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.' V
8^
L'U NIVERSITÉ DE LIÈGE
J
z ^^^
LIBER MEMORIALIS "^ ^^
L'UNIVERSITE
DE LIEGE /<#2r"%v
DEPUIS SA FONDATION liZt T '%,V ' . / ' \
ALPHONSE lE ROY ^.' .^r "^ ^ïjj^-
B'nHi DlcitioN DV CONSEIL ICADËHIQL'E ,
LIÈGE
VIFRIMERIS DE J.-G. CARMANNE
(H. VAILI.ANT-CARMANSE ET C'" )
I8r7/' </'G0- 2-5:
>(:;;^ ^ll/i/ota^<A>i W^l,!—
L'installation de rUniversité de Liège remonte au 25
septembre 1817; l'ouverture des cours, au 3 novembre
suivant.
C'est à cette dernière date que le Conseil académique a
donné la préférence lorsqu'il a résolu, dans sa séance du 8
juillet 1867, de célébrer avec éclat le cinquantième anniversaire
de la fondation de l'établissement.
Le Conseil a voulu, à cette occasion, réunir toute la grande
famille universitaire : non-seulement les autorités ont été
invitées à honorer de leur présence la cérémonie du 3
novembre, mais les anciens élèves des quatre Facultés et des
!Ëcoles spéciales y ont été conviés.
Il a été décidé :
1^ Qu'une séance solennelle aurait lieu dans la Salle
académique , et qu'un professeur serait chargé , à cette
occasion , de passer en revue les principaux épisodes des
annales de l'Université;
2^ Que la journée se terminerait par un banquet à
1
— 2 —
THôtel-de-Ville, mis gracieiisement à la disposition du corps
universitaire par l'Administration communale de Liège ;
3° Qu'en mémoire du premier jubilé semi-séculaire de
l'Université, il serait publié un livre contenant outre le compte
rendu des fêtes, des notices biographiques conçues de manière
à présenter, dans leur ensemble, la statistique intellectuelle de
l'institution, et enfin la liste générale des diplômes de sortie
délivrés depuis 1817.
M. Nypels, professeur à la Faculté de droit, a été désigné
pour prononcer le discours historique.
L'exécution de la troisième décision du Conseil a été confiée
à M. !e professeur Alphonse Le Roy, de la Faculté des lettres.
PREMIERE PARTIE
LES FÊTES DU 5 NOVEMBRE
1867
- V
CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE
DE LA ^
FONDATION DE L'UNIVERSITÉ DE LIÈGE.
3 NOVEMBRK 1867,
I. sAangb agadAmiqus
Le Corps proressoral au grand complet, en robe, se réunit à
11 1/2 heures du matin, dans la Salle de lecture de la Bibliothèque,
pour y recevoir les invités.
MM. les professeurs de Savoye et Trasenster, envoyés à la station
des Guillemins au devant des hauts dignitaires attendus de Bruxelles,
furent de retour à midi. Un détachement de ligne formait la baie
entre les bâtiments de l'Université et la Salle académique. Au
moment où les voitures tournèrent Tangle de la place, les tambours
battirent aux champs. MM. Frère-Orban, ministre des finances
et Cb. Rogier, ministre des affaires étrangères (>), firent leur entrée
accompagnés de MM. Dolez, président de la Chambre des Repré-
sentants, de Tornaco, vice-président du Sénat, H. de Brouckère,
ministre d'Etat, et de plusieurs membres des deux Chambres, tous,
ainsi que les ministres eux-mêmes, anciens élèves de l'Université
('] L'Université de Gand célébrant le même jour son cinquantième anniversaire, le
cabinet ne pouvfft être que partiellement représenté aux deux cérémonies.
— 6 —
et désireux de lui donner, en ce jour solennel, un témoignage public
d*estime et de sympathie. M. le recteur Gh. de Cuyper, suivi du
Collège des assesseurs, se porta au devant des visiteurs et leur
souhaita la bienvenue ; H. Dolez lui répondit par quelques paroles
chaleureuses et cordiales. On rentra dans le salon de lecture, où se
pressait une foule d*élite : les autorités civiles et militaires du ressort
de Liège, Monseigneur TËvéque du diocèse avec un de ses vicaires-
généraux, nombre d'hommes distingués appartenant aux professions
libérales ou à la grande industrie; en un mot, un groupe dont en aucune
autre circonstance peut-être on n*aurait pu rassembler les éléments.
Toutes les forces vives de la nation , tous les pouvoirs étaient là
personnifiés, et la Hollande donnait la main à la Belgique. Bientôt les
conversations s'animèrent; les rangs, les âges se confondirent; un
sentiment unique domina tous les assistants. Les condisciples
d'autrefois ne pouvaient dissimuler leur satisfaction de se retrouver
ensemble, sous le toit qui les avaient abrités au temps de la jeunesse
et des ardentes espérances ; les préoccupations, les combats de la
vie active, les dissidences d'opinion, tout était oublié ; les liens
d'amitié se renouaient, les confidences s'échangeaient comme entre
les fils d'une même mère, se revoyant après une longue séparation
et légitimement fiers les uns des autres. C'était là véritablement la
fête : de pareilles heures sont des jalons dans la vie ; il en reste au
cœur une impression qui ne s'efface point.
Le cortège se forma pour se rendre à la Salle académique. Au bruit
des tambours et aux accords d'une excellente musique militaire, se
joignirent les salves d'applaudissements des étudiants de 1867 et de
la foule qui encombrait les abords de l'édifice. Suivant l'usage, les
appariteurs ouvrirent la marche, portant les niasses ou sceptres
universitaires et précédant M. le recteur qui , accompagné de
M. l'administrateur-inspecteur, des autorités académiques et des
membres du corps professoral, introduisit les invités dans l'hémicycle.
Les autorités et les anciens élèves prirent rang en face des tribunes ;
les professeurs se dirigèrent vers leur place habituelle, à droite,
tandis que les étudiants de l'année, pénétrant par i^s couloirs.
- 7 —
venaient occuper les gradins qui leur avaient été réservés dans la
galerie inférieure. Les loges latérales, au-dessus de la première
colonnade, étaient garnies de dames élégantes ; la masse du public
remplissait le reste de la salle. On remarquait la décoration des murs
et des tribunes, à la fois riche et pleine de goût : des tentures en
velours rouge fhingées d'or, des faisceaux de drapeaux aux couleurs
nationales , des guirlandes et des massifs de verdure ; au-dessus
de la tribune la plus élevée, où devait siéger le recteur, le buste de
Léopold II ; vis-à-vis, le buste de Léopold I«% ceint d'une couronne
de lauriers.
Le fauteuil d'honneur, au centre, avait été réservé au président de
la Chambre des représentants. A la droite de M. Dolez s'assirent
MM. Ch. Rogier , ministre des affaires étrangères ; le baron de
Tornaco, vice-président du Sénat ; Beltjens, procureur-général près
la Cour d'appel de Liège ; de Luesemans, gouverneur civil de la
province ; M«^ de Montpellier, évéque de Liège, et M. Polain, admi-
nistrateur-inspecteur de l'Université. Du côté gauche se trouvaient
MM. Frère-Orban, ministre des finances ; H. de Brouckère, ministre
d'Etat et représentant : le général Lecocq, commandant la division
territoriale; Forgeur, sénateur; de Rossius-Orban, président du
Conseil provincial; J. d'Andriraont, bourgmestre de Liège; le
général Jambers, commandant la division d'infanterie, et Bottin,
colonel de la garde civique. Parmi les autres notabilités, nous
signalerons MM. les sénateurs Dehasse, Dolez, Lonhienne, Malou,
de Basse, Sacqueleu et Van Schoor ; MM. Moreau, vice-président de
la Chambre des représentants, Orts et Vervoort, anciens présidents ;
MM. les représentants Dupont, Elias, MuUer et Vandermaesen ;
MM. Bayet, conseiller à la Cour de cassation ; de Bavay, procureur-
général à Bruxelles ; Pety , président à la Cour d'appel de Liège ;
plusieurs conseillers de la même Cour; MM. Lamaye, vice-président
du Conseil provincial, et Laloux, greffier de la Députation ; plusieurs
membres du Conseil provincial et du Conseil communal de Liège,
notamment MM. les Échevins ; M. Arnlz, ancien recteur de l'Uni-
versité de Bruxelles ; des membres du barreau liégeois, entr'autres
— 8 —
M. Tavocat Dereux, étudiant de 1817 (i); des fonctionnaires des
diverses administrations ; des membres du clergé, entr'autres M. le
vicaire-général Warblings et M. le recteur du collège S^-Servais ; des
consuls des puissances étrangères, etc. La Hollande était représentée
par M. Strens, procureur-général à Maestricht, et par plusieurs
avocats ou magistrats éminents du Duché de Limbourg.
M. le recteur, revêtu des insignes de la dignité, monte à la tribune,
où prennent également place, à sa droite, M. Is. Kupfferschlaeger,
secrétaire du Conseil accadémique pour Tannée 1867-1868, et à sa
gauche, M. Em. de Laveleye, secrétaire de Tannée écoulée. Le chef
de TUniversité ouvre la séance par Tallocution suivante :
Messieurs ,
Mes premières paroles à cette tribune s'adresseront aux anciens
étudiants de TUniversité pour leur souhaiter la bienvenue et les
remercier de leur présence à celte solennité. L'empressement qu'ils
ont mis à répondre à notre appel témoigne mieux que je ne puis le
dire de la grandeur de la fête qui nous réunit.
Nous n'avons pas, il est vrai, à glorifier des extensions de territoire
acquises au prix du sang et de Thumanité ; mais aux conquêtes plus
pacifiques qui réveillent nos souvenirs, nous ajouterons avec fierté
celle de Tindépendance nationale. Aussi n'est-ce pas seulement
l'étude, la science, les arts et Tindustrie qui en ce jour soulèvent
notre émotion commune, élèvent notre pensée et nous inspirent des
sentiments de profonde gratitude. En voyant aux premiers rangs de
cette assembla les fondateurs de notre nationalité, les hommes
éminents qui, par nos institutions constitutionnelles, ont fait de la
Belgique le foyer de toutes les libertés, nous saluerons la mémoire
des anciens maîtres qui nous ont légué un si glorieux héritage.
Une voix plus autorisée que la mienne vous dira tout ce que TUni-
versité de Liège a fait pour remplir la mission qui lui était dévolue,
la part qu'elle réclame à juste titre au développement moral et intel-
lectuel du pays, les grands caractères qu'elle a formés, cette trempe
(i) On cite quatre ëtadiaots de i 81 7 présents à U cérémonie : MM. H. de Broackère ,
Fety, Dereux et Hubert (avoué).
— 9 —
solide qu'elle a donnée au co&ur de la jeunesse, cet amour noble,
pur et désintéressé de la vérité qu'elle lui a toujours inspiré.
Mais permettez-moi de remonter quelques instants aux premiers
jours de sa fondation et de vous montrer, accourant vers ce nouveau
foyer d'instruction, une jeune génération excitée en tous sens par les
grands événements qui avaient changé la face du monde, avide de
science et pleine d'espoir dans l'avenir. Ardente au travail, disposée
aux fortes études, elle s'élançait avec impatience vers les horizons
nouveaux ouverts à son esprit, comme si elle pressentait que les
jours de la lutte étaient proches.
Lorsque l'heure fut venue, la patrie la trouva prête. Ces étudiants,
hier si avides d'érudition, aujourd'hui soldats enflammés d'un senti-
ment d'héroïsme, se rallient pour le combat dans une même pensée
d'honneur. Plus tard, les jours des grands dangers étant passés,
nous les voyons, au Congrès national et dans les assemblées législa-
tives, aborder et élucider les questions les plus ardues, défendre les
motions les plus généreuses ; dans la magistrature, interpréter et
appliquer les lois avec cette indépendance morale qui fait la force de
la justice ; dans l'armée, former une pépinière de savants officiers ;
dans les administrations civiles, occuper avec éclat les positions les
plus élevées ; dans les carrières libérales, briller au premier rang.
Quelques-uns, passionnés pour les grandes luttes, continuent d'affron-
ter les orages politiques à la tribune et dans la presse.
Et comment expliquer ces aptitudes diverses que la jeunesse
universitaire appliquait alors avec tant de succès ? Comment un ensei-
gnement, auquel on faisait le reproche de n'être pas assez pratique,
a-t-il pu préparer un passage si fécond de la théorie à l'application,
de l'école à la société?
N'est-ce pas parce que, loin de forcer la vocation, il lui donnait,
dans les premières années où elle est toujours hésitante, la large
base des études littéraires, qu'avec raison on a qualifiées d'huma-
nités, et sans lesquelles le talent moderne peut rarement acquérir
toute sa vigueur? N'est-ce pas que, dans toutes les facultés, les études
philosophiques, initiant aux questions sociales, formaient le caractère,
avant qu'on cherchât à le contenir par les études techniques? En un
mot, l'éducation intellectuelle était basée sur le culte pur de la
science. Dans son régime libre et uniforme, elle dirigeait toutes les
intelligences vers un même but, la véritable civilisation, les prin-
cipes éternels de la morale et des lois, l'union intime du génie et de
la conscience. Dégagée des intérêts et des passions qui l'agitent trop
souvent aujourd'hui, elle ne devait pas compter avec les préventions
des partis, avec les opinions du jour.
Tous ne suivaient pas rigoureusement la même voie, car à côté
— io-
de la direction immédiate de la loi se trouvait Tindépeadance de la
chaire universitaire; mais tous se pénétraient d'une certaine concor-
dance de principes d*action qui forme le cachet du caractère national.
Il ne suffit pas, en effet, de l'identité des intérêts matériels pour
constituer ce caractère, il faut encore Tunité des intérêts moraux, de
l'activité intellectuelle.
Cette unité peut-elle se concilier avec la liberté de l'enseignement?
 cette grave question qui nous ramène à la situation présente de
l'instruction supérieure , je n'hésite pas h donner hautement une
réponse affirmative, dès que la liberté de l'enseignement, acceptant
toutes les charges de la responsabilité, respecte la liberté de la
science.
La science doit être libre dans son action sur le progrès de l'esprit
humain. Elle doit s'élever au-dessus des rivalités qu'excite la convoi-
tise du pouvoir et, dans la recherche de la vérité, repousser égale-
ment ces principes absolus d'intolérance qui tendent à ramener la
société au fanatisme, et ces théories aventureuses qui la précipite-
raient dans l'abîme du doute et de la négation.
Dans les anciennes universités, la liberté scieutitique était proté-
gée par des privilèges. Aujourd'hui, pour assurer l'équilibre des quatre
éléments politique, religieux, moral et philosophique, elle cherche
son point d'appui dans la loi, son expression dans le concours néces-
saire de l'enseignement de l'Etat.
Cet enseignement national a donc un double devoir à remplir
envers le pays et envers la science. Pour l'accomplir, il dominera le
caprice variable des écoles et des sectes ; son unique préoccupation
ne sera pas de soutenir l'essor des connaissances exactes, d'assurer
le progrès des découvertes; mais en ramenant la jeunesse vers
toutes les pensées morales et sociales, vers les nobles goûts de l'in-
telligence, il fera plus que des savants, il formera des hommes et des
ciioyens utiles.
Il ne m'appartient pas ici, messieurs, d'examiner si notre Univer-
sité maintient les études publiques à cette hauteur ; car si j'ai pu
rendre hommage à un passé auquel je suis entièrement étranger, je
crois devoir m'abstenir de juger le présent.
Je demanderai , toutefois , si l'éloquence judiciaire brille d'un
moindre éclat, si l'art de guérir compte moins de nobles et d'utiles
dévoûments, si la science de l'ingénieur n'est plus cette base solide
sur laquelle s'appuie la prospérité de l'industrie nationale, et j'atten-
drai avec confiance le verdict impartial que prononcera le pays^
De ce que le culte des lettres, la splendeur des beaux-arts semblent
être momentanément éclipsés par l'éclat des sciences et les produc-
tions de l'industrie, devons-nous douter du progrès de l'état social ?
— n —
Vous ne le pensez pas, messieurs ; mais vous direz avec moi que,
tout en applaudissant aux triomphes de l'expérience et du savoir,
nous devons nous garder de négliger les génies antiques, nos maîtres
encore et nos éternels modèles.
Si, comme on lesuppose trop facilement, leur étude met la jeunesse
en opposition passagère avec les traditions modernes, elle développe
en son âme le désintéressement et Tamour de la patrie; elle lui
apprend que le vrai lien de sécurité entre les hommes ne réside pas
dans la seule force de Tintérét, dans la seule puissance de Tasso-
ciation des richesses mises en œuvre par le talent.
Uinstinct de grandeur et de force, le généreux penchant vers ce
qui est droit et légitime, que la nature a déposés en son cœur,
s'épanouissent plus activement au contact de cette éducation antique,
par les pensées élevées qui se rattachent à la poésie, à l'histoire, à la
philosophie ; elle lui fait mieux apprécier la nécessité de se disposer
aux grandes épreuves de la vie par le développement du caractère,
par la soumission de la volonté aux inspirations des sentiments du
devoir.
Elèves de l'Université de Liège, que ces nobles inspirations conti-
nuent à vous soutenir dans la voie du travail, et vous saurez vous
montrer dignes de marcher sur les traces de ceux qui vous ont pré-
cédés à cette école ; comme eux vous comprendrez que c'est par des
méditations fortes et puissantes que l'intelligence acquiert toute sa
plénitude, les facultés de l'àme toute leur énergie. — Et à cette
heure, applaudissant au récit que vous allez entendre d'un passé que
vous vous efforcerez d'égaler, vous y trouverez les leçons du pré-
sent, les espérances de l'avenir.
De vifs applaudissements accueillent ce discours.
M. le recteur donne ensuite la parole à M. Nypels, chargé par le
Conseil académique de résumer les annales de l'Université depuis sa
fondation. L'honorable professeur rappelle les circonstances qui ont
amené la réorganisation de l'instruction supérieure dans les provinces
méridionales de l'ancien royaume des Pays-Bas ; sans dissimuler les
fautes qui ont aliéné au gouvernement de Guillaume I l'esprit des
populations belges, il rend un légitime hommage aux efforts de ce
monarque ; il évoque le souvenir des professeurs d'élite qui l'aidèrent
à relever dans notre pays le niveau des études ; entrant alors au
cœur de son sujet, il insiste sur l'influence qu'exerça sur la jeunesse,
— 12 —
avant 1830, renseignement donné à TUniversité de Liège dans un
esprit vraiment libéral. Lorsque l'orateur proclame les noms de
quelques-uns de ces généreux enfants qui devinrent, au sortir des
bancs, les fondateurs de Tindépendance nationale, les promoteurs
de nos institutions libres et plus tard leurs plus fermes soutiens,
l'assistance tout entière tressaille comme sous le coup d'un cboc
électrique; un tonnerre d'applaudissements frénétiques ébranle les
voûtes de la salle. Les étudiants surtout sont fiers de compter parmi
leurs prédécesseurs ces grands citoyens ; la présence de MM. H. de
Broukère, Ch. Rogier et Forgeur surexcite leur enthousiasme. C'est
une ovation, c'est un triomphe. La séance est suspendue pendant
quelques minutes....
M. Nypels, d'une voix émue, poursuit sa revue rétrospective. Il
fait l'historique de la législation universitaire depuis 1835 ; il rappelle
les nombreux tâtonnements, les incertitudes, les ménagements qui
ont empêché jusqu'ici les jurys d'examen d'être organisés d'une
manière définitive ; tout en déplorant l'influence de ce long provisoire
sur les études, il réfute l'opinion des pessimistes qui les regardent
comme entrées dans une période de décadence en Belgique; en même
temps il n'hésite pas à reconnaître qu'il reste quelque chose à faire
pour développer l'esprit scientifique dans nos Universités. Cette
franchise dans la critique, cette équité dans l'appréciation des faits
sont accueillies par l'assemblée avec des marques d'approbation non
douteuses. Après avoir rappelé les progrès accomplis depuis quel-
ques années, M. Nypels évoque le souvenir des anciens professeurs,
définit en quelques mots l'esprit de sagesse de l'Université de Liège,
restée fidèles à son passé, étrangère aux passions d'un jour et par là
digne de la confiance que les pères de famille lui accordent plus que
jamais. Le plus éclatant témoignage de cette confiance n'est-il pas
dans ce fait, que Léopold I a choisi le précepteur de son fils parmi
les professeurs de l'Université de Liège ? L'éloge bien mérité de notre
jeune roi est ainsi amené tout naturellement : « Ce n'est pas flatterie,
nous n'avons jamais connu ce défaut, s'écrie l'orateur ; c'est justice ! »
A ces mots les acclamations éclatent de nouveau avec un entraîne-
— 13 —
ment irrésistible; à peine a-t-il été possible d'entendre les dernières
phrases du discours (i).
A M. Nypels succède M. J. d'Andrimont, bourgmestre de Liège,
ingénieur sorti de notre Ecole spécialedes mines, et à ce double titre»
empressé de manifester ses sympathies pour la grande institution
nationale dont un ancien recteur vient de dresser le bilan. Sa parole
chaleureuse provoque à diverses reprises d'ardents applaudissements,
surtout dans les rangs de la jeunesse, dont il semble avoir pris à tâche
de formuler les aspirations. 11 s*est exprimé en ces termes :
Messieurs,
L*administration communale ne saurait rester indifférente à cette
fête de Tintelligence, à ce jubilé demi-séculaire de la science, qui
réunit en ce moment tant d*hommes distingués.
Sans doute, ce n*est pas h nous que la loi a confié la mission de
veiller aux besoins de Finstruction supérieure. L'Université est une
institution nationale, et TEtat est chargé du soin de ses intérêts.
Est-ce à dire, messieurs, que nous n'ayons pas à nous préoccuper
de tout ce qui peut rehausser Téclat d'un établissement qui a rendu au
pays et à la ville de Liège en particulier tant et de si grands services?
Les sympathies de tous nos prédécesseurs ne lui ont jamais fait
défaut. Ces vastes constructions, ces collections nombreuses sont là
pour attester le vif intérêt que l'administration communale a toujours
porté à rUnîversité.
Et nous, les derniers venus, qui, pour la plupart étions, il y a peu
d*années, fiers de nous asseoir sur ses bancs, n'avons- nous pas plus
impérieusement encore le devoir de suivre ces excellentes traditions?
Fondée en 4817, TUniversité de Liège a provoqué un large mouve-
ment intellectuel.
Depuis cinquante ans, elle sème, avec les principes immortels du
vrai et du juste, ces notions d'égalité civile et politique, de liberté et
de dignité humaines, qui sont devenues le code imprescriptible du
peuple belge.
Elle a créé un foyer permanent d'où n'ont cessé de jaillir les clartés
( * ) Le discours de M. Nypels» annoté par l'autevr, a dû être reporté, vu son étendue,
à la fin du présent compte-rendu.
— 14 -~
de la science. Elle a été une école de démocratie véritable, où tous,
assis sur les mêmes bancs, sans acceptation de classe, ni d'opinion,
ni de parti, nous avons appris, avec le respect de nous-mêmes, le
respect d'autrui, la tolérance réciproque, Tamour de tous nos sem-
blables, des heureux de ce monde comme des déshérités de la fortune,
où nous avons juré de ne rien négliger pour leur assurer à tous, à
Taide d'une instruction solide, l'instrument indispensable de leur
émancipation.
Ainsi le soleil inonde d'abord de ses feux: la ctme des montagnes ;
mais peu à peu ses rayons plongent jusqu'au fond des vallées et vont
y porter, avec de chaudes brises, la vie et la fécondité.
L'Université n'est-elle pas l'asile inviolable de la vérité ? N'est-ce
pas ici que l'on peut et que l'on doit cultiver la science pour la
science ? Que, sans souci d'attaques injustes, toujours attentif au
progrès des idées, l'on peut et l'on doit marcher en avant, et planter
chaque jour de nouveaux jalons sur la route du progrès ?
Lorsqu'en 1817, Guillaume P', ce prince à qui, en ce moment du
moins, on ne pouvait contester ni un esprit éclairé, ni une certaine
largeur de vues, résolut de créer àLiége une pépinière d'intelligences
d'élite, son but était de relever le pays de l'abaissement où l'avaient
plongé l'intolérance religieuse et la domination étrangère.
Quand plus tard, infidèle à son propre passé, il voulut à son tour
pratiquer l'absolutisme, il vit se tourner contre lui ces hommes qu'il
croyait avoir façonnés à sa guise, mais qui avaient reçu la trempe
énergique que donne toujours aux âmes le culte des hautes idées.
Glorieux rénovateurs de la nationalité belge, vous êtes au milieu de
nous.
C'est ici que vous avez conçu le dessein d'affranchir votre patrie.
Ces murs ont été les témoins de vos serments ; ici vous avez jeté
les bases de cette Constitution qui, se proclamant elle-même perfec-
tible, est pourtant un des plus beaux monuments que l'esprit libéral
ait élevé à la liberté.
Non, Liège n'oubliera jamais ces vaillants cœurs qui, fidèles aux
traditions du pays, ont établi sur le roc du self-gouvernement le
fondement inébranlable de notre nationalité.
Vous avez été, messieurs, les continuateurs de ces généreux
patriotes qui, à toutes les époques de notre histoire, n'ont cessé de
lutter pour la défense des prérogatives populaires.
Et permettez-moi de croire que l'esprit libéral qui a toujours animé
les Liégeois n'a pas été sans influence sur les résolutions que vous
avez prises à cette époque.
Dans cette cité qui, depuis des temps reculés, n'a cessé de fournir
des martyrs à la cause de la liberté, où, malgré l'absolutisme des
— 15 —
princes, le levain démocratique fermente toujours, vous avez puisé
cette énergie que donne le bon droit et qui devait vous assurer le
triomphe.
Votre œuvre, œuvre de justice et d'avenir, a porté ses fruits, et vous
pouvez vous dire que vos successeurs n'ont pas démérité de vous.
C'est par milliers que se comptent les hommes intelligents et
dévoués qui, après s'être formés à cette grande école, ont payé leur
dette au pays.
Que dis-je?
La réputation de l'Université et des écoles spéciales annexées s'est
étendue au delà de nos frontières. Sur les ailes de la reconnaissance,
son renom a pénétré dans le monde entier.
De tous les points du globe, les étrangers viennent se désaltérer à
cette source vive de rinielligence, et, lorsqu'ils retournent dans leur
pays, leurs souvenirs se reportent avec complaisance et amour vers
celte bonne cité de Liège, où ils ont trouvé, avec la science, une
hospitalité toujours empressée , une cordialité généreuse et un
patriotisme d'autant plus ferme qu'il plonge ses racines dans un sol
chaque jour mieux préparé.
C'est à l'Université, messieurs, que nous sommes redevables de
tous ces bienfaits. C'est elle qui a fait en quelque sorte de Liège un
centre vers lequel, à tout âge, on se sent attiré et dont on garde
précieusement le souvenir.
C'est grâce à vous, messieurs les professeurs, que se sont établies
ces relations cosmopolites qui ont influé et influeront chaque jour
davantage sur notre prospérité et sur nos destinées.
Nous vous connaissons tous, messieurs. Vous persévérerez dans
l'œuvre que vous avez entreprise.
Vous n'hésiterez pas à rester à Tavant-garde de la civilisation et à
favoriser la propagation des grandes idées modernes.
Vous lutterez sans fiel, mais avec énergie, contre les tentatives
insensées de cette réaction qui, trop souvent, n'invoque la liberté que
pour la maudire.
Loin de vous effrayer de ces aspirations généreuses et démo-
cratiques du pays, vous les encouragerez, vous vous en ferez les
apôtres dévoués ; en un mot, vous serez toujours à la tête du progrès,
et l'administration communale de Liège sera fière de vous accorder
ses sympathies, et le pays tout entier se souviendra de vos éloquentes
leçons.
Un des anciens élèves dont l'Université s*honore le plus, l'éminent
avocat, l'honneur du barreau liégeois, M. le sénateur Forgeur, l'un
— Io-
des auteurs de ia Constitution belge, Tait entendre à son tour sa
parole éloquente et respectée. L'auditoire est suspendu à ses lèvres et
reste sous le charme jusqu'au dernier moment ; puis de toutes parts
les battements de mains retentissent et se prolongent, et l'orateur
aimé reçoit une nouvelle ovation. Voici son discours :
Messieurs,
Il y a SO ans, à pareil jour , dans cette belle église des jésuites trop
hâtivement détruite, avait lieu une cérémonie imposante : l'inauguration
de cette Université, qui devait bientôt briller d'un si vif éclat.
C'était un événement heureux pour notre bonne ville de Liège et
qui devait exercer une influence considérable sur son avenir.
C'était un grand bienfait pour tous les déshérités de la fortune, qui
voyaient s'ouvrir devant eux des carrières qui paraissaient leur être
à toujours fermées.
C'est grâce à notre Université, messieurs, qu'il m'a été donné
d'aborder cette noble profession du barreau dans laquelle j'ai rencontré
tant de témoignages d'affectueuse sympathie. {Applaudissements).
En créant l'Université, le gouvernement des Pays-Bas répondait à
cette belle prescription de la loi fondamentale . « L'instruction publique
est un objet constant des soins du gouvernement (art. 226). »
Mais il ne suffisait pas de créer, il fallait peupler l'Université de
professeurs capables, et il dût bien le reconnaître, la tâche était
difficile.
Quinze années de domination étrangère venaient de peser sur la
Belgique, quinze années pendant lesquelles le plus pur de son sang
avait été répandu sur le champ de bataille ; quinze années pendant
lesquelles la pensée avait été étouffée et l'enseignement restreint aux
plus humbles proportions.
La Belgique possédait des praticiens capables; les hommes de
science faisaient généralement défaut.
Le gouvernement n'hésita pas ; il prit à la Belgique tout ce qu'elle
put lui donner. Il demanda à l'Allemagne une pléiade de savants, et,
dès les premiers jours, l'Université put montrer avec orgueil un corps
enseignant distingué.
Ma pensée, celle de mes anciens camarades d'Université, si rares,
hélas! aujourd'hui, se reporte avec bonheur sur ces figures aimées.
k côté d'Ërnst aîné, cet éminent juriste, ce redoutable antagoniste
de l'illustre professeur de Rennes; de Destriveaux, si spirituel
— 17 —
causeur et dont Féloquence dans les débats criminels était toute
puissante; de ces médecins renommés qui avaient nom Ansiaux,
Comhaire, Delvaux, Sauveur (Sauveur, notre premier recteur magni-
fique); de cet aimable Rouillé, dont les leçons sur la littérature avaient
tant d'attrait, je vois défiler devant moi le grave Denzinger, dont le
traité sur la logique restera un ouvrage de valeur ; le grand helléniste
Gall ; ce bon et candide Gaëde, le premier botaniste de l'époque ;
Fuss, le savant classique par excellence ; je vois surtout deux grandes
individualités : Warnkœnig , devenu, si jeune, professeur de droit
romain ; Warnkœnig, qui a promené son esprit inquiet dans tant
d'Universités, en laissant partout une trace lumineuse, et ce sympa-
thique Wagemann, économiste sans rival et dont la mort prématurée
nous avait tous frappés au cœur.
Tous ces hommes, messieurs, ne vivent plus que dans nos sou-
venirs.
Et la génération qui leur a succédé a été, elle aussi , moissonnée
presque tout entière.
Ainsi ont disparu Antoine Ernst , digne successeur de son illustre
aine ; et Lombard, Simon, Vottem, de Lavacherie, et Fohman, pour qui
l'anatomie n'avait pas de secrets et que son illustre successeur
fait à peine oublier ; et Baron et Lesbroussart, qui survivent dans
leurs ouvrages ; et Ackersdyck, digne successeur de Wagemann, et
le colonel Dandelin, et Adolphe Lesoinne, et Morren, signalé par
tant de publications savantes, et enfin le plus illustre de tous, Dumont,
dont le bronze nous a conservés les traits.
J'en passe et des plus distingués.
Il n'est guère que S^-Beuve, Téminent critique, l'inépuisable
causeur du lundi, ce courageux défenseur des droits de la pensée
dans le sein du Sénat français, qui soit resté debout !
Messieurs, l'honorable recteur magnifique vous parlait tantôt des
anciens étudiants de l'Université en termes trop flatteurs , et dont je
le remercie vivement en leur nom ; mais si ses éloges sont en partie
mérités, si nous valons quelque chose, si nous avons eu le bonheur
d'être utiles à notre chère Belgique et d'être distingués par elle dans
les différentes carrières que nous avons parcourues, c'est à nos
excellents maîtres que nous le devons; c'est à cette Université, notre
mère chérie, qu'en revient tout le mérite. A elle donc le tribut de
notre reconnaissance, de notre respect, de notre attachement !
L'Université, messieurs, a eu le rare bonheur de ne pas déchoir
un moment dans la longue période qu'elle vient de traverser. Ses
représentants actuels, dont la modestie souffrirait trop de mes éloges,
ont conservé intacts ses titres de noblesse.
Mais les temps changent, les situations se modifient, et notre
2
— 18 —
Révolution de 1830, en proclamant la liberté de renseignement, en a
nécessairement changé les conditions.
G*est à la faveur de cette liberté que nous avons vu surgir deux
Universités libres, déployant chacune un drapeau opposé.
La nôtre, messieurs, n*a rien à redouter de cette concurrence. Elle
ne peut être, elle n*a étéqu un stimulant de plus.
La liberté de renseignement ne pourrait être nuisible, pour ne pas
dire désastreuse, que si elle enchaînait la liberté du professeur, si
renseignement devait s'asservir aux nécessités de l'examen, si ce lit
de Procuste devait être le moule dans lequel le professeur serait tenu
de se renfermer! Il n'en sera rien, messieurs; on finira par com-
prendre que chaque Université devra marcher drapeau déployé, sans
recourir à des combinaisons qui amoindriraient, tout à la fois, et le
professeur et l'enseignement {Àpplatidissemetits).
Messieurs, l'avenir ne nous appartient pas, et dans ces temps
troublés il n'est guère donné de le prévoir. Mais, s'il est permis de
faire des vœux, le plus ardent de notre cœur à tous est que, dans 50
années d'ici, lorsque l'Université célébrera le 2* anniversaire de sa
fondation, elle soit le phare dont la lumière, de plus en plus brillante
et pure, attirera les regards de notre chère patrie! {Applaudissements
prolongés).
M. Forgeur avait parlé au nom des anciens étudiants. M. Reuleaux,
élève de la Faculté de droit, est à son tour appelé à la tribune, où il
va interpréter les sentiments de la génération nouvelle. II s'acquitte
de sa mission avec une parfaite convenance, et se fait, lui aussi,
sincèrement et vivement applaudir. Nous reproduisons ses paroles :
Messieurs ,
Nous assistons aujourd'hui à une de ces belles cérémonies où
toutes les personnes présentes, sans distinction d'opinions ni de
partis, s'unissent dans une même idée, sont animées d'un même
sentiment : professeurs, élèves, anciens étudiants, tous nous aimons
à reporter notre pensée vers cette époque où l'Université fut fondée
au sein de la ville de Liège, et nous célébrons avec un enthousiasme
égal cette fête de l'intelligence.
Mais si tous, en nous réunissant ici, nous avons voulu témoigner
— 19 -
de notre attachement à l'Université, les motifs qui ont fait naître en
nous ce sentiment ne pouvaient être les mêmes.
Les hommes vénérables qui sont à la tête de notre enseignement
supérieur contemplent avec un orgueil et une joie bien légitimes le
solide édifice de science et de raison qu*ils ont élevé par leurs tra-
vaux et leurs talents : ils ont la satisfaction de voir en ce moment les
anciens élèves de TUniversité, qui forment actuellement parmi les
citoyens belges une phalange d*élite, accorder, par leur participation
à cette solennité, un éclatant hommage aux services rendus par le
corps professoral.
Les étudiants, au nom desquels j*ai Thonneur de porter la parole,
s'associent de tout cœur ii cette fête, parce que, faisant partie inté-
grante de rUniversité , profitant immédiatement des bienfaits de
renseignement supérieur, persuadés qu'en se procurant ces jouis-
sances intellectuelles et morales ils contractent, envers TEtat, l'obli-
gation de mettre à son service tout leur savoir, toutes leurs lumières,
ils sont par là même le plus directement frappés de l'importance des
études universitaires.
Ils aiment cette noble institution que nous fêtons aujourd'hui,
parce qu'ils comprennent ce qu'il y a de grand dans la mission qu'elle
s'est imposée : la recherche sincère du vrai, du bien et du beau. Oui,
je suis heureux de pouvoir le proclamer hautement, l'amour de la
science enflamme toujours l'esprit et le cœur de la jeunesse ; ce n'est
pas un culte égoïste qu'elle lui voue ; elle ne l'aime pas uniquement
pour elle-même, mais à cause des grands résultats qu'elle produit ;
car tout progrès réalisé par un peuple correspond toujours, sur le
terrain des idées, à la découverte de quelque vérité.
Ce qui fait donc, messieurs, la gloire et la grandeur de l'Université,
c'est le but élevé qu'elle poursuit ; ce qui contribue à sa prospérité
croissante, c'est qu'elle répond à un besoin social impérieux. Un des
phénomènes de notre époque, c'est l'expansion d'idées neuves et
hardies ; celte tendance grandit toujours, secondée par la presse et
les relations sociales.
C'est un fait dont on doit se réjouir ; il résulte de la liberté des
opinions, et, pour employer un vieil adage, c'est de la discussion que
jaillit la lumière ; mais au milieu de cette tempête des idées, ob le
vrai et le faux à chaque instant se heurtent, se mêlent, se confondent,
il faut qu'il s'élève des phares dont la clarté puisse guider les esprits
incertains et timides ; c'est à l'Université qu'il appartient de remplir
ce rôle de pouvoir régulateur ; car aucune idée ne doit pénétrer
chez elle qu'après avoir passé au contrôle de la science et de la
philosophie.
Il est encore un service éminent que l'Université est appelée à
— 20 -
rendre à FÉtat : celui d*aicler au développement sage et éclairé des
institutions belges. Notre pays, parce qu'il est libre, comprend que
ses institutions ne peuvent être toutes parraites ; différant en cela
des gouvernements absolus, qui par leur nature sont voués à
l'immobilisme, il veut toujours marcher en avant. Il faut donc à la
tête de l'Etat des hommes capables d'opérer des réformes et de guider
la Belgique dans la voie du progrès. C*est là une tâche difficile, que
peuvent seuls remplir les hommes qui joignentà un talent exceptionnel
un profond amour de la patrie.
Et qui peut à plus juste titre que notre Université revendiquer la
gloire de former de tels hommes?
Qui est plus digne d'accomplir une telle mission? Les mots inscrits
sur le drapeau universitaire ne sont-ils pas science et progrès?
Et le législateur, en prenant notre établissement supérieur sous sa
protection, n'a-t-il pas eu surtout en vue de développer par un ensei-
gnement libéral notre attachement aux institutions de la Belgique? Si
tel est le but poursuivi, je puis le dire au nom des étudiants de Liège,
le but est atteint : la jeunesse universitaire, instruite de ses devoirs,
attend impatiemment que le moment soit venu pour elle de s'élancer
vers l'idéal que lui montre son amour de la liberté.
La séance fut alors levée. Elle avait duré deux heures et personne
ne l'avait trouvée trop longue, tant cette solennité répondait à un
sentiment vrai, profond, universellement partagé. On peut juger des
dispositions des assistants d'après les regrets exprimés à M. le Recteur
par un grand nombre d'anciens élèves absents bien malgré eux, le jour
de la fête. Acôté de ceux-ci nous citeronsle derniersurvivantdes profes-
seurs démissionnes en 1830, M. Van Rees, qui n'a pu s'exposer, à cause
de son âge, à entreprendre le trajet d'Utrecht à Liège (i). Sa lettre, ainsi
que celles de MM. Jules Ansiaux,Barbanson, de Bavay (ancien ministre),
Bidaut, Braconnier, Delcour,P.Devaux, de Villers de Pité, Descamps,
F. Dewalque, Dohet, Ch. Faider, Foury, Gérard (auditeur militaire à
Bruxelles), Gœthals,J. Guillery, Hanquet, Jottrand («), Ch. Lesoinne,
le comte de Looz, le baron Misson, Mouton, Nothomb (ministre de
Belgique à Berlin), E. Rolin, Sainctelette, Tesch, Thiéry, Tielemans,
( t ) s. M. le roi des Belges a eu rallention délicale de conférer à M. Van Rees la croix de
chevalier de Tordre de Ldopold, à l'occasion de la fôte jubilaire de TUniversitë de Liège.
(â) M. JoUrand a pu arriver le soir et assisler au banquet.
21
Thonissen, celles des ministres partis pour Gand, enfin les lettres
d'acceptation arrivées de toutes parts en réponse à l'invitation
rectorale, resteront dans les archives de l'Université comme de pré-
cieux témoignages des bons souvenirs qu'elle a laissés à ceux qui l'ont
fréquentée, et aussi de Tintérét que les hommes les plus considérables
du pays continuent de porter à sa prospérité. Rien qu'à ce titre, le
3 novembre 1867 est une date glorieuse dans son histoire ; il a été
reconnu ce jour-là qu'on croyait en elle, et qu'elle pouvait hardiment
avoir confiance en elle-même.
II BANQUET (1).
A cinq heures, les autorités et les anciens étudiants de l'Université
de Liège qui avaient assisté à la cérémonie de la Salle Académique
se retrouvaient dans les magnifiques salons de l'Hôtel-de-Ville, ornés
de draperies, d'arbustes et de fleurs, étincelants de lumières. La
cloison qui sépare la salle du Collège de celle des mariages avait été
enlevée; l'ensemble présentait un splendide coup-d'œil.
A cinq heures et demie, les convives se mirent joyeusement à
table.
M. de Guyper, recteur, occupait le centre de la table d'honneur.
A sa droite étaient placés MM. Dolez, président de la Chambre,
Frère-Orban, Forgeur,le Général commandant la division territoriale,
le Gouverneur de la province , le Général commandant la division
d'infanterie, l'Évéque de Liège et M. Spring, pro-recteur.
A sa gauche, MM. Rogier, de Tornaco, de Brouckère, Beltjens, le
Gouverneur militaire de la province, le Bourgmestre de Liège,
M. MûlleretrAdministrateur-inspecteurde l'Université.
Venaient ensuite , aux trois marteaux placés dans la salle du
Collège : d'un côté, au marteau de droite : MM. Bottin, Dehasse,
(O A part quelques changemeaU de détails et quelques additions, nous reproduisons le
compte rendu très-fidèle qui a paru dans le Journal de Liège, (no du 4 novembre 4867).
— Î2 —
Elias, Gernaert, Hanssens, de Koninck, Fallize, Bayet, Thiry et
Arntz; de Tautre, MM. Lamaye, Dereux, Pety, Putzeys, Prinz,
Schwann et le colonel de Libert ; au marteau du centre : d'un côté,
MM, Moreau, vice-président; Borgnet, Malou, Orts, Trasensteret
Vervoort ; de l'autre, MM. de Rasse, Van Schoor, Nypels, Vander-
maesen, Dolez, sénateur ; de Savoye, Sacqueleu et Aug. Visschers ;
au marteau de gauche : d'un côté, MM. Lonbienne, Dupont, profes-
3eur, Emile Dupont, Laloux, Jaminé, Dewildt, Strens, Roeler et
Gloesener ; de l'autre, MM. F. de Rossius, Lion, de Bavay, Warnant,
Merchie, inspecteur-général, Pyro, lauréat du concours universitaire
et Reuleaux, étudiant.
MM. Lesoinne, Vilain XIIII, Mouton, Braconnier, Preudhomme,
représentants; de Looz, sénateur ; Grandgagnage , président de la
Cour; Piercot, ancien bourgmestre; de Rossius-Orban , Thiéry,
directeur-général de l'instruction publique, et Gérard,auditeur-général,
avaient été empêchés de se rendre au banquet.
On remarquait, en outre, aux quatre grandes tables placées dans la
salle des mariages, dont la cloison avait été enlevée : MM. Jottrand,
ancien membre du Congrès; Mersman, Allard, et plusieurs autres
avocats de Bruxelles ; plusieurs conseillers de la Cour d'appel de
Liège; plusieurs membres du parquet de la Cour et du tribunal;
M. Keppenne, président du tribunal, et plusieurs juges et avocats de
Liège ; M, Capitaine, ancien président de Chambre de commerce,
plusieurs directeurs et ingénieurs de nos grands établissements
industriels, et des notabilités appartenant à toutes les professions
libérales.
Quarante professeurs étaient présents (i ).
(*) Savoir : H. le recteor Ch. de Cutper et M. Is. Kupfferscblaeger, secrétaire du
Conseil académique ; de la faculté de philosophie, MM. Bobgmet, Burggraff, Loomàrs,
TROisFOMTÀiifES, Stecher, Le Roy et Delboeuf ; de la faculté de droit , MM. Dupont,
Mypels, Tbjry, de Savoye, F. Macors, de Laveleye, Namur et Maynz ; de la faculté des
sciences, MM. Gloesener, Lacordaire, Brasseur, Cbandelon, de Konikck, Trasenster,
Catalan, Dewalque, £o. Morren, Gillon, Schmit, Fossion et Pérard ; de la faculté de
médecine, MM. Spring, Ansuux, Sauveur, Schwann, Vaust, Péters-Vadst , Borlée,
Heuse, Wasseige et Masius.
Les invités présents étaient : MM. les ministres Rogier et Frère ; MM. Forgëur ,
Beltjbns , le général Lecocq . le Gouvemcar civil do la province , le général Jakbers ,
— 23 —
L*entrain le plus cordial n'a cessé de régner pendant toute la fête.
Les anciens condisciples, heureux de se revoir, retrouvaient la gatté
et l'animation de leurs jeunes années.
Les toasts portés au dessert méritent d*être conservés. Le premier
de tous, au Roi ! a été chaleureusement accueilli, et d'autant plus que
l'Évèqae de Liège, le colonel Bottin (de la garde civique), le général PoswiCK, le
Bourgmestre de U ville, rAdministrateur-inspecteur de rUniversité, les sénateurs Dehassb
et LoNHisiiifE, les représentants Muller, Em. Ddpomt, Elias el F. de ROssius ; Gernaert
(inspecteur-général des mines), Prirz (directeur de l'Ecole normale des humanités),
Laloox (greffier provincial), Fallize (secrétaire communal), Pyro et Reuleaux (étu-
diants); enfin MM. Gilson, capitaine, et Dresse, lieutenant de place.
Souscripteurs qui ont assisté au banquet.
MM. Allard, g., avocat à Bruxelles. Détienne, Servais, médecin de régiment
Ansiaux, 0., Dr-méd., conseiller oom- (3* chasseurs à pied),
munal à Liège. De Tornaco (baron), vice-président du
Ansudx-Rutten, banquier à Liège et Sénat, à Vervoz.
ancien bourgmestre.
Arntz, professeur à l'Université de
Bruxelles.
AuBERT, notaire à Ciney.
AuDENT, avocat à Charleroi.
Batet, conseiller à la Cour de cassation.
Beltjens, procureur du roi à Hasselt.
BiAB, notaire à Liège.
BouGARD, avocat-général à la Cour d'ap-
pel de Liège.
BofiY, AuG., avocat à Liège.
Capitaine père, ancien président de la
chambre de commerce, ibid.
Capitaine, Ulysse, administrateur de la
Banque nationale, ib,
CoxHAiRE, avocat, ib,
D'Andrimont, LtoN, ingénieur et admi-
nistrateur de la Banque nationale, ib.
De BAVAY,procureur-général à Bruxelles.
De Brouckère, Henri, ministre d'Etat.
Dejaer, Ant., procureur du roi à Yer-
viers.
Delbouille, Louis, notaire à Liège.
De Lhonneux, Hyacinthe, banquier k
Huy.
De LiBERT, colonel, k Mons.
Del Marmol (Baron Gh.), avocat à Liège.
De Molinari, avocat à*Bruxelles.
De Basse, sénateur et bourgmestre de
Tournai.
Dercdx, père, avocat à Liège.
Desoer, Emmanuel, id.
De Wandre, avocat à Liège.
Dewildt, id. et ancien bourgmestre.
De Zantis de Frymersom, ancien ma-
gistrat, à Liège.
DOGNÉE aîné, avocat, ibid,
Dohet, avocate Namur.
Dolez , président de la Chambre des
représentants, à Bruxelles.
DoLEZ, sénateur et bourgmestre de Mons.
DoNCKiER, précepteur des postes à Liège.
Dubois, Ernest, substitut du procureur
du roi, k Liège.
DuGUET, G., ingénieur, à Liège.
DuLAiT, id., à Charleroi.
Dumoulin, D^en médecine, à Maestricht.
Dupont, secrétaire des travaux publics.
Falloise, juge k Liège.
Fassin, professeur émèrite de l'Athénée
cl conseiller communal à Liège.
Fayn, i,, ingénieur, directeur des éta-
blissements du Rocheux, à Theux.
Flechet, J.-F., notaire à Verviers.
Frankinet, professeur émèrite de l'Uni-
versité de Liège.
Franquoy, J., ingénieur, au Bleyberg.
Frédérix, Alph., ingénieur à Liège.
Fréson, g., id.
Fuss, Th., conseiller à la Cour d'appel, ib,
Gaede, h., Dr en médecine, ib.
Gillieaux, D' en médec. et bourgmestre
d'Angleur.
Gobbrt, avocat k Liège.
— 24 —
M. de Gayper a traduit en excellents termes les sentiments des
»
assistants. M. le recteur s*est exprimé comme suit :
ce Messieurs,
» Dans cette fête jubilaire, qui réunit autour de TUniversité de
Liège rélite de ses anciens élèves, le premier toast appartient au
Chef de l'Etat ; mais en acclamant la santé du Roi nous obéirons
moins à un sentiment de haute convenance qu'à notre dévoûment
au pays, et, dans les vœux sincères que nous formons, nous ne
séparerons pas les destinées du Trône de celles de la Belgique.
MM. GoDDYN, Em., substitut du procureur du
roi, à Bruges.
Grandgagnage, Cb., avocat il Liège.
Grahdjeam, h., sous-bibliothécaire de
rUniversité.
Hamal, avocat à Liège.
Hamssbks, avocat et èchevin de la ville
de Liège.
Hennau, prof^ èmèrite de l'Université.
Hubert, avoué à Liège.
Jacqdé, avocat à Bruges.
Jahiné, avocat à Tongres elanc. membre
du Congrès national.
JoTTRAND, id. à Bruxelles, anc. membre
du Congrès.
Keppenne, président du tribunal de i^e
instance de Liège.
Klewermann, Dr en médecine, à Liège.
KoELER, conseiller des mines, au châ-
teau de Froidcour.
KuBORif, H., Dr en médecine, à Seraing.
Lahaye, g., avocat à Bruxelles.
Lahaye , avocat et vice-président du
Conseil provincial à Liège.
Lequarré, prof., à l'Athénée royal, ibid.
LiBERT, W., ingénieur, ib.
Lion, L., èchevin de la ville de Liège.
Malou, Jules, sénateur, à Bruxelles.
Marcotty, h., avocat- général à la Cour
d'appel de Liège.
Hassbt, L., bourgmestre de Herstal.
Merchie, insp.-général du service de
santé, à Bruxelles.
Mersman, avocat à Bruxelles.
MM. MoREAU , vice -président de la Chambre
des représentants, ibid,
Nagelmackers, Charles, à Liège.
Neuville, avocat et ancien bourgmestre
de Liège.
NicoLAî, bourgmestre d'Âubel.
Orts, membre de la Chambre des repré-
sentants, à Bruxelles.
Paquot, directeur-gérant des établisse-
ments du Blflyberg.
Pety DE Thozée, président de chambre
à la Cour d'appel de Liège.
Picard, 4d., conseiller à la même Cour.
PuTZEYS, èchevin de la ville de Liège.
Sacoueleu, sénateur, à Tournai.
Sagehomme. commissaire d'arrondisse-
ment à Verviers.
Strens, procureur-général à Maestricht.
Van Aubel, D' en médecine, à Liège.
Vander Maesen, membre de la Chambre
des représentants, à Verviers.
Van Scherpenzeel - Tbim , ingénieur,
directeur d'établissements métallur-
giques, à Hulheim-sur-la-Ruhr.
Van Schoor, sénateur, à Bruxelles.
Verducbêne, avocat à Maestricht.
Vervoort , avocat , ancien président
de la Chambre des représentants,
à Bruxelles.
VisscHERS, A., conseiller des mines,i6id.
Warnant, Julien, avocat et èchevin de
la ville de Liège.
Wasseige père, D' en médecine et
conseiller provincial, à Liège.
» Au Roi dont la sagesse , continuant les exemples laissés par son
auguste Père, comprend que le premier devoir du gouvernement est
de développer les facultés morales de la nation, de former et
d'enrichir ses facultés intellectuelles !
» Au Roi, juste appréciateur des bienfaits de l'instruction et dont
la bienveillante protection ne fera jamais défaut à la mission qui
nous est confiée !
» Nous répondrons à la sollicitude royale pour des intérêts qui se
rattachent si intimement à la gloire et à la prospérité du pays, en
continuant à inspirer à la jeunesse, avec l'ardeur pour l'étude,
l'amour de la patrie, le respect de la loi; à lui apprendre, par
l'exemple comme par la parole, qu'il n'est pas de drapeau qu'elle
puisse placer au-dessus du drapeau national ; c'est en nous serrant
autour de ce drapeau, qui depuis 37 ans abrite nos libertés, que
nous affirmerons nos droits et nos devoirs par le cri de vive le Roi !
» A ce cri, l'écho de vos cœurs a déjà répondu par ceux de vive la
Reine ! vive la Famille royale !
)> A notre jeune Reine, dont la Belgique entière admire et bénit le
noble dévouement ! à la digne héritière des vertus de Louise-Marie,
et qui saura, comme Elle, former les cœurs qu'elle a donnés à ses
enfants, par les généreuses inspirations qu'elle puisera dans le sien!
» Au Roi, à la Reine, à la Famille royale ! »
Les applaudissements éclatent et les cris patriotiques qu'on vient
d'entendre sont répétés avec énergie par tous les convives.
M. Spring, pro-recteur, s'adresse ensuite aux invités et aux anciens
étudiants et se fait interrompre, presque à chaque phrase, par des
explosions d'enthousiasme.
ce A NOS INVITÉS !
» Aux anciens étudiants, dont la présence honore l'Université !
» Messieurs,
» On vous a exposé ce matin les titres qui justifient cette solennité
semi-séculaire.
» Parmi ces titres, il en est deux surtout sur lesquels j'ai mission
d'insister :
» C'est, d'abord, l'estime dont l'Université, depuis sa fondation ,
n'a cessé de jouir auprès de tous les dépositaires de l'autorité
— 26 —
publique; c*e8t, ensuite, raffection que lui ont conservée ses
anciens élèves.
» Aussi avons-nous tenu à réunir autour de ces tables, et les amis
de la maison et les aînés de la famille.
» Vous avez bien voulu, messieurs, vous rendre à notre invitation :
» Vous qui siégez à présent dans les conseils de la nation , de la
couronne ;
yi Vous, messieurs, qui brillez au premier rang des carrières
libérales ;
» Vous , les guides du monde des affaires ;
» Vous, l'ornement des hautes conditions sociales :
» Présidents et membres des Chambres législatives ,
)> Ministres du Roi^
D Anciens membres du Congrès national,
» Chefs des administrations civiles, militaires et religieuses ,
» Magistrats, avocats, médecins,
» Écrivains et savants,
» Ingénieurs et professeurs,
» Toutes les illustrations dont nous sommes fiers !
» Tout en rehaussant l'éclat de cet anniversaire, vous lui avez
communiqué le caractère qui lui convenait le plus : celui d*une fête
de famille où, tout en se glorifiant d'une longue carrière parcourue,
on aime à se retremper dans les souvenirs de la jeunesse , et d'où il
semble à plusieurs d'entre, nous qu'une nouvelle foi, une nouvelle
espérance, un nouveau courage doivent renaître.
» Vous êtes revenus au foyer qui a nourri vos jeunes intelligences.
» Vous avez salué de nouveau ces lieux qui furent jadis les
témoins de vos premiers succès.
» Hélas ! en revoyant ces lieux, la plupart d'entre vous n'ont plus
rencontré les maîtres d'autrefois. Leur piété a dû en souff'rir !
Cependant, messieurs, serions-nous assez heureux, nous qui avons
eu l'insigne honneur de leur succéder, pour recevoir votre approbation,
pour lire dans vos regards que l'honneur de l'institution a été maintenu?
» Car la réputation de l'Université , réputation de science , de
sagesse et de patriotisme, vous appartient autant qu'à nous-mêmes.
En la transmettant intacte aux générations futures, nous remplissons
un devoir envers les générations passées. Le souvenir de cette journée
nous le redira constamment.'
» Merci, messieurs, au nom de l'Université que vous aimez et
dont vous êtes l'orgueil ! — Merci d'être venu répandre autour de
cette fête un sentiment inexprimable de douceur et d'élévation !
» Je bais à nos invités !
» Je bois aux enfants de l'Université de Liège ! »
— «7 —
C'est Phonorabie M. Doiez, président de la Chambre des représen-
tants, qui a répondu au toast de M. Spring. II Ta fait avec éloquence,
d*uDe voix vibrante et sympathique, qui a produit une grande
impression sur les convives. M. Dolez parlant d'abondance , nous
ne pourrons malheureusement donner qu'un résumé bien incolore
de sa touchante improvisation.
M. le président de la Chambre s'est à peu près exprimé en ces
termes :
« Messieurs ,
» Cest un ancien enfant de la famille qui a le bonheur de parler
aujourd'hui devant vous ; c'est à l'un des enfants les plus dévoués
et les plus reconnaissants de l'Université de Liège qu'incombe
aujourd'hui l'agréable mission de répondre, au nom des anciens
étudiants, aux éloquentes paroles que vient de prononcer votre
éminent pro-recteur.
» Permettez-moi de rappeler ici un souvenir qui m'est personnel.
Pour moi, le retour aux moments heureux de la jeunesse est
aujourd'hui complet. Il y a trente-huit ans, j'avais, jeune étudiant,
l'honneur d'être l'organe de mes compagnons d'étude : aujourd'hui,
du poste éminent où vient de m'appeler la confiance de mes collègues
de la Chambre, j'ai encore le bonheur de porter la parole au milieu
de vous , au nom des anciens étudiants de l'Université de Liège.
» Ma chère Université, je vous ai toujours aimée, parce que
c'est h vous que je dois d'avoir mérité peut-être la confiance
dont le pays m'a plusieurs fois honoré ; je vous aime plus encore,
parce que c'est à vous que je dois le bonheur de prendre part à cette
fête émouvante. {Applaudissements,)
» Merci à l'Université de Liège d'avoir pensé à nous convoquer à
cette fête de famille ! {Acclamations prolongées.)
» La jeunesse est rentrée ce matin dans mon cœur ; en revoyant
cette belle Salle Académique, je retrouvais les émotions d'un cœur
de 18 ans.
» L'Université de Liège a fait immensément pour la liberté de
notre patrie. Qui a paru au premier rang en 1830, lorsqu'il a fallu
l'établir sur des bases solides? Ce sont vos enfants, MM. de l'Uni-
versité. Gloire et reconnaissance aux professeurs qui avaient préparé
de tels hommes à une pareille tâche ! Gloire aux professeurs qui ont
su appil^endre à cette jeunesse d'élite que le premier des biens est
— 28 —
rindépendance de la patrie, et le plus grand honneur, celui de la bien
servir. (Tonnerre (T applaudissements.)
ï) Avec un pareil corps professoral, le pays est sûr de son avenir,
et nous pouvons avoir foi dans la perpétuité de TUniversité de Liège.
» J'aurais voulu terminer par un toast à l'Université, mais je ne
veux pas empiéter sur la tâche dévolue à l'honorable M. de Brouckère;
il me sera du moins permis de porter un toast que m'inspire la recon-
naissance : je bois, et du fond de mon cœur, à la mémoire des
professeurs de l'Université qui ne sont plus ! »
Les applaudissements les plus chaleureux couvrirent ces dernières
paroles, que l'honorable président de la Chambre prononça d'une voix
profondément émue.
Le toast à l'Université fut porté par M. Henri de Brouckère,
ministre d'Etat, en termes fort heureux et souvent couverts par les
marques d'assentiment de l'assemblée. Voici ses paroles, autant qu'il
a été possible de les recueillir :
» Enfant de l'Université de Liège, je suis l'un de ceux que
l'honorable M. Spring a appelés les amis de la maison ; je suis l'un de
ceux qu'il a signalés comme lui ayant conservé dans leur cœur une
vive et profonde affection. Oui, je porte à l'Université de Liège trop
d'aifection et trop de reconnaissance, j'ai gardé un trop agréable
souvenir de mes années universitaires , période d'un bonheur sans
mélange, pour avoir pu hésiter un seul moment à me rendre à cette
fête jubilaire.
» Mais j'aurais voulu y pouvoir assister silencieusement et modes-
tement, car à personne ici plus qu'à moi il ne convient d'être
silencieux et modeste dans une semblable réunion.
» La Commission organisatrice de la fête et M. le recteur en ont
décidé autrement. Simple étudiant aujourd'hui , comme je l'étais il y
a un demi-siècle à pareil jour, quand Monsieur le recteur a ordonné,
il ne me reste qu'à obéir.
» Aussi bien je n'éprouve aucun embarras à remplir la tâche qui
m'a été confiée, tant elle répond à mes sentiments les plus intimes,
tant je suis certain que vous accueillerez avec faveur, que vous
acclamerez de tout cœur le toast dont on m'a fait l'honneur de me
charger :
» A l'Université de Liège !
» A l'Université de Liège, dont le corps professoral, par une si
appréciable bonne fortune, a depuis 50 ans été constamment composé
— 29 —
d*homnies aussi éminenls par leur savoir que distingués par leur
déYOuement et par toutes les qualités qui honorent le Tonctionnaire
et le citoyen !
» A l'Université de Liège, dont l'enseignement toujours progressif,
toujours à la hauteur de la science et sans en négliger la moindre
découverte, a toujours aussi été empreint d'une telle sagesse, qu'il
inspire la plus légitime confiance à tous les pères de famille !
» A l'Université de Liège, du sein de laquelle sont sortis tant
d'hommes d'un mérite supérieur, qui se sont illustrés dans toutes les
carrières, et qui a exercé une immense influence sur les destinées
de la Belgique!
» A l'Université de Liège, dont nous, anciens étudiants, nous nous
glorifions d'être les enfants, où nous avons puisé les principes de la
science que nous pratiquons, à qui nous devons, pour la plupart, ce
que nous sommes et les succès que nous pouvons avoir obtenus!
» A l'Université de Liège, enfin, qui dès son début, brillant entre
toutes les Universités du royaume des Pays-Bas, n'a fait depuis lors
que prospérer, grandir et progresser, et qui, dans les mains auxquelles
elle est confiée aujourd'hui, continuera infailliblement à prospérer, à
grandir et à progresser !
» Mais, tandis que nous nous livrons ensemble aux plus douces
émotions, un impérieux devoir me prescrit, messieurs, de vous en
détourner, de vous en distraire un instant pour réveiller en vous une
triste pensée qui ne trouble et n'altère que trop le bonheur que nous
goûtons de nous voir réunis.
» Pourrions-nous, en efffet, messieurs, ne pas éprouver un doulou-
reux serrement de cœur, en ne retrouvant à cette fête jubilaire et
fraternelle aucun de nos chers et vénérés professeurs de 1817, aucun
de ces glorieux maîtres qui ont imprimé à l'Université la marche
qu'elle a si noblement suivie depuis lors sans s'en écarter ? Qu'il me
soit au moins permis de rappeler encore une fois leurs noms, et de
les signaler de nouveau à la gratitude de tous. C'étaient, dans la
faculté de médecine, MM. Sauveur, ))remier recteur de l'Université ;
Ânsiaux, Comhaire ;
» Dans la faculté de droit, MM. Ernst atné, Destriveaux et
Warnkœnig;
» Dans la faculté de philosophie, MM. Rouillé, Fuss, Denzinger
et Gall;
» Dans la faculté des sciences, MM. Delvaux,Vanderheyden et Gaëde.
» Tous, messieurs, ils ont payé le dernier tribut à la nature;
honneur à ces hommes éminents, si dignes de nos respects et de nos
regrets ! leur mémoire est gravée dans nos cœurs ; et si j'avais le
droit d'exprimer ici un vœu, je voudrais qu'une inscription, rappelant
-sc-
ieurs noms, fût placée dans la Salle Académique et conservât à
jamais leur souvenir.
» Un mot encore , un dernier mot de reconnaissance. Il s'adresse
aux spirituels et généreux habitants de cette noble ville de Liégp,
qui accueillent les étudiants avec une si sympathique courtoisie,
avec un si cordial empressement. II n*en est pas un parmi nous, j'ose
l'affirmer, qui n'ait conservé un doux et précieux souvenir de ses
relations sociales pendant son séjour à l'Université.
» Et maintenant une dernière fois, messieurs, et du fond de mon
cœur, à l'Université de Liège, à sa prospérité, à ses succès, à son
glorieux avenir ! »
La mission de remercier M. de Brouckère revenait naturellement à
M. Dupont, professeur émérite et doyen de l'Université. Voici sa
réponse :
» Messieurs ,
» L'honorable M. de Brouckère, avec l'autorité que lui donne son
caractère et sa position, vous a retracé, en termes éloquents et
convaincus, l'importance de l'institution et les services qu'elle a
rendus.
» Permettez-moi, messieurs, en ma qualité de doyen de l'Université,
de le remercier au nom de mes collègues et de dire :
» Que c'est avec bonheur et avec respect que nous avons recueilli
de la bouche d'un de nos anciens lauréats l'hommage qu'il a rendu à
la mémoire de nos prédécesseurs, ces professeurs éminents qui
fondèrent la réputation de notre établissement et dont le souvenir
restera ineffaçable parmi nous.
» Permettez aussi que nous le remerciions d'avoir apprécié, dans
des termes si bienveillants et si honorables pour nous, les efforts
que nous avons faits pour maintenir jusqu'à ce jour cette réputation
si légitimement acquise.
» Le témoignage d'estime et d'intérêt que M. de Brouckère donne
à tout le corps enseignant en cette séance solennelle est d'autant plus
précieux que vous vous y êtes associés, messieurs, par vos applau-
dissements unanimes et chaleureux; que vous avez ainsi affirmé
devant le pays tout entier que l'Université, pendant le demi-siècle qui
s'est écoulé, a dignement rempli la mission qui lui est confiée.
» Messieurs , nous sommes reconnaissants et fiers de cette mani-
festation, qui émane de tant d'hommes distingués sortis de nos rangs ;
— 31 -
qui, dans toutes les carrières , dans Tindustrie, au barreau, dans la
magistrature , dans les assemblées délibérantes , partout où les
appellent le suffrage de leurs concitoyens ou la confiance de la
Couronne, occupent les positions les plus élevées. Et, en effet, si,
sous un Monarque illustre el vénéré, la Belgique a conquis son
indépendance; si, à une époque où une sorte de vertige s*était
emparé de toutes les nations, elle a été préservée des dangers qui la
menaçaient ; si son nom est respecté à rétranger; si enfin elle vit
prospère, libre et heureuse, pour connaître les hommes d'élite à qui
elle doit tout cela.nous n'avons pas besoin de sortir de cette enceinte.
» En présence d*un passé si glorieux, en présence d*une situation
si brillante aujourd'hui encore, l'Université envisage l'avenir avec
assurance : confiante en elle-même, fidèle aux sages traditions de
nos anciens maîtres, elle continuera à enseigner la science pour la
science, et elle s'appliquera comme toujours à développer dans le
cœur de la jeunesse les sentiments nobles et généreux, et à lui
inspirer l'amour de son Roi, de son pays et de ses libres institutions.
— Sur ce terrain, tous les Belges doivent être unis en ne formant
qu'une seule famille. » {Applaudissements.)
Le toast à la ville de Liège fut ensuite porté par M. le professeur
Borgnet, et M. le bourgmestre y répondit au nom de l'administration
communale.
M. Borgnet s'est exprimé comme suit :
« Mes collègues m'ont fait l'honneur de me choisir pour porter un
toast auquel, je ne puie en douter, vous ferez bon accueil :
» A l'administration communale de Liège, qui nous a prêté, à
l'occasion de cette solennité universitaire, un concours si bienveillant
et j'ajouterai si spontané, ce qui nous le rend doublement précieux!
» Il faut aussi le reconnaître, les précédents nous autorisaient
à y compter. Quels que soient les * hommes que les vicissitudes
électorales aient appelé h ce poste honorable, on les a toujours vus
montrer le plus louable empressement chaque fois qu'il s'est agi des
intérêts de l'Université. Représentants d'une population généreuse ,
qui n'a jamais failli à la cause de la liberté ni au développement de
l'instruction, son principal auxiliaire, ils n'ont cessé d'apprécier les
avantages d'un établissement dont l'existence est intimement liée h
la propagation des idées vraiment libérales.
» A l'administration communale de Liège ! »
• — 32 —
M. d'Andrîmont , bourgmestre, a répondu:
« Au nom de la ville de Liège, je remercie Térudit historien, le
savant proresseur qui vient de s'asseoir, pour les paroles pleines de
bienveillance qu'il a bien voulu nous adresser.
» L'Université de Liège peut et doit compter sur le concours
sympathique de l'administration communale.
» C'est un honneur pour la Cité de posséder un étincelant foyer
de science et d'intelligence.
)> Toutes les Facultés ont droit à notre reconnaissance ; toutes
elles ont contribué à la prospérité de notre chère ville de Liège ;
toutes elles ont ajouté quelques fleurons à son ancienne gloire.
» Nos médecins, nos chirurgiens ont acquis jusque dans les pays
étrangers, comme savants, comme praticiens, comme professeurs,
une haute réputation, et ils ont su la justifier par leurs nombreux
travaux scientifiques.
» Le barreau s'enorgueillit de compter dans son sein des orateurs,
des jurisconsultes de premier ordre.
» Dans les hautes sphères de la politique, nous possédons des
noms qui désormais appartiennent à l'histoire, et qui toujours feront
l'honneur de la Belgique !
» La philosophie, les sciences, elles aussi, ont apporté leur
contingent d'hommes remarquables, érudits, consciencieux, qui,
sans souci de la tâche ardue à laquelle ils s'étaient voués, n'ont pas
craint de soulever les plus grandes questions de l'humanité, d'aborder
les plus vastes problèmes de la nature. Ils ont éclairé ce qui était
obscur ; ils ont, en un mot, vulgarisé la science.
» L'Ecole des mines, cette sœur puînée des quatre Facultés, vient
à peine de naitre : elle n'a que peu d'années d'existence ; elle n'a
pas, comme ses quatre atnées, le droit de fêter la cinquantaine, et
cependant elle a su conquérir une renommée universelle.
» La brillante pléiade d'ingénieurs qu'elle a formés par un en-
seignement solide, profond et varié, s'est dispersée dans l'un et
dans l'autre hémisphère, et, par ses travaux, elle a fait connaître,
apprécier, honorer notre Belgique.
» Et si notre pays figure maintenant au premier rang des nations
industrielles, s'il est riche et prospère, le mérite et l'honneur
en reviennent pour une large part à l'Ecole des mines.
» Cette brillante phalange d'hommes remarquables : avocats ,
orateurs, politiques, philosophes, géologues, botanistes, ingénieurs,
qui, après s'être frayé un chemin à travers les incertitudes de la
science économique, politique et sociale, a su établir sur des bases
solides notre nationalité et porter haut le renom du pays, cette briN
— 33 -
lante phalange, dis-je, servira d*oxo:nple à la jeunesse universitaire.
» Elle comprendra , cette jeunesse , que tout en marchant sur les
traces de ses devanciers, elle se doit à elle-même de Taire plus
encore.
» Qui ne progresse, décline.
» Je bois donc au brillant avenir de FUniversité de Liège !
» Â ses professeurs éminents, qui, par leurs travaux, le préparent
dès à présent !
» A la jeunesse universitaire , qui doit les seconder dans cette
grande œuvre pour la continuer après eux ! » (Applaudissements. )
Pendant tout le banquet, la musique du l""' régiment de ligne, sous
Thabile direction de M. Simar, a joué, avec un ensemble parfait, des
morceaux de choix de son répertoire varié (*).
La Salle académique et les bâtiments de TUniversité, ainsi que
FHôtel-de-Ville et le Palais, sont restés brillamment illuminés pendant
toute la soirée, la Société d^Emulation avait aussi fait illuminer son
local. Une grande animation régnait en ville.
Après le banquet, MM. Dolez, Rogier, de Brouckère et un grand
nombre d'autres notabilités se sont rendus au théâtre, qui avait pris
aussi un air de fête. Les sénateurs et les représentants étrangers à la
ville de Liège, ainsi que plusieurs autres personnes, avaient été
gracieusement invités à s'y rendre par M. le bourgmestre, qui avait
mis plusieurs loges à leur disposition.
Un grand nombre d'anciens étudiants de l'Université (avocats,
( * ) Poar ne rien omettre, rappelons que la carte placée devant chaque convive était aux
armes de Belgique et de Hollande. En dessous, le péron de Liège, brochant sur les faisceaux
académiques, laissait déborder des deux cùtés l'inscription : Universis dUciplinis, On lisait
sur des banderoles les noms des quatre Tacullés et une inscription rappelant la signification
de la fête. Voici la composition du menu, qui a valu à M. Bernay, restaurateur, des éloges
mérités.
IluUres anglaises. — Potage à la Reine. — Bouchée à la Jotnvillo. — Turbot à la Hollan-
daise. — Filet de bœuf k la Monglas. — CôtcleUes d'Agneau k la Villeroy. — Chapons de
la Bresse k la Pompadour. —Selle de Chevreuil à la Solférino. — Punch royal, — Petit»
pois à la Française. — Faisans do Bohème truffés. — Bécasses bardées. — Chaud-froid de
Coq de Bruyère. — Groupe de Homards. — Terrines de foies gras de Strasbourg. —
Bavaroise à la Léopold II. — Suédoise de fruits au kirsch. — Glaces. Ananas. Fruits.
— Dessert. Café. Liqueurs.
3
— 34 —
ingénieurs, etc.), qui n'avaient pu trouver place à THôtel-de-Ville , se
sont réunis le même soir dans les salons du restaurateur Lanhay, où
était préparé un magnifique banquet.
Dans toute la force du terme, c'était véritablement une fête d'amis,
toute cordiale, pleine d'expansion et de gatté.
Le toast suivant a été porté à l'Université, par M. l'avocat Houet :
Messieurs ,
Réunis dans ce banquet par l'amitié qui nous lie, pour fêter en
famille le cinquantième anniversaire de la fondation de l'Université
de Liège, dont tous ici nous sommes anciens étudiants, je vous
propose de boire au passé glorieux et à la prospérité future de cette
institution, qui nous est chère à tant de titres.
Nous devons joindre nos souhaits à ceux que des voix éloquentes
ont formé aujourd'hui pour l'avenir d'un établissement auquel nous
tenons encore ou par des relations scientifiques, ou par des amitiés
précieuses, ou enfin par des souvenirs pleins d'affection et de
gratitude.
Faisons aussi des vœux, messieurs, pour que les étudiants de
l'Université de Liège vivent toujours dans cet esprit d'union, de
solidarité et de tolérance qui leur a déjà fait faire de grandes et belles
choses.
Je parle surtout, vous le comprenez, de cette Association générale
des étudiants, fondée sous l'impulsion des sentiments patriotiques
les plus ardents, et j'en parle avec le souvenir de ce qu'elle était dans
ses beaux jours : nombreuse, disciplinée, admirée dans ses manifes-
tations, approuvée par tous les hommes sincères.
L'utilité d'une pareille société ne peut être complètement appréciée
que par ceux qui en ont ressenti les excellents effets.
Enfin, messieurs, s'il nous est encore permis d'exprimer cette
espérance, souhaitons aux étudiants qui sortiront de notre Université
le dévoûmeni îi l'œuvre de l'émancipation intellectuelle des classes
laborieuses, le goût des institutions qui ont pour but de moraliser
et d'instruire peuple. C'est d'ailleurs par le zèle qu'ils mettront à
répandre la lumière et la vérité qu'ils feront le plus d'honneur aux
leçons de leurs maîtres.
Buvons donc à l'Université de Liège! Buvons aussi, messieurs, au
progrès des idées et à la perpétuité des sentiments qui nous unissent !
i
- 35 —
Les étudiants de Tannée ont voulu célébrer à leur tour la fête
académique. Une grande et belle table en fer à cheval avait été
dressée dans la salle du restaurant, au Jardin d* Acclimatation. Le
président de la commission permanente, ayant été invité au banquet
professoral, H. Walthère de Selys, ancien président de la Société
des étudiants, a présidé la réunion de la jeunesse.
Le toast porté par M. de Selys à FUniversité de Liège, a été
acclamé avec enthousiasme par toute rassemblée. D*autres orateurs
ont essayé ensuite, mais en vain, de prendre la parole : Tentrain
était trop général ; la gatté débordait.
Les employés de l'Université, enfin, se sont réunis le même soir
dans un quatrième banquet à la maison Guérin. Us n'oublieront pas
plus que les professeurs et les étudiants la date du 3 novembre 1867.
-•o^a^cMi. —
APPENDICE.
XSC:0'CJ'1F1.S XSBB AS
Messieurs,
En confiant à Fun de ses membres Thonorable mission de vous
présenter une esquisse de Thistoire de notre Université, le Conseil
académique a voulu se conformer à une tradition suivie, de temps
inamémorial, par toutes les Universités de TEurope.
Mais, à peine pouvons-nous dire que nous avons une histoire; nos
Annales ne remontent pas même au commencement de ce siècle.
Nos prédécesseurs immédiats sont nos seuls ancêtres. Il nous est
permis d'être fiers de leurs efibrts ; et le bien qu'ils ont fait nous
donne une idée de la responsabilité qui nous incombe à nous-mêmes,
chargés de fournir, à notre tour, la carrière.
Puissions -nous pressentir sans crainte le jugement de nos suc-
cesseurs, quand viendra le retour de cette fête sémi-séculaire !
A la fin du XVIII* siècle, au moment oii le gouvernement de notre
pays tomba dans des mains étrangères, l'enseignçment supérieur
était concentré dans l'Université de Louvain.
Cet antique établissement, qui avait jeté tant d'éclat pendant les
premiers siècles de son existence, gardait à peine une ombre de sa
splendeur passée.
La science n*y existait plus qu'à d'état de souvenir ; on y faisait
des études médiocres (').
Il ne devait pas survivre à la réunion de la Belgique à la France.
Un simple arrêté de Y Administration centrale du département de la
Dyle en prononça la suppression, attendu, est-il dit dans un des
— 38 —
considérants, « qu*il ne doit plus y avoir dans toute retendue de la
» République, qu'un seul mode d'instruction publique conforme aux
y> principes républicains, celui établi par la loi du 3 brumaire
»anIVi)(«).
Que fit-on pour remplacer l'Université de Louvain?
Je dois être bref. Parrive directement à 1814 ( ').
Bruxelles, devenue le siège d'une des académies de l'Université de
France (*), possédait à ce moment, à côté de son lycée, une faculté
des lettres ('), une faculté des sciences (•) et une école de droit (').
Quant aux jeunes gens qui se destinaient à l'art de guérir, ils ne
trouvaient pas, sur tout le territoire belge, le moyen de faire des
études complètes (*). Les écoles primaires médicales d'Anvers et de
Bruxelles étaient organisées exclusivement pour l'instruction des
officiers de santé et des sages-femmes.
Dès 1806 , grâce à l'initiative de deux praticiens éminents ,
Ansiaux et Gomhaire, Liège avait été dotée également d'une école
primaire de médecine et de chirurgie, qui fournit de nombreux*
officiers de santé aux armées françaises (*).
La Belgique est réunie à la Hollande pour former te royaume des
Pays-Bas.
La réorganisation de l'instruction publique est une des premières
préoccupations du nouveau gouvernement. Pour l'enseignement
supérieur, il avait le choix entre le système des facultés isolées de
l'Université de France, et le système des anciennes Universités.
Il n'hésita pas un instant. Le rétablissement des Universités de
Leyde, Groningue et Utrecht est décrété en 1818 (***).
Mais la Belgique n'avait possédé qu'une seule Université. Suffisait-
il de la rétablir ?
Une commission est nommée. Elle doit présenter ses vues sur la
réorganisation de l'enseignement dans les provinces méridionales (").
Le résultat de ses délibérations ne se fait pas attendre. Le 2S
septembre 1816» le Roi approuve le projet qui lui est soumis. L'éta-
blissement de trois universités, à Louvain, à Liège et à Gand, est
décrété {").
« Priscum, en, refUlget Lovanii decus ,
Binœque, Belgis, astra velut nova,
Surgunt sorores,... » i ").
L'année suivante, le 25 septembre 1817, l'Université de Liège est
solennelement installée par le commissaire-général de l'instruction
publique, M. Repelaer van Driel (**).
^ 39 -
Quelques jours plus tard, parait le programme des cours — Séries
Leetianum — où l'on rencontre les noms suivants :
Dans la faculté de philosophie et des lettres : MM. Denzinger, Fuss,
Gall, Rouillé et Kinker ;
Dans la faculté des sciences: MM. Vandbrheyden et Delvaux, auxquels
fut joint. Tannée suivante, M. Gaeoe ;
Dans la faculté de droit : MM.ERNSTaîné,DESTRivEAuxetWARNKOENiG;
Dans la faculté de médecine : MM. Sauaeur, Ansiaux et Comhaire (*' ).
Avec ce personnel restreint, l'Université entra courageusement
dans la carrière qui lui était ouverte.
Il y a cinquante ans — aujourd'hui même — le 3 novembre 1817 —
elle ouvrit, pour la première fois , ses portes à la jeunesse studieuse.
A la tète du corps professoral était D. Sauveur, qui, par une singu-
lière coïncidence, devait être son premier et son dernier recteur,
avant 1830 (*«).
Le 3 novembre, les élèves n'étaient pas nombreux ; mais quelques
jours plus tard, on en avait inscrit 259.
Ce chiffre s'est accru d'année en année ; en 1826, il s'élevait à 477;
enl830, à540(").
Les premières années ne sont signalées par aucun événement
saillant (").
Le personnel enseignant est successivement augmenté par les
nominations de MM. Wagemann (1820), dans la faculté des lettres.
Van Rees (1821), dans la faculté des sciences, et Ernst jeune (1822),
dans la faculté de droit.
A un moment donné, les progrès rapides de l'industrie éveillent
l'attention du gouvernement. Il est nécessaire, disait le Ministre,
dans un de ses rapports aux Ëtats-Généraux , que l'enseignement
des sciences exactes soit complété (*^).
Bientôt cette promesse est réalisée.
Un arrêté du 13 mai 1828 prescrit l'enseignement régulier, dans
les trois Universités méridionales, de la chimie et de la mécanique
appliquées aux arts industriels.
Le même arrêté crée à l'Université de Liège, deux chaires nou-
velles, l'une pour l'exploitation des mines, l'autre pour les sciences
forestières.
Le gouvernement confie ces chaires à deux hommes d'un haut
mérite : Dandelin et Bronn. Dès lors notre faculté des sciences est
enrichie d'une section nouvelle qui s'intitule : École des mines (").
Un enseignement spécial d'un autre ordre, la pédagogie , est établi
en 1827.
Dès 1820, trois professeurs de notre faculté des lettres, MM. Den-
zinger, Ft'ss et Wagemann, avaient ouvert spontanément des cours
- 40 -
particuliers pour les jeunes gens qui se destinaient à renseignement
moyen (Scholœ propeudeticœ) ; cette utile innovation fut reconnue
offidellemetit et étendue h la faculté des sciences ('*).
Cependant le personnel enseignant présentait d*autres lacunes, qui
furent successivement comblées par les nominations de MM.
Yan LiNBunc-BRAuwER (1838), dans la faculté de philosophie et des
lettres ;
E. Dupont, Ackbrsdyck et Ernest Munch (1825 et 1826), dans la
faculté de droit ;
FoHMANN (1826), H. Sauveur, N. Ansiaux et Vottem (1828), dans la
faculté de médecine (") ;
Lesoinne et Lévy ( 1825), dans la faculté des sciences.
D'un autre côté, rUniversité perdit, dans le cours des dernières
années, MM. Yanderheyden, admis à Féméritat en 1828, et Warn-
KOENiG, qui passa à l'Université de Louvain en 1827.
A Liège, comme à Louvain et à Gand, le gouvernement avait confié
plusieurs chaires à des professeurs allemands.
Dans le premier Rapport sur l'enseignement supérieur, présenté
aux Chambres belges, en 1843, M. le ministre de l'intérieur dit que le
choix de ces professeurs avait, à bon droit, éveillé les susceptibilités
nationales (").
Je me permets de croire que ces susceptibilités n'étaient pas
légitimes. Le recours à des savants étrangers était une nécessité de
l'époque.
Sans doute, tous les choix du gouvernement n'étaient pas également
heureux. Mais, il y avait, parmi les professeurs allemands, des hommes
d'un mérite supérieur et qui ont rendu des services incontestables.
Ai-je besoin de nommer Wagemann, Fohmann, Warnkoenig, à Liège ;
Haus, à Gand ; Bekker, Birnbaum, Dunbeck, à Louvain ?
C'est grâce à ces maîtres que nous avons connu les méthodes
scientifiques, les grandes écoles de l'Allemagne, c'est-à-dire d'un
pays jusque-là complètement inconnu pour nous, et qui, dans l'ordre
intellectuel, occupe une place qu'aucune autre nation ne peut lui
disputer.
D'ailleurs, un motif indiscutable justifiait l'appel fait par le gouver-
nement à l'Allemagne, c'est que les traditions de l'Université de
France ne pouvaient, à elles seules, répondre au caractère et aux
besoins intellectuels de populations d'origine germanique (**).
De tous les professeurs qui ont été attachés à notre Université,
avant 1830, quatre seulement sont encore en vie :
L'un, M. Yan Rees, hollandais de naissance, a quitté la Belgique
en 1830.
— 41 —
Deux autres, MM. H. Sauveur et N. ânsiaux, nous prêtent encore,
en ce moment, leur précieux concours.
Le quatrième, M. E. Dupont, aujourd'hui émérite, Taisait naguère
encore un des cours les plus importants de la faculté de droit. Il
emporte, dans sa retraite, Testime et raflection de tous ses collègues.
L'année 1826 est signalée par des troubles assez graves. Ils sont
motivés par de nouveaux statuts sur la fréquentation des cours (").
Les élèves finissent par se soumettre à ces statuts, mais non sans
avoir obtenu certaines satisfactions qui leur étaient raisonnablement
dues.
A ce moment, l'opposition politique qui devait plus tard renverser
le gouvernement, avait pris une importance considérable. Les
Universités elles-mêmes étaient l'objet de critiques el d'altaques
incessantes.
C'était d'abord leur organisation intérieure, évidemment surannée,
qui motivait ces critiques. C'était ensuite I'Union des catholiques
et des libéraux qui protestait contre les tendances religieuses du
gouvernement (").
En 1828, les accusations dont les Universités sont l'objet, ont
pris un caractère assez grave pour qu'on y prête enfin une sérieuse
attention.
Une Commission est nommée C*^). Le gouvernement lui transmet
une série de cinquante-quatre questions, dans lesquelles toute l'orga-
nisation universitaire est remise en discussion ('*).
La Commission avait terminé son travail dans le courant de 1829 ;
mais aucune résolution définitive n'avait été prise, au moment ob
éclatèrent les événements politiques de 1830 (").
Quelque jugement qu'on porte sur certains actes du gouvernement
des Pays-Bas, et sans dissimuler les fautes par lesquelles il s'est
aliéné l'esprit des populations belges, on doit reconnaître que, par
rétablissement des Universités, le roi Guillaume I" a bien mérité de
la Belgique. Un témoignage de reconnaissance lui est légitimement
dft. Son nom figure à la première page de nos annales ; il doit avoir
aussi une place dans cette fête commémorative.
Honneur a ce Monarque ami des lettres et des sciences, qvi
RÉORGANISA L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR EN BELGIQUE !
Les quinze années qui ont suivi immédiatement la chute du pre-
mier Empire, forment une époque remarquable dans l'histoire du
dix-neuvième siècle. De là datent originairement tous les grands
progrès qui ont été réalisés plus tard.
L'Europe, délivrée du fléau d'une longue guerre, va se livrer aux
— 42 —
travaux de l'intelligence avec d'autant plus d'ardeur qu'elle avait dû
les abandonner longtemps.
En France, une nouvelle école philosophique entame une rude
guerre contre les sèches et désolantes doctrines du dix-huitième
siècle, et bientôt une nouvelle école littéraire va étendre les idées,
par l'étude des chefs-d'œuvre étrangers restés inconnus ou incompris
jusque là.
En Allemagne se produit, avec éclat, cette grande école historique
à la tète de laquelle brillent les noms des Niebuhr, des Heeren, des
Mœser, des Hugo, des Savigny.
Les sciences exactes Tout des progrès inouïs dont profiteront
l'industrie et le commerce.
Enfin, la pratique du gouvernement représentatif, en France et en
Belgique, va réveiller l'esprit public trop longtemps endormi, et les
théories étroites des publicistes de l'école de J. J. Rousseau vont
faire place aux vrais principes qui doivent présider à l'organisation
politique des sociétés.
La Belgique (il faut oser le dire) n'a eu qu'une faible part dans ce
grand mouvement intellectuel ; mais elle en a largement profité;
pour elle surtout, les années de la Restauration ont été des années
d'apprentissage et de progrès.
Des témoignages irrécusables portent qu'à la fin du dix-huitième
siècle, l'état intellectuel de notre pays laissait infiniment à désirer.
Ce n'est pas durant l'administration française que cet état de choses
a pu se modifier sensiblement. Les moyens d'instruction étaient trop
imparfaits sous la République, et nous avons à peine connu les
lycées de l'Empire.
C'est dans ces circonstances que furent établies, en 1817, les trois
Universités.
Treize années s'écoulent. 1830 rompt le lien qui nous attachait à
Hollande. Un Congrès national se réunit, et ce Congrès, composé en
grande partie d'hommes sortis des Universités, donne au nouveau
royaume qu'il vient de fonder des institutions qui font sa gloire, qui
lui ont assigné dans l'esprit des peuples libres un rang que des
nations plus puissantes peuvent lui envier.
Quel est, dans tout cela, la part de l'Université de Liège? Quels
sont les hommes qu'elle a fournis au Congrès national ?
La liste n'est pas longue, mais la valeur des noms supplée au
nombre.
Qu'on en juge :
Ch.Rogier, J. Lebeau, P. Devaux, H. de Brouckere, J. B. Nothomb,
Jos. Forgeur, S. Fleussu, le comte de Theux, le comte Ch. Vilain
— 43 -
XIIII, J. Jaminé, L. Jottrand, J. B. Bruant, Barbanson, Alex, de
Robaulx, Fr. Van Snick, Gh. Zoude (de Namur).
Tous ont pris une part considérable aux travaux du Congrès.
Plusieurs y ont brillé au premier rang.
Mais ce n*e8t là qu'une page de Yétat de services de Tancienne
Université.
Que de noms je pourrais citer encore! Que d*bommes distingués
rUniversité a donnés à toutes les carrières ! A la magistrature, au
barreau, à l'administration, à l'enseignement, à l'art de guérir, aux
lettres, aux sciences, à l'industrie, à l'armée même ! Si je m'abstiens
de les nommer, c'est afln de ne pas blesser ceux que je pourrais
oublier.
Mais, ouvrez les yeux. Messieurs; jetez vos regards sur cette
assemblée d'élite devant laquelle j'ai l'honneur de parler, et vous
suppléerez à mon silence.
Elèves qui suivez aujourd'hui les cours de l'Université, que ces
souvenirs de vos devanciers restent présents à votre pensée ! Ils vous
prouvent que le travail procure toujours une position honorable dans
la société, et que, parfois, il mène aux plus grands honneurs et aux
fonctions les plus éminen tes. Vous en avez des exemples vivants sous
les yeux...
A partir de 1830, une ère nouvelle s'ouvre pour l'instruction
publique , dans notre pays. La liberté de l'enseignement est pro-
clamée C®). Ce grand principe va recevoir immédiatement son
application, avec toutes les conséquences qui en découlent et même
avec celles qui n'en découlent pas.
Le gouvernement provisoire se trouvait en Tace des questions
irritantes qu'avait soulevées, naguère, l'enseignement supérieur.
Réorganiser les Universités sur les bases nouvelles de notre
droit public, c'était une œuvre ardue réservée au législateur ; mais
le gouvernement ne pouvait se dispenser de trancher immédiate-
ment certaines questions qui préoccupaient plus vivement l'opinion
publique.
Il décrète que tout Belge qui aspire à l'obtention des grades
académiques est admis à se présenter aux examens , quels que
soient d'ailleurs le pays et l'établissement où il a fait ses études {^*).
Il abolit l'usage exclusif de la langue latine , dans les leçons et
dans les examens ; enfin, ceci est plus grave, à chaque Université, il
enlève une ou deux facultés. La nôtre, la moins maltraitée, ne perd
que sa faculté de philosophie et des lettres ('*).
Les conséquences de cette dernière mesure ne se firent pas
attendre : des Facultés libres s'établirent pour remplacer celles qui
— 44 —
avaient été supprimées. Le gouvernement reconnut ces Facultés,
d*abord en leur permettant de s'installer dans les bâtiments
universitaires ; plus tard, en instituant près de chacune d'elles une
Commission d* examen ( *' .
c< Pendant les quatre années que dura le régime des Commissions
» d'examen, les études littéraires, philosophiques et scientifiques
» préparatoires aux études du droit et de la médecine, furent partout
» presque complètement négligées. » Ce sont les termes dont se sert
M. le ministre de l'intérieur, dans son premier Rapport sur le haut
enseignement.
Les Universités se traînèrent, sous l'influence de ce régime
énervant , jusqu'à la fin de l'année académique 1834-1838.
Mais bientôt la législature va être saisie de la nouvelle loi organique
de linslruction supérieure. Tout ce qui se rattache à la confection de
cette loi forme un sujet d'études du plus haut intérêt.
Le projet est présenté à la Chambre, au mois de juillet 1834 ('*).
Treize mois se passent avant la discussion.
Dans l'intervalle, deux faits d'une importance considérable, s'étaient
accomplis : l'établissement d*une Université catholique dont le siège
provisoire était à Matines (") , et l'établissement d'une Université libre,
àBruxelles ('*).
La nouvelle loi est publiée le 25 septembre 1835 ("). Quinze jours
plus tard, intervient la convention en vertu de laquelle l'Université
catholique est transférée à Louvain...
La réorganisation du haut enseignement soulevait deux questions
capitales !
Combien d'Universités élablira-t-on ?
De quelle manière les grades seront-ils conférés ?
Le projet rédigé par la Commission instituée en 1833, proposait
l'établissement de deux Universités aux frais de l'Etat : l'une à Gand,
l'autre à Liège.
Le ministère, tout en se ralliant à cette proposition, avait déclaré
« qu'il n'était pas encore entièrement convaincu que rétablissement
» d'une seule Université, dans une ville centrale, autre que Bruxelles,
» ne serait pas la mesure qui, toutes les raisons étant bien pesées,
» offrirait le plus d'avantages et le moins d'inconvénients. » ('*)
C'était le gouvernement représenté par M. Rogier, au moment de
la présentation du projet, qui faisait cette réserve. Mais au moment
de la discussion, le ministère de l'intérieur était occupé par M. de
Theux qui admettait, sur ce point, la disposition du projet.
Cependant la réserve de M. Rogier devint une proposition formelle.
— 45 -
dès le début de la discussion. Elle trouva trente-deux adhésions et ne
fut rejetée qu'à la faible majorité de cinq voix ('*).
Créer une seule Université centrale ! C'était une grande pensée.
Malheureusement, elle était irréalisable, au moins moralement, en
183S. Si l'opinion de M. Rogier avait prévalu, il est extrêmement
probable, pour ne pas dire certain, que nous aurions aujourd'hui
cinq Universités au lieu de quatre...
La collation des grades soulevait des difficultés plus sérieuses et
d'une autre nature. On n'avait vu jusque-là, dans les grades, qu'une
question de garantie professionnelle ; et cette garantie, on avait cru
la trouver dans des établissements soumis au contrôle de l'Etat.
Désormais la question se compliquait d'un élément nouveau : Uensei-
gnement libre.
Trois solutions différentes se présentaient en 182S :
1® Donner aux deux Universités de l'Etat le droit exclusif de
conférer les diplômes, à tous les élèves indistinctement.
Cette solution était inacceptable. Elle e&t créé un véritable mono-
pole au profit des écoles officielles. Le principe de la liberté de
l'enseignement, inscrit dans la Constitution, eût été anéanti de fait.
2« Donner aux Universités de l'Etat le droit de conférer les grades
à leurs élèves, et établir, pour toutes les autres catégories d'élèves des
Commissiofis ou jurys dexameti.
C'était le système en vigueur pour les facultés libres, et peut-être,
en ce moment, aurait-on pu le généraliser, en l'appliquant aux
Universités libres.
Mais les établissements de l'Etat auraient-ils eu à s'applaudir de
cette solution? Je n'oserais l'affirmer. Ils se seraient trouvés, à la
longue, dans une position délicate et dangereuse. Il est plus que
probable que l'opinion publique aurait attaché plus de valeur aux
diplômes délivrés par les jurys d'examen, qu'aux diplômes délivrés
par les Universités.
Restait la troisième solution : l'établissement d'un jury central
pour tous les élèves sans distinction.
C'est celle qui fut adoptée.
Mais par qui, comment ce jury serait-il formé? C'était là le point
capital et délicat de la question.
La Chambre se trouvait en présence de six systèmes différents,
dominés tous par une question de principe : La Législature intervieti-
dra-t-elle dans la nomination du jury ^.
Quarante-deux voix se prononcèrent pour l'affirmative, quarante et
une voix pour la négative, f/ne seule voix de majorité décida cette
grave question qui renfermait, dans ses flancs, l'avenir scientifique
du pays.
-~ 46 —
Les quatre ministres qui étaient membres de la Chambre, s'abs-
tinrent de voter (^^). Regrettable détermination dans une question
de cette importance ! Le vote des ministres eût écarté peut-être, à
jamais, Tintervention des Chambres dans la composition du jury
d*examen.
Par cette décision , la collation des grades devenait une question
politique avant tout. La science, les études étaient reléguées au
second plan, et l'enseignement que le Congrès national avait voulu
rendre libre, devenait , en réalité , esclave. Il était asservi aux
majorités parlementaires (** )•
On s*en aperçut plus tard; on essaya de porter remède au mal,
mais on n'y parvint pas (*•).
Dans la pensée du législateur, le jury central n'était établi qu'à
titre d'essai et provisoirement. En réalité, ce provisoire, maintenu
d'année en année, a duré quatorze ans.
En 1849, le jury central est remplacé par les jurys combinés. C'était
une amélioration; les plus grands inconvénients de Tancien système
disparaissaient ; mais le nouveau mode d'examen allait en révéler
d'autres non moins graves (^'). La question n'était pas résolue.
Quand le sera-t-elle ? c'est le secret de l'avenir. Mais il est fort à
craindre que, si on la maintient sur ce terrain, on ne soit conduit
fatalement à une situation qui pourrait compromettre des intérêts
plus graves que ceux de la science (** ).
A la loi de 1849 se rattachent deux faits importants, qui devaient
exercer une influence salutaire sur les hautes études ; la réorganisa-
tion de l'enseignement moyen (^*) et la création du grade d'élève
universitaire (*®).
En 1857, la loi sur le jury d'examen est révisée pour la troisième
fois (^^). Les jurys combinés sont maintenus, mais le programme
des examens est gravement altéré.
De cette époque date la division des cours en cours principaux et
cours à certificat. Renfermée dans de justes limites et organisée
convenablement, cette division eût obtenu l'assentiment général. Elle
est devenue une mesure fôcheuse par la manière dont elle a été
réalisée.
Les cours à certificat sont, en réalité, des cours supprimés ; or, ces
cours comprennent à peu près toutes les matières qui donnent à
l'enseignement sa valeur scientifique. C'est matérialiser les études et
par conséquent le pays, que de n'accorder une importance sérieuse
qu'aux études dont le résultat se traduit immédiatement en profit
pécuniaire.
Dans l'intérêt de la science et de la dignité nationale, dans l'intérêt
de la dignité des professeurs et des élèves, la loi de 1857 doit être
— 47 —
réformée sur ce point. C'est Topinion des professeurs de toutes les
Universités.
Déjà une demi-satisfaction nous a été donnée récemment (**). Elle
sera complétée, nous aimons à l'espérer, lors de la discussion pro-
chaine du quatrième projet de révision dont la Chambre est saisie O.
De même que le jury central, les jurys combinés avaient été admis
à titre d'essai et pour trois années seulement Mais l'essai se
continue depuis dix-huit ans, et, au moment où je parle, ce nouveau
provisoire dure encore (*®).
J'ignore si nos successeurs s'occuperont de nous; mais s'ils veulent
nous juger par nos actes, ils ne devront pas oublier que, depuis la
réorganisation de 1835, nous sommes régis par des lois provisoires ;
que notre programme d'études, notre programme d'examen, le mode
des examens, leur forme, en un mot tout ce qui constitue la force et
la valeur d'une Université, a été soumis à des fluctuations incessantes
qui devaient exercer la plus funeste influence sur l'enseignement
comme sur les études. Et s'ils trouvent que les résultats ne répondent
pas complètement à ce qu'on était en droit d'attendre, ils auront
à faire la part de responsabilité qui revient à chacun : au législateur,
au gouvernement, aux Universités.
Ici se présente naturellement une question que je ne puis passer
sous silence. Elle intéresse toutes les Universités.
On a prétendu qu'on ne fait pas aujourd'hui des études aussi fortes
qu'autrefois. L'enseignement, a-t-on dit, est trop pratique ; la science
y fait défaut.
Il y a, dans cette allégation, beaucoup d'erreurs à côté d'un peu de
vérité.
Les méthodes d'enseignement se modifient comme toutes choses,
et le milieu dans lequel on vit exerce nécessairement son influence
sur les méthodes comme sur les idées. Si nos leçons ont un caractère
plus pratique que celles de nos prédécesseurs, c'est que nous vivons
dans un siècle presqu'exclusivement pratique et que nous sommes
entraînés dans la voie où le siècle nous conduit.
Ace point de vue exclusif oix je veux me placer un instant, j*aifir-
merai sans hésitation que les leçons qu'on fait de nos jours, sont en
général plus nourries et plus complètes que celles de nos devanciers
et qu'elles conduisent plus directement au but immédiat.
Mais est-ce là tout? Les Universités sont-elles uniquement établies
dans l'intérêt des professions libérales ou industrielles? La jeunesse
doit-elle y trouver seulement ce que les Allemands appellent éner-
giquement : les Brod-Studienl
Oh!! non assurément. Les Universités sont aussi les dépositaires
do la science, et le feu sacré ne doit pas s'éteindre entre les mains
— 48 —
de ceux qui ont mission de veiller à son entretien. Il faut que les
élèves qui veulent étudier la science pour la science, y trouvent les
moyens de pousser leurs études dans la direction qui convient à
leur esprit.
Peut-être, sous ce rapport, l'état actuel des choses laisse-t-il
quelque peu à désirer. C'est la partie de vérité que je signalais tout à
l'heure.
Toutes les institutions qui se rattachent à l'Université, ne peuvent
être mentionnées ici que pour mémoire :
L'institution des agrégés, organisée deux fois, puis supprimée ( " ) ;
L'institution de cours normaux des humanités (") ;
L'institution d'un cours d'agi'iculture et d'économie rurale (");
L'institution du Conseil de perfectionnement de l'enseignement
supérieur (*^);
Les diplômes honorifiques ("); les diplômes scientifiques spéciaux
pour les élèves qui se destinent à l'enseignement, et l'autorisation
donnée aux docteurs spéciaux d'ouvrir des cours privés (•*) ;
Les moyens d'encouragenent: concours universitaire ("), bourses
d'études (**) et de voyage (**) ;
Les lois relatives aux pensions et à l'éméritat (^);
Enfin, tout ce qui concerne nos Écoles spéciales qui, à elles seules,
réclameraient un chapitre particulier.
L'administration proprement dite, l'origine et les développements
de nos diverses collections scientifiques sont également exclus du
cadre de ce discours.
Je dirai seulement que notre bibliothèque ne nous laisse rien à
envier aux plus célèbres collections, par l'ordre parfait qui y règne
et par la facilité pour les recherches, que présentent des catalogues
bien conçus et toujours tenus au courant. C'est un hommage bien dû
au laborieux conservateur de ce dépôt.
En dressant notre bilan de cinquante ans, nous avons le devoir
de rappeler les services rendus par ceux qui ont été chargés avant
nous de répondre à la confiance du pays. Nous avons à payer aussi
un tribut d'hommages à nos collaborateurs que la mort a frappés.
Mais ce n'est pas ici qu'une tâche si ardue et si vaste peut être
dignement accomplie. Elle le sera ultérieurement, dans une publica-
tion spéciale qui nous permettra d'apprécierTesprit de l'enseignement
de l'Université de Liège.
Là reparaîtront devant vous des noms qui se rattachent à vos plus
lointains souvenirs. Là, vous retrouverez un chapitre de l'histoire
— 49 -
intellectuelle de la patrie, à la veille el au lendemain de son éman-
cipation.
Laissez-moi citer quelques noms qui auront une place dans cette
galerie :
Wagemann, dont l'action Fut si puissante sur Tesprit de la jeunesse,
et son digne successeur Ackersoyck ;
Fuss, qui, jusqu'à son dernier jour, resta fidèle au culte des muses
latines ;
RociLLÉ, qui fit revivre parmi nous les traditions de Versailles et
les délicatesses littéraires du dix-huitième siècle ;
KiNKER, esprit à la fois profond et caustique, philosophe et poète.
Dans un autre domaine : Destriveaux, passionnant la jeunesse par
ses éloquentes leçons sur le droit public;
Warnkoenig, le savant interprête de l'école historique du droit, le
premier explorateur de nos archives juridiques. Aux Liégeois, il a
révélé leurs antiques institutions si originales et si démocratiques.
Aux Flamands, il a donné une histoire de leurs institutions politiques
et civiles pendant le moyen-âge.
Ernst atnéj profond jurisconsulte et professeur éminent ;
En^sT jeune, le créateur du cours de droit civil élémentaire^ et son
élève de prédilection, notre regretté collègue Fr. Kupfferschlaeger,
succombant à la tâche par excès de zèle.
Dans un autre domaine encore : Ansiaux et Sauveur, noms double-
ment chers, portés qu'ils sont, sur notre programme actuel, par des
fils jaloux d'imiter leurs pères :
Fohmann, l'illustre analomiste qui, par ses travaux sur les vaisseaux
lymphatiques, a porté jusqu'aux extrémités de l'Europe le renom de
notre école de médecine;
Et CoNHAiRE, et Delvaux, et Lombard, praticiens désintéressés et
expérimentés : leurs noms sont restés populaires parmi les classes
indigentes;
Et Simon, et Delavacherie, ces opérateurs si habiles, doni la renom-
mée s'étendait en dehors des limites de notre province.
Dans la Faculté des sciences : Gaede, qui portait, à lui seul, le
poids de toutes les sciences naturelles, et Cm. Morren, mort avant le
temps, laissant néanmoins de mémorables travaux en anatomie et en
physiologie végétales; Morren, qui sut en outre allier à la science
Tesprit pratique et dirigea son attention, avec un rare succès, sur
les applications de la botanique à l'agronomie et à l'horticulture;
Et plus près de nous Meyer et Schaar, mathématiciens dignes
d'occuper la chaire illustrée par Pagani ;
Dans la Faculté des lettres, voyez-vous encore Lesbroussart , le
patriote ardent, l'écrivain d'un goût exquis, entouré de jeunes gens
4
— 80 -
qui seront un jour ses émules et soutenant avec eux YAssociatimpour
r encouragement de la littérature nationale;
Et à cdté de lui, Tauteur du beau livre : De la Rhétorique^ Télégant
traducteur d'Horace et de Tyrtée, Baron !
Un souvenir pieux aussi à ces hommes précoces , actifs et déjà
distingués, qui seraient devenus l'honneur de notre Université, si
leur carrière n'avait été brisée avant le temps : Vottem , Godet,
TaNDEL, DuPRET, WlLMART, DE ClOSSET !
Quel est ce jeune pionnier, cet infatigable chercheur, qui accomplit
à lui seul un travail gigantesque, à peine réalisé, ailleurs, par de
nombreuses Commissions de savants? En sortant de cette enceinte,
levez les yeux sur sa figure pensive immortalisée par le bronze... J*ai
nommé Dumont.
Je m'arrête
La mort nous a cruellement frappés ; longue sera la liste des
noms qui trouveront place dans notre galerie.
La nouvelle Université de Liège compte aujourd'hui trente-deux
ans d'existence.
Elle a traversé des temps d'épreuve. Née dans des circonstances
défavorables, au milieu de la confusion qui régnait dans les idées sur
le sens et l'application d*un principe nouveau dans notre droit public,
elle a vécu pendant plusieurs années d'une vie précaire et souvent
menacée. « L'enseignement de l'Etat, disait-on, ne peut continuer à
vivre à côté de l'enseignement libre. »
Aujourd'hui, ces jours d'épreuve sont passés. L'expérience est faite.
Notre Université est florissante, autant qu'elle peut l'être dans
l'état actuel des choses, et la confiance des pères de famille lui est
légitimement acquise.
Les passions d'un jour n'ont point accès dans son sein. La voie
qui conduit à la science, but exclusif de ses efforts, est son unique
domaine.
Se tenir en garde contre les excès et contre les défaillances. —
Respecter tout ce qui est respectable : telle est la devise inscrite sur sa
bannière.
Dans toute solennité qui réunit les Belges, le nom du souverain
doit être prononcé. Ce n'est pas flatterie (nous n'avons jamais connu
ce défaut), c'est justice.
Notre Roi, jeune encore et déjà placé si haut dans le respect et
l'affection des Belges, a eu pour précepteur un de nos collègues, dont
nous ne cessons de déplorer encore la mort prématurée.
Il a appris l'art de régner sur un peuple libre, à l'école de son
— 81 —
illustre père, sous le règne duquel la Belgique a été florissante,
heureuse et respectée.
A cette école aussi, il a puisé le goût des études sérieuses.
Puis, comme ce héros fameux par sa prudence qu*a chanté le grand
poète, il a, pour acquérir la sagesse, parcouru les cités de peuples
nombreux^ sHnstruisant de leurs mœurs^ et, revenu dans sa patrie, il
a inauguré son règne par les plus sages paroles qui soient jamais
sorties de la bouche d'un souverain....
NOTES.
(') En m*exprimant ainsi sur Tétat de renseignement à TUniVersité de
Louvain, à l'époque dont je parle, je ne fais que constater un fait qui est
consigné dans plusieurs documents officiels. Cette décadence, du reste, n*était
pas seulement le résultat de Tapathie qui régnait dans TUniversité même, elle
provenait aussi de rindifférence du gouvernement autrichien et, il faut rajouter,
de rétat intellectuel du pays qui laissait infiniment à désirer. Voy. les documents
rapportés ou analysés par M. Th. Juste, dans son Essai sur Vhistoire de Vins-
Iruction publique en Belgique ; Brux. 1844, in-8o, passim.
Voy. aussi le Discours prononcé par M. Stas, directeur de la classe des
sciences de TÂcadémie royale, dans la séance du 16 décembre 1853 {Bulletins de
r Académie. Tom. XX, 5"« part., pag. 400 et sulv.), et, comme réponse à ce
discours, celui de M. le chanoine De Ram, directeur de la classe des lettres,
prononcé dans la séance du 50 mai 1854. (Bull, de YAcad. Tom. XXI, \*^ part.,
p. 5Si,i9) et ci-après la note (").
(') Cet arrêté, en date du 4 brumaire an VI (25 octobre i797), porte la
signature des citoyens Le Hardy, président, Fourmaux, Faubert, De Beriot et
Bataille, administrateurs ; Mallarmé, commissaire du Directoire exécutif, et
Delecroix, secrétaire général. H est imprimé dans le Rapport sur rinstruction
supérieure en Belgique, présenté aux chambres législatives, le 6 avril 1845, par
M. J.-B. NoTHOMB ; Tom. 1", page 37.
Un autre arrêté du 18 brumaire suivant (8 nov. 1797), supprima les collèges
existant à Ijmvain, fondés pour renseignement qui avait lieu à rUniversité de
cette commune. Ibid. p. 40.
(') Les documents législatifs sur renseignement supérieur, émanés du
gouvernement français jusqu'en 1814 , sont reproduits dans le Rapport de
M. J.-B. NoTHOMB ; Tom. I, Annexes à la 1'" part. pag. I à 187.
(*) Voirie Décret portant organisation de VUniversUé impériale, en date du
M mars 1808. Rapport de M. J.-B. Nothomb, p. 101.
(*) Cette Faculté était composée du professeur de belles lettres du Lycée et de
deux autres professeurs , pour renseignement de Thistoire de la philosophin
ancienne et de rhisloire.
— 54 -
(*) Elle était composée du premier professeur de mathématiques du Lycée,
d*un second professeur de mathématiques, d'un professeur d'histoire naturelle et
d'un professeur de physique et de chimie.
C) Par la loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795), une Ecok centrale avait
été établie dans chaque département. L'Ecole centrale du département de la
Dyle avait été ouverte, à Bruxelles, en l'an V (1797). La science du droit
occupait, dans ces écoles, une place tout-à-fait insignifiante; un professeur de
législation était attaché à chacune d'elles.
Les Ecoles spéciales de droit furent instituées par la loi du 22 ventôse an XII
(13 mars 1804) et organisées par le Décret du 4« Jour complémentaire suivant
(21 septemb. 1804). Elles étaient établies dans les villes dont les noms suivent :
Paris, Dijon, Turin, Grenoble, Âix, Toulouse, Poitiers, Rennes, Caen, Bruxelles,
Coblentz et Strasbourg.
Ces douze écoles furent partagées en cinq arrondissements d'inspection. L'ar-
rondissement comprenant les écoles de Bruxelles , de Coblentz et de Strasbourg,
fut confié au baron Beyts, premier président de la Cour imp. de Bruxelles.
11 y avait, dans chaque école, cinq professeurs et deux suppléants :
L'un des professeurs enseignait les Institutes de Justinien et le droit romain
(sic) ;
Trois autres étaient chargés de faire, en trois ans, un cours complet sur le
Code civil ;
Le cinquième enseignait la législation criminelle et la procédure criminelle et
civile.
Les professeurs de l'École de droit de Bruxelles furent nommés par décret
du 23 janvier 1806 ; c'étaient :
Pour la chaire de droit romain : M. Van Gobbelschroy, ancien professeur de
l'Université de Louvain.
Pour les trois chaires de droit civil :
MM. Cahuac, ancien professeur royal de l'Université de Douai ;
Tarte (aîné), substitut du procureur général près la Cour imp. de Bruxelles ,
Et Van Hooghten (i.-G ), jurisconsulte qui avait été chargé par le gouverne-
ment autrichien de donner des leçons de droit à l'archiduc Charles.
Pour la chaire de procédure et de législation criminelle : M. Jacquelart, ancien
professeur de l'Université de Louvain.
Les suppléants étalent :
MM. Maurissens, ancien auditeur à la chambre des comptes de Bruxelles et
auteur des Recitationes in quinquaginta libro Digestorum, 5 vol. in-8<*.
Et Heuschling, jurisconsulte, professeur de grammaire générale à l'école
centrale du département de la Dyle.
Enfin, le secrétaire général de l'école était M. Van Bavière, ancien professeur
d'histoire à l'Ecole centrale du département du Nord, à Lille.
Le 25 mars 1806, l'Ecole fut installée solennellement par Tinspecteur général
Beyts, en présence de tous les membres des autorités militaires, civiles et ecclésias-
tiques, résidant à Bruxelles, et d'un grand nombre de personnes distinguées de tout
état. Voy. Manuel des Étudiants en droit deBruxelles, Brux. 1813, in-18. 204 pp.
(*) Des écoles de médecine étaient établies à Paris, à Montpellier, à Stras-
bourg, à Turin t à Mayence, etc.
- 55 —
(') Voy. dans la seconde partie de ce volume, les notices biographiques sur
N. ÂNSUUX et J. N. COMHAIRE.
(*') Arrêté royal du 2 août 18i5.
{**) Un premier arrêté, du 27 septemb. 1815, avait décrété en principe, qu*il
serait établi dans les provinces méridionales, une ou plusieurs Universités^ et que,
dans ce dernier cas, Tune d*elles serait établie à Louvain. Le même arrêté
portait qu1l serait nommé une commission chargée de présenter ses vœux sur
l'organisation du haut enseignement.
Cette commission fut nommée par arrêté du 8 novembre suivant. Elle était
composée de :
MM. De i^ Hamaide, avocat général près la Cour supérieure de justice de
Bruxelles ;
Baron de L. H. de Broeck ;
Chanoine de Bast;
Sentelet, I
Lesbroussart, père, \ professeurs.
et Bouille, \
('*) Cette décision ne fut prise qu*après certaine hésitation. Des prétentions
rivales s'étaient manifestées.
Indépendamment de Louvain qui prétendait avoir un droit exclusifs la posses-
sion d'une Université unique^ Bruxelles faisait valoir son droit de possession
actuelle et prétendait conserver ses établissements d'enseignement supérieur.
Gand. de son côté, se prévalait de son importance comme ville et parlait de la
nécessité d'établir, en tout cas, une concurrence pour stimuler l'émulation. Les
municipalités de ces deux villes ne ménageaient pas, d'ailleurs, l'ancienne
Université de Louvain. « Une seule observation, disait la municipalité de
Bruxelles, suflSrait pour démontrer l'état d'apathie où en étaient réduites les
sciences à Louvain et où très-probablement l'esprit qui domine dans cette ville
les replongeait de nouveau ; c'est que, depuis cent ans, cette Université si bien
rentée, au milieu de l'aisance et du loisir qu'elle assurait à ses suppôts, n'a pas
produit un seul homme dont le nom seulement soit connu de l'Europe littéraire
ou savante. »
Gand. à son tour, disait : « Avouons- le franchement, l'Université de Louvain
était devenue paresseuse et routinière. Outre que les principales parties de
rinstruction y étaient extrêmement faibles, on n'enseignait plus les langues
grecque et hébraïque, ce qu'elle était obligée de faire, comme le prouvent les
dotations considérables qui y étaient consacrées. L'anatomie, la botanique, la
chimie n'y étaient pas seulement négligées, mais absolument ignorées. Une
rédaction considérable dans l'enseignement, un attachement servile aux anciens
préjugés, des erreurs grossières qui en résultaient, voilà ce qui caractérisait,
dans ces derniers temps, l'Université de Louvain. n
Yoy. les mémoires des municipalités de Louvain, de Gand et de Bruxelles,
dans le l*' Rapport deM.J -B. Nothomb, tom. 1«', pag. 2U. 252 et 239.
— Le projet de la commission, approuvé par le Bol le 25 septembre i81G, est
devenu, avec cette date, le Renflement sur l'organisation de renseignement supérieur
- 66 —
dans les provinces méridionales du Royaume des Pays-Bas, qui a régi les
Universités belges jusqu*en 1850.
(*') Fuss, ode écrite à Toccasion de rinstallation de TUniversité de Liège, en
18i7. Voici le texte complet de cette pièce, qoi Ûgure en tête du 1*' volume des
Annales academùB Leodiensis, an. MDCCCXVll — MDCCCXVlIf.
GUILIELMO, Regum Optimo,
ClVlUM PATRI, PR»C1PI MdSIS DILECTO :
Quo die Université faustissimis
autpiciis instituta.
Jam latiori, Bclgica, Te decet
Gaudere fato , temporis œmulam ,
Tuis vigebas quum beata
Priocipibus super omne regnum.
Pneclara priscse stirpis Ârausis
Propago terris aurea saecula
Reducet, olim queis per omnes
Emicoil celebrata génies
Yirttts Avorum. Quis, taciturnitas
Gui nomen alti pectoris iodidit,
Heroa quis nescit, potentis
Insidiisque minisque régis
Tutam Philippi, qui patriam malis
Défendit oppressam, ancliora ceu ratem
Sœvis procellis ; quis tropœa
Mauritii jnvenili ab tevo
Excelsa, sceptri quisve Britanniae
Nescit potitnm, Francigenis gravem ?
Longas amavit nempe virtus
Ardua per séries niiere.
Mortalis at non perpetuo fuit
Quisquam beatus; dulcc sed asperas
Ridere jactato per undas
Oceani placidam quietem.
Vertent^ mundi se facie, truci
Fortuna vultu Te quoque, sedibus,
Wilhelme, depulsum ex avilis,
Per dubios agitare rerum
\ Gasus csegit. Nunc populi Tui
-- Votis reversum celsius exlulit
Mulata sors, dignaque regem
Ferre dedil diadema fronle.
Rursusque jungens, quos furor impius
Divisil olim, sic veteres béas
Novosque cives, temperatam
Egregie docilis lueri
— 87 —
Curis palernis imperii viam ;
Nec servitulem dum sapiens amas,
Nec Duda majes(ate sceplra ;
Carus uti videare, et idem
CaDclis vcrendus. Quippe Tuo Ceres
Hermesque dulci sub moderamioe
Gaudenl, aventque altis amaenam
Divitiis cumulare terram.
Gaudet ruina roUigio gravi
Tandem resurgens, et pietas patrum
Gastique mores. 0 Minervac
Ante alios venerande reges,
Husisque fautor! splendida pandere
Queis templa mandas, scilicel aeneis
FelicilaUs gloriaeque
Tecta super stalaens columnis.
Priscum, en refulget Lova ni i dccus,
Binseque, Belgts astra velut nova,
Surgunt sorores : en, Camœnse
Auspiciis rediere Isetis,
Tuo polentes prsesidio, Tuum
Sceptrum colentes. Numine sub Tuo
Quœ littearum mox micabunt
Lumina, quanta volabii omnes
Per fama terras I Inciyta quae novis
Décora sacris Belgica, que Tuo
Florere mox re^o videhit
Nomina ! Non Tibi jam Britanni,
Wilbelme, palmam, Gallia non neget,
Insigne magis nec Latium viris,
Non ipsa jam Germana tellus,
Pieridum gencrosa cullrix.
('*) Cette solennité est décrite comme suit, dans les Anmks :
< Universitas literaria, qusc Leodii est, decreto Régis Aogustissimi GUILIELMI I, die 25<*
Sepiembris an. i816creata, anno demum sequente, omnibus ad eam rem paratis, diversa-
rumque facultatum professoribus plurimam partem oominatis, institula est, solenniier
inangurata die S5^ Septembris abexcellentissimo viro Repelaer van Driel, cui lùm temporis
somma publicse quam vocamus institutionis in regno Belgico cura mandata erat.
> Solennissima baec etœlernà posterorum memorià digna Inauguratio qualis fuerit,
breviter enarrare opère pretium est. Universitati recenter croate a civitate Leodiensi
dooatum erat ingensedificium.quod a patribus societatisJesuolim extructum,etpublicarum
scholarom usui semper consecratum, spatiosa omnibus facultatibus auditoria, omnesquo
Académie exoptandas habet commoditates.
» In templo, nunc m^oribus Universitatissolennitatibus dicato, res celebrabatur ; in choro
posito throDo cum Augustissimi régis effigie, ante quem sedes eminentior viro Excellen-
tissimo, régie Majestatis nomine Universilatem inauguraturo. Gonsederant a dextris
- 88 —
periiluslres novae Universitatis curatores, prœside nobilissimo Provinciœ Leodiensis guber-
nalore, quos excipiebant majores provincial ci civitatis magistratus tam civiles quam
militares; a sinislris Academia; Reclor magnificus, cœleriqae clarissimi viri, ad docendi
munus in ea obeundam vocati. Reliquom templi spatiu m impiebat hominum omnis ordinis,
setatis, sexûs et conditionis mallitudo. Prœladebat intérim solenni pomps plenissimus
musicorum chorus, qui dulci omois generis instrumentorum concentu praesentium aures
mulcebat. Vir excellentissimus Repelaer van Driel, Jn limine templi a curatoribus et
Acadcmiae Rectore cxceplus, in suggestum ascendit, ex moque Icctissimà coram audientium
coronâ luculentam habuit orationem, quJi Régis Augustissimi in Universitate pro iiteris et
artibus liberalibus propagandis inslitueoda consilium et singularem ejus erga bas regiones
benignitatem diserlissime exposuil, novasque Universilali perpeluam ejus benevolentiam
adflrmavit. Quà oratione (quam hisce Annalibus inserendam rogantibus nohis concessam non
esse vehemcnter dolemus) dicta, Universitaiem Leodiensem institutam altà voce proclamavit.
Virum Excelientissimum dicentem universa cohors summâ voluptale audivil ac maximo cum
applausu excepit. Post illum dein locutisuntillustrissimusCuratorum Prsses, etMagnificus
Academise Rector; uterque civitatis et professoruro gratissimum pro Régis ergà nos
munificentià animum digne interpretatus est. Quibns peractis ill. Curalorum PraesesRectorem
magnificum singulosque ordinc professer es ad juramentum admisit, ex formula art. 186 et
487 decreti regii recilatum.
> Singula orationum intervalla musico exhilarata choro, qui et flnem solennitati imposuit.
Tolius aulem diei festivitatem splendidissimum lauUssimamque Regii legati jussu paratum
terminavit convivium, in quo frequentibus libationibus GUILIELMO I. et Augustissimae
dilectlssiml pnncipis domui salutem, Universitati Leodiensi prosperilatem et laetissima
quseque apprecati sunt illustres convivse »
Les allocutions du Commissaire général de finstruction publique et du prési-
dent du Collège des Curateurs, n'ont pas été livrées à l'impression.
Voici le discours prononcé par le Recteur Magnifiqîœ, M. D. Sala'eur :
Monsieur le Commissaire-Général,
Messieurs,
« Si je porte mes regards sur cette assemblée respectable, j'y vois réunies, sous les
auspices d'un Monarque révéré, et sous la présidence d'un digne dépositaire de sa confiance,
les personnes les plus éminenles et les plus distinguées dans la magistrature, dans l'armée,
dans les sciences, dans les lettres et dans les arts.
j> Si j'arrête ma pensée sur l'objet qui nous rassemble et dont viennent de nous parler
avec tant d'intérêt, son Excellence le Ministre de l'instruction publique et M. le Couverneur
de cette province dont la magistrature semble être devenue doublement paternelle, par les
récentes attributions si justement confiées à ses lumières, j'éprouve la délicieuse émotion
que fait naître l'aspect d'une fêle de famille, et c'est avec un charme inexprimable que je
m'abandonne à tous les sentiments qui pressent et agitent chacun de nous.
» Mais lorsque je songe, qu'appelé par un choix aussi flatteur qu'inattendu à une dignité
nouvelle autant qu'honorable, premier organe de l'Université de Liège, je dois être, dans cet
instant, l'interprète de ses pensées reconnaissantes et du juste espoir de la patrie, je ne
puis me défendre d'un trouble involontaire ; je crains de ne pouvoir fidèlement exprimer ce
que mon âme sent trop vivement.
» Parmi les personnes qui m'entendent, mes regards intimidés aperçoivent des maîtres
*ustemçnt renommés dans l'art de parler et d'écrire ; l'éloquence est leur partage et je n'ai
— 89 —
que do lèle. Pour eux, traiter un sujet, c'est toi^ours l'embellir. Voué aux travaux austères
et utiles de la science que je professe, je sens, Messieurs, que j'ai besoin de toute votre
indulgence ; je ne l'invoque pas sans quelque espoir.
» Saisir, autant que de rapides moments ont pu me le permettre, quelques-uns des prin-
cipaux traits du règlement par lequel le Monarque accorde une Université à la ville de
Liège, tel est le champ d'idées que je me propose de parcourir , pour célébrer une insti-
tution que nos vœux appelaient , que notre reconnaissance accueille, que nos espérances
accompagnent. L'imperfection de cet hommage ne dérobera du moins rien à sa sincérité.
» Si je dis que la ville de Liège n'était pas sans quelque titre à la faveur qu'il lui est
accordée, il est loin de ma pensée de croire que cette faveur en puisse être moins sentie et
moins appréciée. Plus elle est juste, plus elle porte l'empreinte d'une bonté vraiment royale.
» Dédommager de ses pertes une cité intéressante ; créer dans son sein un grand
établissement public de l'espèce de ceux qui formaient autrefois une principale branche des
revenus de plosieuro états de l'Allemagne ; donner par là une plus grande valeur aux
produits naturels et industriels de ce pays ; rendre l'instruction, même des degrés supé-
rieure, plus accessible k ceux qui l'habitent ; ne pas laisser se perdre dans la foule les sujets
que la nature a doués des plus heureuses dispositions et que la fortune n'a point dotés de
ses avantages ; telles ont été, sans doute , Messieurs, les sages pensées du monarque.
Jamais les sciences et les lettres n'ont été étrangères dans la ville de Liège. De tout temps,
elles y ont été, ainsi que les beaux-arts, cultivées avec succès ; les études des langues
anciennes y étaient en honneur, des établissements intéressants d'instruction publique y
florissaient ; mais nul lien ne les rapprochait, nul plan ne les coordonnait entr'eux.
a Une Université peu éloignée avait formé à l'émulation liégeoise une sorte de foyer
excentrique. Les grands événements politiques, survenus à la fin du siècle dernier, avaient
changé la face des choses ; ils nous avalent réunis k un autre peuple ; deux systèmes furent
alors successivement essayés. Dans le premier, les éléments étaient bons, mais l'organisation
était faible; dans le second, les éléments étaient excellents, mais l'organisation était, peut-
être, trop forte. Une Université unique dans un grand état, n'a point de terme de compa-
raison, à moins qu'elle n'aille le chercher chez l'étranger ; elle n'a, par conséquent, ni
motifs directs, ni moyens immédiats d'émulation,
> Les Univereités sont des corporations scientifiques et littéraires, qui, comme les corps
physiques, doivent avoir leurs proportions naturelles , ainsi que leura sphères d'activité.
Trop multipliées, trop disséminées, elles ne seraient qu'une sorte d'aurore boréale. Réduites
et formées en nombre convenable, elles répandent la chaleur vivifiante de l'émulation, elles
dispensent la lumière, comme l'astre du jour. Cette sage pensée a, sans doute, préside k la
création des trois Univereités, et assuré à la ville de Liège l'inappréciable avantage d'en
posséder une. Si notre ville a su profiter de divers établissements antérieurs plus ou moins
imparfaits, on pourrait croire qu'elle saurait correspondre à une faveur plus complète, et
8*en montrer digne sous tous les rapports. Ses titres ont été aecueillis.
» S'il est un bienfait capable de produire une vive et durable impression, c'est celui qui
fait èclore tout ce qui est bon, utile et libéral, et encourage tout ce qui est héroïque ou
sublime ; c'est celui qui, ouvrant les sources de l'instruction, intéresse toutes les familles,
s'adresse aux affections les plus chères , embellit les jouissances actuelles par les
penpectives de l'avenir, développe tous les talents, fait fructifier toutes les vertus et forme
à la fois l'homme et le citoyen ; c'est celui, qui, promettant de ne rien laisser d'inculte dans
la nature physique et dans la nature morale, répand dans la société cette masse de lumières
qui perfectionne tous les arts, facilite les progrès de tous les genres d'industrie, et assure,
à chaque pays, des moyens de prospérité et d'indépendance.
> L'importance d'un tel bienfait, dont cette cité a le bonheur d'être plus particulièrement
fobjet, peut donner la mesure de sa profonde et vive reconnaissance. Puisque nos vœux ont
été si utilement mis sous les yeux du Monarque par le Ministre éclairé qui préside celte
auguste assemblée, ne serai-je pas votre interprète, Messieura, si je le prie, tant en votre
- 60 —
nom, qu'au nom de tous les përos de famiile, de porter jusqu'au trône la respectueuse
expression de notre éternelle gratitude ?
» Ce sentiment pourrait-il, en effet, connaître une limite dans sa durée, lorsque
l'institution qui le fait naître, ne peut que s'aflermir et se consolider avec le temps ? Chaque
jour, n'en doutons pas, en fera mieux connaître les avantages ; c'est par son application
journalière qu'elle sera mieux jugée ; les objets extérieurs ont besoin de la lumière pour
être aperçus, mais la lumière n'a besoin que d'elle-même. Aux progrès de l'esprit humain
dans nos belles contrées, correspondra une progression d'émulation ; nul ne voudra rester
en arrière de l'impulsion générale. L'Université de Liège ne sera sûrement pas la moins
empressée à porter son tribut à la masse des connaissances humaines, ce trésor qui est la
légitime propriété de tous, et où chacun a le droit de puiser dès qu'il en a la volonté.
» Los provinces méridionales rivaliseront de zèle et d'efforts avec les provinces septen-
trionales pour étendre et assurer les paisibles conquêtes de la raison et de la vérité. Les
lumières seront aussi le gage heureux et le lien brillant de leur union. Riches les unes et
les autres de souvenirs littéraires et de grandes renommées scientifiques, elles mettront en
commun leur instruction et leur gloire, enrichiront le présent de tout ce qu'il y a d'avéré et
d'utile dans le passé et transmettront elles-mêmes à la postérité un héritage de science
accru par leurs nombreux et patriotiques travaux.
> Si telles sont. Messieurs, les conséquences naturelles, si tels sont les fruits assurés de
l'institution des nouveaux corps académiques érigés par la décision royale, comment
pourrait-on voir, d'un œil indifférent, des établissements qui se recommandent par nne
aussi éminente utilité ? Comment pourrait-on refuser d'accueillir des espérances qui
s'unissent à des devoirs, ajourner tant d'avantages qui sont des obligations? N'est-il pas
plus naturel, -plus juste, plus indispensable, de s'empressôr de les réaliser? Je me plais à
voir, à reconnaître un décret de la Providence dans celui du Monarque qui doit opérer tant
de biea et assurer l'instruction de la génération présente et des générations futures. Je me
plais à célébrer la sollicitude éclairée et paternelle avec laquelle a été médité l'acte qui nous
institue ; comme si le Monarque avait voulu, par là, proclamer de nouveau son invariable
désir de ne régner que par les lumières et en faire une obligation sacrée à ses successeurs ;
engagement vraiment royal et constitutionnel qui respire dans l'ensemble du règlement
organique à l'exécution duquel nous sommes immédiatement appelés à concourir, sous l'œil
et l'encourageante égide de Messieurs les curateurs.
to Le désir ardent de correspondre à dos vues aussi pures, aussi bienfaisantes, nous
impose, en cet instant solennel, l'obligation d'un engagement analogue dont l'affection, la
reconnaissance et le respect nous-rendront l'accomplissement aussi agréable que facile. »
— Les deux autres Universités furent installées avec la même solennité : celle
de Louvaiu, le 6 octobre i817, et celle de Gand, le 9 du même mois.
(") Voici le programme de la première année :
SERIES lëctioisi;m
in Academia Leodiensi a die II! Novembris A^ AÎDCCCXVU habendarum^
Hectore Magnijico D. Sauvedr.
hi Facultate Mtdica.
D. Sâuveub, mensibus hyemalibus, Vatholoyiam generalem et specialem docebit diebus
Lunse, Mercurii etVcneris, hora XI. Imtituiiom clinicœ internas vacabit in Nosocomio civili
diebus Martis, Jovis et Saturni, hor. matut. VII-IX.
Mensibus sestivis, yosologiam et Theurapeuticen cxponct diebus Lunse, Mercurii et
61
YcDcris, h. XTI ; Mttlierum et infantnm morbos tractabit diebns Martis, Jovis et Salurni,
h. XII.
J. N. GOHBAIRE, mensibus hyemalibus, Anatomiam et Phyxiolngîam allernalim dncebit,
quotidie h. XII. Mensibus seslivis,P/>armacfamet Materiem medicam exponet diebus Lunae,
Mercarii et Veneris h. XI ; Institutioni clinicœ inlernœ voeabit in Nosocomio civlli diebus
Martis, Jovis et Saturai h. mat. Vl-VIII.
N. Ansiadx pertotumannum Institutioni clinicœ externœ \acah\i'itï Nosocomio civili diebus
Luose, Mercurii et Veneris, h. mat. VII-IX.
Meosibus bycmalibus Pathnlogiam, Chinirgiam et Operationes cxplicabil diebus Martis,
Jovis et Siitiirni, h. XI ; mensibus ïestivis Artem obstetriciam et 3lorboif venereon exponet,
iisdem diebus et horis.
In facultate disciplinarum maihematicantm et physicarum.
J. M. Vanderheyi^cn Algebram<tHthmeticœ junctam, ei Geometriam demonstrabit diebus
Lunae, Mercurii, lovis et Saturni h. XI.
Geometriam analyiicam et Caiculum differeniialem et integratem docebit iisdem diebus
h. X.
Astronomiam physicam et theoreticam exponet diobus Martis lovis et Veneris h. XI.
C. Delvaux Physicam theoreticam experimenlis innixam docebit diebus Lunse, Mercurii
ei Veneris, h. II. pomer. — Cncmîam generalem et appiicaiam diebus Martis, lovis et
Saturni, h. II.
Mensibus sstivis Metallurgiam explicabit diebus Martis et lovis, h. I.
Ob doas catbedras in bâc facuUate vacantes, Physica et Astronomia mathematico. Mine'
ralogiOy Historia naturalis plantarum et animalium, Auatomia comparata et OEconomia
ruralis hoc anno non tradentur.
In facultate philosophiœ theoreticœ et Uterarum humaniorum,
J. DENzncGCR, praemisso Encychpediœ philosophicœ et Anthropologiœ pragmatica cons-
pectu, Ixtgices principia ad ductum compcndii sui sub titulo : Prima lineamenta logices,
Leodii, 4868, exponet diebus Martis, lovis et Veneris, h. VIN.
Metaphysicas praelectiones habcbit diebus Lunae, Mercurii et Veneris, h. IX, singulari
per hebdomadem die et borà, pro auditorum opportunilate detcrminandis, colloquia et dis-
putatoria iogica et metaphysicu additurus.
Philosophiœ moralis principia exponet diebus Martis et lovis, h. III pom.
Historiam philosophiœ docebit diebus Mercurii et Saturni, h. IX.
HisLoriam Vniversalem adjuncta geographia antiqua et média, Lradet diebus Martis, lovis
et Veneris. h. X.
F. Gall interpretabilur Homeri Iliada diebus Martis et lovis, h. IX ; Theocriti IdyWa et
Euripidus Hecuben^ iisdem diebus, h. \. Zj^^WcMi Suetonii Cœsares diebus Mercurii et
Veneris. h. IX; Antiquitates grsecas iisdem diebus, h. X.
D. Fuss iaterprelabitur Aristophanis nubes et Aercdoti historiarum libros scptimum,
octavum et nonum, diebus Martis, lovis et Saturni, b. VIII.
Taciti annalium libros priores et Horatii seimonum libros duos, diebus Luns et Veneris,
h. IX.
Antiquitates romanas tradet diebus Martis, lovis et Saturni, h. X.
L. Rouillé Uteraturam galUca, eloquenliam et foesin exponet diobus Lunss, Martis et
Mercurii, b. XII, et singulari pcr hebdomadem die artis oraioriœ exerciliis moderandis
cum res csccgerit, vocabil.
— 62 —
Hûtoriam provinciarum belgicarum tradet diebus lovis, Veneris et Saturni, b. XII.
J. KiNKEB Literaturam hollandicam, Etoquemtiam et Poësin docebil ter per hcbdomadem,
b. XI.
In facuUate juridica,
L. A. Warnkoenig Institutiones Juris Romani, secunduni ordinem conspcctûs a se con>
positi, docebit diebus Martis, Mercurii et Jovis, h. X.
Pandectat juris Romani^ adjuDCto libro Ortw. Westenbergii : Principia juris Romani
secundum ordinem Digeatorum, Berolini 4848, II vol. in-S^», explicabit diebus Lunœ, Martis,
Mercurii, Jovis et Saturni, b. IX.
J.-G.-J. Ermst Jus civile hodiemum interpretabitur diebus Mercurii. lovis et Saturni,
b. VIII.
Jus naiurale et Juspublicum Regm Belgici tradet diebus Jovis et Veneris b. III. pom.
P.-J. Destriveadx Jus criminale hodiemum interpretabitur diebos Mercurii , Jovis,
Veneris et Saturni, b. IX.
Praxin juris civilis docebit diebus Lun» et Martis, b. IX.
Ob catbedram in bac facullate vacantem, Statistica, Diplomatica et Historia poUtica
Europœ hoc anno non tradentur.
('") D. Sauveur exerça les fonctions de recteur, pour la seconde fois, en
1829-4850. Pour Tannée 4850-4854, le gouvernement des Pays-Bas avait nommé
M. Delvaux, mais cet arrêté ne reçut pas d*exécution par suite des événements
de septembre 4850.
(") Le nombre total des inscriptions prises et des recensements faits de 1817
jusqu'à la fin de Tannée académique 4829-4850, est de 5,457.
Pendant la même période, 724 diplômes de docteur ont été délivrés, savoir *
40 dip. de docteurs en lettres.
7
»
»
en sciences.
588
)>
»
en droit.
258
»
»
en médecine.
45
))
»
en chirurgie.
58
»
»
en accouchements
Total, 724.
Voir à la fin du volume.
('•) Dès la première année de l'installation de l'Université, le Gouvernement
fui saisi d'une question importante qui, depuis, a occupé fréquemment les
Universités et l'administration, la question des cours libres et des répétitions :
elle fut soulevée à l'occasion d'une demande de M. Vaust, chef des travaux
anatomiques à notre Université.
Le commissaire-général de l'instruction publique répondit en ces termes, à
cette demande :
« Puisque le gouvernement a créé des Universités, de pareils cours, du moins dans les
villes d'Universités, ne sauraient être ouverts sans Tanlorisation des Curateurs, et le chef
de l'adminisfraiion communale étant membre du Collège des Curateurs, H dépend toujours
de ce Collège de faire intervenir l'autorité du bourgmestre pour les faire fermer.
— 63 —
» Mais si les Curatours trouvent, sur Tavis de quelque Faculté, un jeune docteur, dans
quelque partie que ce soit, qui ait le goût et les talents nécessaires pour donner un cours ou
une répétition de quelque science, ils sont libres de lui en accorder l'autorisation, bien
entendu néanmoins que les élèves qui suivraient de pareils cours ne peuvent jamais parla
être exemptés de suivre ceux que les professeurs donnent, qui leur sont prescrits par le
règlement et dont ils doivent fournir des cerlificats de fréquentation en subissant les
examens pour les grades. De cette manière, de pareils cours subsidiaires ne pourront
jamais nuire ni aux professeurs, ni aux bonnes éludes, parce qu'ils ne pourront jamais
entrer en ligne de compte, lorsqu'on sera examiné.
> J*invile donc MM. les Curateurs ik faire observer strictement ces principes et à me
donner avis de l'autorisation qu'ils pourraient en conséquence accorder à quelque jeune
docteur pour donner un cours ou une répétition.» Lettre au Collège des Curateurs de l'Uni-
versité de Liège, en date du 4 décembre 1817 ; dans le 1«r Rapport de M, J.-B. Mothomb,
tome I, p. 333.
(") Le gouvernement présentait tous les ans, aux États-Généraux, un rapport
sur Fétat de rinstruction publique, dans le Royaume. Ces rapports sont au
nombre de douze et se réfèrent aux années I8i7 à i8S8 , en ce qui concerne les
Universités, ils sont généralement assez insignîûants : le côté matériel y occupe
la principale place. Us sont reproduits dans le travail de M. J.-B. Nothohb, déjà
cité.
Le passage auquel il est fait allusion, dans le texte, se trouve dans le
8* rapport, relatif à Tannée 1824.
(*") Le règlement organique de cette école fut approuvé par arrêté royal du
5 août 1825 ; un arrêté du 6 septembre suivant, approuva le règlement sur
Forganisation du cours d'exploitation forestière. Les cours furent ouverts au
mois d^oclobre 1825. Voy. Rapp. de M, Nothomb, tom. I, p. 643 et 647.
(*') L'enseignement spécial ouvert spontanément par les professeurs de la
Faculté des lettres, n'avait été fait jusque là qu'en vue des sciences philologiques.
Un arrêté royal du 19 septembre 1827, le reconnut officiellement et retendit aux
sciences mathématiques.
Un arrêté ministériel du 1^'mai 1828, contient le règlement pour la tenue des
cours de Pédagogie. Yoy. Rapp, de M. Nothomb, tom. I, p. 572 et 588.
(•■) Les trois derniers en qualité de lecteurs.
(") Rapport de M. Sothomb^ tom. I, pag. LXXX.
n Dans son rapport sur l'état des Universités, en 1827, le Ministre de
rinstruction publique crut devoir justifier les nominations de professeurs étran-
gers, et il le fit péremptoirement.
« Le gouvernement, disait-il, a donné trop de preuves de son désir de favoriser tout ce
ce qui est vraiment national pour qu'on le puisse soupçonner d'avoir, sans de puissants
motifs, confié quelques brandies de l'enseignement supérieur à des étrangers.
• Ces motifs existaient en premier lieu, dans la difficulté de pouvoir faire de bons choix
parmi les Belges. Vîngt-cinq années de guerre avaient détourné les esprits de la culture
des belles-lettres et des hautes sciences, et les avaient dirigées vers des occupations d'une
tout autre nature. Dans l'absence d'établissements d'instruction publique d'une certaine
étendue et de points de ralliement pour l'érudition, peu de personnes s'étaient livrées au
genre d'études nécessaires à ceux qui se destinent au professorat. »
— 64
Et plus loin
« Nais inddpeDdamment de la nécessité, le gouvernement a été goidé par d'antres consi-
dérations d'une nature plus élevée. Les sciences, de nos jours, ont cela de commun avec la
civilisation du siècle dans lequel nous vivons, qu'elles ne sont plus le domaine d'une seule
nation, mais qu'elles appartiennent à l'Europe entière. Un pays de peu d'étendue comme le
nôtre, heureusement situé entre de grandes nations où la civilisation est parvenue 4 an
très-haut point de développement, resterait en arrière de ces nations s'il prétendait s'isoler
et se soustraire à Tinfluencc des littératures étrangères.
» Tout semble, au contraire, l'inviter à tirer parti de cette heureuse position, en tâchant
de recueillir chez lui les fruits de la civilisation générale. Cette considération seule suffirait
peut-être pour justifier le choix qu'a fait le Gouvernement de quelques professeurs étrangers
pour remplir certaines chaires. Si ce choix est principalement tombé sur des savants
allemands, c'est, outre le motif que nous venons d'alléguer, dans la vue de renouer les
relations littéraires des provinces méridionales avec l'Allemagne.
» La littérature française exerçait une influence presque absolue sur ces contrées. Elle
était devenue en partie la littérature de la Belgique. Quel moyen pouvait être plus efficace
pour rétablir l'équilibre et faire connaître dans ce pays les écrits profonds de l'Allemagne
savante, que d'appeler à professer chez nous quelques hommes de cette nation?
» Les Universités de l'ancienne république des Provinces-Unies avaient déjà donné no
pareil exemple. Depuis leur origine, ces Universités ont compté parmi leurs professeurs des
savants étrangers que souvent on faisait venir à grands frais. En revanche, à une époque
plus reculée, plus d'un savant néerlandais avait été appelé à remplir des chaires dans les
Universités étrangères.
» Des jcges impartiaux décideront si en général le résultat n'a pas répondu à l'attente, et
si à chaque Université on ne trouve pas parmi les professeurs étrangers des hommes d'un
grand mérite et qui en font l'ornement.
» Le temps approche cependant où l'on n'aura plus besoin de s'adresser à l'étranger pour
avoir de bons professeurs, que dans des cas exceptionnels et rares, où un mérite extraor-
dinaire et reconnu ferait désirer, pour nos Universités, l'acquisition du savant qui en serait
pourvu. »
(") Voici le texte des Statuts qui excitèrent une si vive émotion :
« Le Sénat académique de l'Université de Liège ;
» Vu l'art. 179 de l'arrêté royal du 25 septembre 4816, n» 65 ;
B Considérant que l'ordre et la discipline académiques, ainsi que l'intérêt de l'instruction
publique, exigent que les étudiants fréquentent, dès le commencement jusqu'à la fin, les
cours prescrits pour obtenir les grades académiques, et subissent leurs examens à des
époques convenables pour qu'ils puissent fréquenter les cours avec succès, statue :
9 Art. 1. 11 y aura deux inscriptions pour les cours annuels : la première aura lieu dans
la quinzaine à partir du jour de l'installation du nouveau recteur ; la seconde, dans la pre-
mière quinzaine du mois de mars.
» Art. !2. La première inscription pour un cours annuel pourra être prise dans la première
quinzaine du mois de mars lorsque le cours est distribué, par le professeur qui le donne, de
telle manière que les étudiants puissent le fréquenter avec succès sans l'avoir suivi pendant
le premier semestre.
» Art. 3. Les inscriptions pour les cours semestriels auront respectivement lieu aux
époques fixées à l'art. A .
B Art. 4. Le lendemain de l'expiration des délais ci-dessus, les listes des élèves inscrits
seront transmises au Recteur magnifique par les professeurs qui ont reçu les inscriptions.
» Art. 5. Toute inscription postérieure à ces délais, sauf l'exception ci-dessous, sera
sans cflet pour l'obtention des grades académiques.
— 68 -
> Art. 6. tes étudiants Aes Facaltés des lettres ou des sciences qui voudront prendre le
grade de candidat, à l'efTet de passer l'annëe suivante dans les Facultés de droit ou de méde-
cine, devront se présenter à Texamen à la fin de l'année, ou dans la quinzaine à dater du
joar de l'installation du nouveau Recteur.
> Art. 7. Si quelque circonstance imajeure avait empêché un étudiant de prendre ses in-
scriptions aux (époques ci-dessus fixées, il pourrait adresser au Recteur magnifique une
demande accompagnée des documents nécessaires. Le Recteur , après avoir pris l'avis des
professeurs près desquels cet étudiant ddsire prendre ses inscriptions, décidera, avec les
assesseurs rassemblés en Collège, s'il y a ou non lieu k admettre Texceplion réclamée par
rétndiant.
9 Art. 8. Aucun étudiant ne pourra anticiper sur les vacances. Tous doivent fréquenter
assidûment les cours pour lesquels ils sont inscrits, jusqu'à ce qu'ils soient terminés.
> Art. 9. Si quelque circonstance grave oblige un étudiant à s'absenter des cours pendant
l'année académique, il devra en prévenir le Recteur magnifique et le doyen de la Faculté
dont il suit les cours. Le Recteur magnifique pourra exiger les preuves des motifs d'absence
allégués, et après avoir pris Tavis du doyen de la Faculté, soumettre à la décision du
Collège des assesseurs la question si, eu égard aux motifs et à la durée de l'absence, ainsi
qu'an talent, au zèle et à l'application de cet étudiant, les inscriptions peuvent lui être
comptées comme s'il ne s'était pas absenté, ou s'il devra prendre, sans cependant en payer
les droits, de nouvelles inscriptions et fréquenter de nouveau les cours pendant leur durée.
» Art 10. Les absences seront constatées par des appels nominaux, qui auront lieu dans
les différents cours, au moins deux fois par mois.
> Les noms des étudiants négligents seront communiqués au Recteur magnifique, pour
qu'il puisse leur faire les admonitions convenables et donner avis aux parents de leur
conduite.
> ArL i I. Lorsqu'un étudiant, sans motifs plausibles, aura passé dans une Faculté, sans
prendre ses grades, plus de temps qu'il n'en faut à cet efiet, le Recteur magnifique, sur
l'avis de la Faculté, pourra le mander chez lui et lui prescrire un délai pour prendre ses
grades. Si l'étudiant n'obéit pas, le Recteur pourra le faire comparaître devant le Collège
des assesseurs. Si cet étudiant désobéit à ce que lui prescrira le Collège, le Recteur provo-
quera contre lui l'application de l'art. 106 de l'arrêté royal précité. »
Liège, le 10 décembre 18S6.
Le Recteur magnifique,
R. VAN REES.
Le Secrétaire du Sénat académique,
J. DENZINGER.
(**] Cest à cette époque aussi que se produisit le pétitionnement général en
faveur de la libené de renseignement.
Parmi les nombreuses brochures que fit naître cette question, je citerai les
suivantes qui furent particulièrement remarquées :
ihf drmi exclusif sur renseignement public. Gand, J.-B. de Nene. 4827, in-8«
de VIII — III pp.
Essai sur le monopole de renseignement aux Pays-Bas. Anvers, P.-J. Janssens,
octobre 1829, in-8» de 474 pp.
Droits du prince sur Venseignement public, ou réfutation des doctrines du
Catholique des Pays-Bas, par M. K. Gand. Houdin, 4827, in-8« de 246 pp.
De la proposition de faire une loi sur renseignement. Mons, 4829, în-8« de
13 pp. (Bruxelles) Imp. de Weissenbruch.
B
— 66 —
Les deux premières étaient favorables à la demande des pétitionnaires, les
deux dernières, contraires à cette demande.
(") Arrêté royal du 15 avril 1828. Celte commission, qui tenait ses réunions à
La Haye, était composée de
MM. Bar&tt Roéll, ministre d*Élat, président ;
AcKERSDYCK, profcsseur à TUniversité de Liège ;
Cil. DE Brolckère, membre de la 2« chambre des États-Généraux ;
DONCKER-CURTIUS, de TiENHOVEN, îd. ;
DoTRENGE, conseiller d'État ;
Baron de Geer, greffier de la 2« chambre des États-Généraux ;
Baron de Keverberg, conseiller d'État ;
J. Van Parts tôt Bingerden ;
QuETELET, professeur à TAthénée de Bruxelles ;
Et ScHREfDER, professeur à TUniversilé d*Utrecht.
(*') Ces questions sont reproduites dans le Rapport sur Venseignemeitt su))érieur,
de M. J.-B. NoTHOMB, tom. I, pag. 579 et suivantes.
Elles donnèrent encore naissance à plusieurs brochures, parmi lesquelles les
deux suivantes fixèrent particulièrement Taltention du public :
Essai de réponse aux questi4)ns officielles sur renseignement supérieur, par
MM. DE Reiffenberg €/ Warnkoemg. Brux. Tarlier, i828, in-S^ de lOi pp.
Exatnen de quelques questions relatives à renseignement supérieur dans le
royaume des Pays-Bas, par Ch. de Brouckère, membre de la 2<' Chambre des
États-Généraux. Liège, Lebeau-Ouwerx, i829, in-8<> de 204 pp.
(**) Cependant, au commencement de la session législative de i829-i830, les
États-Généraux avaient été saisis d'un projet de loi sur rinstruction publique.
Ce projet consacrait le grand principe de la liberté de renseignement primaire,
moyen et supérieur. Il admettait un enseignement public et un enseignement
privé; le premier seul devait être réglé par la loi.
Il devenait libre à tout Belge, moyennant certaines conditions, de donner
instruction primaire, moyen ou supérieur. Pour donner rinstruction supérieure,
il devait :
i» Être porteur d'un diplôme obtenu dans Tune des Universités du royaume ;
2<^ Donner connaissance, par écrit, de son intention à Tadminislration
communale ;
50 Produire le programme de ce qu'il se proposait d'enseigner ou de faire
enseigner, ainsi qu'un certiflcat de bonne conduite délivré par les autorités des
communes où il avait résidé pendant les trois dernières années.
Ce projet fut très-mal accueilli par les États-Généraux. Aux yeux des députés
belges, il était insuffisant ; aux yeux des députés hollandais,}! était trop libéral;
aussi provoqua-t-il dans le sein des sections des discussions fort orageuses qui
engagèrent le gouvernement à le retirer.
Le jour même où ce projet fut retiré, le 27 mai 1830, parut un arrêté royal qui
modifiait assez profondément le règlement du 25 septembre 4846 sur les
Universités.
— 67 —
Voici quelles étaient les principales dispositions de cet arrêté :
Art. 8. « Il est libre à tout Belge qui no tombe pas dans les cas d'exclusion délerminëes
par l'art. Il (condamnation à une peine afllictive ou infamante ou à une peine correctionnelle
pour faits contraires aux mœurs) de donner l'instruction moyenne ou supérieure dans des
établissements particuliers, autorisés conformément à l'art. 4«' (par les administrations
communales sous l'approbation de la députation des états de la province). Les étrangers ne
pourront y procéder qu'après y avoir été autorisés par le Roi. »
Art. 9. « Quiconque aura acquis les connaissances nécessaires de quelque manière et
en quelque lieu que ce soit sera admis à tout examen, et pourra obtenir tous certificats ou
degrés requis pour l'exercice de certaines fonctions ou professions »
Art. iO. « Tous les établissements d'instruction, sans distinction, sont soumis à la
surveillance des autorités publiques. En conséquence, l'accès en sera constamment ouvert
aux personnes qui auront mission de les inspecter de la part de l'autorité communale,
provinciale ou supérieure.
« Les instituteurs et tous ceux qui ont quelque part à la direction ou à l'administration de
ces établissements fourniront verbalement ou par écrit aux personnes dont il s'agit tous les
éclaircissements qu'elles réclameront. •
n Arrêtés du gouvernement provisoire, des 12 et 16 octobre 1830, et
Constitution, art. 17.
(*') Arrêté du 16 décembre 1850, art. 15. On a vu, ci-dessus (note 29), que le
gouvernement des Pays-Bas avait inscrit ce principe dans son arrêté du 27 mai
4830.
n Arrêté du 16 décembre 1830. Cet arrêté enlevait à rUniversité de Gand,
les deux Facultés des lettres et des sciences ; à TUniversité deLouvain, la Faculté
des sciences et celle de droit (celte dernière lui fut restituée le 5 janvier 1830).
Il ne faut pas se méprendre sur la pensée qui présida à cette mutilation des
Universités. Le gouvernement provisoire pensait qu*une seule Université aux
frais de l'Etat pourait suffire; l'arrêté du 16 décembre était, ^ ses yeux, le
premier pas pour arriver à la réalisation de cette pensée.
(") Voy. les arrêtés des 50 décembre 1830 et 2 octobre 1851.
('*) Dès le mois de juillet 1831 , TAdministrateur général de instruction
publique (M. Ph. Lesbroussart) avait été chargé par le Ministre de Tintérieur
(M. Teichman), de préparer un projet de loi organique des trois branches de
renseignement. Au mois de septembre, ce projet se trouvait entre les mains du
Ministre ; il n'établissait qu'une seule Université , ou plutôt il les supprimait
toutes en réalité, car il disséminait les quatre Facultés. Louvain devait avoir la
faculté des lettres ; Liège, c^elie des sciences ; Gand, celle de droit et Bruxelles,
celle de médecine. Des sections des sciences et des lettres devaient être attachées
aux deux dernières, comme cours préparatoires à renseignement de la médecine
et du droit.
Au mois d'août 1831, une Commission fut chargée de donner son avis sur ce
projet ; elle était composée de
MM. Arnould, secrétaire-inspecteur de l'Université de Louvain ;
Belpaire, greffier du Tribunal de commerce d'Anvers;
- 68 -
MM. Ernst, atnéf professeur à riiniveisité de Liège,
Cauchy, ingénieur des mines et professeur à l*Athénée de Namur,
Ch. Lecocq, membre du Congrès national, et
QuETELET, directeur de TObservatoire de Bruxelles.
Naturellement, cette Commission n*approuva pas les idées de TAdministrateur
général; le 20 mars 4832, elle fit son rapport au Minisire de rintérieur
(M. DE Theux) et lui présenta un nouveau projet.
Il établissait une seule Université comprenant les quatre Facultés, mais il ne
désignait pas la ville où elle serait placée. Quant aux examens, ils devaient avoir
lieu devant des commissions au nombre de quatre (correspondant aux quatre
Facultés), nommées annuellement parle Roi.
Ce projet resta également sans suite.
A la fin de 4853 (48 nov.), sur la proposition du Minisire de l'Intérieur
(M. Ch. Rogier), le Roi nomma une nouvelle commission ; elle se composait de
MM. De Gerlache, premier président de la Cour de cassation.
DeTheux, memb. de la Chamb. des représentants.
De Behr, idem,
D*H ANE DE Potter , idem ,
P. Devaux, idem,
Warnkoenig, professeur à runiversité de Gand, et
Ernst, jeune^ professeur à rUniverslté de Liège.
C*est le projet rédigé par cette commission qui fut présenté ^ la Chambre.
(**) Par un bref donné à Rome, le 43 décembre 4833, le souverain Pontife
Grégoire XVI avait autorisé les évêques de Belgique à ériger une Université.
Le 40 juin 4834 fut rendu le Décret portant érection de cette Université. Per
présentes litteras, y est-il dit , erigimus et instituimus Studiorum Universitatem, a
nobis supremojure et perpétua solHcitudine (salva in omnibus apostolicae sedis
auctoritate) regendam et forendam, quinque facultatibus instructam , quarum
dignitate prima est Theoiogiae, secunda Juris, tertia Medicinae, quarta PhUoso-
phiae ac Literarum, quinta Scientiarum mathematicarum et naturalium:
Ce Décret ne déterminait pas le siège de TUniversité ; mais le projet de loi soumis
aux Chambres en ce moment et qui proposait rétablissement de deux Universités
à Liège et à Gand, désignait assez clairement la ville qui devait devenir le siège
de runiversité èpiscopale. En attendant, deux Facultés, celle de théologie et celle
des lettres, furent établies provisoirement à Matines, où les cours s'ouvrirent le 5
novembre 4834.
('*) La fondation de TUniversité libre de Bruxelles date également de 1834.
Le 20 novembre, le conseil d'administration, composé de MM. Henri de
Brouckère, colonel Depuydt, Verhaegen, aîné, Blargmes, Barbanson, Delvaux
DE Saive, D^ Laisné, Vautier. Vanderelst et Baron, ayant en tête le bourgmestre
de Bruxelles, M. Rouppe, et Van Volxem, échevin, et suivi des professeurs du
nouvel établissement, se réunit dans la salle gothique de Thôtel de ville de
Bruxelles. Le bourgmestre prononça un discours qui commençait par ces roots :
« De simples citoyens de Bruxelles, sans autre but que de concourir au progrès
des lettres et des sciences, sans autre désir que d*être utiles à la jeunesse
— 69 — .
studieuse, se réunissent, s'imposent des sacriGces, en imposent à leurs amis et
tous ensemble fondent, au sein d'une population noml}reuse, intelligente et
active, un établissement où ils appellent, pour les seconder, des personnes zélées
et dévouées comme eux au plus grand bien-être delà génération qui s'élève : telle
est, Messieurs, Torigine de rUniversité libre qui s'ouvre en ce moment sous vos
yeux et sous vos auspices. »
Puis un membre du conseil donna lecture des statuts et fit connaître la
composition du personnel enseignant des diverses Facultés ; cette lecture
terminée, M. Baron, professeur à la Faculté de philosophie et des lettres,
prononça le discours d'ouverture (Voir ci-après l'art. Baron).
(") L'arrêté royal organisant le programme de l'enseignement de l'Université
de Liège, fut publié le 5 décembre 1855. Voici les noms qui y figuraient :
Dans la Faculté de philosophie et lettres : MM. Bekker, Fuss, De Reiffenberg,
Lesbroussart et Gibon, professeurs ordinaires ; Tandel et Heunau. lecteurs.
Dans la Faculté des sciences : MM. Delvaux et Lemaire, professeurs ordinaires.
— Gloesener, Lesoinne, Noël, Dumont et Morren, professeurs extraordinaires.
— Brasseur, lecteur.
Dans la Faculté de droit : MM. Destriveaux, Dupont, Lamb. Emst et Dupret,
professeurs ordinaires. — Defooz, professeur extraordinaire. — Fr. Kupffers-
chlaeger, lecteur.
Dans la Faculté de médecine : MM. Combaire, Fobman, Leroy, Lombard et
Frankinet, professeurs ordinaires. — Voltem, professeur extraordinaire. —
H. Sauveur et N. Ansiaux, lecteurs.
MM. Rouillé et Gall étaient, par le même arrêté, admis à l'éméritat.
Quelques jours plus tard, un nouvel arrêté adjoignit, en qualité de professeurs
extraordinaires : à la Faculté des sciences^ M. Th. Lacordaire ; à la Faculté de
droit, M. G. Nypels.
Enfin, le personnel enseignant fut complété par la nomination de huit agrégés
chargés également de cours. C'étaient MM. Godet, dans la Faculté de droit ;
Delavacherie, Royer, Simon, Th. Vaust et Peters-Vaust, dans la Faculté de
fRédecine ; X. Wurth et Lavalleye, dans la Faculté des lettres.
— Que restait-il, au 5 novembre 1867, de ce personnel composé de 59 hommes
qui inaugurèrent la nouvelle Université, en i855?
25 sont morts !
Des 44 survivants, 2 ont quitté l'Université ; 5 sont émérites ou pensionnés.
Enfin, 7 seulement sont encore en exercice , savoir :
Dans la Faculté des sciences : MM. Brasseur et Lacordaire ;
Dans la Faculté de droit : M. Nypels ;
Et dnns la Faculté de médecine : MM. Sauveur, N. Ansiaux, Th. Vaust et
Peters-Vaust.
— Au moment où l'on réimprime cette note, deux nouveaux noms doivent être
ajoutés à la liste des professeurs décédés. M. Peters-Vaust est mort à la fin do
1867 et M. Brasseur au mois de mai 1868.
(") Exposé des motifs du projet. Voy. le volume intitulé : Discussion de la Un
sur renseignement supérieur et de la loi sur le jury d'examen du 8 ami 4844 ;
précédée d'un aperçu historique sur Vorganisation universitaire en Belgique,
Bruxelles, Th. Lesigne, 4844, gr. in-8- de XXXVI — 4400 pp.
— 70 —
('*) Soixante et onze membres étaient présents lors du vote. Deax s'abstinrent;
33 se prononcèrent pour rétablissement d'une seule Université; 57 votèrent
contre.
(*^) ^étaient MM. de Muelenaere, de Theux, Ernst et d'Huart.
(**) Voici ce que disait Tbonorable M. Dechamps» dans la séance de la Chambre
des représentants, du 29 mars i84i, à Toccasion de la discussion de la loi du
8 avril i84i qui maintient le mode de nomination des membres du Jury :
<( Le Jury d*examen n'est pas un Jury spécial et professionnel, comme la
Commission centrale de Berlin ; c'est un Conseil supérieur des hautes études, où
renseignement tout entier vient se centraliser. Le Jury, en interrogeant sur tout,
enseigne tout. Cest le programme rivant imposé aux Universités de VEtat, aux
études privées et aux Universités libres. Les professeurs des Universités doivent
enseigner d'après les idées, d*après les méthodes que les membres du Jury ont
adoptées; les professeurs ne sont qce les répétiteurs des membres du jury.
L'élève n'a plus les yeux Gxés sur le professeur, mais sur l'examinateur : les
professeurs ne participant plus à l'examen ont perdu toute leur autorité, toute
leur influence sur leurs élèves; cette autorité, cette influence sont dévolues aux
membres du Jury. Le Jury, placé ainsi au faite de l'enseignement, est une puis-
sance véritable : c'est le gouvernement de renseignement supérieur en Belgique. »
Un programme vivant imposé ^ux Universités! Des professeurs qui ne sont
que les répétiteurs des membres du Jury ! Quel bel avenir scientiGque M. Dechamps
nous préparait !
(**) Le mode de nomination des membres du Jury renfermait dans son sein un
abus qui ne tarda pas à se révéler.
Le nom de Jury donné aux commissions d'examen, emportait naturellement
l'idée d'un personnel examinant mobile, qui serait changé tous les ans, au moins
en partie. La justice distributive et l'intérêt de la science exigeaient qu'il en
fût ainsi. Malheureusement, les Chambres ne l'entendirent pas de cette manière,
elles persistèrent à désigner constamment les mêmes examinateurs ; en réalité,
le Jury d'examen central a été une commission permanente d'examinateurs.
C'est l'expression dont se sert le Ministre de l'intérieur dans VExposé des
motifs du projet de révision de i844, et il ajoute, à l'appui de son allégation, la
statistique des nominations faites par les Chambres, depuis i836.
En 1843 déjà, la Faculté des sciences de l'Université de Liège disait :
« La permanence du Jury, étabh'e non par la loi de 4835, mais par le mode de son exécu-
tion, est contraire aux progrès de la science, en ce qu'eUe établit un véritable monopole pour
les opinions scientifiques des membres du Jury. Tous les professeurs qui ne sont pas
membres du Jury sont forcés, dans l'intérêt le plus immédiat de leurs élèves, de diriger
leur enseignement d'après les opinions des membres du Jury, même lorsqu'il leur est impos-
sible de les adopter et de les soutenir. Un Jury permanent, au lieu de stimuler l'activité
scientifique, et de maintenir toujours une noble émulation parmi les professeurs, ne force
que trop souvent ces derniers à puiser les matières do leur enseignement dans un système
déjà suranné et condamné par la science. Il n'existe pas d'idées ou de méthodes privilégiées
dans la science ; il n'en faut donc pas imposer à l'enseignement. D'ailleurs la stagnation
dans le mouvement scientifique produit par le monopole accordé à certaines opinions, com-
promet l'avenir intellectuel du pays, car ce ne sont pas les Académies, mais les Universités
qui transmettent la science aux générations à venir. »
1
— 71 —
Et le Ministre de intérieur, après avoir reproduit ce passage, dans son
Esposé des motifs, rappelait une série de faits connus de tous ceux qui s'occupent
du haut enseignement.
Pour faire cesser cet abus, le gouvernement avait inséré dans le projet de 1844
la disposition suivante :
« Le Roi nomme anaaellement, dans le mois qni précède la première session, les membres
titulaires et suppléants des Jurys.
> Les Jurys sont composés, les Administrateurs-inspecteurs et les Recteurs des Universités
de I*Êtat et les chefs des deux Universités libres, actuellement existantes, entendus, de
manière que, dans chaque section, ces quatre établissements, ainsi que les sciences, objets
des examens, soient représentés.
• Nul ne peut être membre titulaire d'une même section du Jury, pendant plus de deux
années consécutives. »
La Chambre des représentants rejeta cette disposition, à la mayorité de 49 voix
contre 42 ; et, à la majorité de 49 voix contre 40 (deux membres s*abstenant) ;
elle décida que le pouvoir législatif continuerait à intervenir dans la nomination
du Jury d^examen.
Seulement, pour donner une légère satisfaction à Topinion publique, elle ins-
crivit, dans la loi du S avril 1844, la disposition suivante, qui n'était qu'un
palliatif destiné à voiler les abus :
« Les membres titulaires choisis par les Chambres législatives, qui auront été éliminés
par le sort, ainsi que les titulaires nommés par le gouvernement, qui auront fait partie d'un
Jury pendant deux années consécutives, à partir de la mise en vigueur de la présente loi, ne
pourront être replacés dans le même Jury qu'après une année d'intervalle. — Les suppléants
sortants peuvent être immédiatement replacés dans le même Jury, soit en la dite qualité^
soit comme titulaires, •
Ainsi, au bout d'un an, le supplé^int pouvait prendre la place du tituluire ; puis,
l'année suivante, le titulaire revenait prendre la place du suppléant. C'est, en
effet, ce qui eut lieu.
(") Le Jury combiné rétablit l'égalité entre les divers établissements d'ensei-
gnement supérieur et il rend aux professeurs l'autorité et la liberté dont ils ont
besoin pour que leur enseignement devienne profitable. C'est là son côté
avantageux.
Hais il présente ce vice capital, de mettre en présence deux établissements
rivaux ; position dangereuse qui amène fatalement des discussions irritantes, à la
suite desquelles la passion l'emporte parfois sur la justice.
(*•) Les Universités ont été, plus d'une fois, appelées à donner leur avis sur
des modifications proposées aux lois sur l'enseignement supérieur, et, naturelle-
ment, elles ont profilé de ces occasions pour dire leur pensée sur l'organisation
du jury d'examen. Je n'ai pas à m'occuper de ce qui a été proposé ailleurs ; mais
je ne puis me dispenser de dire un mot du système d'examens que proposait, au
commencement de 4855, le Conseil académique de l'Université de Liège.
Voici quelles sont les bases fondamentales do ce système :
« i« On distinguerait les épreuves en deux catégories : les examens scientifiques et les
examens pratiques ou professionnels ;
— 7â —
« S* Les examens profesêionmlt seraient subis devant une Commissifrn centrale ;
» 3« Les grades scientifiques seraient une condition essentielle de l'admission k l'examen
professionnel ;
» 40 Pour être admis à l'examen professionnel, il faudrait prouver par diplôme et
certificat :
» a. Qu'on a fait dans une Université belge 00 étrangère des études régulières et
complètes sur les matières k déterminer par la loi (Les diplômes des Universités étrangères
ne seraient admis que pour aulant qu'ils habilitent soit k pratiquer, soit à se présenter
devant une commission professionnelle dans le pays où ils ont été délivrés);
» b, Qu on a consacré k ces études le temps requis par la loi ou par un règlement
d'administration publique ;
> c. Qu'on a subi les épreuves scientifique» ^ publiques et solennelles ^ dans la forme
établie par les règlements des Universités respectives et sur les matières prescrites par la
loi belge (Les récipiendaires munis de diplômes étrangers auraient k subir, devant le Jury
scientifique spécial à instituer pour les études privées , un examen sur les matières
prescrites par la loi belge et qui ne feraient pas partie de l'enseignement de l'Université
étrangère qui a délivré le diplôme) ;
B 50 On ne pourrait se présenter à l'examen professionnel qu'un an au moins après la
date du diplôme scientifique, pour les professions à l'égard desquelles ce délai serait jugé
nécessaire ;
» 60 La Commission spéciale (centrale) serait juge de la sincérité des diplômes et certificats
produits devant elle ;
» 7o Les récipiendaires qui ne produiraient pas les pièces ci-dessus mentionnées seraient
renvoyés devant le Jury scientifique spécial à instituer pour les études privées ;
> 8<> Il serait institué un Jury scientifique spécial pour les élèves qui ont fait des études
privées. — Les récipiendaires qui se présenteraient devant ce Jury seraient soumis aux
mêmes délais que les élèves des Universités. »
En présentant ce système, rUniversité de Liège n*avaî( pas la prétention de faire
une œuvre bonne absolument, en tout temps, en tout pays. Mais il lui semblait
que, dans Vétai actuel des choses en Belgifjue, en présence de deux Universités
libres, en présence du droit de concourir à la collation des grades que ces
Universités possèdent depuis un grand nombre d* années, c'était le seul système
réalisable, le seul aussi qui conciliât, à la fois, et les intérêts de la science et ceux
de la liberté d'enseignement.
A Tappui de ce système, rUniversité disait :
< La question du Jury universitaire est, depuis SO ans, une cause de grand malaise dans
la vie politique et, par une conséquence naturelle , dans la vie scientifique du pays. En
laissant aux individus la faculté de s'instruire de la manière qu'ils jugent convenable, en
donnant à toutes les institutions créées par l'Etat ou par les particuliers les mêmes droits,
on leur assure la jouissance de la liberté la plus large et on se conforme à l'esprit de nos
institutions politiques. On se place donc sur un terrain où tous les partis peuvent honora-
rablement se rencontrer et jeter les bases d'une législation logique et stable. »
Quant au danger que présenterait ce système, le mémoire ajoute :
« On objectera, sans doute, l'intérêt social qui réclame des garanties sérieuses pour
l'exercice de certaines professions et l'on craindra que les diplômés scientifiques délivrés
par les Universités, ne le soient parfois avec une coupable facilité. Mais il faudrait que
l'indulgence fût bien grande pour dépasser celle avec laquelle se font certaines admissions
devant les Jurys! On peut même affirmer qu'à l'avenir les professeurs réunis en Faculté,
— 73 —
étant nspoHtabieJt det résuUûti et devant leurs élèves, et devant ropioion et devant leur
conscience, seront plus sévères que dans certains Jurys oti cette responsabilité disparaît et
ou la justice succombe souvent sous d'autres préoccupations. »
Assurément, on ne pouvait pas faire à ce projet, le reproche de ne pas être
suffisamment large et libéraL
Un professeur de rUniversilé de Liège, M. le IH Sprimg, a justifié et déve-
loppé les bases générales du système d'examens proposé par notre Conseil
académique, dans une brochure intitulée : Lfù liberté de renseignement , la science
et les professions libérales^ à propos de la révision de la loi sur les examens
universitaires, par un membre du Conseil de perfectionnement de renseignement
supérieur. Liège, 1854, in-8« de HO pp.
C*est le travail le plus remarquable qui ait paru sur la question du JU17, en ce
qu'il etamhie cette question sous un point de vue élevé et vraiment scientifique.
n Loi dut «'juin 1850.
(**) Loi du 45 juillet i849, art. 57. Cette utile institution fut supprimée par la
loi du 44 mars 4855. En 4857 (Loi du 4'' mai), elle fut remplacée par la produc-
tion de certificats constatant que le candidat avait suivi un cours d'humanités
jusqu'à la rhétorique inclusivement. Mais la loi du 27 mars 4864, tout en
maintenant les certificats d'humanités, rétablit le grade d*élève universitaire,
sous la dénomination de gradué en lettres, comme condition préalable pour
être admis aux examens de candidat en philosophie et lettres ou en sciences.
n Loi du 4"^ mai.
(**) La M de 4857 se contentait de la présence matérielle de Télève aux cours
à certificat. La loi du 30 juin 4865 exige que les certificats portent la mention
que le cours a été fréquenté avec fruit, ce qui autorise le professeur à s'assurer,
par un interrogatoire, si Téléve a profité de ses leçons.
(**) Depuis le 47 novembre 4864, la Chambre des représentants est saisie
d'un projet de loi (le 4*) relatif aux Jurys d*examcn et à la collation des grades.
Ce projet modifie le programme des examens, en ce sens que quelques cours
réputés jusque là cours à certificat, deviennent des cours à examen.
O ^3 dernière loi rendue pour maintenir le provisoire porte la date du 6
juin 4867. Elle est ainsi conçue :
Article unique. « Le mode de nomination des membres des Jurys d'examen, déterminé
par l'art. S4 de la loi du 4» mai 4857, est prorogé pour les sessions de i868 et de 4869. >
« Est prorogé pour les mêmes sessions le système d'examen établi par ladite loi, tel
qu*il a été modifié par l'article unique, § 3, de la loi du 30 juin i865,en ce qui concerne les
certificats de fréquentation des cours universitaires. »
(*') Loi du 27 septembre 4835, art. 44, maintenu par la loi du 45 juillet
4849; arr. du 3 décembre 1835; nouvel arr. organique du 22 septembre 1845,
rapporté par arr. royal du 46 septembre 4855, lequel statue :
« Jusqu'à disposition ultérieure, il ne sera plus nommé d'agrégés auprès des Universités
de rÉtat. >
D Arr. royal du 3 novemb. 4847 et arr. minîstéiiel du 24 avril 4848. Etablis-
— 74 —
sèment d*une Écoie normale des humanités près de TUniversité de Liège , arrêté
organique du i" septembre 1852 pris en exécution de l*art. 58 de la loi du i*'
juin 1850, sur renseignement moyen.
(*') Ârr. royal du 35 mars 1842, pris à la suite d*un vœu émis par le Conseil
provincial de Liège.
("0 Arrêté royal organique du 6 octobre 1852, pris en exécution de fart. 28
§2 de la loi du 15 juillet 1849.
C") Arrêté royal organique du 12 octobre 1838, pris en exécution de Tart. 6
de la loi du 27 septembre 1855.
n Arrêté royal du 16 septembre 1855 et règlement ministériel pour Texécu-
tion de cet arrêté, du 17 septembre 1855.
("^) Art. 52 de la loi du 27 septembre 1855; arr. organique du 15 octobre 1841,
modifié par ceux des 12 août 1842 et 28 juillet 1847. — Arr. ministériel du 5
mai 18 18, portant règlement pour la tenue du concours en loge et pour la défense
publique des mémoires.
n Loi du 27 septembre 1855, art. 55, modifié par la loi du 15 juillet 1849.
n Loi du 27 septembre 1855, art. 55.
O Loi générale sur les pensions civiles et ecclésiastiques, du 21 juillet 1844,
modifiée par celle du 17 février 1849. Règlement du 25 septembre 1816, art. 77,
85 à 91, pour les professeurs nommés avant la publication de la loi de 1844
(art. 61 de cette loi).
Statuts organiques de la caisse des veuves et orphelins des professeurs de
renseignement supérieur : arr. royal du 29 décembre 1844, pris en exécution des
art. 29 suiv. et 61 de la loi de 1844. A cet arrêté se rattachent les documents
suivants : Arrêtés royaux du 7 avril 1845, 28 mai et 25 juin 1849, 25 septembre
1850, 18 mars 1852. 27 juin 1858. Voy. aussi la loi du 15 mars 1867 et Tarrêté
royal du 19 août 1867.
Le programme des cours pour Tannée acad' mique 1867-1868 trouve ici sa
place naturelle. On pourra le rapprocher de la Séries lectionum pour 1817-1818,
insérée ci-dessuS) note 15, pages 60 et suiv.
AUTORITÉS ACADÉMIQUES.
RECTEUR ET PRÉSIDENT DU CONSEIL :
M G. DE CuYPER, professeur ordinaire à la Faculté des sciences.
SECRÉTAIRE DU CONSEIL :
M. I. KupFFERscHLAEGER, professcur Ordinaire à la Faculté des sciences.
DOYENS DES FACULTÉS :
Faculté de philosophie et des lettres.
M. P. BuRGGRAFF, professeur ordinaire.
Faculté de droit,
M. V. Tbiry, professeur ordinaire.
Faculté des sciences.
M. E. G. Gatalan, professeur ordinaire.
Faculté de médecine.
M. T. ScHWANN, professeur ordinaire.
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DEUXIEME PARTIE
L4 FAMILLE UNIVERSITAIRE
LES PROFESSEURS
ET LEURS AUXILIAIRES
INTRODUCTION
Il est d*usage dans les Universités, de temps immémorial, de jeter
à certains moments un regard en arrière, de mesurer le chemin par-
couru, de se livrer en quelque sorte à un examen de conscience. On
choisit pour cela le retour d'une date mémorable, l'anniversaire de
la fondation de rétablissement, par exemple ; on célèbre une fête de
famille, on rattache le présent au passé, puis on publie les fastes uni-
versitaires, ce que les Hollandais appellent un Gedenkboek et les Alle-
mands un Denkschrift. C'est ainsi que Valère André a recueilli, au
XVII^ siècle, les souvenirs des deux premières centuries de l'ancienne
Université de Louvain; c'est ainsi que tout récemment, en 1864, M.
le recteur Jonekbioet a mis au jour un travail très-complet sur celle de
Groningue. Il nous serait facile de mentionner vingt autres ouvrages
du même genre, si l'utilité de l'entreprise que nous tenions sous les
auspices du Conseil académique de Liège avait besoin de justification.
Nous n'avons à cet égard qu'une inquiétude : celle de n'avoir répondu
qu'imparfaitement à l'attente de nos honorables collègues.
Nous n'avons pas eu la prétention d'écrire une histoire proprement
dite de l'Université de Liège ; nous nous sommes contenté de ras-
sembler des notices et des renseignements sortant du cadre obligé
des publications officielles. Il nous sera permis cependant, avant
d*entrer en matière, d'esquisser les traits généraux du tableau d'en-
IV INTRODUCTION.
semble que nous aurions voulu peindre, si la discrétion n'avait pas
imposé des bornes à notre zèle, et si nous ne nous étions cru stricte-
ment lié par les termes précis de notre mandat.
L'histoire des Universités belges depuis 1817, ou seulement celle
de l'une d'entre elles, offrirait un vif intérêt, d'une part à cause du
rôle qu'elles ont joué avant la révolution de 1830, de l'autre à cause
de la situation particulière qui a été faite depuis lors, en Belgique, à
l'enseignement supérieur. On y verrait à quels mécomptes s'est ex-
posé un prince animé d'intentions loyales, mais « trop libéral pour
être roi, et trop roi pour être libéral » (*) ; on y apprécierait la pru-
dence du Congrès national de 1831, qui donna satisfaction aux péti-
tionnaires de 1828, en proclamant la liberté illimitée de l'enseigne-
ment, mais qui en même temps, pour assurer la liberté des études en
même temps que celle des propagandes, décréta qu'il y aurait un en-
seignement donné aux frais de l'État; on y serait en présence des
diflicultés nouvelles qu'a fait surgir la terrible question de la collation
des diplômes ; on s'y convaincrait enfin de l'urgente nécessité de lais-
ser chaque Université vivre de sa vie propre, devenir exclusivement
responsable de ses actes, résultat qui ne sera obtenu que par la sépa-
ration complète du jury et de l'enseignement. Mais, encore une fois,
ce n'est pas une semblable étude que nous abordons : c'est le déve-
loppement intérieur de l'Université de Liège qui nous touche exclusi-
vement ; c'est son caractère distinctif, son attitude si l'on veut, que
nous essayerons de dégager, en nous attachant aux hommes qui l'ont
personnifiée et qui la personnifient encore, plutôt qu'aux vicissitudes
de la législation.
Il n'a pas été possible d'établir dans notre pays, comme on l'avait
généreusement rêvé, une Université unique. La préoccupation de l'é-
quilibre a dominé toute autre considération: il y avait deux Univer-
sités libres ; deux Universités de l'État ont paru indispensables. D'un
autre côté, le système de la centralisation est antipathique à notre
esprit national : on a voulu avoir égard aux différences de race et de
langue. C'est ainsi que chacune de nos quatre Universités a sa raison
d'être et sa physionomie bien tranchée: celles de Bruxelles et de Lou-
vain représentent les deux grandes opinions qui se disputent la majo-
(*) Paroles dn baron Vincent, gonverneur-général <Ips Pays-Bas poar les puissanees
INTRODUCTION. V
rite au Parlement ; celles de Gand et de Liège, les deux groupes de la
population belge, non assimilés Tun à l'autre, mais intimement unis par
le pacte constitutionnel.
L'uniformité des lois qui régissent les deux Universités de TËtat
n*a point fait et ne saurait fisiire disparaître les caractères saillants de
leur individualité respective. Elles répondent aux mômes besoins gé-
néraux ; mais, installées aux deux pôles de la Belgique, s*adressant à
des populations dont les instincts, les traditions, les tendances, les
éléments de richesse ne sont point les mêmes, elles se ressemblent
tout juste assez pour qu'on les reconnaisse comme des sœurs :
.... Faciès non oomibiu una,
Nec di versa tamen, qualem decet esse sororum.
Veut-on les bien connaître ? C'est sur leur propre terrain qu'il faut
les étudier. Leur prospérité, leur vitalité, la direction même qu'elles
impriment aux études tiennent sans doute à leur constitution légale,
mais tout autant, pour le moins, aux égards qu'elles ont pour l'esprit
public. Introduisons donc tout d'abord le lecteur dans le milieu où
respire l'Université de Liège.
Une excursion dans le passé, même le plus lointain, ne sera pas un
hors d'œuvre. Les provinces de l'Est de la Belgique ont constitué,
jusqu'à la fin du siècle dernier, une principauté indépendante, double-
ment isolée des États limitrophes par sa Constitution toute particu-
lière et par le caractère ecclésiastique de ses Souverains. On se mé-
prendrait sur le sens des aspirations des Liégeois, sur la ténacité de
leurs répugnances, sur Tidéal qu'ils se font de la liberté, sur les mo-
biles mêmes de leur zèle pour la diffusion des lumières, si l'on négli-
geait de tenir compte de l'héritage de dure expérience que leur ont
légué leurs ancêtres.
La société influe sur l'école et l'école réagit sur la société : c'est une
vérité banale ; mais c'est à la lumière des vérités banales qu'on pénètre
au fond des questions. Quel était en 1817 l'état intellectuel de la
population liégeoise ? Comment et en quel sens l'Université a-t-elle
contribué à l'émanciper, à modifier les idées reçues, à élargir l'ho-
rizon des esprits ? A coup sûr ces problèmes ne manquent ni d'intérêt
ni même de nouveauté. Efforçons- nous donc d'en rassembler les
données.
jntiiouii;tion.
I.
En considérant le droit d'enseigner comme un droit régalien ('),
les empereurs romains convertis au christianisme ne firent que con-
sacrer une maxime antique. Mais les idées se transformèrent à mesure
que les écoles païennes tombèrent en décadence et que les études
théologiques absorbèrent toutes les préoccupations des hommes
éclairés. L'enseignement devint, en fait, une des hautes prérogatives
de l'Eglise. A l'ardeur du premier zèle succéda pourtant une mortelle
langueur. Les écoles fondées par les évéques s'étaient enrichies de
l'héritage des écoles laïques ; elles avaient fleuri tant qu'il y était resté
quelque chose des traditions classiques : tout d'un coup les lettres
profanes parurent suspectes, et un moment vint où l'ignorance des
clercs n'eut d'égale que leur grossièreté. Le VIP siècle marque dans
l'histoire comme une époque de chaos, de violences et de licence ;
les guerres continulles, la misère générale perpétuèrent cet état de
choses jusqu'à l'avènement de Gharlemagne, dont la forte main res-
saisit le pouvoir que les derniers empereurs romains avaient aban-
donné.
Gharlemagne dirigea l'enseignement par le clergé; ses successeurs
Louis le Débonnaire et Charles le Chauve firent comme lui. Lorsque
l'empire se démembra pour faire place au système féodal, l'enseigne-
ment redevint, pour des siècles, l'apanage et le domaine exclusif du
pape et des évéques. «Les nouveaux souverains érigés par la féodalité
se gardèrent de tourner leurs vues de ce côté. Contents des droits de
justice, de guerre, de monnaie et autres, qui ajoutaient à leurs
richesses et leur faisaient goûter le pouvoir sous sa forme matérielle et
lucrative, ils ne comprenaient rien aux influences morales au nombre
desquelles l'enseignement tient le premier rang. Ils laissèrent donc la
propriété de ce grand droit au clergé, qui en sentait seul la puissance
pour régir les peuples. Dans un temps d'ailleurs où l'Etat ne se sen-
( > ) Magistros stadiorum, doctoresque excellero oportel moribus primùm, deiodè facundift.
Sod quia sioguUs civilatibas ipse adosse non possum, jabeo quisquis docere Tult, non
repente nec temerè prosiliat ad hoc munas, sed jodicio ordinis probatus, decretam curialium
mereatur, opUmorum conspirante consensu. Hoc enim decretam ad me tractandum referetur,
ut altiore quodam honore, nostro judicio, civitatibus accédât. C. Theod. U H De medieit et
professoribnSf ap. Troplong.
INTRODUCTION.
VII
tait plus comme le faisceau un et indivisible de toutes les forces
sociales ; où la puissance publique, lacérée en mille fragments, comp-
tait autant de représentants que de propriétaires de ses lambeaux ;
où les privilèges réguliers, inféodés à titre héréditaire, étaient dissé-
minés cà et là suivant les bigarrures les plus diverses et les caprices
les plus bizarres, il était tout au moins logique que FEglise conservât,
comme son patrimoine exclusif, les écoles dans lesquelles venaient
se former tous ceux qui aspiraient au titre de clerc et composaient
son immense milice » (^).
Or, à Liège, il arriva que le pouvoir temporel échut aux chefs du
diocèse. L'Etat s*y trouva donc maître de l'enseignement, par cela
même que l'enseignement relevait du clergé. Aux X"" et XP siècles,
aucune circonstance n'aurait pu favoriser plus efficacement le pro-
grès des études ; plus tard, ce même régime devait l'enrayer et même
y être hostile. A ce point de vue, l'histoire de l'instruction publique à
Liège est exceptionnellement instructive : elle fïiit apprécier ce qu'il
en coûte à une nation de rester trop longtemps en tutelle.
Berceau des Garlovingiens, notre pays fut toujours, de la part de
leur plus illustre représentant, l'objet d'une affection vraiment
filiale (*). Une lettre adressée à l'évéque Gerbalde (Garibaldus)
témoigne de l'intérêt que portait Gharlemagne à la bonne éducation
du clergé liégeois. Il est certain que, dès son temps, des écoles furent
érigées à côté de la cathédrale de St-Lambert; mais somme toute, si
elles répondirent jamais à l'attente du régénérateur des études, leur
éclat fut singulièrement éphémère. L'évéque Francon de Tongres
essaya do les relever : forcé de prendre l'épée pour combattre les
pillards normands, il n'eut pas le temps d'achever son œuvre. Le
règne d'Eracle fut au contraire le point de départ d'une ère brillante.
Eracle trouva les clercs plongés dans une ignorance profonde et
n'ayant nul moyen d'en sortir : il prit pour type de ses réformes la
célèbre école de St-Hartin de Tours, qui avait possédé Alcuin, fit
venir de l'étranger, à grands fhiis, les professeurs les plus distin-
gués, et s'appliqua tout à la fois à fortifier les études ecclésiastiques
( * ; TropIODg, Dm pouvoir de VÊiat sur l'enseignement, Paris, 4844, in-8*, p. 58.
( ' ) Sar l'histoire des sncionnes écoles de Liëge, on peat coosulter Crahbr, Getch, der
Eniehung vnd dee Unterrichu in den Niederlànden, Slrelsand, 4843, in-S»; Stallaeri
et Valider Haeghen, De Cimtr, publique au moyen-âge, Brax., 4854, in-8<>, et Lebon, Hist,
de f enseignement populaire en Belgique, Bmx., 4869« iD-8<>.
VIII INTRODUCTION.
et à y rattacher renseignement des lettres et des sciences ('). Ce que
Tours était pour la France, ce que Fulde était pour rAlIemagne, Liège
le devint bientôt pour les contrées intermédiaires. L'école de St-Lam-
bert s'éleva même au premier rang (*) sous Notger (997-1008), qui y
importa les traditions savantes de son couvent de St-Gall et en fit une
pépinière de professeurs : la France, la Germanie et jusqu'aux pays
slaves en ressentirent l'influence. Pour la première fois, des cours
spéciaux furent institués à Fusage des laïcs et l'instruction se donna
en langue vulgaire ('). Notger enseigna lui-même; son activité poli-
tique et militaire ne lui laissa jamais oublier ses chers élèves : dans
ses excursions, si longues qu'elles fussent, il en emmenait toujours
quelques-uns avec lui ; leurs études achevées, il restait leur ami et
leur protecteur dévoué ; il était leur hôte affectueux, comme celui des
lettrés étrangers qui affluaient à sa cour. Par contre, il tenait à
recueillir je fruit de ses efforts. « Hubold, chanoine de notre cathé-
drale, après avoir enseigné à Paris et avoir formé, en peu de temps,
une foule de disciples, fut, sous peine (Texcommunicatianj obligé de
venir professer dans sa patrie : Notger ne voulait pas laisser perdre
pour elle des talents qui devaient l'enorgueillir » (^ ).
Wazon, monté sur le trône épiscopal en 1042, resta fidèle aux
traditions de ses prédécesseurs. On lui doit, entr'autres, la fondation
de l'école de St-Barthélemy, où se distingua plus tard Âlgerus, l'ad-
versaire de Bérenger de Tours. Le zèle de Wazon était sans bornes :
non seulement il voulut que l'enseignement fût gratuit à St-Lambert,
mais il fournit des éléments de subsistance aux étudiants pauvres.
Il visitait assidûment les classes, interrogeait sur les Ecritures saintes
les élèves avancés, les plus jeunes sur Donat et Priscien, engageait
volontiers des discussions avec les uns et les autres et professsait la
maxime : que mieux vaut être vaincu rationnellement que vaincre
arbitrairement. Âdelman, célèbre avant Âlgerus par ses écrits sur
( * ) Tout le pays se couvrit d'écoles -. les maîtres faisant défaut , Eracle imagina un sys-
tème qui ressemble beaucoup k notre enseignement mutuel, — Eracle était un de« hommes
les plus instruits de son temps ; il connaissait les auteurs anciens et les citait volontiers ;
on vante en outre ses connaissances en mathématiques et en astronomie.
(*) Leodium, Lolbaringise civitas, studiis etiam litterariis prœ cœteris famosa^ dit Tabbé
d'Ursperg.
( ' ) Vulgari pkhem, clerum scrmone laiino
Erudit et satiat, magnà dulcedine verbi,
Lac teneris prsebens, solidamque valentibus escam.
(*) De Villenfagno, Rech. sur thist, de Liège, Liège, 4817, in-8o, t. Il, p. 207.
INTRODUCTION. IX
FEucbaristie, remplaça Wazon dans récolàtrie de St-Lambert. On cite
encore Francon de Cologne, qui a droit à une page dans Tbistoire de
la musique; Egbert, Tauteur des JEnigmata rusticana; Gozecbin, qui,
retiré à Mayence après avoir enseigné à Liège les humanités et la phi-
losophie, ne cessa toute sa vie de regretter la Fleur des trois Gaules,
la moderne Athènes^ etc., etc. Les écoles des monastères méritent
aussi une mention : en un mot, dans tout le cours de cette période,
Liège rayonna comme un phare au milieu des ténèbres.
Mais quand éclata la querelle des investitures, ce qui avait donné
vigueur aux écoles de Notger et de Wazon, c'est-à-dire la réunion des
deux pouvoirs sur une même tête, fut précisément pour ces institu-
tions une cause de ruine. Relevant à la fois du pape et de Tempereur,
les princes-évéques se virent mis en demeure d'opter, et cette alter-
native périlleuse détourna forcément leur attention de Tœuvre
commencée avec tant de ferveur. La splendeur naissante de TUniver-
sité de Paris, cette « chevalerie intellectuelle, » attira d'autre part
l'élite de la jeunesse vers la montagne Ste-Geneviève ; les écoles des
cathédrales et des abbayes, de moins en moins fréquentées, finirent
par ne plus recevoir que les aspirants à la prêtrise; enfin l'émanci-
pation des communes rendit nécessaire la création de nouveaux éta-
blissements, où le magistrat eut sa part d'intervention. A part quel-
ques controverses inévitables dans une période transitoire, il faut
dire qu'une entente cordiale continua de régner entre clercs et laïcs ;
mais les deux faits essentiels à noter, c'est que les hautes études se
déplacèrent et que les classes laborieuses furent appelées à profiter
des bienfaits de l'instruction. L'école de St-Lambert dépérit peu à
peu; on n'en trouve plus de trace après le XIII« siècle. Son rôle était
fini. Des bouleversements passagers qui coïncident avec la fièvre des
croisades sortit une société régénérée. Tandis qu'une partie de la
noblesse allait ensanglanter les champs de l'Orient, l'Eglise attirait
dans son sein, par l'appât de riches bénéfices, les fils de grande
famille restés en Europe, et ainsi les seigneurs commençaient à ne
plus dédaigner de savoir lire et écrire. Elevés d'abord à l'ombre des
cathédrales, ils fréquentèrent ensuite les Universités et quelquefois
y brillèrent ('). Cependant, à côté des anciennes écoles qui perdaient
( ') Ce ne fut pas tài\» foraneita» qui les détourna plus tard des sciences: ce furent les
sèdoctions du Inxe et de la mo liesse.
X INTRODUCTION.
insensiblement leur renommée, de modestes institutions communales
ou chapitrales se formaient et grandissaient chaque jour : ouvertes
aux enfants des bourgeois, elles coopérèrent puissamment, de leur
côté, à la transformation sociale. Le Tiers-Etat réclamait hautement
rinstruction ; la langue nationale secouait le joug du latin ; les gens
des communes, admis à prendre part à Tadministration, entendaient
ne plus dépendre que d'eux-mêmes; le développement de l'industrie
et du commerce, l'extension croissante des relations provoquaient
dans la classe moyenne un immense besoin d'indépendance et impor-
taient dans le pays des idées nouvelles ; enfin, les arts et la littérature
devenaient laïques et populaires, et le clergé se voyait en présence
d'une opposition satirique de plus en plus hardie. Les écoles élémen-
taires répondaient aux exigences de la situation : elles ne formaient
pas des savants, mais des hommes émancipés et prêts à suivre
l'exemple des plébéiens de Rome. C'est ainsi que la commune reven-
diquait pour elle-même, au profit d'un élément social jusque là compté
pour rien, le droit que l'Eglise, confondue ou non avec l'Etat, parais-
sait avoir usucapé à jamais.
On possède peu de renseignements sur l'état de l'instruction pu-
blique à Liège dans la première partie du XIV« siècle. Pétrarque
décerne une mention honorable à notre clergé ( ^ ) ; mais lui-même
déclare, dans un autre endroit de ses œuvres ('), que s'étant rendu à
l'abbaye de St-Jacques pour y copier un manuscrit de Gicéron, il ne put
se procurer à Liège que de l'encre tellement vieille, qu'elle avait pris
une couleur de safVan ('). Quoi qu'il en soit, l'opulence et le faste des
dignitaires de l'Église faisaient tort à leur zèle pour l'étude; en outre,
le pays était déchiré par des querelles de famille, et la capitale voyait
se renouveler, sur un théâtre restreint, les agitations des anciennes
républiques. On vivait au dehors, dans le tourbillon des fêtes, des com-
bats et des émeutes : tout contribuait à rendre solitaire les parvis du
temple de la science. Cette époque vit fleurir Jean-d'Outremeuse, le
naïf chroniqueur; Jean Le Bel, le maître de Froissart; Jacques de
Hemricourt, un miroir de chevalerie. Hais ce sont là de rares excep-
tions, et la peinture même qu'ils nous ont laissée de leurs contempo-
( ' ) Vidi Leodium imignem clero locum [lettre à Jean Colonna).
(*) RerumSenU. XV, ëp. i.
(') Pent-étre ne faut-il voir là qu'âne de ces boutades auxquelles certains écrivains fran-
çais nous avaient habitués, il y a quelque trente ans.
INTRODICTIOX. XI
rains, prouve queies temps étaient bien changés depuis le bon Wazon.
Il faut arriver à l'établissement des frères de St-Jérôme à Liège pour
retrouver quelque apparence de discipline classique tant soit peu régu-
lière : encore la nouvelle institution dut-elle être supprimée en 1428,
à cause des abus qui s*y étaient glissés (') ; il paraît qu'on y Taisait trop
bonne chère. Rétablie en 1495, sous les auspices de la maison de Bois-
le-Duc, elle mérita au contraire Testime générale. On y compta plu-
sieurs bons maîtres, entr'autres Hacropedius, venu d'Utrecht, et
Arnold d'Eynatten, dont Jean Sturm, le célèbre fondateur des hautes
écoles de Strasbourg, s'honore dans ses écrits d'avoir été le dis-
ciple ('). Les Hiéronymites ou Frères de la vie commune poursuivaient
un triple but : ils avaient de petites écoles gratuites pour les enfants
du peuple ; ils poussaient aux études savantes ceux qu'ils trouvaient
capables de les entreprendre ; enfin, ils s'occupaient avec zèle delà
transcription des manuscrits ('). Leur action fut généralement salu-
taire, surtout à mesure qu'ils renoncèrent aux tendances purement
ascétiques de leurs premiers fondateurs. Leur enseignement ne perdit
jamais son caractère religieux; mais il se transforma entièrement
sous l'influence de quelques-uns de leurs élèves, tant Allemands que
Hollandais, qui visitèrent l'Italie au commencement du XVP siècle H.
Us rompirent directement en visière avec le système d'éducation des
scolastiques : dans la dernière période de leur existence, cette réac-
tion eut pour eflTet de répandre en Allemagne et chez nous le goût des
chefs-d'œuvre de l'antiquité ; à ce titre, on peut les ranger au nombre
des précurseurs de la renaissance des lettres.
Il suffira de mentionner en passant la fondation de l'Université de
Louvain (1426), où les Liégeois , de même que les autres Belges ,
allèrent désormais compléter leurs études, au lieu de se rendre à
Paris, à Cologne ou à Padoue. On se platt ordinairement à vanter ce
( ' ) Delprat , Die Brùdtrschaft des gemeinsamen Leben», trad. dn holl. par Mohnike.
Leipzig, i840, p. H9.
(*) Parmi les élèves des Hiéronymites de Liège, on cite encore Placentius, historien et
poète (son curieax poème Pupim porcorum, dont tous les mots commencent par la lettre P,
a été récemment réédité par M. Ul. Capitaine) ; Jean de Panhausen, vicaire-général des
Prémontrés ponr rAUemagne et la Pologne, écrivain érudit et vigoureux défenseur des
droits de l'Eglise ; Jean de Glen, professeur à Paris et historien du christianisme d'Orient, etc.
(' ) De là leur surnom de Pratre» ad ptnnam» Ils fondèrent aussi des imprimeries : on
leur doit rintroduction de la typographie à Bruxelles.
( * ) V. Raumer, Gesch, der Pcedagogik^ t. I.
XII INTRODUCTION.
résultat ; on répète bien baut que notre pays commença dès lors à ne
plus compter sur l'étranger. Matériellement, on peut voir là un avan-
tage; mais au point de vue des idées, il ne serait pas impossible de
soutenir que renseignement de Y Aima mater fut en somme très-peu
national. Entons cas, il ne fut jamais civilisateur : il habituâtes esprits
à prendre les mots pour les choses et les subtilités de la dialectique
pour la véritable science. L'Université de Louvain jeta sans doute un
grand éclat ; elle put être fière à bon droit de Busleiden, de Louis
Vives, de Juste-Lipse, de Puteanus, du jurisconsulte liégeois Wamèse
et de bien d'autres; mais, en général, que l'atmosphère y était
lourde et assoupissante ! Quelle timidité scientifique et quelles pré-
tentions pompeuses ! Son influence vint surtout en aide à la politique
du gouvernement espagnol ; en dernière analyse, elle ne servit qu'à
retarder la iVanche expansion du génie des Belges.
Dans des conditions plus ou moins difiërentes , on peut observer
& Liège les mêmes tendances et des résultats analogues. Nous avons
dit plus haut que les Hiéronymites s'occupaient tout particulière-
ment de l'éducation des enfants pauvres. Or l'une des maximes du
créateur de l'ordre, Gérard de Groot , était que, si le prêtre doit être
la lumière du monde , l'intermédiaire entre Dieu et l'homme , il im-
porte néanmoins que les ouailles soient préparées à profiter de ses
enseignements : dans ce but, Gérard recommandait à ses collabora-
teurs de rendre aussi facile que possible, à tous, l'intelligence des
saintes Écritures. Il n'en fallait pas plus pour rendre les Frères de la
vie commune ( ^ ) suspects à nos princes-évéques , terrifiés comme
Charles-Quint et Philippe II des progrès de la réforme en Allemagne
et dans les Pays-Bas. Ils résolurent de couper le mal dans sa racine,
en s'appuyant sur la milice puissante qui venait de se donner la
mission de protéger la tradition purement orthodoxe. L'iconoclaste
Herman Struycker étant venu prêcher dans le pays, Tévêque Charles
d'Autriche se bâta d'appeler à Liège Pierre Canisius, « l'une des plus
fermes colonnes » de la Compagnie de Jésus (*j. Orateur pathétique
en même temps que théologien profond, Canisius obtint un succès
prodigieux ; les sermons de Salmeron et de Ribadeneira, qui le rem-
(*) Les Hiéronymites soot souvent désignés sous ce nom.
(*) Delprat (p. 68) rapporte que Canisius avait fait ses études chez les Hiéronymites de
Mimègue.
INTRODUCTION. XIII
placèrent, n'eurent pas moins de retentissement que les siens, et ce
fut probablement leur influence qui détermina Robert de Berghes,
successeur de Charles, à établir dans sa capitale un Collège de Jésuites.
Ses négociations n'aboutirent pas : Gérard de Groesbeck les renoua,
parvint à obtenir quelques missionnaires, mais recula tout d'un coup
devant l'établissement du nouveau Collège, parce qu'il ne voyait pas
de raison suffisante, dit-on, de renvoyer les Hiéronymites. Le silence
des historiens sur les détails de cette affaire laisse le champ libre aux
conjectures. Gérard de Groesbeck n'était pas un prince tolérant : on
sait qu'il essaya , sans y réussir toutefois , d'établir Tinquisition à
Tongres. Quoi qu'il en soit, il temporisa ; mais au commencement du
règne d'Ernest de Bavière, les Hiéronymites furent purement et sim-
plement privés de leur local, et les Jésuites s'y installèrent immédiate-
ment C). Le nouvel établissement fut inauguré le 30 avril 1583.
Ernest de Bavière fonda en outre un collège à Louvain, pour les
Liégeois qui désiraient se perfectionner dans les sciences. Il établit à
St-Trond un séminaire pour les humanités, et un autre à Liège, pour
la philosophie et la théologie (*). Celait un prince instruit ('), scep-
tique à ce qu'on dit , et néanmoins persécuteur implacable des dissi-
dents : par parenthèse, ses édits de bannissement eurent pour con-
séquence de transporter dans le pays de Stolberg l'industrie métallur-
gique qui commençait à se développer vers les sources de la Vesdre.
L'enseignement fut soumis, sous son règne, à la censure la plus sévère :
défense à quiconque « d'entreprendre d'estre ou estre maistre d'écolle
ou d'enseigner aucuns enfans ou autres, communément ou particuliè-
rement, lire, escrîre langues d'aucune sorte, compter, ciphrer, musi-
quer ou semblable an, science ou praticque quelconque, beaucoup
moins d'enseigner la philosophie ou « prescher, » sans l'autorisation
du grand vicaire (^). La vigueur de ces mesures rétablit la paix reli-
gieuse ; mais elle eut aussi pour effet d'amortir pour un temps
(*) V ci-après col. 4067.
{ * ) Becdelièvrc, Biographie liégeoise.
{*) lUentretenait dans son palais deux observateurs des phdnomèoes cëlestes« Gérard
Stempel de Gouda et Adrieu Zelst, qui rédigèrent à son intention et sous son patronage un
Traité de Vastrobobe. U s'occupait aussi très-activement de chimie : on lui doit une analyse
des eaux de la Fontaine de Piine près de Tongres (Alph. Le Roy, Im philonopUie au pays
de Uége, Liège 4860, in-S» p. 46).
(*) Pawilhar ciié par M. F. Henaux, Hist, du pays de Liège, 2« éd., t. Il, p. 439.
XIV INTRODUCTION.
rénergie de la population et de préparer les Liégeois, par l'abaisse-
ment de leur niveau intellectuel, k supporter le plus pénible de tous
les jougs, celui du despotisme théocratique.
Sans être injuste envers les successeurs des Hiéronymites, il est
permis de dire que leur enseignement, à Liège, ne fut rien moins que
favorable au progrès des lumières. Comme partout, ils reléguèrent
au second plan les langues et les littératures profanes, pour s'atta-
cher exclusivement au latin; ils exercèrent leurs élèves à écrire pro-
prement des pièces de rhétorique; ils composèrent et leur firent com-
poser force héroïdes et tragédies pieuses ; ils eurent soin de les tenir
éloignés du mouvement du siècle, ou tout au moins de ne le leur
laisser entrevoir qu'à travers un prisme : zèle maladroit pour être
trop habile, et dont le XVIIP siècle se chargea de leur démontrer
l'imprévoyance. En attendant, ils cherchèrent à s'assurer la première
place dans le monde théologique, et l'effroi inspiré, sur la fin du
XVII« siècle, par les noms de Baïus et de Jansénius favorisa un ins-
tant leurs tentatives. Pendant un certain temps, ils trônèrent dans les
chaires du Séminaire épiscopal. Ces querelles passionnèrent les Lié-
geois, qui n'avaient plus à s*occuper d'autre chose : nous traversons
une période tout à la fois d'agitation stérile et de somnolence...
Tel fut l'enseignement public, en noire ville, jusqu'à la suppres-
sion de la Compagnie de Jésus. Il serait injuste de passer sous silence
le Collège des Jésuites anglais, fondé en 1616; on y commenta les
livres d'Aristote, on y attaqua Descartes et sa séquelle ; on y cultiva
les mathématiques et la physique avec quelque succès, paraît-il; en
tout cas, l'influence de cet établissement sur les études des nationaux
fut très-indirecte.
De la fin du XVI'' siècle au commencement du XVIII% Liège compta
cependant un assez grand nombre d'hommes distingués dans les
sciences et dans les lettres : le savant critique Langius, l'éminent
mathématicien R. de Sluse , le P. FouUon , historien impartial et sou-
vent profond, apparaissent comme des étoiles de première grandeur
au milieu d'une pléiade d'érudits et d'écrivains de second ordre.
Nous laissons de côté les artistes , parmi lesquels il y aurait à citer
surtout des graveurs très-remarquables et quelques peintres, comme
Lairesse et Bertholet. Mais l'histoire des lettres et des arts n'est pas
précisément celle de l'instruction publique. Ces individualités sail-
lantes se détachent sur un fond d'une teinte assez monotone. La
INTHODlUniOX. XV
population liégeoise, Daturellement si vive, si avide de savoir, si
virile en d'autres temps , s'endormait volontiers sur le doux oreiller
de la paresse et ne se montrait fiëre que de ses chanoines. Elle vivait
dans un demi-jour, et s'en trouvait bien. Elle était séparée de l'Europe
comme par une muraille de la Chine. A l'intérieur, toute vie politique
avait disparu : il se rencontrait des panégyristes du coup d'État de
Maximilien-Henri, qui avait supprimé d'un trait de plume , en 1684,
toutes nos libertés constitutionnelles. Cette atonie était-elle incurable?
Cette quiétude profonde qui persista pendant un demi-siècle, où notre
histoire n'a pas un événement à enregistrer, devait-elle durer tou-
jours?—Sous le règne de l'excellent prince Georges-Louis de Berghes
(1724-1743), alors que plus que jamais on a lieu d'être satirait du pré-
sent, alors qu'effectivement on en est satisfait, nous voyons un vif
sentiment de curiosité s'emparer soudain de tout le monde. Ce n'est
pas qu'on songe à réclamer les droits confisqués; mais on tient singu-
lièrement à les bien connaître, à savoir au juste ce qu'ils ont coûté à
nos aïeux. On relit Foullon, on le continue ; Bouille écrit son Histoire
de Liège; les jurisconsultes Méan et Louvrex publient leurs précieux
recueils; poussé par un instinct secret, l'esprit public se réveille.
D'autres vagues symptômes se manifestent : on voit apparaître quel-
ques ouvrages de littérature légère. Encore un moment : les idées de
Jean-Jacques et des encyclopédistes vont franchir la frontière ; l'an-
tique édifice tout entier chancellera sur sa base.
C'est le comte de Horion, premier ministre de Jean-Théodore de
Bavière, qui se charge lui-même d'introduire l'ennemi dans la place.
Pierre Rousseau, directeur du Journal enq/clopédique, \ieni s'installer
à Liège. Cette ville est peu philosophe, il le déclare; elle n'est connue
dans la république des lettres que par son Almatiach; mais elle est
bien située : de là, le Journal se répandra plus aisément dans toute
l'Europe. De 1756 h 1759, Rousseau poursuit sa propagande tout à
l'aise. Tout d'un coup l'évêque, mieux informé, lui retire son privilège.
Rousseau s'adresse à Marie-Thérèse ; mais l'Université de Louvain a
l'œil au guet. Renvoyé de Bruxelles, il se réfugie enfin à Bouillon, ob
il organise une Société typographique dont l'influence, comme celle du
Journal encyclopédique et de YEspnt des journaux, sera considérable
jusqu'en 1793. Le gant est jeté : mais quoi! loin de le relever, le
prince-évéque Velbruck va lui-même se faire le protecteur, presque
le complice des audacieu^v publicistes. La physionomie de ce règne
XVI INTRODUCTION.
est trèa-intéressante ; retracée par un pinceau habile, elle explique-
rait le mouvement des idées à Liège mieux que la révolution elle-
même.
Les Jésuites disparurent de la principauté en 1773. Un ancien pré-
dicateur de leur collège, l'abbé de Feller, polémiste fougueux et infa-
tigable, resta seul sur la brèche pour défendre le système qu'ils
avaient personnifié. Le philosophisme français fit de rapides progrès
dans le pays, grâce à l'activité des presses liégeoises, d'où sortit même
une nouveHe édition de Y Encyclopédie, On peut reprocher au gouver-
nement d'avoir poussé trop loin l'insouciance , lorsque des libraires
spéculèrent en grand sur des publications obscènes de bas étage, qui
propageaient l'esprit d'opposition voltairienne dans ce qu'elle avait
de malsain et oblitéraient le sens moral du peuple. Il est vrai que Vel-
bruck édicta un règlement sévère contre les mauvais livres ; mais ce
règlement, comme bien d'autres, ne fut jamais sérieusement ap-
pliqué (*).
En abusant de la tolérance, Velbruck ne fut pas moins imprévoyant
que ses prédécesseurs. Ceux-ci avaient entretenu les Liégeois dans un
état d'indifférence béate ; le nouveau prince ne prit pas assez garde à
l'effet que devait produire, sur les masses ignorantes, la rupture subite
de toutes les digues. Le prestige du pouvoir ecclésiastique une fois
évanoui, la religion elle-même et jusqu'à la morale jetées par dessus
bord, qu'allait-il advenir ?
C'est là le revers de la médaille : il n'en esl pas moins vrai que
Velbruck, prince éclairé, grand zélateur des sciences, des lettres et
des arts, peut être appelé à juste titre l'émancipateur des Liégeois. 11
ne se contenta pas de régénérer les écoles et de créer des cours gra-
tuits spéciaux (mathématiques et dessin appliqué aux arts mécaniques) ;
il fonda la Société libre d'Émulation^ institution académique dont il fut
le premier président , et qui eut pour mission, d'abord d'étudier à
fond les ressources du pays, ensuite d'ouvrir des concours sur des
questions de science et d'utilité publiques. Tous les hommes de
quelque valeur que renfermait Liège s'y firent inscrire (*) ; on y prit
{*) Sur le titre des livres corimpteurs, on lisait le nom de Genève ou de quelque ville de
Hollande : c'était un passe-port dont on ne prenait pas la peine de contrôler l'authenticité.
( * ) Parmi les membres fondateurs de la Société, on remarquait bon nombre d'élèves des
Oratoriens de Visé. Les Oratoriens , comme on sait, ne repoussaient pas l'esprit d'examen ,
mais s'en servaient dans l'intérêt du catholicisme. — V. A. Morel, Annuaire de VVniversiti
de liège (1860), p. <1\ et suiv.
INTROULXTION. XVII
l'habitude, dans les réunions du soir, de choisir pour texte des con-
versations les doctrines et les problèmes sociaux qui passionnaient
de plus en plus le public. Là se faisaient entendre des orateurs
ardents ; là se préparaient aux luttes de la tribune, à leur insu, les
Bassenge, les de Chestret, les Fabry ; là se rencontraient les tréfon-
ciers de Paix et de Harlez ; là s'essayaient les poètes ; là Grétry rece-
vait des ovations et léguait d'avance son cœur au pays natal. Par ses
concours , par ses expositions , par les travaux de ses Comités , par
ceux qu'elle sut encourager, la Société d'Émulation resta pendant lon-
gues années fidèle à son mandat. Elle subit comme toutes les institu-
tions le contre-coup de la crise révolutionnaire ; mais elle se releva
au commencement de l'Empire, pour prendre une part plus directe et
plus active que jamais au développement de l'instruction publique.
Elle patrona l'Ecole de médecine Fondée par Ansiaux et Gomhaire (' ) ;
elle organisa des Fêtes intellectuelles et décerna des>écompenses qui
furent noblement disputées : nous n'exagérons rien en disant que le
mouvement d'idées qu'elle prit sous sa direction contribua puissam-
ment à fixer le choix du gouvernement hollandais, lorsqu'il fut ques-
tion, en 1816, de déterminer le siège des Universités de l'État.
Mais encore une fois, Velbruck ne songeait pas au lendemain. On
a vu des prêtres mondains sur le trône; mais un prince ecclésiastique
ouvertement philosophe, dans le sens qu'on donnait à ce mot au siècle
dernier, voilà certes une singularité dont cette période de l'histoire
peut seule nous offrir le spectacle. Deux adversaires en une même
personne : le prince compromettant l'évêque et l'évéque rendant le
prince impossible. Ceux qui dès lors repoussaient la confusion des
deux pouvoirs n'étaient que logiques; ils tiraient les conséquences
naturelles des prémisses que leur fournissait le souverain lui-même.
Les esprits modérés, mais clairvoyants, pressentaient qu'il faudrait
bientôt opter.
Velbruck avait été évêque aussi peu que possible; son successeur
Hoensbroeck, sincèrement mais étroitement pieux, s'engagea dès son
avènement dans une voie tout opposée. Il tint en grande suspicion
les penseurs et les beaux esprits; il essaya de paralyser l'essor
vigoureux qui avait caractérisé le dernier règne. A un lettré qui lui
demandait la place de conservateur de sa bibliothèque, il répondit
(>) V. ci-après, col. 43et H1.
Il
XVIII INTRODUCTION.
sèchement : «Je n*ai jamais lu et je ne veux pas en prendre l'habi-
tude» n. «Il éloigna peu à peu les hommes qui avaient eu la confiance
de son prédécesseur, et finit par renouveler tout son entourage. Il se
forma ainsi, dans la partie la plus intelligente de la population, un
noyau de mécontents que grossirent la froideur et l'extérieur peu
sympathique du prince ('). » On saisit avidement le premier prétexte
venu: la balance pencha...
La révolution qui engloutit la principauté de Liège fut exactement
le contraire de la révolution brabançonne. Celle-ci s'éleva contre le
joséphisme, qui asservissait l'Eglise à l'Etat; celle-là revendiqua
contre le clergé toutes les libertés civiles et politiques. Velbruck avait
laissé les idées françaises saper les fondements de son pouvoir; la
réaction opérée par Hoensbroeck acheva de rendre odieuse et insup-
portable la domination ecclésiastique. Tout conspirait à transformer
les Liégeois, si longtemps courbés sous la crosse épiscopale, en
libéraux décidés, en adversaires de toute intervention du prêtre dans
les affaires temporelles. Pour être certains d'en finir avec l'ancien
régime, ils se jetèrent dans les bras de la république française : mal-
heureuse inspiration, qui leur valut d'être traités en peuple conquis,
mais conséquence naturelle des influences qu'ils avaient subies et des
fautes de leurs derniers princes. Quand les yeux furent dessillés,
d'ailleurs, ils furent les premiers à se souvenir qu'ils étaient Belges.
L'insiruction publique languit à Liège pendant toute la période
révolutionnaire. Sous la domination française, le grand Collège qui Tiv^it
remplacé la maison des Jésuites (') fit place à une Ecole centrale, dont
le programme devait comprendre «les mathématiques, la physique et
la chimie expérimentales, l'histoire naturelle, Tagricullure et le com-
merce, la méthode des sciences ou logique, l'analyse des sensations
et des idées, l'économie politique et la législation, l'histoire philoso-
phique des peuples, l'hygiène, les arts et métiers, la grammaire
générale, les belles-lettres , les langues anciennes , les langues
vivantes et les arts du dessin. » C'était passer sans transition d'un
extrême à l'autre. Ni les professeurs, ni les élèves n'étaient capables
(* ) Ferd. Henaux, oiii\ cité, t. il, p. 263.— Borgxet, Histoire de la révol. liégeoise de
i789, Lidge, 1863, in-S*», t. I, p. 9.
(*) BORGNET, ibid,
(') C'était simplement un collège d'humanités. L'enseignement philosophique avait ^Xé
supprimé à Liège en 1774; il est vrai que ce coup n'était tombé que sur la vieille scolastique.
iNTRODur/nox. XIX
de venir à bout de ce qu'on exigeait d'eux (*)• L'Ecole de Liège
végéta pendant six ans (1798-1804) ; le Lycée qui lui succéda subsista
jusqu'en 1814 (*), époque où il fut transformé en Gymnase, sous la
courte administration prussienne. Dans le plan d'organisation de
l'Université impériale, Liège avait figuré comme chef-lieu d'Acadé-
mie, pour les départements de TOurthe, de Sambre-et-Meuse, de la
Roër et de la Meuse-inférieure. La Faculté des sciences y fut seule
organisée; un maigre cours de logique représenta à lui seul toute la
Faculté des lettres; finalement, un décret fit tout disparaître. Les
aspirants au barreau allèrent fréquenter, à Bruxelles, XEcole de droite
qui nous revint plus tard, professeurs et élèves, et forma le noyau de
notre Faculté académique (^); les étudiants en médecine suivirent les
cours d'Ansiaux et deComhaire. En résumé, l'enseignement supérieur
ne reçut pas, chez nous, d'organisation régulière et pratique avant
l'établissement du royaume des Pays-Bas. Plusieurs bons éléments
pouvaient être mis à profil; mais, comme le dit M. Nothomb, en
1816 tout était à faire.
IL
Lorsque le roi Guillaume soumit la loi fondamentale }\ rapprobalion
des notables de la Belgique, les délégués des déparlements de TOurlhe,
de la Meuse-inférieure et des Forêts (Liège, Limbourg et Luxembourg)
se prononcèrent à une Irès-grande majorité en faveur du projet (*).
A Bruxelles et à Namur, il y eut à peu près partage ; ralliiude des
Flandres, d'Anvers et du Hainaut fut au contraire tellement hostile,
qu'en dépit des 110 voix hollandaises des Elals-généraux, consultés
(M MOREL, p. 27 et su iv.
(') Les premiers dlèves du Lycdc furenl envoyés de France et choisis parmi les jeunes
{T^DS qui avaient droit k une l)oursc d'études : nous tenons ce détail du plus ancien
d'cnlr'eux, M. Montalant-Rougleux, do Versailles, à qui sa verte vieillesse permet encore de
venir revoir de temps en temps la ville où il a fait ses éludes. M. Montalant s'est plus d'une
foisftonvem] de Lijge dans SiS poésies; il est aussi l'un des correspondants les plus assidus
de notre Société d'Emulation.
(*) V. ci-après, col. 267.
(*) A Liège, 38 voix pour, 31 contre ; à Hay, 11 pour, \\ contre \ à Ycrviers, BSponr.
Sur 116 voix Hmbourgeoises, 19 seulement Turent négatives. Dans tout le Luxembourg (73
voix), il oe se rencontra pas un seul opposant (V. Van de Weyer, la Bcltjique et la Hollande
(Opusc., t. Il, Londres, 1869, in-12«), p. 60).
XX INTRODUCTION.
de leur côté et convoqués en nombre double, la loi se trouva rejetée
par 796 suffrages contre 637. Cent vingt-six votants motivèrent formel-
lement leur refus sur les articles 196 et 198, qui proclamaient la
liberté absolue des cultes et rendaient les emplois accessibles à tous
les nationaux» sans distinction d*opinions religieuses. L'opposition
comptait aussi dans son sein un certain nombre de libéraux, préoc-
cupés de certaines garanties essentielles dont la loi ne disait mot,
notamment de la responsabilité des ministres, de l'institution du jury,
que TEmpire nous avait fait connaître, enfin de l'inamovibilité des
juges ; mais il resta évident pour le roi, dont la surprise et Tirritatiou
furent extrêmes, que le clergé était le principal instigateur de la
résistance. Or la situation était délicate vis-à-vis des puissances
alliées, qui avait stipulé ïassimilation constitutionnelle des deux pays.
La Hollande acceptait sans réserve les propositions du gouverne-
ment ; la Belgique prise en masse n'en voulait pas : que faire f Un
arrêté royal du 24 août 1815 déclara la loi fondamentale purement et
simplement acceptée (*). C'était une première faute, que le temps
pouvait faire paraître excusable (■); malheureusement le roi ne s'en
tint pas \h. Il laissa échapper des paroles menaçantes ; il jura
d*écraser le parti qui l'avait tenu en échec ('). On sait comment
furent traitées les protestations du prince de Broglie, évêque de Gand ;
on sait comment, dans la suite, le nouveau Joseph II fut accusé de
vouloir asservir l'Eglise. La sincérité des intentions de Guillaume ne
saurait être révoquée en doute ; il voulait incontestablement le bien
de ses sujets, mais il le voulait à sa manière et sans tenir compte
du sentiment des populations. Plus il s'obstina, plus ses mesures
devinrent suspectes ; finalement elles parurent odieuses. On lui
imputa le projet de vouloir propager en Belgique l'esprit calviniste,
et tout d'abord de l'introduire subrepticement dans les écoles pri-
maires (*) ; on lui reprocha de réserver toutes ses faveurs à ses com-
patriotes ; et ce ne furent pas seulement les coryphées de la politique
( ' ) De Gcrlache, Ri»t, du roy, des Pays-Bas, Bruxelles, 1843, in-S^, t. I, p. 309 etsuiv.
(*) Thonissen, La Belgique sous le règne de Uopold /, 2« éd. Louvaio, 4861, in-S», t. FI,
p. 4.
(') De Gerlacbc, /. c. — Carlo Gemelli, Hist. delarivoL Belge Braxelles, 1860, in-8o,
p. 37.
(*) Ducpëliaux, citd par M. Th. Jastc, Hist, de VinstrucUon publique en Belgique, Brun.
1844, in-8», p. 282.
IXTKODLCTION. XXI
active, ce furent tous les Belges qui s'indignèrent, lorsqu'il eut la
malencontreuse inspiration de nous imposer de force la langue hollan-
daise (M. En vain il émancipa notre industrie, en vain il rendit plus
prospères que jamais nos provinces épuisées, en vain il régénéra
l'instruction publique : une nation qui voit sa religion et sa langue en
péril se sent frappée au cœur et répudie des bienfaits qu'elle regarde
comme empoisonnés.
Le royaume des Pays-Bas dura néanmoins quinze ans, et ces quinze
années, malgré tous les griefs, figureront dans notre histoire comme
une période heureuse et brillante. La paix, cette fée si longtemps
insaisissable, désormais assise à notre foyer, nous prodiguait ses
trésors. Les relations intimes de la Belgique et de la Hollande nous
profitaient plus encore qu'à nos voisins bataves. Le roi aimait les
lumières et respectait la liberté dans tout ce qui ne touchait pas à
ses idées fixes. Aveugle et intraitable sur ce point, il mina lui-même
l'édifice qu'il avait mission de consolider; mais sous d'autres rapports
les provinces belges eurent tant de sujets de lui rendre grâces, que
jusqu'au moment suprême un seul mot de sa bouche eût pu tout
réparer : il ne le prononça pas.
Il avait l'admirable patience qui a toujours caractérisé ses compa-
triotes et qui leur a permis de conquérir leur sol sur l'Océan ; mais il
avait aussi les défauts de ses qualités : sa ligne de conduite une fois
tracée, aucune considération n'aurait pu l'en faire dévier; les éléments
qu'il avait négligés en posant ses prémisses n'existaient pas à sesyeux ;
(') Les temps sont bien changés, ii preuve le mouvement flamand. —Aujourd'hui que le
calme est rentré dans les esprits, on reconnaît volontiers que l'opposition avait singulière-
ment exagéré ses griefs. La langue française étant étrangère à la grande majorité des habi-
tants des Pays-Bas, il était assez rationnel qu'elle ne fût pas choisie pour être la langue des
affaires. Mais Guillaume oublia qu'on ne gouverne plus les peuples sans compter aver^ eux ;
que, dans son intérêt, il devait ménager les provinces wallonnes; et qu'enfin
Lfl teinp« n*épargnc p«i ce que Ton fait md» Ini.
L adage : Quid leges tine motibus ? est toujours vrai : le CompeUe iniare dt'salTeclionne
inévitablement les peuples. H aurait fallu laisser d'abord s'éveiller chez les Belges le désir
de connaître le hollandais, et l'on ne peut douter qu'ils n'en seraient venus là. N'avons-nous
pas va, cette année même, un grand nombre d'étudiants de Liège demander qu'il fût pourvu
sans retard au remplacement de M. le professeur émérite Bormans, pour le cours de langue
flamande? (*)
(') Il a été fuit droit santi retard à c«Uo nltilamniion ; U. Stecher a éré cliargé du luar^ do llauiaud pr
arrêté royal do 15 juin 1869.
XXII IXTMOnUCTION.
lui eût-on démontré à l'évidence le danger de les éliminer, il restait
logicien jusqu'au bout. Avec ces dispositions d'esprit, il gagna peu à
peu du terrain, notamment dans la capitale des Flandres, où les libé-
raux, peu nombreux au commencement, mais en communauté directe
d'idées avec lui, étaient ravis de le voir entamer une lutte à outrance
contre les doctrines politiques de Tépiscopat. Le noyau de ses parti-
sans s'y grossit peu à peu des représentants de la grande industrie,
presque tous ses obligés, et finalement d'une bonne partie de la classe
moyenne, qui appréciait hautement sa sollicitude pour l'instruction
publique. Foyer de l'opposition cléricale au commencement de son
règne, la ville de Gand était devenue, en 1830, le dernier boulevard
de l'orangisme. — Les choses se passèrent tout autrement à Liège. Là
aussi de puissants industriels, et à leur suite tout un peuple de tra-
vailleurs, étaient sympathiques au gouvernement; là aussi tlorissait
une Université qui ne laissa pas que de lui recruter des auxiliaires;
mais par contraste avec Gand, l'attachement au régime établi en 181S
se refroidit dans le pays wallon à mesure que les idées libérales y firent
du chemin. On a vu plus haut que la loi fondamentale avait été assez
bien accueillie dans les provinces dont le territoire correspond à
l'ancienne principauté ecclésiastique ; or c'est au sein de ces mêmes
provinces, quinze ans à peine écoulés, que la révolution fut surtout
populaire et qu'elle trouva ses principaux chefs. L'explication de ce
revirement se trouve dans l'idée radicalement fausse que le roi Guil-
laume s'était faite de notre caractère et de nos intimes aspirations.
Pendant toute la durée de son règne, le parti catholique fut représenté
à Liège par plusieurs notabilités de premier ordre ; cependant l'in-
fluence politique du clergé s'y faisait beaucoup moins sentir, depuis
la grande révolution, que dans les provinces qui avaient fait partie
des Pays-Bas autrichiens. Les Liégeois, pris en masse, se souvenaient
trop amèrement du règne de Hoensbroeck, pour n'être point attachés
aux idées de 1789 et pour n'en point tirer les conséquences rigou-
reuses. Nous voyant assez indifférents aux susceptibilités des prélats,
le roi nous considéra comme gagnés d'avance à sa cause. On peut
aussi admettre qu'à Liège comme à Gand, pour mieux assurer la réus-
site des projets qu'il avait conçus, il eut l'arrière-pensée d'engager
la fidélité des provinces wallonnes en les dotant de grands avantages
matériels, moyen de se faire absoudre des faveurs administratives et
ixrnoDUCTiox. XXI II
religieuses qu'il accordait aux Hollandais (*). Il atteignit son but,
comme on vient de le dire, dans lé monde industriel. Mais il se mé-
prit du tout au tout sur la véritable portée du libéralisme liégeois;
surtout il ne prévît pas que la jeunesse universitaire, déjà libérale
d'instinct, lui échapperait tout à fait lorsqu'elle comparerait la con-
duite politique du souverain avec les principes que des hommes
choisis par l'autorité, mais en définitive des hommes de conscience,
étaient appelés à lui enseigner. C'est en effet dans nos Universités,
ou plus exactement c'est à l'Université de Liège, que se forma ce
groupe de patriotes qui déchirèrent le pacte de 1815, devenu une
lettre morte. Il faut dire à l'honneur de Guillaume I qu'il ne porta
jamais atteinte à la liberté de la chaire : mais le moment devait arri-
ver où les jeunes aiglons qu'il avait habitués à contempler le soleil en
face, n'en pourraient plus détourner leurs regards.
Libéralisme est un mot tellement élastique , que les partis les plus
opposés l'ont inscrit sincèrement , et tour à tour, sur leur drapeau.
Le roi Guillaume se croyait libéral , non qu'il aimât la liberté, mais
parce qu'il voulait affranchir les peuples de tout autre joug que le sien.
Il en voulait surtout à l'esprit du catholicisme et à l'influence fran-
çaise. Sa pensée était d'émanciper le peuple en le forçant d'accepter
son système d'éducation. Persuadé de son infaillibilité, il démonétisait
toute idée qui ne portait pas son efTigie. La manie de réglementer
s'empara donc de son esprit : il propagea l'instruction, mais en la
monopolisant; il protégea la presse, sauf h la museler quand elle ne
lui donnerait pas raison ; il combattit les empiétements du clergé,
mais en opprimant le clergé et en s'ingérant dans l'enseignement
théologique. En Hollande, cette façon d'agir ne blessait personne,
sauf quelques vieux républicains partisans de l'oligarchie ; mais
ceux-ci mêmes avaient sur la liberté des idées toutes différentes des
nôtres. En Belgique au contraire, à Bruxelles et à Liège en particulier,
un tel système ne pouvait que froisser profondément les adversaires
comme les amis du cléricalisme. Chez nous, les purs libéraux aspi-
raient tout bonnement à la séparation de l'Église et de TÉtat : ils ne
voulaient pas que l'Église pesât sur l'État, mais ils n'entendaient pas
davantage que l'État absorbât l'Église. Ils trouvaient naturel qu'un
(*) F. Capitaine, Notice tur H,-J. Otban (Procès- verbal de la Séance publique de la Soc.
d'Emulation de Liège, 34 mai 4858, p. 40).
XXIV INTRODUCTION .
libéral allât même à la messe ; en revanche, ils se seraient bien gardés
de s'enquérir de la présence de leurs voisins au prêche évangélique.
Le Liégeois, de tout temps, s*est montré extrêmement jaloux de sa
liberté individuelle ; les moindres envahissements du pouvoir lui por-
tent ombrage et trouvent en lui un adversaire implacable. Voilà ce dont
Guillaume ne parut point se douter : il prit le libéralisme des loges
maçonniques, qui avait des points de contact avec le sien, pour le
reflet de Topinion publique ; impossible de se tromper plus complè-
tement. Parce que les Liégeois avaient Tancien régime en horreur, ils
n*en étaient pas moins, en général, restés attachés à la religion de
leurs pères. Tolérance pour tous , point de propagande officielle ,
liberté de penser et de parler, tels étaient leurs vœux et leurs légi-
times espérances. Voyant le roi viser au gouvernement personnel et
faire aussi bon marché de leurs griefs que de ceux du clergé, ils
prirent tout d*un coup au sérieux les protestations des catholiques.
Appliquant à la situation présente un mot du vieux Balzac, rapporté
par Lamennais, nos concitoyens se dirent qu'un peuple qui avait
secoué le joug de la théocratie ne pouvait se résigner à regarder
comme un Dieu son chef temporel. Ils virent la Belgique moins in-
dépendante que jamais, en dépit des promesses du pacte fondamental.
Libéraux et catholiques oublièrent en un moment leurs dissidences
et n*eurent plus qu*une préoccupation dominante, la délivrance de la
patrie. Ainsi fut conclue cette fameuse Union que Guillaume qualifia
dHnfâme^ mais que justifiait pleinement au contraire le sentiment des
devoirs les plus sacrés ; ainsi s'organisa le pétitionnement général de
1828 , qui ébranla jusqu'en ses fondements Tédifice élevé par la
Sainte-Alliance (').
Le roi des Pays-Bas attachait au développement de l'instruction
publique dans les provinces méridionales une importance d'autant
plus grande, qu'il avait trouvé la Belgique, sous ce rapport, dans un
état d'infériorité déplorable. Ses idées de réforme se rattachaient,
comme on peut s'y attendre, à sa politique générale ; et ici encore ,
emporté par son zèle anti-clérical, il finit par ne plus garder aucune
prudence. Cependant nous avons lieu de croire que l'f/nton aurait eu
de la peine à se former, si les libéraux liégeois n'avaient eu des rai-
( * ) De Gerlache, Tbonissen, etc.— Gervinus, Gesch. des XIX ^ JahrhutuUrtt, Leipzig,
4865, in-S^ l. VII, p. 589 et suiv.
INTHODUCTIOX. XXV
sons de se croire directement froissés. Ils épousèrent la querelle du
clergé parce qu'ils trouvèrent que le clergé avait raison, mais plus
encore parce que, comme le Harry Wind de Walter Scott, ils avaient
à combattre pour leur propre main. En général , les mesures prises
par Guillaume pour régénérer Tinstruction publique furent applaudies
à Liège aussi bien qu*à Gand. Jamais établissement d'enseignement
primaire n'obtint chez nous un succès aussi universel, aussi incontesté,
que l'école primaire modèle dirigée par J. Stapper, de Haarlem. Les
écoles gratuites de la ville, les écoles des campagnes même éiaieiU
pour la plupart excellentes ; l'un des premiers soins du roi avait été
d'appliquer à la Belgique cette loi de 1806, dont Cuvier et Noël n'a-
vaient su en quels termes vanter les résultats , lors de leur voyage
oflBclel en Néerlande. Partout s'organisaient des cours normaux; le
gouvernement, appréciant les avantages de l'initiative privée, favorisait
les Sociétés ([encouragement qui se constituaient dans les principaux
cbefs-lieux de province ; les Commissions provinciales d'instruction
exerçaient une influence salutaire ; une juste sévérité présidait au
choix des instituteurs, qui étaient nommés au concours. L'organisa-
tion nouvelle répondait d'ailleurs à un besoin vivement et générale-
ment senti : on ne se représente pas aujourd'hui l'abaissement de nos
écoles primaires avant 1815. La réorganisation de l'enseignement
élémentaire est pour Guillaume I un titre impérissable à la reconnais-
sance des Belges : elle aurait assuré sa popularité parmi nous, si l'on
ne s'était trouvé tout d'un coup en présence de questions plus brû-
lantes. Quant à l'accusation de propagande calviniste jusque dans les
petites écoles par le choix des livres, etc., etc., elle se réduit aujour-
d'hui à fort peu de chose. Il n'est pas vrai de dire que l'instituteur ait
jamais porté atteinte à l'enseignement du curé : les enfants se ren-
daient à l'école pour s'y instruire et allaient à l'Eglise pour y apprendre
le catéchisme; tout le monde s'en trouvait bien, et les deux autorités,
chacune indépendante dans son domaine, se respectaient mutuelle-
ment. D'ailleurs, quelle que fut la pensée secrète du roi, il n'aurait pas
trouvé dans notre pays les moyens d'arriver à ses fins. L'expérience
fut tentée jusqu'à un certain point dans des régions plus hautes; mais
ici, nous nous croyons en droit d'affirmer qu'il n'en fut jamais ques-
tion; nous en appelons aux souvenirs de tous les hommes de cette
époque. Les motifs de défiance dont on fit état dans la suite pour
ramener le clergé dans l'école étaient plutôt théoriques que justifiés
par une expérience de quinze années.
XXVI INTnOULXTlON.
yenseignement moyen fut réorganisé à son tour. Ici la lutte qui
s'engagea contre le monopole du pouvoir civil ne se réduisit pas à un
procès de tendance. Le clergé ne pardonna pas plus à Guillaume la
fermeture des collèges libres, que la proscription des corporations
religieuses qui s'occupaient d'enseignement élémentaire. Toutes les
familles catholiques s'émurent quand parut le décret du 11 »oùt 182o,
excluant des emplois publics et des fonctions ecclésiastiques les jeunes
gens qui auraient (ait leurs humanités k l'étranger. Il n'y avait plus à
se faire illusion : le roi se rangeait ouvertement sous la bannière du
joséphisme ; il fallait courber la tète sous le joug, renoncer à la liberté
de conscience ou se laisser traiter en parias. L'attitude résolue des
députés belges arracha enfin au gouvernement quelques concessions :
elles arrivèrent trop tard. . . .
Les Athénées et les Collèges belges, sous le gouvernement hollan-
dais, furent loin de briller autant que les écoles primaires >(*). La
Hollande, qu'on avait pris pour modèle, ne possédait pas un enseigne-
ment secondaire en rapport avec les nécessités du temps. On n'y
cultivait guère que les langues anciennes, comme si l'on n'eût eu à
former, écrivait Victor Cousin, que des professeurs et des théologiens.
Il est permis de voir dans ce système étroit, auquel la Hollande
cherche à renoncer aujourd'hui sans parvenir à se fixer, un obstacle
sérieux au développement de nos Universités naissantes, et aussi une
des causes de l'esprit de réaction qui s'y fit jour contre les institu-
tions existantes. La jeunesse belge abordait les études académiques
entièrement étrangère au monde moderne; tout était nouveau pour
elle ; on ne lui avait appris que des mots et des formules stériles ; les
uns, dont Tesprit manquait de ressort ou de stimulant, restaient dans
l'ornière jusqu'à la fin ; les autres se jetaient à corps perdu dans l'étude
des choses présentes et, plus avides de se faire l'écho des bruits du
dehors que de pâlir sur des manuels sèchement écrits dans un latin
de convention, rêvaient réformes sur réformes, descendaient dans
l'arène de la presse militante et finissaient par ne s'attacher qu'aux
maîtres dont les leçons correspondaient à leurs préoccupations poli-
tiques.
Ainsi s'explique comment la Faculté de droit atteignit dès le début,
( ') H faut faire exception poar quetques-uns, notamment pour les Athénées de Bruxelles,
de Maestricht et de Luxembourg.
INTRODUCTION. XXVII
à rUniversité de Liège, une importance hors ligne : à un moment
donné, il en devait sortir une phalange tout armée pour le combat.
L'esprit scientifique proprement dit souffrit cependant de cette situa-
lion ; le système qui fut mis en vigueur en 1817 porta de tout autres
fruits que ceux sur lesquels avaient compté ses promoteurs. Parmi
les étudiants qui se distinguèrent, un petit nombre poursuivirent plus
lard des études paisibles ; la plupart visèrent à jouer un rôle actif
dans les affaires publiques. On sait ce que la Belgique doit à leur
chaleureux patriotisme, à leurs audaces précoces, à la sagesse pratique
dont ils firent preuve jusque dans leurs entraînements. On sait égale-
ment avec quelle dignité courageuse et quelle abnégation antique quel-
ques-uns d'entre eux restèrent fidèles au gouvernement déchu : ceux-
là aussi sont dignes de tout respect et de toute sympathie. Noble et
vigoureuse génératioir, dont l'histoire se souviendra et qui est encore
l'honneur de notre pays ! Mais l'époque où ces hommes étaient
jeunes fut une époque dé crise et de transformation : c'est à peine si
l'Université de Liège, jusqu'en 1830, put respirer dans des conditions
normales. On y entrait trop peu préparé, on en sortait irop agité, et
dans tous les cas trop indifférent à la science pure. C'est ainsi que,
par l'effet naturel des circonstances, la politique vint s'asseoir sur
nos bancs, et absorber de plus en plus l'attention ; elle s'en retira plus
lard, nos libertés une fois conquises, pour intervenir, sous l'égide de
la loi, dans la constitution du jury d'examen ; mais jusqu'aujourd'hui
notre enseignement supérieur en a subi l'influence, et c'est ce qu'il
importe de constater d'abord, si l'on veut porter un jugement équitable
sur les efforts de ceux qui l'ont représenté jusqu'ici.
Pris en lui-même, le Règlement organique de 1816 était digne d'un
prince éclairé, loyalement dévoué à l'œuvre d'émancipation qu'il avait
entreprise. Il consacrait une sorte de compromis entre le système de
centralisation de rUniversité de France, et le système d'autonomie
des hautes écoles de l'Allemagne. Les spirituelles plaisanteries de
l'Observateur belge (') ne lui portèrent aucune atteinte sérieuse; s'il
n'était pas irréprochable de tout point, il substituait du moins des
établissements complets aux institutions incomplètes léguées par
rEmpire("). Le travail de M. Nothomb {') nous dispense d'analyser
(*) V. notamment t. IX, p. 353 et suiv.
(■) Juste, p. 302.
{ ■) Etat de l'instruction supérieure en Belgique ;1794-1835). Bruxelles, i844, in 8«, 1. 1 ,
p. XXVII et suiv. — V. aussi Th. Juste, p. 292 cl suiv.
XXVIII INTRODUCTION.
ce documeat , qui d'ailleurs a servi de base à nos institutions
actuelles, en ce qui concerne la constitution intérieure des Universi-
tés. Celles-ci devaient comprendre cinq Facultés ; mais la Faculté de
théologie catholique, la seule qui aurait pu porter directement om-
brage au clergé, n'y fut jamais organisée. Le règlement portait la
contre- signature du ministre Falck, qu'on a surnommé le ban génie
de Guillaume I : cela encore devait inspirer confiance (M* En somme,
une opposition systématique pouvait seule à l'origine, suspecter les
intentions royales.
Tout allait dépendre, il est vrai, du premier choix des professeurs.
Le gouvernement fit tout ce qu'il put pour trouver dans le pays des
hommes capables; il s'en rencontra quelques-uns, mais pas assez
pour satisfaire aux conditions du programme. Il ne suffisait pas
d'avoir été premier de Louvain pour être en état d'enseigner le droit
romain à une époque où les Hugo, les Thibaut et les Savigny trans-
formaient la science. L'histoire philosophique, les sciences écono-
miques étaient chez nous de mystérieuses inconnues ; la philologie
ne comptait pas un représentant sérieux; en sciences naturelles, on
aurait eu à peine un nom à citer; en médecine, nous possédions
Ansiaux, Gomhaire et Sauveur ; mais la Faculté devait être complétée.
On fil venir de Bruxelles J.-G.-J. Ernst, pour le droit civil ; Delvaux
eut mission d'enseigner la physique et la chimie ; partout enfin où il
fut possible de trouver des professeurs belges, on alla les chercher.
Cependant, sous peine de tout compromettre, il fallait, dès le com-
mencement, ofiîrir à la jeunesse un ensemble de moyens d'instruction.
Le gouvernement ne fit que remplir un devoir en recrutant à l'étran-
ger quelques hommes d'avenir, capables de pourvoir aux nécessités
du moment. Ces hommes arrivèrent à Liège, jeunes encore, inexpé-
rimentés peut-être, mais dans tous les cas à la hauteur de leur mis-
{i ) Malheureusement la modération de ce digne conseiller ne tarda pas à déplaire au roi.
Lorsque Guillaume prit ses arrêtés concernant la langue hollandaise, le ministre de l'intruc-
tion publique, après avoir fait vainement tout son possible pour dctourner le roi de son
dessein, résolut du moins d'apporter un retarda Texécution des nouvelles mesures. M. Juste
rapporte à ce sujet (p. 303) l'anecdote suivante : < Le professeur de littérature hollandaise
de VAthénée de Bruxelles s'étant présenté un jour à l'audience du roi, celui-ci lui demanda
comment allait la langue tiationale depuis les derniers arrêtés. Le professeur, qui était un
Batave fanatique, répondit que le ministre tenait encore les arrêtés dans son portefeuille. A
la suite de celte audience, Guillaume eut une explication avec M. Falck ; et le fidèle ministre
fut envoyé à Londres. » — M. Quetelet a publié une intéressante biographie de Falck dans
V Annuaire de FAcad. royale de Bruxelles ^ année 48 i4, p. 79>107.
INTRODUCTION . XXIX
sion. L*opposition jeta les hauts cris (') : elle eut doublement tort.
Les nouveaux professeurs n'étaient pas tous également familiarisés
avec la langue française ; mais, d*une part, c*était un défaut dont ils
avaient le loisir de se corriger tous les jours; de l'autre, renseigne-
ment de certains cours devait se faire en latin. L'essentiel était de
poui*voir les jeunes gens de connaissances solides, de leur ouvrir des
perspectives que rien jusque là ne leur avait fait entrevoir. Hais Tin-
justice de l'opposition est surtout saillante à un autre point de vue.
Sans les professeurs étrangers, les foites méthodes de l'Allemagne
ne se seraient pas introduites dans notre pays; or ce sont ces
méthodes, on peut le dire, qui nous ont décidément affranchis
de la routine. Les Wallons ont quelque chose de l'esprit clair et ana-
lytique de leurs voisins du sud ; mais leurs instincts réclament aussi
celte forte discipline intellectuelle et cette coordination synthétique
des idées qui sont les premiers besoins des races germaniques. Les
professeurs étrangers rendirent à nos étudiants un service inappré-
ciable, en les iniriant à leurs procédés de travail et de recherches.
Beaucoup d'élèves, sans doute, ceux qui faisaient des Brodstudien (il
en est ainsi partout), ne prêtèrent à leurs leçons qu'une attention
superficielle et forcée; beaucoup même conquirent leur diplôme en
défendant des thèses dont ils n'étaient point les auteurs (cet abus
tenait, soit au système qui n'exigeait point assez de garanties, soit à
l'indulgence ou à la bonhomie de certains professeurs); mais ceux
qui voulurent travailler sérieusement eurent du moins la possibilité
de le faire et d'élargir la sphère de leurs idées, dans des conditions
où ils ne se seraient certainement pas trouvés, s'ils n'avaient eu
pour maîtres que des hommes restés dans le terre-à-lerre de nos
vieilles écoles.
Quel essor n'imprima pas aux élèves de Liège un Wagemann, par
exemple, non pas seulement en les animant du désir de savoir, mais
en remuant avec eux les plus hautes, les plus pressantes questions
sociales, économiques, historico-politiques ? Ackersdyck après lui,
et dans un autredomaineKinker, quelle part ne prirent-ils pas h notre
émancipation intellectuelle? quels disciples ne suivirent pas Bekker
el Fohmann dans des sentiers ou personne parmi nos compatriotes
n'avait depuis longtemps plus songé à s'aventurer ? Sachons rendre
( V V. ci après, col. li, 307, ;J68, etc.
XXX inthodlctiox.
pleine justice au roi Guillaume : nous lui devons d'avoir été, une fois
pour toutes, mis au pas de la civilisation et de la science modernes.
Il nous eût fallu, cependant, un plus grand nombre de professeurs.
Confier à un seul titulaire l'enseignement de toutes les sciences
naturelles , par exemple , c'était presque dérisoire. La sollicitude du
gouvernement ne se démentit point ; mais à l'époque où il s'occupa
sérieusement de renforcer le Corps enseignant, le ciel se couvrait de
nuages et l'on songeait h tout autre chose qu'à l'intérêt des études.
Warnkœnig et le baron de Reiffenberg publièrent, en 1829, un écrit
rempli de vues sages sur la réforme de l'enseignement supérieur. Ils
y prenaient pour point de départ la direction de l'enseignement par
l'État; ils perdirent leur temps et leur huile : ce qui préoccupait
alors tout le monde et le gouvernement lui-même, c'était moins
l'amélioration des études que la question même dont nos deux publi-
cistes supposaient la solution acquise.
Les premières années se passèrent sans bruit : quelques petites
querelles de ménage, quelques échauflburées d'étudiants aux eaux de
Chaudfontaine ( * ) , l'une ou l'autre réclamation au sujet d'articles
publiés par des élèves dans les journaux militauts , dans tout cela
rien de bien grave. Les règlements universitaires étaient rarement
enfreints. Il régnait entre plusieurs professeurs et leurs élèves une
sorte d'intimité tout à fait avantageuse pour ces derniers et non sans
importance au point de vue de la popularité du gouvernement, par la
raison bien simple que la liberté des conversations privées amenait
des discussions d'opinion qu'on ne pouvait aborder en chaire, et que,
sans trop s'en douter, la jeunesse se pénétrait insensiblement d'idées
qu'elle n'eût peut-être point accueillies si elles lui avaient été
présentées ex cathedra {*). On s'habituait donc au nouveau régime.
L'enseignement suivait une marche régulière et prenait peu à peu de
l'extension. Denzinger, Fuss etWagemann avaient fondé une École
propédeutique pour les aspirants au professorat secondaire; le
gouvernement décrétait l'annexion à l'Université de Liège d'une
chaire d'économie agricole et forestière et d'une chaire d'exploitation
des mines. En un mot, l'institution commençait à répondre aux espé-
rances du pouvoir et du public, lorsque les imprudents arrêtés
( <) n y avait alors une lablc de roulette inslallée à ChaudfoDlaine ; le Conseil acaddmlqoe
s'en émut. Le directeur des jeux se tira d'embarras en interdisant aux élèves de TUniver-
sité la fréquentation de son établissement.
(») V. l'art. KiNKER.
INTRODUCTION. XXXI
de 1825 vinrent jeter tout d'un coup le (rouble dans les esprits et
allumer Tiucendie qui devait tout consumer.
On a mentionné plus haut l'ordonnance relative aux élèves qui
avaient fait leurs études humanitaires à l'étranger ; l'arrêté du 14 juin,
créant à Louvain le Collège philosophique, produisit dans le pays une
impression plus vive encore. Ne devaient plus être admis à l'avenir
dans les Séminaires épiscopaux, que les élèves qui auraient achevé
leur cours d'études dans cet établissement. Il n*était plus possible dès
lors de se méprendre sur le but du gouvernement. « Dans toute société
de citoyens, mais surtout dans un État où la loi fondamentale adoptée
le prescrit textuellement; il est du devoir du souverain de veiller à
l'instruction publique dans toutes les classes de citoyens. Or il n'existe
point de condition dans la société qui ait autant d'importance que
celle des ministres de la religion, aucune qui exerce une plus grande
influence sur l'esprit des citoyens. 11 est, par conséquent, très-
important que l'autorité civile surveille et prenne à cœur l'éducation
de la jeunesse qui se destine au service du culte. Mais cette surveil-
lance et cette sollicitude ne doivent pas s'étendre aux efforts concer-
nant ce qui constitue proprement dit la doctrine de l'Église, mais
seulement à ce que les futurs ecclésiastiques puissent acquérir
convenablement la conviction qu'ils sont et resteront toujours des
citoyens de l'État, et qu'ils connaissent bien leurs devoirs comme
tels. y> Cette déclaration du ministre de l'instruction publique parut
décisive au clergé, qui fît entendre son cri d'alarmie jusqu'à Rome.
On ne pouvait prétendre à la rigueur que Guillaume voulût semer
jusque dans les Séminaires des germes do protestantisme ; mais,
comme nous l'avons dit, son joséphisme n'était pas douteux. Les
évéques modifièrent tout d'un coup leur tactique : ils avaient repoussé
la loi fondamentale en 1815 parce qu'elle proclamait la liberté absolue
des cultes ; ils l'invoquèrent maintenant contre le roi , qui était le
premier h porter atteinte h celte même liberté. Une fois sur ce terrain,
leur mot de ralliement fut la revendication d'une autre liberté insépa-
rable de la première : la liberté de l'enseignement (*).
Le gouvernement trouva des défenseurs dans la presse {*) et quel-
(*) V. Ad.BARTELS, Doc. hist. ttur la révointion belge, ^*^ édition, Bruxelles, 1836, in-S^.
[*i V. Je recueil intitulé : Opinion de quelques publicistes sur le collège philosophique ^
etc. Bnuelles, i8â6, in-S».
XXXII INTRODUCTION.
ques partisans dans le sein même du clergé : un instant on put
craindre un schisme, s'il faut s'en rapporter à certains journaux du
temps. Il y a là une exagération manifeste.' Les josépbistes en robe
ecclésiastique étaient très-clairsemés. Il paraissait sans doute fort
désirable que les jeunes théologiens reçussent désormais une éduca-
tion en rapport avec la civilisation moderne; mais en s'arrogeant le
droit exclusif de diriger cette éducation, le pouvoir civil devenait
oppresseur. En vain le Journal de Gand C)chevc\mi à donner le change
à l'opinion. « Ici l'arbre de Bacon fleurit par toutes ses branches,
écrivait-il : et l'on ose dire que l'instruction n*est pas libre ! » En vain
un correspondant du Courrier des Pays-Bas appliquait au roi la parole
* de l'Evangile : a Je ne suis pas venu pour détruire la loi et les pro-
phètes, » on répondait de toutes parts aux sophistes :
0 pueri, fugite bine ! Latet
Anguis in herbft...
Guillaume I voulut tenter un coup de mattre parle Concordat; mais
le pape Léon XII fut aussi fin que lui. L'insuccès de cette tentative
ne découragea pas le roi (*); son obstination ne fit que propager le
désaifeclionnement parmi les libéraux aussi bien que parmi les
catholiques, et força pour ainsi dire les deux partis, comme l'avait
prévu de Potier, à se jeter dans les bras l'un de l'autre ('), sauf à se
séparer de nouveau après la victoire.
Il ne nous appartient pas d'entrer ici dans le détail de ces débats ;
il suffira de faire remarquer qu'ils contribuèrent à passionner notre
jeunesse universitaire, plus préoccupée d'ailleurs des réclamations
des libéraux que des motifs de plainte invoqués par le clergé. Le cri
de liberté retentissait de toutes parts; elle y répondait comme par un
vague instinct, sans avoir encore pleinement conscience du but pré-
cis de ses aspirations. Elle devint bruyante et inquiète : toute mesure
autoritaire lui parut suspecte; un simple règlement d'ordre intérieur,
(•) N*dtf28ddcembroi82B.
(*) V. la circulaire du 5 octobre iSil,
(*) Gervinus, t. VII, p. 581. — Les arrêtes de 1829, modifiant à certains égards ceux
de i825, ne satisfirent nullement l'opposition. On peut s'en convaincre en parcourant la
brochure menaçante de Idvêque de Liège, Van Bommel, intitulée : Trois chapitres sur les
deux arrêtés du ^0 juin 4829, relatifs an Collège philosophique : par un père de famille
pétitionnaire. Bruxelles, septembre 4829, in-8".
INTROhrCTION. XXXIII
en 1826, provoqua une véritable insurrection (*). Ces premières agi-
tations n'eurent à proprement parler aucun caractère politique ; elles
attestèrent cependant, par Tattitude hostile des étudiants envers
certains professeurs qu'ils croyaient être particulièrement à la dévo-
tion du pouvoir, qu'il y avait un point noir à l'horizon. Quelques
jeunes avocats, des élèves même du doctorat en droit, notamment les
rédacteurs du Mathieu Laensbergh (*), commencèrent alors à battre
en brèche la politique de Guillaume, au nom des idées libérales ; leur
polémique hardie, vigilante, soutenue avec autant de talent que de
généreux enthousiasme, surexcita de plus en plus les esprits, et les
procès de presse eurent pour effet, comme toujours, de fortifier les
rangs de l'opposition. Le Mathieu Laensbergh prit le nom de Politique
et exerça, sous ce nouveau titre, une influence croissante (*). Le
gouvernement s'émut. En 1829, une subvention de 2o,000 fr. (sur les
fonds de l'industrie nationale) fut allouée au publiciste Mûnch (^\
nommé l'année précédente professeur à l'Université de Liège, à charge
de créer un organe officieux. Malgré ce point d'appui, le Courtier
universel ne naquit pas viable, et les manifestes de Mûnch contre la
liberté d'enseignement, que V Union avait déjà inscrite sur son pro-
gramme, ne firent qu'accroître l'irritation et les défiances. Les
discussions à l'ordre du jour exaltèrent de plus en plus les étudiants :
on courait se suspendre aux lèvres éloquentes du professeur de droit
public; on commentait ses doctrines après chaque leçon; on en dédui-
sait les conséquences; on protestait contre le fameux message du 11
décembre 1829; on commençait à dire que le régime inauguré en
1815 était un perpétuel coup d'État (*). Le roi voulut détourner
l'attention en provoquant une enquête sur l'état de l'enseignement
supérieur. Des rapports mûrement élaborés virent le jour < ®), mais ne
produisirent aucun effet sur l'opinion et n'aboutirent pas. Dans le
sanctuaire des éludes on songeait à peine aux études; les professeurs
(•) V. l'art. J.-G.-i. Ebnst.
(•) V.rart. F. VahHllst.
Cj Ul. Capitaine, Hech, sur tes journaux lUgeont. Liëgc, 1850, in-lâ^, p. 18i et suiv.
(*) V. ci-après, col. 479.
(*) Expression dont se servit plus tard M. Nothomb dans son Essai sur t histoire de ta
révoiuiioH ttclge.
(*) Rapport der Commissie, bijeengeroepen door K. bestuil van 43 aprit 1828, n' 100,
ter raadpteging over sommige punten ttetreffende het hooger onderuùjs. La Haye, 1830, in-fol.
III
XXXIV INTRODUCTION.
n*avaient plus de stimulant; les étudiants suivaient les cours parce
qu*il les Tallait suivre, noais leur esprit était ailleurs : ils s*échaufTaient
les uns les autres à propos des finances, de Timpôt^mouture, de la
presse, de la magistrature, des droits mêmes de la couronne ('); ^
leurs yeux, comme aux yeux de tous, la cause de la liberté était
devenue la cause de Tindépendance nationale. Un moment vint où
l'on ne se posséda plus : aux barricades, à Ste-Walburge et jusqu'au
gouvernement provisoire, partout se retrouvèrent au premier rang
les enfants de l'Université de Liège.
Tout avait conspiré à exalter leur patriotisme, et l'influence du vieil
esprit liégeois, et un souffle venu de France, et l'éducation constitu-
tionnelle qu'ils avaient reçue. Ils combattirent pour la vraie liberté
comme on l'entendait à Liège, où tout ce qui est imposé d'autorité
p:iratt suspect, fût-ce le progrès. Le Timeo Danaos est en quelque
sorte le mot d'ordre de nos populations; il n'en est peut-être pas en
Europe qui puissent moins s'habituer à un gouvernement personnel.
Si Guillaume avait compris cela ....
Revenons à TUniversilé. Nous avons dit qu'avant 1830 elle ne forma
qu'un petit nombre de savants proprement dits; en revanche, elle
trempa des caractères : l'un vaut bien l'autre. L'enseignement, rela-
tivement peu étendu et peu varié, y était surtout émancipateur ; il ne
s'agit, bien entendu, que des cours à influence directe, de ceux où
Guillaume forgea des armes contre lui-même, selon la pensée de M.
Gerlache. On n'oserait dire que les examens fussent très-sérieux ');
mais le système des dissertations et des concours, malgré ses abus,
ofi*rait du moins cei avantage, que les bons élèves avaient l'occasion
de donner des preuves réelles de capacité et non pas seulement de
mémoire. En outre, l'Université n'avait pas à s'inquiéter de ses voi-
sines, ce qui est un privilège inappréciable. La répartition même des
leçons entre les professeurs était l'afiaire des Facultés; un professeur
était nommé membre de telle ou telle Faculté, mais non pas chargé
exclusivement de tel ou tel cours ; ne parvenait-on pas à s'entendre
sur les attributions de chacun, les propositions se fliisaient-elles con-
( * ) AUasion à une brochure de J. Lebenn.
( ' ) « La rivalité entre Irois Universités s*est bornée jusqu'à ce jour & la facilité des
admissions», écrivait en 4828 Ch. de Brouckere. L'honorable publiciste exagérait; cepen-
dant l'adage a raison : il n'y a pas de Tumée sans feu.
iNïhODUirnoN. XXXV
currence, on avait recours, en dernier ressort, au GoUégedes curateurs.
Un tel système ne serait plus guère praticable aujourd'hui ; nnais, à
répoque dont nous parlons, les programmes étant peu chargés, il était
de nature à donner de bons résultats. Les Universités d'Allemagne
qui sont entrées dans cette voie n*ont pas eu à s'en repentir. Une certaine
latitude laissée au professeur dans le choix môme des objets de son
enseignement (sous le contrôle de la Faculté, qui veille à ce que tous
les cours obligatoires soient faits régulièrement) le dispose à tra-
vailler avec goût, lui laisse le loisir de suivre ses prédilections sans
être obligé de faire deux parts de son temps. Tune pour préparer ses
cours, Tautre pour continuer ses études ; enfin, le rapproche des
coliques avec lesquels il alterne. Chaque jour il fait part à ses audi-
teurs des nouveaux progrès qu'il vient de réaliser; il avance pour
ainsi dire avec eux, comme disait etfaisait Victor Cousin à la Sorbonne;
une sorte de solidarité s'établit, la curiosité est tenue de part et
d*autre en éveil; il n'y a plus de refuge pour la paresse d'esprit : le
professeur est en mesure non seulement de former de bons élèves,
mais de véritables disciples. C'est ce qui est arrivé à Liège pour plu-
sieurs cours, particulièrement dans les Facultés de philosophie et de
médecine. D'autres cours, il est vrai, se réduisaient à une sorte de
formulaire, et c'est d'après ceux-là qu'on a jugé l'ensemble. Nous
n'hésitons pas à dire que nidu chef de leur organisation générale, ni du
chef de la plupart de leurs professeurs, nos anciennes Universités, et
tout d'abord celle de Liège, n'ont mérité les dédains dont elles ont été
l'objet, après avoir été prônées outre mesure. M. de Gerlache, qu'on
n'accusera certes pas de partialité en leur faveur, n'hésite pas à
reconnaître que l'enseignement y fit des progrès en droit, en médecine
et dans les sciences exactes; «elles ne laissèrent pas, ajoute-t-il,
d'imprimer une certaine impulsion aux esprits » (•). Nous ne compre-
nons pas comment on a pu contester leur influence sociale: s'il est
un fait saillant au contraire, c'est qu'à Liège surtout, la jeunesse
universitaire s'intéressa aux questions pratiques beaucoup plus qu'à
la science pure. Les anciens élèves de Wagemann , de Kinker, de
Destriveaux et d'Ackersdyck ont été et sont encore au premier rang
parmi les promoteurs et les soutiens des institutions dont la Belgique
est justement fière.
( * ) HiMt. du roif, dtn Paift-Ua*, t. ], p. 870.
XXXVI INTRODUCTION .
Qu'il y eût quelque chose de suranné dans l'emploi du latin, par
exemple, et dans Thabitude prise par quelques professeurs de dicter des
pourquoi et des parce que^ nous aurions mauvaise grâce à le contester;
mais il faut se reporter à cinquante ans en arrière et se rappeler qu*en
dehors de l'ancienne il/mama^^, on n'avait jamais possédé en Belgique
un enseignement supérieur. Si l'Université eût pu rester calme, nul
doute qu'elle n'eût répondu graduellement à l'attente générale : mais
que faire en présence du trouble des esprits ? On ne peut s'étonner
que d'une chose : c'est qu'avec tous les obstacles qui l'ont enrayée ,
elle ait pu former autant d'hommes d'élite dans tous les genres. Que
ceux qui sont bien au courant du mouvement intellectuel de notre
pays depuis la chute de l'Empire se donnent la peine de parcourir les
listes annexées au présent volume: nous nous inclinons d'avance
devant leur verdict.
Avant d'en finir avec la période hollandaise, il nous faut dire quel-
ques mots d'une institution que la législation nouvelle a fait disparaître :
nous voulons parler du Collège des curateurs, dont le règlement de
1816 avait fait la première autorité académique (*). Ses attributions,
( ^ ) L'art. 469 du règlement organique était ainsi conça :
« Les fonctions et le pouvoir confiés aax curatear» sont :
io Le soin de surveiller la stricte observation de tous les règlements et arrêtés sur la
haute instruction et surtout le présent règlement ;
99 Le soin de veiller à ce que toutes les branches de l'enseignement soient et restent
confiées à un nombre suffisant de professeurs ;
30 Le soin de veiller à la conservation de tous les bâtiments académiques, collections,
cabinets, et de tout ce qui appartient directement ou indirectement à l'Université;
4<> Le soin de former, d'arrêter, de modifier ou étendre toutes les instructions des
employés qui dépendent de l'Université. L'avis du Sénat sera demandé lorsqu'il s'agira des
appariteurs; l'avis des directeurs des collections ou cabinets, lorsqu'il s'agira des per-
sonnes qui y sont employées, et enfin celui du professeur de botanique, lorsqu'il s'agira des
employés du jardin botanique ;
ti^ La surveillance des finances de l'Université, ainsi que de la bonne administration des
legs ou donations, qui pourraient être faits en faveur des Universités, excepté seulement
les donations ou legs dont l'administration serait confiée spécialement par le fondateur à
quelque autre collège ou à des particuliers ;
60 La formation d'un budget annuel où doivent être portées toutes les dépenses présu-
mées nécessaires pour l'année suivante, afin que, par là, déduction faite des revenus parti-
culiers de chaque Université, si elle en a , on puisse fixer le montant de ce que le trésor
public devra fournir en faveur de l'Université. Ce budget sera envoyé pnr eux au commis-
saire général de Tinstruclion, des arts et des sciences, pour être soumis par lui avec ses
considérations à l'approbation du roi, et, après avoir été approuvé par S. M., servir de règle
pour les dépenses à faire pour chaque Université , et dont le soin est confié au département
susdit ;
70 La formation d'un rapport annuel et détaillé de l'état de l'Université , lequel rapport.
INTRODLCTION. X.XXVII
très - importantes et très -étendues, embrassaient l'administration
générale de rUniversité. Il n'exerçait d'ailleurs aucune surveillance
sur les professeurs ; chacun demeurait responsable de son enseigne-
ment. Sans méconnaître les services rendus par ce Conseil, on jugea
convenable, en 1835, de le remplacer par un fonctionnaire unique
investi de pouvoirs relativement restreints ; Taction du gouvernement
sur les Universités devint plus directe et plus immédiate, sans entraver
d'ailleurs la liberté de la science (M.
Les curateurs devaient être choisis parmi les personnes distinguées
autant par leur amour pour les lettres et les sciences, que par le rang
qu'elles occupaient dans la société (art. 164 du Règlement de 1816).
La liste suivante atteste qu'ici le gouvernement hollandais ne
saurait être accusé d'intolérance. On doit lui rendre cette justice
que, sans avoir égard à leurs opinions personnelles, il n'accorda sa
confiance qu'à des hommes qui en étaient réellement dignes. Les
curateurs de l'Université de Liège jouirent jusqu'à la fin de la consi-
dération générale, et l'on peut dire qu'ils contribuèrent beaucoup à
maintenir la concorde entre les membres du corps enseignant. Furent
nommés en 1817 :
Le comte de Liedekerke, gouverneur de la province, prérident du
Collège ;
Le baron C.-H. de Broich, membre de l'ordre équestre de la pro-
vince de Liège;
avaoi le commencemeiit de chaque année acadëmicnie, devra être envoyé par eux au dépar-
tement de nnstmctiott, des arts et des sciences ;
8» Enfin, ils prendront à cœur tout ce qui, selon leur avis, pourrait contribuer & entrete-
nir ou à augmenter le bien-être et l'honneur de TUniversité, dont ils ont la surveillance. »
Une chaire venait-elle k vaquer, les curateurs proposaient au gouvernement deux can-
didats et indiquaient les raisons qui avaient motivé leur choix; iU formulaient aussi leur
avis sur la création de chaires nouvelles, sur la suppression ou la division de certains
cours, etc. Enfin, ils distribuaient les bourses d'études après avoir pris l'avis des Facultés
et au besoin soumis les postulants à un concoiurs. — ils avaient chaque année deux réu-
nions ordinaires, en octobre k cause du changement de recteur, en juillet pour dresser le
budget de Texercice suivant : en dehors de leurs sessions, le président et le secrétaire
expédiaient les aflifiires courantes. Le mandat de curateur était gratuit , sauf des jetons de
présence. Deux cinquièmes seulement des membres du collège pouvaient être choisis en
dehors de la province où l'Université était établie : on leur allouait des frais de voyage. Le
président de la Régence municipale de chaque ville universitaire faisait partie de plein
droit du collège des curateurs pendant la durée de sa dignité (art. 467).
{* ) V. le Rapport de M. NonOMB, i. I, p. cxlvi.
XXXVIII ixTRonicTiox.
Hilarion-Noêl, baron de Villenfagne d'Ingihoul, membre des Etats
de la même province, correspondant de Tlnstitut des Pays-Bas (M ;
D. de Hélotte d'Envoz, bourgmestre de la ville de Liège (' ) ;
{*) Le baron de Villenfagne, oé à Liëge en jnin i7K3 et mort dans la même ville le 93
janvier 4826, a laissé un nom comme historien. Plus instruit que la plupart de ses compa*
triotes, il revint de France, ses études achevées, épris d'une belle passion pour les lettres
en général et plus particulièrement pour les recherches historiques. Il débuta par une édi-
tion des Oeuvre» du baron de Walef, poète liégeois du siècle de Louis XIV, estimé de
Boileau lui-même et trop oublié depuis. Il fut un des promoteurs les plus actifs de la Société
tf Emulation et l'un des collaborai eurs de Y Esprit des journaux. Insensiblement son atten-
tion se concentra sur les choses liégeoises; il mit au jour, en 1788, des Mélanges de littéra-
ture et d'histoire^ où Ton remarqua un Euai sur Noiger, une notice sur Tauteur du Miroir
des nobles de ta Henbaye et une étude sur les guerres d'Awans et de Waroux, qui ensan-
glantèrent notre pays au XIll» siècle. Les fonctions publiques auxquelles il fut appelé ne le
détournèrent pas de son but, qui était surtout d*étndier à fond la constitution politique de
notre ancienne principauté. En 4792, étant bourgmestre, il fit paraître ses Recherches sur
tordre équestre ; l'année suivante parurent ses Eclaircissements sur Raës de Dammartin,
chevalier français, deux écrits estimables, mats (lubliés ft une époque où Ton ne s'intéres-
sait guère à ces sortes de aigets. Villenfagne émigra ; sa riche bibliothèque, qu'il avait
emportée avec lui, fut brûlée à Dusseldorf, où les Français avaient jeté quelques bombes.
Il rentra dans sa patrie dès qu'il le put et se retira dans son cbêteau d'Ingihoul sur-Meuse,
pour se consacrer tout entier ù l'éducation de ses enfants et à ses études chéries. Il mit
sous presse en 4803 V Histoire de Spa (2 vol. in-42o,\ où il soutint, contre le docteur de
Limbourg, la prétention de Tongres à posséder la véritable fontaine de Pline. Les Essais
critiques sur C histoire civile et littéraire de la ci-devant principauté de Liège (4808), les
nouveaux Mélanges (4840), enfin les Recherches sur l'histoire de la môme principauté
(4817), acquirent à Villenfagne un crédit considérable comme érudit et comme critique. Sur
ces entrefaites, il était sorti de sa solitude pour accepter le double mandat de membre de la
Députation des Etats et du Collège des curateurs de l'Université. « Son affabilité, son esprit
de justice et son désir d'obliger, dit Ch. de Chèuedollé, son biographe, le firent chérir de
tous ceux qui eurent des relations avec lui. » Il n'avait jamais pu se rallier aux idées
modernes: mais il respectait autant les opinions d'autrui qu'il tenait aux siennes; sa
loyauté était absolue et la passion ne dictait point ses jugements : on n'en remarquera pas
moins que Guillaume 1 ne fut pas exclusif dans le choix des personnes qu'il attacha ù notre
Université. — M. de Gerlache tient en haute estime les travaux de Villenfagne; il lui reproche
seulement de n'avoir en quelque sorte travaillé que pour les auteurs et pour les savants.
L'historien liégeois fut reçu à l'Académie de Bruxelles en 4816 : le t. II des Nouveaux
Mémoires de cette compagnie contient un travail de lui, Sur la découverte du charbon de
terre dans la principauté de Liège, On cite encore sa notice sur un beau MS. de la vie de
St-Hubertj qui a appartenu à Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne (Extr. du Courrier de la
Meuse, n» du 24 septembre 4825), et quelques éloges d'artistes, discours, etc. lus dans les
séances publiques de la Société d'Emulation. Il travailla pendant plus de trente ans à une
Biographie liégeoise : cette œuvre considérable est restée inédile. — V. Ch. de Chènedollé,
Notices nécrologiques sur G.-J,-E, Ramoux et sur H.-N. baron de Villenfagne. Liège,
Desœr, 4826, in-8* (partiellement reprod. dans la Diogr, liégeoise de Bec-de-Lièvre, t. l).
( ') Denis-Marie, chevalier de Mélotte d'ENVOz, né ^ Liège le 26 novembre 4780, mourut
à son ch&teau d'Envoz le 47 mai 4856. 11 avait commencé ses études en Allemagne pendant
l'émigration; il les acheva dans sa ville natale, à l'Académie anglaise. Successivement
maire de Couthuin, membre de la commission municipale qui administra Liège de 4844 à
IMnODLCTION. XXXIX
F. Rouveroy, membre des Etats provinciaux et conseiller communal
à Liège (');
1817^ bourgmestre de la même ville de 4847 â 48S4 avec de Bex et A. Lesoinne, puis seul
chef de la eommooe jusqu'à la révolution, et depuis 4830 membre des Etats provinciaux,
enfin député ^ la seconde Chambre, il se distingua par un attachement à ses devoirs et par
une loyauté à toute épreuve, dont ses adversaires politiques ont été les premiers à faire
réloge. Sincèrement dévoué à la maison de Nassau, il n'en déplora pas moins, d'abord en
secret, puis ouvertement, la marche que le roi Guillaume avait fini par imprimer aux
affaires. « Consulté par le prince d'Orange qui l'aimait et faisait grand cas de sa haute pro-
bité et de son caractère loyal, il ne lui cacha point son opinion et alla jusqu'à dire à l'héri-
tier du trône néerlandais : Prince, le roi vient par les dernières lois de se désaffectionner
ie cœur de tous les Belges ; si ces lois ne sont retirées ou profondément modifiées, j'ose pré-
dire à V. A. R, une révolution dans un très-prochain avenir, — L'avenir était proche en
effet. Moins d'une année après, en sortant pour la dernière fois de son cabinet à Anvers, le
prince d'Orange trouva sur son passage le député- bourgmestre de Liège, môle à quelques
serviteurs fidèles. L'àme de de Mélotte se peignait tout entière sur son visage. Le prince
rétrcignit en passant et laissa tomber ces paroles : Vous me tav*ez dit et vous aviez bien
raison! (Cl. Capitaine, Nécr, liégeois pour 1856, p. 38). De Mélotle resta fidèle au gouver-
nement déchu, mais déclina toutes les oflVes brillantes qui lui furent faites en Hollande; il
5e retira dans son château et n'en sortit plus. C'est sous son administration qu'ont été créés
à Liège l'Université, l'Ecole roy. de musique, l'institut des sourds-muets et des aveugles,etc.
(V. la Gazette de Liège du 8 juillet 4856).
{ ' j Le nom de Frédéric Rodveroy est un de ceux dont s'honore la littérature nationale ;
ajoutons que celui qui le porta ne fut pas («eulement un poète, mais un excellent citoyen,
tout dévoué à la chose publique et en particulier à l'instruction des masses. En mettant son
Eloge au concours, la Société d'Emulation ne se montra pas seulement reconnaissante envers
un de ses bienfaiteurs, elle remplit un des premiers devoirs que lui impose sa charte. —
Rouveroy naquit à Liège le 49 septembre 1774 et y mourut le 4 novembre 4850. Il fit ses
études au Collège de sa ville natale jusqu'au 18 août 4789, jour où éclata la révolution lié-
geoise. Son père, greffier des Etats, le destinait au barreau; la vocation lui manquant, il
résolut d'aller étudier la médecine à l'étranger. L'approche des Français ayant déterminé
ses parents à passer le Rhin, il les suivit en Allemagne le SI juillet 4794. C'est pendant
cette période d'exil volontaire que se développa son goût pour la poèsio. Il était né fabu-
liste: l'apologue répondail d'ailleurs à sa préoccupation dominante; il voulait éclairer le
peuple pour le rendre meilleur. Rentré dans son pays en 4795, il eut l'occasion d'adminis-
trer des communes rurales; il se hâta d'y réorganiser l'instruction primaire et d'y propager
la vaccine. Nommé adjoint au maire de Liège en 4808. ensuite èchevin de l'instruction
publique pendant 31 ans. Il eut l'occasion, sans dire adieu aux muses, d'exercer sa propa-
gande sur un plus grand théâtre. Au milieu du tracas des affaires, il trouva le temps de
compléter le recueil de ses charmantes Fables, et d'écrire toute une série de petits livres
populaires qui obtinrent le plus légitime succès. Le Uanuel des plantations, l'Emploi du
temps, M Valmore ou le maire du village, XEssai de physique rappellent les entretiens de
Maître Pierre et ne sont pas trop indignes du Bonhomme BichardXe Petit fio««N, ouvrage des-
tiné à combattre les préjugés populaires, prit place dès son apparition parmi les meilleures
productions du genre. Il eut éditions sur éditions, et jusqu'à l'honneur d'être contrefait en
France. L'administration commnni.le de Liège l'a fait réimprimer à ses frais dans ces dernières
années encore, pour nos écoles communales. — Rouveroy se retira de la vie publique en
48vU), et ne s'occupa plus guère que de littérature. L'ancien Théâtre du Gymnaué^xM sa
propriété ; il fut naturellement amené à s'intéresser à l'art dramatique ; il publia même
(sous Tanonyme) un livre intitulé : Scénologie de Uége (v. J. Delecourt, Dict. des anonymes.
XL 1NTR0ULCT10>'.
J. Walter, membre des Etats de la province de Namur, Inspecteur
de l'Université, secrétaire du Collège (* )•
0. Leclercq, conseiller d'Etat C*), remplaça le baron de Villenfagne,
Qo 3!299). La Revue de Uége (v. Tart. Vak Hulst) contient un grand nombre de pièces de
vers de Rouveroy. datant de cette seconde partie, de sa vie. — L'enseignement moyen,
comme l'enseignement primaire, se ressentit de la vigilance éclairée de cet homme d'élite. A
rUniversilé, il fut un des membres les plus influents du Collège des curateurs ; sans être
un savant, il prisait haut la science, mais il lui assignait avani tout un but pratique. Ce
n'était pas au reste un utilitaire à vues étroites ; disciple de Franklin, il était en même
temps poète; un idéal de l'ordre le plus élevé planait au-dessus de ses théories américaines.
— V. Bec- de- Lièvre, Biogr, liégeoise, t. U (supplément).
(*} V. ci-après, coi. i.
(*) Olivier Leclercq, né à Hervé le 31 décembre 4760, mourut à Bruxelles le i no-
vembre 4 84S. il fit ses humanités en àllemagne, sa rhétorique au Collège Thérésien de Hervé,
puis se rendit à Louvain pour y étudier la théologie. H n'avait pris ce dernier paru que par
déférence pour son père : il y renonça au bout de deux ans pour s'attacher à la jurispru-
dence, et se flt recevoir docteur en droit civil et en droit canon. Etabli ensuite comme
avocat dans sa ville /latale, il joignit bientôt à sa profession les fonctions, compatibles avec
elle, de juge à la Chambre des domaines et tonlieux. La révolution française et la conquête
de la Belgique ayant amené la suppression du duché de Limbourg et de ses tribunaux,
Leclercq se vit forcé de s'établir à Liège. Il s'y était fait une position distinguée au barreau,
quand le premier consul Bonaparte, réorganisant le personnel de toutes les institutions et
y appelant les notabilités de chaque département, le nomma président du tribunal de pre-
mière instance. 11 hésita d'abord et finit par accepter. C'est dans l'exercice de ces fonctions
qu'il eut l'occasion d'émettre un vote sur le Consulat à vie, puis sur l'Empire : il se prononça
contre l'un et l'autre. \\ occupa plus tard un siège de juge au tribunal d'appel de Liège ; la
réorganisation décrétée le 20 avril iSiO lui valut le poste de premier avocat-général près
la Cour impériale, qu'il occupa jusqu'à l'arrivée des armes étrangères et la chute de l'Em-
pire en 4844. Dans l'intervalle, il avait été présenté deux fois par les électeurs de Liège
comme candidat au Corps législatif. N'ayant pas cru pouvoir, avant qu'un traité de paix ne
l'eût délié de ses serments, continuer ses fonctions de magistrat au nom des puissances
alliées, il fut tenu pour démissionnaire. Il reparut alors au barreau; sa clientèle commen-
çait à se reformer, lorsque le roi des Pays-Bas le nomma membre de la Commission chargée
de réviser la loi fondamentale en vigueur dans les provinces septentrionales, pour la rendre
applicable au royaume tout entier. Cette mission le retint trois ou quatre mois à La Haye.
Peu de jours après sa rentrée à Liège, un arrêté royal le nomma procureur-général près la
Cour supérieure de justice de cette ville. Au mois de février 4846, une nouvelle mission
l'appela à Paris, oîi les traités de 4814 et de 4812S avaient institué un tribunal d'arbitres, à
l'effet de prononcer sur les contestations qui s'élèveraient entre les commrssaires français
et étrangers, réunis pour liquider les créances des sujets des pays auparavant conquis par
la France envers ce pays. Leclercq ne put revenir à Liège qu'en 4848; il y remplit les
fonctions de procureur-général et de curateur de l'Université jusqu'en 4829, date de sa
nomination de conseiller d'Etat en service ordinaire. En cette qualité, il dut résider alterna-
tivement, d'année en année, à Bruxelles et à La Haye. Député à la seconde Chambre des
Etats-généraux de 4895 k 4829, Il prit une part très-active aux travaux de celte assemblée ,
ainsi qu'aux études de la Commission chargée, par arrêté royal du 43 avril 4828, de révi-
ser les lois organiques de l'instruction publique. Les événements de 4830 ne permirent pas
à cette Commission d'aboutir et mirent fin du même coup k la carrière publique d'Olivier
Leclercq. Lorsqu'éclata la révolution, il était retenu & La Haye par ses devoirs de conseil-
INTRODUCTION. XLI
décédé en 1826. Si les événements n'avaient pas interrompu ses
travaux, on peut affirmer que cet honorable magistrat, aussi lettré
que judicieux, aurait exercé, sur la législation de renseignement
supérieur, la plus heureuse influence. Nous renvoyons le lecteur aux
rapports qu'il rédigea comme membre de la Commission de révision
nommée en 1828. Ils ont été insérés dans le recueil des actes de la
Commission, publié à La Haye en 1830, in-fol.
Bien que le bourgmestre de Liège, Louis Jamme (M» successeur
ler d'Etat. En cette qualité, avec ses collègues belges, il accompagna l'héritier présomptif
à Anvers, où ce prince essaya vainement, comme on sait, de s'entendre avec les chefs du
monvement ; les conseillers d'Etat qui appartenaient à nos provinces rentrèrent alors dans
leor patrie. Olivier Leclercq obtint une pension de retraite et passa le reste de ses jours
dans la vie privée à Bruxelles, où sa famille était établie. — On lui doit un ouvrage consi-
dérable intitulé : Le droit romain dans ses rapports avec le droit français tt les principes
des deux législaiiotu (Liège, 4840, 8 vol. in-S") ; une Lettre du clergé catholique des pro-
vinces septentrionales du royaume des Pays-Bas au clergé catholique des provinces méri-
dionales (4845); enfin, une brochure contre l'union des catholiques et des libéraux. Olivier
Leclercq n'était pas seulement un profond jurisconsulte ; il possédait aussi des connais-
sances étendues en littérature et dans les sciences historiques, philosophiques et politiques.
Il avait pour maxime principale de ne jamais prendre de résolution de quelque importance
sans avoir la certitude de pouvoir sûrement en soumettre les raisons à l'approbation
publique. — II a laissé deux fils qui suivent dignement ses traces ; l'aîné, procureur-général
à la Cour de cassation, membre de l'Académie royale de Belgique, vice- président du Con-
seil de perfectionnement de l'enseignement supérieur, a rendu d'éminents services au pays
à ces divers titres ; d'autre part, membre actif de la Commission chargée de publier les
monuments de notre ancien droit, il a récemment édité les Coutumes de Luxembourg et de
Chiny, Son frère, général du génie, est actuellement directeur des fortifications d'Anvers.
( * ) ZAmbert Jean- Louis JAmiE, né à Liège le 45 octobre 4779, y mourut le 4 S février
4848, après avoir fourni une carrière utile et laborieuse. La mémoire de Jamme est restée
chère aux Liégeois; son nom est synonyme de bon citoyen, d'administrateur éclairé et
dévoué au bien général. Jusqu'en 4830, rien de plus paisible et de plus étranger aux
affaires publiques que sa vie. II faisait le commerce par raison et consacrait ses loisirs à
la peinture, qu'il avait apprise sans maître. C'était chez lui une véritable vocation intime et
passionnée ; s'il n'avait eu une jeune famille à élever, nul doute qu'il ne s'y fût adonné
enUèrement et qu'il n'eût pris rang parmi nos premiers paysagistes. Après bien des années
d'interruption, la bonne et fructueuse impulsion donnée ^ ses affaires loi avait cependant
permis, au commencement de 4830, de remettre un tableau sur le chevalet. Il s'était
construit un atelier dans les combles de sa maison de campagne de Fragnée ; il y passait
avec bonheur toutes les heures qu'il pouvait dérober k ses occupations ; la révolution le
trouva le pinceau à la main ; c'est dire qu'il ne fut pas, comme on l'a quelquefois prétendu,
Tun des auteurs du mouvement. Il ne s'y mêla que dans des voies d'ordre et d'humanité, et
seulement quand la sécurité publique fut compromise. Le S7 août 4830, il prit le comman-
dement d^une compagnie de la garde bourgeoise ; le mois suivant, il conserva le même
grade dans la garde urbaine. Pendant toute la crise, il vécut pour ainsi dire sur la place
publique ; partout où il y avait des excès à prévenir» on pouvait être sûr de le rencontrer.
Le 3 septembre, il était au pillage des magasins d'armuriers, tout occupé d'empêcher les
actes de violence et de sauvegarder les légitimes intérêts de la propriété. La foule, qui
XLII INTRODUCTION.
du chevalier de Hélotte d'Envoz, n'ait Tait partie du Collée des cura-
teurs que postérieurement à la révolution, nous mentionnons ici son
nom, n'ayant plus dans la suite à nous occuper de ce corps.
s'était armée, bivouaqua au théâtre ( * ). Comme toujours dans les révolutions, cette foule
contenait toute espèce d'éléments, h fallait apaiser les etaltés, contenir les mauvais, donner
une direction k cette force effrayante. Louis iamme et M. Ch. Rogier se chargèrent de ces
soins. Toute la nuit fut employée à des mesures d'organisation et de discipline ; on régu-
larisa la distribution des armes, on fournit des vivres; aucun malheur ne fut il déplorer.
La nouvelle troupe se donna le nom de garde bourgeoise auxiliaire et reconnut pour chefs
les deux citoyens qui l'avaient formée ; dès le lendemain, cette élection fut ratifiée par le
Conseil de régence. Sans attendre un jour de plus, M. Rogier partit pour Bruxelles à la
tète de son monde ; il était dans son rôle de révolutionnaire convaincu. Jamme jugea que le
sien était de rester à Liège et de tirer parti de l'immense popularité qu'il avait acquise en
quelques jours, pour assurer le maintien du bon ordre et le respect des personnes. Le 15
septembre, il fat nommé chef de la légion de l'Ouest de la garde urbaine; le il octobre,
membre de la Commission des secours et indemnités. En présence de l'exaltation des
esprits, il eut plus d'une fois besoin de déployer toute son énergie. Nous rappellerons seule-
ment une scène qui eut lieu dans la cour du Palais, où étaient remisés des canons que le
peuple voulut enlever. Le commandant hollandais de la citadelle avait déclaré que si l'on
touchait à ces pièces, il bombarderait la ville. Jamme résista courageusement aux impa-
tiences de la foule imprudente et aveuglée ; la cause de la révolution, à laquelle il était
sympathique, ne lui paraissait pas dépendre de ce petit nombre de bouches à feu, et il
pensait aux habitants paisibles, aux femmes, aux enfants menacés d'un massacre. Un
patriote furieux se précipita sur lui le sabre levé. On le retint, on entoura Jamme, on subit
son ascendant et les canons restèrent. Un jour ou deux plus tard, ils furent emmmenés
pendant la nuit et sans bruit — Vint la période de réorganisation. Les corps communaux
furent choisis par élection. Jamme fut nommé bourgmestre aux acclamations de la ville
entière. Pour en finir avec les événements de la révolution, nous mentionnerons encore la
belle conduite que tint l'honorable magistrat en 183t, lors de la déroute de l'armée de la
Meuse. Le général Daine, arrivé à Liège avant la nouvelle de sa défaite, s'était enfermé à
l'hotel du Pavillon anglais. Impossible de parvenir jusqu'à lui. Les bruits les plus sinistres
se propageaient ; le mal, bien assez grand déjà, était exagéré par les fuyards; l'inaction du
général, qui ne donnait aucun ordre, autorisait toutes les appréhensions. Louis Jamme,
l'homme de paix, se mit en route à travers les troupes débandées et se rendit au quartier
général du roi vers Diest ou Loovain, pour l'avertir des dangers que couraient Liège et la
province. L'arivée des Français mil On à celte débâcle. — La paix publique une fois rétablie,
Jamme consacra tout son temps et toutes ses pensées à l'administration de la ville. Il rendit
d'éroinents services à l'instruction publique ; il se préoccupa surtout, comme Rouveroy,
d'améliorer les écoles primaires et d'imprimer une vigoureuse impulsion à l'Académie de
dessin, dont il comprenait toute l'importance au point de vue de l'émancipation intellectuelle
et artistique des classes ouvrières (**). Rien n'échappait à sa vigilance; son désintéressement
absolu, son affabilité lui gagnaient l'afTection générale et réveillaient chez tous ceux qui l'ap-
prochaient, le sentiment du devoir; il faisait apprécier l'excellence de nos institutions
nationales par la manière dont il les pratiquait lui-même. Son activité était incessante ;
il s'épuisait en efforts surhumains pour suffire à la lois à ses obligations de père de famille
(*} Nous dovons cess rt«ttiil!(, et la plapart de ceaz qai vont suivre, à rolilij^oaoco lie U. Eioilo Jamme,
CM^nniissiire de r«rrondt!»eincnt de Ué^e, fiU de l'honorable bour^mejitre.
(**} Une m*dHiile dW lui Tut offert*) le Z') uoût I83i, pnr an grand nombre d'amït et l'iiutruetiou
pHbliqna et Ht* arU, comme exprc£:4ion de loor gratitude.
r.NTHODtCTIOX. XLIIl
m.
A peine installé, le gouvernement provisoire de 1830 se vit mis en
demeure de pourvoir aux besoins de Tinstruclion publique. Il fallait
avant tout contenter Topinion en proclamant la liberté de renseigne-
ment et en abrogeant tous les arrêtés qui paraissaient incompatibles
avec ce nouveau régime ; mais il y avait aussi à faire face aux exigences
du moment, c'est-à-dire à permettre aux jeunes gens qui étaient en
vacances depuis le mois de juillet, de reprendre au plus tôt le cours
de leurs études. L'arrêté du 16 décembre vint mettre un terme à
rîmpatience du public : les établissements fondés en 1817 furent
provisoirement conservés; mais le Règlement de 1816, maintenu en
vigueur, subit des modifications profondes (')• Les trois Universités
n'échappèrent à la crise que pour être mutilées. Liège perdit sa
et aux exigences de sa charge. Une affection de la moelle épiniëre, résullat de tant d'in-
qniéludes et d'iosomnies, avait entratné un commencement de paralysie. Ses affaires
commerciales, si prospères avant 1880, commeoçaient k souffrir de son dévouement à la
cité. Sons le coup de pertes importantes, il résolut de renoncer il l'administration, comme
il avait, dans sa jeunesse, renoncé à la peinture. U résigna son mandat; mais il lui fallut
plus d'un an pour vaincre les instances de ses collègues, celles de la ville entière et celles
daRoi. La démission de Jamme ne fut acceptée que le 49 juin i838. Il quitta l'hôtel de
ville au milieu de témoignages universels de regrets et de sympathie, et resta dès lors étran-
ger aux affaires publiques, si ce n'est qu'il prit une part active aux élections, aussi longtemps
que sa santé le lui permit. — L'entreprise industrielle qu'il avait trop délaissée finit par
écboaer complètement : la ville lui vota une pension civique", dont il vécut jusqu'à la fin.
U chercha des consolations dans l'affection des siens et dans la culture des arts, la passion
de sa jeunesse : ses plus beaux paysages datent de sa retraite. — Jamme avait refusé de
faire partie do Congrès national ; il fut membre de la première Chambre des représentants
(i83i); mais il déclina la continuation de ce mandat. Pans sa carrière administrative, il
fit profession d'un sage libéralisme ; il soutint avec une conviction très-arrêtée la théorie
de la liberté du commerce et combattit avec ardeur pour la défense des prérogatives
communales vtsà-vjs du gouvernement. L'affaire Dejaer (v. ci-après, col. i 44) est l'épisode
le plus important de ces luttes. — La ville de Liège a érigé un beau monument à Louis Jamme
dans le cimetière de Robermont; la Société d'Emulation a mis son Eloge au concours, sous
le patronage de l'administration locale. — L'Université lui doit de son côté un souvenir, à
cause du vif intérêt qu'il porta comme curateur et comme bourgmestre à sa prospérité, à
une époque de transition oii elle n'était pas même sûre d^ lendemain. Il prit l'initiative, le
10 janvier 4881, des réclamations qui eurent pour objet le rétablissement de la Faculté des
lettres ; lorsqu'il fut quesUon, plus tard, de n'entretenir aux frais de l'Etat qu'une seule
Université, on le retrouva encore sur la brèche. Son attitude ferme et ses arguments
pressants nous ont peut-être sauvés do naufrage. — Sur l'ensemble de la carrière adminis-
trative de Jamme, v. le Journal de Liège du 46 février 4848.
(*) y. le Rapport de M. Notooiib, 1. 1, p. cv.
XLIV INTROUICTIOX.
Faculté de philosophie ; Gand ne conserva que celles de ' droit et de
médecine; les Facultés des sciences ei ie droit cessèrent d'exister à
Louvain. Les réclamations furent si vives dans cette dernière ville,
que la Faculté de droit y fut reconstituée dès le 3 janvier 1831, mais
avec un personnel tout à fait insuffisant.
Ces mesures, nous venons de le dire, étaient essentiellement pro-
visoires ; l'enseignement supérieur devait ultérieurement faire Cobjet
d^utie loi mûrement délibérée ( ' ). En attendant, l'arrêté annonçait (an. 3)
un renouvellement partiel des corps enseignants : les professeurs
étrangers allaient être renvoyés dans leur pays , pourvus d'une pen-
sion de retraite. Dussent les études en souAHrir, on voulait rompre à
tout prix avec les traditions du gouvernement déchu.
L'arrêté du 16 décembre introduisit aussi des innovations dans le
régime intérieur des Universités. Les professeurs ordinaires ne com-
posèrent plus à eux seuls le Conseil académique; le recteur fut élu
par ses collègues; le latin cessa d'être la langue académique offi-
cielle; l'usage des thèses devint facultatif. Il est facile de voir que le
gouvernement provisoire était inspiré par son désir de donner sans
retard satisfaction à l'opinion publique, en affranchissant l'enseigne-
ment de toute entrave ; mais ici, comme en matière d'enseignement
primaire et moyen, il pécha par excès de zèle. Les Universités se
trouvèrent non pas émancipées, mais désorganisées. Les abandonner
tout d'un coup à elles-mêmes, alors précisément qu'on les privait des
Facultés qu'on peut appeler de recrutemetit^ c*était les conduire infail-
liblement à leur perte. On ne s'explique l'arrêté du 16 décembre qu'en
attribuant à nos gouvernants le projet d'arriver au système d'une seule
Université centrale : pour en venir là, dit très-bien M. Th. Juste t*),
ils commençaient par détruire en détail les Universités de Louvain,
de Gand et de Liège.
Seize professeurs étrangers reçurent leur démission le jour même
où parut l'arrêté de réorganisation : huit furent mis en non activité.
Dans cette dernière catégorie se trouvèrent compris, à Liège, J.-D.
Fuss et L Denzinger, tous deux Allemands ; dans la première, les
quatre Hollandais J. Ackersdyck, P. Van Limburg, Brouwer, J.
Kinker et H. Van Rees. F. Gall et L. Rouillé furent déclarés émé-
(*) Considérants de l'arrèlé da 16 décembre (Notbomb, 1. 1, p. 674).
(*) Ouvr.cité, p. 838.
INTRODUCTION. XLV
rites. Le corps enseignant de Liège resta composé de 9 professeurs
ordinaires, de S professeurs extraordinaires et de 4 lecteurs.
En vain la régence de Liège, soutenue par un grand nombre de
membres du Congrès, réclama contre la suppression de la Faculté
de philosophie; le gouvernement provisoire déclara sa résolution
irrévocable. Gomme ses sœurs de Gand et de Louvain, notre Univer-
sité aurait été obligée de fermer ses portes, si quelques professeurs
ne s'étaient associés pour fonder une Faculté libre ( '). Les bâtiments
universitaires furent mis à leur disposition; on ne voulait rien brus-
quer. Ge fait atteste, selon M. Thonissen ('), la puissance et la fécon-
dité du principe de la liberté de l'enseignement. Nous y voyons seule-
ment une conséquence forcée de la situation fausse oix l'arrêté du 16
décembre avait placé les Universités de TËtat. L'instinct de conser-
vation avertissait qu'il y avait une lacune à combler; il ne s'agissait
nullement d'élever autel contre autel, ce qui est le propre de l'en-
seignement libre proprement dit.
La Faculté libre ne pouvait prendre ce nom que parce que ses
membres enseignaient sans titre officiel ; mais en fait, elle n'était
qu'une annexe, une dépendance de l'Université, et elle eût été bien
heureuse de perdre sa liberté.
En dépit du mérite de ceux qui la composaient, son influence fut
loin d'être féconde. Les étudiants s'habituèrent à regarder comme
purement accessoires les études littéraires, philosophiques et scien-
tifiques; il s'ensuivit une véritable décadence, à laquelle l'institution
des Cammiêsians (f examen fut loin de porter remède. Gette dernière
innovation, par parenthèse, devait avec le temps nous engager dans
un labyrinthe inextricable. Laissons la parole à M. Nothomb :
« Les élèves qui fréquentaient les Facultés libres aux dépens des Facultés de l'État con-
servées dans d'autres établissements, ne tardèrent pas à réclamer la nomination de Corn-
mission» (Texamen^^m devaient être chargées de conférer le grade de candidat, préparatoire,
soit aux études de droit, soit à celles de médecine. Cette réclamatiou fut vivement appuyée
par les autorités communales et provinciales Du moment que le régime provisoire des
Universités était maintenu, la création de semblables Commissions, quelque mauvaise que
fût celte mesure, devenait en quelque sorte indispensable. Que serait devenue l'Université
de Gand, avec ses deux Facultés de droit et de médecine, privée qu'elle était des deux
Facultés dans lesquelles les élèves auraient pu acquérir les grades préparatoires ? Elle
courait grand risque de n'avoir plus un seul élève. L'Université de Louvain, seule en pos-
session d'une Faculté de philosophie, si elle avait eu une Faculté de droit plus complète,
•
( ' ) V. lesart. de CiiÉiiEOOLLt, Dcnzinger, Fuss, Gall, RouillA, F4SSIN et Wurth,
(•) Ouv,eité,U n, p. Î46.
XLVI INTRODUCTION.
aurait eu la chance d'accaparer tons les élèves en droit, mais elle aurait vu chômer
peut-être sa Faculté de médecine ; TUoiversité de Liège, au contraire, aurait vu arriver à
elle la plupart des élèves en médecine , grftce il la consistance de ses deux Facultés des
sciences et de médecine, qui étaient vigoureusement constituées > (*).
Les Commisrions d'examen furent donc instituées par arrêté du â
octobre 1831 : celle de Liège eut mission de délivrer des diplômes de
candidat en philosophie et lettres. Mais qu*arriva-t-il et que devait-il
arriver? Que la Faculté de philosophie, officiellement conservée à
Louvain, se trouva grandement affaiblie, et qu'une salutaire sévérité
ne présida pas toujours aux examens. « Serait-il juste, ajoute M.
))Nothomb ('), d*en faire aujourd'hui un reproche à nos anciennes
» Universités ? Menacées dans leur existence même, vivant pour ainsi
y> dire au jour la journée, leur était-il possible de se défendre d'une
» certaine complaisance envers des jeunes gens qu'on ne pouvait
»plus, il faut bien en fisiire le triste aveu, retenir qu'à ce prix?»
L'honorable ministre n'en rend pas moins justice aux professeurs,
qui luttèrent autant qu'ils le purent, avec une énergie qui alla chez
quelques-uns d'entre eux jusqu'à la passion, contre les conséquences
d'un provisoire désastreux.
Mais la création des Commissions d'examen avait en elle-même une
portée dont la gravité ne fut appréciée que plus tard. Le droit de
délivrer des diplômes cessait d'appartenir exclusivement aux Facultés.
Il y avait là toute une révolution. Du jour où de véritables Universités
libres surgiraient dans le pays, il faudrait aussi pour elles des Com-
missions d^examen, et au nom de la Constitution, le fantôme du mono-
pole devant les yeux, on en viendrait à réserver à des jurys mixtes
une prérogative qui, ne pouvant être accordée aux Universités privées,
serait déniée par contre-coup, sous prétexte d'égalité, aux Univer-
sités de l'Etat elles-mêmes.
Le gouvernement provisoire, en d'autres termes, se vit amené, en
quelque sorte par la force des choses, non seulement à dispenser les
étudiants àe passer par les alambics des Universités {^), mais à poser
un précédent dont la conséquence rigoureuse devait être que les
professeurs de l'Etat n'auraient plus désormais, pas plus que leurs
émules, mission de conférer des grades au nom de l'Etat.
A l'époque où nous sommes parvenus, Pb. Lesbroussart était
(M T. I. p, cxvn.
(•) /Wrf., p. cxvm.
• ) Expression de Pasquier.
! NTRODUCT JON . XL VI I
administrateur-général de Tinstruction publique. Chargé de préparer
un projet de loi organique (M« il s'était rallié au système d'une seule
Université, dont les quatre Facultés auraient été disséminées dans
tout le pays; la collation des diplômes devait appartenir à une Com-
mission centrale « produit de Télection. Lesbroussart avouait lui-
même qu*il avait été plus préoccupé de satisfaire tout le monde, que
convaincu des avantages de la dispersion des écoles. Une Commis-
sion spéciale, nommée le 30 août 1831, proposa la réunion des quatre -
Facultés dans une seule ville; ce nouveau projet resta dans les car-
tons. Une seconde Commission, nommée en 1833, fut plus heureuse:
le ministre de Tintérieur approuva le travail qu'elle avait élaboré avec
beaucoup de soin et d'esprit de suite, et le soumit à la Chambre des
représentants. M. Ch. Rogier ne faisait qu'une réserve relative au
nombre des Universités : décidément il n*en voulait qu'une ('),
tandis que la Commission se pi ononçait pour le maintien de Gand et
de Liège. La discussion \:e put être abordée qu'en 1835, sous le mi-
nistère deTheux('). Le système d'une Université unique fut écarté
à cinq voix seulement de majorité; l'Université de Louvain fut seule
supprimée, à la grande joie des évéques, qui y installèrent , sans
perdre de temps, l'Université cntholique fondée à Malines en 1834.
Les libéraux avancés de Bruxelles, sur ces entrefaites, avaient ouvert
dans cette ville une seconde Université libre, destinée à servir de
contrepoids à celle du clergé {*) : dès lors le maintien de deux Uni-
versités de l'Etat était une nécessité; dès lors aussi la question des
jurys d'examen acquérait une importance capitale.
V Union des catholiques et des libéraux n'avait pas survécu aux
circonstances qui l'avaicut fait naître : chacun était rentré dans son
camp; on se préparait à un combat à outrance. Pour les partis
extrêmes, l'enseignement supérieur était surtout un levier politique :
il s'agissait avant tout de recpjter, de discipliner une jeune et
ardente milice, une réserve toute prête à combler les vides qui se
feraient avec le temps dans les légions parlementaires. C'est à raison
de cette attitude que l'enseignement libre put prendre presque instan-
: * ) V. ci-après, cot. 4H et suiv.
( *) Elle aurait filé établie à Louvain.
(*) Le projet de la Commission de 1833 fut considérablement amendé par H. de Theux,
à ce point que le système proposé le A août i835 peut être considéré comme nouveau.
(*^ V. rart. Barom.
XLVIII INTRODUCTION.
tanément un essor vigoureux. Le nombre des élèves des Universités
de TEtat diminua, comme on pouvait s*y attendre; cependant Liège
ne tarda pas à reprendre une marche ascendante, grâce à Tesprit
général de la population, peu sympathique, ainsi que nous Tavons
déjà fait entrevoir, aux œuvres de pure propagande. En somme,
compromis par les décrets du gouvernement provisoire, par les
tergiversations de trois ministères et par l'abandon systématique
peut-être où on l'avait laissé, l'enseignement légal était sourdement
miné; on en venait même à soutenir ouvertement, en se Fondant sur
une phrase de Ch. de Brouckere (^), qu'il n'avait point d'existence
nécessaire et obligatoire, et que c'était tout simplement une question
d'utilité. La section centrale, par l'organe de M. Deschamps, avait
elle-même abondé dans ces idées, tout en reconnaissant que les
garanties données par les Universités libres de Louvain et de
Bruxelles ne pouvaient suffire au législateur. Ainsi était dénaturée la
pensée du Congrès, qui dans sa haute sagesse avait précisément con-
sidéré l'enseignement de l'Etat comme dû au public, en présence de
l'existence toujours éventuelle des institutions libres. Le Congrès
avait prévu, d'autre part, le danger qu'il y aurait à livrer l'instruction
publique à la merci des partis, c'est-à-dire à sacrifier à leurs dissi-
dences les intérêts de la jeunesse et, en définitive, de la civilisation
nationale. Mais les esprits n'étaient point calmes en 1838 ; et aussi
bien, malgré les plus généreux efforts, les Universités de l'Etat
avaient conservé peu de crédit. La nouvelle loi les trouva pour ainsi
dire végétant, découragées, ternes, sans ressort; elles en saluèrent
l'avènement avec un reste d'enthousiasme; maiselles furent longtemps
à oublier le mot de mauvaise augure d'un visiteur étranger (') : Vous
serez mangés. Messieurs, mangés jusqu'aux os.
Ce quiles sauva, en dépit des tâtonnements de nos législateurs et
des réactions parlementaires, qui tournèrent presque toujours à leur
détriment; ce qui les sauva, ce qui sauva l'Université de Liège et la
rendit plus tard forte et confiante, c'est encore une fois cet admirable
bons sens de notre peuple, qui comprend que l'atmosphère des
écoles doit être sereine, et que la jeunesse doit apprendre à penser
et à étudier avant de se passionner pour les luttes du forum. Mais
{*] Due, de la loi sur Venseignemeni tupérieur. Bruxelles, 4844, in-8<*, p. XIX.
{*) Fréd. Thicrsch.
INTRODUCTION. XLfX
qu'il a fallu » pour ne point céder au torrent' de fermeté , de
clairvoyance et de prudence ! Et pourquoi maintenant dissimuler ?
Neque amore et sine odio^ nous dirons ouvertement toute notre pensée,
sur la question du jury comme sur notre Université elle-même.
IV.
Un jury national se réunissant régulièrement dans la capitale et
traduisant à sa barre tous les aspirants aux grades académiques,
sans distinction aucune, auto-didactes ou non, qu'ils vinssent de
Liège ou de Louvain, de Gand ou de Bruxelles, des petits Séminaires,
des Collèges des Jésuites ou des Universités étrangères, c'était à pre-
mière vue une large institution, digne à tous égards d'un pays libre,
en même temps qu'une garantie puissante contre les abus de la liberté.
L'intérêt public justifiait, semblait-il, l'uniformité du programme
des épreuves; les établissements privés étaient tenus de compter
avec ceux de l'État, sans pouvoir se plaindre d'être assujettis à un
contrôle quelconque. On exigeait des récipiendaires une certaine
somme de connaissances; mais ils étaient dispensés de jurer m verba
tnagUtri. En théorie, on n'allait plus décerner de palmes qu'au vrai
savoir; en pratique, il ne s'agirait que de choisir des examinateurs bien
pénétrés de Tesprit de l'institution et supérieurs, par leur patriotisme
et par la dignité de leur caractère, à toute idée de rivalité mesquine.
Les résultats des premières sessions donnèrent tort aux quelques
membres du Parlement qui avaient soutenu, lors de la discussion de la
loi, que le nouveau système péchait par la base. Il est certain que
les examens redevinrent sérieux : la solennité des assises qui se
tenaient à Bruxelles inspirait du respect aux récipiendaires; leurs
études étaient moins étroites et plus indépendantes, puisqu'il ne leur
suffisait plus d'être au courant des cahiers de leurs professeurs.
Jamais peut-être diplômes ne furent plus honorablement conquis, en
Belgique, que dans les années qui suivirent immédiatement 1835.
Cependant rhorizon se rembrunit peu à peu. L'institution du jury
avait été viciée dans son essence par les dispositions de l'art. 41 de
la loi, et, prise en elle-même, elle était incompatible avec la Consti-
tution. Quand la première ferveur fut passée , il fallut bien le
reconnaître.
IV
L INTRODUCTION.
Elle était viciée dans son essence par l'art 41, qui attribuait aux
deux Chambres la nomination de quatre examinateurs sur sept.^Dès
1836, M. Adolphe Barlels jeta les hauts cris. Il ne pouvait admettre un
seul instant que renseignement fut vraiment libre, tant que la composi-
tion des jurys serait subordonnée aux vissicitudes parlementaires. «Il
» dépendait de l'opinion dominante, disait-il, d'organiser le jury d'exa-
)) mcn comme elle l'entendait. Si la majorité a fait une large part à la
» minorité dans le choix du personnel, c'est qu'elle y a mis de la com-
» plaisance. Car l'exercice du droit d'élection est essentiellement arbi-
» traire. L'élection ftiit en toute chose prévaloir l'avis de la majorité...
» Qui ne comprend que ceci mots : droit de concurrence et loi de la
» majorité s'excluent par le fait! le despotisme ne se justifie point par
» la modération de son exercice... (*) ». L'implacable logicien, parti-
san d'ailleurs de la liberté absolue des professions, regardait le jury
comme subversif de la liberté de l'enseignement et n'hésitait pas à
déclarer que les Universités de l'Etat étaient destinées à périr.
L'art. 41, il faut le dire, n'avait été adopté qu'à une voix de majorité
(42 contre il) et, à titre d'essai, pour trois années seulement; mais
ce provisoire fut prolongé, pour deux ans d'abord, puis d'année en
année jusqu'en 1844, et de là pour quatre ans encore, malgré les
efforts de M. Nothomb, qui s'était décidé à proposer de déléguer au
Roi, sous certaines conditions, la nomination annuelle du jury (').
D'un autre côté, le projet de M. Nothomb accusait une tendance qui
devait rendre tout à fait flagrante l'inconstitutionnalité du système.
L'honorable ministre repoussait l'intervention du pouvoir législatif
dans le choix des examinateurs; en revanche, il consacrait formelle-
ment un privilège, en demandant que le gouvernement fut ob igé de
coordonner ses choix de telle manière, que dans chaque section du
jury les quatre Universités eussent leurs représentants {') Ce n'était
pas seulement reconnaître une existence légale à deux établissements
privés, à l'exclusion des Collèges de Jésuites, par exemple, qui com-
mençaient à se compléter par des Facultés des lettres et des sciences;
c'étaitencore réduire le jury, placé légalement et en apparenceen dehors
des Universités, à n'être plus qu'un établissement universitaire. En
(*) Ohv. cité, p. 401.
(•) V. Spbinc, Im liberté de t enseignement, la science et les professions libérales. Lidge,
4854, in-8«, p. U.
(') /*W.,p. i6.
INTRODUCTION*. LI
réalité, H avait fini par descendre à ce niveau, ce qui «rendait très-
» difiScile et parfois impossible la représentation des sciences, entre-
» tenait Tesprit de rivalité et de suspicion, et constituait les membres
o du jury en avocats de leurs élèves, alors qu'ils ne devaient eu être
» que les juges impartiaux et sévères » ( ' ).
D'autres inconvénients plus graves encore se révélèrent avec le
temps. Le personnel des Universités était peu connu, en général, des
membres de la législature; il en résulta que les mômes professeurs
furent appelés plusieurs années de suite à faire partie du jury. Or
cette permanetice, comme le faisait très-justement remarquer en 184*2
la Faculté des sciences de Liège, établissait un véritable monopole
pour les opinions scientifiques des élus. Tous les professeurs qui
n'étaient point membres du jury se voyaient forcés, dans l'intérêt le
plus immédiat de leurs élèves, de diriger leur enseignement d'après
les opiniong de leurs confrères plus favorisés, alors même qu'il leur
était impossible de les adopter et de les soutenir. Quoiqu'ils en
eussent , ils pouvaient être amenés à se faire complices du maintien
de quelque système suranné et condamné par la science. Que deve-
nait alors la liberté des éludes? Le jury pouvait à son gré enrayer
dans le pays tout mouvement scientifique. De plus, le renouvellement
du mandat d'un professeur-examinateur signalait son cours au public
comme le plus profitable à suivre : c'était une prime en faveur de
l'Université qui le comptait parmi ses membres. Avait-il composé un
Manuel, les étudiants, dans tout le pays, n'en voulaient plus d'autre.
Sa manière d'interroger ne tardait pas à être connue partout; on était
sûr d'avoir affaire à lui ; on se disait que le plus pressant étant d'ob-
tenir un diplôme, ce serait une duperie que d'étudier la science pour
elle-même ou seulement de prendre pour guide un professeur étran-
ger au jury. Il existait, paraît-il (c'est H.Nothombqui nous l'apprend),
des recueils de toutes les questions posées depuis 1836; on se con-
tentait d'apprendre par cœur les réponses qui rentraient dans le
cadre de ce formulaire (* ).
Enfin, les élèves ayant le droit de choisir les leçons qu'ils voulaient
fréquenter, il arrivait que les cours qui n'étaient pas directement
(*) Spbimg, p. i6.
(*) V. ÏExpoêé deê motif ê du projet de loi de 4844, dans le recueil ioUtulé : Discuêsion
de la loi iur Vemeignement iupérieur, etc., p. 905.
LU INTRODUCTION.
représentés dans le jury demeuraient déserts dans les Universités.
Le législateur de 1835 s'était moins préoccupé de Yidée scientifique
que de Yidée politique ; le but était manqué.
On finit par se demander : le jury a-t-il, oui ou non, le droit
de juger des doctrines scientifiques? Si oui y nous retombons,
sous une autre forme, dans le système du monopole reproché à
Guillaume ; et le mal sera d'autant plus grave que, le jury dépendant
du sort des élections, la vérité d'aujourd'hui sera proclamée erreur
demain, toujours au nom de l'Etat (*). Si non, l'Etat n'a rien à voir
dans la nomination d'un jury scientifique. — Ainsi commença à se
faire jour l'opinion que soutient aujourd'hui l'Université de Liège,
d'accord avec l'honorable M. Frère-Orban, à savoir qu'il est indis-
pensable de laisser aux Universités la mission de délivrer, comme
elles l'entendent et sous leur responsabilité, des diplômes scienti*
liques ne conférant aucun droit dans l'État. Le jury natignal serait
dès lors entièrement étranger à l'enseignement, et n'aurait d'autre
pouvoir que d'exiger des garanties pratiques de capacité, pour l'exer-
cice de certaines professions dont la liberté absolue serait réputée
dangereuse.
Cette opinion fait insensiblement son chemin; mais le jour de son
triomphe est peut-être bien éloigné encore. Elle est l'expression,
disions-nous, des tendances qui régnent à Liège. Avant d'y revenir
plus explicitement, il nous parait utile de montrer comment il se fait
qu'elle ait germé chez nous plutôt qu'ailleurs. Autrement dit, nous
allons essayer de caractériser Tattitude de notre Université depuis
1835.
Les Universités libres ont été instituées dans un but de propagande :
les évoques belges ont voulu offrir à la jeunesse catholique un
enseignement subordonné aux principes de la foi (•); l'Université de
Bruxelles a été fondée au nom du libre examen. De part et d'autre on
marche en rangs serrés : on s'appelle légion, on obéit à un mot d'ordre.
C'est là une puissance, et une puissance d'autant plus réelle que de
part et d'autre on a voix au Parlement. Les doctrines professées à
(M V. la brochure de Louis Duperron ( .M. Trasenstcr ) : Réforme de renseignement
supérieur et du jury dtexamen, Liëge, 4848, in-8», p. H.
(•) Circulaire de l'archevêque et des évéques de Belgique au clergé de leurs diocèses,
février d834.
INTRODUCTION. LUI
Louvain et à Bruxelles soiU inconciliables entre elles ; on tient dans les
deux camps à le proclamer bien haut ( ' ) ; par contre, on emploie volon-
tiers les mêmes arguments, dès qu'il s'agil d'obtenir des concessions
de la part de TÉtat (•). Les Universités de Gand et de Liège sont dans
une position toute différente et moins avantageuse : ne pouvant être
inféodées à un parti, elles trouvent aux Chambres moins de défen-
seurs intéressés à les soutenir, et le pouvoir dont elles relèvent subit
lui-même le contre-coup des fluctuations parlementaires. Mais elles
ont dans le pays un point d'appui plus solide qu'on ne l'avait pensé
d'abord. Les hommes modérés de toutes les opinions leur ont tendu
la main : elles ont surnagé malgré tout. Peu à peu, d'ailleurs, les
professeurs des quatre Universités ont appris à se connaître et à
s'estimer, et les uns comme les autres ont fini par se dire qu'il y avait
place pour tout le monde au soleil. Ainsi les prévisions des prophètes
de malheur ne se sont point réalisées; on fait i^Ius que de se tolérer
réciproquement: non seulement les aspérités se sont adoucies, mais
dans l'état du pays , l'opinion des gens qui voient clair est que les
Universités de l'État sont la première sauvegarde des institutions
libres elles-mêmes. Si la jeunesse tout entière était élevée au profit
des partis, la lutte engagée depuis la rupture de YUnion deviendrait
avec le temps une guerre d'extermination, dont le résultat, quel qu'il
fût, exposerait la nation à de nouveaux hasards et mettrait tout d'abord
nos chères libertés en péril.
Modération, sagesse pratique et fermeté, ces trois mots formulent
la ligne de conduite imposée aux deux Universités de l'État. La poli-
tique militante doit leur rester étrangère: hors de là, point de salut
pour elles. Leur enseignement doit être acceptable & droite comme
à gauche, puisqu'elles vivent des deniers publics. On rendra cette
justice à l'Université de Liège, qu'elle ne l'a jamais entendu autrement.
Les familles libérales n'ont rien à objecter à l'enseignement de l'Etat,
écrivait en 1848 M. Helfferich {'); à l'heure qu'il est, le publiciste
allemand pourrait encore s'exprimer de la même manière. Ajoutons
(' ) Qui oe se souvient des polémiques philosophiques de MM. Laforêt et Tiberghicn, et
de VAunuaire publié en i840 par Us étudiants de Bruxelles ?
(*) Voir les discussions sur la proposition Brabant-Dubus, tendant à obtenir pour
rUnivcrsilé catholique la personniflcation civile, et sur le legs fait par Verhaegen à l'Uni-
versité libre de Bruxelles.
[*}Delgien, etc. Pforzheim, 1848, in-8^, p. â09.
LIV INTRODUCTlOiN.
du reste que la très-grande majorité des libéraux belges, surtout à
Liège, sont plutôt des partisans de la tolérance que des apôtres ou
des adversaires directs de telle ou telle théorie politico-religieuse ou
sociale. Restons tout à fait sur notre terrain. A Liège donc règne
un libéralisme très-décidé, mais constitutionnel avant tout, nullement
radical, et fort peu disposé, en fait d'éducation, à favoriser un sys-
tème qui tendrait à peser d'une façon quelconque sur la liberté de
penser des jeunes gens. Or, la liberté de penser n*est nullement le
libre examen des rationalistes purs ; elle implique qu'on puisse ôtre
rationaliste, mais aussi qu'on puisse ne l'être pas. Il y a d'autre part
à Liège une minorité catholique*politique très-respectable, et qui
demande à son tourque l'enseignement ne flroisse pas ses convictions
religieuses. C'est ce qui a été profondément et heureusement senti
dans notre Université : personne n'y a sacrifié sa manière de penser;
les professeurs appartiennent à telle ou telle fraction de l'opinion,
c'est leur droit; mais ils se sont fait un devoir, dans leurs leçons, de
ne passionner la jeunesse que pour les idées sur le terrain desquelles
tous les hommes de conscience peuvent, nous allions dire doivent se
rallier. De là lui est venue, à une époque où l'enseignement réorganisé
par l'État ne paraissait pas être né viable, une confiance dont elle est
légitimement fière. Allumer le flambeau de la science et former des
citoyens, non des hommes de parti, tel a été, tel est encore son
idéal ; tel a été le secret de sa vigueur croissante et de sa sécurité
profonde, alors même que dans le courant de ces dernières années,
des influences malsaines, venues de l'étranger, avaient exalté une
partie de ses élèves au nom de théories qu'ils ont été les premiers à
répudier, lorsque le torrent est rentré naturellement dans son lit (V.
C'est ainsi que le vieil esprit liégeois a déteint sur l'Université et
a reçu en retour, de son influence, une force et une activité nouvelles.
Hais les difiicultés à vaincre ont été d'autant plus ardues, que l'indé-
pendance du Corps académique comme tel , vis-à-vis des partis
extrêmes, semble avoir médiocrement plu à leurs coryphées, préoc-
cupés par dessus tout de recruter des renforts. Il a été un temps où
l'autorité supérieure elle-même a pris ombrage des réunions hebdo-
madaires de quelques professeurs, qui n'avaient d'ailleurs pour but
que de fortifier l'institution en provoquant d'utiles réformes, et surtout
(* ) Âllnsion au premier Congrit des étudiants (i865).
