astronomie ,  disséqua  des  animaux  et 
apprit  à  travailler  au  microscope.  En 


1854-1855,  il  se  fit  inscrire  à  la  candida- 
ture en  médecine.  La  santé  deCh.  Mor- 
ren était  déjà  ébranlée  :  il  pressentait  un 
malheur...  le  jeune  homme  avait  21  ans 
(fév.  1855)  et  n'était  pas  encore  docteur 
lorsque  la  catastrophe  éclata.  11  fallut 
changer  de  plan,  s'installer  dans  le 
bureau  du  malade,  se  charger  tout  à  la 
fois  de  son  enseignement,  de  ses  publi- 
cations, de  ses  affaires.  M.  Ed.  Morren 
suffit  à  toiU  et  reçut  de  MM.  Quetelet, 
de  Selys,  Kickx,  Martens,  d'Oroalius  et 
Gachard  (devenu  plus  tard  son  oncle)  les 
plus  honorables  encouragements.  Dès  le 
8  mars,  il  avait  été  autorisé  par  M.  Pier- 
cot,  alors  ministre  de  l'intérieur,  à 
monter  dans  la  chaire  de  Ch.  Morren  : 
ses  anciens  condisciples  lui  firent  une 
cordiale  ovation  quand  il  y  parut.  Le 

7  avril  suivant,  le  jury  le  proclama  doc- 
teur en  sciences  naturelles  (avec  grande 
dislinction  :  examen  approfondi  sur  la 
botanique  et  la  chimie  organique).  Un 
créditlui  fut  alloué  pour  faire  un  voyage 
scientifique  en  France  et  en  Allemagne  ; 
il  alla  visiter  l'Exposition  universelle  et 
les  jardins  botaniques  :  Brongniart , 
Decaisne,  Godron,  Fée,  Treviranus 
l'accueillirent  avec  sym|)athie.  Son  au- 
torisation d'enseigner  fut  renouvelée 
d'année  en  année  ;  mais  on  lui  imposa, 
comme  condition  d'une  nomination  dé- 
finitive, l'obligation  de  subir  l'examen 
de  docteur  spécial.  Il  n'hésita  pas  :  le 

8  mai  1858,  la  condition  se  trouva  rem- 
plie. Il  crut  devoir  se  présenter  devant 
l'Université  de  Gand.  Sa  dissertation 
traite  des  feuilles  vertes  et  colorées  ; 
pour  texte  de  sa  leçon  publique,  il  choi- 
sit la  j^/an/e,  considérée  au  point  de  vue 
physiologique  (*).  Ch.  Morren  fut  dé- 
claré émérite  le  1 1  octobre  suivant  ;  le 
nom  de  son  fils  figura  dès  lors  au  pro- 
gramme des  cours;  mais  la  nomination 
de  M.  Ed.  Morren  se  fit  attendre  jusqu'au 
51  déc.  1861.11  fut  et  est  resté  chargé 
du  cours  de  botanique.  En  1862-65  et 
en  1865-64,  il  a  fait  (dans  la  Salle  aca- 
démique) un  cours  public  de  physiologie 
végétale  dans  ses  rapports  avec  la  cul- 
ture; il  a  également  donné,  en  1864,  des 
leçons  hebdomadaires  sur  la  floraison 


(*)  V.  le  Journal  de  Gand  du  10  nai      1858. 


883 


MOR 


884 


et  la  fructification  des  végétaux.  Il  a 
joint  à  son  cours  académique  des  dé* 
monstraUons  d*anatomie  et  de  physio- 
iogievégétale  au  microscope.et  organisé 
des  excursions  sur  divers  points  du 
pays,  pour  étudier  la  flore  ruale.  Il  a  cxin- 
sacré  tous  ses  soins  à  la  création  d'un 
Musée  de  botanique  ;  comme  les  autres 
grands  centres  d'instruction,  Liège  doit 
avoir,  selon  lui ,  ses  galeries  de  bota- 
nique. Les  tendances  de  M.  Ed.  Morren 
sont  pratiques  en  même  temps  que  scien- 
tifiques: soit  qu*il  enseigne,  soit  qu'il 
s'occupe  d'enrichir  et  de  développer  le 
Jardin  botanique  de  la  rue  Louvrex,  il 
s'intéresse  aux  questions  horticoles,  à 
l'acclimatation  des  végétaux ,  à  l'in- 
fluence de  la  lumière  et  des  circon- 
slances  de  toute  espèce  sur  les  variations 
des  plantes  ;  d'autre  part,  il  aborde 
ces  curieuses  questions  au  point  de  vue 
théorique ,  et  s'élève  à  l'occasion  aux 
hauteurs  de  la  philosophie  de  la  science. 
Il  a  beaucoup  voyagé  dans  ces  dernières 
années  et  assisté  k  nombre  de  Congrès  ; 
îl  a  fait  partie  du  jury  de  plusieurs 
grandes  Expositions,  et  acquis  ainsi  une 
expérience  précoce.  Il  a  été  le  pro^ 
moteur  et  le  secrétaire-général  de  l'Ex- 
position organisée  à  Liège,  en  4^56 
(24-51  août),  par  les  Sociétés  d'horti- 
culture de  cette  ville  (réunies),  k  l'occa- 
sion du  ^'anniversaire  de  l'inaugu- 
ration de  Léopold  1'^  ;  ii  a  contribué 
énergiquement  à  l'établissement  de  la 
Fédération  des  Sociétég  horticoles  de  la 
Belgique ,  dont  il  est  également  secré- 
taire-général depuis  le  5  mai  18f»9, 
date  de  la  fondation  de  cette  institu- 
tion (*),  Secrétaire -fondateur  de  la 
Société  royale  d'horticulture  de  Liège, 
membre  fondateur  de  la  Société  royale 
de  Botanique  de  Belgique  ,  secrétaire- 
général  du  Congrès  international  de 
pomologie  à  Namur  (1862),  ancien  se- 
crétaire-général et  l'un  des  fondateurs 
de  la  Société  royale  d'acclimatation 


de  Liège ,  membre  du  jury  de  l'Expo- 
sition universelle  d'horticulture  à  Bru- 
xelles (24  avril  4864)  et  secrétaire- 
générai  du  Congrès  international  tenu 
k  cette  occasion  (*);  délégué  da  gou- 
vernement auprès  du  même  Congrès , 
tenu  l'année  suivante  k  Amsterdam, 
président  de  la  X'  classe  du  jury; 
vice-président  du  Congrès  et  secré- 
taire de  la  section  de  botanique  ;  dé- 
légué id.  k  l'Exposition  internationale  de 
Cologne  (i8G5);  au  Congrès  des  bota- 
nistes et  k  l'Exposition  d'Erfurt  (id.); 
au  Congrès  des  botanistes  à  Loadres 
(mai  4866),  et  nommé  vice-présideot 
honoraire  ;  membre -secrétaire  de  la 
Commission  belge  pour  l'Exposition 
universelle  d'horticulture  à  Paris(4  867), 
ensuite  membre  suppléant  du  JU17,  rap- 
porteur-général du  9«  groupe  (horticol- 
ture),  par  suite  collaborateur  du  grand 
Rapport  rédigé  sous  la  direction  de  M. 
Michel  Chevalier  (88*  classe  :  plantes 
de  serres) ,  et  délégué  officiellenient 
pour  réunir  à  l'Exposition  universelle 
des  collections  destinées  aux  Musées 
de  Belgique  (^);  indépmidamment  de 
toutes  ces  fonctions,  publiciste  adif 
comme  son  père,  M.  EUl.  Morren  peut 
hardiment  accepter  la  devise  :  nuniiwm 
oiiosus^qui  lui  est  attribuée  par  lettres- 
patentes  de  l'Acad.  Léop.  Car.  des  Cu- 
rieux de  la  nature.  Indépendamment 
des  Sociétés  prémentionnées,  il  fait 
partie,  k  titre  de  membre  honoraire, 
titulaire  ou  correspondant,  des  compa- 
gnies suivantes  {*)  :  Cercle  pratique 
d'horticulture  et  de  botanique  du  Ha- 
vre ;  Soc.  royale  d'horlicullure  de  Na- 
mur ;  Conférences  horticoles  de  Liège 
(du  Conseil  d'administration);  Soc. 
d'horticulture  de  Florence;  Soc.  d'hor- 
ticulture de  Prusse  (à  Berlin);  Soc. 
botanique  de  France  ;  Soc.  des  se.  na- 
turelles de  Strasbourg;  Soc.  d'bortic. 
et  d'arboriculture  d'Autun  ;  Soc.  fla- 
mande de  botanique, à  Anvers;  Soi*. 


(M  Sept  vol.  des  Buileiius  ont  paru  jus- 
qu'ici par  SCS  soins  ;  deux  Congrès  înterna- 
tionaux  ont  éié  tenus. 

(')  Ce  Congrès  a  tenu  annuellement  une 
session  depuis  lors,  dans  différentes  capi- 
tales; en  4865,  à  Amsterdam;  en  4866,  à 
Londres^  en  4867,  à  Paris. 


(')  M.  Ed.  Morren  est  en  outre  délégué 
pour  faire  parlio  de  la  Commission  belge  de 
i'e^^position  horticole  internationale  qui  vieot 
de  s'ouvrir  à  Saint-Pëtersbocrrg  (de  i860). 

(  *  )  Nous  citons  les  diplômes  par  ordre  de 
dates  (1856-1867). 


S8ë 


MOR 


886 


iiO|).  d^borticttHure  de  St-Pétersbourg  ; 
Soc.  industrielte  d'Angers;  Soc.  royale 
de  Flore,  à  Çruxelles  ;  Soc.  d'horiic. 
du  litloral,  à  Trieste  ;  Id.  d'agric.  et 
dliortic.  de  Tournai  ;  id.  id.  de  Yer- 
viers  ;  Soc.  d'Emulation  de  Liège  (se- 
crélaire  du  corailé  d'agric.)  ;  Soc.  royale 
des  sciences  de  Liège  ;  Académie  royale 
de  Belgique  (classe  des  sciences)  ;  Soc. 
for  Nargesveï,  à  Christiania;  Soc.  d'hor- 
lic.  de  Londres;  id.  d'Erfurt;  Soc.  des 
sciences,  des  ^vt»  et  des  lettres  du 
lUûoaut  ;  Soc.  phytolofrique  d'Anvers  ; 
Soc.  agricole  de  Gorizia  (Illyne)  ; 
Soc.  Linnéenne  de  Bordeaux;  Soc.  L et 
R,  d*hortic.  de  Vienne.— M.  E.  Morren 
est  chevalier  de  FOrdre  royal  d*f  sabelle- 
la-Calholique  (6  août  1862);  de  FOrdre 
da  Lion  Néerlandais  (21  mai  1865)  ;  de 
rOrdre  royal  du  Christ  de  Pornigal 
(11  nov.  1865),  et  de  TOrdre  impérial 
de  la  Légion  d'honneur  U  janvier 
1868)  ('). 

PtBLICATIONS. 

1^  (En  collaboration  avec  Ch.  Mor- 
ren)  :  Notious  élémentaires  des  sciences 
naturelles,  3*  partie.  Mûiêralogie.  Liè- 
ge, 1852,  in-^8^ 

îf*  Promenade  botanique  à  VExposi- 
twn  univ.  de  1855.  Gand,  1856,  in-8\ 

Extr.  du  Journal  d'agriculture  pratique 
de  Belgique,  t.  YIH  et  W. 

3»  Rapport  sur  le  contingent  bota- 
nique à  TExpos.  univ.  de  Paris,  adres- 
sé au  ministre  de  Tlntérieur,  etc.  (Ann. 
des  Univ.  de  Belgique,  iS^^-bl,  5*' par- 
tie, p.  144-203). 

4°  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de 
JeanKickx,  Gand,  1857,  in-S"*  (avec 
portrait). 

5^  Journal  d'agriculture  pratique  du 
royaume  de  Belgique,  Gand,  in-8<»  (Les 
deox  derniers  volumes,  1857  et  1858). 

6''  Collaboration  à  la  Feuille  du  Cul- 
tivateur (avec  M.  P.  Joigneaux).  1857 et 
1858. 

T*  Description  d'une  nouvelle  espèce 
é^Oncidium  (0.  Limminghei)  introduite 
dans  les  serres  du  jardin  botanique  de 


runiversité  de   Liège.  Gaud,   1857, 
in-8°. 

8"^  Notice  sur  le  Veofortfm  elegans 
R.  Br.,  à  l'occasion  de  sa  floraison  au 
jardin  bot.  de  Liège  pendant  l'automne 
de  1857.  Bruxelles,  in-8°. 

9^  Quelques  considérations  sur  les 
organes  des  plantes,  la  digénèse  végétale 
et  les  variétés  horticoles.  Gand,  1857, 
in-8o. 

10^  Dissertation  (inaugurale)  ««r /(^j; 
feuilles  vertes  et  colorées.  Gand,  1858, 
un  vol.  in-8**  (avec  pi  ). 

il®  Notice  sur  les  changements  de 
couleur  des  feuilles.  Gand,  1858,  in-S"". 

12^  Diss.  sur  les  feuilks  vertes  et 
colorées,  envisagées  spécialement  au 
point  de  vue  des  rapports  de  la  chlo- 
rophylle et  de  Terythrophylle.  Gand, 
1858,  un  vol.  in-8o  avec  planches. 

13<^  Notice  sur  Robert  Br^nvn,  Gand, 
1858,  in-8"  favec  portrait). 

U*"  Notice  sur  A.-G.  GaleotU.  Ibid., 
1858,  in-8V 

15^  Documents  pour  servir  à  la  bio^ 
graphie  de  Ch.  Morren.  Ib.  1859,in-8o. 

16»  Notice  sur  Alex,  de  Humboldt. 
Ibid.  (avec  portrait). 

17"  Charles  Morren,  sa  vîc  et  ses 
œuvres.  Bruxelles,  in-12",avec  portrait 
(Extr.  de  VAnnuaire  de  VAcad.  royale 
de  Belgique).  — "i'éôïiïoïi.  Gand,  1860, 
in-8*  (avec  portrait). 

18<'  Floralies  de  Liège,  28,  50  ocl. 
1860  (Annuaire  de  la  Société  d'Emulat. 
de  Liège,  18G1,  in-12'?). 

19°  Météorologie  de  1859  etd^  1860, 
dans  ses  rapports  avec  Thorticulture. 
Gand,  1861,  in-8^ 

20*"  Description  et  iconographie  du 
Lamprococcus  Weilbachii.  Gand,  1861, 
in-8°,  avec  planches. 

21*»  Les  arbres.  Etudes  sur  leur  struc- 
ture et  leur  végétation,  par  le  docteur 
Schacht*  irad.  de  Tallemand  par  Ed. 
Morren.  Bruxelles,  1862,  un  vol.  in-8". 
—  2*  édition  (avec  planches).  Brux., 
1864,  in-8\ 


('  )  Il  a  reçu  direclemeot  celle  dernière     janvier,  aux  Tuileries. 
déeovation  des  mains  de  rEmpepeiir,  le  5 


887 


MOR 


888 


22"  Projet  de  créer  un  Jardin  ffac- 
cUtnatation  et  (Tarpérimentation  des 
plantes  et  d'animaux  utiles  au  parc  de 
la  BoYerie,  à  IJége  (Documents,  sta- 
tuts, plans,  etc.).  Liège,  1805,  în-8''. 

23«  Bulletin  du  Congrès  internatio- 
tial  de  pomologie  à  Namur,  le  28  sept. 
1862  et  jours  suiv.  Gand  18G5,  un  vol. 
in-8^ 

24**  La  lumière  et  la  végétation  (con- 
férence). Gand,  1865,  in-8«). 

25°  Souvenirs  d'Allemagne  (août  et 
septembre  1864).  Gand,  1865,  in-8^ 

26«  Remacle  Fusch,  sa  vie  et  ses 
œuvres  (Discours).  Bruxelles,  1864, 
in-12o  (Extr.  du  Bulletin  de  VAcad, 
roy,  de  Belgique). 

27o  Rapport  concernant  une  notice 
de  J.-J.  KIckx  sur  les  Ascidies  térato- 
logiques  (fd.  Ibid.). 

28«  Bulletin  du  Congrès  internatio- 
nal  d'horticulture  tenu  à  Bruxelles  du 
24  au  26  avril  1864.  Gand,  1864,  un  vol. 
in-8°. 

29*  Détermination  du  nombre  des 
stomates.  Brux.  1864,  in-8o  (Extr.  du 
Bulletin  de T Académie). 

50"*  Panachure  et  duplication.  Am- 
sterdam, 1865,  in-8''  (Bulktin  du  Con- 
grès de  botanique). 

51°  U.-M.  Gaede  ,  sa  vie  et  ses 
œuvres.  Gand,  1865,  in-8'»  (avec  port.). 

52°  Le  Congrès  et  V Exposition  uni- 
verselle d'Amsterdam  (7-12  avril  1865). 
Gand,  1865,  in-8°. 

55°  L'enseignement  de  la  botanique 
en  Allemagne.  Gand,  1865,  in-8°. 

34°  (Anonyme).  La  question  univer- 
sitaire.  Gand,  1865,  in-8°. 

35°  Hérédité  de  la  panachure-  Brux., 
1865,  in-8°  (Bulletin  de  V Académie). 

36°  Etienne  Dossin,  botaniste  lié- 
geois. Gand,  1865,  in-8». 

57°  L'acclimatation  des  plantes.  Ibid* 

38°  Chorise  du  Gloxinia  specidia  pé- 
lorié.  Bmxelles  1865,  in-8°.  (Bulletin 
de  VAcad.). 

59^  Pierre  Caudenberg,  sa  vie  et  ses 
œuvres.  Gand,  1866,  in-8°(avec  port.). 


40*  Recherches  expérimentales  pour 
déterminer  Vinlluence  de  certains  gaz 
industriels,  spécialement  du  gaz  adde 
sulfureux,  sur  la  végétation.  Londres, 
1866,  in-8°,  avec  pi.  (dans  le  Report 
ofthebolanicalcongress.Lonùves,\%^). 

41°  Culture  des  /leurs  en  apparte- 
ment (conférence  donnée  à  la  Sociéié 
d'Emulation  de  Liège,  le  12  mars  1866). 
Gand,  1866,  in-8o. 

42"  La  duplication  des  /leurs  et  la 
panachure  du  feuillage.  Gand,  18G7, 
in-8'>. 

45°  Plan  des  serres  et  des  construc- 
tions du  jardin  botanique  de  l^ Université 
de  Liège.  Gand,  1867,  un  feuillet  in-8«. 

44^  L'origine  des  variétés  sous  /ïii- 
/tuence  du  climat  arti/iciel  de^  jardins; 
fragments  de  philosophie  horticole. 
Genève,  1867,  in-8°  (Dans  les  Archives 
des  Sciences  physiques,  juin  1867). 

45°  La  Belgique  horticole^  revue  de 
botanique  et  d'horticulture  (chaque  an- 
née un  vol.  in-8°,  avec  pi,  coloriées  et 
portrait).  Gand.  Annoot-Braeckman, 
1855-1867, 13  vol.  in-8o. 

La  collection  complète  forme  17  volumes. 
—  il  a  paru  deux  volumes  d'une  traduction 
espagnole  de  ce  recueil,  sous  le  titre  :  La 
Espana  orticola.  -^  La  Société  impériale 
d'horticulture  de  France  (à  Paris)  a  décerné 
une  médaille  d'or  à  la  Belgique  horticole, en 
juin  1856. 

46°  F/om/ie«  de  iVamtfr(Dix  rapports 
annuels).  Namur,  1855-1866,  in-8°. 

47°  Chiix  de  graines  récollées  nu 
Jardin  botaniq.de  V  Université  de  Liège, 
catalogue  annuel,  in-8°  (depuis  1855}. 

48°  Revue  générale  de  Vétat  et  des 
progrès  de  l'horticulture  belge^  Gand, 
in-8o,  (Public,  annuelle,  depuis  1859). 

49°  Bulletin  de  la  Fédération  des 
Soc.  d'horticulture  de  Belgique.  Gand, 
1860-1868,  huit  vol.  in-8°. 

50°  Bulletin  de  la  Société  royale  d'hort, 
de  Liège.  Liège,  1860-1867,  in-8°  (celle 
publication  compte  jusqu'à  présent  5 
volumes). 

51°  Plantes  de  serres.  Paris,  Paid 
Dupont,  li>67,  ln-8°. 
Fait  partie  de  la  collection  des  Rapport» 


889 


NAM 


890 


du  jury  iniemational  de  l'Exposition  univer- 
selle de  Paris,  pabliés  soas  ta  direction  de 
M.  Michel  Chevalier. 

52«  Flore  exotique  qu'il  convient  de 
cultiver  dans  les  serres  d'un  jardin  bo- 
tanique, par  M.  Adalbert  Schnizlein, 
directenr  du  Jardin  botanique  d*Er- 
langen.  Edition  française,  publiée  par 
M.  Ed.  Morren.  Gand,  1867,  in-8. 

Extr.  du  Bulietin  de  la  Fédération^  etc. 
(no  49),  vol.  de  i866,  p.  333  et  suiv. 

55<»  Auguste  Roger^  sa  vie  et  ses 
œuvres.  Gand,  1867,  in-8<»  (avec  port). 

£xtr.  du  même  Bull.,  vol.  de  i867,  p.  i07 
et  suiv. 

54<^  Seconde  notice  sur  la  duplication 
des  fleurs  et  la  panachure  du  feuillage, 
à  propos  du  Camellia  japonica  L.  var. 
François  Wiot.  Gand,  4868,  in-S»  avec 
une  pi. 

^'^  Marie^Anne  Libert,  deMalmedy, 
sa  vie  et  ses  œuvres.  Gand,  1868,  in-8, 
(avec  portrait). 

Extr.  de  la  Belgique  horUeoki  p.  V,  4868. 


Wamar  (PaRFAIT-JosEPH),  ]g[ ,  né  à 

Thuin  le  Sa  février  1815 ,  a  fait  sespre- 
Bières  études  au  Collège  de  cette  ville, 
établissement  dès  lors  très-fréquenté  et 
jouissant  d*un  certain  renom.  ~-  Il  prit 
ses  inscriptions  en  1835  à  rUniversité 
de  Bruxelles,  et  y  suivit  pendant  trois 
ans  les  cours  de  pbilosopbie  (sous  M. 
Ihrens)  et  de  droit.  Il  fut  reçu  docteur 
eu  droit  par  le  Jury  central  (septembre 
1838),  avec  la  plus  grande  distinction^ 
ce  qui  le  rendit  titulaire  d  une  bourse 
de  voyage.  Il  en  proflta  pour  aller  com- 
pléter ses  études  en  France  et  en  Alle- 
magne. De  retour  en  Belgique,  il  adres- 
sa an  gouvernement,  sur  renseignement 
du  droit  à  Paris  et  à  Heidelberff,  un 
Bapport  qui  fiit  inséré,  sur  Favis  favo- 
rable de  la  Faculté  de  droit  de  Liège, 
dans  les  Annales  des  Universités  de 
Belgique  (t.  II).  Il  publia  ensuite  une 
dissertation  en  forme  de  thèse  (v.  ci- 
après)  pour  obtenir  le  grade  de  docteur 
agrégé  à  TUniversité  de  Bruxelles.  Ce 
grade  lui  fut  conféré  en  Juillet  1842, 
après  une  épreuve  publique  qu'il  subit 
également  avec  la  plus  grande  tfuftnc- 
tion.  Sa  carrière  était  désormais  tra- 


cée. Dès  le  mois  d*octobre  suivant,  il 
débuta  dans  renseignement  académique 
en  ouvrant  à  Bruxelles  un  cours  de 
droit  civil  élémentaire,  auquel  ne  tarda 
pas  à  être  acfjoint  un  cours  de  droit 
naturel.  Un  arrêté  royal  du  2â  octobre 
1849  enleva  M.  Namar  à  renseigne- 
ment libre.  Il  fut  nommé  professeur 
extraordinaire  à  la  Faculté  de  droit  de 
Liège,  chargé  d'exposer  les  principes 
généraux  du  Code  civH,  et  de  faire, 
pour  les  élèves  du  doctorat,  une  par- 
tie du  cours  de  droit  civil  approfondi. 
Le  4  octobre  1850,  il  passa  à  TUniver- 
sité  de  Gand  en  qualité  de  professeur 
ordinaire,  titulaire  des  cours  d'Insli- 
tutes  et  d'histoire  du  droit  romain. 
Lorsque  M.  Brasseur  (jeune)  quitta 
rUniversité  flamande  en  mai  1855,  H. 
Namur  fut  chargé  d'un  troisième  cours: 
procédure  civile,  organisation  et  attri- 
butions judiciaires.  Enfln,  le  7  février 
1867,  un  arrêté  royal  le  rappela  â 
Liège  pour  y  remplacer  feu  le  profes- 
seur Fr.  Kupfferschlaeger,  c'est-â-dire 
pour  y  ensei^er  les  Institutes  et  l'his- 
toire du  droit  romain,  ainsi  que  l'en- 
cyclopédie du  droit.  —  M.  Namur  est 
cbevalier  de  l'Ordre  de  Lèopold  depuis 
le  15  décembre  1858;  le  §  5  de  l'art.  9 
de  la  loi  organique  de  1849  sur  l'ensei- 
gnement supérieur  lui  a  en  outre  été 
appliqué  (26  mars  1866)  â  titre  de  ré- 
compense. —  M.  Namur  a  publié  : 

1«  Rapport  au  gouvernement  sur  ren- 
seignement du  droit  à  la  Faculté  de 
Paris  et  à  rUniversité  de  Ueidelberg, 
Brux.,  LesIgne,  1845,  in-8o.  —  M.  Na- 
mur commence  par  analyser  sommaire- 
ment les  cours  de  MM.  Valette,  De- 
mante,  Bupet  et  Duranton.  11  regrette 
qu'on  semble  n*attacher  aucune  impor- 
tance, à  Paris,  à  suivre  un  ordre  sys- 
tématique dans  l'exposé  des  principes. 
L'enseignement  du  droit  civil  y  est,  à 
son  sens ,  trop  exclusivement  exégétl- 
que  et  utilitaire.  Le  cours  de  droit  cri- 
minel de  M.  Ortolan,  tout  savant  et 
ingénieux  qu'il  est,  laisse  à  désirer 
sous  le  rapport  de  l'ordre  et  de  la  mé- 
tbode.  11  en  est  autrement  de  M.  Rossi 
(professeur  de  droit  public),  qui  sait 
ramener  tout  à  une  idée  fondamentale 
(la  capacité  doit  être  la  mesure  des 
droits  politiques).  —  En  Allemagne, 


891 


NYP 


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Tensemble  des  matières  enseignées  est 
plus  complet;  les  leçons  se  distingaent 
plus  particulièrement  par  leur  méthode 
et  leur  solidité.  M.  Namur  s*est  sur- 
tout attaché  à  MM.  Zacharise,  Mitter- 
maier,  Vangerow,  Zôpfl  et  Rœder.  Il 
préfère  la  théorie  de  ce  dernier  (en 
matière  de  droit  pénal)  à  celle  de  &i. 
Mittermaier.  La  peine,  selon  M.  Rœder 
(partisan  des  idéesde  Krause),  ne  peut 
essentiellement  consister  dans  un  mal; 
le  christianisme  et  la  raison  désa- 
vouent la  doctrine  d*après  laquelle  il 
serait  permis  d'user  de  représailles, 
de  commettre  une  injustice  nouvelle 
pour  en  réparer  une  autre.  L*ouvrage 
de  M.  Mittermaier  sur  l'instruction 
criminelle  est,  en  revanche,  sans  rival 
en  son  genre.  M  Namur  combat  le  po- 
sitivisme des  étudiants,  qui  ne  songent 
qu'à  leurs  examens.  H  insiste  sur  la 
nécessité  de  relier  plus  étroitement 
renseignement  du  droit  à  celui  de  la 
philosophie,  et  finit  par  formuler  son 
idéal  d*un  bon  covrs, 

2o  Dissertation  en  forme  de  thèse 
sur  la  question  suivante  :  Jusqu'à  quel 
point  riiénlier  véritable  est-il  obligé, 
soit  d'après  les  principes  du  droit  ro* 
main,  soit  diaprés  ceux  du  droit  civil 
moderne,  de  respecter  les  actes  faits  par 
riiéntier  putatif  ou  apparent  avec  des 
tiers  de  bonne  foi?  (Uevue  des  re\'u<-s 
du  droit,  1842). 

5*»  Cours  dlnstitutes  et  dlnstoire  du 
droit  romain,  Gand,  4865-84,  3  vol. 
in-S**.  —  S'adressant  aux  élèves  qui  se 
préparent  à  l'examen  de  candidat  en 
droit,  M.  Namur  s'est  efforcé,  dans  cet 
ouvrage,  de  prendre  le  milieu  entre  les 
manuels  allemands,  généralement  un 
peu  secs,  et  les  ouvrages  français,  pé- 
chant d'habitude  par  trop  de  prolixité  ; 
avant  tout  il  a  voulu  être  clair,  au 
risque  de  paraître  quelquefois  familier 
(v.  sa  préface). 

4®  Cours  de  droit  commercial,  conte- 
nant l'exposé  des  principes  généraux  ; 
la  discussion  des  controverses,  avec 
renvoi  à  la  doctrine  et  à  la  jurispru- 
dence, et  rexplication  des  lois  belges 
qui  ont  modifié  le  Code  de  commerce 
français.  Gand,  1865-66,  2  vol  in-S^", 
—  Ce  livre  est  destiné  non  seulement 


aux  étudiants,  mais  encore  aux  commer- 
çants et  à  toutes  les  personnçsquls'oc- 
cupentde  la  pratique  du  droit,  aux  avo- 
cats comme  aux  magistrats.  Dans  l'ex- 
posé des  controverses,  l'auteur  a  mis 
un  soin  particulier  à  indiquer,  sur  cha- 
que question,  les  arrêts  rendus  par  des 
Cours  belges,  afin  de  combler  uie 
lacune  qui  n'est  que  trop  fréquente 
dans  les  ouvrages  français. 

5^  Conseils  aux  pécheurs  à  la  ligne 
(Trois  articles  publiés  sous  le  voile  de 
Tanonyme,  en  juin  1866,  dans  le  Jour- 
nal deCharleroi).  —  C'est  une  critique 
humoristique  de  la  législation  en  li- 
gueur concernant  la  pêche  fluviale. 


IVypel*  (JeAN-SeRVAIS-GuILLAIHE), 

0.  ^ ,  est  né  à  Maestricht  le  14  mes- 
sidor an  XI  (5  juillet  1805).  Il  entra  au 
Collège  de  cette  ville  dès  1811;  mais 
le  goût  de  l'étude  ne  s'empara  un  peu 
sérieusement  de  son  esprit  que  quand 
il  fut  en  troisième.  Â  ce  moment  même 
il  eut  le  malheur  de  perdre  son  père, 
et  ce  ne  fut  pas  seulement  pour  la  fa- 
mille une  perte  cruelle,  ce  fut  pour  le 
jeune  Guillaume  une  rude  épreuve  à 
subir.  M««  V«  Nypels  se  voyait  à  la  tête 
d'une  famille  de  six  enfants  dont  celui-ci 
était  i'ainé,  et  dans  robligatlon  de  foire 
honneur  à  une  livrance  considérable  de 
fournitures  aux  armées  françaises,  ad- 
jugée au  défunt  quelques  semaines 
avant  sa  mort.  11  fallait  dire  adieu  au 
Collège,  travailler  d'arrache-pied,  dres- 
ser des  comptes,  avoir  l'œil  à  tout.  La 
courageuse  mère  donnait  l'exemple  et 
passait,  avec  son  grand  garçon  de  onze 
ans,  les  nuits  à  écrire.  Cela  dura  tout  un 
an  ;  la  barque  atteignit  le  port,  et  quel- 
ques mois  plus  tard,  un  nouveau  pension- 
naire entra  dans  rinstitulion  Coquilhat, 
à  Bruxelles.  L'excellent  directeur  de 
cette  maison  sut  gagner  la  confiance 
de  son  élève  et  lui  inspirer  un  beau 
zèle.  Ce  fut  là  que  Ch.  Froment,  esprit 
littéraire  très-distineué,  initia  M.  Ny- 
pels à  la  littérature  française  du  XYll'' 
siècle.  La  vie  de  Froment,  on  le  sait,  res- 
semblait fort  à  ce  qu'on  appellerait  au- 
jourd'hui une  vie  de  bohème;  mais  son 
enseignement  était  remarquable  et  lais- 


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sait  des  traees  profondes.  Aussi  M.  Ny- 
pels  arriva-t-îl  fort  bien  préparé  au  seuil 
de  la  rhéloriqne  de  TAthénée  de  Bru- 
xelles,où  il  acheva  ses  hamanités  sous  un 
autre  maitre  éniinent,  Pii.  Lesbrous- 
sart,  son  futur  collègue.  Il  prit  dès 
cette  époque  non  seulement  le  goût  de 
Tétude,  mais  le  goût  des  livres,  qui  lui 
coûta  cher  plus  tard,  et  qui  néanmoins 
lui  devint  foK  utile,  comme  on  va  s*en 
assurer. 

Rentré  à  Maestricht,  il  fut  installé 
dans  rétude  d'un  notaire.  Que  d'illu- 
sions déçues!  QuMIs  étalent  loin,  Ho- 
mère,  Virgile  et  Racine  !  A  tout  prendre, 
M.  Nypels  apprit  là  beaucoup  de  choses 
judiciaires  qu'il  se  félicita  de  connaître 
quand  il  fut  à  TUniversité.  Il  faisait  de 
la  musique  pour  se  distraire  et  se  met- 
tait au  courant  de  la  méthode  Jacotot, 
dont  un  ancien  maître  de  la  pension 
Coquilhat  lui  avait  parlé  avec  en- 
thousiasme. Il  obtint  enfin  de  sa  mère 
d'aller  à  Louvain,  où  enseignait  le  fon- 
dateur. Nouvelle  déception  !  Le  néo- 
phyte reconnut  cependant  que  la  mé- 
thode pouvait  être  avantageusement 
appliquée  à  l'étude  des  langues  ;  et  en 
effet ,  au  bout  de  quelques  mois ,  il  se 
trouva  d*uneassez  jolie  force  en  anglais, 
lise  fit  alors  inscrire  dans  la  Faculté 
des  lettres,  entendit  Bekker  (v,  ce  nom) 
commenter  Homère  et  Térence,  et  s'at- 
tacha au  cours  d'histoire  de  Dumbeck, 
qui  lui  dévoilait  font  un  nouveau  monde 
d'idées.  L'enseignement  de  Reiffenberg 
(v.  ce  nom)  ne  lui  plut  pas  ;  il  essaya 
d'étudier  la  philosophie  par  lui-même. 
Sans  guide  et  n'ayant  aucune  idée  de 
Thistoirodeh  science,  il  se  jeta  sur  les 
Éléments  d'idéologie  de  Destutt  Tracy  et 
sur  le  systhne  de  la  nature  du  baron 
d'Holbach,  qu'il  avait  trouvés  chez  un 
bouquiniste.  Le  premier  le  sédui<%it; 
il  en  fut  tout  autrement  du  second* 


Sa  raison  lui  dit  plus  tard  qu'il  était 
entré  dans  une  détestable  voie.  En 
tous  cas  il  fut  reçu  candidat,  au  bout  de 
Tannée,  egregià  cum  lande.  Après  bien 
des  tergiversations,  sur  le  conseil  de 
quelques  amis  de  sa  famille,  il  prit  enfin 
le  parti  de  renoncer  à  poursuivre  Té- 
tude  des  lettres,  qui  lui  semblait  pour- 
tant répondre  à  sa  vocation;  il  s'enrôla 
donc  parmi  les  jurisconsultes,  et  nous 
ne  |)ensons  pas  qu'il  ait  jamais  eu  à  se 
repentir  de  cette  détermination.  11  fit 
de  bonnes  et  solides  études  juridiques, 
surtout  en  droit  romain  et  en  droit 
criminel,  soutint  sa  thèse  le  16  juillet 
18â8  (Disserlatio  historico-juridica  de 
delictis  recidivis)  et  fut  proclamé  doc- 
teur summû  cum  laude  (*).  Au  mois 
d'août  suivant,  bien  décidé  à  suivre  la 
carrière  du  barreau,  il  revint  s'installer 
dans  sa  ville  natale. 

L'opposition  contre  le  Gouvernement 
était  devenue  plus  redoutable  que  ja- 
roais,depuis  que  les  catholiques  et  les 
libéraua:  avaient  scellé  leur  fameuse 
union,  dont  Fr.  Claes,  ami  intime  de 
Nypels,  avait  été  l'un  des  plus  zélés  pro- 
pagateurs. Ils  firent  ensemble,  dans  ce 
but,  un  voyage  à  Liège,  où  ils  virent 
successivement  P.  Kersten,  du  Cour- 
rier de  la  Meuse,  Lebeau  et  M.  Rogier, 
du  Mathieu  Laensberg.  De  son  côté, 
M.  Jaminé  venait  de  créera  Maestricht, 
avec  Weustenraad,  un  nouvel  organe 
de  l'opposition.  Lié  d'amitié  avec  les 
deux  fondateurs,  M.  Nypels  se  joignit 
à  eux  ;  cependant  il  ne  prit  qu'une  part 
relativement  modeste  k  la  rédaction  de 
VEclaireur.  Mais  son  attitude  était 
assez  dessinée  pour  le  rendre  suspect 
lorsque,  le  lendemain  de  la  Révolution, 
Maestricht  fut  mis  en  état  de  siège. 

Une  circonstance  insignifiante  vint 
décider  de  son  avenir.  Il  eut  à  s'ab- 
senter pour  affaires  de  famille  :  c'é- 


(  ^  )  La  fête  qu'il  donna  {iicuti  mos  erat)  k 
cette  occasion  est  restée  célèbre  dans  le 
souvenir  des  anciens  de  Louvain,  par  la  pré- 
sence, alors  fort  remarquée ,  de  quelques 
hommes,  dès  lors  distingués,  qui  venaient  de 
s'associer  avec  Claes,  écrivain  spirituel  et 
plein  de  verve,  pour  rajeunir  la  rédaction  du 
Courrier  des  Payn-Bas,  devenu  depuis  l'or- 
gane le  plus  formidable  de  l'opposition.  C'é- 
taient MM.  Van  Meenen  ,  Van  de  Weyer, 


iottrand,  Ducpéliaux,  Mascart,  Vleminckx, 
Maeck  (un  charmant  poète,  mort  jeune),  etc. 
—  Claes  était  un  esprit  fort  distiftgué,  nourri 
de  la  lecture  des  ouvrages  de  philosophie 
anciens  et  modernes;  son  influence  contribua 
beaucoup  à  faire  reconnaître  k  M.  Nypels  qu'il 
faisait  fausse  roule  en  philosophie.  Claes  est 
mort  prématurément  en  -1831  ,  greffier  en 
chef  lie  la  cour  de  BruxeU(^s. 


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tait  le  jour  même  où  Ton  se  battait  au 
Parc,  à  Bruxelles.  Grâce  à  une  recom- 
mandation puissante,  ii  obtint  du  géné- 
ral commandant  une  permission  écrite 
de  sortir  de  Maestricht,  à  charge  (Ty 
être  rentré  dans  les  six  jours  suivants. 
Sa  mission  terminée,  Tenvie  lui  prit 
d*aller  voircequi  se^assail à  Bruxelles. 
Il  y  resta  trois  fois  vingt-quatre  heures. 
Quand  II  se  présenta  aux  portes  de  Maes- 
tricht, le  a*  jour  de  sa  permission^  il  fut 
repoussé  comme  un  homme  désormais 
dangereux  et  menacé  de  la  prison,  s'il 
faisait  de  nouvelles  tentatives  pour 
rentrer. 

Quoique  fort  contrarié,  il  eut  bientôt 
pris  son  parti.  A  Bruxelles,  il  comptait 
des  amis  parmi  les  dispensateurs  des 
faveurs  gouvernementales  :  il  se  rendit 
donc  en  cette  ville,  où  Claes,  alors  se- 
crétaire du  Comité  de  la  justice ,  lui 
offrit  en  effet  plusieurs  belles  places.  Il 
commença  par  refuser ,  attendant  tou- 
jours le  moment  de  rentrer,  triomphant 
c«tte  fois,  dans  Maestricht.  Les  semai- 
nes s*écoulalent  et  Maestricht  restait 
aux  Hollandais.  De  guerre  lasse,  il  ac- 
cepta provisoirement  une  place  de  sub- 
stitut du  procureur  du  roi  à  Mons  (16 
octobre  1850). 

Quelques  mois  plus  tard,  le  gouver- 
nement provisoire,  persuadé  comme 
tout  le  monde  que  le  chef-lieu  du  Lim- 
bourg  finirait  par  nous  arriver,  organisa 
(in  partibus  infidelium  ,  c'est  bien  le 
cas  de  le  dire)  le  tribunal  de  Maestricht, 
qui  devait  siéger  à  Tongres  jusqu'à 
nouvel  ordre:  il  y  est  resté.  M.  Ny|)els 


obtint  d*y  (tre  attaché  en  qualité  de  juge 
(arr.  du  gouv.provis.du24février4851, 
confirmé  par  arr.  roy.duioct.  4832  (*). 
Les  fonctions  peu  activesde  jugefinirent 
par  lui  paraître  monotones  ;  le  29  juin 
4855,  il  rentra  dans  la  magistrature 
debout,  comme  substitut  du  procureur 
du  roi  à  Namur.  C'est  en  cette  ville  qu'il 
épousa  (août  1854)  la  sœur  de  M.  Ad. 
Borgnet  (v.  ce  nom),  qu'il  devait  plus 
tard  retrouver  à  Liège  comme  il  y  re- 
trouva Lesbroussart. 

Une  affaire  criminelle  très  grave  at- 
tira l'attention  sur  lui  :  il  obtint  en 
Cour  d'assises  un  beau  succès ,  si  Ton 
peut  dire  ainsi  à  propos  de  sept  condam- 
nations à  mort.  On  a  lieu  de  croire  que 
cette  circonstance  ne  fut  pas  sans  in- 
fluence sur  sa  nomination  à  l'Université 
de  Liège.  En  1855,  sur  le  conseil  de 
son  ancien  maître  Warnkœnig  (v.  ce 
nom),  il  avaitsollicité  des  fonctions  dans 
l'enseignement  supérieur;  mais  il  s'y 
était  pris  un  peu  tard  :  M.  De  Theiix 
avait  pourvu  à  toutes  les  chaires  (arrêté 
du  5  décembre).  Mais  le  professeur 
Dupret  (v.  ce  nom)  ayant  déclaré  qull 
ne  pourrait  se  charger  du  cours  d'orga- 
nisation judiciaire,  de  compétence  et  de 
procédure  civik,  qui  lui  était  attribué 
indépendamment  du  droit  civil  appro- 
fondi, M.  Nypels  fut  nommé  professeur 
extraordinaire  le  51  décembre,  et  titu- 
laire de  ce  cours,  ainsi  que  de  Vhistoire 
du  droit  coutumier  et  des  queMions  tran- 
sitoires, 11  ouvrit  le  cours  de  procédure 
civile  le  22  avril  1856  ;  il  n'eut  pas  l'oc- 
casion d'enseigner  Vhistoire  du  droit 


(*)  A  son  sëjour  à  Tongres  se  rattache  un 
ëvénemcnt  qui  fit  alors  quelque  bruit.  Par 
une  belle  matinée  de  mai  (1833),  comme  il 
se  promenait  avec  M.  l'avocat  Jaminé  et 
trois  autres  amis  sur  la  route  de  Maestricht, 
il  ne  put  résister  au  désir  de  revoir  d'aussi 
près  que  possible  les  clochers  de  St-Scrvais: 
son  exil  durait  depuis  quatre  ans.  On  s'aven- 
tura 'Jonc  jusqu'à  l'ancien  couvent  de  Sla- 
vante  y  qui  touche  prcf«qiie  aux  bastions  du 
Fort  St-Pierre.  On  s'attabla.  Soudain  reten- 
tissent à  l'extérieur  des  coups  de  crosse  de 
fusil,  et  le  couvent  est  envahi  par  une  com- 
pagnie de  soldats  armés.  «  Vous  êtes  mes 
»  prisonniers.  Messieurs,  dit  le  commandant, 
«et  vous  allez  me  suivre.»  H  fallut  aller 
passer  la  nuit  au  Fort  St-Picrre,  dans  une 
casemate,  assez  agréablement  du  reste,  en 


compagnie  d'un  jeune  officier  ,  très- poli , 
quoique  souriant  sous  cape.  Le  lendemain, 
le  général  Brade  procéda  lui-même  à  l'inter- 
rogatoire d^s  cinq  imprudents.  H.  Jaminé, 
ancien  membre  du  Congrès,  personnage  con- 
sidérable par  conséquent,  fut  appelé  le  pre- 
mier. Apres  une  longue  enquête,  nos  accusés 
furent  grandement  surpris  de  s'entendre  dé- 
clarer libres.  Us  curent  le  mot  de  Ténigme 
en  rentrant  à  Tongres.  La  ^nouvelle  de  leur 
arrestation  s'était  répandue  jusqu'à  Liège 
avec  la  rapidité  de  Téclair,  et  là,  de  gr^nd 
matin ,  le  procureur- généra I ,  jtar  représaitle-s , 
avait  fait  garder  à  vue  la  fiUe  d'un  haut 
fonctionnaire  de  Maestricht,  qui  habitait  une 
campagne  sur  le  territoire  belge.  M.  Nypels 
et  ses  amis  étaient  la  rançon  de  cette  demoi- 
selle. 


897 


NYP 


8P8 


coutumier ,  matière  non  obligatoire  et 
qui  a  fini  par  disparaître  du  programme. 
Jusqu*en  1849,  M.  Nypels  a  toujours 
joint  au  cours  de  procédure  un  cours  de 
notariat,  comprenant  Texplication  de  la 
loi  du  25  ventôse  an  XI.  La  loi  du  45 
juillet  4849  ayant  créé  un  cours  spécial 
de  science  notariale ,  et  M.  Nypels  ayant 
exprimé  le  désir  de  n*en  être  point 
chargé,  ce  cours  a  été  attribué  à  M.  F. 
Macors  (v.  ce  nom).  M.  Nypels  est  pro- 
fesseur ordinaire  depuis  le  4  septembre 
1859;  un  arrêté  de  la  même  date  lui  a 
confié  le  cours  de  Droit  criminel^  en 
remplacement  de  Destriveaux  (v.  ce 
nom).  Il  a  été  admis  au  bénéfice  de  Part. 
9,  §  3,  de  la  loi  sur  renseignement  su- 
périeur (arr.  du  24  sept.  i855  et  du  26 
août  i8()7).  En  vertu  de  Tarrété  royal 
du  i6  août  1852,  il  a  rempli  les  fonc- 
tions de  recteur  pendant  la  période 
triennale  1852-55  à  1854-55.  Il  est  che- 
valier de  rOrdre  de  Léopold  depuis  le 
50  septembre  1851;  officier  du  même 
Ordre  depuis  le  8  septembre  1865,  et 
officier  de  la  Couronne  du  chêne  (1868). 
—  En  dehors  de  l'Université,  le  gou- 
vernement lui  a  confié  diverses  missions 
importantes.   C'est  ainsi  qu*il  a  fait 
partie  (*)  de  la  Commission  instituée 
par  arrêté  royal  du  1"  mai  1848,  pour 
rédiger  un  projet  de  révision  du  Code 
pénal  de  \SiO;'ï\  est  encore  membre  (*) 
de  la  Commission  chargée,  le  5  mars 
1850,  de  rédiger  un  projet  de  révision 
du  Code  d'instruction  criminelle.  Dans 
cette  dernière  Commission,  M.  Nypels 
est  spécialement  chargède  préparer  les 
avant-projets,  etde  dresser  les  Rapports 
ou  Exposés  des  motifs,  sur  les  parties  de 
son  travail  adoptées  par  ses  collègues. 
C'est  à  ce  titre  quMl  a  rédigé  V Exposé  des 
motifs  du  projet  sur  la  détention  préven- 
tive et  la  mise  en  liberté  provisoire,  pro- 
jet qui  est  devenu  la  loi  du  18  février 
1852. 

M.  Nypels  est  affilié  aux  Sociétés 
suivantes  :  Académie  de  législation  de 
Toulouse  (21  janvier  1852)  ;  Provinciaal 


Utrechtscke  Genootscluip  van  Kunsten  en 
Wetenschappen  (21  mars  1856);  Oud- 
heitskundig  Genootschap  in  den  Hertog- 
dom  Limburg  (1864);  Société  des  Scien- 
ces, des  lettres  et  des  arts  du  Ilainaut 
(1851);  Société  d'Émulation  de  Liège 
(1836);  Académie  royale  des  sciences  , 
lettres  et  beaux  arts  de  Belgique  (membre 
correspondant  11  mai  1869). 

11  ne  sera  pas  inutile,  avant  d'énumé- 
rer  les  publications  du  professeur  de 
droit  criminel  à  TUniversité  de  Liège, 
de  dire  quelques  mots  de  Tesprit  de  son 
cours.  M.  Nypels  est  partisan  de  Vécole 
historique:  autant  que  le  temps  le  lui 
permet,  il  remonte  à  l'origine  de  cha- 
que institution  ;  il  en  indique  au  moins 
les  précédents  législatifs  ou  scientifi- 
ques. Il  attache  moins  d'importance  à 
la  partie  philosophique ^  ou  pour  mieux 
parler  aux  idées  de  Vécole  qui  prétend 
faire  des  lois  et  des  institutions  à  priori. 
Cependant  il  considère  comme  capitale, 
en  droit  pénal,  la  question  philosophi- 
que du  fondement  du  droit  de  punir  :  le 
point  de  départ  que  choisit  le  législa- 
teur doit  en  effet  influer  logiquement 
sur  les  dispositions  de  son  code. 

Ici  deux  écoles  sont  en  présence, 
comme  en  philosophie.  A  l'école  sen- 
sualiste  se  rattachent  les  théories  rela- 
tives du  droit  de  punir,  c'est-à-dire 
celles  qui  justifient  la  peine  par  le  but 
que  se  propose  le  législateur  ;  à  l'école 
spiritualiste  se  rattachent  les  lliéories 
absolues  du  droit  de  punir,  c'est-à-dire 
celles  qui  justifient  la  peine  par  elle- 
même.  Ces  dernières  théories  sont  dites 
aussi  théoriesde  la  justice,  parce  qu'elles 
n'admettent  que  des  peines  intrinsèque- 
ment justes,  c'est-à-dire  infligées  à  rai- 
son de  la  violation  d'un  devoir  moral, — 
Mais  le  domaine  du  droit  pénal  ne  s'é- 
tend pas  à  toutes  les  violations  de  la 
loi  morale.  Le  législateur  ne  doit  ré- 
primer que  celles  qui  portent  en  même 
temps  atteinte  à  l'ordre  social,  à  la  paix 
publique,  comme  on  disait  autrefois.  Le 
droit  de  punir,  basé  sur  la  loi  morale j 


(*)  Avec  MM.  de  Peroelmont,  conseiller  à 
la  Cour  de  cassation,  président;  Slas,  con- 
seiller ibid.  ;  Delebecqae ,  avocat -général 
ibid.;  Haus,  prof,  à  l'IIniversité  de  Gand,  et 
Joly,  secrétaire. 


(*)  Avec  MM.  Stas  et  de  Cuyper,  conseil- 
lers à  la  Coor  de  cassation,  deBavay,  proc- 
gënéral  etKaieman,  cons.  à  la  Cour  d'appel 
de  Braxclles,  et  Haus,  précité. 


54 


899 


NYP 


est  conséquemment  limité  par  les  besoins 
de  Vordre  social.  Cette  doctrine  est 
celle  de  M.  Nypels  ;  elle  est  celle 
de  Rossi,  de  Mittermaier,  etc.,  mais 
non  celle  des  eriminalistes  français  et 
italiens.  —  M.  Nypels  regarde  la  peine 
de  mort  comme  inutile  en  Belgique.  A 
la  grande  rigueur,  selon  lui,  Tapplica- 
lion  de  cette  peine  est  un  droit  social  ; 
mais  la  société  n'y  peut  recourir  qu*en 
cas  d'absolue  nécessité, c*est-ik^\re  quand 
elle  n'a  à  sa  disposition  aucune  autre 
peine  qui  soit  efficace  pour  prévenir  la 
multiplicité  des  crimes  capitaux.  Or, 
dans  sa  pensée ,  on  peut  abolir  sans 
danger  la  peine  de  mort  en  Belgique  ; 
se  basant  sur  Texpérience  faite,  il  croit 
fermement  que  la  substitution  de  Tcm- 
prisonnemcnt  (dans  les  conditions  re- 
quises) à  la  peine  de  mort  n'aurait  pas 
pour  effet  de  rendre  plus  nombreux  les 
crimes  capitaux.  —Chrétien,  M.  Nypels 
est  partisan  des  peines  modérées,  La 
plupart  des  criminels  sont  des  malheu- 
reux que  la  misère ,  le  défaut  d'éduca- 
tion et  d'instruction  ont  rendus  malades 
moralement,  et  qu'il  faut  corriger  avec 
commisération,  en  tâchant  de  les  amen- 
der et  de  les  ramener  dans  la  bonne  voie. 
—  M.  Nypels  est  convaincu  de  l'excel- 
lence du  jury  en  matière  criminelle.  A 
ses  yeux,  cette  institution  est,  avec  la 
liberté  de  la  presse ,  la  seule  garantie 
de  la  liberté  ;  seulement  il  estime  que 
le  Jury  doit  être  organisé  sur  d'autres 
bases. 

Bibliographie.  —  I.  Ouvrages  édités 
séparément, 

\^  Dissertât io  philosophico-historico- 
jvridica  de  Delictis  recidivis,  quam..,. 
publiée  defendet  J.-S.-G.Nypels,  Mosœ- 
Trajectinus,  die  46**  ;«/«  i828.  Lo- 
vanii,  in-8°. 

S**  Commentaire  sur  la  Théorie  du 
Code  pénal  de  MM.  Chauveau  et  Ilélie 
(Paris,  1834  et  ann.  suiv.,8  vol.  in-8^), 
précédé  {^  d'une  Introduction  historique 
sur  les  lois  pénales  publiées  en  Europe 
depuis  la  fin  du  XVIW  siècle;  î*»  d'une 
Bibliographie  du  droit  criminel,  e^  suivi 
d'une  Analyse  des  nouveaux  Codes  pé- 
naux de  Hesse-Uarmstadt,  de  Saxe 
(royale),  de  Wurtemberg,  de  Brunswick, 
de  Hanovre  et  du  Grand-Duché  de  Bade. 


Bruxelles,  4845-185i,  3  vol.gr.  ln-8'à 
deux  col.  (y  compris  l'ouvrage  original 
annoté). 

Ce  Commentaire  a  été  réimprimé  eo  Hol- 
lande sous  le  titre  suivant  :  Annoiathni  xur 
la  Théorie  du  Code  pénal  de  MM.  Chaaveaa 
et  Hélie,  par  7.-5.- G.  Nypet»,  eic,  Ulrechl, 
E.  Bosch  et  Als,  4846,  in-S»  de  580  pages. 
—  Il  a  été  traduit  en  italien,  avec  l'ouvrage 
original  annoté,  par  Slringari.  Naples,  iSSi 
et  ann.  suiv. 

—  Deuxième  édition ,  considérable- 
ment augmentée.  Bruxelles  1859-1860, 
2  vol.  gr.  in-S**  {y  compris  le  texte  de 
l'ouvrage  original).  —  Traduction  ita- 
lienne du  Traité  et  du  Commentait^,  par 
P.-J.  Mancini.  Naples,  i8G8  et  ano. 
suiv.).  —  A  cette  édition  est  joint  un 
3*"  vol.  supplémentaire,  intitulé:  Le 
droit  pénal  français  progressif  et  com- 
paré. —  Code  pénal  de  \M0,  accompa- 
gné des  sources,  des  discussions  au  Cm- 
seil  d'État,  des  Exposés  de  motifs  et  des 
rapports  faits  au  Corps  législatifs  suivi 
i^  des  lois  modificatives  rendues  en 
France,  en  Belgique  et  dans  les  Pap- 
Bas  depuis  \SH  jusqu'à  ce  jour  (30  oc- 
tobre 4863);  2*»  de  la  traduction  fran- 
çaise complète  du  Code  pénal  prussien 
de  4854  et  du  Code  pénal  du  royaume 
d'Italie  du  20  novembre  4859,  et  précédé 
d'une  Bibliothèque  choisie  du  droit  cri- 
minel (droit  pénal  et  procédure  crim- 
nelle).  Bruxelles,  4863,  gr.  in-8»  de 
CLxix  et  644  pages. —  De  ce  volume  ont 
été  tirés  à  part  : 

a.  Bibliothèque  choisie  du  droit  cri- 
minel (droit  pénal  et  procédure  crimi- 
nelle), ou  Notice  des  ouvrages  utiles  à 
connaître ,  publiés  dans  Us  principales 
contrées  de  l'Europe  et  aux  États-Unis 
d'Amérique,  sur  cette  partie  de  la  science 
du  droit,  avec  Findicalion  des  sources 
du  droit  criminel ,  et  des  notes  biogra- 
phiques et  critiques,  par  J.-S.-G.  Ny- 
pels, etc.  Bruxelles,  486i,  gr.in-8'*de 
170  p.  à  deux  col. 

Si  l'on  considère  qu'il  s'agit  d'une  biblio- 
graphie universelle,  cosmopolite,  ce  réper- 
toire est  le  plus  complet  et  le  plus  riche  qui 
existe  sur  la  matière,  de  l'aveu  des  critiques 
les  plus  compétents  de  l'Allemagne  et  de  la 
France.  —  V.  les  comptes  rendus  de  M.  von 
HoUzendorff»  prof.  &  TUniv.  de  Berlin,  dans 
VAllyemeine  deutsche  Strafrechtszeitung, 
4864;;  Vergé  (dans  le  Recueil  périod.  de 


901 


NYP 


902 


Dalloz,  i863,  liv.  42),  et  **•  (dans  le  Rec,  de 
Devilleneuve,  4863,  liv.  42). 

b.  Code  pénal  prussien  du  ià  avril 
1851,  avec  la  loi  sur  la  mise  en  vigueur 
de  ce  code,  et  les  lois  rendues  jusqu'à  ce 
jour  pour  le  compléter  ou  le  modifier  ; 
le  tout  précédé  d'une  introduction  et 
traduit  pour  la  première  fois  en  français 
parJ.S.'G.  Nypels.  Paris,  A.  Durand, 
Jibr.-éditeur,  et  Bruxelles,  BruyJant- 
Chrislophe  et  Cie,  in- 18  de  258  p. 

L'intpod action,  divisée  en  deux  sections, 
comprend  i^  l'histoire  de  la  confection  du 
Code  pénal  ;  S»  un  tableau  de  l'organisation 
judiciaire  de  la  Prusse.  —  M.  von  Holtzen- 
dorflT  a  fait  le  plus  grand  éloge  de  cette  tra- 
duction dans  VAllgemeim  deuische  Straf- 
rechtszeitung ,  4864,  p.  46;  H.  Valette, 
prof,  à  l'Ecole  de  droit  de  Paris,  n'avait  pas 
été  moins  explicite  dans  la  Bévue  histor.  du 
droit  français.  Paris,  4862,  t.  VIII,  p.  613. 

5*  Notes  sur  les  tomes  II  et  III  du 
Traité  de  Finstruction  criminelle  de  M. 
F.  Hélie.  Bruxelles,  1855,  gr.  in-8^ 

Les  volumes  IV  à  IX  du  Traité  de  M.  Hé- 
lie ont  été  annotés  par  MM.  L.  Hanssens, 
avocat  à  Liège,  et  L.-C.  Casier  ,  conseiller 
k  la  Cour  d'appel  de  Bruxelles. 

l*»  Code  pénal  belge,  avec  la  confé- 
rence des  articles;  accompagné  du  texte 
des  articles  correspondants  du  Code  de 
1840  et  des  autres  lois  pénales  parti- 
culières comprises  dans  le  nouveau  Code  ; 
suivi  d'une  table  méthodique  et  d'une 
table  alphabétique  des  matières ,  et  pré- 
cédé d'un  tableau  de  la  correspondance 
des  articles  du  Code  de  4840  avec  ceux 
du  Code  belge,  Bruxelles,  Bruylant- 
Chrislophe  et  Cie,  48C7,  un  vol.  in-8°, 
imprimé  en  gros  caractères. 

5»  Législation  criminelle  de  la  Bel- 
gique, ou  commentaire  et  complément  du 
Code  pénal  belge,  tirés,  savoir  :  le  Com- 
tnentaire,  des  Exposés  des  motifs,  des 
Rapports  faits  à  la  Chambre  des  repré- 
sentants et  au  Sénat,  et  des  discussions 
du  projet  aux  deux  Chambres  ;  le  com- 
plément,  des  iuïs  qui  se  rapportent 
directement  au  Code  et  le  complètent. 
Bruxelles,  Bruylant,  1867  et  suiv. 

L'ouvrage  comprendra  4  vol.  gr.  in-S^.  Les 
tomes  I  et  II  (ensemble  4684  pages)  ont 
seuls  paru  aujourd'hui  (mai  4869). 


6»  Le  Code  pénal  belge  interprêté, 
principalement  au  point  de  vue  de  la 
pratique,  par  ses  motifs,  par  la  compa- 
raison des  nouveaux  textes  avec  ceux 
du  Code  de  1840;  et,  pour  les  textes 
anciens  conservés ,  par  la  doctrine  et 
par  la  jurisprudence  des  cours  de  Bel- 
gique et  de  France.  Bruxelles,  1867  et 
suiv. 

L'ouvrage  complet  formera  3  vol.  in-8». 
Les  deux  premières  livraisons  du  t.  I  ont 
seules  paru.  —  Il  est  inutile  de  faire  remar- 
quer que  les  publications  n"  3,  4  ellî  tirent 
une  importance  particulière  de  la  circons- 
tance que  M.  Nypels  a  été  l'un  des  membres 
de  la  Commission  chargée  par  le  Gouverne- 
ment de  rédiger  le  projet  de  révision  du  Code 
pénal. 

70  Notes  de  législation  et  de  juris- 
prudence belges,  sur  les  traités  de 
Mangin:  De  l'instruction  écrite  et  du 
règlement  de  la  compétence.  —Des pro- 
cès-verbaux en  matière  de  délits  et  de 
contraventions.  Bruxelles,  1848,  2  vol. 
in-8°  (y  compris  les  Traités  annotés.) 

8«  Système  répremfdu  nouveau  Code 
pénal  belge.  Discours  prononcé  à  la 
Salle  académique  le  14  octobre  1855. 
Liège,  in-8°. 

9*  Histoire  du  droit  belge,  — -  Les  or- 
donnances criminelles  de  Philippe  II, 
des  5  et  9  juillet  1570.  Discours  lu  à  ta 
Salle  académique  le  16  octobre  1855. 
Bruxelles,  1856,  in-8°. 

Imprimé  dans  la  Belgique  judiciaire  (t. 
XIV),  reproduit  (*)  dans  les  Annales  des 
Universités  de  Belgique,  2«  série,  t.  I,  et  en 
grande  partie  dans  le  Moniteur  des  cours 
publics  ^Paris,  4857,  n<»  des  9  et  23  avril). 

10»  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de 
E.  V.  Godet,  professeur  à  rUniversité 
de  Liège.  Liège,  1844,  in-8^ 

Ext.  de  la  Bévue  de  Liège,  t.  I,  p.  288  et 
suiv. 

11»  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de 
V,  A,  G.  Dupret,  lue  à  la  séance  du 
Conseil  académique  du  12  janvier  1852. 
Liège  1852,  in-8^ 

La  même  brochure  contient  la  notice  de 
M.  Loomans  sur  E.  Tandel  (v.  ces  noms). 
M.  Nypels  a  publié  plusieurs  autres  notices, 
discours,  etc.  sur  des  collègues  défunts  ; 


(  *  )  Modifié  dans  quelques  passages  par      l'auteur. 


903 


NYP 


904 


nous  les  menlionnons  aux  articles  où  nous 
en  avons  profllé.  Les  biographies  de  Godet 
et  de  Dopret  mdriiaieoi  une  mention  particu- 
lière, k  cause  de  Tappréciaiion  qu'elles  renfer- 
ment des  travaux  de  ces  jurisconsultes. 

1 4®  Aux  Sederlandsehejaarboeken  voor 
Begitgeleerdheid  eu  Wetgeimig,  door 
C.  A.den  Tex  en  J.  vnn  Hall  (Amster- 
dam, 1859  «850),  plus  tard  Meuwe 
BijdragenvoorRegtsgekerdheiten  Wei- 
geving^  door  M' L.  de  Geer  en  If^  van 
Boneval'Faure  ijimsi.  1851-1807): 

a.  Notices  ou  comptes  rendus  annuels 
des  ouvra^^es  sur  la  science  du  droit  et 
les  S4:iences  morales  et  (M)Utiques,  pu- 
bliés en  Belgique  depuis  1850  jusqu'en 
1867  (t.  I  k  XXIX). 

b.  Notes  pour  servir  à  Thistoire  du 
jury  d*examen  en  Belgique  (iV.  Bijdr, 
L  Vi,  p.  417). 

c.  Observations  sur  le  projet  de  Code 
de  procédure  criminelle  présenté  aux 
Etats-généraux  des  Pays-Bas,  dans  la 
séance  du  10  novembre  1865  (Ihid. 
t.  XIY,  p.  245). 

15**  A  la  Belgique  judiciaire  : 

a.  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de 
Henri  et  François  de  Kinschot,  juris- 
consultes belges  du  XVI*  siècle. 

b.  Notice  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de 
M.  Mittermaier,  prof,  à  TUniversité  de 
Hedelberg  (t.  XV,  p.  787). 

c  Une  fête  en  ThonneurdelUittermaier 
(jubilé  de  50  ans  d'enseignement  acadé- 
mique). T.  XVIi,  p.  846. 

(2.  Un  document  pour  servira  rhisloire 
des  tribunaux  militaires  en  Belgique 
(1676).  T.  XVI,  p   402. 

e.  Tromperie  au  jeu.  Caractère  de  ce 
fait  au.  point  de  vue  du  Code  pénal  de 
1810it.  XIX,  p.  569). 

f.  Comptes  rendus  des  ouvrages  sui- 
vants: 1.  Revue  historique  du  droit  fron- 
çais, t.  1-lV  (t.  XV,  p.  594,  et  t.  XVI, 
p.  254)  ;  2.  Rapport  sur  le  duel,  préparé 
en  1851,  pour  être  soumis  à  l'Assem- 
blée nationale,  au  nom  d'une  Commis- 
sion spéciale,  par  M.  A.  Valette,  prof, 
à  la  Fac.  de  droit  de  Paris  (t.  XVI, 
p.  959)  ;  5.  Le  droit  administratif  belge, 
par  J.  H.  n:  de  Fooz,  t.  !  (t.  XVII, 
p.  875)  ;  4.  On  foreign  juridiction  and 
Ihc  extradition  ofcriminals,  by  the  R. 
H,  sir  G.  Cornwall  Lewis,  London 


1859  (t.  XVIII,  p.  114);  5.  Die  Todes- 
strafe  nach  den  Ergebnissen  der  uisseï^ 
schaftlichen  Forschungen,  etc.  von  D' 
Miltermaier  (t.  XX,  p.  1111),  etc. 

16*^  A  la  Revue  des  revues  du  droit 
(Bruxelles,  1858  à  1852): 

Revue  critiquée!  méthodique  des  dé- 
cisions de  la  Cour  de  Cassation  de  Bel- 
gique, en  matière  criminelle,  depuis  son 
origine  jusqu'à  ce  jour  (1844).  T.  V, 
p.  258,  et  t.  VI,  p.  52. 

1 1"*  Articles  divers,  analyses,  som- 
maires d'ouvrages  de  droit,  etc.,  dans 
des  journaux  et  recueils  périodiques. 

IL  Articles  fournis  à  des  recueils  pé- 
riodiques : 

12»  A  la  Zeitschrift  fur  Rechtswissen- 
scluift  uud  Gesetzgebufig  des  Auslandes 
(Heidelberg,  1829-1856). 

a.  Die  richterliche  Gewalt  und  ihr 
Verhâltuiss  zu  den  Befugnissen  der 
Verwaltung  nach  der  belgischen  Con- 
stitution von  1851  (t.  XIV,  p.  505). 

b.  Die  neueste  belgische  Gesetzge- 
bungueber  Pensionen,vom21  julil844 
(t.  XVII,  p.  82). 

c.  Der  belgische  Geselzenlwurf  uber 
Slreitigkeiten  zwischen  Verwaltung  und 
Rechtspflege  (L  XVIII,  p.  1). 

d.  Uber  die  jûngsten  legislativen 
Erscheinuugen  in  Belgien,  die  Crimi- 
nalgesetzgebung  belrefleud. —  Deux  ar- 
ticles (t.  XXII,  p.  162  et  p.  591). 

1 5»  A  la  Revue  du  droit  français  et 
étranger  y  de  MM.  Fœilx,  Duverçier  et 
Valelte.  Paris,  in-8<»  1844-1849. 

a.  Du  nouveau  projet  de  Code  pénal 
pour  les  Etals  prussiens  (de  1845). 
T.  I,  p.  81. 

b.  Des  institutions  politiques  de  la 
Belgique  (t.  V,  p.  546). 

c.  Observations  sur  le  Code  |)énal 
belge  (l.  VII,  p.  655). 

d.  Analyses  ou  comptes  rendus  des 
projets  de  loi  et  des  ouvrages  suivants  : 
1.  Laferrière,  Hist.  du  droit  civil  de 
Rome  et  du  droit  français  ;  t.  VI,  p. 
861  (Compte-rendu  des  t.  I,  II  et  III; 
M.  Nypels  s'estoccupé  dest.  IV,  Vei  VI, 
dans  la  Beifue  critique  de  lémslntion, 
t.  V  et  XV;  ;  2.  Projet  de  loi  sur  les 
conflits,  présenté  aux  Chambres  belges 
en  1845  (t.  II,  p.  474);  5.  Compte  ren- 


905 


PER 


906 


du  de  radniiuistralion  de  la  justice  cri- 
minelle pendant  les  années  i836  à 
i859,  présenté  au  Roi  par  le  ministre 
de  la  justice  (l.  I,  p.  577)  ;  Id,  pendant 
les  années  i840-i845  (t.  VU,  p.  609); 
4.  Compte  rendu  de  radroinistration  de 
la  justice  civile  en  Belgique,  pendant 
les  années  judiciaires  18ô9-i840  et 
iU^'iUô  (t.  IV,  p.  i03  et  715);  5. 
Mémoire  à  Tappui  du  projet  de  loi  sur 
les  prisons,  présenté  aux  Chambres  en 
I8ii  (T.  H,  p.  956);  C.  Ancien  droit 
bel^ique,  etc.,  par  M.  de  Facqz  (t.  lll, 
p.  946). 


i><M*urci  (Louis-Prosper),  né  à  Liège 
le  9  juillet  i825,  a  eu  pour  premier  ins- 
tituteur son  père,  dont  les  entretiens 
influèrent  sur  sa  vocation,  en  le  ren- 
dant attentif,  dès  sa  plus  tendre  enfance, 
aux  grands  mouvements  sidéraux  et  en 
général  aux  phénomènes  de  ta  nature. 
Envoyé  ensuite  à  rexcelfenle  école 
Stapper,  puis  à  Tinstitution  Frenay, 
enOn  au  Collège  communal  de  Liège, 
dans  la  section  dite  française,  il  s*éprit 
dans  ce  dernier  établissement,  en  écou- 
tant les  leçons  de  Cbênedollé  (v.  ce 
nom),  d*une  belle  passion  pour  les  lan- 
gues anciennes,  dont  il  aborda  Fétude 
sahs  avoir  recours  à  un  maître.  Virgile, 
Horace,  Cicéron,  Pline  et  Lucrèce  devin- 
rent les  compagnons  de  ses  loisirs  à 
Paris,  où  il  fil  un  assez  long  séjour, 
s'occupani  d'ailleurs  spécialement  ûe 
mathématiques  sous  la  direction  de  M. 
Vincent,  professeur  au  Collège  Saint- 
Louis.  Ses  forces  ayant  tphi  son  cou- 
rage, il  revint  à  Liège.  L'oisiveté  forcée 
à  laquelle  il  se  trouva  condamné  le  Gt 
hésiter  quelque  temps  sur  le  choix  d'une 
carrière  :  il  songea  un  instant  au  com- 
merce, et  son  père  lui  enseigna  la  comp- 
tabiKté  ;  une  occasion  s'offrit  d'entrer 
dans  rindustrie,  mais  il  fit  un  retour  sur 
lui-même  et  ne  se  jugea  pas  assez  in- 
slruiL  Enfln,  les  conseils  paternels  le 
décidèrent  à  prendre  le  diplôme  de  mé- 
cankieD.  Malgré  Tinterruption  de  ses 

('  )  Liège  compta  trois  lauréats  en  1849  : 
MM.  Oewalque,  Legrand  (Hi$t.  de  la  poésie 
élégiaqUe  chez  les  Grecs;  v.  coU  639)  et 
Pérard, 


études,  il  fut  reçu  premier  ;  le  professeur 
Noël  (V.  ce  nom)  lui  reconnut  de  Tapti* 
tude  et  rengagea  si  vivement  à  étendre 
le  cercle  de  ses  connaissances,  qu'il  ré- 
solut d'entrer  dans  la  section  des  mines. 
Il  prit  part  au  Concours  universitaire  eu 
1848  et  fut  couronné.  Son  Mémoire  est 
intitulé  :  De  rutilité  du  calcul  fwur  Vin- 
terprétatim  des  phénomènes  naturels  et 
pour  la  recherche  des  lois  qui  les  régissent 
(Bruxelles,  Lesigue,  1851 ,  in-  8<^,  et  Ann. 
des  Universités  de  Belgique ,  t.  VII).  La 
santé  de  M.  Pérard,  qui  s'était  raffermie  à 
l'Université,  se  trouva  de  nouveau  com- 
promise avant  l'époque  fixée  pour  les  der- 
nières épreuves  du  Concours.  Comme  il 
s'tail  mis  en  route  avec  André  Dumont 
pour  une  excursion  géologique,  une 
violente  hémorrhagie  se  déclara ,  et 
ses  camarades  eurent  toute  ta  peine 
du  monde  à  le  ramener  à  Liège.  C'était 
pendant  les  vacances  de  Pâques  ;  le 
bruit  de  sa  mort  avait  couru  parmi  les 
étudiants;  des  listes  de  souscription  cir- 
culaient môme  pour  son  enterrement. 
On  juge  des  inquiétudes  de  la  famille: 
les  livres  et  les  études  furent  impitoya- 
blement condamnés,  pour  la  seconde 
fois.  Rien  n'y  fit  :  l'espoir  d'être  pro- 
clamé premier  rendit  de  l'énergie  au 
malade  et  bientôt  le  jury  du  Concours, 
par  l'organe  de  Pagani,  «  ut  à  féliciter 
un  nouveau  lauréat  de  l'Université  de 
Liège (•).  —  En  1850,  M.  Pérard  re- 
tourna à  Paris  avec  le  titre  d'ingénieur 
des  mines,  sorti  \epremicr  de  TEcole  O. 
L'illustre  physicien  Lamé  (de  l'Institut) 
le  prit  en  affection  et  lui  donna  même 
des  leçons  particulières.  Il  fréquenta  les 
cours  de  Cauchy,de  Liouville,  deSturm, 
de  Duhamel,  de  Leverrier,  de  De- 
launay,  de  Regnault  et  de  Morin,  et 
ne  laissa  point  que  d'aller  entendre  à 
la  Sorbonne  et  au  Collège  de  France 
les  littérateurs  et  les  philosophes.  Ce- 
pendant, les  sciences  ne  lui  offrant  pas 
immédiatement  une  issue,  il  se  dirigea 
vers  l'industrie,  se  réservant  de  con- 
sacrer ses  loisirs  à  la  continuation  de 
ses  études.  En  1854,  il  fonda  à  Long- 
Ci  II  avtit  ftiit,  en  uAo  seule  annëet  Ids 
études  des  doux  dernières  anhées  de  tÈeo\% 
spé(9ial0. 


907 


PÉR 


908 


doz,  lez-Liége,  un  vaste  atelier  pour  la 
construction  des  machines.  Ses  produits 
furent  recherchés  par  les  gouverne- 
ments étrangers; en  48Câ,  il  obtînt  une 
médaille  à  TExposition  de  Londres. 
Cependant  la  carrière  moins  lucrative 
de  renseignement  n'avait  pas  cessé 
d*étre  l'objet  de  ses  plus  chères  aspira- 
tions. Dès  185i,  il  avait  obtenu  le  titre 
de  professeur  suppléant  à  TEcole  in- 
dustrielle de  Liège.  Trois  ans  plus  tard, 
il  y  fut  nommé  professeur  de  physique 
en  remplacement  de  M.  E.  Bède,  dont 
il  était  destiné  à  devenir  également  le 
successeur  à  TUniversilé.  Il  fit  en  outre 
pendant  deux  ans,  à  TËcole  industrielle, 
un  cours  spécial  (et  sans  précédent)  sur 
le  chauffage  et  la  conduite  des  ma- 
chines, cours  dont  le  succès  a  été  con- 
staté par  le  Rapport  de  1858  sur  V ad- 
ministration de  la  ville.  En  1858,  M. 
Pérard  fut  attaché  aux  Ecoles  spéciales 
des  mines,  etc.)  en  qualité  de  répéti- 
teur de  mécanique  appliquée  et  de  phy- 
sique industrielle.  Après  le  départ  de 
M.  E.  Bède  (v.  ce  nom),  il  eut  mis- 
sion de  faire  à  TUniversilé,  pendant 
Tannée  18G1-1862,  les  cours  de  phy- 
sique générale  et  de  physique  indus- 
trielle. En  1865,  cette  autorisation  fit 
place  à  une  nomination  définitive  par 
arrêté  royal  ;  un  nouveau  répétiteur  fut 
chargé  des  fonctions  qu  il  avait  jusque 
là  remplies  aux  Ecoles  spéciales.  En 
1866,  il  renonça  définitivement  à  Tin- 
dustrie.  Enfin,  un  arrêté  royal  du  31 
novembre  1868  a  promu  M.  Pérard  au 
grade  de  professeur  extraordinaire.  — 
Le  cours  de  physique  générale  fait  par 
M.  Pérard  à  TUniversité  de  Liège  est 
conçu  dans  le  sens  du  système  moderne 
de  Tunité  et  de  la  valeur  constante  des 
forces  naturelles  (v.  ci-après,  bibliogr  , 
n»»  16  et  19).  Cette  idée,  appuyée  sur 
tes  célèbres  travaux  de  J.-6.  Mayer, 
(de  Ileilbronn)  et  de  Helmholtz  (de  Hei- 
delberg),  domine  toutes  les  leçons  et 
prend  son  expression  la  plus  catégori- 
que dans  la  dernière  partie,  où  le  pro- 
fesseur traite  de  réleclricité.  —  Les 
leçons  de  physique  industrielle  ne  for- 
ment qu'un  cours  trimestriel,  principa- 
lement destiné  à  faire  connaître  les 
procédés  par  lesquels  on  peut  utiliser 
la  chaleur  comme  force  motrice.  M.  Pé- 


rard s'efforce  de  maintenir  l'accord  de 
la  théorie  et  de  la  pratique,  en  mettant 
toujours  en  évidence  les  rapports  qui 
existent  entre  les  principes  de  la  science 
et  les  règles  établies  par  rexpérience.— 
Indépendamment  de  ses  fonctions  uni- 
versitaires, il  s'est  acquitté  de  diverses 
missions  d'utilité  publique.  C'est  ainsi 
que  sur  Tinvitation  de  la  Commission 
administrative  des  Hospices  civils  de 
Liège,  il  a  organisé,  d'après  des  cal- 
culs nouveaux,  les  appareils  de  venti- 
lation de  la  Maternité  et  de  l'Hospice 
des  Hommes  incurables.  11  est  membre 
du  Comité  de  Salubrité  de  la  province. 
En  1866,  ilainitié  un  public  nombreux, 
au  moyen  d'un  appareil  spécial  et  de 
projections  agrandies,  aux  mystères 
compliqués  du  télégraphe  électrique, 
etc.  —  Depuis  1860  il  fait  partie  de  la 
Société  royale  des  sciences.  Il  a  publié  : 

1*^  Son  Mémoire  couronné  (v.  ci-des- 
sus). —  Il  y  démontre  à  priori,  et  eu- 
suite  par  des  faits  scientifiques,  les 
relations  essentielles  qui  doivent  exis- 
ter entre  les  lois  des  nombres  et  les 
lois  naturelles.  «  L'univers,  selon  lui, 
»  est  une  vaste  conception  mathéma- 
»  tique,  le  résultatdun  grand  calcul.» 
Celte  phrase,  empruntée  à  ses  conclu- 
sions, lui  a  servi  d'épigraphe. 

â""  Traduction  du  mémoire  latin  de 
M.  (;auss,  intitulé  :  Disquisitiones  gé- 
nérales circa  superficies  curvas  (1851). 

3<^  Diverses  traductions  pour  la  Re- 
vue industrielle  de  M.  de  Cuyper,  sa- 
voir :  A.  de  Vanglais  :  Propulseurs  hé- 
liçoïdes,  par  Edouard  Powell  (2«  année, 
1858,  â  art.)  ;  B.  de  ÏUalien  :  Rapport 
de  la  Commission  instituée  par  le  Gou- 
vernement sarde  pour  l'examen  de  la 
machine  inventée  par  MM.  les  ingé- 
nieurs Grandis,  Graltoni  et  Sommelier 
pou r  le  percement  du  Mont-Cenis  (!bid.)\ 
C.  de  Vallemand  :  Ecartement  à  don- 
ner aux  essieux  de  waggons,  par  M.  E. 
Schmidt  {Ib.,  2*'  et  5*»  année,  4  art,); 
Construction  des  paliers  et  des  touril- 
lons des  essieux  de  waggons,  par  Fis- 
cher, de  Rotherstamm  (/^.,  %,'^  année)  ; 
Théorie  élémentaire  de  la  construction 
des  poutres  latices,  de  M.  Schwedier 
(Ib,  4*  année)  ;  Recherches  théoriques 
sur  les  roues  hydrauliques  verticales, 


909 


PÉR 


910 


de  Zeuner  (Ib.)  ;  Volants  en  fer  pour  la- 
minoirs, de  M.  Kauicelwitz  (Ib.)  ;  Divers 
problèmes  sur  les  laminoirs  (Ib.);  Cal- 
cul de  reffet  utile  des  marteaux  à  vapeur 
du  système  Daelen  à  expansion,  par 
Herman  Knop  {Ib.  5'  année)  ;  Descrip- 
tion de  la  machine  à  colonne  d*eau  du 
puits  Cenlrum,  près  d'Eschweiler  (Ib  ) 

¥"  Etude  comparative  des  différents 
systèmes  de  marteaux  pilons,  au  point 
de  vue  de  leur  stabilité  {Ib,  2*  année). 

Reproduit  en  allemand  dans  la  Zeitschrijt 
des  Vereim  deuttcher  Ingenieure. 

5<^  Notice  théorique  sur  le  système 
de  transmission  du  mouvement  Minoilo 
(Ib.  5*  année;  lU  Ann,  des  travaux  pu- 
blics de  Belgique^  et  Ann.  de  VAssoc. 
des  ingénieurs  sortis  de  VEcok  de  Liège). 

^^  Note  sur  un  nouveau  marteau  in- 
venté par  M.  Darrien  (Revue  univers.^ 
i*"  année,  1860). 

l""  Note  sur  un  nouvel  appareil 
broyeur,  etc.  (Ib,y  et  Ann,  des  Travaux 
publics  de  Belgique). 

Application  de  la  spirale  de  Bernoulli. 

8«  Invention  et  description  d'une  scie 
verticale  à  trait  oblique  (Rev,  univ,  6« 
année,  186â). 

La  construcllon  des  navires  en  bois  exige 
l'emploi  de  planches  et  madriers  parfaitement 
en  droit  fil ,  de  sorte  que  le  débit  à  bras 
d'hommes  était  encore  indispensable.  La  len- 
teur de  ce  travail ,  son  prix  élevé  répondent 
mal  aux  besoins  actuels  ;  aussi  plusieurs 
maisons  du  Nord  (de  Dantzig,  de  Kiga,  etc.), 
pressées  de  commandes  et  engagées  dans 
d'importantes  entreprises,  proposent  aux 
constructeurs  le  problème  suivant:  «Débiter 
V  le  bois  en  suivant  le  fil,  par  l'emploi  simul- 
»  tané  d'un  grand  nombre  de  lames  dans  un 
»  même  châssis,  et  marchant  obliquement  de 
»  manière  à  couper  toutes  les  planches  ou 
>  tous  les  madriers ,  sans  jamais  traverser 
»  les  fibres.  »  C'est  le  problème ,  considéré 
comme  difficile  ,  que  M.  Pérard  est  parvenu 
à  résoudre  par  un  mécanisme  assez  simple 
et  assez  élégant,  au  dire  des  industriels  qui 
s'en  servent. 

9"  Description  de  la  grande  machine 
soufflante  de  M.  Fossey  ,  exposée  à 
Londres  en  18C2,dans  une  brochure  in- 
titulée :  Machine  soufflante  à  disques  mé- 
talliques à  mouvement  rotatoire  continu^ 
par  M.  E.  Fossey,  ingénieur-construc- 
teur à  La  Sarte(Ëspagne),  Paris,  Claye, 


i8C2,  in-8«»  (Extr.  de  la  Publicalion  in- 
dustrielle de  M.Armengaud,  t.  XIV). — 
La  machine  dont  il  s'agit  a  été  construite 
par  M.  Pérard  ,  dans  son  atelier  de 
Longdoz. 

«0«  Traité  du  chauffage  et  de  la  con- 
duite des  machines  fixes  et  locomobiles, 
Liège,  1864,  in-8. 

Résumé  du  cours  donné  en  iShl  à  l'Ëcole 
industrielle  de  Liège. 

11^  Note  présentée  à  la  Sociétéroyale 
des  Sciences  de  Liège  sur  une  nouvelle 
balance  de  torsion  (1865). 

Celte  balance  existe  âi  l'Université. 

là*»  Note  sur  des  recherches  expéri- 
mentales et  théoriques  faites  en  France, 
en  Prusse  et  en  Suisse,  sur  le  tirage  par 
Jet  de  vapeur  (Revue  univ,, iO'  année, 
1866). 

Résumé  d'une  leçon  faite  k  l'École  des 
mines  sur  ce  sujet  important. 

15^  Note  sur  la  mesure  des  tempéra- 
tures au  moyen  du  pyromètre  à  air  (Ibid. 
Il»  année,  1867). 

iV  (En  collaboration  avec  MM.  Ch. 
Béer  et  A.  Devaux)  Catéchisme  des 
chauffeurs  (Ann,  de  VAssoc,  des  ingé- 
nieurs, etc.).  —  Deux  éditions. 

15^"  Collaboration  (avec  MM.  J.  G. 
Macors,  du  Uoy  de  Blicquy,  L'mé  et  Hal- 
kin)  à  un  travail  sur  la  reconstruction 
de  ritôpital  de  Bavière  (publié  par  la 
Commission  des  Hospices  Civils  de 
Liège,  1867,  in-8«). 

16®  Que  fera-t-on  à  Bavière  ?  Liège, 
Desoer,  1868,  in-8^ 

1 7*'  Métamorphoses  et  unité  des  forces 
(1"*  partie  :  Revue  universelle,  Il^année, 
1867). 

Ce  travail  est  la  première  partie  d'une 
Introduction  à  la  physique  mathématique. 
Jusqu'à  présent,  dit  l'auteur,  l'électricité  n'a 
pas  reçu  de  définition,  comme  la  chaleur,  la 
lumière ,  le  magnétisme,  la  capillarité  et  le 
mouvement  sensible.  Or,  les  phénomènes 
électriques  nous  attestent  très-explicitement 
la  transformation  des  actions  mécaniques, 
physiques  et  chimiques  les  unes  dans  les 
autres;  celte  transformation,  qui  est  encore 
une  hypothèse  pourquelques  savants,  est  un 
fait  patent  ;  elle  nous  éblouit  tous  les  jours, 
et  c'est  probablement  pourquoi  nous  ne  nous 
en  étions  pas  doutés.  —  Dans  la  seconde 
partie  de  son  étude  ,  M.  Pérard  se  propose 


911 


SAU 


912 


d*ajouter  quelques  nouveaux  dëvcloppemenls 
à  la  discussion  de  ses  prémisses,  et  ensuite 
do  définir  l'éleclricité  de  la  manière  suivante  : 
c  Propriété  de  la  matière  de  conserver  ou  de 
»  transmettre  (conduire),  avec  plus  ou  moins 
»  de  Cacililé ,  et  de  transformer  les  actions 
>  mécaniques,  physiques  et  chimiques  >. — 
Selon  M.  Pérard,  le  magnétisme  n'est  pas  une 
action  dépendante  des  phénomènes  électri- 
ques, mais  une  action  particulière  analogue 
à  la  capillarité,  physique,  et  suscepUble  de 
se  transformer  comme  toutes  les  autres  et 
dans  toutes  les  autres. 

18"^  Un  grand nombred^articles biblio- 
graphiques et  critiques  dans  la  Revue 
universelle, 

iO^"  Traduction  du  Mémoire  de  M. 
Helmhoitz  intitulé  :  Conservation  de  la 
force.  Paris,  Masson,  48G9.  in«8''. 


(')  Deux  flls  de  DD.  Sauveur  se  sont  ap- 
pliqués à  suivre  ses  traces.  L'alné,  Dieu- 
donné-Jean-Josepb,  né  à  Liège  le  5  octobre 
i797,  est  mort  dans  la  môme  ville  le  i^**  no- 
vembre 4869,  après  avoir  fourni  une  carrière 
des  plus  brillantes  comme  administrateur 
et  comme  savant.  Il  avait  fait  ses  premières 
études  d'anatomie,  de  physiologie  et  de  chi- 
rurgie sous  Ansiaux  et  Comhaire  ;  trois  an- 
nées de  séjour  à  Paris  achevèrent  de  le  for- 
mer. Il  revint  prendre  à  Lidge  ses  grades 
universitaires  (iSSO),  puis  s'occupa  de  se 
faire  une  clientèle  (principalement  en  qualité 
de  chirurgien  et  d'accoucheur).  Son  mariage 
avec  Mii«  Walter,  fille  de  rinspecteur-géné- 
ral  de  l'instruction  publique  (v.  ce  nom)  le 
décida  ik  quitter  Uége  pour  Bruxelles,  oii  il 
abandonna  peu  k  peu  la  pratique  de  l'art 
pour  embrasser  la  carrière  administrative. 
Il  fut  nommé,  le  27  août  4831,  secrétaire 
du  Conseil  supérieur  de  santé,  en  même 
temps  que  premier  commis  au  Ministère  de 
l'intérieur  (â«  division)  ;  en  4838,  il  fut  pro- 
mu chef  do  bureau;  deux  ans  plus  tard,  il 
devint  Commissaire  du  service  de  santé,  au 
môme  département.  Les  attributions  du 
Conseil  supérieur  de  santé  ayant  été  tranfé- 
rées  à  l'Académie  royale  de  médecine  (1841), 
il  fut  nommé  membre  et  secrétaire  de  cette 
compagnie  (il  conserva  ces  fonctions  jusqu'à 
sa  mort).  En  1846,  il  devint  chef  de  la  nou- 
velle division  des  afftiires  médicales  et  d'hy- 
Înène  publique;  en  1850,  le  gouvernement 
e  déchargea  de  ces  fonctions  pour  lui  con- 
fier celles  d'inspecteur-général  du  êervice 
médical  civil^  mission  des  plus  importantes, 
en  présence  de  la  ft*équence  des  épidémies 
et  de  l'intdrèt  croissant  qui  s'attache  as- 
jonrd'hui  aux  questions  de  salubrité.  Sau- 


Mauvear  (J.-T-HyACINTHE),  0-  ®, 

néà  Liège  le  i9  septembre 4804,  a  fait 
ses  études  humanitaires  au  Lycée  impé- 
rial de  cette  ville,  et  ses  éludes  médi- 
cales à  rUniversité,  sous  les  yeux  d'un 
père  (v.Tarl.DD.  Salyeur)  qui  fut  k  h 
fin  son  maître  et  son  modèle  (').  Il  sou- 
tint sa  thèse  inaugurale  en  48^5  {De 
Scarlatinâ),  fut  proclamé  docteur  le  5 
août,  et  se  rendit  sans  retard  à  Paris,  où 
il  reçut  les  leçons  et  les  conseils  des 
Laênnec,  des  Fouquier,  des  Broassais, 
des  Guersent  et  d'autres  professeurs 
ou  praticiens  illustres.  H  rentra  dans 
son  pays  dûment  préparé  ù  monter  dans 
une  chaire  académique  et  mûri  par  une 
expérience  précoce.  La  Facuitéde  méde- 
cine de  Liège  ne  tarda  pas  à  réclamer 


veur  fit  partie  de  la  Commission  centrale  de 
statistique  (1841),  du  Conseil  supérieur 
d'hygiène  publique  (1849), de  la  Commission 
permanente  d'inspection  et  de  surveillance 
générale  des  établissements  d'aliénés  (1853), 
et  des  établissements  dangereux  et  insalu- 
bres (1855),  ainsi  que  d'un  grand  nombre  de 
Commissions  spéciales.  Partout  il  rendit  les 
services  qu'on  pouvait  attendre  de  son  acti- 
vité et  de  son  expérience,  il  contribua  bean 
coup,  entr'aotres,  aux  progrès  des  Instituts 
de  sourds-muets  et  d'aveugles,  qu'il  fut 
chargé  d'inspecter  à  partir  de  1839.  En 
183â,  il  se  rendit  à  IHiris  pour  y  étudier  de 
près  le  choléra;  son  dévouement  fut  utile 
plus  tard  à  différentes  villes,  qui  lui  votèrent 
les  adresses  les  plus  flatteuses,  notamment 
celle  d'Anvers,  en  1850.  Il  appartenait  à 
l'Académie  royale  de  Bruxelles  (depuis  18i9) 
et  à  un  grand  nombre  de  Sociétés  savantes; 
mais  il  tenait  surtout  à  l'Académie  de  méde- 
cine, qu'il  contribua  beaucoup  à  consolider. 
On  lui  doit  un  grand  nombre  de  notices  et 
de  comptes  rendus  insérés  dans  les  BuUeiint 
de  celte  compagnie,  dans  ceux  do  la  Com- 
mission centrale  de  statistique ,  dans  ceux 
de  VAcad.  royale  de  Belgique,  dans  l'An- 
nuaire de  l'observation  de  Bruxelles  et  dans 
le  journal  lu  Santé.  Il  fut  on  des  principaux 
collaborateurs  de  la  nouvelle  Pharmacopée 
belge  (1854).  — M.  Cl.  Capitaine  a  dressé  la 
liste  complète  de  ses  travaux  dans  le  Kécro- 
loge  liégeois  pour  186S  (c'est  il  sa  notice 
que  nous  empruntons  les  renseignements 
qui  précèdent).  Sauveur  était  chevalier  de 
l'ordre  de  Léopold  (4844)»  comnandeurde 
la  couronne  de  Chènc  (185S),  chevalier  de 
l'Ordre  du  Christ  de  Portugal  (4855)  et  déco- 
ré de  la  médaille  d'or  des  épidémies  (1860). 


91:^ 


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914 


son  concours.  Nommé  lecteur  le  IGdéc. 
i850,  il  fut  chargé  de  faire  des  leçons 
sur  les  maladies  des  femmes  et  des  en- 
fants et  sur  les  maladies  syphilitiques, 
matières  qui  jusqu'alors  n'avaient  point 
été  enseignées  ù  l'Université.  Promu  à 
l'extraordinariat  le  2  mai  1858,  ù  l'or- 
dînariat  le  20  août  1 84i,  il  a  vu  plusieurs 
fois  SOS  attributions  modifiées.  M.  Sau- 
veur a  été  successivement  chargé  des 
cours  suivants  :  i"  Maladies  des  femmes 
et  des  enfants;  ^  maladies  syphiliti- 
ques (théorie  et  clinique)  ;  5^  médecine 
légale  ;  i<^  pathologie  et  thérapeutique 
spéciales  des  maladies  internes  ;  5°  cli- 
nique médicale.  Il  fait  encore  aujour- 
d'hui ce  dernier  cours  à  l'hôpital  de 
Bavière.  Il  a  rempli  en  48ii-i842  les 
fonctions  desecrétaireacadémique.Ilest 
chevalier  de  l'ordre  de  Léopold  depuis 
le  2  juillet  \  850  ;  le  50  décembre  4866, 
il  a  été  élevé  au  rang  d'officier,  à  raison 
des  services  quMl  a  rendus  à  l'enseigne- 
ment.U.  Sauveur  est  membre  honoraire 
de  l'Académie  royale  de  médecine  de- 
puis le  26  décembre  4862;  il  est  en 
outre  affilié  à  la  Société  médicale  de 
Bruges.  11  fait  partie  de  la  Commission 
médicale  de  la  province  de  Liège  de- 
puis le  44  Juin  4858;  il  est  actuelle- 
ment le  président  de  ce  corps.  H  est 
médecin  des  hospices  civils  de  Liège 
depuis  4854,  et  depuis  4852  membre 
du  Comité  de  surveillance  des  établis- 
sements d*aliénés  de  l'arrondissement  ; 
en  4848  et  en  4855,  il  a  été  chargé  du 
service  médical  des  hôpitaux  de  cholé- 
riques. Les  devoirs  inhérents  à  des 
fonctions  absorbantes  et  les  soins  d'une 
clientèle  considérable  ont  laissé  à  IL 
Sauveur  peu  de  temps  à  consacrer  à 
des  publications  scientiliquos  ;  on  lui 
doit  cependant,  outre  sa  thèse,  quelques 
discours  académiques,  des  rapports 
scientifiques  sur  divers  sujets  cl  un  cer- 
tain nombre  d'articles  insérés  dans  des 
journaux  spéciaux. 


fetoiimit  (Jean-Pierre),  né  à  Luxem- 
bourg le  4"  mai  4847,  ancien  élève  de 
l'Athénée  de  cette  ville  (v.  l'art.  Noël)  et 
de  l'Université  de  Liège,  a  manifesté  de 
bonne  heure  des  aptitudes  spéciales 
qui  lui  valurent  d'être  attaché,  dès  le 
47  octobre  4856  ('),  aux  Ecoles  des 
arts,  des  manufactures  et  des  mines, 
en  qualité  de  répétiteur  et  maître  de 
dessin.  Sans  son  goût  prononcé  pour 
l'enseignement,  il  aurait  suivi  la  car- 
rière de  son  frère  aîné,  qui  se  distin- 
gua comme  architecte  (•):  plusieurs 
constructions,  exécutées  d'après  ses 
plans  et  par  ses  soins,  permettent  du 
moins  de  le  conjecturer.  Quoiqu'il  en 
soit,  le  chef  des  travaux  graphiques  des 
Ecoles,  bien  que  depuis  52  ans  en  con- 
tact avec  les  élèves  pendant  24  heures 
en  minimum  par  semaine  ('),  a  trouvé 
le  temps,  non  seulement  de  se  charger 
de  plusieurs  cours  en  rapport  avec  ses 
études  spéciales  sur  l'art  de  bâtir,  mais 
de  rendre  de  nombreux  services  à  di- 
verses administrations,  en  dehors  de  ses 
fonctions  professorales,  dans  le  domaine 
des  travaux  publics.  De  4850  à  4866, 
il  a  répété  les  deux  cours  de  géométrie 
descriptive  et  procédé  aux  interroga- 
tions relatives  à  ces  cours,  sur  une 
moyenne  annuelle  de  plus  de  400  élèves  ; 
de  4840  à  1862,  il  a  fait  un  cours  de 
topographie  (*)  et  dirigé  les  exercices 
des  élèves  sur  le  terrain.  En  4842,  de 
retour  d'un  voyage  en  Bavière,  il  ouvre 
une  série  de  leçons  publiques  sur  l'his- 
toire de  l'architecture  ;  les  élèves  des 
diflerentes  Facultés  se  groupent  autour 
de  sa  chaire,  et  le  gouvernement  donne 
au  jeune  professeur  un  témoignage  de 
satisfaction,  en  l'envoyant  faire  le  tour 
de  l'Italie  Uentré  à  Liège,  il  reprend  et 
continue  pendant  plusieurs  années  son 
cours  d'histoire  de  l'art,  lequel  au  reste 
n'était  qu'un  appendice  de  celui  d'ar- 
chitecture civile,  confié  à  M.  Schmlt 
depuis  4840.  En  4847,  il  fallut  y  re- 
noncer :  le  cours  d'architecture  civile 


(  *  )  Il  8  été  nommé,  le  90  novembre  4844, 
agrégé  k  la  Faculté  des  sciences. 

(* y  Schmit,  aine ,  mourut  archileclo  de  la 
ville  de  BruxeUas.  Son  fils,  geodre  de  M.  J. 
P.  Schmit,  est  actuellement  professeur  de 
hantes  mathématiques  à  TU  Diversité  libre  de 


la  capitale. 

(*)  Les  tâches  ont  été  depuis  divisées,  à 
raison  de  l'accroissement  considérable  de  la 
popuUition   des  Écoles. 

(  *  )  Aujourd'hui  confié  à  11.  A.  Habcts  (v. 
Tart.  NoEL). 


918 


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fut  réuni  au  cours  de  constructions  in- 
dustrielles, sous  le  nom  d'architecture 
industrielle  (cours  annuel)  :  M.  Scbmit 
en  est  encore  titulaire.  Depuis  1867, 
il  expose  publiquement  à  la  Salle  aca- 
démique Tintéressante  théorie  de  Vaxo- 
nottuHrie,  quMl  vient  d'enrichir  de  nou- 
veaux développements  et  dont  il  a  con- 
sidérablement étendu  les  applications 
(v.  ci-après).  Un  arrêté  du  5  septembre 
i868  lui  a  conflé  le  cours  de  géométrie 
descriptive,  délaissé  par  Brasseur  (v.ce 
nom),  et  Ta  déchargé  en  même  temps  de 
la  direction  des  travaux  graphiques. 
—  En  dehors  de  rUniversité,  M  Schmil 
s*est  particulièrement  fait  remarquer 
par  la  part  active  qu*il  a  prise  aux  tra- 
vaux du  Conseil  de  salubrité  publique 
de  la  province  de  Liège  (v.  les  Rapports 
annuels  deM.Spring,  président).  — En 
i8i8,  M.  RogiiT,  ministre  de  Tinté- 
rieur,  adressa,  sous  la  date  du  8  avril, 
une  circulaire  aux  gouverneurs  des 
provinces,  pour  les  engager  à  étudier 
la  grave  question  des  engrais  des  villes, 
doublement  importante  au  point  de  vue 
de  rhygièneetdesflnances  communales. 
Le  Conseil  de  salubrité  de  Liège,  depuis 
longtemps  sous  Tempire  des  mêmes 
préoccupations,  nomma  aussitôt  une 
Commission  spéciale,  et  celle-ci  jugea 
indispensable,  avant  tout,  de  recueillir 
en  faisant  étudier  de  près  les  établisse- 
ments le  plus  en  renom  ,  des  données 
précises  pouvant  servir  à  Tintroduction, 
dans  le  pays,d'un  système  régulier  de  ré- 
colte et  de  distribution  des  engrais. M. 
Schmil  fut  envoyé  à  Lyon,  cité  dont  la 
situation  topographique  oppose,  ù  la 
réalisation  d*un  tel  projet,  des  diflicul- 
tés  analogues  à  celles  qui  se  présentent 
dans  la  ville  de  Liège.  La  Société  géné- 
rale des  engrais  de  France  (dite  ^^iron- 
net)  avait  dès  lors  établi  à  Villeurbanne, 
près  de  Lyon,  un  service  d'exploitation 
modèle.  M.  Schmit  Tétudia  dans  le  plus 
grand  détail,  et  publia  en  4850,  dans 
les  Annales  du  Conseil  de  salubrité,  un 
rapport  explicite,  qui  fut  distribué  par 
le  gouvernement  aux  principales  admi- 
nistrations du  royaume  et  exerça  par- 


tout une  légitime  influence.  M.  Piercot, 
bourgmestre  de  Liège,  fit  en  quelque 
sorte  ji  Tauteur  un  devoir  de  mettre 
lui-même  ses  conclusions  en  pratique  : 
M.  Schmit  accepta  cette  mission  tempo- 
raire et,  dans  la  période  de  i852  k 
i858,  ouvrit  le  marché  de  la  Campine 
aux  engrais  de  Liège,  activant  ainsi  le 
défrichement  des  bruyères  tout  en  as- 
sainissant la  ville.  11  eut  bientôt  Vocca- 
sion  d'étendre  au  dehors  l'influence  de 
ses  idées;  déjà  en  4851,  le  ministre  de 
l'intérieur  l'avait  chargé  de  procéder  à 
une  enquête  sur  les  taxes  d'octroi  dont 
les  engrais  d'Anvers  étaient  frappés  à 
la  sortie;  en  485â,  le  ministre  de  la 
justice  mit  sous  sa  direction  les  tra- 
vaux d'assainissement  des  prisons  de 
TElat  à  Vilvorde,  à  Gand  et  à  Uoog- 
straelen  (*)  ;  en  4853  enfin,  M.  Rogier 
l'envoya  de  ville  en  ville  étudier  le  sys- 
tème des  engrais,  avec  mission  de  ré- 
diger un  rapport  circonstancié,  qui  fut 
communiqué  l'année  suivante  aux  Cham- 
bres législatives  et  inséré  dans  les  An- 
nales parlementaires.  Libre  enfin,  après 
4858,  de  se  consacrer  entièrement  à 
ses  travaux  ordinaires,  M.  Schmit  s'est 
particulièrement  occupé,  depuis  lors, 
des  applications  de  la  géométrie  des- 
criptive. On  conçoit  que  ses  occupa- 
tions multiples  ne  lui  aient  guère  laissé 
le  loisir,  pendant  longtemps,  de  publier 
de  nombreux  ouvrages.  Nous  avons 
cependant  à  mentionner  de  lui  les  tra- 
vaux suivants  : 

4»  ^"otice  (en  anglais)  sur  la  Théo- 
tèque  de  réglise  de  LinUfourg  (prov.  de 
Liège).  Londres,  Wells,  4842,  in-folio, 
avec  une  planche  lith.  à  2  teintes  (des- 
sinée par  M.  Schmit). 

2»  Extrait  d'un  Mémoire  sur  Varchi- 
tecture  en  Italie  (Mém.  de  la  Société  royale 
des  sciences  de  Liège,  mai  4845 ,  in-8*».) 

M.  Schmil  fait  partie,  depuis  l'origine,  de 
la  Société  royale  des  sciences. 

3*»  Atlas  d' épures  de  géométrif  des- 
criptive et  des  applications  de  cette 
science  Liège,  4850-4860,  in-foL 

Cet  allas  se  compose  de  ^4  planches  com- 


(  *  )  L'accomplissement  de  cette  mission      biles  de  M.  Scbmit  ont  été  adoptés  par  le 
dura  quatre  ans.  Les  appareils  de  fosses  mo-      Conseil  supérieur  du  royaume. 


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SCH 


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posées  par  M.  Schmil  poar  les  cours  de 
travaux  graphiques  à  l'Ecole  des  mines, 
et  gravées  par  lui-même. 

i<^  Moyens  de  recueillir  et  d'utiliser 
les  engrais  qui  se  perdent  dans  les 
grand*  centres  de  population  au  détri- 
ment de  la  salubrité  publique  et  de  Va- 
gricuUure,  Liège,  1850,  un  vol.  in-8''. 

C'est  le  rapport  rédigé  k  la  suite  du  voyage 
à  Lyon.  Il  comprend  tout  le  4*  volume  des 
Annales  du  Conseil  de  salubrité  de  Liège, 
Le  gouvernement  en  a  fait  distribuer  800 
exemplaires  aux  administrations  commu- 
nales. 

5**  Rapport  sur  Vexploitation  des  en- 
grais de  ville  à  Anvers  (adressé  au  mi- 
nistre de  rintérieur).  Bruxelles,  Le- 
signe,  i851,  in'8^ 

6«  Enquête  sur  les  engrais  des  villes 
(Rapport  transmis  à  la  Chambre  des 
représentants  dans  la  séance  du  30  jan- 
vier 1854,  et  inséré  dans  les  Documents 
parlementaires,  sous  le  n»  121). 

7°  Traité  d'axonométrie  (sous  presse). 

L'axonométrie  est  an  système  des  projec- 
tions permettant  de  figurer  les  objets,  datts 
une  seule  image,  de  telle  manière  que  les 
trois  dimensions  principales,  nécessaires  à 
la  construction,  y  soient  mesurables  direc- 
tement, sur  des  échelles  connues.  L'objet 
est  incliné  sur  le  plan  de  projection  ;  mais 
les  projetantes  sont  orthogonales ,  tandis 
que  la  théorie  des  projections  obliques  ad- 
met une  position  orthogonale  de  Tobjet  par 
rapport  ao  plan  de  projection,  mais  exige 
des  projetantes  obliques  à  ce  plan.  —  L'a- 
xooomtitrio  comprend  les  perspectives  ca 
valières  et  les  projections  dites  militaires, 
Monge  n'avait  enseigné  que  les  projections 
orthogonales  sur  deux  plans  de  projections, 
et  les  projections  polaires  ou  perspectives. 
Les  premières  exigent,  dans  la  lecture  de 
l'épure,  une  synthèse  fatigante  des  deux 
projections  ;  elles  ne  font  pas  image.  Les 
autres  font  image,  mais  ne  peuvent  servir 
k  la  construction.  Les  projections  axonomd- 
triques  et  les  projections  obliques  réunissent 
les  deux  avantages  et  évitent  la  synthèse  : 
elles  sont  aujourd'hui  enseignées  k  l'Ecole 
polytechnique  de  Paris  et  dans  toutes  les 
écoles  spéciales  d'Allemagne  ;  M.  Schmit  est 
le  premier  et  le  seul  qui,  jusqu'à  ce  jour,  ait 
enseigné  cette  doctrine  en  Belgique.  11  l'a 
introduite  dans  ses  cours  de  TEcole  des 


mines  depuis  1840.  Rien  n'avait  encore  paru 
sur  cette  science.  Le  traité  de  Weissbach, 
imprimé  à  Freiberg,  ne  date  que  de  1844. 
Le  premier  dessin  axonomélrique  publié  en 
Belgique  par  M.  Schmil  est  la  vue  perspec- 
tive de  l'établissement  de  Ruysselede,  insérée 
dans  on  rapport  de  M.  Ducpétiaux  à  la 
Chambre  des  représentants.  En  ouvrant  un 
COMTS public  d'axonoroétrie  (1867),  M.  Schrait 
a  voulu  rendre  celte  découverte  accessible  à 
des  élèves  qui  ne  connaîtraient  que  les  pre- 
miers éléments  de  la  géométrie.  Il  expose 
une  théorie  nouvelle  des  ombres  axonomé- 
triques  qui  simplifie  les  applications  de  la 
science;  dans  son  cours  de  1868,  il  déve- 
loppe les  projections  obliques ,  d'après  une 
théorie  qui  lui  appartient  également. 

8»  Rapport  sur  les  ouvrages  de  M,  le 
docteur  Varrentrapp  (Drainage  des 
villes.  Berlin,  1868)  et  de  M.  Vingénieur 
Rurckly  (Canalisation  des  villes.  Zu- 
rich, 1866),  suivi  d'une  Note  sur  le  dé- 
versement des  eaux  chaudes  dans  les 
égoûts.  Liège,  1868,  in-8°. 

Extr.  des  Annales  du  Conseil  de  salubrité 
de  la  province  de  Liège, 

9**  Cours  de  géométrie  descriptive-  — 
Point,  droite,  plan.  —  Livre  I  :  Projec- 
tions cotées.  Liège,  Desoer,  1868,  51 
p.  in-8°  et  i  pi.  in-4*». 

La  science  du  dessin,  selon  M.  Schmit, 
peut  se  réduire  k  cinq  systèmes  de  représen- 
tations graphiques  des  corps  :  le  système 
orthogonal  sur  un  plan,  combiné  avec  \ei 
cotes  de  hauteur  chiffrées  ou  les  rabattements 
qui  ne  sont  encore  que  des  ombres  portées  ; 
le  système  orthogonal  sur  deux  plans  rec- 
tangulaires ,  constituant  la  géométrie  des- 
criptive de  Monge;  le  système  orthogonal  sur 
un  plan  ,  combiné  avec  des  projections  sur 
trois  plans  rectangulaires j  et  formant  l'axo- 
nométrie de  Weissbach  ;  le  système  par 
rayons  projetants  obliques  aux  plans  de  Ti- 
mage,  connu  sous  le  nom  de  projections 
obliques  ;  enfin,  le  système  central  ou  polaire, 
que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  perspective, 

M.  Schmit  met  en  relief  (parag.  148  et 
suiv.)  l'importance  du  procédé  d'application 
de  la  théorie  des  projections  cotées  à  la  re- 
présentation des  couches  de  houille,  employé 
pour  la  première  fois  par  M.  J.  van  Scherpen- 
zeel-Thim  ,  chargé  de  la  confection  do  la 
Carte  générale  des  mines  de  la  Belgique  (  '  ). 
La  pi.  IV  de  l'atlas  représente  un  spécimen 
de  carte  minière  qui  ne  laisse  rien  à  désirer. 

Dans  un  second  volume,  l'auteur  traitera 


(*)  V.  l'art.  DuvORT,  col.  931  ei  S39. 


■^> 


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920 


K 

\ 


des  courbes  et  des  surfaces  courbes  em- 
ployées dans  les  arls^  des  questions  de  con- 
tact et  d'intersection  des  surfaces,  de  l'appli- 
cation de  la  théorie  des  ombres  et  de  la 
perspective  aérienne  à  la  représentation  des 
coiirbures  et  des  positions  de  ces  surfaces  ; 
mais  en  choisissant,  pour  chaque  cas  donné, 
le  système  de  projection  le  plus  approprié 
(v.  la  Rcvut  de  t Instruction  publique  en  Bel- 
gique, t.  XI,  1869,  p.  413-415). 

10«  Programme  détaillé  du  cours  de 
géométrie  descriptive  fait  à  VUniversité 
de  Liège  en  1868-1809  par  J.-P.  Schmit, 
Liège.  Ch.  Jaspar  et  flls,  1869,  in-8*» 
{autographié). 

Promibre  piKie  (cours  du  semestre  d'hi- 
ver) :  PrQjectiois  cotées  et  projections  or* 
tbogonates  sur  deux  plans  rectangulaires.— 
â«  partie  (cours  du  semestre  d'été)  :  Projec- 
tions  axonomélriques  orthogonales  ;  id.  obli- 
ques ;  projections  polaires  ou  perspective 
linéaires;  projections stéréographiques.etc.; 
théorie  des  ombres,  appliquée  aux  différents 
systèmes  de  projections;  perspective  aérien- 
ne, avec  les  mêmes  applications,  coupe  des 
pierres  et  charpente. 

Le  8  janvier  1868,  M.  Schmit  a  reçu 
de  S.  M.  le  roi  des  Pays-Bas  la  croix 
de  chevalier  de  l'Ordre  de  la  Couronne 
de  chêne. 


Hehwitnn  (Thëodore),  0.  $t,  né  à 
Neuss«  près  Dusseldorf,  le  7  décembre 
1810,  commença  ses  humanités  au  pro- 
gymnase de  sa  ville  natale  et  les  acheva 
au  gymnase  de  Cologne  (ancien  collège 
des  Jésuites).  Il  manifesta  de  très-bonne 
heure  une  aptitude  marquée  pour  tes 
sciences  physiques  et  mathématiques, 
mais  ne  s'en  distingua  pas  moins  dans 
l'étude  des  langues,  si  bien  ({u'en  quit- 
tant les  études  moyenne»,  il  était  encore 
indécis  sur  le  choix  d'une  carrière.  L'U- 
niversité de  Bonn  brillait  alors  du  plus 
vif  éclat  :  ce  fut  là  quil  prit  ses  inscrip- 
tions, au  mois  d'octobre  lSâ9,  comme 
étudiant  en  philosophie.  Van  Calker 
(logique),  Bobrik (psychologie), Hermès 
(introduction  philosophique  à  la  théolo- 


gie catholique),  Delbnick  (liltéiitlure 
latine),  Plucker  (algèbre  supérieure), 
Diesterweg  (de  rébus  positivi^  et  nega- 
tiris),  Treviranus  (botanique),  Nées  von 
Esenbeck   (pharmacologie)  ,  Goldfuss 
(zoologie),  Nœggerath  (minéralogie), 
Miinchow  (physique)  et  Bischof  (chimie 
expérimentale)  furent  ses  preraiei^  maî- 
tres (*).  Insensiblement  les  prédilec- 
tions de  son  adolescence  devinrent  do- 
minantes ;   il   résolut  enfin  d'associer 
Tétude  de  la   médecine  à  celle  des 
sciences  naturelles.  Llllustre  physiolo- 
giste Jean  Mùller,  alors  simple  privat- 
dccent  à  Bonn,  mais  déjà  renommé  dans 
tonte  lEurope,  lui  enseigna  l'encyclo- 
pédie médicale,  l'analomie  comparée,  la 
physiologie  et  la  pathologie  générale; 
Weber  et  Meyer,  l'anatomie  générale  et 
spéciale,  ainsi  que  l'art  des  dissections; 
Uarless,  l'hygiène  et  la  diététique;  Nau- 
mann,  la  pathologie  spéciale.  Jean  Mill- 
ier surtout  exerça  sur  lui  une  grande 
influence,  en  l'associant  à  ses  travaux: 
M.  Schvvann  l'assista  dans  tontes  ses 
expériences  sur  la  différence  des  racines 
sensitives  et  motrices  des  nerfs,  sur  le 
sang,  etc.  On  sait  que  la  méthode  expé- 
rimentale, introduite  dans  la  physiolo- 
gie par  Magendie,  fui  cultivée  par  Mùl- 
ler avec  cette  rigueur  consciencieuse  qui 
c^iraclérise  la  nation  allcmamld,  et  avec 
un  succès  qui  marque  dans  l'histoire  de 
la  science.  Le  jeune  étudiant  ne  ponvait 
tomber  en  meilleures  mains  :  le  maiure, 
d'autre  part,  apprécia  en  lui  un  disciple 
destiné  à  en  fortner  d'autres  à  son  tour; 
dès  celte  époque,  il  l'engagea  vivement 
ii  poursuivre  ses  éludes  de  manière  à 
pouvoir  ambitionner,  plus  tard,  une 
chaire  académique. 

Après  avoir  subi  à  Bonn,  le  i  août 
1851 ,  l'examen  dit  philesophique  cl 
scievlifique,  qui  donne  droit  au  litre  de 
bachelier  en  philosophie,  M.  Schwann 
se  rendit  à  l'Université  de  ^Vurzhourg, 
célèbre  par  son  enseignement  médirai; 
il  y  fréquenta  pendant  un  an  et  demi  les 
cours  du  doctorat  en  médecine  (*)  et  la 


(  *  )  Nous  extrayons  ces  détails  du  Curri- 
culum  vitœ  annexé,  selon  l'usage,  à  la  thèse 
de  doctorat  de  notre  eoUëgue. 

(  *  )  Mûnz  fanatomie  spéciale  et  anatomie 
pathologique),    Rumpf  (matière  médicale), 


Textorf  chirurgie  etakiurgie),  Schœnlein(pâ- 
thûlogie  et  thérapeutique  spéciales).  d'Outre- 
pont  (art  obstétrical).  Il  assista  égalemeot 
aux  leçons  de  Wagner  (phitts.  praliiiae  et 
philos,  naturelle). 


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SCH 


922 


clinique  médicale  du  célèbre  Schœnlein, 
puis  celle  de  Marcus,  la  clinique  chirur- 
gicale et  ophlhalmologique  de  Textor 
et  de  JîPger,  enfin  la  clinique  des  ac- 
couchements de  d'Oulrepont.  Au  mois 
d'avril  1855,  il  se  transporta  à  Berlin 
pour  achever  ses  études  (*)  et  passer 
SCS  derniers  examens.  Le  litre  scienti- 
fique de  docteur  en  médecine  lui  fut  dé- 
livré par  la  Faculté  de  cette  ville  le  51 
mai  185i,  après  un  examen  rigorosum. 
Sa  thèse  inaugurale  est  intitulée:  De 
necessitate  aëris  atmospherici  ad  evolu- 
tionem  jmlli  in  ovo  incubito  (Berlin, 
1854,  iu-'i'').  11  prouva,  dans  ce  travail 
expérimental,  que  Tœuf  de  poule  ne  se 
développe  ni  dans  Tazote,  ni  dans  Thy- 
drogène  pure,  ni  dans  Tacide  carboni- 
que, ni  dans  le  vide,  mais  que  Toxygène 
est  indispensable  pour  faire  naître  les 
premières  traces  de  Tembryon. 

Pendant  l'hiver  de  185*5- 1834,  M. 
Schwann  subit  Texamen  d'Ef ni  (Stnats- 
Examen)  qui  donne  accès  à  ia  pratique 
médicale  et  dure  ordinairement  quatre 
mois.  Son  brevet  de  médecin  et  de  chi- 
rurgien porte  la  date  du  26  juillet  1854. 

Sur  ces  enlrefaiies,  Jean  Mûller  avait 
accepté,  à  Berlin,  la  chaire  d'anatomie 
et  de  physiologie,  devenue  vacante  par 
le  décès  de  Rudolphi.  C'était  une  bonne 
fortune  pour  l'ancien  élève  de  Bonn. 
Huiler  prit  une  vive  part  aux  expérien- 
ces de  M.  Schwann  sur  l'incubation  des 
œufs  dans  les  gaz  irrespirables,  et  in- 
sista de  nouveau  pour  le  décider  ù  en- 
trer dans  l'enseignement.  Ses  conseils 
furent  écoulés:  bientôt,  par  son  in- 
fluence, notre  collègue  obtint  une  no- 
mination d'aide-naturalistc  au  Musée 
d'anatomie  humaine  et  comparée ,  à 
l'Université  de  Berlin.  Mûller  était  direc- 
teur du  Musée  :  M.  Schwann  troMva  ainsi 
l'excellenle  occasion  de  l'aider  de  nou- 
veau dans  toutes  ses  expériences,  prépa- 
ratoires à  la  publication  de  ce  célèbre 
Traitéde  physiologie  humaine,  qui  éleva 
le  professeur  de  Berlin  au  premier  rang 
parmi  les  spécialités  contemporaines. 

Ces  travaux  n'empêchèrent  pas  M. 
Schwann  d'entreprendre  des  recherches 


pour  son  propre  compte.  Le  docteur 
Eberie,  de  Wurzbourg,  dans  un  travail 
sur  la  digestion,  venait  de  publier  l'ex- 
périence suivante  :  «  Si  l'on  ajoute  à  une 
membrane  muqueuse  préparée  quelques 
gouttes  d'acide  chlorhydrique,  et  si  l'on 
y  met  pendant  quelques  heures  des 
morceaux  d'albumine  coagulée ,  à  la 
température  du  corps,  ces  morceaux 
deviennent  transparents  et  se  dissol- 
vent. »  Mùller  et  son  aide  répétèrent  et 
confirmèrent  celle  découverte,  qui  im- 
plique la  digestion  artificielle  (Mûllefs 
Archiv,  1856,  p.  66).  Cependant  M. 
Schwann  s'engagea  plus  avant,  et  seul, 
dans  la  nouvelle  voie  ouverte.  11  filtra 
celle  substance  pultacée  et  montra  que 
le  liquide  aqueux  filtré  possède  la  même 
propriété  dissolvante.  Il  prouva  que 
c'est  uniquement  la  muqueuse  de  l'es^ 
tomac  qui  produit  cet  effet,  qu'il  est  dû 
à  la  présence  d'une  substance  organique 
particulière,  dont  il  détermina  les  réac 
lions  principales  et  à  laquelle  il  donna 
le  nom  de  pepsine.  11  découvrit  ainsi  le 
principe  essentiel  de  la  digestion  sto- 
macale. Il  démontra  qu'en  commun  avec 
l'acide ,  la  pepsine  dissout  aussi  les  au- 
tres substances  albuminoîdes  ;  que  cet 
effet  a  lieu  quand  même  la  pepsine  est 
en  quantité  minime  (par  catalyse);  enfin, 
il  détermina  le  rôle  que  les  acides  jouent 
dans  cette  opération  (Ueber  das  Wesen 
des  Verdauungsprocesscs,  Mùller's  Ar- 
chiv,  1856,  p.  90).  Il  confirma,  dans 
ce  même  travail,  la  découverte  de 
Leuchs  sur  la  transformation  de  la  fé- 
cule en  sucre  par  la  salive. 

Ces  travaux  chimiques  furent  sui- 
vis de  recherches  microscopiques.  M. 
Schwann  examina  la  texture  des  muscles 
volontaires,  indiqua  une  méthode  d'iso- 
ler les  fibres  primitives  et  montra  l'ori- 
gine des  stries  transversales  de  leurs 
faisceaux  primitifs  {Physiologie  de  Mùl- 
ler, t.  U,  p.  55).  Il  chercha  la  termi- 
naison des  nerfs  dans  les  muscles,  sans 
parvenir  k  la  découvrir;  il  n'admit  point 
la  terminaison  par  anses,  généralement 
adoptée  à  cette  époque,  aujourd'hui  en- 
tièrement réfutée  {Ibid.,  t.  H,  p.  54). 


(  '  )  U  suivit  à  Berlin  la  clinique  médicale 
de  Barlets  et  de  Wolf,  la  clinique  chirurgi- 
cale de  Rust,  la  clinique  ophthalmiatriquc  de 


Jûngken  et  le  cours  d'histoire  de  la  médecine 
de  Uecker. 


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SCH 


924 


Armé  du  microscope,  il  constata  le  pre- 
mier l'existence  de  parois  propres  des 
vaisseaux  capillaires  (Ib.,  1. 1,  p.  i75). 
11  montra  par  des  expi^riences  physio- 
logiques, au  moyen  d'eau  froide,  la 
contractililé  musculaire  des  artères  {En- 
cycl.  Wœrterbuch  der  Medic,  Wissen- 
schaft,  art.  Gefœsse  ;  PhysioL  de  Mùller, 
l.  1,  p.  170). 

Le  tissu  jaune  élastique  fut  un  autre 
objet  de  ses  recherches  microscopiques. 
Lauth  avait  déjà  démontré  que  ce  tissu 
diffère  radicalement  du  tissu  fibreux  ; 
M.  Scimann  en  découvrit  les  propriétés 
microscopiques,  d*un  caractère  très- 
tranché  (EncycL,  Wœrlerb,,  vol.  XIV. 
p.  216,  et  Eulenbourg,  De  telà  elasticù^ 
Berlin,  4836).  11  découvrit,  dans  le  mé- 
sentère de  la  grenouille  et  dans  la  queue 
des  têtards,  la  division  d'une  fibre  primi- 
tive de  nerfs,  observation  sans  préttédent 
jusqu'alors  {Pkyml,  de  Millier,  t.  L  p. 
524  ;  t.  Il,  p.  55).  Il  prouva  le  premier, 
par  l'examen  microscopique  et  par  le 
rétablissement  de  la  fonction,  la  repro- 
duction des  nerfs  coupés,  et,  le  premier, 
il  se  servit  de  cette  faculté  pour  résoudre 
la  question  de  savoir  si  les  fibres,  sen- 
sitives  ou  motrices,  irritées  au  milieu 
de  leur  trajet,  propagent  leur  irritation 
vers  le  centre  et  la  périphérie  à  la  fois, 
ou  seulement  dans  une  de  ces  direc- 
tions (Ibid.),  —  Se  tournant  alors  vers 
un  autre  mystère  physiologique  impor- 
tant, il  aborda  parla  voie  expérimentale 
le  problème  de  la  génération  spontanée. 
Un  flacon  en  verre  fut  à  moitié  rempli 
d'eau  contenant  des  morceaux  de  viande. 
Même  après  la  coction,  des  infusoires 
se  forment  dans  ce  liquide  au  bout  de 
quelques  jours,  si  l'air  peut  y  entrer, 
M.  Schwann  ferma  le  goulot  au  moyen 
d'un  bouciion  en  liège,  traversé  de  deux 
tubes  en  verre  chauffes  dans  un  bain  de 
plomb  fondu.  Après  une  forte  ébullition 
de  l'eau  du  flacon ,  pour  chasser  l'air, 
il  laissa  refroidir.  L'air  extérieur  ne 
pouvait  s'introduire  dans  le  flacon,  pen- 
dant le  refroidissement,  qu'en  pas- 
sant par  les  tubes  chauffés  dans  le 
bain.  La  fusion  du  plomb  fut  entre- 
tenue pendant  plus  d'un  mois  (en 
été),  et  un  courant  continuel  d'air  fut 
établi  par  les  tubes  et  le  flacon.  Aucun 
in*usoire  ne  se  forma  dans  Veau,  Pour 


plus  de  sûreté,  l'air  fut  analysé  après 
son  passage  par  le  flacon  :  la  quantité 
ordinaire  d'oxygène  y  fut  reconnue.  Les 
infusoires  apparaissaient  promptement, 
dès  que  les  tubes  n'étaient  plus  chauffés. 
Ces  expériences  sont  sans  contredit  les 
plus  concluantes  qui  aient  encore  été 
faites  à  propos  de  la  génération  spoo- 
tanée  :  la  cause  de  la  formation  d'infu- 
soires  existe  dans  l'air ,  et  cette  cause 
cesse  d'agir  si  Tair  est  chauffe,  tandis 
qu*à  cette  température  l'oxygène  et  l'a- 
zote ne  changent  pas  de  proportion  ;  la 
conclusion  «  que  ce  sont  des  germes 
volant  dans  l'air  »  se  présente  d'elle- 
même  (Annales  de  Poggendorf,  1857, 
vol.  XLl,  p.  iU). 

M.  Schwann  remarqua  en  même 
temps  que  la  viande  du  flacon  ne  pour- 
rissait pas.  On  connaissait  bien  déjà 
la  méthode  d'Appert,  qui  consiste  à 
conserver  la  viande  dans  des  vases  clos, 
chauffée  à  100'';  mais  on  allribuait 
l'absence  de  putréfaction  au  défaut 
d'oxygène.  Les  expériences  de  notre 
physiologiste  prouvèrent  que  la  putré- 
faction n'a  pas  lieu,  même  quand  l'air 
avec  son  oxygène  arrive  en  abondance, 
pourvu  que  cet  air  soit  chauffé  suffisam- 
ment pour  tuer  les  germes  d'infusoires. 
Les  infusoires  sont  donc,  se  dit-il,  la 
cause  de  la  putréfaction  :  il  prouva 
en  effet  par  d'autres  expériences  que 
fout  ce  qui  tue  les  infusoires  eropê(*he 
également  la  putréfaction.  Voulant  alors 
faire  la  contre-épreuve  et  démontrer 
que,  dans  d'autres  phénomènes  où  l'air 
Joue  un  rôle ,  il  n*y  a  aucune  différence 
entre  l'air  chauffé  ou  non  chauffé ,  il  fit 
des  expériences  sur  la  fermentation 
alcoolique.  Contre  toute  attente,  l'air 
chauffé  ne  produisit  pas  non  plus  la 
fermentation.  Il  conclut  :  de  deux  choses 
l'une,  ou  l'air* chauffé  subit  un  change- 
ment inconnu,  qui  est  la  cause  de  la 
putréfaction  et  de  la  fermentation  al- 
coolique ,  ou  celle-ci  est  aussi  pro- 
duite par  des  êtres  vivants,  il  exainioa 
donc  la  levure  au  microscope,  et  fut 
aussi  étonné  que  ravi  de  trouver  qu'elle 
est  entièrement  composée  de  champi- 
gnons. Il  observa  l'accroissement  de 
ces  champignons  pendant  la  fermenta- 
tion et  prouva  que  tout  ce  qui  tue  le 
champignon  empêche  la  levure  d'opé- 


928 


SGH 


926 


rer  la  fermentation  (Ànn.  de  Poggen- 
(lorf.  1837).  Plus  lard  (Miscroscop, 
Untersuchungen^  p.  254),  il  démontra 
encore  que  Tacide  carbonique  de  la  fer- 
mentation alcoolique  se  forme  autour 
des  champignons.  Une  solution  faible 
de  sucre  avec  un  peu  de  levure  fut  co- 
lorée en  bleu  par  du  tournesol  et  intro- 
duite dans  un  long  tube  en  verre.  Au 
milieu  de  ce  tube  se  trouvait  une  tige 
transversale,  sur  laquelle  une  partie 
des  champignous  devaient  se  déposer. 
La  coloration  en  rouge,  due  à  Tacide 
carbonique,  commença  effectivement  à 
se  produire  au  fond  et  autour  de  cette 
tige.  Il  appliqua  donc  sa  théorie  de  la 
putréfaction  à  la  fermentation  alcoolique 
produite  parles  champignons  de  la  le- 
vure. 11  inaugura  ainsi  celte  série  de 
travaux  poursuivis  depuis  par  beaucoup 
d'auteurset  principalement  par  M.  Pas- 
teur, sur  le  rôle  très-important  que  les 
germes  d*aniraaux  et  de  végétaux  infé- 
rieurs suspendus  dans  T^irjouent  dans 
la  nature  inerte  el  dans  la  nature  vi- 
vante. 

Dès  le  début  de  ses  recherches  , 
M.  Schwann  sVfforça  dlntroduire  en 
physiologie  la  méthode  rigoureuse  d*ex- 
périmentation  qu'on  n'avait  précédem- 
ment appliquée  qu'à  l'élude  de  la  na- 
ture inanimée,  et  qui  est  devenue  de- 
puis le  cachet  de  la  physiologie  moderne. 
11  choisit  à  cet  effet  la  contraction  mus- 
culaire, acte  évidemment  vital,  et  qui, 
à  la  différence  d'autres  actes  vitaux  tels 
que  la  sécrétion,  offre  l'avantage  d'être 
exempt  de  changements  qualitatifs. 
A  quelles  lois  la  contraction  muscu- 
laire est-elle  soumise  ?  Pour  résoudre 
cette  question,  il  attacha  le  tendon 
d'une  patte  de  grenouille  à  une  balance 
d*une  construction  particulière,  puis  il 
iriita  le  nerf  du  muscle.  La  contrac- 
tion fit  descendre  le  fléau  jusqu'à  une 
certaine  hauteur,  qu'il  marqua  sur  une 
échelle  par  0.  Ce  point  0  indique  le 
maximum  de  contraction  du  muscle 
sans  charge.  Un  certain  poids  ayant 
ensuite  été  mis  sur  le  plateau  opposé 
de  la  balance,  il  irrita  de  nouveau  le 
muscle.  Celui-ci  ne  se  contracta  plus 
jusqu'au  point  0,  mais  resta  à  une  dis- 


tance M  de  ce  point.  Le  poids  étant 
doublé,  le  muscle  irrité  se  trouva  ar- 
rêté à  une  distance  â  M  du  point  0,  et 
ainsi  de  suite  :  c'est  la  loi  des  corps 
élastiques.  Un  muscle  irrité  se  contracte 
donc  comme  un  corps  élastique  ayant 
la  longueur  du  muscle  contracté  au 
maximum,  et  allongé  jusqu'à  la  longueur 
du  muscle  en  repos.  La  modification 
qu'une  irritation  produit  dans  un  muscle 
consiste  donc  dans  un  changement  des 
molécules  du  muscle  ,  qui  est  tel,  que 
leur  équilibre  stable  est  établi  seulement 
lorsque  le  muscle  est  contracté  au  maxi- 
mum ;  dans  ce  nouvel  état  moléculaire, 
le  muscle  est  un  corps  élastique.  Ces 
expériences  furent  faites  publiquement 
à  lena  en  1830,  à  la  réunion  des  natu- 
ralistes allemands.  Elles  furent  publiées 
dans  le  compte  rendu  de  cette  réunion 
et  dans  la  Physiologie  de  Mûller,  t.  H, 
p.  59.  C'était,  comme  le  fait  remarquer 
M  Dubois-Raymond  ('),  c'était  la  pre- 
mière fois  qu'on  examinait  comme  une 
force  physique  une  force  évidemment 
vitale,  et  que  les  lois  de  cette  force 
étaient  mathématiquement  exprimées, 
en  chiffres.  Les  expériences  de  AL 
Schwann  n*attirèrent  cependant  pas  l'at- 
tention publique  autant  qu'elles  le  mé- 
ritaient :  les  esprits  n'étaient  pas  assez 
préparés  pour  ce  mode  d'examen.  Dix 
ans  plus  tard,  Ed.  Weber  les  reprit  et 
poursuivit  avec  beaucoup  d'éclat. 

La  tendance  de  notre  collègue  d'in- 
troduire dans  la  physiologie  un  mode 
d'explication  plus  exact  que  celui  qui 
régnait  alors  sans  contestation,  l'expli- 
cation par  la  force  vitale,  se  dévoila  de 
la  manière  la  plus  décisive  dans  le  tra- 
vail qu'il  publia  trois  ans  plus  tard  , 
sur  le  développement  des  tissus.  Ce 
livre,  d'une  importance  hors  ligne,  est 
intitulé  :  Mikroscopische  Untersuchun- 
gen  ûber  die  Ubereinsiimmung  in  der 
Structur  unddem  Wachsthumder  Thiere 
und  Pflanzen.  BerWn,  1859,  in-8°.  On 
admettait  généralement  à  cette  époque, 
dans  chaque  être,  l'existence  d'une  force 
unique  particulière,  dite  force  vitale. 
On  se  figurait  cette  force  réunissant 
les  molécules  en  organisme,  à  peu  près 
comme  un  architecte  bâtit  une  mai- 


{*,  Notice  nécrologique  sur  J.  Mûller  [tAé-      Diom.  de  l'Âcad.  de  Berlin,  1859,  p.  79. 


927 


SCH 


928 


son,  d'après  une  idée,  sans  cependant 
avoir  conscience  de  cette  idée.  On  ia 
considérait  comme  agissant  dans  chaque 
tissu  et  lui  donnant  ce  que  J.  Mûtler 
appelait  son  énergie  propre,  La  con- 
iractilité ,  par  exemple ,  était  l'éner- 
gie propre  des  muscles,  Tirrilabilité 
(«Ile  des  nerfs,  etc.  D'après  J.  Mûller, 
les  phénomènes  de  la  vie  se  distinguent 
de  ceux  de  la  nature  inerte,  en  ce  que  les 
agents  qu'on  applique  sur  un  organe  vi- 
vant ne  font  que  provoquer  l'énergie  pro- 
pre du  tissu,  si  bien  que  l'effet  est  le  même 
quel  que  soit  l'agent  appliqué,  tandis 
que  dans  ta  nature  inerte  l'effet  produit 
est  quelque  chose  d'intermédiaire  enire 
l'agent  appliqué  et  In  substance  à  la- 
quelle on  l'applique.  Ainsi ,  un  muscle 
ne  fait  que  se  coniracter,  que  l'agent 
qu'on  y  appliiiue  soit  mécanique,  chi- 
mique ,  électrique,  etc. ,  tandis  qu'un 
acide  agissaiit  sur  une  hase  produit 
un  sel,  qui  n'est  ni  acide  ni  base. 
Les  découvertes  de  M.  Schwann 
changèrem  radicalement  cette  manière 
de  voir  et  jetèrent  les  fondements  de  la 
physiologie  moderne ,  qui  s'appuie  sur 
le  prhicipe  opposé.  Les  phénomènes  de 
la  vie,  dit-il,  ne  sont  pas  produits  par 
une  torce  agissant  d'après  une  idée, 
force  qui  serait  donc  plus  ou  moins 
analogue  au  principe  immatériel  et  con- 
scient de  l'homme,  mais  par  des  forces 
essentiellement  les  mêmes  que  dans  la 
nature  inorganique,  par  des  forcées  agis- 
sant aveuglément  et  avec  nécessité, 
comme  les  forces  physiques.  On  pour- 
rait admettre,  ajoule-t-il,  que  les  forces 
formatrices  des  organismes  n'agissent 
pas  dans  la  nature  inerte,  parce  que 
les  combinaisons  des  molécules  qui  les 
dégagent  ne  s'y  rencontrent  pas  ;  mais 
il  ne  s'ensuivrait  pas  encore  qu'il  fallût 
les  dislingueressentiellementdes  forces 
physiques  ou  chimiques.  La  finalité, 
continue-t-il ,  même  un  haut  degré  de 
finalité  individuelle,  dans  chaque  orga- 
nisme ,  est  incontestable  ;  mais  celte 
finalité  ne  provient  pas  de  ce  que  cha- 
que organisme  serait  produit  par  une 
force  individuelle  agissant  d'après  une 
idée;  elle  est  déterminée  de  la  même 
manière  que  dans  la  nature  inerte  :  il 
en  faut  chercher  l'explication  dans  la 
création  de  là  matière  avec  ses  forces 


aveugles  par  un  être  infiniment  intelli- 
gent {Mikroscopische  Untersnchnngen, 
p.  22i  et  suiv.).  M.  Schwann  oppose 
donc  rexplication  physique  à  l'explica- 
tion téléologique  (explication  par  fina- 
lité). Celle-ci  implique  une  personnifi- 
cation des  forces  de  la  nature ,  qui 
marque  toujours  l'enfance  des  sciences. 

M.  Schwann  a  été  conduit  à  cette 
manière  d'envisager  les  organismes  par 
la  découverte  qu'il  a  faite,  en  1857,  de 
l'uniformité  de  la  texture  et  de  l'accrois- 
sement des  animaux  et  des  végétaux. 

On  connaissait  depuis  longtemps 
l'uniformité  de  la  texture  des  plantes  : 
elles  ne  se  composent  que  de  cel- 
lules. On  en  était  déjà  venu  à  inférer 
que  l'être  vivant  dans  une  plante  n'est 
que  la  cellule,  et  que  la  plante  est  une 
agrégation  de  cellules.  Robert  Brown, 
d'autre  part,  avait  signalé  dans  beau- 
coup de  cellules  un  corps  caractéris- 
tique, ordinairement  ovale  et  aplati, 
appelé  noyau  et  renfermant  lui-même 
un  corpuscule  appelé  nucléole,  Schlei- 
den  prouva  que  ce  noyau  existe  dans 
toutes  les  cellules  jeunes  ;  qu'il  précède 
même  la  formation  de  la  cellule,  et  que 
celle-ci.  dans  son  origine,  s'insère  sur 
lui  comme  un  verre  de  montre  sur  la 
montre.  Schleiden  communiqua  verba- 
lement le  résultat  de  ses  travaux  à  M. 
Schwann,  qui  fut  frappé  de  la  ressem- 
blance de  ce  corps  important,  nous  vou- 
lons dire  du  noyau  des  cellules  des 
plantes,  avec  un  corps  déjà  connu 
qu'il  avait  observé  souvent  chez  des 
animaux,  par  exemple  dans  les  cor- 
puscules du  cartilage,  dans  les  cellules 
de  Tepithelium,  etc.  Il  reconnut  immé- 
diatement qu'un  nouveau  principe  se- 
rait mis  en  lumière,  s'il  parvenait  à 
prouver  que  ce  corps  se  forme  aussi , 
chez  les  animaux,  avant  la  cellule  épi- 
théliale,  avant  le  corpuscule  du  car- 
tilage. Ce  point  établi,  l'analogie  com- 
plète entre  le  corps  du  règne  animal  et 
le  noyau  des  cellules  des  plantes  ne 
saurait  être  révoqué  en  doute  II  serait 
démontré  qu'il  existe  chez  les  animaux 
des  parties  élémentaires  se  dévelop- 
pant essentiellement  de  la  même  ma- 
nière que  les  cellules  végétales  ;  d'où 
l'on  serait  fondé  à  soutenir  que  la  cause 
qui  fait  croître  les  parties  animales  doit 


929 


SGH 


930 


êlrela  même  que  celle  qui  fait  crolf  re  les 
cellules  végétales.  Si  donc  la  cause  de 
raccroissement  des  cellules  des  végé- 
taux réside  en  elles-mêmes  et  non  pas 
dans  la  plante  entière,  les  parties  anima- 
les dont  il  s*agit  doivent  avoir  aussi  la 
cause  de  leur  croissance  en  elles-mêmes, 
et  non  pas  dans  une  force  qui  tiendrait 
à  l'organisme  entier.  Mais  s'il  y  a  dans 
Torganisme  animal  des  parties  élémen- 
taires qui  se  soustraient  à  faction  de  la 
force  unique  qui,  selon  Topinion  com- 
mune, bâtit  le  corps  d*après  une  idée, 
Texistenee  de  cette  force  même  devient 
douteuse.  Admettons  par  hypothèse  sa 
non-existence  :  dès  lors  la  force  In- 
hérente aux  molécules  elles-mêmes 
peut  seule  rendre  raison  de  raccrois- 
sement des  parties  élémentaires.  Or  les 
molécules  ne  différant  pas  essentielle- 
ment les  unes  des  autres,  les  forces 
par  lesquelles  elles  se  réunissent  doi- 
vent être  aussi  partout  essentiellement 
les  mêmes,  et  par  conséquent  aussi  le 
mode  de  réunion,  le  mode  de  crois- 
sance doit  être  le  même.  Dans  le  règne 
végétal,  le  mode  de  réunion  consiste 
Incontestablementdans  leur  assemblage 
en  cellules  à  noyau  préexistant  ;  le 
même  mode  de  réunion  doit  exister  aussi 
dans  la  formation  et  le  développement 
de  toutes  les  parties  élémentaires  de 
ranimai  :  toutes  doivent  être  des  cellules 
à  noyau,  plus  ou  moins  transformées. 

M.  Schwann  entrevit  d'un  coup  d'œil 
toutes  ces  conséquences  et  se  mit  à 
chercher  par  le  microscope,  d'abord 
pour  un  seul  tissu,  les  cartilages,  Tiden- 
tité  du  noyau  des  corpuscules  du  carti- 
lage avec  le  noyau  dos  cellules  végétales, 
la  nature  ceilulairedeces  corpuscules,  la 
préexistence  de  ce  noyau  avant  les  cor- 
puscules ,  la  formation  de  jeunes  cel- 
lules dans  une  cellule  mère  :  bref,  tout 
ce  qui  peut  prouver  l'identité  de  la  compo 
sitlon  et  du  développement  des  cellules 
du  cartilage  avec  les  cellules  végétales. 

Ayant  acquis,  non  sans  peine ,  celte 
certitude,  il  se  tint  pour  assuré  de  trou- 
ver le  même  mode  de  développement 
dans  tous  les  tissus  des  animaux,  préci- 
sément parce  que  pour  lui  Une  s'agissait 
pas  de  la  simple  généralisation  d'un 
fait.  Il  avait  reconnu  le  principe  qui  est 
au  fond  du  fait,  c'est-à-dire  que  deux 


tissus  radicalement  différents  se  déve- 
loppent de  la  même  manière,  proposi- 
tion difficilement  compatible  avec  l'ex- 
plication de  la  croissance  par  une  force 
commune,  réunissant  les  molécules  d'a- 
près une  idée.  Les  molécules  se  réu- 
nissent par  leurs  propres  forces  ,  qui 
sont  partout  essentiellement  les  mêmes. 

L'examen  du  développement  de  tous 
les  tissus  a  pleinement  confirmé  la 
théorie  de  M.  Schwann.  Il  a  démon- 
tré que  l'œuf  est  une  simple  cellule 
k  noyau;  que  4es  vaisseaux,  les  os,  les 
muscles,  les  nerfs,  les  globules  de  gan- 
glions, bref ,  les  éléments  de  tous  les 
tissus,  ne  sont,  dans  l'origine, que  des 
cellules  à  noyaux,  qui  subissent  plus 
tard  diiEérentes  transformations.  La 
formation  de  cellules  est  la  loi  générale 
de  l'accroissement  de  tout  ce  qui  vit, 
du  règne  animal  aussi  bien  que  du 
règne  végétal  :  partout  où  un  organe, 
partout  où  un  être  tout  entier  doit  se 
former,  il  y  a  un  noyau  qui  se  forme 
d'abord,  puis  une  cellule  qui  vient 
l'entourer  ;  celle-ci  peut  se  multiplier 
de  la  même  manière,  c'est-à-dire  par  la 
formation  d'un  noyau,  etc.,  et  toutes 
les  cellules  peuvent  se  transformer  ul- 
térieurement. 

La  confirmation  de  prévisions  attein- 
tes en  vertu  d'un  principe  donnait  à  ce 
principe  une  grande  autorité,  ou  plutôt 
elle  en  devenait  la  véritable  preuve. 
L'hypothèse  de  la  vie  individuelle  des  cel- 
lules végétales,avancée  par  quelques  bo- 
tanistes, n'était  soutenable,  même  pour 
les  plantes  seules,  qu'aussi  longtemps 
qu'on  séparait  complètement  le  règne 
végétal  du  règne  animal ,  comme  on  le 
faisait  à  cette  époque  ;  elle  perdait  sa 
base,  du  moment  que  les  deux  règnes 
étaient  considérés  comme  formant  un 
seul  tout.  Or,  la  découverte  de  M. 
Schwann,  que  tout  ce  qui  vit,  est  cellule, 
établit  cette  hypothèse  comme  loi  gé- 
nérale de  la  nature  vivante.  M.  Schwann 
fit  encore  un  pas  déplus,  en  établissant, 
à  raison  de  son  principe ,  que  la  vie 
individuelle  des  cellules  a  sa  cause  dans 
les  forces  qui  sont  inhérentes  à  chaque 
molécule. 

Le  champ  des  observations  étant  ainsi 
étendu  à  toute  la  nature  vivante,  le  mot 
de  <^//»/f,  adopté  pour  le  règne  végétal, 

55 


931 


SCH 


93S 


perdit  sa  significallon  étymolo^que  de 
cavité  entourée  d'une  membrane  :  it 
devintun  terme  physiologique  désignant 
cette  forme  primitive  commune,  sous 
laquelle  apparaissent,  dans  leur  ori- 
gine, toutes  les  parties  élémentaires  des 
organismes.  M.  Schwann  chercha  k  re- 
connaître ce  qu1l  y  a  d*essentiel  dans 
cet  élément  primitif  de  tout  ce  qui  vit. 
Ce  n'est  pas  l'existence  d'une  cavité  en- 
tourée d'une  membrane,  mais  Texis- 
tence  d'une  couche  autour  d'un  noyau. 
Il  définit  la  cellule  :  un  corps  composé 
de  plusieurs  couches  superposées , 
qui  se  développent  de  telle  manière, 
que  la  coucheinterne  précède  la  couche 
externe.  Ordinairement,  il  y  a  trois  de 
ces  cx)uches  :  nucléole,  noyau,  cellule  ; 
quelquefois  deux  seulement  :  dans  cha- 
que couche,  la  surface  peut  se  conden- 
ser en  membrane  ou  la  couche  peut 
rester  solide.  Cette  définition  est  vraie 
encore  dans  l'état  actuel  de  la  science. 

M.  Schwann  publia  ses  recherches 
au  fur  et  à  mesure  de  ses  découvertes, 
à  partir  du  commencement  de  Tannée 
1858,  dans  les  Notices  de  Froriep, 
n""  91,  i03  et  112.  Le  travail  complet, 
cité  plus  haut,  parut  en  1859.— L'auteur 
était  remonté  jusqu'au  phénomène  fon- 
damental de  l'accroissement,  c'est-à- 
dire  du  seul  acte  essentiel  de  la  vie: 
on  appelle  vivants  des  êtres  qui  ne 
présentent  que  ce  phénomène,  et  il 
existe  chez  tous.  Dès  lors  il  put  com- 
parer cet  acte  vital  essentiel  avec  le  phé- 
nomène le  plus  analogue  de  la  nature 
inerte,  la  cristallisation.  îl  établit  donc 
un  parallèle  entre  la  formation  des 
cellules  et  la  formation  des  cristaux, 
en  notant  avec  soin  les  concordances  rt 
les  différences. 

Immense  fut  l'effet  produit  dans  tous 
les  pays  |)ar  la  publication  de  l'ou- 
vrage de  l'infatigable  investigateur. 
«  Nous  doutons,  dit  un  auteur  anglais 
(  *)  dans  un  aperçu  historique  des  pro- 
grès de  la  médecine,  nous  doutons  que 
l'histoire  des  sciences  naturelles  puisse 
fournir  l'exemple  d*une  révolution  plus 
radicale  dans  la  direction  et  le  carac- 
tère des  travaux  scientifiques,  que  celle 
qui  a  été  opérée  en  1858  et  1859  par 


la  mise  en  lumière  de  la  théorie  histo- 
génétlque  de  M.  Schwann.  »  Aussi  les 
sociétés  savantes  s^empressèrent-elles 
d'adresser  de  toutes  parts  au  jcane 
physiologiste  des  témoignages  éclatants 
de  sympathie.  La  Société  Senckenber- 
gienne  de  Francfort  lui  décerna  la  mé- 
daille de  Sœmmering  (1841);  la  Société 
royale  de  Londres,  celle  de  Copley  (1^ 
décembre  1845),  deux  distinctions  qui 
sont  accordées,  sans  concours,  à  l'ou- 
vrage le  plus  important  publié  dans  le 
cours  d'une  longue  période.  La  Syàen- 
ham  Society  fit  traduire  le  livre  de  M. 
Schwann  en  anglais  ;  nombre  d'autres 
Sociétés  voulurent  compter  l'auteur 
parmi  leurs  membres  :  nous  en  donne- 
rons la  liste  ci-après. 

Pendant  qu'il  se  livrait  aux  travaux 
qui  devaient  ainsi  étendre  sa  réputation 
au  dehors,  il  occupait  toujours  sa  po- 
sition d'aide-naturaliste  au  musée  de 
Berlin,  sauf  à  donner  de  temps  i 
autre  dos  cours  privés  sur  l'histologfie. 
Comme  il  préparait  sa  demande  pour 
être  nommé  professeur  extraordinaire 
il  l'Université  de  Berlin,  la  chaire  d'a- 
natoroie  générale  et  descriptive  devint 
vacante  à  TUniversité  de  Lou>'ain,  par 
suite  du  déc^s  de  Windiscbmann.  Elle 
lui  fut  offerte  et  il  l'accepta  au  mois  de 
décembre  183S.  il  dut  hâter  la  publica- 
tion de  son  ouvrage  et  même  en  retran- 
cher une  partie  de  sa  théorie,  |)onr 
que  l'impression  pût  être  terminée 
avant  son  départ  <le  Berlin.  Il  com- 
mença ses  leçons  à  Louvain  en  avril 
1859.  Le  14  décembre  1845,  le  roi 
Léopold  le  décora  de  son  Ordre;  le  15 
novembre  1848,  le  gouvernement  belge 
rappela  en  qualité  de  professeur  ordi- 
naire â  l'Université  de  Liège,  pour  y 
faire  les  mêmes  cours  dont  îl  avait  été 
titulaire  Jl  Louvain.  Par  arrêté  royal  du 
24  août  1858,  il  fut  déchargé  du  cours 
d'anatomie  descriptive  et  obtint  en 
échange  la  chaire  de  physiologie,  qu'il 
occupe  encore  aujourd'hui,  tout  en  con- 
servant le  cours  d'anatomie  générale.  H 
est  officier  de  l'Ordre  de  Léopold  depuis 
le  15  novembre  1859. 

Depuis  son  arrivée  en  Belgique,  M. 
Schwann  s'est  livré  à  un  grand  nombre 


(* ) Simon,Oii /A«  Thymutgland,  Londres,      4845,  p.  i 6. 


933 


SCH 


934 


d*expériences  sur  le  rôle  que  la  bile 
joue  dans  Téconomie  animale.  Il  a  dé- 
montré que  les  animaux  périssent  d1na- 
nition,  après  un  temps  plus  ou  moins 
long,  si  la  bile,  au  lieu  de  pénétrer 
dans  rintestin,  s'écoule  au  dehors  par 
une  fistule.  Ces  expériences  ont  ouvert 
une  nouvelle  voie  dans  un  des  domaines 
les  plus  importants  de  la  physiologie 
des  fonctions  végétatives  (Nom.  Mém, 
de  l*Acad.  royale  de  Belgique^  t.  XVIIÏ, 
48U)(*). 

Voulant  prêter  son  concours  au  sys- 
tème de  travaux  associés,  inauguré  sous 
le  patronage  derAcadémie  belge,  et  au- 
quel Fobservation  des  phénomènes  pé- 
riodiques avait  servi  de  point  de  dé- 
part, il  s*est  occupé  d'établir  la  mesure 
des  principaux  organes  internes  du 
corps  humain  et  d'en  constater  le  poids, 
ainsi  que  celui  des  tissus,  par  Texamen 
comparatif  de  plusieurs  cadavres  d'in- 
dividus morts  par  accident  (/Md  ,t.  XVI 
et  XVIII). 

Une  autre  série  de  recherches  inté- 
ressantes fut  entreprise  par  M.  Schwann 
vers  1852. Une  catastrophe  arrivée  dans 
une  houillère  avait  déridé  l'Académie  à 
mettre  au  concours  le  problème  sui- 
vant :  «  Trouver  le  moyen  de  vivre  dans 
un  gaz  irrespirable,  de  s'y  mouvoir 
librement  et  de  s'y  éclairer.  »  Il  est  pos- 
sible de  vivre  en  respirant  toujours  le 
même  air,  se  dit  le  professeur  de  Liège, 
si  l'on  parvient  à  absorber  l'acide  car- 
bonique dégagé  par  la  respiration,  et  k 
remplacer  Toxygène  absorbé.  Or  il  suffit 
de  faire  passer  l'air  expiré  sur  du  per- 
oxyde de  baryte,  pour  obtenir  œ  double 
avantage  au  moyen  d'une  seule  et  même 
substance.  Cependant  il  est  nécessaire 
d'ajouter  encore  de  l'oxygène  :  M. 
Schwann  atteignit  ce  résultât  en  faisant 
tomber  de  l'acide  acétique  sur  une  autre 
quantité  de  peroxyde  de  baryte.  Telle  fut 
la  première  idée  de  son  apiKireil;  mais  il 
la  modifia  bientôt.  Comme  les  vases  en 
cuivre  ne  résistent  pas  longtemps  k 
l'acide  et  à  l'oxygène,  il  substitua  au 
dégagement  de  ce  dernier  gaz  l'oxygène 
comprimé  k  cinq  atmosphères  L'écou- 
lement uniforme  de  l'oxygène  comprimé 


fut  assuré,  grâce  à  une  sorte  de  robinet 
de  construction  nouvelle.  Le  prix  élevé 
et  les  qualités  vénéneuses  de  la  baryte 
lui  firent  préférer  à  cette  substance  la 
chaux,  imprégnée  d'une  solution  de 
potasse.  D'après  ses  principes  fut  dé- 
finitivement construit  un  appareil  de  la 
dimension  d'un  sac  de  soldat  et  destiné 
à  être  porté  sur  le  dos.  La  lampe  d'é- 
clairage consiste  en  un  fil  de  platine 
chauffé  à  blanc  au  moyen  d'un  couple 
de  Bunsen,  et  enfermé  dans  un  tube  de 
verre.  Ne  voulant  pas  concourir,  M. 
Schwann  déposa  sous  pli  cacheté  sa  des- 
cription à  l'Académie  (v.  le  t.  XXI-2 
du  Bulletin)  et  invita  en  même  temps 
ses  collègues  MM.  Glœsener,  de  Ko- 
ninck,  Si)ring  et  feu  Brasseur,  comme 
lui  membres  de  ce  corps  savant,  à  être 
témoins  de  ses  expériences.  Aucun  Mé- 
moire ne  fut  envoyé  au  concours.  Dans 
la  suite,  M.  Schwann  perfectionna  son 
appareil  dans  les  détails.  II  permet  de 
vivre  sous  l'eau,  sans  aucune  commu- 
nication avec  l'air,  pendant  plus  de 
deux  heures. 

On  doit  encore  à  notre  Inventeur  une 
étuve,  destinée  à  entretenir  une  tempé- 
rature constante  pour  l'incubation  des 
œufs,  pour  Tévaporation  au-dessous 
de  la  température  où  l'albumine  se  coa- 
gule, et  pour  d'autres  usages.  Cette 
étuve  a  déjà  trouvé  son  emploi  dans 
plusieurs  laboratoires  de  physiologie. 
Elle  se  compose  de  deux  vases  emboîtés 
l'un  dans  l'autre,  et  entre  lesquels  il  y 
a  de  l'eau.  Le  vase  intérieur,  où  sont 
les  œufs,  renferme  un  thermomètre 
métallique,  composé  de  deux  lamelles 
de  zinc  et  d'acier,  tournées  en  spirale 
et  soudées  ensemble.  Le  spirale  ren- 
ferme un  axe  vertical,  qui  descend  au- 
dessous  de  l'étuve,  et  porte  là  une  tige 
horizontale,  garnie  à  son  autre  extré- 
mité d'une  cheminée.  La  tige  (avec  la 
cheminée)  est  fixée  sur  l'axe  par  frotte- 
ment, et  on  la  place  de  telle  manière, 
qu'à  la  température  qu'on  veut  conser- 
ver, la  cheminée  se  tourne  au-dessus 
de  la  flamme  et  conduit  la  chaleur  à 
côté  de  l'étuve.  La  chaleur,  à  l'intérieur, 
ne  peut  donc  pas  dépasser  la  limite 


{*)  Pour  la  continaation  des  dites  expë-      p.  837. 
rieoces,  v.  la  Physiologie  de  Wagner,  t.  III, 


938 


SGH 


936 


voulue.  Si  la  température  diminne,  la 
cheminée  se  retire  et  permet  de  nou- 
veau Inaction  de  la  flamme. 

Cédant  aux  instances  pressantes  de 
M.  Quetelet ,  M.  Scbwann  a  encore 
trouvé  le  temps  de  rédiger,  pour  VEn- 
cyclopédiii  poputnire  publiée  par  M.  Ja- 
mar,  un  Traité  élémentaire  d^Anatomie^ 
(2  vol.  in-i2*).  —  Quant  à  ses  grands 
travaux  scientiflques,  il  les  a  poursuivis, 
sans  se  mOler  à  la  discussion  provo- 
quée par  la  publication  de  ses  Recher- 
ches microscopiques ,  discussion  qui 
continue  encore.  Ha  cru  pouvoir  aban- 
donner à  la  force  de  la  vérité  la  défense 
des  résultats  auxquels  il  est  parvenu. 
Selon  lui,  le  microscope,  en  atteignant 
les  cellules,  a  fourni  tout  ce  qu'il  pou- 
vait fournir,  dans  le  sens  de  la  profon- 
deur des  observations.  Non  pas  que 
cet  instrument  n'ait  conduit  depuis  et 
ne  puisse  encore  conduire  les  savants 
à  des  découvertes  très-importantes  (les 
magniûques  travaux  de  Kôlliker,  Virc- 
bow,  Ilenle,  M .  Schuize,  Brûcke,  Leydig 
et  d'autres  hommes  distingués  en  four- 
niraient la  preuve,  si  une  preuve  était 
nécessaire); mais  M.  Schwann  veut  dire 
qu'au-delà  des  couches  qui  composent 
une  cellule,  il  n'y  a  que  les  molécules, 
comme  au-delà  des  lamelles,  d'un  cristal 
il  n'y  a  plus  que  les  molécules.  Ces  mo- 
lécules, le  microscope  a  été  jusqu'Ici 
impuissant  à  les  saisir  (  *  ).  En  revanche, 
la  chimie  et  la  physique  moléculaire  s'en 
occupent  ;  c'est  donc  dans  c^îtte  direction 
que  la  physiologie ,  de  l'avis  de  notre 
collègue,  doit  continuer  ses  recherches, 
si  elle  veut  avancer  en  profondeur.  Les 
contemporains  s'engagent  du  reste  dans 
cette  voie  :  il  suffit  de  citer  les  travaux 
de  LIebig,  de  Dumas,  de  Dubois-Ray- 
mond, de  Meyer,  de  Helmholtz,  de 
Pflùger  et  de  tant  d'autres  dont  le  nom 
restera  dans  la  science. 

Depuis  sa  découverte ,  M.  Schwann 
s'est  occupé  de  mettre  sa  théorie  à  lé- 
preuve  dans  toutes  les  parties  de  la 
physiologie;  de  l'appliquer  à  Texplica- 

{*  )  H.  Schwann  n  fait  lui-même  quelques 
tentatives  pour  découvrir  les  molécules  au 
moyen  du  microscope,  en  observant  la  cris- 
tallisation de  substances  organiques  ayant 
un  très-grand  poids  atomique.  Les  résultats 


tion  des  fonctions  animales,  végétatives 
et  génératrices  ;ent)n,  de  la  poursuivre 
dans  ses  dernières  conséquences  phi- 
losophiques. Nous  attendons  de  lui  une 
Théorie  des  organismes,  qui  doit  com- 
prendre aussi  les  fonctions  psychiques 
des  animaux ,  dont  M.  Scjiwann  n*a 
point  parlé  dans  son  premier  travail. 

M.  Schwann  est  membre  de  la  So- 
ciété des  amis  de  la  nature,  de  Berlin 
(6  août  1839);  de  la  Société  médicale 
de  Lisbonne  (5  décembre  1840);  de  la 
Société  Seuckenbergienne  de  Francfort 
(7  avril  I84i);  de  la  Société  philoma- 
tique  de  Paris  (5i  juillet  4841);  de  l'A- 
cadémie royale  de  Belgique  (associé  de 
la  classe  des  siences ,  16  décembre 
1841)  ;  de  la  Société  royale  des  sciences 
de  Liège  (16  juin  1848)  ;  de  l'Académie 
royale  de  médecine  de  Belgique  (cor- 
resp.  le  16  novembre  1845,  membre 
honoraire  le  51  décembre  1865);  de  la 
Société  médicale  de  Copenhague  (5  oc- 
tobre 1844);  de  la  Société  du  Bas- 
Rhin  pour  les  sciences  naturelles  et 
médicales  (Bonn,  1<^  avril  1845);  de  la 
Société  de  médecine  d'Anvers  (10  jan- 
vier 1848);  de  l'Académie  de  Boston 
(15  novembre  1849);  de  la  Société  de 
biologie  de  Paris  (19  juillet  1851);  de 
la  Société  royale  des  sciences  de  Gect- 
lingue  (29  octobre  1855);  de  l'Académie 
royale  des  sciences  de  Berlin  (27  avril 
1854)  ;  de  V American  philosophicaî  So- 
ciety de  Philadelphie  (16  janvier  1863); 
enfin,  de  la  Société  des  sciences  médi- 
cales de  Luxembourg  (5  septembre 
1867).  —  La  liste  complète  de  ses  pu- 
blications, sauf  quelques  rapports  et 
notes  insérés  dans  les  Bulletins  de  l'A- 
cadémie royale  de  Belgique,  a  été  don- 
née ci-dessus  avec  l'analyse  de  ses 
découvertes. 


*liwartae  (NICOLAS- JosEPH),  oé  à 

S(;herpenzeel  (Prusse)  en  1805  (*), 
commença  ses  études  à  Liège  et  .se  flt 
recevoir  docteur  en  philosophie  à  l'U- 
niversité de  Louvain  en  1850,  époqoe 

n'ont  pas  répondu  à  son  alkmte  :  les  molé- 
cules sont  restées  jusqu'ici  inaccessibles  à 
nos  instruments  optiques. 

(*)  M.  Schwariz  est  naturalisé  belge. 


937 


SPR 


938 


oà  la  FacuHé  4e  Liège  ftit  supprimée 
eC  remplacée,  jusqu'en  1835,  par  une 
Facullé  likre.  M.  Schwartz  n'avait  pas 
attendu  son  diplôme  pour  se  frayer  une 
carrière  :  il  avait  débuté  dans  rensei- 
gnement moyen  dès  4823,  au  Collège 
royal  de  Tongres.  Deux  ans  plus  tard, 
il  passa  au  Collège  royal  de  Ruremonde 
en  qualité  de  professeur  de  poésie  ;  en- 
in  il  occupa  au  Collège  royal  de  Diest„ 
de  1829  k  4853,  la  chaire  de  rhéto- 
rique. Désireux  d'agrandir  sa  sphère 
d'activité,  il  prit  alors  la  résolution 
de  revenir  à  Liège,  pour  suivre  les 
cours  de  la  Faculté  de  médecine.  Les 
circonstances  le  ramenèrent  à  l'ensei- 
gnement, mais  cette  fois  sur  un  plus 
grand  théâtre.  Ses  études  médicales 
à  peine  terminées  (4837),  il  fut  nommé 
agrégé  à  l'Université  de  Liège,  chargé 
des  cours  d'histoire  de  la  philosophie 
et  de  géographie  physique  et  ethno- 
graphique. Ce  dernier  cours,  porté  au 
programme  de  la  Faculté  des  lettres  en 
1835,  fut  supprimé  par  la  loi  de  48i9. 
M.  Schwartz  resta  et  est  encore  aujour- 
d'hui titulaire  de  Yhùtoire  de  la  philo- 
sophie ancienne  et  modemey  étude  priml- 
livemeiit  exigée  des  candidats  en  philo- 
sopliie,mais  désormais  réservée,  en  ver- 
tu de  la  loi  qui  est  encore  en  vigueur,  aux 
seuls  élèves  du  doctorat.  M.  Schwartz  a 
été  en  outre  chargé,  pendant  la  maladie 
deTandel  (v.  ce  nom)  des  cours  de  mé- 
taphysique et  d*esthètique,  et  après  la 
Biori  de  ee  professeur,  du  cours  de  lo- 
gique, à  titre  de  suppléant  de  M.  Loo- 
mans.  Ces  trois  cours  ont  été  dans  la 
suite  attribués  à  M.  A.  Le  Roy  (v.  ce 
nom).  La  promotion  de  M.  Schwartz  k 
Textraordinariat  date  de  4839;  il  est 
professeur  ordinaire  depuis  4863.  Il  a 
£iit  partie,  pendant  plusieurs  années, 
do  jury  central  institué  par  la  loi  du  27 
septembre  4i35. 
M.  Schwartz  a  publié  : 

4«  De  genio  Socratis  (Levan.  4830), 
dissertation  inaugurale  pour  le  docto* 
rat. 

2^  De  verdedigina  van  Sokrates  door 
Platon,  uit  het  grieksch  in  het  neder- 
duUsehe  vertaela,  met  eene  inleiding, 

3*  Sur  rimportance  des  études  clos- 
signes^  trad.  de  l'allemand    de   Fr. 


Tbtersch  (avec  des  notes  critiques).  — 
Ce  travail  a  paru  dans  le  Journal  his- 
torique  et  littéraire  de  P.  Kersten. 

4*  Manuel  d'histoire  de  la  phiioêo* 
^hie  ancienne.  Liège,  Oudart,  un  vol. 
in-8^  (Deux  éditions  :  la  dernière,  ti- 
rée à  2000  exemplaires,  est  presque 
épuisée).  —  L'auteur  a  particulièrement 
mis  it  profit  les  travaux  de  M.  lienri 
Ritter. 

5*^  Des  Universités  et  de  Forganisme 
des  sciences  universitaires ,  tra<l.  de  l'al- 
lemand de  Staudenmaier  et  précédé  d'une 
introduction  sur  les  rapports  de  la  phi- 
losophie et  de  son  histoire  avec  les  antres 
sciences,  surtout  avec  tes  sciences  natu- 
relles. Liège,  Oudart,  4845,  un  vol. 
in-8o.  —  Le  traducteur  se  place,  aînsf 
que  l'auteur,  au  point  de  vue  de  l'école 
théologique. 

6^  Discours  d'ouverture  du  cours  de 
logique  (34  février  4854),  inséré  dans 
le  Moniteur  de  rEnseignementt  t.  tV 
(première  série). 

7**  Les  derniers  hishriens  de  Henri 
ée  Gand,  travail  inséré  dans  la  Collec- 
tion des  Mémoires  de  V Académie  royale 
de  Belgique  (4859). 

•prinu  (Joseph-Antoine),  0.  :^,  né 
à  Geroldsbach,  royaume  de  Bavière,  lo 
8  avril  4814,  a  été  naturalisé  Belge  par 
la  loi  du  30  janvier  \%(il(grande natu- 
ralisation conférée  conformément  au 
§  4  de  l'art.  2  de  la  loi  du  27  septembre 
4835.)—  Il  a  fait  ses  éludes  moyennes, 
d'abord  au  Gymnase  de  Ste-Ânne  à 
Augsbourg,  puis  à  celui  de  S*-Étienne 
(même  ville).  A  l'examen  d'État  exigé 
en  Bavière  pour  passer  aux  études  su- 
périeures, il  reçut  laqualiÛcationd'^mé- 
nent.  L'Université  de  Munich  brillait 
alors  du  plus  vif  éclat;  le  roi  Louis  I, 
alors  au  début  de  son  règne,  ne  se  con- 
tentait pas  de  rassembler  autour  de  lui 
les  erands  artistes  et  d'embellir  sa  ca- 
pitale, mais  stimulait  de  tout  son  pou- 
voir le  zèle  des  savants  et  faisait  con- 
sister sa  gloire  à  inaugurer,  pour  l'Al- 
lemagne du  midi,  un  nouveau  siècle  de 
Péridès.  La  philosophie  était  en  grand 
honneur,  et  1  école  de  Schelling  révélait 
son  double  caractère  en  passionnant 


939 


SPR 


940 


r- 


d^une  pari  la  jeunesse  pour  les  plus 
hautes  manifestations  de  Tesprlt ,  de 
Tautre  en  poussant  à  une  investigation 
assidue  et  approfondie  de  la  nature, 
dont  les  merveilles  et  les  harmonies 
n'étaient  pour  elle  qu'une  autre  expres- 
sion, une  expression  sensible  du  prin- 
cipe unique  et  étemel.  Cest  dans  ce 
milieu  favorable  au  développement  de 
toutes  les  facultés  humaines  que  M. 
Spring  se  trouva  transporté  en  quittant 
Augsbourg  ;  il  eut  la  chance  heureuse 
de  s'initier  à  la  science  sous  des  maî- 
tres qui  savaient  la  vivifler  et  Téclairer 
du  flambeau  de  la  philosophie.  Le 
grand  penseur  Schelling,  le  philologue 
Thiersch,  Thistorien  Buchner,  le  physi- 
sienSieber,  Tastronome  Gruithuysen, 
les  minéralogistes  Fuchs  et  von  Kobell, 
les  botanistes  von  Martius  et  Zuccarini, 
les  zoologistes  G.  U.  von  Schubert  et 
André  Wagner,  les  chimistes  A.  Yogel 
et  Buchner,  le  jurisconsulte  von  Bayer 
trouvèrent  en  lui  un  auditeur  zélé.  Ayant 
pris  part  au  concours  pour  une  ques- 
tion de  philosophie  et  de  sciences  na- 
turelles, il  remporta  la  palme  et  fut 
ensuite,  après  avoir  passé  les  examens 
réglementaires,  proclamé  docteur  lau- 
réat en  philosophie  et  en  sciences  natu- 
relles (1835).  Dans  la  Faculté  de  méde- 
cine, il  étudia  Tanatoniie  et  la  physio- 
logie sous  la  direction  spéclal<i  de 
Dôllinger,  la  médecine  interne  sous  les 
professeurs  von  Ringseis  et  von  Loc, 
la  chirurgie  sous  Ph.  von  Walther,  les 
accouchements  sous  Weissbrod.  S'étant 
de  nouveau  présenté  au  concours  uni- 
versitaire pour  la  question  de  médecine, 
il  fut  une  seconde  fois  déclaré  premier 
et  reçut  le  diplôme  de  docteur  en  méde- 
cine^ en  chirurgie  et  en  accouchements 
avec  la  qualification  lauro  coronatus 
(1856).  II  visita  ensuite  les  Universités 
étrangères  et  fit,  en  1839,  un  séjour  de 
six  mois  à  Paris  pour  visiter  les  hôpi- 
taux, suivre  les  cours  du  Collège  de 
France  et  se  livrer  à  des  travaux  parti- 
culiers au  Muséum  d'histoire  naturelle. 
Il  avait  eu  roccasion,  dès  Tépoque  de 
son  séjour  à  Munich ,  de  remplir  diffé- 
rentes fonctions  rentrant  dans  la  spé- 
cialité de  ses  études.  De  1835  à  1837, 
il  avait  été  attaché ,  en  qualité  d'aide- 
naturaliste,  aux  collections  botaniques 


de  TEtat  et  au  jardin  botanique  de  la 
capitale,  sous  la  direction  de  M.  de 
Martius:  la  science  des  plantes  resta 
plus  tard  l'objet  de  l'une  de  ses  études 
de  prédilection.  Pendant  l'épidémie  de 
183G-1837,  il  fut  médecin-adjoint  pour 
le  service  du  choléra.  Il  reçut  le  titre  de 
médecin  assistant  à  l'hôpital  général  et 
à  la  clinique  du  professeur  von  Loé, 
qu'il  suppléa  pendant  sa  maladie  et  après 
sa  mort,  jusqu'à  la  nomination  de  son 
successeur.  IJne  nouvelle  vie  allait  bien- 
tôt commencer  pour  lui;  il  devait  trou- 
ver dans  la  Belgique  une  patrie  d'adop- 
tion. Par  arrêté  royal  du  5  octobre 
1839,  il  fut  nommé  professeur  ordinaire 
à  l'Université  de  Liège ,  chargé  des 
cours  de  physiologie  humaine  et  com- 
parée, et  d'anatomie  générale  et  des- 
criptive. H  a  changé  d'attributions  de- 
puis la  nomination  de  M.  Schvirann 
(v.  ce  nom)  ;  il  figure  aujourd'hui  au 
programme  pour  les  cours  de  pathologie 
générale  et  de  clinique  médicale. 

M.  Spring  a  pris  une  très-grande  part 
à  la  discussion  et  à  la  solution  des 
questions  soulevées  depuis  quelques 
années,  en  Belgique,  à  propos  du  ré- 
gime des  Universités.  U  a  été  appelé  à 
siéger  au  Conseil  de  perfectionnement 
de  l'enseignement  supérieur  ;  il  a  fait 
partie  des  Commissions  spéciales  char- 
gées, en  1853  et  en  1861,  de  préparer 
un  projet  de  loi  sur  les  jurys  d*examen. 
Il  est  l'auteur  d'un  système  de  jury  qui 
a  reçu  l'approbation  unanime  de  TUni- 
versité  de  Liège,  et  qui  ne  peut  man- 
quer d'attirer  l'attention  sérieuse  du 
parlement ,  lorsqu'on  se  décidera  enfin 
à  sortir  du  provisoire.  Il  a  revêtu  l'her- 
mine rectorale  pendant  le  triennium 
1861-1862,  1862-1863  et  1863-1864; 
il  a  dû  la  reprendre  en  1866-1867,  à 
titre  de  pro-recteur,  après  la  mort  de 
Fr.  Kupfferschiaeger  (v.  ce  nom). 

M.  Spring  préside,  depuis  1815,  le 
Conseil  de  salubrité  publique  de  la 
province  de  Liège  ;  de  1852  à  1857,  il 
a  été  membre  du  Comité  d'inspection 
des  établissements  d'aliénés  des  asiles 
provisoires  et  de  passage  dans  l'arron- 
dissement de  Liège;  de  1853  à  1856, 
président  de  V Association  générale  des 
médecins  de  la  province  de  Liège,  ins- 
titution d'une  haute  utilité  pratique,  et 


941 


SPR 


942 


à  laquelle  il  a  rendu  de  grands  ser- 
vices (*).  Dès  1841,  il  est  entré  dans 
l'Académie  royale  des  sciences,  des 
lettres  et  des  beaux-arts  de  Belgique  à 
titre  d'associé;  l'arrêté  qui  lui  confère 
la  grande  natiu*alisation  ayant  fait  dis- 
paraître l'obstacle  qui  l'empêchait  d'être 
nommé  membre  titulaire  de  ce  corps 
savant,  l'Académie  lui  a  conféré  cette 
qualité  le  15  décembre  1864.  En  1843, 
il  a  été  nommé  membre  correspondant, 
et  en  1859,  membre  honoraire  de  l'A- 
cadémie royale  de  médecine  de  Bel- 
gique. Il  est  en  outre  membre  étranger 
de  l'Académie  royale  des  sciences  et 
des  lettres  de  Munich  ;  membre  de  l'A- 
cadémie impériale  allemande  Léopoldo- 
Caroline  des  curieux  de  la  nature,  co- 
gnamine  Heracîides;  correspondant  de 
la  Société  médico-physique  de  Flo- 
rence; id.,  de  la  Société  royale  des 
médecins  suédois,  à  Stockholm  ;  mem- 
de  la  Société  royale  des  sciences  de 
Liège  ;  id.  de  la  Société  royale  belge 
de  botanique;  correspondant  étranger 
de.  la  Société  de  biologie  de  Paris;  id. 
de  la  Société  royale  de  botanique  de 
Ratisbonne;  àeYAntwerpsch  Hruid- 
kundig  genootschap;  de  la  Société  phy- 
tologique  d'Anvers;  de  la  Société  des 
sciences  naturelles  et  médicales  de 
Bruxelles  ;  de  la  Société  impériale  d'E- 
mulation d'AbbevilIe;  de  la  Société 
Senckenberg  des  naturalistes,  à  Franc- 
fort s/m  ;  de  la  Société  des  médecins 
badois  pour  l'avancement  de  la  méde- 
cine publique  et  légale ,  de  l'Académie 
d'archéologie  de  Belgique,  etc.— Cheva- 
lier de  l'Ordre  de  Léopold  depuis  le  50 
septembre  1851,  il  a  été  promu  au 
grade  d'officier  du  même  ordre  national 
le  21  novembre  1862.  —  Malgré  ses 
occupations  multiples  et  les  soins  in- 
cessants que  réclame  une  des  clientèles 
médicales  les  plus  considérables  de 
Liège  (*),  M.  Spring  a  publié  un  grand 
nombre  de  travaux  scientiflques  dont 
l'Importance  est  généralement  appré- 
ciée. Nous  donnons  la  liste  exacte  et 
aussi  complète  que  possible  de  ses 

(  '  )  V.  les  ADDëes  corr  esp.  du  Scaipel, 
journal  médical  publié  k  Liège  par  M.  le 
docteur  Festraerte. 

(*)  M.  Spring  s  eu  l'honneur  d'être  dési- 


principaux  ouvrages,  ne  mentionnant 
que  pour  mémoire  un  nombre  Inflni  de 
notes,  articles  de  revues,  discours, 
rappoKs,  correspondances,  analyses 
bibliographiques,  etc.,  dispersés  dans 
divers  recueils  périodiques  et  acadé- 
miques de  l'Allemagne,  de  la  Belgique 
et  de  la  France. 

L  Médecine  clinique. 

1°  Dediversisptteumophthi8eos8j}ecie' 
bus  (Diss.  inaug.).  Monachii,  1858,  br. 
ln-8*. 

2"  Ueber  Ursprung,  Wesen  utid  Ver- 
breitung  der  wandernden  Choiera.  Mit 
Beziehungen  auf  die  Epidémie  in  Mûn- 
chen  1856-1857.  Munich,  1857,  un 
vol.  in-8». 

5*^  Note  sur  le  traitement  du  choléra 
asiatique  (Bulletin  dei'Acad.  de  méde- 
cine de  Belgique,  t.  VllI),  1849. 

Les  idées  de  l'auteur  oui  rallié  de  plus  en 
plus  la  majorité  des  praticiens. 

4«  Note  sur  deux  observations  de 
dislocation  du  cœur  (Ibid.,  2*  série,  t. 
Il,  n«  10.  1858). 

5°  Note  sur  des  larves  d'œstrc  déve- 
loppées dans  la  peau  d^un  enfant  (Ibid., 
2«  série,  t.  IV,  n^  5,  1861). 

6^  Note  sur  un  cas  d'aphasie^  symp- 
tomatique  d'une  hémorrhagie  du  lobe 
frontal  gauclie  du  cerveau  (Ibid.,  2"  sé- 
rie, t.  VllI,  n»  8,  1865). 

Il  s'agit  d'une  question  d'une  haute  im- 
portance psychologique. 

IL  Pathologie  générale. 

7®  Sur  une  mucédinée  développée  dans 
la  poche  aérienne  abdominale  d'un  plu- 
vier doré  (Bull,  de  VAcad.  royale  des 
sciences^  etc.  de  Belgique,  t.  XV,  1848). 

8**  Des  champignons  qui  se  dévelop- 
pent dans  les  œufs  de  poule  (Ibid.  t. 
XIX,  1852). 

Eipériences  tentées  en  vue  de  la  doctrine 
du  parasitisme  comme  théorie  générale  de 
la  maladie. 

9^  Symptomatologie ,  ou  Traité  des 

gné  par  le  Roi,  dès  le  commencement  du 
mois  d'août  1868,  pour  coopérer,  en  qualité 
de  médecin  consultant,  au  traitement  de  S. 
A.  R.  le  Doc  de  Brabant. 


947 


STE 


948 


»  fondée  sur  une  juste  pondération  entre  les 
»  deux  tendances  scientifique  et  pratique, 
»  on  conçoit  qu'une  trop  grande  prépondé- 
»  rance  de  Tune  sur  l'autre  doit  nécessaire- 
»  ment  nuire  à  la  marche  de  ces  institutions 
»  et  ftnir  par  amener  leur  décadence.»  Or, 
l'équilibre  désirable  n'existe  pas  dans  les 
Universités  belges  depuis  1835.  L'origine 
de  ce  mal  doit  être  cherchée  dans  les  sys- 
tèmes d'examen  décrétés  en  4835  et  en  4849. 
Il  importe  donc  de  préparer  les  voies  âi  un 
système  nouveau.  La  liberté  de  l'enseigne- 
tnent,  proclamée  par  la  Constitution,  n'aurait 
jamais  donné  lieu  à  des  difficultés  si  les 
Universités  n'avaient  eu  à  s'occuper  que  de 
l'enseignement  proprement  dit;  mais  il  ne 
s'agit  de  rien  de  moins  que  de  régler  les 
conditions  d'admission  è  l'exercice  des  pro- 
fessions libérales.  Or,  comment  régler  ces 
conditions  en  ce  qui  concerne  l'enseignement 
libre  ?  Exiger  une  série  de  grades,  n'est-ce 
pas  gêner  la  liberté,  et  pour  être  logique, 
ne  faudrait-il  pas  décréter  la  liberté  det 
professions,  sauf  il  maintenir  les  diplômes  à 
titre  de  recommandation  seulement  ?  Appli- 
qué à  la  Belgique  actuelle,  dit  l'auteur,  ce 
système  conduirait  à  Vattarchie.  On  ne  peut 
pas  davantage  soutenir  la  thèse  contraire, 
c'est-à-dire  prétendre  que  la  loi  ne  doit  s'in- 
quiéter que  des  établissements  de  l'État  :  ce 
serait  établir  le  monopole,  la  dictature  de 
l'État  en  fait  d'enseignement.  En  présence 
de  ces  difficultés,  M.  Spring,  après  s'être 
livré  à  une  critique  approfondie  des  examens 
actuels,  propose  :  i^  d'établir  une  distinc- 
tion entre  les  grades  scientifiques  et  les 
épreuves  professionnelles;  S»  d'abandonner 
la  collation  des  premiers  aux  Universités, 
aux  Universités  libres  comme  à  celles  de 
l'État  ;  Z^  de  faire  conférer  la  licence  d'exer- 
cer les  professions  d'avocat,  de  médecin, 
etc. ,  par  un  jury  central  institué  en  vertu 
de  la  loi.  Ce  système  avait  été  indiqué,  dès 
4836,  par  l'Université  de  Gand  ;  au  fond, 
c'est  le  système  prussien  modifié  pour  être 
rendu  applicable  à  la  Belgique.  A  Liège  une 
combinaison  analogue  avait  rallié  en  4844 
un  assez  grand  nombre  de  suffrages,  pres- 
que la  majorité  ;  H.  Louis  Duperron  (H. 
Trasenster;  v.  ce  nom)  s'était  prononcé  dans 
le  même  sens  en  1848;  M.  Frère-Orb&n,  enfin, 
venait  d'inviter  (4854)  la  Chambre  des  repré- 
sentants è  méditer  sur  la  convenance  qu'il  y 
aurait  à  no  plus  exiger  officiellement  que 
deux  examens  :  l'examen  d'élève  universi- 
taircy  dabiturient,  comme  on  dit  en  Alle- 


magne, et  l'examen  final,  professionnel.  Les 
esprits  étaient  donc  préparés,  ce  semble  ;  et 
certes,  l'opportunité  de  la  question  n'aurait 
pu  et  ne  saurait,  aujourd'hui  encore,  être 
mise  en  cause.  H.  Spring  a  finalement  rallié 
l'opinion  de  tous  ses  collègues  de  Lîége  ; 
quant  k  la  solution  légale,  elle  se  fait  attendre 
d'année  en  année.  Sans  essayer  de  démontrer 
combien  il  serait  désirable  que  celte  solution 
fût  prompte,  rappelons  seulement  avec  notre 
auteur  et  avec  l'Université  liégeoise  que 
l'institution  du  jury  professionnel  ofl'rirait 
un  double  avantage  :  4«  elle  rendrait  la 
liberté  aux  Universités  et  au  mouvement 
scientifique  du  pays  ;  les  Universités  con- 
féreraient des  grades  scientifiques,  et  dans 
l'opinion  publique,  tant  vaudrait  l'Université, 
tant  vaudrait  le  diplôme;  2o  elle  garantirait  la 
société  contre  les  effets  de  la  liberté  elle- 
même,  le  gouvernement  ne  faisant  que  rem- 
plir son  devoir  social,  en  prenant  des  pré- 
cautions à  l'égard  de  l'exercice  des  profes- 
sions dangereuses, 

55<^  Note  sur  la  question  du  jurypro- 
/eMtonn^/,  rédigée  en  collaboration  avec 
M.  le  professeur  Trasenster(v.  ce  nom, 
n*  17  de  la  Bibliograpkie). 

34^  De  Vesprit  scientifique  à  notre 
époque  et  dans  nos  Universités  (Dis* 
cours  rectoral  de  1862).  Liège,  1862, 
in-8*. 

55<>  De  la  science  instinctive  (Dis- 
cours rectoral  de  1865).  Liège»  1863, 
in-8°. 

36**  Des  bases  littéraires  et  morales 
des  études  médicales  (Discours  rectoral 
de  1864).Liége,  1864,  in-8». 


eitc»eher  (Auguste-Jeam),  né  à  Gand 
le  11  octobre  1820,  a  fait  toutes  ses  étu- 
des  en  cette  ville  et  subi  devant  le  jury 
central,  en  1841  (12  octobre),  rexamen 
de  docteur  en  philosophie  et  lettres (*). 
Ses  débuts  dans  l'enseignement  da- 
tent de  Tannée  suivante;  il  fut  chargé 
par  intérim  des  cours  de  grec  en 
rhétorique  et  en  seconde  à  rAlhéoée 
de  Gand,  attaché  à  TEcole  spéciale 
du  génie  civil  en  qualité  de  professeur 
de  littérature,  enfin  nommé  répétiteur 


(*)  Quatre  récipiendaires  étaient  ce  jour- 
là  sur  la  sellette  ;  tous  quatre  sont  entrés, 
depuis,  dans  l'enseignement  universitaire. 
C'étaient  feu  G.  Callier,  plus  tard  écbevin  de 


Gand  et  professeur  à  l'Université  de  cette 
ville  ;  M.  L.  James,  actuellement  professeur 
à  l'Université  libre  de  Bruxelles  ;  enfin,  MM. 
J.  Stecber  et  Alph.  Le  Roy. 


949 


STE 


980 


de  latin  à  rUniversité.  M.  Yan  de Weyer 
le  porta  sur  la  liste  des  agrégés  de 
Gand  (1845),  et  l'envoya  passer  quel- 
ques mois  à  Paris,  pour  y  compléter 
des  études  philologiques  spéciales. 
Rentré  en  Belgique,  il  reprit  ses  fonc- 
tions à  l'Université  et  consacra  les  loi- 
sirs qu'elles  lui  laissaient ,  soit  à  des 
travaux  littéraires ,  soit  à  des  confé- 
rences ou  lectures  publiques  du  soir, 
organisées  dans  le  local  et  sous  le  pa- 
tronage de  la  Société  littéraire  gantoise. 
De  1847  à  1850,  la  série  des  confé- 
rences données  par  M.  Stecber  forma 
tout  un  cours  de  littérature  comparée. 
Plus  tard,  à  Liège,  non  seulement  il 
ouvrit  de  nouveau  des  cours  publics 
(en  1865-64,  sur  V histoire  polUique  du 
théâtre  de  Molière;  en  1864-65,  sur  la 
formation  de  la  prose  française  au  XVI* 
siècle)^  mais  encore  il  donna  de  nom- 
breuses conférences  k  la  Société  d'E- 
mulation de  ('«tle  ville,  au  Cercle  artis- 
tique de  Bruxelles,  à  Anvers,  à  Bru- 
ges, à  Louvain,  à  Verviers,  à  Namur, 
et  finalement,  jusque  dans  les  campa- 
gnes, des  séances  destinées  à  répandre 
dans  la  masse  du  peuple  le  goût  de 
rinstruction.  Ce  fut  dans  ce  dernier 
but  qu'il  contribua  à  fonder  à  Liège, 
en  1866,  la  Société  Franklin  (*),  qu'il 
accepta  la  présidence  de  la  section  lié- 
geoise de  û  Ligue  de  renseignement  ('), 
qu'il  collabora  aux  Causeries  populaires 
de  M"'»deCrombrugghe,  etc.  (*).  M.  Ste- 
cber a  quitté  la  Faculté  des  lettres  de 
Gand  en  1850,  pour  entrer  dans  celle  de 
Liège,  où  renseignement  normal  des 
humanités  venait  de  recevoir  sa  pre- 
mière organisation  régulière,  en  même 
temps  que  le  doctorat  en  philosophie 
et  lettres  y  prenait  de  l'importance,  à 
raison  de  la  promulgation  récente  de  la 
loi  sur  l'enseignement  moyen  (v.  col. 
869,  note).  Des  cours  normaux  lui  fu- 


rent d'abord  confiés  ;  ayant  égard  aux 
convenances  de  ses  nouveaux  collègues, 
il  les  échangea,  avant  même  d'entrer  en 
fonctions  ,  contre  les  cours  universi- 
taires de  latin,  de  grec  et  d'histoire  lit- 
téraire de  l'antiquité  destinés  aux  élèves 
du  doctorat;  il  resta  néanmoins  pro- 
fesseur de  grec  à  l'Ecole  normale, 
lorsque  cet  établissement  fut  détaché 
de  l'Université.  L'arrêté  qui  le  nomma 
professeur  extraordinaire  lui  conserva 
ces  attributions;  en  1860,  il  obtint 
l'ordinariat ,  mais  en  même  temps  fut 
placé  dans  des  conditions  toutes  nou- 
velles. La  mort  de  Baron  ayant  laissé 
vacante  la  chaire  d'histoire  de  la  litté- 
rature française ,  M.  Stecber  consentit 
à  se  charger  de  cet  enseignement  et  à 
renoncer  à  ses  cours  de  langues  an- 
ciennes ;  en  revanche ,  il  eut  mission, 
d'exposer,  à  l'Ecole  normale ,  les  prin- 
cipes généraux  de  la  littérature  et  de 
faire,  pour  les  élèves  de  l'Ecole  des 
mines,  un  cours  de  style  et  de  ré- 
daction. Dans  l'hiver  de  1866  - 1867, 
il  organisa  en  outre,  pour  les  étudiants 
des  diverses  Facultés  et  des  Ecoles  spé- 
ciales, des  conférences  d'analyse  litté- 
raire qui  furent  suivies  par  un  grand 
nombre  d'auditeurs.  Dans  son  cours 
^'histoire  de  la  lillérature  française 
destiné  aux  élèves  de  la  Faculté  des 
lettres  ,  le  successeur  de  Baron  suit 
une  méthode  particulière,  en  rapport 
avec  les  habitudes  de  la  critique  con- 
temporaine. Tout  en  s'attachant  à  étu- 
dier, à  analyser  directement  les  grands 
monuments  français ,  au  point  de  vue 
esthétique ,  il  a  soin  d'en  compléter 
l'interprétation,  soit  pal*  des  faits  de 
l'histoire  politique,  soit  par  des  exem- 
ples tirés  des  littératures  étrangères. 
Cette  méthode  ofi're  l'avantage  d'in- 
téresser les  élèves  aux  idées  littéraires 
autant  qu'à  la  forme  ^  en  même  temps 


(')  La  Société  Franklin  publie  un  journal 
et  un  almanach  populaires  ;  elle  tient  en 
outre,  chaque  dimanche,  une  séance  publique 
à  la  fois  littéraire  et  musicale;  dès  1867, 
enfin ,  elle  a  organisé  des  cours  du  soir  qui 
sont  très-fréquentés.  Elle  est  présidée  par 
M.  Em.  Dupont  (fils  de  l'honorable  professeur 
énérite),  membre  de  la  Chambre  des  repré- 
sentants et  avocat  à  Liège. 


(  ')  Il  a  résigné  ces  fonctions  en  1868. 

(')  II  s'est  intéressé,  dans  les  derniers 
temps,  à  la  question  de  l'enseignement  se- 
condaire des  filles  :  il  a  ouvert,  en  1868,  une 
série  de  conférences  littéraires  à  Vlnatitut 
supérieur  fondé,  pour  les  demoiselles,  par 
Mm«  la  baronne  de  Waha-de  Chestret  et  di- 
rigé par  M*"*  Pauline  Braquaval. 


961 


STE 


952 


4|Q*elle  permet  au  professeur,  sans  sor* 
tir  de  sou  sujet,  de  se  livrer  à  des 
études  comparées,  dans  le  sens  du  cours 
facultatif  confié  autrefois  à  Lesbrous- 
sart  (v.  ce  nom)  et  aujourd'hui  sup- 
primé. •-  I>e  1850  à  «855,  M.  Stecher 
a  été  secrétaire  do  jury  d'élève  univer- 
sitaire pour  k  ressort  de  la  Cour  d'ap- 
pel de  Liège  ;  il  est  membre  du  jury  du 
Concours  général  des  Athénées  depuis 
1846  ;  il  fait  également  partie,  depuis 
ptttsleurs  années,  des  jurys  des  Ecoles 
spéciales  (ponr  les  épreuves  littéraires). 
Il  a  rempli  les  fonctions  de  secrétaire  du 
Conseil  académique  en  1864-1 865;  enfin 
il  aélé,poiir  la  période  de  1858  à  1862, 
run  des  juges  du  Concours  qnhiquen- 
nal  de  littérature  française  (*).  —  M. 
Stecher  a  déployé,  depuis  1845  ,  une 
grande  activité  littéraire,  principale- 
ment comme  critique  et  comme  pubK- 
ciste.  Ses  écrits  sont  dispersés  dans 
«ne  foule  de  revues  et  de  journaux;  il 
existe  cependant  des  tirages  séparés 
de  la  plupart  des  morceaux  d'une  cer- 
taine étendue.  L'énumération  suivante 
n'a  pas  la  prétention  d'être  complète. 

A.  Publications  en  langue  flamande. 
!«  (Sous  le  pseudonyme  Lieven  Ever- 
wyn)  a.  Levensicftets  van  J.  van  Arte- 
vel4e  ;  b.  De  eersie  Fransche  Revoluiie 
(brochures  populaires);  c.  De  Batrioten- 
tyd  ("dans  le  Broedermin);  2«  Don  Qui" 
jote,  étude  littéraire  (dans  le  Redcryker 
d^Anvers,  1853);  S""  Etude  sur  Lessing 
(comme  critique  dramatique)  dans  le 
Leesmnseum  de  Gand  (1856,  n''  8); 
4*  Onpartydige  volkshistorie  der  Bel- 
gwehe  Grondwet.  Gent  (Leuven),  1851, 
în-12«.— Ce  dernier  livre,  écrit  en  185! , 
en  présence  de  certaines  tendances  ut- 
tra-néeriandalses,  eut  pour  but  de  popu- 
lariser les  idées  constitutionnelles  mo- 
dernes dans  les  provinces  flamandes 
de  la  Belgique.  L'auteur  compare  les 
libertés  dont  nous  jouissons  aujour- 
d'hui aux  anciennes  franchises  des  com- 
munes et  des  corporations  du  moyen- 
âge.  Il  indique  une  sorte  de  philoso- 
phie de  la  Constitution  belge  ;  les  mé- 
morables discussions  du  Congrès  na- 
tional sont  analysées  à  la  fin  du  volume. 


B.  En  français  :  l"*  PvMicûtwns  cêu- 
cernant  la  Flandre,  son  histoire  et  sa 
littérature.  A*  Histoire  du  mauvemnt 
pmand  (dans  la  Flandre  Hbérak^  1847). 

—  M.  Stecher  prouve  que  la  vitalité  da 
Flamand  a  toujours  été  en  raison  directe 
des  progrès  politiques  du  pays,  et  qae 
c'est  à  tort  que  des  dilettanti  lui  attri- 
buent une  sorte  d'existenceabstraite.— 
B-  Renaissance  flamande  (dans  ki  Retm 
trimestrielle,  t.  IX).  —  Pas  de  salot 
pour  le  Flamand  s'il  ne  s'inspire  :  a.  des 
libertés  et  des  nécessités  modernes:  b, 
des  Anglais  plutôt  que  des  Allemands. 

—  C,  Flamands  et  Wallons.  Liège , 
1859,  in-li^".  —  L'auteur  cherche  à  élai- 
btir  qu'aucun  grand  événement  de  l'his- 
toire nationale  n*a  pivoté  sur  l'antago- 
nisme des  Wallons  et  des  Flamands  ; 
qu'au  contraire  la  nationalité  belge, 
telle  que  nous  la  concevons  aujour- 
d'hui, a  été  comme  présentée  et  prépa- 
rée par  les  relations  interprovinciales 
de  trois  groupes  :  Flandre  (flamande 
et  wallonne),  deux  fois  unie  au  Hainaat; 
Brabant  flamand  et  wallon  ;  Principauté 
liégeoise  (11  villes  wallonnes,  12  villes 
thioises).  M.  Stecher  a  développé  la 
même  thèse  dans  plusieurs  conférences, 
pour  combattre  la  Uiéorie  des  frontières 
naturelles  ;  la  Belgique^  k  ses  yeoi,  a 
sa  raison  d'être  dans  sa  Constitution 
même.  ^D.De  Vesprit  d'association  chez 
les  Germains  (introd.  au  livre  de  M.  F. 
Devigne  sur  les  gildes  et  les  corpora- 
tiens),  —E.  Traduction  et  préface  de  la 
Guerre  des  paysans  de  M.  H.  Conscience 
(Liège,  1853,  2  vol.  in-12*). 

2**  Notices  biographiques  et  études 
d'histoire  littéraire.—  A.  Dans  V Album 
des  Belges  célèbres  (Brux.,  1845)  :  Go- 
defroy  le  Barbu  ;  Ph.  de  Commines.  — 
B.  Dans  le  Messager  des  arts,  etc.,  de 
Gand  :  le  poète  Zevecole.  —  C.  Dans  la 
Flandre  libérale:  l'historien  Jacques  de 
Meyer.  •—  D.  Dans  \ Annuaire  de  la  So- 
ciété d'Émulation  de  Liège  :  a.  Notice  sur 
Ackersdyck;^.  Le  grand  pied  de  Berthe 
(tradition  rattachée  à  la  mythologie  ger- 
manique); c.  Mandeville  à  Liège  ;seIon 
Fauteur,  nous  ne  possédons  du  récit  de 
l'illustre  voyageur  anglais  qu'on  texte 


(  *  )  Ce  mandat  a  été  renouvelé  poar  la 
période  suivante,  et  le  jary  a  nommé  M. 


Stecher  rapporteur  (v.  n9  5), 


953 


THI 


9S4 


considérableBQentinter|iolé);({.Uneépo« 
pée  bourgeoise. —  E. Ùa^&\u Revue  tri- 
vusirieUe  :  Euripide  révolutioDaaire  (t. 
XV:  a.  Euripide  u*élait  pas  un  espritlort, 
comme  l*a  pensé  Baron  ;  il  n*a  été  traité 
de  misogyne  que  parce  qu'il  rêvait  pour 
la  femme  une  autre  condition  que  cette 
que  lui  faisait  le  paganisme)  ;  b.  l^e  plus 
ancien  poète  de  la  bourgeoisie  (t.  XX  : 
les  anciens  appelaient  Hésiode  le  poète 
des  Ilotes;  nous, Béotiens  belges,  nous 
devons  voir  en  lui  le  poète  du  travail); 
c.  Origine  boudbique  du  plus  anciendes 
contes  dévots  (t.  XXTIII  :  les  allégo- 
ries mytholdgiques  donnent  naissance 
à  des  légendes  ;  la  propagande  conteuse 
des  Bouddhistes  a  influé  sur  Timagina- 
tion  des  plus  libres  narrateurs  du  moyen 
âge  et  de  la  Renaissance).— F.  Préface 
du  Théâtre  liégeois  (Ué^,  4854).  —  G. 
Schiller  et  la  Belgique  (à  propos  d*une 
fêle  coramémorative  du  grand  poète, 
célébrée  par  la  Société  d'Emulation  de 
Liège.  —  H.  Étude  sar  les  proverbes 
vyallons  (Liège,  4S6i,  in-S'*)  (M.  —  /. 
Articles  sur  les  Trouvères  belges,  dans 
la  Biographie  nationale,  t.  IL  —  /.  Les 
voyages  de  Marco  Polo  (Echo  des 
Flandres,  1855). 

y  Linguistique,  etc.  a-  Études  sur 
Humboldt  {Chronique  contemporaine  et 
rétrospective,  Gand,  4849).  b.  Analyses 
des  doctrines  linguistiques  de  G.  de 
HumboldL  Tournai,  in-8°  (inséré  d'a- 
bord dans  le  Moniteur  de  Renseignement), 
c.  Études  linguistiques  sur  la  gram- 
maire comparée  de  Bopp.  Ibid.  (Id.)  — 
Par  le  premier  de  ces  deux  travaux, 
l'auteur  a  voulu  populariser  en  Bel- 
gique l'étude  physiologique,  historique 
et  comparative  des  langues.  Il  croit 
avec  Humboldt  qu'on  a  tort  de  s'en 


tenir  à  la  grammaire  abstraite  et  géné- 
rale. Les  langues  reflètent  les  individua- 
lités nationales  ;  on  doit  les  étudier  an 
point  de  vue  physiologique  autant  qu'au 
point  de  vue  de  la  logique  pure  (*  ).  — 
L'élude  sur  Bopp (4857) est  encore  plus 
directement  linguistique.  L'auteur  dé- 
dare  que  l'étude  parallèle  des  divers 
grammaires  indo-européenne  est  émi- 
nemment propre  à  rendre  plus  facile 
et  plus  approfondie  l'étude  des  langues 
classiques. 

io  Un  mot  sur  les  libéraux  hollan- 
dais (Progrès  pacifique,  Liège  4852, 
în-8'';. 

5^  Jury  du  concours  quinquennal  de 
littérature  française.  Période  de  4865- 
4857.  Rapport  à  M.  le  ministre  del'lnté- 
rieur.  Bruxelles,  Deltombe,  48G8,  in-8^. 

Le  prix  qoinqueoDal  a  été  déoerad  *  à  M. 
Gh.  PotYÎii.  —  Le  jury  était  composé  de  MM. 
Ch.  Faider  (président),  A.  de  Glosset  (secré- 
taire), de  Monge,  J.  Fuerison,  le  prësideai 
Grandgagnage,  Stecber  (rapporteur)  et  Van 
Bcromel. 

G^  Articles  de  pédagogie,  d'histoire 
littéraire  et  de  critique  dans  la  Revue 
de  rinstructian  publique  en  France  (Pa- 
ris), le  Moniteur  de  renseignement  (Tour- 
nai), les  Annales  de  renseignement  pu- 
blic (Verviers) ,  le  Messager  de  Gand^ 
le  Journal  de  Gand,  le  Journal  des 
Flandres,  le  Précurseur  d'Anvers,  le 
Journal  de  Liège,  la  Meuse  et  VÊcho  de 
Liège. 

xtiiry  (Victor)  ®,  né  à  Dînant  le 
51  juillet  1847,  a  fait  de  fortes  études 
au  Collège  de  cette  ville.  ~  11  fréquenta 
ensuite  l'Université  de  Liège,  pour  se 
préparer  à  la  carrière  du  barreau.  Il 


{*)  Ce  morceau  sert  d'introduction  au 
Diaionnaire  des  Spots  (v.  Tari.  Alph.  Le 
Rot,  bifoliûgr.  n»  44). 

(*)  Nous  ne  pouvons  résister  au  désir 
d'insérer  ici  un  extrait  de  la  lettre  adressée 
k  M.  Stecber,  le  29  janvier  1862,  par 
Alexandre  de  Humboldt ,  au  sujet  de  V Ana- 
lyse dont  il  s'agit.  Dans  les  derniers  temps 
de  sa  vie,  l'illustre  savant  avait  pris  le  parti 
de  renoncer  à  toute  correspondance  ;  cette 
exception  mérite  d'être  signalée,  c  Ce  serait, 
»  dit-il,  manquer  au  premier  devoir  de  piété 


»  envers  un  frère  qui  m*était  infiniment  snpé- 
»  rieur  en  savoir  et  en  étendue  de  connais- 
w  sauces,  que  de  ne  pas  vous  offrir  l'hommage 
»  affectueux  de  ma  vive  reconnaissance.  Vous 
»  avez,  par  votre  spirituelle  analyse  et  par 
■  la  comparaison  critique  des  opinions  bien 

>  confusément  émises  en  Allemagne,  vérifié 
»  l'étude  de  la  philosophie  des  langues,  ra- 
»  mené  le  vague  des  discussions  au  véritable 
»  but  que  Guillaume  de  Humboldt  a  cm 

>  atteindre 


958 


THI 


956 


subit  avec  un  grand  éclat,  en  1Si2,  les 
examens  de  docteur  en  droit  et  de  doc- 
teur en  sciences  politiques  et  adminis- 
tratives, et  retourna  s'établir  à  Dînant. 
Mais  il  ne  devait  pas  y  faire  un  long 
séjour  :  son  aptitude  pour  l'enseigne- 
ment avait  été  remarquée,  et  le  gou- 
vernement ne  laissa  pas  échapper  l'oc- 
casion de  lui  ouvrir  la  carrière.  M. 
Thiry  fut  nommé,  en  4845,  agrégea 
la  Faculté  de  droit  de  notre  Université. 
Il  tint  à  faire  immédiatement  ses  preu- 
ves, et  n'bésita  pas  à  se  rendre  chaque 
semaine  à  Liège,  où  il  ouvrit  un  cours 
sur  l'histoire  du  droit  couturoier.  En 
i847,  il  obtint  le  titre  de  professeur 
extraordinaire;  outre  l'histoire  du  droit 
coutumier,  il  eut  mission  d'enseigner 
l'histoire  politique  moderne ,  par  suite 
de  la  mise  à  la  retraite  de  Destriveaux 
(v.  ce  nom).  Ce  dernier  courséchut  l'an- 
née suivante  à  M.  J.-G.  Macors,  ;  en 
échange,  M.  Thiry  fut  chargé  du  cours 
de  droit  civil  élémentaire  avec  A.  Rulh 
(v.  ce  nom).  A  ces  attributions  vint  s'a- 
jouter, en  1849,  le  cours  de  droit  com- 
mercial, qui  n'a  plus  changé  de  titulaire 
Jusqu'à  ce  jour.  Sur  ces  entrefaites  fut 
promulguée  la  loi  organique  du  45  juil- 
let 1849,  qui  modifia  profondément, 
dans  toute  son  économie,  l*enscigne- 
ment  du  droit  civil.  Le  cours  de  droit 
civil  élémentaire  disparut  du  programme 
de  la  candidature;  un  seul  cours  ap- 
profondi sur  la  même  matière  fut  main- 
tenu pour  les  élèves  du  doctorat,  et  ré- 
parti  entre   deux    professeurs,    qui, 
poursuivant  leur  enseignement  respec- 
tif devant  le  même  auditoire  pendant 
deux  ans,  passèrent  ainsi  alternative- 
ment de  la  première  à  la  seconde  année 
du  doctorat,  dédoublé  d'ailleurs  en  deux 
examens.  M.  Thiry  eut  pour  collègue, 
dans  l'accomplissement  de  cette  tâche, 
M.  de  Savoye;  seulement,  jusqu'à  la 
mort  de  Téminent  jurisconsulte  Du- 
prct,  il  partagea  avec  ce  dernier  l'en- 
seignement de  son  tour  de  rôle.  Dupret 
fut  enlevé  à  la  science  le  40  mai  4854 
(v.  son  art.);  son  successeur  naturel 
était  M.  Thiry,  qui  fut  promu  à  l'ordi- 
nariat  le  50  septembre  suivant.  —  M. 
Thiry  a  fait  partie  du  Conseil  de  per- 
fectionnement de  l'enseignement  supé- 
rieur; il  a  rempli,  en  48G2-48G5,  les 


fonctions  de  secrétaire  du  Conseil  aca- 
démique. Il  s'est  beaucoup  occupé  de 
questions  uni versitaires,entr*autres  des 
difficultés  qui  ont  été  soulevées  k  pro- 
pos da  règlement  des  pensions.  —  On 
lui  doit  aussi  plusieurs  dissertations 
importantes  sur  des  questions  de  droit, 
savoir  : 

4^  Le  légataire  universel  en  concours 
avec  des  héritiers  en  réscne,  ou  le  lé- 
gataire à  titre  universel  sont-ils  tenus 
des  dettes  de  la  succession  ultra  vires^ 
à  moins  qu'ils  n'acceptent  sons  bénéfice 
d'inventaire  ?  {Revue  des  revues  du  droU^ 
t.  XV;  Bruxelles,  4852). 

2°  Les  Sociétés  civiles  sont-elles  des 
personnes  juridiques  distinctes  de  celles 
des  associés  ?  {Revue  critique  de  légis- 
lation et  de  jurisprudence  j  t.  V  ;  Paris, 
4854). 

3^  Des  rapports  existant  dans  les 
Sociétés  civiles  entre  les  associés  et 
les  tiers  {Ibid.,  t.  YII,  4855). 

4''  Quel  est  le  sens  du  mot  tiers,  dans 
Fart.  4  de  la  loi  belge  du  46  décembre 
4851,  sur  le  régime  hypothécaire?  Au 
nombre  des  tiers  qui  peuvent,  en  vertu 
de  cet  article,  opposer  le  défaut  de 
transcription,  faut-il  compter  les  créan- 
ciers chirographaires  ?  {Belgique  judi- 
ciaire, t.  XIV;  Bruxelles,  4856). 

S^"  Conciliation  des  art.  4  et  5  de  la 
loi  du  46  décembre  4854,  sur  le  régime 
hvpothécaire,  avec  les  art.  4069  à  4072 
dû  Code  civil  (Ibid.,  t.  XIV,  4856). 

6"*  Du  droit  qui  appartient  au  man, 
sous  le  régime  de  communauté,  relati- 
vement à  l'acceptation  des  successions 
à  sa  femme  {Revue  critique  de  législation 
et  de  jurisprudence,  t.  XI  ;  Paris  4857). 

7^  De  l'hypothèque  testamentaire  éta- 
blie par  la  loi  du  46  décembre  4854 
{Belgique  judiciaire,  t.  XV,  4857). 

8°  Pour  apprécier  si  le  fermier  a  droit 
à  une  remise  proportionnelle  du  fer- 
mage conformément  aux  articles  4769 
et  4770  du  Code  civil,  ne  doit-on  pren- 
dre en  considération  que  la  quantité  de 
fruits  qui  ont  péri,  ou  bien  faut-il  en 
outre  tenir  compte  de  la  valeur  i^énale 
de  ceux  qu'il  recueille?  (Rente  pra- 
tique du  droit  français,  t.  XIV;  Paris, 
4857). 


957 


TRA 


9f8 


9^  Les  donations  d'immeubles  à  venir 
faites  par  contrat  de  mariage,  sont-elles 
assujélies  à  la  transcription  par  Farticle 
\  de  la  loi  du  46  décembre  4851  ?  (Bel- 
gique judiciaire,  l.  XVI,  4858). 

iù^  Du  contrat  de  mariage  des  mi- 
neurs. Bruxelles,  4863,  in-8». 

M.  Thiry  a  en  outre  publié,  dans 
différents  recueils,  un  assez  grand 
nombre  d'articles  bibliographiques. 

Tra»enfiter  (JeAN-LoUIS) ,  ^,  est 

né  à  Beaufays  (province  de  Liégé)  le  iO 
.  février  4816. —  Sorti  des  classes  d'hu- 
manités du  Collège  de  Liège  avec  le 
certificat  summû  cum  laude^  il  suivit 
à  rUniversilé  les  cours  de  la  Fa- 
culté des  sciences  et,  à  partir  de  1855, 
ceux  des  Ecoles  spéciales,  à  mesure 
qu'ils  s'organisèrent.  Il  obtint  au  con- 
cours, le  47  décembre  4858,  le  titre  de 
conducteur  des  mines,  et  le  26  mars 
1842,  fut  nommé  de  la  même  manière 
sous-ingénieur  de  l'Etat.  Le  (;ouveme- 
ment  n'avait  pas  attendu,  pour  l'atta- 
cher à  l'enseignement  supérieur,  qu'il 
eût  conquis  tous  ses  diplômes.  H.Tra- 
senster  avait  débuté  à  l'Ecole  des  mines 
dès  le  51  mars  1840,  en  qualité  de  ré- 
pétiteur, chargé  du  cours  destatique  élé- 
mentaire ('}.  Le  7  novembre  1844,  le 
cours  iroportantd'exploitation  des  mines 
lui  fut  confié,  en  remplacement  d'^d.-J. 
de  Vaux,  nommé  inspecteur  général 
des  mines  à  Bruxelles.  Il  eut  en  outre 
mission  de  seconder  ce  haut  fonction- 
naire dans  rinspection  des  éludes.  En 
verlud'un  arrêté  du  11  septembre  1845, 
il  eut  à  suppléer  le  professeur  Lemaire 
comme  inspecteur  de  TEcole  prépara- 
toire. Le  25  avril  1846.  un  arrêté  royal 
lui  conféra  le  rang  et  les  attributions 
de  professeur  extraordinaire  ;  un  autre 
arrêté,  du  25  octobre  suivant,  le  nomma 
Inspecteur  adjoint  des  études  pour  la 
section  d'application  des  Écoles  spé- 
ciales ;  il  est  titulaire  de  ces  dernières 
fonctions,  depuis  le  26  avril  1849.  Le 
5  octobre  de  la  même  année,  il  reçut 
le  grade  d'ingénieur  honoraire  des 
mines,  et  le  22  du  même  mois,  le  titre 


définitif  de  professeur  extraordinaire, 
avec  rang  d'ancienneté  reporté  an  25 
avril  4846;  enfin,  toujours  en  1859, 
il  fut  investi  des  fonctions  de  Secrétaire 
académique.  Sa  promotion  à  Tordina- 
riat  daledu  24  septembre  4855.  Le  50 
septembre  4851,  le  roi  Léopold  I"  lui 
déceraa  la  décoration  de  son  Ordre  ;  le 
9  mai  1865,  il  fut  créé  chevalier  de 
l'Ordre  de  Charles  \\\  d'Espagne.  - 
M.  Trasenster  n'a  pas  rendu  moins  de 
services  à  l'enseignement  moyen  qu'à 
l'enseignement  supérieur.  Il  a  été  chargé 
d'étudier  et  de  préparer  l'organisation 
de  la  section  professionnelle  des  Athé- 
nées et  des  Collèges;  il  a  fait  partie  du 
Conseil  préparatoire  de  perfectionne- 
ment de  l'enseignement  moyen  institué 
le  5  avril  1850,  et  il  est  membre  du  Con- 
seil définitif  de  perfectionnement  depuis 
la  création  de  celte  institution  (16  fév. 
1852).  —  Par  ses  études  spéciales  et 
par  ses  relations  étendues,  il  a  élè  ap- 
pelé à  exercer  une  grande  influence  sur 
le  développement  de  l'industrie  natio- 
nale. Depuis  le  25  juin  1852,  il  est 
membre  de  la  Commission  des  Annales 
des  Travaux  publics  ;  il  appartient  éga- 
lement au  Comité  de  rédaction  de  la 
Revue  universelle.  Depuis  1847,  date 
de  la  fondation  de  ï Association  des  in- 
génieurs sortis  de  VEcole  des  mines  de 
Liège,  il  a  été  réélu  d'année  en  année 
président  de  cette  Société,  qui  compte 
aujourd'hui  450  membres,  parmi  les- 
quels figurent  les  directeurs  des  princi- 
paux établissements  du  pays,  et  nombre 
d'industriels  notables  dispersés  sur  tous 
les  points  de  l'Europe.  M.  Trasenster 
a  été  l'un  des  plus  zélés  promoteurs  de 
V Association  et,  comme  on  vient  de  le 
dire,  il  en  est  resté  le  centre.  L'établis- 
sement d'une  espèce  de  solidarité  entre 
les  anciens  élèves  de  Liège  a  le  double 
avantage  d'aider  les  jeunes  ingénieurs 
à  se  frayer  un  chemin  et  d'entretenir 
chez  tous,  par  Tinstitution  de  concours 
annuels  et  par  la  publication  d'un  re- 
cueil û' Annales,  le  goût  de  la  science 
et  l'amour  du  progrès.  —  M.  Trasen- 
ster a  fait  partie  d'un  grand  nombre  de 
Commissions  spéciales  instituées,  soit 


(I)  Statique  élémentaire  et  principet  de      dynamique. 


959 


TRA 


960 


pour  ramélioralteii  de  renieîgBemeDt 
moyen  ou  supérieur,  soit  pour  la  solu- 
tion de  questions  intéressant  Tindastria 
minérale.  Il  a  participé,  d'autre  part, 
à  diverses  mesures  d'intérêt  public; 
c'est  ainsi  qu'il  a  été  l'un  des  adminis- 
trateurs-fondateurs des  bains  et  lavoirs 
créés  à  Liège  en  1855.  Enfin,  il  a  été 
membre  du  jury  international  de  l'Ex^ 
position  universelle  de  Londres  en  486ft 
et  de  celle  de  Paris  en  4867.  *-  Ses  pu- 
blications sont  nombreuses.  Elles  se  ré- 
partissent naturellement  en  trois  caté- 
gories :  sciences  appliquées  à  llndus- 
trie,  enseignement,  politique. 

l.  Sciences  APPUQuÉEs  A  l'industrie. 

i*^  Recherches  théoriques  et  expéri- 
mentales sur  les  machines  destinées  à 
i'aéragedes  mines  {Annales  des  travaux 
publics,  t.  III,  et  Mém.  de  In  Soc,  royale 
des  Sciences  de  Liège,  t.  Il,  1844). 

Ce  Mémoire  contient  les  résultats  de  dl- 
Terses  expériences  faites  sur  les  machines 
pneumatiques  de  VEspérance  et  de  Marikaye, 
et  un  exposé  de  la  théorie  de  ces  marbiaes 
et  de  celle  des  ventilateurs. 

2"*  Rapport  sur  l'emploi  de  l'air  com- 
primé pour  lefonçagedes  puits  dans  les 
terrains  aquifères  {Ann.  des  tr,  publ., 
t.  VI,  4847). 

Après  avoir  décrit  les  travaux  exécutés 
à  Duuchy  (France),  l'auteur  propose  un 
moyen  appliqué  depuis,  k  Seraing,  pour  faci- 
liter l'emploi  du  procédé. 

5°  Modérateur  applicable  aux  ma- 
chines d'ascension  employées  dans  les 
mines  (Ib.) 

Nota  sur  un  moyen  do  régler  la  vitesse 
des  Fahrkunst,  appliqué  depuis  à  plusieurs 
appareils. 

4*^  Expériences  sur  l'emploi  de  l'é- 
ponge de  platine  pour  la  combustion  du 
grisou  (Ib.) 

M.  Trasenter  soutient,  contre  plusieurs 
auteurs,  que  l'éponge  de  platine  ne  déter- 
mine pas  la  combustion  du  grisou. 

S""  Des  ponditions  de  l*emplol  de  la 
détente  dans  les  machines  à  vapeur 
d^épuisement  (Ib,  t.  VU.  1848). 

Exposé  des  conditions  do  cet  emploi,  avec 
des  formules  très  simples,  pour  calculer  les 
masses  nécessaires  pour  une  détente  don- 
née. 


6*  Recherches  théoriques  sur  les 
roues  pneunatiaues  en  pompes  rota- 
tives daérage  (li.,  t.  XI,  4853). 

6'appuyant  sur  les  expériences  faites  par 
M.  Jochams,  l'auteur  donne  la  théorie  de  ces 
machines  et  des  formules  pour  en  calculer 
l'efTei. 

7^  Des  cuvelaees  en  pierre  de  taille 
(Revue  universelle^  i857). 

L'anteur,  qui  a  iotrodait  ce  système  daas 
deux  charbonnages,  en  expose  le  mode  de 
construction  et  les  avantages. 

8«  Note  sur  une  nouvelle  machine 
d'extraction  de  M.  Demanet  (Ann.  des 
tr.  publics,  t.  XVI,  4858). 

M.  Traseoster  estime  que  le  système  ac- 
tuel, avec  cibles,  a  une  supériorité  incoa- 
testable  sur  tous  ceux  qu'on  a  proposés  jus- 
qu'ici. 

9"*  Notice  sur  l'établissement  en 
Suède  de  machines  d'extraction  à  tiges 
parallèles  ,  dès  l'an  4094  (Revue  univ., 
4859). 

Il  résulte  des  passages  cités  d'm  ancien 
ouvrage  peu  coanu,  que  49es  machines,  îa- 
vaaiées  récemment  et  signalées  comme  une 
nouveauté,  ont  fonctionné  il  y  a  longtemps 
en  âuède  et  y  ont  été  condamnées  par  l'ex- 
périence. 

iù^  Notice  biographique  sur  André 
Dumont  (iiim.  des  tr.  publics,  t.  XIX). 

44«  Exposition  universelle  de  186S. 
Mines  et  travail  des  méîauj:  (Revue  univ. 
4862). 

ta*"  Exposition  universelle  de  1862. 
Rapport  sur  les  métaux  ouvrés  (54* 
classe)  el  les  aciers  (52*  classe). 

Inséré  dans  les  Documenta  et  Rapportt 
publiés  par  le  gouvernement  belge.  Brux., 
i86d,  3  V.  in-80. 

II.  Enseignement. 

I5o  Réforme  de  l'enseignement  su- 
périeur et  du  jury  d'examen,  par  Louis 
Duperron.  Liège,  1848,  in-8*. 

L'auteur  montre  que  les  jurys  d'exameo, 
tels  qu'ils  sont  organisés,  sont  la  négation 
de  la  liberté  de  l'enseignement.  La  consé- 
quence logique  de  cette  liberté,  il  ses  yeux, 
serait  l'émancipation  des  professions  libé- 
rales. En  attendant  que  cette  réforme  puisse 
s'effectuer,  il  demande  qu'on  l'applique  aux 
professions  pour  lesquelles  elle  n'ûSlA*e  aacan 
inconvénient;  quant  aux  autres,  les  jurys 


961 


TRA 


962 


Dommés  par  TElat  se  coDlenteraient  d'un 
examen  pratique,  en  laissant  aux  Universi- 
tés les  examens  scientiflques. 

14^  Rapport  au  ministre  de  l'inté- 
rieur sur  ia  situation  de  l'enseigne- 
ment industriel  dans  les  Collèges  et  les 
Écoles  moyennes  en  1848  (Moniteur 
belge,  1849  :  Rapport  du  ministre  de 
Tintérieur  aux  Chambres  législatives, 
sur  rinstructiOQ  moyenne ,  pendant  la 
période  1842-1848). 

Ce  rapport  fait  connaître  la  situation  de 
l'enseignement  professionnel  dans  les  prin- 
cipaux Collèges  de  la  Belgique  et  à  Aix-la- 
Chapelle.  11  indique  nn  plan  nouveau  d'or- 
ganisation, plan  qui  a  servi  de  base  au 
système  adopté  pour  renseignement  profes- 
sionnel des  Athénées  et  des  Écoles  moyen- 
nes, en  exécution  de  la  loi  du  i  juin  4850. — 
11  a  été  reproduit  dans  le  Moniteur  de  FEn- 
»eignement,  t.  I,  p.  28  et  suiv.,  et  discuté 
dans  un  article  du  même  journal,  ibid,,  p. 
46.  Il  en  existe  deux  éditions  in-S»,  l'une 
publiée  à  Bruxelles,  l'autre  k  Liège. 

15^  Discours  prononcé  au  nom  du 
Conseil  de  perfectionnement  de  Veiisei' 
gnement  moyen,  à  la  distribution  des 
prix  du  concours  général,  le  25  sep- 
tembre 1852. 

Ce  discours,  inséré  dans  le  premier  Rap- 
port triennal  sur  renseignement  moyen  (Pé- 
riode de  186â-54),  fait  connaître  les  prin- 
cipes qui  ont  dirigé  le  Conseil  do  perfec- 
tionnement dans  l'organisation  des  Athénées. 

16^  Considérations  sur  Tinstruction 
obligatoire  en  Belgique.  Liège,  1858, 
ln-8«. 

C'est  la  reproduction  d'une  série  d'ar- 
ticles publiés  sur  cette  question  dans  le  Jour- 
nal de  Liège,  L'auteur  pense  que  l'instruc- 
tion obligatoire  n'est  justifiable,  ni  au  point 
de  vue  du  droit  des  pères  de  famille,  ni  au 
point  de  vue  de  la  liberté.  Elle  est  incom- 
patible avec  la  liberté  de  l'enseignement  et 
des  cultes;  elle  répugnerait  aux  mœurs 
belges  :  elle  serait  exploitée  par  les  partis 
politiques  ;  en  tous  cas  elle  est  inapplicable, 
tant  que  le  nombre  des  écoles  n'est  pas  par- 
tout à  la  hauteur  des  besoins  de  la  popula- 
tion. —  Lorsqu'on  aura  partout  des  écoles 
et  de  bons  maîtres  ,  ajoute  M.  Trascnster  ; 
lorsque  partout  on  s'attachera  &  employer  les 
moyens  d'encouragement  et  les  influences 
morales  dont  on  peut  légitimement  disposer, 

(  '  )  M.  Trasenster  avait  été  chargé,  anté- 
rieurement, de  la  rédaction  du  Rapport  dt 


pour  amener  les  enfants  du  pauvre  à  l'école, 
l'instruction  se  propagera  sans  qu'on  ait  re- 
cours aux  gendarmes,  à  la  prison,  en  un  mot 
à  des  moyens  de  coercition  uniquement  pro- 
pres à  rabaisser  la  dignité  des  citoyens.  — 
L'auteur  insiste  donc  pour  que  l'on  multiplie 
les  écoles  et  les  associations  qui  ont  pour 
objet  la  diiïusion  de  l'instruction;  en  revan- 
che, il  regarderait  comme  une  mesure  im- 
politique, rétrograde  et  pou  constitutionnelle 
l'introduction  du  système  prussien  en  Bel- 
gique. 

n""  Note  rédigée  en  collaboration 
avec  M.  le  professeur  Spring  (voir  ce 
nom)  sur  la  question  du  jury  profes- 
sionnel (Documents  parlementaires  de 
la  Chambre  des  neprésentants),  n«i22, 
Brux.  Devroye  ,  18C2  ,  in-8%  p.  85  et 
suiv. 

Cotte  note,  annexée  à  l'Exposé  des  motifs 
du  projet  de  loi  sur  le  jury  d'examen,  pré- 
senté aux  Chambres  législatives  le  10  mai 
1863,  représente  l'opinion  de  l'Université  de 
Liège  et  celle  de  la  minorité  de  la  Commis- 
sion spéciale  chargée  de  proposer  une  solu- 
tion (').  L'institution  du  jury  combiné  y  est 
l'objet  de  critiques  sérieuses,  et  sous  ce  rap- 
port MM.  Spring  et  Trasenster  sont  d'accord 
avec  leurs  collègues  des  quatre  Universités. 
Le  remède  indiqué  est  une  séparation  com- 
plète entre  les  examens  scientifiques,  qui 
seraient  réservés  aux  établissements  d'en- 
seignement supérieur,  et  l'examen  profes- 
sionnel, le  seul  dont  l'Etat  aurait  à  se  préoc- 
cuper. Ce  système  aurait  pour  effet  de  com- 
promettre le  crédit  des  Universités  qui  déli- 
vreraient trop  facilement  des  diplômes  de 
docteur  ,  et,  d'autre  part,  de  n'admettre  à 
l'exercice  des  professions  libérales  que  des 
personnes  vraiment  dignes  de  la  confiance 
publique.  La  note  de  MM.  Spring  et  Tra- 
senster a  principalement  pour  but  de  recti- 
fier l'idée  fausse  que  la  Commission  elle- 
même  s'était  formée  du  jury  professionnel. 
C'est  le  document  le  plus  net  et  le  plus  pré- 
cis qui  ait  été  publié  sur  ceUe  grave  ques- 
tion, dans  ses  rapports  avec  les  institutions 
nationales  (v.  l'art.  Spring). 

ni.  Politique. 

18o  De  la  nationalité  belge  ou  des 
idées  politiques  et  religieuses  en  Bel- 
gique. Première  partie.  Liège,  1848, 
in-8^ 

Voulant  combattre  les  idées  aventureuses 
issues  de  la  révolution  de  1848  et  contribuer 

r 

rUniversîté  de  Liège  en  faveur  du  jury  pro- 
fessionnel. 


963 


TRO 


964 


à  grouper  les  Belges  autour  do  drapeau  na- 
tional, l'auteur  expose  la  situation  matérielle, 
morale  et  politique  de  la  Belgique.  Il  s'at- 
tache à  établir  que  nos  institutions  constitu- 
tionnelles donnent  il  la  liberté  des  garanties 
beaucoup  plus  fortes  que  les  institutions 
projetées  en  France,  et  prédit,  dès  lors, 
qu'avec  le  système  de  centralisation  qui  existe 
dans  ce  dernier  pays,  et  avec  l'oppression 
que  la  démocratie  fait  peser  sur  les  mino- 
rités, une  dictature  militaire  sera  la  consé- 
quence de  la  révolution. 

19"^  La  Belgique  et  TEiirope,  ou  la 
frontière  du  Uhin.  Liège,  iSUO,  in-S^" 
(deux  éditions). 

Cette  brochure  était  destinée  k  combattre 
les  écrits  sur  les  frontières  naturelles  qui 
paraissaient  alors  en  France  ;  elle  Indiquait 
tout  ce  que  la  Belgique  aurait  à  perdre  à  un 
changement  de  situation,  faisait  ressortir  les 
obstacles  qui  s'opposaient  aux  convoitises 
des  annexionistes  français,  et  montrait  le 
peu  de  fondement  des  inquiétudes  qui  s'é- 
taient répandues  en  Belgique. 

2()^  Note  sur  l*abolition  des  octrois 
en  Belgique. 

Insérée  dans  les  Transactions  of  the  Asso- 
dation  for  the  promotion  of  social  science 
(Londres,  186â). 

2P  Un  grand  nombre  d'articles  dans 
les  journaux  quotidiens  (M.  Traseusier 
prend,  depuis  plusieurs  années,  une 
part  importante  à  la  lédaction  politique 
du  Journal  de  Luge). 

Xrol«ront»lno»  (ArNOLD)  ,  )^  ,  Ué 

à  Saive  le  2  novembre  1817,  commença 
ses  humanités  au  Collège  communal  de 
Liège  et  les  acheva  dans  la  même  ville 
au  Collège  S*-Servais,  alors  dirigé  par 
Fabbé  Juliiot  (').  Il  s*èprit  d'un  vif 
amour  pour  les  langues  anciennes ,  et 
en  poussa  Tètude,  celle  du  grec  surtout, 
plus  loin  qu'on  ne  le  fait  ordinairement 
en  poésie  et  en  rhétorique.  Homère 
exerçait  sur  son  esprit  une  sorte  de 
fascination;  il  le  relisait  sans  cesse,  il 
le  savait  par  cœur.  Ce  fut  dansées  dis- 
positions qu'il  entra,  en  4855,  à  TUni- 


C*)  C'est  aujourd'hui  le  Collège  des  Jé- 
suites. 

(*)  Le  Courrier  de  la  Meuse,  qui  parais- 
sait k  Liège,  passa  le  i«' janvier  4844  dans 
la  capitale  et   prit  le  titre  de  Journal  de 


versllë  de  Louvain,  où,  sans  trop  ré- 
fléchir k  Tavenir,  mais  cédant  à  un 
attrait  irrésistible,  il  se  prépara  à  subir 
l'examen  de  docteur  en  philosophie  et 
lettres.  Tout  en  suivant  les  cours  de  U 
Faculté,  il  apprit  Tallemand,  Tespagnol, 
rUallen,  et  aborda  même,  sous  la  direc- 
tion du  chanoine  Beelen,  les  difficultés 
de  rhèbreu,du  syriaque  et  duchaldéen. 
H  fut  reçu  docteur  le  U  septembre 
1857,  avec  la  plus  grande  distinction^ 
et  obtint  par  suite  une  bourse  de  voyage, 
pour  fréquenter  les  Universités  étran- 
gères. Il  partit  pour  Munich  ao  com- 
mencement de  4838  et  y  resta  deux 
années  entières.  Là,  mettant  Jk  profit  les 
leçons  et  les  conseils  des  grands  maî- 
tres, des  Thiersch,  des  Schelling.des 
Goerreseldes  Baader.et  les  immenses 
ressources  que  lui  préseutait  la  Biblio- 
thèque royale ,  il  acheva  de  sMnitier  à 
Thisloire  et  aux  institutions  de  TOrient, 
de  la  Grèce  et  de  Rome.  Il  revint  ma- 
lade au  pays,  et  dut  consacrer  presque 
toute  Tannée  1840  au  rétablissement  de 
sa  santé,  compromise  par  des  excès  de 
travail.  On  lui  offrit  alors  d*entrer  dans 
le  journalisme  ;  il  accepta ,  sans  trop 
savoir  à  quoi  il  s'engageait.  Attaché  à 
la  rédaction  du  Journal  de  Bruxelles  i^)^ 
il  y  défendit  courageusement  ses  con- 
victions chrétiennes,  mais  y  apprit  à  se 
mettre  en  garde  contre  les  extrêmes  et 
flnil  par  se  sentir  médiocrement  de  goût 
pour  la  polémique  des  partis.  11  se  sen- 
tait attiré  vers  renseignement  ;  tous  ses 
moments  de  loisir,  il  n'avait  pas  cessé 
de  les  consacrer  à  ses  chères  études. 
L'arrêté  du  25  octobre  1945  lui  fit  en- 
trevoir l'heure  de  la  délivrance,  en  lui 
conférant  le  titre  d'agrégé  à  l'Université 
de  Liège.  Vers  la  fln  de  1849,  M.  Rogler 
lui  confia  le  cours  d*histoire  des  litté- 
ratures anciennes.  Il  s^agissait  de  quit- 
ter une  position  de  5000  francs  et  de 
débuter  dans  une  nouvelle  carrière  sans 
traitement,  même  sans  indemnité,  car 
il  n'en  obtint  pas  d'abord.  Telle  était 
alors  la  condition  des  agrégés  chargés 

Bruxelles.  Il  eut  alors  pour  directeur  feu  le 
chevalier  DD.  Stas,  et  pour  rédacteurs  prin- 
cipaux MM.  Troisfontaines,  Gilson  et  J. 
Defossé.  —  V.  Ul.  Capitaine,  Beehtrcke* 
sur  les  journaux  liégeois,  p.  167. 


96S 


TRO 


966 


de  cours  ;  de  plus ,  Tautorisation  d'en- 
seigner ne  s'étendait  pour  eux  qu'à  une 
année  académique,  el  devait  être  régu- 
lièrement redemandée.  M.  Troisfon- 
taines  eut  confiance  en  son  étoile  ;  aussi 
bien  M.  Rogier  lui  avait  promis,  sHl 
réussissait^  de  ne  pas  retarder  trop  long- 
temps sa  nomination  de  professeur  ex- 
traordinaire. Ce  titre  lui  fut  conféré  le 
24  septembre  i857.  L'arrêté  de  nomi- 
nation le  déchargea  du  cours  d'histoire 
littéraire  et  lui  donne  mission  d'ensei- 
gner, concurremment  avec  l'histoire 
politique  de  l'antiquité,  les  antiquités 
grecques  et  romaines  (v.  l'art,  de  Clos- 
set).  M.  Troisfontaines  est  professeur 
ordinaire  depuis  le  24  sept.  4857;  il 
a  rempli,  en  4860-4861 ,  les  fonctions 
de  secrétaire  académique.  —  Plusieurs 
articles  de  M.  Troisfontaines,  publiés 
dans  des  recueils  périodiques  ou  sépa- 
rément, ont  été  fort  remarqués  ou  ont 
même  donné  lieu  à  des  polémiques 
passionnées.  Nous  citerons  entr'autres 
un  travail  critique  sur  Y  Histoire  an- 
cienne de  M.  le  professeur  Altmeyer, 
inséré  dans  la  Revue  de  Bruxelles,  et 
vivement  attaqué  par  M.  A.  Massart 
dans  V Annuaire  de  la  Société  des  étu- 
diants de  r Université  libre  de  cette  ville 
(1840,  p.  452-177).  Deux  notices  con- 
sacrées,l'une  à  son  maître,  J.  deGoerres 
(de  Munich) ,  l'autre  à  l'un  de  ses  amis 
les  plus  chers ,  Léon  de  Closset(4866), 
méritent  encore  une  mention  (*).  Dans 
la  presse  quotidienne,  M.  Troisfontaines 
s'est  surtout  occupé  de  politique  étran- 
gère; pendant  des  années,  il  a  observé 
très-attentivement  la  marche  des  affaires 
européennes  et  publié  de  nombreux  ar- 
ticles sur  les  questions  à  l'ordre  du 
jour.  En  matière  scientifique ,  son  tra- 
vail le  plus  important  jusqu'ici,  est  un 
traité  d'Antiquités  romaines  envisoifées 
au  point  de  vue  des  institutions  politi- 
ques (!"'  édition,  Lié^e ,  Henard,  18G2, 
în-8''  de  184  p.;  2«  édition,  Bruxelles, 
Decq,  4860,  in-8°  de  260  p.).  C'est  la 
première  partie  d'un  travail  considé- 
rable, qui  embrassera  les  antiquités 
religieuses,  militaires,  etc.,  aussi  bien 


que  les  antiquités  politiques  et  judi- 
ciaires. La  première  édition  comprend 
quatre  livres,  la  seconde  cinq  livres , 
précédés  d'une  introduction  sur  les  ori- 
gines de  Rome,  et  spécialement  consa- 
crés aux  différentes  conditions  sociales. 
La  seconde  éditiou  est  de  beaucoup  su- 
périeure à  la  première,  et  tout-à-fait  au 
courant  de  la  science.  On  y  remarque 
plusieurs  théories  nouvelles,  ou  du 
moins  adoptées  décidément  par  l'auteur 
après  de  nouvelles  recherches.  Il  aban- 
donne l'hypothèse  de  la  conquête  de 
Rome  par  les  Etrusques  et  considère  la 
ville  éternelle  comme  une  cité  italique  et 
non  comme  une  cité  latine,  contraire- 
ment à  l'opinion  de  Mommsen.  Il  donne 
de  h  gens  une  définition  qui  à  elle  seule 
en  explique  l'origine  :  La  gens,  dit-il,  est 
un  ensemble  de  familles  unies  par  le 
lieu  de  l'agnation,  mais  ayant  perdu,  à 
cause  de  l'élolgnement  des  temps,  le 
souvenir  de  leur  commune  extraction. 
Il  substitue  le  nom  de  tribus  consan- 
guines aux  expressions  trop  vagues  de 
tribus  de  race  ou  tribus  génétiques.  Il 
fait  comprendre  pourquoi  le  nombre 
des  gcntes  était  illimité,  celui  des  curies 
limité  :  les  curies  étaient  des  corps 
politiques  investis  de  la  souveraineté, 
-personnification  des  trois  tribus  à  qui 
revenait  la  même  part  de  pouvoir,  puis- 
qu'elles formaient  ensemble  un  même 
Etat.  Il  maintient  l'exclusion  des  plé- 
béiens des  curies,  en  tant  que  celles-ci 
étaient  des  corps  politiques;  en  revan- 
che, il  les  y  admet  en  tant  qu'elles 
étaient  des  corporations  religieuses , 
mais  alors  seulement  qu'elles  avaient 
perdu  toute  influence  sérieuse  sur  la 
marche  des  affaires.  Il  soutient  que  les 
Comices  curiales  ratifiaient  l'élection 
des  magistrats  à  imperium;  d'autre 
part,  il  est  porté  à  croire  que  la  ratifi- 
cation des  lois  ne  doit  être  attribuée 
qu'aux  seuls  patriciens  du  Sénat.  Il 
distingue  soigneusement  les  Latins 
d'Italie  des  Latins  extra-italiques,  et 
leur  accorde  le  droit  de  mariage,  qu'il 
avait  cru  d'abord  devoir  leur  refuser. 
Le  chapitre  consacré  au  droit  italique 


(*)  Celte  notice  est  la  reproduction  de 
l'éloge  funèbre  de  L.  de  Closseï,  prononcé 
par  M.  Troisfontaines  le  14  septembre  1866, 


en  séance  solennelle  dans  la  Salle  acadé- 
mique (v.  l'art.  DB  Closset). 


967 


VAN 


968 


est  entièrement  neuf  et  à  peu  près  ex- 
clusivement propre  à  Tautenr.  Le  livre 
de  M.  Troisfontaines  s'adresse  aux  étu- 
diants; la  forme  en  est  sëmi-dévelop- 
pée,  évitant  également  la  sécheresse 
d'un  programme  et  tout  étalage  d'éru- 
dition qui  ne  serait  de  mise  que  dans 
un  travail  destiné  aux  savants  de  pro- 
fession. —  M.  Troisfontaines  prépare 
depuis  longues  années  une  Histoire 
des  Athéniens,  qui  aurait  vu  le  jour  dès 
1857,  si  une  maladie  grave  contractée 
cette  année  même,  et  si  depuis  lors,  des 
fonctions  nouvelles  n'avaient  empêché 
l'auteur  d'y  mettre  la  dernière  main.  — 
M.  Troisfontaines  a  été  nommé  cheva- 
lier de  rOrdre  de  Léopold  le  5  novem- 
bre 1867,  date  du  premier  jubilé  de 
l'Université. 

Van  Aub«»i  (Jean-Chari.es),  né  à 
Meersen  (duché  de  Limbourg)  le  4fév. 
1852,  a  fait  de  bonnes  études  bumani- 
tnires  â  l'Athénée  royal  de  Maestricht. 
—  Il  se  rendit  ensuite  à  l'Université  de 
Gand,  pour  y  suivre  les  cours  de  la 
candidature  en  sciences  physiques  et 
mathématiques.  Au  bout  de  quelque 
temps,  se  sentant  peu  de  goât  pour 
les  sciences  positives,  il  vint  à  Liège 
(18S4)  avec  l'intention  d'embrasser  la 
(^arrière  médicale.  Il  subit  l'examen  de 
candidat  en  sciences  naturelles  avec 
grande  distinction;  dans  toutes  les 
épreuves  suivantes,  il  atteignit  la  plus 
grande  distinction.  Pendant  le  cours  de 
ses  études,  il  concourut  avec  succès, 
tour  à  tour,  pour  la  place  de  prosecteur 
du  cours  d'analomie  et  pour  celle  de 
chef  de  clinique  des  accouchements. 
Désireux  d'entendre  les  maîtres  étran- 
gers, il  alla  plus  tard  fréquenter  les 
écoles  de  Paris  et  de  Berlin,  puis  re- 
vint à  Liège  pour  y  pratiquer  la  méde- 
cine. Ses  services  universitaires  re- 
montent à  4865;  il  est,  depuis  cette 
époque,  préparateur  du  cours  de  méde- 
cine opératoire  et  consenateur  du  ca- 
binet des  instruments  de  chirurgie. 
Son  désir  d'étendre  toujours  ses  con- 
naissances dans  l'art  de  guérir  lui  a 

(*)  La  famille  Yan  Hulst  est  conoac  en 
Hainaut  depuis  le  lemps  de  Marie  de  Hon- 
grie ;  la  direction  des  jardins  royaux  de 


valu  la  position  qu'il  occupe  aujour- 
d'hui dans  l'enseignement.  En  1866,  il 
a  subi  at^ee  la  plus  grande  distinction 
i'examen  de  pharmacien  ;  c'est  en  vertu 
de  ce  nouveau  titrequ'il  a  été  chargé  de 
suppléer  Péters-Vaust  (v.ce  nom)  dans 
l'enseignement  de  la  partie  non  chi- 
mique du  cours  de  pharmacie.  Depuis 
la  mort  de  son  ancien  maître,  M.  Van 
Aubel  est  chargé  seul  des  cours  de 
pharmacie  théorique  et  pratique.  —  H 
a  publié  : 

i^  Quelques  mots  sur  ropération  cé- 
sarienne. Bruxelles,  1865,  in-8^  de  15 
pages. 

Exir.  du  Bulletin  de  tAcad.  rotf,  de  mé- 
decine de  Belgique,  t.  VI,  nfi  9.  L'auteur, 
s'appuy&nt  sur  un  principe  de  Bicbat,  pitH 
pose  un  procédé  enliërement  nouveau,  ayant 
pour  but  de  prévenir  la  péritonite  en  sous- 
trayant le  pins  tôt  possibtc  la  cavité  périto- 
néale  à  tonte  influence  extérieure. 

^  Nouveau  procédé  de  céphalotripsie. 
Bruxelles,  1864,  in-S'^de  12  p.,  avecfig. 

Même  Bulletin,  t.  VII,  n«  7.—  H.  Van  An- 
bel  décrit  un  eéphalotribe  de  son  invention  el 
en  fait  ressortir  les  avantages. 


Van  HuiRt  (Félix-Albxandre-Jo- 
seph)  ,  ^ ,  né  à  Fleurus,  le  19  février 
1799  (*),  eut  pour  premier  maître  le 
curé  de  son  endroit  natal,  puis  fut  en- 
voyé, à  l'âge  de  neuf  ans,  au  presbytère 
de  Moussy-le-Neuf,  près  Dammartin, 
et  de  là  chez  l'abbé  Lefranc,  à  Bru- 
xelles, qu'il  dut  quitter  pour  entrer  aa 
Lycée  de  cette  dernière  ville,  lorsqu'un 
décret  impérialeutenjointauxélèves  des 
pensionnats  particuliers  de  suivre  les 
cours  des  établissements  universitaires. 
Il  obtint  quatre  années  de  suite  le  prix 
d'excellence  ;  reçu  bachelier  ès-lettres, 
il  se  flt  inscrire  à  l'Ëk^oIe  de  droit  de 
Bruxelles  ;  mais  des  affaires  de  famille 
(à  l'époque  de  son  séjour  en  France,  il 
avait  perdu  son  père)  le  forcèrent,  an 
bout  de  six  mois,  d'interrompre  ses 
études  pendant  un  an  et  demi.  Cet  in- 
tervalle fut  consacré  à  l'étude  d'un  pro- 
cès ardu  et  compliqué:  il  plaida  lui- 

Mariemont  y  a  été  une  charge  héréditaire 
jusqu'à  la  Hn  du  XVin«  siècle. 


969 


VAN 


970 


roême  sa  cause  et  la  g[agna.  A  peine  dé- 
barrassé de  cette  affaire,  à  peine  porté 
sur  la  liste  des  étudiants  de  TUniver- 
slté  de  Liège,  il  dut  s*engager  de  nou- 
veau dans  le  dédale  de  la  procédure. 
EnOn,  libre  de  soins,  il  soutint  une 
thèse  De  utilitate  in  Ethicesprœceplis  et 
rerum  pubîicarum  legibus  comtituendis 
considerandà^  et  conquit  le  diplôme  de 
docteur  en  droit,  le  8  mai  1822.  H  n*a- 
vait  pas  attendu  ce  moment  pour  tailler 
sa  plume  :  dès  1818,  il  avait  rédigé  une 
Noike  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  Ser- 
van,  publiée  Tannée  suivante  en  tète  de 
Fédition  liégeoise  des  OEuvres  choisies 
de  ce  jurisconsulte (*).  A  TUniversilé,  il 
s'était  intimement  lié  avec  quelques 
jeunes  gens  d*élite,  dont  Tinfluence  Ten- 
traîna  de  bonne  heure  dans  les  régions 
orageuses  de  la  presse.  Ëni824,  une 
association  se  forma  entre  MM.  Paul 
Devaux  (*),  Lebeau,  Charles  et  Firmin 
Rogier,  Van  Huist  et  Henri  Lignac  (ce 
dernier  imprimeur-éditeur),  pour  fon- 
der, sous  le  litre  de  Mathieu Laensbergh, 
un  organe  de  Fopposition  resté  célèbre. 
M.  Van  Hulst  s'y  occupa  principalement 
de  politique  générale,  et  d'autre  part 
des  projets  de  Code  pénal,  d'instruc- 
tion criminelle  et  d'organisation  judi- 
ciaire. Rien  ne  manquait,  dit  un  écri- 
yain  français,  à  la  prospérité  de  cette 
feuille  :  M.  Devaux  y  apporta  sa  raison 
grave  et  froide,  M.  Lebeau  son  esprit 
caustique  et  mordant,  M.  Charles  Rogier 
sa  plume  chaleureuse,  toujours  pitto- 
resque et  vive  (').  a  Le  Mathieu  Leans- 
fcrr^y,  écrivait  en  1827  VHermte  en  Bel- 
gique, est,  de  tous  nos  journaux,  le 
meilleur;  lui  seul  s'occupe  sans  re- 

(')  Liège,  CûlIardiD,  1819,  S  vol.  in-8«. 
ToDS  les  exemplaires  do  celte  édition  ne 
contienoeat  pas  la  notice  de  M.  Van  Hulst. 
Elle  a  été  réimprimée  en  1843  dans  les  Mé- 
langea, p.  71  et  suiv. 

(*}  M.  P.  Devaux,  celle  mémo  année,  dé- 
dia sa  thèse  à  M.  Van  Hulst. 

(*)  V.  Ul.  Capitaine,  Recherches  tur  les 
Journaux  liégeois.  Liège ,  Desoer ,  1850, 
p.  175.  —  La  correspondance  luxembour- 
geoise fut  écrite  pendant  plusieurs  années 
par  H.  J.-B.  Nothomb,  aigourd'hui  ministre 
de  Belgique  à  Berlin. 

(*)  Ibid.,  p.  176.  <  Sous  le  roi  Guil- 
laume et  au  Congre»,  écrivait  récemment 
If.  P.  Devaux  (lettre  à  V  Impartial  de  Bruges, 


lâche  des  intérêts  de  la  nation  ;  lui  seul 
met  le  vulgaire  au  courant  de  ses  droits 
et  de  ses  devoirs  ;  lui  seul  ose  critiquer 
ceux  des  actes  du  Gouvernement  qui 
semblent  s'écarter  des  véritables  prin- 
cipes du  droit  public  !  »  Une  critique  se 
mêlait  à  ces  éloges  :  VHermite  ne  pou- 
vait comprendre  que  nos  jeunes  et  ar- 
dents libéraux  ménageassent  le  parti 
catholique.  C'est  à  Liège,  ajoutait-il, 
qu'il  faut  le  combattre  corps  à  corps  ; 
mais  le  Mathieu  Laensbergh  cède  mal- 
heureusement âi  des  considérations  trop 
positives . .  .  Rien  n'était  plus  injuste 
que  ce  reproche  !  C'était  par  conviction 
politique  que  MM.  Rogier,  Devaux  et 
consorts  refusaient  de  rompre  en  visière 
avec  les  amis  de  l'épiscopat.  «  En  de- 
mandant que  le  pouvoir  civil  fût  indé- 
pendant du  clergé,  dit  très-bien  M.  U. 
Capitaine,  le  Mathieu  Laensbergh  reven* 
diquait  pour  celui-ci  les  libertés  et  les 
firanchises  que  lui  déniait  le  gouverne- 
ment hollandais  (*  ).»  Le  Mathieu  Laens- 
bergh  n'avait  point  été  fondé  dans  des 
vues  sordides,  mais  au  contraire  pour 
prendre  courageusement  la  défense  des 
intérêts  nationaux,  pour  propager  dans 
le  pays  les  idées  qui  triomphèrent  en 
i850.  Cependant  la  polémique  devenant 
de  plus  en  plus  vive,  on  crut  devoir 
donner  au  journal  un  litre  plus  en  rap- 
port avec  son  caractère.  A  partir  du 
h^  janvier  18â9 ,  il  s'appela  le  Politique. 
Son  influence  ne  ût  que  s'accroître  dans 
le  cours  des  deux  années  suivantes; 
ses  rédacteurs  jetèrent  les  premières 
bases  de  cette  fameuse  Union  sous  la- 
quelle devait  succomber  le  royaume  des 
Pays-Bas  (*).  Ils  n'en  continuèrentpas 

6 janvier  1864),  pourquoi  nous  trouvions- 
nous  dans  les  mêmes  rangs  ?  Pourquoi  avai»- 
je  pu  la  premier  donner  à  doux  opinions 
différentes  l'idée  de  se  rapprocher  dans  ce 
ou'on  a  appelé  l'union  des  catholiques  et  des 
bbéraux?  Parce  qu'à  cette  époque  le  clergé 
et  son  parti  ne  demandaient  et  n'ambition- 
naient que  leurs  libertés.  » 

(■)  V.  la  note  précédente  (Cr.  Th.  Juste, 
Les  fondateurs  de  la  monarchie  belge  : 
Joseph  Vebeau.  Bruxelles,  1865,  in-8<>,  p.  7. 
—  Quelque  temps  avant  la  Révolution,  P. 
Kersten,  rédacteur  en  chef  du  journal  catho- 
lique le  Courrier  de  la  Meuse,  s'entendit  ou- 
vertement avec  SOS  confrères  du  Politique, 


971 


VAN 


972 


moins  à  développer  Tespiit  libéral  dans 
la  province  de  Liège  ;  mais  surlout  ils 
hâtèrent  Tavènement  de  l'indépendance 
belge,  en  combattant  avec  la  plus 
grande  vigueur  les  mesures  impopu- 
laires de  Guillaume  I.  Le  gouverne- 
ment s'émut  à  plusieurs  reprises  :  plu- 
sieurs articles  furent  incriminés  ;  M. 
Yan  llulst  eut  deux  fois  à  plaider  la 
cause  de  M.  Cb.  Rogler  ;  une  autre 
fois,  il  fltrestituer  au  journal  desdroits 
considérables  indûment  perçus  pour  le 
timbre  (*).  Les  citations  tombaient 
comme  grêle;  un  jour,  c'était  Weusten- 
raad  qui  avait  écrit  contre  les  tralnevrs 
de  sabre  (*);  le  16  Juillet  1859,  c'était 
la  rédaction  du  Politique  presqu'au  com- 
plet, que  le  juge  d'instruction  mandait 
chez  lui  pour  s'expliquer  sur  quatre  arti- 
cles injurieux  pour  le  chef  de  l'Etat.  La 
Révolution  suspendit  les  poursuites  ;  le 
Politique  vécut  longtemps  encore,  mais 
dans  des  conditions  nouvelles;  à  l'ex- 
ception de  H.  Lignac,  ses  anciens  ré- 
dacteurs le  quittèrent  pour  devenir  des 
hommes  d'Etat  et  se  charger  ainsi  d'ap- 
pliquer par  eux-mêmes  les  doctrines 
dont  ils  avaient  assuré  le  succès.  M. 
Yan  Hulst  ne  les  suivit  pas  dans  la 
capitale  :  sa  dernière  intervention  dans 
les  affaires  du  temps  remonte  même 
plus  haut  que  la  Révolution  :  nous  fai- 
sons allusion  ù  une  Consultation  qu'il 
publia,  avec  M.  Doreye,  pour  M.  Duc- 
pétiaux  et  de  Potter,  que  le  gouverne- 
ment avait  fait  incarcérer.  Yers  la  fin 
de  i850,  il  fut  mandé  chez  le  gouver- 
neur de  la  province  de  Lié^e,  M.  de 
Sauvage,  qui  l'engagea  à  solliciter  la 
place  d'avocat  des  domaines.  II  hésita 
d'abord  ;  le  gouverneur  passa  outre  et 
le  mit  en  tête  de  la  liste  des  présenta- 
tions. Ce  fut  au  tour  du  ministère  de 
faire  quelques diificultés  ;  enfin  M.  Yan 
Hulst  l'emporta,  et  nous  l'avons  vu  jus- 
qu'à ces  dernières  années  s'acquitter 
avec  un  zèle  infatigable  des  devoirs  de 


sa  charge,  tout  en  consacrant  ses  loi- 
sirs à  des  travaux  littéraires  qui  au- 
raient suffi,  à  eux  seuls,  à  remplir 
l'existence  d'un  homme  moins  actif  et 
connaissant  moins  le  prix  du  temps. 

Les  lettres  ont  exercé  sur  H.  Yan 
Hulst,  depuis  sa  première  jeunesse,  des 
séductions  irrésislibles.  L'enseigne- 
ment de  Rouillé  (v.  ce  nom),  au  Lycée 
de  Bruxelles,  avait  exercé  sur  lui  une 
telle  influence,  que  ce  fut  pour  entendre 
encore  cet  aimable  professeur  qu'il 
choisit,  pour  y  faire  ses  études,  l'Uni- 
versité de  Liège,  où  Rouillé  monta  en 
chaire  dès  4817.  Cependant  ce  ne  fut 
que  plus  tard  que  M.  Yan  Hulst  s'occupa 
tout  ù  fait  spécialement  de  littérature 
française.  Il  eut  d'activés  relations  avec 
Warnkœnig  et  Wagemann,  qui  lui  con- 
seillèrent d'entrer  dans  l'enseignement 
et  de  viser  à  une  chaire  de  philologie. 
Etudiant  en  droit,  il  se  jeta  passion- 
nément dans  l'étude  du  droit  public  et 
du  droit  pénal  sous  la  direction  deDes- 
triveaux  (v.  ce  nom),  qui  ne  se  conten- 
tait pas  de  stimuler  ses  élèves  par  l'é- 
loquence hardie  de  ses  leçons,  mais  se 
plaisait  à  réunir  chez  lui.  tous  les  di- 
manches malin,  pour  les  entretenir  des 
questions  à  l'ordre  du  jour,  quelques 
jeunes  gens  choisis  ,  parmi  lesquels 
MM.  Yan  Hulst,  Barbanson,  Picquet 
(de  Mons),  Yan  Hocgarden,etc. —  Mais 
Rouillé,  devenu  le  beau-père  de  M.  Yan 
Hulst  vers  l'époque  où  celui-ci  s'établit 
comme  avocat,  devint  par  excellence 
son  guide  et  son  modèle.  Ils  vivaient 
sous  le  même  toit  ;  leur  salon,  à  partir 
de  1 H25,  devint  insensiblementun  centre 
où  se  réunissaient  volontiers  les  amis 
des  lettres  et  des  ^rts.  Rouillé  lisait 
admirablement  ;  on  ne  se  lassait  pas 
de  l'entendre  ;  mais  comme  lui-même 
finissait  par  se  fatiguer,  on  prit  le  parti 
de  se  répartir  les  rôles,  et  une  fols 
l'habitude  prise,  on  la  conserva,  même 
après  la  mort  de  Rouillé  (').  On  se  sou- 


(  <  )  £d  cetto  circoDstanco  ,  Raikem  fut 
favocat  du  Courrier  de  la  Meuxe,  Lcsoinne 
celui  du  Journal  de  Liège;  ce  dernier  procès 
est  antérieur  au  changement  de  titre  du 
journal.  Notons  en  passant  que  les  magis- 
trats n'étaient  pas  alors  inamovibles. 

(*)  Il  eut  pour  défenseurs  MM.  Van  Hulst 


et  Jaminé. 

(*)  Rouillé  fut  déclaré  ëmérile  le  46  dé- 
cembre 4830,  par  l'arrêté  qui  supprimait  la 
Faculté  des  lettres  de  Liège.  Ce  fui  un  coop 
de  foudre  pour  lui  comme  pour  Fuss  etCall  ; 
ils  ne  s'attendaient  à  rien.  M.  Van  Halsi 
prit  leur  cause  eu  main.  Nous  avons  rap- 


973 


VAN 


974 


vient  encore,  à  Liège,  de  ces  agréables 
séances  qui  coïncidèrent  avec  un  mou- 
vemenl  littéraire  dont  les  circonstances 
et  les  préoccupations  d'une  société  nou- 
velle ,  entraînée  dans  une  direction 
toute  différente,  ont  singulièrement  ra- 
lenti Fessor.  Nous  voulons  parler  de  la 
Revue  belge,  dont  M.  Van  Huist  fut  un 
des  collaborateurs  les  plus  assidus, 
avec  Lesbroussart  et  M.  Polain  (v.  ces 
noms).  En  1843,  la  Société  pour  Fen- 
couragement  de  la  littérature  nationale 
fut  dissoute  et  la  Revue  cessa  de  pa- 
raître :  M.  Van  Hulst  reprit  seul  tout 
le  fardeau  et  fonda  la  Revue  de  Liége^ 
recueil  plus  spécialement  littéraire, 
qui  ne  vécut  pas  autant  que  son  aîné, 
mais  n*en  eut  pas  moins  une  existence 
honorable  (*).  Au  commencement,  les 
collaborateurs  ne  manquèrent  pas  : 
de  tous  les  coins  du  pays  on  vint  en 
aide  au  courageux  éditeur  ;  mais  peu 
à  peu  le  zèle  se  refroidit,  et  M.  Van 
Hulst  se  vit  obligé,  pour  dissimuler 
son  isolement,  de  rédiger  sous  diffé- 
rents pseudonymes  les  articles  dont 
ses  numéros  étaient  remplis.  La  presse 
périodique  est  un  vampire  insatiable; 
un  moment  vint  (1847)  où  le  fécond 
écrivain  voulut  en  finir  avec  ce  labeur 
ingrat.  Il  ne  brûla  point  ce  qull  avait 
adoré  ;  mais,  résolu  de  remplacer  la 
plume  par  la  parole,  il  se  rappela  que 
M.  Van  de  Weyer,  en  1845,  Tavait 
nommé  agrégé  à  la  Faculté  de  philoso- 
phie de  l'Université  de  Liège.  Une 
chance  d'obtenir  le  cours  d'histoire  de 
la  littérature  française  se  présenta  bien- 
tôt. Ph.  Lesbroussart  (v.  ce  nom) ,  en  de- 
mandant sa  retraite  (1 848),  avait  signalé 
M.  Van  Hulst  à  Tatlentlon  du  gouver- 
nement. On  parlait  de  Weustenraad  (*); 
M.  Sainte-Beuve  fat  nommé.  Lors- 
que l'auteur  des  Portraits  littéraires  et 
des  Causeries  du  Lundi  rentra  en  France, 
Bl.  Van  Hulst  ne  fit  pas  de  démarches  : 
Baron  (v.  ce  nom)  quitta  Bruxelles  pour 
venir  occuper  la  chaire  vacante.  Alors 


M.  Van  Hulst,  qui  n'avait  d'autre  but 
que  de  trouver  à  s'occuper  d'une  ma- 
nière conforme  à  ses  goûts,  ouvrit  un 
cours  public  à  l'Université  (1849).  Il 
s'adressa  moins  aux  étudiants  qu'aux 
gens  du  monde;  il  fit  moins  de  l'his- 
toire littéraire  que  de  la  littérature  pro- 
prement dite,  suivant  en  cela  les  tradi- 
tions de  Sun  beau-père.  Il  traita  des 
sujets  spéciaux,  sans  s'astreindre  à  un 
plan  régulier;  il  n'entra  dansle  domaine 
de  rhistoire  que  pour  mieux  analyser 
les  œuvres  des  grands  maîtres  aux- 
quels il  s'attachait  tour  à  tour.  Les  deux 
premières  années  (1849-1851),  il  fit 
en  outre  un  cours  approfondi  pour 
quelques  élèves  de  choix  ;  quant  aux 
leçons  publiques,  elles  étaient  fréquen- 
tées par  un  auditoire  varié,  notamment 
par  un  grand  nombre  de  dames.  Le  nom 
deM.  Van  Hulst  figure  encore  au  pro- 
gramme, bien  que  l'état  de  santé  du 
professeur  Tait  forcé  de  suspendre  son 
enseignement  depuis  plusieurs  années. 
M.  Van  Hulst  s'est  mis  à  étudier,  dans 
ceâ  derniers  temps,  les  questions  reli- 
gieuses :  une  sér  le  de  Lettres  sur  les  dé- 
fenseurs de  VEglise,  publiées  dans  la 
Gazette  de  Liège  (')  en  fournit  sura- 
bondamment la  preuve.  —  Pour  ne  rien 
oublier,  nous  rappellerons  qu'il  a  fait 
pendant  longtemps  partie  de  la  Société 
d'encouragement  pour  Vinstruction  élé- 
mentaire (v.  l'art.  ARNOi:LD),et  qu'on  lui 
doit  la  révision  de  plusieurs  ouvrages 
classiques  longtemps  répandus  dans 
nos  écoles.  Il  a  aussi  cultivé  l'histoire 
naturelle  et  principalement  l'ornitholo- 
gie (v.  la  Revue  de  Liège).  11  a  publié  : 

1®  Notice  historique  sur  la  vie  et  les 
ouvrages  de  Servan.  Liège,  Collardin, 
1819,  in-8". 

%°  De  utilitate  in  Ethices  prœceptis 
et  rerum  publicarum  legibus  constituen- 
dis  observandà  (Thèse  inaugurale).  Liè- 
ge, Collardin,  1822,  in-4«  de  40  p. 

L'aut6ur  se  rattache ,  eo  économie  poliii- 


pelë  ailleurs  qu'ils  fondèrent  une  Facutié 
liffre. 

(*)  La  collection  de  la  Revue  de  Liège 
forme  8  vol.  in-8*  (1844-1847). 

(  *  )  Poète  di8tjnguë,anteur  du  Remorqueur, 
du  Uaut-foumeau  et  d*une  foule  d'antres 


pièces  qui  ne  sont  pas  oubliées.  Weusten- 
raad était  auditeur  militaire  à  Liège  el  rédac- 
teur en  chef  de  la  Tribune,  qui  avait  rem- 
placé k  la  fois  VEupotr  et  le  Politique. 
(*)  Organe  de  l'opinion  catholique  à  Liège. 


975 


VAN 


976 


que,  aux  idées  de  J.-B.  Say  ;  en  natière  de 
li'gislation  ,  ses  coDcIusioos  aoDt  celles  de 
Bentham. 

5«  Mémoires  et  consultations  juri- 
diques :  a.  Pétition  dn  généra]  Crewe 
h  la  Chambre  des  Communes.  Liège, 
4824,  ln-8«  (*)  ;  b.  Précis  pour  Thon. 
John  Crewe  conire  de  Simoni.  Liège, 

4827,  In-i»;  c.  Consultation  pour  Ch. 
Rogier,  avocat,  et  Lignac,  éditeur  du 
Mathieu  Laensbergh,  contre  les  pom- 
piers de  Liège  (4827),  in-4*;  d.  Précis 
pour  J.-H.  Moraux,  prévenu  de  calom- 
nies envers  deux  officiers  prussiens, 

4828,  in-4<»;  e.  Précis  pour  H.  Lignac 
contre  la  régie  du  timbre  (s.  d.)  ;  f.  Con- 
sultation pour  Ducpétiaux  et  de  Potier 

4 829,  en  collaboration  avec  M.  Doreye)  ; 
g,  Id.  pour  les  entrepreneurs  des  ifcs- 
sageries  générales  de  ta  Belgique  conire 
M.  L.  Pasquet,  directeur  des  dites 
Messageries  à  Liège,  4854,  in-4*;  h. 
Au  roi  (à  Toccasion  du  pillage  de  la 
maison  Orban),  4854,in-8°;  t.  Des  ra- 
vages de  rOurlhe  (4832),  in-8<»  (*)  ;  j. 
Mémoire  adressé  à  la  Régence  de  Liège 
sur  le  cours  du  bras  de  TOurthe  dit 
Fourchu-Fossé,  4834,  in-8*>  (');  *. 
Mémoire  pour  A.  Rally,  gentilhomme 
anglais,  contre  J.-D.-J.  Beliefroid  , 
4832,  in-8"»  (*);  L  Post-scriptum  de 
M.  Rally  (s.d.)*  in-8^  ;  m.  Observations 
contre  M.  Fremersdorf,  4853,  in-8®, 
avec  une  pi.  (•). 

4»  Est-il  juste  de  changer  tes  bases 
de  rimj)ôt  foncier'!  Liège  (s.  d.).  in-8o. 

Extrait  de  la  Revue  t>elge.  Ce  travail, 
commnniquë  au  Congrès  scientifique  de  Liège 
(4835),  révoque  en  doute  l'équité  d'une  ré- 
vision cadastrale.  Il  doit  avoir  été  traduit  en 
anglais. 

5°  Rapport  fait  au  nom  de  la  Com- 
mission de  surveillance  du  Collège  mu- 
nicipal de  Liège,  sur  la  marche  et  le 


résultat  des  études  dans  cet  établisse- 
ment. Liège,  Dessaiu,  4837,  in-8*. 

Imprimé  par  ordre  du  Conseil  communal. 
Le  bourgmestre  Jamme  (v.  ce  nom)  avait 
chargé  M.  Vfln  Huist  de  rinspection  générale 
des  écoles  de  Liège.  11  conserva  ces  fonctions 
80US  l'administration  Tilman.  Kous  avons 
sous  les  yeux  un  Diseoun  qo'il  prononça, en 
184â,  à  la  distribution  des  prix  des  écoles 
communales  gratuites  de  fiUes  (Tiré  k  part, 
4  p.  in-8«). 

6^  Essai  archéologique  sur  Vexistence 
des  jardins  suspendus  de  Babylont, 
Bruxelles,  4837,  în-8°. 

Cette  notice,  précédée  d'un  Rapport  de  M. 
Roulez,  est  extraiic  du  Butl.  de  VAcnd,  rog, 
de  Bruxelles,  t.  V,  p.  373,  47Set  540. 

V  Histoires  incroyables,  par  Palé- 
phate,  traduites  et  annotées  par  Félix 
van  Ilulst.  Liège,  Jeunehomme,  4838, 
in-8«de404  p. 

8^  Notices  sur  des  hommes  illustres 
de  la  Belgique,  insérées  pour  la  plu- 
part dans  la  Revue  belge,  de  485G  à 
4844  :  a.  A'otice  sur  le  général  Jardou 
(s.  d.),  in-8*',  avec  portrait.  —  h >  Lé- 
général  Ransonnet  et  ses  quatre  fils 
(a>ec  portrait),  4836,  in-8^  —  c. 
Le  peintre  J,-G*  Cartier ,  4837  (porlr.). 

—  d.  Le  peintre  iY.-i\.  de  Fassin^  id., 
id.  —  e-  J,-B.Plasschaert,  id.,  id.  (*). 

9«  Vies  de  quelques  Beiges.  Liège, 
Oudart,  4844,  iD-8ode268  p. 

Philippe  de  Commines.  —  Cartier.  —  Fas- 
sin. —  Ransonnet. —  Lambrechts.  — Jardoo. 

—  Plasschaert. 

W  René  Sluse.  Liège,  4842,  in-8« 
de  72  p.  (portr.). 

Rcprod.  du  Bull,  de  VAcad.  royale  de 
Bruxelleê,  t.  VIII,  4«  partie,  p.  43  et  416. 

440  Grétry.  Liège,  4842,  în^*»  de 
99  p.  (porlr.).  —  V.  le  Journal  de 
Liège  du  26  septembre  4842. 


(')  Le  général  Crewe  (plus  tard  pair  d'An- 
gleterre) avait  été  détenu  en  France  à  la  re- 
quête d'un  ex-valet  do  pied  du  duc  de  Bour- 
bon, naturalisé  anglais  en  4806.  Celle  pièce 
est  très-curieuse  à  raison  des  questions  qui 
y  sont  soulevées.  Le  général  Crewe  habitait 
le  château  de  BouUicou  (Sclessin  tez-Liége). 

(*)  A  propos  des  aflbuillcments  du  Four- 
chu-Fossé, près  Fetinne. 

('  )  Les  affouillements ont  continué,  malgré 


les  avertissements  de  H.  Van  Hulst,  dont  la 
Régence  ne  voulut  pas  tenir  compte,  bien 
qu'ils  fussent  appuyés  par  toute  la  Commis- 
sion. 

(*)  A  propos  d'une  contrainte  par  corps, 
(')  Il  s'agit  de  l'expropriation  d'une  partie 
du  pré  de  la  Boverie,  lez-Liége,  pour  les 
travaux  de  la  dérivation  de  la  Meuse,  dont 
M.  Fremersdorf  était  l'entrepreneur. 
(•)  V.  l'art.  Rouillé. 


977 


VAN 


978 


12^  Notices  Jbiographii}ues  publiées 
par  la  Revue  de  Liège,  de  1844  à  1847, 
iû*8^  et  tirées  à  part. 

a.  André  Boussart  (1844).  —  b.  Le 
P.  de  Bossche  {Sidronius  Hosscbius, 
-1844)  (•).  —  c.  Le  P.  Bennepin  d'Ath 
(1845).  —  d.  Rouillé  (1845,  portr.).  - 
e.  Abraham  Ortelius  (1846,  id.)-  —  f- 
Bubert  GoUxius  (id.,  id.).  —  g-  Chris- 
tophe Plantin  (id.,  Id.).  —  /*.  Charles 
de  Langhe  (Carolas  Langius)  et  Liévin 
Vander  Beeke  (Laevinus  Torrenlius) , 
id.  —  i.  Les  neveux  de  Lœvinus  Tor- 
renlius (1847),  S  éditions.  —  j,  André 
Sdiott  (1847,  portr.),  t  éd.  —  k.  Jean 
Gruytere  (Janus  Gruterus),  id.,  id.,  S 
édit. 

1 5o  Notice  sur  Etienne-Joseph  Ltberl 
(jardinier-fleuriste).  Liège  ,  Oudart , 
1845,  in-8^ 

ik^  Mélanges.  Liège,  1845,  in-8''  de 
575  pages  (Dédié  à  L.  Rouillé). 

Analyses  critiques  ;  barreau  français  ;  Ser- 
van  ;  articles  d'économie  politique,  d'arcbéo- 
logie,  de  littérature,  de  jurisprudence  ;  réim- 
(iression  des  morceaux  mentionnés  n^  4, 5, 
6,  etc.  —  Bonne  table  analytique  des  ma- 
tières ;  en  somme  ^  ricbe  recueil  de  faits 
concernant  les  bommes  et  les  cboses  du  pays. 

15<>  Le  Rhin  de  Cologne  à  Mayence; 
ses  châteaux,  ses  ruines,  ses  coteaux  ; 
souvenirs  historiques,  traditions  popu- 
laires, chroniques  et  légendes  qui  s'y 
rattachent,  ou  Excursion  d'un  Belge  en 
Suisse^  V  partie.  Liège,  184*7,  in-8°de 
608  pages. 

Publié  d'abord  dans  la  Hevue  de  Liège, 
M.  Yan  Hulst,  ayant  renoncé  à  faire  paraître 
cette  Revue  en  1B47,  n'a  pas  donné  suite  au 
projet  annoncé  dans  la  S«  partie  du  titre  de 
cet  ouvrage. 

16°  Extraits  d^un  manuel  d'ornitholo- 
gie domestique  y  ou  histoire  naturelle  des 
oiseaux  de  volière,  par  F.  (Félix  Van 
Hulst),  membre  de  la  Société  des  scien- 
ces de  Stockholm ,  de  la  Société  royale 
d'agriculture  de  Lille  et  de  quelques 

(  *  )  Il  existe  deux  éditions  de  ce  travail  ; 
la  seconde  est  très- différente  delà  première. 
La  notice  du  P.  do  Hosscbe  a  été  écrite  à 
l'occasion  du  monument  qu'on  se  proposait 
d'élever  au  célèbre  poète  latin,  dans  la  com- 
mune de  Merckem  (Flandre  occidentale]. 


autres  Sociétés  savantes.  Liège,  Ou* 
dart,  1847,  tn-B^"  de  72  pages. 

Extrait  de  la  Revue  dé  Liège,  tiré  à  35 
exemplaires  seulement. 

17°  Introduction  au  cours  public  dp 
littérature  de  M.  Félix  Yan  Bulst,  con- 
tenant les  deux  premières  leçons,  sui- 
vies d'extraits  et  de  l'analyse  des  au- 
tres leçons  du  l*'  semestre  de  1854. 
Liège,  Dessain,  1854,  in-12^ 

Première  conférence  :  sur  l'alliance  intime 
du  vrai,  du  beau  et  du  bien.  —  Deuxième 
conférence  :  De  l'importance  des  principes 
en  littérature.  —  Le  résumé  des  conférences 
suivantes  est  extrait  de  la  Gazette  de  Liège, 

18°  Rapport  sur  le  Concours  de  poé- 
sie française  institué  à  Toccasion  du 
â5«  anniversaire  de  Tinauguration  de 
S.  M.  Lèopold  I,  adressé  à  M.  le  Mi- 
nistre de  rintèrieur  au  nom  du  jury. 
Bruxelles,  1856,  in-8o. 

p.  20-S9  de  la  brochure  intitulée  :  Fétei 
nationales.  —  Concourt  de  poésie  française 
et  flamande, 

19''  Revue  de  Liège,  1844-1847,  8 
vol.  in-8°  (Liège,  Oudart),  recueil  men- 
suel (*). 

20»  Collaboration  au  Mathieu  Laens- 
bergh;  articles  de  critique  littéraire  dans 
la  Revue  belge  (entre  autres  une  appré- 
ciation des  Fragments  philosophiques 
de  Gibon  :  v.  ce  nom)  et  dans  la  Revue 
de  Liège  ;  Lettres  sur  les  défenseurs  de 
VEglise,  dans  la  Gazette  de  Liège,  etc. 

M.  Yan  Hulst  est  chevalier  de  Tordre 
de  Lèopold  depuis  le  19  juillet  1856. 


*  Yonlatr  (CoNSTANT-FbANÇOIS),  Uè 

à  Créteil  (Seine)  le  21  janvier  1839, 
flt  de  brillantes  études  humanitaires  à 
FÂthénèe  royal  de  Namur  (1850-1855) 
et  se  fit  ensuite  inscrire  à  l'Université 
de  Liège,  où  il  fréquenta  les  cours  de  la 
Faculté  de  médecine.  Il  subit  avec  dis- 
tinction répreuve  en  philosophie  (')  et 

(  »  )  V,  Ul.  Capitaine,  Bech.  sur  les  jour- 
naux liégeois,  p.  217-Î19. 

(*]  Remplacée  aujourd'hui, pour  les  élèves 
en  médecine,  par  un  simple  certificat  de 
fréquentation  (avec  fruit)  du  cours  de  psy- 
chologie. 


979 


VAU 


980 


Texamen  de  candidat  en  sciences; 
tous  les  diplômes  qu'il  conquit  ulté- 
rieurement en  médecine,  en  chirurgie 
et  en  accouchements  furent  obtenus 
avec  la  plus  grande  diatinctim;  le  jury 
de  chirurgie  lui  adressa  même  des  féli- 
citations. Entré  dans  Tarmée  dès  1857 
en  qualité  d'élève  médecin  non  soldé,  il 
reçut  des  appointements  deux  ans  plus 
tard,  et  devint  médecin  adjointen  1862, 
lorsqu'il  quitta  déflnitivement  les  bancs 
de  rUniversité.  Après  avoir  été  succes- 
sivement attaché  aux  hôpitaux  militaires 
d'Anvers,  de  Charleroi,  de  Namur  etde 
Bruxelles,  il  fut  promu  au  grade  de 
médecin  de  bataillon  de  2' classe  (18G6), 
et  tour  à  tour  inscrit  dans  les  cadres  du 
ll^rég.deligneetdul'r  régiment  d'artil- 
lerie. Il  resta  cependant  détaché  à  Bru- 
xelles, où  le  ministre  de  la  guerre  l'a- 
vait chargé,  en  18G5,  de  faire  à  l'Ecole 
militaire  le  cours  d'hygiène.  Démis- 
sionné sur  sa  demande  le  8  février  18G8, 
il  prit  rang  le  18  du  même  mois,  dans  le 
corps  professoral  de  rUniversilé  de 
Liège,  en  qualité  de  professeur  extraor- 
dinaire, chargé  des  cours  d'anatomie 
pathologique  générale  et  de  médecine 
légale  (*).  —  M.  Vanlair  est,  depuis 
1865,  membre  correspondant  de  la 
Société  des  sciences  méidicales  et  natu- 
relles de  Bruxelles^  et  depuis  1866, 
membre  effectif  de  la  Société  anafomo- 
pathologique  de  la  même  ville.  Il  a  été 
chargé  également  en  1866,  de  la  rédac- 
tion des  Archives  médicales  belges.  Il  a 
reçu,  en  4867,  la  médaille  de  2"  classe 
de  la  décoration  civique. 

Bibliographie  : 

1**  Les  Névralgies^  leurs  formes  et 
leur  traitement.  Bruxelles  1865,  in*80. 

Ouvrage  couronné  par  la  Société  dex  Scien- 
ces médicales  et  naturelles  de  Bruxelles. 
Il  en  a  paru  une  traduction  espagnole. 