INTRODUCTION. LV
en élevant TUniversité tout entière à la conscience claire de ses
obligations et du rôle qu*elle est appelée à jouer dans le pays. On
comprendra notre réserve à ce sujet, et au sujet des appréciations
auxquelles pourrait donner lieu l'expérience qui a été faite de certaines
idées émises par la Société du Samedi; mais ce que nous pouvons dire,
c'est que les professeurs qui en ont fait partie ont tenté les efforts les
plus louables pour créer dans FUniversité cet esprit de corps, sans
lequel un établissement laisse se perdre ses meilleures traditions et ne
peut jamais compter sur le lendemain. On ne saurait trop le répéter :
toute force qui ne vient pas d*un principe intérieur est factice et
illusoire.
Hais que ceci soit bien entendu : il ne suffit pas qu'on se groupe
pour former un faisceau d'influences, pour résister à des envahisse-
ments et pour réclamer des garanties légitimes. Ce qu'il faut dans
une Université, c'est un esprit de corps scientifiqtie^ si l'on peut parler
ainsi. Or, est-il possible à l'Université de Liège, dans les conditions
où elle se trouve, d'après ce qu'on vient de lire, lui est-il possible
d'arriver à un tel résultat? Voilà l'importante question, en définitive,
la question d'avenir. N'est-elle pas condamnée à une neutralité abso-
lue, c'est-à-dire à la stérilité, de par sa constitution même?
C'est comme si l'on demandait si la science est nécessairement à la
remorque de la politique, s'il y a nécessairement une science libérale
et une science anti-libérale au sens belge de ces mots , ou si la
science, cette étoile que nous avons devant les yeux, n'habite pas
une région supérieure au théâtre de nos querelles. Félicitons-nous
de n'avoir pas, avant d'enseigner, à passer sous des fourches cau-
dines et de pouvoir prendre pour devise : Spiritus fiât ubi vult.
Indépendance scientifique n'est pas neutralité. OfTiciellement neutres
à l'égard des partis , nous avons précisément le droit et le devoir de
ne pas l'être vis-à-vis de la vérité. Mais pour que cette prérogative
et cette obligation ne soient pas illusoires, deux conditions sont
nécessaires : il nous faut la liberté intérieure et la liberté extérieure.
La première nous est assurée sans contredit : le gouvernement
n'exerce aucun contrôle direct ou indirect sur nos doctrines ou sur
nos méthodes. On s'est vivement récrié, en 1856, lorsque M. de
Decker, ministre de l'intérieur, s'émut de la dénonciation de quatre
étudiants de Gand, accusant un de leurs professeurs (') d'avoir nié,
(*) M. Brasseur.
I,V1 INTnODDCTlON.
dans son cours public, la divinité du Christ, et des propositions anti-
catholiques émises par un autre professeur gantois dans un livre de
philosophie étranger à son enseignement (M* Le droit strict de ce
dernier, comme publiciste, n'était pas à méconnaître; quant au pre-
mier, si Taccusation eût été fondée ('), on ne peut disconvenir que le
gouvernement n'était pas moins tenu de faire respecter la liberté de
conscience des élèves que de respecter lui-môme celle du professeur,
et qu'après tout il eût été juste de dire à ce dernier : non erat his locus.
La fausse position du ministre tenait à ce que, chaque cours n'ayant
qu'un seul titulaire et les élèves étant tenus , depuis 1849, de suivre
tous les cours, la responsabilité de l'autorité supérieure se trouvait
directement engagée. A y regarder de près, M. de Decker ne fit que
subir les conséquences de la situation. Mais il n'est jamais entré dans
sa pensée, non plus que dans celle d'aucun ministre belge, de prescrire
aux professeurs des Universités l'obligation de se rattacher à une
doctrine quelconque en philosophie, en histoire, en droit naturel, en
économie politique. Nous sommes libres, tout ce qu'il y a de plus
libre, dans les limites de notre mandat. Cependant, comme il est difli-
cile, dans l'enseignement de certaines sciences, de ne pas au moins
toucher en passant à des questions brûlantes, les susceptibilités
peuvent toujours trouver occasion de s'éveiller. Il n'y a qu'un seul
moyen de donner satisfaction à tout le monde et de prévenir le retour
d'incidents tels que ceux qu'on vient de rappeler, c'est que l'Etat se
décharge de sa responsabilité sur les professeurs eux-mêmes ; c'est
qu'en un mot on nous accorde ce que nous appelons la liberté exté-
rieure.
On va voir reparaître ici la question du jury. Parce qu'il y a un jury
universitaire, il y a forcément un programme d'études commun à tqutes
les Universités. Voilà ce qui nous lie pieds et mains et ce qui met
une sourdine à la science ('). Que chaque institution d'enseignement
supérieure soit rendue à elle-même ; que chacune compose son pro-
gramme à l'instar des grandes Universités allemandes, et tout sera
dit. Gomme complément de ce système, que les cours redeviennent
libres : les étudiants, bons juges de leurs intérêts et tenus en haleine
( * ) Les Eiudes sur thiitoin de VhumanUé^ par M. F. UOBBNT.
( *} H a été reconnu qu'elle ne l'était pas.
(*} V. la brochure citée de M. Spring, p. 27. On ne saurait trop attirer l'attention sur
l'argumentation puissante de notre honorable collègue.
INTRODUCTION. LVII
par la perspective d*un examen sévère, fréquenteront ceux qui répon-
dront le mieux à leurs besoins immédiats et d'autre part à leurs pro-
pensions individuelles. Dès lors la concurrence deviendra une
nécessité : un professeur pourra, si cela lui convient, enseigner
même le matérialisme C); FUniversité, en légitime défense , ne man-
quera pas de lui susciter un opposant, et la science y gagnera. Non
seulement le système actuel tend à amoindrir les Universités et à les
réduire à n'être que de simples écoles ; mais il contribue indirecte-
ment à égarer la jeunesse. Depuis quelques années , des théories
sociales aventureuses se sont répandues dans toute l'Europe, et en
philosophie, une sorte de scepticisme nuageux d'une part, le positi-
visme de Tautre font appel à la génération nouvelle. L'enseignement,
tel qu*il est organisé, ne peut contribuer suffisamment à la prémunir
contre des séductions auxquelles elle est d'autant plus exposée, qu'à
vingt ans on est presque toujours secrètement prévenu en faveur de
l'opposition aux idées reçues, et d'autant plus que les innovations
sont plus audacieuses et qu'on a moins d'expérience. Or en se traînant,
forcément dans l'ornière de leur programme, les professeurs, malgré
tout le talent du monde, perdent chaque jour un peu de leur influence,
et il se forme clandestinement, en dehors de leur action, un noyau de
jeunes adeptes de doctrines dont le crédit serait singulièrement
ébranlé, si la liberté de la chaire était telle que nous la souhaitons.
Et supposons même que ces doctrines trouvent des apôtres dans nos
auditoires; encore une fois elles y trouveraient aussitôt des contra-
dicteurs, et elles cesseraient du moins d'offVir aux étudiants l'attrait
du fruit défendu. Il est presque trivial, mais il est opportun de répéter
que la liberté est comme la lance d'Achille, qui guérit les blessures
qu'elle a faites.
M. Dechamps a laissé tomber du haut de la tribune, le 29 mars
1844, une parole fatale : Le jury (t examen, a-t-il dit, est le gouverne-
ment de renseignement supérieur. Aucune interprétation de la loi n'au-
rait pu porter un plus grand préjudice aux bonnes études et paralyser
plus sûrement l'essor de la jeunesse belge. Le jury d'examen gouver-
nant les Universités, quel que soit son mode de composition, c'est la
consécration d'un monopole anti-scientifique, c'est la décadence de
(*) Noas renvoyons le lecteur an recaeil très-instructif intitulé : XEnneignement supérieur
devant U Sénai. Paris, 1868, ïù-if».
LVIII INTRODUCTION.
renseignement supérieur, préparée par la loi. Le jury combiné, qui
remplace le jury central depuis 1849 (M« n*a fait qu'aggraver le mal
auquel on a voulu porter remède en modifiant la loi de 1835. Aujour-
d'hui rélève est interrogé directement par son professeur, sous le
contrôle du professeur d*une Université rivale, chargé du même
cours. La combinaison est telle, que les deux Universités de TEta't ne
se rencontrent jamais au jury, non plus que les deux Universités
libres : on a voulu sans doute, pour ces dernières, éviter les froisse*
ments. Qu'on se figure Krause appelé à contrôler Tongiorgi, les
idées de M. Âltmeyer aux prises, en plein jury, avec celles de M.
de Gerlache! On a donc pris la précaution, pour conduire les réci-
piendaires au port, de ne jamais laisser le loup avec la chèvre, ni la
chèvre .... Les Universités de l'Etat, considérées comme neutres,
sont tour à tour en présence de Bruxelles et de Louvain. La
position n'est fausse, en définitive, que pour elles ; mais elle est peu
digne pour tout le monde. On est placé dans cette alternative : colli-
sion ou collusion. Avec le temps, il est vrai, on s'habitue à ce
mariage forcé; mais le niveau des examens baisse, parce que chaque
professeur est en droit de dire à son confrère : ceci n*a pas été ensei-
gné. Que faire alors? Il suffit qu'un élève sache bien son cahier pour
être admis : aussi, que de fruits secs parmi les distincHonsl Dans les
quatre Universités, aux Chambres, partout, on est convaincu de
l'influence délétère du système : on n'a trouvé, après mûre réflexion,
d'autre moyen de relever les études, que de simplifier les examens;
au lieu de relever des éludes, on les a matérialisées en considérant
officiellement comme accessoires toutes les sciences dont l'utilité
professionnelle n'est pas immédiate, toutes celles qui élèvent l'esprit,
qui lui ouvrent un vaste champ, celles mêmes qui contribuent le plus
directement à l'éducation du citoyen. Le temps est venu de brûler la
vieille idole : il est urgent de rayer une fois pour toutes de notre
Credo ce malheureux article : Le jury est le gouvernement de {ensei-
gnement supérieur,
La science ne peut être gouvernée : c'est à elle de gouverner les
esprits, sous peine de mort pour la civilisation. Mais elle ne peut
gouverner si elle n'est libre, et elle ne sera libre en Belgique que
quand le jury usurpateur aura disparu.
(*) V. ci- après, dernière partie, p. xLiv,
INTRODUCTION. LIX
Alors seulement notre Université aura son esprit de corps scienti-
fique; alors seulement les résultats seront en raison directe des
efforts; alors seulement renseignement supérieur belge , officiel ou
privé, sera digne des institutions nationales.
On veut la liberté des études, la liberté de la pensée, et le jury nous
dit chaque année : Vous n*irez pas plus loin ! Il est logique, dès lors,
qu*OQ s*effraye de nos moindres audaces. Laissez chacun libre, mais
que chacun soit seul responsable de ses actes , devant le public
d*abord, et devant Tautorité dont il relève : alors nous serons stimu-
lés, et nous n*en serons pas moins sages. Le jury isole les profes-
seurs ; il est nécessaire de les rapprocher, de leur inspirer la noble
ambition de faire école. Laissez-nous graviter dans notre orbite :
plus de systèmes de transactions, d'équilibre apparent, de conces-
sions aux majorités. La formule est bien simple : Le jury doit être
séparé de T enseignement, comme F Etat est séparé de l'Eglise.
Cette séparation, nous Fattendons à Liège comme la manne du ciel,
et nous la réclamons depuis longtemps, parce que la liberté nous est
chère comme aux populations qui nous environnent, et parce que sans
la responsabilité directe des professeurs, renseignement de TEtat, dans
Tesprit de notre Constitution, ne saurait légitimement exister. L'Etat
n*a point par lui-même de doctrine ; en revanche, il doit à la nation
des moyens de s'instruire. Mais sous peine de monopole, il doit aussi
respecter le droit imprescriptible de la science, qui est d'être plei-
nement libre. De là c'est à nous, qui représentons la science, et
non pas à l'Etat, qui ne fait qu'en garantir par nous la propagation,
que doit revenir toute la responsabilité.
De ce que l'enseignement est constitutionnellement libre et de ce
que l'Etat belge ne peut être juge en matière doctrinale, il résulte
immédiatement que le système préconisé par l'Université de Liège est
le seul justifiable. Les lois qui nous régissent ont consacré un privi-
l^e en faveur des Universités de Bruxelles et de Louvain ; les
intéressés s'en prévalent ; nous le concevons. Mais il y a aussi d'autres
institutions non moins respectables , pour n'être pas complètes,
auxquelles on a jeté en quelque sorte en pâture ce qu'on appelle
actuellement le jury central ('), et qui ne doivent être satisfaites
que tout Juste de n'avoir aucune influence directe sur la con-
( * ) V. ci-après, dernière partie^ p. xlv.
LX INTRODUCTION.
fection des programmes d'examen ('). Celles-là aussi ont droit à une
pleine satisfaction; et après tout, les professeurs ou répétiteurs
privés qui préparent isolément des élèves aux examens ne sont pas
de ces minima dont le préteur est dispensé de se préoccuper. Or, tant
que les jurys actuels existeront, tous les Belges ne seront pas égaux
devant laloi de renseignement supérieur. Monopole ou non monopole,
il n*y pas de milieu. Le système de Liège, c*est Tabolition de tout mo-
nopole. Qu*on le complète, qu*on l'amende , qu'on le modifie; nous
ne tenons qu'au principe : point de monopole !
Puisque l'État n'est pas juge en matière doctrinale, il est évident
qu'i/ n*apasle droit (Tinstituer des jurys scientifiques. Ce droit appar-
tient naturellement et pleinement à qui enseigne ; et comme en Belgique
tout le monde peut enseigner, ce droit appartient donc à tout le
monde. Mais le certificat de capacité ou le diplôme ne peut conférer
par lui-même aucune prérogative dans l'État, puisque l'État n'a pas
lui-même le droit d'en apprécier la valeur ou seulement la sincérité (*)•
Ce diplôme ne saurait être autre chose qu'un titre scientifique, dont
le relief sera en raison du renom de TUniversité ou du corps quel-
conque, ou du simple professeur qui l'aura délivré. Par parenthèse, ce
serait là un puissant stimulant pour les Universités: si elles se livraient
à un honteux trafic, elles seraient bientôt discréditées; elles auraient
tout intérêt à se montrer sévères, et libres qu'elles seraient les unes
comme les autres dans leur sphère d'activité respective, leur con-
currence prendrait le caractère d'une généreuse émulation : engagées
dans des voies différentes, mais poursuivant un but unique et haut
placé, elles travailleraient fraternellement et sans arrière-pensée à
l'émancipation intellectuelle de la jeune Belgique.
Les passions du jour et les intérêts privés mal entendus, tels sont
les obstacles à vaincre : ils sont redoutables sans doute; mais nous
croyons au progrès irrésistible de la justice et de la vérité.
Le devoir de protéger la société contre les charlatans, les faiseurs
de dupes et lu/ft quanti^ d'autre part, ne peut nécessairement incomber
(M Ces programmes sout dëtermioés par la loi : mais qui fait la loi? Les Uoiversilës
libres, poar ane ccrlaioe part, puisqu'elles comptent au Parlement un certain nombre de
leurs profeitseurs. Quant aux Universités de TËtat, depuis la loi des incompatibilités parle-
mentaires, elles n'ont plus voix au chapitre.
(*) n serait possible de soutenir que les professeurs des Universités de TÉtat, en vertu
de leur caractère officiel, sont dans une position toute particulière; mais nous ne voulons
pas donner prise à la moindre objection,
INTRODUCTION. LXI
qu'à l'État.— M. Ad. Bartels fait remarquer spirituellement que ni Galien
ni Gicëron, ni Hippocrate ni Démosthènes n'avaient pris leurs grades
ou couvert leur chef d'un bonnet carré, ei il se demande si les plai-
deurs en étaient plus grugés et les malades plus assassinés que de
notre temps, a Ne semble-t-il pas, ajoute-t-il, que les individus ne
» sachent gouverner aussi bien leur santé et leur prospérité que le
» gouvernement, et que nous ayons tous besoin, dans nos intérêts les
» plus chers et les plus personnels, d'être défendus contre notre propre
» imbécillité comme des enfants en tutelle? (')» Comparaison n'est
pas raison. Il ne s'agit pas de tutelle, mais de légitime défense. En
Angleterre, un empirique pratiquant sans diplôme peut être attrait
devant le jury: le voilà condamné du chef d'ignorance; la famille qu'il
a décimée en sera-t-elle moins en deuil? En serez-vous moins ruiné
parce que la vindicte publique atteindra le mauvais agent d'affaires
qui aura compromis votre cause ? Les expériences in anima vili sur
la vie et sur la fortune des citoyens peuvent-elles donc être permises?
Si les cas d'empoisonnement par les débitants de drogues sont rares,
n'esl-ce pas grâce à la double garantie du diplôme et de la surveillance
exercée par les Commissions médicales? La manie de supprimer toute
police nous ramènerait finalement à la barbarie; de déductions en
déductions, nous en viendrions à être obligés de nous armer chacun
pour notre défense personnelle et d'avoir recours à la loi de Lynch.
La suppression des garanties contre les abus de la liberté serait
attentatoire à la liberté même, qui est inséparable de l'ordre et de la
sécurité des personnes; autant vaudrait déchirer tout contrat social.
Enfin, les institutions qui conviennent à un peuple ne conviennent pas
toujours à un autre : Texomple de l'ancienne Rome ou de l'Angleterre
ne prouve nullement que nos mœurs et nos habitudes puissent de
longtemps s'accommoder d'un système qui consacrerait la liberté —
de tuer les gens au préalable.
Quoi qu'il en soit, ce qui nous parait hors de doute, c'est que si
l'État a ici un devoir à remplir ou s'il peut revendiquer un droit, ce
qui revient au même, ce ne peut être qu'un droit de police. Le jury ne
doit avoir rien de commun avec l'enseignement. Les Universités
ont un but scientiflque; le jury professionnel n'aura jamais qu'à
répondre à cette question : «Y a-t-il ou n'y a-t-il pas danger de confier
(*) Ouv. dté, p. iO%,
LXII INTROnUCTION.
à tel récipiendaire la vie ou la fortune des citoyens? (•)» — Mais,
en attendant qu^une solution définitive soit donnée au grave problème
des examens, comment vivons-nous ?
V.
Le grand travail de M. Nothomb, déjà tant de fois cité, les premiers
volumes des Annales des Universités de Belgiqtie, les Rapports triennaux
publiés par le département de l'intérieur, enfin, contiennent tous les
éléments d'une histoire administrative de notre Université, aussi bien
que de celle de Gand. Nous nous contenterons de renvoyer le lecteur
à ces documents précieux, plus riches en renseignements qu'aucun
recueil analogue édité, à notre connaissance, dans les pays étran-
gers : il nous a paru que les questions financières, l'organisation de
la caisse des pensions^ les mesures relatives aux bourses d'étude ou
de voyage, etc., ne pouvaient attirer notre attention dans cet ouvrage,
tout entier consacré à la vie intérieure de notre institution. Qu'il nous
suffise de rendre hommage, en passant, au zèle et à la sollicitude de
l'administration centrale, qui, dans les circonstances les plus diffi-
ciles, n'a cessé de contribuer, par sa vigilance et par son attitude
impartiale, au maintien de la prospérité des Universités de l'État et à
la défense de leurs légitimes intérêts (').
(«) Spruig, p. iOS.
i') « A Torigine du royaume des Pays-Bas, dit M. Th. Juste {HUt. de tinsir, publ. en
Belgique, p. 379), riostrucUon publique forma un déparlement dont le chef portait le Utre
de commiisaire-général; plus lard, elle devint, par l'adljonction de deux autres services,
le miniêtère de l'instruction publique, de la marine et des colonie* ; en 4830, elle était»
depuis plusieurs années, réunie an département de l'intérieur, dont elle formait une des
principales administrations.
» Au sorUr de la crise de septembre, le gouvernement provisoire créa une Commission
d^instruction ; mais peu de jours après, une administration générale fut substituée à la
Commission. H. Ph. Lesbroussart, un des hommes les plus distingués et les plus hono-
rables du pays, fat nommé, le 44 octobre 4830, administrateur^énéral de tinstruction
publique.
> A cette époque, les départements ministériels portaient le nom de Comités, et les
chefs des Comités le titre à' administrateurs- généraux : c'est celui que portèrent M. Nicolal
d'abord, et ensuite M. Tielemans, comme chefs du déparlement de l'intérieur.
B Jusqu'à la fin du mois de décembre, il y eut beaucoup de vague relativement à l'étendue
et même k la nature des attributions de l'administration générale de l'inslruction publique;
le titulaire se considérait comme chef de Comité, au même Utre que ceux de l'intérieur, de
INTRODUCTION. LXIII
Aussitôt après la promulgation de la loi du 27 septembre 1835, le
gouvernement se préoccupa de pourvoir aux chaires vacantes. On
n*était plus sous l'empire des préjugés de 1817 et de 1830; personne
ne trouva mauvais que le ministre fit appel à des savants étrangers.
L'affaire Gibon (v. ci-après, col. 337 et suiv.) faillit cependant mettre
encore une fois le feu aux poudres. La nomination de l'excellent
la jasUce, etc., qu'il regardait comme des collègues ; en effet, le Comiêé central du gouver-
nement provisoire prenait des arrêtés sur la proposition de Tadministrateur général de
Tinstroction publique, et chargeait ce fonctionnaire de leur exécution.
» L'arrêté du 46 décembre sur les Universités est le premier acte dans lequel l'intervention
du Comité de l'intérieur est constatée; encore y est-il dit dans le préambule: • Sur la
propotition du Comité de l'intérieur et de C administration générale de l'instruction
publique >, et à l'art. Si : c le Comité de l'intérieur et l'administrateur-général sont
chargés de l'exécution du présent arrêté >.
> La situaUon fut enfin nettement décidée par un arrêté du 34 décembre, qui porte :
« L'administrateur-général de l'instruction publique est attaché au Comité de l'intérieur ». —
Mais ce même arrêté disait plus bas : « Le gouvernement se réserve de demander des
rapports et avis directs à l'adminislrateur-général de l'instruction publique >.
» Les affîaires concernant l'instruction publique formèrent donc à elles seules une admi-
nistration générale ayant, au moins en apparence, son existence spéciale, bien que dépen-
dante du ministère de l'intérieur. Tous les chefs de ce département devaient, s'ils voulaient
prendre au sérieux la responsabilité constitutionnelle, s'efforcer d'annuler l'action de
l'administration de l'instruction publique, dont les actes devaient leur être imputés. — Ce
service ne fut donc bientôt plus, de fait, qu'une division, dont le chef conservait un titre
tout à fait illusoire.
> Le 48 novembre 4833, une Commission fut nommée par le Roi, sur la proposition du
ministre de Tintérieur (H. Cb. Rogier), à l'effet de préparer un projet de loi sur l'instruction
publique. Non seulement on ne jugea pan k propos de placer l'administrateur-général dans
cette Commission où siégèrent plusieurs de ses subordonnés, mais on fit à ce fonctionnaire
une position tout k fait subalterne, en insérant dans l'art. 3 de l'arrêté la disposition sui-
vante : « La Commission est autorisée k requérir, toutes les fois qu'elle le jugera convenable,
la présence de l'administrateur-gdnéral de l'instruction publique ». — Heureusement que
les membres de la Commission comprirent que les convenances ne leur permettaient pas de
faire usage de cette faculté : jamais l'administrateur ne fut mandé par ellt ; il est permis
d'ailleurs à ceux qui connaissent le caractère loyal et indépendant de M. Lesbroussart, de
douter qu'il bût accepté une pareille situation.
* Au mois d'avril 483 i, le personnel des employés de l'administraleur-général de
riostruction publique, soustrait jusque là au contrôle du secrétaire général, fut soumis au
règlement du ministère de l'intérieur.
> Il y avait donc déjà longtemps que l'importance et l'influence de Tadministrateur-général
de l'instruction publique étaient annulées, lorsque le ministre de rintérleur(M.deTbeux), par
lettre do S4 août 4834, décida que désormais toute la correspondance de l'administration
de l'instruction publique serait soumise, en minute, à l'approbation du mi listre, et expédiée
par le bureau général d'expédition du ministère. — C'est l'administration ainsi réduite que
M. Lesbroussart échangea, le 5 décembre 4835, contre une chaire à l'Université de Liège.
» Le secrétaire de l'administrateur, M. L. Alvin, nommé aussi en 4830, continua à trai-
ter les affaires de la division jusqu'au 26 mai 4836, époque à laquelle l'instruction publique
devint on bureau d'une division co:;{1ée à M. le baron Dellafaille, qui, avec le titre de direc-
LXIV INTRODUCTION.
professeur Tandel à la chaire de philosophie calma les esprits ; le
gouvernement n*eùt pu faire un choix plus heureux et plus prudent.
teur, réunissait déjà dans ses allributions les arts, les sciences, les lettres, le service de
santé, les cnlles et les archives.
» Lors de la composition du cabinet du 4 S avril (Lebeao et Rogier), Tinstniction publique,
les arts, les sciences et les lettres passèrent au département des travaux publics. — M. le
baron Dellafaille, ayant été nommé sénateur, donna sa démission de directeur.
> La portion de son administration transférée aux travaux publics y forma d'abord deux
divisions distinctes. L'une d'elles, rinstruction publique, resta confiée jusqu'au milieu du mois
de septembre 4840 au même secrétaire de Tadministrateur-général dont, sous le ministère
précédent, le titre avait été échangé contre celui de chef de bureau.
B Par arrêté royal du 30 août 4840, H. Dequesne, ancien membre de la Chambre des
représentants (* ), fut appelé au poste de directeur de l'instruction publique, des arts, des
sciences et des lettres. Il ne prit possession de »es fonctions que vers le milieu du mois de
septembre ; il fit ii la distribution des prix du concours des athénées et des collèges, le rap-
port officiel sur cette institution, créée par M. Rogier le 4 juillet précédent et organisée par
la division de l'instruction publique pendant l'intérim de M. Alvin. — A la retraite du
cabinet, M. Dequesne donna sa démission.
» En rappelant Tinslruction publique, les arts et les sciences au département de Tinté-
rieur, le cabinet du 43 avril fit de l'instruction publique une administration spéciale qui
devint une des six divisions du ministère. L'arrêté royal du 48 mai 4844, qui créa cette
division, porte qu'elle pourra être confiée ft un fonctionnaire ayant le titre de directeur ou
de chef de division, » M. Alvin fut nommé le mémo jour, sous cette dernière dénomination ;
démissionnaire au bout de neuf ans, la mort du baron de ReifTenberg (v. ce nom), décida le
gouvernement k lui confier le poste de conservateur en chef de la Bibliothèque royale, fonc-
tions qu'il occupe encore aujourd'hui.
M. L.-J. Alvin, 0. )^, membre de l'Académie royale de Belgique, s'est fait connaître par
plusieurs écrits estimés, notamment sur des questions d'art. 11 a pris une grande part II la
réforme de l'enseignement des arts du dessin. On lui doit une tragédie : Surdanapale; plu-
sieurs notices littéraires, entr'autres sur la Divine épopée d'Alexandre Soumet, et une série
d'intéressantes biographies d'écrivains beiges : il compte au nombre de nos meilleurs pro-
sateurs. Le grand recueil que M. Nothomb, ministre de l'intérieur, a publié en 4844 sur
l'histoire et la statistique de l'enseignement supérieur en Belgique, est dû en grande par-
lie aux soins de M. L. Alvin.
Depuis 4850, la direction administrative de l'instruction publique est confiée h M. C.-F.
Thiéry, 0. ^. Né à Ath, le 34 février 4805, M. Thiéry, après avoir fait de brillantes études
humanitaires au Collège de celte ville, alla fréquenter l'Université de Lonvain . d'où il sortit
en 4829 avec le grade de docteur en philosophie et lettres, après avoir soutenu une thèse
sur Dioyéne de Babylont, Becker (v. ce nom) le compta parmi ses élèves les plus distingués.
Il passa ensuite quatre années dans l'enseignement : nommé professeur de poésie latine
au Collège de Soignies, en octobre 4839, il y obtint la chaire de rhétorique l'année
suivante. En 4833, il retourna à Louvain et s'y fit recevoir, au bout de deux ans, docteur
en droit. Il est attaché au département de l'intérieur depuis le mois de septembre 4835. De
4849 k 4850, il a rempli les fonctions de chef du service des affaires provinciales et com-
(*) H. Dequesne Tôt renvoyé |Ja! tard à la Chambre , par les électears de Tliain. Fn 1850, il rciliKM. au
nom de la section centrale, on rapport sur la loi de IVnseignement moyen ; il présida ensuite pendant quel-
ques années te Conseil de perrectiunnouient institué par cette même loi.
INTRODUCTION. LXV
Un autre incident, la querelle du baron de ReifTenberg et d*Ed.
Lavalleye (')> ^u sujet d'un manuscrit de S.-P. Ernst, que le premier
avait publié sous son propre nom, défraya pendant quelque temps la
presse militante : de Reiffenberg devint impossible à Liège. Cette
dernière agitation fut au reste sans importance ; en somme, à partir
de 183S, rUniversité entra dans une période de paix studieuse et
féconde. Le corps enseignant était renforcé et se montrait animé d'une
généreuse ardeur ; les étudiants partageaient le zèle de leurs maîtres.
Les inconvénients inhérents au nouveau système d'examen ne s'étaient
pas encore révélés. Les premiers actes du jury avaient inspiré une
terreur salutaire; enfin, la liberté laissée aux élèves de ne pas
fréquenter tous les cours, loin de produire les effets qu'on lui attribua
plus tard, empêchait les professeurs de s'endormir sur un doux
oreiller et disposait les jeunes gens à travailler par eux-mêmes. Leurs
études n'étaient uniformes que tout juste assez pour répondre aux
exigences du jury. Celui qui écrit ces lignes était alors sur les bancs :
il sait à quoi s'en tenir.
On a vu qu'avant la révolution, les circonstances extérieures avaient
contribué à mettre particulièrement en relief la Faculté de droit. Soit
que la carrière du barreau parût pour un temps encombrée et que la
magistrature, dont les cadres avaient été récemment renouvelés, offrit
peu d'avenir à la jeunesse; soit que l'essor vigoureux que commençait
à prendre l'industrie nationale fit réfléchir les familles; soit enfin
que le courant des idées eût pris une direction nouvelle, et que l'enthou-
siasme pour les sciences morales et politiques se fût reiVoidi après
la conquête de nos libertés, toujours est-il que les études juridiques
furent graduellement délaissées. La Faculté de droit comptait d'aussi
moDales. Comme chef de division de l'inetractioa publique, il s'est vu appelé, à peine entré
eo fonctions, à organiser renseignement moyen, régénéré par la loi du i juin iSKO; il a
aussi rendu de grands services à renseignement supérieur. M. Thiéry a obtenu en 1859
le titre de directeur; en 4859, il a été promu au rang de directeur général de t instruction
publique^ mesure devenue nécessaire à raison du développement de plus en plus considérable
de nos institutions scolaires. L'administration de M. Thiéry comprend ai(jourd*btti deux divi-
sions : les affaires de renseignement des deux degrés supérieurs relèvent immédiatement
de M. RcnsniG, ^, chef de division (*) ; celles de l'enseignement primaire sont traitées
par M. Jahak, ^, qui porte le titre de directeur,
(' ) V. ci-après, col. 477 et 704. — Au moment de meUre sous presse, nous apprenons
qa'Ed. Lavalleye est décédé à Liège , le 48 septembre 4869.
''1 Et sténographe d# i« (*4>«nibre dai reprêMaUot*.
LXVI INTRODUCTION.
bons proresseurs que jamais : elle continua de former d'excellents
élèves ; mais elle n'était plus poussée par un vent favorable. La Faculté
de philosophie, où elle se recrute, se trouva réduite à sa plus simple
expression jusqu'en 1842, date à partir de laquelle on commence à
constater un mouvement ascendant. La Faculté de médecine souffrît
aussi, mais relativement moins, et surtout à cause de l'érection des
deux Universités libres. Le flot des étudiants envahit les auditoires de
la Faculté des sciences ou plutôt des Ecoles spéciales, dont la pre-
mière réorganisation remonte à 1836. Ne résistèrent au torrent que
ceux qui se sentaient une vocation véritable; de là, si les trois
Facultés délaissées n'eurent à inscrire pendant quelques années qu'un
petit nombre d'élèves, la qualité suppléa à la quantité. Tel fut le
premier engouement pour les sciences appliquées, qu'on vit entrer aux
Ecoins maints aspirants sans aucune aptitude, quittes à en sortir au
bout d'un an, tout étonnés d'y avoir été dépaysés, et à reprendre
ensuite, quelques-uns avec grand succès, des études dont l'entraîne-
ment irrésistible de l'exemple avait seul pu les détourner. Cet
empressement ne fut pas sans influence sur l'organisation intérieure
des Ecoles, et plus tard sur l'institution d'un sévère examen d'ad-
mission.
Ce qui a contribué, d'autre part, au crédit et h la prospérité des
Ecoles, c'est la circonstance qu'on n'a pu leur contester le droit de
délivrer elles-mêmes des diplômes de capacité. Ces diplômes, à l'excep-
tion de celui d'ingénieur des mines, qui est conféré au nom de l'Ëtat
par des représentants de l'administration, n'ont aucune valeur officielle,
et il semble que les sociétés industrielles n'en fassent que plus de
cas. La renommée des Ecoles de Liège est devenue universelle : les
jeunes gens qui y ont été reconnus capables sont partout recherchés;
des quatre points cardinaux, des deux hémisphères, on est venu, on
vient encore solliciter leur parchemin. C'est que, encore une fois,
tant vaut l'inslitution, tant vaut le diplôme. On a fait ici une première
expérience heureuse de la liberté des études telle que nous l'enten-
dons; il dépendrait de nous seuls, si le jury d'examen n'avait plus
qu'un caractère professionnel, de rendre également enviables les
diplômes scientifiques de Liège !
Les Ecoles spéciales, se dirigeant elles-mêmes sous le contrôle du
gouvernement, c'est-à-dire indépendantes d'un jury et d'un programme
étrangers, ont trouvé dans leurs anciens élèves le plus* solide de leurs
INTRODUCTION. LXVII
points d'appui. Les ingénieurs qu'elles ont formés portant leur
cocarde; leur nom est pour eux une lettre d'introduction dans le
monde. Ils ont donc à cœur l'honneur de l'établissement. Ils se
regardent comme les premiers intéressés à la continuation de ses
succès ; ils aplanissent volontiers l'entrée de la carrière aux nouveaux
diplômés. Ainsi se nouent des relations durables; ainsi se développe
un esprit de coniVaternité qui est pour tous, et pour les Écoles elles-
mêmes, un principe de force et de progrès. Ces dispositions se sont
hautement manifestées par la fondation d'une Association des ingénieurs
softis des Écoles de Liège, qui compte aujourd'hui dans son sein la
plupart des chefs de nos grands établissements d'industrie, et dont
le rayonnement s'étend chaque année (')• Indépendamment des ser-
vices que rend cette excellente institution à l'industrie nationale tout
entière, en entretenant chez ses membres le goût des études solides,
( * ) Le désir de former, entre les anciens élèves des Ecoles, ane association «qui contribuât
à maintenir les relations d'amitié contractées pendant les études et il développer entre eux
une solidarité plus étroite > était nourri depuis longtemps dans la pensée d'un grand nombre
déjeunes gens. Il trouva finalement sa réalisation en 1847. Une réunion d'amis (*}, dont
plusieurs n'étaient pas encore ingénieurs et quelques-uns avaient terminé leurs études, crut le
moment opportun et convoqua une assemblée pour le 3 janvier 1848. Dès le 12 décembre
1847, vingt-neur anciens élèves habitant la province de Liège répondirent à cet appel ; le
jour même, ils adressèrent une circulaire à leurs amis dispersés sur toute la surface du
pays, chargèrent une Commission (**) de préparer un projet de règlement et fixèrent
au 26 décembre l'assemblée générale. Le succès répondit ù leur attente : V Association fut im-
médiatement constituée dans le but : i^ d'établir entre ses membres des relations régulières
et intimes; â» d'encourager parmi eux les publications et inventions utiles.—Font de droit
partie de la Société tous les élèves diplômés des Ecoles de Liège, et tous les membres du
corps des mines qui y ont étudié depuis 1835; les membres de l'Association qui ne résident
pas en Belgique portent le titre de correspondants. Le siège social est à Liège. 11 y a, dans
chaque centre industriel, une section scientifique, chargée de s'occuper des questions
théoriques ou industrielles qui lui sont soumises par un ou plusieurs associés. Dans l'assem-
blée générale annuelle, le trésorier rend ses comptes et il est donné lecture des pièces com-
moniquées à l'Association et présentées par le Conseil. La cotisation annuelle est de 10 frs. ;
le produit en est affecté aux frais de bureau et de correspondance, et à l'impression des do-
cuments administratifs ou scientifiques dont l'assemblée juge la publication utile. La séance
générale annuelle est suivie d'un banquet : pas n'est besoin de se demander si cette agape
fraternelle est animée et joyeuse. L'Association a publié, de 1851 à 1868, dix Annuaires
in-8»; depuis 1861, elle édite un Bulletin trimesirivl ("*/, recueil des plus importants au
double point de vue des questions qui y sont traitées et des renseignements intéressant les
associés. Le t. IX est en cours de publication. — Depuis 1860, des concours ont été
{*} MU. LiiJcn R(»nar I, f.. ^oret. Ail. «I Kiaile «le Vaaz, Polis, Ai^cnraio. Sdinpennaiii, JotiranJ, (iarna^rt
ei Albert Dapoat (aojoanl'ljui tou<»iil do Tarqnio A Uége).
('*) un. F. Dapoor, L. Trawo^tcr, RarbiiTP, L. RenarJ ot L. Goret.
(***j C«tte pobliration a été rréia sor la f>ropusitioo de M. Tb. Ziane (t. col. ^\^).
LXVIII INTRODUCTION.
c*esl surtout grâce à elle que les efforts des débutants ne restent
pas isolés ni méconnus. Elle réagit en outre indirectement, par ses
travaux et par sa vigilance, sur les Ecoles elles-mêmes, et en plus
d'une circonstance son influence y a. provoqué d'utiles amélio-
rations.
De tels résultats seraient difficilement atteints dans les Facultés
universitaires proprement dites.
D*abord les étudiants y travaillent chacun pour soi, à domicile,
tandis que le régime intérieur auquel les Ecoles sont soumises met
incessamment les élèves-ingénieurs en contact les uns avec les
autres. Ensuite , ils n*ont guère Toccasion d'être interrogés pendant
Tannée, ce qui les laisse plus ou moins dans Tincertilude, jusqu'au
jour de l'examen, sur leurs chances de réussite. Tout au plus se
réunissent-ils par petits groupes , pour revoir ensemble les matières
du programme. Cet isolement n'est pas un mal en ce sens, qu'jl déve-
loppe le sentiment de la responsabilité personnelle; il répugne
ouverts et ont donné de brillants résultats. Ont été couronnés les Mémoires suivants :
1" En 1B61 : Jos. Franquoy, Fabrication des combustibles agglomérés dans le district de
Charleroi (Ànn. des trai\ publics et Annuaire de tAssoc.^ t. V^ ; 2^ £n i862 : M. Cahen,
Métallurgie du plomb Revue univ., t. XIIF; Ann. l. VIj; 3« En ^863 : J. Fayn, Mém. sur
la vie et les travaux d'André Dumont (/{. univ,, i. XV et XVI; Ann., t. VI) ; 4» En 1864 :
P. Marlin» Examen comparatif de la fabrication des produits chimiques en Belgique et en
Angleterre (/?. i/w/r., t. XVII ; Ann.^ t. VU; ; 8o et ô*» En 1866 : a. E. Harzé, De faérage
des travaux préparatoires dans les mines à grisou [R. univ.^ t. XX; Anu., t. VU) ; 1^ E.
trbin, Gmde pratique pour le puddlage du fer et de lacier {Ibid,, ibid.); 7<* et S*' En 1867 :
a. Spineux, Sur les distributions de la vapeur (sous presse chez J. Baudry, éditeur; ;
b, Léon Jacques, Sur le gisement des houilles grasses du bassin de Liège {R, univ.^ t. XXII;
Ann.f [. IX) ; 9° En 1868 : F. Franquoy, Sur le gisement des minerais de fer de la province
do Liège [R. uuiv., t. XXV et XVI; Ann.^ l. X). — L'Association se composait, en 1868, de
1 19 membres {L'Annuaire mentionne en outre, à cette époque, deux membres décédés] ; au
commencement de 1869, ce nombre s'élevait à 454. — Le Conseil d'administration était
composé comme suit en 1851 : Présidents honoraires, MM. Ad. De Vaux et D. Arnould ;
membres honoraires^ MM. Lesoinne, André Dumont et Chandelon ; membres effectifs : MM.
Trasenslcr. pr^.«/(/cnt ; Gilon, i'/c(;-/irés/(/enr; Dupont, secrétaire; Letoret, L. Renard, L.
Goret, C. Dumont, administrateurs ; Stouls, trésorier. Le Conseil de discipline était formé
de MM. Letoret, Trasenster, Gendebien, Gilon et Sroits. — En 1869, les membres hono-
raires sont : MM. Chandelon, de Cuyper, de Koninck, Gernaert, Rucloux et Jocharos; les
membres effectifs du Conseil d'administration sont : MM. Trasenster, président; Ch. Lam-
bert, vice-président ; R. Malherbe, trésorier; P. Paquot, L. Taskin, Jules Ziane, Ed. Des-
pret, J. Lclorel, Ad. Lrban et Halbrccq, administrateurs ; Oscar Rongé, secrétaire et direc-
teur du Bulletin. Le Conseil de discipline se compose de MM. G. Dumont, Trasenster,
Letoret, Jos. Descamps et Ad. de Vaux. — Les Comités scientifiques sont au nombre de
quatre, à Liège, à Charleroi, à Mons et à Bruxelles. Ils ont pour présidents respectifs, MM.
R. Paquot, Ch. Lambert, H de Simony et ffancart-Orlmans.
INTRODUCnON. LXIX
d'ailleurs à l'essence des études libérales que ceux qui s'y livrent
soient enrégimentés d'une manière quelconque, et la régularité des
interrogations n'est guère de mise, au degré supérieur de l'ensei-
gnement, que dans le domaine des sciences tout à fait positives.
Cependant il est permis de recommander un terme moyen. Quelques
professeurs ont obtenu d'excellents résultats en ouvrant de temps en
temps des conférences, où les élèves traitent tour h tour soit des
sujets de leur choix, sur les matières do cours, soit des questions qui
leur ont été posées d'avance et sur lesquelles s'engage, au besoin,
une discussion générale. C'est là une excellente mesure, mais une
simple affaire de méthode, sans influence sur les rapports des étu-
diants entre eux.
Il serait à coup sûr très-avantageux de resserrer leurs liens et de
les rapprocher de leurs professeurs ; seulement, il faut se garder de
peser sur eux, ou même d'avoir l'air de le faire. Il n'est pas moins
dangereux de les abandonner tout à fait à leurs enthousiasmes irré-
fléchis. Leur nature généreuse et expansive leur fait un besoin de se
voir et de s'entendre : les plus entreprenants proposent la création
d'une société dont le but sera littéraire et scientifique ; on s'assemble,
on réglemente, tout marche admirablement pendant quelques mois;
puis la discorde s'introduit au camp d'Agramant; les orages des
débats font oublier la fin qu'on s'était proposée ; la société devient
un club où l'on va s'exalter et voter la régénération de l'espèce humaine,
ou perdre tout bonnement son temps, sous prétexte de se reposer de
fatigues qu'on n'a point subies. Enfin tout s'évanouit : les esprits
sérieux se remettent au travail, les autres vont s'amuser ailleurs ;
tous quittent finalement l'Université et se perdent de vue ; à peine
reste-il un souvenir des bruyantes soirées où l'on renouvelait vingt
fois des serments de fraternité.
Dans toutes les Universités de l'Europe ces choses se sont passées :
il faut être indulgent pour ces associations éphémères, et peut-être
faut-il voir un avertissement dans leur renaissance périodique. Peut-
être, à côté de ces réunions libres et dans lesquelles on doit bien se
garder de s'immiscer, serait-il éminemment avantageux d'instituer,
dans nos Universités de l'Etat, quelque chose d'analogue à la Société
littéraire de l'Université de Louvain, à laquelle restent afiiliés les
anciens élèves. Il existe aussi, sous une autre forme et dans d'autres
conditions, une solidarité entre les professeurs et les anciens élèves
LXX INTRODt'CTlOS.
de Bruxelles. Des séances consacrées à des lectures, des concours,
des discussions scientifiques, il ne serait pas au-dessous de la dignité
proressorale d'organiser tout cela et d*y imprimer un caractère
sérieux. On publierait régulièrement un Aumuàre ou des Mémoires;
on resterait en rapport avec l'Université après avoir quitté ses bancs;
on y reviendrait de temps en temps, aux assemblées générales, pour
retremper les vieilles amitiés et en former de nouvelles ; en attendant,
on aurait vécu dans une atmosphère studieuse, et bien des jeunes
gens qui ne travaillent aujourd'hui que pour les examens acquerraient,
d'abord parce que leur amour-propre serait stimulé, ensuite parce
qu'il suffît le plus souvent d'essayer ses forces pour devenir désireux
de les déployer tout entières, le goût du travail pour la science, qui est
le plus doux de tous les fruits malgré l'amertume de son écorce.
Une institution semblable nous animerait d'une vigueur nouvelle
et remplacerait avec avantage le Concours universitaire, qui, dans les
conditions oii il est établi, n'a obtenu qu'une assez mince popularité
parmi les étudiants (').
Hàtons-nous d'ajouter que le zèle individuel, au service de talents
supérieurs, a plus ou moins compensé l'absence d'une institution que
nous ne cesserons jamais de considérer comme un important deside-
ratum. Un Dumont se rencontre-t-il, son influence familière prend
les proportions d'une royauté scientifique : comme la nuée du désert,
sa trace lumineuse guide la foule des chercheurs vers la terre pro-
mise. Un Dupret ne forme pas seulement des avocats, mais des juris-
consultes. Des herborisations de Ch. Morren, on revenait passionné
pour la botanique. Tandel, avec sa gravité modeste, a fait vibrer dans
bien des âmes des cordes jusque là muettes ; le nom de Brasseur
vivra non seulement dans la science, mais dans les annales de l'en-
seignement, parce que son enseignement était comme une révélation.
Nous nous arrêtons, de peur de parler des vivants... Mais, avec de
telles ressources, à quels progrès ne pourrait-on pas prétendre si,
grâce à la mise en commun et en lumière de tous les efforts, on en
venait à se connaître de plus près et à s'organiser véritablement,
nous tenons à ce mot, en corps scientifique ! On s'élèverait graduelle-
ment aux hauteurs de la science comparée, la seule qui, dans un
( i) V. ci-après, dernière partie, p. xx et suiv. — £o gomme, la dicentralinuion da con-
cours constituerait déjà par elle-même un grand progrès.
UXTRODICTION. LXXI
avenir dont on entrevoit déjà Taube, méritera définitivement le nom
de science. Malgré tous les obstacles, malgré les jurys, malgré les
systèmes de tâtonnements, nous pourrions enfin remplir notre rôle
d'Université, universitas scientiarum.
Il règne dans le public, en ce temps d'utilitarisme, des idées assez
fausses sur la nature des Universités. Elles ne sont ni de simples
écoles, ni des Compagnies savantes au sens des Académies. Elles
participent de la nature des premières, puisqu'elles enseignent; de la
nature des secondes, en ce qu'elles doivent cultiver et honorer la
science pour elle-même, et non pas seulement à cause des avantages
matériels qu'elle procure. A la différence des écoles dites spéciales,
elles ne se contentent pas de Trayer la voie aux jeunes gens qui se
proposent d'aborder telle ou telle carrière ; leur enseignement doit
avoir une portée philosophique et sociale; elles sont tenues d'ap-
prendre à leurs élèves à penser et à travailler pour leur propre
satisfaction et en vue du perfectionnement de leurs semblables; enfin,
elles ont mission de former de bons citoyens : sous tous ces rapports,
elles ont à remplir une tâche éducative. Sur le terrain de la science
pure, d'autre part, elles se proposent une (in analogue h celle des
Académies; mais leur faconde procéder est toute différente. Que
sont les Académies ? Des réunions de savants et de gens de lettres,
groupés dans le but de se communiquer réciproquement leurs décou-
vertes, de juger des concours ouverts sur des sujets imposés, d'en-
courager les travaux isolés de quelques néophytes. Elles ont des
couronnes pour le talent ; elles ont un champ clos pour les luttes
courtoises que se livrent, au profit de tout le monde, les chercheurs
de la vérité. Cependant, par la force des choses, l'arène est assez peu
fréquentée ; le sanctuaire de l'érudition est réservé aux seuls initiés ;
la publicité des Mémoires est plus officielle que réelle; le choix des
questions à traiter tient ordinairement aux prédilections de quelque
spécialiste; l'universalité des recherches, l'esprit de suite, sont pour
ainsi dire impossibles. L'utilité, l'importance des A<^adémies ne sau-
raient être révoquées en doute ; il faudrait les créer si elles n'existaient
pas; les objections de leurs détracteurs nous touchent peu. Mais les
Universités sont appelées à coopérer d'une manière plus efficace ou
du moins plus directe au développement intellectuel des populations.
Elles n'ont pas seulement pour mandat de dogmatiser et d'exiger de
leurs élèves qu'ils satisfassent à un programme : elles manqueraient
LXXII INTRODUCTION.
à leurs devoirs si elles ne cherchaient pas, elles aussi, à faire avancer
la science. Leurs moyens d'action résultent de leur constitution
même. Ce serait se méprendre du tout au tout que de les considérer
seulement comme des êtres collectifs : elles sont par essence de véri-
tables personnes morales, ayant leur individualité propre, leur unité
irréductible: n*en est-il pas ainsi, Non ragùmianidilar,.. Une Université
digne de ce nom constitue un tout organique, dont chaque organe,
en remplissant à sa manière les Tonctions qui lui sont assignées, con-
court à entretenir la vie de Tensemble et à réaliser une fin unique.
Elle représente l'arbre entier du savoir humain, dont les branches
s'atrophient quand la sève qui monte du tronc ne circule plus dans
leurs canaux. La sève, c'est ici l'esprit philosophique, l'esprit de syn-
thèse, qui conduit à cette science comparée dont nous parlions tout
à l'heure. Que le physicien, le chimiste, le physiologiste poursuivent
isolément le cours de leurs expériences, sans s'inquiéter de faire tort
ou non aux théories reçues : nous l'entendons bien ainsi. Mais qu'ils
se gardent de prétendre qu'eux seuls possèdent tous les éléments des
problèmes de la nature ou de l'esprit : c'est ce que nous exigeons
également. L'enseignement universitaire est organisé de manière à
faire ressortir la dépendance mutuelle des sciences, tout en assurant
à chacune liberté pleine et entière dans sa sphère d'activité. Que les
Universités modernes se rendent bien compte de cela, elles travail-
leront plus sûrement que les Académies à répandre le véritable
esprit scientifique. Avant tout elles disciplineront les intelligences;
elles renouvelleront l'apostolat de Socrate. Les Académies constatent
des résultats; les Universités sont instituées pour rendre ces résul-
tats possibles et pour en assurer le retour de plus en plus régulier.
Or, pour cela, elles sont en mesure d'opérer sur la plus large échelle
et de stimuler à la fois toutes les capacités, puisque leur caractère
propre est d'être des encyclopédies vivantes et parlantes. Tel est l'idéal
qu'ont poursuivi avec une constante énergie les Universités alle-
mandes, par exemple ; et c'est ce même idéal qui a présidé en 1817,
sans contredit, à la première constitution des Universités belges. Les
questions politiques l'ont fait perdre de vue : mais à nous prendre
chacun isolément, qui parmi nous a renoncé à lui vouer un culte
secret? Nous ne demandons qu'une chose : c*est de pouvoir, sous
notre responsabilité exclusive, travailler à sa réalisation et répondre
ainsi, dans des conditions normales, à la légitime attente du gouver-
nement et du pays.
INTRODUCTION. LXXIII
VI.
Il y aurait injustice à ne pas reconnaître qu*on a fait tout ce qu'il
était possible de faire pour tirer bon parti de la situation. Une excel-
lente mesure prise en 1849, par exemple, c'est la création de l'examen
d'élève tmiversitairey remplacé depuis, après une suppression de quel-
ques années, par l'épreuve de gradué en lettres. L'institution du jury
offre moins d'inconvénients pour les élèves sortant de rhétorique que
pour ceux qui ont décidément abordé les hautes études ; dans tous
les cas, on a fait preuve de sagesse en donnant un avertissement aux
familles trop aisément tentées, de nos jours, d'engager leurs enfants
dans les carrières libérales, alors qu'ils ne pourraient qu'y végéter, en
supposant qu'ils parvinssent à terminer leurs études. On a vu aussi
un danger social dans l'encombrement de ces carrières ; on s'est dit
que la seule, ressource des avocats sans clientèle était de se joindre
quand même aux mécontents, dans un pays de liberté où cette attitude,
à elle seule, peut être un moyen d'acquérir du relief. Ce sont les
mêmes vues qui ont déterminé en 18B0 l'institution des écoles moyennes^
établissements tout pratiques destinés à la classe qu'on est convenu
d'appeler la petite bourgeoisie. Soumettre k un même programme
d'études tous les élèves pour lesquels Tinstruction primaire n'est pas
suffisante, c'estexposerceux qui doivent, le plus tôt possible, racheter
les sacrifices de leurs parents, à n'aborder la vie pratique qu'avec des
connaissances incomplètes dont ils ne sauront que faire; c'est aussi
induire en erreur ceux qui, séduits par des succès de collège, se
trompent sur leur vocation et sont aisément disposés h rougir de la
condition où ils sont nés. Offrir à chaque catégorie de jeunes gens le
genre d'éducation qui lui convient, arrêter au seuil de l'Université
ceux qui ne le franchiraient qu'au détriment de la société et d'eux-
mêmest, rien ne pouvait être plus opportun et plus prudent. La loi de
1849 sur l'enseignement supérieur et la loi de 1880 sur l'enseignement
moyen, ne fOit-ce qu'à cet égard, doivent être accueillies comme de
véritables bienfaits.
L'enseignement supérieur n'a point tardé à se ressentir de leur
influence, notamment les Facultés de philosophie. Gomme il est con-
venu qu'il n'y a plus (Cenfants^ on avait vu sur nos bancs des phénix
LXXl V INTRODUCTION .
sortant de troisième ou de quatrième : fort heureusement la loi n*a
point eu égard à leur précocité, et les professeurs ne se sont pas
plaints de n*avoir plus pour auditeurs que des rhétoriciens éprouvés.
Cependant, comme le bienfait d*une réforme ne se fait pas immé-
diatement sentir, il est arrivé qu'en 1849, sous l'impression des der-
niers résultats fournis par le jury central, on s*est tout d*un coup jeté
dans un courant d'idées justes en elles-mêmes, mais paradoxales
quand on s'y abandonne sans réserve. Les programmes des examens
étaient surchargés; en les simplifiant outre mesure, on a perdu de
vue que les sciences isolées brûlent et dessèchent l'esprit (*). Il est
de fait que les élèves ne connaissent pas mieux le droit positif depuis
qu'ils négligent le droit naturel, et que leur quasi-nullité en histoire
ne les rend pas plus forts en philosophie. Ils possèdent mieux leur
exameti, peut-être; mais l'organisme des sciences n'existe point pour
eux ; ils vont droit au but immédiat sans s'élever, par la comparaison,
à un point de vue philosophique, et l'étude des sciences morales
elles-mêmes, réduite à sa plus simple expression, n'éveille pas en
eux des méditations fécondes.
Le programme condensé auquel ils ont à satisfaire, en revanche,
ils doivent le posséder tout entier tel qu'il a été enseigné, parce que,
dans le système du jury combiné, c'est h leurs professeurs qu'ils ont
à répondre. Une conséquence inévitable delà loi nouvelle a donc été
Vinscription globale. On peut défendre cette dernière mesure au nom
d'un intérêt disciplinaire; en elle-même, elle n'est propre à stimuler
ni les professeurs ni les élèves. Elle rapetisse l'enseignement supé-
rieur; elle transforme les Universités en fabriques de diplômes.
Pour ne pas emprisonner tout-à-fait la jeunesse dans un cercle de
Popilius, on a institué des cours libres, sur des matières non portées
au programme. Quelques cours ont réussi comme ils méritaient de
réussir; mais il n'y a guère à compter, l'expérience l'a prouvé, sur
un zèle durable de la part des auditeurs. Le fantôme du jury suit
partout l'étudiant, qui en vient presque à se reprocher d'avoir meublé
son esprit d'autre chose que de ce qu'il doit savoir.
Qu'arrive-t-il alors? Que les jeunes docteurs qui brûlaient du
désir de faire preuve de talent, pour conquérir tôt ou tard une chaire
académique, finissent par changer de mobile, et que le recrutement
(<) Expression du P. Gratry.
INTRODUCTION. LXXV
du corps professoral n*estpas moins difficile qu'autrefois. Ce ne sont
point des critiques que nous voulons formuler : mais il nous paraît utile
de profiter de l'occasion qui se présente à nous, pour insister sur
importance des questions qui sont encore à résoudre.
Malgré les entraves au progrès, résultant de pe que le titre III de la
loi qui nous régit n'a pas encore reçu sa rédaction définitive, ce serait
une erreur de s'imaginer que nous roulons le rocher de Sisyphe. Ce
n'est pas seulement à raison du chifiVe de sa population qu'on peut
dire de notre Université qu'elle a suivi, depuis un quart de siècle, une
marche ascendante. L'arrêté du 3 novembre 1847, prescrivant l'insti-
tution de cours normaux pour les humanités, n'a fait qu'aller au
devant des vœux de la Faculté de philosophie, Adèle à ses traditions.
Ce sont encore ses professeurs qui entretiennent le feu sacré à
l'Ecole normale, en même temps que le doctorat en philosophie et
lettres, si rarement ambitionné autrefois, est régulièrement sollicité,
depuis vingt ans, même par des jeunes gens qui ne se destinent pas
à l'enseignement. Les diplômes de docteur en sciences naturelles et
en sciences physiques et mathématiques sont aussi beaucoup plus
nombreux qu'autrefois : c'est un autre fait significatif. Le cours
facultatif de droit international compte un noyau d'auditeurs assidus;
le diplôme de docteur en sciences politiques et administratives a
cessé d'être une rareté. En médecine, non seulement le doctorat
spécial (*)est en vogue, mais à peine diplômés, nos jeunes praticiens
apportent leur contingent aux publications académiques et se consti-
tuent en société (*) pour s'entretenir dans l'habitude du travail
scientifique et se communiquer leurs observations. La Faculté des
sciences a fondé la Société royale , dont les Mémoires sont estimés
dans les deux mondes. Les Ecoles spéciales ont la Revue universelle
et les Bulletins de l'Association des ingénieurs. Les premiers succès
des laboratoires de recherches (') sont du meilleur augure; les études
physiologiques sont plus encore l'objet d'un zèle désintéressé. Il ne
nous manque, en physique et en chimie surtout, que des ressources
matérielles moins limitées, pour prendre insensiblement place à côté
des Universités d'Outre-Rhin, où il est possible, jusque dans les
plus petites villes, d'atteindre des résultats d'une immense portée.
( V V' dernière partie, p. xxix.
(* ) La Société medico-chirurgicale de Liège,
(') V. ci après, col. i047 et ii9i.
LXXVI INTRODUCTION.
Ici comme ailleurs, le nombre des sujets d'élite sur lesquels on
peut compter pour Favancement des sciences est évidemment res-
treint; il a été jusqu'ici, il est encore tel cependant, que le moment
approche sans doute où ils n'auront plus à compter exclusivement,
pour trouver les moyens de perfectionner leurs études, sur les Uni-
versités étrangères.
Si nous considérons en général le mouvement de la population uni-
versitaire, nous trouverons qu'elle s'est accrue depuis 4884 dans des
proportions qui ont dépassé toute prévision. Ge n'est pas un Tait isolé :
les quatre Universités belges ont pu constater la même chose; mais
chez nous, à coup sur, cette progression a étéparticuliërement rapide.
En décomposant les chiffres, on remarque que ce sont surtout nos
Ecoles spéciales qui ont acquis une vogue inouie dans le pays;
une telle vogue, que l'Université de Louvain, s'inclinant devant les
tendances du siècle, a pris à son tour la résolution de fonder une
Ecole des mines. Nous n*a\ons pas, jusqu'ici, beaucoup souffert de
la réalisation de son projet ; nous en souffririons, que nous ne nous
en plaindrions pas. On doit ici se placer h un point de vue élevé :
nous n'avons pas un intérêt d'entreprise ; l'abondance des moyens
d'instruction ne saurait nous offusquer, et la concurrence est avanta-
geuse pour tout le monde. Mais ceci à part, une telle extension
donnée à l'enseignement industriel est-elle aussi opportune aujour-
d'hui qu'elle l'était il y a trente ans? Alors, il s'agissait de pourvoir nos
usines de directeurs capables; aujourd'hui, elles n'en manquent pas,
et les jeunes ingénieurs, même les plus méritants, ne trouvent pas
toujours immédiatement à utiliser leurs talents, même à l'étranger ('),
au sortir des Ecoles. Il est h craindre (ou plutôt c'est déjà un fait) que
cette carrière ne s'encombre comme d'autres se sont encombrées, et
dans l'intérêt général, il ne parait pas désirable qu'on y pousse trop
exclusivement la jeunesse.
La réaction s'est du reste opérée d'elle-même : ce n'est pas l'in-
fluence de l'Ecole naissante de Louvain ; ce ne sont pas les besoins
de l'armée, qui en 1868, nous a enlevé une trentaine d'élèves, entrés
dans le génie ou dans l'artillerie avec des avantages particuliers ; ce
ne sont pas ces causes ou quelques autres très-accessoires qui ont
diminué , dans ces derniers temps, l'empressement des étudiants à
[i) Sans compter que les pays étrangers où riodustrie a pris du développement commen-
cent à être pourvus de bons ingénieurs sortis de nos Écoles.
INTRODUCTION. LXXVII
s'engager dans la haute industrie : le fait est qu'ils ont aujourd'hui
plus de chances de se Trayer un chemin dans le barreau, dans la
magistrature ou dans d'autres carrières autrefois trop courues, puis
momentanément délaissées. La loi sur Téméritat des magistrats,
enlr'autres, y est certainement pour quelque chose. Nous subissons
ainsi le contre-coup des revirements sociaux; hâtons-nous d'ajouter
que ces oscillations sont on ne peut plus avantageuses à la civilisation
elle-même. La jeunesse n'est pas seulement guidée ici par un intérêt
immédiat, mais par un noble instinct dont elle a peut-être à peine
conscience. Elle recommence à songer, en un mot, aux choses de
Tespril.
Nos Ecoles spéciales restent aussi florissantes qu'il est souhaitable
qu'elles le soient ; mais, au rebours de ce qui s'est passé sous la loi
de 1835, nos Facultés se repeuplent graduellement. On ne peut que
se féliciter à tous égards de ce résultat, qui rétablira un équilibre
nécessaire au progrès normal de nos populations.
La prospérité de l'Université de Liège est due avant tout à la soli-
dité de son enseignement : pourquoi ne le dirions-nous pas? Mais elle
est due aussi, répétons-le encore, à son esprit de modération et à sa
répugnance pour les aventures scientifiques aussi bien que pour les
préjugés d'école. Comme par un ac<*'Ord tacite, ses professeurs se
tiennent en garde contre toutes les exaltations malsaines et contre
tous les fônatismes; chacun enseigne comme il l'entend , mais tous
se rallient autour de notre pacte constitutionnel, dont l'esprit les
a profondément pénétrés.
C'est incontestablement à cette altitude, à cette alliance des idées de
liberté et d'ordre dont ils ont fait, par instinct ou avec conscience, le
but éloigné de leur apostolat, que sont dues en grande partie les dis-
positions de notre jeunesse, dont le bon sens s'est révélé jusque dans
ses égarements passa;{ers. Mais ces dispositions sont dues aussi à
l'influence du milieu liégeois, oii l'attachement aux institutions natio-
nales repose sur l'indépendance même des caractères. Ainsi s'ex-
plique l'élan spontané, irrésistible, l'enivrement d'enthousiasme des
étudiants, lors de la dern!ère visite à Liège du fondateur de notre
dynastie. Comme leurs aînés, ils voyaient en Léopold I le gardien de
toutes les libertés publiques et pour ainsi dire la personnification
de la patrie elle-même.
Ainsi s'explique égaloment la confiance accordée à l'Université de
LXXVIII INTBODLCTION.
Liège dans quelques pays lointains , dont les enfants viennent
apprendre chez nous comment on devient digne d'être libre.
Nos prédécesseurs nous ont assigné nos devoirs; ils nous ont
montré la bonne voie. Pour y rester, nous n'avons qu'à suivre leurs
traces et à prendre soin de conserver de l'huile dans notre lampe.
L'auteur dépose enfin la plume. Il a grand besoin d'indulgence : ce
livre a été écrit au milieu d'occupations multiples, et il a fallu de longues
et pénibles recherches pour en rassembler les éléments ('). On est
venu de toutes parts au devant de nous ; nous avons contracté de
nombreuses dettes de reconnaissance; qu'on nous tienne du moins
compte de notre zèle à les acquitter.
Qu'on nous pardonne aussi la franchise avec laquelle nous avons
exprimé notre opinion sur des questions actuellement pendantes :
nous avons cru pouvoir parler sans réticence, parce que notre res-
ponsabilité personnelle était seule engagée. En nous honorant d'une
mission, on n'a point entendu enchaîner notre liberté de conscience
et d'appréciation : c'est pour l'Université, ce n'est pas au nom de
l'Université que ces pages ont été écrites.
Rendre hommage aux anciens maîtres, tel était notre premier,
mais non pas notre seul devoir : l'essentiel était bien plutôt de dres-
ser une sorte de statistique intellectuelle de nos quatre Facultés. En
mettant la main à Toeuvre, nous avons aussitôt reconnu que le but
serait imparfaitement atteint si, par un scrupule de délicatesse, nous
nous contentions de rappeler les services des collègues que la mort
( ') Les renseignements bibliographiques ont été très-difficiles à recueillir pour ccriaines
notices. Nous nous empressons de rappeler à Tattention de qui de droit un vœu exprimé
par M. Ul. Capitaine dans son Nécrologe liégeois, art. Fuss (4860) : < La biiiolhèque de
l'Université de Liège, fait remarquer ce publiciste, ne possède qu'une faible partie des
travaux de Fuss ; celte observation s'applique aux œuvres de plusieurs membres du corps
enseignant, notamment à ceux qui ont professé sous le gouvernement des Pays-Bas, et
dans les premières années de notre réorganisation politique. Ne pourrait-on former, dans
ce vaste dépôt, une collection académique spéciale, dans laquelle on réunirait indistincte-
ment toutes les productions littéraires ou scientifiques émanées de l'Université et de l'Ecole
des mines? Chacun, nous n'en doutons pas, s'empresserait d'enrichir celte collection, qui
résumerait l'histoire intellectuelle d'un établissement qui fait honneur à la Belgique. •
INTRODUCTION. LXXIX
nous a enlevés. Plusieurs de leurs collaborateurs sont encore debout,
et, plaise à Dieu, resteront longtemps encore nos doyens d'âge. Les
passer sous silence, c'eût été tronquer notre sujet, c'eût été rompre
arbitrairement la chaîne des traditions. Enfin, en nous abstenant de
parler des derniers venus, nous nous serions condamné à ne point
établir le bilan de l'Université nouvelle, ce qui n'était point assuré-
ment dans la pensée du Conseil académique. Nous avons donc osé
entreprendre le dénombrement général de nos forces, nous imposant
la plus grande réserve, bien entendu, quant aux personnes vivantes,
et n'émettant des^ippréciations que sur leurs prédécesseurs.
Un grand nombre de renseignements dont les historiens des sciences
apprécieront la valeur sont ici rassemblés pour la première Tois.
C'est le seul mérite de ces recherches, oii nous avons surtout visé à
l'exactitude. — Quant au sentiment qui nous a dominé, il est tout
entier dans cette parole du poète :
Et plus est patrise facla referre labor.
Alphonse LE ROY.
Liège, le 6 octobre 1869.
I
ADMINISTRATEURS
isvmu^w (Jean-Joseph), naquit ù
Nanuir le 2 janvier 4773, et mourut ft
Bruxelles le 1i avril 4845. 11 fit d'ei-
cellentes études humanitaires et sortit
du colléfe bien pourvu de latin, môme
de grec. 11 prit ses grades en philoso-
phie et lettres A rUniversiié de Loutain,
où se fortifia son goût pour les langues
et les chefs-d'oRuvre littéraires de fan-
tiquité classique. C*est sans doute à
cette fréquentation assidue des grands
maîtres, k cette beauté inhérente A leur
style, au travail d'intelligence qu'ils
provoquent nécessairement, que W'alter
dot cette élégance, cette précision d1-
dées, cette Justesse d*eicpression que
Ton remarquait dans tout ce qui sortait
de sa plume.
Cependant Tétude de la littérature ne
lui fit pas négliger celle des sciences
exactes, qu'il cultiva avec une véritable
passion. Son aptitude plus qu'ordinaire
lui permit d'entrer, dès l'âge de i7 ans,
au servie^! militaire, en qualité d'officier
ingénieur. Deux ans plus tard, 11 fut
nommé premier lieutenant du génie.
Attaché de cœur au parti populaire, il
intervint dans presque toutes les luttes
qui signalèrent la révolution braban-
çonne. Après la •conquête tfe la Belgique
par les armées françaises, il déposa son
épée et entra dans la carrière adminis-
trative. Il fut successivement conseiller
municipal de Namur, greffier en chef
du tribunal de commerce, adjoint au
maire, membre du Conseil général com-
munal, conseiller de préfecture et en
même temps inspecteur des chemins
vicinaux, membre du cx^mité de \acdne
qui faisait alors sa première apparition,
directeur de la bibliothèque départe-
mentale, membre du jury d'instruction
publique, président du Conseil général
du département de Sambre-et-Meuse,
vice-président du Conseil d'inspection
du dépôt de mendicité, qu'il réorganisa
complètement, vice-président du Conseil
des arts, de l'agriculture et du com-
merce et vice-président de l'adminis-
tration des études.
Pendant cette seconde période de sa
vie, un grand nombre de missions spé-
ciales lui furent confiées ; la manière
dont il s'en acquitta témoigne de la
variété de ses connaissances et de la
droiture de son jugement.
Après la chute de Napoléon, il fut
réintégré dans ses fonctions de conseil-
ler d'intendance, et au bout de quelque
temps, élu membre de la Députatlon
des Etats de la province de Namur. Le
roi Guillaume I, qui connaissait son
méritc^Vappeh en 1817 & Bruxelles
pour lui conmiuniquer ses tues sur
6
ARN
rérection prochaine des Universités,
et le nomma secréuire-inspecteur de
rUniversîté de Liège, avec faculté de
résider dans la capitale, où le Gouver-
nement aurait incessamment besoin de
mettre à contribution son savoir et son
esprit des affaires. Dans ce nouveau
poste de confiance, où tout était à faire,
il parvint bientôt à mériter Festime et
Taffection de tout le corps académique,
en s*interposant officieusement dans le
débat des questions compliquées qui se
présentaient chaque Jour ( * ). Il fut non-
seulement un médiateur éclairé ; mais
c'est tout simplement lui rendre justice
que de le considérer comme le véritable
organisateur de l'Université de Liège.
Lorsqu'il s'agit de construire une
Salle académique, il proposa hardiment
de démolir l'ancienne église des Jésuites
et d'ériger, sur son emplacement, la
grande rotonde qui sert depuis trente-
trois ans aux séances publiques (v. l'art.
Wagemann). 11 rencontra l'opposition
la plus vive de la part des conserva-
teurs; il n'en poursuivit pas moins
courageusement sa tâche, et c'est à son
énergie, à sa persévérance, à sa fer-
meté, que la ville de Liège est redevable
de cette construction utile, sinon élé-
gante. Les Annales académiques , du
reste, font suffisamment foi de tous les
services que Walter a rendus k son
établissement de prédilection.
En i824, le Sénat académique lui
délivra solennellement le diplôme ho-
norifique de docteur en philosophie et
lettres. C'est la marque de déférence à
laquelle il fut le plus sensible.
En 1825, le Roi lui envoya la croix
de l'ordre du Lion Belgique. La même
année, le 26 novembre , l'Académie de
Bruxelles le porta sur la liste de ses
membres honoraires. La même année
encore, il fut nommé inspecteur-général
de l'instruction publlque.II obtint sa re-
traite lors de la réorganisation univer-
sitaire de i835; les fonctions de secré-
taire-inspecteur furent supprimées et,
conformément k la nouvelle loi, le Roi
nomma un administrateur-inspecteur
dans chacune des deux Universités de
Liège et de Gand, les seules mainte-
nues.— En dehors de ses travaux admi-
nistratifs, nous ne connaissons aucune
œuvre écrite de Walter ; il n'en est
pas moins certain qu'il se serait dis-
tingué comme publiciste s'il avait voulu
l'être : il lui a suffi de remplir ses
fonctions avec une supériorité réelle
et de contribuer, dans le rayon de sa
sphère d'activité, au développement des
hautes études en Belgique. — M. Fraikin
a reproduit en marbre, avec un rare
bonheur, les traits de Walter; il serait
certainement désirable que l'Université
de Liège possédât une copie de ce beau
buste.
Arnoul«l (FrANÇOIS-JoS.-DÉSTKÉ) ,
né â Namur le 2 novembre 1778, mou-
rut à Yerviers le 16 avril 4860. Lors
de la oppression de l'Ecole centrale
du département de Sambre-et-Meuse,
où il avait fait de bonnes études, il en-
tra comme associé dans une maison de
commerce de sa ville natale. En 4810,
il fut nommé Juge au tribunal , et en
4812, membre de la Chambre de Com-
merce de Namur , sur la présentation
des notables, qui n'eurent pas à se re-
pentir de lui avoir accordé leurs suf-
frages. A la chute de l'Empire, l'admi-
nistration provisoire du département
lui conféra les titres de membre de la
Commission administrative du chef-
lieu, et du Comité pour la liquidation
des réquisitions imposées par les puis-
sances alliées. Le 26 avril 48 U, un
arrêté du gouverneur-général de la
Belgique lui confia la direction du
Mont-de-Piété de Namur. avec mis-
sion spéciale de réorganiser cette ins-
titution. U prît cette tâche à cœur, se
fit le promoteur d'utiles réformes et
fournit en 4822, à la Commission char-
gée par le roi Guillaume de rechercher
(*) Il se forma cependant contre lui un
noyau d'opposition après 4830; il fut même
question de l'appeler à d'autres fonctions :
ce fut un nuage passager. (V. l'art. Enut
atné).
ARN
le Téritable état des pauvres , de nom»
breux matériaux dans lesquels le gou-
verneur puisa plusieurs dispositions
essentielles de Tarrêté du 26 octobre
1826, notamment ranrticle 20, qui af-
fecte les bénéflces des Monts-de-Piété
au remboursement des emprunts faits
par eux à titre onéreux (*). La ques-
tion des banques de prêt Toccupa
toute sa vie. Dès le 26 Juin i8i5, il
avait formulé un Projet pour le place-
ment des fonds versés atuv Monts-de-
Piété et provenant des biens commu-
naux vendus sous VEmpire, Il proposait
rinstitution d*une caisse d*escoropte.
Son idée ne fut point goûtée : « L*exis-
tence d*une banque de ce genre, écri-
vait le commissaire-général du gouver-
nement, ne pourrait que nuire au dé-
veloppement des ressources et du cré-
dit de la banque d*Amsterdam, si elle
venait par la suite h étendre ses rami-
fications en Belgique. » L*Âcadémie
royale du Gard couronna, le 24 dé-
cembre 4828, un mémoire d*Arnould
sur Tadjonction des caisses d'épargne
aux Monts-de-Piété, idée digne sans
contredit de Tattention des écono-
mistes, renouvellement et perfection-
nement des combinaisons imaginées
par les créateurs des établissements de
prêt sur gages (*). Une administration
semblable fonctionnait à Natz depuis
1820; toutefois les journaux français
eux-mêmes ont reconnu que le mérite
d*aYoir le premier élaboré un système
complet revient décidément à D. Âr-
nould ('). M. Courtet de Tlsle a saisi
depuis lors (1859) TAcadémie des
sciences morales et politiques d'un
projet conçu dans le même sens (*):
le problème n'est pas encore pleine-
ment résolu ; mais les hommes compé-
tents n'ont pas cessé de le prendre au
sérieux Dans une autre période de sa
Tîe«Ârnould, vice-président de la Com-
mission administrative du Mont-de-
Piété de Liège, revint encore sur ses
anciens plans, invoqua l'expérience de
plusieurs Monts de Belgique et de
France, et attira l'attention publique
sur la constitution de la banque d'An-
gleterre, qui est à la fois banque de
prêt et d'escompte, de dépôt et de cir-
culation. Mais d'autres améliorations
d'une urgence plus généralement sen-
tie réclamèrent la meilleure part de
son activité, et ici le plus brillant suc-
cès couronna ses efforts. Les commis-
saires jurés du Mont-de-Piété de Liège
rappelaient, par leurs exactions, le
mauvais temps des Lombards et des
Caoursins; il en fit décréter la sup-
pression, et décida la création des bu-
reaux auxiliaires qui, composés d'a-
gents de l'administration et soumis aux
mêmes règlements et au même contrôle
que le bureau central, ne perçoivent
que l'intérêt des sommes prêtées. 11
mit ainsi un terme à l'usure clandestine
qui rongeait les malheureux emprun-
teurs et contribuait à la démoralisation
des classes populaires. Ces mesures et
d'autres non moins importantes, déjà
réalisées ou seulement en projet, firent
l'objet, en 1815, d'un volumineux rap-
port au Ministère de la Justice, qui
avait chargé Arnould , l'année précé-
dente, de visiter tous les Monts-de-
Piété du royaume, et l'avait nommé
membre de la Commission instituée
pour chercher les moyens de réorga-
niser ces établissements. Ce rapport,
publié à Bruxelles en un vol. in-8<^,est
non seulement l'œuvre capitale d'Ar-
nould, mais le travail le plus appro-
fondi et le mieux raisonné qui ait paru
en Belgique sur la matière. La com-
mission n'adopta pas sans réserve les
conclusions de l'auteur; néanmoins on
peut faire honneur à celui-ci de la plu-
part des innovations consacrées,depuis,
par la loi du 50 avril 1848. On trou-
vera plus bas l'indication détaillée de
ses écrits sur les Monts-de-Piété : il est
temps de dire un mot des services
(*) Néerologe Liégeou^ poar 1660, p. 6.
(*> V. les Etudes hiitoriquei ei eriiiques
de M. P. de Decker sur les Motiu-de-Piité
en Belgique. Bruxelles, 1844, in-S®.
(*) V. entr'autres le Siècle du 25 octobre
4843.
(*] Y. le Rapport de M. Blanqui, et l'ou-
vrage même de H. Courtet, intitule : Du
crédit en France et de quelques moyens de
prospérité publique. Paris. 1839, in-8®. —
Cf. Blaize, Des Monts-de-Piété et des banques
de prêt en Franee^en Angleterre^en Belgique^
en Italie^ etc. Paris, 1843, iD-8« (nouv. éd.
en 1848).
ARN
qoll rendit à rinstraction publique.
Il fut, à Namur, le principal fonda-
teur de la Société pour Vencouragement
de Vinstruction élémentaire dans la pro-
vince de ce nom, société qui servit de
modèle à celles de Liège, de Mons et
de Bruielles ( * )• Il se fit lui-même Té-
diteur de livres classiques et de ma-
nuels populaires, et se préoccupa d'ap-
proprier aux besoins du pays les ou-
vrages étrangers dont la réimpression
lui paraissait utile. Il exerça, d*autre
part, une influence directe sur les
écx)les de Namur, en sa double qualité
de membre de la commission de TEcole
modèle et de secrétaire de la Commis-
sion provinciale d'instruction moyenne
et primaire;enfln il fut appeléà siéger au
bureau de TÂthénée. Le gouvernement
récompensa son dévouement, en 1829,
par le titre de chevalier de Tordre du
Lion-Belgique.
Nommé commissaire de district à
Namur, le 7 septembre 4829, il crut
devoir donner sa démission après les
événements de i 830. Cependant il se
rallia au nouvel état de choses, en
acceptant du gouvernement provisoire,
dès le 4 janvier 1831, les fonctions de
secrétaire-inspecteur de l'Université de
Louvain. Cette mission répondait à ses
goûts : il redoubla d'activité, et se
montra Tun des membres les plus zélés
des Commissions qui furent successive-
ment chargées de préparer un projet
de loi sur rinstruction publique. H
contribua en même temps à Torganisa-
lion de TEcole primaire modèle de Lou-
vain, dont il fut Tun des administrateurs
à partir dei832.Pendant son séjour en
celte ville, le gouvernement Tinveslit
en outre du titic de membre du Con-
seil des régents de la maison d'arrêt
(ii Juin 1853)
Les Universités de l*Etat ayant été
réduites au nombre de deux par la loi
organique du 27 septembre 1835,
Arnouldfutattachéà celle de Liège, avec
le titre d'administrateur-inspecteur. Le
Sénat académique de Louvain lui fit
écrire à cette occasion une lettre conçue
dans les termes les plus flatteurs (*) ;
tous les profes<(eurs voulurent y apposer
leur signature. A Liège, il se trouva en
présence des difficultés que devait faire
infailliblement surgir la situation où
les Universités de l'Etat allaient se
trouver placées en présence des Uni-
versités libres, que le Gouvernement
avait laissé s'organiser avant d'assurer
par une bonne loi l'existence et la pros-
périté de ses propres institutions d'en-
seignement supérieur. « Arnould eut à
n se prononcer sur toutes les questions
» délicates que soulevèrent la mise k
» exécution de la loi de 1855, la com-
» position des jurys d'examen, le re-
» nouvellement presque complet du
» corps professoral... On lui reprocha
» quelquefois de la ténacité, de la len-
» teur et une réserve extrême : était-il
» toujours en son pouvoir de céder aux
» impatiences même les plus généreuses,
» et faut-il trop le blâmer d'avoir rem-
» pli à la lettre son rôle de Commis-
» saire du Gouvernement?.. H aima
» mieux, en toute circonstance, laisser
» au temps le soin de le justifier, que
» de paraître céder h des entraînements
» politiques ou autres. Ailleurs , il
» prouva que l'esprit d'initiative ne lui
» faisait pas défaut ; ici, la prudence
ï) fut sa première règle de conduite. H
» administra l'Université de Liège pen-
(') « C'est presque à M. Arnould seul,
écrivait en décembre 1828 le rédacteur du
Journal d'éducation de Parit (t. XIII), qu'on
doit la Société d'encouragement de Namur,
qui correspond avec la nôtre. Elle fait cir-
culer dans les campagnes un grand nombre
de bons livres, qu'elle vend moins cher que
l'impression ae lui coûte. C'est M. Arnould
qui fait l'avance des fonds, en attendant que
les ressources de la Société soient augmen-
tées suflisammenl pour continuer à elle seule
ce bienfait si utile à toute une popolation.
Avec quelques hommes comme celui-là et
un gouvernement qui les aide, on peu(,je
crois, prédire que le but d'une instruction
générale doit être bientôt atteint. >
(■) On y lit : « Il est bien rare de trouver
réunis dans un administrateur cette haute
probité, cette bienveillance, celte activité et
cette modération qui s'allient, quand il le
faut, k la fermeté, et qui ont su vous conci-
lier pour toujours la confiance et l'estime
de tous les professeurs de notre Université.»
ARN
10
» dant vingt-trois ans, et certes il eut
9 sa part dans les progrès de cette belle
» institution. Il voua, entre autres, une
» sollicitude toute paternelle à 1 Ecole
» des arts et manufactures et des mines,
B école dont il fut nommé directeur en
» 1838 et qui lui doit en partie son
» organisation et sa prospérité. Cet
» établissement occupa d'abord une aile
» des anciens bâtiments de TUniversité.
» Ârnould obtint de la ville une alloca-
» (ion de 125,000 fr. pour la construc-
» tion du local actuel, et de la province
» un subside de 28000 fr. pour les
n machines de râtelier de construction.
» Le déplacement du jardin botanique,
0 la reconstruction de la grande salle
A de la bibliothèque^ le développement
» des diverses collections universitaires
A témoignèrent égalementde son zèle et
» de son activité (*). »
Nous avons parlé d*Ârnou1d comme
administrateur du Mont-de-piété (*)• A
Liège comme à Namur et à Louvain, il
remplit, indépendamment de sa mission
principale, des fonctions gratuites de
tonte sorte. Il fut député de la Société
d*Ëmulation de 1858 à 4858 ; plusieurs
fois réélu membre de la Commission
provinciale de statistique, etc. Il entra
en 1859 dans la Commission adminis-
trative de rinstitut royal des sourds-
muets, en fut élu vice-président en 1841,
président en i84i, et enfin président
honoraire en 1857, dans cette même an-
née où, forcé de se retirer de la vie ac-
tive, il quittait rUniversité(10 octobre),
conservant égalementle titre honorifique
d'administrateur-inspecteur. L*Institut
des sourds-muets le regarde comme
son tecond fondateur, La plupart des
progrès sérieux réalisés dans cet éta-
blissement, tant sous le repport hygié-
nique que sous le rapport de Tinstrue-
tion, eurent Arnould pour promoteur et
pour soutien vigilant. Alors même que
Taffaiblissement de sa vue semblait lui
interdire toute participation active aux
travaux de ses collègues, il était encore
rame de leurs délibérations et il se te-
naitaucourant des moindres affaires (').
Enfin, frappé d*une cécité presque com-
plète, il dut renoncer à tout ; mais To-
blîgation de prendre sa retraite fut
peut-être le plus grand chagrin de sa
vie. lls*éteignit paisiblement à Verviers,
où il était allé rejoindre une partie de
sa famille, M. U. Capitaine nous fournit
la liste suivante de ses travaux :
lo Projet pour le placement des fonds
versés aux Monts-dèrPiété et provenant
des biens communaux vendus sous VEm-
l'ire; 20 juin i815(inédil; v. ci-dessus).
2« Rapports sur les travaux de la
Société d'instruction élémentaire de la
province de Namur (1825-1850).
Insérés dans le Mémorial administratif de
la dite province; aussi tirés à part et repro-
duits dans les journaux du temps.
S* Plan de réorganisation de V Athé-
née royal de Namur (1826).
Ce plan, approuvé par le gouvernement,
établit à Namur une classe de langue fran-
çaise, un cours de littdralure française et
un cours de physique et de mécanique.
k^ Notice sur Vinstruction primaire
de la province de Namur et en général
sur Tétat de Tinstruction dans les di-
verses provinces des Pays-Bas, adres-
sée à la Société d^instruction élémen-
taire de Paris , par D. Arnould ,
membre correspondant.Namur,6érard.
1828, in-8o.
Parut d'abord en 18S7 dans le Globt.
5" Mémoire sur les avantages et les
inconvénients des banques de prêt con-
nues sous le nom de Mont-de-Piété, Na-
mur, Gérard. 1829, in-12^
Travail couronné par l'Âcadëmie royale
du Gard (Nîmes). Médaille d'or (34 décembre
1898).
6^ Réorganisation de renseignement
moyen dans les Pays-Bas, Projet. — La
Haye, impr. de FEtat. 1829.
La Commission d'Etat, établie à cette
(') Nécrologe Liégeoit, pour 1860, p. 9.
(*) U eut la bonne fortune de trouver en
M. Jehotte, directeur de cet établissement,
on auxiliaire intelligent et zélé. En France
comme eo Belgique , les services de M.
Jehotte ont été hautement appréciés par les
publicistes les plus distingués.
(*) V. les diverses publications de l'Ins-
titut et le discours de M. Alph. Le Roy,
prononcé k Verviers sur la tombe d'Arnould
(Journal de Liège da 20 avril 1860).
11
POL
12
ëpoqoe pour extminer les quesiioDS rela-
tives à renseignement moyen, adopta les
bases de ce projet dans son rapport au goa-
vernement, publié k La Haye en 1830.
7*" Règlement de VEcole primaire-
modèle de Louvain.
Rédige en 4833, et adopté depuis lors
par plusieurs établissements. Il a été tra-
duit en boUandais par le directeur de l'école
modèle de Maestricbt et a servi de base à
tous ceux qui ont été publiés par le gouver-
nement.
8® Règlement intérieur du Mont-de-
piété de Liège.
Sanctionné par les autorités supérieures.
9® Rapport à la commission adminis-
trativeduMont-de piété de Liège, Liège,
Jeunehomme frères, 1840, ifl-8^.
Tiré k part de la Revue belge (juin 1840;.
L'auteur reproduit une partie des vues
émises dans le mémoire n<* 5. Il doit avoir
publié un travail sur le même scget dans la
Revue encyclopédique.
1 0" Situation administrative et finan-
cière des Monts-de-Piété en Belgique,
Nécessité et moyens de les réorganiser,
Bruxelles, Deltombe, i845, in-8*' de
XVI et 565 pages.
C'est l'œuvre la plus importante d'Arnould
(voir ci-dessus). — Cf. la Revue de tégitla-
tion (Paris 4846). — La Revue du droit
fronçait et étranger (février et avril 4846). —
Le Journal hiêtorique et littéraire (mai
4846). -> La Revue de Liège (t. V. 4846). —
VObtervateur belge, le Journal de Liège, la
Belgique judiciaire, etc
ii*" Statistique des Monts-de-piété en
Belgique. Bruxelles, 4847 \n-A\
Extrait du t. III, (p. 467, 484) du Bulle-
tin de la Commission centrale de statistique.
— Nouveaux renseignements sur diverses
brancbes du service; détails curieux sur
les moyennes des opérations des Monts dc-
piété de Belgique et de France.
D. Arnould obtint la croix de cheva-
lier de rOrdre de Léopold le 44 dé-
cembre 4858. il fut promu au grade
d*officier le 28 février 4855 ; la même
année, le roi de Portugal lui conféra le
grade de commandeur de TOrdre du
Christ.
i^oiain (Mathieu-Lambert). 0. ^.
né & Liège le 25 Juin 4808. montra
fort jeune un goût décidé pour Fétude.
Ses dispositions naturelles furent en-
couragées par le conventionnel Alathieu
Miranpal, que la loi d'exil connue sous
le nom de loi d*amnistie avait contraint
de quitter la France en 4SI 6, et qui
s'était réfugié à Liège avec plusieurs
de ses anciens collègues : Thuriot
de la Rozière, Paganel, Duval, Mailhe,
Calés, Ysabeau et d*autres. -~ Mathieu
Miranpal, ancien rédacteur du Journal
de VOise, était un homme instruit, très-
versé surtout dans la connaissance des
langues anciennes. Il prit plaisir à dé-
velopper les instincts littéraires de son
Jeune élève ; cependant celui-ci ne put
proflter longtemps des leçons de cet
excellent maître. Mathieu, qui s'était
toujours conduit avec modération, bien
qu'il eût voté la mort de Louis XYI,
obtint finalement l'autorisation de ren-
trer en France. — M Polain fit ses
humanités au collège de Liège, et suivit
ensuite les cours de la Faculté de phi-
losophie de l'Université. Il se destinait
à l'enseignement. Â peine âgé de vingt
ans, il fut nommé professeur de littéra-
ture française et d'histoire politique
moderne à VEcole spéciale de commerce,
institution modèle, fondée à Liège par
M. Charlier, et régulièrement fréquen-
tée par un grand nombre d'élèves.
M. Polain y resta attaché pendant plus
de vingt années, chargé des mêmes
cours. Il y eut pour collègue, dans la
chaire de droit commercial, Victor
Godet (V. ce nom), dont l'Université de
Liège regrette encore aujourd'hui la
mort prématurée
Une circonstance fortuite décida de
la vocation littéraire de M. Polain.
L'Université de Gaud mit au concours,
en 4826. la question suivante : Accu-
rata et suednctâ narratione exponaiur
quo jure et quo successu Guuielmus,
Normanniœ dux, cognominatus Con-
13
POL
U
([uestor, Angliam invaserit^ et quid,
subactis AngliSj in eorum reiptâflicœ
forma et institutis sub ipsius imperio
commutaium fuerit. Notre jeune étu-
diant venait précisément d'achever la
lecture de VHistaire de la conquête de
V Angleterre par les Normands, d'Au-
gustin Thierry ; il résolut de concourir.
Son Mémoire ne fut point couronné ;
mais, à partir de ce moment, Thistoire
du moyen âge et des monuments qui
s*y rattachent devint son étude de pré-
dilection. — M.Polain commença néan-
moins par s'essayer dans d'autres
genres : en 1827, il écrivit, en collabo
ration avec deux de ses condisciples,
MM. Alvin et de Lannoy, un vaudeville
intitulé : Les eaux de Chaud fontaine,
dont quelques couplets furent remar-
qués. En cherchant bien dans les jour-
naux qui paraissaient à Liège à cette
époque, on retrouverait aussi de lui
plusieurs articles de critique littéraire
sur les principaux écrivains de l'école
romantique : enfln il était, avec Ch. de
Chènedollé (v. ce nom), l'un des corres-
pondants belges du Globe et de h Revue
encyclopédique,
M. Polain venait d'achever ses études
quand la révolution belge de i830
éclata. Il y prit une part active, et la
défendit énergiquement dans la presse
et à l'hôtel de ville, où il remplit pen-
dant plusieurs mois les fonctions de
secrétaire de l'administration provi-
soire. Il ne quitta ce poste qu'au mois
de mai iSJ^i. L'existence de notre na-
tionalité était alors reconnue en prin-
cipe ; mais il restait à en débattre les
conditions. La question de savoir à
qui appartiendrait le Limbourg préoc-
cupait surtout les esprits. M. Polain fit
paraître à cette occasion une brochure
intitulée : De la souveraineté indivise
des Evéques de Liège et des Etats-Géné-
raux sur la ville de Maestrickt (Liège,
lg5i,in-8*).Cemémoire, rédigé d'après
les sources, est, croyons nous, le
premier travail historique sorti de sa
plume. Il eut du retentissement jusque
dans le monde diplomatique, et ce suc-
cès attira sur le jeune savant l'attention
du gouvernement belge. L'emploi d'ar-
chiviste de la province de Liège étant
venu à vaquer quelque temps après,
M. Rogicr, alors ministre de l'intérieur,
le fit offrir à M. Polain, qui l'accepta et
se voua désormais tout entier à l'étude
de l'histoire nationale.
Le moment était favorable pour
cette étude. La révolution avait enfanté
une pléiade de jeunes écrivains, tous
animés d'un vif amour de la patrie, tous
désireux d'affirmer son indépendance
dans leur sphère d'activité. L'idée vint
à quelques-uns d'entre eux d'unir leurs
efforts, et c'est ainsi que fut fondée à
Liège, en 1834. V Association nationale
pour Vencouragement et le développe-
ment de la littérature en Belgique.
M. Polain en fut nommé président, et
notre regretté poète Weustenraad, se-
crétaire. La Revue belge, or f^aiï\e de l'As-
sociation, parut à partir du mois de
janvier 1835, sous la direction du pré-
sident. Sciences morales et politiques
(au point de vue des questions géné-
rales), études de mœurs, voyages,
mais surtout littérature et histoire, tel
fut le programme de cette publication
périodique, dont l'influence féconde se
répandit bientôt dans tout le pays, et
qui resta jusqu'à la fin scrupuleusement
fidèle à son titre, en se plaçant toujours
au point de vue belge. Les hommes
les plus distingués de toutes nos pro-
vinces répondirent à l'appel de V Associa-
tion, aussi bien les maîtres dont la ré-
putation était déjà consacrée, que les
jeubes gens impatients de faire leurs
premières armes. Ce fut la première
école littéraire de la Belgique éman-
cipée, et ce fut peut-être la plus saine.
La Retme belge, étrangère aux passions
du jour, se distingua en tout temps
parune sage modération ; l'art dans
toutes ses manifestations, les gloires
passées et l'avenir de la patrie eurent
exclusivement le pouvoir d'exciter chez
ses rédacteurs d'ardents enthousiasmes.
Ce n'était pas une arme aux mains d'un
parti, c'était une œuvre de civilisation
et de patriotisme. Les circonstances
rompirent le faisceau de l'Association ;
la dernière livraison de la Revue parut
en décembre 1843 ; au commencement
de l'année suivante, M. Van Hulst
(v. ce nom) reprit la succession vacante
et fonda la Revue de Liège, qui eut
aussi une existence honorable. Mais
IK
POL
16
les services rendus par la Revue bcl§e,
notamment aux études historiques, mé-
ritent une mention toute particulière.
Les Récits de M. Polain, si recherchés
encore aiûourd*hui« parurent pour la
première fois dans ce recueil. Les épi*
sodés de nos annales, sous sa plume
éprise, intéressaient comme des cha-
pitres de Walter Scott ou gravissaient
les hauteurs de Tépopée ; Témotlon
visible de Técrivain passait dans Pâme
des lecteurs, et comme il voulait
peindre plus que Juger, Feffet cherché
était ohtenu : la Jeunesse, ainsi vive-
ment stimulée, se passionnait pour les
vieilles chroniques et y apprenait au
prix de quels sacrifices ont été conquis
les biens dont nous Jouissons à présent.
Les Récits JUstoriques sur l'ancien pays
de Liège n*ont pas seulement réveillé
chez nous le goût de Tétude de notre
moyen âge, ils ont contribué à former
Tesprit public. Ils y contribueront en-
core, sll en faut Juger par le succès de
la 4* édition, qui a vu le Jour en 1866,
augmentée de quelques morceaux Iné-
dits. — Indépendamment de cette série
d'articles, M. Polain a fait insérer dans
la Revue belge diverses notices ana-
logues, concernant Thlstoire des autres
provinces : nous citerons L'assassinat
de S. Charles-le-Ban, dans Téglise S^-
Donat & Bruges ; le Massacre des ma-^
gistrats de Couvain en 1379 ; des bio-
graphies, enfin quantité d'opuscules qui
ont été rassemblés en 1839 et publiés
sous le titre de Mélanges historiques et
littéraires.
Le succès des Récits engagea H Po-
lain à écrire Thistoire complète de
l'ancien pays de Liège ; il en fit paraître
le premier volume en 1844, et le second
en i847. Ce dernier s'arrête au sac de
la cité par Charles-le-Téméraire, en
1468. La presse accueillit avec faveur
on livre où étaient étudiées avec soin,
pour la première fois, les questions
d'origine, d'après la méthode d'Augus-
tin Thieny, et où le récit se dévelop-
pait sous une forme animée et pitto-
resque, comme dans VBistoire des ducs
de Bourgogne de M. de Barante. Le
travail de constitution de la commune
avait préoccupé l'auteur au moins au-
tant que les laits et gestes des princes-
évéques ; les tribuns populaires appa-
raissaient sous un nouvcMi Jour; la
boungeolsie d'autrefois avait trouvé ui
défenseur. L'œuvre de H. Polain fut
mise en parallèle avec celle de M. de
Gerlache ( ' ) ; les discussions qui s'éle-
vèrent à ce propos eurent pour effet de
stimuler le zèle de nouveaux cliercheurs.
VBistoire du pays de Liège ouvrit à
M. Polain les portes de rAcadémie
royale de Belgique : il fut nommé cor-
respondant de ce corps savant le 10
Janvier 1846, et membre effectif le
7 mai 1849.
L'historien liégeois venait d'achever
son second volume* lorsque le gouver-
nement belge résolut de faire publier
les lois et autres dispositions qui
régissaient autrefois les divers pays
composant la Belgique actuelle. Un
arrêté royal du 18 avril 4846 institua
à cet effet une commission composée
d'hommes versés dans la connaissance
de nos anciennes institutions. &1. Po-
lain «n fut nommé membre dès l'origine,
et chargé par ses collègues d'éditer le
Recueil des Ordqnnances des princi-
pautés de Liège et de Stavelot, et du
duché de Bouillon. H s'occupa d'aboni
de publier les Lietes chronologiqua de
tous les documents qui devaient figurer
dans ce grand Corpus ; on lui doit les
quatre volumes in-8* relatifs aux pays
cités, ainsi que plusieurs rapports sur
la marche de son travail (v. les Bulletins
de la Commission des Ordonnanou).
L'infatigable pionnier ne perdit pas un
instant ; le premier volume in-folio du
Recueil des Ordonnances du pagt de
Liège parut dès 4855 : le second vit le
Jour en 4860; les Ordonnances de la
principauté de Stavebt furent publiées
en 1864, dans le même format. Ce
dernier ouvrage est complet; il em-
brasse une période de plusde 1100 ans,
de 648 à 1794. Les Ordonnancée du
duché de Bouilion^ éditées dians les
(*} Biiioin de Uigt depuis César jutqu'à Maximilien-Henri de Bavière^ Bmxalles,
Bayez, 4948» un vol, ia-S'.
17
POL
18
premiers mois de 1867, sont également
au complet. Quant aux deux volumes
consacrés à Lié^e, ils ne comprennent
que les llû dernières années de Texis-
tence de la principauté (1684-1794),
c'est-à-dire la troisième série du re-
cueil ; les deux premières s'arrêteront
respectivement à ravènement d'Erard
de la Marck et aux changements appor-
tés dans la Constitution liégeoise par
Ifaximilien-Henri de Bavière (lti84).
La Commission a sagement agi en or-
donnant la mise immédiate en lumière
des documents qui peuvent être encore
aujourd'bai d*une utilité pratique et
directe, nous voulons dire des docu-
mests législatifs du dermer siècle.
D^tre part, l'exemple des éditeurs de
la grande collection des Ordonnances
des rois de France, qui mirent 40 ans
à faire paraître leur premier volume et
ne sont pas encore, à Theure qu'il est,
arrivés au XVI« siècle, était de nature
à faire réfléchir : il s'agissait de ne pas
être exposé k revenir sans cesse sur
ses pas, el de ne marcher en avant que
quand on serait moralement assuré
qull ne resterait guère de pièces essen-
tielles à découvrir. Il serait superflu de
faire ressortir ici l'importance du Ae-
cueU de M. Polain ; mais il importe
d'ajouter que l'éditeur n'a rien négligé
pour satisfaire les plus difficiles, dans
UB OMire de travaux qui demande de
celui qui les entreprend autant de pru-
dence que de savoir. Quant aux menues
variantes de texte et d'orthographe,
l'éditeor a scrupuleusement indiqué en
note tout ce qui pouvait présenter quel-
que intérêt.
Fions avons dit plus haut que M. Po-
lain avait été nommé, en 1846, corres-
pondant de l'Académie. 11 y débuta par
l'annonce d'une découverte importante,
celle de la chronique de Jehan Le Bel^
le célèbre chanoine de Liège que Frols-
sart recoBBot pour son guide et son
maitre. M. Polain avait retrouvé un
fragment considérable de cette chro-
nique dans celle de Jean d Outremeuse,
que M. A Borgnet (v. ce nom) est en
train de nous rendre. I) le fit imprimer
à Mons en 1850, en un beau volume
grand in-8**, édition (luxe de carac-
tères gothiques), non destinée à être
mise oans le commerce. On sait que
plus tard l'ouvrage de Téminent écri-
vain belge a été retrouvé tout entier
danâ la bibliothèque de Châlons-sur-
Ifarne, et publié en deux volumes in-8*,
également par les soins de M Po-
lain, sous les auspices de l'Académie.
M. Heyer, élève de l'Ecole des Chartes-
ayant cru reconnaître dans le manu-
scrit de Châlons la première rédaction
de Froissart, en avertit M Paulin
Paris (de l'Institut), qui eut l'idée de
comparer le texte qu'on lui signalait
avec celui du fragment de Jehan Le Bel
publié à Mons : il fut aussitôt con-
staté que la bibliothèque champenoise
possédait un Le Bel complet . con-
tinuant son récit Jusqu'à la paix de
Brétigny, en 1561. Avec une générosité
qu'on ne saurait trop louer, M. Paris
fit part de sa découverte à son confrère
de Belgique ; et c'est ainsi que le nom
du maître de Froissart a reconquis sa
légitime illustration. La chronique pu-
bhée par M. Polain est certainement,
pour nous servir de l'expression de
If. P. Paris, « un des plus beaux fleu-
rons de l'histoire littéraire de Liège ;
car il est maintenant prouvé que Frois-
sart a pris d'abord son meilleur style
dans Jehan Le Bel, et qu'il n'a fait en-
suite que se conformer au même mo-
dèle» (*). La mise en lumière de ce
précieux monument est sans contredit
un des principaux titres de M Polain à
la reconnaissance de ses concitoyens (*).
M.Polain a fait à l'Académie plusieurs
communications importantes, dont on
trouvera la liste dans la bibliographie de
ses ouvrages. Il a pris une part consi-
dérable aux débats qui se sont élevés
(*) V. It BuUêtin d$ tAcad. royale de
Mgique^ 1» série, 1. 111, el V Annuaire delà
Société d'Emulathn de Uéçe, 1864, p. 119
etsaiv.
(') Il est asiex remarquable qae Jacques
de Hemricourt, l'auteur 4n Miroir de* noblet
de la Hetbaye^ qui vécut dans rintimité de
Jehan Le Bel, oe meotioane pas le principal
ouvrage de notre ehanoiDe ; il ne parie que
de son talent à composer des chansons et
des virelais. Kn revanche. Le Bel est le seul
historien que Froissart ait daigné citer.
19
POL
30
aa sein de celte compagnie au sujet du
lieu de naissance de Pierre Vermitc et
de Charlemagne ; ses mémoires sur r«s
problèmes obscurs ont eu du retentis-
sement à l'étranger comme en Bel-
gique , notamment en France. Notre
publiciste n'était d'ailleurs pas tout-à-
fait inconnu de l'autre côté de Quié-
vrain. Nommé en 4859 correspondant
du ministère de l'instruction publique,
sur la proposition de l'illustre Augustin
Thierry, il n'avait point tardé à con-
tribuer activement à la publication
de la collection des Documents inédits
sur Vhistoire de France^ dont M. Gui-
zot fut le promoteur. Les grandes
œuvres historiques et littéraires entre-
prises et continuées par l'institut trou-
vèrent également en lui un collabora-
teur zélé et dévoué. Le gouvernement
français l'en récompensa dès 1847, en
lui décernant la croix de la légion
d'honneur , et l'Institut (Académie des
inscriptions et belles-lettres), en le
nommant l'un de ses correspondants
étrangers (1855). Il est en outre affilié
à la Société des antiquaires de France.
Son activité littéraire n'a toutefois
jamais cessé de s'exercer dans sa ville
natale. La Société libre d'Emulation^
fondée à Liège en 1779 par le prince
Velbruck, avait fini par interrompre
ses travaux, après avoir brillé pendant
longtemps d'un vif éclat. Elle se re-
constitua, et d'abord elle prit soin de
réorganiser les différents Comités qui
la composent. M. Polain fut nommé
président du Comité de littérature et
des beaux-arts, en même temps que
M. U. Capitaine devint secrétaire-gé-
néral de la compagnie. Sous leur
double impulsion, la Société d'Emula-
tion n*a pas tardé à recouvrer son an-
cienne influence sur le mouvement in-
tellectuel de Liégi-, et l'on peut même
dire qu'après l'Académie royale de
Belgique, elle tient aujourd'hui le pre-
mier rang parmi les institutions litté-
raires du pays ( *).
M. Polain remplissait depuis vingt-
cinq ans, au grand profit des études
historiques, les fonctions d'archiviste
(') Du moins par ses concours. Nous
constatons à regret que son essor s'est un
peu ralenti depuis 1867 ; on a cessé d'y
de l'Etat, à Liège, lorsque le Roi lui
conféra, en 1857, celles d'administra-
teur-inspecteur de l'Université de cette
ville, après la mort de D. Arnould
(v. ce nom). Il occupe encore aujour-
d'hui ce poste, auquel est attachée la
direction des écoles spéciales des arts
et manufactures et des mines.
Nous empruntons à Quérard {France
littéraire, t. XI, p. 475), en ayant soin
de la compléter autant que possible, la
liste générale des publications de M.
Polain.
1. Ouvrages ÉDITÉS sÉPARÉMEirr.
1« Les eaux de Chaudfontaine, co-
médie-vaudeville en un acte, représen-
tée sur le théâtre de Liège le 15 mars
1827. Verviers, 1827, in-8* (anonyme).
En collaboration avec MM. L. 41vio et. de
Lanooy.
2» De la souveraineté indivise des
évéques de Liège et des Etats-généraux
sur Maestrieht. Liège 1851, in-8«.
5<> Collection de chroniques liége4>ises
inédites. La Mutinerie des Rivageois^
par Guill.deMeeff(XVPsiècle). Liège,
1 855, in 8.
i^ Mélanges historiques et littéraires.
Liège, 1859, in 18o.
5^ Récits historiques sur Vanden
pays de Liège. 4* éd., refondue et con-
sidérablement augmentée. Bruxelles ,
I86G, in-8».
Un certain nombre de ces récits ont
d'abord paru dans la Revue belge, et il en
a été fait des tirés à part. Us ont été en-
suite réunis en un vol. et publiés à Liège en
1837 (Eâquisxet historiques de Fancien
pays de Liège), La troisième édition a vu le
jour il Bruxelles en 1842 (in-S»).
G» A toutes les gloires de Vancien
pays de Liège. Liège, 1812, in-8<>.
7^ Liège pittoresque, ou description
historique de cette ville et de ses prin-
cipaux monuments. Bruxelles, I8i2,
in-8».
8<» Henri de Dinant, histoire de la
révolution communale de Liège au
Xlll» siècle. Liège, 1845, in-8o.
donner des conférences et la publication de
V Annuaire est suspendue.
21
POL
-22
9« Histoire de Vancien pays de Liège.
Liège, 18U-1847, 2 vol. in-S».
iO« Notice historicité sur le système
d'impositions communales en usage à
Liège avant 179i. Bruxelles 4846 ,
gr. in-8».
Il» Tableau général des différentes
cùllectians que renferme le dépôt des
archives de VEtat, à Liège. Liège ,
1847, in-8« (anon.)
12o Les vrayes chroniques'}ZÛ\s faites
et rassemblées par vénérable homme
et discret seigneur Monseigneur Je-
han Le Bel^ chanoine de S. Lambert,
retrouvées et publiées par M. L. Po-
lain. Mons , 1850, gr. in-8o (car.
goih.).
Fragment tiré à i25 exemplaires seule-
ment, et non livré au commerce. — La
chronique complète de Jehan Le Bel (v. ci-
dessus) a été publiée par M. Polain en 4863»
à finixeUes, sous le titre suivanl :
i^ Les vrayes chroniques deMessire
Jehan Le Bel. Histoires vrayes et no-
tables des nouvelles guerres et choses
avenues l'an Mil CCCXXVI jusques À
Tan LXI, en France, en Angleterre, en
Escosse, en Bretaigne et ailleurs, et
principalement des haultz faits du roy
Edowart d'Angleterre et des deux roys
Philippe et Jehan de France. Bruxelles,
1865, 2 vol. in-8'>.
44* Liste chronologique des Ordon-
nances de la principauté de Liège, de
4684 k 4794. Bruxelles, 4851, in-8«
(anon.).
45* Liste chronologique des Edits et
Ordonnances de la principauté de Stave-
lot et de Malmedy, de 650 à 4793. Bru-
xelles, 4852, in-8« (anon.)
46» Recueil des Ordonnances de la
principauté de Liège. 3 février, 4684 à
1794. Bruxelles, 4855-4860, 2 v. in-
folio.
47* Liste chronologique des Edits et
Ordonnances de la principauté de Liège,
(4507 à 4684). /^id., 4860, in-8«(anon.).
48* Recueil des Ordonnances de la
principauté de Stavelot (648-4794).
Ibid.. 4864, un vol. in-folio.
490 Liste chronologique des Edits et
Ordonnances de Vancien duché de Bouil-
lon, de 4240 ii 4795. Ibid., 4865,
in-80.
20» Recueil des Ordonnances du du-
ché de Bouillon (4240-4795). Ibid.,
4868, un vol. in-folio.
II. Collaboration a des publica-
tions PÉRIODIQUES.
A. Bulletin de V Académie royale de
Belgique.
24» Découverte de la chronique de
Jehan Le Bel (t. XIV, 4847). — Note
sur le baron de Waleff (t. XV, 4848).
— Note sur un fragment de Ms. d'O-
rose, de la fin du VI* ou de la première
moitié du Vli* siècle (t. XVI, 4849).—
Rapport sur un mémoire concernant la
Constitution de Tancien pays de Liège
(t. XVIII. 4854). — Note sur un di-
plôme de Louis le Débonnaire (t. XIX,
4852). — Nouveaux éclaircissements
sur la chronique de Jehan Le Bel {Ibid.K
— • Pierre TErmite, Picard ou Liégeois
(t. XXI, 4854) (M. — Où est né Char-
lemagne (t. XXIII, 4856) ? — Quand
est né Charlemagne {Ibid.)*! — Encore
Charlemagiie (Ibid.). — Rapport sur un
mémoire de M. Arsène de Noue, con-
cernant la patrie et la famille de Wi-
bald (t. XXIV, 4857). -- Rapport sur
une notice de M. Tabbé Kempeneers,
relative à Tancienne franchise de Mon-
tenaeken (t. VIII, 2* série). — Rap-
port sur un mémoire de M. Loise, in-
titulé : Influence de la civilisation sur
/ajKM^te(t. XIV, 2«série).
b. Messager des sciences historiques,
de Gand.
22* Recherches sur la vie et les ou-
vrages de Jean des Prez, dit d*Outre-
meuse, chroniqueur liégeois du XVI*
siècle ( 4834). — Notice sur Guillaume
de Meeff dit de Champion, chroniqueur
du XVI* siècle (4835).— Esquisses bio-
graphiques de Tancien pays de Liège,
(MM. GrandgagDage, premier président
de la Cour d'appel de Liège, avait publié dans
le Bulletin de flrutitut archéologique lié-
geoi$, également en 1854, une dissertation
intitulée : Pierre FBrmite, Liégeois ou Pi-
card. Celle de M. Polain en est la contre-
partie.
23
POL
24
i^ série : AdeUwld (XI" siècle) ; Amel-
gard (XV" siècle) ; 2* série : Coppée,
poète et écrivain dramatique (XYII*
siècle); FouUon, historien (XYII^siècle);
Brixhe, Jurisconsulte et liomme poli-
tique (XVIH* siècle) (1856).
Ces difTérentes notices oot été complétées
et réiaprimées dans les Mélangée hittoriques
etlittéraireê (1889).
c. Revue de Bruxelles.
23* Guy de Kanne, ou le vendredi de
Pâques de Tan i486 (1858). ~ Notice
sarGodefroidde Bouillon (même année),
Guy de Kanne a été réimprimé dans la
S* éd. des Récits historiques ^ mais n'a point
été reproduit dans la 4*. — Godefroid de
BouUlçn se retrouve dans les Mélanges histo-
riques et littératres (iHSd),
D. Bulletin de VlntHtut archéologique
liégeois.
24<» Notice sur un livre d*Evan^iles,
conservé dans Féglise de S^-Jean Evan-
géliste à Liège (i852). — Police de
l'imprimerie et de fa librairie au pays
de Liège (1854). — L^abbé Raynal et
Bassenge (1854). — Commerce et in-
dustrie du pays de Liège au XVllI*
siècle (1859). — Population de l*ancien
pays de Liège au XVIII* siècle (1857).
— Analectes liégeois, ou Recueil de
pièces originales (1852-1857), 2 fasci-
cules ln-8®. — Divers comptes rendus
littéraires.
s. Annuaire de la Société d^Emulation ,
de Liège.
25* Notice sur l'Académie royale de
Belgique (1857). — Le sanglier des
Ardennes (1866).
Ce dernier morceau a été réimprimé dans
la 4* édition des Récits historiques.
F. Journal de Liège,
26* Un grand nombre d'articles de
critique littéraire, aussi tirés à part
in-*8*. Nous citerons les suivants :
Collection de documents inédits sur
l'histoire de France (1851-1852). —
Histoire littéraire de la France, par les
Bénédictins, continuée par l'Institut de
Franœ, t. XX et XXI (1851) ; t. XXII
(1855); t. XXIII (1857); t. XXIV
(1864). Ces deux derniers comptes
rendus ont été reproduits par le Moni-
teur belge. — Recueil des historiens
des Gaules et de la France (1851). —
Notice sur la vie et les ouvrages de
Raynouard {Id.). — De la renaissance
des arts à la Cour de France, par le
comte de Laborde (Id.). — Correspon-
dance de Philippe II sur les aflâires
des Pays-Bas, par Gachard (Id.). —
Essai historique sur l'organisation ju-
diciaire et administrative de la justice
depuis Hugues Capet jusqu'à LouisXIl,
par Pardessus (Id.). — Revue historique
du droit français et étranger (1855). —
Correspondance de Guillaume le Taci-
turne, prince d'Orange, par Gachard
(1855). — Histoire politique desEtats-
Uuis, par Laboulaye(i856). ~ Histoire
de la Flandre, par Kervyn de Letten-
hove, in-8'' — Uist. des Belges à la fin
du XV11I« siècle, par Ad. Borgnet. —
Lettre sur les Anglais qui ont écrit en
français (1855). — Les historiettes de
Tallemant des Réaux (Id.). — Athènes
aux XV, XVI* et XVïl* siècles, par le
comte de Laborde (Id.). ^ De l'union
des arts et de l'industrie, par le
même, etc., etc.
G. Bulletin de la Commission royale pour
la publication des anciennes Lois et
Ordonnances.
27* Divers rapports sur les travaux
préparatoires du Recueil des Ordon-
nances et du Recueil des Coutumes.
H. Recueils divers.
28** Quantité de notices historiques,
biographiques et bibliographiques dans
la Revue belge, la Revue de Liège, la
Biographie universelle de Michaud, les
Archives du Nord de la France et du
midi de la Belgique (d'Arthur Dinaux),
les Archives de Reiffenberg ; le Bulletin
du Comité de la langue, de V histoire et
des arts de la France ; la Revue des
Sociétés savantes; le Bulletin du biblio-
phile de Techener ; le Bulletin du bi-
bliophile belge ; la Biographie natio-
nale, etc., etc.
Il
PROFESSEURS DECEDES
Aekei-fNijreu (Jeau), Dé à Bois-le-
duc le 22 octobre 4790, mourut À
Utrecht le 15 juillet 1861. Il ne passa
guère que cinq années à Liège ; mais
son enseignement laissa, dans notre
pays, des traces qui ne sont pas encore
effacées. Son dernier biographe (*)
nous rappelle qu*en 4847, à Bruxelles,
au Congrès d'économie politique, « un
» ministre d*Etat, M. Charles de Brou-
0 ckère, déclarait que plus d'un publi-
» ciste belge devait à ce professeur
» hollandais la véritable intelligence de
9 la liberté économique. » La forte
éducation que reçut AckersOyck, sous
rœil paternel, le prédisposa autant que
ses propres instincts à s'assigner le
rôle de défenseur des idées modernes.
Son père, avocat-secrétaire de la ré-
gence de Bois-le-Duc . était un homme
lettré en même temps qu'un savant
jurisconsulte (*) ; par-dessus tout il ai-
mait la llbrediscussion et répudiait toute
espèce de routine, bien qu'il fût très-
attacbé aux opinions qu'il s'était faites
après mûr examen. Persécuté à cause
de sa fidélité à la maison d'Orange,
Corneille Ackersdyck alla s'établir à
Utrecht, où il demeura jusqu'en 4820 ;
son fils Jean put ainsi s'adonner aux
hautes études sans sacrifier la vie de
famille. Ce n'est pas toujours un avan-
tage, du moins quand les parents ont
l'esprit étroit et intolérant ; mais malgré
le contraste des âges et des caractères,
il y avait entre Corneille et Jean plus
d'un point de ressembl&nce, l'un et
l'autre goûtantrérudition, Tnn et l'autre
ayant foi dans l'avenir (*). Tout con-
courait, ce semble, à hâter la maturité
du jeune homme : l'influence de son
père, les leçons et les entretiens de
l'illustre platonicien Van Heusde, le
cours éminemment pratique du profes-
seur De Rhoer, qui saisissait toutes les
occasions d'entretenir la jeunesse des
choses les plus modernes ; enfin tes
préoccupations politiques,qui donnaient
(*) M. le professeur Stecher {Annuaire
de la Société d'Emulation de Uéçe, 4865).
(*) Nous eoDnaissoDa de lui un opuecnle
intitulé : Observations sur la tangue flU'
mande par rapport aur provinces méridio-
nales (trad. en fraoçais, par le baron Van
Ertborn. Anvers, 4Sâl, in-8o).
(•) Stcchcr, op, cit, — M. C. Mees, Le-
ventberigt van M*, Jan Ackersdyck, Leiden
4882, in-8«, p. 4.
27
ACK
28
à la ville dTtrecbt une animation inac-
coutumée, depuis que le roi Louis,
frère de Napoléon, y avait fixé sa rési-
dence. Il fut tout d*un coup question de
supprimer les anciennes Universités :
Jean Aciiersdyck, qui n*avait pas vingt
ans, s^empressa d*acliever ses études,
et présenta une thèse doctorale sur un
point d'économie politique. H débuta
sans retard au barreau, et comme il
possédait bien la langue française, il
se fit une spécialité des affaires qui
ressortissaient au Tribunal des douanes
impériales (*). Telle était, au bout
d*une courte pratique, l'importance du
Jeune avocat, que Tautorité française,
pour ne pas se priver de ses lumières,
Texempta du service de la garde d'hon-
neur (•).
La révolution de I8i3 lui porta un
coup sensible, et Tannée suivante une
grave maladie Téloigna tout à fait du
palais. A peine rétabli, Télan patriotique
de I8i5 Tentralna. Il prit du service
dans les chasseurs à cheval, suivit jus-
qu'à Paris Tarmée victorieuse, et une
fois U, n'eut de repos qu*après avoir
obtenu son congé ; il avait à cœur de
profiter, pour compléter ses études, de
son séjour dans la grande ville. Nommé
en 1816 juge suppléant au tribunal de
première instance d'Utrecht, il consacra
ses loisirs à la rédaction du catalogue
de la bibliothèque académique. De 1817
à 1825, il exerça tout à la fois les fonc-
tions de substitut près le même tribunal,
et celles de secrétaire du Collège des
curateurs de TUniversité. Il se fit dans
ce dernier établissement une réputation
de sévérité inflexible ; on s'accorde ce-
pendant à reconnaître que ses rigueurs
ne furent jamais tracassiëres. « Le sens
» de la légalité, assez rare en ce temps
» là, dit M. Mees, était l'âme de sa vie ;
» on s'étonnait , parfois même on se
» plaignait de voir un membre du par-
» quel aller jusqu'à mettre en doute la
» valeurd'uneordonnanceirrégulière. »
Il arrive assez souvent que les hommes
de cette trempe demeurent indifférents
aux choses extérieures et ne sont heu-
reux que dans le silence de leur cabinet,
constamment occupés de doctes contro-
verses. Tel n'était point Ackersdyck:
possédé d'une curiosité insatiable, il
s'inquiétait de tout et observait d'aussi
près qu'il pouvait la mobilité humaine.
Il avait la passion des voyages, et il
aimait les livres qui traitent des civili-
sations les plus lointaines. Son respect
pour les moindres préférences d'un
vieux père l'empêcha, jusqu'en 1818, de
parcourir les pays étrangers ; mais à
partir de cette époque jusqu'en 18G1, il
se donna libre carrière et employa
toutes ses vacances à se rendre compte
par lui-même de la véritable situation
de l'Europe. « De l'Irlande jusqu'à
» Kasan , de la Laponie jusqu'à Pa-
» terme et Gibraltar , il voulut tout
» étudier dans sa vivante réalité. Avec
» cette ténacité propre à la race germa-
» nique, il ne s'arrêtait devant aucun
» ennui ; avec cette hauteur devues que
n donnent les lettres associées à la
» philosophie, il s'intéressait à toutes
» les manifestations de la vie du peuple.
» Chaque soir, quelle que fût la fatigue
» du touriste, il notait scrupuleusement
» tout ce qu'il avait pu observer dans
m la politique, dans la religion, dans
» l'économie , dans l'administration ,
D dans l'industrie, dans la littérature,
n et jusque dans les plaisirs et les pré-
» jugés les plus grotesques » ('). On
peut regretter qu'il n'ait livré au public
que le récit d'une partie de ses pérégri-
nations : les Fragments éTun voyage en
Hollande, entrepris dans le courant de
Tannée 1826 avec son ami Victo^
Bronn, professeur d'agronomie à Liège
(v. ce nom) ; le Voyage en Russie (iS^h);
deux notices sur la Hongrie, et sur la
Silésieel les Sudètes, soni des morceaux
instructifs et pleins de remarques
souvent profondes sur les institutions
sociales. Statistique des écoles, ques-
tions agricoles, questions financières,
( * ) Institué poor connallre des violations
da blocus continental.
CJ Stecher, op. cit.
(*) Ibid. — On trouvera des détails plus
explicites sur le fruit qu'Ackersdyck retira
de ses nombreux voyages, dans la notice de
M. 0. Van Rees {Almanaeh des étudiants
d'Vtrecht, 1861 in-1S«).
29
AGK
30
pondération des pouvoirs, libertés pu-
bliques, il passe tout en revue, et de
tout il retire quelque enseignement
utile, ce qui ne Tempêche pas de s*éle-
ver jusqu'aux hauteurs de Tidéal et de
se recueillir quelquefois dans une
pieuse pensée, témoin ce paragraphe
de son voyage en Silésie : « C^est sur
» les montagnes qu*on se pénètre sin-
» gulièrementdela petitesse de Thomme
» et de la grandeur éternelle de Celui
n qui a tout créé. C*est là, je crois, ce
» qui produit cette jouissance ineffable
» que procurent les magnifiques ta-
» bleaux de la nature. Quand on a
» voulu prouver par ce spectacle la
» sagesse de Dieu et riromortalité de
» l'âme, on n'a peut-être pas fait valoir
i> assez ce langage direct par lequel la
» nature s'adresse à notre cœur en y
» suscitant une conviction irrésistible. »
L'Université de Liège ayant eu le
malheur de perdre, en 1825, l'un de
ses meilleurs professeurs, Jean-George
1/Vagemann (v. ce nom), le gouverne-
ment fit des démarches pour y attirer
le célèbre économiste Jean-Baptiste
Say. Les négociations n'ayant pu abou-
tir, on nomma Ackersdyck, et les cours
d'histoire politique et d'économie poli-
tique furent du même coup transportés
de la Faculté des lettres dans celle de
droit. Le professeur devait ainsi trou-
ver un auditoire mieux préparé, plus
disposé à s'intéresser à des questions
spéciales, à des détails pratiques dont
la jeunesse avait surtout besoin, la
science économique étant encore trop
nouvelle à cette époque pour lui offrir
des théories générales suffisamment
positives. Ackersdyck ne fut pas in-
digne (le son prédécesseur. Il débuta
le 31 décembre 1825 par un discours
inaugural Sur rutilité des voyages pour
les études historiques et politiques» a En
» termes éloquents, il montra ce que
» gagnent à quitter de temps en temps
» l'air natal les artistes, les poètes,
9 les naturalistes et surtout ceux qui
» par l'histoire, la statistique et l'éco-
» nbmie sociale, cherchent la raison des
» choses humaines. Mais sa modestie
» l'empêcha d'invoquer ici l'autorité de
» son expérience personnelle et per-
» sistante pour achever de prouver que
» le voyage n'est fécond que quand il
» est nourri et préparé par de métho-
» diques études. » Ackersdyck fut
d'autant plus vivement applaudi, qu'il
sortait des banalités traditionnelles.
Son cours fut la meilleure démonstra-
tion de la thèse qu'il avait soutenue le
31 décembre. Chaque année, il remon-
tait dans sa chaire avec une nouvelle
provision d'idées et d'observations re-
cueillies dans les pays qu'il venait de
visiter. Il ne dictait pas, mais se con-
tentait de quelques notes échelonnées ;
il tenait, disait-il, à se mettre dans la
nécessité de préparer chaque leçon. Il
visait à la brièveté ; son langage était
sobre et parfaitement clair, et cette
force contenue assurait précisément
son succès. Le libéralisme de ses opi-
nions répondait aux instincts de la
jeunesse, très-préoccupée alors de
questions politiques (v. Wagemann) ;
on a dit avec raison que ses élèves de-
venaient véritablement ses disciples.
Il exerça plus tard, par ses écrits, une
grande influence en Hollande; mais
les étudiants d'Utrecht furent plus
lents à l'apprécier. Il se plaisait à ré-
péter, dans sa vieillesse, qu'il ne s'é-
tait jamais senti aussi heureux qu'à
Liège. 11 y avait vécu, d'ailleurs, dans
une grande intimité avec ses collègues;
ce fut en outre dans cette atmosphère
calme et sérieuse qu'il apprit à connaître
Maria-Anna Walterthum, la femme qui
devait achever de charmer sa vie et le
consoler aux dernières heures.
Le gouvernement, qui faisait grand
cas d'Ackersdyck, le choisit, en 1828,
pour représenter l'Université de Liège
au sein de la Commission consultative
chargée de l'examen de toutes les
questions relatives à l'enseignement
supérieur (*). Cette enquête scienti-
fique ne préoccupa que médiocrement
le public ; la réforme des Universités
paraissait moins urgente , aux yeux de
l'opposition, que la proclamation de la
liberté de l'enseignement. La révolu-
es) Il y eut pour collègues MM. Ch. de Keverberg, 0. Leclercq, Quelelet, etc. (v.
Broockere, Donckcr-Cttrtitts, Dot:t>nge, de ci-dessus, p. 66).
31
ACK
32
tioti tfoimi Ackéi*$dyck fidèle à U
maison d'Oratige; il panit pour Aix-la-
Chapelle, puis, après un court séjour
en Hollande, alla paisiblement attendre
en Allemagne rissue des événements.
Il profita de son séjour à Berlin pour
assister aux savantes leçons de Hegel,
de Gans, de Mîchelet, de Savigny, de
Yon Eaumer et du professeur de sta-
tistique Hoiftnann. Attaché provisoire-
ment à rUniversité d*Utrecht vers la
fin de 1851, il ne put y obtenir, Jus-
qu*en 1841, aucun cours à examen
(Examen-colkgie) ou à certificat (Tes-
timofiium-callegie). Pendant dix ans,
il traita devant un auditoire d^amateurs
Quelques questions spéciales choisies
ans le domaine de ses études de pré-^
dllection. Enfin il Ait appelé à rempla-
cer Van Heusde dans la chaire d^his-
toire moderne, et en 1849, il devint
titulaire du cours d*économie politique,
après la mort de J.-R. de Brueys. Il ne
quitta ITniversité qu*en 1860, avec le
titre de professeur émérite.
L*enseignement d'Ackersdyck se dis-
tinguait par une heureuse combinaison
de la science pure et de ses applica-
tions. Selon Tusage du temps, il divi-
sait l'économie politique en quatre par-
ties, traitant respectivement de la for-
mation, de la circulation, de la distri-
bution et de la consommation des
richesses. Il faisait précéder son cours
d'une introduction historique étendue,
qui lui prenait plus d'un tiers de l'an-
née. Alors il discutait l'intervention de
l'Etat dans l'industrie, la liberté du
travail, les lois sur la propriété fon-
cière, l'influence du mouvement inter-
national des capitaux sur la prospérité
du pays ; incidemment il abordait la
question monétaire et l'organisation
des banques;enfin son attention se fixait
sur le problème du paupérisme. La
science des finances n'entrait pas dans
son plan; tout ce qui concerne la
dette publique et le système des impôts
rentrait dans son cours de statistique.
Ici encore il débutait par une intro-
duction, mais plutôt encyclopédique
qu'historique. Le pays et \e peuple, tels
étaient les deux objets de son corps
de doctrine. Après avoir déterminé
tons les éléments qui doivent être pris
en considération dans la description
d'une contrée, eonfij^ration géogra-
phique, situation, clinut, fertilité du
sol, ressources, moyen de défense, il
passait à la population, tenait compte
des races, des caractères et des mœurs,
et traçait le tableau d'une statistique
ffénérale des citoyens, notant chemin
faisant une infinité de fkits intéressants,
comparant entre elles les diverses na-
tions civilisées, et laissant entrevoir
qu'il était partisan des idées de Mal-
thus. II spécialisait ensuite son sujet
en s'attachant directement à la statis-
tique de la Néeriande. Ici le temns lui
faisait défaut ; il lui manquait quelques
leçons supplémentaires qu'il eût con-
sacrées aux colonies, sujet de ses vives
préoccupations, comme on le verra
plus loin. Mais sa collaboration active
à différents recueils d'économie poli-
tique était le complément naturel de
ses leçons. Il est peu de sujets de con-
troverse qu'il n'ait au moins, touchés
sur ceteriain. Il fut l'adversaire dé-
claré du protectionnisme, des droits
différentiels, du principe de consigna-
tion maritime, des fonds secrets et des
finances arbitraires. Monts-de-Piété,
colonies de bienfaisance, lois des cé-
réales, abus du crédit, papier-mon-
naie, affaires de Java, rien ne resta
étranger à sa critique magistrale et
courageuse. Il regardait comme un
devoir de faire de la propagande et de
combattre à outrance tous les préjugés
économiques. 11 défendait le principe
de la publicité, et il prêchait d'exemple;
il voulait la liberté la plus large, et il
en usait lui-même en se lançant hardi-
ment dans la mêlée politique. Ses Ré-
fiexUms sur la loi des céréales (1855)
firent sensation et irritèrent le gou-
vernement, qui le fît admonester par le
baron Van der Capellen, président des
Curateurs de l'Université d't]trecht(* ).
Le tarif de 1845 servit de réparation
(*) M. Van der Capellen lai transmit, dit-
on, le message à contre-cœar et atténua
•uttnt qu'il pnt lliomiliation qu'il devait in-
fliger au zèle d'un professeur patriote {Vf»
C. Mees et Stecher;.
33
ACR
34
au pensenr libre-échangiste, dont le
crédit s'accrut dès lors de Jour en jour.
Il lutta jusqu*à la fin : nous le voyons
encore reprendre la plume en i857
pour combattre un projet rétrograde
sur la surveillance des métiers. En
4S60, dans la réunion de la Société
(TEcanomie politique de Paris, il pro-
testa éloquemment contre les \ices du
monopole colonial ( * )• Le gouverne-
ment hollandais doit travailler lui-
même , s'écria-t-il , à Témancipation
intellectuelle et politique des Javanais,
tt Cest à rindépendance individuelle,
» et non pas à un servage abrutissant,
n que doit tendre le système de notre
» gouvernement... La transition doit
» avoir lieu par la libre disposition
Il pour rindigène de ses forces et de
» son travail. Plus on avancera dans
» cette voie, plus on obtiendra d*a-
» vantages de la possession de Java.
» Les vices inhérents au monopole
» commercial se font aussi de plus
» en plus sentir. Le commerce rolos-
» sal des produits d*une Ile cent fois
> plus grande que la Hollande, se fait
» d'une manière dispendieuse; les pro-
t fits sont achetés si cher, que la li-
» berté sans désordre augmenterait
n immensément les profits pour la
» nation. »
La loyauté d'Ackersdyck était À la
hauteur de sa généreuse audace. Le
ministre Van Hall, en pleine séance de
la seconde Chambre des Etats-Géné-
raux, Favait traité de pamphlétaire ;
ayant eu l'occasion d'apprécier publi-
quement les actes de cet homme d'Etat,
Ackersdyrk en fit l'éloge sans aucune
arrière pensée. Quand il croyait avoir la
main pleinede vérités, il s'empressait de
rouvrir, quelles que dussent être pour
lui les conséquences de sa franchise ;
en revanche, il se défiait des engoue-
ments éphémères, ne s'inféodait à per-
sonne et n'en voulait systématiquement
à personne. L'élévation de son carac-
tère, non moins que son savoir et son
jugement sûr, donnait à ses avis de la
consistance et du poids ; on savait qu'il
ne se prononçait qu'à bon escient, et
qu'il ne transigeait Jamais avec sa con-
science. Il avait horreur des tartuffes de
ïïUBurs^ qu'il croyait assez nombreux en
Hollande ; il détestait la dévotion inté-
ressée, et s'élevait volontiers contre le
formalisme de certaines sectes protes-
tantes. On en a voulu conclure que ses
convictions libérales ne reposaient sur
aucune base religieuse. C'est une erreur
et une injustice ; il ne croyait au pro-
grès que sous la garde d'une Provi-
dence. Quelques semaines avant sa
mort, il écrivait dans son journal in-
time : « Me voici libre de tout devoir
» officiel ; mais Je sens que ma fin
» approche : j'ai soixante-dix ans.
» Ayant toujours pris mes devoirs au
» sérieux. J'ai préparé ce départ. Je
» regarde en arrière avec mélancolie,
» mais en paix a\ec moi-même : la vie
» m'a servi à faire quelque bien. Le
n crépuscule ne m'inquiète pas : il ne
» ne saurait être long. Et j'en ai la con-
» viction : un jour plus lumineux se
n lèvera aussitôt après la nuit... »
Ackersdyck ne se reposait d'une acti
vite que par une autre. Il ne quittait sa
chaire ou son cabinet que pour aller
prendre la parole dans les Congrès
scientifiques, siéger dans des Commis-
sions administratives ou travailler à
son jardin. En Juin i86i, à peine remis
des fatigues d'une longue discussion
au Congrès agricole de Dordrecht, il
projeta un nouveau voyage : on eut
beaucoup de peine à l'en dissuader ; la
veille de sa mort il travaillait encore.
11 remplit toutes sortes de mandats, et
partout il sut se rendre utile. Il siégea
au Conseil communal d'Utrecht et aux
Etats provinciaux ; il présida en i859
la Commission royale de statistique ; il
fut membre de l'Académie royale des
sciences, et l'un des directeurs de la
( *) Il avait osé écrire il ce propos, dans
le Journal de» EconomisteM (t. XXXVIII) :
« Retirer do pays le plus gros produit pos-
» ftible, sans trop s'embarrasser du sort
> des populations conqnises ; pousser le
» principe de l'exploitation de l' homme jns-
» qa'i ses limites extrêmes, et ne s'arrêter
» que devant la crainte de compromettre
» les intérêts matériels, après lesquels on
» court : telle est la pensée profondément
> empreinte dans les actes du gouverne-
9 ment de Java. >
i
ACK
:«
Société provinciale des arts et des
sciences d'Utrecht; il présida la 5*
section du Congrès agricole, etc , etc.
A Liège, il fonda, avec le concours de
Destriveaux, d'Ernst, de Warnicœnig
(v. ces noms), etc., la Bibliothèque du
jurisconsulte et du puMiciste ; à Utrecht,
avec ses amis MM. P. Broers, W. J.
Van Hoylema, le dr A. S. Rueb , Hora
Giccama et G. W. Yreede (son collègue),
une revue intitulée : Bijdragen toi de
hennis van Nederlandsche en vreemde
koloniën, bijzonder betrekkelijk de vrij-
lating der Slaven, 11 écrivit dans les
périodiques étrangers comme dans ceux
de son pays,non pour le plaisir d'écrire,
mais toujours pour hâter Tavénement
des réformes qu'il avait eo vue. Il a
puissamment aidé au progrès des idées
économiques en Hollande ; le concert
de louanges qui a retenti sur sa tombe
n*est qu'un légitime hommage rendu à
son activité féconde et à son patriotisme
éclairé.
Bibliographie (d'après MM. 0 Van
Rees, U. Capitaine, etc.)
I. Ouvhages publiés séparément
1^ Bedenkingen tegen de Korenwetten,
Utrecht, Van der Monde, 4855.
2« lets over het ontwerp eener zooge-
naamde Giro- of Handelsbank,h\} gele-
genheid der recenticn van het werk van
den heer \V C. Mees : Proeve eener
geschiedenis van het bankwesen in Ne-
derland. Rotterdam, Messchert, 1839.
3» Verhaal eener reize in Rusiand,
gedaan in het jaar 1835. Groningen,
W. Van Boekeren, 48iO, 2 vol.
4' Nederlands Financiën, Nationale
Schuld, Amsterdam, J. Muller, 4S43.
5« Nederlands Finnnciên. Nationale
schuld. Vervolg. Utrechl , Van der
Monde, 18i3.
G** Nederlands muntwezen. Invisse-
ling der oude munten voor papier.
Utrecht, C. Van der Post, 1845
V Over belastingen en bezuiniging.
Utrecht. J. G Broese, 4849.
8« Oper het collegie van Reden en
Generaalmeesters van de Munt. Ibid.,
4850.
9** Mouvement des idées économiques;
progrès des réformes, état de la ques-
tion coloniale en Hollande. Utrecht,
T. de Bruyn, 4861.
Public d'abord à Paris, dans le Journal
des Economistes , t. IXXVIII , p. SOI-
S09.
Il Collaboration a des pl'blications
PÉRIODIQUES
A. Annales Academiœ Leodiensis {yo\ .9,
1825-4826)
40<* Oratio de utilitate quam studia
imprimis historica et politica à peregri-
nalionibus capiunt.
B. Bibliothèque du jurisconsulte et du
publiciste.
44* Notice sur l'enseignement du
droit dans les Universités d'Italie (ar-
ticle signé W. A.^ écrit en collaboration
avec le professeur Warnkœnig.)
c. Vriend des vaderlands.
42o Stukken uit eene reize door het
koningrijk (4828, 4829, 4850; trois
articles).
4 3o Bijdrage tôt de kennis der Mac-
Adamsche wegen (4828).
44o Âankondiging van Jaarboekje
uitgegevefi op last van Z. M. de Koning
(4828).
D. Konst-en Letterbode.
45o IJzeren spoorwegen in Frankrijk
(4854).
46» Johan Martin Honigberger, on-
verschrokken reiziger (4856).
17« Ijzeren spoorwegen in Rusland
(Ibid:).
48® Over het werken van kinderen
in de fabrijken (1859).
\9^ Adam van Duren, Nederlandsch
bouwermeester (1840).
E. Tydschrifl voor geschiedenis, oudhe-
den en statistiek van Utrecht.
20o Spaarbank(4835).
F. De Gids. Boekbeoordulingen,
24 De 4837 à 4845, onze articles
critiques sur des traités d'économie
politique, des récits de voyages, des
institutions diverses (l'école agricole
de Hohenheim, etc., etc).
37
ANS
38
c. Bijdragen toi de Staathuishaudkunde
en de stalistiek.
22» Over hel slelsel van opiage on-
der openbaar loevoorzigt (1857).
H. De Tijdgenoot.
23» De 4842 à i845, seize articles,
savoir : De Slaalscourani. — Koning-
lijk Besluit omirent bet ontsiaan van
een lid der Tweede Kamer van de Sta-
len GeneraaI. — Besluur der flnan-
cién. Bijzondere fondsen. — Port-Na-
tal, — Banken van leening (1842). —
De koloniën van v^eldadigheid. — Ge-
mengde huwelijken. — Hendelsvrij-
heid. — Geheimhouding, halve publi-
citeil. — Korle aanmerking. — Lee-
ning à pari tegen lage rente (4845). —
Financiéel voorstel van den béer van
den Bosch. — Waarborg van gouden
werken. — Muniwezen in de Ne-
derlandscbe Oostindiscbe bezittlngen
(1844), — Munlwezen, etc. (suite). —
Overbevolking (1845).
C'est peut-être par ces articles qu'on peut
le mieux se faire une idée des opinions
d'Ackersdyck.
I. Bydragen lot de Kennis der Neder-
landsche en vreemde koloniën.
24» Berigten aangaande de Neder-
(andscbe koloniën (1844).
25<> Articles de critique (1844 et
1845).
j. Algemeen ktterlievend maandschrifl.
26«» Hongarije (1849).
27» Silezië en de Sudeten (1850).
28« Appréciation de Touvrage de M.
van Heel sur les banques de prêt en
Hollande (1851).
29*> It. de Touvrage da baron Sloet :
Myn verblyf te Kissingen (1857).
K. Nieuwe Bydragen bevordering van
het onderwijs en de opvœding.
50<> Critique des traités d'économie
politii|U6 de Droz, de M"*« Marcel el de
J.-B. Say.
L. TUdschrift voor staathuishaudkunde
en statistiek.
51o Redevoering over Adam Smitb
(t. Il, 1843).
52o Een paar stalen van pseudo-
staathuisboudkunde (t. X, 1854).
33o ïets over de aanwending der
sterfle tafels voor de kennis van den
levensduur (/>.).
54o Berigten uit de Hollandsche
kolonie Pella in Noord-America (t. XI,
1855).
55^ Banken van leening (t XI II ,
1856).
u.Staatkundig en staathuishoudkundig
Jaarboekje.
36« De statistiek (1854).
57» Trois comptes rendus : 1« de
Touvragede Harting sur l'île d'Urk;
2» de Talmanacb officiel de la province
de Gueldre (1854); 3« de FAlmanach
pour les possessions hollandaises des
Indes occidentales el de la côte de
Guinée (1859).
Il existe sur Ackersdyck un assez
grand nombre de notices biographi-
ques. Les principales sonl : celle de
M. J. Garnier, dans le Journal des
Economistes de Paris, août 1851. —
L'article détaillé de M. 0. van Rees
(tils de l'honorable professeur émérite
R. van Rees (v. ce nom), sur les ser-
vices rendus par Ackersdyck à la
science (Almanaçh des Etudiants dCÛ-
trecht, 1862;. — Une étude biogra-
phique par M. >V.-C. Mees (Hande-
lingen van de Maatschapij der Neder-
hndsche letterkunde te Leidcn, 1862>.
— Une notice nécrologique dans TAn-
nuaire de V Académie royale des sciences
(La Haye, 1862). — L'article de M.
Stecher et celui de M. Ul. Capitaine,
cités plus haut. — V. encore la Revue
hollandaise d'économie politique (citée
ci-dessus, iitt. L),t. XXI, et VAlmanach
populaire d'Utrecktj année 1862.
An»lanx ( NiCOLAS - GABRIEL - An-
TO1NE-J0SEPH) , né à CIney le 6 juin
1780, mourut à Liège le 26 décembre
1834.
Il flt ses premières études dans
cette dernière ville, à l'école de la col-
légiale de Saint-Pierre, et montra de
bonne heure les plus heureuses dispo-
39
ANS
40
skions ('). Envoyé ensuite aa collège
municipal (*), il y eut pour condis-
ciples Comhaire et Destriveaux, et Iji
se forma ce triumvirat d*amitié qui
dura quarante ans et que la mort a
seule pu détruire ('). Survinrent des
temps d'épreuves : Ansiaux, père, mé-
decin du prince de Liège, crut devoir
émigrer avec son souverain en 1794, à
rapproche des armées françaises {*);
le jeune humaniste dut le suivre en
Allemagne, avant d'avoir achevé ses
classes. Nos exilés vécurent tour à
tour à Dusseldorf, à Paderborn et à
Munster ; Nicolas-Gabriel eut ainsi Toc-
casion de se familiariser avec 1» langue
allemande. De retour à Liège en 4795,
il aborda immédiatement Tétude de
Tanatomie, sous la direction d'un mé-
decin français , qui enseignait cette
science à Thôpilal établi dans les lo-
caux de l'ancienne abbaye du Val-des-
Ecoliers. Il suivit en même temps la pra-
tique médicale de son père,et la pratique
chirurgicale et obstétricale de Ramoox
(^; enfln , sur le conseil de ses maîtres,
il prit le titre de chirurgien : l'exer-
cice de la profession était libre alors.
Il avait 48 ans, le goût du travail et la
conscience de l'insuffisance de ses pre-
mières études (*). Avant tout, il voulut
se rendre maître des langues anciennes:
le digne Charmant ( M fut son maitre et
bientôt son ami pour la vie. Quand il
se crut bien préparé, il partit pour
Paris, d'où il ne revint qu'en 4801.
Non seulement il y suivit les cours
de l'Ecole de médecine , où Fourcroy
avait pris soin de réunir tant d'hommes
célèbres; mais il s'y fit remarquer
par divers travaux scientifiques. La
loi du 19 ventôse an XI (1805) ayant
rétabli les grades académiques, il ré-
solut de se mettre en règle, se rendit
de nouveau à Paris , y subit de la ma-
nière la plus distinguée les épreuves
du doctorat en chirurgie, et eut la sa-
tisfaction de voir sa thèse remarquée
( M II est permis de rappeler en passant
qu'on remarqua dès lors chez lui une grande
aptitude pour la musique ; il cultiva toute sa
vie cet art aimable, et y fit preuve d'un talent
réel. Doué d'une très-belle voix, il ne négli-
gea point ce don inné. Plus tard, à Paris,
il reçut des leçons de violoncelle d'Adrien,
premier violoncelle de l'Opéra. A partir de
4809, il s'occupa longtemps, avec une intel-
ligence musicale peu ordinaire, de l'organi-
sation des concerts de la Société d'Emulation.
Les jeunes artistes de mérite étaient fiers
de trouver en lui un zélé protecteur ; c'est
ainsi qu'il fut un des premiers à encourager
Massart, et que le violoniste Prume, dont la
réputation devint européenne, fut pour ainsi
dire lancé par lui dans la carrière.
( * ) Fondé par le prince-évêque Veibruck
pour remplacer l'établissement des Jésuites,
après la suppression de ce corps. Le grand
collège occupait les bâtiments où l'Université
fut installée en 4817.
i') Notice sur N. G. A. J. Ansiaux, par le
docteur £(31)618. Liège, i84î, in-8^ p. 5.
Nous avons mis largement i profit celte in-
téressante biographie.
*) Nicolas-Antoine-Joseph Ansiaux avait
vu le jour à Ciney en 4768; il mourut à
Liège en avril 4836. Après avoir fait d'excel-
lentes études à l'Université de Louvain, il y
fut appelé aux fonctions de répétiteur ; mais
il y renonça bientôt pour aller pratiquer son
art dans sa ville natale. Sa réputation lui
valut le titre de médecin du prince (1784) ;
il s'établit alors à Liège, où il ne tarda pas k
passer pour une des illustrations médicales
du pays. On lui doit un mémoire Sur V in-
fluence des doctrines médicale* dans la pra-
tique (Esprit des journaux^ t. X et XI), et
une traduction en vers français des Apho-
rismes dHipvocrate (Ibid , 4791). 11 fut
longtemps médecin en chef des hospices
civils de Liège et président du premier
Comité de vaccine qui y fut institué ; il pré-
sida la Société libre des sciences physiques
et médicales de Liège et fit partie de plusieurs
autres compagnies savantes (Habets, p. 4 ;
Dewalque, Biographie nationale^ tom. I,
col. 339).
(") L'on des fondateurs de la Société ma-
ternelle de Liège» prédécesseur de Simon
(V. ce nom) à l'hospice de la Maternité.
(*) Il avait été frappé, à l'hôpital de Ba-
vière, de l'ignorance et de l'inexpérience des
chirurgiens de Liège. Pendant quatre jours
consécutifs, tous les chirurgiens de la ville,
réunis autour d'un blessé, avaient reconnu que
l'amputation de la cuisse était indispensable,
et cependant ils ne s'étaient décidés à la
pratiquer que le quatrième jour. Ils ne
purent l'achever; ils laissèrent le malade
périr d'héraorrhagie. En présence de ce fait,
la résolution d'Ansi&ux fut bientôt prise.
( ^ ) Plus tard principal du collège de Liège.
41
ANS
42
des savants et obtenir bientôt les hon-
neurs d'une seconde édition. En re-
vanche, sa supériorité lui attira des
tracasseries lorsqu'il fut déflnitivement
rentré dans sa ville natale. A cette
époque , dans beaucoup de pays de
TEurope.les chirurgiens étaient encore
assimilés aux barbiers. En Belgique,
où la science anatomique avait jeté un
si vif éclat au 1VI« siècle , Tart chi-
rurgical était néanmoins resté ou re-
tombé dans Tenfance, par Feffet des
troubles politiques : quelques prati-
ciens flamands, Thomas Fyens, Henri
de Heers , Jean Palfyn avaient légué
leurs noms à Thistoire ; mais aucun
astre nouveau ne se montrait à l'hori-
zon. A rUniversité de Louvain, la plu-
part des professeurs étaient ecclésias-
tiques et, à ce titre, obligés de se
soumettre aux prescriptions du Concile
de Trente ; à Liège, point d'enseigne-
ment régulier de la chirurgie ; enfin, il
était interdit aux médecins de manier
le scalpel. Dans les derniers temps, il
est vrai, on avait vu quelques Liégeois
se rendre à Montpellier et eu revenir
relativement instruits et habiles ; mais
la plupart des opérateurs s'étaient con-
tentés de suivre pendant six ans la
pratique d'un maître, et de subir en-
suite des examens devant le collège
des médecins, chirurgiens et apothi-
caires de Liège, examens qui se bor-
naient à l'anatomie et à la clinique des
humeurs, plaies, fractures et luxations.
Aussi se bornaient-ils à panser des
vésicatoires, des brûlures et d'autres
lésions légères : les plus graves étaient
abandonnées â elles-mêmes. Ils prati-
quaient la saignée, le cautère, le se-
lon ; ils ouvraient des abcès, mais rien
de plus. Les examens avaient fini par
devenir illusoires; la loi même s'était
faite complice d'un népotisme scanda-
leux. Le désordre et l'anarchie qui si-
gnalèrent les premières années de notre
réunion à la France ; Tabsence abso-
lue de contrôle, à la suite du décret de
TAssemblée législative (18 août 1792)
qui avait supprimé les Universités, les
Facultés et les corporations savantes;
les émigrations même, tout concourut
à rendre plus profonde la décadence
de l'art ( * ). Ansiaux eut à soutenir des
luttes sérieuses contre ses confrères,
qui le trouvaient bien osé d'assumer la
responsabilité d'opérations importantes
et tout-à-fait étrangères à leur pra-
tique habituelle. Loin de se laisser
intimider, il compta sur son talent
pour les réduire eux-mêmes au silence.
Il reçut chez lui un enfant pauvre, de
Yerviers, âgé de trois ans et atteint
d*un calcul vésical ; il l'opéra, réussit
entièrement, et dès lors les objections
tombèrent. Ce n'était pas assez; il
s'agissait de travailler d'une manière
efiicace et dui*ableà la réhabilitation de
l'art. Ansinux s'entendit donc avec son
ancien condisciple Comhaire (v.ce nom)
pour fonder à Liège une école de chi-
rurgie. Ce projet, conçu dès i804, re-
çut son exécution deux ans après; les
magistrats municipaux finirent par se
rendre aux raisons d'Ansiaux, lui ac-
cordèrent, pour lui et pour Comhaire,
la jouissance d'un local (*), et autori-
sèrent les deux professeurs à enseigner
publiquement et gratuitement l'anato-
mie et la physiologie. Pr^esque en
même temps,Ansiaux reçut de la Com-
mission des hospices le titre de chi-
rurgien en chef de l'hôpital de Bavière.
C'était pour lui une double bonne for-
tune. Il s'occupa sans retard d'amélio-
rer le service intérieur. « Avant son
arrivée, les blessés et les malades in-
ternes étaient réunis dans les deux
salles qui depuis n'ont plus servi qu'à
la médecine. Les deux salles de chi-
rurgie étaient occupées par les incu-
rables, ramassis de paresseux et de
vauriens, qui venaient se faire loger et
héberger à l'hôpital. Ansiaux, ayant
exposé ces abus au préfet Micoud,
homme d'une grande intelligence et
excellent administrateur, vit bientôt
ses plans adoptés. Les deux services
furent séparés, et les médecins firent
des visites journalières au lieu d'alter-
ner avec les chirurgiens. Il y eut à
l'hôpital un chef interne, afin que les
malades ne fussent jamais sans se-
{ *) HabeU, p. iO. — £f. Broeckx, Estai
sur f histoire de la médecine belge.
(') La ci-devant chapelle de Saint-Clé-
rotnt, place S^-Pierre,
43
ANS
44
cours et que les blessés reçussent en
tout temps les soins les plus urgents,
en attendant la visite des chefs de ser-
vice. Le régime des malades fut aussi
plus rigoureusement prescrit, et le
cahier de visite, pour la prescription
des médicaments et des aliments, est
une amélioration trop grande pour être
passée sous silence » i * ). Ansiaux ou-
vrit en outre à l'hôpital un cours de
clinique chirurgicjile, complément in-
dispensable de renseignement théo-
rique donné à TEcole de Saint-Clé-
ment.Là,ses efforts etceux de Comhaire
furent bientôt généralement appréciés.
L*Et'ole prospéra au-delà de toute at-
tente. La municipalité, pour la pro-
téger ostensiblement, accorda des prix
aux élèves les plus distingués. La va-
leur de ces récompenses était rehaus-
sée par Tappareil brillant qui en aiv
compagnait la distribution : cette so-
lennité coïncidait avec TÂsseroblée
générale (alors annuelle) de la Société
d*Emulation; les vainqueurs étaient
complimentés en présence de toutes
les autorités départementales et de
rélite de la population liégeoise. L'E-
cole de chirurgie de Liège fournit au
pays un grand nombre de praticiens
capables, et des chirurgiens militaires
à 1 armée française et à Tarmée prus-
sienne. Notons que deux années d*é-
tudes à Liège équivalaient à une année
d'études dans les Facultés de TEmpire.
On doit considérer TEcole de Saint-
Clément comme le véritable berceau de
la Faculté de médecine de l'Université
de Liège, dont D. Sauveur, Ansiaux et
Comhaire furent les premiers, et en
4817 les seuls professeurs. Ansiaux
eut mission d'y enseigner la pathologie
chirurgicale, la clinique externe, et.
plus tard, la médecine légale (v. ci-
après). Tous ses anciens élèves, écri-
vait en 1843 le docteur Habets, se
souviennent de lui avec gloire et recon-
naissance. « Professeur aussi distingué
(*) Habets, p. iâ.
(*) Le souvenir du dévouement des deux
Goffln est resté vivant à Liège. On sait que
Millevoye composa un poème à cette occasion.
C) De son mariage avec W^ Lafopiaine
(i801), Ansiaux eut deux fils : Nicolas-
qu'hablle opérateur, il possédait l'art
heureux de captiver complètement son
auditoire. Clair, préds sans sécheresse,
il disait tout ce qu'il fallait, en y adap-
tant toujours l'expression la plus heu-
reuse. Ami de ses élèves, il les dirigeait
par ses conseils et les soutenait par
son influence. Avec eux, comme dans
le commerce habituel de la vie, il agis-
sait et parlait avec cette bonhomie iusi-
nuante, cette simplicité affectueuse, par-
tage trop rare des esprits supérieurs. »
Lors du terrible acx:ident qui arriva
en février 1812 à la houillère de Beau-
ionc (*), Ansiaux fut appelé pour porter
secours aux malheureux ouvriers qu'on
retirait du gouffre. 11 se trouvait au
quartier S'-Léonard, d'où il dut faire
une course précipitée jusqu'à l'endroit
où l'attendait une voiture. Il arriva
sur le lieu du sinistre encore en pleine
transpiration, resta pendant toute la
journée exposé à rair,donnant ses soins
aux malheureux blessés étendus dans
une prairie,et rentra chezluiaccablé d'un
rhumatisme qui le fit souffrir pendant
longues années, sans abattre son énergie
ni ralentir son activité. Huit ans avant
sa mort, il fut eu outre atteint d'une
affection de Toie, qu'il jugea d'abord
sans gravité. 11 s'en ouvrit cependant à
son fils aine ('), lorsque celui-ci eut
subi ses examens de docteur ; mais dès
lors le mal était devenu incurable. La
mort d'Ansiaux fut un deuil pour la
ville entière : on perdait en lui non
seulement un savant et un professeur
d'élite, mais un homme de cœur, un
bienfaiteur de l'humanité, un ami éclairé
des arts et des artistes; à tous égards,
enfin, une gloire de la cité. Ses con-
frères et ses amis firent frapper une
médaille en bronze à son effigie (*).
Sur la proposition de Destriveaux, le
25 janvier 1855, la Société d'Emulation
décida, à l^unanimité, que le nom d'An-
siaux serait inscrit dans sa grande
salle, à côté de ceux des hommes
Joseph- Victor, professeur de médecine à
l'Université de Liège (v. sa notice), et Emile-
Louis, avocat, écfaevln et bourgmestre de
Liège, aujourd'hui retiré de la vie pubUque.
(*) Elle est due au burin de M. L. Jehottc
père, excellent graveur, le même qui publia
aussi les portraits des Goffln.
43
ANS
iO
illnstres du pays. Ansiaux n'avait con-
senti à interrompre ses cours qu^au
mois d'octobre 1834 ; son fils aine et
Yottem furent ses suppléants. En 1821-
1822, il avait revêtu l'hermine rectorale.
Fondateur (et secrétaire) de la Société
libre des sciences physiques et médi-
cales de Liège ( * ) , il était en outre
affilié à un grand nombre de Sociétés
savantes et possédait divers titres ho-
norifiques. Un mémoire sur le traite-
ment de la gonorrhéc syphilitique par
le copahu lui valut le titre d'associé
correspondant de l'Athénée de médecine
de Paris, le 18 janvier 4815; depuis le
15 messidor an XI, il était déjà membre
correspondant de la Société de méde-
cine, chirurgie et pharmacie de Tou-
louse, et depuis le 28 mai 1808, de la
Société des sciences physiques et natu-
relles de Paris ; le 51 décembre 1813,
il reçut du ministre de l'intérieur une
médaille en argent, pour le zèle qu'il
avait misa propager la vaccine en 181 1 ;
le 40 décembre 1816, il fut nommé
membre de la Société de minéralogie
d'iéna ; le 6 octobre 1818, membre
honoraire des sciences physiques et
chimiques de Groningue ; le à décembre
1819, l'Université de Wurzbourg lui
donna une marque particulière de défé-
rence en lui décernant un diplôme
d'honneur de docteur en médecine ; le
26 juin 1821 , il reçut le titre de membre
correspondant de la Société de médecine
de Louvain ; le 17 décembre suivant,
il entra en la même qualité dans la
Société Linnéenne de Paris ; le 8 jan-
vier 1828, dans la Société des sciences
naturelles et médicales de Bruxelles, et
le 29 octobre 1829, dans la Société de
médecine de la même ville ; Il fit égale-
ment partie de la Société de médecine
d*Amsterdam, de la Société d'Emulation
de Liége,etc.— Il exerça, en cette der-
nière ville, les fonctions d'inspecteur
de la salubrité publique ; il siégea
dans la Commission médicale provin-
ciale, etc. ; enfin, il contribua, par son
influence, à rétablissement d'un Conser-
vatoire de musique à Liège, et, comme
membre de la Commission de surveil-
lance, à la prospérité de cet établis-
sement.
BIBLIOGRAPHIE.
1« Réfleaions sur la rupture du
plantaire grêle (Journal de médecine de
Corvisart, t. Il, an IX).
L'auteur démontre que cette rupture n'ex-
iste pas et qu'eUe n'est autre chose que le
déchirement de quelques fibres des jumeaux
ou du soléaire, opinion généralement adoptée
aujourd'hui. En 18S7, Ansiaux réclama la
priorité de celte découverte, que deux chi-
rurgiens de Paris s'étaient attribuée.
2*> Dissertation sur ropération césa-
rienne et la section de la symphyse des
pubis (Thèses de Paris, an Xll, n« il9).
Celte f A45f , ainsi que nous Tavons dit plus
haut, a eu deux éditions. L'auteur y précise
les indications des deux opérations et les
cas où la première seule est applicable. Le
travail d'Ansiaux est cité dans la plupart
des traités d'accouchements. Il le considérait
lui-même < comme les premières pages de
son journal de clinique. >
3« Mémoire sur Vinftammation du
canal nasal, présenté, en 1804, à la
Société de médecine, etc., de Toulouse.
En 1816, Ansiaux reprit ce sujet et pro-
posa, pour la fistule lacrymale, un procédé
opératoire qu'il avait déjà employé en 4806.
< Cette méthode, dit ie docteur Habets,
difi'êre peu, quant au mode opératoire, de
celle que Dupuytren adopta plus tard ; la
seule différence consistait en ce que ce chi-
rurgien célèbre, après avoir opéré, ne s'occu-
pait plus du malade, tandis qu'Ansiaux,
appréciant tous les avantages d'un traitement
suivi, soignait les parties lésées, pour obte-
nir une cure radicale. La priorité de l'inven-
tion appartient donc à notre compatriote,
aussi bien que les améliorations citées, bien
que M. Blandin les ait données comme
siennes dans un m<1moire publié en 1828. Ce
plagiat a été l'objet d'une réclamation de la
part d'Ansiaux, dans la 2« édition de sa
clinique. »
V Deux mémoires présentés à l'A-
thénée de médecine de Paris sur rem-
ploi de la potion balsamique à fortes
doses dans les premiers temps de la
blennorhagie (Bibliothèque médicale,
t. XXXIX, 1812).
On lit dans le rapport du docteur Fiseau :
« Le médicament dont il s'agit n'est pas
nouveau, et tous les praticiens en connaissent
depuis longtemps les propriétés ; mais on
n'avait pas osé jusqu'ici l'employer dans les
(*) Cette Société tint sa première séance le 6 juillet 1807.{V. ci-après, Bibl. , n» 12.
47
ANS
48
bleoDorhagies aiguës, el dès le cominence-
ment, il a fallu qu'un heureux hasard ait
fourni à M. Ansiaux l'occasion de s'assurer
qu'on pourrait le faire sans inconvénient, et
qu'il est aussi efficace au début qu'à la fln
des gonorrhées. Cette nouvelle méthode de
traitement nous paraît préférable à celles
qu'on emploie communément, etc. > Le rap-
porteur déclare ensuite avoir employé le
copahu d'après les indications d'Ansiaux et
avec le même bonheur que lui. Le docteur
CuUerier (oncle) en fit aussi l'éloge. V. le
Traité de thérapeutique de Trousseau el
Pidoux.
5*^ Nouvelle méthode pour traiter la
syphilis au moyen du deutoxide de mer-
cure en frictions (1818).
Ce traitement fut adopté parles praticiens
à partir de i8i6, à la suite de comptes
rendus des succès obtenus par Ansiaux.
6** Nouvelle méthode de traitement
pour la tumeiir de la fistule lacrymale
(V. le n» 3).
Lorsque le fils aîné d'Ansiaux, Nicolas-
Joseph-Victor (V. sa notice) eut obtenu, à
Liège, le diplôme de docteur en méde-
cine, etc., après avoir soutenu une thèse Sur
la fistule lacrymale j il se rendit à Paris pour
y acquérir des connaissances plus vastes.
Désirant obtenir une carte d'entrée pour
rH6tel-Dieu, il présenta son diplôme à Du-
puytren. Le célèbre professeur de Paris lui
demanda à trois reprises son nom, son lieu
de naissance indiqués dans le diplôme, et
exigea sa dissertation, dont le titre était
aussi transcrit dans ce document. Dupuytren
était probablement curieux de savoir de
quelle manière M. Ansiaux fils avait traité
un sujet dont Ansiaux père s'était aussi
occupé Mpécialement (Becdelièvre , Biogr,
liégeoise^ t. H, p. 554).
7» Cliniquechirurgicale.L\é^e,iS\^,
in-8°. — Deuxième édition, i829,in-8«,
— Il existe de cet ouvrage une traduc-
tion allemande.
Ouvrage remarquable, écrit avec une con-
cision et une élégance rares ; l'auteur exprime
sa pensée avec la simplicité et la précision
qu'il mettait dans ses leçons. Partout il
raconte avec une bonne foi parfaite ; partout
on reconnaît le praticien consommé à ce coup
d'œil sûr, à ce tact si rare qui constituent
seuls le vrai chirurgien. — La pensée d'An-
siaux 86 trouve toute entière dans la phrase
suivante : « Je me suis abstenu d'y joindre
» aucune réflexion qui ne dérivât pas néces-
» sairement du sujet , convaincu que le
» temps renverse les hypothèses les plus
» brillantes et qu'un seul fait suffit pour
» détruire les combinaisons les plus subtiles
> de l'imagination. Les systèmes s'écroulent;
> la nature reste constamment la même »
(Habets, p. 47). — La clinique chirurgicale
d'Ansiaux renferme, outre les mémoires
cités plus haut, plusieurs rapports judiciaires
trj»s-bien faits. LJauteur fiit aussi chargé, en
diverses circonstances, de réviser les rap-
ports adressés aux tribunaux par d'autres
médecins.
8* De chirurgiœ studio ejusquedigni-
tate et gravitate (Ann. Âcad.Leod. vol. I«
in 4«).
Discours inaugural prononcé à l'Univer-
sité de Liège, le 4 novembre 4817.
9» Systema chirurgiœ hodiemœ Uen-
rici CalliseUf editio quinta innumeris
correcta mendis notisque aucta. Liège,
1824, in-8o, 1. 1.
Les occupations d'Ansiaux ne lui ont pas
permis de publier le second volume de cet
excellent ouvrage.
10° Questionde médecine légale.Précis
des mémoires du docteur Pfeffer^ écrits
pour la défense de deux itidividus accusés
d'avoir commis un homicide volontaire
par étranglement et suspension; suivi
d'un plan de cours de médecine légale,
par P. /. Destriveaux el N, Anmux,
Liège, Haleng, 1821, ia-8^
Au siècle dernier, dans le système pénal
en vigueur à Liège, le suicide était puni par
la loi. « La peine s'exerçait sur le cadavre,
» et frappait la mémoire. Si le suicide avait
» eu lieu dans une habitation, le cadavre
> était entraîné par un trou fait sous la
» porte; on le suspendait ensuite à une
» fourche ; il restait privé de la sépulture
» religieuse. L'aliénation mentale pouvait
> servir d'excuse ; mais elle n'était jamais
» présumée. » Vers le mois de mars 4766,
il arriva que la femme de l'ouvrier Debor,
rentrant au logis vers 44 heures du matin,
trouva son mari, qu'elle avait laissé au lit
soufflrant d'un rhumatisme, suspendu sans
vie à une port« de la pièce où il couchait.
Ses clameurs attirèrent quelques voisins ;
l'idée d'un suicide frappa les esprits ; mais
on résolut de jeter un voile sur la nature
de cette mort, à laquelle, comme nous l'a-
vons dit, était attachée l'infamie de l'opinion
et de la loi. Le hasard amena le docteur
Pfeffer sur le lieu ou se passait cette scène
de désolation : il examina le cadavre et ac-
quit la conviction que Debor s'était donné la
mort. La femme était en présence d'une
i9
ANS
80
terrible alteroative : ou laisser entacher
de dëshonoeur le Dom du chef de la fa-
mille, et par suite la famille (car les vieux
pr<!jugés régnaient dans toute leur force),
ou s'exposer elle-même, en cherchant à éloi-
gner les indices de la vraie catastrophe. Un
instant elle eut la pensée d'invoquer l'état
mental de son mari, qui a\'ait eu, disait-
elle, <^e mauvaiseê folies; mM le docteur
lui ayant fait observer qu'il ne pouvait té-
moigner en ce sens, elle se décida pour le
dernier parti. Ses tergiversations, ses réti-
cences la compromirent aux yeux des ma-
gistrats ; elle fut arrêtée avec son gendre,
le iS avril , et deux fois on lui fit subir les
horreurs de la torture ! Le docteur Pfeffer
fit d'inutiles efforts pour être entendu comme
expert ou comme témoin : de guerre lasse,
il résolut de s'adresser au chef de l'Etat,
pour le prier d'ordonner aux juges de sus-
pendre leur décision jusqu'à ce qu'il eût eu
le temps de rédiger un mémoire justificatif ;
il est à craindre, dit-il dans cette première
lettre, qu'on ne voie retivre parmi nous
thittoire de Calas, Lo mémoire fut bientôt
achevé : il solUcita vainement l'autorisation
de le communiquer au public : en ce temps-
là, tout* était secret dans la procédure. Le
tribunal, d'autre part , ne parut pas con-
vaincu : Pfeffer supplia le Prince de per-
mettre que son mémoire fût soumis k l'exa-
men des docteurs de quelques Universités.
Bientôt il en rédigea un second : que les
juges me fassent comparaître, y disait-il :
je m'engage à lever tous leurs doutes l II en
âait k sa troisième supplique lorsque le
gendre fut élargi, le 96 juin 4767. L'affaire
entrait dans une phrase nouvelle : Pfeffer
se sentit animé d'un nouveau courage. Il
était sans fortune, il sacrifiait son avenir;
que lui importait? Sa conviction était iné-
branlable ; son témoignage, appuyé sur des
raisons scientifiques péremptoires, devait
infailliblement, s'il était écoulé, empêcher
Teffusion du sang innocent. Il mit de la vé-
hémence dans ses réclamations; mais pou>
vait-il rester calme ? 11 eut le tort de faire
intervenir trop directement le Prince dans
un débat qu'il appartenait aux juges seuls de
résoudre : mais qu'on veuille remarquer,
encore une fois, que la procédure était se-
crète. Il triompha enfin, après une lutte
opiniâtre de vingt mois : la femme Mathieu
Debor fut acquittée le i6 janvier 4768.
Cependant l'éclat de cette cause et les intérêts
qui s'y trouvèrent compromis rendirent le
séjour de Liège pénible au généreux défen-
seur; il trouva un asile à Louvain chez le
professeur Jacquelart, dont il n'avait pas en
vain consulté les lumières (*). — En pu-
bliant les détails de cette lamentable his-
toire, en saisissant surtout l'occasion d'y
rattacher des observations du plus haut in-
térêt, au point de vue de la procédure crimi-
nelle en général, et spécialement de l'utilité
de la médecine légale. Ans taux et Destri-
veaux s'acquirent de nouveaux titres k la
reconnaissance publique. « C'est par une
» foule de faits de même nature, écrivaient-
> ils, que la jurisprudence et la médecine
» ont été conduites à réunir leura lumières
» pour éclairer la justice. » Leur publication
contribua puissamment k fixer l'attention
sur les erreurs dont les médecins peuvent
préserver les juges ; :goutons qu'ils crurent
devoir y ajouter, comme appendice, le plan
du cours de médecine légale dont ils étaient
chargés k l'Univereité.en conformité des art.
45 et 37 du règlement de 4846. Ce pro-
gramme n'a plus qu'une valeur historique ;
mais on doit savoir gré k ses auteura de
leur zèle à recommander un enseignement
dont l'existence est à elle seule un bienfait,
et de la modestie avec laquelle ils provo-
quèrent, en soumettant leurs idées au public,
les critiques et les conseils des hommes
compétents ( * ).
i\^ Oraiio de medkinœ forensis his-
toria ejttsque dignittUe (Ann. Acad.
Léod. 4821-4X22 vol. V).
Discours prononcé à l'occasion de la remise
du rectorat. — A la demande de plusieurs
docteurs et de beaucoup d'élèves, Ansiaux
relut cet essai historique, en français, k
l'ouverture de son cours de médecine légale,
en 48S4. Il y fit, à cette occasion, des chan-
gements et des additions assez considérables
( M II mourut chez Jacquelart quatre ans
après, le S7 septembre 4779, à la suite
d'une méprise qui lui fit administrer de l'ar-
senic au lieu d'un purgatif. Simon-lavier
Pfeffer, oé à Hoy le 8 février 4739, éUit
licencié de TUoiveraité de Louvain ; il se
fixa k Liège, oh il se dévoua particulière-
ment à la classe indigente, et ce fut ce qui
le conduisit à prendre la défense de la femme
Debor. Par une différence singulière do des
tiflées, celle-ci mourut octogénaire ; elle a
vécu k Liège «jusqu'en 4844 , estropiée
> des épaules et des doigts par l'effet des
» tortures, incapable d'aucun travail , et
• devant une grande partie de son existence
» à la considération publique. »
( * ) Klève de Mahon, Ansiaux avait pris
goût, comme on voit, aux leçons de son
maître. Il rassembla plus tard les éléments
d'un traité complet de médecine légale;
mais sa mauvaise santé ne lui permit pas de
réaliser son projet.
81
BAR
o2
(IHicours sur la médecine légale, Liège,
Haleng, 4894, in-S).
120 Rapports et articles divers dans
les Annales de la Société des sciences
physiques et médicales At Liège, et dans
les Procès-verbaux de la Société d'E-
mulation , . dont la première de ces
associations devint un comité.
lluron (AuGUSTE-ÂLEXIS-FlORÉAl)
naquit à Paris le i mai 1794, fut natu-
ralisé belge le 25 mai 1858 et mourut
à Anset-GIain, lez-Liége, le 24 mars
18G2 (*). Son père, rece\eur des contri-
butions de l'un des arrondissements de
la grande ville, lui fit donner une édu-
cation solide. Les heureuses disposi-
tions du jeune Auguste ne tardèrent
pas à se révéler et furent habilement
cultivées par ses maîtres du Lycée
Napoléon ; il se sentit dès lors irré-
sistiblement poussé vers ces grandes
études de l'antiquité qui furent la
passion de toute sa vie (M. Il quitta le
Lycée pour l'Ecole normale à l'âge de
seize ans ; en 1814, il eut l'honneur
d*être nommé répétiteur de grec o dans
ce séminaire laïque qui a produit tant
d'illustrations. » 11 était âpre au travail,
attaché à ses devoirs, et la vivacité de
son esprit ne l'empêchait ni d'être en
tout méthodique, ni de s'attacher avec
une rare ténacité aux recherches de
pure érudition. De cette époque datent
ses premiers essais en philologie,
entrepris pour la collection Lemaire.
Pendant le séjour de Napoléon à l'île
d'Elbe, il déposa un instant la plume
pour servir dans les volontaires royaux.
Pas plus qu'Horace, il n'était né soldat;
il en convenait lui-même ; la croix du
Lys ne lui en fut pas moins décernée le
20 mai 1816, à titre de récompense de
son dévouement à la bonne cause, L'E-
cole normale le perdit en 1818; il
s'engagea vers cette époque dans une
entreprise de librairie qui ne réussit
pas, puis alla se fixer à Londres, où il
acquit une connaissance approfondie
de la langue et de la littérature an-
glaises. C'est de là qu il fut appelé à
Bruxelles, en 1812, comme directeur
principal de la Gazette officielle ('). Ce
début dans le journalisme, dit M. Sle-
cher, ne lui fit rien perdre de sa ferveur
pour des travaux plus spécialement
littéraires. Le culte de la forme avait
été trop longtemps négligé en Belgique;
les qualités sérieuses des Belges man-
quaient de relief et d'expression ; ons'en
apercevait surtout depuis le rétablisse-
ment de l'Académie royale de Bruxelles
et la création des Universités de Gand,
de Liège et de Louvain. La jeunesse
des écoles était avide d'instruction,
mais elle sentait aussi que son intérêt
le plus pressant était d'apprendre à
s'exprimer dans un langage correct,
élégant et facile. A Bruxelles, on avait
sous les yeux l'exemple de nombreux
Français d'un talent distingué, rejetés
( * ) Pour éviter toute confusion, dit M. l).
Capitaine , qui nous a fourni pour cette
notice de nombreux renseignerocnls, nous
croyons utile de rappeler ici qu'il existe
plusieurs écrivains portant les mômes nom
et prénom, notamment: Àugmte Baron^ li-
braire à Lyon, auteur d'une Histoire de Lyon
pendant les journées de septembre 1831 ;
— Ang. Baron auteur deV Album du Jardin
des plantes de Paris, édile en 1837 ; —
l'abbé Aug. Baron ^ aumônier de l'hôpital
militaire du Gros-Caillou, auteur de Uvres
moraux à l'usage des soldats ; — enfin Aug.
Baron , écrivain dramatique , auteur d'un
vaudeville intitulé : Le chevalier Coquet
(1853). — yécrologe liégeois pour 1862,
p. 18, note,
( ' ) Nous paisons ces détails et d'autres
qui vont suivre dans le discours prononces
aux funérailles de Baron par son collègue et
successeur M. J. Stecher {Annales des Uni-
versités de Belgique^ 2« série, t. II, annexe).
M. Eug. Van Ûemmel a reproduit cette page
dans la Revue trimestrielle (t. XXXVIIÏ,
avril 1863 , en y ajoutant diverses particu-
larités peu connues, que nous avons égale*
ment mises à profil.
') Ce journal, créé par arrêté royal du
2 juin 1815, a cessé de paraître le 17 sep>
tembre 1830, après avoir successivement
porté les titres de : Gazette générale des
Pays-Bas (1845-1818), Journal général des
Pays-Bas {i%i%'i%^0),Joumal de Bruxelles
(1820-1897) ai Gazette des Pays-Bas (1857-
1830). 11 paraît que Baron n'y a jamais publié
que des articles de critique littéraire (note
de M. U. Capitaine).
53
BAR
54
de leur patrie à la saite des révolutions.
Baron entretenait avec eux des rela-
tions suivies ; bientôt il comprit qu'ar-
rivant en Belgique avec Tintention de
s'y fixer, il avait, plus que tout autre
étranger, à prendre position comme
homme de lettres, et qu'il se trouvait
dans les meilleures conditions pour
rendre un service efficace à son pays
adopiif, en acquérant de Tascendant
sur une génération qui ne demandait
qu'ft être stimulée. L'occasion ne tarda
pas à s'offrir. La ville de Bruxelles
avait été dépossédée, en 4817, de ses
établissements d instruction supérieure,
consistant dans une Faculté des lettres,
une Faculté des sciences et une Fa-
culté de droit. Elle fut dédommagée de
cette perte au mois de janvier 1827,
par rinstitution de cours gratuits de
sciences et de belles-lettres au Mu-
sée (' )• L'enseignement de la littérature
échut à Baron, qui fut chargé, le 3
mars, de prononcer le discours d'ou-
verture. (( La science est un sûr instru-
ment d'amélioration sociale » ; telle fut
la Ibèse choisie par l'orateur. Il sut la
développer dans un style agréable et
limpide, dont la vigueur un peu conte-
nue produisit un grand effet et contri-
bua beaucoup à populariser la nouvelle
institution. De 1827 k 1852, Baron
parcourut, devant un public légitime-
ment enthousiaste, le vaste domaine de
la littérature comparée. « On peut dire,
sans crainte d'exagération (ainsi s'ex-
prime M. Stecber), que cet enseigne-
ment, tout nouveau dans notre pays, a
eu une grande influence. 11 était salu-
taire de montrer, par les plus beaux
exemples empruntés aux littératures
les plus diverses, Tintime solidarité du
bon sens, du bon goût et du bon droit.
Baron avait enfin trouvé sa sphère, et
et on le voyait à la verve qu'il déployait
dans cet enseignement civilisateur. Il
aimait, comme M"*« de Staël, à rappeler
la mission libératrice des lettres, et
avec sa riche mémoire et sa grande
lecture, il ne lui était pas difficile, de
trouver des preuves qui achevaient la
conviction de l'auditoire. — On assure
pourtant que, malgré l'importance du
fond, c'était surtout la forme qui capti-
vait les esprits. Avec un scrupule tout
à fait classique, avec un soin jaloux de
la justesse des nuances, l'éloquent pro-
fesseur rédigeait et corrigeait patiem-
ment les moindres détails de sa leçon.
C'était donc par des lectures plutôt que
par des improvisations qu'il arrivait si
souvent et si profondément jusqu'à
l'âme de ses auditeurs. Il y mettait,
au reste, tant d'art et tout ensemble
tant de naturel, qu'il faisait aisément
illusion. »
On peut dire que ces années furent
les plus belles et les mieux remplies de
la vie de Baron; il y reportait volontiers
sa pensée, et ses amis d'alors gardèrent
toujours la première place dans son
cœur("). Les ouvrages qui ont con-
sacré sa réputation ne virent le jour
que plus tard ; mais c'est au Musée
qu'il apprit et qu'on apprit à connaître
la mesure de ses forces ; r.*est là que
son talent s'épanouit : il n'eut plus,
ensiuite, qu'à rester digne de lui-même.
Il avait abandonné la direction de la
Gazette officielle au commencement de
( * ) Ces cours, fondés en application de
l'art. 3 da règlement universitaire du 25
septenbre 1816, comprenaient l'histoire na-
tionale (Dewez), rhi^toire géodralc (Les-
bronssart), la littérature ancienne et moderne
(Baron), l'histoire de la philosophie (M. Van
de Weyer), la botanique (Kickx), l'histoire
naturelle (Vanderlindeo) , la physique et
l'astronomie (H. Quetelet), la chimie ( Dra-
piez), rhisiolfe de l'architecture Roget) et
la littérature hollandaise (Lauts). V. le
Rapport de M. Nothomb sur l'enseignement
êmpériemren Belgique, Bruxelles, ^844, in-8<>,
t. I, p. Lxxvni. — Le gouvernement s'était
proposé, selon les termes mêmes de l'arrêté
d'institution, de favoriser « ces habitudes
» sérieuses qui conviennent aux citoyens
> qui ont le bonheur de vivre sous un gou-
> vernement représentatif, et de répandre
> avec l'instruction les germes et les moyens
» de développement de cet esprit public qui,
» dans les pays libres, imprime fortement
» dans toutes les classes éclairées l'amour du
> prince et de la patrie. » (V. le discours de
M. Spring sur Baron, ap. Van Bemmel,
p. S6).
(*) Nous citerons surtout M. Sylvain Van
de Weyer et H. De Bonne, ancien membre de
la Chambre des représentants. C'est à ce
dernier qu'il dédia sa Rhétorique,
58
BAR
56
1829; mécontent de la conduite du roi
Guillaume, il s'était ostensiblement en-
rôlé dans les rangs de Topposition. Il
gardait encore sa qualité d'étranger ;
mais l'ardeur avec laquelle il s'associa,
en 1830, aux promoteurs de la révolu-
tion le fit dès lors considérer comme
Belge, et il l'était de fait depuis long-
temps, avant de le devenir en vertu
d'une loi. Dans cette situation, néan-
moins, ilne pouvait ambitionner aucune
position politique ; en revanche, dès le
30 septembre 1830, M. Van de W'eyer
le fit nommer par le Gouvernement
provisoire membre de la Commission
de l'instruction publique et, le 23 oc-
tobre suivant, professeur de rhétorique
et préfet des études à l'Atbénée de
Bruxelles. Il ne se contenta pas de
poursuivre, sur ce théâtre relativement
modeste, la tâche qu'il s'était imposée
de contribuer à réveiller, dans notre
pays, le goût des études littéraires ; un
moment vint où l'idée de créer à
Bruxelles une Université complète se
fit Jour, et Baron fut un des premiers à
s'en faire l'apôtre. La situation était
grave en 1834 ; le gouvernement ne
semblait pas empressé de présenter
aux Chambres un projet définitif de
réorganisation de l'enseignement supé-
rieur, et le clergé venait de fonder à
Malines un grand établissement libre
qui fut transporté l'année suivante à
Louvain et prit le nom d'Université
catholique. Baron, ses amis des loges
maçonniques et en général les libéraux
avancés de Bruxelles jugèrent qu'il n'y
avait pas de temps à perdre, et qu'il
était indispensable de profiter des
ressources de la capitale pour opposer
un contrepoids â l'influence des évêques.
Le 2i juin 1834, une proposition for-
melle fut soumise par Yerhaegen , pré-
sident de la loge des Amis-Philanthropes
de Bruxelles, à un grand nombre de
francs-maçons accourus de toutes les
provinces pour célébrer la fête du
solstice d'été.Les prétentionscléricales,
selon l'orateur, étaient inconciliables
avec l'esprit des temps modernes ; il
fallait s'associer pour y répondre par
un acte éclatant. Des listes de sous-
cription furent envoyées à toutes les
loges de province et se couvrirent
rapidement de signatures ; on dut bien-
tôt songer â nommer une administration
provisoire : au mois de septembre, une
administration définitive était consti-
tuée (*). Le 20 novembre, quinze jours
après l'installation de l'Université de
Malines, l'inauguration solennelle de
l'Université libre de Bruxelles eut lieu
dans la grande salle gothique de
l'hôtel-de-ville. Le discours du bourg-
mestre Bouppe ne fut qu'un témoignage
de reconnaissance adressé aux fonda-
teurs d'un établissement avantageux à
la capitale ; celui de Baron, nommé
secrétaire de l'Université, eut une toute
autre portée et défraya longtemps la polé-
mique de la presse, surtout après l'inci-
dent Gibon (v. ce nom), arrivé à l'Uni-
versité de Liège (*). On comprend que
ces événements aient eu pour premier
résultat de hâter l'organisation légale
de l'enseignement supérieur donné aux
frais de l'Etat ; le gouvernement ouvrit
les yeux : il était impossible de livrer
la jeunesse à la merci des partis extrê-
mes ; mais tout en instituant un en-
seignement supérieur, étranger aux
idées de propagande, l'Ëtat devait
respecter la liberté d'enseigner et se
mettre en garde contre l'accusation de
monopole. De là surgirent des diffi-
cultés nouvelles et imprévues, surtout
lorsqu'il s'agit de résoudre la question
des jurys d'examen. Cependant la lutte
fut généralement courtoise entre les
Universités rivales, et ici encore se
révélèrent le sens pratique et l'esprit
de saine tolérance qui caractérisent les
Belges.
Dans le cours des années suivantes.
Baron se multiplia : tout ensemble
( * ) PoplimODl, ta Belgique depuù i830,
p. K99 et saiv. — ThoDisseD, la Belgique
sottê Uopold ;, â« éd., t. Il, p. SSâ et suiv.
(') M. D. Capitaine nous apprend qu'après
avoir pris connaissance du discours d'instal-
lation de l'Université libre, les Amis-Philan-
thropes, sur la proposition de M. Verhaegen,
décidèrent, le 25 novembre 4834, que, par
une faveur extraordinaire^ tous les grades
mac,%, y compris le dernier du rit français,
seraient conférés à l'orateur.
57
BAR
58
professeur de rhétorique et préfet des
études de TAthénée de Bruxelles, et
professeur de littérature française et
étrangère à TUnlversité, il trouva le
temps d'écrire son traité de Rhétorique
et de publier une foule d'autres ou-
vrages où se retrouve, sous des formes
diverses, sa pensée dominante, la ré-
habilitation des fortes études classiques.
Cette pensée est aussi formulée de
la manière la plus explicite dans les
discours qu'il prononça aux distribu-
tions des prix derÂthénée,et,en 1848,
à la distribution des prix du concours
général. II s'intéressait vivement, dans
le même but, aux questions de réorga-
nisation de renseignement ; c'est ainsi
qu'au mois de septembre de cette
même année 1848, il accepta la prési-
dence du Congrès professoral fondé
par M. Âlph. Le Roy (v. ce nom) pour
solliciter du gouvernement la promul-
gation prochaine d'une loi organique
de l'instruction moyenne. Mais le Con-
grès ayant demandé, dans une adresse
dont Baron fut le premier signataire,
la transformation des établissements
communaux en institutions de l'Etat,
le bourgmestre de Bruxelles, qui tenait
à conserver la haute main sur son
Athénée, cessa de se^ montrer favorable
aux démarches des professeurs ; Baron
et plusieurs de ses collègues crurent
alors devoir s'abstenir ( ' ), et le profes-
seur Moke, de Gand, fut élu président
en remplacement de son confrère de la
capitale. Sur ces entrefaites, la chaire
de littérature française, délaissée par
Ph. Lesbroussart (v. ce nom), devint
vacante à l'Université de Liège. Il fut
d'abord question d'y appeler M. Désiré
Nisard, puis M. Sainte-Beuve (v. ce
nom) qui l'avait acceptée en 183f.
mais qui était revenu sur sa décision,
M. Sainte-Beuve monta en chaire au
mois d*oclobre i848 et fit le cours
nuunmo applamu^ pendant une année
académique ; résolu alors de rentrer à
Paris, il appela lui-même l'attention du
gouvernement sur Baron, quifutnommé
professeur ordinaire le 22 octobre i 849.
a On espérait généralement que l'émi-
nent professeur, dit M. Stecher, susci-
terait quelque chose d'analogue à ce
mouvement littéraire et studieux pro-
voqué par les cours du Musée. Cette
attente ne fut pas entièrement trompée.
Baron, par la notoriété de son talent,
par cette bonhomie spirituelle qui était
comme le fond de son humeur, enfin
par ce don de communication sympa-
thique qui fut l'honneur de sa chaire,
parvint à étendre son auditoire au delà
du cercle obligé des étudiants. D'ail-
leurs, il n'agissait pas seulement par
l'enseignement ex cathedra ; il faisait
aussi de la propagande littéraire dans
les causeries intimes et dans ces con-
sultations auxquelles il ne se dérobait
jamais. Même en lisant à ses amis ses
propres vers, par exemple sa belle
traduction de VÀrt poétique d'Horace, il
trouvait occasion de recommencer de
nouveau son apogée des lettres an-
ciennes, n
Baron fut donc bien accueilli à
Liège, où il retrouva d'ailleurs beau-
coup d'anciens amis ; plusieurs étaient
ses collègues à l'Académie, où M. Que-
telet avait contribué à le faire entrer
le 8 janvier 1847 (*). Sa verve se ra-
nima ; il tailla de nouveau sa plume ;
il se sentait rajeunir. En 1854, il aurait
volontiers accepté la direction de l'E-
cole normale des humanités, où il fai-
sait un cours de littérature, tout en
continuant son enseignement à l'Uni-
versité (*) : les démarches faites en sa
faveur n'aboutirent point; on choisit
un directeur étranger à la Faculté des
lettres (*). Il se consola, se remit de
plus belle à écrire et à donner desconfé-
( ' ) V. la brochure intitulée : Congrès
pro/eâMoral de Belgique. Bruxelles, DeU
tombe, 4848 (Exlr. du Moniteur), m 8« de
47 p. avec les annexes» contenant la corres-
pondance échangée entre le gouvernement
H M. Alph. Le Roy, à l'occasion de la dé-
mission de Baron.
( * ) Dans la section des beaux-arts, non
dan» celle des lettres.
(■) Et ài TEcole des mines, où il était
chargé d'un cours de style et de rédaction.
(*) Nous renvoyons le lecteur à une
lettre familière de Baron, très-piquante,
insérée par M. Van Bemmel dans sa notice,
p. H7 et suiv.
/
/
39
BAR
iSO
rences, soit à Liège, soit à Bruxelles.
En 1855, appelé à Londres pour y ju-
ger un concours littéraire, il y revit
son ami M Van de Weyer, qui le mit
en rapport avec quelques hommes émi-
nents; il revint de ce voyage heureux
et gai, sémillant pour ainsi dire. Tout
d'un coup des questions d'intérêt privé
reportèrent ses pensées vers Bruxelles.
Elles finirent par créer en lui une in-
quiétude, une sorte d'indécision et de
défaillance morale qui Féloignèrent, à
partir de 1859, de sa chaire universi-
taire. Un an plus tard, il n'était plus
que Tombrede lui-même : les ténèbres
s'étaient faites dans sa belle intelli-
gence...
Baron procède de Voltaire, dont ses
vers et sa prose rappellent la tournure
d*esprit. Il n'admirait pas seulement
récrivain, mais le penseur et Tardent
polémiste.Prudent et réservé en chaire,
il se dédommageait à l'occasion, dans
les épanchements de l'amitié. « En dé-
pit de son rire sardonique, disait-il,
Arouet était un grand et habile homme,
meilleur et qui a fait plus de bien que
tous les farceurs qui le dénigrent. »
Cette apologie familière aurait fait
place à une étude sérieuse et explicite,
si Baron eût assez vécu pour achever
son Hûtoire de In littérature française,
qui malheureusement s'arrête au XV1«
siècle. Ceux qui n'ont pas été ses
élèves peuvent cependant se faire, à
cet égard, une idée assez exacte de ses
tendances et, comme s'exprime 11. Van
Bemmel, de sa physionomie intellec-
tuelle, en lisant dans la Revue trimes-
trielle (t. XIV) ou dans le t. V des
OEuvres complètes) y un morceau sur
Voltaire , rédigé primitivement pour
une conférence. Il affectionnait égale-
ment Horace ; de là ses relations, pen-
dant son séjour à Liège, avec M. Jules
Janin, admirateur passionné du poète
de Venouse et hôte assidu de Spa.
Il soumit au grand critique sa belle
traduction de ÏEpUre aux PisonSj et
Dieu sait comme ils en épluchèrent
chaque vers ! Philologue et artiste, es-
prit net et vif, avec une pointe de fine
et douce ironie, Baron était ce qu'on
pourrait appeler un gourmet littérairis.
Il avait plus de finesse que de passion ,
mais infiniment d'esprit, et une répu-
gnance profonde pour les vulgarités et
les banalités de tout genre. Sa vigueur
était calculée plutôt que native ; mais
il avait tant d'habileté et de patience à
ciseler sa phrase , qu'il arrivait de
sang-froid à produire, quand il le vou-
lait bien, les effets de l'inspiration. Sa
conversation était élincelante ; mais il
travaillait difficilement et lentement;
il remaniait sans cesse ses écrits : le
manuscrit de la Rhétorique fut recopié
dix-huit fois. Il avait une immense lec-
ture et l'habitude de prendre des
notes; avec cela, un rare talent d'assi-
milation (*) et un sentiment exquis des
nuances. L'érudition, sous sa plume,
acquérait le don de plaire ; en somme,
il ne brillait pas par l'invention, mais
par une certaine façon séduisante d'ap-
pliquer le vieil adage : Non nova^ sed
novè. Ses écrits, sous ce rapport, sont
des modèles précieux à étudier.
Nous avons dit que Baron était che-
valier de Tordre du Lys. Le 29 avril
i838, il reçut la croix de la légion
d'honneur (le diplôme lui donne le
titre de fondateur de l'Université de
Bruxelles) ; dix ans plus lard, celle de
Tordre de la branche Ernestine de
Saxe. Chevalier de l'ordre de Léopold
le 28 décembre 4843, il fut promu en
1858 au grade d'officier. Il était membre
de l'Académie royale de Belgique (v.
ci-dessus), de la Société des sciences,
des lettres et des arts du Hainaut et
de l'Institut archéologique liégeois. A
partir de 1858, il fit partie du bureau
administratif de l'Athénée royal de
Liège. 11 a publié (■):
io Dans la Collection ternaire (Didot),
le Cornélius Nepos (1820) et le Quinte"
Curce (1822-1824, 5 vol.).
( * ) C'est ainsi que plas d'une de ses le-
çons universitaires témoigne qu'il s'était
pénétré de La Harpe, pour lequel cependant
il ne professa pas toujours en public une
haute estime (U. Capitaine, p. i i).
( *) Nous résumons la bibliographie très-
exacte et très-complète de Baron, recueiUie
et publiée pour la première fois par M. U.
Capitaine.
61
BAR
62
U Cornélius contient (p. 377-886) un
article intitulé : Comelii Nepotis cam Piu-
larcho eomparatio, opus ineditum fsigné
A. A. B***). — La préface du Quwte-Curce^
signé N. E. L., paraît être le Baron.
2o Une édition de Napoléon en exil ou
PEcho de Sainte-Hélène (par Barcy E.
O'Meara), avec un avis au lecteur et
une préface. Bruxelles, i82i, 5 vol.
in-8o.
3° Lettres et entretiens sur la danse
ancienne^ moderne, religieuse, civile et
théâtrale. Paris, Dandey-Dupré, 1824,
\n-%^ (avecune litbogr. (Chorégraphique).
Dédicace à J. L. Milon, maître des ballets
de rOpera. Des exemplaires de ce livre cu-
rieux, signés A. B. ou A. Baron, ont été mis
en vente sons le titre de : lettres à Sophie
sur la danse, etc.
4<> Une édition des OEuvres de Casimir
Delavigne, Bruxelles, Hayez, 5 vol.
in-lS» (avec une notice).
5» C. Julius Ccesar, ad ullimas adi-
lûmes recensituSy cum commentario tu-
tegro Oberlini, curante A, Baron. Paris,
1827,2 vol. in-8<».-- Bruxelles, Mellne,
1845, id.
6* Discours prononcé à Vinstallation
du Musée des sciences et des lettres de
Bruxelles, le 3 mars 1827. Brux., 1827,
in-S». — Ibid. 2« édition, môme année,
et OEuvres complètes, t. V.
7® Discours prononcé par M. Baron à
Vourerture de son cours de littérature
générale, Ibid. 1827, in-8».
8^ Scriptorum classicorum collectio
(anonyme). Bruxelles, L. Tencé, 1829
et ann. suiv., in-12°.
La collection devait former de 50 k 60
volumes. Le tome XVII (Phèdre) est le dernier
que nous ayons rencontré. Les notes sont de
Baron, qui a en outre revu les textes avec
un grand soin.
9^ Les Messéniennes de C, Delavigne
(ouvrage adopté par rUniversité). Paris,
l83l,in-8o.
En tète du volume se trouvent deux Essais
de Baron, Sur l'ancienne élégie grecque et
Sur la vie et les ouvrages de Callinus et de
Tprtée, (reproduit dans l'ouvrage n» 16, et
dans le t. III des Œuvres complètes),
1 Qo Discours sur renseignement moyen ,
prononcé à la distribution des prix
de FAthénée de Bruxelles, le 18 août
1832. Bruxelles, 1832, in-8« (et t. Y
des OEuv, compl.). — Deux autres dis-
cours, id. (1842 et 1848).
{{^ Cours de littérature ancienne et
moderne, Bruxelles, Lejeune, 1838,
in-8<> (deux livraisons).
Discours d'ouverture ; leçon sur Euripide
(CEuv, compl,, t. ni).
12<' La 19«, la 21« et la 24« édit. des
Leçons françaises de littérature et de
morale par Noël et de la Place, augm.
d*un grand nombre de morceaux choisis,
d^une liste biographique des auteurs
cités et d'un Résumé de Vhistoire de la
littérature française, Bruxelles. 1855,
1840 et 1857, gr. in-8».
Le Résumé et la Liste biographique ont
paru séparément en 1833 , à BruxeUes,
in-ia*. — Il en existe une édition française
(Paris, Delalain, 183K, in 8V, et une nou-
velle édition beige (Bruxelles , Hauman ,
1840, in-8<»).
13« Grammaire des grammaires de
Girault-Duvivier, avec un discours
préliminaire par A. Baron. Brux. Hau-
man (*), 1834,2 vol. in-Ho.
14° Manuel de Vhistoire ancienne,
par Ileeren. Traduction entièrement
refondue et augmentée d'une Introduc-
tion sur Vétude de l'histoire ancienne,
par A. Baron. Ibid , 1834, 2 vol. in-8«.
L'introduction do Baron a été traduite en
itaUen par Crivelli et publiée en tète du
Manuale de storia antica (de Heeren). Ve-
nise, Plet, 1836, 3 vol. petit in*8o.
15° Discours prononcé à Vinstallation
de VUniversité libre de Belgique, le 20
novembre 1834. Ibid., 1834, in-B*.
Reproduit dans les Œuv. compL, t. V, et
dans [^Université pendant vingt-cinq ans.
Bruxelles, 1860, in-19«, p. 33-64.
16« Poésies militaires de Vantiquité
ou CallinuH et Tyrtée : texte grec, tra-
duction polyglotte, prolégomènes et comr
(M Baron soigna la correction de la plu- teur Hauman, dont il était rarat intime (Note
part des livres importants publiés par Tédi- de M. Capitaine).
63
BAR
64
mentaires par A. Baron (ouvrage dédié
au Roi). Bruxelles, Meline, 1835, in-S^"
de 338 p.
BaroQ soumit le manaserit de cet ouvrage
au jugement de TAcad. royale de Belgique,
qui eu fit l'objet d'uo rapport élogieux
(séance du 9 février 1B33). — V. le n« 9 et
les Œuvres complètes).
{> Le premier livre dis classes lon
Unes Anonyme). Bruxelles, Berthot,
in-!2«.
Petit livre classique écrit en latin.
18« Dans les Scènes de la vie des
peintres de Vécole flamande et hollan-
daise, par Madou (Brux., Société des
beaux-arts, 1843, grand aigle in-fol.,
ilg.), y 2Xi\c\e Rembrandt,
19* Du juste milieu^ par Ancillon.
Trad. de TAllemand par M»« de S. (de
Stassart) et A. Baron. Brux. Hauman,
i837, 2 vol. in-i8o.
L'avant- propos est de Baron. Un extrait
de cet ouvrage (Sur la poésie espagnole pen-
dant tes cinquante dernières années) a été
reproduit dans les Annales littéraires et
philosophiques do Liège (1837).
2(H> Histoire de V architecture ^ par
Th. Hope, trad. de l'anglais par A. Ba-
ron Bruxelles, Meline, 1839, 2 vol.
in-8«, dont un de planches. — Deux
autres éditions (du texte), 1852 et 1856
(Paris et Liège, Noblet).
21 0 Mosaïque belge, mélanges histo-
riques et littéraires. Bruxelles, Hauman,
1837, in-i2o.
Trois chroniques : Gil Lion de Trazegnies
(XII" siècle), Baudouin de Constantinople
(XIII* siècle), et la prise de Mons (XV1«
siècle); plus quatre fragments fCotifeiRpora-
néités) se rapportant aux année:» 18i5, i830,
1831 et i832. € Dans l'un de ces articles,
qui restera une page d'histoire. Baron fait
connaître les principaux exilés français qu'il
a rencontrés k Bruxelles avant 4830. La
Mosaïque belge a été réimprimée dans les
t. IV et V des Œuvres complètes, k l'excep-
tion de la préface, datée de 4836. Cette
omission est d'autant plus regrettable que
l'auteur y trace en quelques pages, sous la
forme d'un dialogue avec son éditeur « un
piquant tableau de la littérature et de la vie
littéraire de la Belgique à cette époque »
(U. Capitaine).
22« Collection d'opuscules phUoso-
phiquesy etc., par S. Van de Weyer,
avec préface et notes par A. Baron.
Bruxelles, Wahlen, 4840,2 v. in-48'».
23» Histoire abrégée de la littérature
française depuis son origine jusqu'au
XVÏW siècle (Dédicace à M. S. Van de
Weyer, ambassadeur à Londres). Bru-
xelles, Jamar, 4844, 2 vol. in-B». —
2* éd. Brux., Rosez , in-8<> de 584 p.
Baron étudie la littérature dans ses rap-
ports avec la civilisation ; on doit regretter
qu'il soit resté en chemin. V Histoire de la
littérature française, entreprise en vue du
cours donné à l'Université de Bruxelles, ne
s'étend que jusqu'à la fin du XVI* siècle. A
Liège, l'auteur s'occupa nécessairement de
la continuer ; mais il se heurta contre
toutes sortes d'obstacles, et d'abord il ne sut
se borner. Quand un sujet lui plaisait, il le
caressait k loisir, oubliant qu*tl n'écrivait ni
des monographies ni des notices bibliogra-
phiques. Un des amis de Baron, dit M. Van
Bemmel, a eu entre les mains plusieurs de
ces fragments achevés, trop achevés peul-
èlre ; car, à voir le soin, la minutie avec
laquelle l'auteur traitait de certains ouvrages
presque oubliés, l'ensemble du travail eût
dû recevoir des proportions énormes. —
V. le compte rendu publié par Ph. Lebrous-
sart dans la Revue Belge, t. XX, 484S,
p. 376, et t. XXII, p. 365.
24*^ Préface de la Biographie univer-
selle (par une Société de gens de lettres
éditée à Bruxelles (Ode), 4842-4847,
24 vol. gr. in-8<>à2col.
25<» Coup dosU sur Vétat actuel des
arts, des sciences et de la littérature en
Belgique, û la fin du t. Il de la Belgique
monumentale (Bruxelles, Jamar et Hen,
2 vol. gr. in-8«).
Avec quinze portraits. Le dernier [en
médaillon) est celui de Baron.
26^ Les articles Charle^-Quint, Lau-
rent Delvaux et Philippe de Commues,
dans les Belges illustres (Ibid. 4844-
4848, 3 vol. in-8o).
27«> L'article Froissart, dans V Al-
bum biographique des Belges célèbres
(Brux., Chabannes, 1845-4848, 2 vol.
gr. in-8o).
28« H a rêvé. Opéra comique en
trois actes, paroles de A. Baron, mu-
sique d*A. Samuel (4845).
Cette pièce ne Ait ni publiée ni représen-
tée. « BÎaron se contenta d'en offrir à son
ami, M. de Bonne, un exemplaire manus-
6S
BAR
66
crit, véritable trésor d'art, à figurer dans un
musée bibliographique. On s'en fera une idée
par rinscription suivante, qui se lit à la pre-
mière page .' c L'ouvrage est écrit d'un bout
• à l'autre de la main de l'auteur , Auguste
• Baron, préfet des études et professeur de
> rhétorique & TAthénée royal, membre du
> Conseil d'administration et professeur de
• littérature à l'Université de Bruxelles, etc.,
» etc. — Les titres, frontispices, ornements
B et culs de-lampe sont des dessins origi-
• naux et uniques des peintres et dessina-
» teurs suivants : C. de Leuire^ H, Jlen-
y» driekx^ Louis Huarty P. Lauiers et Alfred
» Steerns. — Le faux titre est écrit par le
> calligraphe Magnée, — L'air final est
> copié de la main de l'auteur de la musique,
» Adolphe Samuel. — Ce manuscrit est
» offert par A. Baron, comme témoignage
» du plus sincère et du plus profond atta-
» chement, à son ami, Julien de Bonne^
» membre de la Chambre des représentants,
» et du conseil d'administration des hospices
» et secours de la ville de Bruxelles, le i***
» janvier 1846 > (Van Bemmel, p. 4S).
20» Discours prononcé le 26 septembre
1848, à la distribution des prix du
Concours universitaire, etc. Bruxelles,
\ 848, in-8«.
Réimprimé dans V Annuaire de l'enseigne'
ment moyen^ V* année (1849), et, ainsi que
le précédent, dans le t. V des OEuvres com-
plètes.
30® Chacun son métier^ poème-pro-
verbe scholastico-héroï-coroique. Bru-
xelles, Marchai, 1848, in-B».
Il s'agit de Scaliger dansant la pyrrhique
devant l'empereur Maximilien. Cette nou-
veUe, publiée par \e Journal des Arts du 16
novembre 1848 , avait été lue le là du
même mois à la séance solennelle de la So-
ciété des gens lettres belges.
51® Dans V Annuaire agathopédique
et saucial (*);a. un poème latin en
vers macaroniquesi*): EloglumCocho-
nis in responsionem ad unam de quces-
tionibus pro])osUis per societatem Aya-
Oorrai&uv : ex /t^rû Uabonis (' ); ^.Com-
inentaire sur la chanson : Au clair de
la lune, par Séhaste Sorab, boutade
ingénieuse, reproduite dans le Journal
de Vamateur de livres de P. Jannei,
t. IIK p. 180 etsuiv,; nouvelle édition
entièrement remaniée, dans le Journal
de Liège du 16 juillet 1850, sous le
titre de JSoctes Pevillianœ (* ) Première
nuit : commentaire philosophico-critique
sur la chanson, etc. La Seconde nuit
devait avoir pour sujet un commentaire
sur Marlborough s'en va-t-en guerre;
il n« paraît pas (|ue ce morceau ait
été achevé.
32o De la Rhétorique, ou de la com-
position oratoire et littéraire.BruxeWes,
Jamar, 1849, in-8® de Xll et 528 p.
— 2® édition (augm. d'une préface).
Bruxelles, Decq, 1853, in-12® de 408
pages (t. I des OEuvres complètes).
Excellent traité, instructif pour les gens du
monde comme pour la jeunesse des écoles,
exempt de pédantisme, agréablement écrit,
sortant de l'ornière traditionnelle et néan-
moins sévèrement méthodique. H fut adopté
comme livre classique par le Conseil de
perfectionnement de l'enseignement moyen,
et l'auteur obtint le prix quinquennal de litté-
rature française institué par le Gouverne-
ment. Aux éloges unanimes de la presse
belge se joignirent ceux des journaux fran •
çais ; nous citerons notamment un remar-
quable article de M. Talbot, dans la Revue
de l'instruction publique de Paris.
53* Discours prononcé à la séance
publique de la classe des beaux-arts de
VAcndémie royale de Belgique, le 23
septembre 1850 Bruxelles, Ilayez,
1850, in-8«.
Extr. des fiti/Zf/in» de l'Académie, t. XVIII.
11 n'est pas sans intérêt, fait observer M. Ca-
pitaine, de rapprocher les premières pages
de ce discours, prononcé par Baron, comme
directeur de la classe des beaux-arts, de
certains passages de la préface du recueil
intitulé Mosaïque belge {u9 SI).
540 Histoire de Fart dramatique. Bru-
xelles, Jamar 1853-1855, 3 tomes for-
( * ) Recueil de facéties que le baron de
Reiffenberg appelait une débauche d'intelli-
gence trop prolongée {Bull, du Bibliophile
beige, t. YIII, p. 14). Sur la Société des
Agathopèdes et son Annulaire , v. Quérard,
Les supercheries littéraires dévoilées, t. IV,
art. Babonis.
(*} V. Delcpierre, De la littérature ma-
carotiique. Londres, 1855, in-8<^.
( ' ) En voici le premier vers :
F1«tora« cantciit rege« : ego cauto Cocliooem.
(«) Du nom du hameau de PévUle (Gri-
vegnée),où Baron occupa, pendant plusieurs
années, une maison de campagne.
8
67
BAR
68
msrnt un vol. in-48o, avec portraits
(Encyclopédie populaire).
Bien qae le titre ne porte que le nom de
Baron, les dernières parties de cet ouvrage,
à part quelques relouches, notamment en
ce qui concerne Lagrange-Ghancel , sont
exclusivement dues à M. Ang. Morel, d'E>
lampes, réfugié politique à Liège, oii il a
laissé les plus honorables souvenirs (U.
Capilaine).
5ï(" OEttvres complètes de A. Baron.
Bruxelles, Decq, 1853-4860, 5 vol.
in-18.
Les œuvres complètes de Baron devaient
former douze volumes ; il n'en a paru que
cinq, dont voici les sommaires : T. L De la
Khétorique (4853^ ; T. II. EpUre aux Pisons,
traduction en vers, avec introduction et
commentaires (i857). Dédicace à Ms' le
comte de Flandre (M ; t. III. CaUinus et
Tyrtée ; Etudes sur Euripide et Aristophane ;
t. IV et V. Mélanges en prose et en vers :
épUres, traductions, discours, variétés bis-
toriques et littéraires, actualités, etc., c le
tout parfois sérieux, plus souvent bouffon »,
dit le prospectus (1860). Le t. V devait com-
prendre la critique cl l'histoire des beaux-
arts ; les t. Vil à XIII étaient réservés à
l'Histoire de la littérature française. L'au-
teur annonçait les quatre derniers volumes
comme entièrement inédits ; il n'est pas
probable qu'ils voient jamais le jour.
36« Epitre d^Horace aux Pisotis, tra-
duction en vers français. Bruxelles,
Hayez, 1854, in-8«.
Celte traduction, plusieurs fois remaniée,
surtout dans la première partie du poème,
est sans contredit, au point de vue de l'élé-
gance et de la concision, une des meilleures
que nous possédions de l'œuvre didactique
d'Horace. Elle a paru dans les Bulletins de
l'Acad. roy. de Belgique, t. XXI -S, p. 787-
806 (voir le n» 35).
37<» Concours de poésie française et
flamande, Bruxelles, Dellombe, 1855,
in-8o.
Rapport sur les pièces françaises en-
voyées au concours de poésie institué à
à l'occasion du XXV" anniversaire des jour*
nées de septembre 1830. (Exlr. du Moniteur),
38" Le marquis de Sy et M. Poupar,
Lettres de A. Baron et de M. Sylvain
Van de Weyer. Londres, 1857, in-^».
Lettres extraites des mélanges de la So-
ciété des Bibliophiles de Londres, tirées k
pan il 80 exemplaires. Il y est question
d'une traduction en vers de YArt poétique
d'Horace, successivement attribua» au mar-
quis de Sy et & Poupar.
39« C^fi type bruxellois (anonyme).
Bruxelles, Polack, 1857, in-32..
Notice intéressante par A. J. Mattau,
inventeur du Mattauphone et « mystificateur
émérlte. »
40o Collaboration à des recueils pé-
riodiques, à la Gazette officielle (1822-
1829), à VVnion belge, qui précéda le
Moniteur (octobre 1830— -mars 1851),
à V Indépendant (1830-1831), au Cour-
rier belge (1832-1859); plus tard, à
^Observateur , à VIndépendance , an
Journal de Liège, eic,\ à la Revue Belge :
V Etude sur Aristophane, 1830, t. I ; à
la Revue de Paris (Les exilés à Bru-
xelles, 1831 ; deu-x articles sur \^ poésie
militaire, 1851 et 1832 ; Euripide esprit
fort, 1833); au Recueil encyclopédique
belge (De Véloquence politique, t. 111,
1833; Aperçu historique de Fart dra-
matique, U IV, 1834); à la Belgique
littéraire et industrielle (Demi-voix,
romance, 1837); au Bulletin du biblio-
phile belge (Correction typographique,
à propos d*une édition de Bossuet, t. Il,
1845; Labbé Cotin — Lettre sur la
ménagerie, à M. A. Scheler, t. XIU,
1843); à VAthenantm français (Comptes
rendus du Dictionnaire étymologique
wallon de M. Gh. Grandgagnage,f£f., de
rétudede M. Sylvain Van de Weyer sur
d*Hèle; Notice sur In clef du cabinet,
journal du XVI 11* siècle, art. également
résumé dans le Bulletin du Bibliophile,
t. XII); aux Annales de V Académie
d'archéologie d'Anvers (sur Touvrage de
M. de Coeckelberghe-Dutzeele : Théorie
complète de la prononciation française.
Vienne, 1850, in-S», t. VIII); à la Revue
trimestrielle de M. Van Bemmel ("Ancien
Théâtre français, par M, Viollet-Leduc,
1. 111; les Oiseaux d'Aristophane, éiuàe
' poHtique, t. IV : c*est le complément de
Tarticle publié en 1830 dans la Revue
belge; Vers écrit sur l'album de ¥•"•
Marie r'*"% t. IV; Voltaire, t. XIV;
(') V. une anecdote au siiget de cette dédicacedans Van Bemmel, p. 36.
69
BEK
70
Vers sur Valbum de Jf"^ A. Renée, t.
XX}; enfin, aux Mémoires de la Société
libre d'Emulation de Liège (Rapport sur
un concours de poésie^ t. 1 , 1860). —
« Baron doit avoirégalement publié des
articles littéraires dans le Globe de
Paris (1827-1828), dans les Annales du
Musée de Rruxelles, dans la Revue uni-
verselle (sers 1852), àsin&V Artiste (y ers
1833) et dans le Moniteur de renseigne-
ment ^en 1855. Bien que son nom figure
sur la liste des collaborateurs de la
Revue belge (1835-1843), de la Revue
de Belgique (1846-1850) et de la Bel-
gique communale (1847), nous croyons
qull n*a pris aucune part à la rédaction
de ces recueils » (Û. Capitaine).
il» Dans les Bulletins de rAcadémie
royale de Belgique : T. XI et t. XIY,
trois fragments du traité de la Rhéto-
rique (V. la Revue de Liège de 1S47) ;
Rapport sur les cantates envoyées au
concours de composition musicale de
1847 (t. XIV-l); Rapport (négatiO sur
le mémoire envoyé en réponse à cette
question : Quelles sont les limites de la
science^ d'un côté, et de l'art, de l'autre,
dans la reproduction des formes exté-
rieures? (t. XlV-2); Id. sur le Mémoire
de M. Bock: LÊglise des Apôtres à
Constantinople (t. XV-2) ; sur les can-
tates présentées au concours de 1851
(t. XVIIM); le Discours mentionné
ci-dessus, n» 33 [Ibid.]; Rapport sur le
mémoire de M. Griffith : Le temple de
Yesta à Tivoli (t. XVIII-2) ; Y Art poé-
tique û'Horsice, fragments de traduction
(t. XIX-1 et XIX-2) ; Sur le Médecin
malgré lui de Molière, à propos d'une
trouvaille concernant cette pièce (t.
XIX-2); le n« 36 (v. ci-dessus), t. XXI-2;
E^raphes pour le palais épiscopal et
pour Féglise S^Jacques à Liège (t.
XXI V-2); Rapport sur les pièces fran-
çaises du concours de poésie institué à
Voccasion du ^S^ anniversaire de Tinau-
guratlon des chemins de fer (t. Vil,
DOUY* série, 1859).
Les BuUetim mentionoent eocoro deux
propositions émaoées de Baron, Tune ayant
poorbot d'attirer l'attention de M. le Ministre
de rintérieor sur la décadence de l'art dra-
matique en Belgique (t. XIV 3 et XV-1);
raufre« faite de concert avec M. Danssoigne-
Uéfaul, demandant que le concours de can-
tates soit supprimé et remplacé par un certain
nombre de sujets à traiter (t. XXlV-9).
Baron possédait une très-riche bi-
bliothèque littéraire, qui a été malheu-
reusement dispersée après sa mort. Les
traits de l'éminent professeur-académi-
cien ont été plus d'une fois reproduits;
on cite notamment un bon portrait (par
Vieillevoye, directeur de TÂcadémie des
beaux-arts de Liège, mort en 1855) et
deux bustes, Tun par M. C. A. Fraikin
(1846), Tautre, commandé à M. A.
Cattier par le Gouvernement, pour être
placé dans la salle des séances publi-
ques de rAcadémie.
uekker (George-Joseph) naquit ft
Waldurn (Grand-Duché de Bade) le 22
septembre 1792, et mourut à Liège le
27 avril 1837. Frappés de ses heureuses
dispositions, ses parents rassemblèrent
leurs modiques ressources pour l'en-
voyer aux meilleures écoles, et, comme
il y fit de rapides progrès, s'imposèrent
des privations afin de le placer à TUni-
versité de Ileidelberg. Là, le jeune
Bekker apprit à se passionner pour
Tantiquité classique : il suivit avec avi-
dité les leçons des maîtres les plus
célèbres ; mais, voué lui-même ù ren-
seignement, il s'adonna spécialement ù
la philologie et se pénétra des mé-
thodes de Jahn et de Creuzer. a II
n s'était fait en quelque sorte citoyen
» d'Athènes et de Rome, » dit le baron
de Reiffenberg, dont nous résumons
la notice ; « malgré la générosité de
» son âme, il prit peu de part aux pro-
» jets de ses camarades, qui voulaient,
» en chantant les hymnes de Kôrner et
» d'Arnim, reconstruire l'antique Ger-
» manie. Il ne connaissait bien, à vrai
n dire, que la Germanie de Tacite. » Le
baron de Geer, qui fut chargé en 1817,
par le gouvernement des Pays-Bas, de
recruter des professeurs pour les Uni-
versités que l'on proposait de fonder
en Belgique, avait étudié et voyagé en
Allemagne. La manière d enseigner de
ce pays était, selon lui, préférable à
toutes les autres. Il se rendit dans le
Grand-Duché de Bade et en ramena
entr'autres Bekker, qui fut nommé
d'emblée professeur de littérature an-
I
71
BEK
72
cienne à TUniversité de Louvain (M.
Bekker avait le don des langues ; il
s'exprimait eu latin avec une merveil-
leuse facilité ; il n'était pas moins ha-
bile comme helléniste (*), et dans
rinterprétation des textes les plus obs-
curs, c'était un véritable (^dipe. 11
était surtout Tennemi des à peu près ;
il habituait ses élèves à n'être contents
d'eux-mêmes qu*après avoir pénétré
jusque dans les moindres détails d'une
question. Les RuhnlLenius, les Hems-
terhuis et les Wyttenbach étaient ses
modèles : école savante, un peu trop
trop formaliste peut-être, mais très-
capable de discipliner les esprits et de
former le goût, amoureuse qu'elle était
de la pureté et de la correction du style.
Bekker avait trop de sérénité dans
l'âme et des habitudes intellectuelles
d'un ordre trop élevé pour tomber dans
le pédantisme ; mais il savait étaler à
l'occasion une gravité magistrale, ce
qui ne contribua pas médiocrement à
le faire réussir en Hollande, « pays où
n le sérieux est déjà du mérite. » Pa-
tient et persévérant. Il avait tenu, dès
son arrivée dans les Pays-Bas, k se
faire pardonner sa qualité d'étranger.
« Un an ne s'était pas écoulé qu'il par-
» lait le français et le flamand ; et
» bientôt , non seulement il sut les
» langues en grammairien, mais il en
» posséda tous les dialectes et les idio-
» tismes populaires, incompris souvent
» par les indigènes. » Député à Leyde,
à l'époque du jubilé de l'Université de
cette ville, il s'exprima en hollandais
en termes si choisis et en même temps
si naturels, qu'on le prit pour un
Batave pur sang. L'austérité de sa
méthode d'enseignement ne l'empêchait
pas de se dérider à l'occasion. Ce fut
par l'arme de la plaisanterie, maniée
d'ailleurs avec réserve et discrétion,
qu'il combattit les idées de Jacotot qui
faisait alors flores à Louvain. Tandis
que Dumbeek tonnait dans sa chaire
contre renseignement universel^ Bekker
se contentait de copier Vémancipateur
en comédien consommé (*) Ces sorties
innocentes ne l'empêchaient pas d'être
( * ) Nous croyons devoir rAproduire ici,
dans Fintérèt de la justice, les remarques
très-sensées auxquelles se livre le biographe
de Bekker, à propos de la sensation fâ-
cheuse que produisit d'abord, dans notre
pays, l'apparition de tous ces étrangers,
dont la réputation n'était pas encore faite,
et qui ignoraient nos usages et notre langue.
« Quelques-uns, il faut en convenir, justi-
> fiaient jusqu'à un certain point ces pré-
> venlions. Hais le plus grand nombre ob-
» tinrent rapidement des titres à notre recon-
» naissance. Eclairés par l'expérience, nous
» sentons aujourd'hui qu'il n'est pas si aisé
» de rem placer ces hommes utiles qu'on l'a-
> vait cru d'abord , et que les Bekker , les
» Birnbaum, les Dumbeek laisseront encore
> longtemps un vide difficile à remplir « (N'ou-
blions pas que ceci a été écrit en 1838).
« A leur arrivée en Belgique, une réforme
» dans l'enseignement était urgente. Les
» lycées avaient été surtout destinés à for-
» mer des artilleurs et des soldats. La phi-
» losophie et la littérature y étaient aussi
» nulles que dans les Académies, succur-
» sales de la grande et despoiiquo Univer-
> site de France, organisée militairement,
» comme le reste de l'Empire , avec ses gé-
» néraux, ses officiers, ses fantassins et ses
» gougats. — Ces Allemands que les jour-
* naux avaient pris pour leur point de mire,
« en nous accoutumant aux études graves,
> profondes, nous apportèrent les trésors
• que la science avait accumulés dans leur
« patrie. Leur plus bel éloge est dans leurs
» élèves. Que les hommes les plus distin-
» gués de l'époque actuelle se lèvent et
» qu'ils disent s'ils ne doivent pas à leurs
» maîtres la meilleure part de leur succès. >
[Annuaire de l'Académie royale de Bru-
xelles, 1838, p. 69 et 70).
(*) « Je me souviens, dit M. de ReifTen-
berg, que le ministre Falck (qui faisait
grand cas de Bekker) , assistant, à Lou-
vain, à un dîner rectoral, H. Van Hulthem,
l'un des curateurs de l'Univereité, prit la
parole, se fit apporter une bouteille do
vin national, celui-là même que H. An-
door montra au salon de l'industrie à
Gand, en offrit majestueusement quelques
précieuses gouttes à toute l'assemblée, et
invita Bekker à en faire l'éloge en gr«c.
L'invitation fut acceptée aussitôt : le docte
professeur porta, en l'honneur de ce que
M. Falck appelait le poison de Wesemael,
un toast dans la langue qu'on parlait au
banquet de Platon et à celui d'Athénée. •
(') Bekker était un mime parfait; c'était
an coin du feu qu'il fallait le voir. Quelques
heures avant d'expirer, il s'amusa encore à
contrefaire le ton d'importance de Xartiate
qui lui appliquait des sangs\;c8.
73
B£K
74
habituellement d^one limidité extrême,
défaut qu'il devait sans doute à Tisole-
ment où il avait passé son enfance, au
sein d*une famille obscure, enfoui pour
ainsi dire au fond d*un village perdu. A
Louvain même, il vivait plutôt en éco-
lier qu'en professeur, dans une petite
chambre, au milieu de ses livres Les
services qu'il rendait en cachette à des
élèves indigents, les frais de ses
voyages en France, en Allemagne, en
Italie, pour visiter les savants et les
collections , en un mot pour se dis-
traire en s'instruisant ; ses achats d'ou-
vrages nouveaux, enfin, constituaient
ses seules dépenses somptuaires. Il
contracta dans son pays natal un ma-
riage des plus modestes ; il concentra
sur son fils unique tous ses soins et
toute sa tendresse, et le perdit malheu-
reusement en 4854, après dix ans d'es-
pérances. Cet événement, dit le baron
de Reiffenberg, étroitement lié à cette
époque avec Bekker, le frappa dans les
sources de sa vie.
En 1830, il avait songé à résilier ses
fonctions ; il ne les conserva que sur
les instances de l'ami que nous venons
de citer. Quand l'Université de Louvain
fut supprimée, l'un et l'autre vinrent à
Liège. Bekker fut nommé recteur pour
Tannée académique 1835-1836 ; « et
» par sa douceur, par son caractère de
» conciliation, il sut applanir les diffi-
B cultes qui naissaient d'un ordre de
B choses que tout le monde n'avait pas
B désiré et qui froissait bien des inté-
B rets.» Bekker était foncièrement bon;
mais son indulgence était clairvoyante
et sa bienveillance active. 11 se fai-
sait remarquer par une rare politesse
et par un sentiment délicat des conve-
oances. Dans l'intimité, lorsqu'il n'était
pas consterné par les regards de la
foule» la vivacité de son esprit se révé-
lait, et sa conversation étincelait de
verve et d'aimable malice. Il n'était pas
beau : si le portrait qu'on a publié de
lui (*) est fidèle, il avait quelques
traits de la race tartare. Mais l'expres-
sion de finesse et dlntelligence répan-
due sur ses traits, surtout celle de la
bonté, rendait singulièrement avenante
cette figure anguleuse.
« Des palpitations de cœur chaque
» Jour plus violentes et un affaiblisse-
» ment rapide de la vue furent les
» signesprécurseursdesafin. Fohmann
» (v. ce nom), qui devait bientôt le
» suivre dans la tombe, venait le con-
» soler et réveiller son aimable causti-
» cité. Des chagrins domestiques plus
» vifs lui causèrent une secousse fa-
» taie. » Le baron de Reiffenberg fut
présent à ses derniers moments et
reçut de lui les plus touchants témoi-
gnages d'affection. Le moribond se
parlait tout haut à lui-même ; tout d'un
coup il entonna, d'une voix creuse, le
chant d'adieu des étudiants allemands
quand ils quittent l'Université. « Ce
monde, en effet, n'avait été pour lui
que sa classe ; une heure plus tard, il
l'avait quitté pour un monde meilleur. »
Ceux qui l'avaient mal jugé lui ren-
dirent justice quand il ne fut plus à
côté d'eux. Sa mémoire resta particu-
lièrement chère à ses élèves. Et. He-
naux, entr'autres, se fit l'éloquent inter-
prète de leurs regrets dans un morceau
de poésie qui fut très-remarque (').
Bekker écrivait lentement et visait à
une perfection minutieuse ; en outre,
ses études s'adressaient surtout à ses
disciples ; ainsi s'explique le peu d'é-
tendue de la liste de ses ouvrages. En
revanche, les soins infinis qu'il consa-
crait à revoir les travaux des jeunes
gens qui lui étaient confiés permettent
de compter parmi ses titres à l'estime
les dissertations très -remarquables de
plusieurs d'entre eux, dissertations re-
cherchées par les savants, même de
premier ordre. Telles sont celles de
MM. Baguet, sur Chrysippe et sur Dion
Chrysostome; VanderTon, sur le traité
de Senectute; Kaieman, sur les Ephètes ;
Bernard, sur les Archontes : Roukz,
sur Carnéade ; Schmitz d'Aix-la-Cha-
pelle, sur le Panalhémùque d'Isocrate ;
Tkiry d'Ath, sur Diosène deBabylone,
et Deiwert de Louvain, sur Héraclide
( ' ) Dans {Iconographie des Universitit ,
lithographiée par Lemonnier.
(*) Reproduit dans le Mal du pay$,
Liège, 1843, ia-8o, p. 35-40,
75
BEK
76
de Pont. Voici IVnumération de ses
propres travaux (d*aprës le baron de
Reiffenberg) :
io Spécimen variarum kctianum et
observatimum in PhUostrati vitœ Apol-
lonii librum primum, edidit et scholias-
tara grœcum Mscr, ad septem libros
priores adjecit G.J. Bekker^Walldura-
Badefisis^ philos. D^^ seminarti philolo^
gici Heidelbergœnuper sodalis; accedunt
Friderici Creuzeri annotationes.Heïdei-
berg, A. Oswald, 1818. in-8^
Bekker projetait ane édition complète de
Philostrals. Ses notes et ses collations ont
été remises après sa mort à M. C. L. Kayser,
de Heidelberg, qui en a tiré parti dans son
volume des Vies det Sophistet {^\^o\jio\j
^tXo9tpdkou /3ioi 90«piTt(ov), publié en 1838
à Heidelberg, chez Mohr , in-8o.
2« Oratio de leclUme auctorum grœ-
corum eîoquentiœ politicœ et forensis
duce et magistra^ Lovanii, 1823, in-4^
Discours rectoral, inséré dans les Annales
de t Université de Louvain.
5<* Rudimenta lingvœ hebraicœ ad
usum alumnomm CoUegii philosophici.
Lovanii. 1826, in-8o.
Cette grammaire est suivie de Loci è
vetere Testamento telecti , avec un Index
vocabulorum.
4<^ Isocratis oratio admanitoria ad
Demonicum, Accessit index verborum
grœco-latinum. Lovan. 1827, in-8(».
5<» Odyssea Homerica, notis et indi-
cibus illustrata. Lovanii 1829, in-S».
Ouvrage classique, parfaitement appro-
prié aux besoins de l'enseignement, et connu
sous le nom de petite Odyssée, < Quand il
» vit le jour, un homme qui se croyait l'égal
» de Bekker parce qu'il était son collègue,
» et qui rédigeait un mauvais journal en
B mauvais hollandais, osa imprimer que te
» petit Bekker y au moyen de la petite Odys-
» sée^ avait gagné grande somme de de-
» niera. Un autre journaliste lui reprocha de
» sucer le plus pur de la substance de la
» jeunesse belge ! » (de Reiffenberg).
6» Traduction allemande des Yitœ
Sophistarum et des Epistolœ de Philos-
traie, pour la collection des prosateurs
grecs publiée par Tafel, Osiander et
Schwal.
7» Bemardi Bauhusii Proteus Par-
theniuSf cum disputatictiibus Erycii Pu-
team, ex edit. Anttf. a. 1617. Accedunt
Jacobi Facciolati vita et acia Beatœ
MariœVirgittiSfes edit. Palav. a. 1764,
et Oratio dominica 24 modis condnnata
Lovanii 1835, in-52.
Bekker n'a .été que l'éditeur de ce petit
volume.
8» Dans les UeidelbergerJahrbûcherf
cinq articles de critique littéraire : sur
la vie de Daniel Wyttenbach par L.
Mahne (1824, n»* 68 et 69}; sur les
opuscules de Ruhnkenius (Id. n^ 67 et
68) ; sur la Prosopographia Platonica
de Groen van Prinsterer (1825, n*»* 63,
64 et 65); sur les Anecdota Hemsterhu-
siana (1826, n» 26); enfin sur les Initia
philoHophiœ pUttonicœ de Vînit Heusde
(1830, 2« partie, no* 983-1004).
9o Dans les Bulletins de rAcadémie
royale de Bruxelles :
a. Observations sur une prétendue
médaille juive en Fhonneur de Louis le
Débonnaire, décrite par M. Carmoly
(t. 11, 1835, p 43).
M. Cbalon a refuté l'opinion de M. Carmoly
dans la Revue de la Numismatique française
(de MH. Cartier et de la Saussaye).
b. Examen d'un mémoire de M- Rou-
lez, intitulé : Sur le Mythe de Dédale
considéré par rapport à rorigine de Fart
grec (Ibid., p. 208).
c. Sur une notice relative à la Guerre
phocéenne, attribuée aux historiens Cé-
phisodore, Ephore et Anaxtmène de
Lampsaque, et conservée par le con-
servateur de TEthique d*Aristote [Ibid.
p. 310).
cf. Rapport sur Touvrage de M. Ph.
Dernard intitulé : Commentatio in Ly-
siœ orationem funebrem (t. III, 1856,
p 125).
lO» De nombreuses noies (restées
manuscrites) sur Térence , Cicéron ,
Hérodote, Homère, Xénopbon, Platon,
Démosthène, sur Thistoire de la phi-
lologie et sur rhistoire littéraire des
Grecs et des Romains.
Bekker était membre de Tlnstitut des
Pays-Bas et correspondant de TAca-
démie royale de Bruxelles (7 mai 1834).
-~ 11 possédait une bibliothèque très-
remarquable (vendue en 1838) , dont
le catalogue , rédigé avec un grand
77
BRÂ
78
soin par le professeur Tandcl . v. ce nom) ,
ami du défunt, a été publié en 1857
à Liège, chez Dessain, en un vol. in-S»
de ISI pages , intitulé : Bibliotheca
Bekkeriana.
Brasseur (JeAN-BaPTISTE) , Ué à
Esch-sur-1'Alzette le 5 messidor an X
(24 juin 1802), mourut ik Liège le 13
mai 1868. Sa jeunesse fut austère, la-
borieuse, préoccupée ; il dut songer à
venir en aide le plus tôt possible à ses
parents et à frayer la route à une fa-
mille nombreuse dont il était Tainé (*).
U y réussit à force de volonté ; mais il
eut d'autant plus de peine à faire des
études régulières, qu'à Tépoque de la
chute de Napoléon 1, les établisse-
ments dMnsIruction publique se trou-
vèrent momentanément fermés. Les
difficultés qu'il avait dû surmonter
donnèrent une trempe particulière à
son caractère ; il s'habitua à voir les
choses en philosophe, ù se concentrer
en lui-même, à vivre en stoïcien. Ne
pouvant se procurer aisément des li-
vres , il mit en pratique l'excellente
maxime : Non multa sed mvltûm, « Il
restreignit ses lectures à quelques ou-
vrages profonds, dont il méditait l'es-
prit au point de se les assimiler com-
plètement. La rudesse de son éduca-
tion première lui ôta toute idée de
Inxe, et le rendit même insensible au
bien-être matériel que procure une
installation r4)nfortable (*). « On jugera
par un seul trait de la simplicité des
mœurs qu'il avait conservée, même
étant arrivé à une belle position de
iortune : jamais de sa vie Brasseur ne
s^assit dans un fauteuil »( ').
Sa première éducation achevée, tant
sous la direction d'un instituteur par-
ticulier, qu'au moyen de Tautodidaxie,
Brasseur entra à l'athénée de Luxem-
bourg avec toute une légion de jeunes
gens comme lui passionnés pour l'é-
tude : nous citerons feu, le grammai-
rien Heiderscheide, M. Altmeyer, le
savant historien. M. le général Weiler,
M. Stehres , directeur du progymnase
de Diekirch et auteur de livres clas-
siques justement estimés. Sa philo-
sophie achevée, il vint à Liège en
1824, suivit à l'Université le cours de
métaphysique de Denzinger , les cours
de M. Yan Rees, de Vanderheyden,
de Delvaux, de Dandelin, etc., dans
la Faculté des sciences , et se fit re-
cevoir en 1829, docteur en sciences
physiques et mathématiques. Il passa
l'année suivante à Paris, fréquentant
les leçons de Binet au collège de
France , à la Sorbonne celles de Cau-
chy, Thénard, Gay-Lussac, Biot, Pouil-
let, Dulong et Hachette (professeur
de géométrie descriptive) , allant s'i-
nitier, à l'école (lu soir , à la coupe
des pierres et à la charpente, et s'y
trouvant sans le savoir, aux leçons de
Douliot, condisciple de M. Catalan
(V. ce nom), son futur collègue à l'Uni-
versité de Liège et à l'Académie royale
de Belgique. Il rencontra dans les
rues de Paris son compatriote Meyer,
dont la condition était des plus pré-
caires : sa conduite à l'égard d'un ami
dans le malheur fut au-dessus de tout
éloge. Quand il repassa la frontière,
en 1830. la révolution était un fait
accompli. Brasseur s'établit à Liège
comme professeur privé ; à la suite de
l'arrêté du 16 décembre, il essaya une
première fois de se faire attacher à
l'Université ; mais ses démarches res-
tèrent sans résultat. Il attendit et paya
sa dette au pays en acceptant les fonc-
tions de capitaine commandant de l'ar-
tillerie de la garde civique liégeoise.
Cependant, le gouvernement ne se
montrant pas empressé de réorganiser
les Universités de l'Etat, un moment
vint où Brasseur ne se contenta plus
de vivre d'espérances : il se fit nommer,
en 1851, conducteur de 3« classe des
( * ) Celte notice , rédigée avaot la mort
de Brasseur, a été complétée, depuis lors,
par de précieux renseigoements empruntés
k réloge du défunt, que M. le major Liagre
a fait paraître dans VAnnuaire de V Acadé-
mie royale de ifelgiquepour 1869.
(') Liagre, p. 1S8,
( ' ) Ibid, Ce trait Garaclérisii4|ue a été
rapporté à M. Liagre par un des fils de
notre collègue, M. le lieutenant Brasseur,,
aujourd'hui inspecteur des études à TEcole
militaire.
79
BRÂ
80
ponts et chaussées , et en cette qualité
fut désigné pour surveiller les cons-
tructions navales qu*on se proposait
d*exécuter à Boom. Ces travaux étant
restés à Tétat de projet, on lui assigna
la résidence de Louvain. La Faculté des
sciences de TUniversité de cette ville
venait d'être supprimée ; une Faculté
libre en tenait momentanément lieu;
Brasseur y enseigna les mathématiques
élémentaires jusqu*en 1852, époque où
le désir qu'il nourrissait depuis long-
temps trouva enfin sa réalisation ; il fut
nommé lecteur à FUniversité de Liège
Chargé des cours de géométrie des
criptive et de haute analyse appliquée
à la géométrie, il prit pour base de ses
leçons les doctrines de Monge, si fé-
condes en applications, et les exposa
avec une précision et une netteté qui
lui valurent la confiance et la considé-
ration de la jeunesse. La réorganisa-
tion de 4835 lui enleva le cours d'ana-
lyse pour lui attribuer en échange celui
de mécanique appliquée ; il conserva
le cours de géométrie descriptive (avec
applications à la coupe des pierres, à
la charpente, à la perspective et aux
ombres) ; en un mot, il devint titulaire
de la chaire quMl occupa jusqu'à sa
mort. Il fit en outre, pour les élèves
des différentes candidatures, conformé
ment à la loi de 1855, un cours de ma-
thématiques élémentaires, qu'il parta-
gea plus tard avec son collègue Noël
(v. ce nom), et qui fut supprimé lors
de la mise en vigueur de la loi de
1849. La promotion de Brasseur à l'ex-
traordinariat date de 1857 ; il fut nom-
mé ordinaire en 1844. En 1858-1859, il
avait rempli les fonctions de secrétaire
académique. Le 17 décembre 1847,
TÂcadémie royale de Belgique le porta
sur la liste de ses membres correspon-
dants; le 14 décembre 1855, il fut élu
membre titulaire de cette compagnie
savante (section des sciences mathé-
matiques et physiques). Il existait à
Liège, depuis longtemps, une Société
des sciences dont Pagani (v. ce nom)
avait été l'âme, mais dont l'activité
s'était singulièrement ralentie après
le départ de ce mathématicien distin-
gué. Brasseur s'entendit avec quelques-
uns de ses collègues, MM. Spring, La-
cordaire, etc. , pour fonder une nouvelle
association, qui est devenue la Sociélé
royale des sciences de Liége,ssins contre-
dit la plus importante de la Belgique
après la classe des sciences de l'Acadé-
mie royale de Bruxelles. Brasseur y
remplit les fonctions de secrétaire-
général pendant plusieurs années ;
lorsqu'il lui plut d'y renoncer, elles
passèrent à M. Lacordaire, qui les
occupe encore aujourd'hui. Brasseur
était membre de la Société des sciences
naturelles du grand-duché de Luxem-
bourg depuis le 15 juin 1864. Le
roi Léopold I avait reconnu ses ser-
vices en lui décernant, le 26 octobre
18G0, la croix de chevalier de son
ordre ; le roi dès Pays-Bas, grand duc
de Luxembourg, le nomma officier de
l'ordre de la Couronne de chêne, le 19
février 1868. Brasseur fut d'autant plus
sensible à ces marques de distinction,
qu'il était sincèrement modeste et qu'il
n'avait jamais cherché à se faire valoir.
Il mettait peu d'empressement à publier
lui-même ses travaux, ce qui l'a peut-
être frustré de l'honneur de la priorité
qu il aurait pu revendiquer dans la dé-
couverte de maint théorème de géo-
métrie supérieure. C'est ainsi qu'il avait
démontré, sept ans avant la publication
du premier ouvrage de Steiner (de
Berlin), un grand nombre des proprié-
tés nouvelles qui y sont exposées. En
1840, il avait montré, avant tout le
monde, que les projections cotées peu-
vent servir de moyen de démonstra
tion, et en avait fait l'application, avec
beaucoup d'élégance, aux surfaces gau-
ches ( * ). Ses programmes de géométrie
descriptive et de mécanique appliqua,
le premier surtout, sont des chefs-
d'œuvre de méthode et de concision
lumineuse; mais son ouvrage capital
est le Mémoire sur une nouvelle méthode
d^application de la géométrie descrip-
tive à la recherche des propriétés de
rétendue , qu'il fit paraître dans le
t. XXIX des Mém. de VAcadém, royale
( * ) Discours prononcé par M. Spring. au
nom de l'Académie, aux funéraiUes de Bras-
seur (Journal de lAége^ 18 mai 1868 .
81
BRA
i^2
de Beigique. La méthode dont il s'agit,
aussi simple qu'originale , repose tout
entière sur la proposition suivante, à
laquelle fauteur donnait, très-juste-
ment, le nom de Théorème fondamen-
tal : n Si Ton trace, sur une surface al-
» gébrique, une ligne arbitraire , et
» qu'on la projette orthogonalement
9 sur deux plans, les points où les
n deux projections de cette ligne se
» rencontrent (sur l'épure) appartien-
» nent à un lieu géométrique de même
» degré que celui de la surface. » Au
moyen de ce lemme évident, dit M. Ca-
talan ( * ) , Brasseur démontre , sans
calcul, la plupart des propositions dont
l'ensemble constitue la nouvelle géomé-
trie créée par Newton, Pascal, Brian-
chon, Bobillier, Poncelet, Steiner et
Chastes ; il n'a besoin, ni des faisceaux
projectifs ou homographiqucs, ni des
rapports anharmaniques de ces deux
illustres géomètres; les démonstra-
tions dont il fait usage sont si simples
que, la plupart du temps, on les peut
supprimer et se contenter de lire les
énoncés des théorèmes : Tordre dans
lequel ils sont placés est tellement na-
turel, que ces théorèmes sont, comme
on le dit quelquefois, intuitifs ('). Le
savant dont nous reproduisons le ju-
gement n'hésite pas à déclarer que,
« si Brasseur avait vécu à Berlin ou à
Paris, son nom brillerait à côté de Stei-
ner et de Chasies, » et il lui décerne,
sans craindre que la postérité ne rati-
fie pas cet hommage, le titre de Monge
de Belgique. Brasseur a moins innové
en mécanique qu'en géométrie descrip-
tive, bien qu'il fût doué d'une aptitude
incontestable pour les sciences d'ap-
plication. Il s'y montrait d'une ex-
trême prudence, s'attachant aux prin-
cipes acquis, se préoccupant surtout
de développer dans son cours les théo-
ries propres à éclairer et à diriger
les travaux de l'ingénieur { M- Comme
professeur, son talent fut à la hau-
teur de son savoir, et ce n'est pas peu
dire, il ne se fit pas seulement esti-
mer, mais chérir de ses élèves, qui
appréciaient son zèle infatigable, sa
patience et son dévouement. Ils le sa-
vaient foncièrement bon et bienveil-
lant, mais avant tout droit et intègre,
étranger à toute intrigue, presque |)U-
ritain dans sa vie, et ces qualités aus-
tères exerçaient sur eux un véritable
prestige. Brasseur n'était pas homme
ik se contenter de connaissances super-
ficielles ni de vérités convenues. Il se
renfermait dans le domaine de ses
études spéciales ; mais là il régnait en
maitre, par l'influence morale de sa
sincérité sans prétention. N'avait-il pas
été bien compris, il s'en attribuait la
fauté, reprenait son idée, la retournait
de mille manières et ne se tenait point
satisfait qu'il ne l'eût mise dans une
complète évidence, à la portée de tous.
On lui doit la première idée de l'a-
telier de construction qui subsiste à
côté de l'Ecole des mines, et l'indica-
tion des moyens de le réaliser : il était
alors professeur extraordinaire. Un
supplément de traitement lui ^ut ac-
cordé jusqu*à sa promotion à Vordina-
riat, pour la surveillance de l'atelier
et des élèves. En dehors de l'Univer-
sité, il remplit diverses fonctions par-
ticulières. Pendant les premières an-
nées qui suivirent la révolution, il fit
à la Halle des drapiers des cours de
géométrie analytique ( * ) et de géométrie
descriptive, destinés à compléter l'in- '
struction des lieutenants d'artillerie
nommés en 1850, et à les mettre ainsi
en mesure de parvenir au grade de ca-
pitaine. Il fit partie depuis l'origine, et
pendant plusieurs années, des jurys
d'examen de l'école militaire; il fut,
pour l'avant-dernière période, membre
( *) Discours prononcé au nom de la Fa-
culté des sciences, le 18 mai 1868 [Ibid),
(') Malgré sa grande modestie , ajoute
M. Catalan, Brasseur n'ignorait pas la va-
leur de cet admirable mémoire ; il dit même
expressément ' « Si l'on ne connaissait
» d'autres applications de la géométrie de-
> scriptîve, on pourrait croire que la mé-
» thode des projections, combinée avec les
» propriétés des plans bissecteurs, a été
• imiginée exprès pour établir, par voie
» descriptive, la théorie des faisceaux pro-
> jeclifs ou homographiques. >
(') Discours de M. Cuyper, recteur de
l'Université, ibid.
( *) Ce cours a été autographié.
À
83
BRA
84
du Jury chargé de décerner le prix
quinquennal des sciences physiques et
mathématiques ; enfin, pendant plus de
trente ans, il rendit des services à la
ville de Liège, comme membre de la
Commission de surveillance de l'Ecole
industrielle. Il prit k cœur le succ^^s
de cet établissement et se rendit parti-
culièrement utile k Tadministration
communale, en Téclairant sur le choix
du personnel enseignant (*). Rien ne
faisait prévoir sa fin prochaine; au
mois d'avril 1868, il était encore en
pleine santé et s'oe^nipait comme d'or-
dinaire de ses cours et de ses publica-
tions. Il voulut assister à la distribu-
tion des prix de TEcole industrielle ;
Il y avait toujours été assidu. En ren-
trant chez lui, il se plaignit d'un re-
froidissement. Le mal s'aggrava, donna
un instant de sérieuses inquiétudes,
puis parut se dissiper. Au moment
même où l'on annonçait la convales-
cence de Brasseur et où sans doute il
y croyait lui-même, il tomba frappé de
mort subite. Ce fut un coup de foudre
non seulement pour sa famille, mais
pour runiversité entière, où tous, pro-
fesseurs et élèves, savaient apprécier
les éminentes qualités du savant et de
Thomme. Les larmes qu'on versa sur
sa tombe ne furent pas des larmes de
commande.
Les publications de Brasseur sont
importantes au double point de vue de
renseignement et de la science. Nous
en donnons la liste complète :
1® De resolubilitate funcUonum alge-
bricarum integrarum in factures primi
velsecundigradus. Liège, 1829, in-4".
Thèse de doctorat. V. Quetelel, Hist. des
sciences phys, et mathém, chez tes Belges.
Bruxelles, 1864, iD-S», p. 368.
20 Programme du cours de géométrie
descriptive donné par J, B, Brasseur.
Liège, Dessain, 1837,in-4^ — 2'édit.,
1850. — 3* éd., 1860. — 4« et dernière
édition, Liège, Sazonoff, 1867, in-4<».
Ce programme, rédigé à l'usage des élèves,
contient toutes les indications nécessaires
pour la construction des épures. Le profes-
seur réservait pour son cours les explica-
tions détaillées. — « L*esprit de Brasseur,
essentieUement philosophique, dit M. Liagre,
classait immédiatement et comme d'instinct
les principes d'une science, ses grandes di-
visions et les différents procédés qu'elle
peut suivre. C'est ainsi qu'il analyse toutes
les circonstances qui se lisent sur l'épura
même, et toutes celles qu'on ne peut y dé-
couvrir sans constructions auxiliaires ; qu'il
ramène toutes les constructions graphiques
à deux, savoir : rencontre d'une droite et d'un
plan, longueur d'une portion de droite ; qu'il
résout successivement tous les problèmes
sur la droite et sur le plan par quatre mé-
thodes distinctes, que l'on n'employait avant
lui que comme de simples artifices propras à
faciliter les solutions : la méthode des pro-
jections sur deux plans coordonnés, celle des
rattachements, celles des changements de
plans de projection et celle des projections
cotées. Cette analyse Ta conduit à des dé-
couvertes brillantes. Dans sa théorie des sur-
faces, il a donné des démonstrations toutes
nouvelles. > Ça et là, cependant, il n'a pu
se dépouiller de l'influence de quelques idées
qu'il avait reçues dans sa jeunesse : c'est
ainsi qu'il prend les traces d'un plan pour
représenter sa position, ce qui manque de gé-
néralité et rejailhl sur la solution qu'il donne
de l'important problème de l'intersection de
plans. < Son programme n'en restera pas
moins un modèle, qu'on ne pourra surpasser
qu'en le suivant pour ainsi dira pas à pas. »
(Liagra, p. 136).
3« Applications des projections cotées
à diverses recherches sur retendue,
Liège, 1841, in-4«, avec une pi.
Brasseur fonde simplement la double gé-
nération des surfaces gauches du second de-
gré sur la proportionnalité qui existe entre
les divisions de droites représentées par
leurs projections cotées. Il traite de la
même manière, et sans emprunter le se-
cours d'aucune propriété analytique, les
principaux problèmes relatifs à ces surfaces.
Ce travail renferme également la première
mention de l'idée féconde développée dans
le Mémoire n^l : ici toutefois l'auteur fait
usage d'une propriété qu'il suppose donnée
par l'analyse, concernant le degré d'inter-
section d'une surface avec un plan. [Ilfid.).
4^ Lignes de courtmre de quelques
surfaces exprimées par des équations
différentielles partielleSy et note sur une
propriété de Ihyperboloide à une nappe^
et du paraboloîde hyperbolique (Mém.
(') Discours de M. Julien D'Andrimont, bourgmestre de Liège, /M.
85
BRA
86
de la Soc. royale des sciences de Liège,
1843, t. I, p. 265), in-S^".
« La manière dont Mongo reprdscnlait
par l'analyse toale une famille de surfaces
amena Brasseur à rechercher s'il ne pour-
rait pas exprimer de même les lignes de
coarbore de toute une famille, et il y réus-
si! pour le cas oit leur équation se décom-
pose en deux facteurs rationnels, ce qui a
lieu pour les cylindres, les cônes, les sur-
faces de révolution et les surfaces dévelop
pables. » (Liagre, p. iS7).
5« S»r la double génération des sur-
faces du second degré par le numvement
d'un cercle, Liège, 1843, in-S», avec
une pi. (Extr. du même recueil, 1. 1,
p. 157).
Essai d'une démonstration purement syn-
thétique de toutes les propriétés des sur-
faces du second degré. « L'auteur arrive à
ooe double génération au moyen de la cir-
conférence ; il la démontre par une propriété
simple et nouvelle de deux cordes anti-pa-
rallèles se coupant dans une section co-
nique, propriété qui a pour conséquence
immédiate que les deux séries de circonfé-
rences, ayant pour diamètres et pour pro-
jections deux systèmes de cordes anti-paral-
lèles, constituent une même surface. > De
Ml une classification des surface^ du second
degré, fondée sur quelques principes fort
simples des projections (Ibid,),
6^ Note sur un nouvel énoncé des
conditions d'équilibre d'un système de
forces. Liège, 1846, în-8».
Même recueil, t. Il, p. 359. — Ces con-
ditions sont que, pour un système de forces
agissant dans un même plan, la somme de
leurs moments soit nulle autour de trois
points non en ligne droite ; pour un sys-
tème de forces dans l'espace, la somme des
moments de leurs projections sur les trois
plans coordonnés doit être nuUe autour de
l'origine, et autour d'un autre point quel-
conque de chaque plan, pourvu que ces trois
derniers points ne soient pas les projections
d'un même point de l'espace. Cette forme
oonveile se prête surtout à la détermination
des efforts qui sont exercés sur les diffé-
rentes parties d'un assemblage.
7<» Mémoire sur divers lieux géomé-
triques du second degré, déterminés
par la géométrie descriptive (Mém. cou-
ronnés de TAcad. royale de Belgique,
t. XXV, 1847, în-4«).
8® Transformation du principe des
moments en celui des vitesses virtuelles.
et note sur une construction géométrique
de la surface d'élasticité. Liège, 1849,
in-8o.
Mém. de la Soc. roy. des se. de Liège,
t. IV, p. 379.
9° Note sur une construction gra-
phique du centre de gravité d'un poly-
gone quelconque, en supposant connue
la construction du centre de gravité dû
triangle. Liège, i849, 'm-^\
(bid., p. 449. — Le centre de gravité du
polygone doit se trouver sur la droite qui
unit ceux de deux ligures arbitraires, dans
lesquelles on peut le décomposer.
10<* Notice sur quelques propriétés
des surfaces gauches du second degré
(Bull, de TAcad. t. XVill, 1851, in-8''),
Après avoir démontré synthétiqueroent
que les projections de toutes les généra-
trices d'un hyperboloïde à une nappe sont
tangentes à une même courbe du second
degré, l'auteur fait remarquer que la réci-
proque peut conduire à déterminer un lieu
du second degré comme l'enveloppe d'un
système de droites.
11» Mémoire sur une nouvelle mé-
thode d'application de la géométrie des-
criptive à la recherche des propriétés de
l'étendue. Bruxelles, 1855, m-i^.
Mém. de l'Académie, t. XXIX. — Monge
avait indiqué, il est vrai, la voie où s'est
engagé Brasseur; mais il était réservé
à celui-ci de découvrir d'immenses richesses
dans un domaine à peu près inexploré jus-
qu'à lui. Comme M. Catalan, M. Liagre met
Brasseur au rang des géomètres les plus
distingués de l'école moderne. Il reproche à
sa méthode de partir do propriétés dans
l'espace pour arriver k des propriétés dans
le plan ; il no fait pas aussi bon marché que
Ini du rapport anharmoniqae ; cependant il
n'hésite pas à reconnaître que tous les théo-
rèmes de l'auteur découlent sans effort de
quelques principes. « La conception de
Brasseur, dit-il , rentre dans cette méthode
géométrique que Chasles appelle méthode
de transmutation des figures. Desargues et
Pascal en avaient déjà donné des exemples
en se servant de la perspective ; Poncelet,
dans SCS propriétét projectives, par la théo-
rie des polaires réciproques et de l'homolo-
gie ; Dandelin et Quetelet, par les projections
stéréographiques. Envisagée 4'une manière
générale, cette méthode consiste à tranfor-
mer, au moyen de certaines conventions,
une figure en une autre, et à déduire des
propriétés connues de l'une les propriétés
87
BRA
88
inconnues de Taulre. il faut actueltemenl
pour cela que l'on donne d'abord une défini-
tion géomëlrique des figures. Brasseur se
sert à cette fin de plusieurs systèmes de
lignes qui, soit par leur enveloppe, soit par
leur intersection, donnent le lieu proposé.
Ces systèmes de lignes constituent au
fond, comme il le dit, des systèmes de coor-
données beaucoup plus riches que ceux
dont la géométrie analytique fait ordinaire-
ment usage. Les lieux qu'il transforme sont
des lieux de l'espace dont les propriétés sont
données, et son seul principe de transforma-
tion consiste dans l'emploi de plans bissec-
teurs, qui lui permettent de réduire ces
propriétés dans l'espace à des propriétés
dans le plan. Il se sert quelquefois aussi de
la perspective, pour donner de l'extension à
certains théorèmes (p. 430)... Brasseur fait
voir que des systèmes de parallèles, de po-
laires, de circonférences, représentent, sous
certaines conditions, des plans, des surfaces
réglées ou des surfaces de révolution : ses
théorèmes sur les plans bissecteurs lui
donnent tout aussitôt toute une chaîne de
propriétés de ces systèmes de lignes, les
unes entièrement nouvelles, d'autres dont
les analogues ont été trouvées par Poncelet,
Ghasles, Steiner, et ne sont parfois que des
cas particuliers (le celles de Brasseur. On
est étonné qu'il ait pu voir dans ces proprié-
tés si instructives, si restreintes, si parti-
culières même des plans bissecteurs, le
germe d'une méthode si transcendante, si
féconde et si générale. Les mêmes principes
le conduisent à des procédés généraux de
réformation des courbes (p. 431). » — Aux
relatibns purement descriptives, il joint en-
suite une relation métrique, la proportion ,
et cette simple relation, combinée avec les
propriétés de l'hyperboloîde à une nappe,
acquiert entre ses mains la même puissance
que le rapport anharmonique appliqué aux
faisceaux projectifs ou homographiqucs de
Steiner et de Chasles (Ib., p. 132). — Bras-
seur annonçait un second mémoire où il
comptait défendre le principe qui le dispen-
sait d'avoir recours à i'involution : il est à
craindre qu'il ne l'ait pas écrit et qu'il n'ait
même laissé aucune note de géométrie supé-
rieure. Il éprouvait une difficulté matérielle à
tenir la plume, à cause du tremblement ner-
veux de sa main; peut-être celle infirmité
avait-elle contribué à lui faire prendre l'ha-
bitude de se confier absolument ài sa mémoire
On dira qu'il aurait pu compter sur ses élèves :
il leur était eflTectivement tout dévoué ; il
leur confiait ses découvertes et n'était jamais
plus heureux que quand il voyait ses idées
revivre dans des têtes plus jeunes ; il eût
voulu être devancé. « Mais pour l'aider dans
la publication de son second mémoire , il
avait surtout compté sur son fils Léopold,
jeune homme plein d'avenir , docteur en
sciences physiques et mathématiques, et ré-
pétiteur de géométrie descriptive à l'école
des mines. La mort de ce fils lui causa un
chagrin profond; il ne lui survécut pas
longtemps > (Liagre, p. 133).
12o DsLnsïesBulletinsderAcadémie:
a. Quelques propriétés des surfaces
gauches du second degré démontrées
par la géométrie (t. XVII, 3o, igsf,
p 4f) ; ^. Extrait d*un mémoire sur un
nouveau moyen de démontrer les lieux
géométriques par la géométrie descrip-
tive (t. XVli. io, 1851, p. 372) ; c. Rap-
port sur une note de M. Meyer concer-
nant le théorème de Bernouilli(t. XXIII,
io, pp. 97, 549, 734) : d. Rapport sur
un mém. de M. Dagoreau, intitulé :
Essais atMlytiques : les lignes du 3*
ordre (2« série, t II, 1857, p. 7, et
t. IV, p. 80) ; e. Rapport^sur un mém.
de M. Lamarck, intitulé : Exposé géo-
métrique du calcul différentiel et inté-
gral (l. XIV, 1862, p 453) ; f. Rapp.
sur deux mémoires de M. Folie, con-
cernant une théorie nouvelle du mou-
vement d*un corps libre et sur le mou-
vement dTun corps gêné (t. XXIV,
1867, p. 284).
13» Précis du cours de foécanique
appliquée , ouvrage posthume terminé
d'après les manuscrits de Tauteur, par
F. Folie. Liège, 1868, in-4^
Brasseur donnait le cours simultanément
à des élèves de deux catégories, les uns
connaissant le calcul différentiel, les autres
y étant complètement étrangers, ce qui ren-
dait la tâche du professeur particulièrement
difficile. « Il est réellement remarquable,
dit M. Liagre, de voir avec quelle aisance
Brasseur sait rendre élémentaires les for-
mules pour lesquelles on recourt ordinaire-
ment à l'analyse infinitésimale. » Nous
croyons devoir rappeler, pour répondre à
une observation du même biographe sur le
plan de l'ouvrage, que l'enseignement de la
mécanique a été conçu jusqu'ici, à l'Univer-
sité de Liège, de manière à attirer l'attention
des élèves sur les généralités qui concernent
toutes les machines, et non sur les détails de
certaines machines,
14° Exposition nouvelle des principes
du calcul différentiel et intégral, édités
après la mort de Fauteur, par F. Folie.
Liège, 1868, in-8\
Mém. de la Soc. roy. des sciences de
89
BRO
90
Liège, t. III (S* série) » 4868, in-S.» —
Brasseur gardait en portefeuille ce travail,
rédigé dès 1829 ; il se réservait de le déve-
lopper à loisir. Il ne prit aucune part aux
longs débats qui s'élevèrent il y a quelques
années, sur t infini en mathématiques , entre
M. Lamarle, de Gand, et la plupart des
hommes spéciaux du pays. A la fin, cepen-
dant, il communiqua son mémoire « à celui
de ses élèves qu'il considérait entre tous
comme donnant les plus belles promesses
d'avenir » ( M* M. Folie, chargé ainsi de
l'exécution de son testament scientifique,
s'est acquitté pieusement et dignement de
cette t&che, en i^outant au texte de son
maître quelques notes qui prouvent qu'il
s'est parfaitement assimilé la pensée de
Brasseur. Le but de l'ouvrage est de faire
disparaître du calcul différentiel et intégral
tonte notion métaphysique. L'auteur n'em-
ploie que l'analyse Hnie, aussi commode dans
les applications et aussi rigoureuse que
celle des limites ou des fluxions. Nous
appelons l'attention sur l'avant- propos, oîi
M. Folie décrit avec une grande lucidité les
anciennes méthodes, et fait ress'>rtir le mé-
rite et l'utilité pratique de la conception de
Brasseur.
iS'* Communications diverses à la
Revue nniverselle de M. de Cuyper.
Rronn (Valentik), né à Ziegelhau-
sen (près Ifeidelberp;), le 7 mars 1796,
mourut dans ce même village le 20
mars 1854. Son grand-père avait oc-
cupé la charge de forestier dans le
Palatlnat; son père était grand forestier
(Oberfùrster) au service de Bade ; lui-
même fut élevé en vue de cette carrière.
Il perdit de bonne heure ses frères et
ses sœurs ; il ne lui resta finalement
qu'une sœur plus âgée que lui et un
frère plus jeune, qui se fit une brillante
réputation comme naturaliste ('). L'in-
stituteur et le pasteur de Ziegelhausen
furent ses premiers maîtres ; il entra
ensuite au gymnase de Heidelberg
(1808), d'où il passa en 1812 au Lycée de
Mannheim, de création récente. Ce fut
là qu'il prit goût aux sciences natu-
relles, sous la direction du pharmacien
Bader, et qu'il y fit de rapides progrès
en visitant assidûment le ciibinet de la
ville, confié à la garde de ce professeur.
Son zèle fut récompensé par des succès
scolaires. Il revint habiter la maison
paternelle en 1818 ; mais chaque jour
il se rendait à Heidelberg, acquérant
k l'Université les connaissances théo-
riques dont il avait besoin pour sa
vocation de forestier, tandis qu'il s'ini-
tiait à la pratique en résidant k la
campagne. La chaire des sciences
forestières était alors occupée par le
comte de Sponeck ; celle de zoologie
n'avait point de titulaire ; mais le jeune
Valentin, déjii habitué à l'autodidaxie,
ne se laissa point rebuter ; il devint
notamment très-fort en ornithologie. Il
commença dès cette époque h former
(*) Discours de M. Spring. Il s'agit do
M. Folie, docteur en sciences physiques et
mathématiques, ancien répétiteur à TEcole
des mines, actuellement professeur à l'Ecole
industrielle de Liège. M. Folie s'était déjà
fait connaître par plusieurs pubhcations im-
portantes, entr'auires par une traduction
de l'ouvrage allemand de Claudius sur la
théorie de la chaleur considérée comme équi-
valent du mouvement. M. Folie a fait à la
Salle académique, en 1867, un coors public
sur cet intéressant sujet.
(*) Henri Ceorge Bronn, né le 3 mars
1800, mort le 5 juillet 1863, professeur à
l'Université de Heidelberg. On a quelquefois
confondu les deux frères. Henri-Georges fit
ses premières leçons sur les sciences fores-
tières dès 1821, fut nommé en 1828 pro-
fesseur extraordinaire, et en 1835 professeur
ordinaire d'histoire naturelle. Outre le cours
prémentionné, il enseigna la zooYogic et fil
des leçons très- remarquées sur la conchyo-
logie et les pétrifications. Ses publications
sur ces derniers objets n'ont pas peu contri-
bué k faire avancer la science. Nous citerons
les suivantes : System der urweltlichen Con-
ehylien (1824); System der urweltlichen
Pflanzenihiere(i9Z0) ; Gaea Heidelbergensis
(même année), description geognostique de
son pays natal ; Lethœa geognostica (3* éd.,
6 vol. et atlas, 1852-56), son principal ou-
vrage ^rédigé avec Rœrocr) ; ses Morpholo-
gische Studien (Leipzig 1858) ; enfin, ses
Untersuehungen ûtir die Entwickelungs-
gesetze der organischen Welt wàhrend der
Bildungszeit unserer Erdoberflàche (Stuttg.
1858), ouvrage couronné par l'Académie des
sciences de Paris. Il a dirigé f avec Leonhard),
depuis 1830 jusqu'à sa mort, le Jahrbuch
fur Minéralogie, Geognosie, Géologie und
Petrefactenkunde , recueil des plus estimé;».
91
BRO
92
une collection de mammifères et d'oi-
seaux, collection qui, enrictiie plus
tard d'animaux de l'Europe méridio-
nale et de quelques échantillons prove-
nant du Brésil, devint, grâce à la muni-
ficence de son propriétaire, le premier
fonds du cabinet annexé à Fécole fores-
tière de Carlsruhe. La lecture des
voyages de Levaillant faillit un instant
détourner fironn de ses premiers pro-
jets : il rêva d'entreprendre un grand
voyage d'exploration ; mais les circons-
stancesne s'y prêtèrent point. £n 1817,
le grand>maître des forêts Jaetgerschmidt
étant venu à Heidelberg, avait eu l'occa-
sion de constater le zèle et l'habileté
que le forestier Bronn déployait dans
l'accomplissement de ses fonctions. 11
le promut au grade de grand-forestier,
et lui déclara en même temps qu'il
jugeait nécessaire de dépayser Valentin
pour permettre à celui-ci de compléter
ses études pratiques ; il lui offrit même
de mettre personnellement le jeune
homme au courant des affaires qu'il
traitait sur une grande échelle, étant
non-seulement grand-mailre des forêts,
mais encore directeur du flottage de la
Forêt-Noire. Une année s'écoula ainsi ;
tout d'un coup le grand-forestier reçut
l'invitation (très-voisine d'un ordre) de
rappeler ses fils ; l'administration avait
jugé à propos de confier autant que
possible aux employés deseaux, moyen-
nant un modique salaire, le soin de
veiller à l'économie forestière ; quant
aux hautes fonctions, elle avait pris le
parti de les réserver entièrement à la
noblesse. Ce fut pour le jeune Bronn
une nouvelle et amère déception. Il
employa toute l'année suivante à aider
son père, dont le ressort s'était agrandi
par l'annexion du district de Schônau,
voisin du sien. Après avoir subi de
brillants examens, Valentin passa l'été
de 1819 à circuler dans les Pays-Bas,
en France et en Suisse, pays desquels
il rapporta de nouveaux trésors pour
ses collections. Il s'agissait cependant
pour lui d'obtenir une nomination ;
mais les candidats plus anciens que lui
étaient nombreux, et en ce temps là
(ce qui heureusement ne dura pas) les
préférés étaient moins souvent les plus
instruits, que ceux qui se recomman-
daient par une constitution vigoureuse
et des talents de chasseur. Bronn père
vint à mourir le 2 janvier 1820 ; à
deux reprises différentes, son fils fut
chai]gé de l'intérim des fonctions qu'il
délaissait, et eut en outre à s'occuper de
petites affaires de taxes et d'arpentage.
Mais ses loisirs comptaient plus dans
sa vie que ses occupations: il les utilisa
en étudiant le français, l'anglais et
ritalien, et en retournant chaque jour,
comme autrefois, à Heidelberg, où il
suivit les cours de chimie, de zootomie,
de physiologie, etc. 11 se livra aussi à
des observations barométriques, et à
des expériences chimiques sur la quan-
tité de tannin de différentes écorces.
Enfin, déterminé à changer de carrière,
il prit le grade de docteur et ouvrit, à
côté de son maître, un cours sur les
sciences forestières. L'essai réussit ;
en 1825, le gouvernement des Pays-
Bas le nomma professeur extraordi-
naire d'économie rurale et forestière
k l'Université de Liège, aux appointe-
tements de 1600 florins. Peu de temps
après, il reçut le titre de secrétaire
stipendié de la Commission provinciale
d'agriculture installée dans la même
ville. Bronn vit un instant s'ouvrir de-
vant lui de brillantes perspectives. Il
était appelé à introduire dans notre
pays un nouvel enseignement, à y
donner pour la première fois un carac-
tère scientifique à des études dont
l'importance avait été jusque là mécon-
nue au point de vue théorique. Mais il
arriva que, presque au moment même
où le ministre des cultes appelait à
l'Université liégeoise un professeur de
sciences forestières et d'économie ru-
rale, le ministre des finances prit et
exécuta la résolution d'aliéner la plupart
des forêts nationales de la Belgique.
D'un autre côté, le nouveau cours étant
facultatif et les jeunes gens n'en com-
prenant guère l'utilité, à cause de sa
nouveauté même, Bronn ne put réunir
qu'un petit nombre d'auditeurs assidus.
Il ne perdit cependant pas courage ; le
gouvernement lui accorda un subside
pour parcourir la Hollande et la Bel-
gique, et il profita de ses nombreux
voyages pour étendre en dehors de
l'Université la sphère de son influence.
93
RRO
94
Il étudia spécialement les parties in-
cultes de TArdenne et les bruyères de
la Campine. Tant par des instances
verbales que par des exhortations
écrites, il stimula le zèle des proprié-
taires, en appelant leur attention sur
les avantages qu'ils pourraient retirer
de plantations forestières, le prix du
bois étant fort élevé. 11 entreprit lui-
même des plantations d'arbres indi-
gènes , surtout d'arbres aciculaires ;
il se livra à toutes sortes d'essais et
d'observations intéressantes surPaccli-
mation de diverses essences étran-
gères, et ses prévisions s'étant pra-
tiquement réalisées , il se vit enfin
apprécié à sa juste valeur. I^a glace
était rompue : le public afDua à ses
leçons sur la physiologie végétale. Mal-
gré la satisfaction qu'il en éprouva,
il songea pourtant à quitter l'Univer-
sité de Liège pour celle de Gand,
cette dernière ville lui paraissant offrir
plus de ressources au point de vue des
sciences dont il s'occupait. La révolu-
tion belge réduisit ses espérances en
fumée. Il ne crut pas compatible avec
son honneur de renier le Gouverne-
ment qui l'avait appelé. 11 continua
d'occuper sa chaire de Liège tant que
Hssue des événements fut incertaine ;
mais il ne voulut, ni solliciter du Gou-
vernement belge la confirmation de sa
nomination première, ni poursuivre
ses négociations à Gand, lorsque cette
ville se fut décidément séparée de la
Hollande. Il s'établit tout simplement
dans un faubourg de Liège ( * ) comme
pépiniériste, vivant du produit de ses
plantations et de ses cultures, complè-
tement séparé du monde, avec sa
femme et une petite fille de trois
ans. Les événements de 4850 lui
avaient porté un coup fatal. Une vio-
lente oppression de poitrine le tour-
mentait, et l'agitation de son cœur, au
physique aussi bien qu'au moral , dit
son biographe allemand, était rarement
calmée. Un voyage en Allemagne, en-
trepris par les conseils de son méde-
cin, lui procura peu de soulagement.
Cependant des offres avantageuses lui
ayant été faites dans son pays, il ne se
jugea pas assez malade pour les refuser.
Là aussi , l'administration avait été
changée; là aussi^ les anciens errements
avaient été abandonnés. Une Ecole
forestière devait être annexée à l'in-
stitut polytechnique projeté à Carls-
ruhe ; la Commission supérieure des
forêts lui en offrit la direction. 11 y
retrouva comme collègue son ancien
maître et ami Jœgerschmidt. Bronn
employa l'été de 1832 à se préparer aux
devoirs de sa nouvelle charge ; l'Ecole
fut inaugurée le 5 novembre, et il ou-
\Tii immédiatement son premier cours.
Ses fonctions l'absorbèrent tout entier;
il vécut plus retiré que jamais, ne quit-
tant sa chaire ou son cabinet que pour
aller visiter les plantations de la Fai-
sanderie, composée d'une grande va-
riété d'arbres tant étrangers qu'indi-
gènes, et placée sous sa direction.
Sa santé, un instant raffermie, devint
tout à fait mauvaise à partir de la mort
de sa mère, qu'il aimait tendrement.
Les crises devinrent de plus en plus
fréquentes ; on craignait pour lui la
moindre émotion. D'autre part, il était
accablé de besogne administrative, et
ses fonctions de directeur étaient d'au-
tant plus ingrates et difficiles, qu'il
avait affaire à des élèves de condition,
d'éducation et d'âge très-différents,
depuis le seigneur fier de son blason
jusqu'à l'humble garde-chasse. Il exer-
çait une discipline ponctuelle, dont il
savait du reste tempérer la rigueur, en
réduisant à leur plus simple expression
les prescriptions réglementaires. Il se
préoccupait de tout le monde , mais
laissait à chacun, autant que possible,
sa pleine liberté d'action ; il travaillait
à polir les plus rustiques, semait à
propos les encouragements, recevait à
sa table et dans son intimité ceux qui
lui paraissaient dignes d'un intérêt par-
ticulier. Son administration générale,
sa comptabilité étaient des modèles
d'ordre ; esclave de son devoir, pas-
sionné pour la justice, ennemi de
rintrigue, il tenait à l'honneur plus
qu'à la vie. Le Gouvernement lui té-
moigna sa pleine satisfaction dès le
2 avril 1853, en le nommant conseiller
(') Rue Grand -Jonckeu.
98
BRO
96
des forêts. On lui offrit la même année,
à Marbourg, une chaire d'économie
financière et plus spécialement d'éco-
nomie forestière; ii refusa. Aux va-
cances de Pâques 1854, il fut pris du
désir d'aller passer quelques jours dans
la maison où il était né, et qui lui était
tombée en partage. La famille se mit
en route, comme pour une partie de
plaisir ; cependant Bronn songeait en
même temps à profiter de son passage
à Heidelberg pour y consulter un mé-
decin spécialiste renommé, son docteur
de Carlsruhe ne s'étant occupé jusque
là que de calmer ses maux,au lieu d'en
entreprendre directement la guérison.
Sans rien laisser deviner k sa jeune
famille, il ne pouvait écarter le vague
pressentiment d'une catastrophe pro-
chaine peut-être. On arriva ii Ziegel-
hausen, où deuxjours s'écoulèrent dans
les joies intimes du foyer ; le professeur
Bronn de Heidelberg était venu retrou-
ver son frère aine ; toute la famille était
présente. On célébra les fêtes de la Se-
maine sainte, la sérénité dans l'âme, se
reportant aux années insouciantes de
l'enfance. Le troisième jour, on se ren-
dit en ville; le quatrième devait être
consacré ù une excursion dans les fo-
rêts jadis administrées par le père du
défunt et par Valentin lui-même. A Hei-
delberg, celui-ci rencontra un grand
nombre d'anciennes connaissances ; on
devisa du temps passé, on rentra au
logis content et heureux. Ces belles
journées devaient avoirun triste lende-
main. Le âG mars au matin, au moment
même où le frère puîné entrait dans la
salle du déjeuner pour venir prendre
Valentin, celui-ci tomba sans vie à ses
pieds. Un anévrisme de l'aorte venait
de se rompre. Qu'on juge de la scène
qui suivit ce coup de foudre. — Bronn
avait souvent souhaité de mourir au
village natal : son désir était accompli.
Voici la nomenclature de ses écrits :
i** Oratù), quà sylvarum et reisallua-
riœprœcipua quœdammomenta historica
exposuit V. Bronn. Leodii 1825 (Annales
de l'Université de Liège, 1828).
2o Over de noodzaakelykheid, om by
liet openbaar onderwys het onderrigd in
Landhuishoudkunde te voe{jen , en de
middelen am hier toe degeraken, Liège,
1829). 11 existe aussi une édition fran-
çaise de cet opuscule, sous le titre
suivant : Quelques mots sur la nécessité
et les moyens de faire entrer dans /'tn-
structiou publique renseignement de l'a-
gricullure. Liège, 1850).
5® Mémoire sur Vutilisation des ter-
rains incultes de VArdenne. Liège, 4829,
in-8«.
4° Veber die yothwendigkeit der wis-
senschaplicher Ambildung des Forst-
mannes. Carlsruhe, i852, in-8«.
5* Divers articles ou courtes disser-
tations dans le Journal d'Agriculture
des Pays Bas et dans le recueil de
Soulange Bodin : Annales de V Institut
royal horticole de Fromont.
G® Bronn avait entrepris la rédaction
de plusieurs ouvrages étendus sur l'é-
conomie forestière; il s'était notamment
occupé de recueillir et de coordonner
ses observations sur les soins que ré-
clament les arbres étrangers dont on
peut essayer l'acxïlimatation dans nos
contrées; sa mort prématurée ne lui
permit pas d'y mettre la dernière main.
— Il était affilié aux sociétés d'économie
agricole ou d'histoire naturelle de Bade,
de Liège, de Bruxelles et de Jassy.
N. B. La notice qui précède est en
grande partie traduite d'une biographie
de Bronn publiée en Allemagne, et mise
obligeamment k notre disposition par
M. Ed. Morren.
Drouwer (PiERRE vau Limbourg\
né à Dordrecht le 20 septembre 1795,
mourut à Groningue le 21 juin i8i7.
Son goût pour ranliquilé se révéla dès
son adolescence et attira l'attention d'un
Mécène éclairé, M. R. P. van Wesele
Scholten, conseiller à la haute Cour
de La Haye. Envoyé à Leyde par ce gé-
néreux protecteur, Brouwer y devint
l'un des auditeurs les plus zélés de
Wyttenbach, à qui il avait été spéciale-
ment recommandé. Mis en demeure de
se choisir une carrière, il opta pour la
médecine et se fit recevoir docteur en
1810, à la suite d'une dissertation De
seneclute. Il pratiqua l'art de guérir k
97
BRO
98
Tiel, près de Rotterdam; mais ses pre-
miers succès n*enrent pas le pouvoir de
le détourner des études auxquelles il
avait secrètement résolu de consacrer
sa vie. Il soumît à TUniversité de
Leyde un volume intitulé : Comment,
de ratione quû Sophocles veterumdeadr
minxBtratione et justifia divinà notiotti-
Ims v^us est , ad voluptatem tragicam
augendam, en présenta publiquement
la défense et fut proclamé docteur en
philosophie et ès>lettres le 21 juin
1820. Deux mois plus tard, le gymnase
d'AIkmaar raccueillait en qualité de
vice-recteur ; Tannée suivante, il alla
remplir les mêmes fonctions à Rotter-
dam. La tragédie grer^iue eut d'abord
le privilège de le passionner presque
exclusivement; mais peu à peu son ho-
rizon s'élargit : il voulut connaître le
génie hellénique sous toutes ses faces,
et ses études littéraires, esthétiques,
archéologiques se complétèrent par des
recherches approfondies sur Thistoire
des doctrines philosophiques de Tan-
cienne Grèce. La Société des sciences
et des beaux-arts, de Leyde, couronna,
en 1822, un travail de Brouwer Sur le
théâtre national, spécialement au point de
vue de la tragédie; en 1 823, les curateurs
du legs de J. Stolp décernèrent une mé-
daille à son traité en réponse à la ques-
tion : An et quatenUs philosophi qui antè
Socratemet Platonem fuerunt, atque illi
if^i et qui ex eorum scholis posteà pro-
dierunt, in commemorandis vel expo-
nendis principiis moralUms divinœ exis-
tentis naturœ et providentiœ notionem
suhindèadhibuerint, et virtutis constan-
ter ac sincero pectore colendœ incita-
menta,prœsidia atque alimenta indè de-
duxerint. Ces opuscules, justement re-
marqués, lui valurent en 1825 le titre
de professeur extraordinaire à TUni-
versifé de Liège. Son discours inaugu-
ra I (De veterumGrœcorum traditionwus
ad antiquitatis cognitionem prudenter
adhibendis), prononcé le 21 novembre,
donna une haute idée de Térudition et
de la sagacité critique du jeune maitre.
Brouwer enseigna à Liège Thisteire an-
cienne et les littératures classiques ; il
dirigea, en outre, les exercices philolo-
giques de TEcole propédentique an-
nexée à la Faculté des lettres. Travail-
leur opiniâtre, maître de son style
dans les langues vivantes comme dans
les langues mortes, il trouva le loisir,
sans négliger Taccom plissement de ses
nombreux devoirs, d'enrichir la litté-
rature hollandaise de différentes pro-
ductions estimables, tantôt sérieuses,
tantôt légères et même humoristiques,
sur tous les objets de ses études ché-
ries ; en même temps, il rassemblait les
matériaux du grand ouvrage qui fera
vivre son nom. De cette époque datent
ses dissertations sur la beauté morale
de la poésie d'Homère, sur Pindare, sur
Eschyle, sur la morale des Egyptiens^
sur les travaux de M. ChampoUion-
Figeac. Les événements le ramenèrent
en 1851 dans son pays natal : il reprit
à Groningue les cours de langue, de
littérature et d'antiquités grecques, dé-
laissés par le professeur Ten Brinlc.
Nommé en outre conservateur de la
bibliothèque de l'Université en rem-
placement de Van Eerde, il publia en
18i1 la deuxième partie du catalogue
de ce dépôt. Sa fécondité littéraire
sembla s'accroître à mesure qu'il deve-
nait plus mûr : coup sur coup on le
voit mettre au jour des études sur So-
phocle et sur Euripide ; une sorte de
roman grec, Chariclès et Euphorion ;
une traduction hollandaise des Fian-
cés de Manzoni; Diophanes (2 vol.):
une étude sur l'apologie de Socrate;
des Dialogues des morts ; la biographie
de Benvenuto Cellini, traduite de l'ita-
lien ; une Histoire de César ; une no-
tice sur son beau-père S. Iperuszoon
Wiselius, auteur dramatique ; des opus-
cules théologiques, des lettres sur la
philosophie moderne, etc., etc. Son
ouvrage le plus considérable est VHis-
toire des progrès de la civilisation mo-
rale et religieuse des Grecs, éCTite en
langue française (Groningue , 1853-
1842, 8 vol. in-8<»). Les deux premiers
volumes sont consacrés aux siècles
héroïques ; les six derniers embrassent
la période comprise entre le retour des
Héraclides et la domination romaine.
On sait à quels résultats remarquables
la critique moderne est parvenue dans
cet ordre de recherches; le livre de
Brouwer n'en a pas moins conservé
une importance réelle : plus d'une fois
9
99
BAR
100
les derniers historiens de la Grèce an-
tique ont ratifié les Jugements du pro-
fesseur hollandais et mis à profit sa
science des faits. Ce qu*on peut repro-
cher à notre écrivain, c'est de ne point
s*être assez attaché à condenser sa
pensée : il n'a pas pris le temps d'être
court.
Brouter portait la décoration de
rOrdre du Lion néerlandais. Il était
membre d'un grand nombre de Sociétés
savantes, tant étrangères que hollan-
daises. Le 6 février 1846, l'Académie
royale de Belgique le porta sur la liste
de ses associés, M. Quetelet lui a con-
sacré une notice dans ÏAnnuaire de
cette compagnie (i848); une autre a
paru dans le Gedenkboek de l'Université
de Groningue, p. 145.
BIBLIOORÀPHIE.
1 Redevoering behelzende eene be-
schouwing van de voomaamste denk-
beelden , in het grieksche treurspcl
heerschende,met betrekking tôt deszelfs
doelmatige werking op hetmenschelijk
hail (Mncmosyne, t. VU).
2° Commentatio de ratUme quâ So-
phocles.eic, (v. ci-dessus). Leyde, 1820.
5o Verhandeling over de vraag :
Bezitten de Nederlanders een nationaal
tonneel, met betrekking tôt het Treur-
spel ? Zoo jtty welk is deszelfs karakter ?
Zoo neen, welke zijn de beste middelen
om het te doen ontstaan ? Is het in het
laaste geval noodzakeîijk eene reeds
bestaande school te volgen^ en welke
redenen zouden eene keus hietin moeten
bepalen? Leyde, 1823.
Dissertation couronnée par la Hollandsche
Maatichappij van fraaye kuruten en weten-
schappen et insérée dans les Mémoires de
cette Société, t. VI.
4« Over het onderscheid tusschen
den Xenophontischen en Platonischen
Socratesp/o^^azi/nt/oor Wetenschappen,
Kunsten en Letteren^ t. I, stuk 5).
5» Over de Kikvorschen van Aristo-
phanes (même recueil).
G® Disputatio quâ responditur ad
quœstionem : An et quatenUs philoso-
phi, etc. (v. ci-dessus). Leyde , 1824.
in-4^
1^ Oratio de veterum Graecorum tra-
ditionibus ad antiquitatis cognitionem
prudenler adhibendis, habita d. XXI
novembr. anni 1825, ad extraord. phi-
los, theor. et lit. hum. professionem in
Acad. Leodiensi auspicandam. Liège,
1825, in-4o.
Dans les Annales Acad, Leodiensis,
8* Proeve over de zedelijke schoon-
heid der poêzij van Homerus. Leyde,
1825, in-8o.
Nous lisons dans l'Annuaire de l'Université
de Liège pour 4830 : « Une traduction fran-
çaise de cet ouvrage a été publiée à Liège
en 4829 ; on y a joint fa traduction d'une
réfutation, par M. Limburg-Brouwer, des
opinions de M. Benjamin-Constant sur TI-
liad*} et l'Odyssée. L'original de ce dernier
ouvrage paraîtra bientôt dans on recueil
hollandais. » La traduction française est
intitulée :
9<» Essai sur la beauté morale de la
poésie d'Homère, suivi de remarques
sur les opinions de M. Benjamin-Cons-
tant, concernant l'Iliade et l'Odyssée,
développées dans son ouvrage par la
religion. Liège, 1829, in-8«.
10» Proeve over de zedelijke schoon-
heid der poêzij van Pindarus. Amster-
dam, 1826, in-8o.
11* Gedachtenover hetverband tuss-
chen de godsdienstige en zedelijke be-
schaving der Ëgyptenaren.Amsterdam,
1828, in-8o.
12* Proeve over de zedelijke schoon-
heid der poêzij van Eschylus. Amster-
dam, 1829, in-8«.
io^ Hulde aan de nagedachtenis van
Benjamin Petrus van Wesele Scholten,
door eenen zijner leerlingen, in een
Brief aan eenen vriend. 1829, in-8''.
14** lets over de nasporingen van
Champollion den jungeren, ten opzigte
van de Egyptische Godenleer. Amster-
dam, 1830, in-8<».
15** Charicles en Euphormion. Een
verhaal van Clearchus den Cypriér.
Groningue, 1831, in-8<».
16« Proeve over de zedelijke schoon-
heid der poêzij van Sophocles. Ibid.
1832, in-8».
17« Proeve over de zedelijke schoon-
101
GHÉ
102
beid der poêzij van Euripsides. Ibid.
1833, in-8.
18* Etat de la civUlsation morale et
religieuse des Grecs, dans les temps
héroïques. Ibid. 1853, 2 vol. in-8o.
19* Histoire de la civilisation morale
et reli^peuse des Grecs, depuis le retour
des Heraclides jusqu'à la domination
des Romains. Ibid. 1 837-42, 6 vol. in-8o.
20* Verhandelingen en losse ge-
schriften. Ibid. 1836, in-8 .
21*Apologia Socratis contra Meliti
redivivi calumniam, sive judicium de
P. G. Forchhammer libro inscripto :
Die Athener und SoeraUs, dieGfsetzli-
ehen und der Revolutionnàr. Ibid. 1838,
in-8».
22* Diophanes. Ibid. 1838 , 2 vol.
in-8*.
23* Proeve eener recensie door een
niet recenserend Schryver. Ibid. 1839,
in-8».
Aussi sotts le titre suivant : Al weder iet»
oier het Griektche traurtpet.
24* Handboek der Grieksche mytho-
logie, ten dienste der Latijnsche scholen
en Gymnasien. Ibid. 1842, in-8*.
25^ Het leven van Benvenuto Cellini,
Florentinischen goudsmid en beeldhou-
wer. Ibid. 1843, 2 vol. in-8<', avec pi.
Traduction de Tautobiographio du célèbre
artiste.
26o Gesprek van een geheimen zen-
deling van de orde der Jesuiten met
zijnen leerling, over dezeven wijzen van
Nederl. Ibid. 1843, in-8»
27« Overzigtvan de geschiedenis der
allegorische uitlegging van de Grieksche
mythologie. Amsterdam 1844, in-8*.
Mémoire lu k la 3« classe de rinstitut
royal oëerlaodais, les 10 octobre 1843 et
30 janvier 1843.
28» César en zijne tijdgenolen. Gro-
ningen 1814-1846, 4 parties in-8".
29<» Schoonheden uit de Grieksche
treurspeidichten. Ibid. 1845, in-8«.
30» Het leven van M' Samuel Iperusz.
Wiselius, beschreven door zijnen be-
huvirdzoon. /frid 1846, in-8*'.
31* Het leesgezelschap te Diepen-
beek. Ibid. 1847, in-8«.
32<' Mémoire sur Texplication allégo-
rique de la mythologie grecque. Ibid.
1847, in-8^
Olidiiedolté (JOS.-LOUIS-ChàRLES-
Ai'GusTE-LioiLT de), né à Hambourg
le 26 novembre 1797, pendant rérai-
gration, mourut à Bruxelles le 11 fé-
vrier 1862 (•). Ses parents se sépa-
rèrent peu de temps apr{*s sa nais-
sance ; le père alla vivre quelque temps
en Suisse , dans Torblte de M"** de
Staël, puis rentra en France, où il se
(*) M. U. Capitaine, qui a laborieusement
recueilli sur de ChènedoUd des renseigne-
ments tout à fait inédits, nous apprend que
le professeur liégeois était pelit-fils de
Charles LiouU de Saint-Martindon, membre
de la chambre des comptes de Normand ie« et
fils de Charles-Julien Lioult de Chènedollé
(le célèbre auteur du Génie de C homme) ,
professeur de belles-lettres à l'Université de
Caen, puis inspecteur général de TUniversilé
de France, né à Vire (Calvados) le 4 no-
vembre 1769, mort au château de Coi sel le
2 décembre 1833. Chènedollé est, paratt-il,
le nom dTun étang où le futur poète allait
promener ses rèses d'enfant « Des doutes
s'élant élevés, ajoute le consciencieux bio-
graphe, sur le lieu et l'époque précise de la
naissance de Ch. de Chènedollé fils, nous
reprodoisons, d'après les archives de l'église
catholique de Hambourg, Textrait baptislaire
que notre honorable ami M. le D' P. L. BofT-
mann a bien voulu nous communiquer : Anno
1797, die 38 decembrin, baptizaïus eut puer
Joieph-Loui8-Charle»'Augu9teynatut die 26
prœcedentin memis novembris^ex légitima
thoro patris D"* Caroli Chènedollé^ oriiindi
ex urbe Caen (?) in Normanniû et matris Tic-
toriœ Bourguignon, oriundœ ex urbe Liège,
conjugum. M. Sainte-Beuve, qui a consacré
une charmante étude littéraire à de Chène-
dollé père et nous a initiés aux détails de sa
vie intime, passe sous silence ses relations
avec W]^ Bourguignon cl ne fait aucune
mention 'de son fils. La Biographie univer-
9Hle de Michaud (t YII, 1841) et X^Nom^elU
Biographie générale de Didot (t. IX, 1854)
écrivent par erreur Pioult pour Lioult. U
France littéraire contemporaine confond le
père avec le fils et attribue au premier les
publications du second » [Nécrologe liégeoii
pour 1863).
403
CHÊ
i04
distingua dans les lettres et dans ren-
seignement (') ; en i798, la mère vint
s'établir à Liège , sa ville natale, où
elle retrouva une sœur, qui se consacra
comme elle à Féducation du jeune
Charles. Celui-ci était un enfant pré-
coce : au lycée de Liège, il mérita Tat-
tention particulière du professeur Char-
mant (v. Tart. N.-G.-A.-J. Ansiaux),
qui le prit en affection et dirigea ses
aptitudes vers renseignement. 11 venait
d'être reçu licencié en lettres lorsque
le commissaire-général de Tinstruction
publique, Repelaer van Driel, le nom-
ma régent de 5* latine au collège de
Liège, en remplacementdeWillems(').
En 1822, il passa en 4«; en 1828, il
devint professeur de grec ; ilavait subi,
peu de temps après sa première pro-
motion, Texamen de docteur en philo-
sophie et lettres. Immédiatement après
la révolution, il se fit naturaliser belge;
en 483 i, il obtint au collège de Liège
la chaire de rhétorique française qu'il
occupa pendant treize ans, tout en fai-
sant des cours d'histoire, de géogra-
phie, d'économie politique et de statis-
tique. C'est dans la première partie de
cette période qu'il rendit des services
à l'Université de Liège en contribuant
à fonder, avec Rouillé, Fuss, Gall et
MM. Fassin et Wûrth (v. ces noms)
une Faculté libre de philosophie. Il
prit pour sa part le cours d'histoire
générale et siégea, jusqu'en i855, dans
la Commission autorisée à délivrer des
diplômes de candidat, conformément k
l'arrêté royal du 2 octobre 1851.
De Chênedollè possédait une érudi-
tion très-variée, une grande mémoire
et un goOt littéraire vraiment délicat ;
c'était un vrai professeur de rhétorique,
s'exprimant avec élégance et facilité,
sachant prendre tous les tons et rendre
ses leçons aussi intéressantes qu'in-
structives. 11 avait tout un arsenal
d'anecdotes et de citations et il y pui-
sait volontiers ; il recherchait les éty-
mologies, se plaisait aux analyses sub-
tiles et aux rapprochements curieux,
mais ne s'attachait aux mots que pour
remonter aux pensées, selon le précepte
de Platon. En économie politique, en
histoire, il n'était point profond ; mais
il savait éveiller la curiosité des élèves,
et c'est déjà beaucoup. De Chênedollè
jouissait à Liège de l'estime publique
et vivait heureux au milieu de ses
livres, lorsqu'en 1844 sa fortune, qu'il
n'avait jamais su gérer, se trouva com-
promise. Il se vit dans la douloureuse
nécessité de vendre sa riche biblio-
thèque, qu'il avait mis vingt-cinq ans â
former avec le zèle et le talent d'un
bibliophile consommé ; il se crut même
obligé d'abandonner ses fonctions et
de quitter Liège pour Bruxelles, où
son activité littéraire, mal dirigée, lui
procura d'assez minces ressources ,
malgré la protection du gouvernement.
De Chênedollè manquait de persévé-
rance et il n'entendait rien aux choses
de la vie ; il formait cent projets qu'il
abandonnait tour à tour ; il a laissé
une foule de travaux à peine ébauchés,
et en somme presque rien de durable.
On ignore ce que peut contenir un
paquet scellé en cire rouge, déposé à
la bibliothèque de Liège par les soins
de MM. Polain et U. Capitaine, confor-
mément à ses dernières volontés, pour
être ouvert quarante ans après sa mort.
 Liège, il s'était mis de bonne heure
à écrire; dès 1819, il, prit part aux
travaux de la Société d'Émulation (') ;
vers la même époque, il commença à
envoyer des articles aux journaux ,
notamment à VObservateur de la Bel-
gique et au Mercure belge. Quelques
dissertations et notices, des réimpres-
sions d'ouvrages étrangers, deux ou
trois pièces de vers, tel était son bagage
de publiciste lorsqu'il partit pour la
capitale. Correcteur en chef de l'impri-
merie Devroye, il fut agréé par la Com-
mission royale des anciennes lois et
ordonnances pour la surveillance de ses
impressions. — « En 1850 , il succéda
au baron de Reiffenberg (v. ce nom)
dans la direction du Bulletin du biblio-
( * } 11 ne revit que deux fois son fils dans
l'espace de plus de trente années.
(') Père de M. Florent Willems, notre
célèbre peintre de genre.
(') U en fut bibliothécaire cette même
année, et exerça les fonctions de secrétaire-
général de 1823 à 1827.
108
CHË
106
phik belge. Il entreprit également diffé-
rents travaux qu'il n'acheva point, no-
tamment une Table analytique de la
deuxième série des comptes rendus de
la Commission royale d'histoire (*), et
une Histoire de VOrdre de Léopold^ avec
pièces justificatives. Il s'occupa long-
temps de ce dernier ouvrage, pour la
rédaction duquel il obtint non seule-
ment l'accès des archives du ministère
des affaires étrangères, mais encore
des subventions du gouvernement et
de la liste civile » ('). A Bruxelles,
malgré la pénurie de ses ressources, il
était parvenu à se refaire une nouvelle
bibliothèque, « plus importante, il est
vrai, par le nombre de volumes que
par la qualité des ouvrages. » Ceux
qui, à cette époque, ont connu de
Chênedollé, ajoute le biographe que
nous prenons pour guide , se sou-
viennent sans nul doute de sa petite
maison de la rue Notre-Dame-aux-
Meiges, encombrée de la cave au gre-
nier, et dont l'escalier était devenu,
sinon impraticable, du moins dange-
reux pour les visiteurs. Cette seconde
bibliothèque a été dispersée le 50 mai.
i862. L'auteur du catalogue nous ap-
prend qu'indépendamment des 1,991
numéros inventoriés, on avait vendu
préalablement vingt mille volumes dé-
pareillés ou sans valeur ('). M. Capi-
taine s'est donné la peine de dresser
la bibliographie complète et détaillée des
ceuvres de Ch. de Chênedollé ; nous
nous contenterons d'y renvoyer les
curieux et d'en donner ici un court
aperçu.
I* Dans les Frocès-verbaux des séan-
ces publiques de la Société libre ^Emu-
lation de Liège, de Chênedollé a publié,
en 1859 , un essai de traduction en
vers du début du poème de la Seconde
guerre punique y de Silius Italicus; en
1825, un Rapport sur les travaux de la
Société depuis le 25 décembre 1822. —
Le Registre aux procès-verbaux du Co-
mité de littérature de la même compa-
gnie contient (1824) une intéressante
notice, communiquée plus tard à l'Aca-
démie de Belgique (v. Bull. t. X, l'«
partie, p. 287) sur l'ancien ministre
Faick, présenté à la Société comme
membre honoraire.
2<» Dans VAlmanach de la province de
Liège, année i820, on trouve une notice
signée C.C. sur rUniversité deLiége et
sur VEcole d'enseignement mutuel. De
Chênedollé y annonçait l'intention de
publier chaque année un résumé des
travaux de l'Université ; mais il ne
donna pas suite à ce projet.
3» Notices nécrologiques sur G. J. E.
Ramoux, associé résidant, et H. iV. Ba-
ron de Villenfagne, membre honoraire
de la Société d'Emulation. Liège, 182G,
în-8o.
Extr. du Journal de la province de Liège
(29 janvier, i, 2 et 3 février 1826). L'art,
consacre à. de Villenfagne a éié repro>
duit dans la Riograpfne universelle de Mi-
chaud , dans X Annuaire nécrologique de
Mahul (1826, p. 441), dans la Biographie
liégeoise de Becdelièvre , el , avec des
corrections, dans V Annuaire de C Académie
royale de Bruxelles (i837).
4" Eléments de prosodie à Vusage des
élèves du collège de Liège. Liège, in-12
(vers i827), anonyme.
5« Dissertation sur les Concordats
par le comte de Lanjuinais, pair de
France, etc., suivie du texte officiel de
toutes les pièces formant les Concordats
de 1801 et de 1827, et d'un Examen
critique de la dernière convention.
Liège, 1827, in-8«.
&* Contrefaçon du Globe, célèbre re-
cueil français (philosophique, politique
et littéraire). Du 5 juillet 1827 au 51
décembre 1828, petit in-fol. (Cette pu-
blication cessa faute d'abonnés).
V OEuvres complètes de Walter
Scott, trad. de Defauconpret. Liège
Lemarié, 1827, 1829, 94 vol. in-12.
(') Travail refait et publié depuis par
M. Ernest Van Bruyssel, secrétaire du bu-
reau paléographiqne.
(•) Vi. CSi^iiSimt, Nécrotoge liégeoi»pour
4862.
[i) Id., Ibid, Le catalogue de la première
bibliothèque vendue à Liège ne comprenait
pas moins de 9,930 numéros.
107
CUÊ
108
Cette édition contient des rectifications
et des notes dues à MM. F. Capitaine,
Ch. de ChènedoUé et A. Lemarié.
8« Notice historique sur les évéques,
leur origine, leurs prérogatives, etc.,
suivie du tableau complet, en latin et
en français, des cérémonies usitées à
leur sacre et à leur dégradation, et
d*une liste chronologique des évéques
et des suffragants du s ége de Liège.
Liège, Desocr, 18Î9, in-S*.
Brochure publiée à l'occasion du sacre de
MP Van Bommel, évèque de Liège.
9^ Gulielmo primo Regium Leodiense
gymnasium invisenti, etc. Liège, 1829,
feuille in-plano (Pièce de vers hexa-
mètres).
lO» Mesures proposées dans Vintérét
des lettres, de la librairie et des biblio-
thèques de rEtat en Belgique, Liège,
18i0, in-8o.
Tiré k part de la Revue beige. De Chêne-
dollé demande qu'aucun ouvrage ne puisse
Atre annoncé par la presse s'il n'a été préa-
lablement inscrit au Journal de la librairie,
et que trois exemplaires des publications
nouvelles soient déposés, avant la mise en
vente, an secrétariat communal du domicile
des auteurs.
Il<» Observations sur Vart. H du
projet de loi relatif à la propriété litté-
raire en France, Ibid, i840, in-8*.
Complément du No précédent. « L'exem-
plaire destiné à la Bibliothèque royale de-
vrait être présenté relié, lorsque Touvrage
compte plus de 150 pages, et en demi-re-
liure, s'il est moins étendu. »
i2<> De la Belgique au 17 mars 184i,
par un électeur. Liège 4841, in-8''.
L'auteur demande la dissolution des deux
Chambres.
15** Supplément aux Promenades his-
toriques du D' Bovy. Liège 1841,in-8o,
avec portrait.
Ce volume, comprenant des extraits de la
Bévue belge et des articles relatifs à Bovy,
forme le t. II I des Promenades historiques
(v. la Revue belge, t. XX, p. 109).
14o Lettre au Journal de Liège sur le
prétendu 6* exemplaire de la première
bible de Mayence retrouvé à S'-Trond
(25 oct. 1842).
15* John Cockerill et le pont de Se-
raing (poème de 40 vers, avec notes).
Liège, 1843, in-8«.
16° Lettre inédite de Reynier. Liège,
1843, in-8o. — De Cbénedolié annonce
qu'il prépare une nouvelle édition des
Loisirs de trois amis (v. Fart. Destri-
veaux), et qu'il recueille les éléments
d'un Essai de biographie liégeoise. En-
core de beaux projets avortés.
17® Note biographique sur un passage
de la notice que M, Ch. Morren a con-
sacrée àP,de Candolle (Bull, de l'Acad.
de Bruxelles, t. X, 1" p., p. 241),
1843. — Dans le même Bulletin, t.
XIX, correction proposée pour le vers
43 de VÉpitre aux Pisons. Au lieu de :
Ut j^m nunc dicat jàm nunc debentia dici,
de Cbénedolié voudrait :
Ut jftm nunc dicat jiim nunc dicenda,diuque.
M. Bormans a consacré à cette cor-
rection un rapport de 20 p., et Ta
déclarée inadmissible — Note pour
servir à Vhistoire des sciences en Bel-
gique pendant le XVIII* siècle (sur les
travaux scientifiques de Neuray, curé
de Slavelot). — Sur une découverte de
monnaies gauloises faite à Fisenne (Lux-
embourg) en 1832; sur «ne inscription
en vers latins du musée d'Aix (1841) ;
sur un Ms. de la bibliothèque de Bour-
gogne (1843); deux pièces de vers iné-
dites adressées au baron de Stassart et
à Ph, Lesbroussart (1855).
1 8« Un grand nombre d'articles biblio-
graphiques dans le Bulletin du Biblio-
phile belge, réunis en un vol. sous le
titre de Mélanges littéraires, Bruxelles,
Devroye, 1853, în-8«).— De Cbénedolié
dirigea ce recueil de 1850 à 1852. Il y
publia, entre autres, de Nouveaux mé-
langes inédits du baron de Yillenfagne.
19® Bibliographie générale des Belles
morts ou vivants. Bruxelles. Leipzig,
Muquardt, 1849, in-8«.
L'auteur principal de cet ouvrage est M.
P. Roger, de Marseille, ancien sous-préfet
et fondateur de VEurope monarchique (Bru-
xelles) ; de Cbénedolié y a travaillé avec
MM. A. Pinchart et A. de Reume.
2^ Dans le Messager des sciences, etc.,
de Gand ; a. Le pont de la Meuse à
Maestricht (note biographique sur Frère
109
COiM
HO
Romain, architecte), 185i ; b. Cause
secrète de la perte de la bataille de Ra-
mllies. (Détails curieux infirmant l*opi-
nioQ de VoJtaire et de la plupart des
historiens, et empruntés à la Vie de
Charles VI publiée par le génovéfain
OudîD, en 1780, dans VEsprit des jour-
naux,
%i^ Simples conseils aux ouvriers, par
un de leurs véritables amis. Bruxelles,
Devroye, 185?. in-12.
Peiite brochure populaire, destinée à rap-
peler à l'ouvrier les bienfaits de l'ordre, du
travail et de la tempérance. Elle a eu trois
tirages. L'auteur nous a assuré, dit M. Ca-
pitaine, qu'il en avait été vendu 9000 ex.
La Société générale pour favoriser F industrie
nationale a souscrit, à elle seule.poar 500
exemplaires. — Il en a paru, en 1853, une
traduction flamande (S tirages de \ ,000 ex.
chacun).
2â<* Mémoires et souvenirs sur la Cour
de Bruxelles et sur la Société belge depuis
Tépoque de Marie-Thérèse jusqu'à nos
jours, Bruxelles (Lessines), 1856, un
vol. in-S^".
En collaboration avec M. P. Roger. Les
portraits politiques de MM. Ch. et H. de
Brouckere, le prince Joseph de Chimay, Ad.
Decbamps, de Decker, B. Dumortier, De-
vaux , Frère Orban , Gendebien, Lebeau, le
prince de Ligne, le comte F. de Mérode, J.-B.
Mothomb, Ch. Rogier, le baron de Surlet, de
Theux, Van de Weyer et J. Van Praet, qui
terminent le volume, seraient plus particu-
lièrement dfts k de Chènedollé.
25* Lettre à \sl Revue de la Numisma
tique belge (1859): faut -il dire Numis-
mate ou Numismatiste ?— De Chènedollé
se prononce pour Numismate.
24" A la mémoire d^Edouard Wac-
ken, par un de ses anciens professeurs,
confident de ses premiers essais poé-
tiques. Liège 1861, feuille in-8 (extr,
de la Meuse du 15 avril). — C'est,
paraît-il , la dernière production de
Ch. de Chènedollé.
2&> Collaboration à ^Observateur de
la Belgique^ au Mercure belge, à la Ga-
zette de Liège de M. Latour, (1819-
1824); communications au Journal de
Liège, (avant 1844), k la Meuse et k
YEtoUe belge ; art. dans la Biographie
universelle de Michaud ; articles de cri-
tique littéraire dans la Revue belge ,
notices diverses, entre autres sur S. P.
Q. R. (t. XXI, p. 86), traduction en
vers 6'épigrammes de Martial (t. XXIII,
p. 280 et 572, t. XXIV, p. 61 et 163),
discours de distribution de prix, etc.
Le succès de la brochure citée n* 21
inspira au Gouvernement, en 1854,
ridée de charger de Chènedollé de
la rédaction d*un petit Traité de mo-
rale à l'usage des prisons ; mais ce pro-
jet n'eut pas de suite. Notre publi-
ciste, d'autre part, conçut, comme nous
Tavons dit, toutes sortes de plans qull
n'exécuta jamais : nous renvoyons le
lecteur au Nécrologe liégeois.
De Chènedollé avait été membre de
la Commission administrative et Tun
des fondateurs de la Société d'encou-
ragement pour Vinstruction élémentaire
(v. Tart. Arnould), et membre de la
Commission directrice de IxRevue belge
1859-1845) ; l'Institut historique de
France, la Société des Antiquaires de
Normandie et la Société des Biblio-
philes de Mons le comptaient parmi
leurs associés.
Comlialre (JbAN-NiCOLAS) , né k
Liège le 30 janvier 1778, mort à
Flémalle-Haute le 22 octobre 1857.
Son frère aîné, Mathieu-Nicolas, se fit
un nom comme poète pastoral {*);
r«lui-ci, avec des goûts littéraires non
moins prononcés, se sentit cependant
plus porté à sonder les secrets de la na-
ture qu'à en célébrer les beautés.
Le professeur Charmant lui avait
appris à aimer les anciens ; le pro-
fesseur Christian sut l'enthousiasmer
pour l'étude de la chimie et des sciences
naturelles, et cette dernière influence
fut décisive. Ses maîtres le prirent en
affection; il en résulta qu à l'époque où
il partit pour Paris, avec l'intention d'y
commencer ses éludes médicales, on
remarqua en lui une maturité précoce.
(M Cne intéressante étude sur M. N. H. Kuborn, a paru en iS57 dans t'ilnnuaire
Comhaire^ due à la plume de M. le docteur de la Société d'Emulation de Liège.
m
COM
112
un esprit sainement cultivé, des apti-
tudes brillantes déjà nettement accu-
sées. Il subit de brillants examens ;
Duméril et Husson constatèrent dans le
procès-verbal de son admission qu'il
était très-versé dans les sciences ana-
tomiques. il fut prosecteur de Dupuy-
tren; sa thèse de doctorat est dédiée à
cet homme illustre. Elle traite de l'ex-
traction des reins et des conséquences
anatomicO'physiologiques qui en décou-
lent (1805). Ce premier travail fit sen-
sation; le docteur Rullier, à Tarticle
reins du Dictionnaire des sciences médi
cales, en paria dans les termes les plus
favorables. Gomhaire revint à Liège et
ne tarda pas à s'y faire une notable
clientèle. Mais la pratique de la méde-
cine ne suffisait pas à son ardente
activité; dès i806, sous les auspices de
Tautorité, il ouvrit avec Ansiaux, à
Tamphithéâtre S'-Clément, des cours
publics et gratuits de médecine et de
chirurgie ( * ). Bientôt de nombreux
élèves, sur les certificats de ces deux
hommes éminents, furent admis à Texa •
men de docteur dans les diverses écoles
de Paris ; d'autres subirent Texamen
d*officier de santé devant le jury dépar-
temental. L'école fondée par Ansiaux
et Comhaire fut, pendant dix ans, un
des centres scientifiques de la Belgique
réunis à l'Empire. « Lors de la création
» des Universités belges en 1816, la
» réputation des professeurs de l'école
» de Liège, les avantages évidents que
» leur enseignement avait répandus
» dans une grande partie delà Belgique,
» fixèrent le choix du gouvernement, et
» l'un des grands centres d'instruction
» fut établi dans cette ville. Ce sont
» donc les travaux d'Ansiaux et de son
» digne collègue et ami Comhaire, ajoute
» le docteur Habets('), qui nous ont
» en quelque sorte dotés de moyens
» d'instruction inappréciables... nCorn-
haire compléta son œuvre en fondant
un cours de clinique interne à l'hôpital
de Bavière (1811). On voit que le gou-
vernement trouva sous la main, le mo-
ment venu, les éléments essentiels d*une
bonne Faculté de médecine. Comhaire
fut nommé en 1817 professeur à l'Uni-
versité, avec mission d*enseigner, pen-
dant le semestre d'hiver, Tanatomie et
la physiologie, et en été, la matière
médicale et la clinique interne. Plus
tard , il remplaça l'enseignement de
l'anatomie par celui de l'hygiène : il
s'était depuis longtemps occupé d'une
manière particulière de cette science,
dont la haute importance n'avait pu
échapper à un esprit aussi élevé et aussi
clairvoyant. Il recueillait avec le plus
grand zèle des observations météoro-
logiques, et mettait autant de soin
minutieux à observer les faits, que de
prudence à en tirer des conclusions. Il
sut acquérir le respect et la confiance
de ses élèves par sa dignité personnelle,
par la clarté et la solidité de son ensei-
gnement, par son dévouement et son
activité infatigables. En dehors de l'U-
versité, son exemple et ses travaux
scientifiques exercèrent une influence
féconde sur le Corps médical. Il fut
un des plus zélés propagateurs de la
vaccine ; il remplit les fonctions de
secrétaire du Comité institué à cet effet.
Comhaire fit partie, en la même qualité,
de la Commission médicale provinciale;
l'administration lui conféra, en outre,
le titre d'inspecteur de la santé pu-
blique. Membre honoraire de la Société
de médecine de Liège, correspondant
de celles de Louvain et de Bruxelles, il
rendit de nombreux services aux so-
ciétés qui l'accueillirent dans leur sein.
En 1811 et en 1819,11 présida le Comité
des sciences de la Société d'Emulation.
Il fut l'éloquent organe de ce Comité,
lorsqu'il prononça en séance publique,
le 25 avril 1821, un discours sur la vie
et les travaux de son ami le docteur
Nysten, dans le but d'obtenir Finscrip-
tion honorabk du nom de l'auteur du
( ' ) La même année, le docteur Ramoux
rétablit, ài la Malernitd, le cours sur l'art
des accouchements qui avait été fondé, vers
la fin du siècle dernier, par Fallize, sous la
surveillance de la Société d'Emulation, et
supprimé pendant la tourmente révolution-
naire. V. Ul. Capitaine, Notice historique
sur la Société cCBmulation (Annuaire de
1886, p. 51).
(■) Notice sur N. G, A, J. Ansiaux,
LiégeiSlâ, in-S», p. 13.
H3
GOM
H4
Dictionnaire de médecine dans la galerie
des illastrations liégeoises, qui, comme
on sait, donne à la grande salle de la
Société le caractère d*une sorte de
panthéon local. Le nom de Nysten y fut
effectivement inscrit en lettres d'or,
comme plus tard celui d^Ânsiaux. On
doit à Comhaire, outre sa thèse, un
assez grand nombre de travaux divers :
i"» De Anatomiày discours inaugural
prononcé le 3 novembre i8i7 (Ann.
Acad. Leod. vol. 1) ; 2"" Constitution
météorologico-médicale observée à Liège
en i816 (Liège, 1817, in-8«); 3° Notice
historique sur le docteur Nysten (Liège.
1822, in-8<>); 4° De vanitate systematum
in clinice medicâ, discours prononcé le
9 octobre 1826, à Toccasion de la re-
mise du rectorat, dignité qu'il avait
revêtue le 10 octobre de Tannée pré-
cédente (Ann. Acad. Leod. vol. 9); 5°
Rechercha physico-médicales sur rem-
ploi et Vaction du sulfata de quinine
(1850), ouvrage dédié à M. Andral,
professeur à la Faculté de médecine de
Paris (Comhaire est le premier qui, en
Belgique, ait employé ce médicament);
6® De nombreuses observations, consi-
gnées dans les principaux journaux de
médecine de Paris. — Enfin Comhaire
a laissé un précieux recueil, malheu-
reusement inédit, d'observations météo-
rologiques (sous forme de tableaux),
commençant en 1804 et se prolongeant
Josqu^à Tannée même de sa mort.
Sources : Ul. Capitaine , Notice sur
la Société d^Emulation. — A. Habets,
Notice sur Ansiauj;. — Piron, Alge-
meen Levensbeschryving.eiv, Malines,
1860, in-4». — Journaux de 1837. —
Renseignements fournis par M. N. An-
siaux.
courtou (Richard-Joseph) naquit
à Verviers le 17 janvier 180G et mourut
à Liège le U avril 1835. Une rue de
cette dernière ville porte aujourd'hui
son nom (') ; son portrait figure sur le
diplôme de la Société royale d'horticul-
ture de Liège, parmi ceux des grands
botanistes qui ont illustré le pays (*) ;
mais autant ces honneurs ont été légi-
timement conquis par lui dans le court
espace d'une carrière de vingt-neuf ans,
autant cette carrière elle-même a été
pénible et douloureuse. La vie de Cour-
tois peut se résumer en deux mots :
dévouement iniatigable à la science,
lutte incessante contre la misère. On ne
peut rappeler le souvenir de ses travaux
et de ses souffrances sans partager
Témotion de son biographe Ch. Morren,
dont nous ne saurions mieux faire que
de suivre le récit (').
Courtois père était un petit fabricant
de draps, peu aisé, chargé d'une famille
nombreuse et ne pouvant donner à ses
treize enfants une éducation soignée.
Une circonstance toute vulgaire déter-
mina la carrière du jeune Richard.
« Placé dans une petite école d'en-
fants, à quatre ans il savait lire cou-
ramment; hors des heures de classe,
il allait jouer avec ses camarades aux
abords si pittoresques de sa jolie ville
natale. On sait que Verviers était l'ha-
bitation du Nestor de la botanique belge,
le docteur Lejeune (*), qui préparait
vers ces années sa Flore de Spa, ^iuhWèe
(' ) Derrière le jardin botanique, entre la
rae Fuach et la rue des Anges.
{ *) Cet hommage a été rendu k sa mémoire
sor la proposition de Ch. Morren.
( * ) Notice sur A. Courrou, dans V Annuaire
de tAcad, roy, de Belgique , année 1838,
p. 105-139, et année 1839, p. 91-93.— Une
autre notice plus courte a paru dans le
Messager des arts, etc. de Gand (nouv. série,
S* livr., p. 345}; elle renferme quelques
inexactitudes. — Le travail de Ch. Morren a
été réimprimé dans la Biographie liégeoise
de Becdelièvre, t. Il, p. 73i-75i.
{*) Lejeune (Alexandre-Louis-Simon), né
k Verviers le S3 décembre 1179, y mourut
le 38 décembre 1858.
Nous aurons l'occasion, ci-après, de dire
un mot de quelques-uns de ses travaux ,
entrepris en collaboration avec Courtois. Le
professeur Kickx, de Gand, lui a consacré
une notice intéressante dans le tome XI de
la Belgique horticole (Repr. dans VAnnuaire
de l'Acad, royale de Belgique). — Voir aussi
le Nécrologe liégeois de H. Ulysse Capitaine,
1858, p. 69-79 et 1860. p. 85.
H5
COU
116
en 181 1 ( * ). Dans ses visites médicales,
il descendait souvent de cheval pour
herboriser et recueillir les nombreuses
espèces de plantes que produit un aussi
beau pays, tout entrecoupé de mon-
tagnes, de vallons, de ruisseaux et de
rivières. Le Jeune Richard, tout enfant
qu'il était, avait remarqué ce manège ;
sa curiosité fut vivement piquée ; son
intelligence naissante mais si précoce,
se demandait ce qu'on pouvait voir de
si attrayant dans les fleurs. Rencontrant
souvent M. Lejeune, il quitte ses com-
pagnons de jeu, longe les berges des
chemins et se hasarde enfln à demander
un jour à notre botanographe la per-
mission de tenir la bride de son cheval.
Son but n'était que de voir de plus près
pourquoi et comment les fleurs occu-
paient tant M. Lejeune. Il comprit alors
que leur diversité, leurs formes si gra-
cieuses se multipliaient en quelque sorte
par leur dissection; la curiosité, si na-
turelle aux enfants, si utile à l'homme
fait, fournit dès lors à Courtois d'inta-
rissables jouissances dans la contem-
plation de tant de beautés. Il n'osait
pourtant souffler mot; mais M. Sister.
l'instituteur, avait remarqué le goût
qu'il portait désormais aux fleurs et la
constance qu'il mettait à suivre, de loin,
le botaniste qui devait bientôt devenir
son protecteur; il en parla à M. Lejeune ;
celui-ci interrogea le petit Richard et
le prit en affection. Richard avait alors
six ans; M. Lejeune le fit entrer au
collège, et un an après, son protégé
remportait le prix dit du drapeau (*) o.
Stimulé par un premier succès, l'enfant
continua de se distinguer dans ses
études; l'excellent docteur l'envoya au
collège de Liège pour y terminer ses
humanités ; Richard en sortit à 14 ans,
chargé de couronnes, mais inquiet de
l'avenir. L'abbé Roland, qui avait dirigé
ses études, à Verviers, le destinait k l'état
ecclésiastique. Or l'enfant ne se sentait
aucune inclination pour la théologie; son
désir eût été d'aborder à l'Université de
Liège les études médicales : mais ses pa-
rents ne pouvaient s'imposer un pareil
sacrifice. Le docteur Lejeune fut encore
sa providence ; il s'entendit avec un
autre homme généreux, M. Génin, mar-
chand de laines , le même à qui le cé-
lèbre violoniste Vieuxtemps doit aussi
en partie son avancement ('), et tout fut
dit. A l'Université, Denzinger (v. ce nom)
remarqua bientôt sur les bancs un tout
jeune élève qui se distin^ait entre
tous ; il le fit venir chez lui , le traita
comme son propre enfant et le poussa
plus avant dans Tétude du latin. Richard,
apprit à manier cette langue avecaisance
et élégance; il se mit k rédiger en
latin des thèses pour ses condisciples,
et trouva ainsi le moyen de faire quel-
ques économies (*), Reçu candidat en
médecine, il fut nommé chef de la
clinique interne à l'hôpital de Bavière.
Il y resta deux ans , mais s'occupa de
botanique plus volontiers que de mé-
decine ; cependant il subit son dernier
examen avec la plus grande distinction,
le 20 juin 1825. Nous venons dédire
que Tétude des plantes était restée sa
passion ; il finit par s'y consacrer en-
tièrement Pendant son séjour à l'hô-
(« ) Liège, S vol. in-8«, 1811-1813.— En
18S4 parut une ff«vii« de cet ouvrage, conte-
nant des additions et des modiflcalions : le
nom de Courtois figure parmi ceux des per-
sonnes dont l'auteur avait reçu des commu -
nications. Dès l'année suivante, Courtois
était devenu le collaborateur inséparable du
docteur Lejeune.
(') Morren, p. 108-109. — Le prix du
drapeau dtait un prix d'excellence ; on con-
duisait le lauréat chez lui, en cortège, dra-
peau en tète.
(') Ch. Morren l'appelle M. Gémie; c'est
une faute d'impression fv. dans VAnnuaire
de la Société d'Emulation de Liège, année
1867, la notice de M. J. Renier, de Verviers,
sur Yenfance de Vieuxtempe, p. S05-218).
(*)«Pius tard, dit Ch. Morren , lorsque
le malheur vint assiéger son foyer domes-
tique, le papier de ces thèses lui servait de
feuilles d'herbier; j'ai trouvé sur les marges
de ces publications des notes fort intéres-
santes pour la flore du pays. Pouvait-il
imaginer, le jeune Courtois, qu'alors qu'il
serait devenu professeur, il serait à court
d'argent pour acheter du papier, et que les
mêmes pages qu'il vendait à des élèves in-
capables deviendraient le dernier véhicule
de sa pensée ? > (p. 109} .
«7
COU
118
pilai, il avait remporté (7 octobre 182S)
la médaille d*or au concours ouvert par
lUniversité de Gand sur la question
suivaote: On demande une exposilion
succincte de nos connaissances actuelles
sur foriginef la situation, la structure
et la fonction des organes servant à la
propagation chez les plantes phanéro-
games. Ce n'était qu*un travail d*élève,
mais remarquable déjà par une logique
serrée, par une disposition claire et
méthodique, par un style concis et par
une saine érudition ; on y sentait 1 in-
fluence de Tesprit germanique, l'in-
fluence de Denzinger et de Gaëde (v. ces
noms). Ce début fut remarqué, et une
liaison de plus en plus intime avec le
docteur Lejeune rendit Courtois de plus
en plus indifférent à Tart d'Uippocrate.