2°  Articles  divers,  dans   les   Ar- 


chives médicales   belges  ,    savoir   : 

a.  Diagnostic  d'une  tumeur  tuber- 
culeuse du  cervelet(1861)(Aussiàparl, 
Bruxelles,  II.  Manceaux,1869,  in-8''). 

b.  Note  sur  une  épidémie  d'érysipèle 
observée  k  l'hôpital  miliuire  de  Bru- 
xelles ; 

c.  Quelques  mots  sur  l'organisation 
des  Comités  civils  de  secours  pour  les 
armées  en  campagne  ; 

d.  Unicité  du  virus  cbancreux  ; 

e.  Comptes  rendus  d'ouvrages  scien- 
tiflques,  etc. 

y  Dans  le  Bulletin  de  V Académie 
royale  de  médecine  de  Belgique  (t.  III, 
S*  série,  n°  2): 

f.  Contribution  à  Vhistoirecliniquedes 
lymphadénites  viscérales  (Aussi  à  part 
Bruxelles,  H.  Manceaux,  1869.  ln-8* 
de  46  pages). 

YauBt  (Théodore),  igc,  né  à  Liège 
le  4  août  1805,  a  fait  ses  études  au  Col- 
lège et  à  l'Lniversité  de  cette  ville.  Il 
soutint,  en  4828,  une  thèse  Dehcmor- 
rhagià  per  ejchalalionem  oris  pour lob- 
tention  du  doctorat  en  médecine.  Il 
rendit  d*utiles  services  en  1850,  comme 
chirurgien-major  de  la  garde-chique 
liégeoise.  Quand  le  nouvel  ordre  de 
choses  fut  établi,  il  s'adonna  exclusive- 
ment à  la  pratique  civile  et  ne  larda 
pas  à  se  créer  une  clientèle  qui  a  fini 
par  devenir  Tune  des  plus  considérables 
de  Liège.  Nommé  agrégé  à  l'Université 
le  5  décembre  1855,  il  fut  chargé  du 
cours  de  thérapeutique  générale  (y 
compris  la  pharmacx)-dynamique)  ;  il  en 
est  resté  titulaire  (*).  Le  1«  octobre 
1857,  après  la  mort  de  Fohmann  (v.  ce 
nom),  il  fut  en  outre  nommé  chef  des 
travaux  anatomiques  de  l'Université  et 
conservateur  du  cabinet  d'anatomie , 
en  remplacement  de  son  parent  Fran- 
çois Vaust  (').  Professeur  extraordi- 


(  '  )  Y.  les  art.  Royer  et  Hcuse.  —  Nous 
avons  cru  devoir  consacrer  une  notice  à 
M.  Vanlair,  bien  que  sa  nomination  soit  pos- 
térieure au  3  novembre  1867,  afin  de  ren- 
seigner le  lecteur  sur  les  mesures  prises 
pour  remplacer  Royer,  mort  quelques  jours 
avant  la  célébration  du  50«  anniversaire  de 
rUniversité. 

(*)  II  figure  en  outra  au  programme  pour 


le  cours  de  pharmacologie,  y  compris  les 
éléments  de  pharmacie. 

(  '  )  Le  chirurgien  François  Vausl  était  un 
anatomiste  distingué  et  un  habile  opérateur  : 
il  jouissait  à  Liège  d'une  réputation  ncritée. 
Né  k  Liège  en  1794,  il  y  mourut  au  mois  de 
mars  18(0.  On  lui  doit  une  thèse  très  re- 
marquable \De  structuré  et  moiibus  cordis 
(1819),  qui  a  eu  l'honneur  d'être  citée  par 


981 


WAS 


982 


naire  depuis  le  5  octobre  1859,  M.  Th. 
Yaust  a  été  promu  à  rordinaiiat  le  24 
septembre  4855.  Il  a  rempli  pendant 
quelque  temps  les  fonctions  de  médecin 
des  Hospices  civils.  Le  roi  a  récom- 
pensé ses  services  en  lui  décernant  la 
croix  de  chevalier  de  Tordre  de  Léo- 
pold. 

^VaMseise    (ADOLPHE),  né  A  LiégC 

le  iO  septembre  1827,  a  commencé  et 
terminé  ses  études  dans  sa  ville  natale. 
L'exemple  de  son  père(*)  conlribua 


peut-être  à  lui  inspirer  le  désir  d'em- 
brasser la  carrière  médicale  ;  quoi  qu'il 
en  soit,  non  seulement  sa  vocation  se 
révéla  de  bonne  heure,  mais  avant  de 
quitter  les  bancs  deTlIniversité,  il  était 
déjà  fixé  sur  la  spécialité  ù  laquelle  il 
comptait  s*appliquer  de  préférence.  Il 
fut  nommé  chef  de  clinique  obstétricale 
le  29  mai  1852,  et  reçu  docteur  en  mé- 
decine,-en  chirurgie  et  en  accouche* 
ment  le  21  août  1854.  Ses  professeurs 
ravalent  distingué;  ils  le  décidèrent  à 
ne  point  se  séparer  d'eux  et  lui  firent 
obtenir,  dès  le  50  octobre  ^.uivant,  les 


Btchat.  Il  enrichit  le  cabinet  de  l'Université 
d'nne  quantité  considérable  de  belles  prépa- 
rations  du  système  osseux,  de  fines  injections 
des  vaisseaux  sanguins  et  de  préparations 
délicates  du  système  ner>'eux.  —  Son  fils, 
H.  Joseph  Vaust,  est  agrégé  à  la  Faculté 
de  médecine  de  Liège  (1845);  mais  ce  titre 
est  resté  pour  lui  purement  honorifique.  M. 
Joseph  Vaust  est  chirurgien  des  Hospices 
civils  et  des  prisons  cellulaires.  On  lui  doit 
ied  ouvrages  suivants  *• 

40  Manuel  d'accouchements  à  Cusatje  des 
sages-femmes  {lié^e,  4846,  in-80)  ;  2«  iVé- 
moire  (couronné  par  la  Société  académique 
de  Bruges)  sur  l'implantation  du  placenta 
sur  le  col  utérin  (Bruges,  1848,  in-8«);  3« 
Crochet  porte- lacs  (L\é$e.  1853,  in-8»);4» 
Etudes  sur  T emprisonnement  cellulaire  et 
son  influence  sur  la  santé  et  sur  le  moral 
des  prisonniers  'Bruxelles,  1863,  in-S»). 
L'auteur  ne  répudie  pas  le  système  cellu- 
laire ;  mais  il  pense  que  le  maximum  de  la 
peine  doit  être  fixé  à  dix  ans.  —  Le  crochet 
porte-lacs  est  un  ingénieux  instrument  de  l'in- 
vention de  M.  J.  Vaust,  construit  de  manière 
à  ne  jamais  nuire.  A  Taide  d'un  ressort  ren- 
fermé dans  la  tige  creuse,  analogue  à  la 
sonde  de  Belloc,  il  porte  sans  peine,  sur  le 
membre  de  l'enfant  encore  situé  dans  le  dé- 
troit supérieur,  un  fil  conducteur  (|ui  en- 
traine à  sa  suite  le  ruban  {Journal  de  la  Soc, 
des  se.  médicales  et  naturelles  de  Bruxelles, 
avril  1853;  rapport  de  M.  Joly}.  —  M.  J. 
Vaust  est  correspondant  de  plusieurs  Sociétés 
savantes. 

(«)  M.  Ch.  Wasseige,  docteur  en  méde- 
cine et  en  chirurgie,  appartient  depuis  1845, 
comme  agrégé,  à  la  Faculté  de  médecine  de 
Liège;  mais  les  soins  d'une  nombreuse  clien- 
tèle, d'une  part,  et  de  l'autre  les  mandats 
politiques  et  les  fonctions  administratives 
très-diverses  dont  il  a  été  investi,  ne  lui 
ont  jamais  laissé  le  loisir  de  se  vouer  à  ren- 
seignement. Il  a  fait  ses  études  moyennes 


à  Liège  et  à  Maestricht,  ses  études  supé- 
rieures à  Liège  et  à  Paris.  Reçu  docteur 
le  M  novembre  1828,  il  s'est  adonné  à  la 
pratique  civile,  et  n'en  a  pas  moins  consa- 
cré une  large  part  de  son  activité  à  se 
dévouer  avec  le  plus  entier  désintéressement 
aux  intérêts  publics.  11  préside  actuellement 
la  Commission  médicale  de  la  province  de 
Liège,  dont  il  fait  partie  depuis  1840. 
Nommé  en  184S  médecin  de  rhôpilal  des 
cholériques  k  S<Mgathe,en  1848  de  celui  de 
Saint-Abraham,  il  a  encore  rendu,  pendant 
l'épidémie  de  1866,  des  services  qui  lui  ont 
valu  la  décoration  civique  de  S«  classe.  Mé- 
decin suppléant  des  Hospices  civils  de  Liège 
depuis  le  15  février  1843,  il  en  est  devenu 
médecin  titulaire  le  21  février  1851.  Depuis 
le  27  décembre  1843,  il  est  inspecteur  des 
élèves  du  Bureau  de  bienfaisance  ;  le  24 
avril  1850,  il  a  été  nommé  médecin  du  ser- 
vice de  santé  de  la  viUe  de  Litige.  Patriote 
ardent,  il  a  obtenu  la  croix  de  fer  (1835); 
le  21  juillet  1850,  le  roi  Lèopold  K'  lui  a 
décerné  la  croix  de  son  Ordre.  Do  1837 
à  1847  ,  il  a  siégé  à  l'Hôtel- de-Ville  de 
Liège  en  qualité  de  conseiller  communal; 
de  cette  dernière  année  à  1861 .  leâ  électeurs 
du  canton  de  Hollognc-aux-Pierres  l'ont 
chargé  de  les  représenter  au  Conseil  de  la 
province;  il  appartient  de  nouveau  à  ce 
corps  depuis  1864,  comme  mandataire  des 
électeurs  de  Liège.  M.  Ch.  Wasseige  s'est 
intéressé  à  difi'érenles  questions  d'instruc- 
tion publique  et  de  bienfaisance  :  depuis  le 
17  décembre  1849,  il  est  membre  de  la  Com- 
mission administrative  de  l'Institut  royal  des 
Sourds  Muets  et  des  Aveugles  ;  il  la  préside 
depuis  une  dizaine  d'années.  Il  a  été  l'un  des 
fondateurs  de  la  Société  des  Sciences  natu- 
relles de  Liège,  qu'il  a  présidée  en  1824  ; 
en  1845,  il  a  dirigé  la  Société  de  Médecine 
de  la  môme  ville.  On  lui  doit  les  travaux 
suivants  :  1»  Quœdam  de  alterationibus 
membranœ  mueosœgastro-intestinalis  (Liège, 


983 


WAS 


984 


titres  de  préparateur  da  cours  deméde* 
cine  opératoire  et  de  conservaleur  du 
cabinet  de  chirurgie.  Stimulé  par  cette 
marque  de  conflance,  M.  Wasseige  s'at- 
tacha à  IMdée  de  conquérir  une  chaire 
et,  dans  ce  but,  poursuivit  avec  ardeur 
ses  études  scieiUiûques,  sans  négliger 
la  pratique  civile.  Le  professeur  Simon 
(v.  ce  nom)  le  prit  en  affection,  le  re- 
garda bientôt  comme  son  aller  ego  et 
se  plut  à  le  considérer  comme  son  plus 
légitime  successeur.  Lorsque  TUniver- 
silé  eut  le  malheur  de  perdre  cet  homme 
d'élite,  M.  Wasseige  fut  en  effet  chargé 
du  cours  d'accouchements,  par  arrêté 
du  5  décembre  1861.  Sur  le  conseil  de 
son  maître,  il  s'était  mis  en  règle  dès 
le  4  juillet,  en  subissant  les  épreuves  du 
doctorat  spécial  en  sciences  chirurgi- 
cales. Sa  nomination  comme  professeur 
extraordinaire  est  datée  du  12  octobre 
18G5;  ses  attributions  n'ont  pas  été 
changées.  M.  Wasseige  est  en  outre, 
depuis  le  29  mars  18GI,  chirurgien- 
adjoint  des  Hospices  dvils  de  Liège.  Le 
28  novembre  1868,  l'Académie  royale 
de  médecine  l'a  inscrit  au  nombre  de 
ses  correspondants  belges.  —  Il  a  pu- 
blié: 

i^  Description  des  déchirures  du  pé- 
rinée. Liège,  1861,  in-8<'  (Dissertation 
inaugurale). 

2^  Dans  le  Bulletin  de  VAcadémic 
royale  de  médecine  de  Belgique  : 

a.  Cas  remarquable  d'ecstrophie  de  la 
vessie,  avec  anomalie  des  organes  gé- 
nitaux et  spina  bifidn  (t.  XII,  n""  9^ 
1853). 

b.  Notice  sur  un  nouveau  porte*lacs 
(t.  XVl,nMO,  1857). 


c.  Observation  sur  un  cas  de  mon- 
struosité remarquable  (2*  série,  t.  IV, 
n«5). 

d.  Observation  d'une  périnéorapbie, 
avec  quelques  modifications  au  procédé 
Wasseige  (2«  série,  t.  VI,  n»  3, 1863). 

e.  Notice  sur  le  crochet  mousse.  — 
Description  d'une  modification  impor- 
tante apportée  à  cet  instrument  pour 
en  rendre  l'emploi  plus  facile  (2'  série, 
t.  VII,  n«  7,  1864). 

f.  Déformation  considérable  du  bas- 
sin, opération  césarienne,  étranglement 
d'une  anse  intestinale  dans  la  plaie  uté- 
rine, anus  contre  nature,  etc.  —  Gué- 
rison  {2«'  série,  t.  IX,  n»  2,  1866). 

g.  1.  Rétrécissement  du  bassin;  pro- 
cidence  du  cordon  ombilical  ;  embryo- 
tomie  par  la  transforatiou  (Méthode 
de  M.  le  professeur  Hubert). 

2  Rétrécissement  considérable  do 
bassin  ;  diagnostic  de  la  position  exacte 
du  délivre  par  le  palper  abdominal; 
opération  césarienne;  extraction  d'un 
enfant  vivant;  mort  de  la  femme. 

3.  Rétrécissement  du  bassin  ;  accou- 
chement prématuré  artificiel  déterminé 
à  7  1/2  mois,  par  des  cylindres  de  la- 
minaria  digitala  introduits  dans  le  col; 
guérison  (y  série,  1. 1,  n*»  1,  1867). 

3"^  Dans  les  Annales  de  la  Société 
médico-chirurgicale  de  Liège  : 

A.  Rétrécissement  de  l'œsophage 
(1862). 

t.  Série  d'observations  obstétricales 
(nov.  1862). 

j.  Série  d'observations  obstétricales 
(février,  mars,  juillet  et  novembre 
1863). 


Jeunehomme,  1828,  m-4o),  thèse  inaugurale  ; 
30  Rapport  sur  la  communication  des  éviers 
avec  les  ëgoûts  publics  {Bulletin  communal 
de  Uége,  4845}  ;  3o  Mémoire  sur  la  condition 
des  ouvriers  et  le  travail  des  enfants  dans 
les  mines,  manuf.  et  usines  de  la  province 
de  Liège  [Enquête  faite  par  le  ilinisire  de 
l'Intérieur^  Brux.,  Lesigne,  1846,  t.  111, 
p.  488-614^;  40  Discours  sur  la  nécessité  de 
soigner  l'éducation  physique  des  enfants  en 
même  temps  que  leur  éducation  morale  et 


intellectuelle  (Ann,  de  la  Soe,  de  Médecine 
de  Liège,  t.  II.  1865,  p  17);  5«Disc.  sur  le 
choix  d'une  profession  (même  recueil);  6» 
Rapp.  sur  la  colonie  de  Gbeel,  présenté  au 
Corps  médical  des  Hospices  civils  de  Liège, 
le  6  novembre  1843  (Liège,  Desoer,  in-»«)  ; 
70  Une  quantité  de  Rapports  faits  à  ta  Com- 
mission médicale,  sur  des  questions  d'by- 
giène  et  de  sHuhrïié {Archivée  delà  Comm, 
médicale,  1840  à  4869). 


TABLEAU    GÉNÉRAL 


DE    LA 


RÉPARTITION  DKS  COURS  DE  L'UNIVERSITÉ 


DEPUIS  1817. 


A.   Faculté  de  philosophie  et  des  lettres. 


I.  LITTÉRATimB  GRECQUE. 

1847.  F.  Gall(*). 
1855.  G-J.  Bekker. 
i857.  J.-H.  Bormans. 

1865.  P.  Burggraff. 

II.  LITTÉRATURE     GRECQUE    (cOUrS    dU 

docloraO. 

« 

i857.  J.-Ii.  Bormans. 
4851.  J.  Stecher. 
4856.  L.  de  Closset. 

1866.  J.  Delbœnf. 

III-  LITTÉRATURE  LATINE. 

4817.  J.-D.  Fuss(*). 
4835.  G.-J.  Bekker. 
4837.  J.-H.  Bormans. 
486i.  L.  de  Closset. 


4866.  J.  Delbœuf, 

IV.    LITTÉRATURE  LATINE  (cOUrS  dU  dOC- 

toral). 

4857.  J.-H.  Bormans. 
4851.  J.  Stecher. 
4  861.  L.  de  Closset. 

4867.  J.  Delbœaf. 

Y.   HISTOIRE   DE   LA   LITTÉRATURE  GREC- 
QUE (»). 

48i9.  A.  TroisfonUines. 
4851.  J.  Stecher. 

VI.    HISTOIRE   DE    LA   LITTÉRATURE    LA- 
TINE (*). 

4849.  A.  Troisfontalnes. 
4851.  J.  Stecher. 


(')  La  Faculté  des  leltrcs  fut  supprimée 
CD  1830;  Gail  continua  néanmoins  son  cours 
de  grec  k  la  Faculté  /i^re,  jusqu'en  183o. 

(*)  De  1830  k  1835,  Gatl  fil  un  cours  de 
littérature  latine  k  la  FacuUi  libre. 

(*)  l/arrêté  de  nomination  de  G.- J.  Bckker, 
en  1835 ,  stipulait  que  ce  professeur  aurait 


mission  de  donner  un  aperçu  de  l'histoire  de 
la  littérature  grecque  aux  élèves  se  desti- 
nant au  doctorat. 

{*)  J.-D.  Foss  a  fait  pendant  plusieurs 
années  un  cours  d'histoire  de  la  littérature 
latine,  pour  les  élèves  du  doctorat. 


987 


RÉPARTITION    DES   COURS. 


988 


VII.   ANTIQUITÉS  ROMAINES. 

18! 7.  J.-D.  Fuss(*). 

1847.  L.  de  Closset  (suppléant. 
i848.  Le  même  (titulaire). 
1851.  A.  Troisfonlaines  (*). 

VHI.   ANTIQUITÉS  GRECQUES. 

1817.  F.  Gall. 
1849.  L.  de  Closset. 

1851.  Â.  Troisfonlaines. 

IX.  ARCHÉOLOGIE. 

1855.  J.-D.  Fuss. 
1849.  L.  de  Closset. 

1852.  Â.  Le  Roy. 

1856.  L.  de  Clossel. 
1866.  Â.  Le  Roy. 

X.  HISTOIRE  DE  LA  LITTÉRATURE  FRAN- 
ÇAISE. 

1817.  L.  Rouillé  (•). 
1855.  Ph.  Lesbroussart. 

1848.  C  -A.  Sainte-Beuve. 

1849.  A.  Baron  (M. 

1860.  J.  Stecher  (suppléant). 
1862.  Le  même  (titulaire). 

XI.  LITTÉRATURE  HOLLANDAISE- 

1817-1850.  J.  KinkerC). 

XII.  LITTÉRATURE  FLAMANDE. 

1845.  J.-F.-X.  Wûrlh. 

1857.  J  -H.  Borroans. 
1866.  N.... 

XIII.  HISTOIRE  DES  LITTÉRATURES    MO- 
DERNES ET  LITTÉRATURE  COMPARÉE- 

4855.  Ph.  Lesbroussart. 
1848.  C.-A.  Sainte-Beuve. 

(*)  Cours  continué  de  1830  à  1835  à  la 
Faculté  libre  et  repris  ensuite  ofiicielleinent 
k  r Université. 

(■)  Depuis  1858,  M.  Troisfontaioes  figure 
en  outre  au  programme  pour  un  cours  ta- 
cultatif  d'antiquités  romaines,  relitjieuxes, 
militaires j  etc. 

(>}  Cours  continué  pendant  un  an  à  la 
Faculté  libre, 

(*)  Depuis  1851 ,  M.  F.  Van  HuUl  figure 
en  outre  au  programme  pour  des  conférences 
hebdomadaires  sur  la  littérature  française. 

(')  Kinkcr  faisait  on  outre  un  cours  gra- 
tuit à'Ettjmologte  hollandaise. 

(•)  Le  programme  du  semestre  d'été  de 
l'année  académique  1829-30  fait  mention  d'un 
cours  gratuit  fait  par  J.  Kinkcr  et  intitulé  : 
Grammaiices  univenaliit  initia. 

{^)  Cours  transporté  depuis  1852  à  l'É 


XIV.  GRAMMAIRE  GÉNÉRALE  (*). 

1848.  P.  Burggraff('). 

XV.  LITTÉRATURE  ORIENTALE. 

1857.  p.  Burggpaff(«). 

XVI.  Encyclopédie  philosophique. 

1817.  I.  Denzinger. 

XVII.  ANTHROPOLOGIE. 

1817.  I.  Denzinger. 
1855.  C-H.  Gibon. 
1855.  E.  Tandel. 

1845.  Ch.  Loomans  (suppléant). 
1848.  Le  même  (titulaire). 

XVI IL    LOGIQUE. 

1817.  1.  Denzinger. 

1855.  C.-H.  Gibon. 
1855-  E.  Tandel. 

1848.  Ch.  Loomans  (suppléé  par  M. 

Schwartz). 
1850.  A.  LeRoy(id.,«i«)fic«rr^ce)('). 
1850.  N.-J.  Schwartz  (suppléant). 

1856.  Ch.  Loomans. 

1859   A.  Le  Roy  (titulaire). 

XIX.  MÉTAPHYSIQUE  GÉ  NÉRALE  ET  SPÉ- 
CIALE. 

1817.  L  Denzinger. 
1855.  C.-H.  Gibon. 
1855.  E  Tandel. 

1846.  Ch.  Loomans  (suppléant;. 
1848.  Le  même  (titulaire,  suppléé  par 

M.  Schwartz). 
1850.  Alph.    Le  Roy    (suppléant,  en 

concurrence)  ("). 
1850.  Le  même  (titulaire). 

cole  normale  des  humanités. 

(*j  C'est  par  erreur  que  nous  avons  dit 
ci-dessus,  col.  761,  uow,  que  les  récipien- 
diaires  au  doctorat  en  philosophie  et  lettres 
ont  été  in lerrogés,  jusqu'en  1849,  conformé- 
ment au  Règlement  de  4816.  Le  programme 
de  1835  leur  a  été  appliqué  de  4846  k  4849. 
Pendant  cette  période,  M.  Burggraff  a  fait  à 
Liège,  dans  le  sens  du  dit  programme,  un 
cours  d'Introduction  aux  littératures  orien- 
tales. Depuis  lors,  son  enseignement  est 
redevenu  essentiellement  philologique  (bé- 
breu,  arabe,  persan). 

(•)  L'arrêté  qui  chargeait  M.  Le  Roy 
de  la  suppléance  du  cours  de  logique,  en 
concurrence,  a  été  rapporté  la  même  année, 
à  raison  d'un  nouveau  partage  des  cours. 

(*•)  V.  la  note  précédente. 


989 


RfiPARTlTION   DES  COURS. 


990 


XX.  PHILOSOPHIB  MORALE. 

1817.  I.  Denzinger. 
1855.  C—H.  Gibon. 
1835.  E.  Tandel. 

1850.  Ch.  Looinans  (suppléant). 

1851.  Le  «lAiie  (titulaire)  (*). 

XXI.  HISTOIRE  DE   LA  PHILOSOPHIB. 

1817.  I.  Denzinger. 
1835.  C.-H.  Gibon. 
1837.  N.-J.  SchwarU. 

XXII.  ESTHÉTIQUE. 

1842.  E.  Tandel  (•). 
1851.  A.  Le  Roy. 

XXIII.  PÉDAGOGIE    ET    MÉTHODOLOGIE. 

1820.  I.  Denzinger  (*). 
1848.  E.  Tandel  (*). 
1850.  A.  LeRoyC). 

XXIV.  HISTOIRE  UtlIVERSELf^. 

1817.  I.  Denzinger. 
1819.  J.-G.  Wagemann. 

XXV.  HISTOIRE  ANCIENNE  (depuîs  1849  : 
Histoire  politique  de  rmtiquité), 

1824.  P.  Van  Limburg-Brouwer  (•). 

1835.  J.-F.-X.  Wûrth. 

1846-1849.  E.-DD.   Fassin   (en    cou- 

currencé), 
1850.  A.  Troisfontaincs. 

XXVI.  HISTOIRE  DU  MOYEN  AGE. 

1835.  Le  baron  de  Reiifenberg. 
1857.  Ad.  Borgnet. 

XXVII.  HISTOIRE    POLITIQUE    MODERNE 

(v.  la  Faculté  de  droit) 

XXVI II.  HISTOIRE  NATIONALE. 

1817.  L.  Rouillé. 

1855.  Le  baron  de  Reiffenberg. 


1837.  Ad.  Borgnet. 

XXIX.  HISTOIRE    DU   PAYS  DE    LIÈGE  ET 
DU  DUCHÉ  DE  LIMHOURG. 

1835.  Ed.  Lavalleye{^). 

XXX.  STATISTIQUE  ET  ÉCONOMIE    POLI- 
TIQUE (v.  la  Faculté  de  droit). 

XXXI.  GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE  ET  ETHNO- 
GRAPHIQUE. 

1855.  E.  Tandel. 

1837.  N.-J.  SchwarlzC). 

XXXII.  COURS  NORMAUX. 

A.  Ecole  propédeutique  (fondée  en 
1820). 

n.  Pédagogie  (v.ci-dessus,  n«  XXIII). 

b.  Exercices  philologiques. 

1820.  Fuss  et  Wagemann. 

1824.  Fuss  et  Van  Limburg  Brouwer. 

c.  Exercices  mathématiques. 

1821.  R.  VanRees. 

B.  Cours  spéciaux  de  renseignefnent 
normal  des  hwMnilés  (organisés  par  la 
Faculté  en  1848  ;  v.  Fart.  Burggraff). 

1®  Cours  théoriques  (v.  ci-dessus,  n°* 
XIV,  XXII  et  XXIII). 

2®  Cours  pratiques. 

a.  Interprétations  d*anteurs  grecs  et 
latins  Exercices  de  composition  et  de 
style  dans  les  deux  langues.  Disserta- 
tion sur  les  sujets  de  philologie  grecque 
et  latine. 

1848.  J.-If.  Bormans. 

1850.  J.  Stecher  (  •  ). 

1851.  J-II.  Bormans. 

b.  Exercices  dans  Fart  d'enseigner 
Thistoire  et  la  géographie.  Dissertations 


(  '  )  M.  E.-DD.  Fassin  a  fait  des  cours  de 
philosophie  à  la  Faculté  tibrt. 

(*)  L'esthétique  a  été  considérée  comme 
cours  normal  ^  partir  de  1849  ;  le  professeur 
Taodel,  déjà  malade,  devait  être  suppléé  au 
besoin  par  M.  Loomansou  par  M.  Schwartz. 
Depuis  l'institution  de  l'Ecole  normale  dos 
bomaaitës,  le  cours  d'esthétique,  maintenu 
au  programme  de  la  Faculté  des  leUres,  est 
purement  fkcultatif. 

{*)  A  TEcoie  propideutiquc. 

(*)  Cours  normal. 

(•)  Id.  —  Depuis  1852,  M.  l^  Roy  fait 
ce  cours  à  l'Ecole  normale  des  hnmnnités. 


(*)  Successeur  de  Wagemann.  —  A  la 
Faculté  libre,  Ch.  de  Ch6nedollé  embrassa 
de  nouveau  dans  un  seul  cours  l'histoire  uni- 
verselle. 

(  ^  )  Cours  supprimé  depuis  le  départ  de 
M.  Laviilleye  (v.  ce  nom .  —En  18S0,  N 
Borgnet  a  fait,  k  l'Université,  un  cours  pu- 
blic et  gratuit  d'histoire  politique  du  pays  de 
Liège. 

(' )  Cours  supprimé  par  la  loi  de  1849. 

(  *  )  Ce  cours  n'a  figuré  que  nominalement, 
en  1850,  dans  les  attributions  de  M.  Stecher 
(v.  ce  nom . 


991 


RÉPARTITION  DES  COURS. 


992 


sur  des  questions  d'histoire  et  de  ^o- 
graphie.  Méthodologie  spéciale. 

1848.  Âd.  Borgnet. 

c.  Exercices  et  compositions ,  comme 


complément  du  cours  de  HtUraiwt 
comparée, 

i8i8.  C-A.  Sainte-Beufe. 
1849.  A.  Baron  (*). 


B.   Faculté  de  droit. 


I.  ENCYCLOPÉDIE  DU  DROIT. 

4817.  L.-A.  Wamkœnig. 
1827.  A.-N.-a.  Emst, 

1854.  F.  Kupfferschlaeger [parintérim). 

1855.  Le  même  (titulaire)- 
1867.  P.  Namur. 

If.  HISTOIRE  DU  DROIT  ROMAIN. 

1826.  E.  Dupont  ("). 

1855.  F.  KupfTerschlaeger (par intérim) 
1857.  Le  même  (définitivement). 
1867.  P.  Namur. 

in.   raSTITUTES. 

1817.  L-A.  Warnkœnig. 

1827.  A.-N.-J.  Ernst, 

1855.  F.  Kupfferschiaeger (par  intérim) 
1857.  Le  même  (déGnitivement)  (  '  ). 
1867.  P.  Namur. 

IV.  PANDECTES. 

1817.  L.-A.  Warnkœnig. 

1827.  E.  Dupont. 
1867.  C-G.  Maynz. 

V.  DROIT  ECCLÉSIASTIQUE. 

1828.  E.  MùnchC). 

VI.  DROIT  CIVIL  ÉLÉMENTAIRE. 

1822.  A.-N.-J.  Ernst. 
1855.  L.  Ernst. 

(  *  )  Exercices  ot  compositions,  comme 
coraplëment  du  cours  ôeihtératurefrançaiMe. 

(•)  V.  ci-dessus,  col.  Hi7. 

(  ")  En  4843 et  1844,  lecoars  d'Iosliluies 
a  ët(î  fait  par  MM.  Dupont,  Nypels  et  Godet, 
le  titulaire  se  trouvant  malade.  En  i866-67, 
en  attendant  la  noroinalion  du  successeur 
de  M.  Kupffbrschlaeger,  MM.  J.-G.  Macors, 
Thiry  et  de  Savoye  se  sont  char^^s  de  l'in- 
térim. 

(*)  Il  ne  parait  pas  que  Mûnch  ait  jamais 


1859.  E.-V.  Godet. 
1844.  L-A.  Rnth. 

1848.  I.-A.  Ruth  et  V.  Thiry  (•). 

VII.  INTRODUCTION  HISTORIOUE  AU  DROIT 
CIVIL  (•). 

1849.  J.-G.  Macors. 

VII i*    EXPOSÉ    DES  PRINCIPES  GÉNÉRAtX 
DU  CODE  CIVIL. 

1849.  P.  Namur. 

1850.  Th.  de  Savoye. 

IX.  DROIT  CniL  MODERNE. 

1817.  J.-G.-J.  Emst. 
1855.  V.-A.-G.  Duprel('). 

1849.  V.-A.-G.  Du|)retetY.Thir>-. 

1850.  Th.deSavove,Duprel  et V.Thirv. 

1851.  Th.  de  Savoye  et  V.  Thiry. 

X.  PROCÉDURE  CIVILE. 

1817-1819.  P.-J.  Destri veaux. 
1826.  E.  Dupont. 

1855.  V.-A-G.  Dnprel(«). 

1856.  G.  Nypels. 

XI.  DROIT  CRIMINEL. 

1817.  P.-J.  Destriveaux. 
1859.  G.  Nypels. 

Xfl.   DROIT  COMMERCIAL* 

1822.  A.-N.-J.  Ernst  (•). 

eu  l'occasion  de  monter  en  chaire. 

(*)  La  loi  de  4649  a  remplacé  ce  cours 
par  les  deux  suivants. 

C")  Ce  cours  comporte  20  k  22  leçons 
et  doit  être  terminé  dans  le  premier  mois 
de  l'année. 

('}  Conformr^ment  à  la  loi  de  4835,  le 
cours  de  Dupret  fut  appelé,  jo^qn'en  4849, 
Cours  de  droit  civil  approfondi. 

{*)  Y.  ci  -dessus,  col.  896. 

(•)  V.  ci^dessus,  col.  283. 


993 


RÉPARTITION   DES  COURS. 


994 


4834.  F.  Kupfferschlaeger. 
i835.  E.-Y.  Godet. 

1844.  I.-Â.  Ruth. 
1849.  V.  Thiry. 

XIII.  DROIT  ADMINISTRATIF. 

1853.  P.-J.  Destriveaux. 

1855.  J.-H.-N.  DeFoozC). 

1861.  F.  Macors  (suppléant). 

186â.  Le  mime  (titalaire). 

XIV.  LOIS  ORGANIQUES  DU  NOTARIAT  ET 
LOIS  FINANCIÈRES  QUI  S*T  RATTACHENT. 

1849.  F.  Macors. 

XV.  HISTOIRE  DU    DROIT  COUTUMIER   ET 
QUESTIONS  TRANSITOIRES. 

1835.  G.  Nypels(*). 

1845.  V.  Thiry. 

XVI.  DROIT  NATUREL. 

1817.  J.-G.-J.  Ernsl. 
1835.  L.  Ernst. 
1837.  F.-G.-J.  Thîmns. 
1844.  J.-H.-N.  De  Fooz. 
1849.  Ch.  Loomans. 

XVII.  DROIT  PURL1C. 

1817.  J.-G.-J.  Ernsl. 
1819.  P.-J.  Destriveaux. 


1835.  J.-H.-N.  De  Fooz. 

1836.  F.-G.-J-  Thimus. 
1844.  P.-J.  Destriveaux. 
1847.  J.-G.  Macors. 

XVIII.  DROIT  INTERNATIONAL. 

1858.  J.-G.  Macors. 

XIX.  HISTOIRE  POLITIQUE  MODERNE. 

1835.  C.-A.  Hennau. 

1837.  L-J.  Dehaut. 
1841.  P.-J.  Destriveaux. 

1847.  V.  Thiry. 

1848.  J.-G.  Macors. 

XX.  STATISTIQUE. 

1819.  J.-G.  Wagemann. 

1825.  J.  Acliersdyck. 

1830.  C-A.  Hennau. 

1835.  E.  Tandel. 

1835.  C.-A.  Hennau. 

XXI.  ÉCONOMIE  POLITIQUE. 

1819.  J.-G.  Wagemann. 
1825-  J*  Acliersdyck. 
1830.  C.-A.  Hennau. 
1855*  E.  Tandel. 
1835.  C.-A.  Hennau. 
1864-  E.  de  Laveleye. 


C.  Facalté  des  sciences  (*). 


I.  MATHÉMATHiQUES  ÉLÉMENTAIRES  (Arith- 
métique, algèbre  élémentaire,  géo- 
métrie, trigonométrie  rectiligne). 

1817.  J  -M.  Vanderheydeu. 
1821.  R.  Van  Rees. 
1851.  G.-M.  Pagani  et  J.-F.  Lemaire. 
1835-1849.  J.-N.  Noël  et  J.-B.  Bras- 
seur (*). 

II.  STÉRÉOMÉTRIE  ET  TRIGONOMÉTRIE 
SPHÉRIQUE. 

1821.  R.  Van  Rees. 
1831.  G.-M.  Pagani. 

(*)  Droit  administratif  et  législation  des 
mines  (v.  la  Faculté  des  sciences). 

(*)  V.  ci-dessus,  col.  896. 

(')  L'astérisque  désigne  les  cours  des 
Ecoles  spéciales  mentionnés, au  programme 


III.  HAUTE  ALGÈBRE. 

1831.  J.-F.  Lemaire. 

1835.  J.-N.  Noël. 

1849.  Ch.  de  Guyper  et  J.-N.  Noël 

(émérite). 
1852.  Ch.  de  Cuyper. 
1865.  E.  Catalan. 

IV.  GÉOMÉTRIE  ANALYTIQUE  ET  INTRODUC- 

TION AU  CALCUL  INFINITÉSIMAL. 

1817.  J.-M.  Vanderbeyden. 
1825.  G.-P.  Dandelin. 
1831.  J.-F.  Lemaire. 

général  de  l'Université.  Pour  les  autres  cours 
faits  aux  dites  Ecoles,  voir  ci-après,  section 
VU. 
(  *)  Cours  supprimé  par  la  loi  de  1849. 


37 


995 


RÉPARTITION    DES   COURS. 


996 


4836.  J.-N.  Noël. 
1849.  Gh.  de  Cuyper. 

V.  CALCUL  DIFFÉRENTIEL  ET  CALCUL 
INTÉGRAL. 

48n.  J.-M.  Vanderheyden. 

4821.  B.  Van  Rees. 

4830.  J.-F.  Leraaire. 

48i8.  J.-F.  LemaircctJ.Marlynowski. 

4849.  A.  Meycr  et  J.  Martynowski. 

4857.  J.  Martynowski. 

4857.  M.  Schaar. 

4  805.  E.  Catalan. 

VI.  ANALYSE  SUPÉRIEURE,  CALCUL  DBS 
VARIATIONS,  CALCUL  DES  PROBABILITÉS, 
FONCTIONS  ELLIPTIQUES. 

4835.  J.-F.  ternaire. 
4849.  A.  Meyer  (*). 
4857.  M.  Schaar. 
4865.  E.  Catalan. 

Vil.  HAUTE  ANALYSE  APPLIQUÉE  A  LA 
GÉOMÉTRIE. 

1831.  J.-F-  Lemaire. 
4832-1835.  J.-B.  Brasseur. 

Vin.  GÉOMÉTRIE  DESCRIPTIVE. 

1825.  G.-P.  Damieiin. 
4832.  J.-B.  Brasseur  (•). 
4808.  J.-P.  Schmit. 

'  IX.  ARCHITECTURE  INDUSTRIELLE. 

a.  Cours  de  construction, 
4834.  P.  A.  Lesoinne. 

b.  Éléments  (Tarchilecture  civile, 

1840.  J.-P.  Schmit. 

N.B.  Ces  deux  cours  ont  été  réunis 
en  1847  sous  le  titre  &  Architecture 
industrielle,  et  confiés  à  M.  J.-P. 
Schmit. 

X.   MÉCANIQUE  ANALYTIQUE. 

4821.  B.  Van  Rees. 
4828.  A.  Lévy. 

4834.  G.-M.  Pagani. 

4835.  J.-F.  Lemaire. 
4846.  Cb.  de  Cuyper. 

*  XI.  MÉCANIQUE  APPLIQUÉE. 

4835.  J.-B.  Brasseur. 


4868.  V.-A.-E.  Dwelshauwers-Dery. 

XII.  ASTRONOMIE  MATHÉMATIQUE,  MÉCA- 
CANIQUE  CÉLESTE. 

1817.  J.-M.  Vanderhevden. 
1828.  A.Cévy. 
1830.  H.  Gloesener. 
1846.  Ch.  de  Cuyper. 
1857.  M.  Schaar. 
1865.  Ch.  de  Cuyper. 

XIII.  ASTRONOMIK  PHYSIQUE. 

1817.  J.-M.  Vanderheyden. 
1828.  A.  Lévy. 
1830.  M.  Gloesener. 
1846*  Ch.  de  Cuyper. 
1857.  M.  Schaar. 
1865.  Ch.  de  Cnyper. 

XIV.  PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE. 

1830.  M.  Gloesener. 
1832.  G.-M.  PaganL 
1835.  M.  Gloesener. 
1850,  E.  Bédé  (suppléant,  pour  une 

partie  du  cours). 
1857.  M.  Gloesener  (émérite  depuis 

1861). 

XV.  PHYSIQUE  EXPÉRIMENTALE. 

1817.  Ch.  Delvaux. 

1830.  M.  Gloesener. 

1850.  E.  Bède  (suppléant,  pour  une 

partie  du  cours). 

1857.  Le  même  (titulaire). 

1861.  L.  Pérard  (suppléant). 

1865.  Le  même    (titulaire). 

'XVI.    STATIQUE    ET    ÉLÉMENTS  DE  DY- 
NAMIQUE. 

1840.  L.  Trasenster. 

XVII.    OPTIQUE   ET  THÉORIE  DE  U  LU- 
MIÈRE. 

1825-1830.  G.-P.  Dandelin. 

*XVni.  PHYSIQUE  INDUSTRIELLE. 

1830.  M.  Gloesener. 
1850.  Em.  Bède  (suppléant). 
1857.  Le  ffi^nk?  (titulaire). 
1861.  L.  Pérard  (suppléant). 
1865.  Le  même  (titulaire). 

XIX.  CHIMIE  GÉNÉRALE. 

1817    Ch.  Delvaux. 


(>)  fe.D  18(9,  M.  l'agrëgë  Fausse  a  été 
chargé  du  môme  cours  en  concurrence, 
[  '  ^  GéomtHrie  descriptive  et  (*j  applications 


à  la  coupe  des  pierres,  à  la  charpente»  à  U 
perspective  et  aux  ombres. 


J 


997 


RÉPARTITION    I>ES    COURS. 


998 


i  835.  Ch.  Delvaux  et  L.  de  Konînck  (  '  ). 
4857.  L.deKoninck(*). 
1847.  L.  de  Koninck  (•)  et  J.-Th-P. 
ChandeIon)('). 

XX.  CHIMIE  INORGANIQUE  APPROFONDIE. 

1858.  J.-Th.-P.  Chandelon. 

XXI.  CHIMIE  ORGANIQUE  APPROFONDIE. 

1858.  L.  de  Kooinck. 

•XXII.  CHIMIE  APPLIQUÉE  AUX  ARTS. 

1847-1857.  Cb.  Delvaux. 

1858.  J.-Th.-P.  Chandelon  (à  titre  pro- 
visoire), 

1842.  Le  fn^m^  (titulaire). 

1847.  J.-Th.-P.  Chandelon  (■)  et  L.  de 
Koninck  (*). 

*XXni.   DOCIMASIE. 

1828.  Ad.  Lesoinne. 
1858.  J.-Th.-P.  Chandelon  (à  titre  pro- 
visoire). 
1842.  Le  même  (définitivement). 

1853.  Is.  Kupfferschlaeger  (suppléant). 

1854.  Le  même  (titulaire). 

*  XXIV.  MANIPULATIONS  CHIMIQUES- 

1858.  J.-Th.-P.  Chandelon  (comme  ré- 
pétiteur. 
1842.  Le  même  (titulaire). 
1844.  Is.  Kupfferschlaeger. 
1867.  C.  Renard  (comme  répétiteur). 

*  XXV.  MÉTALLURGIE. 

1817.  Ch.  Delvaux. 
1828.  Âd.  Lesoinne. 

1856.  Âd.  Delvaux  (par  intérim). 

1857.  Le  iR^me  (définitivement). 
1861.  A.  Gillon. 

*  XXVI.  EXPLOITATION  DES  MINES. 

1H25-1850.  G.-P  Dandelin. 

1855.  C-Ad.  Lesoinne. 

1856.  J.-A.-J.  De  Vaux. 
1844.  L.  Trasenster. 

XXVII.   MINÉRALOGIE  ET  CRISTALLOGRA- 
PHIE. 

1818.  H. -M.  Gaëde. 

(  *  )  M.  de  Konincli  était  spécialement  chargé 
de  la  chimie  orgaDique. 

(*)  Chimie  générale  organique  et  inorga- 
niqoe. 

(*  )  Chimie  générale  organique. 

(  *  )  Chimie  générale  inorganique. 

(  *  )  Chimie  industrielle  inorganique. 

(  * }  Chimie  industrielle  organique. 


4828.  A.  Lévy. 

1850.  H.-M.  Gaêde. 
1854.  C.  Davreux  ('). 

1854.  M.  Gloesener. 

1855.  A.  Dumont('). 

1857.  T.-J.-J.-J.Dewalque(suppléant). 
1857.  (Septembre).  Le  m^i;  (titulaire). 

XXVIII  GÉOLOGIE. 

1818.  H.-M.  Gaëde. 
1828.  A.  Levy. 

1851.  Lesoinne. 

1854.  Cartier  (provisoirement)  (•). 

1854.  P.-C.  Schmerling. 

1855.  A.  Dumont. 

1857.  T.-J.-J.-J.Dewalque  (suppléant). 
1857.  (Seplembre).Le  même  (titulaire). 

XXIX.  PALÉONTOLOGIE. 

1847.  L.  de  Koninck. 

1857.  T-J.-J.-J.  Dewalque. 

XXX.  BOTANIQUE  ET  PHYSIOLOGIE  DES 
PLANTES,  GÉOGRAPHIE  NATURELLE,  ANA- 
TOMIE  VÉGÉTALE. 

1818.  H.-M.  Gaêde  («*). 

1854.  R.  Courtois  (provisoirement). 

1855.  Ch.  Morren. 

1855.  Ed.  Morren  (suppléant). 

1858.  Le  même  (chargé  du  cours). 
1861-  Le  même  (comme  professeur  ti- 
tulaire). 

XXXI.  ZOOLOGIE. 

1818.  H.-M.  Gaêde. 

1855.  Ch.  Morren  (provisoirement). 

1855.  Th.  Lacordaire. 

XXX II.  PHYSIOLOGIE  COMPARÉE  (v.  la  Fa- 
culté de  médecine). 

XXXIII.  ANATOMIE  COMPARÉE  (id.). 

XXXIV.  HISTOIRE  NATURELLE  APPLIQUÉE 
AUX  SCIENCES  ÉCONOMIQUES. 

1850.  V.  Bronn. 

XXXV.  ÉCONOMIE  RURALE  ET  ÉCONOMIE 

FORESTIÈRE. 

1825-1850.  V.  Bronn. 


!■ 


^)  V.  colonne  ISO. 

[*)  En  4853-1854,  pendant  l'absence 
du  titulaire,  le  cours  de  minéralogie  a  été 
achevé  par  M.  Is.  KuppATerechkieger. 

C)  V.  ci-dessus,  col.  iSO. 

(**)  V.  Bronn  a  fait,  entre  4825  et  4830, 
un  cours  spécial  de  physiologie  végétale. 


999 


RÉPARTITION    DBS    COURS. 


1000 


XXXVI.   ÉCONOMIE  RURALE  ET  AGRICUL- 
TURE. 

1842-1855.  Ch.  Morren. 

*  XXXVH.  ÉCONOMIE  INDUSTRIELLE. 

4835.  C.-Â.  Hennau. 
4864.  E.  de  Laveleye. 

*  XXXV ni  LÉGISLATION  DES  MINES. 

1856.  J.-H-N.  De  Fooz. 


•  XXXIX  STYLE  ET  RÉDACTION. 

4843.  Pb.  Lesbroassart. 

4848.  C.-A.  Sainte-Beuve. 

4849.  A.  Baron. 
4860.  J.  Stecher. 

•  XL.    HYGIÈNE. 

Fea  A.-J.  Raîkem  a  Tait  un  cours 
spécial  d*hygiène  à  TÉcole  des  mi^es  , 
à  partir  de '1842. 


D.   Faculté   de   médecine. 


I.  ANATOMIE  HUMAINE  GÉNÉRALE. 

4817.  J.-N.  Comhaîre. 
48Î5.  V.  Fohmann. 
4837.  F.-C.-A.  Vottem. 
4859.  J.-A.  Spring. 
4845.  Tb.Schwann. 

II.  ANATOMIE  DESCRU^TIVE. 

4817.  J.-N.  Combaire. 
4825.  V.  Fohinann. 

4857.  F.-C-A.  VoUem. 
4859.  J.-A.  Spring. 

4847.  J.-A.  Spring  et  A.  Wilmart  C). 

4848.  Th.  Schwann. 

4849.  Th.  Schwann  et  J.-A.  Spring  (*). 
4855.  Th.  Schwann  et  J.  Borlée  ('). 
1858.  Th.SchwannetJ.-H.  Dresse  ('). 
4864.  J.-B.-N.-V.  Masius. 

III.  DÉMONSTRATIONS  ANATOMIQUES. 

4817.  J.  N.  Combaire. 
4825.  V.  Fohmann. 
4837.  Th.  Vausl. 
4845.  J.-A.  Spring. 
4848.  Th.  Schwann. 

4858.  J.  Dresse. 

4864.  J -B.-N.-V.  Masîus. 

IV.  ANATOMIE  COMPARÉE. 

4848.  H.-N.  Gaêde. 

(  *  )  Ostëologie  et  myologie. 
(*)  Ostéoiogie  et  myologie. 

{*)  ïb. 

(*)  Aoatomie  descriptive;  à  partir  de 
1858,  M.  Schwann  n'a  conservé  que  l'ana- 


4834.  V.  Fohmann. 
4837.  Th.  Lacordaîre. 

V.  PHYSIOLOGIE  HUMAINE  ET  PHYSIOLOGIE 
COMPARÉE  DANS  SES  RAPPORTS  AVEC  LA 
PREMIÈRE. 

4847.  J.-N.  Combaire. 

4835.  J.-A.  Leroy. 
4839.  J.-A.  Spring. 
4858.  Th.  Schwann. 

N.B.  M.  l'agrëgé  N.-G.  FossiON  est  chargé 
du  même  cours  (  en  concurrence  )  depuis 
1847. 

VI.  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

4835.  V  Fohmann. 

4836.  A.-F.-J.  Raikem. 
1845.  L.-M.  Lombard. 
1850.  H.  Heuse. 
1868.  C.-F.  Vanlair. 

VIL  PATHOLOGIE  GÉNÉRALE. 

1817.  DD.  Sauveur. 
1835.  C.  Frankinet. 
1855.  J.-G.  Royer. 
1858.  J.-A.  Spring. 

VIII.  THÉRAPEUTIQUE  GÉNÉRALE. 

1817.  DD.  Sauveur. 
1855.  J-G.  Royer  C). 
1849.  Th.  VaustC). 

tomie  générale. 

(*)  Avec  la  pathologie  générale. 

(*)  Thérapeutique  générale  et  phannaco- 
dynamique. 


1001 


RÉPARTITION   DES  COURS. 


1002 


IX.  PATHOLOGIE  ET  THÉRAPEUTIQUE  SPÉ- 
CIALES DES  MALADIES  INTERNES. 

I8i7.  DD.  Sauveur. 

1855.  J.-N.  Comhaire. 

1856.  H.  Sauveur. 
i855.  J.-G.  Royer, 
1867.  H.  Heuse. 

X.  MALADIES  DES  SYSTÈMES  NERVEUX  ET 
GLANDULAIRE. 

1846.  Cb.  Frankinet. 

XI.  MALADIES  DES  FEMMES  ET  DES  EN- 
FANTS- 

1817.  DD.  Sauveur. 
1850.  H.  Sauveur  ('). 

XII.  MALADIES  SYPHILITIQUES. 

1817.  N.-G.-A.-J.  Ansiaux. 

1850.  H.  Sauveur  (*). 

Xlil.  MALADIES  DE  LA  PEAU. 

N.-B.  Cette  matière  fait  partie,  depuis 
1849,  du  cours  n»  IX  (eoun  de  deux  om). 

XIY-  PATHOLOGIE  CHIRURGICALE. 

1817.  N.-G.-A.-J.  Aosiaux. 

1855.  P.-C-A.  VoUem. 

1845.  N.-J.-V.  Ansîaux. 

1849.  Le  même  (matières  générales)  et 
A.  Wilmart  (matières  spé- 
ciales)- 

1855.  J.-A.  Boriée(mat.  gén.,  y  com- 
pris les  maladies  des  os  et 
les  maladies  des  yeux)  et  A. 
Wilmart  (mat.  sp.). 

1861.  N.-J.-V.  Ansiaux  (mal.  gén.,  y 
compris  les  maladies  des  os) 
et  J.-A.  Borlée  (mat.  sp.,  y 
compris  les  maladies  des 
yeux). 

XV.  BIALADIES  DES  OS ,  BANDAGES  ET  AP- 
PAREILS. 

1851.  N.-J.-V.  Ansiaux 
1848.  J.-A.  Borlée. 

1855.  J.-A.  Borlée  (maladies  desos)(') 
et  N.-J.-V.  Ansiaux  (ban- 
dages et  appareils). 

1861.  N.-J.-V.  Ansiaux. 


XVI.  OPTHALMOLOGIE  (tbéorie). 

1858.  N.-J.-V.  Ansiaux. 

1848.  J.-A.  Borlée  ('). 

XVH.  MÉDECINE  OPÉRATOIRE  ET  OPÉRA- 
TIONS CHIRURGICALES. 

1817.  N.-G.-A.-J.  Ansiaux. 
1828.  F.-C.-A.  Volfem. 
1858.  N.-J.-V.  Ansiaux. 
1844.  B.-V.  De  Lavacherie. 

1849.  J.-H.-J.  Simon  et  A.  Wilmart. 
1855.  A.  Wilmart. 

1861.  J.-A.  Borlée. 

XVI II.  CLINIQUE  INTERNE. 

1817.  DD.  Sauveur  et  J.-N.  Comhaire. 

1855.  J.-N.  Gomliaire  et  L.-M.  Lom- 
bard. 

1855.  L.-M.  Lombard  et  C.  Franki- 
net (•). 

1855'  C  Frankinet  et  H.  Sauveur. 

1858*  H.  Sauveur  et  A.  iSpring. 

XIX.  CLINIQUE  EXTERNE. 

1817.  N.-G-A-J. Ansiaux. 

1854.  N.-J.-V.  Aosiaux. 

1855.  B.-V.  De  Lavacherie. 

1849.  N.-J.-V.  Ansiaux  (•). 

XX.  CLINIQUE   OPHTHALMOLOGIQUE. 

1858.  N.-J.-V.  Ansiaux. 
1858.  J.-A.  Borlée. 

XXI.  THÉORIE  DES  ACCOUCHEMENTS. 

1817   N.-G.-A.-J.  Ansiaux. 
1828*  N.-J.-V.  Ansiaux. 
1855.  J.-H.-J.  Simon. 
1861.  A.  Wasseige. 

XXII.  CLINIQUE  OBSTÉTRICALE. 

1817.  N.-G.-A.-J.  Ansiaux. 
1828.  N.-J.-V.  Ansiaux. 
1855.  J.-H.-J.  Simon. 
1861.  A.  Wasseige. 

XXI il.  PATHOLOGIE  ET  CLINIQUE  SPÉCIALE 
DES  MALADIES  MENTALES. 

1855.  G.  Frankinet. 

XXIV*  EMBRYOLOGIE. 

1850.  V.  Fohmann. 


(')  Ce   cours  (ainsi  qoo  le  suivant)  est 
réuni  depuis  1838  au  cours  tfi  IX. 
(*)  V.  la  note  précédente. 
(»)  V.  ci-dessus,  n»  XIV. 
«)  V.  ci-dessus,  no  XIV, 


(*)  Clinique  interne  et  clinique  des  mala- 
dies des  enfants. 

(*)  Y  compris  la  clinique  des  maladies 
syphilitiques. 


1003 


RÉPARTITION   DES  COURS. 


1004 


1846.  Â.  Spring  (')• 

XXV.  MATIÈRE  MÉDICALE  ET  PHARMACO- 
LOGIE (y  compris  les  éléments  de 
pharmacie). 

i817.  J.-N.  Comhaire. 
1835.  Th.  Yaost. 

XXYI.  PHARMACIE  THÉORIQUE  (*). 

1817.  J.-N.  Comhaire. 

1835.  G.-P.-N.Pélers-Vaiisl(»). 

1867.  G.-P.-N.  Péters-Vaast  et  J.-G. 

Van  Anbel  (suppléant,  pour  la 
partie  non  chimique  du  cours.) 

1868.  J.-G.  Van  Auhel  (titulaire). 

XXYIl-  PHARMACIE  PRATIQUE  (*). 

1838.  G.-P.-N.  Péters-Yaust. 

1867.  G-P.-N.  Péters-Yaust  et  J.-G. 

Yan  Anbel  (suppléant). 

1868.  J.-G.  Yan  Aubel  (titulaire). 


XXYin.  HYGIÈNE  PUBLIQUE  ET  PRIVÉE. 

1825.  J.-N.  Gomhaire. 

1835.  Th.  Yaost. 

1836.  A.-F.-J.  Raikem. 
1H41.  G.  Frankinet. 
1842.  A.-F.-J.  Raikem. 
1855.  H.  Hense. 

XXIX.  MÉDECINE  LÉGALE  ET  POLICE  MÉ* 
DICALB. 

1821.  N.-G.-A.-J.   Ansiaux  et  P.-J. 

Destriveanx. 
1835.  J.-G.  RoyerC). 
1855.  J.-A.  Boriée. 
1861.  J'-G.  Royer. 
1868.  G.-F.  Yanlair. 

XXX.  ENCYCLOPÉDIE    ET  HISTOIRE  DELA 
MÉDECINE  (*). 

1835-1867.  J.  G.  Royer. 


(*)  Ce  coors  a  été  rënni,  en  4848,  aa 
coure  de  physiologie  humaine  et  comparée. 

(*)  Y  compris  l'bietoire  des  drogues  et 
des  médicaments,  lenre  altérations  et  leure 
falsîAcations,  les  doses  mtuùma  auxquelles 
on  peut  les  administrer. 


(")  Professeur  de  pharmacie  à  l'hôpita 
de  Bavière  depuis  4817. 

(«)  Y  compris  les  opérations  toxicologi- 
ques. 

(  *)  Y  compris  la  toxicologie,  depuis  1844. 

(*)  Cours  faculUtif. 


VI 


AUTORITES    ACADEMIQUES. 


Les  aulorités  académiques  sont  (art. 
16  de  la  loi  du  15.  juillet  1849)  :  le  rec- 
teur, le  secrétaire,  les  doyens  des  Fa- 
cultés, le  Conseil  académique  et  le 
Collège  des  assesseurs. 

Le  Conseil  académique  se  compose 
des  professeurs  assemblés  sous  la  pré- 
sidence du  recteur. 

Le  Collège  des  assesseurs  se  com- 
pose du  recteur,  du  secrétaire  du  Con- 
seil académique  et  des  doyens  des  Fa- 
cultés. 

En  vertu  de  Tart.  17  de  la  loi,  les 
attributions  des  autorités  académiques 
sont  déterminées  par  des  règlements 
arrêtés  par  le  Roi  ;  seulement,  le  §  2 
du  même  article  stipule  que  le  recteur 
est  nommé  pour  trois  ans,  sauf  révo- 
cation. 

Le  recteur  et  le  secrétaire  sont  nom- 
més par  arrêté  royal  :  ce  dernier,  sur 
la  présentation  du  Conseil  académi- 
que (');  les  doyens  sont  élus  par  les 
membres  des  Facultés  auxquelles  ils 
appartiennent. 

Sous  le  régime  hollandais  et,  plus 
tard,  jusqu'en  1849,  le  mandat  du  rec- 
teur ne  durait  qu*une  année  ;  mais  il 
pouvait  être  renouvelé  (*). 

Avant  1830,  les  assesseurs  du  rec- 
teur n*étaient  pas  nécessairement  les 
doyens  des  Facultés  ;  ils  étaient  choisis 

(  '  )  Il  en  était  de  même  avant  la  révolu- 
tion. Sous  lempire  de  l'arrêté  da  16  dé- 
cembre 1830,  il  fut  au  contraire  entendu  que 
le  recteur  et  le  secrétaire  tiendraient  leur 
nomination  de  l'élection  (circulaire  de  M.  Ch. 
Rogier,  ministre  de  l'intérieur ,  du  31  oct. 
1833).  Le  rè|;lement  organique  du  3  déceo)- 


par  les  curateurs  (v.  ci-dessus,  Intro- 
duction) et  pris  dans  les  quatre  Facul- 
tés, excepté  dans  celle  à  laquelle  appar- 
tenait le  recteur.  Cette  dernière  dispo* 
sition  n*a  pu  être  appliquée,  la  cin- 
quième Faculté  (théologie)  n*ayant  ja- 
mais existé. 

Sous  le  régime  hollandais,  le  chef  de 
runiversité  portait  le  titre  de  Rector 
magnificus]  le  Conseil  académique  ne 
se  composait  que  du  recteur  et  des  pro- 
fesseurs ordinaires  ets*appelait  Senatus 
academicus.  Quand  les  curateurs  ju- 
geaient à  propos  de  traiter  des  intérêts 
majeurs  de  rétablissement  avec  le  Corps 
universitaire,  le  recteur  convoquait  une 
assemblée  combinée ,  qui  portait  le  titre 
de  Senatus  amplissimus.  Une  semblable 
réunion  devait  être  tenue  chaque  année: 
les  curateurs  y  recevaient  le  serment 
annuel  des  professeurs  dont  les  fonc- 
tions alternaient  tous  les  ans,  et  dé- 
signaient, de  concert  avec  le  recteur  et 
les  assesseurs,  un  secrétaire  du  sénat 
pour  Tannée  suivante. 

Nous  publions  ci-après  le  tableau 
général  des  recteurs,  des  secrétaires 
académiques  et  des  doyens  des  Facultés 
de  1817  à  1857.  Chaque  Faculté  con- 
stituant de  son  côté  un  corps  délibérant, 
nous  avons  jugé  utile  de  mentionner 
les  secrétaires  à  côté  des  doyens. 

bre  1835  a  rétabli  l'ancien  ordre  de  choses, 
sauf  les  modifications  que  nous  indiquons 
dans  le  texte. 

(*)  Le  Gouvernement  n'a  usé  qu'une  seule 
fois  do  cette  faculté,  en  faveur  de  M.  Dupont 
(v.  le  tablean  ci- après). 


1007 


AUTORITÉS  ACADÉMIQUES. 


4819—1819 
4849—1820 
4820—4824 
1824—4822 
4822—4823 
4823—4824 
4824—4825 
4825—4826 
4826—4827 
4827—4828 
4828—4829 
4829—4830 
4830—4834 
4831—4832 
4832—4833 
4833—4834 
4834—4835 
4835—4836 
4836—4837 
4837—4838 
4838—4889 
4839—4840 
4840—4841 
4844—4842 
4842—4843 
4843—1844 
4844—4845 
4845—1846 
4846—4847 
4847—1848 
4848—4849 
4849—4850 
4850—4851 
1851—4852 
4852—4853 
4853—1854 
4854—4855 
4855—4856 
4856—4857 
4857—1858 
4858—4859 
4859—4860 
1860—1861 
1861—1862 
4862—1863 
1868—1864 
4864—1865 
1865—1866 
1866—1867 


Sauveur,  père. 

Vanderheyden. 

Ernst,  J.-G.-J. 

DenziDger. 

Ausiaux,  père. 

Gaêde. 

Doslriveaux. 

Wagemann. 

Comhaire. 

Van  Rees. 

Ernsl,  J.-G.  L 

Kinker. 

Sauveur,  père. 

Anaiaux,  père. 

Ernsi,  A.-N.-J. 

Del  vaux,  Cb. 

Kohmann. 

Ernst,  J.>G.-J. 

Bekker. 

Dupont. 

DupoDt. 

Lemaire. 

Lombard. 

Lesbrottssart. 

Dupret. 

Noël. 

Raikem. 

Fuss. 

Destriveaux. 

Gloeseuer. 

De  Lavacherie. 

Borgne!. 

Borgnet. 

Borgnet. 

Borgnet. 

Nypels. 

Nypels. 

Nypels. 

Dumont. 

Dnmont. 

Lacordaire. 

Lacordaire. 

Lacordaire. 

Lacordaire. 

Spring. 

Spring. 

Spring 

F.  KupfTerscblaeger. 

F.  KupfTerschlaeger. 

Spring(Pro-RecteurX*) 


Si;CRÈTAIRB8. 


Vanderheyden. 

Fuss. 

Ansiaux,  père. 

Warnkœnig. 

Del  vaux,  Cb. 

Wagemann. 

Combaire. 

Destriveaux. 

Van  Rees. 

Benzinger. 

Sauveur,  père. 

Ernst,  J.-G.  J. 

Gaede. 

Ernst,  A.  M.-J. 

Fobmann. 

Destriveaux. 

Lemaire. 

Vottem. 

Gloesener. 

Hennau. 

Ansiaux,  fils. 

Kupferschlaegery  F. 

Brasseur. 

Tandel. 

Sauveur,  fila. 

De  Fooz. 

Lacordaire. 

Burggraff. 

Spring. 

Nypels. 

Ghandelon. 

Scbwartz. 

Vaust. 

Thiry. 

De  Konincli. 

Bormans. 

Simon. 

Macors,  J. 

De  Guyper. 

Loomans. 

Royer. 

De  Savoy e. 

Trasenster. 

Troisfontaines. 

Scbwann. 

Macors,  F. 

Schaar. 

Stecher. 

Peters-Vaust. 

De  Laveleyc. 


PBIIX>BOPHlB. 


^ 


DOYENS. 


SECRÊTAIRLS 


Fuss. 

Gill. 

Gall. 

DenziDgtf. 

Denzinger. 

Gall. 

Wagemann. 

Foss. 

Fuss. 

DeuiBger. 

Gall. 

Deoziog». 

RouiUé. 

Denzinger. 

Fuss. 

Denzin^r. 

Kinker. 

Denzinger. 

Gall. 

DeniiQcer. 

Denzinger. 

Brouwer. 

Rouillé. 

BroDirer. 

Fuss. 

BrOQwer. 

Lesbroussart 

Heanan. 

de  Reiffenberg. 

Tandel. 

Fuss. 

Tandel. 

Fuss. 

Borgnet. 

Fuss. 

Borgnet 

Fuss. 

Burggrsff. 

Bormans. 

Bar^jriff. 

Tandel. 

Schwaru. 

Borgnet. 

Bonnaos. 

Borgnet. 

Tandel. 

Bormans. 

Tandel. 

Tandel. 

Wûnh. 

Borgnet. 

Hennan. 

Bormans. 

Borggrâff. 

Tandel. 

Loomans. 

Baron. 

Fiess. 

Bormans. 

Troiâfont»»s> 

BurggraflT. 

TroisfoatatB». 

Bnrggraff. 

Troisfo&tiii^' 

Loomans. 

Hennau. 

Troisfontaines. 

Stecher. 

Borgnet. 

DeCloâset. 

Bormans. 

De  Closset- 

Baron. 

Le  Roy. 

Loomans. 

Le  Roy. 

Stecber. 

Le  Roy. 

Bormans. 

De  Closset. 

Borgnet. 

DeCb»s^ 

De  Closset. 

Le  Roy. 

Le  Roy. 

Stecher. 

Scbwartz. 

Le  Roy. 

Borgnet. 

Le  Rey. 

i*)U  Facoité  de  phUofophia  ■  été  lappriiiiée  en  1830,  et  rétablie  eo  183S,  an  Tertv  de  la  loi  orgcnique  d«  11  ufosùtt 


AUTORITÉS  AGAUËHIQUES. 


1010 


E3CX%lâS*X«^tf%.ZZl 

« 

ss    3E^uAÉ.cxjxurrE:âi. 

DROIT. 

SCIEIVCES. 

BtÉDEGllVE. 

»OYE*\S. 

• 

SECRÉTAIRES. 

DOYENS. 

SECRET  AIRES. 

DOYENS. 

SECRÉTAIRES. 

.  J.-G.J. 

Warnkœoig. 

Yanderheyden. 

Gaëde. 

Combaire. 

Ansiaux. 

iveaax. 

Warnkœnig. 

DeWaux. 

Gaëde. 

Sauveur,  père. 

Ansiaux. 

^«QÎg. 

Ernst,  J.-G.-J. 

Vaaderheyden. 

Gaëde. 

Ansiaux. 

Combaire. 

,  i.-CJ. 

Destriveaax. 

Gaêde. 

Delvaux. 

Combaire. 

Ansiaux. 

iveaax. 

Warnkœoig. 

Delvaux. 

Gaëde. 

Sauveur. 

Ansiaux. 

lœDig. 

Destriveaux. 

Yanderheyden. 

Gaëde. 

Ansiaux. 

Combaire.  * 

J.-C.-J. 

Warnkœnig. 

Gaôde. 

Delvaux. 

Combaire. 

Ansiaux. 

iveaui. 

Ern8t,J.-G.-J. 

VaDderheyden. 

Gaëde. 

Sauveur. 

Ansiaux. 

k(£nig. 

Destriveaox. 

Delvaax. 

Van  Rees. 

Ansiaux. 

Combaire. 

J.'G.J. 

Enist,  A.-N.-J. 

Van  Rees. 

Bronn. 

Combaire. 

Ansiaux. 

veaux. 

Ernst,  A.-N.-J. 

Vanderheyde9- 

Broon. 

Sauveur. 

Ansiaux. 

,  A.-N.-J. 

Dupont. 

Delvaux. 

Bronn. 

Ansiaux. 

Fobmann. 

;.c.-j. 

DapoDt. 

Vao  Rees. 

Bronn. 

Fobmann. 

Ansiaux. 

?eaux. 

Hennan. 

Gaëde. 

Delvaux. 

Combaire. 

Fobmann. 

,  A.-N.-J, 

Hennau. 

Delvaux. 

Lemaire. 

Sauveur. 

Ansiaux,  fils. 

L 

Hennau. 

Pagaoi. 

Lrmaire. 

Ansiaux. 

Ansiaux,  fils. 

J.-G.-J. 

Hennaa. 

Gaêde. 

Brasseur. 

Fobmann. 

Ansiaux,  fils. 

veaux. 

Henoau. 

Delvaux. 

Brasseur. 

Sauveur. 

Ansiaux,  fiis. 

veaux. 

Kopfferscblaeger. 

Lemaire. 

Brasseur. 

Fobmann. 

Ansiaux,  fils. 

L. 

KupfTerschlaeger. 

Delvaux. 

Brasseur. 

Combaire. 

Ansiaux,  Als. 

L. 

Kupfferschlaeger. 

Noël. 

Brasseur. 

Leroy. 

Ansiaux,  fils. 

t. 

Nypels. 

Gloeseoer. 

Lacordaire. 

Vottem. 

Ansiaux,  fils. 

reaux. 

Nypels. 

Lacordaire. 

De  Koninck. 

Sauveur,  fils. 

Ansiaux,  fils. 

'» 

Godet. 

Rrasseur. 

Gloesener. 

De  Lavacherie. 

Ansiaux,  fils. 

l. 

De  Fooz. 

De  Kooinck. 

Spring. 

Ansiaux,  fils. 

Vaust.  Tb. 

• 

De  Fooz. 

Spring. 

Dumont. 

Frankinet. 

Vaust,  Tb. 

• 

De  Fooz. 

DuDionl. 

Lacordaire. 

Simon. 

Spring. 

eaox. 

Rath. 

Lemaire. 

Gloesener. 

Lombard. 

Spring. 

u 

Rath. 

Gloesener. 

Cbandelon. 

Simon. 

De  Lavacbcrie. 

'• 

Ratb. 

Noël. 

Brasseur. 

Vaust,  Tb. 

Sauveur,  fils. 

Thiry. 

Brasseur. 

De  Cuyper. 

Royer. 

Simon. 

schlacger. 

Thiry. 

De  Cuyper. 

De  Koninck. 

Sauveur. 

Ansiaux. 

Macors. 

Cbandelon. 

Meyer. 

Spring. 

Raikem. 

• 

Macors. 

Lacordaire. 

Trasenster. 

Ansiaux. 

Scbwann. 

sehlaeger. 

De  Savoye. 

Traseoster. 

de  Koninck. 

Scbwann. 

Frankinet. 

De  Savoye. 

De  KoDinck. 

de  Cuyper. 

Raikem. 

Ansiaux. 

• 

De  Savoye. 

De  Cuyper. 

Lacordaire. 

Sauveur. 

Simon. 

schlaeger. 

De  Savoye. 

Lacordaire. 

Dumont. 

Spring. 

Vaust. 

De  Savoye. 

Gloesener. 

Trasenster. 

Simon. 

Peters-Yaust. 

Macors,  F. 

Trasenster. 

de  Koninck. 

Ansiaux. 

Wilmart. 

Macors,  F. 

De  Koninck. 

KupflTerscblaeger,! 

Peters -Vaust. 

Borlëe. 

J. 

Macors,  F. 

De  Cuyper. 

Dewalque. 

Wilmart. 

Royer. 

ye. 

Macors,  F. 

Schaar. 

Kupfferschlaeger. 

Spring. 

Vaust. 

Macors,  F. 

Cbandelon. 

Dewalque. 

Simon. 

Peters  Vaust. 

icblaeger. 

Thiry. 

De  Koninck. 

Bède. 

Sauveur. 

Heuse. 

^r 

Macors,  J.-G. 

Trasenster. 

Morren. 

Scbwann. 

Borlée. 

P. 

De  Savoye. 

Lacordaire. 

Kupfferscblaeger,! 

Borlëe. 

Dresse. 

J.-G. 

De  Laveleye. 

De  Cuyper. 

Gillon. 

Heuse. 

Royer. 

fe. 

De  Laveleye. 

Brasseur. 

Dewalque. 

Ansiaux. 

Scbwann. 

Macors,  F. 

Cbandelon. 

Catalan. 

Vaust. 

Wasseige. 

le  Hactcar  KQpff«nchlMg«r  étant  décédé  le  19  octobre  1866,  M.  Spriog,  Pro- Recteur,  ■  acIieTé  U  3">«  année  de  ton  Rectorat. 


1011 


AUTORITÉS   ACADÉMIQUES. 


1012 


La  51'  année  académique  était  com- 
mencée lorsque  TUniversité  a  célébré 
Tanniversaire  sémi-séculaire  de  son 
inauguration  ;  un  nouveau  recteur  ve- 
nait d*être  installé.  Nous  continuons 
le  tableau  des  autorités  académiques 
jusqu'au  moment  de  la  publication  du 
présent  volume,  en  y  comprenant  éga- 
lement les  secrétaires  des  Facultés. 

Année  académique  194iT«19<l9, 

Recteur  et  président  du  Conseil. 

M.  Ch,  De  Cuyper,  professeur  ordi- 
naire Il  la  Faculté  des  sciences. 

Secrétaire  du  ConsHL 

M.  IS.  KUPFFERSCHLAEGER.  id. 

Doyens  des  Facultés. 

Philosophie  et  lettres  :  M.  P.  Burggraff, 
prof,  ordinaire. 

Droit  :  M.  V.  Thiry,  id. 
Sciences  :  M.  E.-C.  Catalan,  id. 
Médecine  :  M.  Th.  Schwann,  id. 

Année  académique  1 9<I8- 1  S4iO. 

Recteur  et  président  du  Conseil. 
M.  Ch.  de  Cutper. 


Secrétaire  du  Conseil. 

M.  Alph.  Le  Roy,  prof.  ord.  à  la  Fa- 
culté de  philosophie. 

Doyens  des  Facultés. 

Philosophie  et  lettres  :  M.  A.Troisfon- 
taines,  professeur  ordinaire. 

Droit  :  M.  Th.  de  Savotb,  prof.  ord. 

Sciences  :  M.  Is.  Kupfferschlasgkb, 
professeur  ordinaire. 

Médecine  :  M.  H.  Sauveur,  prof.  ord. 

Secrétaires  des  Facultés, 
1867-4868. 

Philosophie  et  lettres  :  M.  J.  Deumsuf, 

professeur  ordinaire. 
Droit  :  M.  F.  Macors,  prof,  ordinaire. 
Sciences  :  M.  Ed.  Morren,  prof.  ord. 
Médecine  :  M.  A.  Wasseigs,  professeur 

extraordinaire. 

1868-4869. 

Philosophie  et  lettres  :  M.  h  Delboeuf, 

professeur  ordinaire. 
DroU  :  M.  P.  Namur,  prof.  ord. 
Sciences  :  M.  A.  Gillon,  prof.  ord. 
Médecine:  M.  Y.  Masius,  professeur 

extraordinaire. 


VII 


ECOLES    SPECIALES 


ANNEXÉES  A  LA  FACULTÉ  DES  SCIENCES. 


On  voit  Ugarer  au  programme  de 
rUniversité  de  Liège,  dès  i8i7,  un 
cours  de  métallurgie,  institué  en  vertu 
de  Tart.  45  du  Règlement  organique 
.  du  25  septembre  4816.  Le  gouverne- 
ment fiaiisait  ainsi  une  première  avance 
k  nos  travailleurs  ;  il  donnait  une  pre- 
mière satisfaction  à  des  besoins  locaux 
dont  il  était  d'autant  plus  soucieux  de 
tenir  compte ,  que  tout  encouragement 
direct  ou  indirect  accordé  à  notre  in- 
dustrie nationale  devait  contribuer  à 
lui  attacher,  par  les  liens  de  la  recon- 
naissance, des  populations  réduites  au 
dernier  degré  d'épuisement  à  la  suite 
des  longues  guerres  de  TEmpire.  La 
pensée  de  Guillaume  I  était  d'annexer, 
aussitôt  que  possible ,  aux  Universités 
de  Gand  et  de  Liège,  de  hautes  écoles 
où  se  recruteraient  désormais  les  in- 
génieurs de  l'Etat,  et  où  les  fils  des 
industriels  recevraient  une  éducation 
forte  et  complète,  en  rapport  avec  leur 
destination,  au  niveau  des  progrès  les 
plus  récents  de  la  science  et  de  la  pra- 
tique. Des  obstacles  de  toute  sorte  re- 


tardèrent de  plusieurs  années  la  réali- 
sation de  ce  projet  :  le  13  mai  4825, 
enfin,  parut  un  arrêté  royal  prescrivant, 
dans  chacune  des  Universités,  l'ensei- 
gnement de  la  chimie  et  de  la  mécani- 
que appliqués  aux  arts  ;  le  même  arrêté 
dotait  la  Faculté  des  sciences  de  Liège 
d'un  cours  d'exploitation  des  mines, 
qui  devait  s'étendre  à  deux  années  d'é- 
tudes. Le  5  août  suivant  intervint  un 
règlement  qui  groupait  autour  de  la 
chaire  d'exploitation,  pour  ces  deux 
années,  un  certain  nombre  de  cours 
auxiliaires.  C*est  dans  ces  conditions 
que  VEcole  des  mines  de  Liège  fut  ou- 
verte au  mois  d'octobre  4825. 

«  Pour  être  admis  aux  cours  de  la 
4~  année,  les  élèves  devaient  posséder 
l'arithmétique  et  les  éléments  de  l'al- 
gèbre et  de  la  géométrie.  Avant  leur 
admission,  ils  étaient  tenus  de  subir  un 
examen  devant  la  Faculté  des  sciences. 
Les  cours  de  la  2*  année  n'étaient  ac- 
cessibles qu'ù  ceux  qui,  outre  les  scien- 
ces enseignées  dans  les  cours  de  la  4** 
année,  possédaient  celles  qui  font  l'ob- 


1015 


ÉCOLES   SPÉCIALES. 


1016 


jet  des  études  dans  les  Athénées  et  les 
Collèges.  Les  candidats,  pour  consta- 
ter cette  double  aptitude,  subissaient 
un  examen  préalable  devant  les  Facul- 
tés des  sciences  et  des  lettres.  Ces  exa- 
mens étaient  gratuits.  A  la  fin  du  cours 
complet,  les  élèves  qui  désiraient  obte- 
nir des  certificats  de  capacité  étaient 
examinés,  sur  toutes  les  parties  de 
rinstruction,  par  la  Faculté  des  sciences 
de  rUniversité,  et  il  leur  était  délivré 
des  certificats  d'après  leur  talent  et 
leurs  connaissances  acquises  (  *  ).  » 

Les  cours  de  la  première  année  com- 
prenaient : 

i^  La  minéralogie  et  la  géologie; 

2<>  La  chimie  ; 

S"*  La  physique  (la  théorie  du  calo- 
rique, des  gaz,  des  vapeurs,  les  prin- 
cipes d*après  lesquels  se  dirige  la  cons- 
truction des  divers  fourneaux)  ; 

4^  Les  mathématiques  (trigonomé- 
trie rectiligne  et  sphérique,  géométrie 
descriptive,  statique  et  hydrcstalique); 

5^  L'exploitation  des  mines,  se  com- 
posant de  la  recherche  des  mines,  mi- 
nières et  carrières  ,  des  différentes 
fouilles  et  méthodes  d'exploitation,  à 
ciel  ouvert  et  souterraines,  les  moyens 
de  descendre  dans  les  mines  et  d'y  être 
éclairé,  les  procédés  pour  étayer  les 
travaux  souterrains  et  les  aérer,  la  levée 
des  plans  des  mines,  miniè|j^s  et  car- 
rières. 

Les  cours  de  la  deuxième  année  com- 
prenaient : 

{0  La  minéralurgie  ; 

2°  La  docimasie , 

3o  La  physique  mécanique  ; 

4°  Les  mathématiques  (l'art  de  lever 
et  dessiner  les  plans  et  principalement 
ceux  des  mines,  minières  et  carrières, 
l'application  de  la  géométrie  descrip- 
tive au  dessin,  à  l'intelligence  et  à  la 
construction  des  machines  dont  la 
théorie  était  développée  dans  le  cours 
de  physique)  ; 

(  *  )  Etat  de  finntruction  supérieure  en  Bel- 
gique (Rapp.  de  M.  Notliomb).  Bruxelles, 
4844,  in-go,  1. 1,  p.  LXX. 

{*)lbid,,p.  643. 

(')  Rapp.  de  M.  Piercot.  BruxeUes,  1854, 
10-80,  p.  436. 

(*)  Examen  de  quelques  questions  rela- 
tives à  renseignement  supérieur  dans    le 


5'  Le  complément  du  cours  d'exploi- 
tation (retenue,  écoulement  et  épuise- 
ment des  eaux,  choix  et  emploi  des 
moteurs,  construction  des  digues,  des 
canaux  et  des  aqueducs,  extraction  et 
transport  des  minerais  ;  enfin,  prépara- 
tion mécanique  des  substances  ex- 
traites) (•). 

L'arrêté  du  5  août  ne  reçut  qu'une 
exécution  incomplète  ;  les  élèves,  n'étant 
soumis  à  aucun  régime  particulier,  ni 
à  aucune  direction  spéciale,  suivirent  à 
leur  gré  les  cours  qu'ils  préféraient  et 
et  ne  se  présentèrent  point  aux  exa- 
mens (•). 

En  4828,  la  Faculté  des  sciences  de 
Liège  déclara  qu'à  son  sens,  les  Ecoles 
spéciales  devraient  être  entièrement  sé- 
parées des  Universités (v.  ci-dessus, 
col.  280). 

Dans  une  brochure  qui  fit  du  bmit 
l'année  suivante  C) ,  Ch.  de  Brouckere 
reprochait  à  l'Ecole  des  mines  de  Liège 
de  ne  pas  répondre  aux  conditions  de 
sa  création.  «  Elle  est  théorique,  di- 
sait-il, tandis  que  la  pratique  est  de 
première  nécessité  dans  les  arts  et  dans 
les  sciences  industrielles.  »  Il  récla- 
mait, en  conséquence,  la  création  d'éta- 
blissements techniques  essentiellemeut 
professionnels,  accompagnés  d'ateliers 
normaux,  ne  recevant  d'ailleurs  que 
des  élèves  sufiisamment  pourvus  de 
connaissances  générales.  Ces  idées  sur- 
vécurent à  la  révolution  :  lorsque  la 
régence  de  Louvain,  le  50  juillet  1851, 
demanda  qu'une  Université  unique  fût 
créée  en  Belgique  et  qu'on  en  fixât  le 
siège  en  cette  ville,  elle  proposa  en 
même  temps  d'établir  à  Liège  FEcole 
militaire,  l'Ecole  des  arts  et  métiers  et 
toutes  les  écoles  spéciales  dont  on 
éprouvait  le  besoin. 

il  serait  injuste  de  ne  point  rappeler 
que  l'ancienne  Ecole  des  mines  de  Liège 
forma  quelques  bons  élèves  (*);  — 
on  ne  doit  pas  non  plus  prendre  à  la 

royaume  des  Pay^-ffox.  Liège, Lebeaa-Oa- 
werx,  4839,  in-8<>,  p.  51  et  suiv. 

{*)  Moas  citeroos  G.  Bidaut  (v.  ci-après 
aux  Additions);  MM.  Victor  Simoo,  aac.  di 
rocleur-génëral  de  la  Soc.  de  la  NouveUo-MoD  - 
tagne;  Armand  Nagelmackers,  industriel  et 
consul  d'Espagne  à  Liège;  Gust.  Lambioon,de 
Liéçe,  créateor  de  plusieurs  établissements 


1017 


ÉCOLES   SPÉCIALES. 


1018 


lettre  Tassertion  de  Ch.  de  Brouckère: 
les  élèves-ingénieurs  d*aIors  ,  comme 
reux  d'aujourd'hui,  allaient  en  excur- 
sion, descendaient  dans  les  houillères, 
levaient  des  plans  et  mesuraient  des 
hauteurs  an  moyen  du  baromètre.  Mais 
il  est  vrai  de  dire  que  tous  ne  persévé- 
rèrent pas  Jusqu'à  la  fin,  et  que  la  Fa- 
culté des  sciences  n'eut  guère  l'occa- 
sion de  les  examiner.  Ceux  qui  du- 
rent être  munis  de  certificats  allèrent 
les  chercher  à  Namur,  où  une  Commis- 
sion de  trois  ingénieurs,  présidée  par 
Cauchy,  fut  spécialement  chargée  de 
constater  leur  degré  d'instruction. 

Le  service  des  mines  fut  régulière- 
ment organisé  par  l'arrêté  royal  du  29 
août  1851,  qui  détermina  les  attribu- 
tions des  trois  ingénieurs  en  chef  (pour 
les  divisions  de  Mons,  de  Namur  et  de 
Liège),  celles  des  ingénieurs  de  dis- 
trict, celles  des  sous-ingénieurs  et 
enfin  celles  des  conducteurs,  et  qui 
institua  en  outre,  près  du  département 
de  l'intérieur,  an  Conseil  des  mines, 
chargé  d'examiner  les  demandes  en 
concession  et  toutes  les  affaires  con- 
tentieuses.  Les  nominations  des  conduc- 
teurs eurent  lieu  sur  concours  ;  le  pro- 
gramme de  ces  concours  ou  de  ces  exa- 
mens devait  être  arrêté  par  le  ministre 
{*);  une  fois  conducteur,on  entrait  dans 
la  hiérarchie  administrative  et  Tavance- 
ment  suivait  son  cours  régulier. 

Le  complément  de  cette  organisation 
devait  être,  dans  les  idées  du  temps,  la 
création  d'une  Ecole  polytechnique, 
entièrement  distincte  de  l'Université 
nationale.  La  Commission  chargée,  en 
1852,  de  préparer  un  projet  de  loi  sur 
renseignement  à  tous  les  degrés,  se 
prononça  en  ce  sens  ;  une  autre  Com- 
mission, nommée  en  1855,  proposa  au 


contraire  de  maintenir  deux  Universi- 
tés de  l'Etat,  à  Gand  et  à  Liège,  et 
d'annexer  tout  simplement  quelques 
cours  spéciaux  à  leurs  Facultés  des 
sciences ,  là  pour  les  ponts  et  chaus- 
sées, ici  pour  les  mines  :  l'idée  d'une 
Ecole  polytechnique  fut  décidément 
abandonnée.  La  loi  du  27  septembre 

1855  mit  un  terme  à  ces  tâtonnements 
par  son  art.  4,  §  2 ,  ainsi  conçu  ; 

tt  Dans  la  Faculté  des  sciences  de 
»  Liège,  on  enseignera  l'exploilatioa 
»  des  mines,  la  métallurgie,  la  géomé- 
»  trie  descriptive  avec  des  applications 
»  spéciales  à  la  construction  des  ma- 
»  chines.  » 

En  exécution  des  art.  2,  4  et  6  de  la 
loi,  l'arrêté  organique  du27  septembre 

1856  décréta  (art.  1)  que  renseigne- 
ment des  branches  ci-dessus  désignées 
serait  réuni  dans  la  dite  Faculté,  sous 
le  titre  d'Ecole  des  arts  et  manufac- 
tures et  des  mines.  On  entrait  dans  une 
ère  nouvelle  :  cette  fois,  les  espérances 
du  législateur  furent  non  seulement 
réalisées,  mais  dépassées  ;  la  réputation 
des  Ecoles  de  Liège  était  appelée  à  s'é- 
tendre, en  peu  d'années,  au-delà  même 
des  limites  de  l'Europe. 

Dans  le  système  de  1856,  les  leçons 
devaient  être  combinées  de  manière  â 
permettre  aux  élèves,  soit  des  arts, 
soit  des  mines,  de  terminer  leurséludes 
en  quatre  ans.  Les  cours  des  deux  pre- 
mières années  étaient  communs  aux 
deux  sections;  ils  formaient  VEcole 
théorique.  Les  cours  de  la  5*  et  de  la 
4*  année  formaient  VEcole  d'application  ; 
il  n'y  avait  bifurcation  qu'à  partir  de  la 
quatrième  année. 

L'instruction  théorique  comprenait  ; 

Première  année  :  1**  [^'algèbre  supé- 
rieure ,  le  calcul  dififérentiel  jusqu'à 


considérables  à  Stolberg  e(  eo  Weslphalie;  le 
baron  de  Crassier,  décédé  ingénieur  des 
mine:)  du  gouvernement,  à  Namur  ;  Achille 
Dandelin,  ingénieur  à  Bruxelles  (décédé,; 
Massart,  décédé  à  Anvers,  major  ou  l<-colo- 
neldes  sapeurs-mineurs;  Ed.  Malherbe,  fa- 
bricant d'armes  à  Liège;  Paul  de  Bavay, 
industriel  à  Bruxelles,  etc.  —  Les  rensei- 
gnements officiels  nous  font  malheureuse- 
ment défaut. 

(*)  Voir  dans  le  Rapport  de  M.  Nothomb, 


t.  t.,  p.  d50et  suiv.,  le  programme  arrêté 
par  M.  Ch.  Rogier;  p.  98â  et  suiv.,  le  pro- 
gramme arrêté  en  183IS,  sous  le  ministère  de 
M.  le  comte  de  TheuX  ;  t.  II,  p.  1090  et  suiv., 
le  programme  du  concours  de  1836;  p.  4160, 
le  progr.  de  1837,  pour  les  sous-ingénieurs 
et  les  conducteurs  de  3«  classe  (arnHé  par 
M.  Nothomb,  ministre  des  travaux  publics), 
etc.  Le  même  système  a  été  suivi  jusqu'à  la 
suppression  du  grade  de  conducteur  (voir  ci- 
après). 


1019 


ÉCOLES    SPÉCIALES. 


40-20 


rintégration  de  Téquation,  h  statique 
analytique,  une  partie  delà  dynamique  ; 
2o  la  physique  ;  3"*  la  géométrie  des- 
criptive ;  les  épures  au  trait. 

Deuxième  année:  1<^  Le  calcul  inté- 
gral, la  dynamique,  l'hydrostatique, 
rhydrodynamique  ;  ^^  la  chimie  ;  3°  la 
géométrie  descriptive  appliquée  à  la 
coupe  des  pierres,  k  la  charpente  et 
aux  ombres;  les  épures  au  trait  et  au 
lavis. 

Les  examens  de  passage  (2  heures) 
étaient  subis  devant  trois  professeurs  de 
la  Faculté,  désignés  annuellement  par 
le  ministre  de  rintérieur;  les  élèves 
devaient  présenter  aux  examinateurs 
le  cahier  de  leurs  épures,  dûment  pa- 
raphées (*);  ils  étaient  classés  par 
ordre  de  mérite. 

Les  études  delà  tromème  année com- 
prenaient  :  i^  la  mécanique  appliquée 
aux  arts  ;  2°  la  physique  appliquée  aux 
arts  ;  3®  la  minéralogie  et  la  géologie  ; 
4®  les  constructions  industrielles  et  les 
épures  relatives  à  ces  constructions  ; 
et,  pendant  le  semestre  d^été  ;  5®  le  nivel- 
lement et  les  levés  sur  le  terrain  au 
mètre,  à  la  boussole,  au  graphomètre, 
à  la  planchette,  etc.;  G^  des  visites  aux 
principaux  établissements  industriels 
de  la  ville  et  des  environs. 

Les  deux  sections  se  séparaient , 
comme  nous  Tavons  dit,  au  moment 
d*aborder  les  études  de  la  quatrième 
année  .  Celles-ci  comprenaient  : 

A.  Pour  les  arU  et  manufactures  : 
i^  la  mécanique  appliquée  aux  arts  et 
spécialement  k  remploi  des  machines 
de  tout  genre  et  le  dessin  des  ma- 
chines ;  ^  la  chimie  appliquée  aux  arts 
et  les  manipulations  chimiques  ;  3^ 
rhistoire  naturelle  (animaux  et  plantes 
utiles  aux  arts  et  à  Tinduslrie);  4^  L'é- 
conomie sociale  et  le  droit  administra- 
tif; 5**  pendant  le  semestre  d'été,  les 
élèves  s'occupaient  de  projets  d'usines 
et  de  visites  d'établissements;  ils  en 
devaient  faire  l'objet  de  mémoires  et  de 
dessins  aussi  détaillés  que  possible. 


B.  Pour  lesmmes  :  i«La  dodmasie 
et  les  analyses  des  substances  miné- 
rales ;  S«  la  métallurgie;  3»  la  recher- 
che et  l'exploitation  des  mines  ;  4^  la 
législation  des  mines.  —  Les  élèves 
avaient  en  outre  à  lever  des  plans  des 
travaux  des  mines,  et  à  visiter  des 
mines  et  des  usines  métallurgiques; 
pendant  le  semestre  d'été,  on  consacrait 
un  certain  temps  à  des  excursions  mi- 
néralogiques  et  géologiques. 

Les  cours  d'application  terminés,le$ 
élèves  de  chaque  section  étaient  exa- 
minés par  des  jurys  de  trois  membres 
désignés  par  le  ministre,  et  au  nombre 
desquels  devait  se  trouver  au  moins  un 
professeur  de  l'Ecole  d'application  et 
un  ingénieur  des  mines,  ou  un  fabri- 
cant ou  manufacturier,  pour  la  section 
des  arts  et  manufactures.  Ces  jurys 
se  réunissaient  à  Liège  trois  semaines 
avant  l'expiration  des  semestres  d'été 
et  observaient  les  formalités  prescrites 
par  les  art.  52  à  60  de  la  loi  sur  l'in- 
struction supérieure. 

L'art.  14  de  l'arrêté  organique  char- 
geait l'administrateur-inspecteur  de  l'U- 
niversité de  toutes  les  mesures  d'exé- 
cution, et  lui  conflait  en  même  temps 
la  mission  de  régler  le  régime  intérieur 
de  l'Ecole.  D.  Arnould  (v.  ce  nom) 
s'occupa  sans  retard  de  l'insiallation 
des  élèves,  pourvut  à  llnspection  pro- 
visoire des  études  et  réglementa  les 
interrogations  ;  l'Ecole  n'étant  pas  en- 
core rattachée  à  l'administration  des 
mines,  et  les  élèves,  par  suite,  n'ayant 
que  peu  de  chances  d'être  admis  dans 
ce  corps,  la  division  des  arts  et  manu- 
factures fut  considérée,  à  l'origine, 
comme  la  plus  importante  des  deux. 
«  Pour  seconder  cette  tendance  et  pour- 
voir à  l'insuffiance  du  local,  l'adminis- 
trateur inspecteur  demanda  à  Tadmi- 
nistration  communale  la  construction 
d'une  nouvelle  aile  de  bâtiment,  con- 
sacrés uniquement  à  l'Ecole  et  k  l'ate- 
lier qu'on  avait  dès  lors  l'intention  d'y 
établir.  Un  subside  de  125,000  francs 


[*)  Une  circalaire  miDislérîelle  du  19  oc- 
tobre 4886  décida  que  les  personnes  étran- 
gères aux  Universités  de  l'Etat  pourraient 
obtenir  le  diplôme  de  capacité^  mais  il  con- 
dition de  subir  les  quatre  examens  annuels. 


et  d'en  observer  les  intervalles  ;  ces  récipien- 
daires, au  lien  de  présenter  un  cahier  d'é- 
pures,  devaient  exécuter,  sous  les  yeux  du 
jury,  des  épures  à  désigner  par  les  exami- 
nateurs. 


1021 


ÉCOLES  SPÉCIALES. 


1022 


fut  voté,  dans  ce  but»  par  le  Conseil 
communal,  dans  sa  séance  du  4  mars 
1838.  Le  Conseil  provincial  alloua, 
dans  le  mois  de  juillet  suivant,  une 
somme  de  28,000  francs  pour  Tacqui- 
sition  des  machines  nécessaires  à  Ta- 
telier  (  *  ).  » 

Cependant  le  gouvernement  recon- 
nut la  nécessité  de  mettre  renseigne- 
ment supérieur  en  rapport  avec  le  corps 
des  mines  ;  l'arrêté  du  40  octobre  1858 
divisa  en  conséquence  TEcole  de  Liège 
en  deux  écoles  tout  à  fait  distinctes, 
Tune  pour  les  arts  et  manufactures, 
Fautre  pour  les  mines.  Celle-ci  fut  à  son 
tour  partagée  en  deux  divisions,  cor- 
respondant à  deux  degrés  différents  du 
même  genre  d'instruction  spéciale  (art. 
2).  La  division  supérieure  devait  pré- 
parer les  élèves  à  Fexamen  de  sous- 
ingénieur.  Les  études  de  la  division  in- 
férieure conduisaient  au  grade  de  con- 
ducteur. Les  aspirants  -  conducteurs 
étaient  du  reste  autorisés  à  suivre  les 
leçons  de  la  division  supérieure  «  qui 
ne  seraient  pas,  dans  toutes  leurs  par- 
ties, inaccessibles  à  leur  degré  d*ins- 
truction  »  (art.  5).  Il  était  créé  une 
classe  d*élèves  des  mines  (élèves-ingé" 
nieurs  ,  élèves-conducteurs) ,  attachés 
au  corps  des  mines,  mais  ne  prenant 
point  rang  dans  le  cadre  hiérarchique. 
Le  titre  d'élève  des  miues  s'obtenait 
au  concours  (art.  G),  devant  un  JU17  de 
trois  membres  désignés  par  le  minis- 
tre des  travaux  publics,  et  siégeant  à 
Bruxelles  ;  les  récipiendaires  devaient 
avoir  dix-huit  ans  révolus.  Les  études 
des  élèves-ingénieurs  embrassaient  trois 
années  ;  celles  des  élèves-coiiilucteurs, 
deux  années  seulement.  Ils  ne  jouis- 
saient d'aucun  traitement  ;  mais  des 
indemnités  pouvaient  leur  éhe  aicor- 
dées  ,  soit  à  titre  d'encouragement, 
soit  pour  frais  de  voyage.  Ils  devaient 
fréquenter  régulièrement  les  cours,  soit 
de  l'Ecole  de  Liège,  soit  de  tonte  autre 
institution  analogue,  établie  par  des 
particuliers,  ou  par  des  communes  ou 
par  des  provinces.  Ils  étaient  tenus  de 
s'exercer,  pendant  le  semestre  d'été,  à 
toutes  les  opérations  géodésiques,  au 
levé  des  machines,  etc.  ;  ils  devaient 


visiter,  avec  leurs  professeurs  ou  répé- 
titeurs respectifs,  des  mines  ou  d'autres 
établissements  industriels,  et  enlre- 
treprendre  des  courses  géologiques  ; 
ils  pouvaient  être  envoyés  à  l'étranger 
aux  frais  du  gouvernement,  comme  on 
vient  de  le  dire  ;  enfln,  les  élèves-ingé- 
nieurs les  plus  capables  devaient  être 
adjoints  aux  ingénieurs  de  l'Etat,  pen- 
dant l'été  de  la  5'  année,  pour  s'initier 
par  la  pratique  à  tous  les  détails  du 
service  administratif;  de  même,  les 
élèves-conducteurs  de  2«  année  étaient 
distribués,  en  été,  dans  les  divers  dis- 
tricts des  mines,  pour  y  aider  les  con- 
ducteurs dans  leurs  opérations,  et  y 
acquérir  l'usage  des  instruments  de  la 
géométrie  souterraine. 

Le  dernier  $  de  l'art.  Il  portait  la 
disposition  suivante:  «  L'élève  qui,  pen- 
»  dant  2  années  consécutives ,  se  sera 
»  trouvé  hors  débat  de  satisfaire  aux 
»  conditions  imposées  par  l'admission 
»  à  la  division  supérieure,  ou  qui  aura 
»  accompli  4  années  de  surnumérariat 
»  comme  élève-ingénieur  ou  3  années 
»  comme  élève-conducteur  sans  pouvoir 
»  passer  son  examen  définitif,  cessera 
»  de  faire  partie  du  corps  des  mines.  » 

Etaient  inclusivement  admis  à  l'exa- 
men de  sous-ingénieur  : 

l""  Les  élèves-Ingénieurs  ayant  ter- 
miné leur  temps  d'études  ; 

2''  Les  conducteurs  des  mines  qui , 
ayant  au  moins  trois  ans  de  service  dans 
le  corps ,  et  les  candidats  étrangers  au 
corps  qui,  pouvant  justifier  d'une  prati- 
que régulière  et  honorable  de  cinq  an- 
nées dans  la  conduite  ou  la  direction 
des  travaux  d'exploitation  des  mines, 
auraient  satisfait  préalablement  aux 
conditions  de  l'examen  exigé  par  l'art. 
6  pour  l'admission  en  qualité  d'élève-in- 
gériieur^  et  à  celles  des  examens  de  pas- 
sage prescrits  par  l'art.  11  de  l'arrêté 
du  {"  octobre  ; 

3^  Les  conducteurs  des  mines  ayant 
au  moins  sept  ans  de  service  dans  le 
corps,  et  ayant  satisfait  aux  conditions 
des  dits  examens  partiels. 

Etaient  seuls  admis  à  se  présenter 
devant  le  jury  spécial  pour  la  place  de 
conducteur  : 


(«;  Rapport  de  M.  Piercot,  précité.  —  Y.      Tari.  Brassbue^  eol.  89. 


1023 


ÉCOLES   SPÉGIALRS. 


1024 


i*  Les  élèves-conducteurs  ayant  ter- 
miné leur  temps  d'études  : 

2°  Les  élèves-ingénieurs  qui, ayant 
terminé  leur  temps  d*études ,  n'auraient 
point  été  jugés  admissibles  au  grade  de 
sous-ingénieur  ; 

y*  Les  candidats  étrangers  au  corps 
qui,  pouvant  justiûer  d'une  pratique  ré- 
gulière et  lionorable  de  trois  années 
dans  la  conduite  ou  la  direction  des 
travaux  d'exploitation  des  mines,  au- 
raient satisfait  préalablement  aux  con- 
ditions de  Texamen  prescrit  par  Fart.  6 
pour  Tadmission  au  grade  d'élève-con- 
ducteur, et  de  l'examen  de  passage  de 
la  l'«  à  la  2«  année  d*éludes. 

Le  jury  classait  les  récipiendaires  par 
ordre  de  mérite  ;  les  premiers  de  liste 
des  concurrents  pourles  places  de  sous- 
ingénieur  entraient  à  ce  titre  dans  le 
service  de  l'État,  jusqu'à  épuisement 
du  nombre  des  places  immédiatement 
disponibles  ;  les  premiers  de  liste  des 
concurrents  pour  les  places  de  conduc- 
teurs étaient  de  mème.et  dans  les  mêmes 
conditions,  incorporés  dans  la  hiérar- 
chie administrative.  Les  autres  rece- 
vaient respectivement  le  titre  de  sous- 
ingénieur  honoraire  et  le  titre  de  con-- 
ducteur  honoraire  des  mines  ;  il  leur  était 
loisible  de  se  présenter  aux  concours 
des  années  suivantes,  en  subissant  de 
rechef  les  examens  avec  les  nouveaux 
élèves. 

Le  règlement  organique  de  l'Ecole 
des  mines  fut  arrêté  le  18  octobre  i858, 
conformément  à  ce  système.  L'ancienne 
École  théorique  \)r\l  le  nom  d'École  pré- 
paratoire; elle  embrassa  dans  son  pro- 
gramme toutes  les  connaissances  ma- 
thématiques, physiques  et  naturelles 
nécessaires  aux  élèves  des  Ëcoles  spé- 
ciales. Pour  y  être  admis  ,  il  fallait 
subir,  devant  un  jury  de  trois  membres 
désignés  par  le  ministre  de  l'intérieur, 
un  examen  sur  les  matières  suivantes  ; 

l""  L'arithmétique  complète  ; 

2<*  La  géométrie  élémentaire  ; 

5<^  La  trigonométrie  rectiligne,  les 
éléments  de  la  trigonométrie  sphérique 
et  l'usage  des  tables  de  lignes  trigono- 
métriques  ; 

4^  Les  principales  théories  de  l'algè- 
bre élémentaire  ; 

5^  La  géométrie  analytique  ; 


^'*  Les  éléments  du  dessin  ; 

7^  Les  principes  de  la  langue  fran- 
çaise. 

  l'époque  où  nous  sommes  parvenus, 
renseignement  moyen  donné  aux  frais 
de  l'État  n'avait  point  encore  été  réglé 
par  la  loi,  selon  le  vœu  de  la  constitu- 
tion. Les  programmes  des  Athénées  et 
des  Collèges  ne  correspondaient  pas  de 
tout  point  à  celui  qu'on  vient  de  lire  ; 
de  là  (art.  8)  une  mesure  de  circons- 
tance : 

a  Transitoirement,  le$  cours  qui  se- 
»  raient  nécessaires  pour  mettre  les 
»  élèves  sortant  des  Athénées  en  état  de 
»  subir  les  examens  d'admission  aux 
»  écoles  préparatoires,  seront  maintenus 
»  dans  les  dépendances  des  Universités 
»  par  les  soins  des  administrateurs-in- 
»  specteurs.  —  Cet  enseignement  tran- 
)>  sitoire  sera  conçu  de  manière  que  les 
»  jeunes  gens  ayant  reçu  dans  les  Atbé- 
»  nées  les  premières  notions  des  scien- 
»  ces  puissent  terminer  leurs  études 
n  préliminaires  en  une  année.  » 

En  revanche,  les  élèves  qui  avaient 
commencé  leurs  études  scientifiques  en 
dehors  de  l'Université  étaient  autorisés 
à  entrer,  moyennant  examen,  soit  dans 
la  section  de  deuxième  année  de  l'École 
préparatoire,  soit  même  immédiatement 
dans  une  École  spéciale;  ces  dispositions 
étaient  applicables  à  l'Ecole  des  arts  et 
manufactures  comme  à  celle  des  mines. 

L'enseignement  donné  à  l'Ecole  pré- 
paratoire comprenait  la  haute  algèbre, 
les  calculs  difiérenticl  et  intégral,  la 
mécanique  analytique,  la  géométrie  des- 
criptive et  ses  applications,  la  physique, 
la  chimie  et  les  manipulations  chimi- 
ques, les  éléments  de  l'architecture,  de 
l'astronomie^  de  la  géodésie  et  de  la 
topographie,  de  l'arithmétique  sociale  ; 
enfin,  le  dessin  et  le  lavis. 

L'École  était  placée  sous  l'autorité 
supérieure  de  l'administrateur-inspec- 
teur  de  l'Université  et  sous  la  direction 
immédiate  d'un  professeur-inspecteur 
des  études.  Ce  dernier  avait  pour  mis- 
sion de  surveiller  tous  les  détails  de 
l'instruction  et  de  tenir  la  main  à  l'exé- 
cution de  tous  les  règlements  concer- 
nant le  régime  intérieur,  lesquels  règle- 
ments étaient  arrêtés,  sur  son  rapport, 
parradministrateur-inspecteur.  La  sur- 


10â5 


tvCOLRS   SPÉCIALES. 


1026 


veîllaDce  de  l'inspecteur  ne  s'étendait 
pas,  du  reste,  sur  les  professeurs  ni 
sur  les  cours  de  l'Université. 

A  la  On  de  chaque  année  d'études, 
les  élèves  étaient  classés  par  ordre  de 
mérite,  dans  leurs  divisions  respectives, 
d'après  les  notes  obtenues  par  chacun 
d'eux  dans  les  interrog;ations  particu- 
lières ou  générales,  les  manipulations, 
les  exercices  pratiques  ou  les  concours. 
La  valeur  de  ces  notes  était  exprimée 
par  le  relevé  des  nombres  ou  des  degrés 
portés  successivement  en  compte  h  cha^ 
que  élève  pendant  la  durée  de  son  séjour 
i  l'Ecole.  Un  règlement  parliculier  dé- 
terminait le  mode  d'appréciation  des 
résultats  des  divers  genres  d'examens 
ou  d'exercices,  et  le  chiffre  absolu  des 
degrés  nécessaires  pour  être  admissible 
à  un  enseignement  supérieur. 

Dans  les  deux  divisions  de  ÏEcole 
spéciale  des  mines,  le  plan  de  l'instruc- 
tion comprenait  : 

V  Des  leçons  orales  sur  l'application 
des  sciences  à  l'exploitation  des  mines, 
et  sur  les  principes  économiques  et 
administratifs  qui  se  rapportent  à  cette 
spécialité  ; 

2®  Des  études  suivies  d'interroga- 
tions, des  répélittons,  des  travaux  gra- 
phiques, des  concours,  des  projets 
d'art  ; 

y  Des  opérations  sur  le  terrain,  des 
explorations  minéralogiques  et  géolo- 
giques, des  levés  de  machines,  et  gé- 
néralement tous  les  moyens  d'éducation 
professionnelle  pouvant  être  offerts  aux 
élèves  dans  des  excursions  scientifiques, 
et  des  visites  d'ateliers  ou  d'exploita- 
tions de  mines. 

1^9  leçons  orales  étaient  reçues  par 
les  élèves  aux  cours  spéciaux  de  l'Uni- 
versité; les  études,  les  répétitions,  les 
interrogations,  les  exercices  graphi- 
ques, les  manipulations ,  les  concours 
s'effectuaient  d'après  le  mode  et  dans 
l'ordre  de  temps  déterminés  par  les  rè- 
glements intérieurs  de  l'Ecole,  dans 
des  salles  et  des  laboratoires  préparés 
à  cet  effet.  Les  opérations  sur  le  ter- 
rain, les  explorations  géologiques,  ainsi 
que  les  exercices  pratiques  dans  les  éta- 
blissements d'exploitation  ouverts  aux 
élèves,  dévoilent  se  faire  pendant  le  se- 
mestre d'été,  aux  moments  choisis  par 


les  autorités  de  l'Ecole.  Les  élèves  de- 
vaient passer  chaque  jour  au  moins 
neuf  heures,  en  hiver,  et  au  moins  dix 
heures,  en  été,  dans  l'intérieur  de  l'E- 
cole. 

Dans  la  division  supérieure ,  l'ensei- 
gnement oral  portait  sur  douze  matières 
différentes  : 

l""  L'histoire  naturelle,  considérée 
dans  ses  rapports  avec  les  construc- 
tions industrielles  et  l'exploitation  des 
mines  ; 

d""  La  minéralogie  et  la  géologie; 

y  La  composition,  la  construction 
et  l'emploi  des  machines; 

A""  Le  calcul  de  l'effet  des  machines  ; 

5<»  Les  constructions  industrielles; 

6*"  La  physique  industrielle  ; 

7^  La  chimie  industrielle; 

H""  La  métallurgie  et  l'analyse  des 
substances  minérales; 

9*"  La  recherche  et  l'exploitation  des 
mines  ; 

lOo  La  législation  des  mines; 

li»  L'économie  sociale; 

iâ«  Des  notions  sur  le  service  des 
ingénieurs  des  mines. 

L'instruction  orale  donnée  aux  élèves 
de  la  division  inférieure  comprenait  les 
parties  des  cours  précités  que  ces 
élèves  étaient  capables  de  suivre,  et,  en 
outre,  le  cours  de  géométrie  descrip- 
tive, ainsi  que  les  applications  de  c^tte 
science  à  la  perspective,  aux  ombres, 
à  la  coupe  des  pierres  et  à  la  charpente. 

De  même  que  l'Ecole  préparatoire, 
l'Ecole  spéciale  était  placée  sous  l'ac- 
tivité supérieure  de  l'adminstrateur- 
inspecteur  de  l'Université  et  sous  la 
direction  immédiate  d'un  professeur- 
inspecteur.  N'étaient  considérés  comme 
élèves  de  l'Ecole  que  ceux  qui ,  après 
avoir  subi  l'examen  d'admission,  s'é- 
taient soumis  au  régime  intérieur  et 
participaient  aux  exercices,  aux  répé- 
titions et  aux  études  de  leur  division 
respective. 

V Ecole  spéciale  des  arts  et  manufac- 
tures embrassait  dans  le  cadre  de  son 
institution  tout  le  système  de  l'ensei- 
gnement de  l'application  des  sciences 
aux  procédés  généraux  de  l'industrie 
et  aux  principales  branches  des  fabri- 
cations spéciales.  L'Ecole  de  IJége  avait 
plus  particulièrement  en  vue  les  arts 

58 


1027 


IsCOlKS  SPÉCIALES. 


1038 


chimiques;  celle  de  Gand,  les  arts  nié- 
caniqaes. 

Le  plan  de  Hnstruction  comprenait  : 

i^  Des  leçons  orales  sur  Tapplica- 
tlon  des  sciences  aux  arts  industriels  et 
sur  les  principes  de  Féconomie  sociale  ; 

f^  Des  études  suivies  dlnterroga- 
tions,  des  répétitions,  des  manipula- 
tions, des  travaux  graphiques  et  des 
concours  de  projets  d*usines; 

5°  Des  Wsites  d*établissements  in- 
dustriels. 

Les  dispositions  relatives  au  régime 
intérieur  et  aux  exercices  pratiques 
étaient  les  mêmes  que  dans  TEcole 
spéciale  des  mines  et  dans  TEcole  pré- 
paratoire. 

L'instruction  orale,  donnée  à  TUni- 
versité,  embrassait  les  cours  suivants, 
répartis  en  deux  années  d'études  : 

i  <*  Histoire  naturelle,  considérée  dans 
ses  rapports  principaux  avec  l'indus- 
trie; 

l""  Minéralogie  et  géologie; 

5<>  Composition,  construction  et  em- 
ploi des  machines  usuelles  ; 

ii**  Physique  industrielle; 

5<»  Chimie  analytique  ; 

6**  Essais  commerciaux  ; 

V  Economie  sociale  (  '  )  ; 

S*"  Chimie  industrielle; 

9«  Recherche  et  exploitation  des 
mines. 

Pour  être  admis  h  TEcoIe  des  arts  et 
manufactures,  il  fallait  avoir  subi  Texa- 
men  de  sortie  de  TEcole  préparatoire; 
toutefois,  le  directeur  avait  le  droit 
d'admettre  à  fréquenter  un  ou  plusieurs 
cours  les  personnes  placées  dans  une 
position  particulière  et  qui  seraient  ju- 
gées dignes  de  celte  faveur.  C'est  ainsi 
que,  dans  l'Ecole  des  mines,  pareille 
autorisation  pouvait  être  accordée  à 
tous  les  membres  du  corps  des  mines. 

Les  diplômes  de  capa^  lié  délivrés 

(  *  )  Ces  sept  cours  figuraient  également 
au  prograname  de  l'Ecole  de  Gand. 

(*)  V.  le  texte  de  cette  convention  dans 
le  napp,  de  M.  Nolhomb,  t  II,  p.  4406  et 
suiv.  —  Le  professeur  Brasseur  y  intervint 
comme  témoin.  —  En  1846,  une  nouvelle 
convention  a  été  passée  avec  MM.  Li botte  et 
Pirotte,  constructeurs- mécaniciens  à  Liège  ; 
le  i  octobre  1863,  un  contrat  un  peu  ditfé- 
rent  des  préc<.*dent8  est  intervenu  entre  l'I- 


à  la  sortie  de  TEcole  conféraient  le 
titre  d'ingénieur  civil  des  arts  et  manu- 
factures. 

Le  premier  ))rogramme  détaillé  des 
études  des  Ecoles  annexées  à  l'Univer- 
sité de  Liège  date  du  mois  de  novembre 
1838;  il  a  été  réimprimé  dans  le  Rap- 
pert  déjà  cité  de  M.  Nothomb,  t.  Il,  p. 
428%  et  suiv.— Le  15  du  même  mois  fut 
promulgué  le  règlement  d'ordre  inté- 
rieur ;  le  17,  un  arrêté  de  M.  De  Theux 
nomma  J.-F.  Lemaire,  inspecteur  de 
l'Ecole  prépanitoire,  et  Âd.  De  Val-x, 
inspecteur  des  Ecoles  spéciales. 

Nous  nous  contenterons  d'indiquer, 
sans  entrer  dans  de  longs  détails,  les 
principales  mesures  qui  furent  sucx.es- 
sivement  adoptées  pour  compléter  ou 
pour  modifier  cette  organisation,  eu 
égard  aux  besoins  nouveaux  qui  se  pro- 
duisirent et  aux  indications  que  l'expé- 
rience ne  manqua  point  de  fournir. 
Le  17  septembre  1840,  un  arrêté  de  M. 
Ch.  Rogier  approuva  une  ronvention 
intervenue  entre  l'administrateur-ins- 
pecteur,  agissant  au  nom  du  gouverne- 
ment, et  le  sieur  Jacques- Joseph  Gout- 
lier,  mécanicien  à  Grivegnée ,  relative- 
ment à  l'entreprise  de  l'atelier  pour  la 
construction  de  machines  et  d'instru- 
ments de  précision,  à  installer  dans  la 
nouvelle  aile  de  bâtiment  dont  il  a  été 
question  |)lus  haut(*).M.Gonttierprit, 
à  raison  de  ces  fonctions,  le  titre  dedt- 
recteur  de  Catelier  de  construction  des 
arts  et  manufactures,  —  Le  Î5  janvier 
de  l'année  suivante,  le  dépôt  central  de 
minéralogie  et  de  géologie  créé  par 
l'arrêté  royal  du2octobrel8l7,prësdu 
ministère  des  travaux  publics,  dut  être 
transféré  à  l'Ecole  des  mines  de  Liège 
et  réuni  à  la  quatrième  collection  for- 
mée en  vertu  de  l'art.  59  du  règlement 
organique  (*}.  —  Les  programmes  des 
examens  d'entrée  et  de  sortie,  ainsi  que 

ni  versité  et  MM.  Pirotte  et  van  Hoorick.  Les 
autorités  de  t'école  ont  sur  l'atelier  une  ac- 
tion plus  directe  et  plus  efficace;  en  revanche, 
l'indemnité  accordée  aux  entrepreneurs  a  été 
diminuée  en  raison  de  l'allégement  de  leurs 
charges!  A<rp^ri  triennal  sur  les  Universités, 
période  1862-1864,  p.  XV  et  annexes,  p.  17 
et  suiv.). 

('}  «Il  sera  formé,  dans  une  des  salles 
de  chacune  des  Universités  de  l'Etat,  quatre 


102il 


ÉCOLES   SPÉCIALES. 


1030 


ceux  des  examens  de  passage,  furent 
Tobjet  de  plusieurs  révisions  attentives, 
notamment  en  1844  et  en  4842.  —  Le 
6  mai  i842  fut  institué  le  Conseil  de 
perfectionnement  de  l'Ecole  des  mines 
(*  ),  composé  du  directeur  et  des  ins- 
pecteurs de  la  dite  Ecole,  du  directeur 
de  Tadmlnistralion  des  mines  près  du 
ministère  des  travaux  publics  et  du  chef 
de  la  division  de  rinstruction  publique, 
au  ministère  de  Tintérieur.  —  Le  29 
août  suivant,  la  durée  des  études  à  TE- 
cole  des  arts  et  manufactures  de  Liège 
fut  fixée  â  trois  ans  au  lieu  de  deux,  à 
raison  de  la  direclion  plus  spéciale  de 
celte  Ecole  vers  les  arts  chimiques  et 
métallurgiques  ;  un  arrêté  du  même  jour 
régla  les  conditions  auxquelles  des  di- 
plômes de  capacité  pourraient  être  dé- 
livrés aux  élèves  des  Ecoles  spéciales 
qui  ne  se  proposaient  point  d'entrer 
dans  les  services  publics.  —  Un  autre 
arrêté  du  29  septembre  décréta  qu'une 
valeur  égale  serait  attribuée  à  l'examen 
final  d'admission  dans  le  corps  des 
mines,  et  à  chacune  des  épreuves  subies 
à  l'Ecole  pour  passer  d'une  année  d'é- 
tudes à  une  autre  :  le  classement  des 
candidats  devait  ainsi  résulter  de  leur 
moyenne  générale.— Le  2^  février  1845, 
une  troisième  section,  celle  des  élèves- 
mécaniciens,  fut  ajoutée  aux  Ecoles  de 
Liège.  Pour  y  être  admisses  aspirants 
devaient  subir  un  examen  sur  les  ma- 
thématiques élémentaires.  L'enseigne- 
ment devait  être  réparti  comme  suit  : 
Première  année:  Géométrie  descriptive 
et  épures  ;  statique  et  notions  de  phy- 
sique, spécialement  en  ce  qui  concerne  la 
chaleur,  les  gaz  et  la  \^^eur,'—Deuaième 
année:  Application  de  la  géométrie  des- 
criptive et  épures  ;  mécanique  appliquée 
(i^  partie)  ;  5®  Dessin  des  machines. — 
Troisième  anné^  :  Mécanique  appliquée 
(2*  partie)  ;  physique  industrielle;  des- 


sin des  machines.  L'atelier  de  construc- 
tion était  mis  à  la  disposition  des  élèves, 
d'accord  avec  le  directeur-mécanicien 
et  d'après  les  indications  du  professeur 
de  mécanique  appliquée;  ces  deux  fonc- 
tionnaires faisaient  de  droit  partie  du 
jury  de  sortie,  délivrant,  aux  élèves  qui 
avaient  préalablement  satisfait  aux  exa- 
mens annuels  de  passage,  le  diplôme 
à^ingénieur-mécanicien.  Non  seulement 
les  récipiendaires  avaient  à  faire  preuve 
de  connaissances  théoriques  ;  mais  ils 
devaient  «  avoir  construit  au  moins  une 
machine  à  vapeur  de  petite  dimension 
et  avoir  fait  un  nombre  suffisant  de  des- 
sins de  machines  pour  ne  lais.ser  aucun 
doute  sur  leur  capacité  comme  dessina- 
teurs »  (art.  5).  — Les  dernières  dispo- 
sitions réglementaires  prises  dans  le 
cours  de  cette  période  concernent  les 
examens  de  passage  et  de  sortie  ;  il  fut 
strictement  décidé  qu'aucun  récipien- 
daire ne  serait  admis  s'il  n'avait  obtenu 
le  médium  des  points  :  \^  sur  chacune 
des  matières  indiquées  isolément  dans 
le  programme;  2**  sur  l'ensemble  des 
matières  réunies  par  groupes. 

Les  mesures  qui  rattachaient  déjà 
l'École  de  Liège  à  l'administration  des 
mines  allaient  bientôt  recevoir  un  nou- 
veau complément.  Le  7  septembre  4844, 
il  fut  décidé  que  les  candidats  admissi- 
bles comme  sous-ingénieurs  et  qui,  à 
défaut  d'emploi  vacant,  n'auraient  pas 
été  promus  à  ce  grade,  pourraient  être 
nommés,  sur  leur  demande,  conduc- 
teurs des  mines  de  5^  classe.  Cette  me- 
sure ne  devait  recevoir  son  application 
qu'à  partir  du  i^  octobre  1846;  or,  dès 
le  25  juin  1845,  sur  la  proposition  du 
Conseil  de  perfectionnement  de  l'Ecole 
des  mines,  il  fut  stipulé  qu'on  n'admet- 
trait plus  désormais  d'élèves  conduc- 
teurs à  cet  établissement,  et  le  21  juillet 
suivant,  la  division  inférieure  de  l'Ecole 


collections  modèles  pour  le  s^irvice  des 
Écoles:  la  première  comprendra  les  modèles 
des  ouvrages  hydrauliques  ou  des  construc- 
tions d'exploitation  les  plus  remarquables  du 
royaume  ou  de  l'étranger  ;  la  troisième  ,  une 
série  de  dessins  de  grande  dimension,  relatifs 
aux  constructions  civiles ,  ou  aux  exploita- 
tions de  mines;  la  quatrième,  enfln,  sera  for- 
mée des  éléments  et  des  produits  de  l'indus- 


trie manufacturièro  du  pays ,  ordonnés  de 
manière  à  manifester  la  succession  des  trans- 
formations que  subissent  les  matières  pre- 
mières, avant  de  se  produire  sous  leur  aspect 
déOnitif».—  L'arrêté  du  25 janvier  18H  n'a 
jamais  reçu  son  exécution. 

(  *)  Un  semblable  Conseil  existait  à  Gand, 
pour  TEcole  des  ponts  et  chaussées,  depuis 
le  29  octobre  1839. 


1034 


ÉCOLES    SPÉCIALES. 


I03â 


se  trouva  supprimée  «  ainsi  que  remploi 
même  de  cooducteur.  Le  service  se  fit 
à  partir  de  ià  par  les  sous-iagénieurs 
tionoralres  des  mines,  admis  dans  le 
corps  sous  la  dénomination  (yaspiranlê- 
ingénieun,  qui  leur  donna  le  rang  d'of- 
ficier. Un  ciiangement  de  titre  paraît 
en  soi  peu  de  chose  :  cependant  celui- 
ci  entraînait  après  lui  toute  une  réforme 
administrative,  et  devait  avoir  pour 
conséquence  immédiate,  en  ce  qui  con- 
cerne TEcole  des  mines,  une  révision 
de  Tarrêté  organique  de  1858.  L'examen 
général  pour  l'admission  en  qualité 
d'élève-ingénieur  des  mines  fut  subdi- 
visé en  deux  examens  partiels,  répon- 
dant au  programme  des  deux  années 
d'études  de  T  Ecole  préparatoire.  A  la 
fin  de  la  première  année,  les  récipien- 
daires déclarés  admissibles  reçurent  le 
titre  û'aspiranl  élève  -  ingénieur  des 
mines;  à  la  fin  de  la  seconde  année,  ce- 
lui d'élève-ingéniewt..  D'autre  part,  un 
concours  annuel  fat  institué  à  Bruxelles 
pour  l'admission  dans  le  corps  des 
mines,  en  qualité  û^aspirant  des  mines, 
Y  étaient  admis  les  élèves-ingénieurs 
ayant  terminé  leur  temps  d'études  et  les 
sous-ingénieurs  honoraires.  Les  pre- 
miers de  liste  étaient  appelés  à  entrer 
au  service  de  l'Etat,  comme  aspirants 
de  5<^  classe,  et  déclarés  admissibles  au 
grade  de  sous-ingénieur;  les  autres 
candidats  reçus  étaient  réputés  sous- 
ingénieurs  lumornires,  titre  dont  ils  pou- 
vaient user  en  deliors  du  service  public; 
ceux  qui.  avaient  déjà  droit  à  cette  qua- 
liiii'ation  trouvaient  en  tous  cas,  dans 
le  concours,  une  chance  d'améliorer 
leur  rang  de  classement.  Pour  devenir 
ensuite  sous-ingénieur  effectif,  il  fallait 
pouvoir  invoquer  au  moins  trois  ans  de 
service  dans  le  corps  de  mines ,  en  qua- 
lité d'aspirant  admissible  à  la  promo- 
tion sollicitée.— L'expérience  fit  bientôt 
reconnaître  avantageux  d'établir  une 
différence  entre  l'examen  final  imposé 
aux  élèves-ingénieurs  de  l'Ecole  spéciale 
et  l'examen  unique  des  aspirants  des 
mines  qui  voulaient  être  déclarés  ad- 
missibles au  grade  de  sous-ingénieurs  : 
cette  différence  fut  établie  par  l'arrêté 
royal  du  15  octobre  1847,  contresigné 
par  M.  Frère-Orban,  alors  minij^tre  des 
travaux  publics. 


Sur  ces  entrefaites,  Tiaapection  de» 
études,  aux  Ecoles  de  Liège,  passa  danst 
les  mains  de  nouveauxtiiuïaires.  Ciniigé 
par  arrêté  du  i\  septembre  IStô  de 
suppléer  le  professeur  Lemaireà  l'Ecole 
préparatoire,  M.  Trasehster  ftu  ensuite 
adjoint  (35 octobre  iUG)  à  Viaspecteur 
des  Ecoles  spéciales.  Ad.  De  Vaux  ;  le 
26  avril  1849,  il  le  remplaça  déinitive- 
ment  dans  ces  dernières  fonctions,  qu'il 
exerce  encore  aujourd'hui.  M.  le  pro- 
fesseur De  Cuyper^  de  son  côté,  fol 
appelé,  le  12  novembre  184G,  à  l'in- 
spection de  l'Ecole  préparatoire;  il  en 
est  également  resté  investi  Jusqu'à  ce 
jour.  Cette  circonstance,  que  les  mêmes 
fonctionnaires  ont  été  en  mesure,  peu* 
dant  plus  de  vingt  ans,  d'imprimer  aux 
Ecoles  une  impulsion  vigoureuse  et  d'en 
régler  la  marche  en  y  introduisant  des 
traditions  régulières  et  suivies,  n'a  pas 
peu  conlnibué  à  en  assurer  le  succès  et 
le  crédit  à  l'extérieur,  tant  aux  yeux  des. 
industriels  que  devant  radministralioii 
supérieure  elle-même. 

D'autre  part,  la  composition  du  Co»* 
seil  de  perfectionnement  fut  modif  ée 
par  l'arrêté  royal  du  20  avril  1850,  qui 
y  adjoignit  les  professeurs  chargés,  à 
l'Ecole  spéciale,  des  cours  de  métal- 
lurgie, de  mécanique  appliquée,  de  chi- 
mie industrielle  et  de  docimasie.  La 
tendance  assignée  à  l'Ecole  des  arts  et 
manufactures  (v.  ci-dessus,  col.  4026) 
réclamait  une  semblable  mesure  :  c'est 
dans  la  même  pensée  que  le  nombre  des 
inspecteurs  fut  ultérieurement  porté  à. 
trois,  et  que  par  suite  M.  le  professeur 
CuAimELON  fut  chargé,  pour  sa  pari,  de 
la  haute  surveillance  des  travaux  chi- 
miques (arr.  du  10  oct.  1858).  Quant 
au  Conseil  de  perfectionnement,  la 
composition  en  a  été  définitivement 
réglée  par  l'arrêté  royal  du  50  mars 
1859.  Il  est  composé  : 

A.  De  six  membres  permanents^  sa- 
voir: l'inspecteur-général  des  mines; 
le  directeur-général  de  l'instruction  pu- 
blique au  département  de  llntérieur; 
l'administrateur-inspecteur  de  l'Univer- 
sité de  Liège,  directeur  des  Ecoles 
préparatoires  et  spéciales;  les  trois 
inspecteurs  aux  dites  Ecoles; 

B.  De  trois  membres  temporaires  à. 
nommer  par  le  Roi,  et  dont  le  mandat 


1033 


£;COLES   SPÉCIALES. 


103i 


est  limité  à  quatre  ans,  sauf  renosvel- 
nent,  savoir  :  un  fonctionnaire  apparte- 
tenant  au  corps  4es  ingénieurs  des 
mines;  deax fonctionnaires  appartenant 
au  corps  enseignant  des  Ecoles  (  '  ). 

Cependant  les  mesures  prémention- 
nées  et  d*atttres  dispositions  de  détail 
sur  lesquelles  il  serait  inutile  dinsister, 
étaient  éparpillées  dans  plusieurs  ar- 
rêtés différents.  Quelques  dispositions 
môme  de  ces  arrêtés  avaient  été  modi- 
fiées ou  abrégées.  Le  gouvernement 
pensa  judicieusement  que  pour  faire 
bien  saisir  lensemble  du  système  com- 
plet d'organisation  et  Tenchainement 
des  diverses  parties  cpill  comporte,  il 
était  nécessaire  de  les  ramener  à  une 
sorte  de  codiûcation ,  dégagée  des 
prescriptions  qui  ont  été  successive- 
ment modifiées  ou  abrogées,  et  reprodui- 
sant, dans  un  ordre  méthodique,  tout 
ce  qui  était  resté  en  vigueur  des  dispo- 
sitions organiques  on  réglementaires 
antérieures  (').  Tel  a  été  l^objet  de 
Tarrèté  ministériel  du  25  septembre 
4852  (signé  Cfi.  Rogier),  qui  est  encore 
maintenant,  à  part  deux  ou  trois  arti- 
cles, la  charte  de  nos  Ecoles  spéciales. 
Des  programmes  detontrenseignemcnt, 
assez  détaillés  pour  former  u  une  sorte 
de  questionnaire  analytique  et  raisonné 
de  tons  les  points  de  science  néces- 
saires pour  les  carrières  spéciales  des 
différentes  catégories  d*élèves»,ont  paru 
sous  la  même  date.  Outre  le  plan  de 
plusieurs  cours  nouveaux  (architecture 
industrielle,  économie  industrielle,  con- 
struction des  machines),  on  y  remarque 
la  division  en  deux  années  du  cours  de 
métallurgie,»  division  rendue  nécessaire 
par  le  grand  développement  que  cette 
science  a  pris  dans  les  dernières  an- 
nées »  (').  Soigneusement  revu  dans 


tontes  ses  parties  par  le  Conseil  de  per- 
fectionnement, cet  important  document 
a  reçu  sa  dernière  forme  le  51  octobre 
1863,  sous  le  ministère  de  H.  Alph. 
Vanëesneereboom  (*). 

L'arrêté  organique  du  25  septembre 
1852  contient  d*abord  4e8  dispositions 
générales  concernant  la  direction  des 
Ecoles,  toujours  confiée  à  Tadminf  stra- 
teur-inspecteur  de  TUniversité  (depuis 
1857,  M.  M.-L.  Polain;  v.  ci-dessus, 
col.  20),  rinspection,  renseignement 
théorique  et  pratique,  les  répétitions, 
etc.  ;  enfin,  concernant  le  régime  inté- 
rieur. Nous  noterons  les  dispositions 
suivantes  :  Les  répétiteurs  n*ont  de 
rapports  avec  les  professeurs  que  par 
rintermédiaire  des  inspecteurs  des 
études,  lesquels  tiendront  la  main  à  ce 
que  les  répétiteurs  observent,  autant 
que  possible,  dans  leurs  int'^r  rogations 
et  leurs  répétitions.  Tordre  des  ma- 
tières suivi  par  les  professeurs  dans 
leurs  cours.  Néanmoins  tes  répétiteurs 
peuvent  être  invités  à  donner  plus  de 
développement  à  certaines  parties  d'^n 
cours  ou  à  les  traiter  d*une  manière 
plus  sommaire,  selon  les  exigences  du 
programme  d'examen  des  Ecoles  spé- 
ciales (art.  2).  —  Tousies  ans,  dans  le 
courant  du  premier  trimestre  de  Tan- 
née académique,  Tadministrateur-ins- 
pectéur  de  ITIniversité  transmet  la  liste 
des  ^èves  de  chaque  division  des 
Ecoles  spéciales,  respectivement  à  cha- 
cun des  professeurs  dont  ils  doivent 
fréquenter  les  cours.  Chaque  profes- 
seur doit  faire  parvenir  au  directeur 
des  Ecoles  des  notes  sur  Tassiduité  et 
les  progrès  des  élèves  dont  ce  fonction- 
naire lui  a  remis  la  liste;  à  défaut  de 
cotes  fournies  par  lés  professeurs, 
celles  de  l*ËcoIe  serviront  seules  au 


(  *)  Membres  do  Conseil  de  perfectionne- 
ment en  48S9:  MM.  Ad.  De  Vanx,  Thief7, 
Polain,  de  Cuyper,  Trasenster,  Chandelon, 
Bidaut,  Brasseur  et  de  Koninck. 

(*)  Bapp.  de  M.  Piercot,  p.  92. 

(  ■)  IMd.,  p.  83.  —  unérieorement,  Tar- 
rdlë  d«  27  décembre  18S6  réparift  en  trois 
semestres  l'enseignement  de  la  métallurgie. 
Cette  décision  a  été  rapportée  le  26  septem- 
bre 1860  :  le  cours  de  métallurgie  est  depuis 
lors  un  simple  cours  annuel  ;  seulement  les 


élèves  sont  interrogés  sur  celte  matière  (di- 
visée en  générale  et  tpéciale)  dans  deux 
examens  différents  (v.  ci- après  les  program- 
mes généraux). 

(  *  )  On  le  trouve  in  extemo  dans  le  vo- 
lume intitulé  :  Ecoltn  tpéetales  de$  arts  et 
manufactures  et  des  mines  annexées  à 
rUnivtrsité  de  Uége,  BIsposHions  argani- 
ques  et  réglementaires.  Programmes  géné- 
raux et  programmes  détaniés.  Broxelles, 
Deltombe,  1864,  iB«8*. 


1035 


ÉCOLES   SPÉCIALES. 


1036 


classement  des  élèves  (art.  6).  Les 
cotes  de  TEcole  embrassent  non  seule- 
ment les  résultats  de  l'enseignement 
oral,  mais  des  exercices  graphiques, 
des  travaux  mécaniques,  des  réponses 
aux  interrogations  des  répétiteurs  et 
généralement  de  toutes  les  occupations 
imposées  aux  élèves.  Elles  comptent  pour 
un  tiers  dans  le  calcul  des  points  attri- 
bués à  chaque  examen  annuel  de  pas- 
sage d*unc  année  d'études  à  une  autre  ; 
l'exclusion  du  régime  intérieur  pour 
négligence  ou  insubordination  les  an- 
nule de  plein  droit  (art.  5  et  7).  — 
Deux  échecs  successifs  au  même  exa- 
men font  perdre  la  qualité  d'élève  de 
l'Ecole.  —  Il  y  a  des  diplômes  iVingé- 
nieur  civil  des  mines ^  comme  des  di- 
plômes d'ingénieur  civil  des  arts  et  ma- 
nufactures et  des  diplômes  iVingénicur 
civil  mécantcien.  lis  sont  délivrés  aux 
personnes  qui  ne  désirent  point  entrer 
dans  le  corps  des  mines,  qu'elles  aient 
ou  qu'elles  n'aient  pas  fréquenté  l'E- 
cole ,  mais  à  la  condition  expresse 
qu'elles  aient  subi  les  épreuves  exigées 
par  les  programmes.  «  Les  sous-ingé- 
nieurs honoraires  des  mines,  ajoutait 
l'art.  9,  auront  droit  à  l'obtention  du 
diplôme  d'ingénieur  civil  des  mines. 
Ils  pourront  aussi  obtenir  celui  d'ingé- 
nieur civil  des  arts  et  manufactures, 
en  justiflant  de  connaissances  suffi- 
santes en  chimie  industrielle  organi- 
que. »  Cet  article  a  été  modifié  en 
4860,  sur  la  proposition  du  Conseil  de 
perfectionnement;  les  premiers  mots 
du  paragraphe  cité  ont  élé  remplacés 
par  ceux-ci  :  Les  ingénieurs  honoraires 
des  mines  (Arrêté  du  6  mai,  signé  Ch. 
Rogier)  (  ').  Le  même  arrêté  de  1860  dé- 
clare en  outre  non  applicable  aux  per- 
sonnes étrangères  à  l'Ecole  ni  aux 
élèves  libres,  la  disposition  de  l'art.  7, 
§  2  de  l'arrêté  organique,  relative  à  la 
supputation  du  travail  de  l'année.  En 
revanche  il  y  est  stipulé,  quant  aux  ré- 


cipiendaires de  la  première  de  ces 
deux  catégories,  qu'ils  auront  à  justi- 
fier d'une  pratique  industrielle  suffi- 
sante, et  qu'ils  devront,  à  moins  d'une 
dispense  spéciale,  laisser  subsister, 
entre  les  divers  examens,  les  délais  qui 
sont  imposés  aux  élèves  de  l'Ecole. 
De  même  que  ces  derniers,  ils  sont 
astreints  à  fournir,  pour  l'examen  final, 
des  mémoires  et  des  projets  sur  des 
questions  qui,  à  leur  demande  (formu- 
lée avant  le  1^^  mars  de  chaque  année), 
leur  seront  indiquées  par  les  autorités 
de  l'Ecole.  —  La  durée  normale  des 
éludes  est  de  cinq  ans,  dont  deux  an- 
nées d'Ecole  préparatoire,  pour  le 
grade  de  sous-ingénieur  honoraire  des 
mines  ou  le  diplôme  d'ingénieur  civil 
des  mines;  de  quatre  ans,  dont  une 
année  d'Ecole  préparatoire,  pour  le  di- 
plôme d'ingénieur  civil  des  arts  et  ma- 
nufactures ;  de  trois  ans,  dont  une  an- 
née d'Ecole  préparatoire,  pour  le  di- 
plôme d'ingénieur  civil  mécanicien  (*). 
—  Les  examens  ont  lieu  par  écrit  et  ora- 
lement. Il  faut  obtenir  500  degrés  sur 
1000  pour  être  admis  d'une  manière  sa- 
tisfaisante ;  le  chiffre  de  650  degrés, 
exigé  d'abord  pour  la  distinction^  et 
celui  de  770,  requis  pour  la  grande 
distinction^  ont  été  respectivement  éle- 
vés à  680  et  à  780  par  l'arrêté  du  9  mai 
1855;  pour  mériter  la  plus  grande  dis- 
tinction, enfin ,  H  faut  avoir  obtenu  860 
degrés  sur  1000.  — •  Dans  les  cotes 
d'assiduité,  on  ne  compte  à  l'élève  que 
le  temps  de  la  présence  réelle  aux 
salles  de  l'Ecole.  Chaque  heure  d'ab- 
sence non~  justifiée  entraine  la  sous- 
traction de  trois  heures  de  présence, 
indépendamment  des  peines  prévues 
pour  le  cas  d'absences  fréquentes.  Le 
renvoi  de  l'Ecole  n'entraîne  pas  néces- 
sairement le  renvoi  de  l'Université, 
peine  qui  ne  peut  être  prononcée  que 
par  le  Conseil  académique.  —  Les 
élèves  de  l'Ecole  ont  seuls  accès  dans 


(' )  Ce  titre  a  été  créé  par  l'arrêté  royal 
du  16  juin  1868  :  il  est  accordé  à  tous  les 
candidats  déclarés  admissibles  (depuis  l'in- 
stitution des  Ecoles  spéciales)  au  grade  de 
sous-ingénieur  des  mines  «  pour  en  user  en 
dehors  des  services  ressortissant  au  Dépar- 
tement des  travaux  public^.  > 


(')  Les  élèves  des  mines  fréquentent  pen- 
dant deux  ans  l'Ecole  préparatoire,  parce 
qu'on  exige  d'eux  la  connaissance  des  ma- 
thématiques transcendantes,  dont  les  élèves 
des  arts  et  manufactures  et  les  mécaniciens 
sont  dispensés. 


1037 


ÉCOLES    SPÉCIALES. 


1038 


les  salles  d'étude  et  de  dessin  et  dans 
râtelier.  Nul  autre  n'est  admis  à  assis- 
ter aux  répétitions  et  aux  manipula- 
tions, sauf  les  autorisations,  toujours 
révocables,  qui  pourraient  être  accor- 
dées par  le  directeur  pour  ce  dernier 
cours  (  '  ).  —  Outre  les  interrogations 
générales  faites  par  les  professeurs  et 
les  répétiteurs,  les  élèves  sont  soumis 
à  des  interrogations  de  cabinet,  por- 
tant sur  les  matières  qui  font  Tobjet 
des  programmes  d'examen.  Les  élèves 
qui,  dans  les  interrogations,  ne  feraient 
pas  preuve  d'une  application  conve- 
nable, sont  exposés  à  des  peines  disci- 
plinaires. Les  seules  peines  sont  :  la 
censure  particulière,  le  blâme  public, 
la  suspension  du  droit  de  fréquenter 
l'Ecole;  enfln,  le  renvoi.  Les  deux 
dernières  ne  peuvent  être  prononcées 
que  par  décision  du  directeur,  sur  le 
rapport  de  l'inspecteur  des  études,  l'é- 
lève préalablement  entendu. 

Parmi  les  dispositions  spéciales  de 
l'arrêté  que  nous  analysons,  on  remar- 
quera que  les  élèves  nouveaux  peuvent 
être  admis  d'emblée,  moyennant  exa- 
men, soit  dans  la  section  de  deuxième 
année  de  l'Ecole  préparatoire,  soit 
même  dans  une  des  Ecoles  spéciales. 
—  A  l'Ecole  des  mines,  peuvent  être 
autorisées  à  proûter  de  l'enseignement, 
sans  examen,  toutes  les  personnes  ap- 
partenant à  un  titre  quelconque  au 
corps  des  mines.  —  A  la  section  des 
mécaniciens,  douze  élèves  seulement 
sont  admis  à  la  fois  dans  l'atelier , 
lequel  est  accessible  d'ailleurs  aux 
élèves  des  mines  et  des  arts  désignés 
par  le  directeur,  mais  seulement  aux 
jours  et  aux  heures  à  déterminer  par  ce 
fonctionnaire  (art.  4).  —  Les  élèves 
mécaniciens  sont  aidés  au  besoin,  dans 
leurs  travaux,  par  des  ouvriers  de  pro- 
fession. Le  professeur  de  mécanique 
appliquée  et  le  directeur  mécanicien 
font  partie  du  jury  de  sortie. 

Le  20  septembre  1865,  un  cours 
spécial  de  construction  des  machines 
a  été  confié  à  M.  W.  Liberl,  ingénieur- 
mécanicien. 


Nous  reproduisons  les  programmes 
généraux  des  examens,  pour  faire  ap- 
précier dans  son  ensemble  le  système 
d'enseignement  actuellementen  vigueur 
dans  les  Ecoles  annexées  à  l'Université 
de  Liège. 

Kxamen»  <l'fidiiil»»lon . 

Examen  pour   radmissim   à    VEcole 
préparatoire  des  mines  (*). 

Points. 

i"*  Langue  française    .    .    .  âO 
2°  Langue  latine,  ou  l'une  des 
trois  langues,  flamande, 

allemande  ou  anglaise   .  42 

5°  Histoire  et  géographie .    .  8 

^^^  Arithmétique iO 

S'*  Algèbre iO 

e""  Géométrie i^ 

l""  Trigonométrie    ....  G 

H""  Géométrie  analytique   .    .  iO 

9^  Géométrie  descriptive  .    .  4 

10^  Dessin 6 


Total.    .    .    iOO 

Examen  d'admission  à  la  divisioti  des 
arts  et  manufactures^  et  à  la  section 
des  élèves-mécaniciens. 

Points. 

1o  Langue  française    ...  20 
2»  Langue  latine,  ou  l'une  des 
trois  langues,  flamande, 

allemande  ou  anglaise  .  i2 
3»  Histoire  et  géographie.    .      8 

4«  Arithmétique 10 

5«  Algèbre 10 

6»  Géométrie U 

7«  Trigonométrie  (')...      4 

8<^  Géométrie  analytique  .    .      8 

9»  Géométrie  descriptive  .    .      4 

lOo  Dessin 10 

Total.    .    .    100 

Pour  chacun  des  examens  à  subir 
(M>nformémentau  programme  ci-dessus, 
la  moyenne  est  exigée  sur  les  n<^*  1,2 
et  5  réunis,  4,  5,  6  et  8. 

Les  récipiendaires  doivent  obtenir, 
en  outre,  les  5/5  des  points  sur  l'en- 
semble des  matières. 


(')  Cette sotorisation  ne  peut  être  accor- 
dée à  un  élève  renvoyé  de  l'Ecole. 
(*  )  Le  jury  d'admission  se  rénnit  au  com- 


menconient  du  mois  d'octobre. 

(')  Ia  trigonométrie  n'est  pas  de  rigueur 
pour  cet  examen. 


1039 


tCOLES   SPÉCIALES. 


1040 


En  ce  qui  concerne  les  récipiendaires 
étrangers,  le  jury  détermine  pour  eux 
des  épreuves  littéraires  particulières. 


ÉCOLE    SPÉCIALE  DBS  ARTS 
ET  MANUFACTURES. 

Eti«el^neinent  prépara loU-e. 

SECTION  DES  ARTS  ET  MANL'FACTUnES. 

Examen  de  passage  de  la  première  à  la 
deuxième  année  d'études. 

Points. 

i<»  Mécanique  élémentaire.    .  20 
2«  Physique  élémentaire  .    .  20 
ô""  Chimie  générale  et  mani- 
pulations   25 

4°  Géomélrie  descriptive  et 
géométrie  descriptive  ap- 
pliquée    20 

5**  Dessin  et  épures    ...  7 

6*  Assiduité  ......  8 


ToUl. 


100 


Le  médium  des  points  est  exigé  sur 
chacune  des  matières  n*»  1 ,  2  et  3  de  ce 
programme,  sur  les  n°»  4  et  5  réunis, 
et  sur  l'ensemble. 

SECTION  DES  ÉLÈVES-MÉCANICIENS. 

Examen  de  passage  de  la  première  à  la 
deuxième  année  d^études. 

Points. 

io  Mécanique  élémentaire.    .    20 
2<^  Physique  élémentaire  .    .    20 
5*^  Géométrie   descriptive    et 
géométrie  descriptive  ap- 
pliquée   20 

4^  Epureset  éléments  de  lavis.  iO 
5"*  Travail  de  l'atelier  (y  com- 
pris Tassiduité  aux  études 
etautres  exercices  qui  dé- 
pendent du  régime  anté- 
rieur de  FEcole  ...  20 
6«  Croquis  cotés     ....    10 


Total. 


100 


Le  médium  des  points  est  exigé  sur 
chacun  des  n'**  i  et  2,  sur  les  n^*  3  et  4 
réunis,  et  sur  les  n^*  5  et  6  réunis. 


Eiisoisnenioot.  «pêolol. 

SECTION  DES  ARTS  ET  MANUFACTURES* 

Examen  de  passage  de  la  deuxième  à 
la  troisième  année  d^études. 

Points. 

I^'  Mécanique  industrielle.    .  25 

2°  Physique  industrielle.      .  i5 

S""  Minéralogie 12 

4**  Analyse  des  substances  mi- 
nérales (docimasie)  .    .  25 
5''  Essais  docimastiques  .    .  5 
G°  Travaux  graphiques  rela- 
tifs aux  n'^M  et  2.    .    .  10 
T  Assiduité 8 

Total.    .     .     100 

Le  médium  des  points  est  exigé  sur 
les  n»»  1  et  2  réunis,  sur  les  n'»*  3  et  4 
réunis,  et  sur  Tensemble  des  matières. 

Examen  de  passage  de  la  troisième  à  la 
quatrième  année  d'études. 

Points. 

1°  Géologie 18 

2^  Exploitation  des  mines  (1  '« 

partie 16 

3"*  Chimie  industrielle  inorga- 
nique et  organique   .    .    30 
4°  Métallurgie  (repartie)     .    18 
50  Travaux  graphiques,  rela- 
tifs aux  no*  2,  3  et  4.    .    10 
G*'  Assiduité 8 


Total. 


.  100 


Le  médium  des  points  est  exigé  sur 
les  n<»  1  et  2  réunis,  sur  chacun  des 
n<^  3  et  4,  et  sur  Tensemblè  des  ma- 
tières. 

Examen  final. 

Pour  Texamen  final,  combiné  pour 
un  quart  avec  les  deux  examens  précé- 
dents et  avec  l*examen  de  passage  de 
la  première  à  la  deuxième  année  d'é- 
tudes (enseignement  préparatoire),  le 
récipiendaire  doit  obtenir  le  roédram  de 
points  sur  les  n^*  1  et  2  réunis,  sur  les 
m*  3  et  4  réunis,  et  sur  l'ensemble  des 

matières. 

Points. 

1^  Exploitation  des  mines  {^ 

partie) 20 

2o  Lever  des  plans.    ...      4 

Report.  ...    24 


1041 


É€UL£S   SPÉCULES. 


1(142 


A  re|)orter.  ...  ii 

ô^  MéUllurgie 20 

4*  Architectore  industrielle.  20 

S""  Economie  industrielle.    .  8 

6''  Conception  de  projets.    .  iO 

7«  Travaux  graphiques    .    .  10 

S^"  Assidské 8 

Total.    .    .  100 

SECTION  D£S   ÉLÈVES  MÉCÂMCIENS. 

Emmen  depas^ge  de  la  deuaième  à  la 
tromème  années  d*étndes. 

Points. 

P  Mécanique  appliquée  .    .  30 
t*  Leveri  dei^sin  et  lavis  des 

machines 28 

5®  Notions  de  chimie  Inorga- 
nique   10 

4^  Physique  industrielle.     .  15 

5«  Travail  de  Tatclier.    .    .  25 

Le  médium  des  points  est  exigé  sur 
le  D®  1,  sur  les  n^*  2  et  5  réunis,  et  sur 
les  n^*  5  et  4  réunis. 

Examen  ftnah 


1*>  Architecture  industrielle  . 
2""  Construction  des  machines 
5^  Conception  raisonnée  de 
projets  de  machines  .  . 
4<>  Travail  de  Tatelier  .  .  . 
5<^  Dessin  etlavis  de  machines. 


Points. 

18 
25 


12 

50 
15 


\r- 


Total.     .     .     100 

Le  médium  des  poims  est  exigé  sur 
les  n*"*  1  et  2  réunis,  sur  les  ii*"*  5  et  4 
réunis,  et  sur  Tensemble. 

Pour  le  diplôme,  cet  exameo  est  com- 
biné pour  un  tiers  avec  le  précédent,  et 
avec  Texamen  de  passage  de  la  pre- 
mière à  la  deuxième  année  d'études 
(enseignement  préparatoire). 

ftCOLS  8PÉGIALB  DES  MIKBS. 
KiMelcaMiiieiit  prép«ir«itolr». 

Programme  des  connaissances  exigà*s 
pour  Vobteniion  du  titre  d'aspirant 
élève-ingénieur  des  mines. 

Points, 
lo  L'aigèlM'e  supérieure,  com« 
prenaol  la  mélhode  des 


coefficients  indéterminés, 
la  théorie  générale  et  la 
résolution  numérique  des 

équations 10 

2»  La  géométrie  analytique  des 

trois  dimensions  ...  10 
3"*  La  géométrie  descriptive  .  12 
4°  Le  calcul  diférentiel  et  le 

calcul  intégral  complet.    24 
S"*  La  physique  élémentaire  .    24 
6<>  Style  et  rédaaion  en  fran- 
çais (littérature)  ...    12 
7*  Dessins  et  épures  de  géo- 
métrie descriptive     .    .      8 

Total.    .    .    100 

Le  médium  des  points  est  exigé  sur 
les  n<»«  4  et  2  réunis,  sur  les  n»*  3  et  7 
réunis,  sur  ciiacun  des  n^  4  eC  5,  et 
sur  l'ensemble  des  matières. 

Pour  être  admis  à  passer  Texamen 
d'aspirant  élève-ingénieur,  il  Caut  avoir 
subi  au  préalable  celui  qui  est  exigé 
pour  l'admission  à  l'Ecole  préparatoire. 

Programme  des  connaissances  exigées 
pour  Vadmission  en  qvalilé  d'élève- 
ingénieur  des  mines. 

Points. 

1«  Application  de  la  géomé- 
trie descriptive  à  la  coupe 
des  pierres,  à  la  char- 
pente, à  la  perspective  et 
aux  ombres     .    .    .    .    1G 

2^  La  mécanique  analytique 
complète 30 

3°  Notions  élémentaires  d'as- 
tronomie et  de  géodésie.      8 

4^  La  chimie  générale  et  les 
manipulations   ....    28 

5**  Epures  de  géométrie  des- 
criptive appliquée     .    .    10 

O**  Langue  anglaise  ou  alle- 
mande    8 


Total. 


100 


Pour  être  admis  comme  élève-ingé- 
nieur des  mines,  il  faut  avoir  dix-huit 
ans  accomplis,  avoir  été  reconnu  au 
préalable  admissible  au  titre  d'aspirant 
élève-ingénieur  des  mines,  et  avoir  ob- 
tenu, au  moins,  le  médium  des  points 
sur  les  n*"*  1  et  3  réunis,  sur  chacun 


1043 


ÉCOLES  SPÉCIALES. 


1044 


des  n^  2  et  4,  et  sur  Tensemble  des 
matières. 

Ensclisneinent  M|>oelal. 

Examen  de  passage  de  la  première  à  Ui 
deuxième  année  ^études. 

Points. 

I"»  Mécanique  appliquée    .    .  50 

S"*  Physique  industrielle  .    .  12 

5®  Minéralogie 15 

4®  Analyse  des  substances  mi- 
nérales (docimasie)   .    .  25 
5*^  Essais  docimastiques  .     .  5 
6*^  Travaux  graphiques  rela- 
tifs aux  matières  n""*  i 
et  2 10 

Tout.    .     .    100 
Le  médium  est  exigé  sur  les  numé- 
ros 1  et  2  réunis,  sur  les  numéros  3  et 
4  réunis,  et  sur  Tensembledes  matières. 

Examens  de  passage  de  la  deuxième 
à  la  troisième  années  d'études. 

Points. 

{^  Géologie 20 

2<^  Exploitation  des  mines  (Ir* 

partie) 25 

5<^  Chimie  industrielle  inorga- 
nique       25 

4<'  Métallurgie  (1'«  partie).    .  20 
5®  Travaux  graphiques  relatifs 

aux  matières  n''2,  3 et  4  10 

Total.    .    .    100 

Le  médium  est  exigé  sur  les  numé- 
ros 1  et  2  réunis,  sur  les  numéros  3  et 
4  réunis,  et  sur  l'ensemble  des  ma- 
tières. 


Examen  final. 

Points 

1^  Exploitation  des  mines. 

.     25 

%^  Lever  des  plans.    .    . 

.      5 

3®  Architecture  industrielle 

.    20 

4«  Métallurgie  (2«  partie). 

.    20 

5"*  Travaux  graphiques  rela- 

tifs aux  quatre  numéro» 

précédents 

!    10 

6"*  Economie  industrielle.    . 

6 

7<»  Législation  des  mines.    . 

6 

%^  Langue  anglaise.    .    .    < 

4 

S^*  Langue  allemande.      .    . 

4 

Total.    . 

.  100 

Le  médium  des  points  est  exigé  sur 
les  numéros  1  et  2  réunis,  sur  les  nu- 
méros 3  et  4  réunis,  et  sur  Tensemble 
des  matières. 

L'âge  de  vingt  et  un  ans  est  de  ri- 
gueur pour  Tadmission  dans  le  corps 
des  mines,  en  qualité  de  sous  ingé- 
nieur, et  pour  Tobtention  du  titre  d'in- 
génieur honoraire  des  mines. 

Un  arrêté  du  5  juillet  1858  a  mis  les 
programmes  d'examen  pour  l'obtention 
des  titres  d'aspirant  élève-ingénieur  et 
d'élève-ingénieur  des  mines  en  rapport 
avec  le  nouveau  programme  d'examen 
prescrit,  par  décision  ministérielle  du 
50  novembre  de  l'année  précédente  , 
pour  l'admission  à  l'Ecole  militaire  et 
aux  Ecoles  spéciales  du  génie  civil  et 
des  mines.  L'utilité  de  cette  mesure 
est  évidente  :  les  Jeunes  gens  encore 
indécis  sur  le  choix  d'une  carrière,  au 
sortir  de  la  section  professionnelle  des 
Athénées,  ont  du  temps  devant  eux  pour 
prendre  une  résolution  définitive,  et 
n'ont  pas  k  craindre  d'avoir  commencé 
en  pure  perte  leurs  éludes  supérieures. 
Dans  des  circonstances  données,  le 
gouvernement  lui-même  a  tiré  profil  de 
l'arrêté  de  1858;  c'est  ainsrqu'en  1867 
un  certain  nombre  d'élèves  des  Ecoles 
spéciales,  répondant  à  l'appel  du  mi- 
nistre de  la  guerre ,  ont  pu  être  immé- 
diatement incorporés  dans  l'artillerie 
et  dans  le  génie  en  qualité  d'aspirants, 
avec  des  avantages  réservés  Jusque  là 
aux  élèves  de  l'Ecole  militaire. 

Le  système  d'enseignement  des  Eco- 
les de  Liège  a  été  complété,  en  cette 
même  année  1867,  par  la  création  d'un 
cours  nouveau,  dont  l'utilité  n'a  pas 
besoin  d'être  démontrée.  M.  Deprez, 
ingénieur  en  chef  du  Grand  central 
beïge^  a  été  chargé  d'Initier  les  élèves 
de  toutes  les  sections  à  la  théorie  de 
Vexploiiation  des  chemins  de  fer.  A  par- 
tir de  la  session  de  1868,  les  élèves  ont 
été  tenus  de  répondre,  à  l'examen  final, 
à  des  interrogations  sur  la  matière  de  ce 
cours.  Les  programmesque  nous  venons 
de  reproduire  ont  été  modifiés  en  consé- 
quence, par  les  arrêtés  ministériels  du 
7  août  et  du  26  novembre  1867.  A  l'exa- 
men final  de  l'Ecole  des  mines,  les 
matières  n«*  3  et  4  ne  comptent  plus 
que  pour  16  points  an  lieu  de  20,  et  4 


104S 


ÉCOLES   SPÉCIALES. 


1046 


points  seulement  au  lieu  de  8  sont  at- 
tribués à  la  connaissance  d'une  langue 
étrangère  (on  n'exige  plus  Tanglais  et 
ralleroand,roais  Tanglaisou  Tallemand). 
En  revanche ,  12  points  sont  résenés 
au  Cours  d'exploitation  des  chemins  de 
fer.  La  même  iroporlance  est  accordée 
au  dit  cours  dans  les  examens  de  sor- 
tie des  sections  des  arts  et  manufactures 
et  des  mécaniciens  :  pour  maintenir  le 
total  de  100  points,  on  a  dû  réduire  res- 
pectivement à16,  àiSetàiS  points  la 
cote  des  matières  mentionnées  sous  les 
n<^*l,5et4;lechiffrede8pointspourras- 
sidulté  a  été  supprimé;  mais  les  travaux 
graphiques  relatifs  aux  5  premiers  n'^' 
(le  n^  5  est  Vea:ploitation  des  chemins 
de  fer)  sont  estimés  14  points  au  lieu 
de  iO.  Pour  les  mécaniciens,  le  travail 
de  râtelier  ne  compte  plus  que  pour  iS 
points  au  lieu  de  50.  Le  médium  des 
points  est  exigé  sur  le  cours  nouveau 
dans  les  deux  premières  sections  ;  dans 
la  troisième ,  Tarchitecture  industrielle 
et  Fexploitatlon  des  chemins  de  fer  for- 
ment désormais  un  seul  groupe ,  au 
point  de  vue  de  la  moyenne  exigée 
pour  l'admission. 

Les  8  points  affectés  à  l'assiduité  ont 
disparu,  en  vertu  de  l'arrêté  ministé- 
riel du  27  septembre  1867,  du  pro- 
gramme des  examens  de  passage  de  la 
section  des  arts  et  manufactures.  Ils 
ont  été  reportés  respectivement  sur  le 
n<*  5  (dessin  et  épures)  du  premier  pro- 
gramme, sur  les  n«*  V  (minéralogie  : 
15  points  au  lieu  de  12)  et  5  (travaux 
graphiques  :  15  points  au  lieu  de  10 
du  second);  enfin, sur  les n^'  2  («exploi- 
tation des  mines  :  18  points  au  lieu  de 
16)  et  5  (travaux  graphiques  :  16  points 
au  lien  de  10)  du  troisième.  —  Quel- 
ques modifications  ont  aussi  été  Intro- 
duites dans  le  programme  de  l'examen 
de  passage  de  la  l^*'  à  la  2**  année  d'é- 
tudes, à  l'Ecole  des  mécaniciens  :  la 
mécanique  élémentaire  ne  compte  plus 
que  pour  18  points  ;  le  travail  de  râte- 


lier est  estimé  16  points  an  lieu  de  20; 
les  croquis  cotés,  8  au  lieu  de  12;  les 
8  points  disponibles  ont  été  attribués  à 
des  notions  et  à  des  exercices  de  calcul 
infinitésimal.  —  On  n'a  donc  désor- 
mais qiïindirectemmt  égard  au  fait 
matériel  de  la  présence  des  élèves  à 
l'Ecole,  et  d'autre  part,  en  ce  qui  con- 
cerne les  élèves  mécaniciens,  on  a  re- 
ronnu  avec  raison  que  le  but  ne  serait 
quimparfailement  atteint,  s'ils  res- 
taient entièrement  étrangers  aux  mathé- 
matiques supérieures. 

Nous  avons  signalé  ailleurs  le  succès, 
inouï  en  Belgique,  des  Ecoles  spéciales 
de  Liège  ;  nous  pourrions  jouter  qu'on 
leur  citerait  plus  de  rivales  en  Europe. 
Ce  succès  se  soutient  malgré  la  concur- 
rence ('),  et  malgré  la  difficulté  de  plus 
en  plus  grande  qu'éprouvent  momenta- 
nément les  Jeunes  ingénieurs  à  trouver 
immédiatement  à  s'occuper,  l'état  major 
de  la  plupart  des  grands  établissements 
industriels  du  pays  se  composant  pres- 
que entièrement  d'hommes  relativement 
jeunes,  formés  aux  Ecoles  de  Liège  de- 
puis 1858.  Mais  les  exploitations  des 
pays  voisins,  surtout  de  la  Prusse,  nous 
enlèvent  un  certain  nombred'ingénienrs; 
il  y  a  encore  de  nombreux  chemins  de 
fera  construire;  l'industrie  nationale 
elle-même  n'est  pas  encore  à  son  apo- 
gée; enfin,  une  partie  notable  des  élèves 
de  nos  Ecoles  nous  arrivent  du  dehors, 
surtout  de  la  Russie,  de  l'Espagne  et 
de  l'Amérique  du  Sud.  Les  Annales  de 
V Association  des  ingénieurs  sortis  des 
Ecoles  de  Liège  (voir  I'imtroduction) 
attestent  d'année  en  année  que  les  bons 
élèves  n'ont  jamais  redouté  d'être  con- 
damnés pour  longtemps  à  une  oisiveté 
forcée.  L'affluence  régulière  des  réci- 
piendaires aux  examens  d'admission 
prouve,  de  son  côté,  que  cette  manière 
de  voir  répond  bien  et  dûment  à  roi)i- 
nion  générale. 

Ce  serait  verser  dans  une  profonde 
erreur,  que  de  considérer  les  élèves  des 


(*)  En  1865,  l'Université  catholique  de 
Loovain  s'est  eoricbie  à'Êcotes  spéciatet  des 
arts  et  manu/aetures,  du  génie  civil  et  des 
mines.  Le  programme  et  les  règlements  de 
ces  EtabUssemeots  ont  été  arrêtés  le  4  avril 
1867  et  publiés  sans  retard  (Louvain ,  Van 


Linthout ,  1867 ,  in-S°).  Plusieurs  profes- 
seurs ou  répétiteurs  du  nouvel  établisse- 
ment sont  d'anciens  répétiienrs  ou  d'anciens 
élèves  des  Ecoles  de  Liège  (  MM.  Duvivier, 
L.  Dewalque,  Massalski}. 


1047 


ëCOL£S  «PËUALE6. 


104H 


Koolefi  spédaloiëe  Liège  comme  restant 
forcément  étrangers  aux  hautes  éludes 
sdeotifiques.  Le  programme  est  réglé 
de  telie  manière  <|ue  rien  ne  les  empê- 
che de  se  préparer  à  subir  tôt  ou  tard 
les  examens  de  candidat  et  de  docteur 
en  sciences  physiquesetmathématiques: 
ces  titres  ont  été  décernés  à  plusietrs 
ingénieurs.  D'un  autre  cèté,  pour  éveil- 
ler ou  fortîtter  l'esprit  sctentiflque,  il  a 
été  admis  que  les  élèves-ingénieurs 
pournùent  preadra  part  aux  concours 
universitaires,  et  ils  n'ont  pas  manqué 
de  profiter  de  ceite  latitude.  Enfin,  le 
Conseil  de  perfectionnement  a  obtenu 
do  gouvernement  qu'un  laboratoire  spé- 
cial de  recherches  chimiques  serait 
établi  à  l'usage  des  Ecoles  spéciales. 
En  vertu  de  l'arrêté  ministériel  du  12 
janvier  i864,  ce  laboratoire  est  acces- 
sible aux  élèves  de  dernière  année  qui, 
dans  leurs  ittudes  antérieures,  ont  fait 
preuve  d*une  aptitude  spéciale  pour  les 
sciences  chimiques.  L'admission  est 
déterminée,  dans  chaque  division,  par 
les  moyennes  des  cotes  obtenues  dans 
les  différents  examens  :  sur  la  chimie  gé- 
nérale et  les  manipulations  chimiques  ; 
sur  la  dociroasie  et  les  travaux  dodmas- 
tiques  ;  sur  la  chimie  industrielle  ;  en- 
fin, sur  la  mélalturgie.  L'inspecteur  des 
études  règle  et  détermine  les  travaux 
des  élèves  ;  il  adresse  un  rapport  au 
directeur,  dans  la  première  quinzaine 
d'octobre,  sur  les  recherches  exécutées 
dans  l'année  académique  écoulée  ;  il  y 
signale  celles  qui  lui  paraissent  mériter 
les  honneurs  de  la  publicité  et  men- 
tionne les  élèves  dignes  d'obtenir,  de  la 
part  des  autorités  de  l'Ecole ,  un  certi- 
ficat de  capacité.  Il  est  à  présumer  que 
cette  mesure  recevra  ultérieurement  une 
nouvelle  extension. 


TifiLEiU  DU  PSRSOHHEL  m  WOUS  SFKliLiS 
DEPUIS  LEUR  RÈORBftHISiTKHI. 

Illrectloa. 

1838.  DARNOULD,  administrateur- 
inspecteur  4e  l'Université  (v.  ci- 
dessus,  col.  3). 

1857.  Il.-L.  POLAIN,  iiL  (s.  ci-des- 

sus, coL  11). 

Inspeeteui*»  <le«  éta<lea. 
À.  ÉCOLE  PRÉPAIATOIUC. 

1858.  J.-F.  Lemaire  (v.  ci-dessus,  col. 

394). 

1 845.  L.  Trasenster (suppléant)  (v.  col. 

957). 

1846.  Ch.  De  Cuyper  (v.  ci-dessus, 

col.  784). 

fi.   BCOLKS  SPÉCULES. 

1838.  À.  Devaux  (v.   ci-dessus,  col. 

208). 
1846.  Trasenster  (a4ioint). 
1849.  Le  même  (titulaire.) 

C.  TRAVAUX  CHIMIQUES. 

1858.  J.-Th.-P.  Cbandelon  (v.  ci-des- 
sus, col.  777). 


Pour  les  cours  de  style  et  rédaclion 
en  français  (*),  de  1uuUe-al§èbre^  de 
géométrie  analytique^  de  caJcul  diféren-' 
tiel,  ie  calent  intégral^  û'antromniie  et 
éléments  de  géodéùe,  de  géométrie  des- 
criptive, de  mécanique  élémentaire^  de 
mécanique  analytique,  de  mécanique  ap- 
pliquée ,  de  physique  expérimentale ,  de 
physique  industrielle^  At  chimie  générale 
inorganique  et  organique^  de  diimàe 
industrielle  inorganique  ei  organique^ 


(*)  Ce  cours  est  essentiellemeiit  pra- 
tique, surtout  depuis  que  H.  Stecher  y  a 
apporté  ton  expériêDoe  de  huit  aonées  d'uo 
enseignement  «attogne,  à  TEcole  du  génie 
civil  de  Gand  (i84S-i8S0).  Il  se  fait  princi- 
palement par  la  discussion  des  siyets,  Ta- 
nalyse  des  lectures,  ainsi  que  par  des  eier- 
cices  de  cotaposiltoD  de  tout  genre  (dé- 
veloppements et  résumés).  Pour  combattre 
certains  préjugés  répamlas  dans  les  Ecoles 
spéciales  ,  ailleurs  encore  qu'es  Belgique, 
le   professeur  saisit  toutes  les  occasions 


d'insister  sur  Timportanee  de  la  forme  lit- 
térah*e.  Empruntant  des  modèles  et  des  su- 
jets d'dtuda  à  des  ëcrivsins  de  toale  caié- 
gvie  >  il  retrouve  parleai  la  Ih  de  êUt- 
darité  entre  la  forme  et  le  fond ,  depuis 
le  plus  haut  style  poétique  jusqu'au  plus 
humble  style  d'a(fbh*es  et  d'adminisiraUon. 
Le  fttlar  ingénieur  cet  ainsi  convié  aux  lec- 
tures les  pKis  variées,  quand  ce  ne  serait 
que  pour  apprendre  à  estiiMr  de  plus  en 
plue  la  justesse  et  l'exacUtude  des  termes, 
lapréeiekMi  si  désirable  des  tmrs  et  des 


1049 


ÉCOLES   SPÉCULES. 


lO.'iO 


de  docima$ie^  4e  manifulatùms  chimi- 
quesy  de  minéralogie^  de  géologie^  de 
métallurgie^  d'exploitation  des  mines^ 
de  législation  des  mines,  û*économie  in- 
dustrielle et  û'architecture  industrielle 
V.  ci-dessus,  section  V,  le  Tableau  gé- 
néral de  lufépartitioude$  caursf  de  VVni- 
versiU. 

EXPLOITATION  DES  CHEMINS  DE   FER. 

iSGg,  E.-A.-C..  Despret  (  V- 


CONSTRUCTION  DE  MACHINE». 

486S,W,  liberté). 

Répétlteun». 

1.   MATHÉMATIQUES  ÉLÉMENTAIRES. 

i858.  J.  Martynowskî  ('). 

n.   HAUTE  ALGÈBRJV. 

4858.  Blartynowski. 
1857.  F.  Foiie(*). 


phrases ,.  eAfio»  l'art  de  dûpoger  et  d'exposer 
GonvenabteiDent  ua  suJeU. 

(">  M.  Desprkt  (Edouard- AotoJDO-CoQ^ 
8Aaat),eat  nëà  Cbimai  Ul  aj/oiA  4833.  Il  afiatâ 
aaa  éludes  tuimaoitairaa  au  Collège  de  su 
ville  nataiê'i  de  là,  feodant  quatre  amu^s, 
il  a  suivi,,  à  l'Ecole  centrale  de  Bruxelles, 
ses  cours  delà;  section.  hidttslrieUe  et  aciea- 
tiAque  ;  eofia  il  est  eatné  à  TEcoIc  des  miues 
de  U^gOk  Soa  diplôme  d'iogéoieur,  obteou 
avec  gîramif  dUtinetion,,  date  de  185S  ;  son 
début  dans  la  carrière,  da  mois  de  décembre 
de  la  ■tftme  anoëo.  Mtacbé  d'abord,  en  qua^ 
lité  d'iogéoieur,  au  chemin  de  fer  du  Centre 
eu  cofnslruction,  il  reçoit,  en  4857^  lors  de  la 
mise  en  exploitation  de  cette  ligue,  le  titre 
d'ÎDgénieur-chef  des  travaux  techniques; 
en  1869 ,  il  est  nommé  ingénieur-cheC  de 
rexploitalioo  du  même  chemin  de  fer.  Le: 
Grand-Cemral  belge  ayant  été  créé  en  4864, 
M.  Dupont  est  ftnaleroeuL  appelé  k  remplir, 
dans  cette  importani^e  adminiatratien,  les 
fonctions  «fiNj^éuMiir  en  cAc/,  directeur  des 
voies  et  travaux^  —  La  nouvelle  édition  du 
Coure  de  eomtTHCtion  de  i.  Sganzin  ('1866), 
complétée  et  mise  en  rapport  avec  les  pro- 
grès de  la  science  et  de  l'industrie,  est  due 
aux  soins  de  M.  E.  UespretetdeM  Rofflaen, 
capitaine  du  génie. 

Le  programme  offlciel  do  cours  d'exploi- 
tation des  chemin»  de  fer,  annexé  à  l'arrêté 
miAisiértel  du  'i6  novembre  1867,  est  très- 
conplot.  Il  embvasse  des  notions  historiques 
sur  les  anciens  moyens  de  transport  et  sor 
le  développement  des  chemins  de  fer  dans 
tous  les  pays,  la  description  des  divers  sysr 
tèmea  adoptés  tour  à  tour,  et  la  discussion 
de  leurs  avantages,  au  double  point  de  vue 
technique  et  économique.  Viennent  ensuite 
des  notions  générales  sur  les  voies  ferrées» 
sor  les  stations  et  les  gares  et  sur  le  maté- 
riel roulanL  Ce  dernier  point  doit  attirer 
plue  particulièrement*  l'attention  du  profes- 
seur ;  il  a  mission  de  passer  en  revue  tous 
les  organes  essentiels  des  véhicules,  essieux, 
roues,  bandages,  boites  k  graisse  et  à  l'huile, 
plaques  de  garde,  ressorte,  attelage  des  voi- 
tures, matériel  pour  voyageurs  (chAssis, 


caisses ,  éclairage  des  voilures) ,  matériel! 
pour  marchandises  (diverses  sortes  de  wag- 
gons,  etc.  Il  est  traité  alors  de  la  résistance 
au  mouvement  d'une  voiture,  en  ligne  droite 
et  en  ligne  courbe,  des  divers  systèmes  ar- 
ticulés^  etc.)'  l^ne  autre  section  du  cours  est 
consacrée  aux  moteurs  (moteurs  animés  » 
moteurs  mécaniques,  production  et  emploi 
de  la  vapeur,  stabilité  des  locomotives,  dcsr 
cri pt ion  des  diverses  systèmes  de  locomo- 
tives et  de  tenders),  aux  freins,  aux  mesures 
de  sûreté,  aux  applications  de  l'électricité, 
aux  signaux  de  toute  espèce,  etc.  —  Après 
les  questions  techniques,  les  questions  d'ex- 
ploitation (dépenses  de  la  voie  et  de  ses  dé- 
pendances, dépenses  du  matériel  roulant,  coûL 
total  kilométrique  ;  recettes  ,  comptabilité  et 
contrôle,  élude  comparative  des  tarifs,  con- 
trats de  transport,  transit,  conventions  in- 
ternationales, recette  kilométrique  ;  conces- 
sions, adjudications,  cahiers  des  charges, 
réceptions  et  garanties,  installation  des  di- 
vers services,  atlribulions,  réparations,  en- 
tretien do  matériel  roulant).  —  On  peut  se 
faire  une  idée,  par  cette  énumération  ra- 
pide, de  l'imporlaoce  et  de  l'opportunité  du 
nouvel  enseignement. 

(*)  M.  LiBERT,  ancien  élève  de  l'Ecole, 
est  ingénieur-civil  mécanicien.  Le  cours 
qui  lui  a  été  confié  est  l'utile  complément 
de  l'enseignement  de  la  mécanique;  il  répond 
au  but  qu'on  s'est  proposé  en  établissant, 
à  côté  de  l'Ecole,  un  atelier  de  construction. 

(^)  V.  ci-dessus,  col.  483. 

(M  V.  ci-dessus,col,88et89.— M.  Folie 
est  né  à  Liège  et  il  y  a  fait  ses  études.  Il  a 
été  reçu  docteur  en  sciences  physiques  et 
mathématiques  le  13  août  1855,  avec  la 
plus  grande  distinction;  il  a  obtenu  la 
bourse  de  voyage  et  a  fréquenté  l'Univer- 
sité de  Bonn.  Nommé  répétiteur  aux  Ecoles 
spéciales  le  30  octobre  1857  ,  il  a  été 
démissionné,  sur  sa  demande,  le  17  no- 
vembre 1868.  Il  est  professeur  k  l'Ecole 
industrielle  de  Liège  depuis  plusieurs  an- 
nées. Voici  la  liste  de  ses  travaux  :  1»  Ex- 
position de  ta  théorie  analytique  des  pro- 
ùabilitéitk  posteriori,  œuvre  posthume  de  A, 


1081 


ÉCOLRS    SPÉCIALES. 


1052 


1865.  V.  Faii8se(*). 

ni.  GÉOMÉTRIE  ANÀLÏTiOm*. 

1857.  F.  Folie. 

i8G8.  J.  Graindorge  (*). 


IV.   CALCUL  INFINITÉSmAI.. 

1858.  J.  Martynowski. 
1857.  F.  Folle. 
i805.  V.  Falisse. 


Meyer,  Liège ,  Dessain,  1857,  in-8«.  — 
S»  Deux  MéiD.  nur  une  théorie  nouvelle  du 
mouvement  d'un  corpt  solide  (Rullelio  de 
VAcad,  roy,  de  Belgique^  2«  série,  t.  XX., 
4866,  D08,  et  t.  XXIV,  1867,  no«  9  et  iO.  — 
S^  Hém.  tur  le  frottement,  faisant  suite  aux 
précédents.  —  4«  Traduction  de  Vlntroduc- 
tion  à  la  théorie  mathématique  de  rélectri- 
cité,  de  Clausius  {Ann.  du  génie  civil,  août 
et  décembre  4867).  ~  8o  youvelles  table» 
uittelles  des  logarithmes  des  nombres  et  des 
lignes  trigonométriques,  précédi^es  d'un  Pré- 
cis de  trigonométrie  pure  (Mém.  de  la  Soc, 
royale  des  sciences  de  Liège ,  2«  série,  t.  I). 

—  7«  Note  sur  la  dirisibitité  des  nombres 
(Ibid.,  t.  IIIS  —  8»  Théorie  mécanique  de  la 
chaleur  de  R.  Clausius,  trad.  de  l*allem.  par 
F.  Folie,  avec  préface  du  traducteur,  i^ 
partie.  Paris,  £  Lacroix,  1868,  in-8o).  — 
2«  partie,  ibid.,  1869,  in-8o.  —  9«  Précis  du 
cours  de  mécanique  appliquée  de  J.*6. 
Rrasscur,  terminé  d'après  les  mss.  de  l'au- 
teur par  F.  Folie.  Liège,  Garmanne,  1868, 
in-4<»(v.  ci-dessus,  col.  88).  —  10«  Exposi- 
tion nouvelle  des  principes  du  calcul  diffé- 
rentiel et  du  calcul  intégral  par  J.-R.  Rras- 
seur.  nugm.  de  notes  et  d'un  avant- propos 
par  F.  Folie.  Liège,  Desoer,  1868.  in-8n. 
(Ibid).  —  H«  Note  sur  la  théorie  de  la  roue 
Poncelet  (Rull.  de  VAcad,  roy.  de  Belgique, 
t.  XXIV,  no  12).  —  12<»  Sur  une  disposition 
nouvelle  de  la  rue  Poncelet  {Ann.  du  génie 
cwil,  sous  presse  chez  E.  Lacroix,  à  Parts). 
— 13»  Im  fonction  potentielle  et  le  potentiel, 
trad.  de  l'aUcm.  de  R.  Clausius  (sous  presse 
chez  Gauthier-ViUars,  à  Paris].  —  14*  Note 
sur  quelques  théorèmes  généraux  de  géomé- 
trie supérieure,  présentée  à  YAcad.  roij,  de 
Belgique,  dans  la  séance  du  4  juin  1869.  — 
15<>  Art.  scientifiques  et  analyses  critiques 
dans  diverses  revues  (Ann.  de  renseigne- 
ment  public,  Belgique  contemporaine,  etc.). 

—  M.  Clausius,  l'une  des  plus  hautes  autori- 
tés scientifiques  de  l'Europe,  dit,  dans  une 
notice  récemment  publiée  {Comptes  rendus 
des  séances  de  VInstitut  acad.  des  sciences)  : 
ff  M.  Folie,  de  Liège,  géomètre  habile, 
connu  par  ses  beaux  travaux  sur  le  mouve- 
ment d'un  corps  solide,  a  bien  voulu  publier 
une  traduction  française  de  mon  ouvrage  ; 
cette  traduction  rend  mes  idées  avec  beau- 
coup de  précision  et  de  clarté.  »  —  M.  Fo- 
lle a  continué  en  1868  et  en  1869,  le  cours 
sur  la  Théorie  mécanique  de  la  chaleur  dont 
il  a  élé  question  ci-dessus,  col.  89. 


(<)  M.  Victor  FalIsse,  né  à  Liège,  a  fait 
de  brillantes  études  au  Collège  et  à  l'Uolver- 
sitè  de  cette  ville.  Il  est  entré  dans  l'ensei- 
gnement comme  professeur  de  mathémati- 
ques inférieures  an  premier  de  ces  deux 
établissements  dès  1834,  en  remplacement 
de  C.-J.  Rosel;  dès  que  les  circonstances 
l'ont  permis,  il  a  été  chargé  des  cours  supé- 
rieurs ;  il  en  est  encore  titulaire  ft  l'Athènèe 
royal.  Le  succès  de  l'enseignement  de  M. 
Falisse  est  pour  ainsi  dire  proverbial  a 
Liège  :  on  est  habitué  a  voir  ses  élèves  ob- 
tenir les  premiers  prix  de  mathématiques  au 
concours  général;  le  gouvernement  a  re- 
connu le  zèle  et  le  talent  de  l'habile  profes- 
seur, en  lui  décernant  la  croix  de  chevalier 
de  l'ordre  de  Lèopold.  M.  Falisse  est  doc- 
teur en  sciences  physiques  et  mathématiques 
depuis  le  12  juin  1836;  il  est  au  nombre 
des  agrégés  de  notre  Faculté  des  sciences, 
et  c'est  à  ce  titre  qu'il  y  a  fait  des  leçons, 
en  1849,  sur  le  calcul  infinitésimal.  Il  est 
attaché  aux  Ecoles  spéciales  depuis  le  29 
juillet  1865,  en  qualité  de  répétiteur  du 
même  cours  ;  il  est  en  môme  temps  titulaire 
du  cours  spécial  de  calcul  différentiel  des- 
tiné aux  élèves  mécaniciens.  —  MM.  Falisse 
et  Graindorge  (v.  la  note  suivante)  annoncent 
(1869)  la  publication  prochaine  d'un  cours 
de  mathématiques  k  l'usage  des  établisse- 
ments d'instruction  moyenne. 

(*  )  Né  à  Liège  le  9  aoAt  1843,  M.  Grain- 
dorge a  fait  ses  humanités  à  notre  Athénée 
royal.  Lauréat  du  concours  général  pour  la 
version  grecque,  en  1860,  il  subit  Tannée 
suivante  l'examen  de  gradué  en  lettres,  puis 
fréquenta  pendant  un  an  les  cours  de  la  l'* 
scientifique.  En  1862,  il  fut  proclamé  pre- 
mier au  concours  général  de  mathématiques 
supérieures -et  entra  sans  retard  k  l'Ecole 
préparatoire  des  mines.  Reçu  élève-ingé- 
nieur au  bout  de  deux  ans,  il  résolut  de 
prendre  ses  grades  académiques  :  ses  di- 
plômes de  candidat  (1864)  et  de  docteur  (23 
juillet  4867)  en  sciences  physiques  et  ma- 
thématiques ont  été  obtenus  l'un  et  l'autre 
avec  la  plus  grande  distinction,  Un  arrêté 
royal  du  14  novembre  1867  a  conféré  à  M. 
Graindorge  une  des  six  bourses  de  voyage 
instituées  par  l'art.  42  de  la  loi  du  1*'  mai 
1857  ;  il  s'est  alors  rendu  à  Paris,  pour  y 
suivre  les  cours  de  la  Sorbonne  et  du  Collège 
de  France.  —  Il  a  été  nommé,  par  arrêté 
royal  du  17  nov.  1868,  répétiteur  des  cours 
d'astronomie,  de  mécanique  rationnelle  et  de 


1083 


ÉCOLES  SPÉCÎAtlîS. 


1054 


iSGS.  J.  (;raindorgo  (suppléant). 

V.   GÉOMÉTRIE   DESCRIPTIVE. 

«36.  J.-P.  SchmitC*). 

1858.  L.  Brasseur  (adjoint)  (*). 
^862.  T.  Lafleur  (•). 

M.  MÉCANIQUE  ÉLÉMENTAIRE. 

1859.  J.  Slroesser(*). 
«40-18U.  L.  TrasenslerC"). 
1844.  J.  Martynowski. 
4802.  V.  Dwelshauwers  ('). 

Vn.  MÉCANIQUE  ANALYTIQUE. 

4858.  J.  Martynowski. 
4862.  T.  LaOeur. 
1868.  Jos.  Gratndorge 

VIII.  MÉCANIQUE  APPLIQUÉE. 

1846.  F.-M.  Berchmans  ('). 
185i.  G.Lybart. 
4858.  L.  Pérard('). 


4865.  Y.  Dwelsiiauwers. 

IX.  ASTRONOMIE   ET  GÉODÉSIE. 

4846.  F.-M.  Berchmans. 
.4857.  F.  Folie. 
4868.  J.  Graindorge. 

X.   PHYSIQUE  GÉNÉRALE. 

4846.  F.-M.  Berchmans. 
4855.  ADevivierC). 

4866.  L.  Gérard  (*•) 

4  867.  G.  Duguet(**). 

XI.   PHYSIQUE  INDUSTRIELLE. 

4858.  L.  Pérard. 
4864.  V.  Dwelshauwers. 
4868.  J.-L.-D.  Dumoncean  ("). 

XII.   CHIMIE  GÉNÉRALE. 

4844.  Is.  Kupfferschlaeger("). 
4855.  E.  Albert  («'). 
4863.  V.  Franrken("). 


géométrie  analytique  aux  Ecoles  spc^clales 
de  Liège.  Il  a  remplacé,  la  même  année,  M. 
Falisse,  comme  répétiteur  des  cours  de  haute 
algèbre  et  de  calcul  infinitésimal  ;  il  a  aussi 
fait,  pendant  cette  période,  le  coars  élémen- 
taire de  calcul  différentiel  et  de  calcul  inté- 
gral porté  au  programme  de  la  4**  année  de 
la  section  des  mécaniciens.  —  M.  Grain- 
dorge est  membre  effectif  de  la  Société  royaie 
des  sciences  depuis  le  4^2  juin  i868.  11  a  pu- 
blié :  \^  Solutions  de  diverses  questions  de 
tféométrie  et  d'analyse  proposées  dans  les 
Nouvelles  annales  de  mathématiques  de  M. 
Gerono  (Paris,  4864  à  1868);  ^  Questions 
d'algèàre  supérieure  sur  la  théorie  des  équa* 
fions  (ibid.,  oov.  1865)  ;  3<>  Dm  mouvement 
d'un  point  maté  f  tel  sur  une  courbe  (Ibid. ,  fév. 
1868);  40  Note  sur  quelques  intégrales  défi- 
nies nouvelles  (  Mém.  de  la  Soc.  roy,  des 
sciences  de  Liège,  S«  série,  t.  III >.  —  En 
1 869,  il  a  fait,  sur  l'enseignement  des  sciences 
physiques  et  mathématiques  à  Paris,  un  rap- 
port dont  la  Faculté  des  sciences  a  voté  l'im- 
pression dans  les  Annales  universitaires, — 
V.  la  note  précédente. 

(*;  V.  ci-dessus,  col.  914. 

(')  Fils  du  professeur  J.-B.  Brasseur; 
reçu  docteur  en  sciences  phys.  et  mathéma- 
tiques le  28  jaillet  1857;  attaché  aux  Ecoles 
spéciales  le  19  nov.  1858;  décédé  le  39 
avril  1865. 

(  *  )  Ingénieur  mécanicien. 

{*)  Sous-ingénieur  des  mines;  nommé 
répétiteur  le  S  février  1839;  décédé  l'année 
suivante. 

(*)  V.  ci-dessus,  col.  957. 


(*)  V.  ci-dessus,  col.  817. 
(')  Né  il  Audeghem  le  31  mars  1816, 
M.  BEacHMANS  entra  de  bonne  heure  dans 
l'armée  et  obtint  son  congé  définitif  en 
184S,  avec  le  grade  de  sovs-offlcier.  Il  se 
livra  dès  lors  avec  passion  à  l'étude  des 
sciences  et  subit  d'une  manière  brillante,  le 
30  sept.  1847,  l'examen  de  docteur  en  se. 
phys.  et  mathématiques.  Il  fut  nommé  répé- 
titeur-surveillant en  1846  ;  en  1851 ,  il  quitta 
ces  fonctions  pour  une  chaire  de  mathéma- 
tiques à  l'Athénée  royal  de  Liège.  Il  a  fondé, 
depuis,  un  atelier  de  construction  dont  l'im- 
portance est  devenue  de  plus  en  plus  consi- 
dérable (maison  Berchmans  et  Fallize). 

V  *  )  V.  ci-dessus,  col.  915. 

(*)  Né  à  Liège,  ancien  élève  des  Ecoles 
spéciales  et  de  la  Faculté  des  sciences,  doc- 
teur en  sciences  physiques  et  mathématiques 
(1854),  répétiteur  do  1855  à  1865,  depuis 
lors  professeur  aux  Ecoles  spéciales  de  Lou- 
vain,  dont  il  a  été  l'un  des  organisateurs. 

(*<>)  Sous-ingénieur  des  mines;  nommé 
le  13  novembre  1865;  démissionné  sur  sa 
demande  le  31  décembre  1866. 

('*)  Ingénieur  des  arts  et  manufactures; 
nommé  répétiteur  le  30  août  1867, 

(  '*)  Ingénieur  des  arts  et  manufactures; 
nommé  répétiteur  le  17  septembre  1868. 

(  ")  V.  ci-dessus,  col.  837. 

(  **)  Pharmacien  ;  nommé  répétiteur  le  Sa 
septembre  1855;  décédé  le  10  décembre 
186â. 

{**)  Ingénieur  des  arts  et  manufactures; 
nommé  répétiteur  le  31  décembre  1863. 


lOSB 


ÉCOLES   SPÉCIALES. 


iose 


XIII.    CHIMIE  INDUSTRIELLE. 

1858.  L.Brixbe(<). 
1861.  L.  Goret  (•). 

XIV.  DOCIMASIE  ET  MANIPULATIONS. 

1855.  £.  Albert. 
1864.  G.  Renard  ('). 

XV.  MINÉRALOGIE  ET  GÉOLOGIE. 

1844.  Is.  Kupfferschlaeger. 


1855.  G.  Dewalque  ('). 
1858.  G.  Malaise  (*). 

1865.  F.  Dewalque  (•). 

1866.  A.  Firket('). 

XVI.  MÉTALLCRGIE. 

1844.  A.  DehaMix('). 
1857.  A.  Gillon  (M. 
1865.  A.  Habets(^'). 


(  '  )  Ingénieur  dM  ari«  et  maniilictiiPM; 
nommé  répétiteur  la  17  novembre  1858;  dé- 
missionné sur  sa  demande  le  18  novembre 
t86i . — M.  Brixbe  a  dirigé  depuis,  en  quatité 
d'ingénieur,  les  graids  travaux  entrepris 
pour  amener  à  Liège  des  eaux  potables  pro- 
venant des  nappes  souterraines  de  la  Hcs- 
baye  (v.  ci-dessus,  col.  293). 

(*)  M.  Léopold  GeKET,  né  à  Mone,  le  18 
décembre  1824,  est  sorti  en  octobre  1847 
de  l'Ecole  des  mines  de  Liège,  avoc  le  tUre 
d'ingénieur  honoraire  des  mines.  Entré  immé- 
diatement k  titre  de  volontaire  dans  les  éta- 
blissements de  la  société  anonyme  de  CouiUet, 
fut  attaché  tour  à  tour,  soit  comme  ingénieur, 
soit  comme  ingénieur  coneultant,  &  diverses 
compagnies  industrielles.  Dans  celte  pre«- 
miëre  période  de  sa  carrière,  il  remplit  plu- 
sieurs missions  de  recherches  en  Autriche  et 
surtout  en  Espagne.  Il  est  un  des  fondateurs 
de  la  fabrique  de  produits  rëflracluires  A. 
Detattre  et  Cie,  et  Tun  des  administratenry 
de  la  société  anonyme  Austro-Beige  (Cor- 
pbalie).  Son  expérience  et  ses  connaissances 
acquises  en  chimie  industrielle  lui  ont  valu, 
le  18  novembre  ISfSi,  une  nomination  de 
répétiteur  k  l*Eeole  des  mines;  d'antre  part, 
il  est  professeur  de  chimie  à  l'Ecole  in- 
dustrielle de  Liège;  —  On  lui  doit  plusieurs 
rapports  importants,  entr'aulres  une  Notice 
mr  IcM  expériences  Jatte»  sur  tes  machines 
ttépuisement  du  Bletfberg-,  en  1850  (  v.  le 
Journal  de  Lrège  du  *W  janvier  1861)  r  une 
Notice  Mttr  ^exploitation  des  bassins  ardtii- 
siers  de  ttimogne  (France^  insérée  en  i864 
dans  la  Hei^ne  universelle  de  M.  de  Guyper, 
etc.  —  M.  Goret  a  contribué  à  fonder  Vas- 
sociation  des  ingénieurs  sortis  de  l'Ecole 
de  Liège. 

(')  M.  Charles-Camille  Renard,  né  à 
Liège,  le  4  mai  1832,  a  subi,  avec  la  plus 
gronde  distinction,  en  1851,  l'examen  d'ad- 
mission à  l'Ecole  des  arts  et  manufactures. 
Son  diplôme  d'ingénieur,  obtenu  avec  dis- 
tinction, date  du  16  août  185ff;  l'année  pré- 
cédente le  gouvernement  lui  avait  accordé 
un  subside  pour  une  excursion  scientifique 
en  Allemagne  et  dans  lo  Sud  de  la  France. 
M.  Renard  a  été  attaché,  le  13  septembre 
1855,  à  la  Commission  d'enquête  instituée 


pour  examiner  les  questions  que  soulevait 
la  fabrication  des  produits  chimiques  dans 
la  province  de  Namur;  en  1856,  il  a  été 
chargé  des  fonctions  de  directeur-gérant  de 
la  société  métallurgique  d'Andennes;  en 
1858,  il  a  été  nommé  directeur  delà  société 
manufacturière  de  produits  réfractaires  éta- 
blie dans  la  même  locaKtè.  (Ses  produits  ont 
obtenu,  du  jury  international  de  l'Exposition 
de  Metz,  une  mention  honorable).  Appelé  k 
titre  d'essai,  par  arrêté  ministériel  du  16 
janvier  1864,  aux  fonctions  de  chef  des  tra- 
vaux docimastiques  k  l'Ecole  des  mines, 
chargé  des  interrogations  de  docimasie  et 
adjoint  à  la  direction  des  manipulations  chi- 
miques,  il  a  été  confirmé  déflniiivementdan» 
ces  différentes  missions  le  7  septembre  sirî- 
vant.  M.  Is.  Kupfferschlaeger  ayant  été 
déchargé  du  coars  de  maaipulatioaa^  M. 
Renard  a  été  désigné  pour  le  remplacer,  par 
arrêté  du  1 2  octobre  1 867  ;  il  conserve  néan- 
moins ses  autres  attributions.  —  11  fait  par- 
tie, en  outre,  depuis  le  3  novembre  1868, 
du  Corps  enseignant  de  l'Académie  royale 
des  Beaux-Arts  de  Liège,  k  titre  de  profes- 
seur d'archéologie  et  d'histoire  de  l'art.  Cette 
chaire,  délaissée  depuis  plusieurs  années 
par  M.  Bd«  Lavalleye  (v.  ce  nom)  k  raison  de 
son  état  maladif,  avait  été  précédemment 
occupée,  avec  beaucoup  d'éclat,  par  le  père 
de  M.  Renard  ;  ainsi  sont  renouées  les  tra- 
ditions d'une  famille  bien  connue  dans  le 
monde  artistique.  —  M.  Camille  Renard  suit 
également  les  traces  de  son  père,  en  consa- 
crant une  partie  de  ses  loisirs  k  rédiger  des 
notices  sur  les  Beaux- Arts  ;  c'est  ainsi  qu'il 
a  publié,  dans  le  Journal  de  Uége,nti  compte 
rendu  déUillé  du  Salon  de  1869. 

(*)  V.  ci- dessus,  col.  806. 

(  '^l  V.  ci-dessus,  col.  813. 

(  *  )  Ingénieur  honoraire  des  mines  ;  ré- 
pétiteur de  1861  à  1868  ;  actuellement  pro- 
fesseur à  l'Ecole  des  mines  de  Louvain. 

(  '  )  Ingénieur  des  mines  ;  nommé  répé- 
titeur le  31  décembre  1866. 

(')  Y.  ci -dessus,  col.  642. 

(*)  V.  ci-dessus,  col.  831. 

(••)  V.  ci-dessus,  col.  484  et  832.  —  Né 
à  Liège  lo  16  mars  1839,  M.  Alfred  Habkts, 
après  avoir  achevé  k  l'Athénée  royal  de 


1057 


ÉCOLES   SPÉCIALES. 


1088 


XVII.  EXPLOITATION  W&  MINES. 

1839.  J.  Rdc1oux(*). 


1857.  A.  Gillon. 


bonnes  étades  à  la  fois  humanitaires  et 
scientifiques,  devint  élève  des  Ecoles  spé- 
ciales et  quitta  finalement  les  bancs  en  I86S, 
porteur  du  tilre  d'ingénieur  honoraire  des 
mines  ei  des  diplômes  d'ingénieur  civil  des 
mines  et  des  arts  et  manufactures,  conquis 
avec  beaucoup  d'honneur.  La  Société  géolo- 
giqoe  de  France  le  comptait  déjà  depuis  un 
an  parmi  ses  membres  (*).  Ses  dispositions 
naturelles  et  rinftueiice  des  souvenirs  de  sa 
famille  le  portèrent  tout  naturellement  ii  em- 
brasser la  carrière  de  l'enseignement  (v. 
l'art.  J.-N.  No£L.)  Dès  le  47  mars  1864,  il  fut 
attaehé  aux  Ecoles  spéciales,  à  titre  d'essai, 
comme  répétiteur  de  métallurgie  ;  ces  fonc- 
tions lui  ont  été  définitivement  confiées  le  9 
août  de  l'année  suivante.  Le  84  octobre  1866, 
il  a  été,  en  outre,  nommé  répétiteur  du 
cours  d'exploitation  des  mines  et  chargé, 
aux  mêmes  Ecoles,  de  renseignement  de  la 
topographie.  •—  Le  80  décembre  4888,  il  a 
été  choisi  è  l'unanimité,  par  le  Comité  de 
l'union  des  charbonnages,  mines  et  usines 
métallurgiques  de  la  province  de  Liège, 
pour  remplir  les  fonctions  de  sous-secré- 
taire de  cette  Commission.  —  M.  Habets  est 
l'on  des  cotlaborateurs  les  plus  assidus  de  la 
Revue  univemellê  de  M.  de  (>uyper  ('*).  Il 
y  a  publié  :  i*lfote  »ur  VoftpareH  de  ettar^e- 
ment  et  de  prise  de  gaz  de  M.  Coingt  (t.  XV, 

4864,  avec  I  pi.)  ;  99  Des  Fahrknost  à  une 
tige^  à  propos  de  ia  Fahrkunst  d'Angieur 
(t.  XV,  4864.  avec  3  pt.);  S»  Note  sur  les 
ntùehines  à  abattre  ta   houilie   (t.    XVII, 

4865,  avec  6  pi  )  ;  4*  Sur  le  traitemetit  du 
phmb  au  feur  Hasckette,  dans  le  Harz  su- 
périeur  (t.  XIX,  4866,  avec  4  pi.);  ISfi  Notes 
sur  la  préparation  mécanique  des  minerais  : 

I.  La  préparation  mécanique  continue  d'Ems; 

II.  Cribles  continus  (t.  XX,  4866,  avec  S 
pi.);  III.  Les  appareils  continus  de  U.  de 
RiUinger  et  do  M.  Huodt  (/6.,  avec  4  pi.)  ; 
IV.  La  préparation  mécanique  de  la  biOnde,  à 
Ems  (t.  XXftl  et  XXIV,  4868,  avec  %  pi.); 
6*  Le  procédé  Ressemer  en  Styrie  et  en 
C&rinthie  (t.  XX,  4866);  7*  Le  microspcc- 
iroscope  de  M.  8orby,  d'après  le  Popular 
science  Review  et  des  notes  mss.  de 
l'auteur  (t.  XXI,  4867,  avec  4  pL)  ;  8»  Note 
sur  ia  théorie  de  ta  séparation  des  minerais. 


d'après  les  travaux  de  M.  de  Rittinger  (t.  XXII, 

4867,  avec  4  pi.);  9«  NoU  sur  quelques 
nouveaux  tliéodotiies  de  mine  et  de  surface 
(t.  XXIII  ei  XXIV,  4868,  avec  9  pi.);  40» 
Revue  des  nouveaux  procédés  de  fatfrication 
de  l'acier  en  Angleterre  au  moyen  de  fontes 
phosphoreuses  (t.  XXIlI  et  XXIV,  avec  9 
pi.);  44<>  Note  sur  l'usage  du  spectroscope 
dans  le  procédé  Ressemer  {L  XXItl  et  XXIV); 
42*  Exposition  universelle  de  4867.  —  Note 
sur  la  Carte  générale  des  mines  de  la  Rel- 
gique  (v.  ci-dessH6,  col.  S30)  et  sur  les 
Cartes  statistiques  de  la  Prusse  (l.  XXV  et 
XXVI,  4869,  avec  2  pi.);  48»  Traduction  et 
analyse  de  mémoires  extraits  de  YBngineer, 
du  Zeitschrift  fur  Rerg- ,  Hûtten-  und  Sa- 
linenwesen  in  dem  preussischen  Siaate  (de 
Berlin),  du  Rerg"  und  H&ttenmànuiHhe  Zei- 
tnng  (de  Claosthal),  du  Ùingler*s  Polgtech- 
nischer  Journal,  de  ïOEsterreichisctte  Zeit- 
schrift fur  Rerg  und  Hkttenwesen,  du  Zeit- 
sùhrift  des  Oesterr,  ingénieur-  Yereins,  etc. 
(t.  XVI  ft  XXVI,  avec  pi.)  T')  —  44«  U  Re- 
vue de  V  Exposition  de  4867,  publiée  par  l'édi- 
teur de  la  Revue  universelle,  contient  un 
mémoire  de  M.  Habets  sur  Xzpréparaiion  mé- 
canique des  minerais  et  du  charbon  (I.  Consi- 
dérations générales.It.  Broyeurs,  i  II.  Classe- 
ment des  grenailles  par  volume.  IV.  h.  par 
densité.  V  Classement  des  grenailles  et  des 
schlamms.  VI.  Enrichissement  des  produits 
classés.  VII.  Lavage  de  la  houille.  VIII.  Etat 
actuel  de  la  préparation  des  minerais),  t.  I 
et  II,  p.  545  à  «135,  avec  40  pi.,  et  t.  III,  p. 
3S7  k  437,  avec  6  pi.  >-  45*  La/<wi<f,  le 
fer  et  f acier ,  conférence  faite  è  la  Société 
IVanklin  (v.  ci-dessus,  col.  949)  le  90  jan- 
vier 4867  (Arc.  de  causeries  populaires  pu- 
blié par  Mx>«  la  baronne  de  Crombrugghe, 
3«  année,  p.  410).  —  46»  Fabrication  de 
briques  en  laitiers  moulés  k  Koenigshûtte 
(haute  Silésie)  {Rult.  de  fAssoc,  des  ingé- 
nieurs sortis  de  C Ecole  de  Liège ^  11*  série, 
4866.  p.  400).— M.  Habets  est,  depuis  4867, 
collaborateur  du  dernier  recueil  cité;  depuis 

4868,  il  fait  partie  du  Comité  scientifique  de 
la  section  liégeoise  de  l'Association, 

(*)  M.  RucLOox,  ingénieur  des  mines, 
a  fourni,  depuis,  une  brillante  carrière  au 
service  de  l'Etat.  Promu  k  la  première  classe 


(')  En  l^6t,  V.  Bali^tt  «vait  été  envoyé  pur  le 
fsouveroeinoal  eo  miMiun,  fiour  étudier  le«  mioes  et 
ndne»  dn  Ceolre  et  lin  Miili  de  In  Fi-enre.  Il  mwUui, 
dans  lei«  PyrèoAe:)»  «u  CoDgi*èa  de  la  ■*-'(k-iiS>t4  néolo- 
iqae  de  Franoe,  qui  rarcueiUit  dés  Ion  dut*  «on 


gi4)ae 
«eiD 


(**)  La  plupart  des  ooUcei  paLliées  par  SI.  Babel» 


dan»  la  Revue  univtrielle,  ont  été  lédi^éM  Riir  les 
obgiervation.4  qu'il  a  recueillies  lui-même  dan«  nn 
ezt'UniionMScionlifiqoes  et  indu^itrielleseo  Allemagne, 
en  France  et  aillenr». 

(  ***  )  Une  grande  partie  de  cm  extraits  ont  piiu 
8oni  la  rubrique  :  Rt»ue$  étrangirtt. 

39 


1059 


ÉCOLES  SPÉCIALES. 


1060 


1858.  A.-T.  Ponson('). 


1865.  A.  Habets. 


de  son  grade,  il  a  été  nommé  chevalier  de 
l'Ordre  de  Léopold  le  31  décembre  1853.  Il 
est  aujeord'bui  ingénieur  en  chef  de  la  divi- 
sion de  Liège.  Depuis  longues  années,  il  fait 
partie  du  jury  conférant  le  diplôme  de  sortie 
de  l'Ecole  spéciale  des  mines  ;  il  remplace 
M.  Eug.  Bidaul  au  Conseil  de  perfectionne- 
ment. 

(M  Décédé  le  30  aoûll  866.  —Ik  Meuse 
du  13  septembre  suivant  a  publié,  sur  Pon- 
son,  une  notice  biographique  dont  nous  ex- 
trayons quelques  passages  :  Anne-Théo- 
dore PONSON  naquit  à  Genève,  le  4  juillet 
1801.  Il  fit  de  brillantes  études  littéraires  et 
scientifiques  au  Collège,  puis  k  l'Académie 
(Université)  de  cette  ville,  et  compta  parmi 
les  meilleurs  élèves  de  Lhuillier  et  de  de 
Candolie,  le  célèbre  naturaliste.  Parmi  ses 
condisciples  se  trouvaient  Sturm,  Colladon 
et  de  la  Rive,  avec  lesquels  il  entretint  de- 
puis des  relations  d'amitié.  —  De  bonne 
heure  il  se  livra  à  renseignement.  Au  sortir 
de  l'Académie,  il  fut  nommé  professeur  à 
l'Institut  agricole  de  Hofwyl.  Plus  tard,  il 
se  rendit  à  Pi)ris,  pour  y  suivre  les  cours  de 
mathématiques  supérieures  de  Lacroix,  qui 
étaient  alors  en  grand  renom.  En  même 
temps  il  étudiait  Tarchitecture  et  bientôt  se 
vit  charger,  par  sa  ville  natale,  de  construc- 
tions importantes.  —  Il  fut  appelé  à  Bru- 
xelles en  1831,  pour  faire  k  l'Institut  Gaggia 
les  cours  de  physique  et  de  chimie  :  son  en- 
seignement a  laissé  des  souvenirs.  L'occasion 
qu'il  eut  de  faire  quelques  voyages  k  Liège, 
l'amena  bientôt  à  concentrer  son  attention 
sur  notre  industrie  minière.  Il  prédit  les 
progrès^qu'elle  était  à  la  veille  d'accomplir 
et  s'y  intéressa  jusqu'à  se  faire  lui  même 
exploitant.  Dans  cette  nouvelle  phase  de  sa 
carrière,  il  rendit  aux  sociétés  qui  l'occu- 
pèrent d'éminents  services,  en  même  temps 
qu'il  amassa  de  nombreux  et  précieux  maté* 
riaux  qui  lui  permirent  d'élever  un  véritable 
monument  scientifique. 

Son  Traité  de  Vexploitation  de»  mines^ 
ou  Exposition  eomparatitie  des  méViodes 
employées  en  France,  en  Helgiqu^.^  en  Allé- 
magne  et  en  Angleterre  pour  P arrachement 
et  (extraction  des  minéraux  combustibles 
iLiége,  Noblet,  \  vol.  in-S»,  ensemble  S395 
pages,  et  atlas  in-fol.  de  80  pi.,,  lui  a  fait 
une  réputation  plus  qu'européenne.  Il  en 
existe  des  traductions  en  allemand  (par  M. 


K.  Hartmann)  et  en  anglais  (cette  dernière  • 
paru  k  New- York). 

Le  nom  de  Ponson  reste  attaché  k  la  créa- 
tion de  la  machine  à  traction  directe,  dont 
l'industrie  minière  a  retiré  un  immense  pro- 
fit I*).  Cet  appareil  était,  en  1844,  à  l'eut 
de  simple  projet,  en  butle  k  de  nombreuses 
critiques,  et  les  exploitants  reculaient  devant 
la  chance  des  pertes  considérables  qui  pou- 
vaient résulter  de  son  emploi.  Ponson,  alors 
directbar-géranldes  charbonnages  de  Houssa, 
parvint,  k  force  de  volonté,  k  le  faire 
adopter  par  ses  commettants.  L'essai  réussit 
et,  depuis  cette  époque,  cette  machine  est 
en  usage  presque  partout.  On  doit  à  Ponson 
une  ingénieuse  disposition  de  la  maîtresse- 
tige;  les  dispositions  de  détail  appartiennent 
k  M.  Colson,  ingénieur-mécanicien  des  ate- 
liers de  Haine-Sl-Pierre  (**). 

Décidé  à  ne  rien  négliger  pour  mettre  son 
grand  travail  au  courant  des  derniers  pro- 
grès, Ponson  entreprit  de  nombreux  voyages 
k  l'étranger,  s'enquérant  de  tout  et  notant  avec 
soin  les  observations  dont  pourrait  profiter 
rindustrie  de  la  Belgique,  son  pays  d'adop  • 
tion  (***].  C'est  ainsi  qn'il  a  fait  connaître  k 
nos  exploitants  le  système  des  Fahrkunst, 

Ponson  a  publié  un  grand  nombre  de  no- 
tices dans  divers  recueils  périodiques,  notam- 
ment dans  la  Bévue  universelle  (1*  Docu- 
ments relatifs  à  (histoire  des  machines 
d'épuisement  à  traction  directe ,  t.  III;  i* 
Procédé  de  M,  Guibal  pour  le  passage  des 
sables  mouvants  et  aquiféreSy  t.  Y;  3*  Projet 
d'application  de  tair  comprimé  à  des  fon- 
cages  de  quelque  profondeur  :  analyse  d'un 
Mémoire  de  H.  Allhaus,  de  Berlin,  t.  XY  ; 
4^  Transport  soutet  rain  dans  les  mines  do- 
maniales de  Saarbrûck,  t.  YIII  ;  5*  Des  per- 
forateurs en  général  et  notamment  de  celui 
qui  fonctionne  à  SHoresnet  sous  l'impulsion 
de  l'air  comprimé,  trad.  de  l'allemand  de 
H.  Sachs,  t.  XIX  ;  6*  ArticUs  bibliogra- 
phiques dans  les  t.  Y!  à  XIII)  et  dans  des 
journaux  quotidiens,  entr 'autres  dans  la 
Meuse,  Un  supplément  important  au  Tr€iité 
de  (exploitation  des  tt^nes  de  houille  a  été 
édité  en  1867-1868,  avec  beaucoup  de  soin, 
par  le  fils  de  l'auteur.  Le  Dictionnaire  du 
mineur  françiiis,  allemand  et  anglais),  ap- 
pendice  naturel  de  cette  grande  publication, 
verra  le  jour  prochainement. 

Ponson  quitta  définitivement   l'indastrie 


(*  )  \jt  principe  de  U  traction  directe  fut  tronré 
pur  iinell,  inTentenr  de»  niAcliineH  à  cuioniie  d*eeii. 
M.  Kafcliainiwi,  rapfliquitnt  à  la  machine  à  vapeur, 
«btiut  le  premier  brevet  acconié  eu  Knrope  pnur 
cet  objet  (l'onHOO.  UncuihfntM  rtlatift  à  rhiatoirt 


d«s  maehinn  d'épuhement  à  traction  iftrvrfe,  extr. 
de  U  Revtui  univergflU  de  M.  de  Cuyper.  p.  iS). 

(••)  #*..  p.  16. 

[  '*')  Il  avait  obtenu  la  naturalisation. 


1061 


ÉCOLES  SPÉCIALES. 


1063 


XVIII.  DESSIN. 

1836.  J.*P.  Schmit. 

i85i.  J.-P.  Schmit  et  A.  Lybart('). 

1855.  Un  mêmes,  H.  Bollis  (*)  et  A.- 

T.  Ponson. 
1862.  J.-P.    Schmit,  H.  Bollis,  A.-T. 

Pon.son  et  T.  Lafleur. 
1866.  J.-P.  Schmit  (josqu*en  1868). 

H    Bollis,  T.  Lafleur  et  P. 

Schorn('). 

XIX.   TOPOGRAPHIE. 

1840.  J.-P.  Schmit. 
1858.  A.-T.  Ponson. 
18G5*  A.  Habets. 


XX.   ARCHITECTURE  mDUSTRIELLE. 

1868.  J.-L.-D.  Dumonceau. 

RépëtKeura-finrvellIanta. 

J.  Martynowski,  (1838-1849);  E.  De- 
fossez  (1839  1846);  N.-X.  Berchraans 
(1846-1851);  G.  Lybart  1851-1862); 
A.  Devivier  1855-1865);  A  Folie  (1857- 
1868):  H.  Bollis  (1855);  T.  Lafleur 
(1862. 

Garde-connl^ne. 

1856.  Laurenty. 
1862.  P.  Gérard. 


INDICATIONS    SUPPLÉMENTAIRES. 


I.   CONSEIL  DE  PERFECTIONNEMENT.  — 

Institué  par  arrêté  royal  du  6  mai  1842, 
ce  Conseil  fut  d*abord  composé  comme 
suit  : 

MN.  D.  Arnould,  administrateur- 
inspecteur  de  rUnIversité  de  Liège, 
président  ; 

A.  VisscHERS,  directeur  de  Tadminis- 
tration  des  mines  près  du  ministère  des 
travaux  publics  ; 

L.  Alvin,  chef  de  la  division  deTin- 
struction  publique  au  ministère  de  Tin- 
térieur  ; 

A.  De  Vaux,  ingénieur  en  chef  de  la 
3*  division  des  mines  ; 

J.-P.  Lemaire,  inspecteur  des  études, 
secrétaire, 

M.  VisscHERs  fut  remplacé,  en  1845 
par  M  C.-F.-J.  Bareel,  secrétaire  gé- 
néral du  ministère  des  travaux  publics, 
et  J.-F.  Lemaire  par  M.  Cn.  DECinpER, 


nommé  inspecteur  des  études  en  1846. 

L'arrêté  royal  du  20  avril  1850  (v. 
ci-dessus,  col.  1032)  introduisit  dans 
le  Conseil  de  nouveaux  éléments  ; 
d'autre  part,  la  présidence  en  fut  attri- 
buée à  Unspecteur-général  des  mines. 
Voici  la  liste  de  ses  membres  sous  ce 
régime  intermédiaire: 

MM.  A.  De  Vaux,  inspecteur-général 
des  mines,  président; 

C.-H-F.  Thiéry,  chef  de  la  division 
de  l'instruction  publique; 

D.  Arnould,  directeur  de  l'Ecole  ; 

Ch.  DeCuyper,  inspecteur  des  éludes 
de  renseignement  préparatoire,  secré- 
taire du  Conseil  ; 

L.  Trasenster,  inspecteur  des  études 
de  renseignement  spécial  ; 

A.  Lesoinne,  professeur  de  métallur- 
gie (v.  ci-dessus,  col.  420)  ; 

J.-B.  Brasseur,  professeur  de  méca- 


en  1841,  pour  se  livrer  tout  entier  à  ses 
études  spéciales.  Ce  o'est  qu'à  partir  de 
1858  qu'il  rentra  dans  l'enseignement:  son 
souvenir  est  resté  vivant  k  l'Ecole  des  mines, 
où  sa  haute  compétence  et  son  zèle  étaient 
généralement  appréciés.  —  11  s'intéressait 
d'autre  part  à  la  difi\ision  de  l'instruction 
dans  les  classes  ouvrières  :  vers  la  fln  de  sa 
vie,  il  fit  à  la  Halle  el  à  la  Salle  do  milice 
(locaux  affectés  aux  lectnren  populaires  or- 
ganisées  par  la  ville  de  Liège)  plusieurs 


conférences  qui  obtinrent  un  légitime  succès. 

l*)  Ancien  sous-lieutenant;  nommf^  ré- 
pétiteur le  30  septembre  1851  ;  décédé  le 
l'r  janvier  1862. 

(*)  Ingénieur-mécanicien;  nommé  maître 
de  dessin-surveillant  le  22  septembre  1855  ; 
actuellement  maître  de  dessin-répétiteur. 

(  '  )  Ancien  officier  d'artillerie  ,  démis- 
sionné sur  sa  demande.  M.  Schorn  a  débuté 
avec  un  grand  succès,  comme  maître  de 
dessin,  à  l'Ecole  industrielle  de  Liège. 


1063 


ÉCOLES  Sl'ÉCIALES. 


4064 


nique  ap|)U(tuée  (v.  ci-desB«B,  eoL.  77); 

J.-Th.  p.  CoiMDELON,  professeur  de 
chimie  industrielle  et  de  dodmasie  (v. 
ci-dessus,  col.  777). 

Réorganisé  par  arrêté  royal  du  50 
mars  4959,  le  Conseil  se  composa  dès 
lors  des  membres  suivants  : 

A.  Membres  permanents^ 

MM.  ÂD.  De  Vaux,  président; 

C-A.-F.  TuiÉRY.  directeur-général 
de  rinslruction  publique  ; 

M.  L.  PoLAiN, administrateur-inspec- 
teur de  rUniversité,  directeur  des 
Ecoles  spéciales; 

Ch.  De  Cuyper,  secrétaire; 

L.  Trasenster; 

J.-Th.-P.  Chandelon,  inspecteur  des 
études  pour  les  sciences  chimiques. 

B.  Membres  temporaires  (nommés 
pour  4  ans). 

EuG.  BiDAUT,  ingénieur  des  mines  de 
1"  classe  et  secrétaire-général  du  dé- 
partement des  travaux  publics  ; 

J.-B.  Brasseur  ; 

L.  de  Koninck,  professeur  de  chimie 
ORGANIQUE  (v.  ci-dessus,  col.  788). 

Ad.  De  Vaux,  décédé  en  18G6 ,  a  été 
remplacé  par  M.  Gernaert  ,  élevé  au 
poste  d'inspecleur-général  des  mines  ; 
ce  haut  fonctionnaire  ayant  fait  valoir, 
deux  ans  plus  tard,  ses  droits  k  la  re- 


traite, c*est  à  son  suoees«eur,  M.  Jo- 
CHAHS  (précédemment  ingénieur  en  cbef 
des  mines  du  Hainaut;  v.  ci-dessus, 
col.  207),  qu'est  aiôourd'faul  dévolue  la 
présidence  du  Conseil. 

Eugène  BiDAOT,  décédé  le  19  mal 
4868,  a  été  remplacé  par  M.  h  Rucloux, 
ingénieur  en  chef  de  la  y  division  des 
mines  (Liège).  Enfin,  la  place  laissée 
vacante  par  la  mort  de  J.-B.  Brasseur 
(v.  col.  77)  est  actuellement  occupée 
par  M.  le  professeur  Aug.  Gillon  (y. 
ci-dessus,  col.  831). 

il.  CONSEIL  DE  L^ÉCOLE.—  Lc  CoUSeil 

de  perfectionnement  ne  doit  pas  être 
confondu  avec  le  Conseil  de  VEcole^  quï 
n'a  point  à  proprement  parler  de  carac- 
tère officiel.  On  désigne  sous  ce  nom  la 
réunion  du  directeur  et  des  trois  ins- 
pecteurs ,  délibérant  sur  les  affaires 
courantes  du  régime  intérieur  et  s'en- 
tendant  sur  les  mesures  à  prendre  dans 
des  cas  particuliers. 

m.  BIBLIOTHÈQUE  ET  GOf.LECTIOHS.  — 

L'Ecole  des  arts  et  manufactures  et  des 
mines  possède  une  bibliothèque  spéciale 
et  quelques  collections  (exploitation 
des  mines,  métallurgie,  mécanique,  ar- 
chitecture industrielle,  etc.),  dont  la 
garde  a  été  confiée,  en  1801,  à  M-  Ad. 
Delvaux  de  Fenffe,  agrégé  k  TUniver* 
site,  ancien  titulaire  du  cours  de  métal- 
lurgie (v.  ci-dessus,  col*  643)- 


VIII 


COLLECTIONS 


Le  titre  V  du  Règlement  organique  du 
25  septembre  1816  (art.  109-159)  dé- 
crétait que  les  villes  où  les  Universités 
seraient  établies  auraient  à  pourvoir, 
autant  que  possible,  non  seulement  aux 
locaux  nécessaires  f>our  ces  instUntions, 
mats  en  général  aux  premiers  besoins 
matériels  de  renseignement  académi- 
que, dans  le  cas  où  elles  posséderaient 
<c  des  établissements  et  des  cabinets 
propres  à  cette  destination.  »L*Etat  s*en- 
gigeatt,  de  son  o6té,  à  fournir  des  sub- 
«dea  annuels,  ei  d*abord,  pour  Tentre- 
ti«n  et  racertrissement  des  bibliothè- 
ques. Un  tiers  de  la  somme  destinée  li 
des  achats  de  livres  devait  être  appli- 
qué aux  sciences  physiques,  toutes  les 
branches  de  l'histoire  naturelle  y  com- 
prises ;  les  curateurs  avaient  mission 
de  surveiller  remploi  de  ce  fonds.  Un 
autre  subside  (3000  florins)  était  alloué 
à  chaque  Université  pour  les  frais  ré- 
sultant de  renseignement  efinfque  mé* 
dicai,  chirurgical  et  obstétrical  à  éta- 
blir dans  les  locaux  des  hospices  civils, 
ainsi  que  pour  Tentretien  des  instru- 
ments de  chirurgie  et  de  Tart  des 
aceouebenents.  Le  règlement  exigeait 
en  outre  qu'on  formât  des  cabinets  de 
préparations  anatomniaes ,  physiologi- 


ques et  pathologiques,ainsi  que  des  pré- 
parations d'anatomie  comparée  «  pou- 
vant servir  à  éclairdr  la  connaissance 
du  corps  humain.  »  Les  cours  de  la 
Faculté  des  sciences  n'étaient  point 
oubliés  :  cabinet  d'instruments  de  phy- 
sique, modèles  des  instruments  méca- 
niques composés  les  plus  intéressants, 
instruments  astronomiques ,  matériel 
d'un  laboratoire  de  chimie,  cabinet  de 
zoologie  et  d'anatoraie  comparée  des 
animaux,  cabinet  de  mînéralûgte  et  de 
géologie,  colledion  d'instruments  agri- 
coles et  de  machines  pour  les  fabriques 
et  les  manufactures ,  jardin  botanique 
enfin,  tout  était  prévu  :  les  premiers 
fk'ais  d'établissement,  les  dépenses  ré- 
sultant des  expériences,  les  traitements 
des  employés  inférieurs  devaient  for- 
mer un  chapitre  du  budget  universi- 
taire. Le  g ouvemement  comptait  sur  le 
concours  des  villes,  mats  manifestait 
r intention  de  ne  reenter,  pour  sa  part, 
devant  auctm  sacrifice  commandé  par 
la  situation.  Le  rapport  présenté  aux 
Etats-Généraux  par  le  commissaire  de 
l'instruction,  Repelaer  van  Driel,  le  k 
Janvier  1817,  était  des  plus  explicites  à 
cet  égard,  et  témoignait  hautement  de 
la  sollicitude  de  ÇqiMaume  1  pour  la 


1067 


COLLECTIONS. 


1068 


propagation  et  le  développement  des 
sciences  et  des  arts  dans  le  royaume 
des  Pays-Bas. 

A  part  la  Bibliothèque,  dont  les  ri- 
chesses ,  malgré  Texiguilé  des  res- 
sources dont  on  disposait  en  sa  faveur, 
se  sont  rapidement  accrues,  grâce  à 
quelques  circonstances  favorables  et 
surtout  grâce  au  zèle  soutenu  de  son 
conservateur  Bl.  Fiess  ;  à  part  le  cabi- 
net de  minéralogie,  dont  le  noyau  fut 
formé  dès  4819  d'une  quantité  consi- 
dérable d'échantillons  envoyés  par  le 
ministre  de  Tintérieur;  à  part  quel- 
ques subdivisions  des  autres  collec- 
tions, enrichies  par  des  dons  particu- 
liers et  par  les  travaux  personnels  des 
professeurs  qui  en  avaient  la  direction, 
il  faut  bien  dire,  cependant,  que  le  ma- 
tériel scientifique  de  TUniversité  de 
Liège,  bien  que  répondant  aux  pre- 
mières nécessités,  ne  s'est  point  re- 


commandé par  son  importance  pendant 
une  période  d'environ  trente  ans.  L'U- 
niversité étouffait  dans  des  locaux  qui 
n'avaient  pas  été  construits  exprès 
pour  elle  (  ■  )  et  qui  n'étaient  pas  moins 
incommodes  qu'irréguliers.  Ils  se  com- 
posaient, en  1855,  «  d'une  construc- 
tion principale,  flanquée  de  deux  autres 
qui  venaient  la  toucher  â  des  points 
différents  et  dont  l'une  était  terminée  par 
un  bâtiment  neuf,  mais  heureusement 
inachevé,  qui  servait  pour  ainsi  dire 
de  cage  à  l'amphithéâtre  de  médecine. 
Le  bâtiment  de  la  Salle  acad^nique  (*) 
se  trouvait  dans  un  angle  du  plan  de 
l'édifice,  auquel  il  se  rattachait  (qu'on 
nous  passe  la  comparaison)  comme  un 
manchot,  par  un  seul  bras,  en  forme 
de  galerie.  Le  Jardin  botanique  occu- 
pait les  autres  angles  et  se  prolongeait 
de  la  Aleuse  à  la  rue  de  l'Université  ; 
mais  l'emprise  â  faire  pour  le  qiiai  de 


{*)  Nous  avons  rappelé  dans  Tintroduc- 
tien  de  cet  oavrage  que  les  frères  Hiërony- 
mites,  reotrés  k  Liège  sous  le  règne  de  Jean 
de  Bornes,  y  fondèrent  un  collège  qui  fut 
assez  florissant,  jusqu'à  Tépoque  ou  les  Jé- 
suites parurent  dans  le  pays.  InstaUës  d'a- 
bord dans  les  cloîtres  de  la  collégiale  de  St- 
Paul,  les  Frères  de  la  vie  commune  ne  tar- 
dèrent pas  k  chercher  un  établissement  plus 
convenable  ;  enfin  la  Cité  leur  accorda  une 
wuide  place  estant  derrière  Vèglise  et  mo- 
nastère  des  Carmes  sur  la  rivière  de  Mouse, 
appelée  titleal  Hochet  (4495). 

«  A  cette  époque,  dit  M.  Polain,  [Uige 
pittoresque f  p.  S50),  un  bras  de  la  Meuse 
coulant  le  long  des  murailles  du  couvent  des 
Carmes,  et  venant  se  jeter  plus  bas  dans  un 
autre  bras  de  la  même  rivière,  enfermait 
tout  le  terrain  où  se  trouvent  aujourd'hui 
les  bâtiments  de  l'Université,  et  formait  une 
Ile  nommée  Vile  aux  Hochets.  Les  bourg- 
mestres, les  jurés,  le  Conseil  et  les  trente- 
deux  bons  métiers  de  la  Cité,  c  considérant 
»le  grand  et  commodieux  bien  et  proufflt, 
•qui  par  la  résidence  et  estude  des  dits 
•Frères,  adviendrait  à  la  dite  Cilé,  bour- 
•geois  et  enfants  de  bourgeois  d'iccUe,  »  ac- 
quiescèrent volontiers  à  leur  requête ,  et 
leur  permirent   de  construire  sur  Visleal 

(*)La  charte  d*ttabHst>«incnt  des  Hièronymitea 
existe  anx  arc-hirea  de  la  proTiDoe  de  I  i^^e;  elle  a 
été  publiée  en  1841  par  M.  Brixbe  {Dçcuwtienlt  jm^ 
éitiairu  et  kistitriqueê  eoncemant  hê  droite  et  la 
riti  de  Liés*  *w  U*  ùneient  nmptui*,  etc.},  et  réim- 
primée en  1860  par  M.  Anç.  Horcl,  dans  son  An- 


•  une  église  et  monastère  pour  y  faire  et 
•célébrer  l'office  divin,  et  aussi  édifier  autres 
•maisonnaiges  et  édifices  à  eulx  nécessaires 
•pour  eulx,  leurs  familles ,  clercs  et  étudiants 
•venir,  habiter,  résider  et  demeurer  (*).» 

En  4581,  les  Hiéronymites  firent  place 
aux  PP.  de  la  Compagnie  de  Jésus,  qui 
durent  k  leur  tour,  deux  siècles  plus  tard, 
abandonner  l'église  et  le  couvent  qu'ils 
avaient  reconstruits  k  grands  frais  (**).  Le 
grand  Collège,  YEcole  centrale^  le  Lycée, 
le  Gymnase  occupèrent  successivement  ces 
mêmes  édifices  qui  furent  enfin  destinés, 
par  Guillaume  I,  à  devenir  le  siège  d*une  des 
six  Universités  du  royaume  des  Pays-Bas. 
Ainsi,  «  depuis  plus  de  trois  siè  sles,  l'étude 
règne  en  souveraine  maîtresse  dans  ces 
mêmes  murs,  où  nous  voyons  encore  aujour- 
d'hui se  presser  la  jeunesse  laborieuse  de 
nos  écoles  •  {***).  Hais  les  exigences  d'un 
établissement  d'enseignement  supérieur  sont 
tout  autres  que  celles  d'un  simple  Collège, 
et  l'on  peut  dire  que  l'Université  de  Liège  a 
été  beaucoup  moins  partagée,  sous  le  rap- 
port des  locaux,  au  moins  dans  la  première 
période  de  son  existence ,  que  ses  sœurs  de 
Gand  et  de  Louvain. 

(•)  Construit  en  1824  (v.  l'art.  Walter, 
col.  3,  et  l'art.  Wagemann,  col.  600). 

NMaire  dt  l'Umvernté  de  LUy*  (p.  U\. 

(*M  V.  daa«le4  Déli€t»  du  ^mpt  i*  Liif^t.  I, 
p.  SI  z  et  «uÏT.,  une  notice  sor  le  CoUif*  éetJcmitts 
«p.i/foiu,  avec  pi. 

(  ' **  )  liège  jnfforcf f««,  p.  131 . 


1069 


COLLECTIONS. 


1070 


haldge  devait  le  réduire  de  moitié  et 
enlever  nne  partie  des  serres  (*).  » 
Les   collections   étaient  littéralement 
entassées  dans  des  salles  de  dimen- 
sions étroites,  et  renseignement  des 
sciences  naturelles,  réduit  pour  ainsi 
dire  à  sa  plus  simple  expression  faute 
d'un  personnel   suffisant ,  était    peu 
propre  à  stimuler  le  zèle  des  conserva- 
teurs de  ces  musées  naissants.  Scbmer- 
ling  et  Fohmann  eurent  toute  la  peine 
'  du  monde  à  trouver  place ,  celui-là 
pour  ses  ossements  fossiles,  celui-ci 
pour  ses  belles  Injections;  le  classe- 
ment des  uns ,  Fentretien  des  autres 
devint  avec  le  temps  à  peu  près  Impos- 
sible, Vespace  faisant  de  plus  en  plus 
défaut.  Il  faut  ici  rendre  une  éclatante 
justice  à  radministrateur-inspecteur  D. 
ÂRNOULD  qui,  dès  son  arrivée  à  Liège, 
le  lendemain  de  la  réorganisation  de 
4855,  ne  perdit  pas  un  instant  pour 
remédier  à  cet  état  de  choses,  provo- 
qua Tarrèté  royal  du  31  octobre  4850 
et  ne  s*arrèla  dans  ses  démarches  au- 
près de  TEtat,  de  la  province  et  de  la 
commune,  qu'après  avoir  transformé 
rUniversité  en  un  véritable  palais.  Les 
conséquences  de  ces  améliorations  se 
firent  bientôt  sentir  :  la  Bibliothèque 
agrandie,  les  cabinets ,  les  musées  et 
les  ateliers  convenablement  disposés, 
les  laboratoires  et  Tamphithéâtre  re- 
construits sur  de  larges  proportions  et 
dans  de  bonnes  conditions  hygiéniques, 
le  Jardin  botanique  déplacé,  tout  fut 
accompli  vigoureusement  et  sans  re- 
tard, et  dès  lors  aussi  cbacun  sentit 
s*échaufferson  zèle  pour  mettre  le  con- 
tenu en  rapport  avec  le  contenant. 
Avant  de  nous  occuper  de  ce  contenu, 
nous  croyons  opportun  de  reproduire 
ici,  d*après  Ph.  Lesbroussarl,  la  des- 
cription des  bâtiments  de  rUniversité 
tels  qu'ils  étaient  déjà  en  4841  et  tels 
qu'ils  sont  encore  au  moment  où  nous 
écrivons,  à  part  quelques  changements 
dans  la  distribution  intérieure. 

0  Tout  a  été  changé  par  la  construc- 
tion des  deux  ailes  parallèles  qui  for- 


ment, avec  l'ancienne,  deux  carrés 
dont  le  premier  encadre  la  Salle  aca- 
démique, qui  n'était  là  que  comme  un 
hors-d'œuvre.  Elles  s'avancent  de  front 
sur  la  place  de  l'Université  (*)  ;  les  an- 
ciennes ailes,  auparavant  isolées  sur  le 
côté,  sont  maintenant  chacune  au  fond 
d'un  carré,  et  concourent,  au  moyen 
du  prolongement  de  chacune  d'elles,  à 
former  un  ensemble  symétrique  et  rai- 
sonné, qui  présente  une  distribution 
appropriée  aux  besoins  variés  de  l'en- 
seignement universitaire. 

»  Au  fond,  et  à  l'extrémité  de  l'aile 
gauche,  au  rez-de-chaussée,  se  trouve 
la  Faculté  de  médecine  avec  son  am- 
phithéâtre, sa  salle  de  dissection  et  un 
superbe  emplacement  pour  les  collec- 
tions et  les  préparations  anatomiques. 

»  Â  l'étage,  la  bibliothèque  occupe  à 
elle  seule  tout  le  centre  du  premier 
carré.  Elle  a  deux  entrées,  dont  l'une 
communique  avec  l'ancien  bâtiment,  et 
l'autre  conduit,  par  un  bel  escalier,  à  - 
la  sortie  sur  la  place  Cockerill.  La 
salle  de  lecture  et  le  cabinet  du  biblio- 
thécaire et  de  ses  adjoints  touchent  à 
la  bibliothèque  et  sont  placés  dans  une 
aile  dont  le  point  de  vue  sur  la  rivière 
est  propre  à  reposer  les  yeux  et  l'es- 
prit après  une  étude  sérieuse. 

»  Le  local  de  la  Bibliothèque  est, 
depuis  son  agran^iissement,  l'un  des 
plus  beaux  qu'il  y  ait  en  Europe.  H 
comprend  trois  magnifiques  salles  ('), 
reliées  entr'elies  par  des  arcades  à  co- 
lonnes corinthiennes  et  surhaussées  de 
vmUes  ornées  de  caissons.  Des  rayons 
à  pilastres  gracieux,  blanc  et  or,  ajou- 
tent â  l'aspect  à  la  fois  élégant  et  grave 
de  l'ensemble. 

«  L'aile  centrale ,  ou  l'ancien  corps 
de  bâtiment,  est  occupé  comme  autre- 
fois par  les  auditoires  des  Facultés  de 
philosophie,  de  droit  et  des  sciences, 
et  par  les  locaux  destinés  à  l'adminis- 
tration, ainsi  qu'aux  autorités  acadé- 
miques. On  Ta  prolongée  pour  placer  à 
son  extrémité  les  laboratoires  de  mé- 
tallurgie, de  chimie  industrielle  et  de 


(  M  Ph.  Lesbroussart,  yoiice  sur  V Univer- 
sité de  Liège  (1844),  p.  2. 

(  '  )  Sur  la  place,  en  avant  da  péristyle, 
s'élëve  depuis  4866   la  statue  en  bronze 


d'André  Dumont,  remplaçant  celle  deGrétry, 
qu'on  a  judicieusement  installée  en  face  du 
Théâtre  royal. 
(')  Allyourd'bui  quatre  ;  v.  ci-après. 


1071 


COLLECTIONS. 


1072 


roampulations  chimiques  (*),  et,  aux 
étages,  de  nouveaux  auditoires  et  des 
salles  de  réunion  pour  les  Facultés. 

n  Le  bâtimenl  qui  forme  actuellement 
le  fond  du  second  carré  est  occupé  par  les 
collections  de  physique,  de  zoologie  (  *  ), 
d'anatomie  et  de  physiologie  végétale 
('),  de  minéralogie,  de  métallurgie  et 
de  géologie.  Au  sommet  de  cette  partie 
de  rédiflce,  on  a  construit  en  i838  un 
observatoire,  dont  renseignement  de 
Tastronomie  avait  été  dépourvu  Jus- 
qu'alors. Une  lunette  méridienne  y  a  été 
établie  pour  régler  la  marche  du  temps 
et  servir  ainsi  à  régulariser  les  départs 
des  convois  du  chemin  de  fer ,  comme 
ù  favoriser  Tart  de  Thorlogerie,  en  four- 
nissant le  moyen  de  vérifier  la  marche 
des  chronomètres.  De  cet  observatoire, 
on  découvre  un  horizon  étendu  et  le 
magniûque  panorama  des  vallées  de  la 
Meuse,  de  TOurthe  et  de  la  Vesdre. 

»  Enfin,  la  dernière  aile,  récemment 
achevée }  a  été  expressément  construite 
pour  FEcole  des  arts  et  manufactures 
et  des  mines;  sa  distribution  ne  laisse 
rien  à  désirer. 

»  Le  rez-de-chaussée  renferme  un 
atelier  de  construction  de  machines  en 
pleine  activité,  où  les  élèves,  sous  la 
direction  du  professeur  de  mécanique 
appliquée,  et  sous  la  conduite  du  mé- 
canicien, sont  initiés  aux  procédés  des 
arts  et  se  familiarisent  avec  les  applica- 
tions en  grand  des  théories  qui  leur  sont 
enseignées  {*). 

»  Le  premier  étage,  dans  toute  son 
étendue,  est  destiné  au  musée  des  ma- 
chines et  aux  collections  de  modèles. 
Les  machines  ingénieuses  qu'il  ren- 
ferme, au  lieu  d'être  posées  immobiles 
et  inactives,  comme  des  énigmes  indé- 
chiffrables pour  le  visiteur,  sont  mues 


par  les  forces  transmises  de  Tatelier  ; 
ce  qui  permet  aux  élèves  d'en  étudier 
le  jeu  et  d'en  calculer  les  effets.  Cetie 
idée  neuve  et  féconde,  qui  ne  pouvait 
se  réaliser  qu'à  raison  du  voisinage  de 
l'atelier,  distingue  le  musée  de  méca- 
nique de  Liège  des  autres  collections 
du  même  genre.  Au  second  étage  se 
trouvent  des  salles  d'études  pour  les 
élèves  de  chaque  catégorie ,  qui  y  tra- 
vaillent sur  des  pupitres  dont  ils  con- 
servent la  clef.  Ces  salles  sont  éclairées 
au  gaz  et  chauffées  par  la  vapeur  de  la 
machine  qui  fonctionne  à  l'atelier.  Plus 
loin  se  trouve  une  vaste  salle  pour  les 
travaux  graphiques,  laquelle  est  parfai- 
tement éclairée.  Elle  a  été  conçue  dans 
des  vues  hygiéniques,  pour  délasser 
les  élèves, qui,  longtemps  assis  dans  les 
salles  d'études,  viennent  y  travailler 
debout. 

»  Tout,  dans  cet  étage,  est  si  bien 
combiné,  qu'un  surveillant,  du  bout  du 
corridor  où  se  trouve  son  cabinet  vitré, 
peut  maintenir  la  discipline  et  inspecter 
tout  ce  qui  se  passe  dans  l'Ecole,  sou- 
mise à  un  régime  intérieur  analogue  à 
celui  de  l'Ecole  polytechnique,  avec 
cette  différence  qu'ici  les  élèves  sont 
externes  (*). 

»  Telle  est  la  distribution  actuelle 
des  bâtiments  de  l'Université.  Ils  of- 
frent, comme  on  le  voit ,  un  ensemble 
propre  à  satisfaire  à  tous  les  besoins  de 
l'enseignement  (*).  On  a  fait  dispa- 
raître, autant  que  possible,  l'irrégularité 
et  le  décousu  de  l'ancien  édifice,  dont 
la  façade  principale  donnait  sur  un  bras 
de  rivière  ,  comblé  depuis.  H  a  donc 
fallu  lui  faire  faire  en  quelque  sorte 
volte-face,  pour  la  replacer,  par  de  nou- 
velles constructions,  sur  la  rue  et  la 
place  de  l'Université,  qui  elles-mêmes 


(  '  )  Ces  laboratoires  ont  dû  être  trans- 
portés, par  suite  da  grand  développement 
des  Ecoles  spéciales,  au  rez-de-chaussée  du 
bâtiment  qui  relie  Taile  centrale  k  l'aile 
affectée  aux  ateliers.  —  Le  laboratoire  de 
recherches  (v.  ci-dessus,  col.  4047),  occupe 
au  contraire  le  milieu  de  l'aile  centrale ,  à 
gauche  du  passage  qui  conduit  aux  Ecoles. 

(*)  Les  cabinets  de  zoologie  et  d'anato- 
mie  comparée  sont  aujourd'hui  installés  k 
l'étage  de  l'aile  qui  fait  face  à  la  place  Coc- 


kerill,  au-dessus  de  l'Ecole  de  pharmacie  [v. 
ci -après). 

(*)  Collection  transportée  depuis  au  rez- 
de  -chaussée  du  corps  de  bâtiment  dont  Tétage 
est  occupé  par  la  Bibliothèque. 

(*)  V.  ci  dessus,  section  Yll,  et  l'article 
Brasseur. 

(  *  )  V.  ci-dessus,  section  VII. 

(  *  )  On  ne  doit  pas  perdre  de  vue  que  ceci 
aétéécriteniSli, 


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1073 


COUCGTIONS. 


1074 


avaient  été  tracées  dans  une  direction 
différente.  L*Umversité  a  maintenant 
quatre  façades  :  Tune ,  formant  deux 
carrés  sur  la  place  et  la  rue  du  même 
nom;  la  seconde  (la  plus  belle)  fait  face 
k  la  maison  Cockerill  (  '  )  ;  la  troisième 
se  présente»  avec  ses  deux  ailes,  sur  le 
rivage  de  la  Meuse  ;  la  quatrième  donne 
sur  Ta  cour  de  Tatelier ,  où  elle  offre , 
par  sa  mach'me  à  vapeur,  Tiroage  d*une 
manufacture  (*)  ». 

Il  avait  été  décidé,  en  4836,  que  la 
partie  centrale  du  bâtiment  qui  fait  face 
à  la  place  Cockerill  ne  serait  mis  que 
partiellement  à  la  disposition  de  FUni 
versité  :  Télage  devait  être  occupé  par 
une  grande  salle  de  concert,  réservée 
pour  la  \ille,  et  mise  en  rapport  avec  le 
Conservatoire  royal  de  musique,  auquel 
était  réservée  une  extrémité  du  même 
bâtiment,  vers  la  place  de  TUniversité. 
Le  Conservatoire  est  effectivement  in- 
stallé dans  ce  dernier  local  ;  mais  il  a 
fallu ,  depuis ,  accorder  à  FEcole  de 
pharmacie  tout  le  rez-de-chaussée  de 
Talle  gauche,  et  placer  des  collections 
â  Fétage  (  '  ).  Malgré  cette  ap|>ropriation, 
les  besoins  nouveaux  qui  se  sont  pro- 
duits, et  qui  commencent  à  devenir  im- 
périeux, font  prévoir  que,  dans  un  temps 
plus  ou  moins  prochain,  il  deviendra 
indispensable  de  déplacer  le  Conserva- 
toire (•). 

De  nouvelles  améliorations,  d'une 
réelle  Importance,  ont  été  apportées 
dans  la  distribution  intérieure  de  TUni- 
verslté,  et  surtout  des  Ecoles  spéciales, 
depuis  que  M.  Polain  est  à  la  tète  de 
Tadministration.  Nous  citerons ,  entre 


autres,  la  construction  du  laboratoire 
spécial  pour  Tétude  approfondie  des 
sciences  chimiaues  (  * ).M.  Polain  a  aussi 
rendu  de  grands  services  aux  diverses 
collections,  au  double  point  de  vue  de 
leur  installation  et  de  leur  accroisse- 
ment. Il  n'a  cessé  d'insister  auprès  de 
TadministratioD  communale  pour  obte- 
nir les  moyens  de  faire  face  aux  légi- 
times exigences  des  Facultés  des  scien- 
ces et  de  médecine.  La  Salle  acadé- 
mique, d'autre  part,  a  été  complètement 
et  élégamment  restaurée;  au-dedans 
et  au-dehors,  l'Université  a  cessé  de 
présenter  cet  aspect  un  peu  délabré  qui 
contrastait  singulièrement  avec  la  pros- 
périté soutenue  de  Finstitution.  bien 
n'a  été  négligé  ;  les  terrains  vagues  qui 
entouraient  l  édifice,  depuis  que  le  Jar- 
din botanique  a  été  transporté  au  Petit- 
Jonckeu  (rue  Louvrex),  sont  aujour- 
d'hui couverts,  de  trois  c6tés,  de  plan- 
tations et  de  pelouses  d'un  effet  agréa- 
ble ;  les  constructions  sont  entretenues 
avec  soin  et  avec  goût.  Les  sympathies 
de  l'administration  locale  ne  faisant 
point  défaut  à  l'Université,  il  n'est  point 
douteux  que  les  desiderata  qu'on  peut 
encore  signaler,  ne  reçoivent  bientôt 
pleine  et  entière  satisfaction. 

Les  collections  dont  nous  allons  faire 
connaître  sommahrement  le  contenu  gé- 
néral sont  (')  : 

{""lA  bibliothèque  et  le  cabinet  des 
médailles  ; 

^  Le  Jardin  botanique,  le  Musée  des 
instruments  d'agriculture  et  le  ca« 
binet  de  préparations  végétales  ; 

3"  Le  cabinet  de  physique; 


(  *  )  Aujourd'hui  oceopée  par  l'adminiitra- 
lioo  des  douanes. 

(  *  )  Les  plans  des  agrandissements  et  des 
appropriations  qu'on  vient  de  décrire  ont  été 
conçus  et  txëeutés  par  M.  Rémont,  arcbi- 
teele  de  la  ville  depuis  le  l^nnai  i$37.  C*est 
depuis  cette  dernière  date  qu  on  a  commencé 
à  s'en  occuper  sérieusement.  Avant  d'être 
fonctionnaire  communal,  M.  Rémont  portait 
déji  le  litre  d'architecte  de  l'Université,  à  la 
solde  du  gouvernement.  La  ville  de  Liège  est 
redevable  au  même  artiste  de  plusieurs  de 
ses  monuments  les  plus  remarquables ,  en- 
tr'autres  de  l'Athénée  et  surtout  du  ThéAtre 
royal,  qui  peut  soutenir  la  comparaison  avec 
les  édifices  les  plus  beaux  et  le  mieux  ap- 


propriés de  ce  genre,  où  la  perfection  est 
si  difficile  à  atteindre  (v.  ci-dessus, col.  889). 

(')  La  ooAstructioD  des  bAtiments  du 
centre  est  postérieure  i  celle  de  r£cole  de 
médecine  et  du  Conservatoire  ;  il  faut  en  faire 
honneur  k  l'administration  de  M.  Polain. 

(M  Dans  son  rapport  de  1860,  M.  le  rec- 
teur Lacordaire  émettait  déjà  un  vœu  en  ce 
sens. 

[•)  V.  ci-dessus. 

[*)  Nous  suivons  l'ordre  adopté  dans  le 
dernier  Expoté  gùtérul  de  la  tituation  du 
royaume  (période  décennale  dj0 1851  à  1860), 
publié  par  le  département  de  l'intérieur. 
BrttxeUe8,1861,in-4«>,t.  I,  p.  Î48«  elsuiv. 


!• 


1075 


COLLECTIONS. 


1076 


4<»  Les  laboratoires  et  les  collections 

de  chimie  ; 
S*'  Le  cabinet  de  zoologie  et  de  pa- 
léontologie ; 
G*"  Le  cabinet  de  minéralogie  et  de 

géologie  ; 
7*  Le  mnsée  de  mécanique  appliquée; 
8»  Le  musée  d*exploitation  des  mines; 
9°  Le  cabinet  de  métallurgie; 
{{y*  Le  cabinet  de  modèles  du  cours 

de  dessin; 
il*  Le  cabinet  d'anatomie  humaine 

générale  ; 
1 2»  Le  cabinet  de  physiologie  ; 
13®  Le  musée  d'anatomie  descriptive; 
iV  Le  musée  d*anatomie  pathologi- 
que ; 
15°  Le  cabinet  d'anatomie  comparée; 
16"^  La  collection  d'instruments   de 

chirurgie. 
L*administration  communale  de  Liège 
a  exprimé  le  désir  de  voir  admettre  le 
public  à  visiter  les  cabinets  et  les  mu- 
sées de  runiversilé.  Ils  sont  ouverts  le 
dimanche,  de  14  heures  à  4»  hors  le 
temps  des  vacances  légales.  Un  arrêté 
ministériel  du  25  mars  4854  a  prescrit 
à  cet  égard  quelques  mesures  d*ordre. 


I.  lilbllotlièque. 

Nous  avons  dit  (v.  Tart.  J.  Fiess, 
col.  848  et  sulv.),  que  la  Bibliothèque 
de  la  ville  de  Liège  comptait  7000  vo- 
lumes lorsqu'elle  fut  cédée  à  TUniver- 
sité.  Ce  premier  dépôt  s'enrichit  suc- 
cessivement :  4®  des  dons,  faits  par  le 
gouvernement,  de  toutes  les  publica- 
tions officielles  et  des  livres  honorés 
d'une  souscription  de  l'Etat;  â®  des 
Mémoires  envoyés  par  un  grand  nombre 
de  Sociétés  littéraires  de  Belgique  et 
de  Hollande,  d'Allemagne,  de  Suisse  et 
d'Angleterre  (')  ;  3°  des  dons  faits  par 
radroinistration  communale  de  Liège  ; 
4^  des  dons  faits  par  des  particuliers 
(*);  enfin,  des  acquisitions  couvertes 


au  moyen  des  subsides  portés  annuel- 
lement au  budget  universitaire  (48,000 
florins  en  4847;  2,500  fl.  de  4848  à 
4825;  2,243  fl.  40  c.  en  4823;  3,000 
fl.  de  4824  à  4826;  2,800  fl.  chacune 
des  trois  années  suivantes  ;  5,400  fl. 
en  4830;  environ  26,000  francs  pour 
les  cinq  années  4834  à  4835;  44,514 
frs.  94  c.  en  4836;  depuis  lors,  une 
moyenne  de  40,000  francs).  En  4840, 
le  bibliophile  A.  Voisin  (*)  comptait 
déjà  62,000  volumes  imprimés  à  la  Bi- 
bliothèque de  Liège,  et  400  mss.,  dont 
quelques-uns  très-précieux  ;  deux  ans 
plus  tard,  P.  Namur  accusait  un  total 
de  60  à  70,000  vol.,  non  compris  envi- 
ron 20,000  brochures  ou  dissertations 
inaugurales.  Le  docteur  Uaenel,  ajou- 
tait-il, dans  son  Catalogtts  librorum 
mss.,  qui  in  biblioihecis  Galliœ,  Helve- 
Hœ^etc,  asservaniur  (Lipsiae,  4830, 
in-4<>,  p.  774),  dit  qu'en  4826,  la  même 
Bibliothèque  ne  possédait  que  20,000 
volumes  et  quelques  manuscrits.  Ce 
dépôt  se  serait  donc  accru  ,  depuis 
4826  jusqu'en  4842,  d'environ  50,000 
volumes.  Ilâtons-nous  de  flaire  observer 
qu'un  tel  accroissement  de  richesses 
serait  inexplicable,si  divers  petits  fonds 
de  bibliothèques  n'étaient  venus  se 
Joindre  au  dépôt  central,  dans  le  cours 
de  cette  période  et  de  la  précédente  : 
ainsi  furent  déposés  ù  l'Université  de 
Liège  quelques  ouvrages  provenant  de 
l'ancienne  Ecole  de  droit  de  Bruxelles  ; 
227  articles  ayant  appartenu  au  Lycée 
de  Liège;  environ  450  mss.  provenant 
de  la  ci-devant  abbaye  de  St-Trond, 
enfin,  une  grande  partie  des  livres  de 
l'abbaye  d'Everbode,  soustraits  jus- 
qu'en 4822  aux  investigations  du  gou- 
vernement et  volontairement  abandon- 
nés à  la  suite  d'une  transaction,  au 
moment  où  la  restitution  en  allait  être 
demandée  au  tribunal  de  Rnremonde 
(*).  Depuis  lors,  notre  Bibliothèque  n'a 
pas  laissé  que  de  recevoir  des  dons  re- 


(  *  )  V.  la  Uste  de  ces  Sociétés  dans  VHitt. 
de  la  bibl,  de  Belgique  de  P.  Namur.  Bru- 
xelles, 4842,  in-S»,  t.  III,  p.  461. 

(*)  Nous  mentionnerons,  entr'au(re8,une 
riche  collection  de  livres  de  voyages  et  de 
grands  ouvrages  d'art ,  offerte  par  M.  Ran- 
sonnet,  ancien  capitaine  de  vaisseau. 


(')  Documents  pour  servir  à  Fhist.  des 
bibl,  de  Belgique  Gand,i840,in-8o. 

(*)  Namur,  t.  III ,  p.  459.  —  Le  fonds 
d'Everboden  se  composait  d'environ  8,000 
volumes ,  parmi  lesquels  des  ouvrages  de 
grand  prix. 


1077 


COLLECTIONS. 


107g 


lativement  considérables  ,  soit  de  la 
part  de  personnes  privées  (*),  soit  de 
la  part  de  plusieurs  gouvernements 
étrangers  (France,  Angleterre,  Russie, 
Drésil,  Canada,  etc.).  La  ville  de  Lié^e 
de  son  côté,  y  a  déposé  200  volumes 
manuscrits  tirés  de  ses  archives  et  a 
voté  un  subside  annuel,  destiné  k  l'ac- 
quisition d'ouvrages  concernant  This- 
toire  du  pays.  Un  arrêté  royal  du  23 
décembre  1851  a  décidé  que  les  doubles 
des  trois  bibliothèques  de  TEtat  se- 
raient distribués  entre  ces  trois  éta- 
blissements, de  manière  à  compléter 
réciproquement  leurs  collections;  le 
dépôt  de  Liège  a  ainsi  obtenu ,  sans 
frais,  un  renfort  qui  n*est  pas  sans  im- 
portance. De  1849  à  1852,  6,222  vo- 
lumes et  brochures  (celles-ci  au  nom- 
bre de  1855)  sont  entrés  dans  la  biblio- 
thèque liégeoise;  de  1853  à  1855, 
7,039,  dont  1,549  brochures  et  disser- 
tations: dans  le  cours  de  la  période 
triennale  suivante,  6,848  (dont  1,473 
brocb.);  6,740  (dont  1,701  broch.),  de 
1859  à  1161  ;  9,094  (1,700  broch.),  de 
1862  à  1864;  depuis  lors  jusqu*eB 
1868,  les  accroissements  se  soht  mon- 
tés à  11,560  volumes  et  brochures 
(2,928  broch.  et71m8s.). 

Le  nombre  total  des  manuscrits  est 
aujourd'hui  d'un  millier,  estimation  qu'il 
faut  à  peu  près  doubler ,  si  Ton  consi- 
dère que  beaucoup  de  volumes  con- 
tiennent plusieurs  ouvrages  diflérents , 
n'ayant  entr'eux  rien  de  commun  que  la 
reliure.  Quant  aux  volumes  imprimés, 
ils  doivent  dépasser  actuellement,  d'a- 
près les  supputations  les  plus  modérées, 
le  nombre  de  90,000,  les  brochures  et 
dissertations  non  comprises:  celles-ci 
comptent  environ  40,000  numéros  (289 
boitesde  broch. diverses,  et  482  boites 
de  thèses,  provenant  des  Universités 
ou  hautes  Ecoles  des  villes  suivantes: 
Goef  lingue,  Bonn,  Heidelberg,Cracovie, 
Munich,  Varsovie,  Leipzig ,  Tubingue, 
Erlangen,  Breslau ,  Fribourg  en  Bris- 
gau  ,  Wurzbourg ,  Berlin  ,  Giessen , 


Rostock,  Kœnigsberg,  lena,  Marbourg, 
Helsingfors,  Leyde,  Groningue,  Frane- 
ker ,  Utrecht,  (•)  Copenhague ,  Lund, 
Upsal,  Christiania,  Kiel ,  Zurich,  Bâle, 
Genève,  Vienne,  Louvain,  plus  des  car- 
tons variarum  UniversUaium).  Tous  les 
volumes  sont  reliés  :  peu  de  bibliothè- 
ques, sous  ce  rapport,  peuvent  être 
comparées  à  celle  de  Liège ,  ainsi  que 
sous  le  rapport  du  classement  et  de  la 
disposition  matérielle.  Outre  les  trois 
grandes  salles  mentionnées  plus  haut, 
l'ancien  cabinet  de  lecture  (au-dessus 
de  l'amphithéâtre  de  médecine)  est  ac- 
tuellement rempli  de  livres:  c'est  là, 
par  parenthèse,  que  sont  déposés  les 
manuscrits ,  ainsi  que  diverses  collec- 
tions spéciales  (entr'autres  lespartitioru 
appartenant  à  la  ville  et  les  gravures)  et  le 
cabinet  de  médailles,  qui  demande  en- 
core un  classement  définitif.  Il  y  a  quel- 
ques années,  M.  Fiess  a  obtenu  un  sub- 
side extraordinaire  pour  la  confection 
de  nouvelles  armoires  :  à  peine  ache- 
vées, elles  ont  été  pleinement  occupées  ; 
si  la  moyenne  annuelle  des  accroisse- 
ments se  soutient,  il  y  aura  bientôt  de 
nouveau  pléthore.  —  N'oublions  pas 
d'ajouter  que  ce  qui  a  surtout  contribué, 
dans  ces  derniers  temps,  à  enrichir  la 
Bibliothèque  d'un  grand  nombre  de  re- 
cueils précieux ,  c'est  l'accord  conclu 
avec  la  Société  royale  des  sciences  de 
Liège,  qui  y  dépose  tous  les  ouvrages 
qu'elle  reçoit  des  Sociétés  savantes 
étrangères,  en  échange  de  ses  propres 
publications  (*). 

Nous  avons  dit  un  mot  (col.  823)  des 
quatre  Catalogues  de  la  Bibliothèque  ; 
ce  serait  ici  le  lieu  de  faire  connaître 
d'une  manière  précise,  au  moins  dans 
ses  traits  principaux,  le  système  de 
classification  adopté  par  M.  Fiess  dans 
le  Catalogue  sur  bulletins  séparés  classés 
méthodiquement  {n^  4).  Ces  sortes  de 
renseignements  sont  toujours  instruc- 
tifs ;  ils  provoquent  des  comparaisons 
fructueuses  et  viennent  puissamment  en 
aide  aux  personnes  qui  ont  besoin  de 


(  *  )  C'est  ainsi  que  M"«  de  Donceel  a  gé- 
néreasement  offert  sa  bibliothèqae  k  TUni- 
versité.  —  Les  noms  des  donateurs  sont 
mentionnés  tous  les  ans,  k  la  rentrée,  dans 
le  Rapport  du  Recteur  sur  la  situation  de 


rUniversiié. 

(*)  Tontes  les  thètet  des  six  Universités 
du  royaume  des  Pays-Bas  (de  1817  k  1830) 
sont  réunies  en  volumes. 

(*)  Happ.  triennal  (1863-1864),  p.  XXXL 


1079 


COLLECTIONS. 


1080 


se  faire  une  ju^te  idée  de  ce  que  peut 
comprendre  la  bibliographie  d*on  sujet 
déterminé,  considéré  soit  en  lui-même, 
soit  dans  ses  rapports  de  parenté  avec 
d'autres  sujets.  C'est  sans  doute  cette 
dernière  considération  qui  a  déterminé 
le  laborieux  bibliothécaire  de  Liège  à 
entreprendre  son  grand  travail  :  le  Ca- 
talogue systématique  (n""  3)  dont  P.  Na- 
rour  a  fait  connaître  les  grandes  divi- 
sions (7n*est  pas  et  ne  saurait  être  rigou- 
reusement scientifique  dans  les  détails, 
les  livres  étant  inscrits  à  mesure  qu'ils 
arrivent.  Ici,  an  contraire,  les  subdivi- 
sions sont  poussées  Jusqu'aux  dernières 
limites ,  et  les  simples  dissertations  y 
sont  comprises  aussi  bien  que  les  plus 
gros  traités.  Mais  pour  rendre  sérieu- 
sement utile  un  aperçu  de  ce  vaste  ré- 
seau ,  Il  faudrait  entrer  dans  des  déve- 
loppements qui  nous  sont  interdits  : 
contentens-nous  de  renvoyer  le  lecteur 
qui  voudrait  s'en  faire  une  idée,  au  tome 
XI  du  Catalogue  publié  par  M.  Fiess  en 
4844,  et  comprenant  les  livres  de  mé- 
decine. Les  premières  pages  de  ce  vo- 
lume présentent  une  synopsis  de  la 
classification  suivie  à  Liège  pour  toutes 
les  branches  de  cette  science  et  de  ses 
auxiliaires  ;  ab  uno  disce  omnes.  Que  si 
d'ailleurs  les  curieux  ont  en  vue ,  non 
de  se  procurer  ce  genre  de  satisfaction 
que  peut  offrir  à  Tesprit  Tétude  des  ra- 
mifications de  rarbre  de  la  science, 
telle  que  Tont  conçue  Bacon,  d'Alem- 
bert  et  Ampère ,  mais  de  recueillir  des 
indications  précises  sur  un  sujet  donné, 
qu'ils  s'adressent  directement  au  biblio- 
thécaire de  l'Université;  les  savants 
étrangers  ou  régnicoles  n'ont  jamais 
compté  en  vain  sur  robifgeance  de  cet  ho- 
norable fonctionnaire,  chaque  fois  qu'ils 
ont  exprimé  le  désir  de  s'orienter  dans 
leurs  recherches  et  de  s'enquérir  des 
ressources  du  dépôt  confié  à  ses  soins. 
Le  nouveau  Catalogue  ne  ressemble 
guère  que  par  ses  divisions  générales 
à  cehii  qui  a  été  analysé  par  P.  Na- 
mur.  Ces  divisions  répondent,  dans 
leur  ensemble,  à  la  répartition  tradi- 
tionnelle de  l'enseignement  universi- 
taire entre  cinq  Facultés  :  fe  FaosUé 


de  théologie  n'existe  pas  à  Liège,  mais 
la  littérature  théologique  n'en  est  pas 
moins  richement  représentée  à  la  Bi- 
bliothèque, du  moins  par  des  livres 
anciens  (*).  D'autre  part,  l'ordre  dans 
lequel  les  Facultés  se  suivent  au  pro- 
gramme (philosophie  et  lettres,  droit, 
sciences,  médecine)  n'est  pas  celui  du 
Catalogue;  en  revanche,  au  point  de 
vue  encyclopédique,  ce  dernier  pour- 
rait très-bien  se  défendre.  On  part  du 
domaine  des  faits  positifs  et  des  faits 
sensibles,  du  domaine  de  la  nature, 
pour  s'élever  peu  à  peu  dans  les  ré- 
gions des  sciences  morales,  dans  la 
sphère  de  l'idéal  et  de  l'art,  et  enfin, 
au  point  culminant,  jusqu'aux  hauteurs 
de  la  spéculation  philosophique  et  de 
la  dogmatique  religieuse.  D'abord  les 
mathématiques  avec  leurs  applications; 
puis  les  sciences  physiques  et  chi- 
miques, puis  les  sciences  naturelles, 
d'où  la  transition  aux  sciences  médi- 
cales est  toute  simple.  On  a  parcouru 
successivement  les  trois  règnes,  on  a 
étudié  finalement  notre  propre  orga- 
nisme ;  l'homme  physique  a  été  envisagé 
dans  ses  relations  avec  le  monde  exté- 
rieur; on  aura  maintenant  en  vue 
l'homme  conscient  et  libre,  considéré 
tour  à  tour  dans  ses  relations  arec  la 
société,  dans  sa  vie  intérieure  et  dans 
ses  hautes  aspirations  vers  les  desti- 
nées dont  il  a  le  pressentiment.  Nous 
traversons  ici  le  vaste  champ  de  la 
jurispnidence,  du  droit  privé,  du  droit 
public,  du  droit  civil  et  du  droit  c^non; 
la  statistique,  l'économie  politique, 
l'instruction  publique  s'y  rattachent; 
c^lle-ci  nous  conduit  à  la  philologie, 
aux  lettres  en  général,  à  l'esthétique 
et  finalement  à  l'histoire,  d'oti  nous 
arrivons  rationnellement  à  la  géogra- 
phie et  aux  voyages.  La  philosophie 
a  pris  rang  entre  les  sciences  sociales 
et  les  belles'lettrps  ;  la  théologie,  avec 
ses  appendices,  forme  lecoutonuement 
du  système,  là  nous  remarquons,  par 
parenthèse,  que  M.  Fîess  s'écarte  d'un 
usage  assez  gènèraleinent  adopté  en 
France  :  il  ne  range  pas  l'histoire  ecclé- 
slasti^^ans  la  6e«lio«  de  t%lsloire 


(*)  Ouv.  cité,  p.  i%  et  soiv. 

<*)  Provenant  en  partie  des  abbayes  du 


paya,  en  partie  de  divers  ceuveais  de  France 
^v.  ci-d«asua,  col.  SlîOi* 


i08î 


COLLECTIONS. 


1082 


proprement  dite  :  il  la  considère  comipe 
une  introduction  i  la  théologie.  Pour 
peu  qu'on  y  réfléchisse,  c'est  également 
une  manière  de  voir  justifiable. 

Quant  au  classement  matériel  des 
livres  et  à  Tintercalation  des  ouvrage^ 
nouvellement  acquis,  la  méthode  esi 
on  ne  peut  plus  commode  et  pratique. 
Nous  la  signalons  avec  d'autant  plus 
d'empressement,  qu'elle  est  propre  il 
la  Bibliothèque  de  Lîége.  Les  Hvres 
sont  rangés  dans  les  rayons,  évidem- 
ment, d'après  Tordre  du  Catalogue  n*  5. 
Dans  ce  catalogue,  qui  comprend  27 
vol.  in-folio  consacrés  chacun  xà  un 
groupe  de  sciences,  sont  inscrits  les 
livres  dés  qu'ils  «ntnent'dans  la  BibliOr 
thèque,  chacun  soua  la  rubrique  de  sa 
spécialité.  Chaque  volume  porte  un  triple 
n**;  le  n^  de  la  division  (du  volume)  où  il 
est  inscrit,  en  chiffres  romains  ;  en  chif- 
fres arabes, le n<*  delà  page  où  son  titre 
figure;  enfin,  le  n«  de  son  rang  dlri- 
scription  sur  celte  même  page.  Le  clas- 
sement dans  les  rayons  correspond 
exactement  à  ces  divisions  et  subdivi- 
sions, si  bien  que,  pour  assigner  une 
place  aux  acquisitions  nouvelles  ,  H 
suffit  de  les  ranger  à  leur  n*^  d'ordre 
dans  la  subdivision  qui  leur  est  assi- 
gnée, et  de  faire  reculer  d'autant  les 
livres  de  la  subdivision  suivante.  L'in- 
ventaire général  de  la  Bibliothèque 
étant  révisé  chaque  année,  et  tous  les 
livres  devant  être,  tirés  de  leurs  ar- 
moires pour  cette  opération,  il  n'y  a 
jamais  embarras  à  cet  égard.  Ce  mode 
de  classement  est  si  simple  et  si  facile 
à  comprendre,  que  l'employé  le  plus 
novice  est  mis  en  état,  au  bout  de  quel- 
ques jours,  de  répondre  sur  le  champ, 
et  sans  risquer  de  se  tromper,  à  toutes 
les  demandes  qui  lui  sont  faites.  C'est 
lil,  ce  semble,  un  des  avantages  les 
plus  appréciables  d'tme  grande  biblio- 
thèque. 

Ajoutons  que  l'employé  doit  d'abord 
prendre  note  au  Catalogue  alphabétique, 
du  format  de  l'ouvrage  sur  lequel  il 
veut  mettre  la  main  (ïn-fol.,  in-4*  oe 
in-8^  et  ininori  forma)  :  la  série  des 
divisions  recommence  pour  chaque  for- 


mat (danj^  la  sfiUe  d^  la  BU^liotl)lNi^^^ 
bieq  entendu,  non  aM  Catal(^e). 

La  salle  de  Iect^r^  es^  ouverte  tous 
les  jours,  de  9  heures  dv  m^\in  à  1 
heure,  et  de  2  i/2  à  î  heures  de  relevée. 
Les  personnes  connues  sont  autorisées 
à  emporter  des  livres  à  domicile  ;  cette 
dernière  faveur  est  aa'ordée  aux  étu- 
diants sous  la  caution  des  professeurs. 

Avant  d'entrer  dans  la  Bibliothèque, 
les  revues  scientifiques  sont  d^osées 
pendant  un  mois  dans  la  sallç  de  réu- 
nion des  professeurs. 

La  circulation  des  livres  est  assez 
considérable;  elle  le  serait  davantage 
encore,  si  l'on  savait  plus  généralement 
combien  l'accès  de  la  Bibliothèque  est 
facile.  En  additionnant  les  relevés  des 
vingt-cinq  dernières  années,  nous  trou- 
vons que  293,527  volumes  ont  été  de- 
mandés aux  employés,  de  1842  à  1868; 
les  prêts  à  l'extérieur  comptent  à  peu 
près  pour  les  2/5  de  ce  total.  Le  mou- 
vement de  1868  représente  15,U4  vo- 
lumes ,  dont  9,055  prêtés  à  Tlntérieur, 
6,109  au  dehors. 

La  Bibliothèque  de  Liège  est  parti- 
culièrement riche  en  recueils  périodi- 
ques: elle  possède  les  Mémoires  de 
presque  toutes  les  Académies  de  l'Eu- 
rope et  de  précieux  recueils  américains. 
La  littérature  scientifique  moderne  y 
est  largement  représentée  ;  on  aurait  à 
signaler  nombre  d'ouvrages  de  grand 
prix;  malheureusement  le  subside  est 
minime,  et  les  frais  de  reliure  doivent 
être  prélevés  sur  ce  fonds.  En  médecine, 
la  collection  est  riche  et  variée  ;  lea 
jurisconsultes  n'ont  pas  à  se  plaindre; 
la  philologie  aurait  besoin  d'un  complé- 
ment (  *  ) ,  de  même  que  la  littérature 
française  moderne.  En  revanche,  le  dé- 
partement de  Thistoire  et  celui  des 
voyages  renferment  de  véritables  tré- 
sors, surtout  depuis  quelques  années. 
Si  Ph.  Lesbroussart  vivait  encore  pour 
donner  une  nouvelle  édition  de  son 
compte  rendu,  il  n'aurait  plus  à  se 
plaindre.  Les  beaux-arts  et  l'archéolo- 
gie n'ont  pas  été  négligés  ;  l'histoire  ec- 
clésiastique et  la  patrist&que  mérilentune 
mention  spéciale.  On  s'est  abstenu  (') 


(')  liy  a  noe  Bibliothèque  spéciale  de 
philologie  k  l'Ecole  normale  des  homanitës  : 


«Mie  aUe  a'^t  pas  pqhUqji^. 
(*  )  Il  y  a  des  exceptions,  bien  entendu. 


4083 


COLLECTIONS. 


1084 


de  faire  des  acquissions  nouvelles  en 
théologie,  cette  matière  étant  étrangère 
à  l'enseignement  de  TUniversité  (*). 

Les  incunables  sont  nombreux  et  bien 
conservés  ;  les  curiosités  bibliographi- 
ques ne  font  point  défaut;  on  remarque 
d'importantes  collections  de  brochures 
historiques  (entr'autres  un  recueil  très- 
abondant  de  Mazarinades).  Les  manus- 
crits relatifs  à  Thistoire  du  pays  sont 
d'un  haut  prix  (voir  le  Catalogue  dont 
la  publication  a  été  commencée  en  4844 
par  M.  Fiess);  parmi  les  autres,  nous 
mentionnerons  surtout  le  magnifique 
évangéliaire  de  Tévêque  Notger,  avec 
sa  couverture  d'émail  et  d'ivoire,  spéci- 
men inestimable  de  l'art  du  X*  siècle  (*); 
deux  mss.  de  Lucain ,  du  XI (*  siècle  ; 
un  fort  beau  Psautier  du  XHI«,  enrichi 
de  miniatures  et  contenant  quelques 
poésies  en  langue  vulgaire;  un  ms.  des 
Décrétales,  in-fol.,  chef-d'œuvre  de  cal- 
ligraphie ;  les  mss.  récemment  acquis 
par  la  ville  de  Liège  (v.  ci-dessus,  coi. 
699et825),  etc.,etc.  ('). 

Le  cabinet  des  médailles  comprend 
une  assez  grande  ((uantité  de  pièces 
romaines  et  surtout  de  monnaies  lié- 
geoises du  moyen  âge  (ces  dernières 
sont  la  propriété  de  la  ville),  plus  un 
certain  nombre  de  médailles  de  toute 
sorte,  non  encore  classées,  si  ce  n'est 
une  suite  complète  de  jetons  en  bronze 
résumant  tonte  l'histoire  de  France. 

PERSONNEL  DE  LA  BIBLIOTHÈQUE. 

1818.  1.  Denzinger,  J.-D.  Fiiss  et 
L.-Â.  Wanikœnig  (commission  admi- 
nistrative nommée  par  le  Collège  des 
curateurs). 

Bibliothécaire  en  chef. 

1818.  N....  (v.  ci-dessus,  col.  82i). 
18^1.  L.-Â.  Wamkœnig. 
1825.  J.  Fiess. 

SouS'bihliothécaire. 

18!7  J.-P.-J.  Terwangne  (*). 
1821.  Le  même  et  i.  Fiess  (adjoint). 
1851.  H.  Kirsch  (jusqu'en  1852). 

(*)  le  Séminaire  épiscopal  de  Liège  pos- 
sède une  riche  bibliothèque  spéciale. 

(  ■  )  Don  de  M.  Sacré,  propriéuire  k  Odeur. 

('/  La  Bibliothèque  possède  aussi  quel- 
ques autographes  précieux,  notamment  une 
lettre  du  comte  de  Warfusée,  où  l'assassin 


1855.  P.  Namur. 
1839.  M.  Grandjean. 

Aide-bibliothécaire. 

1821.  J.  Fiess  (premier  aide-bibliotbé- 

caire). 
1825.  Barbier. 

1827.  H.  Kirsch  (jusqu'en  1831). 
1833.  Hennequin. 
1835.  J.  Coune. 
1838.  M.  Grandjean. 
1838.  F.  Legrain. 
1862.  E.  Pasquet. 
1864.  L.  Rock. 


II.  Jardin  boUinlqae 
BT 

MUSÉE  DES  PRÉPARATIONS  VÉGÉTALES. 
I.  JARDIN  BOTANIQUE. 

La  principauté  de  Liège  a  vu  naître 
sur  son  territoire,  dès  le  XVI*  siècle, 
des  botanistes  à  bon  droit  renommés; 
néanmoins,  jusqu'à  la  révolution  fran- 
çaise, aucune  chaire  n'y  a  été  consa- 
crée à  l'enseignement  de  la  science  des 
plantes.  A  vrai  dire,  les  Liégeois  de 
l'ancien  régime,  pour  aborder  les  élu- 
des supérieures,  étaient  obligés  de  se 
rendre  à  Louvain,  ou  de  se  dépayser 
tout  à  fait  ;  or  VAlma  mater  elle-même 
ne  leur  offrait  aucune  ressource  au 
point  de  vue  de  l'objet  qui  nous  oaupe. 
Quand  les  autorités  françaises  suppri- 
mèrent les  cinq  Facultés  de  Louvain 
(4  brumaire  an  VI  ou  25  octobre  1797), 
la  perte  ne  tut  pas  bien  grande  pour 
les  curieux  de  la  nature.  En  résumé,  il 
faut  arriver  auXIX'siècle  pour  trouver 
en  Belgique  des  institutions  spéciales 
destinées  à  répandre  et  à  entretenir  la 
connaissance  du  règne  végétal. 

Dès  le  7  ventôse  an  III  (25  février 
1795),  une  loi  avait  décrété  l'érection 
d'une  Ecole  centrale  dans  chaque  chef- 
lieu  de  départeni^nt.  Au  programme 
figuraient  enir'autres  Thistoire  natu- 
relle et  l'agriculture,  et  chaque  Ecole 
devait  avoir  à  sa  disposition  un  jardin 

du  bourgmestre   St^b.  Luruelle  essaie    de 
justiAer  son  atlenUt  (1636).  CeUe  pièce  fi- 
gurera dans  une  montre  que  Ton  se  propose 
de  placer  dans  la  gi'ande  salle. 
(  *  )  Bibliothécaire  de  la  ville  depuis  1812. 


NI  VER  SITE     DE 


1085 


COLLECTIONS. 


1086 


botanique.  La  ville  de  Liège  posséda 
Jusqu'en  Tan  XII  (1804)  une  Ecole  cen- 
trale ;  elle  eut  ensuite  son  Lycée , 
son  Académie  (v-  FiNTRonLCTiON),  c'est- 
à-dire  une  Faculté  de  philosophie  et 
une  Faculté  des  sciences.  Celle-ci  re- 
çut seule  une  constitution  quelque  peu 
régulière;  il  est  plus  exact  de  reconnaî- 
tre que  cène  fut  encore  qu'une  ébauche. 
Quant  au  Jardin  botanique,  on  se  dit 
qu'on  avait  du  temps  devant  soi.... 
L'Académie  disparut  en  1814  avec  la 
domination  française  :  Liège  n'eut  plus 
qu'un  simple  Gymnase^  jusqu'à  l'avéne- 
ment  de  Guillaume  L  11  serait  superflu 
de  répéter  qu'une  des  premières  préoc- 
cupations du  roi  des  Pays-Bas  fut  l'or- 
ganisation de  l'enseignement  supérieur 
dans  les  provinces  méridionales.  Le 
Règkntent  du  25  septembre  1816  dé- 
créta (art.  ^132)  :  «  Il  y  aura,  dans 
chaque  Université,  un  Jardin  botani- 
que, »  et  (art«153)  :  «  La  dir<!ction  du 
Jardin,  de  même  que  les  collections  qui 
en  font  partie,  est  confiée  au  professeur 
de  botanique.  »  Cette  fois,  la  chose 
était  sérieuse;  l'exécution  suivit  de 
près  l'ordonnance. 

Le  jardin  botanique  de  Liège  fut 
fondé  en  1819.  La  ville  céda ,  pour 
r^^tte  destination,  le  jardin  particulier 
des  Jésuites  ;  le  professeur  Gaêde  (v. 
ci-dessus,  col.  551)  en  fit  la  première 
appropriation.  Il  eut  comme  adjoint,  de 
1825  à  1854,  le  regretté  R.  Courtois; 
un  Catalogue  général  fut  rédigé  par 
leurs  soins  et  publié  en  1828  (v.  ci- 
dessus,  col.  555).  —  Nommé  directeur 
du  Jardin  en  1855,  Ch.  Morren  ne  tarda 
pas  à  en  reconnaître  l'insuffisance.  Il 
conçut  ridée  de  le  déplacer  et  n'eut  de 
repos  qu'après  avoir  mené  son  projet  à 
bonne  Gn.  En  attendant,  il  fit  tous  ses 
efforts  pour  tirer  le  meilleur  parti  pos- 
sible de  rétablissement  existant  ;  rien 
ne  lui  coûta  pour  en  assurer  la  popula- 
rité à  rintérieur  et  la  notoriété  hors 
du  pays.  Ses  relations  étendues,  ses 
publications,  son  esprit  pratique  et 
ingénieux,  par  dessus  tout  sa  persévé- 


rance et  son  activité  jamais  lassée,  le 
conduisirent  en  peu  de  temps  à  ce 
double  résultat.  Voici  en  quels  termes 
Ph.  Lesbrottssart  décrivait  notre  ancien 
Jardin  tel  qu'il  existait  en  1837-1858: 
«  Le  Jardin  botanique,  confié  à  la  di- 
rection de  M.  le  professeur  Morren  et 
aux  soins  de  M.  Deville,  jardinier  en 
chef,  possède  une  serre  chaude,  deux 
serres  tempérées  de  100  pieds  de  lon- 
gueur sur  28  de  hauteur,  deux  autres 
petites  serres,  une  orangerie  (*)  de 
150  pieds  de  longueur  et  une  serre 
nouvelle  de  94  pieds  de  longueur,  des- 
tinée aux  cultures  spéciales,  comme  les 
orchidées  (dont  on   compte  un  bon 
nombre  d'espèces  récemment  arrivées 
du  Brésil),  les  fougères,  au  nombre  de 
150  environ,  etc.  Cependant  ces  empla- 
cements sont  beaucoup  trop  petits  pour 
contenir  les  plantes  actuellement  exis- 
tantes et  celles  qu'on  se  propose  d'ac-* 
quérir.  Dans  les  serres,  la  plupart  des 
pieds  ont  20  à  25  pieds  de  hauteur, 
comme  les  Spamuinnia  africana,  des 
Dracœna  draco,  des  Cactus  peruvianus^ 
les  Bixa  orellana^  le  Sicca  disticka^  le 
Myrius  catiacea.  Le  Pandanus  odora- 
tisiimus  est  magnifique.  Le  superbe 
Cactus  grandifiorus  et  la  Vanille  y  por- 
tent toutes  les  années,  et  c'est  dans  les 
serres  de  Liège  que  la  vanille,  fécon- 
dée artificiellement,  a  pour  la  première 
fois,  sur  le  continent  européen,  porté 
des  fruits  plus  beaux  qu'en  son  pays 
natal  ;  la  plante  en  est  encore  couverte 
cette  année.  Les  serres  et  l'orangerie 
comptent  près  de  2,000  espèces,  parmi 
lesquelles  30  palmiers.  Le  jardin  de 
pleine  terre,  classé  d'après  la  méthode 
naturelle  de  Jussieu,  le  seul  en  Bel- 
gique qui  offre  cet  avantage,  renferme 
aujourd'hui  plus   de  5,500   espèces. 
L'emplacement  est   trop   exigu  pour 
contenir  les  nouvelles  acquisitions  /*). 
Parmi  les  donateurs  du  jardin,  on  doit 
signaler  à  la  reconnaissance  des  Lié- 
geois feue  M""»  la  vicomtesse  Vilain 
XIIJI,  MM.  Max.  Lesoinne,  Bellefroid, 
Van  Hulst,  Lejeune  (de  Verviers),  Mor- 


(')  L'orangerie  occupait  alors  la  partie 
du  rez-de-chaassée  de  Taile  centrale  aujour- 
d'hui affectée  aux  laboratoires  de  chimie  et 


de  docimasie. 