Malgré la différence d'âge, Lejeune, qui
avait conçu l'idée de publier une flore
du pays en plantes sèches, un herbier
mis en fascicules , choisit Courtois
comme collaborateur. C'était en i825;
Richard était sur le point de se faire
recevoir docteur en médecine ; néan-
moins, il accepta avec enthousiasme la
proposition de son protecteur et se mit
à parcourir, en herborisant, toutes les
localités de la contrée. Ces courses lui
offrant l'occasion de recueillir des ren-
seignements de toute espèce , Lejeune
lui donna lldée de recueillir, chemin
faisant, les matériaux d'une statistique
provinciale. Ainsi s'explique, pour le
dire en passant, le choix du sujet de la
thèse de Courtois : Topographie physico-
médicale de la province de Liège. Posi-
tion géographique, constitution géolo-
gique et minéralogique, marais, cours
d'eau, eaux minérales (liste très-com-
plète) , flore et faune, météorologie ,
constitution physique et morale des ha-
bitants, hygiène, maladies et épidé-
mies, hospices, etc.. Courtois nota,
observa tout: on regrette que cette
dissertation, fourmillant de faits curieux
et peu connus, soit devenue rare au bout
de peu de temps, et surtout qu'elle n'ait
point été traduite en français. Quant au
Choix des plantes de la Belgique, il en a
paru, de 1825 k 1850, 20 livraisons de
50 plantes chacune, soit 1,000 plantes
parfaitement classées et élégantées ,
quelquefois décrites par les deux au-
teurs.— La Statistique de la province vit
le jour en 1828 (2 vol. in-8o). Courtois
s'attachait surtout à la topographie, à
la géographie et à l'histoire naturelle.
Son cadre n'embrasse ni la criminalité,
ni l'instruction publique, ni rien de ce
qui tient à la vie sociale ; mais comme
description du pays et de ses ressources
naturelles, l'ouvrage est aussi complet,
aussi exact qu'on peut le désirer, et
aujourd'hui encore il soutiendrait le
parallèle avec les meilleurs du genre.
A l'époque où il le publia, Courtois
était depuis trois ans attaché à l'Uni-
versité de Liège, en qualité de sous-
directeur du jardin botanique ( * ) ; il
relevait du professeur Gaêde. Son ho-
rizon commençait à s'étendre : il pouvait
se livrer à loisir à ses études chéries et
ses relations scientifiques devenaient
de plus en plus nombreuses. 11 travail-
lait toujours avec Lejeune. Ils donnèrent
au public, dès 1827, le premier volume
du Compendium florœ Belgicœ, recueil
où les résultats des investigations de
tous les botanistes belges étaient réu-
nies pour la première fois en un fais-
ceau, et enrichis des propres recherches
des deux auteurs. L'ouvrage forme trois
volumes : le second parut en 1831, le
troisième en 1836 seulement, après la
mort de Courtois; 1791 espèces y sont
décrites, les cryptogames cellulaires
comprises. « La description des es-
pèces, dit Ch. Morren, y est souvent
originale; les localités y sont indiquées
avec soin, les synonymies revues aux
sources mêmes ; après tout, cet ouvrage
mérite encore la préférence sur tous
ceux que nous possédions déjà (*) ».
Res angusta <iemi, c'était le revers de
la médaille. Avec son modique traite-
ment, qui le mettait presqu'au niveau
du jardinier en chef. Courtois ne par-
venait pas à nouer les deux bouts de
l'année. Etudiant , il avait su vivre de
privations ; mais la situation n'était
plus la même; en 1828, il s'était marié
à Veniers, sans calculer, ne consultant
(') Sa nominalioQ date da l** décembre
1825.
{•)?.iiA.
H9
COU
120
que son cœur. Il se rappela donc qu*U
était médecin, et pour se faire connaître
comme tel, publia deux traductions
d'ouvrages allemands, dûs à des pro-
fesseurs de rUniversité de Wûrzbourg.
Les efforts quHl dut faire pour chercher
à se procurer une position indépen-
dante, tout en conservant ses fonctions
et en poursuivant ses travaux scienti-
fiques, développèrent en lui le germe
fatal de la phthisie pulmonaire qui
Tenleva avant Tâge. Ajoutons qu'il ne
parvint Jamais à s'affranchir des préoc-
cupations du lendemain; son logement
plus que modeste, au Jardin botanique,
était en rapport avec son train de vie.
Les angoisses de la misère finirent par
l'aigrir et par lui faire commettre une
grave imprudence. Nous ne qualifierons
pas autrement la démarche qu'il fit au-
près du ministre pour obtenir la chaire
de Gaéde, son professeur : l'arrêté du
16 décembre 4830, en apportant de
grands changements dans le personnel
enseignant de l'Université de Liège,
n'avait point pourvu, par une circons-
tance inexplicable, à la nomination d'un
professeur des sciences naturelles, ou
au maintien de l'ancien titulaire : Cour-
tois crut pouvoir en conclure que Gaëde
avait par cela même reçu sa démission,
comme d'autres étrangers, il se trom-
pait: au bout de quelques jours, Gaëde
fut réintégré dans ses droits, et natu-
rellement il n'y eut plus dès lors que
des rapports légaux entre le directeur
du Jardin botanique et son subor
donné. Gaéde mourut le 2 janvier i854 ;
la demande de Courtois devenait alors
légitime; mais le gouvernement avait
pris la résolution de ne point nommer
de nouveaux professeurs avant la pro-
mulgation d'une loi organique de l'en-
seignement supérieur. Sur l'avis du
Collège des assesseurs, l'héritage de
Gaëde fut divisé : Courtois obtint pro-
visoirement le cours de botanique ; Car-
lier ( * ), remplacé plus tard par Schmer-
ling , celui de géologie ; Fohmann ,
l'anatomie comparée ; enfin Davreux ( '),
la minéralogie. Il ne fut pas donné au
malheureux Richard de former de nom-
breuses générations d'élèves : le mal qui
le rongeait prit graduellement des pro-
portions graves ; il y succomba quelques
mois avant la réorganisation universi-
taire. Ses derniersjours même ne furent
pas tranquilles ; soupçonné à tort d'avoir
prêté la main à certaines menées poli-
tiques, il fut un instant sur le point de
perdre son emploi. Il lutta jusqu'au bout
contre la mauvaise fortune, travaillant
toujours avec une ardeur qui devait
accélérer les progrès de sa maladie,
ne parvenant pointa recueillir les fruits
de ses peines ; « aimant les autres, dit
son biographe, et n'en étant point aimé. »
Aussi bien sa manière d'être ne prévenait
pas en sa faveur ; pour l'apprécier, il
fallait le pratiquer de très-près. Il con-
naissait peu les ménagements : sa rude
franchise lui fit souvent du tort. « Il
était sec, comme une. phrase spécifique
de Linné, mais aussi, comme elle, précis
et juste, frappant d'aplomb et allant au
cœur de la vertu s'il avait à la louer, du
vice s'il avait k le combattre Ce genre
de précision dans l'esprit, exprimée par
une parole quelquefois un peu âpre, ne
devait pas lui concilier l'amitié de tout
le monde ; mais si le botaniste de Ver-
vierfi n'eut pas ce bonheur, souvent peu
( * ) Préparateur à l'Université.
(*) Davreux (G.-J.), pharmacien à Liège,
professeur à l'Ecole industrielle de celte
ville, n'a fait qu'une apparition à l'Univer-
sité. Il a fourni, depuis, une carrière des plus
honorables et a rendu de véritables services
à la science. On lui doit non seulement un
Cours de chimie et de minéralogie (in-8<>),
fort estimé en son temps, mais encore un
Essai sur la constitution géognostique de la
province de Liège, mémoire couronné par
l'Académie de Bruxelles (t. IX.de la coll.,
i^ partie, p. 137). Davreux fut longtemps
secrétaire de la Commission n édicale de la
province et président de la Commission ad-
ministrative des hospices civils de Liège. Il
prit une part très>active aux travaux de
l'Académie royale de médecine, où il entra
en 1854 en qualité de membre titulaire. Les
services qu'il rendit en 1849, lors de l'inva-
sion du choléra, lui valurent la croix de Léo-
pold. Dans ses loisirs, il s'occupait avec
succès d'histoire et d'archéologie liégeoises.
Né à Liège en 1806, il y mourut presque
sexagénaire, universellement regretté pour
les qualités de son cœur non moins que pour
son mérite scientifique.
121
COU
122
désirabte en lui-même, du moins il fut
honoré de Testime de tous ceux qui le
connurent. Sa vie est peut-être semée
de quelques traits sur Tappréciation
desquels on n'est pas précisément d*ac-
cord; mais je dois à la vérité, continue
Ch. Morren (*), de déclarer ici que
Courtois mettait Famour filial au-dessus
de tous les devoirs. Des banqueroutes
et la révolution avaient détruit Tindustrie
de son père, qui expédiait ses draps en
Hollande ; cette nombreuse famille souf-
frait d'une gène continuelle. Richard
seul venait \ son secours, et à peine
avait-il recueilli quelque récompense de
ses travaux, que, sans s'inquiéter du
lendemain pour lui-même, il allait de
gailé de coeur donner à ses parents ce
qu'il avait reçu. Les dernières années
de sa vie sont remplies d'actions tou-
chantes et qui devraient à jamais fermer
la bouche à ses détracteurs. Ce n'est
pas sans doute le dehors qui doit nous
donner l'estime de nos concitoyens, et
si quelque chose est tout l'homme, ce
ne doit être que le cœur, que l'âme, que
la conscience enfin, dont la moralité est
celle des actions elles-mêmes. »
Courtois était correspondantde l'Aca-
démie royale des sciences et belles-
lettres de Bruxelles, membre de l'Aca-
démie impériale Leopoldino- Caroline
des Curieux de la Nature (sous le nom
de Dodonée H), de la Société royale de
botanique et d'agriculture de Gand, de
la Société d'horticulture d'Anvers, delà
F/ore de Bruxelles, enfin secrétaire de la
Société d'horticulture de Liège. Il jus-
tifia le préndm que lui av;nt décerné
I Académie Leopoldino-Caroline, selon
l'usage traditionnel, par une élégante
dissertation in Remberti Dodonœi pemjh
tades (1855), a dans laquelle il établit
une synonymie complète entre les noms
que portaientles plantes au XVI' siècle,
tels qu'on les trouve dans les ouvrages
de Dodonée, etceux que la nomenclature
actuelle leur attribue. A ce mémoire
est jointe Ténumération des espèces
Indigènesetexotiques cultivées au jardin
de 1 infirmerie de la célèbre abbaye de
Diilighem, en 1653, d'après l'herbier
du frère Bernard Wynhouts (•). Ce
travail est fort curieux pour Thistoire
du commerce et de l'horticulture an-
cienne de notre pays; c^r il démontre,
comme son auteur le fait remarquer, que
la Belgique voyait cultiver à cette époque
une foule de plantes très-rares, surtout
de Curaçao, des Moluques, du Brésil,
etc. )) Le titre de membre correspondant
de l'Académie de Bruxelles fut obtenu
par Courtois à la suite de l'envoi d'un
mémoire (6 décembre 1854) sur les til-
leuls d'Europe^ le dernier de ses ou-
vrages. « A la même époque, je dirais
au même jour (nous laissons encore par-
ler Ch. Morren), M. Edouard Spach
remit à Paris, aux directeurs des Annales
des sciences naturelles, un travail sur
la même matière ; l'histoire de ce bel
arbre, si abondamment cultivé dans les
sites pittoresques de la province de
Liège, n'en deviendra que plus difficile.
L'un et l'autre de ces botanistes ont,
comme on le pense bien, créé des es-
pèces nouvelles. M. Hosl, premier mé-
decin de l'empereur d'Autriche, décédé
en avril 1854, avait déjà précédé les
auteurs dans la détermination des es-
pèces confondues par Linné sous le nom
de Tilleul d'Europe. Cet arbre méritait
une attention particulière. Courtois le
regardait, d'après M. de Candolle ,
comme celui qui, en Eurot)e, pouvait
atteindre les plus grandes dimensions.
On cite cependant des Pins sylvestres
et des Frênes (Fraxinus excc'lsior) de
150 pieds de hauteur, tandis que la plus
longue branche du Tilleul de Neusladt
dans le Wurtemberg, dont on estime
l'âge â 700 ou 800 ans, ne mesure que
iOO pieds de longueur. Il est très-re-
marquable que les espèces nouvelles
citées par Courtois ont toutes été trou-
vées dans la même avenue d'une petite
ferme des environs de Verviers. »
Courtois exerça une grande influence
sur l'horticulture et l'industrie des
jardins, dans la province de Liège.
Son nom reste inséparable de celui de
Jacob-Makoy , cet homme d'une vo-
lonté et d'une persévérance indomp-
tables, qui, abandonnant tout d'un coup
( * ) P. 12S. notice, cet herbier appartenait au professeur
V* j A l'époque où Ch Morren écrivit sa Kickx (p. ii9).
123
COU
124
le pic du bouilleur pour la bêche du
jardinier, sans savoir un mot de latin,
mais doué d'one mémoire sûre et plein
de confiance dans sa bonne étoile, sM-
nitia en peu de temps à la connais-
sance des plantes et de leur culture,
fonda les premières serres modèles que
Liège ait construites, devint le premier
jardinier du continent et répandit ses
produits dans les deux hémisphères.
Jacob-Makoy fut, avec Courtois, le fon-
dateur de la Société d'horticulture de
Liège, dont Gaêde occupa le premier
le fauteuil présidentiel. Courtois était
son secrétaire. Lors du premier voyage
de Léopold 1*' à Liège, le roi visita
les serres de Jacob-Makoy, et grâce
à sa libéralité, Richard put visiter les
serres de Claremont et d'autres éta-
blissements horticoles de TAngleterre,
d*où il rapporta un grand nombre de
plantes rares. Les observations du
jeune voyageur furent recueillies dans
le Magann d^ horticulture^ et les conseils
qu'il donna aux Anglais sur la taille
des poiriers et des pommiers, traduits
dans leur langue, profitèrent aux jardi-
niers de la Grande-Bretagne et des Etals-
Unis d'Amérique ( * ). Un jardinier an-
glais, dont il n'avait pas loué les mé-
thodes, crut cependant devoir protes-
ter dans un article assez vif, publié â
Londres et à Paris ; Courtois lui ré-
pondit en deux pages , où il fit l'apo-
logie des cultures du jardin Botanique
de Liège, injustement critiquées par
l'écrivain étranger. — Voici , d'après
Ch. Morren, la liste des ouvrages de
notre infortuné botaniste.
1® Richardi Courtois, Ververiensis,
Responsio ad quaestionem botanicam
ab ordine matheseos et philosophi»
naturalis in academiâ Gandavensi ,
anno 4821 propositam : Quceritur con-
cinna expositio eorum , quœ de organo-
rum propagationi inserventium pha-
nerogamicorum ortu^ «t/u, fabricâ et
fonctione innotuerunt, Ann. Acad. Gan-
davensis, 1821-4822, 113 p. in-K
2^ Conspectus topographie physico-
medicœ provlnci» Leodiensis. Liège,
1825, in-4<» (Thèse inaugurale).
y Yerslag van een plant en land-
bouwkundig reisje , gedaan in julij
182G , langs de oevers der Maas , van
Luik naar Dinant, in de Ardennes en
het groot hertogdom LuJiemburg {Bij-
dragen tôt de naturk. wetenschapen ^
de Van Kall, Vroiik et Mulder (t. Il,
p. 450-479, 1827, in-8«).
Relation d'un voyage entrepris tvec Rronn
(v. ce nom;. Instractive pour les fleoristes.
4« Aanteekeningen over enige planten
der Zuidenlandsche Flora , en voor-
namlijk der Flora van de omstreeken
van Spa (Ib, p. 292-299).
Le doctear Lejeune a travaillé à celle
notice.
5** Verhandeling over de Renuncu-
laceœ der Nederlandsche Flora (Ibid.
p. G9-110).
Même observation.
6* Beschrijving van twee plantaar-
dige miswassen {Ibid, p. 226-227).
C'est l'histoire d'une prolification de VEry-
simum Cheiramhoidei et celle d'une sem-
blable anomalie dn Veronica monstruota
{média).
7» Overzigt van de minérale wateren
en warme bronnen van het Nederland
en een gedeelte van Pruisseu (Ihid. t.
IV, p. 19-55).
Statistique très-complète des eaux miné-
rales et thermales de la Belgique.
8<* Compendium florx Belgicae ,
cozyunctis studiis ediderunt A. L. S.
Lejeune et R. Courtois. T. T. Liège,
1827, 264 pages, petit in-8o. — T. Il,
1834 , 520 p.; T. III, 1856 (publié à Ver-
viers après la mort de Courtois).
9^ Recherches sur la statistique
physique, agricole et médicale de la
province de Liège. Verviers, 1828,
2vol.in-8<».
Au S* vol., après la page 281, s'ajoutent
14 tableaux non numérotés el un supplément
de S3 p. avec une pagination particulière. —
L'Université de Liège possède l'exemplaire
( * ) De l'influence de la Belgique sar l'in-
dustrie horticole des Etats-Unis, par Ch.
Morren. Liège, 1837, in-S».
1S5
DAN
126
de l'auteur avec une foule d'annotations et de
corrections, surtout au premier volume, des
tiné i une seconde édition.
lO"" Mémoire sur la population des
villes de la province de Liège, i839,
i8 p. in-8», et 7 tableaux.
Publié chez Vandermaelen. [Recueil de do-
cuments statistiques de Belgique).
il*» Mémoire sur la dyssenterie,
par le prof. Frederick de Wurzbourg,
trad. de Fallem. sur la 2« édition.
Liège, i 828. in-8o.
\^ Mémoire sur Tauscultation ap-
pliquée à la grossesse, par G.-S.
Haus, D. M. à Wurzbourg, trad. de
Tallemand, Liège, 1828, in-8*.
45** Catalogues et Procès-verbaux de
la Société d*Horticulture de Liège,
i850àl854.
U« Magasin d'horticulture. Liège,
CoUardin, 4852-1853, un vol. ou 42
livraisons în-8^.
La première livraison du second volume
(4-3) a paru en 4834.
4:;o Commentarius in Remberti Do-
donaei peroptades, 80 p. in-4° (Ann.
Acad. Cœs. Leop. Car. nat. curios..
vol. XVil, 4855).
Le second commentaire occupe les o. 65
à 80.
46* Lettre au directeur du Journal
d^Horticulture de Paris {Journal de
VAcad. d'Hortic, de Paris, t. II, nov.
4854, p. 97-98).
Réponse intéressante pour Tbistoire de
lliorliculture en Reigique, à une attaque
fort injuste d'un jardinier de Londres.
47* Mémoire sur les tilleuls d'Eu-
rope. Bruxelles, Hayez, 4855, 48 p.
in-4*>, et 5 pi. (Mém de VAcad. royale
de Bruxelles, l. X).
Maniscrits. — 4» Bibliotheca bola-
nica. Circiter fasciculi, LX.
Courtois travailla plus de dix ans à cette
Bibliographie générale de la botanique,
conservée par M. Fiess, bibliothécaire en
chef de l'Université de Liège. Les littéra-
tures belge et hollandaise, trop négligées par
les étrangers, y sont admirablement traitées.
L'auteur a mis à profit les meilleurs recueils
publiés en Allemagne et en Angleterre. 11
est très-regrettable que cet ouvrage n'ait
pas été publié : continué sur le même plan
jusqu'à nos jours, il intéresserait l'Europe
entière.
2® Tableaux d'organograpbie végé-
tale, in-fol. piano.
Ch. Morren nous apprend que plusieurs
articles ou mémoires de Courtois ont été
reproduits en Amérique, où ce jeune savant
avait plus de notoriété que dans sa patrie.
C'est ici l'occasion de dire, ajoute notre bio-
graphe, que son Mémoire sur la Géographie
botanique est connu dans tous les pays ou le
goût des cultures savantes a pénétré.
I»an<lelln (GkRMINAL-PiKRRB) , Uè
au Bourgetprès Paris, le 42 avril 4794,
mourut à Ixelles lez-Bruxelles le 45
février 4847. C'est à M. Quetelet que
nous demandons Tbistoire de sa vie ('),
à M. Quetelet, son ami d'enfance, le
confident et souvent le promoteur de
ses travaux, et comme il le disait lui-
même, son frère d'adoption. Le père de
Dandelin était Bourguignon ; sa mère,
née aux Ecaussines, le rattachait k
notre pays. Il était encore enfant lors-
que ses parents vinrent s'établir en
Belgique (*). Il entra au Lycée de
Gand en 4807, lors de la création de
cet établissement ; dès la première an-
née, il y reçut les galons de sergent-
m:gor, a grade le plus élevé dans cette
petite colonie semi-militaire, n Ses
études furent troublées par l'attaque de
l'Angleterre contre l'île de Walcheren.
Il s enrôla comme volontaire dans la
première compagnie des gardes natio-
nales de l'Escaut, obtint le grade de
sergent, resta sous les armes jusqu'au
départ de l'armée d'invasion, décimée
par la fièvre des polders, puis revint
se mettre sur les bancs du collège, d'où
il sortit en 4845 avec le premier prix
de mathématiques spéciales. Admis au
mois de novembre à l'Ecole polytech-
nique, il fut rappelé sous les drapeaux
par le décret de mobilisation qui parut
{*) Wotice sur C.-P. Dandelin [Annuaire
de VAcadémie royale de Bruxelles, année
4848, p. 195-466;.
(*) Son père fut attaché à la préfecture
du département de l'Escaut par Faipoult,
plus tard ministre des finances en Espagne.
I
127
DAN
138
vers la fin de cette même aimée. Le 50
mars 1814, il fut blessé d'un coup de
lance au combat livré sous les murs de
Paris ; pendant les Cent-jours, il mérita
par sa belle conduite la croix de la
Légion-d'Honneur, qui lui fut envoyée
avec une lettre très-flatteuse du célèbre
géomètre Carnot, alors ministre de
rintérieur. Il ne reparut que peu de
temps à TEcole, Carnot ayant voulu rat-
tacher à sa personne. La bataille de Wa-
terloo força le ministre de s'expatrier;
Dandelin rentra en Belgique où il avait
toute sa famille, mais refusa de prendre
du service aux Pays-Bas, dont le régime
ne lui plaisait pas, à raison de ses pré-
ventions napoléoniennes. Un instant
il eut ridée d'émigrer aux Etats-Unis,
où il entrevoyait une carrière ; enfin il
resta parmi nous, et c'est surtout i
partir de cette époque qu'il devint l'in-
séparable de M. Quetetet, son ancien
condisciple du Lycée. Ils passaient
leurs journées ensemble, cultivant à la
fois les mathématiques et la poésie.
L'idée leur vint de composer pour le
théâtre : l'opéra de Jean Second fut re-
présenté deux fois sur le théâtre deGand
avec un certain succès que Dandelin
n'attribua qu'à la bienveillance du par-
terre, bien que réellement sa musique fût
agréable et le tour de ses vers parfois
plein de charme (*). Les deux amis en
revinrent donc aux sciences. Dandelin,
appartenant â une famille nombreuse,
dut songer à l'avenir ; le général-duc
Bernard de Saxe-Weimar , qui avait
remarqué son talent, lui fit obtenir des
lettres de grande naturalisation (4 avril
1816) et le brevet de sous-lieutenant
du génie (46 avril 1847). On l'envoya
â Namur, où il fut employé à la con-
struction de deux lunettes voisines de
la citadelle, dont l'une a conservé son
nom ('). C'est à Namur, ajoute M.Que-
telet, que Dandelin écrivit la plupart de
ses ouvrages mathématiques les plus
remarquables. En mai 1815, il avait
fait insérer dans le t. III de la Corres-
pondance sur VEcole polytechnique la
solution de deux problèmes de géomé-
trie : c'était le seul signe de vie qu*il
eût donné au public savant; un mémoire
sur quelques parties de la géométrie ,
présenté au mois de mars 1817 à l'Aca-
démie de Bruxelles , avait obtenu peu
de succès et était resté manuscrit. Il
en serait probablement resté là sans
M. Quetelet. Celui-ci publia, en 1819,
pour être promu au doctorat en scien-
ces, une dissertation sur la focale\
courbe nouvelle jouissant de diffé-
rentes propriétés. L'une se rapportait
aux foyers des sections coniques ; Fau-
teur montrait que, sur le cône droit,
la distance des deux foyers est égale à
la différence des deux rayons vecteurs^
menés du sommet du cône aux deux ex-
trémités du grand axe de la courbe,
quand c*est une ellipse ; et à la somme^
quand c'est une parabole. Dandelin reçut
naturellement un exemplaire du travail
de son ami et s'empressa de l'examiner
à fond. (( J'ai justement sous la main
les œuvres de Pascal , écrivait-il à M.
Quetelet ; le rapport qui existe entre
vos idées et les siennes me fournira un
point dedépart pour mes observations. »
Une correspondance active s'engagea :
Dandelin découvrit deux générations
nouvelles de la focale et résolut une
foule de problèmes intéressants. Les
deux savants poursuivirent parallèle-
ment leurs études : « pour la première
et la seule fois de sa vie, Dandelin
songea à mériter quelque réputation par
( * ) Ce succès faillit être compromis, à la
première représentation, par un incident
tout à fait inattendu. « Le père de Dandelin,
qui ne se souciait que médiocrement de
nous voir suivre la carrière dramatique, dit
M. Quetelet, avait promis d'ameuter tous
ses amis contre nous et de faire siffler notre
pièce chérie. Toutefois, au moment du dan-
ger, sa tendresse paternelle se réveilla et,
pendant la représentation même, il voulut
rassurer son fils. Mais, en le cherchant aux
•bords du théâtre, il se trompa de route, et
fit subitement une entrée de scène, à la
grande surprise des acteurs et des specta-
teurs, qui furent pris de l'hilarité la plus
bruyante » (p. 43t). Trois opéras avaient
été commencés en même temps : Jean Se-
cond, let Troubadours et le Railleur, Péchés
de jeunesse très- pardonnables ; Carnot lui>
même avait donné l'exemple à Dandelin en
composant des poésies légères, voire la
chanson de Madame Gertrude,
{*) Quetelet, p. ISS.
129
DAN
130
ses travaux mathématiques. » Un plan
d*étodes suivi fut adopté; M. Quetelet,
c|ui avait déjà communiqué à TAcadémie,
en i820, un Mémoire sur une nouvelle
théorie des sections coniques considérées
dans le solide (*), reprit ses recherches
avec plus d*ardeur, et Dandelhi présenta
son mémoire sur la focale parabolique,
soigneusement revu , à la même Com-
pagnie, en 1822 ("). Ce travail très-
distingué lui valut sans retard un fau-
teuil d*académicien ('). Il y donnait
une démonstration simple et élégante
de la propriété que M. Quetelet avait
reconnue aux sections coniques.
Voici renoncé du théorème : « Si Von
fait mouvoir dans un cône droit une
sphère, et que, dans une position quel-
conque de cette dernière, supposée tan-
gente au cône, on lui mène un plan
tangent, Vintersection de ce plan et du
cône aura pour foyer le point de contact
de la sphère et du plan. On voit en effet,
immédiatement, que le triangle qui a
pour base le grand axe de la section
conique, et, pour sommet, le sommet
du cône, a ses rôles touchés par la
sphère, de manière que les points de
contact sont, deux à deux, à égale dis-
tance du sommet de ce triangle. On
voit, dès lors, que la différence des deux
segments du grand axe de Tellipse égale
In différence des deux autres côtés du
triangle, cVst-à-dire des deux rayons
vecteurs menés du sommet du cône aux
extrémités du grand axe de la courbe,
quand c'est une ellipse, et à la somme,
quand c*est une parabole ». Le théorème
des foyers trouva bientôt place dans
les ouvrages élémentaires : M. Hachette,
le premier, en fit usage dans la seconde
édition de son traité de géométrie des-
criptive (4828); quinze ans plus tard
(4847), M. Théodore Olivier, qui s'était
vivement intéressé, dès 483i, aux ré-
sultats des études de M. Quetelet et de
Dandelin, basait sur leur mode de dé-
monstration, qu'il appelait les Théo-
rèmes belges , toutes les recherches
touchant les propriétés géométriques
des sections coniques et des surfaces
du second ordre (*). Les travaux des
deux académiciens de Bruxelles, écri-
vait-il, ((sont comme un reflet de la
géométrie antique». L'écrit de Dandelin
sur la focale parabolique, dit M. Que-
telet, (( renferme un théorème bien
curieux, à cause de la singulière res-
semblance de son énoncé avec celui de
l'hexagone mystique de Pasc^il. L'auteur
le fait servir fort ingénieusement à dé-
montrer que les focales, courbes du 5^
degré, ne sont que des transformations
des sections coniques, avec lesquelles
elles ont un grand nombre de propriétés
communes. Ces analogies sont démon-
trées avec la plus grande élégance, au
moyen de la théorie des projections
stéréographiques, que notre confrère
employait avec un rare bonheur, il en
a fait encore un usage remarquable dans
son mémoire sur les intersections de la
sphère et d'un cône du 2« degré, qu'il
nous communiqua au mois de juin 4825
(^), presque en même temps que son
beau travail sur remploi des projections
sténographique ou géométrie (•). C'est
dans ce dernier ouvrage que Dandelin,
répondant aux sollicitations qui lui
étaient adressées, fait connaître sa ma-
nière de procéder en géométrie, pour
résoudre les problèmes ou pour arriver
2i des théorèmes nouveaux; on y trouve
le cachet de son génie mathématique,
en même temps qu'on admire les res-
sources et la variété de sa belle intel-
ligence. L'auteur montre (ju'un grand
nombre de figures, et spécialement les
polygones inscrits et circonscrits, peu-
vent être ramenés h des figures régu-
lières, dont elles conservent les proprié-
tés dans leurs déformations. 11 y revient
encore sur la théorie des sections co-
niques et donne une élégante solution
du problème du plus court crépuscule.»
M. Quetelet considère le mémoire
( * ) Métn. de FAcad. de Brux., t. II.
( • ) Ibid.
(*) Il fat éla à ruDaniraitt^.
l*) Additioru au cours de géométrie des-
criptive, Paris, CariUiaû*Gœury,i847, ia-4<*
(avec atlas).
(") T. IV des Mém. de VAead., 4827.
« On y voit que les projections stiîréogra-
phiqnes de l'interscclion d'une sphère et
d'un cône du 3« degré sont des lemniscaiet,
formées par les pieds des perpendiculaires
abaissées d'un point fixe sur les tangentes
d'une conique » (Note de 3/. Quetelet),
[•) Ibid.
10
131
DAN
13i
sur rhyperbolotde de révolution et sur
les hesagones de Pascal et de Brianchon,
publié par rAcadémîe en 1826, comme
le plus remarquable des ouvrages de
Dandelîn. L*8uteur y généralise le théo-
rème des foyers, et l'étend aux sections
coniques considérées dans Thyperbo-
loïde de révolution, au lieu du cône
droit. C'est un chef-d'œuvre d'élégance
géométrique ; en le reproduisant dans
ses Annales f M. Gergonne ne tarit pas
d'éloges. Or Dandelin n'écrivait que
pour répondre aux instances de son
ami : que n'aurait-il pas produit, si
l'ambition et le désir de briller eussent
eu quelque prise sur lui ! Il était, disait-
il lui-même, paresseux avec délices^
comme Figaro, et quand M. Queteletle
talonnait, l'excitait à travailler, il se
vengeait par des plaisanteries et allait
raconter à qui voulait l'entendre qu'on
le faisait venir à Bruxelles pour l'en-
fermer et lui mettre la plume à la main.
Il dédaignait les savants par amour -
propre, et, comme Pascal, il ne tenait
guère les géomètres que pour d'habiles
artisans.
N'oublions pas de mentionner un
travail d'analyse, entrepris moins dans
la vue de rechercher des méthodes
nouvelles pour la solution des équa-
tions, que de simplifler, de généraliser
les méthodes ordinaires, «et d'en rendre
Tusage plus commode. » Le mémoire
de Dandelin sur la résolution des équa-
tions numériques, communiqué à l'Aca-
démie dès iS25 et inséré dans le t. 111
des Mémoires, attira l'attention du vé-
nérable commandeur de Nieuport (de
rinstitut de France), qui consulta son
jeune confrère sur une équation qui
l'avait arrêté , et à laquelle il avait été
conduit par l'examen d'un problème sur
le calcul des probabilités. Dandelin le
tira d'embarras, et les deux écrits pa-
rurent ensemble dans les Mémoires de
r Académie (*).
Dandelin avait dû quitter Namur à la
fin de 4821, pour prendre part à la
construction des forteresses entre la
Lys et l'Escaut. Sa résidence à Gand le
{*) T. ni. Nous ne faisons ici que repro-
duire ou résumer la notice de M. Quetelet.
(') C'est le résumé d'un cours donné à
rapprochait de sa famille ; cependant
cette circonstance ne le réconcilia pas
avec le service militaire, pour lequel il
finit par éprouver un dégoût insurmon-
table, lorsqu'il se vit relégué, en 1824,
dans la petite ville de Venlo. Ni bi-
bliothèque à sa disposition, ni relations
intellectuelles d'aucun genre : il étouf-
fait. 11 fut promu au grade de lieutenant
en premier; peu lui importait. M. Que-
telet conçut alors la pensée de le lancer
dans la carrière de l'enseignement, qui
semblait devoir lui convenir à tous
égards. Le commandeur de Nieuport
accueillit favorablement c«tte idée, et
grâce à l'entremise de l'inspecteur des
études Walter (v. ce nom), Dandelin
fut nommé, le 15 mai 1825, professeur
extraordinaire à l'Université de Liège,
chargé du cours d'exploitation des mi-
nes. Ce n'était pas précisément le fait
de notre mathématicien; il eut fort à
faire pour se mettre au courant de ses
nouvelles fonctions. Mais ces obstacles
ne l'efi'rayèrent pas; il descendit coura-
geusement dans tous les détails des
sciences métallurgiques et de la pra-
tique des ateliers; il s'engagea même
dans le labyrinthe des affaires, le gou-
vernement lui ayant confié quelques
missions administratives. Ses préoccu-
pations ne l'empêchèrent pas de tailler
sa plume ; dès 1827 il publia chez Des-
sain, à Liège, le premier volume d'un
ouvrage élémentaire : Leçons sur la
mécanique et lesmachines(*), II s'occupa
également d'un traité conçu d'après le
plan de l'astronomie populaire de M.
Quetelet, et destiné aux ouvriers et aux
militaires ; nous n'avons pas trouvé de
trace de cet écrit, qui devait paraître à
Verviers. Le fait est que Dandelin fut pris
subitement d'une profonde répugnance
pour la publicité; il est probable que le
dernier travail cité fut compris dans
l'Auto-da-fé qu'il fit lui-même de pres-
que tous ses papiers. Dandelin était
très-mobile de c^iractère, très-facile à
influencer et tout entier à l'impression
du moment. C'étaitun charmantcauseur,
un peu enclin au paradoxe, mais sans
l'Ecole gratuite des arts et métiers de Liégt.
Nous ne croyons pas que cet ouvrage ait été
terminé.
133
DAN
134
entêtement et toujours plein de géné-
rosité : son laisser-aller, ses distrac-
tions et ses excentricités ne laissèrent
pas que de l'exposer plus d*une fois à
des désagréments ou tout au moins à
des interprétations fâcheuses (*); mais
en général, comme il n*affichait aucune
espèce de prétentions, on lui pardonna
beaucoup, d'autant plus qu'il se faisait
toujours un vrai plaisir de mettre les
autres en relief. Ceux de ses anciens
élèves avec qui nous avons euToccasion
de parler de lui sont unanimes à louer
sa modestie sincère en même temps qu'ils
reconnaissent que toute sa manière d'être
leur Inspirait confiance et sympathie.
Dandelin, avons-nous dit, fut chargé
de différentes missions par le Gouver-
nement. En 1825, Il se rendità La Haye
en qualité de membre de la Commission
chargée d'organiser les écoles des ser-
vices publics. La même année, il alla
visiter en Allemagne les établissements
scientifiques et les mines, pour les com-
parer avec les nôtres. En 4827, il s'ac-
quitta d'une semblable mission en An-
gleterre, où il eut pour compagnon de
voyage M. Quetelet, qui allait y com-
mander des instruments pour l'Obser-
valoirede Bruxelles. Lebateauà vapeur
qu'ils montaient échoua sur un banc de
sable, à l'entrée de la Tamise ; ils s'at-
tendaient à périr, lorsqu'ils furent heu-
reusement dégagés par la marée mon-
tante. Arrivés à bon port. Ils se sépa-
rèrent, et deux mois se passèrent sans
qu'on eût de nouvelles de Dandelin.
Tout-à-coup il reparut à Liège, et le
rapport détaillé qu'il adressa au Gou-
vernement sur sa mission servit ample-
ment d'excuse à son silence. En 4829
le syndicat ayant pris la résolution de
mettre en exploitation les mines de fer
et les autres ressources des forêts de
Hertogenwald et de Grunbaut, il fut
désigné pour intervenir dans cette opé-
ration; mais la révolution de 4 830 éclata
et changea encore une fois le cours de
ses Idées. Pour la troisième fois, il
quitta la plume pour l'épée. Ses con-
naissances spéciales, son esprit supé-
rieur lui assignaient un rang distingué:
il fut nommé commandant de la légion
d'artillerie de la garde urbaine (45 sep-
tembre 4850), qui ne tarda pas à lui
décerner un sabre d'honneur. Mais ,
ajoute M. Quetelet, la roclie Tarpéienne
est près du CapUole ; une accusation de
trahison fut lancée contre lui ; il eut
beaucoup de peine à s'y soustraire. Il
fallut que l'autorité détrompât le public,
en déclarant hautement l'imputation ca-
lomnieuse. Nommé major du génie le
I â octobre suivant, Dandelin partit pour
(') Uo jour, dit M. Quetelet, je trouvai
radmiDistraleur- générai de l'instruction fort
indisposé contre lui, pour une petite scène
qui, si elle avait eu réellement lieu, eût été
de nature, en effet, k compromettre étran-
genaent la dignité académique. Dandelin, di-
sait-on, k la suite dune excursion géolo-
gique, était rentré dans Liège en jouant du
violon et accompagné de ses élèves qui dan-
salent autour de lui. Je me hasardai k. lui
parler de l'accusation : Dandelin en fut indi-
gné. « Voilà, dit-il, comme on dénature les
9 meilleures actions. Dans une promenade
• géologique que je As avec mes élèves, nous
» rencontrâmes un pauvre ménétrier aveugle;
• j'en eus pitié, et lui donnai quelque argent.
» Je voulus eosuito essayer son violon, et je
9 jouai quelques airs qui mirent mes élèves
» eo gaieté ; ce que la liberté de la campagne
m autorisait en quelque sorte» et me fit faci-
• lement excuser : voilà le canevas sur
» lequel on a brodé tou^ cette histoire. »
Cette histoire, en effet, avait en un certain
retentissement, que la médiocrité envieuse
avait exploité à son bénéfice (p. 445). — La
notice de M. Quetelet fourmille de traits
d'insouciance et de bizarrerie remontant à
la jeunesse de Dandelin. Nous n'en rappel-
leroQS qu'un seul. Non seulement, quoiqu'il
ne fût pas riche, il ne coonaisait pas la va-
leur de l'argent : « il lui est arrivé de le jeter,
littéralement, par les fenêtres. C'était à Na-
mur; il venait de toucher son traitement, et
rentré chez lui, il avait placé l'argent sur une
table, en priant son hôtesse de vouloir bien
le mettre en lieu de sûreté. Comme cette
personne tardait à obtempérer à ses désirs,
Dandelin insista en disait que cet argent le
gênait. L'on ne lit que rire de son impa-
tience; et, la fenêtre étant ouverte, Dande-
lin en DU tour de main débarrassa la table, à
la grande satisfaction de plusieurs petits
malheureux qui passaient en ce moment et
qui prélevèrent une notable partie sur le
traitement, dont les personnes de la maisoA
s'empressèrent d'aller recueillir les restes. •
(p. 440).
135
DAN
136
Ypres, puis pour Gand^où il commauda
la brigade du génie à Tannée des deux
Flandres, jusqu'en juillet 4851. 11 comp-
tait néanmoins encore rentrer dans ren-
seignement : le brevet de lieutenant-
colonel, signé par le Régent ^24 juin),
le détermina déllnitivement à opter pour
son ancienne carrière.
Il avait rimagination ardente, la tête
vive ; la part qu1l prit aux discussions
des clubs les plus exaltés faillit l'amener
devant un Conseil de guerre. Ce fut
encore M . Quetelet qui détourna Torage :
on envoya Dandelin à Namur (7 sep-
tembre 1851). Il y passa dix années,
mais sans pour ainsi dire se remettre
aux études. L'homme éminent qui avait
encouragé et partagé ses premiers tra-
vaux, lui dédia la 'è'^ édition des Posi-
tions de physique et finit par le décider
à reprendre ses recherches. Des instru-
ments furent empruntés pour lui au
Musée de Bruxelles (i 855); on le nomma
professeur de physique à FÂtbénée de
Namur (9 novembre 1855), sans l'en-
lever au ser\ice actif de l'armée. Il
rentra en relation avec l'Académie ,
s'occupa de la théorie de la décompo-
sition de la lumière, étudia les formes
des racines imaginaires des équations
et prépara en un mot divers travaux
qu'il ne termina point, si ce n'est un
mémoire sur la détermination géomé-
trique des orbites cométaires , qui fut
communiqué à la classe des sciences
en mars 1 840. L'année suivante, comme
il avait témoigné le désir de se fixer
dans la capitale, le général Buzen, alors
ministre de la guerre, lui conféra le
commandement du génie dans les places
de Bruxelles , Louvain et Yilvorde.
Dandelin était heureux de ce change-
ment; il allait se mettre en route, lors-
qu'il reçut tout d'un coup l'ordre de se
rendre à Liège, pour prendre la direc-
tion des fortifications de la 5* division
territoriale (25 octobre 1841) En vain
ses amis intervinrent ; il fallut se rési-
gner. Le 15 décembre, Dandelin reçut
la Croix de Tordre de Léopold. 11 n*a-
vait jamais témoigné qu'il fût sensible
aux honneurs (*); mais la bienveillance
royale le toucna et le stimula. L'Aca-
démie reçut de lui, au mois de décembre
1842, un mémoire sur quelques points
de métaphysique géométrique, étude dont
un travail de Legendre (') lui avait
suggéré l'idée. Il en revenait aux médi-
tations de sa jeunesse et il s'en étonnait
lui-même, quoique l'exemple de d'Alem-
bert, de Lagrange, de Carnot et de
Legendre eût dû lui faire reconnaître
qu'il ne faisait que subir une loi de
l'Intelligence humaine. « C'est ordinai-
rement après avoir usé des théories
mathématiques, dit très-bien M. Que-
telet, que les savants se préoccupent
le plus de la nécessité d'en consolider
les bases. »
Dandelin fit partie chaque année, à
partir de 1850, des jurys d'examen de
l'Ecole militaire ou des jurys pour les
aspirants du corps des ponts et chaus-
sées. En 1845, il dut faire un nouveau
voyage en Angleterre, comme membre
de la Commission chargée de rechercher
les causes qui avaient pu amener l'écrou-
lement du tunnel de Cumptich, près
Tirlemont. En 1846, il fit partie de la
Commission instituée pour « examiner
les documents géodésiques de la trian-
gulation du royaume, exécutée anté-
rieurement k 1850, et arrêter les bases
principales et le mode d'exécution du
travail complémentaire de celui auquel
ces documents appartiennent. » 11 prit
ces nouvelles occupations à cœur, tant
que sa santé le lui permit. Sa position
s'était sensiblement améliorée ; il avait
été nommé colonel du génie le 1^ août
1845; il résidait à Bruxelles, bien que
le siège de la direction des fortifications
delà 2« division territoriale, qui lui était
confiée, fût à Anvers. Tout semblait lui
sourire, et néanmoins son caractère
revêtait peu à peu une teinte de mélan-
colie. Il fut vivement affecté de la mort
de son père ; il ne cessait d'évoquer le
( * ) Il possédait, relativement à son mé-
rite et à sa réputation, peu de litres hono-
rrfiqueâ. Eo i835, l'Université de Gaad lui
avait décerné un diplôme de docteur hono-
raire i il faisait panie de la Société minéra-
logique dléna et des trois Sociétés des
sciences de Liège.
(*) Mém, de l'Acad. des sciences de Paris ^
t. XII, 4833.
137
DAN
138
souvenir de ses jeunes années. Quand
rAcadémie fut réorganisée, ses con-
frères rélurent directeur annuel de la
classe des sciences : il se montra très-
sensible à kur suffrage et continua jus-
qu'à sa mort à prendre part aux travaux
de la Compagnie, sinon par des mé-
moires de Tordre de ceux « qui fixeront
à jamais son nom dans Thistoirc des
sciences » (*), du moins par de nom-
breux et savants rapports. 11 tomba sé-
rieusement malade au commencement
de 1847; ses derniers jours furent mar-
qués par une résignation douce et reli-
gieuse. Il chercha même des yeux, au
moment suprême, ses frères et trois
camarades d*études qui avaient voulu
recueillir ses derniers adieux ; puis il
perdit counaissance...
Dandelin inaugura TEcole des mines
de Liège, en même temps que Bronn
(y. ce nom) ouvrait à TUniversité un
cours d'économie forestière. Mais les
circonstances ne favorisèrent pas ce
dernier enseignement, tandis que Tex-
ploitation des mines, répondant à des
besoins déterminés par la consliuuion
mêmedu sol liégeois, fut bientôt étudiée
avec un zèle en rapport avec les inten-
tions du gouvernement. Ce n'est pas que
Dandelin ait jamais eu de nombreux
élèves ; mais TEcole naissante se déve-
loppa constamment, et il en sortit des
ingénieurs capables, qui contribuèrent
efficacement à Tessor vigoureux que prit
l'industrie nationale à partir de cette
époque. La première organisation de
l'Ecole des mines date du 3 août i 825 ( ' ) ;
les cours furent ouverts au mois d'oc-
tobre suivant. Le programme embras-
sait deux années d'études, comprenant
chacune cinq cours. Les certificats de
capacité étaient délivrés par lu Faculté
des sciences (V. l'art. Lesoikne).
BIBLIOGRAPHIE.
I. 1« Solution de deux problèmes,
dans la Correspondance sur rEcole po^
lytechnique, t. 111, i8i6.
IL Mémoires de V Académie royale de
Bruxelles :
^ Mémoire sur quelques propriétés
remarquables de la ior^le parabolique
(Séance du i" avril 1822;, t. IL
5o Recherches sur la résolution des
équations numériques (Séance du 5 mai
1823), t. m.
4<* Blémoire sur l'hyperboloïde de
révolution et sur les hexagones de Pascal
et de M. Brianchou (Séatice du ^février
1824), t. III.
5^ Note additionnelle au mémoire de
M. de Nieuport, sur une question rela-
tive au calcul des probabilités ("Séance
du 8 mai 1824), 1. 111.
6° Sur les intersections de la sphère
et d'un cône du second degré (Séance
dtt4;»tn1825), LIY.
7^ Mémoire sur l'emploi des pro-
jections stéréométriques en géométrie
(Séance du 25 avril 1825), t. IV.
8^ Sur la détermination géométrique
des orbites comélaires (Séance du 7
mars 1840), t. WU (Bulletin deCAcad,,
t. VII, V* partie).
9^ Mémoire sur quelques points de
métaphysique géométrique (Séance du
3 décembre 1842), t. XVII, v. le BulL,
t. IX, 2« p., et t. X, 1" p.).
III. Bulletins de V Académie:
10^ Rapports sur des mémoires et des
communications faites à l'Académie:
t. III (sur un mémoire de géométrie de
M. Lefrançois); t. Vil, 1'^ partie (sur
les positions d'harmonie de M. de Ro-
biano); t. XIII, 1'' p. (sur un mémoire
de M. Brasseur, concernant certains
lieux géométriques); t. XIII, 2* p. (sur
le procédé de M. Burhin, pour arrêter
une locomotive lancée à toute vitesse) ;
t. XIV, 1" p. (sur une note de M. de
Bavay).
Dandelin a pris une pari active aux travaux
de rAcadémie comme commissaire chargé
d'apprécier les mémoires de concours, etc.;
V. les t. IV à XIV (lr« p.) des Bulletins,
110 Discours prononcé à la séance
générale de la classe des sciences, le
17 décembre 1846, t. XIII, 2» partie,
p. 426.
(M Qoetelet, p. 156. leignemenl supérieur (1844), T. I, p. LXIX.
(' ) V. le rapport de M. Noihomb sur l'en- On y trouve le programme de l'IScole.
139
DEC
140
IV. Correspondance mathématique et
physique de M. Quetelet :
42° Sur IVmploi des projections sté-
réographiques en géométrie, t. I, p.
246 et 316, 1825.
C'est un travRil spécial, et non un simple
extrait du Mémoire n<» 6.
15^ De la sphère tangenle à quatre
sphères, t. Il, p. 15, 1826.
Note se rapportant au Mémoire xfi 6.
14^ Problème du plus court crépus-
cule, t. Il, p. 97.
V. encore le Mémoire no 6.
1 5« Propriétés projectivesdes courbes
du second degré, t. III, p. 9, 1827.
16^ Sur quelques applications de la
théorie des polaires, t. III, p. 277.
17* Note sur les vaisseaux insub-
mersibles, Und,^ p. 311.
18° Sur une difficulté mécanique re-
lative aux professions exercées sur un
plan, t. IV, p. 241, 1828.
V. 19*. Leçons 9ur la mécanique et
les machiner A. I. Liège, Dessain, 1827,
un vol. de 471 p. in-S*», avec pi.
DeClo»»ot(LÉON-DnUDONNÉ-MARIE •
Stànislas*Kostka de) naquit à Liège
le 18 novembre 1827, et y mourut dans
la fleur de Tâge, d'une attaque fou-
droyante de choléra , le 31 aoOt 1866.
Il At d'excellentes études au Collège de
St-Servais, en sortit déjà helléniste
plus qu'ordinaire, et justifia sur les
bancs de rUniversité de Liège, avant
de s'y distinguer dans une chaire,
toutes les espérances qu'il avait fait
concevoir dès son adolescence. Il s'ap-
pliqua aux langues orientales comme
aux langues classiques, aux sciences
historiques comme aux sciences philo-
sophiques. Son Essai sur Vhistoriogra-
phie romaine avant le siècle d'Auguste,
couronné en 1848 par le jury du con-
cours universitaire, donna une haute
idée de son érudition, de son juge-
ment et de la précision de ses idées,
bien que l'inexpérience du jeune au-
teur s'y trahît çji et là. Avec une brève
dissertation sur la Germanie de Tacite,
r£««atconstituetout l'héritage littéraire
de Léon de Closset ; mais les papiers
qu'il a laissés attestent que s'il eût vécu,
il aurait enrichi la littérature philolo-
gique de plusieurs ouvrages de mérite.
Aussi bien les circonstances ne lui
permirent guère de disposer librement
de son temps. Dès le 19 août 1847, à
peine docteur en philosophie et lettres,
il se vit chargé, â titre d'agrégé, des
cours d'antiquités grecqueset romaines.
Il fit sa première leçon au mois d'oc-
tobre, et sa méthode sûre, réiégance
df sa diction, la solidité de ses con-
naissances lui acquirent dès le début
l'estime de ses élèves. Mais il allait,
sans l'avoir prévu, se trouver tout d'un
coup investi d'une auguste confiance.
Lors de la visite de Léopold I à Liège,
en juin 1849, les étudiants de l'Univer-
sité avaient voulu manifester haute-
ment l'enthousiasme qu'inspirait à la
jeunesse, comme à la nation tout en-
tière, la sagesse et le dévouement d'un
prince k qui la Belgique devait d'être
restée calme au milieu des orages qui
venaient de bouleverserl'Europe. Inter-
prète de leurs sentiments, de Closset
sut parler le langage du cœur. En
1851,1e roi se souvint du jeune orateur
et prouva une fois de plus qu'il se con-
naissait en hommes : Léon de Closset
eut l'insigne honneur d'être appelé à
devenir le guide intellectuel des princes
belges. Pendant six ans, il se consacra
tout entier à l'accomplissement de cette
haute et délicate mission, qui lui valut
plus tard le titre de chevalier de l'ordre
de Léopold, et de la part de Tiropératrice
Charlotte, la croix d'officier de l'ordre de
la Guadelupe. Quelques semaines avant
la catastrophe qui nous enleva notre col-
lègue, le roi Léopold II, recevant le
corps académique de Liège, rendit à de
Closset un magnifique hommage, et dai-
gna ajouter, avec une grâce parfaite,
qu'il se rangeait lui-même parmi les
élèves de notre Université , puisqu'il
avait reçu les leçons de l'un de ses pro-
fesseurs. De Closset avait repris des
fonctions à Liège depuis 1856 : il y
était rentré comme professeur extraor-
dinaire, chargé du grec au doctorat
en philosophie, et de renseignement
des principes de la littérature à l'Ecole
normale des humanités. Le 12 janvier
141
DEF
142
1862, le roi le nomma professeur or-
dinaire; le 14 janvier 1864, il échangea
son cours de TEcole normale contre
celui de grec ; le 14 février, il fut char-
gé des cours de latin (candidature et
doctorat) délaissés par M. le professeur
Bormans. Il allait enfin pouvoir vivre
dans la plus étroite familiarité avec
ses chers auteurs grecs et latins ;
il allait déployer à Taise , dans le
champ qu*il aimait le mieux de parcou-
rir, ses brillantes qualités de philolo-
gue etd*homme de goût; il allait se
montrer pleinement digne du maître
qui Tavait formé. Dieu ne Ta point
voulu. — La famille royale prit part
ù la douleur de sa veuve; la nouvelle
de sa mort inopinée affligea profondé-
ment tous ceux qui Tavaient connu, et
qui savaient ses vertus privées à la
hauteur de son talent.
Sources : Derniers honneurs rendus
à M. Léon de Closset (Discours de M.
Troisfontaines, etc.).Liége,i866,in-8 .
— Notice biographique dans la Gazette
de Liège, — Journal historique du i
novembre 1866, etc.
ne F<»os (Jean-Henri-Nicolàs), na-
quità Liège, le'lO Juillet 1804, et mourut
k sa campagne dUaccourt (*) le 20
novembre 1865. Il appartenait à Tune
des plus anciennes familles de la Hes-
baye : un de Fooz se distingua aux
Croisades; à la bataille de Steppes (i5
octobre 1215), quinze chevaliers seule-
ment, sur plus de cinq cents, restèrent
fidëlesà rétendard de St-Lambert : parmi
eux était un sire de Fooz ; le 4 août 1 512,
dans cette funeste journée surnommée
la Mal St'Martin, Marie de Fooz, dame
opulente, sauva de la mort, par sa pré-
sence d*esprit, 150 nobles réfugiés dans
sa maison, et dont le peuple demandait
la vie (* ). Mais pour le but qu'on se pro-
pose ici, redisons-le avec le biographe
à qui nous empruntons ces détails gé-
néalogiques ('), Tessentlel n'est point
( M A S 1/2 lieues N. de Liège.
(') Polaio, Récits hiMtoriquet du pays de
Liège,
(*) La notice qui nous a principalement
servi de guide occape les pages I-XVI du
d'évoquer ces souvenirs; il suffit de
rappeler que notre de Fooz, et avant lui
son père, placés dans des conditions
toutautres que leurs belliqueuxancêtres,
avaient conservé pures et vives les tra-
ditionsd'honneurque ceux-ci leuravaient
léguées. Le père du professeur était
un chimiste distingué, connu en outre
par la part qu'il prit ù la réorganisation
du bureau de bienfaisance de Liège et
à la formation de la Société d'Émulation
(1 779). Il envoya son fils au séminaire
de Liège pour y étudier les humanités.
Jean-Henri-Nicolas se distingua entre
tous ses condisciples et se mit au tra-
vail avec une ardeur qui, vu sa consti-
tution délicate, mit un instant ses jours
en danger. Les mathèmaliiiues n'étaient
pour lui qu'une récréation ; tout jeune
encore, il écrivait et parlait le latin avec
une facilité peu commune ; le latin lui
était si familier, qu'il prenait noie en
cette langue des explicalions des pro-
fesseurs, même dans les cours qui se
donnaient en langue française. En 1822,
dans une classe de 100 élèves, il rem-
porta le premier prix de philosophie.
Ses supérieurs cherchèrent à se l'alia-
cber et lui confièrent la chaire de rhé-
torique : il avait alors dix-huit ans. A
une grande aptitude pour l'enseigne-
ment, il unissait déjà une habileté toute
exceptionnelle pour l'administration.
Mgr Barrett, alors vicaire capitulairede
Liège (*), son parent, son ami et son
guide, jeta bientôt les yeux surlui pour
occuper une place importante dans l'ad-
ministration du diocèse. Mais cette per-
spective n'éblouit pas de Fooz, qui ne se
sentait point appelé à la carrière ecclé-
siastique; il n'occupa qu'un an sa chaire
de rhétorique, et prit ses Inscriptions
à l'Université de Liège en 1825. Le 20
juilletl825Jlfutreçucandidaten droit;
le 6 juin 1827, docteur, avec la mention
summis cum laudilms sur ses deux di-
plômes. Sa thèse inaugurale (De pos-
sessione) fut soutenue cum summâ doc-
trinœ prœstantià, le 8 mai 1828.
4* volume du traité de Droit administratif
de de Fooz. Elle est accompagnée d'un beau
portrait.
(*) Mort évëque de Namur en 1838.
143
DEF
144
L*étude du droit ne Tavait pas absorbé
au point de le détourner de la philoso-
phie, pour laquelle il éprouvait un irré-
sistible aurait. En 4826 et 4827, il prit
part au concours et fut deux fois cou-
ronné. Ses mémoires sont respective-
ment intitulés: Commentatio litkraria
definiiioncm pulchrià Clar.Hetnsterhuûi
dalam cum reliquorum philosophoj'um
definitionum comparans atque dijudicans.
— Commentatio litteraria quà respon-
detur ad qucstioiiem : Quemnam fmctum
è studio philosophicn moralis, in studio
doctrinarum politicarum smcipere pos-
mmus ?
Son mérite attira Tattention du gou-
vernement hollandais, qui lui fit offrir
la place de secrétaire de la ville de Liège.
Il n*accepta point ; on peut croire que
ce fut par scrupule de conscience. De
Fooz, très-religieux et grand partisan
des libertés revendiquées de plus en
plus énergiquement par Topposiiion
belge, ne tenait pas à devenir Tobligé
d*un pouvoir dont il n*approuvait pas
les actes. Aussi, dès qu'on apprit h
Liège que Bruxelles avait secoué le joug,
fut-il Tun des premiers l\ embrasser la
cause nationale. Sorti de sa demeure
sans savoir que la révolution venait
d'éclater, il y rapporta le soir (27 août
4830) un brevet de capitaine de la garde
urbaine,que lui avaient offert la Régence
de Liège et la Commission de sûreté
publique. 11 fit preuve, dans r>es circon-
stances difficiles, de beaucoup d'énergie
et d'activité. Les ressources de la garde
urbaine étaient insuffisantes ; plus d'une
fois il paya de ses propres deniers la
solde des hommes de sa compagnie. Il
avait transformé sa maison en un véri-
table corps de garde, chauffé et éclairé
à ses frais; il faisait en outre distribuer
des vivres aux plus nécessiteux(*). Les
électeurs liégeois l'envoyèrent siéger à
la Régence le 22 novembre 4850 ; le
20 décembre suivant, ilfut nommé éche-
vin par 44i suffrages sur 429 votants.
Lors de l'institution de la garde civique
(54 décembre), ilfut maintenu dans son
grade de capitaine ; peu de temps après,
il obtint par élection celui de major,
quMl conserva jusqu'à son entrée ckins
la magistrature. Comme échevin, il était
délégué à la police, mission difficile à
c^tte époque, à Liège surtout, où la po-
pulace, surexcitée, était toujours prête
à piller les maisons des citoyens sus-
pects A'orangisme, L'évêque de Liège,
Mgr Van Bommel, hollandais de nais-
sance, nommé par Guillaume I, fut dé-
signé comme favorable au gouvernement
déchu : n'avait-il pas dû, lors de sa prise
de possession , recommander 1 obéis-
sance k l'autorité constituée? Il n en fal-
lait pas plus : la foule se précipita sur le
palais épisc^pal. Sans le courage de
de Fooz, qui s'y jeta aussitôt avec sa
troupe; sans le calme du prélat qui,
voyant l'acharnement du peuple, em-
pêcha toute défense et se présenta har-
diment aux émeutiers, un désastre eût
été inévitable. En maintes circonstances
analogues, de Fooz paya de sa personne
et contribua puiss^imment, par ses ex-
hortations et par sa présence d'esprit,
à calmer reffervcscence populaire.
De Fooz resta éihevin de Liège jus-
qu'au 50 décembre 1855, époque où il
crut devoir se roliror de la vie publi-
que à la suite d*un conflit mémorable qui
s'éleva au sein du Conseil de Régence,
au sujet de la publicité de ses séances.
Le conseiller Auguste Dclfosse avait
demandé, le 45 octobre, que l'on rendit
obligatoire, pour les procès-verbaux
communiqués à la presse, la mention
des votes' affirmatifs ou négatifs de
chaque conseiller dans toutes les affaires
qui seraient délibérées en Conseil. La
majorité accueillit favorablement cette
proposition, ce qui enhardit trois mem-
bres de l'assemblée à pousser les choses
plus loin ; ils réclamèrent la publicité
pure et simple des séances. La question
de la compétence du Conseil fut soulevée
et résolue affirmativement; quatre mem-
bres s'abstinrent, entr'autres de Fooz,
qui donna sa démission dans la séance
suivante. Le conflit continua et prit des
proportions considérables.Nous n'avons
pas à nous en occuper autrement ici :
le lecteur curieux de connaître les dé-
tails de cet épisode, sans contredit l'un
des plus curieux de l'histoire de notre
réorganisation politique , consultera
( ' ) Nous suivons fidèlement la notice prdci- tée, dont l'autour a puisé à très-bonne source.
14o
DEF
U6
utileaent le Néerologe Liégeois pour
1858 (arU Oelfosse) et VHistoire du
règne de Léopold I par M. Thonissen.
Les circonstances seules avaient a-
mené De Fooz à prendre activement part
aux affaires publiques. La politique n'é-
tait pas son fait : il aimait le silence de
son cabinet d'étude et la vie de famille.
Les insistances le trouvèrent inflexible ;
plus tard, il refusa même de se lais-
ser porter à la Cbambre des représen-
tants. On lui proposa coup sur coup les
fonctions de secrétaire-général dans
deux départements ministériels ; le bio-
graphe que nous suivons rapporte qu'il
aurait pu devenir bourgmestre , même
gouverneur de Liège. Il n'accepta que les
fondions de Commissaire (par intérim)
du district de Liège et celles de membre
du Cdnseildemilicede l'arrondissement,
en 1831 et f852; il était dévoué à son
pays, mais nullement ambitieux. Ce fut
même pour ainsi dire malgré lui qu'il
entra dans la magistrature. Il com-
mença par refuser la charge de subs-
titut du procureur du Roi à Liège ; le
gouvernemefit dut multiplier ses ins-
tances pour le décider à se rendre en
la même qualité à Namur (29 juin 4854).
Le 5 avril 4835, il fut nommé juge au
tribuBal de première instance de Ton-
gres. Enfin, le 5 décembre suivant. Il
entra de plein pied dans une carrière
phis conforme ^ ses goûts : le gouver-
nemefit lui confia la chaire de droit
administratif à rUniversîté de Liège,
avec le titre de professeur ordinaire ( ' ).
11 eut à créer son enseignement , et
pour ainsi dire la synthèse de la science
qull avait à exposer. Le mérite d'un
professeur a contribué plus d'une fois,
en Belgique aussi bien qu'ailleurs, à
éclairer le gouvernement sur Timpor-
taoce intrinsèque d'un cours : on peut
dire que l'utilité de l'institution d'un
nouvel examen roulant principalement
sur le droit administratif de la Bel-
gique (*) a été surtout mis en relief
par la réputation méritée des leçons de
de Fooz. Un cours spécial de Législih'
(ion des minea^ d'autre part, fut annexé
à l'Ecole des mines et confié au même
professeur, qui le publia in extenso
avant même d'avoir achevé son grand
ouvrage (v. ci-après). De Fooz enseigna
aussi, pendant quatre ans, le droit na-
turel, et, selon sa coutume, il rédigea
ses leçons ; malheureusement on n'a pu
retrouver son manuscrit.
En 1861, frappé d'une première at-
taque d'apoplexie, il dut cesser de se
rendre à l'Université; M. F. Macors,
son futur successeur, eut mission de le
suppléer. De Fooz ne voulut pas que
cet état de choses se prolongeât outre
mesure : il sollicita l'éméritat, qui lui
fut accordé par arrêté royal du i<^^ juil-
let 186â. Il vécut dès lors dans une re-
traite studieuse, partageant son temps
entre des lectures sérieuses et des
exercices pieux, et donnant les der-
niers soins au travail de longue haleine
qui perpétuera sa mémoire. Il |)assait
l'été ù Haccourt, répandant des bien-
faits autour de lui et se faisant volon-
tiers arbitre et conciliateur dans les
contestations qui s'élevaient entre ses
voisins, k Liège, il avait conservé quel-
ques fonctions administratives ; il était
notamment président de deux Conseils
de fabrique et de la Commission des
sépultures. Comme membre du Comité
administratif des fabriques d'église do
dloi^èse ('), il eut k traiter les ques-
tions les plus ardues ; il a laissé les
minutes de plus de 8,000 consultations.
Son avis sur ces matières a été maintes
fois invoqué non-seulement en Bel-
gique, mais même en Hollande, en
Allemagne et en France.
En novembre 1863, il se rendit à
Haccourt, bien qu'il fit déji très-froid,
pour assister aux sermons et aux céré-
monies d'une mission des PP. Rédemp-
toristes. fl dut bientôt reconnaître que
le moment était venu pour lui de se
( * } Il ne consentit pas à se charger du
coars de droii public interne , qui lui (ut
offert. Deslriveaux (v. ce nom) y tenait ; son
son ancien élève ne pouvait le déposséder.
De là des rapports d'intimité entre ces deux
hommes d'opinions si diirérent4;s, mais d'une
égale élévation de caractère.
(' ) Le doctorat en sciences politiques et
administratives, créé par la loi de i849 sur
l'enseignement supérieur (art. 36 et 50).
(') Il exerça ces fonctions pendant près
de 30 ans.
\
147
DËF
148
préparer à un plus grand voyage. Le
SO novembre, il rendit son âme à Dieu.
De Fooz était chevalier de la Croix
de fer (2 avril 4855) ; de Tordre royal
de la Conception de Viiia-Vicosa de
Portugal (9 janvier 1855), et de Tordre
de Léopoid 1 de Belgique (24 septembre
1855). Son traité de droit administratif
lui valut en outre, avec une charmante
lettre autographe du Grand-duc Fré-
déric de Bade, le diplôme de comman-
deur de Tordre du Lion de Zaehringen
(23 Janvier 18G2). L*Académie impériale
de législation de Toulouse TInscrIvit,
le 11 Juillet 1860, au nombre de ses
membres correspondants.
Il fut secrétaire académique en 1842-
1843. Il déclina le rectoral.
Comme professeur, de Fooz se distin-
guait par une grande clarté, par une logi-
que serrée, par un esprit méthodique
dont son traité peut donner Tidée , et
surtout par un rare talent de réduire les
questions les plus complexes à leur plus
simple expression. Sa parole avait Tcx-
aciltude et la concision du Code, et le
terme juridique ne lui faisait Jamais
défaut. Sa mémoire était prodigieuse :
il citait souvent les lois, les arrêtés et
jusqu^aux jugements des tribunaux et
des justices de paix, sans avoir besoin
de recourir aux recueils. Il tenait à être
complet, mais il se gardait soigneuse-
ment de surcharger la mémoire des
élèves. Il se plaisait ù répéter que la
mission du professeur n*est pas de faire
des savants, mais de fournir à ses
disciples les moyens de le devenir. Il
avait le travail facile et une persévé-
rance qui ne se laissait jamais rebuter.
Son activité était incessante : lorsque
la mort vint le surprendre, il préparait
deux grands ouvrages : Tun sur les
Fabriques d'église (il en a laissé le
plan); Taulre, un Répertoire complet des
lois administratives, dans le genre du
recueil de Dalioz : cette vaste compila-
tion devait servir de développement à
son Traité.
Comme homme, de Fooz donna
l'exemple de toutes les vertus privées :
sa probité, sa droiture, son attache-
ment, sans bornes à tous les devoirs,
son désintéressement et son extrême
délicatesse, aussi bien que son affabilité
et son caractère bienfaisant lui atti-
rèrent Testime et Taffection générales
(*). Il avait pour ses élèves Tattache-
ment d*un père; il s'occupait de leurs
études et de leur conduite, et ne les
perdait pas de vue même après leur
sortie de TUniversilé: tous pouvaient
recourir librement à ses lumières et à
son crédit. Comme citoyen, nous avons
dit quel fut son patriotisme et quel fut
son courage. Il resta jusqu'il sa mort du
parti de VUnion de 1850, et se distingua
toujours par une fermeté inébranlable
dans ses principes. 11 était sincère-
ment, on peut dire naïvement reli-
gieux : jamais il ne connut le respect
humain.
Son grand ouvrage est intitulé : Le
Droit administratif belge, l\ comprend
cinq gros volumes in-8^ ; le quatrième
n'a paru qu'après sa mort. Le premier
traite de Vorganisation et de la compé"
tence des autorités administratives {Tour-
na} , Casterman , 1859 , IV et 486 p. );
le second est Intitulé : De la fortune
publique en Belgique, ou du domaine so-
cial et des impôts, des dépenses et de la
comptabUité de VÈtat (Ibid. 1861, 767
p.) ; le troisième expose le système de
rordre public ou de la police adminis-
trativeien Belgique (1863; 818 p.) ; le
quatrième s'occupe de rAdministration
de la commune, de Parrondissement, de
la province et des établissements publics
('), combinée avec la tutelle du gouver-
nement (1866 ; notice biographique ,
p. I à XYI ; VI et 574 p ); le cinquième
enûn, publié avant les autres, est un
traité de Législation des mines (538
pages), iustement estimé en Belgique et
en France. — La haute impartialité
de de Fooz a été re(M>nnue par des
hommes éminents de toutes les opi-
nions, et l'utilité pratique de son œuvre
est de plus en plus appréciée. L'auteur
(M S68 collègues firent des ddmarehcs
auprès du ministère pour le faire nommer
administrateur de l'Universitë après la mort
de D. Amould (v. ce nom) ; mais bien qu'il
se fût rendu à leur désir, l'afiTatre n'eut pas
de suite.
(*) Fondations; instruction publique; bien -
faisance publique ; Fabriques d'église.
149
DËH
150
ne s*est point noyé dans les détails ; il
a porté la lumière dans le labyrinthe
obscur des milliers de lois, arrêtés,
décisions qu'il classe, commente, com-
pare avec une rare habileté d'ordonna-
leur et une solidité parfaite de juge-
ment, sans céder aux entraînements du
jour, sans connaître d'autre passion
que celle de la justice. On est frappé
de la sincérité de Tauteur : ses conclu-
sions sont d*un juge équitable; ses
prémisses, d*un philosophe homme de
bien.
uoiinut (Lous-Josepn), ué à Chiè-
vres le 30 décembre 4805, mourut à
Liège le !^ juillet 1841. La modicité
des ressources de sa mère, prématuré-
ment privée du soutien de la famille,
n'aurait pas permis à Dehaut d'aborder
des études supérieures, si quelques
personnes généreuses, frappées de ses
dispositions précoces et surtout de son
ardeur au travail, ne l'avaient pris sous
leur protection. Il fut envoyé au Collège
d'Ath en 1822 : trois ans lui suffirent
pour achever ses humanités. « Une
» particularité trop remarquable pour
» être passée sous silence, c'est que,
» parvenu en 4*, il se montra d'une
» force si supérieure it celle de ses
■ condisciples, pour la plupart bien
» plus anciens dans l'établissement ,
B qu'ils refusèrent à l'unanimité de
> concourir avec lui : et leurs objec-
» lions parurent si fondées , que le
9 Conseil d'administration, les dispen-
» sant d'une lutte trop inégale, enjoi-
» gnit ^ cet émule redouté de passer
> en 3*; sorte d*honorable ostracisme
n contre lequel murmura toutefois le
» jeune athlète, qui seul ne s*en jugeait
» pas digne (*). » 11 poursuivit ses
études avec le plus grand succès au
Collège philosophique et k l'Université
de Louvain ; ses progrès furent surtout
remarquables en philologie. La révo-
lution éclata au moment où il se dis-
posait à soutenir sa thèse de doctorat.
Ce grand événement, qui pouvait en-
traver sa carrière, le trouva dans les
rangs des amis de l'émancipation na-
tionale, tt Son rôle politique, pour
» rester secondaire ainsi qu'il avait
» déclaré lui-même le vouloir, n'en fut
» pasmoinsdigne d'estime.— Lorsqu'un
» attentai odieux, mais, hâtons-nous
9 de le dire, le seul attentat irréparable
n qui ait affligé la Belgique durant cette
» ère d'affranchissement, frappa dans
» Louvain un malheureux désigné à la
» fureur populaire, Dehaut n'hésita pas
» à manifester son indignation en face
» de ceux qui donnaient à leur rage
» vindicative le nom de patriotisme, et
» félicita hautement le fonctionnaire
» dont l'intrépide énergie avait fait dé-
» truire sous les yeux des assassins le
» monument érigé par lui-même à la
n liberté, nais qu'ils avaient souillé de
» sang ('). » Dehaut prit part, quelque
temps après, à la rédaction du Courrier
belge, feuille très-influente : son esprit
judicieux et la solidité de ses connais-
sances se firent remarquer dans les
articles qu1l publia sur l'organisation
judiciaire , sur les dépôts de mendicité
et enfin sur l'enseignement Le gouver-
nement provisoire, par arrêté du 16
décembre 1830, l'attacha en qualité de
lecteur Ji l'Université de Louvain, pour
l'histoire ancienne, l'histoire du moyen-
âge et l'histoire politique moderne. Ces
nouvelles occupations ne l'absorbèrent
pas tout entier ; il trouva le temps de
subir les épreuves prescrites par la loi
pour l'obtention du diplôme en droit
romain et moderne. Secrétaire acadé-
mique en 1833-54, il vit son mandat
renouvelé l'année suivante, et quoique
accablé de besogne, il parvint pendant
celte même période ù rédiger , pour le
ministère de l'intérieur, un travail vrai-
ment prodigieux par sa masse et par
son importance : la statistique com-
plète de l'Université de Louvain depuis
1817 (deux volumes grand In-folio), et
de plus le catalogue systématique et
raisonné des archives universitaires,
et de celles de l'ancienne Ecole de droit
de Bruxelles, â partir de 1806. Son
indomptable volonté l'avait soutenu jus-
qu'au bout ; mais c'en était trop pour
cette nature frêle et maladive. Une
affection de poitrine le conduisit aux
* ) Lesbronssart, NoUee sur L.-J. Dehaut. ( * ) Ibid. — Il s'agit de l'aflOiire Gaillard.
ISl
DEH
152
portes du tombeau ; cependant U sur-
vécut à cette première attaque , contre
Tattente des hommes de Tart, qui dé-
clarèrent qu*un des organes de la res-
piration était entièrement oblitéré. U
ne quitta son lit de douleur que pour
se replonger, avec une ardeur fébrile,
dans ses études meurtrières et chéries.
— « Vous voulez donc absolument vous
» tuer? lui dit un de ses amis, irrité de
» cette obstination presque frénétique.
» — Dieu m'en garde ! répliqua Louis :
» je n'ai pas le droit de mourir avant
» d'avoir laissé à ma famille de quoi
» vivre. » Ainsi s'expliquait sa sincérité
sublime. « Demeuré, depuis la mort
» de son père , presque le seul appui
» d'une mère et de sept enfants , il
» semblait avoir calculé , avec calme et
» précision, combien il lui fallait d'an-
» nées de vie pour placer ses frères el
» pour établir ses sœurs ('). » Enûnson
dévouement obtint une première ré-
compense : il fut nommé en 4855 pro-
fesseur extraordinaire k l'Université de
Gand, chargé des cours de statistique
et de géographie physique et ethnogra-
phique. Le climat des Flandres ne con-
venant pas à sa santé altérée , il obtint
un changement de résidence ; il entra
au mois d'août 1857 dans la Faculté des
lettres de Liège, comme professeur
d'histoire politique moderne. Il s'y Ût
estimer de tout le monde, et l'âpre
franchise de son caractère ne l'empêcha
pas de se faire des amis. Il touchait au
comble de ses vœux, il était sur le point
de parvenir à l'ordinariat , lorsqu'à la
suite d'une excursion champêtre, les
symptômes du mal dont il avait déjÀ
souffert reparurent plus effrayants que
jamais. Ses collègues voulurent le for-
cer au repos ; « mais ce soldat de l'in-
telligence , outrepassant sa consigne ,
refusa de quitter son poste ; et l'on
peut dire qu'il y tomba sur place, pour
ne plus se relever. » U mourut résigné,
tranquille en apparence, mais peut-être
l'Âme déchirée, pensant à ceux qu'il
allait délaisser et à la science pour la-
Quelle il se voyait perdu. La carrière
de Dehaui fut courte, mais singulière-
ment bien remplie. Nous ne sachions
pas qu'il ait été affilié à d'autres So-
ciétés savantes qu'à l'Académie royale
de Belgique, dont il fut nommé corres-
pondant le 7 mai 1840. Il a laissé un
assez grand nombre d'écrits, notam-
ment :
1« Un Mémoire sur Iphicrate, général
et orateur athénien (1827), qui allait
paraître dans les Annales de rUniver-
site de Louvain, lorsque les événements
entraînèrent la suppression de ce re-
cueil.
2° Mémoire sur le tô êyjj, ou Exis-
tence objective de l'âme (inédit). Ce tra-
vail valut à son auteur la médaille d'or
(1829).
5« Mémoire sur la vie et la doctnne
d'Aclemonius Saccas, couronné par l'A-
cadémie royale de Bruxelles (1850) ;
Bruxelles, Uayez, 1855, in-i^" de 204
pages. — C'est l'ouvrage capital de De-
haut, et le point de départ d'une série
d'études sur les doctrines de l'école
d'Alexandrie , notamment sur celles de
Numenius d'Apamée et de Plotin, dans
leurs rapports avec les idées théosophi-
ques d'Ammonius. Dehaut termina en
1857 la première partie de son travail
sur Plotin. On peut juger par un seul
trait de l'ardeur scientifique de l'auteur:
il dut lire d'un bout à l'autre, dans le
texte grec, les 5i livres des Eunéades
de Plotin, et il ne put se servir pour
cette tâche ardue que d'une ancienne
édition fort défectueuse, celle de Creu-
zer n'étant pas alors terminée. — Le
Mémoire sur Ammonius atteste à la fois
uu esprit philosophique élevé , une
érudition saine et une grande habileté
dans la critique. Dehaut y montre par
quelles phases passa la philosophie
rationnelle en décadence pour arriver
au bord de l'abime du mysticisme ; il
propose une nouvelle classification des
écoles alexandrines et présente ainsi,
en quelque sorte, le plan d'un vaste
travail d'ensemble qu'il se proposait de
faire paraîtra un jour, ainsi qu'il le dit
dans la préface, mais que la mort ne
lui a pas permis d'achever. Quant à
Ammonius, il est d'avis que les ouvrages
qui portent le nom du Saccophore ne
(M ibid.
183
DEL
184
sont réellement pas de lui, mais peut-
être d*un écrivain chrétien du même
nom, et il se prononce pour Porphyre
contre Eusèbe et S*-Jérôme, en soute-
nant Topinion qu'Ammonius renia le
christianisme pour se livrer à Fétude
de la philosophie. Selon Tauteur, Âm-
monîus ne relève directement que de
Philon le juif, syncrétique, et de Nu-
menius, pythagoricien ; il n*admet pas
que Fignorant porte-faix ait eu la pensée
de combiner ensemble Platon et Aris-
tote. — L'exposé de la doctrine de ce
personnage est un modèle de méthode
et atteste une profonde intelligence du
sujet ; même après les grands travaux
dont les écoles d*Alexandrie ont été
Tobjet depuis quelques années, le mé-
moire de Dehant a conservé une haute
portée comme chapitre d'histoire de la
philosophie.
Royer-Collard en apprécia le mérite
en écrivant à Tauteur, en 1857: « Vous
êtes savant et philosophe ». MM. Ville-
main, de Gerando, JoufTroy, Matter
(Fauteur de Y Histoire du Gnosticisme)^
enfin M. Guizot lui accordèrent des
éloges bien sentis. 11 est doublement
regrettable que Dehaut n'ait pu pour-
suivre ses travaux en philosophie :
c'était un esprit clair, net, positif, et
pourtant plein d*ardeur et d'enthou-
siasme, et détestant par dessus tout les
idées préconçues et les opinions exclu-
sives.
4^ En 4855, Dehaut publia (en colla-
boration avec M. Adolphe Roussel,
alors professeur à Louvain) , sous le
pseudonyme de Philarète Durosoir^ une
brochure assez volumineuse, intitulée :
Observations sur le titre III du projet
de loi sur Vinstruction publique, et sur
le rapport de la section centrale (Brux.
Berthot,i855,in-8'»). La même année,
il lança dans le public des méditations
Sur Vexistence et les conditions d'un en-
seignement supérieur donné en Belgique
aux frais de VÉtat (Brux. ibid, in-8»).
Enfin, trois ans plus tard (déc. 1858),
il fit paraître sous son nom un livre
intitulé : De Vétat actuel de Vinstruction
publique^mais surtout de renseignement
supérieur en Belgique (Liège, Jeune-
homme, in-8*; exlr. de la Revue belge.)
Ces trois publications, où Fauteur prend
énergîquement la défense de Fenseigne-
ment de FEtat et s'élève contre les
empiétements des Universités privées,
surtout en ce qui concerne le jury
d'examen, eurent dans le monde poli-
tique et dans Fenceinte des Universités
un long et légitime retentissement.
Dehaut y fait preuve de la plus louable
franchise et d'une noble indépendance
de caractère. Tantôt enjoué , tantôt
grave, toujours plein de feu et de vi-
gueur et pourtant maître de lui-même,
il enveloppe les adversaires de son
opinion dans les mailles d'une argu-
mentation de plus en plus serrée, et
laisse le lecteur aussi animé par Fentrain
de la discussion que frappé de l'esprit
méthodique de l'auteur et de la justesse
de ses observations. Ce sont là, si l'on
veut, des œuvres de circonstance ; mais
les questions qui y sont touchées ne
sont-elies pas aujourd'hui aussi brû-
lantes qu'alors, et le dernier mot a-t-il
été dit sur le jury d'examen? Plus que
jamais, peut-être, les brochures de
Dehaut ont une valeur d'actualité; ajou-
tons que l'importance des considéra-
tions générales qui y abondent leur
donne un intérêt que les hommes spé-
ciaux apprécieront toujours.
De Lo vacherie (BaRTHÉLEMY-Va-
LENTiN) naquit à Eysden le 20 septembre
1798 et mourut à Liège le 50 octobre
1848. Le 6 octobre avait eu lieu la
séance de réouverture de l'Université ;
de Lavacherie, recteur sortant, n'avait
pu y paraître ; se sentant légèrement
indisposé, il avait prié M. Sauveur,
doyen de la Faculté de médecine,de lire
en son nom le discours d'usage et de
remettre à M. Borgnet les faisceaux
académiques. Un mois ne s'était pas
écoulé, que M. Sauveur portait de nou-
veau la parole à la même tribune, mais
cette fois en présence de la dépouille
mortelle de celui dont il venait d'être
Finterprête. « Je ne puis trop me féli-
» citer, avait écrit de Lavacherie, d'être
)) arrivé au terme de mon rectorat sans
» avoir vu se rouvrir notre fatal nécro-
» loge, qui, dans ces dernières années,
» s'est couvert de tant de noms pré-
» cieux à notre amitié, non moins qu'à
155
DEL
156
n la science et à renseignement.» Quand
M. Sauveur rappela ces paroles , qui
recevaient au moment même un si cruel
démenti , l'émotion fut générale. I/in-
disposition de de Lavacherie n'avait
d*abord présenté aucun caractère in-
quiétant; on avait regretté Tabsence
de cet aimable collègue, mais le ban-
quet annuel de rentrée s'était passé
comme à Tordinaire. Tout-jt-coup des
symptômes d'une extrême gravité étaient
venus effrayer les amis du malade : lui-
même, quand il les eut constatés, ne se
At pas un instant illusion sur son état,
et effectivement il fut enlevé au bout de
quelques jours. Les médecins jugèrent
que r:tfectioii qui se développa inconti-
nent avec une rapidité si funeste avait
pris sa source dans une blessure lé-
gère, que de Lavacherie s'était faite en
opérant un de ses patients. « Sa mort,
disait M. Sauveur, serait donc le ré-
sultat de son ardeur à secourir l'hu-
manité souffrante. »
Orphelin de bonne heure , de Lava-
cherie avait appris à ne compter que
sur lui-même. Il fit d'excellentes études
au Collège de Maestricht, suivit, bien
jeune encore, les leçons d'Ansiaux et
Comhaire (v. ces noms) à l'Ecole de
médecine de Liège, et enfin se fit ins-
crire en 1817 à l'Université, qui venait
d'être organisée. Il prit part au con-
cours universitaire de 1819-1820 et y
obtînt un accessit (v. Ann, acad, Leod,
1810-1820). Il ne tarda pas à être
nommé premier aide de clinique chi-
rurgicale ; en juin et juillet 1821, il fut
reçu docteur en médecine et en chi-
rurgie (sa thèse est intitulée : De C<in-
cro. Liège, 1821, in-4*). Il se rendit
alors à Paris, où il suivit assidûment
les leçons de Dupuytren, de Broussais,
de Lisfranc, de Capuron, etc., revint Ji
Liège pour y subir, en novembre 1824,
l'examen de docteur en accouchements,
et offrit sans délai ses services au pu-
blic. Sa clientèle était déjà nombreuse,
lorsque les événements de 1850 lui ins-
pirèrent tout d'un coup l'idée de s'im-
poser de nouveaux devoirs. Il aimait
ardemment son pays ; l'indifférence au
moment du danger lui eût paru un
crime. Il se dévoua corps et âme, et
ses compatriotes le prirent au mot en
lui confiant, dans la milice citoyenne,
des fonctions élevées en rapport avec
ses études. La Croix de Fer lui fut dé-
cernée en 1835; c'était la récompense
légitimement acquise de son dévoue-
ment et de son patriotisme : il s'était
multiplié pour porter des secours aux
blessés ; il avait distribué des soulage-
ments de tout genre, avec une touchante
sollicitude, aux victimes de nos troubles
civils. Dans quelque position que se
trouvât de Lavacherie, il ne se conten-
tait pas d'accomplir strictement son
devoir : il était toute ardeur, toute gé-
nérosité. Chirurgien des pauvres pen-
dant quatorze ans, il se fit bénir pour
son désintéressement, pour son zèle
infatigable.- Il jooissait^dans tontes les
classes de la société , d'une réputation
d'habile opérateur parfaitement justi-
fiée ; tout en lui , d'ailleurs , inspirait
confiance et sympathie. Au premier
abord , sa parole paraissait un |)eu
brusque ; mais bientôt son cœur se lais-
saitdeviner, et,une fols la glace rompue,
il devenait , il restait le confident et
l'ami de ses malades. « Il avait, dit
M. Sauveur , la conception facile , le
coup-d'œil pénétrant et exercé, l'ap-
préciation prompte, le tact fin et droit,
la résolution soudaine, la volonté ferme
et la conviction arrêtée ; sa main avait
acquis beaucoup d'habileté et d'a-
plomb. » Tant de qualités personnelles,
un tel talent de praticien, joint à un
savoir peu ordinaire , ne pouvaient
échapper à l'attention du Gouverne-
ment, désireux d'assurer l'avenir de
ses Universités réorganisées par la loi
de 1855. Le 5 décembre de cette même
année, de Lavacherie reçut le titre d'a-
grégé à la Faculté de médecine de Liège,
avec mission de faire le cours de cli-
nique chirurgicale. Dès le 5 août 1857,
il fut promu à l'extraordinariat ; un
arrêté royal du 20 septembre 18il
réleva au rang de professeur ordinaire.
Son nom figure au programme, l'année
de sa mort, pour les cours de médecine
opératoire et de clinique externe.
Nous avons dit plus haut qu'il revêtit
l'hermine rectorale en 1847-1848. A
peine était-il en fonctions, que l'arrêté
royal du 9 novembre 1847 fit tomber
« les puériles entraves qui si longtemps
\
187
DEL
iK8
paralysèrent le corps professoral. » On
n'eut plus à subir, pour pouvoir se
réunir et délibérer, la condition humi-
liante de Tautorisation préalable. De
Lavacherie proflta de cet affranchisse-
ment pour inviter le Conseil acadé-
mique à se livrer à Tétude des modlfl-
fications dont la loi de 4855 sur
renseignement supérieur pouvait être
susceptible. Des Commissions spéciales
fiirent nommées; leurs travaux don-
nèrent lien à des discussions appro-
fondies, et un rapport explicite, ex-
pression des vœux du corps professoral,
fut adressé an Gouvernement. Le rec-
teur entra également en négociation
avec la ville de Liège, dans le but
d'obtenir , pour rUniversité , des amé-
liorations matérielles réclamées par la
prospérité croissante de cette grande
institution.
De Lavacherie faisait partie, depuis
le mois de janvier 1855, de la Commis-
sion médicale de la province de Liège ;
le 26 novembre 484i, jour de rinstalla-
tion de rAcadèmie royale de médecine,
il (lit élu membre de la section de
chirurgie à la majorité de 26 voix sur
28 votants. En mai 4845, il reçut la
croix de chevalier de TOrdre de Léo-
poid, à Foccasion d'un acte de dévoue-
ment (*). Considération publique, for-
tune honorablement acquise , santé
florissante qui semblait lui assurer de
longs jours, rien ne lui manquait, lors-
qu'il fut inopinément frappé, victime
d'une affection qui défiait le génie mé-
dical. La douleur de sa famille fut
partagée par la population comme par
ses collègues et par ses élèves, qui le
chérissaient autant qu'il les aimait
lui-même. Le souvenir de son noble
caractère et de ses talents est resté du-
rable chez tous ceux qui Tout connu ;
d'autre part, les quelques opuscules
qu'il publia dans les dernières années
de sa vie sont assez remarquables pour
ne pas être oubliés. Son activité scien-
tifique ne se révéla guère, à proprement
parler, que de 4839 à 4848 ; on doit le
regretter, car tous ses écrits se distin-
guent par la lucidité, par la méthode et
surtout par un rare talent d'observation.
Il mérite une page dans l'histoire de la
chirurgie belge.
De Lavacherie prit une part très-
actlve aux travaux de l'Académie royale
de Médecine; il concourut aussi à l'éla-
boration de plusieurs projets de légis-
lation médicale. Il avait l'esprit péné-
trant et sagace ; il exerça souvent une
Influence utile et prépondérante dans
les comités où il fut appelé à siéger.
Dans sa jeunesse, il soutint une assez
vive polémique contre Fohmann (v. ce
nom) ; l'un et l'autre y apportèrent une
aigreur passionnée qui n'est jamais de
mise, surtout quand on croit avoir rai-
son (*). On ne retrouve heureusement
aucune trace de ces dispositions d'esprit
dans les écrits postérieurs de de Lava-
cherie. Nous connaissons de lui :
4® Un mémoire de concours sur les
purgatifs (v. Ann. Acad. Leod,^ 4849-
4820).
2<^ Sa thèse inaugurale : Be cancro,
Liège, 4824, in-K
(* ) « Celait pen de temps après la catas-
trophe arrivée au chemin de fer de Versailles,
et les esprits étaient encore sous le poids
de la vive émotion que ce grand malheur
avait répandue dans le public. Un convoi
parti de Bruxelles pour Liège et dont de
Lavacherie faisait partie, eut, dans le trajet,
une de ses voitures incendiée. Le feu mena-
çait de se propager aux autres voitures, et
les voyageurs effrayés, pour se soustraire
au danger, qui cependant n'était pas encore
imminent, voulurent se précipiter pèle-mèle
sur la voie. Une horrible confusion s'ensui-
vit, au milieu de laquelle une jeune fille
perdit la vie. De Lavacherie, d'un coup d'oeil,
▼oit le péril qui menace tous ses compagnons
de voyage, et, avec un sang-froid admirable.
il s'oppose énergiquement à leurs tentatives
d'abandonner les voitures encore en mouve-
ment. Le train arrêté, il change de rôle ; il
se multiplie pour panser les blessés et
rassurer ceux qui, ayant échappé au danger,
sont encore sous la funeste impression de la
peur et n'ont pas moins besoin de ses soins.
Grâce À lui , gr&ce à sa fermeté, on n'eut
pas à déplorer la mort d'un grand nombre
de personnes si fatalement exposées à périr »
(Notice Êur d* Lavacherie, par M. le docteur
Marinus, lue k l'Académie royale de méde-
cine. Moniteur belge, 4856, n« 304, p. 4S85,
col. 4).
(*) v. le MathicH LaeMberg du 9 et do
40 mai i8i7.
m
DEL
160
^^ De la compression contre les in-
meurs blanches des parties dures. Gand
(1859), in-8<> de 99 p.
Extrait des Annalet de la Société de mé-
decine de Gandf dont de Lavaeherie était
membre corrcspoadaot. L'auteur suit la mé-
thode amovo-inamovibie du docteur deotin,
et ae basant, lui aussi, sur les effisis salu-
taires de la compressioa, recommande un
appareil construit avec des bandelettes agglu-
tinatives. Il prouve, par les faits nom^eux
qu'il a recueillis, que les arthrocaces des
parties dures et la carie de certains os spon-
gieux peuvent céder k la compression et
guérir aussi bien que les arthrocaces des
parties noUes et les ulcères simples. — Ce
mémoire est suivi de quelques observations
sur les effets thérapeutiques de l'huile de
foie de morue (Marinus, op. cit,),
A^ De la gangrène de la bouche avec
nécrose des os maxillaires, Bruxelles,
4843, in-8o de 46 p.
Extr. du Jourfial de la Société des sciences
médicales et naturelles de Bruxelles^ dont
de Lavaeherie était également correspon-
dant ('). Les p. 9 à ^6 de cette brochure
sont occupées par Deux observations de
tétanos, recueillies à la clinique chirurgicale
de M. de Lavaeherie par A. Vermer, chef de
clinique (aujourd'hui médecin à Beauraing).
5° Mémoire sur quelques maladies des
os maxillaires.BruxeWes, Tirchcr, 4843,
in-8° de 50 p.
Extrait du Journal de ta Soe, des se. méd,
et nat. de Bruxelles, C'est la relation de
quinze observations dans lesquelles les opé-
rations les plus difficiles ont été pratiquées.
6° Du traitement de la rupture du
tendon d'Achille (Bulletin de VAcad, roy,
de médecine, t. I, p. 604-G44).
7* De la ténotomie appliquée au trai-
tement des luxations et des fractures.
Bruxelles, 4848, în-8<' de 24 p.
Extrait du Bull, de tÀc, de médecine,
l, II, p. 391-409.
8** De Vœsophagotomie (Mém, de VAc.
de médecine, 1. 1, p. 93-452). — Il existe
une édition séparée de ce mémoire
(Bruxelles. 4845, in-40 de 50 p.).
9*^ OEsophagotomie appliquée aux ré-
trécissements de Vœsophage (Bull, id.,
t. IV, p. 758-764).
40** Tumeur sanguine fibroïde du cor-
don testiculaire droit du volume d'une
tête d'adulte, produit par cause trauroa-
tique ; ablation et castration (IMd., t.
lY, p. 304-304).
44^ Tumeur osseuse (ostéophyte) du
volume d'une tête de fœtus , embrassant
à peu près la circonférence de plus du
tiers moyen de la diaphyse de Thumerus
droit ; ablation de cette tumeur avec
conservation du membre (/^tcl.,p.304-
307).
42° Observation d'un hydroencéphale
congénial situé à la région occipitale.
Bruxelles, 4847, in-S** (Ibid , t. VI, p.
240245).
43° Instructions sur les secours à
donner aux mineurs et aux ouvriers des
établissements minéralurgiques en C4is
d'accidents. Bruxelles, 4843, in-8° de
63 p.
Rapport très- remarquable, rédigé au nom
d'une Commission composée de membres des
Commissions médicales de Namur, du Hai-
naut et de Liège.
44° Notice historique sur F.-C.-E.
Voltem. Bruxelles, Deniortier, 4843,
iD-8°.
45° Du bandage amidonné dans les
fractures; de Vopjiortunité de son emploi.
Bruxelles, 4846,in-8°. {l£XBull. de FAc.
de médecine, t. V, p. 467-548).
46° Observations et réflexions sur les
inhalations de vapeurs d'étherpour sup-
primer la douleur dans les opérations
c^irt«rflficfl/<?». Liège, Oudart, 1847, in-8°
de 50 p.
Mémoire communiqué k la Société de mé-
decine de Liège.
46» Bésumé analytique d'un mémoire
surTopportunité de fextirpation des hu-
meurs du cou non susceptibles de réso-
lution, suivi de Réflexions sur Vintro-
duction de Voir dans le cosur par des
veines ouvertes accidentellement. Bru-
\
(') Il appartenait, comme on voit, à plu-
sieurs sociétés savantes. Peu de temps avant
sa mort, il avait été porté sur la liste des
candidats au titre de membre correspondant
de l'Académie de médecine de Paris, pour
un mémoire sur les plaies du cr&oe, qu'il
avait communiqué à cette illustre compa-
gnie (Marinus, p. 4286» col. \).
16i
DEL
162
xelles, 1848, in-S^" de 44 pages (et
BulL de VXcad. de méd,), t. VII,
n°9).
17° Mémoire sur ropportuniléde Vex-
tirpation, etc. {Mém, de VAcad, de méd.
de Belgique, l. Il, p. 525-576).
C*€8i le ménoire dont il est qoestion au
n* prâcédeot. M. Marinas le qualifie de
« maf oifique. •
18*" De Vimportance que la chirurgie
a acquise depuis la fin du XVW siècle
(Annales des Universités de Belgique,
4848-4849, p. 601 et suiv.).
Discours lu (par M. Sauveur) en séance
publique, à ta Satie acadëmique de l'Univer-
sité de Liège, à l'occasion de la remise du
rectorat et de la réouverture des cours, le
16 octobre 1848.
Del vaux de PenlTe ( JEAN - Ch.-
Phiijppe-Joseph) naquit â Rochefort le
25 juillet 1782 et mourut dans sa pro-
priété de Fenffe le 14 novembre 1865.
Dès rage de 8 ans, il fut envoyé à
Liège chez un de ses oncles, le chanoine
Beiletroid, qui dirigea ses premières
éludes avecun zèle affectueux. Le jeune
Delvaux fréquenta d'abord fécole col-
légiale de Saint-Lambert; il suivit en-
suite son oncle en Westphalie.d^oùil ne
revint qu à la rentrée des émigrés. En
1800, il partit pour Paris avec deux de
ses frères et s y fit recevoir, au bout de
SIX ans, docteur en médecine. Rentré
à Rochefort, il pratiqua Fart de guérir
sous les auspices de son père, qui était
lui-même un praticien distingué. Enfin,
peu de temps après son mariage (1809),
il vînt se fixer à Liège, ne sachant trop,
k vrai dire, s1] continuerait sa carrière
commencée ou s'il se vouerait à Findus-
trie encore naissante. M . Chandelon, qui
nous transmet < es détails, ajoute que la
considération que le docteur Delvaax
avait su acquérir à Paris lui ouvrit
tout d'un coup une voie nouvelle. Le
15 septembre 1810 , un arrêté du
grand maître de l'Université de France,
M. de Fontanes, lui confia la chaire
des sciences physiques au lycée im-
périal de Liège. La Faculté des scien-
ces de TÂcadémie de la même ville
ayant été fondée l'année suivante, il
fut chargé d'y enseigner la physique
et la chimie , et promu au grade d'of-
ficier de l'Université. Le 28 mai 1812«
une lettre rectorale l'admit à siéger au
Conseil académique ; la même année, il
reçut le diplôme, alors très-rare, de
docteur en sciences En 1814, l'admi-
nistration du pays de Liège étant tom-
bée pour quelque temps entre les mains
de M. deSack, gouverneur-général du
Bas-Rhin et du Rhiu moyen, un seul
établissement de haute instruction fut
maintenu au chef-lieu , sous le nom
de Gymnase. Delvaux y continua ses
cours , destinés surtout aux jeunes
gens « qui étudiaient l'art de guérir
dans des cours particuliers, l'enseigne-
ment médical n'étant pas encore offi-
ciellement rétabli à Liège. » Enfin l'U-
niversité fut créée en 1817 : la place de
Delvaux y était naturellement marquée.
Dès le 1^ octobre, il se trouva investi
du titre de professeur de la Faculté des
sciences, chargé des cours de phy-
sique, de chimie générale appliquée
aux arts, et de métallurgie. La netteté
de son esprit, son érudition de bon
alol , son zèle soutenu et sa bien-
veillance innée le firent respecter et
chérir de ses élèves, et d'autant plus
que sa modestie égalait sou mérite. Il
ne gardait pas pour lui ses découvertes,
mais se faisait un plaisir de les com-
muniquer à ceux qui étaient à même
d'en tirer parti. 11 se fit ainsi nombre
d'obligés* et un témoignage éclatant
des sentiments qu'il avait su inspirer
lui fut donné en 1855 par ses anciens
auditeurs, lorsqu'ils lui rémirent so-
lennellement son portrait, seize ans
après sa mise à la retraite. Etranger aux
débats politiques , mais dévoué de
cœur à l'affranchissement de son pays,
Delvaux conserva sa chaire en 1850;
deux ans plus tard, il fut élevé à la di-
gnité rectorale. Lors de la réorganisa-
tion de 1855, il resta chargé des cours
de chimie générale et de chimie appli-
quée. Le besoin de repos le détermina
peu de temps après à solliciter l'émé-
ritat, qu'il obtint enfin en 1857 (16
novembre). Le roi lui conféra en même
temps la croix de son ordre. Dans sa
retraite, Delvaux sut encore se rendre
utile : il patrona dans l'industrie ceux
qu'il avait Initiés à la science, et finis-
11
163
DEN
164
sant comme il avait commencé, il se fil
le médecin assidu et le bienfaiteur des
pauvres. Il faisait partie, depuis 1824,
de la Commission médicale; en i833,
il avait été chargé de prendre part à la
rédaction de la pharmacopée belge.
Dès son séjour à Paris, il avait con-
tracté d'illustres amitiés qui contri-
buèrent à entretenir son ardeur pour
la science : il suffira de citer le nom de
M. d'Omalius d'Halloy. Delvaux fut
nommé, le 24 décembre 1841, membre
titulaire de TAcadémie royale de Bru-
xelles, et presque au même moment,
Tun des huit membres titulaires de
TAcadémie royale de médecine de Bel-
gique. A Liése, il fut Tun des fondateurs
de la Société des sciences naturelles et
de la Société royale des sciences. Ses
publications sont peu nombreuses : on
signale surtout des analyses chimiques
importantes, relatées dans les recher-
ches statistiques de R. Courtois sur la
province de Liège, dans les mémoires
d'André Dumont et de C. Davreux sur
la constitution géologique de la même
province, et dans des notices de D.
Sauveur et d'autres sur les eaux de
Spa. Il détermina la composition d'une
nouvelle espèce minérale trouvée à Ber-
neau, près de Visé ; Dumont lui en Gt
honneur en la lui dédiant sous le nom
de Delvauaine. — En 1857, âgé de 75
ans, Delvaux prit le parti de se retirer
tout-à-fait de la vie active. Il emmena
sa vénérable compagne au château de
Fenffe, et ils s'y éteignirent presque en
même temps, après s'être donné l'un à
Tautre « plus d'un demi-siècle de bon-
heur. » Delvaux conserva toute son
intelligence jusqu'au dernier jour, et
consat ra ses suprêmes loisirs à des
lectures et à des méditations, s'intéres-
sant comme autrefois au progrès des
études et aux découvertes qui font la
gloire de notre siècle. Les pauvres
pleurèrent en lui un bienfaiteur, et
toutes les voix qui s'élevèrent autour
de sa tombe lui rendirent un hommage
de reconnaissance. M. le docteur Royer
consacra une élégante épitaphe latine à
la mémoire du savant et de l'homme de
bien : elle a été insérée à la suite de la
Notice nécrologkfue (Liège, 1864, in-8*,
avec portrait) d'où sont principalement
extraits les renseignements qui pré-
cèdent.
Denciniiei* (Bernard-Ignace) na-
quit à Dettelbach , petite ville de la
Franconie orientale, le 21 juillet 1782,
et mourut à Wûrzbourg le 7 février
1802. Son père était un honnête arti-
san (*), peu fortuné, mais entreprenant
et actif. Le jeune Ignace fut envoyé au
chef-lieu de la principauté (') pour y
faire ses études philosophiques, qu'il
acheva en 1802 avec la distinction dite
primai, qui donnait droit au doctorat
en philosophie. Le professeur André
Metz, partisan déclaré du criticisme de
Kant(*), l'initia au^ doctrines du pen-
seur de Kônigsberg ; il y resta scrupu-
leusement tidèle dans toute la première
partie de sa carrière. Denzinger acquit
d'ailleurs des connaissances très-va-
riées, et la spéculation transcendantale
ne lui Gt négliger ni l'histoire ni les
belles-lettres. Il s'occupa même de
droit et d'économie politique. Primum
vivere , deindè philosophari : il entra
donc en qualité de répétiteur au Gym-
nase de Wûrzbourg, puis se trouva
chargé de l'éducation du fils de Fam-
bassadeur de Bavière près la Cour de
l'ex-grand-duc de Toscane , qui avait
reçu le grand-duché de Wûrzbourg à
titre de dédommagement. De 1812 à
1814, il fut commissaire du bureau
statistique de la Franconie orientale.
Ce fut à la même époque (1812-1816)
qu'il fonda et rédigea VAurore^ publi-
cation périodique consacrée à la poésie
et aux beaux-arts. Cet emploi de ses
loisirs le mit en rapport avec Thecla
\
( ' ) Il exerçait la profession de menuisier.
(*) Le prince-ëvèque de Wfirzbourg ne
fnt dépossédé de sa puissance temporelle
qu'en 1803.
(')Nous connaissons d'André Metz les
deux ouvrages suivants, qui peuvent donner
une assez juste idée de l'éducation philoso-
phique de Denzinger : Critica rationis prac-
ticœ teu partis primœ pbilosophiœ practicœ
compendium. Vt^irceburgi, 1800, gr. in-8<»;
20 Handbuch der Logik, Wûrzburg, 1809,
in-8».
168
DEN
166
/
/
Molitor,dont le talent poétique se révéla
dans ce journal, et dont il ne tarda pas
à faire sa compagne. Le mariage n'im-
posa point silence à la muse de M*"*
Denzinger : toute sa vie elle sut concilier
ses inclinations poétiques avecTaccom-
plissement le plus exact des devoirs
d'une bonne mère de famille. Notre
philosophe eut enfin, en i8i7,la chance
d^obtenir une position en rapport avec
ses goûts scientifiques: il fut appelé
par le gouvernement des Pays-Bas à la
chaire de philosophie de FUniversité de
Liège, avec mission d'enseiper Tency-
clopédie philosophique, Tanthropologie
pragmatique , la logique , la métaphy-
sique, la philosophie morale, Thistoire
de la philosophie et, pour couronne-
ment, Thistoire universelle (*). Son
discours inaugural , prononcé le K no-
vembre 1817, est intitulé: ht animo
quo ad philosophiœ siudium accedendum
est (Ann. Acad. Leod. vol. 1). Malgré
les fonctions multiples dont il devait
s'acquitter, il trouva le temps, dès Tan-
née suivante, de publier un abrégé de
logique, qui fut bientôt suivi d'études
approfondies sur cette même science
(v. ci-après). En 4820-1824, il fut in-
vesti du rectorat; dans le cours de cette
même année, il institua auprès de la
Faculté des lettres , avec Fuss et Wa-
gemann (v. ces noms) une Ecole propré-
deutique , dont ils se partagèrent les
leçons : Denzinger se chargea du cours
de pédagogie. Son zèle ne connaissait
point de bornes ; en guise de récréation.
Il présidait les séances d'une Académie
allemande qu'il avait fondée, et aux Ira-
vaux de laquelle prenaient surtout part
les étudiants luxembourgeois. Il mettait
la dernière main in un grand tableau des
religions et des écoles philosophiques y
lorsque la révolution de i850 éclata. Il
refusa défaire des certificats au nom du
peuple belge et de prêter serment au gou-
vernement provisoire ; d'autre part , la
Faculté de philosophie et des lettres fut
supprimée par arrêté du 16 déc. 1850.
Denzinger se trouva donc mis en non-
activité en même temps que son collègue
Fuss, Allemand comme lui. Le gouver-
nement des Pays-Bas eu égard aux cir-
constances, consentit à laisser jouir de
leur traitement les professeurs qu'il avait
fait venir d'Outre -Rhin, mais à la condi-
tion expresse qu'ils quittassent la Bel-
gique. Fuss préféra rester à Liège, où fut
bientôt fondée une Faculté libre; Den-
zinger rentra dans sa patrie au mois
de mars 185t , et attendit les événe-
ments. Voyant finalement que l'ancien
état de choses ne serait vraisemblable-
ment pas rétabli en Belgique, il répondit
à l'appel (Ruf) de la Faculté de philo-
sophie de Wûrzbourg, qui lui offrait
d'entrer dans son sein. En 1852, il fut
donc nommé professeur d'histoire et de
statistique à l'Université Julienne (Ju-
littS'Universitât). En 1854, il exerça en
outre les fonctions de suppléant des
cours de philosophie; enfin, en 1855,
il eut mission d'enseigner la pédagogie.
Ses connaissances administratives lui
valurent d'être nommé , dès 1853 ,
membre du Conseil d'administration
des domaines de l'Université, assez
considérables, par parenthèse, pour
former en quelque sorte une petite
principauté. De 1854 à 1858, il fut
chargé de l'inspection officielle des Col-
lèges, Lycées et Écoles polytechniques
de la province. Il serait trop long d'é-
numérer tous les travaux dont il assuma
la responsabilité pour le bien public.
Il dirigea pendant longues années la
Société historique de W'iirzbourg, à la-
quelle il finit par consacrer la plus
grande partie de ses rares loisirs. Un
jour arriva où il dut reconnaître que le
temps était venu pour lui de renoncer
aux fonctions publiques. Il obtint sa
pension en 1858, et à cette occasion,
le roi de Bavière lui envoya la croix de
l'* classe de l'Ordre de S^-Michel (pour
le mérite). Les faiblesses de l'âge, com-
pliquées d'un catarrhe sénile , l'enle-
vèrent à l'amour des siens, le 7 février
1862, presque octogénaire. Celle qui
lui avait donné quarante années de bon-
( * ) Il ne fit qae deux fois ce dernier cours,
il son arrivée, le professeur n*étant pas en-
core nommé, et en 1825, par intérim , en
attendant l'arrivée du successeur de Wage^
mann.
m
nEN
46B
heur domestique éluil morte depuis
1857: cette perte lui avait porté un coup
qu'il ne put jamais oublier.
Denzinger était l*homme du devoir,
dans le sens le plus rigoureux du mot ;
tous ceux qui l'ont vu de près se sont
plu à reconnaître l'élévation, la délica-
tesse, la générosité de ses sentiments,
son activité désintéressée, son abnéga-
tion capable des plus grands sacrifices,
son amour ardent pour la science et
son désir sincère de trouver la vé-
rité ( * ). Sa philosophie était un kan-
tianisme très-modéré : dans ses der-
niers travaux, il rejeta même la célèbre
table des catégories. En pratique, il
était esclave de Vimpératif catégorique.
Lorsque Schelling enseigna à Wûrz-
bourg, il voulut l'entendre, mais il ne
se rallia jamais k ses doctrines. Dans
sa jeunesse, il se ressentit des ten-
dances rationalistes dominantes en Al-
lemagne, même chez une bonne partie
des théologiens catholiques ; plus tard,
rentré à Wûrzbourg, il se rapprocha de
la méthode d'Aristote et des idées reli*
gieuses, et il ne le dissimula point.
C'était un cœur sincère dans toute la
force du terme. Son enseignement était
solide et nourri ; à Liège, il ne fut ce-
pendant pas apprécié comme il aurait
dû l'ètKe, si ce n'est de l'élite des
élèves : d'une part les formules kan-
tiennes y étaient trop nouvelles il y a
cinquante ans ; de l'autre, le latin de
Denzinger demandait, pour être suffi-
samment compris, une extrême atten-
tion. Lors des troubles de 1827, Den-
zinger fit preuve d'une grande présence
d'esprit : syoutons que s'il eût été moins
aimé des élèves, les choses eussent
peut-être tourné autrement. Le gou-
vernement avait prescrit aux profes-
seurs de faire l'appel au commence-
ment de chaque leçon. Les étudiants
s'étaient donné le mot pour n'y point
répondre : les auditoires étaient en-
combrés, et personne ne se déclarait
présent. Plusieurs professeurs se fi-
chèrent tout rouge : on eut à signaler
des scènes de tumulte. La première fois
que Denzinger parut en chaire après la
promulgation du règlement, il lut à
haute voix la liste de ses élèves : pro-
fond silence. Il ne fronça seulement
pas le sourcil, mais ferma son cahier,
donna sa leçon comme si de rien
n'était et se contenta de dire en termi-
nant : Omatissim andiiorcs ! Probavi
me esse philosophnm , vos esse komines.
Et il fut applaudi. Son attitude contri-
bua certainement à pacifier les esprits
(v. l'art. J. G. J. Ernst).
BIBLIOCRAPHIE (*).
i^ Aurora, Zeitschrifl fur Kunst und
Poésie in Franken. Wûrzburg, 1812-
1816.
2° Prima eîementa logices, Liège ,
1818, in-8''(avec deux tableaux).
5*^ Oratio de antmo, quo ad pMloso-
phiœ studium accedendum est. Liège ,
1819, in-i°.
Discours inaugural prononcé -le 4 no-
vembre 4817 (Ann, Acad, Leod.y t. I).
4** De facuUale reprœsentandi et «h
gnoscendi bretis commentatio antkro^
pobgico-psychologicaf eic, Liège, 1819,
in-8«.
5^ Logicœ à professore Ign. Denzin-
ger éditas quœ ipse addenda dictaviL
Liège, 1820, ln-8«.
Brochure que Ton trouve souvent reliée
avec le no 3.
6^ Oratio de sublinUtate ejusque ad
virtutem excrcendam momento^ publiée
dicta die 1 m. oct. 1821, quum Acade-
tniœ regendœ munus selemni ritu de-
poneret. Liège, 1822, in-4<».
Ann, Acad, Uod., 1820-18S1.
7* Ignatii Denzinger Compendium
logices y quo duce ^usdem doctrtnœprœ-
cepta ejEponet, prenUssâ de studio aca-
demko in génère , et de studio philoso-
\
\
( * ) Vis omnis et fraus horrentur ! Ce mot
de F. Patrizzi est Tépigraphe de son grand
traité de Logique ; il peint son caractère.
(* ) Nous devons communication de la plu-
part des renseignements qui suivent à M.
U. Capitaine, qui doit les utiliser pour son
Néerologe,QiqmB eu Texlrême obligeance
de mettre en même temps à notre disposition
une notice manuscrite, envoyée de Wûrz-
bourg. — V. aussi Y Annuaire de VUniv, de
Liège pour 1830, p. 93.
i69
DER
ITO
phÛB in êpecie imtitutkmey etc. Liège,
CoUardin, i8â3-i824, 2 vol. in-S» (de
596 et 520 p.)« avec deux tableaux.
Yen la fto de 4834, Denzioger ajouta un
quatrième chapitre aux exemplaires non
vendus, changea l'introduction et fit paraître
le tout sous ce titre : Ign, Denzinger Insti-
tutiones logicœ, ad qua» rtspicieru de Logicd
lectiones habebit^ prœmUsd de studio aca-
demico in génère et de studio philosophiœ
in specie prolusione, etc. Li^ge, CoUardin,
9 vol. en 3 parties, formant VI — 396 et
769 pages, avec deux tableaux. — La der-
nière partie se termine par une Bibliogra-
phia logica étendue, précédée d'une Histoire
de la logique.
8^ De Hermotimo Clazomenio corn-
w^entatio. Liège, Bassompierre , 1825,
ln-«*.
9"* Prima elementa logices secuTMium
ûistitutianes logicas exposita.lhlA.i^^Q^
iii-8®. — Ediiio secunda, materie aucta.
Liège, 1828, in-8^
iQ^ Tableau synoptique des religions
et des écoles philosophiques (Inédit ; v.
d-dessus).
11° Critique de quelques nouveaux
essais de division de Phistoire en pé-
riodes (en allemand).
La première livraison de ce travail a seule
paru (4832); elle est consacrée à l'école
Saint-Simonienne. Dans la deuxième, restée
manuscrite, l'auteur discute les opinions de
Victor Cousin.
\^ Die Logik als Wissenschafl der
Denkkunst. Bamberg, 1856, in-8«.
Ce n'est pas une traduction des Institutio-
nés logicœ \ c'est un ouvrage tout nouveau,
et révélant des tendances entièrement difTé-
rentes. L'auteur l'a dédié à ses trois fils,
dont l'un occupe encore aujourd'hui, avec
distinction, une chaire de théologie à l'Uni-
versité de Wurzbourg. La préface, ou Den-
zinger se plaint de l'indifférence d^ Belges
(') Sur la famille de Reiffenberg, origi-
naire des environs de Wiesbaden, v. le Bu/-
Ifftn du bibliophile belge^ i^ série, t. VU,
p. 458et saiv. (Art. de II. X. Heuschiing ,
et V Annuaire de la noblesse belge ^ année
4849. — Quérard (France littéraire , t. XII,
p. 57), qui ne cesse de reprocher à notre
personnage son àpreti aux titres acadé-
miques fictifs et aux hochets^ ne manque pas
de rappeler que sa filiation aristocratique a
élé longtemps contestée à Bruxelles ; < mais
pour la philosophie à l'époque où il se trou-
vait à Liège, est curieuse à plus d'un titre.
L'auteur se sépare décidément de Kant, qui,
dit-il, a construit l'édifice de la logique de
dehors en dedans, tandis qu'il faut procéder
en sens inverse, c'est-à-dire partir du fond
même de la conscience et commencer par la
phénoménologie de l'esprit. < Die Form
B der Kantischen Logik , ajoute-t-il , làsst
» sich ohne Sophisterei nicht retten. ÏHeses
» ist meine jetzige Ueberzeugung. Wie soU
> ich Euch meine fr&heren Logiken empfeh-
> len f Irren ist menschlich , im Irrthume
> vorsàtzlich verharren, ist schlecht, >
15° Dans le Journal de la Société
historique de Wurzbourg^ des Recher-
ches historiques sur la Franconie orien-
tale (un grand nombre d^articles).
14° Denzinger a travaillé jusqu^à sa
mort à une Biographie franconienne ;
plusieurs milliers de notices destinées
à cet ouvrage, ainsi que divers opus-
cules (également restés manuscrits) où
il avait traité des questions d'histoire
locale , ont passé après sa mort à la
bibliothèque de TUniversilé de WOrz-
bourg.
De ReHTonbern ( FRÉDÉRIC -Ac-
gcste-Ferdinand-Thomas , baron) na-
quit k Mons le 14 nov. 1795 et mourut
à St.-Josse-ten-Moode, lez-Bruxelles,
le 18 avril 1850 (M. Il faudrait plu-
sieurs savants, dit M. Quetelet (*), pour
apprécier d*une manière complète un
homme dont les talents ont été si va-
riés ; mais comme en M. Quetelet lui-
même il y a plusieurs savants, nous ne
prenons point garde à sa modestie et
lui renvoyons en toute sécurité les lec-
teurs désireux d'observer sous tous ses
aspects ce brillant esprit à facettes, ce
Protée littéraire toiyours en métamor-
phose, tantôt abeille, tantôt papillon ,
enfin, ajoute le terrible censeur, il avait
obtenu reconnaissance du titre de baron,
par diplôme du So décembre 4849. »
(') Annuaire de tAcad. royale de Bel-
gique^ 485i, p. 98. — Nous avons suivi
pas à pas cette remarquable notice ; pour
certains détails, nous avons en recours à
celle que M. Ad. Mathieu a publiée à Mons
en 4850, sous les auspices de la Société des
bibliephiles de Mons.
171
DER
172
qui a laissé des traces lumineuses par-
tout où il a passé , mais qui pourtant ,
aussi léger qu*érudit , n'a su illustrer
son nom qu'en émiettant son talent et
en semant autour de lui moins de dia-
mants que de perles. Ambitionner la
royauté d'un Voltaire aurait été de la
part du spirituel et malin baron une
audace pardonnable, s'il eût possédé
quelque chose de plus qu'un goût dé-
licat, une prodigieuse facilité d'écrire,
une verve étincelante dans l'attaque et
Tart d'amuser en instruisant; mais
l'iroaginaiion n'était pas son lot; il sa-
vait mieux broder que concevoir. Il
voltigeait partout sans poursuivre aucun
but, louable ou non, si ce n'est d'être
toujours en relief : disposition dange-
reuse, qui le rendit quelquefois peu
scrupuleux sur le choix des moyens et
finit par le faire estimer moins qu'il ne
valait. Aussi bien son esprit sarcastique
lui suscita de nombreux adversaires,
toujours prêts à grossir et à multiplier
ses fautes ; la justice veut qu'on n'ac-
cepte leur jugement que sous bénéûce
d'inventaire. On s'est plu à le dépeindre
comme un faux bonhomme : il était trop
léger pour cela. Sa mobilité même a
pu, sans doute, faire prendre le change :
il ne pouvait garder dans son carquois
un trait piquant, fallût-il le décocher
contre quelqu'un dont il venait de faire
l'éloge ; le premier à s'en repentir, il
passait néanmoins pour méchant et
envieux, alors qu'il n'était qu'impru-
dent et étourdi. Quand le démon de la
satire ne le possédait pas, il était plein
d'égards pour tout le monde ; jamais
ses confrères de TÂcadémie n'eurent à
lui reprocher un manque de conve-
nance. M. Ad. Mathieu a célébré en
beaux vers (*) son dévouement à ses
amis et ses vertus de famille : or ceux
dont on peut parler ainsi sans craindre
un démenti ne sont point des hommes
mauvais. En somme, les défauts et les
qualités du baron émanaient d'une de
ces natures impétueuses, pétulantes,
tissues de contradictions, auxquelles on
doit beaucoup pardonner, parce qu'elles
sont au fond généreuses.
« De Reiflfeaberg fréquenta d'abord
l'école primaire dirigée à Mons par
l'abbé Olinger (' ) ; il suivit deux cours
au collège de la même ville et termina
ses humanités au Lycée de Bruxelies,en
4845; de là, il se rendit en Allemagne,
où était alors son père, embrassa pres-
que immédiatement l'état militaire et
fit partie du 4* bataillon d'infanterie,
formé à Mons, en 4844, sous les ordres
du colonel Murray. » C'est à peu près
tout ce que nous apprend de sa jeu-
nesse M. Ad. Mathieu, son parent et
le compagnon de ses premières années.
Il résulterait de deux certificats qu'il
aurait été admis à l'Ecole normale et
qu'il en aurait sui>i les cours pendant
quelque temps; vérifier ce fait et rap-
porter à une date précise son séjour à
Paris n'est pas chose facile. En tous
cas , il est certain que de Reificnber^ç
était, en mars 48U, sous-lieutenant au
4" régiment d'infanterie belge, « avec
une Commission spéciale pour recevoir
les engagements volontaires dans l'ar-
mée qu'on organisait alors. » Promu
au grade de |>remier lieutenant l'année
suivante, au mois d'avril, il assista,
mais sans combattre, k la bataille de
Waterloo; la chute de l'Empire et un
penchant irrésistible pour l'étude des
belles-lettres le détournèrent ensuite
de la carrière des armes. Il obtint sa
démission honorable le â5 janvier
4848; le 3 mars, il fut nommé régent
de poésie latine à Anvers, et en outre,
quelques jours plus tard , second pro-
fesseur de mathématiques. Ces nou-
velles fonctions , les premières du
moins, lui convenaient mieux que celles
d'ofiicier recruteur; néanmoins le sé-
jour d'Anvers lui pesa bientôt : tous
ses amis étaient à Bruxelles ; là seu-
lement ,il pourrait déployer ses ailes.
Il s'empressa d'accepter, le 5 février
4849, la chaire de 5« à l'Athénée.
Son arrivée à Bruxelles, dit M. Que-
telet, fut une véritable ovation. On ci-
tait comme des coups de maître ses
premiers essais littéraires insérés dans
le Mercure belge, qu'il avait fondé en
4847 avec Ph. Lesbroussart (v. ce
(*) Bull, du bibl. belge, vol. cité, p. 170
et suiv.
{*) Parent de l'auteuc du dîclioDoaire
français-hollandais.
173
DER
174
/
nom) et Raoul; on fondait sur lui les
plus hautes espérances (*). Il fut reçu
et choyé en enfant ^âté ; ses excentri-
cités même contribuèrent à lui donner
plus de renom (*). Gai jusqu'à Fespiè-
glerie, il désarmait les censeurs en les
faisant rire; sérieux quand il fallait
rêtre, mais ayant en horreur la pédan-
terie, il savait prêter des séductions à
la science même la plus sévère : d'un
commerce facile et agréable, il plaisait
autant par le piquant de sa conversa-
tion que par les grâces de son style ;
on saluait en lui « Théritier privilégié
de Tesprit de Voltaire. » Ajoutons que
Bruxelles était alors un milieu éminem-
ment favorable à Tépanouissement du
talent, a Les lettres, les arts et les
sciences y avaient pris un nouvel essor ;
Tancienne Académie de Marie-Thérèse
venait d'être réorganisée; un grand
nombre de réfugiés français, parmi
lesquels on remarquait David, Arnault,
Bory de St-Vincent, Berlier, Merlin,
etc., répandaient dans la société tout
le charme de leur esprit et la variété
de leurs connaissances. Reiffeuberg fut
particulièrement distingué par eux, et
s'associa à quelques-uns de leurs tra-
vaux. Cette période est sans contredit
la plus brillante de sa carrière. )>(').
Sonactivitétenaitduprodige.aProse,
vers, philologie, histoire, théâtre, ar-
ticles de journaux, tout cela marchait
à peu près de front ; il était toujours
prêt, la nuit et le jour. Si on venait
lui demander, à la hâte , un article de
remplissage pour le Mercure belge ou
pour un des nombreux journaux aux-
quels il coopérait, il abandonnait aus-
sitôt son travail commencé, et le mes-
sager ne sortait pas sans emporter
l'article désiré. » Il assiégeait à la fois,
syoute M. Quetelet, toutes les avenues
du théâtre de la Monnaie : le Comte
d'Egmont, drame historique, les Poli-
tiques de salon, comédie, le Siège de
Corinthe, grand opéra, la Toison dor^
opéra comique, étaient en même temps
sur le métier, avec une histoire des
poètes latins de la Belgique (^), avec
un recueil ù'Excerpta de l'histoire na-
turelle de Pline, avec un mémoire, qui
fut couronné (1820), Sur Vétat de la
population, des fabriques et manufac-
tures et du commerce dans les provinces
des Pays-Bas y pendant les XV* et XVI^
siècles, enfin, avec un mémoire sur
Juste-Lipse, aussi couronné l'année
suivante ('). Il n'en fréquentait pas
moins les réunions et les bals, au risque
de compromettre sa santé; il eut en
effet des hallucinations. De cette époque
datent aussi ses premiers démêlés avec
Froment, autre esprit mordant, qui
paya sa bienvenue â la Société de littéra-
(*) Son premier article : Coup (fasil sur
les progrès des lettres en Belgique, Tavait
mis tout d'emblétt en vogue. U y traça d'a-
vance, par parenthèse, le programme des
travaux littéraires qui remplirent toute sa
vie.
( * ) « Wallez, qui ne le connaissait pas,
avait dirigé contre lui quelques attaques
daos son journal ; il s'ensuivit des provoca-
tions assez vives. Wallez demandait quel
était ce grand diable de ferrailleur qui sem-
blait vouloir pourfendre son monde ; il fut
singulièrement désappointé, quand on lui
montra un petit jeune homme, frêle et sé-
millant, de la hauteur de cinq pieds au plus,
d'une politesse parfaite, et riant tout le pre-
mier de l'aventure et de l'dtonnement de son
adversaire. Quelle rancune eût pu tenir de-
vant cette gatté expansive» devant cette vi-
vacité toute méridionale ? Malgré sa petite
taille, malgré ses cheveux d'une couleur un
peu hasardée, Reiffenberg , à cet âge, avait
on extérieur véritablement agréifle. Ses
yeux pleins de vivacité donnaient à sa phy-
sionomie beaucoup d'expression et de fi-
nesse; sa conversation vive et spirituelle
rachetait d'ailleurs ce qui aurait pu lui man-
quer sous le rapport du physique. » (Quete-
let, p. 97).
(») /*., p. 98.
(*) Il ne prit point part au concours ou-
vert sur ce sujet : le prix fut décerné, en
1820, à M. Peerlkamp.
(*) Son mémoire sur Erasme n'obtint, en
48S3, qu'une médaille d'argent. Devenu aca-
démicien, de Reiffenberg en réclama inuti-
lement Tinsertion dans les Mémoires', de
guerre lasse, il remplaça ce travail par une
histoire des deux premiers siècles de rUni-
versité de Louvain (cinq mémoires) , une
statistique ancienne de la Belgique, une
étude sur les relations des Belges avec les
étrangers, etc. — L'Académie remit au con-
cours, trente ans plus tard, une étnde sur
Erasme.
175
D£R
176
ture de Bruxelles (v. Tart. Lesbrous-
sart) par une satire contre ceux qui
venaient de raccueillir dans leur cé-
nacle. De Rdffenberg s'empara de cette
boutade, la publia dans le t. X du Mer-
cure belge, puis y répondit dans TAn-
nuaire de la Société (1822). Il s'ensui-
vit une guerre de plume qui n'aboutit,
comme c'est l'ordinaire, qu'à une série
de désagréments (').
M. Van Hulthem, conservateur de la
bibliothèque royale de Bruxelles et de
celle de Bourgogne, s'était , sur ces
entrefaites , épris du baron de Reiffen-
berg, et l'avait fait nommer, en i821,
bibliothécaire -adjoint. Cette nouvelle
position, de fait très-indépendante, de-
vait , ce semble , convenir à un homme
de lettres qui était en même temps
journaliste, et à cause des ressources
qu'elle lui offrait au point de vue de ses
études, et parce qu'elle lui laissait plus
de loisirs pour s'occuper activement de
la presse périodique. L'ancien rédac-
teur du Mercure^ le collaborateur du
Nain jaune et des autres journaux
édités par les conventionnels (*), re-
nonça effectivement moins que jamais
à tailler sa plume au profit de l'opposi-
Uon libérale. Aussi fiit-on fort surpris
de voir paraître, un beau jour (25 mai
1822), sa nomination à l'Université de
Louvain, en qualité de professeur ex-
traordinaire de philosophie. On crut à
une défection; on glosa; a un homme
perdu de réputation, auquel le Gouver-
nement n'avait pas refusé ses bienfaits,
et que Reiffenberg avait eu la faiblesse
de recevoir chez lui, affecta de répéter
que c'était à son intervention que le
nouveau professeur devait sa place , et
qu'on ne la lui avait accordée que sous
certaines conditions. » 11 n'en était
rien : Reiffenberg rompait tout simple-
ment avec la politique pour adorer une
nouvelle déesse, la philosophie, qu'il
se mit à encenser avec sa ferveur habi-
tuelle. Il poursuivit cependant ses re-
cherches philologiques , qui lui valu-
rent, le 8 mai 1 825, le titre d'acadé-
micien, à l'unanimité des suffrages. Le
commandeur de Nieuport lui-même ,
oubliant un article où notre polémiste
l'avait assez maltraité, vota pour lui.
« Dès la séance suivante, dit H. Quête-
let, il nous apporta son Mémoire mr le
bombardement de Bruxelles en 1695. Ce
travail servit de prélude à un nombre
considérable de mémoires qui ont en-
richi nos recueils. »
A Louvain, de Reiffenberg rompit
« imprudemment » quelques lances
contre les partisans de la méthode Ja-
eotot, qui avait mis deux armées en
présence. Ne ménageant pas ses plai-
santeries, il éveilla contre lui des ran-
cunes ; on commenta ses écrits , on
pervertit le sens de ses paroles.» Je fais
assez de sottises sans qu'on ait besoin
de m'en attribuer, disait-il; au reste, il
faut que ie prenne mon parti , puisque
je suis destiné à être mis en scène ».
Cependant il céda aux représentations
de ses amis et se retira dans sa tente,
mélancolique et désillusionné, en dépit
de son stoïcisme apparent. Il trouva des
consolations dans l'étude et dans la vie
de famille ('); il donna un premier gage
de ses nouvelles résolutions, en publiant
(4825-1826) les Archives philologiques^
recueil où l'érudition, sans cesser d'élre
sérieuse, se présente sous la forme la
plus attrayante.
La révolution de 1850 fit perdre k
l'Université de Louvain deux de ses
Facultés, et au baron de Reiffenberg
{*) Non-seulement ces querelles d*indi-
vidu à individu sont en elles-mêmes stériles,
mais quand elles passent en habitude, elles
ont pour effet de diviser la république des
lettres en coteries. Au lieu de poursuivre un
idéal élevé, on dépense tout ce qu'on a d'es-
prit, comme dans les petites villes, à dtîni-
grer ses voisins. Les écrivains belges ont
trop souvent cédé à ces entraînements, ce
qui n'a pas laissé que d^entraver le dévelop-
pement de la littérature nationale (v. Heu-
schling, p. 462^.
(■) y. Warzde, Essai sur les journaux
belges^ Brux. 1844, in-8<>, p. 70 et suiv.
( "> ) Il épousa le 29 août 4827 Marie-Adèle-
Natalie Frantzen, fille de radjudant-général
au service de France, et de Nathalie Vander-
meersch, fille du célèbre général de ce nom.
Il en eut plusieurs enfants, dont deux seule-
ment lui ont survécu : Prédério-Guiltaumo-
Eméric-Cuno-Marsilius (né à Louvain le 28
août 4830), connu par quelques recueils de
poésies, et Herman-Frédëric Lombaire (né le
44 mai 4832).
177
DER
178
ses émoluments. Il ambitionna la place
dinspeeteur des études : un arrêté du
6 décembre 1855 le nomma professeur
ordinaire à l'Université de Liège, avec
mission d'enseigner Fhistoire du moyen
âge et celle du pays. La philosophie fut
congédiée à son tour, bien que les pre-
miers essais de notre polygraphe eussent
été jugés dignes, malgré la confusion
qui y régnait, de l'attention sérieuse du
grand-prêtre de Técleclisme (*).
C*est pendant son séjour k Liège
qu'éclata une affaire malheureuse, dont
le retentissement fut tel qu'il est im-
possible de n'en point parler. Nous
transcrivons simplement le récit de M.
Quetelet (■). « De Reiffenberg avait in-
séré, sous son nom, dans ses mmvelles
archives et Ù2iî\s\es Mémoires de V Acadé-
mie,ûifférenis travaux historiques, qu'il
avait extraits des manuscrits laissés par
Simon-Pierre Ernst, curé d'Afden. A
cette accusation malheureusement fon-
dée (v. Tan. Lavalleye) s'enjoignirent
plusieurs autres de même nature. Dès
lors il de\int le but général de toutes
les attaques : aux réclamations légitimes
de ceux qui se sentaient lésés ou qui
avaient été inconsidérément attaqués
par lui, succédaient des diatribes amè-
res, des attaques violentes de tous ceux
qu'offusquent les supériorités intellec-
toelles et qui se plaisent à écraser sans
danger un ennemi renversé (*). Les
accusations de plagiat se mêlaient à des
satires sanglantes sur ses faiblesses à
Tendroitdes décorations et des distinc-
tions académiques; on lui contesta ses
titres de noblesse ; on provoqua sa des-
titution; on alla même jusqu'à scruter
les secrets les plus intimes de la famille,
pour trouver de nouvelles armes contre
lui {*). Sa position devint véritablement
insoutenable.— En vain quelques voix
s'élevaient généreusement en sa faveur
et demandaient que Ton eût au moins
égard aux services incontestables qu'il
avait rendus aux lettres ; en vain elles
faisaient remarquer que c'était marcher
contre nos propres intérêts que de
chercher à flétrir aux yeux de l'Europe
un des noms beiges qui lui étaient le
plus connus. Le débordement était alors
trop violent pour que l'on pût lui oppo-
ser brusquement une digue ; il y aurait
même eu imprudence à le tenter. Quel-
ques collègues, auxquels Reiffenberg
s'était adressé dans sa détresse, lui
conseillaient de se renfermer dans la
retraite , d'y préparer quelque ouvrage
important, tel qu'il était capable de le
faire, et de se présenter ensuite au pu-
blic avec ce gage expiatoire...»
Il saisit au vol, on le conçoit, l'occa-
sion de quitter Liège. Un arrêté royal
du 25 juillet 1857 lui confia la garde
de la bibliothèque de la capitale, enri-
chie du fonds Van Hulthem et désor-
mais réunie à la bibliothèque de Bour-
gogne. La satisfaction du nouveau con-
servateur eut un lendemain. Dans cette
même bibliothèque, quinze ans aupa-
ravant, il avait eu ses coudées fran-
ches, quoique employé en sous-ordre;
chef d'administration maintenant, il se
voyait ou se croyait placé sous la tu-
telle d'une Commission administrative.
De plus, au point de vue pécuniaire,
sa position était plutAt amoindrie qu'a-
méliorée : il eût désiré tout au moins
être logé aux frais de l'Etat. Le fait est
que non seulement il se plaignit, mais
qu'il se fit accuser de négligence. Ses
fréquentes absences profitaient du reste
à la science. La rédaction du Biblio-
phile belge, qu'il avait créé, celle de
son Annuaire de la Bibliothèque, les
soins qu'il consacrait à la Commission
(*) Cousin, Fragmenté phitosophiques ,
éd. belge, t. II, p. 440 et sniv.
(■) L^autenr de la France littéraire n'a
pas cru devoir être aussi modéré que l'ho-
norable Secrétaire perpétuel de PAcadémie.
Y. Les plagiats Reiffenberg ien s dévoilés ,
^ari8,i851,in-So.
(*) Le journal V Espoir se distingua par-
ticulièrement par ses aménités.
{*) • Il avait jusque là été désigné an-
noellement, par la Chambre des représen-
tants, pour faire partie du jury chargé des
examens pour les grades universitaires : il
ne fut pas réélu dans ce poste honorable.
Hais M. le baron de Stassart, son confrère
à l'Académie, qui était alors président du
Sénat , usa de toute son influence auprès
de ses amis, pour le faire nommer par ce
corps el pour reporter sur de Reiffenberg
les voix qui lui étaient (févolues. Il eut la
satisfacUon d*y réussir » (Note de M. Que-
telet).
179
DER
180
d*histoire, dont il était un des princi-
paux appuis (*),et une infinité d*autres
travaux de détaii qui lui faisaient re-
chercher la solitude et fuir les ennuis
d*une administration peu conforme à
ses goûts, avaient leur côté véritable-
ment utile. Il eût mieux valu, sans
doute, qu'on eût séparé la parlie admi-
nistrative de la parlie scientifique de
ses fonctions ; mais une séparation pa-
reille, quelque désirable qu'elle eût été
dans son propre intérêt, n'aurait pas
manqué de blesser sa susceptibilité »
Grand connaisseur de livres, grand
fureteur, il flairait des découvertes jus-
que dans les reliures des bouquins et
dans les vieux meubles : témoin la fa-
meuse estampe de i'ii8(v. ci-après),
qui fut l'occasion d'une interminable
polémique. Il arriva aussi que son ha-
bileté fut mise en défaut; en pareil cas,
il savait mettre les rieurs de son côté,
en riant plus haut que les aulres de sa
méprise. L'histoire du Catalogue du
comte de Fortsas a fait le tour de l'Eu-
rope. Un des confrères du baron à
l'Académie, M. R. Chalon, qui n'en
était pas à son coup d'essai en fait de
mystifications érudites, annonça dans
les journaux (1840) qu'il venait de
mourir à fîinche un bibliophile ex-
centrique, dont toute la bibliothèque
se composait de 52 volumes , tous
exemplaires uniques ^ M. de Fortsas dé-
truisant les livres aussitôt qu'il recon-
naissait qu'ils existaient ailleurs qu'en-
tre ses mains ('). 11 va sans dire que
ces joyaux sans prix , de même que
leur heureux possesseur, étaient des
créations de l'auteur du catalogue; si
M. Van de Weyer avait publié à cette
époque son factum contre E. Mûnch
(v. ce nom), il aurait doublé tout d'un
coup sa liste déjà nombreuse des livres
imaginaires. Mais les titres étaient si
savamment rédigés et d'une vraisem-
blance si frappante, que les mieux
avisés s'y laissèrent prendre et se pré-
parèrent à faire des emplettes. Le petit
fils du prince de Ligne s'empressa de
donner des ordres, pour qu'on achetât
à tout prix des mémoires qui pouvaient
compromettre les grand'mères de la
plupart de nos belles dames. Un homme
grave assura que la moitié au moins
des articles n'était pas unique^ et qu'il
en possédait plusieurs dans sa biblio-
thèque. Un propriétaire titré du Hai-
naut déclara qu'il avait l'honneur d'ap-
partenir au comte de ForLsas, très-bon
gentilhomme qu'il se repentait d'avoir
négligé; il marquait même l'emplace-
ment exact de son château , à droite,
sur la route de Binche ; on en voyait
poindre les tourelles à travers une touffe
de peupliers (*). Le chef d'atelier de
la maison Casterman, de Tournai, se
rappela clairement avoir imprimé en
1829 un ouvrage sur les affaires du
temps, dont le libraire Castiau , de
Lille, voulait faire l'acquisition : cet
ouvrage, bien entendu, n'existait pas
plus que les autres. De Reiffenberg
allait partir pour Binche, quand M.
Chalon, ne voulant pas pousser la plai-
santerie trop loin, lui avoua la vérité.
C'est une ruse de guerre, se dit le sa-
vant bibliothécaire, qui n'en fut que
plus empressé de se mettre en route.
Un éclat de rire homérique signala le
dénouement de cette petite comédie;
de Reiffenberg s'exécuta lui-même de
bonne grâce. 11 faut reconnaître que ,
pour l'induire ainsi en erreur, un savoir
et un talent plus qu'ordinaires étaient
indispensables : aussi n'est-ce point
trop dire que de qualifier de chef-
( ' ) La création de la Commission royale
d'histoire remonte au 22 juillet 1834; un ar-
rêté du i*»" décembre ^846 Ta fait rentrer
dans le sein de l'Académie. Le 30 juillet
4847, il y a été annexé un bureau paléogra-
pbique. — De Reiffenberg y siégea, en
qualité de secrétaire, à côté de MM. de Ger-
lache, président, Gacliard, Bormans, le cha-
noine de Ram, le chanoine de Smet et Du-
mortier. Après sa mort, le secrétariat échut
à M. Ad. Borgnet.
(*) Quetelet, p. 123.
(' j Nous renvoyons le lecteur à l'amusant
récit que de Reiffenberg a publié lui-même
de cette aventure dans Y Annuaire de ta bibl,
royale pour i841, p. 269 et suiv. Cf. le
Hibliophilebelffe, 1. 1, p. 463.
(*; Bibl, belge f ibid.
181
DER
182
d^œuvre en son genre le Catalogue de
FortsasC).
La biographie des savants se résume
en grande partie dans l'histoire de leurs
travaux ; de Reiffenberg ne fait pas ex-
ception à la règle. Ses dernières années
furent assez ternes : il vécut dans son
cabinet , principalement occupé de ses
grands travaux historiques et des no-
tices qu'il présentait à l'Académie,
presque à chaque séance ; d'autre part
il éprouva le besoin de chercher dans
la poésie, la première idole de sa jeu-
nesse (' ), des consolations aux chagrins
qui le minaient sourdement, quand il
se voyait moins considéré qu'il ne
semblait devoir l'être. « Rien de ce qui
excite en général l'attention ou la con-
voitise des hommes ne paraissait lui
manquer; » cependant il sentait un
vide autour de lui. Sans se plaindre
ouvertement, il laissait quelquefois
percer de l'aigreur, quand il était mis
sur le chapitre des bouleversements
politiques, qui ne lui avaient attiré
que des déboires. Sa santé aussi lais-
sait à désirer : lui en demandait-on des
nouvelles, il entrait dans ses humeurs
noires, puis tout d'un coup, pour s'é-
tourdir. Il lançait quelque bon mot. Il
conserva jusqu'à la fln la plénitude de
ses facultés intellectuelles ; au lit de
mort, il signa des pièces relatives au
service de la Bibliothèque. Peu de
jours auparavant, il apportait encore à
l'Académie un rapport sur le concours:
« Peut-être, écrivait-il, suis-je disposé
à rindulgence par la souffrance ; peut-
être aussi aurais-je dû m'abstenir de
juger. Quand on est malade comme je
le suis, on est en quelque sorte ce que
les Romains appelaient Capiieminu'
tus,. » (').
U mourut doucement et pieusement,
dans les bras d'une épouse chérie. M.
Â. Mathieu lut sur sa tombe, au cime-
tière de Laeken, la touchante pièce de
vers que nous avons citée. La Société
des h'éliophiles de Mons chargea M. L.
Wiener de frapper une médaille à son
effigie ; son buste en marbre, exécuté
par M. G. Geefs, aux frais du Gouver-
nement, est placé dans la salle des
séances de l'Académie : il est malheu-
reusement peu ressemblant, ayant été
modelé de mémoire.
De Reiffenberg, membre de l'Acadé-
mie royale de Belgique et secrétaire de
la commission royale d'histoire, était
en outre membre correspondant de
l'Institut de France (Académie des in-
scriptions et belles-lettres), de la So-
ciété royale de Goettingue, des Acadé-
mies de Berlin, Munich, Turin, Stock-
holm ; des sociétés des antiquaires
de Londres, de France, de Normandie
et de Morinie ; l'un des vingt-neuf de
la Société des bibliophiles français; de
celle des bibliophiles du Hainaut, de
la Société de l'histoire de France, de
l'Institut historique, des Académies de
Rouen et de Lyon, de la Société de
statistique universelle, de celle de sta-
tique de Marseille, des Sociétés asia-
tique, polytechnique et philotechnique
de Paris, de la Société historique grand-
ducale de Fribourg, de la Société
grand-ducale d'Iéna, de celles de Ba-
tavia (Asie) et du Rhode-Island (Amé-
rique du Nord), de la Société maritime
d'Angleterre, des Sociétés académiques
de Leyde, Utrecht, Toulon, Evreux,
Blois, Douai, Boulogne-sur-Mer, Cam-
brai, Valenciennes, Anvers, Liège,
Gand, Biuxelles et du Hainaut (M. La
liste de ses décorations, dit Quérard,
(*} Il a été réimprimé à Lyon, en 1833,
pour le libraire Van Trigt, de Bruxelles. V.
Delecoart, Dict. det anonymes et des pseudo-
nymes, Bruxelles, 4864, io-8o, n«> 846,
p. 138. — De Reiffenberg nn parla toujours
avec admiration. « Chacun de ces étonnants
ouméros, disait-il, allait à l'adresse de quel-
quon , il loi allait droit au cœur... Un
Promptuarium antiquiiatum Trevirensium, .
auctore Willtlmo comité ab Reiffenberg ,
causaît de cruelles insomnies k quelqu'un
de vos amis... » (Uuetelet, p. iS4).
(*) U disait, presque au moment de
mourir :
Cm ver* convienneot à tont àg« ;
Je leur dou dd peu de coarag€i
Quand pour mot s^assombritle jour;
N'ont-iU pas droit à mon hommage ?
Ils furent mon premier ianfcafto,
I s furent mon (tremier amour
(Fuhltê nouvtUeif pi-ulo^nu).
(') Quetclet, p. 466.
<*) En 4836, il assista au Congrès scien-
tifique de Liège, et en fut nommé secrétaire-
général.
183
DER
184
serait presque aussi ion^e. Nous don-
nons celle de ses meilleurs titres ,
c'est-à-dire de ses principaux ouvrages,
d'après cet auteur et les notices de MM.
Quelelet et Heuschling.
1. Littératuhe.
i%e Malheur imaginaire , comédie
en un acte et en prose. Bruxelles ,
Weissembruch, i8i9, in-S^".
^ Le» Politiques de Salon, comédie
en trois actes et en vers. Brux., Hayez,
i82i, in-S^" (Dédicace à Pb. Lesbrous-
sart).
Le Comte d'Egmont, tragédie composée en
même temps que cette pièce, est resté inédit,
sauf quelques n*agment8 (Mercure Mge, 1. 1,
p. 487, i8i7; Recueil annuel de poésies de la
Soc, de Littérature de Bruxelles, 1848, p.
i4; Leçons de Littérature de Noél et de La-
place, éd. de Gand, 4822 ; et dans l'édition
de Vandervynckt , citée ci-après , n^ 55) .
L'opéra-comique ( * ) : La Toison d'or (v. ci-
dessus] ,a été joué mais non imprimé. Le Siège
de Corinthe , en revanche , a paru dans les
Harpes (403), mais n'a point subi l'épreuve
de la scène. Les Politiques de Salon ren-
ferment quelques scènes heureuses ; en
somme, la donnée est peu neuve ; le prin-
cipal mérite de la pièce est dans le style, à
la fois élégant, pittoresque, d'une aUure
franche et pleine d'entrain (v. Quetelet ,
p. 436-433).
S"" Les Harpes. Ibid., 18i2,in-i8.
Recueil de poésies, réimprimé en 4825 à
Paris (Dondey*Dupré, % vol. in-48)« sous le
titre de Poésies diverses, suivies d épitres et
de discours en vers» Les épUrcs(t. Il) sont
adressées à Raoul, à de Barante, à Viennet,
à Vautier, à Cousin, à M. Quetelet, à Ch.
Nodier, à Arnauld, àTalma, k Froment, enfin
à Mii«Le Normand (Elles avaient d'abord paru
séparément). Les Ruines et Souvenirs (Brux. ,
Demat, 483i, in-8<>), ne sont qu'une troi-
sième édition du même ouvrage, moins le
Siège de Corinthe et les Epitres, L'auteur
n'a guère conservé dans ce volume que les
Mgendes et les traditions nationales. — Reif-
fenberg dut renoncer au litre de Harpes,
qui avait paru bizarre. « 11 faudra mainte -
nant, disait Froment, que vous publiiez vos
flûtes, et moi mes violons (*). » — a J'au-
rais pu répondre que le nom ne fait rien à
l'affaire et m'autoriser d'illustres exemples,»
répliquait Reiffenberg ; réflexion faite, il ne
s'obstina point. — Ses vers lyriques ne sont
pas toujours aussi coulants que sa prose ;
néanmoins il a fait preuve de talent. 11 y a
de la chaleur et de la force dans le Chant de
victoire de la prétresse Velléda, daz)s les
Imprécations du serf du XU» siècle au pied
de la Croix, dans le Barde captif; de la
grâce et de l'esprit dans le Sire de War-
fusée, la Bannière, la Peur, les Cruches de
dame Jacqueline, le Ris de la Folle, etc.
Les Epitres se distinguent par une grande
flexibilité de langage, qui permet à l'auteur
d'aborder, plus ou moins heureusement, des
sujets qui semblent étrangers au domaine de
la poésie. On ne saurait voir, du reste,
qu'un tour de force ou une fantaisie d'écri-
vain dans le résumé suivant de la Critique
de la raison pure :
Kant enfin apparat : rhommo fui «léU-ompé;
L'absolu ramoDta sur i»ou trAu« usurpé (^}.
De notre entendement la force subjective
Aux objets imorima m forme im[>ôrdtiTe;
San» attendre les faits, elle om décider;
La nature sentie A »es lois dut céucr,
Kt l'espace et le temps, ces types nécessaires,
De la perception légisûteurs primaires.
Dans rétre connaissant restèrent désormais.
Surtout ne crofez paa, ne répétez ismais
Que ridée aTec rhomme aussiiét a dû. aattre;
L*enfant n*a point connu, mais est prêt à connaître ;
Ses facultés dormaient : il reille, il a senti;
L*objet frappe les sens; par les sens averti.
Dans Té me le cerveau fait éclore une idée ;
Et ridée A son tour, en sa route guidée,
Affit sur le oerveau, de qui rébranlament
A rorgane attentif passe fidèlement.
{Epilre à Vavtter )
4^ VAme et le Corps, dialogue en
vers. Brux., Hayez, 1823, in-8*».
Réimprimé dans les poésies diverses. —
Encore un sujet philosophique, mais sus-
ceptible du moins d'être traité en beaux
vers.
5° Le Champ Frédéric, poème. Ibid.,
4825, in-8*'.
On y remarque un beau passage sur le
Travail (un peu trop mythologique, même
pour des lecteurs de 4823). — Réimpr. dans
les Poésies diverses»
6^ Épttre d'un Parisien à la statue
d'Erasme, Paris, 4825, in-8«.
1° Épttre du général des Jésuites à
un jeune Père, Brux., Tarlier, 4827,
in-8^
( * ) Musique de M. Messemacker.
(*) Ce mot de flûtes faisait allusion aux
traductions de quelques égiogues de Virgile,
insérées par notre poète dans le Mercure
belge (t. V et suiv., 4818). Une première
épigramme du môme Froment avait arrêté
l'entreprise commencée :
Ordonne & ReiffenbvrK do quittcu* sa boulette;
JVime mieux soa simet eacor qae sa mn»«9lte.
(') Il me paiera son absolu, disait Raoul.
18S
DER
18è
8* Le Dimanche^ récits de Marsittus
Branck. Brux., Hanman, 4854, 2 toI.
in-i8.
9^ Le Lundi, nouveaux récits de Mar^
silios Brunclt. Ibid., 4835, in-18.
c Sous ces titres très-élastiqoes, il (De
Reiffenberg) s'était ménagé la faculté de
mettre le public daos la confidence de tout
ce qu'il voulait bien lui communiquer. Il est
peu d'auteurs qui ne se laissent aller au
plaisir de se mettre en scène dans leurs
tableaux, fût-ce même dans un coin obscur;
à peu près comme ces personnages qu'on
voit dans les peintures anciennes et qui,
sans prendre part à l'action principale, se
tiennent en prières, tout préoccupés de leur
salut. > iQuetelet, p. i43). La notice nécro-
logique de Marsilius est un portrait du baron
peint devant un miroir ; certaines touches y
sont dignes de l'auteur de Candide. Il y a
dans ces volumes un peu de tout, des fa-
céties, de Térudition à foison, des légendes,
des peintures de mœurs un peu trop ea
déshabillé, c Reiffenberg, sans s'en aperce-
voir, cédait à l'influence de cette mauvaise
littérature contre laquelle lui-même s'est
souvent élevé, et qui, dans ces derniers
temps, a été une déplorable source de dé-
moralisation. > (là,, p. 447).
10* Souvenirs d'un Pèlerinage en
fhonneur de Schiller. Bruxelles, Mu-
quardt, 1859, in-8'^, avec une grav. sur
bois.
11® Nouveaux souvenirs d'Allemagne,
pèlerinage à Munich. Ibid., 1859, 2 vol.
in-18.
Les Souvenirs du baron de Reiffenberg
peuvent être placés parmi ses meilleures
productions littéraires. On y trouve des
observations fines, des détails charmants ;
on y apprend, tout en s'amusant, mille
choses intéressantes.
12" Pièce de vers lue à la Sociélé des
Bibliophiles de Mons. Brux., 5 avril
1842, broch. in-8®. — Au dîner des
Bibliophiles de Mons. Mons, 1842, in-4^
IS"" Apologues (poésies). Bruxelles,
Maquardt,1848, in-8<>de 184 p.
14° Fables nouvelle». Ib., 1848, in-
18 de 60p.
( * ) De Reiffenberg et ses amis s'adres-
saient volontiers des vers, ce qui faisait dire
aux rieurs qu'ils composaient ensemble la
confrérie de XAdoration mutuelle, H. Que-'
telet était lui-même un des confrères ; il en
fait le très-humble aveu et fournit même une
preuve à l'appui.
« le n'avais jamais fait de fbbles, dit Tau-
leur. Pendant mes vacances (-1847), à la
campagne, privé de livres, presque de plu-
mes et de papier, le tout par ordonnance du
médecin, je revins avec délices, tel qu^un
écolier qni trompe ses maîtres, aux jeux
ravissants de ma jeunesse, qu'un instinct
mystérieux attirait vers la poésie et que le
caprice de la destinée poussa dans une di-
rection contraire. » En quinze jours, 80 fa-
bles furent composées, et un second volume
suivit de près le premier. Cette féoondit<$ ne
fût pas toajours également heureuse ; les
fables du baron de Stassart , celles de Rou-
veroy n'eurent point k redouter la compa-
raison. Malade et chagrin, de Reiffenberg
sut pourtant trouver encore des inspirations
nouvelles et des vers dignes de ses meilleurs
jours. En revanche, on ne peut s'empêcher
de sourire en voyant le poète, cédant à son
penchant pour la satire, et celle fois man-
quant de tact, mettre une persistance singu-
lière à tourner en ridicule la manie des
titres et des décorations, lui plus titré et
plus décoré que n'importe qni en Belgique.
— Le sixième livre des Fables est dédié à
Ph. Lesbroussart :
Le» TieiRes «mittès sont toujonn les meilleores;
Comme un viu bien mûri mliHuife te TietUard,
Elle» ▼îenuent encor uotiii cbarnirr kur le Uri(,
Et tlorer noi dernière» licnres ( * J.
11. Histoire (•). — a. Ouvrages non
publiés par V Académie.
15® Fastes belgiques, ou Galerie li-
thographiée des principaux actes d'hé-
roîsme civil et militaire, et des faits
mémorables qui appartiennent à la na-
tion belge. Brux., Hayez, 1825, in-fol.
(2 livraisons).
En collaboration avec H. Lecocq.
16° Des Mémoires de J, Du Clercq,
Bruxelles, 1824, in-8''.
V. les Œuvres du baron de Stassart,
p. 875 et ci-après, n® 56.
16 ^M. Résumé de V Histoire des Pays-
Bas. Brux., Tariier, 1827, 2 vol. in-18.
On lit dans les Souvenirs d'un Pèlerinage,
p. 203 (note) : « J'avais fait pour lui (pour
F. Bodin) un Résumé de t Histoire de Bel-
gique dans le sens de la philosophie puérile
de la plupart des résumés de ce genre. »
(*) C'est ici surtout que de Reiffenberg
s'est acquis des titres durables et qu'il a fait
preuve de goût et de sagesse. On a pu lui
reprocher des erreurs ; mais personne n*est
infaillible, et quelques grains de sable ne
feront pas que la balance ne penche très-
fortement du côté de ses mérites.
187
DER
188
17*" Recueil héraldique tl kisiorique.
Anvers, RepoU, 1855-4836, in-foi. (un
spécimen et 4 livraisons, avec pL).
En collaboration avec M. Lecocq.
18<» Mémoire sur Jehan Molinet, his-
torien et poète. Cambrai, 1855, in 8«.
Exlr. des Mém, de la Soc. d'Emulation
de Cambrai.
19° De quelques solennités ancienne-
ment usitées en Belgique : tournois, car-
roussels Jubilés. Brux., Demat, 1838.
20« Discours sur rUistoire de Bel-
gique. Brux., Lacrosse, 1858, in-8°.
M. Uuetelet dit que c'est la préface d'un
ouvrage de M. Guizot. Quérard pose un
point d'interrogation.
%Obis. Chronologie historique des
sires de Diest en Brabant. Brux., Van
Dale, 1844, in-4° avec 2 pi.
20 /er. Renseignements sur les noms
de famille et de lieux. Ib., 1844, in-4°,
avec 2 pi.
20 quater. Établissement de Tordre
des Jésuites aux Pays-Bas au comment
cernent du XVW siècle. Ibid., 1848,
in'8^
21« Histoire du Comté de Hainaut.
Brux., Jamar, 1849-1850, 2 vol. in-12.
Fait partie de la Bibliothèque nationale.
— Cet ouvrage devait avoir un 3« vol.
(Heuschling).
B. Ouvrages publiés par V Académie.
22*» Quel a été Télat de la popula-
tion, des fabriques et manufactures et
du commerce, dans les provinces des
Pays-Bas, pendant les XV« et XVI» siè-
cles? (Mém. couronnés, t. Il, 1820).
23*» De Justi Lipsii vite et scriptis
commentarius (Ib., i. III, 1821).
24° Mémoire sur le séjour que Louis,
dauphin de Viennois, depuis roi sous
le nom de Louis XI, a fait aux Pays-Bas
de Tan 1456 à Tan 1461 (Mém. des
membres, t. V, 1828).
25° Mémoire sur les deux premiers
siècles de TUniversité de Louvain.
(Ibid.). — 2% 5° et 4« mémoires sur le
même sujet, t. VII, 1851. — 5« mé-
moire, t. X, 1834.
Ce travail, qui devait être continué, s'ar-
rôte k Erasme.
26'» Notice sur Olivier-le-Diable, ou
le Dain, barbier de Louis XI (Ibid.).
27° Notice sur un exemplaire des
lettres d'indulgence du pape Nicolas V
pro re^no Cypri. (Ibid), avec un fac-
similé (^).
28° Notice sur les archives de la ville
de Louvain (l. VI, 1829).
29<> Mémoire sur les sires de Kuyk
Obid.). — V. ci-après, n° 37.
50° Remarques sur deux actes de
Henri II et de Henri III, ducs de Bra-
bant (Ibid., 1850).
51° Note sur des lettres dHndulgence
du pape Jules II (Ib.).
V. t. VIII, p. 3.
32° Eloge de Tabbé Mann (Ibid.).
55° Recherches sur la famille de
Pierre-Paul Rubens (Ib.).
34° De la peinture sur verre au
Pays-Bas (t. VII, 1851).
55° Essai sur la statistique ancienne
de la Belgique jusque vers le XVII"^
siècle (Ib.).
56° Particularités inédites sur Char-
les-Quint et sa Cour (t. VIII, 1852).
57° Supplément à \Art de vérifier
les dates (Ibid.).
Ouvrage de S.-P. Ernsl et du P. Nép.
Stephaoi, que le baron de Reiflenberg s'est
attribué, ainsi que le no 29, le Mémoire sur
les Comtes de Louvain (Nouv. archives hist.
des Pays-Bas, t. III ou II, p. 29-56 et 69-93]
et la Chronologie historique des Comtes de
Salm Reifferscheid en Ardenna. (fb. , 1. 1 ou II,
p. 40, 1829-1832). — V. Vart. Lavalleye.
58® Nouvelles recherches sur P.-P.
Rubens (t. X, 1855).
V. les Bull, de CAcad., t. lï, 12, 47 et
121; t. V, 75, et t. Xl-â, 15.
59° De quelques anciennes préten-
tions à la succession du duché de
Brabant (t. XI, 1858).
40<* Coup-d'œil sur les relations qui
ont jadis existé entre la Belgique et la
Savoie (t. XIV, 1840).
41* Coup-d'œil sur les relations qui
ont jadis existé entre la Belgique et le
Portugal (Ibid.).
42'' Notice sur frère Corneille de
Si-Laurent, poète belge (Ibid.).
(M II «'agit d*une impression de 1457, sur peau de vélin.
189
DER
190
43* Notice sur Re^çnîer de Bruxelles,
id. (Ibid,).
W llinéraire de Tarchiduc Albert,
de 1599 à 1600. (Ibid,).
45^ La plus ancienne gravure con-
nue avec une date (t. XIX, 1S45, avec
un fac-simik).
Y. le BulL du Bibliophile belge, t. I,
p. 436-438, el p. 479 ; t. Il, p. 6S-66. Pour
les détails de la polémique provoquée par
cette découverte, v. Quérard, France litté-
raire, t. XII, p. 61). Le sujet de VesUmpe
de 1448 est St Christophe portant l'enfant
Jésus.
46'' Le feld-maréchal prince Charles-
Joseph de Ligne. (Ibid.).
47*" D'innombrables articles histo-
riques, archéologiques, philologiques,
etc., dans le Bulletin de V Académie.
V. les Tables générales et analytiques
du recueil des Bulletins, Brux., 1858,
in-8**, p. 350-356. — Nous citerons
seulement quelques notices biographi-
ques sur Michel d'Eylzing (historien du
XVI* siècle), sur J.-C. Calvete de Es-
trella, J.-F. Foppens, Eram. d'Aranda,
Gabriel de Grupello (sculpteur), H. Del-
loye (le troubadour liégeois), etc. On en
retrouve plusieurs dans XAnumiire de In
Bibliothèque royale, et dans d'autres re-
cueils).
48*' Notices et extraits des manu-
scrits de la Bibliothèque de Bourgogne^
relatifs aux Pays-Bas. T. 1, Brux.,
Ilayez, 1829, in-4^
L'exploration de ce riche dépôt, entre-
prise d'abord par TAcadémie, est rentrée
ensuite dans les attributions de la Commis-
sion royale d'histoire. Indépendamment des
publications de cette Commission, dont l'in-
fatigable bibliophile était secrétaire, l'Acadé-
inie,si l'on avait voulu écouter de Reiffenberg,
aurait mis au jour chaque année un volume
de renseignements inédits (Quetelet, p. 1S5).
a. Sur un Ms. du XV" siècle, conte-
nant les danses en usage à la Cour de
Bourgogne. — b. Sur un Ms. ayant
appartenu à Marguerite d*Autriche. —
c. Sur un Ms. du XV!» siècle, contenant
une censure générale des œuvres d*E-
rasme. — d. Sur les lettres d'Erycius
Puteanus et d'autres gens de lettres
(De R. a publié la corresp. de Puteanus
dans le Bull, de VAc, t. VIU).— c. Sur
un Ms. intitulé : Cronickes de Flandres
abbroghiés. — f. Mémoires de Messire
J. Uopperus. — g. Extrait d'un Ms. du
XVI'' siècle, contenant les antiquités de
Flandres, par Ph. Wielant. — h. Extr.
d'anciens registres de la trésorerie de
Poligny. — i. Les droits de la duchesse
Marie, par Jean du Fay. — Poème con-
tenant la vie de Marguerite d'Autriche,
par Cornélius Graphaeus.
49® Annuaires de l'Académie. — No-
tices biographiques du comte de Co-
bentzl, du marquis de Chasteler, du
président de Neny, du baron de Feltz,
1835; de H. Delmotle, 1837; de Bek-
ker, 1838 ; de Raynouard, 1839 ; de
Van Praet, 1840; de Daunou, 1841 ;
de Raoux, 1842 ; de Des Roches, 1843 ;
du marquis de Forlla d'Urban, 1844.
De Reiffenberg excellait dans la composi-
tion des notices biographiques : seulement
« le défunt n'échappait pas toujours à l'exa-
men sans avoir reçu quelques égratignures.
La notice du bon marquis de Fortia d'Ur-
ban, lue en séance publique, a fait craindre à
plus d'un savant académicien d'avoir son
confrère pour panégyriste. » (Quetelet, p.
45g). _ La collection des notices rédigées
par de Reiffenberg, soit pour les publica-
tions de l'Académie, soit pour V Annuaire de
la Bibliothèque royale, pour le Bibliophile
belge ou pour la Biographie universelle de
Michaud et son supplément, etc., formerait
aisément iO ou iS volumes.
c. Commission royale d'histvire.
50*» Histoire de l'Ordre de la Toison
d'or. Rruxelles, imprimerie normale,
1850, 1 vol. in-4" avec atlas.
Travail capilal qui restera, dit M. Heu-
schling.
51** P. à Thymo Historia Brabantiœ
diplomatica. T. 1. Bruxelles, Muquardt,
1830, in-8<».
C'est le seul vol. qui ait paru de la Col-
lection des historiens belges inédits^ dont le
gouvcrnemen! des Pays-Bas avait ordonné
la publication.
52° Chronique rimée de Philippe
Mouskes ou Mouskès, publiée pour la
première fois, avec les préliminaires,
un commentaire et ses appendices.
Bruxelles, Hayez, 1836 et 1845, 2 vol.
in-4^ de 7 à 800 p. chacun. — Supplé-
ment à la dite chronique. Ibid., 184C,
in-4° de 30 p., avec une planche.
Fait partie de la « collection des chro-
niques belges inédites. » (V. le Journal des
Savants, nov. 1836, p. 634, art. de Daunou).
191
DER
i92
53* Monuments pour servir à l'his-
toire des provinces de Namur, de Hai-
naul et de Luxembourg. Ibid.. 18i4-
1849, 5 vol. in•4^
Même collection. — « La mort n'a pas
permis au baron de ReilTenberg d'achever
cet ouvrage ; il n'en a publié que les vol.
I, IV, V, VII el VIII. M. Adolphe Borgnet a
été chargé par la Commission royale d'his-
toire de le continuer. Dans sa lettre à l'édi-
teur (* ), le terrible Pimpurniaux lui signale
un assez grand nombre de plagiats dans le
4^ volume (1844). Les t. IV et V contiennent
deux poèmes historiques, intitulés : Le Che-
valier au Cygne et Codefroid de Douillon,
publiés pour la première fois, avec de nou-
velles légendes qui ont rapport a la Bel-
gique, un travail et des documents sur les
croisades ('). Le t. VIII (1848) contient :
Antiquita» ecclesiœ Andaginensù nancti Pé-
tri, — Chronique de (abbaye de Fhreffe,
de l'ordre de Prémontré, prov. de Namur. —
Annale» de i'abbaye de Saint-Ghislain, par
dom Pierre Baudry (Ivj et 843 p.) > (Que-
rard).
54. Comptes rendus des séances de
la Commission royale d*bistoire ou Re-
cueil de ses bulletins, t. VI à XVI.
Brux., Hayez, 1857-4850, ln-8«.
De Reiffenberg considérait ce recueil à
peu près comme un journal dont il aurait été
le seul rédacteur responsable : zèle excessif,
mais qui au fond mérite plus de reconnais-
sance que de blâme, dit M. Quetelet. Ce qu'il
déploya d'activité au profit de la Commission
d'histoire tient vraiment du prodige.
D. Editions et fniblicalions diverses^
contrefaçons^ etc.
55® Histoire des troubles des Pays-
Bas, par Vandervynckt, avec discours
préliminaires et notes. Brux., 48ââ, 3
vol. in-8«.
SG*" Mémoires inédits de Jacques Du
Clercq, publiés pour la première fois,
sur les Mss. du roi (avec un Essai sur
rilistoire des Pays-Bas, un Glossaire
historique, héraîdique et grammatical
et des Tables). Brux., 4825, 4 vol. in-8^
Les deux ouvrages n»* 55 et 56 forment le
commencement d'une collection de Mémoireê
pour Muivre à Vhittoire des Pays-Bas, qui n'a
pas été continuée. Le J. Du Clercq a été
réimprimé, avec U plupart des appendices,
dans la dolUction des Chroniques de M. Bu-
cbon (Quérard),
57° Lettres du prince d*Orange Guil-
laume, surnommé le Taciturne, aux
Etats-Généraux. Paris, Didot, 48S4,
in-S^" de 8 p.
58'' Manuel de Thistoire politique de
TEurope, de Heeren. Brux., Hauman,
4854, 5 vol. in-48.
59" Histoire des ducs de Bourgogne,
de M. de Barante, avec des remarques
par le B. de B. Brux., Lacrosse, 4855-*
4856, 40 vol. ln-8\ fig.
6ir* Leçons de littérature el de mo-
rale (de Noël et De la Place), avec une
introduction (par deBeiffenberg). Brux.,
Meline, 485G, in-8^
L'introduction présente un Tableau des
vicissitudes de la langue française.
64® Chronique métrique de Cliaste-
lain et Molinet. Ibid,, 4856, in-8°.
Se trouve aussi dans l'édition de de Barante.
62® Walther, ou la première Expé-
dition d'Attila dans les Gaules, légende
du VI* siècle, mise en vers latins par
un moine du X", avec des notes et les
var. du Ms. de BruxeileSi publiées en
français (Retme de Bruxelles, déc. 4858,
p. 4-55, et mars 1859, p. 28-49).
65° Mémoires du comte Mérode d*On-
gnies (1665), avec une introd. et des
notes. Mons, Leroux, 4840, in -8°.
Extr. du t. IX. des publ. de la Soc, de»
Bibliophiles de Mons, — Edition très-soi-
gnée, enrichie de notes intéressantes et de
tables utiles. L'introduction, morceau bril-
lant, avait déjà pani dans le Messager des
Sciences de Gand et dans le Bulleiin de
Techener, On a dit de ce Uvre que l'avant-
garde et l'arrière-garde valaient mieux que
le corps d'armée. — Le baron de Stasbart a
reproché à son confrère deux erreurs histo-
riques.
64'' Correspondance de Marguerite
d'Autriche, ducbesse de Parme, avec
Philippe II. Brux., Muquardt, 4841,
gr. in-8°.
Première publ. de la Soc des Bibliophile*
belges, — On y trouve V interrogatoire du
Comte d'Egmont (aussi imprimé à part, à
{*) y, ci-après Tart. Borgnet, n« 4S de
la bibliographie.
(* ) Il a été tiré des exettplaires à part de
ces deux poèmes. Brux., Hayez, 4848, ia-4«
de près de 200 p.
i93
DER
494
80 ex. Bras., Vandale, 1843, •ih.g?, avec un
fac-nmiU). -^ iea letired de Marg^rile
sont ao nombre de 72 ( * ).
G^"* Lettres sur la vie intérieure de
Temperear Charles-Qulul, écrites par
GuiUaume Van Maie, gentilhomme de sa
chambre , et publiées pour la première
fois. /^., 4843, ln-8^
Deoxième publ. de la Soc. de$ Ribl, belg/e$,
— La troisième est Je d^ 66.
66^ Une existence de grand seigneur
au XV1« siècle. Mémoires autographes
du duc Ch. de Croy, publiés pour la
première fois. Ib,, i846, in-8*, portr.
eT" Gilles de Chin , poème de Gau-
tier de Touroay, trouvère du XIV» siè-
cle. Ib., 4847, in-8°.
Edition Prmcepê, avec une introd. et des
notes.
68» OEuvres choisies de J.-B.-D.
Vautier, précédées d'une notice. Brux.,
Parent, 4847, ln-48.
E. Science* politiqueêy instruction pi^
blique (v. les n*» 22, 25, 35, 39 à 44).
69« Essai de réponse aux questions
officielles sur renseignement supérieur
Bfux., Tartier, 4828, in-8».
En collaboration avec Warokœnig v. ce
nom .
70» Qu'est-ce que le Collège philo-
sophique? — Enlrerai-je au Collège
philosophique? — Réponse du portier
du Collège philosophique. Louvain,
4828, 3 broch. in-S*», publiées sous le
voile de l'anonyme.
74'' L'honneur national, à propos des
24 articles, par un Luxembourgeois de
la partie cédée. Brux. et Leipzig, Mu-
quardt, 4839« in-8°.
p. PkUowphu.
It^ OratiQ inaugurali» quà philoso-
phiœ fata m Acad, Lovan. esposuit.
Louvain, Van Linthout, 4822. ln-4^
73<* Eclectisme, ou premiers prin-
cipes de philosophie générale. Pre-
mière partie : Psychologie. Brux.,
Tarlicr, 4822, ln-8».
74'' De la direction actuellement né-
(') M. Vandenpeereboom , ministre de
llntérieur, a chargé M. Gachard, archiviste-
glanerai du royaume, de publier la corres-
pondance complète <ki Marguerite de Parme.
cessaire aux études phllasophlques.
Louvain, Michel, 4828, in-8'' (Dédié k
Y. Cousin).
75° Principes de logique. Brux.,
Hauman, 4833, in-S"*-
De HeiHenberg et M. S. Van de Weyer in-
troduisirent en Belgique, où les études phi-
losophiquea avaient été fort négligées (sur-
tout lorsqu'on enseignait en latin), les idées
du grand éelectique Irançais, dont i*élo-
qnence brillante passionnait alors la jeu-
nesse. Cousin accueillit de bonne grftce les
essais de ses nouveaux disciples, aa^ pour-
tant ménager les critiques au b^ron de Reif-
fenberg. Celui-ci, i vrai dire, ne pouvait
aspirer à se taire un nom en philosophie ;
il rendit du moins des services en tempérant
la forme un peu ra,ide jdcjs anciens traitais de
logique.
G. Beaux-arts (v. les n~ 40, 44, 55,
54, 38 et 45).
76° Lf^ttres 4 M. Fétis sur Tblsloire
de la musique. Brux., 1834, in^».
Réimprimé dans le OUnamehe (n« 8), avec
des corrections.
770 Scènes de la vie des peintres
flamands, etc., dessinées par Madou,
avec des notes explic. Brux., Société
des beaux-arts, 4838, 4n-fol. (avec M.
Massard).
78<' Les loges de Raphaël. Bruxelles,
Lacrosse, 4844, in-4®.
Ouvrage revendiqué par M. E. de Buss-
cher. (études det étude» de M, U baron de
Beiffenberg , sur les Loges de Raphaël.
Gand , 1846, in- 8» ; v. le Buit, du Bibtio-
phile belge, 1. 1, 4845, p. S7S-280, et t. H,
1846, p. S43-S34}.
79"" Mémoires sur les sculpteurs et
/architectes des Pays-Bas, d'après Ph.
Baert. Brux., Hayez, 4848. in-8''.
H. Philologie (v. les n«* 23 et 60).
80» Excerpta è C. Plinii SecuwU fus-
torià naturatij notulis Utustrata, Brux.,
Wahlen, 4820, in-42.
84<» Archives philologiques. Brux.,
Tarlier, 4825-482G, 2 vol. in-8°.
82» Observations sur la langue ro-
mane, sur les trouvères, etc. Brux.,
Muquardt, 4839, in-8». (Dédié à M.
^olff, prof, à léna).
Le savant et laborieux éditeur en a pu faire
paraître le t. I dès 4867 (iB-4», avec un /ac-
rimiie photolithographié).
a
i9S
DER
196
SS"^ Remarques sar les patois ro-
mans asités en Belgique. Bmx., Hayez,
1839, in-8*. •— Nouvelles remarques,
ibid.
Les Nouvetlet Remarques, eilr. da Bnil.
de tÀcad. (t. VI, n» 8), ont été réimprioides
daos les Archivet du Nord de la France
a, il, Douv. série, 4840) et dans VAnn. de
ta Biblioth. roy, de Brux. (7» année, i 846).
— De Reiffenberg avait commencé la rédac-
tion d*un lexique wallon-hennuyer ; ce projet
fut perdu de vue.
I. Histoire Uttéraire, bibliographie et
mélanges (v. les n«» 16, 25, 25, 5i, 42,
45, 46, 48, 49, 52, 60, 61, 65, 67, 68
et 81).
84® Notice sur le roman de Joudain
de Blaye. Brux., Muquardt , 1858 ,
in-8».
84^»' Archives pour Thistoire civile
et littéraire des Pavs-Bas. Louvain,
Michel, 1827-1828, 2 vol. in-»* (t. III
et IV du recueil commencé sous le titre
d'Archives philologiques (n^ 80). — Les
t. Y et \I (Brux., Demat, 1829-1852),
sont intitulés : Nouvelles archives /<»-
toriques des Pays-Bas,
85"" Annuaire de la Bibliothèque royale
de Bel^que. Brux., Muquardt, 1840-
1850, 11 vol. in-18
Recueil fourmillant de renseignements cu-
rieux. Chaque vol. comprend : !<> Un coup-
d'œil sur la Bibliothèque royale; â<^ des
notices et extraits des Mss.; 3<> des mé-
moires pour rhisloire des lettres, des scien-
ces, des arts et des mœurs en Belgique
(entr'autres de nombreuses biographies) ;
4» cnHn, des mélanges bibliologiques très-
variés.
86^ Notice sur les cours d^amour en
Belgique. Ibid., 1841, in-8^ (Dédicace
à M. Le Glày, de Lille).
Archives du Nord, t. 11, nouv. série, p.
64-76; Ann, de la BibL royale pour 1844.
%1^ Le Bibliophile belge, t. I à VL
Bruxelles, Van Dale, 1845 et années
suiv.
Les deux premières livraisons du t. Vil
appartiennent encore au fondateur. C'est un
1res- estimable recueil, dit Quérard, meilleur
que ce qui a été tenté en France dans le
même genre, et dans lequel l'attrayant cou-
doie toujours l'érudition. Ses principales di-
visions ont presque toujours été : Histoire
des livres et des bibliothèques. — Hist. des
auteurs, des bibliophiles et des libraires. —
Chronique et variétés. — Revue bibliogra-
phique.
LYnumération des articles insérés
par de Reiffenberg lui-même dans le
Bibliophile nous entraînerait trop loin.
Nous en citerons quelques-uns, uni-
quement pour donner une juste idée
du recueil : Des marques et devises
mises à leurs livres par un grand nom-
bre d'amateurs, t. L — La presse es-
pagnole en Belgique (t. I-V). A partir
du tome VI, ces Annales ont été conti-
nuées par un érudit bibliographe de
llambourg,M.F.-L. Hoffmann —Sup-
plém- aux mém. littéraires dePaquot (t.
L). — Les tableaux parlants du peintre
namurois (t. V.). — Addition à la
France littéraire (l II). — Matériaux
pour une bibliogr, poétique de Louvain
(t. II;. — Pseudonymes et anonymes
(t. IIL). — Livres rares, oubliés ou peu
connus (t. IV.). — Quelques mots sur
la presse pendant la Révolution fran-
çaise (Ibid.), — Quelques ouvrages con-
tenant des prédictions^ et en particu-
lier de la prophétie d'Onal (t. V.). —
Auteurs qui ont été ou sont encore calli-
graphes, imprimeurs, correcteurs, li-
braires, etc. (t. VI et ViL). — Re-
marques sur une des versions du Re-
nard (l. XL). — Impostures littéraires
(celles de Valla el Candc, t. VU.). —
Le Bibliophile belge renferme, en outre,
de nombreuses notices biographiques
(sur Aubert le Mire , J.-F. Willeras ,
de la Sema y Santander^Vautîer, W ah-
len, etc ). — Une foule de notes sur
l'histoire de Timprimerie, notamment
en Belgique, et la description de plu-
sieurs bibliothèques célèbres. Après
la mort du fondateur, Ch. de Chêne-
dollé (V. ce nom) et M. Sterkx, ont
tour à tour recueilli son héritage ; M. A.
Scheler, bibliothécaire du Roi ( * ), a su
(*) Et agrégé à l'Université de Liège.
H. Scheler s'est fait connaître par différents
travaux d'histoire, de statistique et surtout
de philologie et d'histoire littéraire , juste-
ment estimés. (HisL de la maUon de Saxe-
Cobourg, Atmuaire statistique de Belgique,
Commentaire sur fCEdipe-Roi de Sophocle,
Dictionnaire étymologique de la langue frau-
197
DES
198
ensuite la faireprospérer. Depuis 1865,
le Bibliophile est aux mains d'une so-
ciété d*amateurs éclairés , qui à leur
tour ne le laisseront point tomber en
langueur.
88" Paléographie. — Histoire litté-
raire. — Exlr. de différents écrits du
moyen-âge. Brux., Hayez, i842, in-8».
89^ Catalogue des accroissements
de la Bibliothèque royale (de 4858 à
i8i8). Brux., Muquardt, 1845-1849,
il parties in-8^
90^^ Des moyens de former une col-
lection des meilleurs écrivains belges.
Brux., 1846. in-8«.
I. Collaboration aux journaux y revueê
périodiqufH, etc.
91® Un grand nombre d'écrits de
tout genre, poésies, contes et nou-
velles, biographies, articles de polé-
mique, notices historiques, notes sur
Thistoire litléraire, etc., dans les
recueils suivants ; Mercure belge. —
Le Courrier des Paya-Has, — Le
Vrai libéral — Le Nain jaune réfu-
gW. — Le Mercure du XÏX"^ siècle. —
Litterary gazette de Londres. — La
Biographie universelle^ de Michaud. —
iievue universelle. — Revue encyclopé-
dique de France. — La France littéraire
de M. Ch. Maie. — La France provin-
ciale. — Les supercheries littéraires
(par Quérard). — Messager des sciences
et des arts (de Gand). — Les Annales
belgiques. — Le Recueil encyclopédique
belge. — Dictionnaire de la conversation
et de la lecture. — L Artiste. — Le Jour-
nal de rhistoire de France. — Les Soirées
littéraires de Paris. — Les publications
de la Société des Bibliophiles belges,
séant à Mons. — Le Trésor national
(Bruxelles). — VAlmanach libéral. —
V Annuaire poétique\ — VAlmanach
des étudiants de Louvain. — Le Journal
de rinslitut historique de France. —
L'Émancipation (Bruxelles). — Le Bul-
letin de la Société de V histoire de France.
— La Correspondance mathématique et
physique (Brux.). — La Renaissance,
chronique des arts et de la littérature
(Brux). — Les Archives du nord de la
France et du midide la Belgique (\sÀen-
ciennesj. — Les Belges illustres.— Les
Belges peints par eux-mêmes. — L'Al-
bum biographique des Belges célèbres. —
L'Ermite en Belgique (Bruxelles).
N. B. Par nne singulière distraction, d'an-
tant plas impardonnable que le fae-timile
de l'estampe de 4418 était sous nos yeux au
moment même où nous écrivions, nous avons
dit plus haut (col. 498, no 45) qu'elle reprë>
sentait S.-Cbristophe portant l'enfant Jésus.
Le S. Christophe de 4433 est précisément la
gravure que la découverte du baron de Reif-
fénberg a reicguée au second rang, au point
de vue de la date. La planche de 4448, su-
périeure pour l'exécution au S. Christophe,
est ainsi décrite dans le Bulletin du Biblio-
phile : « Dans le haut, trois anges tendent
des deux mains des couronnes de fleurs.
Deux colombes volligent au-dessous d'eux.
Au centre d'un cercle palissade, semblable à
celui du jardin de la puceJle de Hollande,
est assise entre deux arbres la Vierge avec
l'enfant Jésus. Celui-ci se tourne à droite
vers Sie-Catherine, qui a pour attribut un
glaive et une roue. Sur l'extrémité de la pa-
lissade voisine de l'épaule droite de la sainte
est perché un oiseau, une colombe encore,
peut-être. A gauche est Sle-Barbe tenant
une tour; sur le premier plan, à droite,
Sle-Thérèse ( ? ] avec un bouquet de fleurs
et un panier de fruits ; au milieu, le serpent
ou dragon, dont la Vierge doit écraser la
tôte; k gauche, Ste-Marguerite,qui tient une
croix et un livre. La pkiissade est fermée
par une barrière, et en dehors, vers la gau-
che, on aperçoit un lapin en entier, tandis
que dans l'estampe de S. Christophe le la-
pin est presque entièrement caché dans son
terrier (t. 1, p. 437).
Dc»trlvcnux (PlERRE-JOSEPU), né
k Liège le 15 mars 1780, mourut à
Schaerbeek lez-Bruxelles le 5 février
1855. Nous ne savons pas grand*chose
de sa première jeunesse, il s'occupa
pendant quelque temps d'affaires de
banque ; mais se sentant peu de goût
pour ce genre d'opérations, il se mit à
fréquenter Tétude de M« Harzé, avocat
en renom , et finalement alla chercher
à Paris le 4 septembre 1800, le di*
çaise, publication à*anciena glossaires latins
et de poèmes du moyen-ftge dans le Jahrhuch
fur romanische und englische Literatur de
H. Lemcke, dans les Annotes de VAead^
ttarchéot. de Belgique, etc.).
199
DES
800
plôroe de licencié en droit (* ). Nommé
en 4808 défenseur près la cour crimi-
nelle de Liège, il remplit cette ctiarge
avec distinction pendant trois ans. Le
li juin 4811, il prêta serment comme
avocat près la cour d'appel de Liège (').
Ses coups d'essai furent des coups de
maître, surtout dans les affaires crimi-
nelles. Sa parole coulait de source; ses
périodes, toujours littéraires (ce qui,
comme Ta dit quelque part M. de La-
martine, ne manque jamais son effet
sur un auditoire nombreux), s'arron-
dissaient sans efforts ; il avait à son
service plus d'images peut-être que
d'idées, il était plus sûr d'entrainer
que de convaincre; mais parfois il frap-
pait si juste, il y avait tant d'imprévu
dans son éloquence, tant d'énergie et
de noble passion dans ses apostrophes,
tant de généreuses audaces dans ses
appels k la conscience des juges, qu'il
était impossible de ne pas subir son
ascendant. Nourri de l'étude des grands
maîtres du barreau français, enthou-
siaste du défenseur de Calas , encore
sous l'impression des ardentes et so-
lennelles philippiques des orateurs ré-
volutionnaires, il unissait rèlégance à
la force ; insinuant et frémissant tour à
tour, il éveillait à son gré, comme les
maîtres de l'art dramatique, la piiiè et
la terreur. Sa flgure expressive et ani-
mée, sa voix puissante et vibrante, son
geste naturel et décisif contribuaient à
subjuguer ceux qui l'écoutaient. Le
souvenir de ses chaleureuses improvi-
sations lui a survécu (') ; sur un plus
grand théâtre, il se serait certainement
fait un nom illustre. Il fallait du reste,
dt's lors, un talent plus qu'ordinaire
pour briller au barreau de Liège. Les
événements politiques avaient amené
dans notre ville plusieurs avocats fran-
çais d'un mérite supérieur, notamment
J.-B. Teste, qui commençait à faire
( * ) Ce furent, paralt-il, ses amis le doc-
teur Ansiaux père, Bassenge et Henltart qui
ie décidèrent à entrer dans la carrière du
barreau.
( *) Nous empruntons ces détails et beau-
coup d'autres à la Notice sur Destrivaux,
publiée par M. U. Capitaine dans le Nécro-
loge liégeoit pour 18iJ3.
(') On cite encore au barreau de Liège
école et devait trouver plus tard en M.
Forgeur un successeur digne de lui.
Destriveaux était donc vivement sti-
mulé ; nous ajouterons que ses rela-
tions habituelles étaient de nature à
provoquer de plus en plus l'épanouis-
sement de ses facultés. La politique, à
laquelle il était resté jusque là étran-
ger, devint sous la restauration une de
ses idoles favorites. La tournure de
son esprit, comme son éducation , le
rattachait aux encyclopédistes et de
plus près encore aux hommes de 4789;
il prit donc rang parmi les libéraux
avancés. Le pharmacien Lafontaine
réunissait alors chez lui la plupart des
réfugiés politiques français et des Lié-
geois qui se distinguaient par leur es-
prit d'opposition. C'est chez lui que
Destriveaux connut dans l'intimiié non
seulement J.-B. Teste, mais Bory de
St-Vincent, Maithe, Pocholle, le doc-
teur Ansiaux, Guillois, Levenbach ,
Cauchois-Lemaire, Guyet, Paganel, P.
de Ceulleneer, Brissot-Thivars, Thu-
riot de la Rozière, Harel, Duval de la
Bréhonnière, etc. Il ne tarda pas à de-
venir leur collaborateur : le Mercure
des Pays-Bas et le Mercure surveillant^
feuilles libérales rédigées sous leur
inspiration, publièrent en i845un cer-
tain nombre d'articles dus à la plume
de Destriveaux (*).
Lorsque le Gouvernement nomma,
le 8 novembre 4815, une Commission
chargée de préparer la réorganisation
du haut enseignement dans les pro-
vinces méridionales du royaume , Des-
triveaux, l'un des premiers, fit valoir,
dans la presse, les raisons qui mili-
taient en faveur de l'installation d'une
Université de l'Etat dans la ville de
Liège (" ). On a tout lieu de croire que
ce plaidoyer ne resta pas sans influence.
L'Université ayant été créée l'année
suivante, Destriveaux y fut immédiate-
plusieurs causes gagnées par Destriveaux,
entre autres l'acquittement d'A..., accusé
d'assassinat et deux fois condamné à mort
(24 octobre 4819).
(*j U. Capitaine, p. 44. — Id., Re-
chercher sur tes journaux liégeois , p, 459
et 464.
(*) Mercure du 26 novembre, 46 et 48
décembre 4845. — U. Capitaine, p. 44.
301
DES
202
meot nommé professeur ordinaire ,
chargé des cours de droit criminel mo-
derne et de procédure civile. Son dis-
cours d*ouverture, présentant des con-
sidérations générales sur ces matières,
se trouve dans le vol. I des Antiales
Acadenùœ Leodiensis. Deux ans plus
tard, il devint titulaire de la chaire de
droit public interne et externe, mais
renonça au cours de procédure civile.
Ses attributions ne subirent pas d^autre
changement jusqu*à la réorganisation
de 4855, si ce n'est qu1l lit, de 4833 à
1835, un cours de droit administratif
qui eut beaucoup de succès {*). De
4835 à 4836, il enseigna purement et
simplement le droit criminel (Code pé-
nal, instruction criminelle) et le droit
militaire. Des difficultés survenues entre
le ministère catholique et Thonorable
professeur déterminèrent celui-ci à res-
ter éloigné de TUnlversité pendant trois
ans; enfin, en 48^4, M. Nothomb lui
confia le cours d'histoire politique mo-
derne. Il obtint le titre de professeur
émérite le 28 septembre 4847 ; il avait
été deux fois secrétaire académique
(1824-25 et 1832-33) et deux fois rec-
teur (4823-24 et 4 845-46). Pendant son
premier rectorat, il inaugura la salle
académique (44 octobre 4824); après
la mort de Wagemann (v. ce nom), il
présida de nouveau le Sénat, en qua-
lité de pro-recteur, jusqu'au 40 octo-
bre 4 825.
A répoque où Destriveaux prit pos-
session de sa chaire de droit criminel,
il n'existait aucun commentaire sur le
Code pénal (*). Le nouveau professeur,
étranger d'ailleurs aux travaux des cri-
mlnalistes allemands, se trouvait livré
à ses propres forces , en présence de
textes qui avaient à peine trois années
d*exis(ence et sur lesquels,conséquem-
ment, la jurisprudence ne fournissait
que de faibles éclaircissements. La po-
.sition était difficile : Destriveaux l'en-
visagea sans crainte et s'en tira avec
honneur. C'est à lui que revient le
mérite d'avoir le premier signalé les
vices du Code pénal en matière de
crimes politiques^ avec une énergie et
une force de raisonnement qui n'ont
point été dépassées. Les commenta*
teurs qui sont venus après lui n'ont pu
que répéter ce qu'il avait si bien dit
dans son Essai sur le Code pénale pu-
blié k Liège en 4818. Son cours de
droit public, qu'il faisait précéder d'une
introduction historique, eut d'autre
part un grand retentissement. Destri-
veaux n'était pas précisément profond;
son exposition , d'ailleurs toujours lu-
cide, était plus brillante que nourrie ;
quand il tenait une idée , il la retour-
nait sous toutes ses faces, procédait
par amplification, épuisait les analo-
gies s'exaltait tout d'un coup et se fai-
sait applaudir ; mais en somme , k&
leçon eût pu se résumer en quelques
mots, et prendre des notes, dégager
de ces phrases fleuries l'expression la
plus simple de la pensée n'était pas
toujours chose facile pour les élèves.
Destriveaux plaidait plus qu'il n'ensei-
gnait ; sa toge professorale , à son
insu, se changeait en robe d'avocat.
Mais comme il plaidait bien, et quel
effet magique r>elte parole animée, vé-
hémente, pleine de feu produisait sur
la jeunesse ! On ne sortait pas savant
de son cours, mais on en sortait con-
vaincu, attaché pour jamais aux grands
principes constitutionnels, passionné
pour toutes les libertés. 1/influence de
Destriveaux sur lesjeunes gens fut sur-
tout considérable dans le cours des
années qui précédèrent la révolution.
11 touchait à toutes les questions brû-
lantes, et l'on courait l'écouter non pas
seulement pour se préparer à des exa-
mens, mais pour apprendre à connaître
les droits et les devoirs du citoyen,
comme par un secret pressentiment de
l'heure qui était proche. À ce point de
vue, quand on songe que Destriveaux
comptait alors parmi ses disciples la
plupart des hommes politiques du
(MU Rfvtte belge de 4899 (p. 339) a
pablié an article intéressant de M. le baron
Jales Del Marmol (gendre de Destriveaux)
rédigé d'après des notes prises à co cours.
Sur les principaies inatiiutionM administra'
tivts depuis 4789 jmqv'à cette époque.
(') Le Ommetttaire de Caniot, le premier
dans l'ordre des dates, est de 4834 (v. Ny-
pela. Bibliographie du droit criminel, n*
744).
203
DES
204
nouveaa régime, il est permis de dire
qae son cours laissa dans le pays des
traces plus durables qu*aucun autre, si
nous en exceptons celui de AVagemann.
Destriveaux faisait réfléchir, il éman-
cipait et il exaltait son auditoire :
résultat considérable par excellence, à
une époque où Topposition commen-
çait ^ rallier la nation toute entière. Il
était sur la brèche, il le savait et re-
doublait de hardiesse : lorsqu'en 1829
le message du ii décembre fut envoyé
aux fonctionnaires avec sommation d'y
adhérer, c'est-à-dire d'adhérer au sys-
tème du gouvernement personnel, Des-
triveaux eut le courage de faire tout
exprès trois leçons sur la responsabi-
lité ministérielle : la salle était comble;
les voûtes retentirent d'applaudisse-
ments frénétiques dont la signification
n'était pas douteuse. Il faut dire à
l'honneur du Gouvernement des Pays-
Bas que le professeur ne fut pas in-
quiété ; le gouverneur de la Coste écrivit
seulement aux Curateurs des Universi-
tés, sous la date du 20 janvier 4850,
pour leur recommander de ne rien lais-
ser enseigner qui pût servir (Taliment
aux passions. Destriveaux mutila son
cours, mais ne renia aucun de ses prin-
cipes. Plus tard, sous le ministère de
Theux, il refusa de remonter dans sa
chaire de droit public, parce que le
Gouvernement voulait qu'on lui sou-
mit le programme des cours. Jamais il
ne céda aux exigences du pouvoir ; ja-
mais il ne connut les concessions ti-
mides ni les capitulations de con-
science. C'était un vrai fils de la révolu-
tion française, tout d'une pièce, fidèle
k ses principes, capable de tout braver
plutôt que subirune compression quel-
conque. Ces hommes de forte trempe sé-
duisent immanquablement la jeunesse,
toujours enthousiaste de tous les cou-
rages et surtout du courage civil. Plus
tard, comme nous l'avons dit, Destri-
veaux enseigna l'histoire politique mo-
derne. De fait, un bon tiers du cours
était consacré à l'exposé des grands
principes du droit public, surtout à la
théorie de la souveraineté du peuple.
L'orateur n'avait rien perdu de son ta-
lent ni de son ardeur : faisant allusion
à ses cheveux blancs, il pouvait se
comparer à un volcan sous la neige.
Mais ses sorties véhémentes contre la
tyrannie, ses argumentations serrées
en faveur de la liberté de la presse et
de toutes les garanties constitution-
nelles laissaient l'auditoire relativement
froid. Il s'en plaignait un jour après
sa leçon : il déplorait la prétendue in-
différence des jeunes gens. Il se faisait
illusion : ses élèves d'il y a vingt ans
n'étaient point indifférents aux ques-
tions politiques et sociales : bon nombre
d'entre eux l'ont assez prouvé. » Mais
ce qui, avant 1830, n'était encore qu'un
mirage, un pur idéal, ce qui ne pouvait
être conquis alors qu'au prix d'un com-
bat à outranc^e, était devenu le patri-
moine de la génération nouvelle , éle-
vée à l'ombre de nos institutions libres.
Les jeunes gens de 1815 s'étonnaient
de ce zèle de leur professeur U réfuter
des objections que personne , leur
semblait-il, n'aurait songé h faire. Ils
trouvaient tous nos droits naturels
comme le jour qui nous éclaire, comme
l'air qu'on respire : à quoi bon tant
discuter? Ce qui afOigeait Destriveaux
était précisément son titre d'honneur :
il ne voyait pas que la moisson dépas-
sait ses espérances, et que l'arbre de la
liberté qu'il avait contribué fi planter,
robuste et en pleine croissance, n'avait
désormais plus besoin de tuteur!
Destriveaux ne se contentait pas de
faire de {apolitique en théorie: à partir
de 1850, il s'intéressa directement aux
affidres publiques Le 9 novembre 1830 ,
le district de Liège l'élut député au
Congrès national. Il fut très-assidu
aux séances, mais prit rarement la pa-
role (*). Le 18 du môme mois, leGou-
(*) Parmi les votes les plus importants
qu'il émit, nous remarquotts les suivants :
pour riodëpendance du peuple belge, sauf
les relatioDs du Limbourg avec la Confédé-
ration germanique (18 novembre 1830);
pour la monarchie constitutionnelle sous un
chef hdréditaire (22 novembre) ; pour Tex-
clttsion des Nassau (94 novembre) ; contre
rinslilution des deux Chambres (IS dé-
cembre) ; contre la nomination du Sénat par
le Roi (16 décembre); pour la dissolution
du Sénat (17 décembre),* pour l'abolition de
205
DES
206
vernement provisoire le nomma Tun
des six membres du Comité diploma-
tique, dont les attributions répondaient
à celle du ministre des affaires étran-
gères. It s'occupa peu activement des
travaux de ce comité, résigna son man-
dat an commencement de 1851 et re-
vint à Liège après Tinstallation du Roi.
En 4856, il fut élu (50 septembre)
membre du Conseil provincial de Liège
( ' ) ; le 7 août 4840, ses collègues re-
levèrent à la vice-présidence ; il con-
serva ce titre jusqu'en 4847. Le 8
juin de cette dernière année, quelques
mois avant sa mise à la retraite, les
électeurs de Liège l'envoyèrent à la
Chambre des Représentants; il y siégea
jusqu*à sa mort, aussi attaché que Ja-
mais aux principes de sa jeunesse ,
champion déclaré des idées libérales.
Ses conseils et l'autorité de son expé-
rience furent en mainte occasion utiles
à ses collègues.
 Liège, il fit partie d'un grand
nombre de Commissions administra-
tives, d'institutions philanthropiques,
etc. Sous le Gouvernement hollandais,
il fut membre du Collège électoral; il
fui vice-président, puis président de
l'Institut royal des sourds-muets et des
aveugles ; secrétaire de la Commission
administrative de l'école gratuite de
géométrie et de mécanique établie à
Liège pour la classe ouvrière ; membre
du Comité consultatif institué le 45 sej)-
lembre 4 850 pour les mesures à prendre
dans rintèrét de la sûreté publique ;
plus tard, membre du comité des char-
bonnages; membre de la Caisse de
prévoyance instituée en 4859 pour les
onvriêrs mineurs de la province de
Liège ; du Conseil d'Administration
de la Société d'encouragement pour
rinstruction élémentaire ; de l'adminis-
tration du Mont-de-Piélé, etc. Membre
de la Société d'Emulation depuis 4814,
il y occupa pendant environ un an
(4844-4842) le poste de Secrétaire-gé-
néral (•). Deslriveaux était décoré de
la croix de fer et chevalier de l'ordre
de Lèopold (4846). On lui doit les pu-
blications suivantes (•) : ^
4° Essai sur le Code pénal. Liège,
Collardin, 1848,in-8odeXIII et 200 p.
Travail estimable poar Tëpoque. Quel-
ques-unes des observations que l'auteur y a
émises ont reçu la sanction de la loi.
2o Honneurs funèbres rendus dans
la R.\L,\ de la parfaite intelligence à
VOr.'. de Liège, le 28*'iotfr du 42«mow
de ran de la V.\ L.\ 5848,à lamé-
moire du V.\ F,', S. Martin, ancien
vénérable de la R,\zzz, Liège, Desoer,
5848(4848), in-8»de54 p.
Dcstrivcnux, rédacteur de cette brochure
qui suscita une vive polémique, était alors
orateur de la loge de la parfaite inlelligeuce
de Liège. V. le Spectateur belge, t. VHI
fart, de M. de Foere) et les Annales de la
Franc-Maçonnerie des Pays-Bas), t.- III (art.
signés M...).
5» Question de médecine légale. Pré-
cis des mémoires du docteur Pfeffer,
etc. (v. l'art. N.-G.-A.-J. AifsiAux).
4» Loisirs de trois amis, ou opus-
cules de A.-B. Régnier, N. Bassenge,
et P.-J. HenS^art , de Liège. Liège,
Haleng, 4825, 2 vol. in-8«.
c Ce recueil a été publié par les soins de
N.-G.-A.-J. Ansiaux, H. Fabry et P. Des-
triveaux. Ge dernier fut chargé du choix
des poésies de Bassenge, qu'il fît précéder
d'une notice biographique intéressante ii la
vérité, mais trop concise et trop peu déve-
loppée, eu égard surtout au rôle important
que cet homme célèbre a joué dans l'his-
toire politique et littéraire des dernières
années de la principauté de Liège » (U.
Capitaine, p. SO. — V. Tari. Bauenge dans
la Biographie nationale),
5^ Discours académiques, a. Discours
iuaugurad (4847); v. ci-dessus, b.
toate distinction d'ordres (94 décembre);
pour l'élection du duc de Nemours (3 février
i831); contre l'abaissement du cens électo-
ral pour les campagnes (17 février) ; contre
la première loi électorale (22 février) ; pour
la seconde loi électorale (3 mars) ; contre la
priorité en faveur de l'élection immédiate
du chef de l'Etat (31 mai; ; contre l'élection
du prince Lèopold de Saxe-Gobourg (4 juin) ;
contre les dix-huit articles (9 juillet). — Û.
Capitaine, p. 46.
( * ) Sa candidature fut palronée par 1*17-
nion libérale (nuance avancée).
(') U. Capitaine, p. 47,iS.
(*) /6ld.,p.48et8mv.
267
DEV
308
Discours sur l'instruction publique,
prononcé à l'occasion de rkiaugura^
tion de la Salle académique (il octobre
(1824), inséré dans les Annales Acad,
Leod. (4823-4824), et réimprimé ii>-8<'
(chez Desoer) au profit de llnstitut des
sourds-muets et des aveugles, c. Hon-
neurs funèbres rendus à la mémoire de
Wagemann (v. 4x nom), rf. Discours
prononcé il TouTerture du cours de
droit public. Liège, Lemarié, f 82S,
in-8* (Extr. de la BibL de jurisconsulte.
L'orateur traite de Tbistoire nationale
dans ses rapports avec Tétude de la lof
fondamentale), e. Discours prononcé
(cofflitte recteur sbrtant), lors de la
réouverture solennelle des cours (4840*-
4847) : Sur les tendances actuelles de
la civilisation et les révolutions des
quatre derniers siècles, f. Réponse à
M. Fuss, recteur sortant, le 3 novembre
4845 {Ann, des Univ- de Belgique ,
4846). g. Discours prononcé lors de la
remise du rectorat, le 49 octobre 4846.
(Ibid., 4847).
6*» Recueil d^actes et de traités poli-
tiques, intéressant tes provinces qui ont
fait partie du rogaume des Pays Bas.
Liège, Desoër, 4830, ln-8o.
Ce recaeil s^arrèle an 6 juillet 4827.
1^ Traité de droit public, Bruxelles,
Tircher, 4849-4854 , 1. I et II ; t. IH
(posthume), 4855, in 8^ Le t. III a été
rédigé par M... sardes notes laissées
par Destriveaax. Il y est question
des institutiofis politiques des Pays-
Bas catholiques et de la principauté de
Liège, des bonsèquences politiques de
notre incorporation à la France, de la
Belgique soùs le régime français et en-
fin de la révolution de 4850.
8<> Dans la Bibliothèque du juriscon-
sulte (dont DestriTeaux fut un collabo-
rateur en titré) : a. Le discours pro-
noncé k rouverture du cours de droit
public, cité ci-dessus , n<^ 6 d;h. Prix
proposé par la Société de la morale
chrétienne à Paris, sur la question de
la peine de more (4825-4826, p. 238-
249) ; c. Notice sur quel(]ues recueils
(*) lions puisons nos renseignememts
dans les discours prononcés sor la tombe de
de Vaux, et noMàiment, poor les détails bio-
graphiques, dans celui de M. Jocbams, in-
de Jurisprudence publiés dans le royau-
me des Pays-Bas (En collaboration
avec J.-G.-J. Ernst ; même année,
p. 287-292); d. Examen critique de
1 opinion dé M . Livingston contre la
peine de mort, consigné dans son rap-
port sur le projet d'un Code pénal , faK
à rassemblée générale de la Looistane.
(/^«i., p. 427-458).
De Vnnx ( jEAN-ÂtK>LPH£-j0SEi>H )
naquit à Neuss, près de Dnsseldorf, le
45 septembre 4794, et mourut à Bruxel-
les, le 24 avril 4866. Né pendant Témi-
gration, il fut envoyé en France aussitôt
que la situation le permit, et reçut au
lycée de Douai une remarquable ins-
truction préparatoire. Admis à TEcole
polytechnique le 4^' novembre 4842, il
en sortit le 4" août 4844, lorsque les
Pays-Bas furent séparés de TEmpire
français. Il avait pris part à la défense
de Paris contre les armées alliées (*).
— Le baron Ch. de Vaux, son oncle,
consal de France à Rome, le fit alors
venir près de lui et le garda plusieurs
années. Le jeune homme continua ses
études scientifiques et rentra finalemeni
dans sa patrie adoptive, pour se pré-
senter aux examens de TEcole militaire
de Delft. Tel fut Thonneur avec lequel
il sortit de ces épreuves, que le gou-
vernement passa outre sur sa qualité
de Belge et l'attacha au génie militaire.
Le 49 août 4819, de Vaux fut envoyé à
Mons pour y diriger les travaux des
fortifications. En 4823, reconnaissant
que ses goûts et ses études rappelaient
vers une autre carrière, il échangea ses
épaulettes contre une fonaion civile.
Le 40 juillet 4823, le jour même où
un arrêté royal divisa le territoire du
royaume en sept districts, relativement
au service des mines, minières, car-
rières et usines, de Vaux fat nommé
ingénieur des mines de deuxième classe
et chargé du district de Huy, com>
prenant Tarrbndissement jàdfciaire &n
même nom. Il se diî^drigua si bien dans
gënieur en chef des miàes do ihrinaat
(Bulletin trimettrtet de tMiiôciatiàlt éet m-
génieurê sortis de t Ecole de Uége, 4886J.
209
DEV
IMO
l'aecoroplîssemefH de sa tâche difficile^
que la direction du sixième district,
composé à cette époque de l^arrondis-
sement Judiciaire de Liège, lui fut con-
fiée dès l'année suivante. Le â2 août
i8i8, uA arrêté royal, sans lui ôter ni
son titre ni son mng dans le corps des
mines, l'envoya diriger les travaux de
la grande Société du Luxembourg. Les
événements de 1850 ayant arrêté brus-
quement les opérations de cette Com-
pagnie, de Vaux reprit, le 5 Janvier
{85i , sa position dans la hiérarchie
administrative , et fut chargé provisoi-
rement du quatrième district (Namur).
Dès le 4 septembre suivant, il revint
k Liège , chargé de remplir les fonc-
tions d'ingénieur en chef de la troisième
division des mines, dont le ressort
s'étendait aux provinces de Liège et de
Limboorg, conformément à l'arrêté or-
ganique du 99 août. Le titre dingénieur
en chef lui fut décerné le Si décembre
1856; le 10 septembre f84i, il obtint
rehii d'Ingénieor en chef de première
classe. Sur ces entrefaites, l'enseigne-
ment supérieur donné aux frais de
FEtat avarlt été régulièrement recon-
stitué, par là lof du 37 septembre 1855.
Adolphe de Vaux, lauréat de l'Académie
des sciences cette même année, savant
théoriden en même temps qu'habile in-
génieur, fut appelé, le i 7 octobre 1856,
i enseigner l'exploitation des mines à
rUniversité de Liège. La Faculté des
sciences de Liège , disait la loi , doit
être organisée de manière à offrir l'in-
struction nécessaire pour les arts et
manQfactnres et pour la spécialité des
mines. Le germe de l'Ecole actuelle
était dans cet article, mais le germe
seulement. A ses attributions comme
professeur, de Vaux joignait celles d'in-
specteur des études. Il comprit large-
ment l'importance de sa mission , traça
le plan et le programme des études
des Ecoles spéciales, dont il prévoyait
rimmense développement , régla tontes
l6s conditions d'admission, et en un
mot exerça une influence prépondérante
sur les destinées de ces établissements,
en s'appuyant, pour leur imprimer un
vigoureux essor, sur des bases solides
et rationnelles. Les Ecoles spéciales de
Liège l'intéressèrent jusqu'aux derniers
Jours de sa vie ; c'est encore en partie
à son concours actif qu'elles sont rede-
vables de la création récente d'un cours
d'exploitation des chemins de fer. il y
resta professeur jusqu'en 1844, époque
où fut créée, par l'arrêté royal du iO
Juin, « une inspection pour établir Fu-
nité dans l'application des lois et règle-
ments en matière de mines dans les
provinces » L'ingénieur en chef de pre-
mière classe de Vaux, nommé inspec-
teur-général des mines« dut aller ré-
sider à Bruxelles. La confiance du
gouvernement n'eût pu être mieux
placée — Le mérite de de Vaux doit
être apprécié à trois titres différents :
comme professeur, comme fonction-
naire, comme écrivain utile, cet homme
d'élite s'est acquis des droits à la re-
connaissance de ses concitoyens. « De
Vaux, dit M. Trasenster (son élève, son
auxiliaire et finalement son successeur
à l'Ecole des mines ; v. ce nom), de
Vaux possédait à un degré éminent les
qualités du professeur : connaissances
étendues et variées , ferme bon sens ,
exposition à la fois lucide et élégante,
recherche judicieuse des principes gé-
néraux et choix heureux des détails ;
enfin, intérêt sympathique pour les pro-
grès de ses élèves. Il savait captiver
l'attention de ses auditeurs, leur inspi-
rer le goût du travail et en faire des
ingénieurs unissant la science au sens
pratique. » Ainsi que nous l'avons dit,
il eut toujours à cœur la prospérité des
Ecoles qu'il avait tant contribué à créer ;
chaque année, quand il venait présider,
comme chef des mines, les examens de
sortie, il s'enquérait de l'état de l'en-
seignement et discutait les modiflca-
tions à y introduire. Sa qualité de pré-
sident du Conseil de perfectionnement
lui permettait d'être lui-même pour
quelque chose dans la réalisation de
ses idées ; mais il ne se laissa jamais
décider que par de bonnes raisons , de
quelque part qu'elles vinssent. Aussi
était-il aussi aimé qu'estimé de ses an-
ciens collègues et des ingénieurs sortis
de l'Ecole. En 4849, lorsque ces der-
niers fondèrent leur Associatian (v. l'art.
Trasknsteu), « leur première pensée fut
d'appeler à la présidence honoraire le
principal organisateur de l'Ecole des
2H
DEV
212
mines, celui qui avait dirigé les pas
des premiers élèves, et qui considérait
comme ses enfants tous ceux qui avaient
reçu rinstruction à celte Académie des
industries minérales et mécaniques. »
Il aimait à assister aux fêtes frater-
nelles qui réunissent chaque année les
anciens condisciples, et on le voyait
avec bonheur redevenir, par le cœur et
la gaité , le contemporain des plus
jeunes. — Laissons maintenant M. Tin-
génieur en chef Jochams nous parler du
fonctionnaire. Dans cette haute posi-
tion, dil-ll, de Vaux présida les Com-
missions chargées d'élucider toutes les
questions se rattachant à la police des
mines et des carrières souterraines, et
fut ensuite chargé de la rédaction des
règlements qui sont aujourd'hui en vi-
gueur. Il prit également une large part
dans rélaboration des règlements ci>n-
cernant la surveillance des appareils à
vapeur. Justement ému du grand nom-
bre d^explosions de ces derniers appa-
reils, explosions qui avaient jeté, dans
ces derniers temps, Tépou vante parmi
les populations de nos contrées indus-
trielles, il consacrait tous les instants
qu il pouvait dérober aux autres bran-
ches de son service à la recherche d'un
mode de surveillance qui piU faire es-
pérer la fin de cet état de choses. A cet
effet, il avait ouvert des conférences
dans les différents centres miniers, afin
de recueillir toutes les données que
l'expérience de la pratique des chau-
dières à vapeur pouvait lui fournir,
pour l'aider à résoudre une question
intéressant de si près la sûreté pu-
blique. Son énergie, son activité, son
savoir l'auraient sans doute conduit au
but. Quelques jours avant sa mort, les
principaux industriels avaient adopté
son projet... Ainsi ses derniers efforts
ont encore été utiles à l'humanité... In-
fatigable jusqu'au dernier moment, il
n'a pu néanmoins que projeter une
œuvre d'une importance capitale, dont
il aurait pu dire sans hésiter : eaegi
monumcnium. Nous voulons parler d'une
carte générale des mines, destinée ù
faire ressortir graphiquement les ri-
chesses minérales de la Belgique. Ce
précieux travail , confié aujourd'hui à
des mains non moins habiles, est heu-
reusement en plein cours d'exécution
(v. l'art. Dumont). — M. Bidaul, secré-
taire-général du ministère des travaux
publics, a rendu un juste hommage à
la mémoire de de Vaux, en rappelant
la manière distinguée dont il remplit
les mandats multiples qui lui furent
confiés pendant une longue suite d'an-
nées. Président de la Commission des
Annales des travaux publics^ de la Com-
mission des procédés nouveaux, de la
Commission directrice du Musée de
l'industrie, de la Commission consulta-
tive des pensions , des jurys d'examen
universitaires (pour la section des scien-
ces) et des jurys de sortie de l'Ëcole
des mines, entin du Conseil de perfec-
tionnement de cette même Ecole, il suf-
flt à tout, et laissa partout des traces de
son influence féconde et de son esprit
supérieur. Il ût partie des jurys inter-
nationaux des grandes expositions de
Paris et de Londres, et fut appelé à des
vice-présidences par le libre choix de
ses collègues étrangers. Des occupa-
tions si nombreuses et si variées au-
mient dû , œ semble , l'absorber tout
entier; il n'en trouva pas moins le
temps de publier, soit dans les recueils
de l'Académie royale de Belgique , soit
dans diverses revues scientitiques ou
industrielles, des mémoires et des no-
lices (|ui témoignent de l'étendue et de
la solidité de ses connaissances , non
moins que de son es\mi éminemment
pratique. La géologie, la physique, la mé-
canique apphquée furent les objets de ses
constantes études. La question des eaux
souterraines, celle du grisou, l'occupè-
rent particulièrement : c'est k lui que
l'ingénieur Mueselerdutde voir sa lampe
de sûreté préférée à t^lle de Davy ( * ).
Il estimait qu'une abondante ventilation
était le meilleur moyen de faire sortir
le gaz de la mine ; en vue de ce résultat,
il recommanda l'emploi de machines
pneumatiques, d'appareils d'alarme des-
( * ) Vingt-cinq années (Texpéricncc ont
ralifld le clioix d'Ad. de Vaux; on se rap-
pelle la toiicbantc ovation faite à Mueseler,
en 1862, par les ouvriers oiineurs du bassin
de Liëgd.
âi3
DEV
214
tiiiés à signaler toute interruption dans
les appareils de ventilation, et surtout
d'un manomètre muitipllcateur . per-
mettant d'apprécier les moindres diffé-
rences de pression. — A|)rôs le fonc-
tionnaire et le sa\antjl faudrait peindre
Fhomme : quil suffise de dire avec M.
Bidaul que sa famille et ses amis per-
dirent en lui une âme d'élite, un cceur
dévoué. Il idolâtrait sa mère veuve, qu'il
suivit de près dans la tombe ; comme
époux et comme père, il a versé sur les
siens des trésors de tendresse ; à ses
amis, il a prodigué Taide de sa science
et de son expérience. Sa vie était pure,
OH peut dire austère ; il était d'un com-
merce agréable, il savait plaire à tous
p;.r son esprit à la fois simjile et bril-
lant. H cachait avec soin ses bienfaits ;
mais après sa mort, 11 est permis de
révéler que l'infortune trouva toujours
en lui un appui et un protecteur géné-
reux, judicieux et persévérant. Que
pourrions-nous ajouter ?
Voici la liste (nous n'oserions affir-
mer qu'elle soit complète) des publica-
tions d'Adolphe de Vaux :
A. Ouvrage* publiés par l'Acndémie
royale dt' Belgique.
{** Mémoire sur l'épuisement des eaux
dans les mines 3tém couronnés^ t. XII,
1855.
î'' Rapport à TAcadémie sur les
moyens d'empêcher le déraillement sur
le chemin de fer, proposés par M. lleins-
man (BuUeiim, t. XIV, i8i7).
Ad. Devaux entra ic 'Iti décembre 184(i à
fAcadémie, cofnme membre effectif.
5*^ Rapport sur le mémoire de M.
René Michel, concernant la direction
des aérostats {Ibid),
4" Rapport sur les systèmes de loco-
motion aérienue de MM. Van Hecke et
Van £sschen (Ibid)-
5*" Rapport sur un mémoire de M. De
Boer, concernant les points brillants
de.s courbes et des surfaces (Ib.^ t. XVI,
i8i9).
6^ Rapport sur une machine à élever
Teau, par M. de Caligny (Ib,, t. XVIll,
185i).
T Rapport sur un mémoire en réponse
à la question d'agriculture des polders
(Ibid).
8" Rapport sur Tutilité d'ouvrir un
concours spécial pour perfectionner les
moyens de sauvetage employés dans
les mines (t. XIX, 1852).
G"" Notice conceniant l'emploi de l'air
échauffé, au lieu de vapeur d'eau, comme
moteur dans les machines (Ibid),
W Observations sur le régime des
eaux souterraines de Bruxelles et des
environs C/^w/>.
Il*" Rapport sur une machine de M.
Lallemand (t. XXI, i854).
li° Rapport sur la boussole électro-
magnétique de M. Gloesener (t XXII,
1855).
15* Gisement et formation de l'oli-
glste, de la limonite et de la pyrite
(t. XXIIÏ, 1856).
14" Rapports sur des concours et sur
des communications faites à l'Académie,
t. Vil. XIIl, XV, XVIll à XXIIl des
Bulletins,
15" Rapport sur quatre mémoires
envoyés à l'Académie en réponse à la
question des mines pmposée par le
Gouvernt'menl (Exploitation de la houille
à 1000 mètres de profondeur (t. XXIIl).
IG" Moyen de préserver les édifices
des ravages de la foudre \l. IX*, 2' série).
17° Sur la conservation du bois au
moyen de Thuile lourde du goudron de
houille (t. XV, 2« série).
18® Discours prononcé en séance pu-
blique de l'Académie, sur les richesses
minérales de la Belgique et les moyens
de les extraire (16 décembre 1865).
Ad. De Vaux ayant été nommé, en 1863,
directeur de ia classe des sciences, prononça
le discours d'usage. C'est un exposé très-
remarquable des richesses minérales do la
Belgique et des moyens de les extraire.
B. Ouvrages non publiés par l'Aca-
démie .
19" Notice sur un nouveau moyen
d'appliquer la vapeur à l'épuisement des
eaux et à l'aérage des travaux dans les
mines. 1856, in-8°.
20" Instruction pratique conc>ernant
218
DUM
1216
l'aérage et l'éclairage des mines à grisou ;
45 juin 1839, in-8^
2i^ Carte minière de la Belgique (tout
ce qui est relatif à la province de Liège).
1837^1841.
ââ"" Compte rendu de cette publica-
tion. Décembre iU% in-8^
ty Instruction pratique sur ta lampe
de ringénieur Mueseler. Id,
34° Rapport sur Tappareil de M. Jac-
quemet, tendant à prévenir les explo-
sions des chaudières à vapeur (commis-
saires : AIM. De Vaux et Maus). 4844,
in-8«.
25" Indicateur pour Taérage des
mines. Février 4840, in-8°.
26» Analyse de la publication , faite
eu 4846, des documents statistiques
concernant les mmes, les usines miné-
ralurgiques et les machines à vapeur.
4846, in-80.
27o Publications faites par le dépar-
tement des travaux publics sur la sta-
tistique des mines, minières, usines et
machines à vapeur. 4846 et 4852, iu-4\
28'* Notice sur un coup de feu qui a
éclaté dans la houillère d Ashwel, près
de Durham. Angleterre, 4848, in-8'\
29o Relation des expériences faites
par M. Regnault, pour déterminer les
principales lois physiques et lesdonnéesr
numériques qui entrent dans le calcul
des machines à vapeur. 4848, in-8®.
30« Note sur un ventilateur, breveté
en faveur du sieur Struve. 4849, in-8''.
34<* Documents relatifs à rétablisse-
ment des lignes télégraphiques en Bel-
gique (Commission composée de MM.
Quetelet, président, Caby et de Vaux,
secrétaire-rapporteur. Mars 4858,in-8<».
32» Rapport sur les tubes indicateurs
du niveau de Teau dans les chaudières
à vapeur. Mars 4850, in-8o.
33* Rapport sur un appareil de sûreté
pour les chaudières à vapeur, inventé
par le sieur Dunn. 4850, in-8«.
34** Rapport sur le système de géné-
ration de vapeur ûlipueumatosphérMaly
de M. Teslud de Beauregard. Août
4854,in-8o.
55« Rapport sur les ciments de Tour-
nai, de M. Leschevin-Lepez (Commis-
saires : MM. de Vaux, Roget et Didier).
4852, in-8«.
36*^ Notice sur le régime et les causes
d'altération des eaux potables de la
ville de Bruxelles et de la banlieue. 45
septembre 4852, in-8*.
37^ Statistique des mines, minières,
usines minéralurgiques et machines à
vapeur : compte rendu des deux der-
nières publications du Département des
travaux publics {Ann, des trav. publics^
février 4855).
N. B. C'est dans ce receuil qu'ont été
publiées la plupart des notices men-
tionnées ci-dessus.
38° Moyens propres à soustraire les
ouvriers mineurs au danger d'asphyxie
à la suite des coups de feu (Ib.^ t. XiV,
juin 4855).
30^ Note sur la théorie des lampes
de sûreté. Avril, 1860, in-8^'.
40° Appareils de translation des mi-
neurs dans les puits. (Ann, des tr, pu-
blics, t. XIX, avril 4860).
44o Notice sur fa saxifragine. 4863.
42° Notice sur la division de l'aérage
dans les mines (RevueuniverselU, 4863).
43'' Des égoûts considérés au point
de vue de la salubrité publique (Com-
munication au Congrès de bienfaisance
réuni à Bruxelles en 4856). Mai 4863.
44° Rapport sur l'Exposition univer-
selle de Londres en 4862. Bruxelles,
4863, in -8°.
45° Jaugeage et frottement des cou-
rants dans les mines {Ann des tr* publics
t. XXII, oct. 4864).
46° Des dégagements instantanés
de gaz dans les travaux des houillères
r/^. t. XXllI,juin4865).
i»umont (Andbé-Hubert) , né à
Liège le 45 février 4809, mourut en
cette ville le 28 février 4857. Sa vie se
résume dans la poursuite et Faccomplis-
semem d'une seule idée; Il y sacrifia
jusqu'à sa santé, mais il mourut dans
les honneurs du triomphe. Son père
Jean-Baptiste et son oncle Barthélémy
217
D€M
318
s'occnpaient ensemble de chimie indus-
trielle (M ; ils possédaient en outre une
belle collection de spécimens des sub-
stances minérales du pays. C'est en
jouant dans leur laboratoire et en re-
gardant curieusement autour de lui que
le jeune André reçut, sans y prendre
garde, sa première éducation. 11 fré-
quenta l'école primaire jusqu'à Tâge de
douze ans, puis ce fut tout : le digne
iean-BapUste ne voyait pas que Tenfant
eût besoin d'en savoir plus que lui-
même; d'ailleurs il le destinait au com-
merce^ André ne songeait pas à l'ave-
nir : il cultivait des fleurs, composait
des herbiers, dessinait des coquillages
fossiles, accompagnait dans les dis-
tricts charbonniers son père, attaché
au corps des mines, et rentrait chargé
de minéraux et de fragments 4e ro-
ches, puis se mettait au piano {>our ré-
jouir le coeur de sa mère idolâtrée.
Quand il eut quinze ans, on renvoya
chez des parents, à Paris, s'initier aux
opérations du négoce ; il en revint plus
passionné que jamais pour Tétode de la
nature. Déjà s'étaient révélées ses qua-
lités d'observateur; en ailant visiter
les mines avec son père, il avait fait
des remarques sur la superposition
des roches, il avait levé des pians : ce
qui sans doute, dit M. d'Oroalius (*),
développa chez lui le coup d'œil straii-
graphique qui l'a toujours distingué.
Le 27 janvier 4828, âgé de 48 ans, il
fut nommé arpenteur et géomètre des
mines. La pratique ne lui fit pas oublier
la théorie ; insensiblement même le be-
soin de ramener à des données {((^nérales
les faits qu'il avait observés s'empara
de son esprit ; il en sut bientôt autant
qu'un autre en géologie, grâce aux
mémoires de M. d'Oroalius d'Halloy et
de Brongniart, et, grâce au traité de
Haûy, en minéralogie cristallographi-
que ; mais il avait encore plus étudié
la nature que les livres , et ce fut là sa
gloire (*). En 4828, l'Académie de
Bruxelles proposa au concours, pour
4830, la question suivante : « Faire la
» description géologique delà province
» de Liège, indiquer les espèces miné-
» raies et les fossHes qu'on y rencontre,
» avec l'indication des localités et la
» synonymie des noms sous lesquels ces
» substances déjà connues ont été dé-
n crites. » Dumont ne laissa pas échap-
per l'occasion : il parcourut la pro-
vince pendant six mois, sans faire
part de son projet à personne, puis
soumit à l'Académie un mémoire por-
tant pour épigraphe : a On ne peut
» établir avec certitude l'âge relatif des
» roches primordiales d'après leur in-
» clinaison. » MM. d'Omalius, Sauveur
etCauchy furent nommés rapporteurs;
le 5 mai 4850, la médaille d'or fut dé-
cernée à l'auteur. Cependant l'impor-
tance et surtout la nouveauté des con-
sidérations émises par Dumont frap-
pèrent tout particulièrement M. d'O-
malins, qui, voulant s'assurer par lui-
même si le concurrent s'appuyait sur
des découvertes réelles, ou s'il ne s'a-
gissait que des inventions d'une ima-
gination ardente, se rendit tout exprès
à Liège. L'éminent académicien fut
très-surpris lorsqu'on lui présenta,dans
un magasin de la rue Yinàve-d'Ile, un
tout jeune homme o qui paraissait
avoir quinze ans, mais qui me prouva
bientôt, dit-il, qu'il était l'auteur du
mémoire ! — Je lui demandai s'il pou-
vait me conduire dans quelques loca-
lités , où il me ferait voir la preuve
de ses assortions, et sur sa réponse
affirmative, nous nous rendîmes dans
la vallée de la Meuse , au Sud de
Liège (*). On sait que c^tte vallée est
bornée par des pentes rapides et éle-
vées sur lesquelles il y a des chemins
creux. Dumont me montra d'abord,
dans un de ces chemins, la succession
de toutes les couches qui composent
(* ) Ils firADt les premiers, à Liège, des
essais sur la fsbricaiiOQ du sucre de bette-
rave, pendant le blocos continental. Ils s'ap-
pliquèrent ensuite avec succès à la prépa-
ration de falun et finirent par fonder , avec
M. le clievalierT. de Laminne, l'établissement
d'Ampsin, près de Buy. — V. Payn. André
Dumoni, «a rie et ses travaux. Paris et
Liège, 4864, in-8o, p. 6.
1 ' ) Notice sur A. Dumont, dans V Annuaire
de tAcad, roy, de Belgique, année 4858,
p. -ei.
( ' ) Nous suivons ici pas à pas Teicellent
travail de H. Fayn.
{*) Plus exactement, au S.-O.; il s'agit
des environs de Chok.ier.
219
DUM
220
son terrain anthraxifère ; mais il s'agis-
sait, pour prouver le plissement, de
montrer ces couches disposées en sens
contraire, et cVst ce qu il annonçait être
visible dans un chemin voisin ; toute-
lois, comme ces chemins ou plutôt ces
ravins se ressemblent, il se trompa et
nous descendîmes par un ravin où les
éboulis cachaient la strati G cation. Le
pauvre jeune homme se tiouva dans
une position désespérée : il était cer-
tain de sou affaire, mais 11 craignait que
je ne voulusse pas consentir à gravir
de nouveau la côte, et alors son tra-
vail allait être signalé à rAcadémie
comme une rêverie ; aussi, quel ne fut
pas son bonheur lorsque je lui propo-
sai de faire une nouvelle ascension ? Je
dois dire qu'il m*a toujours conservé
une vive reconnaissance de cette dé-
marche bien naturelle sans doute,
mais qui, disait-il, avait décidé de son
avenir» ('). Toutes les observations
consignées dans le Mémoire étaient
d'une exactitude minutieuse. Dès ce
moment Dumont put compter sur un
ami, sur un prolecteur éclairé, digne
appréciateur de son mérite.
A rétranger, il trouva quelques con-
tradicteurs ei en revanche de chauds
partisans. Ses divisions furent discu-
tées ; en tin de compte , confirmées par
des études ultérieures, elles ont acquis
droit de cité dans la science. En 1855,
la Société géologique de France s étant
réunie à Mézières, quelque temps avant
le Congrès scientifique de Bonn , il fut
convenu que plusieurs membres de la
compagnie , tant anglais que français ,
descendraient la vallée de la Meuse pour
se rendre dans cette dernière ville, et
s'arrêteraient à Huy et k Chokier. Du-
mont, qui allait de son côté entreprendre
un voyage, résista aux instances de M.
d'Omalius , qui aurait voulu qu'il fut
présent lorsque les savants étrangers
traverseraient le pays. M.d'Omalius se
chargea lui-même de le représenter, et
l'épreuve fut décisive. Cinq ans plus
tard , le 5 février 1840, la Société géo-
logique de Londres, sur la proposition
de MM. Sedgwick et Filton, décerna
au savant belge la médaille de Wol-
laston,quine s'accorde qu'aux œuvres
d'une valeur exceptionnelle.
Dumont, sur ces entrefaites, ne s'était
pas laissé éblouir par son triomphe
académique. Tout en abordant de nou-
velles recherches et en préludant k ses
grands voyages ])ar une excursion en
Suisse et dans les volcans éteints de
l'Eifel, il songeait sérieusement à com-
bler les lacunes de son éducation pre-
mière, du moins au point de vue des
sciences exactes Sur le conseil de M.
Gloesencr et de Lemaire(v. ces noms),
il se tit inscrire à TUniversité : le 44 jan-
vier 1855, le diplôme de docteur en
sciences physiques et mathématiques loi
fut décerné. Il était depuis plusieurs
mois membre correspondant de l'Aca-
démie ; ce titre ne l'avait pas empêché de
s'asseoir sur les bancs. Mais déjà, dans
le modeste élève, l'opinion des juges
compétents avait proclamé un maître.
Le choix de M. de Theux, qui le nom-
ma le 5 décembre i855 à l'Université
de Liège, en qualité de professeur ex-
traordinaire, chargé des cours de mi-
néralogie et de géologie, fut universel-
lement approuvé (*). Ici commence
pour Dumont une période d'activité fé-
briWy presque surhumaine : les travaux
dont il va bientôt assumer la respon-
sabilité suffiraient k eux seuls k remplir
la vie d'un comité de savants ; il ne me-
sure point la tâche, il marche en avant
et ne s'arrête jamais ; sa ténacité n*a
d'égale que son génie obser>'ateur; un
secret instinct lui dit qu'il est appelé à
doter sa patrie d'un monument impé-
rissable ; il sacrifie tout à ce but uni([ue
et succombe bien jeune encore, mais
lomme le soldat de Marathon, en an-
nonçant la victoire !
L'excellence de son enseignement ne
contribua pas moins que ses premiers
travaux scientifiques k consolider et
à étendre sa réputation. « Le jeune
maître fut obligé de créer pour ainsi
dire un cours de géologie, où ses sa-
gaces obsenations sur notre pays ser-
virent de terme de comparaison à tout ce
qui avait été fait jusque \k. ^vec quel ta-
{*) D'Omalius, p. 94-98, note.
( ' ) Dumont fut promu à l'ordinariat le 20
septembre i 841.
2i1
nuM
2â3
lent, dès le début de son enseignement,
il sait définir et exposer tous les points
saillants de la science! Sa jeunesse,
sa modestie, la grâce de son visage,
son talent consacré par un grand suc-
cès, captivaient rattention de ses audi-
teurs et éveillaient dans leur Ame la
plus vive sympathie : aussi des mar-
ques de bienveillance accueillirent-elles
chacune de ses 1eçons( ' ). » Au moment
de prendre la parole, son extrême timi-
dité influait sur son débit; mais Tatten-
tion avec laquelle on Fécoutatt Tenhar-
dissait bientôt. A mesure qu'il s'échauf-
fait, son langage devenait plus clair; les
fiûts saisissants, les exemples se pré-
sentaient à propos à son esprit; d'ail-
leurs il restait toujours simple et pré-
cis, ne se noyait jamais dans les détails
et possédait Tart d'intéresser toujours,
soit qu'il exposât les formules arides
de la cristallographie, soit qu'il abor-
dât les théories séduisantes de la géo-
génie. Il inoculait pour ainsi dire â
ses éièves, avec les éléments de la
science, l'ardent amour du progrès et
des découvertes qui le possédait tout
entier ; il assurait le succès de leurs
études en se faisant leur ami , en les
emmenant fréquemment en excursion.
« Nous étions tous de la partie, dit M.
Fayn (*). Dumonl avec sa bienveillance
accoutumée, répondait A toutes nos
questions, nous initiait à la manière
d'observer, de rechercher les mystères
que récèlent parfois les divers terrains
dans leur superposition. Toujours gai
et souriant, il savait nous communi-
quer une sérénité qui calmait nos las-
situdes. On marchait quelquefois dix
heures par jour, gravissant les mon-
tagnes, côtoyant les ruisseaux, se per-
dant à travers champs sous la réverbé-
ration d'un soleil d'airain! N'importe :
le contentement était général, et à l'ap-
proche de la nuit, on regagnait la ville
prochaine où le prévoyant maître avait
fait préparer gite et nourriture. Pen-
dant qu'un sommeil réparateur nous
rendait de nouvelles forces, lui veillait,
rassemblant ses notes, mettant de
Tordre dans ses obsenalions. C'est
ainsi qu'on remontait la vallée de la
Meuse , de Liège â Givet , Mézières
et Charleville, qu'on parcourait les cal-
caires de Visé, la craie de Maestricht,
les sables d'Aix-la-Chapelle, les pla-
teaux des Àrdennes et les vallées de
l'Eifel, du Taunus et du Hundsriick. »
Les courses de Dumont à travers le
pays n'eurent pas seulement pour but
l'instruction de ses élèves. Le gouver-
nement ayant résolu de faire dresser la
carte géologique du territoire belge,
l'auteur du Mémoire sur la province de
Liège, couronné en 4830, se trouva
tout naturellement l'homme indispen-
sable. Ses délimitations des quatre sys-
tèmes du terrain anthraxifère avaient
été proclamés par les commissaires de
l'Académie « ce qui avait été fait de
mieux en ce genre dans notre pays ;
une Coupe des terrains primordiaux de la
lieigiquej entre Funuty et Gembloux,
publiée en 1855 dans \e& Bulletins de
la Société géologique de France , à la-
quelle Dumont était dès lors affilié,
avait confirmé les premières inductions
do jeune savant, et donné de nouveau
la mesure de son talent d'observation.
Dumont fut au comble de la joie quand
un arrêté royal du ôl mai 1856 le
chargea , sous les auspices de l'Aca-
démie , de dresser la carte géologique
des provinces de Liège, du Hainaut et
du Luxembourg. On lui accordait seu-
lement trois ans pour accomplir sa
mission. Non-seulement il assuma c^tte
lourde responsabilité ; mais, sur sa de-
mande, le 25 septembre de l'année sui-
vante , il reçut autorisation d'entre-
prendre seul la c^irte du pays tout en-
tier. Le terme fixé d'abord fut prorogé
d'un an C).
Membre titulaire de l'Académie de-
puis le 15 décembre 1856 , Dumont
trouva le temps , tout en poursuivant
ses études sur le terrain dans les coins
les plus reculés du pays , d'enrichir les
Mémoires et les Bulletins de la Compa-
gnie des résultats de ses nombreuses
découvertes. Quant au délai stipulé
pour l'achèvement de son œuvre prin-
cipale, on comprend qu'il fut dépassé *
(') Fayn, p. 16.
(•) P. 4i.
{» Fayn, p. 17.
3^3
nuM
S24
la carte de la Belgique n'absorba pas
moins de seize années de recherches
assidues , et l*on a même peine à com-
prendre comment il a été possible à
un seul homme, d'une constitution frêle
et délicate, de mener à bonne un ce
travail d'Hercule. Il ne s'a^ssait pas
ici d'une étude de cabinet: il fallait
courir les montagnes , sonder les pro-
fondeurs du sol, faire quelquefois mille
kilomètres à pied daios une seule t^m-
pagne, en toujs sens, pour arriver à une
pleine Cfirtitude. Ce qui soutint Du-
mont, ce fut d'abord la force de sa \o-
lonté. Ce fut ensuite le culte ardent, ex-
clusif, désintéressé, qu'il avait voué à la
science; enfin, son esprit d'ordre et
d'exactitude, et par-dessus tout, le ca-
ractère vraiment scientifique de la mé-
thode à laquelle, dès son début dans la
carrière, il s'éuit fait une loi de rester
fidèle. Il se dépouillait de tout esprit
de système , s'attachait k l'observation
de chaque fait en particulier, vérifiait
incessamment , par des observations
nouvelles, les résultats acquis et ne s'ar-
rêtait pas, avant que les faits généraux
ne se révélassent pour ainsi dire d'eux-
mêmes, lorsqu'il en venait à embrasser
l'ensemble de ses remarques. Il était
par instinct disciple de Bacon ; nous
disons par instinct, parce que Dumont
avait peu étudié la philosophie , peu
médité même sur les hautes questions
de la logique scientifique. Mais dans
.son domaine, il se trouvait pleinement
à l'aise : une rare prudence naturelle,
un coup-d'œil stratigraphlque éminem-
ment perspicace, une indépendance ab-
solue à l'égard des opinions qu'il n'a-
vait point contrôlées, donnaient à ses
prémisses toute la précision et la sin-
cérité désirables, à ses conclusions une
autorité que relevait encore sa modes-
lie. Lorsqu'il croyait avoir raison,
d'ailleurs, il était homme à épuiser
un débat plutôt que de céder, témoin
sa discussion avec M. de KonincJi sur
la valeur du caractère paléontologique
eu géologie. Dumont pensait que « les
formes organiques sont bien moins en
rapport avec le temps qu'avec les con-
ditions d'existence, variables à diaqae
épo<|ue d'un point du globeàl'aptre (').
M de Koninck partageait au contraire
l'opinion de MM. Âgassiz et d'Orbigny,
c'est-à-dire soutenait qu'à chaqueépoqne
géologique rx)rrespond une faune spé-
ciale. Une note Sur la valeur du caractère
paléontologique eu géologie^ extraite pour
le Bulleliu de l'Académie d'un discours
prononcé par Dumont le 5 mars 4847,
à Touverture du cours de géologie,
mit le feu aux poudres. Les escar-
moucbeâ prirent plusieurs séances ; à
la fin M. de Koninck , bien que non
convaincu, déclara qu'il lui paraissait
inutile de prolonger le débat. Dumont
retrouva plus d'une fois les paléonto-
logistes sur son chemin, notamment au
sujet de l'argile de Boom et du Lon-
don-Clay, qu'ils rapportaient à la même
période de formation, à raison de la
ressemblance de leurs fossiles. Pour
le même motif, ils regardaient comme
équivalents le calcaire grossier et le
London-Clay, et concluaient au paral-
lélisme de l'argile de Boom, du cal-
caire grossier et enfin du système bru-
xellien. Dumont,au contraire, avait été
C4>nduit par ses observations,dès i859,
à reconnaître que l'argile de Boom est
supérieure aux sables de Bruxelles. Dix
ans plus tard, il donna une nouvelle clas-
sification des terrains tertiaires etsépara
les sables de Bruxelles des argiles de
Boom par le puissant dépôt des sables
de Lethen (qui forment la base du sys-
tème tongrien), par les argiles vertes
de Henis et par les sables jaunes de la
partie inférieure du système rupélien.
('). M. d'Ârchiac, dans son Histoire des
progrès de la géologie (t. II, 2« partie,
p. 498), se rangea ouvertement du
côté des adversaires de Dumont et pré-
tendit que les conclusions de ce der-
(*) Depuis que la terre est habitable»
dcriviiitril, la chaleur solaire a toujours eu
assez d'influence pour que la même faune
n'ait jamais pu s'étendre sur toute sa sur-
face ; en d'autres termes, il y a toujours eu,
comme h présent, des faunes différentes h
une même époque. C'est donc à tort que leii
paléontologistes considèrent comme syn-
chroniques les dépôts qui présentent les
mêmes faunes sous des latitudes différentes.
(•) Fayn, p. 482. — V. ci-après.
238
DUH
236
ni(?r étalent forces, m^m^ sous le rap-
port ntratigraphique. Le géologue lié-
geois recotmnença ses observations,
passa la Manche afin d'étadier par lai-
même les terrains tertiaires de l'Angle-
terre, et n>ut de repos que quand il
pat s^ppuyer sur des faits précis. Il
finit par Justifier pleinement sa elassifi-
cation,fiiém^ sans le rapport paléontolo-
dûjitte (' ). Sa note Sur la position géolo-
gique de FargUe rupélienne, en réponse
à M. d'Archiac, est un travail analy-
tique des plus remarquables ; elle fait
vivement regretter que Dumont n*ait
pas eo le temps de traiter en détail de
la constitution des terrains tertiaires
de la Belgique, comme il se Tétait pro-
posé dès i839, alors qu'il avait formé
le projet d'écrire une histoire géolo-
gique de notre pays (■).
Le travail capital de Dumont , ce-
lui auquel toutes ses études se ratta-
chent par des liens plus ou moins
étroits, doit être apprécié d trois points
«te vue différents. D'abord ce serait
se tromper étrangement que de le
réduire aux proportions d'une œuvre
de patience : la carte géologique de
Belgique s'adresse aux savants comme
aux industriels. Les rapports adressés
par Dumont à l'Académie sur les résul-
tats de ses courses attestent qn1l s'at-
tachait non seulement h constater des
faits, mais à tirer parti de ses observa-
tions pour atteindre une intuition ou
une démonstration de plus en plus
claire des grandes lois de la nature.
Tantôt il s'arrête en passant sur un
point spécial; tantôt 11 généralise et
résume sa théorie. 11 annonce à l'Aca-
démie, le 7 avril 1858, la découverte
d'une nouvelle espèce de phosphate fer-
rique, la Delvauxine (^) ; il publie un an
plus tard , dans les Mémoires de la
Compagnie, ses tableaux analytiques
des minéraux et des roches^ où la mé-
thode naturelle se combine heureuse-
ment avec l'analyse, au grand profit
des élèves, pour qui cette classification
a été surtout dressée. La fin de chaque
campagne est toujours signalée par
quelque découverte ou par la défense
de quelque thèse nouvelle. Dans son
rapport de 1K57. il démontre que les
petites vallées qui traversent la plaine
de Hesbaye correspondent à des failles,
c'est-à-dire qu'elles doivent leur ori-
gine à des dislocations de l'écorce ter-
restre et non à de simples érosions des
eaux, ainsi qu'on l'avait supposé jus-
qu'alors (^). En 1858, il fait connaître
la nature et les limites du dépôt mo-
derne dit argile d'Ostende, qui s'étend
le long des côtes de Flandre , depuis
Anvers jusqu'à Dunkerque. Nous avons
mentionné ses travaux de i859 sur
les terrains tertiaires ("); son Mémoire
de 184i, sur les terrains triasiques et
jurassiques du Luxembourg, bien que
les conclusions en soient encore con-
testées, mérite également d'être cité,
comme ne devant pas rester sans in-
fluence sur la solution définitive de la
question. L'une de ses œuvres les plus
(*) fMtf., p. 186.
(*) Ufid. — La synihôse des vues de Do-
noDl à cet égard est'expoaëe par M. Fayn,
daos les pages suivantes, avec beaucoup
de clarté, d'après les leçons du maître et
de précieuses notes manuscrites trouvées
dans ses papiers.
(') En l'honneur du chimiste Del vaux (v.
ce nom), qui détermina le premier ce mi-
néral, signalé à Bernean, lez-VJsë, dès 4793,
par Dumont père.
{*) D'Omalius, p. 96.
(') On a désapprouvé sa nomenclature,
empruntée aux noms des localités belges :
terrain Landénien, terrain Bruxellien, Ton-
yrieriy Ùiestien, etc. Les Français et les An-
glais Font repousséo; elle a été mieux ac-
cueillie en Allemagne, sans doute parce que
les terrains tertiaires de Belgique ont plus
d'analogie avec o*jux de ce pays qu'avec ceux
de France et d'Angleterre, doul ils sont ce-
pendant plus voisins. 11 faut dire que Du-
mont s'était trouvé embarrassé de faire con-
corder ses divisions avec celles qui étaient
déjà adoptées dans d'autres contrées. On
lui a reproché l'abus des subdivisions : dans
les descriptions locales, dit très^bien M.
d'Omaliu8,on n'en saurait trop admettre.
Aux hommes qui s'occupent de travaux plus
généraux, de réduire le nombre des groupes ;
l'essentiel est que les membres d'une même
division se rangent bien et dûment dans le
même groupe; or, sous ce rapport, personne
ne s'est encore plaint de la classification de
Dumont.
\
227
nUM
228
importantes est le Mémoire sur les ter-
rains ardenfuns et rhénans, honoré du
prix quinquennal des sciences en 4854,
avec les travaux de MM. de Koninck et
Van Beneden.Nous laissons la parole k
M. d^Omalius : « La partie la plus an-
cienne du sol belge appartient à un
grand massif, qui s*étend depuis TEs-
caut jusqu'à la Diemei, et qui a été long-
temps désigné sous les noms, trop
vagues , pour la géologie actuelle , de
formation du Thonschiefer ou de ter-
rain ardoisier, sans que Ton fût par-
venu à établir de bonnes divisions.
Dumont lui-même, avec son coup d*œil
perçant, s'y était déjà essayé sans ob-
tenir un résultat satisfaisant. Mais il
présenta à l'Académie , en 18i7 et
1848, deux grands Mémoires qui de-
vaient former les deux premiers cha-
pitres de l'explication de la Carte géo-
logique, et dans lesquels il divisait les
dép6t8 dont il s'agit en deux groupes,
sous les noms de terrain ardennais et
de terrain rhénan. Ces groupes com-
prenaient eux-mêmes six systèmes que,
fidèle à ses principes de nomencla-
ture ( ' ), Dumont désignait par les épi-
thètes de Deviîlien, Révinien, Salmien,
Gedinnien, Coblenzien et Ahrien. Cet
immense travail est demeuré jusqu'à
présent le dernier mot de la science,
et n'a pas encore été contredit dans au-
cun de ses détails. » — A mesure que
notre géologue étendait le champ de
ses recherches , il se préoccupait da-
vantage, ainsi qu'on Ta indiqué, des
grandes théories scientifiques. Nous
citerons notamment l'application qu'il
fit, en 1852, de la théorie des soulève-
ments lents à la description des ter-
rains supérieurs de la Belgique, dépo-
sés presque toujours horizontalement,
et dans lesquels la ressemblance des
caractères paléonlologiques et minéra-
logiques rendait indiscernable la suc-
cession des époques. La géométrie,
selon Dumont, peut conduire à des ré-
sultats presque aussi certains que l'ob-
servation de la continuité des couches.
Tous les phénomènes de la nature ont
leur continuité; les violentes révolutions
du globe sont annoncées par des mou-
vements insensibles dont elles peuvent
bien n'être qu'un maximum, et qui se
prolongent encore après la crise. Ces
mouvements lents ne se sont pas étendus
sur des espaces aussi considérables que
les soulèvements brusques ; néanmoins,
en mainte circonstance, il est possible
de reconnaître, sur plusieurs centaines
de lieues, des traces non équivoques de
leur passage. « Or, lorsqu'en des loca-
lités différentes, on constate que divers
mouvements lents se sont succédé dans
le même ordre, en présentant les mê-
mes circonstances, on peut souvent en
conclure qu'ils ont été produits simul-
tanément ; que l'élévation ou l'abaisse-
ment constaté en un point correspond
à l'élévation ou à l'abaissement obser-
vé dans l'autre ; que les mouvements
qui ont eu lieu d'un côté d'un axe d'os-
cillation sont corrélatifs aux mouve-
ments en sens inverse qui se sont ma-
nifestés de l'autre , et que par consé-
quent les couches qui se seront dépo-
sées de part et d'autre pendant les
mouvements simultanés sont contem-
porains, quelles que soient d'ailleurs
les différences minéralogiques ou pa-
léontologiques qu'elles peuvent pré-
senter » ('). Cette méthode conduisit
notre géologue à établir que le sol de
la Belgique, pendant la formation des
couches landéniennes (éocène infé-
rieur) , s'était successivement abaissé
par rapport à l'Océan, et que, pendant
l'époque yprésienne (éocène moyen),
le sol avait éprouvé un double mouve-
ment ascensionnel et de bascule jusqu'à
la fin de l'époque tongrienne (éocène su-
périeur) ; que, d'autre part, c^s mouve-
ments s'étaient répétés avec une grande
similitude en Angleterre et en France.
A l'époque de la formation landénienne,
abaissement du sol et couches en dé-
bordement; à l'époque de la déposition
des argiles de Londres et d'Ypres,
mouvement ascensionnel , compliqué
d'un mouvement simultané de bascule.
Dumont put reconnaître, sur le terrain
même, les résultats de ces deux der-
niers mouvements, dont le premier
(*) V. la note prëcddente.
( *} Dumont [Bulletin de fAead,, t. XIX),
ap. Fayn, p. 490.
229
DUM
230
reslreignit les limites des bassins, tan-
dis que le second en déplaça le centre,
cVst-à-dire le point le phis bas ; de là
les différences importantes qu*on re-
marque dans les formations tertiaires
de la Belgique, du Nord de la France et
de FÂngleterre, à Tépoque tongrienne.
« Pendant que le mouvement reculait
vers le Nord les limites des mers de la
Belgique et mettait à sec le bassin de
Londres, il déplaçait, vers le sud, le
centre géologique des bassins de Paris
et du Hampshire et transformait enfin
ces bassins marins en lacs. Un abais-
sement général ramena, comme on Ta
vu, les eaux marines dans le bassin de
Paris, phénomène pendant lequel se
déposèrent d'un coté les marnes ma-
rines et les sables de Fontainebleau,
et de Tautre, les argiles à Cyrena se-
mntrUita de Tétage supérieur du sys-
tème tongrien et les sables inférieurs
du système rupélien » (M. C'est ainsi
que les problèmes ardus de la géogno-
sle étalent ramenés par Dumont à des
problèmes de dynamique et de géomé-
trie : il parlait tout simplement de la
loi de gravité, en vertu de laquelle
tous les dépôts sédlmentaires doivent
se disposer en séries horizontales suc-
cessives, d'après Tordre des phéno-
mènes. Il demandait Tâge d'un massif
à la plac^; qu'il occupe, à la disposition
de ses parties, à la direction des mou-
vements de sa formation, laquelle sub-
siste malgré les dislocations des cou-
ches et se vérifie par le caractère même
de ces dislocations.En procédant ainsi,
Dumont ne faisait que tirer de nou-
velles conséquences des prémisses qui
l'avaient conduit, dès l'âge de vingt
ans, à une découverte stratigraphique
de premier ordre, et qui plus tard lui
firent a débrouiller tontes les difficultés
de l'Ârdenne » (•).
Si la confection de la Carte géologi-
que de la Belgique a fourni à Dumont
1 occasion de rendre d'éminents services
à la science, l'œuvre elle-même, heu-
reusement accomplie . constitue pour
l'industrie nationale un trésor non
moins précieux. Un juge compétent (')
n*hésite pas à déclarer que telle est
l'exactitude des observations de Du-
mont, que ses cartes resteraient, même
si l'on en changeait la nomenclature et
le groupement des éléments qui y sont
établis. M d'Archiac a reproché au
géologue belge de n'avoir presque point
donné de coupes de terrains dans ses
Mémoires descriptifs (*); le fait est
que cette allégation est peu fondée et
(*) Damont, ibid. , p. 45; ap. Fayn ,
p. 191.
( * ) Discours de M. Lâchât, 4856 (v. ci-
après).
( *) M. Trasenstcr. — M. Dewalque (v. ce
nom), en modiflanl à certains égards la
classincation de Dumont, dit de son côté
que ces changemonts ne font que consacrer
les idées générales de riUiistre auteur, en
leur donnant tout leur développement et en
montrant avec quelle facilité elles se plient
à suivre les inévitables progrès de la science
[BuiL Acad., S« série, t. Xi, n» i), M. De-
walque s*cst fait un devoir, dans la notice
que nous citons (sur le syttème eifélien du
Condroz),àe répondre péremptoirement il un
ingëoieur qui reprochait à Dumont d'avoir
oublié, dans sa petite carte , une petite
bande de calcaire au sud de Limbourg. Du-
mont n'était pas infaillible ; mais ses obser-
vations sont toujours scrupuleusement sin-
cères et d'une merveiUeuse exactitude. V.
Fayn, p 98 et suiv.
{*) Hist» des progrès de la géologie,
t. VIII, p. 70. -^ C'est ici qu'il convient de
dire quelques mots de la Carte minière de la
Belgique, précieux complément des recher-
ches de Dumont (v. l'art. Dp. Vaux). Un ingé-
nieur au courant de ce grand travail a bien
voulu nous communiquer la noie suivante,
que nous nous empressons de mettre sous
les yeux du lecteur :
< N'oublions pas que Dumont avait été
géomètre des mines avant de se révéler
comme le lumineux interprète de Tun des
problèmes les plus ardus et les plus com-
plexes que la nature ait offert à la spécula-
tion humaine.
» C'est sans doute ii celte circonstance, et
gr&ce au concours dévoué de plusieurs di-
recteurs de charbonnages, que nous devons
le premier essai sur l'allure et la synonymie
des couches du bassin de Liège.
» Quelque incomplet que devait être un
travail accompli dans un temps relativement
très court, Dumont y a laissé un témoignage
de plus de sa haute intelligence , de son es-
prit de méthode et de cette espèce de devi-
nation propre au génie ; car, il convient de
le remarquer, son aptitude naturelle était ici
231
DUM
S3â
que les descriptions de Dumont ont
toute la clarté désirable, à ce point que
le lecteur peut généralement recon-
struire la figure. DViUenrs, nombre de
coupes ont été publiées, et enfin, avant
de porter un jugement définitif, il faut
attendre que M. Dewalquc ait mis au
jour les notes laissées par son maître.
tenue en échec par l'Impossibilité d*observer
directement l'ordre de succession de toutes
les couches de houille.
» Son Mémoire sur la constitution géolo-
gique de la province de Liège a été souvent
consulté.
» Malheureusement, l'échelle réduite do la
carte qui l'accompagne et le manque de ren-
seignements sur la position des couches en
profondeur, n'ont pas permis aux ingénieurs
et aux exploitants des mines d'en retirer tout
le fruit qu'ils pouvaient espérer.
> Toutefois, les jalons qu'il a posés n'ont
pas été perdus et, comme le dit M. Fayn dans
son excellent ouvrage sur la vie et les tra
vaux de Dumont, « ils ont servi de point de
» départ à toutes les études nouvelles entre-
> prises de nos jours sur le raccordement
> des diverses couches de houille dans la
» province de Liège. *
> Sur l'initiative et à la suite des vives
instances de feu M. de Vaux , inspecteur-
général des mines, le Gouvernement a dé-
crété la confection d'une carte générale des
mines du pays (').
» Un spdcimcn de cette carte, comprenant
l'important groupe houiller de Seraing, a
figuré à l'Exposition universelle de Paris on
^1867. Les hommes compétents ont eu ainsi
l'occasion d'apprécier la valeur et les bases
de ce travail.
» La carte est dressée à une échelle sufll-
sante (i à 5000) pour renseigner toutes les
circonstances de gisement qui peuvent inté-
resser le mineur. Elle fait connaître le mou-
vement de toutes les couches de houille
exploitables, non par un simple trait comme
il a été pratiqué jusqu'à ce jour, mais au
moyen d'une tranche horizontale d'une cer-
taine épaisseur. Par une heureuse applica-
tion des projections cotées, ce système per-
met de suivre les mouvements les plus
compliqués, les failles et les dérangements
dont les couches sont affectées, et laisse en
quelque sorte deviner leur allure en profon-
deur (»).
9 La tranche choisie pour le bassin de
Liège a une hauteur verticale de cinquante
mètres, comprise entre i40 et i90 mètres
sous le niveau de la mer à Ostende. C'est
celle qui correspond en moyenne k l'exploi-
tation actuelle et qui présente par conséquent
le plus grand intérêt pour le moment.
> La base réelle du travail consiste dans
une série de coupes verticales, très-rappro-
chées les unes des autres, sur toute l'étendue
du bassin et suivant des plans généralement
parallèles.
» Ces coupes donnent la conflguration du
terrain houiller à toute profondeur et, si on
le désire, le tracé immédiat d'une carte gé-
nérale à un niveau quelconque. Elles per-
mettent aussi de connaître la position pro-
bable des couches de houille dans une tranche
déterminée de terrain destinée à l'exploita-
tion. Sous ce rapport, la carte qui s'exécute
rendra les plus grands services aux exploit
tants, car ils seront fixés d'avance sur la
direction k donner aux travaux prépara-
toires, sUr les obstacles k vaincre et sur la
durée de Texploitation proposée.
» On conçoit facilement les difficultés et
les lenteurs de ce travail, qui réclame le
dépouillement de tous les plans et docu-
ments relatifs aux travaux de mines, la re-
cherche des anciens travaux signalés par la
tradition ; de plus, des opérations géodési-
ques très-délicates, des visites souterraines
fréquentes et laborieuses ; enfin, des études
et des essais sur le mouvement probable des
couches dans les territoires inexplorés, soins
capables, à eux seuls, de lasser la patience
d'un Bénédictin.
> On peut alTirmer que, de son vivant,
Dumont eût applaudi à l'exécution d'une
Carte générale des mines de Belgique, puis-
qu'on lit dans son Mémoire précité, page
â09 : « L'étude des mouvements que font les
> couches de houille est de la plus haute im-
> portance pour la géologie de la province
» de Liège, en ce qu'elle jette un grand jour
» sur la disposition de toutes nos roches
» primordiales et sert à déterminer leur âge
» relatif. » Or. celte vérité est surtout appli-
cable au bassin houiller du Hainaut, recou-
vert sur une grande étendue par des dépôts
puissants de terrains plus récents, qui le dé-
robent aux investigations du géologue. »
(*)U.J.VflnScfaerpeQzeelTbiffi, âgrégëà rCnîrer-
ffité ileUége et inçëuienr principal des mines.a été
chargé de ce iterTice, aoquel est adjoint M. Fingé-
Dieur ordinaire des mines R. Halberiie.
(*) U. le professear J. P. Schmit, dans son Cours
de géométrie descriptive en Toie de pnblicatton , a
fait ressortir les ressources que présente cette mé •
thode pour la représentation des sarfates géolo-
giqoe».
S33
DUM
234
La précision des études de Domont
peut être appréciée par Texemple sui-
vant : a Le ministère des travaux publics
ayant alloué des fonds pour faire dans
la station de Hasselt un essai de puits
artésien jusqu'à 100 mèt.de profondeur,
notre géologue fut consulté sur le suc-
cès plus ou moins prochain de cette
enU'eprise. On était arrivé à la limite
fixée par le Gouvernement. Dumont,
sur Tinspection des échantillons qui
lui furent envoyés, engagea le ministre
à continuer Fessai au moins jusqu'à la
première couche aquifère. Les fonds
furent accordés et , à la limite des
marnes beersiennes, on trouva la cou-
che giauconieuse et aquifère cherchée :
en une nuit, les eaux jaillirent à plus
de trois mètres au-dessus du sol. La
connaissance géologique de notre pays,
que Dumont possédait jusque dans ses
plus minutieux détails, lui avait fourni
la solution d'une des plus belles ques-
tions d'hydrographie souterraine qui
puisse intéresser la science de Tingé-
nieur » (' ). L'utilité pratique des cartes
de Dumont est aujourd'hui de plus en
plus appréciée.Elles évitentd'abord des
mécomptes à l'industrie charbonnière,
en indiquant les limites exactes de nos
bassins houillers, aussi bien dans les
parties oii ces limites sont cachées sur
des dépôts superficiels que là où elles
sont découvertes : hors de là, les ex-
plorations pour trouver de la houille
seraient inutiles. D'autre part, ^ioute
M. Fayn, la recherche des filons de
zinc, de plomb, de fer, ne pourra se
poursuivre que dans une certaine di-
rection , rendue facile par la délimita-
tion exacte des diverses bandes qnar-
tzo-schisteuses et calcaires du terrain
anthraxifère. En consultant la carte
géologique, l'ingénieur et l'entrepre-
neur de travaux publics connaîtront la
nature, la cohésion et la dureté des
teiTains à entamer pour la construction
d'un ouvrage d'art quelconque ; l'en-
trepreneur de puits artésiens saura
quels sont les points où il peut obte-
nir de l'eau jaillissante; l'architecte
pourra trouver des matériaux de cons-
truction , des pierres à chaux , etc.
Enfin le pays y trouvera l'amélioration
de son sol cultivable, par l'emploi bien
entendu des amendements, et, comme
corollaire, l'augmentation de ses ri-
chesses territoriales (*).
Dumont s'est beaucoup occupé des
rapports de la géologie avec l'agricul-
ture ; c'est là le troisième point de vue
sous lequel il convient de considérer la
Carte géologique. Notre observateur
reconnaissait en Belgique sept zones
géologico-agricoles : VArdenne aride ,
quartzeuse et schisteuse, qui a besoin
d'être amendée par la chaux ; au sud,
une petite contrée se rattachant géolo-
giquement à la Lorraine, par les terrains
jurassique et triasique : les céréales sur
le calcaire, les pâturages sur l'argile ,
les sables infertiles ; puis le Candroz,
dont les bandes alternativement quartzo-
schisteuses et calcareuses appartiennent
au terrain anthraxifère et présentent
une végétation brillante ici. là maigre
et chétive comme en Famène, si le
quartzoschiste n'est désagrégé et amen-
dé ; la Hesbaye argileuse , embrassant
toule la zone du limon hesbayen depuis
la Meuse jusqu'à Ypres, Audenarde,
Âlost , Vilvorde . terre fertile entre
toutes ; la Campine plate , sableuse et
stérile ; entre Furnes et Anvers, une zone
d'argile moderne, parfaitement horizon-
tale, pays de riches prairies ; enfin, le
long des côtes, les sables mouvants des
dunes, non encore appropriés à la cul-
ture. Dans un de ses rapports à l'Aca-
démie, Dumont posait des règles et
( ' ) Dumont s'occupa aussi, pour la villa
de Liège, de la recherche d'eaux souter-
raines (ISSi) et proposa une solution re-
marquable. Le plan adopté et exécuté dopais
est dû à son neveu, M. Tingénieur Gustave
Dumont. L'auteur de la carte géologique nous
apprend, dans son rapporta la ville de Liège,
qu'il s'occupait d'un vaste travail intitulé :
ikl'exiU€nc€et de la forme d^diven bassins
hydrographiques souterrains de la Belgique,
Cet ouvrage est resté manuscrit. V. Fayn,
p. Si et S3.
( * ) Fayn, p. i8. On fait ici allusion, ea-
tr'autres, aux sondages exécutés en Campine,
sous la direction de Dumoni, pour déterminer
la profondeur des couches argileuses qui
peuvent être employées à l'amélioration du
sol de cette contrée.
235
DUH
236
formulait des conclusions positives.» Le
sable est très-mobile, disait-il, Targile
pure trop plastique, le calcaire trop
actif, pour constituer isolément une
bonne terre végétale ; mais le sable peut
devenir fertile, s'il est amendé par des
matières argileuses ; Targile, au con-
traire, demande à être amendée par des
substances calcaires; enfin, les sols
argilo-sableux qui, en général, ont peu
d'action chimique sur les matières or-
ganiques, forment d'excellentes terres
végétales lorsqu'ils sont amendés par
des substances actives, telles que la
chaux, le plâtre, etc. (')» Ainsi les
diverses bandes Sableuses de la région
triasique et jurassique peuvent être amé-
liorées l'une par l'autre ; la zone ardcn-
naise, exposée à des vents froids, a
besoin de chaux ; les bandes quartzo
schisteuses du Condroz seront amendées
au moyen de la chaux provenant des
bandes calcareuses voisines; en lles-
baye, on emploiera le calcaire qui se
trouve à peu de profondeur dans les
terrains crétacés et tertiaires ; dans la
zone sableuse, on aura recours à l'ar-
gile et à des matières exerçant une
action chimique sur les substances or-
ganiques, etc. Entre Thourout et Aellre,
par exemple, on rencontre parfois l'ar-
gile à moins d'un mètre de profondeur.
Mais pour produire avec discernement
les améliorations signalées, il faut con-
naître la nature du sous-sol comme celle
du sol, il faut connaître la nature des
roches sur lesquelles repose la terre
cultivable. L'utilité des cartes géolo-
giques saute aux yeux: pour chaque
localité, elles indiquent où il est pos-
sible, où il convient d'aller chercher
les amendements, etc. etc.
Dumont fit paraître en novembre
i849 un résumé de ses recherches. La
Carte géologique de la Belgique et des
contrées voisineSf représentant les ter-
rains qui se trouvent au-dessous du
limon hesbayen et du sable campinien,
en une seule feuille, eut un énorme
succès et fit prévoir ce que serait le
grand travail dont elle annonçait l'appa-
rition prochaine. Le jury de l'Exposi-
tion de Paris en loua la netteté et la
déclara très-utile à consulter, o par les
relations qu'elle établit entre les forma-
tions contemporaines de France, de
Belgique et des provinces rhénanes, n
(*). Enfin la publication de la grande
Carte géologique de la Belgique^ en
1853, vint mettre un terme à l'impa-
tience du monde scientifique. Cette carte,
réduction en 9 feuilles de la grande
Carte topographique de Van der Maelen
(*) est à l'échelle de 1/160,000. Elle
fut suivie, en 1856, d'une carte du sous-
sol, libellée comme la petite carte d'en-
semble, mentionnée tout à Theure, et qui
fip;ura manuscrite, des 1855, à l'Expo-
sition universelle de Paris. Le grand
édifice était achevé, la synthèse était
formulée. Néanmoins, on nesauraittrop
regretter, avec M. Trasenstcr, que le
temps ait manqué à Dumont pour publier
tous les Mémoires qni devaient servir
de description aux terrains de la Bel-
gique. » Le temps lui a manqué aussi
pour donner le résumé des lois qui re-
lient ces observations, la conclusion
qui éclaire tous les faits et que ses
élèves seuls possèdent en grande partie.
Dumont, dédaigneux des moyens vul-
gaires de succès, oubliait trop, peut-
être, de populariser ses idées en dehors
de son enseignement. » Il paraîtrait,
selon M Fayn , que l'absence de ces
Mémoires explicatifs fut la véritable
cause de la froideur de l'accueil que fil
à Dumont le ministre de Tintérieur M.
Rogier, lorsque l'éminent géologue lui
présenta le fruit de seize années d'un
( •) Bull. Aead., l. XV; ap, Fayn, p. 219.
(*) Fayn, p. 32. — Une seconde édition
de celte carte a vu le jour à Paris en 1855
(une feuille chromoUthographiëe sous la di-
rection de M. Derenemesnil, inspecteur des
travaux de l'imprimerie impériale de France).
V. le Nécrologe liégeois pour 1857, p. 39.
(') L'exemplaire de la carte de Van der
Maelen en 250 feuilles (Echelle 1/20,000)
dont Dumont s'est servi , a été acquis par le
gouvernempnt pour la bibliothèque de rUoi-
versilé de Liège. Il est collé sur toile et con
tenu dans 40 cartons. Les cartes des pays
limitroph(-8 comprennent huit carions com-
plémentaires, 5 pour la France, 2 pour
l'AUemagne, i pour la Hollande. Celte carte
précieuse est coloriée en grande partie et
littéralement couverte de notes manuscrites.
237
DUM
238
travail presque si}rhumain ('). M. d*0-
malius, qui rapporte ce fait, explique
rétonnement de Damont en disant que
notre savant, étranger à la politique,
« ne se doutait pas qu'un ministre trouve
peu de charme dans un travail ordonné
par un prédécesseur, surtout si ce pré-
décesseur appartient au parti con-
traire : 9 nous ne pouvons croire, pas
plus que M. Fayn, que la politique
ait été ici pour quelque chose. En tous
cas Dumont futattéré; Tindifférence du
ministre Idi parut une expression de
ringratitnde nationale. Il ne tarda pas
à être désabusé : le reste de sa vie ne
fut pour ainsi dire qu'une longue ova-
tion ; il est même rare que la modestie
d'an homme soit soumise à de telles
épreuves.
Nous avons dit que son premier mé-
moire lui avait valu, en 4840, la mé-
daille de WoUaston; le i4 décembre
i8i6, il avait reçu la Croix de chevalier
deTOrdrede Léopold ; un des premiers
actes du ministère Piercot fut de Télever
an rang d'officier, le 48 décembre 4855.
Deux mois auparavant, TAssociation des
ingénieurs sortis de TEcole des mines
de Liège lui avait voté un témoignage
public de sa gratitude , tant pour ses
travaux géologiques que pour les ser-
vices qu'il avait rendus à Tindustrie des
mines. Le 9 avril 4854, une médaille
d'or de grand module lui fut solennel-
lement remise ('). LesSociétés savantes
de plusieurs pays étrangers (v. ci-après)
se disputèrent l'honneur de le compter
parmi leurs membres ; le roi de Portu-
gal le nomma chevalier de la Conception
de Villa-Viciosa ; plusieurs paléonto-
logues distingués, entr'aulres MM. de
Koninck, d'Ârchiac, d'Orbigiiy , de Ryck-
holt, Nyst, Chapuls et Dewalque, lui
dédièrent une vingtaine de fossiles nou-
veaux trouvés dans les terrains de la
Belgique ('). Mais tandis que son nom
devenait célèbre, Dumont ne se laissait
pas éblouir et ne croyait pas le moment
venu de se reposer sur ses lauriers. Il
ne pensait qu'à ses études ; il avançait
sans relâche, insoucieux de sa santé
déjà compromise. On l'a vu se rendre
en Angleterre (4854) pour y étudier les
terrains tertiaires ; vers la même épo-
que, quand il trouve un moment de
loisir , il l'emploie à réviser les calculs
que Miller donne dans son Mémoire sur
la cristallographie; puis le voilà de
nouveau en campagne (octobre 485S),
allant explorer avec M. Horion, son
élève, l'Allemagne, la Suisse et la
France, et à peine de retour, rédigeant
et publiant son beau travail sur les
soulèvements lents. Il n'entendait pas
le bruit des applaudissements : il vou-
lait se rendre utile , travailler jusqu'au
bout; en poursuivant son idée fixe, il
oubliait de mesurer ses forces. Cepen-
dant un germe de mort commençait à
se développer en lui ; il souffrait d'une
affection nerveuse qui se traduisait en
vertiges et ressemblait à une lésion de
la moelle épinière. Les médecins lui
prescrivirent un repos absolu : ci'dant
enfin aux instances de sa famille et de
ses amis , il résolut d'aller demander à
un ciel plus clément que le nôtre le ré-
tablissement de ses forces. « C'était
pourtant bien moins encore le soin de
sa santé chancelante, ajoute M. Fayn,
qu'une sorte de curiosité inquiète , qui
le poussait ainsi à parcourir l'Orient et
le Midi de l'Europe. Il était impatient
de comparer les terrains de ces régions
lointaines à ceux de notre pays qui sont
des types saillants, une sorte de pôle
géologique qui porte l'empreinte des
révolutions successives du globe, et où
tous les terrains sont représentés. » Du
22 mars au 7 novembre 4855, Dumont
( * ) Peu de temps avant sa mort, brisé de fa-
tigoe, Domoot mesurait avec une sorte d'effroi
ràeodue des efforts qu'il avait dû accomplir.
En vérité, disait-il, quand je revois cette
carte géologique de la Belgique, je me de-
mande comment je l'ai pu exécuter en aussi
peu de temps ; je crois que je n'aurais pas
assez du restant de ma vie, s'il me fallait
refaire le quart de ce travail • (Fayn, p. 26).
( *) L'avers est à l'effigie de Dumont ; on
lit au revers le nom de l'Association, entou-
rant cette légende : A l'auteur de la carie
géologique de Belgique. MDCCGLUI. A l'oc-
casion de la remise de cetie médaille, un
grand banquet fut donné à Dumont; les
principaux industriels de la province vou-
lurent y assister.
(») Fayn, p. 27.
DUM
240
parcourut la Prusse, la Saxe, la Bo-
hême, rÂutdche, la Turquie, la Grèce,
rilalie et la Sicile, le Midi de la France
et TEspagne. Ce voyage est un travail
d'Hercule ! s'écrie son biographe. M'ou-
blions pas que Dumont est malade ; lui
seul a 1 air de ne pas s'en apercevoir.
11 distance ses compagnons ; finalement
on renonce à le suivre. Il porte avec lui
son marteau de géologue et son carnet
de notes ; il observe partout le terrain,
trace des coupes à la hâte, confère avec
les ingénieurs , assiste aux débats des
Académies, qui accueillent sa présence
par des applaudissements, se multiplie
enfin pour tirer tout le parti possible
du peu de temps et de force dont il
dispose encore. 11 débute à Berlin par
des entretiens avec Humboldt; il noue
des relations scientifiques ù Dresde, à
Vienne, à Constantinople ; en Grèce, il
s'aventure dans des vallées sauvages et
infestées où nui n'ose le suivre ; à
Rome, il discute avec le Pape sur la
richesse du territoire pontifical ; il
sonde les mystères du Vésuve et de
l'Etna ; il contourne l'Espagne, pousse
jusqu'à Gibraltar et se décide à entre-
prendre , à cheval , tout le voyage de
l'inlérieur de la Péninsule. Le 2 no-
vembre, il arrive à Bordeaux ; le 5, il
assiste à une séance de l'Académie de
Bruxelles et vérifie au ministère 75
exemplaires de sa carte géologique,
aussi tranquillement que s'il n'était pas
sorti de chez lui ( * ). Le surlendemain,
sa famille , ses amis et trois cents
élèves vont le recevoir à la station du
chemin de fer. A peine prend-il le temps
de s'abandonner aux douces effusions
de l'intimité : il est obsédé par un nou-
veau projet conçu en route ; tromirant
la surveillance de ceux qui Tentourent,
il se renferme dans son cabinet pour
coordonner les éléments d'une carte
géologique de l'Europe entière. L'Ex-
position universelle de 1855 est an-
noncée ; à tout prix, cette œuvre gran-
diose doit y figurer. Tout d'un coup
cependant , H hésite : il vient d'ap-
prendre que rniBstre géologue anglais
Sir B. 1'. Mtirchison est sur le point de
publier un travail sem'blable. Quelques
amis, plus zélés pour sa gloire que
pour sa santé, triomphent de son incer-
titude : il reprend ses matériaux avec
une ardeur fébrile ; la carte, entîère-
roeot achevée , est mise sous les yeux
de l'Académie le 7 juillet 1855. Elle
figura manuscrite à TExposUion de Pa-
ris , ^ côté de celles que nous connais-
sons déjà, de la Carte du sous-sol de la
Belgique, décrétée par arrêté royal en
1-85&, et de la Carie géologique de Spa,
Theux et Pepinster, achevée en 1854.
Les journaux apprirent bientôt à Du-
mont que le jury de la première classe,
cx)mposé des hommes les plus compé-
tents ( * ), lui avait décerné um grande
médaille d'honfieur, « D'abord il ne vou-
lut pas y croire, regardant comme im-
possible, dit M. E.Bède, une chose qu'il
eût trouvée toute simple s'il se fût agi
d'un autre que lui ('). » Le rapport du
jury sur les travaux de notre compa-
triote était ainsi conçu : a Les travaux
de 11. Dumont se distinguent par un
rare talent d'observation, qui l'a conduit
à subdiviser les formations beaucoup
plus qu'on ne l'a fait jusqu'ici. C'est
ainsi que le système devonien du Geo-
logical Survey est composé, suivant
M. Dumont, de huit parties très-dis-
tinctes , dont cinq se rapportent à son
terrain anthraxitère et trois à son ter-
rain rhénan. — Bien que Tutilité pra-
tique de ces subdivisions ne soit pas
encore généralement admise et qu'elle
ait eu pour conséquence d'imprimer à
M. Dumont une tendauœ à s'écarter do
la nomenclature la plus employée , ou
ne peut méconnaître la haute' Impor-
tance des travaux de cet éminent géo-
logue ; car, il faut le dire et le répéter,
toute la géologie de la Belgique est le
fruit exclusif de ses propres observa-
lions. Un semblable travail , exécuté
d'une manière aussi consciencieuse , suf-
fit à remplir la vie d'un hmnme et doit
appeler sur son auteur les distinctions
les plus hautes. En conséquence, h.
jury , appréciant la valeur scientifique
(M /6id.,p. 50.
(*) MM. EUe de Beaumont, Dufrëooy, Le-
pUy, Gallon, de Vaux, de Gha&oourlois, Ha-
milloD, W. Smyth,. Overweg et Ritiiiiger.
(') A»aate$ de tenseignemeni pmbiîc ,
1. 1. p. â36. ^ Faya, p. 34.
Ml
DUM
243
des couvres de M. Dumont en général
et spécialement leur utilité pratique ,
tant pour Tagriculture que pour Tin-
dustrie minérale, estime qu'il y a Heu
de lui aœorder une grande médaille
d'honneur, a L*opinion individuelle d'un
grand nombre de savants ratifia ce ju-
gement : la Carte géologique de la Bel-
gique fut mise par M. Elle de Beaumont
sous les yeux de ses auditeurs du Col-
lège de France ; M. Constant Prévost,
de la Sorbonne, la qualiQa publiquement
de monument national et scientifique ;
M. Gravez laissa déborder son enthou-
siasme. Le 27 septembre, Dumont fut
appelé à Thonneur de présider la So-
ciété géologique de France. Son triom-
phe fii événement à Liège : TAdminis-
tration communale organisa une fête
pour recevoir les lauréats de l'Exposi-
tion ; Dumont en fut le principal héros.
Le bourgmestre alla le recevoir au che-
min de fer et le conduisit à l'Uôtel-de-
Ville ; les étudiants se pressaient sur
les pas de leur vénéré maître ; le cor-
tège pouvait à peine avancer. Le 2 dé-
cembre, la Société d'Emulation, réunie
en assemblée générale, décerna par ac-
clamation , aa savant liégeois , le titre
de membre honoraire , dérogeant ainsi
à ses statuts , qui ne permettent pas
d'accorder cette distinction à un con-
citoyen domicilié dans la commune.
Le S, M. de Decker, ministre de Tin-
térieuf, se rendit exprès à Liège pour
assister, avec un grand nombre de
notabilités, au banquet offert par le
Corps professoral à Dumont et à M.
Gloesener (v. ce nom) , pour célébrer
leurs succès scientiflques. Le roi de
Suède, d'autre part, envoya à Dumont
la Croix de l'Etoile polaire ; le il dé-
cembre, le roi des Belges le proclama
Commandeur de son Ordre. Enfin, les
étudiants voulurent offrir à leur Rec-
leur (Dumont avait été élevé à ce poste
le 25 septembre) un témoignage durable
de leur estime et de leur affection. Ils
s'adressèrent à l'éminent artiste lié-
geois, M. Eugène Simonis, qui répondit
à leur appel en patriote désintéressé.
Une manifestation grandiose et lou-
chante eut lieu dans la Salle acadé-
mique , lorsque plus de sept cents
élèves , en présence de l'éliie de toute
la province , vinrent rendre hommage
au talent modeste de Dumont et lui
offrir, au nom de l'Université, son buste
en marbre. MM. Dastot, Lâchât et
Bockstael , respectivement organes de
la Faculté des sciences , de l'Ecole des
mines et de toute la jeunesse universi-
taire , rappelèrent les principaux titres
de Dumont à la reconnaissance pu-
blique, développèrent l'excellence de
sa méthode , énumérèrent avec orgueil
ses découvertes , célébrèrent sa bonté
paternelle et son dévouement à ses dis-
ciples. On peut se représenter l'émo-
tion du digne maître au moment où
M. Bockstael lui remit le procès-verbal
de la séance où les étudiants avaient
pris leur décision. « Ce témoignage,
dit-il, je le reçois de tout cœur parce
que de mon côté je vous aime... Ce
buste m'installe à jamais au milieu de
de vous et ces parchemins seront parmi
les étudiants mes titres de nobles-
se... (*)• »
Ici se place un incident qui a donné
lieu, en son temps, à toutes sortes de
commentaires. En sa qualité de recteur
de l'Université, Dumont dut présider
pour 1856-1857 la séance solennelle de
rentrée, et y prononcer le discours d'u-
sage. Il choisit pour sujet Vorigine du
monde physique et la théorie de sa for-
mation. Le Journal de Liège du i7 oc-
tobre 1856 analyse comme suit ce mor-
ceau : « Après avoir exposé les notions
d'espace, de temps, de matière, de force,
d'infini , les rapports de l'esprit et de
la matière, etc., M. Dumont s'est livré à
des considérations de Tordre le plus
élevé sur l'existence d'un fluide uni-
versel (l'éther) distinct de la matière
pondérable qui forme les globes répan-
dus dans les espaces. Il a esquissé k
grands traits les théories actuelles (')
sur le rôle de l'éther dans les phéno-
( ' ) Remise solennelle du buste en marbre
offert à M, Dumont par les étudiants de
rUmvessiti, Liège, Desoer, 1856, in-S».
(* ) lioUnmeoi la tbëorie de M. de Bou-
choporo {Etudes sur Vhisloire de la terre et
sur les causes des révolutions de sa surface,
Paris^ 1844, in %^ ; Du principe général de
la philosophie naturelle, Paris, 1853, iD-8<*.
243
DUM
244
mènes de la lumière , de la chaleur, de
Télectricité, ainsi que sur la constitu-
tion moléculaire des corps, sur Taction
des forces attractives, sur Torigine de
la gravitation, sur la formation de notre
système solaire , etc. 11 a aussi abordé
tous les plus grands problèmes de Tordre
physique, et malgré les difficultés du
sujet traité, il a su constamment cap-
tiver Tattention et Tintérêt de Taudi-
toire.» Or c'est en vain que Ton cher-
cherait le texte de ce discours, soit
dans les journaux de Liège, soit en tête
du programme de TUniversité pour
4850-1857. Pourquoi cette supression?
On a dit que des collègues de Dumont
avaient cru trouver dans son discours
quelques traces de panthéisme et pour
ce, Tavaient engagé à le garder par
devers lui. Nous ne savons jusqu'à quel
point cette supposition est fondée; dans
tous les cas Dumont n'inclinait en au-
cune façon vers le panthéisme ; cette
conviction résulte en nous des entre-
tiens que nous eûmes avec lui, lorsqu'il
nous fit l'honneur de nous communiquer
son discours , quelques jours avant de
le prononcer. Nous nous permîmes seu-
lement de lui faire quelques observa-
tions sur l'exactitude de certains termes ;
le fait est qu'il n'avait pas l'habitude du
langage philosophique et qu'il n'avait
guère lu dans ce domaine que les écrits
de Destutt-Tracy ; il était resté presque
étranger à ce qui ne se rattachait pas
immédiatement à ses études favorites.
Depuis quelques années , il s'était sé-
rieusement préoccupé des problèmes
de la géogénie ; mais les questions spé-
culatives proprement dites ne s'empa-
raient guère de son esprit, bien qu'il
fût loin d'être indifférent en matière
religieuse. Son discours était le fruit
d'un travail trop hâtif; bien loin de le
supprimer, il s'occupait de le revoir
lorsque la mort vînt le surprendre (*).
Dumont vécut, nous l'avons dit, pour
une idée unique; il ne connut d'autres
joies que celles de la science , et son
ardeur fébrile le consuma avant le
temps. Il vint un moment où la nature
triompha de la force de sa volonté. Il
vint un moment où ses élèves le distan-
cèrent dans les excursions géologiques;
alors il se vit perdu. Il continuait ses
travaux : il avait encore tant de choses
à faire ! Les résultats de tant d'obser-
vations à publier, des lois générales à
formuler, une théorie d'ensemble à
élaborer! Il sentait la terre manquer
sous ses pas, la plume échapper à sa
main défaillante, et pourtant, malgré
ses médecins , malgré sa mère adorée,
il marchait toujours, il travaillait tou-
jours. Son enseignement achevait de
le tuer, et il enseignait toujours. Il
venait d'ouvrir un nouveau cours qui
devait durer deux ans , et où il voulait
embrasser dans une vaste synthèse
toutes ses idées sur les origines du
globe ; l'heure fatale sonna tout d'un
coup. Il s'éteignit en deux jours à la
suite d'un anthrax ; pendant qu'il ago-
nisait il parlait encore de ses élèves (*).
La nouvelle de sa mort eut un doulou-
reux retentissement. On lui fit de ma-
gnifiques funérailles. L'évêque de Liège
prononça son éloge funèbre dans l'é-
glise de St-Denis; à la Salle acadé-
mique, le gouverneur de la province
se joignit aux autorités universitaires
pour rappeler les hautes qualités du
défunt; à la Chambre des représen-
tants, M. le Ministre de l'intérieur dé-
plora publiquement la perte irrépa-
rable que venait de faire l'Université
de Liège. Les élèves de l'Ecole des
mines prirent le deuil pour un mois(').
Une souscription publique fut immé-
diatement ouverte pour élever un mo-
nument ù celui qui avait si bien mérité
du pays: une Commission de vingt
membres se chargea de recueillir les
dons et de déterminer le caractère du
projet (*).Bientôt une sommede 25,000
frs. fut réalisée : la Commission, se
(•) Fàyn.p. 38.
(•) Ibidr.p, 43.
{■) Honneur X funèbrea rendue à M. An-
dré-Hubert Dumont, recteur de VUniventité
de Liéfje, etc. Liège, Desocr. 4857, in-8».
( * ) £Ue se composait de MM. de Rossmê-
fhban, président du Conseil provincial ; P.
Behr^ id. du Comité des charbonnages ; Ca-
pitaine, père, id. de la Chambre de com-
merce do Liège; Closset, bourgmestre de
Liège ; de Cuyper, inspecteur de l'Ecole des
mines et directeur de la Revue universelle ;
245
DUM
246
ralliant au projet de M. Eugène Simo-
nis, décida qu'une statue en bronze^
représentant le savant géologue de-
bout, vêtu de sa robe de recteur, serait
élevée sur une des places publiques
adjacentes à TUniversité. On jugea fi-
nalement convenable d*élever ce mo-
nument en face même de la Salle aca-
démique, à la place occupée jusque
là par la statue de Grétry , qui fut
transportée devant le Théâtre royal.
L'inauguration solennelle eut lieu le 17
juillet 4866, en présence de LL. MM.
le roi Léopold II et la reine des Belges,
au milieu d'une foule d'élite où Ton re-
marquait plusieurs géologues éminents
venus de Télranger, et d'un concours
immense de peuple. Non seulement la
veuve eX les enfants de Dumont assis-
taient à la cérémonie, mais il fut donné
à une mère de voir rendre à son fils un
hommage que la postérité lointaine
s'arroge ordinairement seule le droit
de décerner aux hommes illustres. Ce
fut une journée d'enthousiasme et d'é-
motions, car Dumont avait payé de sa
vie l'apothéose qu'on lui décernait. Ses
amis, ses anciens élèves, en énumérant
avec orgueil ses titres à rimmortalilé,
ne pouvaient s'empêcher de remarquer
que ce bronze monumental qui leur
rappelait ses traits perpétuait aussi le
souvenir de son holocauste. Un autre
hommage fut encore rendu par la ville de
Liège à la mémoire du défunt : l'an-
rienne rue du Collège reçut le nom de
rue André Dumont.
Trois semaines après la mort de
notre éminent concitoyen, M. Sedg-
vick, ancien président de la Société
géologique de Londres, justifiait d'a-
vance, dans une lettre à M. de Koninck,
les distinctions exceptionnelles dont
nous venons de parler. « Sur le terrain,
comme observateur pratique, écrivait-
il, Dumont n'a pas d*égal parmi les géo-
logues du continent. »0n peut ajouter,
avec M. Nypels, que son nom sera res-
pecté et honoré aussi longtemps qu'on
s'occupera de la constitution physique
de notre globe. Ses qualités person-
nelles furent à la hauteur de son sa-
voir : c'est tout dire. On n'a pas eu
seulement à regretter en lui le savant,
l'investigateur de premier ordre , le
professeur modèle, mais l'homme in-
tègre qui refusa son concours aux plus
brillantes offres de l'agiotage et sut
conserver à la fois sa propre estime et
celle de ses concitoyens (*); le sage
austère dans sa vie, inflexible pour-
suivant de la vérité, ne transigeant ja-
mais avec ses convictions, mais en même
temps timide comme un enfant dans
les relations privées, le plus doux, le
plus simple, le plus bienveillant des
hommes. Sa candeur et sa bonté lui
attiraient tous les cœurs; il y avait
dans sa voix claire et sympathique,
dans ses manières naturellement élé-
gantes et pleines de convenance, dans
son sourire joyeux et franc, dans la
sérénité de son beau front, dans la
limpidité de son regard, un charme au-
quel personne ne résistait. D'autre
part il inspirait toute confiance, non
seulement à raison de la clarté de ses
idées, de son esprit d'ordre et de pré-
cision f mais parce qu'on lui connais-
sait une extrême délicatesse , qui fem-
pèchait de hasarder une opinion sur
ce qui n'était pas démontré à ses yeux.
C'est sans doute à cette loyauté rigide,
autant qu'à son ardente et inépuisable
curiosité, qu'il a dû d'atteindre un rang
si élevé parmi les observateurs de la
Delahaye^ ingëaieur en chef des ponts et
cliaussées ; Dewandre, prés, de la Soc. d'E-
mulation ; le général Frédérix , directeur de
la fonderie royale do canons ; de Koninck^
prés, de la Soc. roy. des sciences; Mue»e-
Uvy ingénieur des mines de i^ classe;
Muller, membre de la Dépuiation perma-
nente; Nf/pelSf pro-recteur de l'Université ;
de SélyH'Longchamps^ sénateur, membre do
l'Académie ; de Tomaco, sénateur, prés, de
la Comm. d'agric. de la prov. de Liège;
Donckier, délégué par les souscripteurs au
portrait de Dumont; Ch, Horion^ £. iMndois
et C, Malaise,, étudiants, respectivement dé-
légués par les élèves de l'Université, des
Ecoles spéciales et de la Faculté des scien-
ces ; Trasenster, président de l'Association
des ingénieurs sortis de l'Ecole de Liège,
secrétaire, et van Hoorickt ingénieur civil,
trésorier
( * ) Lettre de M. Bortier (Paris, iS mars
1857).
247
DUM
248
nature. Peu de savants ont rassemblé
autant de faits et avec une pareille pré-
cision; il n*en est que plus douloureux de
penser que sa carrière a été brisée au
moment où il commençait à tirer parti
de tous ces trésors, pour remonter par
la synthèse aux formations des pre-
miers âges.
La science ne s'arrête jamais ; nul
ne peut prétendre à la gloire de l'avoir
reculée jusqu'à ses dernières limites.
Mais si Pœuvre de Dumont a déjà été
perfectionnée et rectifiée dans quelques
détails, la partie essentielle en est restée
debout. M. Fayn résume comme suit
0 les quatre découvertes principales dont
tout l'honneur lui appartient et qui res-
teront lumineuses dans les traditions
de la géologie: i^ la découverte de la
constitution du terrain anthraxifère dis-
posés en bassins et en selles, et l'âge
relatif des divers systèmes c^lcareuxct
quartzo-schisteux qui le composent, la
plus grande découverte stratigraphique
du siècle; 2^ la découverte de la discor-
dance de stratification qui existe entre
le terrain ardennais et le terrain rhénan,
laquelle a eu pour résultat de doter la
science du terrain rhénan ; 3° dans les
terrains secondaires, la position et les
rapports stratigraphiques du grès de
Luxembourg et par conséquent l'âge
relatif des divcres assises de lias; 4°
enfin, dans les terrains tertiaires, la
supériorité des argiles de Boom sur les
sables bruxelliens, démontrée à l'évi-
dence par la description de nombreuses
coupes de terrain ». En géogénie, les
idées de Dumont ne sont connues que
par son enseignement ; c'est à deux de
ses anciens élèves, MM. Fayn et Horion
(*), qu'il faut s'adresser pour en acqué-
rir une notion un peu claire. A l'ancienne
division des terrains en plutoniens et
neptuniens, Dumont ajoutait une troi-
sième série, les terrains geysériens^
également distincts des uns et des
autres (*). Comme les terrains pluto-
niens, ils ont été engendrés intérieure-
ment en filons et en amas et ne présen-
tent point de fossiles; mais, tandis que
les premiers ont été produits par sec-
tion ignée, ceux-ci proviennent d'éma-
nations gazeuses et aqueuses ; on ne
saurait d'autre part les confondre avec
les terrains neptuniens, à raison des
substances métallifères et lithoîdes
qu'ils renferment, de leur texture cris-
talline non uniforme, concrétionnée ,
celluleuse, compacte, à raison enfin de
leur origine, de leur forme non stratifiée
et de l'absence de débris organisés. Us
ne sont pas aussi étendus que les antres,
mais importants comme objet d'exploi-
tation. La division chronologique des
terrains plutoniens et geysériens n'est
pas aisée, parce qu'ils ne se sont pas
produits d'une manière continue. Deux
séries identiques de terrains plutoniens
ne sont pas nécessairement contempo-
raines; au contraire: s'il y a eu éjection
sur un point, cette éjection a dû retarder
les éjaculations sur d'autres points du
globe. Si l'on doit prendre un terme de
comparaison pour cette chronologie,
c'est aux terrains neptuniens qu'on s'a-
dressera : c'est ainsi qu'on pourra juger
de l'âge d'un terrain plutonien par les
fragments neptuniens qu'il contiendra,
etc. Dumont formule ici un ensemble
de règles très-remarquables. L'expli-
cation de la formation des filons mé-
talliques (geysériens) n'est pas moins
intéressante (*); Dumont combattit l'o-
pinion de Werner, qui en faisait le
résultat d'alluvions superficielles ; les
faits démontrent qu'ils ont été formés
par des émanations analogues à celles
des Geysers et des sources minérales.
D'autre part, la nature des roches en-
caissantes influe sur la composition du
filon , et les affleurements subissent
l'action des agents atmosphériques.
Dans la théorie des formations ncptu-
niennes , Dumont considère les forma-
tions généraks, locales et indépendantes;
il montre avec quelle lenteur elles se
produisent, à quels bouleversements
( * ) Fay^ p. 839 et suiv. — Ch. Horion,
André Ihàmoni et ta philo», de la nature
[Presse Scientifique des Deux- Mondes, t. 1;
%• (Sdit. Liège, Garmaniie, i866, in-S»).
(*) Bult. de t Académie, t. XIX,
{ ' ) Celle élude se rattache de près aux
expériences lenléesde nos jours pour imiter
arlificieUemenl Las fllona métalliques (Y.
l'ouvrage de M. Gurll, Irad. par M. D9-
walque).
249
DUM
250
elles sont exposées, tire des inductions
aussi bien des soulèvements brusques
que (les soulèvements lents, puis discute
tour à tour la valeur du caractère roîné-
ralogique et du caractère paléontolo-
gîque. Cesi sur ce dernier point, nous
le savons, que son système a été prin-
cipalement mis en cause; mais c*est
aussi sur ce point que ses argumenta-
tions sont particulièrement pressantes.
Il était singulièrement frappé de Thy-
pothèse de M. de Boucheporn,que Taxe
de la terre aurait changé de position
à chaque révolution géologique ; de là
des changements brusques de climat,
des races détruites, le développement
des êtres organisés recommençant dans
des conditions nouvelles ; et Ton com-
prendrait parfaitement, par exemple,
que des êtres équatoriaux se trouvassent
dans des formations postérieures à d'an-
tres formations renfermant des êtres
polaires. Nous ne pouvons insister : Il
suffit ici d'indiquer la place que Dumont
occupe dans rhistoire de la science.
Voici, par ordre de dates, la liste de
ses travaux scientifiques ( * ) :
A. OUVRAGES IMPRIMi^S.
i° Mémoire sur la constitution géolo^
giquc de la province de Liège, Bruxelles,
Hayez, 1852, in-i*" de Yl, 574 p. et 5
pi. coloriées (tableaux des terrains,
coupes systématiques des terrains pri-
mordiaux. Carte géologique de la pro-
vince).
Ouvrage couronné par l*Acad. roy. de
Belgique, inséré dans le t. VIII de ses Mé-
moires, et honoré en ^1840, il Londres, de la
Médaille d'or de Wollaston. V. le UuU, delà
Soc. géot, de France, 1834, t. V, p. â8S et
sulv. (art. de M. Boue;.
^ Aperçu géologique et minéralogique
de la province de Liège. — Tableau de
r élévation du sol de la province au-dessus
de VOcéan. — Tableau méthodique des
eêpèces minérales de la prov. de Liège.
Notes fournies à H. Pb. Van der Maelen
pour son Diet, géogr, de la pror. de Liège
(p. 4-46).
Z*" Coupe de^ terrains primordiaux de
lu Belgique^ de Fumay à Gembloux,
présentant Tes quatre systèmes anthra-
xifères établis par H. Dumont ("Bull, de
la Soc. géol. de France, 1855, t. VI, p.
547, pi.).
4® yàtice sur la structure des cônes
volcaniques de VEifel (Bull, de TAcad.
roy. de Belgique, t. I, 1856, p. \ 85).
5° Tableaux analytiques desminéraux
et des roches. Bruxelles, in-4'' de 95
p. (Nouv. Mém- de TÂcad. roy. db
Belgique, t. XIl, 1859).
Remis dans le commerce en 4857 sons la
rubrique Liège, F. Renard.
6° Notice sur une nouvelle espèce de
phosphate ferrique (Bull, id., i. V, 4858,
p. 295).
7^ Mémoire sur les terraifis triasique
et jurassiifue de la province de Luxem-
bourg (Nouv. Mém. id., t. XV, 1842,
56 p.).
8^ Mémoire sur les terrains ardennais
et rhénan de VArdenne, du Rhin, du
Brabant et du Condroz. Bruxelles, Hayez,
1848, in-4'' de 645 p.
Ce mémoire, inséré d'abord dans les iifém.
deVAcad. (t. XXU et XXUi, 4847-4848), a
partagé le prix quinquennal des sciences,
pour la période 4 847 -4 8S4, avec les travaux
de HH. de Koninck et van Reneden(Arr. roy.
du 34 décembre 48M). — Deux chapitres en
ont été publiés séparément, avec une pagi-
nation particulière : Coupe des terrains pri-
maires de la vallée du Rhin. Rrux., Hayex,
4848, in-4o de 49 p.; Coupe des terrains pri-
maires de la vallée de la Meuse^ faits avec
les élèves de l'Ecole des mines de Liège en
4847. Ib., 4848, in-4o de iO p.
9^ Sur la valeur du caractère palèon-
tologique en géologie (Bull, de TAcad.,
t. XIV i\ 1847, p. 29«).
Réponse de M. de Koninck, sous le même
titre, t. XIV 2», p 63; réplique de Dumont,
ib., p. 44â; nouvelles observations de M.
de Koninck, i6., p. 349 ; note de Dumont et
fin du débat, ibid.
10° Coup d*œil sur la constitution
géologique de la Belgique (Art. de 14 p.,
dans le Manuel de Chimie agricole de
Johnston. Bruxelles, 1850, in-12).
11° Note sur une application de la
géologie à la recherche d'eaux souter-
(* ) D'après MM. Fayn et M. CapiUine.
281
DUM
2S2
raines (Bull, acad., t XVlil i«, 185i,
p. 47).
12^ Note sur la position géologique de
Pargile rupélienne et sur le synchro-
nisme desi formations tertiaires de la
Belgiqm^ de r Angleterre et du Nord de
la France (Ib. t. XVIIl 2°, 1851, p.
179).
15" Tableau des terrains de la Bel-
gique rangés dans Vordre de superposi-
tion. — Tableau des minéraux et des
roches qu'ils renferment, classés métho-
diquement. — [ndicatiùtt sommaire du
gisement des minéraux et des roches et
de leurs principaux usages.
Travail demandé par la Comm. de statis«
tique de la prov. de Liège et inséré dans
YExpo^é de la situation du royaume de
Belgique (18H-1860). Réimprimé vers 1859
sous le titre : Coup éœil sur le gisement et
tes principaux usages des minéraux et des
roches de la Belgique (Bruxelles, s. d.), gr.
in-4o de 12 p. à S col.
14® Note snr la découverte d'une cou-
che aquifère à la station de Hasselt
(Bull, acad., t. XVIIl, 2^ 1851, p.
505).
15* Coupe du puits artésien de Has-
selt (Ibid., t. XÏX \\ 1852, p. 29).
16® Note sur la division des teirains
en trois classes, d'après leur formation,
et sur remploi du mot geysérien pour
désigner la troisième de ces classes
(Ibid., t. XIX 2°, p. 18).
17® Observations sur la constitution
géologique des terrains tertiaires de
l'Angleterre, comparés à ceux de la
Belgique, faites en octobre 1851. (Ib.,
p. 544).
18® Note sur Femploi des caractères
géométriques résultant des mouvements
lents du sol, pour établir le synchronisme
des formations géologiques. (Ibid., p.
514).
19° Coupes des terrains tertiaires de
V Angleterre. (Ib.. t. XIX 3®, 1852,
p. 335).
20® Neuf rapports sur la Carte géo-
logique de la Belgique (1856-1849). •—
Dans les Bull, de VAcad. roy. de Bel-
gique.
Arrêté royal du 31 mai 1836, confiant à
Dumont Texécation de la carte géologique
des provinces de Liège, de Namur , de Rai-
nant et de Luxembourg. (T. III, 1836, p.
234). — Rapport sur l'état des travaux de
celte carte, avec le plan figuratif du massif
schisteux des Àrdenne* et ta coupe des ter-
rains primordiaux de Hervé à Gerotstein,
(ib., p. 330). — Arr. royal du 25 sept.
1837, confiant à Dwnont l'exécution de la
carte géologique des prov. de Brabant,d*An-
vers, des Flandres et du Limbourg. (T. IV,
1838, p. 373). — 2« rapport. (Ib., p. 461).
— 3« rapport, avec une carte indiquant re-
tendue géographique du dépôt moderne de
Flandre et les limites de la Belgique an-
cienne (t. V, 1838, p. 634). — 4« rapport,
avec la Cane géologique des environs de
Bruxelles (t. VI 2«, 1839, p. 464). — 5«
rapport, avec la Carte géol. des environs de
Louvain (t. VU 2®, 1840 . — 6» rapport
(t. VIII 20, ^841, p. 197). — 7* rapport
(verbal) (t. XIII 1», 1846, p. 517). — 8®
rapport (t. XV 2o, 1848, p. 683). — Rap-
port sur le degré d'avancement de la carte
géologique du royaume, adressé au Gouver-
nement parM.d'Omaliusd'llalloy (t. XVI i^,
1849, p. 310). — 9« rapport (t. XVI 2o.
1849, p. 3). — Rapport sur la Carte géol.
de la Belgique par H. d'Omalius d'Halloy.
(Ibid., p. 542).
21® Communications à la Société géo>
logique de France : a. Le 1*' rapport
mentionné n® 20; b. le n® 6; c. le n®
9, avec une réfulalion par M. de Ver-
neuil (2® série, t. IV, 1847, p. 590);
d. Note sur les terrains geysériens (t. XI,
1854, p. 715); e. Lettre accompagnant
renvoi de la Carte géol. de la Belgique
et des contrées voisines (ibid., p. 480> ;
f. Obs. présentées par M. Dumont pen-
dant la réunion extraord. de la Soc,
géol. à Paris (t. XII, 1855, p. 1275,
1277, 1278, 1294, 1298 et 1536).
22® Rapports sur différents mémoires
scientifiques présentés à TAcadémie
royaledeBelgique(fiii//.,l.VIlI, X, XV
et XVIl).
23® Réouverture solennelle de^ cours
de l'UniversUé de Liège (1856-1857).
Rapport, programme des cours, etc.
Liège, Desoer, in-8®.
Le discours rectoral est resté inédit (v.
ci -dessus;.
24® De retendue et de la forme des
divers bassins hydrographiques de la
Belgique (inédit).
253
DUM
3S4
B. Manuscrits (acquis par le Gou-
vernennent et déposés à la bibliothèque
de Liège).
25"* Carnets de voyage (8 vol. reliés
et 4 liasses en feuilles détachées).
1&* Partie descriptive de la Carte
géoL de la Belgique , feuillets détachés
réunis en liasses et intitulés : Descrip-
tion générale des couches du système
infra-landénien. — Descr. des roches
de la Flandre occidentale. — Descr.
physique des collines d'Ypres. — Ter-
rain crétacé. — Descr. du système
landénien inférieur. — Massifs entre
TEscaut et la Dandre; détails locaux.
— Rive droite de la Sambre. — Rive
droite de la Dyle ; craie. — Système
.sénonien ; rive gauche de la Meuse. —
Massif du LImbourg. — Système rupé-
lien ; massif de la Campine. — Syst.
aachénien. — Syst. quartzo-schisteux
inférieur. — Terrain anlhr.ixifère du
Brabant. — Fossiles tertiaires de la
Belgique.— Généralités descriptives des
terrains crétacés d'Angleterre. — Coupe
des terrains crétacés. — Descr. des
terrains tertiaires des pays étrangers.
— Terrain quaternaire et moderne. —
Vallées et failles. — Terrains tertiaires
de la Belgique par localités. — Coupe
des terrains ardennais et rhénan. —
Fossiles du terrain houiller.
27"^ Dumont a figuré sur la liste des
collaborateurs de la Revue universelle
publiée par M. de Cuyper ; il venait de
mourir lorsque parut la première li-
vraison de ce recueil, où Ton trouve,
au lien des études qu'il se proposait
d*y faire insérer, une notice sur sa vie
et ses travaux.
C. Cautes.
28^ Carte géologique de la province
de Liège (v. ci-dessus, n^ 4).
C'est la carie de Ferraris qai a servi de
canevas. Le tracé de Dumoot est irès-net ; la
marche des diverses bandes anthraxifères du
Condroz et la position du bassin houiller de
Liège sont parfaitemeni indiquées.
29'* Carte géologique de la Belgique
et des contrées voisines, représentant les
terrains qui se trouvent au-dessous du
ItHion kesbayen et du sable campinien.
Bruxelles, Vander Maelen, 1849. — 2*
édition, Paris, imprimerie impériale,
4855, une feuille. — V. ci-dessus.
30*' Carte géologique de la Belgique^
exécutée par ordre du Gouvernement
sous les auspices de l'Académie royale
des sciefices, des lettres et des beaux-
arts. Bruxelles, Etablissement géogra-
phique de Vander Maelen , 4855. Neuf
feuilles, à Féchelle de 4/460,000.
Rédaction de la carte lopographiquê de
la Belgique, en 950 feuilles. Relief levé par
M. J.-F. de Keyser.
54<^ Carte géologique de la Belgique,
indiquant les terrains qui se trouvent
au-dessous du limon hesbayen et du
sable campinien, Ibid,, i85G, neuf feuil-
les, échelle de 4/400,000.
Complément de la carte précédente ; elle
représente les terrains dégagés des dépôts
quaternaires. Relief levé par M. J.-F. de
Keyser. Cette carte a figuré manuscrite à
l'Exposition universelle de Paris (4855^.
52° Carte géologique de Spa, Theux
etPepimter. Ibid., 4855; échelle de
4/20,000.
Cette carte, achevée en 4854, a été livrée
au commerce en mai 4855 par M. Gouchon,
libraire à Liège, qui en avait acquis la pro-
priété.
55* Carte géologique de l'Europe. Pa-
ns, imprimerie impériale, septembre
4857, 4 feuilles.
Exposée manuscrite à Paris, en 4855.
Propriété de M. £. Noblet, éditeur k Paris
et à Liège.
54» Carte géologique de la Belgique^
en 250 feuilles, manuscrite.
Déposée à la bibliothèque de TUniversité
de Liège. — V. ci-dessus.
Dumont était membre de TÂcadémie
royale de Belgique (nommé correspon-
dant le 5 avril 4854; membre effectif
le 5 décembre 1850; directeur en 4856);
de la Commission de statistique de la
province de Liège (44 décembre 1846);
membre fondateur de la Société royale
des sciences de Liège; membre de la
Société des sciences, des arts et des
lettres du Hainaut (5 mars 4855);
membre honoraire de la Société cen-
trale d'agriculture de Belgique (5 mai
4854); de la Société libre d^Emulation
de Liège (v. ci-dessus) et de l'Associa-
2S5
DUM
?B6
tion des ingénieurs sortis de l'Ecole de
Liège; membre (185S)et ancien prési-
dent (1855) de la Société géologique
de France; membre de TAcadémie de
Nap1es;de TAcadémie royale des scien-
ces de Turin (6 janvier i859); de la So-
ciété impériale de minéralogie de St-
Pétersbourg (U février 4854) ; de la
Société impériale des naturalistes de
Moscou (48 mars 4854); membre ho-
noraire de la Société géologique de
Londres {24 février 4844), et membre
correspondant de la Société des scien-
ces physiques , chimiques et agricoles
de France (4855).
Nous avons rappelé les principaux
hommages rendus à sa mémoire : ajou-
tons que de son vivant, il reçut non
seulement de ses élèves , au retour de
son grand voyage d'Europe, un beau
portrait en pied dessiné par Schubert,
mais de ses collègues de l'Académie
une réduction de ce portrait, en buste,
gravé par J. Delboête. Un médaillon
en plâtre, représentant Dumont à mi-
corps, a été exécuté en 4857 par M. J.-J.
Halleux. On cite encore un portrait pu-
blié aux Etats-Unis en 4858 , dans un
recueil biographique. L'Annuaire de la
Société d'Emulation de Liège pour 4857
contient (p. 448 et suiv.) un poème
inspiré à M. J.-D. Baze par la carte
géologique de la Belgique; d'autre part,
MM. Springuel, étudiant, et Denis So-
tiau se firent, en mars 4857, dans les
journaux de Liège, les poétiques înter^
prêtes de la douleur publique; J.-D.
Fuss (voir ce nom) consacra une pièce
de vers latins à son illustre et regretté
collègue, enlevé dans la fleur de Fâge ;
la Gazette de Liège, enfin, proposa, dès
le 5 mars, une inscription latine pour
le buste de Dumont. — Les notices
biographiques les plus importantes ont
été citées dans le cours du présent ar-
ticle; celle qui figure dans le Diction*
naire des contemporains de M. Vape-
reau est pleine d'erreurs.
Dreaee (JeAN-HuBERT), né à Cor-
nesse, près de Yerviers, le 2 octobre
4845, mourut k Lfége le 28 juin 4864,
à peine arrivé au but vers lequel avaient
lendu tous les efforts de sa vie labo-
rieuse. Ses parents, eettimabl^ fer-
miers-propriétaires, s'étaient fait un
devoir de ne rien négliger pour lui don-
ner un^ bonne éducation, et il répondit
à leur attente. 11 n'entra cependant
qu'assez tard à l'Ecole industrielle et
littéraire de Verviers ; en revanche, il
y fit de solides études. Immatriculé à
l'Université de Liège en 4856, Il s'y fit
remarquer par son aptitude au travail
et par les qualités originales de son
esprit ('). Très-assidu aux travaux de
la salle d'anatomie, il ne tarda pas à
acquérir, dans l'art des dissections,
cette habileté peu commune qui lai
valut, dans tout le cours de sa carrière,
les éloges enthousiastes des étudiants
placés sous sa direction. Au commen-
cement de 4844, il emporta au concours
la place de prosecteur, qu'il conserva
pendant dix-sept ans. Le 29 septembre
4845, il fut reçu docteur en médecine
avec grande distinction ; le 50 octobre
suivant, M. Van de Weyer le porta sur
la liste des agrégés de l'Université de
Liège. Bien que son mérite fût géné-
ralement reconnu, il eut beaucoup
de peine à conquérir une chaire aca-
démique. Un arrêté ministériel du 7
septembre 4858 lui confia enfin le cours
d'anatomie descriptive et le nomma, en
échange du titre de prosecteur, chef
des travaux anatomiques. Le 6 octobre
4862, il fut promu au grade de profes-
seur extraordinaire.
Dresse possédait à un degré éminent
les deux qualités requises , par excel-
lence , d'un professeur d'anatomie des-
criptive : l'exactitude et la méthode.
Ses élèves appréciaient son zèle et son
inépuisable obligeance : il prenait leurs
succès à cœur et se sentait aussi heu-
reux qu'eux-mêmes, quand ils s'étaient
distingués dans les examens. Il ne se
contentait pas de remplir son devoir ;
il voulait que les élèves de Liège se
fissent remarquer entre tous ceux du
(* ) Noas empruntons les principaux dé-
tails de cette notice aux discours prononcés
sur la tombe de Dresse, notamment au dis-
cours de M. Spring ; nous avons aussi évo-
qué nos souvenirs personnels.
fST
DRE
pajs^ et te résultat fut atteint aussi
longtemps qu1l 8*occupa d*eui. Il leur
donnait régulièrement des répétitions
sur les parties les plus difficiles de
Tanatomie ; îl était leur ami en même
temps que leur conseiller ; il leur
communiquait son ardent amour pour
la science. A leur demande, il flt
pendant quelques années un cours
prité d'anatomie des réglons. Ce zèle
infatigable, cette otialenr de oœur, cette
générosité passionnée, il les portait
jnsqu*à Feialtation dans les autres
sphères de son activité. Dresse avait
débuté dans la pratique civile comme
médecin des pauvres ; jamais mandat
ne fut mieux rempli. On le vit se mul-
tiplier, en I8i9, au chevet des cho-
lériques. C'était un soldat sur le champ
de bataille, Jaloux de combattre au pre-
mier rang. L'Administration commu-
nale lui vota des remerclments, le Gou-
vernement lui décerna une médaille
d'honneur ; mais les bénédictions una-
nimes des malheoreux qu'il avait sou-
lagés furent sa plus l>elle récompense.
Il n'entreprenait rien à demi : nous
ravo«s dit, tout était extrême en loi ;
ajoutons qu'il avait naturellement be-
soin d'expansion : il aimait la vie ex-
térienre, les discussions publiques, l^es
hitéréts de la profession médicale trou-
vèrent en Dresse un vigoureux cham-
pion : il fut un des membres les plus
actifs de l'Association des médecins
de l'arrondissement et de la province
de Liège, ligue constituée pour dé-
fendre la dignité de la proiession (v.
l'art. Sramc) ; son éloquence chaleu-
reuse a laissé des souvenirs durables
aux Congrès médicaux de Bru«elles( ' ).
Il aorait voulu voir le Corps médiciil
prendre une part considérable à la vie
politique, et II finit par prêcher d'exem-
ple, li siégea pendant plusieurs années à
l'Hôtel-de-Ville en qualité de conseiller
communal, et remplit pendant un assez
long intérim les fondions d'écbevin.
Magistrat de la cité, il se préoccupa
tout spécialement des réformes à la-
{*) Dresse fat également on membre
trèà-actif de la Société de mééeeine ée Uéffe,
Il y prit une grande part k la discnssioa qui
fut soulevée, à propos d'un accident arrivé
an chemin de fer de la Vesdre, sur l'ampula-
troduîre dans l'organigation de la cha-
rité publique, au point de vue du ser-
vice médical. Le Bureau de Bienfai-
sance suivit ses conseils et s'en trouva
bien. Il indiqua aussi différentes amé-
liorations â introduire dans le régime
hospitalier ; Il ne lui fut pas donné de
les voir réaliser. Ses idées sociales et
politiques étaient essentiellement pro-
gressistes : sa nature répugnait aux
tempéraments et aux transactions. Il
eut des adversaires, mais pas un en-
nemi, car on le savait sincère et d'une
loyauté 4 toute é()reuve. H était très-
populaire à Liège, surtout dans la bour-
geoisie et dans les 4^lasses ouvrières.
Plusieurs sociétés d'utilifé et d'agré-
ment l'avaient rois à leur tête. Médecin
de la garde civique de Liège depuis
184S, il iîit promu , quelques années
avant sa mort, au grade de chef du corps
de santé de la légion. Dresse a laissé
la réputation d'un professeur distingué,
d'un homme de coeur et d'un citoyen
utile. Il a peu écdt ; nous ne pouvons
citer de lui qu'un certain nombre d'ar-
ticles publiés dans le Journal médical
le Scalpel {*), Lespius caractéristiques
ont été réunis en 4848 en un volume
intitulé :
Intérêts sociaujc. Devoir du Corpn
médical de prendre part à la politique,
aux questions sociales et à l'élaboration
des lois, ou mission sociale du Corps
médical, Liège, Denoêl, 18i8, in-8<».
Ce litre est assez clair. L'ouvrage est
écrit avec feu, et l'on n*y peut méconnaître
l'accent d'une conviction sincère ; mais à
cMé d'idées justes H saines, on y trouve
des exagérations évidentes. L'auteur s'y
peint tout entier : généreux et enthousiaste,
ami du progrès et de la vérité , d'une par-
laite bonne foi, mais voyant le monde d'un
seul c6té et à travers le prisme de sa vive
imagination. Dresse paraît s'être inspiré de
quelques opinions formulées par M. Ltttré.
Les idées qu'il émit en 1848 provoquèrent
une assez curieuse discussion dans les jour-
naux médicanx du pays (Voir le Scalpel,
première année, la Gaiette médknk htlgc,
la PharmaeU belge, etc.).
tion immédiate ou consécutive. V. le Scal-
pel et les Annales de la dite Société.
(*) Nous mentionnerons spéctalement
une notice sur l'emploi du cahwiet dans le
traitement du choléra.
14
289
DUP
S60
Dnpret (ViCTOR-ÀNSELME-GaSTOM),
naquit à Ath le 5 juillet 1807 et mourut
à Gand le 6 mai 4851. Ses parents,
honorables négociants, remarquèrent
ses dispositions précoces et lui firent
donner une éducation libérale. 11 sortit
du Collège à l'âge de 16 ans; ses succès
avaient été si soutenus et si brillants,
que Tadministration athoise lui vota
une récompense extraordinaire. Son
étoile pâlit au contraire à TUniversité
de Gand, où il étudia le droit à partir
de 1825. Il regretta toute sa vie cette
période de relâchement,pendantlaquelle
il n'avait travaillé tout juste que ce qu'il
fallait pour obtenir des grades. Se pro-
posant d'entrer dans la magistrature,
ses études terminées, il se rendit en
Hollande afin de se familiariser avec la
langue néerlandaise, condition sine quâ
non, avant 1830, de l'admissibilité aux
emplois publics. Cette fois son zèle et
son énergie se réveillèrent: au bout de
deux ans, on eût pu se méprendre sur
sa nationalité. La révolution le trouva
secrétaire du parquet à Anvers. Lors
de la réorganisation des tribunaux bel-
ges (16 novembre 1850), il fut envoyé
à Louvain en qualité de substitut du
commissaire du gouvernement. Le 4 oc-
tobre 1852, il obtint le titre de substitut
du procureur du roi près le tribunal de
Gand. Là, il eut l'occasion de traiter
plusieurs questions délicates de droit
civil, et le jugement solide, la rare sa-
gacité dont il donna plus tard des
preuves si remarquables commencèrent
à se révéler dans ses réquisitoires. Le
premier président et le procureur-gé-
néral n'hésitèrent pas à le présenter en
première ligne, en 1834, pour une place
d'avocat-général vacante à la Cour d'ap-
pel de Gand. Mais Dupret avait le grand
défaut d'être trop jeune : moins de vingt-
sept ans 1 11 fut écarté ; en revanche,
trois mois après, le ministre de la justice
lui offrit, comme dédommagement, le
titre de procureur du roi à Courtrai ,
avec promesse d'avancement à la pre-
mière occasion. Conçue dans les termes
les plus flatteurs, cette offre devait être
acceptée. Dupret continiia de se distin-
guer dans ses nouvelles fonctions, si
bien que le Ministre de la justice ,
A. N. J. Ernst (v. ce nom), saisit avec
empressement l'occasion de l'appeler
sur un théâtre plus tavorable au déve-
loppement de ses connaissances juri-
diques. Les Universités de l'État ve-
naient d'être réorganisées par la loi du
27 septembre 1855; le gouvernement
se préoccupait d'y faire entrer des
hommes d'élite. Ancien professeur lui-
même et excellent appréciateur des be-
soins de l'enseignement, Ernst désigna
Dupret à son collègue de l'intérieur.
En vertu d'un arrêté royal du 5 décembre
1855, le chef du parquet de Courtrai
devint professeur ordinaire â la Faculté
de droit de l'Université de Liège, chargé
des cours de droit civil approfondi et
de procédure civile. Par arrêté du 51 du
même mois, le nouveau titulaire, sur
sa demande, fut autorisé à ne conserver
que le cours de droit civil ; alors il se
trouva au comble de ses vœux. Mais
aussi comme il se sentit soutenu par
ses auditeurs, et comme il mérita leurs
applaudissements! Jugement parfait,
esprit clair et méthodique, élocution
sobre et facile, il possédait au plus haut
degré toutes ces qualités; la précision,
la clarté limpide de ses explications
laissaient dans les esprits une impres-
sion profonde et durable : on était sub-
jugué pour ainsi dire. Insensiblement
il élargit le cadre de ses études person-
nelles : il remonta aux origines du Code;
il lut les anciens jurisconsultes français,
notamment le célèbre commentateur de
la coutume de Bretagne, d'Argentré,
dont l'argumentation rigoureuse avait
tant de rapport avec la nature de son
esprit, et ses leçons se ressentirent de
cesrechercheshisioriqucs,utiliséesavec
discernement ('). La réputation de
Dupret s'étendit bientôt au-delà du
cercle universitaire. Avocats et magis-
trats prirent l'habitude de le consulter
sur les questions les plus ardues , et
jamais on ne fit vainement appel à ses
lumières. 11 se faisait un strict devoir
(*) Nous empruntons ces appréciations ,
ainsi que l'analyse des écrits de Dupret , k
la notice biographique tue par M. Nypels au
Conseil académique, le 12 janvier 1852.
Nous n'aurions pu puiser h meilleure source.
261
DUP
262
de ces travaux non obligatoires, et « la
seule pensée d*être utile suffisait à son
désintéressement ( * )». Aussi s'attira-t-ii
Testime générale, en même temps que
raffection de ses collègues, qui connais-
saient d'ailleurs, non seulement son
dévouement à la science, mais sa bonté
et sa sensibilité exquise. Le chef d'un
établissement libre fit des démarches
pour rengager, par des offres sédui-
santes, à transporter dans une autre
ville ses talents et ses connaissances.
Le Conseil académique s'émut (*) et
chargea une députation spéciale d'en-
gager le Ministre de Tintérieur à faire le
possible , pour conserver à FUniversité
de Liège un professeur dont la présence
honorait cette institution. Le gouverne-
ment éleva au nuunmum le traitement •
de Dupret et lui décerna la croix de
Tordre Léopold (2 août et 28 sept. 1 843) .