>t 


)  Lesbroussart  revient  à  la  charge  :  on 


était  impatient  d'en  finir. 


1087 


COLLECTIONS. 


1088 


reo,  Jseob-Makoy,  Legrxye,  Stephcns, 
Michttl,  Detrooz,  Verschaffelt  (de  Gand), 
feu  Courtois  et  fea  Gaéde,  el,  parmi  les 
étrangtrs,  S.  A.  le  prince  MailmilieB  de 
Neuwied,  le  général  de  Gœdeke,  MM. 
Blume,  Nées  von  Esenbeedi ,  C.  L. 
Treviranas  ,  Mirbel,  Reinwardt ,  De- 
caisne,  etc.  » 

Les  dénuurches  entreprises  par  Cb. 
Mopren  pour  obtenir  le  déplacement  du 
da  lavdin  botanique  remontent  aux  pre- 
mières années  de  son  séjour  k  Liège , 
k  la  première  peutrètre.  Dès  183$,  en 
tous  cas,  il  reaoporia  use  première  vic- 
toire :  un  arrêté  royal  du  51  octobre 
(Rapp,  de  M.  Nothomb,  t.  Il ,  p.  1155) 
décréta  que  la  ville  procurerait  cette 
année  même  à  rUniversiié  un  terrain 
convenable  pour  le  dit  Jardin,  et  qu'elle 
y  ferait  construire  les  serres,  orangeries 
et  bétiJBoeiils  nécessaires  le  plus  tôt  pos- 
sible. Le  gouvernement ,  empressons- 
nous  de  le  reconnaître,  prenait  décidé- 
ment k  ccear  le  développement  des 
c!Ollections  universitaires  :  il  nous  serait 
facile  de  signaler  une  série  de  mesures 
utiles  prises  successivement  dans  ce 
but.  n'est  ainsi  que  Tarrèté  royal  du  7 
septembre  1857  envoya  en  exploration, 
«  dans  l'intérêt  det^  Mcievcet  futturelfes^ 
de  l'industrie  et  du  commerce  »,  k  l'île 
de  CttbSySur  lescètes  de  Honduras,  dans 
la  république  de  Guatemala,  l'istbme  de 
Panama  et  la  Colombie,  MM.  Ghies- 
brecbt,  Unden  et  Funck('),  et  qu'un 
autre  arrêté  du  il  mai  18il  confia  une 
nouvdie  mission  du  même  genre  à  M. 
Linden,  dans  les  régions  équinoxiales 
de  l'Amérique.  Un  des  considérants  de 
l'arrêté  de   1857  était  ainsi  conçu  : 
a  Voulant  compléter,  autant  que  pos- 
sible, les  collections  de  plantes  et  les 
collections  zoologiques  et  minéralogl- 
ques  des  Universités.. .»Xh.  Morrenfut 
lui-même  (14  juillet  1858)  envoyé  k 
Londres,  à  Edimbourg  et  à  Dublin ,  à 
l'effet  de  visiter  les  Jardins  botaniques 


et  les  étabtlssemenls  d'boKiculture  du 
Royaume-Uni  (v.  d-dessns,  col.  457)  ; 
l'arrêté  qui  lui  conflalt  cette  mission  lui 
enjoignait  en  outre  de  se  mettre  en  rap- 
port avec  l'architecte  de  la  ville  de 
Liège  et  de  hii  communiquer  le  plus  tôt 
possible  le  résultat  de  ses  observations. 
Avant   de  s'occuper  du  plan  d'un 
nouveau  jardin ,  il  élait  essentiel  de 
choisir  un  terrain  convenable ,  dans  de 
bonnes  conditions  d'exposition,  ne  man- 
quant point  d'eau,  pas  trop  éloigné  de 
l'Université,  etc.  Ch.  Morren  trouva 
tous  ces  avantages  réunis  dans  une  pièce 
de  terre  d'environ  six  hectares  (  *  ) , 
située  au  Bas-Laveu,  à  la  base  de  la  col- 
line de  St-Gilles,  longée  du  côté  de  la 
ville  par  la  ruelle  du  Petit-Jonckeu.  Le 
quartier  environnant ,  aujourd'hui  l'un 
des  plus  beaux  de  Liège,  était  alors 
presque  désert;  la  question  d'argent  ne 
fut  pas  trop  difficile  à  résoudre.  L'ad- 
ministration communale  une  fois  déci- 
dée ,  le  professeur  de  botanique  ne 
songea  plus  qu'à  établir  son  programme. 
Le  plan  dressé  par  M.  l'architecte  Ré- 
mont, sur  ses  indications ,  fut  terminé 
le  18  mars  1859,  et  envoyé  au  ministre 
de  l'intérieur   deux  mois  plus  tard. 
Le  Conseil  communal  de  Liège  l'approu- 
va le  S6  juin;  la  Députation  permanente 
du  Conseil  provincial,  le 4  février  1840. 
Les  jardiniers  se  mirent  k  l'œuvre  dès 
l'année  suivante;  les  plantations  de  notre 
Jardin  botanique  remontent  à  1841  et 
1842(').Lesserresfurentaussicommen- 
cées  sans  retard:  il  y  a  près  de  50  ans 
que  l'Université  en  attend  Fachèvement! 
Tout  devait  être  terminé  vers  1845  ; 
l'administration    locale   s'arrêta   tout 
d'un  coup  en  chemin ,  bien  que  enga- 
gée envers  l'fiut.  En  1847  (le  26 
mars),  le  Conseil  communal  sembla 
vouloir  s'exéter  :  «  Le  bâtiment  qui  doit 
être  adossé  aux  serres  sera  construit 
au  moyen  du  produit  des  premières 
ventes  du  terrain  du  Collège  (M  ».  On 


(*)  Ces  trois  naturalistes  avaleot  ûé^k 
accompli  une  première  mission  au  Brésil,  k 
l'entière  satisfaction  du  gouvernement. 

(*)  Le  terrain  acquis  pour  le  jardin  ne 
compte  que  4  >-  73«- 

(  *  )  «  On  y  a  i^até,  ëit  M.  Motfaomb  dans 
son  Rapport  (t.  I,  p.  ccli),  les  mûriers  en- 


voyés par  le  gouvernement,  afin  de  procurer 
aux  habitants  de  la  province  le  moyen  de  se 
livrer  à  l'industrie  sëtifère.  » 

(*)  Il  s'agit  de  l'ancien  couvent  desCroi- 
siers,  oti  le  Collège  maolcipal  était  instaUé 
avant  la  conslnietioii  du  local  de  la  rue  des 
Clarisses. 


1089 


COLLECTIONS. 


1090 


en  est  resté  là.  Qa*il  nous  soit  permis 
de  compter  sur  le  zèle  d*une  adminis- 
tration nouvelle,  et  de  rappeler  qu'il  y 
a  ici  un  devoir  à  remplir.  Le  Jardin 
botanique,  d'ailleurs,  n'intéresse  pas 
seulement  l'Université,  mais  la  popula- 
tion tout  entière. 

Il  est  disposé  en  parc  anglais,  de 
manière  à  répondre  tout  à  la  fois  aux 
besoins  de  la  science  et  à  offrir  au  pu- 
blic une  promenade  agréable. 

Le  Jardin  proprement  dit  comprend 
dévastes  pelouses  et  de  grands  étangs. 
11  se  compose  : 

D'une  Ecole  de  botanique  ; 
Id.        de  pharmacie; 
Id.        defloriculture; 
Id.       de  culture  maraîchère  ; 
Id.        d'agriculture; 
Id.       de  pomologie  ; 

D'un  arboretum  ; 

D'un  pineium; 

D'un  œstivarium. 

L'Ecole  de  botanique  est  plantée 
dans  l'ordre  de  la  méthode  naturelle. 
Le  directeur  actuel  est  l'auteur  d'une 
disposition  spéciale  et  nouvelle,  qu'il 
suit  également  dans  ses  leçons  et  dans 
le  classement  du  musée  (v.  ci-après). 

Les  plans  des  constructions  com- 
portent l'installation  complète  du  ser- 
vice de  la  botanique  :  serres,  auditoires, 
musée,  herbariumy  laboratoire,  grai- 
netier, etc.,  etc. 

Ces  plans  sont  irréprochables  :  s'ils 
avaient  reçu  leur  entière  exécution,  le 
Jardin  botanique  de  Liège  pourrait  être 
cité  comme  un  modèle  à  imiter.  L'aile 
centrale  de  l'édifice  et  la  rotonde  de 
droite  (vers  la  rue  Louvrex)sont  seules 
terminées,  ainsi  que  la  serre  placée  en 
arrière,  du  côté  de  la  rue  Fusch. 

La  partie  construite  des  serres  se 
compose  : 

D'un  pavillon  pour  les  palmiers  ; 

D'une  serre  chaude  ; 

D'une  serre  froide. 

D'une  petite  orangerie; 

D'une  serre  pour  les  plantes  grasses  ; 

D'une  serre  pour  les  Orchidées. 

Les  collections  les  plus  importantes 
sont  relies  des  Palmiers,  des  Bromélia- 
cées» des  Fougères,  des  Âroïdées,  etc. 

La  direction  publie  chaque  année, 
depuis  1825,  le  Catalogue  des  graines 


récoltées  dans  les  Ecoles  scientiOques. 
Selon  l'usage,  ce  Catalogue  est  adressé, 
pour  les  échanges,  à  tous  les  jardins 
botaniques  de  l'Europe. 

  l'époque  où  Ch.  Morrcn  obtint  le 
déplacement  du  Jardin,  nous  avons  dit 
que  tout  semblait  contribuer  au  succès 
de  ses  efforts  intelligents.  Malheureu- 
sement ces  favorables  augures  ne  se 
vérifièrent  point.  Non  seulement  le  zèle 
de  l'administration  locale  se  ralentit  ; 
mais  à  partir  de  4848,  les  allocations 
du  gouvernement  ne  permirent  même 
plus  de  faire  face  aux  nécessités  les 
plus  immédiates.  M.  Piercot  le  décla- 
rait ouvertement  en  i854  :  «  Les  dé- 
penses du  Jardin  et  des  collections  de 
botanique  s'élevaient  année  moyenne, 
de  4856  à  4847,  à  fr.  2,294-75,  tandis 
que  l'allocation  actuelle  de  4,077  francs 
est  évidemment  insuffisante  pour  les 
frais  de  culture  et  d'entretien  du  maté- 
riel. »  On  est  revenu  du  système  d'éco- 
nomie exagérée  adopté  en  4848,  dans 
un  moment  de  crise  ;  mais  la  prospé- 
rité de  l'institution  a  été  plus  ou  moins 
compromise,  pendant  plusieurs  années, 
par  une  circonstance  douloureuse  et 
imprévue.  Pendant  la  période  triennale 
485G-485S,  le  jardin  s'est  trouvé,  de 
fait,  dépourvu  de  toute  direction  scien- 
tifique, par  suite  de  la  cruelle  maladie 
qui  devait  finir  par  lui  enlever  son  fon- 
dateur. Il  s'est  naturellement  ressenti 
de  cet  état  de  choses.  «  Rien  n'a  été 
négligé  sans  doute,  écrivait  M.  Rogier 
dans  son  Rapport  triennal,  pour  assurer 
la  bonne consenation  des  plantes  qu'on 
y  cultive;  mais  les  relations  que  M. 
Morren  entretenait  avec  la  direction  des 
principaux  établissements  botaniques 
de  l'Europe,  ayant  été  forcément  inter- 
rompues, les  envois  de  graines  et  de 
plantes  qu'on  faisait  à  l'Université  de 
Liège  sont  devenus  dès  lors  moins  sui- 
vis et  moins  abondants ,  et  il  en  est 
résulté  des  lacunes  regrettables  qui 
existent  toujours  aujourd'hui.  Les  Eco- 
les de  botanique,  de  pharmacie  ei  de 
semis  réclament  notamment  des  soins 
tout  spéciaux  et  depuis  longtemps 
nécessaires.  D'autres  Ecoles,  telles 
que  celles  des  plantes  agricoles,  les 
Ecoles  fruitières  et  maraîchères,  con- 
tinuent à  être  parfaitement  entretenues 

40 


1091 


COLLECTIONS. 


109S 


ei  forment  un  ensemble  remarquable.  » 

Cet  exposé  de  ia  situation  était  la 
reproduction  presque  littérale  des  ter* 
mes  d*un  Rapport  que  M.  Ed.  Ilorren, 
déjà  chargé  de  renseignement  de  la 
botanique,  avait  fait  panenir  au  gou- 
vernement. M.  Rogier  reconnaissait  la 
nécessité  de  sortir  au  plus  tôt  du  pro- 
visoire; la  direction  scienliflque  de  ré- 
tablissement fut  confiée  au  titulaire  ac- 
tuel, dès  le  i'^'  octobre  1858. 

Le  Rapport  triennal  de  1846—1858 
ajoutait  que  la  ville  venait  de  voter  des 
fonds  pour  la  construction  d*une  serre 
chaude  et  que  des  négociations  se  pour- 
suivaient pour  obtenir  Tachèvement  des 
rotondes.  Ces  négociations,  on  Ta  vu 
plus  haut,  sont  encore  pendantes. 

Dans  le  cours  de  Tannée  même  où 
M.  Ed.  Morren  fut  nommé  directeur  du 
Jardin,  les  serres  et  les  plantations 
s'enrichirent  d'une  certaine  quantité  de 
plantes  rares  et  précieuses,  par  suite 
d'arrangements  pris  avec  M.  Ijnden, 
directeur  du  Jardin  zoologique  de  Bru- 
xelles, à  Teffet  de  libérer  ce  naturaliste 
des  obligations  qu'il  avait  contractées 
envers  le  gouvernement  (v.  ci-dessus, 
col.  1087). 

Dès  1859,  le  successeur  de  Ch. 
Morren  renoua  les  relations  de  son 
père  à  Télranger.  Il  reçut  plusieurs 
milliers  de  plantes  nouvelles,  pour  re- 
peupler TEcole  de  botanique.  11  créa 
véritablement  une  Ecole  spéciale  de  se- 
mis. L'Ecole  de  pharmacie  fut  plantée  à 
nouveau  et  réorganisée;  on  en  trouve  le 
Catalogue  à  la  suite  du  Choix  de  grai- 
nes de  1860.  Pour  obviera  la  modicité 
du  subside,  M.  Ed.  Morren  multiplia 
autant  que  possible  les  échanges  de 
plantes  rares  et  exotiques.  11  porta 
aussi  son  attention  sur  TEcole  dendro- 
logique;  la  collection  des  conifères 
rustiques  s'accrut  notamment  dans  de 
larges  proportions.  Un  inventaire  gé- 
néral fut  dressé  ;  en  un  mot  l'idéal  du 
fondateur  serait  réalisé  aujourd'hui, 
sans  les  lenteurs  de  l'administration 
locale. 

L'achèvement  du  Jardin  botanique  se- 
rait cependant,  nous  le  répétons  encore 
une  fois,  d'une  haute  importance  au 
double  point  de  vue  de  l'enseignement 
et  de  l'intérêt  public.  Il  y  manque  sur- 


tout une  orangerie  convenable  et  des 
bâtiments  de  service  ;  il  est  bien  diffi- 
cile, dans  Tétat  actuel,  de  le  maintenir 
à  la  hauteur  de  son  ancienne  réputation. 

M.  Ed.  Morren,  malgré  tout,  n*épargne 
ni  zèle  ni  activité  pour  atteindre  cette 
fin.  Ses  nombreux  voyages,  sa  pré- 
sence aux  Congrès  internationaux  de 
Kruxelles,  d^Âmsterdam,  de  Paris,  de 
Londres,  d'Erfert  et  de  St-Pétersbourg 
ont  contribué  à  la  notoriété  de  Tinsti- 
tution  qu'il  dirige  et  lui  ont  ont  assuré 
d'utiles  sympathies.  11  se  sent  morale- 
ment mis  en  demeure  d'achever  l'œuvre 
que  son  père  a  dû  laisser  à  l'état  d'é- 
bauche. Avec  de  telles  dispositions,  on 
finit  par  surmonter  bien  des  obstacles. 

Nous  lerons  remarquer  en  passant 
que  M.  Ed.  Morren  est  convaincu  de 
l'impossibilité,  pour  les  Jardins  bota- 
niques qui  n'ont  pas  Timportance  de 
ceux  de  Kew,  de  Paris,  de  Berlin,  de 
Vienne  et  de  St-Pétersbourg,  de  réunir 
une  collection  complète  des  végétaux 
cultivés.  Il  estime  qu'un  Jardin  tel  que 
celui  de  Liège  ne  peut  se  distinguer 
que  par  Tune  ou  l'autre  spécialité.  C*est 
dans  cette  pensée  qu'il  s'efforce,  par 
exemple,  de  rendre  sa  collection  de  Bro- 
méliacées la  plus  complète  de  l'Europe. 

PERSONNEL   OU    JARDIN    BOTANIQUF.. 

Direcleur, 

1819-1831.  II.-M.  Gaëde. 
1855.  Ch.  Morren. 
1858.  Ed.  Morren. 

Directeur-adjoint. 

1825-1834.  R.  Courtois. 

Jardinier  en  chef. 

1819.  Demblon. 
1836.  F.  Deville. 
1844.  D.-J.  Dirickx. 
1852.  Em.  Rodembourg. 


APPENDICE. 

ÉNUHÉRATION  DES  FAMILLES  DU  RÈGNE 
VÉGÉTAL  DANS  L'ORDRE  DE  LA  MÉ- 
THODE NATUREJ.LE,  par  Ed.  Morren. 

PLANTES. 

P«  DIVISION.  PHANÉROGAMES. 

r*  sous-divisim.  Angiospermes. 


1093 


COLLECTIONS. 


1094 


Pembranch.  dicotylédones,  Ejc- 

orhixes.ExogènesovLÀcramphihryées. 

f  Classe.  GAMOPÉTALES,  Mononé- 
taies  ou  Corolliflores. 

J^    COHORTE.     TÉl^ÉIAlvxflÉBs  f 

EpicoroUéês    in/érovartéei  ;   CorolUfloreê 
ipigynes  ;  Gamopétales  périgtfnes, 
ir*  ALLlANCB.    COMPOSÉES,    Syngénèteê 
Synanthéréei  ou   Corymbifères,    Graine 
droite,  ortbotrope. 

Fam,  i,  L.I«aliaorefi  ou  Chicoracées. 
â.     E.nblati  flore». 

i.  Mutisîacécs.  —  2.  Nagsauviacées. 

3.  Tnblflore»,  A^téraeée»  ou 

Radiée*. 

i,  Cinarées.  —  2.  Senccioïdées.  — 
3.  Asldroïdées.  —  4.  Eupaloriées. 
—  U.  Yernoaiées. 

1  AGGRËGÉES  :  graine  pendante,  analrope . 

4.  Cnlycér^e*  ou  Boopidien, 

6.  VnlêflAnaeée*. 

3.  CAMPANULINÉES. 

7.  atylidlocées. 

8.  Campanalaoée*. 

a.  Pongatiëes  ou  Spbénocléacées. 

9.  L«obéllacêe«. 

40.  Goodenlaeéea  •  Goodeno- 

vléea  ou  Iftoaevo lacée». 
i\.  Brunonlacée*. 

4.  RUBIALES. 

43.  Itublacéea  ou  S/f//a(^e«. 

•1.  Galiacëes  ou  Cofféacies,  —  2. 
Cinchonacées.  —  3.  Lygodysodéa- 
eées. 

i3.    Capflfollaeéea,    Lonicéries^ 
Sambucinéeê  ou  Vibumées, 

H.  AlVISAivi^RKRS   ou   Aniêottémp- 

nées  :  ordin.  4  ou  2  étamines. 
i.  DIANDRÉES. 

44.  Oléaeéeii,  Oléinées  ou  Fraxi- 
nieè. 

ii(.  Bollvawléea. 

46.  «laamlnéea. 

i.  PERSONÉES  oaDidynanie  angiospermie, 

47.  Utnieaiariéea, 
a.  Lentibularides. 

48.  Orobauchéea. 

49.  Pedallnée»,  Sésamées  ou  Mar- 
tgniacée», 

20»  Geanér>aeée«. 

a.  Raniondides  [handrées),    —  b. 


Cyrtandrdes.  —  c.  Didymocappées. 
—  d.  Crescenliëos.  —  e.  CoJumel> 
liacées. 

SI.  DI||nonlaoée«. 

22.  Aeanlhacéea. 

23.  Verbacée*. 

24.  Scropliulanlnc<^ea. 

2«.  RbInanCaoéea  ou  Pédiculaii- 
nées, 

3.  NOCULLIFÈRES  ;    Didgnamie     gmnno^ 
spermie.  '' 

26.   norraglnéea  ou  A«périro- 

follées  (ord.  Isandrées), 

a.  Ehreiiacées  ou  ndliolropides.  — 
b,  Arguziées. 

87.  Cordiacéea  ;  ordin.  régulières 
isostemonées. 

28.  Myoporacéott    ou    Myopo- 
ri  née*. 

29.  Selaninacée». 

30.  Globularlée*. 

34.  Stilbacéea  ou  Stilbinée*. 

32.  ^erbenaeéen  on  Vltlcée*. 

IncU  Tectondes. 

33.  Avlcennlée*. 

34.  l^blée«  ou  Lamlacéos. 

in.  ISAIVURÊKS  :    Corollijlores   isos- 
temonées. 

4.  INPUNDIBULIFLORES  :  suc  aqueux. 

35.  Soianacéea  ou  Lurldée*. 

IncL  Atropacécs.  —  fncl.  Cestra- 
cëes.  —  a,  Desfonlainëcs.  —6. 
Retziacdea. 

36.  Hjrdroioacées. 

37.  Hydrophylléacée». 

38.  l^olcnionlacfSea  ou    Cobaea- 
céet. 

39.  Convoi vulacce*. 

a.  Dichondracëes.  —  b,  Erycibëes. 
—  c.  Cusculëes.  —  d.  Nolanëes. 

2.  CONTORTIFLORES  :  laiicifères. 

40.  GentlHnéc». 

44.  Aaclépladacée». 

42.  Apocynacêe*  ou  Vincées. 

43.  I^o^anlacée»,  Strycknacées  ou 
Potaliéeê. 

3.  ISOGYNES  ou  Pétalamhées  ;  diploslami- 
nëes  ou  Isostaniinëes  opposiliiobëe». 

44.  S ty racée*. 
a,  Moutabëes. 

45.  Kbonacéea,  Diospyréts  ou  Gua- 
jacacées, 

46.  SapotaeëtMi. 

47.  Myrcinaeéo*   ou    Ophioiper- 
mies. 


1095 


COLLECTIONS. 


1096 


a.  Aegycéracéas. 

48.  Prlmulfieépa   OU    L«yalina« 
chlêe». 

IV.  DICOIl!ViCS  Gamopétales  hyposta- 
minées  ;  étamines  libres,  ovaire  ordinai- 
rement supère. 

i.  ÉRICALES. 

49.  Épncridée*. 

50.  Érieacée». 

a.  Vacciniées.  —  b.  Rhododeodrées. 

51.  Dlapen«lncëe«  (ÉpipéUlées). 

52.  Pyrolaeden. 
58.  Monolropëoa. 
54.  GyrIllëeM. 

V  C/.POLYPÉTALES  on  Dial  y  pétales. 

i^  SOOS-CL.  THALAMIFLORES. 

V.   i%i>HAivooYi.icÊBKS;  Pleiosta- 

minées  ou  Polyandrie, 
4.  POLYCARPICÉESoullona/«;  Polycar- 

pées  axosperrodes  albuminées. 

55.  Ilenonçulacëa. 

i.  Clématidées.  — 3.  Anemondes.— 
3.  Renonculdes.  —  4.  Helléborées. 
—  5.  Péoniées. 

56.  Dlllënlaceei*. 

57.  Galyeanihacëe*. 

58.  Maf|nollacée«. 

a.  Wintérées.  —  b,  Scbizandracées. 

59.  Anonaeéea. 

60.  Dei-b«Srldëe«. 
a.  Lardizabalées. 

61.  Menlspermacëe». 

62.  Myrlatloacëea.  Monochlami- 
dées  diclines. 

-a.  GUTTIFERINÉES  ou  Imbriquées  :  Syn- 
carpëes  axospermées  exalbuminëes. 

63.  Guttirère»,  Clusiacées  ou  Gar- 
ciniacées. 

64.  Tei*n«troemlacëea,   Camel- 
liacées  ou  Théacées, 

65.  Blarogravlacê<M. 

66.  Rhizobolacée». 

67.  Hypêrlcaoêea  ou  hypërt- 

olnëe». 

68.  Dlplôroc^ai-péea. 
a.  Ancistrocladëes. 

69.  Chlonacée*. 

3.  NYMPHEALES.  Syncarpées  pleurosper- 
mées  albuminées. 

70.  SVymplicacéa». 

o.  Nelumbiacëes.  —  b.  Cabombées. 
—  e,  Hydropeltidées. 

71.  »arracênlacéeii. 


73.  Papaveraoéea. 
78.  Fumarlaeéea. 

4.  GRDCIFLORES  ou  Pariétales, 

k)  Exalbuminées   cnrvem- 
bryonèes. 

74.  Cruel  f)èi*ea    on    Braaaioa* 


1.  Arabidëes.  —  3.  Alyssinëes  —  8. 
Sisymbriées.  —  4.  Camelindes.  — 

6.  Brassicées.  —  6.  Lepidiées.  — 

7.  Thlaspidées.  —  8.  Isatidées.  — 
9.  Gakilinées.  —  10.  Raphanées. 

75.  Capparldêe*. 

76.  Morln^acôea. 

77.  Itéftèdacée». 

B)  Albuminées   rectembryonées. 

78.  Bixacéea  ou  Btxinêea. 

a.  Pangiacdes.   —  b,    Cochlosper- 
mets.  —  c.  Flacourtianées. 

79.  Canellaoé«^. 

80.  ClMtaeéea  ou  Gtatlnéea. 

81.  VIolaeée*. 

à.  Sauvagesiacées. 

VI.  EUCYGt^ICREl». 

1.  GARYOPHYLINÊES.  Albuminées  cyclo- 
spermées. 

82.  Prankeiilaeêea. 

a,  Fouquieracées. 

83.  Tamarteacée*. 
a.  Réaumuriacées. 

84.  Garyophyllée». 

1.  Polycarpées.  —  2.  Silenées.  — 
3.  Alsinées. 

85.  Sciera ntliéea. 

86.  Paronyelilêea     ou      Télë- 
phlëea. 

87.  Portulaocacs^ea. 

1.  Calendriniées.  —  2.  Sésuviées.— 
3.  Aizoldées.  —  4.MoUuginée8. 

88.  Droaeraeëe*. 

89.  Êlaitnëea. 

3.  POLYGALINÉES.     Axospermées    albu- 
minées. 

90.  Vocfayslaeéea. 

91.  Polysalëea  ou  Kramerla* 


93.  Tremandrëea. 

93.  PIttOMporëea. 

3.  MALVINÉES,  Columnifères  ou  Valvaires, 
Étamine  nombreuses,  db  monadelphes. 

94.  xillaeëeaouBlaeoearpëea 

95.  AiercalaefSe*. 


1097 


COLLECTIONS. 


1098 


96.  Buttnerac^e*  oa  Byttné* 


97. 

98.  Bombac^e*. 

S«  SOUS'CL.  DISCIFLORKS. 

VU.  L.OBOCi%.nPiSBS. 

i.  GÉRANIALES.  Ovules  pendants,  rapbè 
ventral. 

99.  Linacëe*. 

100.  Erythroxyléea. 
iOi.  HDinii»lac4$e». 
lOâ.  Malplshlacëen. 
403.  Zysophyllëe». 
i04.  Geranlacëes. 

a.  Tropaeolëes.  —  b.  LimnanthéeS' 

—  c.  Vivianées.  —  d,  Wendiiées. 

—  e.  Oxalidëes.  —  /.  fialsami- 
nées.  —  g,  Hydrocérées. 

105.  Rutacëe». 

1.  Caspariëes.  —  i.  Rotées.  —  3. 
Diosmées.  —  4  Boroniées.  —  ». 
Zaatboxylëes  on  Xanthoxilées,  ~ 

6.  Toddaliées  ou  PteUacéet,  — 

7.  Aurantiacées  ou  Hesptridiet. 

106.  Slmambëe*. 

107.  Oohnaoëea. 

108.  Bnraeracées  ou  Àmyridacées. 

109.  M^lla«^e«. 

Incl.  Cedrelacées: 

110.  Challleilacëe*. 

â.  SAPI«DALES.  Ovules  ascendants,  raphè 
ventral. 

111.  Bapinda<^<Se«  ou   Hyppocasta- 
néet, 

Incl,  Aceracées  ou  Acerinées.  — 
Stapbileacées.  —  Meliantbëes.  — 
Dodonëëes. 

VIII.  APHAivAnrmÉBs. 

1.  TEREBINTBALES.  Ovules  ascendants, 
rapbè  ventral.  FI.  souv.  polygames  diol- 
ques  :  feuilles  composées. 

IIS.  Sablactfea. 

113.  Anacai*diAC<5ea   ou    Térë- 
bliithacé««. 

114.  Jo^landée». 

115.  Coi*lnrl4Se«. 

^.  OLACALES.  Ovules  pendants,  rapbè  dor- 
sal. Corolle  parfois  gamopétale. 

116.  Olnclnëe*  ou  Otocac^««. 
tncl.  Icacinacëes. 

117.  Illelnée»  ou  Aqulfollac^ea 

3.  CÉLASTRALES.  Ovules  dresses,  raphè 
ventral  ;  feuilles  ordinairement  simples. 


119.  Cëlastrlnëo*. 

Incl,  Hippocrateacées.  —    Cryptë- 
roniacées. 

120.  8tackIlou«lacëe«. 

131.  Rhamnac^ea  ou  Ffanipi— 


122.  VltacsëfMi,    Ampeltdëea  ou 
Saraientacëea. 

3«  sous-CL.  GALYGIFLORES. 

IX.  ASTER AivxnÊES.  Fleurs  à  cinq 
pétales,  ëtoilées  et  ordinairement  blancbes. 
Axospermées  périspermëes. 

1.  OHBELLALES.  Ovules  pendants. 

123.  Afallacëes  ou  Hédéracées, 
124.  Ombellirère»  ou  Aplaeëea. 

I.  Hëtérosciadëcs. 

I.  Hydrocotylées.  —  2.  Muliniées. 
—  3.  Sanlculées. 

II.  Haplozygiées. 

4.  Ecbinopborées.  —  Amninées.  — 
6.  Séselinées.  —  7.  Peucedanées. 

III.  Blplozygiées. 

8.  Caucalinëes.  ~  9.  Laserpitiëes. 

125.  Coi*nac<Sea. 

IncL  Alangiacées.  —  Nyssacëes. 

126.  Hamamëlldëea. 

127.  Brantaoëea. 

a.  Grubbiacëes. — b,  Helwingiacëes. 

128.  Balorae;ëea. 

/ne/.  Gunneracées.  —  a,  Trapëes 
{exalbuminéen). 

2.  SAXIFRAGALES.  Ovules  ascendants. 

129.  Gonnarae«$<9». 

Incl,  Surianacëes. 

130.  SaxIfVaieëea. 

IncL  Pbiladelphacëes.  —  Spiraea- 
cées.  —  Escallonlëes.  —  Francoa- 
cées.  —  Cunoniacées.  —  Polyos- 
mées.  —  Henslowiacées.  —  Hy- 
drangéacées.  —  Brexiacëes.  — 
Parnassiées. 

131.  Cëphalotëea. 

132.  Craaaulacëea   OU  Sempervi" 
vées, 

X.  ACXIMAMXHÉES.  Përiantbe  mul- 
tisërië  à  divisions  radiées.  Pleurosper- 
mëes  albuminées. 

1.  CAGTOIDALES.  Plantes  cbarnnes. 

133.  Mesembrlanthëmacëesou 

Ficmdcs. 

IncL  Tëlragoniëes. 

134.  CactacëeaOulVopalaeëea. 

XI.  ROD AlUTBI^BS  ;  Icosandres    ou 

Rosijloret.  Cinq  pétales  -jo.  réguliers  ;  éta- 

4i 


1099 


COLLBCTIONS. 


1100 


roines  +  nombreuses,  libres  oo  quelquefois 
cohérentes.  Axospermées  apérispermées. 

i.   MYRTALES.  Ovaire  syncarpe    infère, 
style  indivis;  feuilles  simples. 

435.  IVapoldonde». 

i36.  RhlzophoraccSea. 

437.  Combretacëea,  Terminialia' 
des  ou  Myrobaianées, 

438.  Myioacëe*. 

IncL  Lecythidacées.  ~  Chamaelau- 
ciacées.  —  Barringtoniacées.  — 
Belvisiacées. 

439.  Ollnlëe». 

440.  Mëlaatomac^e*. 

/ne/.  Mëmécylées. 
444.    L.ythrarlacëe«  ou   Salica- 
riées, 

IncL  Granatëes. 

442.  Onn^rarlëcM,  Oenothérée»  ou 
Epilobiéea, 

9.  ROSn^ÉES.  Ovaire  syncarpe  ou  libre  et 

apocarpe.  Styles  +  distincts  et  caducs  ; 
feuilles  composées. 

443.  Rosaoëc^. 

4.  Pomacées.  —  8.  Neuradées.  — 
3.  Rosées.  —  4.  Poteriées  ou  San- 
guisorbées.  —  R.  Potentillées  ou 
Dryadées.  —  6.  Rubées.  —  7, 
Quillagées. 

444.  —  8.  Prunées,  Amygdalées  ou 
Drupacées.  —  9.  Chrysobalanées. 

3.  LÉGUMINEUSES.  Corolle  ±  irrégulière 
ou  nulle.  Fruit  en  gousse. 

445.  I*aplllonacëca. 

4.  Sophorées.  —  2.  Dalbergiées.  — 
3.  Phaséolées.  —  4.  Viciées.  — 
5.  Hedysarées.  —  6.  Galegécs.  — 
7.  Lolées.  —  8.  Trifoliées.  —  9. 
Genistées.  40.  Podalyriées. 

446.  S%vartar.lëe«. 

447.  Mlmoai^e». 

4 .  Ingées.  —  2.  Acaciées.  —  3.  Eu- 
mimosées.  —   4.  Adenanthérées. 

5.  Parkiées. 

448.  C:ae«alplnlêe0. 

4.  Sclerolobiées.  —  2.  Eucaesalpi- 
nées.  —  3.  Cassiées.  —  4.  Am- 
hersliées.  —  6.  Cynométrées.  — 

6.  Dimorphandrées. 

\II.  PRPOiviGAnpfeECi.  Ovaire 
ordin.  infère;  parfois  stipitë  :  fruit  ordin. 
bacciforme,  pleurospermë,  souvent  pul- 
peux :  Graines  anatropes,  albuminées  ou 

non.  Plantes  ~il_  succulentes  ou  sarmen- 
teuses,  feuilles  souvent  palminervées  ac- 


compagnées d'épines ,  de  vrilles  ou  de 
glandes.  Fleurs  parfois  pënéanthées  et 
diclines. 

4.  PASSIFLORALES. 

449.  Samydacéefli. 
Incl.  Homalinées. 

450.  E.oaiȎea. 

454.  Xurneracëe*. 
453.  Paaaillorëeci. 
Inc.  Malesherbiacées.  —  Papayaeées. 

453.  Cuciii*hltac<Sea. 

454.  RIbeslacëea  ou  Groaaola- 
rlëea. 

455.  Besonlacëe*  (Monochl.  di- 
clines}. 

45f>.  NhantlrobëfM  (Id.). 

457.  Datiacëea  (id.). 

3*    CUase.  MONOCHLÂMIDÉES    ou 

Apétales, 

XIII.  PL.OUlflI/%IWTHiSBS. 

4.  OLÉRACÉALES.     Ovaire     uniloculaire» 
centrospermé;  albuminées;  herbacées. 

458.  I*oly0oii^e»    ou    I*er»lea— 
rléc». 

459.  Nyctaslnéef». 

460.  Chenopodlac«Sea. 

4 .  Salsalocées.  —  2.  AtripUcëes.  — 
8.  Baseilacées.  —  4.  Tetragoniées. 
464.  iliinarantnedea. 

4.  Gelosiécs.  —  2.  Achyrantées.  — 
3.  Gomphrénées. 

462.  I»hyioIaeci»eëe«. 

Incl,  Petiveriacées.  —  Riviniées.  — 

a.  Gyrostémooées. 

2.  LAURINÉES.     Graines    exalbuminées: 
arborescentes. 
463^  Monlmlacsêe». 

Incl,  Atberospermacées.— Batîdées, 

464.  I.Aiirae<Sea. 
IncL  Cassythassées. 

465.  Gyrocarptfe*. 

466.  Santalncéea. 
Ind,  Antbobolées. 

467.  I^oranthac^ea  OU   Vlacoff* 
Aéem, 

a,  Mysodendrées. 

468.  Thymelëatï^ea   ou     Daph« 

noïdëea. 

a.  Hernandiacées. 

469.  Aqul fartée*. 

470.  Blaoaipitfea. 
474.  l*<Miaeacséefi. 

IncL  Geissoloméées. 


1104 


COLLECTIONS. 


1102 


47i. 

3.  SERPENTARIÉES  oa  Epittaminée», 

473.  Nepenthactfc»». 

474.  ArlAlotoohlac^e»   00  Aza- 

rinées. 

XIV.  PENEAIWTlIÉKa  OQ  Diclines. 

4.  AMENTACÉES  OU /ttlt>7ore«. 

478.  CAsuarln^e*. 

476.  Myrlcac^es. 

477.  B<Stulac«Sea. 

478.  Cnpalirére*  ,    Corytacées  , 
Quercinéei,  Faginéet  on  Casianies. 

479.  Balsamtlloëea. 

480.  Sallclnëe#. 
484. 

9.  URTICALES. 

489. 

483.  Morëes. 

484.  Vlmaetfeii. 
Inei,  Celiidëes. 

488.  Platanëes. 

486.  Vrtleacées. 
a.  Cyaocrambées. 

487.  Cannabinëes. 


488. 

Inei,  Garriacées.  —  Foresliracëes. 
—  StUaginaeées.  —  a.  Puiranjé- 
vtfes. 

3.  EUPHORBIALES. 

489.    Knphorblacl4Sea  oo  Trl- 
oocqne*. 

/ne/.   Peracées.  ~  PhyUanthaeëes. 
—  Baxinées. 

490. 

494. 

4.  PIPËRITÉES. 

49i. 

493.  Chloranthai 

494.  0aiiraractfa«, 

8.  AQUATIQUES. 

498.  Ceratopbyllae^ea. 

496.  GallltrlehaetSe». 

497.  PodcMlcSmonac^ea* 

IV.  RBIZAlVXHéES  00  Bhitogènêt. 
4.  RAFFLESINÉES. 

498.  Balanophorëes. 

499.  Cyllnacëe». 
900.  RafB^lacëea. 

4.  Apodanlhées. —  9..  Hydnoracëes. 


II«  EMBR.  MONOCOTYLÉDONÉES  , 
EndorhixeSy  Endogènes  oa  Amphi- 
hryées. 

i^  C/.PÉRIÂNTHÉES.Périantbe  don- 
'  ble,  sur  deux  rangs,  ample  et  +  pé- 
taloïdes. 

XVI.  DICTYOGÊIVES. 

4.  DIOSCORINÉES. 

S04.  Smllacinëea. 
soi.  DIottcorëacëea. 
S03.  nrrtlllacëea. 
904.  Phlltfalacëea. 
908.  Roxbarshtaoëea. 

906.  Xrlufldac^ea. 

XVII.  COROnrAMÉBft  ou  Flaridéei, 

A)  Hipogynes. 
4.  LILIIFLORÉES. 

907.  L.lllacéea. 
Inei,  Asparagacëes. 

908.  Mélanthaeëe»»  €>»lehlea* 
oée»  oa  Veratréaa. 

a,  Gillesiacéea.  —  b.  Aphyllanthées. 
—  e,  Aspidistrées.  —  d,  Ophio- 
pogonées.  —  «.  Herreriéca.  — /. 
Eriosperméea. 

909. 
940. 

944.  Phllyclpacéea. 
9.  JDNCINÉES. 
949. 


a,  Aslëliëes.  —  b,  Rapatées.  —  e, 
Flagellariéea.  —  d.  Xérotidées. 
—  e,  Kiogiacëes.  —  /.  Calaeta- 
aiéea. 

943.    CommelynéeA  OQ  Bph*« 


944. 

948.  Erlocanlln^e*. 

946.  Reatlaoée*. 

947.  De«vaaxlac^ea. 
918.  Controlépldéei*. 

B)  BpiiryneB. 

3.  AMARYLLIDIFLORES. 

949.  ITaocac^eA. 
990.  Bromeltaoéa». 
994.  flaeincKloracéM». 

a.  Velloaiëea. 
999.  Hypoxldacséea. 

993.  Amaryllldacs^ea  on  Wi 
clas^ea. 

a,  Agavées. 


«03 


COLLECTIONS. 


1104 


S34.  Irldttoëe*. 

4.  SCITAMINÈES. 

S25.  Musac^A  ou  Bananier». 

996.  Mnrantacéea.Cannacëaa 
ou  Ballaierfli. 

997.  Zlnfilberac^ea,  A.nionia~ 
céea  ou  Alplnlae^e». 

5.  GYNANDRÉES  ;  ASGHIOOBLASTÉES. 

998.  Burma nntaeée*. 

a.  Stenomeridées.  —  b.  TriptereUées. 

—  c,  Apleranthëes.  —  d.  This- 
miées. 

999.  Apostaataoéea. 
930.  OrohldiSea. 

II«  CL  PÉRIGONIÉES.  Périgone  simple 
ou  nul  ;  peu  développé,  sur  un  rang, 
calycoïde. 

XVIII.  iftPADlciFXX^RBS  I  didines, 
périspermées. 

i.  PHOENICOIDES. 

934.  Palmiers. 

939.  Cyoiantliëea. 

a.  Phytelephasiëes.  —  b,  Nypacées. 

—  c.  Freycinetiées. 

9.  PANDANOIDES. 

933.  I^andanéea. 

934.  Xyphaoéea. 

3.  AROIDES. 

935.  Orontiac^es    oo    Aeora- 
cée*. 

936.  Araeéea  ,      A.rordéea    ou 
Callaeéea. 

937.  Platiacëes. 
988.  Liemnacdes. 

XIX.  GLUBfAGÉBft. 

i.  LODICULIFLORËES,  Culmifères  ou  Ca- 
rhpêicarpées, 

939.  Oraminéea. 

i,  AndropogODées.  —  9.  Panicées. 

—  3.  Oryzées.  —  4.  Phalaridées. 

—  5.  Phi éi nées.  —  6.  AgrosU- 
dées.  —  7.  Stipëes.  —  8.  Arundi- 
nées.  ~  9.  Chloridées,  —  iO. 
Pappophorées.  —  il.  Avenées. 

—  49.  Festucëes.  —  i3.  Trili- 
oëes. 


9.  SÉTIFLORÉES»  CaiamifèreM  ou  Âkeni- 
carpéei, 

940.  Cypéraeéea. 

i.  Cypérées.  —  9.  Seirpées.  —  3. 
Hypoiytrées.  —  4.  Rbynchospo- 
rées.  — 5.  Sclériées.  — 6.  Carici- 
nées. 

XX.  INCOMPLI^BSI;  Apérispermées 
aquatiques. 

i.  FLUVIALES. 

944.  Hydrocharldëea. 

/fie/.  Hydrilléea. 
949.  Bntonéea. 

943.  Aliamnoéea. 

944.  Joooaiilnéea. 

945.  Zo»teraeê<M. 

946.  l^otamée«  ou  UVafadéea. 

947.  A.ponof;etëe». 

S^  sous-divman.  Gymnospermes. 

XXI.  GO!VIFiCBBlS. 

948.  AbieUn^éa. 

949.  Caprea«inéea. 

950.  Taxacëea  ou  Xaxlnëe«. 

954.  Gnetacéea. 

XXII.  EcrroGÈMES  (Leatiboudoia)  ou 
TYMPAZVOCHEXÉRS  (Martius). 

959.  Gyeadées. 

Il"  DiY.  CRYPTOGAMES. 

y  EMBRANCH.  ACOnxÉDONÉES. 

4«»  C/.  ACROGÈNES(«). 

XXIII.  VASCtJI^AmKf«. 

4.  FOUGÈRES. 

953.  I^olypod lacée». 

954.  HymenopliyilcSea. 

955.  Gielchenlacëe». 

956.  SelilaMdacéea. 

957.  Oamundacée*. 
•1258.  Marattiaetfea. 

959.  Oplilo||lcMiséea. 

9.  CALAMARIÉES. 

960.  Eqnla^taeëes  ou   Préiea. 
3.  RHIZOGARPÉES  ou  Hydroptiridées, 

964.  Salvinléea. 


(*  )  On  pourrait  établir  deux  classes  ;  les 
Angîosporées  et  les  Gymnospordes  ;  les  pre- 
mières comprenant  les  Cryptogames  supé- 
rieures ayant  les  spores  renfermées  dans  un 


sporange  ou  un  sporocarpe  ;  les  secondes, 
formées  de  Cryptogames  infëricures,  avec 
les  spores  nues,  qu'elles  soient  exosporées 
ou  ondosporëes. 


1105 


COLLECTIONS. 


1106 


262.  Mar»lléacée«. 

4.  SELANIGELLËES. 

263.  I^ycopodlacêe». 
Incl,  Psilotumacées. 

264.  Sela^lnellacée*. 
Jnel,  Isoetées. 

IXIV.  VRiviPÈRES ,  Acrobryées  cel- 

lolaires. 
i.  HOUSSES. 

265.  l^haMMie^ea  ou  Bryaoêea. 

266.  Andréacée». 

267.  0phai^ée«. 

2.  HÉPATKHJES. 

268.  BIai*cliantlée«. 

269.  Rlooléea. 

270.  Tarelonlacées. 
27i.  Anthooérotée». 

272.  «Inneerinaniilêeft. 

3.  NITELLINÉES. 

273.  Charaoée*. 
2«  a.  AMPHIGÈNES. 

IIV.  HYftTKROPHYTES. 

4.  CHAMPIGNONS. 
40  Atcomyeitei, 

274.  Dlacomyoètes. 

275.  I^renomyeéfeti. 

276.  OntKénée*. 

277.  Xiil»eraoée«. 

278.  Protomycée*. 


279.  Myxomyoètoa. 
2*  Basidiomyeèus. 

280.  Gaateromyoète». 
284.  Hymenomyoéte*». 

282.  IVaiaelItaéeB. 

S»  Hypodermiées  (Gymtumycètes). 

283.  Vntllaslnéea. 

284.  tJredIoëe». 

4"  Phycomycètes. 

288.  Brtâcofinée». — Uypliomy- 
oèle«i. 

286. 

287. 

2.  LICHENS. 

288.  Hymenothalavnéea. 


289.  Gaslerotha  lamée». 

290.  Ideolbalaniée*. 
294.  Conlothalaméea. 

XXVI.  ALGUE». 
4.  TH ALLOGÈNES. 

292.  FlorMëës. 

293.  Ckkleochttetëe». 

294.  <lEdc^oiilëe«. 

295.  FufMioëea. 

296.  Ulvaoëea,    Vanoherléea. 

2.  PROTOPHYTES. 

297.  IVovtocacëea. 

298.  HydiHMlletyée*. 

299.  CoiO«i«éa*. 

a.  Confervacées. — b,  Oscillattoriées. 

300.  Volvoclnéea. 
304.  DIatomacéea. 


Nous  donnons  ci-joint  les  plans  et  les 
élévations  des  serres  et  des  construc- 
tions du  Jardin  botanique ,  telles  que 
Ch.  Morren  et  M.  Tarchitecte  Rémont 
les  ont  conçues.  Tout  inachevées  qu'elles 
sont,  elles  présentent  un  aspect  monu- 
mental, plein  de  grâce  et  de  convenance 
tout  ensemble  ;  elles  constituent  déjà 
le  plus  heureux  embellissement  du  nou- 
veau quartier  auquel  le  Jardin  a  donné 
son  nom. 

Le  Jardin  est  de  forme  pentagonale  ; 
rentrée  principale,  entre FEcole  de  phar- 
macie et  TEcole  de  floriculture ,  donne 
sur  la  rue  Louvrex  ;  FEcole  de  pomolo- 
gie  et  de  culturS  maraîchère  regarde  la 
rue  Courtois  ;  TEcole  des  semis  est  à' 
Fangle  de  cette  même  rue  et  de  la  rue 
Fusch  ;  TEcole  de  botanique  occupe  tout 
le  centre  et  longe  la  rue  des  Anges.  Le 
plan  général  est  celui  d'un  parc  anglais, 
avec  un  étang  placé  à  peu  près  en  face 
de  la  grande  entrée. 

Les  dessins  que  nous  publions  ont 
déjà  figuré  en  tête  du  Choix  des  graines 
de  1863  (Gand,  Ânnoot-Braeckman , 
1864,  in-8«).  M.  Ed.  Morren  a  bien 
voulu  les  mettre  à  notre  disposition. 


Lâgende. 

a.  Entrée   principale  et  vestibnle. 

b.  Serrei  tempérées. 

c.  Orangarlos. 

d.  Serras  chaudes. 
(.  Serre  t  Palmiers. 

/.   Serre  ponr  les  plante»  de  le  Nouvelle -Hollande. 

g.  Serre  pour  les  Orchidées. 

A.  Escalier  du  <•' étage. 

;.  BAcbers,  rourneaiuc,  magasins,  dépôts,  etc. 

k.   Logements  du  jardinier. 

/.    Escalier  du  rez-de-chaussée. 

m.  Escalier  des  galeries  supérJsures  de  service. 

n.  Galeries  ie  service. 

0.  Plate-forme. 

p.  Herbier  et  biblioibèque. 

ç.  tirainetier. 

(,    Indiloire. 


iiW 


COl-UPCTIONS. 


1112 


II.   MUSÉE  DE  BOTAMIQIE. 

Ce  Musée,  mentionné  dans  la  notice 
de  Pb.  Lesbroussart  sous  la  rubrique  : 
Cabinet  d'anatomie  végétale,  de  carpo- 
logk,  etc.,  a  été  fondé  en  i836  par 
Cb.  Morren.  ttC*est  le  seul  de  ce  genre, 
écrivait  Fauteur  qu^on  vient  de  citer,  qui 
existe  en  Europe.  Les  dissections  des 
plantes  y  sont  conservées  dans  de  Tesprit 
de  vin,  et  Ton  y  compte  aujourd'hui 
(1838)  au  delà  de  1,300  préparations 
molles,  parmi  lesquelles  on  remarque 
les  injections  au  mercure  des  vaisseaux 
des  plantes,  des  dissections  de  trachées, 
de  tiges,  de  feuilles,  de  fleurs,  etc.  Les 
pièces  de  tératologie  végétale ,  la  col- 
lection des  champignons ,  Texposition 
des  familles  naturelles  y  méritent  une 
mention  spéciale.  Il  y  a  en  outre  un 
fruitier  classé  d'après  Lindley,  une  col- 
lection carpologique  classée  par  fa- 
milles, une  grande  série  de  céréales, 
une  collection  de  bois  de  toute  espèce, 
un  palmier  de  trois  siècles,  un  herbier 
général  et  de  la  province  {*)  extrême- 
ment riche,  une  collection  de  produits 
des  plantes,  de  matières  textiles ,  etc. 
—  Les  végétaux  fossiles  extraits  des 
terrains  bouillers  de  la  province  de 
Liège  forment  une  collection  des  plus 
curieuses.  M.  Sauveur  et  feu  R.  Cour- 
tois y  ont  reconnu  91  espèces,  dont  plu- 
sieurs nouvelles  ». 

Nous  avons  rappelé  ailleurs  (art. 
ScHMERLiNG ,  col.  56i)  qu*un  Congrès 
scientifique  s'ouvrit  à  Liège  le  1''''  août 
1836.  La  section  des  sciences  natu- 
relles ayant  visité  avec  une  vive  satis- 
faction le  Musée  naissant,  et  appréciant 
toute  l'importance  d'une  semblable  col- 
lection, proposa  de  voter  des  remercl- 
ments  à  Fauteur  de  ce  nouveau  monu- 
ment élevé  à  l'afiatomie  et  à  la  physio- 
logie végétales,  a  Les  préparations  de 
M.  Morren ,  disait  son  rapporteur  , 
doivent  être  signalées  comme  un  mo- 
dèle à  Imiter,  dans  les  grandes  villes 
de  l'Europe  où  les  sdences  nafturelles 
sont  Tobjet  d'un  enseignement  com- 
plet.» Ce  vœu  fut  approuvé  publique- 
ment dans  la  séance  générale  du  Con- 
grès. 


H.  Ed.  Morren  a  donné  tous  les  soins, 
depuis  1855|  au  Musée  de  botanique 
fondé  par  son  père.  Il  s'est  surtout  ef- 
forcé de  le  nendre  aussi  utile  que  pos- 
sible à  l'enseignement*  Mais  pendant 
plusieurs  années  il  a  dû  se  contenter  d'en 
améliorer  la  disposition  :  les  ressources 
de  son  budget  lui  interdisaient  forcément 
l'acquisition  de  nouveaux  objets.  Ce 
n'est  guère  qu'à  partir  de  18C2  que  le 
Musée  a  recommencé  à  pfendre  du  déve- 
loppement. Nous  mentionnerons,  parmi 
les  achats  de  date  récente,  un  grand 
microscope  de  Schidc,  de  Berlin  ;  divers 
appareils  de  micrographie,  de  Berck  et 
Beck,  à  Londres;  les  collections  de 
préparations  microscopiques  d'Amadio, 
à  Londres,  et  de  Van  Hcurck,  à  Anvers; 
les  coupes  de  bols,  de  Nordlingen;  les 
herbiers  de  Rabenhorst,  ^Irtgen,  Van 
Haesendonck ,  Rose  et  Bescherelle  , 
Dossin,  Van  Heurck  ;  une  collection  de 
fruits  et  de  racines  »  moulés  par  Bu- 
chetet,  à  Paris  ;  les  vues  paléontologi- 
ques  d'Unger,  de  Vienne,  etc. 

Le  Musée  se  compose  aujourd'hui  : 

D'une  galerie  de  technologie  végétale, 
disposée  d'après  les  familles  naturelles, 
et  comprenant  tout  ce  que  les  végétaux 
fournissent  ou  produisent  d'intéressant 
pour  la  médecine,  la  chimie,  l'industrie 
le  commerce,  etc.; 

D'une  collection  d'anatomie  végétale; 

Id.  de  tératologie; 

Id.  de  pathologie; 

Id.  de  paléontolc^e. 

M.  Ed.  Morren  l'a  enrichi,  dans  ces 
derniers  temps,  d'un  nombre  considé- 
rable de  dons  que  lui  ont  valus  ses  re- 
lations étendues  sur  toute  la  surface  du 
globe,  et  notamment  de  5  à  6,000  ob- 
jets recueillis  en  1867  à  l'Exposition 
«universelle  de  Paris,  et  provenant  de 
toutes  les  colonies  et  répons  étran- 
gères. 

Direction  du  Musée. 

1836.  Ch.  Morren. 
1855.  Ed.  Morren. 

III.   NOTE  SUPPLÉMENTAIRE  CONCERNANT 
LA  CHAIRE  ET  LE  MUSÉE  d'AGRICULTURK. 

Le  Conseil  provincial  de  Liège,  dans 


(*)  L'herbier  de  R.  Courtois. 


im 


C0UECTWN3. 


1114 


sa  séance  du  20  juillet  1837,  émit  le 
V(feta  dé  soUicitèlr  du  gouvernement  la 
création  d'une  Ecole  des  arts  et  manu- 
factures et  rérectiott  d'une  chaire  d'a- 
griculture et  d'économie  forestière  à 
ITJniversité  de  Liège  (  '  ). 

L'administration  communale  de  Liège, 
convaincue  des  avantages  qui  résulte- 
raient pour  la  ville  et  la  province  de 
l'exécution  de  ce  projet,  prit  à  sa  charge 
(séance  du  24  mars  J838)  la  construc- 
tien  des  bâtiments  nécessaires ,  â  con- 
dition que  l'Etat  et  la  province  pour- 
voiraient aux  frais  : 

i^  De  l'acquisition  des  machines  et 
des  ustensiles  ; 

2®  Du  personnel  et  de  l'entretien  du 
matériel. 

Cette  proposition  fût  admise,  et  il  y 
fut  tout  d'abord  donné  suite  en  ce  qui 
concernait  l'Ecole  des  arts  et  manufac- 
tures. 

Dans  sa  séance  du  U  juillet  i84i, 
le  Conseil  provincial  chargea  la  Dépu- 
tation  permanente  de  faire,  auprès  dn 
gouvernement,  les  démarches  néces- 
saires pour  la  mise  à  exécution  de  la 
seconde  partie  de  sa  résolution  du  20 
juillet  4857,  c'est  à  dire  pour  l'érection 
d'une  chaire  d'agriculture ,  moyennant 
une  somme  de  4,000  frs.,  quiserait  con- 
sacrée k  l'achat  d'instruments  aratoires 
modèles  et  de  plantes  intéressant  l'éco- 
nomie rurale  et  forestière. 

Le  25  mars  4842  parut  un  arrêté 
royal  établissant,  près  de  l'Université  de 
Liège,  un  cours  d'économie  rurale  et 
d'agriculture.Le  professeur  Ch.  Morren 
fut  chargé  de  ce  cours  ;  D.  Henrard, 
horticulteur  à  Liège,  fut  nommé  dé- 
monstrateur, chargé  de  tout  ce  qui  con- 
cernait le  matériel  (*). 

Au  moyen  des  subsides  alloués  par 
l'État  et  par  la  province,  des  instru- 
ments aratoires  modèles  furent  acquis 
en  Belgique  et  dans  les  pays  étrangers  : 
ainsi  mt  formé  le  noyau  d'un  Musée 


agricole.  Des  graines  et  des  plantes 
furent  également  achetées,  et  placées 
dans  une  partie  du  Jardin  botanique 
réservée  à  cet  effet. 

La  maladie  et  la  mort  de  D.  Henrard 
(•)et  l'état  de  santé  de  Ch.  Morren 
arrêtèrent,  à  partir  de  4855,  le  déve- 
loppement du  Musée  agricole. 

D'un  autre  côté,  le  gouvernement 
s'était  préoccupé,  depuis  4849,  d'orga- 
niser régulièrement,  dans  les  différentes 
régions  du  pays,  l'enseignement  de  l'a- 
griculture. 

Un  arrêté  royal  du  48  juillet  4863 
rapporta  celui  du  25  mars  1842.  Un 
arrêté  ministériel  du  même  jour  décréta 
que  les  instruments  composant  le  Mu- 
sée agricole  de  l'Université  de  Liège 
seraient  transportés  à  l'Institut  de 
Gembloux. 

Professeur  d'agriculture  et  directeur 
du  musée  agricole, 

4842.  Ch.  Morren. 

Démonstrateur. 
4842.  D.  Henrard. 

III.  Cabinet  de  pbyMique. 

Le  cabinet  de  physique  est  déjà  men- 
tionné en  4818 ,  dans  un  discours  du 
recteur  Yanderheyden  (v.-ci-dessus , 
col.  588},  comme  possédant  quelques 
appareils  importants  :  la  chambre  ob- 
scure et  les  instruments  d'optique, 
entr'autres,y  sont  l'objet  d'une  citation 
spéciale  {Ann.  acad,  Leod.^L  II,  p.  7). 
Parmi  les  acquisitions  des  années  sui- 
vantes, on  remarque  une  collection 
d'instruments  pour  Tèlude  de  l'électri- 
cité, du  galvanisme  et  du  magnétisme, 
formée  en  4824  par  le  même  Yander- 
heyden, qui  s'occupait  beaucoup,  à 
cette  époque,  des  découvertes  d'OErs- 
ted  (v.  ci-dessus,  col.  589,667  et  685). 
Ce  n'est  guère  qu'à  partir  de  4830.  ce- 
pendant, ou  pour  mieux  dire  c'est  à  par- 


(*)  On  reprenait  ainsi  une  idée  du  gou- 
vernement hollandais  (v.  l'art.  Bbohnc,  col. 
89  et  suiv.). 

(*)  Une  indemnité  annuelle  de  4,000  frs. 
fîit  allouée  à  Henrard,  à  condition  qu'il  pla- 
cerait dans  le  Jardin  botanique  un  arbre  et 
un  individu  de  chacune  des  espèces  qu*il 


cultivait  dans  son  établissement  (Rapp.  de 
M.  Notbomb,  t.  Il,  p.  4529).  Cette  indem- 
nité, ainsi  que  le  supplément  de  traitement 
accordé  à  Ch.  Morren,  devait  être  imputée 
sur  les  fonds  affectés  au  service  du  dit  Jar- 
din. 
(')  Henrard  mourut  en  4859. 


1118 


COLLECTIONS. 


1116 


tir  de  la  réorganisation  universitaire  de 
4835,  que  le  Cabinet  de  physique  et 
d'astronomie  a  pris  graduellement,  sous 
la  direction  de  M,  Gloesener,  des  déve- 
loppements sérieux.  M.  Ferd.  Henaux 
(*)  nous  apprend  qu*il  renfermait,  en 
4837,  une  série  de  310  appareils  avec 
leurs  accessoires,  presque  tous  nou- 
veaux. La  notice  sur  les  collections 
de  rUniversité  déjà  citée  (édition  de 
1844)  porte  le  nombre  des  instruments 
à  500,  tous  bien  entretenus  et  en  bon 
état  (').  a  La  mécanique  des  solides, 
rhydrostatique  et  Thydrodynamique, 
dit  Ph.  Lesbroussart,  la  pesanteur  et 
rélasticité  de  Tair  manquent  de  peu 
d*appareiis,  et  ne  tarderont  pas  à  en 
recevoir,  pour  complément,  quelques 
nouveaux  qui  sont  déjà  en  construc- 
tion, entfautres  une  belle  machine 
pneumatique  (système  Babiker)  de 
grande  dimension.  On  remarque  sur- 
tout une  balance  d'essai,  une  superbe 
machine  d'Àtwood,  un  pendule  réver- 
sible, un  dynanomètre,  un  bélier  et 
une  presse  hydraulique.  Nous  citerons 
encore  un  beau  modèle  de  pompe  com- 
posée, une  pompe  à  incendie,  enfin 
Tappareil  de  Charles  pour  Técoulement 
des  liquides.  —  Quant  à  Tacoustique, 
la  collection  compte  bon  nombre  d'ap- 
pareils divers ,  notamment  une  sirène 
avec  compteur,  un  fort  beau  sono- 
mètre horizontal,  le  petit  appareil  de 
Grévelion,  une  petite  sonnerie,  des 
plaques  de  verre  pour  les  figures  de 
Chladni,  un  petit  orgue,  une  belle 
soufflerie,  une  série  de  tuyaux  de  con- 
struction, toute  moderne,  pour  dé- 
montrer expérimentalement  les  diffé- 
rentes lois  de  Tacoustique;  des  pla- 
ques en  bois  et  en  cuivre  pour  la  com- 
munication des  sons,  et  un  sonomètre 
dilTérentiel  nouvellement  inventé  par 
l'habile  artiste  Marleye  de  Paris.  Cette 
collection  sera  complétée  en  4842.  — 
L'électricité  ordinaire  et  galvanique,  le 
magnétisme,  l'électro-magnétisme,  les 
phénomènes  électro-dynamiques,  ther- 
mo-électriques et  magnéto-électriques 


peuvent  être  démontrés  dans  tous 
leurs  détails.  On  remarque  surtout 
deux  bonnes  machines  électriques , 
dont  l'une  est  de  Van  Marum,  deux 
grandes  batteries,  une  belle  pile  sui- 
vant la  construction  proposée  par 
WoUaston,  une  pile  à  courant  cons- 
tant de  Daniel,  plusieurs  appareils 
de  rotation  et  d'autres  pour  le  cou- 
rant électrique  par  iiîduction;  un 
appareil  magnéto- électrique  de  Clarke 
avec  ses  accessoires,  pour  produire 
tous  les  efi^ets  de  la  pile  vollalque,  une 
belle  boussole  d'inclinaison,  un  magni- 
fique appareil  de  Gambey  pour  les  in- 
tensités magnétiques  et  les  yariations 
des  aiguilles  diurnes,  etc.  —  Quant  à 
l'optique,  cette  partie  de  la  collection 
renferme  la  plupart  des  instruments 
nécessaires  à  la  démonstration  des  lois 
de  la  théorie  de  la  lumière.  On  y  trouve 
un  goniomètre  de  Wollaston  et  un 
autre  de  Charles,  un  beau  sextant,  des 
appareils  pour  la  réflexion  et  la  réfrac- 
tion simple  et  double  ;  les  différents  ap- 
pareils connus  pour  la  polarisation  de 
la  lumière;  d'autres  pour  les  couleurs 
complémentaires  ou  chromatiques ,  un 
pour  la  polarisation  circulaire  des  li- 
quides, un  prisme  avec  objectif  pour 
les  raies  dans  le  spectre  solaire  ;  un 
microscope  solaire ,  un  télescope  de 
Newton  et  un  autre  de  Gregory  ;  une 
grande  lunette  achromatique  et  son  pied 
avec  trois  mouvements  différents ,  etc. 
A  l'observatoire  se  trouve  une  lunette 
méridienne  et  un  chronomètre  d'une 
grande  beauté.  —  La  collection  de  mé- 
téorologie possède  un  planomètre,  des 
hygromètres  de  de  Saussure  et  de 
Dolne,  un  autre  de  Daniel,  un  psychro- 
mètre  d'Auguste,  et  enfin  des  baro- 
mètres diversement  construits.  —  La 
collection  d'appareils  pour  la  théorie  de 
la  chaleur  est  moins  complète  ;  il  y 
manque  des  instruments  de  précision 
pour  la  dilatation  et  la  chaleur  spécifique 
des  corps.  Du  reste,  on  y  trouve  le  ca- 
lorimètre de  Laplace  et  celui  de  Rum- 
ford,  des  miroir^  paraboliques,  les 


(*}  Guide  du  voyageur  à  Liège.  Liège, 
4837,  p.  4S6. 
(*  )  Cette  notice  a  servi  de  base  à  la  des- 


cription donnée  par  Del  Vaux  de  Fouron, 
dans  son  Dief .  giogr.  de  ta  prov,  de  Uége^ 
t.  Il,  p.  490  (Liège,  484S,  in-43}. 


«17 


COI^UCTIONS, 


1118 


thermomètres  différentiels»  un  appareil 
de  Gay-Lussac  pour  le  mélange  des  gaz 
et  des  vapeurs ,  une  petite  locomotive, 
le  bel  appareil  de  Melloni  pour  les  pro- 
priétés de  la  chaleur  rayonnante,  etc.  » 
DMmportantes  acquisitions  furent 
faites  en  1842  et  dans  le  cours  des  an- 
nées suivantes;  mais  le  cabinet  ressentit 
le  contre-coup  des  événements  de  1 848  ; 
son  subside  fut  réduit  à  un  chiffre  in- 
signifiant,  et  jusqu'en  i854  il  resta  à 
peu  près  stationnaire.  Pendant  toute  la 
période  décennale  de  i851  à  i860,  on 
ne  put  y  sgouler  que  75  instruments  : 
nous  citerons  surtout  divers  appareils 
d'optique,  et  un  grand  nombre  d'instru- 
ments nouveaux  concernant  l'électro- 
magnétisme  et  ses  applications  (*); 
d'autre  part,  il  a  fallu  consacrer  une 
certaine  somme  à  la  restauration  de 
pièces  usées  ou  avariées.  —  Le  subside 
annuel  est  actuellement  de  2,000  francs; 
la  physique  n'a  Joui  qu'une  seule  fois 
du  supplément  de  1,000  frs.  alloué  par 
la  Faculté  aux  collections  les  plus  be- 
sogneuses. Cependant  les  directeurs 
successifs  du  Cabinet  ont  su  tirer  bon 
parti,  on  leur  doit  cette  justice,  de  ces 
minimes  ressources.  Voici  la  liste  des 
principaux  objets  acquis  depuis  que  le 
Cabinet  est  confié  à  M.  L.Pérard  : 

1.  Grande  bobine  d'induction  de 
Ruhmkorff,  avec  commutateur  de  Fou- 
cault. Elle  se  compose  d'un  faisceau  de 
fer  doux  de  45  mill.  de  diamètre  et 
de  580  mill.  de  longueur;  de  deux 
couches  de  fil  inducteur  de  2  1/2  mill. 
de  diamètre  et  de  20  mètres  de  lon- 
gueur; d'une  bobine  de  fil  fin  induit  de 
1/6  mill.  de  diam.  et  de  80  à  i 00  kilo- 
mètres de  longueur ,  cloisonnée  ;  enfin, 
d'un  condensateur  de  50  m.  c.  de  sur- 
face. 

2.  Appareil  de  de  la  Rive  pour  mon- 
trer la  rotation  de  l'arc  voltaïque  autour 
d'un  aimant. 

3.  Machine  électrique  de  Holtz. 

4.  Appareil  télégraphique  à  clavier 
circulaire,  construit  d  Bruxelles ,  avec 
le  renversement  du  courant  de  M.  Gloc- 
sener. 

5.  Grand  galvanomètre  à  projection 
de  Rubmkoi4f. 


6.  Phosphoroscope  à  projection  de 
Becquerel. 

7.  Grand  comparateur  optique  de 
Lissajous. 

8.  Grande  soufflerie  acoustique  à 
régulateur  pour  faire  vibrer  les  colonnes 
d'air. 

9.  Grande  sirène  acoustique  de 
Helmholtz. 

10.  Appareil  de  Koenig  pour  décom- 
poser le  timbre  d'un  son  dans  ses  notes 
élémentaires,  au  moyen  de  flammes 
manométriques. 

11.  Grand  appareil  de  Helmholtz, 
pour  la  composition  artificielle  des 
différents  timbres  et  notamment  des 
voyelles,  par  la  production  simultanée 
d'une  série  de  notes  simples  formant 
la  série  harmonique. 

12.  Grand  gyroscope  de  Foucault. 

13.  Grand  globe  terrestre  avec  indi- 
cation des  courants  maritimes. 

14.  Machine  électrique  de  Ladd 
(commandée). 

Une  somme  de  3,000  frs.  serait  né- 
cessaire pour  acheter  un  bon  chrono- 
graphe  ;  il  n'a  pas  été  possible  de  l'ob- 
tenir jusqu'à  présent. 

Malgré  quelques  lacunes,  le  Cabinet 
de  physique  répond  cependant,  en  gé- 
néral, à  sa  destination.  Il  serait  difficile 
de  dire  exactement  de  quel  nombre  de 
pièces  il  se  compose;  le  recensement 
du  Catalogue  a  fait  constater  des  doubles 
emplois  et  des  absences.  Des  doubles 
emplois,  c'est-à-dire  que  certains  objets 
avaient  été  inscrits  deux  fois;  des  ab- 
sences, c'est-à-dire  que  d'autres  étaient 
usés  ou  brisés,  en  un  mot,  hors  d'usage. 
M.  Pérard  a  jugé  indispensable  de  ré- 
diger un  nouveau  Catalogue,  travail  mi- 
nutieux qui  l'occupe  depuis  deux  ans 
déjà.  La  classification  adoptée  pour  cet 
inventaire  repose  sur  les  bases  sui- 
vantes : 

CHAPITRE  L 

I*ropi*i<St<$«   e»»entlelle»  de  la 
matière. 

A.  Etendue  (appareils  de  mesure). 

CHAPITRE  H. 

I*roprlët<5»  n^nërale». 

B.  Porosité.  Divisibilité. 


(*)  On  en  troave  la  liste  détaillée  dans      les  Rapports  triennaux. 


1119 


COLLECTIONS. 


1120 


C.  Inertie.  Mobilité.  Forces.  Stati- 

que et  Dynamique. 

CHAPITRE  III. 

Foroe»  de  la  nature. 

D.  Attractions. 

a.  Pesanteur. 

b.  Attractions  molëcoiaires.  Elas- 
ticité. Capillarité.  Magnétisme. 

E.  Chaleur. 

F.  Lumière. 

CHAPITRE  IV. 

G.  Electricité. 

Malheureusement  la  disposition  des 
salles  laisse  à  désirer, au  point  de  vue 
de  renseignement.  Le  professeur  doit 
régulièrement  perdre  un  temps  consi- 
dérable avant  chaque  leçon,  pour  pré- 
parer et  faire  transporter  les  instru- 
ments qui  doivent  servir  à  ses  démon- 
strations. 

Ajoutons  que  le  local  ne  se  prête 
nullement  à  des  recherches  scientifi- 
ques. La  Faculté  s*est  préoccupée  tout 
récemment  encore  de  ce  dernier  point, 
(v.  ci-dessus,  col.  6801;  il  est  à  espérer 
que,  dans  un  bref  délai,  il  sera  enfin 
pourvu  à  des  besoins  que  les  derniers 
progrès  de  la  physique  rendent  de  plus 
en  plus  impérieux. 

Direction  du  Cabinet, 

4817.  Ch.  Delvaux('). 

i830.  M.  Gloesener. 

1850.  Le  même  et  E.  Bède  (suppléant). 

1857.  E.  Bède  (titulaire). 

1861.  L.  Pérard  (suppléant). 

1865.  Le  même  (titulaire). 

Préparateurs, 

18S3.  L.  Sauvage. 

1845.  B.  Delforge. 

1848.  T.  Tissington. 

1857.  J.-H.  Chantraine. 

IV.   L*aboratolre»  de  chimie 

ET 

COLLECTIONS  QCI  EN  DÉPENDENT. 

L*enseignement  de  la  chimie  a  pris 
graduellement  chez  nous,  depuis  la  réor- 


ganisation de  1855,  un  développement 
et  une  importance  qui  ne  font,  et  selon 
toute  apparence  ne  feront  que  s'accroî- 
tre encore,  pourvu  que  Fadministration 
communale  se  décide  à  décréter  Ta- 
grandissement  des  laboratoires,  deve- 
nus insuffisants  au-delà  de  toute  pré- 
vision. Ce  fait  s'explique,  d'un  côté, 
par  la  destination  spéciale  assignée  à 
notre  Ecole  des  arts  et  manufactures 
(v.  ci-dessus«  col.  1026  et  col.  10312)  ; 
de  l'autre ,  par  l'extension  progressive 
des  industries  chimiques  dans  les  pro- 
vinces de  Liège  et  de  Namur,  extension 
due  pour  une  bonne  part,  on  ne  saurait 
le  méconnaître,  à  l'influence  de  l'Ecole. 
Un  laboratoire  de  recherches  (v.  col. 
1047),  enfin,  était  depuis  longtemps 
reconnu  nécessaire;  à  un  moment 
donné ,  on  s'est  trouvé  pour  ainsi  dire 
rois  en  demeure  de  réaliser  ce  projet. 
C'est  une  première  satisfaction  donnée 
aux  intérêts  les  plus  élevés  de  la  science 
comme  aux  intérêts  bien  entendus  de 
la  haute  industrie;  cependant,  ne  le 
dissimulons  point,  ce  laboratoire  est 
loin  d'être  ce  qu'il  sera  sans  doute  un 
jour. 

Nous  sommes  bien  loin  de  l'époque 
où  il  n'existait  à  rUniversité  qu'un  sim- 
ple cours  de  chimie  générale  et  appli- 
quée, confié  à  Ch.  Delvaux,  avec  le  doc- 
teur Simon  pour  préparateur.  La  do- 
cimasie  fut  l'objet  d'un  enseignement 
spécial  à  partir  de  1828  ;  mais  les 
sciences  chimiques  n'ont  pris  décidé- 
ment leur  essor  à  l'Université  que  dans 
l'enceinte  des  Ecoles  régénérées.  On  a 
fait  connaître  plus  haut  (col.  997)  la  di- 
vision actuelle  des  cours  (théoriques  et 
pratiques)  qui  leur  sont  consacrés  :  il 
importe  maintenant  de  renseigner  le 
lecteur  sur  les  ressources  matérielles 
mises  à  la  disposition  des  professeurs 
de  chimie. 

A.  Laboratoires. 

Les  laboratoires  actuels  de  chimie 
générale,  de  docimasie  et  de  manipula- 
tions chimiques  ont  été  construits  en 
1851  par  M.  l'architecte  Rémont,  sur 


(<)  De  1817  à  48iâ,  le  sous-bibliothé- 
caire  Terwagne  porta  le  titre  de  conserva- 
teur do  eabinet  de  physique  ;  postérieure- 


ment, un  préparateur  spécial  tai  adjoint  au 
professeur-conservateur. 


1121 


COLLECTIONS. 


H22 


les  indications  des  professeurs  (').  lis 
occupent  l'emplacement  de  Tancienne 
orangerie  (v.  coi.  i086). 

Le  laboratoire  de  chimie  générale 
comprend  :  i®  un  grand  auditoire;  2« 
un  laboratoire  proprement  dit,  où  le 
préparateur  dispose  les  appareils  et 
prélude  aux  expériences  de  chaque  le- 
çon. En  soulevant  la  planche  noire  sus- 
pendue au  fond  de  la  tribune,  où  se 
tient  le  professeur,  on  découvre  Tinlé- 
rieur  dulaboratoire  aux  yeux  des  élèves, 
rangés  en  hémicycle  sur  les  gradins 
élevés  de  Tauditoire  ;  3°  deux  petits  la- 
boratoires à  Fusa^e  des  professeurs  de 
chimie  inorganique  et  de  cbimie  orga- 
nique ;  4**  enfin  une  grande  salle,  où 
sont  déposées  les  collections  de  chimie 
générale  et  de  cbimie  industrielle,  tant 
organique  qu'inorganique. 

Le  laboratoire  de  docimasie  et  de  ma- 
nipulations comprend  :  1°  une  grande 
salle  de  travail  ;  2<*  un  magasin  pour 
les  réactifs  et  les  instruments  ;  5"  la 
salle  dite  des  bahnces;  4o  une  autre 
salle-magasin. 

Le  laboratoire  de  recherches  est  installé 
vers  le  milieu  de  Taile  centrale,  dans 
une  salle  précédemment  affectée  à  TÉ- 
cole  de  pharmacie,  et  qui,  à  Torigine, 
avait  servi  de  laboratoire  à  Ch.  Delvaux, 
dont  Tauditoire  était  adjacent.  11  se 
compose  :  i^  d'une  salle  de  travail  pour 
45  élèves;  ^  d'une  salle  pour  les  réac- 
tifs et  les  instruments  ;  5^  d*une  salle 
pour  5  balances  de  précision ,  avec  un 
bureau  et  une  petite  collection  de  traités 
spéciaux  de  première  nécessité  ;  4^ 
enfin,  d*une  cave-magasin. 

Le  Rapport  triennal  publié  par  M. 
Piercot  en  i854  signale  les  nouveaux 
laboratoires  de  Liégê  parmi  les  plus 
remarquables  du  royaume.  Ils  méritent 
encore  cette  qualification;  mais,  comme 
nous  Tavons  dit ,  ils  ont  cessé  d*être 
assez  spacieux  pour  les  besoins  actuels. 
Le  laboratoire  de  docimasie  surtout 
laisse  à  désirer,  du  moins  au  point  de 
vue  de  la  distribution  intérieure. 


B.  Collections. 

Le  développement  des  collections  a 
été  longtemps  entravé  par  la  modicité 
des  subsides  alloués  à  renseignement 
de  la  chimie.  «  D'après  le  calcul  établi 
par  M.  le  professeur  Cl^ndelon,  écri- 
vait M.  Piercot  en  1854,  il  n'a  à  sa  dis- 
position que  i  fr.  75  c.  par  leçon  de 
chimie  inorganique,  pour  acheter  les 
matières  nécessaires  aux  expériences 
de  chacune  d'elles,  tandis  qu'au  labora- 
toire du  Muséum  de  Paris ,  auquel  jie 
nôtre  ne  le  cède  pas  en  impprtaace,  on 
peut  dépenser  fr.  57-50  pour  c^que 
leçon.  Le  rapport  de  M.  de  Koninck 
constate  également  Finsufiisancé  du 
subside  pour  la  chimie  organique.  » 
Les  allocations  affectées  à  la  chimie  ne 
s'étalent  élevées  en  moyenne  qu'à  584 
frs.  par  année,  de  1849  à  i  852:  il  y 
avait  impossibilité  matérielle  de  songer 
aux  collections  I 

Les  choses  ont  changé  depuis,comme 
on  peut  le  constater  en  parcourant  les 
Rapports  triennaux.  Les  subsides  ont 
été  augmentés,  bien  que  dans  une  pro- 
portion encore  trop  minime.  11  faut 
dire  que  l'accroissement  des  collec- 
tions est  dû  surtout  au  zèle  infatigable 
de  MM.  Chandelon  et  de  Koninck,  qui 
ont  stimulé  la  générosité  de  nos  princi- 
paux industriels  et  ont  profité  de  leurs 
voyages  et  de  leurs  visites  aux  grandes 
expositions  internationales,  pour  enri- 
chir les  Cabinets  de  Liège  d'un  grand 
nombre  de  produits  de  toute  espèce. 
Différents  composés  ont  été  préparés, 
d'autre  part,  au  laboratoire  même; 
enfin,  de  bons  instruments  ont  été  suc- 
cessivement acquis.  Les  collections  de 
chimie  laissent  peu  à  désirer  aujour- 
d'hui quant  au  contenu  (');  ajoutons 
qu'elles  sont  parfaitement  entretenues. 

Elles  comprennent  au  moment  où 
nous  écrivons  (juillet  1869): 

1«  Une  série  d'appareils  et  d'instru- 
ments communs  à  la  chimie  générale 
Inorganique  et  à  la  chimie  générale 
inorganique,  au  nombre  de  i25; 


(M  L^8  plans  des  nouveaux  laboratoires 
éuient  arrêtés  dès  1836. 

(*)  Cependant  elles  sont  loin  d'être  suffi- 
santés  pour  entreprendre  des  travaux  scien- 
tifiques exigeant  de  longues  el  minutieuses 


recherches.  L'attention  de  la  Faculté,  noud 
t'avons  déjà  dit  à  propos  d'une  autre  collec- 
tion, est  dirigée  sur  ce  point  :  il  y  a  là  cer- 
tainement à  satisfaire  à  Tune  des  principales 
exigett<se8  4e  l'enseignement  supérieur. 


4123 


COLLECTIONS. 


1124 


2^  Une  série  d*appareil8  et  dlnstni- 
ments  pour  la  chimie  générale  inorga- 
nique (iOl  articles); 

5<>  Des  échantillons  de  produits  inor- 
ganiques, au  nombre  de  98G; 

A""  Une  série  d'appareils  et  instru- 
ments pour  la  chimie  générale  orga- 
nique (124  articles)  (  *  )  ; 

5^  Des  échantillons  de  produits  or- 
ganiques, au  nombre  de  652. 

Les  collections  dm  2  et  3  sont  da  domaine 
de  M.  le  professeur  Chandelon  ;  M.  de  Ko- 
ninck  a  sous  sa  direction  les  dépôts  n^  4 
et  fi,  dont  il  a  exciasivement  rassemblé  les 
éléments. 

6»  Deux  collections  importantes  d'é- 
chantillons intéressant  la  chimie  indus- 
trielle, tant  organique  qu'inorganique. 
Ces  échantillons  ont  été  spécialement 
choisis  et  classés  de  manière  ft  rendre 
visibles  les  tranformations  que  su- 
bissent, dans  les  manufactures,  les 
matières  premières,  Jusqu'au  point  d'ar- 
river à  des  produits  achevés  et  suscep- 
tibles d'être  mis  dans  le  commerce. 
Ces  derniers,  par  parenthèse,  sont  en 
assez  grand  nombre. 

Les  échantillons  et  spécimens  com- 
posant la  collection  de  chimie  indus- 
trielle  inorganique  (formée  et  dirigée 
par  M.  Chandelon)  concernent  : 

L'eau  dans  ses  rapports  avec  l'in- 
dustrie. -  Echantillons  d'incrustations. 
—  Gaz  d'éclairage  ;  gaz  de  la  houille, 
du  boghead,  des  matières  grasses  ou 
résineuses.  — Eaux  ammoniacales  et 
produits  accessoires  :  goudrons,  brais 
gras  et  sels,  huiles  lourdes,  huiles  légè- 
res, noir  de  fumée,  houille  agglomérée. 

Minerais  des  soufrières  de  Sicile.  — 
RaflBnage  du  soufre.  —  Pyrites  de  fer. 

Acide  sulfurique  de  Nofdhausen.  — 
Id.  anglais. 

Acide  nitrique. 

Soude  brute,  sel  de  soude,  cristaux 
de  soude,  sonde  caustique. 

Chlorure  de  chaux. 

Potasses  extraites  des  vinasses  de 
betterave,  des  suints. 

Salpêtre. 

Poudre  à  tirer,  de  guerre,  de  mine, 
de  chasse. 


Verres  k  gobeleterie ,  verres  à  vitre, 
verre  ft  glaces,  verre  k  bouteilles. 

Produits  céramiques. 

Couperoses.  —  Aluns.  -—  Cérase. 

La  collection  de  chimk  induitrieUe 
organique  (formée  et  dirigée  par  M.  de 
Koninck)  comprend  les  divisions  sui- 
vantes : 

Bois.— Amidon  et  fécules.— Sacres. 
—  Bières.—  Vins.—  AlcooL  —Acide 
acétique.  —  Essences.  —  Corps  gras. 
— Cires. — Caoutchoucetgutta-percba. 
Savons.  —  Tannage.  —  Gélatine.  — 
Teintures.  —  Substances  alimentaires 
(en  tout,  plus  de  300  produits  diffé- 
rents). 

7^  Les  Catalogues  comprennent  en- 
core :  a.  Vingt-dnq  grands  tableaux 
peints ,  exécutés  par  M.  Von  Gross , 
dessinatenr  au  Musée  de  l'industrie,  à 
Bruxelles,  et  représentant  les  appareils 
employés  dans  les  principaux  établis- 
sements industriel8,|ainsi  que  les  plans 
détaillés  de  plusieurs  de  ceux-ci;  b.  Un 
grand  nombre  de  planches  autogra- 
phiées,  représentant  également  des 
appareils  industriels.  Ces  planches 
sont  distribuées  gratuitement  aux  élè- 
ves ;  de  la  sorte ,  les  professeurs  ne 
sont  plus  forcés  de  crayonner  sur  la 
planche  des  dessins,  qui  doivent  pres- 
que toujours  être  cotés  pour  avoir  une 
certaine  valeur. 

Nous  insisterons  encore  une  fois  sur 
Tutilité  des  constructions  rédamées 
pour  les  laboratoires.  Le  laboratoire 
proprement  dit  est  commun  aux  deux 
professeurs  de  chimie,  disposition  dont 
on  ne  citerait  peut-être  pas  un  second 
exemple,  et  qui  offre  l'inconvénient 
d'entraver  d'une  .manière  sérieuse  les 
travaux  de  l'un  et  de  l'autre.  De  pliis, 
ils  n'ont  comme  auxiliaires  qu'un  seul 
et  même  préparateur  et  un  seul  et 
même  garçon  de  laboratoire.  Enfin,  le 
subside  dont  ils  disposent  n'est  plus 
en  rapport  avec  l'importance  que  la  chi- 
mie a  acquise  dans  ces  derniers  temps. 

Les  travaux  du  laboratoire  de  re- 
cherches donnent  chaque  année  des 
résuluts  satisfaisants;  les  analyses 
des  élèves  sont  publiées,  s'il  y  a  lien. 


(M  Dont  60  appareils  spéciaux,  tels  que 
fourneaux  k  analyse,  baromètre,  pompe  pneu- 


matique, élnve,  réfrigérants,  lampes,  etc. 


il  38 


COLLECTIONS. 


1126 


soit  dans  la  Revue  universelle  de  M.  de 
Cuyper,  soit  dans  les  Annales  des  ira- 
vaua:  publics.  Plusieurs  de  ces  notices 
ont  déjà  rendu  des  services  réels  aux 
chefs  d*établissement  ou  aux  adminis- 
trations locales 

DIRECTION  DES   LABORATOIRES  ET  DES 
COLLECTIONS  DE  CHIMIE. 

Â.  Chimie  générale. 

Les  professeurs  désignés  ci-dessus, 
co).  990  et  997,  sous  les  no*  XIX  à 

xxic). 

B.  Chimie  industrielle. 
Ibid.,noXXII. 

C  Docimasie  et  manipulations. 
Ibid.,  n«  XXIII  et  XXIV. 
Préparateurs  : 
1817.  J.-H.-J.  Simon. 
4856.  J.-Th.-P.  Cbandelon. 
1838.  Hebrant. 
1859.  J.  Hanon. 
1840.  Is.  Kupfferschlaeger. 
1844.  E.  GauthyC). 
i855.  J.  Gille(M. 
1855.  E.  Albert  (*). 
1862.  A.  NeujeanC). 
4865.  K.  Van  Vinckeroy  (*). 
1865.  A.  Slévarl('). 
4864.  P.-F.-H.  Bourgeoise"). 
Chef  des  travaux  du  laboratoire  de 

recherches  chimiques, 
1864.  V.  Franclien(V). 

V.  Cabloet  de  KoolOQile  et  de 
paléontologie. 

I.     ZOOLOGIE. 

Le  Cabinet  de  zoologie  est  aussi  an- 


cien que  rUniversité.  Les  Rapports  an- 
nuels des  premiers  recteurs  nous  par- 
lent de  ses  accroissements  rapides  ;  un 
relevé  dressé  au  commencement  de  i  850 
en  détaille  la  composition  comme  suit  : 


Mammifères  . 

.    .    118  espèces. 

Oiseaux    .    . 

.    .    800 

Reptiles    .    . 

.    .      81 

Poissons   .    . 

.    .    .      85 

Mollusques 

.     .     .      62 

Crustacés. 

.    .      55 

Insectes  ('•) 

.     .     .6,900 

Intestinaux 

.    .     .      84 

Polypiers. 

.     .    .      97 

Total 

.    .      8,S80 

L'Université  de  Liège  avait  en  outre 
reçu  du  roi  des  Pays-Bas,  en  4829, 
a  une  superbe  collection  de  coquilles, 
comprenant  4,800  espèces  et  un  grand 
nombre  de  variétés,  parfaitement  con- 
servées et  toutes  dénommées  avec 
soin  (*•)  ». 

II  n*est  pas  difficile  de  conserver  des 
coquilles;  en  revanche,  les  animaux 
empaillés  demandent  des  soins  vigilants 
et  des  mesures  de  précaution.  Le  fait 
est  qu'en  4855,  quand  M.  Lacordaire 
reprit  la  direction  du  cabinet,  tout  était 
pour  ainsi  dire  à  renouveler.  Un  seul 
professeur  avait  été  Jusque  là  chargé  de 
renseignement  des  sciences  naturelles; 
par  la  force  des  choses ,  les  cours  de 
Gaêde  étaient  restés  relativement  élé- 
mentaires, et  son  zèle  pour  Tentretien 
et  Taccroissement  des  collections  man- 
quait de  stimulant:  Fattention  ne  sau- 
rait être   énergique  et  persévérante, 


(<)  De  mi  4  im,  le  8ou8-bibliolh^ 
Caire  Terwagne  porta  le  titre  de  conservateur 
du  cabinet  de  chimie. 

(•)  V.  ci-dessus,  col.  79Î. 

(*j  Aujourd'hui  ingénieur  des  mines,  k 
Mons. 

(*)  V.  ci-dessus,  col.  4054. 

(')  Docteur  en  sciences  naturelles. 

(*)  Ingénieur  civil,  à  Liège. 

C)  Ingénieur  au  chemin  de  fer  de  l'Euit, 
ft  Liège.  —  La  Société  d'Emulation  de  cette 
ville  a  couronné,  en  186S,  un  Mémoire  de 
M.  Stévart  tur  les  meilleures  méthodes  d'à- 
nalffu  des  minerais  qui^  en  Belgique  ^servent 
à  textraetion  du  fer,  du  euiure,  du  xine  et 
du  plomb  (Mém.  de  la  Soc.  d*Efflulatioo, 
nouv.  série,  t.  II,  p.  483-948). 


/')  Ancien  élève  libre  de  la  Faculté  des 
sciences  ,  M.  Bourgeois  s'est  adonné  de 
bonne  heure  à  l'étude  de  la  chimie.  Il  s'est 
beaucoup  occupé,  avec  M.  Ed.  Morren,  de 
l'influence  que  les  gaz  industriels  exercent 
sur  ia  végétation  (v.  col.  888,n*  40);  il  a  rem- 
pli ensuite  pendant  trois  ans  (4  864 -4  864)  les 
fonctions  de  préparateur  du  cours  de  mani- 
pulations, sous  la  direction  de  M.  Is.  Kupf- 
ferschlaeger. 

(*)  v.  ci- dessus,  col.  4054. 

r*)  Coléoptères  ,  S500;  orthoptères  , 
356;  névroptères,  4S5;  himenoptères , 
4,900;  lépidoptères,  45S7;  diptères,  400  : 
total,  6,900. 

(*■)  Annuaire  de  VVniv.  de  Uége  pour 
4880,  p.  40S. 


1127 


COLLECTIONS. 


1128 


quand  elle  est  obligée  de  se  porter  à  la 
fois  sur  un  grand  nombre  d  objets  di- 
vers. On  avait  fini  par  réduire  les  ac- 
quisitions à  presque  rien;  ;goutons  que 
le  professeur,  même  dans  le  cours  des 
premières  années  ,.ne  pouvait  compter 
beaucoup  sur  des  auxiliaires  qui  n'é- 
taient en  aucune  façon  naturalistes, 
et  pour  qui  les  fonctions  de  conserva- 
teur n'avaient  qu'une  importance  très- 
secondaire.  Le  préparateur  Carlier,nom- 
mé  en  4826,  ne  pouvait  passer  pour 
incompétent  (*);  mais  il  avait  suivi  les 
habitudes  prises,  l'ornière  insensi- 
blement tracée,  et  il  était  de  moins  en 
moins  disposé  à  en  sortir.  Bref,  M. 
Lacordaire  trouva  la  galerie  zoologique 
à  peu  près  en  ruine,  outre  que  certaines 
sections,  notamment  celles  des  pois- 
sons et  des  reptiles,  y  étaient  à  peine 
représentées.  Les  registres  de  1835 
accusaient  la  présence  de  iOG  mammi- 
fères :  102  ne  valaient  pas  la  peine  d'être 
maintenus  dans  les  armoires  ;  sur  770 
oiseaux,  une  vingtaine  seulement  étaient 
en  bon  état.  La  collection  de  conchyo- 
logie,  composée  d'environ  2,000  pièces, 
avait  seule  une  véritable  valeur. 

H.  Lacordaire  se  mit  activement  à 
l'œuvre,  sans  se  laisser  décourager  par 
l'insuffisance  des  subsides.  Un  lustrje 
à  peine  révolu ,  tout  était  transformé. 
0  Les  mammifères,  qui,  il  y  a  cinq  ans, 
écrivait  en  184J  l'auteur  de  la  Notice 
déjà  citée,  n'étaient  représentés  que 
par  une  centaine  d'exemplaires,  en 
comptent  aujourd'hui  plus  de  550, 
parmi  lesquelles  on  remarque  un  grand 
nombre  d'espèces  rares.  Au  premier 
rang  figure  un  bel  orang  mâle,  dû  à  la 
bienveillance  du  gouvernement.  Les 
autres  collections  se  composent  d'envi- 
ron 1,000  oiseaux,  200  reptiles,  500 
poissons,  la  plupart  de  la  Méditerranée, 
2,000  coquilles,  100  crustacés,  la  plu- 
part du  Bengale  et  Mexique,  7  à  8,000 
insectes,  provenant  en  grande  partie 
des  collections  de  feu  M.  le  professeur 
Gaêde  et  de  M.  Robert,  de  Chênée  ; 


enfin,  une  quantité  assez  considérable 
de  polypiers  et  antres  animaux  infé- 
rieurs. Une  suite  assez  riche  de  vers 
intestinaux  est  surtout  importante,  en 
ce  qu'elle  a  été  donnée  à  lUniversité 
par  le  Muséum  de  Vienne ,  qui  est 
l'établissement  scientifique  auquel  l'é- 
tude de  ces  animaux  est  principalement 
redevable  des  progrès  qu'elle  a  fait 
de  nos  jours,  n 

Les   achats   continuèrent  dans  le 
cours  delà  période  suivante;  le  Cabi- 
net reçut  aussi  quelques  dons,  entr'au- 
très  une  série  de  75  oiseaux  de  Co- 
lombie, rapportés  par  M.  Linden,  de 
Bruxelles.  Ce  mouvement  progressif  se 
ralentit  après  i849,  à  cause  de  la  ré- 
duction des  ressources  ;  Il  fallut  aussi 
faire  confectionner  de  nouvelles  ar- 
moires.—  On  se  retrouva  enfin  dans  l'é- 
tat normal.  A  partir  de  1856,  les  collec- 
tions qui  étaient  en  retard  sur  les  mam- 
mifères et  les  oiseaux  attirèrent  parti- 
culièrement l'attention  du  professeur 
de  zoologie.  Des  poissons,  des  reptiles, 
une  série  de  crustacés  du  Chili,  appar- 
tenant à  des  espèces  rares,telles  sont  les 
principales  acquisitions  constatées  jus- 
qu'en i  863.  Celte  dernière  année  marque 
exceptionnellement  dans  les  annales  du 
Cabinet.  M.  Lacordaire  eut  la  chance 
heureuse  de  procurer  à  i'Lniversité, 
moyennant  un  subside  extraordinaire, 
pour  la  somme  modique  de  8,089  frs., 
tous  frais  compris  ('),  2,905  exem- 
plaires divers  ('),  composant  les  col- 
lections zoologiques  formées  au  Brésil, 
dans  l'Afrique  australe  et  aux  Indes 
occidentales,  par  le  célèbre  voyageur 
et  orientaliste,  M.  le  comte  de  Castel- 
nau,  en  ce  moment  consul  général  de 
France  à  Melbourne,  en  Australie.  En 
même  temps  furent  déposés  dans  la 
collection  un  certain  nombre  de  pois- 
sons et  de  reptiles  conservés  dans  Tal- 
cool,  provenant  de  Montevideo  et  en- 
voyés personnellement  au  directeur. 

En  1864—1865,  les  collections  d'a- 
natomie  et  de  zoologie  purent  être 


{*  )  Carlier  suppléa  quelque  temps  Gaêde, 
en  483a,  pour  la  zoologie;  l*anDëe  suivante, 
ii  fut  momentanément  chargé  du  cours  de 
géologie  (v.  ci-dessus,  col.  420). 

('  )  A  peine  un  quart  de  ce  que  ces  obje)s 


eussent  coûté,  au  prix  actuel  du  commercé. 
(  ')  86  mammifères,  15  crftnes  de  cornes, 
4,930  oiseaux,  850  poissons,  35  crustacés  : 
total,  2,905  exemplaires. 


1129 


COLLECTIONS. 


1130 


transportées  dans  le  bâtiment  neuf  tou- 
chant au  Conservatoire.  Cette  transla- 
tion était  désirée  depuis  longtemps; 
les  accroissements  du  Cabinet  de  zoo- 
logie surtout  {^avaient  rendue  urgente. 
Grâce  au  zèle  et  aux  relations  étendues 
de  M.  Lacordaire,  la  collection  de  Liège 
peutdésormais  soutenir  le  parallèle  avec 
bien  d*autres,tant  sous  le  rapport  de  sa 
disposition  que  des  richesses  qu'elle 
possède  ;  dans  quelques-unes  de  ses 
parties,  entre  autres  dans  la  série  des 
poissons,  elle  compte  même  peu  de  ri- 
vales en  dehors  des  musées  de  premier 
ordre.  En  voici  la  composition  au  25 
Juin  i8G9  : 

Mammifères 650 

Oiseaux 4,250 

Poissons 4,255 

Reptiles 665 

Batracenis 200 

Crustacés 200 

Mollusques 4,000 

Vers 200 

Polypiers ioo 

ToUl    .    .    i  1,520 
Dans  cette  énumération   n*est  pas 
comprise    une  collection   d'insectes, 
composée  de  plusieurs  milliers  d'exem- 
plaires. 

Direction  du  Cabinet (*). 
1847.  H.-M.  Gaêde. 
4835.  (31  déc.)  Th.  Lacordaire. 

Préparateurs-Comervateurs, 
1824.  G.-T.  Van  Winckler. 
1826.  A.  Cartier. 
1842.  M.-T.  Miedel. 

II.    PALEONTOLOGIE. 

Depuis  que  M.  Dewalque  est  chargé 
du  cours  de  paléontologie  (i857)^  la 
collection  des  fossiles  est  placée  sous 
sa  direction,  en  même  temps  que  le 
Cabinet  de  minéralogie  et  de  géologie 
(v.  ci-après). 

VI-  Cabinet  tU-  minéralogie  et 
de  fséologle. 

V Annuaire  de  VUniversité  de  Liège 

(*)  Le  soas-bibliotbécaire  Terwangne(1 847) 
et  après  lui  Warnkœnig  (1828)  furent  con- 
servateurs en  titre  du  Cabinet  d'histoire  na- 
turelle, jusqu'à  la  nomination  du  préparateur 


pour  4830  décrit  comme  suit  cette  col- 
lection, dont  la  section  paléontologique 
ne  fut  détachée  que  plus  tard,  pour  y 
être  annexée  de  nouveau  en  4857 , 
ainsi  que  nous  venons  de  le  dire  : 

«  La  collection  minéralogiquc  de  TU- 
niversité  de  Liège  est  classée  d'après 
la  méthode  de  Haiiy.  Elle  se  compose 
d'environ  2,400  échantillons  renfer- 
més actuellement  dans  huit  tables,  mu- 
nies de  bijoutières,  et  rangées  suivant 
la  longueur  du  cabinet.  Chacun  d'eux 
porte  sur  son  godet  une  étiquette  indi- 
quant le  nom  de  l'espèce  et  de  la  va- 
riété à  laquelle  il  appartient,  et  la  loca- 
lité exacte.  En  tète  de  chaque  espèce, 
se  trouve  en  outre  une  étiquette  longue 
de  deux  palmes  et  haute  d'une  palme, 
sur  laquelle  se  lisent ,  outre  le  nom  de 
l'espèce,  ses  principaux  caractères  dé- 
finis, tels  que  la  pesanteur  spécifique, 
la  forme  cristalline,  le  clivage,  l'ana- 
lyse, etc. 

»  Ces  échantillons  appartiennent  à 
peu  près  à  4 ,500  variétés  formant  250 
espèces;  les  petits  cristaux  et  les 
pierres  précieuses  sont  portés  sur  de 
petits  supports  en  bois  d'ébène,  pour 
les  rendre  plus  visibles. 

))  Les  métaux  usuels  (le  plomb,  le 
cuivre,  le  fer)  sont  rangés  par  localités; 
les  échantillons  sont  au  nombre  de 
400. 

»  Les  empreintes  de  végétaux  du 
terrain  houiller  occupent  deux  grandes 
tables;  l'une  comprend  les  tiges  et 
l'autre  les  frondes.  Parmi  elles ,  se 
trouvent  plusieurs  espèces  nouvelles, 
annoncées  par  MM.  Sauveur  et  Cour- 
tois (•). 

»  La  collection  des  roches  comprend 
six  autres  tables,qui  renferment  environ 
2,000  échantillons. 

»  Celle  des  pétrifications  animales 
occupe  les  appuis  des  fenêtres  et  comp- 
te environ  800  échantillons.  Les  ani- 
maux mvertébrés  y  sont  distribués 
d'après  Lamarck. 

»  Il  faudra  bientôt  ajouter  les  osse- 
ments fossiles  découverts  dernièrement 

Carlier  (4826). 

(')  Ces  empreintes  ont  été  partiellement 
transportées,  depuis,  au  Musée  de  bota- 
nique (v.  ci-dessus,  col.  4141). 

42 


iI31 


r.ofj.Ff.ïioss. 


H32 


k  Cbokicr,  dans  une  caverne  creusée 
dans  h»  calcaire  (*).  Parmi  ceux-ci,  on 
remarque  des  os  de  différentes  parties 
du  squelette  de  Tours  des  cavernes,  des 
dents  et  des  os  du  Rhinocéros  uni- 
corne  et  bicorne,  d*hyène,  de  loup,  de 
renard,  de  chevaux,  de  bœufs,  de  plu- 
sieurs espèces  de  cerfs,  de  lièvres,  de 
rats,  de  campagnols,  de  rats  d*eau, 
d*oiseaux,  etc. 

»  Plusieurs  ossements  fossiles  des 
environs  de  Maestricht,  tels  que  des 
défenses  d'éléphants,  des  carapaces  de 
tortues,  formaient  le  noyau  de  la  collec- 
tion d'ossements  de  vertébrés.  Il  existe 
en  outre  une  collection  des  roches  et 
des  minéraux  de  chaque  province  du 
royaume;  elle  est  actuellement  déposée 
en  partie  au  cabinet  de  TEcole  des 
mines. 

))  Le  noyau  des  collections  mention- 
nées ci-dessus  est  formé  d'un  envoi 
fait  en  i8i9,  par  ordre  de  S.  E.  le  mi- 
nistre de  rintérieur,  et  comprenant  : 

697  échantillons  de  substances  sa- 
lines ; 
i,AH      id.    de  la  classe  des  pierres  ; 

424      id.    des  combustibles; 
i,95G      id.    des  métaux; 

610      id.    de  roches,  y  compris  les 

produits  volcaniques  ; 

479      id.    de  pétrifications; 

500  id.  de  roches  rangées  d*a- 
près  Werner. 

5,610  échantillons. 

»  Il  faut  joindre  à  ce  premier  envoi  : 

1°  La  collection  de  minéralogie  et 
de  géologie  nationales,  déposée  autre- 
fois à  Bruxelles,  et  qui  a  été  cédée  en 
1825  à  rUniversilé  de  Liège,  après  la 
suppresion  de  ce  dépôt  (*); 

2"  Deux  collections  de  modèles  de 
cristaux  d'après  Werner  et  Haiiy,  com- 
prenant ensemble  520  modèles; 

5"  Les  minéraux  obtenus  par  des 
cadeaux,  des  échanges,  par  différents 
achats,  par  de  nombreUvses  courses 
mincralogiques  faites  dans  la  province 


de  Liège  et  dans  les  provinces  méridio- 
nales. 

n  II  est  arrivé  en  1829  une  collection 
de  roches  comprenant  425  échantillons 
et  200  autres  de  minéraux  rares.  » 

L'assertion  de  Ph.  Lesbroussart  est 
encore  vraie  aujourd'hui  :  la  paierie  mi- 
néralogique  de  Liège  est  la  plus  complète 
du  royaume.  Elle  renferme  en  outre, 
au  point  de  vue  de  l'enseignement,  des 
ressources  d'une  utilité  hors  ligne. 
Nous  faisons  surtout  allusion  à  une 
collection  spéciale  des  caractères  mi- 
néralogiques,  comprenant  les  divers 
exemples  des  propriétés  géométriques, 
mécaniques,  optiques  et  magnétiques 
des  minéraux.  «Cette  collection  n'existe 
qu'à  l'Université  de  Liège,  écrivait  en 
1841  l'auteur  qu'on  vient  de  citer;  elle 
se  compose  de  175  échantillons.»  L'in- 
ventaire de  1869  constate  que  ce  nom- 
bre est  presque  triplé.  Quant  à  la  col- 
lection proprement  dite,  qui  n'a  cessé 
moraenlanément  de  s'enrichir  que  pen- 
dant la  peri(ule,déjà  rappelée  ,  où  les 
subsides  furent  réduits  presque  à  rien 
('),  mais  qui  depuis  lors,  grâce  surtout 
à  l'acquisition  des  trésors  délaissés  par 
Dumont,  a  pris  tout  d'un  coup  un  déve- 
loppement exceptionnel,  on  en  appré- 
cierait mieux  encore  l'importance  si 
l'espace  ne  lui  manquait  pas  L'encom- 
brement est  tel,  que  la  moindre  modifi- 
cation au  classement  ou  à  la  distribu- 
tion est  une  affaire  laborieuse,  devant 
laquelle  le  professeur-directeur  est 
obligé  d'hésiter  le  plus  souvent.  A 
d'autres  époques,  la  classification  a  été 
plus  d'une  fois  changée  :  après  Haûy, 
on  a  suivi  lieudant;  après  Beudant, 
André  Dumont  a  rangé  les  minéraux 
d'après  ses  propres  tableaux  analyti- 
ques. Quelques  séries  particulières  sont 
dignes  de  toute  attention  :  nous  cite- 
rons entr'autres  les  échantillons  des 
minéraux  du  Vésuve  ;  une  magnifique 
suite  des  minéraux  de  l'Oural,  don 
de  S.  &1.  le  Czar  ;  les  minerais  du  Chili 
(notamment  les  minerais  de  cuivre), 


(M  V.  l'art.  ScHMERLiNG  ,  col.  552  e^ 
suiv. 

(*)  Celle  collection  n'est  sans  doute  ja- 
mais venue  à  Liégt,puisque  Tarrèté  du  'iTt  jan- 
vieri84i  en  ordonna  de  nouveau  le  transport 


dans  notre  ville  (v.  ci -dessus,  col.  1038),  et 
que  cet  arrêté  lui-même  ne  reçut  jamais 
d'exécution.  11  y  a  peui-èlre  Iji  quelque  con- 
fusion. 
(*)  A  315  fr.  par  an,  de  1849  à  1855  ! 


H33 


COLLECTIONS. 


1134 


envoyéspar  M.le  Consul-général  Derote; 
ceux  du  Pérou,  offerts  par  M.  Mariano 
de  Rivero,  et  d'autres  collections  non 
moins  riches  des  minerais  de  la  Prusse 
(don  de  Al.  von  Decben),  de  TEntre-Sam- 
breet  Meuse,  de  TAustralie,  etc. ,  offertes 
soit  par  d^anciens  élèves  de  nos  Ecoles 
spéciales,  soit  par  divers  savants  ou  in- 
dustriels, on  procurés  à  TUniversitépar 
le  zèle  vigilant  de  MM  les  professeurs 
Dewalque  et  Gillon.  Plusieurs  de  ces 
séries  ont  pris  naturellement  place  dans 
le  cabinet  de  métallurgie;  nous  allons  y 
revenir. 

Yolci  le  résumé  du  dernier  inventaire 
delà  galerie  de  minéralogie  (i8G9)  : 

1.  Collection  générale  :  6,000  échan- 
tillons, dont  2,550  provenant  de  la 
collection  de  Dumont; 

H.  Collection  pour  Vétude  des  pro- 
priétés générales  des  minéraux:  50(i 
échantillons  ; 

HI.  Minéraux  de  Belgique:  i,500 
éch.,  dont  97G  de  la  collection  Dumont; 

IV.  Minéraux  de  Russie:  145  éch. 
de  la  plus  grande  beauté  ; 

V.  Minéraux  du  Vésuve  :  250  éch.; 

VI.  Chili,  Espagne,  Java,  etc.  :  500 
échantillons  ; 

Vil.  Collection  pour  l'étude  des 
roches  :  500  échantillons. 

Géologie  et  Paléontologie  (v.  ci-des- 
sus, col.  1129).  —  Rendant  compte  en 
1841  de  l'état  de  cette  collection.  Les- 
broussart  y  comprend  le  n^  Vil  ci-dos- 
sus.  Parmi  les  autres  séries  quMI  men- 
tionne, nous  notons  une  collection  géo- 
logique de  600  éch.,  classés  d'après 
M.  d*Omalius  d*Halloy;  une  coll.  de 
roches  de  Hongrie  (188  éch.);  une  autre 
de  roches  du  bassin  de  Paris  (450  éch.); 
une  id.  des  roches  du  mont  Môqattan, 
et  une  des  roches  et  des  minéraux  du 
désert  de  Sinaî,  données  par  le  gouver- 
nement (160  éch.);  des  fossiles  de 
TEifel,  rapportés  en  1858;  enfln  les 
ossements  recueillis  par  Schmerling, 
les  curieux  fossiles  de  Maestricht  et 
de  Visé,  et  les  empreintes  de  végétaux 
dont  il  a  été  question  tout  à  Theure. 

La  collection  Schmerling  avait  con- 
sidérablement souffert  avant  que  le 
gouvernement  en  fit  Tacquisltion  :  il  ne 
fallait  rien  de  moins  que  1  ardeur  scien- 
tifique et  les  connaissances  spéciales 


de  M.  le  professeur  de  Koninck  pour 
parvenir  à  rétablir  dans  leur  premier 
état  une  certaine  quantité  de  pièces  dé- 
tériorées. Des  centaines  d'ossements 
de  la  plus  haute  valeur  furent  mis  àfabri 
des  influences  destructives  auxquelles 
on  les  avait  laissés  exposés,  et  rangés 
dans  des  bijoutières  pour  le  plus  grand 
profit  des  études.  —  Le  plus  précieux 
trésor  de  cette  collection  est  le  crâne 
d'Engis,  restauré  par  M.  Spring  (v.  l'art. 
Schmerling,  et  Lyell,  L'ancienneté  de 
Vhomme,  p.  82  et  suiv.) 

ici  encore,  au  risque  de  nous  répéter, 
il  faut  signaler  la  déplorable  insuffisance 
des  locaux  et  du  mobilier.  A  1  heure 
qu'il  est,  malgré  les  instances  réitérées 
de  Bf .  Dewalque,  une  partie  notable  de 
la  collection  Schmerling  est  toujours 
emballée  dans  des  caisses.  Il  en  est  de 
même  d'une  partie  des  plantes  houil- 
lères. M.  Spring  est  disposé  à  offrir  à 
la  collection  paléontologique  les  fossiles 
de  Chauvaux  (v.  ci-dossus,  col.  945)  : 
l'espace  manque  pour  les  recevoir. 

Parmi  les  objets  dont  le  Cabinet  s'est 
accru  depuis  le  temps  où  écrivait  Les- 
broussart,  le  premier  rang  appartient 
aux  collections  formées  par  l'auteur  de 
la  Carte  géologique  de  Belgique,  acquises 
par  le  gouvernement  et  laissées  géné- 
reusement à  l'Université  où  ce  savant 
s'est  illustré.  Elles  comprennent  ("Aa^. 
triennal  de  1862-1864,  p.  XXV)  : 

1 .  Une  collection  de  minerais  indi- 
gènes, 820  numéros  ; 

2.  Une  collection  de  minerais  exo- 
tiques, 2080  n"'; 

5.  Une  collection  de  roches  neptu- 
niennes,  parfois  fossilifères,  classées 
par  terrains  du  pays  et  de  l'étranger, 
près  de  12,000  n«»; 

4.  Une  collection  de  roches  geysé- 
riennes,  en  général  du  pays ,  493  n^; 

5.  Une  collection  de  roches  pluto- 
niennes,  presque  toutes  du  pays ,  525 
numéros; 

6.  Une  collection  de  fossiles,  2,410 
n^S  dont  2,277  proviennent  du  pays. 

Cette  énumération  nous  dispense  de 
tout  commentaire. 

À  ces  trésors  scientifiques,  il  faut 
ajouter,  pour  la  géologie  y  les  collections 
de  minerais  mentionnées  tout  à  l'heure, 
et  spécialement  celles  des  minéraux  in- 


1135 


COLLECTIONS. 


1136 


dastriels  d'Allemagne.  Les  rayons  et 
les  vitrines  sont  malheufeusement  si 
encombrés,  qu*un  long  travail  sera  né- 
cessaire pour  les  dénombrer  «avec  exac- 
titude (*);  à  plus  forte  raison  est-il 
difficile  de  s*en  servir  avec  avantage 
dans  renseignement.  On  souffre  en  réa- 
lité de  rembarras  des  richesses. 

Le  musée  paléontologique  s'est  en- 
richl,  d'autre  part,  de  différents  dons 
de  M.  Dewalque  et  de  M.  Spring  (les 
ossements  trouvés  à  Âvernas-Ie-Bau- 
douin);  d'une  série  de  683  fossiles  du 
terrain  tertiaire  du  bassin  de  Paris, 
série  qui,  Jointe  à  celle  que  TUniversité 
possédait  déjà,  constitue  une  des  plus 
belles  collections  que  Ton  possède  pour 
ce  terrain  ;  de  plusieurs  séries  de  fos- 
siles du  terrain  crétacé  français  (248 
espèces,  les  plus  communes),  du  terrain 
jurassique  (208  espèces)  du  terrain 
rhénan  (155  fossiles),  du  Valais  (i2id.), 
de  la  Nouvelle-Hollande  (collection 
provenant  de  l'Exposition  universelle 
de  1867),  etc.,  etc.  —  Mentionnons  en 
passant  des  ossements  de  Velephas 
primigenius ,  trouvés  dans  le  diluvium 
du  versant  méridional  de  i'Ârdenne,  où 
ils  sont  extrêmement  rares. 

Le  Cabinet  possède  en  outre  une  série 
de  coquilles,  un  certain  nombre  de 
restaurations  d'animaux  perdus,  des 
cartes  géologiques,  divers  instruments 
de  précision,  la  collection  des  modèles 
géologiques  de  Jopnilb,  etc.  etc. 

D'après  ce  qu'on  vient  de  lire,  on 

peut  ramener  aux  groupes  suivants  les 

éléments  de  nos  collections  de  géologie 

et  de  paléontologie  : 

i.  Roches  de  divers  terrains  et  du 

pays 2,i00éch. 

2.  Collections  de  roches 

de  Dûment,  la  plupart  de 

Belgique,  classées  par 

terrains i  5,800    » 

5.  Id.  de  fossiles,  id,  id.    i,500    » 


4.  Collection  de  houilles 
du  pays,  et  collection 

de  végétaux  fossiles     .    i,200    » 

5.  Collection  de  coquilles 
vivantes  ou  fossiles,pour 
l'étude  de  la  conchyolo- 

gie GOO  esp. 

6.  Coquilles  et  autres  in- 
vertébrés fossiles(y  com- 
pris la  série  du  bassin 
tertiaire  de  Paris)    .    .    4,000    • 

7.  Collections  diverses  d'ossements 
fossiles. 

8.  Collection  Schmerling  (une  quan- 
tité innombrable  d'ossements). 

9.  Collection  de  produits  minéraux 
industriels  de  l'Allemagne. 

10.  Modèles  géologiques,  plâtres,  car- 
tes, instruments,  etc. 

Direction  du  Cabinet. 

Les  professeurs  de  minéralogie ,  de 
géologie  et  de  paléontologie  (v.  ci-des- 
sus, col.  997  et  998,  n"  XXVII-XXIX). 

Conservateurs. 

1818.  J.-P.  Terwangne. 
1820.  Warnkœnig. 
1826.  Crocq. 
1851.  Ch.  Davreux. 
185i.  Ad.  Lesotnne. 
1857-  J.-Th.-P.  Chandelon. 
1844.  Is.  Kupfferschlaeger. 

1854.  G.  Dumont(»). 

1855.  G.  Dewalque. 
1858.  C.Malaise. 
1861.  F.  Dewalque. 
1866.  J.-B.  Braine. 

VII.  Musée  de  mêcttnlque  appli- 
quée. 

C'est  à  J.-B.  Brasseur  que  l'Univer- 
sité est  redevable  de  cette  collection 
technique.  La  fondation  en  remonte  à 
1855  ;  elle  est  ainsi  contemporaine  du 
Cabinet  de  modèles  de  géométrie  des- 
criptive (v.  ct-après,  n?  X). 


(*)  Le  nombre  des  échantillons  dépasse 
cerlaincment  500.  —  Cette  collection  a  été 
complétée,  en  1865,  par  une  autre  colteelion 
de  produits  minéraux  non  mélallifëres  des 
provinces  rhénanes»  qui  a  flgurë  à  l'Expo- 
sition de  Cologne,  et  qui  comprend  notam - 
menl  une  fort  belle  série  de  houilles  des  bas- 
sins de  la  Wunn,de  la  Ruhr  et  de  Saarbrûck, 


puis  d'ardoises ,  de  sel  gemme  et  de  chaux 
phosphatée.  C'est  un  don  de  M.  le  professeur 
Dewalque. 

(  *  ]  Sans  nomination  régulière.  —  En  fait, 
M.  Dumonl  n'ayant  pas  le  temps  de  s'occuper 
du  Cabinet ,  les  fonctions  de  conservateur 
ont  été  remplies,  en  1854,  par  feu  ringé- 
oieur  Doncliier. 


H37 


C01LECTI0N3, 


1138 


L*extrait  suivant  du  Rapport  trien- 
nal de  1856-i 858  mettra  immédiatement 
le  lecteur  à  même  d*apprécier  le  mérite 
pratique  de  la  conception  de  Brasseur. 

a  Pour  rintelligence  de  la  description 
des  machines  motrices,  et  aussi  dans 
le  but  d*offrir  aux  élèves  Toccasion 
journalière  de  prendre  des  croquis,  le 
Musée  est  pourvu  d'un  certain  nombre 
de  machines  principales ,  telles  que 
machines  à  vapeur  ,  machines  souf- 
flantes, machines  d'épuisement  à  trac- 
tion directe,  locomotives,  roues  hydrau- 
liques, etc.,  toutes  construites  sur  une 
échelle  assez  grande  pour  que  tous  les 
détails  de  construction  y  figurent.  La 
plupart  de  ces  machines  peuvent  être 
mises  en  mouvement  par  la  vapeur  de 
Tatelier  et  ainsi  servir  à  exécuter  di- 
verses expériences  sous  les  yeux  des 
élèves.  Les  roues  hydrauliques  et  les  tur- 
bines sont  également  construites  sur 
une  échelle  suffisamment  grande  pour 
pouvoir  être  soumises  à  Texpérience  au 
frein. 

»  Comme,  dans  une  machine  montée, 
plusieurs  parties  essentielles  sont  ca- 
chées à  la  vue ,  le  Musée  renferme  une 
collection  de  pièces  de  détail  pour  être 
présentées  aux  élèves  pendant  la  leçon 
du  professeur  ;  tels  sont  :  piston  plon- 
geur, bofte  à  étoupe,  piston  pour  pompe 
aspirante,  soupape  deCornouailles,  ma- 
nomètre pour  condenseur;  enfin,  un  mo- 
dèle présentant  les  diverses  manières 
d'admettre  ou  d'émettre  la  vapeur  dans 
les  machines  de  ce  nom. 

»  Outre  des  machines  motrices  dont 
rétude  importe  le  plus,  le  Musée  pos- 
sède quelques  métiers,  parce  que  ceux- 
ci  offrent  en  général  les  transformations 
de  mouvement  les  plus  ingénieuses ,  et 
qu'ils  donnent  à  l'élève  attentif ,  sans 
l'aide  du  professeur ,  une  idée  de  la  fa- 
brication de  certains  produits.  Tels 
sont  :  métier  à  tricoter,  métier  à  agrafer, 
métier  à  clous  d'épingle,  machine  pour 
faire  les  tenons  et  les  mortaises,machine 
pour  faire  la  chaîne  Vaucanson. 

<c  Dans  la  catégorie  des  instruments 
que  nous  venons  de  mentionner,  vien- 
nent se  ranger  quelques  appareils  de 
petite  dimension  qui  servent  à  confirmer 


expérimentalement  quelques  théorèmes 
sur  la  rotation  des  cor])s.  » 

La  collection  s'accroît  d'année  en 
année,  soit  des  produits  du  travail  de 
l'atelier  (v.  ci-dessus,  col.  1028,  1030 
et  i050),  soit  de  modèles  ou  de  ta- 
bleaux à  l'usage  de  l'enseignement, 
achetés  au  moyen  d'un  fonds  spécial. 
Les  dernières  acquisitions  compren- 
nent, entr'autres,  des  objets  destinés  à 
venir  en  aide  aux  explications  du  pro- 
fesseur chargé  du  cours  d'exploitation 
des  chemins  de  fer  ('). 

L'installation  du  Musée  au  second 
étage,  dans  une  salle  qui  communique 
directement  avec  l'auditoire  de  M. 
Dwelshauvers-Dery  ,  est  asseï:' conve- 
nable; seulement  on  peut  prévoir  un 
prochain  encombrement. 

il  serait  superflu  de  donner  une  énu- 
mération  détaillée  des  assemblages 
fixes  ou  mobiles,  des  pièces  de  trans- 
formation de  mouvement,  des  pistons, 
robinets,  soupapes,  engrenages,  excen- 
triques, parallélogrammes  de  Walt, 
balanciers,  bielles,  manivelles,  etc., 
dont  se  compose  le  fond  de  la  collec- 
tion. Nous  citerons  parmi  les  princi- 
paux appareils  le  condenseur  Letoret, 
les  indicateurs  de  Watt  et  de  Richard, 
des  dynamomètres,  un  moulinet  de 
Woltmann ,  des  chronomètres,  des  ca- 
libres logarithmiques,  une  machine  à 
vapeur  à  balancier,  un  moulin  à  vent, 
des  roues  à  augets,  à  podettes  planes, 
système  Poncelet;  des  turbines  de 
Fourveyron  et  de  Jouval,  des  pompes 
centrifuges,  l'insecteur  Giffard,  un  mar- 
teau pilon  (système  Brasseur),  des  ma- 
chines soufflantes,  verticale  et  horizon- 
tale, une  machine  ù  éprouver  les  maté- 
riaux, etc.,  etc. 

L'atelier  de  construction  renferme 
douze  étaux  à  l'usage  des  élèves,  cinq 
tours  de  diverses  grandeurs,  trois  ma- 
chines à  raboter,  une  machine  â  fendre 
les  dents  d'engrenage,  deux  forges 
avec  enclumes,  une  machine  à  percer  et 
une  machine  à  vapeur  à  balancier,  le 
tout  fonctionnant  régulièrement. 

IHreclion  du  Musée, 
1855.  J.-B.  Brasseur. 


(  *)M.  Despret,  de  son  côté,  a  procaré  au      Musée  des  dons  considérables. 


1139 


COLLECTIONS. 


1140 


1808.  V.-A,-E.  Dwelshauvers-Dery. 

Conservateur. 
i861.  Ad.  DelvauK  de  Fenffe 

Préparateur, 
i8G5.  Ch.  Pairou. 

VIII.  Bf iiséo  d'exploitation   de« 

mine». 

I/existence  de  celte  colleclioii  est 
signalée  pour  la  première  fois  dans  le 
Rapport  triennal  de  i856>i858.  N'exa- 
gérons rien  :  nous  voulons  dire  que  TU- 
niverslté  possédait  dès  lors  un  certain 
nombre  d*objets  dont  on  pouvait  former 
le  noyau  d*un  Musée  d*exploitation  ; 
mais  ou  ne  savait  trop  où  les  loger,  et 
Ils  n'étaient  point  confiés  aux  soins  d'un 
conservateur  spécial.  Insensiblement, 
d'anciens  élèves  de  l'Ecole  des  mines  et 
des  Sociétés  industrielles  ont  encouragé, 
par  leurs  dons,  les  efforts  de  M.  le  prof. 
Trasenster  :  Installé  aujourd'hui  dans 
une  salle  suffisamment  spacieuse ,  qui 
fait  suite  au  Musée  de  mécanique  appli- 
quée, le  dépôt  dont  nous  parlons  com- 
mence à  prendre  une  importance  réelle 
et  à  rendre  d'utiles  services  aux  élèves- 
ingénieurs.  On  y  remarque  notamment 
une  série  d'outils  de  mineur,  des  in- 
struments de  sondage,  une  collection  de 
lampes  de  sûreté,  un  anémomètre  Com- 
bes, un  anémomètre  multiplicateur,  un 
modèle  de  ventilateur  Fabry,  des  mo- 
dèles d'arrêts  cuffats,  des  modèles  de 
guidonnage,  de  cuvelage,  de  bots  de 
bac,  un  modèle  de  puits  de  mine  (boi- 
sage), un  modèle  de  galerie ,  par  Pal- 
planches  ;  un  appareil  de  perforation 
Hisbet  ;  des  modèles  de  billes  métalli- 
ques; une  pompe  complète  ù  piston 
plongeur  ;  des  échantillons  de  câbles 
d*extraction,un  clinomctre,  un  système 
de  clichage»  des  spécimens  de  roues  et 
d*essienx,  divers  Instruments  de  topo- 
graphie, etc.  Dans  la  même  salle  sont 
placées  les  collections  métallurgiques, 
qui  ont  naturellement  plus  d'un  point 
de  contact  avec  le  Musée  d'exploitation. 

Directeur. 

1858.  L.  Trasenster. 

Conservateur. 

i85s.  Ad,  Pelvaux  de  Feoffe, 


ÏÏJL.  Cabinet  de  métallurgie. 

De  même  que  la  précédente,  cette 
galerie  n'a  pris  du  développement  que 
depuis  une  douzaine  d'années.  Elle  est 
surtout  riche  en  échantillons  de  miné- 
raux industriels  ;  on  y  a  déposé,  entr'au- 
tres,  la  belle  collection  donnée  à  l'U- 
niversité par  M.  von  Dechen,  et  une 
collection  des  produits  de  Fusiue  du 
Val-Benoit,  comprenant  les  composés 
de  nickel  et  de  cobalt  employés  dans 
les  arts,  offerte  par  M.  Montefiorc- 
Levi.  M.  le  professeur  Gillon  s'est 
attaché,  dans  ces  derniers  temps,  à 
y  rassembler  des  modèles  d'usines  et 
d'appareils  de  toute  espèce,  propres  à 
taire  saisir  aux  élèves,  dans  les  moin- 
dres détails,  les  procédés  de  traite- 
ment et  d'affinage  des  minerais.  Nous 
mentionnerons  un  modèle  de  haut  four- 
neau avec  accessoires  ;  un  beau  mo- 
dèle de  four  à  coke  en  ruche,  don  de 
M.  Laumonier;  un  Id.  de  four  à  deux 
tôles  pour  le  grillage  des  blendes  ;  id. 
de  four  Monteflore,  pour  la  réduction 
des  poussières  de  zinc;  id.  du  four  à 
zinc  d'Engis;  id.  du  trommel  de  Pom- 
péan;  id.  de  meules  broyeuses;  deux 
modèles  d'appareils  pour  la  prépara- 
tion mécanique  des  minerais,  don  de  M. 
Paquot,  directeur  du  Bleyberg;  deux 
appareils  à  air  chaud,  l'un  du  système 
de  Wasserelfingen,  l'autre  du  système 
Calder;  des  tuyères  à  crémaillères, 
etc.  Le  Cabinet  possède,  d'autre  part , 
un  grand  nombre  de  modèles  dessinés, 
dont  le  professeur  de  métallurgie  tire 
avantageusement  parti  dans  son  cours. 

Directeur. 

1857.  Ad.  Delvaux  de  Fenffe. 
18Gi.  A.  Gillon. 

Conservateur. 

i8Gi.  Ad.  Delvaux. 

TU,  Musée  de  géométrie  deaerlp- 
tlve  et  d*arelilteetnro  Indna* 
trlelle*  et  cabinet  de  modèle* 
du  oonra  de  dea»ln. 

Ces  différentes  collections  ont  été 
réunies  en  une  seule  depuis  la  mort  de 
J.-B.  Brasseur,  et  placées  sous  la  di- 
rection de  M.  J.-P.  Schmit.  Elles  sont 
installées  dans  les  combles  du  bâti- 


1141 


COILECTIONS. 


M  42 


ment  de  TEcole,  à  côté  de  la  grande 
salle  de  dessin  de  M.  Schorn  {*], 

Elles  comprennent  une  remarquable 
collection  de  surfaces  exécutées  en 
bois  ;  une  autre  série  de  surfaces  dont 
les  génératrices  sont  en  Ûl  de  sole  ;  des 
surfaces  du  second  degré  ,  dont  la 
double  génération  par  des  circonfé- 
rences de  cercles  anti-parallèles  est 
indiquée  au  moyen  d'une  construction 
en  disques  de  fer-blanc  mobiles,  et  la 
série  complote  des  modèles  de  géomé- 
trie descriptive  de  Plucker,  acquise  tout 
récemment  en  Allemagne.  On  y  re- 
marque en  outre  une  collection  de 
voûtes  et  de  pénétrations  dans  les 
murs,  exécutées  en  plâtre;  quelques 
modèles  de  fermes ,  de  combles,  de 
ponts,  et  une  série  d'assemblages  en 
bois,  ainsi  que  de  divers  éléments  de 
construction  (toitures  en  zinc  de  la 
Yieille-Montagne  ,  poteries  et  tuiles 
creuses,  échantillons  de  marbres  et 
d'autres  matériaux  bruts  et  ouvrés),  à 
Tusage  du  cours  d'architecture  indus- 
trielle (•), 

Le  Cabinet  des  modèles  se  compose  ; 

1°  De  divers  ouvrages  k  planches  ; 

2^  D'une  suite  de  52  épures,  toutes 
composées  et  gravées  par  M.  Schmit 
et  présentant  chacune  la  solution  d'un 
problème  de  géométrie  descriptive.  Des 
exemplaires  de  ces  épures,  qui  sont 
renouvelées  chaque  année,  selon  l'u- 
sure ('),  et  modifiées  en  raison  des  be- 
soins du  cours,  sont  régulièrement  dis- 
tribués aux  élèves  et  servent  de  mo- 
dèles pour  leurs  travaux  graphiques; 

3^  Du  mobilier  et  de  l'outillage  d'un 
atelier  de  lithographie  et  d'autograpbie. 
L'espace  manquant  pour  étendre  et 
loger  convenablement  les  collections 
précitées,  d'ailleurs  peu  accessibles  au 
public  dans  le  grenier  où  elles  sont  re- 


léguées, on  commence  ù  employer  les 
fonds  destinés  à  les  alimenter,  à  des 
impressions  auto$rraphiques  de  texte  et 
de  planches,  que  l'on  distribue  aux 
élèves,  et  qui,  au  fond,  ne  leur  rendent 
pas  moins  de  services.  Ce  système  a 
été  suivi  pour  la  publication  de  la  se- 
conde partie  du  cours  de  géométrie 
descriptive  de  M.  Schmit  ,  terminée 
postérieurement  à  l'impression  de  la 
notice  que  nous  avons  consacrée  à  ce 
professeur  (v.  ci-dessus,  col.  919). 

Directeur. 

1855.  J.-B.  Brasseur  (géom.  descr  ) 
et  J.-P.  Schmit  (archit.  industr.  et 
dessin)  (*). 

1868.  J.-P.  Schmit. 

Conservateur. 

18G1.  Ad.  Del  vaux  de  Fenffe. 

Préparateur, 
1863.  Ch.Pairou(*). 

:aLI.  Cabinet  d*anaU>inlegéndrale 

ET 
SU.  Cabinet  de  phyulolof^le. 

Les  Rapports  triennaux  placent  sous 
la  même  rubrique  i'anatomie  générale 
et  I'anatomie  descriptive  ;  mais  comme 
l'enseignement  de  ces  deux  branches 
des  sciences  médicales  est  aujourd'hui 
confié  à  deux  professeurs  différents, 
tandis  qu'un  seul  directeur  préside  aux 
collections  d'anatomie  générale  et  de 
physiologie,  il  nous  a  paru  rationnel  de 
consacrer  un  paragraphe  spécial  à  I'a- 
natomie descriptive,  et  de  réunir  en  un 
seul  groupe  les  cabinets  qui  relèvent 
de  M.  Schwann. 

En  1840,  M.  Spring  obtint  de  la 
Faculté  de  médecine  l'autorisation  de 
prélever,  sur  le  quart  réservé  des  mi- 
nervales  (*),  une  somme  de  400  fr., 


(  M  V.  ci-dessus,  col.  i061. 

(*)  M.  Scbmil  a  beaucoup  cootriboé  à 
enrichir  de  ses  dons  celte  dernière  section 
du  Musée. 

(')  Dans  le  cours  de  la  période  triennale 
i862-iS64,oo  a  dû  renouvtiler  i,588  épures 
modèles,  et  là  planches  ont  été  gravées  à 
nouveau  (v.  ci-dessus,  col.  916}. 

(*)  Les  collections  dont  nous  nous  occu- 
pons étaieni  peu  importantes  avant  1856,  ou 


du  moins  ne  constituaient  pas  à  proprement 
parler  un  musée. 

(*)  Préparateur  du  cours  de  mécanique 
appliquée  v.  ci  dessus). 

(')  Sous  le  régime  de  lu  loi  de  1835, 
chaque  professeur  percevait  le  montant  des 
inscriptions  payées  spécialement  pour  ses 
cours.  On  quart  du  prodoit  total  des  miner- 
vales  était  retenu  au  profit  des  professeurs 
dont  les  leçons,  par  leur  nature,  ne  pouvaient 


i1i3 


COLLECTIONS, 


1144 


cîeslinée  ù  l'ai  liai  d'un  niicioscope  d'O- 
berlueuser.  Telle  est  la  première  origine 
du  cabinet  de  physiologie.  Différents 
autres  achats  d'inslrumenls  d'optique 
et  de  dissection  furent  opérés  succes- 
sivement de  la  mt'me  manière,  faute  de 
subside.  Un  premier  fonds  de  <,500 
fr.  avait  servi  à  la  création  d'un  labo- 
ratoire d'anatomie  générale;  de  1856  à 
i847,  une  somme  de  1,363  fr.  20  c.  en 
moyenne  fut  affectée  à  ce  service  ;  la 
dite  moyenne  tomba,  de  1849  à  1852, 
à  1,173  fr.  Une  petite  part  de  ce  fonds 
revint  à  la  physiologie,  postérieure- 
ment à  Tachât  du  microscope  :  après 
1849,  cette  part  se  trouva  réduite  à  la 
somme  presque  dérisoire  de  170  fr., 
c'est-à-dire  à  peine  assez  pour  couvrir 
les  frais  d'achat  et  de  nourriture  des 
animaux  servant  aux  expériences,  et 
d'acquisition  des  réactifs  chimiques  et 
des  autres  objets  indispensables.  Cet 
état  de  choses  ne  pouvait  se  prolonger, 
en  présence  du  développement  consi- 
dérable de  la  science  physiologique  ; 
constatons  dès  à  présent  qu'on  est  arrivé 
peu  à  peu  à  une  situation  normale. 

Lorsque  M.  Spring,en  1858, renonça 
au  cours  de  physiologie  en  faveur  de 
M.  Schwann,  l'iilventaire  général  de  la 
collection  comprenait  47  n^*.  Plusieurs 
de  ces  objets,  savoir  le  microscope  d'O- 
berhœnser,  quelques  appareils  électro- 
magnétiques, ainsi  que  des  pèse-uri- 
nes, des  lactomètres,  des  aréomètres 
et  des  thermomètres,  furent  cédés  à  la 
clinique  médicale.  Parmi  ceux  qui  res- 
tèrent au  Cabinet,  nous  signalerons  un 
ophthalmoscope  de  Ructe,  un  creuset 
en  platine ,  des  éprouvettes  graduées, 
trois  scalpels  doubles  de  Valentin,  deux 
névrotomes  de  Magendie,  deux  boites 
de  préparations  microscopiques,  en- 
Ir'aulres  celles  du  docteur  Schatz,  de 
Berlin  ;  un  diapason ,  un  phénakisto- 
cope,  un  petit  microscope  de  Chevalier  ; 
enfin,  différents  tableaux  et  des  modèles 
en  plAtre  ou  en  carton-pierre. 

M.  Schwann  accepta  le  cours  de 
physiologie  ,    mais   resta  chargé  en 

être  fréquentées  que  par  un  petit  nombre 
d'élève^.  Aujourd'hui,  en  règle,  l'inscription 
est  globale,c'est-à-dire  est  prise  à  la  fois  pour 
tous  les  cours  portés  au  programme  d'un 


même  temps  du  cours  d*anatomie  gé- 
nérale. Depuis  1849,  il  avait  acheté 
pour  ce  dernier  cours  un  grand  nombre 
d'instruments  pouvant  servir  an  double 
enseignement  qui  lui  était  désormais 
confié.  Ce  contingent  figure  pour  63 
n»'  dans  le  catalogue  de  Tanatomie 
générale  et  descriptive.  Peu  à  peu  le 
cabinet  de  physiologie  s'accrut  de  nou- 
veaux objets  de  toute  espèce  :  l'inven- 
taire de  1858  mentionnait  47  n""*;  celui 
de  1869  se  poursuit  jusqu'au  n°  186, 
ce  qui  donne  une  augmentation  de  139 
objets. 

Il  faut  y  ajouter  les  préparations 
concernant  l'embryologie,  au  nombre 
de  153.  Tels  sont  les  éléments  dont 
se  composent  les  deux  cabinets  d'ana- 
tomie  générale  et  de  physiologie,  au 
moment  où  nous  écrivons  (juillet  1869). 

Réduits  aux  deux  tiers  en  1848,  les 
budgets  des  collections  furent  rétablis 
à  l'anHen  taux  en  1856,  puis  augmentés 
en  1862.  Un  nouveau  partage  fut  opé- 
ré, d'autre  |)art,  au  sein  de  la  Faculté, 
entre  l'anatomie  générale  et  la  physio- 
logie :  le  subside  de  la  première  fut 
fixé  à  340  fr.,  celui  de  la  physiologie  à 
1,000  fr. 

En  1868,  un  local  spécial  fîit  en 
outre  assigné  à  la  physiologie  :  il  est 
contigu  au  cabinet  d'anatomie  descrip- 
tive. 

Passons  rapidement  en  revue  les  ri- 
chesses de  la  double  collection  dont  il 
s'agitici.  En  première  ligne  viennent  les 
instruments  d'optique  :  un  grand  micros- 
cope d'Oberhseuser  (Hartnack),  avec 
neuf  objectifs,  micromètre,  chambre 
claire,  appareil  de  polarisation,  etc.; 
un  miiTOscope  simple  et  composé  de 
Chevalier;  un  microscope  de  Nachet, 
petit  modèle,  avec  trois  objectifs;  un 
id.  plus  grand,  à  cinq  objectifs,  à  cré- 
maillère, avec  chambre  claire ,  prisme 
redresseur,  micromètre  oculaire,  len- 
tille n<*  8  à  immersion  et  appareil  pho- 
tographique ;  un  microscope  de  pocbe 
avec  3  objectifs,  également  de  Nachet: 
l'appareil  de  M.  Schuitze  pour  chauflfer 

examen.  La  répartition  des  minervales  se 
fait  en  raison  des  henre»  légales  attribuées  il 
chaque  cours  ;  le  quarl  réservé  a  été  naturel- 
lement supprimé. 