Dupret fut encore tenté deux fois: deux
fois ses concitoyens du Hainaut lui of-
frirent un mandat à la Chambre des
représentants ; deux fois il refusa, par
attachement pour TUniversité autant
que par modestie. A peine âgé de 38
ans, il était arrivé à Tune des positions
les plus élevées qu'un fonctionnaire pu-
blic puisse ambitionner. Tout lui sou-
riait, et la fortune semblait lui promettre
ses faveurs pour un grand nombre
d'années encore. Sa vie austère et pure
s'écoulait paisible et studieuse; hélas !
il lui manquait la force d'âme qui seule
pouvait l'aider à triompher d'épreuves
inattendues. Des chagrins domestiques
réveillèrent une ancienne maladie ner-
veuse qui se manifesta, dès le principe,
parlessymptùmes les plus alarmants (').
On l'envoya successivement à Gram-
mont, â Ostende, à Bruges; tous les
modes de traitement furent essayés en
vain : la cause du mal n'était point phy-
sique. Il finit par se retirer chez son
frère Emmanuel, â Tongres-St-Martin,
le corps épuisé, mais l'intelligence in-
tacte... Tout d'un coup des symptômes
extrêmement inquiétants se manifestè-
rent; les hommes de l'art déclarèrent
que le régime sévère et régulier d'une
maison de santé lui était devenu indis-
pensable. On choisit l'établissement
dirigé par le docteur Guislain, à Gand :
son collègue Lefebvre, professeur à la
Faculté de droit de cette ville, vint le
prendre à Tongres-St-Martin ; six jours
plus tard, M. Mypels, à qui nous sommes
redevables des détails qui précèdent,
recevait la nouvelle de sa mort.... Une
des dernières pensées de Dupret avait
été pour l'Université de Liège; il avait
ajouté à son testament un codicille pour
lui léguer son beau portrait peint par
Vieillevoye, â condition qu'on le plaçât
dans une salle de la bibliothèque. —
Dupret remplit les fonctions de recteur
pendant 1 année académique 184i-i8i2.
— On connaît de lui les travaux sui-
vants :
I. Manuscnts,
i"" hefi Réquisitoires , connus seule-
ment par le souvenir qu'ifs ont laissé
au tribunal de Gand. Qu'il suffise de
dire que ses conclusions furent cons-
tamment sanctionnées par la Chambré
civile, et que la Cour d'appel lui donna
raison, dans les deux seules circons-
tances où le tribunal crut devoir adop-
ter un avis différent du sien.
2° Des Cahiers, c'est-à-dire le Cours
de droit civil approfondi, fait â l'Univer-
sité de Liège de 1835 â 4868. Ils em-
brassent tout le Code, sauf les articles
4832 â 209i. Dupret vérifiait chaque
année une partie de son cours. Ce sont
ces parties ainsi retravaillées qui, seu-
les, peuvent être considérées comme
entièrement achevées (les commentaires
des deux premiers livres du Code, et les
commentaires sur les titres des succès-
sions, des donations et testaments, du
contrat de mariage, de la vente et du
louage). On doit y voir l'œuvre capitale
de l'auteur. Quoique restés manuscrits,
ces cahiers sont invoqués fréquemment
devant les tribunaux. La publication en
serait très-désirable.
II. Travaux imprimés.
ô*^ De la déclaration de bâtardise des
enfants de l'épouse dans le cas d'ab-
sence du mari (Revue du droit français
et étranger, publiée ù Paris par MM.
(*) NypeU, p. 40.
(■ ) Procès^verbal de la séance du M jaillet
4843.
(*) Nypels, p. 2S.
263
DUP
264
Foeîis, Valette et Duvergier, 1. 1, p. 725
à 755, et Revue des revues du droit, pu-
bliée à Bruxelles, t. VIII, p. i et suiv.).
Lorsque leofant dont on Tent Caire déclarer
la bâtardise élait conçu au moment de la dis-
parition ou des dernières nouvelles du mari,
sa légitimité doit être combattue par l'action
en désaveu , parce qu'alors l'enfant est pro-
tégé par la règle : Paier ii est, quem nuptiœ
demouttrant. Lors , an contraire , que la
conception de l'enfant est postérieure a la
disparition ou aux dernières nouvelles du
mari, cet enfant ne peut invoquer la règle :
Pater it ett, etc., et par conséquent on peut
agir contre lui par la contestation de légiti-
mité proprement dite. — Mais qui peut
exercer l'action en désaveu ? Ici Du prêt
8*écarte de l'opinion commune , et soutient
que l'action n'appartient ni à l'envoyé en
possession provisoire, ni à l'envoyé en pos-
session définitive. Cette action, d'après lui,
est tout-à-fait personnelle (peraonnalissime)
au mari et non transmissible aux héritiers.
Pour ce motif , il dénie également l'action
en désaveu au tuteur d'un mari interdit.
Cette dernière partie de la solution est-elle
incontestable? (V. Dalioz, Rec, périod. 1844,
i, 455).
4* En droit français , le tiers délen-
teur a-t-il Texception cedendarum ac-
timum, c'est-à-dire, est-il libéré de
Faction hypothécaire, lorsque le créan-
cier a rendu impossible sa subrogation
aux droits hypothécaires qu'il avait sur
d'autres immeubles pour sûreté de la
même créance? (Rev. du droit français,
etc., t. il, p. 401 à 416, et p. 505 à
528; et Rev, des revues de droit, t. VI 11,
p. 169).
Dissertation d'un grand intérêt pratique.
Dumoulin, et après lui Loyseau et Poihier
accordaient au tiers détenteur le môme droit
qu'au fidéjusseur. En présence du silence du
Code civil, les modernes ont généralement
adopté la théorie de Dumoulin. Du prêt
prouve à l'évidence qu'elle est inadmissible,
et se fonde principalement sur ce principe,
que la possibilité de la subrogation n'en-
traîne pas nécessairement l'existence de
l'exception cedendarum actionum. Et, en
efl'et, la subrogation et l'obligation de con-
server ce qui a été conféré par subrogation
sont deux choses fort différentes. — La
Cour de cassation de France, convaincue
par la force des arguments de Dupret, a
changé sa jurisprudence sur ce point (De
Villeneuve, 4847, 1,86.— Dalioz, i847,
i , 5). — La dissertation de Dupret est aussi
remarquable au point de vue de l'érudition
historique qu'au point de vue de la vigueur
du raisonnement.
5^ De la modification des servitudes
par la prescription. — Interprétation
de Tart. 708 du Code civil {Revue du
droit français, etc., t. III, p. 8(7à84i,
et Revue des revues de droit, t. X, p.
32).
La doctrine admet généralement les solu-
tions suivantes: I*» Si le propriétaire du
fonds dominant a joui, pendant trente ans,
d'un droit plus étendu que ne le comportait
son titre, il a acquis l'extension, pourvu
qu'il ne s'agisse que d'une servitude continue
et apparente ; mais non, s'il s'agit d'une ser>
vitude discontinue ou non apparente ; 2° Si
l'on a exercé le droit d'une manière restreinte,
la servitude, quelle qu'elle soit, sera réduite
par la prescription; 3° Enfin, lorsque la
servitude dont on a usé pendant trente ans
diffère du droit concédé, par le lieu ou par
le temps de son exercice, on décide, dans
tous les cas, que le droit primitif est éteint,
et que le droit concédé est acquis s'il constitue
une servitude continue et apparente. — Du-
pret accorde le premier point, mais trouve
trop absolue la solution des deux autres.
Elles ont le tort, à ses yeux, d'isoler complè-
tement la possession du titre. Pour que la
possession puisse modifier le droit, dit-il, il
faut qu'il soit certain que cette possession
n'est pas conforme au droit ; car, si elle est
de nature à pouvoir s'accorder avec le titre,
il ne peut être question ni de prescription
acquisitive» ni de prescription extinctive.
Ainsi, en ce qui concerne la restriction de
ta servitude, le droit sera conservé dans son
entier, malgré l'usage restreint, toutes les
fois que la possession s'accordant avec le
titre, l'exercice du droit n'aura trouvé des
limites que dans la volonté, les besoins ou
les convenances du propriétaire dominant.
Le droit, au contraire ysem restreint, lorsque
la possession prendra des caracières qui
devront la faire envisager comme ayant été
réglée par un droit moindre que le droit
établi. ]\ n'y a plus dèslors à résoudre qu'une
question do fait, laquelle doit être appréciée
par le juge. — Môme conclusion dans la
troisième hypothèse mentionnée ci-dessus.
Le juge aura à examiner si l'assignation de
temps ou de lieu a été un des éléments con-
stitutifs de la servitude, ou seulement un
pacte accessoire pour en régler l'exercice.
Dans le premier cas, l'exercice de la ser\'i-
tude avec une autre assignation pourra
éteindre le droit primitif, et l'assignation
nouvelle faire acquérir un nouveau droit s'il
s'agit d'une servitude prescriptible. Quand
la servitude est imprescriptible, l'assignation
26S
ERN
266
nouvelle ne peut donner naissance à un nou-
veau droit, et conséquemroent la servitude
est éteinte. Dans le second cas, c'est-ài-dire
lorsque Tassignation de lieu ou de temps n'a
élé stipulée que pour régler le mode d'exer-
cice de la servitude, le changement d'exercice
n'influe pas nécessairement sur l'existence
du droit de servitude en lui-même.
6^ Note sur le sens des mots : par
amtribution avec les héritiers naturels^
dans l*art. 1015 du Code civil (Revue
du droit fr., t. Il, p 881 à888, et Rev,
des revues du droit, t. IX, p. 211).
Contre l'interprétation de M. Duranton. —
Ce dernier jurisconsulte, sans avoir connais-
sance de l'opinion de Du prêt, est revenu
spontanément sur sa première thèse, et s'est
trouvé pleinement d'accord avec le professeur
de Liège, dans la nouvelle édition de son
Cours de droit civit,
V Analyse de la première partie du
Traité des privilèges et des hypothèques
de M. Valette, professeur à TEcole de
droit de Paris (Revue du droit fr.^ etc.,
t. IV, p. 59 à 68).
C'est le dernier travail imprimé de Dupret.
8*^ Dor4iments divers, relatifs à Tins-
truction publique, etc.
a) Mémoire adressé au roi, par le
Conseil académique de l'Université de
Liège (6 avril 1858), à l'occasion du
projet de loi sur les pensions, présenté
à la Chambre des représentants pendant
lasession de 1857-1858.
(MËuvre d'une Commission dont Dupret
faisait partie.
b) Note sur la question relative A ren-
seignement du droit civil élémentaire et
du droit civil approfondi (Documents de
la Chambre des représentants. Session
de 1841-1842. Annexe au Rapport de
la section centrale sur le projet de révi-
sion de la loi du 27 septembre 1855).
c) Rapport à M. le Ministre de Tln-
lérieur sur renseignement du droit civU
à V Ecole de droit de Paris (Annales des
Universités de Belgique, t. III, p. 1087-
1110).
Rédigé à la suite d'une mission oflicielle
confiée k Dupret en 1845. L'auteur se préoc-
cupe incidemment de la ligne de démarcation
à établir entre l'enseignement élémentaire
et renseignement approfondi du droit civil.
M. Nypels, dans la notice qu'il a consacrée
à Dupret, relève avec raison le mérite peu
ordinaire du style de son ancien collègue et
ami. « Il est impossible, dit-il, d'exprimer
> sa pensée avec plus de netteté et de préci-
> sion. C'est le style à la fois simple et élé-
» gant, dont Pothier et Touiller sont les plus
» parfaits modèles parmi les juriscensuUes
» français. »
Ki«n»t (Jean-Gérard-Joseph) na-
quit à Aubel, province de Liège, le 12
octobre 1782, et mourut à Louvain le
6 octobre 1842. Il était parent du cé-
lèbre curé d*Afden (*) et Tainé de quatre
frères (*) dont deux se distinguèrent,
comme lui, dans renseignement du
droit, à Liège et à Louvain (v. les art.
Ant.-N.-J. et Lambert Ernst). Ernst
a^fi^ commença ses études préparatoires
à Tabbaye de Sainte-Croix et les ache-
va à Aix-la-Chapelle (*). L^ancienne
Aima Mater de Louvain avait disparu
(*) Simon-Pierre Ernst, chanoine régu-
lier et professeur en théologie à l'abbaye de
Rolduc (Herzogenrath) , puis curé d*Afden
(vers 1757), près d'Aix-la-Chapelle, a mérité
une place dans toutes les liiographies uni-
rersetles. On lui doit un grand nombre d'ou-
vrages estimés, entre autres le Tableau histo-
rique des suffragants de Liège iiSQS)^ VHis-
toiredu Lim^our^/, éditée par M. Ed.Lavalleye
(v.cenom),7 V. in-8o« plusieurs chronologies
historiques dans le t. III de l'Art de vérifier
les datêJi, des brochures sur le Serment et
une apologie du nouveau Catéchisme publié
par ordre de Bonaparte (v. Barbier, Exa-
men critique et complément des dict, histo-
riques , et Becdelièvre , Biogr, liégeoise ,
t. II, p. 665-670).— S.-P. Ernst fut nommé,
en 1814, membre de l'Institut des, Pays-
Bas; il mourut le 11 décembre 18Ï7, ftgé
de 73 ans. Après la révolution, il était de-
venu propriétaire des bâtiments de l'abbaye
de Rolduc ; il en disposa en faveur de Tévè-
ché de Liège, à condition qu'on y établit un
petit séminaire. Sa riche bibliothèque fut
léguée au grand séminaire du mémo diocèse.
( * ) Ulric Ernst, qui se place entre Gé-
rard et Antoine, se retira au pays natal et
mourut notaire à Montzen. Il avait fait de
bonnes éludes juridiques k l'Ecole de droit
de Bruxelles, oii il fut reçu docteur en 1817.
Sa thèse de droit romain roule sur Cemphy-
théose; sa thèse de droit civil, sur la recon-
naissance des enfants naturels.
(*) Nous empruntons ces détails et pla-
267
ERN
268
au milieu de la tourmente révolution-
naire : c'est à Liège , sous la direction
de l'avocat Jean-Hubert- Vincent (*),
qu'il acquit ses premières connaissan-
ces juridiques. Survinrent la loi du 22
ventôse au XII , qui institua des écoles
de droit à Paris, Dijon, Turin, Gre-
noble, Àix, Toulouse, Poitiers,Rennes,
Caen, Bruxelles, Coblence et Stras-
bourg, et le décret (daté de Mayence,
le 4« complémentaire de la même an-
née) qui en régla Torganisation. L'E-
cole de droit de Bruxelles ayant été
solennellement installée le 25 mars
iSOG, Ernst fut un des premiers à s'y
faire inscrire (*). Il prit le grade de
bachelier le 9 mars 1807 et celui de
licencié le 21 avril suivant, après avoir
soutenu , conformément à l'art. 48 du
décret organique précité, un acte pu-
blic sur le droit romain {qui potiore*
in pignore vel kypotfieca habeantur, et
de his qui in priorum creditorum loco
9ucceduttt), sur le droit civil français
(sur la loi du i5 floréal an XI : (te to
portion des biens disponibles) et sur dif-
férentes positions du Code de procé-
dure civile. Le 22 janvier i8i0, sur la
demande du doyen de la Faculté , il fut
autorisé par Fontanes (grand-maître
de l'Université) à remplacer, comme
professeur suppléant, Maurissens, qui
venait de quitter l'enseignement pour
la magistrature ('). Le ii juin 1810,
ftiears autres à Télogede J.-G.-J. Ernst par
le chanoine de Ram, recteur de l'Cniversilé
d* Louvain(Louv., 1849, in-S») ; mais la pré-
sente notice a été rédigée, pour la plus grande
partie, d'après des documents authentiques
mis gracieusement à notre disposition par
M. Tavocat-général Ernst, fils de l'hono-
rable professeur
( * ) Premier de Louvain^ en philosophie,
le 19 août 1783, ensuite Ucencié en droit
civil et en droit canon, Vincent était venu
s'établir à Liège, où il jouissait d'une consi-
dération méritée comme avocat et comme
jurisconsulte.
(*) L'enseignement y était confié à cinq
professeurs {Taru, substitut du procureur-
général à la Cour de Bruxelles; vanGobbels-
chroy, doyen, ancien professeur en droit à
Louvain ; van Hoogien, qui avait été insti-
tuteur de l'archiduc Charles d'Autriche;
CahuaCf ci-devant professeur à l'Université
de Douai ; Jacquetart, ancien titulaire d'une
chaire de droit romain à Louvain) et deux
suppléants [Mauristens et Heuschting, éga-
lement venus de Louvain). Van Bavière rem-
plissait les fonctions de secrétaire-général
de l'Ecole. — V. le Manuel dei étudiants
en droit de Bruxellet^ par Ign. Timmer-
mans, appariteur. Bruxelles, 1813, in-iS*.
( ' ) Charles-Lambert Maurissens ou plutôt
de Maurissens (il avait émigré et brûlé ses
titres par prudence avant de repasser la
frontière), né à Namur en 172K), avait ensei-
gné le droit romain dès 17$3, en qualité de
professeur agrégé, à l'Université de Lou-
vain. C'est en cette ville qu'il fit imprimer,
en 1789, ses Recitationes in L libros Diges-
torum (5 vol. in-S^I et ses Questiones juris
romani tam in IV institutionum librox ,
quam in praseipuos Digestorum litulos, ou-
vrages qui furent longtemps populaires par-
mi les étudiants en droit. A la révolution
brabançonne , il dut quitter l'Université ,
avec ceux de ses collègues qui avaient ad-
héré à la rénovation décrétée par Joseph II.
En 1791, il fut nommé auditeur à la cour
des comptes. L'invasion française le ramena
dans sa ville natale, d'où il vint à Liège,
lors de la restauration, envoyé par le prince
de Mettemich pour sonder l'opinion publique
sur la réunion éventuelle de Liège à la Bel-
gique. La |)olilique changea ; la seconde in-
vasion française le força de prendre le che-
min de l'exil. Il n'attendit pas sa radiation
de la liste des émigrés pour rentrer à Na-
mur (1800;, où le jury d'instruction du dépar-
tement le chargea d'un cours de droit. C'est
de là qu'il passa en 1806 à Bruxelles. En
1809, il devint juge au tribunal de cette
ville et fut presque en même temps nommé
membre du jury de concours, pour les leçons
qui viendraient à vaquer aux écoles de droit
de Bruxelles, de Coblence et de Strasbourg.
Il fut plusieurs fois présenté à la Cour pour
la place de conseiller : mais on connaissait
trop son attachement pour la maison d'Au-
triche, avec laquelle la France était en guerre.
En 1815, le roi des Pays-Bas le nomma
maître des requêtes à la Chambre des
comptes de Bruxelles ; mais cette charge fut
supprimée avant qu'il y entrât. Il fut plus
tard question de l'envoyer à la Cour supé-
rieure : Tàge était venu , et avec l'âge les
infirmités ; de Maurissens obtint sa pen-
sion en 18^2 et se relira dans sa propriété
de Pellenberg, près de Louvain, encore habi-
tée par ses neveux. Il mourut à BruxeUes
en 1832 , âgé de 82 ans. C'était un grand
travailleur et un homme austère. Nous lui
avons consacré quelques lignes à cause de
l'influence qu'il exerça sur Ernst, son élève
et son successeur, et parce que ses ou-
vrages ont été en leur temps très-répandus
à Liège.
269
ERN
270
il subit avec ane distinction toute par-
ticalière les dernières épreuves exigées
par la loi : son diplôme de docteur est
daté du 6 juUet suivant. Dans la séance
du 14 juin, le recteur Van Hulttiem et
le doyen Van Gobbelschroy lui adres-
sèrent , Fun en français, Tautre en la-
tin , des allocutions où ils lui promet-
taient le plus brillant avenir : le pro-
cès-verbal de PÂssemblée fut imprimé
par ordre de la Faculté, pour être en-
voyé au grand-maitre (*). Ernst aîné
est le premier docteur en droit qui soit
sorti de TEcole de Bruxelles. A ses
succès comme étudiant, il Joignait déjà,
lors de sa promotion, une réputation
légitimement conquise en chaire , et il
jouissait de l'estime et de Famitié de
ses anciens condisciples, qu'il avait en
toute circonstance aidés de ses conseils
et stimulés par son exemple. On appré-
ciait en lui une rare candeur et une
modestie qui relevait Téclat de son ta-
lent et de son savoir. Une chaire de
Code Napoléon devint vacante en 18H ;
Emst était trop jeune pour prendre
part au concours (il fallait être âgé de
30 ans) ; on lui accorda une dispense
d'âge, mais le concours fut ajourné
jusqu'en 4813 (10 mars). Les épreuves,
selon l'usage, furent écrites et orales :
pour les premières, on déposait dans
l'urne trois séries de questions , dont
Tune était désignée par le sort ; on ti-
rait également au sort les sujets des
leçons (quatre matières différentes).
Ernst obtint la chaire de Code Napo-
léon en remplacement de Cahuac, dé-
cédé le 8 mai 1813. Faveur alors très-
rare, il obtint le 5 juin 4815, du com-
missaire général de l'intérieur, «à raison
des services qu'il rendait à la Faculté
de droit, » un subside destiné à « faci-
liter son remplacement » dans la milice
nationale. Sur ces entrefaites, il avait
décidé sa mère veuve à lui conûer ses
jeunes frères. Tous trois vinrent le re-
joindre à Bruxelles : il leur prodigua
dévouement et affection, surveilla lui-
même leurs études et en un mot se mon-
tra pour eux un second père : ses efforts
furent plus tard noblement récompen-
sés par la manière dont ils tinrent leurs
promesses d'avenir. Ernst aîné ne prit
aucune part aux événements qui ame-
nèrent la création du royaume des
Pays-Bas ; mais bien qu'il restât à
l'écart, le Gouvernement comprit qu'un
mérite tel que le sien ne pouvait être
laissé dans l'ombre. Lorsque les trois
Universités de l'Etat furent créées (de
l'avis d'Ernst, la centralisation eût été
préférable), on lui laissa l'option : il
choisit naturellement Liège, pour se
rapprocher de sa famille. Sa nomina-
tion de professeur ordinaire à la Fa-
culté de droit fut confirmée par arrêté
royal du 3 juin 4847.
Il enseigna le droit civil moderne, le
droit naturel et le droit public. En 4849-
4820, il remplitles fonctions de recteur;
le t. III des Annales de TUniversité
renferme un discours étendu De jure
civili quo hodiè utimur, qu'il prononça
au moment de remettreà son successeur
les faisceaux académiques, le 2 octobre
4820. Ses frères l'avaient suivi à Liège:
deux d'entre eux, ainsi quenousl'avons
dit plus haut, entrèrent tour à tour dans
la Faculté de droit. Il s'était marié en
4848 : entouré de douces affections ,
jouissant d'une réputation brillante, ar-
rivé aune position en rapport avec le mé-
riteetlesaptitudesquil^aractérisaient,
il semblait n'avoir plus rien à désirer
ici-bas, lorsque la mort lui enleva coup
sur coup deux enfants et, plus doulou-
reuse épreuve encore, sa compagne ché-
rie. Sa constitution, déjà affaiblie parle
travail, se trouva vivement ébranlée par
les longues veilles et par le chagrin ;
cependant sa religion lui rendit du cou-
rage : il reporta toute sa tendresse sur
les deux enfants qui lui restaient et se
dévoua plus que jamais â l'accomplis-
sement de ses devoirs et â la pratique
de la charité. Il n'était pas moins re-
commandable comme professeur que
comme homme privé. Nous reviendrons
tout â l'heure sur son enseignement;
qu'il nous suffise de dire, quant à pré-
sent, que son cours de droit civil lut un
de ceux qui contribuèrent le plus à jeter
de l'éclat sur l'Université naissante.
( * ) Acte public de doctorat en droite etc. BroxtUes, MaUly, 4840, in-^ de 40 p.
Î71
ERN
273
Ses premiers audiieuf s avaient éié,iM>ur
la plupart, ses anciens élèves de Brur
xelles : la fidélité des disciples est rbom-
mage le plus flatteur qui puisse être
rendu au talent d'un maître et à ses
qualités sympathiques. Quelques années
s*écoulèrent paisiblement. En 1826 ,
sous le rectorat de M. Van Rees(v. ce
nom). Tordre fut tout d*un coup troublé
à lUniversité par la promulgation d'un
nouveau règlement sur la fréquentation
des cours (v. le discours de M. Nypels).
Le projet de ce règlement, élaboré par
une Commission composée de D. Sau-
veur, Destriveaux et Denzinger, avec le
recteur comme président et Ernst aine
comme secrétaire, fut adopté le 10 dé-
cembre, sauf quelques modifications,
par le Conseil académique. Il y était
stipulé, entre autres, que les examens
auraient lieu désormais^ époquesfixes ;
que les absences seraient constatées
par des appels nominaux (au moins
deux fois par mois) ; que celles qui ne
seraient pas justifiées entraîneraient la
peine de Tadmonition rectorale, etc
Ce document fut traduit en latin par
Van Limburg Brouwer, dans le langage
dur et rebutant delaloi des XII tables( *) ,
puis distribué aux étudiants. Ce fut le
signal d'un violent orage. La jeunesse
d'alors commençait à entrer en efferves-
cence; elle était disposée à regarder
comme tvrannique toute mesure d'auto-
rité; les ferments de l'agitation politique
qui prit trois ans plus tard un caractère
si grave n'étaientpas encore en travail;
mais le gouvernement commençait à
perdre sa popularité, et l'esprit d'op-
position se laisait jour partout où il
trouvait une issue, encore inconscient
du but k poursuivre, mais disposé À
résister énergiquement k toute com-
Îiression. Le Mathieu Laensbergh (v.
'art. Yak Hulst) florissait alors; k en
croire le directeurde la police, ce jour-
nal n'aurait pas été étranger à la surex-
citation qui se manifesta parmi les étu-
diants. On ne cessait de leur répéter,
dîsaix ce fonctionnaire au professeur
Ernst, qu'ils ne devaient pas se laisser
traiter comme des enfants. Quoi qu'il
en soit, le rédacteur de la réclamation
qui fut remise au recteur au nom dBs
âèves était lui-même l'un des corres-
pondants de la feuille en question. Le
recteur promit de convoquer le Sénat,
à condition qu*on s'abstiendrait de tout
désordre. Les étudiants délégués dé-
clarèrent (qu'ils feraient leur possible,
mais ajoutèrent qu'il y avait une cabale
organisée contre Fohmann (v. ce nom),
et qu'ils ne pouvaient répondrede rien.
Le recteur engagea Fohmann à retarder
sa leçon et convoqua le Sénat. Van
Limburff Brouwer et Kinker deman-
dèrent T'abolition pure et simple des
statuts; ils furent seuls de leur avis, et
une nouvelle Commission, composéede
Destriveaux,Comhaire,BronnetBouillé,
eut mission de composer une procla-
mation aux élèves. Rouillé s'abstint
pour raison de santé ; Destriveaux pré-
senta un projet, qui fut accueilli malgré
les protestations des deux adversaires
des statuts. On eut la malencontreuse
idée de TafiElcber, au lieu de le distri-
buer aux élèves. Le matin même, une
autre affiche avait été placardée à l'en-
trée de l'Université ; on y lisait : « Ce
» sont des jeunes gens qu il faut fléchir
» par la fermeté et la ligueur, a dit un
» professeur qui seprétend libéral; qui,
» antagoniste des nouvelles dispositions
» lorsqu'il est en chaire, devient leur
» plus 2^1é défenseur au Sénat. — Dp-
» posez à la fermeté le mépris, l'énergie
» aux rigueurs : voilà. Messieurs, ce
» que l'on attend de vous. » Lorsque
la proclamation des professeurs parut
ad valvas^ de bruyantes clameurs ébran-
lèrent les voûtes du grand corridor.
Ernst aîné venait de donner sa leçon de
droit civil; il rencontra M. Van Rees
et le dissuada de donner la sienne. Le
recteur n'en voulut rien faire : il entra
dans son auditoire, occupé par une
masse d'élèves étrangers à son cours.
Ils le toisèrent et restèrent couverts.
M. Van Rees voulut parler : sa voix fut
étouffée par les frottements des pieds et
par les sifflets. Il sortit sous les huées
et alla retrouver Ernst aîné. La fou)e
se porta ensuite cbezDestriveaax, àqui
( ' ) Nous trouvons cette expression dans
vi) caliiar autographe é'ErAsi aîné, oti sent
minutieusement rapportés tous (es détails d^
cotte afttife.
273
ERN
274
Ton aUnJi>ttait (à tort) les propos relevés
dans Taffiche des insurgés, el chez
Emsi junior. Ces deux professeurs flrent
annoncer qu'ils ajournaient leur leçon,
et se réunirent à leurs collègues pour
délibérer. Il fut convenu que le Sénat
serait convoqué lelendemain, d*urgence.
La conférence terminée, on se sépara.
La place de TUniversité regorgeait
d'étudiants : ils gardèrent le silence,
mais restèrent couverts. Warnkœnig,
qui venaitd*arriver pour donner sa leçon,
Ait seul poursuivi jusqu'à sa demeure :
on le regardait comme Tun df s princi-
paux inspirateurs du règleânent (').
Cependant le gouverneur s'émut et se
plaipit au recteur de n'avoir pas été
informé (*) de ce qui se passait. On
aurait pu lui répondre, dit £rnst aîné,
par les art. 100, i06, i07. 178 el 179
du règiement de 1816; à son avis, tou-
tefois, le Hiieux était de s'expliquer dans
lue audience. L'audience fut accordée;
mais, avant l'heure fixée, arriva un arrêté
suspensif des statuts. Le recteur indi-
gné écnvii au gouverneur que les pro-
fesseurs allaient être mis k la discrétion
des élèves, et que l'audience était inu-
tile. La eontenaoce forcée de certains
professeurs faisait croire, d'autre part,
qu'ils étaient pour quelque chose dans
l'arrêté. Erast aine engagea le recteur
St rester calme et lui demanda la per-
mission de se rendre à Bruxelles, |)our
exposer l'affaire aux autorités supé-
rieures. « Il y va de ma place, dit-il ;
a mais ma santé, mon système nerveux,
• ma sensibilité extrême, duc k des
a éludes inconsidérées et â des acci-
9 dents fâcheux, ne me permettent plus
» de me présenter devant des élèves qui
a ont triomphé par des voies de fait,
«quils renouvelleront quand bon leur
» semblera.» Le recteur déclara qu'il
voulait accompagner son collègue et que
la résolution de celni-ci, en cas de non
réussite, serait également la sienne;
en attendant, le secret devait être gardé.
Le Sénat s'assembla; le recteur posa la
question de savoir u si les Curateurs
» avaient le droit de suspendre provi-
n soirement les statuts, sans avoir en-
0 tendu le Sénat, m Destriveaux demanda
la division ; le vote fut le même sur les
deux points: 9 voix pour l'arrêté, 8
contre, deux abstentions (Gaëde et
Fuss). On décida ensuite que les faits
seraient portés à la connaissance du
Ministre. Ernst aîné intervint active-
ment pour amener une solution sauve-
gardant la dignité rectorale et ménageant
en même temps, de fait, la susceptibilité
des Jeunes gens. On fit droit à quelques
réclamations légitimes de ces derniers,
et de leur côté ils adhérèrent aux sta-
tuts, qui furent officiellement mis en
vigueur, mais avec un caractère provi-
soire : en réalité, on les oublia bientôt.
La conduite d'Ernst dans toute cette
affaire lui valut, non seulement les re-
merciments chaleureux de l'autorité ,
mais une nouvelle nomination de recteur
pour l'année académique 1827-1828.
Son mandat expiré, le ministre Van Gob-
belschroy voulut le prolonger d'une an-
née encore : mais toutes les insistances
échouèrent: le 13 juillet 18âH, Ernst
obtint, non sans peine, d'être déchargé
de sa présidence ('). Le roi des Pays-
Bas le créa, Tannée suivante, chevalier
de l'Ordre du Lion belgique (*). Cette
distinction lui était due à toutes sortes
de titres, non seulement à raison de son
mérite comme professeur, non seule-
ment en souvenir de la sagesse et de la
fermeté qu'il avait déployées dans les
moments difficiles, et de l'influence qu'il
avait eue sur le rétablissement de la
discipline universitaire, mais encore
comme récompense des service^ parti-
culiers qu'il avait rendus à l'instruction
publique en dehors de ses fonctions.
En 1816, il avait fait partie de la Com-
sion instituée pour rendre aux familles
et aux collèges la jouissance des an-
ciennes fondations boursières, détour-
( * ) Ces avanies précipitèrent sa réaolation
4e quitter Liège pour LÔuvaio, bien qu'il al<
I^IbAC d'aetres oiotife (v. l'art. Wabnkoebig).
(* ) CaaMwe président du Collège des Cu-
rateurs.
(*) 11 eat pour suçcfys^eur KûUier(v. ce
nom). — En 1834-1835, Ernst alnë occupa
pour la troisième fois le fauteuil rectoral.
(M 4 juillet 1829.— L'Ordre de Léopold
lui fut offert plus tard : il fU entendre qu'il
Ae croyait pas avoir assez fait, sous le oou-
vaau régime, poar le mériter.
275
ERN
276
nées pendant quelques temps au proflt
des Ecoles centrales. Il s'était acquitté
de sa tâche avec tant de zèle et de
conscience, que le ministre Falck le
supplia, en 1819, d'accepter le titre de
membre d'une nouvelle Commission,
chargée d'aider le Gouvernement dans
la recherche et le rétablissement des
anciennes fondations. Ernst habitait
alors Liège : il n'accepta point; le mi-
nistre lui déclara formellement qu'il
tenait à le conserver, au moins comme
membre correspondant, pour l'exécu-
tion d'une mission dont il ne voulait in-
vestir que des personnes dignes de la
confiance générale par leurprobité, leur
instruction et leur amour pour le bien
public (*). En 1829, un arrêté du 22
février l'avait placé dans la Commission
chargée de rédiger un projet d'organi-
tion de l'instruction moyenne (') : il
supporta à lui seul la plus grande par-
tie du fardeau ('). Plus tard, maintenu
dans ses fonctions professorales par
l'arrêté du 16 décembre 1830, il fit
encore acte de dévouement, malgré sa
mauvaise santé, en acceptant le mandat
de membre de la Commission nommée le
51 août 1831 par le Ministre de Tinté-
rieur ad intérim Teichmann, « pour
discuter le projet d'une loi relative à
l'instruction publique » (*). Le zèle et
les lumières dont il fit preuve dans
l'accomplissement de cette nouvelle
tâche lui valurent la confiance toute
spéciale de M. de Theux, qui lui pro-
posa, en mai 1852, la place de secré-
taire-inspecteur de l'Université, — « un
. surcroit de besogne, » lui écrivait le
Ministre. Ernst aima mieux rester ex-
clusivement occupé de ses cours : Wal-
ter (v. ce nom) fut maintenu jusqu'à la
promulgation de la loi organique de
1855.
Au lieu de s'attacher par un nouveau
lien à l'Université de Liège , Ernst ac-
cepta, le 15 juillet de cette dernière an-
née, la chaire de droit national et de
droit civil approfondi à l'Université de
Louvain, où ses frères Antoine et Lam-
bert allèrent encore une fois le retrouver
plus tard. Cette résolution s'explique
d'un côté par son zèle religieux, de
l'autre par les instances réitérées du
chanoine de Ram, recteur de Louvain
('). Les étudiants de Liège virent avec
déplaisir leur ancien maître les quitter;
M. Lambert Ernst (v. ce nom) faillit su-
bir le contre-coup de leur mécontente-
ment. Ernst aine réussit â Louvain
comme à Liège : ses leçons de droit
civil, toujours préparées avec le plus
grand soin, remarquables surtout par
une logique serrée et par une sagacité
critique peu ordinaire, méritèrent litté-
ralement l'admiration du célèbre juris-
consulte Blondeau , qui voulut l'en-
tendre lors de sa visite à Louvain (*).
Malheureusement le digne professeur
soufi'rait d'une affection grave des pou-
mons, qui s'aggrava tout d'un coup ; il
mourut â peine sexagénaire.
Quelques mots sur son enseignement.
Ernst aine n'appartenait pas à cette
école historique, dont Isi tradition, long-
temps interrompue en France et chez
nous, remonte jusqu'à Cujas, et que les
grands travaux des Savigny, des Hugo
et de tant d'autres illustres représen-
tants de la science allemande ont rendue
de nos jours plus florissante que jamais.
Tandis que Warnkœnig (v. ce nom)
importait à Liège les doctrines et les
méthodes de ses maîtres d'outre-Rhin
(M De Ram, p. 46.
('} Avec le dacd'Ursel, président, C. Le-
hon, L. G. Luzac, M. R. Mctelerkamp, le
baron Rengers, le baro« de Sécus, J. Van
Focrs, P. F. Nicolal et A. L. DugnioUe, se-
crétaire.
(') De Ram, p. 20.
( *) Il eut pour collègues, dans celte Com-
mission, Arnould, Belpaire, Gauchie, Gh. Le-
cocq et M. Quelelet. Le Ministre écrivit à
Ernst, en lui expédiant l'arrêté : < Vous ôles
le premier de ceux qui se sont présentés k
mon esprit. > — Le projet de la Commission
de 4831 a été imprimé par ordre du Gouver-
nement. (Bruxelles, H. Remy, 4832, in-8* de
S06 p.).
{*) c Le Gorps épiscopal attachait l'io-
> térèt le plus vif à pouvoir acquérir, pour
» son Université, un homme si éminemmeat
» distingué par son savoir et par sa piété. »
(De Ram, p. 22).
(*) Blondeau , doyen de la Faculté d«
droit de Paris, était Namurois. Il revenait
volontiers en Belgique , où il comptait beau-
coup d'amis, surtout à Liège (v. la Biogra-
phie nationale, t. II}.
277
ERN
278
Ernst, en droit civil, restait fidèle aux
habitudes de l'école française. Sa ma-
nière se rapprochait de celle de Merlin ;
îl s'attachait essentiellement au texte
du Code, le scrutait dans les moindres
dét;nls et s'appliquait, à force de le ser-
rer de près, à en exprimer pour ainsi
dire la sève. Le cours de droit civil ap-
profondi devait durer plusieurs années :
tous les ans, il en détachait un ou deux
titres ; mais il savait rapporter si heu-
reusement à l'ensemble du système les
sujets spéciaux qu'il traitait, que les élè-
ves auraient pu s'imaginer qu'ils avaient
entendu expliquer tout le Code. L'ex-
posé de certains principes générateurs
et de quelques controverses capitales
trouvait place, par ce procédé, dans
rétude de n'importe quel titre. C'est
en considérant le Code comme un tout
complexe et indivisible, dont un même
souffle pénètre et vivifie tous les or-
ganes, qu'il se distinguait de la plupart
des commentateurs ordinaires. Tandis
que les élèves s'initiaient, dans le cours
de droit civil élémentaire, à la langue
juridique et aux éléments du droit, le
cours approfondi leur montrait c4)m-
ment on applique les principes , leur
apprenait à étudier les questions spé-
ciales, les habituait aux polémiques
savantes : en un mot ils s'y présentaient
les armes à la main ; on les y exerçait
à s'en servir. L'érudition d'Ernst était
peu commune; mais il n'en était point ac-
c*4iblé. Quand il avait réduit une question
controversée à sa plus simple expres-
sion et cité les autoritésqui avalenttraité
la matière, il exprimait en termes lumi-
neux et concis sa propre opinion. Cette
introduction terminée et dictée, il abor-
dait la discussion proprement dite. Son
improvisation était pleine de verve ; sa
parole libre, véhémente, sincère ; sa lo-
gique serrée et impitoyable. 11 ne sa-
vait ménager ni l'éloge ni le blâme.
L'apostrophe, le sarcasme, les saillies
imprévues, les mots heureux, toute
Tartillerie légère du discours étaient
mis en œuvre à certains moments par
l'ardent polémiste (*). Touillier sur-
tout n'était pas ménagé; en général,
du reste, Ernst aimait à se prendre
corps à corps avec les autorités les plus
accréditées. On lui a fait un reproche
de ce rigorisme inflexible qui l'avait
mis, sur un grand nombre de points, en
désaccord complet avec la doctrine et
la jurisprudence. Mais peut- on lui en
vouloir de n'avoir rien accepté sans
contrôle? C'était un homme de théorie,
et comme professeur il devait l'être :
il pesait les autorités au lieu de les
compter ; il voulait la vérité et rien que
la vérité : excellent exemple pour les
avocats, si aisément portés à faire vio-
lence à la loi pour avoir raison quand
même. Les circonstances, d'ailleurs,
avaient contribué à développer l'esprit
militant d'Ernst aîné ; à l'époque où il
débuta dans l'enseignement, le Code
civil venait à peine de paraître ; la Cour
de cassation n'avait encore été saisie
que d'un petit nombre de questions ;
sa jurisprudence était parfois incertaine
et hésitante. « En 1840, la situation était
modifiée sans doute ; mais en 4840 les
opinions d'Ernst étaient formées, et il
eût été absurde d'en attendre ou d'en
exiger le sacrifice » (*)• Ernst fut pour
la Belgique ce que Touillier, Delvin-
court et Merlin furent pour la France :
il déblaya en quelque sorte un sol
vierge. Imbu de l'esprit de Pothier,
pour lequel il professait un profond res-
pect , et d'autre part également versé
dans la science du droit romain et du
droit coutumier, il se sentait sur un ter-
rain solide et il marchait en avant sans
timidité. Quelques-unes de ses théories
paraîtraient surannées aujourd'hui; mais
n'en est-il pas de même de celles de
bon nombre de ses contemporains? En
publiant après sa mort, pendant la mi-
norité de son fils, certains fragments
de son cours, on l'a exposé à être mal
jugé, car on n'a pas rendu la dernière
expression de sa pensée. Chaque fois
{*) Ces appréciations se rapportent au-
tant aux leçons données à Louvain qu'aux
leçons données à Liège. Nous les emprun-
tons partiellement à M. Schoitaert, ancien
élève d'Ernst , qui a bien voulu , k notre in-
tention, consigner par écrit les impressions
qui lui sont restées du cours de son digne
maître.
( * ) Schotlaert, lettre citée.
279
ËRN
380
qu'une matière se représentait dans
son enseignement, il l'étudiait à nou-
veau, comme s'il ne s'en était jamais
occupé : c'est même ce désir sincère de
faire toujours mieux qui l'empêcha jus-
qu'à la un de prêter Toreille à ses amis,
qui rengageaient à mettre au jour ses ex-
cellentes dissertation (*), Bien qu'ayant
certaines idées arrêtées, il progressa
donc avec la science, et il serait injuste
de fonder une appréciation sur d'anciens
cahiers d'élèves. Cependant son exemple
prouve, une fois de plus, que le mieux
est l'ennemi du bien, et que la modestie
doit avoir des limiles. Si Ernst avait
donné une forme définitive aux parties
les plus importantes de son cours, il
resterait de lui un souvenir plus du-
rable que celui de ses qualités person-
nelles. -— Son couis de droit naturel
était très-simple, très-pratique et es-
sentiellement chrétien. Ernst répugnait
aux systèmes des nouveaux philosophes:
sincèrement religieux, il cherchait un
critérium dans la révélation comme
dans l'évidence. Il tenait surtout en dé-
fiance le transcendantalisme allemand ;
il ne le ménageait pas plus qu'en droit
civil il n'épargnait Touiller.
Ernst avait été, à Liège, membre du
Collège électoral, sous le gouvernement
des Pays-Bas ; pendant quelques an-
nées, il siégea au Conseil communal.
A Bruxelles, en i8i6, il avait succédé
au comte de Ficquelmont (nommé com-
mandant de Spa), comme conseiller de
fabrique de l'église SS. Michel et Gu-
dule.
Voici, d'après le chanoine de Ram,
la liste de quelques-uns de ses ou-
vrages, tant imprimés que manuscrits :
i^ Thèses proposées à la discmsiott
publique pour oUenir le grade de li-
cencié en droit, Bruxelles, 1807, 8 p.
in-4^
2® Thèses proposées à la discttssi4)n
publique pour obtenir le grade de doc-
teur en droit, Bruxelles, 1810, 55 p.
in-4^
y* Thèses juris romani , de acqui-
rendà vel amitlendâ hereditat£, quas in
certamine publico , ad obtinendam ca-
thedram juris Napoleontei , aut virarii
munus, quae vacant in Facultate juridicâ
Bruxellensi, public» disceptationi pro-
ponet J.-G.-J. Ernst (iO avril 1813).
Bruxelles, 16 p. in-4*».
4*» Thèses sur les successions irrégu-
Hères, soumises à la discussion pu-
blique du concours, le 22 avril 1813.
/Wrf., 28 p. in-4».
5° De jure civili quo hodiè utimur
(Discours prononcé à Liège, comme rec-
teur sortant). Ann. acad. Leod., vol. III,
1820.
6° Mémoire Ms. (en possession de
M. l'avocat-général Ernst) sur la ques-
tion de savoir si la ville de Liège doit
conserver son Collège. — La réponse est
afiQrmative et justifiée par des raisons
solides. Ce travail remonte sans doute
à l'époque où Ernst siégeait à l'Hôtel-
de-Yille de Liège.
7® Réponse aux questions soumises à
Vexamen de la Commission de révision
des règlements sur rinstruction publique
(20 juin 1828. La Haye, 17 p. in-folio).
Mémoire rédigé au nom du Sénat acadé-
mique de Liège, et signé par Ernst, comme
recteur, et par D. Sauveur, comme secrétaire.
L'enseignement moyen , y est-il dit , doit
préparer exclusivement la jeunesse aux étu-
des universitaires. CeUes-ci ne doivent être
libres que pour les jeunes gens qui ne visent
pas à obtenir des grades. Pour les autres, il
y a lieu d'exiger des cerliflcats de fréquenta-
tion assidue. — La Faculté des sciences est
d'avis que les Ecoles polytechniques doivent
être séparées des IJniversités, etc. ( ' ).
8° TUre XVIII du Code civil (livre
III) ; Des privilèges et hypothèques.
Louvain, in-8°.
Ouvrage posthume, publié d'après an ca-
hier d'élève. C'est une simple ébauche, ré-
digée par Ernst lorsqu'il était malade, et ne
pouvant donner qu'une idée très-imparfaite
de son enseignement et de ses qualités
comme jurisconsulte (v. ci-dessus}.
( * ) Nous avons sous les yeux une cor-
respondance de plusieurs profe.sseurs de
droit, relative à cet objet. M. l'avocat-géné-
ral Ernst possède en copie trois dissertations
de son père : les autres peuvent être consi-
dérées comme perdues en partie
( " ) Autres temps, autres idées.
281
ÈRN
282
9* Dissertations manuscrites, commn-
niquèes par Ernst à ses élèves ( * ), sa-
voir :
a. Sur Vart, 6 du Code civil. — Cet
article est un de ceux qui offrent les
plus grandes difficultés. La plupart des
auteurs se réfugient dans des généra-
lités lorsqu'il faut expliquer les mots
bonnes mœurs,
b. Sur le système du Code relative-
ment aux actions des mineurs. — L'au-
teur passe en revue les actes des mi-
neurs et des tuteurs, et discute les
principales opinions en présence.
c. Sur les obligations divisibles et in-
divisibles. — L'indivisibilité des obli-
gations est une matière extrêmement
difficile , et sur laquelle il y a eu dis-
sentiment , non-seulement parmi les
auteurs anciens, mais aussi parmi les
modernes ; Ernst a rendu le système
du Code si simple et si naturel, qu'on
ne comprend plus ce dissentiment.
d. Sur la résolution expresse et sur
la résolution tacite des contrats.
e. Sur la nullité de la vente de la
chose d'autrui. — Travail non moins
remarquable que les précédents, par la
richesse des principes que l'auteur in-
dique et par la profondeur de ses
vues.
On avait volontiers recours aux lu-
mières d'Ernst, et les notes qu'il don-
nait à ceux qui le consultaient for-
maient souvent de véritables disserta-
tions. (( Pour ma part, dit le chanoine
» de Ram (p. 38), je puis citer celles
» qu'il eut la bonté de me communi-
» quer sur la législation des fabriques
I» et des établissements religieux, sur
» les effets de la personnification civile,
» et sur l'utile distinction du cours de
» droit civil en cours élémentaire et en
i> cours approfondi, n
Sources : Documents en possession
de M. Ernst fils. — Discours de P. F.X.
de f^am, prononcé le 10 octobre 1842
an cimetière de l'abbaye du Parc lez-
Louvain (Louv., 1842, 59 p. in-8") (■).
— Discours de MM. Quirini et Van
Bockel, bourgmestre de Louvain (Ibid.,
22 p. in-8«). — Discours de M. Schol-
laert (Ibid,, 45 p. in-8<»). — Correspon-
dance.
Efni«t (Antoine - Nicolas -Josepb),
frère du précédent, naquit à Aubel le
20 mars 1796 et mourut à Boppart (sur
le Rhin) le lOjuillet 1841, quinze mois
avant son afné. Nous avons dit que ce-
lui-ci fut pour lui un second père (v.
l'art. J. -G -J . Ernst) et un maître éclairé.
Ses humanités achevées au lycée impé-
rial de Bruxelles, le jeune Antoine sui-
vit les cours de l'Ecole de droit de cette
ville et en sortit le 6 juin 18i6. avec
le grade de licencié, obtenu summà cum
laude. Il prit immédiatement place au
barreau, mais en même temps se pré-
para au professorat, en donnant des ré-
pétitions de droit romain. Ernst afné
ayant été appelé à l'Université de Liège
en 1817, ses frères l'y suivirent ; An-
toine fut nommé professeur extraordi-
naire à la Faculté de droit le 15 février
1822, |)uis, le 3 juillet 1827, promu à
l'ordinariat. Son discours inaugural,
prononcé le 15 avril 1822, est intitulé :
Dejuris causis diversisque jurispruden-
tiœ partibus (Ann. Acad. Leod.. vol.
V, 1821-1822). Dans la première partie
de sa carrière, il se voua tout entier à
l'enseignement; dans la seconde, il de-
vint l'un des hommes politiques les plus
influents du pays ; dans la troisième
enfin, il occupa de nouveau une chaire
universitaire. Rien qu'il n'eût pris au-
cune part aux événements de 1850, il
fut élu membre suppléant du Congrès
national; mais on fit de vains efforts
auprès de lui pour le décider à siéger
dans cette illustre assemblée, après la
retraite de M. Nagelmackers. Pendant
l'année académii|ue 1851 -1852, il exerça
les fonctions de recteur. Il ne consentit
À interrompre ses cours pour aller rem-
plir un mandat parlementaire qu'en 1855,
ù l'occasion de la dissolution des Cham-
bres. Pour procéder avec ordre, nous
le considérerons tour A tour comme
professeur et comme homme d*ElaL
Il enseigna successivement le droit
( * ) D'après M. le professeur Itelconr (ap.
De Ram).
(•) Et Journal de Ùruxellei, n« du 15 oc-
tobre 1849.
283
ERN
284
commercial ( ' ), rencyclopédie du droit,
le droit civil élémentaire et les Institu-
tes du droit romain. Son cours d'en-
cyclopédie, bien que non obliptoire à
cette époque, fut suivi par tous les
élèves, qui en appréciaient la baute uti-
lité. C'était un enseignement nouveau
dans notre pays, importé d'Allemagne
et encore inconnu en France : de pré-
cieuses rechercbes sur Forigine du
droit, un tableau des législations an-
ciennes, un appendice sur le droit cou-
tumier, la transition du droit ancien
au droit moderne parfaitement mar-
quée, le tout mis en rapport avec nos
besoins et l'état de notre législation, le
tout envisagé au double point de vue
de la philosophie et de l'histoire, c'en
était plus qu'il ne fallait pour attirer
une jeunesse qui commençait à se pas-
sionner vivement pour les sciences mo-
rales et politiques ('). On n'admirait
pas seulement chez le professeur une
logique puissante, une clarté limpide
dans l'exposition, une grande solidité
dans les idées, mais on devinait sous le
profond jurisconsulte un penseur et
tout à la fois un esprit pratique. Mais
où Ernst triompha véritablement, ce
fut dans ses cours de droit civil élé-
mentaire et des institutes. Laissons
parler son biographe (') : a Avant M.
Ernst, il n'y avait guère dans nos Uni-
versités que des leçons approfondies
sur une partie du Code ; le jeune pro-
fesseur comprit qu'il y aurait avantage
à placer, à côté de ce cours de haute
discussion, un cours plus restreint aux
principes, et qui embrasserait en deux
ans l'ensemble du Code. Le succès fut
tel , qu'aujourd'hui encore ses anciens
élèves n'en parlent qu'avec enthou-
siasme ; ils se souviennent toujours de
cette puissance d'analyse , qui permet-
tait au professeur de simplifier les ma-
tières les plus compliquées et de les
présenter en un tableau succinct qui
frappait tous les esprits. — Dans le
cours des Institutes, il avait parfaite-
ment saisi la llmile qui sépare ce cours
de celui des Pandectes; il réunissait
les deux anciennes méthodes presque
exclusives : celle du traité, qui ne don-
nait que les principes sans voir les
textes; et celle du commentaire, qui
s'attachait à interpréter sèchement la
lettre, sans vue d'unité et sans point
de départ. Pendant six mois d'abord.
M. Ernst expliquait les Institutes en
forme de traité; il résumait avec ordre
les principes généraux de tout le droit
romain, mais toujours en prenant les
Institutes pour base, et ce n'était qu'en
passant qu il commentait çà et là l'un
ou l'autre passage difficile. Chaque cha-
pitre, chaque titre avait en tête les in-
dications des sources, Institutes, Pan-
dectes, Code, Novelles, où le professeur
puisait les principes qui formaient et
complétaient le beau plan de cette pre-
mière partie de son cours. La seconde
était essentiellement pra/t^tt^: M. Ernst
y aidait ses élèves, fortifiés déjà par le
suc d'une saine doctrine, à expliquer
la lettre même des principales matières
des Institutes. » Malheureusement ces
cours n'existent qu'en cahiers ; et s'il
devait être un jour déféré au vœu du
chanoine de Ram, qui en souhaitait
ardemment la public4ition, on devrait
user de beaucoup de prudence et s'as-
surer avant tout qu'on possède bien la
pensée définitive de l'auteur (v. l'art.
J.-G.-J. Ernst). Il y aurait lieu, en
tous cas, de comparer les anciens cours
faits à Liège avec ceux qu'Antoine Ernst
donna pendant les deux dernières an-
nées de sa vie à l'Université de Lou-
vain, où il était ailé rejoindre ses frères
(1859), renonçant une fois pour toutes
aux affaires publiques et heureux de
reprendre sa vie paisible et studieuse.
La période intermédiaire dont il nous
reste à parler embrasse six années
(4855-1839), qui marqueront dans l'his-
toire de la jeune Belgique, non qu'elles
aient été fertiles en événements reten-
tissants, mais à cause de la gravité des
( ' ) Oc cours était très-élémentaire. L'en-
seignement du droit commercial ne prit que
plus tard une importance sérieuse à l'Uni-
versité de Liège (v. l'art. Godet).
{*j II est certain que, jusqu'à 4830, cette
tendance fut dominante chez les étudiants de
l'Université de Liège.
(*) P. F. X. De Ram, Discours prononcé
sur la tombe de M, Antoine-N.-J, Ernsi^ le
47 juillet 4841. Louvain,in-8<>, note 4, p. 18.
^2%S
ERN
286
questions agitées au sein du Parlement,
et de l'influence des solutions qui y ont
été données sur Tattilude ultérieure des
partis et sur les destinées de nos insti-
tutions nationales. Le traité des vingt-
quatre articles, onéreux pour la Bel-
gique mais reconnaissant sa neutralité
perpétuelle sous la garantie des puis-
sances, avait été ratifié à la fin de 1851 ;
mais il s'agissait d'en assurer l'exécu-
tion, et la Conférence de Londres, à
qui ce soin difficile était contié, voulait
faire tout dépendre d'une négociation
entre les Pays-Bas et la Belgique (').
La Belgique était pressée d'en finir;
mais elle entendait qu'avant tout son
territoire ne fût plus à la merci des
étrangers. Le roi Guillaume, au con-
traire, protestait contre le traité et
comptait sur une politique de tergi-
versation. La France et l'Angleterre
voulurent lui forcer la main en le met-
tant en demeure d'évacuer Anvers ; mais
l'opinion publique, dans nos provinces,
ne vit pas sans déplaisir cetle interven-
tion , et s'indigna de voir la Belgique
placée sous une sorte de tutelle. On
voulait la guerre avec la Hollande : en
vain le ministère fit tous ses efforts
pour ménager les susceptibilités popu-
laires, tout en sauvegardant la dignité
nationale ; en vain MM. Devaux, Ko-
gîer, Notbomb insistèrent sur Timpor-
tance capitale de Tévacualion d'Anvers :
la Chambre des représentants répondit
par une abstention à la demande d'un
vote de confiance. Le Sénat se montra
de meilleure composition : sur ces en-
trefaites, les Français s'étai iit mis en
marche et, le 25 décembre 1852, après
une héroïque défense, le général bol-
landais Chassé leur remettait les clefs
de la citadelle d'Anvers. Mais Guillaume
n'en parut pas plus disposé à traiter ;
il lissa pendant cinq ans encore la toile
de Pénélope. En Belgique, le Cabinet
de 1852 se trouva dans la situation la
plus fausse : suspects de trahison pour
avoir accepté le secours d'une puis-
sance amie, les ministres avaient donné
leur démission le 26 novembre,- mais
s'étaient vus forcés de reprendre leurs
portefeuilles, par suite de l'impossibilité
de constituer une administration nou-
velle ('). Battus sur le budget de la
guerre au mois d'avril 1855, démis-
sionnaires une seconde fois et main-
tenus encore par la volonté royale , ils
ne pouvaient plus compter que sur une
mesure extrême : l'appel au pays. Un
arrêté du 28 avril prononça la disso-
lution de la Chambre des représentants ;
la Chambre nouvelle fut convoquée pour
le 7 juin. La presse s'émut, l'orangisme
releva la tête ; des désoi*dres eurent
Heu à Gand et à Anvers ; les élections
ne modifièrent pas sensiblement la ma-
jorité parlementaire ; mais le ministère
trouva un point d'appui dans la Con-
vention du 21 mai, commencement
d'exécution du traité des 24 articles.
Plus ardents que jamais, les adver-
saires du Cabinet ne reculèrent pas de-
vant des violences : M. Gendebien pro-
posa la mise en accusation du ministre
de la justice (Lebeau), qui avait accordé
au gouvernement français l'extradition
d'un banqueroutier frauduleux. 11 fallut
toute leloquence de M. Nolhomb pour
faire rejeter la proposition Gendebien
(55 voix contre 18). On doit reconnaître,
du reste, que Lebeau n'avait pas pour
lui la stricte légalité : mais il n'avait
fait que suivre l'exemple de M. Gende-
bien lui-même, qui, étant chef du dé-
partement de la justice, avait livré à la
police prussienne deux forçats parve-
nus à se réfugier dans l'armée belge.
C'est au milieu de ces débats pas-
sionnés qu'Antoine Ernst, porté au Par-
lement par les électeurs de Liège après
la dissolution de la Chambre , dessina
pour la première fois son attitude poli-
tique, franchement anti-ministériel]e(').
[*} Hymans, liiu, populaire du règne de
UopoidI, 3« édition, Broxelles, 1865, in-S»,
p. 108 et suiv. — Thonissen, La Belgique
sous Léopold /, 2* tfdilion, t. I et t. 11.
t *} Hymaos, p. 137. — Thonissen, t. II,
p. 119.
( ' , Il importe de rectifier ici une errcar
accrédilde. Ernst entra à la Chambre sans
avoir pria d'engagement envers aucun parti,
el il tint à honneur de le faire entendre clai-
rement à ses collègues (Séance du 21 juin
1833 ; Moniteur^ n" 174). En jugeant super-
ficiellement sa conduite ultérieure, on l'a re-
présenté comme un transfuge du libéralisme :
287
ERN
288
Il attaqua la convention du 24 «lai, re-
procha au cabinet la répression insnf-
flsante des désordres, lui fit on grief de
la dissolution de la Chambre et, dans
l'affaire Gendebien, déclara que son ser-
ment de maintenir la Constitution robll-
gerait de souscrire à Pacte d^accusation,
s'il était formulé. Le ministère, voulant
couper court à toutes les controverses,
soumit à la Chambre un projet de loi
sur l'extradition ; rapporteur de la Sec-
tion centrale, Ërnst défendit les amen-
dements qu'elle proposait, parce qu'ils
étaient à ses yeux des précautions prises
contre Tarbitraire auquel le projet du
Gouvernement laissait la porte ouverte.
Son rapport n'en est pas moins une
oeuvre d'impartialité et de bonne fol,
d'autant plus méritoire qu'en somme II
y venait indirectement en aide à un ca-
binet qui n'avait pas sa confiance. 11
était virulent dans la discussion ; mais
la modération du langage n'était pas
alors chose commune au Parlement;
dans tous les cas, s'il est permis de
penser qu'il ne tint pas toujours compte
des dlflicultés de la situation que les
événements faisaient au ministère, on
ne saurait méconnaître non plus que son
intention ne tut jamais de susciter des
tracasseries au pouvoir : Il faisait de l'op-
position, non pas quand même, mais à
raison de ses convictions; îl était si
pu inféodé à qui que ce soit, quMl ne fit
jamais difficulté de résister à ses amis
politiques, alors qu'il semblait que son
intérêt eût été de les ménager. C'est
ainsi qu'il soutint contre MM. Dubuset
l'abbé de Foere le maiiuien des subsides
accordés aux établissements d'instruc-
tion moyenne : « Je défends ce que je
crois juste et vrai avec tes ministres,
dit-il, comme je le défendrais contre
eux (') »; seulement, il se hâtait d'a-
jouter que le cabinet n'avait pas sa con-
fiance : dêlenda Catikafo, Se cfoyàit-11
en présence d'un devoir à remplir, il ne
redoutait pas rimpopularité, témoin son
discours contre la suppression ée&
traitements d'attente accordés sous Fan-
rien gouvernement : c'était plaider, in-
sinuait-on, la casse des orangist«s!
Ernst avait d'abord étonné la Chambre
par ses philippiques ; mieux on le con-
nut, plus on l'estima, ses adversaires
comme ses amis, bien qu'il ne les épar-
gnât pas. Son talent, son éloquence, et
d'autre part son profond respect pour la
légalité lui valurent dès ses débuts une
influence considérable: on pressentit
bientôt en lui un futur ministre. Il était
sans ambition ; mais la lutte qu'il avait
engagée, il la poursuivit à outrance, et
s'il ne cherchait pas un portefeuille pour
lui-même , il avait du moins à cœur la
reconstitution du.ministère. L'hésitation
ou la faiblesse du gouvernement, en
présence des pillages de 4854, porta son
irritation au comble; il proposa formel-
tofnent à la Chambre, conjointement
avec M. Dubus, d'infliger anx ministres
un blâme dans l'adresse, et d'y faire
allusion à loi sur les étrangers, à propos
des mesures exceptionneltes que récla-
mait la sécurité de l'Etat. La Chambre
ne le snivit pas sur ce terrain ; eHe se
contenta de voter une loi sévère contre
les manifestations orangistes, et eHe
eat raison. — Le ministère, dans cette
circonstance, obtint une majorité im-
posante; aussi bien sa position parais-
sait se raffermir: le vote des chemins
de fer, la reprise vigoureuse du travail
national, l'ordre public rétabli, tout
senrt>lalt lui présager une longue exis-
tence, lorsqu'à l'étonnement général
MM. Rogier et Lebeau, dans la séance
du 4" août, vinrent annoncer leur re-
traite (■). On fit toutes sortes de con-
jectures: il ne s'agissait en définitive,
c'est une injustice. Ses aspirations étaient
libérales comme celles d'un certain nombre
de catlioliques au temps de YUnion ; mais il
mettait son amour-propre à rester person-
nellement indépendant. C'était avant tout un
homme d'ordre, mais en même temps tm es-
prit entier et un ardent polémiste, fi se trouva
en liostilité déclarée avec les chefs futurs du
libéralisme, et sa véhémence dut naturelle-
ment irriter leurs amis. Mais encore une fois
il n'avait point donné d'arrhes au parti, et
par conséquent on ne peut pas dire qu'il
l'abandonna.
( * ) Séance du )1 septembre (Moniteur,
no S65).
(■) Thonissen, t. II, p. 497 et suiv. —
Hymans, p. 450.
289
ERN
290
parait-il, que du général ETaîn, ministre
de la guerre, dont les deux démission-
naires avaient inuiilemenl demandé le
renvoi. Quoi qu'il en soit, cette dislo-
cation du cabinet de 1832 était chose
prévue, puisque des démarches officieu-
ses furent tentées auprès d^Ernst, dès
le mois de juillet, pour l'engager A en-
trer dans un nouveau ministère ( * ). Il
repoussa d'abord les offres qui lui furent
faites ; mais on savait que son 0(>posi-
tion n'avait eu pour mobile que le bien
du pays ; on comprenait que l'inaugu-
ration d une politique nouvelle, politique
de conciliation, était devenue néces-
saire ; bref, on insista si bien qu'il n'eût
pu, sans se manquer à lui-même, refu-
ser de contribuer à faire cesser les em-
barras du moment. Un ministère mixte
fut donc constitué le 4 août: MM. de
Tbeux et de Meulenaere y entrèrent
comme représentants de l'opinion c^-
tliolique ; MM. d'IluartelËrnsty prirent
place à titre de libéraux ; le général
EvaÎJi et Félix de Mérode survécurent
seuls à leurs anciens collègues. On glosa
beaucoup sur cette combinaison; on
prétendit qu'Antoine Ernst, en s'asso-
ciaotavec M. de Theux, reniait enquel-
que sorte ses antécédents. 11 laissa dire;
aussi bien, en acceptant, restait-il fidèle
aux traditions unâonis/f». Ces traditions
étaient encore vivantes à Liège, puisque
libéraux et catholiques y accordèrent de
nouveau leurs suffrages à Ernst, soumis
à réélection par suite de l'acceptation
du portefeuille de la justice ; elles étaient
encore vivantes dans l'esprit môme des
ministres démissionnaires, puisque M.
Rogier accepta du nouveau cabinet
le gouvernement de la province d'An-
vers, et Lebeau celui de Namur ( " ). Ce-
pendant les partis étaient à la veille de
s'affirmer, ch^K^un de son côté, plus
fermement que januiis, comme le prouva
bientôt la création des deux Universités
libres ; mais le |)oint de vue où se pla-
çait Ant. Ërnsi n'i»\ait rien de commun
avec le radicalisme de leurs dissidences :
il s'unissait à M. de Theux parce qu'il
y avait, entre ces deux hommes, assez de
convictions communes, pour qu'ils pus-
sent compter l'un sur l'autre pour assu-
reraupaysune administration répondant
loyalement aux aspirations générales.
Une des premières œnditions de l'ac-
ceptation d Ernst avait été la présenta-
tion d'un projet de loi sur l'expulsion
des étrangers : à aucun prix il ne voulait
de mesures arbitraires, prises par de
simples arrêtés. Ce qui avait été adopté
pour l'extradition, il le demaiMlait pour
l'expulsion et il l'obtint (loi du 22 sep-
tembre 1855). On a voulu plus tard
mettre le minislreen contradiction avec
le dé|)uté, à propos de l'affaire Mala-
fosse , dont il fut fait rapport à la
Chambre dans la séance du 26 octobre
1857. Il s'agissait de l'arrestation d'un
banqueroutier condamné à Toulouse,
en fuite avec des valeurs considérables,
et dont l'autorité française réclamait
Texiradition. Le ministère avait tout
simplement transmis au procureur-gé-
néral le mandat d'arrêt expédié de
France ; ce magistrat devait, d'après la
loi sur rextra(Stion, faire déclarer ce
mandai exécutoire par le Tribunal de
première instance de Bruxelles ; mais
le tribunal ne siégeant pas ce jour là,
il avait transmis d'urgence les pièces,
bien que non régulières, à I Administra-
teur de la sûreté |)uhlique. Malafosse
fut retrouvé h Anvers nanti de24,000rr.,
en billets et en livres sterlings, ce qui
rendait mani reste son intenliim de partir
(*) V. la note S du discours du chanoioc
de Ram, p. 26. Celte note est extraite d'une
nolice rt^digt^ par une personne 1res -bien
informée el dont le manuscrit original nous
a été eonfié ; nous y avons puisé quelques
détails inédits.
(') Thonissen, p. 204. — Il fut même
qocstioD d'introduiro M. Rogier dans le nou-
veau cabinet. Nous lisons dans une lettre
privée d'Ant. Ernst, datée du H août : « Sur
ma pro{iosition, Toffre a été faîte hier à H.
Rogier de diviser le ministère de l'intérieur
avec M. de Tlieux, et de prendre les travaux
publics et le commerce ; il a demandé à ré-
fléchir jus(iu'à ce jour. M. Rogier a beaucoup
gagné dans Tupinion de la Chambre et du
pays depuis quelque temps; moi aussi je n'ai
pu m'empècher de voir en lui un horamo
franc, loyal et qui ne manque pas de talent ;
Je désire d'autant plus qu'il accepte, que cela
Torliflera Topinion libérale dans le Conseil...»
— P. S. « M . Lcbeau a donné brusquement
sa démission... il a entraîné M. Rogier dans
sa dcmarche. »
15
391
ERN
292
pour TAngleterre. On Parrêta donc pro-
visoirement, ei (lès le lendemain le tri-
bunal remplît les formalités léguâtes.
Malafosse adressa une réclamation au
Parlement, d'urgence) le ministre différa
Textradition par respect pour la Cham-
bre, et répondit aux interpellations qui
lui furent adressées, en démontrant que
Textradition était régulière , mais que
Tarrestation lui était étrangère. — Vous
fuyez le débat, s'écria-t-on. — 11 répondit
en appuyant énergiquement ses infé-
rieurs et en déclarant que s*il eût été
consulté à temps, il aurait donné lui-
même l'ordre d'arrestation. Les jour-
naux épuisèrent contre le ministre
toutes les munitions de leur arsenal : il
garda le silence, au risque de compro-
mettre sa popularité. L'affaire n'eut
pas de suite ; on finit par s'apercevoir
que l'on avait confondu deux faits bien
distincts (*).
Nous lisons dans un rapport, d'ail-
leurs fort remarquable, présenté au
Sénat français, en 1867, par M. de
La Guéronnière :
n En Belgique, pendant une période
» de cinq années, de iSSO à 1854, la
» peine de mort, quoique maintenue en
)) droit, a élé pratiquement abolie, et
n cependant les crimes entraînant cette
» peine ne se sont pas accrus. Toule-
» fois, le Gouvernement belge n'a pas
» jugé pouvoir prolonger l'expérience,
» et Véchafaud , qu'on croyait abattu ,
» 8'est relevé ('). » Cette dernière
phrase s'applique à Ant Ernst, qui ef-
fectivement, en 1835, remit en vigueur
la pratique de la peine de mort. Au
Sénat {'), MM. de Mérode et de Sécus
s'étant plaint de l'abus du droit de
grâce, et ayant attribué la multiplica-
tion des crimes à la fausse philanthro-
pie du ministre de la justice, celui-ci
répondit que la peine de mort n'était
pas plus abolie en fait qu*en droit. Il
ajouta que, pour sa part, il n'avait ja-
mais fait de proposition de grâce pour
un assassin (*), Il annonça en même
temps qu'on s'occupait dans son mi-
nistère d'une statistique criminelle gé-
nérale : en admettant même son opi-
nion sur la peine de mort, on comprend
qu'il avait besoin, pour expliquer son
consentementà des rigueurs auxquelles
on n'était plus habitué, d'établir que
lexpérienc^ en démontrait la nécessité.
D'autre part, dans la même séance,
M. de Baillet avait élevé des doutes
sur la prétendue augmentation des
crimes depuis cinq ans, et soutenu
qu'en tout cas la diffusion des lumières
servit ait plus efficacement que la sé-
vérité des peines à prévenir les crimes
et les délits. M. de Hobiano s'était pro-
noncé sans hésitation contre la peine
capitale, au nom du commandement
divin : non occides! M le comte d'Aer-
schot avait rappelé, en revanche, qu'on
s'était vu obligé de rétablir la peine de
mort en France. Il s'agissait dans tous
les cas d'interroger les faits : or, il
arriva que le ministre fit paraître au
Moniteur^ le 3 février, c'est-à-dire avant
que la statistique eût été dressée, une
note relative aux condamnations capi-
tales prononcées le 6 et le 25 oc-
tobre 1837 par la Cour d'assises de
la Flandre Occidentale. Six condamnés
obtenaient la commutation de la peine
capitale en travaux forcés à perpétuité;
mais cette commutation était refusée à
l'assassin Nys. « L'arrêt sera exécuté,
» disait la note. L'atrocité du crime et
» les antécédents du condamné l'ont
» rendu indigne de la clémence royale. n
La tête de Nys tomba en effet sur la
place de Courtrai le 9 février, six jours
après la déclaration du journal officiel.
Le jour même où cette déclaration avait
(*) De Ram, note 1, p. 30.
(*) Pas cependant à Liège, ni dans tout le
ressort de la Cour d'appel. On n'a plus exé-
cuté à Liège depuis 1824.
{^) V. la séance du Sénat du 31 janvier
1835 [Moniteur, no 33), et le Journal de
Bruxelles du S3 août 1867 (Lettre de M.
Lambert Ernsl)
(*; Y. 1\ioms%eïi y Quelques mots sur Iq
prétendue nécessité de la peine de mor/, dans
les Publications de C Association pour l'abo-
lition de la peine de mort, n° i. Liège 1863,
in-8o, p. 35. — Le no 3 des mômes Publi-
cations contient un compte-rendu ddtaillè et
très-instructif des mêmes débats, par M. A.
Visschers, notre èminent statisticien philan-
thrope. Nous renvoyons le lecteur aux ré-
flexions qui terminent ce travail.
293
ERN
294
paru, M. H. de Brouckère s'était cm
obligé de reproduire à la Chambre des
représentants une motion qu'il y avait
déjà présentée, pour Tabolition de la
peine de mort. La proposition fut ren-
voyée aux sections; M. Milcamps pré-
senta un rapport au nom de la section
centrale ; mais la proposition resta en-
terrée pendant dix ans , parce qu'on
jugea nécessaire de consulter avant
tout les Cours et Tribunaux. La statis-
tique criminelle des années 185i à
iSoA parut sous la forme d'un rapport
au Roi , à la date du 15 octobre
1855; celle de 1855 fut publiée trois
ans plus tard, par le même ministre
Démontre-t-elie clairement qu'il y avait
nécessité de rétablir Téchafaud ? On
en jugera en consultant Texamen im-
partial qu'en a fait M. A. Visschers (M.
Nous dirons seulement, quanta Ernst,
qu'en refusant d'intercéder pour Nys,
il crut remplir un strict devoir et fil
certainement violence à ses propres
sentiments ( ' ). Onze condamnations à
mort prononcées à Bruges dans une
seule session ! Ce fait avait fortement
frappé son esprit, et de même que le
comte de Mérode, il se représentait
avec terreur la sécurité devenue prover-
biale parmi les assassins. « L'inquié-
tude, il faut en convenir, s'était répan-
due dans le |iays; des feuilles étran-
gères se plaisaient à qualifier la Bel-
gique de repaire de criminels. C'était
une calomnie évidente : les condam-
nations de 1854 se rapportaient ù des
bandes de brigands qui avaient infesté
le pays pendant plusieurs années et
qu'on venait seulement de découvrir;
elles n'attestaient point une recrudes-
cence générale delà criminalité.— L'ex-
périence d'une seule année n'était pas
en tous cas décisive; et enfln, pourquoi
ne pas attendre la publication de la
statistique ? Mais le ministre voyait
l'ordre public menacé ; les considé-
rations auxquelles il nous est facile de
nous livrer aujourd'hui ne se présen-
tèrent point à sa pensée ; il ne songea
qu'à rassurer les honnêtes gens et il se
prononça d'urgence, à ses risques et
périls, comme les juges inflexibles de
l'antiquité.
Les adversaires politiques d'Antoine
Ernst sont les premières à faire l'éloge
de son intégrité et de son habileté
comme administrateur (^). Ennemi des
intrigues et des coteries, il mit une at-
tention minutieuse à ne confier les em-
plois qui venaient à vaquer dans son
département, surtout dans l'ordre judi-
ciaire, qu'à des hommes dignes de les
occuper, sous te double rapport de la
capacité et de la moralité. Il anéantit
le principe de la vénalité, qu'il avait
attaqué sous le ministère précédent (*).
La Chambre rendit un hommage écla-
tant à sa rigoureuse équité, lorsque,
après avoir augmenté le personnel de
la Cour d'appel de Bruxelles ( * ), elle
conféra au Gouvernement le premier
choix des nouveaux conseillers (°).
Tout en s'occupant activement d'intro-
duire d'utiles réformes dans les divers
services placés sous son autorité (^), il
prit une grande part aux délibérations
des Chambres, lorsque furent discu-
( * ) V. la note précédente.
(*) Le faitsaivaot, rapporté par De Ram,
le démontrerait au besoin : « On vit plusieurs
jours M. Ernst dans un tHat extraordinaire
d'inquiétude , et quelle en était ta cause?
L'ne vieille mère était venue de bien loin se
jeter k ses pieds pieds et solliciter la grAce
de son fils, condamné à mort. Le ministre
attendait en tremblant les rapports, crai-
gnant de devoir repousser la mère ; ce fut
pour lui un jour de bonheur, quand i! trouva
des circonstances favorables qui lui per-
mirent de solliciter du Roi une commutation
de peine » (p. 31).
(») Hymans, p. 157.
(«) Moniteur de 183 i (n» i240 .
(") Momfeur de 183G (no 36 .
(0) De Ram, p. 3â (note S>.
( ^ ) Ernst tu beaucoup pour les établisse-
ments de bienfaisance ; il améliora en outre
le régime des prisons, où il introduit les
sœurs de charité. C'est sous son adminis-
tration que fut fondé te Pénitencier de Na-
mur, où se trouvent réunies, dans un but
d'amélioration morale, les femmes condam-
nées à un emprisonnemeni de plus de six
mois : elles étaient auparavant disséminées
dans tes diverses prisons du pays. C'est à
lui encore qu'appartient la première pensée
du Pénitencier des jeunes délinquants, fondé
plus tard à St-Hubert. (De Ram, note S, p.
36; Hymans, p. 458).
295
ERN
296
tées, en i855 et 1856, les grandes lois
organiques de renseignement supé-
rieur ( * )« de la province et de la com-
mune. Dans le cours de cette dernière
année, des difficultés financières fail-
lirent amener la dislocation du cabinet.
De nombreuses questions étaient en li-
tige entre TEtat et la Société générale.
Partout surgissaient, sous le patronage
de cette dernière, des sociétés ano-
nymes, dont il s'agissait de régulariser
la marche et de prévenir les écarts par
des moyens légaux. La Société géné-
rale, caissière de FEtat, était l'objet
d*altaques incessantes : on allait jus-
qu'à dire qu'elle spéculait avec les de-
niers des contribuables, et que , le roi
Guillaume possédant les trois quarts
des actions, les bénéfices étaient trans-
portés à La Haye, d'où ils servaient à
solder la contre-révolution à Bruxelles !
La Banque de Belgique fut créée pour
lui servir de contre-poids et pour de-
venir plus tard un établissement natio-
nal : voulant parer le coup et se ratta-
cher ouvertement au régime nouveau,
la Société sollicita pour son gouverneur
et l'un de ses directeurs (') le titre de
ministre d'Etat. M. de Mculenaere ap-
puya cette prétention, qui fut énergi-
quement combattue par MM. de Theux,
Ernst et d'Huart. Ernst déclara qu'il
déposerait plutôt son portefeuille que
de consentir à un acte contraire, selon
lui, aux intérêts du pays. Les docu-
ments que nous avons sous les yeux
établissent qu'il fit preuve, en cette
circonstance, d'une fermeté et d'une
dignité de caractère qu'on ne saurait
assez admirer. Il sut résister à toutes
les influences : un temps viendra ,
écrivait-il en haut lieu, où l'on me ren-
dra justice. Le cabinet fut maintenu; M.
de Meulenaere seul échangea son por-
tefeuille contre le gouvernement de la
Flandre orientale.Quelque temps après,
les mêmes dissidences se reprodui-
sirent sous une autre forme, à propos
du refusd'autoriserla Société de mutua-
lité industrielle; la démission d'Ernst
fut de nouveau refusée.
La plus grave de toutes les ques-
tions, celle de Texéculion du traité des
24 articles, auquel la Hollande adhéra
tout d'un coup, vint créer au cabinet
de graves embarras, .en présence de
l'explosion du sentiment public et d'une
brochure restée célèbre de M. Dumor-
tier, plaidant la nullité des stipulations
en vertu desquelles une partie du Lim-
bourjc et du Luxembourg devaient re-
tourner à la Hollande. Le fait est que
les négociations n'avaient été que sus-
pendues en 1855, et maintenant il n'é-
tait queslion.de rien moins, que de
faire passer purement et simplement la
Belgique sous des fourches caudines.
Ce n*est point ici le lieu de revenir sur
les épisodes palpitants d'intérêt qui
pré.!édèrent le douloureux sacrifice de
580,000 Belges (*). Les ministres Ernst
et d'Huarl ne crurent pas pouvoir sous-
crire h la mutilation du territoire : ils
déposèrent leur portefeuille le 51 jan-
vier 1859, huit jours après le vole (*).
Leur démission fut un acte conscinn-
cieux, accompli sans arrière-pensée.
Ils le prouvèrent le lendemain même ù
la Chambre, en aidant de leur parole
et de leur vote les ministres restants à
sortir de l'embarras où ils se trou-
vaient (*). Le mandai parlementaire
(*) V. le discoarsdn M. Nypels. — Ernst
avait fait partie , avec MIM. de GerJHche, de
Theux , P. Devaux, de Behr , d'Uane de
Potter et Warnkœnig , de la Commission
chargée, le 18 novembre 1833, de préparer
un nouveau projet de loi de l'enseignement
supérieur.
( ■ ) MM. Meeus et Coghen. — Thonis-
sen, t. Il, p. 27â et suiv. — V. les séances de
la Chambre des représestan'.s du â8 et du
30 Janvier 1837.
(') On n'a pas oublié le mot de M. Gonde-
bien ! «Non ! 380,000 fois non, pour 380, 000
Belges que vous sacriflez à la peur l »
{*) Cette démission ne fut cependant in-
diquée que sous la date du 4 février eX pu-
bliée que le lendemain, en mCmc temps qu'un
arrêté prorogeant les Chambres d'un mois
(De Uam, note 2, p. 34). Ernst fut remplacé
au ministère de la justice par M. Baikom,
depuis procureur général à Liège; M. Des-
maisières devint le chef du département
des finances.
(*) « Avant que M. de Theux ne déposât
à la Chambre un simple rapport sur la noti-
fication des actes de la Conférence en d.itc
du â3 janvier, plusieurs députés songèrent
k faire cesser le dissentiment qui s'était
297
ERN
298
d'Ernst expirait au mois de juin : peu
de temps après Tadoption du trailé, il
déclara aux électeurs liégeois qu*il re-
nonçait à toute candidature et rentra
dans la vie privée. Des fonctions pu-
bliques, des distinctions honorîGques
(') lui furent vainement offertes : il se
contenta d^eniporler dans sa retraite la
conscience de n'avoir jamais cherché,
dans le cours de son long ministère,
que le bien de son pays. On a dit jus-
tement de lui qu'il fut toute sa vie plus
désireux d*ètre utile que de le paraître :
simple dans ses goûts , consciencieux
jusque dans les moindres détails des
affaires, sévère envers lui-même, sin-
cère, loyal et désintéressé, il n*bésita
en aucune circonslance devant Tac-
complisseroent du devoir, et ne mit
point sa popularité dans la balance, en
regard de Tintérêt public tel qu'il le
comprenait. S'est-il quelquefois fait il-
lusion au début de sa carrière parle-
mentaire, s'est-il parfois laissé empor-
ter par l'ardeur de ses convictions? En
tous cas, son entière bonne foi n'est pas
plus douteuse que son zèle patriotique :
c'en est assez pour assurer à sa mé-
moire feslime de tous les partis.
Quand il accepta, en 4859, une
chaire à l'Université deLouvain,le Roi
daigna lui-même féliciter le recteur au
sujet de cette brillante acquisition, et
lui exprimer en même temps la haute
opinion qu'il avait du talent et du ca-
ractt^re de son ancien ministre. Ce té-
moignage était d'autant plus flatteur
que, comme nous l'avons fait entendre,
Ernst n'avait pas craint, à l'occasion,
de résister aux plusihautes influences. A
Louvain, l'éminent professeur fut œ
qu'il avait été à Liège ; plus que jamais
il s'attacha, dans son cours d'Institutes,
à dégager nettement les principes fon-
damentaux du droit et à former l'intel-
ligence des élèves. Il faisait compren-
dre comment le droit, dans ses plus
petits détails, doit être constamment
l'expression de la justice naturelle. Il
ne cherchait pas uniquement k faire de
ses disciples de bons avocats ; il éle-
vait leurs sentiments et voulait qu'ils
fussent, uri jour, de véritables juris-
consultes. 11 les dominait par ses vues
d'ensemble et les habituait à remonter
toujours à la source des choses. Quoi-
que surchargé de besogne, il était tout
U eux, il leur prodiguait lumière et
conseils. Tel on l'avait connu au début
de sa carrière : esclave du devoir, ad-
vienne que pourra. Un de ses anciens
auditeurs de Liège nous rappelle que
le jour même où il fut élu membre de
la Chambre des représentants, il donna
comme à l'ordinaire sa lecou du droit
commercial. Son élection était combat-
tue; un bureau électoral se trouvait
presque sous les fenêtres de la salle où
il enseignait. Ces circonstances si pro-
pres à le troubler ne laissèrent aucune
impression dans sa parole ni sur ses
traits; ses élèves étaient plus agités
que lui. Le soir seulement, quand ils
se réunirent devant sa maison pour le
élevé entre les ministres : c ëlait de faire
déclarer par la Chambre, après la lecture
du rapport, séance tenante, qu'elle passait
à Tordre dn jour. Il était clair que si, après
noe semblable déclaration, le Gouvernement
se décidait à proposer l'adoption du traité,
il serait forcé de dissoudre la Chambre. M.
de Tbeiix demanda rsûourncmeut de cotte
motion, qui avait une gravité immense. M.
Ernst vint avec sa loyauté ordinaire au se-
cours de son ancien collègue et vota, ainsi
que l'honorable M. d'Uuarl, pour l'ajourne-
ment. La position des ministres restés au
pouvoir était sans doute très-difficile et en
même temps très-honorable, puisqu'ils ne
faisaient que suivre leur conviction ; mais
aussi, ne doit-on pas rendre hommage il la
conduite de ceux qui quittent le pouvoir par
conviction, comme l'ont fait MM. Ernst et
d'Huart? (Note S annexée au discours de de
Ram, p. 34). M. E. Yandcnpeereboom, peu
favorable à Ernst, ne peut s'empêcher de
s'écrier : « Heureux ceux qui n'ont pas été
appelés à se prononcer sur le sort de leurs
frères! » {Du Gouvemetnent repréientatif en
Belgique^ t. I. p. 315). La majorité adopta
le traité, pour ne pas laisser remettre en
question l'indépendancede toute la Belgique;
mais les dissidents, qui ne pouvaient croire
que les puissances seraient disposées k user
de moyens de contrainte , ne peuvent être
blftmés d'avoir eu le courage de protester
jusqu'à la fin.
( * ) La croix d'officier de l'ordre de Léo-
pold ; offre brillante, ^squ'il n'était pas
chevalier.
299
FOH
300
féliciter, il ne put y tenir ; il répondit à
leurs acclamations cordiales que la dé-
marche dont il était Fobjet de leur part
faisait de ce jour un des plus beaux de
sa vie : on peut se représenter Fen-
thousiasme de la jeunesse universitaire
et rémotion du digne roaitre.
1/activité extraordinaire qu'avait dé-
ployée Ernst pendant son ministère de-
vait exercer sur sa santé, d'ailleurs peu
robuste, une iirfluence désastreuse.
L*Université de Louvain ne le conserva
que deux ans. Une inflammation des
intestins qui ne cédait à aucun remède
lui Gt prendre la résolution de se rendre
à Hetdelbcrg, pour y consulter un mé-
decin en renom. Il se mît en route avec
M""** Ernst, au mois de juillet 1 84i . Dans
le trajet de Cologne à Mayence, il se
trouva si mal sur le bateau à vapeur,
qu'on fut obligé de le débarquer à Bop-
part, où M. le docteur Schmidt, direc-
teur de rétablissement hydrosudopa-
tique institué dans cette localité, con-
sentit à lui donner un appartement. On
n'eut pour ainsi dire que le temps de
lui administrer les secours de la religion;
le lendemain (iO juillet), il avait cessé
de vivre. Ses restes furent transportés
à Louvain huit jours plus tard et inhu-
més au cimetière du Parc, où sa famille
possède un caveau.
Ânt. Ernst était moins écrivain qu'o-
rateur ; mais, sous ce dernier rapport,
il a laissé au Parlement la plus bril-
lante réputation. Nous ne connaissons
de lui d'autres publications que ses
thèses De Confusione, De Fadoplion et
de ses effets, etc. (Bruxelles, 18i(», in-
4° de 16 p.), quelques articles remar-
quables insérés dans la Tfiémis et plu-
sieurs rapports importants imprimés
dans les Annales parlementaires, entre
autres un rapport sur la proposition
de M. Dumortier relative à l'organisa-
tion de l'Académie belge (i 4 janvier
1854). Ce document, suivi d'un projet
de loi élaboré par la Commission dont
Ernst était l'organe, a été reproduit
dans \ Annuaire de V Académie, année
1846, p. 404-117 (*).
Folimann ( ViNCENT) uaqult à As-
samstadt (grand-duché de Bade) le 5
avril 1794 et mourut à Liège le 25
septembre 1857.((ll y a au monde, dit
Auguslin Thierry, quelque chose qui
vaut mieux que les jouissances maté-
rielles, mieux que la fortune, mieux que
la santé elle-même, c'est le dévouement
il la science. » Fohmann partageait cette
conviction de l'illustre aveugle, et ce
fut elle sans doute qui Tempêcha d'in-
terrompre ses travaux lorsqu'il ressentit
les premières atteintes du mal qui le
conduisit prématurément dans la tombe.
Il pouvait choisir :
... .ou beaucoup d'ans saos );loîre,
Ou pon de jours «uivisiru ce longue mémoire. . .
Il n'hésita pas un instant; mais aussi
l'oracle s'accomplit à la lettre : les dé-
couvertes auxquelles son nom reste at-
taché lui coûtèrent la vie.
Fohmann était fils d'un accoucheur
distingué, qui sut lui inspirer de bonne
heure le goût des sciences de lanature.
Ses études préparatoires achevées, il se
rendit à lieidelberg pour y suivre les
cours de la Faculté de médecine. Tie-
demann, le grand anatomisle dont les
travaux ont provoqué l'admiration de
toute l'Europe, remarqua bientôt l'ap-
titude et le zèle du jeune Vincent, le
nomma prosecteur d'anatomie (1817) et
le décida aisément ^ prolonger de plu-
sieurs années sonséjourà l'Université,
pour se livrer à des recherches délicates
et approfondies. Ce fut Tiedemann qui
attira le premier son attention sur les
vaisseaux lymphatiques, dont la nature
était peu connue, et pour lesquels on
n'avait rien fait depuis Mascagni. Lais-
sons parler Ch Morren (*) : » Avingt-
( * ) Ernst avait appuyé, dans la séance du
3 octobre 18tS3,la proposition de M. Dumor-
tier, et soutenu que l'Académie devait, au
vœu de la Constilution et dans t'intérôt de
sa propre dignité, être organisée par une
loi. Ce résultai ne fut pas obtenu ; la con-
stitution de l'Académie a été réglée par l'ar-
rôté royal du \^ décembre 1845.
( ' ) Notice sur Fohmann [Annuaire de t'A-
cad. de llrujrelfe», 1838, p. 79-105). '.e
travail a servi de base au présent article.
Voir aussi le discours de Vottcm {Journal
de Liège, n<> du 28 septembre 1837).
301
FOH
302
six ans, nous voyons encore Fohmann
auxarophithéâtres, disséquant, avec une
ardeur sans relâche, l^homme et les
animaux. Tant de zèle fut récompensé
par une brillante découverte au prin-
temps de 1820 : à Fouverture des va-
cances de cette époque, Tiedemann dut
s^absenter, précisément au moment où
l'on venait d'apporter à FUniversité un
phoque qui venait de mourir. Tiedemann
le confie à son cher élève et lui demande
d'en conserver le plus de pièces possible.
Fohmann, seul, livré àlui-même, trouva
daus cette occasion, qui avait été perdue
pourtant d'autres, et le moyen de satis-
faire au vœu de son illustre maître, et
les premiers jalons d'une théorie qui,
sapant les fondements des opinions alors
universellement enseignées, devait don-
ner naissance aux idées contraires que
la science a adoptées aujourd'hui. Le
mésentère de ce phoque présentait des
vaisseaux lymphatiques remplis de
cbyle. Fohmann sentit qu'il était facile
de les injecter; mais ici, comme tant
de fois, le hasard intervint, et notre
anatomiste. qui ne voulait faire qu'une
préparation curieuse où les glandes
auraient été réunies et injectées avec
leurs vaisseaux afi'érents et efférents,
trouva ce qu'il ne cherchait pas. Le
mercure dont il remplissait les glandes,
au lieu de s'écouler par les vaisseaux
efférents, passa uniquement dans les
reines. Il en était de celte nouvelle
fonction des veines comme de la décou-
verte elle-même des vaisseaux lympha-
tiques, que Gaspard Azelli vit pour la
première fois en 4622, tout en cher-
chant autre chose que ces organes ab-
sorbauts ; il étudiait le mouvement du
diaphragme sur un chien. L'histoire des
sciences fourmille de ces hasards heu-
reux qui ne tournent, du reste, au pro-
fit de l'humanité que par le génie ob-
servateur de ceux qui les fécondent.
L'expérience de Fohmann fut de ce
genre. Pour donner une juste idée de
son importance, il faut se reporter au
temps où elle fut faite. L'anatomie,
pour ce qui regardait les anastomoses
des lymphatiques avec les vaisseaux de
la circulation sanguine, comptait trois
camps et la physiologie se partageait
généralement en deux opinions, dont
l'une était cependant embrassée par peu
de savants. Ce fut celle que Fohmann
était destiné à relever. Eustache, en
1565, avait découvert le canal thora-
cique, ou ce qu'il nommait la veine
blanche du thorax, et qu'il prenait pour
l'organe nutritif de la poitrine. Slenon,
Huysche, Rudbeck et d'autres anato-
mistes avaient noté plus tard des com-
munications entre les vaisseaux lym-
phatiques et les veines, mais seule-
ment dans le voisinage de la jonction
des veines sous-clavières avec les gros
troncs chylifères. W'alœus, Mertrud, le
premier professeur de Cuvier, Merckel
l'ancien et Lobstein avaient reconnu
des anastomoses avec des veines t)lus
éloignées, et enfin ce même Merckel,
ainsi que son fils, Coster, Abernethy
et Vrolik , avaient reconnu que les
glandes lymphatiques mettent en com-
munication les vaisseaux de ce nom
avec les veines. C'était là l'observa-
tion de Fohmann; mais, quoiqu'elle
comptât des noms illustres pour se sou-
tenir, la théorie physiologique qui en
découlait fut abandonnée ; on attri-
buait le passage du mercure, si bien
vu par Fohmann et avant lui par Merc-
kel, à des infiltrations dues à des déchi-
rements. Les plus grandes autorités
dans l'enseignement rejetaient ces com-
munications en déclamant, dans leurs
ouvrages comme dans leurs cours, con-
tre ces découvertes consciencieuses.
Quand Fohmann fit sa première obser-
vation, il était étourdi y disait-il, du bruit
dont l'absorption veineuse faisait retentir
lEuropc ( ' ). Le vulgaire, étranger aux
( ' ) En ddpit des observations de Vealing,
qui avait poursuivi le trajet dc8 vaisseaux
d*Aselli jusque dans le canal thoraeique d'Eu-
stacbcs Harvey s'était obstiné k nier l'exis-
tence des lymphatiques; il attribuait aux
veines les fonctions de l'absorption. Hunter
et Hascagni parvinrent à détrôner sa théorie
et chargèrent les vaisseaux lymphatiques de
ce r61e. Mais, au commencement du XIX«
siècle, une réactiou s'opéra : Magendie sur-
tout réhabilita le système de l'absorption
veineuse. C'est à ses écrits, répandus dans
tout le monde savant, que fait ici allusion
Fohmann. Il était réservé à Breschet de de-
303
FOH
304
discussions scienliflques, aurait peine
à comprendre que, dans le champ si
trauquille de l'observation, on peut agir
avec tant de chaleur et de véhémence,
s'il ne savait que les médecins, par Tiu-
fluence sans doute de leur profession ,
apportent souvent dans leurs procédés
une exagération singulière... » Ainsi
s'explique peut-être Torigine du carac-
tère éminemment caustique et railleur
de notre anatomlste. l/épigramme do-
minait dans ses écrits comme dans ses
conversations ; au reste ce fut plus tard,
lors de sa lutte avec Lippi, que ces
dispositions d'esprit se développèrent
surtout. A l'époque de sa vie où nous
sommes parvenus, il songeait moins à
combattre qu'à garnir son arsenal. L'ob-
servation faite sur le veau marin en
provoqua d'autres: Fohmann disséqua
et intecta, sous les yeux de Tiedemann,
les vaisseaux lymphatiques de l'homme,
du chat, du chien, des martres, des
loutres,des chevaux et de divers oiseaux.
Des liens d'amitié, cimentés plus tard
par une alliance encore plus étroite ( ' ),
rapprochèrent |>our la vie le maître et
le disciple. Tiedemann rédigea la pré-
face du premier ouvrage que |)ublia son
élève, en 1821, à Heidelberg, et que
Breschet, dès l'année suivante, fit con-
naître à la France. Tandis que Mai^endie
ne parvenait à découvrir de rares lym-
phatiques au cou du cygne et de l'oie,
Fohmann exposait dans un cabinet pu-
blic de belles préparations démontrant
la communication de ces canaux, chez
les oiseaux, avec les veines rénales et
sacrées; le savant l^auth, professeur
d*anatomie à Strasbourg, faisait tout
exprès le voyage de Heidelberg (1825)
pour venir les examiner, et se déclarait
partisan des vues physiologiques de
l'ami de Tiedemann ( ' ). Fohmann dé-
montra le premier l'existence des lym-
phatiques chez les oiseaux de proie,
notamment chez la buse ; il fallut que
Blagendie lui-même se rendit à l'évi-
dence. Le jeune anatomiste, ardemment
stimulé par ses premiers succès, résolut
d'étendre ses recherches aux poissons.
Il partit pour la Hollande, où le célèbre
Temninck, directeur du Musée royal de
Leyde, mil un local ù sa disposition et
lui procura un grand nombre d'animaux.
Le préparateur du Musée était Boié,son
ancien condisciple, d'étudiant en droit
devenu naturaliste, par l'influence des
leçons de Tiedemann C'est le même
Boié qui lui envoya plus tard de Java,
où il devait périr \ic!inie du climat, des
reptiles et autres animaux rares, dont
Fotimann montrait avec orgueil, dans
les derniers temps de sa vie, les belles
préparations, au cabinet de l'Université
de Liège ('). Fohmann prolongea son
séjour en Nêerlande jusqu'en 1820 ; il
injecta et disséqua avec soin, en faisant
représenter chacune de ses prépara-
tions, les lymphatiques de la torpille,
du silure, de l'anarrhiquc, de la morue
et du saumon ; il avait déjà trouvé ceux
de l'anguille et du brochet. Ces recher-
ches parurent à lieidelberg en 1827
dans son grand ouvrage Sur le systemi:
absorbant des animaux î>eriêbrés,doi\\ ia
première partie, celle qui traite des
poissons, a seule vu le jour. « J'ai vu
chez lui, dit Ch. Morren, une partie des
matériaux pour la seconde partie, qui
venir un nouveau Mascagni, en mettant en
lumière les travaux de l'anatomiste de Uei-
detberg. Cependant on verra plus loin que
là victoire ne fut pas facile à remporter.
(* , Fohmann épousa en 1828 la fdle du
célèbre professeur de Heidelberg, « femme
d'une grande beauté, du caractère le plus
doux et de l'éducation la plus élevée * ( Mor-
ren, Op, cit., p. 84).
(*) Lauth professait pour Fohmann une
véritable admiration*, plus tard, il lui dédia
son excellent Manuel de l'tmaiomie de l'hom-
me ^ devenu classique à Strasbourg, à Paris
et en Belgique. Cependant un nuage passa-
ger semble s'être élevé entre eux, par le
fait de l'insertion, dans les Annales de%
sciences naiurelU's, d un mémoire de Laulh
sur les lymphatiques des oiseaux. Fohmann
crut à tort que cette publication avait eu lieu
en verlu d'une décision de i'inslilut, et il lo
dit au public, (/était une erreur, lu recueil
en question ne dépendaut pas de T Académie
pour le choix des articles. Mais Fohmann
en voulait à l'Institut, pour avoir couronné
le travail de Lippi et non lésion (v. ci-après)
— Morren, p. 88.
(') L'éloge de Boié, cet autre Victor Jac-
quemonl, a été écrit par M. Susanna, admi-
nistrateur du Musée ix>yal de l>eyde. Am-
sterdam, \%?^y ia-8<^.
305
FOH
306
devait traiter du système des amphibies.
Ces rectierches sur les lymphatiques
des poissons constituent lè seul et uni-
que grand ouvra(j;e que la scieniuî pos-
sède sur celte matière. Blonro a\ait
découvert les lymphatiques de la raie
eu 1760; en 17G9, Hewson publia son
mémoire sur ceux des reptiles et des
poissons, et, depuis leurs travaux, rien
n*avait paru sur ces organes. Il est inu-
tile de dire que les préparations de
Fobmann sont à une distance immense
de celles de ses devanciers ; aussi son
ouvrage reçut-il un assentiment una-
nime: Cuvier, Carus, Merckel, les plus
gi'ands anatomistes du siècle, lui ont
rendu une éclatante justice, et un con-
cert dVloges fut la digne récompense de
ses veilles. » — « C'est précisément,
continue le savant biogra|)he, c'est pré-
cisément à cause de celte unanimité
d'opinions sur sa méthode, que Fobmann
(ut si sensible à la décision que prit, à
regard des travaux concernant les lym-
phatiques , TAcadémie des sciences de
Paris. Un des points fondamentaux de
sa doctrine était que, dans les vertébrés
supérieurs, Thommc et les mammifères,
les glandes absorbantes seules servent
de communication entre les lymphati-
ques et les veines , hormis aux régions
ctavicQlaires ; chez les vertébrés infé-
rieurs, où les glandes n'existent plus ou
rarement, les communications directes
entre ces deux ordres de vaisseaux se
rencontrent dans les régions mêmes où,
chez les hommes et les mammifères, les
glandes existent. Dans les poissons, les
communications s'établissent dans le
parencbymemème des organes. C'étaient
là des points auxquels, dans sa théorie
de l'absorption , il donnait la plus haute
importance : or M. LIppi avait, en 18â5,
fait paraître à Florence un ouvrage
devenu fameux sur les mêmes matières
( * ) 9 et ce travail fut couronné par l'In-
stitut, deux ans après la publication du
dernier ouvrage de Fobmann. M. Lippi
rejetait les communications entre les
glandes et les veines, démontrées par
Fobmann et vérifiées par Lauth ; il ad-
mettait au contraire les anastomoses di-
rectes entre les vaisseaux lymphatiques
et la veine porte, la veine honteuse inter-
ne, les veines rénales,laveinecaveascen-
dante el Tazygos. Ces comniunicafious
ressemblaient aux anastomoses des vei-
nes el des artères. Fobmann ne put res-
ter en repos en présence d'un système
qui anéantissait le sien, si les faits
avances |)ar son antagoniste étaient fon-
dés. Il saisit l'occasioi) de la publication
de son grand ouvrage sur les poissons,
pour prouver combien Terreur de M.
Lippi avait été grossière. L'anatomiste
italien avait confondu les veines des
glandes avec les vaisseaux absorbants ;
ailleurs, il avait pris des veines fort
grosses pour des lymphatiques. Fob-
mann déclara fausses les anastomoses
entre les lymphatiques et les veines par
l'intermédiaire des vaisseaux capillaires;
et, 0 ce qui est sans exemple, dit-il, ce
» qui surpa.sse encore les autres pro-
» duits de l'imaginalion féconde deLip-
» pi, c'est ce qu'il rapporte à l'égard
» du passage des lymphatiques des or-
» ganes digestifs dans les bassinets des
» reins. Lippi a trouvé plus commode
» de faire arriver des matières, que Dar-
» wyn et autres faisaient passer des
» organes digestifs dans les voies uri-
« naires, au moyen d'un nK)uvement ré-
» trograde dans les lymphatiques, sans
» intervention du système vasculaire
» sanguin ; de les faire arriver d'une
» manière tout ordinaire, des rameaux
» dans les troncs absorbants qui se
» rendent de ces organes dans les bas-
» sinets des reins pours'y implanter! »
Ënûn, après avoir signalé une foule de
mécomptes où Lippi était tombé, Fob-
mann finit par démontrer que son an-
tagoniste avait pris, pour glandes lym-
phatiques, les testicules des oiseaux.
il n'a rien aflirmé de vrai, disait-il dans
un de ses derniers mémoires, pas plus
pour l'anatomie que pour sonhisloire.n
Malg'é les assertions catégoriques de
Fobmann, les anatomistes hésitèrent
longtemps encore entre lui et Lippi :
il fallut que Lauth et Breschet vinssent
' * \ iltuitraxioni flsioiogiche e patoUHjic' e
dei siêtema limfatico- chilifero, mediante la
scoperia di un gran numéro di commumw-
zioni di esso col veitoso, Florence, 48^, in-
4o.
307
FOH
308
à la rescousse pour produire sur les
esprits une impression décisive. Ce
n'est guère, en effet, que depuis les
derniers travaux de ces deux savants
qu*on a rendu universellement justic-e
aux observations consciencieuses de
Tanatomiste de Heidelberg.
Un grand changement s*opéra dans
Texistence de Fohmann pendant qu'il
travaillait à la publication de son grand
ouvrage sur les poissons. La Faculté de
médecine de TUniversité de Liège ne
comptait, en i826, que trois profes-
seurs : renseignement, par suite, res-
tait élémentaire au delà de toute ex-
pression ('). Il fallait en finir avec ce
système ; mais où trouver des profes-
seurs capables? Â celle époque, ils
étaient rares en Belgique, et d'autre
part, l'opinion générale était ouverte-
ment hostile à l'introduction d'éléments
étrangers dans le personnel des Uni-
versités nationales. Cependant un cours
aussi important que l'anatomie ne pou-
vant rester confié à un professeur déjà
surchargé d'autres occupations, le gou-
vernement passa outre et consulta Tie-
demann, déjà précédemment appelé à
désigner un naturaliste. Fohmann, doc-
teur en médecine et en chirurgie pro
meritis, chef des travaux anatomiquesà
l'Université de Heidelberg, professeur
agrégé pour l'ostéologie ; Fohmann,
qui à trente ans commençait à marcher
de pair avec les illustrations de la
science , s'offrait naturellement au
choix du maître qui l'avait formé et
connaissait toute sa valeur. Il fut donc
nommé, sur la fin de 1825, professeur
ordinaire d'anatomie, eu remplacement
de Comhaire (v. ce nom), qui conserva
le cours de physiologie, et fut en même
temps chargé de celui d'hygiène. Grand
émoi dans l'Université, aussi bien chez
certains professeurs que parmi les élè-
ves : on eut lieu de craindre que des
manifestations bruyantes n'éclatassent
à l'ouverture du cours. Une grande agi-
tation régnait à cette époque à l'Uni-
versité : l'opposition au régime hollan-
dais prenait de plus en plus consistauce
et saisissait tous les prétextes pour se
produire : on le vit bien au commence-
menl de l'année suivante (v. l'art. J.-C-
J. Ernst). Fohmann était alors peu au
fait de la langue française, et son accent
germanique rortement prononcé, trahis-
sant à chaque root son origine étrangère,
ne pouvait manquer d'exciter la passion
de ses auditeurs, fomentée du reste par
les excitations du dehors. Mais il était
phlegmatique et caustique tout à la fois :
il parut d'abord ne s'apercevoir de rien ;
puis, quand il se trouva suffisamment
orienté , il prit lui-même l'offensive et
retourna contre ses adversaires l'arme
du ridicule ('). On rendit bientôt justice
à la droiture de son caractère, à la pro-
fondeur de ses connaissances ; on lui
pardonna ses saillies parfois vives, mais
au fond très-innocentes. Les suffrages
des savants, qui se ralliaient de plus en
plus à ses conclusions, imposèrent fina-
lement silence à l'envie. Il fit venir de
Heidelberg une bonne partie de ses
préparations, dont il se servit pour
donner à ses leçons un intérêt pratique
inconnu jusqu'alors dans les Universités
belges. 11 voulut « nationaliser l'art de
faire des découvertes », et dans ce but
il projeta la création d'un Musée anato-
mique, à l'instar de ceux dont s'enor-
(M 11 en était de même dans la Faculté
des sciences : il n'y avait qu'une seule chaire
d'histoire naturelle! (v. l'arl. Gaede).
( ' ) Il commença sa première leçon par
une phrase que personne n'a oubliée : On tU
que j'ai lit ce que je n'ai pas tit. « Un rire
inextinguible s'empara de l'auditoire et cha-
cun, selon le proverbe, put se dire désarmé.
La haine avait néanmoins envenimé les
contes absurdes qu'on avail à dessein répan-
dus dans le publie, et lorsque Fohmann con-
nut ceux qui avaient le plus blâmé sa nomi-
nation, il s'amusa à leurs dépens de manière
à mettre les rieurs de son côté. L'Université
de Liège possédait alors un instrument qu'on
montrait avec ostentation au cal>inct : c'était
une énorme seringue à injecter, mue par
des manivelles. Celui qui avait poussé si
loin l'art des injections feignit de ne pas
comprendre l'emploi auquel on disait cet
instrument destiné, et il le représenta à ses
auditeurs comme servant à Tusage personnel
et hygiénique de celui que la malignité pu-
blique lui donnait pour adversaire. Toute sa
vengeance se bornait ainsi à des traits ma-
licieux, mais qui n'attaquaient nullement
l'honneur de ses ennemis... * (Morren,
p. 93-94}.
309
FOH
310
giieillîssait la Hollande. « La gloire
d*avoir amené à bien une. entreprise si
grandiose lui appartient tout entière, et
nous pouvons dire que depuis le mo-
ment où il mit la main à l^œuvre, Foli-
mann a tenu en Belgique le sceptre de
Vanatomie. De 4827 à 1852, il se con-
sacre tout entier à raccomplîssement
de son dessein. Dès le lever du soleil
jusqu^au soir, il se trouve dans les
amphithéâtres de dissection ou dans
son cabinet particulier, et en moins de
six ans, il achève 150 préparations pour
les injections des lymphatiques, 100
squelettes, au-delà de 900 préparations
molles, 60 appareils organiques, sans
compter la série d'embryons , de fœ-
tus et de monstres qu'il recueille de
toutes parts. Tout cela est préparé de
ses propres mains, sans le secours
d'aucun aide et dans le silence le plus
absolu... » (*). La révolution de 1850
interrompit ses travaux; il craignit
même un instant pour sa place ; mais
averti à temps par un ami (*), il par-
vint à déjouer les intrigues dont il allait
être victime. Cependant ses droits ne
furent pas immédiatement reconnus.
11 n'avait commencé ses travaux pour
le musée que sur la promesse de l'ad-
ministrateur de rinslructlon publique
(*)y que le Gouvernement acquerrait
la collection pour FUniversité de Liège
moyennant une rente viagère : or cette
convention se trouvait rompue par le
fait des événements (*). Ce ne fut que
sous le ministère de Theux, et ;grâce
aux soins et à Tinsistance toute parti-
culière de radministrateur D. Ârnould,
(v. ce nom), que les préparations de
de Fohmann furent tirées du coin hu-
mide et sombre où on les avait reléguées,
pour occuper enfin une salle conve-
nable, et que fauteur de tant de pré-
cieux travaux put espérer d'être indem-
nisé de ses peines. À l'époque où cette
affaire fut conclue, Fohmann 'semble
avoir déjà pressenti sa destinée : le
contrat prévoit le cas où il viendrait à
mourir avant 1845. Il ne pouvait plus,
en effet, se promettre de longs jours.
La mauvaise disposition des locaux (^)
où il travaillait sans relâche dans une
atmosphère insalubre , aspirant inces-
samment des vapeurs délétères ; le ma-
niement quotidien du mercure, les éma-
nations cadavériques, tout avait contri-
bué à compromettre sa santé. Dès 1855,
il éprouva les premières atteintes d'une
myélite, qui passa à l'état chronique.
Les abondantes salivations qui le tour-
mentèrent depuis, les douleurs fré-
quentes qu'il ressentait aux poignets et
aux mains, ne prouvent que trop l'in-
fluence du mercure. Bientôt un de ses
membres fut paralysé : il n'en continua
pas moins â faire deux leçons par jour
(*); il n'en reprit pas moins le cours de
ses publications, momentanément in-
terrompues par ses travaux d'amphi-
théâtre. En mars 185i, l'Académie de
Bruxelles le reçut dans son sein; le
4''' août 1856, il fut nommé président
de la section de médecine, et il justifla
ces nouveaux titres par des services
actifs et efficaces. La mort de Bekker
(v. ce nom), son compatriote et son
ami de cœur, l'affecta profondément :
il dit à M. Dupont, lorsque celui-ci, en
qualilé de recteur, eut prononcé le
discours funèbre : Je suis maintenant
le premier candidat de la mort, n Le
souvenir du boiteux qui conduisait l'a-
veugle, dit avec émotion Ch. Morren ,
vivra toujours parmi ceux qui ont connu
ces deux malheureux , mais insépa-
rables amis, et si la poésie des temps
anciens nous prêtait encore les char-
mes de ses rêves, nous les verrions
dans l'Elysée d'un monde meilleur ,
sous cette touchante image de l'ami-
tié »(').
Fohmann passa les vacances de 1857
à Heidelberg, chez Tiedemann ; il re-
vint à Liège au commencement de sep-
tembre. Le 16, il sortit par un temps
( * ) Morren, p. 95-96.
(*j Le docteur Dcwild.
{ » ) Van Ewyck.
* * ) Fohmann s'était en outre engagé à
faire une collection semblable pour l'Univer-
sité de Gand.
( *) Les bâtiments de TUniversité n'étaient
pas alors ce qu'ils sont aujourd'hui.
{*) Après la mort de Gaêde, il fut chargé
du cours d'anatomic comparée.
C) V. les art. RouiLLé et Ruth.
311
FOH
312
froid et humide, pour se mettre à la
recherche d*un jeune homme qui logeait
chez lui, et qui n*était pas rentré à son
heure accoutumée. U rentra avec la
licvre ; son collègue el ami Raikem l'en-
toura de soins. Le mal s'aggrava : le 21 ,
arriva de Paris Breschet, « Thomme
pour lequel Fohmann professait la plus
haute estime , l'homme qui le compre-
nait le mieux et qui depuis quinze ans
avaitfait connaître ses travaux en France
(*). Celle visite réjouit le cœur du mo-
ribond; mais Breschet dut partir le len-
demain pour Bonn, et la maladie fit
de rapides et funestes progrt'S. Le doc-
teur Poncelet fut appelé en consulta-
tion ; le âo, le délire commença ; dans
la matinée du â5, il perdit l'usage de
la vue et de l'ouïe ; à onze heures moins
cinq minutes du matin, il expira après
avoir donné à la religion catholique,
qu'il professait, tous les gages de sa
foi et de sa piété. » Il avait vécu 43
ans. — Nous reproduisons, d'après
Ch. Morren, la bibliographie de ses
ouvrages :
1» Anatomischc Untersuchungen ùber
die Verbindung der Saugadern mit de»
Vencn. Heidelberg, «841, in-8^
La préface de cet ouvrage est de Tiede-
mann.
— Recherches atiatomiques sur la
communication des vaisseaux lympha-
tiques avec les veines, précédées d'une
préface par M. Tiedemann ; trad. de
Tallemand par M. Breschet. Paris ,
1822, in-8«.
Celle traduction est insérée dans les Mé-
moires de la Société médicale d'Emulation,
avril 1822, p. 136.
2" Dos Saugadersystem der Wirbeî-
thiere, Erstes Heft, Dus Saugadersys-
tem der Fische, mit X VU! Steindruck-
tafeln. Heidelberg et Leipzig, 1827,
in-folio.
La seconde partie do cet ouvrage : Doê
Saugadersystem der Àmp'ibien^ annoncée
dans la préface , n*a point paru.
— Sur Vétat présent de nos connais-
( * ) La Gazette médicale de Paris (année
1837 1 contient une notice de Raikem (v. ce
nom) sur la maladie de Fohmann, el le pro-
cès-verbal de l'autopsie de son cadavre, par
sances relativement au système lympha-
tique, Paris, 1827, p. 123-157 du /o«r-
nal complémentaire du Dictionnaire des
sciences médicales^ t. XXVII.
C'est la traduction de la majeure partie de
rintroduction de l'ouvrage précédent. Ch.
Morren y a relevé les erreurs suivantes,
corrigt^es de la main de Fohmann dans l'exem-
plaire déposé à rUniversilé de Liège :
P. 130, l. 2. Veine cave, lisez : reine
porte,
P. 135, 1. 19. En ont agrandi. Usez : n*en
ont pas agrandi,
— Sur le mécanû^me de Vabsorption,
diaprés la disposition anntomique du sys-
tème lymphatique des poissons, Paris,
1827, p. 226-239 du Journal complé-
mentaire, etc., t. XXVll.
C'est la traduction de la dernière partie
de l'ouvrage Sur le système absorbant des
poissons.
3*» Notice sur la texture de la cornée
transparente (T. YI de la Correspon-
dance matliématiquc et physique de M.
Quetelet, 1831).
Reprod. par M. Quetelet dans les notes
de la traduction du Traité de la lumière, par
HerscheU, t. IL p. 407.
io Mémoire sur le^ communications des
vaisseaux lymphatiques avec les veines
et sur les vaisseaux absorbants du pla-
centa et du cordon ombilical, Liège,
Desoer. 1852, in-4^ 52 p., avec une pi.
lithogr. et coloriée.
C'est le dernier travail qu'ait publié Foh-
mann dans la plénitude de la santé.
5** Mémoire sur les vaisseaux lympha-
tiques de la peau, des membranes mu-
qiwuses, séreuses, du tissu nerveux el
musculaire, Liège, Desoer, 1833, in-4«
(28 p., la Uible et 10 pi. gravées part-
Jehotte).
6** Considérations sur rœilde rhomme^
relatives à Vophthalmie, Liège, Dessain.
1835. 12 p. in-8°.
Ces considérations font suite aux Rtcher-
ches sur les causes, Chistoire et le traitement
de Cophthalmie militaire, par H. Vandcrmeer.
Liège, Dessain, mai 1835, io 8*.
Raikem, Vottem et M. le docteur Poncelet.
Ces documents ont été livrés k la publicité
par les soins du professeur Breschet.
3i:^
FUS
314
7** Note sur VAcrochordus javanicus.
Bruxelles. 1835, in-8« {Bull, de VAcad.
royale de Belgique, l. II. p. 17}.
Toutes les pièces anatomiques de ce rep-
tile rare, communiqué à Fohmann par son
ami Boié, sont conservée» au cabinet de
l'Université de Litige.
8^ Sur Vorgane de la vue chez les ani-
maux etcfiez rhomme{lh'nï , t. III, 1856,
p. 275).
Cette notice fut lue par Fohmann au Con-
grès scientifique de Liège, le \" août 1836.
L'auteur constate la présence dupecten dans
l'œil des reptiles.
9" Rapport sur un mémoire de Bl. Van
Beacden,inlitulé : Remarques sur le siège
du goût dans la carpe (Ibid., t U, p.
105).
10** Rapport sur un mémoire de M.
Desvignes, traitant de Vodorat des pois-
sons (Ibid., t. Il, p. 169).
Ito Rapport sur un mém(ire de M.
Ch. Morren, intitulé : Ohnervations os-
léologiques sur Vapparcil contai des ba-
traciens (II)., t. II, p. 258)-
là'* Rapport sur un mémoire de M.
Van B^neden : Sur VHelix algira (Ib., t.
II, p. 576)
13« Rapport sur un os fossile trouvé
à Tuyvenberg (Ib., l. III, p. iO).
C'était, croyait Fohmnnn, une vertèbre de
ce lacé.
li** Rapport sur les mémoires de BI.
Burg^raeve (deGand) relatifs aux nums-
truùsités humaines (Ib., t. III, p. 240).
15** Rapport sur le mémoire de M.
Lambotte, candidat en médecine à rUni-
versité de Liège, sur la question jjro-
posée par TAcadémie: DHei-miner les
modifications que sulfissent les appareils
sanguin et respiratoire dans les méta-
morphoses des batraciens anoures; mé-
moire qui a obtenu une médaille d'ar-
gent (Ibid., t. IV, 1857, p. 180).
Nous avons dit que Fohmann dtait membre
de l'Académie de Bruxelles. Il Taisait en outre
partie des Sociétés suivantes : Académie
royale de médecine de France ; Société
d'histoire naturelle de Strasbourg ; Société
de médecine de Gand ; Geseltschaft fur Na-
turwissenschaftf de Heidelberg ; Senkenifer-
giwtiê naturforschtnde Gesellgchafi , de
Francfort ; PhUomphischrmediciniiche Gc-
seUschaJt, de Wûrzbourg.
Fu«*H (Jean-Dominique), né à Dûren
le 2 janvier 1782, mourut à Liège le
31 janvier 1800. Professeur érudit,
philologue éminent, poète latin, un des
derniers successeurs des Sarbievski,
des Jean Second , des Hosschius , des
Vanière, Fuss mériterait une notice
plus étendue que celle-ci. Tous ses tra-
vaux, sans être également distingués,
portent un cachet d'originalité qui don-
nerait certainement lieu à des obser-
vations intéressantes ; malheureuse-
ment à cause de leur caractère spécial ,
ils ne sont connus que d'un public res-
treint. Ce public môme a la mémoire
courte; les préoccupations purement
littéraires ne sont pas le fait d'une so-
ciété inquiète. Aussi bien l'idée domi-
nante de Fuss , ridée d'exprimer en
latin la pensée moderne, semble être
venue trois siècles trop tard ; il a fallu
tout le talent de celui qui l'a émise
pour qu'elle ne parût point un para-
doxe. On peut galvaniser un cadavre,
mais non lui rendre la \ie. Les Poè-
mata latina de Fuss ont d'ailleurs une
haute valeur intrinsèque ; espérons que
tôt ou tard ils reparaîtront au grand
jour. L'auteur en avait préparé avec
soin une nouvelle édition ( ' ) ; celui qui
entreprendrait de la publier rendrait
un véritable sei*vice à la république des
lettres.
Fuss appartenait h une famille ho-
norable, mais qui éprouva des revers
de fortune. Orphelin dès l'âge de douze
ans, il fut placé chez les jésuites de
Duren et fil sous leur direction d'ex-
cellentes humanités. Son quatrième
lustre révolu, pour nous servir de son
expression ('), il dit adieu k sa ville
natale, plein de confiance dans sa bonne
étoile. En 1801, nous le trouvons à
AViirzbourg, fréquentant les cours de
( * ) L'exemplaire annoté dans ce but a étû
disposé à la bibliothèque de fUniversilé de
Litige.
(*) Hic cgit vilœ lustra quatenm suse.
IHtren und xeiue Vmffrbttnff,p, 8 (v. ci-après
la bibliographie;.
315
FUS
316
philosophie et (Inesthétique de Sciiel-
ling ; l*année suivante, à Halle, coin-
plèlanl sous W'olff ses études philolo-
giques. C'est vers la même époque ou
un peu plus tard qu'il fit la connais-
sance d'Âug. Guillaume Schlegel(^),
et vraisemblablement c'est à celui-ci
qu'il dut d'être mis en rapport avec
M°"' de Staël, qui commençait alors
Outre-Rhin ses pérégrinations d'exi-
lée. Le discours prononcé sur la tombe
de Fuss par M. Th. Lacordaire nous
apprend que le jeune érudit eut la
bonne fortune de rendre quelques ser-
vices littéraires à l'auteur du livre de
r Allemagne, M"*« de Staél lui conseilla
de se rendre à Paris, où sa protection
l'accompagna. Grâce à ce patronage
illustre, Fuss ne tarda pas à trouver
de l'occupation. Le sénateur comte
Rigal lui confia l'éducation de son fils,
qui fut admis à l'Ecole polytechnique ;
il devint ensuite précepteur chez le ban-
quier Antoine Odier, dont il se fit un
ami(*). Une autre liaison qu'il con-
tracta bientôt avec le savant Hase exerça
sur son avenir une influence décisive.
Us publièrent ensemble à Paris, en
iSlâ, d'après un manuscrit du IX'
siècle appartenant au comte de Choi-
seul-Gouffier, VédUion princeps de l'im-
portant traité de Jean Laurentius Ly-
dus sur les magistrats romains^ ouvrage
longtemps considéré comme perdu, et
qui n'est pas l'un des moins précieux
de la collection byzantine. Fuss le tra-
duisit en latin , tandis que le profond
helléniste se chargea de la révision du
texte, de la rédaction d'un commentaire
et d'une notice sur la vie et les travaux
de l'écrivain du Bas-Empire. La répu-
tation de Jean-Dominique était fondée
('); il fut attaché ià la Bibliothèque
impériale , avec le titre de secrétaire
du savant archéologue Millin , alors
conservateur du Cabinet des antiques et
rédacteur du Magasin fnqfehpédi^uô.
Fuss fit insérer dans ce recueil, de
1813 à 1815, un assez grand nombre
d'articles littéraires (*),
Le 5 mars 1815, le gouvernement
prussien lui offrit une chaire degrec(*)
au gymnase de Cologne^, il accueillit
cette proposition, fut nommé le 6 avril
professeur de littérature ancienne et
quitta immédiatement Paris (*). Deux
ans plus tard, lorsque le gouvernement
des Pays-Bas s'occupa de recruter le
personnelenseignant de nos Universités,
Fuss, un des premiers, attira l'attention
royale, il fut nommé professeur ordi-
naire à la Faculté des lettres de Liège,
chargé des cours de littérature ancienne
et d'antiquités romaines. La lecture de
son élégante traduction en vers latins
de l'élégie d'Âug. G. Schlegel sur Rome
servit de péroraison à son discours inau-
gural (Ann, Acad. Leod , vol. 1 ; v. ci-
après). Il coopéra, en 1820-1821, à la
fondation de V Ecole propédeutique(\\ les
art. Denzinger et Wagemann). Les nom-
breuses occupations officielles qui ab-
sorbèrent Fuss à cette époque entre-
tinrent sa fécondité littéraire,alors qu'on
eût pu le croire tenté de déposer sa
plume. Fuss ne sortait de son cabinet,
pour ainsi dire, qu'aux heuresdes repas ;
il lisait énormément, et toujours la plume
k la main : certains volumes de sa bi-
bliothèque, surchargés de notes parfois
en plusieurs langues, surtout son Ho-
race, sont restés de véritables curiosités.
Avec ces habitudes studieuses et une
bonne distribution du temps, on finit
( * ) Ha t^^s- souvent entretenu l'auteur
de la présente notice de ses relations avec
cet homme célèbre.
( * ) H resta pendant longues années en
correspondance avec la famille Odier, si
douloureusement éprouvée plus tard.
( * ) Letronne, dans un article sur des frag-
ments d'autres écrits de Lydus publiés par
E. Hase, se plut, entre autres, à reconnaître
que Fuss était profondément versé dans tes
deux idiomes. D'autres critiques, en Alle-
magne et ailleurs, vantèrent sa pure latinité,
son jugement impartial , et exprimèrent le
désir de le voir poursuivre ses études philo-
logiques.
( * ) Alph. Le Roy, Notice sur Fuss, dans la
Revue de l'instruction publique en France^
1860 (reprod. dans la Revue de tinst. pu-
blique en Belgique , mars 1860, p. 87). —
U. Capitaine, Ndcrol. liégeois pour iB^. —
Discours de M. Lacordaire.
( " ) C'est par erreur qu'on a imprimé une
chaire de latin dans les notices précitées.
(*) 11 venait de s'y marier; il s'en fallut
de peu que la France ne devint sa patrie
d'adoption.
317
FUS
318
par posséder des trésors d'érudition.
C'est ainsi que tout en faisant ses cours,
en annotant les anciens, en devenant
un latiniste et un helléniste de premier
ordre, Fuss put rassembler les maté-
riaux de son traité classique dVln/i^/ui/^^
romaines, écrire une foule de disser-
tations sur toutes sortes de sujets et
composer ses Carmina^ dont la pre-
mière édition parut en 1822. Cette der-
nière publication faillit lui couler cher.
Fuss avait Tesprit satirique, et Ton sait
que les savants, même les plus paisibles,
ne brillent pas toujours par la modé-
ration du langage, une fois que la pomme
de discorde est tombée entre eux. Lais-
sons parler M. Capitaine : « Parmi les
pièces insérées dans les Carmina latina
de 18âi, il s'en trouve trois. PygolichUiy
Vulpums et In homines ventôsos, qui
semblèrent avoir été dirigées contre un
honorable professeur de rUniversitéde
Liège, M. W... ( ' ). Fuss non-seulement
fut blâmé d'avoir publié ces vers d'un
goût équivoque, mais un critique du
Journal de Bruxelles^ abrité sous l'ini-
tiale (t., accusa l'auteur, en termes d'une
extrême violence, d'abuser de l'hospi-
talité que le gouvernement lui accordait.
Ce compte rendu éveilla l'attention des
autorités supérieures, et peu de jours
après, Fuss fut appelé dans le cabinet
de M. Falck, alors ministre de l'in-
struction publique. Le poète, interpellé,
protesta de l'innocence de ses inten-
tions : il avait voulu censurer un vice
inhérent à l'espèce humaine; mais il
n'était point entré dans sa pensée d'en
faire l'application à persoiiitc. Cette
explication ne satisfit pas le ministre.
Fuss fut placé dans l'alternative de se
létracteroude voir proposer àson égard
one mesurede rigueur, ilétaitsurle point
lie donner sa démission de professeur
pon r accepter la place de sous-conser-
vateur de la bibliothèque royale de
Bruxelles, qui venait de lui être of-
ferte, lorsque ses collègues, MM. Gall
et Destriveaux, parvinrent à faire accep-
ter, comme transaction honorable pour
les deux parties, une Réponse au Jour-
nal de Bruxelles (') , dans laquelle
Fuss se défend d'avoir voulu attaquer
dans ses vers un membre quelconque
de l'enseignement supérieur n (').
Ces dissentiments s'oublièrent avec le
temps : les orages violents n'ont ja-
mais longue durée. Quant à Fuss, il
vit de nouveau sa position menacée
en i850, lorsque les professeurs hol-
landais durent quitter l'Université.
Bien que n'appartenant pas à cette
nationalité, il figura un instant sur
la liste de proscription : il protesta
avec une énergie qui étonna tous ceux
qui connaissaient son calme habituel ;
enfin il fut maintenu, mais tout d'un
coup la Faculté dont il faisait partie
se trouva supprimée. Fuss prit place
dans la Faculté libre (v. l'art. Rouillé),
qui fonctionna jusqu'à la réorganisa-
tion de 1855. Au mois de décembre
de cette dernière année, le Gouverne-
ment le réinstalla dans sa chaire :
seulement on ne lui laissa que les cours
d'antiquités romaines et d'archéologie
(celui-ci facultatif). Fuss regretta long-
temps ses cours de langues, surtout
celui de latin : il se consola en
composant de nouvelles poésies et en
élargissant chaque jour le cercle de
ses études privées. 11 écrivait le latin
mieux que toute autre langue; cepen-
dant son style allemand n'est pas sans
mérite, témoin la traduction en vers de
la Lucrèce de Ponsard, qu'il publia en
1844. La même année (1844-1845), il
fut nommé recteur. Son dernier acte
public est le discours qu'il prononça en
déposant les faisceaux académiques :
(*) Wagemaon. — La pièce intitulde Py-
gotichia avait paru d'abord dans Viu-n d'O-
kcn JcDa, 1821, IS* cahier). Le Vuipurus
étail une critique de la nouvcUe loi sur les
ionputs, défendue par Wageniann.
(') Lidge, CoUardin, iSââ, in-8o de 16
pages.
{ * j L'auteur du Nécroloye iiégeoh fait re-
marquer que les trois pièces ccneurées ont
été reproduites in extenso dans l'édition des
Poimata latina de 1837. L'édiliçn de 1845-
1846 les renferme également; toutefois,
dans cette dernière . au tilre Pygolichia,
l'auteur a substitué celui de Lambentis prœ-
cepta deœ; il a aussi supprimé les 80 der-
niers vers, qui avaient été maintenus dans
l't^dition précédente.
319
FUS.
320
il y essaya une nou?elle démonstratioR
de sa thèse favorite : Que le latin mo-
derne n'a rien perdu de son impor-
tame. En 1847, il reçut la croix de
chevalier de Tordre de Léopold ; Tan-
née suivante , il demanda et obtint son
éméi'itat, dont il jouit pendant onze ans
encore. Relire de Tenseignement, il ne
cessa pas de fréquenter de TUniver-
sité : on Ty revoyait presque tous les
jours, venant s'informer de la marche
des études, s'intéressanl aux jeunes,
professeurs, encourageant leurs tra-
vaux, se tenant au courant des publi-
cations nouvelles. Dans les derniers
temps de sa vie, il lut beaucoup le
Dante, et Timpression finale que lui
laissa la divine Csomédie donna lieu à un
réquisitoire (*) en vers latins, dirigé
contre tes admirateurs outrés du grand
poète. Il traduisit cependant lui-même
en hexamètres les épisodes de Fran-
çoise de Rimini et du Comte Ugolin, Fuss
était loin de vouloir rabaisser la taille
du colosse; mais son propre esprit
était coulé dans le moule de Tantiquité
classique et n'en pouvait plus sortir.
D'autre part, c'est au point de vue du
fond qu'il se prit surtout à combattre
l'enthousiasme des écrivains modernes
pour le Dante, surtout de ceux qui se
servaient de ce prétexte, à ce qui lui
semblait, pour remettre en honneur la
scolastique et nous ramener au catho-
licisme du moyen âge. Insensiblement
cette dernière préoccupation devint do-
minante chez Fuss : il s'était toujours
vivement intéressé aux questions théo-
logiques ; le Dante le ramena aux
livres bibliques, dont il se remit à faire
une étude assidue dans le texte hé-
breu. 11 exprima ses doutes en vers
latins, suivant sa coutume:
Qdiiiqitiii ti'nl>il»nt stiibprc, vci-stus or.it.
Il mourut peu de temps après, dans
toute la vigueur de ses facultés, sans
avoir pu trouver le dernier mot des
redoutables problèmes auxquels il son-
geait sans cesse, mais la conscience
tranquille, parce qu'il avait cherché la
vérité sincèrement et honnêtement. Fuss
était aussi tolérant envers les autres
que sévère pour lui-même ; il estimait
ioutcs les convictions loyales et il n'a-
vait, quant ù lui, rien tant à cjcmr que
de s*éclairer. Il y avait en lui de la can-
deur et de la finesse tout ensemble, le
sens de Tart, la religion du beau, du
juste et du vrai, pas l'ombre de pédan-
tisme ni do prétentions, mais une téna-
ciié extrême une fois qu'il s'était attaché
à une idée ou engagé dans une contro-
verse. Il était très-versé dans la plupart
des littératures deTEurope,cequi ren-
dait sa conversation instructive et sou-
vent pittoresque. En dépit de l'incident
rap|M)rté plus haut, s'il puisa quelque-
fois des armes dans le carquois d'Ar-
chi loque, il y avait en lui un fonds de
bonté véritable ; mais il fallait le voir
dans l'intimité pour l'apprécier. Pour
achever de le faire connaître, c'est à ses
œuvres que nous devons nous adres-
ser (*). Il a |)ublié:
1° Joannis Laurcntii Lydi PhUadel-
pheni de maghtratibus reipublicœ Ro-
mance lïbri 1res, vunc primum in Incem
edifi et versione, notis indicibusque aucii
à J.-D. Fuss. Pra*fatus est C-B. Hase,
codd. grœc. et lat, in Bibliolhecà ImjK-
riali Parisiensi sub conservât ore cusios,
Paris, Eberhart, 1812, !n-8«deLXXXVl
et 316 p.
2° Roma, elegiaA.'G, Schlegel, luti-
nitatedonata notisque illustrataàJ.-D.
Fuss. Adjectus est textus g.rmanicus.
Cologne, Rommerskirchen, 1817, in-i».
Ce morceau a é\6 reproduit, comme nous
Tavons dît, daos les Ammlet académiques
(vol. I), et séparément, in-4«. On le retrouve
dans les Poëmata latina, précédé de quatre
vers grecs.
3° Prœlectionibus in fac, philos, et
litt. human, pcr hune annum habendis
exhoriaiione ad ejus alumnos prœlus^it
J,-D^ Fuss. Accessit versio latina car-
{*) Expression employée dans le Rapport
de M. de Ram à l'Acadëroie. V. aussi les
Rapports de MM. Bormans et Ph. Leshrous-
sart {bulletin, l. XX, n» 3;. — (Voir, dans le
Moniteur de l'enseignement du iO juin 1853,
p. 273-280, nos observations sur lo poème
de Fuss et sur les vives attaques dont il fut
robjcl dans la presse bruxelloise).
(') Nous reproduisons en général la liste
dressée par M. U. Capitaine.
3S1
FUS
322
mtJiM elegiaci sermone germanico corn-
positi ab Aug. Guil. ScMegel. Liège,
CoIJardin, «820, in-S».
Démonstration de l'atilitë de l'étude des
langues anciennes. Le poème de Schlegel
iur l'art grec termine la brochure.
*• J.-D. Fuss ttd C.'B, Hase eptstola,
i» quâ Joannvn Laurentii Lydi demagis-
tratilms reipublicœ Romanœ textus et
versio emendantur^ locidifficitioresilltts-
trantur. Liège, Collardin, 1820, in-8».
5** Amimlatio^ elegia Fred. Schiller,
ègermanicà inlatinam linguam translata
à J,-D. Fuss. Accessit de SchUleri poesi
ode, Cologne, Dumont-Schauberg, i 820,
in-8^. — Dédicace aux mânes de Schiller
•
Réimprimé dans les Poêmata latiua,
6® Antiquitates Romanœ compendio
leetianum suarum in nsum enarratœ à
J. D, Fuss, Liège, Collardin, 1820,
in-8* de XX et 282 p. — 2« édition, cor-
rigée et considérablement augmentée.
îhid,, 4826, in-8" de XXII et 565 p.—
5' édition, également revue et corrigée.
ïbid,, 1836, in-8« de XV et 521 p.
Ouvrage important, plein de renseigne-
ments et bien coordonné, rédigé dans la
forme ordinaire des manuels allemands, au
courant de la science si l'on se reporte à
l'époque où il parut. Les grands travaux ac-
complis depuis, dans le domaine des anti-
quités romaines, lui ont ôté une grande partie
de sa valeur ; cependant on peut encore le
consulter avec fruit. II a été classique dans
plusieurs Universités, en Allemagne comme
en Belgique, et pendant plusieurs années à
Oxford et à Cambridge. L'édition de 1836 a
été traduite en anglais par A. W. Street sous
ce titre: Roman antiquitiex, by J.-D, Fuss,
prof essor in the Univcrsity of Liège, Trans-
lated front the tant édition. Oxford, Talboys,
1840, io-80 de XIV et 608 p.
7"* /. D. Fuss carmina latina, additis
è germanico ver gis ^ in quibus Roma etArs
Grœcorum A, W, Schlegel et Ambnlatio
Fred. Schiller, eîegiœ, denuo etnendaiio-
res vutgatœ. In cœleris Schilleri Cam-
pana^ Goethei Alexis et Dora, Prœcedil
de iinguœ latinœ cum universo ad scri-
bendum dissertatio, Cologne, Dumont-
Schauberg, 1822, ln-8'' de CIV et 176
!>., et deux feuillets d*errata, manquant
à \'À plupart des exemplaires. — Dédi-
cace à Kinker (v. ce nom).
La dissertation finale a été tirée k part
(Cologne, lëSS) et réimprimée plus tard,
avec de nombreux changements, à la tète de
l'édition des Poêmata latina de 1837.
8° Réponse à un article du Journal de
Bruxelles du 5 octobre i%^, adressée à
M. R. auteur du même article, Liège,
Collardin, 1822, iî)-8*. — V. ci-dessus.
9® /.-D. Fuss ad Lycocriticum épis-
tola^ in quâ loci Metamorphoseon et Fas-
torum Ovidii, nec nm aUi nonnulli sive
defhnduntur et illustraniur, sive emen--
dantur, Chr. Conr Sprengel cmcnda-
tiones exempli causa refutantur, Adhœ-
rent anonymi è reperlorio Beckidno
mendacia, Ibid., 1823, in-8''.
Les Mendacia sont une reportée très-vive
à des observations cMtiqoes dont la disser-
tation citée sous le n» 7 venait d'être l'objet
dans VAUgem. Repert, der Uteraiw^ 1823
(t. I, p. i60). Fuss se préoccupait beaucoup
des jugements qu'on portait sur ses compo-
sitions.
10» Goethei elegiiÈ XXÎll et Schilleri
Campana, latine, servatâ archet y pi for-
ma, redditœ à J,-D. Fuss, Adhœrent
epigrammatan4>nnulla,necnon odœ très,
et de Goethei elegiis, deque Lydo ademto
ad amicum epistola. Liège, Collardin,
1824,in-8«.
Edition publiée aux frais de l'auteur. Le
Chant de la Cloche avait déjà paru dans les
Carmina latina de i8â!2 ; mais le texte de
1824 présente de nombreux changementi.
H*' Fred. Schiller Carmen de Cam-
pana, sive das Lied von der Glocke,
latine redditum, iterkmque et emenda-
tins editum à J, D. Fuss. Adhœret ejus-
dem de Schilleri poesi ode. fbîd., 1824,
in-8«.
\i,^ Dissertatio J,-D. Fuss, versuum
Itomœoteleutorum sive consonantiœ in
poesi neolatinà usum commeudans, Ad-
hœrent Schilleri Festum Victoriœ et
C^ssandra versibus homœoteleutis, nec
non Gœthei elegia XII latine reddita,
Ibid., 1824, in-8".— 2« édition, 1828,
considérablement augmentée.
Fuss poursuivit toute sa vie un seul but :
réhabiliter le latin et perpétuer sa littérature
à côté des littératures modernes. Il ne cessait
de répéter que le latin est assez riche et
assez flexible pour exprimer, en gardant sa
pureté classique, toutes les idées nouvelles,
tout ce que les anciens n'avaient pas même
pressenti. A peine faisait- il des réserves
323
FUS
334
pour les scieoces naturelles. Il est pennis
de voir là uoe étrange illusion ; mais la con-
science qu'avait Fuss de la flexibilité de son
propre talent le fortifiait dans cette manière
de voir ; et comment lui répondre qo'il sou-
tenait un paradoxe , alors qu'il prêchait
d'exemple? Cette alliance souvent heureuse
d'une forme immobile et d'une inspiration
toute pénétrée des sentiments des générations
nouvelles, donne un attrait particulière quel-
ques-unes de ses poésies, surtout à ses tra-
ductions des ballades les plus populaires de
l'Allemagne. Mais ici, pour tout dire, il a
pris quelque liberté. A côté de ses vers
épiques, de ses distiques, de ses strophes
horatiennes, il s'est plu à ressusciter la forme
poétique des hymnes de l'Église et à l'appli-
quer à toutes sortes de pièces, voire ù des
chansomf. Il avait un faible pour les vers
rimes et rhythmés , tels qu'il en rencontrait
chez les écrivains germaniques ; il en trans-
porta les combinaisons les plus variées dans
la poésie latine, et se persuada sincèrement
que ce système était destiné il rendre tôt ou
tard leur éclat aux muses romaines. Sa tra-
duction de la Cloche de Schiller est un tour
de force sous ce rapport; on a vu quelque
chose d'analogue chez certains peintres con-
temporains, qui donnent le costume antique
à des personnages évidemment modernes, et
en nous représentant nos scènes d'intérieur,"
nous feraient croire que nous avons sons les
yeux un tableau détaché des murs de Pompei.
Ceci s'appliquerait surtout aux poésies que
Fuss a jetées dans le moule d'Horace, mais
est vrai aussi, jusqu'à un certain point, de
ses traductions rimées. André Chénier, Goethe
et d'autres dont le génie est essentiellement
païen lui offraient plus de prise; mais Schil-
ler, à part ses ballades dont les sujets sont
empruntés à la légende grecque, Schiller,
dans le Chant de la Cloche surtout, semblait
résister à toutes les tentatives. Il ne se rebuta
point, remit vingt fois son ouvrage sur le
mélier et finit par ne plus connaître d'ob-
stacles. Un fragment de la Cloche, sans com-
mentaire :
Eoge, masse jam liqoate;
Bnlia ciioB emicaut;
Sale citô satnrat*
Alcalino cœant.
Silque spameo
Para mistio
Ut liqaente rox ab asre
l'Iena clangAt et sincère.
i^onore feato nam nascentezn
Caram aalotat p«rtnlam.
Ad limen vite qoem gemeatem
Pacavit somni brachiaio :
Coi sinos «evi cam beatin
Commista ceiat ni((ra fatis;
Stib matre euro ridet boni.
It ritm blandiens aarora.
Ct telum, tr.insit MscDlaai,
Cjetam cnatemneus paellarom,
In mundom paer irrait,
Ferox va^ator orbe, laram
Sub patns bospes rediit,
iEriqoe foUçidam décore.
De coelo vefnt speriem.
Caste gênas sparwam robore
Coràm tnetnr rirginem.
Cupido gliacen5, en, tnenti
r.or tentât ineiTabilis :
Fratrnm procnl cboro frejnentî
Rigon» it ora lacrymîs.
Trnbit padeotem Tenerata,
UeAt salatans tenoram (<),
U prata pcr, quarens, amats,
Qno ntleat, palcberrimam.
O flammn miti.*, sprt.«, amori:i
Soles repentis itarei î
In c«li lumen baret oris;
Tor rore pleonm gandii.
O prima pal^bro flamma Tere,
2Etema poosis si vigerel
En, nt tnbi jam rervesnint! etr.
Un autre fragment, dans la pure forme
d'Horace (les premiers vers du Lac, de La-
martine) :
sic Yocat pnisos uota sempcr ora.
Noxqae non nlli remeanda ; rasto
NuUa nos horam retinebit «tï
A nchora ponto !
0 Ucua, vernis redacem sab acri<<,
Rope me solam, en, propè te sedentem;
Non Yenit caras, nt amanat, undas
llln rovi.«cns,..
La Dissertation sur les vers latins rimes
est très-curieuse : l'auteur explique l'éloi-
gnement des anciens pour la rime, en faisant
remarquer que leurs vers sont essentielle-
ment quantitatifs, c'est-à-dire que l'accent
tonique y tombe aussi bien sur une brève que
sur une longue ; or la rime ne plaît à l'oreille
que dans les versus accentiviy où la syllabe
accentuée est toujours une longue, comme
en allemand. En français, où la quantité est
peu marquée, on ne saurait se passer de la
rime. Après le siècle d'Auguste, on vit ap-
paraître insensiblement à Rome des vers à
assonances, symptôme de décadence si l'on
veut, si Ton songe aux œuvres des grands
poètes classiques ; mais les modernes se
trouvent placés dans une condition toute
différente, et l'on ne voit pas pourquoi ils
{*) Dans l'exemplaire annoté que nous
avons sous les yeux, nous remarquons, écrite
de la main de Fuss, une observation qui ca-
ractérise bien les préoccupations antl-dan-
tesqnes de ses dernières années. « On pour-
rait croire, dit il, que Schiller a emprunté
ce trait à la Vita Nuova ; mais il semble que
le Dante ne devait pas plaire beaucoup à
notre poète ».
325
FUS
326
o'aeeomaoderaieat pas io latio à leur goût,
■ans tooeber do reste à la pureté du langage.
Des beautés nouvelles se sont révélées, et
pour être rimées, beaucoup de pièces de vers
écrites en langue vulgaire, sur des siiy^ts
classiques, ont un parfum d'antiquité qui fait
illusion. Pourquoi ne pas en composer aussi
en latin, mais conformément aux usages de
la poétique moderne? Ce qui, au quatrième
siècle, attestait la perversion du sens esthé-
tique, peut au contraire, de nos jours, rendre
une seconde jeunesse au vieil Eaon. — A la
dissertation de Fuss sont annexées quelques
observations philologiques, particulièrement
sur l'emploi du mot nempé : c'est une réponse
explicite aux objections d'un critique alle-
mand.
13® Réflexions sur Fusage du latin
moderne en poésie et sur le mérite des
poètes latins modernes, suivies de poésies
en partie traduites du français. Litige,
Collardin, 4829, in-8^
C'est un complément naturel de la disser-
tation précédente ; car la première question
est toujours de savoir s'il convient, à notre
époque, de continuer k écrire en latin. Fuss
déclare franchement que cette langue lui sert
mieux que toute autre à rendre sa pensée, et
il ne voit pas pourquoi on lui reprocherait
de s'en servir : aussi bien, d'autres peuvent
se trouver dans le môme cas. D'ailleurs la
littérature néolatine n'est nullement à dédai-
gner. L'autour passe en revue les principaux
poètes de la latinité moderne et reproduit
quelques-uns de leurs meilleurs morceaux.
14" Aquisgrani regionis amœnitas, in
eâque mons Francorum, Caroli Magni
arcis ruinœ. Ibid , 1829, in-8»
Pièce de vers réimprimée dans les Poë-
mata latina.
15® J.-D Fuss Carmittum latinorum
pars nova, cum nonnuUis hic denuo
edUis, Ibid., 1830, in-8®.
Edition publiée aux frais de l'auteur. — 2*
éd., ibid., 1833, in-go (Dédicace ù B. Will-
mann). — H. B. Willmann avait lui-même
dédié à Fuss, en 1832, en souvenir de leur
séjour à Paris, sa traduction en vers alle-
mands du poème d'Apollonius de Bbodcs :
Y Expédition det Argonaufe$,
16^ Un mot touchant Vusage du latin
dans les leçons académiques. I^iége ,
(s. d.), in-8®.
A propos d'une brochure de Warnkœnig
sur les Universités, publiée en collaboration
avec le baron de RcitTenberg (v. l'art. Warn-
KCERic). Fuss combat l'opinion do son col-
lègue, qui en était venu k soutenir qu'ensei-
gner en latin, c'était infliger aux étudiants
le supplice de Mézence :
Morta.'i qninetiam jiingelMt (rorpor* rivis.
17®. D&ren und seitie Umgelfung^ he-
sungen mit Bezugaufdes Yerf assers Le-
ben, von /.-/). Fuss; abgedruckt aun
di'ssen Canninum latinorum pars nova
(Leodii 1852), nebst Uebersetzung im
Versmasse desOriginals von P. /. Fisch-
bach, Dûren, Knoll, 1853, in 16®, avec
portrait de Fuss.
M. Fischbach, de Bonsberg, rédigea cette
traduction (en distiques) à la demande de
plusieurs concitoyens de Fuss. KUe a été
réimprimée à Liège, in 8® (s. d.). Le texte
latin se retrouve dans les Poêmata latina,
éd. de 1846, t. II, sous le titre : Hœc pta-
ceant patriœ quœ pia dona fera (p. 3-9;.
18** Badekur in Aaciten, seine Une-
gebung^ und in dieser der Frankenberg
mit dem Màhrchen vom Zauberringe.
Âix-la-Chapelle, Urilchs, 1855, in-12.
Poème latin de Fuss, traduit par lui-même
en allemand.
19® La Cloche de Schiller, traduite
en vers français (et suivie d'observa-
tions). Liège, Collardin, 1854, în-8®.
Fuss a essayé de conserver la mesure et
le rhythme de l'original : sa version n'est pas
précisément élégante.
SO® J.-D. Fuss poemata Intina, ad-
jectis et grœcis germanicisque non-
nullis, hoc volumitie primum conjuncta,
fnsunt Schilleri, Gœihei, G. Schle-
gelii, Klopstockii, de Lamartinii alio-
rumque pœtarum carmina,vertendo aut
imitando latine expressa.Accedit,pvœter
notas in carmina, de linguœ latinœ cum
omnino ad scribeudum tum in poesi
usu, deque poësi etpoëtis neolatinis dis-
sertatio, Liège, Dessain (aux frais de
rauleur), 1857, grand in-8® de XLVIII
et 214 p. à 2 col. — Dédicace à M. U.
Nisard.
21® Lettre à M. le docteur Bovy sur
quelques objets d'antiquités découverts à
Poulseur (dans les Promenades histo-
riques de Bovy). Liège, 1859, in-8*,
t. II, p. 154-159.
22® Dos Lied von der Ruhr (Roêr).
Dûren, 1845, 4 feuillets in-8®, litho-
graphies
327
FUS
3:28
Douze strophes allemandes de J. Blum,
de Maubach, avec traduction latine par Fuss.
25'* Lucretia. Trauerspiel in fûnf
ActeHy von M, Ponsard. Ans dcm Fran-
zôsischen ûbersetzt von J.-D.Fuss, pro-
fessor, Dûren, Knoll, 1844, in-i2^
Traduction bien écrite, composée à la de-
mande de quelques personnes de Liège qui
s'occupaient de littérature allemande et pu-
bliée au profit des pauvres de Dûren.
24** De umbiliciSf comibus, frontUms
in veterum libris disceptatio^ Tibulli
inter geminaspinganturcornua frontes
iUustrans , contraque tentntam emen-
dationem defendens (TIrlemont , J.-P.
Merckx, 1845,in-8»).
Extrait ùuJournal de Vlmiructitm publique
(n^ du 5 septembre 1845).
25** J.-D. FuHS poëmata latina, ad-
jecîis et germanicis grœcisqne nonnuUis^
partim hic denud atque emend^itiora ,
partim primiim édita, Liège, Oudart,
vol. l, 1845, in-8<' de XVIU et 410 p.;
vol. ir, i84G, in-80 de XIV et 552 p.
En 4849, Fuss publia des addenda k cet
ouvrage (p. 4H-4S0pourle premier volume,
p. 333-384 pour le second). Des exemplaires
du vol. I, contenant les traductions, ont été
mis en vente sous ce titre : Carminum quœ
J.-D, Fuss de germanicd alUsque Unguis
latine vertit pars /, elegis composita, ptera-
que argumenta quoque elegiaca continem,
— Cette édition est beaucoup plus complète
et plus soignée que les précédentes. Le vol.
II est exclusivement consacré aux composi-
tions originales de Fuss. L'auteur n'a ces-
sé, jusqu'à la On de sa vie, de réviser le
texte de cette édition. L'exemplaire an-
noté qu'il déposa lui-môme à la Bibliothèque
de Liège porte les lignes suivantes : c Si
» quelqu'un veut, n'importe pourquoi, savoir
» exactement ce que j'ai, soit changé seule-
» ment, soit approuvé ou condamné dans le
» texte de mes Poëmata latina publi<''S en
> i 845-46 et dans les addenda foulés trois
» ans plus tard k cette édition, je l'engage à
» s'adressera M. le bibliothécaire de l'Uni-
• versité de Liège, qui, Tavorable à mon in-
» Icnlion k cet égard, a bien voulu recevoir
9 un oxemplaira des deux volnmea chargés
i> de notes et indiquant, d'ane manière par-
• tout claire et exacte , comment je donne-
• rais le texte si je publiais une édition, ce
m à quoi du reste je ne songe nullement...
» C'est à mes compositions en vers latins que
• j'ai consacré une grande partie de ma vie,
« toujours convaincu que , si je parvenais à
» donner k ces compositions un mérite réel,
» ne fût-ce que celui d'un langage latin peu
9 commun k notre époque, elles ne seraient
» pas inutiles dans une réaction , peut-être
• moins éloignée qu'on ne pense , en faveur
» de la poésie latine moderne, dédaignée au-
• jourd'hui et pourtant, ce me semble, très-
» digne d'intéresser, et par ce qu'elle a été
» et par ce qu'elle pourrait devenir, quel-
» ques-uns de nos philologues renommés. »
Un autre exemplaire, aussi tout chargé de
notes, est en possession de M.Th . Fuss, con-
seiller t la Cour d'appel de Liège; il devrait
être également consulté par le nouvel édi-
teur, ainsi que plusieurs liasses contenant
des notes critiques sur des points délicats
de latinité, cl dilTéreotes compositions iné-
dites. Les Poëmata latina renferment des
morceaux réellement très-distingués, sur-
tout dans les traductions ; si la lecture des
œuvres de Fuss demande parfois un certain
effort, cet effort accompli, on est amplement
récompensé. Le style est pur et souvent bien
ciselé ; le choix des termes est habile et dé-
licat. Fuss possédait une connaissance rare
de toutes les finesses de la langue latine : il
en était venu au point de pouvoir justifier
l'emploi de chacune de ses expressions, de
chacune de ses tournures de phrase (*). Il
travaillait avec la même facilité tous les
rhythmes et se jouait de toutes les difficultés
avec la même franchise d'allure. Nous cite-
rons, parmi les versions les plus remarqua-
bles, celles de la Cloche de Schiller (v. ci -des-
sus) et de quelques ballades du même au-
teur ; les XXIil élégies de Goethe, i'ÀmyntaSy
aussi de Goethe ; la Borna de Schlegel, la
Chute des feuilles de Millevoye, trois Médi-
tations de Lamartine, la Jeune captive d'An-
dré Chénier, etc. — Au second volume (com-
positions originales) , les connaisseurs reli-
ront avec plaisir Tuo, natura, in tramite
tendam (p. 9;; yaturœ et Musis (p. Î5);
Est aliquid, calcare solum gro creveris in-
fans (p. 27); Te beet ut^puro naturam corde
tuere (p. 87) : in corde, quo fidas quœrt
(M Nous nous en référons au jugement
que nous avons porté sur les Poëmata latina
dans le Journal de l'Instruction publique,
t. I, p. i09, 496 et 216. Dans le t. II de cet
ouvrage, Fuss a bien voulu répondre k quel-
ques-unes de nos observations ; mais la plu-
part ont été ensuite confirmées (Cf. les
Ann, liti. et philos, de Liège, t. 1, 4837, p.
348 et 372 ; la Revue de Liège, t. IV, 4845,
p. 464; le Procès-verbal de la séance pu"
blique de la Société d'Emulation de Liège,
tenue le 29 décembre 4850. etc.).
329
FUS
330
(p. ii8) ; Tria tenenda (p. 420) ; Ipsa mihi
patriœ dulce loquela meœ (p. iH), etc. Ces
titres disent assez qa'il ne faut pas s'at-
tendre k rencontrer ici en général de grands
éclats de passion, des élans d'enthonsiasmo,
des appels chaleureux et persuasifs : la poé-
sie de Fdss est essentiellement intime ; il
faol la lire quand on est calme, quand on
veut s'encourager soi-même dans la voie
des bonnes études , quand on a besoin d'un
noble écho pour les pensées de la solitude,
après la vie du mouvement et de l'action :
Non mibi diviti», neo clarant nomeo avonsin
Tontiuerant, Roimî S4sd mcliora bon.*).
CoDtrntam modicîs me jumit amare quietein,
Me stntlia el Htucai jossit aœat-e Den».
Fuss n*a point l'aimable insouciance d'Ho-
race , mais Horace est partout son modèle :
il le relisait sans cesse et il eut même la
pensée d'en préparer une édition, comme le
témoignent les papiers qu'il a laissés. Ce
qu'il lui a emprunté surtout, c'est l'art exquis
du rbythme et de l'harmonie ; à ce point de
vue, ses oituvres personnelles, où il n'a point
mis en pratique son système sur la rime,
sont à notre sens plus élégantes et plus ai-
sées que ses traductions, r^ous ne parlerons
que pour mémoire des satires académiques;
les épigrammes (*)) an contraire, mérite-
raient une attention spéciale. Les Rûcker-
tiana, entre autres, forment une collection
de traits heureux, qui ne s'étendent jamais
au-delà d'un seul distique , k la manière des
poètes allemands. — Le vers
('or patrÛB detlit ip«e, lyram sibi Yindicat oibijt,
quB l'on n'a pas voulu inscrire, nous ne sa-
vons pourquoi, sur le piédestal de la statue
de Grétry, k Liège, est de Fuss. Parmi les
pièces grecques, Romœ œternœ^ est digne
de l'antique. Les poésies allemandes ne sont
pas À dédaigner; mais Fuss était surtout poète
en latin, ou plutôt habile artiste , amoureux
de la forme, et la forme qui lui était vrai-
ment familière, ce n'était point celle que
nous comprenons le mieux.
25® Sur Vimportance actuelle de la
langue latine et sur la question : S'il
faut encore écrire en latin. Tirlemont,
J.-P. Merckx(1846),in-8<».
Discussion extraite du discours prononcé
par Fuss comme recteur sortant , le 3 no-
vembre 4845. — Exlr. du Journal de Vin-
girnction publique (29 novemb. , 5, 4 K et 96
décembre 4848 et 5 janvier 4846).
27* Dantis Divinœ conurdiœ poëtica
virtus. Bruxelles, 1855, in-8®.
Extr. des Unlletins de l'Acad, royaU de
Belgique ^ t. XX. Le poème (543 vers} est
précédé des rapports de MM. fiormans, Les-
broussarl et De Ram, commissaires de l'A-
cadémie. On lit dans le rapport de M. Bor-
mans : « M. Fuss est connu depuis longtemps
» comme le premier latiniste de notre pays,
» et je crois qu'il en est aujourd'hui le der-
9 nier poète, jedis le seul qui sache encore se
» servir de la langue de Virgile et d'Horace
» comme d'autres se servent de leur langoe
» maternelle. > — V. ci -dessus.
28o Française de Bimini et le Comte
Ugolin, Deux épisodes de VEnfer du
Dante y traduits en vers latins par J.-D,
Fuss et suivis d'observations sur la Di-
vine comédie. Tournai , Malo et Levas-
seur, 4854, in-8«.
Extr. du Moniteur de renseignement . Fuss
corrigea plus tard avec soin cette traduc-
tion ; il se proposait de la réimprimer avec
de nouvelles notes.
29* Fuss a revu et corrigé le texte
du poème de Placenlîus (Pugna porco-
rvm), dont M. IJl. Capitaine a donné
une nouvelle édition en 4855.
50o Quœstiones theologicœ : Ratio et
fides, Dies creationis Mosei^ Beati pou-
pères spiritu^ quas tribus hic carmini-
bus conjunxit J.-D, Fuss. Accedunt ab
eodem descripta^ quœ Leodii^ in templo
sancti Paulin insignis cathedra, et la--
tinè redditapars pi^terior hymni Alfre^
di de Musset : Tespoir en Dieu. Liège,
Carmanne, 1859, in-8«.
Les différentes pièces qui composent ce
recueil avaient déjà paru séparément, de
4855 à 4857, chez le même imprimeur.
51* Fuss a fait insérer un assez
grand nombre de pièces de vers latins
de circonstance dans la Revue belge,
dans la Bévue de Liège, et plus tard
dans le Journal de Liège et dans la
Meuse, Nous avons dit qu'il avait colla-
boré au Magasin encyclopédique de Mil-
lin ; YHermione , publiée à Hamm , par
le docteur H. Schulz,l7^ d'Iena,etc.,
ont également reçu de lui quelques
communications. Un recueil westpha-
lein doit avoir publié sa dissertation
sur parûm, paullum, quoqne, quin et
sur le verbe occurrere. Les Annales de
( ' ] Ce mot pris dans le sens antique.
331
GAE
332
rUniversUé de Liège ont inséré (t. I)
rode latine qu'il composa à Toccasion
de rinauguration de TUniversité de
Liège (v. les notes du discours de M.
Nypels). Enfin le Journal de rinstruc-
tioH publique, outre les dissertations
citées plus haut, a publié quelques
notes de Fuss sur des passages de Vir-
gile (t. 1, p. 101), d'Horace (Ib., p.
209 et 224) et de Properce (Ibid.). —
Dans le volume intitulé : Gedichte in
der Aachner Mundart (Aix-la-Chapelle,
Urlichs Sohn, 4840, in-12), on trouve
une traduction latine des stances en pa-
tois d*Aix intitulées de Zogvogel, dédiée
par Fuss à Tauteur, M. J. MuUer (*).
Fufts a été, de 1817 à 1830, membre de
la Commission administrative du Collège de
Liège ; il a fait partie de la Société d'Emu-
lation de celte ville, de PAcad. d'archéologie
de Belgique, etc.
Gaëde (Henri-Maurice) , né à Kicl
(Holstein) le 26 mars 1 795, mort à Liège
le 2 janvier 1854. Voué par son père à
Tétude de la théologie, qui semblait
convenir à ses aspirations religieuses
et presque mystiques, il renonça cepen-
dant de bonne heure à entrer dans le
sacerdoce, et s*appliqua aux sciences
naturelles, notamment à Tanatomie com-
parée, avec une véritable passion. 11
fréquenta tour à tour les Universités de
Kiel et de Berlin et se fit remarquer, dès
1815, par une première publication sur
ranaUmie des insectes (Altona , 54 p.
in-4^ et 2 pi.). L'année suivante, il fit
imprimer & Berlin son Essai sur Vanfi-
tomie et la physiologie des Méduses (28
p. in-8° et 2 pi.), qui attira sérieusement
l'attention du monde savant. On y si-
gnala une riche érudition, des dissec-
tions délicates, des observations judi-
cieuses. Sa dissertation de doctorat
(1817), écrite en latin suivant Tusage,
mais plus tard réimprimée en langue
allemande et enrichie de nouveaux dé-
veloppements, obtint également du suc-
cès. Elle traite de la structure des in-
sectes et des vers (Hydrophilus picetis^
Buprestis mariana , Mygale avicularUt^
etc). Gaêde, à Page de 21 ans, était déjà
un anatomiste distingué; les professeurs
de Kiel le signalèrent comme un jeune
homme de grande espérance, appelé à
rendre des services à renseignement
supérieur. Une bourse de 600 thalers
lui fut accordée par le gouvernement
Danois pour un voyage en Italie : il
était au moment de franchir les Alpes
(1818), lorsqu'il reçut la proposition
officielle de venir enseigner les sciences
naturelles à Louvain ou à Liège. Ne
connaissant point les Pays-Bas, il dé-
cida la question par pile ou face, se hâta
d'accourir à Liège et entra immédia-
tement en fonctions comme professeur
d'histoire naturelle, de minéralogie,
d'anatomie comparée, de botanique et
de physiologie des plantes. Il prononça
le 16 novembre un discours d'inaugu-
ration (De vero naturœ indagatore ;
Annal. Acad. Leod. t. H), où se révé-
lèrent les sentiments religieux dont il
était pénétré. Investi de la dignité rec-
torale en 1822-1825,11 ouvrit la séance
solennelle de rentrée par un discours
«tir la distribution des êtres organisés
sur le globe. Ses difllérentes allocutions
aux élèves ont été réunies en trois opus-
cules qui parurent en 1821, en 1824 et
en 1828. Le litre du second : Dieu dans
la nature, témoigne assez clairement
des sentiments de Gaêde. Sa pensée
était toujours élevée et son cœur débor-
dait de sensibilité. On a dit de lui qu'il
était autant un moraliste qu'un savant.
Nullement systématique, il opposait les
unes aux autres les théories en vogue,
et réfutait, par le microscope perfec-
tionné d'Amici,lesconjectures hasardées
des naturalistes. Mais, à l'exemple de
Bernardin de St-Pierre, ajoute M. Pa-
gani, il ne plaçait pas le but de la science
dans la multiplicité et la classification
des faits qui servent à l'enrichir chaque
jour davantage: autant il s'armait de
prudence avant de conclure, autant il
cherchait à retrouver, dans les mer-
veilleux phénomènes de la nature, « la
preuve la plus sensible de la toute-
puissance et de la sagesse infinie du
Créateur. » Il considérait la vie comme
existant à l'état latent lors de la forma-
( * ) Pour de plus amples détails, v. la no- tice déjà citée de M. U. Capitaine.
333
GAL
384
tion de la terre : elle n'a servi d*abord,
disait-il, qu'à en ordonner et disposer
toutes les parties; ensuite eile s'est
montrée à l'extérieur en formant de
nouveaux organismes, de petites terres,
si l'on peut s'exprimer ainsi, qui se dé-
taciièrent delà terre primitive à laquelle
elles devaient leur origine... On recon-
naît ici l'influence de l'école de Schel-
ling, à cette différence près, que toute
tendance au panthéisme répugnait pro-
fondément à l'esprit de Gaëde. — Le
Jardin botanique de Liège , créé en
i817 , fut placé sous la direction du
professeur d'histoire naturelle , qui
en classa les plantes d'après le sys-
tème de Jussieu et en publia le cata-
logue en 1828 , avec la coopération
du sous-directeur Courtois, lequel à
vrai dire, exécuta la plus grande par-
tie de ce travail. Garde fut nommé, en
1850, président de la première Société
d'horticulture établie à Liège. La même
année, il ressentit le contre-coup des
événements politiques , et ne vit pas
sans un vif déplaisir sa chaire de bo-
tanique sollicitée par son disciple R.
Courtois, qui ne devait guère lui sur-
vivre. Sa position fut un instant com-
promise : le professeur de mathéma-
tiques Lemaire dut se charger provi-
soirement des leçons de botanique.
ËnGn Gaéde fut maintenu ; mais à par-
tir de ce moment il devint de plus en
plus rêveur et mélancolique, et il des-
cendit à 39 ans dans une tombe pré-
maturée. L'entomologie fut l'objet de
ses dernières prédilections : sa collec-
tion d'insectes n'était guère moins in-
portante que son herbier ; ses miné-
raux ont été acquis par l'Université.
— A la liste de ses publications men-
tionnées ci-dessus, il faut ajouter deux
articles sur YAreantkothorax longicome
et sur la Calandra securifera (descrip-
tion et iconographie : insérés, l'un dans
le recueil de Guérin (1802), l'autre
dans les Ann, de la Soc- eulomol, (II,
458); quelques mots sur les vivisec-
tions et sur les tourments auxquels on
expose souvent les animaux (Gaéde ne
pouvait souffrir les dissections qui n'é-
talent pas impérieusement comman-
dées par l'intérêt de la science); enfln
un recueil de pensées intimes {Stille-
ben aus dem innern Leben) publié à Kiel
un an avant sa mort : son âme émue,
pieuse et délicate s'y est peinte tout
entière. — Gaéde pratiquait largement
la charité ; quand il;nourut, on entendit
les pauvres s'écrier qu'ils avaient perdu
leur père. Il était en outre très-modeste
et indifférent aux distinctions honori-
fiques.
Sources : H. M. Gaéde, sa vie et ses
œuvres, par Edouard Morren. Gand,
1865, in-8% avec portrait. (Bulletin de
rEj:positi4)n dlwrtic. à Liège, par Ch.
Horren. On y trouve, sous forme d'épi-
taphe, l'énumération des titres scienti-
fiques de Gaéde et la liste des socié-
tés savantes dont il faisait partie). —
Discours de M. Pagani (Ann. de Vens.
sup., t. V, p. -74). — Nécrologie van
H. M, Gaede, door J. Van der Howen,
in Tijdschrift voor natuurlijke Geschic*
dénis, Amst., 1834, t. I, p. 197.
isnii (François-Pierhe), uaquItàSit-
tard (duché de Limbourg) le 8 juin 1763
et mourut icLiége le 24 novembre 1841.
Il fit ses premières études à Cologne
et ne quitta définitivement les écoles
qu'après avoir reçu tour à tour les di-
plômes de docteur en philosophie, de
docteur en droit et de docteur en méde-
cine. C'était un esprit encyclopédique,
dévoré de curiosité , doué de facultés
et d'aptitudes qu'on trouve rarement
réunies. Le comte de Nesseirode, le cé-
lèbre diplomate qui stipula plus tard
les conditions du traité de Toeplitz et
du traité de la quadruple Alliance ^ fut
frappé du mérite du jeune Gall et l'ad-
mit chez lui en qualité de précepteur.
Ce fut une bonne fortune pour celui-ci :
le comte était grand protecteur des
sciences et des lettres ; la société la
plus exquise de Dusseldorf se réunis-
sait dans ses salons ; à un pareil con-
tact, Gall dut sentir se développer
en lui cette délicatesse de goût dont
il fit preuve depuis, comme professeur
de littérature ancienne ( * ). 11 passa
plusieurs années dans ce milieu favo-
(' ) Dupret. Discours sur la tombe de Gall (Ann, des Univ. de Belgique, t. IV, p. 60S.)
33&
GAL
336
rable,lravaiUaen$uUe (lour les librairi^,
entra vers 179$, dans renseigneioent
supérieur, le quitta tout d*un coup
pour Tadministration et la politique ,
y rentra, le quitta encore, et ne tut
enfin décidément acquis à Tinstruc-
tion publique qu'en 1817, date de
sa nomination à TUniversité de Liège.
Dans le cours de cette période de
22 ans, nous le trouvons tour à tçur
professeur à Bonn , président de l'Ad-
ministration cantonale de Brûhl, ad-
ministrateur de Tarrondissement de
Mûnster-Eiffel, secrétaire-interprète de
la Commission intermédiaire chargée
par la France du gouvernement de«
pays conquis sur les deux rives du
Rhin, commissaire du directoire exé-
cutif près le tribunal de Cologne et en
même temps professeur de littérature an-
cienne en la même ville, enfin procureur
impérial près le tribunal de Deux-Ponts.
H résigna volontairement ses dernières
fonctions en 1805, pour devenir censeur
et professeur de littérature ancienne au
Lycée impérial de Bonn. En i8U,
après la retraite des Français, il s'en-
thousiasma pour Tindépendance de TAl-
lemagne et s'associa ouvertement aux
patriotes décidésà lepousser à tout pri]^
la domination étrangère. Cette attitude
lui valut d'être nommé secrétaire-géné-
ral du département de l'Ourte, ressor-
tissant au gouvernement général du bas
et moyen Rhin, siégeant à Aix-ia-Cha-
pelle et dirijgé par M. de Sack ; mais
bientôt ses goûts studieux reprirent le
dessus : il s'empressa d'accepter, du
représentant des puissances alliées, la.
direction du Gymnase de Liège et l'ins-
pection générale de l'instruction pu-
blique dans les provinces wallonnes —
Comme nous l'avons dit, le Gouverne-
ment des Pays-Bas lui confia, en 1817,
une chaire à l'Université de Liège ; il'
figure au programme de cette année pour
des cours de littérature grecque et la-
tine, ainsi que pour les antiquités grec-
ques. Gall resta en activité jusqu'à la
promulgation de l'arrêté du 16 décembre
1850, qui lui accorda l'éméritat. II con-
serva cependant l'autorisation d'ensei-
gner, conformément à l'art. 85 du rêgle^
liient de 1816. Lorsque la Faculté de
philosophie fut supprimée, il fut du
nombre des professeurs qui fondèrent
une Faculté libre, et fit partie, ave^
Fuss, de Chènedojlé, Rouillé et M.
Fassin (v. ces noms) <)ela Commission
d'examen qui fut instituée par le Gpju-
vçrnement à raison des circonstances.
Un arrêté royal du 5 décembi;e 1855 le
confirma dans sonémérital et le com-
prit au nombre des docteurs compo-
sant le personnel enseignant de l'Uni-
versité de Liège. 11 prit alors décidé-
ment du repos, vivant avec ses chers
auteurs et se récréant chaque jour par
de longues promenadçs. Il consf4*va
jusqu'à la fin toutes les forces (jiu corp^
et de l'esprit ; sa vieillesse f^t paisible
et heureuse. Nombre de personnes se
rappellent encore ce digne et aimable
vieillard, aux longs cheveux blancs,
grand causeur, évoquant volontiers ses
souvenirs et aimant à s'entourer de
jeunes gçns. Sa vivacité naturelle s'ac-
cordait avec une parfaite bonhomie :
il eut à soutenir à l'Université des dis-
cussions a;iimées, et pourtant ijl em-
porta dans sa retraite l'estimeeiraffec-
tion de tous ses anciens collègues. Son
enseignement était solide et en même
temps remarquable sous le rapport es-
thétique ; il possédait celte forte éru-
dition qui faiu'honncur de l-AUemague;
hâtons-nous d*ajoutçr qu'elle n'avait
étoufié en Ijui ni, le ^^n^ délicat du beaju
ni les élans de l'enthousiasme;. Quanta
ses productions Ulléra^ires, on cite de
lui :
■t
1^ Une traduction lai ine de Touvrage
du célèbre médecin Christophe-Louis
Hofl'mann, Sur la setmibilité et VirrUor
tion des parties malades ^ publiée vers
1794.
2p Une traduction allemande des
lettres écrites en hollandais par M. J-
J^n^jS^s, Sur riialie (de 1793 à 1794)
5^ Une traduction allemande des
quatre premiers volumes de VHistoire
romaine du hollandais Stuart (de 1796
à 1805).
4° Une traduction en \ ers latjnsdu cin-
qm^^e chant de l'Iliadi^, restée inédite.
I^'inscription Universis discipukis,
3ui brille en lettres. d'qr aji frontis^piçe
e la Salle académique , est du profes^'
seur Gall.
937
GIB
338
GifKitii (HippotYTfi) naquit à Laigle
(Orne) en I80i,çt mourut en mai i864
i Ismaïlia, aumônier des ouvriers du
canal de Si^ez. Il ne fit qu'une courte
apparition en, Belgique ; mais il y sou-
leva un orage universitaire, et le récit
de cet épisode ne serait pas suffisam-
iççnt clair si nous ne faisions connaître
tout entier celui q^yi en fut le héros.
Gibon avait fait de bonnes études au
Lycée Napoléon, qui devint sous la res-
tauration le Collège royal de Henri lY.
Il appartenait à une famille honorable ;
mais la fortune était loin de lui sourire :
il se fit maître d'études. Ayant de son
autorité privée changé le but assigné à
u^e promenade, il conduisit les enfants
i la Glacière, où il arriva un accident.
Gibon dut donner sa démission ; réduit
à une grande pénurie, il alla vivre dans
une mansarde et se mit à travailler cou-
rageusement; enfin il fut reçu agrégé
des Lettres, à Tun des premiers con-
coure établis en i82l. Il utilisa ce tilre,
jusqu> U, résolution de 1850, en ensei-
giaant la grao^maire et les humanités
dans diférents Collèges royaux de Paris.
Ce fut à contre-cqçur : Tidéal de ses
rêves était una chaire de philosophie.
Ses premières études Tavaient détourné
pendant quelque temps des idées reli-
gieuses ; mais il se lia d'amitié avec ses
condisciples M3I. de Salinis el de Scor-
biac, qui lui firent connaître Lamennais ;
celui-ci non seulement le fit rentrer
d^ns le giron de TEglise, mais lui in-
spira d'ardentes convictions traditiona-
listes. Elles se Duanifestècçnt nettement
dans la thèse qu'il rédigea pour l'agré-
gation en philosophie (*) : il n'aurait pu
inieux s'y prendre pour indisposer ses
juges. L'abbé Nicole exerçait alors dans
rUniversité le même despotisme scien-
tifique qu'on a reproché plus tard à
Victor Cousin : l'enseignement philoso-
phique fut interdit à Gibon (*).
Un instant le disciple de Lamennais
eut l'idée d'entrer au séminaire ; mais
il renonça brusquement à ce projet et
se maria en 1826. La ré\olution éclata :
Cousin devint grand-maître de l'Uni-
versité, annonça l'intention de réparer
les iiyustices du règne précédent, et fit
nommer Gibon professeur de philoso-
phie au collège Stanislas ('). L'ensei-
gnement du aébutant jeta de l'éclat ;
trois fois de suite sa classe remporta
le prix d'honneur du concours général.
Insensiblement, Gibon subit l'influence
de l'éclectisme ; cependant ses convic-
tions religieuses ne firent que se ren-
forcer, et il est constant qu'il mêlait
parfois des apologies du catholicisme à
ses explications philosophiques. Ces
hors-d'œuvre pouvaient paraître natu-
rels dans un établjssenàent placé sous
la main du clergé ; mais quand le goq-
vernement belge eut appelé Gibon (5i
décembre 1855)à l'Université de Liège,
en qualité de professeur ordinaire de
philosophie, les journaux libéraux de
toute la Belgique éclatèrent en protes-
tations et ne trouvèrent pas d'expres-
sions assez vives pour blâmer le mi-
nistre d'avoir introduit dans l'enseigne-
ment de l'Etat un des plus fougueux,
apôtres de la propagande catholique.
Peu au courant de l'état des esprits
! ' ) Il n'y avait pas alors d'agrégation spé-
eiale de pliilosophie ; Gtbon eut simptonent
à snlkir une ëpreove supplémentaire.
( *> Gibon conserva tovûours de rattache-
mentj non seulement pour les anciennes
doctriaes, mais aussi pour la personne de
Lamennais. Lorsque l'auteur des Paroles
tTun croyant se fut séparé de Rome, il lui
adressa un écrit où il le suppliait de revenir
à d'autres idées. Nous n'avons pu mettre la
main sur cette brochure.
(* Quoi qa.'oo ail dit du despotisme de
M. GonsiD, il est incontestable qu'en cette
circonstance il se montra libérai. La décla-
ration suivante de Gibon mérite d'être re-
cueillie : « Je ne pui^ pasi dj[r^ que je q'ai pas
» profité de la révolution de juillet. Ecarté,
• pendant les sept années qui l'ont précédée,
» de renseignement philosophique, auquel
> me donnait droit, dès l'année 18^, mon
• ad I ission au concours de l'agrégation
n pour les classes de philosophie et Lettres,
» ce fut en 4830 seulement que je dus à M.
» Cousin d'être appelé à la chaire de philo-
> Sophie du Collège Stanislas. Je ne tairai
» point une circonstance qui ajoute aux sen-
» timents de reconnaissance dont je sois rc-
» devable k M. Cousin : c'est qu'il me fit
• nommer sur la lecture de quelques articles
» de journaux que j'avais écrits contre lui. »
{Fragments philoêophiquet , préface , p,
XXVIII, note. S).
339
GIfi
340
dans notre pays, Gibon manqua en
outre de celle prudence que lui ren-
daient doublement indispensable et sa
qualité d'étranger et les préventions
qui pesaient sur lui. 11 monta en chaire
le 7 janvier 1856 et prit pour sujet de
son discours d'ouverture la liberté de
renseignement. « Elle vient de recevoir
» ici, dit-Il, une éclatante réalisation.
» Trois ans à peine écoulés, et déjà,
» fort du droit commun, jaloux d'ail-
» leurs d'assurer contre les nouvelles
» tentatives du despotisme cette natio-
» lité belge en partie son ouvrage , le
» catholicisme avait ouvert, à côté de
» Fantique métropole ( * ), à la sagesse
n mondaine une école où Ton a vu se
» renouveler enfin l'alliance si dési-
» rable de la science et de la religion.
» Puis, pour montrer à tous de quelle
» généreuse émulation elle est saisie
» dans les voies où elle vient d'entrer,
n c'est dans les murs mêmes de cette
» cité d'universitaires souvenirs , où
» pèsent désormais sur elle deux sië-
» des de la plus haute illustration
n scientifique et littéraire , que cette
» école catholique est venue relier ses
r> efforts aux puissantes traditions du
» passé le plus glorieux. D'autre part,
» et au sein même de la capitale, une
» autre religion conviait en même temps
» la jeunesse aux libres enseignements
» de la science : religion de l'avenir !
» ainsi l'a dit du moins l'enthousiasme
» de ses adeptes ; foi vive dans le pro-
» grès incessant de l'humanité, tout en
» ignorant les conditions de ce progrès ;
» répudiation audacieuse du passé com-
» me faisant entièrement faute aux be-
)) soins du présent; compromettant le
» plus souvent les succès légitimes par
» l'indiscrétion de ses aveux et la té-
» mérité de ses espérances ; ayant
» droit toutefois, dans ses vagues aspi-
» rations vers la liberté et vers une
» plus grande diffusion du bien-être
» social, aux sympathies de tous les
» cœurs honnêtes J'oserais dire à celles
» du pouvoir, lors même que celui-ci
» se voit dans la nécessité de combattre
» les intolérables prétentions de ce ra-
» dicalisme impatient^ et ses conseils
» précipités...» Puis enfin, ajoutait-il,
commence l'action gouvernementale ,
venue la dernière au milieu de l'ardeur
empressée des partis. « Le pouvoir
« s'emparera de l'action qui lui est dé-
» volue dans l'organisation des Univer-
» sites de l'Etat, au degré précis où
» cette action lui appartient, et où elle
» est compatible avec la liberté de
» l'enseignement. Dans ces écoles en-
» core, il sera donné à la jeunesse de
)) venir puiser la science aux sources
» les plus abondantes et les plus éte-
» vées, non pas précisément la science
» se mettant au service de la religion,
» non pas davantage la science explol-
» têe au profit de l'esprit novateur,
» mais la science amie de la religion et
» de la liberté, et tout à la fois indépen-
» dante de l'une et de l'autre, la science
» hautement impartiale et tolérante ; en
» un mot, la science pour la science..»
L'orateur était, sans doute, de bonne
foi, et la critique n'aurait guère eu
prise sur lui s'il s'était contenté de ca-
ractériser le rôle de l'Etat dans rensei-
gnement, en présence des Universités
libres. Mais il avait été plus loin, beau-
coup trop loin, en se faisant directe-
ment, ex cathedra, l'apologiste de l'U-
niversité de Louvain et le détracteur
de sa rivale de Bruxelles. Il compro-
mettait ainsi le gouvernement lui-même,
qui semblait ne l'avoir appelé que pour
gagner la jeunesse à la majorité domi-
nante , et les mois d'indépendance
scientifique et de tolérance, dans sa
bouche, avaient l'air de dissimuler un
piège et de justifier un appel aux pas-
sions haineuses. L'auditoire était stu-
péfié : on avait peur de comprendre.
Gibon poussa jusqu'au bout la mala-
dresse. « Il ne faut pas que vous igno-
» riez, dit-il encore, qu'il est plus fa-
» elle de conquérir la liberté que de la
» défendre. La liberté, au moment où
» nous croyons la posséder , devient
» tout-à-coup notre plus grande enne-
» mie : il faut la vaincre elle-même
» après l'avoir comprise , ou plutôt
» il faut vaincre tous ces faux alliés
(*) On sait que l'Université catholique fui d'abord inslallée àMalinos.
341
GIB
344
» qu^elle traîne toujours à sa suite,
» i>sprit de licence et d'anarchie, le
» zèle hypocrite pour la multitude facile
» à égarer, le fol enivrement qui nous
H jette tout haletants à la suite d*une
» perfectibilité chimérique ; Firopa-
9 tience dans le présent, la précipita-
» lion dans Pavenir, la haine et le dé-
» goût de toute autorité, les jalousies,
9 les discordes intestines... tels sont
» les nouveaux ennemis qu*il nous faut
» alors combattre, plus dangereux cent
9 fois que Tennemi intérieur, que tous
9 les tyrans conjurés... et la liberlése
9 met pour nous au prix de la vie-
9 toîre sur cette soldatesque merce-
9 naire, dont elle a bien pu se servir
9 pour bâter son triomphe, mais avec
9 laquelle elle ne saurait jamais ré-
9 gner. 9 Dans son mémoire justificatif,
Gîbon nous apprend que son allocution
fut vivement ei unanimement applaudie.
Le fait est qu*on n'avait pas eu le temps
de se reconnaître, et que la publication
de ses paroles mit au contraire le feu
aux poudres. VEclaireur de Samur
traduisit comme suit le dernier passage
cité : ft Ce sont les vauriens qui font les
9 révolutions. Une fois les révolutions
9 faUeSy les honnêtes gens doivent ^ dans
» Pintérét de la libertéy se débarrasser
» de cette canailk^ et prendre les rênes
» des affaires. — Si bien que M. Gibon
9 va toute à Fheure nous démontrer
9 par  plus B que les gens de sep-
9 tembre n'ont travaillé, en 1830, que
9 pour mettre H Gibon en attitude de
9 les insulter du haut de sa chaire, n
Le Lilféral fit chorus : toute la presse
s'émut : ce propagandiste fanatique,
s'écriait-on, appelle sur la Belgique des
lois d'intimidation. Quelques journaux
catholiques ou mixtes, sans prendre
fait et cause pour Gibon, hasardèrent
des conseils à la jeunesse liégeoise : il
était trop tard. Quand Gibon se pré-
senta, le i2 janvier, pour donner sa
première leçon, il fut accueilli par une
bordée de sifflets. Le Recteur Tavait
fait venir une heure auparavant pour
lui communiquer ses craintes; mais
il voulut affronter le péril. Beaucoup
de personnes étrangères à l'Université
étaient présentes; la leçon s'acheva,
mais au milieu du tumulte, des trépi-
gnements, des applaudissements et des
huées. Les journaux rendirent compte
des faits, chacun à son point de vue ;
mais la plupart, cette fois, avec une
modération relative (*). Cependant il
n'y avait plus à se faire illusion : les
personnes les plus prudentes et les
mieux informées engagèrent Gibon ii ne
point paraître en chaire le il; il se
vit mis en demeure, ou de donner im-
médiatement sa démission, ou d'at-
tendre un revirement de l'opinion pu-
blique. Il prit le parti d'adresser à
r Union de Bruxelles une lettre expli-
cative, où il ailnonça l'intention de pu-
blier ses premières leçons, afin que
chacun sût positivement à quoi s'en te-
nir. Cette lettre était vive ; on y répondit
vivement ; il répliqua ; la guerre de
plume devint de plus en plus acerbe et
la mêlée fut bientôt générale. Le pro-
fesseur Baron (v. ce nom) releva dans
VObservateur le gant jeté à l'Université
libre de Bruxelles (•); son adversaire
répondit dans rf/nion.Toute cette polé-
mique a été résumée par Gibon lui-
même dans ses Fragments philosophi-
ques; les curieux y verront comment
l'abîme se creusait alors de plus en plus
profondément entre les partis. Gibon
dut finalement songer à regagner la
France : on ne reconquiert pas le ter-
rain ainsi perdu. C'était certainement
un homme de mérite ; mais il ne savait
pas garder la mesure. Son enthousiasme
Inconsidéré n'était comparable qu'à la
ténacité de ses résolutions, qu'il arrêtait
parfois trop légèrement. Ses amis eurent
toute la peine du monde à le décider à
quitter Liège : il craignait d'être accusé
de faiblesse. Son grand tort fut de ne
jamais savoir tenir compte des circon-
stances. Quant k sa tolérance pratique.
( * ) VEsjfoir, de Liège, continua jusqu'au
bout ses attaques avec une extrême violence.
( * ) Et à lui personnellement, »i l'on con-
sidère que le discours d*ouverture de Gibon
était précisément la contre-partie de la
tbèse soutenue publiquement et solenneUe-
ment par Baron, lors de l'inauguration de
l'Uni versilë de Bruxelles.
343
GIB
344
on peut la eroîre sincère, sinon complè-
tement désintéressée (*). Il se four-
voya en Belgique, parce qu'il ne s'in-
quiéta pas d étudier avant tout le pays,
et qu'il ne prit pas le temps de préparer
son discours d'ouverture (*). Avec un
peu de circonspection, il aurait pu réus-
sir, C4)mme son élève M. Huet réussit à
Gand pendant quelques années. Son
spiritualisme relevait de Descartes, et
ses fortes convictions religieuses se
conciliaient parfaitement, k ses yeux,
avec la saine liberté, sinon avec les té-
mérités aventureuses delà pensée. Peut*
être eut-il toujours trop de conflance en
lui-même : il écoutait peu les conseils,
et se croyait guidé par la raison quand
il n'était que lejouet de son imagination.
I>e là toute une série de déceptions et
de déboires. En quittant Liège, il rentra
au Collège Stanislas, où il fut quelque
temps directeur des études ; ensuite il
fonda un internat, qui ne prospéra que
quand il Teut transporté du quartier
Saint-Jacques sur l'autre rive de la Seine.
Il avait beaucoup de pensionnaires de
familles riches; mais il fut un adminis-
trateur malheureux. Il formait chaque
Jour de nouveaux projets d'amélioration
matérielle, qui l'entraînaient dans des
dépenses exagérées ; il rêvait sans r«sse
de nouveaux types de maison-modèle,
qu'il réalisait à grands frais et dont il
se dégoûtait ensuite. Bref, il avait fait
des dettes dans la rue Saint-Jacques, et
dans la rue Blanche il en fil de nouvelles.
Il perdit sa femme au moment où son
pensionnat tombait ; heureusement l'é-
ducation de ses enfants fut assurée. Il
partit pour la Pologne, ouvrit des cours
de littérature à Varsovie et s'y créa un
revenu de 10,000 francs. Mais le climat
du nord ne convenait pas à sa santé;
rassuré sur \e sort de sa famille et de
plus en plus dominé par ses idées reli-
gieuses, il se rendit à Rome et se fit
ordonner prêtre. « Je présente le rare
exemple, disait-il à un ami, d'un homme
qui a reçu les sept sacrements de l'E-
glise ( ' ). » Il obtint une position & Saint-
Louis des Français; mais habitué à
professer, et par conséquent à com-
mander, la soumission aune règle fixe,
à un supérieur, ne lui allait pas (*). Il
avait besoin d'air, de mouvement exté-
rieur. Il revint en France et obtint,
grâce à M. de Lesseps, son ancien con-
disciple, le titre d'aumônier des ouvriers
du canal de Suez; M. le marquis de
Raigecourt, un de ses anciens amis,
l'accompagna jusqu'à Alexandrie et le
revit deux fois au désert, « déjà au cou-
rant de tout ce qui se passait, connais-
sant tous les employés, occupé surtout
de la construction d'un hôpital et d'une
église qu'on lui avait promis à Ismailia,
content et heureux du bien qu'il espérait
faire et com(>tantsur le concours de son
fils, son doyen dans l'apostolat (*) » Il
habita Tlsthme pendant deux ans et
demi, prodiguant à la colonie euro-
péenne les consolations ou les encou-
ragements. « Vivant de la vie des tra-
vailleurs, longtemps sous la tente comme
eux, il avait su, non pas seulement faire
respecter son caractère sacré, mais en-
core se faire aimer de tous par sa bien-
veillance, par son indulgence, par l'a-
ménité de ses relations (*). n 11 mourut
regretté de tous, mais loin de son pays,
loin des siens, qui n'eurent pas la con-
solation de lui fermer les yeux. Gibon
ne fut jamais le favori du sort : ses dé-
fauts lui furent très-funestes et ses qua-
( * ) On Ht dans la préface des Fragments,
p. \XV. « Un candidat au doctorat en phi-
losophie doit pouvoir être admis à ce grade
sur une thèse matérialiste... Nous dirons, de
même, sur une ih^se hégélienne, Lamen-
naisienne, et sur toute autre thèse para-
doxale possible, si, dans la composition et
la défense de sa thèse, il fait preuve de con-
naissances, de capacité et de talent. ') Voir
aussi la note placée à la ftn du volume).
( ' ) Il le réaigea tout entier dans la nuit
du 6 au 7 janvier ; il ne put consulter per-
sonne. Gibon était doué, par parenthèse,
d'une prodigieuse facilité de travail.
( ' ; Il avait fait une grande maladie à
Varsovie.
*) Lettre de M. le marquisde Raigtcourt
insérée dans le journal Vhthme de Sâtez,
n» du 15 juin 4864.
( ") Son fils, retenu en France par d'an-
tres engagements, n'a pu le rejoindre. Le P.
Gibon, prêtre de l'Oratoire, est aujourd'hui
préfet des éludes du Collège de JaiUy
(Seine-et-Marne).
(*) V isthme de Suez (Art. de M. Ernest
Desplaces).
345
GIB
346
Ihés lui servirent peu. Il esl permis
de dire , tout en rendant Justice à ces
dernières, qu'il n'eut jamais de plus
grand ennemi que lui-même. Son en-
thousiasme irréfléchi lui fit du tort à
Paris comme à Liège: en 1848, croyant
la France mûre pour la liberté, il tomba
dans une exaltation qui effraya sa clien-
tèle du faubourg Saint-Germain : ce fut
une des causes de la ruine de son insti-
tution. Il revint plus tard à des idées
plus pratiques; il disait souvent: « Si
nous étions sages comme les Belges,
nous ferions de bien grandes choses. »
Mais il ne fut en aucun temps clairvoyant
quand il fallait Tètre : ainsi s'explique
sa vie aventureuse.
A Rome, il se plaignait vivement de
la perte de manuscrits qui lui avaient
été saisis par la douane de Varsovie, et
sur lesquels II n'avait pu remettre la
main. Ces manuscrits contenaient toutes
ses leçons de philosophie, coordonnées
en ouvrage complet. Son ami M. de Rai-
geconrt parvint à lui inspirer Tidée de
se remettre courageusement à Tœuvre.
a C'est à cette circonstance, dit M. de
» Raigecourt, que je reconnus plus que
1» jamais raimable simplicité, la candeur
» presque enfantine de cet excellent
» esprit. Chaque soir il me lisait le
» travail du jour ; j'avais lieu d'admi-
» rer des pages d'une éloquence véri-
» table, mais quelquefois aussi de con-
» tredire des idées qui me paraissaient
» fausses ou exagérées. Il prenait feu
» avec sa vivacité ordinaire, se défen-
9 dait avec d'autant plus d'acharné-
» ment que sa cause était plus mau-
» vaise , et le lendemain je retrouvais
■ le travail de la veille complètement
» recommencé dans le sens que je lui
» avais indiqué. » Après bien des hési-
tations, Gibon s'était arrêté à la forme
épistolaire et au titre de Lettres d'un
clérical à un philosophe. Le philosophe
auquel il destinait la dédicace de son
livre était son ancien et illustre con-
disciple, M. Saint-Marc Girardtn. Mal-
heureusement Gibon abandonna son
o>uvre quand il n'eut plus auprès de lui
un auditeur dévoué, et l'on n'a trouvé
dans ses papiers que Fébauche Informe
d'un plan de philosophie religieuse.
Les Fragments philosophiques sont
en résumé le seul écrit un peu consi-
dérable qu'il ait publié. Outre les pièces
justificatives de l'exposé des faits rela-
tifs à l'épisode de Liège et aux disser-
tations sur l'enseignement de la philo-
sophie dans les Universités de l'Etat en
Belgique, on y remarque un mémoire
assez étendu sur la logique. Il y fait
profession d'éclectisme, en dépit des
objections de Lerminier et de Henri
Heine, « qu'il se propose d'examiner &
fond, dii-il, dans un prochain volume. »
H y fait l'histoire de ses propresidées;
il raconte comment Lamennais le guérit
du condillacisme,et comment il en vint
finalement à se guérir de l'esprit de
système. « Travailler à la science avec
» tous et pour tous, dit-il; prendre l'es-
» prit humain où il en est dans les in-
i> vestigations scientifiques, etavec ses
» ressources concertées , c'est-ii-dire
» avec la pnissam*e des méthodes ,
» marcher à de nouvelles conquêtes ;
» voilà l'éclectisme comme je l'en-
» tends. » (*). Quant au plan de son
cours, il nous annonce qu'à son avis
l'enseignement de la philosophie doit
commencer par quelques règles géné-
rales de méthode, et appuyer ensuite la
logique sur la psychologie. Il n'ad-
met que sous toute réserve la logique
transcendante de Cousin ; il fait une
part k Aristoie, mais aussi une part
à Bacon ; son idéal est une logique qui
serait aux sciences ce que la critique
est à la littérature et aux arts ; avant
tout il faut discipliner resprit,et ne pas
oublier que la Méthode de Descartes
n'a pas préservé son immortel auteur
lui-même de la théorie des tourbillons.
Gibon cite volontiers les Principes de
logique du baron de Beiflenberg (v. ce
nom) : cet auteur, dit-il, est sur la voie
de toutes les réformes désirables dans
cette partie de la science ; il ne lui a
manqué que de secouer un peu plus
vigoureusement la forme scolastique,
qui a évidemment gêné son libre déve-
loppement (").
( * ) Fragments philosophiquêM^ p. SI 4 .
(* j Nous eussions ea beaucoup de peine
i recueillir les élénênis de cette nottee, atns
l'extrême obligeance d'un ancien élève d«
347
GOI)
348
oodet (Emmanuel-Victor) , né k
Liège le îfà Juillet 4805, y mourut le
28 février i$44. Sa vocation professo-
rale se révéla de bonne heure : avant
même d*avoir conquis, ntmmà cum
laude, son diplôme de docteur en droit
de runiversité de Liège, il servait de
guide k ses condisciples. Une question
était-elle restée obscure dans la leçon,
la sagacité de Godet s'y appliquait et
mettait fin aux incerlitudes. Plus d'un
de SOS camarades lui fut redevable de
ses succès. Godet n'était pas seulement
un bon élève ; il étudiait pour la science
et pensait par lui-même. « Liégeois
» de c^ur et de naissance, dit son bio-
» graphe, il s'était livré avec ardeur à
» l'élude des institutions de l'ancien
» pays de Liège. Il avait été frappé du
n caractère d'originalilé dont le droit
» de ce pays est profondément em-
» preint; il avait comparé, avec soin,
» plusieurs manuscrits de notre vieux
» Pawilhar , afln de rétablir les vérita-
» blés bases de ce monument de la sa-
» gesse de nos ancêtres, et d'en donner
» un jour une édition critique. » Les
circonstances le forcèrent de retarder
l'exécution de son plan: cependant,iltira
parti de ses recherches pour faire choix
d'un sujet de dissertation inaugurale.
L'histoire de l'ancien droit liégeois ne
pouvait être étudiée isolément avec
fruit Godet s'attacha donc tout d'abord
aux antiquités juridiques de la Gaule
et des provinces belges, dont la con-
naissance devait lui servir à expliquer
certaines parties de la législation qu'il
voulait étudier. Sa dissertation, publiée
au commencement de i850, est le résu-
mé succinct, mais très-complet pour
cette époque, de ces premiers travaux.
Elle est intitulée : Essai sur Vhistoire
externe du droite dans la Gaule et dans
la Belgique, sous la période franque et
la période féodale. Godet avait obtenu
Pautonsation de récrire en français,
ce qui devait avoir pour effet de la
rendre accessible à la masse du public.
La presse s'en occupa effectivement et
ne trouva que des éloges pour le jeune
auteur. Mais ces encouragements n'eu-
rent pas le pouvoir de conjurer la for-
tune. Dans la carrière de l'avocat, les
années d'attente sont parfois longues
et pénibles. Peut-être aussi les luttes
du barreau convenaient-elles médiocre-
ment au caractère doux, réservé et stu-
dieux de Godet, liref, il accepta une
chaire de droit commercial à l'Ecole
spéciale de commerce que M. Charlier
venait de fonder à Liège, excellent éta-
blissement dont le directeur sut tou-
jours s'entourer d'hommes d'élite. Il
fallut dire adieuaux études historiques,
non pour toujours sans doute : mais ce
fut un sacrifice. Cependant les élèves
se louèrent si hautement de leur nou-
veau maître, que le Gouvernement prit
des informations sur son compte. Go-
det parut bientôt sur un théâtre plus
élevé ; en 4835, il fut attaché comme
agrégé à l'Université de Liège, pour y
interpréter le Code de commerce. Il
s'agissait de créer un cours pour ainsi
dire sans précédent en Belgique (*);
de plus, il s'agissait de le faire avec
assez de distinction pour retenir les
auditeurs par le seul attrait de la scien-
ce : les leçons de droit commercial
n'étaient pas obligatoires. Godet réus-
sit au-delà de toute espérance : non
seulement les étudiants se pressèrent
autour de sa chaire, mais des personnes
étrangères à l'Université voulurent pro-
fiter de son enseignement. — Godet
n'était pas seulement un bon profes-
seur : il était né écrivain. Ses princi-
pales publications se rapportent à l'é-
poque de sa vie où nous sommes par-
venus. Au commencement de 1855, il
s'était formé à Liège une xKssociation
l'UniversUëdeLiége.M. Ai*8ène Deschamps,
docteur en philosophie et lettres, momentané-
ment à Paris pour ses études. H. Deschamps
a bien voulu s'adresser pour nous à M.
Alexandre Gibon, oncle du professeur de
Liège, et au P. Gibon (de l'Oratoire), cité
plus haut. L'un et l'autre ont mis le plus
gracieux empressement à nous renseigner;
M. Dcscbamps, de son c6lë, s'est donné U
peine de transcrire à notre usage quelques
documents intéressants , entre autres la
lettre de M. de Raigecourl. Nous prions ces
MM. de ne pas voir une indiscrétion dans
le témoignage public de notre vive reeoa*
naissance.
(*} V. l'art. FR. KUPFFBRSCHLASCEB.
349
KIN
•^50
nationakpour rencouragementet le déve-
loppement de la littérature en Belgique.
Accueillie avec faveur dans tout le pays,
elle fonda la Revue belge^ avec le concours
de presque tous les publicistes de nos
neuf provinces (V. Part. Polain). Non
seulement Godet ne resta pas en arrière,
mais il fut Tun des membres les plus
actif du Comité de rédaction, et il y
exerça une influence féconde. Le mérite
de ses propres articles donne une idée
de ce qu'on pouvait attendre de lui, sMI
eût vécu, ou si seulement il eût été moins
réservé, moins ennemi du bruit. On re-
marqua notamment un Aperçu sur lea
éléments d'une histoire du commerce,
magnifique programme qui ne lui fut
pas donné d'exécuter, pas plus qu'il ne
put reprendre les études chéries de sa
jeunesse. Dans une autre étude. Sur la
théorie du fermage en lui-même et dans
ses rapports avec les profils des capitana:^
Godet exposa, de la manière la plus
claire et la plus précise, les grands prin-
cipes de l'économie politique sur la dis-
tribution des richesses sociales; il exa-
mina, en s'appuyanl sur les recherches
desAnglais, si les causes du paupérisme
sont purement accidentelles, ou si elles
tiennent à l'essence même de la société.
En iS37, dans un article qui fut aussi
publié à part, il se préoccupa des abus
de l'association, caractérisa nettement
les différentes espèces de sociétés , et
démontra que la voie où Ton s'engageait
alors aveuglément devait conduire fata-
lement au développement de l'esprit
d^agiotage et à la ruine de la plupart
des bailleurs de fonds. Nous si;:::alerons
encore une dissertation Sur la proitriété
littéraire et la contrefaçon^ œuvre sage
et siîrieuse, réponse aux déclamations
l>assioBnées de quelques écrivains fran-
çais , et un article Sur le régime des
prisons en Belgique, où l'auteur conteste
la légalité de certaines mesures récem-
ment prises par simple arrêté royal.
Godet publia encore, en 1858 (à Bru-
xelles), une nouvelle édition annotée des
Insiilutes de droit commercial de Del-
t'inrottr/, ouvrage qui avait besoin d'être
remis au courant des progrès de la
science». Toutes ses productions sont
remarquables au triple point de vue du
style, de la logique et de rélévnlîon des
idées. Il semble que Godet, malheureu-
sement, ne fut jamais libre de pénétrer
aussi loin qu'il l'aurait voulu dans les
divers domaines où son activité s'exerça:
à chaque pas qu'il fit en avant , il lui
fallut donner à son esprit une direction
nouvelle. Nommé professeur extraordi-
naire le i septembre 1859, il fut chargé
de l'enseignement du droit civil élémen-
taire, conçu remment avec le droit com-
mercial. Il dut résigner ses fonctions à
l'Ecole de commerce et se consacrer
entièrement à Taccomplissement de sa
nouvelle tâche. 11 y apporta ses émi-
nentes qualités ; il sut vivifier par sa
parole toujours nette, précise et élé-
gante, par l'intérêt qu'il savait attacher
à tout c^ qu'il disait, un enseignement
quelque peu aride de sa nature. Sa di-
gnité naturelle, la pureté de sa vie, sa
douceur et son obligeance jamais lassée
le firent respecter et chérir; elles lais-
sèrent d amers regrets à ses élèves,
lorsqu'ils apprirent la fatale nouvelle de
sa mort presque subite. Il s'était plaint
d'un mal de gorge qui n'avait inspiré au-
cune inquiétude : deux jours plus tard,
il se sentit assez bien pour préparer sa
leçon du lendemain ; ce lendemain , il
ne le vit pas. Il n'avait pas 59 ans ! —
Godet se rendit utile autant qu'il en
trouva l'occasion, même en dehors de
rUniversilé. Il fut pendant plusieurs
années secrétaire du Collège des régents
des prisons et membre du Conseil d'ad-
ministration de la Société d*encourage-
ment pour Vinstruction élémentaire dans
la province de Liège, — M. Nypels a
publié dans la Revue de Liège (et aussi
ik part: Liège, Ondart, 1844, in-S*") une
intéressante biographie de Godet ; la
présente notice n'en est pour ainsi dire
que le résumé.
E^Enkei* (Jean) , né à Meilust sous
Nieuw-Amstel , près d'Amsterdam, le
1" janvier 1764 , mourut en cette der-
nière ville le 16 septembre 1845. C'était
un vrai Hollandais de la vieille roche,
c'est-à-dire un des caractères les plus
indépendants qu'il se puisse rencontrer,
toujours prêt à répéter avec Cicéron :
ratio plus apud me valet quàm opinio
multitudinis. Il y avait en lui de l'E-
35 1
KIN
35S
rfisme et sartom dn Yoltârire ; il tié
s'infëodftit à rien ni S personne , pen-
sait à sa guise , aimait l'iiumanité en
cosmopolite et , au nom même de sa
ptiilanthropie, partageait les haines vi-
goureuses du penseur de Ferney. Par-
fois enttiousiaste , plus souvent scep-
tique , toujours logicien implacable ,
esprit encyclopédique et cufleux de
toutes choses, il forçait chacun de
compter avec lui , et ses flèches de
Parthe n'étaient pas moins redoutables
que les coups de lance de son érudi-
tion. Ecrivain politique, il a exercé une
influence réelle ; il a marqué en philo-
sophie (*); comme poète, il a brillé
d'un éclat non emprunté; son savoir
philologique s*est fait admirer dans le
pays des Vossius et des Wyttembach ;
ses écrits sur les beaux- arts n'y sont
pas plus oubliés que ses études litté-
raires : avec tout cela, en dehors de la
Hollande , c'est à peine si l'on connaît
aujourd'hui son nom. Ce fait s'explique
par la circonstance que la langue hol-
landaise est conflnée dans des limites
assez étroites : il est très-difficile à nos
voisins du Nord , si distingués qu'ils
soient, d'arriver à une notoriété en rap-
port avec la valeur de leurs œuvres.
Van Liml)urg Brouwer (v. ce nom) et
Kinker paraissent avoir reconnu cet
inconvénient, puisqu'ils se sont quel-
quefois hasardés à se servir de notre
langue ; mais nous lie somntes plus au
temps où les impressions d'Amsterdam
ou de La Haye faisaient plus aisément
le tour du monde que celles de Paris.
Leurs productions hollandaises n'ont
trouvé, par la force des choses, qu'un
cercle restreint de lecteurs t les Mtres,
faute de moyens de publicité , ne soht
guère allées plus loin Jusqu'à présent.
Il serait temps qu'on franchit cette
muraille de la Chine ; déjà plusieurs
écrivains français ont proclamé bien
haut que les Hollandais ont amassé des
richesses intellectuelles aussi bien que
des tonnes de ducats ; mais les explo-
rateurs sont rares et le seront peut-être
longtemps encore. Puisse cette notice
sommaire sur un esprit éminent c^n-^
tribuer à en augmenter le nombre !
Jean Kinker éuit encore en bas-âge
lorsqu'il perdit son père , fabricant à
Meilust. M«« Kinker était en mesure de
ne rien négliger pour Téducation de
l'orphelfn : elle l'envoya d'abord à l'é-
cole latine de Weesp , dont le recteur,
Van Achter, Jouissait à bon droit d'une
réputation d'érudit. Jean s'y distingua,
si l'on peut voir une preuve de cette
assertion dans un discours en vers la-
tins sur Jajeunegse d'Alexandre ^ qu'if
prononça coram populo^ suivant Tusage,
en guise d'adieux au Collège. M. Van
Hall (*) dit qu'on y pouvait déjà pres-
sentir quelques-unes des qualités du
(') De Cérando, Destutt-Tracy fiVém. </«
VAead. des se. mor. et polit., t. IV) et Cou-
sin <^De Cinstruction publ, en Hollande , éd.
l)elg:e, in-18o, l. 1. p. 95) ont signale ses
mérites à leurs compatriotes (v. aussi le
Dict. philos, de Franck); M. Roorda {Zeit-
schr. fur Philos, de J.-H. Fichte. Tub. 1843,
in-8^ l. X, p. 145 et suiv.) l'a fait connaître
en Allemagne comme penseur, etc. Nous
nous expliquons difficilement que les der-
niers historiens de la philosophie moderne,
MM. Erdmann et Ueberweg, ne lui aient
môme pas accordé l'honneur d'une mention.
— En Hollande, surtout depuis sa mort, on
l'a élevé sur un piédestal. Nous ne saurions
voir sans doute qu'un zèle indiscret dans
certain article du Nederland, intitulé : Aris-
tote, Kant et Kinker, les trois plus grands
philosophes du monde ; mais la Hollandsche
Maatschappij van fraije kunsten en weten-
schappen n'a fait que rendre justice à la mé-
moire d*un penseur d'élite, en mettant au
concours une étude sur ses travaux spécu-
latifs. La médaille d'or a été décernée k M.
Van der Wijck, professeur à l'Université de
Groningue (M^ Johannes Kinker, S* édition,
Gron. 1864, un vol. de 305 p. in-8<»). Il sera
question plus loin de cet ouvrage, écrit avec
talent, mais dans des idées toutes différentes
de celles de Kinker, et qui a provoqué de la
part de M. Van Yloten une assez verte ré-
ponse (/. Kinker misduid). Notre philoso-
phe a trouvé, d'autre part, des admirateurs
sans réserve, notamment en M. Cocherel de
la Moriniôre, l'éditeur de ses ûMvres pos-
thumes. Ces discussions mériteraient d'ètro
plus connues de l'Europe savante.
{*) M^ Johannes Kinker, Bijdragen lot
zijn leven, karakter en schriften^ door M. C.
Van Hall. Amsterdam, 1850, un vol. in-8«,
I. VI et 152 p. — Etude pleine d*intérël,
écrite con amore : on ne se douterait pas
383
KIN
354
futur poète. « Mon premier péché, di-
sail plus tard Kinker ; mais quoi ! mon
maître lui-même s*était fait mon com-
plice! » L'école de Weesp lui laissa
des souvenirs d*un autre genre : obligé
de tenir tête à ses camarades» qui le
harcelaient de plaisanteries sur son air
engoncé et presque grotesque (*), il
avait eu cent occasions d*exercer sa
causticité naturelle. Légitime défense à
coup sûr ; mais ces escarmouches eu-
rent aussi l'avantage de le préparer à
des luttes plus sérieuses.
De Weesp, il passa en 4781 à FUni-
versité d'Uirecht, avec l'intention d'élu-
dicr la médecine. La Société Dulces antè
omnia Musœ lui prit bientôt une bonne
partie de son temps : sans rompre avec
les sciences, il enfourcha Pégase le
plus souvent possible. Rau , Carp ,
Utenhove , Clarisse et surtout Bellamij
devinrent ses familiers ; n'oublions pas
M. C. Van Hall. En i782, sept jeunes
poètes, tous membres de la Société,
convinrent d'organiser entre eux une
sorte de concours sur un sujet donné :
rOrage. Bellamij l'emporta : Kinker,
l'un des concurrents , fut le premier à
lui adjuger la palme (*). Vers la même
époque, l'aimable et savant Hinlopen('),
qui faisait aussi partie de la confrérie,
réunissait chez lui, de temps à autre,
quelques amis des lettres ; il ne parait
pas que Kinker ait été admis dans ce
i-ercle, dont la fréquentation aurait
probablement détourné le cours de ses
idées. On y discutait les plus hautes
questions d*esthélique; on s'y passion-
nait surtout pour la littérature idéaliste
de l'Allemagne, dont Klopstock était
alors le coryphée. Resté en dehors de
ce milieu, Kinker, que Schiller devait
compter plus tard parmi ses admira-
teurs les plus fervents, suivit son pen-
chant pour l'ironie et la satire et en-
censa le dieu du jour. Voltaire. 11 alla
jusqu'à traduire en vers libres des
fragments de la Pucelle , mais il eut le
bon sens de garder |)Our lui son ma-
nuscrit, qui n'a point été retrouvé (*).
11 fut moins prudent en mettant au
jour, en 1786, un premier recueil de
poésies, Myne mindcrjarige zangrier
(litt. Ma muse mineure). La critique se
montra si sévère envers Tauteut*, au
nom des mœurs, que Kinker, croyant
avoir à se justitier personnellement,
cita devant les tribunaux l'éditeur du
Hecensent, Bien qu'il eût Bilderdijk
pour avocat, l'aiTaire ne tourna pas à
son avantage : Bilderdijk essaya de le
consoler en lui dédiant une pièce de
vers (■).
La muse du jeune Kinker était ici
plus ricaneuse que folâtre; elle man-
quait d'abandon jusque dans ses éga-
rements. Quatre morceaux ont passé
du Minderjatige Zangster dans la Poste
de rHélicon; ils ne méritaient guère
d'être conservés.
que c'est un oelAgënairc qui a tenu la plume.
M. C. Vao HaU, après avoir pris les armes
en 1813 pour secouer le joug de la France
et commandé un bataillon de la Landsturm,
a été l'un des avocats les plus éloquents du
barreau d'Amsterdam. Les hautes fonctions
dont il a été investi à diverses reprises ne
l'ont jamais détourné du culte des lettres ; ses
écr'iiê en prose et en vers lu! ont valu le titre
de membre de r Institut des Pays Bas. On
ne doit pas te confondre avec son flis aîné,
qui a repris son étude et a fait plusieurs
fois partie du cabinet. Deux autres de ses
Dis ont été professeurs, l'un à VAthenœnm
illuêtre d'Amsterdam, l'autre k l'Université
d'Utrecht. — Nul n*était plus i même que
M. C. Van Hall d'apprécier dignement Kin-
lier, son ami intime pendant soixante ans.
{*) Sans ressembler précisément à Esope,
Kinker avait, comme on dit, le cou dans les
épaules.
(*) Cette pièce, publiée plus tard, est
considérée comme une des meilleures de
Bellamij. Een' der tchoomte van de zeven
Dondersiagen, répétait volontiers Kinker.
('} Le même qui accepta plus tarJ des
fonctions publiques sous Louis Bonaparte.
{*] On a eu tort d'attribuer à Kinker la
traduction hollandaise qui existe de ce poè-
me : elle n'est positivement pas, elle ne sau<
rait être de lui.
( "; Cette charmante bluettc a trouvé sa place
dans les œuvres do Bilderdijk (Harlem ,
Kruseman, 1858, in-8o], t. X, p. 60. Elle
répondait à une politesse de Kinker, qui
avait lui-même dédié à son ami une petite
pièce badine, où il appelait les baisers les
voyelles de la langue des amours.
17
385
KIN
386
Ajoutons que l*auteur , quelques an-
nées après , n'hésita pas à se recon-
naître en faute.
A son séjour à Ulrecht se rattachent
encore quelques satires politiques {Aca-
demie-zangen , de Eigenbaaty parodie,
etc.), où il prend à partie les uto-
pies révolutionnaires et les discordes
civiles qu'avaient suscitées la guerre
avec VAngleterre. Au fond , Kinker
était un homme d'ordre ; mais son
âpreté à la controverse induisit l'opi-
nion publique en erreur sur son compte.
M était moins assidu aux cours qu'aux
séances de promotions; ici, en revan-
che, il se Jetait à corps perdu dans la
discussion, et comme il parlait le latin
avec facilité, comme en outre il avait
toujours en réserve quelque thèse origi-
nale, sinon quelque paradoxe, les pro-
fesseurs eux-mêmes finirent par le voir
d'un mauvais œil. Il entrait en lice
aussi volontiers chez les théologiens
que chez les médecins, ne leur épargnait
pas plus qu'à ceux-ci les attaques à
fond , et surtout ne manquait pas d'é-
gayer l'auditoire par ses saillies spiri-
tuelles. 11 en résulta qu'on le fit passer
pour impie, pour athée même. Sa vie et
ses écrits protestent contre cette impu-
tation, qu'il ne daigna même pas dé-
mentir. Ce qu'il y a de vrai, c'est que
Kinker n'accepta jamais ses croyances
d'une source étrangère : kantien rigide
jusqu'au bout, on peut dire kantien
outré, il ne rendit jamais les armes
qu'à la raison pure (*).
Les études médicales mettaient cha-
que jour à l'épreuve sa sensibilité
très-délicate ; il les abandonna pour
s'occuper de droit. Sans cesser de
charmer ses loisirs par la musique et
la poésie, il se mit au travail avec tant
d'ardeur, que le diplôme de docteur
tUriuaque juris put lui être délivré dès
le 18 juin 1787. Il se rendit alors à La
Haye, où Yander Linden et Bilderdijk
se chargèrent de l'initier à la pratique
des affaires. De fait, soit quil se défiât
de son physique, soit plutôt qu'il ne
pût résister à ses goûts dominants,
Thémis eut à se plaindre de sa froi-
deur. La politique et la littérature l'ab-
sorbèrent tour à tour. Son esprit rail-
leur se donna carrière dans le Janus
(1787) et dans le Janus verrezen (res-
suscité), qui parut jusqu'en 1798; il
prit également une certaine part à la
rédaction de Y Arche de Noé et de Sem,
Cliam et Japhet, recueils humoristiques
où les sottises et les extravagances du
jour étaient tantôt simplement tournées
en ridicule, tantôt impitoyablement fus-
tigées. La Poste de VHélicon parut à
Utrecht en 1783 ; on y trouve quelques
morceaux de Bilderdijk et un plus
grand nombre d'élucubrations de Kin-
ker, qui en était à la fois le fondateur,
l'éditeur et le rédacteur principal. Vers
la même époque, il commença aussi à
travailler pour le théâtre.
Sur la fin de l'année 1795, il quitU
le barreau de La Haye pour celui
d'Amsterdam. En rappelant ses rares
plaidoyers, M. G. Van Hall a l'occa-
sion de relever des traits qui font hon-
neur à ses sentiments d'humanité et à
la noblesse de son caractère. Par cen-
tre, les adversaires qui lui tombaient
sous la main étaient serrés comme dans
un étau. Comme il les tenait bien, et
comme les étincelles brûlantes de son
esprit tombaient dru sur q.ux ! Un jour
Schimmelpenninck lui-même , le futur
grand-pensionnaire (*), ne sachant plus
où donner tête, ne put se tirer d'embar-
ras qu'en citant le mot d'Horace :
Pictoiibas atqae {loëtiB
Qaidlibot andcndi ««mper fait cqaa potestas.
Mais, comme nous l'avons dit, les
goûts de Kinker l'entraînaient ailleurs.
Il cultiva plus que jamais les muses ;
seulement, à partir de 1798, sa lyre
prit un ton de plus en plus sérieux.
L'influence des études philosophiques,
auxquelles il se livra tout d'un coup
[*) C'est siosi, et noo dans le sens d'une
complète indifférence, que nous interpré-
tons sa réponse bien connue au baron de
Broich (curateur de l'Université de Liège),
qui lui demandait un jour, à Chaudfontaine :
« Mais voyons, H. Kinker, oui ou non, êtes-
vous catholique? — Non. — Êtes-vous pro-
testant? — Non! — Qu'êtes- vous donc ? —
Je suis Kinker. » (V. ci-après).
{*)y, La Cour de Hollande êoug LouiS'
Bonaparte, par un auditeur. Paris, 18S7,
in-8<>, p. 408 et suiv.
3S7
KIN
358
avec passion «y fui poarone bonne part;
son admiration poar SchiUer fit le reste.
Il en vint à définir la poésie : la phikh
Mophiê rendue sentikle; si de ce Jour il
ne dépouilla pas le vieil hoimne, M
fit du moins le premier pas dans un
domaine dont il n'avait point paru
jusque-là soupçonner Texistenoe. Il
parcourut à son tour les cliamps sans
bornes de l'idéal ; une voix intérieure
lui cria : SmreUm carda. Seulement la
réaction fut trop forte : il s'exposa à
tomber dans la séclieresse en s'exal-
tant pour des abstractions, écueil dan*
gereux que Scliiller lui-même côtoya de
très-près dans la seconde période de sa
carrière, mais pour y échapper glorieu-
sement, témoin son GuUlaiime TelL
Mélange d'enthousiasme et de ré*
flexion, & la fois inspirées et presque
didactiques, les pièces de Kinker inti-
tulées God en Vr(jheid, Wib-Krackt en
Deugd , Gedackten MJ het graf vom
Kanî (') , se distinguent d'ailleurs par
des pensées justes et profondes et par
une élégante dignité de style, qui assi-
gnent à leur auteur une place mar-
quante dans la galerie littéraire de nos
voisins. Le drame allégorique Het Eeuw-
fest rentre encore dans la catégorie de
ses compositions purement philoso-
phiques. 11 y salue en beaax vers l'avé-
nement du XIX* siècle, formule à ce
propos toute une théorie des devoirs
de I homme et montre comment nos di-
verses facultés sont appelées à concou-
rir à notre perfectionnement moral.
Pour affronter la scène avec un tel
sujet, sans individualiser ses person-^
nages, le poète devait être bien sûr de
lui-même : il n*en faut pas moins admi-
rer le tempérament spécial et la puis-
sance d'attention du public hollandais,
qui redemanda quatorze fois de suite la
représentation de l'œuvre de Kinker,
au théâtre d'Amsterdam (*).
Kinker s'était ouvertement rangé sous
la bannière du kantisme. Les écrits
du chef de l'école critique loi avaient
d'abord semblé obscurs; il dut faire aussi
un grand effort pour se placer à un point
de vue entièrement en désaccord avec
ses premières habitudes intellectuelles.
Deux fois il relut les œuvres complètes
du philosophe deKoenigsberg, avant de
se déclarer satisfait: il recommença,
poussé par un instinct secret qui lui
faisait entrevoir dans la nouvelle doc-
trine la solution des incertitudes dont
son propre esprit était assailli ; cette
dernière tentative lui réussit pleinementé
Alors il fut possédé d'un zèle d'apôtre;
il voulut contribuer, avec Paul van He-
mert, l'éditeur du Magaz^n van krUùh
cke Wijsbegeerie en hare Geschiedenis ,
à propager en Hollande la philosophie
de Kant. Il publia d'abord dans ce re-
cueil , sur les philosophes anciens et
modernes, une série d'articles qui furent
très-remarques, et qu'on n*aurait certes
pas attendus de sa plume légère (*).
Abordant ensuite le sujet qu'il se pro-
posait de traiter spécialement, il mit au
jour une dissertation intitulée : Prœve
van eene Opheldering van de KrUiek der
zuivere Rede^ dont le retentissement
( ' ) RéÎBprioiëes dans les Ctdichten, 1. 1,
p. S6-t9d (Anst., 4819, m>8o]. — Cf. Van-
derwijck, p. 70-90.
J * ) Elle eat, eo tout, plus de ceoi reprëseo-
talions. — Un caprice qui peint bien l'homme
inspira k Kinker, en 4801, l'Idée de parodier
l'ouvrage qui lui avait valu ce succès. De
MÊenachheidin '/ Lcoaruthui* bij den aanvang
der negemiendë eemw^ dans la pensée de
Faoïeitr, devait servir de commentaire au
premier poème. Poar mieox éclairer an ta^*
bleau, ditril, il tuai en renforcer les ombres;
et enfin... le XIX* siècle s'oavre pour lesfoos
aussi bien que pour les sages. —^ Les curieux
trouveront une analyse (Mtaillée des deux
poèmes dans Van der Wijck, p. 44-70. M.
Van der Wyck cherche à disculper Kinker de
Taccusation d'impiété, en lui appliquant le
mot de Schleiermacher : t La religion n'est
> ni dans le dogme ni dans les pratiques ex-
> térieures, mais dans une certaine dispos!-
» t on de t'Ame. » Et notre écrivain «joute :
quelles que fussent les idées de Kinker sur la
personnalité divine, il avait foi dans la Provi-
dence ; ses plaisanteries cachent toiyours un
sens p^fond. — 11 n'est pas inutile de faire
remarquer que M. Van der Wijck est un dis-
ciple die M. Opzoomer, professeur de philo*
Sophie à Utrecbt, et que les idées de M. Op-
zoomer se rattachent à ceUes de Comte et de
M. John Stnart MIM (v. aoa livre Oie Méthode
der WiBUfUckafi, Utrechi, 48S9, in-8«).
(*) Les critiques le qaaliiSranl de Ge-
Uerdê vmt génie (v. ci-après).
359
KIN
360
fut considérable. J. Lefèvre en donna
(en 4801) une bonne traduction fran-
çaise (*)» <!"» servit de texte au rap-
port présenté à ïlnstUui national de
France par Destull-Tracy, sur la méta-
physique de Kant (•). M. Van der WijcJt
fait peu de cas, en général, du jugement
des Français en matière de philosophie
allemande (M; en plus d'un endroit de
son livre, Rinker lui-môme n^est pas
ménagé. Ici, cependant, il n'hésite pas
à s'associer aux éloges qui furent de-
cernés de loutes parts à r initiateur.
Kinker n'a pas seulement étudié à fond
la théorie de Rant, dit-il : elle est deve-
nue en quelque sorte sa propre façon
de concevoir, le moule de sa pensée ;
k ses yeux, elle est absolument indis-
cutable. Delà, bien que certains pas-
sages de Y Essai soient sujets à caution,
ceux qui, n'ayant pas le temps de lire
Rant, sont cependant désireux de le
bien connaître, peuvent en toute con-
fiance s'adresser à Rinker.
Les Beginzelen der Kantiaansche
Wijsgeerte, de Van Hemert, le discours
de Chaudoir (prof, à Franekcr) De mo-
mentis philosophiœ Kantianœ, les ar-
tic4es publiés dans le Magazijn par le
D' phil. Heumann, par le médecin Ser-
vaas de Delfshaven, par Schrœder, par
les médecins Deiman et Dornik, etc.,
conconrurent,avec YEssai^ik naturaliser
en Hollande la nouvelle philosophie.
Feith, Van Alphen, Nieuhoif, Van de
V^'jjnperse, Wijttenbach furent mis de
côté, comme en Allemagne Herder,
Wieland et Nicolai ( *). Le progrès des
idées de la révolution favorisa puis-
samment ce résultat. Rant se tenait « ré-
solument campé devant l'entrée du pa-
radis perdu des dogmatiques, menaçant
de l'épée flamboyante de sa critique les
vaincus assez audacieux pour essayer
d'y rentrer ; » on lui sut gré de cette at-
titude qui, dans le domaine politique,
était point pour point celle des adver-
saires de l'ancien régime. Lecriticisme
devint la grosse question du moment :
Onze lUeratmr, dit M. Van der Wijck,
werd in eeu slagveld herschapen.
Dans le cours de celte période, Rin-
ker eut à soutenir plusieurs polé-
miques, notamment contre Nieuhofl et
Feith . Le premier réduisait d un seul
problème toute la philosophie morale :
« Que dois-je faire pour être heureux?»
Rinker enseignait au contraire, avec
Rant , que le devoir exclut la recherche
de tout avanuge personnel. Une action
est d'autant meilleure, disait-il , qu elle
est plus désintéressée.- Point de bon-
heur en dehors de la vertu , répondait
Nieuhoif. - S'il faut identifier le bon^
heur et la vertu, répliquait Rmker, je
ne vois pas pourquoi le voluptueux et
l'avare ne céderaient pas ù Tenlraine-
ment de leurs passions, puisqu elles
leur procurent la satisfaction qu ils re-
cherchent. — Il y avait malentendu :
Rinker forçait les conclusions de son
adversaire, et celui-ci ne comprenait pas
Rant, bien qu'il se flattât de professer sa
pure doctrine. Nieuhoff jouait ici le rôle
de l'ami imprudent dont on dit volon-
tiers : Non tali auxilio. Tout autre fut
l'attitude de Feith, radicalement hostile
au kantisme ;
. . . . Een antal atcplioRcn
Dat on* Kaot'aonU-acheid aUgod-prak up wil dringen.
Qui reconnaîtrait ici cette muse tendre
de M Rhynvis Feith , toujours prête à
fondre en larmes, ajoute M. \an der
Wijck ? C'est dans les Lettres a Sophte
que Feith nous révèle le motif de son
irritation : introduire la philosophie de
Rant dans les Universités, c'était, selon
lui, travailler à déchristianiser la jeu-
nesse. Rant , fit observer Rinker, s est
contenté d'accepter ce qu'il y a d esscn-
(*) Essai d'une Exposition suceincU de ta
critique de la raison pure de Kant. Amster-
dam, 180i, in-80. — J. Lefèvre était Lié-
geois.
( • ) L'ouvrage de Kiûker, dit le rapporteur;
ce est fait avec une méthode qui montre bien
tout i'enchatnemeûl des idées ; el il exprime
les opinions du philosophe dont il expose le
système avec une précision et une netteté
qui ne laissait place à aucune incertitude, et
qui font voir avec assurance que là où il se
rencontre quelque obscurité , elle est dans
les idées elles-mêmes, et non dans la ma-
nière dont elles sont présentées. » ,
{■)MM. H. Taino elEdm. Scherer trouvent
seuls grùce devant lui.
(*)VanderWijck,p. 47.
361
RIN
362
tiel dans le christianisme : or , on ne
dira pas que les miracles, par exemple,
en font à ce point partie intégrante ,
tous les chrétiens n'étant pas même
d'accord là-dessus ! Les Lettres de So-
phie à iV. R, Feith développèrent cette
thèse sur le ton d'un brillant persif-
flage(*); il n'en reste pas moins vrai
que Kant avait battu en brèche Jusqu'à
la Tyologie naturelle, et que l'argument
moral par lequel son scepticisme théo-
rique devait être racheté put très-bien
paraître insuffisant, surtout à l'époque
où écrivait Feith. Plus tard, le pasteur
J.-J. Le Roy fit des efforts méritoires
pour concilier le kantisme avec l'or-
thodoxie protestante ; il n'y panint
qu'au moyen d'une exégèse à laquelle
Kinker fut le premier à ne point se ral-
lier (•).
Tout en agitant ces redoutables ques-
tions, notre philosophe entretenait sa
muse poétique. Hœ nuffœ ad serium du-
cu»f, disait-il : c'est ainsi que dans son
Gczangboek voor Vrijmetselaaren (ann.
180G), il trouvait le moyen, dans un
couplet, de recommander aux Francs-
Maçons la lecture des trois critiques de
Kanl{»). GaMelle de Fayel (4798),
parodie d'une sombre tragédie de de
Belloy, fut Jugée par Bilderdijk une
œuvre utile à la société, parce qu'elle
ne pouvait manquer de désabuser le
public à l'endroit des extravagances qui
faisaient alors ses délices au théâtre.
La parodie d'Ericia (1799), que Kinker
lui-même appelait KermistreursitelyU'^-
vait point cette portée ; celle de la ro-
mance de Feith : Alrick en Asi/asia,
ne doit passer également que pour un
jeu d'esprit Jamais peut-être Kinker ne
fut en si belle humeur. En parodiant
enfin le monologue d'HamIet et VOE-
dipe à Co/one(i807), il ne fit que suivre
l'exemple d'Aristophane, qui s'en était
pris à Eschyle et à Euripide. Celle der-
nière pièce fut moins goûtée que les
précédentes : en tous cas on ne peut
refuser à Kinker le génie comique;
un juge non prévenu a cru pouvoir dire
de lui qu'il y avait dans ses veines quel-
ques gouttes du sang de Molière.
Une pièce allégorique sur les der-
nières agitations de l'Europe, terminées
par la paix (1802); Mmanzor et Zehra
(1804) , tragédie assez médiocre ; des
traductions ôesTempliers de Raynouard ,
de la Pucelle d'Orléans ei de.MoriaStuart
de Schiller (1807), fort bien écrites en
vers iambiques et plus fidèles que celle
de Tout est bien qui finit bien, dt; Sha-
kespeare (*) ; une version du Don Car-
loSf malheureusement inachevée ; une
autre de Turandot; enfin diverses com-
positions lyriques plus ou moins remar-
quables, remontant aux mêmes années,
témoignent de la flexibilité de son
talent et de son activité infatigable.
Le drame allégorique de 1802 mérite
une mention particulière , ù cause de
l'enthousiasme dont l'auteur y est en-
flammé pour Napoléon, « le sauveur et
le pacificateur de l'Europe. » C'était
chez lui une conviction sincère ; non
moins sincère fut l'expression coura-
geusede son désappointement, lorsqu'il
dut reconnaître que le règne de Louis-
Bonaparte n'avait été qu'un achemine-
ment à l'absorption de son pays par
la France ("). Il salua par des chants
(le triomphe la chute de l'empire et
l'établissement du royaume des Pays-
Bas : si sa philosophie le conduisait au
cosmopolitisme, il sentait néanmoins
battre dans sa poitrine un cœur de pa-
triote; à ce titre, nous regardons comme
une de ses plus nobles rompositions De
verlossing en herstellintj van Neder-
land (t. lU des Gedichten, p. 36-67).
Ajoutons que le style est à la hauteur
de la pensée.
Almauzor et Zehra, les Templiers et
(*) Il faut recoaoMlre que ce ton D'élait
pas de mise à Tdgard de Feith , poète vrai-
ment distingué et d'une grande dignité de
caractère. Mais — GenU9 irritabile : le mot
est toujours vrai. Celte polémique fit du tort
à Kinker.
(*) Roorda, an. cité»
{•) VanderWgck, p. 30.
f*) Cette pièce est restée inédite.
(*) Il exhala sa haine contre la domina-
tion étrangère dans deux odes, StiUe bemoe-
diging et Weeklagt, dont les accents prophé-
tiques relent! rent dans tous les cœurs^ (Ge-
diehien, t. II, p. -15-33). V. Steger, Brgàn-
zungs-ConvemaîioHê'Lexicon, Leipzig, 1846,
t. II, p. 458et8ttlv.
863
KIN
364
toutes les parodies de Kinker parurent
devant le public, et plus d'une f<ris : les
traductions de la Pucelie d^Orléam et
de Marie Sluart eurent «oins de chance,
malgré les efforts de Wattier, célèbre
artiste dramatique. L'administration du
Théâtre d'Amsterdam » paralt-ll, n'ad-
mettait pas qu'on s'écartâtde la poétique
de Boiieau, et peut-être avait-elle des
raisons de croire que les chefs-d'œuvre
de Schiller plairaient moins au public
que les drames de Kotzebue et d'Iffland,
voire même que les mélodrames de
Pîxérécourt(*).
C'est sans doute en traduisant Schil-
ler que notre poète fut amené à s'inté-
resser spécialement k la théorie de la
versification. Son Essai (Tune prosodie
kollandaise rapportée au rkythme des
anct^iM, couronné, en 1810, par la Hol-
landsche Maatschapp\i van fraije Kuns-
tenenWeicnsekappenMi fit le plus grand
honneur: on peut appeler Kinker le lé-
gislateur du Parnasse hollandais, en ce
sens du moins qu'il Jeta les fondements
d'une prosodie régulière et qu1l donna
l'exemple de rintroduction de l'élément
rhythmique dans la poésie nationale ( * ).
C'est le moment de faire remarquer qu1l
était grand musicien. Il fallait l'être
pour traduire comme il l'a fait (4803),
les paroles de la Création de Haydn ;
Helmina en Elize^ des cantates et divers
morceaux lyriques notés par des artistes
hollandais sur des textes de Kinker,
prouvent en outre que notre poète en-
tendait admirablement les conditions à
remplir pour amener l'accord parfait du
langage et de la mélodie. Il est extrê-
mement regrettable que son opéra Meck-
teld van Velsen ne soit pas entièrement
terminé. Le compositeur Bertelman, qui
s'était chargé de le mettre en musique,
mais qu'une faiblesse de santé força
dlnterrompre ses travaux, en parlait
comme d'un chef-d'œuvre ('). Kinker,
instrumentiste habile, s'occupait en ou-
tre de la théorie et de l'histoire de l'art
musical. La bibliothèque de l'Institut
royal des Pays-Bas possède quelques
manuscrits qu'il a laissés sur ces ma-
tières, entr'autres des Réflexions sur la
musique des Grecs. Nous devons k Fo-
bligeam*« de M. Ed. Capitaine, président
du la Cour du duché de Limbourg (*},
ami intime et confident de Kinker jus-
qu'au dernier moment, communication
de quelques fragments de ce dernier
travail. 11 y définit la musique des Grecs
une peinture pour Voreille ; il est per-
suadé que les Grecs ont connu un grand
nombre d'effets et de délicatesses dont
les modernes s'attribuent la découverte ;
les anciens, dit-Il , marquaient tout en
chiffres et avec une précision telle, qu'un
sourd-muet pourrait, au moyen de leur
notation , acquérir par analogie une
sorte d'intuition de la différence des
tons. Le cadre du présent travail ne
nous permet pas d'insister sur ces in-
génieuses recherches; signalons-en seu-
lement l'existence et espérons qu'il se
(«)VanHatl, p. 41.
(*) Moo8 faisons allusion, entr^autres, à sa
belle trtdvotioB de Tode d'Horace .* Odipro-
fifnum vulgy$. — Les trois préfaces des
Cedichten sont des plus intéressantes , au
point de vue des idées théoriques de Kinker
en matière de versification. — Citons encore,
parmi ses essais , des traductions (inédites)
du premier livre de Vltiade et de VEunnque
de Térenoe. H faUutà Kinker beaucoup de xèle
et de patience pour aboutir à un résulUt sa-
tisfaisant, bien que les langues germaniques
se prêtent mieux que la nôtre k la poésie
H^ylbmée. On peut d^s à présent prévoir, du
reste, que ce qui a réussi en Méerlande réus-
sim anasi ea France. Une heureuse initiative
a été prise dans notre pays aième : on con-
naît les tUudeM rkyihmiqueM dQ M. A. Van
Hnsselt et les traductions en vers rbythmés
de plusieurs opéras allOMuads , dues | ce
même écrivain et k M. J.-B. Rongé, composi-
teur à Liège. -
(MVanHall, p. «7-14.
(*) Nous manquons d'expressions pour
témoigner dignement notre reconnaissance
k M. Capitaine, qui a bien voulu non-seule-
ment nous transmettre copie de ces docu-
ments et de diverses lettres privées, oii Kin-
ker entretenait son ami de ses travaux, mais
nous renseigner sur toutes les sources à
consulter et nous initier k des particularités
inédiles concernant l'écrivain et le profes-
seur. Nos remerclmenU s'adressent égale-
ment à M. Stas, aneien conseiller k la ik>nr
de cassation do Belgique, dont les indica*
tiofis et les souvenirs personnels nous ^nt
grandement servi. Si nous parvenons k don-
ner une assez juste idée du mérite de Kinker,
c'est k ces excellents appréciateurs que ce
résultat sera dC^.
365
KIN
36«
trouvera, tôt ou tard, quelque vrai con-
naisseur pour les tirer de l'oubli (').
Kinker élargit de jour en jour le cercle
de ses éludes: la rhytbmique et la mu-
sique le conduisirent à la théorie de la
déclamation ,et,par une pente insensible,
à des observations sur l*art de bien pro-
noncer ; finalement, il se jeta en plein
dans la linguistique. Sur ce dernier
terrain, il rencontra encore Bilderdijk,
mais cette fois pour combattre ses théo-
ries grammaticales (*). On regrette ici
de voir Kinker, à propos d'orthographe,
ne garder aucun ménagement envers un
ancien ami. Je sais bien, dit-il, que
j'attaque un géant armé de la massue
d'Hercule. Ce n'était certes pas une
raison, eût-il oublié le passé, pour avoir
recours à l'ironie et au sarcasme. Tout
autre est le ton de Siegenbeek, dont les
observations sur le même ouvrage ont
été publiées à la suite du factum de
Kinker. Bilderdijk , de son coté , ne se
montra pas tendre à l'endroit de son
adversaire ; on peut juger de son irri-
tation et de sa rancune par c^s vers:
Boemt, roflmt nw Berf er», rMUil aw Kinken in (fat
fsoort,
Dat, ower wurdiff.Tan de FichNche hellcnirls jjloort,
Verwalen mntRelt.datCotl lelfin *t «anrirht lastert,
ITit apen Toort^ebroeiti, tôt npeo weâr verbuterd ^
M«ar ooemt ge«n kemper. Neen , miin Dichtlier
[wts Mm w«ard ;
Bj wias mju Trteod.V«n(omtI «o rastbij zacbt ittd«
[aard.
Ces querelles d'allemand n'ont d'ail-
leurs rien enlevé au mérite du travail de
Bilderdijk ni à la portée sérieuse des
remarques de son antagoniste. Bilder-
dijk joignait à son talent d'écrivain une
prodigieuse érudition : malheureuse-
ment son esprit était paradoxal ( ' ) et
son caractère aigri. La Spraakleer est
savante et mûrement conçue; mais à
côté de grandes vérités et de données
vraiment instructives , on y trouve les
excentricités les plus impardonnables.
La critique de Kinker, si l'on ne prend
point garde aux inutiles violences de
Tardent polémiste, et restée un précieux
document k consulter par tous ceux qui
désirent acquérir une connaissance ap-
profondie de la langue hollandaise.
Kinker, nous Tavons dit au début de cet
article, était un vrai philologue : non
seulement il écrivait avec une rare per-
fection sa langue maternelle ; non seule-
ment l'anglais, l'allemand et le français
lui étaient tout aussi familiers; mais il
était grand latiniste, bon helléniste et
orientaliste distingué. Il étudia entr'au-
tres la langue copte, pour parvenir à
déchiffrer un manuscrit appartenant au
professeur Willmet, et sur lequel on
l'avait consulté C), On peut voir, en
parcourant les Mémoires de la 3*' classe
de l'Institut des Pays-Bas, comment sa
persévérance fut couronnée de succès.
Tout en se livrant ainsi aux occupa-
tions les plus variées, il restait essen-
tiellement philosophe. Ses recherches
philologiques n'avaient pas pour but la
satisfaction que peut procurer l'érudi-
tion pure ; elles devaient lui servir à
concevoir et à formuler une théorie phi-
losophique du langage. Dès i8i7, il
exposa ses vues sur ce sujet à la y classe
de l'Institut. C'est par l'analyse de la
faculté pensante qu'il veut arriver aux
lois du langage, lequel n'est, dit-il, que
la raison incarnée (het besklde kleed der
rede). Le langage est sorti de l'esprit
humain: c'est à l'esprit qu'il faut remon-
ter Quand même toutes les langues
parlées périraient, la véritable langue,
la langue pensée^ subsisterait encore.
Ainsi s'explique la parenté de tous les
idiomes : leurs formes et leurs éléments
essentiels , primitifs , ne sont que le
moule de l'intelligence, qui est partout
la même. On reconnaît ici le disciple de
Kant: nous sommes en pleine doctrine
des catégories. 11 n'y aurait donc, au
fond, qu un seul système de langues.
( ') Le Iravail de Kinker fui l'objet de plu<
sieurs lectures , Ji la 3<* classe de rinstitut.
Il répondait à la question posée par celle
assemblée : 0/ de Toonkunst bij de Grieken
al dan niei aanspraak kon maken op meer^
dere voortreffelijkheidf boven die der beden-
daagtehe ?
{*) Btùordeeling van M, W, BUderdijk'ê
NederUutdsche Spraakleer (4899).
(') A preuve le trait suivant : vers la fin
de sa vie, il soutenait que trois découvertes
avaient tout gâtd dans les sociétés modernes:
l'imprimerie, les pommes de terre et la vac-
cine. Bilderdijk mourut à Leyde en 483S.
{*) Ce Ms. est aujourd'hui déposé dans la
Bibl. de l'Institut des Pays-Bas.
367
KIN
368
Kinker ne s'est point suffisamment pré-
occupé du fond même de la question,
qui est d'expliquer Findividualisatlon
des signes. Sa théorie est trop exclusi-
vement mécanique , ses généralisations
sont hâtives ; il n'en est pas moins \rai
qu'en beaucoup de points, il s'est montré
ici tout-à-fait supérieur à ses contem-
porains. Si P. Kerst^ (M avait connu
son travail, il lui aurait certainement
accordé une place d'honneur dans la
galerie des adversaires du bonaldisme.
Les événements de i 81 5 détournèrent
le cours des idées de Kinker; il descendit
dansl'arënepolitiqueetfondatoutexprès
un journal,de£ferilMUitt«^er (le Ruminant),
où il exprima sa pensée sur tes affaires
du temps et sur les questions d'intérêt
public, avec la liberté la plus entière.
Pendant trois ans (4815-1817), il sou-
tint presque seul tout le fardeau de la
rédaction du Herkaauwer; sans se laisser
remorquer par aucun parti , taxant de stu-
pidité lesdémocrates et combattant avec
une verve passionnée ce qu'il appelait
VesprU de Loyola ( ■ ), Il professa un genre
de libéralisme qui devait lui attirer la
bienveillance du roi Guillaume. Par
dessus tout il était hostile à l'influence
française, et il faisait peu de cas du
régime constitutionnel. A son sens, le
souverain devait tenir d'une main ferme
les rênes du char de l'Etat ; un» admi-
nistration forte, une bonne instruction
primaire , point de division des pou-
voirs, point de contrôle sur les actes
de l'autorité, tel était, suivant lui, l'i-
déal que devait poursuivre la Hollande.
Il ne répugnait nullement aux mesures
préventives et repoussait même les
libertés dont il croyait qu'on pourrait
aisément abuser. Cette doctrine lui sem-
blait également propre à préserver le
pays de l'anarchie et de la tyrannie ;
ce fut son illusion comme celle de son
roi. Cependant Guillaume 1^, tout on
faisant grand cas de Kinker ('), trouva
peut-être son zèle un peu gênant; peut-
être aubsi jugea-t-il qu'un pubtictsle
de ce caractère le servirait plus uti-
lement dans les pro\inces du Sud que
dans celles du Nord. Quoiqu'il en soit,
Kinker, fut nommé, en 1817, profes-
seur de littérature hollandaise à l'Uni-
versité de Liège. Son ami Falck ne fut
certainement pas étranger à cette dé-
cision, qui du reste sembla parfaite-
ment convenir ù celui qui en était
l'objet. Il se plut à considérer sa mis-
sion comme civilisatrice : nous holian-
dweVy c'était à ses yeux nous polir.
Bosscha traduisit-cette pensée dans un
quatrain qui dut médiocrement flatter
les Liégeois, s'ils le connurent alors :
Pellere barbariem, cultseqco mUoeirere liogtic.
Kinkeril iodoeiles adcrâdiere viros?
Herfalii> lalwir est, Msd lorti periore ili;enu-,
Ualvric^ famas polc-broqao et umpla lux.
M. C. Van Hall se montra plus ai-
mable en dédiant à son tour à Kinker
quelques vers hollandais : il se félicita
seulement de ce que les chants de Hooft
et de Vondel se feraient désormais en-
tendre dans la patrie de Grétry.
Le nouveau professeur eut besoin de
toute sa présence d'esprit et du presti^^e
de son talent pour dompter la jeunesse
universilaiie, qui attribuait dès lors au
gouvernement une arrière-()ensée. Lors-
que Kinker parut pour la première fois
dans Taudiloire , quelques étudiants
murmurèrent ie nom d'Esope. — Eh î
messieurs, répliqua-t-il sans sourciller,
Esope faisait parler les bêtes ; moi, j'es-
père enseigner à parler à des gens (lolis.
-^ La tribune était barricadée : il y jette
un coup-d'œil , puis , se tournant vers
les élèves avec un demi-sourire : Mes-
sieurs ! dit-il encore, faut-il prendre la
chaire hollandaise à l'assaut? — En un
moment, bancs et tables furent remis à
leur place, et la leçon d'ouverture s'a-
cheva sans encombre (*). La réaction
fut aussi durable qu'elle avait été spon-
tanée : l'éloquence de Kinker (qui s'ex-
primait fort bien en français, ce qu*on
ne pouvait dire de tous ses collègues
hollandais ou allemands), son goût dé-
licat en littérature, la tournure piquante
de son esprit, son affabilité enfin lui
( * ) Essai sur f activité du principe pen-
sant considéré dans Vinstitution du langage,
Liège, 1851-1863, 3 vol. in-8o.
(*) V. le t* II des Gedichun, p. 68-88.
(') Il loi décerna, en 1817, la croix de
l'Ordre du Uon Nëertandats.
(*) Van Hall, p. 78.
369
KIK
370
eurent bientôt conquis des partisans.
11 recevait volontiers chez lui les Jeunes
gens dont les dispositions Pavaient
frappé ; le charme de sa conversation,
éloi^ée de tonte pédanterie , aussi
amusante qu'instructive, leur faisait dé-
sirer d'y retourner le plus souvent pos-
sible (*). Le but de Kinker, en grou-
pant autour de lui l'élite de ses élèves,
était d'aider à cimenter l'union des
provinces wallonnes avec la Hollande»
par le rapprochement des traditions
des deux pays et par la propagation
insensible de la langue hollandaise
dans nos contrées. Les entretiens du
maître et des disciples finirent par de-
venir hebdomadaires : une Société ré-
gulière fut constituée (4822) sous le
nom de Tandem (par allusion aux espé-
rances du fondateur, qui comptait bien
pouvoir dire un Jour : Tandem fit cir-
cuivs arbor). L'étude de la langue et de
la littérature néerlandaises, le progrès
des lumières, le développement du sen-
timent national , tel fut le programme
inscrit à Fart. \ du règlement. Nous
laissons la parole à M. Ed. Capi-
taine (') : « La Société Tandem se
composait de dix membres effectifs et
d'un nombre indéterminé de membres
honoraires. Pour être membre effectif,
il fallait être élève de TUniversilé, pos-
séder assez le hollandais pour |>ouvoir
s'exprimer dans cette langue, être ami
du progrès et de l'ordre des choses
existant à cette époque dans les Pays-
Bas. En quittant l'Université, les mem-
bres effectifs devenaient membres ho-
noraires. On se réunissait chez le pro-
fesseur Kinker tous les lundis, de 5 i/a
à 8 i/s h. du soir. Pendant les réunions,
il n'était permis de parler qu'en hol-
landais. Chaque membre, à tour de
rôle, devait produire une composition
sur tel sujet qu'il trouvait convenable.
Ce travail était remis à un autre mem-
bre qui, dans la séance suivante, devait
en rendre compte et y noter toutes les
fautes de langue. Après la lecture de
cette revue, chacun émettait son opi-
nion ; parfois la discussion se prolon-
geait et s'animait. Le professeur re-
voyait en dernier lieu toutes les com-
positions et notait les fautes. Si le
membre chargé de la première correc-
tion avait laissé échapper quelque faute,
il avait à expier sa négligence. Chaque
faute était frappée d'une amende, une
l'on déposait dans la boetekas qui se
trouvait sur la table. On lisait aussi
des écrivains hollandais, etc.— Les réu-
nions étaient ordinaires et extraordi-
naires. Aux réunions ordinaires, Kinker
offrait du thé ; aux réunions extraordi-
naires, du vin : c'étaient celles où l'on
célébrait les fêtes nationales. A la fin
de l'année académique, soit dans un
hôtel de Liège . soit à Chaudfontaine ,
on dinait ensemble aux dépens de la
boite aux amendes. Quand celle-ci n'é*
tait pas assez bien fournie, ce qui arri-
vait presque chaque année, Kinker sup-
l)onait le reste des frais. Dans ces
petites solennités, les membres qui
allaient quitter Liège ou TUniversité
faisaient leurs adieux et recevaient leur
diplôme de membre honoraire. »
L'intime conviction de Kinker était
que l'union des 10 provinces ne |>ouvait
éire que grandement avantageuse aux
uns et aux autres, et rien ne lui pa-
raissait plus propre à cimenter cette
union, que l'introduction en Belgique
de la langue dont se servait le souve-
( * ) Nous citerons parmi les disciples de
Kinker, outre M. Ed. Capitaine , dont il fit
plus tard on ami intime, MM. i.-B. Nothomb
(aujourd'hui minisire de Belgique è Berlin) ;
i.-F-X. WQrth (v. ce nom), qui lui dédia ses
Leçons de littérature koiiandaise ; le lieute>
nant d'artillerie Van Eichslorir, qui iraduisit
en allemand quelques-unes de ses poésies ;
le poète Weustenraad ; Stedman (membre de
l'Assemblée de Francfort en 1848 et 1849);
le conseiller Stas, et enfin l'avocat Jottrand,
de Bruxelles, qui rendit un pieux hommage
à la mémoire de son maUre dans le Hotter-
damsche courant , le 46 février 48S0.
;'.M. Ed. Capitaine fut, ainsi que son
beau-frère M. Stas, l'un des membres les
plus zélés de la Société Tandem, A diffé-
rentes époques , MM. Wûrtb, Paquet, Jot-
trand, Weustenraad, Beving, G.-L.-J. Heu-
schling, A. Nicoiaï (de Bruxelles), Strens,
aujourd'hui procureur-général & Maestrichi,
Putzeys (secr. -général du dép. de la justice),
Hermans (juge de paix à Liège), Verduchène
(avocat à Maestrichi), Van Affefden, Fr.
Behr, etc., firent, eotr'autres, partie de ce
Cercle.
371
KIN
372
rain Iw-mème. Pour se mieax initier à
Tesprit des popalalioos wallonnes, qu*il
avait à coeur de convertir ^ ses idées.
Il étudia leur pittoresque idiome et finit
même par le parler couramment. 11 y
reconnaissait beaucoup d'éléments ger-
maniques et se disait que c'était autant
de pris sor Tennemi. Son zèle s*atte8te
par quelques vers wallons insérés dans
sa boutade originale M^n afscheid aan
ket IJ en den Amstel^ composée en
1848:
Gimn *o mmi eitU po n'fé rin /
Lige, ma dtuaetmt |wlr#i«/ /
Fb b*n kig' kuirt on paslin ( * }.
Help mij, daar, <le doizend kUnken
Vaa nw moederspraak, Hretry I
Yormtn^ Imf m* «r «Bgf on : — Li konr
Mi r'montt jusqu'à ffoxy !
Ureng mij daar bet Anuliafh-Keltisch-
Prankaehe oeérduitwk vaor 't Mboor.
Laat mij, i»\{9, de hout-ti-plouêche
Dorpsproak kitllen in bet oori (*}.
Le caractère des Liégeois plaisait k
Kinker : il aimait leur esprit vif, leur
gaité franche, leur hospitalité cour-
toise. Sans la RévoUition, il ne nous
auraitjamais quittés ('). Il s'intéressa
non-seulement à notre dialecte popu-
laire, mais encore à notre histoire ;
impossible de ne point lui pardonner sa
qualité de Hollandais. Mais les chefs des
patriotes liégeois, en 1850, ne pensaient
pas comme Tes jeunes gens qui avaient
vécu dans son intimité, o Kinker, nous
écrit M. Stas, fut arrêté comme otage
au mois de septembre ; on voulait ob<
tenir ainsi Télargissement de M. Behr,
pris à S'^-'Walburge. L'échange des pri-
sonniers fut négocié par M. Ed. Capi-
taine, qui fit alors de fréquents voyages
entre Liège et Maestricht. De mou côté,
J*activai l'affaire auprès des autorités
hollandaises de cette dernière ville.
Après sa libération (*), Kinker passa
par Maestricht, où il vint m'embrasser :
je le conduisis à la barque de Hollande.
Je fus ainsi le dernier élève et ami qui
lui serra la main au moment où il
quitta la Belgique, qu'il ne devait plus
revoir, bien qu'il Faimât sincèrement. »
Tous les anciens élèves de Kinker
s'accordent à faire le plus grand éloge
de son talent de professeur. «Jamais je
n'oublierai, dit encore M. Stas, les le-
çons que je lui ai entendu donner sur
Vondcl, entr'aulres sur le Lucifer. n On
ne savait ce que l'on devait le plus ad-
mirer, de son éloquence ou de sa science
à la fois profonde et variée. Nous avons
rappelé qu'il était grand latiniste. « Un
livre dont il recommandait la lecture
aux jeuhes gens, dans son cours de lit-
térature, était le De OraLore de Cicéron.
11 préférait cet ouvrage à la plupart des
autres traités de rhétorique : d'abord,
parce que Cicéron s'y place à un point
de vue élevé et pbitosophique, qu'il y
considère l'éloquence dans ses rapports
avec l'ensemble des connaissances hu-
maines et en fait un peu l'encyclopédie ;
ensuite, parce qu'il y joint l'exemple au
précepte ("). » Kinker pratiquait lui-
même les conseils du grand maître , et
à son tour pouvait servir de modèle à
ses disciples.
Les soins du professorat ne ralen-
tirent point son activité littéraire. De
son séjour à Liège datent quelques-uns
de ses travaux les plus importants. Il
ne se laissa point oublier en Hollande ;
en 1819, il y publia ses poésies (Amster-
dam, 5 V. in %"")', en 1820, il développa
ses théories philosophiques et ses as-
pirations dans une Ode à l'empereur
Alexandre de Russie, qui fut autant
remarquée par ses hardiesses que par
son grand style; les Mémoires de l'In-
(M âtc. Nous respectons l'orthogniphe de
l'atttear.
(•) Gediekien, i. III, p. 493 et 494.
(') Au moment où la séparation allait de-
venir un fait accompli, il dit même k Vnn de
ses amis qui lai maDiresiait rintenlion de
s'établir dans les proviaoes du Nord : — Y
serez^vDus mieux qu'à Liège ? Les pommes
de terre sont-elles moins tonnes ici que là-
bas ? — Le patriote était, comme on voit,
doublé d'un cosmopolite.
(*) Belges et HoUandais se rencontrèrent
à Tongres, où M. F. Capitaine, qui avait été
chargé d'escorter la voiture de Kinker, fut
fort étonné, en arrivant è rhôtel-de-ville, de
voir apparaître son propre frère en compagnie
du prisonnier. L'affiiire arrangée , Kinker
demanda aux envoyés belges s'il pouvait
aller où il voulait. « Sans doute. — En ce
«as, je vous accompagne k Liège. » Il ne nous
quitta, en elfet, que tors de la suppression
de la Faculté des lettres.-^ M. Ed. Capitaino
le conduisit jusque Bois-le* Duc.
(") Extrait d'une leUre de M. SUIS.
373
KIN
374
stitoi des Pays*Bas,le MuzefhÀlmanak
restèrent çn outre les confidents de ses
études ou de ses inspirations nouvelles.
Le$ Leçons de littérature hollandaise de
U. Wûrtb renferment plusieurs mor-
ceaqx de la même époque ; d*autres n*ont
paru que plus tard, entr'autres une belle
traduction dq Chant de la Cloche , de
Schiller. Il eut aussi Foccasion de s*oc-
çuper d'instruction publique, à propos
de la métbode de Jacotot (v. les art.
Dk Rkiffskderg et Wû&th), sur laquelle
le roi Guillaume avait ordonné une en-
quête. Son rapport, où les avantages et
les inconvénients de VEnseignemenl uni-
versel étaient discutés sans rélicences,
n*eut pas la chance de plaire au Fonda-
i€ur^ qui adressa même au roi un mé-
moire en réponse à Kinker. Cette pièce
a été imprimée : le professeur de Liège
y est qualifié de « philosophe érudlt.
qui a raisonné sur des expériences qu'il
n'a point faites». Kinker écrivit ^ M.
Jottrand : « Notre homme pourrait bien
avoir raison. Je crains seulement qu'en
exagérant ce qu'il y a de bon dans celle
méthode, on ne la rende plus nuisible
qu'utile (M.»
A cette période se rattachent encore
un mémoire, accueilli par l'Instilut (*),
Sur VutUité^ pour la haute philosophie,
de la connaissance empirique de la lin-
guistique générale^ et des Lettres sur le
droit naturel, un des principaux ou-
vrages de Kinker. Ces lettres, adressées
à P. Yan Hemert, virent le jour à Ams-
terdam en 1825. Écrites à l'occasion
d'un travail de Bilderdijk sur le même
sujet ('), elles furent le premier bran-
don de discorde jeté entre les deux an-
ciens amis, la querelle grammaticale
dont nous avons parlé ne remontant
qu'à I83D. Kinker commence par dé-
clarer que les erreurs de Bilderdijk ne
mériteraient peut-être pas une réfutation,
si elles n'étaient d'autant plus dange-
reuses quelles se présentaient sous le
couvert d'un nom respecté. Au nom de
la science, d'autre part, il ne croit pas
pouvoir transiger. Bilderdyk soutient
que le droit repose sur le besoin : or
les besoins de l'homme sont infinis, d'où
il résulte que ses droits, pris en eux-
mêmes, le sont aussi; nous voilà en état
de guerre. C'est la doctrine de Hobbes.
dit Kinker : bellum omnium contra omnes.
Il y a pourtant cette dilTérence que, se-
lon Hobbes, l'état de guerre est notre
état naturel, et que, selon Bilderdijk,
c*est précisément le contraire. Les hom-
mes ne naissent pas égaux : il y a par-
tout, et nécessairement, une autorité,
à commencer par celle du père: c'est là
le correctif.— Fondez donc sur de telles
bases la morale et le droit ! reprend
notre impitoyable critique : la patria
potestas elle-même émane de la société
civile. Vous mettez en péril ridée du
devoir en même temps que celle du
droit. Le mot droit signifie deux choses :
une faculté et une règle. Dans le premier
sens, il s'agit de ce qu'on peut faire ;
dans le second sens , de ce qu'on doit
faire : le droit est la loi elle-même. Quel
est le contenu de la loi ? Voilà la vraie
question. Appartient-il à la volonté de
commander ou de se soumettre ? C'est
la ra»<m qui est souveraine et qui seule
peut justifier le droit. — L'idéal de Kin-
ker est lelui de Kant, un rigorisme trè^-
iogique, mais qui malheureusement ne
descend pas des hauteurs de l'abstrac-
tion. On a rangé parmi les utopies son
projet de législation universelle et l'on
n'a pas eu tort : sa réfutation de Bil-
derdijk n'en est pas moins fondée. Ce-
pendant le droit naturel a des racines
plus profondes que les deux adver-
saires ne Tout supposé : l'homme n'a
pas seulement des besoins, mais des
affections; l'amour est un lien social
plus puissant que l'autorité, et la froide
raison ne peut justifier que le droit
strict. L'œuvre de Kinker honore son
auteur; mais elle n'a plus, en somme ,
qu'une importance historique.
Nous trouvons très-naturel qu'un
kantien, surtout nn poète , ait fait une
excursion dans le domaine de l'esthé-
tique. Dans lets over het schoone, mé-
moire académique publié en 4826.
Kinker soutient que la beauté est
(M Van Hall, p. 88. ( ') Korte ontwikketing der gronda van
('jSurle rapport de Schroeder et Cla- k$( natuurre^t,
risse.
378
KIN
376
objective. Notre goût la reconnaît et
la proclame, mais n'en est point le
Créateur. Théorfe opposée à celle de
Voltaire, pour qui le t6 yuûJb^ n*est pas
plus le même partout , que la mode de
Paris n*est semblable à celle de Pékin.
Il s*agit, bien entendu, de la beauté
sensible : la beauté morale, au con-
traire, frappe tout le monde : il n'y aura
jamais qu'une voix sur le dévouement
de Codrus, par exemple. Voltaire con-
fond le beau avec Vagrénble : la beauté
proprement dite, ainsi que Kant Ta fait
remarquer, nous procure, à vous comme
à mol, une satisfaction désintéresHée.
Mais en quoi réside-t-elle?« La beauté,
dit encore Kant , est comme la forme
sous laquelle nous saisissons dans la
nature une conformité â des fins (Zwcck-
màssigkeit) , mais sans nous représen-
ter ces fins elles-mêmes ( on ne com-
prend pas la beauté,on la sent), nGrande
vérité , reprend Kinker ; mais ce n>sl
pas tout. Une autre condition est né-
cessaire : il n'y a véritablement beauté
qu'en raison de la corrélation analo-
gique des formes sensibles avec une
idée. D'après cela , selon notre philo-
sophe, la beauté est mystique ou aUé-
gotique. Mystique , elle rapporte à un
but le monde matériel ; allé^'orique ,
elle est l'incarnation du monde spiri-
tuel. Nous n'aborderons pas la discus-
sion de cette thèse, dont la proposition
fondamentale rapproche Kinker de l'é-
cole de Schelling , que cependant il
n'aimait guère ; disons seulement avec
M. Van derWijck qu'une esthétique es-
sentiellement basée sur le principe de
l'analogie mérite à bon droit l'épithète
û'exclusive {*),
Le même critique nous parait en re-
vanche pousser la sévérité à l'excès ,
lorsqu'il déclare (p. 45) bon 2k jeter au
feu le dernier ouvrage philosophique de
Kinker, VEssai sur le dualisme de k
raison humaine ('), écrit en français...
très-peu français, il est vrai; mais le
style est ici chose secondaire. Avant
tout , notons qu'ù partir de ses IMtres
sur le droit naturel , Kinker a cessé
d'être un pur kantien : « Il répudie au-
jourd'hui ce nom, dit M. Roorda;il
n'accepte que le titre de philosophe eri-
iique ( ' ). » Son but avoué, dans Y Essai,
est de perfectionner le criticisme au
point de vue de la raison pure, et de le
compléter au point de vue de la raison
pratique. Kant a soutenu que les caté-
gories ne s'appliquent qu'aux objets de
IVxpérience externe ; il n'a pas vu, dit
Kinker, qu elles s'appliquent tout aussi
bien à l'expérience interne, c'est-à-
dire aux phénomènes perçus par le sens
intime. La critique Kantienne est donc
trop étroite ; de plus, le philosophe de
Kœnigsberg n'a pas même essayé de
justifier son affirmation. Les deux seuls
passages de la Critique de In raison
pure (*) où il conteste que les catégo-
ries interviennent dans le domaine du
sens intime ne prouvent nullement ce
qu'il avance. Or, la critique ne com-
prendra réellement les principes de
toutes les sciences accessibles à l'es-
prit humain , que lorsqu'elle aura pris
pied sur le terrain de la morale, en ap-
pliquant les catégories aux phénomènes
de notre vie intérieure. Kant n'a cjoû-
struit qu'une des deux ailes de l'édifice ;
sa critique de la raison pratique n'est
au fond qu'un véritable dogmatisme,
qui s'arcorde mal avec la théorie de la
connaissance objective : il s'y égare
tout d'un coup dans l'inconnu; Il y fran-
chit les limites que lui-même a tracées,
inconséquence qui a donné lieu aux
systèmes de Fichte, de Schelling et de
(M Van derWijck, p. 98-i 16.
(') Kinker n'eut pas le temps de le publier
lui-même ; il légua cette mission à sun ami
M. Cocheret de la Moriniëre ( ancien pas-
teur à Liège et à l'église wallonne de Bois-
le-Duc), qui s'en acquitta avec un soin pieux.
L'ouvrage forme 2 vol. in-8« de S70 et 371
pages (v. ci-après la bibliogr ). Il est pn^tédd
d'une notice sur Kinker et accompagné d'un
beau portrait (reproduction de celui qui parut
fP 1925, au rrontispicedulfttZ€R-44/manaAr),
qu'on nous dit être plus ressemblant que
celui dont la notice de H. C. Van Hall est
ornée.
(') Frûher ein eifriger Kantianer^ vtr-
schmàht Herr Kinker jetsl diesen Namen, da
er niir krilischer Philosoph su heissen ver-
lamjt. P. 145.
(*) EtemetifarL H» partie, sect. I, liv. II,
ch. II, paragr 3: Syatemaiische Vorxt. aller
sytH^. Grunds., p. 29i (5« éd.) , et /JCrifi*
der spekul. Théologie, p. 710, II,
377
KIN
378
Hegel. Appliquons les lois de la pensée
aux données subjectives , k la volonté
humaine : nous aurons encore un dua-
lisme; la raison humaine se trouvera
encore en présence d'une antinomie;
mais ce ne sera plus simplement entre
des notions objectives , ni entre les
deux sections de la critique prises sé-
parément , ni entre c^^rtaines proposi-
tions prises dans chacune d'elles et
considérées abstraction faite de leur
liaison : Tanti thèse s'établira entre les
deux tendances de la cosmologie et de
la psychologie, entre des vérités analo-
giques mais diamétralement opposées ,
dont Tune est la proclamation du fata-
lisme et du matérialisme absolu^ tandis
que l'autre est l'attestation de la liberté
et du spiritualisme absolu (*). Or, ces
vérités étant relatives, on est naturelle-
mont conduit ik les concilier en s'éle-
^ant à la considération d'une vérité ab-
solue, supérieure à l'expérience et
n'admettant rien au-dessus d'elle (').
Ce n'est point là, ajoute Kinicer, un sys-
tème nouveau; c'est le système de Kant
perfectionné, achevé. S'il fallait aban-
donner le criticisme , le seul dogmatisme
rationnel serait celui de Hegel ; mais il
ne s'agit point d'en venir là. Les tenta-
tives du pasteur J.-J. Le Roy (v. ci-
dessus) n'eurent jamais aucune chance,
on le voit, de trouver grâce devant son
compatriote.
Qu'on partage ou non les idées de
Kinker en philosophie et en politique,
on doit reconnaître en lui un esprit su-
périeur et, ce qui vaut mieux encore,
un penseur consciencieux et sincère.
Quant au fond de son système, il se-
rait diflicile de n'y point reconnaître
une sorte de panthéisme logique : sa
déclaration à propos de Hegel nous
semble assez explicite à cet égard. A
ses yeux, le moi est un fait-acte (daad);
sur ce point, il se rencontre avecFichte.
Mais il ne considère pas le monde, à
l'instar de ce dernier philosophe, com-
me un produit de l'activité du moi ; il
ne nie pas non plus Texistence nounié-
oale. Il proclame avec Scbelling l'iden-
tité du sujet et de l'objet; mais, tandis
que Scbelling puise sa certitude dans
l'intuition intellectuelle , et place con-
séquemment son principe au-dessus de
toute démonstration, Kinker envisage
l'identité absolue comme la vérité scien-
tifique par excellence, comme impliquée
au fond du dualisme de la raison. Telle
qu'il la conçoit, elle n'est que le milieu
indifférent où s'évanouissent toutes les
contradictions phénoménales, même
celle du bien et du mal. La nature
nouménale n'est pour lui que la toute-
puissance, la volonté absolue (aurait
dit Schopenhauer), qui s'incarne sans
cesse dans une double série de mani-
festations inconciliables au point de
vue phénoménal. Que ce ne soit pas là
le Dieu qui parle à notre conscience, il
est inutile de le dire ; il est permis d'ad-
mettre aussi que Kinker s'est laissé do-
miner par l'idée fixe de rompre abso-
lument en visière avec la théologie
chrétienne, qui l'obsède comme un fan-
tôme. Il ne peut pardonner à Scbelling
d'avoir voulu introduire le contenn de
la foi dans le domaine de la science. 11
est critique jusqu'au bout, critique sin-
cère autant que radical : conséquent
avec lui-même, il aboutit à la confusion
de l'abstrait et du concret. Il accorde à
la nature nouménale , il est vrai , une
tendance intentionnelle; mais cela s'ac-
corde difficilement avec sa parfaite in-
différence : c'est une simple échappa-
toire. Son Dieu ne peut être que celui
de Schopenhauer : der Wille an sick
okne Eitiskht, selon la remarque judi-
cieuse de M. Van der W'ijck. Et encore,
si l'on voulait le presser, nous ne sa-
vons pas comment il s'y prendrait pour
expliquer non seulement la volonté in-
tentionnelle, mais simplement la puis-
sance divine. Les catégories entendues
au sens de Kant, même rapportées au
monde moral, ne nous apprennent ab-
solument rien là-dessus. Evidemment
il n'y a ni causalité ni activité, là où il
n'y à qu'absolue indifférence. Kinker
( ' } Il eût ëtd plus exact de dire Vidéa-
tUme, Kinker en convient dans une lettre à
H. Capitaine. « Ce teryne doit 6tre entendu ,
di(-il« dans le sens qu'on lui donne quand on
l'applique à l'École d'Elée. » Parfaitement
juste.
(*)Roorda, p. 446>i 47. — Essai, i. I,
p. 956.
379
RIN
380
n*étiu pas le cercle videas : U s'ippuie
sur sa propre hypotiièse pour la dé-
montrer.
Malgré ces défauts eseeatiels, mal-
gré le ijeo de sympathie que nous
éprouvons pour une doctrine qui ne
cliercbe Tabsolu que dans les limites de
Tentendement humain et ne 8*ooenpe
même pas de rendre raison de ces il-*
mites ('), nous ne pouvons nous ranger
à ravis de M. Van der Wijcfc , qui
n'attribue à r^sani aucune importance
philosophique sérieusew Nous passons
condamnation sur le langage technique
de Kinker, hérissé d*expressions, non
seulement peu françaises, mais ne ren-
dant pas toujours exactement sa pen-
sée, qu'on ne parvient souvent à déga-
ger qu'après plusieurs lectures. Ce-
pendant Touvrage fourmille d'aperçus
ingénieux et profonds ; la discussion y
est serrée et poursuivie avec la plus
grande bonne foi, si bien que les er-
reurs mêmes de Tauteur font réfléchir
et servent ainsi indirectement la cause
de la vérité. Rien n>8t plus utile que
la critique : Tédifice qu'elle bat en
brèche s*ébranle quand elle a raison, et
sa chute fait bientôt place à un édifice
nouveau , Tesprit recommençant inces-
sammeut son œuvre; et quand tous ses
efforts sont impuissants, elle sert en-
core à raffermir notre confiance dans
les vérités étemelles.
Pour connaître la dernière pensée de
Kinker, il faudrait avoir sous les yeux le
roman philosophique auquel il travailla
longuement dans sa retraite studieuse
d'Amsterdam, et qu'il a léffué a M. Van
Lee pour être achevé et puolié par celui-
ci ,mission qui n*a pas encore été rempile.
•— Depuis longtemps déjà il avait songé
à exposer ses idées sous cette forme,
un peu à la façon du iaeobi. Le dia-
logue entre un matérialiste et un spl-
ritualiste inséré dans le 1. 1 de VEssai,
a étéécrtt sous Fempire de cette préoc-
cupation. Grâce à M. Ed. Capitaine, 11
nous sera du moins possible de dire
quelques mots du plan de l'ouvrage.
« Deux frères Jumeaux, l'un matérialiste,
l'autre spiritualiste, soutiennent chacun
leur système. L'un des deux frères a
une fille nommée Sophie , très-experte
en sténographie. Elle s'est occupée à
recueillir les conversations et les dis-
cussions de son père et de son oncle.
Les deux frères ne pouvant tomber
d'accord, prennent le fiarti de consul-
ter l'amant de Sophie, Jeune homme in-
telligent, qui a lu beaucoup de livres
de philosophie sans adopter aucun sys-
tème. Notre arbitre se met à lire les
pièces du procès ; ensuite, désirant ne
déplaire ni au futur beau-père ni à l'on-
cle futur, il s'efforce de condtier leurs
opinions : inutile d'syouter que le sys-
tème qu'il expose est celui de Kinker. »
Dans une lettre du 29 avril 4935, Tex-
professeur de Liège rappelle qu'avant
de quitter ses élèves (*), il leur parla de
la possibilité de résoudre l'antithèse du
matérialisme et du spiritualisme, a Si
J'ai encore devant moi quelques années
de vie, j^ta-t-il, et qu'on ne puisse
m'appliquer l'adage his pumsf nés. J'en-
treprendrai can amore cette tache ardue
et J'espère la mener à bonne fin. » Quant
à sa thèse fondamentale ou plutôt quant
à son hypothèse, elle est légitimée a ses
yeux parce qu'elle est la seule base poê-
sible d'une solution satisfaisante. Mais
il s'agit de le faire comprendre à tout
le monde : là est la difficulté. Il s'agit
d'exprimer comment le dualiKMe se ré-
sont en un trwlisme, trias harmonica ;
or on se heurte Ici à tout bout de
champ contre le même obstacle : la
pauvreté des langues. Ce fut l'embar-
ras de Lucrèce, Juste au moment où,
matérialiste Jusque là, il se trouva
tout d'un coup transporté sur le ter-
rain du spiritualisme :
Nuor, ea qao pacto ioter leM mixU. qoibaiiqBtt
Comti aoaû T^aant, r«ti»B«ai reddart «vwitoB
AUtnhit invitum patrii Mrmonii egtstu :
S«d Uinvii, utpolero, lummAtiiii attingare taDgam ['}.
(*) C'est la même lacune que les socces-
seors de Kaot ont essayé de combler ; ils ont
fatalement abouti à Hegel , c'est à-dirt à
l'identité de l'être et du néant. Il ne reste
que la forme pure , que Hegil ne parvient à
considérer comme concrète qu'en supprimant
le principe de contradiction.
(*) Indépendamment de ses leçons offi-
cietles, Ktniier ouvrit k Liège des cours pri-
vés de pliilofioplite et de droit naturel.
{*) De natura rtrum I. III, v. 989. —
On Ut sur le même sujet, dans le JTMse» ill-
381
KIN
382
En 1840, Rinker prit U résolutkm
d'écrire son ouvrage en français, d'y
introdoire un nouveau personnage, un
abbé, aumônier des deux frères et par-
tisan déclaré du Hermésianisme, et d'ap-
peler la Jeune fille Rosalie Sophie. Celle-
ci, dans le prologue, se déclare heureuse
de voir son amant essayer de mettre
d'accord les deux adversaires : tt mais
en tons cas, poursuit-elle, Je vous con«
seillerais de n'en rien faire avant qu6
d'avoir consulté notre curé, qui se prê-
tera volontiers à vous procurer l'oc^sioD
de réfléchir sur nos sens externes, en
vous faisant assister à un entretien de
deax fils de l'un de nos fermiers, dont
l'an est aveugle-né, l'autre sourd-rouet.
Le dernier prouvera à sa manière que
rien n'est plus impossible que ce qu'on
nomme un son, et que la science qu'on
appelle acoustique ne peut ^tre qu'une
théorie pleine d'illusions; tandis que
Taveugle-né ne trouvera rien de si ab-
surde, que de vouloir soutenir qu'il y a
des objets visibles, ouqu'il puisse exister
nn fluide (dit lumière) au moyen duquel
on puisse recevoir, à une grande dis-
tance, l'impression sensible d'objets co-
lorés. Cette dialectique a toujours beau-
coup plu à mon oncle le spiritualiste,
qui ne voit dans nos cinq sens que cinq
portes par où notre âme se plait k sor-
tir» pour ne voir, dans la nature soi-
disant matérielle, qu'une allégorie du
monde immatériel, dont la nature visible
est l'image. Au reste il soutient que ce
sont surtout les femmes qui se plaisent
à voir dans cette allégorie une réalité. »
Tout en se préoccupant ainsi des détails
de son travail, Kinker songeait aux
chances de succès que l'avenir réservait
à ses doctrines. Nous vivons dans un
temps de bigotisme, disait-il; nous
sommes en pleine éclipse, mais des
temps meilleurs viendront. « L'autruche
dépose tranquillement son oeuf sur le
sable ; les pinsons et les passereaux ne
sauraient l'écraser ; le bec des sanson-
nets et des oorneWes ne peut l'entamer
ni le repousser dans l'ombre ; c'est à
l'astre qui dispense la lumière de le faire
éclore. n
La doctrine de Kinker reposait sur la
séparation radicale de la reûgion et de
la philosophie, œqu'ilnefaatpas perdre
nn instant de vue quand on lit les ou-
vrages de ses critiques, o Le domaine
de la religion, écrii-il (li décembre
i8^5), doit rester pour le philosophe
une terra incognita : permis aux théo-
logiens de s'occuper de nos spéculations ;
mais nous ne devons, nous ne pouvons
accepter d'autre contrôle que celui delà
raison humaine. Or, c'est ce qu'on ne
comprend plus guère de nos jours, même
en Allemagne. » Le pur kantisme, comme
on voit, n'a peut-être jamais eu de sec-
tateur plus rigoureux que Kinker ; seu-
lement, îk la différence de Kant, le pen-
seur hollandais croyait à la possibilité
d'une métaphysique complète dans les
limites posées par son maitre. Il ex-
cluait de la discussion protestants et
catholiques ; il considérait la morale de
l'Evangile, bien comprise, comme par-
faitement d'accord avec la doctrine de
Kant,etil s'arrêtait là. Parfois H élevait
son âme vers le principe éternel et
immanent de toutes choses ; le Dieu qu'il
invoquait dans ses vers n'était que la
raison noumène, le Dieu de la dialec-
tique ; mais ce Dieu, il l'adorait dans la
sincérité de son cœur.
Kinker < onsacrait tout son temps à
l'étude. Il travailla aussi longtemps qu'il
eut un souffle de vie. Il mourut résigné,
content de son lot; la dernière fois que
M. Ed. Capitaine lui serra la main, Il
lui dit seulement: « Ah ! mon véritable
ami ! Que ne suis-!e dans l'autre monde ! »
C'est la seule plaintequ'it énonça jamais,
et elle renferme une pensée consolante.
Sa perte fut vivement sentie: on peut en
Juger par le concert d'hommages qui
retentit autour de sa tombe ('). M. S.
Muller, président de l'Institut des Pays-
manak de 4831, lés quatre vers suivante :
yyvi «oordea zijo er. din «lechb onzin in sicb «laitaci;
Ntt-ii in«er gadachten, die geeo woorden klaak ka»
juiten,
Fb dit» geeo rlnulijk beeld, g«en teeken «cblerhaiili.
Door dichtar» flaiiw gcvœMtdoor deaker« aooit hê"
[paaldi
Joh> KiHKcil.
(M Los restes mortels de Kinker ont été
déposés, le âO septembre i845, in de Oude-^
xijdi'Kapel^ k Amsterdam.
â8â
KIN
384
Bas, prononça son éloge dans l'Assem-
blée générale de la Compagnie et n*bé-
sita pas à le proolamerTun des hommes
les plus remarquables de son pays. MM.
Siegenbeek, C. Van der Vijver, respec-
tivement présidents de la Maattclumij
van Letterkunde et de la loge ôelaCltOr
rite (d'Amsterdam), relevèrent à leur tour
ses brillantes qualités. M. Westerman
Inscrivit ces vers au bas d'un de ses por-
traits :
Wat (ioOadiieiJ MiliiUreoU voriiiile en Utere eeaweo
Ji^baardea;
_ ^ , acht hieH
f geboeid ;
Wat de eoCile geesilkrat^it «rrocht . do «ebooue kao-
[slen gaardea,
T» weeldriif iu bet breio van KiNKBB saàmgetloeid.
Ueeft wijtthenl rei(t oplor, vernaft op laawerblaileu,
Dan woi'dt dit «cfaraader boofd met kiamteo over-
[laden.
La glorieuse épithèle de génie a été
appliquée à Kinker par quelques-uns
de ses biographes; en la lui contestant,
M. Van der Wijk s'est exposé à toutes les
colères de M. Van VIoten ('). Il faut
s*entendre sur la portée du terme génie :
nous renvoyons le lecteur à rarticle pu-
blié par M. Cocheret de la Morinière
dans le Recensent ook der Recense»-
len (1850, n^" 9, p. 571), et dont les con-
clusions motivées sont favorables au
philosophe-poète. Au fond, ces discus-
sions sont oiseuses : ce qu'on ne peut
contester k Kinker , c'est une origina-
lité véritable, dans le meilleur sens du
mot; un talent des plus distingués,
comme orateur et comme écrivain ;
infiniment d'esprit et de finesse comme
critique ; de l'enthousiasme, trop ex-
clusivement peut-être, pour les idées
générales ; enfin un libéralisme certai-
nement loyal d'intentions, à part la
légitimité de son idéal. Mais il a cherché
A éclairer les hommes bien plus qu'à les
loucher; jusqu'en poésie, il a rêvé de
ses formules kantiennes : sa i)opula-
rité en a souffert, sinon sa célébrité
chez les gens d'élite. On l'admire, mais
il n'est ni l'ami du foyer ni l'écho des
sentiments les plus profondsde l'homme.
On est séduit par la musique de son
langage, mais il fait réfléchir plutôt
qu'il n'enlève. Il est le poète d'un sys-
tème politique, plutôt que le poète na-
tional de la Hollande. Mais ce qa*il est,
Il l'est si complètement et d'une façon
siparticulière,si individuelle, qu'ondoit
certainement voir en lui, de quelque
côté qu'on le considère, une des person-
nalités les plus saillantes de son pays,
dans la première moitié de ce siècle.
Comme philosophe, M. Van der Wijck
le Juge en polémiste autant qu'en his-
torien; aussi éloigné nous-méroe des
idées de Kinker que des principes de
l'Ecole d'Utrecht, nous croirions être
injuste si nous ne revendiquions pas
pour l'auteur de \ Essai une page dans
l'histoire de la pensée humaine, à côté
de Van Hemert, peut-être même au-
dessus de lui. Il y aurait à procéder au
triage de ses écrits, dans Tintérèt mê-
me de sa mémoire ; ce triage opéré
pieusement et avec soin, la Hollande
pourrait être fière de son Kinker devant
toute l'Europe.
M. Ed. Capitaine a bien voulu dres-
ser tout exprès pour nous, d'après M.
Van der Aa et d'après ses propres
notes, une bibliographie des œuvres
de Kinker, beaucoup plus complète que
celles de MM. Van Hall et Cocheret de
la Morinière. Nous nous empressons de
reproduire ce document.
i^ OratieoverdejeugdvanÀlesander
den Grooten , in latijnschen verzen.
Amsterdam, 1786.
Cf. le Ckronicon cathoHcon d'Edward
Simson.
2" Academie-zangen, Utrecht , i78i,
in-4«.
3* Mijne minderjarige zangster. Ib.,
i 785, in-8«.
A"* De Eigenbaat, parodie. Ib i785,
in-g*».
5<» Janns, \ 787, in-i*" (35 numéros).
G*" Orosmane de kleine of de dood van
Zaâre^ moorddadig treurspel. Utrecht,
1787, in-8«.
7^^ Depostvan den Helicon. Ib., 1788,
in.8°.
8« Eerstellingen. Ib., 1788, in-8^
9^ Van Ao/9,episodischdraroa. Amst.,
1789, in-8«.
{*) Dans le Levembode, V. ci-dessus.
38S
KIN
386
10« Celia, treurspel. Utr., 4792, ifl-8«».
il'» Morceaux divers dans les recueils
suivants: a. De Sler; b. Janus verrezen
(4795) ; c. De arche Noachs (4799) ; d.
Sem, Cham et Japhel (i80'>) ; e, Maça-
zijn voor de krilische wijsbeçfeerte (de
Van Hemert); f. Zangboek der Yrijrael-
selaeren (p. 48, 49, 66, 408, 435, 459,
165, 465, 474, 480, 494, 280, 283 el
285)C).
42* GabrieUe van Fayel, Kallenspel
(parodie). Utr., 4799, in-8».
45'>£rtrw, parodie. Ulr. 4799,in-8^
44** Het Eeuwfest bij dm aanvaiig
van de ncgeutiende Eeuw, Zinnbeeldige
vDorstelling. Utr., 4801, in-8o.
45** Armand en ConaioMce , zanespel.
4804.
46** De Menscheid in het LazM'uskuis,
bij den aanvang van de negentiende
Eeuw. Zinnb. voorsteliiQg. Ulr., 4804,
in-8«.
Parodie du a« 44.
47"* Essai d'une exposition iuccincie
de k[ Critique de la raison pure de Kant,
AiQst., 1801, in-8°.
Trad. en français par J. Lefèvre. — Outre
les jugements sur cet ouvrage rapportés plus
haat, citons encore un passage de Ch. ViUers
(PbUos, de Kant, p. Il, p. 441).
48** Tafereel der jongttie higevallen
van Europa , geeindigd door vreede.
Zinnb. voorstelling. Utr., 1802.
\^ De Schepping, geestelijk musiek-
stnk van J. Haydn, de woorden naar het
oorspronkelijk Engeisch en het Hoog-
duilsi^i gevolgd. Anist., 4803, in-H*».
20* Almauzor en Zehra, (reurspel.
Utr., 4804, în-8*.
24** De Tempelheereu, treurspel, naar
het Fransch van Raynouard. Utr., 4805.
in-8*».
22® De Vereeniging van liet verhevene
met het schoone, ilnnb. voorstelling, ter
reestviering van de 25 verjaring van
J. C. Wattier, als tonneelkunstena-
resse van bel Ai»st«rdainsche Schouw-
burg. Amst. 4805, in-8o.
23» /fc/ beminnelijk Mûlenaars Meisje ,
opéra. 4806.
24** De Maagdvan Orléans, f reurspel,
naar Schiller. Amst., 4807, in-S*».
25* Maria Sluart , treurspel, naar
Schiller. Amst. , 4807, in-8».
26» Edipus teKolone, zangspei. Utr.,
4807, in-8*.
27* Brieven van Sophie aan Feith.
Amst., 4807, ln-8*.
28* Proeve eencr hoUandsche Proso-
die, toegepasi op het Metrvm der Ouden
(Mém. de la Mnatseh. voor fr. Kunsten
en Wetens,, t I). Amst., 48iO, in-S*.
29- De Nagedachtenis van Joseph
Haydn. Km&i., 1810, in-8*.
Éloge funèbre , prononcé en séance de la
Société Feli^ Meritis .•).
50* De Herkaauwer. Amst. , 4845-
4817. 3Yol.,i0-8*.
54* Inleiding eener wijsgecrige a!ge^
meene théorie der tahti. Amst , 4820,
in-8o.
Parut d'abord en 4817 dans les Mémoire t
de VInstitut royat des Paya- t'ai {3« classe,
t. I. 4817, in-4»;.
^%'' Gedichten, Amst., 4849-1821,
5 vol. in-8*.
53*. Over de hoorbare voordragt van
den redenaar (Mém, dcVlnst, desP.-É,,
5« classe, t. 11). Amst. , 4820, in-4*.
34* Dans le Muzen-Almnnak de Rot-
terdam : a. De geboorfe van Paltas
(4822, p. 4); b. Athe, ecne vortelling
uit het laatste gedeelte van de gouden
Eeuw (1825, p. 27) ; c. Pygmalion, een
romantischer droom (4832, p. 190).
35* Brieven over het naluurregt aan
P. van Hemert, naar aanleîding van M'.
Rilderdyks Ontwikkeling der gronden
van het natuurregt, en daarbij gevoegde
zielknndige verhandelingen. Amst. ,
4825, ln-8*.
C) Ajoutons : Pauca quce tegai ipsa Ly-
coris , et quelques poésies bigitlves restées
BMDOScrilaB (4792).
(*) Kinker prononça également, en 4808,
devant la Société Harmonica, un discours
funèbre en mémoire de Jacques Kuyper,
membre de l'Institut (Cochrrkt;.
48
387
KIN
388
Oa nous dit que M. Thorbecke a publié
une réfutation de cet ouvrage.
36*» Uuwel^ksgroet aan Z. K, H. Pnns
Willem-Frederik'Karel der Nederlanden
en H, K, H, Princesse Louisa-Augusla'
Wilhelmina-Amelia van Pruusen (20
mai 1825).
37* lets over hei schoone (Mém. de
rinsL des P.-B,, 5^>cl., t. III). Amst.,
\ 826, in-4o.
SS*" Dans les Leçons hollandaises de
Ull. et de morale de M. Wûrlh (Luxem-
bourg, 1825, in-8«) : a. De Godsdien-
sten (l. Il, p. 29) ; b. De Vrouw (p. 78) ;
c. De ezel en zijn eente meester, imita-
tion d'une table de Kouveroy (p. U3) ;
d. Cantate, vervaardigd voor de open
bare examina der leerlingen van hetln-
stiluut voor blinden te Amsterdam (p.
228); e. Homère (p. 312) ; f. Jeanne
d'Arc (p. 282).
Le môme recueil renferme (l. I, p. 33, 45,
60 et 245) plusieurs pièces extraites des
Gedichten de Kinker (n» 3S).
59*» Lierzang aandeKoninglijke Maat-
schappy van Nederl. taal en letterkunde
te Bi'ugge, onder de zinspreuk : Eendragt
en vaderlandsliefde, 1828 (Imprimé à la
suite de la notice de M. C. Van Hall,
p. 127).
40» Schillers Klokkengieterslied (Ib.,
p. 133).
41» Verslag aangaande de leerwijze
van Jacotot. Liège, 1826, in-8^
42*» Beoordeeling van M. Bilderdijks
Nederlandsche SpraakleeVf gevolgd van
.eenen bricfdes hoogkeraars M, Siegen-
beek aan den Schrijver. Amsl., 1829,
in-8^
43*> De Ueldendood van van Speijk^
toonkunstig lafereel. — Muziek van
J.-B. Van Brée. Amst , 1831, in-4«.
44*» Helmina en Elisay zang van twee
vaderlandsche Meisjes , in musiek ge-
bragt door Wilms. Amst., 1832, in-4^
45» Oud'Nedertand in Oogstmaand,
toonkunstig tafereel Muziek van J.-B.
Van Brée. Amst., 1832, in 4».
46» lets voor de meest kenscketsende
teekenen des tijds, uit den gegenwaar-
digen toesîand van Europa opgemaakt
(Dans \eBecensent ook der Recensenten,
1852, 6), in-8o.
AViets over het Romantiscke (Ib.,
1833), in-8».
Kinker essaie d'ëUblir des limites précises
entre le romantisme et le classicisme, et s'at-
tache à faire ressortir des diftérences impor-
tantes entre l'ancien el le nouveau roman-
tisme.
48** In hoc verre it de Geschûdenis
eene leerschool voor Vorsten en Voïken,
eene voorlezing (Ib., 1853, 5), in-8».
49" Toespraak aan het litt, Genoots-
chap Toi iml te Amsterdam, bij gele-
genheid der feeslviering van deszelfs
25 jaars beslaan(lb., 1853). in-8^
50** Proeve eener beantwoordiny der
vraag : Watnutkan de empirische taal-
kennis aan de hoogere wijsbegecrte toe-
bringen ? (Mém. de Vlftst. des P.-«., 3«
cl., L IV, 1833),in-4o.
51** Frankrijk tegen voor Europa (Re-
censent, 1834, 5), in-8».
55** Een Imriertakje op het graf van
Comitis Loots. Amsl., 1835, in-8**.
53** Een woord en wed^rufoord van A
en B over de Maceionische Kunst. —
54** Europa op den Stier en 1850-
1831 (Keur van scherts en luim, t. II ,
p. 61). Amst. . 1855, in-8**.
55» Recensie over brieven van M. W.
Bi/derdyA (5 articles dans \e Recensent),
el Metigelingen en fragmenten nagela-
ten door M. W. BUderdijk (Ibid.).
Ici Kinker prend la défense de Bilderdiick.
56*» Comptes rendus des traductions
bollandaises de deux ouvrages philos,
de H Schmid (Sur Vessence de la phi-
los, et ses rapports avec la science et In
vie) et de Kannegîesser (Hist. de la
philos,), dans le Recensent (1839).
Le traducteur de Kannegîesser est le pas-
teur J.-J. Le Roy.dëjà cité.— On doit à ce der-
nier écrivain, enir autres, des Bedenkingen
aan M.J. Kinker wegens krilische wijabegeerte
(Delft, 1827, in-8»,.
57» lets over den brief van Af . Derk
Doncker-Curtius (Avondbode, Amst.,
9 sept. 1839).
58** Le dualimc de la raison humaine,
ou le criiicisme de Em. Kant , amélioré
sous le rapport de la raison pure et rendu
complet sous celui de la raison pratique.
Amsterdam, t. l, 1850; 1. II, 1852,
in 8».
389
KIN
390
Ouvrage posthame, annote et pnblië par
M. Cocberet de la Morioière , conformément
an désir de l'auteur. Le t. I est orné d'un
eieellent portrait et enrichi d'une notice bio-
bibliographique sur Kinker.
KiDker a laissé en manuscrit un
grand nombre de travaux de tout genre,
plus ou moins Importants. La biblioth.
de rinstitut royal des P.-B. possède
4« sa version de VEunuchus de Térence
(de Gesnedene); ^ Bedenkingen over de
Muziek der Oude Grieken ; 3^ Savor-
tckingen omirent de taal en den inhoud
van het onbekende Hand»chrift door
den Hoogleeraur WUlmet aan de 5***
Klasse van het Institunt medegedeeld.
(Il a été question ci-dessus de ce Ms.
en langue copte (M, également déposé
dans la Bîbl. de Tlnstitut) ; 4<> Toott-
kuastige Opslellen (5 liasses); 5° Un
paquet de notes détachées, ayant rap-
port à la musique des Grecs (la plu-
part en langue française). — M. G. Van
Hall signale comme lui appartenant :
6* Het einde goed, ailes goed, comédie,
diaprés Shakespeare (AlFs well that
ends well); 7* Le \^ acte et une grande
partie du t^ acte de la version hollan-
daise du Don Carlos (de Schiller) ; S""
La plus grande partie du livre I de
VUiade, trad. en vers hollandais, dans
le rhythme de Torlginal ; 9^ la version
du Chant de la Cloclie (n? ÎO,ci-dessus).
— M. Fréd. Mûller, libraire, possède :
iQ^ De dood van Minette, of het eerste
Jaar der Turksche vrijhetd, tragédie ;
il* Achilles en Polyxena, id.; \^^ Ma-
chteld van Velzen, opéra ; i5o Turandot,
comédie, d*après Schiller; Pygmalion,
songe romantique (n"* 54); ii*" le n° 59
(ci-dessus) ; 15^ enfln, différents essais
sur la poésie, la musique et la littérature.
— Quelques-uns des Ils. qui précèdent
figurent au catalogue de la bibliothèque
délaissée par Kinker; y sont encore
mentionnés les cahiers de ses cours de
Liège (sur la linguistique générale, sur
la langue néerlandaise, sur le style, sur
la synonymie, sur la prononciation,
sur la philosophie et sur rhistoire);
des dissertations sur le magnétisme
animal, sur la loi de polarité, sur la
conscience de soi et rimmortalité, sur
le matérialisme et Tathéisme, sur le
droit naturel et primordial, sur Tes-
thélique de Kant, sur Tinfluence des
Français en philosophie, etc. ; des re-
cherches sur la métrique et la prosodie
des Grecs et des Romains (*), sur la lan-
gue Anglo-Saxonne dans ses rapports
avec le hollandais, etc. ; le plan d*un
journal critique (1805), vraisemblable-
ment la première ébauche du Recen^
sent ; des notes destinées à Tinstitut et
à d'autres Sociétés savantes; le dis-
cours (') qu'il prononça comme recteur
sortant (1829; v. fart. J.-G.-J. Ernst),
des ébauches de pièces de théâtre, etc.
On peut juger, par celte énumération,
de Tactivité de Kinker et de la variété
de ses éludes. Il avait Thabitude de
charger ses livres de notes : nombre
de volumes acquis à sa vente sont de-
venus précieux à raison des observa-
tions qu'il y a consignées.
Outre les biographies de MM. Van
Hall, Van der W'ijck, Steger et Goche-
ret de la Morinière, il existe un grand
nombre de notices sur Kinker. Nous en
citerons seulement queUiues-unes : Al-
gemen kunst en Leiterbode, t. II, i845,
p. 225 ('); Algemeen Uandelsblad (17
sept. 1845) ; Amslerdamsche courant (8
av>il 1847); Muien-Almanak , 1846,
p. 161 ,* Handel, van de jaarl. verga-
dering der Maatsch. voor Nederl. letter-
kunde te Leiden, 1846, p.7; Uaarlemsche
covran/ (10 avril 1847) ; Recensent (1850
( * ) Le catalogue rédigi^ pour la vente de
la bibliothèque de Kinker mentionne onze
pièces relatives a ce Ms. et aux recherches
sur la langue égyptienne entreprises par le
savant philologue. On y remarque, entr'au*
très, un glossaire copte-latin.
(') Nous rappellerons, à ce propos, qu'il
parle de Fuss ;v. ce nom) dans une de ses
lettres il M. Ed. Capitaine. Il s'étonne de
voir Fuss plus préoccupé de U métrique que
de la musique des anciens : comme si leur
métrique, ajoule-t-il , ne faisait point partie
de leur musique !
(>) Dans le livre d'E. MQnch intitulé :
Die Freiheit den Uuterrichts (Bonn, 1829,
in-8<>), on trouve, p. 271, un autre discours
de Kinker, adressé au roi des P.-B. — L'ora-
teur s'y prononce contre la liberté de l'en -
seignement.
(*) Art. de M. Cocheretde la Morinière.
391
KUP
392
n»9}; Nieuwe Rotterdamsche caurml,
i5fév. 4850 (* ); Onze Tijd, 1. 1. p. 203;
Van Campen, Gesch, der letteren en We-
tenschappen in Nederland, t. Il, p 44G;
Gollot d*£scury, HoUandsche rœmX III,
p.244, et t. VI, p 42i;A.J.VanderAa,
Biogr. Woordenbœky t. ÏX, p. 4 77, etc.
— î/oratson funèbre prononcée par M.
F. Mutler, en sa qualité de président de
la 3« classe de i*lnsti(ut, remonte au 8
avril 4847 (•) ; celle de M. Van der
Vijver, au 21 Janvier 4846 (lorsque le
buste de Kinker fut placé dans la salle
des séances de la loge de la Charité),
— Voir encore le Broederhand (de Bru-
xelles), 7* livraison de 1845, et le Ne-
derlandsche Staatsc^urant du 54 jan-
vier 4850 (appréciation sur Kinker,
par M. le professeur den Tex, secré-
taire de la 5* classe de rinstitut). —
L'art, de M. le prof. Van VIolen, en
réponse à M. Van der Wijck, se trouve
dans le Levensbode, année 4865.
KnpffeiiMshlnef^of (FraNÇ.-Hen-
rt-Joseph) naquit à Liège le 5 février
4844 et y mourut le 49 octobre 4866.
Il fit toutes ses études dans sa ville na-
tale, obtint le iO juin 4834, avec dis-
tinction , le diplôme de docteur en
droit et se fit inscrire, le 4 juillet sui-
vant, au tableau des membres du bar-
reau liégeois. Il se serait distingué
comme avocat ou comme magistrat :
une circonstance particulière le jeta
dans la carrière de renseignement, qui
ne lui convenait pas moins. La loi des
incompatibilités parlementaires n'exis-
tait pas alors : la Chambre des repré-
sentants comptait parmi ses membres
Antoine Ernst, professeur à l'Univer-
sité de Liège, ensuite à celle de Lou-
vain (v. son article). Ernst ayant besoin
d'un suppléant pour le cours û'Insti-
tutes du droit romain^ en fit charger,
pour l'année académique 4 833- 54, le
jeune jurisconsulte, dont il avait remar-
qué l'esprit méthodique, le jugement
sOr et le langage net et précis. Kupf-
ferschlaeger s'acquitta de sa tâche ar-
due à la satisfaction générale. Son
mandat fut renouvelé pour 4834-35:
Ant. Ernst avait accepté le porte-feuille
de la justice et semblait par consé-
quent plus éloigné que jamais de remon-
ter dans sa chaire. Kupfferschiaeger
obtint le traitement de lecteur (22 sep-
tembre 4834), ajouta au cours d'Insti-
tûtes celui d'Encyclopédie du droit, éga-
lement délaissé par le professeur mi-
nistre, et, sur la demande expresse des
élèves, enseigna gratuitement, la même
année, le droit commercial (v. Godet).
Il devint définitivement titulaire du
cours A* Encyclopédie (*) en décembre
4835, et resta, par intérim, chargé
du cours ûlnstitutes jusqu'au 5 août
4837, date de sa promotion h l'extraor-
dinariat. Dès lors il fut non seulement
titulaire des deux cours précités, mais
de celui (THistoire du droit romain^
dont M. Dupont, alors Investi des fonc-
tions de recteur et accablé d'occupa-
tions, avait exprimé le désir d'être dé-
chargé. Kupfferschiaeger supporta cou-
rageusement son lourd fardeau. Rigide
observateur du devoir, dévoué par des-
sus tout à la science et à l'Université,
il ne crut jamais avoir assez fait pour
améliorer ses cours et pour inspirer à
ses élèves le goût des fortes études : il
élargit même, autant que le programme
le lui permit, le cadre de son enseigne-
ment, et, pour ne pas le laisser incom-
plet, il s'astreignit à donner régulière-
ment de nombreuses leçons supplémen-
taires, au risque de compromettre sa
santé. Le 22 septembre 4848, il reçut
le titre de professeqr ordinaire ; la
croix de l'ordre de Léopold lui fut dé-
cernée le 24 septembre 1855. De 1863
à 48G6, il fit partie du conseil de per-
fectionnement de renseignement supé-
( * ) Art. de M. Joltraod, de Bruxelles.
(*) Kinker fut pendant 35 ans l'un des
membres les pins actifs do Tlnslilut; déjà
plus qu'octogénaire, il eui l'honneur d'être
appelé à la présidence des classes réunies.
( * ) 11 sut donner à ce cours une sérieuse
importance, en mettant k profit les travaux
des Allemands. Son point de vue était celai
du spiritualisme chrétien, éclairé parles idées
libérales. L'esprit de son enseignement éuit,
sous plusd'un rapport, te même que celui des
cours de son collègue et ami M. J. G. Macors
(v. ce nom).
393
LEM
394
rieur; enfin, par arrêté royal du 29
septembre 1864, îl revêtit les insignes
du rectorat triennal. Fidèle à la devise
qu'il avait adoptée : « Fais ce que dois,
advienne que pourra, » il se multiplia
pour suffire à ses doubles fonctions,
bien que sa constitution physique se
ressentit depuis longtemps déjà de ses
excès de travail ; enfin la nature récla-
ma ses droits. Aussi bien, le rectorat
de Kupfferschlaeger coïncida malheu-
reusement avec une période d'agitation
universitaire : de regrettables manifes-
tations eurent lieu, et le premier Con-
grès inUrnaiional des étudiants donna
la mesure de Texaltation momentanée
d*une partie de la jeunesse. L'honorable
recteur resta ferme comme un roc ; mais
son coBur était navré. 11 se dévoua de plus
en plus à ses fonctions; il succomba pour
ainsi dire à la tâche. KupfTerschlaeger
était lejustuni et tenacem d'Horace ; il
ne connaissait ni les transactions, ni les
attermoiements, et cette austérité, c^tte
religion du droit et du devoir s'alliaient
pourtant chez lui à toutes les affections
généreuses du cœur. Peu d'hommes ont
joui jusqu'à la fin d'une estime aussi
universelle , et peu cependant se sont
montrés , en toute circonstance , aussi
peu disposés à des concessions (*). Il
était d'un commerce agréable, bienveil-
lant par caractère , très-gai dans l'in-
timité ; mais quand la voix du devoir se
faisait entendre. Il redevenait grave et
presque solennel : sachant du reste
écouter la discussion, mais inébranlable
et inflexible quand sa puissante logique
Tavait conduit à des conclusions for-
melles. Son cours d'Institutes est un
modèle d'ordre et de précision : on doit
regretter qu'il n'ait pas cru devoir céder
aux instances de ses amis , qui à di-
verses époques le pressèrent de le pu-
blier. Sévère envers lui-même, il ne
croyait jamais avoir assez fait ; il pré-
férait l'oubli à une réputation qu'il eût
jugée trop aisément conquise : ce trait
le peint tout entier. Au lit de mort, il
témoigna le désir d'être conduit obscu-
rément au champ du repos ; on dut
( *) £a matière d'enseignement 8U{>érieur,
Dotammeai, il avait des convictions très-ar-
rètées; en se montrant moins rigide, il aurait
s'abstenir de lui décerner les honneurs
universitaires. — Kupfferschlaeger fut,
pendant plusieurs années l'un des mem-
bres les plus actifs du Conseil commu-
nal de Liège : il résilia son mandat en
1857. A partir de 1852 (arr. royal du
22 mars), il fit partie du bureau admi-
nistratif de l'Athénée royal de Liège.
Il prit part à la création du Bulletin
Communal (2 vol. in-4<') , recueil utile,
où étaient traitées avec le plus grand
soin toutes les questions intéressant
l'administration locale. On doit encore
à Kupfferschlaeger une brochure inti-
tulée : De l'espèce de majorité requise
pour la formation des actes des Conseils
communaux (Lïé^e, s.d.,in-8oà 2 col ).
il y soutient « qu'en thèse générale, les
» résolutions des Conseils communaux
» ne peuvent être prises qu'à la majorité
» absolue des membres présents et non
» pas seulement à la majorité absolue
» des membres votants , si le vote a
» lieu à haute voix , ou des suffrages
» réels valablement exprimés, si le vote
» a eu lieu au scrutin secret. » H ap-
plique spécialement cette théorie aux
nominations et présentations de candi-
dats ; cependant, ajoute-t-il, si la majo-
rité des membres présents n'est pas
obtenue au premier tour de scrutin,
« on doit procéder à un scrutin de bal-
» lottage entre les concurrents qui ont
» eu le plus de voix , pris en nombre
» double des nominations ou présenta-
» tions à faire, auquel cas la nomination
» a lieu à la pluralité des votes, et s'il
» y a parité de votes , le plus âgé est
» préféré. »
i^emnire (Jean Fràmçois), né à Gand
le 7 août 1797, mourut à Grammoat le
51 octobre 1852 II fit ses études au
Collège et à l'Université de sa ville na-
tale, et avant de les avoir terminées, se
trouva mis en demeure de faire face aux
nécessités de la vie : ri dut abandonner
pour les mathématiques les belles-let-
tres et ta philologie, vers lesquelles il se
sentait particulièrement attiré. Lemaire
•
cru trahir les véritables intérêts de l'IJaiver-
sitd.
398
LEM
396
lutta contre Tadversité avec un courage
exemplaire, pour écarter de sa famille
Jusqu à la conscience de la position pé-
nible où elle se trouvait ; il employa ses
journées à donner des leçons , ses
nuits à étudier, et malgré les entraves
de tout genre qui paralysaient son zèle,
subit avec distinction, en i 8i 8, Texamen
de candidat en sciences physiques et
mathématiques. Ses efforts furent ré-
compensés par un arrêté ministériel
du 5 décembre de la même année, qui
le nomma régent de la seconde classe
de mathématiques au Collège royal
de Gand. H ne tard^ pas à remplacer
dans la première classe M. Queteiet,
appelé à 1 Athénée royal de Bruxelles.
Le 14 avril 1821, l*Université de Gand
lui décerna le diplôme de docteur en
sciences mathématiques et en philoso-
phie naturelle; sa thèse inaugurale trai-
tait des solutions singulières, des équa-
tions différentielles, et en présentait un
exposé net et méthodique, d*après les
travaux de Lagrange et des écrivains
qui, après lui, s'étaient ajipliqués in rat-
tacher ces formules longtemps inexpli-
quées aux équations intégrales ordi-
naires, et sVn étaient servis pour ré-
soudre directement une foule de problè-
mes difficiles. Le 7 août suivant, Lemaire
passa du Collège de Gand à TAthénée de
Toumay, comme professeur de mathé-
matiques supérieures; Tannée suivantejl
fut en outre chargé d*une partie des cours
destinés aux commençants. Il se dévoua
entièrement â ses devoirs de profes
seur et obtint des succès réels ; on peut
rappeler en passant qu'il introduisit
avec avantage, dans l'enseignement élé-
mentaire, la considération des projec-
tions stéréométriques. Son mérite ne
resta point méconnu : le 1^ août 1826,
un arrêté royal le nomma professeur
extraordinaire à TUniversité de Gand ,
avec mission d'enseigner la géométrie
appliquée aux arts et à la mécanique
industrielle (*) En i827,il fit un cours
spécial à Tusage des ouvriers, et le ré-
suma dans un petit tr«iitéintitulé,comme
sa chaire : De Meetkunst op de Kunêten
en amhachten toegepast (Gand, 1828,
\n-S^ de 170 p. et 3 pi., dédié à H.
A.-J. Ewyck). Il eut ainsi Tbonneor
d'être l'un des premiers, dans nos pro-
vinces, à contribuer au développement
de rinstruction technologique, qui de-
vait plus lard y devenir si importante.
Il ne négligea rien pour sinitier aux
procédés industriels : on le rencontre k
Seraing, en Angleterre, partout où il a
la chance d'enrichir ses connaissances
pratiques. La Faculté des sciences ayant
été supprimée à Gand le lendemain de
la révolution, Lemaire fut désigné pour
l>asser à l'Université de Liège, et chargé
des cours d'introduction aux mathéma-
tiques supérieures et de calcul diffé-
rentiel et intégral. Promu à l'ordinariat
en 1835, il devint titulaire des cours
d'analyse et de mécanique analytique.
Un arrêté royal du 3 septembre 183S
l'éleva au rectorat pour l'année acadé-
mique suivante; le 14 décembre, il
ajouta aux Insignes de sa dignité la Croix
de l'Ordre de Léopold. La même année,
il reçut le titre d'inspecteur de l'Ecole
préparatoire des mines; en 1812, il fut
investi des fonctions de secrétaire du
Conseil de perfectionnement des écoles
spéciales. Lemaire, malgré une corpu-
lence excessive qui finit par compro-
mettre sa santé, était très-actif: à ses
occupations académiques, il ajouta plu-
sieurs missions ayant trait à rinstruc-
tion primaire, et ses rares loisirs étaient
régulièrement absorbés par l'étude dès
chefs d*œuvre littéraires, tant anciens
que modernes. Il possédait bien le grec
et le latin ; les principales langues vivan-
tes de l'Europe lui étaient également h-
niilières. La littérature italienne surtout
avait le privilège de le passionner : en
18iG, il ne put résister au désir d'aller
saluer la patrie du Dante et de Michel-
Ange. Il s'était fait illusion sur sa force
( * ) Lemaire fol oommë, k proprement par-
ier, professeur k. l'Ecole iodustrieUe.qui était
une section de ta Faculté des sciences de
rUniversité de Gand. 11 y eut pour collègue
le Hollandais van Breda, qui reçut sa démis-
sion après les événements de 1830. La Fa-
cullë des sciences fut en môme temps sup-
primée k Gand ; mais le Gouvernemeol, ne
voulant pas laisser tomt)er rKcoleindustrielle,
remplaça Lemaire et Van Breda par Ed. Jac-
quemyns et Ch. Norren (v. ce nom).
397
LER
398
physique : le voyage s'accomplit beu-
renseroent, mais au retour, Leinatre fut
retenu à AIbi (Tarn) par une fièvre vio-
lente qui prit bientôt de telles propor-
tions, qu1l se vit forcé de demander sa
retraite, il put revoir sa patrie; mais
son corps était épuisé et bientôt ses fa-
cultés subirent un affaissement général.
Déclaré émérite par arrêté royal du 45
mars 4847 , il alla vivre à Bruxelles
chez un frère qui lui prodigua les soins
les plus tendres ; il ferma les yeux à
Grammont , où il s'était rendu pour se
soumettre au traitement hydrothéra-
pique. — Lemaire a peu écrit : les An-
nales •de rUniversité de Gand (1848-
1849) contiennent de lui un Mémoire
académique couronné, en réponse à
une question de botanique (ExposUio
commodomm methodi naturalis planta-
rum tant in scUntià botanicà ipsâ,
quàm m ejus applicationibus) ; la dis-
sertation citée sur les équations diffé-
rentielles (4821) et un discours inau-
gural (1826) sur le dessin linéaire et
sur le rapport des arts mécaniques avec
les arts libéraux. Quelques discours
insérés dans les Annales des Universités
de Belgique , quelques travaux statisti-
ques dans la Correspondance mathéma-
tique de M. Quetelet complètent à peu
près son bilan. Lemaire était avant tout
un excellent professeur, un homme in-
struit et d'un commerce agréable; peul-
étre se serait-il élevé plus haut s'il lui
avait été donné de suivre sa vocation.
Sources : Notice sur J. F. Lemaire ,
par A. G. De Gnyper. Liège, 4855, in-
8*. — Nécrologe liégeois pour 4862 (par
U.Gapitaine),p. 50-55.
i^ero»' (Joseph-Antoine) naquit à
Anvers le 25 mars 4800 et mourut à
Liège le 9 janvier 4859. Son père, doc-
teur en médecine, était ptofesseur d>-
natomie et de chirurgie à l'ancienne
école de chirurgie d'Anvers. L'instruc-
tion secondaire étant assez négligée en
cette ville, à l'époque de la domination
impériale, le jeune Leroy fut envoyé au
lyeée de Bruxelles, où il fit des progrès
rapides. En 4849, il se rendit à l'Uni-
versité de Louvain pour y étudier les
sciences médicales. Il y arriva pénétré
de la conviction qu'aucune branche des
connaissances humaines , pour ainsi
dire, ne doit res^jBr entièrement étran-
gère au médecin : la philologie, la bo-
tanique, la physique, la chimie, les
mathématiques l'occupèrent tour à tour;
il voulait asseoir son édifice sur les
bases les plus solides. Son examen de
candidat en sciences fut des plus bril-
lants. Kn 4824, la Faculté de Louvain
mit au concours la question suivante :
Quels sont les principaux: phénomènes
chimiques qui peuvent être interprétés
physiquement de deux manièi'es diffé-
rentes ? Il s'agissait , non seulement
d'énumérer ces phénomènes, mais de
décrire les circonstances dans lesquels
ils ont lieu, et les procédés à employer
pour les produire. Le Mémoire du jeune
Leroy, d'une étendue de 456 p. in-4»,
obtint la palme le 40 octobre 4822.
L'auteur y défendait les idées de son
professeur Ynn Mons, qui regardait
l'hydrogène comme le corps le plus
simple ou pour mieux dire comme le
seul corps simple, et le prenait pour
l'unité de la théorie atomique, tandis que
les autres chimistes adof)taient l'oxy-
gène. S'appuyant sur cette hypothèse,
Leroy traita son sujet in extenso et fit
preuve d'une érudition chimique très-
remarquable pour son âge. Ce travail
ardu ne l'empêcha pas, au temps voulu,
de subir avec la plus grande distinction
l'examen de candidat en médecine. In-
fatigable et, de plus,animé |)ar le succès,
il rentra presque aussitôt en lice, et
obtint en 4824 la médaille d'or, pour un
mémoire sur remploi du forceps et sur
Vusage du levier, « Dans tout accouche-
ment et dans toutes ses périodes , soit
que la tète vienne la première, soit que
ce soient les pieds, les plus petits dia-
mètres de la tète doivent toujours cor-
respondre aux plus favorables du bas-
sin. » Telle était la doctrine enseignée
à Louvain par Van Solingen, et exposée
par cet habile professeur, dans un livre
estimé : HH werktuiglykc der verlossing
verklaerd, betoogd , en Iwrleidt tôt een
algemeen grondbeginsel (Leiden , Hon-
kcop, 4799, in-8^ de 288 p.). Leroy
suivit l'opinion de son maitre et démon-
tra que le diamètre le plus favorable est
le diamètre oblique, qui s'étend d'une
399
LER
400
éninence ilio-pectinée il^un côté, à la
symphyse sacro-Iliaque opposée. Dans
la première partie de son Mémoire , il
itétermina les huit positions dans les-
quelles il convient, en général , d*avoir
recours au forceps , d'après Tavis des
auteurs les plus recommandables ; dans
la seconde, il soutint que Tinstrument
de Palfyn (dont Leroy attribue par er-
reur Tinvention à Chamberlayne) n'est
pas applicable toutes les fois que la tête
est trop grosse pour traverser la filière
du baFsin; dans la troisième, il indiqua
les positions dans lesquelles le levier
doit être préféré ; dans la quatrième, il
passa en revue toutes les contre-indi-
cations de cet instrument; enfin, dans
la cinquième, il détermina le but précis
de chacun des deux procédés, et for-
mula des conclusions nettes sur Toppor-
tunité de leur emploi respectif. — Ce
mémoire important fut suivi d'une dis-
sertation Inaugurale sur rhématose :
Leroy fut reçu docteur en médecine
avec la plus grande distinction te 1 dé-
cembre i8St4. Le jeune savant, par ses
premiers travaux, s'était fait remarquer
surtout comme un excellent élève ; son
étude sur Vhématosele plaça plus haut :
il y hasardait quelques opinions per-
sonnelles. Vkématose y est définie : la
formation du sang aux dépens des élé-
ments puisés tant au dehors qu'au de-
dans de l'individu chez lequel ce phé-
nomène a lieu. Cette formation est une
opération de chimie vitale; la différence
de couleur qui caractérise le sang arté-
riel et le sang veineux est due au plus
ou moins d'oxydation du fer qui entre
dans la composition de cette substance.
L'hématose ne commence pas au moment
où les éléments du sang se rencontrent,
mais seulement alors qu'ils arrivent
dans les jioumons, où ils reçoivent le
contact de l'air atmosphérique. L'air
expiré renferme la même quantité d'a-
tote que l'air inspiré; mais il a |>erdu
une partie de son oxygène. Qu'est de-
venu cet oxygène ! 11 s'est combiné par-
tie avec le carbone, partie avec l'hydro-
gène, selon Lavoisier ; avec le carbone
seulement, selon Ellis. Mais le carbone
ne se combine avec l'oxygène qu'à la cha-
leur rouge, dit Leroy; on ne peut, pour
iiivalider cette objection, invoquer la
chimie vitale, puisque d'abord racide
carbonique se trouve tout formé dans
le sang, et qu'ensuite il* est probable
que les matériaux de la perspiration
pulmonaire proviennent des artères
bronchites : il en résulterait, en somme,
que l'acide carbonique expiré ne résulie
pas de la combinaison de l'oxygène
avec le carbone du sang veineux Avec
quoi donc se combine I oxygène absor-
bé? Avec le fer de la matière colorante.
Leroy cite à l'appui de sa théorie une
expérience qu'il a instituée (Dis», inaug,
p. 31). Il ne conclut pas, toutefois, que
l'hématose consiste uniquement dans
la suroxydation du fer : d'autres modi-
fications ont lieu également; mais elles
tombent moins sous les sens. Les pou-
mons ne sont point passifs dans l'acte
de l'hématose, comme le prouvent les
expériences de Dnpuytren et d'autres
physiologistes. — Etabli comme prati-
cien à Anvers, Leroy ne renonça pas à
ses habitudes studieuses. Le célèbre
accoucheur Capuron ayant attaqué avec
aigreur, dans les Annaks de médecine
physiologiques de Broussais (nov. i8S3)
la théorie de Van Solingen , celui ci se
défendit par une brochure publiée à
Louvain en 1821. Caporon revint à la
charge l'année suivante et se servit du
nom de Leroy pour essayer de ternir la
réputation scientifique de son adver-
saire. L'élève de Van Solingen crue de
son devoir de prendre lui-même la plu-
me : il démontra péremptoirement que
le principe adopté par Van Solingen
n'avait point été formulé par Solayres
et Baudelûcque , ainsi que l'aOïrroait
Capuron.et qu'il ne résultait mème|>oint
de l'ensemble de leur doctrine; il con-
vainquit en outre d'erreur le polémiste
français, qui soutenait que les plus pe-
tits diamètres de la tête doivent corres-
pondre avec les plus grandes dimensions
du bassin, tandis que Van Solingen,
avec raison, veut qu'ils coïncident avec
les dimensions les plus favorables au
passage de la tête. La réplique se ter-
minait par des réflexions sur one lettre
de Baudelocque, approuvant le princifie
de Van Solingen. La querelle en resta
\k ; elle eut seulement |)Our effet d'atti-
rer Fattention du gouvernement sur le
docteur Leroy, qui fut nommé lecieur à
401
LES
405
rUoiversité de Lonvain, le i 7 «efHenibre
1826. Il y enseignattde tout cœur et de
toute âme'» la pathologie générale et
ia physiologie humaine et comparée. Il
reçut le titre de professeur eiLtraordi-
nsire le 28 juin 4828. La révolution
ayant amené la suppression de la Fa-
culté des sciences et par suite une no-
table diminution du nombre des aspi-
rants à la médecine, Leroy prêta son
concours à ceux de ses collègues qui
avaient jugé utile de fonder une Fa-
cuHé libre. Tout en conservant ses
cours en médecine, il enseigna la phy-
^qoe et sut s'attirer, par son talent
d*expo8ition, un auditoire nombreux et
flfiéle. En 1855, Leroy fut appelé à
rUniversitéde Liège comme professeur
de physiologie humaine et comparée.
Le 14 décembre 1858, le roi le nomma
chevalier de son ordre. Dans sa nou-
velle résidence, il se distingua par
toutes les qualités qui léi avaieut valu
ses premiers succès : mais il était d'une
constitution frêle, et ses travaux assi-
dus Tavaient graduellement épuisée. Il
Ait inopinément frappé à son poste,
qvand lotit semblait lui promettre un
brillant avenir. Comme Godet, il n'avait
pas 59 ans ! — Outre les dissertations ci-
tées, on connaît de Leroy une observa-
tion (en coll. avec M. le D* Lanthier) de
Phltgnum à la marge de l'anus^ soumise
au jugement de la Sociéié tkmédecitteûe
Louvain,dont il fut un des membres les
plus zélés, pendant son séjour en cette
ville (v. les Annales de cette compa-
gnie). — Une notice très bien faite sur
la vie et les travaux de A.-J. Leroy a
été lue par M. le docteur P. Broeck à
la 27« séance solennelle de la Société
de médecine d'Anvers, et publiée sépa-
rément (Anvers , Buschmann , 18G2 ,
in-S** de 28 p., avec portrait).
Le»br€f a»Mii-i (PHiupP£),né à Gaud
le 25 mars 1781, mourut à Ixelles le 4
mars 1855. Comme citoyen, comme
écrivain et comme professeur , Les-
broussart a laissé un nom cher aux
patriotes belges, à la république des
lettres et à l'Université de Liège. Son
père était lui-même un littérateur dis-
tingué, aussi recommandable par ses
qualités privées que par son talent (*);
le jeune Philippe n'eut jamais sous les
yeux que de saines traditions et de bons
exemples, et il sut les mettre à prottt.
Cependant les études qu'il avait com-
mencées au collège Thérésien de Bru-
xelles se trouvèrent forcement inter-
rompues, et les circonstances l'éloi-
gnèrent pour un temps de la carrière
vers laquelle le portaient ses goûts et
son éducation. Il fut mis en réquisition
(on disait ainsi) en l'an ill, pour senir
comme expéditionnaire dans l'un des
bureaux provisoires qu'avaient organi-
sés les représentants alors en mission
{*) Jean-Baptiste Lesbroussart, nt^ à OUy-
Si-Georges, en Picardie, le 2i juin 1747,
ttournt en Belgique te 10 décembre 1818.
Il était arrivé dans notre pays en 1778, avec
le titre de professear de poésie aaColh^e de
Gand. 11 passa pins lard, en qualité de pro-
fesseur de rtiéleriqiie, au Collège Tbérésien.
8«8 publieatioDS lui ouvrirent, en 1790, les
portes de rancienne Académie de Bruxelles.
Il fut compris, en 4816, au nombre des nou-
veaux membres de celte Compagnie réorga-
nisée. Il eut, d'un premier mariage,notre Phi-
lippe et ttée fille (M"«Leboeof, mère du di-
redeitr du jardin xoologique de Bruxelles);
Tutoe de ses trois filles du second lit épousa
H L. Alvin, ancien directeur de rinstruction
ÏNiblique au ministère de l'intérieur^ aujoor-
dlivi conservateur de la Bibliothèque royale
de Bruxelles. Voici, d'après M. Uuetelet, qui
tious Mti Ici encore de guide Annuaire de
tÀcad. nyak de ùelçi^ue, 1864, p. tOO),
Ja liste des principaux ouvrages de J.-B.
lesbroussart : i^ Etoye du prince Chnrlen de
Lorraine. Bruxelles, 4781 ; ^Education lit-
téraire ou réflexions iur le plan d'études adopté
par S. M, f Empereur pour les Collèges des
Pays-Bas autrichiens, ln-1â, 178«3 (v. l'art.
Rouillé*; 3^ Eloge de Jeande Carondelet,
iB-8«,1786; 4» Atmales de Flandre, par P.
d'Oudegherst, avec un discours préliminaire,
des notes, chartes, dipl6me8,etc., S vol.in-8<»,
4 786 ; 6<» Différents Mémoires dansles publica-
tions de l'Académie ; huit ont paru daas le
t. I des yout^eaux Mémoires, en 4890. — H.
Ad. Mathieu nous apprend, dans une note de
son ëpilre Sur la tombe de hh. Lesbroussart ^
que la Bibliothèque de Bourgogne conserve
deux manuscrits de Lesbroussart père : 4«
Ou Belgium primitif, in-fol., a» 4 11(83; 99
Viiœ et gestorum Brabantiœ ducum brève
ampendium (4 64 K- 4 740}, Ma. autographe.
Bo 45766.
403
lES
404
il Braxelles {*), « Lors de la création
de VÀdminûtration centrale de la Beïr
giquCj il fut attaché au secrétariat gé-
néral ; et plus tard, au cabinet particu-
lier du citoyen Lambrechts* commis-
saire du gouvernement, depuis ministre
de la Justice et enfin Pair de France (').
La Belgique ayant été divisée en dé-
partements, Ph. Lesbroussart fut em-
ployé dans Fadmlnistration départe-
mentale de la Dyle, successivement en
qualité de commis de première classe,
puis de sous-chef dans Tadministration
des contributions directes. Après le i8
brumaire an VllI , les i.dministrations
départementales ayant été remplacées
par des préfectures, il fut placé par M.
Doulcet de Pontécoulant, préfet de la
Dyle, comme chef de bureau, dans la
division qui avait pour directeur N.
Jouy. » Le futur auteur de Sylla^ des
paroles de la VestalCy de YHermite de
la chaussée d'Anltn ne pouvait man-
quer de s'intéresser à un jeune homme
qui partageait ses goûts personnels.
Lesbroussart put consacrer une partie
de son temps à compléter ses études :
il fréquenta, entr'autres, à TEcole cen-
trale du département, les cours des
professeurs Wyns(l^islatlon) et Rouil-
lé (littérature française}. Jouy le prit
décidément en aift^ction ; et il est pro-
bable, dit M. Qnetelet. que les muses
eurent à s'applaudir de ce rapproche-
ment, bien plus que Fadministration à
laquelle ils appartenaient. C'est à Ttn-
fluence de nos deux hommes de lettres
que Ton doit la création et la pros|)érité
de la Société littéraire de Bruxelles,
qui continua ses utiles travaux pen-
dant près d'un quart de siècle (').
En 1804, Lesbroussart donna sa dé-
mission pour aller rejoindre son père,
alors directeur de l'école secondaire
d'Âlost. Il y débuta dans l'enseipe-
ment, comme professeur de troisième
latine. Confiné dans une petite ville, il
n'en entretint pas moins des relations
littéraires avec la plupart des écrivains
belges, et donna signe de vie en com-
posant quelques pièces de société, res-
tées d'ailleurs inédiles {*). 11 fit paraî-
tre à Paris, en 1807, ta traduction d'un
roman anglais (*); la censure interdit
la publication dun autre ouvrage,
Adolphe et Maurice, dont il avait remis
le manuscrit à son libraire.
A Gand, où le grand-maitre de l'Uni-
versité l'envoya pour remplir, au lycée,
la chaire de seconde année d'humani-
tés, il rencontra des gens distingués :
Cornelissen, llVallez, Roelants, Ferra-
ris, Couret de Villeneuve, Kluyskens,
Benans, Malengreau, le préfet Faipont
et son secrétaire Liégeard, spirituel
chansonnier, le savant chanoine de
Bast et un autre chanoine, De Graeve,
bien connu par sa République des
Champs Elysées, sorte de mystification
involontaire dont l'auteur Ait la pre-
mière dupe (*). Tous ces hommes d'ap-
titudes et de goûts si divers vivaient en
parfaite harmonie, voués qu'ils étaient
tous au culte des choses de l'esprit;
les uns sacrifiaient aux Muses et aux
Grâces, les autres se livraient à des
études sérieuses ; Lesbroussart se mê-
lait à tous et prêtait au besoin sa plume
{*) Les détails qui suiveotsoot empraotés
k UDe note de Lesbroussart, communiquée
par M. Th. Juste k M. Queielel.
(* ) Y. les Vies de quelques Beiges , par M.
Van Hulst. Liège, 184S, in-8«.
( ') Les membres de cette Société se réu-
nissaient régulièrement, le dimanche matin,
pour se communiquer leurs productions. A la
fin de chaque année,on publiait un Almanach
poétique, et de temps à autre on banquetait,
sans manquer jamais de chanter ou de lire
des vers au dessert, le plus souvent sur des
sujets indiqués d'avance. Outre Jouy et Les-
broussart, nous citerons, parmi les hahilués
du cénacle, les barons de Stassart et de Reif-
fenberg, Raoul, Baron, Cornelissen, MM.
Alvin, LeGlay,etc. (v.Qubtblet, iVorict «Kr
ie baron de Siassart , dans V Annuaire précité,
p. i1S-il3>.
( * } A l'exemple de Molière, de Boursault,
de Picard, il était à la fois auteur et acteur
(Quetelet, Notice sur Ph. Lesbroussart , dans
V Annuaire précité, p. SOI).
(*) Fanny Seymour, 3 vol. in-1S.
( * ) Quetelet, p. S09. — La République
des Champs Elysées, renouvelée des rêves de
Goropius Bccanus, a été écrite pour prouver
que la scène de TOdyssée se passe en Bel-
gique. Viissingen ou Ulissingen est la ville
d'Ulysse ; Minerve aux yeux bleus est évi-
demment une Flamande ; les trois gueules
de Cerbère sont les tria ostia Bheni; la Bol-
lande a donné son nom à mellespont ; le
Brabant est la Propontide, etc., etc.
405
LES
406
à des confrères plus érudits qu'habiles
à tourner la phrase. On avait recours à
lui dans toutes sortes de circonstances:
c'est ainsi qu'à Toccaslon d'une céré-
monie publique, il se chargea de faire,
à lui seul, tous les discours qui de-
vaient y être prononcés (*).
Lesbroussart versifiait avec la plus
grande facilité : on peut dire qu'il rima
dès quil sut tenir une plume. On cite
de lui une pièce de vers sur h mort et
Marie-Aniotnette, publiée dans les Jour-
naux en i 794 : il n'avait alors que treize
ans. il ne songeait guère, du reste, ft
mettre au Jour ses élucubrations ; indul-
gent envers les autres, il était pour lui-
même d*une sévérité excessive : Il atta-
chait si peu de prix ft ses poésies légères,
qu1l n'en gardait pas copie. II se décida
pourtant , en 1810, à prendre part au
concours de poésie ouvert par la Société
des Catherinistes d'Âlost : son poème
des Belges fut couronné et lui valut dans
tout le pays d'unanimes applaudisse-
ments (*). Cette œuvre remarquable,
la plus importante peut-être de l^es-
broussart, comprend à la fois une des-
cription de la Belgique , une brillante
revue de ses annales et un tableau des
progrès des sciences, des lettres, des
arts, du commerce et de l'industrie dans
notre pays. Ce plan était en quelque
sorte imposé aux concurrents ; le prin-
cipal mérite du lauréat devait donc con-
sister dans l'exécution.Or, Lesbroussart
possédait la langue française comme
l'un des Quarante : familier avec les
grands maîtres du style, il avait sur-
pris tous leurs secrets; son oreille dé-
licate ne pouvait souffrir la moindre
discordance ; la tournure la plus heu-
reuse, la plus harmonieuse se présen-
tait à lui naturellement , et cette élé-
gance innée, ce purisme sans effort n'en-
levaient à sa phrase ni la fermeté ni la
dignité. L'influence de Delllle se fait
sentir dans ses compositions du genre
descriptif; cependant il savait trouver
de mâles accents, lorsque sa fibre pa-
triotique était touchée. Le poème des
Belges présente les plus saisissants con-
trastes et atteste à la fois la flexibilité
du talent de l'auteur , l'élévation et la
générosité de ses sentiments. Le facU
indignatio versum pourrait s'appliquer
à son tableau du règne de Philippe H;
en revanche , il ne comprit pas Ârte-
velde. A cette époque, nos annales n'a-
vaient guère encore jfail l'objet d'une
étude sérieuse ; d'incroyables préjugés
règnai«*nt au sujet des séditions commu-
nales du moyen-âge, et tout en recon-
naissant â la nation belg[e un carac-
tère et des aspirations sui geneiis, on
en était venu, â la suite des révolutions,
et peut-être Lesbroussart tout le pre-
mier, â considérer son existence indé-
pendante â peu près comme un rêve ir-
réalisable ('). Si Lesbroussart prévoit
de meilleurs Jours, c'est en pressentant
une renaissance des lettres et des arts;
son idéal dans le passé , c'est le règne
d'Albert et d'Isabelle. Rappeler ce règne,
c'est immédiatement évoquer les sou-
venirs glorieux de l'École flamande de
peinture des Bubens, des Van Dyck,
des Jordaens et des Ténîers Par paren-
thèse, Lesbroussart s'est plu à réhabi-
liter le peintre des kermesses flamandes,
et la postérité lui a donné raison. Nous
suivrons l'exemple de M. Quetelet,
en citant les vers pleins de grâce et
de fraîcheur que les charmants ta-
bleaux de l'artiste méconnu par Louis
XIV {*) ont inspirés â Tauteur des
Belges :
Qn0 j*aiino d» Ténieit Im peintnros ehftinpétfM I
LA, ce soat Hm boTean aocronpis aoiu dM hêtres ;
\jB pUiflir est empreint tor leur front bonrgeonné :
D*un cAté celui-ri, sur 1« taille incliné,
SaîYent da coin île rail U létère fumée
Ou*ezli«le dans le« airs sa pipe bien-aimée ;
Celai-lA, saToorant sa dealiie vulapté,
Son verre devant lui, m belle à sou côté,
rt Pentourant d^an bras, sur sa fraîche maltresne
Hse de» jenz brillants <le vin et lie tendresse ;
l'Ioj loin, MU» eet ormeao tourne un cercle j«yenf ,
( * } ExeeUent moyea d'éviter les redites,
ajoate M. Qoetelet ; de plus, on pouvait être
sAr que les orateure ne m eonlredirtient pas
les uns les autres.
(*) François de Neafchâteau, juge du con-
cours, après SYoir consulté quelques-uns de
ses confrères de F Académie rrançaise, dé-
clara qu'il s'y avait qu'une voix pour adjuger
le prix ft Lesbroussart. Un second prix fut
décerné k M. Lemayeur, et un accessit à M.
Benau, de Gand.
(>)Y. Quetelet, p. 918.
{*) m Qu'on enlève ces magots! » s'écria le
grand roi lorsqu'on lui présenta des tableaux
de Téniers.
407
LKS
408
Qai, «^agiUnt a« sain d*nn loorbillon poudreux,
A U franche galté saeriflaat U f(ràre,
Ihi terrain »ar «et pat fait trembler hi surface ;
Taadu ^ue da sommet d'un énorme tonneau,
Cn rustique ampliion, lo charme du hameau,
IPunr guider les élans de la foule brujrante.
Joint son archet criard A sa Toix Kiapiasaute.
Le :>ol(;ueur du canton, dans «on fauteuil & bran
GraTement étendu, préside à leurs ébats.
Hais que font dana ce coin ces auatre solitaire»?
Ce sontde vieux fermiers, enlr<H:Iioqu^nt leuré Terres;
Lear mçard e^t hnmide : un heureux vermillon
De «ee vives oonleurs enlnmine lenr front ;
Ils parlent : je croîs presoue euteudre leur langage;
Le rire épanoui sur leur large visage
Par son aspect joyeux excite ma fii^Hé,
Rt je souris moi-méuie à leur félicité.
Le poème des Belges renferme , dans
nn genre plus élevé, des beautés de pre-
mier ordre. On Ta mis en parallèle avec
Foeuvre célèbre de Helmers : De Hol-
landsche natte; cependant il faut re-
connaître dans celte-cj plus d*éclat
et de vigiiear. LesbroussaK , ne Tou-
blions pas, écrivait à une époque où la
littérature française ne se distinguait
pas précisément par ces qualités. — En
iKiS, la rhétorique du Lycée de Gand
lui fut confiée. Il ne l'occupa qirune
année : des avantages considérables
le déterminèrent il entreprendre , en
1815, avec un jeune homme dont il
dirigeait Téducation , un voyage dans
les contrées méridionales de l'Europe .
Il venait de se marier ( * ) : le moment
du départ fut pénible ; mais il se dé-
dommagea de Télolgnement par une
active correspondance. Si Lesbrous-
Bart avait les lumières et le cœur d'un
Mentor, ajoute son biographe, il n*en
avait, ce semble, pas toujours la pru-
dence : c'est ainsi qu'à Lausanne il pro-
voqua en duel un officier suisse, qui
l'avait traité avec brusquerie. Le com-
bat eut lieu à l'épée , bien que notre
voyageur fût myope au plus haut degré :
Tofficier eut le bras traversé, puis on
reprit tranquillement le chemin de la
ville , ainsi que la conversation un mo-
ment interrompue {*) Après un séjour
d'environ deux ans en France , en Sa-
voie et en Suisse, Lesbroussart dut
rentrer à Gand sans avoir visité l'Italie :
son élève venait d'être désigné pour
faire partie de la garde d'honneur. Les
événements se précipitèrent : l'empire
de Napoléon s'écroula dans nos plaines.
Pendant qu'on saluait avec transport le
retour de la paix, la Société des beaux-
arts de Gand mit au concours une can-
tate sur la bataille de Waterloo. Les-
broussart conquit une nouvelle palme ;
cependant ce second triomphe eut moins
d'éclat que le premier. « La pièce cou-
ronnée, remarquable comme OBUvre lit-
téraire, laissait à désirer peut-être sous
le rapport lyrique : les opinions d'ail-
leurs étaient encore fort partagées ,
même parmi les Belges, sur l'événement
politique, objet du concours » (')
Lesbroussart ne rentra dans l'ensei-
gnement qu'en 4817, comme professeur
de poésie à l'Athénée royal de Bruxelles;
son père étant venu à mourir en 1818 ,
il lui succéda en rhétorique, et occupa
cette chaire jusqu'en 1850. Ses connais-
sances étendues, sa mémoire littéraire
vraiment prodigieuse, ses qualités per-
sonnelles , surtout sa bonté prover-
biale et l'affection qu'il portail aux
jeunes gens lui assurèrent un succès
complet , résultat d'autant plus remar-
quable que « le professeur, par suite de
son extrême myopie, était à peu près
dans l'impossibilité de voir ce qui se
passait dans sa classe, et devait maintes
fois s'en rapporter aux bons sentiments
de ses élèves » (*).
La création du royaume des Pays-
Bas avait été accueillie par Lesbroussart
avec enthousiasme : « A ses yeux, les
( * ) Avec M"»« V« Giron , née Dewaele.
Lesbroastart devint ainsi le beau-père de
M. Aug. Giron, qui s'est fait également un
nom dans les lettres (Quetelel, p. S04).
(*) Q«etelet, p. 305. — Lesbroussart
laissa des traces de son excursion dans les
Alpes. A Chamounix, il inscnvit, sur un re-
gistre d'iiMel, à propos des faiseurs d'enthou-
siasme à froid, une boutade qui a été recueil-
lie dans VHermUe de ta Guyane (t. U) ei re-
produite, avec quelques corrections, daiis le
volume de poésies publié en 1827. A Genève,
il fit imprimer une réponse à l'écrit de Cha-
teaubriand intitulé : De Bonaparte et des
Bourbon»,
(*) Quetelel, p. 207. ~ La canUte de
iSIft n'a pa.s été comprise par Tauteor dans
ses œuvres liitéraires ; il la regardait saos
doute comme une simple œuvre de circons-
tance, ei il est permis d'admettre aussi que
ses idées se modiAèrent plus lard. La fin du
poème des Belges est également un peu trop
empreinte de la couleur de l'époque (Ibid,).
V*) Ibid,, p. 208.
409
LES
4t0
anciennes fermes républicaines et les
libertés communales, dont nos voisins
du nord avaient mieux que nous con-
servé les traditions, allaient faire revivre
notre histoire nationale et y ajouter
quelques pages glorieuses. » Il voulut
témoigner ses sympathies au gouver>
nement, en prenant part a la rédaction
du journal officiel et en composant, en
1816, à Toecasion dumariagedu prince
d'Orange avec la grande duchesse de
Russie, un opéra-comique intitulé le
Fermier belge (*), qui fut représenté au
théâtre du Parc. Ses généreuses illu-
sions furent de courte durée. Le salon
de Lesbroussart était le rendez-vous des
exilés français et de tout v^ que Bru-
xelles renfermait de gens de lettres : là
se rencontraient Arnauld, Bory de St-
Vinceut, Cauchois - Lemaire , Tissot,
Pocholle, Juilian, Baron, de Potier,
Vautier,de Reiffenberg('), Raoul, etc
On y parlait littérature et bo»ux-arts ;
insensiblement on y parla politique.
Les tendances du roi Guillaume com-
mençaient à se manifester: à la paisible
Société de littérature de Bruxelles avait
succédé la Concordia, instituée pour
faire |>erdre du terrain à la langue fran-
çaise au* profit du flamand ou plutôt da
hollandais ('). Une sourde opposition
se formait: la Société des Dciize (^),
fondée en apparence dans un but litté-
raire et point de mire des attaques de
ia presse gouvernementale, à cause de
Tobsiurité même dont elle s*entourait,
n'y était probablement pas étrangère.
Lesbroussart fut un instant suspect.
Il prenait part à la rédaction ûnCourrier
des Pays-Bas; un article de cette feuille,
intitulé Fond de valise, fut incriminé.
On constata qu'il en avait revu les
épreuves; on y trouva même quelques
corrections de sa main : bref, il fut ap-
préhendé par la gendarmerie et jeté en
prison, oùil resta un mois, jusqu'à son
acquittement ("). Le gouvernement ne
fut pas fâché de lui témoigner, quelques
temps après, que cet incident ne lui avait
pas fait perdre sa confiance : Lesbrous-
sart fat nommé professeur d'histoire gé-
nérale au Musée de Bruxelles (*). il se
laissa faire et ne montra pas de rancune;
en 1850, on le vit un des premiers se mê-
lera la foule insurgée, non pour exciter
les passions, mais pour maintenir fordre
public ( ' >. Cependant il appartenait de
tout cœur au parti révolutionnaire. La
(*) Masique de M. Mees.
( *) C'est avee ces deux derniers qae Les-
brOQSsart fonda, en tSIT, le Mercure beige,
— Un article de Raoul contre une tragédie
nouvelle d'Arnauld donna lieu à une polé-
mique asseï vive que les deux collaborateurs
s'empressèrent d'éteindre : le Mercure vécut
alors paisiblement pendant plusieurs années.
Lesbroussart y publia surtout des analyses
littéraires. — V. ta notice do M. Oueteiet sur
Raoul, dans V Annuaire de l'Académie de
Bruxeile* , année 4849.
(*) Lesbroussart en faisait partie : quand
arriva son tour de porter la parole , il tran-
cha la difficulté en prononçant un discours
laiin sur la lutte des classiques et des ro*
mantiques. — ^uetclet, p. S09.
(*) Ainsi nommée u cause du nombre de
ses membres, qui étaient MM. baron, de
Doncicer, L. de Fotter, Drapiez , L. Gruyer,
L. Jollrand , Lesbroussart , Odevaere , Que-
telet , Ed. Smits , TieJemans et S. Van de
Weyer.
(') L'auleur de l'article, qui s't^tait fait
coanatlre, fut seul condamné à 6 mois d'em-
prisonnement et 500 fr. d'amende.
(* ) V. l'art. BAR6N et ia notice de M. Que-
telel sur Lesbroussart, p. SIO et suiv.
('') Son attitude est expliquée dans une
note rédigée par lui-même pour M. Jnste,
auteur d'une notice sur la vie de Lesbrons*
sart (Album national, 1845] : « Après l'in-
cendie de l'hôtel Van Maanen, Ph. Lesbrous-
sart fut du nombre des six ou sept personnes
qui, dans la matinée du lendemain, se ren-
dirent près de la Régence, à l'eRet de pro-
poser la formation d'une garde urbaine pour
la protection des personnes et des propriétés.
Ce corps ayant été iamédiatement organisé
et armé , Fh. Lesbroussart , accompagné de
quelques citoyens détachés d'une patrouille
commandos par le général Plelinckx, ftit
assez heureux pour négocier, avec l'officier
commandant la caserne des Anncuiciades,
l'évacuation de ce local par la troape et sa
remise à la bourgeoisie. Il eut également le
bonheor de faire cesser les hostilités qui
coaMDençaient à s'engager sur le Grand-
Sablon, après quelques instants de confé-
rence avec le major sous les ordres duquel
était placé le délachoment qui occupait ce
point. Nommé membre du Conseil de la garde
urbaine» Lesbroussart prit part, en cotte qua-
lilé,à toutes les délibérations qui eurent
lien à l' hôtel-de-vil le, et fut du aoaibre de
ceux qui ae rendirent au pahiis du prince
4ii
LES
412
faiblesse de sa vue ne rempècha même
pas de circuler armé dans Bnixelles pen-
dant les journées deseptembre^au risque
de se trouver en présence d*adversaires
qu*il ne distinguait pas: c'est ainsi qu'il
faillit être tué à rentrée de la rue Notre-
Dame-aux-Neiges (*).
Le gouvernement provisoire, voulant
récompenser son lèle, le nomma, dès
le mois d'octobre 1830, administrateur-
général de rinstruction publique. Il
remplit ces hautes fonctions jusqu'en
1835, date de sa nomination à TUni-
verslté de Liège. Le lendemain de la
révolution, il se trouva en présence de
difficultés de toute sorte : on deman-
dait à grands cris la réouverture des
Universités, dont les cours n'avaient pu
recommencer, comme d'habitude, vers
la fin de septembre. Le gouvernement
ne put donner suite aux réclamations
que vers la fin de l'année; les trois
Universités de l'Etat furent maintenues
par un premier arrêté du 12 octobre, et
provisoirement réorganisées par un se-
cond arrêté du 16 décembre. Des me-
sures définitives ne pouvaient être pri-
ses, dans l'opinion des hommes du
pouvoir, qu'en présence d'un concours
de circonstances qui ne se présente-
rait que plus tard, et d'autre part une
interruption plus longue pourrait de-
venir préjudiciable aux intérêts de la
Jeunesse : on se contentait donc de
pourvoir au plus pressé. Mais l'arrêté
du 16 décembre alla plus loin, en sup-
primant d'jin trait de plume cinq Fa-
cultés : à Gand, la philosophie et les
êei£nce9;^ Louvain, le droit et les
sdeneeê ; à Liège, la vhilosophie. Sur
les vives réclamations de la Régence et
des habitants de Louvain, la Faculté
de droit fot rétablie en cette ville, mais
avec un personnel insuffisant (*). C'est
alors, comme nous l'avons dit ailleurs,
que des Facultés libres s'éublirent dans
les Universités mutilées. 11 s'ensuivit des
complications et des embarras. Etran-
ger aux mesures décrétées par l'autori-
té, Lesbroussart ne devait pas moins en
être l'exécuteur : l'opinion publique lai
sut mauvais gré de son intervention.
Les professeurs des Facultés suppri-
mées se trouvaient tout d*un coup sans
emploi , et parmi eux se trouvaient
quelques amis de l'administrateur-gé-
néral , entr'autrcs Raoul. On disait de
Lesbroussart « qu'il administrait l'In-
struction publique comme on admi-
nistre un malade ; on se plaignait par-
tout de la décadence des études et des
rigueurs officielles; cependant, quand
à ce dernier point, on sait aujourd'hui
qu'il fit tout le possible en faveur des
professeurs lésés. Au commencement
de 1831, il présenta au gouvememeni
d'Orange lorsque celui-ci , par uoe détermi-
nation honorable pour son caractère, mais
infructneuM dans ses résultais , fut entré à
Bruxelles avec ses aides de camp. Le Si sep-
tembre, la garde se trouvant à peu près dis-
soute, par suite d'incidents asses connus , il
se rendit avec M. l'avocat Plaisant , depuis
administrateur de la sûreté publique , dans
le Hainaut, d'où ils revinrent, le Si, avec une
assez fone compagnie de braves villageois
des communes de Fayt , Labutre et Morlan-
welz, à laquelle se joignirent sur la route
des volontaires de Charleroy. Pendant les
deux dernières journées de la lutte dont la
capitale était devenue le théâtre, il se trou-
vait auprès de don Juan van Halen , qui
l'avait, dès ce moment , attaché à son état-
migor, et dont le quartier-général était alors
établi è l'bôtel de Ghimay , d'où ii fut, dans
la soirée du S5, transféré à l'hôtel de Tirle-
mont. Les seules personnes qui, pendant la
nuit suivante, se trouvèrent auprès du géné-
ral, étaient MM. Michaux (de Limbourg) ,
Palmaert atné et Ph. Lesbroussart. Après le
départ des Hollandais , ce dernier assista,
pendant quelques semaines , avec voix sim-
plement consultative , aux séances du goo-
vemement provisoire, qui le nomma , con-
jointement avec MM. Nicolay et Vautier,
membre de la Commission d'enseignement,
et pins tard administrateur-général de rins-
truction pubUque. »
( *) « Cet excellent homme, qui n'a jamais
fait le moindre mal à personne , qui n'en a
pas même eu la pensée, avait parfois, cooune
tant d'autres , la manie de paraître terrible.
Ainsi, pendant les premiers jours de la ré-
volution , il avait laissé croître sa tiarbe et
traînait un grand sabre. Quù generum meum
huic gladio aliigavU f disait Cicéron, en
voyant son gendre dans le même appareil
belliqueux. * (Quetelet, p. SiS).
(') Etai de VinstrmctioH tupérieure em
Belgique (Rapport de M. Notbomb), Bru-
xelles, 1844, in-a«, 1. 1, p. GIV.
4i3
LES
414
OD rapport général sur la sHuation ; le
i5 juin, il fut chargé de rédiger un
projet de loi organique. Le 30 août,
le ministre de rintérleur ad intérim
Teichmann, nomma une Commission ( * )
chargée de discuter ce projet, qui nit
achevé le 20 septembre suivant. Les-
broussart demandait une Université
unique» dont les Facultés auraient été
disséminées dans le pays : la Faculté
des lettres à Louvain, celle des sciences
à Liège, celle de droit à Gand et celle
de médecine k Bruxelles. Â ces deux
dernières auraient été annexées des sec-
tions préparatoires (lettres et sciences).
L'établissement d'une Ecole militaire
dans une localité à déterminer, d'une
Ecole de navigation à Anvers ou à Os-
tende, d'une Ecole des mines à Namur,
d'une Ecole des arts et métiers à Li^e
ou à Bruxelles, enfin d'une Ecole vété-
rinaire à Tervueren était en outre prévu
par le projet. Quant aux diplômes aca-
démiques, ils devaient être délivrés
par une Commission centrale, produit
de l'élection ('). La Commission se
prononça pour la centralisation de tou-
tes les Facultés dans une seule ville
et pour ta création d'une Ecole poly-
technique; quatre Commissions spé-
ciales, nommées par le Roi et répon-
dant aux quatre Facultés, auraient eu
mission, selon elle, de délivrer les di-
plômes académiques. Elle réclamait en
outre rinstitution d'un Conseil général
de perfectionnement. Le gouvernement
reçut ce projet le 20 mars 1852, mais
ne crut pas devoir le soumettre à la lé-
gislature. Le projet qui fut présenté aux
Chambres le 31 juillet iS3l, et discuté
l'année suivante pour aboutir à la loi
du 27 septembre 1835, est l'œuvre d'une
seconde Commission, nommée le 18 no-
vembre 1833. Lesbroussart ne donna
signe de vie, dans la dernière période
de son administration, que par ses rap-
ports sur l'instruction publique, qui té-
moignent d'ailleurs des vues élevées et
du zèle de cet honorable fonctionnaire.
Quand la réorganisation fut un fait ac-
compli, il résolut de redevenir profes-
seur, au prix d'un grand sacrifice pécu-
niaire : la chaire de littérature française
de l'Université de Liège lui fut confiée,
et ce fut une bonne fortune pour la jeu-
nesse. Il joignit à son cours principal
un cours d'histoire littéraire comparée,
qui a laissé des souvenirs. Il était aussi
versé dans la connaissance de la plu-
part des langues modernes de l'Europe
que dans les langues anciennes; il pui-
sait partout à son gré « sans dépendre
des traductions imprimées, ce qui don-
nait à son enseignement l'attrait piquant
de la nouveauté , bien qu'il eût soin de
proportionner ses leçons de manière k
mettre surtout en relief les chefs-
d'œuvre les plus connus. Son cours de
littérature française était remarquable
par la délicatesse des analyses et par
le choix heureux des rapprochements;
en outre,le charme de sa diction suspen-
dait les auditeurs k ses lèvres. Nous em-
pruntons à M. Quetelet le portrait sui-
vant, qui est d'une ressemblance frap-
pante : « Ph. Lesbroussart n'avait rien
qui annonçât son mérite, rien qui fixât
l'attention ; il était maigre et de taille
moyenne ; son regard distrait (*) man-
quait en outre d'expression, par suite
de son extrême myopie ; ses cheveux
blonds étaient clair-semés, et ses joues
sillonnées de rides présentaient, avant
l'âge , la plupart des caractères de la
vieillesse. Sans avoir rien d'embarrassé,
sa tenue était simple et modeste, sur-
tout quand il gardait le silence ; mais
dès qu'il parlait , sa physionomie , ha-
bituellement grave et pâle , s'animait
d'un sourire de bienveillance, sa voix
vibrait d'une manière sympathique, et
ses phrases, d'une pureté irréprochable,
se déroulaient sans effort, toujours
pleines et élégantes, nettes et précises:
on eût pu les imprimer sans avoir un
mot k y changer. »
Il a été fait allusion plus haut k ses
dispositions bienveillantes : elles se ré-
vélèrent dans sa jeunesse, alors surtout
qu'il faisait partie du Comité des théâtres
royaux de Bruxelles. « Il n'y avait pas de
si mauvaise pièce où II ne trouvât des
scènes k faire valoir, des vers k citer avec
éloge. A l'en croire, tous les ouvrages
(*i V. l'art. J.-G.-J. Ernst.
(•} NoUiomb, p. CXIV etCXLII.
(*) Les dittractioos da Leabroossart ont
éié proverbialaa à Liège.
41S
LES
Hé
qu*on représentah étalent exceUents ou
lout an moins admîssibtes. Philinte ne
montre pas plus dlndulgence dans son
appréciation du sonnet d'Oronte ( * ). »
Mais c'est surtout dans les Jurys d'exa^
men que Lesbroussart se trouvait sou-
mis à de rudes épreuves : « en voyant
les embarras et les angoisses des réci-
piendaires, il oubliait à tout Instant son
rôled*exaroinateHr,et, soufflant officieu-
sement les réponses , il fiiisait sourire
Pauditoire et compromettait parfois la
gravité du jury (•) »• A Liège, lorsqu'il
devint président du Comité de rédaction
de \2i Reloue be1^e{*) y Use montra égale-
ment d'une indulgence excessive envers
les jeunes écrivains qui lui soumettaient
leurs essais : disposition louable en un
sens, mais parfois dangereuse. Il faut
cependant dire qu*en général il a exercé
une influence favorable sur ia Jeunesse.
Ses encouragements ne devaient être
pris au sérieux qu'à moitié ; mais on
avait fini par savoir à quoi s'en tenir.
En revanche, avait-on besoin d'un bon
conseil , on était sûr , en s'adressant à
lui, d'en recevoir deux pour un, et des
plus utiles. Quant à lui-même, nous
avons dit qu'il ne se contentait pas ai-
sément ; joutons que sa modestie natu-
relle l'empêchait deviser à la célébrité.
La plupart de ses écrits ne furent popu-
larisés que par extraits qu'on lu! em-
pruntait pour en enrichir des revues
liltér»lres ( ^ ). Si Tun 4e sesamis n*avait
pas eu soin de garder copie de ses poé-
sies , le recueil qui en fut publié en
18^7 n'aurait jamais vu le jour ; et en-
core eut-on toute la peine du moùée à
lui arracher l'autorisation de le mettre
sous presse : il supprima lout ce qu'il
put supprimer, si bien <yu11 ne resta
qu'un assez mince in-iS. 11 a été ques-
tion plus haut du poè8i« des Belgeê :
VAH de conter ne mérite pas moins de
vivre. Lesbroussart était un cbannant
oauseur : il savait par expérience com^
ment on intéresse un cerde , comment
on soutient l'attention; il avait du sel
attaque et même une pointe de malice,
avec toute sa bonhomie; ses anecdotes
étaient toujours de bon goût et venaient
à propos, bien qu'il ne fit jamais d'al-
lusion directe à des personnes. Jamais
il ne blessa qui que ce soit ; jamais il
ne médit des absents. Avec ces dispo-
sitions , Lesbroussart était on ne peut
plus compétent pour tracer les pré-
ceptes de cet art qu'il est si difficile de
pratiquer sans être ennuyeux. Ces pré-
ceptes forment la seconde partie de son
poème : la première est une sorte d'his-
toire de la conversation , parsemée de
traits ingénieux. On entre agréabi«ne«it
au cœur du sujet :
Maotlit 9oit te boarrean dont U loqaaeîté
D«puû» tui0 h«ttre, «a moinn, m'enciMlae à km c6té I
A-t-il awez de foU, brisant ma pttience,
Aox rot^a fatif;nès cmnmuniléle aUenee,
(M Quelelet, p. 343.
(') Dans une sëance présidée par M.
l'abbé de Ram, Lesbroussart se livrait aux
élaos de sa bienveiUaace habituelle. Cette
fois, le récipiendaire était du dernier mé-
diocre. On venait de lui demander le nom du
vainqueur des Sarrasins à la bataille de Poi-
tiers : après avoir erré dans toute la salle,
ses regards inquiets s'étaient arrêtés sur
Lesbroussart; celui-ci , eo regardant «ne
prise qu'il froissait entre ses doigts, mur-
mura le nom de Charles Martel ; le récipien-
daire aussitôt de répéter : Charles Martel, et
l'auditoire de sourire. Une seconde question
demandait le nom du chef des Sarrasins.
Lesbroussart, interrogé du regard, prononça
encore à demi-voix le nom d'Abdérame :
< l'abbé de Ram ! • répondit vivement le réci-
piendaire. Pour le coup , l'hilarité fut à
son comble ; Lesbroussart lui-môme ne put
s'empêcher d'y prendre part • (^uételet, p.
(') La Hevuê belge était, comme on sait,
l'organe de la Société pour t encouragement
de la littérature nationale. Cette Société de-
vait avoir des Comités dans toutes les villes
importantes du royaume : eelui de Liège a
seul existé. Il a été présidé par M. Polaia
jusqu'après la publication du t. XIII ^v. le
Rapport du secrétaire-général, 1. 1, p. 33^ et
la séance du i^ décembre 1839, t. XIII, p.
334). Les premiers collaborateurs de la Re-
vue ont été MM. Polain, Weustenraad, Bor-
gnet, Ch. Faider, de Decker, van Hulst, Go-
det, Demarteau, Visschcrs, Bovy, F. Lebrun,
J. Lebeaa, Ducpétiaux, L. Labarre, deSt-Ge-
nots et Grandgagnage. Lesbroussart n'y
écrivit qu'à partir de 4888 : sa collaboration
ne fut jamais très-acttve ; mais il présida le
Comité après la retraite volontaire des fon-
dateurs. La Revue belge a vécu jusquen
4844 (v. l'avis inséré t. XXV, p. 307, et les
art. PoLAUf et van Hulst).
(*) Quetelet, p. tU,
417
I.KS
418
Répéta que le fait est dif^ne <le crédit,
Dtetillè Koutte A goatla an éternel révil,
Rro>Jé chaque diitail, coiumoDtâ irh.ique phrase,
Et prenant bonnement mon ennai pour extCM,
Onan<l de «on lon:c «liicour!! j*entrevov-iM le boat,
RameDé ce refrain : « Monsieur, ce aW pas tnut I <
Quel contraste avec le conteur ai-
mable et spirituel,
Toajonrs an naturel noimant la Sne^ie,
Enjoué, g;racieux, élégant, léger,
sachant
Voler j{acliae:« initanlii aux Innuaeurs de la vie 1
On oe voit pu se^ mots «o trntner Deianiment,
D'un rervt'ttji U'iiiîbi'tiax n(;aih\e enfantement;
On ne voit p<is non plu-i fVnne f«it4«e ('le^aru'u
Sa phr^iM) srnitftriqiie éttler Tappireni-o ;
Rit-n n'y vi'-^î A l'otfof, rien n'y Irihil l'effor! ;
U fesse «le parier, l'hiti'un écoafe encor,
Kt partout le plaisir, empreint «ur Um viiiafçe.s
De* au'litenrs rh^rm»»"* proiliinic le< <nTrage«,
•
On doit à Lesbroussart quelques sa-
tires : le Manuel du vrai royaliste, VAlo-
gistonomie ou Varl de déraisonner par
écrit et VEpUre à S. M. Akdola /, roi
des Putis, « Cette dernière pièce fut écrite
à Toccasion de Tarrivée à Bruxelles du
chef d*nne tribu sauvage du Brésil et de
sa femme, amenés en Europe par le
prince Maximilien de Neuwied. Notre
poète saisit habilement cette circon-
stance pour endoctriner le chef étranger
et le mettre au courant de la politique
d'alors: c*était vers 1826 (*). » Nous
regrettons de ne pouvoir reproduire les
beaux vers cités par M. Quetclet; Tau-
leur s'y monire dans son vrai jour, pas-
sionné pour la justice et la liberté, ad-
versaire décidé de toutes les tyrannies
et de toutes les bassesses. Lesbroussart
savait prendre, quand il le voulait, le
ton de la plus haute poésie: témoins
le Rêve du tyran, le Spartiate mourant
et les Malheurs de la Grèce. Il a aussi
composé quelques jolies fables et des
épigrammes , quelques ouvrages en
prose, notamment Everard VSerclaes,
chronique brabançonne, publiée à Liège,
enfin un grand nombre d'articles de
toute sorte, dispersés dans différentes
revues littéraires et exposés à tomber
dans Toubli, si quelque pieux ami de
rinsoQCiant écrivain ne se décide à les
exhumer. Nous attendons avec impa-
tience la publication de VEtudc sur Les-
broussart annoncée par M. L. Al vin :<
nul n'est plus capable d'apprécier di-
gnement le poète; nul ne signalera avec
plus d'exactitude celles de ses produc-
tions qui méritent d*être conservées.
Lesbroussart était décoré de la Croix
de fer; le i4 décembre i858, il fut
nommé chevalier de l'ordre de Léopold.
La même année, il devintmembre titu-
laire de l'Académie royale de Belgique,
un peu malgré le règlement, la poésie
n'étant point comprise dans le cercle
des travaux de la Compagnie. En 1840-
1841, il exerça les fonctions de recteur
derUnlversitédelJége. En 1848, ayant
droit à rémérilat,il sollicita et obtint sa
retraite , puis se relira dans la capitale
où il vécut en famille , ne voyant qu'un
petit nombre d*amis qull entretenait de
ses souvenirs. Il avait perdu de bonne
heure l'usage d'un œil : sa cécité presque
complète l'empêcha de s'occuper acti-
vement des travaux de l'Académie ; ce-
pendant Il s'acquitta toujours avec zèle
des missions qui lui furent conflées.
Jusqu'au dernier moment , il conserva
sa présence d'esprit. « La veille de sa
mort, malgré les difflcultés qu'il éprou-
vait à respirer, il prit part à une con-
versation sur le caractère et le mérite
des écrivains anglais, et, par intervalles,
sa pensée se manifestait encore vive et
lumineuse, comme les derniers jets
d'une flamme près de s'éteindre. Son
agonie fut de courte durée. » Il mourut
dans les sentiments d'une piété vive :
vers la fin de sa vie , il avait de plus en
plus élevé sa pensée vers Dieu et mé-
dité sur la destination de l'homme. Il
laissa d'unanimes regrets : on ne lui
avait point connu d'ennemis.
Nous empruntons la liste de ses ou-
vrages à la Bibliographie académique,
L Ouvrages publiés :
1» Fanny Seymour, trad. de l'anglais.
Paris, 1807, 5 vol. in-12.
2° Les Belges, poème. Alost, 1810,
ln-8°.
5« Réponse à Vécrit de M. de Cha-
teaubriand intitulé : De Bonaparte et
des Bourbons. Genève, 1815, in-8*^.
4® Collaboration à la Galerie histo-
rique des Contemporains. Bruxelles,
1816 et années suiv. , 8 vol. in-8^
(*) Qoetelet, p. 234.
19
419
LES
4âÛ
5° Le Fermier belge , opéra-comique
en un acte, musique de M. Mees, repré-
senté au Théâtre du Parc, à roccasion
du mariage du prince Guillaume d'O-
range avec la grande-duchesse de Rus-
sie, Bruxelles, 1816. in-8".
6° Discours latin sur la lutte des clas-
siques et des romantiques, lu ù la So-
ciété Concordia, pour être inséré dans
les actes de cette Association. Bruxelles,
in-8".
7^ Collaboration aux Almanachs poé-
tiques de la Société de littérature de
Bruxelles.
8<* Poésies, Bruxelles, in-8".
Ce volame rorm« le tome III de la Collée-
lion des poète$ belges, 11 8e termine par un
compte-rendu de VHéracléide, poème épique
en â4 chants , qui n'a jamais existé. Les-
broussart y décrit avec une maligne caus-
ticité le passage de la fiidassoa et la guerre
de la Péninsule.
9* Everard VSerclaes, chronique Bra-
bançonne. Liège, 1857, in-8^.
iO*» Chimèi*e et réalité , comédie en
deux actes, traduite librement de la
pièce espagnole intitulée : Contigo pan
y ceboUUy par D. Manuel de Gorostiza,
envoyé du Mexique près la Cour des
Pays-Bas. Liège, in-8».
1 1<* Dans les Bulletins de l'Académie :
Rapport sur Touvrage intitulé : Mémoire
sur l'abrégé poétique du Polyhistor de
Solin, par Thierry , attribué jusqu'ici à
P, Diacre^ par Léopold Latapie (t. XVI,
18i9) ; Rapport sur le poème de Fuss :
Dantis divinœ comediœ poetica virtus
(t. XX, 1855).
12o Dans V Annuaire de V Académie :
Notice sur L. J. Dehaut (1845).
15° Dans le Journal de Liège (août
1841) : yotice sur r Université de Liège
(aussi tiréeà part,in-12, avec une pi.,
et plusieurs fois réimprimée ( V. Po-
lain , Liège pittoresque. Liège, 1842,
in-8% p. 251 et suiv.)
14° Collaboration au Journal général
des Pays-Pas (1815) ; à la Gazette gétié-
rale des Pays-Bas (Algemeene Neéer-
landsche courant) , pour la partie fran-
çaise ( 1815-1818) ; au Mercure belge;
aux Annales Belgiques (Etude sur By-
ron); ù la Bévue belge ( de Bruxelles) ;
au Becueil encyclopédique belge ; à la
Berue belge (de Liège), k la Bévue de
Liège (Esquisse de mœurs anglaises,
t. i; De renseignement moyen , t. H ;
La Colonne infâme, ibid.; Analyses et
comptes-rendus, etc.); enfin ^u Messa-
ger des arts et des scienas de Gand
(sur Solvyns, auteur des Hindous, 1820 ;
sur VArtcvelde de Voisin, 1841 , etc.).
IL OEUVRKS INÉDITES.
a. Prose : Essais de traduction de
fragments choisis de Tacite, de Tile-
Live, de Florus et de Velleius Pater-
culus. — Id. d'un choix de pièces du
théâtre anglais d'après Shakespaere,
Otway (Venice preserved), Congreve
(The mourning ^ride, etc ) ; de las Xo-
velas escoUiidas (en langue portugaise) ;
de la comédie espagnole de Moratin, inti-
tulée : El Café; des deux premiers chants
du poème italien intitulé : Gli animait
parlanti, par Tabbé Casii. — Adolphe
et Maurice, ou lettres de deux amis (La
publication de ce dernier manuscrit, re-
mis en 1807 à un libraire de Paris, fut
défendue par la censure impériale). —
LHntrigue en l'air ou les aérostats, \SiUde-
ville (en collaboration : le manuscrit de
cette pièce appartient à M. Quelelet).
b. Poésie : Essais de traduction d'Odes
choisies d'Uorace et de Fragments de
Lucain, de Trovi épisodes de l'Enfer de
Dante, d'un fragment de la Beine dts
fées, de Spenser. — Artevelde, drame
en cmq actes et en vers ( les trois pre-
miers actes seulement sont achevés). —
Cèlestine, opéra en trois actes (tiré
d'une nouvelle de I lorian. — Le Cor-
saire, opéra en trois actes (d après le
poème de Byron). — Traduction du
Manfred de Byron.
Sur la proposition de rAcadémle, le
gouvernement a décidé, dès 1855, qu'un
buste de Lesbroussart serait placé dans
la salle des séances. Cet hommage était
bien dû à la mémoire de l'un des éci i-
vains les plus distingués de notre Bel-
gique.
l.e»oUine (PhiLIPPE-AdOLPHE), né
à Liège le 6 mai 1 805, mourut au Val-
Benoit le 5 octobre 1856. Du lycée im-
périal de Liège (ensuite gymnase), il
passa en 1818 au Collège S^«- Barbe, à
Paris, puis à l'institut Bourdon, où il
reçut les leçons de ce mathématicien
421
LES
422
distingaé. En 1825, le gouvernement
des Pays-Bas lui accorda Tautorisation
d^entrer à l*EcoIe des mines de Paris :
il justifia les espérances que le succès
de ses premières études avait fait con-
cevoir. Un voyage scientifique en Alle-
magne, en Pologne et en Bohême,
avec son condisciple, demeuré Tun de
ses meilleurs amis, M. Perdonnet, in-
génieur en chef du chemin de fer de
Paris à Strasbourg, voyage dont ils
publièrent en commun ta relation, ser-
vit à Lesoinne de transition entre la vie
d'étudiant et celle de professeur. De
retour à Liège, il fut en effet nommé,
dés le 51 mars 1828, lecteur à TUni-
versité de Liège. L*arrêté du 15 mai
1825 avait annexé à la Faculté des
sciences des cours de chimie et de mé
caniqne appliqués aux arts industriels,
ainsi qu*un cours d'exploitation des
mines. Le 5 août suivant avait pani le
règlement organique de TEcole spéciale
des mines, née viable et vigoureuse,
grâce à des professeurs tels que Lévy
et Dandeiin (v. ces noms), et promet-
tant de répondre dignement à la pensée
du roi, qui s'était proposé, en l'insti-
tuant, de favoriser les progrès de l'in-
dustrie nationale. Lesoinne y fut ad-
joint avec mission d'enseigner la métal-
lurgie et la docimasic. Il créa ces deux
cours et mérita, par la distinction de
son enseignement et par son empire
sur les étudiants, qu'on attribuât plus
tard en grande partie à l'influence de
son talent la renommée plus qu'eu-
ropéenne de l'Ecole. « Presque en
» même temps, il ouvrit à l'Université,
» avec l'approbation de l'autorité com-
» pétente, un cours public et gratuit de
» construction, d'exploitation et de mc-
9 talturgie pour la classe ouvrière.
i> Dans ces conférences, il parvint â
» rendre attrayants et instructifs les
» résultats les |>lus saillants des scien-
» ces d'observation et de calcul. Il
n possédait à un haut degré l'art de
D vulgariser les choses les plus ab-
» traites; au besoin, dans ses leçons,
» il se servait du wallon, ajoutant à
» l'originalité naturelle de sa diction
» tout le pittoresque de i'idiome lié-
» geois (•). Ce cours fil plus lard naî-
» tre l'idée de créer à Liège une Ecole
» industrielle pour les ouvriers (*). »
Après 1850, Lesoinne ajouta aux
cours précités un cours de construc-
tion (à la Faculté des sciences); nommé
professeur extraordinaire en 1855, il
fut chargé d'enseigner la mètailurgie
et l'exploitation des mines. Ce dernier
cours passa l'année suivante à l'ingé-
nieur en chef Ad. de Vaux (v. ce nom);
Lesoinne ne conserva que la métallur-
gie, son étude de prédilection. C'est
surtout dans le domaine de cette science
qu'il a rendu des services signalés au
pays. « La plupart des sciences d'ap-
» plication, dit M. Trasenster, viennent
» à peine de naître et ne se trouvent
» guère encore dans les livres. La
» métallurgie surtout présente des pro-
» cédés extrêmement remarquables ;
» mais, si quelques-uns sont le résul-
» tat des recherches des savants, un
» plus grand nombre sont dus aux
» ouvriers mêmes , ces observateurs
» souvent si intelligents et si sagaces.
» Pour rattacher ces procédés aux prin-
» cipes de la science et les féconder
» par une étude plus rationnelle de
» leur but et de leurs résultats , il faut
» non seulement des connaissances
» scientifiques profondes, il faut sur-
» tout pouvoir et savoir observer. Le-
» soinne était admirablement préparé à
» ce double rôle. Ayant, par sa famille,
» de grands intérêts dans plusieurs
» établissements industriels et dans di-
» vers pays de l'Europe, il avait promp-
» tement acquis ce tact pratique que le
» contact de l'indusirje peut seul don-
» ner , en permettant de soumettre
» constamment la théorie à l'épreuve
» des faits : doué d'une prodigieuse
» mémoire et de connaissances ency-
» clopédiques, il n'oubliait aucun fait.
(') Lesoinne parlait le wallon avec une
rare facilité et un cachet tout particulier. U
fat plus tard (97 décembre 1856) un des fon-
dateurs de la Société iiégeoise de littérature
wallonne (v. le discours d'inauguration pro-
noncé par H. Forir).
(*) Discours prononcés aux funérailles de
Lesoinne par A. Dumont et M. Trasenster
(Ann. des Univ., 4857, p. 913 et S15<» et
Nécrologe liégeois pour i857, p. 29 et 30.
423
LES
4-24
» aucun détail ; enfin, possédant les
«principales langues de l'Europe, il
» savait parfaitement se mettre en rap-
» port aussi bien avec l'ouvrier qu'avec
» le savant, et ainsi recueillir une ample
» moisson d'observations. Si Ton ajoute
» à ce riche trésor d'études et d'expé-
» rience une facilité Irès-rare d'expo-
» silion, le mouvement et le relief de
» l'expression, on aura une idée de ce
» que pouvait être le cours de mêlai-
» lurgie de notre École, et l'on compren-
» dra les services qu'un pareil cours
» a pu rendre à la Jeunesse studieuse.»
Lesoinne fut promu à Tordinariat en
i841. Le 2G octobre 1847, ses anciens
élèves, la plupart directeurs de grands
établissements industriels, lui décer-
nèrent, en témoignage d'estime et de
gratitude, le titre de membre honoraire
de Y Association des ingénieurs sortis de
V Ecole des mines de Liège. En 1818,
les électeurs libérauxde Liège l'élureni
membre du Conseil communal; il y
siégea avec distinction jusqu'à sa mort.
11 eut à remplir diverses missions spé-
ciales ; entr'autres il fit partie , avec
MM. Demanet et Dandelin, de la Com-
mission chargée par la Chambre des re-
présentants de rechercher les causes de
réboulement du tunnel de Cumptich.
Il fut membre de la Commission pro-
vinciale de statistique, du Comité des
charbonnages liégeois, du Conseil de
salubrité de la province, de la Société
royale des sciences (1855), de la Société
libre d'Émulation, du Conseil d'admi-
nistration de la Société agricole de
Liège, etc. La croix de chevalier de
l'ordre Léopold lui futaccordée en 1855,
en récompense des services nombreux
qu'il avait rendus (« à la science, à l'en-
seignement et à l'industrie. » 11 reçut
de S. M la reine d'Espagne la Croix
de Commandeur de l'ordre d'Isabelle-
la-Catholique, distinction doublement
méritée par l'industriel et par le pro-
fesseur. Créateur de la Compagnie royale
asturienne des mincs^ il organisa la
grande et belle exploitation que dirige
actuellement son neveu, M. J. Hauzeur ;
sa réputation, d'autre part, attira nombre
d'étudiants espagnols à l'Ecole de Liège ;
il fut en tout temps leur conseiller, leur
ami, et souvent leur protecteur. L'in-
dustrie espagnole lui doit autant que
l'industrie belge. Quant à cette dernière,
il contribua par son exemple à l'empê-
cher de s'égarer dans la voie nouvelle
où il comprit l'un des premiers qu'elle
entrait forcément. Il fallait, selon lui,
arriver à de grandes productions en
introduisant dans les divers appareils
la puissance et la perfection de moyens
que réclame la mise en mouvement de
grandes masses. L'exploitation des mi-
nes lui doit plusieurs améliorations :
on cite notamment un ventilateur d'une
rare simplicité, très-utile chaque fois
que l'état de la mine n'exige que de
faibles efforts i>our assurer un aérage
convenable.
S'il avait pris soin de publier ses tra-
vaux, son nom serait connu dans toute
l'Europe. Pour ne citer que quelques
faits, rappelonsavec M. Trasenster que
Lesoinne, dès ses débuts dans l'ensei-
gnement, indiqua le premier la véritable
théorie de la réduction des minerais de
fer dans les hauts-fourneaux, en l'ex-
pliquant par l'action de l'oxyde de car-
bone. — Dans les derniers temps de sa
vie, il avait cherché à modifier le trai-
tement des minerais de zinc, qui est
encore si peu satisfaisant comparé ^
celui des autres métaux. Il voulait ar-
river à un procédé plus économique qui
permit de réduire les minerais peu
riches, et surtout de retirer le fer et le
zinc des produits naturels si nombreux
qui contiennent ces deux métaux. Les
expériences entreprises dans cette di-
rection d'idées ne paraissent pas avoir
été jusqu'ici pleinement satisfaisantes ;
mais de pareilles investigations ne sont
jamais slérlles, et au moment où l'on
s'y attend le moins, elles peuvent aboutir
à de grands résultats.
Lesoinne se distinguait par les trois
qualités qui constituent le bon profes-
seur : théorie, pratique, méthode, rien
ne lui faisait défaut. Sa parole était
simple, sans prétention, d'une gaité
spirituelle et pleine de bonhomie, et
toujours saillante, d'un effet sûr et
durable. Dans les relations privées, qui
était plus aimable, plus affable, plus
dévoué à ses parents et à ses amis ?
André Dumont l'a caractérisé d'un mot
en l'appelant « l'homme le plus aimant
435
LÉV
426
et le plus aimé qae l'on puisse rencon-
trer. »
A part son Voyage scientifique rédigé
avec M. Perdonnet, il n*a presque rien
publié. M. Ul. Capitaine cite de lui :
i» Une Notice sur les mines de houilh
de Saarbrûck (en collaboration avec M.
Armand Nagelmackers). Liège, Oudart,
4842, in-8<>, avec 2 planches. (Tiré à
part des Mém. de la Société royale des
sciences de Liége^ t. i, p. 75-84).
S"" Rapport sur les égoûts à établir
dans la ville de Liège (en collaboration
avec M. Chandelon), inséré dans le
Moniteur belge, n° du 28 mai 1849.
De la forme et de la capacité qu'oo doit
donner aux égoûts; des matériaux k employer
pour leur construction ; des moyens propres
à empêcher le dégagement des émanations
dans les rues et dans les habitations.
Les leçons de métallurgie de Le-
soinne forment un recueil scientifique
très-remarquable , dont la première
partie a été livrée au public par les
soins de M. A. Gillon« après la mort
de son ancien maître. IS'ous renvoyons
le lecteur à l'observation consignée au
D'' 2 de la bibliographie, dans la notice
que nous consacrons à Tédlteur des
œuvres posthumes de Lesoinne.
Lcvy (Aaron), né à Paris en 1794,
y mourut en i84i, «sans avoir pu payer
» aux sciences, dit M. Quetelet, le tribut
» qu'on était en droit d'attendre de ses
» talents véritablement distingués. » il
s'appliqua de bonne heure aux sciences
exactes, entra en 181 2 à l'École normale
et, deux ans plus tard, fut nommé ré-
pétiteur de mathématiques dans ce cé-
lèbre établissement. L'intolérance de la
restauration brisa inopinément sa car-
rière : on ne lui pardonna pas d'être né
Juif. Une destitution n'était pas justi-
fiable : on l'envoya continuer ses cours
an Collège royal de l'Ile Bourbon. Il
s'embarqua à Rochefort et fut jeté par
la tempête sur les côtes d'Angleterre,
non loin de Plymouth,à cequ'on croit.
11 tomba en bonnes mains, vit son mé-
rite apprécié, et se décida finalement
à ne point repasser la Manche. Ses
connaissances variées lui procurèrent
des relations avec des hommes tels que
Wollaston et Brewster. Il prit part à la
rédaction de l'Encyclopédie anglaise, et
trouva le moyen d'employer fructueuse-
ment le reste de son temps , en accep-
tant la mission de rédiger le catalogue
raisonné d'un cabinet considérable de
minéralogie. Ce travail , qui vit le jour
en 1857, lui fit beaucoup d'honneur et
consolida la réputation qu'il s'était ac^
quise par son talent de cristallographe
(*). — Lévy s'était attaclié à l'Angle-
terre, dès 1822, par un lien plus étroit.
Les circonstances qui se rattachent à
son mariage ont quelque chose de ro-
manesque et mettent en évidence tout
ce qu'il y avait de générosité dans son
caractère (*). « II devint amoureux
» d'ilarrlet Drewet , en la voyant au
» spectacle : elle avait alors 17 ans.
» Fille d'un fermier de l'Yorkshire, elle
» avait peu d'éducation et point de for-
» tune. Lévy la fit mettre pendant deux
» ans dans un des premiers pensionnats
» de l'Angleterre, se chargea de toutes
» les dépenses nécessaires à son éduca-
n tion, et ne cessa de lui témoigner le
» plus grand respect». — Cependant la
famille arriva, et avec elle l'inquiétude
de l'avenir. Le professeur Baron avait
formé un pensionnat à Bruxelles ; il
pressa son ancien ami et condisciple
Lévy d'en reprendre la direction (1828).
Celui-ci se laissa persuader ; mais sa
qualité d'Israélite mit encore une fois
obstacle à ses succès. Enfin le Gouver-
nement des Pays-Bas, se plaçant au-
dessus du préjugé, nomma Lévy lecteur
h la Faculté des sciences de l'Université
de Liège. Il commença ses cours au
mois d'octobre 1828. Il enseignait la
mécanique analytique (Poisson), la mé-
canique céleste (de Pontécoulant), l'as-
tronomie physique (Biot), la minéralo-
gie, la cristallographie et la géologie ;
il donnait en outre un cours de physique
( ^ ) En voici le litre exact : Description
ifung collection de minéraux formée par M,
Henri Heuland, et appartenant à M, Charte»
Hampden Tumer, de Booknea, dans le comté
de Surrey en Angleterre; par A. Lévy,
Londres, A. Richter, 1837, 3 vol. in-Soet
atlas in-4« de 83 planches.
(') Qaetelet, Notice, etc. p. 139.
427
LOM
428
populaire à FËcole industrielle. « Cette
» énumération, ajoute M. Quetelet, doit
» faire comprendre quelle était ractivité
» de M. Lévy,et combien Forpnisation
» universitaire était vicieuse, en plaçant
» les professeurs dans une position qui
» leur rendait impossible toute espèce
» de travail pour l'avancement des
9 sciences». Lévy lutta si énergique-
ment contre ces désavantages , qu'il
s'acquit à la fois la réputation d'un bon
professeur et d'un savant sérieux. L'A-
cadémie royale de Bruxelles , en l'ac-
cueillant dans son sein (3 avril 1850),
montra une fois de plus ( ' ) que la li-
berté de la conscience n'avait pas moins
de prix à ses yeux que l'hommage dû
au talent. La révolution éclata : le Gou-
vernement provisoire, loin de dépossé-
der Lévy Je promutàl'ordinariat.Mais le
souvenir des tracasseries qu'on lui avait
autrefois suscitées ne pouvait s'effacer
de Tesprit du professeur: il était devenu
ombrageux, susceptible, perpétuelle-
ment inquietde l'avenir, etd'autant plus,
qu'il se voyait père de famille et sans
fortune. Il finit par céder aux sollicita-
tions de quelques savants de Paris,
entre autres de Poisson, qui le rappe-
laient à Paris et lui faisaient entrevoir
de brillants avantages. Il rentra dans
son pays natal en qualité de maître de
conférences à l'École normale, profes-
seur de mathématiques au Collège royal
de Charlemagne et chargé de la répéti-
tion de plusieurs cours supérieurs.
L'aisance s'assit à son foyer; mais tout
son temps se trouva absorbé par des
labeurs pénibles. Le désir de reprendre
ses études favorites lui fit prêter l'o-
reille à des propositions de M. Rogier,
alors ministre de l'intérieur, désireux
de le revoir en Belgique. M. Quetelet
fut chargé (juillet 1852) de préparer la
nomination de Lévy au poste de direc-
teur du Musée de Bruxelles ; un chan-
gement de ministère fit tomber la négo-
ciation k néant. Vivement affecté de ce
revirement, douloureusement éprouvé
dans ses affections les plus chères par
la perte successive de son épouse chérie
et de plusieurs de ses enfants, Lévy
tomba dans une sorte de découragement
qui, joiut aux fatigues du professorat,
mina insensiblement sa santé. Il ploya
sous le faix en 4841, à peine âgé de 45
ans. — Indépendamment du catalogue
delà collection Turner, on lui doit quel-
ques notices insérées dans la Corres-
pondance mathématique et physique de
Bruxelles^ savoir :
i. Mémoire sur différentes propriétés
des surfaces du second ordre (t. IV,
p. 18).
2. Note sur le théorème : si une droite
divise l'un des côtés opposés d'un qua-
drilatère gauche en parties proportion-
nelles, toute droite qui la coupera, ainsi
que les deux autres côtés du quadrila-
tère, sera divisée par elle dans le même
rapport (t. IV, p. 5).
5. Sur une nouvelle manière de dé-
terminer la pesanteur spéciûque des
corps (t. VI, p. 208).— Il s'agissait de
déterminer la pesanteur spécifique d'un
corps solide plongé dans l'eau, sans le
sortir île ce liquide.
4. Mémoire sur quelques propriétés
du système des forces (t. VI, p. 201).
Le mémoire communiqué à l'Acadé-
mie de Bruxelles sur quelques minéraux
trouvés à la Vieille-Montagne à Mores-
net, prùa d Aix-la-Chapelle, M retiré
par son auteur, qui ne trouva jamais le
temps de le revoir pour l'impression.
Les minéraux décrits dans ce travail
appartiennent à des espèces dont on n'a
découvert que fort peu d'échantillons.
Nous citerons entre autres un silicate
anhydre de zinc qui reçut le nom de
Willemite, en l'honneur du roi des Pays-
Bas.— Les expériences de M. Chevreul
sur l'eau de la Géronstère (lez-Spa)
furent faites en présence de Lévy (Sur
la polémique fi laquelle elles donnèrent
lieu, V. DkKDo:s\iLLK, des eaux minérales
de Spa, Liège, s. d., in-12).
La notice qu'on vient de lire est ex-
traite, pour la plus grande partie, de
celle de M. Quetelet (Ann. de l*Acad.de
Bruxelles, 1844, p. 159 et suiv.).
i.ombnrdi (Lambert-Materne), na-
quit à Liège le 25 novembre 1795 et y
mourut le 9 février 1855 Peu de car-
(*) Allusion à la réception, dans ce corps savant, du célèbre jurisconsulte Mayer.
^
429
LOM
430
rières ont été aussi bien remplies. Lom-
bard a peu écrit : à part sa Dissertalion
sur les avantages de Vallaitement ma-
ternel (Paris, Didot, jeune, 23 p. in-S"),
présentée à la Faculté de Paris le 16
mars 1816 pour obtenir le diplôme de
docteur en médecine, et quelques rap-
ports à TAcadémie de médecine de Bel-
gique, on ne cite sous son nom que la
Gazette médicale belge , recueil éphé-
mère fondé en 1854 avec iM. le docteur
Boéns, gui en fut, de fait, le rédacteur
unique. En revanche, Lombard réunit
au plus haut degré les qualités du pra-
ticien et laissa une brillante réputation
comme professeur de clinique médicale.
Sa cx)nstiiution physique, sanguine et
vigoureuse, son caractère généreux et
enthousiaste, la promptitude de son
coup d'œil et de son jugement, ainsi que
se;» goilts d'homme du monde le dispo-
saient plutôt à mener une vie active et
pour ainsi dire tout extérieure, qu*à
pâlir sur des livres ou à méditer assi-
dûment dans le silence du cabinet. A
force de volonté, quand il fut profes-
seur, il compléta des études qu'il n'a-
vait pas eu Toccasion d'approfondir
suffisamment dans sa jeunesse ; mais il
dut la meilleure part de ses brillants suc-
cès à ses talents naturels et, pour le dire
en un mot. avec M. le D' Spring, à cette
influence mystérieuse qu'on appelle le
prestige. Si Lombard n'eût pas été
médecin, il eût été soldat : il avait be-
soin d'agir et de se trouver en quelque
sorte mis en demeure de remporter une
victoire. Aussi bien les circonstances
contribuèrent à fnvoriser le développe-
ment de ses dispositions innées. Orphe-
lin de bonne heure, il fut élevé par son
aïeul, qui exerçait la profession) de no-
taire; à l'âge de 15 ans, il songea à
faire choix d'une carrière et entra comme
élève à l'hôpital militaire de Liège. Dès
Tannée suivante (1809), il reçut la no-
mination de chirurgien sous-aide : en
1811, il fut désigné pour les établis-
sements hospitaliers de la 34* division
militaire, à l'ile de Walchtren, et atta-
ché à l'hôpital de Middelbourg en Zé-
lande. Son aptitude, son zèle et son
dévouement lui valurent, en 1812, d'être
envoyé à l'hôpital d'instruction du Yal-
de-Grâce, pour y continuer ses études.
Il s'y appliqua surtout à l'art des dis-
sections. Une place de prosecteur de-
vint vacante : il prit part au concours
et remporta la palme; mais presque
aussitôt il fut mandé ù Tours, en qua-
lité d'aide-major du 5" régiment des
gardes d'honneur. Il reçut le baptême
du feu le: 16 octobre 1815, devant Leip-
zig, où il eut un cheval tué sous lui dans
une charge de cavalerie. Le 50 octobre,
à la bataille de Hanau, toujours aux
côtés du colonel de Salluste, qui l'avait
pris en affection, une balle vint le frap-
per à la jambe gauche ; il fut proposé
pour la Légion d'honneur, distinction
qui ne lui parvint qu'en 1846, après
55 années d'oubli. Lombard suivit l'ar-
mée dans sa retraite vers la France;
en janvier 1814, il tomba avec son co-
lonel aux mains d'un parti de Cosaques :
enivrer leurs gardiens, s'emparer des
chevaux, sabrer le détachement ennemi
et regagner ventre à terre le quartier
général , ce fut l'affaire de quelques
heures. Lombard fut ensuite chargé de
la polic>e des hôpitaux de Nancy, puis
du service médical de celui de Bois-
servilie. .Mais la guerre allait encore le
réclamer. La nouvelle du débarquement
de Napoléon si Cannes exalta son jeune
enthousiasme ; il ne songea qu'au triom-
phe de l'aigle impériale et ne se de-
manda pas quel sort serait réservé aux
provinces belges. Il assista, comme aide-
major du 12^ chasseurs, à la bataille de
Waterloo, parvint à rejoindre l'armée de
la Loire et fut enfin licencié à Nar-
bonne, le 5 septembre 1815. Avec la
carrière militaire, il abandonna la chi-
rurgie : installé à Paris, il s'y fit pro-
clamer docteur en médecine (27 avril
1816); rien nele retenant plusen France,
il revint à Liège, où il s'acquit en peu
de temps une clientèle et une renommée
considérables. En 1821, il fut nommé
membre de la Commission médicale de
la province ; dix ans plus tard, il fut
appelé à présider ce Corps, et conserva
cette fonction jusqu'en 1855. Le 10 dé-
cembre de cette année, le roi Léo-
pold I^*^ lui décerna la croix d'officier
de son ordre. Sa nomination à l'Univer-
sité, comme professeur ordinaire, est
datée du 5 décembre 1855. Ainsi qu'on
l'a indiqué plus haut, le gouvernement
431
LOM
432
lui confia la clinique médicale. Il eût été
diflicilede faire un meillenrchoix.o Lom-
» bard, dit M. le docteur Didot , était
» avant tout clinicien, clinicien éclec>-
» tique, admirateur des travaux hippo-
» cratiques. Comme diagnosticien , il
» put être égalé ; Il ne fut surpassé par
» personne. Son coup d'œil était en
» quelque sorte divinatoire. Que de fois,
» en entrant dans les salles de clinique.
» Il se procura Tinnocente satisfaction
n d'établir un diagnostic différentiel ,
» avant même d*avoir questionné lema-
» lade, et d'après les seules indications
» de l*habilude extérieure! Pendantré-
» pidémie cholérique de 1849 , une
» femme est apportée à Thôpital, en proie
» à des vomissements incessants et à
» des crampes très-manifestes. La dou-
» leur crispait sa face, qui du reste pré-
» sentait une teinte voisine delà cyanose.
» Le mot de choléra circule, et chacun
» s'arrête à Tidée que cette malheureuse
» est victime de Tépidémie. — Non ,
» Messieurs, dit Lombard, c^tte femme
» n'est point cholérique ; elle souffre
» d'un obstacle intestinal, hernie, volvu-
» lus ou autre. — En effet, on reconnut
» bientôt Texislence d'une hernie cru-
» raie étranglée depuis la veille, et dont
» on ne soupçonnait pas l'existence. »
Il serait facile d'énumérer une foule de
faits du même genre; il suffit d'ajouter
que la renommée du professeur Lom-
bard s'étendait jusque dans les pays
étrangers. Lombard ne s'exprimait pas
seulement avec une facilité remarquable :
il avait des convictions franches et pro-
fondes, et son grand art était de savoir
les communiquer à ses auditeurs, et
entretenir en eux le feu sacré de la
science. Il avait recours à des compa-
raisons ingénieuses, rapprochait des
faits dissemblables en apparence, et,
toujours dominé par l'amour sincère
de la vérité, prémunissait les jeunes
esprits contre les théories trop abso-
lues et contre les systèmes de circon-
stance. Il ne faisait point étalage d'é-
rudition, mais se montrait pénétré de
l'esprit des grands classiques et surtout
s'attachait à former des observateurs.
Mais aussi comme l'exemple du praii-
cien venait en aide aux enseignements
du professeur! Lombard déchiffrait
une affection en paraissant à peine s'en
occuper ; il rassérénait son malade , il
le distrayait par sa parole aimable et
sympalhi(}ue ; il forçait l'espérance,
pour ainsi dire, à reprendre place dans
les cœurs. Ses formes aimables le firent
chérir dans les familles opulentes, en
même temps que la sûreté de ses juge-
ments le fit rechercher comme méde-
cin consultant chaque fois qu'il se pré-
sentait un cas difficile. Réputation ,
honneurs, richesses, il eut tout, et il
faut dire qu'en l'élevant sur un piédes-
tal, l'opinion publique ne Gt que recon-
naître en lui des qualités qu'il possé-
dait réellement. Il était l'idole des |)au-
vres comme des riches. Sa mort fat
le signal d'un deuil général : une foule
immense, où étaient représentées toutes
les classes de la population, accompa-
gna son corps jusqu'.'^ plus d'une lieue
de la ville, au cimetière de Grâce-Ber-
leur. — Lombard revêtit la toge recto-
rale en 1859-1840. En dehors de l'Uni-
versité, il remplit pendant plusieurs
années des fonctions électives. Il ap-
partenait à l'opinion catholique. La part
active qu'il avait prise aux événements
de 1830 lui valut la Croix de fer. Il fut
membre du Comité de sûreté publique
institué le 27 août 1830; le â septembre
suivant,il entra au Conseil de régonce,où
Il siégea jusqu'en 1834. Quatre ans plus
tard, les électeurs du canton de Hollo-
gne-aux-Pierres lui confièrent le man-
dat de conseiller provincial : il le con-
serva jusqu'en 1848. — - .\mateur pas-
sionné de tableaux, il avait formé une
collection qui devint célèbre : elle est
malheureusement dispersée aujour-
d'hui. On y remarquait nombre de bon-
nes toiles anciennes, et parmi les mo-
dernes, le premier Patrocle de Wiertz,
qu'il découvrit par hasard, roulé et
couvert de poussière, dans un coin du
musée St-André. Lombard fit rentoiler
cette œuvre remarquable, et construire
tout exprès, pour l'y placer, une vaste
galerie. — Dans une biographie très-
circonstanciée, lue en séance de l'Aca-
démie royale de médecine de Belgique
et insérée au t. IV des Mémoires de ce
corps savant, M. le docteur Didot a
exposé les opinions de Lombard sur
un certain nombre de questions pra-
433
MAR
434
tiques; M. Boëns n'a pas donné suite
au pro^t qu*il avait formé de résumer
les leçons et les entretiens du maître.
— V« le Nécrologe liégeois de M. UL
Capitaine, année 1K55, p. 35-4â. — M.
le docteur lieuse a décrit la maladie de
Lombard dans le Bull, de VAcad, royak
de médecine de Belgique, t. XIX, n'' 5.
Mai-ty no^Mkl (JÉRÔME) , né à LU-
dowikonka, près de Wilna ('), le â3
juillet 4807, mourut à Liège, le S no-
vembre I8G4. Il fit ses humanités au
gymnase de l^inica en Podolie (ancien
Collège des Jésuites) et s'appliqua par-
ticulièrement aux sciences exactes. Ce
goût dominant ne l'abandonna pas à
runiversité de Wilna , où il entra en
1827; cependant, pour se créer une car-
rière , il s'y livra pendant trois ans à
Tétude de fa médecine. Il allait rerevoir
son diplôme, quand éclata l'insurrection
lithuanienne. 11 prit aussitôt du service
dans l'armée révolutionnaire, assista
comme sous-officierd'artillerie aux com-
bats de Wilna et de Szawlé, et s'y dis-
tingua par sa bravoure. Survinrent les
désastres d'Ostrolenka et de Varsovie :
les débris des troupes polonaises furent
refoulés snr le territoire prussien , où
il fallut déposer les armes. Proscrit,
isolé, sans asile, Martynowski chercha
vainement du travail en Prnsse et ré-
solut enfin de gagner la France , cette
seconde patrie des Polonais, il se mit
en route à pied , dénué de tout, parvint
à Besançon après bien des souffrances,
et dut quitter c^tte ville comme il y était
entré. Les mêmes déceptions l'atten-
daient à Paris ; à Bruxelles, au con-
traire, il retrouva des amis et parvint à
se* procurer quelques légères ressour-
ces. Enfin l'idée lui vint de se fixer
à Liège et de reprendre ses études
ik l'Université de cette ville : des
leçons de mathématiques devaient lui
fournir le pain quotidien. Il donna aus-
sitôt suite à son projet , subit l'examen
de candidat en sciences naturelles et
suivit pendant quelque lem|)s les cours
de la candidature en médecine. Mais ses
leçons ne lui donnaient pas de quoi
vivre : forcé de compter avec la néces-
sité, il accepta une place de surveillant
au Collège communal de Liège. Ce fut
l'humble point de départ d'une car-
rière qui n'aurait pas été sans éclat, si
Martynowski avait eu plus nettement
conscience de sa propre valeur. Cepen-
dant ses aptitudes remarquables et son
savoir étendu ne pouvaient manquer
d'attirer l'attention, non moins que sa
conduite exemplaire et sa rigoureuse
exactitude. En 1858, lors de l'organi-
sation du régime intérieur des Ecoles
spéciales annexées à l'Université, il
fut nommé répétiteur-surveillant. Plus
tard, on lui confia l'enseignement de
certaines parties des mathématiques, et
en 1849, sur la demande expresse de la
Faculté des sciences , il obtint le titre
d'agrégé k la dite Faculté. Après la
mort de Meyer (v. ce nom), un arrêté
royal lui attribua exclusivement le cours
de calcul différentiel et intégrai. — Il
resta vingt ans attaché à l'Université de
Liège , esclave de son devoir , dévoué
à la science, à ses élèves et à la famille
qu'il s'était créée en Belgique, jouissant
de l'estime générale , mais se tenant en
dehors du monde, supportant dignement
les rigueurs de l'exil et celles de la for-
tune. Celles-ci se ralentirent pourtant
dans la dernière période de sa vie. Une
succession provenant des parents de sa
femme lui permit d'acquérir, aux abords
de la ville, une maison confortable et un
morceau de terrain qu'il se mil k culti-
ver lui-même. A un Polonais, ne cessait-
il de dire, il faut absolument un jardin.
Étant élève en médecine , il avait étu-
dié la botanique. 11 se mit à impor-
ter des simples de son pays et essaya
de les acclimater. Il fit venir d'Ojcaco
un Jet de bouleau qu'il planta religieu-
sement près de sa demeure ; il en suivit
la croissance avec une joie d'enfant :
{*)Nécrohge liégeois pour 1861, p. 61.
Noos suivons la version de H. U. Capitaine,
qui puise toujours ses renseignements aux
meilleures sources. Un journal polonais fait
naître Hartynowskl dans la province de
Kaminiec, en 1806. Cette indication est assez
vague ; quoi qu'il en soit, c'est en Podolie
que notre regretté collègue passa les années
de son enfance.
435
MAR
436
hélas ! il eut il peine le temps de se re-
poser sous son ombrage. 11 était d'une
constitution robuste ; mais quoique at-
taché à la Belgique par les liens les plus
étroits et plein d'une ineffable tendresse
pour les siens, il avait au cœur une
plaie incurable : la nostalgie le minait
sourdement. Il pensait sans cesse à la
lointainePologne, il ne parlaitque d'elle,
il n'était intime qu 'avec sescompatrioies.
La dernière semaine de sa vie, il remplit
encore à l'Université ses devoirs d'exa-
minateur. Un typhus des plus violents
le coucha brusquement sur son lit de
mort. Au moment suprême, il fit ouvrir
la fenêtre. Dès que l'air frais pénétra
jusqu'à lui , il fondit en larmes , et l'on
comprit aux paroles délirantes qui lui
échappèrent qu'il se croyait transporté
dans sa chère Samogitie. Ses derniers
motsfurent inintelligibles pour sa femme
et pour ses enfants : il parlait la langue
maternelle. — Nous avons compris,
balbutiait-il , en faisant allusion aux
derniers événements... Une poignée de
terre apportée de Pologne et arrosée de
quelques larmes polonaises a été jetée
sur sa tombe; plus tard, ses compatriotes
présents en Belgique lui ont érigé un
modeste monument. Martynowski avait
des droits particuliers à leur reconnais-
sance : ardent ami de son pays, très-
versé dans les langues et les littéra-
tures slaves, il entretenait les souvenirs
et les aspirations de ses compagnons
d'exil; il était pour les jeunes étudiants
polonais un conseiller sûr et dévoué,
un maître d'histoire et de poésie na-
tionales, en même temps qu'un guide
dans les sentiers de la scienr>e. Avec
eux, il se retrouvait en imagination sur
la terre natale : on relisait les poètes
aimés, on les commentait, on se remé-
morait toutes les gloires des ancêtres...
Martynowski était lui-même poète : il a
laissé en manuscrit plusieurs ballades
historiques et diverses pièces de vers
auxquelles les connaisseurs reconnais-
sent un vrai mérite. Quelques pièces
échappées à sa plume (contes et fables)
ont paru dans le Journal littéraire po-
lonais et ont été fort goûtées. Il s'occu-
pait aussi de critique et d^analyse. Il
admirait beaucoup Adam Miçkiewicz ;
des notes très-étendues sur les œuvres
de ce maître ont été envoyées par lui
au vénérable Lelewel, son ami de cœur;
elles ont dû être mises sous scellé avec
les papiers de ce dernier, décédé quel-
ques mois seulement avant Martynows-
ki ; elles ne seront probablement pas
perdues. Martynowski lisait beaucoup
et retenait aisément : il affectionnait
certains genres , entr'autres l'églogue.
Bohdan /aiewski était son poète favori.
Dès qu'il se rappelait quelque chanson
ukrainienne , sa c^lme et triste figure
s'animait d'un feu juvénile et un éclair
passait dans ses yeux.
Martynowski était affilié à la Société
scientifique de Cracovie et à la Société
royale des Sciences de Liège. Voici,
d'après M. Ulysse Capitaine, la liste
de ses ouvrages sur les mathéma-
tiques.
1* Leçons sur le chauffage et la con-
duite des machines (Cours donné à TE-
cole des arts et manufactures de Liège,
in-i"", autographié).
2" Leçons de calcul différentiel et in-
tégral (Id., 2 cahiers in-folio, autogra-
pbiés).
3" Cours spécial de calcul différen-
tiel et intégral, donné par J. Marty-
nowski, professeur agrégé, rédigé et
publié avec son autorisation par les
élèves de l'Ecole préparatoire des
mines. Première année (1855, cahier
in-folio, autographié).
\^ Mémoire sur la for mat ion des [mis-
sances ordinaires et celle du développe-
ment logarithmique d'une fonction ex-
plicite d'une seule variable:
Ce M(5moire« adresse en janvier 183T k
rAcadémie royale de Belgique, a éié l'objet
d'un rapport de MM. Pagani et Gamier,
inséré dans les Bultttim de cette Coropagoîe,
l. IV, 4837, p. 82.
5* ^ote sur la recherche du coeffi-
cient dans le retour des suites.
Rapport des mêmes commissaires, t. (V,
1837, p. t3S des mêmes Bulletins,
(îo Mémoire sur les formes des équa-
tions des lignes de second ordre.
Rapport de MH. Timmermans ctQaetelel,
l. VIII, ira partie, p. 116 des mêmes Bul-
letins,
437
MEY
438
70 Mémoirf tur la congruence
Mémoire adressé à l'Académie et men-
Uonné t . IX, i« série, 1860, p. i 49 des mêmes
DulUtins,
8<> Sur les transformées de VéquatUm
du second degré à detuc variabks.
Travail inséré dans les Mèmoiret de la
Société royale des êciences de Liège, t. I,
1843, p. 177.
9^ Snr la solution des équations nu-
mériques.
Mémoire important, inséré 1. 1, 1843, p.
S90; t. Il, 1845, p. 445, et t. VIII, 1853,
do même recneil.
10^ De la construction des normales
dans les courbes du second degré {Ibid.^
t. IV, 1848, p. 1).
11^ Essai sur la théorie des paral-
lèles (Ibid t. VII. 1852; reproduit dans
le Moniteur de renseignement^ t. I, S**
série, avec de nouveaux développe-
ments).
12° Des combinaisons avec répétition
(Ilnd. t. XVI, 1861, p. 55.
Les Mémoires n»* 7 à 12 ont été aussi tirés
à part.
15^ Divers articles dans le Moniteur
de renseignement (Tournai), sur rem-
ploi de rînfini en mathématiques, etc.
(v. Tari. Noël).
14** Notessur Tlntroduction à la phi-
losophie des mathématiques, par Hoëne
Wronski.
Ce commentaire considérable, auquel Mar-
lynowski travailla plusieurs années, est resté
inédit. Le Ms. a été acquis {k une vente pu-
blique) par M. Ulysse Capitaine, en même
temps que les n^ suivants.
15* Abrégé d^arilkmétique. — Cours
de mathématiquîs pures. — Cours de
statique professé en 184G-1847. —
Méthode spéciale pour la solution géné-
rale des équations, — Addition àîa ré-
forme des wuithématiques» — Résolution
du problème universel des mathéma-
tiques et son application à la résolution
générale des équations de tous les degrés.
Onlre les compositions poétiques ci-
dessus menlionnées , llartynowski a
laissé, en manuscrit, une Histoire abré-
gée de la Pologne,
Sources. Nécrologe liégeois pour 1 861 .
— Extraits des journaux polonais, com-
muniqués par M L. Syroczynski. —
Souvenirs personnels.
Meyer (ANTOINE), né à Luxcmbourg
le 31 mai 1805, mourut à Liège le 29
avril 1857. Il serait difficile d'imaginer
une nature plus complète, un esprit
plus sérieux et plus aimable à la fois.
Mathématicien de premier ordre, poète
par bouffées, peintre s*ll avait voulu
l*ètre, et avec cela, aussi versé dans la
connaissance de Thistoire et des lan-
gues mortes ou vivantes que dans celle
des sciences exactes, Meyer avait tout
pour lui. sauf les dons de la fortune.
Il fut cruellement ballotté par Forage
avant d'arriver au port ; et quand il Feut
atteint, sa riche organisation était épui-
sée. Il succomba dans la pleine Jouis-
sance de ses facultés, mais vaincu par
les souffrances physiques. Son courage
et sagalté naturelle ne Tabandonnèrent
cependant pas un instant : aussi bien
Texpérience de la vie lui avait coûté
assez cher pour qu'il en tirât profit.
Son père, honnête artisan, reconnais-
sant ses dispositions naturelles, lui
avait permis de fréquenter TÂthénée de
Luxembourg. Anioine y fit des études
brillantes; mais le moment vint de les
poursuivre à l'extérieur, et la famille
était sans ressources. Un grand nombre
de Luxembourgeois fréquentaient alors
l'Université de Liège : ils se cotisèrent
pour le faire venir auprès d'eux. Il les
récompensa en devenant en quelque
sorte le centre de leurs reunions, qu'il
animait par sa conversation spirituelle
et par son talent à improviser, en dia-
lecte de son pays, des vers sur toutes
sortes de sujets. Il ne larda pas, du
reste, à subvenir par lui-même à ses
besoins, en donnant des leçons parti-
culières et en se chargeant de rédiger
le catalogue des livres de science de la
bibliothèque académique. Le soin qu'il
mit à s'acquitter de ce petit travail (la
bibliothèque n'élait pas alors ce qu'elle
est aujourd'hui) lui valut la confiance
des professeurs ; ils le prièrent de leur
indiquer un jeune homme capable de
dresser le catalogue des livres de droit:
439
MEY
440
Meyer désigna M. Fiess, Luxembour-
geois comme lui; M. Fiess ne quitta
plus la bibliothèque, et Ton sait ce
qu*elie est devenue entre ses mains.
Meyer, étudiant et enseignant à la fois,
songea à se faire recevoir docteur et k
se rendre ensuite à Paris, pour y en-
tendre les mathématiciens les plus cé-
lèbres. Il rédigea sa thèse ('), mais ne
se présenta pas à Texamen , quoiqu'en
aient dit ses biographes (*). Il partit pour
la grande ville, ayant tout juste assez
d'argent dans sa bourse pour y arriver :
là , il fallut vivre , et il vécut , mais à
quel prix ? H ne recula pas devant le
travail manuel le plus vulgaire : ce fut
le corps, cette fois, qui nourrit Tintel-
ligencc. 11 suivit néanmoins avec assi-
duité les leçons des maîtres, et comme
le héros de certain roman anglais, il
prit Ihabitude de lire, aux étalages des
libraires en plein vent, les livres qu'il
n'avait pas le moyen d'acheter. Enfin il
rentra dans sa patrie en 1826, pourvu
d'une chaire au Collège d'Echternach.
Quelle chaire! Il fallait enseip;ner le
latin, le grec, le hollandais, Tallemund,
les mathématiques : il est vrai que tout
le personnel de l'établissement se com-
posait de deux professeurs. Heureuse-
ment, en 1828, il fut nommé professeur
de mathématiques à l'École militaire de
Breda. Il n'y resta pas plus d'un an : on
le retrouve en 1851 professeur au Col-
lège de Louvain, et en 1852 à l'institut
Gaggia, consacrant ses moments de
liberté à préparer des élèves pour TÉ-
cole militaire, alors dirigée par le co-
lonel Timmerbans. En 1854, cette in-
stitution ayant reçu son organisation
définitive, Meyer y fut nommé profes-
seur. Mais il n'était pas au bout de ses
tribulations, a Son caractère indépen-
» dant n'allait pas à certaines positions,
D et nous voyons ici éclater au grand
» jour la cause véritable des malheurs
» de toute sa vie. On avait imposé à
» son enseignement une condition con-
» traire à la liberté du professeur, en
» exigeant qu'il suivit dans ses leçons
» un certain ouvrage. Le savant, père
» de famille, avait cédé ; mais un jour
» sa fière intelligence se révolta en pré-
» sence de l'incapacilé de «te guide
» qu'on lui avait imposé, et rejetant au
n loin le livre obligatoire , il s'écria
» qu'il ne pouvait enseigner de telles
» absurdités. L'acte était d'autant plus
» grave que l'auteur de ce livre existait
» et occupait une haute position dans
» un pays voisin. On exigea de Meyer
» des excuses : il répondit par sa dé-
» mission, et lorsqu'on lui demandait
» où il comptait aller après avoir ainsi
» renoncé à son seul moyen d'exis-
» tencc : sous le ciel bleu^ disait-il ; ce
» ne sera pas la première fois » ('). Il
resta effectivement sans emploi jus-
qu'en 1858, date de sa nomination à
l'Université de Bruxelles, où on lui con-
fia l'enseignement des hautes mathé-
matiques. Il occupa en même temps
l'emploi de calculateur au Ministère de
la guerre. En 1859, il profita de la loi
du 4 avril pour se rattacher à la famille
belge. Dix ans plus tard, il remplaça
Lemaire à l'Université de Liège, comme
professeur ordinaire, chargé des cours
de calcul différentiel et int^ral, d'ana-
lyse supérieure et de calcul des proba-
bilités (*). « Placé enfin dans une posi-
» tion digne de lui, ditM . Bède,il montra
» sur le champ tout ce, qu'il valait. Sa
» vie jusqu'alors agitée* et parfois dé-
» sordonnée comme celle de tant d'hom-
» mes cherchant l'oubli, devint immé-
» diatement calme et rangée; son acti-
» vite intellectuelle redoubla; toute son
» existence fut concentrée dans le cer-
» de de son enseignement et de ses
» éludes. H he sortait de chez lui que
» pour se rendre à TUniversité et par-
» fois k la Société des sciences, dont
» ses travaux eniichissaient les Mémoi-
» res. Il ne voyait ainsi que ses col-
» lègues et ses élèves, dont il était
( ' ) Elle a été imprimëe (De maximiê et
minimis; Luzemb., Lamort, 1880, in-4«).
( * ) Meyer oe fut reçu docteur que le 16
juin 1832.
('} if. Antoine Meyer ^ Notice par E. Bède
(Annales de Venneignement public, t. I, p.
360).
{*) Sa nomination, vivement combattue,
fat un acte de courage de M. Rogier, alors
au département de rinldrieur. On était aUé
jusqu'à dire à rhonorable ministre : M. Heyer
est un vaiëtudinaire ; dans un an, vous devrez
lui donner sa pension. — Soil, répondit N.
Rogier ; il l'aura bien gagnée.
44i
MEY
442
• profondément aimé. Ses cours d*ana-
0 lyse transcendante étaient d'ailleurs
» admirables de tous points ; il m'a été
» donné d'entendre d'illustres profes-
» seurs de mathématiques, et je puis
» aiBrmer sans crainte que je n'en ai
» jamais vu d'aussi complets. Sa parole
0 était simpje et précise, élégante sans
» affectation ; ses calculs rapides, sûrs,
» ordonnés avec une rare perfection ;
» son expo>ition d'une lucidité telle,
0 que ceux qui suivaient ses cours dé-
9 claraient n'avoir jamais rencontré de
» difficultés sérieuses dans les ques-
» lions les plus ardues de la théorie
» des nombres ou du calcul des pro-
» habilités. » Cependant, comme on
Fa dit plus haut, sa santé était grave-
ment compromise. L'intelligence était
en pleine vigueur ; mais le corps restait
souvent, pendant des mois entiers,
cloué sur un lit de martyre. A peine
se sentait-il mieux , qu'il ra^ipelait ses
élèves et se hâtait , par des leçons plus
fréquentes, de regagner le temps per-
du. Aux labeurs de l'enseignement il
joignit, avec une rare persévérance, les
travaux du cabinet. Il se mettait à
l'œuvre dès le point du jour, passait sa
matinée à faire des mathématiques, et
consacrait à des études diverses le reste
de la journée et quelquefois des nuits
dinsomnie. Il avait prodigieusement lu
et non moins retenu : sa mémoire était
d'une rare précision. Le dialogue entre
la goutte et Franklin lui eût été appli-
cable, si ce n'est qu'il avait flni par être
complètement maître de lui-même. C'est
ainsi qu'il put en très-poi d'années,
malgré ses souffrances, composer un
grand nombre d'ouvrages sur les pro-
blèmes les plus élevés de la science,
a Et cet homme, qui passait sa vie à la
• recherche des abstractions mathé-
» roatiques, avait conservé toute la sen-
9 sibilité d'une âme ardente et enlhou-
» siaste : il savait comprendre le beau,
» et il l'aimait au point qu'un jour la
0 vue d'une toile de Raphaël lui arra-
i> cha des larmes. H ne se borna pas à
» aimer le beau, il le réalisa. On doit à
» son pinceau de charmantes produo-
» tions, et plus d'une fois son inspira-
» tion poétique Gt l'admiration de ses
» compatriotes » (*). Meyer était cor-
respondant de l'Académie royale de
Belgique depuis le i6 décembre i8i6.
Il a publiée).
1*^ Dans les Bulletins de cette Com-
pagnie savante : a) Recueil de quelques
développements peu connus en analyse
cmbimtoire (t. XIV, 2' p.); h) Sur la
base géodésique que Von mesure actuel-
lement dans les environs de Bonn (Ib.) ;
c) Théorèmes sur les polyèdres (t. XV, V
p.) ; d) Résolution d^un problème de cal-
cul des probabilités (t. XV, 2« p.); e)
Note sur quelques intégrales définies
(t. XVI, !'• p.); f) Note sur le théorème
inverse de Bernouilli (t. XXIH, 1" p.);
g) Différents rapports.
2** Dans les Mémoires de V Académie :
h) Mémoire sur deux fonctions irration-
nelles particulières (t. XXI); i) Mémoire
sur Vapplication du calcul des probabi-
lités aux opérations du nivellement topo-
graphique (Ib.) ; j) Mémoire sur le déve-
loppement en séries de quatre fonctions
(Ib.); k) Mémoire sur Vintégration de
Véquation générale aux différences par-
tielles du premier ordre d'un nombre
quelconque de variables (t. XXVli).
5^ Diverses communications de Meyer
à l'Académie ont été l'objet de rapports
plus ou moins étendus. Avec M. Capi-
taine,nous mentionnerons les suivantes :
Mémoire sur une nouvelle exposition
complète du théorème de Taylor (7
août 1847). — - Mémoire sur quelques
formules nouvelles de la trigonomé-
tries phérique (7oct. 1848).— Note sur
Vintégration des différentielles bin&me4t
(13 janv. 1849). — Note sur deux inté-
grales définies d'Enter (5 mars 1849).
— Note sur l'expression du rayon vec-
teur d'une planète en série suivant les
cosinus des multiples de Vanomalie
moyenne (2 mars 1850). — Notice sur
Vintégration d'un système quelconque dé-
( ' ) Sicrologe liégeois (par M. Ulysse Ca-
pilaioe), 1857, p. 68.
( * ) Nous avons mis à profit, pour les ren-
seignemeDls qui suiveot, la ^atice de M.
Capitaine, ploB exacte et plus complète que
la bibliographie académique de 1854, ci le
discours prononce par M. Trasensler sur la
tombe de Meyer.
'
443
MEY
444
-^i
quatians linéaires nmuUanées à coëHi-
dents constants, les seconds menUtres
étant égaux à zéro (8 nov. iSoi), —
Mémoires concernant une proposition
géodésique de M. Liagre (5 nov. 4855).
— Dénumstration nouvelle d'un théo-
rème de Bemouilli (1 mars, 5 avril et
ii juin 4856). — Mémoire sur une es-
position nouvelle de la théorie des pro-
babilités à posteriori (27 mars 1850). —
N.-B. Dans la séance du 7 août 1847,
Meyer demanda que la Classe des
sciences exprimât le vœu qu*il fût pro-
cédé à la triangulation du royaume^ la
Belgique étant Tun des pays de TEu-
rope le plus arriérés sous ce rapport.
Ce fut à la suite de cette proposition,
appuyée par M. Quetelet, que TÂcadé-
mie adressa une demande au Gouver-
nement {BulL de VAcad, t. XIY, 2«
partie, p. 99 et oSO).
En dehors de rAcadémie, Meyer a
fait paraître un grand nombre d'ou-
vrages, savoir :
i^ Quelques développements d'analyse
com^ma/oire (Bruxelles, Balleroy, 4838,
in-4<^). — L'auteur était alors professeur
à rinstilut Gaggia.
5^ Nouveaux éléments de mathéma-
tiques pures. T. /. Arithmétique (Brux.,
Decx], 4844, in-8^).— Cette publicalion
ne fut pas continuée , un changement
de ministère ayant fait perdre à Meyer
Tappui sur lequel il comptait.
6*^ Leçons de trigonométrie rectiligne
(Ibid. 4H43,in-8°, avec 2 pi.). — Texte
d'un cours fait par Meyer en 4842 au
dépôt de la guerre, par ordre du géné-
ral Joly.
7° Leçons de trigonométrie sphérique
(Ibid. 4844, in-S"", avec un tableau). —
Texte d'un cours fait au dépôt de la
guerre, spécialement pour les officiers
d'état-major attachés à la division du
colonel Trumper.
8<* Exposé élémentaire de la théorie
des intégrales définies (Brux. et Leipzig,
Muquardt; Liège, Dessain, 4851, in-8^
de 510 p.). — Ce traité, le seul qui existe
sur la matière , est l'œuvre capitale de
Meyer, qui eut ainsi l'honneur de com-
bler une lacune dans la science. L'ou-
vrage atteste une profonde connaissance
du sujet et se fait en outre remarquer
par la simplicité des méthodes , par la
clarté et l'enchaînement des principes.
Il forme le 7* vol. des Mémoires de la
Soc. royale des sciencea de Liège.
9*' Nouveaux élétnents de goniométrie
(Liège, Dessain, 4854, in-8«). — Autre
traité unique dans son genre.
40*^ Manuel d'un cours de calcul diffé-
rentiel (Ibid. 4855, in-8<>). — C'est uue
introduction aux Traité des intégrales
définies ; les deux ouvrages sont pour
ainsi dire inséparables. Meyer a su,
dans une science où il est si difficile
d'innover, présenter plusieurs théorè-
mes importants d'une manière plus sim-
ple et plus claire que ses devanciers.
4 4* Nouveaux éléments de calcul des
variations (Ib. 4856, in-8<»). — Tiré à
part du t. XI des Mém. de la Soc. des
sciences (Une bonne analyse de ce tra-
vail a été publiée par M. Folie, élève de
Meyer , ancien répétiteur aux Écoles
spéciales de Liège, dans les Ann. de
l'Enseignement public, t. (, p. 342).
42® Détnonstration de deux proposi-
tions nouvelles sur le calcul des proba-
bilités, précédée de la réfutation des ob-
jections formulées contre elles au sein de
l'Académie de Belgique (Liège, Dessain,
4856, in-4°).— Ce travail, destiné à l'A-
cadémie, fut retiré par l'auteur à la suite
d'une discussion qui prit un caractère
d'aigreur et à laquelle une lettre de M.
Bienaymé , donnant pleinement raison
à Meyer, put seule mettre fin. V. les
Ann, de l'enseignement public, t. I, p.
454 et suiv. (Art. de M. Folie).
43^ Examen critique de la notice de
M. Liagre sur la probabilité de la cause
d^une erreur constante dans une série
d'observations insérées dans le t. XXII
du Bulletin de l'Académie royale de
Bi^/^t^tti; (Liège , Dessain , 4857, in-
44« Diverses notices dans le Journal
de Crelle (de Berlin).
45^^ Essai sur une exposition nouvelle
de la théorie analytique des probabilitésà
posteriori.— Cei ouvrage, digne pendant
du Traité des intégrales définies , était
sous presse lorsque Meyer fut enlevé à
la science. On assure que le manuscrit
est complet ; Il serait à désirer que des
us
MOR
446
mains amies le tirassent de Toubli.
Meyer avait donné à l'élude des proba-
bilités une extension qu'elle n'avait ja-
mais reçue dans les Universités belges ;
les succès qu'il obtint dans son cours
sont un sûr garant du mérite de son livre.
Après le savant mathématicien, après
le professeur passionné pour ses fonc-
tions, voici l'aimable poète et le lin-
guiste ingénieux. Les vers de Meyer,
pleins d'originalité et d'humour, ne sont
malheureusement destinés qu'à un pu-
blic restreint, le dialecte luxembourgeois
offrant des difficultés aux Allemands
eux-mêmes. Indifférent à sa propre re-
nommée autant qu'insouciant de l'avenir,
Meyerrîma uniquement pour se délasser,
et ne s'adressa qu'à ses compatriotes :
cependant les curieux qui désireraient
apprécier le talent souple et l'esprit pé-
tillant du poète, et s'initier en même
temps aux mystères du langage de nos
voisins, trouveront, grâce à Me>cr lui-
même et à son ami M. Gloden, leur tâche
considérablement facilitée. Les petits
volumes dont nous allons donner la
liste renferment, outre des poésies, une
série très-intéressante d'observations
grammaticales et autres, fort instruc-
tives, sur l'idiome luxembourgeois,
ainsi que d'utiles vocabulaires.
i6** KSchrek ob de Lezeburger Par-
nassus (LouMkïny Massart-Meyer, i8â9,
in- 12).
1 7** Jong vum Schrek ob de Lezeburger
Parnassus (Ibid. i85!2, in-lâ).
. 1 8<» Lmemburgische Gedichte und Fa-
beln^ von .4. Meyer ; nebsl ciner gram-
matîsohen Einleitung undeiner Worter-
klârung der dem Dialekte mehr oder
weniger eigenartigen Ausdrûcke, von
Gloden (Bruxelles, Delevingne, ^845,
in 12). — Bouffonneries , légendes ,
scènes populaires, apologues, on trouve
de tout dans ce charmant recueil, dont
plusieurs pièces sont devenues popu-
laires. Meyer accorde sa lyre sur tous
les tons. Il a tout chanté, jusqu'à la
lettre x.
19* Oilzegt'klàng (Liège, Dessain,
1853, in- 12) — Oiïzegt est le nom lu-
xembourgeois de l'Alzctte : c'est assez
dire que ce recueil est essentiellement
consacré à des traditions et à des cou-
tumes locales. La variété des rhythmes
est très-remarquable ; le ton est géné-
ralement plus élevé que dans le recueil
précédent.
20* Regelbttchelchen vum Lezeburger
Orthôgraf, en Vress, aïspràv, d*Fraèchen
aus dem Hà, a Versen vum A. Meyer
(Liège, Dessain, 1854, in-i2).— Meyer
essaie de figurer , au moyen de signes
particuliers, la prononciation luxem-
bourgeoise , et propose un système com-
plet et raisonné d'orthographe.
Un beau portrait de Meyer, peint par
son fils, décore le cabinet du recteur
de l'Université de Liège.
Morroii (ChARLES-FRANÇ.-AnTOINE),
né à Gand le 5 mars 1807, mourut à
Liège le 17 décembre 1858. A ne con-
sidérer que ces dates, sa vie fut courte ;
phis courte encore, si l'on songe qu'il
faut en décompter trois années d'agonie ;
par contre, on serait tenté d'admettre
qu'elle dépassa de beaucoup les limites
ordinaires, si l'on ne connaissait de
Morren que ses travaux. Quelle riche
et vigoureuse organisation, quelle va-
riété de talents, quelle activité dévo-
rante, quelle fécondité continuel Mais
ce n'est jamais impunément qu'on s'in-
terdit le repos. Dans la légende grec-
que, Antée est vaincu du moment où
Hercule l'a mis en demeure de conti-
nuer la lutte sans pouvoir réparer ses
forces. Par une étrange illusion, Mor-
ren se condamna lui-même à rouler
incessamment le rocher de Sisyphe :
il entrevoyait une existence paisible-
ment studieuse, et à force d'impatience,
il ût tout c^ qu'il est possible de faire
pour tomber épuisé avant d'atteindre
la terre promise. Quand il s'en aperçut,
il était trop tard ; la nature allait récla-
mer ses droits. On ne pense pas sans
frémir à l'affreuse douleur qui dut l'é-
treindre, lorsque dans la fleur de l'âge,
dans toute la plénitude de sa vigueur
physique, il pressentit qu'un voile al-
lait s'étendre sur sa belle intelligence
( *). Il est mort sans avoir pu couronner
(*) « Une note reofermëe dans son porte- feuille pour 4854, prophétisait avec une poi-
447
MOR
448
son édifice; cependant il n'a point brillé
seulement d'un éclat passager. Ses pre*
niiers travaux, â eux seuls, lui assignent
une place distinguée dans Ttiisioiredes
sciences naturelles ; son talent de vul-
garisateur, son zèle et son esprit d'ini-
tiative ont exercé en Belgique et même
il l'extérieur une influence qui se fera
sentir longtemps encore.
Orphelin dès sa plus tendre enfance,
Charles Morren fut élevé à Bruxelles
chez un de ses oncles ('). Son pre-
mier maître fut Van Brabant, ecclésias-
tique instruit, ancien professeur de TU-
niversitéde Louvain. A Técole primaire,
lise lia d'amitié avec M. J. Decaisne,
qui devint plus tard un savant de pre-
mier ordre ("), P. Decaisne, qui se dis-
tingua comme médecin, et Paneel, Tex
cellent peintre de fleurs. La chasse aux
papillons décida de leur carrière à eux
quatre : a Les enfants jouent et Dieu
règle leur sort sur leurs jeux ! » écrivait
Morren vers 1S40. En dessinant et en
t^eignant les formes gracieuses et le
coloris si éclatant des papillons et des
fleurs, Morren développait à son insu
ses facultés d'observation et se pré-
parait à devenir naturaliste. A l'Athé-
née royal de Bruxelles, ses aptitudes
scientifiques parurent si heureuses, que
M. Quetelet (M n'bésila pas 21 lui pré-
dire un brillant avenir (*). Dekin, ik
qui il dédia en t850, sous le nom de
Dekinia, un genre d'animalcules mi-
croscopiques qu'il venait de découvrir,
fut son premier professeur d'histoire
naturelle ; Laisné lui enseigna la chimie
(182i);Vanderlinden,lazoologie(t8i4);
Kickx, à l'Ecole do médecine, le compta
parmi ses auditeurs au cours de bota-
nique. Le 15 août 182i, il remporta
dans cette dernière classe le prix de
botanique^ consistant en une médaille
d'argent offerte par le professeur. Ce
prix, décerné à la suite d'un concours
où Morren eut à lutter contre 25 émules
la plupart plus âgés que lui, préluda
aux nombreuses distinctions que lui ré-
servait l'avenir. Le jeune lauréat quitta
gnante vérild , le malheur qui arriva l'annexe
suivante , et décrivait , avec la plus terrible
exactitude , la cause et les détails de la ma-
ladie dont il Tut frappé. » — V. Ed. Morren,
Notice sur Ch, Morren, !2«édit., Gand, 1860,
in-8», p. 84. Nous avons largement puisé
dans cet excellent travail, publié pour la pre-
mière fois dans Y Annuaire de l'Acad. royale
de Belgique^ année 1860, et séparément,
in>ll2o, avec un beau portrait. — Voir aussi
les discours réunis sous le titre de Docu-
ment» pour servir à la biographie de Ch,
Morren, Gand, Annoot, 1859, in-8*; le Bul-
letin de la Société botanique de France,
t. VII, p. 60; la Botanische Zeitung, 1861,
no 4, etc. — Le Nécrologe liégeoi» pour 1858
ne consacre à Ch. Morren qu'une courte no-
tice. — L'art. Morren, dans la Biblioyraphie
académique, est Tort incomplet; pour la liste
complète des ouvrages de l'émincnl bota-
niste, c'est à la seconde édition du travail de
M. Ed. Morren qu'il faut s'adresser .
(*) La famille Morren est originaire d'Ir-
lande. La branche qui s'établit sur le conti-
nent émigra pendant les troubles du règne
de Henri VIII. Elle compte plusieurs écri-
vains qui se sont fait un nom dans les sciences,
entr'autres M. Aug. Morren, actuellement
doyen de la Faculté de Marseille, et Fran-
çois Morren, auteur de plusieurs ouvrages
de médecine et spécialement de thérapeu-
tique.
(*) Professeur au Muséum de Parts.
(') Alors attaché à cet établissement comme
professeur de mathématiques , de physique
et d'astronomie.
(* ) Van Hulthem s'intéressa également à
lui. « J'avais à peine seize ans, écrit Morren
dans la notice qu'il a publiée sur cet acadé-
micien , et j'étais amoureux de botanique :
j'avais lu dans la vie de Linné qu'un de ses
écrittf favoris était les institutiones rei her-
bariœ de Tournefort , ouvrage que je n'avais
jamais vu. Je le trouvai un jour en vente pu-
blique à Bruxelles; mais, prévoyant qu'il au-
rait été vendu ^au-delà de la ressource de
mes petites épargnes, je copiai avant les en-
chères quelques caractères do genres. Van
Hulthem, que je ne connaissais pas, remarqua
ce manège : « Vous étudiex la botanique ,
mon petit ami, me dit-il en souriant; et con-
naissez-vous Touruefort ? > Je lui répondis
que je connaissais, non Tournefort, mais
l'estime qu'avait Linné pour cet ouvrage ; il
fut si enchanté de ma réponse qu'il acheta
l'ouvrage 35 francs et me força de l'accepter,
bien que j'eusse formellement refusé de lui
dire mon nom. Deux ans après, je lui fus pré-
senté par M. Quetelet. « Il ajoute quelques
lignes plus bas : « Pour ma part, je n'ou-
blierai jamais comment Van Hulthem me re-
commanda à Guillaume !«', à l'époque où je
faisais mus études à l'Université, où il était
curateur. • (Ed. Morren, p. 11 et 13.)
449
MOR
450
TÂthénée en 4823 avec un certifient
obtenu summà cum laude, et se rendit
à rUniversité de Gand pour y étudier
la philosophie, les sciences et la méde-
cine. En sciences , il eut pour maîtres
Garnier, Haufi' et Van Breda ; celui-ci
le prit bientôt en affection, Tassocia
même à ses travaux, lui apprità se gui-
der dans des voies encore inexplorées
et surtout lui fit envisager Tétude de la
nature d'un point de vue élevé et philo-
sophique. Quand Morren subit, le i^
août 1826, Texamen de candidat en
sciences mathématiques et en philoso-
phie naturelle, il n'était plus un simple
élève, il était à la veille de prendre rang
dans la science. Son Mémoire sur l his-
toire naturelle et l\tnatomie du Lombric
obtint, le 2 octobre suivant,la palme du
concours ouvert par la Faculté des
sciences ('). Ce travail remarquable,
dont rimpression ne put être achevée
quVn i8â9 (un vol. in-4°, accompagné
de 52 planches gravées d'après les
dessins de rauteun, jeta les fondements
de la réputation de Morren. Il mérita
d'être cilé par Cuvier, par Miquel, |)ar
Carus, par Burdach ; il est resté dans
la science. M.Lacordaire, juge compé-
tent, n'hésite pas à déclarer que, selon
toutes les apparences, aucun ouvrage
de Morren ne vivra j)lus longtemps que
relui-ci. Le mémoire est divisé en qua-
tre parties, successivement consacrées
à l'histoire naturelle générale du Lom-
bric, à la description et à l'anatomie
des parties externes, puis des organes
in ternes, des muscles, des nerfs, des
organes de la nutrition, de la respira-
tion, de la circulation, de la génération,
des sécrétions et des excrétions ; enfin,
l'ouvrage se termine par l'examen de
quelques particularités remarquables
que présente cet annélide(*), lequel
est encore aujourd'hui , sur certains
points, l'un des problèmes de l'anatomie
comparée ('). C'est ainsi que Morren
débutait dans la carrière, à 22 ans, par
un trait qu'on pourrait presque quali-
6er d'audacieux. Ce premier succès
Tenflamma : en 4827, l'Université de
Gand le couronna de nouveau pour son
anatomiede VOrchis latifolia, l'un des
premiers ouvrages de phytotomie qui
aient paru en Belgique ; en 1828, sa
Description des polypiers fossiles du
royaume des Pays-Bas obtint la mé-
daille d'or décernée par l'Université de
Groningue ; en 4829, sa thèse inau-
gurale Sur ta génération spontanée et
sexuelle lui valut le diplôme de docteur
avec le premier grade. H est à remar-
quer, dit o|)portunément le biographe
que nous suivons, que Ch. Morren rem-
porta ces quatre victoires scientifiques,
chacune dans une branche différente,
la zoologie, la botanique, la géologie et
l'histoire naturelle générale, ce qui sup-
pose nécessairement les études les plus
vastes. « A. cette époque, d'ailleurs, on
n'avait pas encore méconnu que les
sciences naturelles s'appuient les unes
sur les autres ; on ne se spécialisait pas
encore en s'asseyant sur les bancs de
l'école, et bien loin d'encourager, comme
on ne l'a que trop fait depuis, la ten-
dance du jeune homme à négliger, ou à
peu près, tout ce qui ne lui semble pas
d'une utilité personnelle et immédiate,
on s'étudiait au contraire à réunir les
éléments variés des diverses sciences
naturelles en un seul et même faisceau.
On devenait naturaliste alors, qualifi-
cation que l'on n'entend plus guère pro-
noncer aujourd'hui, et à laquelle on ne
sait plus exactement quel sens atta-
cher. »
Les encouragements n'avaient pas
manqué à Morren pendant celte |)ériode.
 la suite de son examen de docteur,
le gouvernement le mit en mesure de
visiter Paris, Gœtlingue et Berlin. 11
partit sans retard ; à |)eine arrivé à Paris ,
il fut présenté à la Société géologique
de France. Il alla écouter les grands
maîtres, Cuvier, Brongniart,de Jussieu,
Richard, Villemain et Cousin : il eut le
bonheur d'être distingué et encouragé
par le premier ; il entra aussi en rela-
tions avec Redouté, le célèbre peintre
de fleurs ardennais. Cependant les évé-
nements de septembre le rappelèrent
( ' ) Sept concurreots étaient entrés en lice.
(*) L'ouvrage est complètement épuisé :
les exemplaires d'occasion atteignent en li-
brairie un prix très-élevé. Ed. Morren ,
p. 36.
( ' } Discours de M. Lacordaire.
20
451
MOll
4otî
en Belgique, où il troava les Univer>
sites désorganisées, par suite du renvoi
des professeurs hollandais. Van Breda
ayant offert sa démission, Ch. Morren
fut chargé, par le Collège des curateurs
de rUniversité de Gand, d'occuper la
chaire vacante (géologie, zoologie et
anatomie comparée) ; mais Tarrêté du
16 décembre, en supprimant brusque-
ment la Faculté des sciences, rendit
cette délégation inutile: on lui donna
en compensation, le 5 Janvier 1851, le
titre de professeur de physique à TErole
industrielle de Gand. Sur ces entrefaites,
il s'était entendu avec ses amis F.
Mareska et E. Jacquemyns pour con-
stituer, d^s le lendemain du 46 dé-
cembre,uneFacultélibredessciences(').
L'École indusiricllefut momentanément
annexée à rUniversitévers la fin de mai
IS53; lorsqu'elle reçut, le 7 décembre,
une nouvelle organisation, Morren resta
professeur de physique à la Faculté
(arrêté du i 7 du même mois). La science
qu'il enseignait, les heures que lui pre-
nait l'accomplissement de diverses mis-
sions spéciales (*) n'absorbèrent pas
toute son activité : dès cette époque,
il prit rhabilude de ne se reposer d'un
travail que par un autre. Entre 1850 et
1835, il fournit à différents recueils
scientifiques des mémoires et des notes
sur la paléontologie, la botanique des-
criptive, l'horticulture, etc., et publia
plusieurs biographies, entres autres
celles de G. Cuvier et de Kickx. En
1851, il aborda les études médicales;
le 10 juillet 1855, le Sénat académique
de Gand le dispensa des derniers exa-
mens et le proclama docteur homris
causa. Il ne pratiquajamais la médecine :
ù partir de 1854, on le voitdiriger plus
spécialement ses études vers la bota-
nique. Une dissertation sur le tissu cel-
lulaire des plantes, qu'il avait mise au
jour quelques années auparavant, dans
un recueil hollandais, fut remarquée
par Auguste-Pyrame de Candolle, qui
la cita dans son cours et dans sa Phy-
mlogie végétale (t. 1, p. 481). Ce que
Morren avait dit de la reproduction des
cellules pour expliquer la nutrition des
cryptogames fut appliqué par l'illustre
botaniste A tout le règne végétal et
transformé en une règle générale. La
double citation de de Candolle attira
sur le jeune savant l'attention de M.
Th. Papejans de Monchoven, homme
très-compétent; M. Papejans signala
Morren à M. le vicomte Vilain XHII,
que M de Theux, ministre de rimé-
rieur, venait de charger, à l'occasion
de la réorganisation de l'enseignement
supérieur, de chercher pour Liège un
professeur de botanique. Morren ne te-
nait pas à rester k Gand, dont le climat
ne convenait pas à sa santé. Le 5 dé-
cembre 1855, le Moniteur publia l'ar-
rêté qui le nommait professeur extra-
ordinaire à l'Université de Liège. Une
leçon de de Candolle avait ainsi décidé
de sa carrière. Deux ans plus tard, le
5 août 1857, il fut promu à l'ordinariat.
 la demande du gouvernement, il
remplit pendant quelques mois, jusqu'à
l'arrivée de M. Lacordaire (v. ce nom),
la chaire de zoologie en même temps
que celle de botanique. 11 se consacra
ensuite exclusivement k cette dernière
science et aux études qui s'y rattachent ;
horticulture, agronomie, économie ru-
rale. Nous laissons au successeur de
Ch. Morren le soin de l'apprécier
comme professeur. « Il suivait dans son
enseignement une méthode qui, si elle
ne lui est pas personnelle, est au moins
rarement pratiquée, méthode élevée et
philosophique, toute remplie de souve-
nirs et de discussions : peu ou point de
définitions ; il ne s'arrêtait guère aux
lenteurs de l'enseignement élémentaire
et didactique.il attachait plus d'impor-
tance aux principes qu'aux faits; à pro-
pos de chaque question , il remontait
à son origine et déroulait les phases par
lesquelles elle avait passé, en s'arrêtant
avec une prédilection marquée à faire
ressortir l'importance des découvertes
(*) Cette Faculté Tut reconnue dès le 29
par le Collège des curateurs , qui mit à sa
disposition les locaux et les collections de
l'Université. V. la DUc. de la loi sur tinst.
supérieure, p. 11 (V. l'art. Lemaue).
;* ) Il fut chargi^ en 1831 , 3S et 33 de la
vérification des poids et mesures dans la
Flandre Orientale ; en 1831 , il fut nommé
inspecteur des machines à vapeur dans la
même province.
4S^
fiO
MOR
434
qu'il pouvait attribuer à des savants
belges. Il exposait les opinions les plus
contradictoires qui partagent les natu-
ralistes sur certains points , et souvent
ne concluait pas , préférant laisser du
doute, là où il y en avait réellement
dans la science, plutôt que de voiler à
ses auditeurs les hésitations de Tesprit
humain. Quand on voit les choses d*en
haut , on découvre entre elles des rap-
prochements, des points de contact,
inaperçus et invisibles d'ailleurs. Il tâ-
chait donc d'élever les esprits à ces
hauteurs et d'exciter en eux ce besoin
d'investigation qui pousse aux progrès
scientifiques. Tout en enseignant la doc-
trine, il apprenait à connaître et à vé-
nérer ceux auquels nous en sommes
redevables, hommage dont on ne se
soucie guère dans beaucoup de cours.
Ici l'élève étiiit tenu au courant des dis-
fussions qui se débattaient dans le do-
maine de la science. En un mot, on
reconnaissait le disciple de Cuvier et de
Rrongniart , qui s'était abreuvé aux
sources vives de la science , au génie
des Linné, des de Jussieu, des de Can-
dolle et des Goethe, et qui connaissait
les œuvres des pères de la botanique.
— Son récit était semé d'anecdotes pi-
quantes appropriées au sujet, et qui, se
gravant beaucoup plus facilement dans
Tesprit de ses jeunes auditeurs, que les
problèmes des hautes sphères scienti-
fiques, servaient à faire retenir ceux-ci.
Joignez à cela une élocution facile,
élégante, des manières empreintes de
chaleur, et la plus grande cordialité, et
vous comprendrez le respect et l'affec-
tion qui entouraient le professeur de
botanique de l'Université de Liège. »
Ces éloges sont mérités : nous avons
entendu plus d'une fois d'anciens élèves
de Ch. Morren nous tenir le même lan-
gage que son fils, dont on pourrait
croire d'abord le Jugement prévenu.
Non seulement à l'Université, mais
pendant les herborisations, Morren était
l'ami de ses disciples : il s'intéressait à
chacun d'eux en particulier , il discer-
nait leurs aptitudes , il les initiait à l'art
d'observer les faits et de travailler par
eux-mêmes. Il comprenait la poésie de
la nature, et, littéralement, il semait de
fleurs les sentiers de la science ; il ren-
dait aimable cette sévère maltresse.
Ses publications se succédaient, d'autre
part, avec une rapidité qui étonnait
tout le monde : physiologie végétale,
anatomie, morphologie, botanique des-
criptive, littérature scientifique, bota-
nique appliquée, il abordait les stijets
les plus divers comme en se jouant, et
il était toujours à la hauteur de sa
tâche. Ses Mémoires sur l'anatomie
végétale, ses recherches sur les mou-
vements des plantes, sur l'organisation
et le développement des algues, méri-
tent une mention particulière. L'Acadé-
mie royale de Belgique reçut commu-
nication de ses travaux à partir de
1855; sa nomination de correspondant
date du 17 janvier de celte année ; le 7
mai 1858, il devint membre titulaire.
Dès qu'il fut de l'Académie, ce corps
savant ne tint pour ainsi dire pas une
séance sans que Morren y fit quelque
lecture. Son dévouement égalait sa fé-
condité : Il rédigeait des rapports,
s'occupait activement des concours et,
à l'occasion, se faisait avec une ardeur
jalouse le champion des prérogatives
de rinstitulion. Sa réputation s'étendit
promptement au dehors; s1l faut juger
du mérite d'un savant par le nombre
de ses diplômes, Morren fut sans rival
('). Au bout de peu d'années, sa poi-
trine se trouva en outre constellée de
( ' ) Voici la liste des Sociélda auxquelles
Morren fut afillid : Société des sciences d'U-
trecht (1829) ; Soc. géologique de France
(4830) ; Soc. des se. mëdic. et naturelles de
Bruxelles (1830) ; Soc. d'Iiist. nat. de Stras-
bourg (1831 } ; Soc. des se. phys. eichimi-
qoes de Paris (1833; ; Soc. de médecine de
Gaad (1835); Ae. Ces, Ijtop.-Car, nanirœ
curiM, «v^co^ftomnie l'Héritier (1836) ;5oc.
des se. nat. de Liëgis (1836) ; Soc. linnéenne
de Normandie (1836) ; Meeklemburgische
naturforschende GeseilMchafi (1837) ; Acad.
royale de se. nat.de Madrid (1837); Soc.
industrietto d'Angers (1838 ; Soc. I. et R.
des Ceorgojili de Florence (1838) ; Acad. des
se, arts et belles-lettres de Dijon (1838 ;
Acad. des Lincei de Rome ^1838; ; Soc. bo-
tanique d'Edimt)onrg (1838) ; Soc. royale de
boUnique de Dublin (1839); Soc. des natu-
ralistes , k Halle (1839) ; Id.. à Leipzig
(1839) ; Soc. des sciences et de médecine de
Heidelberg(1840} ; Soc. royale de botanique
45d
MGR
456
décorations (*;. Il tenait beaucoup ,
trop peut-être, à cette grande notoriété
et A ces signes extérieurs de distinction ;
ses brillantes facultés natives lui au-
raient permis d'exécuter un plus grand
nombre de travaux durables s'il avait
été moins pressé de s'entendre applau-
dir. Les services rendus par Morren k
la science, tels qu'ils sont, ne lui en
donnent pas moins des droits à la re-
connaissance des naturalistes de toute
l'Europe et plus particulièrement à
celle de ses compatriotes. L'Université,
de son côté, lui doit un nouveau mu-
sée ; elle lui doit aussi le déplacement
et l'agrandissement de son Jardin bota-
nique. Le cabinet qu'il commença de
former pour ainsi dire dès son arrivée
ù Liège serait aujourd'hui l'un des plus
intéressants et des plus instructifs de
l'Université, si le fondateur eût reçu
quelque encouragement. Mais sans
aide, sans subsides, sans sympathies,
pour son œuvre, que pouvait-il faire ?
En vain le cabinet botanique de Liège
acquit une renommée lointaine ; en vain
les savants les plus illustres y vinrent
admirer ies dissections des plantes,
les préparations anatomiques, les in-
jections de tissus végétaux et une riche
galerie de tératologie végétale : le
courage de Morren flnit par se briser
contre la force d'inertie ; la collection
cessa non seulement de s'accroître,
mais d'être entretenue : ce n'est que
depuis peu d'années que des mesures
ont été prises pour la sauver d'une
ruine complète et qu'elle s'est enrichie
de quelques nouvelles acquisitions.
Morren fut plus heureux quant au Jar-
din botanique. L'ancien Jardin, placé
autour des bâtiments de l'Université
depuis 1818, était devenu notoirement
insuffisant. Le professeur sut décider
l'autorité communale à faire l'acquisi-
tion d'un terrain d'environ six hectares
au Ras-Laveu (*), pour y installer un
établissement complet, en rapport avec
les exigences de la science. Dès qu'il
fut informé de la décision du Conseil,
de Breslau (4840); Soc. des se. nat. de Mar-
bourg (1840); Acad. royale des sciences et
beUes-ietires de Rouen (1844) ; Acad. royale
des sciences de Napies (1841); Soc. des
sciences de Turin (1841 ) ; Acad. des sciences,
lettres et beaux-arts de Padoue (1842); Acad.
des sciences de Valence (1843, ; Acad. d'ar-
cbéologie de Belgique (184â;; Société des
sciences de Rollerdam (1843) ; Cercle artis-
tique et littéraire de Bruxelles (1848) ; Soc.
des se. médicales et naturelles de Maliijes
(1850;; Soc. des sciences de Groningue
(1851.; Cercle artistique et littéraire d'Anvers
(1859); Soc. des se. nat. de Cherbourg (18S2,;
Soc. impériale d'Agriculture des sciences et
des arts, de Douai (1852). — Il reçut égale-
ment le diplôme de membre honoraire ou
correspondant de nombreuses sociétés d'hor-
ticulture, d'agriculture, etc., savoir: Soc.
royale de botanique et d'agriculture de Gand
(1832); Soc. d'hortic. d'An vers (183 i); Soc.
royale d'hortic. de Paris (1838); Id. d'agri-
culture de Turin (18d9); Soc. d'hortic. de
Suède (1839); Association pour l'avancement
de l'horticulture en Prusse (1839); Soc. Silé-
sienne d'hortic. de Breslau v18«^9,; Soc. pro-
vinciale d'agric. , d'horticulture et de bota-
nique de Bruges (1842; ; Soc. d'hortic. de
Matines (1844) ; Id. de l'Auvergne (1844) ;
Id. de la Drenthe (1845) ; Soc. de Flore, de
Bruxelles (1846); Soc. royale de zoologie
d'Anvers (184T); Soc. Gérés et Flore > de la
même ville (1850); Soc. centrale d'hortic. du
dép'. de la Seine inférieure (1851); Société
hollandaise d'agriculture (1852); Soc. d'hor-
tic. du dépt. de la Moselle (1853) ; Id. de la
Sarthe (1853) ; Id. d'Eure-et Loir (1853, ;
Soc. d'agric. , d'horticulture et de botanique
d'Alost (1853); Gercle agricole et horticole
du Grand-Duché de Luxembourg (1854);
Académie royale d'horticulture de Suède
(1855); Soc. impériale d'horticulture de St-
Pétersbourg (1858).
(* ) 11 fut créé chevalier de l'Etoile polaire
de Suède le 25 juin 1846; de l'Ordre de Léo-
poid, le 8 septembre suivant; de la Couronne
de Chône de (Hollande), le 2 mai 1849; de
l'Ordre royal de Danebrog, le 4 avril 1850 ;
de la Couronne de Wurtemberg, le 16 janvier
1852; enfin, de l'Ordre royal et militaire du
Christ, de Portugal, le 5 août 1854. — Le
17/29 juillet 1851, 1 Empereur de Russie lai
fit remettre la grande médaille d'or instituée
pour les savants étrangers ; il reçut des
marques particulières de distinction de la
reine des Belges , du roi de Napies et du
grand-duc de Toscane ; plusieurs souverains
lui firent l'honneur de lui écrire personneUe-
ment.
(*) Le quartier an centre duquel se trouve
le Jardin botanique actuel était à peine tracé
il y a trente ans ; les terrains y ont depuis
décuplé de valeur.
457
MOK
458
Morren se mit à Tœuvre : le 5 novembre
1858. il put soumettre à FÂcadémie
royale de Bruxelles les plans du nou-
veau {ardin , qui devait contenir une
école de botanique divisée par familles,
des écoles de plantes médicinales et
vénéneuses, de botanique industrielle,
de la flore belge, de culture maraî-
chère et d^agriculture, d'horticulture ;
un arboretum, un pinicetum et un fruc-
tice(um; des aquaria, des parterres
d'acclimatation et d'expériences ; enfln,
des vastes serres. Il ne lui fut pas
donné de voir son œuvre achevée ; au-
jourd'hui même, il reste beaucoup à
faire pour répondre à l'idéal conçu par
Morren (•).
De 1858 à 1841, Morren employa ses
rares loisirs à voyager et surtout à vi-
siter les savants étrangers. Il parcourut
l'Allemagne, la Hollande, la Suède, l'I-
talie, la Suisse et la France. Partout il
reçut l'accueil le plus flatteur. Il vit à
Paris firongniart, de Jussieu, Gaudi-
chaud, Mirbel et Delessert ; il fut reçu
à Lyon par M. Seringe ; à Genève, il fut
admis, le 7 septembre i8li,à consoler
M. Alphonse de Candolle, le digne fils de
Pyrame,en deuil de son père depuis deux
jours. Il se rendait alors en Italie, au
Congrès scientifique de Florence, où il
fut trallé avec la plus haute distinction.
« Le grand-duc de Toscane fit faire les
portraits des principaux sayants qui se
trouvaient alors réunis dans sa capitale,
et il choisit, parmi les botanistes, Ro-
bert Brown, Link, Tenore et Morren,
ce dernier appelé, en cette circonstance,
à représenter la Belgique à côté des re-
présentants illustres de l'Angleterre, de
l'Allemagne et de l'Italie ('). » Les
splendeurs de l'art en Italie, au retour
la majesté des Alpes, impressionnèrent
vivement Morren , qui était doué d'une
âme poétique. De retour de Naples et
de Rome, il se retira à la campagne et
là, sous l'ombrage d'un vieux châtai-
gnier , il essaya de traduire ses souve-
nirs dans ta langue des Uieux('): telle
est l'origine du volume de poésies qu'il
intitula Fleurs éphémères, et qui parut
en 1818. Ces délassements ne l'empê-
chaient pas d'étendre le cadre de son
enseignement et de ses études; il fut le
premier titulaire du cours d'économie
rurale et d'agriculture, fondé par le
gouvernement à l'Université de Liège,
le â5 mars 1842. Il admit le public à
ses leçons, et bientôt la réputation de
l'agronome égala celle du botaniste.
Les grands propriétaires de la province
vinrent l'entendre et n'eurent qu'à se
louer de ses conseils. L'enseignement de
Morren, nous l'avons dit, était singuliè-
rement attrayant : il possédait par ex-
cellence le talent du vulgarisateur. Ses
nouveaux succès lui attirèrent diverses
fonctions: le 6 avril 1845, il fut nommé
membre de la Commission de statistique
de la province de Liège; depuis le 1«'
février 1840, il faisait partie de la Com-
mission provinciale d'agriculture ; non
seulement son mandat lui fut continué
le 15 février 1847, mais il ne tarda pas
à l'échanger contre celui de membre du
Conseilsupérieurd'agriculture,siégeant
à Bruxelles. Sa plume féconde venait en
aide à sa parole. Insensiblement ses
publications prirent un caractère pério-
dique. -—Il fonde plusieurs revues spé-
ciales et les soutient concurremment,
sans interruption : de 1845 à 1849, il
publie les Annales de la Société royale
de botanique et d^agriculture de Gand ;
la Belgique horticole (1850) succède
dans sa vie d'écrivain à ÏHorticulteur
belge ^855-1858); le Journal d'agricul-
ture pratique du royaume de Belgique
remplace le Cultivateur, qui avait paru
en 1857. «Ses notices scientifiques sont
assez nombreuses pour former à peu
près chaque année un volume ; il fait en
( * ) Le professeur de bolaDique de Liège
fut mis par le gouveroemcot en mesure de
s'entourer des meilleurs reuscignements. Il
visita, en 1888, les principaux jardins bo-
taniques de FAngleterre, de l'Ecosse et de
l'Irlande, et porta surtout son attention sur
les serres de ces pays , éminemment horti-
coles. C'est pendant co voyage qu'il assista
au Congrès scientifique de Newcastle, où il
entra en relation avec Lindiey et Robert
Brown. Plusieurs mémoires de botanique,
publiés par Ch. Morren en Angleterre, datent
de la même époque.
(■) Ed. Morren, p. S6.
( ' ) Il avait rimé dès l'ftge de 17 ans. On
a retrouvé dans ses papiers un recueil de
poésies intimes intitulé : Me$ loisirs» Plu-
sieurs pièces sont datées de t8S4 etdel8S5.
459
MOR
460
outre insérer régulièrement dans la
presse quotidienne des écrits de litté-
rature, de botanique et d*borticulture
qui ont été en partie réunis sous le nom
de Palmes et couronnes de rhoriiculture
belge. On a peine à comprendre com-
ment des conceptions si variées peuvent
se succéder si rapidement. Â partir du
5 mars 1842, il est occupé pendant plu-
sieurs mois, chaque année, par les jurys
d'examen universitaires ; on le voit en
même temps dans tous les concours,
dans toutes les expositions ; il dirige
attentivement les travaux d'un jardin
botanique nouvellement créé, et il en-
tretient une correspondance extrême-
ment étendue avec les agronomes, les
horticulteurs et les botanistes de l'Eu-
rope. Son enseignement, il le modifie
chaque année pour le maintenir au ni-
veau le plus élevé des sciences. Inviié
en 1852 et en 1853 par le Cercle artis-
tique et littéraire à donner des confé-
rences publiques à Anvers, il emporte
comme orateur le même succis qu'il
avait obtenu dans sa chaire professo-
rale...» (*).
Une semblable manière de vivre ne
saurait manquer d'user avant le temps
les ressorts de l'organisation la plus
solide. Morren fut frappé dans la force de
Fâge, pour avoir tenu son système ner-
veux pendant la plus grande partie de sa
carrière, dans un état de surexcitation
continuelle. Nous l'avons dit plus haut:
alors que ses amis ne prévoyaient pas
une catastrophe soudaine, il voyait
l'heure fatale s'approcher, le mirage
s'évanouir (•). Ses facultés intellec-
tuelles étaient restées intactes; la mé-
moire seule commença peu à peu à le
trahir. « Pendant l'année 1855 et sur-
tout en 1854, sa santé s'altéra de plus
en plus; son humeur enjouée, ses al-
lures si cordiales et si ouvertes sem-
blèrent l'abandonner, tandis que des
préoccupations vagues et indéterminées
s'emparaient de son cœur ; — et puis
tout à coup, le 18 février 1855, le génie
de la mort s'appesantit sur lui; la veille
encore il occupait sa chaire à l'Uni-
versité, et personne n'aurait soupçonné,
la leçon terminée, que Charles Morren
en descendait pour la dernière fois. —
Il fallut à la mort plusieurs années pour
briser cette riche organisation ('). » M.
Ed. Morren, à peine arrivé à la (in de
ses études, se trouva mis en demeure,
pendant la maladie de son père, de rem-
plir toutes les obligations de chef de
famille (*). II supporta le lourd fardeau
avec courage, continua sans que rien
y parût la publication des revues pério-
diques fondées par le pauvre malade,
monta d'abord ;>ariR/t'rimdans la chaire
paternelle, puis, après avoir subi à Gand
les épreuves du doctorat spécial, devint
titulaire du cours de botanique et com-
prit dignement les obligations scienti-
fiques que lui imposait son nom (').
Charles Morren obtint réméritat le 11
octobre 1858, deux mois avant de suc-
comber.
C'est encore à la notice qu'une main
pieuse a consacrée à la mémoire de Té-
minent botaniste que nous emprunterons
quelques détails sur ses travaux scien-
tifiques. Ch. Morren se fit naturaliste
( * ) Ed. Morren, p. 30. — V. le Précurseur
d'Anvers du â2 décembre 1852.
( * ) Il dut éprouver , dit son fils , la plus
immense de toutes les douleurs , une de ses
souffîrances tellement poignantes , qu'une
grande ftme chrétienne trouve seule la force
de la supporter, celle de sentir mourir cette
partie de son être par laquelle il avait le plus
vécu, qui faisait sa gloire, mais aussi , qui
tout en mourant ne reste pas moins impéris-
sable. Que de fois ne Tavons-nous pas vu, la
tète entre les deux mains,*gëmir et soupirer,
silencieux avertissement que nous avions
peur de comprendre...» (Ed. Morren, p. 31 >.
{*) Ch. Morren avait épousé à Braxelles,
le 4 juin 1833, 51"« Marie Henriette-Caroline
Verrassel ; il en eut cinq enfants : M. Ed.
Morren est l'ainé d'un frère et de trois sœurs.
]l|m« Morren ne survécut que peu d'années
à son époux, dont elle ne fui pas seulement
la compagne aimante et dévouée, mais le
collaboraleur assidu : elle contribuait à ses
publications par des traductions et par des
peintures de fleurs. On lui doit quelques
œuvres littéraires, entre aulres Emma Nesbit
on de riujîuence des premières impre&sions
et un Manuel de tart héraldique , trad. dft
ranglais.
( ' ) V. le discours de rentrée prononcé par
M. le recteur Lacordaire en 1859.
46t
MOR
462
sans parti pris, dans le sens le plus large,
ne songeant point d*abord à spécialiser
ses travaux : les circonstances seules
ramenèrent à se préoccuper plus parti-
culièrement du règne végétal. Nous l'a-
vons vu explorer avec succès les do-
maines de la paléontologie, de lazoologie
et de l'anatomie comparée : il n'aban-
donna jamais complètement ces études ;
mais une fois son choix arrêté, la science
dt*s plantes avec toutes ses ramifications
et sesappUcations réclama presque tout
son temps. La physiologie Tinléressait
particulièrement; Il soccupa de re-
cherches micrographiques sur les ani-
maux inférieurs et sur les végétaux les
plus obscurs, tels que les algues unicel-
lulaires et en général les hydrophytes ;
il obser>'a de part et d'autre les pre-
mières manifestations de la vie, cher-
chant à caractériser la différence des
deux règnes et variant à l'inflni ses ex-
périences. Sa thèse inaugurale, ses re-
cherches sur les rapports de la lumière
avec les végétaux, préludes des Essais
Mil- rhétérogénie dominante, furent les
premiers résultats, et non les moins
remarquables, de ce labeur assidu : l'au-
teur s'attache à y établir, par des faits
nombreux, que o le caractère fondamen-
tal de la vie végétale, c'est le pouvoir
d'organiser la matière inorganique. »
Les Recherches sur la rubéfaction des
eaux, entreprises avec la collaboration
de M. Aug. Morren et souvent citées
dans les traités de physiologie et dans
les manuels d'hygiène, se rapportent
encore au même ordre de travaux (*).
En même temps, notre savant enrichis-
sait l'anatomie végétale de toutes sortes
d'observations nouvelles : c'est ainsi
qu'il signala dans les Santaiacées, les
Phytolacées, les Jasminées et les Bé-
goniacées un grand nombre d'exemples
des moelles discoïdales, qui n'avaient
guère été observées que par Grew dans
le noyer ; les Annals of natural history
et surtout les Bulletins de C Académie de
Bruxelles abondent en notices et en
communications intéressantes du même
genre ('), notamment sur la mobilité
des végétaux, sur la panachure des
feuilles, sur l'arrangement régulier des
grains verts de chlorophylle, etc. In-
sensiblement Morren, sous l'influence
des idées de Goethe et des doctrines de
Cuvier et de Brongniarl, s'éleva k des
vues d'ensemble, surtout à paitir de i'é-
poque où il monta en chaire. Il fut de
plus en plus frappé delà nécessité d'ob-
server de près les déviations acciden-
telles qu'on regarde comme des mons-
truosités, etil en vint à cette conviction,
que des études téralologiques approfon-
dies sont le plus sûr moyen que possède
la science de mettre en relief l'invaria-
bilité des grandes lois delà nature. Les
monstruosités obéissent à ces lois mor-
phologiques; elles contribuent même
par excellence à les révéler : il n'y faut
voir que des cas particuliers qu'il est
possible de classer en raison des types
spécifiques.
La découverte de la fécondation ar-
tificielle du Vanillier par Ch. Morren
mérite une mention toute particulière.
Les anciennes serres du Jardin bota-
nique de Liège contenaient quelques
vieux pieds de Vanilla plauifolia qui
avaient fleuri plusieurs fois, mais étaient
toujours restés stériles. Morren étudia
l'organisation de ces fleurs et conçut
ridée d'aider la nature. Le 46 février
1856, il eut la satisfaction de voir s'ou-
vrir la première fleur ; un an après,
jour pour jour, elle donnait « le premier
fruit de vanille qui eût mûri en Eu-
rope » (*). Ce succès fit événement :
plus tard, Ch. Morren fit bâtir une
vaste serre pour cultiver en grand ce
précieux produit, qu'il sut obtenir dans
des conditions parfaites de proportions
et d'arôme.
Morren ne s'occupait pour ainsi dire
qu'accidentellement de botanique des-
criptive ; on ne lui en doit pas moins
(M On y trouve sartoui des observalionis
sur les Monat, Trachetomonas, Oitcerea,
Eugiena , Uœmatococcus et TeMiararihera,
— Citoos encore an Mémoirt iur let Cioêté'
ries et l'histoire da genre Aphaniiomène ,
petite algue d*ean douce voisine des Zygnema,
et qui itolore souvent en vert les eaux sta-
gnantes des Flandres (Ed. Morren, p. 38).
(*) La plupart ont été réunies sons les
titres de Etudes, Prémices, laisirs, Dodonœa .
Fuchsia, Lobelia, CUsia.
(') Ed. Morren, p. 4i.
463
MOR
464
d'avoir signalé on grand nombre d'es-
pèces nouvelles ('). il slnléressail
beaucoup, nous Pavons dit, aux pro-
grès de riiorliculture en Belgique ; dès
1832, il publia des recherches érudites
sur Torigine des expositions de plantes
dans notre pays ; Tannée suivante, il
fonda (avec Drapiez et Van Mons) 17/or-
ticulteur belge, cité plus haut ; il tra-
duisit VEsquisse de Lindiey ; il impri>
ma une forte impulsion à la Société
royale d'horticulture de Liège , par
rinstitulion de conférences publiques,
où il traitait avec éclat des Ques-
tions spéciales; tout en publiam, à
Gand, les Annales puis la Belgique hor-
ticole, recueils dont les services sont
appréciés partout, il tint le public au
courant des expositions de fleurs : les
intéressants comptes rendus qu'il fit
insérer dans VIndépendance belge ob-
tinrent un succès vraiment populaire ,
qui ne contribua pas peu à répandre
dans le pays le goût de l'horticulture
scientifique. En même temps , car il y
avait en lui une activité surabondante,
Morren faisait de l'agronomie. Ses in-
structions populaires sur la maladie des
pommes de terre (1845) lui donnèrent
tout d'abord une grande notoriété ; ses
journaux et le cours spécial qu'il ou-
vrit à l'Université contribuèrent à lui
assurer une influence de plus en plus
considérable. Â travers tant d'occupa-
tions poursuivies avec une ardeur fié-
vreuse, il rongeait son frein, il nour-
rissait des rêves qui, hélas! ne devaient
point se réaliser. Un traité de botani-
que belge, une flore belge, une histoire
des sciences en Belgique, que ne pro-
jeta-t-il point, que n'eût-il point exé-
cuté, s'il n'avait trop présumé de ses
forces physiques et s'il n'avait été trop
constamment préoccupé de ses intérêts
matériels! Avec des goûts calmes et
paisibles et des habitudes d'intérieur,
il avait pourtant besoin de voir beau-
coup de monde et d'être partout au
premier plan. On s'est mépris sou-
vent sur son caractère ; on a regardé
comme vanité ce qui n'était que l'effet
d'une nature cxpansive, heureuse de
dépenser une énergie intarissable ,
aWde de jouissances extérieures, d'é-
clat et de popularité, mais sans égoïs-
me , au contraire; car personne pins
que Morren n'aimait à obliger. De
grandes ressources lui étaient indis-
pensables, on le conçoit; il ne put se
les procurer qu'au prix d'efforts sur-
humains, et sa prodigieuse facilité de
travail ne lui laissa entrevoir que
trop tard l'abime où il se précipitait.
Jamais de trêve; une ébullition per-
manente du c^îrveau De sa chaire à son
cabinet, puis à rAcadémie. puis m
voyage, puis à quelque tribune pu-
blique, puis aux expositions, et à peine
rentré, la plume courant sur le papier
jusqu'à être usée avant qu'il fût las
d'écrire! La main finissait par tomber
paralysée, et déjà il méditait un nouvel
( * ) Le Horlua Morrenianua compread : A.
Flore du Japon : Polygonatum japonicum.
Dec. et Mn.; /(/. Thunbergii; Heterolropa
Asaroides; Scutellaria japonica; Hoteia Ja-
pon. ; Acenanthus diphyllus ; Yancouveria
hexandra ; Epimedium macranlhum ; Id,
Musschianum, — vioiaceum, — pubigei-um,
— eialum ; Helwingia japonica ; Elseagnus
reflexa; Cynanchum japon.; — purpurascens;
Mandenia tomentosa ; Clematis patens ; Eu-
phorbia Sieboidiana , — adenochlora. B.
Académie : Maiaxis Parlhoni; Mn. C. Horti-
culteur belffe : Liiium Broussarlii , Mn. (en
rhonneur de Ph. Lesbroussart) ; Epimedium
grandiflorum; Hemerocallis Dumorlieri ; Ca-
lanthe flava. D. Annales de Gand, T. I : On-
cidium gallopavinum; CatUeya Papejansiana;
Maxillaria Ueynderyckii ; Odonloglossum
membranaceuro ; Griffînia Liboniana; Epime-
dium pleroceras ; Microchilus pictus ; Rixea
azurea; l. II : Sprekelia rtngcns ; Batalas
Wallii; Uydroica extra-axiliaris; Achimcne:s
Toliosa; Torcnia iongiflord; Paya iongirolia;
t. III : Angelonia grandiflora; Acacia squam-
mala ; Dipiancdia iiobiiis ; Stanhopea veiala ;
Pilcairnia fasluosa; Pimelea Verschaffellii;
t. IV : («atlleya sphenophora ; Oncidium
Gcertianium; Catllcya elegans; Dossinia
marroorata ; Ëpidcndrum funirerum ; Gattleya
amelhystina ; Echiles nobilis, varielas ro-
sea; Myanthus fimbrialus; t. V : Lycasle
chrysoplera ; Conoclinium ianthinum ; Odon-
toglossum phyllocbilum ; Oncidium 0>rym'
bephorum ; Neippergia clirysanlha ; E. Uel-
gique horticole, t I : Cypripedium alsmori ;
Monarda contorla ; t. II : Canna Warszewic-
zii ; Comparetia cryphoceras ; Crinum Knyf-
fii ; t. III : Anguloa Uotienlobii ; Ghirita
communis; Remaclea funebris; t. IV: Epi-
medium rubrum ; Sollya Drummondi.
465
MOR
466
article, il ruminait une découverte, il
songeait à son œuvre du lendemain!
Et quelle érudition variée, quelle con-
versation amusante, jamais banale, tou-
jours pleine de faits et pétillante d'es-
prit! Toutes ses facultés étaient con-
stamment en éveil : était-il possible qu'il
ne succombât point à la tâche ?
Morren se distinguait par un patrio-
tisme ardent : Science et Belgique, telle
était sa devise. H s'attacha toute sa vie
â mettre eu relief nos gloires nationales :
les titres de plusieurs de ses ouvrages
Fattestent; en outre, il plaça chaque vo-
lume de ses recueils sous le patronage
d'une illustration belge. Tout en recon-
naissant que la science ne connaît point
de frontières, il aimait à relever la gloire
de ses compatriotes, afin de stimuler le
zèle de la génération nouvelle. Ses no-
tices biographiques sont empreintes à
cet égard des plus nobles sentiments ;
elles font vivement regretter qu'il n'ait
pas eu le temps de coordonner les
éléments d'une histoire générale des
sciences dans nos provinces.
A l'occasion de la description du
Morrenia odorata, l'illustre sir John
Lindiey a consacré à la mémoire deCh.
Morren un genre de la famille des Apo-
cynées. Cet hommage en vaut bien d^au-
ires(').
M. Ed. Morren a publié, à la suite de
sa notice, une bibliographie irès-dc-
taillée des œuvres de son père : elle ne
comprend pas moins de 2^5 numéros ,
et c'est à peine si elle est complète.
Nous la résumerons aussi brièvement
que possible.
1« Mes loisirs, recueil de poésies, 5
vol. (inédits), 1825-1835.
2» De Lumbrici terrestris historià
nalurali necnon anatomiâ tractatus,
Bruxelles, 1829, in-i*» de 289 p., avec
32 pi.
Mémoire couronné par l'Université de Gand
(concours de 1825): Ann.Àcad, Gand, (18S5-
4826). Gand, 1839, )n-4o.
3*» Orchidis latifoîiœ descriptio bota-
nica eianatomica, (Gand) 1827, in-4«de
92 p. et 6 pi.
( *) La lettre initiale de la 2« édition de la
biographie de Cb. Morren par son fils repré-
sente un rameau dn Morrenia adora ta, —
Ib. -.Concours de 1826). Ànn, Acad. Gand.
(i826'18â7).
4^ Sur les rester fossiles de deux
Cirrhipèdes,1827,in-8ode 7 p. et 1 pi.
(Description du TubicineUa maxima
Morr,),
5° Descriptio coralliorum fossilium in
Belgio repertorum. (Groningue) 1828,
in-*'» de 76 p. et 22 pi.
Mémoire couronné | ar l'Université de Gro-
ningue (concours de 'tSâS). Ann, Ac, Gron.
(1827-1828;.
6"" Revue systématique des nouvelles
découvertes d'ossements fossiles faites
dans le Brabant méridional. Gand 1831,
in-4«» et in-8°, 46 p. et 1 pi. (Messager
des arts et des se. de Gand, t. V, 1828;
Bijdragen tôt de Nntuurkundige weten-
schappen, 1829, IV deel, n'> il, p. 88).
7" Over de Bakenoptera rostrata van
FabjHcius en Beoorileeling der werken,
welke over een dier tlezer soort, den A^^
november 1827, ten oosten van de haven
van Ostende gestrand, uitgegeven zyn,
1828, in-8^ 32 p.
8° Réponse aux obsei'vations de M.
Vanderlinden sur le mémoire précédent,
in-8*', 14 p (Mess, des arts et des se. de
Gand, 1827-28, p. 218;.
9** Spécimen acadetnicum exhibens ten-
tamen Biozoogeniœ generalis, quo contir
nentur leges primitivœ apparitionis en-
tium organicorum ad super ficiem telluris
eorumqne speciei proiiagationis per gene-
rationem, novœ inqaisitiones de modo
quo producuntur entizoa intestinalia et
zoospermoes, quo vero propagantur infu-
soria vegetabiliaque microscopica. Bru-
xelles, 1829, in-i°, 55 p.
19° Dans le Messager des arts et des
se. de Gand: a, Obs. sur le Fragilaria
Hneata de Lyngbie,l.îp.et 1 pi. (1827-
28, p. 167) ; b. Mém. sur les vibrions
lamellaires des autei rs (Ib., p. 341) ;
c. Mém. sur les osseu ents humains des
tourbières de Flandre , 23 p. et 1 pi.,
in-8" et in-4<» (1853, |». 253) ; d. Eloge
hist. de P. L. Vanderlinden (1833, p.
69) ; c. Notice sur un lis du Japon
M. Martius a dédié k Morren un palmier;
M. de Koninck, une coquille de l'argile de
Boom, le Heurotoma Moireni.
9
467
MOR
468
(LUium speciotum Thunb,)^ 4 p. et 4 pi.
(Ib,, p. i89); f. Mém. sur les ossements
fossiles d'éléphants trouvés en Belgique,
1834, 23 p. et 2 pi. (t. U, p. 277) ; g.
Compte-rendu des recherches de Sch-
merllng sur les ossements fossiles (t.
m, 1835, p. 147), etc.
11* Dans les Btjdragen tôt de No-
tuurkurtdige wetemchappen : a. Over
den betrekkelijken oiiderdom der Kernen
(moules intérieurs) van de Mollusken en
andere fossUe dieren, 1829, 6 p. (t. IV,
n" 1).— V. Bull. d<*^ se, nat. de Férussac,
XX!, 227; XXII, 112; b, Àantekenimfen
over de wording der wortnabootsingen
(pseudo-morphoses) en over den oor-
sprong der porenkeijen (silex cornés),
11 p. et 1 pi. (i^irf.; V. Férussac,XXIl,
162); c. Verhandelingoverdewarewijze,
waarop de voorgang der siandelkenden
(orchidées) nu*t tweeknollige worteh
plaaU heeft , 1829 , 27 p. (t. IV, n» 4 ;
V. Férussac, XXII, 162, et Ann. des se,
nat,^ XXI, 116) ; ^. OpmerkiTigen over
het geslaeht Leïodina en over de oprig-
iing van een nieuw geslaeht Dekinia onder
de microscopische dieren , met de opgave
van hunne wederzijdsehe toi nu toebe-
kende soorten, 1830, 3G p. et 1 pi.
(t. V , n® 2) : e, Yerhandeling over de
Blaasjes van het plantaardig œlwijs-
weessel en de ontlasting van deelen uit
dezelve, 1850, 32 p. (t. V, nM).
12* Dans les Annales des seiences na-
turelles (Paris) : a. Mém. sur un végétal
microscopique d'un nouveau genre ,
proposé sous le nom de Crucigénk et
sur un instrument que Fauteur nomme
Mkrosoter, 1830, 24 p. et 1 pi. (août
1830; v. Férussac, XXII, 181); b. Obs.
sur le genre Leiodinay etc. (oct. 1850;
V. ne 11, d,) ; c, Obs. sur la flore du
Japon, par Ch. Morren et J. Decaisne,
12 p. et 2 pi. (oct. 1834) ; d, Obs. sur
la flore du Japon, suiv. de la monogr.
du genre Epimedium (en coll. avec M.
J. Decaisne), 15 p. et 3 pi. (nov. 1854) ;
e- Mém. sur les Clostéries, 41 p et 3
pi. (1836); f. Mémoire sur Témigration
du puceron du pêcher (Aphis persieœ),
etc., 29 p. et 1 pi. (août 1836) (*).
(•) V. /« Dutl. de rAcad,, t. III, p. 224
(Rapport de M. Dumortier) et F. Plateau,
Etude êur la parthénogenèse, diss. ioaug.
13* Dans le Bull, de la Soc. géologique
de France : a. Lettres sur plusieurs
sujets d'hist. naturelle (t. Il, 4831,
p. 26) ; b. Lettre sur les animaux fos-
siles de la Flandre Orientale (t. II, 1832,
p. 26).
14<» Lettre à TAcad. des sciences de
Paris sur finfluence des rayons colorés
sur la germination des plantes.— Séance
du 16 juillet 1832 (Ann, des se, nat.,
2* série, t. XXVII, p. 201).
15* Notices biographiques: a. En-
geIspach-Larivière (Paris, 1831, in 8*);
h. Vanderlinden (n* 10,d); c, G. Cuvier
(dans Vlndépendant de Bruxelles, 24
mai 1832); d. J. Kickx (Paris, 1832);
e. F. A. Koucel {Bull, de TAc. de Bel-
gique, t. Il, p. 59 et 91) ; f. Schmerling
(V Espoir, de Liège, 10 nov. 1836; Dis-
cours ann, de VAcad.^ 1838, notice);
g. Courtois (Ann. de VAcad., 1838) ; h,
Fohmann(/^tV2.); t. Adrien Spiegel(Rev.
de Brux., 1838);;. Minkelers (Ann. de
/'Ac, 1839); il'. A. -P. deCandolle (/«d.,
1843; Indépendance belge, 16 déc.
1842) ; /. R. Dodonée (Belges illustres,
t. III, p. 35); m. Ch. de TEscluse (Ib.,
p. 66) ; n. J. L. Van Aelbroeck (Journal
d'agric. pratique, t. I, 1848); o. Van
Mons (Ibid,, t. II); p. C. d'Olmers, ba-
ron de Poederlé (/&., t. III); q. O* de
Lichtervelde(/&.,t ÏV); /.M. deTObel
(Bclg. horticole, i, II, 1852) ;«. Legrelle
d'Hanis (Ib., t. III, p. 232); /. C.-J.-C.
Van Hulthem (/. d'agric. prat,, t. V) ;
Baron de Serret (Ib , t. VI) ; «. B*° de
Mevius (Ibid.). — Autres notices sur
Dodoens, Ch. de Lescluse, R. Fusch,
de rObel, Adr. Spiegel, etc., dans le
J. d'agric, la Belg, hort. et le BulL de
V Académie.
IG* Dans la Revue encyclopédique
belge: a. Acéphale cynocéphale (L II,
p. 336); b. Examen du Mém. de M. B.
Dumortier sur la structure comparée
des animaux et des végétaux (t. III, p.
221) C).
17* Etat des machines à vapeur en
activité de service dans la Flandre
orientale. Gand, 1H32, in-8* (8 p.).
(Gaod 1868, io-8).
(*) V. Les algues, les fièvres et Ch. Mor-
ren {Bull, hortic, 1866, p. 277).
469
MOR
470
IS'^fiphémérides d'Hanswyck, miscel-
lanées scieiHiûques et lîUé< aires (tiré à
5 ex.), 1^5, in-8*.
Dans le recaeil de docam. sUlistiques pu-
Mids par Van der Maoleo.
19° L'horticulteur beige, journal des
jardiniers et amateurs. Bruxelles, 1855-
56, 3 vol. in-S*" (Notices sur le jardiu
botanique de Bruxelles et sur le jardin
botanique de Gand ; Epimedium gran-
diporum,U0KK. ;E. violaceum^ Morr.).
W Dans le Bulletin deVAcad. royale
de Belgique : a. Sur plusieurs lis plus
ou moins rares (t. I, p. 457 et 154) ; b.
Sur les éléptiants fossiles (p. i5i et
178); c Sur Témigration du puceron
du pécher (t. II, p. 25 et 75; v. n« i%,
f.) ; d. Descr. Coralliorum, etc. (t. II,
p. 68; V. n^ 5); e. Ossements humains
des tourbières (t. II, p iiO); f. Obs.
ostéologiques sur Tappareil costal des
Batraciens (Ib., p. 412 et 238); g. Ré-
clamation de priorité en faveur de Min-
kelers, relativement à Tinvenlion de
récUiirage au gaz {Ib,, p. 162); h. Obs.
sur la flore du Japon (Ib.^ p. 205) ; i.
Obs. sur les Ciosiéries (Ib., p. 248 et
297) ;;'. Sur un cas de fissure indienne,
avec 1 pi. (Ib., p. 550); k. Végétation
remarquable d*une racine de garance
(t II, p. 550) ; L Obs. sur quelques
plantes du Japon (en coll. avec Bl. J.
Decaisne; t. III, p. 168); m. Effets de
réclipse de soleil du 15 mai 1856, sur
la respiration végétale et sur le sommeil
des plantes (III, 297); n. Sur la cata-
lepsie de Dracœephalum virginianum
(III, 542, ave^ 1 pi.) ; o. Notice sur la
vanille indigène (IV, 225); p. Sur le
mouvement de la sève dans les dicoty-
lédones (IV, 500) ; q. Sur la caUlepsie
du Dracocepiuilum austriaeum et mol-
davieum (lY, 591); r. Sur les plantes
bypocarpogées (IV, 454) ; s. Sur Teffet
pernicieux du duvet de platane (IV, 447);
I. Sur la circulation observée dans To-
vule, la fleur et le phoranthe du figuier
(IV, 519) ; ft. Sur le développement des
tubercules didymes (V, 65) ; v. Obs.
anatomiques sur la congélation des or-
ganes des végétaux (V, 65 et 95);
w. Quelques remarques sur Tanatomie
de YArscaride lombricotde (V,82 et 168,
avec 1 pi.) ; X. Sur Texistence des ra-
phides ou cristaux de matières inorga-
niques en dehors des végétaux (V, 185);
y. Sur le mouvement et Tanatomie du
Stylidium adnatum (V, 184) ; 2. Rech.
anatomiques sur Torganisation des
Jungermannidées (V, 546); aa. Obj. sur
Tanat. et la physiologie de la fleur du
Cerceu* grandijlorus (V, 560); bb. Mor-
phologie des ascidies (V, 450) ; ce,
Nouv. remarques sur le même sujet (V,
582); (Id. Sur la Malaûris Parthoni (V,
484); ce. Présentation du plan du nou-
veau Jardin botanique de Liège (V, 672);
ff. Sur la formation de iMndigo dans les
feuilles du Polygonum tinetorium (V.
765); gg. Sur Thistologie de VAgaricus
epixyton (VI, l^ p. 51, 577); hh, Obs.
sur Taiiat. des Hedychium (Ib.^ p. 61);
ii. Sur un mémoire concernant le Gold-
fwufia anysophylla (Ib., p. 69, 150);
jj. Rapp. sur Touvrage du d^ Philips,
de Liège : AmtonUedu cheval (Ib,^ p.
149,245); kk. Id. sur le Mém. de
M. Trichinetli, de Milan : De odoribus
fiorum (Ib,, p. 51, 577); //. Obs. sur
Tanat. des Musa (Ib., p. 178); mm. De
Texistence des infusoires dans les
plantes (Ib,, p. 298); n». Obs. sur la
circulation des poils c^rollins du iVa-
rica coerulea (Ib,, p. 423); oo, Obs. sur
la formation des huiles dans les plantes
(Ib,, p. 510); pp. Sur rcxcitabilité et le
mouvement des feuilles chez les Oxalis
(t. VI, 2'\ p. 68); qq. Exp. et obs. sur
la gomme des cycadées (Ib,, p. 155);
rr. Obs. sur Tépaississement de la
membr. végétale dans plusieurs organes
de Tappareil pileux (Ib., p. 279); ss.
Sur les procédés héliographiques de
M. Breyer (Ib,, p. 295); tt. Sur les
fruits aromatiques du Leptodes bicolor
(Ib,, p. 582); titt. Rapp. sur un Mém.
en réponse à la question : Exposer la
théorie de la formation des odeurs dans
les fleurs (Ib,, p. 555); même sujet,
L VIII, i\ p. 2, 49, 284; vv. Rapp.
sur la biogr. de R. F. Sluse par M. Van
Hulst (Ib., p. 45, 116); wuf. Sur la
qualité du papier d'impression de Vkc.
(Ib., p. 54); xjr. Sur le tissu cellulaire
des mousses et en particulier sur c«lui
des Ilypnum (Ib., p. 68); yy- Hydro-
phytes de Belgique (Ib,, p. 82, 202);
zz. Sur le mém. de M. Van Beneden :
Rech,Hnr rembryogénie des sépioles (Ib^,
L..
471
iMOR
472
p. 424); aaa, Rech. sur Tinenchyme des
Sphagnum (Ib., p. 164); bbb. Sur les
Lycopodîacées (Ib., p. 201,379); ccc.
Sur Fanât, et la physiol. des Fonlinalis
(Ib., p. 222); ddd. Rapp. sur le méro. de
M. Van Beneden sur la Limacina arc-
tica (Ib., p. 298); eee. Sur les efflores-
cences de quelques plantes (Ib., p. 545);
fff. Sur la motiiité du labellum du Me-
gadinium falcatum (Ib., p. 585); ggg.
Obs. anat. et physiol. sur le Phyteuma
ëpicaium (Ib., p. 591); hhh. Sur la pa-
nachure des feuilles (t. VIII, 2«, p. 9V,
iih Sur la symétrie de la chlorophylle
dans les plantes (ïb,, p. 81);//;. Sur le
mouvement des sensitives soumises à
des secousses répétées (Ib-, p. 252);
kkk. Sur VArachis hypogea (7^., p- 552);
///. Rech. sur la circulation dans les
plantes (t. IX, 1^, p. 175); mmm. Rech.
littéraires sur les fleurs de la Passion
(Ib,, p. 202); nnn. It. sur le lis de S^-
Jacques (AnMryllis formosissima), Ib.,
p. 502); 000. Sur la motiiité des fleu-
rons dans les Cynarées (t. IX, 2^, p. 47);
ppp. Gérée de Napoléon (Ib,, p. 210);
ppp bis. Ossements trouvés dans le ter-
rain bruxellien (fb^j\i. 559); qqq. Rapp.
sur le mém. de MM. Martius et Bravais
concernant la croissance du pin syl-
vestre (p. 560, 500); rrr, Rech. sur
rivoire végétal (7^., p. 562); sss. Sur
Tanat. du raisin et la coloration des
vins (Ib,^ p. 511); ttt, Rech. sur le pa-
pier de riz (t. X, 1®, p. 26); uuu. Sur
quelques effets de la compression chez
les végétaux (t. X, 2*», p. 292); vvv. Rapp.
sur le mém. de M. Verloren : Sur la cir-
culation chez les insectes (t. XI, 1°, p.
294); wtvw. Sur la Monographie du genre
lis, mém. de M. Spae (t. XII, 2°, p. 157);
xxjr. Lettre ft M. Quetelel sur les phé-
nom. périodiques observés en Chine
(Ib., p. 255); yyy» Obs. sur la notice de
M. Martens : Sur la nmladie des pommes
de terre (Ib-, p. 572); «a. Rapp. sur
cinq Mém. présentés pour le concours
d*écon. rurale, proposé en 1845 par
rAcad. (t. XIII, 2^ p. 151); «. Sur
réglise SWacques à Liège (7i>., p. 595);
^. Disc, sur les fleurs nationales de
Belgique, pron. dans la séance pu-
blique de TÂcad. , le 17 décembre
1846 (Ib,, p. 442); y- Obs. sur la fruc-
tification du Caraguata (t. XIV, 2^, p.
108); ^. Sur le Mayua des Péruviens
(Tropœolum tuberosium)^ t. XVI, p. 544;
e. Sur une synanthie compliquée de ré-
sorption et de torsion observée sur le
Torenia Scabra (Ib. p. 594). C. Sur la
péiorisation lagéniforme des calcéo-
laires et sur une synanthie bicaicéifère
et Iristaminale des mêmes plantes (t.
XV, 2*, p. 7); n- Obs. sur les mœurs de
la chenille processionnaire (Ib,^ p- 152);
0. Rapp. sur un mém. en réponse à une
question concernant les nouv. théories
des engrais, etc. (Ib,^ p. 591); t. Notice
sur Tautophyllogénie (t. XVI 1", p. 52);
X. Philosophie tératologique d'une fleur
doubledelégumineuse(t.XVI2<»,p.260);
X. Sur la cératomanie en général et plus
partie, sur les cornets anormaux du
périanthe (!b.y p. 575); y-, Rapp. sur
les consid. bibliques duD'Mausd^Ess-
lingen, sur l'histoire des céréales (Ib,^
p. 445); V. Sur la chorise des corolles
des Gloxinin (Ib,, p. 628); ^. Le globe,
le temps et la vie , ou discours sur les
phénomènes périodiques (!b. , p. 660) ;
0. Sur la structure du Mussienda en
particulier et sur les monstruosités par
épanodie en général (t. XV!l l«,p. 17);
ic. Mémorandum sur la Vanille, son his-
toire et sa culture (Ib., p. 108); p. Sur
la speiranthie des Cypripèdes (7^., p.
188); 9. Quelques fleurs de Fuchsia sur
la tombe d'un père de la botanique belge,
Remacle Fuchs de Limbourg (Ib,^ p.
555); T. Etude sur la pélalification suc-
cessive dans les saxifrages ^^6., p. 415);
u. Sur la structure morphologique de la
fleur des Lopeziées et sur une adéno-
pétalie observée dans cette tribu (Ib., p.
516); (p. Sur les disparitions des organes
sexuels (Céranthie) et sur le développe-
ment de nombreux rameaux aiianthes
dans le Bellevalia comosa et sa variété
mjomtruosa (t. XVII 2<», p. 29); /.. Sur les
virescences distinctes de phyllomor-
phieset cas particuliers d'une virescence
du Chèvrefeuille (Ib,, p. 125) ; +. Sur
un procédé qui fait produire à certaines
t aces de pommes de terre quatre récoltes
dans Tannée (Ib., p. 151); u>. Propos,
d'un concours en mém. de S. M. la Reine
(ïb,, p. 575); «a. Coryphyllie d'un Ces-
neria, genre de monstruosité où la
feuille termine l'axe végéta] (Ib. , p. 565);
PP, Rapp. sur le concours sur la maladie
473
MOR
47 i
des pommes de terre (Ib.^n^l); 77. Sur
le spiralisme tératologique des tiges
(l. XVIII, 4«, p. 27) ; M. De Tatrophie
en générai et démonstration que les
pollens de certains monstres sont im-
puissants (Ib,, p. 274); ec. D'une pélori-
sation sigmoîde des calcéolaires (Ib, .
p. 584) ; ce. De l'influence de Téclipse
de soleil du 28 juillet 1861 sur les
plantes (t. XVH! 2«, p. 161); y^n, Sole-
naidie ou métamorphose des organes
sexuels en tubes creux et stériles (Ib,^
p. 172); M- Sur un nouveau genre de
monstruosités végétales, appelées Gym-
nonamie (Ib., p. 288); ». Sur les ano-
malies de déplacement (Ib., p. 495) ;
XX. Rapp. sur un Mém. sur les polders
(Ib., p. 632) ; XX. Rapp. sur un catal. des
cryplogrames observées dans les env. de
Namurparleprof. Â.BeIlynck(t.X[X,l<'
p. 7); (Jiii. Rapp. sur un Mém. (de M. le D^
Crocq) sur la maladie de la vUfHe et le
champigmn qui raccompagne (Ib., p.
14); w. Sur une maladie provenant d'un
diptère attaquant les navets, etc., et sur
la rhizocollesief/6., p. 56);oo.Sur deux
Uém. concernant la maladie des pommes
de terre (Ib., p. 225); inr. Sur Tachei-
larie des Orchidées (Ib.^ p. 250); pp. La
tubicinelle fossile du terrain bruxellien
est-elle un palais de poisson ? (Ib., p.
295); 99. Recb. sur les synanthies (Ib.,
p. 541); Tt. Rech. sur la synandrie et
l'apillarie des fleurs synanthérées ob-
servées dans les calcéolaires (Ib., p.
655); 00. Philos, tératologique d'une
fleur double et pleine d'ajonc épineux
(l. XIX 2», p. 7); 9?. Sur les vraies fleurs
doubles chez les Orchidées f/// ,p 171);
XX. Quelques fleurs de LobelUif jetées
sur la tombe d'un des pères de la bota-
nique belge, Mathias de l'Obel (Ib., p.
180); 4^1. Sur les fleurs de Pétunias
doublées par chorise staminale (Ib., p.
550); <*M^. Etude d'un genre partie de
monstruosité par stase, appelé sléoomie
florale (Ib., p. 519); moi. Consid. sur
les métamorphoses des bractées et des
calices en pétales ou corolles (t. XIX 5^
p. 85); P^^. Con.^id. sur les monstruo-
sités dites de disjonction (Ib., p. 514) ;
yyv. Consid. gén. sur les déformations
(Ib., p. 444); «^. Souvenirs phœnolo-
giques de l'hiver 1852-1853 (t. XX l^
p. 160); eee. De la nature des couronnes
chez les Narcisses (t. XX, 2^ p. 264);
;CC- Sur une fleur double de Lilas (Ib.,
p. 275); )}9]i}. Sur une émigration de
Demoiselles [ib., p. 525); 066. Pélorie
des Gloxinias (t. XX, 5<*, p. 45); i». Des
causes des disettes en céréales depuis
le commencement du XIX** siècle {Ib.,
p. 169).
21<^ Esquisses des premiers prin-
cipes d'horticulture, par J. Lindley,
trad. de l'anglais et augmenté de no-
tes. Bruxelles, 1855, in-12^' de 100 p.
22'> Dans le Bulletin de la Société
de médecine de Gand : a. Sur le Bigno-
nia ophthalmica, t. I, p. 15; b. Rapp.
sur un Mém. de M. le docteur van
Peene, sur les affections de rame, ib.,
p. 110; c. Discussion sur une lettre
philosophique de M. Huet, t. 111; d.
Communication sur la fructification de
la vanille, ib., p. 42; e. Lettre sur la
fièvre intermittente, ib., p. 124, etc.
25® Catalogue (ou choix) des graines
récoltées au jardin botanique de Liège,
20 broch. in-4» et in-8' (1855-1855).
240 Quelques mots sur l'hist. de
l'horticulture, suivies du rapport sur
la première période décennale de la
Soc. d'hortic. de Liège. Liège, 1858,
in-8° de 16 p. (Exir. de la Bévue belge).
25"" Dans les Mémoires de V Académie
royale de Belgique,\ïi'k^ : a. Obs. ostéo-
logiques sur l'appareil costal des Ba-
traciens, 10 p. et 1 pi. (t. X) ; b. Hist.
d'un genre nouveau de la tribu des
confervées, nommé Apliani:Somène. —
Rech. physiol. sur les hydrophiles de
la Belgique (t. XI); c. Rech. sur le
mouvement et Tanatomie du Stylidium
gramittifolium (*), 22 p. et une pi. (t.
XI) ; d. Rech. sur le mouvement et l'a-
natomie du style du Goldfussia aniso-
phylla, 54 p. et 2 pL (t. Xll) ; e. Mém.
sur la formation de l'indigo dans les
feuilles du Polygonum tinctorium. 54
p. et 1 pi. (Ibid.); f. Rech. sur la ru-
béfaction des eaux et leur oxygénation
par les animalcules et les algues (en
collaboration avec M. Âug. Morren),
(*) Le rapport de M. Damoilier sur ce travail, Bull. l. IV, p. 288-288.
478
MOR
476
1 vol. in-4«, 170 p.el 7pl,(l.X[V) (•);
g. Rech. sur le mouvement et l'anat.
des étamines du Spartnannia africana
(fbid,); h. Rech. sur le mouvement et
Fanât, du labellum du Megaclinium fal-
catum (t. XV) ; i. Obs. sur les phénoro.
périodiques, faites au jardin botanique
de Liège (en 4841) en collab. avec M.
V. Devllle (Fbid.); j. It., année 4842,
obs. anthochronologiques sur la pério-
dicité des motilités sexuelles chez les
plantes; sur les période» diurnes, etc.
(t. XVI).
46» Note sur la première fructiflca-
tion du Vanillier en Europe. (Extr. des
Annales de la Soc, roy. d'hortic, de
Paris, t. XX, mai 1837).
â7<^ De rinfluence de la Belgique sur
rindustrie horticole des Etats-Unis.
Liège, 4837, in-8>» (Disc, prononcé à
la Soc. roy. d'hortic. de Liège).
28° Les siècles et les légumes, ou
quelques mots surThistoire des jardins
potagers. Liège, 1837, in-8»
29^ Le Cultivateur, ou recueil d'ar-
ticles sur réconomie rurale et l*hygiène
vétérinaire de la Belgique. Bruxelles,
4857, un vol. in-8o.
50° Essais sur rhétérogénie domi-
nante, dans laquelle on examine Tin-
fluence qu'exerce la lumière sur la ma-
nifestation et les développements des
êtres organisés. Liège, 4838, 4 vol. in-8°
(120 p.).
MciDoires publiés en 1833 dans i'O&Mrra-
leur belge, et OQ 4835 dans les Ann, des
sciences naturelles de Paris,
31« Les femmes et les Qeurs. Liège,
4858, in-8».
52° Horticulture et philosophie. ïbid ,
4838, in-8°.
53° De la spécialité des cultures pro-
pies aux établissements horticoles de
Liège et de TinOuencede la division du
travail en horticulture. Liège, 4838,
in-8°.
3i° On Ifœ discoid PU lis of plants.
Londres, 1859, in-8°, 15 p. et 4 pi.
(Annah and Magazine ofnaturalhistory,
vol. IV, n° 22).
55° On the production of Vanilla in
Europe. Londres, 1839, in-8° (Ib., vol.
IIL n° 14).
56° Obs. sur la circulation dans les
poils corollins du Marica cœruUaei sur
Thistologie de celle fïewr (Monde savant,
7 août 1859; VI° année, n°462).
37« Dans la Revue de Bruxelles : a.
Huit jours à Newcastle en 4858 (Janv.
et fév. 4859, pp. 4 et 55; à part, Brux.,
4839, in-12o de 102 p.); b Hist. litté-
raire et scientiûque des tulipes, ja-
cinthes, narcisses, lis et fritillaires, ou
fragment d'une histoire de Thorticulture
belge (Avril et août 1844, pp. 1 et 50;
à part, Brux., 1842, in-12 de 68 p.).
38° Etudes d*anatomie et de physio-
logie végétales, ou collect ion d'opuscules
sur ces sciences. Bruxelles. 18-14, un
vol. in-8°.
Reprod. des no* 30 p, t, 26, 90 ti, bb, gg,
hh, ii. II, mm, nn, oo, pp, qq, rr^ tt,
59° Prémices d'anat. et de physio-
logie végétales, ou collection d'opus-
cules sur ces sciences. Bmxelles, 4844,
un vol. in-8°.
Reprod. des n*» 30 9, 36, 30 a, i>, s, aa,
bb, ce, dd, hh, kk. II, mm, nn, 00^ pp, qq,
rr, tt,
40* Loisirs d'anat. et de physiol. vé-
gétales, ou collection d'opusailes sur
ces sciences. Bruxelles, 4H44, un vol.
in-8°.
Reprod. des no* 30 n, o, p, r, s, t,
A\^ Dodonœa, ou recueil d'observa-
tions de botanique. Bruxelles, 4844 ,
un vol. in-8° de 272 p. et 40 pi.
Reprod. des no* 30 aaa, bbb, eee,fff, ggg,
hhh, m, jjj, mmm, nnn, 000, ppp, qqq, rrr,
sss, ttt, uuu,
42° Considérations respecling spur-
shaped nectaries and those of AquUegia
vulgaris inparticular, Londres, 1844,
in-8°, 16 p. et 4 pi. (Annals and Maga-
zine ofnaturalhistory, mars 4841).
42bis. Disc, prononcé au Congrès
des naturalistes italiens , k Florence
(Diario délia terza reumone degli scien-
ùati italiani in Firenze (1841), n° 14.
45° Fleurs éphémères, recueil depoé-
(*) Les deux dernières parties de l'ou- Itœmatococcus ei Tessararthera.
vrage sont consacrées à Thist. des genres
477
MOR
478
sies. Lîége, 1843, in-8'' de 448 p- et 4
gravures.
44® Motions élémentaires des sciences
natarelies et physiques, comprenant la
physique, la chimie, la minéralogie et
la botanique (en coll. avec M. Aug.
Morren). Liège, 4855, 5 vol. .in-i2. —
2« édition, 1855.
45<* Nouvelles instructions populaires
sur les moyens de combattre et de dé-
truire la maladie actuelle des pommes
déterre. Gand, 4845,in-12. — Id. Paris,
1845, in-12. — Trad. flamande, Gand,
1845. — Trad. hollandaise (par M. le
prof. Van Hall), Groningen, 1845, in-8«.
46^ Uebcr die Krankhcit der Kartof-
feln. Cologne, impr. Eschbach, 1845,
in-lS.
47^ Surledéfrichemenlde TArdenne,
de la Campine et des Bruyères (Indép.
belge, U nov. 1845, 17 déc. 184C;
Journal de Liège, 10 fév. 1847;.
4S^ Programme du cours de bota-
nique. Liège, 184G-1847, in-8^
49** Rapp. sur Texposition publique
des produitsde Tagricultureet de Thor-
tlcultare en Belgique, ouverte à Bru-
xelles en sept. 1847. Brux , 1848, in-8''
de 65 p.
50^ Instruction pour la plantation
des pommes de terre en 1848 {Mémo-
rial administratif de la province de
Liège, t. XVIll, p. 47. n« 1015).
5P Journal d*agricuUure pratique,
d*économie forestière, d**économie ru-
raie et d'éducation des animanx domes-
tiques. Gand, 1848-1855, 7 vol. in-8''
de 500 à 600 p.
52^ Fuchsia ou recueil d'observa-
tions de botanique, d'agriculture, d'hor-
ticulture et de zoologie (Gand), 1849,
tn-S"» de 170 p. et 12 pi.
Lettre à M. Qaelelet sur les phénomènes
périodiques ; reprod. des n"* 20 www, xxx,
y»y^ s«. A Y» ^» e» 5, it, e, i, a,X, |x, v, 0.
55* Rapp. sur les légumes, les pro-
duits agricoles, les plantes rares, etc.,
faisant partie de l'exp. ouverte à Bru-
xelles en sept. 1848. Brux., 1849.
Extrait du Rapport sur la dite Exposition,
p. â56à311.
5^i<* Concordance des espèces végé-
tales décrites et figurées par Rerobert
Dodoens (en collab. avec M. P. -G. d'A-
voine) Matines, 1850, un vol. in-8<'
55° Héliotrope. Immortalité de Loui-
se-Marie. Brux., 1850, in-4'* de 8 p. et
ipl.
56» Beknopie beschryving der vreemde
verkensrassen. Bruges, 1850, in-8'' de
50 p.
57° Lobelia ou recueil d'observations
botanique, spécialement de tératologie
végétale. Bruxelles, 1851, in-8«.
Reprod. des n«» âO Ç, r, e, t, v, ç, x, +»
««» Vf y «^^. es. sC, TjTQ, eO, u, XX, xy.-
58° Palmes et couronnes de l'horti-
culture de Belgique, ou Annuaire ré-
trospectif des expositions de fleurs,
fruits et légumes, organisées depuis
1845 jusqu'en 1850. Bruxelles, 1851,
in-12 de 547 pp.
Les articles publiés postérieurement (1851-
1855) dans les journaux quotidiens, et prin-
cipalemont les bulletins horticoles de Vlndé-
pendatice bftge, pourraient former un second
volume de Palmes et Couronnes.
58" bis, Bapport au Conseil super,
d'agric. sur la proposition de M. de
Made relat. au rouissage et à la mani-
pulation du lin (1851).
59° La Belgique horticole, journal
des jardins, etc. (Gand), 1851-1855),
5 V. in-8° de 500 p. environ et XXIV
planches.
60° Cltisia ou recueil d'observations
de botanique et spécialement de téra-
tologie végéUle. Bruxelles, 1852, in-8°
de 221 p. (inédit).
Reprod. des n** 20 w, oo, inr, w, tc, ui»,
(P9, ^, cow, a«a, fififi, nY» «««» ^K-
61° Mémoire sur la fécondation des
céréales, envisagée dans ses rapports
avec l'agriculture. Liège, 1853, in-8°
de 46 p. (Extr. du Journal d^agricul-
ture).
Les Bijdragen lot de natuurkundige
welenschappen^ la Revue de Bruxelles,
le Messager des sciences^ etc., de Gand ;
les Annals and Magazine of natural his-
tory, de Londres, le Bulletin général
des Sciences de Férussac, les Ann. des
sciences naturelles de Paris, ï Institut,
y Echo du monde savant, [Indépendance
479
MUN
48Û
belge f\e Bon Génie,\^ SetUinelle des Cam-
pagtieSf le Cultivateur, eic*, ont inséré
dans leurs colonnes un grand nombre
d*articles de Ch. l^lorren. Ajoutons que
les nombreuses planches dont ses ou-
vrages sont ornés, et qui se distinguent
par une rare netteté et par une très-
grande exactitude, ont été toutes gra-
vées d'après ses modèles (*). Morren
maniait le pinceau aussi facilement que
la plume.
Mûiieh (ERNICST-HeRMAN-JoSEPH) ,
né à Rheinfelden le 25 octobre 1798, y
mourut le 9 juin 1841. Il lit ses huma-
nités au g>'mnas; de Soleure et ses
études de droit à TUniversité de Fri-
bourg en Brisgau, où il s'occupa de
resserrer les liens des étudiants cons-
titués en corporation (Burscfienschaft),
Ses goûts rentrai nèrent vers les belles-
lettres, et celles-ci le conduisirent à
rhistoire, dont il finit par faire la prin-
cipale occupation de sa vie ; il se flt
également remarquer comme polémiste
ardent et passionné, ce qui lui attira
plus d'un désagrément Après avoir
rempli pendant quelque temps les fonc-
tions de greffier (!e justice dans sa ville
natale, il fut nommé instituteur à l'é-
cole cantonale d'Aarau; il n'y resta que
deux ans (IK19-tiil) et passa en Alle-
magne, où il vécut des produits de sa
plume facile, peut-être trop féconde.
En 1824, rUni>ersité de Fribourg le
chargea d'un cours sur les sciences
auxiliaires de l'histoire; en 1828, le
roi Guillaume l'appela k Liège, pour y
enseigner l'histoire et le droit eœ\é'
siastiques, conformément à l'art. 15 du
règlement du Vô septembre 1816, litt.
d. Il ne parait pas que Mûnch ait ja-
mais paru dans sa chaire : il consacra
surtout son temps à écrire dans le
Courrier universel, journal créé le 15
mai 1829 pour défendre les actes du
gouvernement contre les protestations
d'une opposition de plus en plus mena-
çante, et qui ne vécut guère plus d'un
semestre, malgré les 25,0':0 francs de
subside qui lui étaient alloués sur les
fonds de l'industrie ('). Le Conversa-
tions-Lesican de M. Brockhaus prétend
que Mûnch eut à craindre pour sa sûreté
personnelle , à raison de la tendance
anii-rotnaineûe ses écrits. Nous doutons
fort que les choses en soient venues là ;
mais ce qui décida Mûnch, avant la fln
de 1829, à quitter Liège pour La Haye,
où il devint conservateur de la Biblio-
thèque, ce fut bien certainement le peu
de sympathies qu'il s'était attirées par
son attitude politique. A peine dans sa
nouvelle résidence, il lança une flèche
de Parthe à M. Yan de iVeyer, alors
professeur au Musée de Bruxelles et
l'un des principaux rédacteurs du
Courrier des Pays-Bas, A propos des
arrêtés qui imposaient la langue hol-
landaise aux habitants des provinces
méridionales, il reprocha au publiciste
belge d'avoir publié lui-même un écrit
en faveur du flamand ('). M. Van de
Weyer releva le gant et eut beau jeu,
la brochure qui lui était attribuée
n'ayant jamais existé (*). Mûnch fut
spirituellement persifElé dans une lettre
sur les livres imaginaires, qui eut édi-
tions sur éditions (*) et se lit encore avec
plaisir et profit, les traits de satire y
étant assaisonnés d'une érudition de
bon aloi, aussi solide que pleine de dé-
sinvolture. Mûnch ne répliqua point,
( * ) Il a aussi dessiné, pour M. de Ko-
ninck, les pi. de la Detcription d^ Coquilles
fossilet, publiée |iar ce savant dans le t. XI
des JUém, de CAc. roy. de Belgique.
■ ('] Le Courritr universel, imprimé cliez
J. de Sartorius, jut pour principaux colla-
boralcurs son imprimeur lui-même, J. Bran-
dis, Am. Pocbollc, J. B. et Ch. Teste, E.
Mûnch, et pour gérant S. Levenbach (V. Ul.
Capitaine, Rech, sur les journaux liégeois,
Liège, 1850, in- 12, p. 184).
( * ) Cette allégation est formulée à la page
127 du recueil intitulé ; Aletheia, fondé par
Mûnch et imprimé à Liège, chez J. de Sar-
torius (1829).
(*) M. Heifferich, dans un livre sur la
Belgique (Pforzheim, 1837, in-8o, p. 62),
cite une réponse du célèbre flamingant WiJ-
lems il la Lettre de M. Van de Weyer dont
nous allons parler, et semble croire ferme-
ment à l'existence de l'écrit attribué à ce
publiciste.
(V) La dernière (40:2 p. in-12] est de 1863
(Londres, TrObner, dans la V^ série des
Opuscules de M, S, Van de Weyer).
481
MUN
482
mais il n'oubliajainais sa déconvenue (*).
li quitu La Haye en 185i, avec le titre
de conseiller intime et de bibliothécaire
da roi de Wurtemberg. Son activité
littéraire et son ardeur à rompre des
lances en politique se soutinrent jus-
qu'au dernier moment: il était à la fois
plein de spontanéité et de finesse; ses
compatriotes lui reprochent de la légè-
reté, Tbabitude de composer avant d'a-
voir pris le temps de mûrir ses idées
ou de les rectifier, par une critique ap-
profondie des sujets qull se proposait
de traiter : en revanche, ils constatent
sa grande habileté à saisir Toccasion
de faire des livres de circonstance, et
son talent incontestable de journaliste
et d'agent de propagande. — - On doit à
Mûnch :
!*• Une édition des OEuvres d'Ulrich
vonHûlten, Berlin, 1821-25, cinq vol.
in-8°.
2« Une traduction allemande des OEu-
vres choisies du même Leipzig, 1822-
24, trois vol. in-S"".
3« Die Heerzûge der christlichen Eu--
ropa wider die Osmancn und die Ver-
suchen der Griechen zur Freilteii Bàle,
1822-26, cinq vol. in-8«.
4® Die Schicksale der altcn undneuen
Kortea von Ionien. Stuttgart, 1824, 2
vol. in-8^
5* Franz von Sickingen Thaten, Stutt-
gart, 1827-29, 5 vol.
6* Charittts Pirkheimer, ihre Schwes^
tem und Nichteu. Nuremberg, 1826.
7" Une édition des Epistolœ obscu-
rorum nrorum, augmentée de quelques
pièces rares et précédée d'une intro-
duction étendue. Leipzig, 1827, gr.in-8''
8<^ Vermischte historische Schriften.
Ludwigsbonrg, 1828, 2 vol. in 12.
Ce recueil contient des notices i^ sur le
roi Eozio , fils naturel de l'empereur Frédé-
ric II (•) ; 2« sur Pîerre-le-Cruel et Inès de
Castro ; Z^ sur les Conférions de Pétrarque ;
4* sur Thraseas Pœtus ; 5^ sur Hypatie
d'Alexandrie, martyre de la philosophie ;
6» sur HakoD Jarl de Nonvége ; 7» sur Lien-
hard Kaiser, victime de Hnlolérance reli-
gieuse en Bavière au XVI« »iècie ; 8<» sur
Fui via Olympia Morata, femme illustre du
XVI« siècle ; 9<» sur le cardinal Giovanni
Morone, président du Concile de Trente ;
10» sur Stepbano Porcaro, imitateur de Cola
Rieozi ; 14» sur la prétendue donation de
Constantin ; tSo enfin sur les grands héros
de l'Allemagne à l'époque de la prépondé
rance française en Europe (règne de Louis
XIV).
9» Jugendbilder und Jygendtrâume.
Liège, 1829, in-8°
Volumineux recueil de poésies, dont quel-
ques-unes ne sont pas sans mérite.
ïO'^DieFreifieitdes Untenichts. Bonn,
1829, in-8».
Ouvrage consacré k l'apologie du système
de Guillaume 1er (v. HelfTerich, ohv, cité,
p. 46 et 49). — L'auteur s'y cache sous le
pseudonyme : Un Suisse ami de la vérité, II
s'appuie, pour combattre la liberté de l'en-
seignement, sur Montesquieu, Destult Tracy
et Filangieri. Il dislingue entre la direction
des écoles par l'État et le monopole ; il dis-
cute vivement les théories du Globe, passe
en revue les difTérents systèmes d'organisa-
tion de l'instruction publique adoptés chez
toutes les nations civilisées et finit par com-
parer le clergt; belge de i829 ë celui de 1815,
qui réclamait le monopole de l'enseignement,
mais à son prolit. Le purti catholique ne se
montre aujourd'hui si jaloux de la liberté,
ajoutc-t-il, que pour en revenir U ; quant à
l'opposition libérale, elle a tout simplement
peur des fortes éludes. Mijnch prend ensuite
la défense du Collège philosophique, ei finit
par conclure q^e la surveillance de toutes les
écoles est un droit inaliénable du pouvoir.
Des pièces juslificalives fort intéressantes
terminent le volume.
1 i^ Geschichte des Hauses uud Landes
FUrstemberg, Âix-ia-Chapelle, 1820-52,
3 vol. in-S».
12o GescMchie des Hauses Nassau^
Oranien, Ibid. 1851-53, 3 vol. in-8".
Ko^ Dos llerzogthum Luxemburg aln
integrirender Theil des deutschen Bun-
des. La Haye, 183i,in-8«.
14° Karl von Rotteck,geschildert nach
(*) « Il continua d'attaquer, en Alle-
magne, la Belgique, ses écrivains, ses hom-
mes politiques, et plus tard sa révolution et
ses institutions, jusqu'à l'époque de sa mort,
arrivée en 1841. » (0. Delepierre, Àvam-
propos de la Lettre à M. Miinch, éd, de 1863.
( * ) Une seconde édition de celte notice a
paru à Stuttgart en 1841.
21
483
XOE
484
seinen Schriften und semer polUUchen
WirksamkeU. La Haye, 1851, in-8o.
i5" Vollsiândige Sammlung altérer
und neuerer Concordate. Leipzig, 1851-
55, 2 vol. in-8^
16® Die FûrsHnnen des Hanses Bur-
gund'OEsterreich in d^n Niederlanden,
Ibid. 1852, 2 vol.
17® AUgemeine Gcschichte der neues-
ten Zeit. ibid. 1855-55, 6 vol.
1 8® Erinnerungen und Studien aus den
ersten olJahren eines deutsehen Gelehr-
ten, Carisruhe, 1856-58, 5 vol.
Aulobiognrapbie Irès-délaillée.
19® Paolo Sarpi und Sein Kampf mit
dem CuriûlismusundJesuitismus, Stutt-
gart, 1859, in-8®.
20® Denkwûrdigkeiteti zur polit. Kir-
chen-und Sittengeschichte der drci letz-
ten Jahrhunderte, Ibid. 1859, in-8o.
21® Denkw&rdigkeUen zur Geschichte
des Hauses Este und Lothringen, Ibid.
1840 (t. 1).
22® Erinnerungen, Reisebilder, etc,
a. d. /. 1828-1840. Stuttgart, 1841,
2 vol. in-8®.
25® Sàmmtliche Diehtungen. Stutt-
gart, 1841, in-8o.
24® On attribue encore à .Miinch deux
lettres intitulées: Sendschreiben eines
deuischen Publicisten aneinen Diploma-
ten ûber die grossen Fragen am Wiener
Congress (1859) , et adressées selon
toute vraisemblance à M. Prokesch von
Osten. La publication des écrits pos-
thumes de Schmeller avait mis notre
publiciste en relation avec ce person-
nage, qui lui avait même laissé, en 1856,
le soin de publier ses Denkwûrdigkeiten
und Erinnerungen aus dem Orient, —
N. B. Les écrits politiques de Mûncb,
assez souvent cités en Allemagne, y ont
répandu, sur les hommes et les choses
de la Belgique de 1850, des préjugés
qui tendent à s'effacer aujourd'hui, mais
qu'il ne serait cependant pas trop tard
de redresser dans une étude impartiale.
nroëi (Jean-Nicolas) naquit à Dom-
brot, département des Vosges, le 6
février 1785, et mourut à Liège le 12
mars 18G7, resté le dernier de la fa-
mille qu'il s'était créée , à l'exception
d'un petit-fils comme lui dévoué à la
science et comme lui appelé à se distin-
guer dans l'enseignement ('). Eprouvé
dans ses affections les plus chères,
Noël chercha des consolations dans un
redoublement d'ardeur au travail; il
s'était d'ailleurs fait une loi, dès sa plus
tendre jeunesse, de ne point passer un
jour sans rien faire ;mais sa fécondité,
dans les dernières années de sa vie, à
un âge qui commande ordinairement
le repos, a quelque chose de vraiment
exceptionnel. Noël était, dans toute la
{* ) Noêl eut deux enfants, un fils qui don-
nait de grandes espérances, mais qui mou -
rut dans la fleur de la jeunesse, et une fille
qui épousa en 1838 le docteur Habets. Tous
deux furent à leur tour moissonnés avant le
temps. Noél resla seul avecsa digne et véné-
rable compagne, qu'il eut le bonheur de con-
server jusqu'au 23 novembre 1863, et son
petit fils M. Alfred Habets, ingénieur des
mines et répétiteur aux Ecoles spéciaks.
Le nom du docteur Habets doit trouver
place dans les fastes dt TUniversité de Liège.
Habets était Liégeois; né le 16 décembre
1807, il mourut dans sa ville natale le 24
septembre 1 844. Ses études médicales avaient
été brillantes ; possédé d'un ardent désir de
savoir, il ne se laissa point absorber par la
pratique de son art, mais se tint assidûment au
courant des théories les plus nouvelles, avec
la pensée d'entrer 161 on tard dans renseigne-
ment. La mort de J.-Ant. Leroy (v. ce nom)
lui offrit l'occasion qu'il recherchait : le 22
janvier 1839, il fut chargé provisoirement du
cours de physiologie humaire et de physio-
logie comparée, en y comprenant, conformé-
ment au plan adopté par le professeur défunt,
quelques notions indispensables d'anatomie
générale. Il ne resla qu'une année dans sa
chaire : sa santé, qui n'avait jamais été bien
florissante, fut tout d'un coup gravement
compromise ; la dernière période de sa vie
ne fut pour ainsi dire qu'une lente agonie.
11 a publié :
i» Une traduction du Traité de phyiiologie
du Dr Rodolphe Wagner. Bruxelles. 4841,
in-8",
2« Notice sur N.'J.-G,-A, Amiaux (v. ce
nom). Liège, 4849, in-S®.
3« Exposé du système hydriatiqne, Bm-
xelles, 1843, in-8«.
48S
NOE
48U
force du terme, le fils de ses œuvres.
Les biens de ses parents, honorables
cultivateurs, avaient été engloutis dans
la tourmente révolutionnaire : Jean-
Nicolas ne pouvait compter que sur
lui-même. Son goût pour les arts du
dessin fentraîna un instant : nous
le voyons, à seize ans, exécuter des
peintures pour Téglise de son village.
Mais le rôle d*arliste de campagne ne
lui souriant que tout juste, il se dit que
son intérêt le plus pressant était de
compléter son instruction. L'argent
qu'il avait gagné par ses premiers es-
sais lui permit de passer une année k
FEcole centrale de Nancy, où il rem-
porta les prix de mathématiques et de
dessin. Il en revint l'escarcelle vide,
mais la tête déjà bien meublée. Tout
en prodiguant à sa mère malade les
soins d*un bon fils, il tint Técole du
village et, dans ses heures libres, se
mil à étudier les œuvres du géomètre
Lacroix, son pris de Nancy. Il entra
ensuite au cadastre en qualité de géo-
mètre ; ses collaborateurs reçurent de
lui des leçons sur la science qu'ils de-
devaient appliquer ensemble. Nommé
maître d'études et répétiteur de mathé-
matiques au Lycée de Nancy, en I80i,
il eut enfin un point d'appui A la fols
élève et maitre, il suivit les cours supé-
rieurs de rétablissement avec tant de
succès, qu'au bout d'un an il se vit appelé
à la chaire de mathématiques du Collège
de Pbalsbourg, petite ville de l'ancienne
Lorraine. Le 5 décembre i 8 10, il reçut
sa nominationdéûnitive de professeur de
l'Université de France. Le diplôme de
bachelier ès-sciences lui fut délivré le
âojanvier 18 1 1. Quelques années s'écou-
lèrent paisiblement pour Noël, tout oc-
cupé de ses devoirs et de ses études : il
perfectionnait sa méthode d'enseigne-
ment, il acquérait de l'expérience, il pré-
parait de longue main le plan et les ma-
tériaux des ouvrages qui devaient plus
lard consacrer sa renommée. L'Empire
s'écroula ; l'un des premiers soins du
nouveau gouvernement des Pays-Bas
fut d'organiser, sur des bases solides
et d'après les meilleures traditions, des
établissements d'instruction moyenne et
supérieure dans les différentes pro-
vinces du royaume. Noël fut appelé,
en 1819, à l'Athénée de Luxembourg,
pour y enseigner les sciences phy-
siques et mathématiques. Laissons par-
ler M. Spring (*) : « C'est à partir de
cette époque et jusqu'en 1855, où il fut
nommé à I Université de Lié(:e, que
Noël exerça une grande influence sur
l'étude et l'enseignement des sciences
exactes, non-seulement dans l'ancien
Grand-Duché, mais aussi dans les pro-
vinces occidentales de la Belgique ac-
tuelle. Il réforma coraplèlement cet en-
seignement et parvint à le placer k une
grande hauteur. Pour y parvenir, il se
dévoua à donner aux instituteurs du
Grand- Duché un cours normal d'a-
rithmétique, afin que les élèves arri-
vassent mieux préparés à l'Athénée. El
c'est Ji ses soins que le Luxembourg
est redevable d'avoir produit un grand
nombre d'esprits mathématiques, qui ont
brillé depuis dans les difl'érentes car-
rières savantes de la Belgique régé-
nérée... Je pourrais citer des noms
qui, à eux seuls, témoigneraient de l'ex-
cellence des services rendus par notre
collègue. J'en pourrais citer dans l'en-
seignement, dans le génie civil, dans
le génie militaire ; et même, en dehors
des branches spéciales, l'ascendant des
sciences exactes et l'esprit de méthode
qu'elles prêtent aux intelligences supé-
rieures n'ont certes pas été étrangers
au développement des hommes émi-
nents que le Luxembourg a fournis à
radmlnistration, à la magistrature , à
la diplomatie et à la politique. J'ai per-
sonnnellement eu l'occasion fréquente
de voir avec quel plaisir de tels hommes
se rappelaient l'époque de leurs éludes
à TAlhénée, dont la réputation était im-
mense : j'ai été témoin du respi^ct et de
la reconnaissance qu'ils avaient voués à
leur ancien professt'ur. En vérité, Noël
pouvait dire, comme autrefois le profes-
seur d'éloquence Eumène, demandant
au préfet des Gaules le rétablissement
des écoles d'Autun : Multi ex me rivi
non ignobiles fluunt, multi sectatores mvi
(*) Discûors proococé aux funérailles de delon el Schmit, dans le Journal de Liège
Noël, publié, ainsi que ceux de MM. Chan- du 15 mars 1867.
487
NOE
488
provincias administrant (*). » Ce fut
dans le cours de cette même période que
NoM publia les premières éditions de la
plupart de ses traités classiques; quoi-
que tirés à grand nombre, plusieurs de
ces volumes furent jusqu'à huit fois
réimprimés. L'Académie de Metz soumit
les ouvrages de Noël à Texamen de Com-
missions scientifiques (*) et s*at(acha
Fauteur à titre de membre correspon-
dant. Professeur zélé, fécond écrivain,
Noël suffisait k tout, parce que sa vie
était parfaitement réglée ; ses nom-
breuses occupations ne Tempêchèrent
pas d'accepter, en 1824, le titre de prin-
cipal de r Athénée, et il s'acquitta de ces
fonctions toutes spéciales avec une ac-
tivité et une vigilance exemplaires. In-
dulgent sans faiblesse, ferme et juste
sans rigueur, il fut pour ses élèves un
père éclairé, et l'on peut vraiment ap-
peler filial l'amour qu'ils lui vouèrent.
En 1855, lorsque, malgré toutes les
instancesquefitle gouvernement luxem-
bourgeois pour le retenir, il saisit l'oc-
casion d'aller rendre des services sur
un plus grand théâtre, Thcure de la sé-
paration fut le signal d'une scène tou-
chante : M. Schmit (v. ce nom) porta
la parole au nom de tous ses condis-
ciples de rAthénée,et remit à Noël une
médaille d'or , en témoignage de leur
reconnaissance. Ce ne fut pas une dé-
monstration de commande ; les rapports
ultérieurs de Noël avec ses anciens
élèves prouvent assez qu'il leur avait
inspiré autant d'affection sincère que
de respect. H en retrouva successive-
ment un grand nombre à Liège, où il
enseigna , de 1855 à 1852 , comme
professeur ordinaire de la Faculté des
sciences, les mathématiques élémen-
taires et la haute algèbre. Il apporta,
dans l'exercice de son nouveau man-
dat, non seulement les rares qualités
dont il avait fait preuve comme profes-
seur à Luxembourg, mais encore le tri-
but d'un savoir solide et approfondi
qu'il avait graduellement acquis, en con-
centrant sur la spécialité de ses études
toutes les forces d'an esprit à la fols
pénétrant et judicieux. Un de ses an-
ciens auditeurs a très-bien fait i*emar-
quer que Noël cherchait, en toute occa-
sion, à éveiller la spontanéité desélèves,
et qu'il savait leur communiquer cet
enthousiasme froid, permanent, que
rien ne rebute et que tout fortitie. Il leur
donnait, d'autre |)art, l'exemple d'une
activité infatigable. Son influence s'é-
tendait au delà de l'Université et des
Écoles spéciales ; elle se fit notamment
sentir dans l'enseignement moyen, qui
compta parmi ses professeurs un grand
nombre d'élèves de Noël. Par sa col-
laboration assidue aux différents jour-
naux pédagogiques du pays, aussi bien
que parla révision incessante à laquelle
il soumettait ses propres ouvrages ,
Noël tint constamment en haleine le
monde scolaire des mathématiciens. La
ville de Liège eut plus d'une fois re-
cours à sa grande expérience au pro-
fit de ses établissements d*instrnction ;
le gouvernement invoqua également ses
lumières. Recteur de l'Université en
1842-43, il reçut la croix de chevalier
de l'ordre de Léopold le 26 septembre
de cette dernière année. Il obtint Témé-
ritat, sur sa demande, le 5 janvier
1849, après 45 années de services :
toutefois il continua, jusqu'à la fin de
1852 , d'enseigner la haute algèbre.
Forcé alors de prendre du repos, il
quitta l'enseignement, mais ne se con-
fina dans son cabinet que pour se li-
vrer plus assidûment que jamais à ses
études chéries. Le soir, il descendait
quelquefois au salon pour s'entretenir
une heure ou deux avec de vieux amis :
il ne connaissait point d'autres distrac-
tions. La t)erte de la femme aimable et
distinguée qu'il avait associée à sa vie
lui porta un coup fatal, il s'affaiblit de
jour en jour; cependant il n'abandonna
son pupitre que quand il fut absolu-
ment incapable de se tenir debout (' ).
Il mourut universellement regretté, et
( ' ) Oratio pro restaurandis sekoU^.
(*) Left Mémoires de V Académie de Sieiz
(1819-1832} coatienoent l'analyse des rap-
port de ces Commissions : on peut s'y fair<3
une idtic de IVstime dont jouissait l'auteur
auprès des tioromes compétents, tant sous
rapport du s^ivoir qu'au point de vue de
son m>îrite didactique.
(*) C'est dans celte attitude que Noël
avait travaillé toute sa vie; il y avait gagné
489
XOE
490
ii méritait de l*être, car son cœur va-
lait son talent.
BIBLIOGRAPHIE.
1. Ouvrages classiques.
i<» ArUhmétique élémentaire nlsonnée
et appliquée. Luxembourg, 181», in-8«.
— 2« édition, revue, corrigée et aug-
mentée, ibid., 4822, in 8°— 3« édition,
id., iWd., 1825, in-8o. _ ^. éd., ib.,
1829. — 5« éd., revue, corr. et aug-
mentée, ib.y 1852. — 6«, revue, corri-
gée el«m/>/t/î«^,t*., 1835.~7* (Arithm.
élémentaire raisonnée. appliquée et gé-
néralisée)y re^Tie, augm. et simplifiée,
».. 1839, in-8«. — 8« éd. (Intitulée:
Traité complet d'arithmétique, suivi des
Eléments d'Algèbre), revue, augm. et
simplifiée. Liège, 1843, in-8°.
2* Algèbre élémentaire, raisonnée et
appliquée. Metz, 1820, in-8^ — 2« édi-
tion, sous le litre: Traité d'algèbre élé-
mentaire. Lux., 1827,in 8». ~ 3«. revue,
corr. et augm. Ibid., 1854. — 4«, aug-
mentée et simplifiée. Liège, 1840, in-8^
— 5«, ibid., 1846, in-8».
3<> Supplément à la 2*" partie de TA*
rithmétique. Luxembourg (s. d.), 36 p.
in-8*.
i"" Éléments d'arithmétique à l'usage
des écoles primaires (publ par la So-
ciété d'encouragement pour Vinstruction
primaire de la province de Namur).
Luxemb., 1825, in-12. — V édition ,
sous le titre : Arithmétique des écoles
primaires (Revue, corrigée et simpll-
flée). Liège, 1843, in-12. — 8* éd. (deux
tirages). Liège, 1854, in-12 (*).
5" Traité de géométrie élémentaire,
contenant les géomélrics plane et so-
lide, les trigonométries rectiligne et
sphériquc, et l'application de Talgèbre
à la géométrie élémentaire. Luxem-
bourg, 1830, in-8^ — 2* édition, en-
tièrement refondue, avec des notes et
des additions. Luxembourg, 1 835, in-6^
— 3« éd. (Traité de géom, élémentaire
et cours de trigonométrie), Liège, 1844,
ID-S*. — 4« éd., Liège, 1850, in-8«.
6^ Notions de géométrie analytique
appliquées à la recherche des proprié-
tés des courbes du 2^ degré. Luxem-
bourg, i 850, in-8^
7« Notes complémentaires de géométrie
analytique (56 pages autographiées ,
sans date),
S^ Notions de mécanique, Luxemb..
1853, in-8°. — 2« éd. (Eléments de mé-
canique), entièrement refondue. Liège,
1840, in-8«.
9° Traité de géométrie analytique.
Liège (Dessain), juillet 1837, in-8°. —
2*éd.,tW<f., 1849, in-8".
10** Eléments d'arithmétique. Liège
(Riga), 1859, in-8«. - 2* éd., Liège,
1848, in-8o.
11*» Notions de calcul, servant d'intro-
duction ù l'étude approfondie de l'arith-
métique. Liège, 1847, in-8«.
12*» M Mouzon, directeur de l'Ecole
moyenne de l'Etat, à Bruges, a édité le
Traitédarithmétiqne^t^ohX (n*> 1) sous
le titre: Arithmétique élémentaire, rai-
sonnée et appliquée, suivie des Eléments
d'algèbre : sixième édition, revue, slm-
pliâée et mise en rapport avec le pro-
gramme officiel des Ecoles moyennes
et des Ecoles normales. Liège et Paris,
1862, in-8o. — 2*> édition, ibid., 1864,
in-8^
II. Mélanges de mathématiques, etc.
13*» Mélanges de mathématiques, on
Application de l'algèbre à la géométrie,
suivie de plusieurs propositions de sta-
tique et précédée d'un recueil de théo-
rèmes et de problèmes de géométrie ;
ouvrage offrant des applications utiles
à l'étude des sciences exactes. Luxem*
bourg, 1822, in-8*».
1 4*» Note sur les éléments de géométrie.
Luxemb., s. d, (24 pages).
Celte note a pour objet de remplacer la
réduction à l'absurde par une méthode plus
simple, et plus directe dans la recherche des
quantités incommensurables.
{o"" Mélanges d'algèbre, ou recueil
une infirmité qui le fit beaucoup souffrir
dans les derniers temps.
(* ) Les 3«, S«, 4«, 5« et 6« éditions de cet
ouvrage, ont été probablement publiées k
Luxembourg. Les bons livres classiques s'é-
puisent rapidement : nous n'avons pu trou-
ver trace do ceux-ci.
401
NOE
492
d*uii grand nombre de problèmes et
d'applications algébriques. Luxemb. ,
1827, in-8^
16** Note sur In géomélrk élémentaire,
Luxemb., février 1829 (40 pages).
Note ayant surtout pour objet, comme la
précédente ,no 44), de remplacer la réduction
à l'absurde par des méthodes plus simples
et plus directes.
1 7° Notes complémentaires d'algèbre,
Luxemb., 1835, in-8®.
18® Développements et recherches de
mathématiques élémentaires. Luxemb.,
1858, in-8^
19°I>e la méthode analogique. Liège,
1845, in-8°.
Discours prononcé le 6 novembre 1843, à
la solennité de la réouverture des cours de
l'Université de Liège.
20'» Note sur la théorie du mesurage
(4 pages, s. d.).
21" Résumé des méthodes élémentaires
en géométrie, Lîége, 1845, in-8°.
22" Différents modes élémentaires de
génération des nombres. Liège, 1845,
in-8".
25® Addition à l*ouvrage précédent.
Liège, 1846, in-8®.
24® Exercices de géométrie élémen-
taire, Liège, 1846, in-8°.
25*^ Complément de trigonométrie^ pré-
cédé de différentes méthodes géomé-
triques et algébriques. Liège, 1851,
in-8®.
26® De remploi de Vinfini dans le^
mathématiques y ou Eléments de la théorie
inlinitéMmale, Liège, 1852-1853, in-8®.
Cet ouvrage se rattache à une série do
travaux auxquels donna lieu un article publié
par M. le professeur Wezel, d'Anvers, dans
le Moniteur de renseignement (2« série, t. I,
p. 351), à propos d'une note de M. Lamarle
(professeur à l'Université de Gand) tur rem-
ploi de Cinfini dam Vennei*jnement de» ma-
thématiques élémentaires ( ' ). Le célèbre
Wronski avait cherché à établir que la science
des mathématiques n'est possible que par
Vinfini, M. Lamarle proscrivait au contraire
sans réserve l'intervention de cet élément ,
qui avait fait invasion jusque dans le pro-
gramme de l'Ecole polytechnique. < Au point
» de vue de rinstruclion scientifique pro-
> prement dite, concluait-il, rien ne se-
> fait plus dangereux qu'une école établie
> sur les bases adoptées par les novateurs.
» Pour s'en convaincre, il suffit d'observer
» que cette école serait forcément réduite,
k d'une part à affirmer des principes qu'elle
» tenterait en vain de rendre intelligibles ;
> de l'autre , à nier certaines déductions de
• ces mômes principes, et par conséquent à
» les infirmer toutes ». Noél releva le gant,
et soutint, dans une première note, la stipé-
riorité de la méthode infinitésimale , conve-
nablement employée, dans la théorie du me-
surage des corps ronds, sur la réduction à
l'absurde et mémo sur la méthode des limites.
M. Lamarle répliqua; M. L. Noél, oeveu du
professeur de Liège { ' } , se déclara comme
son oncle partisan de l'infini. MM. Pàque('),
I.-B. Annoot {*), A.-L. Marchant (*) pri-
>ent fait et cause pour M. Lamarle ; Marty-
nowski (v. ce nomj et M. J. M. (Hanilius?)
rompirent des lances contre les infinifuges ;
bref, la querelle se prolongea sans interrup-
tion pendant plus de deux ans cl se ralluma
plus lard encore par intervalles. Noèl finit
par se préoccuper presque exclusivement de
la question en litige , et se mil en devoir de
coordonner ses conclusions de manière à en
former un corps de doctrine. La liste de $«3S
Mémoires insérés dans divers recueils scien-
tifiques donnera une idée de la persévérance
infatigable avec laquelle, à partir de 1852,
il s'efi'orça de propager une méthode en de-
hors de laquelle il ne voyait point de salut
[*). La polémique dont on vient de parler
eut en tous cas pour efiîel, ce qui arrive
presque toujours en pareille conjoncture ,
sinon de convaincre les adversaires,du moins
de provoquer incidemment des observations
et de soulever des problèmes d'un véritable
intérêt.
( * ) Mém. de fAcad. royale de Belgique,
t. XXVII,
( ' ) A cette époque professeur de mathé-
matiques; aujourd'hui directeur du pensionnat
annexé à l'Athénée royal de Liège.
( * ; Prof, à Namur, puis k Liège , auteur
d'un Cours de mathématiques très-développé;
M. Pàque a fait ses études à Gand.
{ ^ ) Professeur à l'Athénée de Bruxelles,
auteur d'un travail estimé sur la méthode
dans les sciences, etc.
(^ Prof. àl'Ath. de Bruxelles.
(') C'est gr&ce à l'obligeance de M. A.
Hahcts qu'il nous a été possible de dresser
une liste complète et détaillée des publica-
tions de Noél.
493
NOE
494
III. Collabaralion à des recueils pé-
riodiques.
A. Correspondance mathématique pu-
bliée par MM. GarnierelQuelelel. in-8o.
27» Nouvelle solution d^un problème
sur les alliages (!'• série, t. I, p. H8),
ioZO.
28» De quelques usages des puissances
des nombres naturels dans la géométrie
et la mécanique {Ibid,, p. 124, 199,
525).
29*» De quelques raaxiraa et miniroada
2« d^flff^ (l. H, p. 71, 155), 1826.
50» Nouvelle solution d'un problème de
géométrie élémentaire (t. III, p. 184)
1827. ^ ''
51» NoUsur le pendule composé (Ibid. ,
p. 250).
52* Solution de divers problèmes de
géométrie et d'analyse (t. IV, p. 4, 87.
149,212). 1828.
ZZ» De quelques propriétés résultantes
des cercles qui touchent les directions
des côtés d'un triangle (l. V, p. 22), 1 829.
54» De la division en parties égales
d'une droite donnée sur le terrain , en
n*empioyant pourcet effet que des jalons
et une fausse équerre (7^., p. 215).
35** De la déterminatimidu nombre de
boulets qui entrent dans une pile dont
la base a la forme d'un hexagone régu-
lier (/^., p. 547).
56» De la mesure des volumes que dé-
crivent, autour d*un axe extérieur, un
demi-segment, un secteuretun segment
circulaires (t. VI, p. 61), 1850.
37» De la sommation de quelques séries
(2*» série, t. VU, p. 184), 1852.
38» Note sur quelques applications de
la méthode des projections (t. Vllf, p.
238), 1855.
39^ Note sur quelques développements
des fonctions en séries (5« série, t. X, p.
20), 1858.
B. Mémoires de la Société royale des
sciences de Liège, in-8^.
Noël fot an des membres fondateurs de
cette association.
40» De ranalogie en géométrie (t. I,
i'* partie, p. 1), 1845.
41* Propositions de géométrie appli-
quée (t. I, 2« partie, p. 208), 1844.
42* Mémoire sur les propriétés de Vel-
Hpse (t. Il, 1'» partie, p. 145), 1845.
43* Résumé des méthodes élémentaires
en géométrie (t. II, 2» partie, p. 495),
1846.
44» Théorèmes et problèmes numé-
riques (t. IV, 1« partie, p. 55), 1847.
45* Exercices de géométrie analytique
(t. IV, 2« partie, p. 297), 1848-1849.
46* Note sur les deux genres de mo-
ments (Ibid., p. 585).
47* Note sur rabaissement de cer-
taines équations au second deqré (t. VIII
p. 94), 1855. ^
48* Théorie infinitésimale appliquée
(t. X, p. 25), 1855 (aussi publiée à
part, avec un appendice de 10 pages).
49» Simplification des éléments de
géométrie (Ibid., p, 461).
50° Méthode infinitésimale en géomé-
trie {u\S\,j^.Tù), 1861.
51» Notes sur Vanalyse infinitésimale
(Ibid., p. 411).
52* Mémoire relatif à différents su-
jets de mathématiques élémentaires (t.
XX), 1865.
Les Mémoires n»» 40, 41 et 42 ont été
édités en un volume, précédé de Considéra-
tions sur renseignement scientifique moyen ;
le discours sur la méthode analogique [n»
19) est placé à la fin de l'ouvrage. Il existe
une édition séparée des Considérations
(Liège, novembre, 1844, in-8«). — Les cinq
derniers Mémoires (n»>« 47-52) ont été éga-
lement réunis en un volume intitulé : De
l'emploi des grandeurs infinitésimales en
mathématiques (Liège, 1865, io-8»).
c. Journal de l'instruction publique
publié par Tabbé Louis (Tirlemont)!
in-4».
55* Quelques réflexions sur les élé-
ments de géométrie (1" année, p. 79)
1845-1846. ^
54* Exercices de géométrie plane
(Ibid., p. 215, 255, 254, 268, 286).
55* Exercices de géométrie des trois
dimensions (2* année, p. 6, 50). 1846-
1847.
56* Considérations sur l'étude et l'en-
seignement de rarithmétique (Ibid., p.
209).
57* Exercices d'anthmétique (Ibid.,
p. 277).
D. Moniteur de l'enseignement, publié
par F. Hennebert, père (Tournai), in-8*.
58» Note sur les méthodes en géomé-
trie (!'• série, t III, p. 256), 1850-
1851.
59* Sur remploi de l'infini dans les
495
PAG
496
mathématiques élémentaires (2® série,
t. I, p. 508, 425; t. II, p. 78; l. ÎV, p.
105, 136, 171, 578; o^ série, l. I, p.
15, 155, 578), 1851-1854.
K. Retme pédagogique (Mons) , in-8'^.
G0° Observations relatives à une note
sur la méthode des variables auxiliaires
ou des limites (l. 111, p. 187, 2>^9),
1855.
Gl« Note sur la solution de deux pro-
blèmes de physique mécanique (t. IV, p.
371), 1856.
F. Annales de renseignement public
(Verviers, in-S» (publ. par Ph. Bède)
62» Du postulatum d^Euclide (t. I, p.
277), 1857.
65» Réplique à la réponse de M. La-
marle (Ibid. , p. 403). — Sur la deu-
xième réponse de M, Lamarle (Ibid., p.
533).
G. Revm de Vinstructwn publique en
Belgique (Bruges) , in-8<» (publ. par
MM. Feys et Roersch).
64" Explications relatives à deux ar-
ticles de M, Battenx (ÎV* année, p. 12),
1856. — Réplique à la réponse de M,
Batteux (\b,,\h 16).
65*' Note sur la théorie des fractions
périodiques (Ib., p. 73j.
66"» Note sur la théorie des loga-
rUhmes (V« année, p. 149, 213, 274),
1857.
67" Note sur la proportionnalité Ib.,
p. 535, 401).
68" Note sur les approximations des
racines numéiiques (Ib., p. 470, 497).
69" Des quatre premières opérations de
Varithméttque généralisée (\b., p. 581).
70^ Propositions relatives aux carrés
et aux cubes des nombres (Ib., p. 597).
71" Calcul des quotients indiqués
(Ib., p. 625).
72» Théorèmes relatifs au plus grand
commun diviseur et rapports de deux
longueurs (V* année, t. I, nouv. série,
p. 85), 1858.
73" Propositions relatives aux séries
numériques (Ib., p. 195).
74" Notes sur la discussion des for-
mules (Ib., p. 344).
( * ) A quatre aos, il servit la messe dans la
cathédrale de Valenza. Toat jeune encore, il flt
(coutume cisalpine) le panégyrique d'un saint
75<» Propositions relatives aux po-
lyèdres (t. Il, nouv. série, p. 97), 1859.
7U" Propositions relatives aux corpa
ronds (Ib., p. 257).
77" Problèmes de géométriî numé-
rique (Ib., p. 349).
78" Des génératrices de séries illmi-
téesiUUU P- 65), 1860.
79" Problèmes relatifs à quelques
séries (Ib., p. 176).
80" Propositions de géométrie (Ib.,
p. 478).
81« Notes sur V analyse infinitésimak
(l. lV,p. 18 et 89), 1861.
82" Exercices de trigonométrie (Ib.,
p. 177, et t. V, p. 507).
85« Quelques observations sur les
traités d'arithmétique (t. IV, p. 585, et
t. VI, p. 254.
84" Théorèmes de géotnétrie numé-
rique (t. V, p. 65), 1862.
85" Quelques observations sur les
traités d' arithmétique^ fib., p. 192).
86" Mesurage de toute pyramide (t.
VI, p. 119). 1863.
87" Sur le volume de la pyramuk
Ib., p. 301.
88" Aires et volumes de révolution :
problèmes (l.VI. p. 46), 1864.
89" Du calcul infinitésimal : démon-
stration des principes éléraeniaires
(Ibid., p. 252).
90" Propriétés infinitésimales du cer-
cle et problèmes de géométrie numérique
(Ib., p. 412.
91" Radicaux imaginaires du sccoti'f
degré (t. VIII, p. 238), 1865.
î)2" Calcul des axes principaux (Ib.,
p. 410).
pa«ani (Gaspard-Michel) naquit à
San-Giorgio, dans la province pîémon-
taise de Lomelline, le î2 février 1796,
et mourut le 10 mai 1855 à Woubreoh-
tegem, entre Alosl et Grammonl. Il
perditson père il quinze mois et futélevé
par sa mère sous la surveillance d[un
grand oncle, le chanoine Chîesa, qui le
prit bientôt en afifeclion C'était un en-
fant précoce (*) : il avait quatorze ans
dans une des églises de la mèoie ville» en
présence d'un auditoire nombreux. Destiné à
entrer dans le sacerdoce, à cause des avan-
m
PAG
4y8
quand son i^rofesseur de philosophie
au collège de Yalenza, le P. Gozoni,
déclara n'avoir plus rien à lui appren-
dre (') L'année suivante, Pagani se
trouvant enliêrement orphelin et se sen
tant moins de goût pour la théologie
que pour les mathématiques, alla suivre
les cours de rVniversité de Turin au
lieu d'entrer au Séminaire, comme on le
hii avaitd*abord conseillé. Peu de temps
après, il s*offrit pour remplacer son
frère unique, appelé à contre-coeur à
faire partie de la garde d'honneur de
Napoléon H' : l'échange fiil accepté. Le
générai Despinois distingua le futur sa-
vant et le désigna pour donner des cours
ft l'école militaire d'Alexandrie ; mais
Uichel saisit la première occasion de
quitter le service et revint à Turin, où
il donna des répétitions de mathéma-
tiques, tout en poursuivant ses études
U subit,en 1846 et en 4817, les examens
les plus brillants sur le calcul différentiel
et le calcul Intégral, sur la mécanique et
sur l'hydraulique. Ses professeurs et les
magistrats lui décernèrent un diplôme
des plus flatteurs, où ils vantèrent ses
connaissances étendues, o spécialement
dans Fart de mesurer et de distribuer
les eaux courantes, de prévenir et de
réparer la corruption des eaux, d'em-
pêcher les Inondations, d'éviter le dé-
bordement des rivières et d'améliorer
les terrains. » Michel Pagani se lança
dans la vie active avec le titre d'ingé-
nieur civil et d'architecte hydraulique.
Il débuta par le tracé du lit d'un canal
à Alexandrie; il fut ensuite nommé,
provisoirement, conseil ler-maitre de la
monnaie à Turin. Mais son pays natal
ne devait pas le conserver. Doué d'une
imagination ardente et rêvant,. comme
tant d'autres, l'indépendance de l'Italie,
il crut prudent de se condamner à un
exii volontaire, lorsque les décrets de
proscription eurent frappé plusieurs de
ses camarades, dont, au reste, il ne
partageait pas de tout point les idées.
Il vécut deux ans en Suisse, où il noua
des relations précieuses, et arriva flna-
lement à Bruxelles (4822), où les re-
commandations de ses amis de Genève
lui ménagèrent le plus bienveillant ac-
cueil. On lui procura des élèves, parmi
lesquels nous citerons Ph. Vander Mae-
len,quidutà ses leçons de pouvoir im-
primer une marche scienliûque à l'éta-
blissement qu'il venait de fonder pour la
géographie. Le commandeur de Nieu-
port,\\alter, Dewez,etc., encouragèrent
les efforts du Jeune Italien ; on lui con-
seilla d'aspirer à l'Académie, de se
créer une notoriélé en remportant des
succès dans les concours , et ainsi de
se ménager le moyen d'entrer tôt ou
tard dans une institution d'enseigne-
ment public (*). L'Académie lui ouvrit
ses portes le 28 mars 4825, après l'a-
voir couronné une première fois, et au
moment de lui décerner une seconde
distinction (*)• Quelques mois plus
tard, la chaire de mathématiques s'é-
tant trouvée vacante ù l'Université de
Louvain, des amis puissants, entre
autres le baron de Falck et le marquis
de Trazegnies, engagèrent Pagani à la
solliciter et lui promirent leur appui
auprès du gouvernement, Au retour
d'un voyage scientifique en Angleterre,
en Ecosse et en Irlande, il reçut à la
fois l'arrêté royal du 47 janvier 4826,
qui le nommait professeur extraordi-
naire, et l'acte qui lui conférait, à par-
tir du même jour, la petite naturalisa-
taget d'un béoéRce de famiUe, il porta U
soutane étant encore dcolier, comme c'est
Toeage en Italie :Qaetelet, Noike iur Paga-
ni, dans V Annuaire de CAcad. roy, de Bel-
gique, 4855, p. 91-446).
( * ) Queielet, p. 92 — Nous eaivons pas
à paa cette notice.
(*) Il avait rintentioD, en attendant, de
fonder lui-même, avec un associé, un établis-
aement privé. Mais les premières dIfiicuUés
qn'il rencontra sur son chemin le rebu-
tèrent, et l'alAiire n'eut pas de suite.
( * ) Ce fut en cette même année 4825 que le
célèbre géomètre et mystique polonais Hoè-
né Wronski arriva de Londres à Bruxelles,
dans le but de soumettre à l'Académie une
invention nouvelle; L'Académie nomma com-
missaires Dandelin, Paguni et M. Quetelet.
Pagani sympathisa peu avec le réformat^'ur ;
ses collègues se tinrent aussi sur la réserve,
mais sans lui témoigner la même défiance ;
ils acquirent même des droits à la reconnais-
sance de Wronski, meilleur au fond, dit M.
Quetelel , qu'on ne le pensait communément.
499
PAG
300
tion. Trois mois après, un mariage
bien assorti (*) resserra encore les liens
qui l'attachaient à sa patrie d'adoption.
Dégagé dès lors de toute préoccupa-
tion extérieure, Pagani se livra sans
réserve à ses travaux scientifiques.
Chaque année, TAcadémie recevait de
lui quelque mémoire sur la mécanique
analytique; il aurait fini par composer
un traité complet de cette science,
qu'il affectionnait particulièrement.Son
avenir se trouva inopinément compro-
mis par la révolution de i850 : la fa-
culté des sciences de Louvain fut sup-
primée par le gouvernement provi-
soire; les grandes études de Pagani
subirent une interruption forcée. Enfin
îl put rentrer dans renseignement : le
17 septembre 1852, il obtint le titre
de professeur à TUniversité de Liège.
11 reprit ses travaux, mais avec moins
d'énergie qu'auparavant. En 1834, il
obtint du roi de Sardaigne l'autori-
sation de faire un voyage en Italie :
il y fut entouré d'attentions et de pré-
venances, entre autres de la part de
M. le commandeur de Plana, son an-
cien professeur. Rentré en Belgique,
il fut pressé (') d'accepter une chaire
à l'Université catholique, dont on for-
mait alors le personnel : l'exemple d'un
de ses collègues de la Faculté de droit
contribua à le décider ; le 2K novembre
4855, il reçut sa nomination signée de
tous les évèques de Belgique. 11 revit
encore trois fois l'Italie : ses deux der-
niers voyages furent entrepris par rai-
son de santé. A partir de 1855, il dut
renoncer à ses cours; en avril 1855,
il visita encore ses anciens amis de
Liège : leur chaleureuse réception lui
fit du bien. Mais ce n'était qu'un mieux
factice ; parti à la fin du même mois
pour sa campagne de Woubrechtegem,
il y passa quatre jours heureux, dans
les Joies de la famille, puis tomba sé-
rieusement malade et mourut en chré-
tien , après dix Jours de souffrances
qu'il supporta avec un courage héroï-
que. Les dernières années de sa vie
n'avaient pas été inoccupées; mais il
avait fini par ne plus songer que de loin
en loin aux vastes travaux rêvés jadis, et
ses communications à TAcadémie n'é-
taient plus guère relatives qu'à des
questions d'une importance secondaire.
Il se sentait depuis longtemps fatigué,
à ce point que, sur sa demande et
à ses frais ^ l'Université de Louvain
avait consenti à lui donner un sup-
pléant ('). Il assista jusqu'à la fin aux
séances de l'Académie, consentant de
temps en temps à examiner des Mé-
moires, mais n'aimant plus à se charger
d'un travail de rédaction. Il parlait peu
de ses souffrances ; cependant on aper-
cevait sans peine qu'il en était accablé.
Pagani était chevalier de l'ordre de Léo-
pold depuis le 20 sept. i841. Il faisait
partie de la Société des Sciences phy-
siques etchimiques de France (1854); de
la Société des Sciences, etc. , d'Anvers
(1854) ; de l'Académie de Turin (1837),
etc. (*). A Liège, il devint membre de
la Commission administrative de l'E-
cole industrielle; à Louvain (1855),
membre et sociétaire de la Commission
administrative de l'Ecole modèle, il
siégea pendant huit ans au Jury cen-
tral, pour la Faculté des sciences- —
Nous empruntons à M. Quetelet la liste
de ses ouvrages, en y joignant un ex-
trait des appréciations de l'honorable
secrétaire-perpétuel de l'Accadémie.
I. Travaux publiés par F Académie
royale de Belgique,
1^ Analyse des lignes spiriques (Mém,
couronnés, t. Y. 1825).
Les lignes spiriqaes ou sections anna-
laires sont, comme on sait, des courbes du
4« degré , formées par l'intersection d'un
plan avec la surface du solide engendré par
la circonvolution d'un cercle autour d'uo
axe donné de position. On en attribue la dé-
(*) Pagani épousa M^i^ Waepenaert de
Termiddel Erpen, d'Alost(i9 avril ^826;.
(*} Des démarches avaient été faites au-
près de lui dès la fin de 1834, avant son
départ pour l'Italie ; mais il n'avait voulu
prendre aucun engagement.
(' ) Andries, un de ses meilleurs élèves,
mort en 1848, à peine âgé de 24 ans. Pa-
gani fut très-sensible à cette perte. ^V. la
Ùiographie nationale, art. ANDRIES).
(*) Le "ii mai 18S6, il avait été nommé
membre de la Société Concordia, de Bru-
elles. (V. l'art. Lesbroussart).
§01
PAG
;o2
couverte au géomètre tecien Pertem ; chez
les modernes, elles ont été particulièrement
étudiées, sous le rapport de leurs propriétés
usuelles, par Hachette, dans son Court de
géométrie desenpth*e, L'Académie de Bel-
gique ayant demandé l'équation générale
des lignes spiriqucs , avec discussion com-
plète, M. Vène, capiUine du génie en France,
obtint une médaille d'argent en 4823 ; mais
la question fut remise au concours l'année
suivante. La médaille d'or échut à Pagani et
la médaille d'argent à M. Demoor, ingénieur
en chef du Waaterstaat. Le Mémoire dont
il s'agit ici est très -soigné, surtout dans
la seconde partie , consacrée è la discussion
de l'équalion générale : cependant l'auteur
s*y occupe des questions géométriques beau-
coup plus que des questions de pratique,
en dépit de son épigraphe : Ntst utile est
quodfaeimuSf ttufta e»t gloria,
^ Sur la question : Vn fil flexible et
uniformément pesant, étant sutpendu
par Vune de ses extrémités à un point
fixe , et soulevé par son autre extrémité
à une hauteur et à une distance quel-
conques^ si Von vient à lâcher cette se-
conde extrémité, et à abandonner ainsi
ce fil à Paction libre de la pesanteur, on
demande les circonstances de son mou-
vement dans Vespace supposé vide, (Mém.
C4juronnés, îbid.)-
Il s'agit, dit Pagani, d'un véritable pro-
blème de calcul intégral, et sous un énoncé
aussi simple, il faut voir ici an écueil, contre
lequel viendront se briser longtemps encore
les efforts de l'analyse actuelle. De tous
temps, les plus grands géomètres se sont
vusarrètés par des obstacles qui paraissaient
insignifiants au premier abord, mais qui n'é-
taient pas moins invincibles par les forces
actuelles de la science. Platon et tous les
géomètres de premier ordre de l'antiquité se
sont trouvés incapables de résoudre le fa-
meux problème d«) la duplication du cube,
et tout le savoir de Galilée a été insuffisant
lorsqu'il s'est agi de déterminer la courbe
de la chaînette. — L'ouvrage de Pagani n'est
point remarquable par des aperçus nou-
veaux, mats en ce qu'il présente fait bien
connaître les résultats obtenus jusqu'è lui.
Ce qui l'a toujours distingué dans ses tra-
vaux de géométrie analytique, dit M. Quete-
let, c'est moins l'invention de méthodes nou-
veUes, qu'une exposition claire et exacte de
la méthode des grands maîtres ; c'est par là
qu'il se faisait remarquer surtout, comme
professeur des sciences mathématiques.
V" Mémoire 8ur le principe des vi-
tesses virtuelles (Mém. des Membres de
rAcadémie, t. III, 1936).
Résumé des travaux de Lagrange; remar-
quable par une grande élégance dans le choix
des formules.
4*» Mémoire sur Téquilibre des sys-
tèmes flexibles (Ibid., t. IV, 1827).
« Lagrange, dans sa Mécanique analy-
tique, et Poisson, dans un mémoire lu à
l'Institut de France en i Si 4, avaient traité
ce sujet avec beaucoup de savoir : le cheva-
lier Cisa de Grety, dans les Mémoires de
V Académie de Turin (48i6), avait abordé
un cas spécial, celui de l'équilibre des sur-
faces flexibles, qui semblait avoir échappé
aux recherches de ses savants prédéces-
seurs. Pagani revint avec persévérance sur
ce problème et crut rendre un service II la
science, en cherchant è répandre quelque lu-
mière nouvelle sur un sujet aussi délicat,
que Lagrange lui-même ne semblait pas
avoir complètement embrassé. La difilculté,
en effet, ne consistait pas dans l'emploi du
principe des vitesses virtuelles pour mettre
ce problème en équation, mais bien dans
l'usage de la méthode des variations, pour
exprimer algébriquement les conditions qui
dépendent de la nature du système. » (Que-
telet, p. iOO).
5^ Mémoire sur le développement des
fonctions arbitraires en séries dont les
termes dérivent de la même fonction
continue (Ibid,, t. V, 1829).
« Il importait ici de savoir comment La-
grange avait été prévenu par un autre géo-
mètre, en introduisant dans sa méthode une
notation nouvelle ; ainsi, il s'agissait de dé-
velopper tous les coefficients des termes
d'une série qui dérive d'une même fonction,
d'après une certaine loi, de manière que la
somme de tous ces termes fût égale à la va-
leur d'une fonction arbitraire donnée, pour
toutes les valeurs de la variable comprises
entre les deux limites connues. L'auteur dé-
crit les tentatives de Lagrange fc cet égard,
celles plus explicites de Pourier,et enfin, ce
qu'il a essayé lui-m^me pour exposer la
théorie des fonctions arbitraires d'une ma-
nière générale et Indépendante de toute
question de ;)hysique » (Quetelet, p. iOl).
— A l'occasion de ce mémoire, M. Quetelet
insiste sur les idées qui préoccupaient alors
Pagani, et fait remarquer que ce savant
avait porté fort loin ses prévisions ; mais il
s'entourait de difficultés de toute sorte, et
c'est peut-être ce qui le força de s'arrêter
de bonne heure dans la voie de l'analyse. En
4839, il exposa dans un cours public, devant
un nombreux auditoire, un nouveau système
de physique, dont il crut devoir donner une
idée à M. Quetelet, afin de (^revenir le re-
proche de plagiat, au cas oii les Idées qu'il
50^5
PAG
504
énetUii 86 retroa version l dans un travail
da même genre qui venait d'être adres»(: par
M. Parrot, médecin à Grenoble, à l'Acadé-
mie des sciences de Paris. M. Quetelet ne
put obtenir qu'une mention dans les Bulle-
tins de l'Académie royale de Belgique. Nous
reproduisons, d'après lui, la déclaration de
Pagani :
> Depuis longtemps, tes physiciens tâ-
chent de ramener l'explication des phéno-
mènes naturels à des lois très-simples et fc
an petit nombre de principes. Voici ceux
que j'ai adoptés dans mon cours et au moyen
desquels j'explique, de la manière la plus fa-
cile, tontes les lois générales et tous les
phénomènes particuliers de la nature inor-
ganique.
» i9 Je donne le nom d'atome à une éten-
dve extrêmement petite en tous sens, dont
la forme est invariable et dont la figure et la
densité ne peuvent être déterminées à
priori ;
» 99 Tous les atomes sont doués de Tinerlie
et de l'impénétrabilité; ils sont, en outre,
animés chacun do deux forces, l'une qui
attire et l'autre qui repousse, en raison di-
recte des masses et en raison inverse du
carré de la distance;
» 3« En séparant les atomes en deux
classes, tous ceux de la première classe, que
j'appelle pondirablea, se repoussent entre
eux et attirent ceux de la seconde classe, que
je nomme éthérés ; les atomes étht^rés se re-
poussent et attirent les atomes pondérables;
» 4» Tous les atomes pondérables n'ont
pas la même ûgure ni la même densité; les
variétés dans la forme et dans la masse de
ces atomes établissent les divers éléments
des corps. U est impossible de déterminer
d'avance si tous les atomes éthérés sont
identiques entre eux ; cette détermination,
aussi bien que celle des variétés des atomes
pondérables, dépend des pbénonoènes parti-
culier» qui doivent la fixer, comme toutes
les constantes arbitraires introduites dans
le calcul par les intégrations sont détermi-
nées par certains faits connus.
» Ces quatre principes posés, je puis dé*
finir d'une manière claire et rigoureuse les
mots corp$^ corps simple, corps compote ^
corps homogène f corps hétérogène, Vétat so-
lide^ l'étût liquidé et gazeux d'un corps ; la
eohésiiM, la viscotUé et ÏHasticité.
» Une molécule corporelle étant un corps
dont les dimensions sont très- petites, doit
être considérée c^omme un assemblage de
plusieurs atomes pr»ndérables et éthérés.
Deux molécules placées à une dislance trè»-
grande comparai vement aux dimensions des
atomes, s'attirent toujours en raison directe
des masses et en raison inverse du carré de
la distance entre les deux centres d'action.
Cette force, connue sous le nom de pesanuur
universelle, n*est que l'excès de la force
attractive des atomes pondérables d'une
molécule relativement aux atomes éthérés
de l'autre, et réciproquement, sur la force
répulsive des atomes pondérables et des
atomes éthérés d'une molécule par rapport
aux atomes de même nom de l'autre molé-
cule. Cette loi explique, comme on sait, tous
les phénomènes à distance^ ce qui comprend
toute la mécanique céleste.
» La théorie des phénomènes capillaires,
la théorie des vibrations des corps élastiques,
les compositions et les décompositions chi-
miques, etc., s'expliquent par l'analyse des
forces attractives et répulsives des atomes,
en ayant égard à leur figure et à leur dureté;
ce qui peut donner des résultats tout opposés
à ceux que fournirait la simple loi de la gm-
vilation universelle.
» Enfin, la lumière consiste dans le mou-
vement vibratoire des atomes éthérés, la
chaleur, dans la condensation de ces atomes;
le froid, dans leur raréfaction. L'électricité
vitrée n'est autre chose que le fluide éthéré
rendu libre à la surface des corps ; l'électri-
cité résineuse se manifeste lorsqu'une certaine
quantité de fluide éthéré est enlevée è la
surface d'un corps. L'électro -magnétisme et
les phénomènes magnétiques s'expliqneat
par la considération des mouvements de
transport des atomes éthérés et quelquefois
des atomes pondérables ; lequel mouvement
est une conséquence nécessaire de la rupture
de l'équilibre entre les atomes pondérables
et les atomes éthérés. >
Pagani termine en annonçant qu'il se pro-
pose d'écrire un traité complet de physique
basé sur ces principes. — L'Académie cmt
devoir garder le silence; il lui parut, malgré
la grande confiance que lui inspirait l'auteur
du système, que l'hypothèse de nouvelles
forces devait être justifiée autrement que par
des raisonnements. Pagani ne se découragea
point; seulement, dans ses cours ordinaires,
il s'abstint pour le moment de s'écarter des
idées reçues. — La révolution, comme nous
l'avons dit, interrompit ses études.
6« Mémoire sur la théorie des projec-
tions algébriques (Ihid. t. VU, 1832).
Non seulement l'auteur se proposait de
donner les principaux théorèmes relatifs aux
projections ; mais il voulait présenter une
solution nouvelle de l'important problème où
il s'agit de déterminer le mouvement de ro-
tation d'un corps solide. Il avait fait à Paris,
en 48^8, la connaissance du baron Foorier :
on reconnaît ici l'influence de ses entrevues
avec ce savant , par sa tendance à traiter
plus spéeialemeBt les questions relatives à
la constitution de noire univers*
r»5
PAG
506
7"* Recbercbessur rinlégration d'une
classe d*équalions aux différentielles
partielles linéaires, relatives au mouve-
ment de la chaleur (7^td. t. VIII, 1854;.
QuelqneB parties de ce travail avaient déjà
paru dans la Correspondance maihémiHique
de M. Quetelet. Pagani soogeait toujours il
traiter successivcmeat des diflérenles parties
de TéquRibre et du mouvement, pour re-
prendre ensuite toutes ces éludes spéciales
et en former un corps de doctrine. Son analyse
est habile; mais il vit plutôt des pensées des
grands maîtres que des siennes propres. On
voit qu'il tourne volontiers autour des diffl-
cultés scientifiques pour se donner la satis-
faction de les vaincra, plutôt que pour se
faire un nom (Quetelet, p. 106 .
8"" Note sur l'équilibre d'un système
dont une partie est supposée inflexible,
et dont Tautre partie est flexible et ex-
tensible (Ibid., t. VlU, 1854).
A Fappui de la dernière observation que
lai a suggérée le mémoire n^ 7, ]|||. Quetelet
cite la déclaration suivante de Paguni : «Dans
les derniers mois do l'année 1828, je rédigeai
sur le môme sujet (le sujet de la présente
note) un essai qui fut présenté à l'Académie
de Bruxelles, et qui mérita les encourage-
ments de cette savante compagnie. Duns mon
travail, je supposai, comme tous les géomètres
qui s'étaient occupés de ce point de statique,
que la forme du système est invariable, et
après avoir établi à priori que la somme des
carrés des pressions doit être an minimum,
je fis voir que ce principe conduisait fc l'hypo-
thèse d'Euler. Je me propose maintenant do
revenir sur le même objet , en ayant égard
cette fois à la déformation du système t ce
qui fait disparaître l'indétermination qui
existe efTectivcmcnt dans le cas général où la
forme du système est supposée invariable. »
9" Problème relatif au cilcul des
variations (BulL de l'Acad-, t* 11» p- ^i,
1855).
10^ Note sur un point de mécanique
analytique (Ibid^, t. lii, p. 262, 4836.
1 i^ Sur la forme d'un corps doué de
la plus grande attraction (Ibid,, p. 505).
12" Rapport sur deux mémoires de
M. Uartynowski (Ibid,, t. IV, p. 81 et
155, 1857.
1 5° Mémoire sur Téquilibre d'un corps
solide suspendu k un fil flexible (Mém»
de VAcàd,, t. X, 1857).
I Ce Mémoire, dit M. Quetetat» renferma
encore un exemple bien frappant du change-
menlqui s'était manifesté dans notre con*
frère, k l'égard des théories mathématiques.
On y trouve une nouvelle preuve qu'il a quitté
les méthodes générales pour s'occuper de
problèmes qui attiraient ratlenlion. J'avais
décrit dans la Correspondance mathématique
une expérience asses curieuse de M. Gregory,
professeur de mathématiques à Woolwich.
Il s'agissait, entre autres, de l'équilibre d*un
corps attaché par un point & l'extrémité in-
férieure d'un cordon, dont l'autre extrémité
est fixée à l'axe vertical d'une roue qui tourne
avec une vitesse constante. M. Pagani avait
étudié avec soin les différents mouvements
que prend le corps, et en avait fait Tol^eL de
notes qui avaient excité l'attention de M. de
Salys, jeune officier do génie, nouvellement
sorti de l'Ecole polytechnique, qui présenta
ses observations dans le même recueil ( * ).
Pagani, en s'attachant à répondre aux objec-
tions qui lui avaient été faites, était parvenu
à faire un travail assez complet; c'est ce
mémo travail qu'il reprend plus tard avec plus
d'ensemble, mais sans trop se soucier de la
distance qu'il met entre ses études sur la
mécanique en général (p. 107). •
14" Mémoire sur Téquation A" «=C
(/Wi., t. XI, 1858).
Cette difllcullé avait déjà préoccupé Euler;
Pagani s'attache à en développer l'interpréta*
tion.
15^ Note relative à l'équation binôme
A» «= C iJBM. de l'Acad., t. lY» p. 587
et 455, 1857).
1 6® Note sur la théorie algébrique des
logaritbmes (/i».,t. VI, 1'* partie, p. 256,
1859).
17" Quelques considérations mathé-
matiques sur les vents alizés (/^., p. 442).
18** Note sur une nouvelle manière de
parvenir aux équations fondamentales
de r hydrodynamique (It.y t. VI , 2'' p.,
p. 26, 1859).
19"^ Nouveau théorème de statique,
qui comprend le (U^lébre théorème de
Leibniz (!b,, p. 497).
20" Mémoire sur quelques transfor-
mations générales de Téquation fonda-
mentale de la mécanique ()/éiit. de l'A-
a<(/.,t.Xll, 1859).
Ecrit substantiel, oii l'auteur s'attache sur-
( * ) M. le général Nerenburger . parent de
M. de Salys, prit pari à celte di:i€Uâsion, dont
les résultats ne furent pas sans intérêt.
SOT
PÉT
508
tout à montrer les avantages d'une notation
qu'il avait indiquée et que Poisson employa
depuis, à la fin de l'introduction de son Traité
de mécanique {publié en 4883),en lui donnant
le nom de permutation tournante.
21 ' Rapport sur un Mémoire du con-
cours de i840 (Bull, de VAcad., t. Vil,
1« partie, p. 277, 4840).
22« Note sur quelques transforma-
lions algébriques (Ib., 2« p.. p. 50,
1840).
25<>Notesurquelquestransformations
des équations relatives au mouvement
d'un point matériel (Ib., t. VIII, 271, p.
152, 1841).
24^ Rapport sur un Mémoire de M.
Pioch (l. X, 1" p., p. 94, 1845).
25** Note sur la manière de parvenir
aux équations fondamentales de Thy-
drodynamique (t. X, 2« p. p. 279, 1845).
26"* Note sur une fonction exponen-
tielle (t. Xni, 2«-p., p. 547, 1846).
27» Nouvelle démonstration des for-
mules relatives au rayon du cercle os-
culaieur ( t. XIV, V* p., p. 185, 1847).
28^ Rapport sur un Mémoire du con-
cours de 1849 (l XVI, 2« p., p. 615,
1849).
29» Sur le théorème d*Euier, relatif à
ladécom|K>silion du mouvement de ro-
tation des corps (t. XIX, 2® p., p. 161,
1852).
30" Mémoire sur le mouvement d*un
point matériel rapporté à trois axes
fixes dans un c^rps mobile autour d'un
point (t. XIX, 5« p., p. 49, 1852).
II. Travaux non publiés par F Aca-
démie.
31<^ Résumé des leçons sur la géo-
métrie et la mécanique des arts indus-
triels. 1826, in-8«.
Ce résumé» comprenant 96 leçons , était
destiné à servir de manuel dans l'enseigne-
ment. L'auteur n'en annonça la publication à
personne, insouciance qui lui attira des dif-
ficultés avec son libraire et lui coûta une
somme assez ronde.
52^ Divers articles dans la Corres-
pondance mathématique et physique de
M. Qnetelet, savoir :
Vitesses virtuelles, 11, 19, 94 et 158
(1820); Spiriques, H, 257, (1826);
Problèmes, II, 559 (1826) ; III, 156
(1827); IV. 226 (1828); Vitesses vir-
tuelles, 111,75 (1827); Résonnance,!!!,
145; Théorie de la chaleur, III, 257;
IV, 584 (1828) ; Dynamique, IV, 58,
504 ; V, 227 (1829) ; VI (1850) ; Points
brillants, IV, 127 (1828) ; RotaUon des
corps, IV, 254; Théorie des équations,
IV, 291 ; Optique, V, 222 (1829) ; Mé-
ciinique, VI, h7 (1830) ; Analyse, VI,
210 ; Balistique, Vil, 128(1852); Mé-
canique analytique, VII, 169,217,257,
297(1852); VIII, 62(1855).
55* Différents écrits dans les Mé-
moires de r Académie de Turin.
— On lit dans le Bulletin de T Aca-
démie royale de Belgique^ année 1840,
p. 162 : « M. Pagani annonce à TAcadé-
mie quHI s'ocxupe de la rédaction d*un
travail sur les principes fondamentaux
de l'analyse algébrique, et qu'il se pro-
pose de le soumettre incessamment k
rapprobation de la Compagnie. Il se
borne, pour le moment, à faire con-
naître qu'il croit être parvenu à établir
une théorie complète des quantités né-
gatives et imaginaires, et à démontrer
que ces dernières quantités peuvent
servir, au même titre que les quantités
négatives, à la construction géométrique
des problèmes de la géométrie analy-
tique. »— Il n'a pas été donné suite à ce
projet.
l>oter«. Vaunt ( GiLLES - PaSCAL-
Napoléon), néà Glons le 17 mai 1804,
mourut subitement à Liège le 15 dé-
cembre i867. Après avoir achevé ses
humanités sous la direction de son
frère aine, maître intelligent et instruit
('), il suivit à rUniversité de Liège les
cours de la Faculté des sciences. Reçu
pharmacien avec la plus grande dis-
tinction, par la Commission médicale de
la province, le 15 août 1826,il prit part.
Tannée suivante, au concours public
(*) M. l'abbé Peters, auteur de plusieors dit da Beaurtgûrd, faaboorg St-Giiles, à
ouvrages classiques et fondateur du collège Liège (aujourd'hui llnstitutSt-Joieph).
509
RAI
510
que la Régence de Liège ouvrit entre
les candidats à la chaire de pharmacie
instituée en cette ville (M. Ses efforts
furent couronnés de succès i ') ; un ar-
rêté royaldu 4 décembre 1821 le nomma
professeur à Thôpital de Bavière. Il y
ût son cours pendant huit ans, tout en
remplissant les fonctions de pharma-
cien en chef des hospices civils. En
i 855, lors de la réorganisation de ren-
seignement supérieur, il obtint le titre
d'agrégé à la Faculté de médecine de
rUniversité. Le 7 décembre 1854 ,
il fut nommé professeur extraordi-
naire; le 16 mars 18GI, professeur
ordinaire. Ses attributions restèrent
les mêmes pendant tout le cours
de sa carrière universitaire, savoir :
!• PItartnacie théorique, y compris
rhistoire des drogues et des médica-
ments , leurs altérations et leurs falsi-
fl cations, les doses maxima auxquelles
on peut les administrer ; 2» Pharmacie
jn-atique^ y compris les opérations to-
xicologiques. En 1867, il demanda un
suppléant pour la partie non chimique
de son enseignement : le gouvernement
lui adjoignit M. le docteur Van Aubel
(V. ce num), son gendre. L'École de
pharmacie, installée dans un labora-
toire spacieux et bien aménagé, répond
de tous points k sa destination, si ce
n*est qu'elle pourrait être plus riche en
appareils. Les résultats qu'elle a four-
nis, sous rimpulsion intelligente et vi-
goureuse de PeterS'Vaust , méritent
d^ètre signalés. Depuis que les élèves
subissent leurs examens devant les
jurys combinés, on, pour parler plus
précisément, de 1849 à 1867, trois ré-
cipiendaires seulement ont été ajour-
nés, ce qui constitue une proportion
tout à fait excejHionnelle. Des 93 phar-
maciens formés pendant cette période,
55 ont été reçus avec la plus grande
distinction, 5 avec grande distinction
(grade aujourd'hui supprimé), 5i avec
distinction, 19 enûn d'une manière sa-
tisfaisante. De pareils chiffres en disent
assez par eux-mêmes. — Peters faisait
partie de la Commission médicale pro-
vinciale depuis le 54 décembre 1857 ;
H présida ce corps en 1865, 4864 et
1865. 11 était membre honoraire de
l'Académie royale de médecine de Bel-
gique (arrêté royal du 1 décembre
1862) et affilié à plusieurs autres so-
ciétés savantes. — Y. l'art. Chande-
LON.
Rnlkem (ANTOmE-FRANÇOIS^OSEPH)
naquit à Liège le 20 juillet 1785, et y
mourut le 4 octobre 1862. Il fit de
fortes études à l'Ecole centrale du dé-
partement de i'Ourte,el partit dès 4800
pour Paris, avec une vocation décidée
pour la carrière de son père, médedo
très-distingué (*) Au quartier latin, il
retrouva les Hauzeur, les Nysten, les
Dejaer, les Colson, comme lui enfants
de Liège, comme lui passionnés pour
la science. Il conquit des palmes aca-
démiques, obtint au concours le titre
d'élève de l'École pratique, et fut ensuite
attaché au service de l'hôpital St-An-
toine. Trois fois de suite il mérita le prix
d'émulation que l'administration décer-
nait annuellement aux élèves internes
les plus recommandables. La Gazette
de Liège de J-F. Desoer (n» du 40 août
4840) nous apprend que ses succès lui
valurent des félicitations nationales, et
que lamunicipalité liégeoise lui accorda
une récompense pécuniaire. Raikem
fut reçu docteur en médecine de la Fa-
culté de Paris, le 4 décembre 4807. Il
ne quitta point la grande cité, mais s'y
établit en praticien ; le 24 mars 4808#
le préfet de la Seine le nomma médecin
du bureau de bienfaisance de la section
de Montreuil, et Tannée suivante, mé-
decin de la garde nationale du même
arrondissement (8'). Son mérite attira
l'attention toute particulière de l'illustre
Halle, de l'Institut, médecin ordinaire
de l'Empereur. Sur la proposition de ce
personnage, Raikem fut attaché en qua-
(*) Règlementda ii avril 1827, approuve
par le gouverDement le 7 juillet suivant.
(') Les épreuves durèrent trois jours.
( ' • Guillaume- François- Joseph Raikem ,
doeteur de la Faculld de Nancy, avait été
médecin consultant du dernier priuce-évèque
de Liège ; il remplissait alors ses fonctions
de médecin des hôpitaux civils de sa ville
nalale.
5H
RAI
512
lité de médecin, par décret du 17 oc-
tobre 1810, aux enfants des princes de
Lucques et de Piombino. Il vécut à la
cour de Florence, entouré de restime
générale, Jusqu*à la chute de la famille
qui Tavait appelé ; la grande-duchesse
Elhalul coniia, outre les fonctions pré-
citées, le service médical de sa maison
et de la pagerie.Ce fut à Florence qu'il
épousa M"** Marie-Louise Corsî, camé-
riste de la princesse Napoléon Baciocchi :
union heureuse, d*où naquirent six en-
fants, qull eut le bonheur de voir gran-
dir autour de lui. Les événements ne le
prirent pas au dépoun'u : il passa avec
éclat les examens nécessaires pour ob-
tenir le droit de pratiquer la médecine
en Toscane, et, le limai 1815, concou-
rut victorieusement pour la place de
premier médecin de Volterra. Il habita
cette ville Jusqu'en Y856, joignit à son
litre celui de médecin en chef des hôpi-
taux et de tous les établissements pu-
blics, et fut chargé en outre du service
médical des salines de S* Léopold.
Dans le cours d'une si laborieuse car-
rière, Raikem trouva le temps de se li-
vrer à de profondes études spéciales,
dont l'importance fiit reconnue par un
grand nombre de sociétés savantes.
Parmi ses titres académiques, il faut citer
ceux de membre correspondant de TE-
cole de médecine de Paris, de membre
de la Société anatomique de la même
ville, de correspondant de l'Académie
impériale de médecine, de la Société
médicale d'émulation de Paris, de la
Société MedicO'fisica de Florence, des
Georgafiii de Florence, de la Soc. mé-
dicale d'£rlangen, à^X AccademmNapth
leone et de la Faculté médico-chirurgi-
cale de Lucques, de la Société I. et R.
Arétine, de VAccad, Labronica de Li-
vourne, de la Soc, Cobmbaria de Flo-
rence, de VAecad, Etrusca de Cortone,
de VAccad. de* SepolH de Volterra, de
la Soc. Toscane de géographie et d'his-
toire naturelle, etc. Rentré en Belgique,
il ût en outre partie des Soc. médicales
de Gand, Bruges, Bruxelles , Liège et
Verviers; de la Soc. d'Emulation de
Liège, etc., etc. — Depuis longtemps
il nourissait le désir secret de revoir son
pays. Il n'en laissa pas échapper l'oc-
casion, lorsqu'il fut question de réorga-
niser nos Universités de l'État. M. de
Theux songea au médecin de Volterra,
et n'eut pas besoin d'insister beaucoup
pour le déterminer. Par arrêté royal dn
8 août I85G, Raikem fut nommé profes-
seur ordinaire à TUniversité de Lîége ('),
avec mission d'enseigner Fanatomie
pathologique et l'hygiène ('). Il se fit
remarquer dans sa chaire par son esprit
positif et par une érudition peu com-
mune. Il aimait il citer les auteurs ita-
liens, Mascagni, Gîacomini, Buffelinî,
Tomassini, Ramazzini et tant d'autres;
il rendit sous ce rapport des services k
la Faculté de Liège, en fiimiliarisant les
élèves avec des idées et des méthodes
peu connues en Belgique. Notons en
passant qu'il fut chargé , pendant plu-
sieurs semestres, d'un cours de clinique
médicale. — Raikem n'était pas orateur:
malgré tout son savoir et sa riche ex-
|)érience, on doit avouer qu'il ne parve-
nait que difficilement à captiver son
auditoire. Mais lorsqu'il se trouvait en
présence d'un cas particulier à inter-
préter, tel qu'une maladie obscure ou
une lésion anatomi(]ue rare, son œil
s'animait, sa figure rayonnait, l'expres-
sion propre se présentait naturellement
sur ses lèvres. Il savait aussi produire
de l'effet, à Foccasion , |}ar la ténacité
de ses recherches, par la force de sa
logique et par une bonne foi candide
qui déroutait les esprits prévenus, et
faisait s'évanouir les sourires narquois
ou incrédules quelquefois prêts à l'ac-
cueiilir. Il se consacra tout entier à
l'enseignement ; aussi bien, son âge
avancé ne lui permettait plus guère de
s'adonner régulièrement îi la pratique
médicale Quand il consentit à traiter
des malades, non-seulement il le Ut sans
honoraires, mais plus d'une fois il sup-
porta lui-même les frais des médicaments
qu'il prescrivait. Homme simple et con-
fiant jusqu'à la naïveté, il fut trop .sou-
vent victime de son cœur généreux. Sa
(M il oe fat pas tout dïilrard acctteilli
comme il méritait de i'èlre (v. l'Industrie du
-14 avril, le Journal de Liège des 18 et 19
août 1836, etc.).
(') A partir de i84â, il donna aussi un
cours spécial d'hygiène à l'Ecole des mines.
513
RAI
514
bienveillance s*alliait à une franchise
imperturbable et en tempérait les effets:
on te savait exempt d^ambitlon, et dévoué
exclusivement à la science et à sa fa-
mille. — Il remplit les fonctions de rec-
teur pendant Tannée académique 1845-
1844; Tarrêté royal qui le créa chevalier
de rOrdre de I.éopold date du 18 no-
vembre 1844; dix ans après (11 octobre
1854), il fut déclaré émérite. — Raikem
a surtout honoré son nom par de nom-
breux travaux scientifiques, dont l'heure
de sa retraite n*a pas interrompu la
série. Les Bulletins de la Société de
TEcole de médecine de Paris mention-
nent ou reproduisent par extraits, de
1806 à 1815, neuf Mémoires élaborés
par lui sur les maladies du cœur, no-
tamment sur la cardite,sur l'anévrisme,
sur rinflammation des veines, etc. et
sur Tétat de la médecine en Italie. —
Son Mémoire Sur diverses maladies du
système hépatique a été inséré, en 1823,
dans la Bibl. médicale du professeur
Royer-Collard. — A Thôpiial St-An-
toine, Raikem avait eu pour collègue le
célèbre Breschet ; ils se lièrent d*une
amitié qui ne se démentit jamais,et notre
compatriote devint Tun des collabora-
teurs en titre du Répertoire d'anatomie
et de physiologie chirurgicales. Il y
écrivit enir'autres sur les maladies de
Tencéphale, sur la splénite terminée
par suppuration, etc., etc. — Dans la
Nuova hihliotheca universale, de Flo-
rence» on trouve de lui un Mémoire
Sulla pleuritide semplice (1817); il pu-
blia également à Florence, en 1818,
une notice sur le typhus contagieux et
sur d'autres maladies qui avaient régné
â Volterra en 1816 et 1817. A diverses
époques, il adressa des communica-
tions importantes à PAcadémie de mé-
decine de Paris : sur une disphagie
chronique suivie de guérison ; sur une
hépatite chronique terminée heureuse-
ment par suppuration et par Texpecto-
ration du pus qui s'était frayé un pas-
sage entre le diaphragme et le poumon ;
un deuxième Mémoire sur rinflammation
des veines (1855), etc., etc. — Les
Mémoires et les Bulletins de TAcadémie
de médecine renferment un grand nom-
bre de travaux plus ou moins étendus
de Raikem, ayant trait pour la plupart
à Tanalomie patho'ogique, qu'il regar-
da toujours comme la vraie base de la
médecine. Son Mémoire sur quelques
affections de la veine porte (1843) ,
entr'autres, obtint un légitime reten-
tissement. Raikem se tint scrupuleuse-
ment au courant de la science jusqu'à
ses derniers jours ; ii en suivit les pro-
grès à l'étranger comme dans son
pays; on lui doit la traduction de plu-
sieurs ouvrages italiens sur l'hygiène,
etc. — Il fut un des membres les plus
actifs du Conseil de salubrité publique
de la ville de Liège (v. les Annales de
cette Commission); à l'Université, il
créa la collection d'anatomie patholo-
gique. — Son discours de rectorat,
Sur la morale du médecin^ est un mor-
ceau digne d'être conservé. — La spé-
cialité de ses éludes n'empêcha pas
Raikem de faire quelquefois des excur-
sions dans divers domaines, entr'au-
tres dans celui de l'archéologie : sa
notice sur les thermes romains de Vol-
terra, insérés en 1851 dans les procès-
verbaux de la Société libre d'Émulation
de Liège , est l'œuvre d'un véritable
érudit,et tout à la foisd'un observateur
attentif et exact. Raikem ne sut jamais
se faire valoir : il n'en a que plus de
droit peut-être à une page honorable
dans l'histoire de la médecine belge (*).
M. Ul. Capitaine a dressé avec le
plus grand soin , pour son Nécrologe
liégeois (1862), la bibliographie des
ouvrages de Raikem. Nous n'avons
qu'à résumer son travail.
1<* Propositions sur les maladies de
poitrine, Vembarras gastrique, etc.,
présentées et soutenues à l'Ecole de
médecine de Paris , le 27 novembre
1807. Paris, Didot jeune, 1807, in-4^
Dédicace aa docteur Lecierc, prof, de mé-
decine légale à TEcole de Paris. — Od lit
dans le Troubadour liégeois du 31 janvier
(*} Soi^CEs : hommage à la mémoire
de A.'F.'J, Raikem, Liëge, 1869, in-S»,
(Discours de MBf , Spring, Scbwann et Fos-
lion). — Moniteur de renseignement, ^^Bérie,
t. 1, 1854, p. 288. — Mém, de CAcad, roy,
de médecine (notice de M. J.-R. Marinus,
1863, in-4«. — France littéraire, t. XI. —
Nécrologe liégeois, 186i.
22
815
RAI
816
4808 : « Le professeur Leclerc qui tenait
lieu de père à notre jeune docteur Raikem,
est mort subitement le 24 de ce mois.
2° Observations (inédites) sur les di-
latations du cœur ci de V aorte ^ — Sur
certaines maladies de la colonne verté-
brale. — Sur les cancers des organes
de la digestion. — Sur la péripneumù-
nie. — Sur les malndies cérébrales et
nerveuses — Sur une laaladie rare du
tissu cellulaire, — Réflexions et disser-
tations sur la colique bilieuse qui a ré-
gné à la fin de Vannée 1807, — Sur la
cause de Vinvagination des intestins.
— Sur les signes propres à faire distin-
guer les affections cancéreuses de Vesto-
mac de In gastrite chronique- — Sur
VutUité de la pression sur V abdomen pour
distinguer la péripneumonie de la pieu-
rodinie rhumatismale. — Sur Vutilité
pour les pansements des vésicatoires pré"
parés avec Veau distillée des cantharides»
Ces recherches valurent à Raikem un des
grands prix décernés aux élèves des hôpi-
taux de Paris.
5» Suite malattie che hanno regnato
in Yolterra negli anni 1816 e 1817,
e particolarmente sut tifo contagioso.
Florence, 1808, in-8o.
En collaboration avec M. Brianchi.
4<» Notice sur la maladie (inflamma-
tion) de la moelle épiniére, des mé-
ninges, du cerveau et du poumon droit,
à laquelle a succombé V. Fohmann,
prof.ord. àVUniversité de Liège. Paris,
Everat,1857, in-8»,
£xtr. de la Gazette médicale de Paris
(Repr. dans VEncyclographie dei sciences
médicales de Bruxelles, 1837).
5^ Recherches, observations et expé-
riences sur le Théridion marmi^natte
C)de Volterra et sur les effets de sa
morsure. Paris, 1839, in-8*.
Extr. des Ann. des Sciences nat. de Paris,
t. XI.
6» Observ. suivie de quelques ré-
flexions sur un vaste kyste ovarique,
enflammé, suppuré, gangrené et per-
foré, à la face interne duquel étaient im-
plantéesdouze dents. Gand, 1841, in-8'>,
avec planches.
Extr. des Mém. de la Soc. de médecine
de Gand. Observation recueillie à Volterra
en 1820. Raikem, dans une note manuscrite,
déclare n'avoir pas eu connaissance de l'art,
publié à la même époque, sur un sujet ana-
logue, par Seutin [Ann. dfoculistiqHe de
Cunier).
V Trad. du travail du docteur F.
Grassi intitulé : // rendi conte ossia
rapporto délia gestione medica delV
Ospedale del lazzaretto dAlessandria
(Malte, 1841).
Sur la peste d'Alexandrie (1840-1841). —
Ce travail, demandé à Raikem par ses col-
lègues de l'Acad. de médecine, est resté
inédit.
S"" Trad. du mém. de L. Toffbli, de
Bassano, Sur la rage canine. Brax.,
1845, in^û.
Extr. des Amu médico-légales belges.
d^ Discours sur la morale du méde-
cin. Liège, Dessain, 1844, in-8o(Repr.
dans les Ann. des Univ. de Belgique^
1V« année, 1845, p. 650.
Discours prononcé par Raikem, recteur
sortant, à la séance de réouverture des cours
de rUniversité de Liège, le 15 octob. 1844.
10*» Observations, réflexions et aper-
çus sur quelques affections de la veine
porte, etc. Brux., 1844, in-8<», et (avec
quelques variantes) (845, in-4' (Tiré
à part des Mém. de VAcad. rog. deméd,
de Belgique)-
Fait suite aux travaux présentés par
l'auteur, sur le même sujet, à la Société de
l'Ecole de médecine (1813} et à l'Acad. roy.
de médecine de Paris.
\V Vente et colportage des viandes.
Liège, Oudart, 1845, in-8*> (Extr. des
Ann. du Conseil de salubrité de Liège,
t. II, p. 4).
Propositions adressées à la Députatioa
permanente, de la province, à propos de Té-
pizootie charbonneuse de 1845.
12° Recherches et observations sur les
abcès du foie ouverts dans les bronches.
Brux., 1848, in-4° (Tiré à part des
Mém. de VAcad. de- médecine de Bel-
gique).
15° Trad. du Mém. de Louis Paroia
(couronné à Lucques par le 5* congrès
scientifique italien) sur Vergot des gra-
{ * ) Araignée noire tachetée de rouge ,
connue aussi sous le nom de marmignatto
et daranea tredecim gutlata.
ta
0
\1
RAI
518
minées^ ou réponse aux questions do
programme da prof. J.-B. Mazzoni.
Bnix.,1848, in-8*.
Extr. des Archive* de la médecine belge ^
l. XXni, XXIV et XXV.
14** Quelques conM. Mer la hauteur
des numotts comparée à la largeur des
rues dans les villes, Liège, 4851, in-8^
Extr. des Atm. du Conseil de talubr. de
Liège, t. II, p. 33
15^ Notice sur les anciens thermes
romains de Volterra. Liège, Desoer,
1841, în-8».
Exlr. dtt Procès-verbal de la séance pu-
blique tenue le S9 déc. 4850 par la Soc,
Ht Emulation de Liège, p. 39. — On trouve
dans ïeGuidaperla Cittàde Volterra (1833),
OD6 analyse de VAcqua San Peliee de cette
ville, faite par Railbem en 4833.
IC* Trad. de Touvrage du D' L.
Parola (de Con!) : Traitement de la tu-
àerculisation en général et de la phthisie
pulmonaire en particulier, Brux. , Grè-
goir, 4852,in-8^de207p.
Extr. des Archives de la médecine belge.
L'ouvrage original est intitulé : Délia tuber-
cuhsi in génère e detla ftini polmonare in
tpeeie. Turin^ 4849, in>4o avec pi. (Gouron.
pir YAcûd, roy, médico-chirurg, de Turin).
Kb tète de sa traduction, Raikem reproduit
le rapport du docteur Girola sur le mémoire
de Parola.
17^ Rapport sur renseignement de la
médecine en Italie, Brux., 1855, iB-8^.
Extr. des Ann, des Vniv, de l^elgique,
— Rapport rédigé ^ la suite d'un voyage que
fit Raikem en Halie (mai -Juillet 1855) et pour
lequel le Gouvernement lielge lui alloua un
eal»side de 3000 francs.
i»* Collaboration â différents re-
cueils périodiques, savoir :
a. Le Bulletin de VEcole de médecine
de Pttris et de la Société établie dans
son sein (180^1816) contient des rap-
ports sur plusieurs travaux de Raikem :
Obs. sur les maladies du cœur consé-
cutives à certaines affections des pou-
mons (4806). — Rapprochement de
quelques faits observés à Thôpltal St-
Antoine de Paris (4807) (*), — Mèm.
sur la pneumonie aigûe (4808). — Obs.
sur une cardite aigâe (4809). — Mèm.
sur la pneumonie chronique (4840). —
Notice sur l'étude de la médecine en
Toscanne et spécialement sur les tra-
vaux du célèbre anatomiste Mascagni
(4844). — Deux obs. relatives à des
anévrismes de Taorte ouverts dans
Tœsophage (4842). — Notice sur l'u-
sage à llntérieur du carbonate de po-
tasse (4845).— Obs. sur l'inflammation
et sur robiitération des veines (4845).
— Mèm. sur la bronchite pseudo-mem-
braneuse (1845). — Mémoire surquel-
ques causes de I*an4vrisme du ventri-
cule gauche du cœur (4845). — Mèm.
sur les maladies qui ont régné à Vol-
terra en 4845(4846).
b. Gazette de Liège de Desoer : Disc,
prononcé sur la tombe de Célestin
Closon, de Liège, mort à Paris le 30
juin 4809 (n^"* des 10 et 43 Juillet
4809).
Colaon, condisciple et ami de Raikem,
comme lui couronné plusieurs fois à Paris,
avait eu sa part de Tovation dont nous avons
parlé. Nicolas Bassenge, dans les journaux
du temps, fit le plus grand éloge des deux
jeunes émules.
c. Nuova biblioteca universale (Flo-
rence) : Memoria sulla pleuriiide sim-
plice (4847).
d. Bibliothèque médicale de Royer^
Collard: Mèm. sur diverses maladies
du système hépatique (4825).
e. Répertoire d'analomie et de physio-
logie pathologiques et de clinique chirur-
gicale, de Breschet (Paris) : Mèm. sur
quelques maladies de l'encéphale et
particulièrement sur rinflammation et
le ramollissement de cet organe.— Obs.
sur la splènite terminée par suppuration.
— Obs. sur une inflammation du canal
digestif et de plusieurs vaisseaux san-
guins, artériels et veineux.
f. Bulletin de VAcadémie royale de
médecine de Paris : Obs. sur une dys-
( *) « Le professeur Alibert,dans ssJVbto-
logie naturellcy à propos de la fièvre quMl
appelle lente nerveuse, parle d'une fièvre
niiiqueiisf exaiHhémàtiqae qui se manifesta
en i806 fc l'bOpital St-Antoine, et dont fl
donne une idée sommaire d'après la descrip-
tion que j'en ai tracée sous les yeux de mon
maître, M. Leclerc, alors médecin en chef
de cet hôpital > (Tfou autogr, de Rdikem,
ap. Capitaine, p. 438).
819
RAI
S20
phade chronique saivie de guérison.
— Obs. sur uneectopie accidentelle du
cœur terminée par la giiérison. — Hé-
patite chronique terminée heureusement
par suppuration et par Texpectoration
du pus à travers le diaphragme et le
poumon. — Mém sur Tinflammation
des veines.
g. Annales de la Société de médecine
de Gand : Le tiré à part n*» 6. — Obs.
d'amaurose et d^hypertrophie du cœur,
maladie à laquelle a succombé G.-J.
Bekker, prof. ord. à TUniv. de Liège
(1837, p. 535).
h. Bulletin de la Soc, de médecine de
Gand: Expérience surTexistence et les
lois des courants électro-physiologiques
des animaux à sang chaud (t. VI, i840,
p. i3G). — Traductions de Titalien
(Hist. d'un hermaphrodite de Vcspèce bo-
vincy par Mascagni, t. IV, i838, p. 31 ;
De Vutilité de la statistique enmédecine y
parle D' Jerrario, t. VI, 1840, p. 67).
Raikem présenta encore à celle Société
(1840) la trad. d'un Mémoire lu à l'Acad.
des Georgofili de Florence, par le docteur
Puccinoti, Sur le» relations de ia médecine
avec l'économie publique.
i. Gazette médicale de Paris : Le tiré
à part n» 4.
j. Annales de la Société des sciences
naturelles et médicales de Bruxelles:
Mém. sur rhydrophobierabiflque déve-
loppée chez des brebis à la suite de mor-
sures faites par un chien enragé (Repr.
dans le Bulletin médical belge et dans
le recueil suivant).
k, EncyclograplUe des sciences médi-
cales, de Bruxelles : Reproduction des
n«« 4, 17, 18/"1, 18i, 18n3. — Sur la
phlogose des vaisseaux (trad. d'un ex-
trait de Touvrage duD' Rasori sur rin-
fiammation),
l. Annales des sciences naturelles.
Partie zoologique (Paris) : Le tiré à part
n«5.
m. Annales des sciences naturelles de
Bruges: kvéiéQ^ par F. Puccinotti d'Ur-
bin (t. Il, 1840-1841, p. 140-155).
Trad. des préliminaires de l'ouvrage de
Puccinotti sur Ârélée.
n. Archives de lamédecine belge : Les
tirés à part n<" 13 et 16. — Notice sur
Tanatomie et la pathologie de la glande
thymus, par le D' Corti (t. IV, 1841, p.
65 et 156), art. traduit du Journal des
se, médicales de Turin (Repr. par la
Gazette des hôpitaux de Paris). — Du
cryptogame de la teigne, trad. duo
Mém. couronné à Milan en 1850 sous le
titre ûeEnzoografia tfmana(Repr. dans
YEncyclogr, des se, méd,), — Nouv. con-
sidérations tirées d'une foule d'expé-
riences et d'observ. pathologiques sur
le pouls veineux, par le D^ Desiderio,
de Venise (t. XXXVII, 1851, p. 255).
- Reprod. du Mém. n^ 12 (t. XXIV,
1847, p. 143) et d'autres communications
faites à TAcad. de médecine. — Rapp.
sur les indications prophylactiques à
suivre contre le choléra-morbus asia-
tique (t. XXVI, 1848, p. 17). — Rapp.
sur les Mém. de concours relatifs à
Thist. de Talbuminerie (t. XXXIII . 1 850,
p. 154).— Art. divers (trad deriialien),
anonymes ou signés R.
0, Journal de médecine publié par la
Soc, des se, médicales et naturelles de
Bruxelles: Obs. sur un abcès urineux
consécutif à une perforation delà vessie
(t. I, 1843, p. 531 et 561).— Quelques
obs. sur des tumeurs sous-cutanées
renfermant des vers vésiculaires (t. 111,
1845, p. 543). - Trad. d'articles ita-
liens : Méthode rationnelle du traitement
de Thydrophobie, par L. Toffoli, (t. Il,
1844, p. 469); Remèdes anti-épilep-
tiques du D' Marochetti (t. IV, 1846,
p. 147); Nouveau procédé pourfampu-
tation de la verge,parM.Rizzoli (t. IV,
1846, p. 810); Des avantages de Tellé-
bore noir, partie, dans les cas de manie
et de mélancolie, par F. Gozzi (t. IV,
1846, p. 803), etc., etc.
p. Bulletin de rAcadénûe royale de
médecine de Belgique: Obs., réfl. et
aperçus sur quelques aflfections mor-
bides de la veine porte, etc. {Discussion^
t. III, 1844, p. 170; v. ci-dessus, n«
10). — Rech., obs. et réflexions sur les
abcès du foie ouverts dans les bronches
(Résumé analytique^i, VI, 1847, p. 553 ;
V. ci-dessus, n^ 12); Rapp. présenté au
nom de la Commission {*) chargée
(*)Uo des meilleurs travaux de Raikem.
La Commission était composée de MM.
Craninx, Lombard, de Mersseman, Vie-
minckx et Raikem, rapporteur.
r
S21
KOU
52-J
d'examiner la question relative aux
moyens prophylactiques à suivre contre
le cboléra-morbus asiatique (t. Vil,
1848, p. 335-377). ~ Disc- sur les alté-
rations pathologiques rencontrées dans
les cadavres des cholériques (t. VllI,
p. 507); Rapp. de la Commission char-
gée d'examiner les Mémoires envoyés
an concours sur la question : Faire Phis-
toire de ral^mnerie,eic. (t. IX, i849,
p. 675; V. ci-dessus, n), — Rapp. sur
des essais d'inoculation faits avec du
cowpox recueilli dans la commune de
Hinghene (t. IX, 1849, p. 622).
Le Bull, de V Académie de médecine ren-
ferme encore une vingtaine de rapports sur
différents travaux communiqués à cette Com-
pagnie par les docteurs Van Heerbeek, A.
Sovet, J. Ansiaux, Meunier, Moreau, Bras-
seur, A. Baze, Delcour, Desiderio, Heuse,
Graux, Tardini, etc. Ces rapports, dit H.
Marinas , sont faits avec conscience et
peuvent être cités comme des modèles
d*exaclitude et de judicieuse appréciation.
q. Annales médico-légales belges, pu-
bliées par le D' Crommelinck (i843^:
le tiré à part n? 8.
r. Mémoires de V Académie royale de
médecine de Belgique : les tirés à part
D~ 10 et 42.
s Annales des Univers, de Belgique,
voir les numéros 9 et 47. — Discours
prononcé sur la tombe de E. Y. Goda
(ill« année, 1854, p. 934).
r Annales du Conseil de salubrité
publique de la prov. de Liège : les tirés ù
part numéros 44 et 44.— Rapp. relatif
à une note de M. le docteur Sovet, de
Beauraing, sur la bière considérée au
point de vue de Thygiène publique
(t. II, 4845, p. 65).
v. Annales d'oculistiaue de Th. Cu-
nier : Traductions de 1 italien : sur un
nouveau procédé opératoire du docteur
Cappeletti pour exécuter la blépharo-
plastie (4846). — Sur l'emploi des
verres convexes chez les opérés de la
pupille artificielle, par le docteur Trin-
cbinetti (4846). — Sur l'helminthiase
dans ses rapports avec l'oculistique
(4855), etc.
V. Annales delà Société de médecine
de Liège : Rapport sur le travail du
docteur Collette relatif aux inondations
à Liège (t. III. 4848, p. iî7-45).
M. U. Capitaine nous apprend encore
que Raikem a laissé quelques travaux
inédits, pour la plupart inachevés, no-
tamment une traduction commentée de
la partie de l'ouvrage de clinique du
prof. Bufalini , de Florence, relative
aux maladies du cœur.
Rouille (Louis-Pierre) , né à Ver-
sailles le 20 mars 4757, naturalisé
belge le 48 mai 4845, mourut à Liège
le 47 octobre 4844. Il appartenait par
son père à une ancienne famille de
robe, et par sa mère, Marie-Madeleine
Gaillard, à la famille de Thistorien de
François I , de Cbarlemagne et de la
Rivalité de la France et de ^Angleterre
(*). Son éducation terminée, il fut,
suivant un usage assez général à cette
époque, placé chez un procureur (vers
4779), où il rencontra François-Stanis-
las Andrieux, dont la carrière devait
avoir avec la sienne une étrange res-
semblance. La similitude de leurs goûts,
de leur caractère, de leur génie les pré-
destinait en quelque sorte à courir
les mêmes chances de fortune. L'un et
l'autre déployèrent, dans Vétude de leur
patron, plus de zèle et d'aptitude à faire
des plans de tragédies et de comédies
— qu'à grossoyer. Ils abandonnèrent
la procédure presque en même temps,
pour entrer , Andrieux , chez le duc
d'Uzès , en qualité de secrétaire ;
Louis Rouillé , à l'hôtel des che-
vaux-légers, en qualité de secrétaire
aussi, sur la proposition du petit-fils
de d'Aguesseau et de M. de Ségur.
« L'un et l'autre traversèrent honora-
is blement la tourmente /évolution-
» naire; l'un et l'autre se 'réfugièrent
» dans l'étude des lettres, qui leur pro-
» cura plus tard des chaires sembla-
» blés , d'où, sans s'être revus, ils fai-
» salent descendre en même temps,
(* ) Noos résumons la notice biographique
publiée dans la Revue de Liège (t. 11, 1844,
p. 625-662) par M. Félix van HuUt, gendre
de RouiUé. — Voir aussi Van Hollebeek ,
Let Poète» belges, Bruxelles, 4864, ln-8*,
p. 27 et suiv. et le Journal de Uége du 48
octobre 1844 (art. de M, CI. Muller).
523
ROU
534
» Tun à Paris* Tautre à Bruxelles et
» ensuite à Liège, avec la même grAce
9 et la même aménité, des enseigne-
» ments également dictés par les inspi-
» rations les plus nobles et par le goût
» le plus pur, et recueillis des deux
» parts avec le même zèle et le même
n amour. » —On possède neu de détails
sur la jeunesse de Rouillé : il fallait
pour ainsi dire employer la ruse, ou ré-
Teiller chez lui un souvenir de recon-
naissance, pour ramener ji parler de
ses anciennes relations avec Thomas,
avec Marmontel, Chamfbrt, Tabbé de
Roismont , Tabbé Morellet , Suard ,
Saint-Ange, Dncis, Florian, qu*il voyait
fréquemment chez M"» d*Angivilliers,
dont le salon réunissait tout ce que la
Cour avait de plus aimable et les lettres
de plus distingué. Rouillé s'attacha
surtout à Thomas, puis à Ducis, parce
que Ducis aimait Thomas. Ils ne dirent
pas les seuls à lui reconnaître de Fap-
titude et un jugement délicat en litté-
rature; en 1783, Saint-Ange, Télégant
traducteur des Métamorphoses , pria
Rouillé, Ducis et Mistelet de corriger
sa comédie intitulée YEcole des pères
ou VHeurenœ échange. Le secrétaire
des chevau-légers partageait son temps
entre Taccomplissement des devoirs de
sa charge, la culture des lettres et la
fréquentation assidue des gens d*élite :
pour tout concilier , il était obligé de
prolonger ses veilles outre mesure, ce
qui finit par compromettre sa santé, au
point qu'on fut obligé de lui interdire
tout travail et de le mettre au lait d*â-
nesse. 11 avait fait une comédie ; on ne
lui permettait même pas de la relire.
Enfln arriva Fheure bénie de la conva-
lescence; Rouillé la salua par une
charmante invocation à la Santé, qu1l
adressa sous forme de lettre à J.-B.
Lesbroussart, son oncle par alliance
(*). Il était encore souffrant lorsqu'il
écrivit ces vers; à peine osait-il comp-
ter sur Tavenir :
Aimac moi, mon ami, je prendrai patieorc.
Adiea. De celle que j'encea^e
Je eesse d*e:$pérer an traitemeot plu^t doux ;
Hais j*apprend» quVUe eat près de Tou.t :
Je regrette rooing non abfeoce.
( * ) Cette pièce a été insérée dans la He-
vue de Liége^ t. tt, p. 210, et dans le vo-
Lesbroussart, appelé en Belgique
par Marie-Thérèse, avait publié à Bru-
xelles, en 1785, sous le titre De Védu-
cation belgique, des réflexions sur le
nouveau plan d*études que Joseph II
venait d*adopter pour le Collée Thé-
résien. L*idée lui vint, en 17&7» de se
faire un titre aupi'ès du Musée de Bor-
deaux, en faisant hommage à cette Aca-
démie d*un exemplaire de son ouvrage;
il y joignit une pièce de vers de Rouillé,
sollicitant pour celui-ci le titre de
membre correspondant qu'il ambition-
nait lui-même. Tous deux furent nom-
més : inconnu la veille à Bordeaux,
Rouillé s*y vit porter aux nues Ior$qu*on
eut donné lecture du Moment^ petit
poème d'une conception vralmeat ingé-
nieuse et d'une grâce dont aou*e si^ïle
a perdu le secret.
dioi te* hamaimi, pliu qu'où oe peoee,
To«t mi Touvre^je d'un nomeat
Un moment non« donne la rie.
Un moment nous donne la mort.
Un moment fixe no«re aert.
Un moment comJJe notre enrie.
Un moment non* rend meikeareoz,
^ Un moment nous rend odieux.
Un moment nou« réconcilie...
Le mouient à aon gré ae joue
De notre eapoir, de no« Main :
Du sort, il fait tourner 1« roae...
... Au mortel le plus malkabile
14 prête Itt dextérité,
Bt dana l'esprit le pws stArilt
U porte la réconditi...
U embarra^e U prudence.
Excuse la témérité.
Éteint la seoiùbUité,
Anime La froide indolence.
Fait triompher Paridité
Où tient «ndboaer U icieoce,
Et donue à la stupidité
Le ton Tuinquenr de rdoqnenœ.
D*an guerrier toat.£liai^ d'kinoeara
Le moment obscurcit la gloire.
Et d'un Erostate A vapeuri
H éternise la mémoire.
D*un poltron, il fait un héros.
De U fade Klmire, une idolo;
U Toue menu an aa^e A Paphoe,
Et frère Looe an capitole.
Belten, vous Mentez comme moi
Le prix d*an moment de délice...
Beau sexe, assez sonreni
L*instsnt, dit-ou, a itur tous quelque empire.
Je n*en cron rien : point ne roudreis médire;
Point ne Tondrais m'exposer à Totre ire:
Trop bien sauriec punir le médisant...
L*abbé Sicard, le célèbre instituteur
des sourds-muets, fut chargé de noti-
fier leur nomination à Lesbroussart
et à Rouillé. Le diplôme de ce dernier
lui donne la qualification de Secrétaire
lame de poésies I<5gôres doDt il sera qoçs-
tioa ci-apr^8.
5:^0
ROU
526
de rétat^mqjor des gardes-du-^orps du
Roi. Il ne parailpas que celui-ci, mal-
gré les înslances réitérées de son cor-
respondant, ait rien communiqué ulté-
rieuremenl à TÂcadémie de Bordeaux.
Sa santé, toujours inégale , lui servit
d'excuse. G*est pourtant de cette époque
que datent les principaux écrits qu'il
a laissés, deux petits recueils de poé-
sies légères publiés par ses amis sans
son agrément, et une comédie en trois
actes et en vers (le Connametirj, repré-
sentée à Versailles, puis à Bruxelles.
Rouillé écrivait en quelque sorte pour
lui-même : il n'aimait pas qu'on parlât
de lui ; il avait peur d'être en évidence.
Il racheta, pour les anéantir, tous les
exemplaires de ses poésies qu'il put dé-
couvrir, et de même il retira sa comé-
die, imprimée également sans sa par-
ticipation. Le Connaisseur est moins
remarquable, il faut le dire, sous le
rapport de l'invention que sous le rap-
port du style, toujours naturel, élé-
gant et délicat. On y trouve des por-
traits finement dessinés, des saillies
spirituelles, des vers qui se retiennent
et qui, s'ils étaient plus connus, ob-
tiendraient fréquemment les honneurs
de la citation : quant à la donnée, c'est
tout simplement celle du conte de Mar-
montel qui porte le même titre, et le
dénouement fait trop penser au dernier
acte de la Métromanie. Evidemment,
Rouillé n'avait composé cette pièce
que pour essayer ses forces; ainsi en-
core s'explique sa discrétion. En tout
cas, il pouvait se promettre une bril-
lante carrière littéraire, lorsque la tour-
mente de 1789 vint faire trembler jus-
qu'en ses fondements l'édifice social,
et rompre en un moment la chaîne des
traditions de la France de Louis XIV
et de Louis XV : les coups de foudre de
l'éloquence révolutionnaire étouffèrent
le fllel de voix des poètes de cour.
tt Intelligent et généreux, dit Ph. Les-
broussart (*), Rouillé avait salué avec
transport cette grande rénovation ; mais
bientôt il fut réduit à détourner ses re-
gards des scènes déplorables qui com-
mençaient à la profaner. Dans Tune de
ces occasions , il fit preuve d'un dé-
vouement trop honorable pour que nous
omettions de le signaler. Lorsque, dans
les sanglantes journées des 5 et G oc-
tobre, Versailles fut envahi par la po-
pulace parisienne, et le quartier des
gardes livré au pillage, Rouillé sau\a
la caisse de l'hôtel et parvint à déposer
les fonds dans une sûre retraite, non
sans avoir plusieurs fois, au péril de
sa vie, traversé les rangs de cette mul-
titude également avide de meurtre et
de rapine. Il parvint aussi à protéger
les jours menacés de quelques gentils-
hommes ; double service qui , après
le rétablissement momentané de l'ordre,
fut récompensé par la croix de Saint-
Louis, que du reste il ne porta jamais. »
Il resta employé au ministère de la
guerre jusqu'au moment où J.-B. Les-
broussart, devenu son beau-frère, le
décida (en l'a^ V de la République)
à venir le rejoindre à Bruxelles et à s'y
fixer définitivement. Le jurisconsulte
Lambrechts (*), commissaire du pou-
voir exécutif, le nomma chef dans ses
bureaux. Enfin la carrière de l'ensei-
gnement s'ouvrit pour lui, lors de l'orga-
nisation des Écoles centrales. A la suite
d'un concours, il fut appelé à professer
les belles-lettres dans celle de la Dyle.
Lambrechts fit tous ses efforts pour le
retenir et chercha même les moyens de
concilier les fonctions des deux places:
Rouillé ne se laissa point convaincre ;
par conscience il refusa le cumul, et
par goût il opta pour la chaire
Il débuta, le l*' messidor an V, par
un discours qui fit d*emblée pressentir
en lui un professeur distingué. A une
époque où l'on jetait volontiers pardes-
sus bord tout ce qui semblait rappeler
rancien régime, il se fit le courageux
défenseur des Rollin et des Condillac,
il enseigna le respect de la pureté clas-
sique. L'insistance sur ce point était
alors d'autant plus nécessaire, que les
Collèges avaient été désorganisés depuis
la révolution, et que le soin de la forme
n'avait guère été jusque là, même avant
( * ) Dincoars proooncé aax fanëraiUes de
Rouillé.
(*) V. la biographie de Lambrechts par
M. Van Hulst, dans les Vies de queiques
Belgei.l'ié%e, Oudart, 1843, in-8*.
527
ROU
528
les derniers événements, la qualité do-
minante des Beiges. Bientôt Rouillé et
Lesbroussart constatèrent même que,
parmi leurs auditeurs les plus zélés,
beaucoup manquaient des connaissances
préliminaires indispensables pour pro-
fiter de leurs leçons. Ils eurent le cou-
rage d*y suppléer et de sMmposerla târhe
de faire des cours d*humanités, répartis
et gradués selon les besoins des élèves.
Ce zèle désintéressé et sans éclat fut
pourtant divulgué par la reconnaissance
des élèves, et en Tan X, le préfet du
département de la Dyle, M. Doulcet de
Pontécoulant, transmit collectivement
aux deux professeurs Texpression offi-
cielle « de Vestime et de h reconnaissance
que leur conduite avait inspirées au mi-
nistre de rintérieur. » Ce témoignage
était d'autant plus honorable que Rouillé
n*avail jamais, dans ses discours de
distribution de prix, saisi l'occasion
d'encenser le héros « qui avait ramené
Tordre dans Tempire et la victoire sur
toutes les frontières. » Quand il avait
parlé de Napoléon, il s'était contenté
de le représenter commedestiné à faire
fleurir la paix en affermissant la liberté^
cette liberté qui avait coûté tant de sang.
En Tan XI (1803), lors de l'organi-
sation des Lycées, Rouillé devint pro-
fesseur en litre des classes de 5" et 4',
qu'il avait jusque là volontairement di-
rigées. Quand l'Université impériale se
constitua, un arrêté du grand-maitre,
Fontànes, le nomma professeur de lit-
térature latine à la Faculté des lettres
de Bruxelles. En exécution des nou-
veaux règlements, il se munit en 18i0
du diplôme de licencié ès-lettres, et
l'année suivante de celui de docteur
Dès l'an VII, il avait été désigné par
l'administration départementale pour
faire partie de la Société libre des arts^
des sciences et dvs lettres^ qui fil place
en 1816 à la nouvelle Académie de
Bruxelles (*). Nous ne sachions pas
qu'il aitété affilié, depuis, àaucun corps
savant, si ce n'est à la Société royale
des beaux-arts et de la littérature de
Gand (1816).
Le événements de 1814, on le com-
prend sans peine, ne le laissèrent point
indifilérent. 11 avait un frère à Paris ;
M*"« d'Angivilliers, sa vieille amie, était
rentrée ; la Croix de Saint-Louis, s'il
rentrait en France, devait être le pré-
lude d'autres faveurs, de la part de la
famille qu'il avait servie dans ses pre-
mières années: mille raisons le pous-
saient à quitter la Belgique. Hais il
s'était marié à Bruxelles ; saHlIey était
née ; Lesbroussart tenait à y rester ; ses
meilleurs amis étaient Belges ; enfin il
s'aperçut que son cœur appartenait au
pays qu'il habitait déjà depuis vingt
ans. Il demanda donc etobtinten 1815,
du roi Guillaume, des lettres de grande
naturalisation. La même année. Il fut
nommé membre de la Commission char-
gée de préparer un plan de réorganisa-
tion du haut enseignement (*). Quand
11 eut été décidé, plus tard,qu'il y aurait
trois Universités de l'Etat, le commis-
saire-général de l'instruction publique,
Repelaer van Driel, offrit à Rouillé le
choix de l'Université dans laquelle* il
continuerait d'enseigner les belles-let-
tres. Il opta pour Liège et fut en con-
séquence nommé, par arrêté royal du
3 juin 1817, professeur ordinaire à la
Faculté de philosophie spéculative et
des lettres établie en cette ville (').
Son enseignement a laissé parmi nous
des souvenirs durables. Ceux qui ont
entendu Rouillé s'accordent à vanter la
(*) L'administration désigna vingt mem-
bres, qui furent chargés à leur tour de s'ad-
joindre vingt autres collègues. Rouillé fil
partie des vingt premiers avec son beau-frère
Lesbroussart , Van Mons le chimiste , le
peintre François, Heusschling, savant suriout
en linguistique, le bibliophile La Sema San-
tander, l'agronome Poederle, le professeur
de législation Wyns, etc. Parmi les collègues
qu'ils s'adjoignirent,onciteIe mathématicien
et antiquaire de Nieuport, Plasschaert, Gcn-
debien, Dotrenge, çtc. (Van Hulst, yotice sur
RouiUé).
( * ) Celte Commission était composée de
MM. de La Haroaîde, avocat-général près la
cour supérieure de justice de Bruxelles, le
baron L. H. de Broeck, le chanoine de Bast,
de Gand, le professeur de physique Sentelet,
J.-B. Lesbroussart et Rouillé (Arr. royal du
8 novembre 1815).
' ) Le programme de 4817 lui attrikme les
cours suivants : littérature française , art
oratoire, histoire des provinces beïgiqacs.
529
UOU
530
pureté et Taisance de son langage, la
délicatesse de ses aperçus, le rare bon-
heur avec lequel il savait combiner
Tordre didactique et renseignement his-
torique: notons en passant qu*en ce
temps-là, le cours de littérature fran-
çaise embrassait les préceptes de Fart
d*écrire en même temps que l'analyse
des chefs-d'œuvre littéraires. Rouillé
en voulait beaucoup à l'école romantique,
qui lui inspirait de temps en temps des
sorties assez vives : cependant il était
en un certain sens éclectique, et il sa-
vait rendre une pleine justice aux beautés
des productions les plus récentes. « Ja-
mais, dit son biographe, jamais vieux
professeur peut-être ne se montra plus
empressé que lui à citer honorablement
des œuvres contemporaines : c'est qu'il
était aussi bon que spirituel; mais il
faut se hâter d'ajouter que nul ne pos-
sédait à un plus haut degré l'art de ré-
veiller l'intérêt en variant le ton de la
louange, n Ses leçons étaient publiques :
à Bruxelles, du temps de la réunion
avec la France, elles avaient même été
fréquentées par un grand nombre de
dames. Â Liège, beaucoup d'amis des
lettres, sans distinction d'âge, se plai-
saient â retremper leurs souvenirs en
allant écouter l'aimable vieillard.
Affable avec tout le monde. Rouillé
se montrait peu prodigue du titre d'ami.
Surtout il était avare de ses lettres, « si
enviées par tous c^ux qui en avaient lu
quelqu'une, n Plasschaert resta finale-
ment son unique correspondant et l'u-
nique confident des gracieux caprices
de sa fantaisie littéraire. Plasschaert le
consultait sur le choix des devises ou
des inscriptions dont il ornait les bustes
des grands hommes de son Elysée (*) :
Rouillé lui indiquait Carpe dkm pour
Horace, et pour Molière :
Je T^ui qne Voa «oit homoie...
Cest k Plasschaert qu'il adressait les
jolies fables que M. Van Hulst nous a
partiellement fait connaître dans la
Revue de Liège; en revanche, c'est à lui
{*) Le célèbre parc de Wespelaer, entre
Louvaio et Malines. — V. la biographie de
Plasschaert dans les Vie* de quelques Belges,
(' ) II doit avoir continué, l'année suivante,
& faire son cours de littérature française à
que Plasschaert soumettait son Essai
sur la noblesse, son Esquisse sur les
langues, son charmant conte en vers du
Vieux baron et du Jeune chevalier , et
son appel à l'exilé Arnault, imitation
heureuse d'une pièce qui est dans la
mémoire de tout le monde {La Feuille).
 Liège, sa vie devint de plus en
plus studieuse et retirée. Il vint un mo-
ment où ses forces ne secondèrent plus
son zèle : l'éméritat lui fut accordé par
le gouvernement provisoire (le 16 dé-
cembre 1850)('). <( Depuis lors, il vivait
doucement, libre de soucis, mais non
pas oisif, au milieu de tout ce qu'il ché-
rissait : sa famille, quelques amis, et
ses livres, qui étaient aussi pour lui
d'anciens et de précieux amis : car, à
l'exemple d'un illustre contemporain
(Royer-Collard), il lisait peu, mais re-
lisait beaucoup ('). 11 était aussi versé
dans les littératures de l'antiquité clas-
sique que dans la littérature française;
Horace était son ami inséparable, mais
il n'en aimait pas moins le langage pro-
fond et sévère de Tacite. Il possédait
un talent de plus en plus rare : il savait
lire. Les inflexions de sa voix, les
nuances de son débit, variées à l'infini,
toujours fines et toujours justes, con-
tribuaient mieux qu'un commentaire à
l'intelligence des beautés littéraires. »
Sa modestie d'auteur était sincère.
« H y quatre ou cinq ans, dit M. Van
Hulst, que nous étions parvenus à ras-
sembler quelques feuilles éparses de sa
jolie comédie du Connaisseur. Voulant
lui faire une surprise agréable au jour
de sa fête, quelques amis s'étalent réu-
nis et avaient appris cette pièce par
cœur. Le jour venu, on l'invita, dans la
soirée, à passer au salon, où l'on avait
dressé un petit théâtre à l'aide de para-
vents. On se mit donc k jouer sa pièce :
il écoutait altentivemeotet avec plaisir;
mais plusieurs scènes avaient déjà été
jouées lorsqu'il dit â ses voisins :
a Mais c'est singulier ! Je connais cela,
j'en suis sûr, j'ai vu cela quelque part ;
aidez-moi donc à le retrouver, n
la Faculté libre. En lous cas, son nom figure
parmi ceux des membres de la Commission
dexamen nommée tout exprès, pour lesélèveâ
de celle Facullé, le 23 octobre 1831.
(*j Discours de Ph. Lesbroussart.
531
KOY
032
Bon, indulgent, délicat, il avait Tart
de mettre tout le monde à Taise. C'était
uii homme de mérite, etpourtant il n'eut
jamais ni ennemis ni détracteurs. Ce
témoignage d'un de ses anciens élèves
qui fut aussi toujours son ami (*) vaut
tout un panégyrique. — 11 avait, ajoute
Fuss, tout ce qui rend Fhomme digne
d*être aimé,
Coi peutu», qioret eoi Mpîtntii erat (*).
Nous avons dit que Rouillé conser-
vait pour lui, ou pour quelques amis
tout au plus, les écrits qu1l n'était point
forcé de publier. II brûla même plu-
sieurs manuscrits. M. Van Hulst eut
beaucoup de peine âarréter celle œuvre
de destruction et à sauver même les
cahiers, très-riches en renseignements
et en observations remarquables, des
cours de son beau-père.
La liste suivante sera donc nécessai-
rement incomplète. — Nons connaissons
de Rouillé :
1^ Deux recueils dt poésie* légères^
par M. K'*\ 1787, in-lS, sans nom
d'imprimeur ni de lieu, l'un de 8, l'autre
de 66 pages. — C*est à grand'peine que
M. Van Hulst est parvenu à rassembler
les fragments épars de deux exemplaires
de ces opuscules. Les pièces ainsi re-
trouvées ont été réimprimées en 4845
chez F. Oudart, à Liège, en un joli
volume in-8*, édité par les soins de M.
Aug. Van Hulst flls, squs ce titre : Poé-
sies légères, par L, P. IlouUlé.
^ Le Conmifiseur, comédie eu trois
aptes et en vers. — Nous avons dit que
la famille elle-mèioen'a pu en retrouver
que des fragments.
3** La ooUefilion des IHscours pronon-
cés par les professeurs de V Ecole centrale
du dépariem^t de la Byie, à Voaverture
des leçons, le i Messidor an V, contient
un discours de Rouillé (Bruxelles, Tutot,
\%ri^^ de 75 p.). —Nous ne savons si
les discours prononcés aux distribu-
tions des prix de l'Ecole centrale ont
vu le jour.
4« Discours d'ouverture du cours de
littérature française (à TUniversité de
Liège) : Sur les progrès de la poésie ei
de léloquence (Ann. A(*ad., vol. 1).
5° DesFa^/^«, des Êpigrammes, etc.
quelques-unes très-remarquables , pu-
bliées dans la Revue de Liège, t. I (14
fables), H (5 fables et la Lettre à M,
Lesbroussart) , IH (2 fables), iV (^
fables), VI (L'ours et le renard, fable
ancienne cum notis variorum (sic) et
4 épigrammes).
^^Lausus, tragédie (probablement iné-
dite). — Ph. Leshroussart se souvenait
de l'avoir entendu lire dans sa jeunesse;
elle lui avait laissé o une impression
puissante ». M. Van Hulst n'en a re-
trouvé que deux actes dans les papiers
de Rouillé.
noyer (Jean-Guillacme) naquit à
H unsterbilsen (province de Limbourç)
le 26 mars 1798, et mourut à Liège Te
20 octobre 1867, quelques jours avant
la ( élébration du jubilé universitaire et
quelques mois avant l'époque où il comp-
Uit obtenir l'éméritat, conformément à
la loi. Son nom figure encore au pro-
gramme de 1867-1868, mais seulement
pour mémoire, M. Heuse (v. ce nom),
qui le remplace aujourd'hui définitive-
ment comme professeur de pathologie
spéciale, ayant été désigné pour le sup-
pléer dès le commencement de cette
année académique. Royer était doué
d'une constitution robuste : sa famille
avait offert de rares exemples de longé-
vité; son père était mort centenaire,
accablé sous le poids de l'âge, mais
nullement infirme. Selon toute appa-
rence, Jfean-Guillaume devait compter
sur une verte vieillesse, longue et pai-
sible; mais une lésion des organes
digestifs, dont la cause remontait k
quelques années, s'aggrava tout d*un
coup pendant les vacances de 1867 et
ne laissa bientôt plus d'espoir. Royer
avait fait d'excellentes études à J'Athénée
de Maestricht , et il en était sorti pas-
sionné pour les langues et les littéra-
tures de l'antiquité. On peut dire qu'il
était né philologue : il écrivait le lalin
( * ) H. Cl. MuUer, membre dç la Chambre
des Représentanta,
( * ) Hemoriœ Lud. tLouitli, pièce de vers
ÎQsérée dans la Revu^ de Liige^i, II, p. 662,
&33
RUT
534
avec une pureté rare» et nous Tavons
connu parlant six langues avec une
facilité presque égale. Sa mémoii*»
prodigieuse, au surplus, lui venait sin-
gulièrement en aide : les tours de
force lui étaient familiers ; il eût réiilé
Virgile, Horace et peut-être Homère
d*un bout à Tautre; les poètes secon-
daires^ ceux mêmes delà décadence, lui
étaient familiers, et il savait par cœur
de longs chapitres d*histoire et jusqu^à
des traités de médecine : tout Celse était
d^ns sa tête, et pour peu qu'on l'en
priM, il en donnait volontiers ce qu'on
pourrait appeler une édition verbale.
Il ne s'engagea cependant point dans
la carrière des lettres : ses humanités
achevées, il alla suivre à TUniversité de
Leyde les cours de médecine» et en re-
vint porteur, à 18 ans,d'ua diplôme de
docteur obtenu avec le pitM grand suc^
cèsAl termina ses études à TUniversité
de Liège, où il subit d'une nanière
trèsrdistinguée, devant la Faculté de
médecioe, les examens de docteur en
ctiirurgîe et ea accouchements. UXMi
comme praticien ilansaon village natal,
il s'y acquit, gr^ce à son lèle et à «on
dévouement pour les malades indi-
gents, Testime et la reconnaissance de
tout le monde; mais les nombreux
amis qu'il s'était faits à Liège lui firent
comprendre qu'il était appelé j^ rendre
des services sur un plus grand théâtre,
et il se rendit à leurs conseils. Il fut
bientôt en réputation dans la ville uni-
versitaire; il devint entr'autres le mé-
decin ordinaire de l'évéque van Bom-
mel, fonctions qull consena jusqu'à
la mort de ce prélat. Lors de la réor-
ganisation de 1835, Royer fut nommé
a^égé à la Faculté de médecine de
rÇniversité ; U obtint le titre de pro
fesseur extraordinaire environ douze
ans après, le 5 août 1837, et enfln
rordinariat le 26 août 1844. II fut
chargé pendant plusieurs années du
cours de pathologie et de thérapeutique
génénMes, en remplacement de M. Sau-
veur ; ce cours a été postérieurement
dédoublé et partagé entre MM. Sprii^
et Vausi. Royer professa ensuite la
pathologie et la thérapeutique s|)éciales
des maladies internes, y compris les
maladies des femmes et des enfants,
celles de la peau et les maladies sy-
philitiques, cours de deux ans, confié
actuellement à M. Heuse (v. ci-dessus).
En outre, il resta titulaire ( ' ), jusqu'à
sa mort, du cours de médecine légale
(y compris la toxicologie), et du cours
facultatif d encyclopédie et d'histoire de
la médecine. D'un caraaère bienveil-
lant et afiable, Royer s'était acquis
l'affection aussi bien que la considéra-
tion de ses élèves. Son zèle ne se dé-
mentit jamais; il s'obstina même, quoi-
que déjà très-souffrant, à continuer
sans interruption son cours de patho-
logie spéciale jusqu'à la fin de l'année
1800-1867. Peut-être se faisait-il illu-
sion sur son état; en tous cas il ne
voulut suivre aucun traitement jusqu'à
ce que, peu après l'ouverture de la ses-
sion du jury, il dut enfin se rendre à
l'évidence ('). -^ Royer a été secrétaire
acadénûque eu 1857-1858. Nous ne
connaissons de lui aucune publication,
à part quelques pièces de vers latins,
pour la plupart consacrées à la mé-
moire de ses anciens collègues et dis-
séminées dans les journaux de Liège.
uu<t> ( Ignace -ÂNTOiNJS) naquit à
Luxembourg le 4" jour complémentaire
de l'an X (21 septembre 1802), et mou-
rut à Liège, d'une attaque de choléra,
le 31 juillet 1849, presque en même
temps que son compatriote et ami Mo-
litor, professeur à la Faculté de droit
de l'Université de Gand. Ils avaient fait
leurs études ensemble „débuté ensenUile
au barreau, quitté ensemble, en 1830,
leur ville natale pour venir servir la
cause de l'indépendance nationale ; ils
s'étaient ensuite trouvés réunis au tri-
bunal d'Arlon, en qualité de substituts;
enfin ils avaient quitté l'un et l'autre la
magistrature pour l'enseignement : il n'y
(*) Sauf une Interroption : le cours de
médeeiae légale, a été donné par H. Boriée,
delSSSilsei.
(*) Av Ifl ds mort, il exprima formelle-
meot la volonlé de ae pas recevoir les hoo-
Dcurs universitairee. — Son corps a é\^
transporté à Hnnsterbilsen.
00 i
SAU
536
avait plus qu'an point, ajoute M. Nypels,
le biographe de Ruth, où leur destinée
pouvait être diflférente, le terme de leur
carrière ici-bas : le ciel voulut que la
coïncidence fût complète. — Ruth prit
ses premières inscriptions à TUniversité
de Liège avec un autre condisciple luxem-
bourgeois, M. Jean-Baptiste Nothomb.
Ils furent compagnons de chambre et
prirent, dès le début, des habitudes stu-
dieuses. Ils se séparèrent en 1827,
M. Nothomb déjà impatient de prendre
part aux affaires publiques, Ruth préoc-
cupé de faire honneur au diplôme de
docteur en droit, qu'il venait de con-
quérir par une dissertation sur le Pri-
vilège du vendeur^ le seul travail imprimé
qu'on connaisse de lui. Les événements
entravèrent la réalisation des projets
du jeune avocat; au premier signal
parti de Bruxelles, la jeunesse du Grand-
Duché se leva pleine d'enthousiasme
pour les principes de la Révolution.
Ruth fonda une association publique à
Luxembourg, en fut le secrétaire et
rendit, dans les moments de crise, des
services qui furent récompensés plus
tard par la Croix de fer. Au mois d'oc-
tobre 1830, il passa au tribunal qui
venait d'être créé à Arlon, en qualité
de substitut du commissaire du Gou-
vernement ; Il y eut l'occasion de rem-
plir par intérim les fonctions de chef
du parquet, en l'absence de ce fonc-
tionnaire. Non seulement il profita de
sa position pour gagner dans son ar-
rondissement des partisans à la cause
qull avait embrassée, mais il parvint
à faire de la propagande jusque dans
les murs de la forteresse. Le ministère
jugea prudent de l'éloigner d'Ârlon et
lui confia le poste de procureur du roi
à Neufchâteau. Cependant la conduite
de Ruth avait porté ombrage au Gou-
vernement Grand-Ducal : des poursuites
judiciaires furent exercées contre le
jeune agent politique (janvier 1853); la
Cour d'assises de Luxembourg le con-
damna à mort par contumace. Ruth
aurait pu faire rapporter l'arrêt : il ne
le voulut pas, et laissant au temps le
soin de le justifier, il préféra rester
exilé de Luxembourgjusqu'à la conclu-
sion delà paix (1859). Soit modestie,
soit attachement au sol natal, il refusa
en 1837 une nomination de substitut
au Tribunal de Bruxelles; malgré les
instances de son ancien professeur,
Ant. Ernst, alors ministre delà justice,
l'arrêté dut être révoqué. La carrière
de Ruth ne devait pas toutefois s'ache-
ver à Neufchâteau. La mort de Godet
(28 février 18^4) ayant laissé vacante
la chaire de droit civil élémentaire à
l'Université de Liège, M. Nothomb,
alors ministre de l'intérieur, se souvint
de son ancien commensal. Cette fois
Ruth céda , mais après de longues hé-
sitations. Nourri par de longues études,
familiarisé avec toutes les difficultés du
droit ( ivil, il fit à Liège un excellent
cours, mais peut-être un peu trop sub-
stantiel pour des commençants. Au bout
de quelque temps, quand on s'était ha-
bitué à sa méthode, on appréciait son
mérite ;mais il eût été mieux à sa place
dans une chaire de droit civil a^ro-
fondu Ruth fut dominé toute sa vie par
un rigoureux sentiment du devoir :
comme homme privé, comme citoyen,
comme magistrat, comme professeur,
il a laissé une haute réputation de pro-
bité, de loyauté, de zèle à s'acquitter
de sa tâche. — Le discours de M. Ny-
pels, cité plus haut, a été prononcé le
26 octobre 1849 à la Salle académique
de Liège, et publié dans les AnnaU9
des Universités de Belgique^ t. VIL
Aauveiir (TOUSSAINT - DlEUDONHË)
naquit à Liège le 26 avril 1766 et y
mourut le 27 janvier 1838, professeur
émérite. Sauveur fut le premier recteur
derUniversité de Liège ; il enfutaussile
dernier avant les événements de 1830, et
iisurvécutà tous ses collègues de laFa-
cultéde médecine de 1817.— L'histoire
de sa première jeunesse, racontée dans
la Revue ^«'/geparM. L. Renard, abonde
en détails intéressants. Il fut élevé au
Collège de Visé, l'une des nombreuses
annexes de la célèbre Congrégation de
l'Oratoire ; il obtint ensuite de son père
la permission d'aller à Paris, où il se
prépara, par trois années d*études as-
sidues et brillantes, à entrer dans le
corps enseignant des Oratoriens. On
l'envoya professer les humanités au Col -
lége de Juilly, puis la rhétorique à l'U-
^
837
SAU
538
Diversité d*Angers, établissement sapé-
rieur de la Congréffation. Il y fui reçu
WMitre'èi-arti, ci C est là, dit Técrivain
» dont nous suivons le récit, quVl connut
)> Yolney et Lanjuinais. C'est là qu'Use
» lia avec Chabrol de Volvic, Dessoles,
» Creusé de Lesser, Pocholle, les La-
» rochejaquelin et Fouché. Il eut avec
» ce dernier d'assez étroites relations.
8 Les événements les séparèrent : ils
» firent, de l'un, un ministre puissant,
0 un duc de l'empire, un diplomate rusé,
» couvert des décorations de la plupart
» des souverains de l'Europe ; de l'autre,
» un médecin modeste mais estimé dans
» la science, mais honoré dans la pra-
A tique de son art, mais considéré de
» ses concitoyens. A trente-six ans de
» distance (1816), quand Monseigneur
» d'Otrante partit pour un exil qui de-
» vaitëtre éternel, avec le titre pompeux
» de ministre plénipotentiaire à Dresde,
» il se souvint, en passant par Lié^e,
9 qu'il devait y avoir un ancien ami de
0 collège. 11 s'en informa, et, apprenant
» qu'il vivait encore, il s'empressa de
» le visiter. Il s'expliquait difficilement,
» lui homme puissant et répandu, com-
» ment, alors que son crédit avait été
» utile à tant de monde, il n'avait pas
» trouvé l'occasion de l'employer une
» seule fois en faveur de son ancien
9 collègue d'Angers. Vous êtes, lui dit-
» il, le seul de mes anciens condisciples
» qui ne m'ayez jamais rien demandé, n
Mais Sauveur ne voulait rien devoir qu'à
lui-même ; et loin démettre à contribu-
tion ses anciens camarades d'études, il
les obligea au contraire quand il le put.
C'est ainsi qu'il secourut, avec la plus
délicate générosité, quelques Oratoriens
forcés par un décret de proscription,
lors de la rentrée des B<iurbons en
France, à chercher un refuge en Bel-
gique. — Sauveur rencontra sur son
chemin, au début de la C4irrière, des
célébrités de plus d'un genre. Il fut
l'ami de Daunou, et il pressentit dans
les confidences du jeune philosophe le
noble et généreux défenseur de la cause
de l'humanité, le Judicieux historien,
le publiciste irréprochable. Il lia con-
naissance, à Arras, avec deux jeunes
gens qui avaient témoigné le désir de
se rapprocher de lui, et dont personne
ne prévoyait alors les destinées. Ils
s'appelaient Maximilien et Augustin Ro-
bespierre. Sauveur assista entr'autres,
avec eux, à une fête de famille célébrée
à propos de la promotion d'un jeune
prêtre à des fonctions pastorales : épi-
sode fort insignifiant, si le héros de la
fête n'eût été... Joseph Lebon, un nom
que l'histoire écrit en lettres de sang.
Cependant les esprits commençaient à
fermenter en France : une catastrophe
était imminente. Prévoyant que les éta-
blissements d'instruction dirigés par
des communautés religieuses en ressen-
tiraient infailliblement le contre-coup ,
Sauveur résolut de changer de carrière.
Il ne quitta pas sans regret sa paisible
retraite ; mais il subit courageusement
la loi de la nécessité. Ce fut à Paris
même, au milieu du tourbillon, que, de
i789 à 1792, il consacra son temps à
l'étude de la médecine et suivit assi-
dûment les leçons de Bosquillon, de
Desault, de Deyeux, de Portai, d'An-
toine Dubois et de Corvisart. Sur ces
entrefaites s'ouvrit le règne de la terreur.
Sauveur comprit qu'il n'avait pas de
temps à perdre, et qu'il lui importait
d'autant plus de regagner son pays, que
l'invasion des Pays-Bas par les Autri-
chiens allait interrompre ses communi-
cations avec sa famille, et par conséquent
le priver de ressources. Or,la Convention
avait décrété la peine de mort contre
quiconque se présenterait à la frontière
sans passe-port; et demander un passe-
port, c'était se rendre suspect. Grâce à
son hôte, perruquier carmagnol en rap-
port avec des clubistes influents, il ob-
tint le laissez-passer indispensable;
mais il ne fit halte à Liège que pour
revoir sa famille, et alla se faire rece-
voir docteur à Utrecht, en i793. Rentré
enfin dans ses foyers, il fut nommé
médecin à l'hôpital St-Abraham ; dé-
noncé par un membre de la municipalité
comme ayant un frère émigré, il quitta
les fonctions publiques et ne s'occupa
plus que de sa pratique civile. Sa
clientèle devint bientôt importante, et
rhorizon politique s'étant éclairci après
la réaction thermidorienne, il put envi-
sager l'avenir avec sécurité. Diverses
missions ou distinctions lui furent con-
férées de 1800 à i8U : il fit partie du
S39
SAU
54Û
Comité de vaccinfè; il Ait nommé' méde-
cin des épidémies et, dès la création du
Lycée impérial de Lié^e, médecin de cet
établfs^emem. Llllastre Bartbez le flt
associer à ia Société médicale d'émula^-
tion de Paris; d'autres compagnies sa*
Vantes de Parisiet d'Orléans ne tardèrent
pas â se l'affiKer. Les événements de
1814 ne lui portèrent aucune atteinte.