H45 


COLLECTIONS. 


1146 


la  platine  du  microscope;  la  chambre 
humide  de  Rerklinghausen  ;  un  mi- 
croscope simple  binoculaire,  et  une 
lentille  de  Brncke  applicable  à  ce  mi- 
croscope. Signalons  en  outre  des  appa- 
reils à  injection  simple  et  à  pression 
continue,  ainsi  que  les  difTérents  li- 
quides servant  aux  travaux  microsco- 
piques, et  plusieurs  collections  de  pré- 
parations soit  achetées ,  soit  faites  à 
rUniversité  même. 

Le  microscope  de  Chevalier  et  le  pe- 
tit microscope  de  Nachet,  avec  les 
liquides  les  plus  en  usage,  sont  con- 
stamment k  la  disposition  des  élèves. 

Parmi  les  instruments  et  appareils 
plus  spécialement  affectés  à  la  physio- 
logie, nous  citerons,  entr'autres,  le 
Pantofpraphùm  de  Bœck,  construit  sous 
les  yeux  de  Tinventeur,  à  Christiania. 
On  s*en  sert  pour  constater  la  vitesse 
des  nerfs,  la  durée  de  la  contraction 
musculaire,  et,  en  général,  au  moyen 
de  deux  électro-aimants,  Tintervalle  qui 
sépare  deux  actes  très-rapprochés  l*un 
de  Tautre  ;  il  représente  aussi  graphi- 
quement la  pression  du  sang,  la  forme 
du  pouls,  les  mouvements  respiratoifes, 
etc.  il  se  compose  d*un  chronoscope  à 
cylindre  tournant  vertical,  et  d*un  statif 
universel  portant  les  différents  appareils 
dessinateurs,  le  tout  sur  une  table  en 
aci^ou.  Le  temps  est  indiqué  par  les 
vibrations  d*un  diapason,  lesquelles  se 
dessinent  sur  le  chronoscope. 

Le  Cabinet  de  physiologie  possède 
aussi  le  premier  appareil  de  Helmhoitz 
pour  mesurer  la  vitesse  des  nerfs  au 
moyen  de  la  déviation  d'une  aiguille 
aimantée. 

Pour  apprécier  des  différences  plus 
grandes  de  temps  entre  deux  phéno- 
mènes observés,  on  se  sert  d*un  comp- 
teur de  Bréguet,  indiquant  des  cinquiè- 
mes de  seconde. 

Les  appareils  de  Du  Bois-Raymond, 
servant  à  constater  les  phénomènes  élec- 
triques des  nerfs  et  des  muscles,  se 
composent  du  grand  multiplicateur  de 
28,000  tours,  avec  le  commutateur  et 
les  anciennes  électrodes  en  platine,  les 
nouvelles  en  zinc;  de  Fappareil  dlnduc- 
tion  à  glissière  {SchlUtenapparat),  de 
Tappareil  conducteur  du  courant  et  du 
support  général. 


On  remarque  encore  dans  la  collec- 
tion la  balance  musculaire,  employée 
par  M.  Schwann  pour  constater  les  lois 
de  la  contraction  des  muscles,  et  une 
caisse  de  24  aiguilles  aimantées,  que  le 
même  professeur  a  fait  construire  pour 
servir  à  la  démonstration  d*cne  théorie 
sur  la  fonction  des  fibres  nerveuses. 

Des  piles  galvaniques  de  systèmes 
très-variés,  des  appareils  électro-ma- 
gnétiques, une  boussole  des  tangentes, 
un  galvanomètre  ordinaire,  un  dyna- 
momètre de  Burcq,  etc.,  etc.,  complè- 
tent la  série  des  instruments  servant  A 
la  physiologie  générale  des  nerfs  et  des 
muscles. 

Pour  la  physiologie  des  sens,  nous 
signalerons  rophthalmoscope  de  Ruete 
etcelui  deDonders,  rophthalmotropede 
Ruete,  un  optomètre  pour  mesurer  la 
distance  focale  de  Tœil,  les  tableaux  de 
Snellers  pour  mesurer  Tintensité  de  la 
vue,  un  phénakistocope ,  un  stéréo- 
scope avec  pied,  enfin  quelques  autres 
instruments  acquis  avant  I85S  et  déjà 
cités  plus  haut. 

Pour  la  physiologie  des  fonctions  vé- 
gétatives, le  Cabinet  est  pourvu  d'une 
machine  pneumatique  ordinaire,  à  deux 
corps  de  pompe  en  cristal  ;  de  l'appa- 
reil de  If  agnus  pour  extraire  les  gaz  du 
sang  ;  de  Tappareil  de  Pflûger  pour  en- 
lever complètement  les  dits  gaz  parla 
coction  dans  le  vide  barométrique,  que 
l'on  produit  au  moyen  de  la  pompe  à 
mercure  de  Geissler.  M.  Schwann  y  a 
introduit  plusieurs  perfectionnements, 
dontTeffet  est  de  rendre  l'appareil  plus 
maniable  et  de  diminuer  autant  que 
possible  les  chances  de  casse. 

Un  haemo-dynamomètre,  avec  flotteur 
dessinateur,  un  baemo-dynamomètre  de 
Yolkmann,  modifié  par  M.  Schwann,  et 
un  sphygmographe  de  Marcy  inter- 
viennent dans  Texplication  des  mouve- 
ments du  sang,  ainsi  qu'un  cœur  de 
fœtus  en  carton-pierre,  de  M.  Âuzout. 

La  respiration  est  élucidée  par  divers 
instruments  en  bois,  représentant  les 
mouvements  respiratoires  ;  par  le  laryn- 
goscope ;  par  le  spiromètre  deHutchin- 
son;parun  appareil  pour  Tabsorption 
de  Tacide  carbonique  expiré,  enfin  par 
l'appareil  respiratoire  de  M.  Schwann, 
qui  permet  de  vivre  plusieurs  heures 


H47 


COLLECTIONS. 


1148 


SOUS  Teau  sans  communication  avec 
Fair  atmosphérique  (v.  ci-dessus,  col. 
934).  Un  second  appareil,  dû  au  même 
inventeur,  est  destiné  à  entretenir  la 
respiration  artificielle  au  moyen  d*un 
mouvement  d'horlogerie.  Signalons  en> 
core  le  népbogène  de  Mathieu. 

L'appareil  thermo-électrique  de  Bec- 
querel est  utilisé  dans  Texposê  de  la 
doctrine  de  la  chaleur  animale. 

On  a  des  tubes  en  argent  à  double 
rebord,  pour  ropération  de  la  fistule 
stomacale;  les  appareils  de  Wiede- 
mann,  servant  à  montrer  le  transport 
des  liquides  à  travers  une  membrane 
perméable,  par  le  courant  galvanique; 
un  appareil  élucidant  la  diffusion  et  dé- 
terminant réquivalent  endosmotique  des 
substances;  un  appareil  pour  Tanalyse 
spectrale  ;  un  fourneau  pour  Fanalyse 
organique  élémentaire  ;  une  balance  de 
précision;  des  instruments  pour  dé- 
terminer la  pesanteur  spécifique;  un 
stéthoscope  double;  un  plessiroètre, 
une  seringue  de  Pravatz  pour  les  in- 
jections sous-cutanées  ;  un  nécessaire 
de  Mohr  pour  l'analyse  titrée,  et  en 
général  tous  les  ustensiles  indispen- 
sables pour  Tanalyse  ordinaire  des 
solides,  des  liquides  et  des  gaz. 

Les  ressources  ne  font  point  défaut 
en  ce  qui  concerne  l'embryologie. 
Outre  de  nombreux  tableaux, le  Cabi- 
net possède  les  mugnitiques  prépara- 
tions en  cire'  du  docteur  Ziegler,  de 
Freyberg,  et  bon  nombre  de  prépara- 
lions  faites  à  réiablissscmenl.  L'incu- 
bation d'œufs  de  poule,  au  moyen  de  la 
couveuse  isotherme  inventée  par  M. 
Schwann  (v.  ci-dessus,  col.  934),  mé- 
rite une  mention  spéciale.  Citons  enfin 
une  belle  préparation  en  cire,  exécutée 
à  Florence  par  M.  Calenzoli,  et  repré- 
sentant l'abdomen  d'une  femme  en- 
ceinte du  neuvième  mois. 

Un  aide  au  traitement  de  400  fr. 
est  attaché  au  cours  de  physiologie. 
L*exiguilé  de  ce  traitement  met  le  pro- 
fesseur titulaire  dans  la  nécessité  de 
choisir  cet  auxiliaire  parmi  les  étu- 
diants ,  ce  qui  entraine  des  change- 
ments fréquents  et  chaque  fois  un  nou- 
vel apprentissage  :  le  temps  est  venu, 
ce  semble,  où  la  physiologie  doit  être 
traitée  sur  le  même  pied  que  la  phy- 


sique, la  chimie,  Tanatomie  descriptive, 
etc.,  pour  chacune  desquelles  il  y  a  un 
préparateur  permanent,  sk\w  un  trai- 
tement suflTisamment  élevé. 

Le  local  affecté  aux  collections  qu'on 
vient  de  décrire  laisse  beaucoup  à  dé- 
sirer; les  réclamations  et  les  instances 
réitérées  de  la  Faculté  de  médecine,  à 
ce  sujet,  sont  malheureusement  res- 
tées jusquici  sans  résultat. 

Direction  du  cabinet. 

1840.  J.-A.  Spring. 
1858.  Th.  Schwann. 

Préparateurs, 

1851.  G.  Dewalque. 
1858.  J.-B.-N.-V.  Masîus. 

1860.  L.  Legros. 

1861.  M.  Grandry. 
1805.  R.  Harzé. 
1867.  J.  Ilumblet. 

HLin.  M aȎo  cl*anatoinle  des- 
criptive. 

L^  Notice  de  1841,  déjà  plus  d'une 
fois  citée,  rapporte  à  Fohmann  (v.  ci- 
dessus,  col.  300)  l'honneur  d'avoir 
créé  cette  collection,  «  la  première, 
y  lisons-nous  ,  qui  ait  été  créée  en 
Belgique  sur  un  plan  large  et  philoso- 
phique. »  C'est  laque  le  célèbre  anato- 
niiste  déposa  ses  remarquables  prépa- 
rations servant  ft  démontrer  la  dispo- 
sition et  le  rôle  des  vaisseaux  lympha- 
tiques ;  c'est  là  qu'il  réunit  une  riche 
série  de  pièces  concernant  l'anatomie 
générale  des  tissus,  et  d'autres  relatives 
à  la  distribution  des  nerfs  et  des  vais- 
seaux sanguins  «  dans  leurs  dernières 
limites,  »  ainsi  que  des  spécimens  in- 
structifs au  point  de  vue  de  la  théorie 
du  développement  des  os.  On  a  vanté 
également  les  pièces  «  d'une  rare  per- 
fection, »  ayant  pour  objet  la  distribu- 
tion des  nerfs,  dues  au  scalpel  du 
jeune  Salpetier,  dont  la  mort  pt^écéda 
de  peu  de  temps  celle  de  Fohmann, 
((  et  qui,  comme  lui,  périt  victime  de 
son  zèle,  »  Fr.  Vaust  et  après  lui  M. 
le  professeur  Th.  Vaust,  à  qui  nous 
devons  restituer  une  partie  notable  des 
préparations  mentionné 3s  col.  *  980 
(note  5),  enrichirent  à  leur  tour  la  col- 
lection d'une  quantité  de  dissections 


H49 


COLLECTIONS. 


H80 


importantes.  Cependant  Taction  du 
temps  s*est  fait  sentir;  d'un  autre  côté, 
comme  on  l'a  vu,  Tanatoroie  générale  a 
été  séparée  de  Fanatomie  descriptive  ; 
le  Musée  dont  nous  nous  occupons  a 
été  forcément  renouvelé  dans  plusieurs 
de  ses  sections.  11  est  aujourd'hui  plus 
complet  que  jamais;  on  doit  remarquer 
cependant  qii*à  part  quelques  pièces 
exceptionnelles,  il  renferme  plutôt  des 
préparations  réellement  utiles  à  rensei- 
gnement, que  des  curiosités  destinées 
à  produire  de  Teffet  sur  les  visiteurs 
étrangers  à  la  science. 

Le  recensement  dressé  à  la  clôture 
de  Tannée  académique  1866-1867,  date 
du  dernier  relevé  triennal  demandé  par 
le  gouvernement,  constate  la  présence 
au  Musée  de  899  objets,  dont  790 
pièces  anatomiqueseti()9  instruments, 
savoir  : 

A.  Pièces  anaiomi^ues, 

1.  Os,  ligaments,  muscles,  aponé- 
vroses   237  pièces 

â.  Appareil  de  la  digestion  lOi      » 

5.  Appareil  respiratoire , 
foie,  rate  et  glandes  en 
général 51      » 

4.  Appareil génito-urinaire    79      » 

5.  Organes  des  sens  .    .      75      » 
0.  Système  vasculaire 
7.  Système  nerveux    .    , 

Total.    .     .    790  pièces 

B.  Instruments  pour  fana- 
tomie descriptive,    .    .    109      n 

Total    .    .  "S^iTobjets 

Mous  avons  à  signaler  spécialement, 
comme  pièces  remarquables  : 

Dans  la  série  i ,  une  collection  de 
crânes  de  races  étrangères  et  de  crânes 
de  décapités  ; 

Dans  h  série  S,  de  très-belles  in- 
jections, vascnlaires  du  tube  intestinal; 

Dans  la  série  5,  des  préparations  par 
macération  du  foie  et  de  la  rate  ; 
.  Dans  la  série  4,  une  nombreuse  col- 
lection de  pièces  concernant  les  voies 
lirinaires; 


153 

96 


» 


Dans  la  série  5,  des  injections  des 
vaisseaux  du  globe  de  Fœil,  et  des  pré- 
parations osseuses  de  Toreille  ; 

Dans  la  série  0,  une  soixantaine  de 
pièces  préparées  par  Fohmann  pour  l'é- 
tude des  vaisseaux  lymphatiques  ;  une 
collection  très-complète  des  artères; 
enfin,  un  cadavre  entier  (  *  ),  séché,  mon- 
trant les  artères  injectées,  dans  leurs 
rapports  avec  les  muscles  et  les  os,  et 
accompagnées  des  principaux  troncs 
nerveux  et  veineux  :  tous  ces  organes 
sont  peints  de  manière  à  représenter  la 
nature  le  mieux  possible,  et  â  offrir  aux 
élèves  un  excellent  sujet  d'étude,  lors- 
que l'époque  des  dissections  est  pas- 
sée (•); 

Enfin,  dans  la  série  7,  les  nerfs  crâ- 
niens, représentés  par  des  spécimens 
nombreux  et  très-bien  disséqués. 

La  collection  d'instruments  est  bien 
entretenue  et  tout-à-fait  en  rapport 
avec  les  besoins  de  l'enseignement. 

Toutes  les  pièces  anatomiques  séchées 
ont  été,  à  la  fin  de  l'année  1861— 186S, 
traitées  par  une  solution  arsenicale 
pour  en  éloigner  les  insectes,  puis  re- 
vernies et  repeintes  par  le  prosecteur 
M.  Alcide  Grenson  ('). 

A  part  ce  qui  reste  des  préparations 
de  Fohmann,  la  plupart  des  pièces  dont 
se  compose  actuellement  !e  Musée  sont 
dues  à  MM.  Th.  Vaust  et  Dresse,  tra- 
vaillant sous  la  direction  de  MM.  les 
professeurs  Voltem,  SpringelSchwann, 
et  â  M.  A.  Grenson,  qui  a  rempli  et 
continue  de  remplir  les  fonctions  de 
prosecteur  sous  la  direction  de  MM. 
les  professeurs  Dresse  et  Masius. 

A  différentes  reprises,  la  Faculté  de 
médecine  a  appelé  l'attention  sur  les 
graves  inconvénients  que  présente,  au 
point  de  vue  de  l'hyp^iène,  l'aménage- 
ment de  la  salle  de  dissection,  où  l'air 
et  l'eau  font  également  défaut  {*).  Les 
locaux  affectés  à  l'usage  de  l'Ecole  de 
médecine  ne  laissent  pas  moins  â  dé- 
sirer sous  le  rapport  scientifique.  Les 
besoins  augmentent  chaque  année 
avec  les  progrès  des  études  médicales; 


(  '  )  Cette  belle  préparation  est  due  à  M. 
A.  GrensoD. 

(*)Bapporttrieanal(lS59-1861,p.XXIX). 


(»)  Ib.,  p.  XXX. 

(^)  Il  serait  si  facile  d  y  établir  une  bouche 
d'eau  de  la  ville  ! 


H51 


C0aECT10??S. 


H52 


il  est  devenu  nécessaire  d'établir  des 
instituts  analogues  â  ceux  qui  existent 
dans  d'autres  Universités. 

Les  considérations  liygiéniques  à 
elles  seules  imposent  à  Tautorité  locale 
le  devoir  de  mettre  le  plus  tôt  possible 
la  main  à  Tœuvre. 

Direction  du  Musée, 

1847.  J.-N.  Comhaire  ('). 
1825.  Y.  Fohmann. 
1837.  F.-C.-A.  Yottem. 
1859.  J.-A.  Spring. 

1848.  Th.  Schwann. 
1858.  J.-H.  Dresse. 
1864.  J.-B.-N.-Y.  Masius. 

Chefs  des  travaux  anatomiques. 

Y.  ci-dessus,  col.  999- 

Prosecteurs- 

1818.  Fr.  Vaust  (•). 
1831.  Salpetier 


1837.  C.-J.  Depas.  (»). 
1839.  R.  Delbovior  (adjoint). 
\U\.  J.-!l.  Dresse. 
1858.  J.-C.  VanAubel(*). 
1860  J.  Ronveaux. 
18G1.  Âlc.  Grenson  ('). 

IKLIV.    M a*ëe  d*anatoiiil«  patho- 
logique. 

Créé  vers  1837  par  feu  Raikem,  le 
Musée  d'anatomie  pathologique  a  passé 
successivement  sous  la  direction  de 
MM.  Spring,  Heuse  et  Vanlair.  Raikem 
y  déposa  quelques  objets  d'un  grand 
prix,  qu'il  avait  recueillis  dans  sa  pra- 
tique en  Italie  ;  des  pièces  nombreuses, 
exécutées  avec  le  soin  le  plus  minu- 
tieux, signalent  l'époque  de  la  gestion 
de  Spring  ef  Heuse.  Dans  ces  dernières 
années ,  la  collection  s*est  notamment 
accrue  d'une  série  de  préparations  mi- 
croscopiques, destinées  aux  démonstra- 
tions du  Cours. 


(  * }  Cité  poor  mémoire  ;  avant  Y.  Foh- 
mann, la  collection  d'anatomie  descriptive 
n'ent  guère  d'importance. 

(  *  )  Prosecteur  et  chef  des  travaux  ana- 
tomiques. 

(  '  )  Y  ci-dessus,  col.  748. 

(*)  Y.  ci  dessus,  col.  967. 

(*)  H.  Alcide-LouisJoseph  Grenson  est 
né  ù  Liège  le  15  février  i840.  Après  avoir 
terminé  en  4857,  avec  (^rand  succès,  ses 
études  à  FAthénée  royal  de  cette  ville  (il  fut 
lauréat  du  concours  général  en  rhétorique 
latine),  il  aborda  les  éludes  universitaires 
et  subit  les  plus  brillants  examens  en  scien- 
ces et  en  médecine.  Son  dernier  diplôme  fut 
obtenu  avec  la  plus  grande  distinction ^  le 
30  août  1864.  Depuis  trois  ans  déjà  (3i  oc- 
tobre 4  861),  les  fonctions  dé  prosecteur 
d'anatomie  humaine  descriptive,  qu'il  rem- 
plit encore  aujourd'hui,  lui  étaient  confiées  : 
ie  prosecteor  est  nommé,  comme  on  sait,  au 
concours,  et  son  mandat  doit  être  renouvelé 
chaque  année.  De  1862  à  4864,  M.  Grenson 
fut  en  outre  élève  externe  à  l'hôpital  de  Ba- 
vière ;  son  zèle  lui  valut,  k  deux  reprises 
différentes,  de  la  part  de  la  Commission  des 
Hospices,  les  témoignages  les  plus  hono- 
rables. En  4866,  la  même  Commission  ie 
nomma  médecin-adjoint  de  l'hôpital  des  cho- 
lériques établi  en  Agimont  pendant  l'épidé- 
mie :  il  s'acquitta  de  ces  fonctions  gratuites 
de  manière  à  mériter  la  médaille  de  pre- 
mière classe  de  la  décoration  civique  (arr. 
royal  du  S5  septembre  4867).  Les  soins  de 
la  pratique  civile  et  les  travaux  du  Cabinet 


d'anatomie  n'ont  pas  détourné  M.  Grenson 
des  éludes  scientifiques  -.  la  Faculté  a  encou- 
ragé ses  eflbrts  en  le  désignant  pour  siéger, 
comme  membre  suppléant,  au  jury  combiné 
de  Liège- Bruxelles  (section  de  la  candidature 
en  médecine),  pendant  la  deuxième  session 
de  4866.  11  a  eu  l'occasion  ,  d'autre  part,  de 
faire  ses  preuves  dans  l'enseignement,  au 
commencement  de  la  présente  année.  Un  ar- 
rêté ministériel  du  30  décembre  1868  l'a  auto- 
risé à  faire,  à  l'Université,  deux  fois  par 
semaine,  un  cours  privé  &'Ànatomie  topo- 
graphique  médico-chirurgicale.  Cet  essai 
a  pleinement  réussi  :  l'auditoire  est  resté 
nombreux  jusqu'à  la  fin.  —  M.  Grenson  a 
publié,  dans  les  Annales  de  la  Société  mé- 
dico-chirurgicale de  Liège,  outre  des  rap- 
ports et  des  analyses  critiques,  les  articles 
suivants  :  4»  Examen  anatomiqucs  d'une 
luxation  de  CarticuttHion  coxofémorale  \ 
lisions  concomitantes  (juillet  4865);  ï* 
Lésions  anatomiqucs  dans  tHl  cas  de  mort 
par  alimentation  imuffixariie  (S^t.  1868). 
On  lui  doit  encore  'ine  Soties  sursit»  pro- 
cédé de  préparation  anatomique  â%^  or- 
ganes creux,  présentée  à  VAcad.  roff^  de 
médecine  (séance  du  8  juillet  4865) ;vœ 
travail  a  fait  l'objet  d'un  rapport  de  H% 
Glugeet  Van  Kempen  (30  sept.  4865).  Enfito 
il  a  fait  parvenir  à  la  même  Académie,  le  2t\ 
mai  1866  ,  un  pU  cacheté ,  relatif  à  un  pro-  \ 
cédé  d'enlèvement  des  polypes  naso-pharyn-  ) 
giensy  avec  observation  d'un  cas  où  ce  pro- 
cédé a  été  employé. 


/ 


1153 


Collections. 


4184 


En  1841,  le  nombre  des  objets  était 
d'environ  180  (');  en  1852,  de  551;  en 
1861.  de  767;  il  est  aujourd'hui  de 
942.  Pendant  la  période  où  les  sub- 
sides furent  réduits,  non  seulement  on 
se  trouva  dans  Timpossibilité  d'enrichir 
le  Musée,  mais  les  acquisitions  d'alcool 
nécessaires  pour  la  conservation  des 
objets  absorbèrent  tous  les  fonds  dis- 
ponibles, si  bien  qu'on  manqua  de  res- 
sources pour  acheter  les  bocaux  indis- 
pensables (*  ).  11  a  fallu  tout  le  zèle  de 
la  direction  pour  faire  face  à  ces  em- 
barras. 

Les  préparations  sont  méthodique- 
ment rangées  cl  dans  le  meilleur  état 
de  conservation;  M.  Yanlair,  comme 
ses  prédécesseurs,  dirige  son  Musée 
cott  amore.  Les  pièces  d'un  Intérêt  ex- 
ceptionnel sont  assez  nombreuses;  ce- 
pendant on  s'est  moins  proposé  de  ras- 
sembler des  préparations  curieuses  que 
des  préparations  utiles.  On  peut  dire 
que  pas  un  seul  des  numéros  du  cata- 
logue n'est  dépourvu  d'intérêt  scienti- 
fique :  c'est  le  plus  bel  éloge  qu'on 


puisse  faire  d'une  collection.  Les  pré- 
parations les  plus  remarquables  sont 
celles  qui  concernent  les  lésions  con- 
géniales  des  centres  neneux,  les  lésions 
du  cœur  et  celles  des  os. 

Le  Musée  embrasse  les  huit  divisions 
suivantes  : 

1.  Maladies  de  l'appareil  de  loco- 
motion. 

â.  Maladies  de  l'appareil  de  digestion. 

3.  Id.  des  organes  respiratoires,  du 
foie,  de  la  rate  et  des  glandes  en  gé- 
néral. 

4.  Id.  de  l'appareil  uro-génital. 

5.  Id.  du  système  nerveux  et  des  ap- 
pareils des  sens. 

6  Id.  du  système  vasculaire 

7.  Concrétions,  vers  intestinaux,  hu- 
meurs diverses. 

8.  Maladie  du  fœtus  et  de  ses  an- 
nexes; monstruosités. 

Un  laboratoire  d'histologie  normale 
et  pathologique  est  établi  à  côté  du 
Musée. 

Direction. 

1837.  A.-F.-J.  Raikem. 


(M  La  Notice  de  1841  éoomëre  comme 
suit  les  pièces  les  plus  remarquables  exis- 
tant alors  au  Musée.  «  On  y  voit  une  corne 
qui  s'était  développée  sur  le  cuir  chevelu 
d'un  homme  :  —  deux  pieds  affectés  d'élé- 
pbantiaées;  —  un  larynx  dont  la  face  in- 
terne est  Upissée  d'une  fausse  membrane  ; 

—  une  membrane  adventice,  évidemment 
organisée,  pourvue  même  d'un  réseau  de 
capillaires  sanguins  arborescents ,  ii^ectés, 
adhérents ,  par  continuité ,  à  l'arachnoide 
des  convexités  cérébrales;  —  plusieurs  ar- 
tères oblitérées  par  des  concri^tions  san* 
guioes,  dont  la  plupart  sont  ossifiées,  et 
quelques-unes  ne  le  sont  pas,  toutes  rencon- 
trées chez  des  individus  atteints  de  gangrène 
sèche  ou  spontanée  ;  —  une  fracture  de  la 
rotule  en  voie  de  guérison  ;  —  des  ulcères 
cicatrisés  de  l'estomac  ;  —  des  cancers  de 
l'œsophage  avec  ulcération  et  perforation 
de  ce  conduit  qui,  dans  un  cas,  s'ouvrait 
dans  une  bronche  adjacente,  et  dans  un 
autre,  dans  la  cavité  pleurale  du  coté  droit  ; 

—  un  fongus  médullaire  de  la  vessie,  au 
milieu  duquel  est  enchatonné  un  gros  calcul 
urioaire  ; —  des  veines  oflVant  des  traces  ma- 
nifestes d'inflammation  soufferte  dans  leurs 
tuniques; — douze  dents  présentant  une  struc- 
ture anormale,  différente  des  dents  de  lait, 
qui  se  trouvaient  implantées  à  la  face  interne 
d'un  kyste  ovarique  suppuré,  gnngrené  et 


perforé  ;  —  des  masses  cancéreuses  rencon- 
trées dans  la  région  thymique,  dans  les 
poumons  et  dans  d'autres  parties  du  corps, 
avec  compression ,  aplatissement  et  occlu- 
sion presque  complète  des  veines  sons-cla- 
vières,  et  oblitération  de  plusieurs  de  leurs 
ramifications  afférentes  par  des  caillots  san- 
guins adhérents  ;  —  un  fœtus  de  huit  mois, 
du  sexe  masculin,  dont  l'abdomen  avait  été 
distendu  par  une  quantité  considérable  d'hu- 
meur et  présentait  entr'autres  anormalités 
organiques ,  une  vessie  hypertrophiée , 
énormément  développée,  ou  venaient  s'ou- 
vrir, comme  dans  le  cloaque  des  oiseaux, 
les  uretères  et  le  rectum ,  avec  occlusion  du 
canal  de  l'urètre  et  de  Timperforation  de 
l'anus,  etc.  »  —  c  M.  Raikem,  ^joutait  la 
notice,  a  dressé  un  Catalogue  où,  en  regard 
des  caractères  anatomo-pathologiques  que 
présentaient  les  pièces  conservées  et  les 
autres  organes  affectés  chez  les  sujets  sou- 
mis aux  nécroscopies,  sont  placés  les  prin- 
cipaux caractères  physiologiques  observés 
pendant  la  vie,  pour  qu'on  puisse  plus  aisé- 
ment comparer  les  uns  avec  les  autres,  en 
saisir  les  rapports  et  en  déduire  des  con- 
séquences légitimes,  applicables  au  diagnos- 
tic, au  pronostic  et  mAme  au  traitement  des 
maladies.  > 
(')  Rapport  de  M.  Piercot,  p.  131. 


1158 


COLLECTIONS. 


i1S6 


1844.  J.-A.  Sprîng. 
1856.  H.  Heuse. 
1868.  CF.  Vanlair. 

NB.  Il  n'y  a  pas  de  préparateur  spé- 
cial. 


'.  Cnblnet  d*«n«tonite  com- 
parée. 

Le  Cabinel  de  zoologie  posséda,  dès 
Torigine,  quelques  pièces  pouvant  ser- 
vir à  rélude  de  l^anatomie  comparée  ; 
mais,  c'est  ù  Fohmann  que  TUniversité 
doit  la  création  d'une  collection  consa- 
crée spécialement  à  cette  science.  V An- 
nuaire de  1850  y  constate  déjà  lapré- 
sen(;e  de  522  pièces,  savoir  : 

Squelettes  entiers 79 

Parties  séparées 60 

Préparations  diverses.  .  .   165 

Total .  .T'Sîâ 

Dans  ce  chiffre  ne  sont  pas  com- 
prises 18  préparations  de  monstruo- 
sités. —  Le  gouvernement  fit  plus  tard 
l'acquisilion  de  la  collection  «person- 
nelle du  célèbre  anatomisie  (v.  ci-des- 
sus, col.  509),  ce  qui  porta  le  con- 
tenu du  Cabinet  à  1,000  pièces  environ 
(').  Le  relevé  actuel  nous  laisse  loin 
de  ce  chiffre  ;  mais  il  faut  considérer, 
d'une  part,  que  la  collection  de  Foh- 


mann.longtemps  reléguée  «dans  un  coin 
humide  et  sombre»,  contenait  nn  assez 
grand  nombre  de  préparations  avariées; 
de  l'autre,  qu'il  a  été  très-diflQcile,  faute 
de  ressources  et  d'occasions,  de  rem- 
placer les  objets  détériorés.  Enfln,  la 
réunion  du  Cabinet  d'anatomie  et  du 
Cabinet  de  zoologie  sous  une  même  di- 
rection peut  avoir  eu  pour  conséquence 
de  faire  rentrer  dans  ce  dernier  une  cer- 
taine quantité  d'objets  qui  y  trouvaient 
plus  naturellement  leur  place.  Tel  qu'il 
est  cependant,  confié  aux  soins  de  M. 
le  professeur  Lacordaire,  le  Cabinet 
d'anatomie  comparée,  malgré  ses  la- 
cunes, mérite  encore  son  ancienue  ré- 
putation. Malheureusement  il  n'a  pas 
beaucoup  de  chances  de  s'accroître  :  le 
directeur  ne  peut  guère,  an  moyen  des 
fonds  mis  à  sa  disposition,  que  prendre 
des  mesures  pour  assurer  la  bonne  con- 
servation des  objets  commis  à  sa  garde. 
Le  catalogue  comprend  (juil.  1869). 

I.  MAMMIFÈRES  :  Squclctlcs  .  .  .    .'5 

Tètes  (•)  ...  54 
Préparât,  dans 

l'alcool  ....  112 

II.  OISEAUX  :       Squelettes.  .  .  16 

Préparât,  dans 
l'alcool  ....    58 


(  '  )  Nous  croyons  devoir  reproduire  la  note 
suivante,  communiquée  par  un  homme  spé- 
cial à  l'auteur  de  la  Notice  de  184i.  c  Quoi- 
que la  ooUeciton  d'anatomie  comparée  o  ait 
que  peu  d'annces  d'existence, on  peut  cepen- 
dant la  citer  commo  une  des  plus  remarqua- 
bles du  paya.  Elle  renferme  un  grand  nombre 
de  préparations  sur  les  vaisseaux  lympha- 
tiques des  mammifères,  des  oiseaux,  des 
reptiles  el  des  poissons.  Ces  pièces  sont 
celles  qui  conduisirent  Fobmann  aux  beaux 
résultats  qu'il  consigna  dans  ses  ouvrages 
sur  les  vaisseaux  lymphatiques  des  poissons 
et  sur  la  communication  des  lymphatiques 
avec  les  veines  Et  l'on  peut  dire  que  la 
coUection  d'anatomie  comparée,  réunie  à 
celte  d'anatomie  humaine ,  forme  l'une  des 
plus  précieuses  collections  de  l'Europe. 

»  Outre  ces  pièces  qui  ont  une  valeur  très- 
grande,  comme  représentant  d'une  manière 
complète  tout  ce  qui  se  rattache  à  l'histoire 
géa«irale  des  vaisseaux  lymphatiques,  telle 
qu'elle  est  connue  aujourd'hui.  Ton  remarque 
une  collection  de  préparations  sur  les  divers 
organes  des  animaux  ;  ce  quj  concerne  le 


système  sensitif  est  surtout  représenté  par 
un  grand  nombre  de  dissections.  On  éprouve 
cependant  un  regret  en  visitant  cette  collec- 
tion si  importante,  c'est  de  voir  qu'une  classe 
entière,  celle  des  mollusques,  ne  soit  repré- 
sentée que  par  un  petit  nombre  de  sujets. 
Cela  tient  aux  circonstances  mêmes  de  la 
fondation  de  la  collection,  et  à  la  difficolté 
de  se  procurer  dans  le  pays  les  éléments 
nécessaires,  à  cause  du  peu  do  variété  de 
ces  animaux  sous  notre  climat. 

•Un  grand  nombre  de  préparations  présen- 
tent les  plus  heureuses  injections  des  vais- 
seaux sanguins;  parmi  ceUes-ci  beaucoup 
ont  été  exécutées  par  M.  Lamboile,  disciple 
distingué  de  Fohmann  et  acluellement  con- 
servateur de  la  collection.  Ces  pièces  sont 
de  nature  à  jeter  du  jour  sur  la  composition 
des  tissus  «tt  servent  de  base  aux  recherches 
consciencieuses  qu'il  poursuit  depuis  plu- 
sieurs années  sur  ce  sujet.  » 

(*)  Notamment  plusieurs  crftnes  d'anti- 
lopes de  l'Afrique  australe  et  on  de  girafe, 
provenant  de  la  collection  CasteluKu. 


1157 


COLLECTIONS. 


11SS 


in.  reptiles:    Squelettes.  .  .    i\ 

Préparât,  dans 
l'alcool  ....    56 

IV.  poissons:     Squelettes.  .  .    45 

Préparât,  dans 
Vacool -45 

V.  ANIMAUX  m-  Préparât,  dans 
VERTÉBRÉS  :     Talcool  ....    24 


En  tout  (objets)  586 

Direction. 

1825.  V.  Fohmann. 
1837.  Th.  Lacordaîre. 

Conservateurs  du  Cabinet. 

4826.  G.-T.  Van  \V;iiickler. 

4851.  Salpetier. 

1857.  Lambotte. 

1815.  N.-G.  FossionC). 

X.%'1.    Colleotlon    d'iiiiitraiiieut» 
do  ohlrur($le  et  d*ol>iit étriqué. 

dette  collection,  très-ricïjp  et  Irès- 
Inen  entretenue,  a  été  principalement 
formée  par  les  professeurs  Votlem, 
Ansiaux  et  Simon.  C'est  seulement  de- 
puis 18M  qu'elle  est  confiée  à  un  con- 
servateur spécial,  mesure  pleinement 
justifiée  par  Timportance  du  dépôt. 
Avant  4849,  le  subside  s'élevait,  année 
moyenne,  à  frs.  4,044-85  c;  il  fut  alors 
réduit  à  690  frs.  Les  200  frs.  alloués 
pour  les  bandages  et  appareils  se  ré- 
duisirent à  158 frs.;  la  somme  que  Ton 
consacrait  à  rachat  d'instruments  d'ob- 
stétrique, sur  le  fonds  affecté  à  la 
clinique  des  accouchements ,  se  trouva 
réduite  dans  la  même  proportion.  Ces 
différents  subsides  ont  été  relevés  pos- 
lérieurement  au-dessus  de  Taucien  taux, 
ainsi  qu'on  peut  s'en  assurer  en  con- 
sultant les  rapports  officiels. 

La  collection  comprend  quatre  divi- 
sions, ainsi  établies  : 

I.  Instruments  et  appareils  pour  ser- 
vir à  l'enseignement  de  la  pathologie 
rhfnirgicale,  à  la  partie  descriptive  du 
cours  de  médecine  opératoire  ,  aux 
cours  des  bandages  et  appareils,  des 
maladies  des  os  et  d'ophthalmologie 
théorique. 

II.  Instruments  destinés  à  la  pra- 


tique des  opérations  sur  le  cadavre, 
tant  pour  les  opérations  du  professeur 
que  pour  les  exercices  des  élèves. 

ni.  Instruments  d'obstétrique  (pour 
le  cours  et  pour  la  clinique  des  accou- 
chements). 

IV.  Instruments  de  médecine  vété- 
rinaire (cités  pour  mémoire  ;  il  n'y  a 
que  trois  instruments  offerts  à  l'Uni- 
versité par  M.  Brogniez,  leur  auteur, 
et  n'ayant  aucun  rapport  avec  l'ensei- 
gnement académique). 

On  peut  évaluer  à  4,500  environ  le 
nombre  total  des  objets  composant 
celte  remarquable  collection.  On  y  re- 
marque, dans  toutes  les  séries,  des 
pièces  de  la  plus  grande  délicatesse,  et 
le  cabinet  est  tenu  soigneusement  au 
courant  des  inventions  nouvelles.  Il 
serait  s^uperflu  d'entrer  ici  dans  des 
détails. 

Direction. 

Les  professeurs  des  cours  de  méde- 
cine Oj  éraloire,  d'aecouehemenls ,  etc. 
(v,  ci-dessus,  col.  1001  a  1002. 

Conservateurs. 

4844.  L.  Dejardin. 
4854.  Ad.  Wasseige. 
4865.  J.-C.  Van  Aubel. 


APPENDICE. 

:SLVII.  In»tr aillent»  «ervitiit  n  Im 
clinique  Interne. 

Il  existe  à  l'h^ipital  de  BavièrL'  un 
dépôt  d'instruments  et  d'appareils  k 
l'usage  des  professeurs  de  clinique.  Un 
subside  spécial  a  permis,  en  4862,  de 
compléter  cette  collection  de  manière 
à  répondre  à  tous  les  besoins  du  service. 
On  y  remarque  entre  auires  un  appa- 
reil électro-médical,  de  Duchesne;  des 
seringues  à  injections  sous-cutanées, 
de  Lynd,  de  Pravatz  et  de  Lùer;  des 
spiromètres  de  Boudin  et  de  Coxeter, 
des  laryngoscopes  avec  accessoires,  de 
Tobold  et  de  Mathieu  ;  un  appareil  aro- 
métrique,  de  Neubauer;  un  néphogène, 
de  Pirenau  et  Mathieu  ;  une  cisaille  ra- 
chitome,  de  Hirschfeld;  un  dynamo- 


(  I  )  V.  ci-des808,  coi.  828. 


iiS9 


COLLECTIONS. 


il60 


mètre  Mathiea,  un  diabétomètre  Lobi- 

2 net,  un  bon  microscope,  des  balances 
e  précision,  une  série  de  réactifs  et 
d'appareils  pour  essais  chimiques,  etc. 

1K.VIII.  Laboratoire  do  pbar« 
macle. 

Après  avoir  occupé  longtemps  Tan- 
cien  amphithéâtre  de  chimie,  le  labora- 
toire de  pharmacie  a  été  transporté  en 
1863,  avec  les  collections  qui  s'y  rat- 
tachent,  au  rez-de-chaussée  de  la  partie 
centrale  du  nouveau  bâtiment  dont  la  fa- 
çade regarde  la  place  du  Conservatoire. 
Son  Installation  actuelle  est  excellente: 
la  distribution  intérieure  ne  laisse  rien  à 
désirer;  les  salles  sont  spacieuses, 
claires  et  parfaitement  ventilées.  Elles 
se  composent  d'un  auditoire,  d'un  très 
grand  laboratoire,  d'une  pièce  pour  les 
collections  et  d'un  cabinet  servant  de 
lavoir.  Ces  améliorations  sont  dues  à 
M.  Polain ,  qui  met  tous  ses  soins,  en 
raison  des  moyens  matériels  dont  il 
dispose,  à  donner  satisfaction  aux  légi- 
times exigences  des  différents  services. 

Mais  ici ,  au  rebours  de  ce  qui  a  lieu  dans 


les  laboratoires  de  chimie,  parexemple, 
le  contenant  vaut  mieux  que  te  contenu. 
La  salle  de  travail  est  riche  en  usten- 
siles et  en  appareils  nouveaux  ;  en  re- 
vanche ,  il  serait  urgent  de  renouveler 
en  partie  les  collections  de  médica- 
ments et  de  substances  chimiques.  Pour 
combler  les  lacunes  et  répondre  aux 
besoins  de  l'enseignement ,  M.  Van 
Aubel  s'est  vu  réduit,  faute  de  ressour- 
ces, â  ne  se  procurer  qu'^  trèt-mmime 
quantité  une  ïmie  de  substances  qu'il 
ne  peut  se  dispenser  de  placer  sous  les 
yeux  des  élèves. 

Direction. 

1855.  G.-P-N.  Péters-Vaust. 

1867.  Le  même  et  J.-C.  Van  Aubel 

(suppléant). 

1868.  J.-C.  Yan  Aubel  (titulaire). 

Préparateurs, 

4831.  Ch.  Davreux. 

1840.  Is.  Kupfferschlaeger. 

1844.  E.  Gauthy. 

1855.  J.-H.  Gillet. 

1853.  Gendebien. 

18.  .  Delbecq. 

1864.  y.-J.  KitteU 


IX 


CLINIQUES. 


L'hôpital  général  dit  de  Bavière  (*) 
sert  à  renseignement  de  la  clinique 
interne,  de  la  clinique  externe  et  de  la 
clinique  ophthalmologtque  ;  la  clinique 
des  accouchements  se  fait  à  Thospice 
de  la  Maternité. 

A.  Clinique  interne.  Les  élèves  y  sont 
initiés  à  tout  ce  qui  concerne  la  connais- 
sance des  maladies,  leurs  causes,  leur 
siège,  leur  marche,  leur  traitement,  etc. 

Les  autopsies  sont  faites  en  présence 
des  professeurs  et  de  tous  les  élèves, 
avec  faide  du  chef  de  clinique,  qui  est 
chargé  de  recueillir  les  observations 
paraissant  offrir  de  l'intérêt  pour  la 
science.  Avant  de  procéder  à  Fautop- 
sie,  le  professeur  rappelle  aux  élèves 
les  particularités  de  la  maladie  et  le 
diagnostic  établi;  il  se  livre  ensuite 
aux  considérations  que  Topération  peut 
rendre  nécessaires. 

Les  pièces  anatomiques  offrant  de 


l'intérêt,  sont  remises  au  professeur 
d*anatomie  pathologique. 

Il  y  a  trois  séries  de  salles  :  celle  des 
hommes,  celle  des  femmes  et  celle  des 
enfants.  La  moyenne  triennale  du  nom- 
bre de  malades  traités  à  la  clinique  in- 
terne (service  de  M.  Sauveur  et  service 
de  M.  Spring  réunis),  est  d*environ 
i500. 

Les  genres  de  maladies  traitées  ont 
été,  par  ordre  de  fréquence,  de  1862  à 
1864: 

io  A  la  clinique  de  M.  Sauveur  (425 
malades)  :1a  tuberculose  pulmonaire,  le 
rhumatisme  articulaire,  la  fièvre  ty- 
phoïde, les  lésions  du  cœur,  Térysipèle, 
les  pneumonies,  les  pleurésies,  la  fièvre 
puerpérale,  les  maladies  de  la  peau,  la 
scarlatine,  Tangine,  les  varioloïdes, 
les  fièvres  intermittentes,  les  emphy- 
sèmes pulmonaires,  les  névralgies,  les 
myélites  chroniques,  les  bronchites,  la 


{*)  L'an  1600,  dit  an  chroniqaeur  liégeois, 
le  priDcc  Ernest  de  Bavière  «  donna  sa  mai- 
son située  sur  le  pont  de  St-Nicolas,  pour  en 
b&ttr  la  maison  de  Miséricorde,  que  nous  y 
voyons  aujourd'liui.  EUe  fut  dotée  pour  de 
pauvre»  malades  par  Martin  Diddenius,  doyen 
de  St- Pierre ,  et  autres  honnêtes  bourgeois 


de  la  Sodalité  de  Miséricorde.  Alors  on  > 
établit  les  religieuses  hospitalières  de  St- 
François^  pour  soigner  les  malades.  Cette 
maison  s'est  toujours  augmentée,  et  elle  est 
à  présent  Irès-richement  dotée  par  la  libéra- 
lité de  plusieurs  charitables  personnes.  • 


45 


H63 


CLINIQUES. 


1164 


laryngite  simple,  les  affections  nerveu- 
ses, les  affections  vermineuses,  les  en- 
térites, ralbumlniirie,  le  diabète  sucré, 
la  paraplégie,  la  tétanie,  les  affections 
diverses  de  l'ovaire,  etc. 

î"*  Dans  le  service  de  M.  Spring 
(7â7  malades)  :  la  tuberculose  pulmo- 
naire, les  maladies  des  organes  diges- 
tifs, la  flèvre  typhoïde,  les  maladies 
constitutionnelles  et  les  intoxications, 
les  maladies  du  cœur,  les  maladies  du 
cerveau  et  de  la  moelle  épinière,  les 
maladies  de  la  peau,  les  laryngites,  les 
bronchites  et  emphysèmes,  les  ûèvres 
paludéennes,  les  maladies  du  foie  et  de 
la  rate,  les  rhumatismes  articulaires 
aigus,  les  fièvres  cntarrhales,  les  fiè- 
vres exanthématiques,  les  pleurésies 
et  leurs  suites,  les  maladies  des  organes 
sexuels,  les  maladies  des  organes  uri- 
naires,  les  maladies  puerpérales. 

Les  salles  des  enfants  sont  relative- 
ment peu  fréquentées  ;  les  maladies 
aiguës  y  sont  rares  ;  quelques  scarla- 
tines, rougeoles,  varioles;  les  maladies 
les  plus  fréquentes  sont  celles  de  la 
peau  et  spécialement  du  cuir  chevelu. 

B.  Clinique  externe.  Elle  comprend: 
1»  les  maladies  réputées  chirurgicales; 
2'  les  maladies  syphilitiques.  —  Les 
maladies  des  yeux  sont,  depuis  {858- 
1859,  l'objet  d'un  service  spécial. 

La  clinique  externe  do  TUnlversité 
de  Liège  est  riche  en  faits  importants  ; 
des  opérations  graves  y  sont  souvent 
pratiquées.  La  moyenne  triennale  des 
cas  traités  est  d'environ  1,900  (*). 

Les  étudiants  sont  chaque  jour  char- 
gés de  l'examen  des  blessés;  ils  doivent 
établir  le  diagnostic,  poser  le  pronostic 
et  instituer  le  traitement;  en  outre,  ils 
sont  exercés  à  l'application  des  appa- 
reils ;  ce  sont  eux  qui,  dan  i  les  opéra- 
tions, \1cunent  en  aide  aux  professeurs, 
à  tour  de  rôle  ;  ils  pratiquent  la  com- 
pression des  artères,  leur  ligature  ;  ils 
présentent  les  instruments  et  procèdent 
«1  la  chloroformisation. 
Lés  décès,  dont  le  chiffre  était  peu 


considérable  avant  1862,  se  sont  élevés 
à  158  entre  1862  et  1864;  l'infection 
purulente  a  sévi  deux  fols  parmi  les 
blessés  dans  le  cours  de  cette  période 
et  a  fait  de  nombreuses  victimes.  Elle 
a  disparu  depuis  ;  mais,  dans  les  condi- 
tions où  se  trouve  actuellement  l'hôpi- 
tal, la  Commission  des  Hospices  est 
mise  en  demeure  de  prendre  des  me- 
sures radicales  pour  prévenir  le  retour 
de  ce  danger.  Il  est  sérieusement  ques- 
tion de  reconstruire,  sinon  de  déplacer 
l'hôpital  de  Bavière  (v.  les  art.  J.-G.  et 
F.  Macors,  et  l'art.  L.  Pérard). 

Le  Rapport  triennal  pour  la  période 
1862-1864  constate  que  les  principaux 
cas  observés  dans  le  cours  de  ces  trois 
années  ont  été  les  suivants  :  plaies  et 
ulcères  de  toute  nature;  fractures,  par- 
fois très-compliquées;  luxations;  en- 
torses; tumeurs  blanches  (très-com- 
munes) ;  hydarthroses  (*)  ;  hernies 
étranglées  ;  fistules  et  fissures  à  l'anus; 
hydrocèles;  hématocèles;  rétrécisse- 
ments du  canal  de  l'urètre;  calculs 
vésicaux;  maladies  diverses  de  l'utérus; 
phlébites;  lymphangites;  tumeurs  érec- 
tiles  ;  cancers  ;  tumeurs  de  diverses 
natnres,  entr'autres  un  cas  de  kyste 
congénital  du  plancher  de  la  bouche. 

Les  maladies  syphilitiques  sont  ob- 
servées sous  toutes  les  formes  et  font 
l'objet  de  nombreuses  conférences. 

Les  principales  opérations  pratiquées 
de  1862  ù  1864  sont  :ramygdalotomie; 
le  bec  de  lièvre  ;  la  thoracentbèse  ; 
l'hermotomie;  les  fistules  et  les  fissures 
à  l'anus  ;  les  hydrocèles  ;  les  hémato- 
cèles ;  l'uréthrotomie  ;  la  Ulhotomie  ; 
les  ablations  de  tumeurs  parolidiennes, 
du  plancher  de  la  bouche  et  autres  ; 
enfin ,  les  amputations  (106  opérés  ; 
26  décès,  presque  tous  dus  à  l'infection 
purulente). 

C.  Clinique  ophihalmoîogique,  A  l'é- 
poque où  celte  clinique  a  été  détachée 
delà  précédente,  c'est-à-dire  vers  la  fin 
de  1858,  il  n'existait  presque  plus 
d'ophthalmiques  à  l'hôpital.  Les  ma- 


(')  U  pdriodû  de  1856  à  1858  prdsenlc 
des  ctiiiTrcâ  cxceplionneiâ  :  3,25  i  malades 
ont  vlé  Iraiti'S  ù  la  clinique  interne  ;  2,710 
ù  la  clinique  interne,  non  i^ompris  les  mala- 


dies des  yeux  (ai 5  cas). 

(')  Les  appareilB  amovo- inamovible»  ont 
Tdarni,  tlans  ces  diverses  maladies  des  os, 
dos  sucrés  très  remarquables. 


1165 


CLINIQUES. 


1166 


lades  avaient  cessé  depuis  longtemps  de 
venir  aux  consultations  ;  c'est  à  llnsti- 
tut  ophthalmologique ,  établissement 
privé  (*) ,  qu'ils  allaient  réclamer  les 
soins  et  les  médicaments  nécessaires  à 
leur  guérison. 

Le  Rapport  triennal  de  4859-1861 
signale  l'importance  de  la  nouvelle  cli- 
nique: 185  malades  sont  entrés  k  l'hô- 
pital pendant  cette  période,  699  sont 
venus  aux  consultations  gratuites  ;  ta 
période  suivante  nous  donne  respecti- 
vement les  chiffres  de  188  et  de  747.  — 
Ici  encore  les  étudiants  sont  chargés , 
à  tour  de  r6le,  d'établir  le  diagnostic  et 
de  poser  les  indications  thérapeutiques. 
Chaque  fois  que  l'occasion  s'en  pré- 
sente, le  professeur  exerce  les  élèves  à 
la  pratioue  de  l'ophthahnoscope  ,  afin 
de  leur  faire  apprécier  les  lésions  ocu- 
laires invisibles  à  l'œil  nu. 

D.  Clinique  obstétricale.  Le  cours 
pratique  des  accouchements  se  fait  à 
V Hospice  de  la  Maternité,  où  les  femmes 
indigentes  de  la  ville  et  de  la  province 
viennent  faire  leurs  couches,  au  nombre 
de  plusieurs  centaines  par  année. 

Ce  cours  comprend  (•)  : 

i"*  La  pratique  du  toucher,  qui  a 
pour  objet  principal  de  familiariser  les 
élèves  avec  les  signes  sensibles  de  la 
grossesse;  de  leur  apprendre  â  distin- 
guer cet  état  de  toutes  les  affections  qui 
peuvent  le  simuler ,  à  en  déterminer 
l'époque,  à  en  reconnaître  les  variétés  et 
les  complications ,  ainsi  que  la  bonne 
ou  la  mauvaise  conformation  du  canal 
pelvien  et  de  tous  les  organes  qu'il  ren- 
ferme. 

Les  élèves  doivent,  k  tour  de  rôle, 
rendre  compte  de  leurs  observations. 

âo  La  clinique  des  femmes  en  couche 
et  des  enfants  nouveau-nés  (5  leçons 
par  semaine  pendant  le  semestre  d'été), 
au  lit  des  personnes  reçues  à  rhospicc. 
Elle  comprend,  d'abord ,  la  description 
de  l'état  puerpéral  au  point  de  vue  phy- 
siologique etau  point  devue  pathologi- 
que; ensuite,  l'administration  des  soins 
nombreux  que  réclament  la  femme  ré- 
cemment accouchée  et  l'enfant  nouveau- 


né;  enfin,  l'histoire  et  le  traitement  de 
tous  les  accidents  et  de  toutes  les  ma- 
ladies qui  peuvent  les  atteindre. 

5*^  La  clinique  des  accouchements 
(pendant  toute  l'année,  jours  et  heures 
indéterminés). 

Pour  la  clinique  n°  5,  comme  pour  la 
pratique  du  toucher,  les  élèves  sont  di- 
visés en  séries.  Ils  sont  avertis  à  domi- 
cile, lorsqu'un  accouchement  doit  avoir 
lieu,  afin  qu'ils  puissent  assister  à  toutes 
ses  phases ,  en  étudier  les  différents 
phénomènes,  et  en  suivre  la  marche 
sous  la  direction  du  professeur  et  du 
chef  de  clinique.  Us  sont  successive- 
ment appelés  à  pratiquer  le  palper  ab- 
dominal, le  toucher  vaginal  et  l'auscul- 
tation utérine. 

Les  femmes  qui  servent  à  cette  cli- 
nique le  font  volontairement  ;  elles 
reçoivent  une  rétribution  et  accouchent 
dans  une  salle  particulière. 

Quand  un  accouchement  contre  na- 
ture réclame  une  opération  importante 
(opérations  césarienne,  embryotomie, 
version ,  application  du  forceps^,  les 
élèves  de  toutes  les  séries  sont  avertis, 
et  assistent  à  l'opération  pratiquée  par 
le  professeur. 

4^  Â  la  fin  du  cours,  et  comme  com- 
plément de  l'enseignement  précité,  les 
élèves  sont  exercés  à  la  pratique  de  la 
vaccine  et  de  toutes  les  opérations 
obstétricales,  tant  sur  le  mannequin 
que  sur  le  cadavre. 

Avant  la  révolution  de  1850,  les 
cliefH  de  clinique  étaient  nommés  par  le 
Collège  des  curateurs.  Le  gouverne- 
ment provisoire,  par  arrêté  du  29  dé- 
cembre 1 850,  ordonna  que  ces  fonctions 
appartiendraient  désormais  aux  lau- 
réats d'un  concours  ouvert  annuelle- 
ment par  la  Faculté  de  médecine.  Les 
chefs  de  clinique  sont  nommés  par  le 
ministre ,  sur  la  présentation  de  ladite 
Faculté.  Leurs  fonctions  dorent  deux 
ans  ;  en  fait ,  elles  ont  quelquefois  été 
continuées  plus  longtemps.  Elles  ces- 
sent de  plein  droit  dès  que  les  titulaires 
sont  proclamés  docteurs.  Les  chefs  de 
clinique  ont  des  aides  désignés  par  la 


{*)  Dirigé  alors  parle  docteur  Jules  An- 
siaux  (v.  col.  748  et  col.  1175). 
i*)  Nous  extrayons  ces  détails  d'une  no- 


tice sur  les  cliniques  de  rUoiversilé  de  LIdgc. 
insérée  dans  le  Rapport  triennal  de  1856- 
1859.     • 


H67 


CLINIQUES. 


lies 


Faculté  parmi  les  étudiants.  Ils  sont 
logés  à  Thôpital  et  reçoivent  un  traite- 
tement  annuel  de  600  frs.— On  ne  doit 
pas  les  confondre  avec  les  élèves  in- 
ternes ,  qui  sont  à  la  nomination  de  la 
Commission  des  Hospices.  Les  chefs 
de  clinique  sont  actuellement  au  nombre 
de  cinq  :  deux  pour  la  clinique  interne, 
un  pour  la  clinique  externe ,  un  pour  la 
clinique  ophthalmologi((ue  et  un  pour 
celle  des  accouchements. 

Professeurs  de  clinique. 

Y.  ci-dessus,  col.  1002,  n^^'XVIII, 
XIX,  XX  et  XXI. 

Chefs  de  clinique. 

Â.  Clinique  interne. 

1818.  F.-C.-E.  Votlem, 

1820.  Ch.  Fion. 
1822.  L.  Godin. 

1824.  R.  Courtois. 
4826.  P.-J.  Bautier. 
1828.  J.-B.  Huart. 
1851.  A.  Pasque. 

1855.  Ad.  Gaulby. 

1854.  A.-L.-J.  Bayot. 

1856.  G.  Delvigne  et  D.  Dejardin. 
1858.  D.  Dejardin  et  Is.  Putzeys. 

1850.  A.  Wilmarl  et  L.-F.-N.  Dogné. 
1840.  P.-J.  DejaceetP.-F.-B. Odeurs. 
1842.  H.  Gaëde  et  L.  Thienpont. 
1845.  S.-J.  Struman  et  H.  Heuse. 
1845.  P.-J.  de  Faslré  et  A.  CoUignon. 
1817.  E.  Hamelius  et  Ch.  Wagnon. 
1849.  A.  André  et  R.  Lardinois. 

1851.  H.  BoênsetF.  Dethier. 
1853.  Bivortct  L.  Baivier. 

1855.  BivortetM.  Laurent. 

1856.  P.  Lemmens  et  V.  Tedesco. 

1857.  V.  Tedesco  et  L.  Goffart. 

1858.  L.  Goffart  et  W.  Heynen, 

1859.  F.  Bidiot  et  N.  Charbonnier. 

1860.  W.  Goebbels  et  M.  Falla. 

1861.  Ch.  SmetsetA.  Gillet. 
1865.  E.  Bodart  et  V.-F.  Hansoul 
1864.  A.  Delbastaille  et  E.  Tandel. 
1S66.  J.  Rossart  et  E.  Lenoir. 
116}*.  F.  Ancion  etC  Dubois. 

B.  Clinique  externe. 

1819.  V.  de  Lavacberie. 

1821.  J.-L.  Cambresv. 

1825.  T.  Marquet. 
1825.  DD.-F.  Barbier. 


1828.  L.  Malaise. 

1832.  S.-J.  Dister. 

1834.  Ad.  Gauthy. 

1857.  C.-H.  Dechange. 

1858.  P.-F.  Remy. 

1859.  J.-A.  Borlée. 

1841.  L.  Borguet. 

1842.  A.  Yermer. 

1845.  Cl.  Chapuis. 

1846.  A.  Courtoy. 

1848.  D.  Ilawet. 
1851.  M.  Donnai. 

1855.  J.  Thibaux. 

1856.  V.  Otte. 

1857.  0.  Ansiaux. 

1858.  G.  Krans. 

1859.  W.  Heynen. 

1860.  Ch.  Leclère. 

1861.  J.  Jeanty. 
1865.  V.  Bury. 
1865.  E.  Vander  Aa. 
1867.  R.  Harzé. 

C«  Clinique  opiithalmologique. 

1859.  A.Lagrange. 
1861.  J.  Jeanty. 
1865.  G.  Barlet. 

1865.  J.  Umé. 

1866.  C.  Defays. 
1168.  F.  Fraikin. 

D.  Clinique  des  accouchements. 

1856.  M.-J.  Reuter. 

1857.  P.-J.  Adan. 

1858.  P-J.  Palante. 
1859'  B.  Deroitte. 
1840.  P.-J.  Yleugels. 
1842.  P.-J.-B.  Odeurs. 
1845.  C.  Termonla. 
1845.  V.  Lhoest. 

1847.  C.  Nannan. 

1849.  J.-D.  Martin. 

1851.  J.  Dillen. 

1852.  Ad.  Wasseîge. 
1H54.  Ch.  Delcourt. 
1855.  C.  Horion. 

1857.  J.  Berten. 

1858.  F.  Picard. 

1860.  J.-CVan  Aubel. 

1861.  A.  Groulard. 

1862.  E.  Cartier. 
1865.  A.  Lebeau. 
1865.  C.  Sentronl. 

1867.  P.  Mottard. 

1868.  F.  Gilles. 


SERVICES    DIVERS. 


I.  APPARITEURS. 

Les  appariteurs  sont  les  huissiers 
des  Facultés.  On  les  appelait  autrefois 
bedellii*);  le  Règlement  de  1816  a 
donné  la  préférence  au  terme  appari- 
teur, qui  éveille  une  idée  de  surveil- 
lance (') ,  en  même  temps  qu'il  s'appli- 
que aux  personnes  chargées  de  faire  le 
service  des  séances  d'un  corps  délibé- 
rant. Les  appariteurs  de  nos  Universités 
ont  effectivement  une  double  mission  : 
ils  tiennent  note  des  absences  des 
étudiants  et  remplissent  les  fonctions 
d'huissiers  près  du  Conseil  académique 
et  des  Fainiltés. 

A  Liège,  comme  à  Gand,  il  y  a  deux 
appariteurs,  l'un  pour  les  Facultés 
de  philosophie  et  de  droit,  l'autre  pour 
les  Sciences  et  la  médecine. 

Sous  le  régime  hollandais,  Ils  avaient 
à  se  conformer  aux  instructions  qui 
leur  étaient  données  par  le  Collége^des 
curateurs,  ôe  concert  avec  le  chef  de 
l'Université.  Ils  relèvent  purement  et 
simplement,  aujourd'hui,  de  l'autorité 
académique  et  sont  tenus  d'être  en  tout 
fefnps  k  la  disposition  du  recteur. 


Avant  1835,  ce  di(;nitaire  se  rendant 
au  Sénat,  en  sa  qmlité,  était  toujours 
précédé  d'un  appariteur  portant  le 
sceptre ,  et  quand  le  Corps  académi- 
que paraissait  en  public  dans  les  cir- 
constances solennelles ,  les  deux  appa- 
riteurs ouvraient  la  marche  avec  les 
deux  sceptres  (fasces  academicœ).  Ce 
dernier  usage  seul  est  resté  en  vigueur. 

Les  appariteurs  jouissent  d'un  trai- 
tement fixe  et  d'un  casuel.  Leur  traite- 
ment, autrefois  déterminé  par  les  cura- 
teurs, est  réglé  par  le  ministre,  depuis 
la  réorganisation.  Un  arrêté  de  M.  de 
Theux,  en  date  du  29  août  J839,  Ta 
porté  à  la  somme  de  1,200  francs. 

Toute  personne  qui  prend  inscription 
au  rôle  des  étudiants  est  tenue  de  verser 
15  frs.  entre  les  mains  de  Tappariteur 
chargé  d'appliquer  le  sceau  de  l'Uni- 
versilé  sur  le  certificat  d'inscription. 
Un  tiers  de  cette  taxe  appartient  au 
recteur;  un  autre  tiers  au  secrétaire 
du  Conseil  académique;  le  troisième 
tiers  est  partagé  également  entre  les 
deux  appariteurs  et  forme  leur  casuel. 

A  l'époque  des  examens,  les  appari- 


(  *  )  Ce  titre  8*e8t  conservé  en  Allemagne 
iPedelD, 


(  *  )  V.  le  maiontiaire  de  Lilirë, 


1174 


SERVICES    DIVERS. 


H72 


leurs  sonl  en  outre  ordinairement  atta- 
chés en  qualité  d*huissiers  auprès  de 
I*un  ou  Tautre  Jury. 

ApparUeurs, 

A.  POUR  LA  PHILOSOPHIE  ET   LE  DROIT. 

4817.  M.  Schmidt. 
1834.  R.  Maréchal  (*). 

B.  POLU  LES  SCIENCES  ET  LA  MÉDECINE. 

1817.  G.  Deville. 
1827.  H.-J.  Joassart. 
1861.  N.  Defrecheux  (•). 


II.   CABINET  DU  RECTEUR. 

Les  appariteurs  ont  été  chargés,  jus- 
qu'en 1851,  de  remplir  auprès  du  rec- 
teur les  fonctions  de  commis  aux 
écritures.  On  a  fini  par  reconnaftre  la 
nécessité  de  nommer  pour  cet  objet  un 
employé  spécial. 

1851.  F.-D.  SoUau  ('). 
1860.  N.  Defrecheux. 
1862.  F.  Wery. 

III.  BUREAUX  DE  L*ADHINISTRAT10N. 

1817.  N.nl.  Gharlier  (avec  le  titre  d*éco- 
nome-survelllant)  (M. 


(MM.  Remacle  Maréchal,  ne  à  Ans,  le 
18  juin  1796,  a  fait  de  bonnes  ëiades  litté- 
raires et  philosophiques  au  Collège  et  au 
Séminaire  de  Liège.  Son  intention  était 
d'ahord  d'entrer  dans  les  ordres;  les  circon- 
stances l'ont  fait  changer  d'idée.  Il  est  attaché 
depuis  36  ans  à  notre  Université;  nous 
sommes  heureax  de  pouvoir  ofllrir  ici  à  ce 
digne  et  fidèle  employé  un  témoignage  public 
d'estime.  Les  milliers  d'étudiants  qui  ont 
connu  de  près  M.  Maréchal^  ont  conservé 
de  lui  le  meilleur  souvenir,  et  le  Corps  pro- 
fessoral tout  entier  n'a  jamais  cessé  de  lui 
vouer  considération  et  sympathie.  —  H, 
Maréchal  a  sacrifié  aux  Muses  :  on  a  remar- 
qué de  lui,  dans  la  Revue  belge,  plusieurs 
pièces  de  vers  d'une  inspiration  heureuse, 
çà  et  là  relevée  par  quelque  trait  légèrement 
caustique.  Son  œuvre  principale  est  on  recueil 
intitulé  :  Fables  et  apologues  (Liège,  Car- 
manne,  4869,  un  vol.  in-lâ»),  remarquable 
par  la  nouveauté  et  la  saine  moralité  des 
sujets,  par  une  rare  finesse  d'observation  et 
par  la  bonhomie  spirituelle  du  style.  Un 
second  volume  doit  prochainement  paraître. 

(  *  )  Nos  deux  appariteurs  sont  poètes.  M. 
Nicolas  Defrecheux,  né  à  Liège,  le  tO  févr. 
1896,  a  poussé  ses  études  jusqu'à  la  seconde 
année  de  l'Ëcole  des  mines.  11  s'est  ensuite 
occupé  «raiTaires  privées;  mais  tous  ses 
loisirs  ont  été  consacrés  à  la  culture  des 
lettres.  M.  Defrecheux  a  pris  pour  interprète 
de  ses  pensées  le  vieil  idiome  pittoresque  du 
pays  de  Liège;  les  sentiments  élevés  qu'il  a 
su  rendre  dans  un  langage  qu'on  croyait  gé- 
néralement ne  pouvoir  se  prêter  qu'à  des 
trivialités^  surtout  la  grâce  de  ses  petits 
tableaux  idylliques,  ont  valu  à  son  recueil, 
publié  en  1860,  une  véritable  popularité. 
Nous  apprenons  avec  plaisir  que,  comme 
son  collègue,  il  est  sur  le  point  de  publier 
une  suite  à  ses  poésies  (Sur  les  premiers 
succès  de  M.  Defrecheux,  v.  la  Revue  tri- 
mestrielle de  Druxelles^t.  XII,  p.  339et suiv.) 


(  '  )  Encore  un  poète  !  ~  Nous  connais- 
sons deux  biographies  de  D.  Soiuu,  par 
M.  Ch.-Aug.  Desoer  \ Revue  trimestrielle, 
t.  XXX),  et  par  M.  II.  CapiUine  (Nécrol. 
liégeois  pour  1860,  p.  65  et  suiv.]  Né  à 
Liège,  le  90  avril  1894,  Sotiau  mourut  en  la 
même  ville,  le  10  novembre  1860.  Son  père 
était  relieur;  le  jeune  Denis,  mis  en  appren- 
tissage, se  mit  à  lire  les  livres  qu'on  lui 
donnait  à  battre  et  à  rogner.  On  l'envoya 
alors  chez  un  imprimeur  :  il  laissa  un  sou- 
venir durable  à  ses  compagnons,  en  fondant 
la  Société  des  ouvriers  topographes  liégeois 
(association  de  secours  mutuels).  Gomme 
Rétif  de  la  Bretonne ,  il  composa  lui-même 
ses  premiers  essais.  11  débuta  par  des  pièces 
badines  et  finit  par  traiter  des  sujets  élevés. 
On  remarque  surtout,  parmi  ses  productions, 
le  poème  des  Chercheurs  d'or,  les  Aspirations 
(Lié^e,  Carmanne,  1869,  in-19<»),  quelques 
élégies,  et  le  premier  chant  d'une  œuvre  de 
longue  haleine,  VUumanité,  inséré  dans 
Y  Annuaire  de  la  Société  iTBmulation  (1866). 
Sotiau  a  également  fait  paraître  quelques 
pièces  dans  la  Revue  trimestrielle  (t.  XIV, 
XVI,  XIX  et  XXV).  Au  cimetière  de  Bober- 
mont,  la  ville  de  Liège  a  ménagé  à  ses  dé- 
pouilles mortelles  une  place  dans  le  coin  des 
poètes. 

(*j  Le  Journal  de  Liège  du  8  juillet 
1886  consacre  la  notice  nécrologique  sui- 
vante à  cet  honorable  et  modeste  fonction- 
naire, qui  fut  l'ami  et  le  confident  de  l'admi- 
nistrateur Walter,  aussi  bien  que  de  DD. 
Sauveur,  de  GaU,  de  RouiUé,  de  Delvaux, 
de  Ch.  de  Chênedollé,  etc.  «  Né  à  Buy,  le  97 
mai  1777,  Nicolas-Joseph  Charlieb  fut 
nommé  receveur-économe  au  Lycée  en  1808. 
Son  intégrité  et  son  aptitude  lui  méritèrent 
des  éloges  de  M.  de  Fontanes,  alors  grand- 
maltre  de  l'Université  de  France.  11  rempUt 
successivement  les  mêmes  fonctions  au 
Gymnase  et  au  CoUége  royal.  A.  l'époque  de 
la  fondation  de  l'Université  (1817),  le  goi|- 


«7 


SERVICES   DIVERS. 


H74 


1856.  F-  Cl^es  (commis  d'ordre  comp- 
fable  (*). 

Commis  aux  écritures,  attaché  à  la 

direction  des  Ecoles  spéciales. 
1860.  J.  Amiable  (*). 


IV.   CONCIERGE  DE    L'UMVERSITÉ. 

1817.  Servais. 
1834.  H.-J.  Michel. 


MDITIQIIS  ET  CORRECTIONS 


PRElilERE   PARTIE. 

F-  8, 1.  7  de  la  digirilé  ;  lisez:  de  sa 
dignité. 

P.  56,  au  premier  vers  de  la  8« 
strophe  de  Fode  de  Fuss,  on  a  imprimé 
cœgit  potn*  coegit. 

DEUXIÈME   PARTIE. 

Col.  31, 1.  15.  Callegie;  lisez  Colle- 
gie, 

Ckd  35,  I.  44.  Invisseling;  lisez  : 
limisseling. 

Ibid.,  I.  49.  Reden;  lisez  :  Kaden. 

Col.  36,  I.  40.  Boawermeester  ;  li- 
sez :  Bouwmeester. 

Col.  80,  I.  5.  Sprtng  ;  lisez  :  Gloese- 
ner. 

Col.  111,  I.  53.  Réanis;  lisez  :  réu- 
nie 


Col  153, 1.  18.  Aclemonius,  lisez  : 
Ammonius, 

Col.  175.  D*après  ce  que  nous  rap- 
porte un  ancien  ami  de  Froment ,  la 
publication  des  vers  saliiiques  de  ce 
poète  dans  le  Mercure  belge  ne  fui  pas 
la  cause  principale  de  sa  brouille  avec 
le  baron  de  Reiffeiri)erg. 

Col.  181  ,  I.  4â.  Capitem  inutus  ; 
lisez  :  Capite  minutus 

Col.  205.  Le  Journal  de  Liège  du  7 
février  1853  décrit,  d'après  Vlndépen- 
dance  belge ^  les  magnifiques  funérailles 
qui  furent  faites  à  Destriveaux.  Le  dis 
cours  d'adieu  prononcé  par  Aug.  Del- 
fosse,  président  de  la  Chambre  des 
représentants  ,  «  avec  Taccent  des 
grandes  douleurs,  n  émut  Jusqu'aux 
larmes  les  nombreux  assistants,  parmi 


veroemeot  des  Pays-Bas  lai  confia  la  charge 
d'écoDoroc  de  cet  établissement  ;  il  remplit 
ces  fonctions  jusqu'en  1834,  et  se  concilia, 
par  la  loyauté  et  l'aménité  de  son  carartère, 
l'estime  et  l'amitié  de  tous  ceux  qui  le  con- 
nurent.» —  M.  le  docteur  Eiig,  CUarlier, 
membre  de  la  Société  voyait  des  Sciences  de 
Liège  et  auteur  de  plusieurs  notices  inté- 
ressantes sur  des  monstruosités  humaines, 
etc.,  est  le  second  Dis  de  l'ancien  économe 
de  l'Université. 

(  '  )  M.  (ÎLAES,  messager  du  Collège  des 
eumteurs  et  commis  au  bureau  du  secré- 
toire-inspeeteur  de  Tancienne  Université  de 


l'Etat  à  Louvain,  du  l«rjanv.  18»5au  ie^^janv. 
1836,  est  arrivé  k  Liège  en  la  même  qualité, 
k  cette  dernière  date,  avec  son  dief,  D. 
Amould.qui  l'avait  pris  en  afl'ection.  U  a  été 
nommé  commis  d'ordre  comptable  le  là 
décembre  1850.  L'omission  de  son  nom  dans 
un  livre  consacré  aux  souvenirs  de  noire 
Université  ne  serait  pas  plus  pardonnable  que 
celle  du  nom  de  m.  R.  Maréchal. 

(*)  Bien  connu  comme  calligraphc.  On 
lui  doit^  entr'autres,  un  magnifique  manus- 
crit de  VHistoire  du  Comté  de  Looz,  de  Man- 
telius,  qu'il  a  traduite  en  français  avec  beau- 
coup de  soin. 


1175 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 


1176 


lesquels  on  remarquait  la  plupart  des 
notabilités  politiques  du  pays.  On  re- 
grettait rtiomme  privé  autant  que 
rbomme  public;  on  évoquait  surtout 
le  souvenir  des  services  qu*il  avait 
rendus  à  la  jeunesse  belge,  en  se  faisant 
dans  sa  chaire  a  Téloquent  et  coura- 
geux défenseur  de  la  plupart  des  prin- 
cipes qui  sont  inscrits  aujourd*hui  dans 
notre  Constitution,  à  une  époque  où  Ils 
étaient  fort  contestés.  » 

Col.  235.  L*art.  Dresse  a  été  impri- 
mé par  erreur  à  la  suite  de  Tart.  Du- 
MONT,  qu*il  devait  précéder. 

Col.  549,  I.  17...  qui  ne  lui  fut  pas 
donné  ;  lisez  :  qu*il  n*eut  pas  le  loisir 
d*exécuter. 

Col.  566}  I.  9...  et  restée;  lisez  :  est 
restée. 

Col.  642.  Le  troisième  volume  des 
Brabantsche  Yesten  vient  de  paraître 
(Juillet  4849).  Lintroduction,  œuvre  de 
M.  Bormans,  comprend  CLY  pages 
in-4«. 

Le  tome  XXVll,  2«  série,  no  5,  des 
Bulletins  de  V Académie,  contient,  du 
même  auteur,  une  Notice  sur  deux 
fragments  manuscrits  de  poésies  thyoi- 
ses  de  la  fin  du  Xllh  siècle  (le  Bes- 
tiaire d'amours  et  l'art  d'aimer  dVvide), 
20  p.  avec  une  pi.  photo-litbographiée 
(aussi  tirée  à  part). 

Col.  659,  1.  42.  S.  Ernst;  lisez  :  L. 
Ernst. 

Col-  708,  note  5  :  Damiron  ;  lisez  : 
Daunou. 

Col.  722, 1.  10...  d'indiquer  :  lisez  : 
à  indiquer. 

Col.  755.  Il  faut  jouter  à  la  biblio- 
graphie de  M.  Sainte-Beuve  : 

19^  Lettres  et  souvenirs  d'enseigne- 
ment d'Eugène  Gandar,  Paris,  1869,  2 
vol.  in-18^ 

La  préface  est  de  M.  Sainte-Beuve. 

20^  Portraits  contemporains  ,  nou- 
velle édition,  t.  I.  et  IL  Paris,  M.  Lé- 
vy,  1869,  in-18. 

«  Les  appendices  sur  M.  Victor  llugo, 
sur  Lamartine,  sur  George  Sand  sont  sur- 
tout d'un  grand  intérêt.  Ils  forment  comme 
un  supplément  et  quelquefois  même  une 
contrepartie  des  premiers  jugements.  »  {Re- 
vue des  deux  Mondes). 

C.  748-  Le  docteur  Jules  ânsiaux  est 
mort  le  7  juin  1 869. 


Ibid.  En  corrigeant  Tépreuve  de  la 
29*  feuille  de  notre  travail,  nous  avons 
biffé  par  inadvertance  les  noms  de  plu- 
sieurs agrégés;  espérons  que  notre 
amende  honorable  satisfera  le  lecteur. 
Voici  la  liste  des  agrégés  omis  : 

A.  Faculté  de  philosophie. 

M.  Adolphe  Mathieu,  ^,  de  Mons, 
conservateur  adjoint  delà  Bibliothèque 
de  Bourgogne,  membre  de  TAcadémie 
royale  de  Belgique.  M.  Ad.  Uathien 
occupe  un  rang  distingué  parmi  les 
écrivains  belges.  On  lui  doit  notam- 
ment plusieurs  recueils  de  poésie 
(Passe-temps  poétiques,  Olla  podrida. 
Poésies  de  clocher,  SenUia,  Georgio  ^ 
etc.)  ;  un  poème  sur  Roland  de  Lattre  ; 
une  curieuse  Biographie  montoise;  une 
élégante  traduction  envers  des  EpUres 
d*Horace;  une  version,  aussi  en  vers,  de 
VEpitre  aux  Pisons,  rivale  de  celle  de 
Baron;  des  chansons,  de  spirituelles  et 
mordantes  épigrammes,  etc.  (v.  ci-des- 
sus, col.  170  et  171). 

Henri-Michel  Mauhin  ,  né  le  5  mai 
1807  à  Verviers,  décédé  le  1^  juin 
1852  en  cette  même  ville,  où  il  rem- 
plissait les  fonctions  de  professeur 
d'humanités  à  TEcole  industrielle  et 
littéraire.  —  Mauhin  avait  fait  d'excel- 
lentes études  à  TUniversité  de  Liège; 
la  médaille  d*or  du  concours  lui  avait 
été  décernée  en  1825.  L'année  suivante, 
il  fut  de  nouveau  couronné  à  Utrecbt 
pour  un  mémoire  important  sur  la  mé- 
tempsychose.  Entré  dans  renseignement 
en  1851,11  contribua  beaucoup,  avec 
Ph.  Bède,  à  développer  rétablissement 
dirigé  par  ce  dernier,  Vlndépendance 
belge  a  publié  une  nombreuse  suite 
d'articles  sur  Tinstruction  moyenne, 
dus  à  la  plume  de  Mauhin.  —  V.  le 
Nécrologe  liégeois  pour  1852. 

B.  Faculté  de  droit, 

M.  J.  Britz  ,  auteur  de  plusieurs  ou- 
vrages estimés ,  entr'autres  d'un  Code 
de  Vancien  droit  Belgique ,  couronné 
par  l'Académie  (v.  le  t.  XX  des  Mém, 
cour,;  aussi  publié  à  part,  Bruxelles, 
1847,  in  4»  de  XXIY  et  1067  p.),  d'une 
Notice  sur  Sohet  (BulL  de rAcad.,i. XV, 
1"^  ;  cf.  le  Rapport  de  M.  Haus  sur  ce 
travail,  même  vol.,  p.  571),  etc. 


1177 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS, 


1178 


M.  Âlois  DE  Closset,  de  Liège  (frère 
de  Léon),  longtemps  attaché  an  minis- 
tère de  la  justice,  aujourd'tiui  profes- 
seur de  rhétorique  française  à  l'Athé- 
née royal  de  Bruxelles.  M.  A.  de 
Closset  a  obtenu,  en  i844,  une  men- 
tion très-honorable  au  Concours  uni- 
versitaire (v.  ci-après,  5"  partie).  U  a 
publié  en  2  vol.,  dans  VEnqfclopédie 
populaire  de  M.  A  Jamar,  des  Eléments 
de  droit  civiL 

M.  Hubert  Brasseur,  d^Esch-sur-FAl- 
zette  (frère de  J.-B.  Brasseur),  lauréat 
du  Concours  universitaire  en  1849- 
1880  (v.  ci-après,  p.  xxvj). 

C.  Faculté  des  sciences. 

Eugène  Bidâut,  né  à  Liège  le  6 
avril  1808  (')  décédé  à  Ixelles  le  49 
mai  1868.— Bidaut  entradès  1825  dans 
TAdministration  des  mines  et  s*éleva 
graduellement  jusqu'au  rang  d'ingé- 
nieur en  chef.  Il  fut  détaché  en  1848 
an  ministère  de  Hntérieur  pour  s'oc- 
cuper de  l'étude  des  travaux  de  défri- 
chement de  la  Campine,  puis  nommé 
inspecteur  général  de  l'agriculture  et 
des  chemins  vicinaux.  En  mai  1858, 
enfin,  il  fut  appelé  an  poste  important 
de  secrétaire-général  du  département 
des  travaux  publics,  fiidaut  était  offi- 
cier de  Tordre  de  Léopold  et  décoré  de 
la  croix  de  fer.  Sa  haute  intelligence, 
ses  connaissances  étendues  et  sa  longue 
expérience  des  affaires  lui  avaient 
acquis  une  influence  considérable,  qui 
tourna  tout  entière  au  profit  du  pays. 
Il  s'intéressait  vivement  h  nos  Ecoles 
spéciales,  où  le  souvenir  de  ses  vi- 
sites et  de  ses  conseils  est  resté  vi- 
vant. 

M.  Hippolyte  Guillery,  de  Nivelles, 
ingénieur  des  mines. 

M.  Victor  Fausse,  ® ,  de  Liège,  pro- 
fesseur à  l'Athénée  royal  de  la  même 
ville  et  répétiteur  aux  Ecoles  spéciales 
(v.  ci-dessus,  coL  1052). 

D.  Faculté  de  médecine, 

M.  C.-H.  Dechange,  ^,  de  Liège, 
médecin  de  régiment  à  Bruxelles.  — 
M.  Dechange  a  rendu  des  services  dans 
la  marine,  notamment  lors  d'une  mission 


qui  lui  a  été  confiée  à  Saint-Thomas  de 
Guatemala.  On  lui  doit  plusieurs  tra- 
vaux scientifiques  importants, 

Alphonse  Du>ot,  de  Dinant,  décédé 
directeur  de  l'Ecole  vétérinaire  de  Cu- 
reghem  lez-Bruxelles.  —  Le  docteur 
Didot  habita  Liège  pendant  plusieurs 
années.  Il  fut,  jusqu'à  sa  mort,  l'un  des 
membres  les  plus  actifs  de  l'Académie 
royale  de  médecine.  En  1856,  le  roi  lui 
avait  décerné  la  croix  de  chevalier  de 
l'ordre  national. 

Ibid.^  1.  9.  Fabry-Rossius  (A.),  li- 
sez (Louis);  1. 15,  Davreux(E.-J.),  lisez 
(C-J.). 

Col.  758.  Le  tome  II  de  la  Chronique 
de  Jean  d'Outremeuse  vient  de  paraître 
(un  vol.  in  4'>  de  835  p.) 

Le  t.  XXYII,  2«  série,  n»  5,  des  Bul- 
letins de  VAcadémiCy  contient  (p.  508- 
550),  un  Discours  prononcé  à  la  séance 
publique  de  la  classe  des  lettres,  le  12 
mai  1869,  par  M.  A.  Borgnet,  directeur 
de  la  classe  et  président  de  l'Académie. 
—  L'orateur  s'est  attaché  à  déterminer 
le  véritable  caractère  du  mouvement 
communal  en  Belgique  et  surtout  à 
Liège.  Il  démontre  que  la  commune 
était  essentiellement  aristocratique  à 
l'origine,  et  que  c'est  seulement  dans  la 
dernière  phase  de  son  développement 
qu'elle  est  devenue  une  institution  dé- 
mocratique. C'est  là  une  thèse  du  plus 
haut  intérêt,  et  le  programme  d'un  livre 
que  M.  Borgnet  nous  donnera  sans 
doute  quelque  jour. 

Col.  760.  Ajouter  : 

8»  Discours  sur  l'importance  de4'oph- 
thalmologie  au  point  de  vue  de  renseigne- 
ment de  la  médecine.  Liège,  1869,  in-8*' 
(Extr.  du  journal  V Avenir). 

Discoars  prononcé  par  M.  Borlée  à  l'ou- 
verture de  son  cours  d'ophthalmologio 
(1868-1869). 

9®  Précis  clinique  et  pratique  de  pa- 
thologie chirurgicale  spéciale,  y  compris 
les  maladies  des  yeux  (annoncé  comme 
devant  paraître  prochainement,  par  fas- 
cicules). 

Col.  767, 1.  30  .  .  professées  ;  lisez: 
professés. 


(*  )  Le   Nécrolwje    tiégeoit   pour   1856      contient  une  notice  sur  son  père. 


1179 


ADDITIONS   ET  CORRECTIONS. 


1180 


Col.  788  (art.  De  Koninck).— L'Uni- 
versité de  d^essen  a  décerné  à  M.  De 
KontDck,  en  f  848,  nn  diplôme  de  doc- 
teur en  sciences. 

€oI  778,  1.  7 . .  organique  ;  lisez  : 
inorganique. 

Col.  7^7, 1. 25..  Noste;  lisez  :  Hoste. 

Col.  855,  ^.  MA.  Gîllon  vient  de 
livrer  an  public  Tonvrage  dont  nous 
avons  annoncé  la  mise  sous  presse.  Il 
est  intitulé  : 

Cours  de  métallurgie  générale,  rédigé 
sur  les  notes  du  cours  lait  à  VEcole 
des  arts  et  manufactures  et  des  mines, 
annexée  k  VUniversité  de  Liège»  par 
Aug.  GiLLOM,  ancien  élève  de  TKcoIe  de 
Li^e,  professeur  ordinaire  à  la  Faculté 
des  sciences.  Liège,  1869,  un  vol.  in- 
8%  avec  atlas  de  12  planches. 

Col.  862,  L  50.  11  rédigea,  etc.;  lisez: 
11  fut  membre  de  ce  Congrès,  et  avant 
sa  réunion,  il  rédigea,  etc. 

Col.  864,  1.  45  Avanl  les  mots  : 
Quant  au  recrutement,  etc.,  il  convient 
d'intercaler  cette  phrase  :  «  Les  forces 
militaires  de  la  Belgique  se  compose- 
raient de  Varmée^  de  la  milice  et  du 
premier  banc  de  la  garde  civique.» 

Col.  884,  note  5.  —  Un  congrès  de 
botanique  a  eu  lien  à  Saint-Pétersbourg 
pendant  TExposition  ;  M.  Ed.  Morren 
ea  a  été  nommé  Tun  des  secrétaires 
beooraires.  11  y  a  prononcé  un  discours 
sur  nMfiueuce  de  la  lumièt'e  (v.  le  Jour- 
nal de  SaM-Pétersb&urg  du  8/20  mai 
1869).  Le  27  mai,  il  aété  nommé  che- 
valier de  rOrdre  impérial  de  Sle^Anne; 
à  TExposition,  il  a  obtenu  une  médaille 
de  bronze.  —  Il  faut  i^outer  à  sa  biblio- 
graphie YEnumération  des  familles  du 
règne  végétal  que  nous  avons  repro- 
duite plus  haut,  col.  1092-1106.  La 
première  édition  est  de  Gand,  1869, 
in-8*'.  fe)lle  contient  une  table  alphabé- 
tique et  la  Synopsis  des  cohortes. 


Col.  896, 1.  20.  En  1855  ;  lisez  :  En 
4855. 

Col.  917.  Nous  donnons  comme  fron- 
tispice du  présent  volume  une  vue  axo- 
nométrique  de  rUniversité,  que  M. 
Schmit  a  bien  voulu  dessiner  exprès 
pour  nous. 

Col.  919.  Le  programme  détaillé  du 
Cours  de  géométrie  descriptive  de  M. 
Schmit  est  maintenant  pubué  en  entier; 
il  comprend  225  p.  ln-8<',  autographiées 
(v.  ci-dessus,  col.  1141). 

Col.  955,  L  45.  Meyer;  lisez:  J.-R. 
Mayer. 

Col.  980  et  981,  note  5.  —  M.  Jos. 
Vaust  vient  défaire  paraitre(dans  le/ewr- 
nal  de  la  Société  royale  des  sciences  médi- 
cales et  naturelles  de  Bruxelles)  uxiUé- 
moire  sur  le  travail  des  femmes  dans  les 
mines.  C'est unenouvelle  réponse  au  rap- 
port de  M.  Kuborn  (v.  Farticle  Fossion). 

Col.  1000.    ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

1855.  Y.  Fohmann;  lisez:  1825. 

Col.  1054.  ASTRONOMIE  ET  GÉODÉSIE. 

Après  la  ligne  4  (1857.  F.  Folie), 
ajoutez  :  1862.  A.  Devivier. 

Col.  1061,  XYIII.  Dessin.  Le  5  janv. 
1829,  N.  Dandeliu  (frère  du  prof,  d'ex- 
ploitation des  mines,  fut  nommé  maître 
de  dessin  k  TEcole  des  mines. 

CoL  1088,  1.  44,  s*exéter;  lisez: 
s*exécuiter 

Col.  115S.  Depuis  18471848,  le 
conservateur  du  cabinet  d'instruments 
de  chirurgie  est  en  même  temps  prépa- 
rateur du  cours  de  médecine  opératoire. 
M.  Ad.  Wasseige  a  rem|)li  ces  deux 
fonctions  par  intérim  en.  1852  et  1855, 
pendant  la  maladie  qui  a  finalement 
éloigné  de  TUniversité  M.  L.  Dejardtn. 

Ibid.  Le  catalogue  systématique  de 
la  collection  n^"  XVI  a  été  dressé  par 
M.  Ad.  Wasseige. 

JHd,,  1.  11.  Ce  n'iîst  pas  de  1,500, 
mais  de  plus  de  6,000  objets  que  se 
compose  la  collection  u^  XYI. 


TROISIÈME   PARTIE 


LA  FAMILLE  UNIVERSITAIRE 


II 


LES  ELEVES 


Nous  dressons  le  bilan  de  ITJniversité.  Un  bilan  se  compose  de 
l'inventaire  du  doit  et  de  Vavoir  :  le  passif  comprend  ici  les  obliga- 
tions des  professeurs  et  de  leurs  auxiliaires;  l'actif  consiste  dans  les 
résultats  obtenus.  Telle  est  la  division  naturelle  de  notre  travail; 
quant  à  la  balance,  c*est  à  Topinion  publique  que  revient  le  soin  de 
rétablir,  c'est-à-dire  de  décider  si  l'Université  de  Liège  a  rendu  et 
rend  encore  au  pays  les  services  qu'on  est  en  droit  d'attendre  d'elle. 
D'après  ce  plan,  après  avoir   fait  connaître  ceux  qui  donnent 
l'enseignement,  il  nous  reste  à  nous  occuper  de  ceux  qui  le  reçoivent. 
On  cherchera  dans  les  données  de  cette  statistique  tous  les  éléments 
d'induction  qu'on  voudra  :  notre  unique  lâche  est  d'enregistrer  des 
faits,  sauf  à  y  joindre  les  explications  sans  lesquelles  il  serait  diffi- 
cile d'en  apprécier  le  véritable  caractère  et  d'en  mesurer  la  portée. 

Il  ne  peut  être  question  ici  que  des  élèves  lauréats  et  de  ceux  qui 
ont  subi  l'examen  final.  Il  y  a  dans  toutes  les  Universités  une  popula- 
tion flottante  de  simples  amateurs».  Il  y  a  aussi  des  élèves  qu'on  appel- 
lerait volontiers  nomades,  c'est-à-dire  qui  passent  d'un  établissement 
à  l'autre  avant  d'achever  leurs  études;  d'autres  enfin  qui,  entrés  avec 
la  ferme  résolution  de  travailler  sérieusement,  se  relâchent  peu  à  peu 
ou  finissent  par  se  reconnaître  incapables  de  réussir.  De  ceux-là 
nous  ne  parlerons  point  :  un  simple  relevé  numérique  des  registres 
d'inscription  suffira  pleinement  à  constater  leur  passage.  Nous  tenons 
au  contraire  à  inscrire  sur  ces  pages  les  noms  de  nos  docteurs  et  de 
nos  ingénieurs,  aussi  bien  des  plus  modestes  que  de  ceux  qui,  deve- 
nus l'honneur  de  la  nation,  ont  voulu  donner,  le  3  novembre  1867, 
un  éclatant  témoignage  de  sympathie  aux  successeurs  de  leurs 
anciens  maîtres. 


—  IV  — 

Il  faut  nous  borner  cependant.  Tout  bien  considéré,  par  exemple, 
nous  avons  cru  devoir  renoncer  à  dresser  la  liste  des  titulaires  de 
bourses  de  voyage  (*)  :  d'une  part,  ces  bourses  ont  été  quelquefois 
accordées ,  pour  des  motifs  particuliers ,  à  des  jeunes  gens  qui 
n'avaient  point  obtenu  la  plus  grande  distinction  à  leurs  examens  ;  de 
l'autre ,  tous  les  élèves  diplômés  avec  le  plus  haut  grade  n'ont  pas 
réclamé  la  faveur  qui  pouvait  leur  être  accordée  de  ce  chef.  Des  con- 
sidérations faciles  à  comprendre  nous  ont  même  décidé  à  mettre  tous 
les  anciens  élèves  sur  la  même  ligne,  c'est-à-dire  à  ne  point  men- 
tionner les  distinctions  accordées  par  les  jurys.  En  revanche ,  on 
trouvera  ci-après  une  liste  complète, des  lauréats  du  Concours  uni- 
versitaire. 

Nous  pensons  avoir  répondu  aux  inten,tions  du  Conseil  académique 
en  composant  la  dernière  partie  de  r^olre  travail  des  sections  sui- 
vantes : 

l"*  Etat  numérique,  année  par  année,  des  étudiants  inscrits  depuis 
4817; 

2»  Notice  sur  le  Concours  universitaire,  indication  des  questions 
posées  et  liste  des  lauréats; 

S"*  Notice  sur  le  doctorat  spécial  et  renseignements  sur  les  per- 
sonnes qui  ont  reçu  ce  grade; 

4''  Diplômes  honorifiques  et  diplômes  scientifiques  de  docteur; 

5""  Liste  générale  des  docteurs  sortis  de  nos  quatre  Facultés,  ainsi 
que  des  candidats  notaires  et  des  pharmaciens; 

S**  Liste  des  professeurs  agrégés  de  renseignement  moyen  du 
degré  supérieur,  formés  soit  à  la  Faculté  des  lettres,  soit  à  TEcoIe 
normale  des  humanités; 

T"  Enfin,  liste  générale  des  ingénieurs  sortis  de  l'Ecole  des  arts  et 
manufactures  et  des  mines,  annexée  à  l'Université  de  Liège. 

(')  Les  éiéments  de  cette  liste  se  trouvent  dans  le  Rapport  de  M.  Mothomb,  t.  II,  p. 
1840,  eidtns  les  Rapports  trieni{avT, 


TABLEAU  INDICATIF 


DU  NOMBRE  DES  ÉLÈVES 


QUI  ONT  FRÉQUENTÉ  L'UNIVERSITÉ  DE  LIÈGE 


DEPUIS  1817. 


Année». 


I 


1817-18 
1818-19 
1819-SO 
1820-21 
1821-22 
1822-23 
1825-24 
1824-25 
1825-26 
1826-27 
1827-28 
1828-29 
1829-50 


1850-51 
1851-52 
1852-55 
1855-54 
1854-55 


1855-56 
1836-57 


Phllo- 

WO|»hl«9 


55 

47 

70 

86 

85 

151 

117 

120 

154 

156 

151 

159 

140 


»0 

» 
)) 
» 
1) 


44 
17 


Droit 


147 
112 
118 
91 
114 
102 
129 
162 
188 
201 
188 
198 
191 


166 
148 
152 
169 
168 


155 
129 


flclen« 


19 
27 
25 
29 
45 
55 
71 
62 
66 
80 

108 
96 

105 


115 

106 

95 

129 

8i 


81 
95 


Ecole» 


» 

» 

» 

» 
» 
» 
» 
» 


9 
» 
» 
» 
» 


» 

15 


Mëde- 
et  ne* 

Total 

60 

2590 

82 

268 

84 

297 

71 

277 

55 

295 

57 

545 

48 

565 

82 

426 

89 

477 

94 

511 

95 

540 

104 

557 

104 

540 

94 

573 

98 

552 

126 

351 

125 

425 

111 

565 

114 

572 

108 

594 

ObiftervatloiM 


i* )  Cm  chiffires,  jus- 
qn>n    1829-SO,    «odi 
c«nx  de  M.  Nothomb  ; 
ih  00  roocordent  pa» 
extetemeot   «tm    le» 
reUTé«  feiU  4  Liège. 
Cettx-ci  donnent,  poor 
i8t9-?0,  an    tuul  dH 
ii7  élève»  seulement 
pour  «nO-2 1,260  élè 
vea  ;  274  poar  Tannée 
«oivente,  et  329  poni 
im-13:   enfin,     491 
pour  18x5-26. 


(*)  La  Faculté  deal 
lettre*  a  été    innpri- 
mée  de  1830  à  ISSH. 


VI 


ÉTAT  NUMÉRIQUE  DES  ÉLÈVES. 


Ann^e». 

Philo- 

sophie 

1857-58 

58 

4858-59 

55 

1859-40 

58 

1841-42 

61 

1842-45 

88 

1845-44 

80 

1844-45 

85 

1845-46 

99 

1846-47 

102 

1847-48 

122 

1848-49 

155 

1849-50 

115 

1850-51 

104 

1851-52 

100 

1852-55 

104 

1855-54 

99 

1854-55 

110 

1855-Ô6 

159 

185G-57 

106 

1857-58 

84 

1858-59 

76 

1859-60 

99 

1860-61 

89 

1861-62 

47 

1862-65 

68 

1865-64 

67 

1864-65 

75 

1K65-66 

74 

1866-67 

68 

1867-68 

77 

Droit 


118 

77 

64 

72 

80 

101 

122 

125 

117 

122 

151 


146 
142 
155 
159 

128 
145 
168 
162 


166 
157 
157 
167 
185 
154 
155 
157 
165 
144 
151 


E€)Oi< 


Mëde- 
elne. 


ToUil 


48 
51 
45 
51 
69 
77 
75 
86 
74 
70 
85 


82 
86 
95 
76 
78 
75 
91 
98 


75 

61 

72 

58 

70C) 

51 

65 

68 

69 

66 

89 


68 

90 

105 

154 

81 

104 

90 

66 

76 

77 

77 


72 

88 

84 

92 

104 

144 

164 

220 


288 
511 
552 
599 
590 
581 
598 
401 
568 
545 
279 


77 

549 

85 

558 

81 

551 

79 

597 

124 

442 

79 

441 

78 

448 

77 

455 

76 

445 

79 

470 

77 

525 

9«n 

504 

84 

504 

94 

526 

91 

502 

99 

508 

115 

5H5 

126 

688 

145 

729 

149 

762 

152 

757 

151 

811 

151 

864 

157 

829 

141 

795 

122 

805 

106 

805 

110 

786 

115 

758 

'  115 

709 

(*)  Y    compris    1 
él<jT6t    «n   pharmacial 
(jiuqn*en  tS9l-6<). 


f«)  A  partir  d«  1861 
62,  les  trlèTM  qai  mI 
pi-éMireat  an  gr«de  cl« 
nandidat  ea  pharmacie 
ont  été  restitain  *  l 
Faculté  de«  aeieoee», 
C'A  qui  eat  fkarfaitemoit 
jotfte,  paiiqQ*ib  ai 
Mnireot  paa  «neora  Icd 
Coors  dfl  la  Pacnltè  de 
médaoine. 


II 


CONCOURS    UNIVERSITAIRE, 


PREMIÈRE  PÉRIODE  :  1817-1830. 


Le  Règlement  sur  torgatmaiion  de  renseignement  supérienr  dans  les 
provinces  méridionales  des  Pays-Bas,  du  25  septemt)re  1816,  contenait 
les  dispositions  suivantes  : 

Art.  ho.  Il  sera  affecié  aonaellemeot  ane  somme  flxe  pour  accorder  des  récompenses 
k  ceax  (aux  élèves)  qui  se  seront  distingués  par  leur  mérite... 

Art.  14i.  U  sera  décerné  tous  les  ans,  dans  chaque  Univeraité,  huit  médailles  d'or  de  la 
valeur  de  fl.  ftO,  ou  la  valeur  en  espèces;  les  étudiants  proprement  dits  des  Universités 
seront  les  seuls  qui  auront  le  droit  d'y  prétendre;  bien  entendu  néMimoins  que  tout  étudiant, 
quelle  que  soit  l'Université  à  laquelli*  il  appartienne»  et  quelle  que  soit  celle  où  les  médailles 
seront  décernées,  aura  le  droit  de  concourir. 

Art.  149.  La  distribution  de  ces  prix  se  fera  annuellement  en  public  par  le  recteur, 
après  qu'il  aura  prononcé  le  discours  par  lequel  il  transmet  sa  dignité  à  son  successeur. 

Art.  i43.  Elles  seront  décernées  à  la  meilleure  réponse  rédigée  en  langue  laline,  à  l'une 
des  questions  ù  proposer  aa  concours,  dont 

i  sur  la  jurisprudence,  k  proposer  par  la  Faculté  de  droit; 

i  sur  la  médecine,  à  proposer  par  la  Faculté  de  médecine  ; 

3  sur  les  sciences  mathématiques  et  physiques ,  k  proposer  par  la  Faculté  des  sciences 
physiques  et  mathématiques  ; 

8  sur  la  philosophie  et  la  littérature,  à  proposer  par  la  Faculté  de  philosophie  et  des 
lettres. 

Art.  444.  Ces  questions  sont  réglées  de  manière  que,  dans  un  nombre  déterminé 
d'années,  elles  auront  embrassé  tout  le  cercle  des  études.  La  Faculté  des  lettres  aura  soin 

r 


Viij  CONCOURS    INIVRRSITAIRE. 

de  comprendre,  dans  le  nombre  dei  quesUoni  à  proposer  par  elle  dans  le  cour»  de  quelques 
années,  un  aujel  d'ëloqoence  ou  de  poésie  propre  à  sonienir  la  répulalion  acquise  à  la 
nalion  par  les  orateurs  et  portes  latins  qu'elle  a  produits. 

ART.  445.  On  proposera  surtout  au  concours  des  questions  dont  la  solution  suppose 
plutôt  un  exercice  assidu  des  leçons  qu'une  subtilité  ou  une  sagacité  d'esprit  extraordinaire. 

Art.  446.  Quand  une  dissertation  envoyée  paraîtra  mériter  le  prix,  la  Faculté  qui  a 
proposé  la  question  devra,  avant  de  décorner  publiquement  le  prix,  et  après  avoir  ouvert 
le  billet  contenant  le  nom  de  l'auteur  et  présentant  en  I6te  la  même  épigraphe  que  porte  la 
dissertation,  inviter  l'auteur  à  comparaître  devant  elle  dans  un  espace  de  temps  déter- 
miné, afin  de  dérendre  pendant  une  demi-heure  sa  dissertation  contre  les  objections  des 
membres  de  la  Faculté.  Si ,  après  Touverture  du  billet ,  il  paraît  que  la  dissertation  est 
écrite  de  la  main  même  de  l'auteur,  il  perdra  de  fait  son  droit  aux  prix. 

Art.  447.  Quand  le  résultat  de  cet  examen  aura  prouvé  que  la  pièce  envoyée  a  pu  être 
en  effet  l'ouvrage  de  celui  qui  l'a  envoyée,  la  médaille  lui  sera  décernée  et  mention  en  sera 
faite  dans  tous  les  journaux  et  ouvrages  périodiques,  en  fixant  le  jour  oh  la  médaille, 
suivant  l'art.  446,  lui  sera  décernée  publiquement. 

Ait.  448.  Lorsqu'on  fera  une  demande  pour  obtenir  une  place  ou  un  avancement ,  le  Roi 
aura  égard  au  nombre  de  médailles  qu'on  aura  remportées. 

Art.  449.  Les  pièces  couronnées  seront  imprimées  dans  les  Annales  des  Universités...» 

Nous  donnons  ci-après  la  liste  des  questions  proposées  par  rUni- 
versité  de  Liège  depuis  la  création  de  cet  établissement  jusqu'à  la 
révolution  de  1830,  et  les  noms  des  lauréats.  Pour  plus  de  régularité, 
les  Facultés  sont  rangées  dans  Tordre  où  elles  figurent  actuellement 
au  programme. 

I.   FACULTÉ   DE   PHILOSOPHIE   SPÉCULATIVE  ET   DBS   LETTRES. 

1818-1819. 

Quenam  logices  et  metaphysices  ad  grammaticam  est  relatio? 

Smis  réponse. 

Ad  quem  perfectionis  gradum  pervenerant  littere,  sclentim  et  artes  libérales,  ineunte 
steculo  octavo  decimo,  in  provinciis  quse  nunc  regnum  Belgicum  constitnunt? 

Sans  réponse. 

Adferantur  argumenta  quibus  freqnentior  llnguse  latins  ad  scribendom  usns  comanendator, 
simulque  quibus  ille  ftnibus,  habita  presentis  litteramm  et  scientiarum  status  raUone, 
circnmscribendus  sit,  donatnr. 

Sans  réponse. 

1819-1820. 

Quo  jure  rerum  philosophicarum  scriptores  à  Soc  rate  novam  bistori»  philosophisp  pe- 
riodum  incboandam  putant? 

Un  seul  Mémoire  a  été  présenté.  La  médaille  a  été  obtenue  par 
M.  J.-F.-X.  WûRTH  (V.  Ann.  Aead.  Uod.,  1818-1819,  37  p.). 

Quasnam  mutationes,  cùm  in  generis  humant  universi ,  tùm  in  Grœcorum  atque  iEgypUo- 
rum  cooditione,  condita  ab  Alexandre  roagno,  auctaque  à  Ptolèmis  Alexandria  urbs,  non 
solùm  diversarum  disciplinarum,  sed  eliam  mercaturae  ratione  produxit? 

Trois  Mémoires  présentés;  pas  de  prix. 


CONCOURS   UNIVRRSlTAine.  IX 

Quoin  in  dqIIo  snperstite  velenim  scriptorum  opère  primordia  hisiori»  Romanse,  et  anli- 
quissimos  reipublieœ  Roman»  status,  sequè  prolixe  accuratèque  exposita  inveniantur,  quàm 
in  Dionysio  Halicarnassensi ,  idem  tamen  auctor  aliorum  testimonio  judicioque  passim 
repugnet,  cùmque  nostrà  œtate  aadaciores  qaorundam  conjeclur»  hanc  historié  roman» 
partem  mirum  in  modum  perlurbaverint  ;  poatulalur  disserta tio  de  fide  historiée  Dionysii 
Haticarnasaensis,  in  qoâ,  comparalis  expensisque  veterum  scriptorum  testimoniis  atque  auc- 
toritate,  quîd  de  gravisaimis  illius  auctoris  k  cœteris  discrepantiis  statuendum,  quidque  in 
aingalifl  verum  sil  aut  vero  proximnm ,  exponatur. 

Sans  réponse. 

1820-1821. 

La  question  proposée  Tannée  précédente  a  été  remise  au  concours. 
Des  deux  Mémoires  présentés,  aucun  n'a  été  jugé  digne  de  la  médaille. 

Qiuenam  officiorum  divisiones  facts  sunt  à  prœcipuis  philosophis  tàm  anliquis,  quàm 
recentioribus,  et  quœ  earam  reliquis  prâeferenda,8i  ulla  officiorum  di Visio  admitU  potest? 

Deux  Mémoires  ;  pas  de  médaille. 

Qo»  differenlia  ioler  Colonias  veterum  et  reoentioriim  popalorum,  et  rerum  sive  institulo- 
rom  publiconim,  et  cum  metropoli  nexûs  habita  ratione? 

Deux  Mémoires  ;  pas  de  médaille. 

1821-1822. 

La  question  sur  les  Colonies  ayant  été  remise  au  concours,  la 
médaille  a  été  décernée  à  M.  Jean-Joseph  Gêradon  ,  de  Horion- 
Hozémont  (V.  Ann.  Acad.  Leod.,  1821-1822,  86  p.). 

Quibus  argumentis  philosophi  ad  nostram  usque  memoriam  libertatem  animi  probare 
conati  sunt,  et  quid  de  iis  censendum  ? 

Une  réponse  non  couronnée. 

Quum  inter  recentiorcs  poêlas  latinos  vel  insigniler  olim,  sive  arte,  sive  dictione,  sive 
nlràque  celebrari  nunc  vulgô  ab  indoetis  juxtà  doctisque  negligantur  et  conlemnantur , 
quumque  inter  lyricos  ità  emineat  Sarbievius,  ut  critici  Horatium  ab  eo  squatum  lyricft 
poesi,  nonnulli  superatum  censuerint;  postulatur  commentalio,  in  quâ,  prsemissili  de  negleclse 
neolatinse  poeseos  causis,  deque  ejus  sive  justo,  sive  immerito  contemtu  disputatione ,  in 
altéra  parte,  quateniis  Sarbievius  Horatium  dictione  et  poeUcii  facultate  vel  aequaverit,  vel 
superaverit,  institulÂ,  et  univers!,  et  carminum  aliquot  comparatione,  dijudicetur. 

Sans  réponse. 

1822-1823. 

Cette  dernière  question  ayant  été  remise  au  concours,  le  prix  a  été 
partagé  entre  MM.  Jean-Henri  Bormans,  de  Saint-Trond,  étudiant  à 
l'Université  de  Liège,  et  Corneil  Star  Numan,  étudiant  à  l'Université 
d'Utrecht.  Les  deux  Mémoires  couronnés  ont  été  insérés  dans  les 
Ann.  Acad.  Leod.  (1822-1823),  resp.  112  et  163  p. 

Enarretur  historia  foederis,  triplex  quod  vocaïur,  anno  1688  inter  Provincias  fœderalas, 
magnam  Brittanam  et  Sueciam  Tacti. 

Trois  Mémoires  présentés;  pas  de  médaille. 

Postulatur  conimentatio  argumenium  Theaeteti  ità  exponens,  ut  indè  appareat,  quœnam 


X  CONCOURS   UNIVERSITAIRE. 

Platonifi  de  scientià   sit  senteolia,  al  quibus  raUoQibiift  oppoait  a  phlloaopliorwii  pladta 

rerellat. 

Un  Mémoire  couronné.  L'auteur,  Théodore  Lens,  de  Luxembourg, 
vint  à  mourir  quinze  jours  après  la  proclamation  du  résultat  du  con- 
cours v.  Part.  Wagem4nn,  col.  600).  —  Le  travail  de  Th.  Lens  a  paru 
dans  les  Ann.  Àcad.  Leod.  (1823-1833),  p.  56. 

1823-1824. 

Reproduction  de  la  question  sur  la  Triple  Alliance  ;  pas  de  réponse. 

Qaom  indè  à  Condiliaco  usque  ad  nostram  memoriam  plorcs  Gallonim  pbiloaophi  siogttias 
animi  fiicultaiea  ad  unam  originem  reducere  statuerint,  poslolatur  oommeolaUo  docena  : 
qusenam  iUi  studiia  sais  profecerinl,  qitenaiii  vero  iisdem  objioi  queant. 

Sam  réponse. 

QuasHtar  :  Gnr  Ath^meoses  reliquos  Grœeis  popalos  non  solbffl  palrîft  Kberft  sed  etiam 
sub  Rofflanorom  potéslale,  ingenii  calturft  taotôperè  saperaverinl. 

Trois  réponses  ;  pas  de  médaille. 

1824-1825. 

Posluialar  commenlatio,  de/initionem  pukhri,  k  Clar.  Hemsterhuis  datant,  cum  reliqaonun 
philosophorum  deOnitionibus  comparans  atque  dijudlcans. 

Prix  :  M.  Jean-Henri  de  Fooz,  de  Liège  (V.  Ann.  Aead.  Leod.^  1824- 
1825,  p.  56-101). 

Quisnam  eral  slalas  civitalum  gnecarum^  moriente  Alexandre  Magno  ? 

Quatre  réponses.  Prix  :  M.  Charles-Joseph  de  Mortier,  de  Wavre, 
élève  de  FUniversité  de  Louvain  (v.  Ann.  Acad.  Uod.^  1824-1825, 
p.  103-170). 

Quseritur  elogium  Frederici  Hcnrici,  AraasUe  principis. 

Cinq  réponses.  Prix  :  M.  Charles-Florivont  Matton,  élève  de  l'U- 
niversité de  Gand  (v.  Ann.,  1824-1825,  p.  171-2081. 

1825-1826. 

Prœcipuse,  quibus  lingua  germanica  et  belgica  inierse  différant  et  conveniant,  proprie- 
laies,  tùm  quoad  elymologium,  quàm  rcspecto  ulriusque  synlaxeos  enumerenlur,  et  exera- 
plis  ex  tttrftque  linguft  pelilis  illustrentur. 

Sans  réponse. 

Quemnam  fructum  è  studio  philosophiœ  moralis  in  studio  doctrinarum  polilicarum  perci- 
pere  possumus  ? 

Deux  réponses.  Prix  :  M.  Jean-Henri  de  Fooz  de  Liège  (v.  Ann. 
1825-1826,  p.  219-258\ 

Honstretur  rationibus,  prascipuè  bisloricis,  nullom  vigere  imperiom,  eliam  si  oplimè 
conslitulum  sil,  nisi  civium  virtnte  el  opinlone  suslinealur. 

Cinq  réponses.  Prix  :  M.  François-Henri-DësirA  Marlin,  de  Liège 
(v.  Ann.,  p.  259-333). 


Cœ<CO(JliS   LNlVEltôlTAlUE.  XI 

4836-1827. 

Anne  Giceroois  prœceptum  :  *Sie  est  faeiendumf  ut  contra  universam  naiuram  nihil  con- 
tendamus;  ed  tamen  cotueruatà,  propriam  naturam  sequamur  >  (De  Offlc,  I,  31),  uûiversis 
hominibas  recUm  agendi  rationem  prœscribit,  atqae  mi^ori  cam  commodo  ac  similes  alio- 
rara,  tùm  antiquorum,  tiim  recentiorDOi  philosophorum  formai»  in  capite  ethices,  principii 
loco,  poni  potest? 

Prix  :  M.  Pierre-Joseph  Lemoine,  de  Liège,  élève  de  rùniversité 
de  la  même  ville. 

MoDStretar,  quantum  Stofcorum  e(  Epicureorum  doctrinœ  iùm  ad  illusirandum  atque  à 
superstîtione  liberandum  gentium  antiqjuarum  ingenium,  tùm  ad  earundem  mores  excolen- 
dos  conferre  potaerint  ;  qnoqae  respecta  Stoicis,  quo  Epieureis  palma  ferenda  sit. 

Prix  :  M.  Charles  Beving,  de  Luxembourg,  élève  de  TUniversité  de 
Liège.  —  Accessit:  M.  J.  Blaupart-ten-Cate,  d'Amsterdam. 

iMlitaatjir  comparatio  placitontm  Platonis  et  Aristotelis  de  ratione  et  principiis  artis 
poetics. 

Prix  :  M.  Isaag  Busgh-Keisbr  ,  élève  de  l'Université  de  Groniogue. 

1827-1828. 

Mooslrelur,  quo  jure  in  historié  philosophie  etiam  ea,  quse  ad  mythos  antiquarura  gen- 
tium spectaot,  enarrari  possint. 

Sans  réponse. 

Morom  depravttoram  in  repnbiicà  Ronanà  tndicentur  oausœ,  initia,  progressas  et  eflectus 
ad  reipublic»  detrlmentam. 

Prix  :  M.  F.  Laurent,  de  Luxembourg,  élève  de  l'Université  de 
Louvain.  —  Accessit  :  M.  Blaupart-ten-Cate. 

Qnaeritor  quâ  ratjone  principia  grammatices  aniversalis  ad  primas  cognitonis  humanae 
notiones  enucleandas  idonea  sint. 

Sans  réponse. 

1828-1829. 

Exponantor  et  eiaminentur  Aristolelis  de  educatione  atque  institutione  puerorum  placita, 
eo  prsesertim  oonsilio,  ui,  babit  institutorumapad  gentes  anliquas  libéras  ratione,  doceatur, 
quo  jure  recaçitiores  quidam  «ducationem  et  insiitutionem,  legibus  ac  disciplina  publlcâ  non 
omninô  liberam,  civium  singulorum  libertali ,  ipsique  inslitutioni  contrariam  exislimenl. 

Satis  réponse. 

Qaaeritur  hîstoria  Syracasarum,  ex  ipsis  fontibus  derivata,  usque  ad  urbem  captant  à 
Marcello. 

Satis  réponse. 

Indicetur  quateniis  Aristophanes  irridendà  Alheniensium  levitate,  cl  perstringendis 
vitiis,  démocraties  reipublic»  formœ  propriis,  boni  civis  offlcium  praesliterit. 

S^ns  réponse. 

1829-1830. 

Les  deux  dernières  questions  furent  reproduites  cette  aiinnée  ;  on 
y  ajouta  la  suivante  ; 


Xij  CONCOURS   UNIVERSITAIRE. 

Enarretur  hisloria  doctrinie  de  migratione  animarum,  ejusdemque  ad  mores  hofflinom 
momentum  dijudicetar. 

La  révolulion  éclata.... 

II.    FACULTÉ   DE  DROIT. 

18184819. 

Exponatur  quASDam  sint  jura  liberorum  illegitimonim  jure  romano  et  jure  hodierno. 

Trois  Mémoires. —  Prix  :  M.  François-Joseph  Grandgagnage,  de  Na- 
mup  (V.  Ann.  Acad.  Leod.,  1818-1819, 107  pages). 

1819-1820. 

Commenlelur  locuâde  crimino  infanticidii,  îtà  quidam  ut  enarratis  iis,  quae  de  hoc  crimioe 
jure  et  legibus  priecipuorum  populorum  veteris  orbis  erant  sancita,  nec  non  recentiorom 
populorum  de  eo  principalinm  legum  prsecoptis  exhibitis,  Codicis  pseDarum,  qnoDunc  ntimar, 
de  hoc  crimine  disposilio  didacticô  et  criticè  examinetur  (non  omissis  qus  ex  medicinà 
forensi  rem  elucidandam  spectant),  atque  philosophicis  coosiderationibus  hujus  criminis 
natura  ex  omni  ratione  illustretur. 

Trois  Mémoires.  —Prix:  M.  Henri  deBrougkbrb,  de  Bruges  (V. 
Ann.,  1819-1820,  78  pp.). 

1820-1821. 

Gùm  genuîni  loatitutionum  Gigi  jurisconsulti  Commentarii  jàm  volgaii  sioi  :  disquirator 
quasnam  debeamus  huic  operi  circa  jus  actiooum  et  circa  rationem  procedendi  in  cansis 
privatis  apud  Romanos  notitias  hacteoùs  desideratas  ;  qum  inquisjtio  ilà  institualur,  ot  jadi- 
ciorum  privatorum  ordo  historicè  illustretur.  Judicetur  deniquè  in  quantum  in  hàc  juris  parte 
G^jum  secutus  sit,  vel  ab  eo  recesserit  in  suis  Institutionibus  componendis  Juslinianus. 

Trois  Mémoires.  —Prix  :  M.  Everaro  Dupont,  de  Liège  (V.  Ann., 
1820-1821,  162  pp.). 

1821-1822. 

Concinno  ac  dilucido  modo  exponatur  doctrina  juris  civilis,  qoo  adhîic  utimur,  de  illis  qui 
potiores  in  pignore  vel  hypothecà  habentur  :  seu  indicenlur  crédita  privilegîaria,  eorom 
causse,  conditiones,  effectus  et,  si  concurrant,  ordo  inter  ea  servandus,  ilà  ut  simul  critica 
istius  doctrinie  discussio  instituatur,  et  difflciliora  loca  hùc  pertinentia  explanentur. 

Sans  réponse. 

1822-1823. 

Même  question  que  Tannée  précédente. 
Une  réponse  non  couronnée. 

1823-1824. 

Quseritur  an  in  republicâ  benë  ordinatâ  pœna  mortis  admittenda  sit,  et  qaœnam  crimioi, 
si  admittatur,  eà  plecttnda  sint.  Quo  in  argumento  absolvendo  auctori  permitlitur ,  qnam 
velit  sententiam  sequi;  semperverô  alterius  qusestionis  partis  examen  instituât  oportet. 

Deux  Mémoires.  —  Prix  ;  M.  Louis-Henri  Golinbz,  de  Bruxelles, 
élève  de  l'Université  de  Louvain  (V.  Ann.,  1823-1824,  138  pp.). 


CONCOURS   UNIVERSITAIRE.  XÎij 

1824-182S. 

Exponaiur  doctrina  de  don&tionibas  secnodom  praecepU  joris  Romaoi  tàm  veteris  quàm 
Jastinianei;  simalque  disquiratar,  quaanam  debeamas  notitias  de  hàc  juria  parte  bactenùs 
desideratas  fragmentis  à  Celeb.  ÂDgelo  Majo  in  Codice  rescripto  bibliothecœ  Vaticanae  noper 
repertis,  et  jàm  Rom»,  BerolîDi  et  Parisiis  poblicatis. 

Un  Mémoire.  —  Prix  :  M.  Jean-ârnold  Yan  der  Burgh,  étudiant  à 
l'Université  de  Leyde  (V.  Am.,  1824-1825,  p.  353-662). 

1825-1826. 

Ostendatur  et  critico  examine  ilinatretar  :  quasnam  juris  fontes  et  quas  rationes  sccuti 
sint  eonditores  Codicis  juris  civilis ,  qoo  adhiic  utimur,  in  deflniendo  statu  civili  persona- 
ram  ex  jure  potestatum;  quo  in  argumenlo  exponendo,  non  ad  singulos  arliculos,  sed  ad 
generalia  prscepta  in  h&c  juris  parte  servata  spectetur,  et  diligenter  denionstretur  quatenùs 
à  veteri  jure  recesserint,  idve  retinnerint,  aut  principia  plane  nova  sanciverint  legislatores. 

Sans  réponse. 

I826-1S27. 

Exponatar  ani versé  qu»  fuerit  legum  frumeotariarum  apud  recentiores  populos  ratio  et 
finis,  et  inquiratnr  accuratè,  utrum  ad  salutem  publicam  valent,  mercaturam,  quà  frumentum 
ab  exteris  regionibos  introdacatar,  vel  ad  alias  regiones  exportetur,  vel  deniquè  in  regione 
ipsA  divendatur,  legibns  sive  arcere,  sive  certis  limitlbus  circamscribero. 

Sans  réponse. 

1827-1828. 

Quœritar  :  qnœnam  intercédât  necessitudo  inter  actionem  publicam  et  privatam  de  eodem 
facto  compétentes,  et  quibusnam  causis  sententia  de  altéra  lata  alteri  priejudicetar.  Eruan- 
tur  et  accuratè  deftniantnr  in  illnstrandft  questione  generalia  juris  prœcepta  hoc  argumen- 
tum  respicientia. 

Pas  de  prix. 

1828-1829. 

Illustretur  tiim  criticè,  tiim  ex  accuratà  fontium  comparatione,  vera  juris  civilis  Romani 
de  cuIpA  doctrina. 

Prix:  M.  J.-P.  MoLiTOR,de  Luxembourg,  élève  de  TUniversité  de 
Liège. 

1829-1830. 

Exponator  et  theoreticè,  et  secandnm  jus  civile  hodiernum,  de  dividuis  et  individuis 
obligatîonibns  systema. 

m.   FACULTÉ  DES  SCIENCES   MATHÉKATIQUES  ET   PHYSIQUES. 

1®  Mathématiques. 
1818-1819. 

Ut  calculi  iuteraiis  teu  algebraici  iheoria  principiis  è  solft  aritbmeticà  et  signorum  na- 
ture petitis,  missA  quantitatum  positivarum  et  n*)gattvarum  seorsiro  existentium  absnrdà 


XIV  CONCOURS   UNIVERSITAIRE. 

distinctiooe  superslro&tur  ;  dein  aequaiio  geaeralts;  cùm  primi,  tùm  Becmidi  gradâa  resol- 
vatur,  discotialurqae  ità,  ut  varia  aolutioaum  gênera,  puta  Degativamm,  infinitanim,  etc., 
eniantor,  Yeras  et  geainos  earam  aeDSiis,  niUoqoe  lis  in  analyst  «teiHli  «xpUeenCur, 
aptiaque  exenpiis  illualreotur. 

Prix  :  M.  Michel  Gloesener,  de  Haut-Gharage  (Grand-Duché  de 
Luxembourg),  élève  de  l'Université  de  Liège  (V.  Ann,  acad.  Leodj 
vol.  II). 

1819-20. 

Pi'tilur  ut  œquatione»  quas  vocant  indeurminatas  primi  tantam  gradua  in  numéros  into- 
groB  resolvendi  methodoa  praelioa  generalis  ëemonatretur  aptisqve  exemplis  illttfltreter. 

Prix  :  M.  L.  Casterman  ,  de  Tournai,  cand.  en  médecine  de  TUni- 
versité  de  Gand  (V.  Ann.  Acad  Leod.^  vol.  III). 

1820- 1824. 

Petitur  ut  fractionum  continuarum  natnra,  proprietatea  et  uaus  in  aolvendia  per  approxi* 
mationem  primi  et  aecandi  ordinis  œqaationibus  deteminatis  metbodo  mathematicà  de- 
monstretur,  adductisque  exemplis  rite  illastretur. 

Prix  :  M.  P.-F.  Wafelaer,  de  Malines,  étudiant  en  droit  à  Louvain 
(V.  Ann.,  vol.  IV). 

1821-1822. 

^uationes  indetermioatas  secundi  gradua  cum  duobus  incogniUs  in  numéros  inlegros 
resolvendi  methodus  di lucide  exponatur  ei  exemplis  idoneis  illustretur. 

Prix  :  J.-L.  WfizEL,  de  Wavre,  élève  de  rUniversilé  de  Louvain 
(V.  Ann.,  vol.  V). 

1822-1823. 

Limitum  theoria  perspicuè  exponatur,  ejusque  usus  exemplis  nonnullis,  ex  goometHI  et 
analysi  sumtis  illustretur. 

Réponses  non  couronnées. 

1823-1824. 

Môme  question.— Prix  partagé  :  H.  D.-B.  Maubska,  de  Gand,  cand. 
eu  sciences  physiques  et  mathématiques,  étudiant  à  TUniversité  de 
Gand,  et  M.  D.  Leclercq,  de  Liège,  candidat  en  sciences  physiques  et 
mathématiques,  étudiant  à  TUniversité  de  Liège  (V.  Ann.  Acad.  Leod., 
vol.  VII). 

1826-1827. 

Exponantur  et  exemplis  illnstrentur  prscipnœ  eUminathnit  melhodi  Inter  duas  equatio- 
nes  primi  et  altiorum  gradunm. 

Prix  partagé  entre  M.  Benoit  Valerius,  de  Diekirch,  et  Van  Galbn, 
élève  de  l'Université  d'Utrecht. 

1827-1828. 

Ëxplicentur  melhodi  iolegrandi   squationes  ditToreatialium  p^rlialium  prini  ordiais  ; 


CONCOUBS   UMVEKSITAIHE.  XV 

addatnr  iûierprelaUo  ^metrica  earum  leqoationuai ,  4[im  très  tao^ammodo  variftbiles  con- 
tinent. 

Prix  :  M.  Benoit  Valbrius,  de  Diekircb. 

1828.1«29. 

Cycloidis  ordinaris  expooentor  demonstrenturqoe   proprietates,  tûm  geometries,  lùm 
mechanic»;  priorum  quidem  nomine,  pmtér  corvtB  rectifiGationam  et  qoadrataram,  qua 
dratara  qooque  et  eubatura  solidoram  comprehendantor  que  ejusdem  cnrv»  circa  basim  vel 
axim  Tcvolûtione  gignantur;  poateriorTbas  yerô  lauto-chroBiémaB  et  bracbysto-^bronîsnras, 
quibns  corva  gaudet  in  vacao,  indigiteatnr. 

Prix:  M.  GuNST,  dTJtrecht,  éludiant  à  l'Uni  versit^  de  cette  ville  ; 
accessit  :  M.  J.  Beuckers,  de  Maestricht. 

1829-1830; 

Qnas  relationea  inter  «nos  eœfllcientea  œqaatio  ad  superficies  seeundi  ordinis  pertinens 
babere 'debeat  ut  sit  cylindri  recti  eircolarisque  seqaatio? 

Sototîone  geometricâ  constrnatur  cylindras  reclus  eircularisqne  per  quinque  puneta  9pa- 
tiis  assignata  ductus. 

^  Chimie  et  physique. 
1818-1819. 

Exponantur  quae  hoc  svo  vigeni  phiiosophorum  opiniones  circa  naturam  principii  caloris; 
argumenta  quibus  eae  innituntar  in  examen  revoceotur,  perpendanturque  ità,  ut  appareal, 
quœnam  hypothesis  phœnomenis  explicandis  aplior,  caeterieque  nalur»  œconomiae  confor- 
mîor  sstimanda  sit. 

Sans  réponse. 

1819-1820. 

• 

Quttm  calor  siae  iuce,  lux  nonnunquuàm  sine  catore  sensibili  sese  manifeslet»  sœpis- 
sîMè  v(v»Jnx.«t  calor  m  invioea  eooiileaftor,  ^umrUm  :  utRiin  lacis  et  oaloris  dua  adiait- 
tenda  sint  principia  distincta  ;  an  vero  lux  et  calor  velul  unius  ejuadeoMitta  Auidi  aodiftcar 
tiones  diverse  sint  habendse. 

Prix  :  M.  Martens,  de  Maestricbt  {Ànn.  Acad.  Leod.y  vol.  III). 

18M-1821. 

Expoflatur  Ibeoria  attfaetioois  molecularis  sen  affloitatis  chemiOB. 

Prix:  M.  Gloesbnbr,  de  Haut-Gbarage  (Ann,  Ac4td.  Leod.,  vol.  IV). 

182M823. 

Exponantur  precipua  phenomena  electro-magnetica  et  accuratè  subjiciantur  disquisi- 
tioni,  ità  ut  eorum  légitima  detur  explicalio. 

Réponse  non  couronnée. 

182M823. 

Exponantur  phaenomena  pbysica  fluidorum  aerifsrmittm  qn»  vapores  nuncupUDtiir  , 
eomuque  detur  4octrina. 


XVI  CONGOl'RS   UNIVERSITAIRE. 

Prix  :  M.  H.^.  Tilman,  de  Gras-Avernas  (Liège),  éludiani  en  sciences 
physiques. 

1823-1824. 

AGidoram  in  alcool  accuratè  consideretnr  modus  atque  lelherum  illostretor  oompositio. 

Sans  réponse. 

1824-1828. 

PostttlaUir  ttt  accuratè  examinentur  vari»  salphuris  consociationas,  atque  priocipiorunt 
haace  componentium  exacte  definiaotor  proportionea. 

Prix  :  M.  J.-G.  Krans,  de  Vaux-Borset,  étudiant  en  médecine  à 
l'Université  de  Liège  (Ann.  Acad.  Leod.^  vol.  VIII). 

1824-1825. 

Montiam  altiludinea,  barometri  ope,  roetiendi  metbodus,  priDcipiia  ë  phyaica  et  matheai 
petitia  quantum  licet ,  maxJmft  cum  perspicuitate  et  evidenti&  auperstroatur.  Oalendatur 
etiam  quid  de  biyus  melhodo,  debilia  cum  cantelia  adbibitia,  pnestaatift,  experientia  do- 
cuerit. 

Répanse  non  couronnée. 

1825-1826. 

La  même  question. —  Prix:  M.  J.-G.  Weiler,  de  Diekirch,  étu- 
diant en  sciences  physiques  à  l'Université  de  Louvain  (Ann.  Acad. 
Leod.,  vol.  IX). 

1826-1827. 

Concinnèet  accuratè  exponanturpbœaomenaelectro-chimica,  atque  dyudiceotur  tbeorie, 
quse  ad  ea  explicanda  fuenint  excogilatœ. 

Prix  :  M.  Horion,  de  Visé,  élève  de  TUniversité  de  Liège. 

1827-1828. 

Accurata  instituatur  disquisitio  de  azotico  (nitrogenio)  gjaaque  composîtis  primariia,  aea 
primi  ordinia  nancupatia. 

Pas  de  prix. 

1828-1829. 

Barometri  variattonum  causie  multiplicea  inquirantur  ac  rite  diacntiantor. 

Prix  :  M.  F.  Van  Roosbrobck,  élève  de  l'Université  de  Louvain. 

1829-1830. 

Accuratè  explaoentur  pbcnomena  fermentationia  aloooUc». 

3^  Sciences  naturelles. 
1819-1820. 

Quaeritur  et  diversarum  opinionum  de  fabrici  usuque  vaaorum  plantamm  eaumeratio 
cbronologica,  et  que  ait  barum  opinioaum  optima,  expoaitio. 

Prix  :  M.  Gloesenbr,  de  Haut-Gharage  (^iinn.  Acad.  Leod.,  vol.  III). 


CONCOURS   UNIVERSITAIRE.  XVij 

1820-182i. 

Cùm  notttm  sit  multa  petrefacta  ia  nostris  regionibus  reperta  ad  animalium  species  per- 
inere,  qu»  aot  ipae  aat  qoarttm  affloes  in  calidis  tanthm  terne  partibus  vivant,  qtueritur  : 
quanam  hypothesis  probabilior  sit,  utrum  ea  :  bas  species  magno  olim  dilovio  ex  aliis  re- 
gioDibns  ad  nostras  appalsas  ;  an  bsec:  barum  terrarom  olim  incolas  climatis  conversione 
perditas  esse  ;  cai  examini  accédât  pnecipuorum  petrefactorum,  animalium  regno  adscri- 
bendorum,  in  Belgio  repertoran  descriptio. 

Sans  répanse, 

182M823. 

La  même  question,  moius  la  dernière  partie  :  Cui  examini^  etc. 
Prix  :  M.  J.-F.   Wurth,  de  Luxembourg,  candidat  en  médecine 
(Ann.  Aead.  Leod.,  vol.  V). 

1822-1823. 

Quferitur  bistoria  formationis  et  evolutionis  fœtus  in  animalibiis  vertebratis;  qnte  succincte 
sed  it&  tractanda  sit,  ut  doarum  pnsdpnè  «iihrinarim,  aiUintoidis  nempè  et  vesicul« 
nmbiUealia  usas  appmtL 

Prix  :  M.  T.  Marquet,  de  Jemeppe,  élève  en  médecine. 

1823-1824. 

Que  sunt  causse  migrationum  avium ,  quas  in  regiones  emigrant  nostrarom  regionum 
incol»,  «State  durante,  et  quomodo  migrationes  suas  instituunt  ? 

Prix:  H.  A.  Bamps,  de  Hasselt,  étudiant  en  médecine  à  Liège  (Ann. 
Acad,  Leod.y  vol.  VIL). 

1824-1828. 

Quaritur  bistoria  succincts  precipoomm  systematum  mineralogicorum,  et  quid  borum 
systfmatnm  optimum  sit,  dyudicatio. 

Pas  de  réponse. 

1828-1826. 

La  même  question.  —  Pas  de  répanse. 

1826-1827. 

Qusritur  expositio  succincts  eorum ,  qu«  de  insectorum  distributione  supra  terram 
nostram  innotnerant. 

Pas  de  prix. 

1827-1828. 

Quantoffl  vtilitatis  geologia  à  petrefactorum  studio  bausit? 

Prix:  M.  T.-H.J.  Van  Halen,  de  Venlo,  élève  de  TUniversité  de 
Liège. 

1828-1829. 

Quaeritur  oculorum  insectorum  anatomica  descriplio,  et  cuinam  usui  sunt  oeuli  simplices 
vel  stemmata  muttis  insectis  propria. 


XVIIJ  CONCOURS    l'iMVEU2»lTAlAE. 

Prix  :  H.  M.-K.-J.  Lycklama  vast  Ntbhou,  de  Boldwaard,  élève  de 
rUniversité  de  Leyde. 

1829-1830. 

Oe&cribeqds  suni  oilcarii  lapides  magnesiferi  mineralogicie  propritUtes  éi  ejiudea,  pro 
saxorum  vicinorum  aitu,  positioaea,  variis  in  formationibas,  côm  priscia  tom  receotiaaiinia. 

IV.   FACULTÉ   DB   MÉDECINE. 

1818-1819. 

QQfleritur  peritomei  aiructdr»  usaonKpie  qnibas  ioaervit ,  accarata  descriptio  :  porrù 
morborum  qaibus  hœc  membraua  afflcitar,  aive  à  caosis  intarnia,  aive  externia  prodocaotur, 
expoaitio,  tandem  optima  eosdem  morboa  carandi  ratio. 

Prix  :  M.  Jean-Joseph  Fraikin,  de  Liège  (Ann.  Acad.  Leod.,  vol.  II). 

1819-1820. 

Purgantia  medicamina  ordinaodi  methodus  rectior  iodicatur  ;  prselata  validla  argumealis 
folciatur.  Explaaetur  modus  agendi  aubstantiaram  porgantiam  in  tnbum  intestinalem  et  in 
organa  corporis  univeraalia  :  qoo  fado,  è  re  erU  BK>rbo8  purgantia  flagilantes  summatim 
ac  generatim  deaignare,  qaibua  verô  prœparationibus  doaibuaqae  adhibenda  aint,  hœ  ape- 
ctalileraadoloqae  deacribaAtur. 

Quatre  Mémoires.— Prix:  M.  Martin Martens,  de  Maestricht;  ac- 
cessit :  M.  B.-Valentin  de  Lavacherîe,  d'Eysden  (Ann.  Acad.  Leod.^ 
vol.  III). 

1820-1821. 

Petitnr  atractarae  uteri  descriptio.  Indicontur  :  i^  Generatim  hujus  organi  diverai  con- 
texlus;  membrans  vero  intemse  apeciatim  désert ptioni  impensior  opéra  detor  ;  S»  Vteri 
fonctionibua  breviter  delineatia,  morborum  ejus,  qaiorganici  vulgo  dicuntur,  flatexplanatio; 
in  quà  imprimia  exponatur,  quibua  in  caaibaa  et  qoo  cum  fiructu  hi  illoa  curandi  modi  adhi- 
beri  poasint,  acilicet«  cervici8,aut  partis  ejua  cigusdam  ablatio  adastiove,  ant  totius  organi 
extractio. 

Prix  :  M.  George  Claes,  deLooz  {Ann.  Acad.  Leod.y  vol.  IV). 

1821-1822. 

Enarretur  hiatoriaopinionum  circa  aympathiaa  à  celeberrimia  medicinse  auctoribus  usque 
ad  nostra  tempera  emiasarum,  et  ayatema  sympathiarum,  quale  hodiè  adentia  axigit, 
conscribatur. 

Prix:  M.  Victor-Napoléon  Hennau,  de  Liège  [Ann.  Acad.  Leod., 
vol.  V). 

1822-1823. 

Detur  accurata  metoitaseot  deacriptio  esponalarque,  experientift  duce,  quibuanam  in 
morbis  frequentius  métastasée  obaerventnr  ;  proponatur  deniquè  ralionalia  earam  tbeoria. 

Priîc  ;  M.  Léopold  Gooin,  de  Huy  [Ann.  Acad.  Leod.,  vol.  VI). 


CONCOURS   UNIVERSITAIRE.  xix 

ExpontUir  doeirlAt  «ritium  neeaott  ékitUn  criHeoriiai  à  schoIA  Rippocraticft  tratfito,  et 
opinioriMi  reiMMio  ittoi  veMrani  imB  rec6ilti«ratt  lùcdiconim,  qui  eam  doctHiam  vel  adml- 
seront  vel  rejeconint,  vel  mutarnot. 

Prix  :  M.  Pierre  Bouchez,  de  Yerviers  (Ann.  Acad.  Leod.^  vol,  YII). 

1824-1825. 

Ophthalmie  deseriptio  petilor;  hajiHi  moAA  dàBse,  symptomata,  varietates,  oecnon 
cucandi  methodus. 

Poatolatur  nom  ophtbalmia  naturam  epidenieam,  num  contagiosam  aliquoties,  necne, 
subeat. 

Enarrelur  quodoam  leniom  aUn  mdaat  ea  ophlbabnia,  quaa  aaper  ohae^vamai  atqae 
hune  observant  in  nosocomiis  loilitaribus  :  istiasaffeclioniscauBaruin  et  curationia  npecialis 
explaoatlo  (iat,  ralionifaûs  et  observa tionibus  stabilita. 

Trois  Mémoires.—  Prix  :  M.  François-Joseph  Jacquet,  de  Lille  {Ann. 
Acad.  Uod.,  voh  Vni). —  Mention  honorable  :  M.  Philocêne  Gharon, 
de  Merbes-le-Chàteau. 

1835-1896. 

Deftniantur  medicamina  exciianlia ,  necooo  tooica  ;  disquiratur  ac  diiDci46Uir  e<>runi 
agendi  norma,  tàm  universalis,  quàin  specifica  et  tocalis.  Postulatur  quoque  :  an  stimulatio 
gleneralis,  remediis  esciuotibus  tribota,  slt  semper,  necne,  sibi  similis  ;  an  varia  tantum- 
aiodô,  pro  gradn  exciialionis  actie,  sistat  eoram  potestas  ,  necne;  exindè  indicetur,  nam 
deatar  morbi ,  qui  exeitantibua  aut  toniola  aliquibos  poteatins,  quàn  cieteria  aliis,  debel- 
lentur  ;  argumenta,  observatione  éliaicft  ftUta,  proferantur. 

Prix  :  M.  Adolphe  Laurent,  de  Frasnes  {Ann.  Acad.  Leod.^  vol.  IX). 

1826-1827. 

Pacultaa  medica  desiderat  monographiam  morbi  sic  dieti  angina  peetorii  ;  ided  hi^ns 
exponantur  historia,  caus»,  symplomata,  auctoramqueopiniones  de  naturA  istius  aflToctionis; 
ctijiis  medcla  varia  evactè  describatur. 

Prix:  M.  H.-L.  Morelle,  de  Peruwelz,  étudiant  en  médecine;  à 
rUnivcrsilé  de  Liège  Ann.  Acad  Leod.,  vol.  X). 

1827-1828. 

Pelitur  hemorrhagiarum  mcmbranarum  miicoaariim  descriptio  :  earum  théorie,  decarsas 
curatioque  exponantur. 

Prix  :  M.  Auguste  Jacouemyns,  de  Verrebroeck,  étudiant  à  rUnivcrsilé 
de  Louvain 

1828-1829. 

Qaseritur  num  virus  syphiiiticum  sit  admittendum  et  ad  quamnam  morborum  classem 
lues  venerea  referenda?  An  syphilidis  symptomala  specincis  insignitur  characteribus , 
ità  ut  morbus  iste  cam  quibiisdam  aliis  coafundi  nequeat?  Poalulalur  an,  observatione  duce, 
absqve  hydrai^yri  usa  sanari  poasit  roorbns  vénérons  ;  qood  si  affirmetur ,  exponetur  me- 
dendi  ratio. 

Deux  réponses  non  couronnées. 


i 


XX  CONCOURS  UNIVERSITAIRE. 

1829-1830. 

Qui  Dam  siat  nexat  anatomici  Inter  nervoa  aynpathicoi  el  cerebralaa  nac  non  organa 
aensuum,  qusoamqoe  sint  pbaoomena,  toon  in  atatu  aano,  tom  ia  atorbido,  qn»  horam 
nexuum  ope  explicari  possunt  ? 


DEUXIÈME  PÉRIODE  :  184M869. 


L'art.  3S  de  ta  loi  du  27  septembre  1835  décréta  le  rétablissement, 
dans  des  conditions  toutes  nouvelles ,  du  Concours  universitaire, 
tombé  en  désuétude  à  la  suite  de  la  révolution.  Cet  article,  maintenu 
parles  législateurs  de  1849  et  de  1857,  est  ainsi  conçu  : 

•  Huit  médailles  en  or  de  ia  valeur  de  fr.  iOO  pourront  être  décernées  chaque  année 
par  le  gouvernement  aux  élèves  belges,  quel  que  soit  le  lieu  où  ils  font  lenrs  études, 
auteurs  des  meilleurs  mémoires  en  réponse  anx  i|nestions  nUses  au  concours. 

>  Les  élèves  étrangers  qui  font  leurs  études  en  Belgiqoe  sont  admis  è  concourir. 

»  La  forme  et  l'objet  de  ces  concours  sont  déterminés  par  les  règlements,  n 

Soit  que  les  objections  soulevées  par  la  section  centrale,  en  1835, 
eussent  fait  réfléchir  le  ministre  ('),  soit  que  le  gouvernement  hésitât 
à  trancher  certaines  difficultés  pratiques,  la  promulgation  d'un  arrêté 
organique  pris  en  vertu  de  Tart.  32  de  la  loi  se  fit  attendre  jusqu'au 
13  octobre  1841.  Il  était  cependant  devenu  urgent  d'offrir  aux  élèves 
d*élite,  d'une  manière  ou  de  l'autre,  des  encouragements  sérieux,  et  de 
régénérer  véritablement  les  Universités  en  y  développant  l'esprit  scien- 
tifique et  le  goût  des  études  désintéressées.  Sans  viser  si  haut,  la 
Faculté  de  médecine  était  tellement  frappée  de  la  première  de  ces 
considérations,  qu^elle  avait  institué  pour  son  propre  compte,  dès 
1839,  des  concours  annuels  entre  les  étudiants  qui  fréquentaient 
régulièrement  ses  leçons. 

Mais  il  ne  suffisait  pas  d'ouvrir  des  concours  ;  il  fallait  à  tout 
prix  les  entourer  de  garanties  plus  complètes  qu'avant  1830,  et  d'au- 
tant plus,  que  les  élèves  des  Universités  libres  devaient  être  appelés 
à  entrer  en  lice  avec  ceux  des  Universités  de  l'Etat.  La  rédaction 
d'un  Mémoire  restait  naturellement  la  base  du  système  ;  mais  il  était 
essentiel  de  contrôler,  par  des  épreuves  subséquentes,  l'authenticité 
de  ce  travail,  rédigé  à  domicile.  Le  système  des  concours  en  loges, 

(')  c  11  y  a  perte  de  temps,  disait  la  section  centrale,  en  ce  sens  que  les  concours 
absorbent  les  jeunes  gens  pendant  plusieurs  mois  et  interrompent  ia  marche  régulière  de 
leurs  études.  D'ailleurs,  il  est  impossible  aux  juges  de  s'assurer  si  le  travail  présenté  est 
réellement  de  celui  qui  ou  est  le  signataire.  » 


CONCOURS  UNIVt^RSlTAIRR.  Xxi 

employé  exclusivement,  présentait  de  son  côté  des  inconvénients 
graves,  ce  Ce  genre  d'épreuves,  écrivait  M.  Nothomb(M«  doit  se 
renfermer  dans  un  espace  de  temps  fort  limité  ;  il  exclut  Tusage  de 
livres  et  de  tout  autre  document  :  l'employer  seul,  ce  serait  diminuer 
de  beaucoup  l'importance  des  concours,  puisque  l'on  ne  pourrait  y 
aborder  aucune  des  questions  qui  nécessitent  quelques  recherches, 
et  pour  la  solution  desquelles  il  est  naturellement  permis  de  s'aider 
des  auteurs.  —  D'ailleurs ,  dans  un  concours  en  loges ,  il  peut  se 
produire  diverses  circonstances  dont  il  est  impossible  d'apprécier 
l'influence  sur  l'un  ou  Tautre  des  concurrents,  et  qui  rendraient 
l'équité  des  jugements  souvent  contestable.  » 

On  s'arrôta  donc  à  une  combinaison  des  deux  systèmes.  Le  Con- 
cours universitaire  comprend  aujourd'hui  trois  épreuves  : 

1®  Rédiger  à  domicile  un  Mémoire  en  réponse  à  une  question 
publiée  au  moins  six  mois  d'avance; 

ir  Rédiger,  en  loges,  un  Mémoire  en  réponse  à  une  question  dési- 
gnée par  le  sort,  au  moment  de  l'entrée  en  loges,  à  tous  les  concur- 
rents d'une  même  catégorie; 

3<»  Gomme  complément  de  la  première  épreuve ,  présenter  publi- 
quement la  défense  du  Mémoire  rédigé  à  domicile. 

Ne  sont  admis  à  la  deuxième  épreuve  que  les  auteurs  de  Mémoires 
qui  ont  réussi  au  moins  pour  moitié  dans  la  première.ccLes  noms  des 
autres  demeurent  inconnus  :  il  ne  fallait  pas  exposer  à  la  honte  d'une 
défaite  publique  ceux  des  élèves  qui,  moins  heureux  que  leurs  con- 
currents, ont  cependant  fait  preuve  de  bonne  volonté  (*  ).  » 

Les  Facultés  préparent  d'abord  des  séries  de  questions  pour  le 
concours  à  domicile  :  le  Moniteur  publie,  avant  le  15  août  de  chaque 
année,  celles  que  le  sort  a  désignées. 

Les  questions  préparées  ensuite  parles  mêmes  Facultés  pour  le  con- 
cours enloges  sont  publiées  intégralement  un  mois.au  moins  avant  le 
jour  fixé  pour  cette  seconde  épreuve  :  les  concurrents  ont  ainsi  le  loi- 
sir de  les  étudier  toutes  et  les  mêmes  chances  de  succès  en  présence 
du  hasard  du  sort.  Les  questions  à  traiter  eu  loges  «  sont  d'ailleurs 
conçues  de  manière  à  pouvoir  être  résolues  au  moyen  des  connais- 
sances acquises  par  la  fréquentation  des  cours  qui  constituent  l'en- 
seignement de  la  Faculté  ». 

Chaque  Université  compte  un  représentant  dans  le  JU17  ;  il  y  a  un 

(  *  )  Rapport  au  Roi,  43  octobre  4841. 

(*)  ibid,  —  Le  Moniteur  publie  toalefois  les  noms  des  coocorrents  admis  à  la  deuxième 
épreuve,  alors  môme  qu'ils  n'auraienl  pas  réussi  dans  la  troisième  :  aceUe  distinction  a  déj& 
assez  de  valeur  pour  être  ambitionnée.  » 


XXij  CONCOURS   (1NIVER8ITAIHE. 

jury  par  Faculté.  Le  cinquième  membre  est  cboisi  par  le  gouverne- 
ment, en  dehors  do  corps  enseignanl. 

II  peut  être  décerné  deux  prix  spéciaux  dans  chacune  des  qaaire 
Facultés,  savoir  :  1»  dans  la  FamlU  de  ptnlêtapkiêeidei  lettres,  a»  prix 
pour  les  sciences  historiques  et  philosophiques,  \m  autre  pour  la  phi* 
lologie;  2"  dans  la  FaeuUé  des  scimceê,  un  prix  pour  tes  scîeoces 
naturelles,  un  prix  pour  les  sciences  physi<iueset  mathématiques  ; 
3^  dans  la  FacuUé  de  droit,  un  prix  pour  le  droit  romain,  un  fyrix  pour 
le  droit  moderne;  i^  enfin,  dans  la  FaeiMide  médecine,  un  prix  pour 
le^ moItôrM  (^^h^alei  (anatomie,  physiologie,  etc.)  et  un  autre  pour 
les  matières  spéciales  ^pathologie,  thérapeutique,  etc.). 

La  disposition  finale  de  Fart.  141  du  Règlement  de  1816  est  repiro- 
duite  dans  Tarrété  organique  du  18  octobre  1841. 

Pour  être  admis  au  Concours  en  philosophie  et  en  sciences,  il 
fallait  d*abord  avoir  été  reçu  candidat  depuis  deux  ans  au  moias  ; 
une  année  de  candidature  suflBt  aujourd*hui  (arr.  du  12  août  1843)  ; 
on  n*a  jamais  exigé  davantage  des  élèves  en  droit  et  en  médecine. 
Les  docteurs  sont  exclus  du  Concours ,  aiosi  que  les  candidats 
âgés  de  plus  de  2S  ans  (en  médecine,  en  vertu  de  l'arrêté  de  1842, 
il  y  a  tolérance  jusqu'à  27  ans*  {*).  Depuis  1842,  les  élèves-ingénieurs 
des  ponts  et  chaussées  et  des  mines  ayant  une  année  de  grade  sont 
assimilés  aux  candidats  en  sciences.  Les  étrangers  qui  veulent 
prendre  pari  au  Concours  sont  soumis  aux  mêmes  conditions  que  les 
régnicoles  et  doivent  produire  la  preuve  qu'ils  ont  fà\t  leurs  études 
universitaires  en  Belgique. 

Le  jury  se  réunit  à  Bruxelles  le  premier  lundi  de  mars,  pour  rece- 
voir les  Mémoires  et  régler  l'ordre  d'après  lequel  ils  seront  examinés 
à  domicile,  successivement  par  chaque  membre.  Le  premier  lundi  de 
mai,  nouvelle  réunion  pour  juger  les  Mémoires;  troisième  réunion  le 
premier  lundi  de  juillet,  pour  apprécier  la  réponse  écrite  en  loges  et 
pour  assister  à  la  défense  publique  du  premier  travail  (').  —  La  dis- 
tribution des  médailles  a  lieu  au  mois  de  septembre  ,  en  même 
temps  que  la  distribution  des  prix  du  Concours  général  des  Athénées 
et  des  Collèges. 

Les  Mémoires  couronnés  sont  insérés,  sur  la  proposition  du  jury, 
dans  les  Annales  des  Universités  de  Belgique  (arr.  du  12  août  1842). 
ILs  peuvent  être  rédigés  en  latin,  en  flamand  ou  en  français. 

(  *  )  L€s  élèves  qui  accomplissent  leur  âl(*  aonëe  ou  qui  sont  promus  au  doctoral  dans 
l'intervalle  de  la  publication  des  questions  à  traiter  à  domicile  au  jugeoMnlda  Gonooors,  ne 
perdent  pas  leur  droit  à  concourir  (art.  5,  §  3,  de  Tarrèlé  organique). 

^')  Un  règlement  partieiiHer  pour  la  tenu«  du  concours  eu  loges  et  pour  la  défense  pu- 
blique a  été  promulgue  par  M.  Rogier,  le  S  mai  4Si8. 


COXCOUBS   L'XlVEliSITAIRE.      .  XXiij 

Le  Concours  universitaire  a-t-il  réalisé  les  espérances  du  gouverne- 
ment ?  M.  Piercot,  ministre  de  Tintérieur  en  1884,  s*est  chargé  de 
répondre  à  cette  question  (  *  )  : 

«  Nous  reconnaissons  volontiers ,  dit-il,  que  des  intelligences  plus  on  moins  remar- 
quables se  sont  révélées  de  loin  en  loin  dans  le  Concours  ;  le  gouvernement  a  pu  même  déjà 
en  utiliser  quelques-unes.  Cependant  nous  devons  à  la  vérité  de  dire  que  les  Concours  n'ont 
nullement  répondu  à  l'attente  des  amis  du  haut  enseignement.  La  jeunesse  universitaire 
s*est  montrée  très-peu  soucieuse  de  prendre  part  à  ces  luttes  scientifiques.  Il  y  a  eu  des 
années  où  un  concurrent  unique  a  tenté  les  épreuves.  Il  est  arrivé  assez  rarement  que  plus 
d'un  (Concurrent  se  soit  présenté  pour  le  même  prix.  Le  Concours  ne  perd-il  pas  alors  son 
caractère  pour  devenir  une  sorte  d'examen  individuel,  dont  la  partie  la  plus  importante  (la 
déreose  publique  du  Mémoire  rédigé  à  domicile)  se  passe  même  en  fait  k  huis-clos  ?  Car  l'in- 
différence du  public  est  à  l'unisson  de  celle  des  élèves.  L'administration  a  beau  recourir  à 
tous  les  moyens  de  publicité,  faire  insérer  au  Moniteur  les  thèses  à  défendre,  les  envoyer 
avec  des  lettres  d'invitation  aux  personnes  qui,  par  leur  position  dans  la  société,  sont 
censées  prendre  intérêt  au  Concours  ;  on  se  rend  bien  rarement  à  cet  appel,  et  le  public, 
devant  lequel  les  concurrents  défendent  leurs  mémoires  et  leurs  thèses,  ne  se  compose 
ordinairement  que  des  membres  du  jury  et  d'un  délégué  du  gouvernement. 

»  Un  concours  qui  a  lieu  dans  de  telles  conditions,  est-il  bien  propre  à  ranimer  la  vie 
scientifique  dans  la  jeunesse? 

»  Comment  une  institution,  bonne  en  principe,  nous  voulons  bien  l'admettre,  est-elle 
resiée  stérile? 

>  Il  y  a  de  la  faute  des  élèves  et  de  la  faute  de  la  loi. 

>  Il  y  a  de  la  faute  des  élèves  :  en  effet,  nous  l'avons  déjà  dit  quelque  part,  les  élèves  n'ont 
qu'un  désir,  celui  d'arriver  le  plus  promptement  possible  à  la  possession  du  diplôme  doc- 
toral; ils  ne  sont  guère  disposés  dès  lors  à  prendre  part  à  des  luttes  qui  doivent  les  éloigner 
pour  un  an  de  ce  but,  et  qui  à  leurs  yeux,  ne  peuvent  leur  offrir  d'autre  compensation  qu'une 
satisfaction  d'amour-propre. 

»  Il  y  a  de  la  faute  de  la  loi  :  car,  en  décrétant  qu'un  concours  serait  ouvert  entre  les 
élàres  belges,  elle  en  a  exclu  implicitement  les  docteurs  qui  n'ont  plus  cette  qualité.  Il  est 
vraisemblable  que,  si  le  Concours  avait  été  accessible  aux  docteurs,  il  eût  produit  d'autres 
résultats.  On  est  bien  pressé,  il  est  vrai,  d'arriver  au  diplôme  ;  mais,  le  diplôme  une  fois 
obtenu,  quelque  désir  qu'on  en  ait,  on  ne  se  fait  pas  immédiatement  une  position  dans  la 
société  :  il  faut  pour  cela  un  temps  moral  ;  de  jeunes  docteurs  auraient  mis  ce  temps  à  profit 
pour  aspirer  aux  palmes  du  Concours  universitaire,  qui  leur  auraient  donné  du  relief  aux 
yeux  de  leurs  condloyens. 

»  Si  l'on  juge  utile  de  maintenir  le  Concours  universitaire,  il  faudra  peut-être  modifier  le 
texte  de  la  loi,  de  manière  à  rendre  le  Concours  accessible  aux  docteurs  seuls.  Dans  cette 
hypothèse ,  on  fixerait  le  nombre  d'années  de  grade  après  lequel  les  docteurs  ne  seraient 
plus  admis  :  quoi  qu*il  en  soit,  il  n'y  a  pas  d'inconvénient  k  laisser  provisoirement  les  choses 
dans  le  statu  quo.  L'institution  des  diplômes  spéciaux  (v.  la  section  suivante)  finira  par 
primer  le  Concours  universitaire  et  par  le  faire  déserter  comph5tement.  On  arriverait  ainsi, 
de  fait  à  la  suppression  du  Concours  universitaire  qui  a  été  proposée  par  le  Conseil  de 
perfectionnement  de  l'enseignement  supérieur.  » 

Le  Rapport  triennal  pour  la  période  1853-1888  signale  Findiffé- 
rence  absolue  des  élèves  de  Liège  à  l'égard  du  Concours.  Pendant 
toute  la  période  suivante ,  notre  Université  n'a  compté  qu'un  seul 


('  ]  Rapport  sur  Venseignement  supérieur^  p.  ii>7. 


•• 
«> 


XXIV  i:ONCOlî|lS  L'MVERSITAinE. 

laurt^at  ;  de  1859  à  i861,  nous  en  noterons  deux;  de  1862  à  1864, 
trois;  de  1865  à  1869  incl.l,  trois  seulement.  A  Gaud,  la  proportion 
eslbeaucoup  plus  forte.  Dans  les  Universités  libres,  elle  descend  au 
contraire  au-dessous  de  celle  de  Liège.  Des  modiûcations  de  détail 
ont  été  proposées:  Tadministration  a  jugé  convenable,  jusqu'ici ,  de 
maintenir  le  statu  quo.  Il  faudra  bien  en  venir  tôt  ou  tard  à  une  me- 
sure radicale;  en  attendant,  il  est  difficile  de  déraciner  les  préjugés 
qui  régnent  parmi  les  étudiants.  Si  d'autre  part  nous  avons  égard  à  la 
valeur  intrinsèque  des  Mémoires  couronnés,  nous  ne  pouvons  que 
regretter  Tinfluence  de  ces  préjugés:  il  est  certain  que  ceux  qui  Tont 
bravée  n'ont  pas  eu  à  s'en  repentir,  et  que  le  Concours  universitaire  a 
brillé  parla  qualité,  sinon  par  le  nombre  des  jeunes  gens  qui  y  ont 
pris  part. 

Voici  la  liste  des  lauréats  de  Liège  depuis  la  promulgation  de  l'ar- 
rêté organique  du  13  octobre  1841. 

CONCOURS  DE  1842-1843. 

QUESTION   D'hISTOIRK. 

Faire,  en  abrégé,  Tbistoire  du  duché  de  LoUiariogie,  depuis  ie  commenecmeDt  du  X*  siècle 
jusque  vers  la  fin  du  Xi*,  en  insislanl  sur  les  causes  des  troubles  qui  agitèreat  la  Lotha- 
ringie durant  celle  période. 

Premier  :  M.  Sision-Toussaixt-HenriMarcotty,  de  Jemeppe,  candidat 
en  philosophie  et  lettres  (*)•  —  -^'*'*-  ^^  Univ,,  t.  II,  p.  443-822. 

QUESTION  UE  SCIENCES   PHYSIQUES   ET   MATHÉMATIQUES. 

Décrire  les  dittërenis  moyens  qui  peuvent  èire  employés  pour  constater  la  quantité  de 
vapeur  d'eau  contenue  dans  l'atmosphère  ;  donner  les  théories  des  diverses  espèces  d'hy* 
gromètres  ;  indiquer  celui  de  ces  instruments  qui  remplit  le  mieux  son  but. 

Premiers  (ex  aequo)  :  MM.  Jean-Henui  Colson,  de  Gand,  élève-ingé- 
nieur de  TËcoIe  spéciale  du  génie  civil  annexée  à  l'Université  de  la 
méine  ville,  et  Jules-Hubëut  Van  Scherpenzeel-Thim,  élève-ingénieur 
du  TEcole  spéciale  des  mines  annexée  à  l'Université  de  Liège  (*;.  — 
Ann,  des  Univ.,  t.  II,  p.  75-170  et  p.  171-246. 

1843-1844. 

QUESTION   UE   PHILOLOGIE. 

Ti-acer  l'bistoire  abrégée  de  la  langue  et  de  la  poésie  provençale,  et  dite  quelle  fut  leur 
inHuonce  sur  l'Espagne,  ainsi  que  sur  une  partie  de  l'Italie,  durant  le  Xl«  et  le  X1I«  siëcles. 

Premier  :  M.  Emile  de  Laveleye,  candidat  en  philosophie  et  lettres, 
élève  de  rUuiversité  de  Gand  ('^).  —  Ann.  des  Univ.,  t.  III, p.  867-926. 

{*)  Aujourd'hui  subâtitul  du  procureur  général  près  la  Cour  d'appel  de  Liège. 

(')  Aujourd'hui  ingénieur  principal  des  mines,  à  Liège  (v.  ci-dessus,  coK  231  el747j. 

(";  V.  Cl -dessus,  col.  796. 


r.ONCOlRS    l'MVEnslTAIRE.  XXV 

MentUni  très-honorable  :  M.  âloIs  de  Glosset,  id.,  élève  de  FUniver- 
sité  de  Liège  (M- 

QUESTION   DE  SCIENCES   NATURELLES. 

Il  est  généralefflent  reconnu  que  l'eau  joue,  dans  les  composés  k  radical  simple,  le  râle  de 
base  d'acide,  de  sel,  ou  d'eau  de  crislallisalion.  On  demande  : 

4*  D'exposer  les  moyens  auxquels  on  a  recours  pour  constater  les  différentes  fonctions 
de  l'eau  ; 

âo  D'énumérer  les  genres  de  composés  dans  lesquels  l'eau  joue  deux  rôles  différents  ; 

30  De  faire  voir  comment  on  envisage  les  différents  composés  dans  lesquels  l'eau  entre 
comme  principe  constituant. 

Premier:  M.  Maximilien  Dugniolle,  dlxelles  lez^Bruxelles,  candidat 
en  sciences  physiques  et  mathématiques  {*).  —  Ann,  des  Univ.,  i.  111, 
p.  91-232. 

1844-1845. 
question  db  philologie. 

Apprécier  les  ouvrages  de  Fénélon  an  point  de  vue  littéraire  et  philosophique,  en  faisant 
ressortir  les  tendances  générales  de  ce  grand  éc^ivaio. 

Premier:  M.  Auguste  Bury,  candidat  en  philosophie  et  letti^es  ('). 

—  Ann.  des  Univ.,  t.  IV,  p.  389-886. 

question  de  sciences  naturelles. 

Faire  l'histoire  naturelle  du  chien  domestique  (Caui»  familiarin^  Linn.)  et  du  coq  (Pha- 
siatm»  galli» ,  Liim.);  rechercher  surtout  le  type  de  ces  animaux  et  énumérer  les  races  et 
les  variétés  principales  qu'on  trouve  en  Belgique. 

Premier  :  M.  Joseph-Désirê  Hannon,  de  Bruxelles;  candidat  en  mé- 
decine (*).  —  Ann.  des  Univ.,  t.  IV,  p.  101-244,  avec  pi. 

1847-1848. 
question  de  philologie. 

Exposer,  d'une,  manière  critique,  les  progrès  successifs  de  l'historiographie  romaine 
depuis  son  origine  jusqu'au  siècle  d'Auguste,  en  s'appuyant  sur  les  sources  anciennes  et  sur 
les  fragments  des  auteurs. 

Premier  :  U.  Léon  de  Closset,  candidat  en  philosophie  et  lellrcs  (^). 

—  Ann.  des  Univ.,  t.  VI,  p.  387-696. 

(*)  (V.  ci-dessus,  col.  1177.)  Le  troisième  concurrent,  M  Eue.  Van  Bemmel,  élève  de 
l'Université  de  Bruxelles,  avait  obtenu  Si  points  sur  100;  le  jury  déclara  qu'il  aurait 
mérité  la  palme,  »'il  n'avait  adopté  un  »y%tème  trop  conjectural  pour  être  approuvé. 

(•)  V.  ci-dessus,  col.  747. 

(')  Aujourtrbui  avocat  à  Liège  etmombre  de  la  Commission  administrative  des  Hospices 
civils. —  M.  Bury  est  en  outre  l'auteur  d'un  imp  triant  Traité  de  la  législation  des  mine», 
de*  minières,  de»  u»ine»  et  des  carrières  en  Belgique  et  en  France  (Litige,  2  vol.  in-8°). 

{*)  Aujourd'hui  professeur  à  l'Université  libre  de  Bruxelles;  auteur  d'un  Manuel  de 
Zoologie  publié  dans  ['Encyclopédie  populaire,  etc. 

;")  V.  ci  dessus,  col.  189. 


XXVI  CONCOIRS   UNIVERSITAIRE. 

QUESTION  DE  SCIENCES    PHYSIQUES  ET  MATHÉMATIQUES. 

Un  corps  tMastiquc  ne  reprend  pas  sa  forme  altérée  en  un  temps  infinimeni  petit.  Déier- 
miner  pour  un  instant  quelconque  h\  vitesse  communiquée  à  un  mobile  par  quefques  corps 
élastiques,  tel  que  l'air  comprimé  dans  un  cylindre,  l'arc  et  la  lame  élastique. 

Premier  :  M.  Emile  Bère,  de  Verviers,  candidat  en  sciences  phy- 
siques et  mathématiques  (*).  —  -4mi.  des  Univ,,  t.  VI,  p.  697-776. 

1848-1849. 

QUESTION  DE  PHILOLOGIE. 
Faire  1  histoire  de  la  poésie  élégiaqac  chez  les  Grecs. 

Premier  :  M.  Servais-Joseph  Legrand,  de  Liège,  candidat  en  philo- 
sophie et  lettres  (*).  —  Ann.  des  Univ.,  t.  Vil,  p.  238-370. 

QUESTION  DE  SCIENCES  PHYSIQUES  ET  MATHÉMATIQUES. 
Exposer  d'une  manière  raisonnëe  les  lois  fondamentales  de  la  mécanlqae. 

Premier  :  M.  Louis  Péraro,  de  Liège,  élève-ingénieur  de  TEcole 
spéciale  des  mines  (').  —  Ann,  des  Univ,^  t.  VII,  p.  469-5S2. 

QUESTION  DE  SCIENCES  NATURELLES. 

Exposer  et  (liscater  les  diverses  théories  émises  sur  les  causes  qui  déterminent  l'action 
chimique. 

Premier  :  M.  Gillbs-Joseph-Gustave  Dewalque,  de  Liège,  candidat 
en  sciences  naturelles  (*).  —Ann.  des  Univ.,  t.  VII,  p.  371-468. 

Mention  très-honorable.  M.  Victor  Guibert,  de  Paris,  candidat  en 
sciences  naturelles  ('). 

1849-1880. 

QUESTION  DE  DROIT  MODERNE. 

Quels  sont  les  principes  du  droit  international  sur  le  droit  d'inlerveotion  ?  —  Faites  con- 
naître quelques  précédents  historiques. 

Premier  :  M.  Hubert  Brasseur,  d*Esch-sur-rAlzette,  candidat  en 
droit  (*).  —  N.-B.  M.  Brasseur  n'ayant  pu,  pour  des  circonstances 
spéciales,  revoir  son  travail  avant  l'impression,  le  jury  décida  qu*îl 
ne  serait  inséré  que  dans  le  t.  VIII  des  Annales.  Nous  l'avons  cher- 
ché en  vain  dans  ce  volume  et  dans  les  suivants. 

(*)  V.  ci-dessus,  col.  629. 

(•)  V.  ci-dessus,  col.  639.  —  Au  concours  en  loges,  M.  Logrand  a  été  autorisé  à  ré- 
soudre deux  questions  au  lieu  d'une. 

(  •  ,1  V.  ci-dessus,  col.  905. 

(*)  V.  ci-dessus,  col.  809. 

(")  Décédé  à  Louvain,  où  il  s'était  établi  comme  docteur  en  médecine.  Victor  Guibert 
était  en  même  temps  professeur  au  Collège  communal  de  cette  ville.  Il  a  écrit  sur  la  mé- 
decine, sur  l'hygiène,  etc. 

(*}  Depuis  professeur  à  l'Université  de  Gand.  —  M.  U.  Brasseur  a  quitté  l'enseignement 
pour  s'occuper  de  questions  financières. 


COXCOUnS   UNIVERSITAIRE.  XXVij 

18S0-1851. 

QUESTION   DE   SCIENCES   NATURELLES. 

Exposer  les  procédés  au  moyen  desquels  on  obtient  le  fer,  et  les  caractères  que  ce  métal 
acquiert  dans  les  divers  modes  d'exploitation  en  usage  chez  les  difTérents  peuples. 

Premier  :  M.  Jean-François-Auguste  Gillon,  de  Liège,  élève-ingé- 
nieur à  l'Ecole  des  arts  et  manufactures  (*).  —  Ann.  des  Univ., 
t.  Vin,  p.  743-942. 

1851-1852. 

question  de  sciences  physiques  et  mathématiques. 

Exposer  et  discuter  les  méthodes  indiquées  par  les  géomètres  pour  la  détermination  des 
solutions  particulières  des  équations  difTérentielles. 

Premier  :  M.  Louis-Jos.  Houtain,  de  Liège,  cand.  en  sciences  phys. 
et  mathématiques  (*).  —  Ann,  des  Univ.,  t.  VIII,  p.  971-13i4. 

question  de  sciences  naturelles. 

D'après  l'état  actuel  de  la  géographie  zooiogique,  faites  conoaltre  TinAuenco  des  climats 
sur  les  phénomènes  de  la  vie. 

Premier  :  M.  Jules-Antoine-Maurice  Bourdon,  de  Liège,  candidat  en 
sciences  naturelles  (*  ).  —  Ann,  des  Univ.,  t.  VIII,  p.  1325-1504. 

1856-1867. 
question  de  sciences  physiques  et  mathématiques. 

Exposer  succinctement 4es  principaux  travaux  qui  ont  été  publiés  sur  le  phénomène  delà 
fluorescence. 

Premier:  M.  Jules- Victor  Despret,  de  Cliimay,  élève-ingénieur  à 
l'Ecole  spéciale  des  mines  (*).  —  Ann.  des  Univ.,  t.  X,  p.  621-947 
lavec  8  pi.). 

1858-1859. 
question  de  philologie. 

Esquisser  rapidement  l'histoire  du  Sénat  romain,  depuis  la  dictature  de  Syila  Jusqu'à 
l'avènement  d'Auguste. 

Premier  :  M.  Emile-Thêodore-Joseph  Banning,  de  Liège,  candidat  en 
philosophie  et  lettres  (•). 

1861-1862. 

QUESTION    DE  SCIENCES   NATURELLES. 

Exposer  les  bases  de  la  théorie  électro-cbimique  et  montrer  jusqu'à  quel  point  cette  théorie 

r*)  V,  ci -dessus,  col.  831. 

(*)  Aujourd'hui  directeur  de  TEcole  industrielle  de  Liège. 

(')  Depuis  échevindos  travaux  publics  de  la  ville  de  Liège  (sous  l'admin.  Piercot). 

(*)  Aujourd'hui  ingénieur  en  chef  des  chemins  de  fer  du  centre,  à  Binche. 

(')  Aujourd'hui  bibliothécaire  du  ministère  des  affaires  étrangères.  —  Le  t.  Il,  9«  série, 
des  Ann.  des  Univ.  contient  un  rapport  étendu  de  M.  Banning  sur  TUniversité  de  Berlin. — 
M.  Banning  a  pris  part  à  la  rédaction  de  VEcho  du  Parlement  belge  ;  on  lui  doit  en  outre 
quelques  brochures  importantes  sur  des  questions  d'intérêt  national. 


XXViij  CONXOt'RS    UNIYEnSlTAIRE. 

s'accorde  avec  les  rëaclions  chimiques,  en  la  combinant  avec  la  théorie  des  radicaux  mul- 
tiples. 

Premier  :  M.  Julien  Leys  ,  d'Anvers ,  élève  de  deuxième  année  à 
rÉcoie  spéciale  des  mines. 

1864-1868. 

QUESTION  DE  SCIENCES   PHYSIQUES   ET   MATHÉMATIQUES. 

Exposer  les  propriétés  des  fonctions  dites  Fonctiofu  de  Sturm,  dont  on  fait  usage  dans 
le  dénombrement  des  racines  réelles  des  équations  algébriques. 

Premier  :  M.  Pierre-Séraphin-Joseph  Dbsguin,  de  Bruxelles,  élève- 
ingénieur  à  l'Ecole  spéciale  des  mines. 

QUESTION   DE  SCIENCES  NATURELLES. 

Déterminer  les  rapports  qui  existeut  entre  la  forme  et  la  composition  chimique  des  sub- 
itances  cristallines. 

Premier '.M.  François-Hbnri-Guiluume  Van  Horen  ,  de  Sl-Trond, 
candidat  en  sciences  naturelles. 

1865-1866. 

QUESTION  DE  SCIENCES   NATURELLES. 

Discuter  les  opinions  les  plus  probables  sur  Vépoque  et  le  mode  de  formation  des  filons 
et  des  amas  couchés  du  terrain  anthraxifôre  de  Belgique. 

Premier  :  M.  Emile-Joseph-Léon  De  Jaer,  de  Namur,  candidat  en 
sciences  physiques  et  mathématiques,  élève-ingénieur  à  l'Ecole  spé- 
ciale des  mines. 

1867-1868. 

QUESTION  DE  SCIENCES  NATURELLES. 

Exposer,  au  point  de  vue  de  la  chimie,  l'état  actuel  de  nos  connaissances  sur  les  vo- 
lumes et  les  densités  des  gaz  et  des  vapeurs,  et  indiquer  le  parU  que  la  philosophie  chi- 
mique peut  tirer  de  ces  connaissances. 

Premier  :  M.  Joseph  Pyro,  de  Liège,  élève-ingénieur  à  TEcole  spé- 
ciale des  mines  (')• 

1868-1869. 

QUESTION   DE  SCIENCES  PHYSIQUES   ET   MATHÉMATIQUES. 

Indiquer  les  relations  qui  existent  entre  une  surface  donnée  5,  la  surface  S  ,  à  laquelle 
sont  tangentes  les  normales  à  S,et  les  surfaces  S  parallèles  à  S.  Donner  les  équations  de  S, 
et  de  £,  pour  le  cas  où  S  est  un  ellipsoïde. 

Premier  :  M.  Gam.-Henri  Laduron,  de  Beaumont,  élève-ing.  à  TEcole 
spéciale  des  mines,  candidat  en  sciences  physiques  et  mathématiques. 

(  *  )  Ai^oord'hui  professeur  à  l'Institut  agricole  de  Gembloux. 


III 


DOCTORAT    SPECIAL 


La  création  d*un  «diplôme  scientifique  spécial  en  faveur  des  per- 
sonnes qui,  après  avoir  obtenu  le  grade  légal  de  docteur,  se  seront 
appliquées  à  certaines  spécialités  de  la  science  >:(*)«  n  eu  pour  corol- 
laire immédiat  le  retrait  de  Tarrêté  royal  du  22  décembre  i84S,  por- 
tant organisation  de  Tinstitution  des  agrégés.  Pour  comprendre  le 
sens  de  la  nouvelle  mesure,  il  est  essentiel  d*avoir  avant  tout  une 
juste  idée  du  régime  auquel  elle  a  mis  Pin. 

Mis  en  demeure  de  réunir  sans  retard  les  éléments  d*un  Corps  aca- 
démique aussi  complet  que  possible,  le  gouvernement  hollandais 
s'était  vu  dans  la  nécessité  d'attirer  dans  nos  Universités  un  certain 
nombre  de  professeurs  étrangers.  L'opposition  eut  tort  de  s'irriter  à 
ce  propos  ('i:  qui  veut  la  fin  veut  les  moyens;  or  les  moyens,  il  faut 
l'avouer,  n'existaient  guère  dans  le  pays  en  1817.  Les  intentions 
du  législateur  de  1816  ne  pouvaient  être  légitimement  suspectées  : 
qu'étaient  les  lecteurs  dont  le  Règlement  organique  établissait  les 
droits,  sinon  des  aspirants  au  professorat  formés  dans  nos  Universités 
mêmes  et  appelés  à  y  faire  leurs  preuves,  des  Privat-Docenten  à 


(*)  Ce  sont  les  termes  de  l'art.  1  de  rarrètë  royal  du  16  septembre  1853. 
(')  V.  ci-dessuS|  col.  71,  el  le  itapfwrt  de  M.  Notbomb,  t.  I,  p.  LXXX. 


XXX  riOCTORAT   SPÉCIAL. 

rinstar  de  rÂUemagne?  Et  en  1837,  le  Rapport  présenté  aux  Étals- 
généraux  sur  la  situation  de  renseignement  supérieur,  n*étatt-il  pas 
assez  explicite  ?  «  Le  temps  approche,  y  lisait-on,  où  Ton  n'aura  plus 
»  besoin  de  s*adresser  à  l'étranger,  pour  avoir  de  bons  professeurs, 
»  que  dans  des  cas  exceptionnels  et  rares,  où  un  mérite  extraordinaire 
»  et  reconnu  ferait  désirer,  pour  nos  Universités,  l'acquisition  du 
»  savant  qui  en  serait  pourvu.  » 

TiC  gouvernement  comptait  donc  sur  les  lecteurs  pour  remplacer 
successivement,  par  des  indigènes,  les  fonctionnaires  allemands  ou 
hollandais  dont  il  avait  dû  composer  en  partie  ce  premier  Corps  pro- 
fessoral. Les  lecteurs  enseignaient  pour  ainsi  dire  ai  stage.  Ils  ne 
faisaient  point  partie  des  Facultés,  non  plus  que  les  professeurs  extra- 
ordinaires, et  il  était  formellement  stipulé  que,  sous  aucun  prétexte, 
ni  les  uns  ni  les  autres  ne  pourraient  jamais  prétendre  aux  émoluments 
attribués,  par  l'art.  78  du  Règlement,  aux  membres  du  Sénat  acadé- 
mique. Ils  recevaient  un  traitement  qui  était  généralement  de  1,000 
florins  (3,116  ft*.,  64  c),  plus  un  minerval  montant  à  10  ou  à  30 
florins  par  élève,  selon  l'étendue  des  cours.  Les  lecteurs  n'étaient 
que  les  fraterculi  Gigantum  ;  mais  enfin  ils  avaient  un  pied  dans 
l'Université,  portaient  même  un  costume  officiel  (')  et  laissaient  en 
mourant,  à  leur  veuve  et  à  leurs  orphelins  mineurs,  le  droit  de 
réclamer  une  pension  de  l'État. 

La  loi  de  1835  respecta  les  droits  acquis,  mais  entra  dans  une  voie 
toute  nouvelle.  Les  lecteurs  furent  remplacés  par  des  agrégée  sans 
traitement,  sans  autres  avantages  que  les  honoraires  de  leurs  élèves, 
qui  leur  revenaient  sans  retenue  du  quart.  Ce  système  n'était  pas  ab- 
solument sans  précédent  :  en  1838,  «  le  gouvernement  avait  autorisé 
les  curateurs  des  trois  Universités  alors  existantes,  à  faire  donner  par 
déjeunes  docteurs  des  répétitions  et  même , des  cours,  parallèlement 
à  ceux  des  professeurs  des  Facultés.  Ces  répétiteurs  ou  ces  agrégés, 
comipe  on  voudra  les  appeler,  ne  touchaient  pas  de  traitement;  seu- 
lement ils  percevaient  de  leurs  élèves  une  rétribution  égale  à  celle 
que  l'on  payait  aux  lecteurs»  ('). 

En  fait,  on  n'atteignit  en  aucune  façon  le  but  qu'on  s'était  proposé. 
On  oublia  qu'il  avait  d'abord  été  question  de  tenir  les  professeurs  en 
haleine;en  neconfiant  aux  agrégés  quedes  cours  vacants, on  leurdonna 
des  titres  directs  à  l'avancement,  ce  qui  était  contraire  à  l'esprit  du  sys- 

(  *  )  Un  habit  noir  habillé  et  un  chapeau  retroussé,  à  trois  cornes  (Art.  9S  du  Règlement). 

(*)  Nothomb,  1. 1,  p.  GLVI.  —  Le  projet  de  loi  présenté  en  i834  entendait  de  la  même 
manière  Tinstitution  des  agrégés.  Il  s'agissait  de  stimuler  le  zèle  des  professeurs  en  leur 
suscitant  une  concurrence  :  le  titre  d'agrégé  en  lui-même  ne  devait,  du  reste,  conférer 
aucun  droit  à  l'obtention  d'une  chaire. 


DOCTOHAT   SPÉCIAL.  XXXÎ 

tème,  et  on  les  laissa  en  même  temps  dans  une  position  assez  fausse, 
puisqu'ils  n'étaient  pas  appointés.  Sur  ces  entremîtes ,  M.  Van  de 
Weyer  arriva  au  pouvoir  et  prit  tout  d'un  coup  la  résolution  de  faire 
de  l'agrégation  un  titre  essentiellement  honorifique.  L'honorable 
ministre  reprenait  le  thème  de  1827  :  a  Grouper  autour  des  Univer- 
sités les  élèves  qu'elles  ont  formés,  disait-il,  c'est  à  la  lois  encourager 
la  jeunesse  et  procurer  aux  Ecoles  nationales  un  moyen  facile  de  se 
recruter,  sans  qu'elles  soient  obligées,  comme  autrefois,  de  recourir 
à  l'étranger  »  (').  Les  agrégés  devaient  être  choisis  de  préférence  : 
i""  parmi  les  docteurs  ayant  obtenu  la  plus  grande  distinction  et  ayant 
été  proposés  par  le  jury  pour  une  bourse  de  voyage  ;  i?  parmi  les 
lauréats  du  Concours  universitaire  ;  3"*  parmi  les  professeurs  de  l'en- 
seignement moyen  comptant  au  moins  quinze  ans  de  service  dans 
l'instruction  publique  ;  4''  parmi  les  membres  du  corps  des  mines  ou 
des  ponts  et  chaussées,  ayant  au  moins  le  grade  de  sous-ingénieur , 
et  parmi  les  officiers  du  génie  militaire.  Le  nombre  en  devait  être 
illimité  ;  les  agrégés  n'étaient  d'ailleurs  point  tenus  à  résidence  et 
l'exercice  des  professions  libérales  ne  leur  était  point  interdit.  Ils 
pouvaient  être  autorisés  à  donner  des  cours  nouveaux,  ou  k  répéter  des 
cours  déjà  portés  au  programme,  mais  sous  la  direction  des  profes- 
seurs titulaires  ;  ils  pouvaient  être  appelés  à  suppléer  ces  derniers  ; 
enfin,  l'arrêté  organique  du  22  septembre  1848  prévoyait  le  cas  oii  ils 
seraient  nommés  en  concurrence.  L'idée-mère  de  l'institution  était 
excellente;  mais  on  ne  tarda  pas  à  remarquer  que  ceux  des  nouveaux 
agrégés  qui  exerçaient  en  dehors  de  Liège  ou  deGand  une  profession 
lucrative,  ne  paraissaient  guère  empressés  de  remettre  leur  avenir 
aux  chances  d'un  essai  douteux  et  aux  hasards  dune  longue  attente; 
ceux  qui,  au  contraire,  résidaient  dans  les  villes  où  étaient  établies  les 
Universités,  avaient  sur  les  autres  un  incontestable  avantage,  et  l'on 
ne  pouvait  supposer  qu'ils  ne  chercheraient  pas  à  se  prévaloir,  aussi- 
tôt que  possible,  des  services  qu'ils  auraient  été  appelés  à  rendre. 
C'est  ce  qui  eut  lieu  en  effet.  Trenle-neuf  agrégés  furent  nommés  d'un 
seul  trait  de  plume  à  notre  Université,  trente-huit  à  celle  de  Gand,  et 
ce  nombre  s'accrut  encore  avec  le  temps  <  '  ).  La  plupart  ne  considé- 
rèrent jamais  leur  titre  que  comme  une  honorable  distinction;  ceux 
qui  obtinrent  des  cours  en  devinrent  réellement  titulaires,  bien  que 
leur  délégation  dût  être  renouvelée  chaque  année.  Un  moment  vint  où 
ils  invoquèrent  à  leur  tour  des  droits  acquis,  prétention  d'autant  plus 
fondée  que  le  gouvernement  s'était  vu  obligé  de  les  indemniser,  et  qu'ils 


(*)  Rapport  au  Roi,  âO  septembre  1845. 

(*}  En  i85i,  rUoiverftiié  de  Liëge  comptait  47  agrëgës,  dont  14  charges  de  cours. 


XXXIJ  llOCTOIIAl    SPÉCIAL. 

étaient  admis  h  participera  la  caisse  des  pensions.  Mais  leur  indenanité 
étaitchétive;  les  Facultés  étant  au  complet,  ils  se  voyaient  engagés  en 
quelque  sorte  dans  une  impasse  ou  mis  en  demeure  de  changer  de 
carrière,  ce  qui  n*est  pas  toujours  facile  quand  on  a  consacré  ses 
meilleures  années  à  des  études  très-spéciales  :  bref,  ils  étaient  à  la 
veille  du  découragement  ;  si  une  mesure  radicale  n'était  prise,  les 
plus  nobles  ardeurs  devaient  finir  par  s'éteindre  ;  la  question  du 
recrutement  du  corps  professoral  semblait  plus  éloignée  que  jamais 
d*une  solution  satisfaisante. 

Le  Conseil  de  perfectionnement  de  l'enseignement  supérieur  pro- 
posa au  Ministre,  en  1882  (  *),  de  ne  plus  nommer  d*agrégés  dans  le 
sens  de  l'arrêté  royal  du  32  septembre  1848;  de  supprimer  le  Con- 
cours universitnire  ;  enfin ,  de  créer  une  nouvelle  agrégation  ne  con- 
férant absolument  aucun  droit,  mais  consistant  en  un  simple  titre 
scientifique  ou  doctorat  spécial,  lequel  ne  pourrait  s'acquérir  que  deux 
ans  après  le  doctorat  ordinaire:  ce  dernier  examen  serait  ainsi 
redevenu  h  peu  près  ce  qu'est  la  licence  dans  d'autres  pays.  Le  Con- 
cours universitaire  fut  maintenu  ;  mais  la  première  et  la  troisième 
proposition  du  Conseil  obtinrent  du  gouvernement  un  accueil  favo- 
rable. Deux  arrêtés  royaux  du  16  septembre  1853,  cités  plus  haut, 
décrétèrent,  l'un,  qu'il  ne  serait  plus  nommé  d'agrégés  aux  Universités 
de  l'État,  jusqu'à  disposition  ultérieure;  l'autre,  qu'il  serait  créé  un 
diplôme  scientifique  spécial  de  docteur,  simple  attestation  de  capacité 
à  délivrer  par  les  Universités,  ne  conférant  dans  l'Etat  aucune  espèce 
de  droits  ou  de  prérogatives.  Quant  aux  anciens  agrégés,  il  ne  fut  rien 
innové  h  leur  position  ;  seulement  des  fonds  furent  demandés  h  la 
législature  et,  les  circonstances  aidant,  le  gouvernement  trouva,  en 
très-peu  d'années,  le  moyen  d'élever  ces  aspirants  au  rang  de  pro- 
fesseur, ou  tout  au  moins  do  leur  assurer  une  positioii  d'attente 
convenable  et  non  précaire  comme  auparavant. 

Ainsi  le  doctorat  spécial  est  un  gracie  scientifique  et  rien  de  plus  ; 
en  rinstituant,  il  est  vrai,  le  gouvernement  n  manifestée  la  forme 
intention  de  choisir  désormais  les  membres  du  personnel  enseignant 
universitaire,  principalement  parmi  les  hommes  spéciaux  qui  se 
seraient  révélés  de  cette  manière  (')  ;  »  mais  aucun  engagement  tie  le 
lie  à  cet  égard;  plusieurs  nominations  récentes  l'ont  surabondamment 
prouvé.  Le  gouvernement  est  disposé  à  tenir  compte  du  mérite  des 
jeunes  gens  qui  ont  donné  des  garanties  officielles  de  leur  mérite 
.«supérieur;  cependant  l'intérêt  général  des  éludes  est  ici  la  première 

< ')  Deux  membres  du  Conseil  avaient,  dès  1850,  pris  l'initiative  et  .soumis  à  leurs  col- 
lègues un  projet  de  réforme  {Rapport  de  .V.  Piercot,  p.  66). 
(•)76ùi.,  p.20. 


DOCTOHAT   SPÉCIAL.  XXXJij 

considéralion  qui  le  touche;  il  demeure  pleinement  libre  de  ses 
choix.  En  somme,  le  doctorat  spécial  concerne  directement  les  élèves 
et  non  les  Facultés  :  c*est  pourquoi  nons  lui  avons  doané  place  dans 
cette  partie  de  notre  ouvrage 

Voici  quelques  extraits  de  Tarrété  organique  : 

La  Faculté  de  philosophie  et  des  lettres  coofère  trois  sortes  de  diplômes  :  en  sciences 
philologiques  (litléraiarc  et  antiquités  grecques  et  latines,  et,  d'ane  manière  accessoire, 
histoire  de  la  tittératare  française)  ;  eo  sciences  philosophiques  (logique,  anthropologie,  phi- 
osophie  morale,  métaphysique,  droit  Datnrel  et  histoire  de  la  philosophie),  et  eo  sciences 
historiques  (histoire  ancienne,  histoire  do  moyen-àge,  histoire  de  la  Belgique,  histoire  poli- 
tique moderne,  géographie  et  notamment  géographie  ancienne). 

La  Faculté  de  droit  confère  les  trois  diplômes  suivants  :  en  droit  romain  (histoire  de  ce 
droit,  antiquités  romaines^  Institutes,  Paodectes,  exégèse)  ;  en  droit  moderne  (droit  civil, 
théorie  de  la  compétence  et  de  la  procédure,  droit  criminel  et  droit  commercial),  et  en 
droit  public  et  administratif  (histoire  politique  moderne,  économie  politique,  droit  public  et 
droit  administratif). 

Dans  la  Faculté  des  sciences,  six  diplômes,  savoir  :  en  sciences  mathématiques  (haute 
algèbre,  géométrie  analytique,  géométrie  descriptive,  analyse,  calcul  des  probabilités)  ;  en 
sciences  physiques  (physique  expérimentale,  géographie  physique,  météorologie,  astrono- 
mie physique);  en  sciences  chimiques  et  minéralogiques  (chimie  organique  et  inorganique, 
manipulations  chimiques,  minéralogie  et  géologie)  ;  eo  sciences  botaniques  (anatoroie  et 
physiologie  végétales,  familles  naturelles,  géographie  des  plantes,  principes  d^orticuUure, 
connaissance  des  plantes  usuelles,  Flore  de  la  Belgique);  en  sciences  zoologiqnes  (zoologie, 
analomie  et  physiologie  comparées,  paléontologie,  Fauoe  de  la  Belgique). 

Eo  médecine,  quatre  diplômes  :  pour  les  sciences  physiologiques  (anatomie  et  physiologie 
de  l'homme,  éléments  d'anatomie  et  de  physiologie  comparées  et  de  chimie  animale,  anato- 
mie pathologique)  ;  pour  les  sciences  médicales  (pathologie  et  thérapeutiques ,  générales  et 
spéciales,  des  maladies  internes  ;  pharmacodynamique,  hygiène  et  anatomie  pathologique)  ; 
pour  les  sciences  chirurgicales  (pathologie  chirurgicale,  théorie  des  accouchements,  méde- 
cioe  opératoire,  y  compris  les  opératioos  obstétricales;  médecioe  légale);  eafln,  pour  les 
sciences  pharmacologiques  (pharmacologie,  pharniacie,  chimie  organique  et  inorganique, 
toxicologie  et  botanique  médicale). 

Pour  être  admis  aux  épreuves  du  doctorat  spécial,  Il  faut  avoir  obtenu,  depuis  deux  ans 
80  moins,  le  grade  de  docteur  dans  la  Faculté  à  laquelle  se  rapporte  la  spécialité  du 
diplôme.  Les  personnes  assimilées  aux  docteurs,  c'est-à-dire  les  professeurs  agrégés  de 
renseignement  moyen  du  degré  supérieur,  les  pharmaciens  reçus  suivant  la  loi  du  15 
juillet  1849  et  les  ingénieurs  et  sous- ingénieurs  des  ponts  et  chaussées  et  des  mines, 
doivent  être  également  diplômés  au  moins  depuis  deux  ans. 

Les  épreuves  sont  au  nombre  de  quatre  H»  la  rédaction  d'une  thèse  inaugurale;  ^  un 
examen  (à  huis-clos)  sur  toutes  les  matières  relatives  au  diplôme  qu'il  s'agit  de  délivrer;  3o 
Une  leçon  orale  sur  un  siget  indiqué  par  la  Faculté;  4o  la  défense  publique  de  la  dissertation 
et  des  thèses  qui  y  sont  annexées.  —  Les  récipiendaires  sont  libres  de  choisir  le  sujet  de 
leur  thèse  inaugurale;  celle-ci  doit  avoir  été  approuvée  par  la  Faculté,  avant  qu'on  puisse 
passer  k  l'examen  k  huis- clos.  — En  cas  d'admission  aux  épreuves  publiques,  la  thèse  inau- 
gurale, avec  les  thèses  y  annexées,  est  imprimée  aux  frais  du  récipiendaire,  lequel  est 
teno  d*en  déposer  450  exemplaires  au  secrétariat  de  l'Université.  —  Los  deux  dernières 
épreuves  ont  lieo  en  séance  solennelle,  présidée  par  le  doyen  de  la  Faculté  *.  le  recteur  et  le 
secrétaire  du  Conseil  académique  sont  présents.  —  Tontes  les  épreuves  doivent  être  subies 
à  la  mém  Université,  dans  le  délaj  de  six  mois.  —  Le^  décisions  de  la  Faculté  sont  prises 


XXXIV  DOCTOUAT    SPÉCIAL. 

à  la  majorité  des  nombres  présents  (au  moins  U  moitié)  à  ebaquc  épreave  ;  la  parité  des 
voix  équivaut  au  rejet. 

Voici  les  noms  des  élèves  de  rUuivcrsité  de  Liège  qui  ont  obtenu 
jusqu'aujourd*hui  (juillet  1869)  le  titre  de  docteur  spécial  : 

A.  FACULTÉ  DE  PHILOSOPHIE  ET  DES  LETTRES. 

1 .  Nous  mentionnons  ici  pour  mémoire  la  thèse  inaugurale  présentée 
à  la  Faculté  par  feu  J.  Delboeup,  de  Liège,  en  1863,  pour  le  doctorat 
en  sciences  philosophiques.  Elle  est  intitulée  :  Etude  sur  la  quesHan  du 
mouvement  considéré  dans  ses  rapports  avec  le  principe  de  contradiction. 
La  nomination  de  M.  Delbœuf  à  l'Université  de  Gand,  en  remplace- 
ment de  feu  Callier  (v.  ci-dessus,  col.  803),  a  naturellement  détourné 
ce  récipiendaire  de  donner  suite  à  son  projet  d'obtenir  le  diplôme  de 
docteur  spécial.  Sa  dissertation  a  été  imprimée  en  1865,  à  la  fin  de 
VEssai  de  logique  scientifique,  cité  col.  804,  n""  S  de  la  bibliogr. 

2.  M  Oscar  Merte.n,  de  Liège,  ancien  élève  de  notre  Université, 
d'où  il  est  sorti  docteur  en  philosophie  et  lettres  et  professeur  agrégé 
de  l'enseignement  moyen  du  degré  supérieur,  a  subi  devant  la  Faculté 
de  Gand^  le  2 1  juin  1868,  (')  les  épreuves  du  doctorat  spécial  enphiloso- 
phie.  Sa  dissertation  consiste  en  une  Etude  sur  Maine  de  Biran  (Namur, 
1868,  in-8«).  —  La  Zeitschrift  fur  Philosophie,  etc.,  de  M.  J.-H.  Ficbte 
a  publié,  en  1868,  une  analyse  étendue  de  ce  travail  (t.  LU,  page  189 
et  suiv.) 

B.  faculté  de  droit. 

3.  M.  Henri  Staedtler,  de  Bruxelles,  ancien  élève  de  l'Université 
de  Louvain,  docteur  en  droit,  a  été  reçu,  devant  la  Faculté  de  Liège, 
le  28  juin  1861,  docteur  en  droit  romain.  Sa  dissertation  est  intitulée  : 
De  la  restitution  en  droit  prétorieii  (in  integrum  restitutio).  Bruxelles, 
1861.in-8«. 

G.  faculté  des  sciences. 

4.  Le  11  juin  1887,  M.  Gustave  Dewalque,  aujourd'hui  professeur 
à  notre  Faculté  des  sciences  (v.  ci-dessus,  col.  809  et  suiv.),  a  été 
reçu,  à  Liège,  docteur  en  sciences  chimiques  et  minéralogiques.  Sa  dis- 
sertation consiste  en  une  Description  du  lias  de  la  province  de  Luxem- 
bourg. Liège,  1887,  in-8'*  (v.  ci-dessus,  col.  811,  n**  10  de  la  bibliogr  ) 

(*)  M.  Mbrten  était  h  cette  époque  professeur  à  l'Athénée  royal  de  Namur.  En  4866,  il 
a  été  nommé  professeur  de  philosophie  à  rUniversité  de  Gand,  en  remplacement  de  M. 
Delbœuf.  —  Indépendamment  de  Y  Etude  sur  Maine  de  Biran^  il  a  publié  à  Namur  un  livre 
intitulé  :  De  la  (fénératitm  des  sifstèmeK  philosophiques  sur  l'homme  (4866,  un  vol.  in-S^), 


DOCTORAT   SPÉCIAL.  XXXV 

5.  Le  8  mai  1858,  M.  Ed.  Morren,  aujourd'hui  professeur  de  bota- 
nique à  rUniversité  de  Liège,  a  subi  devant  la  Faculté  de  Gand  (v.  ci- 
dessus,  col.  882),  les  épreuves  du  doctorat  spécial  en  sciences  bota- 
niques. Sa  thèse  inaugurale  traite  des  feuilles  vertes  et  colorées.  Gand, 
4858,  un  vol.  in-8*  avec  pi.  (v.  col.  886,  n»  10  de  la  biblîogr.) 

D.    FACULTÉ   DE   MÉDECLNE. 

6.  Le  2  mai  1861,  M.  Oscar  Ansiaux  (v.  ci-dessus,  col.  751  et  752) 
a  été  proclamé,  parla  Faculté  de  Liège,  docteur  en  sciences  chirurgie 
cales.  Sa  dissertation  inaugurale  a  pour  titre  :  De  la  résection  des  arti- 
culations du  membre  inférieur.  Liège,  1861,  in-8''. 

7.  Le  4  juillet  suivant,  M.  Adolphe  Wasseige  (v.  ci-dessus,  col  981), 
a  subi  les  mêmes  épreuves,  devant  la  même  Faculté,  après  avoir  sou- 
ieùix  la  dérense  d*une  thèse  intitulée  :  Description  des  déchirures  du 
périnée.  Liège,  1861,  in-8»,  avec  2  pi. 

8.  Le  26  juin  1862,  M.  Gustave  Krans,  de  Liège,  ancien  chef  de 
clinique  externe  (1858),  a  obtenu,  de  la  même  Faculté,  le  diplôme  de 
docteur  spécial  en  sciences  médicales^  sur  la  présentation  d'une  thèse 
intitulée  :  Des  paralysies  sans  lésions  matérielles  appréciables.  Liège, 
1862,  in-8MM. 

9.  Le  lendemain,  27  juin,  le  même  diplôme  a  été  conféré  à  M.  Léon 
GoFFART,  de  Huy,  ancien  chef  de  clinique  interne,  secrétaire  de  la 
société  médico-chirurgicale  de  Liège  (1858).  La  thèse  inaugurale  de 
M.  Goffart  porte  pour  titre  :  Des  paralysies  appelées  dynamiqties,  envi- 
sagées au  point  de  vue  de  leur  diagnostic  et  de  leur  patogénie.  Liège, 
1862,  in-8». 

10.  Le  20  novembre  de  la  même  année,  M.  Dieudonné  Hicguet,  de 
Namur,  a  été  proclamé  docteur  en  sciences  chirurgicales.  Dissertation 
inaugurale  :  De  la  méthode  substitutive  ou  de  la  cautérisation  appliquée 


(  *)  G.  Krans  est  décédé  le  S  juillet  4866,  au  moment  de  justifier  les  brillaotes  espé- 
rances que  ses  premiers  succès  avaient  fait  concevoir.  Collaborateur  assidu  des  Annaie*  de 
la  Snciéii  médico-chirurgicale  de  Liége^  il  a  laissé,  outre  sa  dissertation  inaugurale,  les 
travaux  suivants,  insérés  dans  ce  recueil  :  i»  De  la  dégénérescence  amyloide  ;  âo  Obsen'a- 
tion  de  peau  bronzée  ;  3»  De  la  pbthisie  chez  les  buveurs  ;  4»  Des  bruits  ampboriques  dans 
la  pleurésie;  S*'  Observation  de  dilatation  variqueuse  des  ganglionslymphatiques;  6^  Lésions 
des  centres  nerveux  dans  l'atrophie  musculaire  progressive;  T*  Des  propriétés  diurétiques 
des  semences  de  clématite  ;  8o  De  la  teinture  d'iode  comme  moyen  de  diagnostic  de  la  glyco- 
cosurie;  9^  Elude  sur  le  mode  de  développement  des  tubercules;  IQo  ObservaUon  de  teigpe 
décalvanle;  11^  Des  palpitations  de  cœur  consécutives  aux  dyspepsies. 


XXXVI  DOCTORAT  SPÉCIAL. 

au  traitement  de  Furéthrite  aigne  et  chronique.  Paris,  Delahaye,  1862, 

in-8M')- 

11.  Le  3  février  1863,  M.  Charles  Horion,  de  Hermalle-sous-Argen- 
teau,  ancien  chef  de  clinique  des  accouchements  (18SS-18S7),  a  reçu 
le  diplôme  de  docteur  en  sciences  chirurgicales,  après  avoir  publié  une 
thèse  intitulée  :  Des  rétentions  (turine,  ou  pathologie  spéciale  des  voies 
urinaires  au  point  de  vue  de  la  rétention.  Paris,  Dclahaye,  un  vol.  in-8® 
de  XX  et  366  pages  (*). 

(*  )  La  disserlatîoo  de  M.  Hicguet  a  eu  deux  tirages,  ce  qui  veut  dire  que  le  public  savant 
ne  l'a  pas  accueillie  avec  moins  de  faveur  que  la  Faculté.  —  M.  Hicguet,  né  à  Namur,  le  9 
janvier  4830,  est  docteur  en  médecine,  en  chirurgie  et  en  Bccouchements  depuis  le  i6  août 
iSM.  l\  a  fait  une  étude  toute  spéciale  des  maladies  des  voies  urinaires  et  des  maladies 
syphilitiques  ;  l'adm.  comm.  de  Liège  lui  a  confié,  ii  ce  dernier  titre,  une  mission  d'inspec- 
tion sanitaire.  11  a  longtemps  pris  une  part  active  à  la  rédaction  du  Seaipel,  fondé  et  dirigé 
par  M.  le  docteur  A.  Festraerts.  Membre  de  phisiears  Sociétés  de  médecine,  il  t  publié 
dans  leurs  annales  ou  dans  les  Bulletins  de  l'Académie  les  noUces  suivantes  :  i^  Mémoire 
sur  une  tumeur  érectile  de  la  fiice,  guérie  au  moyen  de  la  gai vano -caustique  (Bull,  de 
CAcad.  royale  de  médecine  de  Belgique,  t.  XIV)  ;  S®  Observation  remarquable  de  sperma- 
torrhée  {Ibid.,  ano.  4858-1859);  3»  Mémoire  sur  deux  observations  d'aspermatisme 
(Ibid.f  i86ti);  4°  De  la  méthode  substitutive  appliquée  au  trailement  des  écoulements  des 
organes  sexuels  chez  la  femmo.  Liège,  4862,  ia-8«  ;  5»  Observation  de  leucémie  [Ann. 
de  la  Société  médieo-ckirurgicale  de  Uége,  4862)  ;  6o  Observation  de  fièvre  typhoïde 
compliquée  d'accidents  pernicieux  de  sufiocation  (Ibid.);  7»  Symptômes  d'étranglement 
inlerne;  fièvre  typhoïde  bénigne;  accès  intermittents  pendant  la  convalescence;  ascite  ;  dys- 
scntcrie;  mort  {laid.  ;  8<>  Traitement  de  la  gale  par  l'huile  de  pétrole  {Ibid.,  4865);  9«Sur 
un  symplûme  propre  à  l'hyporlrophie  des  parois  do  la  vessie  (ibid.^  4866}  ;  4(K*  De  l'inter- 
vention du  médecin  dans  la  recherche  des  crimes,  k  propos  d'une  observation  médico- 
légale  (M.  Hicguet  a  été  souvent  consulté  comme  médecin  légiste),  ibid.,  4866;  44^  Triple 
rétrécissement  de  Turèlre  ;  fistules  urinaires  ;  trois  uréthrolomies  ;  guérison  {Ibid.^  ; 
42»  Double  rétrécissement  urélhral  ;  fistules  urinaires  ;  guérison  {Ibid.);  43*  De  l'unité  du 
virus  chancreux  (Ibid,,  4867';  44«  De  la  fistule  du  canal  de  sténon;  observation  et  réflexions. 
Liège,  4868,  in-8«.  —  M.  Hicguet  est  chirurgien  de  l'HûpiUl  des  RécolleU. 

(*)  M.  Charles- Joseph  Uomon,  né  à  Hermalle-sous-Argenteau  le  46  avril  4830,  est  à  la 
fois  docteur  on  sciences  naturelles  et  docteur  en  médecine,  en  chirurgie  et  en  accouche- 
ments. Il  n'avait  que  22  ans  lorsqu'il  accompagna  dans  un  de  ses  grands  voyages  André 
Dumool,  dont  il  était  k  la  fois  le  disciple  et  l'ami  (v.  ci-dcsf  us ,  col.  238).  Reçu  docteur  en 
sciences  iirec  (fronde  diiitinction,\e  28  août  4854,M.  Horioo,qui  avait  su  mener  de  front  deux 
séries  d'études,  fut  nommé  dès  le  18  septembre  de  l'année  suivante  chef  de  la  clinique  des  ac- 
couchements. Il  remplit  cas  fonctions  jusqu  au  47  avril,dRte  de  son  dernier  examende  docteur 
en  médecine,  il  obtint  celte  fois  la  pin*  grande  diaiinciion^  el  par  suite  une  bourse  de  voyage, 
qui  lui  permit  de  fréquenter  les  cours  el  les  cliniques  de  Paris,  pendant  les  années  scolaires 
4858-1859  el  4859-1860.  De  retour  à  Liège,  il  s'établit  comme  médecin,  et  bien  que  sa 
clientèle  s'étendit  de  jour  en  jour,  il  trouva  encore  le  temps  de  se  préparer  au  doctoral  spé- 
cial el  de  donner  fréquemment  signe  de  vie  au  monde  savant.  —  On  lui  doit,  outre  la  dis- 
serUilion  inaugurale  citée  dans  le  texte,  plusieurs  publications  qui  attcslcnt  la  variété  de 
ses  connaissances  et  la  portée  philosophique  de  son  espril.  Nous  citerons  :  4*  André 
Dumont  et  la  philosophie  de  la  nature  \^*  édition,  cxtr  de  la  Preste  scientifique  des  deux 
monde»,  Paris,  48(i5,  in-8<*;  2«  édition,  Liège,  Carmanne,  4866,  in-8o)  ;  2^  Leçon  sur  ledia- 


UOCTORAT   SPÉCIAL.  XXXVij 

12.  Le  30  mars  1868,  le  même  diplôme  a  été  décerne  à  M.  Nicolas- 
Joseph  Larondelle,  de  Membach  (Liège),  sur  la  présentation  d'une 
thèse  portant  pour  titre  :  De$  Kystes  du  œu^  Liège,  Garmanne  1868, 
un  vol.  in-8^  de  287  et  VI  pages  ('  )• 

Conformément  à  l'arrêté  royal  du  30  janvier  1864,  déterminant  les 
conditions  sous  lesquelles  les  docteurs  spéciaux  et  même  les  docteurs 
munis  simplement  d*un  diplôme  délivré  par  un  jury  d'examen,  peuvent 
être  admis  à  ouvrir  des  cours  privés  aux  Universités  de  l'Etat,  MM. 
Krans,  Hicguet,  0.  Ansiaux  et  L.  Goff^rt  ont  reçu  l'autorisation  (arr. 
minist.  des  16,  17  et  18  août  1868)  : 

M.  Krans,  de  Taire  quelques  leçons  sur  la  thérapeutique  générale 
des  maladies  de  l'enfance  ; 

M.  Hicguet,  de  faire  l'histoire  et  l'exposé  des  progrès  récents  de  la 
chirurgie  ; 

gDOstic  difTërentiel  des  tumeurs  du  genou.  Liège,  4863,  in-8®  (Leçon  faite  en  séance 
solennelle  de  la  FacuU<l  de  médecine,  pour  la  troisième  épreuve  du  doctorat  spécial); 
30  Note  sur  le  terrain  cri^tacé  de  la  Belgique  {BuH.  de  la  Société  géologique  de  France, 
2«  série,  t.  XV,  p.  635^;  4»  Sur  les  terrains  primaires  des  environs  de  Visé  {ib,,  i.  XX, 
p.  766);  5<*  Hernie  crurale  étranglée;  opération  (Ànti.  de  la  Soc.  médico-chirurgicale  de 
Liège,  t.  1.  1863);  6»  Lilholrilie  cl  Uille  {Ibid.,  t.  II,  4863)  ;  ?<>  Des  polypes  naso-pharyn- 
giens  {Ibid.);  80  Tumeur  k  myélophaxes  du  tibia  gauche  ;  amputation  de  la  cuisse  ;  mort  de 
pleurésie  accidentelle  ;  étude  microscopique  de  la  tumeur;  évolution  des  myélophaxes 
iibid,\  —  M.  Horion  a  dû  interrompre  pendant  quelque  temps  ses  travaux  pour  motir  de 
santé  ;  le  climat  de  l'Italie  lui  a  heureusement  rendu  de  nouvelles  forces. 

(MM.  Nicolas  Joseph  Larondelle,  né  à  Membach  le  4 1  novembre  48Sâ,  a  fait  ses  études 
à  l'Université  de  Louvain,  oii  les  fonctions  de  prosecteur  et  de  chef  des  travaux  anatomiques 
lui  ont  été  confiées  pendant  trois  ans,  de  4849  à  485S.  Après  avoir  subi  avec  grande  dittinc- 
lion  son  dernier  examen,  voulant  se  rapprocher  le  plus  possible  de  son  pays  natal,  il  a  fixé  sa 
résidence  à  Verviers.  M.  Larondelle  est  chirurgien  en  chef  de  l'hospice  de  St-Lauront  k  Dison, 
membre  du  Conseil  de  salubrité  de  Verviers,  membre  de  la  Société  de  médecine  de  Louvain; 
les  services  qu'il  a  rendus  en  48tti,  pendant  l'épidémie  du  choléra,  lui  ont  valu  la  médaille  d'or 
de  4>^  classe  —  Publications  ;  4*  La  dissertation  citée  dans  le  texte;  2«  Observation  d'une 
grossesse  rompliquée  d'hydropisie  ascite;  avortement.  —  Ponction  abdominale  répétée 
deux  fois  dans  le  courant  de  la  dernière  grossesse  ;  accouchement  à  terme  (v.  les  Bull,  de 
tAcad,  roy.  de  médecine,  séance  du  44  juillet  4863;  ;  3»  Rapport  au  Conseil  de  salubrité  de 
Verviers  sur  les  mesures  à  proposer  pour  éviter  l'invasion  en  cette  ville  de  la  terrible  mala- 
die des  trichines,  qui  sévissait  en  1865  dans  plusieurs  parties  de  l'Allemagne  ;Verviers,  L.-J. 
Crouquet,  4865,  in-8°);  4<»  Mesures  préventives  contre  le  choléra  :  hygiène  privée.  Ibid,, 

4866,  in-8<>  (publ.  quelque  temps  avant  l'apparition  du  choléra  a  Verviers)  ;  5o  Rapp.  sur 
Tépidémie  du  choléra  qui  a  régné  à  Verviers  et'  dans  les  environs.  Bruxelles,  Manceaux, 

4867,  io-8<*;  6^  Observation  d'une  déchirure  du  périnée  compliquée  de  chute  de  matrice; 
périnéorapbie;  guérison  {Btdl.  de  l'Acad,  de  médecine,  4861,  p.  607).  —  Le  7  juin  1869 , 
M.  le  docteur  Fossiou  a  présenté  à  l'Académie  de  médecine,  de  la  part  de  M.  le  docteur 
Larondelle,  une  observation  d'un  anévr.sme  de  l'artère  poplitée,  guéri  par  ce  dernier,  en 
trois  jours,  à  l'aide  de  la  flexion  de  la  jambe  sur  la  cuisse.  (Renvoi  à  une  Commission  pour 
rapport). 


XXXViij  DOCTORAT  SPÉCIAL. 

M.  0.  Ansiaux,  d*aborder  dans  un  cours  privé  Tétude  générale  et 
approfondie  du  traitement  des  fractures  ; 

Et  onfin  M.  Goifart,  de  faire  des  leçons  de  physiologie  appliquée  à 
la  médecine,  conformément  au  programme  approuvé  par  la  Faculté. 

MM.  Krans  et  Ansiaux  ont  seuls  profité,  en  1865-1866,  de  Tautori- 
sation  qui  leur  était  accordée  (*). 


(*)  Ua  été  fait  mention,  col.  831,  ool.  89  ot  i05i,  «tcol.  iiSS,  d'autres  cours  privés 
donnés  conformément  k  l'arrêté  de  1864,  par  des  personnes  non  munies  du  diplôme  de 
docteur  spécial. 


IV 

DIPLOMES    HONORIFIQUES 

ET 

DIPLOMES  SCIENTIFIQUES. 


C'est  encore  à  notre  plus  ancienne  charte  qu'il  faut  ici  reraonler. 
On  lit  dans  le  Règlement  de  1816  (art.  30)  : 

c  II  sera  permis  aux  Universités  de  conférer  à  des  hommes  d'un  mérite  extraordinaire, 
tant  étrangers  qu'indigènes,  le  litre  de  docteur,  ou  de  le  leur  offrir,  comme  une  preuve  d'es- 
time; mais  dans  ce  cas,  l'affaire,  sur  la  proposition  de  la  Faculté  qui  confère  le  grade,  sera 
traitée  par  tout  le  Sénat  spécialement  convoqué  à  cet  effet.  On  n'exigera,  des  docteurs  créés 
de  celle  manière,  ni  les  examens  ni  les  droits  d'usage.  » 

Dans  de  telles  conditions,  le  doctorat  honoris  causa  n*avaiL  d'autre 
but  que  de  rattacher  aux  Universités  des  Pays-Bas,  par  des  liens  plus 
étroits,  les  hommes  distingués  dont  les  sympathies  leur  étaient  déjà 
acquises  ;  c'était  ou  un  hommage  de  reconnaissance,  ou  une  distinction 
qui  devait  être  réservée  à  des  talents  tout  à  fait  exceptionnels.  Cette 
distinction  fut  plus  d'une  fois  ambitionnée  ;  mais  l'on  s'en  montra 
systématiquement  avare,  et  l'on  eut  raison.  Le  Sénat  académique 
écarta,  en  1822,  une  proposition  tendant  à  décerner  le  diplôme  ho- 
norifique de  docteur  à  un  étudiant  d'un  mérite  hors  ligne,  trois  fois 
lauréat  du  Concours.  Il  n'avait  pas  encore  subi  l'examen  final  :  le 
Sénat  usa  de  prudence.  —  De  1817  à  1830 ,  l'Université  de  Liège  ne 
délivra  que  cinq  diplômes  d'honneur,  3  dans  la  Faculté  des  lettrfes  (*)> 
2  dans  la  Faculté  des  sciences. 

Le  titre  honorifique  de  docteur  en  droit  n'a  été  décerné  jusqu'ici 
qu'une  seule  fois,  en  1831. 

L'art.  6  de  la  loi  organique  de  1835  modifia  comme  suit  l'ancien 
système  : 

«  Les  Universités  pourront  conférer  des  diplômes  scientifiques,  en  observant  les  condi- 
tions qui  seront  prescrites  par  les  règlements.  —  Ces  diplômes  ne  conféreront  aucun  droit 
en  Belgique.  > 

(^)  Ce  passage  servira  de  rectification  à  ia  note  de  la  col.  842. 

4* 


XL  DIPLOMES   HOiNORlPIQUES 

Les  mesures  réglementaires  prévues  par  cet  article  se  firent 
attendre  jusqu'au  13  octobre  1838.  On  distingua  dès  lors  deux  espèces 
de  diplômes,  les  uns  honorifiques,  au  sens  du  Règlement  de  1816,  les 
autres  scientifiques.  Les  Facultés  eurent  qualité  pour  délivrer  ces  der- 
niers, après  exatnen  public.  Il  y  eut  des  diplômes  scientifiques  de  can- 
didat et  de  docteur,  tandis  que  les  diplômes  honorifiques,  s*obtenant 
sans  examen ,  ne  conréraient  naturellement  que  ce  dernier  titre. 

La  loi  sur  lesjurys  d'examen  fut  modifiée  en  1849,  en  1887  et  en  1861. 
Il  eût  fallu  soumettre  en  même  temps  à  révision  Tarrélé  de  1838,  quant 
au  programme  des  matières  exigées  et  quant  aux  formalités  à  observer  ; 
mais  on  crut  devoir  ajourner  toute  décision  à  cet  égard  :  après  1849, 
parce  qu'on  se  promit  de  tout  coordonner  lorsqu'il  s'agirait  de  réfor- 
mer définitivement  le  titre  III  de  la  loi  organique  (');  après  18S7, 
parce  que,  le  nombre  des  diplômes  scientifiques  étant  insignifiant,  on 
se  dit  qu'il  n'y  avait  pas  urgence.  Quant  à  ce  dernier  point,  l'idée 
nous  est  venue  de  consulter  les  archives  de  l'Université  de  Liège. 
Elles  nous  ont  appris  qu'un  certain  nombre  de  jeunes  gens  étrangers 
(Portugais,  Brésiliens,  Anglais,  etc.)  s'informèrent  auprès  du  rec- 
teur, à  l'époque  où  les  grades  scientifiques  venaient  d'être  institués, 
des  (conditions  b  remplir  pour  obtenir  les  dits  grades.  Il  fut  répondu 
A  chaque  demande  de  renseignements  par  une  simple  communication 
de  l'arrêté  du  13  octobre  :  or,  le  dit  arrêté  ne  disait  pas  un  mot  de  la 
dispense  des  examens  préparatoires,  qui  pourrait  être  éventuelle- 
ment accordée  à  des  récipiendaires  ayant  commencé  à  l'étranger 
leurs  études  universitaires.  C'était  là  pourtant  un  point  essentiel,  et 
si  essentiel  que  les  intéressés  prirent  l'habitude  de  s'adresser  aux 
Universités  libres,  lesquelles  avaient  eu  soin  d'adopter  des  règles 
très-précises  pour  la.  collation  des  grades  qu'elles  délivraient  en  leur 
nom  privé.  —  Il  a  bien  fallu,  dans  ces  derniers  temps,  accorder  une 
nouvelle  importance  à  la  question  des  grades  scientifiques.  La  répu- 
tation de  nos  Ecoles  spéciales  attire  à  Liège  une  foule  déjeunes  gens 
de  toutes  les  contrées  de  l'Europe  et  des  deux  Amériques;  ils  contri- 
buent peu  à  peu  à  faire  connaître  l'Université  dans  leur  pays;  des 
compatriotes  viennent  les  rejoindre;  c'est  ainsi  qu'il  s'est  formé  à 
Liège  de  véritables  colonies  espagnole,  polonaise  et  roumaine.  Or, 
les  étudiants  de  ces  dernières  nationalités  commencent  h  se  ren- 
contrer non  plus  seulement   dans  les  Ecoles  ,  mais  aux  cours 

{*)  Le  jury  combiné  n'a  été  institué  que  pour  irois  ans,  à  titre  d'essai.  La  diversité  des 
opinions  qui  se  sont  produites,  lorsqu'il  a  été  question  de  s'entendre  une  fois  pour  toutes,  a 
déterminé  les  Chambres  à  voter  une  prorogation  du  provisoire  ;  vingt  ans  écoulés,  nous 
sommes  encore  dans  le  statu  quo, 

(■)  Rapport  triennal  de  1856-1858,  p.  XV. 


i 


ET   DIPLOMES    SCIENTIFIQUES.  Xlt 

des  Facultés,  notamment  en  droit  (pour  le  doctorat  eu  sciences 
politiques  et  administratives)  et  en  médecine.  La  plupart  sont  déjà 
porteurs,  en  arrivant,  d'un  ou  de  deux  diplômes  :  on  ne  peut  songer 
à  leur  faire  recommeocer  leurs  études  ;  le  gouvernement,  sur  l'avis  de 
la  Faculté,  les  autorise,  s'il  y  a  lieu,  à  se  présenter  directement  aux 
examens  de  candidat  ou  de  docteur.  Un  arrêté  royal  du  29  juillet 
1869  vient  en  outre  de  rapporter  l'arrêté  de  1838  et  de  soumettre  les 
examens  pour  les  grades  scientifiques  aux  règles  et  aux  conditions 
prescrites  et  à  prescrire  pour  l'obtention  des  grades  légaux.  Les 
résultats  de  celte  excellente  mesure  sont  faciles  à  prévoir. 

A.   DIPLOMES   HONORIFIQUES. 

Faculté  de  philosophie. 

1.  Le  diplôme  honorifique  de  docteur  en  philosophie  et  lettres  a  été 
conféré  pour  la  première  fois,  le  15  juin  1822,  à  M.  Gérard-Joseph 
Meyer,  d'Amsterdam,  professeur  ordinaire  à  la  Faculté  de  philo- 
sophie de  Louvain,  membre  de  la  Société  des  lettres  et  des  sciences 
des  Pays-Bas,  des  Sociétés  littéraires  de  Bruxelles,  de  Gand,  etc. 

2!  Le  9  mai  1824,  le  Sénat  académique  a  délivré  le  même  diplôme, 
en  séance  solennelle,  à  M.  Jean-Joseph  Walter,  administrateur  de 
l'Université  de  Liège,  etc.  (v.  ci-dessus,  col.  4). 

3.  Le  même  jour  ,  le  diplôme  de  docteur  en  philosophie  a  été 
également  décerné,  honoris  causa,  h  M.  Louis  Dewez,  membre  de  l'Acîa- 
démie  de  Bruxelles  et  de  riiistilut  des  Pays-Bas,  inspecteur-général 
de  l'instruction  publique  pour  les  provinces  méridionales  du 
royaume,  etc.  (*)• 

4.  Le  seul  diplôme  honorifique  de  docteur  conféré  par  la  Faculté 
de  philosophie  depuis  1830  a  été  offert  le  26  mars  1847,  au  R.  P. 
Henri-Dominique  (Jean-Baptiste)  Lacordaire,  de  l'ordre  des  Frères- 
Prêcheurs,  décédé  en  1861,  membre  de  l'Académie  française  (v.  ci- 
dessus,  col.  841). 

Faculté  de  droit. 

5.  Le  6  août  1831,  M.  Charles  de  Brouckere,  membre  du  Congrès 


{*}  h.  Dewez  a  plus  contribué  que  personne  à  relever  en  Belgique  le  goût  de  l'histoire 
nationale.  Ses  ouvrages  sont  encore  estimables^  malgré  les  progrès  inouïs  de  la  science  et 
surtout  de  la  critique  historique  dans  ces  dernières  années.  Tout  le  monde  connaît  Y  Histoire 
de  la  Belgigne,  X Histoire  des  provinces  belges^  l'Histoire  du  pays  de  Liège,  etc.  ;  Dewez  a 
également  laissé  une  Rhétorique  extraite  de  Cieéronl,  longtemps  classique  au  Collège  de 
Liège. 


XLII  DIPLOMES   HONORIFIQUES  ,    ETC. 

national,  a  reçu  du  Sénat  académique  le  diplôme  honorifique  de  doc- 
teur endroit  (*). 

Faculté  des  sciences. 

6.  Le  2S  mars  1824,  M.  Gaspard-Michel  Pagani  a  été  proclamé,  à 
titre  d'honneur,  docteur  en  scietices  physiques  et  mathématiques  (v.  ci- 
dessus,  col.  496). 

7.  Le  même  jour,  M.  le  commandeur  Charles  de  Nieuport,  membre 
de  r Académie  de  Bruxelles,  etc.,  a  obtenu  la  même  distinction  (v. 
ci-dessus,  aux  articles  Dandelin,  Pagani,  etc.) 

Faculté  de  médecine. 

8.  Un  seul  diplôme  honorifique  de  docteur  en  médecine  a  été  délivré 
par  le  Conseil  académique,  sur  la  proposition  de  la  Faculté,  le  38  mars 
1860,  à  M.  Ferdinand  Martin,  officier  de  santé  à  Paris,  orthopédiste 
des  Maisons  impériales  d*éducation  de  la  Légion  d*honneur,  chirur- 
gien-mécanicien de  THôtel  impérial  des  Invalides ,  lauréat  de  Tlns- 
titut  (Académie  des  sciences),  chev.  de  la  Légion  d'honneur,  etc. 

B.  diplômes  scientifiques. 

La  Faculté  de  philosophie  n'a  délivré  jusqu'ici  que  des  diplômes 
scientifiques  de  candidat. 

La  Faculté  de  droit  a  procédé  à  plusieurs  examens  de  candidat;  elle 
a  décerné  le  diplôme  scientifique  de  docteur  en  sciences  politiques  et 
administratives  : 

Le  3  novembre  1847,  à  M.  Aloïs  de  Closset,  de  Liège  (v.  ci-dessus, 
coL  1177  et  p.  XXV); 

Le  23  juin  1861,  à  M.  Joseph  Czarnowski,  de  Varsovie; 

Le  28  avril  1860,  à  M.  Jean-Const.  Leresco,  de  Pitesti  (Roumanie). 

Aucun  récipiendaire  ne  s'est  présenté  jusqu'ici  devant  la  Faculté 
des  sciences  pour  obtenir  le  diplôme  scientifique  de  docteur. 

La  Faculté  de  médecine  a  conféré  le  diplôme  de  docteur,  conformé- 
ment à  l'arrêté  du  13  octobre  1838,  savoir  : 

Le  11  nov.  1846,  à  M.  Antonio-Damaso  Guerrbiro,  de  Lisbonne; 

Le  16  nov.  1860,  à  M.  Jacques-Jos.  Verrier,  officier  de  santé  à  Paris; 

Les  22  décembre  1864, 15  et  21  mars  186S  (resp.pour  la  médecine, 
la  chirurg.  et  les  accouch.),  à  M.  William  Pratt,  d'Aberdeen; 

Les  27  mai,  19  et  30  juin  186S  (id.),  à  M.  Jules  Zendralli,  de 
Roveredo  (Suisse). 

(*)  a  part  tous  ses  autres  litres,  Ch.  de  Brouckkre  méritait  l'attention  du  <^orps  aca- 
démique de  Liège,  en  souvenir  de  son  remarquable  travail  sur  la  réforme  de  l'enseignement 
supérieur,  publié  en  4829  (cité  ci-dessus,  col.  4016). 


LISTE    GENERALE  DES  DOCTEURS 


SORTIS  DE  L'UNIVERSITÉ  DE  LIÈGE 


DEPUIS  1817. 


Le  Rapport  de  M.  Nothomb  et  les  Rapports  triennaux  régulièrement 
publiés  depuis  18S4,  contiennent  l'histoire  détaillée  du  jury  d'examen 
et  l'analyse  des  discussions  dont  cette  institution  a  été  jusqu'à  présent 
l'objet.  Un  résumé  de  ces  documents  serait  déplacé  ici  et  grossirait 
démesurément  notre  volume.  Il  suffira  de  rappeler  qu'au  point  de  vue 
de  la  collation  des  diplômes ,  les  Universités  belges  ont  traversé , 
depuis  1817,  quatre  périodes  bien  distinctes  : 

1°  De  1817  à  1830,  elles  délivraient  elles-mêmes  les  grades  acadé- 
miques, conformément  au  Règlement  de  1816.  Il  n'y  avait  dans  chaque 
Faculté  que  deux  grades ,  celui  de  candidat  et  celui  de  docteur.  Le 
premier ,  purement  académique,  ne  donnait  aucun  droit  hors  de  l'éta- 
blissement (M;  il  n'était  constaté  que  par  un  extrait  des  actes  de  la 
Faculté  qui  le  conférait.  Pour  devenir  docteur,  il  fallait  être  candidat 
depuis  un  an  (')  et  avoir  suivi  régulièrement  les  cours  de  l'Univer- 
sité ('),  non  seulement  les  cours  sur  lesquels  devaient  porter  les 
interrogations,  mais  certains  autres  que  l'on  considérait  comme  im- 
portants sans  être  essentiels  au  même  degré,  eu  égard  à  la  spécialité 

(*}  «  Que  poar  autant,  ajoute  le  Règlement,  qu'il  y  aura  des  exceptions  spéciales  faites 
ci-après  »  (art.  3i). 

(<)  Cette  règle  ne  s'appliquait  pas  au  doctorat  honorifique  (v.  ci-dessus,  p.  XL). 
(  '  )  U  y  avait  exception  pour  les  étrangers. 


XLIV  Jt'RYS   D  EXAMEN. 

de  chaque  grade.  C'est  ainsi  que  les  aspirants  au  doctorat  en  phiioso* 
phie  devaient  fournir  la  preuve  qu'ils  avaieot  <(  fréquenté  avec  succès 
les  leçons  sur  les  Institutes,  l'histoire  du  droit  romain,  l'histoire  du 
pays  et  l'astronomie  physique  (art.  49).  »  A  moins  d'une  autorisation 
spéciale  accordée  par  les  curateurs,  tous  les  examens  se  faisaient  en 
latin  ;  ils  devaient  durer  une  heure;  ils  étaient  publics.  Quand  la  Fa- 
culté avait  émis  sur  toutes  les  épreuves  un  vote  favorable,  le  récipient 
daire  était  admis  à  la  promotion  ,  c'est-à-dire,  il  avait  à  composer  un 
spedmm  inaugurale  et  h  soutenir  ensuite  cette  thèse,  soit,  à  son  choix, 
contre  les  objections  des  professeurs  seulement  (promotion  particu- 
lière), soit  contre  tout  venant  (promotion  publique).  La  promotion  ne 
se  faisait  d'ailleurs  à  huis-clos.  —  Dans  le  premier  cas,  le  recteur 
et  le  secrétaire  du  Sénat  se  joignaient  seuls,  avec  voix  délibérative, 
aux  professeurs  de  la  Faculté  ;  dans  le  second  cas,  tout  le  Sénat  était 
convoqué  et  votait  l'admission  ou  le  rejet.  Le  grade  était  conféré  par 
un  des  professeurs  de  la  Faculté,  à  tour  de  rôle,  en  qualité  de  promo- 
teur. Le  diplôme  de  doctor  medidnœ  ,  chirurgiœ,  artis  obstetriciœ  ou 
artis  pharmaceuticœ  ne  pouvait  être  délivré  qu'après  la  prestation  d'un 
serment  ou  d'une  déclaration,  conformément  à  l'arrêté  royal  du  6  dé- 
cembre 1818  (*). 

^  Le  2  octobre  1831,  des  Commissions  d'examen  furent  instituées 
auprès  des  Universités  pour  conférer  les  diplômes  de  candidat  Ce 
régime  fut  désastreux  pour  les  études  préparatoires,  qui  finirent  par 
être  presque  complètement  négligées.  Quant  aux  différents  doctorats, 
on  resta  dans  le  statu  quo,  si  ce  n'est  que  l'emploi  de  la  langue  latine 
disparut  et  que  les  récipiendaires  n'eurent  plus  à  faire  imprimer  leur 
thèse  inaugurale. 

3**  De  1838  à  1849,  l'enseignement  se  releva ,  grâce  à  l'institution 
du  jury  central  unique,  qui  siégeait  à  Bruxelles  et  mandait  à  sa  barre 
tous  les  étudiants  du  pays,  sans  leur  demander  où  ils  avaient  fait  leurs 
études.  On  n'était  plus  l'esclave  d'un  cours;  il  fallait  étudier  pour 
savoir.  Mais  l'intervention  du  pouvoir  législatif  dans  la  nomination 
des  membres  du  jury  entraîna  des  abus;  au  sein  des  Universités,  les 
cours  des  professeurs  non  appelés  à  décerner  les  diplômes  furent 
plus  ou  moins  désertés;  les  inconvénients  du  système  finirent  par 
l'emporter,  aux  yeux  du  gouvernement  et  des  professeurs,  sur  ses 
incontestables  avantages. 

4°  La  loi  de  1849  institua  les  jurys  combinas.  «  Le  gouvernement, 
dit  l'art.  37,  §  3,  compose  chaque  jury  d'examen,  de  telle  sorte  que 
les  professeurs  de  l'enseignement  dirigé  ou  subsidié  par  l'Etat  et  ceux 

(  '  )  Cet  arrêté  avait  été  pris  poar  les  provinces  septentrionales  du  royaume. 


JURYS   I)  EXAMEN.  XLV 

de  l'enseignement  privé  y  soient  appelés  en  nombre  égal,  »  Et  pour 
établir  un  équilibre  parfait,  le  président  fut  nommé  par  le  Roi,  comme 
tous  les  membres  du  jury,  et  choisi  en  dehors  du  corps  enseignant 
(sous  le  régime  de  la  loi  de  183S,  le  jury  élisait  son  président).  L'U- 
niversité de  Liège  se  trouva  ainsi  et  se  trouve  encore,  dans  les  années 
impaires,  associée  à  l'Université  catholique  de  Louvain,  et  dans  les 
années  paires,  à  rUniversité  de  Bruxelles.  Les  épreuves  se  compo- 
sèrent, comme  sous  la  loi  précédente,  d'un  examen  écrit  et  d'un 
examen  oral  ;  n'étaient  admis  à  ce  dernier  que  les  récipiendaires  dont 
l'examen  écrit  était  satisfaisant.  —  La  loi  du  1"^'  mai  1887  apporta 
d'importantes  modifications  à  ce  aystëme,  dont  elle  respecta  d'ail- 
leurs le  principe.  On  jugea  équitable  d'ajouter  aux  jurys  combinés  un 
jury  dit  central  (dans  un  autre  sens  qu'en  1835),  composé,  en  nombre 
égal ,  de  professeurs  des  quatre  Universités  et  de  membres  pris  en 
dehors  de  ces  établissements  (art.  6).  Les  matières  sur  lesquelles  les 
récipiendaires  eurent  à  répondre  ne  furent  plus  aussi  nombreuses  ; 
on  en  revint  au  système  de  1816,  en  se  contentant  d'exiger,  pour  un 
certain  nombre  do  cours,  des  certificats  de  fréquentation.  A  défaut  de 
certificats,  un  jury  spécial,  toujours  combiné,  fut  chargé  de  procéder 
à  un  examen  sommaire  sur  les  branches  réputées  accessoires.  L'élève 
devait  être  interrogé  principalement  par  son  professeur  ;  néanmoins  la 
parole  était  donnée  ensuite  au  professeur  correspondant  de  l'Univer- 
sité associée.  —  La  loi  du  27  mars  1861,  qui  nous  régit  actuellement, 
est  entrée  plus  avant  encore  dans  cette  voie  de  simplification.  L'exa- 
men par  écrit  a  été  supprimé;  néanmoins  il  est  loisible  aux  récipien- 
daires de  se  soumettre  à  celte  épreuve.  Il  y  avait  auparavant  deux 
sessions  :  celle  de  Pâques  n'existe  plus  que  pour  l'examen  final  de 
docteur  dans  chaque  Faculté,  ainsi  que  pour  l'examen  des  candidats- 
notaires  et  des  pharmaciens.  Quant  aux  certificats,  institution  à 
laquelle  le  corps  enseignant  est  à  bon  droit  peu  favorable,  un  amen- 
dement à  la  loi,  proposé  par  M.  J.  Guillery,  a  été  adopté  et  immédiate- 
ment appliqué  (à  partir  de  l'année  académique  1868-1866).  Les  profes- 
seurs constatent  maintenant  que  leurs  élèves  ont  profité  de  leurs 
leçons,  et  par  conséquent  ils  les  interrogent  :  dans  le  système  pri- 
mitif, ils  ne  pouvaient  exiger  que  leur  présence  matérielle.  Nous  ne 
craignons  pas  de  dire  que,  malgré  tout  le  zèle  du  corps  enseignant, 
si  la  division  des  cours  en  cours  à  examen  et  cours  à  certificat  ne 
vient  pas  à  disparaître,  l'esprit  scientifique  deviendra  de  plus  en  plus 
rare  dans  nos  Universités.  Les  cours  à  certificat  ont  pour  objet  les 
études  qu'on  peut  appeler  désintéressées;  or  ce  sont  ces  éludes  qui 
élargissent  l'horizon  des  intelligences  et  qui  inspirent  l'amour  du 
véritable  progrès.  La  préoccupation  exclusive  du  cui  bmio  ferait  des- 
cendre les  Universités  belges  au  niveau  de  simples  Ecoles  profession- 


XLVl 


LISTE  GÉNÉRALE 


nelles.  Nous  vivons  dans  un  provisoire  dont  il  faut  sortir  à  tout  prix  : 
ces  expériences-là  coûtent  trop  cher. 

On  ne  saurait  dire  cependant  que  le  niveau  des  études  ait  baissé 
depuis  le  commencement  de  la  quatrième  période.  Mais  pour  le 
maintenir  à  sa  hauteur ,  il  a  fallu,  de  la  part  des  professeurs  chargés 
de  cours  h  certificat,  un  courage  à  toute  épreuve.  Il  ne  serait  que 
juste,  et  il  serait  temps  que  la  loi  donnât  à  leurs  efforts  un  point 
d*appui,  au  lieu  de  laisser  croire  aux  élèves  qu'ils  peuvent  se  conten- 
ter de  passer  légèrement  sur  une  partie  quelconque  du  programme 
des  examens.  —  «  Toute  science  qui  s*isole ,  dit  excellemment  M. 
Henri  Martin,  se  condamne  à  la  stérilité.  » 


PREMIÈRE  PÉRIODE  (1817-1830). 


A,    Oocteura    en     phlloaopble    et    lettr 


• 

ï 

0 

•> 

Dttie 

Lieu 

du 

ZVom. 

Prénoms. 

de 

ThèfteA. 

o 

DIPLÔME. 

NAISSANCE. 

1821 

4 

iSjain 
48S3 

Wûrlh 

Jean-Fr.-Xav. 

Luxembourg 

De  Donirriroruin  poe  • 
matum  origine,  compo- 
eitioDe,  et  ad  forman- 
dttm  Grœcoram  antmom 
momento. 

S 

20  mars 

Preudhomme 

Gaspard 

Huy 

De  grammatioà  gane- 
rali. 

3 

8  avril 
4826. 

Ney 

Pierre 

Nospelt  (gr.>d. 
de  Luxemb.) 

Do  officiera  m  diri- 
tfiniio  InslitnendA,  deqoe 
prac'ipuaram  officii  di- 
visioaum  exposilioDe  at- 
qae  oxamioc. 

4 

45  févr. 

Kœnders 

Jean 

Emmerich 

Do  libertate  anima:, 
praDmi:»tii  qoa  hâu  de  re 
pbilosophi  aotiqai  atqoe 
roceotiores  seasenint. 

8 

4  août 

Fassin 

E.-Dieudonnd 

Liège 

Oaa}iJam  debistoriiet 
de  repoblicA  Aciueorum. 

6 

46  oct. 
4827 

Darote 

Philippe 

Liège 

De  historiaatiliute  et 
cum  alii;i  doutrijii*  oeza. 

7 

49  juin. 

Janssen 

Pierre 

Venloo 

Do  liogoae  B«leic«  ety- 
mologià  j  vocabalomm 
compositioae  et  harmo- 

DJA. 

8 

21  id. 
4829 

Paquet 

Joseph 

Luxembourg 

De  aciionum  libera- 
ram  lei^e  suprême. 

9 

43  juiU. 

Novent 

Alexandre 

Maestricht 

De  moribas  Romano- 
rum. 

iO 

20  oct. 

Eyschen 

ce. 

Baschleiden 

De  ratione  etviA  Rhe- 
torica  in  ^ymoaiii  primé 
rluisso  itA  tradendiB,  ol 
di«eipalî  adphilosopbiam 

aadiondam  praiporontor. 

DES   DOCTEURS. 


XLVIJ 


B.   Docteur»  en  droit. 


i 

» 

■M 

Date 

Uea 

du 

IVom. 

Prénoms. 

de 

Xhèaeii. 

^     DIPLÔME. 

o 

2 

NAISSANCE. 

4848 

1 

44  mars 

Morel 

Alphonse 

Gand 

De  coUationo  bonornm. 

45juiUet 

Van  Snick 

François 

Ath 

De  immatabili  legom 
natnraliam  ezistentîA. 

3 

id. 

Janssens 

Louis-André 

Louvain 

De  «doptionibas  et  de 
sceleris  commnnione. 

4 

id. 

Thomeret 

Louis-Panl-Ad. 

Mons 

De  saeceuioDom  reU- 
tjooe  et  hnredam  sai- 

5 

id. 

Van  Bellinghen  de 
Brantegbem 

Julien  -Charles 

Bruxelles 

sinA. 
De  patriA  polestate. 

6 

20juill. 

Doffegnies 

Henri-Martin 

Bruxelles 

De  reTocandi*  dona- 
tionibas. 

7 

id. 

Petit(PetydeThozée) 

Th.-Aug.-Jos. 

Walcourt 

De  oUi^tionibofl  luu- 
fractnarit. 

8 

24  id. 

Picqaet 

Charles-Ad. 

Mons 

De  liberis  nataralibos 
et  ex  nefando  coita  na- 

a  la 

9 

24  id. 

Gilson 

Louis 

Ath 

U8. 

De  qaalitatibas  ad  sao- 
cedenaam  reqnuitis. 

iO  25  îd. 

Didier 

Charles-Ant. 

Bastogne 

De  bacredum  instiln- 

tionibatt  et  lef^atin. 

41 

id. 

Pollenus 

François-Jos. 

Kermpt  (Limb. 

De  donatiooibui!  et  tea- 
tameoliti. 

42  27  id. 

De  Beyer 

Charles -Théod. 

Dusseldorf 

De  ûdeiçommiwM. 

43   28  id. 

Peeters 

Bernard- Franc. 

Gand 

De  modi;}  quibus  te»- 

tameota  revocantur  Tel 

ÎD&rmantut. 

44 

id. 

Martens 

Justin-Liëvin 

Deutz 

De  yariis  t^tamento- 
rom  solemDitatibaji. 

45 

29  id. 

Barbanson 

Jean-P.-Jos. 

Bruxelles 

De  legitimA  et  roduc- 

46 

id. 

Dereux 

Mathieu-Léon 

Liège 

tione. 

De  donationibiu  qoœ 
per  contractnm  matrt- 
monii  fiant  conjugîbus 
eoromque  poster is. 

De  rebna  mobilibas. 

47  ;30id. 

Dugauquier 

Pierre-Joseph 

Ecaussines 

48 

34  id. 

Coyon 

Armand 

Huy 

De  Daturft  iuiis  qaod 
GalU  Tocant  droit  de  ri- 

utrve. 

49  ;4  août 

Raskinel 

Noël 

Liège 

De  donatioDÎbttii  ioter 

^^ 

virumetuxorem. 

20 

id. 

Fendius 

Louis-Pierre 

Luxembourg 

Do  compeosatioaibas. 

24 

id. 

Walter 

Vict.-Ant.-Jos. 

Namur 

De  bereditatibas  que 
ab  intestato  deferuDtar. 

22  4déc. 

Demaret 

Charles-Henri 

Ath 

De  legam  eifectibas. 

23  8  id. 

Viot 

Joseph 

Liège 

De  paterultate  et  filia- 

tînnp 

24 

29  id. 
4849 

Doreye 

Lamb.-A.-Jos. 

Liège 

Do  bis  qai  eiTitatem 
amittnnt,  et  de  morte  ci- 
TÎli. 

25 

44  fév. 

Bernard 

Léopold-Prosp. 

Dinant 

De  miasione  io  potnes- 
sionom  bonorum  ab«on- 
tM  ex  nltinio  dfwreto. 

26  45fév. 

Du  Pré 

Joseph 

Tournai 

De  hypotbeois  Hecun- 
donij.  civile  bodiemom. 

27  46  id. 

Bots 

Antoine 

Remich 

De  aacendentlniii  inter 

descendentes  divisioDi- 
bas. 

De  formulis  doDatio- 
DÎa  inUsr  rivos. 

u 

3avni 

Bumet 

1 

Aug.-Joseph 

Houffalize 

XLVIIJ 


LISTE  GÉNÉRALE 


i 

0 

e 


Oato 

da 

DIPLÔVE. 


ZVoni. 


I»r<SnoiiiB. 


Lileu 

de 
NAISSANCE. 


Xhè»eB* 


39 

7  juillet 

30 

13  id. 

31 

13jaill. 

33 

16  id. 

33 

37  id. 

34 

6  août. 

36 

id. 

36 

id. 

37 

id. 

38 

id. 

39 

7  id. 

40 

31  nov. 

Ai 
43 

30  ddc. 

1830. 

35  jaDv. 

43 

36  fëvr. 

44 
45 

31  mars 
10  avril 

46 
47 

17  id. 
10  mai 

48 

35  mai 

49 

1  juin 

50 
51 
53 
53 

13  id. 
1  juiil. 
id. 
30  id. 

54 
55 

•    id. 
id. 

56 
57 

33  id. 
id. 

Nys 


de  Robaulx 


Zoude 

Goffinl 

de  Lezaack 

Puiz 

Fleu£3u 

Vaa  Hoegsrdeo 

Ëmst 


Merry 

d'Hane    de    Sleen- 
huyse 
De  Keyser 

Lebeau 

Brixis 

Henvard 

Doackicr 
Hubert 

Piercot 
Vandermaesea 

Demonceau 
Thyrion 


Graadgagaage 
Jamioé 
Zoude 
Robert 

Delitîge 
Parmenlier 

Pirotle 
Crallc 


Josepb-Ed. 
Alexandre 

François-Jos. 

Justin 

Théodore 

Jean-Michel 

Stanislas-Fr. 
Pierre 

Lamb.-Jos.-H. 

Th.-Th.-L.-F. 
Jean-Baptiste 

lean-Albert 

Jean-Louis-Jo8. 

Valentin 

Pierre -Franc. 

Arn.-Isid.  Jos. 
Auguste  Jos. 

Ferd.-G.-Jos. 
Ant.-Laur.-Ch. 

Grégoire 
Lambert-Jos. 


Fr.-Ch.-Jos. 
Jos. -Laurent 
Désiré 
Fr.-Pierre-Jos. 

Charles 
[Jacques- Félix 

Gasp.-Jos.-L. 
Aristide 


Maeslricht 

Fontaine  -  VÈ- 
vèqoe 

Namur 

Jemmapes 

Liège 

Burglînster  (g. 
d.  deLuxemb.) 

Waremme 
Bruxelles 

Aubel 

Hervé 
Gand 

Gund 

Huy 

Ëchternach 

Embourg 

Liège 
Liégu 

Bruxelles 
Liège 

Hervé 
Seny 


Namur 
Mastrichl 
Tbeux 
Burdinne 

Ju  pille 
Liège 

Liège 
Liège 


De  domiaio  et   TariU 
motliii  qaibns  «-«lairitur, 
sccttodam  jus  cÎTile  bo 
(Jiei'DDm.  ^ 

Do  modi«(]aibaiiron4- 
titaitar  atque  exi>tiDKQi- 
tar  ajQ  Tractai  ,  itecoii- 
damj.  uiTÎle  hodiernnm. 

De  prÎTilegiis  in  iin 
mobilibii«  JQZtM  jiM  bo 
liiernntD. 

DearteuDdi  bei^itaie, 
(t04-uDdam  jos  hodicr- 
oum. 

De  h>potbecà  leg^I 
NtqiiD  jadictali,  decuu- 
dum  ju«  hotliemoin. 

De  actiTâ  aot  |Masi«i 
donatiooisaat  teaUine  ii  li 
factione,  a«r.  j.  bo«I. 

DeDalIit  elreacinden- 
diii  DUPtii«. 

L)e  ifebitii  ab  berî»di 
La»  firamtaDdis  atque  se- 
I>aratioDibu«. 

Do  juribiu  et  oMi^a- 
tionibui  le{;oli«  toter 
voDjojjos  (ouimanioDi^, 
»ei'.  j.  bodiernum. 

De  luterdiclioDU  sec. 
j.  civ.  boil. 

De  jadiciiei  jodicom  JQ- 
ratoram. 

De  commauioDi.4  dia- 
itolattoDe  ejasque  aceep* 
lione. 

De  trdos«L(iuoibiu. 


De  veparatioBe  bono- 
roui  seu  patriuiooiorum 

De  bis  qui  |>oliore* 
sniit  in  hvpulbecâ. 

De  tutciA  ulfieioHé. 

De  missiooe  io  posses- 
•ioneoi  booorum  «bsea- 
tie. 

De  jure  paoiendi. 

De  cooditionibus  tAm 
iuter  TÏTOi  qaàm  nllimaï 
volontali;'. 

De  hxreditatibiu  qnr 
ab  inte«tatci  dereruotar. 

De  rlaa.*ulà  recipiendi 
ex  quA  nxor  in  i-uinmo- 
Diuoem  «ttalit,  oi  roauD- 
tiando.  etc. 

De  dirortii  ofToclibutî. 

Do  coiUliooibiu. 

De  pra»cnpUoatbtt(>. 

De  Fa  mi  lias  erciaeondx 
«cttone. 
De  adoptiooibus. 

De  li*  qui  cootrebere 

Don  pOMUDt. 

De  novatioDe. 

u9  portione  legitimi. 


U£S   DOCTEUBS. 


XLIX 


t 

nate 

Lieu 

0 

• 

du 

Nom. 

Prénoma. 

de 

Xhè»e*. 

1 

DIPLÔME. 

NAISSANCE. 

■ 

58 

27  id. 

Yerdbois 

Charles 

Liège 

De  tliTontu  titulo  gra- 
toito  disponendî  modi.>s. 

89 

id. 

Decbamps 

Jean 

Liège 

De  doDationibas  qa» 
in  contracta  naptialifiunt 

eo 

id. 

Yerdbois 

Louis 

Liège 

De  re«cindeodis  von- 
▼eotioDibud. 

61 

1  août. 

Delcbambre 

Jean  Joseph 

Huy 

De  quui-coDtractibns. 

6S 

id. 

SchouterdeD 

Nicolas 

Alken 

De  fideicommisaitf. 

63 

id. 

Drèze 

Pascal-Joseph 

Grand-Rechain 

De  Bocietato. 

64 

2  id. 

Goetsbloets 

Jacques-God. 

Hasselt 

De  priTiief^iu. 

65 

3  août. 

Van  Belliogben  de 
Branteghem 
Erost 

Joseph 

Bruxelles 

De  totel«. 

66 

8  id. 

Jean-Winand 

Aubel 

De  legatû. 

67 

id. 

Cioës 

Jean  Joseph 

Liège 

De  [»loriain  reorum 
obligatione. 

68 

9  id. 

De  Potesta 

Louis 

Liège 

De  commaniooescele- 
ris. 

69 

id. 

Van  de  Mortel 

J.-Benj.-Hyac. 

Boxmeer 

De  sabstjtntionibus. 

70 

id. 

Cartier 

Simon-Joseph 

WalefTe-S-Pierrt 

De  renovandis  dona- 
tionibn;). 

^i 

id. 

Reuter 

André 

Luxembourg 

De  modû  quibuj  sor- 
▼itutes  roQstituDutor. 

72 

10  id. 

Âlen 

Antoine-Henri 

Hasselt 

De  iilii^qoi  »unt  legi- 
timi. 

73 

id. 

Heptia 

Lamb. -Joseph 

Ville 

De  CMOUtialibas  Teo- 
ditioDÎs  reqaisitii). 

Delienelicio  inventa- 
rii 

74 

id. 

Honlet 

Fraoc.Joseph 

Fumai 

75 

11  id. 

Wolff 

Jean 

Luxembourg 

De  rccosnoM-endi»  et 
oonfirinanuîs  joris  nego- 

76 

id. 

Paquet 

Jean-Nicolas 

Luxembourg 

UlP. 

Do  {>o«iie«ionc. 

77 

12  id. 

de  Brouckmans 

Louis 

Kerkom 

De  qaalitatibns  et  <on- 
ditionibos  ad  naptiw  în- 
enadas  reqaisititf. 

De  mandato. 

78 

id. 

Geradts. 

Henri-Herman 

Ruremonde 

79 

id. 

Brocal 

Florent-Joseph 

Namftche 

De  essentialibai  con- 
traotnum  reqai«itis. 

80 

2déc. 

Ducbenne 

Franc. -Pascal 

Burdinne 

De  qu  alita  tibas  et  con- 
ditionibiu  ad  nuptiasin- 
eundati. 

81 

5  dëc. 

Van  Panhuys 

Henri-Ernest 

Maestricht 

De  uorto  civili. 

82 

23  id. 

Thibeau 

Gérard-Joseph 

Evegnée 

Do  obli^atiouibaf  in 
dirnu  necnon  de  rebaii 
allifrnottiD  debiti->. 

83 

29  id. 

Vroonen 

Pierre-Joseph 

Gelinden(Liinb) 

De  jure  reprmsenta- 
tionis. 

84 

30  id. 
4824. 

De  Brouckere 

Henri 

Bruges 

De  [Mitrift  potentaie. 

■^                                                               1 

85 

22  janv. 

Keppenne 

Félix 

Liège 

De  commaniouid  au- 
miuistratione,  au  eiïectu 
aotuom  cuJQsque  conju- 
aid  qaoad  couinontunus 
bona. 

86 

42  fëv. 

Bayet 

Pierre-Joseph 

Liège 

De  compensatione. 

87 

16  mars 

Defaudeur 

Georg.-L.-Jos. 

Vinalmont 

De  jiiriba«  atquo  allu- 
gRiionibus  actuarii. 

88 

id. 

Roland 

Emm.  J.-Jos. 

Huy 

De  dot«li  rcgimine. 

89  29  id. 

90  4joiQ. 

CoUignon 
Prion 

Gharles-Alph. 
Gbarles-Aug. 

Bas-Oha 
Béemont(Liége 

De  servitutibas. 

De  divi-ioniba^  liono- 
rum  k  i)areutihn4  inter 
lib»*roa  lacti?. 

91 

id. 

Prion 

Félix-Auguste 

Id. 

De  9ueue«tooibas  sia- 
Kalaribus. 

92 

6  id. 

Beiiefroid 

Antoine-Louis 

Hasselt 

De  tastameoti*  ordi- 
naodia. 

LiSLE  GÉNÉRALE 


(T 

Date 

Lilea 

? 

da 

Nom. 

Prénom». 

de 

Tliè»eM. 

1. 

DIPLOME. 

NAISSANCE. 

93 

id. 

Buysea 

Jean 

Breda 

* 

De  iinp«rio  Tiri  in 
mnliercm. 

94 

S8  juil. 

Annez  de  ZtUebeeke'CharleS'Aiex. 

1 

Bruxelles 

De  pnBNcriplionibns  io 
jare  criminali. 

95 

30  id. 

Ledure 

Jean-Pierre 

Altvie8(Gr.-D. 

De  coDdictioDe  inde- 
biti. 

de  Luxemb.) 

96 

4  août 
i8SS. 

Elias 

Mathiei^Jos. 

Fize  -  Fontaine 
(Liège) 

De  tatelâ  offictotà. 

97 

4  jaDv. 

Gérard 

Pierre-Aug-Fl. 

Bruxelles 

De  reram  locetiooe  et 
condoetione  mc.  j.  kod. 

98 

8  jaDv. 

Emana 

André- Alex. 

Soumagne 

De  bénéficie  ioTenta- 
rii. 

99 

8  mai 

Van  Hulst 

Félix-Alex. 

Fleurus 

De  otilitate  in  Etliires 
praceptû  et  rernm  pn- 
bliooram  le^i^ibas  oonsti- 
tnendi*  oonsiderandft. 

100 

9id. 

Jenicot 

Pierre-Her.-Jos. 

Liège 

De  elTeeta  actionu  pn- 
blicB  rapcv  actione  pri- 
▼atâ  et  TÏce-Tewâ. 

y 

• 

n 

18SS. 

moi 

1  juin. 

Van  de  Woestyne 

David-Franc. 

Bruxelles 

De  depmito  «ee.  ja« 
CIT.  hodiemnm. 

|l03 

3id. 

Pescatore 

Joseph-Ant. 

Luxembourg 

De  pttnarnm  remi*- 
Mone. 

|l03 

1  juillet 

Hardy 

Servais-FéUx 

Liège 

Do  aorte  civili  matri- 
moaîam  ipectaDte. 

P104 

Sid. 

Van  de  Walle 

Auguste 

Bruges 

De  commaaione  bono- 
rum  aniTenali  tnter  con- 

105 

3id. 

Marcellis 

Charles 

Anvers 

junea. 
De  absenlibas. 

106 

13  id. 

Herris 

Jacques 

Bois-le-Duc 

Do  hypothecia  qoK 
coaveotîoue  constituan- 

107 

19  id. 

Hahn 

Michel 

Luxembourg 

inr. 

De  qaaliiatiboa  ad  toe- 
oedeDdain  reqaûitû. 

108 

SOid. 

Farineaa 

Charles 

Mons 

De  bypothecja  see.  jiu 
CIT.  boil. 

109 

S4id. 

Wurlh 

Jean-Fr.-Xav. 

Luxembourg 

Dd  judiciarii  ia  çrn- 
▼iortboi  delictis  ordjoa- 
riis  apad  divonas  geu- 
tes  potestate. 

110 

29  id. 

Binamé 

Alexis 

Evrehailles  (N) 

De  yeuatlone  et  )ure 
Tenandi. 

m 

30  id. 

Loop 

Fr.-Th.-C.-Jos. 

Montzen 

De  potteMione  ad  nsn- 
eanioDem. 

De  interdictis  aiTe  ac- 
tioDibus  possei&ioliis  buc. 
ja«.  ciT.  bod. 

lis 

31  id. 

Berger 

Nicolas 

Luxembourg 

113 

id. 

Foccroule 

Gilles-Hubert 

Louveigné 

De  transaction  i  bu»  sec. 
jus  f.ix.  bodiemum. 

114 

id. 

Verken 

Edouard 

Vreuschmen(L) 

De  perœatatiooe  id. 

115 

S  août 

Dormal 

Lambert 

Liège 

De  oogitandi  et  acri- 
beodi  libertate. 

116 

7id. 

Gilman 

J.-L.-Nicolas-H. 

Liège 

De  Turà  poriionis  re- 
serrata  naturi  nec  non 
daportione  lilio  adoptivo 
atqae  filio  naturaJt  de- 
ditâ. 

117 

id. 

d'Elhougne 

Ant.-Fr.  Marie 

Louvain 

De  jore  pnniendi. 

118 

8  id. 

Ponet 

Léopold 

Hasselt 

De  solotione  soc.  j.  c. 
hod. 

119 

id. 

Romme 

Rov. -Pierre 

Terheiden(D.  s.) 

ii^#*a« 

De  probationibna  in 
caa«ij)  rrtmioalibns. 

ISO 

9  id. 

Delexhy 

Pierre-Ant.-Jos. 

Jemeppe 

De  eomninnione  con- 
jngali  pactilià  io  nnirer- 
»om  et  pradpaè  de 
pacto  qno  res  9<^0  in  ra- 
tione  kapellectilis  eomps- 
taotnr,  et  ouodGalIi  to- 
cant  umeimUMtmtnt, 

DES   DOCTEURS. 


Ll 


b 

0 

• 

9 

Date 

Lien 

du 

IVom, 

Prënoma. 

de 

Tbèsea. 

DIPLÔME. 

NAISSANCE. 

131 

9  août 

JuUiot 

Isidore 

Tongres 

De  emptione  et  Ten- 
ditioDo. 

ISS 

10  id. 
1833. 

MeU 

Cbarles 

Luxembourg 

De  maritali  potestate. 

123 

4  janvier 

de  Corswarem 

Albert. 

Aken  (Limb.) 

De  conditionibns. 

1S4 

11  id. 

Mockel 

Franç.-Cbarle8 

Maestricbt 

De  mendeto. 

ISIS 

13  id. 

Mottart 

Théodore 

Liège 

De  debitore  in  TÎncala 
coDJiciendo. 
De  snbrogatione.          1 

136 

4  février 

Ooma 

Léonard-Henri 

Oostham  (Lim- 

bourg) 
Luxembourg 

127 

7id. 

Simons 

Matthias 

De  cnlpft. 

128 

14  id. 

Leclerc 

Franc. -Henri 

Luxembourg 

De  prestiiDptionibiu. 

139 

15  id. 

Bosch 

Adolphe 

Maestricbt 

De  cearincendi  modis 
fttqae  c«a»iB. 

130 

17  id. 

Geradon 

J.-B. -François 

Liège 

De  bomicidio. 

131 

6  mars 

Delfosse 

Noël-Jos.-Aog. 

Liège 

De  effectu  h/pothec» 
qaam  lex  axori  cooeedit 

133 

30  id. 

Klensch 

Michel 

Abweiler  (gr.- 
d.  de  Luxemb.) 

De  Herritate  operis 
inlermedii. 

133 

9  avril. 

Deiebecqne 

Antoine-Jos. 

Liège 

De  rernm  immobilinm 
alienationum  pablicita- 
te,  ad  regimeo  hypothe- 
carinm  habitft  ratione. 

134 

10  id. 

Dupont 

Everard 

Liège 

De  praescriptienibos. 

135 

30  id. 

Louvat 

Josepb-Adol. 

Liège 

De  inacribendis  bypo- 
tbecis  et  privileRii». 

136 

10  juin 

Schanus 

Joseph- An  t. 

Hellingen(Lux. 

De  jare  rerersionis 
legali». 

grand-ducal) 

137 

lOjuill. 

Michiels  van  Kesse- 
nicb 

Alex.-Hubert 

Ruremonde 

De  sociU  in  crimine. 

138 

19  id. 

Audent 

Al.-V.-Fr.-Jos. 

Fontaine  -  l'E- 
vèque 

De  yolantatis  in  cri- 
miuibos  delietistqae  pu- 
niendis  babeodA  ratione. 

139 

id. 

Hasquelier 

And.-J.-S.-M. 

Mons 

De  pnBscriptioaibus  in 
caasis  criminalibus. 

140 

33  id. 

Tielemans 

François 

Bruxelles 

De  jare  et  nalarâ  le- 
gitiniae. 

141 

id. 

de  Bavay 

Charles-Victor 

Bruxelles 

De  modo  pmilegia  In 
immobilibas  conaervaodi 

143 

39  id. 

Smeta 

Dieudonné-M. 

Liège 

De  émane ipatiooe. 

143 

id. 

Yan  Meenwen 

Edmond 

Bar-le-Duc 

Qaieationea  jaris  yarii 
arsumeuti. 

De  jore  TÏndicandi 
pariem   bsereditariaoi  A 

144 

6  août 

Boahy 

Pbil.-DD.-Jos. 

Liège 

cobseradibasin  eztraneos 

tran!<latani. 

145 

id. 

Cbefnay 

Franc  -Guill. 

Liège 

Do  renuntiandis  »nc- 
cessioniba«,  sire  de  omit- 
tendft  bereditate. 

146 

7    id. 

Collin 

Evrard 

Barvaux 

De  testamenti  factione 
activa  uecnoii  paasivâ. 

147 

id. 

de  Jonghe 

Jean  Bap.-Th. 

Bruxelles 

De  matriinonio  ejasqae 
impedimentis. 
De  tranMctionibuj. 

148 

39  déc. 

Streei 

Ferd. -Joseph 

Liège 

1834. 

149 

lOjanv. 

Dansaert-Krain 

Henri 

Bruxelles 

De  jarejnrando. 

150 

17  id. 

Devaux 

Paul 

Bruges 

De  qalbaMiain  legnm 
poenalinm  tbeorices  par- 
tibua. 

151 

38  id. 

Graaf 

Jean-André 

Maestricht 

De  actionibas  qaao  ex 
delectia  oriantar. 

158 

9  fëvr. 

Reuler              • 

Joseph-Anl. 

Luxembourg 

De  fubstilulionibns. 

LIJ 


LISTE   GÉNÉRALE 


■ 

ï 

Date 

RA&a 

.« 

da 

IVoin. 

Prënom*. 

de 

Thé«e». 

■0 
e 

DIPLÔME. 

NAISSANCE. 

153 

18  id. 

Defhince 

Alexandre 

Liège 

De  ooDsenra  f  n  conren- 
tiouibtu. 

154 

30  avril. 

Wûrth 

Fr. -Xavier 

Luxembourg 

De  patrift  poteaUte. 

155 

22  juin. 

Fiess 

H.-J.  Joseph 

Luxembourg 

De  i»ci  Tilate  lominuoi 
etnetoaiÎDiba*  officiatar. 

156 

10  juin. 

Stas 

Godef.-Jos.-H. 

Maestricht 

De  c-ouCractu  fiduei». 

157 

14  id. 

Michiels  van  Ver- 

C.-A.H* 

Ruremonde 

Da  hypothecîs  légal  i- 
bus. 

duynen 

158 

17  id. 

Nicolay 

Joseph 

Bruxelles 

De  intordietione  et  jn- 
diciario  patrono. 

159 

22  id. 

Isaac 

Félix 

Binche 

In  art  nongentesi- 
mam  C.  C. 

160 

27  id. 

Bovy 

Eugène 

Liège 

De  serritatibiu  qo» 
ex  Tolantate  hominam 
coDstitaoDtor. 

161 

30  id. 

Gillet 

Louis 

St-Léger  (Lu- 
xembourg) 

De  noratîone  et  delà- 
gatione  secundum  pf  ae» 
centa  jari*  bodiemi. 

De  inacbioarum  in  ci- 
ritate  oliliute. 

163 

31  id. 

Sturenberg  -  Can- 

Richard 

Hull  (Angl.) 

163 

2  août. 

krien 
Forgeur 

Joseph 

Liège 

De  jnribna  ciTiIibos 
qnae  peregrinia  compé- 
tent. 

De  indignitate. 

De  caoAU  qoae  in  cri- 
mi  nibn»  ac  deiiotii  to> 

164 
165 

id. 
3    id. 

Polet 
Bayet 

Théodore 
H.-N.-Beaud. 

Namur 
Liège 

luntarinm    ac    liberam 

toUunt. 

166 

4  août. 

Cools 

Joseph 

MoU 

De  pnec^ptis  genera- 
libu>  pactornm  nnptia- 
lium. 

167 

id. 

Misson 

Paul 

Bruxelles 

De  nefiotiis  gestis. 

168 

5  id. 

Lemarchand 

Louis- Ch.-Jos. 

Liège 

Do  psnali  clansulA 
obligationibas  adjectâ. 

169 

id. 

Duchemin 

Auguste 

Namur 

De  oblatione  et  oh»i- 
gnetione. 

170 

6id. 

Magnée 

Marcel 

Horn  (Limb.) 

Circa  JM  condilio- 
nemque  feiniaarnm,  in- 
genii  cnltot-ie»  mornm 
UberUtiB  pnbiiic  babitft 

ratione. 

171 

id. 

Verdbois 

Hyppolyle 

Liège 

De  reglmiae  dotali. 

«^                       •»      «'a                     ■ 

172 

2déc. 

De  Zantis 

Joseph 

Ruremonde 

De  Mrvitnubus  prc- 
dioram,  tam  sec.  jon. 
rom.  q.  sec.  jns  hodier- 
nam. 

173 

23  id. 
1825. 

Vercken 

Alphonse 

Vreurtcbmen 

De  pœnis  inramtam 
irrogantibna. 

174 

21  fév. 

Haoroy 

Désiré 

Mons 

De  tatelâ  sar.  j.  c.  h. 

175 

22  id. 

Nivard 

Ferdin.Joseph 

Liège 

De  diyortio  consensu 
mntao. 

176 

23  id. 

de  Thuin 

Désiré 

Mons 

Deadoptioae  sec.  j.  c. 
hod 

177 

2iid. 

1 
Van  Haecht 

Const.-Hyac. 

Malines 

De  jaribna  atqae  ob!i- 
gatiouibaii  n^afraetnarii. 

178 

25  id. 

Couaturier 

Joseph 

Maestricht 

De  jureaccrescendi  tftm 
sec.  jut.  rom.  qnàm  seo. 
j.  r.  bod. 

179  26  id. 

Evrard 

Jean-François 

Liège 

Dealienationerei  aliè- 
ne sec.  j.  r.  et  »ec.  j.  bod. 

180  25  mars 

Van  Akcn 

Max.-H.-Guil. 

Maestricht 

De  abscntibas. 

181  30  avril 

Gondry 

Adolphe 

Mon} 

>  '     De  domicilio. 

182  11  juin 

1 
Poswick 

Charles 

Liège 

De  haereditatibus  qu» 
1  ab  iotestato  defenintur 

1 

1 

sec.  j.  c.  hod. 

nti:s  nocTBiiRs. 


Lllj 


• 

Date 

Lieu 

0 

du 

Nom. 

Prénoms. 

de 

Xhèaea. 

e 

2. 

DIPLÔME. 

NAISSANCE. 

183 

1  juillet 

JuIIien 

Dieudonnë 

Hamipré  (Lux.) 

De     ndlitate    eorum 
qote  in  legem  ofTendaDt 
8«c.  praeuepU  jus  c.  hod. 

i84 

6  juillet 

Harsigny 

Jean-Franç.-H. 

Yvoir  (Namur) 

De  pi.'cata  et  jare  pii- 
candi. 

18K 

22  juii. 

Baudry 

Alexandre 

Bruxelles 

De  caoiid  qnibas  tes- 
tameota  inGrmaotDr   s. 
jus  ciT.  bod. 

186 

23  id. 

Catoir 

Eugène-Aug. 

Bruxelles 

De  coUatione  sec.  j. 

187 

25  id. 

Van  de  Walle 

Julien 

Bruges 

De  uemmaaionu  ad- 

ministratione,  et  effectu 

actoum  cQJasqaa  conja- 

gi4  qooad  commoiiionij 
bona. 

188 

26  id. 

Verdbois 

Lamb. -Auguste 

Liège 

De  iQgatLi   «ee.  j.  c. 
bod. 
De  o^nfructa   paren- 

189 

27  id. 

Brabant 

Jean-Baplisle 

Namur 

190 

28  id. 

Jottrand 

Lucien 

Genappe 

tnm  in  bonis  Iiberurum. 

De  certamine  stngn- 
(ari. 

De  dominio  sec.  ju» 

191 

30  id. 

Ansiaux 

Emile -Louis 

Liège 

192 

id. 

de  Crassier 

Guill.-L.-D.-J. 

Maeslricht 

geniiam. 

De  confectione  Codici^ 

193 

1  août 

Dclchambre 

François  -  Mar.  - 
Jos.-Prosper 

Huy 

Theododiaoi. 

D«5  testibos  ac  te*ti- 
moniiii  in  causis  crimi- 
naliba.1. 

194 

id. 

Vlsschers 

Guili.-Jos.-Aug. 

Maestricht 

De  jure  emphylealico 

195 

2  id. 

Ophoven 

Alexandre 

Liège 

•«c.  jus.  bod. 
,  De  adjotore  judicia- 

196 

3  id. 

Lczaar.k 

Pierre- Joseph 

Spa 

no  sec.  jus  bod. 

De  liberorum  natnra- 
Iium  legitimationeagni- 
tionequr,  9tx.  praee.  jas 

197 

id. 

Cornëly 

Jean-Jos.-Franç. 

Broichhuysen 

CIT.  bodierni. 

,    De   morte  cÎTill   sec. 

198 

5id. 

Gilkioet 

Paul 

(Limb.). 
Liège 

JUk  bod. 
De  rocidivA. 

199 

id. 

Naganl 

Charles 

Liège 

De  reram  locatione  et 

ioo 

id. 

Chapelle 

Adolphe 

Huy 

conduutiooe. 

De  rei  jadicatic  auoto- 
ritate. 

201 

5  août 

Wesmael 

Constantin 

Bruxelles 

De   tastamentis  ordi- 

202 

6    id. 

de  Potesta 

Edouard 

Liège 

oandis. 

De  iis  qui  cootrabere 
posant,  vei  non,  sec.  j. 
c.  boJ.                           ■• 

De  ronsamptiooe  atili 

203 

id. 

de  Waha 

Louis 

Liège 

204 

21  id. 
4826. 

Oroixhe 

J.-G,-A.-M, 

Tongres 

e'  sterili. 

Mo.Jitaliones   in    art. 
4tiim  god.   civ.  sea  in- 
yestigationes    io    legeii 
loterpretandi   applican* 
diqne  M-ientiam. 

205 

25  jauv. 

Quioelte 

Théod.-  Martin 

Amiens 

De  jare   adminiatra- 

206 

22  févr. 

Geubel 

Jean-Baptisle 

Marche 

De  jure  flaniorum  po- 

207 

24  id 

Degiye 

Hubert. 

Hermalle 

blicorum. 
,  DeobliKationibasven- 

208 

17  avril 

Pescatore 

Théodore 

Luxembourg 

'iitopii. 

De  ieeîitimationo  ille- 

209 

8  mai 

Van  der  Elst 

Isidore 

Bruxelles 

Kitimorùm  Klioruui. 
Dd  iluposiro. 

210  9  id. 

Nicolal 

Jean-Pierre- F. 

Aubel 

1 

Do  priviloKii-<. 

211 

26jum 

Moreau 

Jean-George 

Ayeneux 

a                  a 

Do  negotij»  genis  et 

212  17  juin. 

Sioionis 

Nic.-Désiré 

Liège 

indebiti  holutione. 
De   jare  cItiIï    baud 

1 

*/ 

i«trotrabeodo. 

LIV 


LISTE  GÉNÉRALE 


ï 

0 


e 


Date 

du 

DIPLOME. 


IVom. 


ïïn»énotn; 


I^len 

de 
NAISSANCE. 


313 

SI  4 
S15 

Si  6 
SI  7 

S18 

S19 

SSO 

SSl 

sss 

SS3 
SS4 
SS5 

SS6 
SS7 

SS8 

SS9 


S30 
SSl 

S3S 
S33 


S34 
S3$ 

S36 

337 
238 

S39 


S40 


Si  jaill. 

SS  id. . 
S4id. 

Stf  id. 
S6iâ. 

S7  id. 

S8id. 
S9id. 

S  août. 

3  id. 

4  id. 

id. 

5  id. 

id. 
id. 

4  nov. 

30  id. 


9déc. 
i6id. 

S8  dëc. 
S9id. 

i8S7. 

i  janv. 
S5id. 

SO  mars 

Si  id. 
3  avril 

6id. 


i7  mai 


Scheyven 

Allard 

Raya  van  Beerem- 
brouck 
Adan 

Meeussen 

Ramelot 

Nenjean 
Rogier 


Yan  Gaubergh 

Nothomb 

Geradts 
Silvoryser 
de  Bavay 

CoUinet 
Eyscben 

Ciaisse 

Montfort 


Dejaer 
Scauflaire 

Van  de  Walle 
Pilleurs 

Lekeu 
Slraetmaos 

Strens 

Van  den  Bossche 
Lecocq 

Quartes  de  Quartes 
Du  Pré 


J.-G.Habert 

Gustave 
Jërôme-Pb.-M. 

Henri-Philippe 
Pierre-Gilles 

Pierre 

Corneille-Jos. 
Charles 

O.-C. 

Jean-Baptiste 

Pierre-M.-H. 

Andrë-Fr.-X. 
Georges 

Quirin 
C.-G. 

D.-A. 

O.-F.-R. 


Antoine 
Edouard 

Richard 
Henri 

Jean-Guill. 
Winand-Guill. 

Mart.-Pasc.-Hub. 

Charles 
Joseph 

Guill.-Jean-Frëd. 
£ug..Phil.-Jos. 


Heythuysen 

(Limbourg) 
Bruxelles 

Maestricht 

Bruxelles 
Anvers 

Havelange 

Hervé 
Saint- Quentin 


Maestricht 

Messancy  (Lu- 
xembourg) 
Ruremonde 

Maestricht 

Bruxelles 

Herstal 
Luxembourg 

Luxembourg 

Looz 


Liège 
Mons 

Bruges 
Liège 


Battice 
Maestricht 

Ruremonde 

Tirlemont 
Dînant 

Gueldre 


Gand 


De  delictorom  prob«-' 
tioniboA. 

De     cepitie  deminn- 
tione  et  morte  drili. 
De  pnetoribas. 

De  aeqairendo  domi- 
oio. 

De  «eqaireado  rernoi 
domiDio  per  eoeewio- 
nem. 

De  obligationibiu  sab 
coodittone  ooatractb. 

De  nso  et  bebtte tione. 

De  electioae  admioi*- 
tratorum  proriaciarnin 
et  municipiortuB  ia  re- 
goo  Belgico. 

De  caaais  ob  qa««  de- 
bitor  de  eo  tenetar  qaod 
créditons  iotereet. 

Jariiemphytentiei  fais- 
toria  apad  Bomaooii. 

De  iaterpvetatione  ao- 
tbentici.  .  . 

De  aectoritate  manti 
ÎD  personam  oxoris. 

De  logali  u«orae  taxa- 
tione  ex  oeconomiâ  po- 
liticâ  dijodioacdâ. 

De  mands  injectlooe. 

De  divifiioDe  reram  ex 
jare  otroqae. 

De  metaJli  fodinarom 
jore. 

De  dooatioDibiu  ioter 
yiram  et  axorem.  atqoe 
de  portione  quam  vir  et 
nxor  io  se  taTicem  eoo- 
ferre  poisaot,  Bec.  j.  c. 
bod. 

De  meroatomm  jarta- 
dictioDia  ntilitate. 

De  caa«i«  ex  qaibaB 
isatrimonia  irrita  ba- 
beO'ia  suot. 

De  joribas  Tirtoria. 

De  faJaà  moneld. 


De  inacriptioae. 

De  lidejassioDe  sec.  j. 
bud. 

De  ia  jare  cessione 
ap.  Roms  DOS. 

De  muoere  tutelc. 

De  reprœMDtatlonis 
jare  loc.  jn«.  civ.  bod. 

De  forma  ref^iminia 
reip.  septcm  fœderata- 
ram  proTiociaram,  qoa 
eztftitit 

De  obligatione  borreo- 
rum  ^  credeadi  et  d<^- 
bendi,  sec.  j.  r.  hôd. 


s 


DES   DOCTEURS. 


LV 


î 

0 

o 

^ 


Date 

da 

DIPLÔME. 


mom. 


Prënom». 


Lieu 

de 
NAISSANCE. 


Thèse». 


24i  SSid. 
S49  33  id. 


S43 
1S44 


U5 

|â46 
!47 

«48 
S49 

350 
351 
353 
353 
354 

355 
356 

357 

358 
359 

360 
36i 

363 
363 

364 

365 

366 

367 
368 

369 

870 


id. 
6  juin. 


46  id. 

13  juin. 

35  id. 

36  id. 
id. 

38  id. 
3  août. 
6id. 
id. 
8id. 

id. 
9id. 

id. 

13  nov 

30  id. 

id. 

33  id. 

1838. 
17  janv. 

34  id. 

31  id. 
id. 

il  fév. 

38  id. 
6  mars 

id. 

37  id. 


Capitaine 

de  Gaiffier 

De  Looz-Corswarem 
de  Resibois 


Mabieux 


De  Villere  de  Pitd     Louis 


Félix 

Antoioe-Ernest 

Charles 
Alexandre 


Gors.op-Leeuw 

'  Hestroy 

Bruxelles 
ArloQ 


Eagène 


Nicola! 

m 

Dolez 
Audent 

Simens 

Geradon 

Van  der  Vreckeo 

Wict 

Weostenraad 

de  Creefl 
Buydens 

Rulh 

Donckier 
Van  Zon 


Léonard-Joseph 

François 
Emeric-Zéphirin 

Jacques-Joseph 

Jean-François 

Alexandre 

Franc. -R  -Cam. 

Jean  -  Théodore  - 
Hubert 

Adrien-Aug.-Nic- 
Charles 

Antoine 

Alexandre 
Jean-Baptiste 


Mons 


Tongres 
Aubei 

Mons 

<  Fontaine  -  TÉ  - 
I  v£que 

iThimister 
I  Liège 
Maestricht 


Van  Verheyen  van  J.-Adr.-Michel- 
Estvelt  Walter 


Verheyen 

Moulan 
Van  Muysen 

Habart 

Lonsbergs 

Briart 

Bandry 
Moreau 

Gheuso 

de  Cheslret 


J.-Arn.-Thood.- 
Joseph 

Ch.-Pa8c.>Harie 
,  Louis 

I  Adolphe-Joseph 

François 

Jacq.-Th.-H.-L. 