En 1816, le roi des Pays-Bas le chargea
de prendre part à la rédaction de la
Pharmacopée belge; Tannée suivante, il
fbt nommé pré^deïit de la Commission
médicale de la province de Liège (sons
le régime précédent, 11 avait été itremfore
du jury médical du département de
lX)urte). Ses connaissances et son ex-^
périence rappelèrent tout naturellement
à occuper une chaire académique, lors*
que rUnlTersité de Liège fut fondée. Il
rentra dans la carrière professorale à
TâgedeSO ans, et eut Thonneur insigne,
dès son entrée en fonctions, d*ètre pro-
clamé prxiMU inter pares , c'est-à-dire
de revêtir, avant tout autre, les insignes
du rectorat. Son enseignement fut es-
sentiellement éclectique (*); il se tenait
avec le plus grand soin au courant de
la science, remaniait constamment ses
cours et se tenait à Taffût de tous les faits
nouveaux et dirigeait ses élèves dans
leurs lectures. Ses connaissances litté-
raires se reflétaient dans ses discours et
leur prêtaient un attrait piquant, u II en*
D seigna successivement la pathologie
n générale et la pathologie spéciale des
» malaâiesinternes,rhygtèneetlatbéra-
» peutique. Dans chacun de ces cours, il
» porta une méthode claire et logique*
)) un savoir approfondi , une raison supé-
» rieure, toujours affranchie des entrai
» ves systématiques Mais c'est surtout
}) dans sa clinique journalière à Thôpital
n quil Gt briller cette sagacité péné-
n trante, ce tact sûr, cette investigation
» prompte et saisissante, cet aplomb
n en quelque sorte Instinctif qui avaient
» développé en lui, à un si haut degré,
» la science difficile du diagnostic et
n du pronostic, il étonna souvent ses
» plus studieux disciples par la certi-
» tude de ses appréciations , par la
m pfédsle^n avec laquelle fPsavaH iron-
» ver le siège de la maladie dans les
a cas obscurs ou douteux... » Son zèle
» ne se démentit jamais, ni à rUniver-
» site ni an lit des malades. Aami To-
pinion publique se souleva-t-ellê éton-
née, on peut dire indignée, lorsque le
nom de rhonorable docteur fut Inopi-
nément rayé du programme des eours,
réorganisés eu 1835. QoeHes influen-
ces avaient déicide le pouvoir à lui arra-
cher sa démission? 11 paraît que ceux
qui concoururent à son élimHiation
furent les premiers à la regretter;
mais il était trop tard pour réparer le
mal. Proclamé émérite, ne eonsenrant
plus aucune attribution dans rensei-
gnement, Sauveur souflHt de cette
inaction forcée et inattendue : il cher-
cha en vain, dans la pratique, une
distraction aux pensées qui revenaient
fassaillir chaque jour, aux heM'es ha-
bituelles de ses leçons ; sa situation
morale fut encore aggravée par une
affection dont les symptômes n'effhtyè^
rent pas ses confrères de la Faculté,
mais sur laquelle il ne se flt point
Illusion. 11 eut claîremenl conscience
de son état jusqu'au dentier mo^
ment, et il mourut en s'appKquant à
lui-même la science qui l'avait illustré.
— Sauveur n'écrivit guère que sa thèse
Inaugurale et quelques mémoires dis-
persés dans des recueils périodiques;
les manuscrits de ses cours et son
portefeuille ^'observations, si les soins
de sa nombreuse clientèle lui avaient
permis de les coordonner ou d'en pu-
blier des extraits, auraient pu rendre
d'utiles services à l*art de guérir. Il fut,
en 1806, l'un des fondateurs de la So-
ciété des sciences physiques et médicales
de Liège : il fit insérer, au premier vo*-
lume des Actes de cette compagnie, un
long rapport sur les travaux des cor-
respondants et sur une belle question
mise au concours : Be rinfluence des
passions sur la production des maèadies.
Les procès -verbaux de la Société d'E-
mulation de Liège (19 mars 1810, p.
38-56) contiennent un éloge histo-
rique du célèbre docteur Ab Heei*s, de
( * ) II répétait volontiers ces paroles de utratque, ubi veritatem coiutu^ tequor ; ma-
Klein : Nec ab antiquis «um, nec à novis : gn{fico sœpiui repetitam experientiam.
S41
SCH
543
Tongres (*), dû également à la plume
de Sauveur. Le Discours pour Vinslalla-
liott de rUniversité, prononcé le S5
septembre i817 (Ann. 1819) et le Dis-
cours pour la remise du rectorat en
1818 (hid.) sont des morceaux remar-
quables par le fond et par la forme ; on
peut en dire autant d*un travail Sur la
c/fnt^ve, préparé pour la rentrée solen-
nelle de 1851, mais malheureusement
resté inédit. Sauveur prit une grande
part aux travaux de la Commission
chargée, dès 1829, de Texamen et de
la révision des lois, arrêtés et règle-
ments sur Tart de guérir, et contribua
à la rédaction du rapport sur le même
sujet, présenté au gouvernement, en
1855, par une autre Commission spé-
ciale. C*était un homme de bon con-
seil, d*un Jugement sûr, d^une clair-
voyance pénétrante et d*un esprit éle-
vé. Il eut le bonheur de voir ses
enfants annoncer, dès leurs drbuts dans
la carrière où il s'était lui-même dis-
tingué , qu*ils se montreraient un jour
les dignes héritiers de sa science et de
ses exemples.
Sources: Revue belge, art. cité.— Dis-
cours prononcé par le profeseur Leroy
aux funérailles de Sauveur.
schaar (Matrias), ué à Lùxcmbourg
le 28 décembre 1817, mourut à Nice le
26 avril 1867 ('). Son père. Ingénieur
au service des Pays-Bas, l'emmena tout
enfant à Grevenmachern, puis l'envoya,
âgé de treize ans, au Collège de Sierck,
en France, pour y faire ses humanités.
Cinq années s*écoulèrent ; il fut alors
décidé que Mathias étudierait la méde-
cine à l'Université de Gand. A peine
installé dans cette ville, il eut le malheur
de perdre son père, ce qui changea du
tout au tout sa position sociale et ren-
versa ses projets d'avenir. Rappelé dans
le Luxembourg, il h'y resta que le temps
de s'orienter ; nous le retrouvons bien-
tôt à Gànd, maître d'études au pension-
nat de TÂthénée (*), tout absorbé par
ses fonctions et par l'étude des sciences
mathématiques, à laquelle il se livra
tout d'un coup avec une ardeur singu-
lière. Il ne pouvait suivre les cours de
l'Université ; maisl'isolement ne faisait
que fortifier son esprit el lui donner
l'habitude de la méoitation. Désireux
cependantd'essayer ses forces, iirésolut
de prendre part au concours universi-
taire, qui venait d'être institué. Or, pour
y être admis, il fallait non-seulement
se faire inscrire au rôle des étudiants,
mais posséder le diplôme de candidat.
Scbaar se mit en règle, rédigea un Mé-
moire Sur l'emploi de la vapeur comme
force motrice et, le 2 août 1842 (*), fui
proclamé premier en sciences physiques
et mathématiques. Ce triomphe semblait
devoir inspirer au jeune vainqueur de
la confiance en lui-même ; mais il était
d'une timidité excessive, et, d'autre part,
il ne se dissimulait pas que la méthode
auto-didactique ne supplée jamais com-
plètement à la direction d'un maître
éclairé. Grâce â l'interventioti d'un ami
influent, il aurait pu être envoyé en Al-
lemagne et placé sous la direction de
l'illustre géomètre Gauss ; le ministre
était tout disposé à lui accorder deux
années de congé s'il le fallait, en ajou-
tant même aux revenus de sa position
actuelle. Schaar accepta ces offres avec
reconnaissance, mais demanda du temps
pour se préparer ; il parla de son ma-
riage, qui était sur le point de se con-
clure; bref, Taifaire n'eut pas de suite.
Il faillit s'en repentir lorsqu'il se pré-
senta devant le jury, pour subir l'exa-
{*) Connn par ses Uraviux sor les €tvz
minérales.
(*) Nous rëstmons It Notice publiée par
M. Qttetelet dans {'Annuaire de t Académie
royale de Belgique pour 1868,p. llSetsuiv.
(') Alors dirigé par M. de Potter,«(quiiui
servK de guide et de père >»
{ *) Celte date est restée célèbre dans les
Annales de l'Université de Gand. Quatre
questions avaient été mises au concours ; les
quatre prix furent obtenus par des élèves de
Gand (Mathias Scbaar et MBf. L. Fraeys,
J.-B. Lauwers et J. Foerfaon). On était à la
veille de célébrer le 95* anniversaire de Tins-
tallation de TUniversité : le Conseil communal
résolut de rattacher à cette fête le triomphe
des quatre lauréats. Outre la médtille d'or
décernée par le gouvernement , ils reçurent
cbaeun, de la pari de la ville, une branche de
laurier en argent et un ouvrage de prix. (V.
le discours du professeur Moluj , Ann, du
Univ. de Belgique, 1843, 1. 11, p. 6S6).
543
SCH
544
men de docteur eo sciences physiques
et mathématiques. Dès le commence-
ment de l*épreuve, il se troubla, hésita
ets*embrouillasi bel et si bien, que sans
M. Quetelet, qui connaissait sa valeur
et parvint à lui rendre quelque assu-
rance,il eût été infailliblement ajourné.
Il conquit enfin son grade avec distinc-
tion^ « et Ton a pu juger depuis com-
bien cette distinction était méritée. »
Le doctorat en sciences lui valut une
double promotion : Tadministration gan-
toise l'attacha à son Athénée en qualité
de professeur de mathématiques , et le
gouvernement lui confia les fonctions
de répétiteur d'analyse à TEcole du
génie civil. La classe des sciences de
TAcadémie reçut de lui une première
communication le 10 janvier 1846 ;
d'autres se succédèrent rapidement et
furent accueillies avec une faveur mé-
ritée. Préoccupé de s'initier aux mé-
thodes des grands géomètres, il se
contenta d'abord de régler ses investi-
gations sur les leurs ; mais, à partir de
la fin de 1849, ses allures devinrent
plus franches , plus indépendantes :
elles marquent déjà, dit M. Quetelet,
le géomètre qui suit sa propre voie et
procède d'une manière sûre. Malheu-
reusement, rétat de sa santé le força
sinon d'interrompre, du moins de ra-
lentir ses travaux. Il était d'une taille
élevée, mais d'une constitution assez
faible ; d*un caractère doux, naturelle-
ment affectueux, mais d'une vivacité
fébrile et d'une susceptibilité nerveuse
qui lui commandait plus qu'à un autre
d'éviter les surexcitations de l'esprit.
£n 1857, après la mort de Meyer, le
gouvernement résolut de l'envoyer à
Liège : on pouvait espérer que le chan-
gement d'air lui serait favorable. Il fut
donc nommé professeur ordinaire (24
septembre) et, peu de temps après, in-
stallé dans la chaire délaissée par son
compatriote (analyse supérieure, calcul
intégral, calcul aux différences, calcul
des variations, fonctions elliptiques ;
probabilités; astronomie). Son talent,
son dévouement aux élèves, son carac-
tère bienveillant lui acquirent tous les
suffrages. Jusqu'en 1865, son état pa-
rut sensiblement amélioré : plus de
tension d'esprit extraordinaire , un ré-
gime hygiénique, de longues prome-
nades dans les beaux environs de
Liège, qui lui rappelaient le pays na-
tal, tout contribuait à rendre l'espoir k
sa famille. Sa vie était d'ailleurs très-
occupée : depuis le 8 mars 1858, il
était membre du Conseil de perfection-
nement de l'enseignement moyen, et il
remplissait son mandat avec le zèle
consciencieux qu'il déploya partout où
Il eut des services à rendre. La Société
royale des sciences le comptait parmi
ses membres (5 décembre 1857) ; l'A-
cadémie le nomma, en 1865, directeur
de la Classe des sciences, pour l'année
suivante, et le gouvernement le choisit
comme président de la Compagnie, pen-
dant la même année. 11 se remit insen-
siblement à composer quelques notices,
mais sans se fatiguer. Il semblait fixé
à Liège pour toujours; ce milieu lui
convenait sans doute : il venait de s'y
faire construire une belle demeure,
disposée conformément à ses goûts,
lorsqu'une circonstance imprévue vint
tout à coup le relancer en pleine mer,
du port où il s'était abrité. Son ancien
confrère Timmermans, de l'Université
deGand (*), fut frappé d'apoplexie et
succomba le â septembre 1864.S€haar
n*était pas très-bien portant en ce mo-
ment : cependant ii regarda comme un
devoir d'accepter la chaire vacante, et
ni les instances réitérées de ses élèves,
ni celles de tous ses collègues de
Liège, ni les soins de ses bâtisses à
peine terminées ne parvinrent à le re-
tenir (*). Les adieux furent doulou-
reux : on pressentait quelque malheur.
A Gand, Schaar ne jouit jamais d'une
santé stable. 11 essaya de tons les
moyens pour se distraire ; il fit de la
musique, passionnément et avec suc-
( * ) Sar Timmermans , v. YÀnnuaire de
VAcadémie, précité (Notice de M. Quetelet).
( * ) Les étadiants de Liège, qui lui avaient
d^À offert son portrait, voulurent, au dernier
moment, lai laisser une nouvelle marque de
leur gratitude. Ils lui remirent une grande
pendule allégorique portant cette inscription :
À M. Schaar, les élèves de l'Université de
Liège reconnaissants.
54S
8CH
546
ces ; il s'adonna aox travaux mécanl*
qotts, et ptos spécialement à la cons-
truction des corps flotteurs et des vais-
seaux. Depuis longtemps déjà ce goût
s'était développé chez lui, à ce point
qu'il s'était misa faire lui-méme,sur mer,
l'essai des flotteurs qu'il avait construits
(').Au retourd'unvoyageà Vichy (joillel
1866), d'où il revint en apparence guéri
radicalement, il s'embarqua dans son
petit yacht, à Ostende, pour se rendre
à Calais et à Douvres. Le mauvais temps
continuel, les émotions du voyage lui
furent-ils funestes? Toujours est-il que
tout le bénéfice du séjour de Vichy fut
perdu. II voulut remonter en chaire ;
mais, le 8 Janvier 4867, le médecin lui
défendit formellement de continuer ses
leçons. Aflligé de ce contretemps, il
passa un mauvais hiver, alla se distraire
quelques Jours à Bruxelles et enfln se
décida, sur les conseils de M. le docteur
Gluge, qui avait sa confiance, il deman-
der sa guérison au doux dimat du midi.
Il partit pour llaotoue le 14 mars, ac-
compagné desa femme,compagnefidèle
et dévouée , dont le courage ne faillit pas
un instant jusqu'à la fin. Mantoue fut
bientôt délaissé pour Nice, sur le désir
du malade :« Ce devait être sa dernière
étape ici-bas; il s'y éteignit le 26 avril,
implorant le Très- Haut pour ses en-
fants qu'il n'avait pu revoir avant de
mourir !»(■).
Schaar était membre correspondant
de l'Académie royale de Belgique depuis
le 15 décembre 1848 ; membre titulaire,
depuis le 15 décembre 1851. Le 28
décembre 1860, le Roi lui avait décerné
la Croix de chevalier de son ordre.
BlBLlOCRAPHIE.
i** De remploi de la vapeur comme
forée motrice. Mémoire couronné au con-
cours universitaire. Bruxelles, 1843, un
vol. gr. in-8*>.
Extrait do tome I des Annales det Univer-
sités de Belgique. C'est un résumé clair et
méthodique des meilleurs travaux sur la
question,
2« Note 9ur les expressions des raeines
d'un nombre de produits infinis (BaM.ûe
l'Acad. royale de Belgique, 1^« série, t.
XÏIÏ, 1« partie, 1846, p. 228).
5° Sur la transformation de quelques
intégrales définies([h., t. Xïll, 2''partie,
1846, p. 30).
4^ Nouvelle démonstration de la loi
de réciprocité sur les résidus quadra-
tiques (Ib., t. XIV, p. 79).
« L'illustre Gauss en a donné le premier,
dit l'auteur, six démonstrations tout-à-fait
différentes, dont quelques-unes se trouvent
dans les Disquisitiones aritkmeiicœ, et qui
sont toutes remarquables par les principes
qui y sont développés. La nouvelle démons-
tration que nous allons en ddnnçr est très-
élémentaire et no paraît pas indigne de l'at-
tention des géomètres, à cause de sa simpli-
cité. 9
5" Sur la théorie des intégrales Eulé-
riennes (Mém. cour, et des sav. étran-
gers, t. XXH. in-iS i848).
6« Sur la convergence d*une certaine
classe de séries (Ibid).
Les Mémoires n<» S et 6 présentent sous
un jour nouveau des diffieuliés mathématiques
déjà traitées par Legendre, Canchy, Euler,
Poisson, etc. — Ils influèrent sur la nomination
de Schaar comme membre correspondant de
l'Académie.
V Sur une formule d'analyse (Ib., t.
XXIII, 1848).
Examen d*une formule donnée par Poisson,
et qui a également occupé MM. Diricfalel et
Gauchy ; Schaar cherche à simplifier ses cal-
culs et è en déduire quelques conséquences
qui avaient échappé à ces habiles géomètres.
H. Quetelet lui reproche une brièveté exces-
sive : Schaar ne songe qu'au but do ses re-
cherches, et « compte peut-être trop que le
lecteur est, ainsi que loi, initié à tous les
( * ) Ontre plusieurs cbaloupe8,8oità rames»
soit à voiles, de dimensions diverses, il cons-
truisit un petit cutter de 15 tonneaux avec
leqnel , pendant les vacances universitaires,
il visita à diffi^ntas reprises les eaux ijaté-
rieares de la Hollande, les c6tes extérieures
de notre pays et même, en dernier lieu, la
côte nord de Franee jusqu'à Galais , d'oii il
alla jusqu'à Douvres. La dernière embarcation
qu'il fit exécuter d'après ses plans et sous sa
direction fut un cuUer de 65 tonneaux belges,
lequel, au dire de plusieurs hommes compé-
tents, est, sous beaucoup de rapports, d'une
coupe et d'une construction irréprochables.
(Note communiquée à M. QueiHet par M,
Henri Schaar fil»),
{*] Ibid.
25
SCH
UH
faits ci k l'ensemble des leciarcs qui l'ont
inspiré. »
8** Sur le développement de ({--'% jcz
+ 2 •) — 1 suivant les puissances de z
(Bull, de TAcad., première série, t. XV,
2 p. 1848, p, il5).
9* Sur la réduction d*une intégrale
multiple {Ibid.y p. 500).
Démonstration nouvelle d'une Tomiule
d'intégration très-simple, à laquelle était
déjà parvenu Diriclilet.
40** Sur les propriétés dont jouissent
les produits infinis qui expriment les
racines des nombres entiers (Ib., t. XVI,
^ p. 1849, p. 580).
i !" Sur la théorie des résidus qua-
dratiques (Mm. des membres de TAc-,
t. XXIV, in-4S 1849).
Timmermans rendit compte de ce travail
dans les termes suivants : « Le mémoire de
M. Schaar concerne les résidus quadratiques
dont l'illustre Gauss a fait la base de la réso-
lution des équations indéterminées du second
degré. On sait que les propositions fonda-
mentales de cette théorie ont été démontrées
par ce- géomètre au moyen d'une analyse su-
blime qui lui est propre, mais qui a le dé-
faut d'isoler cette branche des mathéma-
tiques. — Les principaux théorèmes ont en-
suite été repris par plusieurs géomètres et
démontrés par des procédés divers, plus en
rapport avec l'analyse vulgaire ; des géo-
mètres, comme Legendre, leur ont donné
plus d'extension et ont fait connaître des
propriétés nouvelles et importantes. Il res-
tait encore à les faire découler d'une source
commune et à les vulgariser en quelque
sorte, en rendant plus simple et plus facile
l'accès de cette théorie. C'est ce que H.
Schaar est parvenu à faire avec un grand
bonheur. La théorie des résidus quadra-
tiques, qui jusqu'à présent était réservée aux
Mémoires académiques , peut aujourd'hui
entrer dans le domaine de l'enseignement
même assez élémentaire. C'est là un service
réel rendu à la science. >
iî® Recherches sur la théorie des ré-
sidus quadratiques (1 bid . , t. XXV, in-4®,
i850).
i3<» Sur les oscillntions du pettdule
en ayant égard à la rotation de la terre
(lbid.,t,XXVI,in-4»,i851.
Cet écrit se rapporte à la célèbre expé-
rience de Foucault, qui rend la rotation de la
terre sensible à l'œil. « Le phénomène, dit
Schasr, est loin d'être aussi simple qu'on
pourrait le croire, et je ne puis partager
l'avis d'un illustre géomètre, lorsqu'il pré-
tend que l'explication en doit être donnée
par la simple géométrie, et que les principes
de la dynamique n'y entrent pour rien, il
est vrai qu'à cause de la |ietitesse de la vi-
tesse angulaire de la terre, le plan du pen-
dule paraît tourner d'un mouvement uni-
forme autour de la verticale ; mais il n'en
est rigoureusement ainsi, quelle que soit
l'amplitude des oscillations, qu'au pôle. Si
la vitesse angulaire de la terre était telle
que la résultante de la force centrifuge et
de la gravité fût nulle à l'équateur, la chute
des graves se ferait . sous une latitude quel-
conque, dans le sens de l'axe de rotation,
et, dans ce cas encore, le mouvement du
plan d'oscillation du pendule serait uni-
forme. » Bien que le Mémoire de Schaar
soit très-court, dit M. Quetelet, on voit que
l'auteur a pris plaisir à le composer et qu'il
s'applaudit en quelque sorte de marcher li-
brement dans sa voie.
W Sur la réduction de Vespressim
^- — en fractimis continues, (Bull,
de TAcad., !'• série, l. XVII).
15^ Notice sur la ditnsion ordonnée de
Fourier et sur ses applications à Vex-
fracfûm d€ /a racine carr^«(Ib., t. XVIII,
2« p., 4851, p. 144).
16' Note sur le développement des
expressions de la forme - — en
fraction continue (Ib., t. XIX, l"p.,
1852, p. 16).
17* Rapport sur une note de M. Car-
bonnelle intitulée : Examen du cas dou-
teux dans les triangles spléniques (Ib.,
t. XIX. 3« p., 1852, p. 42).
18* Rapport sur un Mémoire de M. A.
Genocchi sur la théorie des résidus
quadratiques (Ibid., t. XX, première
partie, 1855, p. 145).
19* Rapport sur une note de M. Ge-
nocchi relative à la démonstration élé-
mentaire d*une formule logarithmique
de M. Binel(lbîd., t. XX, 2*p., p 591).
20* Rapport sur un Mémoire de M.
Liûgre sur Torganisation de la Caisse
des veuves, avec des applications à la
Caisse des veuves et des officiers de
rarméebelge (lb.,t, XX,3«p., p. 157).
S49
SCH
mo
21 <* Rapport sur un Mémoire de con-
cours de la classe des sciences pour 1 855,
relatif à FéUt des connaissances dans
(Intégration des équations aux déri-
vées partielles des deux premiers or-
dres (Ib., t. XX, y p., p. 354).
S2<* Rapport sur un Mémoire de M.
Cartfonelle sur l*altération des fonc-
tions et des équations (ib., t. XXI, p.
U).
25<* Sur la théorie analytique des co-
niques (Ib., 2« série, t. VI, 1859, p.
42).
24*^ Sur les variations des éléments
des orbes planétaires (Ib., t. VI, p. ni).
— Suite à ce travail (Ib., t. VII, 1859,
p. 44).
25'' Eléments de calcul différentiel et
de calcul intégral Bruxelles, 1862, un
vol. in-8^ de 480 pages.
Ouvrage spt^cialement destioé aux élèves.
20'' Rapport sur un Mémoire de M,
Lamarle relatif à Texposé géométrique
du calcul différentiel et intégral (Bull,
de TAcad., t. XIV, 1862, p. 455).
27" Rapport sur un Mémoire de M,
E. Catalan relatif à la transformation
des séries et sur quelques intégrales
définies (Bull.,2« série, t. XIX, p. 524).
28" Rapport sur une note de M. Dauge
relative à la rotation du soleil (Ibid.,
t. XXI, 4866, p. 80).
29" Travail (inédit) Sur la géométrie
analytique^ destiné aux classes supé-
rieures des Athénées de Belgique.
Achmerllnn (PHILIPPE - ChARLES)
naquit à Delft le 24 février 1791 et
mourut à Liège le 6 novembre 1856.
Sa famille, originaire d'Autriche, était
établie en Néerlande. Fils d'un médecin,
Schmerling fut destiné à la carrière de
son père. De Delft, où il flt ses pre-
mières études, il se rendit à Leyde, y
séjourna deux ans, puis quitta cette
ville pour La Haye. Ce fut là qu'il puisa
le goût des collections, à l'exemple du
docteur de Riemer, qui avait consenti
à le prendre sous sa direction (*). Il
fut reçu officier de santé en 1812, et
entra vers la tin de l'année suivante, en
qualité de médecin militaire, dans l'ar-
mée des Pays-Bas, de récente formation.
Envoyé en' garnison à Venlo , il donna
sa démission en 1816 pour se livrer k
la pratique civile. Il épousa en 1821
Sara - Henriette -Caroline de Douglas ,
d'une ancienne famille noble écossaise,
dont u ne branche avait depuis longtemps
pris racine en Hollande. Au bout de
quelques mois, il vint s'établira Liège,
où l'Université commençait d'être en
réputation. Il se mit à l'étude et fut reçu
docteur en médecine le 6 septembre
1825, après avoir soutenu une thèse
De studii psychologiœ in medicinâ utili-
tate et necessitate. Jusque-là rien que
detrès-ordinaire dans sa vie ; et, défait.
{*) Le docteur de Riemer était an homme
savant et singulier, qui avait employé une
partie de sa fortune à construire un grand
cabinet de pièces anatomiques, parfaitement
exécotées, conservées et disposées avec celte
recherche luxueuse que l'on sait être le ca-
ractère distinctif des Musées hollandais. « II
était difficile, dansce pays,de faire un cabinet
de ce genre qui méritJkt quelque attention
auprès des riches collections de Bleuland,
de Camper, de Yrotik et des Musées colos-
saux de Leyde. De Riemer se distingua pour-
tant par une circonstance fort curieuse : c'est
qu'il ne laissait jamais tomber la lumière du
joar sur ses préparations ; son Musée était
une chambre obscure dans toute la rigueur
du mot ; le soleil ne pouvait y faire pénétrer
un seul de ses rayons. Aussi, quand il s'agis-
sait de visiter cette collection, fallait-il l'é-
clairer aux boufçie». On ne s'y rendait donc
que le soir, après avoir sollicité de son heu-
reux possesseur l'honneur insigne de Jeter
un regard sur ces richesses scientifiques ;
et si Ton n'était pas porteur de l'un de ces
grands noms qui accompagnent plus sou-
vent la fortune que le mérite ; si l'on n'avait
pour toute recommandation que la science
et le désir d'en acquérir davantage, on était
éconduit avec une sorte de morgue qui, heu-
reaseroenl, ne saurait être reprochée à tous
les savants do la Hollande. « Ch. Morren
[Notice sur Schmerling ^ dans VAiw. de l'A^
cad, de Bruxelles , année 1838, p. 132, et
dans Bec- de-Lièvre, Biogr. liégeoise, t. II,
p. 758). Nous prenons pour guide la notice
de Ch. Morren, plus exacte que son discours
prononcé aux funérailles de Schmerling,
grftce aux renseignements fournis par le
docteur Habets.
S81
SCH
552
il atteignit Tâge de qnaraiite-deDx ans
sans pressentir lui-même sa future re-
nommée. Scbmerlingétait très-modeste;
il sentait vivement combien son éduca-
tion première l'avait peu préparé à s'é-
lever au-dessus du commun des prati-
ciens ; mais, ardent au travail et d*une
grande force de volonté, il entreprit
courageusement , quand les circon-
stances Teurent amené à ses grandes
découvertes, et à un âge où Ton se con-
tente volontiers de ce qu'on a d*acquis,
les études les plus ardues et les plus
variées. De longuesannées s'écoulèrent
donc pour Schmeriing dans une obscu-
rité relative. Sa clientèle devint nom-
breuse, bien qu*i] résistât obstinément,
comme les médecins des Flandres, à
l'envahissement des doctrines de Brous-
sais, alors eo grande vogue au pays de
IJége. Mais il ne cherchait pas à faire
du bruit ; à ses yeux, son plus beau titre
était la reconnaissance des pauvres;
non seulement il leur prodiguait ses
soins avec un désintéressement absolu,
mais il distribuait généreusement à une
foule de malheureux les remèdes néces-
saires. Comme médecin, il ne publia
qu'une petite dissertation Sffr latànture
de colchique (i85â), dont il avait con-
staté les puissants effets dans les affec-
tions rhumatismales et goutteuses. 11
y donne l'histoire littéraire et médicale
du colchique, avec une grande érudition
et beaucoup de sagacité: il y consigne
ensuite une foule d*observations neuves
et recommande à l'attention, entr'au-
tres, un moyen héroïque dont les pra-
ticiens ont depuis grandement profité.
Mais si habile qu'ait été Schmeriing
dans Fart de guérir, c'est dans un tout
autre domaine qu'il lui a été donné de
conquérir une éclatante illustration. Sa
pratique médicale fut ici la cause occa-
sionnelle ; plus tard, il se plaisait lui-
même à répéter qu*il devait toutau con-
cours fortuit des événements. En 1829,
s'étant rendu à Chokier, A deux lieues
et demie de Liège, pour y visiter un
pauvre ouvrier des carrières, il fut sur-
pris de voir les enfants de cet homme
jouer avec des os dont les dimensions
et les formes lui parurent extraordi-
naires. « 11 interroge le nMdade , qui
Ini apprend que la carrière mettait à
découvert un nombre considérable de
ces os; le pauvre homme ne trouvait
à cela rien de remarquable ; c'était, di-
sait-il, un ancien cimetière de la com-
mune. Mais son docteor lui promit tous
les soins, s'il se donnait la peine de
conserver tous les os qu'il découvrirait
avec ses compagnons. En attendant ,
Schmeriing emporta ceux qu'il avait
trouvés dans la cabane et aux environs
de la carrière. Peu d'heures lui suffirent
pour y reconnaître des ossements fos-
siles du plus haut intérêt. Ce premier
fait se passa au mois de septembre i 829.
Schmeriing n'eut, dès ce moment, plus
un jour de repos. Il avait découvert à
Chokier la première grotte ou plutôt la
première excavation à ossements qui
fut connue en Belgique. Ses courses se
multiplièrent, et en moins de quatre ans
il signala plus de quarante grottessem-
blables dans les seules provinces de
Liège et de Luxembourg. Une négligea
rien pour recueillir tous les fruits de
sa mémorable trouvaille. Soins, travaux,
études, argent, il mettait tout en œuvre
pour amasser les richesses {>aléontolo-
giques de ces cavités souterraines; il
affrontait mille dangers pour pénétrer
le premier dans ces routes tortueuses
et sombres ; sa patience ne se fatiguait
Jamais ; son domestique le suivait par-
tout, si bien instruit par son maître à
reconnaître les gîtes des ossements,
qu'il savait dire à point nommé si les
travaux devaientêtre couronnés de suc-
cès ou demeurer stériles; il reconnais-
sait les os et les raccommodait avec
beaucoup d'art, quandils étaient brisés.
Schmeriing dépensa à ses recherches
d'énormes sommes, dont le chiffre peut
être porté à 20,000 ou 30,000 fr. n (*)•
Rien ne le rebutait. Il n avait point,
jusque là, fait d'étude spéciale de la
géologie ni de l'anatomie comparée.
Pour cette dernière science, il eut re-
cours aux lumières de Fohmann (v. ce
nom). Il y avait peu de squelettes à
Liège; mais le savoir de Fohmann
pouvait remplir bien des lacunes. A
trente-neuf ans, Schmeriing eut le cou-
/ 1
V
) Ch. Moprftn, p. 437-138^,
^3
SCH
rage d'aborder de front, sous ia cou-
duile de ce maître habile, les difficui-
tëâ les plus ardues de la science. Us
parvinrent ensemble, malgré la pénurie
de leurs ressources, i déterminer toutes
les pièces de la collection commencée
à Chokler. « Il fallait reconstruire des
animaux de race éteinte par la seule
puissance de Tanalogie, en s*aidant
des planches publiées par les auteurs ;
il fallait comparer les fossiles aux os
des animaux vivants » ( * ). l^s effortsde
Schmerling furent récompensés par une
de ces découvertes qui font époque :
il reconnut la présence d'ossements ku-
flMtfM dans les cavernes.
Avant dlnsister sur ce grand événe-
ment scientifique, il convient de donner
une idée générale du plan d'études
adopté par Schmerling. 11 s'occupa
d'abord d'étudier les grottes elles-mê-
mes, puis les débris d'animaux qui s'y
trouvaient entassés, enfin les ossements
humains. Les grottes s'annoncent au
dehors par des trous ordinairement
surbaissés, irréguliers, sans caractère
fixe, tt Ces ouvertures , dit Schmerling
en parlant de la caverne de Forêt (*),
sont connues des habitants de l'endroit
sous le nom de Trous de Sottais (').
Ils prétendent que jadis ces grottes
servaient d'habitation à une espèce hu-
maine d'une très-petite taille, Sottais,
nains, pygmées, qui y vivaient de leur
industrie, et restauraient tout ce qu'on
déposaient près des ouvertures, à con-
dition qu'on y sûout4t des vivres. En
très-peu de temps ces effets étaient
n&parés, et remis à la même place. La
fable ajoute que, un jour, on déposa
un pain dont on avait ôté la mie ; il ne
restait qne les croûtes ; les Sottais,
indignés de cette conduite, quittèrent
leur demeure et se retirèrent dans un
autre pays. » Schmerling ne dédai-
gnait pas les contes populaires; mais
tt l'histoire des cavehaes devait se ré-
véler à lui par leur mode de coustruc^
tion. » Il les étudiait à Tétat-vierge, et
ses observations lui donnèrent la con-
viction qu'elles n'avaient pu être creu-
sées par les eaux ou par lesgaz. Elles se
trouvent dans les couches relevées du
calcaire intermédiaire; le repli de ces
couches suffit à expliquer le creuse-
ment Les couches se sont relevées,
redressées, et les vides résultant de
ces redressements, résultant eux-mê-
mes des cataclysmes terribles qui ont
soulevé les montagaes^sontaujourd^hui
ce que nous nommons des grottes.
Certaines grottes du pays de Liège ne
contiennent pas d'ossements ; d'autres
en sont remplies. Il ne s'appesantit
point sur cette distinction dans son
ouvrage ; mais, disait-il à Ch. Morren,
ii avait remarqué que celles de la pre-
mière catégorie avaient une direction
commune ou des ouvertures dirigées
du même côté, tandis que celles de
l'autre avalent aussi entre elles une
similitude analogue. Il concluait de
U que la plupart des matières organi-
ques et inorganiques remplissant main-
tenant les cavernes ont été précipitées
par les eaux k l'intérieur, à travers d'é-
troites fissures verticales ou obliques,
dont les ouvertures supérieures sont
encombrées de terre de gravier et
sont à peu prés introuvables à la sur-
face, surtout dans une contrée aussi
boisée {*). Cette théorie a été depuis
confirmée par de nouvelles observa-
tions de rillusire géologue anglais Sir
Charles Lyell (■*).
Les ossements fossiles d'animaux,
recueillis par Schmerling dans les pro-
vinces de Liège et de Luxembourg,
appartienneni k plus de soixante es-
pèces : Buckland n'en avait reconnu
(*) llrid,,p. 439.
( *) Kneherchet êur les ossemews fo*nile$^
i. I, p. 43.
(') M. Grand8agoagpe,pr9mierprëftid6ut
de la Coor d'appel de Liège, a recueilli les
traditions poimlaires relatives aux petite
hommes des cavemtes (Umtoermatmeiêns ,
Kaifotermûnmkem des Flamands) dans une
très-intdKflsanle notice pvbliée en 1853 par
VImsritmt uf€héoh§iqme tiégeois, et sépoiré-
ment sous ce titre : Notice sur les anciens et
mystérieux, habitants des Grottes. Uëge,
Carmanne, 4853, in-8*. —Cf. Spring, Les
hommes d'Kngis et les hommes de Chauvauz
(BuU. de l'Acad. roy. de Belgique, t. XVIIl,
no 43, 4864}.
{*) Lyell, Vancienneié de Chomme^ trad.
R. Chaper. Paris, 4884, ia-8», p. J3.
(•) f6i(f. p. Î3-77.
5^'
SCH
5S6
que 21 dans la célèbre caverne de
Kirkdall, et les grottes du midi de la
France n'en offraient que 52. « Ce beau
résultat, dit Ch. Morren, provient sur-
tout de ce que les petits os ont été étu-
diés comme les grands. Ainsi, on y a
trouvé des restes de chauve-souris, de
hérisson, de musaraignes, de laupe,
d'une nouvelle espèce d*ours nommée
par Tauteur Oun gigantesque, d'autres
restes de VOurs des cavernes ( Ursus
spelseus), de ÏOnrs ancien (Ursus pris-
cus), un squelette presque complet
d'une nouvelle espèce nommée Ours lié-
geois (Ursus leodieosis) et des osse-
ments de deux autres plus petites, de
blaireau, de glouton, de martres, de
putois, de belettes, d'un putois de race
inconnue, de chien, de loup, de re-
nard, d'hyène, de Felis ant^ua, d'une
nouvelle espèce : Cattus minuta, et du
Cattus magna ; les débris de castor, de
lièvre, de lapin, d'éléphant, de cochon,
de sanglier, de rhinocéros, de cheval,
de cerf gigantesque, d'une nouvelle es-
pèce de cerf, du cerf commun, de trois
espèces de rennes, de chevreuil, d'une
espèce d'antilope, d'une espèce voisine
de la chèvre, d'un mouton et de trois
espèces de bœufs; d'un oiseau de
proie, de deux espèces de passereaux,
de corbeau, de deux gallinacées, de
deux palmipèdes, d'un serpent et de
plusieurs poissons. On remarquera
dans cette énumération très-peu d'es-
pèces éteintes ; aussi le travail de notre
paléontologiste Ta-t-il conduit à émet-
tre cette grande idée, que, lors du der-
nier cataclysme, te règne animal était
formé r^mme aujourd'hui. Il a d'ail-
leurs également admis que des espèces,
et même des genres, ont été entière-
ment détruits à cette époque de dé-
sastre, quoique la majeure partie ait
échappé et se soit propagée depuis.
Mais ici sa théorie devient confuse, c^r
il n'établit pas quelles sont les espèces
qui appartiennent aux races détruites
par ce dernier cataclysme, et celles
qui doivent leur disparition aux bou-
leversements antérieures. Cette der-
nière distinction était pourtant essen-
tielle. » (').
La découverte mémorable de Schmer-
ling, la découverte de l'homme fos-
sile, remonte presqu'au début de ses
recherches. Le monde savant en accueil-
lit ta nouvelle avec une extrême dé-
fiance, pour ne pas dire avec une en-
tière incrédulité. En 1828, M. Tour-
nai, dans le département de l'Aude et
M. Christol, à Poudres près de Nimes,
avaient reconnu des- ossements hu-
mains mêlés à des fragments de po-
terie grossière, à des coquilles ter-
restres d'espèces vivantes et à des
débris de mammifères, les uns perdus,
les autres actuels. L'homme avait-Il été
contemporain , en France, du rhinocé-
ros, de l'hyène et de l'ours fossiles?
Telle était leur opinion, qui trouva un
contradicteur décidé en M. Desnoyers,
et les objections de ce dernier savant
furent d'un grand poids dans la ba-
lance. Des découvertes analogues, fai-
tes au bord du Khin et en Autriche par
MM. Roué et le Comte Razounowsky,
dans les plâtrières de Costritz par le
Comte de Sternberg et von Schlotheim;
par Ch. Morren dans les tourbières
de Flandre ('), etc. , avaient laisse
subsister des doutes; M. Nœggerath,
de Ronn, avait constaté que les osse-
ments trouvés par lui dans les cavernes
d'HohlersteinenWestphalie devaient y
avoir été amenés dans des temps pos-
térieurs au remplissage des cavités.
Enfin, Cuvier avait non seulement dé-
montré que VHomo diluvii teMis n'était
qu'une salamandre colossale, mais dé-
terminé d'avance la figure des os que
personne n'avait vus, puisqu'ils étalent
enfouis dans la pierre, et son admirable
intuition exerçait sur les esprits une
sorte de fascination , à laquelle n'é-
chappa point Sir Ch. Lyell lui-même,
lors de son premier voyage à Liège,
ainsi qu'il le déclare avec une noble
franchise ('). Aussi bien, pour oppo*
ser l'autorité d'un investigateur isolé
(*) Morren. p. i4i-Uâ.
( * ) Ménager de» arts et de» tvience» de
Gaod, i. I, p. 253 et suiv., 4832.
( ' ) L'ancienneté de F homme, p. 71 . «Qa'on
se figure Schmerliog aUant, an jour après
l'autre, se laisser glisser le loog d'une corde
attachée à un arbre, jusqu'au pied de la
première ouverture de la caverne d'Kngis, ou
Ot>i
SCH
55^
aux témoignages aceumulés des repré-
sentaots les plus illustres delà science,
il eût fallu pouvoir contrôler Texactl-
tude de ses recherches. Sir Ch. Lyell
mentionna pourtant les faits dans ses
Principes de géologie (p. 461, 4834),
mais sans leur attribuer Timportance
(|u*il leur reconnaît actuellement. »
Boucher de Pertbes, lui aussi, a eu le
sort de Schmerling; seulement le sa-
vant néerlandais n*a pas vu luire le
jour du triomphe.
Schmerling trouva les os de l'homme
si roulés et si épars, qu*il dut exclure
complètement ridée de leur ensevelis-
sement intentionnel dans les grottes( ' ).
Quant à la couleur, quant à la matière
animale qu'ils contenaient, ils étaient
dans les mêmes conditions que les os
des animaux découverts en même temps
qu'eux. Les os fossiles étaient plus lé-
gers que leurs analogues de fraîche
date, excepté quand leurs pores étaient
remplis de carbonate de chaux, auquel
cas ils se trouvaient souvent beaucoup
plus lourds. Les restes humains dont
la rencontre était le plus fréquente
étaient lesdents séparées des mâchoires,
les os du carpe, du métacarpe, du tarse,
du métatarse et des phalanges, séparés
du reste du squelette. Les os corres-
pondants de Tours des cavernes, le plus
abondant de tous les mammifères asso-
ciés, se trouvaient dans le même état
d*éparpillement.AccidenteIlement,queI-
ques os longs de mammifères présen-
taient des cassures ressoudées ou ci-
mentées après coup par le dépôt stalag-
mitique , pendant leur séjour sur le
sol de la caverne. Ni os rongés ni co-
prolithes : circonstance d'où Schmer-
ling conclut que les grottes de la pro-
vince de Liège n'avaient point servi de
repaires à des bètes sauvages, mais que
leur contenu organique et inorganique
y avait été précipité par des courants
en communication avec la surface du
pays. Les os pouvaient avoir été roulés
longtemps dans le lit de ces courants,
avant d'atteindre définitivement le fond
des cavernes. Les mêmes causes ex-
pliquent la présence de plusieurs co-
quilles terrestres dans la boue de ces
dépôts : (VHelix nemoralis, H. lapicida,
U* pomatia et autres espèces vivantes).
Plusieurs os du même squelette étaient
se trouvèrent les crâDes homains les mieux
conservés ; qu'on se le représente, ayant ainsi
pénétre dans la première galerie souterraine,
rampant ensuite il quatre pattes dans un étroit
passage menant aux grandes chambres ; là,
sorvejllant à la loeur des torcbe8,de semaine
en semaine et d'année en année, les ouvriers
perçant la couche stalagmitique aussi dure
que du marbre, pour extraire au-dessouSfpièce
à pièce, la brèche osseuse presque aussi dure,
restant pendant des heures les pieds dans la
boue, la tète sous l'eau qui suintait des pa-
rois, afin de noter la position et prévenir la
perte du moindre os isolé; et au bout de tout
cela, après avoir eu le temps, la force et le
countge d'exécuter toutes ces choses, voyant
dans l'avenir , comme le fruit de son labeur,
la publication mal accueillie des travaux d'un
esprit luttant contre les préjugés du public
scientifique et du public ignorant ; qu'on se
rappelle tous ces circonstances , qu'on en
tienne compte, et l'on n'osera plus s'étonner,
non-seulement qu'un voyageur de passage
ait néglige de s'arrêter pour contrôler la va-
leur des preuves qu'on lui donnait, mais
même que les professeurs de l'Université
de Liège, vivant tout à côté, aient laissé
écouler un quart de siècle avant d*entrc-
prendre la défense de la véracité de leur in-
fatigable et clairvoyant compatriote». — Sir
Lyell revisila Liège en 1860 , vingt-six ans
après son entrevue avec Schmerling. Il ne
restait plus de traces des cavernes d'Engis,
de Chokier et de GotTontaine , explorées par
ce dernier; mais heureusement celle d'Engi-
houl était restée dans le même état qu'en
1834, époque oii trois squelettes humains en
avaient été retirés. Sir Lyell s'y aventura en
compagnie de M. Malaise, naturaliste lié-
geois, alors répétiteur à l'Ecole des mines ;
ils ne tardèrent pas à découvrir des dents
d'ours et d'autres espèces éteintes. Quelques
semaines plus tard, M. Malaise mit au jour,
à deux pieds au-dessous de la couche de sta-
lagmites, trois flragments d'un crftne humain,
at deux mâchoires inférieures intactes avec
leurs dents : « le tout était associé de telle
façon aux os d'ours, de grands pachydermes
et de ruminants, et avait avec eux une telle
analogie de couleur et d'état de conservation,
qu'aucun doute ne put subsister dans son
esprit sur la contemporanéité de Thomme et
des espèces éteintes « (v. le BuH. de VAcad.
roy, de Êtetgiquef t. X, p. 546, 4860).
( * ) Nous résumons prindpaléaeat l'exposé
de sir Ch. Lyell {V Ancienneté de t homme,
p. 66 et suiv., 89 et suiv., et passim).
im
scu
§60
restés dans leur jnità-posltîon nats-
relle ; ces portions de carcasses avaient
dû flotter sur des cours d'eau perma-
oenls, étant encore couvertes de chairs.
D^autres ossements étaient roulés, bri-
sés, détériorés ; les squelettes bumains
surtout avaient souffert et leurs débris
étaient dispersés. Â Engis» sur la rive
gauche de la Meuse, on déterra les
restes d'au moins trois êtres buiDalns.
Le crâne de rund*eax, enfoui tout à côté
d'une dentie mammouth, était entier,
mais si fragile, qu'il tomba en pièces
pendant qu'on le retirait. C'était le
crâne d'un jeune individu ; un autre,
celui d'un adulte, est le seul que
Schmerling ait pu garder dans un état
de conservation suffisante pour per-
mettre à l'anatomiste de rechercher la
race à laquelle il appartient. 11 était à
1"" 50 de profondeur, dans une brèche
qui contenait également des dents de
rhinocéros, des os de cheval, de renne
et de quelques ruminants. Cette trou-
vaille était, pas n'est besoin de le dire,
d'une importance capitale. Schmerling
publia le crâne d'Engis dans sim grand
ouvrage, en faisant remarquer qu'il
était trop incomplet pour qu'on ptlit en
déterminer l'angle facial; mais en y
appliquant le système dlnspection de
Blumenbacb, il se crut en droit d'éta-
blir que cette boîte osseuse avait dû
renfermer le cerveau d'uji homme d'une
intelligence très-bornée, et il y recon-
nut des analogies frappantes avec la
structure propre â la race ^hioplenne,
tout en convenant d'ailleurs, en cela
d'accord avec M. Nœggerath, qu'un ou
deux exemples ne suffisaient pas pour
légitimer sur ce dernier point une con-
clusion formelle. M. Geoffroy Saint-
Hilaire et d'autres ostéologues n'ad-
mirent pas l'hypothèse de Schmerling.
« <2uaod je vis Toriginal au Maséom de
Uége, dit sir Ch. Lyeli (*), j'engageai
le docteur Spring (v. ce nom), profes-
seur à l'Université, auquel nous sommes
redevables d'un excellent mémoire sur
les restes humains fossiles de la ca-
verne de Chauvaux, près de Mamur,
à faire faire le maulage du crâne d'En-
gis. NoB 8eil«meni il out r<Allgeance
d'accéder â ma den^nde, mais il ren-
dit un vrai service au monde sdenti-
fque en ajoutant au crâne primitif plu-
sieurs fhigments détachés que Schmer-
ling avait trouvés à Engis et qui s'y
adaptaient exactement » Aussi le moule
représenté daos l'ouvrage de sir Lyell
(p. 84) est-il plus complet que le dessin
publié par Schmerling. Il laisse voir,
sur le côté droit, le trou auditif, que
n'indique pas l'ancienne figure. M. Dssk.
quand il le vit, remarqua Tétroitesse
du front, qui avait sortont frappé
Schmerling , mais estima néanmoins
qu'on pouvait lui trouver beMcoup d'a-
nalogues dans lesiadiviétts de race eu-
ropéenne. Grâce aux soins intelligents
de M. Spring, M. le prof. Huxley i |mi
confirmer d'une manière positive l'opi-
nion de M. Busk. a La longueurextrèmt^
du crâne, dit-il, est de 19â millimètres,
et sa plus grande largeur lie dépasse
pas iôl millimètres; il est donc fran-
chemeni du type dolichocéphale. Mais
en même temps se hauteur est assez
normale. Il compte i 18 millimètres du
plan glabello-occipital au sommet Le
front est assez bombé. Il en résulte
que la circonférence horizontale dn
crâne est d'envhron 542 miilim., et que
l'arc longitudinal qui sépare la glabelle
de la protubérance occipitale mesure
environ 340 millimètres. L'arc trans-
verse allant d'sn trou auditif â l'autre
par le milieu de la future sagHtal^ me-
sure environ 3â5 milKm. La siutorc sa-
gittale a 15? millitn. de longueur. Les
arcades sotircillières sont bien dévelop-
pées, sans excès, et sont séparées par
tine dépression médiane dans la région
de la glabelle : ceci indique de vastes
sinus frontaux. En plaçant horizonla-
lement la ligne qui joint la glabelle â la
firotubérance occipitale , i'occip«it ne
se projetterait pas plus de 2 roiifim.
au-delà de rextinâmité postérieure de
cette ligne. Le bord supérieur du trou
auditif se trouve presque sur cette
même ligne, ou plutôt sur sa paraître
tangente â la «urfac«d« crâne.
La caverne d'EngibouU située sur la
rive droite de la Me«se, à peu près vis-
à-vis d'Engis, contenait, comme celle
(•) Op,cit, p. 83.
%1
SGH
802
d'Engis, des osseuenis banains aéiés
à des débris de mamnifères d'euftèces
éteintes. Mais tandis qa*â Engis, en fait
de restes bumains^on avait trouvé plu-
sii^nrs crânes et Irès-peu d'autres os,
onaiit au jour, ft Engilioul, de nom-
breux 08 des extrémités appartenant à
tro^s individus au moins, et seuJ^oent
deux petits fragments de crâne. La même
distribution caprioieuse fui signalée
dans d'autres cavernes, notamment 4
Cbokier et à Goffontaine» en ce qui con-
cerne ÏVrmig spelœui. Userait difficile,
mdme après les nombreuses découvertes
opérées dans les derniers temps, de
donner de «e finit une explication plei-
nement satisfaisante. On doit cependant
s*attendre à voir plus clair on jour.
Longtemps les savants s'étoBUërent de
ne point rencontrer quelques restes hu-
maiBs dans le diluvium ancien des val-
lées 4e TEurope, alors qu'on y déterrait
à chaque instant des objets évidemment
travaillés par la main de Tbomme; tout
d'oii€0»p M. Boucher de i^rthes(1865)
découvrit la fiaimeuse roik;hotre de Mou-
Ufl-QutgnoB, et il faHut bien renoncer
aux funeuves négati>ves ( ' ). Eu somme,
il reste établi que, dans les cavernes de
la provincede Liège, les ossements hu-
mains se sont présentés à toutes les
profondeurs dans la boue des cavernes
et dans le gravier^ tantôt au dessus,
tantôt au-dessous de ceux de Téiéphant,
de roufs, du rhinocéros, de rbyène, etc.
Dans la caverne d'Engis, auprès du
crtoe dont nous avons parlé, Scbmer-
ling remarqua un os talUé et plusieurs
silex Isçonnés. lien avait d^à rencontré
aillemrs ;maia, absorbé par ses recher-
ches géohigiques, il n'avait pas d'abond
mis grand soin à les recueillir. Il fut
cependant frappé de la circonstance
que ces instmments se trouvaient un
peu partout, tandis que sur quarante-
deux cavernes explorée8,trols ou quatre
seulement avaient pnteenté des osse-
ments humains- Quoi ^u'il laliât penser
decesIrrégnlarités^iOontéesè celles qui
ont été signalées, il demeura convaincu
qu'aucun de ces ob^^ts travaillés « n'a-
vait pu être introduit il une époque pos-
térieure, puisqu'ils se trouvaient dans
la même position que les restes d'ani-
maux qui les accompagnaient. » Par
conséquent, continuait-il, a j'attache
une grande Importance à leur présentée;
car, même si je n'avais pas trouvé d'os-
sements humains dans des conditions
tout-^-taltpropresàme les foire consi-
dérer comme af^rtenant 4 l'époque
antédiluvienne, j'aurais pu néanmoins
trouver des preuves de l'existence de
l'homme dans la présence des os et des
sUex travaillés. »
Schmerling n'hésita donc pas à con-
clure que, dans le district de Liège,
r homme nété contemporain de Vours des
cavernes et de plusieurs espèces éteintes
de quadrupèdes. 11 fut cependant em-
barrassé lorsqu'il essaya de se rendre
compte de l'état ancien de la faune des
pays traversés par ia Meuse : comme la
plupart des naturalistes de son temps,
il regardait le mammouth et l'hyène
comme des animaux d'un climat plus
chaud que ne l'est actuellement le nôtre,
il inventa diverses hypothèses et eut
toute la peine da monde à rester d'ac-
cord avec lui-même. La théorie des
transformations insensibles n'était point
alors en vogue, et Schmerling, d'autre
part, affirmait d'une manière trop al>-
sohie la contemporanéité de tous les
ossements trouvés ensemble dans les
cavernes (*). Ses travaux ont rendu,
en tous cas, les plus grands services à
la géologie, à la paléontologie «l à
l'étude de l'homme. Longtemps mé-
connus et tombés dans l'oubli , à. ce
point qu'une grande partie de l'édition
des Reckerches passa chez l'épicier ,
ils jettent atyourd'hui sur son non un
éclat qui ne s'affaiblira plus. Relégué
pendant des années dans un grenier,
le musée Schmerling, qu'il a fallu clas-
ser de nouveau , tant on en avait pris
peu de soin, est aujourd'hui l'un des
plus précieux trésors de l'Université
de Liège. La justice s'est fait attendre ;
( ') V. les Comptêê-rtndus de t Académie
des seieneti (de Paris ), du Su avril la iO
août ia63, et LyeU, op. cit., p. i5i).
(*) y oit LyeU, passion , et Spring, Sur
Us divers modes de formation des dépôts
ossifires dans tes cavernes, dans le BulL de
tAcad, royale de Belgique, i. XX, n» 8.
563
SCH
564
mais enfin son heure est venue, et
c'est une couronne d'immortelles qu*eile
dépose sur la tombe du savant modeste.
La Description détaillée des osêemtnts
humains fassUes, dont on vient de rendre
compte , fut (communiquée par Schmer-
ling, dès 1852, à TAcadémie royale de
Belgique. Le 12 octobre de Vannée
suivante , il fit hommage de la première
partie de ses Recherches (v. ci-dessous)
à la même compagnie savante, qui se
l'attacha, en qualité de membre corres-
pondant, le 5 avril 1854. Les Bulletins
de TAcadémie ne renferment de lui que
deux notices , Tune sur le trou de Ho-
gbeur-sur-Aisne ( '), caverne à osse-
ments ; l'autre , extrêmement curieuse,
sur quelques os de pachydermes trouvés
dans le terrain meuble, près deChokier.
Nous laissons parler Ch. Morren ;
« Schmeriing eut tout k coup une idée
des plus ingénieuses. 11 était médecin;
il voulut savoir si ces animaux si an-
ciens n'avalent pas été malades , et 11
résolut d'étudier leurs maladies. En
effet, il découvrit plusieurs altérations
morbides auxquelles ils avaient été su-
jets, et comme tout se lie dans les
sciences, il tira, des faits nouveaux que
sa sagacité venait de lui révéler, des
inductions utiles à la médecine des vi-
vants. Il avait reconnu des fractures,
des caries, des névroses et, chose plus
singulière, des os raehitiques, desexos-
toses. Or, la médecine a tâché d'expli-
quer ces dernières altérations par l'usage
des boissons chaudes, comme le thé, le
café; par celui d'aliments mauvais, par
l'abus des pâtisseries, par l'effet de l'air
humide ou de la malpropreté, toutes
causes qui n*ont pu agir sur les ani-
maux antédiluviens. Schmeriing con-
cluait de là que le rachitisme était aussi
ancien que les races elles-mêmes. Le
docteur Buckland, connu par l'origina-
lité de son esprit autant que par sa
sagesse profonde, disait un jour dans
un congrès scientifique : // faut bien que
nous croyions à Vhistoire des animaujr
fossiles telle que nous la donne Jf.
SchmerlinÇy puisqu'U a été le médedn
des hyènes antédiluviennes, »
Cette notice, à cause de son origina-
lité même, valut à Schmeriing, en Alle-
magne, un succès de popularité que
n'avait pu obten ir l'exposé de ses grandes
recherches. Par contre-coup, du r0»te,
une curiosité de plus en plus vive s*é-
veilla à l'égard de ces dernières ; Alex,
de Humboldt y contribua par des pa-
roles encourageantes ('), et plusieurs
sommités scientifiques se rendirent tout
exprès à Liège pour visiter les collec-
tions du docteur. Mais au moment même
où l'indifférence commençait à être
vaincue, Schmeriing fut brusquement
arrêté dans sa carrière. Les courses qu'il
était obligé de faire rapidement, afin de
ne pas négliger ses malades, et aussi la
fatale habitude qu'il avait contractée de
travailler depuis 9 heures du soir jus-
qu'à 5 heures de la nuit, au milieu* d'un
nuage de tabac, avaient miné sa consti-
tution (*). Depuis 1854, il souffrait de
la poitrine et du cœur. Au moins d'août
1856, il fit le voyage de Strasbourg
pour aller voir ses deux filles, seuls en-
fants issus de son mariage: il en revint
plus accablé que jamais. La veille de sa
mort, il fit descendre son lit et travailla
encore à la classification de ses fossiles.
Il expira doucement; son domestique
l'ayant laissé un instant, plongé dans
un léger sommeil, le retrouva mort. Le
docteur Habets trouva parmi ses papiers
un écrit sur les fémurs, rédigé quelques
heures auparavant (').
Schmeriing avait nourri, dans les
dernières années de sa vie, de nouveaux
projets scientifiques. Il s'occupait de la
recherche des polypiers fossiles du ter-
rain de Maestricht. La collection qu'il
en avait formée était déjà très-riche, à
en juger par ses communications au
Congrès scientifique de Liège, le 1''
août 1850 et les jours suivants.
Une seule année de sa vie fut consa-
crée â l'enseignement : après la mort
1 ' ) L'Aisne est un affluent de l'Ourthe. Le
trou de Hogheur est situé ii un quart de lieuo
de Yillers-St^-Gertrudo. Les découvertes que
fit Schmeriing le confirmèrent dans son opi •
nion, que les animaux dont on trouvait des
estes dans les grottes n'y avaient point vécu.
mais que leurs ossements y avaient été char-
riés avec le limon.
(*) Au congrès de Bonn, etc.
(») Morren, p. 148.
(*) Ibid.,p. 149.
SIM
S66
de Gaêde, il fui chargé du cours de
zoologie à FUniversité de Liège. Ce
iresl pas comme professeur qu'il se
rendit utile à cet établissement : il s*ex-
primait en français avec difficullé, et il
savait mieux observer pour son propre
compte que transmettre aux autres ,
sous forme didactique, le fruit de ses
études. 11 n'en resta pas moins estimé
des jeunes gens, qui appréciaient son
savoir et son zèle, et se plaisaient par-
fois à raccompagner dans ses explora-
tions.
Peu de jours avant sa mort, Scbmer-
ling reçut le diplôme de membre de
rinstitut des Pays-Bas ; il se sentit
particulièrement fier de cette distinc-
tion, témoignage d'estime du premier
corps savant de son pays. 11 était déjà
membre correspondant de plusieurs
Compagnies savantes, entre autres de
la Société géologique de France.
La Commission chargée, après sa
mort, d'examiner si sa collection de
fossiles méritait dï'tre acquise par
TËtat , en constata la richesse excep-
tionnelle. Elle renferme, écrivait Ch.
Morren en 1838, les ossements de 56
espèces de mammifères, de 8 espèces
d'oiseaux et d'autres ossements de
reptiles et de poissons. « Le nom-
bre des gros objets est d'environ 900,
et si Ton énumère les petits débris,
qui sont loin d'être sans mérite, il y
a de 18,000 à 20,000 ossements. Il
s'y trouve au moins 450 canines d'ours
et un nombre au moins égal de molaires
de ces animaux. Les ossements d'ours
sont si nombreux et si diversifiés, qu'il
serait possible d'en faire deux ou trois
squelettes complets ou à peu près.
On ne doit pas oublier les débris si
rares de l'homme, ni les restes deTan-
clenne industrie humaine, qui donnent à
cette collection un mérite particulier ( * ).
Il est triste de penser que ces trésors
paléontologiques, restés pour ainsi dire
à l'abandon, ont failli être dispersés et
perdus à jamais pour la science; cepen-
dant les pièces essentielles ont pu être
sauvées à temps, et le Gouvernement
belge doit se féliciter aujourd'hui d'en
avoir enrichi le Musée de notre Univer-
sité, où était sans contredit leur place
naturelle.
BIBLIOGRAPHIE.
i"* De sludii psychologiœ iu medicinâ
utililate et necemtnte (Thèse inaugu-
rale). Liège, 1825, in-4».
2'' Quelques observations sur la tein-
turedecohkique, Liège, Coliardin, 1832,
in-8'' de 04 p.
5" Notes sur les cavernes à ossements
fossiles découvertes jusqu'à ce jour dans
la province de Liège, 1852, in-8<> (Van-
der Maelen, Dict. géogr. de la prov, de
Liége^ appendice, p. 5).
4^ Notice sur les cavernes à ossements
de la province de Liège , 1855, in-8*
(BulL de la Soc. géologique de France,
t. Ili, p. 217).
5° Recherches sur les ossements fos-
siles découverts dans les cavernes de la
province de Liège; Liège, 1835-1854,
2 vol. in-4*' avec 2 vol. d'atlas in-folio.
Le premier volume a 167 p. et XXXI V pi.;
le second, 195 p. et XL planches. — Cet ou-
vrage a été traduit ou analyse en Italie, en
France, en Allemagne, en Russie, en Angle-
terre et aux Amériques. M. Malaise en a
rendu compte, en 1860, dans son Mémoire
sur tes découvertes pa'éontologiques faiiei en
Belgique (t. 1 des Mém, de la Soc. dÈmula-
tion de Liège, 1860) ; il se montre très-rë-
serve an sujet de la théorie de Scbmerling.
6** Renseignements sur la caverne à
ossements dite le trou de Hogbeur, dans
le Luj:embourg (BulL de PAcad, de
Bruxelles, t. Il, p. 271-275, 1855).
7"* Notice sur quelques os de pachy-
dermes découverts dans le terrain meuble
près du village de Chokier, (Ibid., t. Ili,
p. 82, 1856).
»imon (Jacques-Henri-Joseph), né
â Liège le 27 septembre 1794, y mourut
le 14 septembre 1861. Son père, un des
braves de l'armée patriotique liégeoise,
entra dans la police de la cité lorsque
l'administration française fut définitive-
ment constituée, et ne tarda pas à de-
venir Commissaire du quartier de l'Est
(Outre-Meuse), où le nom de Simon est
( * ) Extrait textuel du rapport de la Com-
mission, dont M. Ed. Morren a bien voulu
nous communiquer une copie.
507
SIM
H68
resté , encore aujourd'hui , synonyme
d'honorabilité et de courage ('). Le
digne fonctionnaire éJeva douze en-
fants : Henri était l*ainé de huit frères;
tous sont parvenus f par leur activité,
leur persévérance et leur haute probité,
à s'élever dans la hiérarchie sociale.
L'enfance de Henri se passa dans les
hâtimems actuels de rUniversité; là
même devait s'accomplir toute sa car*
rière, ainsi qu il se plaisait à le dire
lorsqu'il en pressentit le terme. Reçu
en i80^ au Lycée impérial de Liège en
qualité d'élève boursier* il y fit des hu-
manités brillantes. Sa vocation se des-
sina avant qu'elles fussent terminées :
intimement lié avec un jeune élève chi-
rurgien attaché à l'hôpital militaire de
St-Laurent, et comme lui enfant du
quartier d'Outremeuse (*), il reçut de
celui-ci ses premières leçons d'anato-
mie. A la fin ^e 1812, il entra à l'Ecole
de médecine établie par Ansiaux et
Comhaire (v. ces noms) dans l'ancienne
église de St-Clément, et y suivit les
cours d'anatofflie, de médecine cl de
chirurgie. Uès l'année suivante, il ob-
tint le premier prix d'anatomie (').
Lorsque le préfet, en séance publique
de la Société d'Emulation, lui remit sa
médaille, Ansiaux lui adressa quelques
paroles d'encouragement (*) qui res-
tèrent profondément gravées dans son
esprit, et(.ontribuèrent certainement à
lui inspirer de la confiance en lui-même.
Il fut atuché, dès 1813, à l'hôpital de
Bavière, comme élève interne ; il pour-
suivit assidûment ses études théoriques
et pratiques, se fit recevoir officier de
santé te 21 mars 1816 et, le looct. sui-
vant, mérita le prix de pathologie ex-
terne. Il avait en déjà l'occasion de
payer de sa personne : à la suite des
événements de 18U et de 1815, Liège
était encombré de blessés. Le zèle da
jeune Simon, dans cette première cam-
pagne de chirurgien, avait été au-des-
sus de tout éloge. Llinîversité de Liège
1^ créée en 1817; Delvaux de Fenne
(v. ce nom), professeur de chimie, n'i-
gnorant pas que Simon s'était beau-
coup occupé de cette science dans ses
loisirs, le fit nommer préparateur de
son cours. Mats le jeune homme visait
à se faire recevoir docteur en méde-
cine, en chirui^e et en accouchements.
Il fit deux parts de son temps , et tout
en s'acquittant de ses fonctions à TU-
ntvcrsité, s'occupa de rédiger sa dis-
sertation inaugurale. Elle traite de l'u
tflité des sciences auxiliaires de la mé^
decine (De scientns inedicinœ adseilis) ;
elle lui valut son diplôme en juillet
1820. Simon avait été compléter ses
études à Paris , en suivant les leçons
des Dupuytren, des Capuron, des Mar-
jolin et des autres illustrations de l'é-
poque. A partir de 1821, de nouveaux
liens le rattachèrent à Liège. Le 25
janvier, un arrêté du baron de Liede-
kerke, gouverneur de la province de
Liège, nomma Simon professeur-df-
recteur-adjoint de l'hospice de la Ma-
teniité établi en cette ville depuis
1801. Le 6 janvier 1825, la DépuUtioB
des Etats lui conféra le rang de titu-
laire, le chirurgien Ramoux , qui occu-
pait cet emploi, ayant pris sa retraite.
Cette nomination fut confirmée le 24
août 1827, à la suite d'une délibération
( * ) Henri Simon (père) exerça les fonc-
tions de commissaire de police jusqu'en 18H5.
En 1807, le préfot du département de TOurte
loi remit solennellement, à rH6iel-de<Ville,
le jour anniversaire de la fêle de l'Empereur,
une paire de pistolets, en témoignage de
satisfaction, et le proposa plus tard pour la
Croix de la Légion d'honneur.
(*) Louis- Joseph Borguet né le 24 juillet
1799), plus tard chirurgien distingué. Bor-
guet remporta, en 1811, te premier prix d'a-
natomie, en séance poblique; il Ait attaché
aux armées impériales de France, prit part
à la campagne de Russie , subit le fameux
siège de Dantzig, y fut fait prisonnier, et
finit, en 1814, par revoir sa patrie , où il se
livra jusqu'en 1855 à la pratique civile de la
chirurgie et des accouchements C'est Simon
lui-mâme qui nous apprend que fiorguel fut
son premier maître (Scalpel ^ 1855).
( ' Procès-verbal de ta séance publique de
la Société (tÈmulation de Liège,
{*) c 11 y a à peine quatre mois que vous
vous adonnez âi l'étude de l'anatomie, «tdéjà
vous avez devancé ceux qui s'y livraient de-
pals piusiev»' années. Yens travaiUes sur
des baaes solides ; l'édifioe s'élèvera sans
peine... » (V. le Nécroloye liégeois pour 1861 ,
p. 110}.
S69
SIM
B7e
de radninistratioD des hospices, prise
en vertu d'un article spécial du règle-
ment des 3-41 avril ('); enfin, le 4
décembre suivant, un arrêté ministé-
riel emiféra définivement â Simon le
titre de professeur de Técole des sages-
femmes, inséparable, d*après le règle-
ment pi^cité, de celui de chirurgien en
chef de Thospice.
« Les services que Simon a rendus an
)) pays comme maître des sages-femmes,
» durant une période de quarante an-
» nées, dit M. Spring (*). sont Inappré-
» ciables. Il faut connaître Tétat d*aban-
» don où les campagnes se trouvaient
» autrefois sous ce rapport; il faut avoir
» assisté à ces scènes de désolation, et
» je dirai presque de carnage, que 11-
» gnorance ne préparailqne trop souvent
» aux familles privées des secours ré-
» guliers de Tart ; il faut connaître la
» somme de douleurs que, dans cette
» branche des sciences mé(]i cales sur-
» tout , une routine aveugle et présomp-
» tueuse peut répandre dur des cœurs
couverts à Tespérance et au tendre
» dévouement, pour estimer à sa valeur
n Timportance sociale de bonnes insti-
» tutions de maternité, et les bienfaits
» que répand une bonne instruction
» donnée aux sages-femmes. » — « On
» peut difficilement se figurer, dit un
» autre biographe ('), les efforts qu'a
» dû faire Simon pour inculquer k près
9 de 500 garde-couches , ayant à peine
n reçu les premiers principes de Fin-
» struetion primaire et venant en majori-
» lé de villages ignorés de la Hesbaye,du
D Comlroz et de TArdenne, les notions
1) d*anatomie , de physiologie , de chi-
» rurgie et de médecine pratique, d*hy-
» glène et même de géométrie nécessai-
1» res à rétude de son cours. »— « Lors-
» qu'un homme d'une vaste et noble
Inintelligence, » écrivait le i2 octobre
1860 la Commission médicale de la
province de Luxembourg à i*honorabli
professeur, « la consacre en grande
» partie et pendant une si longue période
» à donner tant de savoir à des femmes
» souvent dépourvues de la première
» instruction, cet homme a bien mérité
» de ses semblables. »
Simon mérita encore la reconnais-
sance publique par son zèle dévoué à
propager la vaccine. «Chaque dimanche,
» à heure fixe, il abandonnait toutes ses
» occupations pour procéder à des vao^
» cinatlons gratuites à Thospice de la
» Maternité. Cinq cents enfants environ
» recevaient annuellement par cette voie
)> une immunité presque assurée contre
» l'un des fléaux les plus cruels qui
» ainigent l'humanité. On était frappé
» d'admiration quand on voyait Simon,
»au milieu d'une foule d'enfiints qui
» assourdissaient par leurs cris les assis-
» tants, rechercher avec un soin minu-
» tieux les sujets les plus propres à
«servir aux inoculations, et prendre
» toutes les précautions possibles pour
)> conserver le virus-vaccin , source k
n laquelle puisaient largement les chi-
}> rurgiens de la province et des localités
» avoisinantes. Aussi, chaque année,
» obtenaitril du Gfmvernement la mé-
» daille d'encouragement instituée en
» 1818 par le roi Guillaume pour les
» vaccinateurs les plus zélés (*).n
Lors de la réoiîganisation universi-
taire de 1855, Simon fut nommé agrégé
à la Faculté de médecine et chargé du
cours théorique et pratique des accou-
chements. Le 5 août 1857, une circons-
tance fortuite, « une de ces occasions
» où le mérite édate mieux aux yeux
» des personnes étrangères à l'art, »
détermina le Gouvernement à l'élever
au rang de professeur extraordinaire
( M. Sa promotion à l'ordinarlat, en re-
• M «Le professeur aciael 4*accoiieiraiDeot8
à la Materoité pourra être conserve dans ses
fooctioos sans concours préslable.» La déK<
bération des Hospices, conforme il l'avis una-
nime de la Commission médicale, est conçue
dans les termes les pins honorables et les
plus flatteurs pour Simon. J9ous renvoyons
le lecteur à rexeelleni S^yfpoH de M. Félix
Macors sur t hospice deJuMMemiié, Véeole
provinciale (te% nageJtjfmmc* v: la clinique
univcr9itaire dtn aeeouehementê , présenté à
la Commission des Hospices en mai 4860, et
publié la même année à Liège, in-S».
/" ) Scalpel dos SO et 30 septembre 1861.
(>) M. Ul. CapiUine.
i*) Id. Nécrol, liégeoi» pour 1861, p. 1 lli.
' *) Noas extrayons ce qui suit du diseoura
de M. le professeur Dupont^ proâoncë en
1861 à la salie académique : € Dans Thospice
de la Maternité de Tune des principales villas
571
SIM
K7S
vancbe, se fit attendre plus longtemps
que ne i*avaient désiré tous ses col-
lègues. Elle ne date que du 22 sep-
tembre 1848. Les leçons de Simon
étaient cependant aussi remarquables
que son habileté comme opérateur.
Laissons encore parler M. Spring :
n Esclave de son devoir et pénétré de
» rimportance de sa mission, aucune
»> peine ne lui coûtait quand elle devait
» profiter à son enseignement. Entiè*
» rement dévoué an progrès de ses
» élèves, il ne se contenta pas d'ensei-
u gner les prin ripes de Tart et d'en
» montrer les applications par son
» exemple; roaisils*obstinaitpourainsi
» dire à rendre habiles, à Taide de ré-
» pétitions et d'exercices constamment
» renouvelés, tous ceux qui sortaient
» de son cours. Aussi ses élèves ont-
» ils toujours brillé dans les épreuves
» publiques, et un grand nombre de
» praticiens doivent leur succès dans
» les accouchements à Texcellente école
» à laquelle ils ont eu le bonheur d*être
» formés. » Le talent de Simon éuit
essentiellement pratique ; les esprits
positifs de cette trempe préfèrent la
science faite à la science à faire : aussi
a-t-il peu écrit. « Mais quelle pratique!
» ^oute son digne collègue. Il m'a été
» donné de voir des villes et des pays
» divers, et j'ose affirmer que nulle part
» je n'ai rencontré un homme plus ex-
)) pert que Simon dans l'art qu'on a
» appelé ajuste titre l'art conservateur
» des familles. Quelle sûreté de vues,
» quelle prudente fermeté, quelle réso-
)) lution dans les moments difficiles ,
» quelle dextérité manuelle, quelle ex-
D périence consommée ! »
Un des premiers, il a reconnu la lé-
gitimité et l'excellence de l'accouche-
ment prématuré arti6ciel, opération qui
permet de sauver à la fois la mère et
l'enfant ; sa propre expérience a démon-
tré qu'il ne se trompait pas. Frappé
des inconvénients que présentaient les
anciens instruments perforateurs de
Levret et Smellie , il les a modifiés en
allongeant considérablement les man-
ches, pour en rendre le maniement plus
facile et pour donner plus de sûreté à
l'opération. — Un des premiers aussi,
il a employé le forceps-scie, que dans
un noble élan il a appelé o un chef-
d'œuvre auquel le nom de Van Heuvel
doit rester éternellement et invariable-
ment attaché. » (*). — Presque per-
sonne avant lui n'avait conseillé et pra-
tiqué la perforation de la base du crâne
par la région sus-hyoïdienne, dans les
cas de rétrécissement du bassin et de
déflexion de la tète fœtale. — Pour
pratiquer la section du cou, il adopta
l'instrument de Chassaignac. Cette mé-
thode rend l'opération plus aisée et
tout- à-fait inoffensive pour la mère. —
Il apporta une modification heureuse
au forceps ordinaire, en calculant, sur
un grand nombre de têtes d'enfants, la
courbe qui devait être donnée au plat
de la cuiller. Cette modification permet
de tirer fortement en bas, lorsque la
tète est au-dessus du détroit supérieur,
sans distendre les parties génitales
outre mesure (■).
Entre autres opérations remarqua-
bles, Simon a pratiqué la symphyséoto-
mie, et il est parvenu trois fois à amener
l'enfant vivant ; s'il a |)erdu l'une des
trois mères, c'est par suite d'un acci-
dent étranger aux dis|)Ositions prises
par l'accoucheur. On cite encore ses
saecès d'opération césarienne, succès
d'autant plus dignes d'être relevés qu'ils
ont été obtenus en ville et dans les
conditions que présente un hospice de
la Maternité.
L'Académie royale de médecine s'é-
dc la Belgique, un accouchement des plus
difficiles épuisait depuis 24 heures les forces
des élèves et de leur maître. La vie de la
mère était en danger ; déjà 1 on s'apprêtait à
recourir aux opérations les plus doulou-
reuses. Simon examine et promet, si on lui
permet d'agir, de sauver en cinq minutes la
mère et l'enfant. On hésite, on se livre à de
nouveaux et infructueux efforts. Alors seule-
ment on permet à Simon d'essayer. Le résul-
tat répond à la promesse : en cinq minutes
la mère et l'enfont sont sauvés. — Le ministre
de rintérieur, informé de ce fait, nomma
immédiatement Simon professeur extraordi-
naire.»
( • ) Bulletin de l'Acad. roy, de médecine,
t. XI, p. 75.
(*) Renseignements fournis par M. le pro-
fesseur Wasseige. ^.
's
w»0
TAN
574
tait attaché Simon, en 1849, comme
membre correspondant; elle lui décerna,
en 1855, le litre de membre honoraire.
Il faisait partie de la Commission mé-
dicale depuis 1842. Un arrêté royal du
i8 décembre 1844 le nomma chevalier
de Tordre de Léopold ; il fut promu au
grade d'officier en novembre 1859, aux
applaudissements de TUniversité et de
la ville Ce dernier témoignage de la
bienveillance royale fut le signal d'une
manifestation des plus honorables pour
celui qui en était Tobjet. Les élèves de
Simon, ses anciens condisciples et ses
nombreux amis lui offrirent solennelle-
ment, le 29 mars 1860, un magnifique
portrait dû au pinceau de M. Nissen
(*). Nous renonçons à traduire rémo-
tion du vénéré maitre ; quiconque Ta
connu sait quel cxcur sensible et déli-
cat se cachait en lui sous des dehors
d'une froide , mâle et presque rude
énergie. Sa modestie était d'ailleurs à
la hauteur de son talent; il s'était tou-
jours dévoué, par devoir et par compas-
sion pour Thumanlté souffrante, sans
ambition et sans espoir de récompense :
Tovation qui lui fut faite le surprit autant
qu'elle le rendit heureux. Mais le bonheur
d'ici-bas n'est jamais de longue durée :
Simon fut cruellement éprouvé. Tannée
suivante, par la mort de la tendre et
chère compagne qui, pendant le cours
d'une longue carrière, avait prodigué
au praticien, après les fatigues et les
agitations de chaque jour, des soins
dont il sentait doublement le prix.
Noluit coMolarL Sa santé déclina ra-
pidement : « après s'être d'aUord relevé
» d'une maladie fluxionnaire qui l'avait
i> tenu éloigné de sa chaire depuis le
» mois de janvier, il continua de subir
» les tristes effets de celte maladie du
» cœur à laquelle tant de chirurgiens
» célèbres ont succombé (* ). » L'Uni-
versité perdit en lui Tune dé ses illus-
trations, et la population tout entière
partagea ses regrets; il semblait qu'on
fût sous le coup d'une calamité pu-
blique , d'autant plus inopinée que la
constitution robuste de Simon devait
lui promettre une verte vieillesse.
L'auteur du Nécrologe liégeois^ tou-
jours si bien informé, ne connaît de
Simon que les travaux suivants :
l*" IHsgertaiio inauguraiis medica de
scientiis medicinœ adsdtis. Leodii, Col-
lardin, 1820, in-4<>.
2* Revue de la clinique des accouche-
ments de la Maternité de Liège,
Articles rédigés par M. le docteur Ch. De-
tienne sur des noies fournies par Simon, et
insérés dans la Revue médicale, livraisons
de février, mars et avril 1848.
5^ Observations d'application du for-
ceps-scie^ suivies de quelques considé-
rations sur c^t instrument et sur les
différents moyens employés, jusqu'à ce
jour, pour délivrer la femme dans le cas
d'angustie du bassin. Bruxelles, De
Mortier, 1851, in-8
Tiré à part du Bulletin de l'Académie
royale de médecine de Belgique, t. XL
Simon a communiqué des renseigne-
ments à Richard Courtois (v. ce nom)
pour la rédaction des Recherches sur In
statistique physi^iue^ agricole et médi-
cale de la province de Liège (Verviers,
1828). Son nom est encore cité parmi
ceux des collaborateurs aux tomes V
et \I de VObservateur médical (1828-
1829); mais il n'a fourni aucun arti-
cle à ce recueil.
Taiifioi (Nicolas-Émile) naquit à
Luxembourg le 9 germinal an XII (50
mars 1804) et mourut à Saint-Trond le
25 octobre 1850. 11 entra dés 1814 au
Collège de Luxembourg , et quoique le
plus jeune de sa classe et mis en pré-
sence de concurrents redoutables C*),
(') M. le docteur Picard porta la parole,
en cette circonstance , au nom des condis-
ciples de Simon; M. Védrine, au nom de ses
confrères et de ses amis. V. la brochure
intitulée : Une belle et légitime ovation (Liège,
1860, in-8<»}. — Le portrait de Simon a été
reproduit en lithographie par M. Schubert.
) Spring, DiMc. citéj
MM.Engling, ar(^,ard'hui professeur U
n
TAthénéc, savant et publiciste distingué;
Eyschen , adminislrateur^général ; Grégo-
rins, qui passa en Belgique et s'y fll estimer
dans l'enseignement ; Majerus , doyen ù
Meersch, etc. — Nous empruntons ces détails
à une Notice sur li. Tandel, publiée par
M. le docteur Kleyr dans les Annales de la
Société archéologique Grand-Ducale (aussi
tirôe à part, 10 p. in-4o).
575
TAN
576
H figura invaHablement (yarmi les pne-
m^ers. Plus les luttes scolaires étaient
ardentes, plus les Jeunes émules s*atla-
chale»tlesuns aux autres: Ils formaient
même entre eux une Société littéraire
qui se réunissait chez Ph. Graas ('),
leur ami commun , et les liens de soli-
darité et d'affection mutuelle qu'ils con-
tractèrent dès cette époque ne firent que
se resserrer plus tard , après leur dis-
persion. Ce fui le cœur serré que Taodel
quitta ses chers condisciples, en 1819,
pour suivre sa mère et sa sœur , qui
allaient se fixera Bruxelles. Il se consola
en redoublant de zèle pour Tétude. Au
moment de son départ , il n'avait point
achevé son cours de rhétorique : il eut
recours à rautodidaxie et compléta sans
maître, avec une merveilleuse facilité,
son éducation classique. H visait dès
lors au professorat : pour s'y préparer,
il se voua pendant plusieurs années à
l'enseignement privé; les sttc^.s qu'il y
obtint lui firent une réputation précoce.
En 4826, à l'âge de 22 ans, il fut chargé
de donner un cours approfondi de langue
allemande au Collège flhilasophique, nou-
vellement créé à Louvain. H justifia
bientôt d'une manière éclatante le choix
qu'on avait fait de lui. Sa Grammaire
allemande (v. ci-dessous) ne parut pas
seulement l'œuvre d'un philologue ins-
truit, d'un esprit clair, délié, métho-
dique : elle révéla un philosophe. Ob-
servateur scrupuleux des faits, Tandel
ne se contenta jamais de coordonner les
résultats de ses recherches ; il possédait
à un degré éminent le génie de l'analyse,
et cette clairvoyance pénétrante qui
soulève le voile de la mystérieuse Isis,
découvre dans la variété, en apparence
irrégulière, des phénomènes, la cons-
tance et rinflexibllité des lois, et grâce
à une attention fortement concentrée ,
finit par contempler face â face les
vérités primordiales. Cette puissante
méthode dinvestigation, pratiquée avec
autant de prudence que de persévérance
ophriâtre et faisant place, â un moment
donné, aux déductions d'une logique
serrée, donne un caractère svi generi»
k tous les travaux de Tandel : très-ré-
servé dans les questions métapbysiques,
sans timidité cependant, il n^âvançait
qu'à pas sûrs, mais ne perdait jamais de
vue le but élevé qui seul lui paraissait
digne de ses efforts. Ainsi que le fait re-
marquer M. Loomans(* ), qui Ta connu de
près, il procéda ainsi dans tout ce qall
entreprit; il éclaira du flambeau de la
philosophie les sciences diverses dont il
fut mis en demeare de s'occuper, avant
de pouvoir se consacrer entièrement et
directement A celle qui avait toutes ses
prédilections. La grammaire leflt songer
à une philosophie du langage ; l'écono-
mie politique le conduisit jusqu'à la loi
suprême de l'ordre moral. Cette pé-
riode transitoire fut assez longue. La
révolution de 1850 entraîna la suppres-
sion du Collège philosophique ; Tandel
aurait pu faire son chemin dans l'admi-
nistration (*); mais les perspectives
brillantes qui s'ouvrirent alors devant
lui ne réblouirent point : il préféra
rentrer en janvier 1851 à l'Université de
Louvain, avec le titre modeste de lecteur
(*). Il y enseigna la statistique et l'éco-
nomie politique, et ce fut là qu'il publia,
en 1854, sa traduction annotée de l'ou-
vrage de Mone (v. ci-après). L^annéc
suivante, il passa, toujours en qualité
de lecteur, à l'Université de Liège. Il y
continua le cours d'économie politique
et de statistique; il y joignit le cours de
géographie physiqueet ethnographique,
obligatoire pour le doctorat en philo-
sophie et lettres. Sur ces entrefaites
éclatèrent les troubles qui forcèrent le
professeur de philosophie Gibon (v. ce
nom) à descendre de sa chaire et à re-
tourner en France. M. le comte deTheux
( * ) Mort doyen à Dfelcrrch.
(*) Notice sur la vie et les travaux de
Nicotat'Emile Tandel, Liège, 485S, in-8o
(v. l'art. Loomaos).
(*) I! fut quelqoe temps attaché au mi-
nistère de rintérieur.
{*) Coe chaire d'histoire lui TtatofTerte à
l'Université de Gand la même année : U la
refusa parce que. disail-îl, il ne se sentait
pas capable do la remplir. Tandel possédait
une instruction très- variée; mais il était con-
sciencieux avant tout , et il eut le bonheur
de connaître à temps sa véritable vocation,
ainsi que le courage d'y rester imperturbable-
ment fidèle.
i
577
TAN
878
> I
désigna Tandei poarleremfkiaeer :après
quelques hésitations, ie jeiine professeur
accepta, et ce fut une bonne fortune
pour rUniversité. Par sa parole et par
ses écrits, il exerça sur ia jeunesse, de
1835 à 1850, une influence féconde et
durable. Il se consacra entièrement aux
sciences qu'il avait mission d*enseigner,
resta pleinement étranger aux intérêts
et aux passions qui s'agitaient autour
de lui, et littéralement fut martyr de son
zèle. «Atteint d*nne maladie mortelle, ré-
9 sultat d'un travail immodéré, il con-
» tinuait à donner à renseignement un
» reste de vie qui devait s'éteindre
» bientôt. Il consentit enfin à suspendre
i> ses cours, grâce aux sollicitations de
» sa famille et de ses amis; mais il ne
» crut pas devoir renoncer à ses étu-
9 des. Cependant ses espérances s*é-
n taient évanouies; îl était accablé de
» maux de l'âme et du corps, il entre-
i> voyait le terme de son existence; et
n c'est alors, au sein de Tadversité,
A. près de son beure dernière, qu'il
» conçut sa belle théorie sur le souve-
» rain bien et sur la destinée humai-
» ne... » (^).Tour â tour, les médecins
Tavaient envoyé à Grammont et à Nice :
le régime hydropathique, le doux cli-
mat du midi n'exercèrent sur sa santé
qu'une influence factice et passagère ;
avant tout il avait besoin d'un repos
absolu, a il quitta la bruyante cité de
» Liège et se retira au petit séminaire
» de St-Trood» chez son ami M. l'abbé
» l^nay, professeur de philosophie (').
» Comme dernier moyen de guérison,
» les médecins lui avaient cous^illé un
» essai fréquemment tenté aux environs
» de Paris et notamment au bois de
» Boulogne, c'est-à-dire, d'aspirer un air
» imprégné d'odeurs de dépendance de
» ferme. On lui prépara au petit sémi-
» naire de St-Trond un appartement
» disposé d'après les conseils de l'art.
» Mais le mal s'opiniâtra contre les
» ressources et les combinaisons de la
» médecine. Entouré de sa famille
» éplorée et pénétré des sentiments de
» la plus pieuse résignation ^ il mourut
» en chrétien le â5 octobre iS50, âgé
» seulement de 4C ans » (').
Tandel avait été nommé professeur
extraordinaire par l'arrêté même qui
lui confiait les cours de philosophie ;
sa promotion à l'ordinariat date de
1839, quatre ans plus tard. Il vécut
paisible et retiré, exempt d'ambition,
absorbé par ses éludes, renfermé en
lui-même, et cependant profondément
affectueux et dévoué. M. Kleyr nous a
laissé de lui le portrait suivant : ceux
qui ont connu de près Tandel en certi-
fieront l'exactitude, o il était froid au
)) premier abord; son calme était gla-
» cial ; SOI» œil bleu et doux intimidait
«par la fixité du regard {te qu'on di-
» sait aussi de l'œil de Fénélon) ; mais
» touchiez-vous une corde sensible,une
» fibre délicate, à l'instant il s'animait,
» il se montrait tel qu'il était, passion-
» né pour les idées générales, pour les
» enchaînements logiques , éloquent
» lorsqu'il traçait le tableau des égare-
» ments de l'esprit humain. Aviez-vous
D sa confiance , il était tout à vous,
» plein de cœur et d'un dévouement
» sans bornes. On ne savait pas ce
» que l'on devait admirer le plus en
B lui, ou sa modestie ou sa puissance
» de raisonnement. Il fut un modèle
» de piété filiale.... » Comme philoso-
phe, il a été dignement apprécié par
son successeur, M. Loomans, qui a
très-bien fait ressortir l'unité de des-
sein de tous ses ouvrages , quel qu'en
fût ie sujet, les tendances dominantes
de son esprit, la force et la sincérité de
ses convictions. — Les travaux de Tandel
se répartissent naturellement en deux
groupes ; d'un côté les œuvres du lec-
( * ) Loomans, op, cit,, p. 29.
(*) Postérieurement, doyen de Saint- Bar-
thélemi à Liège. — M. Lonay est bien connu
en Belgique par »ea DUneriation» phiioto-
phiques nur les points capitaux de la dic-
tion, chrétienne (Bruxelles, 1857, un vol.
in-8<»}. Son nom est inséparable de celui de
Tandel, non seulement ù cause de leur ami-
tié, mais encore à raison de la part active
qu'ils prirent l'un et l'autre aux controverses
qui s'élevèrent, en 4845 et 1846, entre la
Revue catholique de Louvain et le Journal
historique de P. Kersten (Liégo) 9ur la ques-
tion de l'origine du langage.
(») Kleyr, p. 9.
ai
879
TAN
580
leur de Louvain, de Tautre celles de
professeur de Liège. Nous en donne-
rons, principalement d'après M. Loo-
mans, une courte analyse, qui fera con-
naître le penseur mieux que des con-
sidérations générales. '
1. Première période (Louvain) : de
18â6à1835.
1® Lexigraphie (Formenlehre) de la
langue allemande. Louvain, i829,in-8''.
— 2« édition., iWd., 4835, in-8°.
â" Syntaxe de la langue allemande.
Première partie. Louvain, 1855, in-8".
(Lorsque ce volume parut, Touvrage
entier attendait depuis six ans Tocca-
sion favorable de se présenter au pu-
blic : la seconde partie est restée iné-
dite).
On croit pouvoir arranger à sa guise la
matière d'une grammaire, dit l'auteur, el l'on
oublie qu'eUe doit s'arranger d'elle-même,
que Tarrangemeol est donné avec l'objet.
Une langue est un tout organique : elle se
forme et se développe à la façon d'un corps
vivant. Les mots qui la composent se grou-
pent autour de certains mots générateurs :
la grammaire comprendra donc une partie
étymologique, où seront démontrés les prin-
cipes el les lois delà génération des mots.
Mais parler, c'est exprimer des rapports
entre idées ; en modifiant les idi'es, ces
rapports donnent lieu à des modifications
de termes, aux formes grammaticales : dé-
crire les formes k peu près comme l'analo-
mie décrit les organes des corps, tel est
l'objet de la lexigraphie, La syntaxe étu-
diera ensuite les fonctions et la coordina-
tion de ces formes diverses; la théorie de
la construction (Wortfolge)» s'occupera de
l'ordre dans lequel nos pensées se succèdent
et se produisent l'une l'autre dans le temps
(Ici l'analogie avec un corps vivant ne peut
plus être invoquée, les parties de celui-ci
existant simultanément, juxtà-posées dans
t espace. Lsi prosodie et Yortl.ographe d'u-
»age, enfin , seront les compléments obligés
de toute grammaire particulière. Tandel
distingue avec soin la grammaire positive
de la grammaire philosophique : il repousse
la vaine scolastique, les règles arbitraires
de la plupart des grammairiens de la vieille
école, et s'écrie avec Rousseau : c Des faits,
des faits ! Il faut bien lire dans les faits
avant de lire dans les maximes. » C'est par
ce procédé et pas autrement, selon lui,
qu'il est possible d'arriver à construire une
saine philosophie du langage. Si les circon-
stances lui avaient permis de pousser plus
avant l'étude de ces belles questions, il se
serait certainement fait un nom parmi les
linguistes contemporains : il a fonaulé la
méthode de la vraie science des langues, et
par une sorte de divination , d'aillenre in-
spiré par les maîtres de rAIlefflagne,iIa pres-
senti les brillantes découvertes de la philo
logie comparée.
5° Théorie de la statistiqve^ trad. de
Kaltemand et du latin de F.-J. Mone, et
augmentée d'additions, de notes et d'une
bibliographie. Louvain, 1854, un vol.
in-8<».
Ce volume fut publié pour servir de texte
aux leçons de Tandel. Le traducteur de
Monc nous apprend, dans sa préface, qu'il
avait d'abord travaillé à rédiger un nouveau
manuel ; mais à quoi bon , se dit-il, répéter
en d'autres termes ce que d'autres ont dit et
redit? — Ce fut donc sous l'influence d'un ho-
norable scrupule qu'il se contenta du rôle
d'interprète et d'annotateur. Il serait diffi-
cile de se faire une idée, au moyen de cette
préface et des notes dont l'ouvrage est en-
richi, des opinions générales de Tandel en
matière de statistique et d'économie poli-
tique ; toutefois il est permis d'induire, de
l'ensemble de ses écrits, qu'il rejetait bien
loin « ce matérialisme économique qui
n stimule et surexcite les appétits maté-
» riels, qui transforme la société en atelier
» et en comptoir, qui considère l'Etat comme
p une machine à production. > Il admet-
tait l'appropriation individuelle , la divi-
sion du travail, la liberté de l'échange, etc.,
en un mot tout l'ordre économique; mais
il estimait en même temps qu'il y a une
force morale qui l'anime, le féconde, le per-
fectionne dans toutes ses parties et peut
seule le transformer en organisme parfait.
Comment concilier ensemble les droits de
l'individu et ceux de la Société, l'individua-
lisme et le communisme? < Ce secret, répond
» Tandel, on ne peut pas le découvrir à
• priori; maïs l'expérience nous le révèle
» dans Vamour. C'est lui qui lève ici toutes
» les contradictions, en identifiant t'égolsme
» avec le dévouement le plus absolu... L'a-
» mour fait en sorte que Tefi'et du don soit
V le même que celui de la conservatioo ex-
» clusive. » — Quant k la statistique, elle
est k ses yeux l'histoire pragmatique con-
temporaine. Si l'on admet que l'Etat est une
quantité de forces, qui agissent dans une
grande partie de la famille humaine, d'ac-
cord avec une intelligence souveraine et
conformément à la vérité suprême , la sta-
tistique indique en même temps la circonfé-
rence d'oii parlent les rayons et le foyer
vers lequel ils doivent converger. Inutile de
faire remarquer que la disposition intellec-
S8i
TAN
S82
tuelle et morale d'une époque donoëe ne
sort pas moins de facteur aux calculs et
aux conclusions des statisticiens que les
chiffres et les nombres ' * ). Tandel était
peu sympathique, en général, aux idées de
J.-B. Say ; il n'a laissé échapper aucune oc-
casion de les critiquer dans ses notes.
If. Deuxième période (Liège) ; 1855-
1850.
Jk'* Dictionnaire des définitions de lo-
gique, Liège, 1838, brocb. in-8®. et
Plan sommaire (ftin cours de logique^
îbid., quatre tableaux in-i° (oblong).
A l'usage des élèves de l'Université de
Liège. — Les tableaux ont été plus tard in-
tégralement reproduits dans le Cours de lo-
gique {jfi 1).
5^^ Sur un problème de logique (Bull.
deVAcai, royale de Belgique, t. VI,
première partie, 1 ,558 ; t. VI, 2« partie,
4,79).
C'est une démonstration toute formelle
des jugements catégoriques, hypothétiques
et disjonctifs. On la retrouve dans le Cours
de logique ;n® 7\
6^ Nouvel examen d'un phénomène
psychologique du somnambulisme (Mèm.
couronnés et mèm. des savants étran-
gers publiés par TAcad. royale de Bel-
gique, t. X, 1841-1845; Bull, de la
même Académie, t. VI, 2* partie, p.
488; t. Vil, première partie, p. 180,
et t, X, première partie, p. 505).
« Adversaire de l'opinion surannée, émise
en 1784 par la Commission composée de
Franklin, Lavoisier, Bailly , Leroy , Bory,
Dareet, Majault, Sallin, GuiUoiin, Poisson-
nier, Desperrières, Caille , Mauduyt, Andry
et iussieu ; mettant à profit les observations
plus récentes de Kieser, Gmelin, Hufeland,
Nées von Esenbeck, Passavant, Eschen-
mayer, Brandis, Nasse, Strombeck, Meyer,
etc., Tandel aide à mettre la théorie du som-
nambulisme en voie de faire de nouveaux
progrès. Contrairement au principe généra-
lement admis, qu'au réveil il ne reste plus
aucun souvenir de ce qui s'est passé dans
l'état somnambuliqueje professeur de Liège
prouve qu'il y a souvenir pour le somnam-
bule quand il y a association des idées entre
le somnambulisme et l'état de veille, et que
les conditions de cette association sont ab-
solument les mêmes que pour deux états quel-
conques de la veille. 11 fait ainsi perdre beau-
coup de son étrangeté k un phénomène con-
sidéré jusqu'ici comme très-extraordinaire,
et il le fait rentrer dans le cadre des phéno-
mènes connus et compris de tout le monde.
Pour que l'association des idées se produise,
il faut que le somnambule veuille se souve-
nir, qu'il soit libre, qu'il soit en position de
se rendre compte de lui-même, qu'il veuille
réaliser les conditions d'une association des
idées entre le somnambulisme iH l'état de
veille. Pour Tandel, la clarté de nos idées
dépend de Tatlention que notre esprit ac-
corde à leur objet. Dans le système de La-
romiguière, l'attention est elle-même la
cause de toutes nos idées. Tandel avoue sa
prédilection pour les questions de l'ordre
intellectuel et pour le côté immatériel des
choses, et combat à la fois la doctrine de
Maine de Biran et celle de Broussais. Biran,
pour s'expliquer les phénomènes du som-
nambulisme, admettait deux moi. Broussais,
pour qui la penséo se manifeste k l'occasion
du mouvement de la matière, nie le moi psy-
chologique, et refuse aux psychologues la
possibilité de créer une théorie indépendam-
ment de la physiologie. Inférant mal du
principe vrai : Entia non sunt muliiplican-
da prœter necessitatem, il fait dériver les
phénomènes moraux de la substance ner-
veuse, et aboutit au matérialisme. En médi-
tant la savante monographie de Tandel, on
est amené au corollaire pratique : que la
liaison des idées est la loi fondamentale de
la mémoire. Jamais une idée ne se réveille
en nous qu'à l'occasion d'une autre idée qui
nous est actuellement présente... » (Kleyr,
p. 4 et 5).
V Cours de logique, à Tusage de l'en-
seignement universitaire. Liège, 1841,
in-8°. — ^ édition. Liège, 1844,in-8«.
La première édition ne contient que la
logique formelle, divisée en logique analy-
tique ou élémentaire (théorie du concept,
du jugement et du raisonnement et logique
synthétique ou systématique (théorie de la
définition, de la division et de la démons-
tration). La seconde édition contient en
outre la logique réelle (quatre chapitres ;
de la vérité ; de la certitude ; des sources
de nos erreurs ; du scepticisme). La logique
formelle de Tandel se rattache il la théorie
d'Aristote, mais en même temps à la critique
de Kant; elle n'a rien de commun avec la
dialectique hégélienne. L'auteur s'explique
nettement k cet égard : « Le mot formelle,
» dit-il, indique que je ne veux donner ici
» que cette partie essentielle de toute logique
» qui a pour objet, non la vérité en général
» et sous tous ses rapports, mais seulement
(•) Kleyr, p. 3.
583
TAN
584
» la vérité que donne la pensée , abstraction
» faite de nos autres moyens de connaître. »
La première partie de l'ouvrage ne difiT^re
donc en rien d'essentiel de la plupart des
traités connus sur la matière (notamment
de ceux de Twesten et Bachmann). Le Dtc-
tum de omni et nulio des anciens domine ou
plutôt résume tout le système. Certains pa-
ragraphes méritent cependant une mention
spéciale, notamment ceux qui concernent
les jugements considérés au point de vue de
la relation (v. ci-dessus, tfi 5), et l'analyse
purement formelle des raisonnements par
induction et par analogie. Quand une qucs-
tion controversée se présente, l'auteur se
contente de l'indiquer en passant : c'est à
l'enseignement oral, disait-il, que revient la
mission d'expliquer et de discuter les pro-
blèmes dont la solution n'est pas encore ac-
quise à la science. Le Coun de logique n'est
même, k proprement parler, qu'un program-
me détaillé : ainsi s'explique le peu de re-
tentissement qu'il a eu en dehors de l'Uni-
versité de Liège. Il est permis de regretter
que l'auteur se soit imposé cette réserve;
car, ainsi que le fait remarquer M. Loo-
mans, son œuvre est à la fois un traité et
un modèle de logique. — La théorie de la
vérité et de la certitude, dans la logique
réelle^ se rattache intimement aux convic-
tions fondamentales de l'auteur, clairement
exposées dans le Court d'anthropologie , (v.
ci-après). « Je suis entré à l'école de la phi-
losophie, disait Tandel il M. Loomans, grâce
surtout à un opuscule de Schelling, intitulé :
Dm moi comme principe de la philosophie
(Vone Ich als Prinzip der Philosophie). » Il
avait été surtout frappé de la manière dont
les questions étaient posées dans cet opus-
cule. Il en vint k prendre pour point de dé-
part l'analyse de la conscience, l'examen
attentif des faits que cette analyse révèle,
la recherche de leur origine et des lois qui
les régissent ; cependant il sut tenir compte,
d'autre part, des principes métaphysiques
qui expliquent la synthèse de nos connais-
sances. A un moment donné, la synthèse et
l'analyse doivent coïncider, et alors nous
sommes sûrs d'être en possession de la vé-
rité. C'est en procédant de la sorte que Tan-
del trouva dans le seul fait de la conscience
de soi la démonstration de la liberté (* ;, et
que les conditions métaphysiques de la li-
berté lui attestèrent l'existence d'un Dieu
personnel et libre, dont notre esprit est l'i-
mage vivante. Toute sa théorie est là : quel-
que sujet qu'il traite, il y revient toujours.
L'esprit est essentiellement vérité, et la vé-
rité immédiate porte en elle-même son évi-
dence. L évidence, c'est le fond même de
notre intelligence à l'état de conscience de
soi. Nulle réalité ne saurait se trouver en
contradiction avec les notions pures de la
raison... Mais, notons-le bien : si la raison
pure dévoile le contradictoire et Hmpos-
sible, elle ne donne pas le réel; elle peut
nier et détruire, elle ne saurait édiAer ni
construire ; son rôle est négatif et non pas
positif. — Schelling ne parla pas autrement à
Berlin, dans son cours de 184â-i843 (v. la
notice de M. Loomans, p. 37, 44, 59 et
suiv.).
S^EsqvUse (Tun cours (Tanlhropologit
à rusa|[e de reoscignement universi-
taire Liège, 4843, in-8«.— 2«édit., re-
vue et partiellement développée. Liège,
i8i5,ln-8».
Excellent manuel, mais rédigé, de même
que le précédent, avec une concision systé-
matique dont le but avoué est de rendre les
explications du professeur indispensables
aux élèves, à qui l'ouvrage est exclusivement
destiné. L'auteur tient, d'un côté, à faire
prendre au sérieux l'étude de la philosophie,
qui n'est pas k la portée de tout le monde ;
de l'autre, il ne veut laisser subsister aucun
doute sur ses véritables tendances , et c'est
pourquoi, surtout dans la seconde édition de
son ouvrage, il épuise pour ainsi dire cer-
taines questions, tandis que d'autres sont
simplement indiquées ('). Aujourd'hui qu'il
n'est plus \k pour discuter et résoudre celles-
ci, on peut se plaindre de ses réticences
volontaires ; h&tons-nons d'ajouter , néan-
moins, qu'il a pris soin de s'étendre assez sur
les premières, pour que des lecteurs initiés
puissent conclure de ce qu'il met en lumière
à ce qu'il laisse dans l'ombre ( ' ) . Ko égard au
but immédiat qu'il s'est proposé, fauteur est
pleinement justifié; disons pourtant que, si son
œuvre lui survit et est digne de lui survivre,
sans les inégalités que nous signalon8,eUe ren-
drait deux fois plus de services à Iajeuncs8e,et
que sa réputation aurait franchi nos frontières.
La modestie de Tandel l'a empêché de se faire
k lui-même cet aveu : maintenant il est trop
(* ) Tout acte de conscience de soi est un
acte d'indépendance à l'égard de tout autrui,
un acte de spontanéité absolue, un acte de
liberté » (Cours danthropoL^ S« éd., p. 86).
( * ) lia choisi pour épigraphe celte dé-
claration de Liebniz : Philosophica melete-
mata non minus quàm mathematica vulgi
captum superant, sed magis interprétai io-
nibus iniquis obnoria sunt.
(*) M. Loomans dit très-bien que les
livres de Tandel ne sont pos destinés à être
appris, mais à être refaits par le lecteur.
58 o
TAX
586
tard... L'oovrage embrasse, conformément à
la loi de 4835 , ua sommaire de physiologie
hamaioe (somatologie) en même temps qa'un
traité de psychologie et une étude sur les
rapports du corps et de l'àme ; selon l'usage
en Belgique , l'auteur aborde même, autant
qu'il peut les aborder en partant de l'analyse
philosophique des faits, certaines questions
métaphysiques, telles que celle de l'immor-
ialité de l'Ame. Sur d'autres points, par
exemple sur le débat entre le vitalitme et
ïanimitme^ il s'abstient de toute recherche
transcendante et se contente d'exposer les
systèmes en présence. Prise dans son en-
semble, sa théorie psychologique, basée
comme nous Pavons dit sur une observation
minutieuse des caractères du fait de con-
science, tient le milieu entre les doctrines qui
attribuent au moi la faculté d'atteindre la
science absolue, et celles qui ne lui accordent
que la réceptivité. Le pouvoir et le savoir de
l'homme sont limités , dit-il; l'esprit humain
est libre et autonome, mais il est borné ; le
« roseau pensant • est sup<irieur à la nature,
mais la pensée et la volonté se produisent au
sein de la nature. Des relations de réceptivité
nous unissent d'autre part ^ Dieu lui-même ;
l'homme ne peut se connaître qu'à condition
de connaître IMeu. Tandel se rapproche de
Platon, de S*- Augustin, de Descartes et de
Leibniz en soutenant, mais avec une extrême
prudence , le système des idées innées :
qu'est-ce que l'esprit, se demande-t-il, sinon
les idées rationnelles et la liberté ? Mais la
raison, n'étant pas absolument spontanée, a
besoin de conditions extérieures pour se dé-
velopper. L'action de la société sur l'individu
est indispensable; chaque individu humain
ne se fait homme que par Yéducation ; sans
elle il ne deviendrait jamais homme ; et
comme il faut bien remonter à un principe,
il faut nécessairement admettre des relations
primitives de l'homme avec Dieu. — Celte
solution nous conduit d'elle-même à poser le
grave problème de l'origine du langage. « Le
premier homme, dit Tandel, n'a parlé (n'a
bit aet€ de parole) qu'en entendant la parole
d'autmi, peut-être cette parole interne qui
n'appartient à l'idiome d'aucun peuple ('). *
Mais une fois le premier acte de connais-
sance de soi posé, il a eu nécessairement
conscience de toutes les lois de la gram-
niaire, puisque ces lois sont celles de Yesprit
humain, et conscience de toutes les vérités
générales, puisque ces vérités ne sont que
l'expression de la nature et des relations
absolues ou divines de la raison. Quant an
vocabulaire relatif aux choses extérieures
sensibles, l'homme a pu le faire lui-même, ii
mesure que les choses se sont présentées à
ses sens. Le savant publiciste P. Kersteo ,
auteur d'un Essai sur V activité du principe
pensant considéré dans l'institution du lan-
gage (Liège, 1851-1863, 3 vol. in-S»), mal-
heureusement resté inachevé , discuta les
opinions de Tandel dans son Journal histo-
rique et littéraire, en tira des arguments
contre de Bonald, dont il combattait à ou-
trance le traditionalisme, qu'il croyait re-
trouver dans l'enseignement de l'Université
de Louvain, et toutefois ne se rallia pas au
système du professeur de Liège, système
qui n'était à ses yeux qu'un bonaldisme ren-
versé. P. Kersten soutenait que l'homme
parle naturellement, et que le langage est
inséparable de sa qualité de créature raison-
nable. Il s'ensuivit une longue polémique, à
laquelle prirent part les rédacteurs do la
Bévue Catholique de Louvain, Tandel, M. Lo-
nay et plusieurs autres, et qui porta finale-
ment un rude coup au traditionalisme. Le
rôle de Tandel y fut surtout celui d'un mo-
dérateur ; la nature de son esprit le porta
toujours è se défier des opinions extrêmes.
Il devait aussi celte défiance à son éducation
philosophique : il s'était formé lui-même ; il
ne pouvait s'inféoder à aucune école. Il n'é-
tait pas éclectique, mais il tenait compte des
enseignements de l'histoire et il avait princi-
palement foi dans l'analyse des faits , poussée
assez loin et sans idée préconçue. On peut
s'assurer par ses uuvrages du soin scrupu-
leux avec lequel il cherchait à justifier de-
vant lui-même les procédés qu'il employait.
Dans les derniers temps de sa vie, il attacha
un grand prix à la méthode de Herbart,qui se
préoccupe avant tout de rectifier nos idées ;
mais il mit le même zèle à s'initier aux tra-
vaux des autres écoles, et surtout à ceux de
M. J. H. Fichte (fils), qui contribuèrent cer-
tainement à lui faire prendre la résolution
d'ouvrir à l'Université un cours de métaphy-
sique. Il le recommença plusieurs fois sans
jamais l'achever : ses leçons furent surtout
remarquables au point de vue de la critique
des systèmes.
9« Lettres à if. P. Kersten sur la
av^stion de Vorigine du langage (Journal
historique et littéraire de Liège , t. XV
et xvn.
10** SomnMire d'un cours de philoso-
phie morale. Lié^'P, «845, in-8« (2« édi-
tion).
La publication de cet opuscule ne fut
achevée qu'en i849. — Nous savons que,
d'après Tandel, la théorie de la conscience
* ) S<-Augustin de Trittiiate.
587
VAN
588
aboutit à ce résultat : que l'humanité est un
organisme dont Dieu est le principe D'après
cette ductrine, la personne morale est néces-
sairement rapportée k d'autres personnes
comme les parties d'un corps vivant sont
reliées entre elles, et le principe des êtres
personnels et libres possède à son tour les
attributs de la personnalité. L'ordre moral
est donc la société des êtres libres, le règne
de la personnalité, distinct du règne de la
nature et de la fatalité. La philosophie morale
étudiera donc la théorie de la personnalité
humaine , de la souveraineté divine et de la
loi morale. Tandel se place au point de vue
du spiritualisme le plus élevé et le plus pra-
tique. Sa théorie du souverain bien est sur-
tout digne d'attention : nous nous contente-
rons, avec M. Loomans , de dire quelques
mots du principe qui domine tout l'ouvrage.
— Selon Tandel, la loi morale se résume dans
ce précepte : soyez parfaitement libres. « La
liberté parfaite n'est ni Tégolsme, ni le désin-
téressement pur ; elle n'est ni ta puissance
de l'homme, ni la négation de celte puissance:
elle est amour. L'amour seul concilie entre
eux l'intérêt et le désintéressement, la puis-
sance et la soumission. Considéré dans les
rapports sociaux, l'égoïsme conduit k l'indi-
vidualisme et à l'exaltation de la puissance
des uns au détriment des autres ; le désinté-
ressement pur engendre le communisme ,
l'annihilation de la puissance et de la liberté
individuelles, au profit de la société. L'amour
seul concilie les hommes entre eux; car celui
qui aime, non-seulement respecte les droits
d'autrui, mais il fait du bien à son semblable.
Envisagé dans ses rapports avec le principe
de la société, l'égoïsme est la négation de ce
principe ; le désintéressement, c'est l'empire
de la nécessité, c'est le stoïcisme. L'amour,
c'est la souveraineté d'un Dieu personnel et
libre, c'est l'empire de l'éternel amour, car
si la loi morale est une loi d'amour, il faut
que son principe soit également amour :
Deuê charitai est, « Le principe suprême,
» dans sa plus grande généralisation, dit
» Tandel, prescrivait à l'homme de se rendre
» libre. Mais en nous rendant compte des
» rapports dans lesquels cette liberté devait
» se réaliser, nous l'avons trouvée contra-
> dictoire , jusqu'au moment où nous avons
» compris qu'elle s'identifiait avec l'amour.
> Ce précepte peut donc actuellement se for-
» mulcr ainsi : se rendre libre en réalisant
» par l'amour la nation de la société , c'est-
» à-dire, en aimant Dieu au-dessus de toutes
» choses ( comme principe de la société} et
» son prochain comme soi-même. > Ama et
» fac quod vis (Loomans, p. 66).
1 1^ Tandel a encore publié, dans une
revue de Lîége , un rompte-rendu de
Fouvrage du professeur De Cock (de
Louvain), intitulé : Ethicœ «eu Philoso-
phiœ moralis elemenia , et quelques ar-
ticles insérés dans la Correspondance
mathématique de M. Quetelet.
Outre les deux notices de MM. Loo-
mans et Kleyr, ci-dessus citées Jl existe
une biographie de Tandel par M. G.
hoxi^y (Revue cathoLyi^^G). — V. aussi
le Journal de Vinsfruction publique de
Fabbé Louis, n*" du 5 novembre 1850,
et Tari, de Warnkœnig sur la philoso-
phie en Belgique^ dans le journal de M.
J.-H. Fichte : Zeitschrifl fUr Philosophie
uttd philosophische Kritik, Halle, 1857,
I. XXX, p. 100 et sulv.
Vanclei«liey«loii (JëAN-MiCHEL), né
à Maeseyck en 1707, mourut à Liège le
2 septembre 1836. Élève de Tancienne
Université de Louvain, ily fut proclamé
premier, en 1786, dans la Faculté de
philosophie et des arts; il est le dernier
enfantdu pays de Liège (* ) qui ait obtenu
cet honneur, dont nos pères faisaient
si grand cas ('). Nousn^avons pu re-
cueillir que peu de détails sur ses dé-
buts dans la carrière de renseignement.
En Tan X de la République, il était pro-
fesseur de physique expérimentale et
de chimie à TEcoIe centrale du dépar-
tement de rOurte. Il figura ensuite au
programme du Lycée impérial de Liège
comme titulaire des cours supérieurs de
mathématiques: il conserva ces fonc-
tions au Collège royal, sous le gouver-
nement dés Pays-Bas, jusqu'en 1817,
époque où il fut nommé professeur
( * ) A moins que nous ne regardions
comme tels trois Maestrichtois, qui obtinrent
postérieurement la même distinction. Mais
on sait que Maestricht n'appartenait qu'à
moitié à la principauté de Liège (V. l'art.
POLAIN).
(•) Promoiiones générales (1750-1797),
Bruxelles, Van Ginderachter s. d.). — Ca-
lalogus omnium primonim in generali et so-
lemii promotione ab origine famosissimœ
universiUtis Lovaniensis (1428-1 797). /6iV/.,
et Mechliniœ, 18S4, in S». — Vanderheyden
appjtrtonalt au Pœdagogium Castri.
589
VOT
590
d*aigèbre élémentaire, de géométrie, de
géométrie analytique, de calcul diffé-
rentiel et intégral , et en même temps
d'astronomie physique et théorique, à
rUniversité de Liège ( ' ). Il remplit le
premier, la même année, les fonctions de
secrétaire du Sénat académique; en 1818-
1819, il succéda à D. Sauveur (v. ce
nom) en qualité de recteyr. La Faculté
des sciences ne s*était composée jusque
là que de deux professeurs, Vanderhey-
den et Charles Delvaux (v. ce nom); un
troisième (Gaêde) leur fût adjoint, pour
les sciences naturelles, en novembre
1818; un quatrième (M. Van Rees),
pour les mathématiques, à la fin de
18il. Vanderheyden se trouva, par
suite de la nomination de ce dernier,
déchargé d*une partie de ses cours ; en
juin 1828. il obtint le titre de profes-
seur émérite. 11 continua d'habiter Liè-
ge; après la révolution, les électeurs
du district de Ru remonde renvoyèrent
à la Chambre des représentants pour
succéder à J.-W. Ernst, décédé; il y
siégea du 50 mai 1853 au 9 juin 1855,
et ne fut point réélu : les suffrages se
portèrent sur le général Nypels. Van-
derheyden vécut depuis lors dans la
retraite, mais sans rester étranger au
mouvement scientifique. Il avait été,
en 1808, Tun des membres fondateurs
de la Société des sciences physiques
et médicales de Liège. Nous ne con-
naissons de lui qu'un mémoire étendu
sur Vélectn-magnétinAe^ inséré dans le
Journal de physique publié par Ducrotay
de Blainville (année 18S2, cahiers de
mai et juin). — V. l'art. Gloesbner.
% ottem ( FeRD.-ChARLES-EdOUARI)),
né à Visé le 50 août 1797, périt mal-
heureusement dans les eaux de la Meuse,
à Liège, le 2 juin 18i5. Il fit ses pre-
mières études chez un de ses oncles,
curé -desservant de Lixhe lez -Visé.
Quand il eut quatorze ans, un autre
oncle , le professeur N.-G-A.-J. An-
siaux (v. ce nom) , qui avait remarqué
ses heureuses dispositions, le reçut
chez lui et l'envoya au Lycée de Liège :
mais les événements de 1814 amenè-
rent brusquement la fermeture des clas-
ses, et il ne fut pas donné à Vottem
d'achever ses humanités. Il s'en fallait
de peu cependant , et plus tard on ne
s'aperçut jamais de cette lacune. Les
circonstances mêmes qui l'éloignaient
du Lycée le décidèrent à commencer
immédiatement ses études médicales.
Il fréquenta les cours de l'école secon-
daire de médecine , fondée à Liège par
Ansiaux et Comhaire. Il eut bientôt l'oc-
casion de rivaliser de zèle avec ses pro-
'fesseurs, en administrant les secours
de l'art aux blessés de Waterloo. Son
aptitude fut remarquée en diverses cir-
constances, si bien que, l'Université de
Liège ayant été installée en 1817, ou
lui confia, dès le mois de novembre, les
fonctions de chef de clinique. Il les
remplit jusqu'en 1820, ne les résigna
que pour prendre ses grades acadé-
miques (*), passa ensuite une année à
Paris, où il suivit les leçons des maîtres
les plus célèbres , et finalement revint
s'établir à Liège en 1821. Se sentant
du goût pour l'enseignement , il consa-
cra les loisirs que lui laissait sa clien-
tèle à donner des répétitions d'anato-
mie et de matière médicale. Le 5 mai
1828, il fut nommé lecteur à l'Univer-
sité, chargé d'enseigner cette dernière
branche et de faire le cours de méde-
cine opératoire. Le 15 novembre 1850,
il obtint le titre de professeur extraor-
dinaire. Lors de la réorganisation de
1855, il échangea le cours de matière
médicale contre celui de pathologie chi-
rurgicale. En 1857,1a mort prématurée
de Fohmann(v. ce non), l'un des ana-
tomistes les plus distingués de notre
époque, selon l'expression de de La Va-
cherie ('), laissa vacante la chaire d'à-
natomie descriptive : Vottem osa y mon-
ter, et ses débuts prouvèrent que le
( * ) Il fot remplacé au Collège par Henri
Forir (V. Henri Forir, par A. Le Roy, Liège,
1863, in-lSo).
(*) Soo diplôme de docteur en médecine
est daté da 11 août 1820; le 12 octobre sui-
vant, il fut reçu docteur en chirurgie et en
accouchements.
(") Notice iitr Vottem. Bruxelles, 1843,
in-8^
hdl
VOT
59:2
|[Ouvernement n'avait pas trop présu-
mé de lui. Le 10 octobre <le la même
année, il fut promu au grade de pro-
fesseur ordinaire. On peut dire qu'il
avait la vocation : son élocntion était
facile , simple et claire , son esprit mé-
thodique et toujours maître de lui-même;
enfin, il se tenait assidûment au courant
de la science. Ses élèves i*aimaient
autant qu'ils Testimaient : leurs sen-
timents éclatèrent hautement et dou-
loureusement , k la nouvelle de la fa-
tale catastrophe qui le leur enleva
plein de vie et de santé, et consterna
la population liégeoise toute entière.
Appelé à Bruiseiles en qualité de membre
du jury du concours universitaire, Yot-
tem se rendit, le 2 juin 1845, à la sta-
tion des Guillemins, pour y déposer son
bagage ; ensuite , jugeant qu'il avait
encore assez de temps pour faire une
visite au hameau de Bac-en-Pot , il se
dirigea vers cette localité par le pont du
Val-Benoit. Il était en tilbury, accom-
pagné de son domestique. Au retour,
quand il eut repassé le pont , il remar*
Sua que son cheval donnait des signes
'impatience. Il jugea prudent de ne
point suivre le quai, à cette époque dé-
pourvu de garde-corps (*), Il essaya de
prendre le chemin qui conduit du quai
à la route de Namur ; il ne put y parve-
nir; Tune des guides se rompit dans
ses mains, et le cheval, ne se sentant
plus dirigé, se cabra, s*em|)orta dans
une coursé furieuse, se rapprochant de
plus en plus des dalles qui couronnaient,
au niveau de la voie charretière, le mur
de soutènement du quai. Enfin la roue
de droite perdit tout point d*appui , et
Yottem , son domestique, le cheval et
le ttlbury furent précipités dans la ri*-
vière, dont les eaux étaient hautes.
C*étaH par une belle matinée : la chaleur
était accablante ; il n'y avait personne à
deux cents pas de distance. Le domes-
tique paient à se dégager et maintint
même un instant son maître mr la ca-
pote du ttlbury; mais celie-d s'aiffaissa
insensiblemefit. .. Le domestique fut
retiré de Teau sain et sauf; Vottem re-
parut deux fois sur Teau ; les ^cout^
arrivèrent trop tard (*). Nous jetons un
voile sur les scènes déchirantes qui se
passèrent au sein de sa malheureuse
famille. Lorsque les faits furent connus,
la ville tout entière parut frappée de
stupeur : Vottem avait de nombreux
clients dans toutes les èlasses de la so-
ciété, et les sympathies du public lui
étaient acquises, autant que la haute
considération due à son caractère et à
son talent. L'Université fut profondé-
ment affectée de sa perte, cruelle pour
ses élèves et pour ses collègues non
moins que pour la science. On a vu ra-
rement à Liège une pareille affluence à
des funérailles. — Le nom de Yottem
reste attaché, en dehors de TUniversité,
à plusieurs institutions: on lui doit la
création du Conseil desalubrité publique
de la province de Liège (' ) ; de 1827 à
1845, il fut bibliothécaire de la Sodéîé
d'Émulation; il fit à TAcadémie de dessin
un cours très^remarquable d'anatomie
appliquée aux arts : membre titulaire de
TAcadémie royale de médecine depuis
la fondation de cette compagnie savante,
il fit en outre partie du Centle vrédico^
chimique et pharmaceutique de Lîége
(à titre de membre honoraire), et de
diverses Sociétés scientifiques de Bru-
xelles, Gand, Bruges, Lisbonne, etc.
(à titre de membre correspondant) ; il
présida enfin le Conseil de salubrfté
publique (*). Nous donnons sa biblio-
graphie d'après Bl. Frankinet et d'après
la notice sur sa vie et se& travaux , lue
par le docteur de La Yacherie en séance
de l'Académie de médedne (1845) :
{*) W n'a fallu rien de moins que la mort
de Voliem pour faire décréter la construction
d'un parapet au quai de Fragnée.
(*) « Joaeph Donnay, pêcheur, appelé par
sa mère, arrive à son bateau avec deux autres
pécheurs, et, muni d'un grand filet nommé
ipervAer^ se fait indiquer d'«ne manièrB pré -
ci se l'endroit de la rivière où M. Voftlem e8t<
revenu sur L'eau pour la dernière fois. Du
premier coup, il ramène au jour un corps
inanimé et ne donnant plus aucun signe de
vie. M. Yottem avait en les pieds pris dans
les bourses du filet » (Jouittat de Uige ,
not.^. 4 et 3 juin 184;^).
(') Discours de M. d«t Lebidart de Thu-
maide {Journal de Liège, n9 cité).
(*)<èl remplit auasi divers mandats gra-
lui ts ou honorifiques : chiturgietf des pauvres
par quartier; chirurgien des hospices 43ivits;
chirurgien aide^rnsgoTide la garde dviqoe.
ii • . 1 *. ' Ml O* ^» .1 . . I ■ ' JCl
593
VOT
sw
i^ De veutriculi perforatUmi^.
Liège, 1820, in-4» (Thèse inaugurale).
i*" Note sur une observation d*un en-
fant noir Venu avec deux blanrs (Obs.
mééical de Liège, 1. 1, p. IG).
D'après le North American auryical jour-
nal, avril 4826, p. 466).
S"" Note sur une observation de réu-
nion immédiate à la suite d'une amputa-
tion de cuisse, et sur Tutilité des su-
tures, (Ib., p. C5).
Cette obaeryaiioD , recueillie daaa le ser-
vice de M. le professeur Delpech de Hont-
peUier, a été rédigée et publiée par H. J.-
N.H. Villette.
4^ Réflexions sur les travaux de M.
Magendie sur le fluide cérébro-spinal
(Ib.,p. H6).
5® Piote sur une observation d*un
crâne dont les os pariétaux étaient di-
visés par des sutures (Ib., p. 284).
Observation publiée par SœmmeriDg,
dans le Ztiuchrift f&r Phy$mL, de Tiede-
manu..
6« Not€ sur une observation d'anus
contre nature, guéri par une grossesse
(Ib.,p.288).
Extr. du JourtMl fur Chirurg, und Au-
genheilk,,X. i.
7** Analyse critique d'un ouvrage du
docteur ftousseau, intitulé : Anatomie
cùmparée du système dentaire chez
Thammc et chez les principaux animaux
(lb.,t.1I, p. t55).
8® DescripUpn de deux fœtus réunis
parla tète (Ib., t. 11. p. 356, et t. lY,
p.l).
C'est le plus remarquable des mémoires
publiés par Vottem. M. Is. GeoflVoy-Saint-
Hilaire, dans son Traité de tératologie, s'ex-
prime comme suit au sujet de ce travail :
« Ce ne fut qu'en i828 qu'un savant chirur-
» gien de Liège, H. Vottem, dans une des-
» cription anatomique très-détaillée, fit con-
> naître un deuxième exemple ù'épicoma,
» resté jusqu'à ce jour aussi ignoré que
• l'autre est devenu célèbre. ^- Cette bro-
> cbure est généraleogyBnt rédigée ayec luci-
» dite, et plusieurs des inductions physiolo -
» giques que l'auteur a tirées des faits ob-
» serves par lui, attestent également son sa-
> voir et sa sagacité. »
9^ Obsen'ation d*un enfant nouveau-
né, pesant 19 livres, \ once, 2 gros,
60 grains (poids ancien de France).
r/^Mi.,!. Il, p. 188).
10^ Analyse d'un mémoire intitulé :
Expériences sur la sécrétion de la bile,
par le docteur Simon, de Metz (Ib.,
t. III, p. 115).
D'après le Journal des progrès de» sciences
et des institutiotès médicales, wl Vli, 1828.
Ii« Extrait d*un discours prononcé
par M Mareschal, secrétaire de la So-
ciété anatomique de Paris (/^., t III,
p. 202).
12* Note sur le développement du
tube digestif (/ft., p. 225).
15» Analyse d'un Mémoire de M.
Biancini Sur la communicationdes vai^
seauxutérins et placentaireê{Ib.,i. III,
p. 229). >
14"* Notice critique du Dictionnaire
historique de la médecine ancienne et
moderne (par Dezeimeris, Olivier d'An-
gers et Raige-Delorme). (Ib,, t. III; p.
218 et t. IV, p. 105).
15^ Note surla structure du cerveau,
envoyée par M. le docteur Fovelli à la '
Société anatomique (Ib,, t. lY, p. 16);
16^ Analyse d'une observation inti-
tulée : Luxation en avant de Vextrémité
supérieure du radîMS, pr M . Willeaume,
de Metz. (7^., t. lY. p. 1G4).
D'à près le» A rcbives générales de médecine,
l. XVI , p. 173.
17« Note sur Texistence des nerfs
dans les os (Ib., t. IV, p. 219).
18^" Note sur remploi du plomb la-
miné, pour le pansement des plaies,
ulcères, etc. (Ibid,, t. lY, p. 261).
19® Analyse de l'ouvrage intitulé: La
méthode ovalaire^ ou nouvelle méthode
pour amputer dans les articulations,
par D' Scoutetten (Ib., t IV, p. 275).
20® AnaWse de l'ouvrage intitulé :
DisquisiluTanatomico-physiotogica de
peculiari arteriarum extremitatum in
notinullis animalibus dispositione; auc-
torev. Vrolik{Ib.,i.\, p. 1).
21'' Analyse de l'ouvrage intitulé :
Chirurgie clinique de Montpellier , ou
observations et réflexions tirées des tra-
vaux de chirurgie clinique de cette
Ecole, par le docteur Delpech (/^., t. V,
p. 262 et t. YI, p. 50).
1
50
«5
0
WAG
596
22<* Observations dlnflammation de
la capsule cristalline {Annales de la So-
ciété de médecine de Gand^ t. III, p.
507, 1837).
23^ Instruction générale sur les se-
cours à administrer aux noyés et aux
asphyxiés Liège, Riga, 1840, in-8^
Cette brochure, publiée sans nom d'au-
teur, est positivement de Vottem. Nous te-
nons d'une personne digne de foi (*) que
Vottem éprouvait une sorte de frayeur in-
stinctive, à la seule pensée de la mort par
submersion. Il se rendait régulièrement k
l'Ecole de natation pour s'exercer k nager et
à plonger ; ce fut peut-être cette préoccupa-
tion, que des esprits frappés pourraient
prendre pour un sinistre pressentiment, qui
lui inspira l'idée de rédiger une notice de
circonstance, à l'époque où l'administration
communale de Liège commença de prendre
des mesures pour organiser le sauvetage.
24"" Mémoire sur une cystotomie pé-
rinéale, pratiquée chez un individu
dont la portion prostatique du canal
de Turêtrc était oblitérée (Ann. de la
Soc. de médecine de Gand, t. Vill, p.
273, i84i).
Nous ne pouvons terminer cette no-
lice sans rendre un dernier hommage
au caractère personnel de Vottem. Son
désintéressement, son zèle pour le bien
public, son intréi)idité étaient au-des-
sus de tout éloge. Il ne laissait échap-
per aucune occasion de faire du bien,
et à rheure du danger, il était le pre-
mier à son poste. Il fil tous les efforts
et tous les sacrifices possibles pour dé-
montrer à l'Académie de médecine la
nécessité de rendre la vaccine obliga-
toire ; au combat de Ste-Walburge, il
vola au secours des blessés avant la fin
de la fusillade : Dupret a pu dire de
lui « que, dans une véritable action d*é-
clat , il ne voyait qu'une acte ordinaire
de la vie. » Aussi n*ambitionna-t-it
aucune récompense honorifique : la
Croix de fer elle-même , destinée à re-
connaître les services rendus lors de la
révolution, ne brilla point sur sa poi-
trine. — Il se distinguait en général
par une sensibilité délicate, aussi bien
que par Taménité de ses manières.
0 Malade, vous deveniez scn ami ; il
» compatissait à vos souffrances ; votre
» enfant moribond devenait le sien, il
» mêlait ses larmes à vos larmes de
» père, car il avait aussi des enfants,
)) et son cœur paternel sympathisait
n avec le vôtre. » Celui qui parlait
ainsi (*) Tavait vu à Toeuvre, au che-
vet d'un être chéri...
Sur Vottem, v. les Annales des Uni-
versités de Belgique, t. II, p. 638 et
suiv.,etle Bulletin de r Académie royale
de médecine de Belgique, i843. (La no-
tice de M. de La Vacherie a été aussi ti-
rée à part).
Woisemann ( JeAN-GEORGE) Daquit
à Gœttingue en 1782 et mourut à Liège
le 51 mars 1825, recteur magnifique de
rUniversité. Les leçons et les exemples
de son père, qui était ministre de la re-
ligion réformée , fortifièrent ses excel-
lentes dispositions naturelles et le pé-
nétrèrent, de bonne heure, de la vérité
d'une maxime dont il fil la règle de toute
sa vie, savoir : « Qu'il faut faire con-
» sister la dignité de l'homme dans l'o-
» nion du savoir et de la vertu. » Il fil
ses premières études en Saxe, au Col-
lège de Pforta, l'un des meilleurs de
l'Allemagne ; de là , il rentra à Gœt-
tingue, où il devint bientôt l'un des
meilleurs élèves du célèbre philologue
Heyne. Ses penchants le portaient à
embrasser la carrière du sacerdoce : il
s'y prépara pieusement et consciencieu-
sement, et termina, en 1803, son cours
de théologie ; mais les circonstances
l'appelèrent à d'autres destinées. A
peine âgé de 24 ans, il accepta une
charge d'instituteur en Livonie, et l'in-
fluence du milieu nouveau où lise trouva
tout d'un coup appelé à vivre agit puis-
samment sur son esprit. Il fut frappé
des inconvénients d'un régime social
qui dégradait l'homme en l'asservissant,
et il apprécia en même temps les diffi-
cultés et les dangers inséparables de
l'émancipation trop subite de popula-
tions moralement incapables de se con-
duire par elles-mêmes. Ces réflexions
lui firent attacher une extrême Impor-
tance aux sciences politiques et histo-
( *) M. Mathieu Beyne, beau frère et an-
cien ami de Vottem.
( * ] Le professeur Dupret.
597
WAG
o98
riques, pour lesquelles du reste il s'é-
tait toujours senti deTattrait. Son beau-
frère, professeur distingué de l'Univer-
sité de Heidelberg, lui conseilla d'en
recommencer Tétude : rentré dans ses
foyers après une absence de six années,
il résolut de se conformer à cet avis,
prit pour maître le savant Heeren et sut
gagnerramitiéde cet homme supérieur.
Des affections privées ramenèrent ^a-
gemann à Heidelberg, où il se fit rere-
voir docteur en philosophie le 29 oc-
tobre 4810. Sa dissertation inaugurale
traitait des Causes des troubles et des
révolutions dans les sociétés anciennes
et modernes : on peut croire qu'en choi-
sissant ce sujet, il s'était souvenu des
doctes entretiens de Heeren. D'une
épreuve académique, dit P.-J. Destri-
veaux, le jeune écrivain se fit un titre
d'honneur. On remarqua sa philoso-
phie élevée, l'étendue de ses connais-
sances en histoire et en politique, la
justesse de ses observations, la vigueur
de sa logique. Il ne défendit d'abord
3ue la première partie de sa disserta-
on ; après avoir soutenu la seconde,
le 45 janvier I8i4, avec un succès non
moins brillant, il fut investi du droit de
donner des cours publics. En mars
1814, l'Université de Heidelberg s'at-
tacha llVagemann, dont l'activité ne
connut dès lors plus de bornes. Nommé
professeur extraordinaire d'histoire et
des sciences accessoires, il ouvrit des
cours d'histoire générale de l'antiquité,
d'histoire de TEspagne, de la France,
de la Grande-Bretagne, des Pays-Bas,
de la Russie, de la Prusse et de la
Révolution française; il enseigna en
même temps la statistique générale et
particulière des principaux Etats de
l'Europe, et des Etats-Unis d'Amérique.
Ses études lui inspirèrent le désir de
connaître de près l'Angleterre : le gou-
vernement lui accorda la faculté d'y
voyager. Il s'y livra passionnément à des
recherches et à des observations de tout
genre ; la politique anglaise , les liber-
tés constitutionnelles, les institutions
financières, les lois civiles et criminelles,
notamment Finstitution du jury, rien ne
resta étranger à ses investigations. Il
se mit en rapport avec quelques-uns
des membres les plus distingués du
Parlement, leur soumit ses doutes et
ses inquiétudes philosophiques, et fut
initié par eux à la solution des contra-
dictions apparentes que présente, en
Angleterre, le respect fétichiste de la
tradition d'une part, et de l'autie l'a-
mour du progrès et cette audace dans
les entreprises qui caractérise la race
anglo-saxonne. Wagemann repassa la
Manche, fit un court séjour en France,
et regagna sa patrie avec cette double
conviction : « Que la partie saine de la
population anglaise était persuadée de
la nécessité de réparer en beaucoup de
points l'édifice social ; mais qu'elle n'en-
tendait pas s'en rapporter au hasard des
révolutions ; » et ensuite : « que la liberté
n'est pas le résultat exclusif d'une forme
expresse de Gouvernement , mais bien
des sentiments et de l'opinion. » Wa-
gemann était loin de contester l'in-
fluence des institutions, mais il n'en
admettait point l'influence absolue :
donnez , disait-il , l'application des
meilleures théories à une nation stu-
pide et dépravée; elle n'y verra que
de vaines et quelquefois fatigantes
prescriptions ; d'un autre côté, suppo-
sez une nalion éclairée où la vraie di-
gnité de l'homme soit connue, où tous
se croient solidaires dans l'accomplis-
sement des devoirs et le maintien des
droits ; où l'amour de la patrie ne soit
point confondu avec le dévouement aux
personnes, qui peut être généreux, mê-
me sublime, mais reste cependant un
attachement particulier; où nul ne dise,
l'Etat c'est moi, mais où tous diront :
l'Etat, c'est nous; supposez une telle
nation, modifiez les formes de son gou-
vernement, elle restera libre et la ty-
rannie fuira devant elle (Disc, de P.-J,
Destriveaux^ p. 25-2G). Ainsi pensait
l^agemann à la veille de Waterloo,
ainsi pensa-t-il jusqu'à sa mort : il
avait appris en Angleterre à ne rien
craindre pour les nations qui sentent le
prix de la liberté. 11 est permis de se
demander ce que l'expérience des cin-
quante dernières années lui eût appris,
s'il eût vécu jusqu'à nos Jours. Quoi
qu'il en soit, il savait priser haut les
institutions qui assurent aux peuples
la jouissance des droits naturels de
l'homme. Quand le gouvernement des
590
WAG
6m
Pays-Bas l'appela, en i8i9, à PUniver-
site de Liège, pour y enseigner l'his-
toire, la statistique et Téconomie poli-
tique, il accepta Toffre qui lui fut faite,
eu disant qu*il aimait d'avance un pays
oU Von pouvait dire la vérité sans trou-
ble. Son discours d'inauguration fut
prononcé le 5 avril 1820 : il roule sur
Tunlon intime de Thistoire politique et
de la jurisprudence (De nolitia rerum
publicarum jurisprudentiœ arctissiinè
juncta. kïiTi. Acad.^vol. IIl). Il fit de la
statistique son cours principal ; Téco-
nomie politique n'en formait qu'une
division. A ses yeux, la statistique de-
vait être quelque chose de plus qu'une
simple classification de chiffres, ou que
l'inventaire minutieux des ressources
d'un pays : la richesse des nations, di-
sait-il, se compose d'un capital moral
et d'uT) capital matériel ; sans le pre-
mier, l'autre ne produit rien, ou pro-
duit au profit des étrangers qui l'ex-
ploitent. « La liberté, ajoutait-il, est le
» souffle fondamental de notre science.
» Frédéric II fUl le premier qui fit faire
» des listes statistiques ; le Directoire
» en ordonna, Napoléon en fit dresser ;
» mais tout cela n'était que des chiffres
» Tant que la liberté constitutionnelle
» n'était pas née, notre science ne pou-
» vait prendre son essor. Sous le gou-
» vernement constitutionnel, il faut que
» les citoyens aiment l'Etat, et pour
n l'aimer il suffit de le connaître. Notre
» science croîtra donc avec le système
» constitutionnel. » En économie poli-
tique, il disait que la terre n'est rien
sans l'homme ; il préconisait les idées
d'Adam Smith, c'est-à-dire lé système
de l'industrie, par opposition au sys-
tème mercantile, qui n'aboutit qu'à des
prohibitions et des privilèges 11 ex-
posa nettement, comme les thèses de
quelques-uns de ses élèves en font foi,
la théorie du libre échange. Ses leçons
étaient extrêmement instructives, et il
s'efforçait toujours de leur donner une
importance locale, en discutant avec
calme les questions qui intéressaient le
plus directement le royaume des Pays-
Bas. Ses cours d'histoire, qu'il faisait
pour ainsi dire en se jouant, grâce à sa
mémoire prodigieuse, étaient également
remarquables, et sous le rapport de la
critique, et au point de vue de l'ensei-
gnement moral qu'il savait tirer du ré-
cit des actions humaines. Des occupa-
tions si nombreuses et si fatigantes ne
suffisaient pas encore à son zèle : dans
le cours de l'année académique 4820-
21, Il fonda, avec ses collègues Fuss
et Denzinger, une Ecole propédentique
ou classe normale de philologie, pour
les aspirants à l'euseigoement. Ce-
pendant il avait trop présumé de sa
constitution, d'ailleurs robuste. Son
ardeur se soutint jusqu'au bout; mais
il tomba épuisé au moment où l'on s'y
attendait le moins. Promu au rectorat
en 1824, il reçut les faisceaux acadé-
miques des mains de son prédécesseur
Destriveaux, le jour même de l'inaugu-
ration de la nouvelle salle académique
(11 octobre) ; six mois ne s'étaient pas
écoulés, qu'on célébrait sa pompe funè-
bre dans la même enceihte. Ce fut une
année de deuil pour l'Université , qui
jusque là n'avait point perdu un seul de
ses membres, et qui coup sur coup,
dans la même période, vit descendre
dans la tombe plusieurs de ses élèves,
'entr'autres le jeune Théodore Lenz, de
Luxembourg, couronné au concours
quinze jours avant sa mort. L'éloge
funèbre de Wagemann fut prononcé par
le pro-recteur Destriveaux, le 1" avril
avril 1825; Rouveroy, l'un des cura-
teurs, de l'Université, Ch. de Chène-
dollé, député de la Société d'Emulation,
et Van der Bank, ministre du C4ilte
protestant, adressèrent à leur tour de
touchants adieux au recteur défunt.
W'agemann a laissé parmi ses anciens
élèves une réputation méritée : peu de.
professeurs ont exercé en Belgique une
influence aussi profonde et aussi du-
rable. Aussi bien, la génération qui
passa sur les bancs de FUniversitéà
cette époque était passionnée pour les
sciences politiques, et quand Wage-
mann s'exaltait au nom de la liberté, sa
voix devait trouver de l'écho dans tous
les cœurs. Noublions i)as que les jeu-
nes gens auxquels on fait ici allusion
devinrent les hommes de 1830...
Sources : Honneurs funèbres re»d»s
à la mémoire de M, le professeur Wa^e-
mann, recteur fnagnifique, Liège, Col-
lardin, 1825, in-8". - Annuaire de
rUniversité de Li^e (1850), etc.
60i
WAR
60:2
^«rnrukœniff (LÉOPOLD-AuGUSTE),
né le f août i79l à Bruchsal, mourut
à Stuttgart le i9 août i866, frappé dV
poplexie dans l^établîssement de Char-
lottenbad, où il était allé prendre un
bain chaud. Le matin même, comme il
s'occupait de rendre compte d*un ou-
vrage récent, dû à Tun de nos compa-
triotes, son ancien élève, la plume lui
tomba des mains, et il ressentit au bras
droit et dans la main des douleurs qu*il
considéra comme rhumatismales. Il
jugea qu'un bain lui procurerait du sou-
lagement , et ce fut dans la baignoire
qu'on retrouva son cadavre, trois quarts
d'heure après la catastrophe : personne
n'avait pu lui porter secours. Il ne fut
point reconnu d'abord , et ce ne fut
qu'après plusieurs heures que la famille
apprit qu'elle venait de perdre son chef
(*). La fatale nouvelle arriva en Bel-
gique comme un coup de foudre : deux
ans avant sa mort, Warnkœnio: avait fait
le voyage de Liège et de Bruxelles ; sa
verte vieillesse semblait lui promettre
de longs jours , et ses amis comptaient
le revoir plus d'une fois encore. En
1860, il écrivait à M. Ad. Borgnet(v.
ce nom) qu'il se faisait une fête d'assis-
ter au jubilé de l'Université de Liège
l'année suivante; vers la même époque,
il proposait au baron de Saint-Génois,
son futur biographe , d'entreprendre
avec lui une publication dont l'un let
l'autre n'ont pu léguer aux Belges que
l'idée-mèrc : jusqu'au dernier moment,
il s'était senti plein de vie et de santé.
Warnkœnig était prodigieusement actif
et très-persévérant ; intelligence puis-
sante dans un corps robuste, esprit
vif et toujours éveillé, il se faisait remar-
quer par un jugement sain et vigoureux
autant que par ses connaissances ap-
profondies et variées, et par cette ardeur
infatigable aux recherches érudites, qui
caractérise les savants de son pays. Sa
famille était catholique; son père, An-
toine Warnkœnig, était attaché au
prince-évêque de Spire (') en qualité
(l'administrateur des domaines. Léo-
pold-Auguste reçut sa première éduca-
tion dans un pensionnat (') où l'on sui-
vait la méthode de Pestalozzi. Il y ûtdes
progrès rapides, passa ensuite au Gym-
nase de Bruchsal, puis au Lycée de
Rastadt, où il acheva ses humanités, et
enfin se fit inscrire , dans les derniers
mois de 1812, à l'Université de Heidel-
berg. A Rastadt, en 181 i et 1812, il
avait fait sa philosophie, comme on dit,
sous Lorcy, de Kappler et Demeter,
plus tard archevêque de Fribourg en
Brisgau. A Ileidelberg, son maitre de
philosophie futCreuzer; Heise, Zacha-
rise, Thibaut, les grandes illustrations
de la Faculté de droit, le comptèrent
(* ) Warnkœnig laisse trois flis , Charles,
ingénieur de district; Léopold, procureur
criminel (Rechiaauioali ), el Adolphe , con-
seiller de domaines [Domànenrath], C'est k
ce dernier que le regrettable baron Jules de
$> Génois , biblioihécaire de TiJuiversité de
Gand, a été redevable des particularités bio-
graphiques inédites que nous reproduisons
d'après lui. Par une étrange coïncidence,
l'écrivain belge avait à peine tracé les der-
nières lignes de sa notice sur Warnkœnig,
que la plume échappait aussi à sa main dé-
faillante (40 septembre 4867). Ce morceau a
paru dans {'Annuaire de t Académie royale
de Belgique pour 1868, p. 4 59-183 ; on y a
joint un beau portrait. — Une autre notice
sur Warnkœnig, par M. Ed. Laboutaye, a paru
dans la Revue étrangère et française de lé-
gislation. Par un autre singulier rapproche-
ment, M. Laboulaye a été nommé associé de
l'Académie, précisément pour remplacer Til-
lastre jurisconsulte dont , vingl-einq ans
auparavant, il avait signalé le mérite à la
France. — La plupart des Biographies con-
temporaines contiennent un article Warn>
kœnig; nous mentionnerons en outre un
article nécrologique inséré dans la Gazette
universelle d'Augsbourg du 45 septembre
4866, un autre publié dans la revue Unsere
Zeit, de Leipzig, n« du 45 octobre suivant,
p. 5i6, et, pour la bibliographie détaillée,
l'article Warnkœnig du Kaiser' s Bûcher-
lexicon, — 11 nous reste à remercier M. de
Stielin, bibliothécaire de la ville de Stuttgart,
qui a bien voulu nous faire parvenir d'utiles
renseignements, par l'entremise obligeante
de M. le docteur K. A. Schmid, directeur de
l'Encyclopédie de rinstruciion publique qui
parait en cette ville.
(*) Bruchsal, aujourd'hui grand -duché de
Bade, était, à l'époque de la naissance de
Warnkœnig, la résidence du prince -évèqne
de Spire.
('} Non loin du château de Ritzlau, où
Warnkœnig père exerçait ses fonctions.
603
WAR
604
parmi leurs élèves. Un premier succès
décida de sa carrière : en i814, il rem-
porta une médaille d'honneur pour un
mémoire sur le droit romain , intitulé :
Esplicatur lex ultim, C de pactis pigno-
rum et de lege commissoriâ in pigfiorilms
rescindefidâ. Il résolut de se vouer à
renseignement du droit et partit en
1815 pour GoBttingue, où le savant Hugo
le prit en affection ; il y suivit en outre
les cours de philologie et de littérature
de Bouterweck, de Wunderlich et de
Dessen. Il y trouva aussi son ancien
maître de Heidelberg, le docteur Heise
(*). Son diplôme de docteur jum utrius-
que est daté du i7 février i816. Il n'eut
pas de repos qu'il n*eût obtenu une
chaire de Privât- Docent, Il ouvrit sans
retard un cours d'encyclopédie du droit;
il expliqua en outre les fragments d'Ul-
pienet, pendant l'été de 18n,il aborda
hardiment l'enseignement des Pandec-
tes. Son premier ouvrage remonte à
Tannée précédente ; il est intitulé : An-
kûndigung eines Praktikums ûber dos
Civilrecht (Gœttingue, 1816, in-8'») (•).
Comme écrivain et comme professeur,
Léopold, tout jeune encore, travaillait
ainsi à établir sa réputation sur des
fondements solides; il jouissait de l'es-
time de toute l'Université, et il semblait
désireux de s'y attacher définitivement,
lorsqu'une offre brillante de la part du
gouvernement des Pays-Bas, en ce mo-
ment à la recherche de professeurs pour
ses Universités, donna tout d'un coup
un autre cours à ses idées. Il accepta
le titre de professeur ordinaire à la Fa-
culté de droit de Liège , chargé d'en-
seigner les Institutes et les Pandectes,
et se rendit sans retard à son poste. Le
4 novembre 1817, il prononça son dis-
cours inaugural De studii juris Romani
utilitate et neceasitate (Ann, acad, Leod.
vol. I). La circonstance que le règlement
de 1816 (art. 18) prescrivait l'usage du
latin dans les cours universitaires ne
déplut pas à Warnkœnig, qui n'avait
pas encore acquis l'habitude de parier
français. La langue de Cicéron lui était
en revanche très-familière, et il s'en
servit non seulement en chaire , mais
dans une série d'écrits didactiques qui
ne tardèrent pas à être appréciés à l'é-
tranger comme en Belgique (*). A ses
fonctions de professeur il ajouta, en
1821 , celles de bibliothécaire en chef
de l'Université (v. l'art. Fiess); il s'oc-
cupa immédiatement du plan d'un double
catalogue alphabétique et méthodique
et en fil rédiger le commencement sous
ses yeux. En 1819, il fonda et dirigea
la Thémis ou Bibliotlièque des juriscon-
sultes, organe commun pour la Franc*,
les Pays-Bas et l'Allemagne. 11 visita
ces trois pays pour s'assurer la colla-
boration régulière des juristes les plus
renommés; il fut puissamment aidé par
Hugo et Savigny, ainsi que par les
professeurs de l'Ecole de droit de Paris.
De cette époque date la vaste corres-
pondance littéraire qu'il ne cessa d'en-
tretenir avec les principaux savants de
l'Allemagne, de la France, de l'Angle-
terre et de la Russie. En même temps
il contribuait à la publication, queSchra-
der et ses amis avaient entreprise à
Tubingen, d'une édition du Corpus juris,
en collationnant pour eux divers textes
anciens dont les manuscrits se trou-
vaient en Belgique. Tous ces travaux
ne l'empêchaient pas d'écrire des arti-
cles pour les Heidelberger Jahrbûcher,
VArchiv fur civilistische Prasis et d'au-
tres revues (*).
Warnkœnig refusa de quitter Liège
(*) St-GeD0i8, p. 158-159.
(*) Nous suivons la version du recueil
Unsere Zeii Le baron de St-Genois ne men-
tionne pas ce premier travail de Warnkœnig.
L'Aftnuatre de V Université de Liège pour
1830 l'intitule : Einleitnng su einem civilis-
tischen Praktikum. Le titre primilif a été
probablement modifié.
(') « Son cours d'Institules, remarquable
par la méthode, conserva une telle autorité
en Angleterre, en Espagne et en Portugal,
qu'il en fut publié dans ces pays, en 1855 et
en 1860, de nouvelles éditions entièrement
refondues pour les besoins de l'enseigne-
ment. » (Saint-Génois, p. 160). La 4* el
dernière édition originale du cours de Warn-
kœnig a vu le jour à Bonn en i860; l'aateor
nous a dit à nous-mème, lors de son dernier
voyagea Liège, que cette réimpression avait
été faite exprès pour les Universités de la
Péninsule Ibérique et du Brésil , où son ou-
vrage était recherché.
r) Saint-Genois, i^iVi.
60
WAR
60<;
pour Kœnigsberg et pour Breslau, où
une chaire de droit lui fut offerte : il
avait fini par s^attacher de la Belgique,
d'où son influence rayonnait au loin par
ses publications et ses relations inter-
nationales Cependant la mort du pro-
fesseur de Pandectes de Bruyn,de Lon-
vain, lui inspira le désir de changer de
résidence ; aussi bien il tenait à se rap-
procher du professeur Mone (v. Part.
TANDEi.),son beau-frère, qui venait d'être
appelé à TUniversité de cette ville pour
y enseigner Thistoire et la statistique
{*), Warnkœnig ouvrit à Louvain des
cours d'Institutes, de Pandectes et de
phi losophie du droit. 1 1 y déploya,comme
â Liège, une rare activité. Le Gouver-
nement ayant nommé, en 18S8,une
Commission chargée d'examiner toutes
les questions relatives à l'enseignement
supérieur, publia une sériede questions
touchant les points fondamentaux de
la législation alors existante, et dé-
créta que les réponses auxquelles elles
donneraient lieu seraient adressées di-
rectement au roi. L'un des commis-
saires, Ch. de Brouckere, le futur bourg-
mestre de Bruxelles, rédigea, lorsque
l'assemblée eut terminé ses travaux,
une brochure fort intéressante, où il
exposa ses opinions personnelles (*) ;
c'était un plaidoyer en faveur de la li-
berté de l'enseignement. Warnkœnig
n'attendit pas jusque là pour se pro-
noncer ; il fit paraître à Bruxelles , dès
i8â8, une série de réponses élaborées
conjointement avec le baron de Reiffen-
berg (v. ce nom; , son collègue à l'Uni-
versité ('). H laissèrent de côté la ques-
tion de la liberté , pour ne s'occuper
que d'une sérieuse réforme des études.
Ils ne dissimulaient pas la gravité de la
situation ; le régime de 18t6 n'avait
produit aucun des fruits qu'on en avait
attendus; ils en cherchaient la cause, et
la trouvaient surtout dans l'absence
d'influence directe des Universités, res-
tées en quelque sorte des colonies exo-
tiques,sur l'opinion publique en général.
Ils demandaient la séparation des Ecoles
polytechniques et des Universités ; ils
voulaient que celles-ci fussent pénétrées
d'un véritable esprit philosophique, et
qu'elles représentassent réellement l'en-
cyclopédie organique des sciences. Ils
voulaient de fortes études classiques; Ils
soutenaient avec raison que le droit n'est
qu'un métier, séparé des sciences histo-
riques, politiques et morales ; que la
médecine enseignée exclusivement, dans
une Ecole spéciale, ne saurait former que
desempiriquesetdes opérateurs; que les
mathématiques, à elles seules, rétrécis-
sent l'esprit sous prétexte de lui donner
de la rectitude. Ils condamnaient donc
le système français des Facultés isolées;
et quant aux Universités nationales,
qu'il leur répugnait de voir fractionner,
ils demandaient précisément qu'on en
augmentât le personnel, afin de n'en ex-
clure aucune discipline féconde. Warn-
koenig n'était plus l'homme de 1817;
il en était venu à parler et à écrire avec
facilité la langue française, et le pre-
mier usage qu'il faisait de cette pré-
cieuse acquisition était de condamner
l'usage du latin dans les cours, <iu
grand étonnement du professeur Fuss
(V. ce nom), qui, partisan décidé du
latin moderne, ne laissa pas échapper
l'occasion de se plaindre au public de
ce virement de bord. Les deux auteurs
se prononçaient aussi sur la question
des examens: selon eux, les Universi-
tés pourraient délivrer les diplômes de
candidats; mais une commission d'E-
tat, siégeant dans la capitale, devait
être seule autorisée à procéder à l'exa-
men final. Leur système se rapprochait
visiblement de celui de l'Allemagne,
mais sans perdre de vue les convenan-
ces particulières inhérentes aux mœurs
et aux besoins de nos populations. Les
passions brtHlantes qui fermentaient à
cette époque absorbèrent l'attention
que méritait, sans contredit, un écrit
{ * } Mone rentra plus lard dans le grand-
duché de Bade, avec le titre d'archiviste-gé-
Déral (1834). — Warnkœnig eut encore d'au-
tres raisons de quitter Liège (V. l'art. J.-G.-J.
Ernst, col. 273).
(*) Examen de quelqueê questions rela-
tives à V enseignement suptf rieur dans le
royaume des Paya-Bas, Liège, Lebeau-Ou-
werck, 1829, in-S».
( ' } Essai de réponse aux questions offi-
cielles sur l'enseignement supérieur, par MM.
de Reiflenberg et Warnkœnig. Bruxelles, H.
Tarlier, 1838, in-8«.
607
WAR
608
semblable, où k Vhenre qu'il est nous
aurions encore beaucoup k puiser. La
révolution était imminente ; Il ne s'agis-
sait plus d'améliorations internes dans
renseignement , mais de la solidité
même de tout Fédiûce
Warnkœnig continuait, sur ces entre-
faites, de s'occuper de ses travaux ordi-
naires. Il flt parailre à Louvain, en i829,
les volumes IX et X de la Thémis, ré-
digés en collaboration avec les profes-
seurs Bimbauffl, Holizius, etc. Tout-à-
coup l'enseignement universiitaire fut
suspendu, et l'arrêté du i6 décembre
1850 supprima la Faculté de droit de
Louvain. Vingt-neuf professeurs étran-
gers furent congédiés,entr*autres Warn-
kœnig, >qui était sur le point de se
retirer à Gœttingue, lorsque le gouver-
ment provisoire, revenant à son égard
sur la mesure qu'il venait de prendre,
lui conféra le titre de professeur à l'U-
niversité de Gand, pour les Pandectes,
l'encyclopédie et l'histoire du droit (\^
janvier 4831). Warnkœnig accepta : Sa
temme était Belge, ses enfants étaient
nés parmi nous (*). D'ailleurs, en allant
se fixer à Gand , « il prévoyait qu'il
pourrait s'y livrer à des recherches
suivies sur les institutions communales
de la Flandre au moyen-âge, recherches
vers lesquelles il avait été poussé depuis
longtemps par le célèbre Niebuhr (')».
il ouvrit ses cours le 20 Janvier et con-
sacra toutes ses heures de loisir à
fouiller les archives flamandes. Ses pre-
mières investigations furent très-fruc-
tueuses; il eut le bonheur de découvrir,
entr'autres, des pièces extrêmement
intéressantes pour la Commission royale
des Records, de Londres. H entra aus-
sitôt en relation avec M.Cooper, secré-
taire de ce Collège, qui le nomma son
correspondant ; c'est ainsi qu'il put
travailler utilement k compléter la pré-
cieuse collection des Fcederoy commen-
cée par Rymer ('). De ces études labo-
rieuses sortit TouVrage capitalde Warn-
kœnig, VHi8toire politique de la Flandre
et de ses institutions (Flandrischc Staats-
und RechtsgeMhichte), ùonifen le séna-
teur Alb. Gbeldolf, alors juge à Gand,
nous a donné une excellente version
française, enrichie des trésors de sa
propre érudition. oÂuteur et traducteur
se complètent , dit Saiht-Genois , et
rendent indispensable la possession de
l'œuvre originale et de la traduction,
pour tous ceux qui veulent connaître à
fond un travail qui a fait époque dans
nos annales ». L'Histoire politique de
la Flandre se compose de trois volumes
divisés en cinq tomes, publiés à Tu-
bingue de i855 à 1842 (*). Les deux
premiers volumes seulement ont paru
en français. Avant de prendre la plume,
l'auteur dépouilla patiemment, comme
nous l'avons dit, les archives de Gand,
de Bruges, d'Ypres,et de la Chambre des
comptes de Lille. Ensuite il prépara, en
quelque sorte , la synthèse de ses re-
cherches en donnant, à TUniversité de
Gand, un cours sur l'histoire du droit
belgique (4852-1853). Avec le remar-
quable talent qui distinguait toujours
son enseignement, il y caractérisa l'es-
pritdes anciennes institutions flamandes
et sut inspirer à ses élèves le goût des
recherches qui Toccupaient lui-même
{*). Mais l'étude approlondie de notre
( * ) Warokœoig avait épouse en premières
noces Mil>: Wober, parente de l'illustre auteur
de Freiwhûtz ; de cette union procédèrent
trois fils, tous trois nés en Belgique (v. ci-
dessus). Veuf de bonne heure, Warnkœnig
se remaria avec M'ie Smal t veuve Ansiaux),
de Liège, dont il eut une fille qui ne vécut
que peu d'années.
(*; Saiot-Genois, p. 163.
(*) iMd,
(*) Le 1*' vol. en 4835 ; le «•, i" partie,
en 4836; S« partie, en 4837 ; le 8*, â« partie
(documents), en 4839; i^ partie (texte , en
4842.
( *) c J'appartenais, ajoute son biographe.
à celte jeunesse avide d'écouter sa parole,
aussi ingénieuse par le fond que pittoresque
par la forme, et toute empreinte de germa-
nismes, bien qu'il s'exprimât en français avpc
autant de feu que de volubilité. Warnkœnig
forma k cette époque une pléiade de travail-
leurs qui se livrèrent depuis, avec succès,
à l'étude de notre histoire et de nos institu-
tions ; il aimait à les diriger, è leur prodi-
guer SCS conseils. Moi-même, aidé autant
qu'encouragé par lui, je composai m^n His-
toire des avoueries, mémoire couronné par
l'Académie royale de Bruxelles en 4834,
alors que j'étais encore son élève k l'Univer-
sité »(p. 463).
609
WAR
610
passé ne présentait pas uniquement, en
ce temps-lâ, un intérêt historique. En
exposant les résultatsde ses découvertes,
WarniLœnig démontrait par le fait que
les espérances de la nation, réalisées
en 183i par la proclamation d'une loi
fondamentale qui loi assurait toutes les
liliertés, étaient des es|)érances et des
traditions séculaires. Le cours de Wam*
kœnig était pour ainsi dire l'explication
génétique de la Constitution de 1851.
L*iroportance n'en pouvait échapper, à
ce point de vue, au roi Léopold, qui
voyait avec plaisir, au commencement
de son règne, un homme d'un mérite
reconnu contribuer ainsi â affermir la
conflance des jeunes gens dans l'avenir
de la Belgique indépendante. Aussi
Wamkœnig fut-Il honoré, d'une manière
ti>ate particulière, delà bienveillance du
chef de notre dynastie. UHUtoire de
Flandre fut cependant écrite surtout
pour l'Allemagne. Le récit des événe-
mentSy très-concis, n'y intervenait que
poar relier entre elles les différentes
périodes de notre évolution politique et
sociale. L'essentiel était, aux yeux de
Warnl^œnig. de mettre en relief le rôle
considérable que les Flamands avaient
joué, dans l*Europeoccidenta1e, du IX*,
au XIV* siècle, et de suivre pas k pas
le développement intérieur de ce peuple
si Jaloux de son indépendance et de sa
liberté, et l'extension de son crédit au
dehors, par l'Industrie et le commerce.
« Wamfcoenig brille surtout par la rare
sagacité avec laquelle il expose l'en-
efaainement des faits. Son esprit de cri-
tique est tout allemand ; aussi a-t-il for-
tement empreint de sa nationalité l'em-
ploi qnll fit des documents nouveaux.
N«1 mieux que lui n'a saisi le véritable
caraetère de nos institutions, l'influence
qu'elles ont exercée sur la vie publique
daos l'ancienne Flandre ; sous ce rap-
port, il a laissé loin derrière lui les Jac-
ques Meyer, les Oudegherst, les Rapsaet
et bien d'autres. Partout il promène le
flambeau d'une science sûre et solide,
sur des faits mal appréciés ou incom-
plètement connus ; il place dans son vé-
riuble jour une période de notre histoire
obscurcie par le préjugé ou l'ignorance :
aussi peut-on dire que son livre forma
une véritable école, d'où sortit toute
une génération de savants qui font au-
jourd'hui honneur au pays » ('). — Les
deux premiers volumes de la traduction
française, faits sous les yeux de l'auteur,
parurent respectivement en f 855 et en
1836, à Bruxelles. Un troisième volume,
consacré plus spécialement à l'histoire
de la ville de Gand, vit le jour en 1846;
un quatrième (l'Histoire de Bruges), en
1851; enfin, un cinquième (l'Histoire
d'Ypres), en i86i seulement. A partir
du troisième volume, le traducteur s'est
donné plus de liberté; des parties en-
tières de l'ouvrage lui appartiennent,
des rectifications importantes ont été
apportées à des assertions trop légère-
ment accueillies ; des détails secondaires
ont fait place à d'autres plus importants.
L'histoire de Bruges est complètement
remaniée, tant pour la disposition des
matières que pour le texte; de nom-
breuses lacunes ont été comblées. Le
cinquième volume est en réalité une
œuvre originale ( ' ) ; il n*a pas été donné
àGheldolf, malheureusement, de mettre
la dernière main à son beau travail ('})
dont Wamkœnig fut le premier, jusquà
sa dernière heure, k reconnaître tout le
prix.
Pendant son séjour k Gand, Wam-
kœnig fut plus d'une fois consulté sur
les questions relatives à l'enseigne-
ment. H avait donné, depuis longtemps
déjà, des preuves de sa parfaite com-
pétence; en outre, 6n lui reconnais-
sait un esprit éminemment pratique.
Le bourgmestre de Gand, Van Grom-
brugghe, eut recours à ses lumières en
1852, pour réorganiser les différents
(*) SaiQt Génois, p. 170.
( ■) Le titre le dit d'ailleurs : Sur U plan
de tomprage aliemand de M. Warnkœoig.
(*) L'Académie, dëaireose de faire com-
pléter Touvrage josqa'à la rëunioa du comté de
FlaiMlre aux autres provinces belges^ a porté
aa programme de ses couconra pour 1868
la question suivante : Fairg Vhuioire poli"
iique de la Flandre, depuiâ 130S jusqu'à
ravinement de la nutUon de Bourgogne
( i 38S),tfn s'auochani principalement auxnuh
di/lcations qu'ont subieë^ à cette époque, lee
institutianM générâtes du comté et les insti-
tutions partieuliires des grandes communes,
25
611
WAR
613
cours du Collège de la ville ;c*est à son
initiative, par parenthèse, qu*on fut re-
devable du rétablissement de la chaire
de commerce, abandonnée depuis la
chute du roi Guillaume. En 1855, il fut
appelé à faire partie de la Commission
chargée de préparer la loi d*organisation
de Tinstruction publique aux deux de-
grés supérieurs. Ses vues ne furent pas
réalisées,et plus tard il en exprima bien
souvent le regret ( * ).
Warnkœnig suffisait à tout : nommé
en 1854 membre de la Commission
royale d'histoire, nouvellement créée à
Bruxelles pour la publication de nos
anciennes chroniques, il s'occupa im-
médiatement de coordonner les maté-
riaux du Corpus chtonkommFlandriœ,
dont le premier voiume fut commencé
sous sa direction (*). Les Bulletins de
la Commission sont remplis de com-
munications sur ses découvertes; elles
témoignent à la fois de son activité in-
fatigable et de la sagacité critique qui
distingue tous ses travaux. Vers la
même époque, il reprit, en société avec
Voisin, van Lokeren, M. Serrure et le
baron de Reiffenb^rg, la publication du
Messager des sciences historiques^ re-
cueil justement estimé, fondé en 1825,
mais interrompu en 1850. Le baron de
Saint-Génois le remplaça en 1856
comme directeur de cette revue ; mais
Warnkœnig, rentré en Allemagne, n'en
continua pas moins d'y envoyer des
articles (jusqu'en 1851).
L'Université de Gand ne devait pas
le conserverlongtemps. « Certains frois-
sements personnels (') dont il est inu-
tile de parler, autant que l'espèce de
nostalgie dont il fut atteint, après la
mise en vigueur de la loi du â7 sep-
tembre 1855, l'engagèrent à quitter sa
patrie adoptive, pour revoir sa terre
natale. » Il expliqua sa résolution par
l'état de sa santé, altérée, disait-il, par
l'air humide de la Flandre. Le baron de
Saint-Génois nous apprend qu'il fut
question de le replacer à TUniversité
de Liège, avec un traitement considé-
rable; en tous cas ces négociations
n'aboutirent pas. Warnkœnig alla re-
cueillir, à l'Université de Fribourg, la
succession de riUustre historien Rot-
teck. 11 fut nommé professeur de droit
naturel et d'histoire politique, avec le
titre de conseiller (Uofratk) du grand-
duc de Bade. Il voulut tout d'abord
donner un témoignage de reconnais-
sance au pays qu'il venait de quitter:
il prit l'histoire du droit belgique pour
sujet de son discours inaugurai. En re-
vanche, un peu plus tard , il conçut l'i-
dée de faire connaître aux nations
étrangères les progrès immenses accom-
plis en Allemagne de 1815 à 1840,
dans le domaine des sciences juridi-
ques. Son intéressante brochure inti-
tulée : De la science du droit en Alle-
magne depuis 1815 (*), présente un
aperçu des travaux de Savigny, Mitter-
roaier, Eichhorn, Walter, Hugo, Thi-
baut, et de tant d'autres sommités
scientifiques dont il avait lui-même pro-
pagé les doctrines parmi nous. Ses
écrits sur VHistoire et les sources du
droit coutumier liégeois^ sur le droit na-
turtU et son Introduction (en langue
allemande aux Institutes et aux PaU"
dectes datent de la même période. En
1844, il échangea sa chaire de Frl-
bourg contre celle de droit ecclé-
siastique à Tubingue; c'était la sixième
Université qui le comptait au nombre
de ses professeurs. Tubingue était alors
le centre d'un mouvement politico-reli-
gieux qui passionnait toute cette partie
de l'Allemagne: Warnkœnig se jeta dans
l'arène et se mit à écrire brochure sur
brochure, dans un sens peu favorable
à l'Eglise romaine. Ces préoccupations
de polémiste le poursuivirent long-
temps, comme le témoignent divers ar-
ticles qu'il publia vers la fin de sa vie
dans toutes sortes de recueils périodi-
ques. Mais elles ne l'empêchèrent pas
( * ; Saint-Geoois, p. 162.
(* ) Celle grande pablicaliona été achevée
en 1837, par les soins de M. le chanoine de
Smet.
(') Nous ne saurions dissimuler que
Warnkœnig se fit des ennemis un peu par-
tout. Nous avons déjà fait entendre qae les
raisons qu'il allt^gua pour justifier son dé-
part de Liège, étaient au fond des pré-
textes.
(*) Trad. en français par M. Ed. Labos-
laye et insérée dans la Revue de tégitlation»
613
WAR
614
de donner suite à an grand projet
scientifique quMI avait conçu étant en-
core à Fribourg. Il résolut d*écrire,
avec le professeur Stein (de Kiel), une
histoire complète du droit français;
la tAcbe de son collaborateur devait
consister simplement à exposer Fhls-
toire du droit criminel (*). Les tra-
vaux de Klimrath (*) et de M. Labou-
laye fournissaient à l^amlLœnig de
nouvelles et précieuses indications ;
pour les compléter et pour s*éclairer
directement, il entreprit de nombreux
voyages scientifiques dans le nord de
rAllemagne , en Suisse , en Hollande
et à Paris. Trois fois de suite, de
1850 à 1843, la section des scien-
ces morales et politiques de Tlnstilut
de France avait mis au concours une
partie de la question quil avait à cœur
de traiter ; mais le plan du savant alle-
mand était plus vaste : il voulait em-
brasser le sujet dans toute son ampleur.
L'ouvrage parut à Bâie (184G et 18i7)
en 2 vol., in-8<»; de même que Y His-
toire de Flandre, il a conquis et con-
servé dans la science une légitime auto-
rité. L'auteur s*est renseigné aux meil-
leures sources et a porté la lumière
dans une foule de recoins obscurs;
commençant aux temps antérieurs à la
période française, il s'arrête à 1787,
et présente un tableau complet de la
société française dans les hautes sphè-
res de la politique, des institutions
municipales, judiciaires et administra-
tives, pendant une période de près de
quatorze siècles (').
Les dernières années de Warnkœnig
furent paisibles. A vrai dire, il ne con-
nut jamais, en fait d'orages, que les que-
relles des savants, plus bruyantes que
désastreuses. Des démarches inconsi-
dérées, des articles publiés mal à pro-
pos, ou d'un ton peu mesuré, purent lui
faire du tort dans certaines circon-
stances ; mais au fond il n'y avait dans
son caractère ni aigreur ni manque de
délicatesse; il était avant tout spontané,
un peu fantasque peut-être, et c'en était
assez pour le faire quelquefois mal
Juger. Il eut des adversaires; mais le
temps fit disparaître les rancunes. Re-
tiré à Stuttgart à partir de 1854, il se
consacra tout entier à ses études favo-
rites, et la Belgique réclama encore la
meilleure partie de son temps. En 1860,
il publia en feuilleton, dans la Gazette
de Cologne, un excellent résumé de
VHistoire de la principauté de Liége^
dont on doit féliciter M. Stanislas Bor-
mans , conservateur-adjoint des Ar-
chives liégeoises, de nous avoir donné
la traduction ('). En 1856, l'Académie
royale de Belgique ayant mis au concours
la question de savoir quel a été le lieu
de naissance de Charlemagne, un gé-
néreux donateur offrit un prix considé-
rable à l'auteur qui parviendrait à prou-
ver que le grand empereur était belge.
Huit mémoires furent envoyés à la Com-
pagnie, qui ne se déclara point satis-
faite et modifia son programme, d'ac-
cord avec le fondateur anonyme du
prix. Exposer Forigine des Carlovin"
giens ; discuter les faits de leur histoire
qui se rattachent à la Belgique, tel fut
le libellé du nouveau programme ( * ).
Les lauréats furent Warnkœnig et M.
Gérard, auditeur-militaire à Bruxelles;
MM. Kervyn de Lettenhove, lebaron de
Gerlache et M. L. Polain , rapporteur,
furent unanimes dans leurs conclusions,
et la classe des lettres tout entière par-
tagea leur manière de voir. L'ouvrage
couronné se distingue par une étude
approfondie des travaux des érudits
modernes et par un emploi judicieux
des sources. L'alliance d'un Belge et d'un
Allemand, tous deux versés dans la litté-
( * ) Nypels, Bibliographie du droit crimi-
nel, p. 530. L'ouvrage de Stein forme le 3*
volume de VHistoire du droit français. Il a
paru en 4846 à Bftie en Suisse.
(*) Traraux sur C histoire du droit fran-
çais, par feu H. Klimrath , mis en ordre et
précédés d*uDe préface par L.-. A Warnkœnig,
prof, k r Université de Fribourg, avec une
carte de la France coutumière. Paris, 4843,
S vol. in-8^ (M. Nypels a publié dans la Re-
vue de Uége^ t. IV, p. 446 et suivante8,une
analyse étendue de cet ouvrage).
(■) Saint-Génois, p. 466.
(«) Liège, Renard, 4864, in 4io.
(*) Le prix devait être un capital de
6000 frs., à S 4/i «/o, inscrit sur le grand-
livre de la dette publique belge, avec jouis-
sance des intérêts k partir du 4*^ janvier
4866 [BuU, de VÀcad., 4860, p. 3S). — V«
l'art. PoLAiN^
6t5
WAR
(M 6
rature historique de leur pays respec-
tifs, produisit ici les plus heureux effets,
bien que les auteurs avouassent dans leur
préface que a leurs aspirations n'étaient
peut-être pas strictement les mêmes »
Depuis nombre d'années, WarnlLoe-
nig publiait régulièrement dans la Revue
historique de M. de Sybel, à Bonn, un
compte rendu périodique des travaux
des érudits et spécialement des histo-
riens belges. L'un de ses derniers pro-
jets littéraires fut de réunir et de mettre
en œuvre tous les documents qu'il avait
recueillis sur ce sujet, et de nous doter
d'une Histoire des études historiques
en Belgique depuis 1830. Assurément,
s*il est un domaine où les écrivains
belges contemporains se soient aven-
turés avec succès, c'est bien c^lui de
l'histoire ; on pouvait s'attendre k une
publication k la fois intéressante et
utile. Mais Warnkœnig, vivant éloigné
de nous, avait besoin d'un collabora-
teur : il s'adressa tour à tour an baron
de Saint-Génois tt à M. J. Delecourt,
qui, faute de loisir, ne purent ni l'un ni
l'autre s'associer k son entreprise. Il
est k souhaiter que les nombreuses
notes recueillies par Warnkœnig, en
vue de ce travail, soient tôt ou tard
utilisées. Eu attendant, nous croyons
devoir reproduire le plan que l'auteur
de l'idée communiqua, par lettre du 2
juin 1866, à son ami de Gand :
1. Coup d'œil sur l'historiographie
belge pendant les temps antérieurs au
règne de Marie-Thérèse.
2. Restauration des éludes histo-
riques pendant la deuxième moitié du
XVlll'' siècle. Erection de l'Académie
de Bruxelles; ses historiens et leurs
travaux.
5. Les Bollandistes.
4. Etat stationnaire des études his-
toriques pendant la domination fran-
çaise. Consen'ation des études histo-
riques par les bibliophiles, dans la
Bibliothèque dite de Bourgogne, les Bi-
bliothèques et les Archives communales.
( *) M. Gérard a publié depuis, sans col-
laborateur, l'Histoire dea Francs cCAustrùsie,
(Bruxelles, 4865, S* éd., S vol. in-8«), ou-
vrage remarquable , mais dont Warnkœnig
n'aurait bien certainement pas accueilli les
5» Résurrection des études histo-
riques sous le gouvernement des Pays-
Bas. Rétablissement de l'Académie;
ses anciens et ses nouveaux membres
et leurs travaux; MM. le baron de Reif-
fenberg etQuetelet; les historiens no-
tables de cette époque; études histo-
riques dans les Universités.
6. L*Ar4idémie pendant et après la
révolution de 1850. Nouvel élan des
études historiques, dû k l'esprit pubUc
et au Gouvernement national.
7. Création de la Commission royale
d'histoire de Belgique en 1833; ses
membres, ses travaux.
8. Nouvelle organisation de l'Acadé-
mie. Arrêtés royaux favorables aux
progrès des études historiques.
9. Commission royale pour la publi-
cation des sources de l'histoire de l'an-
cien droit belgique,en 1846 ; ses mem-
bres, ses travaux.
10. Les membres de l'Académie
depuis 1831. Notices historiques.
11. Travaux et publications de l'A-
cadémie : l'Annuaire, les Bulletins, les
Mémoires.
12. Historiens en dehors de l'Aca-
démie ; Sociétés et Revues historiques
et archéologiques. Notices biographi-
ques.
15. Travaux concernant l'histoire de
la Belgique, exécutés en France, en
Hollande, en Allemagne, en Angleterre.
U. Ouvrages sur l'histoire générale
de la Belgique, depuis les temps les plus
reculés jusqu'à nos jours.
15. Id. pour les périodes celtique, ro-
maine, franque et du moyen-âge.
16. Id. au XVI' siècle.
17. Id. depuis le XYll* siècle jusqu'à
l'incorporation du pays k la France.
18. Histoire de la Belgique sous le
gouvernement de la France et des Pays-
Bas.
19. Histoire de la révolution de 1830
et du gouvernement du roi Léopold l^.
20. Histoire constitutionnelle, légis-
lative et administrative de la Belgique.
21. Histoire ecclésiastique.
thëses fondamentales. — VHistoire des Ca-
rolingiensy (oaronnée par TAcadémie, est
dédiée à H. de Pouhon, ancien représen-
tant, le généreux donateur dont il est ques-
tion ci-dessus , col. 614.
617
WAR
618
22. Histoire derinstruotîon publique.
25. Histoire spéciale des provinces :
les Flandres, le Brabant, Anvers, Hai-
naut, Namur, Limbourg, Luxembourg,
Liège.
2i. Histoire des belles-lettres et des
l)eaux-arts. Poésies française, flamande,
wallonne. Histoire de la peinture, de la
musique et de Tart dramatique.
25. Bibliographie des sciences auxi-
liaires de rhistoire.
Wamkœnig était chevalier de la Lé-
gion d'honneur et de l'Ordre de Léopold
de Belgique. Il appartenait à un grand
nombre de Sociétés savantes : Institut
de France (Académie des sciences mo-
rales et politiques); Institut des pro-
vinces de France; Société desantiquaires
de France; Société d'histoire de France;
Sociétés de Lille, Douai, Valenciennes,
Saint-Omer; Académie royale de Turin;
Académie de Munich ; Académie de lé-
gislation de Toulouse; Société des an-
tiquaires de Londres; Société des
antiquaires du Nord , à Copenhague ;
Sociétés dlJtrecht et de Groningue ;
Société des antiquaires de Wurzbourg;
Comité pour la conservation des monu-
ments historiques de TAIsace, à Colmar ;
Académie rovale de Belgique ; Société
d'Émulation de Liège; Société liégeoise
de littérature wallonne; Institut archéo-
logique liégeois ; Société royale des
beaux-arts, à Gand ; Commission mu-
nicipale des monuments, ibid.; Société
royale d'agriculture et de botanique,
Und.; Société d'Émulation, à Bruges. —
H avait en outre été membre effectif de
l'ancien Institut des Pays-Bas, à Ams-
terdam, et, pendant plusieurs annéçs,
correspondant de la Commission royale
des Becords, à Londres, et membre
correspondant de la Commission pour
l'histoire nationale de France, créée par
M. Fortoul, ministre de l'instruction
publique.
La bibliographie complète des œuvres
de Warnkœnig n'est pas facile k dresser;
ses écrits sont dispersés un peu partout;
ils ont eu comme lui , si l'on peut dire
ainsi, plus d'une patrie. Nous ferons de
notre mieux, en nous aidant du Keyser's
Bûckerlexïkon^ des recherches du baron
de Saint-Genoîs et des principaux re-
cueils de bibliographie française.
1. DnÀt romain,
l*" Oratio de studii Juris romani uti-
lilateet necessitale. Liège, 4817, in-**»
(Ann.acad. Leod., vol. I), et 1819, in-i°.
2^ Institutionum seu elementorum
juris privali romani libri lY, in usum
praelect. acad. vulgati, cum introdûct. in
univers, jurisprud. ad sludium juris
romani et notis litterariis. Liège, Col-
lardin, 1819, in-8«.
La seconde édition de cet ouvrage, publiée
également chez CoUardin, en 1825, difl^re
beaucoup de la première, non-seulement par
les corrections nombreuses qui y ont été
introduites et par une disposition nouvelle
des matières, mais encore en ce que l'auteur
y a joint le texte des InstUutes de Gajus, les
Fragmenta Vaticana et d'autres anciens mo-
numents du droit romain, récemment décou-
verts.— 3«édit., de nouveau refondue, Bonn,
4834, in-8". — La 4» et dernière édition
a vu le jour à Bonn en 4860 (v. ci-dessus).
3° Précis de l'histoire du droit romain
d'après Gibbon, traduit par M. Guizot,
revu et enrichi de notes. Liège, 1821,
2 vol. in-8<*.
A été traduit on hollandais.
4<» Analyse du Traité de la possesmn
par M. de Savigny. Liège, 1824, in-8o.
-Deuxième édition, iAtd., 1827, in-8«.
Traduite en anglais, en 1838, par M. Cus-
hing, il Boston (Etats-Unis), et publiée dans
VAmerican jurist, vol. XIX, p. 13 et 257.
5« Commentarii juris romani privati,
ad exemplum opt. compendior. à cele-
berr. jurisconsultis compos. adornati,
in usum acad. praelect. et studii privati.
Liège, 1825-1852, 3 vol. in-8o.
&» Histoire externe du droit romain.
Bruxelles, 1856, in-B^".
Cet ouvrage a été traduit en italien et en
espagnol.
T GrundrisszuPandekten-Vorlesun-
gen, mit Yerweisungen auf die Lehr-
bûcher von Thibaut, von Wening-Ingel-
heim, Mûhlenbruch und seine Commen-
tarii juris privati. FribourgenBrisgau,
1837,in-8«.
8^ Yorschule der Institutionen und
Pandekten. EînCommentar zuden Ein-
leitungen der latelnischen Lehrbûcher
des rômischen Rechts des Verfassers.
Fribourg, 1859, in-8« (avecun Ubieau).
619
WAR
620
9* Introduction k Tétùde du droit ro-
main, trad. de l'allemand de M. Mackel-
dey, augmentée et enrichie de notes.
Mons, 1826, in-8^
M. Jules Beviog, avocat à Bruxelles, a
publié en 4837, en celte ville, une nouvelle
traduction du Manuel de droit romain de
Mackeldey, d'après la iO« édition allemande.
B. Science du droit en général, phU
losophie du droit, etc,
1(^ Ankûndigung eines Praktikums
liber das Civilrecht. Gœttingen, i816,
in-8^
ll*Versuc)i einer Begrûndung des
Rechts durch eine Vernunftidee. Bonn,
Marcus, 1819, in-8*.
12^ Oratio de jurispnidentiâ gentium
Europearum unA, eâque assiduo docto-
rum commercio excolendâ. LouvaSn,
1828, in-4^
Inséré dans les Ànn. Acad, Lovan., ann.
4897-1838.
13* Doctrinajurisphilosophica apho-
rismis distincta, in nsum scholarum.
Louvain, 1850, gr. in-8^.
U* De rétat de la science du droit
en Allemagne. Paris, 1841, in-8''(dans
la Revue française etétr. de législation ;
trad. de M. Ed.Laboulaye : v. ci-dessus).
15° Recbtsphilosopiiieals Naturlehre
des Rechts. Fribourg, 1839,in-8<'.
Traduit en hollandais (4856).
16*^ Juristische Encyclopaedie. £r-
langen, 1853, in-8^
17* Philosopbiae Juris delineatio. Tu-
bingue, 1855, in-8<>.
C. Droit ecclésiastique et polémique
politico-religieuse.
\9^ Umrisse der Geschichte des Kir-
chenrechts. Tubingue, 1845, in-8''.
19* Die Kirche Frankreichs und die
Unterrichtsfreiheit. Fribourg, 1845,
in.8*.
20* Diekatholische Frage im Sommer
1848. Ein Versuch zu ihrer Lôsung fur
Wurtemberg. Tubingue, 1848, in-8*.
Celte brochure fit sensation et provoqua
une réponse intitulée : « Dergehoime Hofralh
Wamkœnîg als Yerfasser der Schrift Die
kaihotitche Frage im Sommer 4 848, vor dem
Richterstohl der Kritik gezogen vom Yer-
fasser der katholischen Bedenken ûber die
erzwungene Einsegnung der gemischten
Ehen. » Stuttgart, 4848, in-8<>. Warnkœnig
répliqua par un nouvel écrit :
21^ Diekatholische Frage im Anfange
des Jahres 1849. Tubingue, 1849, in-8«.
22* Ueber den Conflicl des Episko-
pats der oberrheinischen Kirchenpro-
vinz mit den Landesregierungen inder-
selben. Erlangen, 1853, in-8*.
Une traduction française de cet opuscule
{Expoté du conflit entre Cépiêcopai de ta
province du Haut- Rhin, en Allemagne, et
les gouvernements) a paru en 4864 à Bru-
xelles. — Pour se faire une juste idée du
point de vue où se plaçait Warnkoenig en
s'engageant dans ces discussions, on aura
utilement recours aux articles publiés par lui
dans la Bévue trimestrielle de Bruxelles, k
partir de 4853 (v. ci-après).
23* Die staatsrechtliche Stellung der
katholischen Kirche in den katholischen
Lândern des deutschen Reichs, beson-
dersiroXVIir«° Jahrhundert. Erlangen,
1855, in-8".
D. Histoire du droit helgvque et du
droit liégeois.
24* Recherches sur la législation belge
au moyen-âge. Gand, 1834, in-B*.
25* Ordo judidorum,cum glossâsub
flnem saeculi XII 1 ei adjectâ, è Cod.
Trevir. accuratiss. descriptus. Gand,
1835, in-8".
26* Flandrische Staals- und Rechls-
geschichtdbis zum Jahr 1305.— Premier
volume, avec une carte de la Flandre
au XIV* siècle et un fac-similé. Tu-
bingue, Fues, 1 835, in-8*. - 2* volume,
l'« et 2* partie, Und., 1836 et 1837,
in-8o. - 3* vol , 2* partie, iWd., 1829;
4'* partie, 1842, in-8*.
Nous avons parlé plus haut de la traduc-
tion française de cet important ouvrage par
Alb. Gheldolf.
27* Histoire du droit belgique, con-
tenant les institutions politiques et la
législation de la Belgique sous les
Francs. Bruxelles, 1837, in-8*.
28* Von der Wichtigkeit der Kunde
des Rechts und der Geschichte der bel-
gischen Provinzen fur die deutsche
Staats-und Rechtsgeschichte. Fribourg
1836, in-8*.
6âl
WAR
632
Discours prononcé par Warnkœnig lors-
qu'il prit possession de sa chaire à l'Univer-
sité de Pribourg.
29<* Beitrâge zur Geschichte und
Qaellenkunde des Lûtticher Gewohn-
heitsrechts. Frîbourg , Wagner, 1838,
in-8». — 2« édition, 18S4, in-.8^
E. Hûtoire du droit français,
SO^Franzôsische Staats-und Rechts-
geschicbte. Bâle, 1846-1847,2 v. in-8o.
Nous avons dit plus haut que cette publi-
cation a été complétée par le professeur
Stein, pour le droit^criminel.
F. Histoire.
ôi^ Précis de Tiiistoire de Liège.
Liège, 1864, m-12^
Traduction française, par M. Stanislas
Bormans, d'une série de feuilletons publiés
par Warnkœnig dans la Gazette de Cologne
en i86S.
l^'^ (En collaboraiion avec M. Gérard,
de Bruxelles). Histoire des Carolin-
giens. Bruxelles, 1862, 2 vol. in-8^
53^ Mémoire concernant Vexposé des
droits de succession de la maison de
Sonderbourg-Augustenbourg à la partie
cî-devant Gottorpienne du duché de
Holstein. Stuttgart, 1864, in-8<».
34* Don Carlos. Leben, Verbaftung
und Tod dièses Prinzen. Nach den
neuesten Biographien und mit Riicksicht
auf frûhere Forschungen bearbeitet.
Stuttgart, 1864, in-8o.
M. Gachard venait de jeter un nouveau
jour sur ce mystérieux épisode de l'histoire
d'Espagne, en publiant à Bruxelles son beau
livre Intitulé: Don Car loi et Philippe II
(1863, 3 vol. in-80).
G. Instruction publique.
35<» (En collaboration avec le baron
de Reiffenberg). Essai de réponse aux
questions officielles sur renseignement
supérieur. Bruxelles, Tarlier, 1838,
in-8».
H. Poésies.
36^ PoetischeErheilerungen. Aix-la-
Chapelle, 1825, ln-8^
Pour apprécier retendue et la variété
des études de Warnkœnig, son influence
comme représentant de Vécole histori-
quey ses tendances religieuses et poli-
tiques enfin, il faudrait surtout parcou-
rir les nombreux recueils périodiques
dont il fut le fondateur ou auxquels il
prêta son concours. Nous ne pouvons
même songer à dresser ici la liste dé-
taillée des articles qu1l y publia ; nous
ne parlons pas des notices éphémères,
mais des études (essays, comme disent
les Anglais) de tout genre, qui mérite-
raient pour la plupart d'être conser-
vées, ou du moins qu'on peut encore
avoir intérêt à consulter. Nous nous
voyons obligés, comme le baron de
Saint Génois, de nous contenter d'in-
diquer les titres des revues ou des
journaux qui reçurent de lui des com-
munications plus ou moins régulières.
En premier lieu vient la Thémis ou
Bibliothèque du jurvtconsulte, dont il fut
en 1819 un des fondateurs, avec Blon-
deau, Demante et Ducaurroy, profes-
seurs à la Faculté de droit de Paris (' ).
Publiée pendant dix ans dans cette
dernière ville, où elle rajeunit les tra-
ditions de récole de Cujaset contribua,
dans cet ordre d'Idées, k provoquer la
création d'oeuvres nouvelles , la Tlté-
mis fut transportée à Louvain en 1829,
et y vécut encore deux ans, pour re-
naître plus tard sous le nom de Thémis
belge, sans la collaboration de Warn-
kœnig. L'ancienne Thémis est encore
consultée avec fruit par les juriscon-
sultes qui ne se contentent pas d*une
sèche interprétation des textes, mais
qui tiennent à se rendre compte de
l'esprit des lois, en remontant aux
sources classiques. — Nous citerons
encore, parmi les recueils français qui
contiennent des articles de Warnkœnig,
la Revue encyclopédique (Paris), rédi-
gée par M. Jull1en;la Revue étrangère,
du droit, de M. Foelix; la Revue du
droit, ûe M. Wolowski ; les Annales de
législation , publiées par M. Odilon
Barrot (1829); enfin le Recueil de FA-
endémie de législation, publié k Tou-
louse depuis 1855. — En Belgique, ou-
tre la suite de la Thémis, Warnkœnig
peut revendiquer, comme nous l'avons
dit, le commencement de la nouvelle
(* ) V. notre art. Blondbau dans la Biogra- phie nationale de Belgique, t. II.
623
W'IL
624
série du Messager des sciences , etc. de
Gand; la Revue trimestrielle de Bru-
xelles, fondée par M. Van Bemniel,
contient également de lui plusieurs ar-
ticles importants (De Vesprit et de Vor-
ganisition des Universités allemandes,
t. V. p. iil ; Du mouvement protestant
en Allemagne, t. XVIII, p. 175; Docu-
ments nouveauo! sur le règne de Philippe
Il en Belgique, t. XIX, p. 357; La
guerre de Rome contre la science, en
Allemagne ( * ), t. XLVI, p. 5). — En
Allemagne, WarnkœDîg a été, avec M.
Rosshirt, le fondateur de la Zeitschrift
furCivil'Und Criminalrecht {i%^), et
plus tard, Tun des principaux collabo-
rateurs de ta Kritiscke Vierteljahr-
schrift fur Gesetzgebung , de M. Pôlze
(Municii, depuis 1859).— Dans la Revue
historique (Uistorisclie Zeilschr^) de
M. de Sybel (Bonn),il a publié, de 18o9 à
1865, un compte rendu annuel du mou-
vement de la littérature historique en
Belgique.— L7w de feu Oken (lena), les
Heidelberger JahrbUclier^ les Archives
du droit de Mittermaier, Wangerow,etc.
(Heldelberg) ; \a Revue pour la jurispru-
dence historique de Savigny (Berlin), la
Revue pour le droit civil (Giessen), les
Annalesdejurisprudence de Schunk (Er-
langen), la Revue critique de la législation
et de la jurisprudence à Vétranger (Uei-
delberg, 1827-1856), dans ses derniers
volumes ; la Revue du droit germanique
(de Reyscher) ; les Annales de la juris-
prudence de Scheller (Leipzig); les
Annonces littéraires de l*Académie de
Munich ; la Revue trimestrielle théoUh
gique , de Fribourg ; la Revue trimes-
trielle allemande {Deutsche Viertdjahrs-
chrift : Stuttgart , CotU ) ; la Gazette
universelle d^Augsbourg ; la Gazette de
Vienne (nous citerons un article sur les
Recueils des ordonnances publiés par M.
Polain) ; la Gazette universelle d*Augs-
bourg; le Slaats-Anzeiger fur Wur-
temberg (notamment deux articles sur
la crise de la vie constitutionnelle en
Belgique , 6 et 7 août 1864) ; enfin la
Revue philosophique ( Zeitsdirift fur
philosophie und philoeophische Kritik),
de MM. Ficbte, Ulrici et Wirth (Halle),
ont reçu de lui de nombreuses commu
nications. Dans ce dernier recueil (t.
XXX, p. 100-145), un article sur la
phihsop^ en Belgique doit être men-
tionné spécialement. — N'oublions pas
le StaaUlejricon de RottecketWelcler,
dont Wamkœnig a été Pun des colla-
borateurs en titre.
^M'Ilmart (PlERIŒ-ÂLEXAKDRB), né
il Vinalmont (province de Liège), le 15
août 1818, mourut à Liège le 18 dé-
cembre 1860. Après avoir fait de bril-
lantes études au Collège communal de
Huy, il se rendit à Liège en 1855 et se
fit Inscrire à runiversité. Les profes-
seurs de la Faculté de médecine ne tar-
dèrent pas à le considérer comme l'un
de leurs meilleurs élèves ; lous ses di-
plômes, depuis le premier jusqu*au
dernier exaçien, furent obtenus awc
la plus grande distinction. En 1839,
il obtint au concours la place de chef
de clinique chirurgicale; eo 1841,11
lut nommé de la même manière interne
en chirurgie. La bourse de voyage que
lui avait value son dernier doctorat lui
servit à visiter, pendant deux ans, les
grandes écoles de médecine de Paris,
de Berlin et de Vienne. En 1845, il
remplaça M. le docteur Kleincrmann
en qualitède médecin de rétablissement
fondé par madame Laroche, dans Ton-
cien couvent de la Chartreuse lez-Liége
(*), pour le traitement des maladies
mentales. M. Van de Weyer lui ouvrit
la carrière de l'enseignement supérieur
en le nommant, en 1845, agrégé à TU-
niversité où il avait fait se.s études. Il
débuta deux ans plus tard dans ren-
seignement, en acceptant une partie du
cours d'auatomie descriptive; le pro-
fesseur de La Vacherieétantvenu à mou-
rir en 1848 (v. ce nom), Wilmart fot
déchargé de ces fonctions, et reçut en
échange une partie de la pathologie
chirurgicale et de la médecine opéra-
( * ) A propos des eensures eeclésîastiques
dMit t été Tobjet H. Frohscbaminer, profes
senr de philosophie k rUniversité de Manich.
^*) Occupé aajoord'hoi par les Peiites
9œurs dea pauvres, qui y entretienneot des
vieillards mfirmes, aa moyen de dons ehari-
ritables qu'elles vont récolter elles-mèaies
dans kl ville.
625
WIL
636
toire ; il conserva ces attributions jus-
qu'à sa mort. Sa promotion à Textra-
ordinarîat date du 24 septembre 1855.
— Wilmart a laissé à ses collègues et à
ses élèves les meilleurs souvenirs ; par
son caractère comme par ses talents,
il s'était acquis l'estime et l'affection
générales: M. le recteur Tb. Lacordaire,
en prononçant sur sa tombe, creusée
avant le temps, les paroles solennelles
du suprême adieu, lui a rendu un hom-
mage mérité, en déclarant son ensei-
gnement l'un des plus remarquables et
des plus fructueux de PUniversité. Wil-
mart était consciencieux, méthodique et
d'une parfaite clarté dans l'exposition ;
Félégance de son langage se conciliait
avec une précision sévère; une certaine
dignité naturelle, répandue dans toute
sa personne, une réserve pleine de mo-
deôle et par Là même exempte de toute
morgue, contribuaient adonner de l'au-
torité à sa parole. Sa bienveillance
inaltérable, la générosité bien connue
de ses idées et de ses sentiments lui
gagnaient tous les cœurs. Sa perte fbt
douloureuse non seulement pour l'Uni-
versité, mais pour la société liégeoise,
qui lui accordait comme médecin une
large part de confiance; plus doulou-
reuse encore pour le médecin distingué
qui avait vu en lui son successeur na-
turel ('). Il était l'ami du pauvre comme
du riche; bien des larmes sincères
furent versées sur son cercueil, au sou-
venir de la charité, de son abnégation
et de toutes ses vertus privées. Il n'a
laissé qu'un petit nombre d'écrits;
mais on peut dire que s'il eOt vécu
quelques années encore, il aurait illus-
tré son nom. Nous donnons, d'après
le Nécrologe liégemsûe M. U. Capitaine,
qui nous a fourni les éléments de cette
notice, la liste de ses principales pu-
blications et quelques renseignements
sur les services qu'il a rendus à la
médecine opératoire.
f* Raffport sur renseignement mé-
dical à rUniversité de Paris (Annales
des Univ. de Belgique, i843, p. 690-
708).
^ Rapport adressé à M. le Ministre
de Pmtérienr smr la Focalti de méde-
cmê de rUniversité de Berlin, Brux ,
Lesigne, 1846, in 9^ (tiré à part des
Annales des Universités de Belgique, t.
iil.
5^ Rapport fait à la Société de mé-
decine de Liège, au nom de la Com-
mission chargée de présenter un règle-
ment pour Vorganisatim d'un Conseil
de discipline dans le sein de la Société
{Ann. de la Société de médecine de Liège,
1. 1, 4847).
VITiloiart fut le fondateur de cette aMOcia-
lion.
4® A/ij'oorlfvriifie Observation d'an-
gine œdémateuse ou d'œdème de la
glotte, par le docteur Tasset, présenté
à la Société de médecine de Liège, p^it le
docteur Wilmart {Ibid.. t. III, i848).
«^° Note sur rhygiène chirurgicaU
envisagée spécialement dans ses rapports
avec la police publique (t. III, des Ann.
du ConseU de SaluMié publique de la
province de iÀége^ 1851).
6® Nouvelle méthode pour la cautéri-
sation du canal de Vurètre. Bruxelles,
Leiong, i860, in-8* (Extr. de la Revue
médicale belge, 1860).
a Wilmart a fait subir à différents
procédés opératoires, surtout dans l'ap-
pareil instrumental, de nombreuses mo-
difications qu'il a dictées dans ses cours.
On cite notamment : son appareil pour
la taille, dont l'idée première lui a été
fournie par Guérin, de Lyon ; — des
modifications aux pinces de Ricord,
pour l'opération du phymosis: — un di-
latateur pour la trachéotomie, ainsi que
des changements au tenaculum de Chas-
saignac; — des pinces pour la castra-
tion, instrument combiné des pinces
de Ricord modifiées et de celles de
Breschet, pour la varicocèle ; — un in-
strument destiné aux contre-ouvertures;
— un tube plongeur applicable à la
seringue de Guérin, conduisant le li-
quide extrait dans un vase et permet-
tant de faire immédiatement les injec-
tions ; — le curseur au trocart de Gué-
rin , iiermettant de fixer solidement
( ' ) Wilaart était gendre de M. le profes- sear émérite Franlûnel (v. ce nom).
627 WIL 628
riDstnimentcontrelapoitrine,etc. »('). 1859, il avait été appelé à faire partie
Wilmart était médecin du 5* batail- de la Commission provinciale de sta-
lon de la garde civique de Liège; en tistique.
(*) Nécroioge liégeois pour 1860, p. 69.
Dans !*espace d'un demi-siècle, l'Université de Liège a perdu 60 de ses pro-
fesseurs, savoir : la Faculté de philosophie i7, celle de droit 10, celle des sciences
18, enfin la Faculté de médecine 15. Un seul n*a pas atteint Tâge de 30 ans;
6 sont morts âgés de moins de 40 ; 16 n*en ont pas atteint ou dépassé 50; 14 ont
vécu de 50 à 60; 9 ne sont point parvenus à 70; 10 sont morts septuagénaires;
enfin, 4 sont entrés dans leur dix-septième lustre. On a eu des morts accideatelles
à déplorer, des morts prématurées et que rien ne faisait prévoir; mais à considérer
la moyenne générale, il ne semble pas que la carrière de renseignement, malgré
les fatigues qu'elle impose, soit plus meurtrière que d'autres.
Il est à remarquer que Ton n'a eu à constater que quatre décès de 1817 à 1835
(date de la réorganisation de l'enseignement supérieur).
III
PROFESSEURS EMERITES,
DÉMISSIONNAIRES, ETC.
\Vi
>de (Emile), ]gt, néàVerviers le 9
mai 1828, date ses débuts dans IVnsei-
gnement supérieur de Tâge de vingt-
deux ans. Il avait fait d'excellentes
études, d*abord dans sa ville natale, sous
la surveillance, ou plutôt sous la direc-
tion immédiate d'un père éclairé ( ' ), qui
sut reconnaître de bonne heure ses apti-
(') Piiilippe Bède, né à Stavelot le i«r
octobre t803,dirigea pendant de longues an-
nées TEcole industrielle et littéraire de Ver»
viers, et s'acqoit, comme professseur d'huma-
nités, une réputation méritée. 11 appartenait
à Fone des meilleures familles de Halmedy.
Sds parents subirent le contre coup des ré-
volutions; il y eut de durs moments à pas-
ser. Orphelin de bonne heure, il crut aux
prédictions d'une sœur, qui ne cessait de lui
dire qu'il relèverait la famille. A i7 ans, il
enseignait déjà chez l'abbé Morsomme; et
tout en donnant, en outre, des leçons parti-
culières, il parvint à subir, après avoir suivi
par échappées quelques cours de FUnlveraité
de Liège , l'examen de candidat en philoso-
phie. 11 reprit rétablissement pour son compte
et le fit prospérer. En i83t, il le quitta pour
occuper, k Verviers, une chaire de littéra-
ture et d'histoire. Nommé directeur de l'École
IH^meotionnée, en 4840, il sut faire de cette
institution ie tneilUur collège communal du
payé. Il fut, à partir de i849, l'un des prin-
cipaux rédacteurs du Moniteur de l'emeigne-
mefUf où il traita surtout, à la veille de l'or -
ganieation légale de rinstruction moyenne,
les questions relatives au programme des
études. Il remplaça le professeur Moke (de
Gand} comme président de V Association pro-
fessorale de Belgique (v. l'art. Alph. Le Rot),
et fit partie du premier Conseil de perfection-
nement de l'enseignement moyen. Le IfoniMnr
de renseignement ayant cessé de paraître en
4868, après la mort de son directeur Fr.
Uennebert (de Tournai), Ph. Bède créa les
Annales de renseignement public^ recueil
estimable et qu'on peut encore consulter
avec fruit, mais dont la publication dut être
interrompue au bout de deux ans, par suite
de circonstances particulières. Ph. Bède
n'était pas seulement un bon professeur ; il
s'intéressait vivement à la chose publique,
et son rôle dans la presse quotidienne fût
des plus considérables. Libéral convaincu,
également ennemi des partis extrêmes, il
exerça sur l'opinion, à Verviers, une in-
fluence longtemps sans rivale ; il prit ensuite
une part très-aclive à la rédaction du Jour-
nal de l.iége^ et finalement s'adonna tout
entier à la politique, en quittant Verviers
pour Bruxelles, où il accepta la direction
de XEcho du Parlement belge. Par la dignité
de son caractère, par sa franchise et sa
loyauté, ainsi que par ses qualités aimables,
il s'éUit acquis l'estime et l'affection géné-
rales; aussi les regrets les plus sincères
se mèlèrent-ils à la stupeur que produisit,
en 4866 (48 février , la nouvelle de la caU-
631
BED
632
tudes dominantes et en favoriser le déve-
loppement, sans négliger de le pourvoir
de ces connaissances générales dont les
esprits naturellement le mieux doués ne
sauraient être privés, sous peine de res-
ter toujours au-dessous d*un certain ni-
veau. Inscrit à TUniversité de Liège en
octobre 1843, il fut reçu, deux ans plus
tard, candidat en sciences physiques et
mathématiques, et partit ensuite pour
Paris, d'où il ne revint qu*en mai 1848,
rapportant un Mémoire qui lui valut le
titre de lauréat du concours universi-
taire. En avril 1849, il fut proclamé
docteur en sciences; au mois d'août
suivant, il se rendît de nouveau à Paris,
dans le but spécial de suivre les travaux
et les expériences de M. Regnault, pro-
fesseur au Collège de France. Une
nomination d*agrégé à la Faculté des
sciences de Liège vint le trouver dans
le laboratoire de Tillustre savant ; par
arrêté du 4 octobre 1850, il fut chargé
du cours de physique industrielle et
d^une partie des cours de physique gé-
nérale et de physique mathématique, à
titre de suppléant de M. Gloesener (v.
ce nom). Le 7 Janvier 1857, M. Gloe-
sener ayant exprimé le désir d'être
entièrement déchargé du cours de
physique expérimentale, un arrêté mi-
nistériel confia exclusivement cet ensei-
gnement à M. Bède, qui conserva, en
outre, la physique industrielle. Le nou-
veau titulaire ne put être promu àTex-
traordinariat qu'au commencement de
1861, la Faculté étant au complet. Il
arriva, sur ces entrefaites, que la ges-
tion de graves intérêts de famille rap-
pela M. Bède à Verviers ; le 26 sep-
tembre, un congé sans traitement lui
fut accordé sur sa demande, et le même
arrêté chargea M. Pérard (v. ce nom)
de le suppléer dans ses deux cours.
M. Bède ne reparut plus à TUniversité ;
il sollicita et obtint sa démission en
1865. A la tête de Fun des établisse-
ments industriels les plus importants
du pays (')* il est aujourd'hui plus
occupé que jamais ; cependant, comme
on va s'en convaincre, il n'est pas perdu
pour la science. Secrétaire de la Société
industrielle de Verviers ; membre de la
Commission de l'Ecole professionnelle,
du Conseil d'administration de la Société
des maisons d'ouvriers ('), du Comité
provisoire de la Société des bains et
lavoirs ; président de la Société Frank-
lin et de quelques autres de moindre
importance, il suffit à tout, en dépit du
tracas des affaires, et trouve encore
le temps d'écrire. Comme professeur,
il a laissé les meilleurs souvenirs à
l'Université ; comme industriel et comme
philanthrope, il a pris un rang élevé
parmi les hommes utiles ; comme savant
enfin et comme publlciste, il s'est fait
une réputation qui a franchi nos fron-
tières. Voici la liste de ses principales
publications -
1"* Mémoire sur la vUeau comnimt-
quée à un mobile par quelques corps
élastiques, etc. (Mémoire couronné au
Concours universitaire de 1847-1848).
Bruxelles, Lesigne, 1849, in-8®.
2*" Six petits volumes de la Biblio-
thèque pour tous : A. Eléments d'al-
gèbre; B. id. de géométrie; C. Prin-
cipes de physique ;D. Id d'arpentage;
F. Principes du dessin linéaire. Paris,
1850, in-18^
Plusieurs de ces petits volumes ont en
jusqu'à six éditious de 40,000 exemplaires.
5^ Mémoire sur VascensUm de Veau
et la dépression du mercure dans Us
tubes capillaires (Mém. de l'Acad. roy.
de Belgique ; Mém. couronnés et Hém.
des savants étrangers, t. XXV).
4" Recherches sur la chaleur spéci-
fique de quelques foetaux à différentes
températures (Ibid., t. XXVII).
5® Rapport sur les pouvoirs édai-
rants du gaz destiné à l^éclairage de la
strophe «lui l'enleva inopinément à sa famille
et à ses amis. Comme il rentrait chez lui
le soir, trompé par l'obscurité, il longea de
trop près le bord d'un canal , en pleine ville
de Bruxelles : le pied lui manqua... 11 fut
imtpossible de lui porter secours.
{ * ) La maison Houget et Teston.
( * ) On a beaucoup remarqué, à TExposi-
tion universelle de 1867 , les spécimens
d'habitations pour les IravaiUeura (cl. 93)
exhibés par la maison flouget et TesUm. —
C'est À la suite de l'Exposition que M. Em.
Bède a été nommé chevalier de l'ordre de
Léopold, le 15 février 1869.
633
BOR
634
ville de Liège (Bull, administratif de la
villede Liège, 4855).
6<» Progranmed'nncoursde physique.
Liège, 4855, iD-8«.
Cet ouvrage a obtena, en i863, les bon-
neura d'une seconde édition, revue et aug-
mentée. M. L. Pérard, qui 8*e8t chargé de
cette révision, a joint des planches an vo-
lUBM.
7^ JOe Véconomie du conUntstible. Pa-
ris et Liège, Noblet, i859, un vol.
in-^ avec pl. — 2* édition, revue et
augmentée, !bid,, 1863.
Recueil d'articles publiés d'abord dans la
Revue universelle de M. de Cuyper. — Cest
roovrage le plus important qui ait été écrit
sur la matière dans ces derniers temps :
M. Kûhbaann, professeur à l'Ecole polytech-
nique de Hanovre, n'hésite pas k s'exprimer
ainsi dans son Allgemeine Moâchinenlehre,
Le livre de M. Bède a été traduit en allemand
par M. le D*" Zjckwolff; une autre version
libre a paru tout récemment (frei ùbenetzt
ron Bede, etc.
8^ De Véiai actuel de la physique,
Verviers, 1859, in-8».
Série d'articles publiés dans les Annale*
de Censeignement public et réunis en bro*
chnre.
9® Recherches sur la capillarité. ï.
examen des tliéories de Inaction capil-
laire. IL Recherches expérimentales
sur Téquilibre des liquides dans les
tubes cylindriques (Mém. de PAcad.,
deBelg.,i.X)iX).
10° Recherches sur la liaison entre
les phénomènes de capillarité et d'en-
dosmose (Ibid., t. XXXI).
11<^ Recherches sur la caiiillarité. 1.
Equilibre d'une goutte entre deuxplans
inclioés Tun sur Tautre. IL Equilibre
d'une bulle d'air sur un plan horizon-
tale dans une masse liquide (/^td., t.
XXXII).
12^ Sur la théorie des machines à
vapeur et particulièrement des machines
à enveloppe de vapeur (Articles publiés
dans la Revue universelle et réunis en
brochure). Paris et Liège, 1863, iu-8''.
15° Sur les transmissions de mouve-
tuent dans les manufactures, Verviers,
1864, in-8°.
Extrait du Bulletin de la Société indus^
trielle de Vervier*.
iZ^ Recherches sur lacapiUarité. Equi-
libre des liquides entre deux plans pa-
rallèles et contre un plan vertical. Ad-
hésion d'un disque à une surface liquide
plane {Mém, de PAc. roy. de Belgique, t.
XXXIII).
14° Recherches sur la capillarité.
Equilibre d'une goutte de mercure sur
un plan horizontal (Ihid.).
15° Note sur les travaux de la Société
Verviéloise pour la construction de mai-
sons d'ouvriers. Verviers, 1867, in-8°.
Extrait du Bulletin de la Soc. induitrielie
de Vervieri.
i%^ Articles divers, rapports, traduc-
tions, etc., publiés dans la Revue uni--
verselle de M. de Cuyper, dans les An-
nales de renseignement public et dans le
Bulletin de la Société industrielle de
Verviers.
WSarnkmnm (JeAM-HeNRI), 0. #, Uè
à Saint-Trond, le 17 novembre 1801, a
été déclaré sur sa demande , par arrêté
royal du 17 août 1865, professeur èroè-
rite de l'Université de Liège, après
avoir fourni , dans l'enseignement moyen
et surtout dans renseignement supé-
rieur, une longue et laborieuse carrière.
Il n'avait pas encore 17 ans, quand la
direction du petit Séminaire de Liège
lui confia des cours de poésie et de rhé-
torique. Il resta dans cet établissement
Jusqu'en 1821 , puis accepta au Col-
lège de la même ville une place de pro-
fesseur suppléant (charge en même
temps d'une partie de la surveillance) :
fonctions modestes, mais qui lui ren-
dirent sa liberté et lui permirent de
continuer ses études philologiques sous
Fuss etGali. La question mise au con-
cours en 1821, probablement par l'in-
fluence du premier de ces deux profes-
seurs (v. l'art. Fuss), étant restée sans
réponse, la Faculté des lettres Jugea
convenable de la reproduire l'année
suivante. Il s'agissait d'écrire une dis-
sertation sur l'emploi du latin comme
langue littéraire chez les modernes, et
d'établir un parallèle entre le grand
poète de Vénouse et le jésuite polonais
Sarbiewslii ou Sarbievius^ exalté par
Grotius en ces termes : Uoraiium as
63B
BOR
636
8eeutu$ e»t , imô altqtumd» tuperavit ( ' ).
Celte fois deax concorrents se présen-
tèrent, et la lotte fut anssl brillante
qD*OQ pouvait l'espérer : tous deux
furent couronnés (*), et Ton put pré-
voir dès lors à quel rang s'élèverait un
Jour M. Bormans parmi les philologues
belges. Cependant il s'agissait pour lui,
avant tout, de se créer une position
moins ingrate que celle à laquelle il
s'était provisoirement résigné. Il obtint,
en 1825, le titre de professeur de troi-
sième au Collège de St-Trond ; succes-
sivement il passa en seconde et en rhé-
torique; en 4854, il était principal de
l'établissement. La chaire de poésie et
de rhétorique s'étant trouvée vacante
celte année même à Hasselt, ainsi que
la direction du collège, M. Bormans
fut appelé à ces fonctions. Mais l'at-
tention du gouvernement était flxée sur
lui : il entra dans l'enseignement supé-
rieur, comme professeur extraordinaire
h la Faculté des lettres de Gand, lors
de la réorganisation des Universités de
l'Etat. Son séjour en Flandre ne dépassa
pas deux ans; mais il y noua des rela-
tions durables, et l'on peut dire que
l'influence du milieu où il vécut à Gand
fut considérable, au point de vue de la
direction de ses études ultérieures. Son
goût prononcé pour la philologie ger-
manique se développa, se fortifia gra-
duellement , sans nuire à ses travaux
sur les auteurs anciens. En 1857, M.
Bormans passa k l'Université de Liège,
où il ne tarda pas2i être promu à l'ordi-
nartat. M. Bormansaétè,avec MM.Bor-
gnetetBurggraff, le principal promoteur
de l'institution des cours normaux an-
nexés à la Faculté des lettres. Lors
de la translation de ces cours à l'Ecole
normale des humanités, il resta chargé
de l'enseignement du grec et du latin.
Quand il demanda réméritat pour cause
de santé, ses cours de philologie grec-
que et latine à l'Université furent par-
tagés entre MM. Burggraff et Léon de
Closset(v. ces noms). — M. Bormans a
élé secrétaire académique en 1 852-55. Il
a fait partie, sans interruption, du jury
central créé par la loi du 27 septembre
1855, jusqu'à la suppression de cette in-
stitution. Chevalier de l'ordre de Léo-
pold depuis longues années, il a été
promu au grade d'officier par arrêté
royal du 29 septembre 1864. il est
membre titulaire de l'Académie royale
de Belgique depuis le H janvier 1847,
et de la Commission royale d'histoire
depuis que ce corps est constitué. Il
lait en outre partie de la Maatschaffpij
voor Nederlandsche Letterkunde (de
Leyde) ; de la Société De Taa! » gansch
het Volk ( de Gand ) ; de la Société
Met Tyd en Vlyt (de Louvain), de la
Société liégeoise de littérature wal-
lonne, de l'institut archéologique lié-
geois, etc. — Les travaux littéraires de
M. Bormans sont considérables et d'une
extrême importance au point de vue
de la haute critique philologique.Nons
en donnons la liste exacte et détaillée.
A. Ouvrages non publiés par r Acadé-
mie royale de Belgique,
1« Dissertation sur Vemploi du latin
comme langue littéraire chez les moder-
nes^ etc. (v. ci-dessus). Mémoire cou-
ronné (Ann.acad, Leod, 1822-25, in-4°).
2<^ Notœ in Reinardum vulpem, ex
edit. Fr. Mone. Gand, 1855-56, 4 fas-
cicules in-8^.
5» Prodromus animadversionum ad
Sest. Aurelii PropertiiElegiarum libros
IVf et novœ simul editionis spécimen.
Lovanii, 1856, in-8».
On peut juger par ce travail des services
(* ) La question était ainsi posée : » Quum
9 inler recentiores poetas latinos vel insi-
» gniler olim, sive arie , sive dictione, sive
» utr&que celebrari nunc vulgô ab indoctis
> juxtà doctisque negligantur et coniem-
» nantur, quumque intcr Jyricos ità emineat
» Sarbievius, ut critici Horatium ab eo equa-
» tum lyric poesi, nonnulli superatum cen-
» suerini : posUilatur commentalio. In quft,
» pr>enil88& de neglectse neolatins poeseos
» causis, deque cyus sive juste , sive imme-
» rito contemtu disputatione, in alterft parle,
» quatenùs Sarbievius Horatium dictione et
» poetic& facttUate vel sequaverit , vel supe-
» raverit, instiUitft, et uni verse, et carminam
» aliquot comparatlone, dijudlcetur. »
(*J Le concurrent de M. Bormans ét^it
M. Gorneil Star Numan, de Sappemer , étu-
diant à rCniversité d'Utrech.— Les deux Hé-
moires ont été publiés dans les Annales de
eUniversité de Liège, année 18S2-i823,
in-4«.
C37
BOR
638
que M. Bormans aurait rendus à la philologie
ancienne, ai I*élude approfondie des roona-
ments littéraires de son pays n'avait graduel-
lement réclamé la meilleure part de son
activité.
A*^ Verslag over de verhandelingen
ingck&men by ket staetêbestuer van Bel-
giëy ten gevolge der taelkundiae prys-
vraeg voorgesteld by koninglyk besluit
van den 6 geptember i856. Gand, 1841,
un vol. de 640 p. in-8«.
Ouvrage capital pour la langue flamande,
qui lui doit d'avoir enfin pu fixer son ortho-
graphe d'une manière rationnelle et établir
les règles de sa gramoiaire. Jusque là tout
était anarchie; l'arbitraire avait engendré
l'absurde. Le livre de M. Bormans était écrit
comme on n'avait pas encore su écrire de
nos jours en flamand ; l'antique idiome na-
tional, purifié de tout alliage, retrouvait son
cachet propre, sa régularité et son cachet
original tout ensemble. L'auteur jouit désor-
mais d'une autorité prépondérante auprès des
connaisseurs ; le Verslag peut être rogardé,
au point de vue philologique, comme le point
de départ de la renaissance flamande.
5*^ Leven van sinte Christina de Won-
derbare^ in oud-dietsche rymen, naer een
parkementen hs. uU de XI V eeuw, met
inleiding, aentekeningen en andere aen-
hangseU (met fac-similé). Gand, i850,
in-8» et iiH4<' (LXXI p. dlntroduction,
Ll feuillets de texte en caract. goth. et
591 p. de notes).
Les notes de cette importante publication,
faite directement sur le manuscrit auto-
graphe de l'auteur , discotent et établissent
toutes les principales règles de l'ancienne
grammaire et de la métrique thioises. C'est
un véritable répertoire grammatical et philo-
logique.
6^ Het leven van sinte Lutgardis,
Amsterdam, 1857, in-8^.
Ce poème, d'environ «3,000 vers, est du
même auteur que la Légende de S^M^hristine.
L'édition qu'en a donnée M. Bormans est
accompagnée, comme la précédente, de fac-
similé^ d'une introduction et de notes gram-
maticales, linguistiques et esthétiques, mais
moins développées.
7' Sinte Servatius légende van Ueyn-
rijk van Veldeken, publ. diaprés un ms.
du XV* $iècle,avec introduction etnotes.
Maestricbt, 1858, in-S (gotii.).
Autre publication d'un haut intérêt philo-
logique et littéraire ( ' ) — Van Veldeken est le
plus ancien poète thiois connu dont il nous
soit resté des écrits. Il florissait vers 4170.
Tous ses autres ouvrages ayant été refondus
en haut-allemand, et son St-Servais étant
resté perdu depuis 1463, l'Allemagne l'a
revendiqué comme sien et l'a considéré comme
le maître de ses Minnesinger, et comme le
fondateur de sa langue et de sa versification.
Cependant la présence d'un grand nombre de
formes bas-allemandes, dans la poésie de Van
Veldeken, a fait surgir des doutes sur sa na-
tionalité. M. Bormans prouve péremptoire-
ment qu'il était Limbourgeois , Lossain ; la
découverte de son St-Servais thiois, dédié à
une comtesse de Looz, suffirait à eUe seule
pour le démontrer. Veldeken nous appartient
k tous les points de vue.
8^ La Chanson de Wmcevaux, Frag-
ments d*anciennes rédactions thioises ,
^yec fac-similé f Introduction et notes.
Bruxelles, Hayez, 1864, in-8<'.
Les Commentaires de M. Bormans ont
porté ombrage à M. Gaston Paris, qui ne
pouvait laisser de côté, dans son Histoire
poétique de Charlemagne, certaines ques-
tions traitées par le savant belge. Il paraît
avéré que, malgré la date inscrite au fronti-
spice de ce livre, il n'a été mis en vente
qu'après celui de M. Bormans.
9^ Lettre à M.Ch. Grandgagnagesur
les éléments thiois de la langue wallonne,
Liège, 1856, in-8« (Extr. du Bulletin
de rinstitut archéologique liégeois).
Contient des observations piquantes, no-
tamment en ce qui concerne les noms wallons
des outils, presque tous d'origine thioise.
10^ Lejuryd^examen organisé au point
de vue désintérêts sociaux et scientifiques
et simplifié dans son exécution (anonyme).
Gand, 1849, in-8^
L'auteur veut soustraire le jury k toute
influence politique. Il propose la création
d'un Conseil supérieur d'instruction publique
composé de neuf membres, représentant les
diverses sciences qui font l'objet de l'ensei-
gnement universitaire. Le ministre ferait les
premières nominations ; dans la suite , le
Conseil pourvoirait lui-même à son recrute-
ment. Les conseillers seraient inamovibles.
( * ) Le travail de M. Bormans a paru d'à • gique de Maesiricht (1857).
iiord dans les Annales de la Soc, utchéolo-
639
BOR
640
ItB foranitertienk une double série de ques-
tions : questions principsles, pour les épreu*
vas par écrit ; questions secondaires, pour
les épreuves orales. Elles seraient publiées
une fois pour toutes, sauf les modifications
que Texpérience ferait reconnaître néces-
saires. L*examen serait fait par des profes-
seurs des Universités, sous la direction du
(Conseil. Les présidents de section, membres
du Conseil, auraient le droit de veto ou de
suspension, dans le cas où ils ne pourraient
approuver immédiatement le vote des exami-
nateurs.
il'' Différents articles de littérature
et de critique, publiés dans le Messager
des arts et des sciences (Gand, i855);
dans le Belgiseh Muséum (Gand, 1856,
17<57 et i846), dans le Middeîaer (Lou-
vain,18iO-i843;St-Trond,1844-18i6),
et dans le Moniteur de renseignement
(â" série, t. Il : sur Tinterprétation du
vers 44 de VÊpttre aux Pisons).
B. Bulletin de V Académie royale de
Belgique,
i^*" Rapport sur le Mémoire de M.
Baguel intitulé : Notice sur André Sckott
(t. XY, <848).
Sur la vie et les travaux de Baguet, v. une
nAtice de M. Laforèt, recteur de TUniversité
catholique de Louvain, dans VAnnuaire de
cette Université (année 4868-1869).
15^ Sur la cinquième églogue de Vir-
gile (t. XVII, 1850).
L'auteur démontre que le dialogue est mal
coupé dans toutes les éditions modernes.
14° iVo(e concernant une transposition
de quatre vers dans i'exorde du poème
de Lucrèce: ùe la nature des choses (t.
XVUI, 1851).
15* Rapport sur deux Mémoires en-
voyés au concours de 1851. en réponse
à la question suivante : Faire un travail
sur Démétrius de Phalère (Ibid.).
La palme a été décernée à MM. S.-J. Le-
grand (*) et à F. Tycbon (*), élèves de
rCniversité de Liège (Afém. cour, de l'Acad.f
t. XXV).
16® Thomas de Cantimpré^ indiqué
comme une des sources où Albert-le-
Grand et surtout Maerlant ont puisé les
matériaux de leurs écrits sur rbistoire
naturelle (t. XIX, 1852).
17« Rapport sur une Notice de M.Ch.
de ChènedoUé, relative à une correction
proposée pour le vs. 43 de VEpUre aus
Pisons (Ibid.).
V. ci-dessus, col. 108.
18® Rapport sur trois Mémoires en-
voyés au concours de 1853, en réponse
à la question suivante : rEl4>ge de Go-
defroid de BouUlon (t. XX, 1853).
19® Notice sur TRpitre latine de M.
le professeur Fuss intitnlf^e : Bantis di-
vines cùmœdiœ poetica virtus (Ibid.).
V. ci-dessus, col. 319 et 330.
20® Collation et restitutûm des 175
premiers vers de VMtna de LucUius ju-
nior, d*après un fragment ms. du X\*
siècle (t. XXI, n® 8).
Travail critique d'une baiite importance,
le texte de ce poète étant le pins corrompu
de tous ceux que l'antiquité nous a légués.
21o Rapport sur dix très-anciens
fragments des Origines ou Etymologies
dlsidore de Séville (t. XXII, n® 1).
M. Bormans établit que la distribution des
livres et des chapitres de cet ouvrage est
fautive et même absurde, dans tous les textes
imprimés depuis le XV« siècle jusqu'à ce
jour.
22® Notice sur deux fragments de tra-
ductions thioises du Roman de la Rose
(t. XXII,n«1).
Il résulte de ces fragments qu'il a existé
deux anciennes versions thioises du Roman
de la Rose, et que l'auteur de l'une d'elles est
Hein van Aken, de Bruxelles, connu d'ail-
leurs par d'autres poésies. Il florissait vers
1315.
23® Note annonçant la découverte de
la Légende de St-Servais, de Henri de
Veldcken, en vers thioîs; et d'un frag-
ment de 720 vers d'une ancienne ver-
sion thioise du Perceval de ChresUen
de Troyes (t. XXIV, n® 4).
24» Fragments d'une ancienne persion
( * ) Aujourd'hui professeur de rhétorique
latine à l'Athénée royal do Liège.
{") M. Tycbon a obtenu plus Urd (1866)
un nouveau succès au concours de la Société
d'Émulation de notre ville, pour son Histoire
du pays de Liège racontée aux enfants {Mém.
de la Soc, d'Émulation, t. III, et aussi à part,
Liège, 1866, un vol. in-8«).
641
DEL
642
thûnse de la Geste d'Aiol (avec fac-si-
mile), suivis d'un extrait du texte inédit
du poème français et d'annotations (2«
série, t. X, n* 4).
C. Bulletins de la Commission royale
d'histoire,
25* Communication d'un tneux frag-
ment d'un poème morale en français, du
XIIl« siècle (T. III, i" série).
26*" Notice sur deux Mss., dont un de
XI« siècle, 1" partie (Traité inédit de
physîognomonie.— Poésies latines iné-
dites d'un certain Gaultier, adressées à
Marbode, évêque de Rennes, mort en
1125). (T. IV, ibid.).
27* JVo/e«»r latranscriptiond'un frag-
ment de diplôme de Vépoque mérovin-
gienne (Ibid.)*
^"^ Notice sur unmanuscrit de Thomas
à Kempis, appartenant au Séminaire de
Liège (T. X, ibid.).
29* Notice concernant le second livre
de la vie de Sl-Héribert^ archevêque de
Cologne, par Lambert de Liège, moine
de Deutz (Tuitia). (T. XIII, ibid.).
30® Fragment d'un ancien roman du
cycle de Charlemagne, en vers thiois,
avec introduction et notes (T.XIY,ibid.).
Aassi publié k part en un vol. in-S^, sous
ce titre : La Chanson de Roncevaux (Brux.,
Rayez, 4864). V. ci- dessus, n» 8.
31 • Second livre de la vie de St-Hén-
bert, d'après un Ms. du XP siècle (T.
XVI, ibid.).
32» Rapport sur quelques fragments
d'anciens manuscrits latins, thiois et
français (t. VI,n»1,2«série du Compte
rendu).
Ces fragments sont au nombre de seize,
dont plusii^urs très-importants. On doit citer
en premier lieu un feuillet et une parcelle,
zo et v<^, in-folio maximo, à quatre colonnes
de 56 lignes chacane, ayant appartenu à un
glossaire latin de la fin du X« siècle ou du
commencement du Xl«, avec une dizaine de
vieilles gloses tudesques. Dans le commen-
taire qii*il y a joint, M. Bormans l'a comparé
d'un bout à l'autre avec<0M« les anciens glos-
saires existants, y compris ceux qu'a publiés
Ange Mai. Les autres fragments contiennent
an long morceau du roman du St-Graal, un
certain nombre de vers de la chronique thioise
de MelîM Stoke, offrant de bonnes variantes,
d'autres vers thiois du Dietiche Doctrinaet
de Jan Boendale (de Klerk), etc.
33^ Noticeconcemant rinstitutUmdes
Rogations et certaines o/frandes publiques
(Bancruces, mailles ou oboles de St-
Pierre, etc.), d'après un ancien Ms. de
Namur (t. VIII, n° 2).
D.— - M. Bormans est chargé, par la
Commission royale d" histoire, ûe publier
le t. III des Brabantsclie Yeesten, of
Rymkronyk van Brabant, door Jan de
Klerk van Antwerpen (Les deux pre-
miers volumes de cette précieuse chro-
nique ont paru en 1839 et en 1843,
édités par feu J.-F. Wlllems, in-i»).
E.— Observations critiques sur le texte
du Roman de Cléomadès, par Adénès Li
Rois. Liège, 1867, un vol. in-8^
Examen approfondi de l'édition de Cleo-
madàs publiée par M. A. Van Hasselt. Ce
travail avait été communiqué à l'Académie
royale de Belgique ; mais des raisons parti-
culières ont déterminé l'auteur à le faire im-
primer directement.
DolvnusL do FcnOV» (AdOLPHE), flls
de Jean-Cbarles-Philippe-Josepb(v ce
nom), naquit à Liège le 30 Juillet 1815,
fit ses éludes au Collège et à ITniver-
sité de cette ville, subit le 24 avril
1838 l'examen de candidat en sciences,
suivit ensuite les cours des écoles spé-
ciales et reçut lediplôme de sous-ingé-
nieur honoraire des mines le 26 mars
1842. A cette époque, l'industrie mé-
tallurgique traversait une période de
crise en Allemagne. On y ressentait le
contre-coup de la fièvre de production
qui avait également sévi en Belgique,
de 1835 à 1839; en 1842, la concur-
rence anglaise avait forcé les maîtres
de forges à réduire considérablement
leurs prix ; or, malgré les vives récla-
mations qui s'étaient élevées de toutes
parts, deux Congrès douaniers réunis,
le premier à Stuttgart en août 1842,
le second k Beriin en septembre 1843,
décidèrent le maintien, jusqu'en 1845,
du tarif établi par le Zollverein en 1837.
La question méritait d'être étudiée de
près; elle intéressait nos industriels
comme leurs voisins d'Outre - Rhin.
Al. Delvaux alla faire un long séjour
dans les principaux districts métallur-
giques de l'Allemagne et surtout de la
Haute-Silésie , entreprit une enquête
minutieuse de la situation, calcula le
26
643
DEL
644
prix de revient de la fonte dans ce der-
nier pays, recueillit toutes les données
du problème, se demanda, en établis-
sant des comparaisons entre les hauts-
fourneaux de la Pnisse et ceux de la
Belgique, de quels perfectionnements
le travail de ces établissements était
susceptible sur le théâtre de la crise,
et consigna enfin le résultat de ses ob-
servations dans un volume qu'il publia
en 4844 à Liège, et qui attira Tatten-
tion sur le jeune ingénieur. Les con-
clusions de M. Delvaux étaient for-
melles .-après mûr examen, il se rangeait
à ravis des Congrès douaniers, c'est-à-
dire considérait le système de protec-
tion réclamé par les intéressés comme
devant exercer, s'il était rétabli, une
influence pernicieuse dont ils seraient
les premiers à se repentir plus tard.
La véri table solution , selon lui , était dans
Tamélioration des procédés techniques :
par là seulement, il y aurait possibilité
de soutenir la concurrence anglaise, et
cette possibilité ne pouvait être révo-
quée en doute. Nous n'avons pas à con-
stater ici quel chemin ont fait ces idées
depuis un quart de siècle ; notons seu-
lement que l'ouvrage de M. Delvaux
SurVindustric du fer en Prusse lui valut,
le 25 octobre 4845, le titre d*agrégé à
la Faculté des sciences de l'Université
de Liège. En octobre 485G, après la
mort de Lesoinne (v. ce nom), il fut
chargé par intérim du cours de métal-
lurgie ; un arrêté royal du â4 septembre
de Tannée suivante le lui conûa défini-
tivement. Il en resta titulaire jusqu'au
28 mars 1864, date de sa retraite du
professorat. Il n'a fait d'ailleurs que
changer de fonctions ; l'arrêté qui le dé-
charge du cours de métallurgie le nom-
me consenateur des collections des
Ecoles spéciales et conservateur de la
Bibliothèque. Les collections soumises
à la garde de M. Delvaux ont été nota-
blement enrichies par ses dons ; c'est
un autre fruit de ses voyages scienti-
fiques en Allemagne, pendant les années
4840-4844 et 4842-4843. M. Delvaux
a publié nombre de mémoires et de no-
tices sur des questions industrielles :
4* De la situatiin de Vindustrie du
fer en Prusse (Haute-Silésie), ou 3fé-
moire sur les usines à fer de ce pays
et sur k crise actuelk, par A. Delvaux
de Fenffe, ingénieur civil des mines.
Liège, Oudart, 4844, in-8».
2^ Mémoire sur les machines employées
à monter et à descendre le^ ouvriers rf«
mines (Ann. des travaux publics, t. ÏV).
S^" Du travail du fer au moyen des
gaz produit par les combustibles de peu
de valeur (Ibid.).
V. la Revue de Liège, 1. 1, p. 405 et sniv.
(art. de M. J. Gillon).
4» Modifications de M. Truran dans
la construction et la soufflerie des hauts-
fourneaux (Revue universelle de M. de
Cuyper, t. I).
5' Fabrication de V acier puddlé en
Allemagne (Ibid.)
6** Notice sur les monte-charge em-
ployés dans les usines métallurgiques
(Ibid ).
7<» Carbonisation de la houille dans
des fours inclinés (Ibid.).
8^ Appareils pour le chauffage au gaz
dans la verrerie de Tscheitsch en Mora-
vie (Ibid., t. II).
9** Statistique minérale de la Prusse
en 4856 (Ib., t. II).
40"^ Statistique minérale et métallur-
gique de la Bavière (Ibid.).
41» Id, de r Angleterre (Ib., t. III).
42° Sur remploi des gaz des hauts-
fourneaux et des fours à coke (Ib., t.
llïetïV).
43<* Emploi de la chaux vive dans les
fiautS'fourneaux (Ib., t. 11).
44** Préparation mécanique des mi-
nerais à la mine d'Himmelfahrt, près
de Freyberg (Ib., t. III et IV).
45** Emploi des fourneaux à poitrine
fermée {Ws,, t. IVJ.
46o Table continue à secousse (Ibid.).
47^ Cuvelage en fonte en Westphalie
(Ib., t. ÏV et V).
48^ Ventilateurs pour les mines (Ib.,
t. V).
49° Des Fahrkunst et de leurs avan-
tages pour les propriétaires de mines et
pour leurs ouvriers (Ib. t. V, 2 art.).
20<^ De remploi du procédé Bessemer
pour la fabrication de racier (Ib., l. VI),
64S
DUP
646
21* Pur^cation de Vétain et emploi
du Tungstène pour Vamélioration de
racier et de la fonte du fer (Ib., l. Vïï).
22** De la fabrication et des usages
de ralundnium et de ses alliages (\b\d,).
23« Notice sur le Fahrkunst de M,
Hanrez,sumeùe quelques considéra-
tions sur l'emploi des Man Engines en
Angleterre (i8C0).
24^ Notices diverses, dans la même Re-
vue : Sur la forme et la théorie des hauts-
fourneaux ; Perfectionnements dans le
travail du cuivre; Fabrication des rails
en Autriche; Bandages en fer et en
acier pour les chemins de fer ; Analyse
du puddlage ; Composition des diverses
espèces de fer cru, etc. — Analyses et
extraits de Mémoires publiés en Alle-
magne, etc-, sur di^s questions de mé-
tallurgie et dVxploitation des mines.
Dupont (Evrard), 0. ^, né à Liège
le \^ avril 1799, fit ses humanités au
Collège de cette ville et entra à TUni-
versité Tannée même où cet établisse-
ment fut fondé. 11 y conquit successive-
ment les diplômes de candidat en lettres
et de candidat en droit. En 4820-1821,
la Faculté de droit mit au concours la
question suivante : a Cum genuini Ins-
» titutionnm Gaji jurisconsulti commen-
» tarii jàm vulgati sint ; disquiratur ,
» quasnam debeamus huic operi circà
f> jus actionum et circà rationem proce-
» dendi in causis privatis apud Romanos
0 notitias hactenùs desideratas ; quse
ninquisitio ità inslituatur, ut judicio-
n mm privatorum ordo historicè illus-
n tretur, Judicetur deniquè in quantum
» in hâc juris parte G^um secutus sit,
n vel ab eo recesserit in suis Institutio-
» nibus componendis Justinianus. » Le
siyet était difficile; M. Dupont voulut
néanmoins essayer ses forces et obtint
un brillant succùs. Son Mémoire cou-
ronné est le premier travail qui ait été
entrepris sur le quatrième livre des
Commentaires de Gajus, où il est traité
des actions, Tune des matières les plus
intéressantes et le moins connues jus-
qu'alors du droit romain. Les journaux
scientifiques , nationaux et étrangers,
firent Téloge du jeune lauréat (*); les
auteurs de Tèpoque qui s'occupèrent
des actions en droit romain ne man-
quèrent pas de mettre son ouvrage à
profit (*). A cette publication succéda
bientôt une dissertation inaugurale sur
\ai prescription, qui non seulement valut
à M. Dupont, le 10 avril 1823, le litre
de docteur en droit, mais fixa Tattention
des jurisconsultes, à raison du parti que
l'auteur avait su tirer de la théorie de
Savigny, en l'appliquant au droit mo-
derne (■). — M. Dupont prêta ensuite
serment comme avocat ; mais avant de se
livrer à la pratique des affaires, il crut
utile, pour développer encore ses con-
naissances scientifiques, devîsiter quel-
ques Universités étrangères, et consacra
une année entière à aller entendre suc-
cessivement les professeurs les plus
éniinents k Ulrecht, à Gœttingue et à
Paris. De retour à Liège, il débuta au
barreau, et déjà il se sentait attiré vers
cette carrière par les encouragements
qu'il y recevait, lorsqu'une circonstance
extraordinaire vint donner unedirection
nouvelle à ses idées. Par suite d'une
maladie grave du professeur de droit
romain , le cours des Institutes était
suspendu depuis plusieurs mois à l'Uni-
versité de Liège. Pourparcrà cet incon-
vénient, la Faculté, autorisée par le
Collège des curateurs, proposa à M.
Dupont de faire l'intérim des leçons
(*) Hermès, t. XXV, p. 308 et suiv. Sur
la restJtutiuD dequelqucs passages corrompus
du IV» livre de Gigus {Themis, vol. VI, p.
86; cf. vol. IV, p. 451). — Bibliothèque du
jurisGonsDlte, vol. I, p. 99, et vol. IL p. 266
et suiv. — Jenaiêche allgem Literatur-Zei-
lung, 1825, n» 147. — Bijdragen lot rechtn-
geieerheid en Wetgeving, t. I, p. 288. —
Hixtorical noticei of the Roman Imo and of
ihe récent progrese ofits study in Germany,
by John Reddie, i. U. D.. Edinburgh, 1826.
( ^ '. Mackeldey, Lehrbuchder Inttitutionen,
1823, p. 56. — DupÎQ, Prof, d'avocat, 1832,
t. II, no 525 et sniv. — Thibaut, Geschichte
der Institutionen, 1842, p. 352. — Mûhlcn-
bruch, Lehrbuchder Pandekien^ ëd. de 1844.
l. I, p. 309. — Vangepow, Lehrbuch der
Pandekien, 4851, p. 4, n» L
( ' ) Warokœoig, Commentarii juris romani,
t. I, p. 298. — Hauboldt, tnstitutiones histo-
riœjuridicœ, 1826, p. 499. — Thémis, vol.
VI, p. 104.
647
DUP
648
d*Instilutes et d'ouvrir un cours de ré-
pétitions générales sur le droit romain.
Il accepta cette mission, qui se prolon-
gea pendant deux ans environ, à cause
des rectiutes longues et fréquentes de
rindisposition dont souffrait Warnkœnig
(v. c« nom). En même temps, pour se
rendre utile autant que possible et pour
satisfaire au désir de ses professeurs,
il faisait un cours élémentaire de lé-
gislation commerciale à Tlnstilut dirigé
par M. Cbariier, établissement où se
trouvaientréunis, comme pensionnaires,
un nombre déterminé de jeunes gens
appartenant aux premières maisons de
banque et de commerce de la Belgique
et des pays étrangers (*).
En 1826, le gouvernement, sur la
demande officielle de la Faculté, qui
désirait attacher définitivement M. Du-
pont à rUniversité, le cbargea, en qua-
lité de lecteur, du cours d'histoire du
droit, cours annuel dont Warnkœnig,
pour motifs de santé, avaitdû se borner
jusqu'alors à esquisser rapidement une
partie (rhistoire externe), sous forme
d'introduction à son cours des Institutes.
En même temps ses collègues, pour
compléter l'enseignement de la Faculté,
l'engagèrent à faire le cours de procé-
dure civile. Enfin, le 8 juillet 1827,
Warnkœnig ayant demandé à passer à
rUniversité de Louvain, M. Dupont fut
nommé pour lui succéder dans la chaire
de Pandectes, en qualité de |)rofesseur
extraordinaire, avec le droit de siéger
au Sénat et dans la Faculté (M. Dès
lors il fut obligé de renoncer au barreau
et aux leçons qu'il donnait k l'Institut
Charlier (*). Ce ne fut pas sans regret
qu'il se sépara d'un établissement dont
il avait modifié l'organisation d'une ma-
nière avantageuse, en y introduisant
l'enseigneinentindustriel et en obtenant,
pour les jeunes gens de la ville, l'auto-
risation de le fréquenter en qualité
d'externes. Mais ses fonctions universi-
taires étaient de nature à l'absorber en-
tièrement ; il se considéra comme mis
en demeure d'opter.
L'objet de ses prédilections était le
cours d'histoire du droit, qu'il avait créé
à Liège. L'ancien règlement lui laissait
une latitude dont il se hâta de profiter, en
faisant entrer dans le cadre de ses leçons
des études de législation comparée. Pre-
nant le droit romain pour base de ses
recherches historiques , il aimait à re-
tracer la marche et les progrès de l'es-
prit humain dans le dévelop|)ement des
idées du juste et de l'injuste. Il fit ce
cours jusqu'en 4857, époque à laquelle
on crut utile de le fondre dans les Ins-
titutes, pour simplifier les matières de
l'examen. — Quant au cours de pro-
cédure civile, la révision de la législa-
tion étant alors annoncée comme immi-
nente, il se crut obligé, à raison de
cette circonstance, d'adopter une mé-
thode toute particulière. Laissant de
côté l'explication analytique des arti-
cles du code et tout ce qui concerne la
rédaction des formules, il s'attachait
aux grands principes qui dominent les
formes constitutives de la procédure et
de l'organisation judiciaire, et en fai-
sait ressortir la valeur et les défauts,
dans un examen critique et comparatif
des essais de codification si remarqua-
bles, publiés sur cette matière en
Suisse et en Allemagne. Grâce à cette
méthode, bien que le cours ne fût pas
obligatoire, la plupart des élèves dn
doctorat se faisaient un devoir d'y as-
sister. M. Dupont en resta chargé jus-
qu'à la réorganisation de l'enseigne-
ment supérieur, qui entraîna une nou-
velle répartition des tâches.
Le cours des Pandectes, le plus im-
portant de ceux qui lui étaient confiés,
fut aussi celui qui lui présenta le plus
de difficultés. Aussi longtemps qu'un
même professeur avait été chargé de
l'enseignement élémentaire et de l'en-
seignement approfondi du droit romain,
la séparation de ces deux cours s'était
faite tout naturellement ; mais une fois
que les Institutes se trouvèrent dans
dans les mains d'un titulaire spécial,
il n'en fut plus de même. On vit le cours
d'Institutcs prendre graduellement des
proportions telles , qu'il devint impos-
( M V. les an. Godet et Polain.
{ * ) En vertu du règlement du â5 septembre
1816, les professeurs ordinaires seuls fai-
saient partie du Sénat académique.
( ') Il désigna, pour l'y remplacer, v. Godet,
son futur collègue à TUoiversité.
649
nup
6S0
sible à M. Dupont d'enseigner les Pan-
dectes, d'après la méthode suivie par
son prédécesseur. Pour tracer une
ligne précise de démarcation entre les
deux cours, il déféra d'abord à l'avis
de ses anciens professeurs, et prit le
parti de considérer la connaissance
des principes du droit romain comme
sulBsammment acquise dans le cours
des Instilutes ; professelir de Pan-
dectes, il résolut de se renfermer ex-
clusivemenl dans la discussion des con-
troverses. Mais l'expérience ne tarda
pas à le convaincre que peu d'élèves
étaient assez fermes sur les principes
pour en saisir immédiatement l'appli-
cation. Au surplus cette méthode lui
répugnait comme étant trop scolastique:
il finit donc par asseoir son enseigne-
ment sur des fondements plus larges et
plus en rapport avec les besoins de la
jeunesse. Après mûre réflexion, et tout
en admettant que les Institutes doivent
contenir l'explication complète et rai-
sonnée de l'ensemble des principes, il
fut conduit à revendiquer, comme fai-
sant partie des Pandectes, le dévelop-
pement de ces mêmes principes, aussi
bien que leur application et la discus-
sion des controverses qui en résultent,
le tout puisé dans une étude sérieuse
des textes, lesquels servent ainsi de
base et délimite à cet enseignement. Il
saute aux yeux qu'un cours de cette
nature ne saurait parcourir, dans l'es-
pace d'une seule année, tout le vaste
champ du droit romain. Voulant d'au-
tre part populariser l'étude des Pan-
dectes, M. Dupont s'attacha soigneuse-
ment à choisir, pour en faire l'objet de
ses leçons, les matières les plus inté-
ressantes au point de vue des rapports
du droit romain avec notre législation
actuelle. Il les divisa par séries, cha-
que série faisant l'objet d'un cours an-
nuel comparable, quant au fond et quant
à la forme, aux cours dits de monogra-
phie , si ordinaires dans les Universités
allemandes. Ainsi formulé, l'enseigne-
ment des Pandectes ne pouvait plus se
confondre avec l'enseignement élémen-
taire. 11 ne s'agissait plus, comme au-
trefois, d'un simple exercice de gym-
nastique intellectuelle, mais d'un cours
de haute théorie et d'application tout
ensemble : l'élève s'y préparait à la vie
pratique, s'habituait à interpréter les
textes et devenait capable de lire par
lui-même, avec fruit, les écrits des
jurisconsultes romains, qui sont les
modèles les plus propres à former l'es-
prit juridique et à développer les fa-
cultés et les aptitudes requises de l'a-
vocat et du magistrat.
Tels furent les efforts que fit M.
Dupont pour succéder dignement, com-
me professeur, à son ancien maître, à
celui dont les travaux ont répandu tant
d'éclat sur l'Université de Liège, et ont
vulgarisé en France et en Belgique les
immenses progrès que l'Allemagne a
réalisés dans la science du droit. 11 en
fut récompensé. Le 16 décembre 1850,
il fut nommé professeur ordinaire et
maintenu en la même qualité lors de
la réorganisation, en vertu de la loi*du
27 septembre 1835.
Cette loi, basée sur le principe de la
liberté d'enseignement, principe nou-
veau dont on ne comprenait pas encore
le sens ni la portée, bouleversait com-
plètement le système qui avait jusqu'a-
lors régi notre enseignement supérieur.
Le soin d'en régler la mise à exécution
incomba d'abord à Bekker (v. ce nom),
ancien professeur de l'Université de
Louvain, envoyé à Liège en 1835 et
immédiatement nommé recteur. Bekker
était à la hauteur de sa mission déli-
cate. Malheureusement il ne tarda pas
à être atteint d'une maladie grave, qui
le mit hors d'état d'Imprimer ù l'Uni-
versité la direction impérieusement
réclamée par les conditions nouvelles
où elle était appelée à vivre. M. Dupont
fot appelé à le remplacer en 183G-1857
et conserva le rectorat l'année suivante
(1857-1838). Il est essentiel d'entrer
dans quelques détails sur les difficul-
tés de tout genre qu'il eut à vaincre
dans le cours d^ cette période, qui
n'est pas la moins intéressante de nos
annales.
D'abord, la loi nouvelle, en enlevant
aux Facultés la collation des grades,
avait complètement changé la position
des professeurs vis-à-vis des élèves. De
là un certain relâchement dans la dis-
cipline. D'un autre côté , un grand
nombre d'étudiants, se prévalant de la
651
DUP
652
liberté que leur laissait la loi, ne s'ins-
crivaient qu'à quelques cours. 11 fallait
donc, tout en respectant le principe de
la liberté, prendre des mesures pour
maintenir Tordre si nécessaire aux
bonnes études, et empêcher les jeunes
gens d'abuser de la loi à leur grand
préjudice et contre le gré de leurs pa-
rents (').
Un personnel nouveau (plus du double
du personnel ancien) composait le corps
académique. La plupart des professeurs
se connaissaient à peine. Ils étaient
généralement étrangers aux traditions
universitaires. De là des froissements
et parfois des conflits (*). Il fallait mé-
nager les susceptibilités, mais il n'était
pas moins indispensable d'assurer le
respect des règlements ; il fallait rame-
ner à l'unité tant de personnes d'opi-
nions et de sentiments divers, et recréer
l'esprit de corps qui fait la vie et la
force des institutions.
Le Collège des curateurs était sup-
primé, et l'on avait établi, près de chaque
Université, un commissaire du gouver-
nement portant le titre d'administrateur-
inspecteur. Â Liège, ce fonctionnaire,
s'y croyant sans doute autorisé , avait
adopté, dans ses rapports avec le corps
enseignant, un système tendant à para-
lyser l'influence rectorale et à centrali-
ser l'autorité académique dans les mains
de l'administration ('). Rien n'était plus
désirable que le maintien d'une parfaite
harmonie entre l'administrateur et les
professeurs : il fallait cependant sauve-
garder la dignité et les prérogatives du
corps enseignant. Le commissaire du
gouvernement, au point de vue où il se
plaçait, et en présence d'une délimita-
tion encore mal établie de sa sphère
d'activité, peut être justifié d'un excès
de zèle (*); mais l'autorité académique
avait aussi ses devoirs à remplir, et
sous peine de se rendre coupable de fai-
blesse et de compromettre sa respon-
sabilité, elle a dû ne pas tolérer la plus
légère atteinte à Tindépendance univer-
sitaire, que la loi, très-certainement,
n'avait pas voulu laisser dépérir. La
création de deux Universités libres,
soutenues par les grands partis qui di-
visent la Belgique, avait précédé d'un
an la réorganisation de l'enseignement
supérieur (fonné aux frais de l'État.
Quelle allait être exactement, dès lors,
la position des Universités de Liège et
de Gand? Il était presque impossible de
le prévoir ; en tous c^s l'essentiel était
d'imprimer aux établissements de TËtal
leur véritable caractère et de faire com-
prendre que, pour remplir la mission
qui leur est propre et pour vivre d'une
existence libre et indépendante , elles
doivent se tenir en dehors des partis
et n'arborer d'autre drapeau que celui
de la science.
Enfin, l'enseignement supérieur était
réorganisé conformément à l'art. 17,
§ 2 de la Constitution ; mais il n'y avait
ni enseignement primaire ni enseigne-
ment moyen pour lui servir de pépinière.
L'Ecole des arts et manufactures et des
mines existait ; mais à peine avait-elle
reçu les développements nécessaires
pour lui assurer une importance en
rapport avec l'étendue de nos relations
industrielles et commerciales, que déjà
l'on nous la disputait, et que des efforts
sérieux étaient faits auprès de la légis-
lature pour l'adjoindre à l'Ecole mili-
taire de Bruxelles C).
L'institution d'un Conseil de perfec-
tionnement, composé d'hommes spé-
ciaux, de professeurs expérimentés, si
désirable à une époque de rénovation
surtout, avait été omise dans la loi
nouvelle.
Les pensions des professeurs, celles
de leurs veuves étaient remises en
question (*). L'institution des agrégés.
( * ) Correspondance rectorale. Circulaires
aux doyens des Facultés et aux parents des
élèves (i4 novembre 1836 et 48 janvier
4837).
(*) Même correspondance. Lettres des4â,
46, U janvier, et du 6 février 4837.
(') Procès-verbal de la séance du Conseil
académique du 46 août 4837. — Correspon-
dance. Lettres des S7 novembre 4837, 3â
février et i*»" mars 4838. — Rapport au
Minisire (20 août 4838). — V. l'art. Ar-
NOULD
( * ) V. ci dessus, coL 8.
( * ) Correspondance. Lettres au Ministre
el à l'Administrateur-Inspecteur de l'Univer-
sité de Gand, du 12 février 4837. — Souve-
nirs, 4837, no 44.
(*) V. la pétition adressée au Roi parle
6S3
DUP
654
la composition des jurys d^exainen sou-
levaient des réclamations. La collation
des grades scientifiques par les Facul-
tés, Forganisation du concours étaient
lettre-morte, à défaut de prescriptions
réglementaires.
Il importait cependant de ne laisser
aucun de ces grands intérêts en souf-
france et d'appeler instamment Fatten-
tion du Conseil académique, du mi-
nistre, des autorités et de tous ^les
hommes influents par leur position, sur
les mesures nécessaires pour défendre
les droits do Corps professoral, pour
sauvegarder renseignement de TEtat et
lui donner tous les développements
qu'exigeait sa prospérité ( * ).
Dans cet état de choses, pour établir
quelle fut la conduite de M. Dupont,
quels furent les travaux auxquels il dut
se livrer, les luttes qu'il eut à soutenir
loi iqu*il se mit à Tœuvre, comme rec-
teur, décidé à remplir sa mission d'a-
près les principes qu'il avait arrêtés, il
faudrait lire sa correspondance, ses
rapports, tons les documents de cette
époque déposés aux archives de l'Uni-
versité, et qui sont en quelque sorte
les rudiments de la jurisprudence aca-
démique. Qu'il nous suffise de dire que
ses services furent appréciés ; qu'il fut
soutenu par la confiance de ses col-
lègues, dont le concours lui vint en
aide dans les circonstances les plus
difficiles, et que le gouvernement lui
donna d'éclatants témoignages de satis-
faction en le nommant recteur deux
années de suite, mesure tout excep-
tionnelle, en lui décernant la croix de
Chevalier de l'Ordre national (*) et en
portant son traitement au maximum
prévu par la loi. Fohmann (v. ce nom)
jouissait déjà de cet avantage : M. Du-
pont y avait d'autant plus de titres,
qu'il en aurait pu obtenir un plus con-
sidérable encore, s'il n'eût préféré res-
ter fidèle à l'Université qui l'avait si
bien accueilli (').
M. Dupont consacra la seconde anuée
de son rectorat à assurer le maintien
du système qu'il avait cherché à faire
prévaloir, et ù le développer selon que
l'exigeaient les circonstances et l'intérêt
de l'Université. A la fin de l'année aca-
démique, croyant avoir fait tout ce qui
était en son pouvoir pour remplir digne-
ment sa mission, il considéra sa tâche
comme achevée. Pour éviter une nou-
velle prolongation de ses fonctions rec-
torales, contraire au principe d'égalité
observé jusqu'alors entre les membres
du corps enseignant, il fit connaître au
gouvernement son intention de se dé-
vouer désormais entièrement à ses fonc-
tions de professeur ; en même temps il
pria le ministre de vouloir bien pour-
voir â son remplacement si , comme on
le supposait , le gouvernement avait
l'intention de réélire les recteurs des
deux Universités.
En renonçant à présider le Conseil
académique. M, Dupont ne s'en crut pas
moins obligé d'employer tout le zèle dont
il était capable, dans les difiérentes oc-
casions qu'il eut de se rendre utile à l'en-
seignement. C'est ainsi qu'après avoir,
dès l'origine, comme membre du jury
central de candidature en droit, con-
couru avec Ernst aine (v. ce nom),
son ancien maître, à un perfectionne-
ment pratique de cette institution, dont
le personnel se composait presque en-
tièrement de personnes étrangères aux
Universités, il fut conduit à se mettre
en rapport avec le jury du doctorat ( * )
pour régulariser l'interrogatoire sur
les Pandectes et contribuer, autant
qu'il était en son pouvoir, au maintien
et au progrès de l'enseignement du
droit approfondi. Ces relations se pro-
longèrent jusqu'à Ci qu'il eut atteint
son but. Pour couvrir sa responsabilité
comme professeur vis-à-vis de ses pro-
pres élèves, il se voyait forcé, à chaque
session, d'exposer sa méthode et les
matières de son enseignement. Enfin,
CooMil académique de TtJ Diversité de Liège
le 6 avril 1838 (Liège, ia-4<» de 43 p.).
(* ) Rapport au Conseil académique sur les
grades scientifiques et las concours, transmis
aa Gouveraemenl le i3 avril 4838. — Rap-
port au Htnisire, du 8 ao6t 4837. — Souve-
nirs, 4837, n» 54; 4838, n» 20.
[*) Dès 4837, lors de la visite de Léopold
I*' à Liège, le roi avait spontanément annoncé
cette distinction à l'honorable recteur.
/ •
) v. l'art. DupRET.
{*) Lettre au jury du doctorat (8 août
4837).
655
ERN
656
il fut assez heureux pour faire agréer
de ses collègues des autres Universités
un programme commun, qui fixait dV
vance le cadre et les matières de Texa-
men (*), et ainsi furent déflniiiveroeni
aplanies , pour les récipiendaires , les
difficultés de Texamen sur les Pan-
dectes, examen fréquemment compro-
mis jusque là, faute d'accord entre les
membres du jury sur les points essen-
tiels.
M. Dupont continua, jusqu'à Theure
de sa retraite, à prendre une part ac-
tive à toutes les mesures propres à
maintenir la dignité, la discipline et
Tesprit progressif de rUniversilé. Son
influence a été des plus fécondes, soit
dans la Faculté de droit, soit au Con-
seil académique, et elle a laissé des
traces durables. Il ne s est pas rendu
moins utile au Conseil de perfectionne-
ment de renseignement supérieur, où
il a siégé pendant six ans, à partir de
la création de cette institution. Le 26
octobre 1860, le gouvernement a voulu
reconnaître de nouveau les services du
digne professeur, en relevant au rang
d'Officier de l'Ordre Léopold.
Son âge lui faisant désirer le repos,
M. Dupont manifesta officiellement le
désir de prendre sa retraite : elle lui
fut accordée par arrêté royal du 27
septembre 1866 ; mais le ministre
n'ayant pas été en mesure de pourvoir
à son remplacement avant la fin des
vacances, fit appel au dévouement du
professeur émérite, et celui-ci reprit
immédiatement son cours, qu'il con-
tinua jusqu'à la fin de l'année acadé-
mique 1866-1867.
Doyen de l'Université et le dernier
survivant, à Liège ( * ), de l'ancien corps
professoral, M. Dupont s'est retiré du
service actif après 45 ans et A mois
d'enseignement académique, et quel-
ques mois avant d'avoir atteint l'ex-
trême limite fixée par la loi, dans le
cas où l'émérltat est réclamé en raison
de rage, indépendamment du nombre
d'années de service. L'estime et l'affec-
tion sincères de tous ses collègues, le
respect et les sympathies de ses an-
ciens élèves, dispersés sur toute la
surface de la Belgique, l'ont suivi dans
sa retraite : témoignage kii en a été
hautement et unanimement rendu lors
de la célébration du cinquantième an-
niversaire ; les hommes les plus dis-
tingués du pays, de tout rang et de tout
âge, se pressaient autour du vénérable
maître, lui tendaient une main cordiale
et se plaisaient à évoquer ses souve-
nirs ; lui, rayonnant et retrouvant la
verdeur de sa jeunesse, ne cessait de
répéter qu'il n'eût pu espérer un plus
digne couronnement de sa carrière.
M. Dupont a publié :
{^ DUtqumliones in CommeiitariurnlV
Institutionum Gaji, rccenierrepertarum,
Lugduni Batavorum (Leodii), 1822, in-
8". (Mémoire couronné).
Cet ouvrage a dgalemeot paru dans les
Amialet Academiœ Leodiensis. — A la liste
des auteurs qui en ont tiré profit, nous
devons ajouter J. D. Fuss (v. ce nom), qui
le cite fréquemment dans ses Antiquitii ro-
maine» et rectifie, d'après les idées de M. Do-
pont, plusieurs opinions accréditées.
2^ Deprœscriptionibus. Leodii, 1823,
in-4<' (Thèse inaugurale).
3° Discours et notices, dans les An-
nales den Universités de Belgique.
Ri-n»t (Lambert-Joseph-Henri) iia-
quit à Aubel le 7 octobre 1798, fil ses
premières études au foyer domestique,
sous la direction d'un prêtre du voisi-
nage, puis accompagna ses firères Ul-
ric et Antoine à Bruxelles, où les ap-
pelait le digne Jean-Gérard-Joseph .
leur aîné, devenu le second père de
toute la jeune fn mille. Il acheva ses
humanités au Lycée impérial ;au sortir de
la classe de rhétorique, tenue alors par
Lesbroussart, père de son futur col-
lègue à l'Université de Liège, il se fit
inscrire à l'Ecole de droit, dont il fut
bientôt regardé comme l'un des meil-
leurs élèves. Le 24 juin 1817, il subit
avec la plus grande distinction son pre-
( ' ) Programme arrêté le 4 avril 1845, et (*) M. Van Rees est i*entrë depats long*
déposé aux archives de la Faculté de droit le temps on Hollande (v. sa notice).
SI da même mois.
657
ERN
6S8
mier examen de bachelier ('), et obtint
un diplôme conçu dans les termes
les plus flatteurs. Peu de temps après,
rinstitution des Universités de l'Etat
ayant amené la suppression de la Fa-
culté de droit de Bruxelles, une chaire
de droit fut résen'ée à Emsl aîné qui ,
désirant se rapprocher de sa famille,
opta pour Liège, où il emmena ses
frères avec lui. M. Lambert Ernst re-
commença ses études conformément au
nouveau programme (*) , passa de
brillants examens et défendit sa thèse
avec grande distinction^ le 6 août 1819.
11 avait choisi pour sujet, en droit civil,
les droits et les obligations des époux
4'ommuns ; il posa en outre une impor-
tante question de droit criminel : le
droit, pour le prêtre, de non-révélation
d'un crime qui ne serait venu à sa con-
naissance que sous le sceau du secret
de la confession. A raison de Tintérét
plus qu'ordinaire qui devait s'attacher
au débat de ce dernier point, le réci-
piendaire fut autorisé, par faveur toute
spéciale, à formuler son argumentation
en français, dans la discussion pu-
blique ; il en résulta une séance des
plus animées, qui contribua sans au-
cun doute ù faire ressortir les incon-
vénients et rinutilité des entraves du
latin académique (').
Le diplôme de docteur ne mentionnant
à cette époque aucune distinction de
pade, le doyen de la Faculté de droit
(Destriveaux) se plut à délivrer à M. L.
Emst une attestation constatant que ,
dans la défense publique de sa thèse ,
ce Jeune homme avait montré « une
» force de raisonnement et une étendue
» de connaissances que Ton pourrait
9 admirer, même dans un juriscx)nsulle
» formé par de longs travaux. « Jouis-
sant personnellement d*une considéra-
tion méritée , encouragé ainsi par ses
anciens maîtres , qui n'estimaient pas
moins son caractère que son talent, M. L.
Ernst pouvait se promettre une belle
carrière. Il ne songeait pas alors à l'en-
seignement, bien qu'il pût, non moins
que ses frères, avoir foi dans son ap-
titude, comme la suite le démontra. Ses
études trop assidues ayant compromis
sa santé, il se retira quelque temps à
Aubel, où il pratiqua un peu devant les
justices de paix. Enfin, le 17 janvier
1824, il fut nommé substitut du procu-
reur du Roi à Namur, et de fait il de-
vint premier substitut, le Gouverne-
ment ne pourvoyant pas à l'autre place
vacante. Il remplit en outre en cette
ville, avant 1850, plusieurs mandats
gratuits : nous trouvons son nom par-
mi ceux des membres de la Com-
mission de surveillance de l'Athénée
(*), sur la liste des membres du Con-
seil d'inspection et de surveillance
du dépôt de mendicité (3 mars 1829);
le 6 octobre 1828, il fut appelé à exer-
cer les fonctions d'auditeur près la
garde communale, alors que tout était
à organiser. — Il resta étranger à la ré-
volution : sa nomination de premier
substitut fut simplement confirmée par
le gouvernement provisoire. En 1832
(*), il eût pu venir à Liège en la même
qualité: il refusa, ne voulant quitter
Namur que pour un poste supérieur ;
enfin, le 29 juin 1834, un arrêté royal
l'appela dans cette dernière résidence,
comme substitut du procureur-géné-
ral. Le 8 juin 1835, il reçut du roi une
marque toute particulière a de confiance
et d'estime » (*) : il fut nommé com-
missaire royal pour administrer, de
commun accord avec le commissaire
du roi de Prusse, la partie restée neutre
(') du territoire de Moresnet : haute
(* ) A Braxelles, avant d'obtenir le grade
de docteur en droit, il fallait sabir quatre
ezamens : les deux premiers roulaient sur
les parties respectivement enseignées du
droit civil et du droit romain; le troisième,
sur l'ensemble du droit civil ; le quatrième
enfin, sur Fensemble du droit romain. Puis
venait la défense d'une thèse.
(') L'examen subi à Bruxelles ne put être
pris en considération.
(') La thèsede M. L. Ernst a été imprimée
à Liège, chez CoUardin, sous le titre : De
juribui et obligationibms legalis interconjuge»
communionù secundum jus civile hodiernum,
adJHnciâ de jure criminali noviësimo quces'
tioue (1819, in-4o de 4S pages).
( * )Sa démission fut acceptée lel Bmai 1 833.
( * ) Lors de la promulgation d'une nouvelle
organisation judiciaire (4 décembre).
( * ) Ce sont les propres termes de la dé-
pêche ministérielle du M juin.
(^} En vertu du traité des limites conclu.
«ol»
FAS
660
mission, qui lui conférait le droit de
correspondre directement avec chacun
des minisires, dans le cercle de leurs
attributions respectives, et qui du reste
fut entièrement gratuite. Son frère aîné
ayant accepté une chaire à FUniver-
sité catholique de Louvain le 15 juillet
suivant, et les Universités de TEtal
allant être réorganisées, on lui proposa
d'entrer dans renseignement supérieur.
Longtemps il hésita ; cédant enfln à
des insistances réitérées, il quitta la
Cour pour FUniversité de Liège, où il
fut chargé des cours de droit civil élé-
mentaire et de droit naturel (5 décem-
bre). Aussitôt cette nomination connue,
une forte cabale s'organisa : on voulait
protester contre le départ de son frère
aine. Ne sachant rien des dispositions
peu bienveillantes de son auditoire, il
ouvrit son cours au Jour flxéet recueil-
lit d'unanimes applaudissements : une
quarantaine d'élèves, à la sortie de la
leçon, coururent se faire inscrire. Il se
montra digne de ses frères : c'est assez
dire. Un enseignement nourri et con-
densé, multa pauds, une grande puis-
sance de synthèse et une habileté non
moins remarquable dans l'art de dissé-
quer et d'élucider les textes, telles sont
les qualités dominantes que ses anciens
élèves s'accordent à lui reconnaître.
Sa faible santé résistant difficilement à
une double fatigue, il obtint, le 13 Juil-
let i857, décharge du cours de droit
naturel. Le 28 aotït 18')9, il donna sa
démission pour rejoindre une troisième
fois ses frères chéris : depuis cette
époque, il remplit à l'Université de
Louvain les fonctions qui lui avaient
été confiées à Liège (*). En renonçant
à servir l'Etat, M. S. Ernst a considéré
comme un devoir de délicatesse: i" de
renoncer aux fonctions de Commissaire
du terriloîre neutre; 2** de prier le Sé-
nat, qui l'avait désigné (29 décembre
1855) comme membre du jury d'exa-
men pour le doctorat en droit (confor-
mément à la loi du 27 sept.), de choisir
un autre représentant de l'Université
de Liège ; S"* de se retirer du Conseil
provincial de Liège, où les électeurs
du canton d'Aubel l'avaient envoyé sié-
ger, presque à l'unanimité, le 29 sep-
tembre 1856, et de rechef le 28 mai
1858 (*). — Nous trouvons dans le
Journal de Bruxelles du 25 août 1847
une lettre de M. L. Ernst, écrite à 1*oc-
casion d'un rapport au Sénat français
sur la peine de mort; dans ce docu-
ment, M. de La Guéronnière prétend
que l'échafaud, pratiquement abattu de
1850 à 1854, s'est relevé sous le mi-
nislère d'Ant. Ernst. M. L. Ernst fait
remarquer qu'il y a erreur complète
dans les renseignements recueillis par
l'honorable rapporteur, quant au mou-
vement de la statistique criminelle, et
déclare souverainement injuste le re-
proche adressé au Ministre de fa Jus-
tice de 1855 d'avoir rétabli la peine
de mort sans nécessité, mesure qui eût
mérité, dit-il, la qualification « d'inhu-
maine et absurde inconséquence » (v.
l'art. Ant. Ernst).
Paaiftlii (DlEUDONMÉ-ÉDOL'ARI)) , Ué à
Liège en 1798, s'est voué de très-bonne
heure à la carrière de l'enseignement.
Il quitta en 1819 la chaire de troisième
latine du Collège de Namur, pour venir
prendre ses grades à l'Université de
sa ville natale. Promu au grade de
docteur en philosophie magnà cum
lande (sa dissertation inaugurale est
intitulée : De republica Achetorum),
il passa en 1826 au collège de Ruré-
monde, avec le titre de professeur de
poésie latine. Il s'y trouva dans une
situation assez difficile, ne parlant pas
le flamand, et ayant affaire à des élèves
qui pour la plupart ne savaient pas un
mot de français. Force lui fut de se
servir de la langue latine; mais ici
nouvel obstacle : on n'était guère en
état de le comprendre. Ses dégoûts de-
vinrent insurmontables : il donna sa
démission et alla professer dans di-
vers établissements privés Jusqu'en
le 26 juin 1816,60 tre le gouveroemeot prus-
sien et celai des Pays-Bas.
( * ) Le Dom de H. L. Ernst figure encore
au programme de l'Université catholique :
defiiit, il y a plusieurs aonéesqu'il n'ait paru
en chaire
(*) Il siégea au bureau, pendant toutes ces
sessions, en quaUtë de premier secrétaire.
6iH
FRA
662
f82S, époque où il entra au Collège
royal de Liège, depuis Collège commu-
nal et finalement Athénée royal. Il y
resta jnsqn^en i86i : il fut alors mis
en disponibilité, puis admis à la pen-
sion. Jusqu'en 4850, il avait occupé la
chaire de 4* latine : de profondes mo-
difications ayant été introduites au
Collège communal après la révolution,
on confia à M. Fassin les cours d'his-
toire et de géographie ; il fut également
chargé, plus tard, de donner aux élèves
des notions d'économie politique et
d'astronomie. Lorsque la toi du i*'
juin 1850 sur l'instruction moyenne fut
mise en vigueur, M. Fassin obtint la
chaire de poésie latine; il remplaça M.
Prinz comme professeur de rhéto-
rique, lorsque ce dernier fut appelé à
diriger l'Ecole normale des humanités,
annexée à l'Université de Liège.
Le nom de M. Fassin doit trouver
place ici à plus d'un titre. La Faculté
de philosophie de l'Université de Liège
ayant été supprimée par arrêté du gou-
vernement provisoire du 16 décembre
1830, deux professeurs, Gall et Rouillé,
furent déclarés èmèrites ; deux autres,
Fnss et Denzinger, mis en non-activité.
Cependant il fallait pourvoir aux be-
soins les plus pressants : un nouvel
arrêté (30 décembre) autorisa donc les
professeurs de la Faculté supprimée,
présents dans la ville en assez grand
nombre pour constituer un Jury d'exa-
men, à se réunir pour examiner les
étudiants des années scolaires précé-
dentes, qui auraient déjà rempli les
conditions requises à cet effet, et^dé-
clara valables les diplômes de candi -
daU délivrés par les dits professeurs.
Non seulement ce jury provisoire entra
en fonctions, mais la force des choses
amena la création d'une Faculté libre.
M. Fassin, sans abandonner sa chaire
du Collège, y entra conjointement avec
Rouillé, Fuss, Gall, Ch. de Chénedollé
et 11. Wûrth. Pendant près de cinq ans,
jusqu'à la réorganisation du 27 sep-
tembre 1835, ils enseignèrent dans ces
conditions et signèrent des diplômes.
Le gouvernement se souvint plus tard
des senices de M. Fassin, en le nom-
mant agrégé à l'Université de Liège
(i845). Il y reparut en chaire, avec la
mission de faire un cours d'histoire an-
cienne, concurremment avec M. Wurth,
professeur titulaire : mais cet état de
choses ne dura pas longtemps, le mi-
nistre de l'intérieur (M. Ch. Rogier)
n'ayant pas tardé à reconnaître que le
système de concurrence n'est pas d'une
application aussi facile en Belgique
qu'en Allemagne. — M. Fassin a été
appelé, plusieurs années de suite, k
siéger au jury central de philosophie
et lettres, à Bruxelles; il a également
fait partie du jury délivrant le diplôme
de professeur agrégé de l'enseignement
moyen du degré supérieur. Comme
professeur de rhétorique dans un athé-
née royal, il a été appelé à prendre
place à son tour, conformément à la
loi, dans le Conseil de perfectionnement
de l'instruction moyenne. En 1866, il a
été nommé membre du bureau admi-
nistratif de l'Âthénée royal de Liège.
De 1858 k 18G7, il a représenté les
électeurs liégeois au Conseil commu-
nal. — Â part sa dissertation, M. Fas-
sin n'a rien publié. On doit regretter
qu'il n'ait. pas jusqu'ici donné suite à
son projet de mettre au jour un traité
sur la prononciation et l'accentuation
grecque, travail approfondi auquel fl a
consacré plusieurs années de sa vie.
n-MnkInet (JaCQ-J0SEPH-ChAR13S),
0. ^, né à Liège le 28 août 1786, fit
ses humanités dans sa ville natale, sous
des maîtres particuliers. De 1808 à
1815, il fréquenta les cours de l'Ecole
de médecine de Paris, où ses progrès
attirèrent à ce point l'attention de Laudre
Reauvais, que ce maître éminent es-
saya de le décider à se fixer auprès de
lui. L'amour filial parla plus haut que
les convenances personnelles : M.Fran-
kinet ne put se résoudre k vivre loin de
sa mère. Le professeur parisien re-
gretta vivement une résolution qu'il ne
pouvait se défendre d'approuver; ils se
séparèrent également émus, l'élève em-
portant, avec l'estime de^on maître,
le souvenir des honorables paroles par
lesquelles celui-ci lui prédisait un bril-
lant avenir. De retour à Liège en 1815,
M. Frankinet s'attacha au docteur De-
jaeret trouva bientôt l'occasion d'uii-
663
FRA
664
User ses talents et son zèle, en prodi-
guant ses soins aux malheureux atteints
d'une épidémie qui décimait alors la
population de cette ville. Il faillit être
lui-même victime du fléau ; pendant
quelque temps, sa famille et ses amis
conçurent des craintes sérieuses. Enûn
il put se remettre k Tétude et partir pour
Leyde, où il se flt recevoir docteur en mé-
decine, le 16 septembre i816.Âprès un
nouveau séjour de deux ans à Paris, il
rentra définitivement dans son pays, où
sa prudence, son habileté et son dé-
vouement lui firent une réputation pré-
coce. Dès 1849, les administrateurs
des Hospices civils de Liège le char-
gèrent de suppléer, gratuitement, le doc-
leurN.-J.-A Ânsiaux (v.Tart. N.-G.-A.-
J. Ansiaux, note 4), médecin des hôpi-
taux, alors octogénaire ; bientôt il fut
chargé, par intérim, du service de Fhô-
pital de Bavière, dont le titulaire était
le docteur Dupont, valétudinaire de-
puis un certain temps. Ânsiaux étant
venu à mourir en avril 1825, M. Fran-
kinet le remplaça définitivement pour
THospice des femmes incurables et ce-
lui des filles orphelines ; enfin, en 1 833,
la mort du médecin en chef de Bavière
mit rintérimaire en possession du titre
vacant : il dirige encore aujourd'hui le
service médical de cette institution, sans
que son activité se soit ralentie pen-
dant plus d'un tiers de siècle.
En 1835, lors de la réorganisation
universitaire, le gouvernement fit appel
aux lumières de M. Frankinet, qui re-
çut le titre de professeur ordinaire et
la mission d'enseigner la pathologie
médicale, précédemment confié au doc-
teur D. Sauveur (v. ce nom). Par suite
d'un remaniement de cours, il fut en-
suite désigné pour faire les leçons de
clinique médicale, fonctions laissées
vacantes par Comhaire (v. ce nom). Fi-
dèle à la doctrine physiologique, alors
en grande vogue, il a continué pendant
de longues années, k en transmettre
les traditions à ses élèves, avec la
double autorité du savoir et de l'expé-
rience, et sous le contrôle incessant
d'une sérieuse observation des faits.
Il a également rendu des senices à
l'Université, en se chargeant, en sus de
ses occupations principales, d'abord
du cours d'hygiène, puis du cours des
maladies nerveuses, jusqu'au momentoù
son âge lui a donné droit à l'éméritat.
L'arrêté royal qui le déclare professeur
émérite est daté du 15 septembre 1856.
Le même jour, M. Frankinet recevait la
croix d'officier de l'ordre de Léopold;
il était chevalier depuis 1846. Cette
dernière, ou plutôt c^tte première dis-
tinction, avait été obtenue dans des cir-
constances qui méritent d'être rappe-
lées. A deux reprises différentes, le 25
fév. 1857 et le 30 janv. 1839, la santé de
l'un des princes ayant inspiré des in-
quiétudes, M. Frankinet avait été ap-
pelé à la Cour comme médecin consul-
tant La première fois, le roi avait en-
voyé un témoignage de satisfaction per-
sonnelle ( ' ) ; quand il eut achevé de se
montrer digne de l'auguste confiance
dont il était l'objet, l'Ordre national
vint décorer sa poitrine. A bien des
titres , au reste , M. Frankinet avait
droit à une consécration publique de
son mérite : il jouissait depuis long-
temps, à Liège, dans tous[les domaines
où s'exerçait son activité, d'une consi-
dération justement acquise. Bientôt il
ne se contenta plus de soulager physi-
quement et moralement ses malades: mé-
decin des Hospices, Il résolut d'y laisser
des traces durables de son zèle pourUha-
manité souffrante. Appelé dans l'humble
demeure du pauvre pour secourir des
enfants malades, il reconnut l'impossi-
bilité d'abandonner, dans des habita-
tions malsaines, l'application de la mé-
dication à des mains inhabiles. 11 voulut
fournir à ces jeunes êtres un asile sa-
tubre,où des soins intelligents leur se-
raient donnés. On lui doit la fondation,
à l'hôpital de Bavière, d^s premiers lits
réservés à V enfance »(•).— M. Franki-
net a payé de sa personne dans tous les
moments difficiles. Lorsque le choléra
sévit à Liégè en 1849, il fut des pre-
miers, comme dans sa jeunesse, à affron-
( ^ ) Une tabatière en or aa chiffre royal
enrichi de diamants.
(*) Discours de H. N. Ansiaux, cité ci-
après. — Ce travail nous a fourni plusieurs»
renseignements utiles.
665
6L0
666
ter le daoger; en 1866, ii ne se montra
pas moins ardeni à l'œuvre : il s'offrit
de nouveau pour diriger un service spé-
cial. Le gouvernement lui envoya, la
première fois, une récompense natio-
nale ; la seconde fois, ses services lui
valurent la Croix de première classe.
Mais en celte môme année 186G, comme
sa 50* année d'exercice ou de pratique
de la médecine venait de s'accomplir, le
corps médical et le corps pharmaceu-
tique de la province se réunirent pour
lui décerner une récompense plus rare
et plus touchante. Une Commission fut
formée de MM. Spring (v. ce nom), Put-
zeys, Wasseige père, Bihet (de Huy)et
Simon (de Verviers),sous la présidence
de M. N. Ansiaux (v. ce nom). Le 27
Juin 1867, k la Salle académique de
rUniversité, M. Ansiaux porta la parole
et rappela, dans un langage qui émut
les nombreux assistants, les titres de
l'honorable Jubilaire à la reconnaissance
publique. Alors un voile tomba, et les
applaudissements redoublèrent quand
on reconnut, fidèlement et fièrement
taillé i dans le marbre, les traits du
maître et du collègue vénéré. Le beau
buste qui fut remis à cette occasion à
M. Franklnet est dû au ciseau de M.
Nopius , de Liège , Jeune sculpteur d'a-
venir; les médecins et les pharmaciens
qui avaientcoopéréà cette manifestation
voulnrentégalement que le procès-verbal
de leur décision, accompagné de la liste
de leurs noms, fût calligraphié avec un
grand luxe, à l'instar des riches manu-
scrits du moyen-âge, et remis solennel-
lement au héros de la fête ( ' ). M. Fran-
klnet trouva quelques paroles profon-
dément senties, pour dire qu'il n'osait
se croire digne d'un tel honneur : mais
il fut seul de son avis.
M. le docteur Frankinet a rempli dif-
férentes missions en dehors de l'Uni-
versité ; c'est ainsi qu'en i845, il a été
nommé inspecteur des eaux minérales
de Spa. Il est membre correspondant
de la Société médico-chirurgicale de
Berlin depuis 1840; le 49 septembre
de l'année suivante , il a été nommé
membre titulaire de rAcâdémie royale
de médecine de Belgique; en 1845, il
a reçu le diplôme de membre de la So-
ciété physico-médicale d'Erlangen, et
en 1845, celui de membre effectif delà
Société de médecine de Liège. En 1843,
il a présidé le Comité des sciences de
la Société d'Emulation de Liège, dont
il fait partie depuis 1820. — Le regret-
table Wilmart (v. ce nom) était gendre
de M. Frankinet.
Gloesetiei* (MiCHEL), 0. ^ , né à
Haut-Charage (C'-Duché de Luxem-
bourg) le 4 mars 1794 (•), compte au-
jourd'hui (1S69) quarante-cinq années
de services dans l'enseignement supé-
rieur. Du droit que lui ont conféré ses
services, il jouit de Votium cum digni-
taie; mais il estémérite plutôt nomina-
lement qu'en réalité , puisque son nom
figure encore au programme de l'Uni-
versité de Liège, pour le cours de phy-
sique mathématique. Indefeasus agendo : '
cette expression d'Ovide s'applique ici
à la lettre. Non-soulement M.GIoesener
est resté fidèle à ses habitudes de pro-
fesseur, mais il poursuit plus active-
ment que jamais, avec une ardeur toute
juvénile, les études spéciales qui lui
ont fait un nom dans l'histoire de la
science. Son infatigable persévérance
est comparable à celle d'André Du-
monl; et il est assez piquant de noter,
en passant , que le premier grand
triomphe de l'un et de l'autre a été cé-
lébré dans la même fête (v. l'art. Du-
mont). Les études de M. Gloesener ont
été plus étendues et plus variées que
celles de son éminent collègue ; mais
tous deux ont eu le bonheur, dès leur
première jeunesse, de reconnaître clai-
rement leur véritable aptitude, et assez
d'énergie pour s'appliquer, de plus en
plus exclusivement, à un seul ordre de
recherches et d'expériences. C'est ainsi
qu'on parvient à creuser un profond
sillon dans le champ du savoir humain,
(*) Cette page remarquable a été dessinée
et écrite par M. FlorenviUe, aussi de Liège.
(') La famille Gloesener est originaire
d'Autriche ou, plus exactement, de Bohème;
lun de ses membres paraît être resté dans
le Luxembourg à ta suite des guerres qui ont
suivi Tavénement de la maison de Gorlitz
(Aitg, Europ. Wappenbueh, Tti. III, fol. 73.
Nuremberg, 1496).
667
GLO
668
surtout dans le domaine de Tétude de
la nature ; mais il est diflirile, en pareil
cas . pour ne pas dire impossible , de
s'abandonner aux douceurs du repos ,
parce que rien n'alimente la curiosité
plus sûrement que les découvertes.
Sa première éducation terminée, le
jeune Michel tut confié aux doctes soins
de Tabbé Rodesch, ancien professeur au
Collège de St-Hubf rt. Un an plus tard,
il entra au Collège im|)érial de Luxem-
bourg. Admis le premier, il garda son
rang de classe en classe : la dernière
année , il reçut le titre de conférencier,
qui impliquait la mission de diriger les
études des élèves en poésie. — L'occu-
pation de la ville et du Grand-Duché de
Luxembourg par les alliés eut pour con-
séquence la fermeture momentanée des
écoles. En 1816, notre étudiant partit
pour Metz, où il s'appliqua particuliè-
rement aux mathématiques, sous le
professeur Lesage ; de là, nous le ren-
controns au Gymnase de Trêves, con-
tinuant à sMnitier aux sciences, s'or^u-
pant déjà de physique et suivant inci-
demment un cours de théologie. Enfin
il franchit, en i8I8, le seuil de l'Uni-
versité de Lié^e. Tout en se préparant
à conquérir le diplôme, alors très-ra-
rement recherché (*), de Matheseos
magifttcr et Phil. naturalis doctor, il
prit part chaque année au concours uni-
versitaire et remporta, coup sur coup,
trois médailles d'or , trois victoires
dans autant de sciences différentes,
comme Ch. Morren D'abord il traita une
question d algèbre; puis la botanique eut
son tour,puis la chimie. La quatrièmean-
née (18âi-18ââ), on posa une question
de physique ; il eut occasion d'aborder
la théorie de rêlectro-magnétisme, qui
commença dès lors à devenir sa préoc-
cupation dominante. La majorité du jury
lui vola la médaille; néanmoins elle ne
lui fut pas décernée, par égard, paraît-il,
pour le professeur Vanderheyden (v. ce
nom), qui avait cru voir on acte d'hos-
tilité dans le fait que le concurrent avait
défendu une opinion opposée à la sienne
('). Rien n'était plus loin de la pensée
et du caractère de M. Gloeseoer que
de donner aux étudiants l'exemple de
l'insubordination : en matière scienti-
fique, après tout, quand on croit avoir
la main pleine de vérités, il est bien
permis de l'ouvrir. Autant vaudrait re-
procher à Galilée le cri de sa con-
science : E pur si muove ! M. Gloese-
ner ne fut pas médaillé celte fois;
mais II persista dans sa manière de
voir, comme l'atteste sa dissertation
inaug:urale pour le doctorat en sciences
(25 février 1825), où il soutint brillam-
ment les idées d'Ampère('). Les encou-
ragements qu'il reçut plus tard de l'il-
lustre savant français le consolèrent de
sa déconvenue, et il ne tarda pas à voir
les théories dont il s'était fait le cham-
pion obtenir le droit de bourgeoisie
dans la cité des savants.
Dès cette époque, M. Gloesener avait
manifesté le désir d'embrasser la car-
rière de l'enseignement. Sa famille n'é-
tait pas favorable à ce projet ; il résolut
de se suffire à lui-même. Il renonça
spontanément à toucher les revenus
qui lui étaient déjà dûs et y suppléa en
donnant des leçons de mathématiques
et en traduisant des thèses en latin,
langue qui lui était très-familière. Un
ecclésiastique de mérite,en même temps
son oncle et son parrain, l'encouragea
dans ses travaux et ne l'en estima que
davantage, pour s'être imposé une vie
austère. Le recteur de l'Université lui
offrit une bourse d'études : il répondit
fièrement qu'il n'en avait pas besoin.
Pour la lui faire accepter, on dut lai
persuader qu'il y avait droit à raison
des distinctions qu'il avait obtenues.
Les circonstances le mirent en rapport
avec des familles influentes : jamais il
ne chercha à profiter de ses relations
(*) De 1817 à 1830, il n'est sorti defUni-
versitëde Liège que sept docteurs en sciences
physiques et malhémaliques : MM. Martens
nSât). Gloesener it823;, D. Leclercq, Pla-
teau, Valerius, Brasseur (i8!29; et Jacque-
myns (i830).
(*) Vandcrtieyden s'était expliqué sur Vé-
lectro-magDétisme dans un Mémoire publié
en 4822 par Ducrolay de Blain ville. — Le
Mémoire de M. Gloesener sera prochainement
traduit et publié.
(*) Ik identitaie fluidi electrici ei magne-
lici, deducta ex iheorià à clarissimo Ampère
proposiiâ, Liège, Collardin, 4823, in- 4».
669
GLO
670
pour lui-même; en revanche, ses con-
disciples moins heureux eurent à se
louer, en plus d'une occasion, de son
obligeance et de sa générosité (v. Tart.
Meyer).
Avant de subir son dernier examen,
il était allé passer quelque temps à
Utrecht. N'y trouvant pas les ressources
scientiQques sur lesquelles il avait
«'ompté, il revint se faire diplômer,puis
partit pour Paris, emportant la certi-
tude d*entrer, ù son retour, dans les
cadres de renseignement supérieur (*).
M. Gloesener suivit pendant deux ans
les cours de Lacroix, de Lefèvre, de
Thénard et de Biot au Collège de
France ; à la Sorbonnc, il entendit Gay-
Lassac, Pouiilel, Dulong, Dinet, Cau-
chy. Hachette, Francœur, et encore
Lacroix, Thénard et Biot ; au Conserva-
toire des arts et métiers, il fut Télève
de Dupin.de Clément et de Say; enfin,
d'Arago, à l'Observatoire (•). Incidem-
ment, il fréquenta même des cours
étrangers à ses études spéciales : au
Jardin des Plantes, il alla écouter Du-
méril, Brongniart, Chevreul et Cordier ;
Orfila et llargelin, à TEcole de méde-
cine : on le vit même assister plusieurs
fois, à l'hôpital, à la clinique de Dupuy-
iren. Les belles-lettres n'étaient pas
oubliées : c'était pour lui une fête de
courir k la Sorbonne se suspendre aux
lèvres éloquentes des Andrieux, des
ViUemain ou des Guizot.
Les étrangers n'étaient pas admis
aux cours de TEcole polytechnique, où
enseignait Ampère; mais M. Gloesener
eut la bonne fortune d'être présenté, par
Hachette, à celui des savants français
qu'il tenait le plus à connaître. Ampère
reçut le jeune homme avec beaucoup
de distinction , se montra enchanté de
sa thèse de doctorat, lui prêta des in-
struments etdes piles pour faire des ex-
périences, et donna son approbation à
deux Mémoires soumis par M. Gloese-
ner à l'Académie de Bruxelles (').
Dès 18âl,la chaire de mathématiques
supérieures et de physique au Collège
royal de Bruges lui avait été offerte, avec
un traitement de i500 florins dcsP.-B.,
plus un casuel ; mais alors ses études
n'étaient pas terminées, et comme il ne
recherchait point l'enseignement pour
les avantages matériels qu'il pourrait
en retirer immédiatement, il refusa.
Aut Cœsar, aut nihiL Ce qu'il appelait de
tous ses vœux, c'était le droit de monter
dans une chaire académique. Le Gou-
vernement tint promesse : M. Gloese-
ner fut nommé, le 6 octobre i8â4, lec-
teur à la Faculté des sciences de l'Uni-
versité de Louvain, chargé des cours
d'astronomie (^) et de mécanique ana-
lytique ("). Il accepta ensuite (28 sept.
1825) une chaire au Collège philosch
phiqtte (Introduction aux sciences natu-
turelles) et la conserva jusqu'à la sup-
pression de l'établissement (1850) :
sa nomination définitive ù l'Université,
comme professeur extraordinaire, date
du 4 octobre 1825- On lui fit une posi-
tion exceptionnelle, en lui accordant
les droits et les privilèges attachés à
l'ordinariat (•); il eut mission d'en-
seigner la physique mathématique (M
et une partie de la physique expérimen-
tale ('). Son discours inaugural : De
verà scUntias physkas excolendi me-
thodo et vero illarum studii fine, fut pro-
noncé le 26 janvier 182G, en séance
solennelle de la Faculté, selon Tusage.
On peut qualifier d'héroïque la con-
f ' ) Le Ministre le lai promit par écrit, en
regrettant qa'il n'y eût point de fonds des-
tinés à envoyer les jeunes gens d'avenir se
perfectionner à l'étranger. A propos des titres
de M. Gloesener, il ajoutait : <> J*ai rarement
vu d*aussi briUanis certificats. »
( * ) M. Gloesener eut ensuite avec Arago
des relations personnelles , qui durèrent
aussi longtemps que la vie de l'ëminent as-
tronome.
(*) Ses études sur Tëlectro-magnétisme
furent également, en 1823, approuvées par
(^rsted (v. ci-après la lUbliogr., n» 4).
(*) 11 a fait gratuitement ce cours pendant
23 ans.
{ • ) Pour le prof. Goebel.
{ *] A cette époque, les professeurs ordi-
naires faisaient seuls partie du Sénat acadé-
mique. — V. l'art DuPOHT.
( ^ ) 11 n'a pas cessé de faire ce cours, soit
k Louvain, soit à Liège, depuis i835 jusqu'à
l'heure où nous écrivons.
(') Il succéda à Sentelel, qui ne se retira
définitivement qu'en 18!28. M. Gloesener lui
laissa la jouissance de I habitation à laquelle
avait dro t le professeur de physique.
I
671
GLO
672
duUe que tint M. Gloesener en 1830,
dansune circonstance dont les historiens
de la révolution belge n*ont consacré
le souvenir que la rougeur au front.
La maison du commandant de Louvain,
voisine de la sienne, fut envahie et pil-
lée par la populace en furie. M. et M"*
Gloesener osèrent recueillir M"* Gail-
lard, avec son argenterie et tout ce
qu*elle parvînt b sauver, même les mi-
nutes des ordres du gouvcmemeni des
Pays-Bas. On sait qu'une troupe de for-
cenés s'emparèrent de la personne du
malheureux major, et qu'ils inventèrent
des tortures pour le martyriser lente-
ment jusqu'il la mort. L'horrihie nou-
velle de cet acte de cannibalisme par-
vint h BI. Gloesener avant que M™*
Gaillard en fût informée .elle se trouvait
alors chez une de ses amies. Ne rencon-
trai que dos autorités hésitantes et
voyant la révolution triompher, notre
professeur s'entendit avec le docteur
Baud, dont le courage civil fut aussi,
danc> toute cette affaire, au-dessus de
tout éloge : il fut convenu que Tinfor-
lunée retournerait i\ son pi»emier asile.
Il n'y avait pas un Instant à perdre : on
pouvait tout craindre de l'exaltation des
masses ; d'autre part, la difficulté était
de persuader M*"' Gaillard sans lui lais-
ser soupçonner la vérité. Ne voulant pas
compromettre M. Gloesener, qui vint
la chercher à la faveur de la nuit, elle
hésita longtemps à accepter : enfin elle
se décida, sur l'assurance qui lui fut
donnée qu'il s'agissait de la conduire
auprès de son mari, à Bruxelles, où (soi-
disant) on allait le juger. Ils se rendirent
effectivement en cette ville, où d'activés
démarches furent faites pour régler la
position de la veuve du major et ménager
son départ pour la France, son pays
natal. Nous laissons ^ penser de quelle
reconnaissance elle resta toute sa vie
pénétrée envers M. et M"* Gloesener;
ce sentiment aurait sans doute été par-
tagé à la cour de Hollande, si les détruis
que nous venons de rapporter y avaient
été connus. Mais il n'est que juste de
signaler au gouvernement belge hii-
même la conduite du sauveur de M**
Gaillard : c'est peut-être à son courage
et à sa présence d'esprit, que notre révo-
lution doit de ne s'être souillée que d'une
seule tache de sang.
Le 1G décembre 1830, M. Gloesener
fut maintenu dans sa qualité de profe.s-
seur extraordinaire, mais transféré à
l'Université de Liège. Le gouvernement
provi<ioire lui confia les cours de phy-
sique expérimentale, de physique appli-
quée k la vie domestique, ù la médecine
et aux arts (v. le Rapp. de M. Nothomb,
t. I, p. 690), d'astronomie physique
(populaire) et de physique mathéma-
tique. Après la mort de Gaêde, sur la
demande de la Faculté des sciences, il
consentit, non sans peine, à donner le
cours de minéralogie pendant Tannée
académique 1854-1835; seulement, ne
voulant à atiyi^un prix consener celte
nouvelle charge (')« il n'accepta point
la responsabilité du cabinet, dont les
clefs furent remises au lecteur Lesoinne
(v. ce nom). La résolution de M. Gloe-
sener au sujet de la minéralogie eut
pour conséquence d'ouvrir les portes de
l'Université à notre illustre Dumont ; à
ce titre, on ne saurait trop s*en applau-
dir. L'intelligence précoce d*Ândré Du-
mont avait fra|)pé M Gloesener, qui,
ayant entendu parler de lui, s'était em-
pressé de visiter et d'examiner ses col-
lections. Remarquant d'autre part sa
faiblesse en mathématiques, il l'avait
fait venir chez lui pour le présenter à
Lemaire (v. ce nom), et pour lui donner
le conseil d'aborder des études régu-
lières et de subir des examens. Le
voyage de TEifel dont il est question
ci-dessus (col. ^0) fut entrepris avec
Dumont parM.Gloesener,dans les condi-
tions les plus favorables. Les deux tou-
ristes se convenaient : ils rapportèrent
des trésors (*) et d'agréables souve-
nirs. M. Gloesener, dont les relations
étaient dès lors fort étendues, eulFoc-
casion de présenter son Jeune compa-
gnon d plusieurs hommes distingués :
(M L.6 cours de mioéralogie avait été un
instant confié à Davreux (v. ci-dessus, col.
lâO); mais la Faculté revint sur cet arran-
gement.
(*) Une partie de la collection formée
alors par M. Gloesener a été donnée, depuis,
à rétablissement des Joséphites de Nelle.
I
673
GLO
674
vers la fin de sa vie, Damont se plaisait
encore à raconter les épisodes de ces
belles journées.
M. Gloesener fut, avec Brasseur (v.
ce nom), Fun des premiers organisa-
teurs et le premier président de FAsso-
ciation qui devint, comme nous l'avons
dit(*), la Société royale des Sciences
de Liège ^ et qui remplaça Tancienne
Société des Sciences naturelles , fondée
en i822.
Le 1^ septembre i835, Tinspecteur-
général de rarlillerie fit offrir au pro-
fesseur de physique de Liège, par une
lettre des plus flatteuses, une chaire
(également de physique) à TÉcole d'ar-
tillerie créée par décision du 5 août
précédent. Le 5 décembre de la même
année, un arrêté royal régla de nou-
veau ses attributions à l'Université (par
suite de la réorganisation de l'ensei-
gnement supérieur) : physique mathé-
matique, physique expérimentale, as-
tronomie, mécanique céleste, physique
appliquée aux ails. La même année
encore, il fut nommé secrétaire du
Conseil académique. En i837, il obtint
Tordinariat ; il revêtit l'hermine recto-
rale en 4846-1847. Trois ans plus tard,
a le généreux acquiescement donné par
M. Gloesener à un partage du cours de
physique expérimcniale et de phy'si(}ue
mathématique, » dit M. Borgnet (*),
procura à M. Bêde tt les moyens de se
former à l'enseignement d'une science
qui compte aujourd'hui un fort petit
nnmbrt* de représentants. » En outre,
M. Gloesener céda entièrement à son
ancien élève le cours de physique in-
dustrielle (arr. minist. du iSnov. 1850).
Enfin, sur sa demande, le 7 janvier
1857, il fut autorisé à ne conserver que
le cours de physique mathématique (v.
l'art. Pérard).
En se réservant ainsi la libre dispo-
sition d'une plus grande partie de son
temps, M. Gloesener ne songeait en
aucune façon à prendre du repos.
Jamais, ce semble, il n'a été aussi actif,
aussi fécond que depuis qu'il a le droit
de ne plus l'être. Il faut du zèle à un
professeur ; il en faut plus encore, il
faut une persévérance infatigatUe à ce-
lui qui travaille à perfectionner les ap-
plications de la science, surtout si l'on
songe aux déboires de toute nature qui
sont, jusqu'à un moment parfois bien
tardif, le lot ordinaire des inventeurs.
La collaboration assidue de M. Gloe-
sener à divers recueils scientifiques (v.
ci-après), ses communications à l'Aca-
démie royale de Belgique attestent qu'il
s'est de plus en plus adonné,surtoutdans
c^s derniers temps , à des recherches
spéciales d'une utilité immédiate. Fidèle
aux prédilections de sa jeunesse, il a
entrepris des expériences délicates et
variées surréleciro-magnéiismeet a élé
graduellement amené à modifier, ou plu-
tôt à transformer le système des télé-
graphes, des chronographes et des hor-
loges électriques. Il s'appuie sur le
principe de la solidarité des attractions
et des répulsions simultanées et conspi-
rantes de deux électro-aimants sur les
deux pôles contraires d'une armature ou
palette aimantée; et réciproquement, de
deux |)ôles temporaires contraires sur
un seul pôle permaneilt, et de deux
pôles permanents sur un seul pôle tem-
poraire mobile ('). Ce principe, il a eu
l'honneur de le découvrir (dès 1857) et
de l'appliquer le premier. C est encore
lui qui a eu Thonneur d'avoir le premier
conçu, construit et décrit un télégraphe
à écrire fonctionnant avec renversement
du courant (^); malheureusement, il
n'est point parvenu à faire adopter son
{* ) Col. 80. — NouB avons omis de te-
nir compte, dans Tari. Brasseur^ de celte
période intermédiaire de 1835 à 18ii (date
de la publication du t. I des ilémoires de la
Soc, royale des sciences). Cette abstention
est aaaez naturelle : pendant ces sept années
la Société ne parait guère avoir eu qu'une
existence nominale. — En 1842, M. Gloe-
sener s'entendit avec Brasseur, MM. Lacor-
daire, Spring, deKoninck, etc., * pour lui
imprimer une activité nouvelle. — M. Gloese-
ner est aujourd'hui le seul membre fondateur
survivant de la Société de 1835.
(*) Discours de réouverture, 1851.
( * ) Traité général des applications de l'é*
lectriciié, t. I, p. 70.
(*) En revanche, la priorité de l'intro-
duction de ce système dans le service public
peut être revendiquée parle savant directeur
de la télégraphie à Londres, M. Varley, qui
a appliqué, en 1854 ou vers la fin de 1853
(longtemps après que M. Gloesener eut pris
t7
678
GLO
676
appareil en Belgique : on lui a répondu
qu*il fallait s'en tenip aux systèmes
adoptés dans les pays voisins avec les-
quels nous sommes en correspondance.
(*). En revanche,la disposition proposée
par M. Gloesener pour supprimer le res-
sort de rappel, dans les télégraphes avec
letlres,foncUonnedepuis 1851 surtoutes
les lignes des chemins de fer belges. On
lit dans le Cosmos du 17 novembre
1858 : « Ce ressort (le ressort à boudia
dans Tancien système) ne doit être ni
trop tendu ni trop lâche, et il faut que
son degré de tension soit en rapport
exact avec Tintensité sans cesse variable
du courant de la ligne. De là, la né-
cessité de régler souvent TappareiL et
cette nécessité est un inconvénient d'au-
tant plus grave que, pour rendre les
services qu'on en attend, le télégraphe
à cadran doit pouvoir être manié par
les mains les moins exercées, n — Il
fallait donc absolument supprimer le
ressort antagoniste, et c'est ce que M.
Gloesener a appris à M. Lippens (*) à
faire, en mettant à sa disposition (')
l'heureuse idée qu'il a eue le premier de
recourir à des renversements succes-
sifs de courants, en remplaçant l'ar-
mature enfer doux par une armature ai-
menlée. De cette manière, l'appareil est
toujours équilibré ; quelles que soient
les variations d'intensité du courant,
un effort sera toujours suivi d'un effort
égal, ou du moins efiScace, exercé en
sens contraire. Le principe posé par
M. Gloesener, qui caracl élise et diffé-
rentie les nouveaux appareils, a été
parfaitement appliqué par M. Lippens n
<^). Les idées de M. Gloesener ont
donc fait leur chemin; seulement, le vé-
ritable inventeur est resté dans l'om-
bre, en ce sens qu'il n'a retiré de ses
labeurs aucun avantage personnel (*).
Il ne s'est |)Oint découragé, alors même
que d'autres étaient obligés de se ser-
vir de son nom pour exploiter sa dé-
couverte. Il a fait publiquement appel
aux savants, et les savants lui ont
donné raison sur tous les points ; puis
il s*est remis noblement, naïvement
pour ainsi dire, à l'œuvre. Ses Recher-
cher sur la télégraphie électrique, pu-
bliées en 1853, ont eu un grand reten-
tissement ; l'édition en a été rapidement
épuisée. Une médaille d'honneur en or
(de i" classe), décernée à cet ouvrage
i^^fV Académie natUmale^n Paris, a été
pour l'auteur, sinon un dédommage-
ment, du moins un de ces sujets de sa-
tisfaction qui sont Inappréciables dans
certaines circonstances données (*).
On verra plus loin qu'il avait envoyé à
l'Académie belge mémoires sur mé-
moires : à mesure qu'il arrivait à un
résultat nouveau, il avait soin d'en faire
part à cette compagnie savante, afin
de s'assurer un droit de priorité; son
intention était de refondre le tout quand
son travail serait achevé. Il eut tort
peut-être de procéder ainsi, on du
moins il montra qu'il avait moins de
savoir-faire que de savoir : on ne lui
accorda pas même l'insertion de ses
notices dans les Bulletins de l'Acadé-
mie. Cependant tout n'était pas dit. Le
succès des fiecherches décida M. Gloe-
sener, d'ailleurs stimulé par l'approba-
date de ses découvertes), au télégraphe à
écrire de M. Morse, une disposition de son
inveniion pour écrire avec renversement du
courant alternativement en sens contraire
{Ibid,, p. 75). — Il n'est pas tiors de propos
de noter qu'en Angleterre, les lignes télé-
graphiques ne sont pas exploitées par le
Gouvernement.
( * ) Le service international n'en eût pas
souffert, une disposition spéciale de M. Gloe-
sener lui permettant de mettre son appa-
reil en concordance avec les télégraphes
à écrire de l'autre système.
(*} Constructeur d'instruments de phy-
sique à Bruxelles.
(') V. ci-après, bibliog., no ^i.
{*) tbid, , note. — Pour se faire une
juste idée de la part qui revient i ce dernier,
le lecteur devra recourir aux notes addition-
nelles insérées à la fin des Recherches {tfi
â1), p. 116 et suiv., et p. ftS, 53 et 58 du
dernier ouvrage de M. Gloesener (Bibliog.,
no 36).
(") La législation belge a voté plus de
16,000 frs. pour contribuer à la somme de
400,000 frs. accordés au professeur Morse
par les gouvernements qui emploient son
télégraphe il écrire ; les droits d'auteur de
M. Gloesener n'ont pas même été respectés.
(*} Cette nouvelle, apportée à Liège, va-
lut à M. Gloesener une ovation de la part des
étudiants.
677
GLO
678
tion de quelques membres de rinstilot
de France, à exposer à Paris, en i855,
quelques appareils de son invention. Il
s*y prit un peu tard ; mais les difiScullés
furent aplanies par Cb. de Brouckere,
le type et le modèle des présidents ( ' ),
et M. Raimbaud eut pour le savant belge
les égards les plus délicats. M. Gloe-
sener trouva donc place dans une
annexe du Palais de Tindustrie. Tou-
tes les médailles étaient déjli votées :
ce ne fut qu'après les vacances, au
mois d*octobre , lorsqu'on procéda à
un travail de révision, qu1l fut ques-
tion de ses travaux. Un Jury composé
de MM. Wbeatslone , Babinet, Péclet,
L. Foucault, Edm Becquerel, Clerget,
Magnus, Hessier et Niel Arnolt lui dé-
cerna la seule médaille dont il pouvait
encore disposer. 225 médailles d'or
décernées n*avaient point été accordées
par le gouvernement français; point
de possibilité d'en réserver une à M.
Gloesener, comme Teussent désiré lf*s
membres du jury. Il reçut donc Tunique
médaille de 1" classe que la Belgique
ait obtenue pour Télectricité. M. de
Decker, ministre de Pintérienr, lui fit
sans relard obtenir la croix de chevalier
de l'ordre national. Ses collègues de
rUniversité s'émurent ; un splendide
banquet, dont il fut le héros avec An-
dré Dumont, et auquel ashistèrent les
plus hautes autorités du pays, fut donné
dans la grande salle de la Société d'E-
mulation, en vertu d*une décision du
Conseil académique ('). La Jeunesse,
de son c6té, ne resta pas en arrière
('), et le bourgmestre de Liège, au
nom de la cité, remit au lauréat une
médaille d'argent, dans une cérémonie
publique (^).
Les travaux de M. Gloesener ont été
récompensés postérieurement par un
grand nombre d'autres distinctions. Tan-
tôt c'est VAcadémh natianaie de Paris
qui lui décerne une seconde médaille
d'honneur en or de l'hélasse (29 janvier
1857), pour son nouveau ckronotcùpe
électrique^ ou qui rappelle sa première
médaille ( \^ juillet 1858), ou lui dé-
livre un diplôme d'honneur (20 mars
4861), deux fois rappelé (2i déc. 1864
et 20 Juin 1866), ou enfin lui en accorde
un nouveau, à la suite de la dernière
Exposition universelle (18 nov. 4868);
tantôt c'est la Société (^encouragement
pour rindustrie nationale^ de Paris, qui
lui vote (4862) une médaille de platine
pour son chronographe électrique; c'est le
Jury de l'Exposition de Londres (4862)
qui lui remet une médaille grand mo-
dule (*), ce qui lui vaut une mention
extrêmement élogieuse en séance de
VAcadémie natûmale et la mise hors
concours (4K65). A l'Exposition univer-
selle de 4867, M. Gloesener n'a reçu
qu'une médaille d'argent (sans décision
du jury), par suite d'un enchaînement
de circonstances des plus fâcheux. Une
caisse adressée à la Commission belge,
et contenant des instruments entiers et
le complément des autres appareils, n'a
pu être retrouvée que le 29 juin ; son
contenu était endommagé. Le jury étant
dissous, à l'époque où la montre de
M Gloesener s'est trouvée enfin aussi
complète que possible (au mois d'août),
il n'y a pas eu possibilité de revenir
sur le passé. Faute de révision des ré-
compenses distribuées et d'examen des
objets non exposés, il n'a pu, d'autre
part, être donné suite au projet de la
Commission impériale et de quelques
membres de l'Académie des sciences qui
faisaient partie du Jury, de proposer
M. Gloesener pour la Croix d'officier de
la Légion d'honneur (*). C'eût été un
(*) L'ëminent bourgmestre de Bruxelles
était à la tète de la Commigsioo de TExposi-
lîQD belge.
( *) Un extrait (sur parcbemio) du procès-
verbal cooetatant cette décision fut remis, à
^acoQ des deux lauréats, par une Réputation
do Conseil.
( ') C'est à cette occasion que U. Gloesener
a reçu son portrait Utbographié.
{*) Les six instruments et appareils cou-
ronnés à Paris en i8ft5 ont été acquis par le
Gouvernement, sur la proposition spontanée
de M. Cbandelon (v. ce nom), moyennant un
subside extraordinaire de 4155 frs., pour
le cabinet de physique de l'Université de
Liège.
(*] V. le rapport du colonel Fleming ien-
king, trad. dans les Annotes léliyraphiques
(1865).
{ *) Le mérite des travaux de M. Gloesener
a été hautement reconnu, entr'autres, par le
célèbre physicien de Jacobi, de St-Péters-
679
GLO
680
insipe bien mérité, à placer sur sa
poitrine auprès de ceux que plusieurs
souverains y avaient déjà attachés ( * ).
M. Gloesener est ofiicier de l'ordre
de Leopold depuis le 4 février iK61
(*), commandeur de l'Ordre impérial
de Saint-Stanislas de Hussie depuis
le i9 octobre 1803, euûn officier de
rOrdre royal-grand-dural de la Cou-
ronne de ctiéne depuis le 19 février
4864. — Les Sociétés savantes aux-
quelles il a été suc(-4sssivement affilié"
sont : la Soc. des ne, naturelles de Liège
(correspondant, lel«rdéc.l824); V Aca-
démie de Metz (id., 1829); VAcad. Sta-
nislas de Manr.y (id., 25 déc. 1829); la
Soc, royale des scietices de Liège (membre
fondateur et président en 18-i5); la Soc.
des se. phys.^ chim. et départs agricoles
et indmOi«/« de France (corresp., 4 fev.
1857}; la Soc. d'Emulation des Vo.sges
(corrésp., déc. 1844); [Institut poly-
technique de Wûrzbourg (membre bon.,
i2 lév. i«i5i); VAcad. /. et R. des
sciences de Bobème (corresp., 2 fev.
1853); VAcad jiationaU agricole, manu-
facturière et commerciale de Paris (id.,
30 juin 1853) ('); la Soc. impériale des
sciences de Cherbourg (id., 2 juillet
1855); la Soc. philonuttique de Paris
(id., 23 fév. 1856); VAcad. royale de
Belgique (corresp., le 15 déc. 1856,
membre titulaire le 15 dec. i864); la
Soc. royale des se. y des lettres et des arts
du Hainaut (5 no\. 1858); la Soc. de
physique et de médecine de Wûrzbourg
(corresp., 30 déc. 1859j; V Association
scientifique d'Anvers (id. 14 déc. 1861);
\2LSoc.des naturalistes de Riga(id., 4fév.
1863); VInstitut arcliéologique liégeois
(membre associé, 25 fév. 1863); la Soc.
bourg, dans deux rapports, dont l'un a éié
lu devant \'Acad. imp, des sciences de celte
vUle, le â8 nov. 1867 (v. le Journal de Si-
Pèiers ourg , n« 61); l'aulrc a paru par
extraits dan» le Cosmos (âS sept. 1867).
{')Ceci est littéralement exact pour la
Croix de chevalier de l'ordre de Léopold,que
le roi des belges lui remit en mains propres,
le 16 décembre l8oi>, dans la séance publique
tenue à l'Eglise des Augustins, à Bruxelles.
(*) Celle promotion coïncide avec son ad-
mission à rémtfritat.
( ') Vice-président honoraire le 49 janvier
18S9; président honoraire en 1861.
[*, Société littéraire fondée par M. l'abbé
ray.-g^^ucale des se. naturelles de Lu-
xembourg (membre bon., 18fév. 1864);
entin le Cercle Ozanam C)de Liège (id.,
24janv 1868).
M. Gloesener a élé déclaré émérite
le 4 fé\rier 1861. Par décision minis-
térielle du 1 7 du même mois, il est resté,
comme nous Tavons dit, chargé du
cours de physique mathématique. Le
16 novembre suivart, jugeant le moment
venu de donner suite à un projet qull
nourrissait depuis longtemps, nous le
voyons insister, auprès de la Faculté des
Sciences, sur l'importance et même la
néi*4;ssilé quMl y aurait d'exercer à la
manipulation des instruments de phy-
sique les étudiants inscrits aux cours
du doctorat en sciences physiques et
mathématiques, et plus spécialement
ceux qui se destinent au professorat. H
offre de rçmplir gratuitement cette mis-
sion ; la Faculté adopte sa proposition,
le Recteur partage l'avis de la Faculté.
Mais un léger subside est nécessaire (*):
là est la difficulté. L'affaire instruite, le
Gouvernement ne croit pas pouvoir se
rendre au vœu exprimé par M. Gloese-
ner : si le cours dont il s*agii, dit M. le
Ministre, s'adresse aux jeunes gens qui
aspirent au professorat dans les athé-
nées, c'est à I Ecole normale de Gand
qu'il doit se faire ; s'il ne s'agit que des
rares élèves du doctorat en sciences
physiques et mathématiques, ces élèves
peuvent trouver, comme aides -prépa-
rateurs du cours de physique expéri-
mentale, les moyens de s'exercer à
manier les instruments, sans qu1l en
résulte aucun frais pour TEiat — En
France, depuis que M. Duruy est aux
affaires, on en a jugé autrement ; un
Bodson, et principalement composée d'étu-
diants de rUaiversité. Elle est sur le point
de publer le t. Il de ses Annote*, composées
de Mémoires lus dans les séances. CeUes-ci
sont consacrées, en outre, k des conférences
ou à des discussions sur les questions philo-
sophiques, littéraires ou scientifiques à l'ordre
du jour ; on y apprécie les auteurs, les opi-
nions qui se produisent, «itc. — Il existe ou
il a exisié à Liège d'autres Sociétés ana-
logues, de tendances diverses ; nous les no-
tons à mesure qu'elles se présentent sur
notre chemin.
(*) 250 frs., pour achat d'acides, etc.
681
GLO
682
superbe laboratoire affecté aux mani-
pulations de physique a été installé à la
Sorbonne sous la direction de M. Ja-
main (de rinsiitul), professeur de phy-
sique à la Faculté et à TEcoie polytech-
nique. Ce qui est possible à Paris ne
Test pas toujours sur un théâtre moins
vaste * cependant il est permis de sou-
haiter que, même au prix de quelques
sacrifices, le gouvernement favorise non
seulement les travaux pratiques des
élèves, mais les mette en mesure d'en-
treprendre des expériences nouvelles
et de contribuer, en unissant leurs ef-
forts à ceux des professeurs, an per-
fectionnement des sciences. Depuis
longtemps les Universités allemandes
sont entrées dans cette voie, et Ton
sait si elles ont à s'en féliciter. Les
élèves du doctorat sont peu nombreux,
il est vrai ; mais si Ton veut que nos
Universités forment des savants, il est
indispensable de mettre à leur dis-
position des ressources suffisantes.
Etendue dans le sens de Tinstituiion
de laboratoires de recherches pour
les sciences physiques et chimiques . .
la proposition de M. Gloesener nous
paraît appelée à être prise tôt ou tard
en sérieuse considération. Les Uni-
versités ne sont pas exclusivement des
écoles professionnelles.
L'œuvre capitale de M. Gloesener,
celle qui résume pour ainsi dire toutes
ses éludes piéférées, a fait son appa-
rition dans le monde scientifique en
184ÎI : nous voulons parler du Traité
général des applications de l*électricité^
dont la seconde partie ne tardera plus
longtemps à paraître (v. ci-après). On
peut considérer cet ouvrage comme une
seconde édition des Recherches^ corri-
gée, refondue et considérablement aug-
mentée (*). Un supplément au premier
volume a vu le jour en 1868; c'est une
démonstration théorique De Vimpor-
tance du principe du renversement al-
ternatif du courant dans les électro-
aimants. L'auteur y revendique, comme
de raison, la priorité de ses découvertes
et fait voir comment il a construit lui-
même, ou donné l'occasion de construire
une foule d'appareils qu'on n'aurait ja-
mais |)u exécuter sans son principe, no-
tamment son télégraphe à écrire double
sur deux lignes parallèles avec deux
molettes ou plumes, te premier de ce
g nre en un seul appareil, La solution
du problème des horloges électriques
par M. Gloesener (•) n'est également
qu'un corollaire de sa théorie. C'est
encore lui qui a remplacé le premier
les multiplicateurs par les électro-ai-
mants, dans les télégraphes â aiguille
(système anglais), et accru ainsi sensi-
blement leur force ; enfin, il a construit
le premier un translateur, renversant
alternativement en sens contraire le
courant d'une batterie locale. Son li-
vre ne renferme point d'hypothèses :
théories et applications, tout a été ri-
goureusement vérifié, contrôlé, passé
au creuset de l'expérience. M. Gloese-
ner est à la veille de pouvoir dire :
Exegi monumentum.
Cette longue et studieuse carrière
n'a pas été exempte de traverses : plus
d'une fois, même comme professeur,
M. Gloesener s'est heurté contre des
obstacles que rien, ce semble, n'aurait
dû lui faire prévoir, et plus d'une fois
il a été frustré du fruit de ses efforts.
Absorbé par ses recherches, il n'a pas
toujours assez songé au profit qu'en
pourraient tirer, à son détriment, ceux
à qui, dans son enthousiasme naïf de
savant, il confiait son Eurêka, Il lui
reste du moins la conscience d'avoir
rendu des sei vices réels à la science,
à l'industrie et à son pays; et sa verte
vieillesse permet d'espérer qu'il en ren-
dra longtemps encore. Instruit par une
dure expérience, il veillera sans doute,
à l'avenir, à ce qu'ils ne soient pas plus
stériles pour lui que pour les autres.
Principaux travaux scientifiques de
M. Gloesener.
A. Travaux relatifs à rélectricité.
1« Mémoire en réponse à la question
du concours universitaire : Exponatur
theoria attractionis molecularis seu af-
; * ) On y retrouve en substance la plupart
des Hëmotres et des notes qu'il a communi-
quéa depuis 30 ans à des Sociétés savan-
tes, etc.
( * ) Les horloges de M. Gloesener ont été
adoptées par la ville de Liège.
683
GLO
684
finitatis chimicœ (Ann. Acad. Leod.
1820-1821, vol. IV). — Aussi à part,
412p. in-4".
Médaille d'or. — L'aoteor explique l'affi-
nité chimique par i'éiectncité; ou n'a nui
besoin, dit- il, de recourir à no autre agent
pour se rendre compte des phénomènes de
la chimie inorganique. Après avoir formulé
les lois de l'action électro-chimique, il ex-
pose et discute les théories des proportions
•t des atomes, et flnit par ramener à des
formules algébriques le système des combi-
naisons. — Ce Mém. a été présenté par M.
Gloesener, en 1833, à l'Académie Sianislas
de Nancy.
2<* Mémoire en réponse à la question
du concours universitaire : Exffonantur
prœcipua phœnomena ekctro-magnetica
et aecuratè fubjidantur dùquisUUmU
Uà ut eorum légitima detur explicatio
(182i-i822).
Réponse non couronnée. M. Gloesener y
soutenait une opinion opposée à celle de
Vanderbeyden, professeur émérite et prési-
dent du jury (v. ci-dessus, col. 667). Les
savants lui ont donné raison plus tard.
3» Mém. sur un Exposé de la théorie
de rélectro-magnétiame^ confié en 1822
à OErsted.