Henri-Joseph 
Gér.-Ang.-P.-V. 

Henri-Pierre-Jos. 

Eugène 


Maestricht 
Maestricht 

Saint-Trond 
Narour 

Luxembourg 

Huy 
Bois-le-Duc. 

Grave 


Boxmeer 

Liège 
Hasselt 

Charleroi 

Malines 

Marche 

Bruxelles 
Hervé 

Soiron 

HancflTe 


commer- 


J- 


Qatedam  de 
lio. 

De  commodato  seo. 
c.  bod. 

De  volaotariàsuinecc. 

PrsDoepta  philwophi- 
co-politidi  de  dijudican- 
do  priTatornm  et  reip. 
jare  cin«  educationem 
ut  iottructionem  javen- 
tati». 

De  booorum  dÎTisiono 
à  parentibo»  «lii«quc 
asrendentibus  itatcrdes- 
cendeuleB  faolA. 

De  extiDctione  senri- 
totum. 

De  adoptiono  et  ademp- 
tioae  juriam  cÎTiliDin 
ser.  jué  CIT.  hodiernam. 

De  i»oce.«ioae  ad  re- 
ditnm. 

De  falso  UMtimonio, 
perjurio  ac  calumnift 
sec.  j.  c.  bod. 

De  taritA  hypothet-â 
pupilli  in  boois  tutori*. 

De  tesitameotoram  iu- 
Toratione  née.   j.  e.  hod. 

De  iaterdklione  sec. 
j.  c.  hod. 

De  ministerio  pnblico 
io  caosis  ciTÎlibaa. 

Do  jaribus  le|{e  eirili 
hodieroA  peregrinia  coo- 
vessîs. 

De  famiiis  erciscvude 
actiooe  seo.  j.  r.  bod. 

De  modii  quibon  con 
rtituitnr  et  eistiognitar 
asnsfrnctn*. 

De  prÎTilegiisTendito- 
mm  sec  j.  c.  hod. 

De  litteriscambialibuii. 

Generalia  qaaedam  d« 
dontDÎo. 

De  iisqaœCodicem  eal 
lUrum  inter  et  belj;icuin 
qooad  hypolbecaj  intor- 
cedant. 

De  commiioîone  lega- 
li  sec.  j.c.  hod.,  nec  non 
de  derogatione. 

Oasdam  de  electione. 

De  arttonibas  qaa:  m 
delicto  nascnator. 

DeCod.  riyUu  hodier- 
ni  fontibun. 

Qoadam  de  assecara- 
tioaibnti. 

De  aileandA  ha;reditate 
soc.j.  bml. 

De  patrtA  potestate. 

De  traosnctiouibussec. 
j.  hoH. 

De  Moctetate  io  nonine 
«■ollectivo. 

De  moJis  qoiboit  exe- 
catto  sententiarom  in 
malerià  crimioali  vim 
rei  jadicafe  babentiam 
impedîtar. 


\ 


LVl 


LISTE  GÉNÉRALE 


ï 

Date 

L.lea 

= 

0 

• 

du 

IVom. 

PriSnom». 

de 

TbâM.. 

s 

DIPLÔME. 

NAISSANCE. 

â7i 

47  avril. 

Herman 

Gust.-Alp.-Jos. 

St-Hubert 

De    principiu    philo- 
copbico-juriâicM   qooad 

• 

sp«iialeui  pro  commer-  1 
Lio  jarisdictioaem. 

i72 

24  id. 

Cotlelle 

Jean-Joseph 

Liège 

De  suœewîoDibat  tr- 
legaUriba*. 
D«  tbori  et  meo»»  ae- 

273 

id. 

Gillain 

Alex.-Aug.-Ch. 

Namur 

v# 

paratioue. 

274 

8  mal. 

De  Fooz 

Jean- Henri -Me. 

Liège 

Summeria  pmaessioDÎs 
doctrine 

278 

22  id. 

Rodberg 

Denis- Napoléon 

Liège 

De  jailicieli  poteeUte. 

276 

id. 

Baillot 

Nicolas-Benoit 

Liège 

De  di^ortîo. 

277 

29  id. 

Loizelier 

N. 

Dinant 

Deliberùi  netaralibiu.  || 

278 

id. 

Dognëe 

Pierre -Jos.-Ant. 

Liège 

De  n  jodicetâ.            Il 

279 

i2JQin 

Hannotte 

André-Victorien 

Petit-Rechain 

De  priDcipii»  ai^enU- 
riae  di«Bolationi«. 

280 

19  id. 

de  la  Barre 

Gustave 

Bruxelles 

De     prcieriptionibus 
sec.  jn*  romanam. 

28i 

id. 

CapiUine 

Edouard 

Gors-op-Leeuw 

De  Mteatale  le^et  fe- 
'  Mndi. 

282 

28  id. 

Drapier 

Edouard-Joseph 

Charleroi 

De  attthcDtico  instrn- 
mento. 

283 

id. 

Bernard 

Henri 

Sollingen  (Gd.- 
d.  de  Lux.). 

De   inetramento  pri- 
▼ato. 

284 

26  id. 

ThomaRsin 

Louis- Auguste 

Liège 

De  conaen^u  ad   ma- 
tritooDium     <<outrahen- 

288 

id. 

Bérard 

Adolphe 

Mons 

dntu  reaaiajto. 

De  obligatione  affecta 
en  a  eitramon. 

286 

lOjail. 

Fassin 

Pierre-Joseph 

Lambermont 

De  rei  Tendita  tradi- 

287 

id. 

Mersmaa 

Jean 

Bruxelles 

tiooe. 
De  iDdnatric  libertata. 

288 

id.; 

Henkari 

Henri-Léonard 

Liège 

De  stigmate. 

289 

14  id. 

Ophoven 

Constantin 

Liège 

NonboUa  de  propricidio. 

290 

id. 

de  Weichs 

Clément 

Wanne 

De  collegiitf  opificuiB . 

291 

id. 

de  Slembier 

Eugène-François 

Liège 

De  testamenlariis  ex- 
ccotoribiu. 

292 

18  id. 

Hermans 

Lambert-Joseph 

Mechelen 

De    naotico    rœnore , 
sec.  Coil.  galL  et  noTom 
Cod.  belgicnm. 

De  obUfcatioaibaji  mer- 
catoribos  impotfitis. 

293 

id. 

Grégoire 

Hyacinthe 

Huy 

294 

id. 

de  Ridder 

Louis 

Ostende 

De  liuùs  coDtracttt. 

298 

17  id. 

Wiilmar 

L.-J.-H. 

Luxembourg 

De  efTeeta  conveQtio- 
aum  eraa  lertioe. 
De  solotione. 

296 

id. 

Failon 

Félicien 

Namur 

297 

id. 

Behr 

Frédéric-Louis 

Maastricht 

De  liypothecis  et  pri- 
vilet|;iis  (priocipîa). 

298 

18  id. 

de  Borman 

Théodore-Nicolas 

Brèe 

De  couditiooibiis. 

299 

id. 

de  Lom  de  Berg 

Pierre- Louis 

Vcolo 

De  inariti  potestate. 

300 

id. 

Van  Halen 

Bernard 

Veolo 

Do  «opremft  pote«iate. 

30i 

19  id. 

Pelletier 

François  Joseph 

Namur 

De  reacîss'tone  divÎMo- 
nom. 

302 

id. 

Simonis 

Léon 

Verviers 

De  rià  pablicA. 

303 

23  oct. 

Mélotle 

Anl.- Marie- Ad. 

Liège 

De    iMBDid    uutTeraè, 
deqae  kis  qa»  iorkintl 

304 

id. 

Vaylsteke 

Jourdain- Maxim. 

Swevezele 

DOtantor. 

Do  le^am  seu  statot»- 
nim  in  Tarii«  terrttorii» 
obtineotiam  collisione. 

308 

6  DOV. 

Bonjean 

Remacle -Joseph 

Marche 

De  cttlqmniâ. 

306 

7id. 

Bertrand 

Charles-Joseph 

Liège 

De     probati  ne     per 
te*t<»« 

307 

27  nov. 

de  Beugheo 

Alphonse 

Bruxelles 

Dh  jure  Tenatâoni^. 

308 

id. 

Herla 

Edouard 

Huy 

De  riûis  qaiba*  ma 
trimooia       rootaoïinari  | 
queant ,     nec.    rodir^n  1 
i>all.  et  Belgicum.            Il 

/ 


DES   DOCTEURS 


LVJJ 


li 

Date 

Llea 

0 

• 

du 

IVom. 

Prénom». 

de 

Xhè»e«. 

^     DIPLÔME. 

2l 

1 

NAISSANCE. 

309 

4ddc. 

Debrun 

Louis-Hub.-Jos. 

Huy 

De  emptjooe  et  ten- 
diliooe. 

340 

48  id. 
4839. 

Verduchène 

Nicolas-Joseph 

Maestricht 

De  repracMliu. 

344 

45  janv. 

Dubois 

Ëd.-Adolp.-Vict. 

Racour 

De  fideicommissis  aec. 
jus.  rom.  et  boil. 

34  S 

30  id. 

Nickmiider 

Armand-Jul.-Jos. 

Chièvres 

De  legitimU  oppu- 
I^Dandarum  Motentia- 
rom  mediix. 

343 

6  févr. 

HoclL 

François-Joseph 

Namur 

De  leKetû. 

344 

30  id. 

De  le  Bidart 

Alphonse 

Namur 

De  pubiicM  pacti»,  'œ- 
deribiM  pacinqoecompo- 
aitionibos. 

345 

36  id. 

Hérin 

Céle8t.-Ad.'Aug. 

Tellin 

De  «ervitotum  ai.-qai- 
aitioae  eec  j.  roui. 

346 

37  id. 

Del  Marmol  de  Si- 
Marc 

Ferdinand-Eug. 

Bruxelles 

De  legatb. 

347 

id. 

Del  Marmol  de  St- 
Marc 

Prosp.  Constantin 

Saint-Marc 

De  emphytensi  sec.  j. 
rom.  et  bod. 

348 

5  mars 

Ptttzeys 

Jules  -  Ani.- Ad.- 
Henri 

Liège 

De  librrtate  re»  rou- 
cedeoda  (mue  en  liûrté 
proviMoire]  »e<*.  j.  bod. 

349 

id. 

Koch 

Jean 

Luxembourg 

Do  reqnivitia  essentia- 
libu«    donationia    iuter 

vivo». 

330 

36  id. 

Liégeois 

Alphonse-Joseph- 
Augustin 

Thuin 

De  prajcipaia  oLIiga- 
tiuDÎbus  ox  matriinonio 
natitf. 

334 

id. 

Wanilet 

Julien 

Namur 

Do  peregrinorain  con- 
dilioiiti  io  Doljjio  sev.  j. 
bod. 

3S3  34  id. 

CloqueUe 

Benoît 

Ath 

De  baereditatia  dele- 
liooe  aec.  Cod.  civilem. 

333  30  juin 

Hennequin 

Nioclès 

Paris 

Do  cooflirtiboa. 

334  36  id. 

Cazius 

GuUlaume-Elisa 

Utrecht 

De  bia  qna  ad  anuce- 
dufidam  requiruotur. 

335  3  JQiliet 

Belijens 

Mat.-Gilles-Hub. 

Ruremonde 

Un  libertate  iodua- 
triap. 

336 

id. 

Doloz 

Hubert-Joseph 

Mons 

De  domiuio  fodiua- 
ram. 

337 

40  id. 

BoUin 

Léon. -F.-P.  Alex. 

Liège 

De  frnmeulariA  mer- 
catnrA. 

338 

id. 

de  Borman 

Arn.-Ferd.-Jacq. 

Brée 

1)0  pnoacriptioue  ge- 
oeratim  aum^tâ. 

339  44  id. 

Laphaye 

H.-Michel-Prosp. 

Liège 

De  juria  oriijine  atque 
progrea«a. 

330  45  id. 

Wanëe 

Auguste-Nicolas 

Huy 

De  eremodicio. 

334 

id. 

de  Robaulx  de  Sou- 
moy 

Aimé 

Namur 

De  rogataram  legom 
dJKeptatione. 

333  46  id. 

Brouwers 

Norbert-Pierre 

Gertruidenberg 

De  divortio. 

333      id. 

Mutsaers 

Jacques-Arnold 

Tilburg 

De  aancUoae  legia  oa- 
taruliit. 

334  47  id. 

1 

de  Lasaulx 

Pierre-Ign.-Am. 

Moresnet 

Do  pnctoriis  in  inte- 
griiui  leatatioiiilioa. 

335      id. 

de  Hennin 

Cam. -Louis- Jos 

LaneflTe 

De  probatiooiboa. 

336 

id. 

Cartuyvels 

Hyacinthe 

Ligney 

De  juriaeoosultiaapud 
Romanos  noeooQ  de  eo- 
rum  in  jariaprudeotiA 
auc'uritate. 

337  48  id. 

1 

de  Marnix 

Charles 

Bornhem  (An- 
vers). 

De  AbaeotiaB  effeclibua 
qaoad  malrimoDiam. 

338      id. 

de  Luesemans 

Charles-Joseph 

Tirlemont 

Do  bia  qai  ^aiagulari 
jore  aucvedooL 

339      id. 

Darrigade 

Jules 

Namur 

De  oovationo  et  dclc- 
galione. 

340      id. 

1 

Piercol 

René-Joseph 

Bruxelles 

Do  compciisatioDibus 
lam  ex  rom.  qaam  bod. 

1 

jnrc. 

»  •  • 

LVIIJ 


LISTB  GÉNÉRALE 


i 

Date 

Ltea 

0 

• 

do 

IVom. 

PriSnom». 

de 

Xlié«««- 

•8 

o 

et 

DIPLÔME. 

NAISSANCE. 

341 

45  oct. 

do  Felleitz-Uoelhost 

Renier-Loois 

Venlo 

D«  iulerdictione. 

34S 

3déc. 

Koeler 

Jean  -Bapt.-Ad. 

Bruxelles 

De  mlnitterio  pablico. 

343 

id. 

Moula  Q 

Wallhère 

Liège 

De  natari  et  vi  juriam 
io  re  etr. 

344 

id. 

Maskona 

Charles 

Bruxelles 

De  testiliosin  iodtra- 
mi>nli3  pubUcls. 
De  diTortio  à  tboro  et 

348 

10  id. 

Cremer 

Malb.-Nlc-Jos. 

Limbourg 

346 

44  id. 

Ophoven 

Hyac. -Edouard 

Uége 

mensà. 
De  coloDiis. 

347 

id. 

Dulreux 

Joseph-Auguste 

Luxembourg 

De  hiii  modis,  qaibos 
ser.  j.  f,  hod.  sbitM  ci- 

348  47  id. 

Jurion 

V. 

Diekirch 

▼ilii*  probfttar. 
Do  abseolib». 

1830. 

349  7  janv. 

Guilton 

Henri- Emile 

Stamproy  (Lim- 

De oaturâ  fidejusio- 

bourg) 

1  ni». 

350  21  id. 

Godet 

Emifian. -Victor 

Liège 

KfWii  «urThiitoirc  ex- 

terne 4a  droit  d«a;i  U 

Gaule    et    la    IIel|;iqae 

Booe  la  pénode  franqae 

et  la  période  Tcodale. 

351  2Sid. 

Sagehomme 

Pascal 

Dison 

De    coUatione    bono- 

■»teni 

352  S9  id. 

Remacle 

Armaod 

St- Hubert 

ruin. 
De  boneficio  invcota- 

353       id. 

Remacle 

Adolphe-Louis 

StHubert 

m. 
De  diHpocitioiiibQd«ab 

ooere  readtaendi. 

354 

id. 

Demarleau 

Henri-Joseph 

Liège 

De  commereio  et  eu 
qol  commereiam  exer- 

355 48  fëv. 

Terwangne 

César 

Liège 

cent. 
De  poeeewioms  effec- 

tibfiJi. 

356 

48  mars 

Luden 

Jean 

Amsterdam 

De  legitimA  portione 
dequo  eaot    Tiodicandi  | 
remedio.                         | 

357 

id. 

Luden 

Antoine 

Amsterdam 

Do  liberorum  illegili-l 
norum  a^itiooe.           | 

358 

49  id. 

Ghysens 

Eugène 

Hoskart  ? 

De  legts  operis.            1 

359,1  avrit 

SchooDbroodt 

Jean-Guillaume 

St-Jean-Sart 

De  adoptiooe. 

360  !  S    id. 

Romaëe 

Dieudonné 

Liège 

^  De  lonatîoiie,  coodne- 

V 

tîone  pradiorain  nrba- 

DoriiD  et  rnstic-orDin. 

361 

id. 

Duchêne 

Guill. -Joseph 
Alphonse-Joseph 

Libin-bas(Lux. 

Do  legatis. 

362  30  id. 

Hubert 

Mons 

De    cassaitoDif  caria 

363  13  mai 

Donckier 

Edmond 

Bruxelles 

proat  ÎD  Gallift  rigeL 
De  malieribo*. 

364'3join 

HacksteondeCadier 

Jacques- Pierre 

Rotterdam 

De  emaocipntioue. 

365  il  id. 

Keucker 

Jean-Joseph 

Luxembourg 

De   restilutione  l<^is 
JuliK  et  Popic  apprhB. 

366  23  id. 

Crutzeu 

Jean-Gabriel 

Aubel 

8«c.  DOT.  foole«. 
De  potci9tate  protin- 

ciiu^  manicipiaqoe   ail- 

minUtran'Ii. 

367 

29  id. 

de  Gonoe 

Joseph 

Liège 

De  mandato  aec.j.rom. 

368       id. 

de  Waha 

Edouard 

Ouhar 

Uc  lia  ex  qnibna  cod- 
tata    poteataa  pr»aenta-|| 

369  30  id. 

de  Lhonneui 

Hyacinte 

Huy 

tira.                                  H 
De  ministerto  pablico 

370 

id. 

Dereine 

Gustave 

Charleroi 

et  de  accuiatione. 
Dp  domieilîo. 

371 

4  JQiil. 

de  GeradoQ 

Théodore 

Liège 

De  tigno  joncto. 

372 1 

id. 

Nyst 

J.  N. 

Maestricht 

De  empbjrensi. 

De    poteatate    mariti 

373  2    id. 

Op  de  Beeck 

Jean-Ferd.-F.X. 

Bfolines 

374 

id. 

Delvaux 

H.-£ug.-Léandre 

Tirlemont 

in  axons  pertonam. 

De  rcvocandis  dona- 
tion iba^. 

DE»  DOCTEURS. 


LIX 


Date 

du 

DIPLÔME. 


IVoia. 


Lieu 

de 
NAISSANCE. 


378 

379 
380 


384 
382 

383 

384 

385 
386 

387 
388 

389 


7  juillet 

8  id. 

9  id. 

id. 

id. 

10  id. 


id. 
44  id. 

id. 

id. 

id. 
id. 

46  id. 
id. 

id. 


Bamps 

André 

Garnier 

Baclesse 

Sacqueleu 
L'Hoest 


Verheyen  van   der 
Gbeet^t 
Villers 

Mathieux 

Beltefroid 

Winand 
Leveaux 

Berhaut 
Robert 

Logé 


Jean  Louis 

Cbarles-Fr.-Jos. 

Byacintbe 

Benoit 

Pranç.-Dom.-Jos. 
Jean-Guill.-Jos. 


Ant.-J.-J.-lg.-F. 
Max. -Joseph 

Paul-Em. -Henri 

Victor 

Victor-Henri-Jos. 
Justin  Philippe 

Jos.-M.-£ngelb. 
Jean -Lambert 

Henri 


Lummen 

Mons 

Luxembourg 

Luxembourg 

Tournai 
Liège 

Bois-le-Duc 
Malmedy 

Malvoisin  (N^) 

Liège 

Namur 
Namur 

Maestricht 
Burdinne 

Hubinne  (N'.) 


De  iotei-diclione. 
De  aaoMiooe. 

De  te»tanieatoram  re- 
▼ocatione. 

Du  eoncona  aclio- 
Dnm  ctTiliam. 

De  reco^^nilione. 

De  penouù  juris  ne- 
gotiornm  ioMpacibni», 
tum  ex  jure  tbeoretico, 
tnm  ex  jare  civili. 

De  occopatione. 

De  cnltu  ezteriori  aec. 
iui  naturale  et  jas  pa- 
blicnin. 

De  faœiliaeruÎMundae 
judicio. 

De  «ddîtione  hasredi- 
tatit. 

De arbitroiam  jodicio. 

Do  jaduiali    toocilitt- 
tioDU  remédie. 
Do  jure  bellj. 

De  Tolaotate  defi- 
cieute  iu  Heliitis  ex  to- 
dice  penait. 

De  patriA  potestate 
SOI',  j.  (.'.  bod. 


C.    Docteur»  àsu  «efenee»  pby«lqae»   et  matbéuMitlqui 


i 

9 

h 

e 

9', 

Date 

du 

DIPLÔME. 

IVom. 

I*rcnoiii». 

Lien 

de 
NAISSANCE. 

Tliéae* . 

4 

2 

3 
4 

5 
6 

7 

4824. 
23  janv. 

4823. 
20  févr. 

4829. 
48  févr. 

3  juin 

44juiU. 

4  déc. 

4830. 
45  juill. 

Martens 

Gloesener 

Leclercq 
Plateau 

Valerius 
Brasseur 

Jacquemyns 

Martin 

Michel 

Désiré 
Joseph 

Benoit 
Jean  Baptiste 

Edouard 

Maestricht 

Haut  -  Charage 
(G.  d.  de  Lux) 
Liège 
Bruxelles 

Diekirch 
Esch-sur-l'AI- 
zette 

Vernbroek  (FI. 
or). 

De  combuiitioDe. 

De     idontitate    Uaidi 
electrici  et  luaguetiui. 

Do  ligiii   diBtillHtioue. 

De  aliquibos  qoalita- 
tibns    ioipresaioiium     à 
lomioe  iu   vi«o«  or(;a 
num  prodactarum. 

De  leriebus. 

De  reaoiabilitate  f  onc- 
tion o  m  algobricarn  m  îo- 
tegrarom  io  factures 
realeo  prirol  vel  aecondi 
gradua. 

Do  'veoeoia  mctalli- 
cia. 

1 

LX 


LISTE  GÉNÉRALE 


U.   Docteur»  ea   iii<Sdeolne« 


• 

ï 

Date 

dieu 

• 

0 

• 

du 

IVom. 

Prënom*. 

de 

Xbéee*. 

o 

as 

DIPLÔME. 

NAISSANCE. 

4848. 

i 

30  juilL 

Crespin 

Jean-Jos.-Jacq. 

Namnr 

Do  dilorwi. 

s 

4    août 

Janné 

Lié  vin 

Hex  (Limb). 

Do  gongrsoft. 

3 

id. 

Gautier 

Pierre-Max.-  Jos. 

Mons 

Do  chioocJiioâ.             I} 

4 

28oct. 

Tielmans 

Jean-Pierre 

Bruxelles 

De  plottritide  eimptici.  || 

5 

8    nov. 

Gautier 

Fr.-Jos.-Âdrien 

Cbarleroi 

Do  loaowirhci  toa  fia-  Il 
xa  olbo  mnliorttm.          Il 

6 

43  nov. 

Fisse 

Cb.-Nic-Robert 

Munsterbilsen 

Do  dyBontoriftaimplici.  || 

7 

^    dëc 
4849. 

Landrain 

Ferd.-^osepb 

Thisnes 

De  dyieoieriA  «impU*-! 
ot  complicotâ. 

8 
9 

48  jaov. 
28  id. 

Dreber 
Fans 

i.- Pierre-Xavier 
Jean 

Bastogne 
Maestricht 

Do  peritoniHdo. 

N.  D.  Déjàdoctour  00 
chirarKio  ot  eo  aocoo- 
chemonu. 

iO 

42  fév. 

Bovy 

Jean-Paul 

Liège 

Do  cooeori  aUri. 

ii 

49  fëv. 

Deneubourg 

Franc. -Antoine 

Bruxelles 

Do  aosiuA  trochoali  in- 
fontalorum. 

iS 

45  mars 

No«l 

Gnill.-Jean 

Bruxelles 

Do  tiusi  oonvaLiiTâ. 

43 

49  juin 

Dewante 

Joach.-Fr.-Jos. 

Péronne 

Do  poripoooaioiiià. 

14 

4    jttiU. 

Denis 

Gélestin 

Mons 

Do    augioà    ganj^rae- 

niMÉ 

45 

7    id. 

Verbelen 

Josse-Laurent 

Releghem(Br.) 

De    sUtûs     dynamici 
uomplicotioaibas      cam 
gwtricÂ,  niavteâ  Dorto- 
Kâqae  febrîbiu. 

46 

42  id. 

Bols 

Antoine 

Bois-le-Duc 

De  morbowropbalooo. 

47 

49  id. 

Sigart 

Joseph 

Mons 

Do  arthritide. 

48 

id. 

Loreot 

Alexandre 

Chûtelet 

Do  angio-teoirà. 

49 

4   août 

Dupret 

Mathias-Jos. 

Charleroi 

De  apoploxift. 

SO 

6    id. 

Blaimont 

Jean -Joseph 

Fosses 

Do  pleuritide. 

SI 

44  oct. 

Provot 

Phiiippe-Théod. 

Liège 

Do  UeuDorrhagii. 

SS 

43  oct. 

Vaust 

Jean-Françeis 

Liège 

De  Mtrovtorà  et  moti- 
bas  cordic. 

S3 

43dée. 

Culis 

Alexandre 

Strepy 

Do  ^aitritido  acatâ  ot 

S4 

44  id. 
4820. 

Lebeau 

Henri-Ch.-Jos. 

Huy 

diroaicft. 

Do  erysipelale  pblog- 
monic*. 

S5 

42  fév. 

Leclercq 

Adrien-Victor 

Binche 

Do  hytterii. 

26 

48  mare 

Lejeune 

A.  M.  S. 

Verviera 

De  qoerondam  îndige- 
namni  plantarnm  virto- 
tibaa  oomnientarii. 

87 
28 

24  id. 
40  avril 

Wynaos 
Helio 

Guillaume-Paul 
Haximilien 

Maestricht 
Casteau 

De  mvnorrhagit. 
Do    caUrrbo    polmo- 
oali  acnto. 

29 

47  avril 

Willams 

Henri-Marie-M. 

Tirlemont 

De  hydrocol*»  por  effu- 

30 

40  mai 

L'Olivier 

Auguste 

Ath 

ifiooeai. 
De  aMÎte. 

34 

30  juin 

Wagener 

Henri-Joseph 

Soumagne 

De  ga«lritide  acntA. 

32 

5  août 

Simon 

Jacq.-Henri-Jos. 

Liège 

De  le  onliw  mediciDae 
adsuitis. 

33 

id. 

Simon 

François-Joseph 

Liège 

Do  htbotomift  in  ho- 

• 

34 

8  id. 

Sauveur 

J.-Jos.-  Dieudon. 

Liège 

miDO. 

Do  liBsioiiibiu  coIto- 

35 

44  id. 

Vottem 

Ferd.-Gh.-Ed. 

Visé 

ric. 

De  -venti-icnli  porfo- 

36 

4   dëc. 

Demeuse 

Baudouin 

Liège 

ratioiiibo.4. 

De  empyreomate. 

37 

28  id. 

Vossius 

Jean -François 

Opheers(Limb) 

De  «ymptomatologift. 

38 

id. 

Bragard 

Henri-Hubert 

Malmedy 

Do  cataracte. 

DES   DOCTEURS. 


LXt 


• 

Date 

Liten 

1 

l 

do 

IVom* 

PiHSnom». 

de 

Xbé«e«. 

•9 
e 

2_ 

DIPLÔME. 

NAISSANCE. 

18S1. 

. 

39 
40 

33  janv. 
33  fév. 

Feigneaux 
Collignon 

Eug.-Louis-G. 
Gustave 

Bruxelles 
Rochefort 

D«  morbû  artomitun 

• 

De  fractarfl  o«is  fiba- 
1». 

4i 

13  avril 

Lekene 

iacqoes-Norbert 

Mon  (Anvers) 

De  epoplezii ,  site 
k»morrli«|rlâ  cerebri. 

4S 

18  mai 

Dillenbnrg 

Louis 

Pittingen  (Gr.- 
D.  de  Lux.) 

De  rhenmatii»mo. 

43 

35  id. 

Gouzëe 

Henri-Prosper 

Bruxelles 

De  Tomitii  nt  there- 
peattce*  aQzilicjn  per- 
penao. 

44 

13  juin 

Ridder 

Gérard-Léonard 

Rotterdam 

De  morbo  encuUato. 

45 

37  id. 

De  Lavacherie 

Martin-Valentin 

Eysden 

De  canero. 

46 

id. 

de  Borman 

Franc. -Corneille 

Brée 

De  hydrope  io  génère. 

47 

38  id. 

fieckers 

Jean 

Maestricbt 

De   paeodartliroaibiia. 

48 

id. 

Martens 

Martin 

Maestricht 

De  phthiai  laryngeA. 

49 

39  id. 

Meersch 

Renier-Guill. 

Vroenhoven 
(Limb.) 

De  animi  pathemati- 
bas,  eornmqne  in  pro- 
ducendas  morboa  poten- 

tiâ 

50 

11  juil. 

Claes 

Georges 

Looz 

De  onaaift. 

51 

id. 

Bergrath 

Pierre-Guillaume 

Eschweiler 

De  rachitide. 

5S 

13  id. 

Hoferlin 

François-Joseph 

Bastogne 

De  ophtbalmiA. 

53 

id. 

Jérôme 

Louis 

Awirs 

Deabasn  medicamen- 
torom. 

54 

31  id. 

Ballard 

J.-J.  Léopold 

Wancenne  (N.) 

De  partQ  aecaDdario. 

55 

6  août 

Deleeuw 

Franç.-Laur. 

Tessenderloo 

De  gangrena. 

56 

8id. 

Picard 

Jean-Franç. 

Tignée 

De  peritonitide  acntâ. 

57 

id. 

Proumen 

Ch. -Alexis 

Chaineux 

De  n«a  TesteaatiDm 
in  inflammationiboa  in- 
ternifl  geaeraliter  eonsi- 
deratia. 

58 

9id. 

Collart 

Joseph 

Neerheytissem 

De  gaatritide. 

59 

18déc. 

Nicolaî 

Olivier-Lamb. 

Hervé 

De  anamii  foesorom 
carbonîs  fo«ilis. 

60 

38  id. 
1833. 

Fraikin 

Jean-Joseph 

Liège 

De  pnrgantiboa  in  gé- 
nère. 

61 

7   juin 

Schlôgel 

Xavior-Jo8.-Lib. 

Ciney 

De  opio. 

62 

37  id. 

Crabbe 

Clément 

Bruxelles 

De  blenoorrbagii. 

63 

39  id. 

Fisse 

Laur.-Athanase 

Munsterbilsen 

Do  plenrillde 

64 

3  juillet 

Védrine 

J.-J.  M. 

Liège 

De  berniis  in  gooere 
et  speciatim  de  ingainali 
et  crnrali  hernift. 

65 

6id. 

Hollanders 

M. -Louis 

Peer  (Limb). 

De  acarlatinA. 

66 

id. 

Sieurs 

Jeao-Fr. -Gérard 

Venlo 

De  bamaturiA. 

67 

8   id. 

Fion 

Ch.-AlexisJos. 

Mons 

De  nau  rini  iaterno 

• 

68 

13  id. 

Carlier 

Jean-Baptiste 

Ath 

De  fandà  ateri  nec 
non  de  qnibaadam  mor- 
bis  Tenereid. 

60 

34  id. 

Craeybeckx 

Guillaume 

Ulbeeck 

De  cosmeticornia  nec 
non  qDornndam  reiti- 
meniorom  nsn  et  abusa. 

70 

36  id. 

Detombay 

M.-J. 

Angleur 

De  hirodinnm  v<ia  ad 
morbornm   cnratiooem. 

71 

31  jttill. 

André 

Pierre-Edouard 

Bruxelles 

De  a»thfliate  couTnl- 

■  1  Vil 

73 

3   août 

Hoeten 

Jos.-Jean 

Bonmur 

VI  TU* 

De  bsBooptyai. 

73 

8    id. 

Berlholet 

Pierre-Antoine 

SUvelot 

Dâ  apontanefl  sire 
conaecottTA  femorin  lu- 
xatione. 

74 

id. 

Peters 

Nicolas 

Liège 

De  Urtia  i>^retiAnp. 

LXIJ 


LISTE  GÉNÉRALE 


■0 
0 


o 

2 


Oate 

du 

DIPLÔME. 


Mom. 


75 
76 


77 

78 

79 
80 


13  nov. 

39  id. 

1823. 

40  avril 

4   jaia 

15  id. 
21  juilL 


81  4 
83  5 
83 


84 
85 

86 

87 
88 

89 

90 
91 
93 
93 

94 
95 

96 


8 
9 


août 

id. 

id. 

id. 

id. 


97 
98 

99 


48  ocl. 
483». 
44  fév. 
id. 

33  juin. 

id. 
4    août 
7    id. 

id 

4    nov. 
13  id. 

37  id. 


Coyon 
de  Roose 


Gendebien 

Cambresy 

Anslaux 
d'Huyvettcr 

HeoDau 
Sauveur 
Wùrth 

Verstraeten 
Bron 

GodiQ 

Rousseau 
Van  floorebeke 

Duval 

Houdet 
Stappers 
Biron 
L'Hoest 

Scbaelzen 
Van  Eeckboven 

Bouchez 


100 
101 
103 


30  id. 
30  déc. 

34  id. 


4* 


Rouiet 
Servais 

Malherbe 


Goffin 
Hnraull 


4835. 

4  janv. 
17  id. 
39  avril   Knapen 

103*30  mai    'Bernutz 

104!20  juin  'courlois 


105  34  id.      Van  Langenacker 


J06|l    juin.   Tosquinel 

407  6   juin.   Bamps 

408  41  jd.     lAudent 


l^rénom*. 


Henri 
l*ierre-lo8. 


Henri  Joseph 

Jean -Louis 

Nicolas -Jos. -Vie. 
Jean-Baptiste 

Viclor-Napoldon 
Hyacinthe 
Jean -Théodore 

Adrien-Joseph 
Louis-Max-Jos. 

Lëopold 

Jean-Bapt.-Fr. 
Félix-Léon 

Ch..Félix-Const.- 
Prosper 
Philippe 
Charles.-H.-H. 
Charl.-Louia-Jos. 
Jean- Baptiste 

Jean-Mat.-Benotl 
Ch.-Fr.-Jos.-L. 

'Pierre 

César- Joseph 
François-Joseph 


de 
NAISSANCE. 


Huy 
Opwyck 


Awirs 

Verviers 

Liège 
Nocker  (F.-O.) 

Liège 
Liège 
Luxembourg 

Bruxelles 
Huy 

Huy 

Ruremonde 
Gand 


Hannut 

Gand 
Liège 

Filot  (Liège) 
Walcourt 

Tongres 
Anvers 

Verviers 

Ruremonde 
Marbais 


Marie -L.-Const.-  Liège 
Renier 

|Jacque8-Ferdin.   |  Hervé 
I  Jacques-Joseph     Maestricht 
Anioine-Heori       Heytbuysen 

Henri-Victor         Bouillon 

Richard  Verviers 

I 
Henri -Louis  Tongres 


Albert-Jriseph 

Jean-Arnold 

Amour-Antoine 


De  hydroMptolo. 

0iaq.  cirt'»  ol^actio- 
oes  pnccipDu  atu»  I«- 
tramotti^ei  in  defeoMo- 
nis  siiae  baiin  prssap- 
poaant. 

De  nephritido  idiopa> 
tbwÉ  acttti  et  obronicîT 

De  membrenis  mnco- 
«ù  et  seroeis  in  gênera. 

De  fitttUft  lacr/meli. 

De  animi  pethemati- 
ima  eoraedeotque  io  oor- 
pore  humann  effeoCiboi. 

De  eryaipelate. 

De  acerlatloâ. 

De    obiemnone    in 
medioifkâ. 
De  tiepatitide. 

De  encepholitide  aen- 
tfl. 

De  camphorâ. 


De  amenorrfaeft. 

De  larjrngo-trachitide 
iBianiaio. 

De  digitali  pnrpareâ. 


Bastogne 
Hasselt 

Fontaine-  TÉ- 
vêque 


De  fiatuli  aai. 
De  amauro^i. 
De  morbillia. 

De  dignitate  et  ultli- 
tata  medjcioc 
Do  apoplexift. 

De  Valneribaeidope> 
tarii«. 

De  nsn  liy^ieniro 
nacnon  tfaerapeatico  Iwl- 
neoram. 

De  febri  inttnBÎtteuti 
benignA. 

De  ophtfaaImiA  io  ge> 
oere  et  apeciattoi  de 
opbthalmift  in  esemtu 
Belgico  MBviente. 

De  remediii  externe 
qo«  adversud  hsmor» 
rhajçriam  trannaaticam 
adfaibentnr. 

De  pneamoniâ  acntâ. 

De  pyrotechniâ. 

De  febrtbns  intermît- 
tentibns. 

De  iofantift,  infan- 
tiaMjae  morbis  in  gen. 

Con«pectns  typo^ra- 
pbtie  phy»i(.*o  -  medicip 
proT.   Leod. 

De  phtbisi  pnlmonnli 
in  génère  et  xpedatini 
de  pbthisi  A  praedisposi- 
tioae  faerediuriA. 

De  hydrucele. 

De  labio  leporino. 
D4      Iberap.  purgan- 
tiam. 


DES   DOCTEURS. 


LXIJJ 


■ 

l 

.« 

Date 

•«•h 

Ltea 

du 

IVom. 

Prënom». 

de 

Xhè«e». 

o 

2 

DIPLÔME. 

NAISSANCE. 

i09  1ijuUl. 

Weideman 

André 

Triviëres(Hai- 
naut) 

De  veneficiu  ab  anenio 
pneparatU. 

iiO  Î6  id. 

Marousé 

Aug.-Ant.-Jo8. 

Soignles 

Do  arthritide. 

iii 

id. 

Brocal 

Plor.-Lamb.  -Jos. 

Namèche  (Na- 
mur) 

De  gangraenà  Aecili. 

iiS  30  id. 

Dumoulin 

Louis  Joseph 

Petit  -  Bomal 
(Luxemb.) 

De  cataractA. 

as  5    août 

Devillers 

Lambert-Joseph 

Slins  (Liège) 

De  btU«  sacre  tione. 

115 

6    id. 
id. 

Marquet 
Schmerling 

Toussaint 
Philippe-Charles 

Jemeppe 
Deia 

De  ulceriba»  atouicis. 

De  «todii  pbyiiiologi» 
in  mediciuA  atilitate  et 
neceasitate. 

HS 

2    dëc. 

SlieU 

Pierre-Joseph 

Bilsen 

De  bcmorrhagiia  ate 
rioi«  ID  graTÎditate, par- 
la, eoqae  peracto  obve- 
oieatiboB. 

117 

20déc. 
1826. 

Fassin 

Joseph- Auguste 

Liège 

Do  bseiaorrboldibos. 

118 

21  janv. 

Knapen 

Nicolas 

Horpmael  (L.) 

De  gangraenà. 

119 

23  id. 

Pépin 

Nie- Lambert 

Namur 

De  relentioniba*  nrinc, 
ex  eanalb  nrethrae  i-oarc* 
Utioniboa. 

120 

25  id. 

Ackens 

Jean-Joseph 

Kirchrath 

De  cordu  bypertro- 
pbtfl. 

121 

17  avril 

Degauquicr 

Louis 

Cambron  -  St- 
Vincent  [Hain.; 

De  metrititie  acnlA. 

122 

11  mai 

Van  Gulpen 

Jean-Théodore 

Maestricht 

Deoiilero-m(wenteri(1e 
uhrook'à,  aive  atropbiA 
loeiieutericA. 

123 

19  id. 

Kraiis 

Jean- Guillaume 

Vaux  (Hesb.) 

Do  proprietatibttB  cbî- 
mico-inedivia  plarima- 
rom  aulfaria  conaocia- 
tionain. 

12^ 

27  id. 

Waulier 

Ferdinand 

Liège 

De  angioA  raembra- 
aacii. 

125 

31  id. 

Luyckx 

Benoit 

Turnhout 

De  peritoaitide  paer- 
perali. 
De  iotlainmatione. 

126 

14  juio 

Collée 

Jean-Franç.-L. 

Roclenge 

127 

id. 

Henroz 

Jean-Henri -Fr. 

Marche 

De    metbodia  ad   sa- 

nanda    intestina    divisa 

ttdbibîli«,   in   qafl  nova 

,  «anaiionis  metbodu»  pro- 

ponitur. 

128 

24  id. 

Robert 

Eugfene 

Chénée 

De  atrumà. 

129 

28  id. 

Harousd 

Félicien 

Soignies 

De  cystitide. 

130 

6   juin. 

Rucloux 

Lambert 

Charleroi 

Do  aborta  acctdentaii. 

131 

id. 

Binard 

François 

Charteroi 

De  dioreâ. 

132 

2lid. 

Neumann 

Mathias 

Neudorf  (Lux.) 

De  reoantiationibiu. 

133 

3   août 
1827. 

Laurent 

Adolphe 

Frasnes(Ntm.) 

De  acapnnclurà. 

134 

11  janv. 

Masure 

Philippe-Attguste 

Alh 

De  stractorA  analo- 
mic-A  birndioia  ofiieialii, 
nec  non  de  iUitts  usn 
medico  in  génère. 

135 

19  fév. 

Van  Puyfelick 

Jacques-Jean 

Anvers 

De  empyreamate  pu- 
rnleulo. 
De  ambostioue. 

13b 

22  mars 

Giroui            ^ 

Pierre-Joseph 

Vieux-Waleffe 

137 

6    avril 

Kaick 

Alexandre 

Tilleur 

De  rernUoriis. 

138 

15  mai 

Dubois 

François  Joseph 

Leuze 

De  artbritide  acntA. 

139 

5   juin 

Arnauts 

Ed.-Franç.-Th. 

Gutz-Betz 

De  sodé  et  natnrA  fi- 
briit  mMcocSB  dicts. 

140 

3   juin. 

Pain 

J.-F.  J.-L. 

Lyon 

De  bydroperitonitide. 

6* 


LXIV 


LISTE   GÉNÉRALE 


i 

Dato 

L.l«u 

e 

do 

IVom. 

Prénom». 

de 

Xhè«e«. 

DIPLÔME. 

NAISSANCE. 

444 

24  juin. 

Lezaack 

Lambert- Joseph 

Spa 

D«  Droprietotis  medi- 
ciuaiibai  necnoa  d«  o«ti 
Uicrapeatico     aquarnoi 
spadaaaram. 

443 

34  id. 

Rycken 

Jean-Mathias 

Hamont 

De  morbilli*. 

143 

id. 

Morelle 

Henri-Léopold 

Peruwelï 

D«  cholera-morbo. 

144 

2    août 

Grégoire 

Ernest 

Charleroi 

De  c«ii»u  iiyphiUdt*. 

445 

4    id. 

Durand 

Alexandre 

Namur 

De  iode. 

446 

7    id. 

Gouverneur 

Toussaint 

Louveigné 

De     febribas    ataxo- 
•dTOunici*. 

447 

id. 

Sapin 

Albert 

Jemmappes 

De  pblebitidB  eea  in- 
flnmiuatione  TeDarum. 

448 

9    id. 

Dechaineux 

Martin-Fëlix 

Liège 

De  delirio  tremente. 

449 

24oct. 

Bautier 

Pierre-Joseph 

Gosselies 

De  aysteBaiam  io  ma- 
dicioft  dinicA  exclosorio- 
rinm  impoleQÛA. 

De  teUno  ia  g«uere 

450 

45  Dov. 

CoUin 

Camille 

Barvaux 

etproetertiiD  de  treanM- 
tiro. 

De  cbloraretû  sods  et 
rà\r\a. 

De  eryaipelate  in  gé- 

454 

24  déc. 

d'Ancrd 

Franc. -Ferdin. 

Louvain 

452 

id. 

Bourdon 

Melchior>Ant.- 

St  Trond 

4828. 

Joseph 

nère    et    aperiatim    de 
erysipelate  pblogmono 

453 

44  janv. 

Elsen 

Richard 

Feulen  (Gr.-D. 
de  Lux). 

De  infantinm  oreanU- 
mo,  Dec  non  de  iiloram 
morbû,  etc. 

454 

28  id. 

Van  Es 

Pierre-François 

Weert 

De  rabie  canin. 

155 

5  févr. 

Cortiens 

Jean 

Lille 

De  scaïUtinâ. 

456 

id. 

Cornesse 

François 

Aywaille 

De  auphyziâ. 

457 

43  id. 

Barbier 

DD.-Ferdinand 

Namur 

De  graTidaram  hyf. 

458 

5    mars 

Cliaron 

Philogcne 

Merbe8-le-Ch&- 
teao 

De  opbtbalmift  acntâ 
et  chronicA.                     i 

459 

id. 

Englebienne 

François 

Seuvret 

De  nen»tnaatiene,       || 

460 

14  id. 

Lowie 

Jean 

Laden 

De  i-oVifA  satnrninft.    H 

464 

47  id. 

Van  Orle 

Maric-Jacq.-Alp. 

Liège 

De  Iitbotrilifl.               1 

162 

49  id. 

Dahin 

Dieudonné 

Erpcnt 

De  pnDi-ipab  pnbeita-  D 

lis  pbaeoomenis.              H 

De  ftaxi».                       Il 

463 

22  id. 

de  Biefve 

Joseph 

Bruxelles 

464 

26  id. 

Cartier 

Andriea 

Wandre 

De  fehre  intermittentil 
simplu'i.                           H 

165 

1 5  avril 

Tilroan 

Henri- Joseph 

Cras  Avernas 

De  poatnlâ  mali^çni.    ■ 

466 

21  id 

Van  Ensl 

Henri 

Flessingue 

Do  UneA. 

167 

id. 

De  la  Brassine 

Adrien-Emman. 

Hoesselt 

He   dy»enteriA  anitA 
siuiplii-i. 

468 

29  id. 

Coenen 

Walter-Ll.-Remi 

Brouckom 

De  oaa»i«.  r«de  etna- 
tnrA  apopleiiie. 

469 

id. 

Jans 

Pierre-Jean 

Peer 

De  gastritide  acalA. 

170 

12  juin 

Hubert 

Franc. -Léonard 

Esneux 

De  tiuai  cooTui^ÎTA. 

474 

27  id. 

Deliëge 

Jean -Jacques 

Cerexhe  Heu- 
seux 

De   batmorrhagiu   in 
génère,  et  in  apecie  de 
nacmatemesi. 

472 

4   juiL 

Hénin 

Narcisse 

Namur 

De  herniA  femorali. 

473 

9    id. 

Houtart 

X.  L.  F. 

Jamet 

De  diclA    in   aaorl>i«|| 
«cotis. 

474 

46  id. 

Desaive 

Jean-Max. -Jos. 

Visé      . 

De  hflpuoptysi. 

475 
476 

id. 
id. 

Bernard 
Gouvy 

Théophile 
Nicolas 

Lobbes 
Hodimont 

Do  convalesccntiA. 

De    morte    ni   ipsiua 
signnraoi  certhndine. 

477 

44  nov. 

Wasseiges 

Charles-Joseph 

Liège 

DeaUerHtÎ9nilins  mem- 
bruno!    oau<-o«a$  ^BalJo- 
inte<>tin«li4. 

178 

20  nov. 

Bihel 

Nicolas 

Huy 

De  scarlatine  qnse  id 
qnihu.<dam    locii     pror. 

1 

l.eoii.     ann.     1897-1828 
epidemiri  gra»«ata  e»t. 

DES  DOCTEURS. 


LXV 


ï 

e 


Date 

du 

DIPLÔME. 


Mom. 


Prënom*. 


Lieu 

de 
NAISSANCE,  j 


179 
180 


181 

18S 
183 

184 

185 
186 
187 


188 

189 

190 

191 

192 
193 
194 

195 
196 


; 


97 
198 

199 
200 
âOl 


30S 
1203 

204 
205 

206 
207 
208 
209 

210 

211 
212 

213 
214 

215 


21  DOV. 

24  DOV. 

9  dée. 

id. 
20  id. 

id. 

1829. 

29  jaov. 

20  mars 

25  id. 


8  avril 
11  id. 
11  mal 

22  id. 

29  id. 

26  juin 
id. 

30  id. 
3  juin. 

id. 

6  id. 

id. 
id. 
id. 

id. 
14  id. 

id. 
21  ocl. 

27  id. 
5  nov. 
3déc. 

17  id. 

1830. 

7  janv. 

14  id. 

I  fév. 

10  id. 

II  mars 

18  id. 


Max 

Chaineux 

Haurissen 

Yaodersmissen 
Vaast 

d'Harveng 

Loyens 
de  Poorter 
Gielis 


filûmme 

Heyae 

Hastinx 

Dejaer 

Le  Marchand 
Van  de  Moortele 
Jacquemyns 

Didot 

de  la  Brossinne 

Boesmans 

Gales 

Peelermans 

Blumenkamp 

Dewilde 

Bongaerts 
Beesan 

Jacquet 
de  Strycker 

Paltyn 
Germain 
Horion 
Dheure 

Lbonneux 

Gillet 
Verscheldcn 

Van  Hoof 

Seyler 

de  Prez 


Antoine 
Pascal-Joseph 

Gérard-Hubert 

Jean 

Nie.  -  Théodore  - 
Franc. -Joseph 
Emm.-Pbil.-Jos. 

Louis- Lamb.-A. 

Jean-Hub.-Henri 

Joseph-Antoine 


Félix 

Pierre-Jacques 

Gérard 

Jules 

Thomas-Joseph 

Félix 

Edouard 

Alphonse 

Emmanuel-Flori- 

bert- Léonard 

Grégoire-Arnold 

François 

Nicolas 

Ch.  Alexandre. 

Piecro-Ignace 

Vincent-Hathias 
Auguste 

Henri-Joseph 
Louis 

Henri 

Jean-Guillaume 
Philippe 
Henri-Joseph 

Jacques-Joseph 

l  Jean-Gérard 
Casimir 

Joseph 
Jean-Gilles 

Franc.-Mathiea 


Bruxelles 
Fléron 

Maeslrichl 

Horpmael 
Liège 

Lessines 

Liège 
Breda 
Saint-Trond 


Nevele(Fl.or.) 

Amsterdam 

Macslricht 

Liège 

Dison 
Thielt 

Verrehoeck(Fl. 
orientale] 
Annevoie 

Hasselt 

Looz 

Gand 

Seraing 

.Venloo 

Tirlemont 

HoU 
Ypres 

Dison 
Ang  ternis? 

Handgaene. 
Maeslrichl 
Visé 
Banneux 

Saint-  Georges 
(Liège) 
Aubel 
Wetteren 

Dofiel 
Aubange 

Rotterdam 


Te  systemate  osseo  et 
|)ra»crtiin  de  fracturiv 
10  génère. 

De  meilico  prexibi  io- 
oaote  ejuaqne  duUbiu 
a(iipiM:eadi«. 

0e  bydrucele  per  ef- 
fusionem. 

De  melriiide  acuift. 

De  baemorrbaci  is  prae- 
sertûn  per  exhala  ttonom 
orM. 

De  peritooilide  puer- 
peralî  acaifl. 

De  tympanite. 

De  aa(;inâ  stridolâ. 

De  aiMTrisiiMtiboaeor- 
ditf  in  génère  et  de  ane- 
▼risnute  cordû  paMÎvo 
itt  apecie. 

De  usa  seca lu  cornu ti 
in  partnritiooe. 

l)u  pbysicA  iofaotiuiiâ 
etfneatione. 

De  bydropsià  abdomt- 
Dftli. 

De  veritate  et  atilitate 
medido». 

Pbyûologica. 

De  uaturà  »ypbilidls. 

De  acido  bydro-cya- 
niuo. 

Anatoiuico-  phy^iiolo^ 
gica. 

De  pleurilide. 

De  cancero  in  génère 
considéra  to. 

De  Muiori  humorom 
patboiu(}ià. 
Utt  encephalitideaculA. 

De  pneamouitideacniA. 

Do  nalarâ  et  cnrA  ay- 
pbilidii. 

De  pbthitti  polinonali. 

De  litboloiniâ  recto' 
te«icali. 

De  antheliuinticbiji. 

De    lasjiouiba*  apnd 
«traugulatos  obviis. 
De  cyittide. 

De  ischarià. 

De  iutlaxu  uervngo. 

Du  calonfit-'atioQo. 


De  liberatiuoe. 

De  splenitide. 

De  paatritide  acnlA  et 
chrunicâ. 

Dtf  tu»i  couvuUÎTi. 

Dd   pbyfiici  javenum 

educatiooc. 

De  pa»ttflA  malîguâ. 


I 


LXVl 


LISTE  GÉNÉRALE 


lï 

Date 

dieu 

0 
Si 

dtt 

IVoni. 

Prënom». 

de 

Thèse*- 

9 

e 

DIPLÔME. 

NAISSANCE. 

216 

25  id. 

Dardespioe 

Aotoine 

Liège. 

D«  «inliTlio. 

217 

1    avril 

Hanolet 

Félix 

Fleurus 

De  op.  qoiba«Uin  in 
phlegma«iii  membraos 
inacoMx  gulro-intaiti- 
nalea. 

218 

30  id. 

Bodan 

Victor 

Fleuras 

De  aDgiDâ  lontnlari. 

219 

12  mai 

Lhoest 

C-J.  -M. 

Liège 

De  paeumoaià  arotà. 

220 

19  id. 

Canivei 

François 

SaintrTrond 

De  hypertrophiA  cot- 
ai». 
De  graviditate  eitra- 

221 

id. 

Drapier 

Emile 

Charleroi 

DlRriDà. 

222 

2  juin. 

Allard 

OdiloD 

Bruxelles 

De  aborto. 

223 

H  id. 

Lebeau 

Toussaint-Jos. 

Sarolay 

Pe  aborticidio. 

224 

24  id. 

Dofooz 

Ch. -Jean-Louis 

Liège 

De  febru  iotermilteo- 
tibas,  eu*. 

225 

29  id. 

Steurs 

F.-J. 

Bruxelles 

De  animi  pathemati- 
bus. 
D«  rarioift. 

226 

1    juin. 

Meers 

Jean-Baptisle 

Maestricht 

227 

5    id. 

Huwari 

Jean-Baplisle 

Piéton  (Hain.) 

De  adyoBmift  eaeo- 
Jtali  aot  Ter*  et  de  sym- 
^lomalirft  aat  faU4. 

228 

14  id. 

Midavaine 

Isidore 

Tournai 

De  caa»U  opbthalmiae 
militaris. 

229 

id. 

Van  Halon 

Théodore- Joseph 

Venlo 

De  KlAndulis  congIi>- 
merati». 

230 

id. 

Binard 

Félix 

Charleroi 

De  tomore  et  fistolâ 
larrymalibas. 

231 

46  id. 

Boset 

Charles-Joseph 

Limerlé 

De  brpoijtejiîA. 

232 

id. 

GoflTart 

Auguste 

Huy 

De  affectionom  eau- 
crosaram  coLU  ateri  ca- 
ratione. 

233 

17  id. 

Servais 

Jean-Baptiste 

Marbai8(BH) 

• 

D<;  parle  nenri  syn- 
patbiu  cepbalicâ  ia'bo- 
aine. 

234 
238 

id. 
id. 

Fleussu 
De  Racker 

Jean-Baptiste 
Jean-Baptiste 

Landen 
Sl-Gilles-Waes 

De  hydrocele  tunic« 
Taginalis. 

De  bfleffiorrboldibm. 

236 

id. 

Houdret 

J.-F. 

Ans 

De  peritoDiUde  paer- 
perali. 

237 

id. 

Moreau 

Mathieu-Victor 

Liège 

De  la»ioaibas  et  »yn- 

ptomalibiu  affeetioais  ty- 

pboldû. 

238 

id. 

De  Wildt 

J.-H. 

Maestricht 

De  alteratiooe  seogoi- 
nis. 

B.  Docteur*  en  chlruricle  et  en  aoooaohementa. 


• 

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Date 

du 

DIPLÔME. 

IVom* 

1 

Prénom». 

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de 
NAISSANCE. 



Observation». 

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3 

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4818. 
2déc. 
30  id. 

4819, 
ISjanv. 
12  fèv. 

Landrain 
Bosch 

Dreher 
Bovy 

Ferd.-Joseph 
J.  •Franc.- Jos. 

J.- Pierre- Xavier 
Jean -Paul 

rhisnes 
Maestricht 

Bastogne 
Liège 

Cbirargie. 

Cbir.  et  accuacbem. 

Cbirargie. 

Cbir.  et  ac-conf.4ieineDfe. 
(N.  B.   Déjà  cbirurgieoll 
don  priaoïM  de  iJége).     || 

DES   DOCTEURS. 


LXVIJ 


• 

Dote 

Litea 

l 

du 

IVom. 

Prénom». 

de 

Observât!  on». 

o 

DIPLÔME. 

NAISSANCE. 

• 

5 

12  fév. 

Maocel 

Lëon 

Maestricht 

Accouche  inenli. 

6 

15  mars 

Noël 

Gttill.-Jean 

Bruxelles 

Chir.  et  ace. 

7 

3  avril 

Welter 

Guillaume 

Huneih 

Idem. 

8 

1  juillet 

Denis 

Cëlestin 

Mons 

Chir. 

9 

4  août 

Détienne 

Ch.-Nicolas 

Liëge 

Accouch.  (d«t'tear  en 
médec.  et  en  chir.). 

10 

4  oct. 

Provot 

Pbilippe-Thëod. 

Liège 

D«jA   doct.  en  méde- 

11 

13  id. 

Vaust 

Jean-François 

Liëge 

cine. 
Chir.  et  Acc. 

ii 

29  id. 

Bamps 

Antoine 

Hasselt 

Chirurgie  (docteur  en 
médecine  de  TUniv.  de 
Paris). 

13 

16  nov. 

Everard 

Pierre-Florentin 

Ath 

Chir.  et  aoc.  (docteur 
eu  médecine  do  Leyde). 

14 

13  dëc. 

Culis 

Alexandre 

Strepy 

Chirurgie. 

Id.       (docteur  en 

15 

24  id. 

Buys 

Pierre-Joseph 

Bruxelles 

médec.  de  Lieyde). 

1820. 

• 

15  mars 

Id. 

Idem. 

Id. 

Auconehement». 

16 

28  avril  Seutiu 

Louis 

Nivelles. 

Chir.  et  hcc.  (docteur 
en  méd.  de  Leroe. 

1 

17 

2  mai     ^Kalcker 

Jean-Frëdëric 

Id. 

Chirurgie  (inem). 

18 

3    id.      Graux 

Pierre-Joseph 

Harmignies 

Chir.  et  ace.  (idem). 

19 

25  id.     jVanMeerbeck 

Henri-Camille 

Bruxelles 

Idem. 

SO 

27  juin.  Janné 
1823 

Liëvio 

Hex 

Chir.  et  accouch. 

SI 

28  et  29  Kerckhoff 
octobre' 

Louis 

Nulh 

Idem. 

Sa 

18  oov.   Uaegbeeck 

Jean- Gui  11. 

Ulbeeck 

Chirurgie. 

S3 

9  dëc.      Védrine 

Michel 

Liëge 

Idem. 

1824. 

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13  fëv. 

Id. 

Idem. 

Liëge 

Accouchements. 

S4 

29  juill.  Van  der  Smissen 

Nic-Grëgoire 

Hasselt 

Idem. 

25 

id.      Wûrth 

Jean-Thëodore 

Luxembourg 

Idem. 

36 

30  et  31  Hammelrat 
juillet  1 

Pierre- Henri 

Venlo 

Chirurgie  et  ace. 

27 

4  août     Houdet 

Philippe 

Gand 

Accouchements. 

s 

6  id. 

Id. 

Idem. 

Id. 

Chirurgie  {*]. 

Note  supplémentaire. 

La  loi  du  i  S  mars  4818,  rëglant  tout  ce  qui  est  relatif  à  l'art  de  guërir  et  à  la  collation 
des  diplômes  requis  pour  l'exercice  des  diffërenies  branches  de  lart  médical ,  servit  de 
complément  au  règlement  de  i816.  Elle  créa,  entr'autres,  des  Commissions  médicales  pro- 
vinciales, autorisées  à  délivrer  des  certiflcats  de  capacité  aux  personnes  qui  désiraient  ob- 
tenir le  titre  de  chirurgien  de  ville ,  de  campagne  ou  de  vaisseau ,  k  celui  d'accoucheur  ou 
de  sage-femme,  de  pharmacien,  d'oculiste,  de  dentiste,  enfin  de  droguiste-herboriste.  On 
eut  ainsi  égard  k  l'existence  des  Ecoles  de  médecine  locales  fondées  sous  le  régime  impé- 
rial. Le  droit  de  pratiquer  la  médecine  interne  fut  d'ailleurs  réservé  aux  docteurs  des  Uni- 
versités, ou  aux  docteurs  étrangers  accueillis  par  Jes  Facultés  de  médecine.  —  Les  listes  des 
pharmaciens,  etc.,  diplômés  par  les  Commissions  médicales  ne  rentrent  pas  directement  dans 
notre  cadre  ;  nous  ne  donnons  que  les  noms  des  élèves  reçus  par  les  Facultés  ou  par  le  jury. 


(  *  )  La  statislique  dressée  par  H.  Nothomb  porte  le  nombre  des  docteurs  en  médecine  à 
43,  et  celui  des  docteurs  en  accouchements  à  38,  pour  cette  période  :  nous  avons  soigneu- 
sement relu,  à  deux  reprises  différentes,  tous  les  procès -verbaux  du  Conseil  académique,  et 
nous  n'y  avons  trouvé  que  les  S7  noms  qui  précèdent.  Il  est  probable  que  M.  Nothomb  a 
tenu  compte  de  quelques  validations  de  diplômes  accordées  âi  des  étrangers. 


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LXVIIJ 


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Charles-Joseph 

Charles-Henri 

ClëOL-Ch.  Louis 

Waldor 

Charles 

François 

Charles 

Nagelmackers 

De  Coune 

Cochaux 

Robert 

Franchimont 

Knapen 

Dubois 

Périer 

Hanolet 

De  Modave . 

Leclercq 

Landman 

Kaibel 

Date 

du 

DIPLÔME. 

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IIES   HOCTEIKS. 


LXXXIIJ 


Lien 

de 
NAISSANCE. 

Willz 
Gouvin 

Maestricht 
Marchin 
Iseghem 
Liège 

Vivy  (Lux.) 
Tirlemont 
Antoing 
Soignies 

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Jacques-Antoine 
Ernest 
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Constant 
Eugène 

Charles-François 
Auguste-Joseph 

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Colignon 

Fisse 
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Petit 
Wagnon 
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de 
NAISSANCE. 

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Baltico 

Anthée 

Hotton 

Plorenville 

Glons 

Verviers 

Roloux 

Dinant 

Dinant 

Tongres 

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Nicolas-Joseph 

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Pierre 

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3812    id.      De  Thibault              Ch. -Marie-Albert 

382  id.     iLetihon                    Emile 

383  id.     iSeny                       Alphonse 

384  id.     iForgeur                   Albert 
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387  id.      Mestreit                  Laurent-Joseph 

388  id.      Bissehop                 Théophile-Erneste 

389  5    id.     |Van  Buylaere           Edmond 

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id.      Micha                      Alfred 
id.      Mortehan                 Edmond 
id.      Moreau                    Eug. -Edouard 

18  id.       Henry                      0. 
id.      Darrigade                E. 

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Fineuse                    Emile                      iGcdinne 
Waroux                   .Nicolas                     Liëge 
Monjoie                  {Adolphe -Joseph       ,Groyenno-Andennes 
VandcnNest           ÎAmédée                   1  Anvers 
Coune                     .Emile                       Liège 
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Pli»sart                   ;Firmin                    JTongre-Notre-Dame 
Pirolte                    jStephany                 |Hanzium 
Albert                      Léon                       {Liège 
Gravez                    César                      Ypres 
Baar                       i  Emile                       Liëge 

Sotiau                      (Louis                       i  Liège 
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;  Leroux                   i  Gustave                   Dison 
Halbart                   ;  Jules                       Rocour 
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Bruges 

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Théophile-Ernest 
Edmond 
Ferdinand 

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Tongrcs 

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Guslave-Jos.-Henri 

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Verviers 

Liège 

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Tournai 
Diest 

Villers-le-Bouillet 
Marche 

Liège 

St  Trond 

Fehe-Slins 

Wiltz 

Putte 

Amay 

Virton 

Walcourt 

SUvelot 

Herstal 

Audenaerde 

Glons 

Tournai 

Bochefort 

Tournai 

Tournai 

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Liebens                    J.-P.-Ed  -Victor 

Alcibiade 
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Hubert 

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37  id. 

38  34  août 

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DO  DEGRÉ  SUPÉRIEUR 


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Jean-Jacques 

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Si-Georges 

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Mehaigne 
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I  Hervé 

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IMaodin(Hain.) 

Liège 

Vinalmont 
'St-Trond 

'  Aubel 

Namur 
Tournai 


Dé«éd«  prof,  à  TA  thé- 
née  (!•  Gniiii. 
i>tt)f.  à  Ta  th.  d«  Ha«- 

Préfet  des  étnde«  de 
PAth.  d'At-loD. 

Décédé  prof,  i  PReoli! 
iodost,  et  lut.  de  Vervierv 

l*ror.    à   TAtb.    d'An- 
rrr». 
Id.  id.  de  Mon*. 

Id.  id.  de  BmgeiF. 

Prof,  au  Col),  coma, 
de  Mvvlle^. 

l>rof.  à  fAtb.  de  Na- 
mar. 

Id.  id.  de  Gand. 

Prpf.  «tt  Coll.  coroiA. 
do  NÎTellea. 

A  été  secrétaire  de  re- 
cole  normale:  n*e»t  pa» 
eutré  dans  Teotieiguo- 
uiettt. 

Frof.  A  PAlb.  de  Na- 
mur. 

Prof,  à  TAtli.  de  Brn 
zelle«. 
^    Id.  id.  de  Toarn«i. 

Id.  id.  de  Tonmai. 


(')  L'astérisque  d^isigne  les  personnes  qui  n*ont  pas  fréquenté  les  cours  normaux. 


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LISTE  GÉNÉRALE   DES  PROFESSEURS  AGRÉGÉS,  ETC. 


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DIPLÔME. 


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1855 

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1856 
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1857 

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1858 

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4859 

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1860 

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1861 
1862 
1863 

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1864 
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1865 
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1866 

1867 

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1868 

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1869 
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id. 


Votion  (  *  ) 

Oraily 

Grégoire 

Bernimoulin 

Barlliolomë 

Lequarrë 

Caacliie 

Rasquin 

Courtoy 

*  Merten 
Daxhelet 
Deliombe 

Dory 

Discailles 

Sarton 

Slevnns 

Lebrocquy 

Duykers 

Jungers 

Delhaize 

Deroarteau 

Hallel 

Jopken 

Meurice 

Dellour 

Stordeur 

Nelissen 
Nelis 
Vieuxjean 
Goudcr  de 


Lassione 
Rasquin 

Uereotand 

Raskop 

Caprasse 
Kugeoer 
Orban 
Bloodeel 

Dewael 

François 

Pilers 

Kurth 

Verly       • 

DupoDt 


Beaure- 
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Louis 

Nestor 
Ferdinand 

I  Emile 

Thomas 

Nicolas 

Aagoste 

François 

Alexandre 

Oscar 
Nicolas-Hubert 

Eugène 

Isidore 

Ernest 

Adolphe 

Jean 

Guillaume 

Joseph 

Pierre 

Edouard 

Joseph 

Maximilien 

Ernest 

Oscar 

Henri 

Louis         * 

!  Eugène 
Alols 
Jules 
Adolphe 

Ernest 
Gérard 

Félix 

Jean 

Hubert 
Jean-Antoine 
Alphonse 
Aimé 

Joseph 

Auguste 

Armand 

Goderroid 

Auguste 

Henri 


Thuin 


Charleroi 
Cortil'Wodon 

Liège 
Fléron 
Retinne 
Ath 

Houtain-l'Evè- 
qne 
Vinalmont 

Liège 

Trognée 

Bruges 

Liège 

Tournai 

Bruxelles 

Hénis 

Anvers 

Maestricbt 

Heinsch 

Ransarl 

Liège 

Huy 

Huy 

Gand 

Tihange 

Tongres 

St-Trond 
Anvers 
Nivelles 
Tongres 

Bastogne 
Houtain  rÉvè- 
que 
Hervé 

Tongres 

Warnant-Dreye 
Mersch 
Chimai 
Bruges 

Landou 

Bourlers 

Namur 

Arlon 

Virlon 

Anvers 


Joaroolisite  à  Vcrvii'iv 
(a  éle  prof,  à  TRcole  in- 
ilotir.  et  litt.  de  cette 
▼ille). 

Prof,  «a  Coll.  eomm. 
•le  Charleroi. 

Prof,  an  Coll.  oomn. 
de  Dient. 

Pfor.âPAth.de',i«se. 

Uétlerin  à  Flt^mn. 
Prof.  A  PAlb.de  liège. 
Id.  id.  de  Namar. 
Id.  id.  do  Bruxelles. 

Id.  au  Coll.  romm.  de 
Tongre». 

V.  ci-de«raa,  p.  zizït. 

Prof,  à  TA  th.  de  Uoo«. 

lit.  id.  de  Haaeelt. 

M.  id.  de  Li^(:e. 

Id.  id.  de  Uraxvllei. 

M.  id.  de  :  iége. 

M.  id.  d*AD%'er.*. 
»Joaroali»te  i  Dioaat 

Prof.  Al' Alfa  .d'Anrers. 

M.  id.  de  Namnr. 

Id.  ibid. 

Id.  id.  de  Mon» 

M.  id.  de  Toumaî. 

M.  id.  de  Mou 

Id.  id.  de  na«selt. 

Dt^èdf  prof,  aa  Coll. 
cuium.  de  Hooiilon. 

Prof,  nu  Coll.  caidd. 
de  Thoin. 

Id.  A  PAtb.  de  Cnnd. 

Id.  id.  de  IIa«seit. 

Id.  id.  de  UoM 

Id.  id.  Namur. 

Décédé  pr*>r.  A  TA  th. 
d'Auvers. 
Prof,  a  t*A(h.  d'Arloa. 

M.  au  Coll.  pomm.  de 
Chiioai. 

M.  A  l'Alb.  de  Tour- 
nai. 

Id.  A  l'Ath.  d*ArloD. 

Id.  ibid. 
Id.  ibid. 

Id.  au  Coll.  comm.  de 
I.onvain. 
id.  id.  de  Huy. 

Id.  4  TA  th.  de  »on<. 

M.  id.  de  Tonnui. 


(*)  Les  agrégés  n»*  1  à  17,  ainsi  que  le  n«  96,  ont  subi  leur  examen  conformément 
aux  dispositions  de  Tarrélé  royal  du  16  avril  1851  ;  tous  les  autres  ont  été  interrogés 
d'après  l'arrêté  royal  du  9  juillet  1851  (V.  ci-dessus,  col.  76S  et  suiv.) 


VII 


LISTE    GENERALE 


DES   INGÉNIEURS  SORTIS  DE   LËCOLE  DE  LIÈGE   DEPUIS  1857. 


A,    Relève    de»    candlclat» 


Qui  onl  atteint  ou  dépassé  la  limite  d'admissibilité  au  grade  de  conducteur  effectif 

ou  HONORAIRE  DES  MINES,  aux  coDcours  de  4837  à  4846  iDclusivemeut. 

(  La  limite  d'admissibilité  était  de  ISO  points  ). 


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*  Beaiiyean 

Eugène 

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Gbarles-Auguste 

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*  Delvaux 

Adolphe 

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44 

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*  Defize 

Edmond 

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45 

4839 

*  Lambert 

Guillaume 

Grand-Ualleux 

46 

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Godin 

Arnold 

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47 

id. 

*  Flamache 

Hubert 

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id. 

*  (;astellain 

Lothaire 

Gouy-le-Pièton 

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id. 

Delattre  (*} 

1 

(  '  )  L'astérisque  désigne  les  conducteurs  effectifs. 

(')  A  fait  ses  études  à  l'Ecole  centrale  de  Paris.  —  Nommé  sous-ingénieur  en  4844  (la 
plupart  des  conducteurs  ont  également  obtenu  celte  promotion). 

(')  Porté  sur  une  liste  Ms.  dres:»ée  par  D.  Arnould;  ne  flgure  pas  sur  les  listes  des 
élèves  de  l'Ecole, 


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LISTE   (.ÉM-UALB 


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DES   INGÉNIEURS. 


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Liège 

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Liège 

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Linchet 

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Liège 

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Bruxelles 

Charleroi 

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Desenfans 

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Lodz 

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San-Luis  de  Potosi 

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Leboutte                  Léon 
Moës                        Hyacinthe 
Terhorst                  Evrard 
de  Anitia                 Luis 
Magis                      Félix 
Colonguès                Anibal 
Cbarlier                   Edouard 

Gustave 
Julien 
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Ernest-Arthur 
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Fernand 
Guillaume 
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Gauderlier 

Jeanjean 

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Kloos 

André 

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Horward 

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Bonardeaux              Charles                    Dinant 
Bîdlot                      Joseph                     Liège 
Livron                      Hippolyte                i  Liège 
Boubon                   !  Julien                     !  Bruxelles 
De  Cuyper               '  Gustave                    Bruxelles 

Destordeur               Joseph                    '  Jopille 
Verloop                    Corneille-Josephe     Utrecht 
Plucfcer                    Jean                         Liése 

Varsovie 

Avilës 

Versailles 

Grâce -Berleur 

Theux 

Ensival 

Lodelinsart 

Arras 

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Spée                        Alphonse 
Boscheron                Léon 
Cambier                   Léon 
Rolbiecki                 Ladislas 

Fraget                     Jules 
Nagelmackers           Alfredo 
Prod  homme              Henri 
Antoine                    Hyacinthe 
Deneef                     Joseph 
Dorman                    Mathieu 
Duprel                      Alfred 

Mahiels                    Albert 

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VIII 


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Docteurs  eo  philosophie  et  lettres  . 

Docteurs  eo  droit 

Docteurs  en  sciences  politiques  et 
administratives 

Candidats -notaires 

Docteurs  en  sciences  naturelles .     . 

Docteurs  en  sciences  physiques  et 
mathématiques 

Docteurs  en  médecine 

Docteurs  en  chirurgie     .... 

Docteurs  en  accouchements  .    .     . 

Docteurs  en  médecine,  en  chirurgie 
et  en  accouchements    .... 

Pharmaciens 

Professeurs  agrégés  de  l'enseigne- 
ment moyen  du  degré  supérieur 
pour  les  humanités 

Conducteurs  des  mines    .    .    .    . 

Ingénieurs  honoraires  des  mines    . 

Ingénieurs  civils  des  mines  .     .     . 

Ingénieurs  civils  des  arts  et  manu- 
factures   

Ingénieurs  civils  mécaniciens  .    . 


Totaux  par  périodes. 


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7 

238 

33 

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9 

80 

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23 

2 

42 

93 

71 

54 

7 

73 

5 

9 

204 

» 

408 

9 

60 

610 

» 

40 

499 

5 

60 

34 

253 

8 

444 

514 

4899 

1 

70 
1485 

80 

203 

25 

43 

640 

84 

98 

204 
408 

60 

64 

239 

05 

287 
152 


Total 
gi'nërnl 

3568 


(  *  )  Non  compris  les  diplômes  scientifiques. 
(*)  Depuis  4834;  v.  à  la  page  suivante. 


CXXX  AUlllTIONS   ET   CORRECTIONS. 

SUPPLÉMENT  A  LA  LISTE  A  (page  cxUj). 

Des  Goneours  furent  inslltoés,  dès  i82U«  k  Bruxelles,  par  arrêté  du  Ministre 
de  l*lntérieur,  dans  le  but  d'éclairer  le  gouvernement  sur  le  mérite  des  candidats 
qui  se  présentaient  pour  les  plaeea  de  oooduolaurs  vacantes  au  corps  des  mines. 
Trois  candidats  réussirent  en  1834  : 

MM.  Jochams,  Félix,  de  Genappe  ; 
De  Grassier,  E.«  de  Maestricht; 
Mueseler,  6.,  de  Liège. 
On  a  porté  (p.  cxiij,  n"  i8)  M.  Toilliez  au  nombre  des  candidats  admis  en 
i859  ;  des  renseignements  officiels  que  nous  recevons  à  Tinstant  même  nous  per- 
mettent de  rectifier  cette  date.  M.  Toilliez,  Albert,  de  Mons,  a  été  reçu  au 
Concours  de  1855. 
L*afinée  suivante  furent  admis  en<qualité  de  conducteurs  : 

MBL  Deflze,  Edouard  (et  non  Edmond),  de  Liège,  (désigné  par 
D.  Arnould  comme  ayant  pris  part  au  Concours  de  1858  ; 
V.  p.  cxiy,  n°  14),  et  Poncelet,  Jean-Baptiste,  de  Bruxelles, 


FAUTES  A  CORRIGER 

DANS    hk    DERNIÈRE   PARTIS    DE    L*0ljVRAG£. 

P.  viij,  ligne  antépénultième  :  Ptolèmis,  lisez  Ptolemœis. 

P.  X,  1.  29  :  Interse,  lisez  inter  se.  —  L.  50,  etymologium,  lisez  elymolbgiam. 

P.  xci,  col.  7, 1.  6  :  1851,  lisez  1861. 

P.  xcv,  col.  S,  4*  nom  :  Brassine,  lisez  Brasseur. 

P.  ci,  col.  1, 1.  5  :  500,  lisez  200,  et  ainsi  de  suite  à  la  col.  G  :  SOI ,  202  et 

205. 
P.  ci],  an  titre  G  :  1^  section,  lisez  i^  session. 


TABLE   GÉNÉRALE 


DES  MATIËRES. 


ATANT-PROPOS PigOi 

PREMIÈRE  PARTIE.  LES  FÊTES  DU  3  NOVEMBRE  1867. 

I.  Séance  ACADàmouE 5 

II.  Banouet 2i 

Appendice.  Discours  de  M.  Nypels 37 

Notes  du  discours  précédent  (par  M.  Nypels) 55 

DEUXIÈME  PARTIE.  LA  FAMIIiLE  UNIVERSITAIItE.— I.  LES  PROfBS- 
SECRS  ET  LEURS  AUXILIAIRES. 

Introduction III 

I.  Administrateurs Col.  i 

II.  Professeurs  décédés 25 

III.  Professeurs  éttérites*,  démissionnaires,  etc 629 

»  Agrégés  non  chargés  de  cours 745 

rv.  Corps  enseignant  actuel 719 

V.  Tableau  général  de  la  répartition  des  cours  depuis  1817  .    .  985 

YI.  Autorités  académiques 1005 

VII.  Ecoles  spéciales  annexées  à  la  Faculté  des  Sciences     .    .  4013 
»   Tableau  du  personnel  des  Ecoles  spéciales  depuis  leur  réor- 
ganisation    1048 

»   Indications  supplémentaires  (Conseil  de  perfectionnement, 

etc.) 106! 

VIII.  ColiecUons 1065 

i.  Ribliothèque 1075 

S.  Jardin  botanique,  Musée  des  préparations  végétales  et  Musée 

d'agriculture 4084 

3.  Cabinet  de  physique iii4 

4.  Laboratoires  de  chimio  et  collections  qui  en  dépendent .    .  iH9 

5.  Cabinet  de  zoologie  et  de  paléontologie i13S 

6.  Cabinet  de  minéralogie  et  de  géologie iiS9 

7.  Musée  de  mécanique  appliquée 4486 

8  Musée  d'exploitution  des  mines 4439 

9.  Cabinet  de  métallurgie 4440 


CXXXIJ 


TAULE   GÉNÉKALt;   LIEN   MÂTIÊRËN. 


10.  Musée  de  géométrie  descriptive  et  d'architecture  iodustrielle, 

et  cabinet  de  modèles  de  dessin Coi.  il 40 

11.  Cabinet  d'anatomie  générale  et 

13.  Cabinet  de  physiologie 1142 

13.  Musée  d'anatomie  descriptive 1148 

14.  Musée  d'anatomie  pathologique llSâ 

15.  Cabinet  d'anatomie  comparée 1155 

16.  Collection  d'instruments  de  chirurgie  et  d'obstétrique    .    .  1157 

17.  Instruments  servant  &  la  clinique  interne 1158 

18.  Laboratoire  de  pharmacie 1159 

IX.  Cliniques 1161 

X.  Services  divers H69 

Additions  et  corrections 1175 

TROlSrÈME  PARTIE.  LA  FAMILLE  UNIVERSITAIRE.—  II.  LES  ÉLÈVES. 

Observations  préliminaires Page  iij 

I.  Tableau  indicatif  du  nombre  des  élèves  qui  ont  fréquenté  l'Uni- 
versité depuis  1817 v 

II.  Concours  universitaire. 

PaEmÈRE   PÉRIODE  :  1817  —  1830 vij 

Deuxièhe  période  :  1841  —  1869 XX 

m.  Doctorat  spécial xxix 

IV.  Diplômes  honorifiques  et  diplômes  scientifiques    ....  xxxix 

V.  Liste  générale  des  docteurs  sortis  de  TUniversité  de  Liège 

depuis  1817 XLiij 

Première  période  :  1817  —  1830. 

A.  Docteurs  en  philosophie  et  lettres xLvi 

B.  Docteurs  en  droit xLvij 

G.  Docteurs  en  Sciences  physiques  et  mathématiques .    .  Lix 

D.  Docteurs  en  médecine lx 

E.  Docteurs  en  chirurgie  et  en  accouchements .    .    .    .  ucvi 

Deuxième  période  :  1831  —  1835. 

A.  Docteurs  en  philosophie  et  lettres Lxviij 

B.  Docteurs  en  droit Ibid. 

G.  Docteurs  en  Sciences  physiques  et  mathématiques  .    .  Lxxij 

D.  Docteurs  en  médecine Lxxiij 

Troisième  période  :  1835  —  1849. 

A.  Docteurs  en  philosophie  et  lettres Lxxvij 

B.  Docteurs  en  droit fffid, 

G.  Docteurs  en  Sciences  naturelles Lxxxi 

D.  Docteurs  en  Sciences  physiques  et  mathématiques  .    .  ibid. 

£.  Docteurs  en  médecine Ibid, 

F.  Docteurs  en  chirurgie Lxxxiy 

G.  Docteurs  en  accouchements Lxxxiv 

Quatrième  période  :  1849  —  1869. 

A.  Docteurs  en  philosophie  et  lettres Lxxxvi 

B.  Docteurs  en  droit Lxxxvy 

G.  Docteurs  en  Sciences  politiques  et  administratives .     .  xcv 

D.  Gandidats- notaires xcvij 


TABLE   GÉNÉRALE   DES   MATIÈRES. 


CXXXllj 


£.  Docteurs  en  Sciences  naturelles 

F.  Docteurs  en  Sciences  physiques  et  mathématiques  .    . 

G.  Docteurs  en  médecine  (4849  —  1857.  —  i^  session). 
H.  Docteurs  en  chirurgie  reçus  d'après  les  dispositions 

transitoires  de  la  loi  de  -1849 

I.  Docteurs  en  accouchements     id.    id 

J.  Docteurs  en  médecine,  en  chirurgie  et  en  accouche- 
ments   

K.  Pharmaciens  diplômés  par  le  jury  universitaire.    .    . 

Yl.  Liste  générale  des  professeurs  agrégés  de  renseignement 
moyen  du  degré  supérieur  pour  les  humanités 

YII.  Liste  générale  des  ingénieurs  sortis  de  TEcole  de  Lîége 
depuis  1837 

A.  Relevé  des  candidats  qui  ont  atteint  ou  dépassé  la 

limite  d'admissibilité  au  grade  de  conducteur  effectif 
ou  honoraire  des  mines,  aux  Concours  de  1837  à  4846 
inclusivement 

B.  Ingénieurs  honoraires  des  mines 

C.  Ingénieurs  civils  des  mines.     .    .    , 

D.  Ingénieurs  civils  des  arts  et  manufactures    .... 
£.  Ingénieurs  civils  mécaniciens 

YIU.  Récapitulation  générale  des  diplômes  de  sortie.    .    .    . 
Additions  et  corrections 


Cl 

eu 
ibid. 

civ 
ibid. 

Ibid, 
cviij 

CX\ 


CXllj 

cxiv 

cxix 

cxx 

cxxv 

CXXIX 

cxxx 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Les  grands  chiffres  se  rapportent  au  compte -rcDdu  des  fêles  du  3  novembre 
1967  et  à  rintrodoetloii  ;  les  antres  désignent  tes  colofme$  des  dictionnaires 
bfograpbiqnes  ou  tes  pages  de  la  dernière  partie  du  volume. 


Académie  de  Braxelles,  473, 


Académies,  LXXJ. 
AcoevèbeBMDts,  S70  et  soiv., 

1465. 
Aclier9dyck(J.)  XXIX,  XXXY, 


Adelnm,  VIII. 
Adminietratem,  4,  6S4. 
Ada^oîetration  cemMunde  de 

Liège,  U4  {s.Cotteeiions). 
Aiminietrition  «npërieare  de 

l'iDStmctioD  pabli<|oe,  LXIl 

«t  anlv.,  4i4. 
Agrégés  (faiatltation  des),  xix 

et  «Mv.    —  Agrégée  non 

chargés  de  Coare,  746. 

Ahrens,  858. 

Albert  (E.U  4064, 1055,  44S5. 

Alcide  Pryor,  856. 

Algerue,  Vllt. 

Alvin  (L.),  LXIII  et  suiv., 

401,447,  d061. 
Ampère,  668  et  auiv. 
Anatomie  comparée  (cabinet 

d*),i 674,  4455. 
Anatomie  deecripljve  (Musée 

d').  4148. 
Anatomie  générale  (Cabinet  d') 

444!i. 
Anatomie  patbotbgiqœ  (Mu- 

Bée  d'),  4453. 
Aadré  (Valère),  III. 
Aadriea^  499. 
Andrieox,  533. 
Annale»   des   Universités  de 

Belgique,  xxij. 
Aanoot  (I.-B.),  493. 


Ansianx(J.),748, 4465,4476. 1 
Ansiaux  (N.-G.-A.-J.),  38, 

XIX,  XXVin,  38,   567, 

663. 
Ansiattx  (N.-A  -J.),  39 ,  663. 
Aosianx  (N.  i.-V.),  43,  663, 

749. 
Ansiaux  (0.-IT.>A.)  ,  751  , 

XXXV  et  saiv. 
Anthropologie,  584. 
Attti(Hùlé9   romaines  ,  331  , 

966. 
Appariteurs,  4 169  el  suiv. 
Archives   médicales   belges  , 

979. 
Amouid  (D.),  67,  3,  309, 

lOdO,  4Û48,  4061  et  suiv., 

oxiij. 
Aspirants  des  mines,  1031. 
Aasociation  des  ingénieurs, 

LXYII  et  suiv.,  310,  968, 

1046,  4055. 
Association  des  médecins  lié- 
geois, 357,  940. 
Association  profe68orale,639. 
Atelier  de  construction,  83, 

4038, 4074. 
Athénées  et  Collèges  avant 

4830,  XXVI. 
AUributions  dea  professeurs, 

XXXIV. 
Autorités  académiques,  7A, 

4005  et  soiv. 
Axonométrie,917.   . 

Bàilleux  (F.),  866,  864,863. 
Bamps  (A.),  xvij. 


Banniag/E.-T.i.),  xxvij. 
Banque,  (v.  Belgique.) 
Hanquel  du  3  novembre  4867, 

21. 

Bareel(C.-F.-J.),406l. 

Barbier,  4084. 

Baron  (A.-A.-F.),  69,  XLVII, 
51,843,764,973. 

Bartels  (Ad.),  XXXI,  L. 
Bassenge  (J.-N.),  830. 
B&timenls   de    l'Université , 

4067  et  suiv. 
Bavière  (Ernest  de),  XIII , 

4464. 
Bavière  (Maxinilien- Henri)  , 

XV  et  suiv. 
Bavière  (Hôpital  de),  43,  864 
elsuiv.,  940,4458,4464 

et  suiv. 
Bavière  (Jean-Théod.  de),  XV. 

Becart(A.-J.),746. 

Bède  (E.),  440.  639,  673, 

745,  967,  4149,  xxvi. 
Bède  (Ph.),  639, 848. 
Bekker  (G  -J.) ,  XXIX ,  70, 

340,  650. 
Bdgique  (Banque  de),  395. 
Belgique  karUcole,  (la),  468, 

888. 

Bellamij,  353. 

Berchmans  (¥.-M.),  4068  et 

suiv.,  4063. 
Bergbes  (Geerges4i0nis  de), 

XV,  874. 
Bernard  (Pb.),  746. 
Benckers  (J.),  xv. 
Beving  (C),  xi. 


CXXXVl 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


BihUophile  belge  (le),  195. 

Bibliothèque  acad.,  LUVIII. 

Bibliothèque  de  l'Ecole  des 
miaes,  4064. 

Biblioth.   d*Everbode,  i076. 

Bibliothèque  royale  de  Bru- 
xelles, 478. 

Bibliothèq.   populaires,  834. 

Bibliothèque  de  l'Université, 
8S0  et  suiv.,  4067  et  suiv., 
4075  et  suiv. 

Bidaut  (G.),  780,  4046,  4063 
et  suiv.,  4477. 

Bilderdyck,  354etSBiy. 

Blaupart-ten-Cate  (J.),  xi. 

Blondeau,  S76. 
.Blondel,  768. 

Boéns,  4S9,  433. 

Bollis  (H.),  4063  et  suiv. 

Borgnet  (Ad.),  51,  604;  635, 
7S0,  753,  790,  896,  4478. 

Borguet(L.-J.),  567. 

Boride  (J.-A.),638, 746,758, 
4478. 

Bormans  (J.-H),  XII,  408, 
634,  763,  4475,  ix. 

Bormans  (St.),  644,854. 
Bouchez  (P.),  xix. 
Bouille  (le  P.),  \V. 
Bourdon  (i.-A.-M.),  xxvy. 
Bourgeois  (P.-F.-H.),  4435  et 

suiv. 
Braine(J.  B.),  4436. 
Brasseur    (H.),    LV,    4477, 

xxvi. 
Brasseur  (J.-B.\   LXX,  77, 

673,    4037,  4063,  4064, 

4073,  4436  et  suiv.,  4440, 

4477. 

Brasseur  (L.),  4053. 
Bresehet,  806  et  suiv.,  548. 
BriU  (J.),  4476. 
Brixhe(L.),  4055. 
Brogniei,  4458. 
Bronn  (H.-G.),  89. 
Bronn  (V.),  80. 
Brouwer  (P.  van.  Limburg), 
96,  374,  853. 

Bulletin  communal^  384, 863. 
Burggraff  (P.),  635, 764 ,834. 
Buncheruehafty  873. 
Bury,  843,  xxv. 
Bosch-Keiser  (Is.),  xi. 

Cabinets,  4074  et  suiv. 
Cahuac,  367,  369. 
Callier  (G.),  803,  948,  xxxiv. 
Candidats  notaires,  xcvij. 
Canisius  (P.),  XII. 
Capitaine  (Ed.),  364  et  suiv. 
CapiUine  (F.)  père,  XXIII. 


CapiUine  (Ul.),  XI,  XXXIX, 
LXXVIIl,  404.  405,  444, 
467,  330,  433,  436,441, 
544,  635,  943,  970. 

Cartier  (A.),  430,  4439. 

Carte  générale  des  mines, 
343. 

Carte  géologique  agricole  de 
la  Belgique,  845. 

Carte  géologique  de  la  Bel- 
gique, 34  4  et  suiv.,  4434. 

Id.  du  sous-sol,  340. 

Id.  de  l'Europe,  339. 

Casterman  (L.),  xiv. 

CaUUn(E.),  78.  84,768. 

Catalogues  de  la  bibliothèque, 
849  et  suiv.,  4078  et  suiv. 

Catherinistes  d'Alost,  405. 

Cauchy,  4047. 

Cavernes  d'Engis ,  556  et 
suiv.,  4434. 

Caverne  de  Hogheur,  563. 

Cellules  (Théorie  des),  938  et 
suiv. 

Cercle  Ozanam,  679. 

Chalon  (R.),  479. 

Chandelon  (J.-T.  P.),  435, 
777,788,838,4033,4048, 
4063,  4433  et  suiv.,  4436. 

Chantraine  (i.-H.),  4449. 

Chapuis,  844. 

Charlemagne,  VI  et  suiv. 

CbarlierŒug.),  4473. 

Charlier(N..J.),4473. 

Charmant,  40,403. 

Charon  (Ph.^  xix. 

Chateaubriand,  734. 

Chaudfontaine,  XXX. 

Chauveau  (P.-J.-O.),  835. 

Chèvremont  (l'abbé),  765. 

Chimie  (Collections  de),  4433. 

Chimie  (Cours  de),  788, 4479. 

Chirurgie  (Instruments  de), 
4457,4480. 

Claes(P.),  4473. 

Claes  (G.),  xviy. 

Claes  (publidste),  893. 

Clinique  (Chefe  de),  4466  et 
suiv. 

Cliniques,  4464. 

Cocheret  de  la  Morinière , 
353  et  suiv. 

Code  pénal  (Révision  du),897. 

Coiinez  (L.-H.,  xy. 

Collections,  4068  et  suiv. 

Collège  (Grand)  de  Liège, 
XVIII,  4068. 

Collège  philosophique  de  Lou- 
vain,  XXXI  et  suiv.,  449, 
575,  576,  764. 

Colson  vDO,  548. 

Colson  (H.),  734. 


Colson  (T. -H.),  xxiv. 
Comhaire  (J.-N.),  58,  Ul, 

XXVIII,  39,  43,  440,  663, 

4154. 
Commissions  d'examen,  45, 

XLV  et  suiv.,  336,  xLiv. 
Commission  royale  d'histoire, 

479,  644,  636,  755. 
Commissions  médicales  pro- 
vinciales ,  Lxvij. 
Concordat,  XXXII. 
Concours  universitaire,  LXX, 

544,  vij  et  suiv.,  xxxij. 
Condocteurs  des  mines,  4645, 

4023  et  suiv.,  4030,  cxiij, 

cxxx. 
Conducteurs  honoraires  des 

mines,  4033  et  suiv. 
Congrès  des  étudiants ,  LIV. 
Congrès  Ubéral,  873,876. 
Congrès  national,  42,  XLV. 
Congrès  professoral,  57,630, 

848. 
Congrès  scientifique  de  Liège 

564,4144. 
Conseil  des  mines,  4047. 
Conseil  de  l'Ecole  des  mines, 

4064. 
Conseil  de  perfectionnement 

de  l'Ecole  des  minas,  4039, 

4033,  4064. 
Conseil  de  salubrité  de 

593,  940. 
Conservatoire  royal  de  Ba- 
sique de  Liège,  4073. 
Comtitutionuel  (le),  709, 737. 
Coune  (J.>,  834,  848,  4084. 
Courrier  de  la  Mener,  963. 
Courrier  des  Aiy«-5M,  480, 

894. 
Courrier  universel^  XXXIU, 

479. 
Cours  à  certificat,  46,  ILV. 
Cours  libres,  02. 
Cours  normaux,  635. 
Cours  publics,  89,  787,  834 , 

883,949,4051,xxxvyets. 
Courtois  (R.-J.S  444,  833, 

574,4085,4414,4430. 
Cousin  (V.),  XXVI,  XXXIV, 

837. 
Crewe  (le  général),  978. 
Croisière,  4088. 
Crocq,  4436. 
Curateurs,  62,  XXXVII  et  s., 

303,654,833,4466,4469. 
Cuvier  (G.),  XXV,  843. 
Czamowski  (J.),  xi4j. 

Dandelin  v^.-P.),  436,  433, 
498. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


CXXXVIJ 


Daiidelin(N.),  1i80. 
D'Andrimool  (J.)»  15  et  saiv., 

51,  52. 

Daufloa,  708, ii75. 
DaosBOigDe-Méhal,  69. 
Davreax   (C.-J.),    il»,  747, 

783,  4136, 1i60,  4478. 
De  Baillcl,  S9S.  , 

De  Broich  (le  baron),  XIXVII, 

De  Brottckere  (Ch.),  XXXIV 
et  8uiv,  XLVUI,  605,  848, 
1046,  XLi,  xLij. 

De  Broockere  (H.),  5,  g,  27, 

S93,xij. 
De  Bueacber  (E.),  i9A, 
Deeataoe  (J.)  447. 
De  Candolle  (A.),  467. 
Dechange  (C.-H.),  1177. 
De  Cbénedollé  (Ch.-i.  Lionlt 

de),  101,734. 
De    ChânedoUé    (J.-L.-G.-A. 

Liottlt  de),  102,  336,  724. 
DeCloseet  (Al.),  1177,  xxv, 

XLij. 

De  Clûsset  (Léon),  139,  745, 

766,  803,  965,  xxv. 
De  Coyper  (A.-C.)  6,  8,  24, 

784, 1032  et  soiv.,  1048, 

1061  et  soiv. 
De  Decker  (P.),  LV  et  suiv. 
De  Donceel  (M"*),  1077. 
De  Foere,  287. 
De  Fooz  (i.-H.-N.),  141, 858, 

869,  X. 
Defoeaez  (E.\  1062. 
Defrecheux  (N.)#  851,  1171, 

1172. 
De  Gerlacbe,  XXXIV  et  auiv. 
De  Grave,  404. 
De  Groot  (Gérard),  XII. 
Dehaut(L.-J.),l49. 
De  Glen  (J.),  XI. 
De  Hemricourt  (J.),  X. 
De  Horion,  XV. 
Dcjaer  (AfTaire),  XLIII,  144. 
De  iaer  (E.-J.-L.),  xxviu* 
Dejardin  (Cb.),  748. 
Dejardin    (L.;,    748,   1158, 

1180. 
De  Jonghe,  722. 
De  Koninck  (h,),  223,  466, 

479,  788,  809,  1063, 1122 

etftuiv.,  1179. 
De  la  Goéronnière,  291. 
De  Lavacberie  (B.-V.),  154, 

xvig. 
De   Laveleye    (E.-L.-V.),  8, 

796,  xxiv. 
Delbecq,  1160. 
Delbœnf(i.]>  766,802,xxxiv. 


Delbovier  (R.),  1152. 
Delcour,  281. 
DeIecoart(J.),615. 
Delforge  (L.),  1119. 
Delfosse  (Aag.),  144,  1174. 
De   Liedekerke    (le   comte), 

XXXVII. 
Dellafaille  (le  baron),  LXIII. 
De  Louvrex  (M.-G.),  XV. 
Delvaux  (Me.  de),  699. 
Delvaux  de  Fenffe  (Ad.),  642, 

745, 1056,  1064,  1139  et 

auiv. 
Delvaux  de  Fenffe  (J.-Cb.-Pb.- 

J.),    XXVUI,     151,    568. 

589,777,788,1119. 
De  Martins,  940. 
Demblon,  1092. 
De  Mélotte  d'Envoz  (D.-M.), 

XXXVIIL 
De  Meulenaere,  289. 
De  Mortier  (G.-i  ),  x. 
DeNieuport  (le  commandeur), 

498,  XLij. 
Denzinger  (I.),  116,  164, 

271,821,1083. 
De  Panhausen  (J.),  XI. 
Depas  (Cb.-Jo8.),  748, 1152. 
De  Potter,  XXXII,  971. 
De  Poubon,  616. 
De  Pradel  (E.),  742. 
Dequeane  (L.),  LXIV. 
De  Ram,  55,  284. 

DeRfliffenberg  (F.-A.-F.-T.  ), 

XXX,  LXV.  74,  170,  846, 

409,  605,  700,  756,  893. 
De  Riemer  (D'),  549. 
Dérivation  de  la  Meuse ,  976. 
Derote,  755. 
De  Savoye  (Th.),  748,  807, 

955. 
Descbampa  (Ad.),    XLVIII , 

LVIL 
DeSécus,  291. 
De  Sélya  (W.),  35. 
Deeguin  (P.-I.-J.),  xxvlg. 
De  Sluse  (R.),  XIV. 
De  Smet,  611. 
Desoer  (Cb.-Aug.),  1172. 
Deepret  (E.-A.-c:.)  ,  1044, 

1049,  1137. 
Deapret  (J.-V.),  xxvij. 
Dealriveaux  (P.-J.),    XXXV, 

39,  48,  198,  271,   318, 

1174. 

DeSybel,615. 

De  Tbeux,  XLVII,  LXIII,  289, 
290,  843,  896. 

Détienne  (Cb.),  574. 
De  Tornaco,  5. 

De  Vaux  (i.-A.-J.),  208,231, 


421,  690,   957.   1032  et 
suiv.,  1048,  1061  et  suiv. 

Devaux  (P.),  755,  969. 

Deville(F.),1086,1092: 

Deville  (G.),  1171. 

De  Villenfagne  (  H.-N.  ) , 
XXXVIII  et  suiv. 

Devivier  ^A.),  1046,  lOSW»^ 
1069, 1180. 

Dewalque  (F.),  1046,  1056, 
1136. 

Dewalque  (G.),  229,232,809, 
905, 1129  et  suiv.,  1136,. 
1148,  xxvi,  xxxiv. 

Dewez,  498,  xLi. 

Dewezade  (la),  753. 

Dewildt  (DO,  748. 

D'Eynalten  ^A.),  XI. 

D'Huart,  289,  297. 

Didot(A.),432, 1178. 

Diplômes  de  sortie  (Récapitu- 
lation générale  des),  cxxix. 

Diplômes  scientifiques,  xxxix 
et  suiv. 

Dirickx  (D.>J.),  1092. 

Docteurs  en  accouchements, 
Lxvi,  Lxzxiv,  civ. 

Docteurs  en  chirurgie,  Lxvi, 
Lxxxiij,  civ. 

Docteurs  en  droit ,  xLvg  , 
Lxviij,  Lxxvij,  Lxxxvij. 

Docteurs  en  médecine,  lx, 
Lxxi'g,  Lxxxi,cij. 

Docteurs  en  médecine,  en  chi- 
rurgie et  en  accouchements, 

CIV. 

Docteurs  en  philosophie  et 
lettres,  XLvi,  Lxviij,  Lxxvij, 
Lxxxvi. 

Docteurs  en  sciences  natu- 
relles, ci. 

Docteurs  en  sciences  phy- 
siques et  mathématiques , 
Lix,  Lxxij,  Lxxxi,  cg. 

Docteurs  en  sciences  poli- 
tiques et  administratives  , 
xcv. 

Doctorats  honorifiques,  842 , 

xxxix  et  suiv.,  xLiij. 
Doctorat  en    philosophie   et 

lettres,  LXXV,  869. 
Doctorat  en  sciences,  667. 
Doctorat  spécial ,  LXXV,  xxlx 

et  suiv. 
Dolez  (le  président),  5,  27. 
D'Omalius  d'Halloy,  217. 
Donckier  (l'ingénieur),  1136. 
Dresse  fJ.-H.) ,  255  ,  746  , 

1150, 1176. 
Droit  civil  (Cours  de),  283 

et  suiv.,  808  et  suiv.,  955. 


<ncxxviij 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


Droit  coutomier,  9K5. 
Broi i  criminel  (Cours  de) ,  898. 
Droit  pabHc  (Cours  de),  866. 
Dubos,  987,  S88. 
Ducpétiaux  (L.j,  97 i. 
.D'Odekemd».),  747. 
Duesberg  (Otto),  806 
^«gniolle  (M.),  747,  xxv. 
Duguet  (G.),  i054. 
Doinooceau  (J.-L.-D.),  4054, 
1062. 

Damont  (^A.-H.)*  LIX,  Hit, 

666,673,  814,  838,  648, 

906,1069,1139,4475. 
DumoDt(G.).  i33,  4136. 
Dumont  d'Urvilto,  843. 
Dumortier,  996. 
Dttperron  (Louis),  LIf,  947, 

960. 
Dupont  (Ev.),  ^,  il,  809, 

399,  645, 4006,  xij. 
Dopret  (V.-A.-G.),  LXX,959, 

595. 
Dwelshauwers -  Dery  (Y.-  A.- 

E.),  817,  1053  et   suiv., 

1138  et  soiv. 

Ecole  des  arts  et  manufac- 
tures, 1018,  4091  et  suiv. 

Ecole  ce  itrale  de  Liège,  1068, 

1085. 
Ecoles  centrales,  54. 

Ecole  spéciale  de  commerce, 

49,  348,  647. 
École  de  droit  de  Bruxelles, 

58,  54,  <ÎM),   967,   657, 

1076. 
Ecole  industrielle  de  Gand, 

45t. 
Ecole  industrielle  de  Llëge, 

8S6,  4069. 
Ecole  de  Si-Lanbert,  VU  et 

suiv. 
Ecole  des  mécaniciens,  1099 

et  suiv.,  4039. 
Ecole  de  médecine  de  St>CIé- 

menl,  49,  111,  155,  567, 

590. 
Ecole  préparatoire  des  mines^ 

1094  et  suiv. 

Ecole  des  mines,  39,  LXVI  et 
suiv.,  137,  909,491,698, 
1013  et  suiv. 

Ecole  des  mines  (élèves  de 

l'ancienne),  4016. 
Ecole  des  mines  de  Louvain, 

LXXVI,  1045. 
Ecole  normale  des  humanités, 

57,  661,  754,769etsuiv., 

1081,  cxi. 


Ecole  de  pharmacie,  4079, 

1091. 
Ecoles  primaires  de   Liège, 

XXV,  884. 

Ecole  propédetttiqae  ,  39  , 

XXX,  465, 
Ecole  des  sages-femmes»  669. 
Economie  agricole  et  fwet- 

tière,  XXX,  99. 
Economie  iodHatrielle  (Cours 

d),  697.  796. 
Economie  politique  (Coora  d*), 

697,  796. 
Edita  et  Ordonnaïkces,  46. 
Electro  magoétiane,  667  et 

suiv.,  4446. 
Elèves  ingëoiettrs  des  minet, 

4034. 
Eneyeiopédie  dt  XVIII*  siècle, 

XVI. 
Encyclopédie  du  droit,  983. 
Engrais  des  villea,  945  et  s. 
EnseigaemeBt  agricole,  941, 

4444. 
Enseignement  comauioal ,  X. 
Eracle,  VIL 

Ernst(A.),976,  98i,394. 
Ern8t(l.-G.-J.),XXVlIl,966. 

Ernsl  (J.-W.),  589. 

Ernsl  (L.),  976,  656,    737, 

4175 
Ernst  (S.-P.),  477,  488,  965, 

701,  709. 
Ernst  (U.),  966. 
Esthétique,  989. 
Ei4imeos     d'admission    aux 

écoles  spéciales,  4038. 

Examens  de  passage  et  de 
sortie  aux  Ecoles  spéciaios, 
4089. 

Exploitation  des  mines  (Musée 
d*),4439. 

Fabry-Rossins,  747,  4478. 
Faculté  de  droit,  XXYI.  LXVI, 

Faculté  de  médecine,  LXVI, 

LXXV. 
Faculté  de  philosophie,  LXVI, 

LXXV. 
Fticulté  des  sciences,  LXVI, 

LXXV. 

Facultés  libres,  43,  XLV,103, 
318,336,449,454,  661, 
749,  973, 

Fafchamps,  4059. 
FaideriCh),  698,  Lxvl^. 
FaIck,XXVIU,79,498. 
Falisse  (  V.  ) ,  4051 ,  1059, 
4477. 

Falloise  (A.),  861. 


Familles  do  règne  végétal» 

4099,  4479. 
Fassin  (E.-DD.),  336,  660, 

745. 
Fayn,  995,  93det8niY. 
Fédération  des  Sociétés  lior- 

ticoles    de    la   Belgique , 

883. 
Feitb  (R.),  360  et  soiv. 
Festraerts  {h^,  944,  cvi^. 
Fiess  (J.j,  439,   604,  848, 

4075  et  seiv. 
Flrket  (A.  1,4056. 
Focale  parabolique,  498  et 

soiv. 
Fohmann  (V.J,  XXIX,  458, 

979,  600,  559 ,  590,  843, 

980,  4148etsaiv. ,  4468, 
4480. 

Folie  (F.),  89, 4050  ci  soi?., 

4069. 
Forgeur  (J.),45etMiv. 
Forir  (H.).  850. 
Foseion  (N.4}.),  745,  898, 

4457. 
Fouché,  537. 

FouUon  (le  P.^  XIV  et  soiv. 
Fouquot  (G.),  847. 
Fraikin  (J.-J.),  xvig. 
Prancken  (V.),  4054,  4195. 
Frankinet  (J.-J.-C.) ,   695  , 

669. 
Frère-'orban  (W.),  5,   LU, 

947,  Lxviij. 
Froment   (Ch.),  474,  899, 

4174.  ^^ 

Fuss  (J.-Domin.) ,  58  ,  *>6  , 

LXXVIU,  955,  314^  836, 

634,656,894,979,4083, 

4473. 

Gachard,  493,691,889. 
Gaêde  (H.-M.)  ,  449  ,  «84 , 

589,  679,   4085,   4099, 

4496  et  suly. 
Gaillard  (Afl^lre),  674. 
Gall(F..P.),  318,334,9T9. 

Gazette  de  tiége^  974. 
Cauthy  (E.),  791 ,  1195, 441». 
Gendebien  (député),  9^6. 
Gendebien   (  pharmacien  )  , 

1460. 
Génération  spontanée,  993. 
Géologie  (cabinet  de),  4433. 
Géométrie  descriptive ,  80  et 

suW.,  947,  4436. 
Gëradon  (J.-l.),  ix. 
Gérard,  (L.),  4054. 
Gérard  (P.-A.-F.),644et8uîv. 
Gérard  (P.),  4069.' 
Gemaert,  4068. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


CXXXIX 


Gheldolf  ( Alb.l,  608. 
Gibon(LeP.!,  344. 
GibOD  (H.),  86,  337;  876. 
Gille  (J.),  4i28. 
Gillet'J.-H.),  1160. 
Gilloii(Aug.},  4â8,83i,1086 

et  suiv., 1064, 1140, 4479, 

XXV  ij. 
6to6tf,  488,  707,  742,748. 
Glodeo,  448. 
Gloeseoer(M.),  920,631,666, 

4448,  4149,4173,  xiv, XV, 

xvi. 
Godet(E.-V.),  347,  648. 
Godin  (L.),  xviij. 
Goethe,  746. 

Goflart  iL.),  xxxv  ,  xxxvij. 
Goflin  (Hubert) ,  44. 
Goret  <L.},  4088. 
Gosselet,  844. 
Goullier  J.-J.),  4028. 
Gouvernement  provisoire(reD. 

seignement  supérieur  sous 

le),  XLIV. 
Grade  d*élève  universitaire  , 

LXXIH,  818. 
Graas  (Ph.).  878. 
Gradué  en  lettres  (Examen  de) 

LXXIII. 
Graindorge  (J.),  4084  et  suiv. 
Grammaire  générale,  767. 
Grandgagnage  (Ch.),  880. 
Grandgagoage  (J.),  883,  xij. 
Grandjean    (M.)    823,    824, 

4084. 
Gran^ryfL.),  4448. 
Gravures    (Collections     de^, 

4078. 
Grenson  (A.),  1149  et  suiv. 
Grélry,  XVII. 
Groeâbeck  (G.  de),  XIll. 
Guerrciro  (A.-D.  ,  XLII. 
Guibert  (V.),xxvi. 
Guillaume  1,41,  XIX  et  suiv., 

XXX,  1013,  1066,  1088, 

1126. 
Gnillery  (H.),  fils.  1477. 
Guillery  (Jules),  XLY. 
Guillery(J..H.),  862. 
Gunst,  XV. 
Gymnase  de  Liège,  462,  338, 

1068, 1088. 

Habets  (A.),  492,   914, 1086 

et  suiv. 
Habets  (Dr.),  483,  880. 
Hannon  (J.-D.),  xxv. 
Hannon  (J.>,  1128. 
Hanssens(L.),  806. 
Harzé(R.),  1148. 
Hebrant,  1128. 


HelfTericb,  LUI.  480. 

Henanx  (Et.),  74. 

Henaux    (F.),    XIII,    XVIII, 

4118. 
Henaux  (V.),  828. 
Hennau  (Ch.-Aug.),  696, 796. 

Hennau  (V.-N.),  xviij. 
Henncbert  (F.)  p^re,630, 848. 
Hennequin,  824,  1084. 
Hcnrard  (D.},  1443  et  suiv. 
Herkaauwer  (de) y  367. 
Heuse  iH.) ,  832,  834,  746, 

838,  979,  4482. 
Hicguet  (DD.),  xxxv  et  suiv. 
Hiéronymites ,  XI    ei  suiv., 

4067. 
Histoire  des  institutions  de  la 

Flandre,  608. 
Hoensbroeck,  XVII  et  suiv. 
Homme  fossile,  883,  948  et 

suiv. 
Horion   (Ch.,    de  Hermalle- 

sous-Argenteau),  xxxvi. 
Horion  (de  Visé),  xvi. 
Horloges  électriques,  674  et 

suiv. 
Hortut  Morrenianus,  463. 
Hossche  <Le  P.  de-,  977. 
Uouei,  34. 

Houtain(L.),  748,  xxvij. 
Hugo  (Victor),  709,  720. 
Humblet.J.),  4448. 
Humboldt  (Alex,  et  Guill.  de', 

983. 

Idiome  luxembourgeois,  448. 
Ile  aux  Hochets,  4067. 
Incubation  artificielle,  934. 
Infini  en  mathématiques,  494. 
Ingénieurs  civils  des  arts  et 

manufactures,  4028,  cxx. 
Ingénieurs  civils  mécaniciens, 

4038,  cxxv. 
Ingénieurs  civils  des  mines, 

4038,  cxix. 
Ingénieurs    honoraires    de» 

mines,  cxiv. 
Inscription  globale,  LXXIV. 
Inspecteurs   de    TEcole  des 

mines,  4024  et  suiv. 
Installation  de  l'Université  de 

Liège,  57. 
Institutes ,  283,  648  ,  876  et 

suiv.,  890. 
Institut  ophthalmique,  4468. 
Institut  St-Jcan,  826,  838. 
Institut  supérieur  de  demoi- 
selles, il  Liège,  838, 980. 
Instruction  obligatoire,  961. 
Introduction    aux    langues 

orientales ,  764 ,  988. 


Jacob-Makoy,  422. 

Jacotot,  72,  373,744  et  suiv. 

Jacqoemyns  (Aug.)  xix. 

Jacquemyns  (Ed.),  396,  481. 

Jacquet  F.>J.),  xix. 

Jamar,  LXV. 

James  iL.),  948. 

Jaminé,894et  suiv. 

Jamme  (Louis),  XLI,  976. 

Janin(J.),  89. 

Jardin  botanique,  333,  486, 

883,  1068,  1074, 1084  et 

suiv. 
Jean  d'Oatremeuse ,  X ,  788. 
Jésuites,  XII  et  suiv.,'XVllI. 
Jésuites  anglais,  XIV. 
Joassart  (H.-J.),  1171. 
Jochams    (F.),  207,    1064, 

cxxx. 
Jonckbioet,  III. 
Joseph  II,  XX. 
Joséphisme,  XX  et  suiv. 
Jottrand  (L.),  391<,  894. 
Journal  de  Bruxellet^  964. 
Journal  encyclopédique,  XV. 
Journal  de  Gand,  XXXII. 
Journal  de  Liège ^  968. 
Jouy,  403  et  suiv. 
Jubilé  de  l'Université,  4. 

Jury  d'examen,  45    et  suiv., 
70  et  suiv.,XLlXetsalv., 

638,  680,  883,  860, 946  et 

suiv,  960  et  suiv.,  xL  et 

suiv.,  xLiij  et  suiv. 
Jury  professionnel,  71,  LU, 

LX et  suiv.,  LXVI,  946  et 

suiv.,  962. 
Juste   (Th.),  XXIX,  XLIV, 

LXIl,  410. 

Kersten,'P.),878,768.  884, 

894,  970. 
Kinker,  (J.  ,  XXIX ,  XXXV, 

273,  380. 
Kirsch  (H.),  père,  824 ,  4083 

et  suiv. 
Kittel  (V.J.),  4460. 
Kleinermann  (le  Dr;,  624. 
Krans  (G.)  xxxv  et  suiv. 
Krans  (J.-G.),  xvi. 
Kuhorn  (H.).  409,8.')4,  4480. 
Kupfierschlaeger   (F.;,    391, 

864,  890,  939. 
Kupfferschlaeger    (Is.),     8, 

748,  792,  837,  4084  et 

suiv.,  4428  et  suiv,  4436, 

4460. 

Laboratoire    de    pharmacie, 
4489. 


CXL 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


Laboratoire   de    recherches, 

^047,  ^07i. 
Laboraloiredde  chimie,  iOTi, 

iii9  et  suiv. 
Laboulaye  (Ed.),  601  et  suiv. 
Lacordaire  (le  P.),  84i,  xli. 
Lacordaire  (Th.),    SO,    449« 

452,  626,;  72â,  840,  1426 

et  SUIV.,  1156  et  suiv. 
Laduron  (C.-H.),  xxviij. 
Lafleur  (T.),  1053,   1061  et 

suiv. 
Lamarle,  492. 
Lambolle  (H.),  747, 1 156  et  s. 

Langius,  XIV. 
Langue  allemande,  579. 
Langue  arabe,  762. 
Langue  flamande,  XXI,  637. 
Langue  hébraïque,  743,  761. 
Langue  hollandaise  ,   XXI  , 

370  et  suiv. 
Lanlhier,  40  i. 
Larondelle  (N.-J.),  xxxvij. 
Latin  moderne,  322  et  suiv. 
Lalouche  (l'abbë;,  743. 
Laurent  (Ad.)*  xix. 
Laurent  (F.),  LVI,  xi. 
Laurenty,  1062. 
Lauth,  303. 
Lavalleye  (Ed.),  LXV,   265, 

700, 1056. 
Lebeau  (J.),  286,  288,  289, 

894,  969. 
Lebel  (Jean),X,  17. 
Lcbon(J.},  538. 
Leclerc  (D.),  747,  xiv. 
Leclercq  (0.),  XL. 
Legrain  (F.),  1084 
Legraod  (S.  J.) ,  639  ,  905, 

XX  vi. 

Legros  (L.),  1148. 
Lejeune.Dr),  114, 117. 
Lemaire  (J.-F.),  220,  394, 

440,787,1048,1061. 
Lemoine  ^P.-J.},   746 ,   xi , 

Lxviij. 
Lenz  (Th.),  600,  x. 
Léon  XII,  XXXII. 
Le  Pas  (A.),  766. 
Léopoid  I,  LXXVII. 
Lëopoldll,  50,  140. 
Lereseo(J.-C.),  XLII. 
LeRoy  (Alph.),  %  57,628, 

745,763,  807,847,  858^ 

937,  948. 

Leroy  (J.-A.^  397,  484. 
Le  Roy  (J.-J.),  361,377. 
Lesbroussart  (J.-B.),   401  , 

524  et  suiv.,  656. 
Lesbroussart  (Ph.) ,  67  , 


XLVI  et  suiv. ,  LXII,  172, 

402,  841,  973,  1069  et 

suiv. 
Lesoinne  (Ph.-Ad.),420,782, 

833,  1062,1136. 
Levy  (A.),  426. 
Leys  (J.),  xxviij. 
Liagre,  77  et  suiv. 
Libéralisme,  XXllI  et  suiv. 
Libert  iW.),  1037,  1050. 
Libotte,  1027. 
Liebrecht,  764  et  suiv. 
Lignac(H.),969etsuiv. 
Lindcn  d'abbé  ,  765. 
Linden  (naturel. },1087 ,11 28. 
Lippens,  675  et  suiv. 
Lippi,  303  et  suiv. 
Lithographie     (atelier    de) , 

1141. 
Logique,  169,  582,  805  et 

suiv. 
Loi  fondamentale,  XtX  et  suiv. 
Loi  sur  l'enseignement  supé- 

rieu,  44  et  suiv.,  66  et 

suiv. 
Lois  de  la  contraction  muscu- 
laire, 925. 
Lombard  (L.  M.),  428,  837. 
Loomans    (Ch.),    576,    764, 

857,  937. 
Lonay  (l'abbé),  677. 
Louis  (l'abbé),  847,  848. 
Lybarl  (P.),   1053,  1061  et 

suiv. 
Lycée  de  Liège,  XVIII,  1068, 

1076,  1085. 
Lycklama  van   Nyeholz  (M.- 

K.-J.),  xviij. 
Lyell  (sir  Gh.),  564  et  suiv. 

Macors    (Félix;.    146,    746, 

868,  897 
Macors    rJ.-G.),    392,    697, 

746,808,  861,966,1179. 
Macropedius,  XI. 
Maiafosse  (Affaire),  290 
Malaise  (C),  558, 813, 1066, 

1136. 
Manbour,  (B.),  747. 
Manipulations   chimiques  , 

838. 
Manipulations  de  physique, 

680. 
Manuscrits,  1083. 
Manuscrits   de    St-Trond  , 

1076. 
Marchant  (A.  L.\  492. 
Marcotty,  (J.-T.-H.),  xxiv. 
Maréchal  (R.>,  1171,1174. 
Mareska  (D.-B.),  xiv. 
Marlin  P.-F.-H.-D.),  747,x. 


Marquet  (T.),  xvij. 
Martens  (M.*,  xv,  xvilj. 
Martin  (F.),  xLîj. 
Martynowski  (J.) ,  433,  492, 

1060  et  suiv.,  1062. 
Masitt8(V.),  871, 1148, 1160 

et  suiv. 
Massalski,  1046. 
Maternité  (Hospice  de  la),  40, 
111,    568  et  suiv.,  870, 
908, 1161  et  suiv. 
Mathieu  (Ad.),  170, 171, 182, 

1176. 
Mathieu  Laentbergh   (  le  )  , 

XXXin,271,894,  969. 
Mattou(C.-F.),x. 
Mauhin  (H.-M.),  1176. 
Maurissens  (Ch.-L.),  267. 
Maynz  (Ch.-G.>,  872. 
Méan,  XV. 
Mécanique  appliquée  (Musée 

de),  1072, 1136. 
Médailles  (Cabinet  de),  1078, 

1083. 
Merten  (0.),  xxxiv. 
Métallurgie    (  Cabinet    de  )  , 

1140. 
Métallurgie  (Cours  de),  421, 

833,1033,1064,  1179. 
Metz  (André),  163. 
Meyer  (A.),  434,  438,  543, 

821. 
Meyer  (G. -J.),  xlI. 
Miedel  (M.-T.),  1129. 
Minéralogie  (Cabin.  de),  816. 
Mines  (Organisation  du  ser- 
vice des),  1016. 
Moke(G.),  627. 
Molitor  (J.-P.),  634,  xiij. 
Mone,  580,  605. 
Moniteur  de  l'enseignement, 

491,629,848, 
Monittur  universel  (le),  730. 
Montalant-Bougleux,  XIX. 
Monts-de-Piété,  4  et  suiv. 
Morelle  (H.-L.),  xix. 
Moresnet  (Territoire    neutre 

de),  668. 
Morren  (Aug.),  447,  461. 
Morrcn  (Ch.  ),   LXX,    304, 

396,  446,  560,  667, 881  et 

suiv.,  1085  et  suiv. 
Morren  (Ed.),  447,  469  et  s., 

880,  1091  et  sulv.,  1126, 

1179,  XXXV,  cxLiv. 
Morren-Verrassel  (M««),  460. 
MorUltté,  69.  627. 
Mouvements  du  cœur,  830, 

943,  980. 
Mueseler,'i12. 
Mablenbrucb,  879. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


CXLl 


Muner(Cl.),  K3i,72«- 
Muller  (Jean),  920  et  suiv. 
HûDch  (E.),   XXXIU,   479, 

390,  479. 
MurchisOD,  795. 
Musée  d'agriculture,  iilS. 
Musée  d'anatomie  patholo- 

«gique,  5i4,  iiSi. 
Musée  de  botanique  ,   458 , 

883   iiil. 
Musée' (Cours  du)  de  Bru- 
xelles, 53. 
Nagelmackers  (A.),  425. 
Nagelmackers  père,  383. 
Namur  (bibliothécaire),  8i9 

et  suiv.,  4075  et  suiv., 

1084. 
Namur  (P.),808,889. 
Nesselrode  (le  comte  de),  334. 
Nerenburger,  505. 
Neujean  (A.)*  4435. 
Nieuhoflf ,  360. 
Nisard,  (D.)»  57. 
Noél  (J.-N.),  79,  484,  785, 

906,  4057. 
Noël  (L.),  492. 
Nopius,  665. 
Notger,  VIII  et  suiv. 
Nothorob  (J.-B.),  55,  XIX, 

XXVIl  ,   XXXIII  ,    XLV  , 

LXII,  535,  970. 
Nouvelle  Montagne,  833. 
Nypels  (G.),  2,  i\  et  suiv., 

57.  2B6,  360,  893. 

Observatoire,  4074,  4445. 
Obstétrique  (Instruments  d*) , 

4457. 
Orangisroe,  XXH. 
Oratoriens  de  Visé  ,  XVI  , 

536. 
Organisation  militaire,  864. 
Origine  du  langage  ,  578 , 

585. 
Ortolan,  877,  890. 

Pagani  (G.  M.),   79,   496, 

XLij. 

Pairou(Ch.),  4139,4142. 
Paléontologie,  32^  et  suiv,, 

792,   844,  4425,  4429, 

4433. 
Pandectes,  648,  876. 
PâquefA.-N.  J.j,  492. 
Partis  politiques  ,   XXII    et 

suiv.,  LUI  et  suiv. 
Pasquet  (E.),  4084. 
Patois  de  Liège,  807,  824, 

850. 
Pédagogie.  V.  Ecole  normale 

et  Ecole  propideuiique. 


Peine  de  mort,  294,  660, 

899. 
Pénitencier  de  Namur.  294. 
Pénitencier  de  Saint-Hubert, 

294. 
Pepsine  (Découverte  de  la), 

922. 
Pérard(L.),  634,905,  4053,  ^ 

1447  et  suiv.,xxvi. 
Périodicité  physiologique, 

944. 
Peters  (l'abbé),  507. 
Pelers-Vausl,  69,  808,  782, 

968,  4460. 
Pétitionnement,  65. 
Pétrarque,  X. 
Pfeffer  (D'),  48,  49. 
Pharmaciens,  Lxvij,  cviij. 
Pharmacopée  belge,  463. 
Philarète  Durototr,  453. 
Philosophie  critique,  358  et 

suiv. 
Philosophie  morale,  586 
Physiologie  (Cabin.  de), 4442. 
Physique  (Cabinet  de),  4444. 
Physique  (Cours  de) ,  634  , 

673  et  suiv.,  907. 
Picard  (Ad.),  856. 
Piercot,  4090,  4422,  xxiij. 
Pimpumiaux  (B.),  194,756. 
Pimpurniaux  (/.),  756. 
Pirmez  (E.),  802. 
Pirotte,  4027. 
Placentius,  XI. 
Plaschaert,  529,  976. 
Plongeurs  (Appareil  pour  les), 

933. 

Polain(M.-L.),  44,644,747, 

973,  4033,  4034,  4048, 
4063.  4067,  4074,  4459, 
Lxviij. 

Politique  (le),  970  et  suiv. 

Pomologiei  699. 

Poncelet  (D'),  342. 

Ponson  (A.-T.;,  4059  et  suiv. 

Port-Royal,  748,  732. 

Pratt(W.),  xLij. 

Prinz(X.),664,763. 

Professeurs  agrégés  de  l'en- 
seignement supérieur  pour 
les  humanités,  cxi. 

Professeurs  étrangers,  65, 
XXV1II,XLIV,  74. 

Programmes  de  l'Université, 
59,  60,  69,  74.^ 

Pyro  (J.),  xxviij. 

Quérard,  20,  469  et  suiv. 
Question  du  grec,  802. 
Quetelet  (Ad.).  XXVIII,  427 
et  suiv..  470,  485,  395, 


403  et  suiv,  427,  443,  497 
et  suiv  ,  544  et  suiv.,  935. 

Raikem  (A.-F.-J.),  342.  540, 

836,  4453  et  suiv. 
Raikem  (G.-F.-J.),  509. 
Rambert,  719,733. 
Ramoux  (le  chirurgien) ,  40, 

568. 
Baosonnet  (le  capitaine  )  , 

4075. 
Raoul,  409  et  suiv. 
Récamier  (M"»»),  733. 
Règlement  organique  de  4  81 6, 

XXVIl   et  suiv.,   XXXVl , 

vij,  xxxix. 
Rémont ,   780  ,  837  ,   4073, 

1088,  4406.4430. 
Renan  (E.),  739. 
Renard  (C.),838,4053etsuiv. 
Renard   (L.)  ,  père  ^   536, 

4054. 
Rensing,  LXV. 
Renversement  du    courant , 

674  et  suiv. 
Repelaer  van  Driel,  ^8 ,  57, 

4066. 
Rouleaux,  18  et  suiv. 
Révolution  liégeoise,  XVIII. 
Revue  ^e/^tf,  44,  304,  349, 

415,416,973. 
Revue  dts  deux  mondes  , 

743, 843. 
Revue  de  Liège,  44,  .973. 
Revue  universelle  des  mines  , 

LXXV,  787,  958,  4057. 
Robespierre,  538. 
Rock  (L.).  4084. 
Rodembourg  (Em.),  4093. 
Roersch  (L.-C),  766. 
Rogier(Ch.),5,44  et  suiv., 

XLIIet  suiv.,  LXIII,  388, 

289,  440,  663,  704,  730, 

847,  894,   969  et  suiv., 

4090  et  suiv. 
Rogier  (F.),  749,  969. 
Ron veaux  (J.),  4153. 
Rotteck,  642. 
Rouffarl  (l'abbé),  765. 
Rouillé   'L.-P.)  ,  373  ,  336, 

532,  973. 
Rousseau  (P.),  XV. 
Rouveroy  (Fréd.),  XXXIX. 
Royer(J.C),  533,  836,979. 
Rucloux  (J.),  4057  et  suiv., 

4064. 
Ruth  (I.-A.),  534,  955. 

Sainte-Beuve  (Ch.-Aug.),  57. 

703,  973,  4475,  CxUv. 
Sainte-Beuve  (J.  de),  704. 


GXLIJ 


TABLE  ALPUÂBÊTIOUE. 


St-Genois  Jules  de),  603  et 

suiv. 
Salle  académique,  6,  2,  600, 

406S. 
Salpetier,  H51,  1467. 
Sauvage  (L.),  4140. 
Sauveur  (DD.),  58,  XXVIII, 

«74,836,  663,914,4430. 
Sauveur  (DD.-J.-J.),  944. 
Sauveur  (H.),  454,912,4463 

et  suiv. 
Say  (J.-B.),696. 
Schaar(M.),  Ui. 
Schelcr  (Aug.),  495,  747. 
Schmerling  (Ph.-Ch.),  550. 
Schmidl,  4474. 
Schmit  (de  Bruxelles).  943. 
Schmjl(j.-P.).232,  487,914, 

4053,  4064,  4440  et  suiv., 

4480. 

Schollaerl,  277. 

Scborn  (P.),  4054,4052. 

Schwann  (Th.),  829^,  919, 
940,  4442  et  suiv.,  4450. 

Schwariz  (N.-J.),  763,  765, 
858,  936,  Lxviij. 

Séance  académique  du  S  no- 
vembre 4867,  5. 

Secours  aux  noyés,  595. 
Séminaire  épiscopal  do  Liège, 

XÏV,  820. 
Sentelet,  670. 
Serres  du  Jardin  botanique, 

464,  4407  et  suiv. 
Siège  des  Universités,  55  et 

suiv.,  67  et  suiv.,  XVII, 

XLVII,  444,4046. 
Simon  (le  commissaire  H.), 

567. 

Simon   (J.-H.-a.),    40,  566, 

778,  983,  4425. 
Société  d'Emulation,   XVI  et 

suiv.,  49,  43,  404,  442, 

442,  540. 
Société  d'enconragement  pour 

l'instruction    élémentaire , 

XXIV,  3,  350. 
Société  d'étudianU,  LXIX. 
Société  Franklin,  949. 
Société  générale,  295. 
Société  liégeoise  de  littérature 

wallonne,  850. 
Société  littéraire  de  Bruxelles, 

403  et  suiv. 
Société    médico-chirurgicale 

de  Liège,  LXXV,  752. 
Société  des   sciences  physi- 
ques et  médicales  de  Liège, 

540.  * 

Société  Pradèliennc,  742. 


Société  du  samedi,  LV. 
Société  royale  des  sciences, 

LXXV,  463,  673. 
Société  Tandem,\\\,  369. 
Somnambulisme,  584. 
Sotiau(D.\.255,  4472. 
Sottais,  553. 
Sourds-muets  et  aveugles,  9, 

850,  855,  982. 
Sous-ingénieurs  des  mines, 

1015,  4022  et  suiv. 
Sous-ingénieurs    honoraires 

des  mines,  4023  et  suiv. 
Spring  (J.-A.) ,  24,  73,  L  et 

suiv.,LVI,  429,  48o.  569, 

845,915,938,4435,1442 

et  §uiv.,  4450,4452,  4462 

et  suiv. 
Slaedtler  (H.),  xxxiv. 
Star  Numan  (C),  636,  ix. 
SUS  (le  chimiste),  55,  787. 

Stas  (le  conseiller),  364  et 

suiv. 
Statistique.  580,  599. 
Stecher  (J.),  XXI  ,  764  et 

suiv.  948,  1047. 
Stehres,  78. 
Stévart(A.),  4125. 
Stroesser  (J.),  4053. 
Struyckex  (H.),  XII. 


Tableau  général  de  la  réparti- 
tion des  Cours  de  l'Univer- 
sité depuis  4817,  985. 

Tableau  indicatif  du  nombre 
des  élèves  qui  ont  fréquenté 
l'Université  de  Liège  depuis 
4847,  Y. 

Tandel  (N.-E.),  LXIV,  LXX, 
574,  763,  859,  937. 

Teichman,  67. 

Télégraphes,  674  et  suiv. 
Temps  (le),  784. 

Termonia((î.),  748. 
Terwangno  (l'abbé),820  et  s., 

4449,1435. 
Thémis  (la),  35,  604,  649. 
Thiersch  (Fr.)  XLVlll. 
Thiéry  (  C.  F.-A.  )  ,   LXIV  , 

4062. 
Thimus  (F.-G.-J.),  736. 
Thiry(V.),746,  954. 
Thoni8sen,  XX,  XLV,  285  et 

suiv. 
Tiedcmann,  300  et  suiv. 
Tilman  (H.-J.),  xvi. 
Timmermans,  544,  547. 
Tissinglon  (T.),  4419. 
Trasenster  (L.),    LU,    240, 

422,  745,  864,  947,957, 

4048,  4053,  4062,  4439. 


Travail  des  femmes  dans  les 

mines,  834. 
TroisfoDUines  (A.),  744, 745, 

767,  963. 
Troplong,  Vi,  843. 
Troubles  de  4826-4827,  4i 

64,  XXX1I,467,274.       ' 
Tychon  (F.),  639. 

Union  des  catholiques  et  des 
libéraux,  44,  XXIV,  XXXm, 
XLVII,  894,  960r 

Univârsis  discipimis,  336. 

Université  libre  de  Bruxelles, 
68,  IV,  XLVII  et  s., 55,340. 

Université  deGand,  fV,  XLIV 
etsuiv.,947,  4068,  xxxi. 

Université  de  Louvain  (An- 
cienne), 57,  55,  XI  et  s., 
XV,  XXXVI. 

Université  catholique  de  Lou- 
vain, 68,  IV,  XLVII  et  s., 
LXXVI,  55,  340,4045. 

Université  de  l'Etat,  à  Lou- 
vain, XLIV  et  suiv.,  450, 
476,  4068. 

Universités  allem.,  XXXV, 
LVI,  LXXV,  860,  894, 
919,938. 

Universités  (anciennes),  IX  et 
suiv. 

Université  de  Liège  (Esprit 
de),  LXXVII. 

Universités  (Mission  des) , 
LXXII. 


Vaccine,  570. 

Valerius  (B.j,  xiv,  xv. 

Van  Aubel(J.-C.), 967, 4452, 
4458,  4460. 

Van    Bommel    (C.-R.-A.), 
XXXII,  444. 

Van  Brabunt,  447. 

Van  Brcda,  395,  449  et  suiv. 

Van  Crombrugghe^  640. 

Van  der  Burgh  (J.-A.),  xiij. 

Vanderheyden  (J.-H.),  588, 
667,  4444. 

Van  dor  Wijck,  357  et  soiv. 

Van  de  Wcyer  (S),  XIX,  67, 
479,  494,  480,  747,  894, 
xxxi  et  suiv. 
Van  Driessche,  853. 
Van  Galen,  xiv. 
Van  Gobbelschroy,  274. 
VanHalen(T.-U.-J.),xvy. 
Van  Hall  (M.-C.),  352  et  suiv. 
Van  Hasselt  (A.),  642,  747. 
Van  Ilemert,  359,  373,  384. 
Van  Hoorick,  4028. 
Vao  Horen  (F.-H.-G.),  xxviij. 


TABLE  ALPHABËTIQUE. 


Van  Bulst(F.),i4,6»,74E, 

96S. 
VanHulUieni,  1TG.  118,  WT. 

VBDÎlIe  (AccJim.  de  la).  iOi. 
Vïnlaip(C.-r.).  818,  iIBSel 

Van  Haas,  398,  700. 
VanRee9(R.>.20,  iO.  65, 

S71,  373,889,  eS6,  738. 
ViD  RoosbroMk  (F.),  ivi. 
Van  Scherpenieel  Tbim   (J.), 

aai,  T47,  8it,  oao,  xxiv. 

Van  Vinclieroy  [K.1,  1433. 

Van  VJoten,  3fi3, 383. 

Van  Wiùckler  (G.-T.l ,  HS9 , 

HSÏ. 
ViDsi  iFr.),    980.  1448   et 


VîeillB-Montagne,  780, 1141, 
Vilain  X]|[I,  843. 
ViDeeoi(J.-H,),  M7. 
ViDgtqaalrearticles(lea),S88. 
Visschera  (A.) ,  39S  ,  698  , 

1061. 
VonCrass,  1194. 
Votten,  313,  S89, 11S0. 

Warelaer  [P.-r.\  liv. 
Wagemaoo    IJ.-C) ,   XXIX  , 

XXXV,  99,  SOI,  317,  596, 

1068 
ViUoDi  (oaracUre  des'.XXIX. 
Waller  IJ.-J.),  XL,  1,   139, 

!7S,  498,  1068. 
Wantee,  UI. 
Warakanis  (Ant.),  609. 
WarnEœDig    (L.-AI,    XXX, 

979,  376,  601,  641,  891, 

899.896.4083,1130. 
Wasuige  (Ad  ),  981,  1158, 

1180,  «ixv. 


Wassaige   (Cb.-Jos.),  148, 

981. 
Waion,  Vni  et  soiv. 
Weilcp.  iJ.-C).  lïi. 
Wery(F.),1179. 
Wtspïlaer  iParc  de),  399. 
Weustenraad  (Tb.),  747,  891, 

979. 
Weieiy-L.).  491,xl*.    - 
Wierli  (A.l,  439. 
Wilmart  (P.-A.),  694,  666, 

740. 
Wilmseo,  8Si.  ' 
WroDskI  (B.),  498. 
Warth  tl.-r  ),  ivij. 
WQrlh  (J.-F.-X.),  369,  740, 


Zandralli  (J.),  iLjj. 
Zfan*  (Th.),  LXVfl,  148. 
Zoologia  (Cabinat  de),  1011, 
1l9ltetsiiiv. 


CXLIV  DERNIÈRES  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 


DERNIÈRES  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 
(V.  cof.  1175  et  p.  cxxx). 

—  Le  13  octobre  1869  est  mort  à  Paris  Ch.-Âug.  Sainte-Beuve,  Tune  des 
gloires  de  la  littérature  française  contemporaine.  11  a  conservé  jusqu'à  la  fln 
Tattitude  quil  avait  prise  dans  ces  dernières  années  (v.  ci-dessus,  col.  717  et 
750).  D'après  sa  volonté  formelle»  aucune  invitation  n'a  été  adressée  pour  ses 
obsèques,  fixées  au  IG  ;  deux  à  trois  mille  personnes,  parmi  lesquelles  un  grand 
nombre  de  hautes  nolabilîlés  de  tout  genre,  ont  néanmoins  voulu  accompagner 
sa  dépouille  mortelle  au  cimetière  de  Mont-Parnasse.  Point  de  discours  :  M. 
La  Caussade  lui  a  adressé  un  simple  adieu. 

La  veille  de  l'inhumation,  M.  le  docteur  Piogé  avait  procédé  à  l'autopsie  du 
cadavre.  On  a  trouvé  trois  pierres,  d'une  dimension  telle,  quil  eût  été  impossible 
de  les  extraire  pendant  la  vie  du  malade.  Le  corps  a  été  ensuite  embaumé  (V.  le 
7fm/i«,  n<»  du  17  octobre). 

Sainte-Beuve  laisse  inachevé,  mais  très-avancé,  paratt-il,  un  travail  consi- 
dérable sur  Proudhon  et  ses  œuvres.  Malgré  ses  souffrances,  il  semble  avoir 
pris  pour  devise  le  mot  de  Trajan  :  Oportet  imperatorem  staniem  mon. 

—  Nous  avons  fait  remarquer,  dans  une  note  de  la  page  Lxviy,  qu'un  certain 
nombre  d'élèves  ,  immédiatement  après  la  révolution  de  1850,  se  firent  recevoir 
docteurs  à  Louvain.  —  D'anciens  étudiants  nous  rapportent  qu'antérieurement 
à  cette  époque,  sous  l'influence  des  ordonnances  concernant  l'emploi  de  la 
langue  hollandaise,  on  vit  plus  d'une  fois  des  séries  tout  entières  de  candidats 
en  droit  aller  subir  leurs  derniers  examens  dans  les  Universités  du  nord. 
Nous  citerons  entr'autres,  pour  l'année  18i5,  MM.  L.  Masset  (actuellement 
bourgmestre  de  Herstal),  Nierstrass,  Siebens  et  Yan  VIoten,  qui  terminèrent 
à  Ulrecht  leurs  études  commencées  à  Liège.  La  thèse  de  M.  Masset  nous  est 
tombée  sous  la  main  ;  elle  est  intitulée  :  De  publicatione  legum.  —  Cf.  l'art 
Dupont,  col.  646. 

—  Sous  ce  titre  :  Les  Floralies  russes,  M.  Ed.  Morren  vient  de  publier  son 
rapport  sur  l'Exposition  internationale  d'horticulture  de  Saint  Pétersbourg.  Gand 
(octobre)  1869,  un  vol.  in-8**,  avec  vues  et  portraits. 

—  Fautes  a  corriger  dans  l'introduction.  —  P.  VU  ,1.4:  réguliers ,  lisez 
régaliens.  —  P.  XLI,  I.  7  (en  remontant)  :  voies,  lisez  vues. 


FIN. 


/  • 


V 


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