Il valut à Tauteur les encouragements les
plus flatteurs, notamment de la pari du cé-
lèbre savant danois, qui avait découvert,
dès 1820 , l'aclion directrice que les cou-
rants fixes exercent sur les aimants mo-
biles, préparant ainsi la voie à Ampère, à
Faraday et k Ar&go.
4® Diss. inaugurali» physica : De
ideiUitate fluidi eleclrici et magnetici,
deducla ex theoriâ à clar. Ampère pro^
posità (20 fév. 1823). Liège, Collardin,
1823, in-4o(Extr. des Ann.Aead. Leod.,
1822-1823).
De même que les Mém. précédents, cette
thèse attira l'attention de FAcadémie.-- Am-
père s'en déclara enthanté,
5* Mém» 9ur des explications d'expé-
riences électro-dynamiques, envoyé à
TAcad. de Bruxelles le 4 oct. 1823.
Mentionné honorablement dans les pro-
cès-verbaux de l'Académie.
6** Mém. sur IHn/luence du magné-
tisme sur le corps humain, présenté à
la Soc. des sciences naturelles de Liège.
7* flém. sur le magnétisme terrestre,
présenté a FAcad. de Bruxelles.
Médaille d'argent. — La question fui re-
mise au concours, mais avec une modifica-
tion essentielle (la suppression du mot ter-
rtëtre). M. Gloesener ne crut pas devoir
rentrer en lice.
8^ Communications diverses à la
même Société, â VAcad. de Stanislas
de Nancy et à Y Acad roy. des sciences,
etc., de Metz.
9^ Mém» sur Caction réciproque du
courant électrique et des aiguilles d^a-
cier et de fer non-aimantées, communi-
qué en 1828 à la Soc. des se. naturelles
de Liège.
iO° Mém. 9ur Inaction réciproque du
courant électrique et des aiguilles d'a-
cier et de fer aimantées et non-aimoM-
tées, envoyé à VAcad. de Bruxelles (3
oct. 1829). — Supplém. au dit Mémoire
(1830). — Antres communications à la
même Académie (v. la table générale
des BuUetins, publiée en 1858).
1 1*" Mém. sur la théorie des aimants
relativement à rinfiuence qu'exercent
sur eux les courants électro-magnéti-
ques, envoyé à l'Académie de Stanislas
(1833).
Ce mémoire fit entrer M. Gloesener dans
l'Acadcmiede Nancy.
12* Notice sur faction récipr. entre
un courant électrique et des aiguilles
d'acier non-aituantées (Dans la Corresp.
dephys. et demathém. de M. Quetelel,
Brux., Hayez, t. V[, 1830, p. o9i).
13* Mém. ayant pour but d'expliquer
les attractions et les répulsions des cou-
rants électro-dynamiques, envoyé à l'A-
cad. de Bruxelles en 1836.
U» Mém. sur les paratonnerres, té-
digé pour la Fac. des sciences de Liè-
ge, en réponse à une demande du mi-
nistre de rinlèrieur (31 juillet 1842).
L'auteur y préconise les pointes multiples,
recommandées depuis par l'Institut de Fran-
ce. ;V. le Bull, de VAe. roy, de l'eigique, t.
XXV, no 8j.
15* Mémoire sur quelques appareils
électro-magnétiques et leur emploi (Mé-
moires de la Soc. royale des sciences de
Liège, 1843, in-8*, avec une pi.).
S 1. Pan-éteetrO'magnetieum ou Pan-
électro-magnétique. — $ .U. Moulinets et
boussoles électro-magnétiques : î* Monlir
net horizontal; 99 Moulinet et boussoles
68S
GW
686
électro-magnétiques ; 3» Moulinet et bous-
soles électro-dynamiques verticaux.
16® Notice sur deux petits appareils
propres à changer la direction des cou-
rants électriques (Ibid., 1844, in-8^
avec 1 pi.)*
I.Chaageur.—lI.Chaogeur plongeant dans
do mercure.
1 7° Discours prononcé (comme rec-
teur sortant) à la Salle acad. de TUni-
versité de Liège, le 12 octobre 1847.
Liège, Desoer. 1847, in-8*.
De l'influence de t étude de la phytique
Mur le bun-4tre de l'humanité. (L'orateur
appelle incidemment l'attention sur diffé-
rentes applications nouvelles de la science,
entr'autres sur les horloges électriques).
18"^ Notes sur la Construction d'hor-
loges et de télégraphes magnétiques. —
Horloge électrique sans pile. — Nouveau
transmetteur dans les télégraphes avec
les lettres alphabétiques. — Transmet-
teur simultané de mêmes dépêches dans
deux ou même dans plusieurs directions
différentes. — Suppression du ressort à
boudin dans les horloges électriques et
dans le* télégraphes (v. les Comptes ren-
dus hebdomadaires de X Académie des
sciences de Paris, 1848, t. XXVI, p.
360 et suiv.).
Dès 1847, M. Gloesener avait expérimenté
avec succès les appareils décrits dans ces
notes, particulièrement en présence des élè-
ves de son cours de ph^ysique industrielle.
19** Mémoire sur une horloge magné-
to^lectrique, sur les télégraphes élec-
triques et magnéto-électriques, et sur
un appareil magnéto-électrique (v. les
mêmes Comptes rendus, 1848, t. XXVII,
p. 23, et une noie sur les mêmes sujets
et sur des perfectionnements importants
dans la constr. des télégr. électriques,
insérée dans le Journal de Liège du 17
mars 1848).
20" Etude sur les chronoscopes (v. le
Journal de Liège du 8 mai 1849).
21** Dépôt à i*Acad. royale de Bel-
gique, le 6 octobre 1850, d un paquet
cacheté contenant une Notice démon-
trant davantage de combiner un électro-
aimant avec un multiplicateur, pour
accrottre la puissance motiice dans les
télégraphe* à aiguilles et dans toutes
espèces d*appareiîs du même genre,
22** Mémoire sur la télégraphie élec-
trique, etc., envoyé à XAcad. roy. de
Belgique (séance du 7 maf 1S51). —
Suite au dit Mémoire (séance du 14 juin
1851). — 2« suite (séance du 7 juillet,
même année).
Indication de perrectionnements impor-
tants concernant les télégr. électriques à
une et à deux aiguilles de Wheatstone. —
Moyen nouveau et avantageux d'utiliser la
force motrice dans les télégraphes k cadran
et à écrire, et d'augmenter, par suite, la vi-
tesse de transmission des signaux. — Mo-
difications importantes dans la construction
des galvanomètres, en vue de l'accroisse-
ment de la force.
25* Recherches sur la télégraphie
électrique. Liège, Dessain, 1853, un
vol. in-8^ avec 14 pi.
Tiré à part des Mém. de la Soc. roy. des
aciencetde Liéne {iBH'^). — V Académie na-
tionale agricole, manufacturière , etc. de
Paris, a décerné à M. Gloesener, à raison de
cet ouvrage, où sont décrits tous les perfec-
tionnements introduits par ce savant, jus-
qu'en 1853, dans les télégraphes électriques,
les horloges, les sonneries, etc., une mé-
daille d'honneur en or de i^ clatse (Séance
générale du SO juin 4855, tenue à l'Hôlel-
de-ViUe de Paris).
24** Analyse sommaire et table des
matières de Touvrage précédent. (Extr.
des Mém. de la Soc roy. des sciences
de Liège, 1853, t. VIII ; 8 p. in-8<»).
Nous n'avons rien de mieux à faire que de
laissera l'auteur le soin d'exposer lui-même
ses idées. « Voici, dit-il, lordre des ma-
tières qui constituent mon Mémoire. J'expose
et démontre les divers inconvénients du
ressort de rappel dans les télégraphes ; je
propose un moyen de paralyser complète-
ment ces inconvénients, en supprimant le
ressort même; je démontre que, par ce
moyen, je n'évite pas seulement tous les in-
convénients de ce ressort, mais qu'en même
temps je me procure une puissance motrice
au moins double ( * ), et encore susceptible
d'accroissement J'indique et vérifie parl'ex-
rience un nouveau mode de construction des
télégraphes k aiguilles asiatiques, qui les
rend deux fois plus sensibles que les télé-
(*) 1^ inoy«n dont il s'agit a été décrit moire envoyé k l'Institut de France (24 fé-
par M. Gloesener dès 1848, dans un W- vrier).
687
GLO
688
graphes actuels de cette espèce. Je con-
struis un récepteur où l'aiguille indicatrice
des signaux peut avancer, rétrograder et
osciller à la volonté du télégraphiste, en
employant un moyen fondé sur un principe
qui m'appartient, que j'ai démontré par l'ex-
périence, et dont j'indique d'utiles applica-
tions aux moteurs électro-magnétiques. —
Je donne un moyen d'augmenter beaucoup
la vitesse des transmissions des signaux
dans le télégraphe k cadran, en rëpartissant
les lettres de l'alphabet sur deux, trois ou
quatre circonférences et en indiquant, par un
nombre et deux coups de timbre , celle
des lettres, devant l'aiguille en repos, qu'on
veut transmettre. — J'augmente par là beau-
coup la vitesse de transmission et en même
temps la sûreté de la marche de l'aiguille,
en diminuant ses mouvements inutiles. —
Je donne la description d'un système de té-
légraphe avec clavier, construit d'après un
principe qui est mien , où le courant fait
tout. Dès que le circuit est formé, le courant
passe dans un récepteur k la station qui
donne la dépèche et dans un autre semblable
k la station qui le reçoit : l'opérateur n'a
rien de plus à faire qu'à poser le doigt sur
la touche marquée par la lettre qu'il veut
transmettre ; il interrompra le courant,et les
aiguilles , aux deux stations , s'arrêteront
devant la même lettre, si tout est bien
réglé. Ce système diffère des autres à
clavier :
1« En ce qu'il est à double échappement,
tandis que celui de Simens, celui de Fro-
ment, etc., sont à simple écbap|)ement et
transmettent conséquemmenl les signes ht au •
coup plus lentement ;
So £q ce qu'il permet d'opérer avec une
force beaucoup plus faible, le courant n'ayant
à vaincre aucune espèce d'obstacle, ni tension
d'un ressort, ni autrerésistance, nia produire
directement le mouvement même de l'aiguille,
mais seulement à dégager une simple roue
d'échappement ;
3^ En ce que mon système marche avec
des courants faibles et des courants forts,
sans que jamais l'adhérence de la palette
aimantée avec les électro-aimants puisse se
produire et sans que jamais aucun réglage
devienne nécessaire, comme c'est le cas dans
tous les autres systèmes à clav er connus ;
4» En ce que la force motrice étant plus
grande, l'appareil est plus sensible que dans
les autres systèmes de même espèce.
> La mouvement est produit par deux élec-
tro-aimants placés symétriquement de part
et d'autre et très- près d'une palette de fer
doux ou d'une palette d'acier aimantée, qui,
attirée successivement par l'un vers la gauche,
puis par l'autre vers la droite, fait osciller
par les vibrations de sa tige les palettes
d'échappement, qui arrêtent alternativement
et laissent passer une dent à la fois de la roue
à rochet Le courant conduit dans cette roue,
passe dans l'une des deux palettes respecti-
vement isolées et communiquant, l'une avec
un bout de ftl de l'électro-aimant A, et l'autre
avec un bout de fil de l'électro-aimant B,
tandis que leurs deux autres extrémités sont
reliées au conducteur de la ligne. Une ai-
guille horizontale en laiton est fixée à un
axe vertical passant parle centre du clavier,
et les touches de celui-ci sont disposées de
manière, qu'en les abaissant par le doigt, le
courant continue à subsister et n'est inter-
rompu que lorsque l'aiguille vient frapper
contre la touche. A la seconde station, il faut
un clavier semblable à celui de la première,
et les quatre électro-aimants des deux récep-
teurs doivent être de force égale.
» Je discute les difTérents modes de con-
struction des transmetteurs ou manipulateurs
des télégraphes à cadran, en me posant ces
questions :
i^ Faut- il conduire à la main un levier,
qui en tournant un changeur interrompt le
courant et en change la direction ; l'arrêter
devant la lettre voulue, gravée sur une cir-
conférence de cercle immobile dont il est ie
rayon ; transmettre par ce mouvement du le-
vier, directement, le courant de la pile dans
le récepteur de la station, qui reçoit la dé-
pêche pour faire passer son aiguille, par l'in-
fluenre de la palette, de lettre en lettre, d'a-
cord avec le levier mû à la main, de sorte
que l'aiguille et le levier se trouvent con-
stamment sur la même lettre?
S« Faut il opérer comme sous 1^, mais
faire passer le courant sorti du changeur
dans un récepteur identique et mis d'accord
avec celui de la station qui reçoit, afin que
le télégraphiste puisse voir si l'aiguille de-
vant lui est d'accord avec son transmetteur
conduit à la main , et se convaincre par là
que l'aiguille du second récepteur indique
aussi la même lettre ?
d^ Faut-il prendre pour transmetteur deux
claviers, et laisser à la pile le soin d'inter-
rompre et de rétablir le courant, après que
le circuit est fermé, le télégraphiste n'ayant
autre chose à faire que d'arrêter le clavier
devant la lettre qu'il veut signaler ?
4» Ëst-il plus facile, plus commode, plus
sûr et en même temps plus cxpéditif de ne
pas confier à la main le mouvement du trans-
metteur , et de ne pas charger non plus la
pile de tout faire sans intervention d'un opé-
rateur, mais d'employer un mouvement d'hor-
logerie bien réglé, pour arrêter et faire passer
le courant de la pile alternativement en sens
contraire dans les deux électro-aioianta du
récepteur à la station qui reçoit, ou bien
d'abord dans un récepteur à la première
689
GLO
690
sUttoD, et de là dans le fil de la ligne et dans
le récepteur de la station k laquelle on parle ?
• Je propose la construction d'un télé-
graphe à cadran complet, c'est-à-dire avec
transmetteur et avec récepteur. Le trans-
metteur est à clavier circulaire, avec un mou-
vement dlborlogerie qui interrompt le cou-
rant et en change la direction : il permet de
transmettre les lettres aussi rapidement qu'il
est possible de les piquer.
• S'il est en repos, le courant de la pile
ne passe plus et, par conséquent, la pile ne
s*use pas inutilement. Il est construit de ma-
nière que la personne k laquelle on parle
peut donner des signes après chaque lettre
transmise par la dépèche non comprise, et
en avertir par là le correspondant. Pour
transmettre, on pose un doigt sur la touche
portant la lettre qu'on veut signaler, et on
cherche en même temps de l'œil celle qu'on
vent communiquer après.
• Je propose la construction d'un tél<*graphe
à écrire, même à de grandes distances, sans
pile locale; le tmnsmelteur est à clavier, et
sans le ressort de rappel qui se trouve dans
tous les systèmes à clavier.
• Je propose un alphabet pour écrire, dans
lequel le nombre de signes n'est que de 49 à
43, tandis qu'il est de 69 à 7S dans les autres
systèmes. Je décris un appareil qui permet
de transmettre les dépêches à une troisième,
à une quatrième station, en omettant les
stations intermédiaires, sans faire passer
directement le courant de la première station
à la dernière, et sans faire copier et trans-
mettre les dé pèches de station en station. Le
courant de la première station passe à la
seconde, met la pile de cette station en acti-
vité et retourne à la première. Le courant de
la seconde station va mettre en activité la
pile de la troisième, revient à la seconde et
ainsi de suite. Jusqu'ici on n'a pas encore
produit, que je sache, un semblable amen-
dement des systèmes à cadran : on a fait des
essais avec le système à écrire ; j'ignore
comment on s'y est pris et jusqu'à quel point
on a réussi ; mais la chose est facile dans ce
système, lorsqu'on emploie encore le ressort
de rappel, comme on le fait partout ; elle
est plus difficile si l'on y supprime le ressort,
comme on a intérêt à le faire ; or, dans ce
cas, mon système est nouveau aussi pour le
télégraphe à écrire.
( *) M.GloeMnsr ce plaint fA«cA., p. 109 et raiT.)de
c« que le repportenr (des mémoire» meotioané» ptu
b«at MOI le D*S] ettribne à M. Uppen* ringéoieDM
appticetioD d*id6ee qai seraient restées à l'itat é$
tméitrtê cbei le professenr de Lié^^e. Or, non-seale-
ment oelni-ci «Ttit décrit l'epplicetion de son principe
dansnn Mém. edreesé en lèlS A rtn»titnt de France
fa* 19); meis il s*était empressé de eonstru re nne bor-
lofie ei nji téléKrapfae nnnisdn dit perfeclionnement,
et il tes «Tait fait nuiintes fois fonctionner dans son
I à l*UniTenité, et en présence dn rapportenr Ini-
» Je compare les divers systèmes de télé-
graphe; j'indique les avantages et les désa-
vantages dA chacun d'eux; j'examine les
causes qui peuvent déranger leur marche.
» Je présume , d'après quelque» expé-
riences que j'ai tentées, que l'on pourra em-
ployer avec avantage en télégraphie, comme
force motrice, un courant d'induction déve-
lopp«i dans un fil de cuivre fin , de plusieurs
mille mètres de longueur, à l'aide d'une pile
d'un élément ou d'un petit nombre d'éléments.
Le commutateur serait mù par un mouvement
d'horlogerie avec ressort, et devrait produire
à chaque révolution autant de courants in-
duits alternativement de sens contraire, qu'il
y a de lettres dans l'alphabet, si l'on em-
ploie un télégraphe à cadran. Les deux bo-
bines, sur lesquelles on enroulerait le long
fit, seraient fixées sur les jambes d'un fer
doux recourbé, de deux ou trois centimètres
de diamètre. Ce transmetteur serait surtout
commode pour les télégraphes portatifs, par-
ce qu'il n'occuperait qu'un très-petit volume.
» Je discute la question relative à l'éta-
blissement des fils aériens et souterrains des
lignes télégraphiques, en m'appuyant sur
l'observation des résultats produits par les
uns et par les autres. — Je finis par des re-
marques et par une réclamation au sujet d'un
rapport relatif à un point contenu dans le
présent Mémoire, rapport fait par M. A.
De Vaux, inspecteur-général des mines, à
l'Académie de Bruxelles, le 7 août 1851 (').
» Mon premier Mémoire est suivi d'un
second, composé de plusieurs notices. Dans
la première, je donne la construction d'un
pendule magnéto-électrique. Le courant élec-
trique est développé par un fort aimant, por-
tant sur ses pôles deux bobines à fin fil de
cuivre rouge de plusieurs mille mètres de
longueur, devant lesquelles tourne très-vite
une plaque de fer doux , dont le mouvement
est rt<glé par le balancier d'un pendule nor-
mal, à l'aide d'un levier qui fait mouvoir,
sur un axe horizontal fixé à côté de l'aimant,
une pièce en fer arrêtant la plaque et la lais-
sant s'échapper deux fois pendant une oscil-
lation entière. On se procure ainsi plusieurs
pendules électriques avec une seule pendule
normale.
» La seconde notice contient deux modi-
fications de la construction des galvanomètres
ou rhéoroètres, dont chacun a pour elTet de
même. Le téléfpmphe fut confié A ce dernier sur sa
demande, arec le commntatenr. A Bruxelles, on ne
sat pas le faire marcher. M. Lippens, A rinsti};ation
d*Aa. De Vaux, exécuta sur ces entrefaites son eppe-
reil, comprenant le perfectionnem<>nt de M. oloe-
«ener, et ne put faire autrement q[ue de reconnaître
a ne le principe du système ne lui appartenait pa«.
lais notre inTenteur ne se contente pas de cette dé-
daraljon, qni ferait supposer que, sans les additions
de II. Lippens, son instrument n*auroit pas été pra-
tique (Voir ci-après, n* 39).
691
GLO
692
rendre ces appereiis plus seoeibles qu'ils ne
le sont actuellement.
» La première modification consiste à di-
viser le fil à employer, de façon ii faire un
galvanomètre en deux parties; à enrouler
chacune sur un cadre, à les fixer Toiie sur
l'autre, et à y suspendre è la manière ordi-
naire quatre aiguilles, formant deux systèmes
compensés; enfin, àconduîre lecourantdans
les deux fils réunis, de manière qu'ils con-
spirent pour faire dévier les aiguilles. En
suspendant une seule aiguille dans l'espace
intérieur de chaque cadre, le galvanomètre
devient encore plus sensible que si tout le
fil avait été enroulé sur un seul cadre. Ce
mode de diviser le fil est principalement ap-
plicable aux cas où il s'agit de galvanomètres
à très-longs fils.
» La seconde modification revient ii diviser
le fil destiné à construire un galvanomètre
en deux parties, et à faire de l'une un gal-
vanomètre, de l'iiulre un électro-aimant ; à
réunir ces fils bout à bout, et à placer Télec-
tro-aimant convenablement par rapport à
Taigutlle extérieure, de manière qu'il con-
spire avec le multiplicateur pour faire dévier
l'aiguille ou les aiguilles, suivant que l'on en
emploie une seule ou deux. Les deux modi-
fications dans la construction des galvano-
mètres conviennent beaucoup pour constater
des courants très-faibles de grande tension,
comme dans les recherches physiologiques,
•te.
» La troisième notice contient des expé-
riences iniéressanles concernant l'influence
du magnétisme ordinaire sur le corps hu-
main » ^Liége, 45 septembre i85S).
25^ Sur les appareits télégraphiques
exposés à Paris en 1855 (La Science,
no» des 24, 26 et 27 nov. 1855).
26"^ Analyse du Mémoire présenté au
nom de M. Gloesener à TAcadémie des
sciences de Paris, sur un chronoscope
nouveau, par M. Despretz (de Tlnsli-
lut). Paris, 1856, m-8o (Exlr. des
Comptes rendus de VAc, des sciences.
V. le Cosmos, année i856).
27^" Réclamation de priorité sur des
perfectionnements apportés aux horloges
électriques et dûs à M Gloesener (Vin-
dépendance, la Meuse, le Journal de
Liège, V Illustration, etc., 4856).
28^ Rapport sur un nouveau syst.
de télégr. électrique applicable aux
chemins de fer, inventé par M. Caude-
ray (Jounuil des trav. de lAcad. natio-
nale 6e Psltïs, 1857;.
29^ Note sur une boussole électro-
magnétique, envoyée k VAcad. rojf, de
Belgique (i^l).
SO"* Mémoire sur une nouvelle applic.
de réUctricUé^ envoyé à VAcad. natio-
nal^ de Paris (id.),
51^ Mém. lu an Congrès de Bonn
(4857) sur un chronoscope et sur Vap-
plic, du renversement au courant vol-
taîque dans les horloges, les télégraphes
avec lettres, dans les relais et les trans-
lateurs des télégr. à écrire, et en géné-
ral dans toutes les applications du cov-
rant électrique (V. le Rapport officiel
sur le 55* Congrès des naturalistes
allemands. Bonn, 1859).
di"" Télégraphe à aiguille i^rfection-
né, Liège, 1857, In-S** avec 1 pi. (Extr.
de la Revue universelle de M. de Cuy-
pcr).
55" Rapp. à VAcad. nationale de
Paris sur une borloge électro-moteur
(v. le journ. de cette soc, 1858).
51^ Uescr. d'un transtnetteur pour
les télégr. à écrire^ permettant de ren^
verser le courant alternativement, ou
de IHnterrompre successivement, ou d^é-
crire alternativement avec deux plumes,
soit avec Pune soit avec l'autre, soit en
combinant leur jeu (v. le Cosmos, Paris,
1859, t. XV, p. 412).
55^ Descr. de deux nouveaux chro-
noscopes électriques, présentés à V Aca-
démie des sciences de Paris, au nom
de M. Gloesener, par M. Despretz (v.
les Comptes rendus de VAcad des scien-
ces, Paris, 1860, t. L).
Les deux appareils dont il s'agit ont été
mis sous les yeux de l'Académie.
56^ Traité général des applications
de Vélectricité. Première partie. Paris
et Liège, Noblet, 1861, un vol. de 550
p. in-8''. avec 18 pi. gravées sur pierre.
On ne possédait sur cette matière impor-
tante, avant M. Gloesener, que VBxpoié du
vicomte du Moncel, ouvrage remarquable,
mais moins scientifique et moins complet que
celui-ci. Le premier volume du Traité com-
prend : 40 une introduction, faisant voir com-
ment la science a fourni successivement les
connaissances rendant possibles les applica-
tions du courant électrique ; ^ un exposé
succinct àesconnaissancea exigées pour com-
prendre, raisonner etconstruire les appareils
qui fonctionnent par l'action du courant élec-
693
GLO
694
triqjM ; 3« la descriplion des divers systèmes
de télégraphes ; 4^ les appareils employés
poiA* les commoDications directes; 5» les
déràogements eitérieors des flls télt^graphi-
qoes ; 6» les parafoadres ; 7« les cAbles soas-
marins; 8* les sooDeries électriques et leurs
applications aux usages domestiques ; 9« les
ehronoecopes.— Le second volume contien-
dra : i« les horloges électriques ; 2« l'appli-
cation du courant électrique : a) à la déter-
mination des longitudes terrestres; b) à
diveh^es obsenralions scientifiques de préci-
sion ; e) aux observations météorologiques ;
tf) à rinflanmatlon des mines; S* l'application
de U lumière électrique : a) aux expîériences
d'optique et d'acoustique pour la proiection
des phénomènes; b) aux opérations mili-
taires ; c) à l'éclairage des villes, des phares,
des routes, des navires sur mer, des galeries
des àiines, des travaux souterrains, des tra-
vaux de nuit, etc. ; 4* la théorie des princi-
paux électro-moteurs; 5» diverses applica-
tions du courant électrique aux arts et à
l'industrie ; 6» la galvanoplastie ; To Tappli-
catioo de l'électricité k la médecine. — Les
appareils inventés ou perfectionnés par M.
Gloeaener n'ont été décrits qu'après avoir été
soua^is è des épreuves réitérées. « Mon té-
• léAraphe à aiguilles et celui à lettres mar-
» chant avec renversement alternatif du cou-
» rant, ^joute-t-il, ont fonctionné pendant
» dei années sur de landes lignes de'Bel-
9 gique ; le dernier sert encore et l'autre n'a
» dté mis {»• côté que parce que le gouver-
» neoent, voulant se cuuformer aux pays
» voisins, a oesaé d'employer le téli'graphe k
n aiguilles ; cet appareil avait fonctionné à
» rEzpOftition de Paris en 1858, oh il m'a
» valu une médaille de 1'« clause, ainsi que
» mon télégraplie écrivant sans rHais avec
» renversement alternatif du courant. Ce
» dernier et celui écrivant avec deux plumes,
» soit avec l'une ou l'autre indifféremment,
• soit alternai ivement, et dans les deux cas
• sans relais et sans ressort antagoniste, ont
• marché à Paris devant une Commission
» nommée par la Société d'encouragement
» et seront Vohjet d'un rapport. »
57* Rapp. sor ane Notice sur Ui ai-
wuinU de fonte trempée, par M. Flori-
mond (BulL de FAcad. roy. de Belgique,
!• série, t. VU, n<* 6); id. sur une note
de M. Florimond concernant Télectri-
dté atmosphérique (Ib., t. XI, n« %) ;
id. sur un Esiai sur la résistance com-
parée des conducteurs de fer et de cuivre
à la rupture par le courant galvanique
et Fétincelle électrique^ par M. Jaspar
(ib., U XY, n'' 2) ; id, sur une note de
M. Carette-Dobbels Sur les paratonner-
res sans raccordements; Note sur quel-
ques perfectionnements apportés aux
appareils chronographiques (envoyée à
VAcad. roy. de Belgique le f 5 déc. i863).
5S* Aperçu général des appareils té-
légraphiques à TExpositlon de Londres
en i862; leurs progrès depuis 1855
(inéd.).
39* De Fimportance du principe du
renversement alternatif du courant dans
les électro-aimants- De sa théorie et de
ses applications scientifiques et indus-
trielles. Avantages du système à arma-
ture aimantée. Liège, Desoer, 1868,
ltt-8« de 75 p.
Complément du n« 33.
B. Travaux n*ayant pas félectricité
pour objet.
40* Mémoire (couronné) en réponse
k la question de mathématiques (1818-
1819) : Ut calculi littcralis seu alge-
braici theoria, principiis è solâ arith-
metirâ et signorum naturâ pctitis, missA
quantitalum positivarum et necatîva-
rum seorsim existentium absurdâ dis-
tinctione superstruatcr. Dein xquatio
generalis , cùm primi , tùm secnndi
gradûs resolvatur , discuMaturque ità ,
ut varia solutionum gênera , puta ne-
gativarum , etc. en aniur , verus et
genuinus earnm sensus , ratioque ils
in analysi utendi explirentur, aptisque
eTH^m\)\\s\\\nsireî\iur (Ann.Acad, Leod.,
vol. il). — Aussi à part, in-**.
41* &!émoire (couronné) en réponse
k la question ôe botanique {i^ld-ih^O):
Quaeritur et diversarum opinionum de
fabricâ nsuque vasorum plantarum enu*
merailo chronologica, et quse sit hanim
oplnionumoptlroa.exposiliof^iliifi.ilca(2.
Leod , vol. 111). — Aussi à part, in-4*.
42* Mém. sur le calcul infinitésiwuih
présenté en 18Î2 il VAcad. de Bruxelles
(1822).
45* Notice sur une nouvelle démon-
stration du parallélogramme des forces^
présenté en 1822 à la Soc. des se, na-
turelles de Liège.
44* Bésumé d'un cours de physique
expérimentale. Liège, Oudart, 1843,
in-8*.
L'éditeur ayant quitté la ville, l'impres-
sion de cet ouvrage est restée inachevée.
605
HEN
696
45^ Mém, sur la réfraction, Liège,
Dessaîn, 1846, in-8*, avec \ pi. (Exlr.
du t. 11 des Mém. de la Soc, roy. des
scienceê de Liège).
46® Communications à VAcad- roy.
de Belgique sur des questions de phy-
sique, notamment sur les travaux de
&1. Zenger concernant Vaction molécu-
laire des éléments chimiques (Bull.,, 2*
série, t. VU, n"" 8), Tinfluence de celte
action sur la vitesse de la lumière, etc.
(Ibid., t. VIII, n»9); Rapport sur la
notice de M. De1bœur(v. ce nom) inti-
tulée : Détermination rationnelle des
nombres de la gamme chromatique
fibid,, t. XXI, n° 5), etc.
c. Inventions et perfectionnements.
Nous ne pouvons songer à énumérer
ici les instruments et appareils de tout
genre que M. Gloesener a conçus et
exécutés le premier, non plus que ceux
dont le perfectionnement lui est dû. La
liste que nous avons sous les yeux , et
qui ne comprend pas ceux qui ont figuré
à TExposition universelle de Paris en
1867, ne s'étend pas à moins de lOâ
numéros. A côté des instruments des-
tinés à rendre palpable la démonstra-
tion des théories du physicien (*), nous
en trouvons d*autres d'une utilité pra-
tique immédiate : galvanoplastie, pro-
duction électrique du mouvement, ap-
plication de rélecthciié à la médecine,
chronoscopes et horloges, télégraphes
surtout (systèmes nouveaux ou perfec-
tionnements de détail), rien n>st resté
stationnaire, rien, dans ce domaine spé-
cial, n'est resté indllTérenl à l'infati-
gable chercheur. Les lecteurs intéres-
sés pourront compter ses écrits, ainsi
que les descriptions qui accompagnent
ses brevets (14 Janvier et 5 juillet 1851,
28 avril 1855, S9 sept. 1856, 3 juillet
1858, 28 février 1862. 8 février 1864
et 8 mars 1867). Quant aux objets ex-
posés en 1867 (ensemble 20 appareils),
ils ont été sommairement décrits dans
une notice intitulée : Appareils élec-
triques de M. Gloesener, et distribuée
aux visiteurs des merveilles du Champ-
de-Mars (V.aussi les Comptes rendus de
TExposition, cl. 11 et 12).
ueiinnii (Charles- Auguste), né à
Liège le 11 avril 1798, a fait ses études
humanitaires au Lycée impérial de cette
ville. — Sorti de rhétorique avec on prix
d'honneur, i I a lia passer une année à TE-
cole de droit de Bruxelles, puis revînt 2^
Liège en 1817, lorsque l'Université fut
instituée. Vers la Un de 1818, il prit la
résolution de résider à Paris, où ses ha-
bitudes intellectuelles semblaient tout
naturellement l'attirer. Les belles-let-
tres et la philosophie l'absorbaient
alors presque tout entier; d'autre |)art,
jouissant de cette aurea mediocritas si
Justement vantée par le poète, il se
trouvait dans la meilleure condition que
puisse souhaiter un homme qui tient
il mener une vie simple, mais en même
temps à choisir en toute liberté les ob-
jets de ses occupations. Il se mît donc
à suivre assidûment les principaux
cours qui jetèrent tant d'éclat sur les
dernières années de la Restauration.
Il fréquenta le Collège de France et le
Conservatoire des arts et métiers ; ce
fui dans ce dernier établissement qu*il
prit insensiblement du goût pour une
science qui comptait alors peu d'adeptes
et beaucoup de détracteurs : c'est dé-
signer assez clairement, ce semble, Té-
conomie politique. J.-B. Say avait été
appelé par M. Decaze à la chaire d'éco-
nomie industrielle, désignation alors
moins mal sonnante à certaines oreilles.
Les leçons de ce maître attiraient sur
les bancs peu d'auditeurs (la plupart
étrangers) ; M. Hennau n'en apprécia
pas moins la haute valeur ; il entre-
voyait l'avenir de la science économi-
que. C'est aux conseils de J. B. Say,
dont il s'est toujours déclaré publique-
ment le disciple, que M. Hennau n'a
cessé d'attribuer l'accueil bienveillant
qui a encouragé ses débuts dans la car-
rière universitaire.
Le IG décembre 1850, un arrêté du
gouvernement provisoire l'attacha, en
qualité de lecteur, à rUniversilé de
Liège, et lui confia les cours d'histoire
|)olitique moderne, d'économie poli-
tique et de statistique. Il ne conserva
pas longtemps le premier, mais resta
( * ) Environ 70 instrumenta de physique scner pour les démonstraltoos de sas coors.
ont été perfectionnés ou modifiés par M. Gloe- L'explication en sera prochainement publiée.
697
HEN
698
titulaire de la chaire d'économie poli-
tique et d'économie industrielle Jus-
qu'an 28 mai 1864. date de Tarrêté
royal qui Ta déclaré émérite. Nommé
professeur extraordinaire lors de la
réorganisation de 1855, il avait obtenu
Tordinariat en 1855.
C'est à partir de cette dernière date
que la chaire d'économie politique, at-
tachée pendant vingt ans à la Faculté
de philosophie, a éié considérée comme
appartenant à la Faculté de droit (*).
L'économie industrielle proprementdlte
(cette désignation prise dans un sens
plus spécial que ci-dessus) ne flgure,
d'autre part, qu'au programme de l'en-
seignement des Ecoles des arts, des
manufaciures et des mines, annexées
ù la Faculté des sciences. M. Hennau
en a été le créateur à Liège. Initié à la
vie industrielle sur un grand théâtre
avant d'être appelé aux fonctions pro-
fessorales, il s'est trouvé dans d'excel-
lentes conditions pour tracer le cadre
de c^ite science , avant lui explorée et
mal délimitée; il y est parvenu avec
assez de précision et de bonheur, pour
que c« c^dre ait été maintenu jusqu'à
ce jour sans modiflcation dans le pro-
gramme des Écoles (*).
On doit à M. Hennau plusieurs pu-
blications plus importantes qu'éten-
dues. En 1839, onze ans avant que M.
Michel Chevalier ne professât la même
doctrine, dans son traité sur la Mort"
naie^ il mit au Jour quelques vues sur
rémission d*une nouvelle monnaie d*or
en Belgique^ travail qui, sérieusement
discuté dans la presse périodique, con-
tribua peut-être aux modiflcations in-
troduites en 1850 dans le régime mo-
nétaire du pays. M. Hennau y soute-
nait la thèse de l'unification des mon-
naies, et prenait ainsi l'initiative du
système qui a prévalu au seiu de la ré-
cente conférence monétaire interna-
tionale (V. le Rapport de M. de Parieu,
du 6 juillet 1 8G7). -- Secrétaire de la
Commission de statistique- de la pro-
vince de Liège pendant dix-sept ans, il
a communiqué à ses collègues, entr'au-
tres, des Recherches relatives aux cau-
ses locales de criminalité en Belgique.
Ce mémoire a été inséré, sur la propo-
sition de MM. Ch. Faider et A. Viss-
chers, dans le Bulletin de la Commis-
sion centrale de statistique (Documents
publiés par le Ministère de l'intérieur,
t. III, p. 185-209). C'est le premier
travail rédigé au sein des Commissions
provinciales qui ait éié jugé digne de
cette insertion.
Comme professeur, M. Hennau se
souvint, nous l'avous dit, de son illus-
{*)Lê chaire d'histoire politique moderne
apparlienl dgalemenl a la Faculté de droit;
ce n'est que pour mémoire, ou pluldl pour se
conformer a la leitre de la lot, que celle ma-
tière esi encore portée au programme des
deux Facultés : en fait, M. leprofcsr^eur Jos.
Macors (v. ce nom n'a pour élevés que les
jeones geos qui se prëpareoi à l'examen de
candidat en droit. Mi le règlement de 1816,
ni la loi de 18H5, ni la loi actuelle n*ont im-
posé aux élevés en philosophie l'élude de
J 'histoire moderne : il esl permis de regretter
cette lacune» au point de vue du dociorai en
philosophie et lettres. Quoi qu'il en soit, si
l'enseignement dont il s'agit ne rentre point
précisément, par sa nature, dans le domaine
Juridique (ce que la loi a voulu constater dans
son article 3), il ne serait pas juste que le
professeur qui en est chargé fit partie d'une
Faculté autre que celle qui lui fournil exclu-
sivement ses auditeurs. Celle manière de
voir a prévalu depuis 1835,en ce qui concerne
l'histoire politique moderne; elle devait logi-
qaemeni prévaloir aussi pour l'écon imie po-
litique. Tant que l'ancien état de choses n'of-
frit pas d'inconvénients celte question ne fut
pas soulevée; mais un moment vint où les
besoins du service et l'équité même mirent
le Gouvernement en demeure de la résoudre.
La loi déterminant le nombre des professeurs
de chaque Faculté, il arriva que la Faculté
de philosophie se trouva au grand complet,
et que néanmoins on se vit obligé de confier
à des agrégés des cours de première impor-
tance. Ces aspirants avaient beau acquérir
des titres à i avancement: leur carrière se
trouviitl enrayée. Le gouvernement satisfit k
ài» réclamations fondées, en transportant
dans la Faculié de droit la chaire d'économie
politique elencessantde considérer le biblio-
thécaire de l'Univers lé. d'ailleurs membre
(de droit) de la Faculté de philosophie, comme
complétant le nombre maximum des profes-
seurs de cette Faculté.
( * ) Voir le programme détailté des Ëcoles
spéciales des arls et manufaciures et des
mine?, publié par le Gouvernement le S5
septembre 185i, art. Economie indtutrieUe.
699
LAV
700
tre malcre J.*B. Say; mais il élargit
gradueUement son horizon et se mit à
penser par lui-même. Dès 1854. il rom-
pit des lances contre le maiérialisme
économii|oe Jusque là universellement
accrédité; il osa s*avancer dans une
voie nouvelle, la mAme où s'engagea
résolument en 1845 M. Ch. Dunoyer,
dans son beau livre De la liberté du tra-
vail. Grâce au principe spirilualiste
placé dans tout son Jour et sur le pre-
mier plan, il mit pleinement en saillie
la nécessité, moins comprise alors que
de nos Jours, de la diffusion la plus
grande possible de rinstruclion et des
lumières, aussi bien an point de vue
économique qu'au point de vue du pro-
grès moral des socié:és humaines.
Amant passionné de la nature, M.
Hennau n'a pas attendu l'heure de sa
retraite pour chercher une utile diver-
sion aux travaux de la pensée. La cul-
ture de scb beaux vergers a non seule-
ment occupé ses loisirs ;elle lui a fourni
l'occasion de rendre à ta science et au
public des services qui, pour être d'une
nature très-spéciales, n'en sont p^is
moinsgéiiéralement appréciés. M. Hen-
nau s'est fait comme pomologue une ré-
putation méritée. Ayant pris l'habitude
(vers 1840) d* consacrer quelques loi-
sirs k l'élude de l'amélioration des fruits,
il fut d'abord effrayé et même un instant
rebuté du chaos inextricable où il s'é-
garait. L'idée lui vint de provoquer la
création d'une Commission cora|M)sée
d'un certain nombre d'hommes compé-
tents, expérimentés, capables de servir
de guides dans le choix des fruits les
plus avantageux et le mieux appropriés
au c&imat belge, et d'en fixer autant que
possible la nomenclature. Cette idée
fut accueillie avidement par MM. Lau-
rent de Bavay et Aug. Roger, auxquels
vint ensuite s'acUoindre un antre pomo-
logue fort accrédité, M. Alex. Bivort.
Ainsi se forma, sous la protection d'un
ministre grand zélateur des progrès
agricoles et horticoles, M. Cb. Rogier,
le Comité de rédaction des Annales de
la Cfnammionde pomologiey Instiiuée en
1853 par arrêté royal. M. Hennau y fut
associé malgré lui; mais l'initiative qu'il
avait prise ne lui permit pas de persister
dans son refus. On lui assij(na pour
spécialité le genre pomme^ matière vaste
et embrouillée, dont personne n'avait
voulu s'accommoder. Il prit pendant
cinq ans une part très-active et très-
zélée à la rélacUon des Amiales; Il est
superflu «rsgouter que ces fonctions
étaient toutes gratuites. La récompense
des travaux et des sacriAces de M. Hen-
nau se trouve dans la satisfaction qu'il
doit éprouver aujourd'hui en voyant ses
efforts couronnés du plus brillant suc-
cès. Les connaisseurs savent quel nom-
bre de fruits d^éiitc, grâce 4 lui, ont été
naturalisés belges et partout répandus,
au 'ji'and avan aje des producteurs et
des'coiisommaieurs. L'œuvre conscien-
cieuse de la Commission n yole de po-
molegie a pris rang à côté des pitis im-
portants recueils de ce genre publiés
dans les principales contrées de l'Eu-
rope, et l'estime dont elle iouit est
surabondamment prouvée par de fré-
quentes citations et par les plus hono-
rables témoignages. Eliea certaiiieoent
contribué à maintenir le renom et le
lustre dont Jouit la Belgique tiorticole
Jusqu'aux extrémités du monde, grâce
aux soins et aux travaux du célèbre pro-
fesseur de rUttiversilé de Louvain, J.-
B. van Mons.
LAvaiieye (Édouaro), né à Liège
le 17 avril 1811, a fait ses études
dans sa ville natale. A peine sorti des
écoles, il s'est signalé comme biblio-
phile et comme archéologue.— Il av^t
fini par rassembler à grands frais une
précieuse collection de livres et de ma-
nuscrits, malheureusement dispersée en
grande partie, depuis que l'état de sa
santé l'a forcé de renoncer à ses travaux
('). Parmi ses acquisitions se trou-
er ) Il a ét^ dooné ^ la fiibliothèqae de l't-
niveraitéd'acqudrtr quelques-unes des perles
les pinsrichesdece trésor, dont l'importance
est bien connue de toutes les personnes qui
s'intéressent ii l'Iiistoire du pays. Le pré-
cieux Us. de Detvaux (HiMt,poliitqiie,eecléi.
et titiérairt de ta priticipauté de Lié§e, 8 vol.
in-fol.) a été acheté aux firtis de la viUe de
Liège.
704
LAV
702
vaient les précieux manuscrits d'ErnsI,
curé (VAfden, l'un des auteurs de Y Art
de vérifier les dates. Une copie de l*un
de ces documents inédits, étant tombée
entre les mains du baron de Reiffen-
berg (v. ce nom), celui-ci ne fit nulle
difficulté de la publier sous son propre
nom, ce qui fit grand scandale en 1857,
quand M. Lavalleye édita lui-même le
Mémoire sur les comtes de Louvain d'a-
près Tautographe du véritable auteiir
(▼. la France littéraire, de Quérard,
t. XII). M. Lavalleye a mis successive-
ment au Jour les principaux travaux
d'Emst. notamment VHistoire du duché
de Limbaurg, qu*il a enrichie de com-
mentaires et de dissertations intéres-
santes sur des questions spéciales. Les
premières productions de sa plume at-
tirèrent l'attention du gouvernement,
avant qu'il put mettre la dernière main
aux ouvrages qui ont surtout contribué
à sa notoriété. 11 fut attaché à TUniver-
sité de iJége lors de la réorganisation
de 1855 (sa nomination date du mois
de novembre), chargé des cours d'his-
toire de Liège et d'histoire du duché
de Limbourg. Le professeur Fuss
ayant délaissé le cours d'archéologie ,
Il fit également quelques leçons sur ce
sujet pendant l'hiver de 1842. L'année
suivante, il donna sa démission, sé-
journa qiielque temps en France et re-
vint définitivement au pays, pour s'y
renfermer dans une retraite studieuse.
Il a donné, pendant plusieurs années, à
l'Académie des beaux-arts de Liège, un
cours spécial d'archéologie. — M. La-
valleye est membre de plusieurs Socié-
tés savantes de Liège, du Limbourg, du
Luxembourg grand-ducal, etc. —Voici
la liste de ses principales publications.
4* Notice sur le Pont-des- Arches,
Gand, 1854, in-S» (2« édition,. Liège,
in-18),
Extr. du Messager des Arts, etc. de Gand.
2® Mémoire sur les comtes de Durbuy
et de La Roche, par M. S. P. Ernst,
curé d'Afden (Edition annotée). Liège,
1836, in-8«.
y Mémoire sur les comtes de Louvain
jusqu'à Godefroid' le -Barbu, ouvrage
posthume du même auteur (Edition an-
notée). Liège, 1857, in-8''.
Qaelqaes passages de cet opnacoleavaient
déjà figuré dans VÀrt de vérifier les dates.
L'édition du baron de ReiSeoberg se trouve
dans le t. fil des Nouveltes archives histo-
riques dis Pays Bas, c Ui, dit M. Lavalleye,
» cet écrivain a fait preuve de meilleure foi
» que dans le livre qu'il a donné soos le titre
» de : Supplément à fart de vérifier 'es dûtes
9 et aux divers recueils diplomatiques, inséré
9 dans le t. VIII des Mémoires de l'Académie
> de Bruxelles ; il dit en note que ce Mémoire
» est tiré des papiers de M. Ernst. Cette in-
» dication n'est pas tout-à-fait eiacte, et
» pourrait (aire croire que notre savant Au-
» gustin avait laissé quelques notas éparses,
» quelques documents en lambeaux, quo M.
» de ReiflTeiiberg se serait donné la peine de
> class^er et de coordonner ; mais que le pu-
» blic se détrompe: le Mémoire sur les comtes
» de Louvain était écrit tel qae je l'olTre ici,
» et le seul travail qu'ail pu faire M. de Reif*
> fenberg est une copie plus fidèle et plus
» propre que celle qui existe. »
4® Histoire du Limbourg , suivie de
celle des Comtés de Daelhem et de
Fauquemont et des annales de l'abbaye
de Itolduc, par Ernst, curé d'Afden.
Liège, 1857-1852, 7 volumes in-8^
Edition annotée, avec des Mémoires sup-
plémentaires sur diverses questions (sur la
calamine, sur l'origine de la bouille, etc.).
Le L VI, publié en 1840, contient le i'odex
diplomaticuH Valkenburgensis et le Codex
diptomaticuji Limttunjensis ; le t. VU (1859)
est consacré aux Annales Rodenses (il doit
être complété).
5** Petite dissertation sur les chanoines
de St-Lambert en 1151, par E. L. A.
A. L. U. 0. L. (Ed. Lavalleye, agrégé
à l'Université de Liège, 1859, in-8«.
0° Notice sur le Passage-Lemonnier,
à Liège (Messager des arts, etc. de
Gand, 1859).
7** Notice sur Véglise St-Nicolas en
Glain, lez-Liège (Ibid,, 1859, avec une
pi. représentant les ruines de cet inté-
ressant monument de l'époque romane).
8"* Ruines d'un vieux cloître à Liège
(Ibid., 184G).
9^ Histoire de la Fête-Dieu, Liège,
1846, un vol. in-l2«>.
Publié à l'occasion du 6« jubilé séculaire
de l'Institution due à S>«-JuUenne de Ré-
tinnc. — Nous croyons savoir que la réim-
pression de l'ouvrage du P. Rerlholet sur la
Fête-Dieu (Liège, Oudart, 1846) est égale-
ment due au zèle de M. Lavalleye.
703
' SAI
704
10» Relation du sixième jubilé de la
Fête-Dieu, Liège, 4846, in-42».
11° Le vieux Liège, ses monuments
religieux et civils, etc., revue rétro-
spective publiée au profit de la Société
de St'Vincent de Paul. Liège, 1857,
in-12.
D'après un maoaftorit attribué à Henri
Vandenberg. C'est le tableau de Liège en
1612 (avec commentaires, eto ). — Publié
d'abord dans la Gazette de Uége,
i^o £c0ig ^ musique à Liège (Bull,
de [Institut archéolog, liégeois, t. IV,
p. 566).
IS^" LesHamaLUé^e, I860,ln-12^
Extrait de V Annuaire de la Société d'Ému-
lation pour 1860. — Étude sur une famille
de musiciens liégeois.
14** Une perle archéologique, Liège,
in-8^
15° Notice sur Véglise St-Jacques (de
Liège). Liège, in-4°.
Avec planches (mesures et dessins de M.
l'architecte Delsaux).
16** Notice sur Véglise Notre-Dame
de Huy, Liège, 1854, un vol. in-tolio.
Monographie accompagnée de nombreuses
planches (me;(ures et dessins do M. l'archi-
tecte Vierael-Godin).
17° Une quaiiiitè d articules de jour-
naux {McHsafjer des art h, etc., de Gaud ;
Gazette de Liège , etc.) et plusieurs
notices dans la Biographie universelle,
fitainto-op»iivo (Ch.-Augustin), né
le 2 nivôse an Xlll (23 décembre 1804)
à Boulogne-sur-Mer, a èié deux fois, ^
dix-sept années de distance, nommé
professeur de littérature française ^
(* j La première nomination de M. Sainte-
Beuve comme professeur ordinaire de litté-
rature française (comparée ou générale)
porte la signature du Régent et la date du
31 mai 1831. Le 10 juin suivant, le nouveau
titulaire notifia son acceptation ; le 4 sep-
tembre, il pria le gouvernement d'agréer sa
dt^mission Mapp, de Al. Nothomb sur Cens,
»up, en Belgique, t. I, p. CXVI.
( * : Serait-il resté longtemps fidèle à cette
résolution? 11 est permis d'en douter, en
présence de la déclaration suivante, que
nous lisons dans la préface des Causeries du
lundi : < i'étais revenu k Paris au mois de
lUoiversité de Liège ( * ). Il n*a guère
passé plus de douze mois en Belgique;
cependant peu s*en est fallu , nous le
savons de bonne source, qu'il ne fixât
chez nous sa destinée et qu*il n*y plantât
sa tente, au moins pour quelques années
(*), ainsi que Teût désiré M. Charles
Rogier, ministre de rintèrieur en 1848.
— On n'attendra de nous ni une étude
tant soi peu complète sur le prince des
critiques français, ni même une rapide
analyse de ses travaux littéraires. Ses
œuvres sont dans toutes les mains; il
figure dans nos bibliothèques au rang
des dieux lares; nous en dirions trop
pour un public qui le connaît, trop peu
pour rendre dignement hommage à ses
talents ; enfin, pour atteindre la juste
mesure, en supposant que nous en fus-
sions capable, il nous faudrait dépasser
de beaucoup les limites du cadre où
notre mission nous oblige de nous ren-
fermer. On ne rencontre pas un tel
maître sur son chemin, évidemment,
sans le saluer au passage; mais la con-
venance est parfois dans la discrétion,
plutôt que dans la longueur des haran-
gues. Donc, traitons M. Sainte-Beuve
comme un simple mortel, bien qu'il soit
l'un des Quarante, et faisons scrupu-
leuse l>ebOgtie de fidèle narrateur, nous
al. aciiaiu surtout à enregistrer des faits,
laissant à d'autres le soin d'en tirer
parti.
On a quelquefois voulu rattacher
l'historien du jansénisme au docteur en
théologie Jacques de Sainte-Beuve ('),
qui perdit sa chaire de Sorbonne pour
avoir refusé de souscrire à la censure
contre Ârnauld (*). Ce point a été touché
dans la dernière édition de Port-Royal,
donnée en 1867, an tome IV, pag. 564.
septembre 1849, quittant la Belgique et
Liège, où j'étais aUé être professeur un an.
// me semble quelquefois qu'il serait bon
pour Cesprit de faire tous les ans une chose
nouvelle, et de le traiter comme les terres,
quon ensemence tantôt dune façon tantôt
d'une autre, »
(>) Né k Paris en 1613, mort en 166».
Ses œuvres ont été recueillies et publiées
par son frère Jérôme, connu sous le nom
de Prieur de Sainte- *feuve.
( * ) 11 revint plus tard à d'autres senti-
ments et adbéra au formulaire d'Alexandre
Vil.
70S
SAÎ
m
Le ftft est que M. Sâiate-Beuve n'a rien
de certain sur cette parenté : il n'en sait
absolument rien. Au surplus, peu im-
porte: il n*y aurait là qn*uii rapproche-
ment plus ou moins piquaht, et la cou-
ronne de notre contemporain n'en comp-
terait pas un fleuron de plus.
son père, contrôleur principal des
droits réunis de l'arrondissement et
directeur de i'octroi de Boulogne, s*é-
tait marié en f 804 et était mort même
année, six semaines atant la naissance
de Cliaries-Angustin. L'enfant fut élevé
par sa mère ('), de concert avec une
belle-sceiur (■). Né dans l'honnête bour-
geoisie, mais dans la pins modeste des
conditions, il acheva toutes ses classes
k Boulogne, y compris la rhétorique,
dans la pension laïque de M. Blériot,
soDs un bon humaniste, natif de Mont-
didler, appelé M. Clouët. Ayant achevé
sa rhétorique à treize ans et demi, il
aspirait ft venir à Paris recommencer
en partie et fortifier ses études. Le fils
unique n'eut pas de peine à décider sa
mère, toute dévouée à son avenir.
Charles-Augustin arriva donc dans la
capitale en septembre 1818, entra aus-
sitôt à l'institution Landry, rue de la
Cerisaie, au Marais, et suivit les cours
du Collège Charlemagne, à partir de la
troisième. Dès la première année, an
concours général de 1819, il obtint le
premier prix d'histoire (l'histoire était
one Faculté tout nouvellement intro-
duite dans les Collèges). En 1821 ,
rinstitution de M. Landry ayant changé
de quartier et s'étant transportée rue
Blanche (Chaussée d'Antin), le Jeune
Sainte-Beuve fréquenta le Collège Bour-
bon, où il fit sa rhétorique et sa philo-
sophie, ainsi que des mathématiques.
11 obtint, au concours de 1822, le pre-
mier prix de vers latins , parmi les vé-
térans. On le voit ensuite se livrer à des
étodes de science et de médecine ; il
cominaa ces dernières jusqu'en 1827,
c'est-à-dire pendaht près de quatre ans.
Il fit pendant une année le service d'ex*
terne à l'hôpital Safait-Louis, et en gé-
néral il profita beaucoup de tout l'en-
seignement médical, anatomiqne et
physiologique, à cette date. Déjà, dit
l'un de ses biographes, « tous les dé-
mons de la littérature lui avaient soufflé
dans le cœur la passion d'écrire » :
mais... /irimàm vivere, deindè philoso-
pkari. n poursuivit courageusement un
but professionnel Jusqu'au jour où l'ac-
cueil fait à ses premiers essais l'en-
traina irrésistiblement à quitter, une
fois pour toutes, le scalpel pour la
plume.
La nature et l'étendue des connais-
sances acquises influent moins sur le
développement du talent et sur la qua-
lité même de l'érudition, que la ma-
nière dont on a été amené à les ac-
quériir On a fait remarquer plus d'une
fois, et, croyons-nous fort à propos,
que l'habitude de l'analyse et la pra-
tique de l'observation physiologique
ont puissamment contribué à imprimer
à la critique de M. Sainte-Beuve le ca-
chet tout particulier qui la distingue.
La lecture assidue des œuvres des
encyclopédistes, surtout des pages brû-
lantes de leur grand artiste, Diderot ;
l'influence de la méthode condilla-
cienne; la circonstance, enfin, qu'un
esprit naturellement poétique et rê-
veur s'est trouvé, au moment de pren-
dre son élan, forcé par raison de cher-
cher, dans les faits extérieurs, l'image
de cette Minerve qui était tout armée
dans son cerveau et avec laquelle il eût
voulu directement converser, tout cela
y a été aussi pour quelque chose, et, en
présence de tout cela, l'écho inattendu
de la note nouvelle que le romantisme
commençait à faire vibrer et qui ren-
versait les vieilles murailles, comme la
trompette de Jéricho. La tête du jeune
homme bouillonnait ; tiraillé en sens
divers, entre la froide et patiente dissec-
tion et l'inspiration sentimentale» poète
intime fourvoyé dans la clinique, M. S*«-
Beuve nous fait penser involontairement
au bronze de Corinthe, dont un mélange
d'éléments incompatibles en apparence,
mais fortuitement bien proportionnés,
a composé un métal sui generis des
plus précieux. Nous expliquerions de
la sorte ses enthousiasmes successifs,
( * ) W^ SaîDte-Beuve était fille d'un ma-
rin de Boulogne et d'une Angliisp.
(*) Une sœur do père.
707
»AI
708
qu oiiaeu tort de prendre, à notre sens,
pour des reviremenls ; selon Theure,
les aspirations personnelles du poète
on les affinités électives de Tobser-
vateur Tout emporté, puis tout s'est
harmonieusement fondu ensemble; et,au
fond, il n'est pas exact de dire qu'il ajeté
de côté le scalpel : il Ta transformé en une
plume d'or. Quand son choix a été ré-
solu, quand le premier feu a été essuyé,
après les premiers épancberaents trop
longtemps c^ontenus, sa voie déûnitive
s'est tout naturellement trouvée ; il a
étudié le génie humain comme il avait
étudié notre organisme physique. D'a-
bord les points obscurs l'ont frappé,
parce qu'il était Ji la poursuite de l'i-
déal dans le réel ; l'expérience venant,
et avecelle la patience et la clairvoyance,
il a peu à peu tempéré ses jugements, on
plutôt il les a rendus plus équitables
en les rendant plus profonds, se faisant
déplus en plus une loi de placer chaque
figure dans son milieu et sous son vrai
Jour; et grâce à cette méthode trop peu
comprise des lecteurs superficiels, il en
est venu à présenter le rare exemple
d'un talent que 1 âge, aujourd'hui encore,
ne fait que fortifier et rendre plus fécond,
et qui, nous osons le dire, est à peine
arrivé à son apogée. Bl. Sainte-Beuve
n'a pas à regretter d'avoir failli devenir
médecin, pas plus que de s'être enrôlé,
fût-ce sous l'empire d'une de ces Illu-
sions dont il est permis d'être fier, parmi
les apôtres du romantisme. £t si, dans
son Panthéon, il y a eu place pour tous
les dieux, que ses confrères sur qui
récleetisme n'a pas déteint lai Jettent
la première pierre.
Dès l'année i 824, à l'automne, s'était
fondé à Paris un nouveau journal, le
Globe^ dirigé par d'anciens et encore
très-Jeunes professeurs de l'Université,
que le triomphe du parti religieux avait
éloignés de l'enseignement (*)- Le ré-
dacteur en chef, Pierre Dubois, avait
été professeur de rhétorique de M.
Sainte-Beuve. Le Jeune étudiant en mé-
decine s'enhardit à lui soumettre un pre-
mier essai de style : TArlstarque fut
satisfait, et, quand l'article eut paru,
le public ne le fut pas moins. Le débu-
tant avait choisi un sujet alors tout d'ac-
tualité, la géographie de la Grèce. Â
ces préludes succédèrent (1824-1827)
quelques articles liltéraires, portant en
général sur des ouvrages historiqnes,
sur des Mémoires relatifs à laBévolution
française, sur des ouvrages aussi de
poésie et de purelittérature(*). Attaché
définitivement à la rédaction du Globe,
M. Sainte-Beuve envoya sa démission
au directeur de Saint-Louis. L'Académie
française venait de proposer, pour sujet
de prix, le Tableau littéraire du XVI*
siècle. Sur le conseil de Daunou, l'an-
cien conventionnel et l'illustre érudit('),
M. Sainte-Beuve se mit à l'étude ; mais
bientôt, se trouvant «1 l'étroit dans le
cadre d une simple notice et se laissant
entraîner par ses prédilections, il re-
nonça à concourir et concentra toute
son attention sur le côté purement poé-
tique du Tableau. Cela le conduisit à
insérer dans le Globe, en i827, une sé-
( * ) Le fondateur et ri^acteur en chef du
Giobe, M. Pierre Dubois, avait été destitué
en 4823 pour ses opinions politiques. Le
but avoué du nouveau journal était de donner
toutes les libertés comme conséquences k la
liberté politique, et de faire rayonner les
principes de 1789 dans la sphère de l'art,
de la philosophie, de la religion. M. Pierre
Leroux prit la direction du matériel de l'en-
treprise ; les philosophes Joutîroy et Dami-
ron, MM. Duchàtel, Vitet, Ch. Magnio, Pa-
tin, de Rémusat et Dnvergier de Hauranne
furent, avec H. Sainte-Beuve, les principaux
rédacteurs de cette publication remarquable,
dont le succès toujours croissant ne fut pas
moins dû à l'unité d'esprit qui animait tous
les collaborateur:*, qu'à leur verve soutenue
et au mérite de leur style. • Quels hommes
que ces messieurs du Olobe ! • disait Goethe
à Eckermann. « Comme ils deviennent de
jour en jour plus grands, et leur œuvre pins
importante ! Ils sont tous pénétrés du même
esprit à un point incroyable. En Allemagne,
une pareille feuille serait impossible. » El il
ajoutait : « Je regarde ce journal coanoe le
plus intéressant de noire époque, et je ne
saurais m'en passer » (Eckermaan , Ge^
sprœche mit Goethe, &p.liemo%eoi, Hiat. de
la litt. française, p. 6i8}.
(*) Ces articles n'ont point encore été
recuetUis.
(') Damiron était de Boulogne-sur-Mer
(v. Mignet, Notices historiques, t. I).
709
SAI
710
rie d'articles qui furent recueillis l'année
suivante sous ce titre : Tableau histo-
rique et critique de la Poésie française
et du Théâtre français au XVI* siècle
(Paris, in-S*). L'ouvrage avait deux vo-
lumes ; mais le second contenait sim-
plement les OEuvres choisies de Pierre
de Ronsard^ avec notices, notes et cam--
mentaires. Cette réhabilitation de Ron-
sard et en général de la poésie du XVi'
siècle excita, dans le temps, une vive
polémique, et classa d'emblée M. Sainte-
Beuve parmi les novateurs.
Le drapeau qu'il venait d'arborer
comme critique, il ne tarda pas à l'ar-
borer aussi comme poète. Un article
publié dans le Globe, le 2 jan. i827 (*),
le mit immédiatement en relation avec
M. Victor Hugo. Cette relation devint
bientôt une intimité. Elle dura plusieurs
années et hâta le développement poé-
tique de M. Sainte-Beuve , ou même y
donna jour. En 1829, il publiait, sans
y mettre son nom, le petit volume in-16''
intitulé : Vie, Poésies et Pensées de Jo-
seph Delorme. Ce Joseph Delorme, sans
être lui tout ^ fait quant aux circon-
stances biographiques, était assez fidè-
lement son image au moral. « S'il m'a-
vait été donné d'organiser ma vie à mon
plaisir , disait cet autre lui-même ,
j'aurais voulu qu'elle pût avoir pour
devise : Vart dans la rêverie et la rê-
verie dnns Vartn, L'ouvrage se résumait,
quant au fond, en une suite d'épan-
chements tout personnels ; quant à la
forme, les Pensées contenaient, comme
la préface de Cromwell, les articles de
fol de la nouvelle pléiade, en fait de poé-
tique. La bataille s'engageait sur toute
la ligne; la jeune école se voyait mise
en demeure de joindre résolument
l'exemple au précepte. M. Sainte-Beuve
fit paraître, en mars 1850, un deuxième
recueil : Les Consolaiicîis^ûoni le succès
fut moins contesté que celui de Joseph
Delorme (•). L'auteur y parUlt égale-
ment de certains sujets de la vie privée,
qu'il s'attachait à rendre avec relief et
franchise. Un Incident domestique, une
conversation, une promenade, une lec-
ture, un rien lui suffisait : l'exquise déli-
catesse de l'analyse donnait non-seule-
ment aux tableaux et aux pensées un
cachet de vérité tout à fait saisissant,
mais poétisait et spiritualisait en quel-
que sorte la réalité la plus vulgaire. Â
cet égard, M. Sainte-Beuve pouvait dire
nettement dans sa préface : « Ce livre
serait (en supposant le but atteint), par
rapport au précédent, ce qu'est dans
une spirale le cercle supérieur au cercle
qui est au-dessous ; il y aurait eu chez
moi progrès poétique dans la même
mesure qu'il y a eu progrès moral. »
C'est encore à l'expression de senti-
ments personnels que sont principale-
ment consacrées les Pensées d'août (*),
publiées en 1837, et réunies en 1840,
avec les deux premiers recueils, en un
volume in-12<» (*). G. Planche y trouve
rinspiration de l'auteur trop voilée ; en
revanche, il ne peut s'empêcher d'ad-
mirer la simplicitédesmoyensemployés
par M. Sainte-Beuve pour produire une
émotion profonde. « Dans la Pensée
d'août, dit-il, dans Monsieur Jean, dans
la pièce à madame de T., M. Sainte-
Beuve ne parait pas s'élever au-dessus
du procès verbal, il nomme les choses
et les hommes par leur nom ; il énumèrc
les événements comme aurait pu le faire
un greffier. 11 a l'air de transcrire les
faits plutôt que de les raconter. Mais
( ' ) Eekennann dous apprend que cet article
fut remarqué de Goethe.
(*) Le ConitUuiionnel, cntr*autre8, avait
vivement attaqué les théories esthétiques de
l'auteur dans unfaetum intitulé : Im conver-
Mton dun romantique, manuscrit de Jacquet
Delorme , frère de Jo$eph , par M. Jay, a
anssi paru séparément.
(*) « Le titre général de ce volume est tiré
de la première pièce, comme c'était la cou-
tome dans plusieurs des recueils poétiqoes
des anciens » (Préface).
( *) Plusieurs éditions des Poésies corn»
plètes de M, Sainu-Beuve ont paru posté-
rieurement ; la meilleure, au point de vue
du complet, a été donnée par M. Michel
Lévy en i863 (3 vol. in-iS). — On lit dans
la prérace de l'édition de 1840 : « En publiant
ces poésies complètes et en les donnant
comme un dernier mot, je ne prétends pas
renoncer ft la poésie sans doute; mais je
compte désormais la contenir déplus en plus
et, pour ainsi dire, la réduire en moi au strict
nécessaire du cœur. — Je dirai donc adieu
à la Muse, en ia congédiant plus qu'à demi... >
714
SAI
Hû
Part du narrateur, quoique caché, n*en
est pas moins sûr. Le récit va si lente-
ment et affiche si peu de prétentions ,
que le lecteur le suit avec une entière
confiance. Peu à peu cependant les li-
gures se dessinent, le paysage s'éclaire,
les plans s'ordonnent,, et la sympathie
est acquise à fauteur. Il n*est pas facile
de découvrir comment il s'y est pris
pour intéresser ; mais il intéresse, et,
selon nous, c'est le point important.
Tous les détails vivants ou inanimés
sont empreints d'une telle vérité, chaque
chose est si bien à sa place, que l'incré-
dulité ou ledoute sont impossil)les.Nous
ajoutons foi aux paroles du poète, pré-
cisément parce qu'il n*a pas l'air de
vouloir nous dominer. Il parle simple-
ment, et nous l'écoutons, de sentiments
vrais, et nous sympathisons avec lui.
Les pensées qu'il exprime naissent du
sujet , semblent ne pouvoir s'en déta-
cher, et nous acceptons ses pensées
comme nôtres (M.»-— Le mêmecrili(|uc
porte sur les Pensées d'août un autre
jugement que nous croyons devoir re-
produire ici, parce qu'il nous paraît
applicable aux œuvres poétiques de M.
Sainte- neuve en général. «Quoique les
pièces du volume nouveau soient nom-
breuses et ne paraissent pas , nu pre-
mier aspect, disposées dans un ordre
logique, cependant une lecture alleniive
réussit à saisir le lien qui unit entre
elles les impressions successives racon-
tées et analysées par le poète. Les son-
nets, sous une forme plus brève et plus
laborieuse, expriment les mêmes senti-
ments que les récits de longue haleine,
et appartiennent, comme toutes les
pages du recueil, à une maturité d'in-
telligence et de cœur qui participe ù la
fois de la confiance et du désabusement.
Ainsi le titre du nouveau volume n'a rien
d'arbitraire ni de capricieux ; car il
traduit, avec précision, la nature des
pensées et des sentiments que le poète
a connus et célébrés. Il est inutile d'In-
sister sur la conciliation de la confiance
et du désabusement : tout le monde
comprendra, sans peine, que la perle
des illusions qui ont égaré les premières
années de la vie, loin de contrarier la
sérénité de la pensée, mène â l'espé-
rance par la sagacité, et rend Tavenir
d'autant plus facile que l'âme, en se
familiarisant avec la réalité, arrive à
contenir son ambition dans de Justes
limites (*) ».
Voilà pour le côté Intérieur, subjectif
(s'il est permis d'employer ici ce vilain
mot), de M. Sainte-Beuve. En regard se
présente la longue série de ses éludes
critiques, remarquables tout d'abord
parla nouveauté du point de vue où s'est
placé Tauteur. M. Sainte-Beuve avait
été novateur en poésie, plus encore par
le choix de ses sujets que par le style
qu'il s'était créé, et qui était ici vérita-
blement Vhomme mème^ Sur le terrain de
la critique, on peut dire qu'il a inauguré
un genre et une méthode (*). Ce n'est
toutefoisquegraduellementqu'ila trouvé
le secret des procédés qui lui assignent
une place à part dans la littérature con-
temporaine. Dès le mois d'avril 18i9,
il inséra dans la Revue de Paris, fondée
par le docteur Véron, des articles plus
étendus que ceux qu'il pouvait donner
dans le Globe, des articles sur Boileau,
La Fontaine, Racine, J.-B. Rousseau,
Mathurin Regnieret André Chénier. Son
attitude dominante y était polémique
plutôt que littéraire à proprement par-
ler; il y plaidait surtout, a-t-on dit, la
cause du cénacle; d'ailleurs les idées
saines et justes y éclataient à chaque
page, et la dissection y était pratiquée
avec une merveilleuse légèreté de main.
A un moment donné, sans rien perdre
de ses qualités distinctives , son talent
subit une transformation notable : entre
le critique de la Restauration et l'au-
teur des Portraits littéraires, le con-
traste est aussi frappant qu'entre les
deux régimes politiques séparés l'un de
l'autre par la Révolution de juillet (*).
Les événements de 4850,à toutpren-
I • ) Féîuden lUtirairex, Paris, Michel Ld vv,
4855,10-12, p. 240-2 H.
(•) ffrirf., p. 229.
{') Nous renvoyons le lecteur à Tappré-
ciation des œuvres cHliques de M. Sainte-
Beuve, récemment publiée dans le Grand
dictionnaire universel dn X(X^ siècle (de P.
Lat^usse), art. Causeries dn lundi, t. III,
p. 627.
( * ) ffnbemus confitentem reum. « Au Glo^
713
SAI
714
dre, ne pouvaient manquer d'apporter
quelque trouble dans les travaux litté-
raires et dans les préoccupatioufi des
poêles romantiques de cette époque. Ce
fut pour M. Sainte-Beuve une période
de transition. Pendant les premiers mois
qui suivirent la Révolution, il collabora
plus activementau Globe pardesartides
non signés (*)\ Tannée suivante, il se
rattacha même au journal Le National,
dirigé par Armand Carrel. liais ses ex-
cui'sionsdanslapolitiquefurent courtes,
et il se tint ou revint le plus possible
dans sa ligne littéraire. La Revue des
deux Mondes^ dirigée par M. Buloz dès
1851, lui fournit un cadre en rapport
avec le développement de ses études.
Il y débuta par un article sur (Georges
Farcy, jeune professeur de philoso-
phie "tué pendant les journées de juillet.
Ces articles critiques de M. Sainte-
Beuve, tant ceux de la Revue de Paris
que de la Revue des deux Mondes,
furent recueillis en cinq volumes in-S""
qui parurent successivement de 183i
à 1859, sous le titre de Critiques
et Portraits littéraires. Depuis, conti-
nuellement accrus et augmentés, dis-
posés aussi dans un autre ordre, ils ont
revu le jour dans le format in-12, sous
les titres de Portraits de femmes, —
Portraits littéraires, — Portraits con-
temporains,— Derniers Portraits. Celle
collei^tion qui, prise dans son ensemble,
ne forme pas moins de sept volumes, a
été bien des fois réimprimé^;, avec de
légères variantes, depuis 1844 jusqu*à
ces dernières années.
La transformation signalée tout à
l'heure s*accuse rien quedans le choix du
litre : Portraits. M . S*«-Beuve adopte dès
lors, sans peut-être encore avoir plei-
nement conscience de la portée de son
innovation, la méthode dont M. Taine
donnera plus tard la formule phi-
losophique, tout en la pratiquant à son
tour dans des conditions spéciales. Il
ne s'agit plus seulement do juger des
livres, mais de pénétrer dans le secret
de leur composition : c'est un procédé
génétique pour ainsi dire. Pour bien
connaître et pour bien comprendre un
ouvrage, évoquez Tauteur lui-même ;
vivez dans son intimité, voyez-le vivre et
agir, ou plutôt vivez vous-même en lui,
devenez en un mot son incarnation.
Quel nouveau jour éclaire alors la cri-
tique, comme elle s'empare à son tour
de vous, c{»mme elle éveille vos facultés
d'intuition ! Dans les Par^rai/«, l'analyse
des menus détails l'emporte encore sur
la synthèse ; mais la synthèse y est en
germe. M. Sainte-Beuve en est encx)re à
s'orienter ; mais patience ! il est bien
eflectivement dans le chemin où il veut
être; il ne faudra qu'une circonstance
pour qu'il s'en aperçoive, et alors, une
fois pour toutes, il ira en avant d'un pas
plus résolu.
Nous ne mentionnons qu'en passant
le roman intitulé Volupté, publié en 1854
(â vol. in-8o), et par conséquent anté-
rieur aux Penséesd'août. C'est une étude
attachante de pathologie du cœur hu-
main , à la fois hardie et délicate ; c'est le
poème de la lutte douloureuse de la
chair et de l'esprit, peu chargé d'épi-
sodes, mais d'une sentimentalité mor-
bide et d'un raffinement de nuances qui
paraîtraient en dehors de la réalité, si
l'auteur ne nous assurait lui-même (*)
que M*"* de Canaén n'était pas une inven-
tion, et si les Lettres d'Eugénie de Gnérin
n'avaient pas révélé, depuis, l'existence
de natures d'élite de la même famille (').
Volupté, à l'heure qu'il est, a eu cinq
d'abord, et ensuite à la Bévue de Pari$, sous
la Restauration, jeune et dëbatant, je fis de
la critique polémique, volontiers agressive,
ealreprenanle du moins, de la critique d'in-
vasion.— Sous le règne de Louis-PbUippe,
pendant les dix-huit années de ce régime
d'une littéral uro sans initiative et plus pai-
sible qu'animée, j'ai Tait, principalement à
la Revue des deux Mondes, de la critiqun
plus neutre, plus impartiale, mais surtout
analytique, descriptive eX curieuse. Celle cri-
tique avait pourtant, comme telle, un défaut ;
cUe ne concluait pas.. » [Causeries du lundis
préface).
(M Sa collaboration au Globe se ralentit
dans ia ^uite, lorsque cette feuille fut devenue
l'organe spécial du Saint-Simonisme (France
linéraite, l. VIII, p. 886).
(*) Port-Royal, éd. de 4867, t. I, p. 580,
note.
('] Balzac, sous l'impression d'un arliclo
^blié par M. Sainte-Beuve dans la Revue
des deux Mondes à propos de la Recherche
de l'absolu t jura de se venger et de refaire
î?AI
716
éditions, toutes réelles, chacune des
quatre dernières formant un vol. in-*i2**.
Dans Tautomne de 4857, M. Sainte-
Beuve voyageant en Suisse, fut invité à
donner un cours d'une année, comme
professeur extraordinaire à FÂcadémie
deLausanne,sur lesujet de Port-Royal,
dont il s'occupait depuis quelques an-
nées déjà. Il fit ce cours en 81 leçons,
dans Tannée scolaire 4857-1838 ('),
et il bâtît ainsi Touvrage qui parut suc-
cessivement en cinq volumes in-8^, de-
puis 4840 jusqu'en 4859. L'intervalle
qu'il y eut entre la public^ition de plu-
sieurs des volumes s'explique par les
travaux ou les événements qui traver-
sèrent la vie littéraire de l'auteur. Port-
Royal est parvenu à sa troisième édi-
tion; la dernière, publiée en 4867 (6
vol. in-!2®), est très-augmentée, et né-
cessaire pour qui veut connaître non
seulement le glorieux cloître , mais
beaucoup de circonstances de la vie
morale et littéraire de M. Sainte-Beuve.
Sous ce dernier rapport, la page sui-
vante, où l'auteur se livre k une sorte
d'examen de conscience, ne doit pas
échapper à l'attention : « Je suis l'esprit le
» plus brisé et le plus rompu aux méta-
» morphoses J'ai commencé franche-
» ment et crûment par le dix-huitième
» siècle le plus avancé, par Tracy, Dau-
» nou, Lamarck et la physiologie : là
» est mon fond véritable. De lu je suis
» passé par l'école doctrinaire et psy-
» chologique du Globej mais en faisant
» mes réserves et sans y adhérer. De là
» j'ai passé au romantisme poétique et
» parle monde de Victor Hugo, et j'ai eu
» l'air de m'y fondre. J'ai traversé en-
» suite ou plutôt côtoyé leSaint-Simonis-
» me, et presque aussitôt le monde de
» Lamennais ,encore très-catholique. En
» 4857, à Lausanne, j'ai côtoyé le cal-
» vinisme et le méthodisme, et j'ai dû
» m'efforcer à l'intéresser. Dans toutes
» ces traversées , je n'ai jamais aliéné
» ma volonté et mou jugement (hormis
» un moment dans le monde de Hugo
0 et par l'effet d'un charme), je n'ai ja.
» mais aliéné ma croyance ; mais je com-
» prenais si bien les choses et les gens,
» que je donnais les plus grandts espé-
» rances aux sincères qui voulaient me
» convertir et qui me croyaient déjà à
» eux. Ma curiosité, mon désir de tout
» voir, de tout regarder de près, mon
» extrême plaisir à trouver le vrai re-
» latlf de chaque chose et de chaque
» organisation, m'entraînaient à cette
» série d'expériences qui n'ont été pour
» moi qu'un long cours de physiologie
» morale. »
Ainsi M. Sainte-Beuve est retourné
à son point de départ, et il a la fran-
chise de le dire. Il revendique lui-
même sa place dans cette famille d'es-
prits dont il parle au livre premier de
Port-Royal, à propos' de l'art drama-
tique, et qui, tout en se livrant à Ten-
irainement de l'heure présente, domi-
nent leur talent par un sang-froid in-
térieur et le jugent. Tel était Gœthe,
dit-il quelque part; seulement Gœthe se
piquait de cette sérénité. M. Sainte-
Beuve n'affiche point de prétention ;
mais, amené à un examen de conscience,
il se déclare volontiers l'insaisissable
Protée. Prenez-y garde pour vous-
même : le voilà qui vous séduit par le
charme indéfinissable du demi-jour où
il tient volontairement sa pensée; le
voilà qui triomphe de vous en vous en-
laçant de mille liens invisibles, avecune
merveilleuse adresse et la subtilité qui
lui est naturelle ; puis, inopinément ,
quand vous avez capitulé, il vous rend
à cette liberté dont il est si jaloux pour
lui-même. H n'a point songé à se mo-
quer de vous ; c'est une simple ejrpé-
rknce qu'il a voulu faire.
a Je D*ai été, dit-il, el je oe sais qu'un io-
» vestigatéur, un observateur sincère, at-
» tentif et scrupuleux. Et même, à mesure
» que j'ai avancé, le charme s'en étant allé,
» je n'ai plus voulu être autre chose. Il m'k
» semblé qu'à défaut de la flamme poétique
p qui colore , mais qui leurre, il n'y avait
> point d'emploi plus légitime et plus hono-
D rable de l'esprit que de voir les choses et
» les hommes comme ils sont, et de les
» exprimer comme on les voit, de décrire an-
Volupté, « Il me le paiera ! dit-tl : je lai pas-
serai ma plume au travers du corps. > Telle
est l'origine du Lys dans la vallée.
(*) En reconnaissance, rAcadémie de
Lausanne l'inscrivit au nombre de ses mem*
bres.
717
SA[
718
tour de soi, en serviteur de la science, les
variétés de l'espèce, les diverses formes
de l'organisaiioQ humaine, étrangement
modifiée dans la société et dans le dédale
artificiel des doctrines... J'ai été à ma ma-
nière un homme de vérité, aussi avant
que j*ai pu l'atteindre. — Mais cela même,
que c'est peu ! Que notre regard est borné !
Qu'il s'arrête vite ! Qu'il ressemble à un
pAIe (lambeau alhimé un moment an milieu
d'une nuit immense ! Et comme celui qui
avait le plus à cœur de connaître son ob-
jet, qui mettait le plus d'ambition à le
saisir et le plus d'orgueil à le peindre, se
sent impuissant et au-dessous de sa tâche,
le jour où la voyant à peu près terminée,
et le résultat obtenu, l'ivresse de la force
s'apaise, où la défaillance finale et l'iné-
vitable dégoût le gagnent, et où il s'aper-
çoit à son tour qu'il n'est qu'une illusion
des plus fugitives au sein de Tlllusion in-
finie !(').»
Est-ce doncpour en venir à cette dé-
sespérance qu*il a livré la bataille de la
vie? Est-ce là le dernier mot de M.
Sainte-Beuve ? Peut-être bien. A le
prendre à la lettre, on à peine à se dé-
fendre d*un serrement de cœur. Mais
faut-il le prendre à la lettre? Avec un
Judicieux écrivain suisse (*), n*insistons
pas trop sur ce qui donnerait à penser
que cet esprit si ouvert n'a atteint à
une entière liberté que par une entière
indifférence, car jamais M. Sainte-BeUve
n'a été moins indifférent que dans ces
dernières années, a Elles lui ont valu
UD regain de jeunesse, dont les Noti-
veaux lundis sont le précieux monument,
et dans plus d'une occasion on Fa vu
donner un démenti à ceux qui le ju-
geaient incurabl'iment versatile et inca-
pable de s'attacher à rien. En certaines
matières, M. Sainte-Beuve est toujours
le même sceptique, ce qui tient, si je
ne me trompe, Ji sa trop grande con-
naissance des hommes ; en politique, par
exemple, il ne croit pas à une base sûre,
mais seulement à des équilibres qui
varient selon les temps, les lieux et les
circonstances; la politique lui parait
un terrain mouvant, dont il faut s*acco-
moder le mieux possible. Mais il n'é-
tend pas JÉ tout cette facilité, et Ton se
tromperait si Ton croyait qu'il ne tien-
dra bon sur rien. 11 fléchira sur ce qui
s'appelle principes ou doctrines, il s'ar-
rangera selon les circonstances, il ne
dira pas toujours ce qu'il pense, mais
il ne dira jamais ce qu'il ne pense pas ;
il y aura dans son fait du plus ou du
moins, mais il ne variera pas sur les
grandes questions qui se rattachent à la
culture générale de l'humanité; il cher-
chera à diriger l'opinion non jusqu'à un
certain point, mais dans un certain sens,
et il y mettra, s'il le faut, de l'activité,
de l'énergie, de la fermeté, de l'audace.
Il a moins de système que jamais ;
mais il a une tendance de plus en plus
marquée. Que l'esprit aille où il voudra,
pourvu qu'il aille et qu'on ne l'empri-
sonne pas : voilà ce qu'il désire et ce
qu'il demande. Et c'est ainsi que cet
homme réputé changeant a fini par dé-
fendre une cause ('), celle même de
l'esprit, et que tant de souplesse a eu
pour dernière conséquence des actes
de courage, il est aussi serein que jadis,
mais à sa sincérité s'unissent un mou-
vement et une chaleur de vie qui semblent
croître avec l'âge; au milieu de l'Illu-
sion infinie, il y a une chose qu'ilaimc,
dont il jouit , dont il sent plus que ja-
mais l'inestimable valeur,et cettechose,
c'est encore l'esprit toujours vivant et
agissant. »
Le livre de Port-Royal est le vrai
centre de l'œuvre de M. Sainte-Beuve,
à tous les points de vue. Ce n'est pas
un simple sentiment de curiosité qui l'a
porté à vivre si longtemps dans ce
monde ascétique. Il devait sympathi-
ser avec ces hommes austères, dont la
vie ne passe pas sous nos yeux « sans
quelques reflets de douceur, sans quel-
que sujet d'attendrissement» (*). Leur
piété un peu rigide, le côté sombre de
leur théologie n'était qu'un attrait de
plus ; il voyait en eux ce qu'ils ont
été en effet, moins des discuteurs sub-
tils « que des conseillers intimes et
des directeurs des âmes. » C'était un
admirable thème pour la critique et
l'analyse, pour cette dissection minu-
\*) Port- Royal, chapitre final.
(*) M. Rambert (Bibliothèque universelle
et Revue tuitie^ nouv. période, t. XXXI,
fëv. 1868, p. 2^6).
<») V. ci-après.
(*) Discours préliminaire.
719
SAI
720
lieuse du cœur humain qui n'a pas
cessé d'être la passion de M. Sainte-
Beuve. «Qui ne connaît pas Port-Royal,
js*écriait un jour Royer-Coilard , ne
eonnait pas Thumanlté ! » De plus, il
retrouvait là comme un reflet de son
âme, dans un milieu tout différent du
Dôtre. « Les solitaires de Port-Royal,
dit très-bien M. Bambert, ont quelque
chose de son imagination méditative et
tournée en dedans ; Ils ont les prémi-
ces de ces souffrances sans nom, de
ces Inquiétudes vagues et profondes
qui, de nos Jours, ont tourmenté tant
d'hommes et auxquelles M. Sainte-
Beuve n*a pas écha|>pé ; ils ont Tamour
de la retraite, Tamour de l'observation
et de l'analyse Dénétrante des choses
Intérieures. » On peut présumer que
Pori-Hoyal eût été écrit tôt ou tard,
même sans le cours de Lausanne. La
vocation de H* Sainte-Beuve étant de
devenir le naturaliste des esprits^ rien
n'était plus propre à la lui révéler que
cette étude si complexe, si sévèrement
attrayante, où il y avait tant à deviner
dans l'ombre. Port-Royal a été com-
paré à un observatoire d'où il était cu-
rieux de voir se dérouler en perspec-
tive tout le XVII" siècle religieux,
ecclésiastique, philosophique, moral et
littéraire. En soi , d'ailleurs , Port-
Royal est peut-être l'originalité la plus
nettement tranchée de ce siècle de
Louis XIV, placé entre deux Ages vo-
lontiers incrédules. Une haute question
de philosophie de l'histoire se pose
ici : « Comment celte cause catholique,
qui fut si grande de doctrine et de ta-
lent au XVIi* siècle, se trouva-t-elle
ai impuissante et désarmée du premier
jour au début do XV1II% et tout d'abord
criblée sous les flèches persanes de
Montesquieu? Car ces trois siècles (du
moins en France], le XVI% le XVI1« et
le XViIl% se peuvent figurer à l'esprit
comme une immense bataille en trois
Journées... » (* ).Pendant de longues an-
nées, ce problème a été la préoccupation
ajbfiidue de M. Sainte-Beuve; d'autre
parr, fidèle à son penchant qui le porte
à s'attacher aux individualités , les
traits de famille de tous les jansé-
nistes lui ont fait entrevoir la possibilité
d'entrer par le portrait jusqu'au coeur
de la grande histoire. Il s'est d'autant
plus attaché k Por^-Royal, enfin, qu'il
y a puisé la conscience olaire de «a mé-
Ihoae. Rien n'est plus juste que ce mot
de Vinet : « Vous semblés, Itonsleur,
confesser les auteurs que vous criti-
quez; et vos conseils ont quelque
chose d'intime comme ceux de la con-
science, n C'est Port-Royal qui a fait
de M. Sainte-Beuve un confesseur plu-
tôt encore qu'un naturaliste.
M. Sainte-Beuve était, depuis 1840,
l'un des conservateurs de la Bibliothè-
que Nazarine. Nommé mtVÊtre de M-
cadémie française à la place de Casimir
Delavigne, il y avait été reçu le 17 fé-
vrier 1845 par M. Victor Hugo, qui
était alors directeur ou président. La
révolution de février 1848 vint tout à
coup déranger son existence. A un mo-
ment donné, il dut reconnaître qull y
avait des gens tout disposés à lui sus-
citer des embarras. D'autre part, l'ins-
tabilité qui semblait devoir présider
pour longtemps aux destinées de la
France, lui inspira la résolution de
prêter Toreille à l'appel qu'on faisait
d'un professeur de littérature française,
pour l'Université de Liège. M. Charles
Rogler, qu'il connaissait depuis très-
longtemps, le décida à ac^pter ; il ar-
riva à Liège en octobre 1848- Les diffi-
cultés étaient grandes, plus même que
ne l'avait soupçonné M. Sainte-Beuve
(*). Il eut le bonheur de trouver « dans
M. Rorgnet, recteur, un homme équi-
quable et juste, et dans le public et dans
la jeunesse une disposition k l'écouter
avant de le juger » ('). Il faisait trois
cours par semaine, lundi, mercredi et
vendredi. Le cours du lundis qui était ï
{«) Ibid.
(*) On peut s'en faire one idée en ouvrant
U Revue de Belgique du mois de septembre
1848. On y lira un facium dont I« malveil-
lance a été à peine égalée par la èoi-disant
biographie de M. Eugène de Mirecourt. —
Cet article a été aussi tiré à part (Iimssiblb ! !
ou M. Sainte-Beuve et i^néveraité de Uêge,
Bruxelles, D. Raes, 1848, in-18).
( ' ) Ce sont ses propres expressions, que
nous trouvons dans une lettrf pariicuUère.
7il
SAI
7-22
U fois pour les élèves ei pour le public,
et qui se tenait dans la grande salle
académique, roulait sur Chateaubriand
et son époque. Le cours du mercredi
et du vendredi , destiné aux seuls
élèves, embrassait l'ensemble de la lit-
térature française. Vers le temps de
Pâques et pendant les derniers mois,
M. Sainte-Beuve eut encore à faire des
conférences de rhétorique et de style,
pour les sept ou buit élèves qui se pré-
paraient à Tenseigneme^it. « Les sou-
venirs de cette année d'étude et d'Uni-
versité lui sont demeurés précieux» (' ).
Il a voulu, plus tard, payer à la Bel-
gique un tribut de reconnaissance :
nous faisons allusion aux deux vo-
lumes intitulés : Chateaubriand et son
groupe littéraire sous VEmpire, qui vi-
rent le Jour â Paris en 1861.
Dans la préface de cet ouvrage (*),
Fauteur s'est complu â faire un retour
sur sa vie de Liège et d'indiquer les
travaux qu'il prépara pendant son séjour
en Belgique (').
M. Sainte-Beuve C4)nsidère lui-même
( *) U s'agit de la pr^l^ de i849.
( ' ) « Je a'ai pas à expliquer au public, ni
■lème k mes amis, dit-il, pourquoi, sans y
être en rien oblige, j*ai cm devoir chercher
aiUeurs oon pas fortune, mais étude et variété
de vie. Ce sont de ces motifs tout particu-
liers, qui D*oot nul rapport au sens commun,
mais qui HaoBeol à la fibre secrète. Si l'on
vooiaii abaoÉUBent des faiàoBa,je n'en dirais
qu'une, et U voici :
• L'aaaée 1848 a été une année folle et
taiale. Puisque le monde était eo démence,
j'ai saisi ce moment aussi de faire mes folies ;
el mes foUes k moi, c'a été d'aller dans un
pays ami vivre toute une année avec les il-
lustres et aimables awits, Vlllehardouin,
Joinvitte, Frofssart, Communes, Montaigne,
loas m foule et b la fbis. Jusqu'à Buflbn et
CbaUaubiiand ; de les aoeueilUr ea moi, de
les anteadre , de les interpréter , de ne
Bêler plus intimeaient que jamais à eux, et
d'oublier, s'il se pouvait, dans leur commerce,
les sottises et lea miaères du préseoL
» Ce <tue j'avais résolu, je l'ai fait. Ledis-
eoars d'ouverture qui résume mon plan de
cette année, dira à quel travail je me suis
• Le cours de littérature française, com-
BeDçaal avant Villehardeain et allant jus-
qu'av XTIU* siècle, a été professé dans toute
son étendue pour les étudiants de TUniver-
slté de Liège. Je n'en ai gardé que des notes
el d'utiles souvenirs.
* Le second cours, tout public, et qui en-
tame rétad< littéraire approfondie des cin-
qoaote premièras années du siècle, est celui
qv'oo va lire, et que je livre ici à très peu
près dans la même forme ou il a été donné :
je dis à tris peu prés, car je ne Usais pas, je
( * } Anjoonrjot inembra «Ir U (llinmbre rfc* Ra-
préimntmùU.
(*») PrafMaarikrbÊ
rofmï dt Liég«, mort «n
fitariaihifitiNçai^e «rAtliénéa
.»*«. ... .^o«t "^x — > iSS\. Apcéâ «*<)tr« hit uoii>
bAitra Até Uictenti de U Jl«vti« W/m fNtr «lu.* po<"«iei
•C Het jye—tto tTan «eotiiBeBt •lelh^at, Henri Col^oo
f«t|« daM la rèdadipa da /••mal W« LUfe* où il
parlais; le Discours d'ouverlare a été la seule
partie écrite et lue.
> La btigue que j'ai ressentie de ce double
travail m*a averti que je ne pouvais le pro-
longer impunément, et j'ai dû, après cette
première année , renoncer è une hospitalité
bienveillante, dont j'avais d'abord compté
jouir pour un temps plus long.
> CeUe année, pour moi si remplie, m'aura
laissé de profitables eoseignements.
» J'ai va un pays sage et paisible, labo-
rieui et Ubre, un peaple sensé qui apprécie
ce qu'il possède, et qui n'attend pas qu'U l'ait
perdu pour le sentir.
» J'ai vu une Vnivereité savante et non
pédantesqoe, sans entre-mangeriei professo-
rales, comme dit Bayle, et sans aucune tra-
casserie. Je voudrais pouvoir espérer, dans
aM>a court passage, y avoir laissé quelque
chose de restime et des sautimeats qae j'em-
porte avec moL
> J'ai vu un beau pays, nae riche nature,
et dans cette vallée de Liège où je pouvais
me croire loin de la ville comme dans un ver^
aer, j'ai joui, pour la première fois peut-être,
de la naissance d'avril et des premières fleurs
du printemps. La tristesse qui s'attachait au
souvenir de noire malheureux pays et des
amis dont j'avais besoin, se gravait mieox
dans cette vie calme, et chaipie seatimeat
était dans son ordre.
> Ma nomination n'avait pas été sans ex-
citer un petit ou même un gres orage, bieniêt
dissipé. Je ne veux me souvenir que de ceux
qui m'ont généreusement appuyé sans me
connaître M. Clément Muller, rédacteur du
journal de M. Desoer ( * ) , M. Henri Golson( ** )
et M. de Jonghe (***) me permettront de leur
témoigner ici ma reconnaissance.
» Ne pas nommer M. le professeur Lacor-
rat rhai^M tie In rritiqaa Utti^rair<t at thMtrala. Où
lai doit encore le ramaii da tÊmmhtrt^ qùt «I loin
d*«ti^ Mn« mérita /V. la IfétroL li駗iê, aoo. 1S»4
at i8.-Sft).
( *** I l/aiic^eu CorresfonHtuit Jn nmté: du lommal
dé Liégt.
723
SAI
724
Chateaubriand et son groupe littéraire
comme une introduction naturelle aux
Causeries du lundi, lesquelles ne se-
raient, ^ ce titre, littéralement pariant,
que la continuation du cours publierait
à Liège. Cependant, si introduction il y
a, hâtons-nous d'igouterque l'architec-
ture du portail n*est pas exactement
celle du vaisseau de rédiflce. « Le cours
que je reproduis en ce volume, dit M.
Sainte-Beuve, ne paraîtra pas rentrer
dans ma manière habituelle, qui jus-
qu'ici était plutôt dépeindre que déju-
ger. Cette fois je n'ai voulu faire que de
la crilique judicieuse : cela a l'air d'un
pléonasme, c'est pourtant une nouveau-
té. » Il n'y a là-dessous rien de moins
qu'une menaoe. M. Sainte-Beuve avoue
que, pendant bien longtemps, il ne s'est
pas cru libre de dire tout ce qu'il pen-
sait sur Chateaubriand. « Les amis qui
m'ont introduit pour la première fois
auprès de M'"«Récamier savent bien que
c'était là ma crainte, et que le critique
en moi résistait ; mais un si doux charme
attirait d'ailleurs vers cette femme gra-
cieuse qui s'était consacrée à René vieil-
lissant, qu'il fallut bien céder en défi-
nitive et faire comme tous ceux qu'elle
a vaincus. » Maintenant, aucune conve-
nance n'impose plus de ces ménage-
ments. Chateaubriand est à la barre de
la postérité. « 11 est temps que pour
lui la véritable critique commence, à
moins qu'on ne veuille faire de sa re-
nommée, comme de celle de Bossuetet
de Racine, une de ces religious frau-
çaises ( < ) auxquelles on ne peut trouver
mot à dire sous peine d'être excommu-
nié. La dévotion et la critique ne vont
guère ensemble... »
Tout le monde n'a pas accepté sans
réserve les explications de M Sainte-
Beuve, qui plus tard, dans les Causeries,
renchérit encore sur la sévérité dont il
avait désaccoutumé ses lecteurs. On
s'est écrié: a II brise comme à plaisir
les idoles de sa jeunesse ! » Le fait est
que Chateaubriand n'avait jamais été
pris ainsi à partie; cependant, si cette
grande personnalité toute remplie d'elle-
même est plus d'une fois, dans \eCours,
descendue de son piédestal, si l'auteur
des Mémoires d'outre-tombe surtout n'y
est pas ménagé,justicey est pleinement
rendue au poète, et le critique proteste
à l'avance contre le reproche de défec-
tion : « Ce premier type, ce père de qui
nous émanons, je tiens non-seulement
à ce qu'on l'admire, mais à ce qu'on
l'aime toujours » (').
Le premier volume de l'ouvrage com-
prend seize leçons, toutes consacrées
à Chateaubriand; dans le second, outre
cinq leçons sur le même sujet, on trouve
une étude étendue sur Chênedollé (*) et
une autre sur Gueneau deMussy, écrites
Î plutôt dans la manière des Portraits
illéraires. Des Cliateaubriand^ recueil
de notes diverses, et des extraits de
Mémoires inédits viennent enfin, en forme
de supplément.
Non marié, mais ayant sa mère plus
qu'octogénaire, M. Sainte-Beuve revint
à Paris en septembre 1849, sous la pré
sidence du prince Louis-Napoléon. Le
docteur Véron lui proposa immédiate-
ment de commencer, dans le journal
le Constitutionnel, qu'il dirigeait, une
série d'articles littéraires, paraissant
tous les lundis. Le succèsde cesarticles
fut ce qu'il devait être, immense. Ils
donnèrent le signal d'une reprise de la
littérature. M. Sainte-Beuve les conti-
nua trois ans au Constitutionnel, puis
dans le Moniteur, devenu Journal de
r Empire. A partir de 1851, ils repa-
rurent réunis en volumes, sous le titre
de Causeries du lundi: cette collection
se continua pendant les années suivantes,
au point de former en définitive quinze
volumes in-18^
Le mot Causeries fait comprendre
que le ton de l'auteur est celui qui est
en usage dans ce qu'où est convenu
aujourd hui d'appeler Conférences (' ) ,
daire, ce sérail paraître trop oublier les soios
de l'amitié la plus attentive, qui a présidé à
mon arrivée et m'a entouré pendant tout mon
séjour» p. 1i-16).
( * ) Expression du comte Joseph de Maistre
{Note de M, Sainte-Beuve),
{ ') Chateaubriand et son groupe littéraire^
t. Il, p. 433.
( ' ) M. Sainte-Beuve parait avoir ignoré
l'existence, en Belgique, d'un fils de l'auteur
du Génie de l'homme iv. Kart. ChêKCDOLLè).
(*) M. Sainte-Beuve s'est expliqué lai-
7i6
SAl
726
sinon celui qui est de mise dans des
entretiens familiers. Les détails cu-
rieux et piquants y sont bien venus ;
Tanecdote y troute sa place ; les ex-
traits y abondent et donnent lieu à des
réflexions, JÉ des rapprochements, b des
commentaires Ingénieux et délicats. Il
n'y a d'ailleurs rien de frivole dans les
Causeries de M. Sainte-Beuve : il en
résulte presque toujours un enseigne-
ment, en dépit du scepticisme de Fau-
teur, qui, plus souvent qu'il n*en con-
fient, a ses jours de grand sérieus.
Seulement, cet enseignement est tou-
jours caché sous des fleurs, et il arrive
même que Técrivain nous y conduit
sans pour ainsi dire s'être douté lui-
même du résultat de ses recherches. La
mobilité de ce rare esprit le détourne
sans cesse de la poursuite d'un but et
l'empêche trop souvent de mettre à
profit les découvertes qu'il fait en se
jouant. Mais il est incontestablement
de bonne foi, et si, pour avoir trop
vécu, il ne voit plus dans le monde
que des illusions qui sVnlre-détrui-
sent, il s'attache néanmoins tour à
tour à chacune d'elles comme s'il y
croyait: chacune d'elles est pour lui,
k son moment, la vérité qu'il cherche
avec une entière sincérité et avec
une persévérance passionnée. Le style
des Causeries accuse en M. Sainte-
BeuTe une nouvelle transformation :
Il est plus vif, plus alerte, surtout plus
précis, et en même temps plus fine-
ment ciselé que celui des Portraiis. Spi-
rituel, sagace, brillant, chatoyant, con-
sommé, souple, malin, rusé, madré,nar-
quols, atttque, élégant, délicat, varié,
prestigieux, irrésistible, M. de Pont-
martin a pu lui prodiguer toutes ces
épithètes ; avec tout cela, il ne lui plaît
pas de voir en M. Sainte-Beuve un cri-
tique sérieux. M. Cuvillier-Fleury trouve
au contraire les Causeries aussi sé-
rieuses que charmantes, mais maintient
que l'illustre critique a perdu en élé-
Tation ce qu'il a gagné en surface (').
Il y a un peu de vrai dans ces jugements;
mais Ils sont évidemment trop absolus.
M. Sainte-Beuve aime les menus dé-
tails, les recherches de pinceau, les
subtilités d'analyse; mais on ne saurait
dire qu'il s'y perde jamais. Il reste de
chaque article une impression d'en-
semble, un portrait tracé en caractères
indélébiles. Seulement, pouren démêler
les grandes lignes et le caractère es-
sentiel, il faut faire un retour sur soi-
même après avoir lu. L'enchanteur
vous a si complètement ébloui tout
d'abord, il vous a si irrésistiblement
entraîné k partager sa curiosité mi-
nutieuse, qu'j^ force de regarder mille
tableaux divers, comme au sortir d'un
grand Musée, vous ne savez plus où
vous en êtes, sinon que vous venez de
passer quelques heures délicieuses.
Mais retournez à ce Musée, vous en ap-
précierez de plus en plus la richesse, et
vous attachant tour à tour, à loisir, à
chaque toile , vous apprendrez à recon-
naître le cachet des maîtres , et toute
confusion sera désormais impossible. M.
Sainte-Beuve peint la vie dans ses inci-
dents multiples et fugitifs ; mais c'est en
cela que réside précisément son sérieux
comme critique, car l'âme ne se révèle
pas autrement : le comble de l'art du
biographe, la philosophie même de la
critique consiste, non pas k nous présen-
ter des types fixés par la convention, des
lignes sculpturales et immobiles, mais
k faire entrevoir l'élément constant des
caractères k travers l'élément variable
des passions et des faiblesses humaines.
M. Sainte-Beuve , frappé de la compli-
cation infinie des phénomènes de la vie,
cherche k tenir compte de l'action de
toutes les causes concomitantes avant de
rien induire des symptômes que lui pré-
sente le cas spécial observé : ainsi font
les médecins observateurs, que nous
réputons plus sérieux que les médecins
dogmatlstes. Aussi le public ne s'y est
pas trompé : demandez k toutes les
personnes que touchent véritablement
les choses de l'esprit qui a, de nos
jours, en France, le plus exactement
pesé dans la balance les réputations
littéraires : nul doute qu'elles ne pro-
mème snr les Lectures publiques ou Confé-
rences dans les Causeries du lundi, t. 1, S*
édition, p. SiO et soiv.
( * ) V. l'art. Causeries du lundi dans le
Grand Dictionnaire universel du XIX* siècle
(de P. LaroDSse).
7^27
SÂl
728
Doncent sans hésiter le nom de M.
Sainte-Beave. Nul n'est plus pénétrant;
par cela même, nui n'est plus profond ;
joutons : nul n*est plus patiemment
érudit, ce qui ne gâte rien. I^ critique
du Grand dictkmnaire n*est que juste en
disant que, malgré les défaillances, les
inégalités d*aperçus, les changement* de
température qu'on y peut signaler, les
Camerien du lundi resteront m au pre-
mier rang parmi les œuvres littéraires
destinées à Illustrer le XiV siècle (')».
L'activité prodigieuse déployée par
11. Sainte-Beuve an OmstUatiaimei et
au MimUmr{nue caiu»erie par semaine !)
ne suffisait pas à l'absorber tout entier.
En 4854, il fut nommé professeur de
poésie latine au Collège de France, en
remplacement de 11. Tissot. Il prononça
son discours inaugural le 9 mars ISSSi.
Celle leçon 4'ouYeriure, qui fut suivie
dune seconde, fut troublée par des ma-
nifestations tenant à la politique, ei le
cours en resta là. M. Sainte-Beuve lit
ce qu'il crut devoir faire : il serait d'au-*
tant plus bors de propos de revenir sur
ce chapitre délicat, que l'injustice dont
il se vit un moment l'objet a été am-
plement réparée depuis, par des témoi-
gnages publics de sympathie et d'indul-
gence.
Il tint à honneur, toutefoîs,de publier
la première {nartie du cours ^u'il devait
professer. De là le volume intitulé :
Etude mr Virgi!e{\^l,ïià-i9i^).Lenom
de M. Sainte-Beuve a conliiMié de ligu-
rer sur les affiches du Collège de France,
accompagné de la qualité de professeur
titulaire ; mais il a depuis longtemps
renoncé à toiw ses droits.
f^ommé ultérieurement (par M.. Hou-
land, ministre de l'instruction publique)
maître de conférences à TRcole normale
supérieure, M. Sainte-Beuve a rempli
ces fonctions très*«xacteuient pendant
trois ou quatre aas (1858-1861). C'est
alors que s^ plume de critique et de
journaliste fui réclamée de nouveau par
1^ Constitutionnel ; il y reprii ses ar-
ticJes littéraires du htndi, k dater du
16 septembre 1861. Il remplit de nou-
veau toute une carrière : la série de
ces études, recueillies, à partir de 1863,
sous le titre de Nouveaux lundis^ ne
forme pas aujourd'hui (1869) moins de
dix volumes, qui auront même une suite.
Ce que nous avons dit des Causeries
s'applique à plus forte raison aux Nou-
veaux lundis. Il semble même qu'on plus
grand jour se fait dans la pensée de M.
Saittte-Beuvcà mesure qu'il avance dans
la carrière. «Ma tâche, dit- il,estdeeom-
prendre et de décrire le plusde groupes
possibles, en vue d'une science plus gé-
nérale« quil appartiendra à d'autres
d'organiser. » Est-ce là le langaged'on
simple dilettante^ ou la profession de
foi d'un pur philosophe ? Et ce philo-
sophe, est-il bien vrai qu'il faille le
rangerdans la catégorie des sceptiques?
S'il s'est tour ù tour ideniiié avec les
illusious, les préjugés» les engoaemetts,
les prétentions et les vanités des hom-
mes pour arriver à s'en aflfranchir,dans
son for Intérieur, et à sourire douce-
meiit aa voyant beaucoup de bruit pour
ries, cette liberté d'esprit à laquelle il
s'est élevé n'est pas celle du froid stoï-
cien qui*assiste imperlorbableàla ruiee
de l'univers. On a beau dire : derrière
les mirages décevants que poursuivent
les acteurs des luttes humaines, il en-
trevoit une vérité supérieure , impres-
criptible, ineffable, dont nous avons
l'instinct vague et qui se traduit pour
kd dans te droit des consdenœs. Il
entrevoit une humanité éclairée, et
le seul lait qu'il la dé^re telle, prouve
qu'il y a au fond de son coeur une affec-
tion^tune noble croyance. Quand, dans
un moment de crise morale, il jette au
regard sur nos destinées et se fiiailia-
rise avec la |)ensée du Nirwàna, il est
sincère, mais il ne dit pas tout : si l'éter-
nelle nuit était à ses yeux la fin de toutes
choses, aucune cause ne vaudrait la
peine d'être défendue. La sérénité de
II. Sainte-Beuve n'est pas ataraxie,
puisqu'il y a une cause qui mérite à ses
yeux qu'on s'y attache, ùinuit lait place
à l'aurore , et les grandes espérances
données aux sincères ne sont point ab-
solument vaines. Non. qui épouse les
grands intérêts de rhivmanlté n'est pas
un sceptique : désabusé, oui, Il T^st
certes, a l'égard de tout ce qu'il a passé
(*) tbid.
729
SAI
730
au creuset : mais au-delà?... Relisez
IkNuit du nowel an de Jean-Paul, vous
comprendrez cette situation morale.
Comme talent, nous le répétons vo-
lontiers, M. Sainte-Deuve ne s*est ja-
mais élevé aussi haul que dans les Cau-
series et (nous allions ajouter : surtout)
que dans les Nouveaux lundis. Plus que
jamais il sait premire tous les tous ,
plus que jamais son esprit ondoyant
s*épanouit dans toutes ses grâces,son
pinceau délicat se joue de toutes les
nuances et les fond merveilleusement
Tune dans Tautre. Mais il y a plus de
verve franche dans son allure, plus de
relief et de force dans ses traits, plus
de netteté dans ses contours. Les por-
traits contemporains sont hors ligne ;
tOBs sont d'un maftre consommé, sûr
de lui-même et en possession de tous ses
moyens. Le procédé est toujours Tana-
lyse; mais on dirait qu'un nouveau souflEJe
de vie pénètre tout rensemhie pour en
faire ressortir Tbarmonie. N. Sainte-
Beuve a été longtemps avant d'atteindre
cette pleine et glorieuse maturité ;
mais on peut dire de lui qu1i a toujours
progressé ; sa carrière littéraire, à cet
égard, est un phénomène presque uni-
que en son genre.
L^empereur Napoléon lil ajugé à pro-
pos de conférer à &|. Sainte-Beuve, en
avril 1859» la dignité de sénateur. De-
pois le il août tS50, il est en outre
commandeur de la Légion-d'Honnear
Il a pris une part peu active aux discus-
sions du Sénat, jusqu'au moment où
des circonstances qui intéressaient vi-
vement ses convictions personnelles
l'y ont en quelque sorte obligé. Il dé-
clare volontiers lui-même que le r6le
qu'il y a pris et qui a fait de lui comme
le défenseur déclaré de la libre pensée,
a été moins le résultat d'une volonté
réfléchie que d'un mouvement irrésis-
tible (*).
Cette attitude, M. Sainte-Beuve l'a
depuis résolument conservée. Le Mo-
niteur universel ayant cessé d'être le
journal officiel de l'Empire, au com-
mencement de la présente année 1869,
on aurait pu croire que M. Sainte-Beuve
y serait resté d'autant plus volontiers
attaché, que la rédaction en devenait
Indépendante. Le contraire est préci-
sément arrivé : le Moniteur a trouvé un
peu vif un article de M. Sainte-Beuve
et n'a pas cru pouvoir l'insérer ; M.
Sainte-Beuve, dès le lendemain, a rompu
a\'ec le Moniteur (*}pour se ranger im-
médiatement sous là bannière du Temps.
« Le maître renommé de la critique
française, dit ce journal, M. Sainte-
Beuve, vient à nous, et c'est désormais
dans le Temps que paraîtront ces im-
provisations qui sont des monuments ;
ces articles , synthèse merveilleuse
d'esprit, de science et de goût, harmo-
nie toujours égale d'une jeunesse Inal-
térable et d'une maturité consommée ;
ces Causeries, enfin , qui sont, depuis
vingt-ans, un sujet incessamment renoti-
velé d'admiration pour tous les esprits
cultivés. 11 vient à nous, varee qu'il est
assuré de trouver ici la liberté qu'il lui
faut et qui est son droit, mais qm M
a été contestée ailleur$..,.. Nous nous
imputons à grand et singulier honneur
d'avoir été choisis par un tel esprit,
pour un tel wu4if. Cette accession spon-
tanée est la meilleure récompense de
nos efforts, et la preuve de la force de
( * } Nous raisons aUusioo aux séances ora-
geuses do S avril 1867, où H. Sainte-Beuve
prit parti pour M. E. Renan, et du 95 janv.
solvant , oii il demanda Tordre do joor sor
oae pétitioB d'Iiabitants de Saint* Etienne,
qui se plaignateot de l'introduction de cer-
tains ouvrages dans deux bibliothèques po-
potaires.
(*) Voici les explications du Mvniuur
k ce siget : « H n*est pas tout à fait exact
que l'article qui a été roccasion de la retraite
de M. Sainte-Beuve ait M refusé comme
« trop indépébdant à l'égard de Tépiscopat
et du Saiol-Siéfe. » La v<^ité cift qu'on pas-
sage de cet article pouvait être accosé d'une
tendance aox personnalités peo conformes à
des traditions modérées, qoe noàs n'enten-
dons nullement répudier et qoi, au contraire,
rentrent formellement dans notre nouveau
programme. Noua n'avons donc pas cm
devoir, dès les débuts dujoomal transformé,
laisser la question de l'enseignement s'en-
gager dans la voie fâcheuse des querelles de
personne. Nous avons demandée M. Sainte-
Beuve d'atténoercn cette occasion les spiri-
toelles vivacités de sa pkime ; il n'a pas cru
pouvoir y consentir. » (Paul Dalloz).
731
SAI
732
resprit libéral tel que bous Tentendoos,
en dehors de toute étroite préoccupa-
tion départi, de secte et de coterie. La
liberté n'est pas seulement une doctrine
que nous prêctious : elie est notre prin-
cipe et notre vie ; nous la mettons en
œuvre, et nous osons croire que nous
lui avons donné un milieu digne d'elle,
un terrain large et élevé, puisque les
Louis Blanc et les Sainte-Beuve peuvent
s'y rencontrer sans compromis, sans
inconséquence et sans atteinte k Tunité
du journal. C'est là notre originalité,
et une originalité que nous pouvons
dire heureuse et féconde, puisque les
faits sont là pour le démontrer. » —
L'article refusé par le Moniteur a été
publié le i janvier dans le Temps : c'est
une étude sur la Poésie, écrite à pro-
pos de l'enseignemeut secondaire des-
tiné aux filles. Le 15 du même mois a
paru un Essai sur Talleyrand qui a été
très-remarque, et où Ton retrouve tou-
tes les qualités du maître. Quant aux vi-
vacités qui ont porté ombrage au Moni-
leur, nous n'avons pas à nous pronon-
cer ici ; qu'il nous suflise d'ajouter que
de tous les journaux français, le Temps
est celui dont la profession de foi ré-
pond incontestablement le mieux aux
déclarations faites par M. Sainte-Beuve
au Sénat.
Bibliographie (d'après la France lit-
téraire, t. VU 1,1a Littérature française
contemporaine, t. VI, etc.).
l"* Articles de critique littéraire ,
historique, etc., dans le Globe (de
4824 à 1850); articles divers dans le
National, après la révolution de juillet.
2*» Tableau historique et critique de
la poésie française et du théâtre fran-
çaise au XVI* siècle, et OEuvres choi-
sie de Ronsari, avec une notice (bio-
graphique et littéraire), notes et com-
mentaires. Paris, 1828, 2 vol. in-8^ —
2« édition (du Tableau) revue et très-
augmentée , suivie de portraits par-
ticuliers des principaux poètes. Paris,
1845, in-12.
3** Yie^ Poésies et Pensées de Joseph
Delormc. Paris, Delangle, 1829, gr.
in-16. — Nouv. éd., Paris, E. Ren-
duel, 1850, in-8».
11 en existe uoe coalrefaçon belge (dans
la coUeclion Laurent, in-'l 8).
i® Les Consolations, poésies. Paris,
Canel, mars 1850, ln-48^ — 2* éd.,
Paris, Renduel, 1854, in>8<'.
La première ëditioû est anonyme.
50 Volupté, Paris, Renduel. 1834, 2
vol. in-8»
Ce roman a en cinq éditions suecessives
(4840, 4845, ete.^; ctiacune des quatre der-
nières en un seul vol. in.42o. — li a été
réimprimé à Bruxelles.
6* Pensées d'août, poésies. Paris,
Renduel; 1857, in-48\
7° Critiques et portraits littéraires.
Paris, Renduel, 4852-4859, 5 vol. in-
8*. - 2« édit., 4844, 5 vol. in-8«.
Recueil d'articles publiés d'abord dans la
Revue dea deux mondes et dans la Revue de
Paris. — On y trouve également la notice
sur Farcy, imprimée en 4831 en tète du vo-
lume intitulé : J.-G. Farcy reliquiœ, dont
M. Sainte-Beuve a été Téditcur ; l'article sur
M. do Sdnancour, rédigé pour servir de
préface à la 2« éd. éîOI>ermann, due aussi
à l'auteur des Portraits ; Tart. sur les Soirées
littéraires, inséré dans le t. II do Livre des
Cent et un; Tintrod. aux lettres inédites de
M^* Roland, publiées en 4835 par le li-
braire Renduel, etc. — La galerie de por-
traits comprend la plupart des grands clas-
siques du siècle de Louis XIV, quelques
écrivains du XVllI* siècle^ entr'aulres Dide-
rot (art. très-remarquable), l'abbé Prévost,
etc.; André Chénier, M«« de Suêl, M»* de
Récamier, etc., enfin un grand nombre de
contemporains, principalement les chefs de
l'école romantique.
8'' Portraits littéraires, édition re-
vue. Paris, Didier 4844, 2 vol. in-12.
9* Portraits de femmes, éd. revue et
augmentée. Ibid., 484G, in-12.
40^ Portraits contemporains» Ihid.,
484G, 2 vol, in-42«.
440 Port-Royal, Paris, Renduel,
4840-4860, 5 vol. in-8°. — 2* éd.,
48G4. — 5<^ éd. (seulement pour les
premiers vol.), 1867, 6 vol. in-12^
Voir ci-dessus. — Parmi les nombreux
comptes rendus de cet important ouvrage,
nous citerons, pour la première édition , on
article de M. Lerminier {Revue des deux
mondes, i^^ juin 4840) et nn autre de M.
de Sacy {Journal des Ùébats, 43 décembre
4843); pour la 3«, l'art, de M. Rambert
intitulé : Le doyen des critiques français
{Ribl. univ. et revue suisse, Lausanne, 4^'
février 4868), et une analyse publiée cette
733
SAI
734
année môme dans la Revue critique, — A la
(in du lome I de la nouvelle édition, M.
Sainte-Beuve a cru devoir répondre verte-
ment à certaines critiques de Balzac, tt no-
tamment à des insinuations relatives aux
relations de l'auteur de Port-Royal avec Vi-
net. La première édition est dédiée aux
auditeurs du cours de Lausanne; cette dédi-
cace est simplement rappelée dans la troi-
sième.
1i« Institut royal de France : Dis-
cours prononcés dans la séance publique
tenue par r Académie française, pour la
réception de M. Sainte-Beuve. Paris,
IW5, in-4°.
Contient le discours de M. Sainte-Beuve
et la réponse de M. Victor Hugo.
13^ Chateaubriand et son groupe lit-
téraire sous PEmpire, cours professé à
Liège en i848-1849. Paris, Gamier
frères, 1861, 2 vol. in-8^
14® Causeries du lundi- Paris, Gar-
nier frères, 1851*1862, i5vol.in-12.
Articles du Constitutionnel et du Moniteur.
La Galeries des femmes célèbres (Paris ,
1858,în-1Sl est extraite des Causeries {* ),
Le tome Xi du recueil est accompagné d'une
bonne table analytique des matières conte-
nues dans les onze premiers volumes, et
d'une table clironologiqMe des articles. Nous
reproduisons cette dernière, bien que les
ouvrages de M. Sainte-Beuve soient très-
répandus, pour appeler l'attention sur la fé-
condité vraiment prodigieuse du grand cri-
tique.
Antiquité et moyen à(je : Pline l'ancien
(t. Il); Firdousi (Ij; Saint-Anselme (VI);
Villebafdouin (IX); le roman de Renart
iVlII); Joinville (Vlll); Dante (XI); Frois-
sart (IX); Jeanne d'Arc (II); Commynes (I).
Seizième siècle, Rabelais (111); Margue-
rite,sœur de François I (Vil ; Montluc (XI) ;
Marie Stuart (IV) ; Amyot :IV); Etienne Pas-
quierdll;; Montaigne (IV; ; Etienne de la
Boétie (IX); Charron (XI); Henri IV (XI);
Cabrielled'Estrées (YIIIj; Marguerite,femme
de Henri IV (VI) ; Sully (VIII) ; d'Aubigné
(X) ; le préaident Jeannin (X' ; Saint Fran-
çois de Sales (VII).
Dix-septième siècle. — Malherbe et son
école (VIII) ; le cardinal de Richelieu (VII) ;
Mëzeray (VIII ; le cardinal Mazarin (II); le
cardioaide Retz(V); le surintendant Fou-
quet (V); Pascal (V); Patru (V); Saint-
Evremonl (IV) ; Bussy-Rabutin (III); Gour-
ville (V) ; Gui Patin <VIII) ; M"« de Motte-
ville (VJ ; la Grande Mademoiselle (III) ; ma-
demoiselle de Scudéry (IV) ; Chapelle et
Bachaumont (XI, ; Louis XIV (V) ; Madame
Henriette, duchesse d'Orléans (VI) ; Madame
de la Vallière (Illl ; madame de Sévigné (I) ;
Dangeau (XI) ; Daniel de Cosnac (VI ] ; Huet,
évèquc d'Avranchcs (II} ; Boileau Despréaux
(VI); La Fontaine (VIH ; le chanoine Mao-
croix (X) ; Bossuet (X) ; Bourdaloue (IX) ;
Fénelon H etX); Massillon (IX); M"»» de
Maintcnon (VIII et XI) ; M*"» do Caylus (III j ;
la duchesse de Bourgogne (11); la princesse
des l'rsins (V); Madame, mère du Régent
(IX) ; l'abbé do Choisy (111) ; Charles Per-
rault (V) ; le duc de Saint Simon (III) ; le duc
d'Antln(V); Hamilton (I); Chaulieu (I); La
Fare (X); Regnard (VII); le marquis de
Lassay (IX) ; le comte pacha de Bonneval
(V) ; M-ne Dacier (IX).
Dix-huitième siècle. — Fontenelle (III);
Dagaesseau(III); Hollin (YI) ; la duchesse
du Maine (III) ; M»« de Lambert (IV; ; Le-
sage (II) ; l'abbé Prévost (IX) ; Adrienne Le
Couvreur (I); Marivaux (IX); Dudos (IX);
Montesquieu (VII) ; le président Henaalt (XI) ;
M<"« du DefTand (I); Voltaire (II et VII);
Mn« du Chàtelet (II) ; M"« de Graffigny (II) ;
Vauvenargues (III) ; le cardinal de Bernis
(VIII) ; M""» de* Pompadour (II) ; M«« Geof-
n*in (II) ; Bum>a (IV et X); le président de
Brosses (VIIj ; Jean Jacques Rousseau (II et
III); M»«« de La Tour Franqueville (H);
M<n« d'Epinay (II) ; Grimm (Vil) ; Diderot
(III) ; l'abbé Galiani (II) ; M"« de Lespinasse
(II); Marmontel (IV); La Harpe (V).
Etrangers. — Lord Chesterileld (II) ; Fré*
déric le Grand (III et VII) ; Franklin (VII) ;
Gibbon (VIII) ; le prince de Ligne (VIII) ;
Goethe (II et XI).
Règne de Louis XVI. — Marie- Antoinette
(IV) ; Malesherbes (II); Necker (VU) ; M»*
Necker (IV); M>"« de Genlis (III;; Rulbière
(IV); Cbamfort (IV); Rivarol (Vj; Beaumar-
chais (VI); l'abbé Maury(IV); la Sophie de
Mirabeau (IV); Florian (III);rabbé Barthélémy
(VI ; Bernardin de St-Pierre (VI); Saint-Mar-
tin, le philosophe inconnu (X); Sénacde Meil-
ban (X); Vicq-d'Azyr (X); le duc de Lauzun
(IV ; Condorcet (III); Bailly (X); Volney (VU,;
Ramond (X); Ducis(VI).
De la Poésie de la nature, de la Poésie du
foyer et de la famille (Saint-Lambert, Rou-
cher) (XI) ; William Cowper ou de la Poésie
domestique (XI;.
Révolution. — Mirabeau JVj ; Sieyès (V) ;
Bamave(ir; Camille Desmoulins (III); Saint-
(') 1}m Nouvelle galerie des femmes ce- 18B4.
lèbres a été publiée par M. Sainte-Beuve en
738
THt
736
JttM(V); André Cbënier (IV); UBrnn-Pindare
(V); Millet dn Pao (IV).
Dix-neuvième »iicte. — Portalis (V); Roe-
derer (VIII); Fiëvée (V); Napoléon (I); le ma-
réchal MarmoDt (VI) ; M. de Fezeosac (I);
Ghateaabriand (I, II et X); Joseph de Maistre
(IV); De Bonald (IV) ; FeleU, GeoflOroy, Hoff-
mann, Dusaolt (I); M. Joubert (1^ P8ri8ct(I};
Raynoaard (V); Etienne (VI); Arnault (VII);
Michaud (VU) ; M»» Sophie Gay (VI) ; Droz
(111); Daro, Picard, Alexandre Daval, An-
drieux (IX); H. Walckenaer (VI); Paul-Louis
Courier (VI); Béranger < H); Théodore Leclerq
(III); M. de LamarUne (I et IV) ; MM. Ville-
main et Cousin (I et VI); M. Guizot 'l); Fran-
çois Arago :X); H. Thiers (I); M. Mignet
(VIII); Armand Carre! (Vi;; M. de Broglie (II);
H. de Rémiisat (VI) ; M. de Stendhal (Henri
Beyte (IX); M. Prosper Mérimée (Vil); M.
Saint-Marc Girardin J); M. Alfired dé Musset
(l); W^ fimite de Girardin (III); H. de Bal-
zac (II); M. iules Janin (Il et V); l'abbé Ger-
bat (VI): M. de MonUlembert (I) ; le Pèra
Lacordaire (I);M"'* la daehessed'AngoulèmA
(V); M"M Bécamier (I); George Sand (1); De
Latoucbe (111) ; Bazin (11) ; Léopold Robert
(X); Hégésippe Morean(lV); Jasmin (IV);
Topffer (Vlil); Pierre Dupont (IV); M. Denne-
Baroa (X;; M. Gratet-Daplessis (IX).
Qu*e9t'te qu*Mn etanique ? (III) ; Lecturet
publiqiiet du nir (I) ; De la h>éne et det
Poètei en 1B5t (V ; êm Regrets (VI ; De la
queition de» Théâtres (I); Rapporté de la
O>fiimtMf0it des primes à décerner aux ou^
vraget dramatiqites (IX et X); Inttrnction
générale but l'exécution du plan d'étudei^
de M. FortonI (XI).
Ai^ourdlmi, en y comprenant les iVoir-
veaux lundtê, on pourrait plus que donbler
cette liste !
15» Étude sur Virgile. Paris 1857,
Première partie du cours de poésie latine
qui devait être professé au Collège de France.
16*" Nouveaux lundis. Paris, i86i-
lgG9, iO vol. In-ii».
iV Discimn p'mumeés au Sénat.
Paris, Gamier, 1867, in-ii».
48' Collaboration au Journal Le
Temps, à partir du mois de janvier i869,
M. Sainte-Beave, dit M. Bourquelol (La
litt. française contemporaine^ t. VI, p. 293t ,
est l'auteur des notices biographiques et lit-
téraires qui précèdent les ouvrages suivants:
J,*G. Farcy, Reliquiœ (4881 , gr. in-18i ;
Œuvres de Molière (1835-4 84S, gr. in-S^et
S vol. gr. in-8«); Paul et Virginie^ par Béf-
nardin de Saint-Pierre (4836, gr. in-S») ;
Œuvres de FonUnes (4889, 9 vol. in-8*) ;
Histoire de Manon Lescaut et du ckewaÛer
des Grieux, par l'abbé Prévost (4839 , 4844,
in-48) ; Conr^de Ch. Nodier (4840, in-4f);
Œuvres de M«"« de Souza (1840, in-48) ;
Œuvres choisies de Joachim dtr Bellay (4841 ,
gr. in-8«); Poésies, par M<m Desbordes>
Valmore (4849,in-49»); Gaspmddela nuit,
par Louis Bertrand (484), in-8^ ; Galerie
morale, par H. le comte de Ségur (4843,
in-49^); Études littéraires i par Charles La-
bitte (4846, S vol. in-8*) ; Rasa et Gertrude,
par Rodolphe Topffer (4846. in-4^); Lettres
de Mil* Aissé à M"«CalaAdrtni(4846,ia-48«).
— Il a fait précéder de Lettres : Maladie et
guérison , retour d*un enfant du siècle au
catholicisme, par J.-L. Tremblai (4840,
in-8<»); Essais en prose et poésie, par Marie-
Uare {W^ Groaaffd)(4644, in-49o); — et de
préfaces : Valérie , par M"« de Krodner
(4840, 4846,in-49o); Corimre.oit ritalie^ par
M»« de SU61 (484S, in-4»») ; Delphine, jfw
la même (484S, in-4SB).— On lui doit un Ju-
gement littéraire sur Arthur, mr Eugène
Sue, 4840, S vol. anglais); un Eloge de Ca-
simir Delavigne, en tète de ses oeuvres com-
plètes ( 4843 , 6 vol. in-8o) ; des Pragmenu
sur Manon Lescaut, ioinis k la «uife de f his-
toire du chevalier des Grieux et de Manon
Lescaut, par MM. Jules Janin ei Arsène
Houssaye (t847, ia-46).— Outre set articles
de critique, reproduits pour la plupart dans
les recueils précités, M. Sainte-Beuve a pu-
blié dans la Revue des deux mandes quel-
ques nouvelles CM»* de Pontivg, 4837;
Christel, 4839), des poésies, etc.— 11 a tra-
vaillé è T/fraf/e» au Keepsake français^ an
Dictionnaire de la conversation et de la lec-
ture, à V A thenœum français^ etc.
n existe un grand nombre de notiees bio-
graphiques outittérairessurM. Sainte-Beuve.
Les plus récentes ne sont pas les meilleures.
Nous n*en citerons que deux, qui remontent
à plusieurs années de date : celle de M. Louis
de Loménie, dans la Galerie des contempo-
rains par un homme de rien, et un article de
Gustave Planche, inséré dans le premier vo-
lume de ses Portraits littéraires.
Thlmus (FraN^S-GuIUACME-Jo-
seph), né k Dolbaln-Limbourg le 8 oo-
vembre 4808, fit de brillantes étadesan
Collège (magnà tmm laude, 4 3 août 4 828)
et à lUnlversité de Liège (candidat en
droit le 40 Juillet 4830, snmmâ cum
laude; docteur le 4i Jaillet 4832, avec
disHnction). ris^établitàVe^ierscoaime
avocat; en 4855, Tidée lui vint d*ouvrir
gratuitement m cours dé droit eemmer"
dal k TEcole indastrielle de cette ville.
.nti
T37
VAN
738
A peine eut-il le temps de le terminer :
un arrêté royal du 4 avril 1856 lui con-
féra le litre d*agrégé à la Faculté de droit
de rUniversité de Liège, et lui confia
le cours de droit public. L'année sui-
vante, M. le professeur Lambert Ernst
(v. ce nom) ayant été autorisé à renon-
cer aucoursde^froiliui/iird, M.Tbimus
fut désigné (arrêté ministériel du i2 juil-
let 1857) pour remplacer le démission-
naire, tout en conservant d*ailleurs ses
premières attributions. Il flt partie de
lancien Jury centralen I842eteni845,
à titre de membre suppléant. Toutd*un
coup, soit convenances personnelles,
soit lassitude de renseignement, il dé-
tourna ses regards des perspectives qui
s'ouvraient devant lui , sans abjurer
d'ailleurs le culte de la science, comme
le témoignent les publications qu'il a
faites depuis lors. Désirant entrer dans
l'ordre judiciaire, il fut déchargé, sur
sa demande, par arrêté ministériel du
H décembre 1845, du cours de droit
naturel et du cours de droit public. Le
2 mai i845, un arrêté royal le nomma
juge de paix du canton de Hervé ; il oc-
cupe encore aujourd'hui ces fonctions.
11 est membre du Conseil communal de
Battice depuis le 22 août t848; élu
membre de la Commission administra-
tive des hospices civils de Hervé le 22
décembre 4860, lia résilié en 1866 ces
dernières fonctions. M. Thimus a pu-
blié :
i* ConêidéraiiansiurrorigineetrhiS'
/Ofre(fii;tfry (Revue belge, t. ¥11,1857).
2^ Mamtel de droit naturel ou de pki-
îoiophie du droit, Liège, Dessain, 1859,
un vol. grand in-8^.
5* Traité de droit publie, ou Exposi-
tion méthodique des principes du droit
public de la Belgique ; suivi d'un ap-
pendice contenant le texte des princi-
pales lois de droit public. Liège, Dessain,
1844, 1846 et 1848, 5 vol. grand in-8^
C'est le premier traité complet qoi ait para
en Belgique sur cette matière. En tète do
tome I se trouve an précis de notre histoire
eonstitotionoelle ; vient ensuite une étude
sur le droit public philosophique ; enfin le
corps de l'ouvrage est intitulé : Droit publie
potitif. L*atttenr s'attache moins à commenter
la Coostitotion qu*à exposer un corps de doc-
trine.
4® Du contentieux administratif (Be^
vue de l'administration et du droit ad-
ministratif de la Belgique, t. II! ; Liège,
Dessain).
Van Hee» (RICHARD), ]^,né ft Ni-
mègue le 24 mai 1797, flt ses études k
Utrecbt, où sa mère était venue rési-
der en 1864, après la mort du chef de
la famille. Il y fréquenta successive-
ment les écoles dites françaises et les
classes du gymnase ; en 1815, il prit
ses inscriptions à l'Université, comme
étudiant en médecine. 11 y a des voca*
tions irrésistibles. Sans être infidèle k
Esculape, le Jeune étudiant se sentait
plus particulièrement attiré vers la
science d'Archimède, et il consacrait
toutes ses heures de loisir k faire des
mathématiques. Il sut mener de front
les deux coursiers de son char : en
1819 , il subit l'examen de docteur en
sciences, et il éuit sur le point de
franchir la dernière barrière qui le sé-
parait du doctorat en médecine, lors-
qu*en 1821, le gouvernement des Pays-
Bas, appréciant son aptitude pour les
sciences exactes, le nomma professeur
extraordinaire à la Faculté des sciences
de l'Université de Liège. M. Van Rees
accepta cette marque de confiance avec
d'autant plus de joie, qu'elle lui donnait
la liberté de poursuivre désormais ex-
clusivement ses études favorites. Le
Conseil académique de l'Université d'U-
trecht, à cette occasion, lui décerna le
diplôme de docteur en médecine, hono-
ris causa. — De 1821 k 1830, M. Van
Rees enseigna, à l'Université de Liège,
les mathématiques élémentaires, les
mathématiques transcendantes et la
mécanique analytique. En 1825, il fut
promu au rang de professeur ordinaire.
Il revêtit les insignes du rectorat pen-
dant l'année académique 1826-1827 (*).
— Rentré en Hollande à la fin de 1830,
sous le coup de l'arrêté du 16 décem-
bre, il fut adjoint, dès l'année suivante,
à la Faculté des sciences de l'Université
( ' ) V. l'art. Ernst (J.-G.-J.).
29
739
WLR
710
d*Utrecbt ; les souvenirs qull ayaît lais-
sés en cette ville, la réputation qu'il
s'était faite à Liège, tout devait lui
donner Tespoir d'une prociiaine nomi-
nation déilnitive, et cet espoir se réa-
lisa. Jusqu en 1858, il fut titulaire du
cours de mathématiques élémentaires.
La mort de son ancien professeur G.
Mok ayant alors laissé vacante la chaire
de physique, renseignement de cette
science lui fiit confié, avec le titre de
professeur ordinaire. 11 y consacra tout
son zèle Jusqu'à la fin de Tannée acadé-
mique 1866-1867, c'est-à-dire jusqu'à
ce que, parvenu à l'âge de 70 ans, il fut
déclaré professeur émérite , conformé-
ment aux règlements universitaires. M.
Yan Rees est venu revoir ses vieux
amis de Liège quelque temps avant la
célébration du 50* anniversaire de l'U-
niversité; il n'a pu malheureusement
entreprendre un second voyage pour
assister à la fête jubilaire, à laquelle
le corps professoral avait s|)écialement
convié ce vénérable vétéran. Le roi des
Beiges a voulu donner à M. Van Rees,
dans cette circonstance, un témoignage
de sa haute bienveillance, en lui dé-
cernant, par arrêté royal du 5 novem-
bre (le jour même de l'auniversaire), la
croix de chevalier de Tordre de Léo-
pold. — M. Van Rees a publié t
1® Disquisitio de decompositionc acidi
carbonici in vcgetatione^ prxmio ornata
(Ann, Acad. Rheno-Traj., 1817-1818).
2<^ Tentamma malhamitica de cuba-
turâ segmenii ellipmdu^ auctoribus R.
K. van TuyII van Serooskerke et R. Van
Rees. Traj. ad Rbenum, 1819.
5*" Dissertatio physico-mat/ienmtica
inauguralû de celeritate ioni per fiuida
clmiica propagati. Traj. ad Rbenum,
1819.
4» De veterum recentwrumque in
Iractnndâ mathcsi ratione et laudibns
(Ann. Acad, Lforf., vol. V, 1821-1822;.
Discours inaugural, prononcd le 4 octobre
18:21.
5" De rerum incertanim probabili-
tatCy quatenUs matliematicoiiim calcu-
lis subjicilur. (Ibid., 1829).
Discoor» prononcé le 8 octobre 18ST,
lorsque M. Van Rees transmit à J.-O.-J.
Ernsi Taulorilé rectorale.
O'^ Mémoire sur les focales (Corresp,
malhém. etphys, publiée parCarnieret
Quetelet, t. Y, p. 561).
7° Sur la convergence, des séries et
des produits continus (Ib,^ t. VI, p.
185).
8*^ Sur l'analyse des fonctions angu-
laires (Ib., t. VI, p. 277).
9* Sur les marées le long des côtes
de la Néerlande (Nieuwe Verhandel. der
1^ KlnsHe van hei Kon. Ned, InstUuut,
t. Vif, p. 27).
10* Deux chutes d'aérolilhes en Hol-
lande (Ann. de Poggcndorjf, t. LIX, p.
548).
11^ Sur la distribution du magnétisme
dans les aimants et les éleclro-aimants
(Ib., t. LXX, p. 1, et t. LXXÏV, p. 215).
12<» Sur les propriétés électriques des
pointes et des flammes (Ib.^ t. LXXllI,
p. 41 ; t. LXXIV, p. 529).
15° Sur les forces électro-motrices
des piles galvaniques k un métal etdeax
liquides (Tijitckrift van het Kon, N^d.
Imtiluut, t. IV, p. 270).
ii'* Sur la théorie des lignes de fon«
magnétique de Faraday (Ann. de Pog-
gendoi% t. XC, p. 415).
15"* Sur la décharge latérale de Té-
leciriciîé (Verslagen der Kon. AkademU
der Wetemclmppen^ t. ÏX, p. 126).
16^ Sur l'analogie des théories de
Tinduction électrostatique, du courant
galvanique et de la propagation de la
chaleur f/^., t. XV, p. 428).
17** Sur la tension électrique et le
potentiel (Ib,, 2« série, t. I, p. 494).
%vai>iii (Jean-François-Xavier) est
né à Luxembourg le 19 mai 1800. il
appartient il une famille ancienne et jus-
tement honorée ; par sa mère, il se rat-
tache au célèbre Henri Vander Noot^
que la révolution brabançonne porta uo
instant, A Bruxelles, au faite du pouvoir
(*). Ses études moyennes furent brll-
(') Ces détails et une partie de ceux qui suivent sont empruntés à une notice sur
741
WUR
742
lantes et se trouvèrent terminées , en
18i7, juste au moofienl où TUniversité
de Liège ouvrit pour la première fois
ses portes à la jeunesse. Il s*y fit ins-
crire sans retard et suivit assidûment,
pendant cinq années consécutives , les
cours de la Faculté des lettres, ceux de
la Faculté des sciences et c^ux de la
Faculté de droit. 11 prit part au con-
cours de philosophie en 1819-i820;
son mémoire fut non seulement cou-
ronné, mais signalé à Tattention pu-
blique dans la Reviœ encyclopédique de
Paris. C'était une rt^ponse à la question :
Quo jure rerum philosophicarum scrip-
tore9 à Socrate novam historiœ philoso-
phiœ periodum inchoandam putant ?
(Ann. Ac. Leod. I8i9-1820,27 pages).
Il fut reçu docteur en philosophie et
lettres en i821, après avoir publié et
défendu une dissertation sur les poèmes
d'Homère (Quœdam de Ifomericarum
poemalum origine , composilione , et ad
formandum Grœcorum animum moment
ta); une autre dissertation sur rhvdoire
des instilulions judiciaires dans lanti-
quité et au moyen-àge : De judiciurià in
graviorihus deliciis apud diversas gentes
potestate, lui valut en 1827 le dipiômcde
docteur en droit. II débuta au barreau
de Liège et ne tarda pas à être nommé
juge suppléant près le tribunal de pre-
mière instance de celte ville. Mais il
irétait entré dans cette carrière que pour
obéir A un père vénéré : il se sentait né
pour le professorat ; il n*eut de repos
qu'après avoir arrêté la résolution de
consacrer désormais tout ce qu'il avait
d'intelligence et d'énergie à la propa-
gation incessante d'une méthode dont
il s'était ardemment épris , et hors de
laquelle il ne voyait point de salul pour
les études. Nous voulons parler des
procédés de Jacotot, le ccir'bre apôtre
de y Emancipation intellectuelle. Les in-
telligences sont égales ; tout est dans
fout; apprenez bien une seule chose et
rapporlez-y toutle reste : tel fut le Credo
de M.Wûrlh, aussi décidément que celui
de son maître et ami; tel il est encore.
Littéralement dévoré du besoin de pro-
pagande, il ouvrit ù Liège des cours
publics de langue et de littérature, où
il battit en brèche, avec un zèle infati-
gable et le dévouement le plus désinté-
ressé, renseignement traditionnel des
Collèges. Il fut l'un des membres de la
Faculté libre de philosophie, établie à
Liège dans la période de transition qui
suivit immédiatement les événements
de 1850 (v. Part. Fassin). Nommé pro-
fesseur extraordinaire d'histoire an-
cienne et de littérature flamande k l'U-
niversité de Liège, en 1855, par M. le
comte de Theux, il remplit fidèlement
ses devoirs officiels; mais tout le temps
qu'il y pouvait dérober était employé à
des leçons libres de omni re scibili^
toujours d'après la méthode Jacotot.
Insensible aux honneurs académiques,
M. Wùrth eût voulu avoir à diriger le
plus modeste Collège , si une latitude
suffisante lui eût été accordée pour
l'organiser d'après ses vues. 11 réunis-
sait chez lui les étudiants pour les pré-
parer gratuitement aux examens ou les
initier, par des lectures cursives, aux
chefs-d'œuvre littéraires de toutes les
langues de TEurope occidentale; il fai-
sait même venir des enfants des écoles
primaires, lisait et relisait avec eux Té-
Icmaque, et trouvait le moyen d'y ratta-
cher tout l'ensemble de leurs études. Il
distribuait à ses élèves de petits livres
composés exprès pour eux, ou des feuil-
les auto^Taphiées où il se donnait la peine
de copier texte et commentaires linguis-
tiques ; il créait des journaux jacotistes
et des Sociétés d'enseignement libre.
Kugène de Pradel, le |)Oête improvisa-
teur, séjourna quelque temps à Liège
vers 1841 ; ainsi que M. Alexandre
Dumas, il se déclarait partisan de la
méthode Jacotot : M. Wùrth s'attacha
résolument à lui, et après son départ,
fut l'un des fondateurs et des membres
les plus actifs delà Société pradéli^nne^
où l'on s'exerçait tour A tour à l'im-
provisation, dans la salle académique,
sur des sujets désignés par le sort.
Quelque jugement qu'on porte sur le
jacotisme, il faut reconnaître que l'in-
fluence de M. Wùrth, pendant toute
cette période, ne fut point stérile en
Wûrth publiée k Paris dans le Panthéon bio-
graphique universel, cl réimprimée en 1851
à la Rû de VHuttoire abrégée des Liégeoit^
3« édition (voir ci dessous).
743
WUR
744
bons résultats. Cependant ses idées
sur la réforme des études classiques
devinrent de plus en plus radicales.
Un philologue français , fabbé Auguste
Latouche, grand zélateur de la linguis-
tique comparée (*), avait, dés i859,
ouvert à Liège un cours de langue hé-
braïque, où il montrait qu'en ne tenant
nul compte des points-voyelles, inven-
tion des Massorètes, et en prenant
pour point de départ quelques lois
très-simples auxquelles se ramène toute
grammaire, il était facile, en quelques
semaines, d'acquérir la connaissance
de rhébreu. Les mêmes idées avaient
déjà frappé M. AVûrth, qui, d'autre part,
considérant l'hébreu comme la langue
primitive et la plus naturelle de toutes,
avait songé à en introduire l'étude jus-
que dans les écoles élémentaires. Les
deux novateurs fraternisèrent et M
Wûrlh agrandit de plus en plus la
sphère de ses études linguistiques,
qu'il dirigea du reste presque exclusi-
vement vers les recherches étymolo-
giques, ne s'occupant de la grammaire
que pour en réduire les règles à leur
plus simple expression. Ses Petits /»-
vres d*or (Chrysobiblia) n'ont pas eu le
privilège d'être pris au sérieux par
tout le monde; cependant il s'y trouve
plus d'une remarque ingénieuse. M.
Svûrth a eu, dans tous les cas, l'hon-
neur d'inspirer à un grand nombre de
personnes de l'Intérêt pour un ordre
d'études dont M. Chavée, en s'attachant
de préférence aux langues aryennes, a
depuis fait apprécier la haute impor-
tance k Bruxelles et à Paris. Mais M.
Chavée s'adresse aux savants, tandis
que M. W'ûrth avait à cœur les études
des commençants. Ce zèle infatigable
ne se ralentit point et chen ha finalement
de nouvelles issues. Sous l'influence
de la révolution de 4848, M. Wiirth
publia les deux premiers volumes d'un
Cmtrs d'histoire universelle, où il ne
manqua pas d'exposer ses opinions sur
toutes sortes de questions, notamment
sur la réforme générale des études.
Quelque temps après, vers la fin de
1849, le gouvernement le déchargea
du cours d'histoire politique de Tanli-
quité, pour confier cet enseignement,
modifié conformément à l'esprit de la
nouvelle loi, à M. Troisfonlaines (v. ce
nom). M. Wûrth resta titulaire du
cours de littérature flamande jusqu'au
51 juillet 4856, date de l'arrêté royal
qui lui confère le titre de professeur
émérite.
Nous n'oserions prendre sur nous
de dresser un catalogue complet des
publications de M. Wûrth , d'autant
plus qu'elles n'ont pas toutes été mises
dans le commerce. Voici les indications
que nous avons pu recueillir.
Cours préparatoire à l'étude de la lan-
gue hollandaise, Liège, Collardin, 4820,
un vol. in-8*^. — Leçona hollnndaises de
littérature et de morale, 2 vol. in-S"* (V.
l'art. Kinker).— Cours de langue latine,
contenant Cornélius Nepos, accompagné
d'une traduction interlinéaire et d'une
traduction en bon français, les Odes d'Ho-
race expliquées et le Robinson de Campe
traduit en latin, un vol. d'environ 500 p.
— Cours préparatoire à Tétude de la lan-
gue grecque. —Les œuvres d^ Horace, inù.
littéralement en français, en flamand et
en allemand. — Epitome historiée sacrœ^
en quatre langues. — Art poétique (THo-
r<7ce , expliqué grammaticalement et lit-
téralement. — S^-Lambert, patron des
Liégeois, légende historique du VII'
siècle. — S^'Servais, légende du IV»
siècle. — Leçons d'histoire universelle
d'un maître de pension à ses élèves. —
Histoire abrégée des Liégeois et de la
civilisatinn dans le pays des Eburons et
des TongroiSy suivie d'un petit Guide de
Vétranger à Liège et d'un tableau som-
maire des éléments de moralité, de puis-
sance intellectuelle et de bien-être que
possède la ville de Liège à l'époque ac-
tuelle. Liège, Collardin, 4853, in-12
(â* édition, corrigée et augmentée ;
Liège, Carmanne, 4851, in-42). —
(*) Auteur d'une Chrentomathie biblique,
d'une Grammaire hébraïque, de VAdattt éty-
mologique (classification par idée» de toute
la langue hdbralquc\ d'un Vocabulaire éty-
mologique latin ; Paris, V» Dondey-Dupré),
etc — M. Latouche passa de Liège à ^U-
vers et de \k en Espagne, où il essaya d'ap-
pliquer SCS idées en fondant un Collège mo-
dèle [à Madrid).
74o
WUR
746
Psaumes de David, traduction fidèle dia-
prés le texte hébreu universellement
admis, par A. L. (Auguste Latouche),
publiée de concert avec le traducteur.
Liège, 1841, in-12. — Programme d'un
cours populaire d'histoire universelle. —
Petite logique. — Résumé des antiquités
romaities, — Leçons élémentaires sur les
InstUutes et rhistoire du droit romain,
— Précis de rhistoire sainte (1859). —
Lecture simplifiée et première étude des
langues (première chrestomathie bibli-
que). Liège, 1859, in-12. — Les Om-
nibus de Parithmétique et de Valgèbre,
— Vision d'un croyant sur Liège et la
Belgique. — Langue mère et liitéi'ature
sacrée, ou morceaux choisis de la Bible,
texte hébreu et traduction fidèle (Chry-
sobiblia, \^ livraison). Liège, 1842,
In- 12. — La vie de Jésus-Christ et des
.Apôtres, dans les termes mêmes de TE-
vangile et des actes des Apôtres (Chry-
sobiblia, 2* livraison) : Epitome pour
Tétude des langues grecque et latine.
— La tragédie de Guillaume Tell, suivie
de plusieurs légendes^ ballades et du
poème de la Cloche, traduction fidèle de
Tallemand de Schiller (Chrysobiblia, 5*
livraison) : Epitome pour Tétude de là
langue allemande. — Moniteur des fa-
iiii//4»etderinstruction publique, quatre
années à 12 livraisons par an (1844-
1847). — Le Remorqueur pour Vétwde
des langues /}eu grammatical et étymolo-
gique, réunissant, dans un ordre simple
et facile, la variété, qui n>st qu'appa-
rente, du Dictionnaire et de la Gram-
maire de toutes les langues, en un seul
corps de science d'une évidence et d^une
rigueur presque mathématiques, avec
lequel on s'habituera, en y consacrant
pendant une année une heure par jour,
à entendre et à analyser complètement
six langues : Vhébreu, le grec, le latin.
Vallemand, Vanglais et le français (27
caries in-24"). — Collaboration au Cour-
rier des campagnes* — Bonhomme Ri-
chard, — Devoir des chrétiens au XIX*
siècle. — Cours d^histoire universelle-
Liège. 1849, 2 vol. in-i2«. — Esquisse
d'un cours complet de philosophie. —
Esquisse d'un cours de philosophie mo-
rale. — Un grand nombre d'opuscules
(sur la méthode Jacotot et ses applica-
tions) que nous n'avons pu nous pro-
curer. — Quinze leçons d'initiation à
I^hèbreu, à l'arabe, au grec, au latin, à
l'allemand et à l'anglais (feuilles aulo-
graphiées).
AGRÉGÉS NON CHARGÉS DE COURS
(v. ci-dessus le discours de M. Nypels,
p. 48, et la note 51, p. 75).
Nous croyons devoir donner ici la
liste complète des agrégés attachés à
l'Université de Liège depuis 1845 (*).
Ont été chargés de cours : a) dans la
Faculté de philosophie : MM. E.-DD.
Fassln, Alph. Le Roy, Troisfontaines,
Van llulst et L. de Closset ; b) dans la
Faculté des sciences: MM. Em. Kède,
Ad. Delvaux , Fossion , Is. Knpffer-
schlaeger et Trasenster ; c) dans la Fa-
cultédedroit : MM. F. de Savoye, J.-G.
Macors, F. Macors et V.Thiry; d) dans
la Faculté de médecine : MM. Borlée,
Dresse, Heuse et Wilmart(v. ces noms).
N'ont point fait partie du corps en-
seignant actif les agrégés suivants :
A. Faculté de philosophie et lettres.
MM. Becart (A.-J.), docteur en phll.,
ancien professeur de rhét. à l'Athénée
de (-and, depuis prof, privé à Bruxelles
(*); Bernard (Phil.), id., corresp. de
l'Académie royale de Bruxelles (') Le-
MOiNE (P.-J.), prof, au Collège de
(*) C«ax dont la Domination «st aotë-
rieore au ministère de M. Van de Weyer ont
tous fait partie da corps enseignant ; chacun
d*eux est par conséquent l'objet d'une notice
spéciale.
(*) Auteur de divers ouvrages classiques.
notamment d'un Cvur» d'anthropologie.
\*) Décédé en 1853, inspecteur de l'en-
setgnement moyen ; auteur d'ouvrages clas-
siques (Ed. de la Chrestomathie de Jacobs,
etc.) et de nombreuses diss. philologiques
(v. la Biogr. nationale, t. II).
747
AYUU
7-48
Lié^e ( ' ) ; Manbour (Benoit) , id. ,
prof, à TAthénée de Namur; Marlin
(P.-F.-H.-Désiré), docteur en phi!, et
en médecine, prof, à l'Athénée roy»!
de Namur (•) ; Polain (M.-L.), aujour-
d'hui administrateur-inspecteur de TU-
versité de Liège (v. ce nom) ; ScHErjin
(Aug.), docteur en phil., bibliothécaire
du roi (v. ci-dessus, col. 195); Fabry-
Rossius (A.), docteur en pbil. (');
Van Hassëlt (André), docteur en droit,
inspecteur des écoles normales, etc.
(*) et Wel'stenraad (Théodore), id.,
auditeur militaire à Liège (*).
B. Faculté des sciences.
MM. Davreix (E.-J.), prof, à TÉcole
industrielle de Liège (v. ci-dessus, col.
119 et 671) ; DLGM0LLE(Max.), docteur
en se. naturelles , à Bruxelles ; Lam-
BOTTE (Henri), prof, à TAthénée royal
de Namur ('); Leclercq (Désiré), doc-
teur en sciences pbys. etmathém. (de-
puis, directeur de l'Ecole industrielle
de Liège) C); Van Scherpenzeel-Thim,
ingénieur des mines (v. ci-dessus, col.
231); d'Uoekem (P.), docteur en méde-
(^) Décédé. — P.-J. Lcmoioe avait été
deux fois lauréat du concours universitairo
(V. ci-après, 3« partie).
( * ) Décédé préfet des études du Collège
de Liège ; auteur de quelques écrits sur l'eu-
seignemenl, etc.
(') Membre de la Commission prov. de
statistique de Liège. — il a publié, en celte
qualité, des recherches intéressantes sur
l'étymologie des nomt de lieux du pays de
Liège. •
[*) M. Van Hasselt est membre de l'Acad.
royale de Belgique. — Il s'est fait connaître
par un grand nombre de publications clas-
siques (sous le pseudonyme de Charles An-
dré), et surtout par des recueils de poésies,
dont les plus intéressants sont des Etudes
rhythmiques (v. ci-dessus, col. 363).
( * ) Décédé. — Wcustenraad s'est fait un
nom comme publiciste et surtoul comme
poète. Ses belles pièces de vers : le Remor-
queur et le Haut Fourneau, ne seront de
longtemps oubliées.
(*} Depuis à Bruxelles; connu par de
cine à Bruxelles ( * ) ; Ziane (Théophile)*
Ingénieur des mines (*).
C. Faculté de droit.
MM. Drèze (Edouard-Auguste), D'
en droit ; Houze (Léonard), id. (*•).
D. Faculté de médecine.
MM. Ansialx (Jules), D'en médecine»
ancien prof, d'anatomie à TAcad. des
beaux-arts de I jège, fondateur et direc-
teur (jusqu'en 18G8) du dispensaire
ophthalmiquc de cette ville; Dejardin
(Ch.) et son frère Dejardin (Louis),
nommé en 1844 conservateur du cabinet
d'instruments de chirurgie et prépara-
teur du cours de médecine opératoire
et d'anatomie pathologique à TUniver-
silé; LEPAs(Ch.-Jos.)j, docteur en mé-
decine, etc., ancien prosecteur à FUni-
versilè; Dkwildt, id., ancien prof,
d'hygiène à l'Ecole indusir. de Liège,
ancien collaborateur de Fohmann (");
Termonia (Corneille), docteur en méd.,
en chir. et en accouchements, à Liège;
Val'st (Jos ) (v. l'article Th. Vaust, ci-
après) ; Wasseige (Ch.-Joseph) (v. Tari.
Adolphe Wasseige, ci-après).
nombreux travaux scientifiques.
( ' ) Aujourd'hui en retraite.— Il a été rem-
placé à l'Ecole industrielle par M. L. Hou-
tain, docteur en se, ancien élève de l'Oni-
vcrsité de Liège.
(■) Décédé. — Auteur de divers travaux
scientif. communiqués à l'Académie.
(*) Attaché au corps des mines le 10
août 4850; quelques mois avant sa nomina-
tion comme agrégé, M. Ziane a obtenu, en
i85!2, un congé illimité, ce qui lui a permis
de prendre la direction générale des forges
de la Providence, l'une des Sociétés indus-
trielles les plus importantes et les plus
prospères de la Belgique. M. Ziane a reçu la
croix de l'ordre do Léopold en i86i, pour
tertfiees rendus à Cinduttrie nationale. Il
est né à Liège en 4835 et a fait toutes ses
études aux Ecoles spéciales annexées à l'U-
niversité de cette ville.
(*•) Lauréat du concours universitaire
(v. le t. III des Ann. des Univ. de Belgique).
{") Décédé.
IV
CORPS ENSEIGNANT
ACTUEL.
.%u»laux (NlCOLAS-iOSEPH-VlCTOn),
0. ^ , fils de N.-G.-J.-A. Ânsiaux (v.
ct-dessns), né à Liège le 9 mars 4802,
commença ses études moyennes au Ly-
cée impérial de cette ville et les acheva
sous la direction de H. Firmin Rogier,
professeur particulier. Inscrit au rôle
des étudiants de TUniversité de Liège
dès 1817-18, Tannée même de rinstai-
lation, il fui reçu docteur en médecine,
en chirurgie et en accouchements en
1823; sa dissertation est intitulée :
De fUtulà lacrymali (Leod. 1825). Il
partit pour Paris au mois d'octobre de
la même année, s*y attacha au docteur
Roux, qui Tadmit comme aide dans la
pratique civile, et fut en même temps
prévôt au cours de bandages et appa-
reils du professeur Amussat. En 182i,
une place de répétiteur au cours d'ac-
couchements de Maygricr lui fut offerte ;
forcé de retourner à Liège, il ne put
Faccepter. Au mois d'avril suivant, il
entra comme adjoint à l'hôpital de iki-
vière, et aux Hospices desfllles orphe-
lines et des hommes Incurables , en
qualité de chef du service chirurgical.
Il ouvrit en octobre un cours de ban-
dages et appareils et des maladies des
os, et le continua chaque année Jus-
qu'à sa nomination à l'Université ; il
donna également, aux élèves de dernière
année, des répétitions de pathologie
chirurgicale et d'accouchements. Ses
services universitaires datent du mois
de mai 1828. Nommé lecteur à la Fa^
culte de médecine, il figura an pro-
gramme pour le cours de maladies des
os, bandages et appareils, pour le cours
d'accouchements et pour la clinique ob-
stétricale. En 1834-1855, il dirigea en
outre la clinique chirurgicale en rem«
placement de son père, décédé le 26
décembre 1834. En 1858, il obtint le
titre de professeur extraordinaire ,
chargé des cours de médecine opéra-
toire, bandages et appareils— et d'op-
thalmologie — théorie et clinique. En
1843, la pathologie chirurgicale fut
ajoutée à ses attributions. Cinq ans
après sa promotionà rordinariat(1844),
celles-ci furentencoreune fois changées.
Il conserva jusqu'en 1860 la clinique
des maladies des yeux ; depuis 1849,
il est resté définitivement chargé des
cours de clinique chirurgicale, de ban-
751
ANS
752
dages et appareils, et de palhologie chi-
rurgicale (matières générales). — M.
Aosiaux est chirurgien en chef de l*hô-
pital civil de Bavière depuis 1854,
membre de la Commission médicale
provinciale de Liège et membre du Co-
mité provincial de surveillance pour les
aliénés. Lors de la première apparition
du choléra, il fil partie du Comité de
Salubrité institué pour le quartier du
Sud ; le Conseil de Salubrité publique
de Liège le compte au nombre de ses
fondateurs. Il est membre honoraire de
l'Académie royale de médecine de Bel-
gique, membre des Sociétés de méde-
cine de Louvain, de Gand et de Tou-
louse, de la Société d'Emulation de
Liège et de la Société des Sciences na-
turelles de Bruxelles. Indépendamment
d'un grand nombre d'articles de fond
ou de comptes rendus d'ouvrages scien-
tifiques, disséminés dans les Journaux
de médecine de France et de Belgique,
on lui doit les publications suivantes :
I* Traité des bandages et appareils
(première édition. Liège, i827, un vol.
in-8»;2« édition, 1839).
2® Description des appareils amovo-
inamovibles (i842).
5" Notice sur les maladies obser-
vées à la Clinique opbthalmologique
de rUniversilé de Liège (i8i8).
4* De rinfluenre de la position dans
les maladies chirurgicales (1852).
5® Mémoire sur le seigle ergoté (On
trouve une analyse de ce travail dans les
Annales de la Société de médecine de
Toulouse).
6*^ Clinique chirurgicale de Thôpital
civil de Liège, année l854-i835 (Id.),
La promotion de M. Ansiaux au grade
d'officier de Lèopold a eu lieu le 3 no-
vembre i8G7, à l'occasion des fêtes du
50* anniversaire de l'Université (M.
( * ) Le nom d'Aosiaux, comme celai de Sau-
veur, est cher à rUoiversité de Liège et pa-
rait appelé k figurer pendant de longues an-
nées encore sur ses programmes. Par déci-
sion ministérielle dn 3 juillet 1867, M. le
docteur Oscar Ansiaux, fils du professeur
actuel de pathologie chirurgicale, a été auto-
risé à remplacer son père, pour la partie de
ce coura qui comprend les maladies des os
et des articulations, et pour le coura entier de
bandages et appareils. •— M. Oscar-Nicolas-
Ambroise Ansiaux (on pourrait dira Ansiaux
IV) est né à Liège le S8 janvier 4834. U a
fait ses études au Collège communal et k
rUniversitë de cette ville. Chef de clinique
chirurgicale (nommé au concoure) dès le S4
octobre 4857, il a été raçu le 9 août de l'an-
née suivante, avec la plut grande dittinction^
docteur en médecine, en chirurgie et en ac-
couchements. En 4888 et 4869, il a visité
les grandes écoles de Paris et de Londras,
ainsi que les Universités belges. A Paris no-
tamment, il s'est livré d'une manière toute
spéciale à l'étude de la médecine opératoira.
Installé ensuite comme médecin à Liège, il
n*a pas tardé à suivra les traditions de sa
fomille. Visant à l'enseignement, il s'est mis
en mesura de subir, le 3 mai 4864, l'éprauve
définitive du doctorat êpécial en sciences
chirurgicales; il est le pramier qui, dans
cette branche, ait obtenu ce diplôme à l'Uni •
versité de Liège. Un arrêté ministériel du
48 août 4865 l'a autorisé à faire, dans la
Faculté de médecine de yié$e, un court librç
sur l'étude générale et approfondie du fnu-
ument dtt fracturen. Ce coora ne pouvait
s'étendre au-deli de douze leçons ; il a été
repris l'année suivante (4866-4867), et le
nomhra des leçons a été porté à 48 : la réussite
de ce double essai a décidé le gouvernement
à prandre l'arrêté du 3 juillet 4867. — M.
Oscar Ansiaux a contribué, avec quelques
confrères de la ville,à fonder 32 juillet 4864)
la Société médico-chirurgicale de Liège ; il
en a été secrélaira-ad|joint de 4864 à 4863 ;
depuis lora il en est secrétaira, et depuis la
fondation de la Société, il fait partie du Co-
mité de rédaction. — Le 28 octobra 4863,
il a été nommé conseiller communal de la
ville de Liège; son installation en celte qua-
lité date du 8 janvier 4864. Le 4 août 4866,
il a été appelé à faire partie du Comité de
salubrité du Centre ; des Comités semblables,
comme on sait, ont été institués dans chaque
quartier de Liége,en 4 866,pour combattre l'é-
pidémie régnante et pour surveiller les mai-
sons ouvrièras : ils fonctionnent encore au-
jourd'hui. M. 0. Ansiaux préside celui do
Centra depuis le 7 août 4866. — Par arrêté
royal du 35 septembre 4867, il a reçu la dé-
coration civique de 2« classe. — Il a pu-
blié:
4* De la résection des articulations dn
■Mmbra inférieur. Liège, 4864, in-8* (Thèse
pour l'obtention dn doctorat spécial).
f^ De l'emploi de la sutura métalliqae en
chirurgie, et principalement de son applica-
tion à l'opération du bec-de-lièvre {AnnaUs
iS3
BOR
784
(Chables - Jos. - Adolphe),
0. ^, né à Namur le 9germinal an XH
(28 mars i804). Il aborda les études
latines au Lycée de Reims, les pour-
suivit à TÂthénée de Namur, et, au sor-
tir de la rhétorique, se vit sous le coup
d*un Connlium abeundi, qui faillit lui
fermer les portes de Y Aima mater de
Louvain. Cette mesure de rigueur avait
été provoquée par un péché de Jeunesse
Intitulé la Dewezade, poème tragi-co-
mique , tiré à 52 exemplaires seule-
ment ('), mais d'une audace à provoquer
de violents orages, le héros choisi par
Fauteur n^étant pas un moindre person-
nage que llnspecteur-général des Col-
lèges. L^année scolaire venait de s'a-
chever ; le jeune satirique avait mérité,
comme les années précé(lentes,plu8ieurs
prix d'excellence ; on jugea à propos
de les lui retirer , lors de la distribution
solennelle des récompenses Une véri-
table émeute éclata dans le public : on
alla jusqu'à prétendre que la sévérité
de la condamnation avait pour cause
principale le désir de certain père
de famille influent, qui ambitionnait
pour son fils un accessit. Pour faire
admettre le coupable à l'Université de
Louvain (1822), Tintervention du pro-
fesseur Dumbcek vint très ii propos.
M. Borgnet quitta Louvain en 1826,
avec le titre de docteur en droit. A Na-
mur , il retrouva d'anciens amis , en-
pgés dans la politique de l'opposition.;
il se joignit à eux et prit part en i829,
pendant quelques mois, k la rédaction
du Courrier de la Samhre, avec MM.
Brabant et Wautiet. Le 30 août 1850,
il fut nommé membre de la Commission
centrale de la garde bourgeoise de Na-
mur. Dans cette ville, comme ailleurs,
il avait fallu recourir à cette mesure
pourveniren aide à l'administration com-
munale, impuissante à maintenir l'ord re .
de ia Soeiiié médico-chirurgicale de Liège,
«▼ril 4863).
3« Tameur adënotdê de la voûte palatine
(/6itf., mai 1862).
4» Hémalocèle delà luniqae vagiotle fibid ,
jaillet 1862).
A^ Kyste coogënitil do plancher de la
bouche (/M., joillet 1862).
6» De l'acupressare , d'après Simpson
[iàid., mars et avril 1864).
Le 5 octobre suivant, M. Borgnet fit
encore partie d'une Commission de se-
cours chargée de provoquer des sou-
icriptions pour procurer des secours aux
habilants de Namur qui ont été victimes
des événements mémorables du !' ' de ce
mois. Ce furent là les seuls épisodes
politiques de la carrière du jeune avocat :
rappelons seulement qu'en 1834, il prit
part à la rédaction du Journal de Namur,
avec ses collaborateurs de 1829. 11 était
entré dans la magistrature l'année même
de la révolution; sept ansaprès, iléchan •
gea son mandat de juge d'instruction
près le tribunal de première instance
de Namur, pour le titre de professeur
extraordinaire à l'Université de Liège.
Il fut chargé d'enseigner l'histoire na-
tionale et l'histoire politique du moyen-
âge. Rien n'a été changé depuis lors dans
ses attributions; il est à remarquer seu-
lement que ses cours, de même que la
littérature française, la logique et la
morale, ont disparu, conformément à
la loi qui régit actuellement l'enseigne-
ment supérieur, du programme des exa-
mens principaux de la candidature en
philosophie etlettres, pour figurer parmi
les matières dites â certificats. M. Bor-
gnet, promu à l'ordinariat le 20 sep-
tembre 1841, a été élevé à la dignité
rectorale, pour 1848-49, pararrêté royal
du 51 août 1848, et prorogé pour trois
ans dans les mêmes fonctions, par un
second arrêté du 10 octobre 1849. Cette
dernière date marque le point de départ
du système en vigueur; en d'autres ter-
mes , c'est depuis lors que le rectorat
triennal a été substitué au rectorat an-
nuel. — Indépendamment de ses cours
universitaires, M. Borgnet a mission
d'enseigner à l'Ecole normale (depuis
la création de cet établissement) la
méthodologie spéciale de l'histoire et
de la géographie. Il fait en outre partie dtt
70 De l'anesthësie locale, d'après le procédé
de B. Richardson {tbid,, mai 1866).
%o Divers articles de bibliographie, des
revues critiques et un grand nombre de tra-
ductions de travaux anglais, dans le recueil
prémeniionnë.
i') La Ùewfzade a été réimprimée plus
tard k Mons, dans un volume intitulé -. Poé-
sies de Coliége,
755
BOR
786
iary d'admission aux Ecoles spéciales.
Pour compléter la liste de ses services
académiques , nous ajouterons quMI a
été nommé, Ie29décembre 1844, mem-
bre du Conseil d'administration de la
caisse des pensions des Universités, et
que, le 7 décembre i848,il a été adjoint à
M.Paul DevauxetDerote, dans une Com-
mission chargée de présenter un projet
de loi sur renseignement supérieur.
Membre correspondant de l'Acadé-
mie royale de Belgique depuis le 4 5 dé-
cembre 4836, il a été élevé au rang de
titulaire le 40 janvier 4846. Un arrêté
du 23 octobre 4850 l'a fait entrer dans
la Commission royale d'histoire, où il
a fait preuve d'une rare activité. L'In-
stitut archéologique liégeois (4 avril
1850), l'Académie royale de Sévîlle (5
mai 4851), la Société littéraire de Leyde
(47 juin 4852), la Société histonque
d'Utrecht (45 janvier 4855), la Société
libre d'Emulation de Liège (49 février
1854), la Société provinciale des Arts
et des Sciences d'Utrechl (28 mars
1856) et l'Institut genevois (24 mars
4858) le comptent parmi leurs associés.
Le 34 juillet 4 «49, le Cercle artistique
et littéraire de Bruxelles lui a décerné
un diplôme d'honneur.— 11 a été, deux
fois, nommé membre du jury institué à
l'occasion d'un concours ouvert par le
Gouvernemenl , pour un livre de Lec-
tures historiques belges; le 26 décembre
1850, il a été appelé à concourir aux
travaux de la Commission chargée de
présenter un projet dedécorailon sym-
bolique pour le palais de Liéjçe ; en
vertu d'un arrêté du 28 février 4856, il
a siégé au Concours quinquennal d'his-
toire nationale ; il s'est acquitté enfin,
la même année, d'une mission litté-
raire en Italie, conformément à un autre
arrêté du 3 février. Chevalier de l'Or-
dre de Léopold depuis le 40 juin 4849,
il a été nommé officier le 21 novembre
1862.
Les titres littéraires de M. Borgnet
sont considérables. Nous mentionne-
rons d'abord les ouvrages qu'il a pu-
bliés en dehors de l'Académie ; ensuite,
les communications qu'il a faites à cette
Compagnie savante; enfin, les travaux
qu'il a entrepris pour la Commission
royale d'histoire^
I. Ouvrages non publiés par V Aca-
démie.
1. La Dewezade (v. ci-dessus).
2'' Lettres sur la Révolution Bra-
bançonne. Bruxelles , 1834 , 2 vol.
In-12°.
S"" Lettres sur l'histoire de la Bel*
gique pendant les années 1791 à 1795
(Revue belge, Imprimée à Liège, 1836-
59).
4^ Légendes namuroises, par Jérôme
Pimpurniaux, ancien procureurau Con-
seil de Namur. Namur 1837 , in-12^
5^ Le divorce du roi Lotbaire II et
de la reine Theutberge (Inséré dans la
Revue nationale de Belgique^ dont M.
Borgnet a été l'un des membres fonda-
teurs).
6» Louis XIV et la Belgique, 1659 à
1668 (ibid,).
V Le traité de la Barrière (Ibid.).
8o La compagnie d'Ostende (Ibid.),
9° La guerre de la Marmite (Ihià.).
i^ Cinq chapitres d'une histoire
des Belges pendant le XYIII» siècle.
Bruxelles, 1843, un vol. in-8<'.
Série d'articlea extraits du même râcoeil
et tirdâ k part à 30 exemplaires.
11. Histoire des Belges à la fin du
XVillo siècle. Bruxelles, 1844, 2 vol.
in-80; 2 édition, Bruxelles, 1861, 2 v.
in-8^
Ouvrage d'une haute importance, com-
posé eolièrement sur les sources, pour la
plupart inédites; le premier travail complet
publié sur cette période de notre histoire.
Les idées de. l'auteur se rapprochent de celles
des Vonckistes ; mais la haute impartialité
du récit a été unanimement reconnue par la
presse, tant à Tétranger qu*en Belgique.
12° Lettre à Monsieur le baron de
Reiffenberg (suit une demi-page de ti-
tres), connu dans l'univers et dans
mille autres lieux, par Bonaventure
Pimpurniaux, de la Société du Casino
de Namur et de nulle autre Société
savante. Liège, 1846, in-8«.
Boutade à fond de train, écrite en tfieux
français, pour servir de réplique à des obser-
vations assez aigres pubUées par le directeur
du Bulletin du bibliophile belge, relevani
des critiques formulées par M. Borgnet lai-
mème dans la Revue de Liège, au siqei des
737
BOR
788
Monumentt pour tervir à Vhitioire des pro-
vinces de Ifamury de Bainaut et de Luxem-
bourg (Les premiers volâmes de cette col-
lecUoo ont ea poor éditeur, comme on sait,
M. de Reiffenberg ; v. ce nom).
i3« Introduction à une histoire des
institutions politiques de francien pays
de Liège (dans le Progrès pacifique ^
Liège, 1851, in-S^).
Ce travail résume les idées émises par
M. Borgnet dans un cours pul)Iié sur l'his-
toire de Liège, donné l'année précédente à
l'Université , devant un nombreux auditoire.
\\^ Sac de Dînant par Charles le
Téméraire (Dans les Annales de la So-
ciété archéologique de Namur. Namur,
4855, in-8^; aussi tiré à part).
45^ Jean de ^elnsher^ (Bulletin de
rinslitut archéologique liégeois. Liège,
4854, in-8«).
46* Guide du voyageur en Ârdenne,
ou Excursions d*un touriste belge en
Belgique, par Jérôme Pimpumiaux.
Bruxelles, 4856 et 4857, 2 vol. in-42*
(avec cartes).
L'aoteur raconte ses propres excursions
et mêle volontiers des remarques humoris-
tiques à ses descriptions et à ses récits.
4 7» Manuel d'histoire et de géogra-
phie anciennes (anonyme). Bruxelles,
4854, in-42".
Cet ouvrage, rédigé d'après le manuel
allemand de Piitz, a eu trois éditions. Le
Conseil de perfectionnement de renseigne-
ment moyen l'a adopté pour les Athénées et
les Collèges. One édition italienne en a paru
à Turin en 1868. Le traducteur insiste beau-
coup, dans sa préface, sur le talent d'expo-
sition de M. Borgnet.
48<' Histoire de la Révolution liégeoise
de 4789 (4785-1795). Liège, 1865, 2
vol. in-8«.
Cet ouvrage, le seul qui existe sur la ma-
tière, a été jugé digne, en 4866, d'obtenir le
prix quinquennat dhittoire nationale. De
mèine que X Histoire des Belges à la fin du
XVI If siècle j il a été composé d'après des
docoments originaux, presque tous inédits.
Archives, papiers de famille, tout a été mis à
contribution par l'auteur, qui a consacré de
longues années à ce travail. On doit à M.
Boi^et et à lui nul, dit le rapporteur du
concours, la connaissance aussi claire, aussi
complète qu'on pouvait respérer.de toute une
période de rhistoire politique de notre pays.
19® Discours prononcé à la séance
du Concours généralde 4 849 (Important
au point de vue de la réforme de ren-
seignement).
W De 4849 à 4852, quatre discours
sur différents sujets d^histoire, pronon-
cés à la réouverture des cours de fUni-
versité (Liège, 4 brochures fn-8°).
II. a. Mémoires de V Académie (in-4°).
21° Etude sur le règne de Charles-lc-
Simple (^ouv. Mém,, t. XVII, 4844).
^^^^ Philippe II et la Belgique (Nouv.
Jf<^.,t.XXV, 1850).
Ce mémoire a été réimprimé in-8o, et une
traduction hollandaise en a été piû>liée k
Leyde, par M. le D' Van Yloten.
b. Bulletins de VAcadémiey in-8®.
tù^ Sur un diplôme du IV* siècle,
relatif à Saint-Gérard (t. lY, 4838).
24® Note sur un ancien manuscrit
(im,).
W Note sur une chronique publiée
dans les Monumenta Germaniœhistorica,
deM.Pertz(t X, 4845).
26^ Renseignements sur Touverture
d*un tumulus, près de Namur (Ibid.).
27'' Causes et résultats de l'absence
d*unîté nationale en Belgique pendant
le XVII- siècle (t. XIV, 1847).
28° Note sur un manuscrit de la bi-
bliothèque de Bourgogne (Ibid,),
29° Sur une œuvre inédite de Sidro-
nius Hosschius (t. XV, 1848).
III. a. Publications de In Commission
royale d*hi8toire: Collection de chro-
niques nationales (in-4°).
30° Monuments pour servir à Vhistoire
des provinces de Namur, de Hainautet
de Luxembourg^ t. VI, 4'° partie: suite
du chevalier au Cygne et Godefroid de
Bouillon (XCVII et 556 p.).
La seconde partie de ce volume (p. 561-
1031) contient le Glossaire de MM. Em. Ca-
chet et Liebrecbt (1859).
31° Chronique de Jean de Stavelot,
XII et 604 p. (4864).
32° Chronique de ieban des Preis
dit d*Outremeuse (Ly myreur des hi-
stors), 1. 1, 684 p. (4864); t. II (4869);
t. V, 752 p. (4867), ln-4''-
à
•• •>*
759
BOR
760
Publication du plus haut intérêt pour This-
toire du pays. La Ge$te de Liège est impri-
mée à la suite de la chronique en prose. —
L'introduction, comprenant un essai sur la
vie et les œuvres de Jean d'Outre-Meuse, pa*
rallra avec un prochain volume.
b. Bulktins de la Commission royale
d'histoire (in-S"").
33'' Yingl-quatre lettres inédites de
Stockmans (vol. !)•
34'' Note sur la loi muée (Ibid,).
Uorlée (JOSEPH-ÂUGUSTIN) , Ué à
Huy le 4 Janvier 18i7, sortit lauréat de
rhétorique du collège communal de
cette ville en 1834, étudia ensuite la
médecine à lUniversité de Liège, et
obtint successivement, au concours, les
places d*élève interne en médecine ,
d'interne en chirurgie et de chef de cli-
nique chirurgicale à Thôpltal de Ba-
vière. Ses examens de docteur en mé-
decine, en chirurgie et en accouche-
ments ayant été subis avec la plus
grande distitiction, il fut gratiflé, en
1842,d*une bourse de voyage (en vertu
de Tart. 35 de la loi sur renseigne-
ment supérieur), visita plusieurs Uni-
versités étrangères, et fit rapport au
gouvernement des observations qu'il y
avait recueillies. 11 fut attaché en 1845,
en qualité d'agrégé, à l'établissement
même où il avait conquis ses diplômes,
et ne tarda pas à figurer au programme.
Il fut successivement chargé du cours
de pathologie chirurgicale, d'une partie
du cours d'anatomie descriptive, du
cours de médecine légale, d'ophthalmo-
logie, de médecine opératoire et de
clinique des maladies des yeux. Il en-
seigne aujourd'hui les matières spé-
ciales de la pathologie chirurgicale,
y compris les maladies des yeux ; il di-
rige la clinique ophthalmologique et
fait des leçons sur les opérations chirur-
gicales. M. Borlée a été nommé profes-
seur extraordinaire en octobre 1856; sa
promotion à Tordinariat date du â2
Janvier 1862. — Il a publié :
1» Dans le Journal de la Société des
sciences médicales de Bruxelles : a. Un
Mémoire sur le ramollissement et les tu-
hercules du cerveau; B. Une Observation
relative à une énorme tumeur anévris-
maie de Vaorte,
S'' Dans les Annales de la Société de
médecin^ de Gand; c. Un Mémoire sur
un cas d*anévrisme extérieur de la
crosse de raorte, avec destruction des
trois premières côtes et d^une partie du
sternum ; d. Un Mémoire sur les granu-
lations des vaupières; e. Un Mémoire
sur ropkthalmie scrofuleuse; f. Des Ob-
servations sur le traitement de cette
ophthalmie.
A la suite de rapports très-favora-
bles sur ces publications, M. Borlée a
été nommé membre correspondant des
deux corps savants précités.
d** Dans la Presse médicale de Bru-
xelles ; G Une dissertation sur le trai-
tement des maladies chroniques de la
peau; h. Un Mémoire sur le traitement
des ophthalmies scrofuUuses ; i. De fo-
zène et de son traitement.
4*^ Dans le Scalpel : J. Leçons cli-
niques sur les ophthalmies scrofuUu-
ses,— Ce dernier travail, adressé à la
Société médicale d'Emulation de Paris
et à la Société médico-pratique de la
même ville, a valu à l'auteur le titre
de membre correspondant de ces deux
compagnies.
5o Dans le Bulletin de VAcadéme
royale de médecine de Belgique : k. Une
Observation sur une tumeur énorme de
Vutérus^ extirpé avec succès; l. Un
Mémoire intitulé : Etudes cliniques sur
Vophthalmologie rhumatismale et sur
son traitement ; m. Du traitement des
tmneurs blanches des articulations; n.
Du choléra épidémique et de son traite-
ment (1866).— M. Borlée a été nommé,
en 1862, membre correspondant de CA-
cadémie royale de médecine.
6** Dans les Annales de la Société
médico-chirurgicale de Liège : o. Ré-
ponse aux objections provoquées par
l'ouvrage mentionné sous la lettre l;
p. Du diagnostic du ramoHissemeut du
cerveau et de Vapoplexie;^ q. Mémoire
sur la névralgie intercostale et son
traitement.
T Enfin, dans le Scalpel et la Ga-
zette médicale de Liège, diverses ana-
lyses d'ouvrages d'opblbaUnologie.
16i
BUR
762
Biirffifrafr(PiERnE), ^, né en 1S05
à Troine,pelit village du canton deCler-
vaux (Grand-Duché de Luxembourg)»
entra au Collège philosophique de Lou-
vain après avoir achevé ses humanités
dans un établissement privé de sa pro-
vince, à Haut-Bellain. Les langues an-
ciennes avaient été la passion de son
adolescence; le goût de la philologie
ne fit que se fortifier en lui, à Louvain»
sous Tinfluence de G.-J. Bekker (v. ce
nom). On peut dire que les leçons de
cet excellent maître décidèrent de son
avenir : non seulement elles lui inspi-
rèrent le désir de pousser plus loin ses
études en grec et en latin, mais elles
rinitièrent aux premiers éléments de la
langue hébraïque. — En 4828 , le roi
des Pays-Bas jugea utile d*envoyer à
rUniversité de Bonn quelques élèves
du Collège philosophique. M. Burg-
graff fut du nombre des élus ; il passa
trois ans dans la grande école rhénane,
suivant entr'autres les cours de Nie-
buhr et de G. Schlegel, et plus parti-
culièrement ceux du célèbre orienta-
liste Freytag, qui professait Thébreu et
Tarabe. Il retourna en 4853 à Louvain,
où il fréquenta TUniversité pour se pré-
parer au doctorat en philosophie et
lettres. Il subit Texamen final le 7 août
4855, avec beaucoup de distinction.
Quelques mois plus tard, le Gouverne-
ment belge lui accorda une bourse de
voyage, qui lui permit de continuer à
Paris ses études spéciales. La réputa-
tion de Silvestre de Sacy, de Quatre-
mèreet de quelques autres professeurs
distingués attirait alors, dans la capi-
tale de la France, toutes les personnes
qui visaient à une connaissance appro-
fondie des langues de PAsie. M. Burg-
graff ne quitta Paris qu^en 4857, époque
où il fut appelé (arrêté royal du 5 oc-
tobre) à rUniversilé de Liège, en qua-
lité de professeur extraordinaire, pour
y enseigner la littérature orientale. Bien
que cette matière n*ait jamais figuré
que nominalement au programme des
(*) L'art. 46 de la loi do S7 septembre
4835 mentionnait l'Introduction à f élude dei
longuet orientaUt parmi les matières exigées
pour le doctorat en philosophie et lettres. En
fait, le programme de 4816 est resté en vi-
gneyr jiisQo'en 4849.
examens ( * ), et qu'elle ne soit plus«
depuis 4849, que Tobjet d*un cours fa-
cultatif, les élèves n*ont jamais fait dé-
faut au professeur : tantôt il a eu Toc-
casion d'enseigner Thébreu, tantôt Ta-
rabe, quelquefois même le persan. Les
fonctions académiques n*ont pas ab-
sorbé toute Tactivité de M. Burggraff.
En 4845, il a présenté à l'Académie
royale de Belgique un travail considé-
rable. Il s'agissait de publier, pour la
première fois, l'un des plus précieux
commentaires que Ton possède sur le
Coran, le grand ouvrage de Zamak-
schari. M. Burggraff réclamait le pa-
tronage de la Compagnie savante, pour
trouver les moyens de faire imprimer
en Belgique ce monument littéraire,
dont le texte avait été collationné avec
soin sur les manuscrits existant à Paris
et en Angleterre. L'Académie ne man-
quait pas de bonne volonté; les rappor-
teurs reconnaissaient le mérite excep-
tionnel du travail de l'éditeur ; mais la
dépense eût été très-considérable, les
imprimeurs belges ne possédant point
de caractères arabes. Le Gouvernement,
de son côté;, n'ayant pas donné suite
aux démarches de notre orientaliste,
Zamakschari est resté inédit en Eu-
rope. Postérieurement, les Anglais ont
jugé à propos de tirer cet écrivain
de la poussière des bibliothèques : il a
été donné à M. Lee d'en publier il y a
quelques années, à Calcutta, uneédition
très-bien faite. - La sphère des attri-
butions de M. Burggraff s'est graduelle-
ment élargie depuis 4 847. L'arrêté royal
du 5 novembre de cette année ayant in-
stitué, dans les Universités de l'Etat,
un enseignement pédagogique destiné
à former des professeurs pour l'en-
seignement moyen (*), la Faculté de
philosophie de Liège saisit avec em-
pressement l'occasionqui s'offrait à elle
de renouer le fil de ses traditions ('), et
organisa des cours normaux: M. Burg-
graff se chargea, pour sa part, de la
Grammaire générale (*), qu'il enseigne
(*) A Gand, pour les sciences ; à Liège,
poar les humanités.
(') V. les art. DENzniGCR, Foss et Wagb-
MAHN.
(*) M. Bormans fit des cours spéciaux de
philologie, accompagnés d'exercices pratt*
763
BUR
764
encore BVi}OViTÛ*hu\îkV Ecole normale des
humanités. L*enseignement pédagogique
tel qu'il existait à Liège fut maintenu
par arrêté royal du 16 avril 4851 ; le 1*'
septembre de Tannée suivante parut un
nouvel arrêté, organisant l'Ecole nor-
male, mais comme établissement dis-
tinct de l'Université. — Les élèves sont
internes; unefoisadmisà l'Ecole (après
examen ou plutôt concours, le nombre
des admissions étant fixé chaque an-
née), ils jouissent d'une bourse suffisant
à payer les frais de leur pension ; ils
suivent à l'Université certains cours;
d'autres leur sont donnés à l'établisse-
ment même, en général par des profes-
seurs de la Faculté de philosophie. Le
dlrecteurde l'Ecole a rang de professeur
ordinaire, mais n'appartient pas à l'Uni-
versité( * ) . — M . BurggralF, tout en restant
ques ; M. Borgnet s'occupa de préparer les
élèves à renseignement de Thistoire et de la
géographie; Baron leur montra comment on
analyse les auteurs français ; Tandel enHn
enseigna reslhtHique,la pédagogie et la mé-
thodologie. L'état maladif de ce dernier pro-
fesseur força M. Scbwarz de le remplacer
pendant quelque temps pour l'esthétique ;
en iSSO, les cours normaux de Tandel pas-
sèrent à M. Alph. Le Boy, qui les a conser-
ves : Testhétiquc à l'Université, la pédagogie
et la méthodologie à r^c'o/e normale instituée
en i852 (v. la note suivante).
(*] Faute de local, l'institution nouvelle
n'a pu fonctionner régulièrement qu'à partir
de t8S4. Durant la période de transition, la
direction des cours normaux a continué d'ap-
partenir au doyen de la Faculté de philoso-
phie; on maintenant deux années de suite M.
Burggrafl' à ce poste , contrairement à l'u-
sage, la Faculté s'est préoccupée de l'esprit
de suite à introduire dans les études de l'E-
cole.— Enfin, les élèves ont été internés, k
partir de l'année scolaire 1854-1855, et la
direction de l'École a été confiée, par arrêté
royal du 30 juillet 4854, â M. Xavier Prinz,
alors professeur de rhétorique latine à l'Athé-
née royal de Liège. Né à Aix-la-Chapelle en
i809 , M. Prinz a obtenu la naturalisa-
tion. Ses débuts dans l'enseignement moyen
remontent à 1837; l'Athénée de Uasselt l'a
possédé tour à tour comme proresseur de
troisième et de rhétorique ; en cette dernière
qualité, il a été pendant plusieurs années
appelé il siéger au jury conférant le grade
à'clève universitaire, M. Prinz s'est fait de
bonne heure de la philologie classique une
spécialité : ses humanités achevées au
au Gymnase d'Aix-la Chapelle, il s'est rendu
à Bonn pour approfondir ses études en ce
sens : Heinrich , Naecke, Welcker, Brandis
l'ont compté au nombre de leurs meilleurs
élèves ( * I . Il a publié dans le Moniteur de l'en
seiynement (t. VI) et dans la Revue de l'ins-
truction publique en Belgique (Mouv. série,
t. VI et suiv.j QD assez grand nombre d'ar-
ticles littéraires et critiques sur des passages
d'auteurs anciens, ainsi que plusieurs pièces
de vers latins, dans toutes sortes de rhytb-
mes. Les services qu'il a rendus à l'enseigne-
ment lui ont valu la Croix de l'Ordre nationaL
En vertu des arrêtés du i^* septembre
4852 et du 26 octobre 4854, les cours de
l'Ecole normale, embrassant trois années
d'études, avaient été d'abord répartis comme
suit : les élèves delà première année ne re-
cevaient point d'enseignement spécial à l'E-
cole : ils fréquentaient purement et simple-
ment, ik l'Université, les leçons de MM. Bor-
mans [Litt, grecque et latine) , Loomans
{Anthropologie et philos, morale , Schwartz
[Logique), Baron {Hist. de la littérature fran-
çaise) et Troisfontaincs (Hist. ancienne et
Antiquités romaines). Les élèves de la se-
conde année suivaient aussi, à l'Université,
les cours de MM. Borgnet [Histoire du
moyen'âge et Histoire de la Belgique) et
Stechcr {Hist. des litt. anciennes); ceox de
la troisième année n'y assistaient qu'aux le-
çons de ce dernier professeur. Les cours
spéciaux de l'Ecole étaient, pour la 2« an-
née : le latin (cxplic. d'auteurs, compos. en
prose et en vers)« confié à M. Bormans ; le
grec (explic. d'auteurs, thèmes), à M. Ste-
cher ; la Grammaire générale et les théories
principales des trois syntaxes (grecque, la-
tine, française , à M. Burggraff; VExposé
des principes théoriques de ta littérature par
tétude des grands écrivains grecs, latins et
français , à M. Baron, chargé en même
temps ^pour tes deux dernières années) d'un
cours de Compositions et dissertations fran-
çaises; enfin, M. Borgnet enseignait la ^éo-
graphie, tant ancienne que moderne. En 3«
année, on faisait des dissertations sur des
sijets de critique, de philologie ou d'his-
toire ; les f'ours de MM. Bormans, Stecher
et Borgnet cessaient d'être élémentaires. Le
cours dé pédagogie et méthodologie (prof.
M Le Boy) complétait l'enseignement nor-
mal: Il y avait encore deux cours facultatifs,
communs aux élèves des trois années : la
litt. flamande (H. Bonnansj et la litt. alle-
mande (M. Liebrecht, prof, ii l'Athénée).
(*) M. Priai a piLisé trois ans ot «leini aa 5^Mt- naire phtlologiqaf de Bonn.
768
BUR
766
chargé de ses cours de langues orien-
tales et de grammaire générale, a repris
en 4865 le cours d'Exercices philolo-
giqnes sur la langue grecque, laissé va-
En vertu d'un arrêté royal du S8 octobre
i854, M. l'abbë Ctiëvremonl (f i858}, dé-
teigne par le chef du diocèse de Liège, avait
été admis k donner l'enseignement religieux
aux élèves réunis des trois années. Il a été
successivement remplacé par MM. les abbés
Roufrarl(t1862} et Linden (nommé le 29
août 1862).
Pendant l'année scolaire 4855-1856, les
cours d'anthropologie et de morale ont été
supprimés au profit de l'étude du latin et de
la littérature ; le directeur de l'Ecole normale
a été chargé de donner des conférences sur
les langues anciennes ; le programme s'est
enrichi d'un cours de tangue et littérature
anglaises, confié à M. Lfebrccht.
L'année suivante, sur la proposition du
Conseil de perfectionnement de renseigne-
ment moyen, le nombre des années d'études
a été porté k quatre. L'arrêté organique du
i^^ sept. 1852 a été remplacé par celui du
26 juillet 1856. Une nouvelle n- partition des
cours a eu lieu k partir de 1866-1857, mats
sans effet rétroactif, pour les élèves entrés
k l'Ecole sous le régime des trois années.
Voici le programme tel qu'il a été rédigé
alors :
Première année. Religion (cours commun
à tous les élèves de l'Ecole) ; langue et litté-
rature latines; langue et litt. grecques; lo-
gique; exposé des principes Lbéoriques de
la littérature, par l'étude des grands écri-
vains grecs, latins et français; dissertations
et compositions françaises (Les deux der-
niers cours et celui do religion se donnent à
l'Ecole ; les autres à TCniversité).
Deuxième année. Latin ; grec ; histoire
des littératures anciennes (cours de l'Uni-
versité) ; histoire de la littérature française,
(id.); continuation de l'exposé i hi^orique des
principes de Ja littérature, etc.; dissertations
et compositions françaises.
Troisième année. Latin; grec; grammaire
(générale et théorie des trois syntaxes; hist.
des litt. anciennes (cours de l'Université) ;
antiquités romaines (id.!; exposé des prin-
cipes théoriques, etc.; dissertations et com-
positions françaises.
Quatrième année. Latin; grec; hist. du
moyen-ftge (cours de l'Université); hist. de
Belgique (id.); géographie ancienne et géo-
graphie moderne ; dissertations et composi-
tions françaises; pédagogie et méthodolo-
gie.
Outre ces cours, il est fait, dans chacune
(*) M. Loomaiu en avait élé iii^rno ià titolAÎre;
M. SrhwarU n^ajamnis ««n<<«ii;né U lu, iquequ'A titra
des quatre années d'études, des conférences
sur le latin et sur le grec. — Les cours de
de flamand, d'allemand et d'anglais sont fa-
cultatifs.
Les élèves entrés k l'Ecole sous l'ancien
régime n'ont quitté l'établissement qu'en
1858; ce n'est donc qu'à partir de 1858-
1859 que le programme rédigé sur la base
de quatre années d'études a pu être mis
complètement en vigueur.
Depuis lors, il n'y a été apporté que deux
changements : 1^ Un arrêté ministériel du 16
juiUet 1850 a remplacé le cours de logique
que les élèves suivaient k l'Université ( * )
par un cours spécial de psychologie fait k
l'établissement même. Ce cours, « compre-
nant les questions les plus importantes de
la science et devant être terminé par l'ex-
posé des principes généraux de la logique,»
a été conné à M. Alph. Le Roy; 2» Un arrêté
min. du 30 janvier 1864 a institué k l'Ecole
normale un cours de « Lecture et débit ora"
toire. » 1^ titulaire est M. Auguste Le Pas,
professeur au Conservatoire royal de mu-
sique de Liège.
Quant au personnel enseignant, nous
avons k noter les modifications suivantes.
Les cours du professeur Baron (exposé théo-
rique, etc.; diss. françaises) ont passé en
1856 à L. de Closset (v. ce nom), et en 1868
à M. Stecher, qui d'autre part, devant sup-
pléer Baron à l'U ni versité en 1 860-1 861 , avait
été, sur sa demande, déchargé du cours de
grec. Ce dernier cours devint le lot de M.
Delbœuf , plus tard (23 mars 1863) nommé
maître de conférences. Le 3 décembre 1863,
M. Delbœuf ayant reçu le titre de professeur
extraordinaire à l'Université de Gand, pour
occuper la chaire de philosophie délaissée
par Callier ,un nouveau remaniement est rendu
nécessaire. L. de Closset reprend le grec en
échange du français, qui échoit à M. Stecher ;
on marche ainsi jusqu'au mois de septembre
1865, date de la retraite de M. Bormans. A
l'Université, L. de Closset succède au véné-
rable émérite pour lé latin, M. BurggrafTpour
le grec. De Closset ayant été victime du cho-
léra le 31 août 1866, M. Delbœuf est rappelé
à Liège pour le remplacer tout à la fois à
rUniversilé et à l'Ecole normale. Dès l'année
précédente, il avait été indispensable d'atta-
cher à ce dernier établissement un nouveau
maître de conférences. C'est en cette qualité
que M. Louis-Chrétien Roersch (né k Macs-
tncht), docteur en philosophie et lettres,
de !}upplênDt (V. Tort. A. Lk Rot).
767
CAT
768
cant par M. Bormans. Il est professeur
ordinaire depuis 4855. Les services qu'il
a rendus à renseignement et le succès
bien mérité obtenu par fouvrage dont
nous allons dire un mot lui ont valu,
en 18G5, la Croix de chevalier de TOrdre
de Léopold. — Il a publié :
Principes de grammaire générale, ou
exposition raisonnée des éléments du
langage. Liège, Dessain, 4863, un vol.
in*8^ de 601 pages (avec une pi. repré-
sentant Vappareil vocal de ritomme).
Ouvrage doublement important, et parce
qo'il est plas complet que la plupart des trai-
tes du même genre non exclusivement des-
tinés aux hommes spéciaux, ei parce que,
servant de base à renseignement de M. Burg-
graff à l'Ecole normale, il exerce naturelle-
ment une grande influence sur les cours de
langues professées dans les Athénées belges.
Il se divise en trois parties, respectivement
consacrées à Vêlement matériel du mot y k la
forme logique du langage et à la syntaxe
(théorie de la construction). Dans la pre-
mière partie sont étudiées tour à tour les
lettres, voyelles et consonnes, ainsi que les
lois de leurs permutations, si importantes
an point de voe de l'ëtymologieel de forUio-
graphe. L'auteur aborde, en passant, laques^
tion de l'origine du langage et la résout à
peu près dans le sens de P. Kersten (v. Fart.
KiNKBR, col. 367, et l'art. Tàrdcl, col.
585 et 586). La seconde partie, beaucoup
plus détaillée, nous fait passer du mot à
l'idée : des lemmes empruntés à la psycholo-
gie et à la logique servent de point de dé-
part à la classiflcation des parties du dis-
cours, à la théorie des flexions et en géné-
ral des changements que subissent les Tonnes
primitives, en raison des rapports qu'il s'agit
d'exprimer entre les idées (cas, temps,
modes, etc.) L'élude synthétique de ces rap-
ports eux-mêmes vient en dernier lieu : M.
BurggraflT distingue quatre espèces de coa-
structions : de sentiment ^ réjléekie, artifi-
cielle et usuelle, — Le volume se tennine par
un aperçu de l'histoire de la grammaire,
suivi d'indications biographiques. (V. la Bé-
vue trimestrielle de BruxeUes , t. XL! ,
1864, p. S5i et suiv.).
CttCoian (Eugène), né à Bruges le 50
mai 1814, fut élevé à Paris, où son père
était venu s'établir comme architecte.
Envoyé dès 1826 à TEcole gratuite de
professeur à l'Athénée royal de Bruges, l'un
des directeurs et des collaborateurs les plus
assidus de la Revue de Cinstruction publique
en Belgique, et depuis auteur de commen-
taires estimés, à l'usaKe des classes d'huma-
nités {César, Cornélius Nepos, etc.), a été
attaché à l'Ecole par arrêté royal du 4 S oc-
tobre 1865. Les leçons de M. Roersch sont
au nombre de 4!2 par semaine : 5 h. de latin,
6 de grec, i de littérature flamande. Outre
le cours de M. Bormans, il donne les confé-
rences sur la langue grecque qui faisaient
précédemment partie des attributions de M.
Prinz. Enfln, M. Liebrecht ayant été admis,
vers la fin de l'année scolaire 4866-4867, i
faire valoir ses droits à la pension, M. Trois-
fontaines (v. ce nom) lui a succédé pour la
littt^rature allemande. Le cours d'anglais,
également délaissé par M. Liebrecht, est en-
core vacant au moment où nous écrivons
(mars 4869).
Un Secrétaire-surveillant est attaché à
l'Ecole. Cet emploi a été successivement
confié à MM. Gillet, ancien élève de l'éU-
blissement, professeur agrégé de l'enseigne-
ment moyen du degré supérieur (4854-
4858), F. Rasquin (id., id ), aujourd'hui
prof, il l'Athénée royal de Mons (4858-4864)
et Charles Gaprasse, docteur en philosophie
et lettres (depuis 4864, à titre provisoire ;
définitivement nommé le 30 octobre 4865).
]>ans le système en vigueur, outre l'exa-
men d'admission à l'Ecole, les élèves subis-
sent, devant leurs professeurs, prt^dés par
l'inspecteur -général de l'enseignement moyen
(actuellement M Blondel, ancien préfet des
études de l'Athénée royal de Bruges;, des
examens de passage de la 4 <^ à la 3«, et de la
S* à la 3* année d'études. Pour être admis aux
cours de la 4* année, il faut avoir obtenu, d'un
jury spécial siégeant a Liège, et où l'enseigne-
ment libre est représenté, le titre exaspérant-
professeur agrégé ; le même jury confère,
aux élèves qui ont subi l'examen de sortie,
le diplôme de professeur-agrégé de l'ensei-
gnement moyen du degré supérieur pour les
humanités (Cf. l'art. 10 de la loi du 4«r juin
4850 sur l'ens. moyen). — Les professeurs
agrégés qui ont fait leurs études à l'Ecole
normale sont tenus de rester pendant deux
ans à la disposition du Gouvernement, sous
peine d'avoir à restituer le montant de leur
bourse d'études. Il sort en moyenne de l'E-
cole 3 ou 4 élèves par an : ce n'est pas tou-
jours assez pour combler les vides ; mais
les Universités fournissent, de leur côté, un
contingent de docteurs en philosophie et
lettres, qui trouvent assez ordinairement à
se placer dans les Collèges communaux et
même quelquefois dans les Athénées, bien
que la préférence soit assurée aux profes-
seurs-agrégés.
769
CAT
770
dessin , il y fit des progrès si rapides,
surtout en mathématiques , qu'au bout
de trois années d'études, âgé seulement
deiS ans, il put obtenir, au concours,
une place de répétiteur de géométrie
dans cet établissement. 11 débuta aus-
sitôt dans la carrière, sans négliger
d'ailleurs aucune occasion d'étendre ses
connaissances. Apprenant et enseignant
tout à la fois, il reçut à l'Ecole de des-
sin les excellentes leçons de Lavit et de
Douliot ; à TEcole des beaux-arts, il sui-
vit le cours de constructiou de Jay, et
le cours de perspective du regrettable
Girard ; dans la maison paternelle, enfin,
il s'initia à la théorie et à la pratique de
i^architerture. Son aptitude pour les
sciences exactes fut remarquée par Le-
fébure de Fourcy, qui le prit bientôt en
affection et lui donna le conseil de se pré-
parer à l'Ecole polytechnique. 1^ jeune
répétiteur se laissa aisément persuader,
se fit pendant six moisTélèvede M. Dr-
lisie, au Lycée S'-Louis , remporta au
concours général le premier prix de ma-
thématiques spéciales, et fut reçu à l'E-
cole polytechnique (1855). Deux ans
après, il sortit seizièt/ie de l'Ecole, dans
le senrice des ponts etrChaussées ; mais,
se sentant une vocation décidée pour l'en-
seignement, il donna sa démission et fut
envoyé, en qualité de professeur de ma-
thématiques, au Collège de Chàlons-sur-
Maroe. En i858, nommé répétiteur-ad-
joint de géométrie descriptive k l'Ecole
polytechnique, il résolut de prendre ses
grades : dès 1841, il était docteur ès-
sciences mathématiques. En 1846, il se
présenta pour la première fois au con-
cours d'agrégation (*) et fut admis le
premier. Il pouvait s'attendre k devenir
professeur ou examinateur à l'Ecole po-
lytechnique : dès 1844, le Conseil de
perfectionnement, à l'unanimité, l'avait
proposé comme répétiteur ; d'ailleurs il
remplissait depuis 1859, dans le Jury
d'admission, les fonctions d'examina-
teur-suppléant. Il avait encore rendu des
services au même établissement en fon-
dant, vers 1858, avec quelques profes-
seurs éminenls , VEcole préparatoire de
S^'Barbe, dont on connaît les succès
rapides; mais ses opinions politiques
nuisirent à son avancement. En 1846,
M. Catalan fut nommé agrégé-division-
naire de mathématiques supérieures au
Collège Charlemagne. Le proviseur de
C4ît établissement le somma en même
temps, sur l'ordre du ministre, de quit-
ter S'^-Barbe, où il ne comptait pas
moins de 97 élèves dans sa classe.
En 1849, MM. Vincent et Delisle, pro-
fesseurs de mathématiques supérieures
au Lycée S^-Louis, ayant été mis à la
retraite, leurs chaires furent réunies
en une seule, qu'il occupa jusqu'en
1852 (*). A partir de cette époque, il
fut chargé, en tout ou en partie, de
l'enseignement préparatoire à l'Ecole
polytechnique , dans les institutions
Jauifret, Barbet, Lesage, etc. Sa nomi-
nation à l'Université de Liège, comme
professeur ordinaire d'analyse, date du
V mars 18G5. Il est actuellement titu-
laire des cours suivants : Hautealgèbre.
— Analyse supérieure, calcul intégral,
calcul aux différences, calcul des varia-
tions, fonctions elliptiques- — Probabi-
lités.— L'Académie royale de Belgique,
qui dès 1840avait couronné un Mémoire
de M. Catalan, lui a conféré, le 15 dé-
cembre 1865, le titre d'associé. En 1860,
son nom a été porté, par la section de
géométrie de l'Académie des sciences
(Institut de France) sur la liste des can-
didats k la place devenue vacante par
suite du décès de Poinsot. - M. Catalan
a publié, non-seulement toute une série
d'ouvrages classiques, mais encore un
grand nombre de travaux scientifiques,
dans les Mémoires de diverses Sociétés
savantes, en France, en Belgique et
dans d'autres pays. Nous en reprodui-
sons (en la complétant) la liste détaillée,
d'après la brochure intitulée : Notice sur
les travaux d'Eugène Catalan, professeur
(* Les épreuves porluient alors sur les
parties élevées de raoalyse et de la iiK^ca-
niquc.
(*) Le Grand Dictionnaire universel de P.
Larousse nous apprend que M. Catalan avait
pris part à la révolution de juillet et aux ma-
nifestations contre Louis Philippe. En 4848,
il fut le premier à réclamer un gouvernement
provisoire. Son refus de serment, après le S
décembre , eut pour conséquence naturelle
une Jestitulion.
50
771
CAT
772
à rUnivenité de Liège (Rome, impri-
merie des sciences mathématiques et
physiques, 1867. in-4*):
1. Journal de M. Liouville,
1. T. II. Solution d*un problème de
probabilités , relatif au jeu de ren-
contre.
2. » III. Note sur un problème de
combinaisons.
3. » » Note sur une équation aux
différences finies.
Ces deux problèmes :
De combien de manières peut-on décom'
poser un polygone en triangles, au moyen de
diagonales ?
De combien de manières peut-on effectuer
le produit de n facteurs ? dépeDdenl de U
même équation.
4. lY. Note sur la théorie des nom-
bres.
5. » Solution nouvelle de cette
question : Un polygone étant donnée de
combien de manières peut-on le partager
en triangles, au moyen de diagonales ?
6. » Mémoire sur la réduction
d'une classe dlntégrales multiples.
Ce mémoire coatieat, entre autres sujets,
une détermination simple de l'aire de l'ellip-
soide.
7. » Note sur Tintégrale
t/ 0 <
cos ^x
dx.
0 (l + X*)°
8. » » Problème de combinaisons.
9. » VI. Solution d'un problème de
combinaisons.
10. » » Deux problèmes de proba-
bilités.
il. » » Théorème sur la réduction
d'une classe d'intégrales multiples.
Ce tliéorème comprend , comme cas parti-
culier, une formule de Poisson.
12. » VI. Problèmes de calcul inté-
gral.
15. » VII. Note sur la sommation
de quelques séries.
14. » » Sur les surfaces réglées
dont l'aire est un minimum.
Théorèue. Vhéliçoide gauche à plan di-
recteur est la seule surface réglée qui ait.
en chaque point, ses deux rayons principaux,
égaux et de signes contraires.
15. » » Note sur une formule de
combinaisons.
1G. tt VIII. Note sur une formule
relative aux intégrales multiples.
17. » IX. Note sur une formule d'Ea-
1er.
Somnaation de diverses séries remarqua-
bles.
48. » XI. Note sur un problème de
mécanique.
19. » XII. Note sur les trajectoires
orthogonales des sections circulaires
d'un ellipsoïde.
20. s XIX. Sur la prcjection sté-
réograpbique.
SoluttoD géométrique de oe problème :
Trouver tous les systèmes de cercles ottkO'
gonaux tracés sur une sphère donnée.
H. Comptes rendus hebdomadaires des
séances de r Académie- des sciences de
Paris.
21. T. XVU. Théorème sur les sur-
faces développables.
Théorème. Si Con^considère une ligne tra-
cée sur une surface développable et la trans-
formée de cette ligne, le rapport des rayons
de courbure de ces deux lignes, en deux
points correspondants, est égal au cosinus de
Vangle formé, par le plan osculateur de la
première, avec le plan tangent à la surface.
22. » XXIV. Théorème de statique.
25. » XLI. Note sur une surface mi-
nimum.
Celte surface , qui jouit de propriétés cu-
. cos X
rieuses , a pour équation s ==- log. .
cos y
24. » » Note sur deux surfaces
minimum.
L'une de ces surfaces comprend , comme
cas particulier, VhéliçcÊde et le eaténoide.
25. » XLII. Note à Toccaslon d'un
théorème de M. Serret.
26. » XLIII.Notesur quelques points
de la théorie des séries:
Forme simple et mnémotechnique des con-
dilions de convergence de toute série à termes
positifs ; valeurs approchées de la somme des
n premiers termes de la série harmonique.
27. » XLV. Sur la théorie des déve-
loppées.
773
CAT
774
28. » » Sur an cas particulier
de la formule du binôme.
29. » XL VU. Sur une applic^Uon
de la formule du binôme aux intégrales
eulériennes.
Développement de l'intégrale eulérienne
«t de 800 inverse, en série convergente.
Une infinité de développements de ic et de - .
50. » » Note sur la théorie
des équations.
Nouveaux indices de l'existence des racines
imaginaires.
51. » » Note sur une fonction
homogène entière.
52. » LIV. Note sur Téquation du
troisième degré
55. B » Sur les nombres de Ber-
nouUi , et sur quelques formules qui
en dépendent.
Relation nouvelle entre les nombres de
Bernoulli. — Délermination de quelques in-
tégrales définies.
54. » LVIU. Sur le calcul des nom-
bres de Bernoulli.
m. Journal de V Ecole polytechnique.
55. 29* Cahier. Mémoire sur les sur-
faces gauches à plan directeur.
Discussion de Théliçoîde à plan directeur.
Lignes géodésiqnes, lignes de courbure, etc.
56. 29» Cahier. Sur la ligne de lon-
gueur donnée, qui renferme une aire
maximum.
57. 5t« Cahier. Note sur la théorie
des solutions singulières.
5g. 57* Cahier. Mémoire sur les sur-
faces dont les rayons de courbure, en
chaque point, sont égaux et de signes
contraires.
Ce mémoire renferme la solution d'un pro-
blème qui avait résisté aux efforts de Monge,
de Legendre et d'autres iHustres géomètres.
On y indique, ce qui n'avait pas encore été
fait, le moyen d'obtenir des surfaces mini-
mum algébriques. Enfin, les lignes de cour-
bure des surfaces dont il s'agit, y sont pré-
sentées sous une forme plus simple que
celle qui a été donnée par M. Michaël Ro-
berts.
39. 41" Cahier. Mémoire sur la théo-
rie des polyèdres.
La théorie de la possibilité d'un polyèdre
ayant des éléments donnés est ramenée à un
problème appartenant à la géométrie de si-
tuation dans te plan,
[l y a trente polyèdres semi-réguliers, —
Propriétés, éléments et représentation de ces
trente corps, qui comprennent les solides
dArchimède,
IV. Mémoires couronnés et mémoires
de savants étrangers, publiés par t Aca-
démie royale de Belgique.
40. T. XIV. Mémoire sur la trans-
formation des variables, dans les inté-
grales multiples.
Théorèmes sur les déterminants, sor les
intégrales elliptiques , et sur les intégrales
définies abéliennes.
41. T. XXXII. Recherche des lignes
de courbure d'une surface.
Détermination de quelques systèmes tri-
plement orthogonaux. — Toute surface don-
née appartient à un pareil système.
42. T.XXXHl. Sur la transformation
des séries, et sur quelques intégrales
définies.
Calcul de la constante G ; valeurs d'un
grand nombre d'intégrales définies.
45. » » Recherches sur les
surfaces gauches.
44. T. XXXVIil. Sur les nombres
de Bernoulli et d'Ëuler, et sur quelques
intégrales définies.
V. Bulletins de VAcadémie de Bel-
gique.
45. T. XIII. Recherches sur les dé-
terminants.
Notation et démonstration nouvelles. Be-
cherche des valeurs de quelques détermi-
nants. Application aux intégrales multiples.
46. T. XXi. Sur rintégralion d'une
classe d'équations simultanées.
47. » XXII. Application d'un pro-
blème de géométrie à une question d'a-
nalyse indéterminée.
48. » XXIll. De l'intégrale définie
qui représente la somme des p -|- 1 pre-
miers termes du développement de
(«-fi9)«.
49. » XXVI. Note sur les surfaces
orthogonales.
50. » XXVIl. Sur les roulettes et
les podaires.
778
CAT
776
51. » Sur raddiUon des fonctions
elliptiques.
Yl. Nouvelles annales de mathéma-
tiques.
5S. T. II. Note sur le rapport de
la circonférence au diamètre.
53. T. III. Note sur la toroïde.
54. IV. Sur rinté^ration des équa-
tions simultanées.
55. T. VI. Sur les sphères tangentes
à quatre plans donnés.
56. T. Sur les foyers des courbes
dMntersection de deux surfaces du se-
cond degré.
Théorème. 4» Pour que l'intersection de
deux surfaces du second degré ait des
foyers y il faut et il suffit que cette ligne soit
située sur une surface de révolution, du se-
cond degré ; Î9 Lorsque deux surfaces du
second degré ont leurs plans principaux pa-
rallèles, chacun à chacun, leur intersection
appartient à une surface de révolution.
57. T. VII. Théorème de statique.
58. T. IX. Sur le problème de la
sphère tangente à quatre plans donnés.
59. T. XI. Théorème sur les hexa-
gones inscrits ou circonscrits à une co-
nique.
60. T. XV. Note sur la théorie des
roulettes.
Toute courbe plane est une roulette,
6i. » » Sur la somme des puis-
sances semblables des nombres natu-
rels.
Cette note a éié le point de départ des
recherches de l'auteur sur les nombres de
Bernoolli.
62. » » Note sur la sommation
de certaines séries.
65. T. XX. Sur la sommation de
certains coefficients binomiaux.
64. T. XXII. Sur un problème d'al-
gèbre légale, et sur une transformation
de séries.
65. Sur réquation du quatrième de-
gré.
VI II. Annali di matematica pura ed
applicata, pubblicati da Bamaha T&r-
tolini.
66. (1859). Sur les différences suc-
cessives de (|9), et sur les nombres de
Bernoulli.
Formule nouvelle pour te calcul des nom-
bres de Bernoulli.
VIII. Atti deir Accademia pontificia
de^ nuovi Lincei.
67. T. XIX. Sur un problème d'a-
nalyse indéterminée.
Solution de ce problème : Trouver plu-
sieurs cubes entiers^ consécutifs, dont la
somme toit un carré,
68. » » Rectiflcation et addition
à la note sur un problème d'analyse
indéterminée.
69. Sur quelques questions relatives
aux fonctions elliptiques.
IX. Mémoire de la Société royale des
sciences de Liège* Nouv. série, t. II. —
Recueil de 69 uotes, la plupart inédites,
sur l'algèbre, la géométrie, le calcul
intégral, etc.
Ces études ont été publiées k part sous le
titre de Mélanges mathématiques, k Liège,
chez Desocr, 4868, un vol. in-8<». (Le Bulle-
tin de bibliographie publié à Rome, par le
prince B. Boncompagni , en a donné la
liste complète et déUillée, t. \, p. SOS).
X. Ouvrages divers,
a. Eléments de géométrie. Paris,
Bachelier, 1845; 2« édition. Liège,
Carmanne, 1865, un vol. in-8®.
b. Manuel des candidats à l'Ecole
polytechnique. Paris, M allet- Bachelier,
1857, in-12°.
c. Manuel du baccalauréat ès-scien-
ces. Paris, Delalain, 5 parties in-lâ%
savoir : Arithmétique, Algèbre, Géomé-
trie, Cosmographie. Mécanique' Six édi-
tions depuis 1852.
d. Traité élémentaire de géométrie
descriptive. Paris, Dunod (quatre édi-
tions).
e. Traité élémentaire des séries.
Paris, Leiber, 1860.
f. Théorèmes et problèmes de géo-
métrie élémentaire. Paris, Dunod (i
éditions).
g. Notions d'astronomie (dans la Bi-
bliothèque utile), — 2 éditions.
h. Application de l'algèbre au Code
civil. — L'article 757. Paris, Dentu,
1862, in-8«.
t. Histoire d*un concours. Liège,
1865, in-8^' (2« édition» 1867).
777
CHA
778
UUre à M. Laugier, de TAcadéniie des
sciences de Paris, aa sujet d'un concours,
ouvert en 1861 par cette compagnie, sur la
question suivante.: Perfectionner, en quel-
que point important, la théorie géométrique
de* polyèdres. M. Catalan avait envoyé à
rAcadémie un mémoire qui, plus tard, grilce
à Tintervention bienveillante de MM. Mo-
rin , Elie de Beaumont et Riflf^uH , parut
dans le Journal de VEeole polytechnique
(y, ci-dessus, n^ 39). Ce travail fut reconnu
le meilleur ; cependant la Commission con-
clut, à Cunanimité, qu'il y avait lieu de retirer
la question, bien que son rapporteur, M.
Serret,eût formellement demandé à l'auteur,
quelques jours auparavant, si celui-ci se
contenterait de la moitié du prix, au cas où
l'on déciderait de ne pas le décerner inté-
gralement. De là un étonnement bien naturel.
;. Enfin, M. Catalan a publié, dans
VAvenir (4855;, une vive critique de
rouvrage de M. l'abbé Gratry, intitulé :
Logique. Dans cet ouvrage, M. Gratry
avait essayé d'appliquer le calcul dif-
érentiel à la meta physique.
Chanclelon ( JOSEPH - THÉODORE -
Pierbe), 0. ^, né à Liège le 29 mars
1814, a fait ses éludes au Collège et à
rUniversité de celte ville.— 11 avait déjà
pris ses grades en pharmacie lorsque,
la chimie ayant toutes ses prédilections,
il accepta avec empressement, le 48 jan-
vier 1836, le titre de préparateur du
cours de Delvaux de Fenffe (v. ce nom),
qui avait remarqué son aptitude spé-
ciale et tenait à n'admettre comme col-
laborateur qu'un jeune homme dont la
vocation ne fût pas douteuse (*). Les
attributions de M. Chandelon prirent
graduellement de Timportance ; le 24
janvier 4857, il fui nommé, sur le désir
qui en avait été exprimé par André Du-
moni, conservateur et préparateur pour
la minéralogie, la géologie et la chimie ;
le 5 octobre 1858, répétiteur de chi-
mie appliquée, chargé des leçons de
manipulations chimiques et métallur-
giques; le 15 juillet 1842, agrégé à
( * ) Le diplôme de pharmacien obtenu par
M. Chandelon est daté du 31 avril 1835. Il
y est déclaré que le récipiendaire a donné
des preuves très-distinguées de savoir et
d'aptitude : à cette époque, une telle mea-
tion équivalait au grade le plus élevé. Le
professeur Delvaux ne manqua pas l'occasion
la Faculté des sciences , titulaire des
mêmes cours. Le 19 décembre suivant,
l'enseignement de la docimasie lui fut
confié ; enfin il obtint , le 22 juillet
1844, le titre de professeur extraor-
dinaire. Les cours de chimie générale
organiqueetde chimie industrielle inor-
ganique, dont il est encore actuellement
chargé, figurent au programme sous
son nom depuis 1847-48, année où il
remplit en même temps les fonctions de
secrétaire académique. Sa promotion
à Tordinariat date du 4 octobre 1850.
Le 8 août précédent, il avait été nommé
membre du Conseil de perfectionne-
ment des Ecoles spéciales des arts, des
manufactures et des mines ; depuis le
l*' octobre 1858, il est en outre l'un
des trois inspecteurs des éludes près
des mêmes Ecoles, li a siégé au Con-
seil de perfectionnement de l'enseigne-
ment supérieur de 1857 à 1860. Indé-
pendamment de s')s fonctions universi-
taires, il est investi de divers mandats;
c'est ainsi qu'il fait partie de la Com-
mission médicale provinciale (29 avril
1850) (*) ; de la Commission directrice
des Annales des travaus publics {^^^oûi
1862); de la Commission administra-
tive des Hospices civils de Liège (5
juillet 1863) et de la Commission ad-
ministrative de l'Ecole industrielle de
la même ville (11 janvier 1867). 11 est
chargé, depuis le 51 mars 1865, de la
haute surveillance active et permanente
des fabriques de produits chimiques de
tout le royaume. De 1848 (10 décembre)
à 1856, il a fait partie du Conseil com-
munal de Liège ; la multiplicité de ses
occupations a fini par ne plus lui per-
mettre de siéper à l'Hôtel-de-VIlle. —
On jugera par l'énumération suivante de
l'influence que M. Chandelon a eu l'oc-
casion d'acquérir, tant sur l'industrie
nationale que sur le progrès des sciences
qu'il cultive et sur la direction impri-
mée à différentes branches de l'admi-
nistration. Le 21 juin 1841, il fut ai-
de s'attacher un de ses disciples les plus
zélcS, lorsque le docteur Simon, qui avait
été jusque-là préparateur du cours de chi-
mie, eut été nommé agrégé à la Faculté de
médecine.
(') Il a présidé ce corps pendant la pé-
riode triennale de 1860 à 1862.
779
CHA
780
taché comme professeur de chimie à
TEcole de pyrotechnie, éiablie à Liège
par arrêté royal du 24 janvier de la
même année, et il y continua cet ensei-
gnement jusqu'en 4859, date de la
translation de TEcoie à Anvers. L'A-
cadémie royale de médecine, dont il
est membre depuis 4845, Tassocia, un
an plus tard, aux travaux de la Com-
mission instituée pour la révision de la
Pharmacopée. De 4852 k 485(), il a fait
partie du Comité de surveillance des
établissements d'aliénés, et des asiles
provisoires et de passage de Tarrondis-
«ement de Liège. En 4864, il a été un
des juges du Concours quinquennal des
sciences médicales. En 4847, il a été
nommé membre (secrétaire et rappor-
teur de la 3* section) du jury de FEx-
positioB publique des produits de Tin-
dustrie nationale; en 4854, membre dé-
légué du jury international de l'Expo-
sition universelle de Londres ; en 4862,
membre effectif du jury de la seconde
Exposition universelle ouverte dans la
même ville ; en 4867, membre effectif du
jury de l'Exposition universelle de Paris
et secrétaire-rapporteur de la classe
XVII. — Autres missions spéciales :
adjoint à la Commission consultative
chargée de l'examen international des
procédés nouveaux et des matéraux in-
digènes (1845-45); membre de la Com-
mission chargée d'étudier les questions
se rattachant à l'existence des eaux ali-
mentaires dans la ville de Liège (4867) ;
membre du Comité consultatif, chargé
d'émettre un avis sur les questions re-
latives à l'assainissement des rues et
des habitations occupées par la classe
ouvrière (4849) ; de la Commission
chargée d'apprécier les qualités et les
propriétés des eaux qui alimentent les
bains de Spa (4850) ; de la Commission
instituée en 4850 pour l'étude des amé-
liorations à apporter au service du
nettoiement public et des vidanges,
tant sous le rapport de la salubrité pu-
blique qu'au point de vue de l'économie
agricole et des finances de la ville de
Liège ; de la Commission chargée d'exa-
miner si la pyrite de fer et le schiste
albumineux doivent élre classés parmi
les substances que la loi de 4840 con-
sidère comme mines concessibles , ou
parmi les substances dont l'exploitation
rentre dans la catégorie des minières
(4850) ; de la Commission chargée de
rechercher les moyens propres à for-
mer des établissements économiques de
bains et lavoirs publics, en y uilAi-
sant , s'il y avait lieu , les eaux
chaudes provenant des établissements
industriels (4854); de la Commission
chargée d'examiner le travail général
de M. Rémont sur les ègoûts de la
ville de Liège (4855); membre et se-
crétaire de la Commission d'enquête
instituée pour examiner les questions
que soulève la fabrication des pro-
duits chimiques, par rapport à son
influence sur la végétation et à l'hy-
giène (4854); de la Commission char-
gée de rechercher les moyens propres
à éviter les inconvénients provenant
de l'atelier d'affinage de l'hôtel des
monnaies à Bruxelles (4854); membre
de la Commission d'enquête instituée
pour examiner la demande en permis-
sion d'usine formée par la Société ano-
nyme de Valentin-Cocq , à HoUogne-
aux-Pierres ; chargé , conjointement
avec M. Bidaut, inspecteur-général de
l'agriculture et des chemins vicinaux,
de la révision du tableau annexé à
l'arrêté royal du 44 novembre 4849,
concernant la police des établisse-
ments dangereux, ipsalubres ou incom-
modes (4856) ; membre de la Commis-
sion instituée pour déterminer les con-
ditions essentielles auxquelles doivent
être subordonnées en général les auto-
risations pour l'érection ou le maintien
des poudrières et magasins à poudre
(4856); de la Commission chargée
d'apprécier l'efficacité des changements
apportés dans les fabriques de produits
chimiques, en exécution de l'arrêté
royal du 25 février 4856 (même an-
née) ; de la Commission instituée pour
apprécier les résultats de l'essai or-
donné par l'arrêté royal du 24 mars
4859 À l'usine à zinc de St-Léonard (')
à Liège (4859); de la Commission
{*) Expériences décrétées à la suite de
plaintes réitérées des habitants du quartier
du Nord , où est situé cet établissemenl
(appartenant à la Société de la Vieitle-Moa-
781
CHA
782
chargée d*étiMyer et de diriger les tra-
vaux à exécuter pour la oaptation des
eaux minérales de la source de Pouhon
k Spa, etc., elc. M. Chandelon fait en
outre partie d*un grand nombre de So-
ciétés savantes. — Chevalier de Tordre
de Léopold depuis le 50 avril 4853 ( ' ),
il a, été promu au grade d'officier par
arrêté royal du 3 novembre i867, à Toc-
casion du 50* anniversaire de TUniver-
sité de Liège. Le 30 juin précédent, un
décret impérial Tavait nommé chevalier
de la Légion d'honneur, Comme secré-
taire-rapporteur de la classe XVÎI à
l'Exposition universelle. C'est au même
titre que le roi de Prusse lui a conféré
(4 nov. 4867) le rang de chevalier de ù^
classe de l'Ordre de la Couronne. Enfln,
le 10 décembre suivant, il a été nommé
commandeur de TOrdre espagnol d'Isa-
belle-la-Catbolique (comme professeur
i l'Université). 11 a publié :
1*^ Notice sur la Hatchitine de Bal-
daz-Lalore, commune de Chokiet (Bull,
de FAcad. de Bruxelles, t. V).
2^ De l'emploi des amorces fulmi-
nantes considérées sous le point de vue
hygiénique (Journal militaire. Liège,
1841).
5® Résumé d'un cours de manipula-
tions chimiques. Liège, 1841, in-8o.
4® (En collaboration avec M. de Ko-
ninck) : Examen comparatif des garan-
ces en Belgique et des garances étran-
gères (Mém. de la Soc- roy. des sciences
de Liège, 1. 1).
5*" Analyse de la pondre à canon
(Ann. des trav, publics de Belgique, t.I).
6» Essais docimastiques faits à l'E-
cole spéciale des arts, des manufac-
tures et des mines (Ib., t. Il, V, VII).
7® Note sur la réductibilité du sili-
cate de zinc par le charbon (Bull, de
VAoad.de médecine, 4846).
8^ Les chap. III et IV du Rapport de
la 3* section du jury de l'Exposition de
l'industrie belge en 1847.— Bruxelles,
1848, in-8».
9^ Appareil destiné à éviter les dan-
gers d'empoisonnement dans la fabri-
cation du fulminate de mercure (Mém,
de la Soc. des sciences^ t. IV).
10^ Note sur la préparation écono-
mique du sulfure de carbone (Bull,
acad. méd., 1848).
li<* (En collaboration avec Ad. Le-
soinne) Notice sur les égoûts établis
dans la ville de Liège (Moniteur belge,
23 mai 1849).
12® Recherches sur la com|)osition
de la pondre à tirer (Mém. se. desscten-
ces, t. VU).
13<* Analyse des eaux d'irrigation de
la Campine. — Observations sur les
quantités des matières terreuses que
les eaux de la Meuse tiennent en sus-
pension (Ann. des trav. publics, t. IX).
14<» Notice sur la fabrication de la
céruse en Angleterre (Ibid., t. XII).
15** Rapport de la Commission d'en-
quête instituée pour examiner les ques-
tions que soulève la fabrication des
produits chimiques <le chap. relatif à
l'apprédation du procédé de fabrica-
tion de l'acide sulfurique) (Annalespar-
lementaires, 1856).
16^ (En collaboration avec MM. De-
vaux et Maus) : Rapport à la Commis-
sion des procédés nouveaux, sur les
houilles des pays propres à la fabrica-
tion du coke (Ann. des trav. publics,
t. III, V, VI, VII).
iV (En collaboration avec MM. Da-
vreux et Péters-Vaust) : Rapport à la
Commission médicale de la province
sur les fabriques de cuivre de Biache et
de Jemeppe (Ibid., t. XVI).
18® Les analyses mentionnées aux
tableaux 13, 14, 15, 16 et 17 du Rap-
port adressé k M. le Ministre des tra-
tagne). Ces plaintes avaient pris inseosible-
meot le caractère «f une opposition politique,
de même qu'en i854 iesfumëes des fabriques
de produits chimiques, dans la province de
Namor , avaient donné lieu à une véritable
émeute. A la suite des travaux des Commis-
•iona précitées , tout rentra dans le calme.
( ' ) 11 a reçD cette décoration sur la pro-
position du ministre de la guerre, de concert
avec le ministre de l'intérieur, en récompense
des services qu'il a rendus à TËtat en sa qua-
lité de professeur de chimie à l'École de
pyrotechnie.
783
DEC
784
vaux publics par la Commission ins-
tituée pour apprécier les résultats de
Tessai ordonné, par Varrèf é royal du 21
mars 1859, à Tusine à zinc de St-Léo-
nardàLiéger/*t(i,.t,XVni).
19*^ Atlas de chimie industrieUe , à
Tusage des élèves des Ecoles spéciales
des arts, des manufactures et des mi-
nes. Liège, Âvanzo, un voL in-folio.
SO^ Description d*un appareil de sû-
reté pour les moulins à meules en
usage dans les poudrières (Ann. des
trav, publics, t. XX).
21° Etude sur remploi du charbon
maigre dans la fabrication de la fonte
et du fer, faite à la demande de la Dé-
IHitation permanente du conseil provin-
cial de Namur (Procès-verbaux des
séances du cous, prov» de iV^mur, 1856).
22° Rapport sur les substances et
produits chimiques, sur les procédés
et produits pharmaceutiques de TEx-
position universelle de Londres (1862).
— Bruxelles, 1863, in-8o,avecll pi.
23° Rapport sur les produits céra-
miques de l'Exposition universelle de
1862. Bruxelles, 1865, in-8^
U^ Rapport sur les causes de l'ex-
plosion survenue le 3 février 1866 à
la poudrière de Clermont-sur-Heuse
(Ann, des trav. publics, t. XXIII).
25° Études sur les produits réfrac-
taires à l'Exposition de 1867 (Rapports
du jury international , publiés sous la
direction de M. Michel Chevalier, t.
Vin,p. 459).
26° Divers rapports sur des ques-
tions d'hygiène publique, analysés dans
les Exposés annuels des travaux des
Commissions médicales provinciales ,
publiés par le ministère de Tîntérieur.
Bruxelles, Hayez, 1860-1867.
27° Exposition universelle de Paris
(1867). Rapport sur la classe XVII :
Porcelaines, faïences et autres poterie»
de luxe, Bruxelles, E. Guyot, gr. în-8°,
de 74 p., avec 2 planches (1869).
28° Cours de Vécole de pyrotechnie
(autographiés).
a. Cours de chimie élémentaire ,
donné aux élèves artificiers, 1851,
in-4°.
b Cours de chimie appliquée aux
travaux techniques de l'artillerie, donné
aux officiers détachés à l'École, 1851,
in-4°.
c. Résumé des leçons de chimie ana-
lytique, !n-4°.
d. Analyse quantitative des sub-
stances minérales employées dans la
pyrotechnie militaire, in-4"«
' e Cours de chimie appliquée à l'art
militaire. 1857-1859, 2 vol. iD-4°.
De Cuyper (ANTOnŒ-CHARLES),g(,
né à Bruxelles le 2 janvier 18 11, mérita,
par ses succès à l'Athénée de ceUe
ville, d'être envoyé à l'Univei-silé de Bo-
logne, comme pensionnaire delà fonda-
tion Jacobs. Il s*y fil sucressivemenl
recevoir bachelier et licencié en philo-
sophie, et couronna ses études par un
brillant examen de docteur en sciences.
Pendant son séjour en Italie, les évé-
nements politiques et des circonstan-
ces particulières dirigèrent ses aspi-
rations vers la carrière des armes;
il dut à ses connaissances mathéma-
tiques, dès son retour en Belgique,
d'être immédiatement nommé aspirant
de rétat-major du génie (28 janvier
1854), chargé de lever des places for-
tes. Le 25 février 1835, il obtint le
grade de sous-lieutenant, adjudant de
la 3° division des fortifications; le 2
août 1857, il se trouva lieuleDaiU, atta-
ché au général Willmar; enfin, le l*'
octobre 1842, un arrêté royal lui con-
féra le grade de capitaine du génie. Ce-
pendant un goût prononcé pour l'ensei-
gnement des sciences s'était développé
en lui , et il avait trouvé moyen de le
satisfaire, sans sortir de la voie qu'il
croyait alors devoir être la sienne. En
1837 et 1838, il avait rempli, à l'Ecole
centrale de Bruxelles, les fonctions
d'inspecteur des études et de profes-
seur de géométrie descriptive et de
mécanique. Son aptitude fut remar-
quée par le gouvernement, qui résolut
de l'attacher à l'enseignement supé-
rieur, sans toutefois l'enlever provisoi-
rement à l'armée (*). Le 12 décembre
(*) L'arrêté qu'on va citer mentionne les services rendus par M. de Coyper à l'École
785
DEC
786
1858, un arrêté royal le nomma pro-
fesseur extraordinaire à rUniversité
de Gand, chargé des cours d'hydrau-
lique, de mécanique appliquée, de
technologie du constructeur, d'astro-
nomie et d'arithmétique sociale. De si
nombreuses fonctions finirent par com-
promettre sa santé, sur laquelle le cli-
mat de Gand exerçait d'ailleurs une in-
fluence défavorable. Il sollicita donc un
changement de résidence, et Tobtint le
12 novembre 1846. Il fut chargé d'ensei-
gner, à rUniversité de Liège, l'astrono-
mie, la mécanique céleste et la méca-
nique analytique. Lors de la retraite de
J.-N. Noël (1849), il pnt en outre les
cours d'algèbre supérieure et de géo-
métrie analytique des trois dimensions.
Le séjour d>ine maison de campagne
agréablement située à mî-c6te, dans la
vallée de la Vesdre, lui avait rendu
force et confiance ; il put de nouveau
donner un libre essor à son ardent be-
soin d'activité. Mais tout a des limites:
aussi bien , des occupations nouvelles
réclamèrent une partie du temps que
M. De Cuyper avait consacré jusque là
à l'enseignement. Il céda donc le cours
d'astronomie à M. Scbaar; ce dernier
ayant été remplacé par M. Catalan, une
nouvelle combinaison eut lieu : l'astro-
nomie rentra dans les attributions de
H. De Cuyper, mais le professeur d'a-
nalyjse fut chargé du cours d*dlgèbre
supérieure, qui se rattachait plus di-
rectement à son enseignement princi-
pal. M. De Cuyper est donc resté titu-
laire de la mécanique rationnelle, de la
géométrie analytique des trois dimen-
sions et de l'astronomie. Il a été promu
à l'ordinariat le S6 juillet 185i et nommé
secrétaire acadépiique l'année suivante.
Un arrêté royal du 28 août 1867, enfin.
Ta élevé au rang de recteur, dignité
qu'il a inaugurée en présidant, le 3
novembre, la séance solennelle qui a
remplacé cette année la cérémonie or-
dinaire de rentrée , à l'occ^ision du
50* anniversaire de la fondation de rU-
niversité. — Nous avons touché un mot
des fonctions supplémentaires qui ont
été confiées à M. De Cuyper, indépen-
damment de ses cours académiques.
Depuis le 12 novembre 1846, il est
inspecteur des études des Écoles spé-
ciales des mines, des arts et manufac-
tures, etc., annexées à l'Université de
Liège, et membre-secrétaire du Conseil
de perfectionnement des dites Écoles. La
prosi)érité croissante de ces beaux éta-
blissements, qui attirent chaque année
des élèves de toutes les parties du
monde, a graduellement imposé à leurs
inspecteurs une tâche de plus en plus
laborieuse. M. De Cuyper s'y est dé-
voué tout entier, et c'est encore au pro-
grès des Écoles qu'il consacre le peu de
loisirs que lui laissent ses fonctions
multiples : la Revue universelle^ quMI a
fondée et qu'il continue de diriger, est
en effet le complément presque indis-
pensable d'une institution de ce genre.
— M. De Cuyper est chevalier de l'Ordre
national de Léopold et commandeur de
nombre de l'Ordre d'Isabelle-la-Catho-
lique (3 déc. 1867). Il est affilié à plu-
sieurs compagnies savantes : la Société
royale des sciences de Liège ; la So-
ciété impériale des sciences naturelles
de Cherbourg; la Société académique
de la même ville; l'Académie impériale
des sciences, arts et belles-lettres de
Caen; la Société imp. d'agriculture,
d'histoire naturelle et des arts utiles
de Lyon ; l'Académie imp. des sciences
et belles-lettres de Bordeaux, etc., le
comptent au nombre de leurs membres.
— 11 a publié :
l*" Cours d'hydraulique {vtutogrs^pMé).
Gand, 1839, in-4^
^^ Cours d'astronomie (Id.). Gand,
1840, in-4^
5° Cours d'algèbre supérieure (Id.),
Liège, 1860, in-4^
4" Mémoire sur la polygonométrie
analytique. Liège, in-8".
6° Note sur le régime des fleuves et des
rivières et sur les moyens employés pour
prévenir les inondations, Lié^e, 1852,
in-8'' (Ëxtr. des Mém. de la Société nyale
des sciences de Liège).
Ces observations, bocëes dans le public à
l'époque où la dérivation projetée de la Meuse
était à Liège l'objet d'une préoccupalton gé-
ceotrale, en sa qnaUté d'officier du génie.
787
DER
788
aérale, furent très-remarquées. L'auteur s'at-
tachait & démontrer « qu'en général les déri-
> valions sont d*une ufîiité faible et qu'elles
» peuvent devenir plus funestes qu'utiles ;
» que les redressements contrariant le cours
» des fleuves peuvent établir un régime non-
9 veau qui, n'étant pas en harmonie avec le
» régime actuel d'amont et d'aval, donnera
> lieu il de grands désastres. > M. de Cuyper
insiste beaucoup sur le reboisement, et sou-
tient la nécessité « d'attaquer les fleuves à
leur berceau, > si l'on veut prévenir leurs dé-
bordements. Dans l'examen général de la
question, il s'appuie surtout sur l'expérience
t!e l'Italie ; appliquant sesconclasions au bas-
sin de Liège, il propese de corriger au préa-
lable les vices nombreux du régime de l'Ourthe,
et de rendre à cette rivière l'énergie qoi lui
manque, en réunissant toutes ses eaux dans
un seul lit navigable.
6*^ Noticenécrohgiqttesnr leprofesseur
LewuUre. Liège, 1853, in-S^" (v. Tart.
Lemaike).
7^ Revue universelle des mines, de la
tnétallurgie, des travaux publics, des
sciences et des arts appliqués à llndus-
trie, Paris et Liège, Noblel, éditeur,
1837 à 1859, 24 vol. in-S*", avec de nom-
breuses planches.
Recueil sérieux et utile, rédigé avec la col-
laboration de savants et d'ingénieurs belges
et étrangers. Au directeur (H. de Cuyper) est
adjoint un Comité de rédaction composé de
MM. Chandelon, Trasensler, de Koninck,
Delvaux, Schmit et Cilion. La Revue publie,
outre des traductions des meilleurs mémoires
spéciaux édités en Angleterre et en Alle-
magne, des articles de fond sur toutes les
questions scientifiques ou industrielles qui
rentrent dans son domaine, et les essais de
quelque valeur dûs à des élèves des Ecoles
spéciales de Liège. Sous tous ces rapports,
elle rend des services réels dont l'importance
a été consacrée par un succès soutenu.
8*^ Revue de VExposition universelle
de 4867, rédigée en collaboration avec
des ingénieurs belges et français.
C'est une annexe de la publication précé-
dente, mais formant un ouvrage séparé. Les
trois premiers volumes oat seul paru (chez
£. Noblel) au moment où nous écrivons. —
L'ouvrage entier se composera de 4 vol.
l>e Konlnek (LAUBBfT-GuiLLAUllE),
0. :g(, néà Louvain Ie3 mai i809,quitta
rUniversité avec les titres de candidat
en sciences physiques et mathéma-
tiques, de docteur en médecine, dans
I*art des accouchements (') et en phar-
macie. Le 6 avril i83i, il y rentra
comme préparateur de chimie, k la
suite d'un concours public. En 1834 et
1835, il entreprit, avec Faide du gou-
vernement, plusieurs voyages à fétran-
ger« dans le but de compléter ses étu-
des. A Paris, il fut admis dans les
laboratoires deGay-Lussac et du baron
Thénard ; à Berlin, chez Mitscherlich ;
à Giessen, chez le baron de Liebig. Il
profila notamment de son tour d*Âlle-
magne pour visiter les professeurs les
plus célèbres (*) et se mettre au cou-
rant des progrès de Tinstruction pu-
blique. Il revint eu Belgique à la veille
de la réorganisation universitaire : le
10 décembre 1855, il fut nommé agrégé
à rUniversité de Gand et chargé du
cours de chimie industrielle. Sa trans-
lation à Liège, au mois d*octobre sui-
vant, fut décidée sur sa demande ex-
presse : il eut mission d'enseigner la chi-
mie organique, science dont on s*ctait i
peine, jusque Id, occupé dans nos pro-
vinces. L'Académie royale des sciences
de Belgique se rattacha dès lors en
qualité de correspondant (15 décem-
bre); sa nomination comme membre
effectif date de 1842. Il a été nommé,
en 1862, directeur de la classe des
sciences. A rUniversité, il a reçu le titre
de professeur extraordinaire en 1838,
et (-«lui de professeur ordinaire en
185G. Après la mise à la retraite de J.-
Ch.-Ph.-Jos. Delvaux de Fenffe (v. ce
nom), il a été chargé du i^urs de chimie
générale , organique et inorganique.
Quelques années après, un échange d'at-
tributions a eu lieu entre lui et M. Chan-
delon, qui enseignait la chimie indus-
trielle, organique et inorganique. M.
Chandelon lui a cédé la partie orga-
nique de son cours, en remplacement
(*) De 1833 k 1834, il a exercé la méde-
cine et pratiqué les accouchements k Louvain ;
il y a rempli pendant quelques mois les fonc-
tions de médecin des pauvres de la paroisse
deN.-D. des fièvres.
( *) L. de Buch, Humboklt, H. et G. Rose,
Nagnns et Poggendorf, à Berlin; à Bonn,
Goldfuss et Nœggeratb ; àMarbourg, Worzer ;
iiHeidelberg,Gmelin,Geiger etBraun ; àJena,
Dœbereiner ; à GœiUngae, Wieaoler, etc.
7«9
DEK
790
de la partfe inorganique de la diimie
générale. On lui a confié, de plus, uji
cours de chimie organique approfondie,
^ Taisage des élèves qui se préparent
audoctorat en sciences naturelles. —
Les publications de M. de Koninck lui
OBt valu un grand nombre de distinc-
tions honorifiques et de missions spé-
ciales, k trois reprfêes différentes,
rAdministratioo du Aluseiun de Paris
a eu recours à ses lumières. En 1846,
sur la proposition de MM. Dut renoy et
Elle de Beaumont, il a été nommé che-
valierdela L^ion d'honneur ;rordrede
Léopold lui a été conféré en 1852 (il a
été promu, en 1868, au grade d'officier;
la 5* classe de l'ordre de TAigle rouge
de Prusse, en 1855. Les rois de Prusse
et d'Italie lui ont décerné leurs grandes
médaille d'or, destinées ji récompenser
les travaux scientifiques importants; il
a reçu , en outre , d'honorables témoi-
gnages de feienveiltanee de la part des
rois de Danemarck et des Pays-Bas ( ' ).
En 1853, il a obtenu de la Société
géologique de Londres le subside de
^ollaston; en 1852 et en 1857, il a
partagé le prix quinquennal des scien-
ces, institué par le gouvernement belge;
la première fois, avec MM. Van Beneden
et Dumont, la seconde fois, avec MM. de
Selys, Kickx et Wesmael. — M. de Ko-
ninck est membre titulaire ou corres-
pondant de l'Académie de médecine de
Belgique, et de celles des sciences, de
Turin et de Munich ; des Sociétés géo-
logiques» de Londres, de Dublin et de
Berlin ; de la Société philomatique de
Paris, des Sociétés impériales des na-
turalistes de Moscou et de minéralogie
de St-Pétersbourg ; de la Société hol-
landaise des sciences de Harlem, de la
Société philosophique américaine de
Philadelphie, etc., etc. — En 1859 et
en 1864, il a fait partie du jury pour le
prix quinquennal des sciences mathé-
matiques et physiques, la dernière fois
en qualité de membre rapporteur; il a
été nommé, en 1862, membre du jury
pour le prix quinquennal des sciences
naturelles, et, en 1869, du jury chargé
ée décerner le prix des sHences phy-
siques et mathématiques. L'Académie
l'a délégué, en 1859, à la fête sé-
culaire de la fondation de TAcadémie
de Munich; en 1861, il a représenté la
classe des sciences au congrès artis-
tique d'Anvers. — En 1860, il a été
chargé par le gouvernement : i** de
recueillir les fossiles découverts à
Lierre pendant le creusement du canal
de dérivation de la Nèlhe ; S*» comme
membre d'une commission d'enquête,
d'examiner les travaux du puits arté-
sien d'Ostende et de faire l'analyse des
eaux provenant de ce puits. En 186S,
il a été délégué à l'Exposition interna-
tionale de Londres, et chargé de faire
un rapport sur les substances et pro-
duits chimiques; en 1865, il a été l'un
des experts désignés par le tribunal de
première instance de Bruxelles, dans
la célèbre affaire Claes de Lembecq ;
enfin il fait partie depuis l'origine, avec
M. A. Borgnet (v. c^ nom), de la Com-
mission des pensions de l'enseigne-
ment supérieur. — Voici Ténumération
des principaux ouvrages de M. de
Koninck :
1<» Tabieau êynoptique des principales
combinaisons chimiques. Louvain 1855,
deux feuilles in piano.
2° Mémoire sur une nouvelle méthode
de préparer la salicine, par L de Ko-
ninck et Hensmans (Bull, de l'Acad.,
t. L, 1854).
5<* Note additionnelle an précédent
Mémoire r/^ t. Il, 1835).
A"^ Sur S'analyse de deux calculs d'un
volume considérable, /'un biliaire et
l'autre rénal (Ib. t. lll, 1856).
^'^ Mémoire sur les propriétés de la
phloridùne. Louvain, 1836, in-8.
6"* Note sur Vemploi de la phloridzine
(Bull, de VAcad. t. IV, 1838).
Dans celte note, l'autenr rend compte des
expériences qu'il a faites pour combattre la
fièvre intermittente au moyen de la phlorid-
zine, substance qu'il a découverte, coi^oiate-
ment avec M. Stas, dans l'écorce fraîche des
("*) Le roi de DajMmark lui a expédié une
riche bague en briUants ; le roi de Hollande
Uii a fait don d'un exemplaire de la magni*
fique Histoire naturelle de$ Colonkê hoêlan-
daiies, publiée en 3 vol. in-fol.,avecun grand
nombre de planches coloriées.
•;9i
DEK
792
racines de pommier. Ces expériences ont été
continuées en Hollande par M. Barning, qui
en a fait le sujet d'une thèse inaugurale.
7° Deêcription des coquilles fossile^
de Cargile de Basele, Boom, Sizèlle, etc*
(Mém.deVAcad., t. XI, ÎD-i*', avec l
|)l. ; 4837).
8^ Eléments de chimie inorganique.
Liège. 1859, ln-8».
9^ Note sur la populine (Bullet. de
rAcad,, t. Vil, première p. 1840).
iO^ Ml moire sur les crustacés fos-
siles de la Belgique (Mém. de fAcad., t.
XVI, iD-4^ avec i pi. 1841).
!!• Notice sur le sulfocarbamylate de
potasse (B. derAcad.,X.l\,^ p., 1842).
lî<» Examen comparatif des garances
de Belgique et des garances étrangères,
par L. de Koninck et J -J.-P. Cbande-
ion (Mém^ de la Soc. des Sciences de
Liège, l. 1, 1842).
15° Notice sur t existence des ché-
Ioniens fossiles dans Vargile de Basele
(B- de VAc. t. X, prem partie, 1845).
44° Sur une coquille fossile des ter-
rains anciens de la Belgique (Ibid.).
15° Description des animaux fossiles
du terrain carbonifère de la Belgique.
Liège, 1842-1851, un vol. in-4<> avec
suppiém. et 70 planches.
C'est l'ouvrage le plus complet qui ait paru
en Europe sur ces animaux. Il comprend la
description détaillée et les figures de 434 es-
pèces, dont 206 nouvelles, ramenées à 85
genres, dont 7 nouveaux. M. de Koninck dé-
montre que toutes leis espèces décrites, sauf
une sur laquelle il reste des doutes, sont pro-
pres aux couches carbonifères, ne descendent
pas dans des couches plus anciennes et sont
éteintes dans les couches plus modernes.
16° Rapport au Conseil de salubrité
publique de Li^e, Sur Vemploi de cer-
tains appareils de chauffage, dits poêles
de Robert WhUe. Liège, 1844, in-8°.
17° Notice sur quelques fossiles du
Spilzberg (Bull, de PAcad,, t. XIII, !'•
partie, 1846).
18° Nouvelle notice sur les fossiles du
( * ) Les conclusions de AI. de Koninck on
été confirmées par M. Davidson et d'autres
géologues.
( * ) M. Gauthy était, k l'époque où ce tra-
Spit%berg, avec I pi (Ib.,i. XVI, 2* p.,
1849).
Dans ces notices, l'auteur constate que les
fossiles qu'il a observés appartiennent an ter-
rain permien et non au carbonifère, comme
on l'avait cru jusqu'alors.
19° Noticesurdeux espèces de Brachio-
podes du terrain paléozoîque de la ChîMe^
avec i pL (Ib., t. XIII, 2° p., 1846).
Démonstration, par l'étude de ces fossiles
(Spiri/er et AtbyrU) , de l'existence, non
constatée antérieurement, du terrain dévonien
en Chine (*)•
20° Notice sur la valeur du caractère
paléontologique en géologie, en réponse
à une notice publiée sous le même titre
par A. bumonifib., t. XIV, 2°p., 1847).
— V. Part. DmoNT.
M. de Koninck soutient, contrairement k
Dumont, que non-seulement on peut détermi-
ner d'une manière rigoureuse l'âge des ter-
rains au moyen des fossiles, mais encore ar-
river plus promptement k cette détermination,
et dans des cas où la stratigraphie, abandon-
née k ses propres ressources, serait impuis-
sante k débrouiller le chaos.
21° Discours sur les progrès de la pa-
léontologie en Belgique (Ib., t. XVIIN
2« p., 1851).
22° Bionographie du genre ProducUis
(Mém, de la Soc. royale des scdeUége,
l IV, 1847, avec! pi.).
25° Recherches sur les animaux fos-
siles, 1'* partie. Liège, 1847, in-4°, avec
21 pi.
Monographie des genres Produetus et Cho-
retet. Il y est démontré que chaque espèce
est caractéristique pour l'étage qui la ren-
ferme. 11 y est en outre proposé une nou-
velle méthode de classement pour ces deux
genres. L'ouvrage est précédé d'une iisie
bibliographique et chronologique de tons les
livres publiés sur la matière.
24° Sur remploi des vases en zinc dans
Véconomie domestique et agricole , par L.
de Koninck et E. Gauthy (Ann, du Con-
seil de salubrité de Liège, t. III, 1851,
in-8o).
Les auteurs démontrent par des expé-
riences nombreuses que l'emploi de ces vases
est dangereux pour la santé ( ' ).
vail parut, préparateur de chimie à l'Univer-
sité de Liège (il avait succédé k M. Is. Knpf-
ferschlaegcr en 1844). Depuis lors, il a ensei-
gné la physique et la chimie k l'Athénée royal
793
DEK
794
25« Notice sur la vie et les travaux de
P"L^-C.'E. Louyet, avec portrait (An-
nuaire de VAcad. 1851).
26* Notice sur k genre Davidsonia
(Mém, de la Soc. royale des 8c>de Liéae.
I- VIII, «52, avec p|.).
,r,.*r ^^/*^ *^ '* ^^^<^ Hypodema
(IM,, pi.).
28* Recherches sur les crinoîdes du
terrain carbonifère de la Belgique, par
L. de Koninck et H. Lehon (Mém. de
rAcad.y t. XXVIII, in.4«, avec 7 pi.,
1855).
Dans ce travail, les autears proposeol une
nou?elle oomeDcIature destinée à faire cod-
naître les diverses parties dont se composent
les Crinoîdes. Cette nomenclatare a ëté géné-
ralement adoptée par les naturalistes.
29* Notice sur un nouveau genre de
crinoîdes du terrain carbonifère de l' An-
gleterre, avec 1 pi. (IbJ.
30* Notice sur la distribution de quel-
ques fossiles carbonifères (Bull, de TA-
eod, t. XXIII, 2*p.,1856).
3i*» Sur deux nouvelles espèces appar-
tenant au genre Chiton, avec p|. (Id.
2*sérle,l. III, 1857).
32* Sur quelques crinoîdes paléozoî-
ques nouveaux de fAuffleterre et de VE-
cosse, avec pl. (Ib., t.'lV, 1858).
52^" On two neuf gênera of British
palœozaicCrinoîds, avec pl. (The Geolo-
ffisl, in-8% 1858).
Traduction daN* précédent.
ZZf>Onanew genus of Crinoîdes, dis-
covered in the mountain limestone of
SwaUdale, by Edw, Wood , with a des-
cription of the genus by professor L. de
Koninck, of Liège, avec pl. ((kologist,
i 858).
34* On the genus Woodocrinus, by L.
de Koninck and Edw. Wood (Rep. of
the British Association, etc., 1857).
35* Rapport sur une découverte d'os-
sements fossiles faiU à Si-Nicolas (Bull,
de VAcad., t. VIII, 1859).
36* De fm/luence de la chimie sur les
de Liège, puis k l'Athénée de Bruxelles : il est
aojonrd'bui directeur du Musée de l'industrie
de cette dernière ville. M. Gautby a été un
membre trèsactif du Conseil de salu'urité de
progrès de Vindustrie (Discours). ïbid.
t. XIV, 1862.
37* Rapport sur V Exposition de Lon-
dres; substances et produits chimiques.
(Documents et rapp. du jury, t. II),
38* Description ofsonce fossils ofln-
dm, discovercd by D" Fleming of Edin-
burgh, avec 7 pl. (Quart, journal ofUie
geol. Society for February18C3, in-8°).
59* Mém, sur les genres et les sous-
genres des Brachiopodes munis d^appa-
reils spiraux destinés au soutien des bras
buccaux, et sur leurs espèces découvertes
dans les lies Britanniques par Davidson ;
traduit et augmenté de quelques notes
par L. de Koninck. Avec 2 pi. (Mém. de
la Soc- royale des sciences de Liéae. t.
XVI, 1861). ^
40« Notice sur le Palœdaphusinsignis,
par Van Beneden et de Koninck, avec 2
pl. (Bull, de VAcad., t. XVII, 1864).
41* Rapport sur Veau minérale du
puits artésien d'Ostende et analyse de
cette eau (Ibid.),
42* Rapport au nom du jury pour le
prix quinquennal des sciences physiques
et mathématiques (!bid.),
43* Résumé de la théorie chimique des
types. Bruxelles, 1865, in-12o.
44* Rapport sur les analyses chimiques
faites pendant Vautomne de Vannée 186G
à la demande du ministre du commerce
de PiiMse, à Voccasion des recherches
de raffinage exécutées à Cologne, sur le
sucre brut extrait des betteraves, par le
D' Landolt, prof, de chimie à TUniv. de
Bonn, irad. de Fallem. par L. de Ko-
ninck, M. D., etc. (Revue univ., 1869.)
Mémoire très-important, parce qu'il ren-
ferme les divers résultats obtenus par le tra-
vail de plus de 8000 centner ou 40,000 kil.
de sucre brut, travail qui a été suivi, avec le
plus grand soiri, dans tous ses détails, par
l'auteur. Il est à remarquer que ces recher-
ches ont été entreprises k la suite de l'en-
quête ordonnée par les gouvernements belge,
français, anglais et néerlandais, pour con-
stater le rendement qui devait servir de base
Liège ; k Bruxelles J! a collaboré assidûment
à la Hei'ue populaire de» seieneex et s'est
beaucoup occupé de la question des réformes
k introduire dans l'enseignement moyen.
795
DEL
796
à ia oonvenlion passée entre ces gouverne-
ments le 8 novembre 4864.
45<» Tableaitx des principales séries de
composés organiques, à Tusage desélèves-
Liège, 4867, în-12^
M. de Koninck a introduit le premier, en
Belgique, dans l'enseignement de la chimie,
la théorie unitaire, aujourd'hui assez généra-
lement admise. C'est pour en faciliter l'étude
à ses élèves qu'il a publié son Résumé et ses
Tableaux,
N. B. C'est d'après des notes fournies par
M. de Koninck à sir Roderick Murchison ( • ),
que cet illustre géologue a décrit les terrains
paléozoîques de la Belgique, dans son remar-
quable ouvrage intitulé : Situria, The history
of the oidest fossHiferous rocks and tkeir
fmtndatioM. Third édition, 4889 (V. pages
323, 347, 421-437). — « La formation car-
» bonifère de la Belgique, qui a une si grande
» importance industrielle, n'en a pas moins
» sous le rapport scientifique. Ses caractères
» avaient déjà bien été indiqués, il y a plus
» d'un demi'Siècle, par M. d'OroaUus-d'Hal-
» loy ; mais elle a trouvé depuis, dans A. Du-
» mont, un géologue éminent qui, dès 4830,
» en exposait tous les incidents stratigra-
» phiques avec une rare habileté, et dans M.
» de Koninck un paléontologiste non moins
» distingué, qui en a fait connaître les formes »
(Géologie et paléontologie, par d'Archiac, de
l'Institut. Paris. 4866, p.480). Sir Ch. Lyell
a, de son côté, misa profit les observations
du savant belge. On lit dans son Mémoire sur
les terrains tertiaires de la Belgique et de la
Flandre française (Trad. par MM. Ch. Le
Hardy de Beaulieu et Toilliez, Ann.destrav,
publics de Belgique, t. XIV, et séparément,
Brux., 4856, in-8«, p. 69): « Quand, dans
» mes Principes de géologie, iû rangé le bas-
» siA de Mayence dans la formation miocène,
» ma classilicaiion était défectueuse sous ce
» rapport, car M. de Koninck m'a indiqué, en
» 4850, les raisons qu'il avait depuis plu-
» sieurs années , d'admettre qu'une grande
» partie des fossiles de Mayence correspon-
> dent à ceux de Rupelmonde et du Lim-
» bourg. H. Bosquet m'a fait remarquer de-
> puis, que cette concordance a lieu avec
» l'étage moyen et non avec l'étage inférieur
» du Limbourg. » — Un grand nombre d'es-
pèces fossiles ont été dédiées à M. de Ko-
ninck par la plupart des -paléontologistes
modernes. Deux genres portent également
son nom et ont été désignés, l'un par M. Da-
vidson, sous le nom de Koninckina, l'autre
(*) Sir R. Murchison s'exprime comme
suit, p. 418 de Touvrage que nous citons -.
The anthùrity ofM, de Koninek will in thê
par MM. Milne-BdwardsetHaime,8ouseelai
de ICoHiTtckia,
De L.aveleye(ÉMILE-LÔUlS-VlCT.),
0. 3g:, né à Bruges le 5 avril 1822,
commença ses humanUéaà rAlkénée
de cette ville, et passa ensuite qwilrc
ans à Paris, au Collège Stanislas, d où
il sortit chargé de couronnes scolaires.
Il fit sa philosophie à Louvain, son
droit à Gand, fut lauréat du concours
universitaire en 1^44, subit son exa-
men final en 4846 , et finit par fixer sa
résidence à Gand , où il fui un peu
avocat et beaucoup homme de lettres.
L'élude des anciennes civilisations,
Thistoire littéraire, la politique, les
questions sociales et économiques le
passionnèrent tour à tour ; la direction
qu'il imprima dans les derniers temps
à ses études le prépara, peut-être à son
insu, à renseignement universitaire.
En tous cas, le gouvernement le com-
prit ainsi; la chaire d'économie poli-
tique et d'économie industriene, deve-
nue vacante à TUniversilé de Liège, en
1864, par suite de la mise à la retraite
de M. Hennau, fut offerte à M. de U-
valeye, qui reçut, par arrêté royal du
28 mai, le litre de professeur extraor-
dinaire. Sa promotion à Tordinariat
date du 12 octobre de Tannée suivante;
en 1866-67, il a rempli les fonctionsde
secrétaire académique. Dans le cours
de celte même année, TAcadémle royale
de Belgique se Test attadié à titre de
membre correspondant ; enfin, en 1867,
il a été appelé à siéger, dans ia seclioD
des beaux-arts, au jury international de
l'Exposition universelle de Paris. 11 est
chevalier de l'ordre de Léopold depuis
le 15 février 1868, date de la remise
solennelle des récompenses décernées
aux jurés et aux exposants belges. Les
éludes variées et les nombreux voyages
de M. de Laveleye ont contribué à don-
ner à son enseignement et à ses écrits
un caractère essentiellement pratique
et instructif et un intérêt d^actualHé,
qui ne font que mettre en plus haut
relief les idées générales donl il en-
sequel be cited in support ofviews simUarto
my own.
797
DEL
798
treprend la démonslratîon. Voici la liste
aussi complète que possible de ses ou-
vrages ;
i" Texte (TnnAIhumcrOatfnde/invtS'
tré par M. Ghéraar.
CooMdéfM «ttrtoat. illiMtros Seifcoearie»,
Combien lantonr est jenoe, et o^entuoo premier pa«.
** La langue et la littérature proven-
çales, mémoire couronné au concours
universitaire (Ann. des Universités de
Belgique, i844).
3<> Histoire des rois Francs. Bru-
xelles, i%él,^w\.in'{^ (Bibliothèque
nationale, collection Jamar).
Imitation des Réetts des temps mérovin-
giens d'Augustin Thierry.
4*» Larmée et renseignement. Bru-
xelles, Decq, 1848, brochure in-8^
L'auteur dUblit que le meilleur moyen de
consolider la natiooailtd belge, c'est de ré-
pandre l'instruction dans le peuple, d'y con-
sacrer des millions et, pour les oblenir , de
réduire le budget de la guerre.
5^ Le S^Mt belge. Gand. Noste, 4849,
brochure in-8».
Le Sénat peut devenir on përl{ en temps
de crise, car il est constitué sur une base
peu rationnelle. Dans une époque démocra-
tique comme la nôtre, il est dangereux de
donner le droit de veto à la richesse : c'est
la désigner à rhoslilité des classes infé-
rieares. En faisant élire les représentaols et
les sénateurs par les mômes électeurs, on
viole la notion du système représentatif. Si,
en eflfet, ces deux corps viennent à différer
d'opinion, l'un des deux cesse de représen-
ter ses commettants. La combinaison adr»p-
tée en Amérique et en Hollande est bien
mieux entendue que le système belge.
6*» Différents articles (anonymes)
dans la Flandre libérale (Gand, 1848-
49) : 1» à propos des lettres de M Mi-
chel Chevalier sur VorganisatUm du
travail; 2* sur le communisme (2 art.);
3* sur les expositions de tableaux de
Gand et de Bruxelles ; 4« sur remploi
de l'armée aux travaux publics (sys-
tème du colonel Eenens) ; 5° sur la si-
tuation politique.
7« Différent» articles de critique
économique, religieuse et littéraire,
publiés (de 4856 à 4859) dans la Lihre
recherche (revue fondée à Bruxelles par
M. Pascal Duprat) et dans la Revue tri-
mestrielle-, réunis depuis en un volume
intitulé : Questions contemporaines, BnX"
xelles et Paris Jibrairie internationale.
4865, in-i2o).
Si^ets traités : i» la question religieuse
dans les pays catholiques ; i« de l'avenir du
catholicisme, k propos du livre de MM.
Huet et Bordas : La ré/orme catholique; 3«
Le parti catholique en Belgique; 4» Ëtude
critique sur le livre de Proudhon : La Justice
dam ta Révolution et dans C Eglise; fi<» Le
communisme ; 6» Du progrès des peuples
Anglo-Saxons ; 7o Les coulisses d'un grand
règne ; S» Le mouvement littéraire en
France depuis 4830.
8° Débats sur Vorganisation de ren-
seignement primaire dans les Chambres
hollandaises. Gand , Vanderhaeghen .
4858, in-8«. * '
9« VEnseignement obligatoire. Bru-
xelles, Rosez, 1859, broch, in-8^
Exposition des arguments qui militeot en
faveur de ce système.
10*» La question de Vor. Gand, Hoste,
1860, broch. in-8«,
L'auteur se prononce contre la démonéti-
sation de l'argent et s'efforce de montrer
que la Belgique, ayant le même système mo-
nétaire que la France, doit aussi avoir la
môme monnaie. II réclame donc le cours
légal pour l'or.
il" Étude sur le livre de MM. Fisco
et Vanderstraeten : Les taxes locales
en Angleterre (Revue britannique, i^QO,
là** Étude sur les banques populaires
en Allemagne (ibid., 1861, 1. 1).
43«» Étude sur la formation de l'épo-
pée germanique (Revue germtmque ,
1861).
14° £exiVt>Mfm^en, traduction nou-
velle, précédée d'une étude sur la for-
mation de Fépapée. Paris, Hachette,
un vol. in-i8o Jésus (Bibliothèque va-
riée), 4~ édition, 1864; 2« édition,
4866, avec la traduction des chants
héroïques de VEdda ayant rapport aux
Niebelungen. (Ici Tlntroduction est in-
titulée : Etude sur la formation des
épopées nationales).
r.elte publication, importante en ce qu'elle
a pleinement révélé aux lecteurs français
des Irésors littéraires dont les travaux de
M. Ampère lui-même n'avaient pu leur don-
ner qu'une Idée Inexacte et Incomplète, l'est
encore au point de vue des grandes contro-
799
DEL
800
verses fraochemént «bordées dans l'inlro-
doction. M. de Laveleye discute à fond,
cntr'aotres, l'opinion émise par Lachmann,
sons rinfluence des systèmes de Wolf, an
sujet de la formation et de la rédaction déû-
nitive d^ l'épopée allemande, qu'il met en-
suite en parallèle avec le cycle des traditions
irlandaises. La presse d'Outre-Rhin et les
journaux français (enlr'autres le Journal des
débats et la Revue de t instruction publique)
ont accordé une attention sérieuse à son
travail ; on consultera surtout avec fmit, à
propos de la deuxième édition, un article
étendu et consciencieux de M. Albert Ré-
ville, publié dans la Revue des Deux-Mondes
du i5 décembre 1866.
\^^ Les forces productives de la Lom-
hardie (Revue des Deux-Mondes, i 859).
16* Économe rurale de la Belgique
(ilrid. 1860 et 1861 ; 4 articles). — V.
ci-après.
17® La crise religieuse au XIX' siècle
(Ibid, 1865).
Cet article a été traduit en hollandais par
M. Pirson.
18® VÉconomie rurale de la Suisse
(Ibid, 1863).
Les n»* 15 et 18 viennent d'être réunis en
un volume in-18, publié à Bruxelles (1869)
sous le titre : La Lombardie et la Suisse
(Etudes d'économie agricole'.
lO"* Marina, souvenir de la vie des
artistes à Rome (Ibid. 1865).
Nouvelle.
20® VÉconomie rurale dans les Pays-
Bas (Ibid. 1863 et 1864).
Les articles mentionnés sous les n^* 18 et
âO ont été publiés séparément en deux vo-
lumes respectivement intitulés : VEconomie
rurale de la Relgique (Lacroix et Yerboc-
khoven, 1863 et 1864, deux éditions;, et
L Economie rurale de la Nterlande, id. 1865,
in-12. — Charun de ces ouvrages a été l'objet
d'un rapport de H. Léonce de Lavergne à
l'Institut de France. Tous deux ont été tra-
duits en flamand pkr M. Boone et publiés k
Gand. — L'auteur décrit le caractère distinctif
de chaque région agricole de la Belgique et
de la Mécrlandc, établit comment le travail
accumulé de cinquante générations a trans-
formé le territoire ingral des Flandres en une
des contrées les plus fertiles de la terre,
(*j Cette publication, dont il existe une
traduction allemande, attira dès son appari-
tion l'attention de la Commission d'enquête
sur la circulation fiduciaire, créée à Paris en
étudie avec le même soin le Brabant,la Cam-
pine, la Uesbaye , le Rainant et l'Ardenne,
pénètre jusque dans les coins les plus reculés
de la Néerlande , discute les procédés en
usage, résume les progrès accomplis, et se
livrant k des comparaisons fécondes avec
l'agriculture anglaise, s'élève k des vues
d'ensemble , aboutit enfin à des conctusioDs
pratiques tirées des faits eux-mêmes et des
enseignements de l'économie politique. (Y. le
Journal des économistes de septembre 1863,
etc., et le Rapport de H. de Boe sur le con-
cours quinquennal des sciences morales et
politiques, 1866).
21® Les partis en Belgique (Revae
des Deux-Mondes, 18G4).
22® Les crises commerciales et moné-
taires (Ibid. 1865; deux articles).
25® Le marché monétaire depuis ctn-
quante ans. Paris, Gulllaumin, 1865,
in-8®{*).
L'auteur s'attache k rechercher les causes
des crises qui se sont périodiquement pro-
duites, depuis le commencement de ce siècle,
dans la circulation fiduciaire et monétaire.
« Il indique les moyens qui serateat de na-
ture, sinon k en empêcher le retour ,du moins
à les rendre plus rares et moins intenses
dans leurs effets. Il ne croit pas qu'elles
aient pour origine l'excès de la productioa,
une trop grande émission de billets de ban-
que, une sarabondance de capital, oa le
brusque retrait des sommes déposées cbei
les banquiers. Les causes se trouvent, seloo
lui : 1» dans l'excès du crédit sous toutes 5es
formes et porté au point qu'il réduit, dans de
trop fortes proporUons,remploi de la monnaie
métallique; S<* dans un commerce dont Té-
tendue nécessite de temps k autre l'exporta-
tion d'une grande quantité de numéraire qoi,
strictement limité aux besoins d'une circu-
lation normale , devient rapidement insofli*
sant ; 3o enfin, dans la surabondance des opé-
rations k terme , soit par achat de marchaa-
dises, soit par des souscriptions à des entre-
prises dont le capital n'est pas immédiate-
ment exigible. — Tout en constatant que la
circulation fiduciaire des billets de banque
est minime en comparaison de la circulation
fiduciaire générale, l'auteur recommande de
larges approvisionnements métalliques dans
les caisses des institutions de crédit, à l'aide
desquels on puisse satisfaire, dans une juste
mesure, aux demandes d'exportation, il pres-
1865. Unquestionnairefnt adressé klanUiBr:
sa réponse est insérée au tome V du coaipte-
rendu de l'enquête.
801
DEL
m
crit la hausse du taux de Tescompte en temps
opportun, lorsque le change indique un drai-
nage prolongé du numéraire. M. de Laveleye
estime que la liberté des banques d'émission,
loin de prévenirleserises monétaires, aggra-
verait celles qui Tiendraient à éclater. L'obli-
gation pour les banques d'allouer un intérêt
sur les dépôts qu'elles reçoivent n'exercerait
sur les perturbations qu'une faible influence.
La création des billets à rente portant un in-
térêt journalier serait des plus utiles, mais à
un autre point de vue. Ils devraient être émis
par l'Etat, et remplacer les titres de la dette
flottante ; ils seraient remboursables k éché-
ances déterminées et recevables en payement
des contributions. C'est le système des bons
de l'échiquier, tel que M. Gladstone l'a éubli
en Angleterre. L'auteur traite une sérié
d'autres questions, celle des billets de banque
non remboursables, celle de l'augmentation
du capital des banques privilégiées et celle
de l'emploi de ce capital. Il étudie enfin la
charte de la banque d'Angleterre île f 814,
et examine les attaques dont elle a été fré-
quemment l'objet et qui lui partissent les unes
injustes et les autres fobdées. » (fl. de Boe,
Rapport préciié)» — L'ouvrage de M d) La-
veleye ayant été publié à l'étranger, a dû être
mis hors concours en 4866. — Nous croyons,
par parenthèse, devoir rcicverune apprécia-
tion de l'honorable rapporteur. Il résulte de
Tensemble des écrits de M. de Laveleye qu'il
ne peut être rangé parmi les économistes
« qui maintiennent rigoureusemeniréoonomie
politique dans les limites qu'elle se fixa à
l'origine, et lui assignent tfdrci«itivemeiii pour
objet la production, la distribution, la circu-
lation et la consommation des richesses >.
24* Le Mont-Rou et les Alpes pen-
nines (Revue des Deux-Mondes, 1865)«
25^ Uenseignemeni du peuple au XIX*
siècle (IHi., 1865 et 1866, quatre ar-
ticles).
Étude comparative des systèmes d'instruc-
tion primaire en vigueur chez les principales
nations civilisées, et appel k la diÂTusion des
lumières dans toutes lesclasseade la société,
comme le plus sûr moyen de prévenir les
crises morales. — Ces art. ont été traduits
en hollandais et en suédois , et publiés sous
forme do volume par les traducteurs.
26® La monnaie internationale, Pro-
jetée convention monétaire f/W.,i867).
27® L'Allemagne depuis la guerre de
1866 (Ibid., 1 867-1 8G9; neuf articles).
4» Les agrandissements et les armées de
la Prusse ; 2* Le sol de la Prusse et la con-
stitution de la propriété ; 3^ Les progrès ré-
cents de Tagricttlture en Prusse ; 4<» Le mou-
vement unitaire germanique et la Confédéra-
tion du Nord; 5« L'Autriche et sa constitution
nouvelle; 6* La Hongrie, ses institutions et
son avenir ; T Les nationalités en Hongrie
et les Slaves du Sud (Yougo-Slaves^; 8<>Deak
Ferenes; 9« Le Concordat autrichien. — Il
4ù\i paraître vu dixième article (sur la Bo-
hême). One traduction allemande de cet im-
portant travail , réuni en vol., est en cours
de publication.
28® Discours prononce à la distribu-
tion des prix du concours universitaire
et du cGDConrs général des établisse-
ments d'instruction moyenne, le 25
septembre 1867.
Surrintervention de l'Etat dans renseigne-
ment (indispensable en Belgique).
29® Étude de géographie économique,
h propos du voyage de circumnaviga-
tion de la frégate aotriebienne IzNo-
vara et des relations publiées par M.
Von Scherzer (Revue da deux mondes,
15 janvier 1868).
50® Léopold I et la Belgique (Ibid^
15 Janvier 1H69).
A propos des ouvrages de Mil. Vymaoa,
Juste et Tbonissen sur le règne de Léopold
I*', l'auteur aborde la question de politique
générale et fait voir combien l'indépendance
des provinces belges est nécessafre k
l'Eurcq e.
31® Rapp, sur V Exposition univer-
selle de Paris, — Peinture , sculpture ^
gravure,dessin d'architecture et bronzes
d*art. Paris, 1868, in-8®.
52® La question du grée et la réforme
de Renseignement mogen. Bruxelles, A.
Lacroix et C^ 1969, in-8®.
Ce vol. reproduit les lettres échangeai
entre M. de Laveleye et M. F. Bennebert
(Bis), prof, k rUniv. de Gand« ainsi que di-
vers articles de journaux relalib k la polé-
mique provoquée par quelques paroles pro-
noncées par M. Pirmez, ministre de l'inté-
rieur, au sein du Conseil de perfectionnement
de renseignement moyen, à propos de l'in-
signifiance actuelle des' études grecques dans
les Athénées belges. M. de l4iveleye rédame
des méthodes plus rapides; si l'on n'eu
trouve pas, il souacrirail k la suppressioii
du grec. M. Hennebert admet la nécessité
d'une réforme, mais prend vigoureusement
la défense de l'hellénisme -- Ce débat a été
porté devant la Chambre des représentants,
où il a rempli plusieurs séances : on n'est
pas arrivé k conclure ; mais 11 est probable
que des modifications importantes seront ap*
_ 51
803
DEL
804
pondes au programme des Athénées, pour
la prochaine année scolaire (1869-70}.
où^ Études et Essais. Paris, Hachette,
4869Jn-12.
Ce volume réunit difTérenls articles pu-
bliés dans la Revue des deux Mondes et
d^jà indiqués plus haut. (La crise religieuse
au XIX« siècle. — Les partis en Belgique. —
Le voyage de la l^ovara. — Un roi constitu-
tionnel : Léopold l«^ — Le Mont-Rose et les
Alpes pennines. — Wiertz. — Marina).
neihœuf ( Joseph -Remi-Léopold),
né à Liège le V^ octobre 1834, élève
de TAthénée et de rUniversité de celte
ville, subit avec la plus grande distinc^
tion, en 1855, Texanien de docteur en
philosophie et lettres (*), et en 4858,
avec distinction, Fexamen de docteur
en sciences physiques et mathémati-
ques. Ayant droit à une bourse de
voyage, il en proflta pour aller passer
quelques mois à TUniversité de Bonn,
où il s*attacha particulièrement à M.
Uebenveg, aujourd'hui professeur de
philosophie à rUniversité de Kœnigs-
berg. Il entra dans renseignement pu-
blic le 45 décembre 4i^G0; un arrêté
ministériel lui confia un cours de grec
à TÉcole normale des humanités. Le
titre de maître de conférences au même
établissement lui fut conféré par arrêté
royal du 25 mars 4865. La mort inopi-
née de M. Cailler ayant laissé la chaire
de philosophie vacante à FUniversité
de Gand, un arrêté royal du o décembre
de la même année désigna M. Delbœuf
pour remplacer le défunt, en qualité de
professeur extraordinaire. Non seule-
ment tous les cours de philosophie
portés au programme de la candidature
et du doctorat rentrèrent dans ses at-
tributions, mais il eut encore à ensei-
gner, à TÉcoIe normale des sciences,
la psychologie et la logique. Une se-
conde circonstance imprévue, la perte
douloureuse de Léon de Closset (v. ce
nom) le ramena dans sa ville natale et
lui lit reprendre ses études philolo-
giques. Depuis le 2 octobre 4866, il
est chargé à l'Université de Liège de
deux cours de latin (candidature et
doctorat en philosophie) et d*un cours
de grec (doctorat). Un arrêté royal du
5 du même mois l*a en outre réinstallé
à rÉcole normale des humanités, pour
renseignement de la langue grecque;
enfin, un autre arrêté du 9 avril 4869
Ta élevé au rang de professeur ordinaire.
— M. Delbœuf a débuté dans la car-
rière littéraire par quelques poésies
(Reloue trimestrielle, t. XIV, XVI et
XIX) ; en 4857 et 4858, il a pris part à
la rédaction des Antiales de renseigne-
ment public, où il a traité, entr'autres,
la question du thème latin; en 4864,
il a fait paraître dans la Belgique am-
temporaine un travail assez étendu sur
la moralité en littérature. Ses publica-
tions proprement scientifiques sont au
nombre de cinq, savoir :
40 Prolégomènes philosophiques de la
géométrie et solution des postulats, sui-
vis d'une Dissertation sur les principes
de la géométrie, par M. Ûeberweg.
Liège, Paris et Leipzig, 4860, in-8*
(XXI et 508 p.).
2<^ Essai de logique scientifique. Pro-
légomènes, suivis d'une Étude sur la
question du mouvement considérée dans
ses rapports avec le principe de contra-
diction. Ibid., 4865, in-8<> (XLiV et
286 p.).
5^ Note sur certaines illusions ^op-
tique. Essai d'une théorie psychopfay-
sique de la manière dont l'œil apprécie
les distances et les angles {Bull, de
VAc. royale de Belgique, 2« série, t. XIX,
no 2).
40 Seconde note sur de nouvelles il-
lusions d'optique. Essai d'une théorie
psychophysique sur la manière dont
l'œil apprécie les grandeurs (Ibid.,
t. XX, n» 6).
h^ Détermination rationnelle des nom-
bres de la gamme chromatique (Ibid.,
t. XXÏ, n» 5).
Les deux premiers ouvrages, si dif-
férents par leur titre et par leur objet,
ont cependant un fond commun : l'au-
teur ne croit pas à la certitude à priori,
ni par conséquent à l'existence de pro-
positions évidentes par elles-mêmes.
Selon lui, toute proposition peut et doit
( * ) Son diplôme constate que Texamen a philosophiques et sur les matières philolo-
ëté approfondi tout à la fois sur les matières giques.
805
DEL
806
être démontrée. On va tour à tour du
particulier au généra] et du général au
particulier ; le particulier éiaie le gé-
néral, et réciprojquement le général sert
à établir le particulier. La majeure
d*un raisonnement n*est qu'une propo-
sition hypothétique basée sur un nom-
bre de faits plus ou moins grand, et
dont révidence croit à mesure qu'elle
est confirmée par des faits nouveaux.
L'expérience est donc le seul critérium
de certitude admis par M. Delbœuf:
rbomme croit souvent posséder la <*«r-
titude absolue, soit; aux yeux de Fau-
teur, il n'y a là qu'un fait psycholo-
gique naturel et nécessaire. En vertu
de ces prémisses, la géométrie est une
science expérimentale aussi bien que
la chimie et la physique. Il y a dans
toute science une partie inductive et
nne partie déductive ; si la vérification
par les faits tourne à l'honneur des
principes, la science est constituée
(sauf erreur) et le rôle de l'expérience
devient de moins en moins important
ou finit par s'annuler, p. ex. en mathé-
matiques. Le même phénomène se pro-
duit, à divers degrés, en mécanique,
en astronomie, en optique; au c>on-
traire, le reste de la physique, la chi-
mie, les sciences biologiques, etc.,
en sont encore à chercher leurs prin-
cipes et ne se composent jusqu'ici que
de la partie expérimentale. Quant à
la géométrie, les axiomes qu'on met
ordinairement en tête des traités sont-
ils les vrais principes de cette science?
M. Delbœuf pense que non , et jus-
tifie cette négation par l'existence des
postulats. Il énonce donc d'autres prin-
cipes (l'espace est homogène (*); le
plan est une surface homogène; la droite
est une ligne homogène) et s'appuie sur
eux pour résoudre les postulats. — Dans
VEssai de logique scientifique^ l'auteur
applique sa méthode critique d'une part
à la logique, de l'autre à la mécanique.
Les principes delà logique, dit-il, sont
réels ou formels. Les premiers sont au
nombre de trois : K^ On peut conclure
de la représentation des phénomènes
aux phénomènes eux-mêmes; 2* on peut
poser comme identiques les résultats de
l'abstraction des différences; V" l'en-
chaînement logique des idées correspond
à renchainemenl réel des choses. Ces
principes se déduisent du postulat de la
raison, à savoir que la certitude est pos-
sible (formule de VUlmion essentielle, du
fait psychologique naturel et nécessaire
dont il a été question plus haut). — Les
principes formels sont le principe de
contradiction et celui du tiers exclu, qui
se complètent et se déterminent l'un
l'autre. Appliquant ses idées à la méca-
nique, l'auteur étudie la notion du mou-
vement, et se demande si elle est com-
patible avecle principe de contradiction.
De déduction en déduction, il arrive à
renverser en partie l'ordre traditionnel
des catégories et à s'arrêter à celui-ci :
espace, force, mouvement, temps, vi-
tesse. Il considère la force comme l'é-
quivalent (mécanique) de la position
(géométrique) du point dans l'espace.
— Le mouvement est la mesure de la
force. — Le temps est l'unité de mou-
vement. — La vitesse est le rapport du
mouvement au temps. — L'auteur pré-
tend, avec ces principes, simplifier la
mécanique sans nuire à la rigueur de la
construction de cette science. — M. K.
A. de Reichlin-Meldegg s'est livré ré-
cemment à une discussion approfondie
des théories de M. Delbœuf, dans le
Journal de philosophie (Zeitschrift fur
Philosophie und philosophische Kritik)
de MM. J.-U. de Fichte, H. Ulrici et
J.-U. Wirlh, t. LL Halle, i867, in-8«,
p. 119-148.
En 1858, MM. Delbœuf et Hanssens
(ce dernier avocat à Liège et, depuis
1867, échevinde l'instruction publique)
ont édité les œuvres de leur condis-
ciple et ami Otto Duesberg, ne de pa-
rents belges à Moselkern (prov. Rhéna-
ne), le iOsept. 1855, et mort à Graach,
près deBerncastel,le27 octobre 1857,
l'année même où il comptait se faire
recevoir docteur en philosophie. Dues-
berg avait pris part au concours uni-
versitaire ; la sévérité avec laquelle son
mémoire fut écarté par le jury semble
avoir porté un coup fatal à ce jeune
(*)M. Delbœuf appelle homogénéité U les mëmesqQalitéa que te tout et n'en diffèrent
propriété d'une chose dont les parties ont que sous le rapport de la grandeur.
807
DES
808
homme, qui donnait les plus belles es-
pérances. Il eût retrouvé sa conflanre
en lui-même s'il lui eût été donné de
de connaître les jugements de la cri-
tique allemande sur son Exposé théo-
rique de la religion naturelle. Le vo-
lume publié par MM. Delbœuf et Hans-
sens est précédé d*une lettre de M. A.
Le Roy (v. ce nom) aux éditeurs; outre
le Mémoire précité, il contient un Ex-
posé critique des doctrines de rEcole
matérialiste contemporaine , le meil-
leur ouvrage de Duesberg, et quelques
opuscules moins importants (voir les
Annales de renseignement public et le
Nécrologe liégeois pour 1857).
En 1868, M. Delbœuf a publié, dans
le Bulletin de la Société liégeoise de lit-
térature wallonne (t. VIII, p. 58-200)
une élude sur l'orthographe du dialecte
liégeois : c*est le commentaire philolo-
gique détaillé d'une pièce couronnée
(Li maie neur da Cola, comédie en deux
actes, par M. Ch. Hannay).
De SMVoye (THÉODORE- J OS.- JULES-
Joseph), né à Ath le iO avril 1817, fit ses
études humanitaires au Collège de cette
ville, entra ensuite à l'Université de Liè-
ge, et en sortit docteur en droit le 4 oc-
tobre 1858. Il avait subi avec distinction
son examen de candidat en philosophie
et lettres ; il s'éle>a à la plus grande dis-
tinction dans toutes les épreuves ulté-
rieures. Le brillant succès de son doc-
torat lui donnait droit à une bourse de
voyage : il en profita pour visiter quel-
ques Universités étrangères, et prolon-
gea pendant deux années entières (1859
et 1840) son séjour à Paris, à Heidel-
berg et à Berlin, dans le double but de
se familiariser avec les méthodes et l'é-
loquence des grands maîtres, et d'autre
part d'étendre et d'approfondir ses con-
naissances juridiques. II se fit alors in-
scrire au tableau des avocats de la Cour
d'appel de Bruxelles, et se livra jusqu'à
la fin de 1845 à la pratique des affaires.
La carrière de la magistrature s'ouvrit
tout d'un coup devant lui : il s'y engagea
d'autant plus résolument, qu'elle lui pa-
raissait plus favorable à ses goûts stu-
dieux que la vie active du barreau. Un
arrêté royal du 18 novembre 1845 le
nomma substitut du procureur du Roi
près le tribunal de première instance de
Tournai. Il remplit ces fonctions jus-
qu'au 15 février 1850, date de sa nomi-
nation, en la même qualité, près le tri-
bunal (leMons. Ce()endant le gouverne-
ment avait reconnu depuis longtemps
que les aptitudes et les qualités spé-
ciales de M. de Savoyele prédestinaient
à l'enseignement supérieur. Dès 1845
(arrêté royal du 25 octobre), M. Van de
Weyer, ministre de l'intérieur, l'avait
porté sur la liste des agrégés de l'Uni-
versité de Liège. Le moment arriva
d'assigner à M. de Savoye sa véritable
place lorsque M. Namur (v. ce nom),
professeur de droit civil moderne à
Liège, fut appelé à la Faculté de Gand.
Malgré les chances d'avenir sur les-
quelles le substitut de Mons pouvait
légitimement compter en suivant natu-
rellement la route qu'il s'était tracée, il
n'hésita pas un instant à se rendre au
désir du ministre. En conséquence il
reçut, par arrêté royal du 4 octobre
1850, le titre de professeur extraordi-
naire, chargé des cours de droit ci>11
moderne et d'exposé des principes gé-
néraux du Code civil (v. l'art. Thïry).
Ce dernier cours, précédé d'une In-
troduction historique qui rentre dans
les attributions de M. Jos. Macors (v.
ce nom), figure au programme de la
candidature depuis la promulgation de
la loi du 27 septembre 1855. Il est
destiné à servir de préparation au cours
complet de Droit civil, réservé au doc-
torat. On a pensé qu'il était bon d'ex-
poser d'abord les choses d'une manière
simple, sauf à les approfondir ensuite.
Conformément à cette idée rationnelle,
les principes élémentaires du droit civil
sont expliqués d'après leurs origines et
présentés avec leurs applications di-
rectes, mais sans controverses. L'élude
spéciale des textes n'appartient pas à ce
cours ; mais, désireux de rendre l'usage
du Code civil familier aux élèves, le
professeur suit ordinairement l'ordre
adopté par le législateur, et ne s'en
écarte que lorsqu'il y est amené par
les exigences de la méthode. — Les
attributions de M. de Savoye n'ont
point changé depuis ; il a été promu à
l'ordinariat le 24 septembre 1857. il a
été investi, en 1858-50, des fonctions
de secrétaire académique.
k
800
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nowaïqne (G.-J. Gustaye), né à
Slavelol le 2 décembre 1827, quilla
rÉeole moyenne de sa ville natale pour
le Collège de Liège t où il conquit une
palme au Concours général. Ses huma-
nités terminées, il lésoliil d'étudier la
médecine ; mais le succès de son exa-
men de candidat en sciences fortifia
son goût pour Thistoire nalurcllo, et
les encouragements du professeur Ch.
Morren le portèrent à s'en occuper
spécialement, en vue d'une carrière
professorale. M. Dewalque prit part au
Concours universitaire; son Mémoire
sur la nature de raffluité chimique fut
couronné le 20 juillet 1849. La bota-
nique avait eu d'abord ses prédilections ;
il finit par s'attacher davantage à la mi-
néralogie et à la géologie, et il n'eut
point à regretter cette inconstance.
Cependant il n'avait point renoncé ik la
médecine ; il subit avec éclat son troi-
sième examen de docteur en 1855, et fut
reçu l'année suivantedocteuren sciences
nalurelles.M.DewalquealIaitpartirpour
Paris, lorsque la réapparition subite
du choléra lui inspira l'idée de se mettre
à la disposition de la Commission des
Hospices civils de Liège. Il rendit
des services dans ces moments difi]^
ciles, comme médecin interne, tour a
tour à l'hôpital provisoire de St -Ju-
lien et à celui de St.-Thomas. Mais sa
yéritable mission était renseignement.
Il débuta le 5 mai 1850 au Collège
communal de Liège, en qualité de pro-
fesseur suppléant de physique et de
chimie. Au printemps de 1852, il re-
mit le pied à l'Université, comme pré-
parateur du cours de M. Spring (|)hy-
siologie humaine et comparée) ; à par-
tir de 1855, il joignit à ces fonctions,
sur le conseil d'André Dumont, celles
de conservateur des cabinets de miné-
ralogie et de géologie, et de répétiteur
de ces mômes sciences aux Écoles spé-
ciales, lia mort inattendue de l'illustre
géologue modifia tout d'un coup sa po-
sition. Il monta dans la chaire de Do-
mont à titre d'intérimaire, et acquit en-
fin un titre définitif au professorat en
subissant le premier, i\ Liège, les
épreuves du doctorat spécial (11 juillet
1857). Trois mois plus tard (24 sept.),
il fut nommé professeur extraordinaire,
chargé des cours de minéralogie, de
géologie et de paléontologie ( * ) ; sa
promotion ù l'ordinariat date du 12
octobre 18G6. — Les travaux de M.
Dewalque lui ont valu Taffiliation à un
grand nombre de sociétés savantes.
Il est correspondant de l'Académie
royale de Belgique depuis le IG dé-
cembre i85i; cinq ans après, jour pour
jour, il a été élevé au rang de membre
titulaire (*). Il fait partie de la Société
royale des Sciences de Liège, de la
Société des Sciences naturelles du
Grand-Duché de Luxembourg, du Con-
seil de Salubrité publique de la pro-
vince de Liège, de la Société lin-
nécnne de Normandie, de la Société
palèontologique de Belgique, de la So-
ciété f'éologique de France ('); de la
Société des sciences, etc. du ïlainaut ;
du Naturliistoriacher Vcrein des preus-
sischen Rkeinlandes und Woflphalen ;
enfin, de la Société Blalacologique de
Belgique. — Voici quelques renseigne-
ments sur ses recherches scientifiques
et sur ses publications.
1^ lilémoire en réponse à la question :
Exposer et discuter les théories émises
sur les causes qui déterminent Vaclion
chimique (couronné au Concours uni-
versitaire de 1848-49; inséré dans les
Annales des Universités de Belgique,
t. VU, 1851).
2*" Observations faites à Liège dans
le but de rechercher les rapports qui
peuvent exister entre le choléra et les
éléments météorologiques (Mémoires de
rAcad,,i. XXV).
M. Dewalque n'a communiqué à l'Acadc-
mie que les pèsuUats gt'ndraux do ses obscp-
valions : au point de vue dtiologique,rien n'a
été publié ; faute de documents précis sur la
marche de l'épidémie, il a fallu renoncer à
terminer le travail.
j*" Observations météorologiques et
(') Ce dernier cours lui fut cédé par M. de
Kooinck.
(*) Le 9 janvier 1869, il a été nommé
directeur de la classe des Sciences pour 1870.
[ ' ) M. Dewalque a rempli les fonctions de
secrétaire lors de la session tenue à Liège
en 1862 (ses Rapports ont été insérés dans
le t. XX du DuUetiH de la Société).
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observalions sur les phénomènes pé-
riodiques des animaux et des plantes,
faites à Slavelol de 1849 â 1860 (Mém,
de l'Acad,, t. XXVI à XXXÏU).
Ces documenls, embrassant une période
de onze anndes , sont les plus complets que
nous possédions sur le climat de l'Ardenne ;
l'auteur ferait chose utile en les résumant et
en les rapprochant de la série s'multanée de
Bruxelles, point aigourd'hui bien connu par
les longues rechorches de M. Quetelet.
V Quelques faits pour servir ù Té-
tude des phénomènes périodiques des
végétaux (Bull, de VAcad,, t. XVIII,
2«, 195).
5<> Notice sur un cas de développe-
ment tuberculeux de bourgeons aériens
sur une pomme de terre (Ibid., t XIX,
5% 352).
&* En collaboration avec M. Chapuis
(aujourd'hui membre de TAcadémie) :
Description des fossiles des terrains se-
condaires de la province de Luxem-
bourg. Mémoire couronné par la classe
des sciences de TAcadémie (Mém. cou-
ronnés, t. XXX).
7° Noie sur les divers étages de la
partie inférieure du lias dans le Luxem-
bourg et les contrées voisines (BulL de
VAcad., annexe, 185G).
8° Note sur les divers étages qui
constituent le lias moyen et le lias su-
périeur dans le Luxembourg , etc. ,
(/Wd., t. XXI, 2û, 210).
Ces deux dernières communications, re-
produites dans le DulL de la Soc» Géologique
de France (2« série, \l, 434 et 546), don-
nèrent lieu à une controverse qui se termina
à l'avantage de M. Dewalque ; les principaux
résultats obtenus furent résumés en 1 857 dans
une nouvelle note intitulée :
0*^ Observations critiques sur Tâge
des grès liasiques du Luxembourg,
avec une carte géologique des environs
d'Arlon (Bull, de VAcad,. 2« série, II,
245, et BulL de la Société géolog. de
France, ^^ série, X\, 719).
10° Description du lias de la pro-
vince de Luxembourg. Liège, 1857,
in-8^.
Dissertation inaugurale pour le doctorat
spécial.
i{^ Collaboration aux Annales de
renseignement public (1856). Articles
signés G. D.
12'' Id. à la Revue universelle dis
mines, publiées par M. de Cuyper.
Traductions ou analyses d'articles élran-
gers, sur la série tertiaire du nord de l'Alle-
magne, sur les minéraux artificiels pyrogé-
nés, sur la formation des silicates anhydres
par voie humide et sur le métamorphisme,
sur les terrains patéozolques des provinces
rhénanes et de la Belgique (art. de Sir Mur-
chison), etc., (t. H, 111, Yll, elc).
15« Note sur le fer oxydé oclaé-
drique, dans le grès de Luxembourg
(BulL de VAcad., 2» série, l. VII).
14* Rapport sur un Mémoire relatif
à des recherches sur faction des forces
moléculaires des éléments chimiqaes
(Ibid,).
15° Sur la faune du grès de Martin-
sart (Reîme univ-, t. lY).
16'' Examen de Teau acidulé ferru-
gineuse de Blanchimont près de Suve-
lol (Ib., t. V).
17° Tableau synoptique de la Cks-
sificatmi des terrains tertiaires du nord
de V Europe. Liège, 1859, une feuille
in-plano.
* 18° Rapport au Conseil de Salubrité
t^ublique de la province sur réchauf-
fement du sol des jardins du quartier
St.-Jacques, à Liège, par une Commis-
sion composée de MM. Schwann ,
Schmit et Dewalque, rapporteur (BulL
admin. de Liège, 18G0; Bev. unix.y
l. VU).
19° Atlas de cristallographie, à Tu-
sage des élèves du cours de minéralo-
gie. Liège, Noblet, 1860.
20o Sur la constitution du système
eifélien dans le bassin anthraxifère du
Condroz (BulL acad., 2« série, XI).
21° Rapport sur une note de M. Ma-
laise : sur rage des phyllades fossili-
fères de Grand-Manil (Ibid.).
22° Sur la non-existence du terrain
houiller à Menin (Ib.).
23° Sur quelques fossiles éocènes
de la Belgique (Ib. XV).
24* Observations sur le terrain an-
thraxifère de la Belgique (Ib).
25° Sur les fossiles siluriens de
Grand-Manil, près de Gembloux (Ib-h
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26'' Sur quelques poîQts fossilifères
du calcaire eifélien (IbJ).
2V Sur quelques fossiles trouvés
dans le dépôt de transport de la Meuse
et de ses affluents (Ib., t. XVI).
SS"" Sur la distribution des eaux mi-
nérales en Belgique (/^., XVII).
29« Sur le gisement de la chaux
phosphatée en Belgique et sur la pré-
sence du mercure dans les minerais de
zinc (Ib,, XVIIÏ).
50"" Rapport sur Peau minérale d'Os-
tende (Ib.).
M"" Notice sur le puits artésien
d'Ostende (BulL de la Soc. géol. de
France, l. XX, p. 235).
SS"" Sur une nouvelle dent de Car-
charodon trouvée dans le gravier de la
Meuse (BulL Acad., 2« série, t. XVIII).
^Z^ Rapport sur deux Mémoires de
concours, relatifs à la constitution de
racler (Ib.),
54<> Sur le bolide du 17 février i865
(/^.,l. XIX).
55^ Trois rapports sur les travaux
de M. Dupont concernant les fouilles
de Furfooz (Ib., t. XIX et XX).
SG'' Rapport sur un travail de MM.
Cornet et Briart, intitulé : sur la dé-
couverte, dans le Hainaut, d'un calcaire
grossier avec fauue tertiaire^ en dessous
des sables rapportés par Dumont au sy-
stème landénien (Ib,, t. XX).
57o Rapport sur la description miné-
ralogique, géologique et paléontologique
de la Meule de Bracquegnies, par les
mêmes (/^., t. XXI).
58» Rapport sur la description miné-
ralogique et stratigraphique de Vêlage
inférieur du terrain crétacé du Ilai-
fMut, par les mêmes, (Ib.).
39<* Rapport sur la description des
végétaux fossiles rencontrés par MM.
Briart et Cornet dans le terrain crétacé
du Hainaut, par M. Coemans (Ib.).
40» Rapport sur une note de Bî. Ma-
laise intitulée : Sur les corps organisés
fossiles trouvés dans le terrain arden-
nais de Dumont (Ib.)-
U° Rapport sur un travail de MM.
Gosselet et Malaise : Observations sur
le terrain silurien de lArdenne (Ib.,
t. XXV,p. 4ii).
MM. Gosselet ( ' ) et Malaise (*) ont remis
en question la classification du terrain ar-
(*) Professeur à la Faculté des sciences
de LiUe.
(') M. Malaise (Constantin H.-L.), né le
7 novembre 4834 ù Liëge, oii son père était
médecin homœopathe, est sorti de TUniver-
sité de cette ville le 4â avril 1858 avec le
titre de docteur en sciences naturelles. Atta-
ché aux écoles spéciales dès le il mai sui-
vant, en qualité do répétiteur de minéralogie
Gt de géologie, il y est resté jusqu'au 30
octobre 4860 , date de sa nomination à la
chaire d'histoire naturelle de l'Institut agri-
cole de l'Ëlat, à Gembloux. M. Malaise a été
l'an des meilleurs élèves de Dumont : ses
condisciples l'ont reconnu en lui confiant la
mission de prononcer un discours sur la
tombe du maUre vénéré, et en le déléguant
pour faire partie delà Commission qui s'est oc-
cupée du monument érigé plus tard à sa mé-
moire. H. Malaise a été couronné en 4860
par la Société d'Émulation de Liège, qui avait
mis au concours (4858 un Exposé des décou-
vertes paléontologiques faites en Belgique
jusqu'à ce jour (Mém. de la Soc. d'Em.fi. I,
aussi à part, Liège, Renard, 4860 , in 8». Y.
l'art. Schmerung;; depuis lors, il s'est fait
connaître par divers travaux scientifiques,
qui lui ont valu, en 4865,1e titre de membre
correspondant de l'Académie royale de Bel-
gique. Il fait également partie de la Soc. des
sciences, etc. du Uainaut (4862), de la Com-
mission de Statistique de la province deNa-
mur (1868), de rinstitul géologique imp.
d'Autriche (4869), etc. Ses éludes paléonto-
logiques sur le massif de Grand-Manil (v.
ci-dessus, n» ^i et 25)« que M. Gosselet con-
sidère comme silurien, contrairement à l'opi-
nion de Dumont, (v. les Bull, de VAcad., 2'
sr'rie, t. Xlll et XX), ont été justement re-
marquées, ainsi que ses observations sur les
silex ouvrés de Spienne (t. XXI et XXII),
etc. Nous connaissons encore de M. Malaise
un Programme détaillé du cours d'histoire
naturelle fait à Gembloux (Brux., 4868,
in -S'^, diverses notes communiquées à l'Aca-
démie (Bull., t. X, XVIII, XXI, XXIV,
etc.), une Lecture sur l'utilité de l'étude de
la botanique (aux soirées populaires de St-
Josse-ten-Noode,4865); enfin, des Rapports
sur des questions agricoles, insérés dans
le Bull, de l'Institut de Gembloux). — M.
Malaise a travaillé, avec M. Van Scherpenzeel-
Thim, au Catalogue des roches et des produits
minéraux du sol de la Belgique exposés à
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dennais proposée par Dunont (v. te nom).
Où Dumont admettait sept élaèes, groupés
en trois systèmes, nos observateurs en ad-
mettent onze. M. Dewalque résume ainsi leur
opinion dans sonProifrome,p.30S) : ^ Ils ont
étudié ta constitution des deux massifs de
Rocroy et de Stavelot ; leurs recherches les
ont amenés à considérer comme de pures
hypothèses les faits sur lesquels Dumont s'est
appuyé pour établir Page relatif des diverses
bandes de roches qu'on y rencontre. Ainsi,
selon eux, les bandes devilliennes de Rimo-
gne, de Fumay, de Grand- Halleux ne pré-
sentent nullement la disposition en série
symétrique d'où Dumont concluait qu'elles
constituent des selles ou des bassins ; les
voûtes que Dumont a cru voir, n'existent pas
davantage; de sorte que nous n'avons aucune
raison pour attribuer un 4ge plutôt qu'un
autre aux bandes reviniennes qui les avoisi-
nent. En ce cas, le plus simple est de con-
sidérer les superpositions apparentes comme
l'expression de la réalité. Quant au système
salmien, sa position à la périphérie du massif
de Stavelot et le bassin qu'il forme k Rabier,
en font l'étage le plus élevé ; seulement, les
auteurs y réunissent des assises de phyllades
noirs avec peu de qnarUite, qoe Dumont ran-
geait dans le revinien. — Dans cette hypo-
thèse, on peut établir la succession suivante:
schistes violets à coticule de Salm-Chftteau;
quartzo-phyllades de la Lienne; qnartzites et
sehistes noirs pyritifbres de Bogny et de
Font; quartaites et schistas bbinc veixlâtre
de Deville et de Grand-Halleux ; quartaites
et schistes noirs de Revin et des Rautes-
Fagnes ; quartzites et ardoises de Fumay. —
Quant k cette dernière assise , les auteurs
hésitent, et préfèrent rhypothèse qu'elle re-
présenterait le salmien supérieur. Enfin, la
bande revinienne que Dumont a figurée au
nord de la bande devillienne de Fumay, n'a
pu être reconnue par les auteurs ; suivant
eux, on ignore sur quoi reposent les ardoises
de Fumay. » — M. Dewalque fait voir, dans
son Rapport , comment ses propres obser-
vations ne s'accordent pas avec celles de
MM. Gossclet et Malaise, mais confirment la
plus grande partie de celles de Dumont. Il
n'admet pas non plus le dédoublement du
poudingue de Fépin proposé par les deux
auteurs, au zèle consciencieux desquels , au
reste, il se plaît à rendre justice.
42^ Rapport sur un travail de M. Yao
Paris, en 4$67, par le Gouvernement belge.
Le jury de la dite Ezposition lui a décerné
une médaille de bronze pour sa Cartr géolo-
gique agricole ou agronomique de Bettjique
en 4 feuilles, k l'échelle de 4 : 300,000, ac-
tuellement sous presse. Le DulUiin de l'Ios-
Horen : Noie sur quelques peints de
la géologie des environs de Tirkvumi
(/^., t. XXV, p. 6! 1).
43® Trois autres Rapports sur divers
sujets (/^., t. XXVI); It. an Conseil de
saluh'ité de la prov. de Liége^ à la Soc.
des lettres, des sciences et des arts du
Hainaut, etc.
44<^ Abrégé de conchyliologie appli-
quée â la géologie. Liège, Carmaone,
1867, in-12, pi.
45® Prodrome d*une description géo-
logique de la Belgique. Liège, Car-
manne, iS68, un vol. in- 8^.
40® Plusieurs notices dans la Bio-
graphie nationale. — Communications
à diverses Sociétés savantes, etc.
En 1865 eut lieu à Cologne une gran-
de exposition internationale d'agricul-
ture; on voulut naturellement y faire
place à la géologie. Le gouvernemeot
belge ne paraissant pas disposé à laire
les frais d*une exhibition semblable k
celle qu'il avait envoyée à Londres, oa
eut recours à M* Dewalque. Celui-d par-
vint à former deux grandes collections,
Tune des rocbes constitutives denosdi-
vers terrains, Tautredetousles produits
minéraux exploités en Belgique , sauf
les minerais métalliques, qui n'y étalent
pas admis. Appelé à Thonneur de faire
partie du Jury, il fut exclu du concours
pour la première ; la seconde (Pexpo-
sition collective de nos exploitants)
obtint une médaille d'or (il n'en fot
décerné que trois). Cette collection a
été offerte à l'Université de Liège , la-
quelle n'a pu jusqu'ici l'accepter, faute
de locaux et de mobilier.
M. Dewalque a été cbargé par le
gouvernement de mettre en ordre les
notes de Dumont et de compléter la
description de la carte géologique de
la Belgique dressée par son illustre
maître.
titut de Gembloux a donné, en 4868 (t. I),
une juste idée de Tintérftt pratique que pré-
sente Teol reprise de M. Malaise (Fart, inséré
dans ce recueil a aussi paru séparément :
Carte géologique agricole, etc. Brux., Mer-
tens, 4868, 16 p. in-8«).
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*D\vel»liciuvora-Dory (\lCTOR-
Auguste-Ebn£st) , Dé à Dînant le 25
avril 4 83G, successivement élève du
Collège de ^a ville natale et de TAlhé*
née royal d'Anvers , a fréquenté en-
suite les Universilés de Bruxelles et
de Liège, ainsi que TEcole spéciale des
mécaniciens annexée à cette dernière.
Pe son séjour à Bruxelles date son
examen de candidat en sciences phy-
siques et mathématiques ; comme étu-
diant de Liège, il a subi les épreuves
du doctorat devant le jury combiné ;
le jury de l*École, d*autre part, lui a
conféré, en1861, le diplôme d'ingénieur
civil mécanicien. Attaché à cet établis-
sement dès le mois d'octobre de la
m(^me année, il y a été chargé d'a-
bord des répétitions de mécanique ap-
pliquée et de physique industrielle;
celles da mécanique élémentaire lui ont
en outre été confiées en janvier 4862,
Là mon de Brasseur (v. ce nom) ayant
laissé vacants les cours de géométrie
descriptive et de mécanique appliquée
aux arts, des arrêtés ministériels du 5
septembre 1868 ont nommé titulaire du
premier M. l'agrégé Scbmit (v. ce nom),
et du second M. DwelFhauvers-Dery.
Non seulement les succès obtenus
par M. Dwelshanvers dans ses études,
mais la valeur Intrinsèque de ses pre-
mières publications lui ont servi de
titres aux yeux du gouvernement. De-
puis au'il s'est voué à l'enseignement,
il a déployé une activité multiple : en
donnant çà et là des conférences pu-
bliques, il a témoigné de son dévoue-
ment à rinstruction des classes ou-
vrières; en collaborant assidûment à
divers recueils spéciaux, et enfin, en
commençant la publication d\in traité
sur la science dont il est aujourd'hui
Torgane à TUniversîté , il s'est fait con-
naître comme spécialiste. Voici la liste
de ses travaux imprimés :
io Dans la Revue universelle de M.
Ch. de Cuyper :
a- Piston d'égale résistance (i860).
b. Note sur une machine à mortaise
(4860).
c. Rapport sur la partie mécanique
de PExposiiion de Londres en i8Gâ.
d. Rapport sur les machines mo-
trices de l'Exposition de Paris en 1807.
e. Roue hydraulique de Delnest
(1808).
f. L'indicateur de Watt et la distri-
bution dans les machines à vapeur.
g. Notes et traductions diverses.
2^ Dans le Bulletin du Musée de Vin-
dustrie :
h. Le régulateur à gaz de M. Giroud
(1868).
t. Les moteurs hydrauliques de
Faivre et Coque pour 1$ petite indus-
trie (1863).
;'. Sur le dynamographe de Uoitz
(1868).
k. Gros tour en Vair , construit par
MM, Fétu et Deliége.
3« Dans le Dimanche (journal popu-
laire paraissant à Liège) :
/. Histoire de la machine à vapeur.
4® Manuel de mécanique ajmliquée.
Première partie : Cinématique, Paris et
Liège, Baudry, 1800, un vol. in-8«,
avec 12 planches.
5<^ Atlas d'un cours de mécanique
appliquée (Liège, 1869).
Vîcmm (MATHIEU-GeORGES-JoSEPH),
^, né à Meisenheim, petite ville de
l'ancien duché de Deux-Ponts (*),\e
4 janvier 1802, commença ses études
humanitaires au collège d'Arlon, d'où
il passa successivement à l'Athénée de
Luxembourg et au Lyc^e de Metz. Il
revint faire sa philosophie à Luxem-
(*) Nous marquons d'un astërisqnfi les noms
des fonctionnaires de t'Universilé dont la
nomination est posldricuro au 3 novembre
1807. A la rigneur , ils n'auraient pas dû
prendre place dans notre galerie ; mais l'U-
niversité ayant eu te malheur de perdre plu-
sieurs de ses professeurs depuis cette date,
Qous nous sommes dit que notre travail per-
drait de son intérêt d'actualité, si nous gar-
dions un silence absolu sur ces nouveaux
collègues.
(*) En i80S,le territoire du Meisenheim
faisait partie du département de la Sarre. 11
échut plus tard au landgrave de Hesse-Hom*
bourg ; il est prussien depuis les dernier^
événements.
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FIE
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bourg, et y eut entre autres pour pro-
fesseurs Trausch, Nocl (v. ce nom),
Stammer, etc., et pour condisciples
Meyer et Brasseur (v. ces noms), ses
futurs collègues, avec qui dès lors il
se lia d'amitié. Ils se retrouvèrent à
Liège ( ' ), où M. Fiess arriva dès i819,
avec rintention de se vouer à la car-
rière du barreau. Il se fit effectivement
recevoir docteur en droit en 4824,
après avoir soutenu une thèse De ser-
vitute luminum et ne luminibus officia-
turf et pendant quelque temps il plaida
devant les tribunaux de Liège. Mais,
avant même de quitter les bancs de
rUniversité, il s'était trouvé en pré-
sence de circonstances exceptionnelles
qui devaient décider de son avenir et
le détourner insensiblement de la pra-
tique du droit. En 1817, les li\Tes de
la Bibliothèque publique de la ville de
Liège avaient été cédés à TUniversité,
et le conservateur Terwangne , ainsi
que son second Janssens , avaient par-
tagé le sort de la collection munici-
pale ('). La place de bibliothécaire
(*) Meyer était absolument sans ressour-
ces, et n'avait pu obtenir une l)Ourse d'études
dès son entrée à TUniversilé. Ses compa-
triotes se cotisèrent pour lui faire une pen-
sion, que M. Fiess était chargé de lui payer
régulièrement (v. l'art. Meyer).
( ' ) Selon M. Ferd. Henaux, la bibliothèque
publique de la ville de Liège existait déjàt en
Î7S0. Le catalogue en fut imprimé pour la
première fois onze ans plus tard, en 1731
(45 p., sans nom d'imprimeur); il en parut
trois autres éditions dans le cours du \VIII«
siècle, en 1733, en 1749 (80 p.), enfin en
1767 (106 p.), chez Plomteux. M. P. Namur
nous apprend qu'aussi loin qu'il a pu remon-
ter, cette collection comprenait 729 volumes
imprimés, dont 233 traitant de la théologie
et se rattachant aux matières ecclésiastiques,
et 7 manuscrits , entr'autres un Grégoire de
Tours, dont l'auteur des Délices du pays de
Liège (t. I, p. 351), a soin de faire mention,
en rappelant le zèle des magistrats de la
Cité, qui attachaient un grand prix à ce dé-
pôt, l'un des trésors de leur hôtel-de-ville.
(Les anciens cahiers de dépenses de la ville
rapportent qu'une somme de 300 fl. était an-
nuellement consacrée à l'achat de livres ; la
commune pourvoyait également au traitement
du bibliothécaire). Le catalogue de 1767 com-
prend 3363 vol.; ce nombre était sans doute
de beaucoup dépassé à l'époque de la pre-
mière invasion française, lorsque la Régence
fit transporter à Maeslricbt tous les livres et
papiers qui se trouvaient à l'hôtel-de- ville.
Les documents administratifs furent disper-
sés en Hollande et en Allemagne : quant aux
livres, ils restèrent entassés dans un bâti-
ment appartenant à l'État, et ne furent pas
réclamés jusqu'à la seconde invasion. Quand
la ville de Maestricht eut été reprise par les
Français, les autorités liégeoises ne son-
gèrent pas davantage à revendiquer leur
propriété : les livres passèrent en France et
l'on n'y songea plus jusqu'en 1804. Enfin on
se souvint que le baron de Villenfagne avait
été chargé de faire transporter les livres à
Maestricht ; on l'interpella, on fil une en-
quête ; on apprit finalement que dans le
dépôt général des bibliothèques de province,
il ne se retrouvait plus rien de ce qni était
venu de Liège. Tout avait'élé distribué çà et
là. Cependant le ministre, reconnaissant la
justice de la réclamation des Liégeois, donna
ordre de puiser, dans le dépôt général, de
quoi former le noyau d'une nouvelle biblio-
thèque. La ville de Liège obtint, comme dé-
dommagement, des ouvrages tirés de plu-
sieurd bibliothèques des ordres religieux de
Paris, et de celle de Chantilly. A ce premier
fonds , le gouvernement en adjoignit peu
après un autre , provenant des anciens cou-
vents du pays et déposé jusque-là dans les
cloîtres de S^-Xean. Cependant les volumes
de cette dernière catégorie n'échurent pas
tous à la ville. Le décret du 33 ventôse an
XII (14 mars), instituant un Séminaire dans
chaque arrondissement métropolitain, et ac-
cordant une Bibliothèque à chacun de ces
établissements, eut pour conséquence un ar-
rêté impérial, ordonnant le partage, entre le
Séminaire de Liège et la ville , des livres
d'abord affectés exclusivement à cette der-
nière. 11 paraît , dit M. Voisin (Documents
pour servir à l'histoire des Bibliothèques de
Belgique, p. 186), que ce partage se Gt d'une
manière bien singulière : les livres furent
pour ainsi dire mesurés à la toise ou au pied
cube, de sorte que le premier volume du
manuscrit autographe de ï Histoire ecclésias-
tique des Pays-fias par Bertholet, p. ex.,
resta dans la Bibliothèque municipale, tandis
que le second passa au Séminaire ; et ainsi
d'une foule d'ouvrages. Le célèbre J.-N. Bas-
senge, rentré dans la vie privée après la
révolution , fut conservateur de la Biblio-
thèque de la ville jusquen 1811 ; mais il ne
parait pas s'en être beaucoup occupé : nombre
de volumes furent perdus pendant sa gestion;
en 1813, il n'y avait pas encore d'inventaire.
L'abbé J.-P.-J. Tcr\vangne fut nommé biblio-
thécaire en 1813, après la mort de Bassenge :
c'était un homme peu lettré, tout au moins
821
FIE
sn
en chef restait vacante (*); une Com-
mission de trois membres (Denzinger ,
Fuss et Warnkœnig), nommée par les
curateurs de l^Université (iSlS), avait
mission de procéder au triage des
livres et de pourvoir aux premiers
soins d'organisation. Un premier fonds
de 18,000 florins P.-B. devait servir
aux acquisitions tes plus indispensa-
bles, au point de vue des besoins de
renseignement. Le Sénat académique
se composait de 1 8 professeurs : cha-
cun disposait de mille florins ; cha-
cun achetait à sa guise. De là des
désordres inévitables, des doubles em-
plois, etc. — Les choses allèrent ainsi
jusqu'aux vacances de Pâques (1820) :
enfin la Commission reconnut que son
premier devoir était de procéder au
plus tôt à la rédaction d*un double ca-
talogue, alphabétique et méthodique,
conformément aux prescriptions de
Tart. ii5 du règlement de 1816 sur
renseignement supérieur. On fit appel
aux étudiants: Meyer fut chargé de re-
lever la liste des ouvrages relatifs aux
sciences mathématiques ; un élève en
médecine se chargea des livres de
son domaine ; M. Fiess catalogua les
livres de droit ('). Sur ces entrefaites,
Wamkœnig fut nommé bibliothécaire
en chef (21 juin 1821), avec Terwangne
en sous-ordre. Restaient les belles-
lettres et la théologie, pour lesquelles
personne ne s*était présenté. Quand
M. Fiess eut terminé sa tâche, vers
la fin de 1821, on le pria de combler
cette lacune; Warnkœnig avait eu
d'ailleurs, dans le cours de la même
année, une nouvelle occasion d'appré-
cier Taptilude de son Jeune auxiliaire :
ils s'étaient rendus ensemble à Opitter,
près Maeseyck, pour y recevoir les
livres de Tabbaye d'Everboden, don-
nés à la Bibliothèque de Liège, et en
dresser rinventaire.Les collaborateurs
de M. Fiess avaient dû renoncer à leur
besogne; Terwangne faisait peu de
chose ; le bibliothécaire en chef ne
s'inquiétait que des acquisitions (') :
bref, l'exécution de l'art. 115 du règle-
ment organique allait incomber à un
seul homme. M. Fiess accepta coura-
geusement ce lourd fardeau, et dès ce
moment le travail devint uniforme et
beaucoup plus rapide. Un système bi-
bliographique régulier fut adopté pour
le classement par ordre de matières; il
fut tenu compte, d'ailleurs, de la diffé-
rence des formats (in-folio, in-4o, in-8<*
et minori forma). Les grands in-folio
occupèrent de grandes armoires, pla-
cées dans la salle du centre. Le timbre
universitaire fut apposé au verso du
titre de chaque volume; des chiffres
d'ordre (division et subdivision) furent
inscrits également dans chaque vo-
lume, k la fin, au bas de la feuille de
garde. L'inventaire commencé par Ter-
wangne d'après les prescriptions de
Warnkœnig fut continué par M. Fiess,
après la mort du sous-bibliothécaire, à
dater du 28 décembre 1822. Les cata-
logues généraux de la Bibliothèque,
entièrement (sauf les premières pages
de l'inventaire) de la main de M. Fiess
et tenus constamment au courant, avec
un soin et une exactitude au-dessus de
tout éloge, sont au nombre de quatre,
savoir :
un bibliographe médiocre, comme le prouve
son Catalogue, publia en 1813. On y trouve
les titres de 3866 ouvrages, classes par
format : c La bibliothèque, ajoute le digne
abbé, possède en outre plus de deux cents
manuscrits relatifs à divers genres, tant en
vdlin et parchemin qu'en papier ; ils seront
tous placés sous les mains des lecteurs, qui
pourront les feuilleter ; ainsi que plusieurs
liasses de différents formats. » La Biblio-
thèque resta stationnaire jusqu'à la création
de l'Université de Liège (P. Namur, Hist. des
bibiioth. pubL de la Belgique, t. 111, p. IS-
31). — Lorsqu'elle fut cédéo à cet établisse-
ment, elle comptait 7000 volumes.
( ' ) Terwangne était adjoint à la Commis-
sion avec la qualité de sous-bibliothécaire ;
Janssens avait le titre d'aide-bibliotbécaire.
( * ) Ce fut Meyer qui le signala à l'attention
de Warnkœnig,comme ayant déjà l'expérience
du classement des livres. Etant encore à
Luxembourg, M. Fiess avait effectivement
fondé une espèce de circulating lihrary, à
l'usage de ses condisciples de l'Athénée.
( * ) Le seul acte important de sa gestion
est la rédaction d'un lièglemeni pour le ser-
vice de la Bibliothèque , adopté par le Collège
des curateurs le 17 octobre 1891. Ce règle-
ment fut remplacé, le 14 octobre 4837, par
une disposition ministérielle applicable aux
deux Universités de l'État , conformément à
la loi de 1835.
823
FIE
1^ Vlnventairfiy journal ou catalogue
des acquisitions et des dons faits à la
Bibliothèque, indiquant les dates de
l'entrée de chaque ouvrage ;
2o Le Catalogue alphabétique par
noms d'auteurs, en feuilles détachées
(dans des cartons grand in-4^), placé
dans le salon de lecture ;
5* Le Catalogue de placement , par
ordre de matières, in-folio (les livres
étant inscrits à mesure qu'ils arrivent.
Tordre de ce catalogue ne peut être ri-
goureusement scientifique dans les me-
nus détails);
4** Enfin, le Catalogue sur bulletins
classés méthodiquenient et scientifique-
ment, comprenant les titres exacts,
non-seulement de tous les livres, mais
de toutes les dissertations et brochures,
dont la bibliothèque de Liège possède
une très-riche collection. Ce catalogue,
œuvre considérable et digne de toute
attention, a été rédigé après les autres,
d'après un système nouveau et par-
faitement logique : il est renfermé
dans des cartons grand in- 8"* et placé
dans le cabinet du bibliothécaire en
chef, avec l'inventaire et le catalogue
de placement. Le premier bulletin de
chaque carton, en papier rose, con-
tient la table générale du contenu du
carton ; viennent ensuite des bulletins
jaunes indiquant les subdivisions, et
enfin des bulletins blancs, un pour
chaque ouvrage.
Nommé premier-aide bibliothécaire
le 29 mars 1823, par arrêté ministériel
(signé Falck), conformément au vœu
exprimé par le Collège des curateurs,
M. Fiess s'occupa d'abord de la récep-
tion des livres acquis, comme il a été
dit ci-dessus, par les 18 professeurs
de rUniversifé. Quand tout fut en
ordre, il s'occupa sans retard du clas-
sement, et son zèle soutenu ne larda
pas ù donner à la Bibliothèque une
utilité croissante. AVarnkœnig donna
sa démission de bibliothécaire en chef
en 4825 et fut remplacé par M. Fiess,
qui depuis H ans est resté à son
poste, ne passant pas un jour sans
travailler à l'accroissement et à l'amé-
lioration du dépôt confié à ses soins.
Il a eu successivement pour aides Bar-
bier, jusqu'en 4827 ; M. Kirsch [*),
jusqu'en 1831; M. Hennequin, de 4855
à 4855; M. P. Namur (en qualité de
second bibliothécaire), jusqu'en 4858;
M. Coune, et enfin M. Grandjean, sous-
bibliothécaire ûe^ms 4859 (").
La bibliothèque de l'Université de
Liège ne possède que des ressources
minimes : le subside annuel dont elle
jouit actuellement pour acquisitions de
livres, abonnements aux recueils pé-
riodiques, reliures et frais accessoires
de toute espèce, ne s'élève pas à plus de
40,500 fr. Les étrangers qui la visitent
ont peine à se figurer comment il a été
possible, avec si peu de moyens, de
former une telle collection. Il est vrai
que des dons précieux et considérables
ont contribué çà et là à l'enrichir. Mais
la ville de Liège, jusqu'à ces dernières
années, y est restée indifférente et n'a
cessé de l'ôtre qu'à un point de vue tout
spécial. En vain M. Fiess fit remarquer,
il y a plus de vingt ans, qu'on évilerail
tout double emploi et qu'on rendrait
d'émînents services aux études géné-
rales, si la ville consentait à déposer
à l'Université les fonds de bibliothèque
( * ) Depuis commissaire do police en chef
de la viUe de Liëge, aujourd'hui en retraite.
(') H y a aussi un aidc-bibliothëcaire. —
M. Grandjean (Mntbicu), né à Liège le 30
octobre 484 5« a fait de brillantes études à
l'Université de Liège, d'oii il est sorti docteur
en ptiilosophie et lettres au mois de mai
4843. Il aurait pu se distinguer dans la car-
rière de l'enseignement; il a fait ses preuves
au Collège de Liège , en 4849, comme pro-
fesseur suppléant. Il est resté fidèle à la Bi-
bliothèque, où, de même que M. Fiess, il est
entré étant encore étudiant. On doit à M.
Grandjean la rédaction de plusieurs cata-
logues plus ou moins importants, ceux de la
bibliothèque populaire de Hognoul (1862),
dont il est le fondateur, et qui est la fremière
de ce genre instituée en Belgique ; de la bibl.
de la Soc. d'Émulation de Liège ; de la bibl.
populaire de cette ville; de la bibl. de M. le
comte deMercy-Argenteau (au château d'Ar-
genteau), etc. — M. Grandjean , élève de
BurggraflT, s'est beaucoup occupé de philo-
logie sémitique et en général d'études gram-
maticales. Le Bulletin de la Société wal-
lonne de Liège (t. IV, p. 89) contient im
rapport sur une Grammaire du patois lié-
geois^ rédigé par lui en (qualité de juge d'an
concours.
835
FIÉ
826
pour lesquels elle slmposait régulière-
ment (les sacrifices : nous voulons par-
ler des livres à Tusage des élèves de
FÂcadémie dos beaux-arts et de TEcole
industrielle. L'administration lui oppo-
sa une fin de non-recevoir ; ce fut seule-
ment après 1861 cpe M. VHenaux, de-
venu échevin de l'instruction publique,
fit voter 1,000 frs. pour l'achat de
£eodt^»st/i, qui devaient, bien entendu,
rester la propriété de la ville. Deux
cents francs furent en outre alloués
pour médailles et monnaies liégeoises
et deux cents francs pour gravures lié-
geoises. Des subsides extraordinaires
permirent aussi l'acquisition de quel-
ques livres ou manuscrits d'un haut
intérêt pour l'histoire du pays, aux
ventes DeJongbe et Lavalleye.
M. Fiess a obtenu, en 1841, le titre
de professeur extraordinaire à l'Uni-
versité, il fait partie de la Faculté de
philosophie et des lettres. Depuis 1827,
il est régulièrement élu, par le corps
professoral , receveur académique. Ava nt
cette époque, il était d'usage que les
professeurs fissent personnellement la
recette de leurs honoraires {minerval) ;
dans la Faculté de droit seulement,
Warnkœnig avait réussi, dès 1825-
182i, à faire nommer un délégué, M.
Fiess. Cette mesure, toute facultative
jusqu'en 1855, fut géï)éralisée en 1827
par l'initiative de toutes les Facultés.
£n 18i8, lors du renouvellement
complet du Conseil communal de Liège,
les électeurs envoyèrent M. Fiess à
riIôte1-de-Ville. Il accepta volontiers un
mandat qui devait lui permettre de tra-
vailler efiicacement à la réalisallûnd'un
projet dont sa propre expérience,comme
père de famille, lui avait démontré Tim-
portance. A celte époque, il n'existait
à Liège que des écoles communales
gratuites, en fait exclusivement fréquen-
tées par les enfants pauvres : l'instruc-
tion des enfants de la classe aisée était
complètement abandonnée à la spécu-
lation. Les idées les plus simples et les
plus fécondes sont lentes à mûrir. Ici
encore M. Fiess fut déçu dans ses espé-
rances. Dès la première séance à la-
( ' ) Dirigée par M. Jaminet.
(') Il s'agit de l'école des filles, rue
Bsaae-Wei, et de l'école dite de Crèvecaur
quelle il assista, il réclama formellement
la création d'une école payante : un seul
membre de l'assemblée, M. le bourg-
mestre Piercot, appuya sa proposition.
Huit ans s'écoulèrent sans que la ques-
tion fît un pas ; enfin , lorsque M . Closset
devint le chef du Collège, M. Fiess fut
instamment invité par le nouveau ma-
gistrat à entrer dans ce corps, en qua-
lité d'échevin de l'instruction publique,
il accepta, mais sous la condition ex-
presse que le Collège ferait tous ses
efforts pour amener la création d'écoles
payantes pour les deux sexes. Cette fois
il fut au comble de ses vœux : VInstitut
Si-Jean, excellente école modèle (^ ),ne
tarda pas à ouvrir ses portes aux jeunes
garçons; deux ans plus tard fut installé
VInstitut communal des filles, dans la
maison primitivement occupée par le
premier établissement, qui fut transféré
place Saint-Jean, d'où son nom actuel.
— Il était devenu nécessaire, d'autre
part, de multiplier les écoles gratuites:
le faubourg S^'^-Walburge, séparé de la
ville, en était, entr'autres, absolument
dépourvu. M. Fiess le dota de deux
écoles, l'une pour les garçons , l'autre
pour les filles. 11 créa également une
école des filles rue Grétry, et fit décréter
rétablissement de deux autres, qui ne
purent être ouvertes qu'après 1861,
époque où il quitta l'échevinat ("), — Ce
fut encore sur l'initiative de M. Fiess
que le Conseil communal nomma un
inspecteur général des écoles primaires
de la ville. Non content d'avoir assuré
par là Tuniformité des méthodes et la
haute surveillance d'études, il voulut
connaître de près, par lui-même, le
personnel enseignant. Pendant trois
ans, il s'imposa la tâche de visiter quo-
tidiennement l'une ou l'autre école com-
munale ; nous n'avons pas besoin d'in-
sister sur les résultats d'une telle solli-
citude. — A l'échevinat de M. Fiess se
rattache encore le transfert de l'École
industrielle au local de l'École commu-
nale des Croisiers, et l'installation du
Musée des beaux-arts à la Halle des
drapiers ( '). Enfin, il poussa le premier
à la reconstruction du Théâtre royal,
(quartier du nord).
(*) Prdcc^dcmmenl occupée par l'École
industrielle.
827
FOS
838
qui n*était plus en rapport avec les be-
soins de la population. Son insistance
à ce sujet ne trouva d'abord que des
contradicteurs; il persista et obtint, non
sans peine, que M. Rémont, architecte
de la ville, serait chargé de se livrer
aux études nécessaires et d'élaborer un
projet. Plus tard Tidée fit son chemin ;
un concours fut ouvert entre les hom-
mes de Part; M. Rémont remporta et
la ville fut enfin dotée d'une vaste et
magnifique salie, dont elle est justement
flère aujourd'hui.
La rédaction des catalogues de la
Bibliothèque de l'Uni versité a réclamé
de longues années de travail : on ne sau-
rait s'étonner que d'une chose, c'est
que ce travail immense ait pu être ac-
compli par les soins d'un seul homme,
et avant qu'il fût parvenu au milieu de
sa carrière. Tout était achevé et prêt à
paraître il y a plus d'un quart de siècle;
il est éminemment regrettable que le
manque de fonds ait empêrhé le gou-
vernement de donner suite au projet
arrêté, de publier intégralement ce pré-
cieux recueil d'indications encyclopédi-
ques. C'eût été là, sans contredit, un
service de premier ordre rendu, non pas
seulement à l'Université, mais à la
science elle-même. Deux volumes seu-
lement ont vu le jour, et l'un des deux
est resté inachevé. — M. Fiess a publié :
i" De scrvitute luminum et ne lumini-
bus olpciatur (Thèse inaugurale). Liège,
1834, in-4^
So Annuaire de rUnivemté de Liège.
Liège, 1850. in-12«.
Nous avons puisé de nombreux renseigne-
roenls dans ce petit volume, rédigé avec un
soin extrême, en collaboration avec Courtois
(v. ce nom).
5^ Catalogue des manuscrits de V Uni-
versité de Liège, Liège, 1844, ln-8S
avec 5 pi., dont l'une représente la cou-
verture (ivoire et émail) du précieux
évangéliaire de l'évêque Notger, décou-
vert par M Fiess et donné à l'Univer-
sité sur ses instances. — Dix feuilles
seulement du Catalogue des Manuscrits
ont été imprimées; M. Fiess prépare
une nouvelle édition complète de cet
ouvrage.
4** Catalogue de la Bibliothèque de
rVniversité de Liège, Tome XL Méde-
cine. Liège, 1844, un fort vol. in-8<>à
3 col.
C'est la reproduction du Caialogue métho-
dique mentionné ci-dessus (n» 4, col. 823).
S*" Note d'où il résulte que Hasselt
(Limbourg) et le pays de Liège doivent
renoncer à l'honneur d'avoir possédé
une imprimerie au XV* siècle (Messager
des Sciences, etc., de Gand, 1855, p.
454).
M. Fiess établit que Peter Van 0$ impri-
mait à Hasselt en Hollande(diocèse d'Glrechl).
&* Alexandre y 61* évéque^dt Liège
(1 161-1167). Même recueil, 1857, p. 59.
Notice sur one lettre de Renaud' de Co-
logne, relative au combat qui eut pour résul-
tat l'entrée de Frédéric Barberoussc â Rome.
M. Fiess est chevalier de l'Ordre de
Léopold. Il fait partie de plusieurs
Compagnies savantes : de la Société
historique et archéologique du Grand-
duché de Luxembourg , de celle d'Ar-
lon, de la Société historique et litté-
raire de Bois-le-Duc; il est membre
honoraire de la Société géologique de
Vienne et de l'Institut archéologique
liégeois; il a été, de 1828 à i850.
membre du Comité des lettres de la
Société d'Émulation de la môme ville ;
enfin , il est un des fondateurs (et le
président depuis l'origine) de la Société
des bibliophiles liègeoiSy aux travaux de
laquelle il n'a cessé de prendre une
part très-active.
FoMion (Nicolas-Gisbert) , né à
Hannut le 29 novembre 1811 , aborda
les études médicales à l'Université de
Liège après avoir achevé ses humanités
au collège de S^-Trond. 11 atteignit le
premier grade dans ses examens de can-
didat en sciences et en médecine, et fut
reçu docteur avec grande distinction en
1856 (levant le jury central , assemblé
pour la première fois. Il se rendit alors
à Paris, où il suivit assidûment, jusqu'à
la fin de 1857, les leçons de Bouillaud,
de Broussais et de Chomel ; rentré à
Liège, il partagea son temps entre les
soins de la pratique civile et l'étude
de la physiologie, qui avait toujours eu
pour lui beaucoup d'attrait. En 4845,
M. Van de Wcycr l'attacha à l'Univer-
829
FOS
830
site (le Liège en qualité d'agrégé ; il fut
également nomiré, cette année, conser-
vateur du cabinet d'anatomie compa-
rée. Deux ans plus tard, un arrêté
royal lui conOa un cours de physiolo-
gie humaine et comparée, dont ii resta
titulaire en concurrence^ lors de la no-
mination de M. Schwann. Les travaux
scientifiques de M. Fossion lui ont valu,
dès 48^1, le titre de correspondant de
FÂc^démie de médecine de Belgique ;
en i854Jl a été élu membre titulaire
de celte compagnie; en 1860, vice-pré-
sident. En 4867, la décoration de 2«
classe de Tordre récemment créé pour
récompenser les services civils, lui a été
décernée en mémoire du dévouement
dont il a fait preuve pendant les an-
nées d*épidémic.
Les Bulletins de P Académie de méde-
cine contiennent un grand nombre de
Rapports rédigés par M. le docteur
Fossion. Il serait trop long de les énu-
mérer ici ; nous nous contenterons
d'un aperçu sommaire de ses princi-
paux Mémoires.
4^ En 1842, il a communiqué à VA-
cadémie royale des sciences de Bruxelles
un Mémoire sur les glandes dites san-
guines.
^ En 4845, il a publié, au nom du
Conseil de salubrité de la province de
Liège, dont il faisait partie, un Rapport
de 4 40 pages sur la condition des ou-
vriers et le travail des enfants dans les
manufactures et les mines de la dite
province, en réponse à une série de
questions posées par le gouvernement.
Ce document est inséré, avec une men-
tion très-honorable, dans le Recueil
officiel de Mémoires publiés en 4847
par la Commission centrale d'enquête.
5** Nous mentionnerons particulière-
ment, à cause de leur importance,
deux Rapports à V Académie royale de
médecine, sur les concours ouverts au
sujet des maladies des ouvriers bouil-
leurs, et un troisième sur une ques-
tion relative à la formation des glo-
bules du sang.
4® Mémoire sur la pathogénie de la
phthisie pulmonaire, et sur les moyens
prophylactiques à opposera la produc-
tion de cette redoutable maladie (Mém.
de VAcad, de médecine ^ 4847); — M.
Fossion cherche à prouver que la phthi-
sie pulmonaire est habituellement le
résultat d'une réfrigération des pou-
mons, qui serait la conséquence : i^ de
la vie sédentaire ; 2<> de Tinsuffisance
des aliments réparateurs ; 5° des pertes
excessives qui résultent de la lactation
prolongée, de l'excès du coït, de la
suppuration prolongée, etc.; 4* des
refroidissements qui se produisent fa-
cilement dans les localités et les climats
de température variable. Il conseille aux
personnes prédisposées à la phthisie le
mouvement au grand air, l'usage de la
viande de porc^ etc. Il croit, en outre,
que l'exercice des facultés locomotrices
est le principal moyen préventif de la
maladie, parce qu'il active la digestion
et développe la chaleur animale. Il fait
remarquer que les ouvriers bouilleurs
sont en général à l'abri de la phthisie,
parce qu'ils travaillent activement des
bras, mangent beaucoup de lard et vi-
vent dans une atmosphère chaude et
bitumineuse.
5^ Mémoire sur les mouvements et les
bruits du cœur (Ibid. 4850). L'auteur
s'attache à démontrer, par des expé-
riences auxquelles il s'est livré lui-
même, que les mouvements des divers
compartiments du cœur sont réglés
d'après une loi d'ensemble, mais nulle-
ment par ordre de succession alterna-
tive, et que le premier bruit du cœur
correspond à la systole, le second à la
diastole (*).
6o Note sur les gangrènes spontanées
(Bull, de /'Acod., 4852), ayant pour objet
de démontrer qu'elles sont tout aussi
souvent le résultat du défaut d'innerva-
tion, que de l'inflammation et de l'ossi-
fication des artères.
7® De la dérivation du sang (Ib. 1866).
Dissertation tendant à établir l'existence
d'une loi complémentaire du système de
la circulation du sang. Les organes dé-
rivateurs, selon l'auteur, sont la rate^
le corps thyroïde^ Us thymus et les glandes
surrénales.
(*) Ce travail a donné lieu à de longues dl&cu&s'ions û^lmIsl Gazette médicale àeVwî»,
831
GIL
833
8<> Réponse au rapport de M, Kubom
{*) sur le travail des femmes dans les
mines. Bruxelles, H. Manceaux, 48()9,
in-8o.
Extrait du BuU, de VAcad, rtt^, de mide-
ciM de Belgique, t. III , â« série, n« 2. —
L'auteur Boutieol que le métier de mineur
n'est nullement insalubre, et qu'il n'y a pas
plus d'immoralité chez les mineurs que chez
les autres ouvriers ; qu'en i^onséquence ,
l'Académie est incompétente pour provoquer
une loi qui interdirait aux femmes le travail
dans les galeries.
M. Fossion a fait partie, à denx re-
prises différentes, du jury chargé de
décerner le prix quinquennal des scien-
ces médicales.
oiiion (àlxuste), né à Liège le i5
novembre 182G, a fait ses humanités au
Collège de celte ville, ses études scien-
litiques k TEcole du génie ci\il annexée
à rUnivei'sité de Gaiid, et ses études
d*application à l'Ecole des arts et ma-
nufactures de Liège, d*où il est sorti en
i8[>l muni du dijdôme d'ingénieur civil,
après avoir été proclamé, au concours
universitaire, premier en sciences na-
turelles. Le Mémoire couronné à cette
occasion liaite des différents procédés
de fabrication du fer (Ann. des Univ.
DE Belgique, 185i-52, p. 765-943, et
séparément : Bruxelles , Leslgne, un
vol. gr. in-8**). On y trouve une disser-
tation sur Tinfluence des cyanures dans
tous les cas où se produit, dans les
fourneaux de Tindustrie, la cémentation
carburante du fer, et notamment dans
la fabrication des aciers. Depuis quel-
ques années, ù la suite d'intéressants
travaux de chimistes français et anglais,
les vues théoriques auxquelles touchait
Tauteur sont admises parla plupart des
métallurgistes.
M. Gillon débuta dans renseignement
en 1853, comme professeur de chimie
et de physique à TAthénée royal et à
FÉcole des arts et métiers de tournai.
Il résilia ces fonctions au bout de deux
ans et demi, et se rendit à Paris pour y
suivre les cours de TÉcole des mines et
d'autres institutions scientiflques. En
i857, il rapporta, d'un voyage d'études
dans les mines et usines de quelques
parties de l'Allemagne, un Mémoire sur
la préparation mécanique des minerais
au HarZj qui parut dans la Revue uni-
verselle des miftes (t. Il, p. 487-526 ; L
in, p. S60-Î88, et p. 55>560). — En
cette même année 1 857, il fut attaché aux
Ecoles spéciales de Liège, en qualité
de répétiteur des cours de métallurgie
et d'exploitation des mines. En 18G0,
ta Société Bmr\yme àe\9 Nouvelle-Mon-
tagne lui confia la direction des mines
et usines d'Engis. On lui doH les pre-
mières installations des trommels con-
centriques, très appréciés aujourd'hui.
S'il se chargea volontiers de fonctions
qui devaient achever de l'initier k la
pratique industrielle, elles n'eurent ce-
pendant pas le pouvoir de le tenir long-
temps éloipé de Liège. Nommé titu-
laire du cours de métallurgie à TUni-
(*) II. Hyacinthe Kuborn, docteur en mé-
decine k Seruing, a été l'un dos élèves les
plus brillants de notre Cnivorsité. Lauréat
et membre correspondant de l'Académie
royale de médecine, il a obtenu, sans avoir
eu à se soumettre aux épreuves du doctorat
spécial, l'autori$«ntlon de faire, près la Fa-
culté de médecine de Liège, un cours public
et spécial ù'Uroncopie pratique ou Vro*copie
au Ht du malade. Ce cours a été ouvert au
second semestre de 1867 et continué l'année
suivante. — M. Kubom a obtenu, en 1862,
le prix de mille francs drccrné par l'Aca-
démie au meilleur mémoire sur les maladies
auxquelles sont sujets les ouvriers mineurs
(Garaclùrcs, causas, symptômes et traitement
de ces maladies: ; des l'année suivante, il a
été ufîlHié à celle compagnie, en qualité de
membre correspondant. 11 a pris, depuis lors,
une part très-active k ses discussions orales;
les Bulletins (i 863-4867) renferment en
outre un grand nombre de notices sctenti-
Qques dues k M Kuborn. Le Rapport dont
M. le docteur Fossion a cru devoir reponsser
les conclusions a été rédigé au nom d'une
Commission d'enquête nommée par l'Acadé-
mie ; il a égnirment trouvé un adversaire en
M. A. liabets (v. l'art. Noel\ organe d'une
Commission spéciale composée d'industriels
(MM. Saint-Paul de Sincay , G. Kamp. L.
Laportc, J. de Macar, R. Paquet et E. Scb-
midt;. Le travail de M. Babets, approuvé par
le Comité permanent de V Union des charbon-
nages, mines et usines métallurgiques de la
province de Liège . a été publié au nom de
celte association Liège, Carmannc , 4869,
in-8").
833
GIL
834
versité, en i86i, il prit rang dans la
Facalté des scienœs, le i6 août 4865,
en qualité de professeur extraordinaire.
— M. Gillon est chevalier de Tordre de
Charles III depuis la même époque;
cette distinction lui a été conférée en ré-
compense des services qu'en maintes cir^
constances il a rendus aux officiers et
aux ingénieurs espagnols en mission à
Liège. En i 867,11 a été appelé à prendre
part aux travaux du jury international de
TExposition universelle de Paris. — En
dehors du domaine de ses études habi-
tuelles, il a eu Toccasion de servir effi-
cacement les intérêts de sa ville natale:
nous reviendrons naturellement sur ce
point en disant un mot de ses princi-
pales publications.
i® Indépendamment des Mémoires
ci-dessus mentionnés, M. Gillon a fait
Insérer dans la Revue universelle des
mines {Ae M. Ch. de Cuyper),à laquelle
il est attaché comme membre du Comité
de rédaction : a. Une notice sur la mé-
thode anglaise de fabrication du fer et
sur les procédés de MM. Bessemer ,
Martien, Clay et autres (t. I); b. Du tra-
vail dans les tré/iieries (U II), et d'autres
articles de métallurgie.
2<* Chargé, en i 859,de réunir les notes
du cours d*Ad. Lesoinne,son prédéces-
seur, et de les compléter au besoin, il a
fait paraître, en un volume (in-8o,avec
atlas du même formai), le commence-
ment de ce travail considérable, sous le
titre suivant : Cours de métallurgie gé-
nérale; impartie : Préparation méca-
nique des minerais (Paris et Liège, No-
blet). Les notes de Lesoinne s'arrêtant
à 1850, il a fallu y faire des additions
plus ou moins étendues. La suite de
Touvrage est restée inédite : le grand
mouvement industriel de ces dernières
années ayant amené des modifications
profondes dans les procédés et les
moyens de travail des usines, force a
été d'abandonner un exposé qui n'au-
rait plus présenté qu'un intérêt histo-
rique. Les anciens élèves de l'Éceledes
mines de Liège ont aidé puissamment
à cette transformation de l'industrie na-
tionale ; M. Gillon a pensé qu'il serait
surtout utile de faire connaître l'état
actuel des usines. Un volume consacré
à ce sujet, d'une si haute importance
pratique, est actuellement sous presse.
3o Mouvement de Vinstruction primaire
à Liège, pendant la période quinquennale
1862-1 867. Liège, Redouté, 1867, in-8^
— C'est aux actes publics résumés dans
cet exposé que nous avons tout-à-l'heure
fait allusion. Envoyé au Conseil com-
munal de Liège par les électeurs de celte
ville, le 42 novembre 1862, M. Gillon
fut nommé, par arrêté du I décembre
suivant, échevin de Vinstruction publi-
que et des beaux-arts. Membre sor-
tant du Conseil en octobre 1863, il
fut réélu. Il jugea à propos, en 1867,
de renoncer à son mandat d'éche-
vin, qui n'était pas encore expiré; sa
démission fut acceptée le 11 août. —
C'est l'histoire ou le compte rendu de
son administration qu'il a présenté au
public, dans un document d'où il ré-
sulte que la ville de Liège figure en
première ligne, parmi les grandes ci-
tés belges, au point de vue des sacri-
fices accomplis en faveur de l'instruc-
tion primaire (v. V Abeille , journal pé-
dagogique de M. Bronn de Nivelles,
n« de novembre 1867). C'est surtout
dans le cours des dernières années que
de grandes dépenses et des réformes
essentielles ont amélioré la situation
(v. l'art. Fjess). Sous l'administration
de M. Gillon, le nombre des écoles de
Liège a été doublé ; la population éco-
lière s'est accrue de moitié, les traite-
ments des instituteurs ont été notable-
ment augmenté ; enfin , le régime de
l'enseignement a été complètement re-
fondu et amélioré. Le budget des écoles,
pour 1867, s'élève à frs. 285,255, soit,
sur 105,903 habitants, une dépense de
2 fr. 70 c par chaque habitant. Le per-
sonnel des écoles gardiennes, des écoles
primaires et de^ écoles d'adultes des
deux sexes se compose de 200 fonc-
tionnaires. Liège renfermait, en octobre
1 862, vingt-cinq écoles ; en 1867, on en
comptait quarante-cinq, avec 11,927
élèves. Les dépenses nouvelles se sont
élevées, pour cette période quinquen-
nale, à 830,i29 fr. 67 c, y compris les
subsides de l'État et de la province,
s'élevant ensemble à 94,000 frs. Parmi
les améliorations qui ont été introduites
dans le régime des écoles et dans ren-
seignement, nous citerons rinstitution
32
835
HEU
836
de soppléants des directeurs, ayant pour
avantage de permettre à ceux-ci de vi-
siter toutes les classes une fois au moins
par semaine, sans nuire aux études de
leurs propres élèves ; l'iiomogénéité
complète de l'instruction établie dans
toutes les écoles ; Tinstitution de con-
férences mensuelles ; Tintroduction ou
le maintien de la méthode de lecture
par émistim des sons (*); un meilleur
choix d'ouvrages classiques; rensei-
gnement élémentaire du droit constitu-
tionnel ; la création d'écoles de toute
espèce dans chaque faubourg; une ex-
tension nouvelle de Tapplication de la
méthode Frœbel aux écoles gardiennes
(un essai heureux avait été tenté dès
i861), etc. — M. Gillon a laissé les
meilleurs souvenirs parmi les institu-
teurs ; lorsqu'il a renoncé à ses fonc-
tions d*échevin, ils ont voulu lui laisser
un gage de leur reconnaissance durable.
Cest un magniflque album, renfermant
les portraits photographiés de tous ses
administrés, et accompagné d'une dé-
dicace des plus flatteuses (v. le Journal
de Liège du 22 novembre 18G7).
HeuBe(HENRi-Jos.),néà Louvcigué
le 13 juil. 1819, afait ses études moyen-
nes au Collège (aujourd'hui Athénée) de
Liège. Sorti de rhétorique magnà cum
laude, il aborda en 1857 les études
académiques dans la même ville, avec
une vocation bien décidée pour la car-
rière médicale. Il subit tous ses exa-
mens devant l'ancien jury central, de la
manière la plus brillante : les épreuves
de la candidature en médecine avec
grande dUtinciion (^ti^oûi 1842), celles
dudoctoraten médecine (16 août 18i5),
du doctorat en chirurgie (8 mai 1846)
et du doctorat en accouchements (\9
mai 1846) avec la plus grande distinc-
tion. A peine candidat en sciences na-
turelles, il avait fourni à la Faculté de
médecine l'occasion de constater son
aptitude spéciale : il avait pris part, en
1841-1842, au Concours institué entre
les élèves de première année, et obtenu
le prix, qui lui fut remis en séance so-
lennelle, le 15 novembre 1842. VoUem
(v. ce nom) s'était dès lors aitacbé M.
Heuse . comme aide-préparateur du
cours d'anatomie descriptive. De 1845
à 1845, il avait rempli les fonctions de
chef de clinique médicale à l'hôpital de
Bavière. Ses études achevées à Liège,
il se rendit à Paris, où il passa l'année
1845-1846, fréquentant particulière-
ment les cliniques de Trousseau (ma-
ladies des enfants) , de Gendrin , de
Piorry, de Velpeau, de Malgaigne, de
Blandin, etc. et assistant aux cours
d'anatomie pathologique, de patholo-
gie interne, de pathologie générale, de
thérapeutiqne et de médecine opéra-
toire. Il flt ensuite un séjour de quatre
mois à Bonn (1 846-1 84'7) et enfin nn
autre de deux mois à Heidelberg (mai
et Juin 1847), d'où il revint s'établir i
Liège, pour se livrer k la pratique de la
médecine. Cependant il avait été com-
pléter ses études à l'étranger en vue de
l'enseignement : nommé agrégé k l'Uni-
versité de Liège le 50 octobre 1 845,
par M. Van de Weyer, il pouvait pré-
voir que le gouvernement se trouverait
tôt ou tard en mesure d'utiliser ses ser-
vices. Il entra effectivement en exercice
le 12 janvier 1S50 : un arrêté ministé-
riel lui confia le cours d'anatomie pa-
thologique. Un autre arrêté du 30 oc-
tobre 1854 s^outa à ces attributions le
cours d'hygiène publique et privée, dé-
laissé par RailLem (v. ce nom). Il en est
resté titulaire jusqu'à ce jour ; en revan-
che,un arrêté royaldu21 décembrel867
l'a déchargé du cours d'anatomie patho-
logique, et l'a nommé, en remplacement
de Royer (décédé le 20 octobre) , pro-
fesseur de pathologie et de théni|>ett-
tique spéciale des maladies internes, y
( < ) Nous avons eu l'occasloo d'apprdcier
par nous-mêmes l'excellence de cette mé-
thode, il Ylmtitut S^-Jean et il l'Ecole du sud,
lors de la ▼isite que nous y avons faite en
1867 avec M. Gillon , dans le but d'initier à
noire organisation scolaire l'hon. H. P.-J.-O.
Chauveau, surintendant-général de l'instruc-
tion publique dans le Bas-Canada (aujour-
d'hui ministre de l'intérieur de la provînoe
de Québec^ H. Chauveau s'est déclaré en-
chanté des résultats et nous a fait connaUre
son intention de tirer paKi , pour son paya,
des observations qu'il a recueillies dans les
écoles de Liège.
837
KUP
838
compris les maladies des femmes et des
enfants, celles de la peaaetles maladies
syphilitiques (cours de deux ans). M,
Heuse a été nommé professeur extraor-
dinaire le 25 mars i86i ; il est profes-
seur ordinaire depuis le 12 octobre
48G5. Directeur du Cabinet d*anatomie
pathologique depuis plusieurs années ,
il a concouru à Taccroissement de cette
collection. H est membre correspondant
delà Société des sciences médicales de
Lisbonne depuis le !«' mars 1849 ; de
l'Académie de médecine de Belgique
depuis le 51 décembre 1855, et membre
titulaire de la Société de médecine de
Liège. Un arrêté royal du 12 janvier
1864 Ta nommé membre de la Commis-
sion médicale de la province de Liège ;
il a été chargé, dans le sein de cette
Commission, de plusieurs Rapports sur
rbygiène. — Il a publié :
1° Une notice sur la maladie du doc-
leur Lombard (v. ce nom). Bruxelles,
1845, in-8^
Cette notice, rédigée sur la demande de
V Académie royale de Médecine de Belgique,
a été Ine en présence de ce corps savant, le
94 février 4858, et insérée d'abord dans son
Bulletin^ XIV, n» 5. —M. Hease avait été
l'élève de Lombard et était devenu son ami.
2" Des kystes apoplectiques dévelop-
pés dans Us parois du cœur et des ané-
vrismes des artères coronaires cardia-
9ite«, notes et réflexions communiquées
à TAcadémie royale de médecine de
Belgique. Bruxelles, 1856, in-8% avec
A pi. coloriées.
Extr. du Bulietin de TAcadémie, t. XV,
n«8.
KapITeinMshlaeser (IsiDORE), frère
de François (v. ci-dessus), né â Liège
le 9 janvier 1819, fréquenta successi-
vement le Collège communal et TUni-
versité de cette ville, et fut attaché à
ce dernier établissement, avant même
d'avoir achevé ses études (51 octobre
1840), en qualité de préparateur de
chimie générale et industrielle (*).
Nommé répétiteur de chimie et de mi-
néralogie à TEcole spéciale des mines,
le 27 novembre 1844, il s^acquitta de
son mandat de telle manière, que Tan-
née suivante, eu égard aux rapports
favorables des autorités compétentes,
son nom fut porté sur la liste des agré-
gés de la Faculté des sciences. Les
manipulations chimiques sont restées
sous sa direction depuis lors jusqu*au
50 octobre 1867, date de Tarrètè qui
confie ce cours à M. Camille Benard.
En 1855-1854, ila été chargé d^ache-
ver le cours de minéralogie d'André
Dumont, qui voyageait à cette époque
en Italie. La même année, il a suppléé
M. Chandelon pour le cours de doci-
masie ; il est resté seul chargé de cet
enseignement à partir de 1854-1855.
11 a été promu à Textraordinariat le 24
septembre 1857 ('); à Tordinariat, le
12 octobre 1865. Il a été investi,
pour Tannée 1867-18G8, des fonctions
de secrétaire académique. — En de-
hors de TUni versité, M.Kupfferschlae-
ger est membre du Conseil de salubrité
publique de la province de Liège (de-
puis 1846) et du Comité d'inspection
des établissements d'aliénés (depuis
18f;8). En 1847, ila été nommé membre
secrétaire et rapporteur de la Commis-
sion instituée pour la recherche des
eaux alimentaires de la ville de Liège :
son travail a paru en 1851 . Enfin, il fait
partie de la Société royale des sciences
1'). — lia publié:
A. Dans les Mémoires de cette com-
pagnie :
1^ Observations sur le procédé de
M. Frémy pour séparer la potasse de
la soude (t.. Il, 1844).
M. Kupflfersclilaeger démontre que Tanti-
moniate bi- potassique ne permet de distin-
guer la potasse de la soude que dans le cas
où ces deux oxydes se trouvent seuls dans
une dissolution.
2« Procédé pour essayer les mine-
rais de zinc par la voie sèche (t. X,
1854).
(M Eo fait, il a été préparateur de chimie
et de pharmacie, et spécialement préposé
aux manipulations chimiques.
(') Et dispensé, il cette occasion, de l'exa-
men de docteur en sciences*
(*) Depuis 1868, il fait des conférences
sur la chimie à Vlmtitui supérieur de demoi-
selles, place St-Paul (v. l'art Stechkr;.
839
LAC
840
50 Notice sur l'action du fer et du
zinc dans les dissolutions des métaux
dont les oxydes sont solubles dans
Tammoniaque (t. Xl^I, i860).
B. Dans le Journal de pharmacie
d'Anvers :
A^ Remarques sur la purification
de Tacide sulfuriqne arsénifère (t. I,
i845).
L'auteur établit qu'on peut, par le sulfide
hydrique, précipiter coinplèteroeol (ce qui
était contesté; l'arsenic existant dans l'acide
suifttrique à l'état d'a<:ide arsénique. Mais,
pour cela, il faut transformer an préalable ce
dernier, par un courant de gaz sulfureux, en
acide arsénieux, puis y dégager du sulfide
hydrique.
S'* Sur IVxIstence de Facide valéria-
nique k l'état de valérianate organique
dans la racine de valériane (Ib.)-
Go De rincompatibilité des substan-
ces employées en médecine et notam-
ment de Hodure potassique dans la
pommade mercurielle (Ib,, t. II, 1846).
7<> Quelques mots sur la fabrication
de Tacide valérianique (Ib.).
8<* Observations sur la teinture d'io-
de (fb,),
9' Sur la purification et la conser-
vation de Tazotate argentique (/^.,
t. III, 1847).
C. Dans \q Journal d'agriculture pra-
tique :
10® Sur remploi du sulfate de fer en
agriculture (t. 11, 1849).
i\^ De Tusage et des effets du plâtre
en agriculture {Jb,).
D. Dans la Revue universelle des
mines (de M. de Cuyper):
12<» Note sur le procédé de M. Ko-
bell pour doser les oxydes aluminique
et ferrique (t. I, 1857).
15** Comptes rendus d'essais doci-
mastiques de minerais de fer, de zinc,
de cuivre et de plomb (t. 11, XXI, 1857
à 1867).
14» Modifications faites au procédé
de M. Margueritte pour le dosage vo-
lumétrique du fer (t. XXI, 1807).
£. Dans le Médecin de la famille
1857 à 1867):
15* Divers articles sur Thygiène et
sur l'économie domestique, sur la con-
servation des denrées alimentaires,
sur leur falsification, etc. (Tfaé, vinai-
gre, farines, etc.), sur l'éclairage à
l'huile de pétrole, sur les engrais arti-
ficiels, sur l'empoisonnement par les
pains à cacheter, etc., etc.
F. Dans les Annales du Con9eil dt
salubrité publique :
16® Exposé et discussion des moyens
généralement employés pour détruire
les insectes et les animaux nuisibles
(t. 111, 1850).
17<> Instruction pratique pour rem-
ploi de l'huile de pétrole à l'éclairage
(1865).
C'est le résumé d^ane conférence publique
donnée par M. KupfTerschlaeger dans la salle
Franklin. Cette notice a été imprimée sépa-
rément par ordre du Conseil et répandue à
profusion.
G. Dans le Bulletin communal de
Liège :
18* Les établissements insalubres,
etc. — De l'air (1855).
19* Hygiène publique. — Des houil-
lères (1856).
âO* La morgue, au point de vue de
la salubrité et de la police (td.).
âlo Les égoûts de la ville (1857).
H. Si* M. Kupfferschlaeger a publié
régulièrement, dans la 3« série du Mo-
niteur de renseignement^ un Bulletin
scientifique:
I. 23* Tableau des caractères pyro-
gnosliques des substances minérales.
Liège, broch.in-4* (1860).
J. 24* Extrait du cours de docima-
sle. Liège, broch. in-8* (1862). — 2*
édition (1867).
K. 25* Le sel et ses divers usager,
s. l. n. d. (1868), in-8*.
Conférence faite à la Société Franklin de
Uége,le5avriM868.
Lacorclalre (JEAN-TbÉODORE), 0.
^, a VU le jour à Recey-sur-Ource ,
département de la Côte d'Or (France),
le l"' février 1801. Son père était doc-
8il
UC
842
leur en médecine; sa mère, Marie-
Anne Dugied, fille d*un avocat au par-
lement de Bourgogne. De leurs quatre
fils, celui dont nous nous occupons est
rainé ; le second, Jean-Bapliste4Ienri,
fut le P. Lacordaire, de TAcadémie
française ('); le troisième a dirigé la
manufacture impériale des Gobelins;
enfin le quatrième, ancien chef d'esca-
dron, se repose des fatigues de la vie
militaire dans sa retraite de Vendôme.
Jean-Théodore reçut sa première édu-
cation chez un curé, dans un village
perdu au fond des bois : il est permis
de croire qu'il y apprit à aimer, à ob-
server les merveilles de la création, et
que les impressions de ces années d'en-
fance influèrent sur la direction des
goûts du futur naturaliste. Après avoir
fait ses humanités au lycée de Dijon
(1810-1817) , il prit ses inscriptions
<hins la Faculté de droit , et se fit
recevoir capable (grade dont la dé-
signation est tombée en désuétude ,
«t qui équivalait à notre candidature).
Mais un moment vint où il n'y put
tenir : un penchant irrésistible l'en-
trainait vers l'étude des sciences natu-
relles, et il était possédé du désir de
parcourir le vaste monde. 11 renonça
donc à la carrière du barreau et s'em-
barqua pour Buenos-Ayres, où il sé-
journa quatre mois. Huit années de sa
vie (i824-1852) ont été remplies par
des voyages d'exploration au-delà de
l'Atlantique. Le second ne dura pas
moins de deux ans, pendant lesquels
Il résida tour à tour à Buenos-Ayres
et à Montevideo, parcourut en tous
sens la république Argentine, jus-
qu'aux confins de la Patagonie, visita
rUruguay, et fit enfin une halte de six
mois au Brésil, où il choisit pour do-
maine de ses investigations les pro-
vinces de Rio-de-Janeiro et de Minas
Geraes. Son troisième voyage fut plein
de péripéties. Après cinq mois de sé-
jour au Chili, il traversa tout le conti-
nent américain de Santiago à Buenos-
Ayres, au plus fort de la guerre civile.
Il passa deux mois dans la ville de
Mendoza, depuis renversée par un
tremblement de terre, et deux autres
mois à Cordova, qu'il vit prendre et
reprendre successivement par les par-
ties belligérantes. Il fut témoin de la
bataille de la Tablada, qui livra Cordo-
va aux unitaires, tandisque,parun sin-
gulier jeu du sort, leur adversaire Rosas
était proclamé gouverneur de Buenos-
Ayres. M. Lacordaire finit par gagner
cette dernière ville, d'où il passa à Mon-
tevideo. Il revit la France dans les
derniers jours de la restauration , as-
sista aux événements de juillet et le
lendemain même du couronnement de
Louis-Philippe, quitta Paris pour se
remettre en mer, à Brest. 11 tou-
cha en passant au Sénégal , visita
Cayenne et toute la Guyane française,
remonta l'Oyapock, jusqu'à une cen-
taine de lieues des côtes, et après 22
mois, rappelé en France par George
Cuvier, qui lui offrait de l'attacher à sa
personne, prit place sur un navire en
partance pour Bordeaux. Aussitôt ar-
rivé au port, il s'informa des nouvelles
du jour : on lui apprit la mort du
grand naturaliste, décédé la veille — Il
se rendit à Paris, où il reprit ses études
et coordonna ses nombreuses observa-
tions, faisant trêve de temps en temps
aux occupations sérieuses pour rédiger
le récit de quelques épisodes de ses
voyages, comme on peut s'en assurer
en parcourant la Revtie des deux Mon-
de$(\%7A^ 1835). Il arriva, sur ces en-
trefaites que le Gouvernement belge
prit la résolution de réorganiser l'en-
seignement supérieur. M. le comte de
(') Le nom de l'illustre dominicain est
enregistré dans les Annales de l'Universilë
de Liëge. Comme il avait consenti à prêcher,
dans la cathédrale de cette ville, le Carême
de i8i7, les étudiants, conjointement avec
les membres de la Société d'Emulation, lui
demandèrent quelques conférences spéciales,
qui furent données dans la salle de cette
Société, et eurent un grand retentissement.
I^e professeur Lesbroussart (v. ce nom) et
M. l'avocat Bury , ce dernier parlant au nom
de la jeunesse universitaire, adressèrent k
l'orateur chrétien des remercimenls publics;
de son côté, la Faculté de philosophie, usant
pour la seconde fois du pouvoir qu'elle tient
de la loi, lui décerna le titre do doctetir ho-
noraire , et cette résolution fut ratifiée par
Tunanimité du Sénat académique (v. le Ni-
crologe liégeois pour i861, p. 5S et ci-de§-
sus l'art. Walter).
843
LAC
844
Theux, ministre de rintérieur, chargea
enlr'autres M. Vilain XIllI, ambassa-
deur à Rome, de cliercher des profes-
seurs pour l!s Universités de rEtat(*).
A Liège, il s*agissail notamment de
développer et de fortifler l'enseignement
dcsscieni^es naturelles (v. Fart. Gaede).
M. Vilain XIIII eut Toccasion des*enou-
vrir au P. Lacordaire , qui signala son
frère à Tattention de l'envoyé belge.CVst
ainsi que M. Jean-Théodore Lacor-
daire est entré à Tllniversité de Liège,
le 51 décembre i855, avec le titre de
professeur extraordinaire, chargé du
cours de zoologie. A peine installé ,
il eut à résister aux instances de IV
miral Dumont-d'Urville , qui voulait
à tout prix l'emmener comme natu-
raliste, dans son voyage d'exploration
au pôle sud. M. Lacordaire ne se laissa
pas convaincre : il avait un grand ou-
vrage en projet ; le temps était venu
de mettre la main à l'œuvre. Ici com-
mence une nouvelle période de sa vie,
désormais tout entière consacrée à
l'enseignement et à la science. En
1857, après la mort de Fohmann (v. ce
nom), il fut chargé, tout en conservant
ses premières attributions, du cours
d'anatomie comparée, porté tout à la
fois au programme du doctorat en
sciences naturelles et au programme
de la candidature en médecine (') ; il
en est encore aujourd'hui titulaire?. Sa
promotion à l'ordinariat date du 5 sep-
tembre 1858. Lorsque l'Université eut
le malheur de perdre André Dumont
(v. ce nom), M. Lacordaire eut mission
de remplacer le recteur décédé, jusqu'à
l'expiration de la période triennale;
il resta investi des mêmes fonctions
pendant toute la période suivante ,
et dirigea par conséquent l'Université
depuis l'année académique 1857-1858
jusqu'à la fin de l'année 18G0-1861. Le
9 octobre 1852 , il avait été nommé
chevalier de l'ordre Léopold ; le 26 déc.
18C0, un arrêté royal le promut au
grade d'officier. — M. Lacordaire est
affilié à un grand nombre de Sociétés
savantes. A Liège, il a été, de 1842 à
4846, secrétaire-général de la Société
d'Emulation ('); depuis 1845, il est
secrétaire-général de la Société royale
des sciences, à laquelle il n'a pas peu
contribué à donner une impulsion vi-
goureuse; il est entré à l'Académie
royale de Belgique le 15 décembre
1842 avec le titre d'associé^ le pins
élevé que les règlements de la compa-
gnie permettent d'accorder à un étran-
ger. Il est en outre membre honoraire
ou correspondant des Sociétés entomo-
logiques de France, de Londres, de
Stettin, de Berlin, de St-Pétersbourg,
de Bruxelles, de la Société des sciences
naturelles de France (à Paris) ; deTÂ-
cadémie des sciences, etc., de Lille;
de la Société Linnéenne de Lyon ; de
l'Académie des sciences et belles-let-
tres de Dijon ; de l'Académie des Lin-
cet de Rome; de la Société royale d'E-
dimbourg; de la Société des naturalistes
de Moscou ; de la Société d'histoire
naturelle de Halle: de la Société phy-
sico-économique de Kœnigsberg ; de la
Société d'histoire naturelle de Her-
mannstadt; de la Société d'histoire na-
turelle de Nassau ; de la Société d'his-
toire naturelle du Luxembourg; de
l'Académie des sciences naturelles de
Philadelphie; de la Société philoso-
phique américaine ; de la Société ma-
lacologique d'Anvers; de l'Académie
royale des sciences de Stockholm; de
l'Académie d'archéologie de Belgique.
— Voici la liste de ses principaux ou-
vrages :
L Récits de voyages ^ etc.
1** Articles publiés dans la Revue des
deux Mondes^ dans le Temps^ etc., et
reproduits pour la plupart dans la Revue
universelle de Bruxelles (1852 et années
suivantes).
II. Travaux scientifiques.
2^ Mémoire sur les habitudes des Oh
( ' ) Des oKces furent faites, aa oom du nou-
veau gouvernement, par H. Vilain XIIH, à
plusieurs Français de distinction, entr'aulres
à l'éminent jurisconsulte Troplong , qui ne
se décida point à venir à Lidgâ.
(* ) Ce cours, ainsi que celui de zoologie,
est à certificat depuis 4857.
( ' ) Il a rédigé, en cette qualité, le procès-
verbal de la séance publique du 19 juiUet
1842.
843
LAC
846
iéoptères de VAmérique méridionale,
Paris, i830, in-8«.
Extr. des Annales des sciencct naturelles,
t. XX.
S** Esmi sur les Coléoptères de la
Guyane française. Paris, 185â, in-8°,
Nouv, Annales du Muséum, t. IL
4"* Notice sur Ventomologie de la
Guyane française. Paris, 1832, in-8®.
Annales de la Société Entomotogique de
France, 1. 1. — Concerne principalement les
Lépidoptères.
5^ Notice sur les habitudes des Lépi-
doptères rhopalocères de la Guyane fran-
çaise. Paris, 1853, in-8^
ibid.,L IL
&* Mémoires sur M. le baron George
Cuvier ; traduits de Tanglais de Mistress
Lee. Paris, 1853, in-8''.
La (radoction a été rédigée et publiée en
même temps que l'original anglais.
1** Faune entomologique des environs
de Paris. Paris, 1855,in-18°.
L'ouvrage, publié chezMéquignon-Marvis,
devait avoir trois volumes. Lors de l'incen-
die, resté célèbre, de la rue du Pot- de fer,
l'édition du tome I fut brûlée presque tout
entière; les rares exemplaires qui échap-
pèrent an désastre figurent aujourd'hui parmi
les curiosités bibliographiques. L'éditeur ée-
manda et obtint la résiliation du contrat (*).
%^ Introduction à rEntomologie-V^Lris
1854-1838, 2 vol. in-8^ avec U pi.
9*" Monographie de la famille des
Erotyliens. Paris, 1842, in-8^
Description de près de 800 espèces , dont
environ 650 nouvelles.
10® (En collaboration avec M. A,
Spring) : Note sur quelques jwints de
rorganisation dt» Phrynosoma Harianii,
Saurien de la famÛle des Iguaniens
{Bulletin de VAcad. royale de Belgique ^
t. 1\, 1842).
1 1° Monographie des Coléoptères pen-
tamèresphytophages^Ué^e, 1845-1845,
2 vol. în-8».
Cet ouvrage forme les tomes III et V des
Mémoires de la Société royale des sciences
de Uéfjê.
\^ En collaboration avec M. A.
Spring) : Nouveau manuel d'anatomie
comparée, trad. de l'allemand de Th.
de Siebold et H. Stannias. Paris,
1849,2 voLin-1 8».
15<) Rajfpori sur le Concours quin-
quennal des sciences naturelles (1847-
185i;; Bruxelles, 1852, in-8S
Inséré dans le Bulletin de CAcad. royale
de Belgique (L XIX, 1852). —M. Lacor-
daire a été également rapporteur du Con-
cours quinquennal des sciences naturelles
pour les trois périodes suivantes (v. le dit
Bulletin).
14° Observations sur la notice de M.
Van Beneden, sur la génération alter-
nante et la digénèse {Ibid., t. XX, 1",
p. 552).
15<» Observatioîis sur rinfluence du
choléra chez les animaux (Ibtd., t. XXI,
2«, p. 652).
16® Gênera des Coléoptères, ou Ex-
posé méthodique et critique de tous
genres proposés jusqu'ici dans cet
ordre des insectes. Paris, Roret,1854-
1868, 8 vol. in-8 , avec 96 plan-
ches
OEuvre capitale de l'auteur. Fait partie
de la grande collection dite des Suites à
Buffon, publiée par l'éditeur Roret. L'ou-
vrage comprendra en tout dix volumes, et
embrassera la révision d'environ 6000 gen-
res, dont se compose actuellement l'ordre
des Coléoptères.
17° Rapports sur des Mémoires pré-
sentés à TAcadémie royale de Belgique,
insérés dans les Bulletifis de ce corps
savant.
18° Discours académiques, pronon-
cés à Toccasion de la réouverture des
cours de l'Université de Liège.
' d. Sur rinslinct et Tintelligence des
animaux, et en particulier sur leur
instinct de sociabilité (1857-1858).
b. Sur l'espèce, sa permanence et
ses variations (1858-1859).
c. Sur les espèces perdues et notam-
ment sur le Dronte ou Dodo (1859-
1860).
d. Sur la géographie zoologique
(1860-1861).
(*} L'ouvrage est tout entier de M. Lacor-
daire, bien que le titre porte également le
nom du docteur Boisduval.
847
LER
848
L.e noy (Alphonse) , né k Liège le
28 juillet 1822, a fait ses études au
Collège communal et à rUoiversité de
cette ville eta reçu, le 42octobre 1841,
le diplôme de docteur en philosophie et
lettres. H songeait à y joindre c^lui de
docteur en droit, lorsqu^un attrait in-
vincible le ramena insensiblement dans
le domaine de ses premières prédilec-
tions. Au moment d'achever sa seconde
année de droit, il prit tout d un coup la
résolution d'aller passer quelque temps
à Paris. Il eut la chance heureuse d'y
être mis en rapport avec quelques
hommes éminents (Ch. Nodier, Le-
tronne, le baron Walkenaer, etc.)t dont
les conseils contribuèrent à le diriger
vers la carrière de renseignement. Le
directeur du Collège de Tirlemont lui
offrit une chaire de rhétorique en 1844 ;
il accepta et fut nommé préfet des
études de rétablissement en septembre
1 846,après la retraite de Tabbé l^ouis (*).
11 obtint de la commune que celle-ci
reprendrait directement l'administra-
tion du Collège, et du gouvernement,
en 1848, qu'une école d'agriculture y
serait annexée. La nouvelle institution ,
la première de ce genre qui ait été fon-
dée en Belgique (^), fut placée sous la
direction de M. Le Roy et solennelie-
raent inaugurée par M. Ch. Rogier,
ministre de l'Intérieur, le 17 avril 1849.
Dans le cours de la même période,
M. Le Roy s'était activement dévoué à
une autre tâche. A plusieurs reprises,
le gouvernement avait vainement essayé
d'obtenir des Chambres une loi sur
l'instruction moyenne, loi devenue d'au-
tant plus urgente, que les études huma-
nitaires, surtout dans les villes de se-
cond ordre , étaient livrées au caprice
d'administrateurs souvent peu éclairés
eux-mêmes, et qu'il n'y avait aucune
connexion entre l'enseignement des
Collèges et l'enseignement des Facul-
tés des lettres et des sciences. Une
publication spéciale, le Journal de Fini-
tmction publique, avait été fondée à
Tirlemont dès 1845 par Fabbé Louis,
avec le concours de M. Le Roy, dans le
but de populariser ces questions. En
1848, M. Le Roy crut le moment favo-
rable et n'hésita pas à convoquer en
Congrès, à l'Hôtel-de-Ville de Bruxelles,
mis à sa disposition par le bourgmestre
Ch. de Brouckere , les professeurs
des Athénées et des Collèges de tout le
royaume. Deux établissements seule-
ment manquèrent à l'appel, et l'Assem-
blée émit des vœux que le ministère
accueillit avec bienveillance, tout en re-
commandant aux professeurs de ne
traiter, dans leurs débats, que les
questions non-politiques. Le Congrès
se renferma strictement dans les li-
mites qui lui étaient assignées ; eo-
tr'autres mesures qu'il proposa et qui
ne tardèrent pas à recevoir une consé-
cration officielle, nous citerons la créa-
tion du grade d'élève universitaire (*)
et Tiûstitution d'un Conseil de perfec-
tionnement de l'enseignement moyen.
La composition de ce Conseil fut pen-
dant deux ans abandonnée à l'élecUon,
et deux fois le Comité permanent du
Congrès, dont M. Le Roy faisait partie
en qualité de Secrétaire-général, fut
choisi à la presque unanimité. Cepen-
dant un projet de loi fut soumis à la
législature. Le Congrès se transforma
aussitôt en Association régulière, et, ne
parvenant pas à s'entendre avec Tabbé
Louis, resté seul rédacteur du Journal
de rinstruction publique, fonda un nou-
veau recueil, le Moniteur de TEnsetgue-
mentM» Le Roy en fut un des collabora-
teurs les plus assidus (*). Cependant la
( * ) Sur Tabbé Louis, v. le Nécrologe liégeois
pour 4860.
(*) L'enseignement agricole a été depuis
centralisé à Gembloux. Le professeur d'agri-
culture de ïlnsiitut établi en cette ville,
H. G. Fouquet, ancien élève lauréat de Cri-
gnon, a débuté dans l'enseignement à l'Ecole
de Tirlemont.
(') Supprimé plus tard, puis rétabli par la
loi du 27 mars 1861, avec un changement
de dénomination et quelques modifications
au programme. Le titre de gradué en lettres
a remplacé celui à'élève universitaire,
(* ) Le Moniteur de l'enseignement fut placé
sous la direction de Fréd. Hannebert (père),
professeur à l'Athénée royal de Tournai, et
principalement rédigé par Ph. Bède (v. l'art.
Em.BÈDfi), par M. J. Coune (aujourd'hui préfet
des éludes de l'Athénée d'Aavers) et par
M. Le Roy. La collection complète (1849-
849
LER
850
promulgation de la loi du i«' juin 1850
rendit inutiles les démarches des pro-
fesseurs; rAssociation fut dissoute,
mais le Moniteur continua de paraître.
Sur ces entrefaites, M. Le Roy songea à
quitter renseignement moyen : agrégé
à la Faculté des lettres de Liège depuis
le 25 octobre i845, il aspirait à vivre
dans un milieu plus conforme à ses
goûts ; d'autre part, certaines innova-
tions que le Conseil communal de Tir-
lemont avait jugé à propos d'introduire
dans le régime du Collège ne pouvant
lai convenir, il donna sa démission et
revint à Liège, où un arrêté du 4 octobre
1850 le chargea de Mte^eneoncurrence,
les cours de logique et de métaphysique
à rUniversité. Cet arrêté fut rapporté
le Tl décembre suivant : le décès de
Tandel (v. ce nom) venait de rendre pos-
sible une répartition définitive des cours
que ce professeur avait dû abandonner,
pendant la dernière période de sa longue
maladie. M. Schwartz (v. ce nom) resta
seul chargé à titre de suppléant de M.
Loomans; (v. ce nom) du cours de lo-
gique ; M. Le Roy devint titulaire des
cours de métaphysique» d'esthétique et
de pédagogie (v. Tart. Rurgoraff). Il a
été promu à Textraordinariat, le 6 oc-
tobre i856 ; k rordinariat, le 14 janvier
f862 ; en la présente année 1868-1869,
il remplit les fonctions de Secrétaire
du Conseil académique. Depuis 1860,
M. Loomans ayant été déchargé du cours
de logique, il en est devenu titulaire;
ses attributions universitaires actuelles
comprennent en outre les autres cours
précités, plus le cours facultatif d'ar-
chéologie , devenu vacant en 1866 par
suite de la mort de L. de Closset (v.
ce nom). A l'Ecole normale des huma-
nités, il enseigne la pédagogie , depuis
la création de cet établissement (');
on lui a de plus confié , depuis 1859 ,
un cours spécial de psychologie et de
logique, destiné aux élèves de la pre-
mière année. De 1851 à 1859, il a été
membre-secrétaire du jury conférant le
grade de professeur agrégé de l'ensei-
gnement moyen du degré supérieur;
depuis 1857, il fait partie du jury d'ad-
mission aux Ecoles spéciales des mines,
etc. En 1859, il a prononcé, au temple
des Augusllns, le discours d'usage, lors
de la distribution des prix du concours
général. En 1865, il a été nommé mem-
bre-rapporteur du jury chargé de dé-
cerner le prix quinquennat d'histoire
nationale, pour la période 1861-1865.—
En dehors de l'Université, M. Le Roy
s'est intéressé à différentes questions,
notamment à l'éducation des sourds-
muets et des aveugles : de 1850 à 1867,
il a rempli les fonctions de secrétaire
de la Commission administrative de l'In-
stitut de Liège. Depuis 1861, Il est
membre de la Commission provinciale
de statistique ; en 1869, il a été nommé
membre de la Commission de surveil-
lance de l'Académie des beaux-arts de
Liège; il est membre du Comité de lec-
ture du Théâtre royal de la même ville,
depuis que cette institution existe, etc.
Il a été pendant neuf ans bibliothé-
caire de la Société d'Emulation de Liège
et l'un des rapporteurs de ses Concours,
ainsi que de ceux de la Société liégeoise
de littérature wallonne (*), Il appartient
à l'Institut archéologique liégeois, à
1856) forme 19 vol. iii-8<», phis 9 vol. de
soppl., eoD tenant la discussion de la loi du
i«r jaîn 4880 B«r renseigaeneni moyen. La
mort de Fr. Hennebert ftt passer la direction
dn journal dans les mains de Pb. Bède, qui
le continua (à Verriers), sous le titre iTAn-
nales de renseignement public.
(*) il avait fait pendant deux ans ce cours
à rUniversité.
(*) Cette Société, fondée en i8ft6, a pour
but, non pas de pousser à an mtmtfement
waiion, mais tout simplement de eonserver
les traditiûDS du pays et surtout la connais-
sance d*tn idiome auquel les linguistes mo-
dernes, à commencer par M. Littrë, attachent
avec raison de jour en jour plus d'intérêt.
La Société wallonne oovro chaque année des
concours sur des questions d'érudition ou sur
des siigets de composition purement litté-
raires. Elle publie régulièrement iMtAnnmaire
(in-i2o/ et un Bulletin (in-8o) : ce dernier
recueil comprend déjà onze vol. — Le pré-
sident de la Société, depuis la mort de
H. Forir, est M. Cb. Grandgagaage (ancien
membre de la Chambre des représentants),
auteur d'un Dict, éiymol, wallon^ é' Etudes
êur les noms de lieux de la Belgique orien-
tale, etc, ; le secrétaire, depuis la mort de
l'avocat F. Bailleux, qui avait imprimé à la
Société une impulsion vigonrense, est H* St,
851
LER
852
l*Acadéinie d'archéologie de Belgique,
aax Sociétés d'histoire et de littérature
de Gand, de Tournai , du Limbourg,
etc.; à rinstitut des provinces de
France, à la Société des antiquaires de
Normandie, etc. — 11 a publié :
I. Philosophie,
I® De la philosophie considérée
comme puissance religieuse. Liège,
1844, in-8^ (Extr. de la Revue de
Liège, t. II.)
î>^ Questions psychologiques. Bru-
xelles (Tirlemont), 1846, in-8<'(Extr. du
Journal de rinstr. publique).
y L'esthétique de la laideur (Meê-
sager de Gand, 28 et 29 déc. i855).
4^ La philosophie en i 854. Bruxelles,
1855, in-i2\
Extr. de h Revue trimeȔritHe[v. ZeiUehr,
/. Philo9., de M. J.-H. de Ficht«, t. XXX,
i857).
5^ La philosophie au pays de Liège
(XVIl«elXVni« siècles). Liège, Renard,
i860, un YOl. in-8o.
Tiré à part du Bull, de l'Insiitut archéol.
liégeoi», t. IV.
6® Note sur la pensée et la conitaû-
«diice, dans V Essai sur ractivité du prin-
cipe pensant, etc., de P. Kersten (Liège,
1865, in-8% t. III).
7° Trois publications belges sur la
philosophie du langage (Revue trimes-
trielle, t. XLI, 1864, p. 230-259).
8^ Art. de critique philos, dans le
Moniteur de l'enseignement, la Meuse,
le Journal de Liège, etc. (Plusieurs ont
été tirés à part).
II. Etudes historiques, biofjraphiques,
etc. (v. no 59).
9^ Lettres èbnronnes. La controverse
sur Torigine des Wallons (Rev. irimestr. ,
t. VIII, p. 68; t. IX, p. 115; t. XI, p.
206 ; t. XVI, p. 215).
lOo Deux Rapp. à la Soc. d'Emulation
de Liège sur le concours ayant pour
objet : L'Histoire de Liège racontée aux
enfants (Mém, de la dite Société, t. let
t. III ; aussi à part).
{{^ Art. de critique historique dans
la Revue belge (sur D. Mabillon, 1845),
dans la Revue de Liège, le Mon, de Venr
seignement, XAnn. delaSoc, d'Emulation
et les journaux précités.
12® Rapport sur le concours quin-
quennal d'histoire nationale ( 1861 -
1865). Bruxelles, Ucltombe, 1865, in-
8*.
15® La Biographie nationale. Liège,
de Thier, 1866, in-12®.
14® Collaboration à la l^io^A/rAt^ m-
tionale, à partir du t. II.
III. Instruction publique,
A. Instruction primaire.
15® L'Ami des enfants, livre de lec-
ture, spécialement destiné aux Ecoles
primaires (division supérieure), aux
Ecoles moyennes et aux classes profes-
sionnelles des Athénéeset des Collèges,
ouvrage entièrement refondu, complété
et approprié à l'usage des écoles de la
Belgique. Liège, Dessain, in-12®(Quatre
éditions stéréotypes, de 1857 à 1868;
les trois dernières sont augmentées
d'un cbap. sur les droits et les devoirs
du citoyen belge. V. à ce sujet le dise,
prononcé par M. le Gouverneur de la
province de Liège , dans la séance
du Conseil provincial du 20 juillet
1865).
Ouvrage dont le Gouvenieineot a autorisé
remploi dans les Ecoles primaires, lesEcoles
moyennes, TEcole des enfants de troape d*A-
losl, etc. — C'est une refonte do Kinderfreund
de Wilmsen, destinée à remplacer l'ancien
Ami des enfatns édité en 1847 par la Société
d'encouragement pour l'instruction élémen-
taire, < Souvent noas avons traduit Wilmsen,
» dit l'auteur dans sa préface ; plus souvent
» nous avons essayé de refaire son livre,
» comme il nous a paru qu'il l'aurait fait loi-
Bormans (fils de l'honorable prof, ëmëritc) ,
conservateur adjoint des Archives de Liège.
Les séances mensuelles de la compagnie se
tiennent il l'Université, où est également
déposée sa Bibliothèque spéciale. Parmi les
rédacteurs les plus actifs du Bulletin, nous
citerons MM. A. Hock (poésies, études sur
les coûtâmes locales), Defrecheux, appariteur
de r Université (poésies) ; Dejardin (auteur
d'un Dict, des proverbes wallons); Ad. Picard,
conseiller à la Cour, G. Magnée, A. Desoer,
M. Thiry (poésies), Delarge (id.). les prof.
Stecher et Le Roy, etc. — Parmi les Hé-
moires couronnés, on remarque des Etodes
sur les anciens métiers, avec des glossaires
technologiques.
853
LER
854
» même, s'il eût vécu de nos jours et dans nos
» contrées. » VAmi des enfants de M. Le
Roy a été traduit en flamand, sur la S« édi-
tion, par M. Van Driessche, prof, à TAthénée
royal de Bruxelles, sous ce titre : De Kinder-
vriend, leesboek ten gebruike der Volksscholen
in Betgië. Malines, Dessain, 4863 et 4865,
in-iS« (L'orthographe a été modifiée dans la
2« édition, conformément à la loi). La trad.
de M. Van Driessche est oCHciellement auto-
risée pour les écoles des provinces flamandes.
— Une 3« édition est en préparation.
16^ Divers articles dans rA^ei7/e(Bru-
xelles), revue pédagogique publiée par
11. Th. Braun (de Nivelles), etc.
B. Instruction moyenne.
iV Collaboration au Joumalde Vins-
trvction publique (Tirlennont , 4845
1846), au Moniteur de renseignement
(1849-4856), aux Annales de renseigne-
ment public (1857-1858), à la Revue de
Finstruction publique en France et dans
tes paysétrangers (1855-1859), à la iie
vue de Vinstmction publique en Belgique
(depuis 1861).
18® Étude historique et critique sur
renseignement élémentaire de la gram-
maire latine. Bruges, Daveluy, 1864,
un vol. in-S^" de 262 p.
Réunion d*une série d'art, publiés d*abord
dans la Revue de Vinstr. publique en Belgi- '
que (1861 -4864) : Enseignement gramma-
tical au moyen ftge. — Renaissance des
lettres *. tes Cicéroniens, — Les jésuites et
Port-Royal. — Les gymnases protestants. —
Les réalistes et les humanistes : Comenius,
Basedow; Gesner , Emesti, Heyne , Wolf,
Hermann. — Les orthodoxes et les dissidents :
RolUn , Lbomond^ les Allemands ; Ratich,
Locke, Dumarsais, Pluche, Radonvilliers ,
Uamilton, Jacotot, Ruthardt, MeieroUo. —
Kant et Herbart. — Mager. — Les réformes
de H. Kœchly. — Les idées du professeur
Baguet ( de Louvain ). — L*auteur cherche à
établir que, dans l'intérêt même de l'étude
des langues anciennes, c'est la langue mater-
nelle qui doit être le pivot des humanités.
19® Discours prononcé ik la distribu-
tion des prix du Concours général. Bru-
xelles, 1859, in-8® (elAnn, des Univer-
sités, t. I, 2® série).
Sur l'enseignement national,
c. Instruction supérieure.
20® Le jury d*examen, par un profes-
seur. Tournai, 1855, in-8®.
Ext. du Mon, de renseignement. Les vues
de l'auteur se rapprochent du système pro-
posé par rCniversilé de Liège.
21® Art. divers dans les Revues ci-
dessus désignées (sur les agrégés, sur
lejury^ etc.).
22® Le présent ouvrage.
D. Etudes générales, statistiqueet his-
toire de renseignement.
25^ Les Écoles publiques dans TAmé-
rique du Nord, trad. de Tallemand du
D' Wimmer. Tournai, 1853, in- 8®.
24» L'instruction publique en Angle-
terre, d'après le D' W'iese (Revue de
Vinstr. publ. en France, 1852; 9 arti-
cles).
25® De l'enseignement aux Etats-Unis
d'Amérique (Ibid., 1855-1856 ; 18 ar-
ticles).
Travail rédigé d'après des documents au-
thentiques fournis par M. H. Barnard et par
M.Gilman (duGonnecticut), Commissaire de
l'Union américaine à TExpos. nntv. de 1855
(v. Amunategui, De la instruccion primaria
en Chile. Santiago du Chili, 1856, in g»).
26® De l'instruction publique au Ca-
nada (Ibid., 1858-1859; 12 articles).
V. le Journal de Vinstr, publ. de Montréal.
— C'est à la suite de cette publication que des
relations se sont établies entre l'Université
de Liège et le gouvernement Canadien.
27® Collaboration à VEncyclopasdie
des gesammten Erziehungs- und Ûnter-
richtswesens, publ. à Stuttgart par M.
le D' K. A. Schmid (en cours de publi-
cation).
Art. Belgique (t. I, p. 491-521); art.
Hollande (t. III, p. 558-579) ; art. Portugal
(t. VI, p. 149-148); art. Espagne et art.
Séminaires (en préparation). — L'art, Por-
tugal a été reproduit aux Etats-Unis (trad.
en anglais) dans The American journal of
Education {pnhX. par M. H. Barnard).
IV. Arclléologie et beaux-arts.
28® Antiquités architecturales de la
Normandie, contenant les monuments
les plus remarquables de cette contrée
(architecture romane et ogivale) pré-
sentés en plans, élévations, coupes,
détails, etc., par Auguste Pu^in. Traité
historique et descriptif par John Brit-
ton. Trad. de l'anglais et annoté par
Alph. Le Roy. Paris et Liège, E. No-
blet, 1855, un vol. in-4° avec 78 pi.
855
LER
856
%9^ Motifs et détails choisis d'ar-
chitecture gothique empruntés aux an-
ciens édiflces de l'Angleterre, par A.
Pugin. Texte historique et descriptif,
par E.-J. Willson. Trad. et annoté par
Âlph. Le Roy. Paris et Liège, Noblet
et Baudry, 1858-1867,2 vol. in-4« avec
115 planches.
Le second vol. contient une étude de M.
Le Roy sur les caractères distioctifs de l'ar-
chiteclure anglaise aux différentes périodes
du moyen âge. — Chacun des deux ouvrages
no* 28 et 29 a obtenu de la Société archéo-
logique française une naédaille d'argent.
50^ Glossaire d« ternies choisis
d'architecture gothique , composé en
anglais par Ed. James Willson, traduit,
remanié sous la forme d'un glossaire
français-anglais, revu et augmenté par
Âlph. Le Roy. Paris et Liège, 1867,
în-!2* avec 2 p|.
Exir. du t. n de Touvrage précédent, sauf
quelques changements.
5!'' Rapport (à l'Administration com-
munale de Tongres) sur la statue d'Âm-
biorix. ToBgres, i860, in-S^. — tbid.
(à XlmtUftt archéaL lié^oois) sur le Mu-
sée archéoK de Liège, etc.
32« L'Eglise Sainte-Croix et ses
peintures murales. Liège, i8Gâ, in-iS».
V. Questions spéciales.
53® Art. sur la question des Monts-
de-Piété dans la Revue de Liège (t. Il,
p. 187-201 ; t. Y, p. 466-181).
34** Rapports et discours concer-
nant l'éducation des sourds -muets et des
aveugles (Publications de Y Institut royal
de Liège, de 1851 à 1864).
35» Collaboration au Scalpel (sur la
questioB des aliénés, etc.) et au Méde-
cin de la Famille (traductions de l'es-
pagnol et de l'italien).
VI. Littérature^ — bibliographie,- —
voyages, etc.
36® Contes villageois de la Forêt-
Noire, trad. de l'allemand de Berthold
Auerbach, avec une introduction. Liège,
Desoer, 1853, un vol. in-8® de 470 p.
Pttbl. d'abord dans le Journal de Liège
(80 feuilletons).
$7® La littérature française en Bel-
gique (en 1859). Berlin , 1860, in-8.
Extr. du Jahrbuch fur romaniêcke und
êngli»che Literatur (du D^ Ebert), t. Ui, p.
32-S5.
38*' Rapports à la Soc. d^Emulation
et ù la Société wallonne sur des con-
cours littéraires (10 rapports, insérés
dans les publications de ces Sociétés et
aussi tirés à part).
SO"* Notices diverses, insérées dans
divers recueils et tirées à part : a. M.Quë-
rard (1863) ; b, J.-B. De Wandre, pré-
sident de la Soc. d'Emulation (1865) ;
c. Il Forir (1865) ; d. M. Yan de Weyer
publiciste (1864) ; a. (le curé) Ch. Du
Vivier (1864); f. F. Bailleux (1867);
g. (le colonel) L. Micheels.
40^ Souvenirs de vacances : a. As-
cension de l'Etna (août 1863)* Liège,
1866,iQ-12% b* A travers les Carpathes
(1865). Liège, 1867, in-12«.
Extr. de V Annuaire de la Soc, d^Emulation
de Lidge. — VAsceniion de VEina a eu plu-
sieurs éditions, dont une américaine.
41» Collaboration au J>ictionnaiTc
des spots ou proverbes wallons (Bull, de
la Soc, wallonne, 1861-1863, et suppl.,
Liège, 1863, in-8''de 628 p.
Le principal auteur de cet ouvrage est H.
J. Dejardin , notaire k Liège ; viennent ea-
Buite MM. Defrecheux, Delarge et Alexandre.
Le tout a été revu et augmenté par MM. A.
Le Roy et Ad. Picard.
4^0 Poésies wallonnes (en collab.
avec MM. Th.Fusset Ad. Picard, 1842;
plusieurs éditions ; en collab. avec M.
Ad. Picard, sous le pseudonyme Alcide
Pryor, un second recueil, 1861; deux
éditions augmentées en 186i et 1865,
etc.).
45** Un très-grand nombre d'articles
de critique littéraire et de notices di-
verses dans le Journal de Liège (BulL
litt. mensuel en 1856 ei 1857), dans
la Meuse et dans divers journaux ou re-
vues de Belgique, de France, etc.
M. Le Roy a rendu compte de la plupart
des publications d'une certaine importance
qui ont vu le jour en Belgique depuis une
vingtaine d'années, et d'un certain nombre
d'ouvrages do haute valeur publiés da^s les
pays étrangers. — Ses article^ sont signés
tantôt A. L., tantôt Y.
857
LOO
888
E,c»omatM (Chari^s), :^, né à La-
Daeken (Lîmbourg belge), le 42 no-
vembre 1816, termina au petit séminaire
de Rûlduc (Herzogenrath) ses huma-
nités commencées à TAthénée de Maes-
tricht, et y fut initié aux éléments de la
philosophie par le chanoine Tits, dont
les leçons jouissaient alors d*une répu-
tation méritée, et qui devint plus tard
professeur de théologie dogmatique
générale à rUniversité catholique. Épris
des sciences spéculatives, Fétudiant de
Rolduc se rendit à L«nvain en 1836,
et au bout de deux «ns fut reçu doc-
teur en philosophie et lettres avec ia
plus grande distinction. Il se fit alors
inscrire dans la Faculté de droit , et
subit en i842, avec grande distinction^
l'examen flnal qui devait lui ouvrir la
carrière du barreau. Il ne songea cepen-
dant pas immédiatement à entrer dans
la vie active ; un entraînement irrésis-
tible le ramena aux études spécula-
tives. Il alla suivre à Berlin le cours
de philosophie positive de Scbelling
qui, redevenu chrétien à la fin de sa
carrière, cherchait à concilier les dé-
couvertes de rintuition intellectuelle
avec les enseignements de TEvangiie.
Pour tirer tout le profit possible des
ressources que lui offrait la célèbre
Université allemande, il assista en même
temps aux cours de droit romain de
Pnchta et de Rudoriï, disciples de Sa-
Vigny, ainsi qu'aux leçons de Stahl, sur
la philosophie du droit. Ces dernières
surtout lui laissèrent d'intéressants sou-
venirs. De Berlin, il passa à Heidelberg,
où il entendit Mitiermaier, le grand
criminaliste. Enfin, dans les derniers
mois de 1845, il partit pour Paris, où
Burnouf, Tocqueviile, Ozanam et Rossi
lacf^ueiliirenl avecla plus aimable bien-
veillance. Il fut rélève de ces deux der-
niers, ainsi que de M. Valette, profes-
seur de droit civil. Rossi lui plut par-
ticulièrement par son esprit philoso-
phique , par le sens pratique qu'il
possédait au plus haut degré, enfin par
Texcellence de sa méthode. M. Loomans
rentra dans ses foyers sur la fin de
1844, tout préparé ou professorat sll
avait eu dès lors le dessein de s'y vouer;
il devait être bientôt mis en demeure de
se prononcer. Au commencement de mai
1845, M. Nothomb le désigna pour sup-
pléer à l'Université de Liège, en qualité
d'agrégé, le professeur de philosophie
Tandet, qui commençait à ressentir les
atteintes de la maladie qui l'enleva pré-
maturément à la science. Un Rapport
sur renseignement supéiieur en Prusse^
rédigé par M . Loomans pendant les quel-
ques mois de stage qu'il venait de passer
à Bruxelles, plut au ministre et déter-
mina probablement sa nomination.
Le nom de l'agrégé fut porté au pro-
gramme à côté de celui du titulaire ; il
y eut ensuite un partage des cours,
Tandel se réservant les élèves du doc-
torat (*). Le 22 septembre 1848, M.
Loomans fut nommé professeur extraor-
dinaire. Tout en conservant ses cours
de candidature, l'anthropologie et la
morale, il accepta , le 22 octobre de
l'année suivante , le cours de droit na-
turel, en remplacement de M. De Fooz,
et se trouva de la sorte attaché ti deux
Facultés. Le soin d'enseigner la logique
fut laissé à M. Schwartz jusqu'en 1856;
un arrêté du 14 juin rendit alors ce
cours k M. Loomans, qui finit par en
être déchargé, en faveur de M. A. Le
Roy, par arrêté du 7 juillet 1859. Quant
k Tandel, l'Université avait eu le mal-
heur de le perdre dès la fin de l'année
1850. — Les attributions des professeurs
de philosophie n'ont plus changé depuis
1859. La répartition actuelle de leurs
fonctions se justifie d'ailleurs par d'ex-
cellents motifs ; d'une part la logique et
la métaphysique se lient intimement;
de l'autre, l'anthropologie et la mo-
rale servent d'introduction naturelle à
la philosophie du droit. Il y a plus d'u-
nité et d'harmonie dans les leçons, ainsi
qu'un écrivain compétent (*) le faisait
remarquer dès 1845, k propos de l'Uni-
versité de Bruxelles, où ces trois cours
étaient alors confiés à M. Ahrens. M.
Loomans a été promu à l'ordinariat le
24 septembre 1857 ; il est chevalier dç
( * ) En fait , k caose de t'ëtat de santë de
ce professeor , M. Loomans a été chargé
pendant quelque temps du cours de roéia-
pliysiqné.
(') Ann. des Univ. de Belgique^ t. II.
8S9
LOO
860
rOrdre de Léopold depois le 49 Joillet
1856. H a été secrétaire académique en
4850-57; il a fait partie du Conseil de
perfectionnement de renseig;nement su-
périeur.— On lui doit les publications
suivantes :
i** Du progrès en philosophie (Revue
DE Brdxeli^s, 1858). - L'auteur affirme
que Tesprit humain se développe pro-
gressivement sur la base des vérités
intellectuelles et morales permanentes^
et, se plaçant au point de vue métaphy-
sique ^ou des lois générales des êtres),
s'attache à concilier ainsi la conserva-
tion avec Tinnovation.
^ Notice sur la philosophie allemande
depuis Kant (Ibid. 1843). — Ce travail,
qui n*a paru qu'en abrégé, est destinée
montrer comment les principaux sys-
tèmes qui ont été en vogue au-delà du
Rhin dans la première moitié du XIX*
siècle se rattachent au Kantisme.
S*" Dit fait et du droit (Ankales de la
SociÊTii littéraire de l'Université
CATHOLiQiiE, 1. 1). — C'est uDeétudchis-
torique sur la philosophie du droit de-
puis Grotius Jusqu'à Kant et jusqu'à
Stahl. M. Loomans y fait voir que les
principales écoles de philosophie du
droit, au lieu de concilier le droite ce
qui doit être, avec le fait, ce qui existe,
soutiennent le fait contre le droit (Ecole
historique de Savigny), où le droit
contre le fait (École de Kant). Il pro-
clame la nécessité d'une philosophie
nouvelle conciliant entr'eux ces deux
termes , et montre les germes de cette
réforme dans l'enseignement de Stahl.
Le professeur est resté fidèle aux
convictions de l'étudiant. Son enseigne-
ment, ses travaux ultérieurs ont natu-
rellement acquis plus de consistance;
mais ils reposent sur le même fonds
d'idées.
4® Notice sur la pie et les travaux du
professeur Em. Tandel^ lue en séance
du Conseil ac4)démique du 12 janvier
1852 (Liège, Desoer, 1852; dans la
même brochure se trouve la notice de
M.NypelssurDupret). — M. Loomans y
expose en détail les vues philosophiques
de son prédécesseur, qui a droit à une
mention très-honorable dans l'histoire
de la science (v. l'art. Tandel).
5<* Rapport sur renseignement supé-
rieur en Prusse, présenté en 1845 à M.
Nothomb, ministre de l'Intérieur (Ann.
des Univ. de Belgique, 1860, et sépa-
rément, Bruxelles, Lesigne, 1860, un
vol. in-S"*).— L'impression de ce travail,
décrétée dès 1845, ne put être achevée
que quinze ans plus tard, par suite d'un
concours particulier de circonstances.
Cependant l'organisation des Univer
sites allemandes n'a pas tellement varié
dans le cours de cette période, que
les renseignements recueillis en 1843
n'aient cx)nservé leur prix ; et quant
aux questions d'organisation universi-
taire, l'expérience n'a fait que confir-
mer, aux yeux de M. Loomans, les opi-
nions qu'il avait émises à la suite de son
voyage en Allemagne. L'ouvrage a donc
paru sans changements, et néanmoins
il a gardé tout son intérêt. On y trouve
un exposé sommaire de l'histoire des
Universités, et des principes qui ont
présidé à leur organisation. L'ensei-
gnement supérieur en Prusse est spé-
cialement étudié dans ses règlements
constitutifs. L'auteur fait ressortir les
avantages du système de décentralisa-
tion ou de corporation existant en Alle-
magne. Il établit comment cette orga-
nisation , et notamment les règles con-
cernant la nomination des professeurs,
les programmes des cours et les exa-
mens, conduisent à cet Important ré-
sultat : le développement de Pesprit
scientifique. Il se demande ensuite
quelles sont les réformes dont notre
enseignement universitaire est suscep-
tible, en tenant compte des principes
constitutionnels qui nous régissent.
L'Etat ne saurait être indifférent, selon
lui, eu matière de doctrines; la sépara-
tion absolue entre l'ordre légal et l'ordre
moral n'est pas, à son sens, un principe
constitutionnel ; si ce principe pouvait
et devait être admis, il aurait pour con-
séquence logique la suppression de
l'enseignement de l'Etat. Quant aux ré-
formes à introduire, IL Loomans pro-
pose de distinguer les examens pratiques
des épreuves scientifiques ; il pense que
la collation des grades scientitiques doit
être résenée aux Universités, et formule
ainsi dans ses traits généraux, le pre-
mier peut-être, le système qui depuis
861
MAC
862
lors a été proposé par le Conseil aca-
démique de Liège.
6** Cours de philosophie morale pro-
fessé par M. Loomans à l'Université de
Liège (autographié), — Le professeur
soutient que tous les principes de la
morale rationnelle se résument dans
Tùfé^e d'une société universelle des êtres
personnels, qui doit se réaliser dans
Thumanilé. Il s'attache à faire l'appli-
cation de cette idée fondamentale à
toutes les parties de l'éthique.
WSmcarm (JoSEPH-GÉRARD), T^^nék
Liège le 6 Juin i 817, a fait ses humanités
au Collège communal de cette ville
(182S-i8S4); il est sorti de rhétorique
latine (*) avec le certificat summà cum
laude (août 1854). 11 continuait ses étu-
des à l'Université de Liège , lorsque
la mort de son père le força de les in-
terrompre pendant plusieurs années :
en sa qualité de fils aîné, il eut k
s'occuper, pendant cet intervalle , des
intérêts de sa famille. Il consacra
néanmoins ses loisirs k étendre et k
approfondir ses connaissances en his-
toire et en politique, sciences pour les-
quelles il éprouvait un invincible at-
trait. Enfin il lui fut donné d'employer
tout son temps d'une manière conforme
k ses goûts : le 16 septembre 1845, il
subit avec grande distinction l'examen
de docteur endrolL Un mois plus tard,
le 25 octobre, M. Van de Weyer l'atta-
chait k la Faculté de droit de Liège en
qualité d'agrégé. Un arrêté ministériel
du 9 ,'octobre 1847 le chargea de faire
le cours de droit public, pendant le
premier semestre de 1847-1848. Le
vœu unanime du Conseil académique,
formulé en séance du 29 juillet 1848,
détermina le gouvernement à lui con-
fier en outre, par arrêté royal du 15
septembre suivant, le cours d'histoire
|)oiitique moderne , avec le titre de
professeur extraordinaire. Une dispo-
sition ministérielle lui attribua encx)re
ultérieurement le cours d'introduction
historique au code civil, créé par la loi
de 1849. Sa promotion à l'ordinariat
date du 24 septembre 1857; en i854-
1855 (arrêté royal du 7 août 1854), il
a rempli les fonctions de secrétaire-
académique. Le gouvernement a re-
connu les services qu'il a rendus k
l'enseignement, en lui conférant la
croix de l'Ordre de Lèopold. -- M.
J.-G. Macors a rempli diverses fonc-
tions extrà-universitaires et pris une
part très-active à la vie publique. Par-
tisan déclaré de l'opinion libérale, il
adhéra avec empressement, en 1846,
au projet de ses amis politiques, déci-
dés k se réunir en congrès k Bruxelles,
pour formuler une déclaration de prin-
cipes. Il rédigea,de commun accord avec
son ami Bailleux, qui partageait ses
idées (*), un manifeste adressé â celte
assemblée sur la question du programme
(v ci-après) ; cette pièce eut un grand
retentissement et n'exerça pas une mé-
diocre influence, tant sur les décisions
du Congrès que sur l'attitude ultérieure
des libéraux liégeois. M. Macors entra
( ^ ) Le prix de mérite de rhétorique (ni
disputé au Collège de Liège, en celle année
scolaire 1833-4834, avec une ardeur dont
les annales de noire enseignement moyen
rappellent peu d'exemples, par quatre élèves
de force à peu près égale, dont l'émulation
et les succès alternatifs excitèrent à Liège
un intérêt général. Le souvenir de leur lutte
généreuse n'est pas encore effacé. Le vain-
queur fut M. A. Falloiee, aujourd'hui vice-
président du tribunal de Liège; mais son
compétiteur M. Trasenster (v. ce nom) fut à
peine distancé, et Bailleux (plus tard avo-
cat, décédé en 1866),ainsi que M. J.-G. Ma-
cors, les snivireoi de très-pires. On a réim-
primé il Liège, en 1867, ii la suite de quel-
ques considérations sur renseig:u*ment des
humanités, les discours qui furent pronon-
cés à l'occasion de la distribution d*)S prix
de 1834. Le principal du collège J.-H. Guil-
lery, regarda comme un devoir de rendre un
hommage public aux quatre concurrents.
« Tiiusles quatre, disait-il, se distingueront
« dans la suite d'une manière plus utile pour
> la société ; leurs sucoès, leur conduite en
> sont des garanties irrécusables. Bons
> jeunes gens, chez lesquels l'émulation n'a
» jamais pris le caractère de l'envie, et que
> la rivalité n'a point empêchés d'fitre unis
» par la plus loyale, la plus louchante inti-
» mité.... »
( ■ ; V. la Biographie de FrançoU Bailleux
par Alphonse Le lioy. Liège, 1867 (avec
portrait), in-19«, p. 7 et suiv.
m
MAC
864
au Conseil commtinal de Liège en août
1848, fut réélu en octobre 185t, et sié-
gea à rilôtel-de- Ville jusqu'à la fln de
4857. Elu capitaine de la garde civique
au mois d'août 4848, il déposa ses
épaulettes dans les derniers Jours de
4853. M. Hacors s'est aussi occupé de
bienfaisance publique : il a fait partie
(4859-4864) de la Commission admi-
nistrative de l'Institut royal des sourds-
muets et des aveugles de Liège, qui lui
doit son nouveau règlement organique
et son règlement d'ordre intérieur (4
décembre 48GO).— Il a publié :
4® Au Congrès libéral^mr la queBtUm
du programme. 8 juin 4846 (Liège,
In 8»).
En collaboration avec F. Bai lieux, avocat.
— Les deux jeunes publicistes 8e propo-
saient surtout pour but de réclamer, au nom
de la Conslilulion beige, l'indépendance com-
plète de pouvoir civil, avec toutes ses con-
séquences. « En (Belgique, disaient-ils, il
> n'y a d'autres pouvoirs que ceux procla-
> mes par la Constitution ; elle protège des
» intérêts religieux, catholiques ou antres,
• mais ne reconnaît aucun pouvoir spirituel ^
> aucune autorité ecctMastique. »lls deman-
daient au Congrès de formuler an programme
sur la signification et la portée duquel il n'y
aurait pas ii se méprendre, et qui serait
comme la charte, comme la règle de con •
duite des libéraux belges. Ils demandaient
l'abaissement et rnnifbrmité du cens élec-
toral, mesures qui devaient rendre aux villes
leur légitime iuffuence; l'abolition du cens
d'éligibilité pour les fonctions de conseiller
communal ; la loi des incompatibilités, c'est-
à-dire t'éloigncment des fonctionnaires de
tout conseil électif, au moins de ceux qui
portent un caractère politique ; la création
d'un enseignement national à tous les de-
grés, enseignement où les ministres des
cultes ne pourraient intervenir à titre d'au-
torité; enfin, ils proposaient une série d'amé-
liorations à introduire dans l'intérêt des
classes ouvrières, préconisaient en principe
l'impôt sur le revenu ; et, en attendant le
moment où une telle réforme serait devenue
possible, recommandaient, comme mesure
transitoire, l'abolition des octrois, lesquels
pourraient être utilement remplacés par une
capitation qui, étant basée sur le revenu,
dégrèverait immédiatement les familles peu
aisées ( * }.
^ Le Bulletin communal ^ journal
des intérêts communaux de la ville de
Liège : 4'« année, 4855-4856; 2« année,
4856-4857; ensemble, 74 d<^ in 4«, à
deux colonnes.
Journal fondé avec François KapiTerscb-
laeger, mais dont M. Macors a été de ftit
le principal rédacteur. Les questions à l'or-
dre da jour y étant discutées d'one manière
approfondie et rattachées aox principes gé-
néraux du droit public et du droit adminis-
tratif, le Bulletin communal est encore
aujourd'hui utile à eonsulter.
5» Avant-projet (Tamélioratwn et tfa-
grandissement de rhâpital de Bavière
(42 avril 4864). Liège, 4864, in-8«.
M. Macors ne croit pas nécessaire de dé-
placer la maison de Bavière ; il pense, en
revanche qu'elle doit être agrandie et qu'elle
peut être améliorée, c'est-à-dire recevoir
une distribution et un aménagement de na-
ture il remplir roviex les conditions de l'hos-
pitalisation moderne.
4^ Essai d'une formule d'organùtitian
militaire appliquée à la Belgique , par
J.-G. M. Liège, (avril) 4867, in-48 de
404 p.
Ce travail, inséré d'abord dans la Meuse,
comprend d'abord quelques apborismes mi-
litaires applicables k la Belgiqoe, puis une
formule d'organisation rédigée en articles et
suivie d'une application et d'une démonstra-
tion.— Etat de second ordre, la Belgiqoe, dit
l'auteur, n'a d'autre devoir envers elle-même
et envers l'Europe, sous le rapport militaire,
que de se défendre dans les limites de ses
ressources. Mais ce devoir, son honneur
exige qu'elle le remplisse. Un seul système
est admissible, celui de la défense concen-
trée, le système adopté par le gouvernement
lorsqu'il a fortifié Anvers. 11 faut accepter
les conséquences des prémisses posées,
mais se garder de tonte exagération : c'est
ainsi que l'idée de la formation d'un quadri-
latère, s'appuyant sur Lierre et sur Malines,
n'est nullement pratique. Quant an recnite-
ment des troupes, le tirage au sort n'aurait
lieu qu'à l'âge de âO ans (au lieu de 19) ; le
pouvoir législatif fixerait annuellement le
contingent de l'armée et dé la milice. En
temps de paix, l'armée serait seule incorporée
dans les dépôts et les corps actifs ; le ser-
vice étant de 1 ans, les dernières classes
formeraient des corps de réserve. Le tirage
au sort comprendrait deux séries de numé-
ros, à concurrence des contingenta fixés par
la loi ; la première désignerait les hommes
(M Ibid.
86S
MAC
866
appelés 4 servir dans l'armëe ; la seconde,
ceux qai, désignés poar la milice, resteraient
dans leurs foyers en temps de paix, sauf k
y recevoir une instruction complète, sous
des oflRciers nommés par le Roi, et à faire
au moins une période de séjour à Anvers ou
de campement k Beverloo. Tous les autres
inscrits feraient partie du premier ban de
la garde civique, ainsi que les remplacé» (le
remplacement (*) ne serait admis que dans
Tarmée). Ce premier ban, comprenant tous
les individus valides non incorporés dans
l'armée ou dans la milice, ne se compose-
rait que de corps d'infanterie et pourrait
être mobilisé ; toutefois les gardes civiques
qui viendraient k se marier passeraient dans
la garde sédentaire. Serait exempté du tirage
au sort pour la formation de l'armée, l'inscrit
qui, k l'âge de 48 ans , après avoir subi un
examen de capacité littéraire et militaire,
contracterait l'engagement de s'habiller k ses
frais et de servir comme sous-officier dans
la milice. Les sous-officiers delà milice pour-
raient être nommés officiers d'après le mode
d'avancement réglé par la loi.
La loi sur l'organisation des forces dé-
fensives du pays réglerait , pour l'armée et
pour la milice : 4<> le pied de paix; ^ le
pied de rassemblement ; 3« le pied de guerre.
Dans les deux derniers cas, les miliciens
devraient se présenter au premier appel ;
en temps de paix, ils ne pourraient être
mobilisés que pour le maintien de l'ordre
public, et sur la requête de l'autorité civile.
— M. Macors discute in extemo les avan-
tages de son système et le compare avec
ceux qui sont en vigueur dans les prin-
cipaux Etats de l'Europe : il insiste no-
tamment sur l'importance des réserves ; sur
la modération des charges qu'entraînerait
l'adoption de ses idées ; enfin, sur l'accord
de ses vues avec celles des partisans de la
diflbsion de l'instruction.
^^ Hospices civils de Liège, Rapport
de la Commission spéciale instituée
jMur rexamen des plans d'agrandisse-
ment et d*amélioration de Vhôpital de
Bavière, 24 juin i8G7. Liège, 4867,
in-8^, avec les deux plans de M. Hal-
kin et de M. G. Umé.
La Commission, présidée par M. J.-G.
Macors, a repoussé déflnitivement toute de-
mi-mesure, surtout en présence des nou-
veaux besoins créés par l'accroissement ra-
pide de la ville de Liège.
G** Articles de polémique politique,
articles sur la bienfaisance publique et
sur des matières administratives dans
divers journaux de Liège.
7® Divers Rapports au Conseil comr-
munal de Liège, au nom de la Commis-
sion des travaux publics.
Nous croyons utile de donner ici une
idée sommaire du plan adopté par M.
J.-G. Macors dans son cours de droit
public. Ce cours comprend deux grandes
divisions: 4"* le droit public propre-
ment dit ou droit public interne (Sfaâ/«-
recht); 2^ le droit international pu-
blic ou droit public externe (Vôlker-
recht). Nous ne nous occuperons que
de la première, qui comporte une in-
troduction générale, puis trois parties,
savoir : A. Théorie de TEtat ; B. Histoire
du droit public belge; C.^ Droit public
positif beige : nous laisserons même de
côté ces deux dernières subdivisions.
L'introduction a pour objet la notion
générale de i^Etat et celle du droit pu-
blic ; les divisions et subdivisions du
droit public proprement dit et du droit
international ; les rapports et les diffé-
rences entre ces deux branches du droit ;
les rapports et les différences entre le
droit public proprement dit et les autres
branches du droit.Elle expose, en outre,
les origines et les principes fondamen-
taux des deux grandes écoles en ma-
tière de droit public, Fècole philoso-
phique et l'école historique; elle cri-
tique le caractère absolu et exclusif
des principes de chaque école, et mon-
tre qu'il est possible de les concilier
en les tempérant l'une par Tautre.
Théorie de VEtat. L'Etat doit être
étudié : 4'' Dans ses caractères fonda-
mentaux, dans son but et dans son his-
toire ; 2® dans le pouvoir qu'il exert*e,
c'est-à-dire dans sa souveraineté et
dans l'organisation qu'il convient de
donner à cette souveraineté ; 5» Dans
sa forme ou sa constitution. Cette étude
provoque l'examen de toutes les grandes
questions politiques et elle conduit à
des solutions reposant sur une double
base, la base spirituallste et la base ra-
tionaliste. Voici l'indication de quelques
questions :
\^ La société est-elle un fait ^mt-
(^ ) M. Macors laisse intacte la question de l'exonération.
53
867
MAC
868
meni cetitingeni, arbitraire, dépendant
uniquement des volontés humaines, ou
bien est-elte ie produit et la manifesta-
tion terrestre d*une loi providentielle
et par conséquent supérieure à la vo-
lonté de l'homme ?
â^ Quel rap|)ort existe-t-il entre VE-
tat et la société? TEtat est-il identique
à la société, ou bien est-il seulement
Torgane central et régulateur de la vie
sociale?
5» L*Etat est-il une institution légi-
time, et quel est te fondement de sa
légitimité ?
4** Quelle mission doit-il remplir?
Peut-il s'emparer de toute Tact i vite so-
ciale pour la diriger à son gré, ou bien
doit-il se borner à formuler et à faire
respecter le droit, en laissant toute li-
berté à Tactivité de la société ?
5® Quelles sont les diverses manifes-
tations de l'Etat dans l'histoire ? Quel
a été le caractère dominant de l'Etat
antique? Quel a été celui de l'Etat ger-
manique ? Quel est celui de l'Etat mo-
derne ?
G° En quoi consiste la souveraineté
de l'Etat? Quelles sont ses conditions,
ses caractères principaux / Quel en est
l'agent légitime ? A quel système faut-
il demander la solution de cette dernière
question ? Est-ce à la théorie du droit
divin, soit qu'elle s'énonce par le prin-
cipe du pouvoir direct, soit qu'elles'ex-
prime par le principe du pouvoir indi-
rect ? Est-ce au système du contrat
social, fondé sur le principe de la souve-
raineté des volontés individuelles ? Est-
ce au système doctrinaire de la sou-
veraineté de la raison, de la justice et
du droit, soit dans sa formule théorique,
soit dans sa formule historique? Est-ce
au système de la souveraineté natio-
nale?
7"* Que doit-on entendre par souve-
raineté nationale? Qu'est-ce que le pou-
voir constituant, quelle est sa fonction,
comment se manifeste- t-il et en quoi
diffère-t-il des pouvoirs constitués ?
Quels sont les rapports et les différen-
ces entre le système de la souveraineté
nationale et i^ le système de la souve-
raineté du peuple déduite du contrat
social, et S'^lesystème delà souveraine-
té de la raison, de la justice et du droit?
8* Quels sont les pouvoirs comli-
tués? Quelles fonctions ont-ils à rem-
plir? Gomment doivent-ils être organi-
sés? Sous ce rapport, que faut-il préfé-
rer, du système de la concentration des
pouvoirs, ou du système de leur sépa-
ration? Quelles sont l'origine histo-
rique, les conditions essentielles et la
valeur du système de la séparation des
pouvoirs ?
9*" Qu*entend-onpar centralisation et
par décentralisation ? Y a-t-il à distin-
guer entre la centralisation nationale
et politique et la centralisation admi-
nistrative ? Qu'est-ee que la centralisa-
tion adroinhitrati^, quels en sont les
dangers et tes inconvénients? Quels
sont les avantages de la décentraKsation
administrative ?
10° Qu'entend-on par constitution!
Quelles sont les principales dirisions
des constitutions? Quels doivent être
les caractères d'une constitution et
quels sont les fondements de son aoto-
rilé? Quelle est la meilleure constitu-
tion ? Quelles sont les plus sûres ga-
ranties de la durée d'une constitution?
41® Qu'en tend-on par formes de gou-
vernement ? Quelles sont les princi-
pales dassiflcations des formes de goa-
vemement ?
Miteor» (HENRI-NiCOLilS-FÉLIx), g,
frère du précédent, est né à Liège le
30 mars i820. Comme son aine, il a fait
de brillantes études humanitaires au
Collège communal de cette ville. Après
avoir doublé sa rhétorique (sous H.
Guillery), 11 fréquenta les cours de l'Uni-
versité, et en sortit docteur en droit nrec
grande distinction, le 16 sept. 1845.
Il embrassa naturellement la carrière du
barreau ; néanmoins, se sentant du goût
pour renseignement, il se préoccupa
d'approfondir et en même temps de spé-
cialiser ses connaissances Juridiques.
La Faculté de droit avait l'œil sur lui :
il fut adjoint à ce corps en qualité d'a-
grégé, par arrêté royal du « octobre
ISiO, et, par arrêté ministériel du len-
demain, chargé du cours de droit nota-
rial. Nommé professeur extraordinaire
le 2i septembre 1855, il conserva ses
premières attributions ; un arrêté mtnis-
869
MAC
870
tériel da 28 novembre 1861 le chargea
eo oatre de suppléer le professeur De
Fooz (y. ce nom) dans le cours de droit
administratif, cours dont il devint défi-
nitivement titulaire Tannée suivante
(arrêté royal du 10 septembre). 11 est
professeur ordinaire depuis le ii jan-
vier 1862 ; il a rempli les fonctions de
secrétaire du Conseil académique pen-
dant Tannée 1862-1863. — L'ensei-
gnement du droit administratif a pris
de plus en plus d'importance à TUni-
versité de Liège, dans les derniers
temps : M. F. Macors envoie régulière-
mentau jury presque autant d'aspirants
au doctoral en sciences politiques et
administratives, que ses collègues des
trois autres Universités ensemble T).
Le cours de M. F. Macors est annuelle-
ment fréquenté par une dizaine d'é-
lèves. Le professeur soutient la thèse
de la décentralisation administrative :
il estime que la solution de toutes les
questions qui ne touchent pas aux in-
térêts généraux du pays doit être aban-
donnée aux pouvoirs locaux ; la mis-
sion de TEiat, en revanche, est de
résoudre les questions générales. En
matière d'industrie , par exemple ,
TEtat ne doit intervenir que dans les
cas où l'industrie privée est impuis-
sante (sous la réserve, bien entendu,
des grands intérêts politiques de la
nation). — En dehors de l'Université,
M. Félix Blacors a prêté et prête en-
core le concours de ses lumières à
différentes administrations , surtout
dans le domaine de la bienfaisance
publique. Le 7 janvier 1855, il a
été nommé membre de la Commission
administrative des Hospices civils de la
ville de Lié^e : non-seulement il a ob-
tenu trois fois, depuis lors (31 décembre
1855, 11 janvier 1861 et 29 décembre
1865), les honneurs de la réélection,
mais le Gouvernement a voulu recon-
naître les services qu'il a rendus dans
l'accomplissement de ce mandat, en lui
(^) Un fait analogue se prodait dans la
Facollé des lettres ; depuis la promulgation
de la loi sur l'enseignement moyen (4850),
rUniversiië de Uëge et celle de Louvam
ont fourni un nombre exceptionnel de doc-
teurs en philosophie et lettres. Tous ne se
destinent pas, d'ailleurs, au professorat :
décernant, par arrêté royal du 31 juil-
let 1866, la Croix de chevalier de l'Or-
dre de Léopold. En vertu d'un arrêté
royal du 7 décembre 1857 (renouvelé
pour la quatrième fois le 14 mars 1867),
il fait partie du Comité d'inspection des
établissements d'aliénés de l'arrondis-
sement de Liège. Depuis le 4 décembre
1854, il est administrateur des bains et
lavoirs publics de S^Léonard, et depuis
le 26 novembre 1865, membre du Con-
seil d'administration des bains et lavoirs
publics d'Outremeuse. Il a pris part aux
travaux de plusieurs Commissions d'en-
quête instituées pour l'application de
la loi du i'"'^ juillet 1858, sur l'assainis-
sement des quartiers insalubres. A six
reprises différentes, de 1859 à 1865,
il a été appelé par la Députation per-
manente du Conseil provincial à se pro-
noncer sur des questions de ce genre,
et il a été chargé , dans ces occasions,
de rédiger plusieurs rapports justifica-
tifs des mesures proposées. Les docu-
ments qu'il a publiés au nom de Tadmi-
nistration des Hospices méritent une
mention spéciale. Nous citerons :
V VHospice de la Maternité , VÉcole
provinciale des sages-femmes et la cli-
nique universitaire des accouchements.
Liège, 1860, in-8o de 100 pages.
Rapport adressé à la Commission des Hos-
pices en mai 1860. C'est un mémoire com-
plet, embrassant à la fois l'histoire , la des-
cription et la statistique des éiablissemcnts
précités. Les conclusions sont formelles :
i<» Il y a Ueu d'adresser des réclamations aux
communes c/omici7e.s de secours , pour le paye-
ment de leurs arriérés ; 2o la province doit
supporter à elle seule les frais de l'Ecole d'ac*
couchements, créée par elle et daasson unique
intérêt ; 3<» Il est juste que l'Etat, à raison
des avantages que l'Université de Liège retire
de l'Hospice de la Maternité, fasse les sacri-
fices nécessaires pour établir auprès de cet
établissement une clinique obstétricale, orga-
nisée sur le pied de celle dont l'tJniversité
de Gand dispose depuis 1852.
2o Hospices civils de la ville de Liège.
près de la moitié entrent en droit, après
avoir subi l'examen de docteur. A Louvain,
on compte parmi les nouveaux docteurs un
certain nombre d'ecclésiastiques : c'est la
pépinière des professeurs des petits sémi-
naires.
871
MAY
812
Rapports représentés par la Commission
administrative au Collège des Bourg-
mestre et Échevins de la ville de Liège,
Liège, iSGSet 1866, resp. 70 et 126
p. in-8*.
Les Rapports de 1863 et do 1866 forment
ensemble un exposé très-dëvcloppé de la
siloation des Hospices de Lt<<ge. « Notre
intention, dit l'organe de la Commission,
V est de fournir au Conseil communal les
> bases d'une discussion large sur l'état
> moral et matériel de l'Administration des
» Hospices, et de la mettre à même d'ezpri-
> mer nettement ses opinions sur nos actes
« et sur les principes qui nous dirigent. >
Ces documents tirent une grande importance
de la circonstance que la Commission n*a
pas hésité à y aborder de front les questions
l^s plus ardues et les plus délicates.
5<^ M. Félix Macors a pris part à la
rédaction du Bulletin communal de Liège
(V. les art. J.-G. Macors etFr. Kupffer-
schlaecer). Il y a pablié, indépendam-
ment de nombreux articles sur la fon-
dation des divers Hospices de Liège,
une histoire du testament du prince-
évéque George-Louis de Berghes, qui
avait légué son immense fortune aux
pauvres de cette ville (v. la Biographie
nationale, t. II, art.G.-L. De Berghes).
4® En qualité de membre-secrétaire
du Comité d'inspection des établisse-
ments d'aliénés de Tarrondissement de
Liège, il a rédigé divers rapports
adressés au ministre de la justice. Plu-
sieurs de ces documents ont été impri-
més à la suite des Rapports annuels de
la Commission permanente d'inspection
des établissements d'aliénés (V. no-
tamment le 7® Rapport, 1862, pages il
à 73).
An» (Jean-Baptiste -Nicolas-
Voltaire), né à Remich (Grand-Duché
de Luxembourg) en mars 1856, subit
l'examen d'élève universitaire à Namur,
en 1854, en quittant l'Athénée d'Ârlon,
où il s'était distingué en obtenant une
mention au Concours général. Il se fit
inscrire à l'Université de Liège la même
année, et en sortit le 1^ août 1861,
muni du diplôme de docteur en méde-
cine, en chirurgie et en accouchements.
Ses premiers examens avaient été bril-
lants ; les trois doctorats furent subis
avec la plus grande distinction. De 1857
ik 1859, M* Masius fut préparateur du
cours de physiologie. Ayant obtenu la
bourse de voyage, il passa l'hiver de
1861-62 et celui de 1862-63 à Paris,
fréquentant surtout le laboratoire de
M. Claude Bernard, professeur au Col-
lège de France, et suivant les leçons de
cet éminent physiologiste. Il consacra
Tété de 1862 à visiter les Universités
allemandes et notamment celle de Wûrz-
bourg, dont la Faculté de médecine est
justement renommée.— Il est chargé à
l'Université de Liège, depuis le mois
d'août 1864, du cours d'anatomie hu-
maine descriptive, et des fonctions de
chef des travaux anatomiques ; par ar-
rêté royal du 14 décembre 1867, il a
été nommé professeur extraordinaire.
— En août 1867, il a présenté à la
section des sciences de l'Académie
royale de Belgique un mémoire intitulé:
Du centre ano-spinal. Ce travail, qui
fait connaître l'existence d'un nouveau
centre dans la moelle èpinière, a mérité
les honneurs de l'Insertion dans le
Bulletin de la compagnie. — Le même
recueil (t. XXV, n« 5, 1868) contient
encore, du même auteur , des Recher-
ches expérimentales sur Vinnervation
des sphincters de Vanus et delà vestie,
MayiiK (Charles-Gustave), né le 8
août 1812 à Essen (alors grand-duché
de Berg, aujourd'hui Prusse rhénane),
où son père était magistrat au Tribunal
de première instance , commença ses
études moyennes au Collée de Wesel
(1822-1826) et les acheva dans sa ville
natale (1 826-29). L'enseignement moven
était, à c^tte époque, généralement libé-
ral et progressif; les tendances qui
avaient déterminé le soulèvement du
peuple allemand contre le despotisme
de Napoléon !•' régnaient dans les
écoles, au grand déplaisir du gouver-
joement prussien qui, après s*ètre appuyé
pendant quelque temps sur les patriotes,
en avait tout d'un coup pris ombrage et,
reculant devant ses engagements, s'é-
tait décidément rangé du côté de la
réaction absolutiste (*). La fermenta-
(') V. Cazalès, Etudes hUtoriques etpo- ris, 1843. in-lâ«.
litiques sur C Allemagne contemporaine, Pa-
873
MAY
^74
tion des esprits était extrême, surtout
dans les Universités , devenues des
foyers très-actifs de propagande. Les
étudiants avaient conçu l'idée de rem-
placer leurs associations particulières
par une association générale (i?»r«cA^-
Bchaft) , qui devait resserrer les liens
de la fraternité nationale et substituer
au patriotisme local un sentiment éner-
gique de l*unité de la patrie allemande
( • ). La Prusse et FAulriche s'effrayè-
rent: elles se crurent en présence d'une
vaste conspiration organisée pour le
renversement de tous les trônes : des
mesures de rigueur furent prises, en
1819, contre les Universités et contre
la presse. Insensiblement les libéraux
laissèrent détourner leur attention des
questions allemandes, s'intéressèrent
plutôt avec une vivecnriosité aux luttes
parlementaires de la France, mais par
là même se remirent à vivre, dans des
conditions toutes nouvelles, sous Tin-
fluence des idées d'une nation dont ils
avaient d'abord voulu rester séparés
par une sorte de cordon sanitaire (').
On rêva la conquête de la liberté uni-
verselle, et en attendant on cessa de
se passionner pour l'unité germanique :
les gouvernements avaient atteint leur
but. Cependant les choses ne se pas-
sèrent point ainsi dans Tenceinte des
Universités, refuges du teutonisme et
des opinions républicaines. On y vou-
lait aussi la liberté, mais on la regar-
dait comme incompatible avec la Cons-
stitntion de la Confédération germa-
nique ; et l'on réclamait, avant tout, le
rétablissement du droit commun. La
police et la censure, les prohibitions de
toute espèce furentimpuissantesàdomp-
ter une jeunesse ardente et pleine de
foi dans l'avenir. Les délibérations des
étudiants se poursuivirent en secret:
mais le feu couva sous la cendre, et le
contre-coup des révolutions de France
et de Belgique, en 4830, se fit sentir
au-delà du Rhin par des soulèvements
partiels, qui provoquèrent de la part
(*) W. Menzel, Histoire dta Allemands,
SlDUgsirt, 1837 , in-8«. — Cazalès, p. 196.
(' ) L'ëtadiant frappé de peioe de la réléga-
lion ne peut ôtre admis aux eoura acadë-
de la Diète des décrets répressifs plus
énergiques que jamais. C'est au moment
où la situation était le plus tendue, à
la veille de la Révolution de juillet, que
BL Maynz se fit inscrire à l'Université
de Bonn (octobre 18â9), fortement im-
prégné de son éducation libérale. Il y
étudia la médecine pendant trois se-
mestres, puis changea d'idée (Pâques
1831) et fréquenta pendant trois autres
semestres les cours de la Faculté de
droit, assistant en même temps à des
leçons de philosophie et d'histoire ,
entre autres à celles de Niebuhr. Il ne
manqua pas de s'affilier à VAlUjemeine
Burschenschttft , association qui, nous
venons de le dire, embrassait les étu-
diants de toutes les Universités. Blora-
liser la vie académique, réunir la jeu-
nesse allemande dans l'idée d'une pa-
trie commune, tel était double le but de la
BurschenscliafX. Lorsque l'effervescence
politique de juillet 1830 se fut propa-
gée à Brunswick, à Cassel, en Saxe et
ailleurs, les solidarités d'étudiants de-
vinrent particulièrement suspectes au
pouvoir fédéral, à un pouvoir devant
qui les constitutionnels eux-mêmes al-
laient tomber en disgrâce aussi bien que
les radicaux. La Burschenschaft futi)0ur-
suivie dans presque tous les pays de la
Confédération germanique. A Bonn, elle
fut mise en accusation par les autorités
académiques au moment où M. Maynz
était président (Sprecher) de l'Associa-
tion de cette Université. En juillet 183i,
huit membres du Comité, parmi lesquels
le président, furent frappés de la peine
de la rélégation ; quatorze autres re-
çurent le iX)nsilium abfundùM.Muynz
se rendit à Berlin au mois d'octobre
suivant ; après dix-huit-mois, il obtint
l'abolition des conséquences légales de
la rélégation ( ' ) , et l'autorisation d'a-
chever ses éludes à l'Université de Ber-
lin et de subir les examens juridiques.
Il suivit à Berlin, dans la Faculté de
droit, les cours de MM. Gans, Rudorff
et de Savigny.
miques ni aux examens ; en conséquence, il
est de fait incapable de remplir ancono fonc-
tion publique et d'exercer aucune profession
libérale.
87S
MAY
876
En septembre 4854, aa moment de
commencer sa carrière pratique, il ap»
prit que, nonobstant les poursuites,
la condamnation et l*aboiltion anté-
rieures , il allait être impliqué dans
une nouvelle instruction criminelle,pour
sa participation à la Burschenschaft de
Bonn. Il résolut de se soustraire à
cette iniquité et réussit, grâce au con-
cours de plusieurs hauts fonction-
naires, à sortir de Prusse. Arrivé le 24
octobre 4854 à Liège, il y subit, dans
le courant du mois suivant, Texamen de
candidat en philosophie et lettres ; les
diplômes de candidat et de docteur en
droit lui furent ensuite délivrés par la
Faculté de Gand, le dernier en mai
1855. Revenu à Liège, M. Maynz prêta
serment en qualité d'avocat près la
Cour d'appel de cette ville an mois de
novembre 1855 et y fit son stage Jus-
qu'au 27 janvier 4857, date de son éta-
blissement dans la capitale du royaume.
A l'exception des premières nomi-
nations faites en 4854 et 4855, les
chaires de l'Université libre de Bru-
xelles, conformément aux art. 50 et 54
des Statuts organiques du 20 octobre
4854, ne s'étaient Jusque là obtenues
qu'à la suite d'un concours. M. Maynz,
le premier, lut dispensé de remplir
cette condition, et nommé d'emblée, en
Juin 4858, professeur extraordinaire à la
Faculté de droit,avec mission de laireles
cours d'tnstltutes et d'histoire du droit
romain (*). L'Université n'était pas enco-
re, à cette époque, solidement assise sur
ses bases : le nouveau professeur acheva
l'année académique 4857-4858 avec un
seul élève, et il n'en eut pas dix au com-
mencement de l'année 4 858-4859. Peu à
peu cependant la situation s'améliora :
dix ans plus tard, la Faculté de droit de
Bruxelles était loin d'avoir quelque
chose à enviera ses sœurs. M. Maynz y
paya largement de sa personne : bien
qu*absorbé parles soins d'une clientèle
considérable (il ne cessa de paraître au
barreau que deux ans avant de quitter
Bruxelles), il consentit à se charger du
cours de Pandectes en septembre 4848,
sans renoncer à ceux dont il était déjà
titulaire, et sut mener de front son
qoadrige Jusqu'en 4857, époque où il
céda Les instilutes à son Jeune collègue
M. Giron. Fidèle aux convictions qui
avaieal amené son exil, il concoaroten
outre très-activement, jusqu'au moment
où un surcroit d'occupations l'éloigna
forcément du domaine de la politique
militante, aux efforts tentés en Bel-
gique, de 4842 à 4848, pour wm et
discipliner le parti libéral. C'est ainsi
qu'il contribua de tout son zèle à l'or-
ganisation du Congrès de 4846, et au
développement des associations pro-
gressistes qui suivirent ce Congrès,
mais disparurent devant la réaction
provoquée par la révolution de 1848.
A partir de là, il s'abstint de toute in-
tervention dans les affaires du pays.
En octobre 4866, le gouvernement
offrit à M. Maynz, dans les conditions
les plus honorables, une chaire de droit
romain à l'Université de Liège. Le pro-
fesseur bruxellois ne crut pas pouvoir
se rendre au désir du ministre : dans les
circonstances particulières où l'on se
trouvait, c'est-à-dire le lendemain de la
rentrée , le départ d'un professeur ,
chargé de cours importants, aurait porté
un grave préjudice à i'Université libre.
M. Maynz remonta donc dans sa chaire;
mais le 20 novembre suivant, il se vit
amené à remettre sa démission entre les
mains du Conseil d'administration de
l'Université. Des démarches nombreu-
ses furent tentées auprès de lui pour le
faire revenir sur cette décision : il per«
sista et la confirma formellement, dans
les derniers jours de février 4867. Le
4'' mai 4857, il fut appelé à l'Université
de Liège pour y enseigner les Pandectes
en remplacement de M. Dupont, devenu
professeur émérite (v. ce nom). Il prêta
serment et fit sa première leçon le 24
octobre, juste trente-trois ans après
son entrée en Belgique. Le même jour,
une dépulation de 42 étudiants en droit
(candidature et premier doctorat) de
l'Université de Bruxelles se rendit à
Liéçe, et un beau vase de bronze fut
remis à M. Maynz, en témoignage de
l'estime et de l'afiedioa des délégués
(*) Il fut promu à l'ordinariat au corn- menGQtnent du9««enieslrede 4844-464S.
877
MAY
878
et de ceax qulls représentaient (').
M. Maynz a été, de i843 à t847, col-
kfooraleur de la première Gazette rhé-
naue {Rheiniscke Zeitung), et de 1852 à
1854, correspondant de la Gazette na-
tionale de Berlin (NatUmalrZettung) ; il
a publié, en outre, des articles juridi-
ques dans la Belgique judiciaire et dans
le Journal du Palais (Jurisprudence
kelge, années 1855 et 1854).
L'ouvrage qui a fondé sa réputation
k rétrang^ comme en Belgique (*), est
un Cours de droit romain, dont le pre-
mier folume parut à Bruxelles, cbezMe-
line, dès 1845. Le tome II vit le jour un
peuplus tard ;rédition fut prompLement
épuisée. En 1856 a paru une seconde
édition, également en deux volumes,
chez Decq à Bruxelles et chez Â. Du-
rand à Paris. Ces deux éditions sont
intitulées: Eléments de droit romain; le
mot Cours a été substitué au mot Elé^
ments dans la troisième, dont les tomes
I et 11 sont sur le point d'être livrés au
public; le tome III, enc^e inédit, est
annoncé comme devant paraître sans
retard.
M. Maynz s*est proposé, dans cet
ouvrage, de donner, d'une part, dans
un ordre systématique, un exposé com-
plet, dogmatique, de la législation ro-
maine, et d'autre part, de retracer le
développement historique des institu-
UoDs juiidiques de l'ancienne Rome.
C'est le premier travail de ce genre qui
ait été pubUé en français. L'ouvrage
de M. Ciraud n'a en vue que l'histoire
externe; celui de M. Ortolan, malgré son
titre : Explicatiott historique des Itisti-
tûtes, est à la vérité dogmatique et his-
torique tout ensemble; mais, bien que
très-complet dans ses dernières édi-
tions, il oe répond pas encore ù Tidéal
qu'on se fait d'un manuel classique (').
( * ) M. Biebuyck , organo des étudiants
bruxellois, prononça en celte circonstance
des paroles louchantes el vivement senties.
M. Aib. Picard , bâtonnier de l'Ordre des
avocats de Bruxelles, et M. Schuerroans,
conseiller b la Cour de Liège , voolurent as-
sister à TovalioD dont lear ancien professeor
était l'objet.
(*) Voir la préface de la 4<' édition des
InsiUutioms jun$ romani priva ti de Waru-
kœnig (Bonn, 1860, in-8o}.
(') L*ouvragede M. Ortolan diflîjre essen-
tiellement de celui de M. Maynz. Le but de ce
dernier est, comme nous venons de le dire,
d'exposer le sujet dans un ordre tt/néma-
tique f rationnel autant que possible , et sur-
tout méthodique^ ce qui présente les avan-
tages suivants : A. Au point de vue de
félude spéciijUe du droit romain, de donner
au Jectenr une idée exacte de l'ensemble delà
législation et de lui montrer le lien qui rat-
tachent les uns aux autres les diverses ins-
titutionsdu droit privé; de faciliter à l'élève
rétade de la matière , en le débarrassant
des difficultés éepure mémoire et en faisant
constamment appel à son intelligence; enfin,
de permettre à tout le monde de s'orienter
|ilus aisëiient dans ce vaste domaine; B. A
n/i point de vue plus générai, d'exercer les
facultés actives de la jeunesse et de l'habi-
tuer à penser et à travailler d'après une mé-
thode sévère el rallosneUe (résultat inap-
préckd>le); de meftCre le leeteio' k même d'ap-
précier le mérite du droit romain, et notam-
ment la logique qui a présidé au développe-
ment des diverses institutions qu'il comporte,
de manière à constiluerjlnalementce système
si digne do l'admiration des siècles, ce monu-
ment grandiose et impérissable dont les imper-
fections de détail, pourtant très-nombreuses,
ne parviennent pas à diminuer la majesté et
la beauté pure (abstraction faite, bien en-
tendu, de cerlaines monstruosités fonda-
mentales telles que l'esclavage, lesquelles,
au reste, ne conslUuenl que des excrois-
sances que l'on pourrait retrancher sans
faire du tort à l'ensemble). Sous ce rapport,
Tétude du droit romain, telle que M. Maynz
la conçoit, peut être considérée comme une
espèce de Philosophie du droit et comme une
introduction à un Cours de législation, —
Tous ces avantages font défaut dans la mé-
thode employée par M. Orlolan et suivie
dans toutes les Facultés françaises, ainsi
que dans les ouvrages élémentaires publiés
par des professeurs français, qui se sont
obstinés â suivre l'ordre anti- méthodique de
Juslinien. De là : Â. il» point de vue de l'é-
tude tpéeiaie du droit romain, un désordre
inoai dans l'exposé, non pas de rensomble,
mais des diverses règles dont se compose
la législation, et par suite difficulté extrême
d'en faire bien saisir et comprendre l'esprit
général. Pour nous servir dun root de Wie
tand, les lecteurs se heu den Wald vor lau-
ter Bàumen nicht, c'est-à-dire que « la mul-
» tiplicité et hi variété des arbres les em-
» pèchent de voir \9 forêt. » Même difllcuilé
de retanir; D^fin^qufisi-im possibilité de trouv
ver ce que Lan chorçhe dans nn cas donné ;
879
MOR
880
D'autre part, les traités classiques
écrits en latin, tels que les Commenta-
rit de Warnkœnig(v. ce nom) et les Ht-
storiœjuris romani lineamenta, de Hoi-
tius, n'atteignent k leur tour qu'im-
parfaitement le but , Tun négligeant
riilstoîre, l'autre s'en ocxnipant unique-
ment. La science du droit romain est
arrivée, dans notre siècle, au plus haut
degré de perfection ; il suffit de citer
les noms des Savigny, des Niebuhr,
des Hugo ; mais renseignement de cette
science a longtemps attendu sa syn-
thèse professionnelle, pour nous servir
de l'expression de M. E. de Molinari ( ' ).
Le Irailé de Mûhlenbnich (*) est peu
sympathique à notre jeunesse, qui le
trouve trop aride. Aux habitudes sé-
vères de l'érudition et de la critique
allemande, il fallait associer des allures
plus vives, un ton plus persuasif, et en
un mot cette simplicité, cette lucidité
frappante qui caractérisent les écrivains
français. M. Maynz s'est efforcé d'ob-
server toutes ces conditions dans le
choix de sa méthode. Il dégage d'abord
Vidée rationnelle dont la législation ro-
maine est une manifestation plus ou
moins fidèle; il passe ensuite de la
philosophie à Thistoire, nous fait as-
sister en quelque sorte à l'épanouisse-
ment gradue] des institutions, et nous
montre comment les Romains , sans se
rendre toujours compte des raisons ju-
ridiques auxquelles ils obéissent, mais
se laissant guider par leur bon sens
pratique, arrivent presque toujours à
des conclusions justes ; enfin il aborde
la critique des lois, s'attachant à res-
taurer dans toute son intégrité la doc-
trine des jurisconsultes romains, et
prenant pour pierre de touche l'idée
fondamentale qu'il a commencé par dé-
gager. Dans l'introduction historique,
l'auteur suit les destinées du droit ro-
main même après la chute de l'empire,
tant en Orient qu'en Occident; abor-
dant les matières spéciales, il prend
également soin de noter, autant qoe
son sujet le comporte, les diverses in-
fluences qui ont contribué, avec le
temps, à la transformation des lois ;
l'exposé de la série de ces transforma-
tions successives prend ainsi le carac-
tère d'une explication génétique. Dans
l'étude des droits réels, par exemple,on
voit comment, grâce à l'autorité des
préteurs, lejns civile, d'abord exclusif
et formaliste, se perfectionna, au furet
à mesure que le territoire s'agrandit,
en s'appropriant les principes du droit
des nations (jus gentium). Quant à la
partie critique du Cours, on doit signa-
ler (t. Il) une vive censure de la loi
française qui déclare nulle la vente de
la chose d'autrui; une théorie neuve
des dommages et intérêts, de l'^rr^r
et des arrhes^ une explication claire
de la Htterarum obligatio, de nouvelles
données sur les contrats innommés,
etc. ('). L'ouvrage de M. Maynz,
approprié aux besoins de l'enseigne-
ment en même temps qu'il peut être
consulté avec fruit par les savants et
par les législateurs eux-mêmes, a ob-
tenu dans les pays étrangers, notam-
ment dans le midi de l'Europe et au
Brésil, un succès considérable. Plo-
sieurs Universités l'ont adopté; mais
cette circonstance même a eu pour
effet de le rendre assez rare , et il est
grand temps que la troisième édition
voie le jour (*).
Morfen (ChAHLES-JACQ.-ÉdOUAIU)),
fils de Charles (v. l'art. €h. Morben),
né à Gand le 2 décembre 1833, a été
élevé à Liège, où la réorganisation uni-
versitaire de 1835 amena son père. Dès
sa plus tendre enfance, il prit goût aux
sciences naturelles, dont il entendait
B. A un point de vue plus général, mauvaises
habitudes d'étudier, et finalement absence
complète d'utilité quanta la philosophie et à
la raison des lois. — A part ces désavantages
inhérents à la méthode, hfttons-nous d'ajou-
ter que l'onvrago de M. Ortolan, dans ses
deux dernières éditions au moins, se recom-
mande par de très-grands mérites.
( « ) Revue trimestrielle, t. XXVIU, p. 384.
— Y. aussi, sur le livre de M. Mayoz, le t.
XIII du' même recueil, p. 359 et suiv.
( * ) Doctrina Pandectarum,
( * ) E. de Holinari, art, cité.
(M V. la Belgique judiciaire au S3 mai
1858, etc.'
881
MOR
882
parler tous les jours. Cb. Morren venait
lui-même le prendre tous les jours à
récole Lenoir et Malchair, et Ton re-
montait la colline Boul-li-cau, en com-
pagnie de H. Clément Cbapuis, alors
étudiant, en devisant de plus belle. Au
Collège St-Servais, il fit ses huma-
nités, mais trouva aussi le temps de
former des collections de papillons et
d'insectes de toute sorte, et de s'occu-
per de peinture. Il y gagna l'esprit
d'ordre et de méthode; le dessin déve-
loppa en lui l'esprit d'observation ; les
mathématiques et le jeu d'échecs lui
apprirent la logique ; il connut enfin le
prix du seif-help. Le 17 janvier 1849, il
se fit inscrire à la Faculté de philosophie
de l'Université, avant d'avoir achevé sa
rhétorique: il croyait, à tort, que cette
inscription le dispenserait de l'examen
d'élève universitaire. Le 51 octobre, il
entra décidément à l'Université, muni
du diplôme de rigueur. Quand il fut
candidat en philosophie (15 avril 1851),
son père Teuvoya en droit, songeant à
le lancer plus tard dans la carrière po-
litique. Il rédigeait le matin ses cahiers
dlnstitutes, mais l'après-midi il courait
au bois : Ch. Morren dut consentir à
laisser son fils suivre ses propres tra-
ces. Le droit fut donc abandonné pour
les sciences naturelles (octobre 1851).
Un jour le jeune étudiant apprend que
l'Académie royate de Belgique vient de
mettre au concours une question sur
la coloration des végétaux: travaillez !
lui dit son père. 11 travailla un an, tout
seul, et il vainquit. Ce fut des mains
paternelles qu'il reçut, en séance solen-
nelle, la médaille de vermeil (16 dé-
cembre 1852). Ce premier succès dou-
bla son ardeur; il suivit Dumont dans
ses courses géologiques, MM. de Ko-
ninck , Cbandelon et Is. Kupflerschlae-
ger dans leurs laboratoires, composa
des herbiers de la flore rurale, etc., et
subit avec grande distinction l'examen
de candidat. Il assista pendant cinq
ou six ans aux leçons de son père, s'i-
nitia en même temps à la géologie et à
l'astronomie , disséqua des animaux et
apprit à travailler au microscope. En
1854-1855, il se fit inscrire à la candida-
ture en médecine. La santé deCh. Mor-
ren était déjà ébranlée : il pressentait un
malheur... le jeune homme avait 21 ans
(fév. 1855) et n'était pas encore docteur
lorsque la catastrophe éclata. 11 fallut
changer de plan, s'installer dans le
bureau du malade, se charger tout à la
fois de son enseignement, de ses publi-
cations, de ses affaires. M. Ed. Morren
suffit à toiU et reçut de MM. Quetelet,
de Selys, Kickx, Martens, d'Oroalius et
Gachard (devenu plus tard son oncle) les
plus honorables encouragements. Dès le
8 mars, il avait été autorisé par M. Pier-
cot, alors ministre de l'intérieur, à
monter dans la chaire de Ch. Morren :
ses anciens condisciples lui firent une
cordiale ovation quand il y parut. Le
7 avril suivant, le jury le proclama doc-
teur en sciences naturelles (avec grande
dislinction : examen approfondi sur la
botanique et la chimie organique). Un
créditlui fut alloué pour faire un voyage
scientifique en France et en Allemagne ;
il alla visiter l'Exposition universelle et
les jardins botaniques : Brongniart ,
Decaisne, Godron, Fée, Treviranus
l'accueillirent avec sym|)athie. Son au-
torisation d'enseigner fut renouvelée
d'année en année ; mais on lui imposa,
comme condition d'une nomination dé-
finitive, l'obligation de subir l'examen
de docteur spécial. Il n'hésita pas : le
8 mai 1858, la condition se trouva rem-
plie. Il crut devoir se présenter devant
l'Université de Gand. Sa dissertation
traite des feuilles vertes et colorées ;
pour texte de sa leçon publique, il choi-
sit la j^/an/e, considérée au point de vue
physiologique (*). Ch. Morren fut dé-
claré émérite le 1 1 octobre suivant ; le
nom de son fils figura dès lors au pro-
gramme des cours; mais la nomination
de M. Ed. Morren se fit attendre jusqu'au
51 déc. 1861.11 fut et est resté chargé
du cours de botanique. En 1862-65 et
en 1865-64, il a fait (dans la Salle aca-
démique) un cours public de physiologie
végétale dans ses rapports avec la cul-
ture; il a également donné, en 1864, des
leçons hebdomadaires sur la floraison
(*) V. le Journal de Gand du 10 nai 1858.
883
MOR
884
et la fructification des végétaux. Il a
joint à son cours académique des dé*
monstraUons d*anatomie et de physio-
iogievégétale au microscope.et organisé
des excursions sur divers points du
pays, pour étudier la flore ruale. Il a cxin-
sacré tous ses soins à la création d'un
Musée de botanique ; comme les autres
grands centres d'instruction, Liège doit
avoir, selon lui , ses galeries de bota-
nique. Les tendances de M. Ed. Morren
sont pratiques en même temps que scien-
tifiques: soit qu*il enseigne, soit qu'il
s'occupe d'enrichir et de développer le
Jardin botanique de la rue Louvrex, il
s'intéresse aux questions horticoles, à
l'acclimatation des végétaux , à l'in-
fluence de la lumière et des circon-
slances de toute espèce sur les variations
des plantes ; d'autre part, il aborde
ces curieuses questions au point de vue
théorique , et s'élève à l'occasion aux
hauteurs de la philosophie de la science.
Il a beaucoup voyagé dans ces dernières
années et assisté k nombre de Congrès ;
îl a fait partie du jury de plusieurs
grandes Expositions, et acquis ainsi une
expérience précoce. Il a été le pro^
moteur et le secrétaire-général de l'Ex-
position organisée à Liège, en 4^56
(24-51 août), par les Sociétés d'horti-
culture de cette ville (réunies), k l'occa-
sion du ^'anniversaire de l'inaugu-
ration de Léopold 1'^ ; ii a contribué
énergiquement à l'établissement de la
Fédération des Sociétég horticoles de la
Belgique , dont il est également secré-
taire-général depuis le 5 mai 18f»9,
date de la fondation de cette institu-
tion (*), Secrétaire -fondateur de la
Société royale d'horticulture de Liège,
membre fondateur de la Société royale
de Botanique de Belgique , secrétaire-
général du Congrès international de
pomologie à Namur (1862), ancien se-
crétaire-général et l'un des fondateurs
de la Société royale d'acclimatation
de Liège , membre du jury de l'Expo-
sition universelle d'horticulture à Bru-
xelles (24 avril 4864) et secrétaire-
générai du Congrès international tenu
k cette occasion (*); délégué da gou-
vernement auprès du même Congrès ,
tenu l'année suivante k Amsterdam,
président de la X' classe du jury;
vice-président du Congrès et secré-
taire de la section de botanique ; dé-
légué id. k l'Exposition internationale de
Cologne (i8G5); au Congrès des bota-
nistes et k l'Exposition d'Erfurt (id.);
au Congrès des botanistes à Loadres
(mai 4866), et nommé vice-présideot
honoraire ; membre -secrétaire de la
Commission belge pour l'Exposition
universelle d'horticulture à Paris(4 867),
ensuite membre suppléant du JU17, rap-
porteur-général du 9« groupe (horticol-
ture), par suite collaborateur du grand
Rapport rédigé sous la direction de M.
Michel Chevalier (88* classe : plantes
de serres) , et délégué officiellenient
pour réunir à l'Exposition universelle
des collections destinées aux Musées
de Belgique (^); indépmidamment de
toutes ces fonctions, publiciste adif
comme son père, M. EUl. Morren peut
hardiment accepter la devise : nuniiwm
oiiosus^qui lui est attribuée par lettres-
patentes de l'Acad. Léop. Car. des Cu-
rieux de la nature. Indépendamment
des Sociétés prémentionnées, il fait
partie, k titre de membre honoraire,
titulaire ou correspondant, des compa-
gnies suivantes {*) : Cercle pratique
d'horticulture et de botanique du Ha-
vre ; Soc. royale d'horlicullure de Na-
mur ; Conférences horticoles de Liège
(du Conseil d'administration); Soc.
d'horticulture de Florence; Soc. d'hor-
ticulture de Prusse (à Berlin); Soc.
botanique de France ; Soc. des se. na-
turelles de Strasbourg; Soc. d'bortic.
et d'arboriculture d'Autun ; Soc. fla-
mande de botanique, à Anvers; Soi*.
(M Sept vol. des Buileiius ont paru jus-
qu'ici par SCS soins ; deux Congrès înterna-
tionaux ont éié tenus.
(') Ce Congrès a tenu annuellement une
session depuis lors, dans différentes capi-
tales; en 4865, à Amsterdam; en 4866, à
Londres^ en 4867, à Paris.
(') M. Ed. Morren est en outre délégué
pour faire parlio de la Commission belge de
i'e^^position horticole internationale qui vieot
de s'ouvrir à Saint-Pëtersbocrrg (de i860).
( * ) Nous citons les diplômes par ordre de
dates (1856-1867).
S8ë
MOR
886
iiO|). d^borticttHure de St-Pétersbourg ;
Soc. industrielte d'Angers; Soc. royale
de Flore, à Çruxelles ; Soc. d'horiic.
du litloral, à Trieste ; Id. d'agric. et
dliortic. de Tournai ; id. id. de Yer-
viers ; Soc. d'Emulation de Liège (se-
crélaire du corailé d'agric.) ; Soc. royale
des sciences de Liège ; Académie royale
de Belgique (classe des sciences) ; Soc.
for Nargesveï, à Christiania; Soc. d'hor-
lic. de Londres; id. d'Erfurt; Soc. des
sciences, des ^vt» et des lettres du
lUûoaut ; Soc. phytolofrique d'Anvers ;
Soc. agricole de Gorizia (Illyne) ;
Soc. Linnéenne de Bordeaux; Soc. L et
R, d*hortic. de Vienne.— M. E. Morren
est chevalier de FOrdre royal d*f sabelle-
la-Calholique (6 août 1862); de FOrdre
da Lion Néerlandais (21 mai 1865) ; de
rOrdre royal du Christ de Pornigal
(11 nov. 1865), et de TOrdre impérial
de la Légion d'honneur U janvier
1868) (').
PtBLICATIONS.
1^ (En collaboration avec Ch. Mor-
ren) : Notious élémentaires des sciences
naturelles, 3* partie. Mûiêralogie. Liè-
ge, 1852, in-^8^
îf* Promenade botanique à VExposi-
twn univ. de 1855. Gand, 1856, in-8\
Extr. du Journal d'agriculture pratique
de Belgique, t. YIH et W.
3» Rapport sur le contingent bota-
nique à TExpos. univ. de Paris, adres-
sé au ministre de Tlntérieur, etc. (Ann.
des Univ. de Belgique, iS^^-bl, 5*' par-
tie, p. 144-203).
4° Notice sur la vie et les travaux de
JeanKickx, Gand, 1857, in-S"* (avec
portrait).
5^ Journal d'agriculture pratique du
royaume de Belgique, Gand, in-8<» (Les
deox derniers volumes, 1857 et 1858).
6'' Collaboration à la Feuille du Cul-
tivateur (avec M. P. Joigneaux). 1857 et
1858.
T* Description d'une nouvelle espèce
é^Oncidium (0. Limminghei) introduite
dans les serres du jardin botanique de
runiversité de Liège. Gaud, 1857,
in-8°.
8"^ Notice sur le Veofortfm elegans
R. Br., à l'occasion de sa floraison au
jardin bot. de Liège pendant l'automne
de 1857. Bruxelles, in-8°.
9^ Quelques considérations sur les
organes des plantes, la digénèse végétale
et les variétés horticoles. Gand, 1857,
in-8o.
10^ Dissertation (inaugurale) ««r /(^j;
feuilles vertes et colorées. Gand, 1858,
un vol. in-8** (avec pi ).
il® Notice sur les changements de
couleur des feuilles. Gand, 1858, in-S"".
12^ Diss. sur les feuilks vertes et
colorées, envisagées spécialement au
point de vue des rapports de la chlo-
rophylle et de Terythrophylle. Gand,
1858, un vol. in-8o avec planches.
13<^ Notice sur Robert Br^nvn, Gand,
1858, in-8" favec portrait).
U*" Notice sur A.-G. GaleotU. Ibid.,
1858, in-8V
15^ Documents pour servir à la bio^
graphie de Ch. Morren. Ib. 1859,in-8o.
16» Notice sur Alex, de Humboldt.
Ibid. (avec portrait).
17" Charles Morren, sa vîc et ses
œuvres. Bruxelles, in-12",avec portrait
(Extr. de VAnnuaire de VAcad. royale
de Belgique). — "i'éôïiïoïi. Gand, 1860,
in-8* (avec portrait).
18<' Floralies de Liège, 28, 50 ocl.
1860 (Annuaire de la Société d'Emulat.
de Liège, 18G1, in-12'?).
19° Météorologie de 1859 etd^ 1860,
dans ses rapports avec Thorticulture.
Gand, 1861, in-8^
20*" Description et iconographie du
Lamprococcus Weilbachii. Gand, 1861,
in-8°, avec planches.
21*» Les arbres. Etudes sur leur struc-
ture et leur végétation, par le docteur
Schacht* irad. de Tallemand par Ed.
Morren. Bruxelles, 1862, un vol. in-8".
— 2* édition (avec planches). Brux.,
1864, in-8\
(' ) Il a reçu direclemeot celle dernière janvier, aux Tuileries.
déeovation des mains de rEmpepeiir, le 5
887
MOR
888
22" Projet de créer un Jardin ffac-
cUtnatation et (Tarpérimentation des
plantes et d'animaux utiles au parc de
la BoYerie, à IJége (Documents, sta-
tuts, plans, etc.). Liège, 1805, în-8''.
23« Bulletin du Congrès internatio-
tial de pomologie à Namur, le 28 sept.
1862 et jours suiv. Gand 18G5, un vol.
in-8^
24** La lumière et la végétation (con-
férence). Gand, 1865, in-8«).
25° Souvenirs d'Allemagne (août et
septembre 1864). Gand, 1865, in-8^
26« Remacle Fusch, sa vie et ses
œuvres (Discours). Bruxelles, 1864,
in-12o (Extr. du Bulletin de VAcad,
roy, de Belgique).
27o Rapport concernant une notice
de J.-J. KIckx sur les Ascidies térato-
logiques (fd. Ibid.).
28« Bulletin du Congrès internatio-
nal d'horticulture tenu à Bruxelles du
24 au 26 avril 1864. Gand, 1864, un vol.
in-8°.
29* Détermination du nombre des
stomates. Brux. 1864, in-8o (Extr. du
Bulletin de T Académie).
50"* Panachure et duplication. Am-
sterdam, 1865, in-8'' (Bulktin du Con-
grès de botanique).
51° U.-M. Gaede , sa vie et ses
œuvres. Gand, 1865, in-8'» (avec port.).
52° Le Congrès et V Exposition uni-
verselle d'Amsterdam (7-12 avril 1865).
Gand, 1865, in-8°.
55° L'enseignement de la botanique
en Allemagne. Gand, 1865, in-8°.
34° (Anonyme). La question univer-
sitaire. Gand, 1865, in-8°.
35° Hérédité de la panachure- Brux.,
1865, in-8° (Bulletin de V Académie).
36° Etienne Dossin, botaniste lié-
geois. Gand, 1865, in-8».
57° L'acclimatation des plantes. Ibid*
38° Chorise du Gloxinia specidia pé-
lorié. Bmxelles 1865, in-8°. (Bulletin
de VAcad.).
59^ Pierre Caudenberg, sa vie et ses
œuvres. Gand, 1866, in-8°(avec port.).
40* Recherches expérimentales pour
déterminer Vinlluence de certains gaz
industriels, spécialement du gaz adde
sulfureux, sur la végétation. Londres,
1866, in-8°, avec pi. (dans le Report
ofthebolanicalcongress.Lonùves,\%^).
41° Culture des /leurs en apparte-
ment (conférence donnée à la Sociéié
d'Emulation de Liège, le 12 mars 1866).
Gand, 1866, in-8o.
42" La duplication des /leurs et la
panachure du feuillage. Gand, 18G7,
in-8'>.
45° Plan des serres et des construc-
tions du jardin botanique de l^ Université
de Liège. Gand, 1867, un feuillet in-8«.
44^ L'origine des variétés sous /ïii-
/tuence du climat arti/iciel de^ jardins;
fragments de philosophie horticole.
Genève, 1867, in-8° (Dans les Archives
des Sciences physiques, juin 1867).
45° La Belgique horticole^ revue de
botanique et d'horticulture (chaque an-
née un vol. in-8°, avec pi, coloriées et
portrait). Gand. Annoot-Braeckman,
1855-1867, 13 vol. in-8o.
La collection complète forme 17 volumes.
— il a paru deux volumes d'une traduction
espagnole de ce recueil, sous le titre : La
Espana orticola. -^ La Société impériale
d'horticulture de France (à Paris) a décerné
une médaille d'or à la Belgique horticole, en
juin 1856.
46° F/om/ie« de iVamtfr(Dix rapports
annuels). Namur, 1855-1866, in-8°.
47° Chiix de graines récollées nu
Jardin botaniq.de V Université de Liège,
catalogue annuel, in-8° (depuis 1855}.
48° Revue générale de Vétat et des
progrès de l'horticulture belge^ Gand,
in-8o, (Public, annuelle, depuis 1859).
49° Bulletin de la Fédération des
Soc. d'horticulture de Belgique. Gand,
1860-1868, huit vol. in-8°.
50° Bulletin de la Société royale d'hort,
de Liège. Liège, 1860-1867, in-8° (celle
publication compte jusqu'à présent 5
volumes).
51° Plantes de serres. Paris, Paid
Dupont, li>67, ln-8°.
Fait partie de la collection des Rapport»
889
NAM
890
du jury iniemational de l'Exposition univer-
selle de Paris, pabliés soas ta direction de
M. Michel Chevalier.
52« Flore exotique qu'il convient de
cultiver dans les serres d'un jardin bo-
tanique, par M. Adalbert Schnizlein,
directenr du Jardin botanique d*Er-
langen. Edition française, publiée par
M. Ed. Morren. Gand, 1867, in-8.
Extr. du Bulietin de la Fédération^ etc.
(no 49), vol. de i866, p. 333 et suiv.
55<» Auguste Roger^ sa vie et ses
œuvres. Gand, 1867, in-8<» (avec port).
£xtr. du même Bull., vol. de i867, p. i07
et suiv.
54<^ Seconde notice sur la duplication
des fleurs et la panachure du feuillage,
à propos du Camellia japonica L. var.
François Wiot. Gand, 4868, in-S» avec
une pi.
^'^ Marie^Anne Libert, deMalmedy,
sa vie et ses œuvres. Gand, 1868, in-8,
(avec portrait).
Extr. de la Belgique horUeoki p. V, 4868.
Wamar (PaRFAIT-JosEPH), ]g[ , né à
Thuin le Sa février 1815 , a fait sespre-
Bières études au Collège de cette ville,
établissement dès lors très-fréquenté et
jouissant d*un certain renom. ~- Il prit
ses inscriptions en 1835 à rUniversité
de Bruxelles, et y suivit pendant trois
ans les cours de pbilosopbie (sous M.
Ihrens) et de droit. Il fut reçu docteur
eu droit par le Jury central (septembre
1838), avec la plus grande distinction^
ce qui le rendit titulaire d une bourse
de voyage. Il en proflta pour aller com-
pléter ses études en France et en Alle-
magne. De retour en Belgique, il adres-
sa an gouvernement, sur renseignement
du droit à Paris et à Heidelberff, un
Bapport qui fiit inséré, sur Favis favo-
rable de la Faculté de droit de Liège,
dans les Annales des Universités de
Belgique (t. II). Il publia ensuite une
dissertation en forme de thèse (v. ci-
après) pour obtenir le grade de docteur
agrégé à TUniversité de Bruxelles. Ce
grade lui fut conféré en Juillet 1842,
après une épreuve publique qu'il subit
également avec la plus grande tfuftnc-
tion. Sa carrière était désormais tra-
cée. Dès le mois d*octobre suivant, il
débuta dans renseignement académique
en ouvrant à Bruxelles un cours de
droit civil élémentaire, auquel ne tarda
pas à être acfjoint un cours de droit
naturel. Un arrêté royal du 2â octobre
1849 enleva M. Namar à renseigne-
ment libre. Il fut nommé professeur
extraordinaire à la Faculté de droit de
Liège, chargé d'exposer les principes
généraux du Code civH, et de faire,
pour les élèves du doctorat, une par-
tie du cours de droit civil approfondi.
Le 4 octobre 1850, il passa à TUniver-
sité de Gand en qualité de professeur
ordinaire, titulaire des cours d'Insli-
tutes et d'histoire du droit romain.
Lorsque M. Brasseur (jeune) quitta
rUniversité flamande en mai 1855, H.
Namur fut chargé d'un troisième cours:
procédure civile, organisation et attri-
butions judiciaires. Enfln, le 7 février
1867, un arrêté royal le rappela â
Liège pour y remplacer feu le profes-
seur Fr. Kupfferschlaeger, c'est-â-dire
pour y ensei^er les Institutes et l'his-
toire du droit romain, ainsi que l'en-
cyclopédie du droit. — M. Namur est
cbevalier de l'Ordre de Lèopold depuis
le 15 décembre 1858; le § 5 de l'art. 9
de la loi organique de 1849 sur l'ensei-
gnement supérieur lui a en outre été
appliqué (26 mars 1866) â titre de ré-
compense. — M. Namur a publié :
1« Rapport au gouvernement sur ren-
seignement du droit à la Faculté de
Paris et à rUniversité de Ueidelberg,
Brux., LesIgne, 1845, in-8o. — M. Na-
mur commence par analyser sommaire-
ment les cours de MM. Valette, De-
mante, Bupet et Duranton. 11 regrette
qu'on semble n*attacher aucune impor-
tance, à Paris, à suivre un ordre sys-
tématique dans l'exposé des principes.
L'enseignement du droit civil y est, à
son sens , trop exclusivement exégétl-
que et utilitaire. Le cours de droit cri-
minel de M. Ortolan, tout savant et
ingénieux qu'il est, laisse à désirer
sous le rapport de l'ordre et de la mé-
tbode. 11 en est autrement de M. Rossi
(professeur de droit public), qui sait
ramener tout à une idée fondamentale
(la capacité doit être la mesure des
droits politiques). — En Allemagne,
891
NYP
893
Tensemble des matières enseignées est
plus complet; les leçons se distingaent
plus particulièrement par leur méthode
et leur solidité. M. Namur s*est sur-
tout attaché à MM. Zacharise, Mitter-
maier, Vangerow, Zôpfl et Rœder. Il
préfère la théorie de ce dernier (en
matière de droit pénal) à celle de &i.
Mittermaier. La peine, selon M. Rœder
(partisan des idéesde Krause), ne peut
essentiellement consister dans un mal;
le christianisme et la raison désa-
vouent la doctrine d*après laquelle il
serait permis d'user de représailles,
de commettre une injustice nouvelle
pour en réparer une autre. L*ouvrage
de M. Mittermaier sur l'instruction
criminelle est, en revanche, sans rival
en son genre. M Namur combat le po-
sitivisme des étudiants, qui ne songent
qu'à leurs examens. H insiste sur la
nécessité de relier plus étroitement
renseignement du droit à celui de la
philosophie, et finit par formuler son
idéal d*un bon covrs,
2o Dissertation en forme de thèse
sur la question suivante : Jusqu'à quel
point riiénlier véritable est-il obligé,
soit d'après les principes du droit ro*
main, soit diaprés ceux du droit civil
moderne, de respecter les actes faits par
riiéntier putatif ou apparent avec des
tiers de bonne foi? (Uevue des re\'u<-s
du droit, 1842).
5*» Cours dlnstitutes et dlnstoire du
droit romain, Gand, 4865-84, 3 vol.
in-S**. — S'adressant aux élèves qui se
préparent à l'examen de candidat en
droit, M. Namur s'est efforcé, dans cet
ouvrage, de prendre le milieu entre les
manuels allemands, généralement un
peu secs, et les ouvrages français, pé-
chant d'habitude par trop de prolixité ;
avant tout il a voulu être clair, au
risque de paraître quelquefois familier
(v. sa préface).
4® Cours de droit commercial, conte-
nant l'exposé des principes généraux ;
la discussion des controverses, avec
renvoi à la doctrine et à la jurispru-
dence, et rexplication des lois belges
qui ont modifié le Code de commerce
français. Gand, 1865-66, 2 vol in-S^",
— Ce livre est destiné non seulement
aux étudiants, mais encore aux commer-
çants et à toutes les personnçsquls'oc-
cupentde la pratique du droit, aux avo-
cats comme aux magistrats. Dans l'ex-
posé des controverses, l'auteur a mis
un soin particulier à indiquer, sur cha-
que question, les arrêts rendus par des
Cours belges, afin de combler uie
lacune qui n'est que trop fréquente
dans les ouvrages français.
5^ Conseils aux pécheurs à la ligne
(Trois articles publiés sous le voile de
Tanonyme, en juin 1866, dans le Jour-
nal deCharleroi). — C'est une critique
humoristique de la législation en li-
gueur concernant la pêche fluviale.
IVypel* (JeAN-SeRVAIS-GuILLAIHE),
0. ^ , est né à Maestricht le 14 mes-
sidor an XI (5 juillet 1805). Il entra au
Collège de cette ville dès 1811; mais
le goût de l'étude ne s'empara un peu
sérieusement de son esprit que quand
il fut en troisième. Â ce moment même
il eut le malheur de perdre son père,
et ce ne fut pas seulement pour la fa-
mille une perte cruelle, ce fut pour le
jeune Guillaume une rude épreuve à
subir. M«« V« Nypels se voyait à la tête
d'une famille de six enfants dont celui-ci
était i'ainé, et dans robligatlon de foire
honneur à une livrance considérable de
fournitures aux armées françaises, ad-
jugée au défunt quelques semaines
avant sa mort. 11 fallait dire adieu au
Collège, travailler d'arrache-pied, dres-
ser des comptes, avoir l'œil à tout. La
courageuse mère donnait l'exemple et
passait, avec son grand garçon de onze
ans, les nuits à écrire. Cela dura tout un
an ; la barque atteignit le port, et quel-
ques mois plus tard, un nouveau pension-
naire entra dans rinstitulion Coquilhat,
à Bruxelles. L'excellent directeur de
cette maison sut gagner la confiance
de son élève et lui inspirer un beau
zèle. Ce fut là que Ch. Froment, esprit
littéraire très-distineué, initia M. Ny-
pels à la littérature française du XYll''
siècle. La vie de Froment, on le sait, res-
semblait fort à ce qu'on appellerait au-
jourd'hui une vie de bohème; mais son
enseignement était remarquable et lais-
8d3
NYP
8d4
sait des traees profondes. Aussi M. Ny-
pels arriva-t-îl fort bien préparé au seuil
de la rhéloriqne de TAthénée de Bru-
xelles,où il acheva ses hamanités sous un
autre maitre éniinent, Pii. Lesbrous-
sart, son futur collègue. Il prit dès
cette époque non seulement le goût de
Tétude, mais le goût des livres, qui lui
coûta cher plus tard, et qui néanmoins
lui devint foK utile, comme on va s*en
assurer.
Rentré à Maestricht, il fut installé
dans rétude d'un notaire. Que d'illu-
sions déçues! QuMIs étalent loin, Ho-
mère, Virgile et Racine ! A tout prendre,
M. Nypels apprit là beaucoup de choses
judiciaires qu'il se félicita de connaître
quand il fut à TUniversité. Il faisait de
la musique pour se distraire et se met-
tait au courant de la méthode Jacotot,
dont un ancien maître de la pension
Coquilhat lui avait parlé avec en-
thousiasme. Il obtint enfin de sa mère
d'aller à Louvain, où enseignait le fon-
dateur. Nouvelle déception ! Le néo-
phyte reconnut cependant que la mé-
thode pouvait être avantageusement
appliquée à l'étude des langues ; et en
effet , au bout de quelques mois , il se
trouva d*uneassez jolie force en anglais,
lise fit alors inscrire dans la Faculté
des lettres, entendit Bekker (v, ce nom)
commenter Homère et Térence, et s'at-
tacha au cours d'histoire de Dumbeck,
qui lui dévoilait font un nouveau monde
d'idées. L'enseignement de Reiffenberg
(v. ce nom) ne lui plut pas ; il essaya
d'étudier la philosophie par lui-même.
Sans guide et n'ayant aucune idée de
Thistoirodeh science, il se jeta sur les
Éléments d'idéologie de Destutt Tracy et
sur le systhne de la nature du baron
d'Holbach, qu'il avait trouvés chez un
bouquiniste. Le premier le sédui<%it;
il en fut tout autrement du second*
Sa raison lui dit plus tard qu'il était
entré dans une détestable voie. En
tous cas il fut reçu candidat, au bout de
Tannée, egregià cum lande. Après bien
des tergiversations, sur le conseil de
quelques amis de sa famille, il prit enfin
le parti de renoncer à poursuivre Té-
tude des lettres, qui lui semblait pour-
tant répondre à sa vocation; il s'enrôla
donc parmi les jurisconsultes, et nous
ne |)ensons pas qu'il ait jamais eu à se
repentir de cette détermination. 11 fit
de bonnes et solides études juridiques,
surtout en droit romain et en droit
criminel, soutint sa thèse le 16 juillet
18â8 (Disserlatio historico-juridica de
delictis recidivis) et fut proclamé doc-
teur summû cum laude (*). Au mois
d'août suivant, bien décidé à suivre la
carrière du barreau, il revint s'installer
dans sa ville natale.
L'opposition contre le Gouvernement
était devenue plus redoutable que ja-
roais,depuis que les catholiques et les
libéraua: avaient scellé leur fameuse
union, dont Fr. Claes, ami intime de
Nypels, avait été l'un des plus zélés pro-
pagateurs. Ils firent ensemble, dans ce
but, un voyage à Liège, où ils virent
successivement P. Kersten, du Cour-
rier de la Meuse, Lebeau et M. Rogier,
du Mathieu Laensberg. De son côté,
M. Jaminé venait de créera Maestricht,
avec Weustenraad, un nouvel organe
de l'opposition. Lié d'amitié avec les
deux fondateurs, M. Nypels se joignit
à eux ; cependant il ne prit qu'une part
relativement modeste k la rédaction de
VEclaireur. Mais son attitude était
assez dessinée pour le rendre suspect
lorsque, le lendemain de la Révolution,
Maestricht fut mis en état de siège.
Une circonstance insignifiante vint
décider de son avenir. Il eut à s'ab-
senter pour affaires de famille : c'é-
( ^ ) La fête qu'il donna {iicuti mos erat) k
cette occasion est restée célèbre dans le
souvenir des anciens de Louvain, par la pré-
sence, alors fort remarquée , de quelques
hommes, dès lors distingués, qui venaient de
s'associer avec Claes, écrivain spirituel et
plein de verve, pour rajeunir la rédaction du
Courrier des Payn-Bas, devenu depuis l'or-
gane le plus formidable de l'opposition. C'é-
taient MM. Van Meenen , Van de Weyer,
iottrand, Ducpéliaux, Mascart, Vleminckx,
Maeck (un charmant poète, mort jeune), etc.
— Claes était un esprit fort distiftgué, nourri
de la lecture des ouvrages de philosophie
anciens et modernes; son influence contribua
beaucoup à faire reconnaître k M. Nypels qu'il
faisait fausse roule en philosophie. Claes est
mort prématurément en -1831 , greffier en
chef lie la cour de BruxeU(^s.
898
NYP
896
tait le jour même où Ton se battait au
Parc, à Bruxelles. Grâce à une recom-
mandation puissante, ii obtint du géné-
ral commandant une permission écrite
de sortir de Maestricht, à charge (Ty
être rentré dans les six jours suivants.
Sa mission terminée, Tenvie lui prit
d*aller voircequi se^assail à Bruxelles.
Il y resta trois fois vingt-quatre heures.
Quand II se présenta aux portes de Maes-
tricht, le a* jour de sa permission^ il fut
repoussé comme un homme désormais
dangereux et menacé de la prison, s'il
faisait de nouvelles tentatives pour
rentrer.
Quoique fort contrarié, il eut bientôt
pris son parti. A Bruxelles, il comptait
des amis parmi les dispensateurs des
faveurs gouvernementales : il se rendit
donc en cette ville, où Claes, alors se-
crétaire du Comité de la justice , lui
offrit en effet plusieurs belles places. Il
commença par refuser , attendant tou-
jours le moment de rentrer, triomphant
c«tte fois, dans Maestricht. Les semai-
nes s*écoulalent et Maestricht restait
aux Hollandais. De guerre lasse, il ac-
cepta provisoirement une place de sub-
stitut du procureur du roi à Mons (16
octobre 1850).
Quelques mois plus tard, le gouver-
nement provisoire, persuadé comme
tout le monde que le chef-lieu du Lim-
bourg finirait par nous arriver, organisa
(in partibus infidelium , c'est bien le
cas de le dire) le tribunal de Maestricht,
qui devait siéger à Tongres jusqu'à
nouvel ordre: il y est resté. M. Ny|)els
obtint d*y (tre attaché en qualité de juge
(arr. du gouv.provis.du24février4851,
confirmé par arr. roy.duioct. 4832 (*).
Les fonctions peu activesde jugefinirent
par lui paraître monotones ; le 29 juin
4855, il rentra dans la magistrature
debout, comme substitut du procureur
du roi à Namur. C'est en cette ville qu'il
épousa (août 1854) la sœur de M. Ad.
Borgnet (v. ce nom), qu'il devait plus
tard retrouver à Liège comme il y re-
trouva Lesbroussart.
Une affaire criminelle très grave at-
tira l'attention sur lui : il obtint en
Cour d'assises un beau succès , si Ton
peut dire ainsi à propos de sept condam-
nations à mort. On a lieu de croire que
cette circonstance ne fut pas sans in-
fluence sur sa nomination à l'Université
de Liège. En 1855, sur le conseil de
son ancien maître Warnkœnig (v. ce
nom), il avaitsollicité des fonctions dans
l'enseignement supérieur; mais il s'y
était pris un peu tard : M. De Theiix
avait pourvu à toutes les chaires (arrêté
du 5 décembre). Mais le professeur
Dupret (v. ce nom) ayant déclaré qull
ne pourrait se charger du cours d'orga-
nisation judiciaire, de compétence et de
procédure civik, qui lui était attribué
indépendamment du droit civil appro-
fondi, M. Nypels fut nommé professeur
extraordinaire le 51 décembre, et titu-
laire de ce cours, ainsi que de Vhistoire
du droit coutumier et des queMions tran-
sitoires, 11 ouvrit le cours de procédure
civile le 22 avril 1856 ; il n'eut pas l'oc-
casion d'enseigner Vhistoire du droit
(*) A son sëjour à Tongres se rattache un
ëvénemcnt qui fit alors quelque bruit. Par
une belle matinée de mai (1833), comme il
se promenait avec M. l'avocat Jaminé et
trois autres amis sur la route de Maestricht,
il ne put résister au désir de revoir d'aussi
près que possible les clochers de St-Scrvais:
son exil durait depuis quatre ans. On s'aven-
tura 'Jonc jusqu'à l'ancien couvent de Sla-
vante y qui touche prcf«qiie aux bastions du
Fort St-Pierre. On s'attabla. Soudain reten-
tissent à l'extérieur des coups de crosse de
fusil, et le couvent est envahi par une com-
pagnie de soldats armés. « Vous êtes mes
» prisonniers. Messieurs, dit le commandant,
«et vous allez me suivre.» H fallut aller
passer la nuit au Fort St-Picrre, dans une
casemate, assez agréablement du reste, en
compagnie d'un jeune officier , très- poli ,
quoique souriant sous cape. Le lendemain,
le général Brade procéda lui-même à l'inter-
rogatoire d^s cinq imprudents. H. Jaminé,
ancien membre du Congrès, personnage con-
sidérable par conséquent, fut appelé le pre-
mier. Apres une longue enquête, nos accusés
furent grandement surpris de s'entendre dé-
clarer libres. Us curent le mot de Ténigme
en rentrant à Tongres. La ^nouvelle de leur
arrestation s'était répandue jusqu'à Liège
avec la rapidité de Téclair, et là, de gr^nd
matin , le procureur- généra I , jtar représaitle-s ,
avait fait garder à vue la fiUe d'un haut
fonctionnaire de Maestricht, qui habitait une
campagne sur le territoire belge. M. Nypels
et ses amis étaient la rançon de cette demoi-
selle.
897
NYP
8P8
coutumier , matière non obligatoire et
qui a fini par disparaître du programme.
Jusqu*en 1849, M. Nypels a toujours
joint au cours de procédure un cours de
notariat, comprenant Texplication de la
loi du 25 ventôse an XI. La loi du 45
juillet 4849 ayant créé un cours spécial
de science notariale , et M. Nypels ayant
exprimé le désir de n*en être point
chargé, ce cours a été attribué à M. F.
Macors (v. ce nom). M. Nypels est pro-
fesseur ordinaire depuis le 4 septembre
1859; un arrêté de la même date lui a
confié le cours de Droit criminel^ en
remplacement de Destriveaux (v. ce
nom). Il a été admis au bénéfice de Part.
9, § 3, de la loi sur renseignement su-
périeur (arr. du 24 sept. i855 et du 26
août i8()7). En vertu de Tarrété royal
du i6 août 1852, il a rempli les fonc-
tions de recteur pendant la période
triennale 1852-55 à 1854-55. Il est che-
valier de rOrdre de Léopold depuis le
50 septembre 1851; officier du même
Ordre depuis le 8 septembre 1865, et
officier de la Couronne du chêne (1868).
— En dehors de l'Université, le gou-
vernement lui a confié diverses missions
importantes. C'est ainsi qu*il a fait
partie (*) de la Commission instituée
par arrêté royal du 1" mai 1848, pour
rédiger un projet de révision du Code
pénal de \SiO;'ï\ est encore membre (*)
de la Commission chargée, le 5 mars
1850, de rédiger un projet de révision
du Code d'instruction criminelle. Dans
cette dernière Commission, M. Nypels
est spécialement chargède préparer les
avant-projets, etde dresser les Rapports
ou Exposés des motifs, sur les parties de
son travail adoptées par ses collègues.
C'est à ce titre quMl a rédigé V Exposé des
motifs du projet sur la détention préven-
tive et la mise en liberté provisoire, pro-
jet qui est devenu la loi du 18 février
1852.
M. Nypels est affilié aux Sociétés
suivantes : Académie de législation de
Toulouse (21 janvier 1852) ; Provinciaal
Utrechtscke Genootscluip van Kunsten en
Wetenschappen (21 mars 1856); Oud-
heitskundig Genootschap in den Hertog-
dom Limburg (1864); Société des Scien-
ces, des lettres et des arts du Ilainaut
(1851); Société d'Émulation de Liège
(1836); Académie royale des sciences ,
lettres et beaux arts de Belgique (membre
correspondant 11 mai 1869).
11 ne sera pas inutile, avant d'énumé-
rer les publications du professeur de
droit criminel à TUniversité de Liège,
de dire quelques mots de Tesprit de son
cours. M. Nypels est partisan de Vécole
historique: autant que le temps le lui
permet, il remonte à l'origine de cha-
que institution ; il en indique au moins
les précédents législatifs ou scientifi-
ques. Il attache moins d'importance à
la partie philosophique ^ ou pour mieux
parler aux idées de Vécole qui prétend
faire des lois et des institutions à priori.
Cependant il considère comme capitale,
en droit pénal, la question philosophi-
que du fondement du droit de punir : le
point de départ que choisit le législa-
teur doit en effet influer logiquement
sur les dispositions de son code.
Ici deux écoles sont en présence,
comme en philosophie. A l'école sen-
sualiste se rattachent les théories rela-
tives du droit de punir, c'est-à-dire
celles qui justifient la peine par le but
que se propose le législateur ; à l'école
spiritualiste se rattachent les lliéories
absolues du droit de punir, c'est-à-dire
celles qui justifient la peine par elle-
même. Ces dernières théories sont dites
aussi théoriesde la justice, parce qu'elles
n'admettent que des peines intrinsèque-
ment justes, c'est-à-dire infligées à rai-
son de la violation d'un devoir moral, —
Mais le domaine du droit pénal ne s'é-
tend pas à toutes les violations de la
loi morale. Le législateur ne doit ré-
primer que celles qui portent en même
temps atteinte à l'ordre social, à la paix
publique, comme on disait autrefois. Le
droit de punir, basé sur la loi morale j
(*) Avec MM. de Peroelmont, conseiller à
la Cour de cassation, président; Slas, con-
seiller ibid. ; Delebecqae , avocat -général
ibid.; Haus, prof, à l'IIniversité de Gand, et
Joly, secrétaire.
(*) Avec MM. Stas et de Cuyper, conseil-
lers à la Coor de cassation, deBavay, proc-
gënéral etKaieman, cons. à la Cour d'appel
de Braxclles, et Haus, précité.
54
899
NYP
est conséquemment limité par les besoins
de Vordre social. Cette doctrine est
celle de M. Nypels ; elle est celle
de Rossi, de Mittermaier, etc., mais
non celle des eriminalistes français et
italiens. — M. Nypels regarde la peine
de mort comme inutile en Belgique. A
la grande rigueur, selon lui, Tapplica-
lion de cette peine est un droit social ;
mais la société n'y peut recourir qu*en
cas d'absolue nécessité, c*est-ik^\re quand
elle n'a à sa disposition aucune autre
peine qui soit efficace pour prévenir la
multiplicité des crimes capitaux. Or,
dans sa pensée , on peut abolir sans
danger la peine de mort en Belgique ;
se basant sur Texpérience faite, il croit
fermement que la substitution de Tcm-
prisonnemcnt (dans les conditions re-
quises) à la peine de mort n'aurait pas
pour effet de rendre plus nombreux les
crimes capitaux. —Chrétien, M. Nypels
est partisan des peines modérées, La
plupart des criminels sont des malheu-
reux que la misère , le défaut d'éduca-
tion et d'instruction ont rendus malades
moralement, et qu'il faut corriger avec
commisération, en tâchant de les amen-
der et de les ramener dans la bonne voie.
— M. Nypels est convaincu de l'excel-
lence du jury en matière criminelle. A
ses yeux, cette institution est, avec la
liberté de la presse , la seule garantie
de la liberté ; seulement il estime que
le Jury doit être organisé sur d'autres
bases.
Bibliographie. — I. Ouvrages édités
séparément,
\^ Dissertât io philosophico-historico-
jvridica de Delictis recidivis, quam..,.
publiée defendet J.-S.-G.Nypels, Mosœ-
Trajectinus, die 46** ;«/« i828. Lo-
vanii, in-8°.
S** Commentaire sur la Théorie du
Code pénal de MM. Chauveau et Ilélie
(Paris, 1834 et ann. suiv.,8 vol. in-8^),
précédé {^ d'une Introduction historique
sur les lois pénales publiées en Europe
depuis la fin du XVIW siècle; î*» d'une
Bibliographie du droit criminel, e^ suivi
d'une Analyse des nouveaux Codes pé-
naux de Hesse-Uarmstadt, de Saxe
(royale), de Wurtemberg, de Brunswick,
de Hanovre et du Grand-Duché de Bade.
Bruxelles, 4845-185i, 3 vol.gr. ln-8'à
deux col. (y compris l'ouvrage original
annoté).
Ce Commentaire a été réimprimé eo Hol-
lande sous le titre suivant : Annoiathni xur
la Théorie du Code pénal de MM. Chaaveaa
et Hélie, par 7.-5.- G. Nypet», eic, Ulrechl,
E. Bosch et Als, 4846, in-S» de 580 pages.
— Il a été traduit en italien, avec l'ouvrage
original annoté, par Slringari. Naples, iSSi
et ann. suiv.
— Deuxième édition , considérable-
ment augmentée. Bruxelles 1859-1860,
2 vol. gr. in-S** {y compris le texte de
l'ouvrage original). — Traduction ita-
lienne du Traité et du Commentait^, par
P.-J. Mancini. Naples, i8G8 et ano.
suiv.). — A cette édition est joint un
3*" vol. supplémentaire, intitulé: Le
droit pénal français progressif et com-
paré. — Code pénal de \M0, accompa-
gné des sources, des discussions au Cm-
seil d'État, des Exposés de motifs et des
rapports faits au Corps législatifs suivi
i^ des lois modificatives rendues en
France, en Belgique et dans les Pap-
Bas depuis \SH jusqu'à ce jour (30 oc-
tobre 4863); 2*» de la traduction fran-
çaise complète du Code pénal prussien
de 4854 et du Code pénal du royaume
d'Italie du 20 novembre 4859, et précédé
d'une Bibliothèque choisie du droit cri-
minel (droit pénal et procédure crim-
nelle). Bruxelles, 4863, gr. in-8» de
CLxix et 644 pages. — De ce volume ont
été tirés à part :
a. Bibliothèque choisie du droit cri-
minel (droit pénal et procédure crimi-
nelle), ou Notice des ouvrages utiles à
connaître , publiés dans Us principales
contrées de l'Europe et aux États-Unis
d'Amérique, sur cette partie de la science
du droit, avec Findicalion des sources
du droit criminel , et des notes biogra-
phiques et critiques, par J.-S.-G. Ny-
pels, etc. Bruxelles, 486i, gr.in-8'*de
170 p. à deux col.
Si l'on considère qu'il s'agit d'une biblio-
graphie universelle, cosmopolite, ce réper-
toire est le plus complet et le plus riche qui
existe sur la matière, de l'aveu des critiques
les plus compétents de l'Allemagne et de la
France. — V. les comptes rendus de M. von
HoUzendorff» prof. & TUniv. de Berlin, dans
VAllyemeine deutsche Strafrechtszeitung,
4864;; Vergé (dans le Recueil périod. de
901
NYP
902
Dalloz, i863, liv. 42), et **• (dans le Rec, de
Devilleneuve, 4863, liv. 42).
b. Code pénal prussien du ià avril
1851, avec la loi sur la mise en vigueur
de ce code, et les lois rendues jusqu'à ce
jour pour le compléter ou le modifier ;
le tout précédé d'une introduction et
traduit pour la première fois en français
parJ.S.'G. Nypels. Paris, A. Durand,
Jibr.-éditeur, et Bruxelles, BruyJant-
Chrislophe et Cie, in- 18 de 258 p.
L'intpod action, divisée en deux sections,
comprend i^ l'histoire de la confection du
Code pénal ; S» un tableau de l'organisation
judiciaire de la Prusse. — M. von Holtzen-
dorflT a fait le plus grand éloge de cette tra-
duction dans VAllgemeim deuische Straf-
rechtszeitung , 4864, p. 46; H. Valette,
prof, à l'Ecole de droit de Paris, n'avait pas
été moins explicite dans la Bévue histor. du
droit français. Paris, 4862, t. VIII, p. 613.
5* Notes sur les tomes II et III du
Traité de Finstruction criminelle de M.
F. Hélie. Bruxelles, 1855, gr. in-8^
Les volumes IV à IX du Traité de M. Hé-
lie ont été annotés par MM. L. Hanssens,
avocat à Liège, et L.-C. Casier , conseiller
k la Cour d'appel de Bruxelles.
l*» Code pénal belge, avec la confé-
rence des articles; accompagné du texte
des articles correspondants du Code de
1840 et des autres lois pénales parti-
culières comprises dans le nouveau Code ;
suivi d'une table méthodique et d'une
table alphabétique des matières , et pré-
cédé d'un tableau de la correspondance
des articles du Code de 4840 avec ceux
du Code belge, Bruxelles, Bruylant-
Chrislophe et Cie, 48C7, un vol. in-8°,
imprimé en gros caractères.
5» Législation criminelle de la Bel-
gique, ou commentaire et complément du
Code pénal belge, tirés, savoir : le Com-
tnentaire, des Exposés des motifs, des
Rapports faits à la Chambre des repré-
sentants et au Sénat, et des discussions
du projet aux deux Chambres ; le com-
plément, des iuïs qui se rapportent
directement au Code et le complètent.
Bruxelles, Bruylant, 1867 et suiv.
L'ouvrage comprendra 4 vol. gr. in-S^. Les
tomes I et II (ensemble 4684 pages) ont
seuls paru aujourd'hui (mai 4869).
6» Le Code pénal belge interprêté,
principalement au point de vue de la
pratique, par ses motifs, par la compa-
raison des nouveaux textes avec ceux
du Code de 1840; et, pour les textes
anciens conservés , par la doctrine et
par la jurisprudence des cours de Bel-
gique et de France. Bruxelles, 1867 et
suiv.
L'ouvrage complet formera 3 vol. in-8».
Les deux premières livraisons du t. I ont
seules paru. — Il est inutile de faire remar-
quer que les publications n" 3, 4 ellî tirent
une importance particulière de la circons-
tance que M. Nypels a été l'un des membres
de la Commission chargée par le Gouverne-
ment de rédiger le projet de révision du Code
pénal.
70 Notes de législation et de juris-
prudence belges, sur les traités de
Mangin: De l'instruction écrite et du
règlement de la compétence. —Des pro-
cès-verbaux en matière de délits et de
contraventions. Bruxelles, 1848, 2 vol.
in-8° (y compris les Traités annotés.)
8« Système répremfdu nouveau Code
pénal belge. Discours prononcé à la
Salle académique le 14 octobre 1855.
Liège, in-8°.
9* Histoire du droit belge, — - Les or-
donnances criminelles de Philippe II,
des 5 et 9 juillet 1570. Discours lu à ta
Salle académique le 16 octobre 1855.
Bruxelles, 1856, in-8°.
Imprimé dans la Belgique judiciaire (t.
XIV), reproduit (*) dans les Annales des
Universités de Belgique, 2« série, t. I, et en
grande partie dans le Moniteur des cours
publics ^Paris, 4857, n<» des 9 et 23 avril).
10» Notice sur la vie et les travaux de
E. V. Godet, professeur à rUniversité
de Liège. Liège, 1844, in-8^
Ext. de la Bévue de Liège, t. I, p. 288 et
suiv.
11» Notice sur la vie et les travaux de
V, A, G. Dupret, lue à la séance du
Conseil académique du 12 janvier 1852.
Liège 1852, in-8^
La même brochure contient la notice de
M. Loomans sur E. Tandel (v. ces noms).
M. Nypels a publié plusieurs autres notices,
discours, etc. sur des collègues défunts ;
( * ) Modifié dans quelques passages par l'auteur.
903
NYP
904
nous les menlionnons aux articles où nous
en avons profllé. Les biographies de Godet
et de Dopret mdriiaieoi une mention particu-
lière, k cause de Tappréciaiion qu'elles renfer-
ment des travaux de ces jurisconsultes.
1 4® Aux Sederlandsehejaarboeken voor
Begitgeleerdheid eu Wetgeimig, door
C. A.den Tex en J. vnn Hall (Amster-
dam, 1859 «850), plus tard Meuwe
BijdragenvoorRegtsgekerdheiten Wei-
geving^ door M' L. de Geer en If^ van
Boneval'Faure ijimsi. 1851-1807):
a. Notices ou comptes rendus annuels
des ouvra^^es sur la science du droit et
les S4:iences morales et (M)Utiques, pu-
bliés en Belgique depuis 1850 jusqu'en
1867 (t. I k XXIX).
b. Notes pour servir à Thistoire du
jury d*examen en Belgique (iV. Bijdr,
L Vi, p. 417).
c. Observations sur le projet de Code
de procédure criminelle présenté aux
Etats-généraux des Pays-Bas, dans la
séance du 10 novembre 1865 (Ihid.
t. XIY, p. 245).
15** A la Belgique judiciaire :
a. Notice sur la vie et les travaux de
Henri et François de Kinschot, juris-
consultes belges du XVI* siècle.
b. Notice sur la vie et les ouvrages de
M. Mittermaier, prof, à TUniversité de
Hedelberg (t. XV, p. 787).
c Une fête en ThonneurdelUittermaier
(jubilé de 50 ans d'enseignement acadé-
mique). T. XVIi, p. 846.
(2. Un document pour servira rhisloire
des tribunaux militaires en Belgique
(1676). T. XVI, p 402.
e. Tromperie au jeu. Caractère de ce
fait au. point de vue du Code pénal de
1810it. XIX, p. 569).
f. Comptes rendus des ouvrages sui-
vants: 1. Revue historique du droit fron-
çais, t. 1-lV (t. XV, p. 594, et t. XVI,
p. 254) ; 2. Rapport sur le duel, préparé
en 1851, pour être soumis à l'Assem-
blée nationale, au nom d'une Commis-
sion spéciale, par M. A. Valette, prof,
à la Fac. de droit de Paris (t. XVI,
p. 959) ; 5. Le droit administratif belge,
par J. H. n: de Fooz, t. ! (t. XVII,
p. 875) ; 4. On foreign juridiction and
Ihc extradition ofcriminals, by the R.
H, sir G. Cornwall Lewis, London
1859 (t. XVIII, p. 114); 5. Die Todes-
strafe nach den Ergebnissen der uisseï^
schaftlichen Forschungen, etc. von D'
Miltermaier (t. XX, p. 1111), etc.
16*^ A la Revue des revues du droit
(Bruxelles, 1858 à 1852):
Revue critiquée! méthodique des dé-
cisions de la Cour de Cassation de Bel-
gique, en matière criminelle, depuis son
origine jusqu'à ce jour (1844). T. V,
p. 258, et t. VI, p. 52.
1 1"* Articles divers, analyses, som-
maires d'ouvrages de droit, etc., dans
des journaux et recueils périodiques.
IL Articles fournis à des recueils pé-
riodiques :
12» A la Zeitschrift fur Rechtswissen-
scluift uud Gesetzgebufig des Auslandes
(Heidelberg, 1829-1856).
a. Die richterliche Gewalt und ihr
Verhâltuiss zu den Befugnissen der
Verwaltung nach der belgischen Con-
stitution von 1851 (t. XIV, p. 505).
b. Die neueste belgische Gesetzge-
bungueber Pensionen,vom21 julil844
(t. XVII, p. 82).
c. Der belgische Geselzenlwurf uber
Slreitigkeiten zwischen Verwaltung und
Rechtspflege (L XVIII, p. 1).
d. Uber die jûngsten legislativen
Erscheinuugen in Belgien, die Crimi-
nalgesetzgebung belrefleud. — Deux ar-
ticles (t. XXII, p. 162 et p. 591).
1 5» A la Revue du droit français et
étranger y de MM. Fœilx, Duverçier et
Valelte. Paris, in-8<» 1844-1849.
a. Du nouveau projet de Code pénal
pour les Etals prussiens (de 1845).
T. I, p. 81.
b. Des institutions politiques de la
Belgique (t. V, p. 546).
c. Observations sur le Code |)énal
belge (l. VII, p. 655).
d. Analyses ou comptes rendus des
projets de loi et des ouvrages suivants :
1. Laferrière, Hist. du droit civil de
Rome et du droit français ; t. VI, p.
861 (Compte-rendu des t. I, II et III;
M. Nypels s'estoccupé dest. IV, Vei VI,
dans la Beifue critique de lémslntion,
t. V et XV; ; 2. Projet de loi sur les
conflits, présenté aux Chambres belges
en 1845 (t. II, p. 474); 5. Compte ren-
905
PER
906
du de radniiuistralion de la justice cri-
minelle pendant les années i836 à
i859, présenté au Roi par le ministre
de la justice (l. I, p. 577) ; Id, pendant
les années i840-i845 (t. VU, p. 609);
4. Compte rendu de radroinistration de
la justice civile en Belgique, pendant
les années judiciaires 18ô9-i840 et
iU^'iUô (t. IV, p. i03 et 715); 5.
Mémoire à Tappui du projet de loi sur
les prisons, présenté aux Chambres en
I8ii (T. H, p. 956); C. Ancien droit
bel^ique, etc., par M. de Facqz (t. lll,
p. 946).
i><M*urci (Louis-Prosper), né à Liège
le 9 juillet i825, a eu pour premier ins-
tituteur son père, dont les entretiens
influèrent sur sa vocation, en le ren-
dant attentif, dès sa plus tendre enfance,
aux grands mouvements sidéraux et en
général aux phénomènes de ta nature.
Envoyé ensuite à rexcelfenle école
Stapper, puis à Tinstitution Frenay,
enOn au Collège communal de Liège,
dans la section dite française, il s*éprit
dans ce dernier établissement, en écou-
tant les leçons de Cbênedollé (v. ce
nom), d*une belle passion pour les lan-
gues anciennes, dont il aborda Fétude
sahs avoir recours à un maître. Virgile,
Horace, Cicéron, Pline et Lucrèce devin-
rent les compagnons de ses loisirs à
Paris, où il fil un assez long séjour,
s'occupani d'ailleurs spécialement ûe
mathématiques sous la direction de M.
Vincent, professeur au Collège Saint-
Louis. Ses forces ayant tphi son cou-
rage, il revint à Liège. L'oisiveté forcée
à laquelle il se trouva condamné le Gt
hésiter quelque temps sur le choix d'une
carrière : il songea un instant au com-
merce, et son père lui enseigna la comp-
tabiKté ; une occasion s'offrit d'entrer
dans rindustrie, mais il fit un retour sur
lui-même et ne se jugea pas assez in-
slruiL Enfln, les conseils paternels le
décidèrent à prendre le diplôme de mé-
cankieD. Malgré Tinterruption de ses
(' ) Liège compta trois lauréats en 1849 :
MM. Oewalque, Legrand (Hi$t. de la poésie
élégiaqUe chez les Grecs; v. coU 639) et
Pérard,
études, il fut reçu premier ; le professeur
Noël (V. ce nom) lui reconnut de Tapti*
tude et rengagea si vivement à étendre
le cercle de ses connaissances, qu'il ré-
solut d'entrer dans la section des mines.
Il prit part au Concours universitaire eu
1848 et fut couronné. Son Mémoire est
intitulé : De rutilité du calcul fwur Vin-
terprétatim des phénomènes naturels et
pour la recherche des lois qui les régissent
(Bruxelles, Lesigue, 1851 , in- 8<^, et Ann.
des Universités de Belgique , t. VII). La
santé de M. Pérard, qui s'était raffermie à
l'Université, se trouva de nouveau com-
promise avant l'époque fixée pour les der-
nières épreuves du Concours. Comme il
s'tail mis en route avec André Dumont
pour une excursion géologique, une
violente hémorrhagie se déclara , et
ses camarades eurent toute ta peine
du monde à le ramener à Liège. C'était
pendant les vacances de Pâques ; le
bruit de sa mort avait couru parmi les
étudiants; des listes de souscription cir-
culaient môme pour son enterrement.
On juge des inquiétudes de la famille:
les livres et les études furent impitoya-
blement condamnés, pour la seconde
fois. Rien n'y fit : l'espoir d'être pro-
clamé premier rendit de l'énergie au
malade et bientôt le jury du Concours,
par l'organe de Pagani, « ut à féliciter
un nouveau lauréat de l'Université de
Liège (•). — En 1850, M. Pérard re-
tourna à Paris avec le titre d'ingénieur
des mines, sorti \epremicr de TEcole O.
L'illustre physicien Lamé (de l'Institut)
le prit en affection et lui donna même
des leçons particulières. Il fréquenta les
cours de Cauchy,de Liouville, deSturm,
de Duhamel, de Leverrier, de De-
launay, de Regnault et de Morin, et
ne laissa point que d'aller entendre à
la Sorbonne et au Collège de France
les littérateurs et les philosophes. Ce-
pendant, les sciences ne lui offrant pas
immédiatement une issue, il se dirigea
vers l'industrie, se réservant de con-
sacrer ses loisirs à la continuation de
ses études. En 1854, il fonda à Long-
Ci II avtit ftiit, en uAo seule annëet Ids
études des doux dernières anhées de tÈeo\%
spé(9ial0.
907
PÉR
908
doz, lez-Liége, un vaste atelier pour la
construction des machines. Ses produits
furent recherchés par les gouverne-
ments étrangers; en 48Câ, il obtînt une
médaille à TExposition de Londres.
Cependant la carrière moins lucrative
de renseignement n'avait pas cessé
d*étre l'objet de ses plus chères aspira-
tions. Dès 185i, il avait obtenu le titre
de professeur suppléant à TEcole in-
dustrielle de Liège. Trois ans plus tard,
il y fut nommé professeur de physique
en remplacement de M. E. Bède, dont
il était destiné à devenir également le
successeur à TUniversilé. Il fit en outre
pendant deux ans, à TËcole industrielle,
un cours spécial (et sans précédent) sur
le chauffage et la conduite des ma-
chines, cours dont le succès a été con-
staté par le Rapport de 1858 sur V ad-
ministration de la ville. En 1858, M.
Pérard fut attaché aux Ecoles spéciales
des mines, etc.) en qualité de répéti-
teur de mécanique appliquée et de phy-
sique industrielle. Après le départ de
M. E. Bède (v. ce nom), il eut mis-
sion de faire à TUniversilé, pendant
Tannée 18G1-1862, les cours de phy-
sique générale et de physique indus-
trielle. En 1865, cette autorisation fit
place à une nomination définitive par
arrêté royal ; un nouveau répétiteur fut
chargé des fonctions qu il avait jusque
là remplies aux Ecoles spéciales. En
1866, il renonça définitivement à Tin-
dustrie. Enfin, un arrêté royal du 31
novembre 1868 a promu M. Pérard au
grade de professeur extraordinaire. —
Le cours de physique générale fait par
M. Pérard à TUniversité de Liège est
conçu dans le sens du système moderne
de Tunité et de la valeur constante des
forces naturelles (v. ci-après, bibliogr ,
n»» 16 et 19). Cette idée, appuyée sur
tes célèbres travaux de J.-6. Mayer,
(de Ileilbronn) et de Helmholtz (de Hei-
delberg), domine toutes les leçons et
prend son expression la plus catégori-
que dans la dernière partie, où le pro-
fesseur traite de réleclricité. — Les
leçons de physique industrielle ne for-
ment qu'un cours trimestriel, principa-
lement destiné à faire connaître les
procédés par lesquels on peut utiliser
la chaleur comme force motrice. M. Pé-
rard s'efforce de maintenir l'accord de
la théorie et de la pratique, en mettant
toujours en évidence les rapports qui
existent entre les principes de la science
et les règles établies par rexpérience.—
Indépendamment de ses fonctions uni-
versitaires, il s'est acquitté de diverses
missions d'utilité publique. C'est ainsi
que sur Tinvitation de la Commission
administrative des Hospices civils de
Liège, il a organisé, d'après des cal-
culs nouveaux, les appareils de venti-
lation de la Maternité et de l'Hospice
des Hommes incurables. 11 est membre
du Comité de Salubrité de la province.
En 1866, ilainitié un public nombreux,
au moyen d'un appareil spécial et de
projections agrandies, aux mystères
compliqués du télégraphe électrique,
etc. — Depuis 1860 il fait partie de la
Société royale des sciences. Il a publié :
1*^ Son Mémoire couronné (v. ci-des-
sus). — Il y démontre à priori, et eu-
suite par des faits scientifiques, les
relations essentielles qui doivent exis-
ter entre les lois des nombres et les
lois naturelles. « L'univers, selon lui,
» est une vaste conception mathéma-
» tique, le résultatdun grand calcul.»
Celte phrase, empruntée à ses conclu-
sions, lui a servi d'épigraphe.
â"" Traduction du mémoire latin de
M. (;auss, intitulé : Disquisitiones gé-
nérales circa superficies curvas (1851).
3<^ Diverses traductions pour la Re-
vue industrielle de M. de Cuyper, sa-
voir : A. de Vanglais : Propulseurs hé-
liçoïdes, par Edouard Powell (2« année,
1858, â art.) ; B. de ÏUalien : Rapport
de la Commission instituée par le Gou-
vernement sarde pour l'examen de la
machine inventée par MM. les ingé-
nieurs Grandis, Graltoni et Sommelier
pou r le percement du Mont-Cenis (!bid.)\
C. de Vallemand : Ecartement à don-
ner aux essieux de waggons, par M. E.
Schmidt {Ib., 2*' et 5*» année, 4 art,);
Construction des paliers et des touril-
lons des essieux de waggons, par Fis-
cher, de Rotherstamm (/^., %,'^ année) ;
Théorie élémentaire de la construction
des poutres latices, de M. Schwedier
(Ib, 4* année) ; Recherches théoriques
sur les roues hydrauliques verticales,
909
PÉR
910
de Zeuner (Ib.) ; Volants en fer pour la-
minoirs, de M. Kauicelwitz (Ib.) ; Divers
problèmes sur les laminoirs (Ib.); Cal-
cul de reffet utile des marteaux à vapeur
du système Daelen à expansion, par
Herman Knop {Ib. 5' année) ; Descrip-
tion de la machine à colonne d*eau du
puits Cenlrum, près d'Eschweiler (Ib )
¥" Etude comparative des différents
systèmes de marteaux pilons, au point
de vue de leur stabilité {Ib, 2* année).
Reproduit en allemand dans la Zeitschrijt
des Vereim deuttcher Ingenieure.
5<^ Notice théorique sur le système
de transmission du mouvement Minoilo
(Ib. 5* année; lU Ann, des travaux pu-
blics de Belgique^ et Ann. de VAssoc.
des ingénieurs sortis de VEcok de Liège).
^^ Note sur un nouveau marteau in-
venté par M. Darrien (Revue univers.^
i*" année, 1860).
l"" Note sur un nouvel appareil
broyeur, etc. (Ib,y et Ann, des Travaux
publics de Belgique).
Application de la spirale de Bernoulli.
8« Invention et description d'une scie
verticale à trait oblique (Rev, univ, 6«
année, 186â).
La construcllon des navires en bois exige
l'emploi de planches et madriers parfaitement
en droit fil , de sorte que le débit à bras
d'hommes était encore indispensable. La len-
teur de ce travail , son prix élevé répondent
mal aux besoins actuels ; aussi plusieurs
maisons du Nord (de Dantzig, de Kiga, etc.),
pressées de commandes et engagées dans
d'importantes entreprises, proposent aux
constructeurs le problème suivant: «Débiter
V le bois en suivant le fil, par l'emploi simul-
» tané d'un grand nombre de lames dans un
» même châssis, et marchant obliquement de
» manière à couper toutes les planches ou
> tous les madriers , sans jamais traverser
» les fibres. » C'est le problème , considéré
comme difficile , que M. Pérard est parvenu
à résoudre par un mécanisme assez simple
et assez élégant, au dire des industriels qui
s'en servent.
9" Description de la grande machine
soufflante de M. Fossey , exposée à
Londres en 18C2,dans une brochure in-
titulée : Machine soufflante à disques mé-
talliques à mouvement rotatoire continu^
par M. E. Fossey, ingénieur-construc-
teur à La Sarte(Ëspagne), Paris, Claye,
i8C2, in-8«» (Extr. de la Publicalion in-
dustrielle de M.Armengaud, t. XIV). —
La machine dont il s'agit a été construite
par M. Pérard , dans son atelier de
Longdoz.
«0« Traité du chauffage et de la con-
duite des machines fixes et locomobiles,
Liège, 1864, in-8.
Résumé du cours donné en iShl à l'Ëcole
industrielle de Liège.
11^ Note présentée à la Sociétéroyale
des Sciences de Liège sur une nouvelle
balance de torsion (1865).
Celte balance existe âi l'Université.
là*» Note sur des recherches expéri-
mentales et théoriques faites en France,
en Prusse et en Suisse, sur le tirage par
Jet de vapeur (Revue univ,, iO' année,
1866).
Résumé d'une leçon faite k l'École des
mines sur ce sujet important.
15^ Note sur la mesure des tempéra-
tures au moyen du pyromètre à air (Ibid.
Il» année, 1867).
iV (En collaboration avec MM. Ch.
Béer et A. Devaux) Catéchisme des
chauffeurs (Ann, de VAssoc, des ingé-
nieurs, etc.). — Deux éditions.
15^" Collaboration (avec MM. J. G.
Macors, du Uoy de Blicquy, L'mé et Hal-
kin) à un travail sur la reconstruction
de ritôpital de Bavière (publié par la
Commission des Hospices Civils de
Liège, 1867, in-8«).
16® Que fera-t-on à Bavière ? Liège,
Desoer, 1868, in-8^
1 7*' Métamorphoses et unité des forces
(1"* partie : Revue universelle, Il^année,
1867).
Ce travail est la première partie d'une
Introduction à la physique mathématique.
Jusqu'à présent, dit l'auteur, l'électricité n'a
pas reçu de définition, comme la chaleur, la
lumière , le magnétisme, la capillarité et le
mouvement sensible. Or, les phénomènes
électriques nous attestent très-explicitement
la transformation des actions mécaniques,
physiques et chimiques les unes dans les
autres; celte transformation, qui est encore
une hypothèse pourquelques savants, est un
fait patent ; elle nous éblouit tous les jours,
et c'est probablement pourquoi nous ne nous
en étions pas doutés. — Dans la seconde
partie de son étude , M. Pérard se propose
911
SAU
912
d*ajouter quelques nouveaux dëvcloppemenls
à la discussion de ses prémisses, et ensuite
do définir l'éleclricité de la manière suivante :
c Propriété de la matière de conserver ou de
» transmettre (conduire), avec plus ou moins
» de Cacililé , et de transformer les actions
> mécaniques, physiques et chimiques >. —
Selon M. Pérard, le magnétisme n'est pas une
action dépendante des phénomènes électri-
ques, mais une action particulière analogue
à la capillarité, physique, et suscepUble de
se transformer comme toutes les autres et
dans toutes les autres.
18"^ Un grand nombred^articles biblio-
graphiques et critiques dans la Revue
universelle,
iO^" Traduction du Mémoire de M.
Helmhoitz intitulé : Conservation de la
force. Paris, Masson, 48G9. in«8''.
(') Deux flls de DD. Sauveur se sont ap-
pliqués à suivre ses traces. L'alné, Dieu-
donné-Jean-Josepb, né à Liège le 5 octobre
i797, est mort dans la môme ville le i^** no-
vembre 4869, après avoir fourni une carrière
des plus brillantes comme administrateur
et comme savant. Il avait fait ses premières
études d'anatomie, de physiologie et de chi-
rurgie sous Ansiaux et Comhaire ; trois an-
nées de séjour à Paris achevèrent de le for-
mer. Il revint prendre à Lidge ses grades
universitaires (iSSO), puis s'occupa de se
faire une clientèle (principalement en qualité
de chirurgien et d'accoucheur). Son mariage
avec Mii« Walter, fille de rinspecteur-géné-
ral de l'instruction publique (v. ce nom) le
décida ik quitter Uége pour Bruxelles, oii il
abandonna peu k peu la pratique de l'art
pour embrasser la carrière administrative.
Il fut nommé, le 27 août 4831, secrétaire
du Conseil supérieur de santé, en même
temps que premier commis au Ministère de
l'intérieur (â« division) ; en 4838, il fut pro-
mu chef do bureau; deux ans plus tard, il
devint Commissaire du service de santé, au
môme département. Les attributions du
Conseil supérieur de santé ayant été tranfé-
rées à l'Académie royale de médecine (1841),
il fut nommé membre et secrétaire de cette
compagnie (il conserva ces fonctions jusqu'à
sa mort). En 1846, il devint chef de la nou-
velle division des afftiires médicales et d'hy-
Înène publique; en 1850, le gouvernement
e déchargea de ces fonctions pour lui con-
fier celles d'inspecteur-général du êervice
médical civil^ mission des plus importantes,
en présence de la ft*équence des épidémies
et de l'intdrèt croissant qui s'attache as-
jonrd'hui aux questions de salubrité. Sau-
Mauvear (J.-T-HyACINTHE), 0- ®,
néà Liège le i9 septembre 4804, a fait
ses études humanitaires au Lycée impé-
rial de cette ville, et ses éludes médi-
cales à rUniversité, sous les yeux d'un
père (v.Tarl.DD. Salyeur) qui fut k h
fin son maître et son modèle ('). Il sou-
tint sa thèse inaugurale en 48^5 {De
Scarlatinâ), fut proclamé docteur le 5
août, et se rendit sans retard à Paris, où
il reçut les leçons et les conseils des
Laênnec, des Fouquier, des Broassais,
des Guersent et d'autres professeurs
ou praticiens illustres. H rentra dans
son pays dûment préparé ù monter dans
une chaire académique et mûri par une
expérience précoce. La Facuitéde méde-
cine de Liège ne tarda pas à réclamer
veur fit partie de la Commission centrale de
statistique (1841), du Conseil supérieur
d'hygiène publique (1849), de la Commission
permanente d'inspection et de surveillance
générale des établissements d'aliénés (1853),
et des établissements dangereux et insalu-
bres (1855), ainsi que d'un grand nombre de
Commissions spéciales. Partout il rendit les
services qu'on pouvait attendre de son acti-
vité et de son expérience, il contribua bean
coup, entr'aotres, aux progrès des Instituts
de sourds-muets et d'aveugles, qu'il fut
chargé d'inspecter à partir de 1839. En
183â, il se rendit à IHiris pour y étudier de
près le choléra; son dévouement fut utile
plus tard à différentes villes, qui lui votèrent
les adresses les plus flatteuses, notamment
celle d'Anvers, en 1850. Il appartenait à
l'Académie royale de Bruxelles (depuis 18i9)
et à un grand nombre de Sociétés savantes;
mais il tenait surtout à l'Académie de méde-
cine, qu'il contribua beaucoup à consolider.
On lui doit un grand nombre de notices et
de comptes rendus insérés dans les BuUeiint
de celte compagnie, dans ceux do la Com-
mission centrale de statistique , dans ceux
de VAcad. royale de Belgique, dans l'An-
nuaire de l'observation de Bruxelles et dans
le journal lu Santé. Il fut on des principaux
collaborateurs de la nouvelle Pharmacopée
belge (1854). — M. Cl. Capitaine a dressé la
liste complète de ses travaux dans le Kécro-
loge liégeois pour 186S (c'est il sa notice
que nous empruntons les renseignements
qui précèdent). Sauveur était chevalier de
l'ordre de Léopold (4844)» comnandeurde
la couronne de Chènc (185S), chevalier de
l'Ordre du Christ de Portugal (4855) et déco-
ré de la médaille d'or des épidémies (1860).
91:^
SCH
914
son concours. Nommé lecteur le IGdéc.
i850, il fut chargé de faire des leçons
sur les maladies des femmes et des en-
fants et sur les maladies syphilitiques,
matières qui jusqu'alors n'avaient point
été enseignées ù l'Université. Promu à
l'extraordinariat le 2 mai 1858, ù l'or-
dînariat le 20 août 1 84i, il a vu plusieurs
fois SOS attributions modifiées. M. Sau-
veur a été successivement chargé des
cours suivants : i" Maladies des femmes
et des enfants; ^ maladies syphiliti-
ques (théorie et clinique) ; 5^ médecine
légale ; i<^ pathologie et thérapeutique
spéciales des maladies internes ; 5° cli-
nique médicale. Il fait encore aujour-
d'hui ce dernier cours à l'hôpital de
Bavière. Il a rempli en 48ii-i842 les
fonctions desecrétaireacadémique.Ilest
chevalier de l'ordre de Léopold depuis
le 2 juillet \ 850 ; le 50 décembre 4866,
il a été élevé au rang d'officier, à raison
des services quMl a rendus à l'enseigne-
ment.U. Sauveur est membre honoraire
de l'Académie royale de médecine de-
puis le 26 décembre 4862; il est en
outre affilié à la Société médicale de
Bruges. 11 fait partie de la Commission
médicale de la province de Liège de-
puis le 44 Juin 4858; il est actuelle-
ment le président de ce corps. H est
médecin des hospices civils de Liège
depuis 4854, et depuis 4852 membre
du Comité de surveillance des établis-
sements d*aliénés de l'arrondissement ;
en 4848 et en 4855, il a été chargé du
service médical des hôpitaux de cholé-
riques. Les devoirs inhérents à des
fonctions absorbantes et les soins d'une
clientèle considérable ont laissé à IL
Sauveur peu de temps à consacrer à
des publications scientiliquos ; on lui
doit cependant, outre sa thèse, quelques
discours académiques, des rapports
scientifiques sur divers sujets cl un cer-
tain nombre d'articles insérés dans des
journaux spéciaux.
fetoiimit (Jean-Pierre), né à Luxem-
bourg le 4" mai 4847, ancien élève de
l'Athénée de cette ville (v. l'art. Noël) et
de l'Université de Liège, a manifesté de
bonne heure des aptitudes spéciales
qui lui valurent d'être attaché, dès le
47 octobre 4856 ('), aux Ecoles des
arts, des manufactures et des mines,
en qualité de répétiteur et maître de
dessin. Sans son goût prononcé pour
l'enseignement, il aurait suivi la car-
rière de son frère aîné, qui se distin-
gua comme architecte (•): plusieurs
constructions, exécutées d'après ses
plans et par ses soins, permettent du
moins de le conjecturer. Quoiqu'il en
soit, le chef des travaux graphiques des
Ecoles, bien que depuis 52 ans en con-
tact avec les élèves pendant 24 heures
en minimum par semaine ('), a trouvé
le temps, non seulement de se charger
de plusieurs cours en rapport avec ses
études spéciales sur l'art de bâtir, mais
de rendre de nombreux services à di-
verses administrations, en dehors de ses
fonctions professorales, dans le domaine
des travaux publics. De 4850 à 4866,
il a répété les deux cours de géométrie
descriptive et procédé aux interroga-
tions relatives à ces cours, sur une
moyenne annuelle de plus de 400 élèves ;
de 4840 à 1862, il a fait un cours de
topographie (*) et dirigé les exercices
des élèves sur le terrain. En 4842, de
retour d'un voyage en Bavière, il ouvre
une série de leçons publiques sur l'his-
toire de l'architecture ; les élèves des
diflerentes Facultés se groupent autour
de sa chaire, et le gouvernement donne
au jeune professeur un témoignage de
satisfaction, en l'envoyant faire le tour
de l'Italie Uentré à Liège, il reprend et
continue pendant plusieurs années son
cours d'histoire de l'art, lequel au reste
n'était qu'un appendice de celui d'ar-
chitecture civile, confié à M. Schmlt
depuis 4840. En 4847, il fallut y re-
noncer : le cours d'architecture civile
( * ) Il 8 été nommé, le 90 novembre 4844,
agrégé k la Faculté des sciences.
(* y Schmit, aine , mourut archileclo de la
ville de BruxeUas. Son fils, geodre de M. J.
P. Schmit, est actuellement professeur de
hantes mathématiques à TU Diversité libre de
la capitale.
(*) Les tâches ont été depuis divisées, à
raison de l'accroissement considérable de la
popuUition des Écoles.
( * ) Aujourd'hui confié à 11. A. Habcts (v.
Tart. NoEL).
918
SCH
916
fut réuni au cours de constructions in-
dustrielles, sous le nom d'architecture
industrielle (cours annuel) : M. Scbmit
en est encore titulaire. Depuis 1867,
il expose publiquement à la Salle aca-
démique Tintéressante théorie de Vaxo-
nottuHrie, quMl vient d'enrichir de nou-
veaux développements et dont il a con-
sidérablement étendu les applications
(v. ci-après). Un arrêté du 5 septembre
i868 lui a conflé le cours de géométrie
descriptive, délaissé par Brasseur (v.ce
nom), et Ta déchargé en même temps de
la direction des travaux graphiques.
— En dehors de rUniversité, M Schmil
s*est particulièrement fait remarquer
par la part active qu*il a prise aux tra-
vaux du Conseil de salubrité publique
de la province de Liège (v. les Rapports
annuels deM.Spring, président). — En
i8i8, M. RogiiT, ministre de Tinté-
rieur, adressa, sous la date du 8 avril,
une circulaire aux gouverneurs des
provinces, pour les engager à étudier
la grave question des engrais des villes,
doublement importante au point de vue
de rhygièneetdesflnances communales.
Le Conseil de salubrité de Liège, depuis
longtemps sous Tempire des mêmes
préoccupations, nomma aussitôt une
Commission spéciale, et celle-ci jugea
indispensable, avant tout, de recueillir
en faisant étudier de près les établisse-
ments le plus en renom , des données
précises pouvant servir à Tintroduction,
dans le pays,d'un système régulier de ré-
colte et de distribution des engrais. M.
Schmil fut envoyé à Lyon, cité dont la
situation topographique oppose, ù la
réalisation d*un tel projet, des diflicul-
tés analogues à celles qui se présentent
dans la ville de Liège. La Société géné-
rale des engrais de France (dite ^^iron-
net) avait dès lors établi à Villeurbanne,
près de Lyon, un service d'exploitation
modèle. M. Schmit Tétudia dans le plus
grand détail, et publia en 4850, dans
les Annales du Conseil de salubrité, un
rapport explicite, qui fut distribué par
le gouvernement aux principales admi-
nistrations du royaume et exerça par-
tout une légitime influence. M. Piercot,
bourgmestre de Liège, fit en quelque
sorte ji Tauteur un devoir de mettre
lui-même ses conclusions en pratique :
M. Schmit accepta cette mission tempo-
raire et, dans la période de i852 k
i858, ouvrit le marché de la Campine
aux engrais de Liège, activant ainsi le
défrichement des bruyères tout en as-
sainissant la ville. 11 eut bientôt Vocca-
sion d'étendre au dehors l'influence de
ses idées; déjà en 4851, le ministre de
l'intérieur l'avait chargé de procéder à
une enquête sur les taxes d'octroi dont
les engrais d'Anvers étaient frappés à
la sortie; en 485â, le ministre de la
justice mit sous sa direction les tra-
vaux d'assainissement des prisons de
TElat à Vilvorde, à Gand et à Uoog-
straelen (*) ; en 4853 enfin, M. Rogier
l'envoya de ville en ville étudier le sys-
tème des engrais, avec mission de ré-
diger un rapport circonstancié, qui fut
communiqué l'année suivante aux Cham-
bres législatives et inséré dans les An-
nales parlementaires. Libre enfin, après
4858, de se consacrer entièrement à
ses travaux ordinaires, M. Schmit s'est
particulièrement occupé, depuis lors,
des applications de la géométrie des-
criptive. On conçoit que ses occupa-
tions multiples ne lui aient guère laissé
le loisir, pendant longtemps, de publier
de nombreux ouvrages. Nous avons
cependant à mentionner de lui les tra-
vaux suivants :
4» ^"otice (en anglais) sur la Théo-
tèque de réglise de LinUfourg (prov. de
Liège). Londres, Wells, 4842, in-folio,
avec une planche lith. à 2 teintes (des-
sinée par M. Schmit).
2» Extrait d'un Mémoire sur Varchi-
tecture en Italie (Mém. de la Société royale
des sciences de Liège, mai 4845 , in-8*».)
M. Schmil fait partie, depuis l'origine, de
la Société royale des sciences.
3*» Atlas d' épures de géométrif des-
criptive et des applications de cette
science Liège, 4850-4860, in-foL
Cet allas se compose de ^4 planches com-
( * ) L'accomplissement de cette mission biles de M. Scbmit ont été adoptés par le
dura quatre ans. Les appareils de fosses mo- Conseil supérieur du royaume.
917
SCH
918
posées par M. Schmil poar les cours de
travaux graphiques à l'Ecole des mines,
et gravées par lui-même.
i<^ Moyens de recueillir et d'utiliser
les engrais qui se perdent dans les
grand* centres de population au détri-
ment de la salubrité publique et de Va-
gricuUure, Liège, 1850, un vol. in-8''.
C'est le rapport rédigé k la suite du voyage
à Lyon. Il comprend tout le 4* volume des
Annales du Conseil de salubrité de Liège,
Le gouvernement en a fait distribuer 800
exemplaires aux administrations commu-
nales.
5** Rapport sur Vexploitation des en-
grais de ville à Anvers (adressé au mi-
nistre de rintérieur). Bruxelles, Le-
signe, i851, in'8^
6« Enquête sur les engrais des villes
(Rapport transmis à la Chambre des
représentants dans la séance du 30 jan-
vier 1854, et inséré dans les Documents
parlementaires, sous le n» 121).
7° Traité d'axonométrie (sous presse).
L'axonométrie est an système des projec-
tions permettant de figurer les objets, datts
une seule image, de telle manière que les
trois dimensions principales, nécessaires à
la construction, y soient mesurables direc-
tement, sur des échelles connues. L'objet
est incliné sur le plan de projection ; mais
les projetantes sont orthogonales , tandis
que la théorie des projections obliques ad-
met une position orthogonale de Tobjet par
rapport ao plan de projection, mais exige
des projetantes obliques à ce plan. — L'a-
xooomtitrio comprend les perspectives ca
valières et les projections dites militaires,
Monge n'avait enseigné que les projections
orthogonales sur deux plans de projections,
et les projections polaires ou perspectives.
Les premières exigent, dans la lecture de
l'épure, une synthèse fatigante des deux
projections ; elles ne font pas image. Les
autres font image, mais ne peuvent servir
k la construction. Les projections axonomd-
triques et les projections obliques réunissent
les deux avantages et évitent la synthèse :
elles sont aujourd'hui enseignées k l'Ecole
polytechnique de Paris et dans toutes les
écoles spéciales d'Allemagne ; M. Schmit est
le premier et le seul qui, jusqu'à ce jour, ait
enseigné cette doctrine en Belgique. 11 l'a
introduite dans ses cours de TEcole des
mines depuis 1840. Rien n'avait encore paru
sur cette science. Le traité de Weissbach,
imprimé à Freiberg, ne date que de 1844.
Le premier dessin axonomélrique publié en
Belgique par M. Schmil est la vue perspec-
tive de l'établissement de Ruysselede, insérée
dans on rapport de M. Ducpétiaux à la
Chambre des représentants. En ouvrant un
COMTS public d'axonoroétrie (1867), M. Schrait
a voulu rendre celte découverte accessible à
des élèves qui ne connaîtraient que les pre-
miers éléments de la géométrie. Il expose
une théorie nouvelle des ombres axonomé-
triques qui simplifie les applications de la
science; dans son cours de 1868, il déve-
loppe les projections obliques , d'après une
théorie qui lui appartient également.
8» Rapport sur les ouvrages de M, le
docteur Varrentrapp (Drainage des
villes. Berlin, 1868) et de M. Vingénieur
Rurckly (Canalisation des villes. Zu-
rich, 1866), suivi d'une Note sur le dé-
versement des eaux chaudes dans les
égoûts. Liège, 1868, in-8°.
Extr. des Annales du Conseil de salubrité
de la province de Liège,
9** Cours de géométrie descriptive- —
Point, droite, plan. — Livre I : Projec-
tions cotées. Liège, Desoer, 1868, 51
p. in-8° et i pi. in-4*».
La science du dessin, selon M. Schmit,
peut se réduire k cinq systèmes de représen-
tations graphiques des corps : le système
orthogonal sur un plan, combiné avec \ei
cotes de hauteur chiffrées ou les rabattements
qui ne sont encore que des ombres portées ;
le système orthogonal sur deux plans rec-
tangulaires , constituant la géométrie des-
criptive de Monge; le système orthogonal sur
un plan , combiné avec des projections sur
trois plans rectangulaires j et formant l'axo-
nométrie de Weissbach ; le système par
rayons projetants obliques aux plans de Ti-
mage, connu sous le nom de projections
obliques ; enfin, le système central ou polaire,
que l'on désigne sous le nom de perspective,
M. Schmit met en relief (parag. 148 et
suiv.) l'importance du procédé d'application
de la théorie des projections cotées à la re-
présentation des couches de houille, employé
pour la première fois par M. J. van Scherpen-
zeel-Thim , chargé de la confection do la
Carte générale des mines de la Belgique ( ' ).
La pi. IV de l'atlas représente un spécimen
de carte minière qui ne laisse rien à désirer.
Dans un second volume, l'auteur traitera
(*) V. l'art. DuvORT, col. 931 ei S39.
■^>
919
SCH
920
K
\
des courbes et des surfaces courbes em-
ployées dans les arls^ des questions de con-
tact et d'intersection des surfaces, de l'appli-
cation de la théorie des ombres et de la
perspective aérienne à la représentation des
coiirbures et des positions de ces surfaces ;
mais en choisissant, pour chaque cas donné,
le système de projection le plus approprié
(v. la Rcvut de t Instruction publique en Bel-
gique, t. XI, 1869, p. 413-415).
10« Programme détaillé du cours de
géométrie descriptive fait à VUniversité
de Liège en 1868-1809 par J.-P. Schmit,
Liège. Ch. Jaspar et flls, 1869, in-8*»
{autographié).
Promibre piKie (cours du semestre d'hi-
ver) : PrQjectiois cotées et projections or*
tbogonates sur deux plans rectangulaires.—
â« partie (cours du semestre d'été) : Projec-
tions axonomélriques orthogonales ; id. obli-
ques ; projections polaires ou perspective
linéaires; projections stéréographiques.etc.;
théorie des ombres, appliquée aux différents
systèmes de projections; perspective aérien-
ne, avec les mêmes applications, coupe des
pierres et charpente.
Le 8 janvier 1868, M. Schmit a reçu
de S. M. le roi des Pays-Bas la croix
de chevalier de l'Ordre de la Couronne
de chêne.
Hehwitnn (Thëodore), 0. $t, né à
Neuss« près Dusseldorf, le 7 décembre
1810, commença ses humanités au pro-
gymnase de sa ville natale et les acheva
au gymnase de Cologne (ancien collège
des Jésuites). Il manifesta de très-bonne
heure une aptitude marquée pour tes
sciences physiques et mathématiques,
mais ne s'en distingua pas moins dans
l'étude des langues, si bien ({u'en quit-
tant les études moyenne», il était encore
indécis sur le choix d'une carrière. L'U-
niversité de Bonn brillait alors du plus
vif éclat : ce fut là quil prit ses inscrip-
tions, au mois d'octobre lSâ9, comme
étudiant en philosophie. Van Calker
(logique), Bobrik (psychologie), Hermès
(introduction philosophique à la théolo-
gie catholique), Delbnick (liltéiitlure
latine), Plucker (algèbre supérieure),
Diesterweg (de rébus positivi^ et nega-
tiris), Treviranus (botanique), Nées von
Esenbeck (pharmacologie) , Goldfuss
(zoologie), Nœggerath (minéralogie),
Miinchow (physique) et Bischof (chimie
expérimentale) furent ses preraiei^ maî-
tres (*). Insensiblement les prédilec-
tions de son adolescence devinrent do-
minantes ; il résolut enfin d'associer
Tétude de la médecine à celle des
sciences naturelles. Llllustre physiolo-
giste Jean Mùller, alors simple privat-
dccent à Bonn, mais déjà renommé dans
tonte lEurope, lui enseigna l'encyclo-
pédie médicale, l'analomie comparée, la
physiologie et la pathologie générale;
Weber et Meyer, l'anatomie générale et
spéciale, ainsi que l'art des dissections;
Uarless, l'hygiène et la diététique; Nau-
mann, la pathologie spéciale. Jean Mill-
ier surtout exerça sur lui une grande
influence, en l'associant à ses travaux:
M. Schvvann l'assista dans tontes ses
expériences sur la différence des racines
sensitives et motrices des nerfs, sur le
sang, etc. On sait que la méthode expé-
rimentale, introduite dans la physiolo-
gie par Magendie, fui cultivée par Mùl-
ler avec cette rigueur consciencieuse qui
c^iraclérise la nation allcmamld, et avec
un succès qui marque dans l'histoire de
la science. Le jeune étudiant ne ponvait
tomber en meilleures mains : le maiure,
d'autre part, apprécia en lui un disciple
destiné à en fortner d'autres à son tour;
dès celte époque, il l'engagea vivement
ii poursuivre ses éludes de manière à
pouvoir ambitionner, plus tard, une
chaire académique.
Après avoir subi à Bonn, le i août
1851 , l'examen dit philesophique cl
scievlifique, qui donne droit au litre de
bachelier en philosophie, M. Schwann
se rendit à l'Université de ^Vurzhourg,
célèbre par son enseignement médirai;
il y fréquenta pendant un an et demi les
cours du doctorat en médecine (*) et la
( * ) Nous extrayons ces détails du Curri-
culum vitœ annexé, selon l'usage, à la thèse
de doctorat de notre eoUëgue.
( * ) Mûnz fanatomie spéciale et anatomie
pathologique), Rumpf (matière médicale),
Textorf chirurgie etakiurgie), Schœnlein(pâ-
thûlogie et thérapeutique spéciales). d'Outre-
pont (art obstétrical). Il assista égalemeot
aux leçons de Wagner (phitts. praliiiae et
philos, naturelle).
921
SCH
922
clinique médicale du célèbre Schœnlein,
puis celle de Marcus, la clinique chirur-
gicale et ophlhalmologique de Textor
et de JîPger, enfin la clinique des ac-
couchements de d'Oulrepont. Au mois
d'avril 1855, il se transporta à Berlin
pour achever ses études (*) et passer
SCS derniers examens. Le litre scienti-
fique de docteur en médecine lui fut dé-
livré par la Faculté de cette ville le 51
mai 185i, après un examen rigorosum.
Sa thèse inaugurale est intitulée: De
necessitate aëris atmospherici ad evolu-
tionem jmlli in ovo incubito (Berlin,
1854, iu-'i''). 11 prouva, dans ce travail
expérimental, que Tœuf de poule ne se
développe ni dans Tazote, ni dans Thy-
drogène pure, ni dans Tacide carboni-
que, ni dans le vide, mais que Toxygène
est indispensable pour faire naître les
premières traces de Tembryon.
Pendant l'hiver de 185*5- 1834, M.
Schwann subit Texamen d'Ef ni (Stnats-
Examen) qui donne accès à ia pratique
médicale et dure ordinairement quatre
mois. Son brevet de médecin et de chi-
rurgien porte la date du 26 juillet 1854.
Sur ces enlrefaiies, Jean Mûller avait
accepté, à Berlin, la chaire d'anatomie
et de physiologie, devenue vacante par
le décès de Rudolphi. C'était une bonne
fortune pour l'ancien élève de Bonn.
Huiler prit une vive part aux expérien-
ces de M. Schwann sur l'incubation des
œufs dans les gaz irrespirables, et in-
sista de nouveau pour le décider ù en-
trer dans l'enseignement. Ses conseils
furent écoulés: bientôt, par son in-
fluence, notre collègue obtint une no-
mination d'aide-naturalistc au Musée
d'anatomie humaine et comparée , à
l'Université de Berlin. Mûller était direc-
teur du Musée : M. Schwann troMva ainsi
l'excellenle occasion de l'aider de nou-
veau dans toutes ses expériences, prépa-
ratoires à la publication de ce célèbre
Traitéde physiologie humaine, qui éleva
le professeur de Berlin au premier rang
parmi les spécialités contemporaines.
Ces travaux n'empêchèrent pas M.
Schwann d'entreprendre des recherches
pour son propre compte. Le docteur
Eberie, de Wurzbourg, dans un travail
sur la digestion, venait de publier l'ex-
périence suivante : « Si l'on ajoute à une
membrane muqueuse préparée quelques
gouttes d'acide chlorhydrique, et si l'on
y met pendant quelques heures des
morceaux d'albumine coagulée , à la
température du corps, ces morceaux
deviennent transparents et se dissol-
vent. » Mùller et son aide répétèrent et
confirmèrent celle découverte, qui im-
plique la digestion artificielle (Mûllefs
Archiv, 1856, p. 66). Cependant M.
Schwann s'engagea plus avant, et seul,
dans la nouvelle voie ouverte. 11 filtra
celle substance pultacée et montra que
le liquide aqueux filtré possède la même
propriété dissolvante. Il prouva que
c'est uniquement la muqueuse de l'es^
tomac qui produit cet effet, qu'il est dû
à la présence d'une substance organique
particulière, dont il détermina les réac
lions principales et à laquelle il donna
le nom de pepsine. 11 découvrit ainsi le
principe essentiel de la digestion sto-
macale. Il démontra qu'en commun avec
l'acide , la pepsine dissout aussi les au-
tres substances albuminoîdes ; que cet
effet a lieu quand même la pepsine est
en quantité minime (par catalyse); enfin,
il détermina le rôle que les acides jouent
dans cette opération (Ueber das Wesen
des Verdauungsprocesscs, Mùller's Ar-
chiv, 1856, p. 90). Il confirma, dans
ce même travail, la découverte de
Leuchs sur la transformation de la fé-
cule en sucre par la salive.
Ces travaux chimiques furent sui-
vis de recherches microscopiques. M.
Schwann examina la texture des muscles
volontaires, indiqua une méthode d'iso-
ler les fibres primitives et montra l'ori-
gine des stries transversales de leurs
faisceaux primitifs {Physiologie de Mùl-
ler, t. U, p. 55). Il chercha la termi-
naison des nerfs dans les muscles, sans
parvenir k la découvrir; il n'admit point
la terminaison par anses, généralement
adoptée à cette époque, aujourd'hui en-
tièrement réfutée {Ibid., t. H, p. 54).
( ' ) U suivit à Berlin la clinique médicale
de Barlets et de Wolf, la clinique chirurgi-
cale de Rust, la clinique ophthalmiatriquc de
Jûngken et le cours d'histoire de la médecine
de Uecker.
923
SCH
924
Armé du microscope, il constata le pre-
mier l'existence de parois propres des
vaisseaux capillaires (Ib., 1. 1, p. i75).
11 montra par des expi^riences physio-
logiques, au moyen d'eau froide, la
contractililé musculaire des artères {En-
cycl. Wœrterbuch der Medic, Wissen-
schaft, art. Gefœsse ; PhysioL de Mùller,
l. 1, p. 170).
Le tissu jaune élastique fut un autre
objet de ses recherches microscopiques.
Lauth avait déjà démontré que ce tissu
diffère radicalement du tissu fibreux ;
M. Scimann en découvrit les propriétés
microscopiques, d*un caractère très-
tranché (EncycL, Wœrlerb,, vol. XIV.
p. 216, et Eulenbourg, De telà elasticù^
Berlin, 4836). 11 découvrit, dans le mé-
sentère de la grenouille et dans la queue
des têtards, la division d'une fibre primi-
tive de nerfs, observation sans préttédent
jusqu'alors {Pkyml, de Millier, t. L p.
524 ; t. Il, p. 55). Il prouva le premier,
par l'examen microscopique et par le
rétablissement de la fonction, la repro-
duction des nerfs coupés, et, le premier,
il se servit de cette faculté pour résoudre
la question de savoir si les fibres, sen-
sitives ou motrices, irritées au milieu
de leur trajet, propagent leur irritation
vers le centre et la périphérie à la fois,
ou seulement dans une de ces direc-
tions (Ibid.), — Se tournant alors vers
un autre mystère physiologique impor-
tant, il aborda parla voie expérimentale
le problème de la génération spontanée.
Un flacon en verre fut à moitié rempli
d'eau contenant des morceaux de viande.
Même après la coction, des infusoires
se forment dans ce liquide au bout de
quelques jours, si l'air peut y entrer,
M. Schwann ferma le goulot au moyen
d'un bouciion en liège, traversé de deux
tubes en verre chauffes dans un bain de
plomb fondu. Après une forte ébullition
de l'eau du flacon , pour chasser l'air,
il laissa refroidir. L'air extérieur ne
pouvait s'introduire dans le flacon, pen-
dant le refroidissement, qu'en pas-
sant par les tubes chauffés dans le
bain. La fusion du plomb fut entre-
tenue pendant plus d'un mois (en
été), et un courant continuel d'air fut
établi par les tubes et le flacon. Aucun
in*usoire ne se forma dans Veau, Pour
plus de sûreté, l'air fut analysé après
son passage par le flacon : la quantité
ordinaire d'oxygène y fut reconnue. Les
infusoires apparaissaient promptement,
dès que les tubes n'étaient plus chauffés.
Ces expériences sont sans contredit les
plus concluantes qui aient encore été
faites à propos de la génération spoo-
tanée : la cause de la formation d'infu-
soires existe dans l'air , et cette cause
cesse d'agir si Tair est chauffe, tandis
qu*à cette température l'oxygène et l'a-
zote ne changent pas de proportion ; la
conclusion « que ce sont des germes
volant dans l'air » se présente d'elle-
même (Annales de Poggendorf, 1857,
vol. XLl, p. iU).
M. Schwann remarqua en même
temps que la viande du flacon ne pour-
rissait pas. On connaissait bien déjà
la méthode d'Appert, qui consiste à
conserver la viande dans des vases clos,
chauffée à 100''; mais on allribuait
l'absence de putréfaction au défaut
d'oxygène. Les expériences de notre
physiologiste prouvèrent que la putré-
faction n'a pas lieu, même quand l'air
avec son oxygène arrive en abondance,
pourvu que cet air soit chauffé suffisam-
ment pour tuer les germes d'infusoires.
Les infusoires sont donc, se dit-il, la
cause de la putréfaction : il prouva
en effet par d'autres expériences que
fout ce qui tue les infusoires eropê(*he
également la putréfaction. Voulant alors
faire la contre-épreuve et démontrer
que, dans d'autres phénomènes où l'air
Joue un rôle , il n*y a aucune différence
entre l'air chauffé ou non chauffé , il fit
des expériences sur la fermentation
alcoolique. Contre toute attente, l'air
chauffé ne produisit pas non plus la
fermentation. Il conclut : de deux choses
l'une, ou l'air* chauffé subit un change-
ment inconnu, qui est la cause de la
putréfaction et de la fermentation al-
coolique , ou celle-ci est aussi pro-
duite par des êtres vivants, il exainioa
donc la levure au microscope, et fut
aussi étonné que ravi de trouver qu'elle
est entièrement composée de champi-
gnons. Il observa l'accroissement de
ces champignons pendant la fermenta-
tion et prouva que tout ce qui tue le
champignon empêche la levure d'opé-
928
SGH
926
rer la fermentation (Ànn. de Poggen-
(lorf. 1837). Plus lard (Miscroscop,
Untersuchungen^ p. 254), il démontra
encore que Tacide carbonique de la fer-
mentation alcoolique se forme autour
des champignons. Une solution faible
de sucre avec un peu de levure fut co-
lorée en bleu par du tournesol et intro-
duite dans un long tube en verre. Au
milieu de ce tube se trouvait une tige
transversale, sur laquelle une partie
des champignous devaient se déposer.
La coloration en rouge, due à Tacide
carbonique, commença effectivement à
se produire au fond et autour de cette
tige. Il appliqua donc sa théorie de la
putréfaction à la fermentation alcoolique
produite parles champignons de la le-
vure. 11 inaugura ainsi celte série de
travaux poursuivis depuis par beaucoup
d'auteurset principalement par M. Pas-
teur, sur le rôle très-important que les
germes d*aniraaux et de végétaux infé-
rieurs suspendus dans T^irjouent dans
la nature inerte el dans la nature vi-
vante.
Dès le début de ses recherches ,
M. Schwann sVfforça dlntroduire en
physiologie la méthode rigoureuse d*ex-
périmentation qu'on n'avait précédem-
ment appliquée qu'à l'élude de la na-
ture inanimée, et qui est devenue de-
puis le cachet de la physiologie moderne.
11 choisit à cet effet la contraction mus-
culaire, acte évidemment vital, et qui,
à la différence d'autres actes vitaux tels
que la sécrétion, offre l'avantage d'être
exempt de changements qualitatifs.
A quelles lois la contraction muscu-
laire est-elle soumise ? Pour résoudre
cette question, il attacha le tendon
d'une patte de grenouille à une balance
d*une construction particulière, puis il
iriita le nerf du muscle. La contrac-
tion fit descendre le fléau jusqu'à une
certaine hauteur, qu'il marqua sur une
échelle par 0. Ce point 0 indique le
maximum de contraction du muscle
sans charge. Un certain poids ayant
ensuite été mis sur le plateau opposé
de la balance, il irrita de nouveau le
muscle. Celui-ci ne se contracta plus
jusqu'au point 0, mais resta à une dis-
tance M de ce point. Le poids étant
doublé, le muscle irrité se trouva ar-
rêté à une distance â M du point 0, et
ainsi de suite : c'est la loi des corps
élastiques. Un muscle irrité se contracte
donc comme un corps élastique ayant
la longueur du muscle contracté au
maximum, et allongé jusqu'à la longueur
du muscle en repos. La modification
qu'une irritation produit dans un muscle
consiste donc dans un changement des
molécules du muscle , qui est tel, que
leur équilibre stable est établi seulement
lorsque le muscle est contracté au maxi-
mum ; dans ce nouvel état moléculaire,
le muscle est un corps élastique. Ces
expériences furent faites publiquement
à lena en 1830, à la réunion des natu-
ralistes allemands. Elles furent publiées
dans le compte rendu de cette réunion
et dans la Physiologie de Mûller, t. H,
p. 59. C'était, comme le fait remarquer
M Dubois-Raymond ('), c'était la pre-
mière fois qu'on examinait comme une
force physique une force évidemment
vitale, et que les lois de cette force
étaient mathématiquement exprimées,
en chiffres. Les expériences de AL
Schwann n*attirèrent cependant pas l'at-
tention publique autant qu'elles le mé-
ritaient : les esprits n'étaient pas assez
préparés pour ce mode d'examen. Dix
ans plus tard, Ed. Weber les reprit et
poursuivit avec beaucoup d'éclat.
La tendance de notre collègue d'in-
troduire dans la physiologie un mode
d'explication plus exact que celui qui
régnait alors sans contestation, l'expli-
cation par la force vitale, se dévoila de
la manière la plus décisive dans le tra-
vail qu'il publia trois ans plus tard ,
sur le développement des tissus. Ce
livre, d'une importance hors ligne, est
intitulé : Mikroscopische Untersuchun-
gen ûber die Ubereinsiimmung in der
Structur unddem Wachsthumder Thiere
und Pflanzen. BerWn, 1859, in-8°. On
admettait généralement à cette époque,
dans chaque être, l'existence d'une force
unique particulière, dite force vitale.
On se figurait cette force réunissant
les molécules en organisme, à peu près
comme un architecte bâtit une mai-
{*, Notice nécrologique sur J. Mûller [tAé- Diom. de l'Âcad. de Berlin, 1859, p. 79.
927
SCH
928
son, d'après une idée, sans cependant
avoir conscience de cette idée. On ia
considérait comme agissant dans chaque
tissu et lui donnant ce que J. Mûtler
appelait son énergie propre, La con-
iractilité , par exemple , était l'éner-
gie propre des muscles, Tirrilabilité
(«Ile des nerfs, etc. D'après J. Mûller,
les phénomènes de la vie se distinguent
de ceux de la nature inerte, en ce que les
agents qu'on applique sur un organe vi-
vant ne font que provoquer l'énergie pro-
pre du tissu, si bien que l'effet est le même
quel que soit l'agent appliqué, tandis
que dans ta nature inerte l'effet produit
est quelque chose d'intermédiaire enire
l'agent appliqué et In substance à la-
quelle on l'applique. Ainsi , un muscle
ne fait que se coniracter, que l'agent
qu'on y appliiiue soit mécanique, chi-
mique , électrique, etc. , tandis qu'un
acide agissaiit sur une hase produit
un sel, qui n'est ni acide ni base.
Les découvertes de M. Schwann
changèrem radicalement cette manière
de voir et jetèrent les fondements de la
physiologie moderne , qui s'appuie sur
le prhicipe opposé. Les phénomènes de
la vie, dit-il, ne sont pas produits par
une torce agissant d'après une idée,
force qui serait donc plus ou moins
analogue au principe immatériel et con-
scient de l'homme, mais par des forces
essentiellement les mêmes que dans la
nature inorganique, par des forcées agis-
sant aveuglément et avec nécessité,
comme les forces physiques. On pour-
rait admettre, ajoule-t-il, que les forces
formatrices des organismes n'agissent
pas dans la nature inerte, parce que
les combinaisons des molécules qui les
dégagent ne s'y rencontrent pas ; mais
il ne s'ensuivrait pas encore qu'il fallût
les dislingueressentiellementdes forces
physiques ou chimiques. La finalité,
continue-t-il , même un haut degré de
finalité individuelle, dans chaque orga-
nisme , est incontestable ; mais celte
finalité ne provient pas de ce que cha-
que organisme serait produit par une
force individuelle agissant d'après une
idée; elle est déterminée de la même
manière que dans la nature inerte : il
en faut chercher l'explication dans la
création de là matière avec ses forces
aveugles par un être infiniment intelli-
gent {Mikroscopische Untersnchnngen,
p. 22i et suiv.). M. Schwann oppose
donc rexplication physique à l'explica-
tion téléologique (explication par fina-
lité). Celle-ci implique une personnifi-
cation des forces de la nature , qui
marque toujours l'enfance des sciences.
M. Schwann a été conduit à cette
manière d'envisager les organismes par
la découverte qu'il a faite, en 1857, de
l'uniformité de la texture et de l'accrois-
sement des animaux et des végétaux.
On connaissait depuis longtemps
l'uniformité de la texture des plantes :
elles ne se composent que de cel-
lules. On en était déjà venu à inférer
que l'être vivant dans une plante n'est
que la cellule, et que la plante est une
agrégation de cellules. Robert Brown,
d'autre part, avait signalé dans beau-
coup de cellules un corps caractéris-
tique, ordinairement ovale et aplati,
appelé noyau et renfermant lui-même
un corpuscule appelé nucléole, Schlei-
den prouva que ce noyau existe dans
toutes les cellules jeunes ; qu'il précède
même la formation de la cellule, et que
celle-ci. dans son origine, s'insère sur
lui comme un verre de montre sur la
montre. Schleiden communiqua verba-
lement le résultat de ses travaux à M.
Schwann, qui fut frappé de la ressem-
blance de ce corps important, nous vou-
lons dire du noyau des cellules des
plantes, avec un corps déjà connu
qu'il avait observé souvent chez des
animaux, par exemple dans les cor-
puscules du cartilage, dans les cellules
de Tepithelium, etc. Il reconnut immé-
diatement qu'un nouveau principe se-
rait mis en lumière, s'il parvenait à
prouver que ce corps se forme aussi ,
chez les animaux, avant la cellule épi-
théliale, avant le corpuscule du car-
tilage. Ce point établi, l'analogie com-
plète entre le corps du règne animal et
le noyau des cellules des plantes ne
saurait être révoqué en doute II serait
démontré qu'il existe chez les animaux
des parties élémentaires se dévelop-
pant essentiellement de la même ma-
nière que les cellules végétales ; d'où
l'on serait fondé à soutenir que la cause
qui fait croître les parties animales doit
929
SGH
930
êlrela même que celle qui fait crolf re les
cellules végétales. Si donc la cause de
raccroissement des cellules des végé-
taux réside en elles-mêmes et non pas
dans la plante entière, les parties anima-
les dont il s*agit doivent avoir aussi la
cause de leur croissance en elles-mêmes,
et non pas dans une force qui tiendrait
à l'organisme entier. Mais s'il y a dans
Torganisme animal des parties élémen-
taires qui se soustraient à faction de la
force unique qui, selon Topinion com-
mune, bâtit le corps d*après une idée,
Texistenee de cette force même devient
douteuse. Admettons par hypothèse sa
non-existence : dès lors la force In-
hérente aux molécules elles-mêmes
peut seule rendre raison de raccrois-
sement des parties élémentaires. Or les
molécules ne différant pas essentielle-
ment les unes des autres, les forces
par lesquelles elles se réunissent doi-
vent être aussi partout essentiellement
les mêmes, et par conséquent aussi le
mode de réunion, le mode de crois-
sance doit être le même. Dans le règne
végétal, le mode de réunion consiste
Incontestablementdans leur assemblage
en cellules à noyau préexistant ; le
même mode de réunion doit exister aussi
dans la formation et le développement
de toutes les parties élémentaires de
ranimai : toutes doivent être des cellules
à noyau, plus ou moins transformées.
M. Schwann entrevit d'un coup d'œil
toutes ces conséquences et se mit à
chercher par le microscope, d'abord
pour un seul tissu, les cartilages, Tiden-
tité du noyau des corpuscules du carti-
lage avec le noyau dos cellules végétales,
la nature ceilulairedeces corpuscules, la
préexistence de ce noyau avant les cor-
puscules , la formation de jeunes cel-
lules dans une cellule mère : bref, tout
ce qui peut prouver l'identité de la compo
sitlon et du développement des cellules
du cartilage avec les cellules végétales.
Ayant acquis, non sans peine , celte
certitude, il se tint pour assuré de trou-
ver le même mode de développement
dans tous les tissus des animaux, préci-
sément parce que pour lui Une s'agissait
pas de la simple généralisation d'un
fait. Il avait reconnu le principe qui est
au fond du fait, c'est-à-dire que deux
tissus radicalement différents se déve-
loppent de la même manière, proposi-
tion difficilement compatible avec l'ex-
plication de la croissance par une force
commune, réunissant les molécules d'a-
près une idée. Les molécules se réu-
nissent par leurs propres forces , qui
sont partout essentiellement les mêmes.
L'examen du développement de tous
les tissus a pleinement confirmé la
théorie de M. Schwann. Il a démon-
tré que l'œuf est une simple cellule
k noyau; que 4es vaisseaux, les os, les
muscles, les nerfs, les globules de gan-
glions, bref , les éléments de tous les
tissus, ne sont, dans l'origine, que des
cellules à noyaux, qui subissent plus
tard diiEérentes transformations. La
formation de cellules est la loi générale
de l'accroissement de tout ce qui vit,
du règne animal aussi bien que du
règne végétal : partout où un organe,
partout où un être tout entier doit se
former, il y a un noyau qui se forme
d'abord, puis une cellule qui vient
l'entourer ; celle-ci peut se multiplier
de la même manière, c'est-à-dire par la
formation d'un noyau, etc., et toutes
les cellules peuvent se transformer ul-
térieurement.
La confirmation de prévisions attein-
tes en vertu d'un principe donnait à ce
principe une grande autorité, ou plutôt
elle en devenait la véritable preuve.
L'hypothèse de la vie individuelle des cel-
lules végétales,avancée par quelques bo-
tanistes, n'était soutenable, même pour
les plantes seules, qu'aussi longtemps
qu'on séparait complètement le règne
végétal du règne animal , comme on le
faisait à cette époque ; elle perdait sa
base, du moment que les deux règnes
étaient considérés comme formant un
seul tout. Or, la découverte de M.
Schwann, que tout ce qui vit, est cellule,
établit cette hypothèse comme loi gé-
nérale de la nature vivante. M. Schwann
fit encore un pas déplus, en établissant,
à raison de son principe , que la vie
individuelle des cellules a sa cause dans
les forces qui sont inhérentes à chaque
molécule.
Le champ des observations étant ainsi
étendu à toute la nature vivante, le mot
de <^//»/f, adopté pour le règne végétal,
55
931
SCH
93S
perdit sa significallon étymolo^que de
cavité entourée d'une membrane : it
devintun terme physiologique désignant
cette forme primitive commune, sous
laquelle apparaissent, dans leur ori-
gine, toutes les parties élémentaires des
organismes. M. Schwann chercha k re-
connaître ce qu1l y a d*essentiel dans
cet élément primitif de tout ce qui vit.
Ce n'est pas l'existence d'une cavité en-
tourée d'une membrane, mais Texis-
tence d'une couche autour d'un noyau.
Il définit la cellule : un corps composé
de plusieurs couches superposées ,
qui se développent de telle manière,
que la coucheinterne précède la couche
externe. Ordinairement, il y a trois de
ces cx)uches : nucléole, noyau, cellule ;
quelquefois deux seulement : dans cha-
que couche, la surface peut se conden-
ser en membrane ou la couche peut
rester solide. Cette définition est vraie
encore dans l'état actuel de la science.
M. Schwann publia ses recherches
au fur et à mesure de ses découvertes,
à partir du commencement de Tannée
1858, dans les Notices de Froriep,
n"" 91, i03 et 112. Le travail complet,
cité plus haut, parut en 1859.— L'auteur
était remonté jusqu'au phénomène fon-
damental de l'accroissement, c'est-à-
dire du seul acte essentiel de la vie:
on appelle vivants des êtres qui ne
présentent que ce phénomène, et il
existe chez tous. Dès lors il put com-
parer cet acte vital essentiel avec le phé-
nomène le plus analogue de la nature
inerte, la cristallisation. îl établit donc
un parallèle entre la formation des
cellules et la formation des cristaux,
en notant avec soin les concordances rt
les différences.
Immense fut l'effet produit dans tous
les pays |)ar la publication de l'ou-
vrage de l'infatigable investigateur.
« Nous doutons, dit un auteur anglais
( *) dans un aperçu historique des pro-
grès de la médecine, nous doutons que
l'histoire des sciences naturelles puisse
fournir l'exemple d*une révolution plus
radicale dans la direction et le carac-
tère des travaux scientifiques, que celle
qui a été opérée en 1858 et 1859 par
la mise en lumière de la théorie histo-
génétlque de M. Schwann. » Aussi les
sociétés savantes s^empressèrent-elles
d'adresser de toutes parts au jcane
physiologiste des témoignages éclatants
de sympathie. La Société Senckenber-
gienne de Francfort lui décerna la mé-
daille de Sœmmering (1841); la Société
royale de Londres, celle de Copley (1^
décembre 1845), deux distinctions qui
sont accordées, sans concours, à l'ou-
vrage le plus important publié dans le
cours d'une longue période. La Syàen-
ham Society fit traduire le livre de M.
Schwann en anglais ; nombre d'autres
Sociétés voulurent compter l'auteur
parmi leurs membres : nous en donne-
rons la liste ci-après.
Pendant qu'il se livrait aux travaux
qui devaient ainsi étendre sa réputation
au dehors, il occupait toujours sa po-
sition d'aide-naturaliste au musée de
Berlin, sauf à donner de temps i
autre dos cours privés sur l'histologfie.
Comme il préparait sa demande pour
être nommé professeur extraordinaire
il l'Université de Berlin, la chaire d'a-
natoroie générale et descriptive devint
vacante à TUniversité de Lou>'ain, par
suite du déc^s de Windiscbmann. Elle
lui fut offerte et il l'accepta au mois de
décembre 183S. il dut hâter la publica-
tion de son ouvrage et même en retran-
cher une partie de sa théorie, |)onr
que l'impression pût être terminée
avant son départ <le Berlin. Il com-
mença ses leçons à Louvain en avril
1859. Le 14 décembre 1845, le roi
Léopold le décora de son Ordre; le 15
novembre 1848, le gouvernement belge
rappela en qualité de professeur ordi-
naire â l'Université de Liège, pour y
faire les mêmes cours dont îl avait été
titulaire Jl Louvain. Par arrêté royal du
24 août 1858, il fut déchargé du cours
d'anatomie descriptive et obtint en
échange la chaire de physiologie, qu'il
occupe encore aujourd'hui, tout en con-
servant le cours d'anatomie générale. H
est officier de l'Ordre de Léopold depuis
le 15 novembre 1859.
Depuis son arrivée en Belgique, M.
Schwann s'est livré à un grand nombre
(* ) Simon,Oii /A« Thymutgland, Londres, 4845, p. i 6.
933
SCH
934
d*expériences sur le rôle que la bile
joue dans Téconomie animale. Il a dé-
montré que les animaux périssent d1na-
nition, après un temps plus ou moins
long, si la bile, au lieu de pénétrer
dans rintestin, s'écoule au dehors par
une fistule. Ces expériences ont ouvert
une nouvelle voie dans un des domaines
les plus importants de la physiologie
des fonctions végétatives (Nom. Mém,
de l*Acad. royale de Belgique^ t. XVIIÏ,
48U)(*).
Voulant prêter son concours au sys-
tème de travaux associés, inauguré sous
le patronage derAcadémie belge, et au-
quel Fobservation des phénomènes pé-
riodiques avait servi de point de dé-
part, il s*est occupé d'établir la mesure
des principaux organes internes du
corps humain et d'en constater le poids,
ainsi que celui des tissus, par Texamen
comparatif de plusieurs cadavres d'in-
dividus morts par accident (/Md ,t. XVI
et XVIII).
Une autre série de recherches inté-
ressantes fut entreprise par M. Schwann
vers 1852. Une catastrophe arrivée dans
une houillère avait déridé l'Académie à
mettre au concours le problème sui-
vant : « Trouver le moyen de vivre dans
un gaz irrespirable, de s'y mouvoir
librement et de s'y éclairer. » Il est pos-
sible de vivre en respirant toujours le
même air, se dit le professeur de Liège,
si l'on parvient à absorber l'acide car-
bonique dégagé par la respiration, et k
remplacer Toxygène absorbé. Or il suffit
de faire passer l'air expiré sur du per-
oxyde de baryte, pour obtenir œ double
avantage au moyen d'une seule et même
substance. Cependant il est nécessaire
d'ajouter encore de l'oxygène : M.
Schwann atteignit ce résultât en faisant
tomber de l'acide acétique sur une autre
quantité de peroxyde de baryte. Telle fut
la première idée de son apiKireil; mais il
la modifia bientôt. Comme les vases en
cuivre ne résistent pas longtemps k
l'acide et à l'oxygène, il substitua au
dégagement de ce dernier gaz l'oxygène
comprimé k cinq atmosphères L'écou-
lement uniforme de l'oxygène comprimé
fut assuré, grâce à une sorte de robinet
de construction nouvelle. Le prix élevé
et les qualités vénéneuses de la baryte
lui firent préférer à cette substance la
chaux, imprégnée d'une solution de
potasse. D'après ses principes fut dé-
finitivement construit un appareil de la
dimension d'un sac de soldat et destiné
à être porté sur le dos. La lampe d'é-
clairage consiste en un fil de platine
chauffé à blanc au moyen d'un couple
de Bunsen, et enfermé dans un tube de
verre. Ne voulant pas concourir, M.
Schwann déposa sous pli cacheté sa des-
cription à l'Académie (v. le t. XXI-2
du Bulletin) et invita en même temps
ses collègues MM. Glœsener, de Ko-
ninck, Si)ring et feu Brasseur, comme
lui membres de ce corps savant, à être
témoins de ses expériences. Aucun Mé-
moire ne fut envoyé au concours. Dans
la suite, M. Schwann perfectionna son
appareil dans les détails. II permet de
vivre sous l'eau, sans aucune commu-
nication avec l'air, pendant plus de
deux heures.
On doit encore à notre Inventeur une
étuve, destinée à entretenir une tempé-
rature constante pour l'incubation des
œufs, pour Tévaporation au-dessous
de la température où l'albumine se coa-
gule, et pour d'autres usages. Cette
étuve a déjà trouvé son emploi dans
plusieurs laboratoires de physiologie.
Elle se compose de deux vases emboîtés
l'un dans l'autre, et entre lesquels il y
a de l'eau. Le vase intérieur, où sont
les œufs, renferme un thermomètre
métallique, composé de deux lamelles
de zinc et d'acier, tournées en spirale
et soudées ensemble. Le spirale ren-
ferme un axe vertical, qui descend au-
dessous de l'étuve, et porte là une tige
horizontale, garnie à son autre extré-
mité d'une cheminée. La tige (avec la
cheminée) est fixée sur l'axe par frotte-
ment, et on la place de telle manière,
qu'à la température qu'on veut conser-
ver, la cheminée se tourne au-dessus
de la flamme et conduit la chaleur à
côté de l'étuve. La chaleur, à l'intérieur,
ne peut donc pas dépasser la limite
{*) Pour la continaation des dites expë- p. 837.
rieoces, v. la Physiologie de Wagner, t. III,
938
SGH
936
voulue. Si la température diminne, la
cheminée se retire et permet de nou-
veau Inaction de la flamme.
Cédant aux instances pressantes de
M. Quetelet , M. Scbwann a encore
trouvé le temps de rédiger, pour VEn-
cyclopédiii poputnire publiée par M. Ja-
mar, un Traité élémentaire d^Anatomie^
(2 vol. in-i2*). — Quant à ses grands
travaux scientiflques, il les a poursuivis,
sans se mOler à la discussion provo-
quée par la publication de ses Recher-
ches microscopiques , discussion qui
continue encore. Ha cru pouvoir aban-
donner à la force de la vérité la défense
des résultats auxquels il est parvenu.
Selon lui, le microscope, en atteignant
les cellules, a fourni tout ce qu'il pou-
vait fournir, dans le sens de la profon-
deur des observations. Non pas que
cet instrument n'ait conduit depuis et
ne puisse encore conduire les savants
à des découvertes très-importantes (les
magniûques travaux de Kôlliker, Virc-
bow, Ilenle, M . Schuize, Brûcke, Leydig
et d'autres hommes distingués en four-
niraient la preuve, si une preuve était
nécessaire); mais M. Schwann veut dire
qu'au-delà des couches qui composent
une cellule, il n'y a que les molécules,
comme au-delà des lamelles, d'un cristal
il n'y a plus que les molécules. Ces mo-
lécules, le microscope a été jusqu'Ici
impuissant à les saisir ( * ). En revanche,
la chimie et la physique moléculaire s'en
occupent ; c'est donc dans c^îtte direction
que la physiologie , de l'avis de notre
collègue, doit continuer ses recherches,
si elle veut avancer en profondeur. Les
contemporains s'engagent du reste dans
cette voie : il suffit de citer les travaux
de LIebig, de Dumas, de Dubois-Ray-
mond, de Meyer, de Helmholtz, de
Pflùger et de tant d'autres dont le nom
restera dans la science.
Depuis sa découverte , M. Schwann
s'est occupé de mettre sa théorie à lé-
preuve dans toutes les parties de la
physiologie; de l'appliquer à Texplica-
{* ) H. Schwann n fait lui-même quelques
tentatives pour découvrir les molécules au
moyen du microscope, en observant la cris-
tallisation de substances organiques ayant
un très-grand poids atomique. Les résultats
tion des fonctions animales, végétatives
et génératrices ;ent)n, de la poursuivre
dans ses dernières conséquences phi-
losophiques. Nous attendons de lui une
Théorie des organismes, qui doit com-
prendre aussi les fonctions psychiques
des animaux , dont M. Scjiwann n*a
point parlé dans son premier travail.
M. Schwann est membre de la So-
ciété des amis de la nature, de Berlin
(6 août 1839); de la Société médicale
de Lisbonne (5 décembre 1840); de la
Société Seuckenbergienne de Francfort
(7 avril I84i); de la Société philoma-
tique de Paris (5i juillet 4841); de l'A-
cadémie royale de Belgique (associé de
la classe des siences , 16 décembre
1841) ; de la Société royale des sciences
de Liège (16 juin 1848) ; de l'Académie
royale de médecine de Belgique (cor-
resp. le 16 novembre 1845, membre
honoraire le 51 décembre 1865); de la
Société médicale de Copenhague (5 oc-
tobre 1844); de la Société du Bas-
Rhin pour les sciences naturelles et
médicales (Bonn, 1<^ avril 1845); de la
Société de médecine d'Anvers (10 jan-
vier 1848); de l'Académie de Boston
(15 novembre 1849); de la Société de
biologie de Paris (19 juillet 1851); de
la Société royale des sciences de Gect-
lingue (29 octobre 1855); de l'Académie
royale des sciences de Berlin (27 avril
1854) ; de V American philosophicaî So-
ciety de Philadelphie (16 janvier 1863);
enfin, de la Société des sciences médi-
cales de Luxembourg (5 septembre
1867). — La liste complète de ses pu-
blications, sauf quelques rapports et
notes insérés dans les Bulletins de l'A-
cadémie royale de Belgique, a été don-
née ci-dessus avec l'analyse de ses
découvertes.
*liwartae (NICOLAS- JosEPH), oé à
S(;herpenzeel (Prusse) en 1805 (*),
commença ses études à Liège et .se flt
recevoir docteur en philosophie à l'U-
niversité de Louvain en 1850, époqoe
n'ont pas répondu à son alkmte : les molé-
cules sont restées jusqu'ici inaccessibles à
nos instruments optiques.
(*) M. Schwariz est naturalisé belge.
937
SPR
938
oà la FacuHé 4e Liège ftit supprimée
eC remplacée, jusqu'en 1835, par une
Facullé likre. M. Schwartz n'avait pas
attendu son diplôme pour se frayer une
carrière : il avait débuté dans rensei-
gnement moyen dès 4823, au Collège
royal de Tongres. Deux ans plus tard,
il passa au Collège royal de Ruremonde
en qualité de professeur de poésie ; en-
in il occupa au Collège royal de Diest„
de 1829 k 4853, la chaire de rhéto-
rique. Désireux d'agrandir sa sphère
d'activité, il prit alors la résolution
de revenir à Liège, pour suivre les
cours de la Faculté de médecine. Les
circonstances le ramenèrent à l'ensei-
gnement, mais cette fois sur un plus
grand théâtre. Ses études médicales
à peine terminées (4837), il fut nommé
agrégé à l'Université de Liège, chargé
des cours d'histoire de la philosophie
et de géographie physique et ethno-
graphique. Ce dernier cours, porté au
programme de la Faculté des lettres en
1835, fut supprimé par la loi de 48i9.
M. Schwartz resta et est encore aujour-
d'hui titulaire de Yhùtoire de la philo-
sophie ancienne et modemey étude priml-
livemeiit exigée des candidats en philo-
sopliie,mais désormais réservée, en ver-
tu de la loi qui est encore en vigueur, aux
seuls élèves du doctorat. M. Schwartz a
été en outre chargé, pendant la maladie
deTandel (v. ce nom) des cours de mé-
taphysique et d*esthètique, et après la
Biori de ee professeur, du cours de lo-
gique, à titre de suppléant de M. Loo-
mans. Ces trois cours ont été dans la
suite attribués à M. A. Le Roy (v. ce
nom). La promotion de M. Schwartz k
Textraordinariat date de 4839; il est
professeur ordinaire depuis 4863. Il a
£iit partie, pendant plusieurs années,
do jury central institué par la loi du 27
septembre 4i35.
M. Schwartz a publié :
4« De genio Socratis (Levan. 4830),
dissertation inaugurale pour le docto*
rat.
2^ De verdedigina van Sokrates door
Platon, uit het grieksch in het neder-
duUsehe vertaela, met eene inleiding,
3* Sur rimportance des études clos-
signes^ trad. de l'allemand de Fr.
Tbtersch (avec des notes critiques). —
Ce travail a paru dans le Journal his-
torique et littéraire de P. Kersten.
4* Manuel d'histoire de la phiioêo*
^hie ancienne. Liège, Oudart, un vol.
in-8^ (Deux éditions : la dernière, ti-
rée à 2000 exemplaires, est presque
épuisée). — L'auteur a particulièrement
mis it profit les travaux de M. lienri
Ritter.
5*^ Des Universités et de Forganisme
des sciences universitaires , tra<l. de l'al-
lemand de Staudenmaier et précédé d'une
introduction sur les rapports de la phi-
losophie et de son histoire avec les antres
sciences, surtout avec tes sciences natu-
relles. Liège, Oudart, 4845, un vol.
in-8o. — Le traducteur se place, aînsf
que l'auteur, au point de vue de l'école
théologique.
6^ Discours d'ouverture du cours de
logique (34 février 4854), inséré dans
le Moniteur de rEnseignementt t. tV
(première série).
7** Les derniers hishriens de Henri
ée Gand, travail inséré dans la Collec-
tion des Mémoires de V Académie royale
de Belgique (4859).
•prinu (Joseph-Antoine), 0. :^, né
à Geroldsbach, royaume de Bavière, lo
8 avril 4814, a été naturalisé Belge par
la loi du 30 janvier \%(il(grande natu-
ralisation conférée conformément au
§ 4 de l'art. 2 de la loi du 27 septembre
4835.)— Il a fait ses éludes moyennes,
d'abord au Gymnase de Ste-Ânne à
Augsbourg, puis à celui de S*-Étienne
(même ville). A l'examen d'État exigé
en Bavière pour passer aux études su-
périeures, il reçut laqualiÛcationd'^mé-
nent. L'Université de Munich brillait
alors du plus vif éclat; le roi Louis I,
alors au début de son règne, ne se con-
tentait pas de rassembler autour de lui
les erands artistes et d'embellir sa ca-
pitale, mais stimulait de tout son pou-
voir le zèle des savants et faisait con-
sister sa gloire à inaugurer, pour l'Al-
lemagne du midi, un nouveau siècle de
Péridès. La philosophie était en grand
honneur, et 1 école de Schelling révélait
son double caractère en passionnant
939
SPR
940
r-
d^une pari la jeunesse pour les plus
hautes manifestations de Tesprlt , de
Tautre en poussant à une investigation
assidue et approfondie de la nature,
dont les merveilles et les harmonies
n'étaient pour elle qu'une autre expres-
sion, une expression sensible du prin-
cipe unique et étemel. Cest dans ce
milieu favorable au développement de
toutes les facultés humaines que M.
Spring se trouva transporté en quittant
Augsbourg ; il eut la chance heureuse
de s'initier à la science sous des maî-
tres qui savaient la vivifler et Téclairer
du flambeau de la philosophie. Le
grand penseur Schelling, le philologue
Thiersch, Thistorien Buchner, le physi-
sienSieber, Tastronome Gruithuysen,
les minéralogistes Fuchs et von Kobell,
les botanistes von Martius et Zuccarini,
les zoologistes G. U. von Schubert et
André Wagner, les chimistes A. Yogel
et Buchner, le jurisconsulte von Bayer
trouvèrent en lui un auditeur zélé. Ayant
pris part au concours pour une ques-
tion de philosophie et de sciences na-
turelles, il remporta la palme et fut
ensuite, après avoir passé les examens
réglementaires, proclamé docteur lau-
réat en philosophie et en sciences natu-
relles (1835). Dans la Faculté de méde-
cine, il étudia Tanatoniie et la physio-
logie sous la direction spéclal<i de
Dôllinger, la médecine interne sous les
professeurs von Ringseis et von Loc,
la chirurgie sous Ph. von Walther, les
accouchements sous Weissbrod. S'étant
de nouveau présenté au concours uni-
versitaire pour la question de médecine,
il fut une seconde fois déclaré premier
et reçut le diplôme de docteur en méde-
cine^ en chirurgie et en accouchements
avec la qualification lauro coronatus
(1856). II visita ensuite les Universités
étrangères et fit, en 1839, un séjour de
six mois à Paris pour visiter les hôpi-
taux, suivre les cours du Collège de
France et se livrer à des travaux parti-
culiers au Muséum d'histoire naturelle.
Il avait eu roccasion, dès Tépoque de
son séjour à Munich , de remplir diffé-
rentes fonctions rentrant dans la spé-
cialité de ses études. De 1835 à 1837,
il avait été attaché , en qualité d'aide-
naturaliste, aux collections botaniques
de TEtat et au jardin botanique de la
capitale, sous la direction de M. de
Martius: la science des plantes resta
plus tard l'objet de l'une de ses études
de prédilection. Pendant l'épidémie de
183G-1837, il fut médecin-adjoint pour
le service du choléra. Il reçut le titre de
médecin assistant à l'hôpital général et
à la clinique du professeur von Loé,
qu'il suppléa pendant sa maladie et après
sa mort, jusqu'à la nomination de son
successeur. IJne nouvelle vie allait bien-
tôt commencer pour lui; il devait trou-
ver dans la Belgique une patrie d'adop-
tion. Par arrêté royal du 5 octobre
1839, il fut nommé professeur ordinaire
à l'Université de Liège , chargé des
cours de physiologie humaine et com-
parée, et d'anatomie générale et des-
criptive. H a changé d'attributions de-
puis la nomination de M. Schvirann
(v. ce nom) ; il figure aujourd'hui au
programme pour les cours de pathologie
générale et de clinique médicale.
M. Spring a pris une très-grande part
à la discussion et à la solution des
questions soulevées depuis quelques
années, en Belgique, à propos du ré-
gime des Universités. U a été appelé à
siéger au Conseil de perfectionnement
de l'enseignement supérieur ; il a fait
partie des Commissions spéciales char-
gées, en 1853 et en 1861, de préparer
un projet de loi sur les jurys d*examen.
Il est l'auteur d'un système de jury qui
a reçu l'approbation unanime de TUni-
versité de Liège, et qui ne peut man-
quer d'attirer l'attention sérieuse du
parlement , lorsqu'on se décidera enfin
à sortir du provisoire. Il a revêtu l'her-
mine rectorale pendant le triennium
1861-1862, 1862-1863 et 1863-1864;
il a dû la reprendre en 1866-1867, à
titre de pro-recteur, après la mort de
Fr. Kupfferschiaeger (v. ce nom).
M. Spring préside, depuis 1815, le
Conseil de salubrité publique de la
province de Liège ; de 1852 à 1857, il
a été membre du Comité d'inspection
des établissements d'aliénés des asiles
provisoires et de passage dans l'arron-
dissement de Liège; de 1853 à 1856,
président de V Association générale des
médecins de la province de Liège, ins-
titution d'une haute utilité pratique, et
941
SPR
942
à laquelle il a rendu de grands ser-
vices (*). Dès 1841, il est entré dans
l'Académie royale des sciences, des
lettres et des beaux-arts de Belgique à
titre d'associé; l'arrêté qui lui confère
la grande natiu*alisation ayant fait dis-
paraître l'obstacle qui l'empêchait d'être
nommé membre titulaire de ce corps
savant, l'Académie lui a conféré cette
qualité le 15 décembre 1864. En 1843,
il a été nommé membre correspondant,
et en 1859, membre honoraire de l'A-
cadémie royale de médecine de Bel-
gique. Il est en outre membre étranger
de l'Académie royale des sciences et
des lettres de Munich ; membre de l'A-
cadémie impériale allemande Léopoldo-
Caroline des curieux de la nature, co-
gnamine Heracîides; correspondant de
la Société médico-physique de Flo-
rence; id., de la Société royale des
médecins suédois, à Stockholm ; mem-
de la Société royale des sciences de
Liège ; id. de la Société royale belge
de botanique; correspondant étranger
de. la Société de biologie de Paris; id.
de la Société royale de botanique de
Ratisbonne; àeYAntwerpsch Hruid-
kundig genootschap; de la Société phy-
tologique d'Anvers; de la Société des
sciences naturelles et médicales de
Bruxelles ; de la Société impériale d'E-
mulation d'AbbevilIe; de la Société
Senckenberg des naturalistes, à Franc-
fort s/m ; de la Société des médecins
badois pour l'avancement de la méde-
cine publique et légale , de l'Académie
d'archéologie de Belgique, etc.— Cheva-
lier de l'Ordre de Léopold depuis le 50
septembre 1851, il a été promu au
grade d'officier du même ordre national
le 21 novembre 1862. — Malgré ses
occupations multiples et les soins in-
cessants que réclame une des clientèles
médicales les plus considérables de
Liège (*), M. Spring a publié un grand
nombre de travaux scientiflques dont
l'Importance est généralement appré-
ciée. Nous donnons la liste exacte et
aussi complète que possible de ses
( ' ) V. les ADDëes corr esp. du Scaipel,
journal médical publié k Liège par M. le
docteur Festraerte.
(*) M. Spring s eu l'honneur d'être dési-
principaux ouvrages, ne mentionnant
que pour mémoire un nombre Inflni de
notes, articles de revues, discours,
rappoKs, correspondances, analyses
bibliographiques, etc., dispersés dans
divers recueils périodiques et acadé-
miques de l'Allemagne, de la Belgique
et de la France.
L Médecine clinique.
1° Dediversisptteumophthi8eos8j}ecie'
bus (Diss. inaug.). Monachii, 1858, br.
ln-8*.
2" Ueber Ursprung, Wesen utid Ver-
breitung der wandernden Choiera. Mit
Beziehungen auf die Epidémie in Mûn-
chen 1856-1857. Munich, 1857, un
vol. in-8».
5*^ Note sur le traitement du choléra
asiatique (Bulletin dei'Acad. de méde-
cine de Belgique, t. VllI), 1849.
Les idées de l'auteur oui rallié de plus en
plus la majorité des praticiens.
4« Note sur deux observations de
dislocation du cœur (Ibid., 2* série, t.
Il, n« 10. 1858).
5° Note sur des larves d'œstrc déve-
loppées dans la peau d^un enfant (Ibid.,
2« série, t. IV, n^ 5, 1861).
6^ Note sur un cas d'aphasie^ symp-
tomatique d'une hémorrhagie du lobe
frontal gauclie du cerveau (Ibid., 2" sé-
rie, t. VllI, n» 8, 1865).
Il s'agit d'une question d'une haute im-
portance psychologique.
IL Pathologie générale.
7® Sur une mucédinée développée dans
la poche aérienne abdominale d'un plu-
vier doré (Bull, de VAcad. royale des
sciences^ etc. de Belgique, t. XV, 1848).
8** Des champignons qui se dévelop-
pent dans les œufs de poule (Ibid. t.
XIX, 1852).
Eipériences tentées en vue de la doctrine
du parasitisme comme théorie générale de
la maladie.
9^ Symptomatologie , ou Traité des
gné par le Roi, dès le commencement du
mois d'août 1868, pour coopérer, en qualité
de médecin consultant, au traitement de S.
A. R. le Doc de Brabant.
947
STE
948
» fondée sur une juste pondération entre les
» deux tendances scientifique et pratique,
» on conçoit qu'une trop grande prépondé-
» rance de Tune sur l'autre doit nécessaire-
» ment nuire à la marche de ces institutions
» et ftnir par amener leur décadence.» Or,
l'équilibre désirable n'existe pas dans les
Universités belges depuis 1835. L'origine
de ce mal doit être cherchée dans les sys-
tèmes d'examen décrétés en 4835 et en 4849.
Il importe donc de préparer les voies âi un
système nouveau. La liberté de l'enseigne-
tnent, proclamée par la Constitution, n'aurait
jamais donné lieu à des difficultés si les
Universités n'avaient eu à s'occuper que de
l'enseignement proprement dit; mais il ne
s'agit de rien de moins que de régler les
conditions d'admission è l'exercice des pro-
fessions libérales. Or, comment régler ces
conditions en ce qui concerne l'enseignement
libre ? Exiger une série de grades, n'est-ce
pas gêner la liberté, et pour être logique,
ne faudrait-il pas décréter la liberté det
professions, sauf il maintenir les diplômes à
titre de recommandation seulement ? Appli-
qué à la Belgique actuelle, dit l'auteur, ce
système conduirait à Vattarchie. On ne peut
pas davantage soutenir la thèse contraire,
c'est-à-dire prétendre que la loi ne doit s'in-
quiéter que des établissements de l'État : ce
serait établir le monopole, la dictature de
l'État en fait d'enseignement. En présence
de ces difficultés, M. Spring, après s'être
livré à une critique approfondie des examens
actuels, propose : i^ d'établir une distinc-
tion entre les grades scientifiques et les
épreuves professionnelles; S» d'abandonner
la collation des premiers aux Universités,
aux Universités libres comme à celles de
l'État ; Z^ de faire conférer la licence d'exer-
cer les professions d'avocat, de médecin,
etc. , par un jury central institué en vertu
de la loi. Ce système avait été indiqué, dès
4836, par l'Université de Gand ; au fond,
c'est le système prussien modifié pour être
rendu applicable à la Belgique. A Liège une
combinaison analogue avait rallié en 4844
un assez grand nombre de suffrages, pres-
que la majorité ; H. Louis Duperron (H.
Trasenster; v. ce nom) s'était prononcé dans
le même sens en 1848; M. Frère-Orb&n, enfin,
venait d'inviter (4854) la Chambre des repré-
sentants è méditer sur la convenance qu'il y
aurait à no plus exiger officiellement que
deux examens : l'examen d'élève universi-
taircy dabiturient, comme on dit en Alle-
magne, et l'examen final, professionnel. Les
esprits étaient donc préparés, ce semble ; et
certes, l'opportunité de la question n'aurait
pu et ne saurait, aujourd'hui encore, être
mise en cause. H. Spring a finalement rallié
l'opinion de tous ses collègues de Lîége ;
quant k la solution légale, elle se fait attendre
d'année en année. Sans essayer de démontrer
combien il serait désirable que celte solution
fût prompte, rappelons seulement avec notre
auteur et avec l'Université liégeoise que
l'institution du jury professionnel ofl'rirait
un double avantage : 4« elle rendrait la
liberté aux Universités et au mouvement
scientifique du pays ; les Universités con-
féreraient des grades scientifiques, et dans
l'opinion publique, tant vaudrait l'Université,
tant vaudrait le diplôme; 2o elle garantirait la
société contre les effets de la liberté elle-
même, le gouvernement ne faisant que rem-
plir son devoir social, en prenant des pré-
cautions à l'égard de l'exercice des profes-
sions dangereuses,
55<^ Note sur la question du jurypro-
/eMtonn^/, rédigée en collaboration avec
M. le professeur Trasenster(v. ce nom,
n* 17 de la Bibliograpkie).
34^ De Vesprit scientifique à notre
époque et dans nos Universités (Dis*
cours rectoral de 1862). Liège, 1862,
in-8*.
55<> De la science instinctive (Dis-
cours rectoral de 1865). Liège» 1863,
in-8°.
36** Des bases littéraires et morales
des études médicales (Discours rectoral
de 1864).Liége, 1864, in-8».
eitc»eher (Auguste-Jeam), né à Gand
le 11 octobre 1820, a fait toutes ses étu-
des en cette ville et subi devant le jury
central, en 1841 (12 octobre), rexamen
de docteur en philosophie et lettres (*).
Ses débuts dans l'enseignement da-
tent de Tannée suivante; il fut chargé
par intérim des cours de grec en
rhétorique et en seconde à rAlhéoée
de Gand, attaché à TEcole spéciale
du génie civil en qualité de professeur
de littérature, enfin nommé répétiteur
(*) Quatre récipiendaires étaient ce jour-
là sur la sellette ; tous quatre sont entrés,
depuis, dans l'enseignement universitaire.
C'étaient feu G. Callier, plus tard écbevin de
Gand et professeur à l'Université de cette
ville ; M. L. James, actuellement professeur
à l'Université libre de Bruxelles ; enfin, MM.
J. Stecber et Alph. Le Roy.
949
STE
980
de latin à rUniversité. M. Yan de Weyer
le porta sur la liste des agrégés de
Gand (1845), et l'envoya passer quel-
ques mois à Paris, pour y compléter
des études philologiques spéciales.
Rentré en Belgique, il reprit ses fonc-
tions à l'Université et consacra les loi-
sirs qu'elles lui laissaient , soit à des
travaux littéraires , soit à des confé-
rences ou lectures publiques du soir,
organisées dans le local et sous le pa-
tronage de la Société littéraire gantoise.
De 1847 à 1850, la série des confé-
rences données par M. Stecber forma
tout un cours de littérature comparée.
Plus tard, à Liège, non seulement il
ouvrit de nouveau des cours publics
(en 1865-64, sur V histoire polUique du
théâtre de Molière; en 1864-65, sur la
formation de la prose française au XVI*
siècle)^ mais encore il donna de nom-
breuses conférences k la Société d'E-
mulation de ('«tle ville, au Cercle artis-
tique de Bruxelles, à Anvers, à Bru-
ges, à Louvain, à Verviers, à Namur,
et finalement, jusque dans les campa-
gnes, des séances destinées à répandre
dans la masse du peuple le goût de
rinstruction. Ce fut dans ce dernier
but qu'il contribua à fonder à Liège,
en 1866, la Société Franklin (*), qu'il
accepta la présidence de la section lié-
geoise de û Ligue de renseignement ('),
qu'il collabora aux Causeries populaires
de M"'»deCrombrugghe, etc. (*). M. Ste-
cber a quitté la Faculté des lettres de
Gand en 1850, pour entrer dans celle de
Liège, où renseignement normal des
humanités venait de recevoir sa pre-
mière organisation régulière, en même
temps que le doctorat en philosophie
et lettres y prenait de l'importance, à
raison de la promulgation récente de la
loi sur l'enseignement moyen (v. col.
869, note). Des cours normaux lui fu-
rent d'abord confiés ; ayant égard aux
convenances de ses nouveaux collègues,
il les échangea, avant même d'entrer en
fonctions , contre les cours universi-
taires de latin, de grec et d'histoire lit-
téraire de l'antiquité destinés aux élèves
du doctorat; il resta néanmoins pro-
fesseur de grec à l'Ecole normale,
lorsque cet établissement fut détaché
de l'Université. L'arrêté qui le nomma
professeur extraordinaire lui conserva
ces attributions; en 1860, il obtint
l'ordinariat , mais en même temps fut
placé dans des conditions toutes nou-
velles. La mort de Baron ayant laissé
vacante la chaire d'histoire de la litté-
rature française , M. Stecber consentit
à se charger de cet enseignement et à
renoncer à ses cours de langues an-
ciennes ; en revanche , il eut mission,
d'exposer, à l'Ecole normale , les prin-
cipes généraux de la littérature et de
faire, pour les élèves de l'Ecole des
mines, un cours de style et de ré-
daction. Dans l'hiver de 1866 - 1867,
il organisa en outre, pour les étudiants
des diverses Facultés et des Ecoles spé-
ciales, des conférences d'analyse litté-
raire qui furent suivies par un grand
nombre d'auditeurs. Dans son cours
^'histoire de la lillérature française
destiné aux élèves de la Faculté des
lettres , le successeur de Baron suit
une méthode particulière, en rapport
avec les habitudes de la critique con-
temporaine. Tout en s'attachant à étu-
dier, à analyser directement les grands
monuments français , au point de vue
esthétique , il a soin d'en compléter
l'interprétation, soit pal* des faits de
l'histoire politique, soit par des exem-
ples tirés des littératures étrangères.
Cette méthode ofi're l'avantage d'in-
téresser les élèves aux idées littéraires
autant qu'à la forme ^ en même temps
(') La Société Franklin publie un journal
et un almanach populaires ; elle tient en
outre, chaque dimanche, une séance publique
à la fois littéraire et musicale; dès 1867,
enfin , elle a organisé des cours du soir qui
sont très-fréquentés. Elle est présidée par
M. Em. Dupont (fils de l'honorable professeur
énérite), membre de la Chambre des repré-
sentants et avocat à Liège.
( ') Il a résigné ces fonctions en 1868.
(') II s'est intéressé, dans les derniers
temps, à la question de l'enseignement se-
condaire des filles : il a ouvert, en 1868, une
série de conférences littéraires à Vlnatitut
supérieur fondé, pour les demoiselles, par
Mm« la baronne de Waha-de Chestret et di-
rigé par M*"* Pauline Braquaval.
961
STE
952
4|Q*elle permet au professeur, sans sor*
tir de sou sujet, de se livrer à des
études comparées, dans le sens du cours
facultatif confié autrefois à Lesbrous-
sart (v. ce nom) et aujourd'hui sup-
primé. •- I>e 1850 à «855, M. Stecher
a été secrétaire do jury d'élève univer-
sitaire pour k ressort de la Cour d'ap-
pel de Liège ; il est membre du jury du
Concours général des Athénées depuis
1846 ; il fait également partie, depuis
ptttsleurs années, des jurys des Ecoles
spéciales (ponr les épreuves littéraires).
Il a rempli les fonctions de secrétaire du
Conseil académique en 1864-1 865; enfin
il aélé,poiir la période de 1858 à 1862,
run des juges du Concours qnhiquen-
nal de littérature française (*). — M.
Stecher a déployé, depuis 1845 , une
grande activité littéraire, principale-
ment comme critique et comme pubK-
ciste. Ses écrits sont dispersés dans
«ne foule de revues et de journaux; il
existe cependant des tirages séparés
de la plupart des morceaux d'une cer-
taine étendue. L'énumération suivante
n'a pas la prétention d'être complète.
A. Publications en langue flamande.
!« (Sous le pseudonyme Lieven Ever-
wyn) a. Levensicftets van J. van Arte-
vel4e ; b. De eersie Fransche Revoluiie
(brochures populaires); c. De Batrioten-
tyd ("dans le Broedermin); 2« Don Qui"
jote, étude littéraire (dans le Redcryker
d^Anvers, 1853); S"" Etude sur Lessing
(comme critique dramatique) dans le
Leesmnseum de Gand (1856, n'' 8);
4* Onpartydige volkshistorie der Bel-
gwehe Grondwet. Gent (Leuven), 1851,
în-12«.— Ce dernier livre, écrit en 185! ,
en présence de certaines tendances ut-
tra-néeriandalses, eut pour but de popu-
lariser les idées constitutionnelles mo-
dernes dans les provinces flamandes
de la Belgique. L'auteur compare les
libertés dont nous jouissons aujour-
d'hui aux anciennes franchises des com-
munes et des corporations du moyen-
âge. Il indique une sorte de philoso-
phie de la Constitution belge ; les mé-
morables discussions du Congrès na-
tional sont analysées à la fin du volume.
B. En français : l"* PvMicûtwns cêu-
cernant la Flandre, son histoire et sa
littérature. A* Histoire du mauvemnt
pmand (dans la Flandre Hbérak^ 1847).
— M. Stecher prouve que la vitalité da
Flamand a toujours été en raison directe
des progrès politiques du pays, et qae
c'est à tort que des dilettanti lui attri-
buent une sorte d'existenceabstraite.—
B- Renaissance flamande (dans ki Retm
trimestrielle, t. IX). — Pas de salot
pour le Flamand s'il ne s'inspire : a. des
libertés et des nécessités modernes: b,
des Anglais plutôt que des Allemands.
— C, Flamands et Wallons. Liège ,
1859, in-li^". — L'auteur cherche à élai-
btir qu'aucun grand événement de l'his-
toire nationale n*a pivoté sur l'antago-
nisme des Wallons et des Flamands ;
qu'au contraire la nationalité belge,
telle que nous la concevons aujour-
d'hui, a été comme présentée et prépa-
rée par les relations interprovinciales
de trois groupes : Flandre (flamande
et wallonne), deux fois unie au Hainaat;
Brabant flamand et wallon ; Principauté
liégeoise (11 villes wallonnes, 12 villes
thioises). M. Stecher a développé la
même thèse dans plusieurs conférences,
pour combattre la Uiéorie des frontières
naturelles ; la Belgique^ k ses yeoi, a
sa raison d'être dans sa Constitution
même. ^D.De Vesprit d'association chez
les Germains (introd. au livre de M. F.
Devigne sur les gildes et les corpora-
tiens), —E. Traduction et préface de la
Guerre des paysans de M. H. Conscience
(Liège, 1853, 2 vol. in-12*).
2** Notices biographiques et études
d'histoire littéraire.— A. Dans V Album
des Belges célèbres (Brux., 1845) : Go-
defroy le Barbu ; Ph. de Commines. —
B. Dans le Messager des arts, etc., de
Gand : le poète Zevecole. — C. Dans la
Flandre libérale: l'historien Jacques de
Meyer. •— D. Dans \ Annuaire de la So-
ciété d'Émulation de Liège : a. Notice sur
Ackersdyck;^. Le grand pied de Berthe
(tradition rattachée à la mythologie ger-
manique); c. Mandeville à Liège ;seIon
Fauteur, nous ne possédons du récit de
l'illustre voyageur anglais qu'on texte
( * ) Ce mandat a été renouvelé poar la
période suivante, et le jary a nommé M.
Stecher rapporteur (v. n9 5),
953
THI
9S4
considérableBQentinter|iolé);({.Uneépo«
pée bourgeoise. — E. Ùa^&\u Revue tri-
vusirieUe : Euripide révolutioDaaire (t.
XV: a. Euripide u*élait pas un espritlort,
comme l*a pensé Baron ; il n*a été traité
de misogyne que parce qu'il rêvait pour
la femme une autre condition que cette
que lui faisait le paganisme) ; b. l^e plus
ancien poète de la bourgeoisie (t. XX :
les anciens appelaient Hésiode le poète
des Ilotes; nous, Béotiens belges, nous
devons voir en lui le poète du travail);
c. Origine boudbique du plus anciendes
contes dévots (t. XXTIII : les allégo-
ries mytholdgiques donnent naissance
à des légendes ; la propagande conteuse
des Bouddhistes a influé sur Timagina-
tion des plus libres narrateurs du moyen
âge et de la Renaissance).— F. Préface
du Théâtre liégeois (Ué^, 4854). — G.
Schiller et la Belgique (à propos d*une
fêle coramémorative du grand poète,
célébrée par la Société d'Emulation de
Liège. — H. Étude sar les proverbes
vyallons (Liège, 4S6i, in-S'*) (M. — /.
Articles sur les Trouvères belges, dans
la Biographie nationale, t. IL — /. Les
voyages de Marco Polo (Echo des
Flandres, 1855).
y Linguistique, etc. a- Études sur
Humboldt {Chronique contemporaine et
rétrospective, Gand, 4849). b. Analyses
des doctrines linguistiques de G. de
HumboldL Tournai, in-8° (inséré d'a-
bord dans le Moniteur de Renseignement),
c. Études linguistiques sur la gram-
maire comparée de Bopp. Ibid. (Id.) —
Par le premier de ces deux travaux,
l'auteur a voulu populariser en Bel-
gique l'étude physiologique, historique
et comparative des langues. Il croit
avec Humboldt qu'on a tort de s'en
tenir à la grammaire abstraite et géné-
rale. Les langues reflètent les individua-
lités nationales ; on doit les étudier an
point de vue physiologique autant qu'au
point de vue de la logique pure (* ). —
L'élude sur Bopp (4857) est encore plus
directement linguistique. L'auteur dé-
dare que l'étude parallèle des divers
grammaires indo-européenne est émi-
nemment propre à rendre plus facile
et plus approfondie l'étude des langues
classiques.
io Un mot sur les libéraux hollan-
dais (Progrès pacifique, Liège 4852,
în-8'';.
5^ Jury du concours quinquennal de
littérature française. Période de 4865-
4857. Rapport à M. le ministre del'lnté-
rieur. Bruxelles, Deltombe, 48G8, in-8^.
Le prix qoinqueoDal a été déoerad * à M.
Gh. PotYÎii. — Le jury était composé de MM.
Ch. Faider (président), A. de Glosset (secré-
taire), de Monge, J. Fuerison, le prësideai
Grandgagnage, Stecber (rapporteur) et Van
Bcromel.
G^ Articles de pédagogie, d'histoire
littéraire et de critique dans la Revue
de rinstructian publique en France (Pa-
ris), le Moniteur de renseignement (Tour-
nai), les Annales de renseignement pu-
blic (Verviers) , le Messager de Gand^
le Journal de Gand, le Journal des
Flandres, le Précurseur d'Anvers, le
Journal de Liège, la Meuse et VÊcho de
Liège.
xtiiry (Victor) ®, né à Dînant le
51 juillet 1847, a fait de fortes études
au Collège de cette ville. ~ 11 fréquenta
ensuite l'Université de Liège, pour se
préparer à la carrière du barreau. Il
{*) Ce morceau sert d'introduction au
Diaionnaire des Spots (v. Tari. Alph. Le
Rot, bifoliûgr. n» 44).
(*) Nous ne pouvons résister au désir
d'insérer ici un extrait de la lettre adressée
k M. Stecber, le 29 janvier 1862, par
Alexandre de Humboldt , au sujet de V Ana-
lyse dont il s'agit. Dans les derniers temps
de sa vie, l'illustre savant avait pris le parti
de renoncer à toute correspondance ; cette
exception mérite d'être signalée, c Ce serait,
» dit-il, manquer au premier devoir de piété
» envers un frère qui m*était infiniment snpé-
» rieur en savoir et en étendue de connais-
w sauces, que de ne pas vous offrir l'hommage
» affectueux de ma vive reconnaissance. Vous
» avez, par votre spirituelle analyse et par
■ la comparaison critique des opinions bien
> confusément émises en Allemagne, vérifié
» l'étude de la philosophie des langues, ra-
» mené le vague des discussions au véritable
» but que Guillaume de Humboldt a cm
> atteindre
958
THI
956
subit avec un grand éclat, en 1Si2, les
examens de docteur en droit et de doc-
teur en sciences politiques et adminis-
tratives, et retourna s'établir à Dînant.
Mais il ne devait pas y faire un long
séjour : son aptitude pour l'enseigne-
ment avait été remarquée, et le gou-
vernement ne laissa pas échapper l'oc-
casion de lui ouvrir la carrière. M.
Thiry fut nommé, en 4845, agrégea
la Faculté de droit de notre Université.
Il tint à faire immédiatement ses preu-
ves, et n'bésita pas à se rendre chaque
semaine à Liège, où il ouvrit un cours
sur l'histoire du droit couturoier. En
i847, il obtint le titre de professeur
extraordinaire; outre l'histoire du droit
coutumier, il eut mission d'enseigner
l'histoire politique moderne , par suite
de la mise à la retraite de Destriveaux
(v. ce nom). Ce dernier courséchut l'an-
née suivante à M. J.-G. Macors, ; en
échange, M. Thiry fut chargé du cours
de droit civil élémentaire avec A. Rulh
(v. ce nom). A ces attributions vint s'a-
jouter, en 1849, le cours de droit com-
mercial, qui n'a plus changé de titulaire
Jusqu'à ce jour. Sur ces entrefaites fut
promulguée la loi organique du 45 juil-
let 1849, qui modifia profondément,
dans toute son économie, l*enscigne-
ment du droit civil. Le cours de droit
civil élémentaire disparut du programme
de la candidature; un seul cours ap-
profondi sur la même matière fut main-
tenu pour les élèves du doctorat, et ré-
parti entre deux professeurs, qui,
poursuivant leur enseignement respec-
tif devant le même auditoire pendant
deux ans, passèrent ainsi alternative-
ment de la première à la seconde année
du doctorat, dédoublé d'ailleurs en deux
examens. M. Thiry eut pour collègue,
dans l'accomplissement de cette tâche,
M. de Savoye; seulement, jusqu'à la
mort de Téminent jurisconsulte Du-
prct, il partagea avec ce dernier l'en-
seignement de son tour de rôle. Dupret
fut enlevé à la science le 40 mai 4854
(v. son art.); son successeur naturel
était M. Thiry, qui fut promu à l'ordi-
nariat le 50 septembre suivant. — M.
Thiry a fait partie du Conseil de per-
fectionnement de l'enseignement supé-
rieur; il a rempli, en 48G2-48G5, les
fonctions de secrétaire du Conseil aca-
démique. Il s'est beaucoup occupé de
questions uni versitaires,entr*autres des
difficultés qui ont été soulevées k pro-
pos da règlement des pensions. — On
lui doit aussi plusieurs dissertations
importantes sur des questions de droit,
savoir :
4^ Le légataire universel en concours
avec des héritiers en réscne, ou le lé-
gataire à titre universel sont-ils tenus
des dettes de la succession ultra vires^
à moins qu'ils n'acceptent sons bénéfice
d'inventaire ? {Revue des revues du droU^
t. XV; Bruxelles, 4852).
2° Les Sociétés civiles sont-elles des
personnes juridiques distinctes de celles
des associés ? {Revue critique de légis-
lation et de jurisprudence j t. V ; Paris,
4854).
3^ Des rapports existant dans les
Sociétés civiles entre les associés et
les tiers {Ibid., t. YII, 4855).
4'' Quel est le sens du mot tiers, dans
Fart. 4 de la loi belge du 46 décembre
4851, sur le régime hypothécaire? Au
nombre des tiers qui peuvent, en vertu
de cet article, opposer le défaut de
transcription, faut-il compter les créan-
ciers chirographaires ? {Belgique judi-
ciaire, t. XIV; Bruxelles, 4856).
S^" Conciliation des art. 4 et 5 de la
loi du 46 décembre 4854, sur le régime
hvpothécaire, avec les art. 4069 à 4072
dû Code civil (Ibid., t. XIV, 4856).
6"* Du droit qui appartient au man,
sous le régime de communauté, relati-
vement à l'acceptation des successions
à sa femme {Revue critique de législation
et de jurisprudence, t. XI ; Paris 4857).
7^ De l'hypothèque testamentaire éta-
blie par la loi du 46 décembre 4854
{Belgique judiciaire, t. XV, 4857).
8° Pour apprécier si le fermier a droit
à une remise proportionnelle du fer-
mage conformément aux articles 4769
et 4770 du Code civil, ne doit-on pren-
dre en considération que la quantité de
fruits qui ont péri, ou bien faut-il en
outre tenir compte de la valeur i^énale
de ceux qu'il recueille? (Rente pra-
tique du droit français, t. XIV; Paris,
4857).
957
TRA
9f8
9^ Les donations d'immeubles à venir
faites par contrat de mariage, sont-elles
assujélies à la transcription par Farticle
\ de la loi du 46 décembre 4851 ? (Bel-
gique judiciaire, l. XVI, 4858).
iù^ Du contrat de mariage des mi-
neurs. Bruxelles, 4863, in-8».
M. Thiry a en outre publié, dans
différents recueils, un assez grand
nombre d'articles bibliographiques.
Tra»enfiter (JeAN-LoUIS) , ^, est
né à Beaufays (province de Liégé) le iO
. février 4816. — Sorti des classes d'hu-
manités du Collège de Liège avec le
certificat summû cum laude^ il suivit
à rUniversilé les cours de la Fa-
culté des sciences et, à partir de 1855,
ceux des Ecoles spéciales, à mesure
qu'ils s'organisèrent. Il obtint au con-
cours, le 47 décembre 4858, le titre de
conducteur des mines, et le 26 mars
1842, fut nommé de la même manière
sous-ingénieur de l'Etat. Le (;ouveme-
ment n'avait pas attendu, pour l'atta-
cher à l'enseignement supérieur, qu'il
eût conquis tous ses diplômes. H.Tra-
senster avait débuté à l'Ecole des mines
dès le 51 mars 1840, en qualité de ré-
pétiteur, chargé du cours destatique élé-
mentaire ('}. Le 7 novembre 1844, le
cours iroportantd'exploitation des mines
lui fut confié, en remplacement d'^d.-J.
de Vaux, nommé inspecteur général
des mines à Bruxelles. Il eut en outre
mission de seconder ce haut fonction-
naire dans rinspection des éludes. En
verlud'un arrêté du 11 septembre 1845,
il eut à suppléer le professeur Lemaire
comme inspecteur de TEcole prépara-
toire. Le 25 avril 1846. un arrêté royal
lui conféra le rang et les attributions
de professeur extraordinaire ; un autre
arrêté, du 25 octobre suivant, le nomma
Inspecteur adjoint des études pour la
section d'application des Écoles spé-
ciales ; il est titulaire de ces dernières
fonctions, depuis le 26 avril 1849. Le
5 octobre de la même année, il reçut
le grade d'ingénieur honoraire des
mines, et le 22 du même mois, le titre
définitif de professeur extraordinaire,
avec rang d'ancienneté reporté an 25
avril 4846; enfin, toujours en 1859,
il fut investi des fonctions de Secrétaire
académique. Sa promotion à Tordina-
riat daledu 24 septembre 4855. Le 50
septembre 4851, le roi Léopold I" lui
déceraa la décoration de son Ordre ; le
9 mai 1865, il fut créé chevalier de
l'Ordre de Charles \\\ d'Espagne. -
M. Trasenster n'a pas rendu moins de
services à l'enseignement moyen qu'à
l'enseignement supérieur. Il a été chargé
d'étudier et de préparer l'organisation
de la section professionnelle des Athé-
nées et des Collèges; il a fait partie du
Conseil préparatoire de perfectionne-
ment de l'enseignement moyen institué
le 5 avril 1850, et il est membre du Con-
seil définitif de perfectionnement depuis
la création de celte institution (16 fév.
1852). — Par ses études spéciales et
par ses relations étendues, il a élè ap-
pelé à exercer une grande influence sur
le développement de l'industrie natio-
nale. Depuis le 25 juin 1852, il est
membre de la Commission des Annales
des Travaux publics ; il appartient éga-
lement au Comité de rédaction de la
Revue universelle. Depuis 1847, date
de la fondation de ï Association des in-
génieurs sortis de VEcole des mines de
Liège, il a été réélu d'année en année
président de cette Société, qui compte
aujourd'hui 450 membres, parmi les-
quels figurent les directeurs des princi-
paux établissements du pays, et nombre
d'industriels notables dispersés sur tous
les points de l'Europe. M. Trasenster
a été l'un des plus zélés promoteurs de
V Association et, comme on vient de le
dire, il en est resté le centre. L'établis-
sement d'une espèce de solidarité entre
les anciens élèves de Liège a le double
avantage d'aider les jeunes ingénieurs
à se frayer un chemin et d'entretenir
chez tous, par Tinstitution de concours
annuels et par la publication d'un re-
cueil û' Annales, le goût de la science
et l'amour du progrès. — M. Trasen-
ster a fait partie d'un grand nombre de
Commissions spéciales instituées, soit
(I) Statique élémentaire et principet de dynamique.
959
TRA
960
pour ramélioralteii de renieîgBemeDt
moyen ou supérieur, soit pour la solu-
tion de questions intéressant Tindastria
minérale. Il a participé, d'autre part,
à diverses mesures d'intérêt public;
c'est ainsi qu'il a été l'un des adminis-
trateurs-fondateurs des bains et lavoirs
créés à Liège en 1855. Enfin, il a été
membre du jury international de l'Ex^
position universelle de Londres en 486ft
et de celle de Paris en 4867. *- Ses pu-
blications sont nombreuses. Elles se ré-
partissent naturellement en trois caté-
gories : sciences appliquées à llndus-
trie, enseignement, politique.
l. Sciences APPUQuÉEs A l'industrie.
i*^ Recherches théoriques et expéri-
mentales sur les machines destinées à
i'aéragedes mines {Annales des travaux
publics, t. III, et Mém. de In Soc, royale
des Sciences de Liège, t. Il, 1844).
Ce Mémoire contient les résultats de dl-
Terses expériences faites sur les machines
pneumatiques de VEspérance et de Marikaye,
et un exposé de la théorie de ces marbiaes
et de celle des ventilateurs.
2"* Rapport sur l'emploi de l'air com-
primé pour lefonçagedes puits dans les
terrains aquifères {Ann. des tr, publ.,
t. VI, 4847).
Après avoir décrit les travaux exécutés
à Duuchy (France), l'auteur propose un
moyen appliqué depuis, k Seraing, pour faci-
liter l'emploi du procédé.
5° Modérateur applicable aux ma-
chines d'ascension employées dans les
mines (Ib.)
Nota sur un moyen do régler la vitesse
des Fahrkunst, appliqué depuis à plusieurs
appareils.
4*^ Expériences sur l'emploi de l'é-
ponge de platine pour la combustion du
grisou (Ib.)
M. Trasenter soutient, contre plusieurs
auteurs, que l'éponge de platine ne déter-
mine pas la combustion du grisou.
S"" Des ponditions de l*emplol de la
détente dans les machines à vapeur
d^épuisement (Ib, t. VU. 1848).
Exposé des conditions do cet emploi, avec
des formules très simples, pour calculer les
masses nécessaires pour une détente don-
née.
6* Recherches théoriques sur les
roues pneunatiaues en pompes rota-
tives daérage (li., t. XI, 4853).
6'appuyant sur les expériences faites par
M. Jochams, l'auteur donne la théorie de ces
machines et des formules pour en calculer
l'efTei.
7^ Des cuvelaees en pierre de taille
(Revue universelle^ i857).
L'anteur, qui a iotrodait ce système daas
deux charbonnages, en expose le mode de
construction et les avantages.
8« Note sur une nouvelle machine
d'extraction de M. Demanet (Ann. des
tr. publics, t. XVI, 4858).
M. Traseoster estime que le système ac-
tuel, avec cibles, a une supériorité incoa-
testable sur tous ceux qu'on a proposés jus-
qu'ici.
9"* Notice sur l'établissement en
Suède de machines d'extraction à tiges
parallèles , dès l'an 4094 (Revue univ.,
4859).
Il résulte des passages cités d'm ancien
ouvrage peu coanu, que 49es machines, îa-
vaaiées récemment et signalées comme une
nouveauté, ont fonctionné il y a longtemps
en âuède et y ont été condamnées par l'ex-
périence.
iù^ Notice biographique sur André
Dumont (iiim. des tr. publics, t. XIX).
44« Exposition universelle de 186S.
Mines et travail des méîauj: (Revue univ.
4862).
ta*" Exposition universelle de 1862.
Rapport sur les métaux ouvrés (54*
classe) el les aciers (52* classe).
Inséré dans les Documenta et Rapportt
publiés par le gouvernement belge. Brux.,
i86d, 3 V. in-80.
II. Enseignement.
I5o Réforme de l'enseignement su-
périeur et du jury d'examen, par Louis
Duperron. Liège, 1848, in-8*.
L'auteur montre que les jurys d'exameo,
tels qu'ils sont organisés, sont la négation
de la liberté de l'enseignement. La consé-
quence logique de cette liberté, il ses yeux,
serait l'émancipation des professions libé-
rales. En attendant que cette réforme puisse
s'effectuer, il demande qu'on l'applique aux
professions pour lesquelles elle n'ûSlA*e aacan
inconvénient; quant aux autres, les jurys
961
TRA
962
Dommés par TElat se coDlenteraient d'un
examen pratique, en laissant aux Universi-
tés les examens scientiflques.
14^ Rapport au ministre de l'inté-
rieur sur ia situation de l'enseigne-
ment industriel dans les Collèges et les
Écoles moyennes en 1848 (Moniteur
belge, 1849 : Rapport du ministre de
Tintérieur aux Chambres législatives,
sur rinstructiOQ moyenne , pendant la
période 1842-1848).
Ce rapport fait connaître la situation de
l'enseignement professionnel dans les prin-
cipaux Collèges de la Belgique et à Aix-la-
Chapelle. 11 indique nn plan nouveau d'or-
ganisation, plan qui a servi de base au
système adopté pour renseignement profes-
sionnel des Athénées et des Écoles moyen-
nes, en exécution de la loi du i juin 4850. —
11 a été reproduit dans le Moniteur de FEn-
»eignement, t. I, p. 28 et suiv., et discuté
dans un article du même journal, ibid,, p.
46. Il en existe deux éditions in-S», l'une
publiée à Bruxelles, l'autre k Liège.
15^ Discours prononcé au nom du
Conseil de perfectionnement de Veiisei'
gnement moyen, à la distribution des
prix du concours général, le 25 sep-
tembre 1852.
Ce discours, inséré dans le premier Rap-
port triennal sur renseignement moyen (Pé-
riode de 186â-54), fait connaître les prin-
cipes qui ont dirigé le Conseil do perfec-
tionnement dans l'organisation des Athénées.
16^ Considérations sur Tinstruction
obligatoire en Belgique. Liège, 1858,
ln-8«.
C'est la reproduction d'une série d'ar-
ticles publiés sur cette question dans le Jour-
nal de Liège, L'auteur pense que l'instruc-
tion obligatoire n'est justifiable, ni au point
de vue du droit des pères de famille, ni au
point de vue de la liberté. Elle est incom-
patible avec la liberté de l'enseignement et
des cultes; elle répugnerait aux mœurs
belges : elle serait exploitée par les partis
politiques ; en tous cas elle est inapplicable,
tant que le nombre des écoles n'est pas par-
tout à la hauteur des besoins de la popula-
tion. — Lorsqu'on aura partout des écoles
et de bons maîtres , ajoute M. Trascnster ;
lorsque partout on s'attachera & employer les
moyens d'encouragement et les influences
morales dont on peut légitimement disposer,
( ' ) M. Trasenster avait été chargé, anté-
rieurement, de la rédaction du Rapport dt
pour amener les enfants du pauvre à l'école,
l'instruction se propagera sans qu'on ait re-
cours aux gendarmes, à la prison, en un mot
à des moyens de coercition uniquement pro-
pres à rabaisser la dignité des citoyens. —
L'auteur insiste donc pour que l'on multiplie
les écoles et les associations qui ont pour
objet la diiïusion de l'instruction; en revan-
che, il regarderait comme une mesure im-
politique, rétrograde et pou constitutionnelle
l'introduction du système prussien en Bel-
gique.
n"" Note rédigée en collaboration
avec M. le professeur Spring (voir ce
nom) sur la question du jury profes-
sionnel (Documents parlementaires de
la Chambre des neprésentants), n«i22,
Brux. Devroye , 18C2 , in-8% p. 85 et
suiv.
Cotte note, annexée à l'Exposé des motifs
du projet de loi sur le jury d'examen, pré-
senté aux Chambres législatives le 10 mai
1863, représente l'opinion de l'Université de
Liège et celle de la minorité de la Commis-
sion spéciale chargée de proposer une solu-
tion ('). L'institution du jury combiné y est
l'objet de critiques sérieuses, et sous ce rap-
port MM. Spring et Trasenster sont d'accord
avec leurs collègues des quatre Universités.
Le remède indiqué est une séparation com-
plète entre les examens scientifiques, qui
seraient réservés aux établissements d'en-
seignement supérieur, et l'examen profes-
sionnel, le seul dont l'Etat aurait à se préoc-
cuper. Ce système aurait pour effet de com-
promettre le crédit des Universités qui déli-
vreraient trop facilement des diplômes de
docteur , et, d'autre part, de n'admettre à
l'exercice des professions libérales que des
personnes vraiment dignes de la confiance
publique. La note de MM. Spring et Tra-
senster a principalement pour but de recti-
fier l'idée fausse que la Commission elle-
même s'était formée du jury professionnel.
C'est le document le plus net et le plus pré-
cis qui ait été publié sur ceUe grave ques-
tion, dans ses rapports avec les institutions
nationales (v. l'art. Spring).
ni. Politique.
18o De la nationalité belge ou des
idées politiques et religieuses en Bel-
gique. Première partie. Liège, 1848,
in-8^
Voulant combattre les idées aventureuses
issues de la révolution de 1848 et contribuer
r
rUniversîté de Liège en faveur du jury pro-
fessionnel.
963
TRO
964
à grouper les Belges autour do drapeau na-
tional, l'auteur expose la situation matérielle,
morale et politique de la Belgique. Il s'at-
tache à établir que nos institutions constitu-
tionnelles donnent il la liberté des garanties
beaucoup plus fortes que les institutions
projetées en France, et prédit, dès lors,
qu'avec le système de centralisation qui existe
dans ce dernier pays, et avec l'oppression
que la démocratie fait peser sur les mino-
rités, une dictature militaire sera la consé-
quence de la révolution.
19"^ La Belgique et TEiirope, ou la
frontière du Uhin. Liège, iSUO, in-S^"
(deux éditions).
Cette brochure était destinée k combattre
les écrits sur les frontières naturelles qui
paraissaient alors en France ; elle Indiquait
tout ce que la Belgique aurait à perdre à un
changement de situation, faisait ressortir les
obstacles qui s'opposaient aux convoitises
des annexionistes français, et montrait le
peu de fondement des inquiétudes qui s'é-
taient répandues en Belgique.
2()^ Note sur l*abolition des octrois
en Belgique.
Insérée dans les Transactions of the Asso-
dation for the promotion of social science
(Londres, 186â).
2P Un grand nombre d'articles dans
les journaux quotidiens (M. Traseusier
prend, depuis plusieurs années, une
part importante à la lédaction politique
du Journal de Luge).
Xrol«ront»lno» (ArNOLD) , )^ , Ué
à Saive le 2 novembre 1817, commença
ses humanités au Collège communal de
Liège et les acheva dans la même ville
au Collège S*-Servais, alors dirigé par
Fabbé Juliiot ('). Il s*èprit d'un vif
amour pour les langues anciennes , et
en poussa Tètude, celle du grec surtout,
plus loin qu'on ne le fait ordinairement
en poésie et en rhétorique. Homère
exerçait sur son esprit une sorte de
fascination; il le relisait sans cesse, il
le savait par cœur. Ce fut dansées dis-
positions qu'il entra, en 4855, à TUni-
C*) C'est aujourd'hui le Collège des Jé-
suites.
(*) Le Courrier de la Meuse, qui parais-
sait k Liège, passa le i«' janvier 4844 dans
la capitale et prit le titre de Journal de
versllë de Louvain, où, sans trop ré-
fléchir k Tavenir, mais cédant à un
attrait irrésistible, il se prépara à subir
l'examen de docteur en philosophie et
lettres. Tout en suivant les cours de U
Faculté, il apprit Tallemand, Tespagnol,
rUallen, et aborda même, sous la direc-
tion du chanoine Beelen, les difficultés
de rhèbreu,du syriaque et duchaldéen.
H fut reçu docteur le U septembre
1857, avec la plus grande distinction^
et obtint par suite une bourse de voyage,
pour fréquenter les Universités étran-
gères. Il partit pour Munich ao com-
mencement de 4838 et y resta deux
années entières. Là, mettant Jk profit les
leçons et les conseils des grands maî-
tres, des Thiersch, des Schelling.des
Goerreseldes Baader.et les immenses
ressources que lui préseutait la Biblio-
thèque royale , il acheva de sMnitier à
Thisloire et aux institutions de TOrient,
de la Grèce et de Rome. Il revint ma-
lade au pays, et dut consacrer presque
toute Tannée 1840 au rétablissement de
sa santé, compromise par des excès de
travail. On lui offrit alors d*entrer dans
le journalisme ; il accepta , sans trop
savoir à quoi il s'engageait. Attaché à
la rédaction du Journal de Bruxelles i^)^
il y défendit courageusement ses con-
victions chrétiennes, mais y apprit à se
mettre en garde contre les extrêmes et
flnil par se sentir médiocrement de goût
pour la polémique des partis. 11 se sen-
tait attiré vers renseignement ; tous ses
moments de loisir, il n'avait pas cessé
de les consacrer à ses chères études.
L'arrêté du 25 octobre 1945 lui fit en-
trevoir l'heure de la délivrance, en lui
conférant le titre d'agrégé à l'Université
de Liège. Vers la fln de 1849, M. Rogler
lui confia le cours d*histoire des litté-
ratures anciennes. Il s^agissait de quit-
ter une position de 5000 francs et de
débuter dans une nouvelle carrière sans
traitement, même sans indemnité, car
il n'en obtint pas d'abord. Telle était
alors la condition des agrégés chargés
Bruxelles. Il eut alors pour directeur feu le
chevalier DD. Stas, et pour rédacteurs prin-
cipaux MM. Troisfontaines, Gilson et J.
Defossé. — V. Ul. Capitaine, Beehtrcke*
sur les journaux liégeois, p. 167.
96S
TRO
966
de cours ; de plus , Tautorisation d'en-
seigner ne s'étendait pour eux qu'à une
année académique, el devait être régu-
lièrement redemandée. M. Troisfon-
taines eut confiance en son étoile ; aussi
bien M. Rogier lui avait promis, sHl
réussissait^ de ne pas retarder trop long-
temps sa nomination de professeur ex-
traordinaire. Ce titre lui fut conféré le
24 septembre i857. L'arrêté de nomi-
nation le déchargea du cours d'histoire
littéraire et lui donne mission d'ensei-
gner, concurremment avec l'histoire
politique de l'antiquité, les antiquités
grecques et romaines (v. l'art, de Clos-
set). M. Troisfontaines est professeur
ordinaire depuis le 24 sept. 4857; il
a rempli, en 4860-4861 , les fonctions
de secrétaire académique. — Plusieurs
articles de M. Troisfontaines, publiés
dans des recueils périodiques ou sépa-
rément, ont été fort remarqués ou ont
même donné lieu à des polémiques
passionnées. Nous citerons entr'autres
un travail critique sur Y Histoire an-
cienne de M. le professeur Altmeyer,
inséré dans la Revue de Bruxelles, et
vivement attaqué par M. A. Massart
dans V Annuaire de la Société des étu-
diants de r Université libre de cette ville
(1840, p. 452-177). Deux notices con-
sacrées,l'une à son maître, J. deGoerres
(de Munich) , l'autre à l'un de ses amis
les plus chers , Léon de Closset(4866),
méritent encore une mention (*). Dans
la presse quotidienne, M. Troisfontaines
s'est surtout occupé de politique étran-
gère; pendant des années, il a observé
très-attentivement la marche des affaires
européennes et publié de nombreux ar-
ticles sur les questions à l'ordre du
jour. En matière scientifique , son tra-
vail le plus important jusqu'ici, est un
traité d'Antiquités romaines envisoifées
au point de vue des institutions politi-
ques (!"' édition, Lié^e , Henard, 18G2,
în-8'' de 184 p.; 2« édition, Bruxelles,
Decq, 4860, in-8° de 260 p.). C'est la
première partie d'un travail considé-
rable, qui embrassera les antiquités
religieuses, militaires, etc., aussi bien
que les antiquités politiques et judi-
ciaires. La première édition comprend
quatre livres, la seconde cinq livres ,
précédés d'une introduction sur les ori-
gines de Rome, et spécialement consa-
crés aux différentes conditions sociales.
La seconde éditiou est de beaucoup su-
périeure à la première, et tout-à-fait au
courant de la science. On y remarque
plusieurs théories nouvelles, ou du
moins adoptées décidément par l'auteur
après de nouvelles recherches. Il aban-
donne l'hypothèse de la conquête de
Rome par les Etrusques et considère la
ville éternelle comme une cité italique et
non comme une cité latine, contraire-
ment à l'opinion de Mommsen. Il donne
de h gens une définition qui à elle seule
en explique l'origine : La gens, dit-il, est
un ensemble de familles unies par le
lieu de l'agnation, mais ayant perdu, à
cause de l'élolgnement des temps, le
souvenir de leur commune extraction.
Il substitue le nom de tribus consan-
guines aux expressions trop vagues de
tribus de race ou tribus génétiques. Il
fait comprendre pourquoi le nombre
des gcntes était illimité, celui des curies
limité : les curies étaient des corps
politiques investis de la souveraineté,
-personnification des trois tribus à qui
revenait la même part de pouvoir, puis-
qu'elles formaient ensemble un même
Etat. Il maintient l'exclusion des plé-
béiens des curies, en tant que celles-ci
étaient des corps politiques; en revan-
che, il les y admet en tant qu'elles
étaient des corporations religieuses ,
mais alors seulement qu'elles avaient
perdu toute influence sérieuse sur la
marche des affaires. Il soutient que les
Comices curiales ratifiaient l'élection
des magistrats à imperium; d'autre
part, il est porté à croire que la ratifi-
cation des lois ne doit être attribuée
qu'aux seuls patriciens du Sénat. Il
distingue soigneusement les Latins
d'Italie des Latins extra-italiques, et
leur accorde le droit de mariage, qu'il
avait cru d'abord devoir leur refuser.
Le chapitre consacré au droit italique
(*) Celte notice est la reproduction de
l'éloge funèbre de L. de Closseï, prononcé
par M. Troisfontaines le 14 septembre 1866,
en séance solennelle dans la Salle acadé-
mique (v. l'art. DB Closset).
967
VAN
968
est entièrement neuf et à peu près ex-
clusivement propre à Tautenr. Le livre
de M. Troisfontaines s'adresse aux étu-
diants; la forme en est sëmi-dévelop-
pée, évitant également la sécheresse
d'un programme et tout étalage d'éru-
dition qui ne serait de mise que dans
un travail destiné aux savants de pro-
fession. — M. Troisfontaines prépare
depuis longues années une Histoire
des Athéniens, qui aurait vu le jour dès
1857, si une maladie grave contractée
cette année même, et si depuis lors, des
fonctions nouvelles n'avaient empêché
l'auteur d'y mettre la dernière main. —
M. Troisfontaines a été nommé cheva-
lier de rOrdre de Léopold le 5 novem-
bre 1867, date du premier jubilé de
l'Université.
Van Aub«»i (Jean-Chari.es), né à
Meersen (duché de Limbourg) le 4fév.
1852, a fait de bonnes études bumani-
tnires â l'Athénée royal de Maestricht.
— Il se rendit ensuite à l'Université de
Gand, pour y suivre les cours de la
candidature en sciences physiques et
mathématiques. Au bout de quelque
temps, se sentant peu de goât pour
les sciences positives, il vint à Liège
(18S4) avec l'intention d'embrasser la
(^arrière médicale. Il subit l'examen de
candidat en sciences naturelles avec
grande distinction; dans toutes les
épreuves suivantes, il atteignit la plus
grande distinction. Pendant le cours de
ses études, il concourut avec succès,
tour à tour, pour la place de prosecteur
du cours d'analomie et pour celle de
chef de clinique des accouchements.
Désireux d'entendre les maîtres étran-
gers, il alla plus tard fréquenter les
écoles de Paris et de Berlin, puis re-
vint à Liège pour y pratiquer la méde-
cine. Ses services universitaires re-
montent à 4865; il est, depuis cette
époque, préparateur du cours de méde-
cine opératoire et consenateur du ca-
binet des instruments de chirurgie.
Son désir d'étendre toujours ses con-
naissances dans l'art de guérir lui a
(*) La famille Yan Hulst est conoac en
Hainaut depuis le lemps de Marie de Hon-
grie ; la direction des jardins royaux de
valu la position qu'il occupe aujour-
d'hui dans l'enseignement. En 1866, il
a subi at^ee la plus grande distinction
i'examen de pharmacien ; c'est en vertu
de ce nouveau titrequ'il a été chargé de
suppléer Péters-Vaust (v.ce nom) dans
l'enseignement de la partie non chi-
mique du cours de pharmacie. Depuis
la mort de son ancien maître, M. Van
Aubel est chargé seul des cours de
pharmacie théorique et pratique. — H
a publié :
i^ Quelques mots sur ropération cé-
sarienne. Bruxelles, 1865, in-8^ de 15
pages.
Exir. du Bulletin de tAcad. rotf, de mé-
decine de Belgique, t. VI, nfi 9. L'auteur,
s'appuy&nt sur un principe de Bicbat, pitH
pose un procédé enliërement nouveau, ayant
pour but de prévenir la péritonite en sous-
trayant le pins tôt possibtc la cavité périto-
néale à tonte influence extérieure.
^ Nouveau procédé de céphalotripsie.
Bruxelles, 1864, in-S'^de 12 p., avecfig.
Même Bulletin, t. VII, n« 7.— H. Van An-
bel décrit un eéphalotribe de son invention el
en fait ressortir les avantages.
Van HuiRt (Félix-Albxandre-Jo-
seph) , ^ , né à Fleurus, le 19 février
1799 (*), eut pour premier maître le
curé de son endroit natal, puis fut en-
voyé, à l'âge de neuf ans, au presbytère
de Moussy-le-Neuf, près Dammartin,
et de là chez l'abbé Lefranc, à Bru-
xelles, qu'il dut quitter pour entrer aa
Lycée de cette dernière ville, lorsqu'un
décret impérialeutenjointauxélèves des
pensionnats particuliers de suivre les
cours des établissements universitaires.
Il obtint quatre années de suite le prix
d'excellence ; reçu bachelier ès-lettres,
il se flt inscrire à l'Ëk^oIe de droit de
Bruxelles ; mais des affaires de famille
(à l'époque de son séjour en France, il
avait perdu son père) le forcèrent, an
bout de six mois, d'interrompre ses
études pendant un an et demi. Cet in-
tervalle fut consacré à l'étude d'un pro-
cès ardu et compliqué: il plaida lui-
Mariemont y a été une charge héréditaire
jusqu'à la Hn du XVin« siècle.
969
VAN
970
roême sa cause et la g[agna. A peine dé-
barrassé de cette affaire, à peine porté
sur la liste des étudiants de TUniver-
slté de Liège, il dut s*engager de nou-
veau dans le dédale de la procédure.
EnOn, libre de soins, il soutint une
thèse De utilitate in Ethicesprœceplis et
rerum pubîicarum legibus comtituendis
considerandà^ et conquit le diplôme de
docteur en droit, le 8 mai 1822. H n*a-
vait pas attendu ce moment pour tailler
sa plume : dès 1818, il avait rédigé une
Noike sur la vie et les ouvrages de Ser-
van, publiée Tannée suivante en tète de
Fédition liégeoise des OEuvres choisies
de ce jurisconsulte (*). A TUniversilé, il
s'était intimement lié avec quelques
jeunes gens d*élite, dont Tinfluence Ten-
traîna de bonne heure dans les régions
orageuses de la presse. Ëni824, une
association se forma entre MM. Paul
Devaux (*), Lebeau, Charles et Firmin
Rogier, Van Huist et Henri Lignac (ce
dernier imprimeur-éditeur), pour fon-
der, sous le litre de Mathieu Laensbergh,
un organe de Fopposition resté célèbre.
M. Van Hulst s'y occupa principalement
de politique générale, et d'autre part
des projets de Code pénal, d'instruc-
tion criminelle et d'organisation judi-
ciaire. Rien ne manquait, dit un écri-
yain français, à la prospérité de cette
feuille : M. Devaux y apporta sa raison
grave et froide, M. Lebeau son esprit
caustique et mordant, M. Charles Rogier
sa plume chaleureuse, toujours pitto-
resque et vive ('). a Le Mathieu Leans-
fcrr^y, écrivait en 1827 VHermte en Bel-
gique, est, de tous nos journaux, le
meilleur; lui seul s'occupe sans re-
(') Liège, CûlIardiD, 1819, S vol. in-8«.
ToDS les exemplaires do celte édition ne
contienoeat pas la notice de M. Van Hulst.
Elle a été réimprimée en 1843 dans les Mé-
langea, p. 71 et suiv.
(*} M. P. Devaux, celle mémo année, dé-
dia sa thèse à M. Van Hulst.
(*) V. Ul. Capitaine, Recherches tur les
Journaux liégeois. Liège , Desoer , 1850,
p. 175. — La correspondance luxembour-
geoise fut écrite pendant plusieurs années
par H. J.-B. Nothomb, aigourd'hui ministre
de Belgique à Berlin.
(*) Ibid., p. 176. < Sous le roi Guil-
laume et au Congre», écrivait récemment
If. P. Devaux (lettre à V Impartial de Bruges,
lâche des intérêts de la nation ; lui seul
met le vulgaire au courant de ses droits
et de ses devoirs ; lui seul ose critiquer
ceux des actes du Gouvernement qui
semblent s'écarter des véritables prin-
cipes du droit public ! » Une critique se
mêlait à ces éloges : VHermite ne pou-
vait comprendre que nos jeunes et ar-
dents libéraux ménageassent le parti
catholique. C'est à Liège, ajoutait-il,
qu'il faut le combattre corps à corps ;
mais le Mathieu Laensbergh cède mal-
heureusement âi des considérations trop
positives . . . Rien n'était plus injuste
que ce reproche ! C'était par conviction
politique que MM. Rogier, Devaux et
consorts refusaient de rompre en visière
avec les amis de l'épiscopat. « En de-
mandant que le pouvoir civil fût indé-
pendant du clergé, dit très-bien M. U.
Capitaine, le Mathieu Laensbergh reven*
diquait pour celui-ci les libertés et les
firanchises que lui déniait le gouverne-
ment hollandais (* ).» Le Mathieu Laens-
bergh n'avait point été fondé dans des
vues sordides, mais au contraire pour
prendre courageusement la défense des
intérêts nationaux, pour propager dans
le pays les idées qui triomphèrent en
i850. Cependant la polémique devenant
de plus en plus vive, on crut devoir
donner au journal un litre plus en rap-
port avec son caractère. A partir du
h^ janvier 18â9 , il s'appela le Politique.
Son influence ne ût que s'accroître dans
le cours des deux années suivantes;
ses rédacteurs jetèrent les premières
bases de cette fameuse Union sous la-
quelle devait succomber le royaume des
Pays-Bas (*). Ils n'en continuèrentpas
6 janvier 1864), pourquoi nous trouvions-
nous dans les mêmes rangs ? Pourquoi avai»-
je pu la premier donner à doux opinions
différentes l'idée de se rapprocher dans ce
ou'on a appelé l'union des catholiques et des
bbéraux? Parce qu'à cette époque le clergé
et son parti ne demandaient et n'ambition-
naient que leurs libertés. »
(■) V. la note précédente (Cr. Th. Juste,
Les fondateurs de la monarchie belge :
Joseph Vebeau. Bruxelles, 1865, in-8<>, p. 7.
— Quelque temps avant la Révolution, P.
Kersten, rédacteur en chef du journal catho-
lique le Courrier de la Meuse, s'entendit ou-
vertement avec SOS confrères du Politique,
971
VAN
972
moins à développer Tespiit libéral dans
la province de Liège ; mais surlout ils
hâtèrent Tavènement de l'indépendance
belge, en combattant avec la plus
grande vigueur les mesures impopu-
laires de Guillaume I. Le gouverne-
ment s'émut à plusieurs reprises : plu-
sieurs articles furent incriminés ; M.
Yan llulst eut deux fois à plaider la
cause de M. Cb. Rogler ; une autre
fois, il fltrestituer au journal desdroits
considérables indûment perçus pour le
timbre (*). Les citations tombaient
comme grêle; un jour, c'était Weusten-
raad qui avait écrit contre les tralnevrs
de sabre (*); le 16 Juillet 1859, c'était
la rédaction du Politique presqu'au com-
plet, que le juge d'instruction mandait
chez lui pour s'expliquer sur quatre arti-
cles injurieux pour le chef de l'Etat. La
Révolution suspendit les poursuites ; le
Politique vécut longtemps encore, mais
dans des conditions nouvelles; à l'ex-
ception de H. Lignac, ses anciens ré-
dacteurs le quittèrent pour devenir des
hommes d'Etat et se charger ainsi d'ap-
pliquer par eux-mêmes les doctrines
dont ils avaient assuré le succès. M.
Yan Hulst ne les suivit pas dans la
capitale : sa dernière intervention dans
les affaires du temps remonte même
plus haut que la Révolution : nous fai-
sons allusion ù une Consultation qu'il
publia, avec M. Doreye, pour M. Duc-
pétiaux et de Potter, que le gouverne-
ment avait fait incarcérer. Yers la fin
de i850, il fut mandé chez le gouver-
neur de la province de Lié^e, M. de
Sauvage, qui l'engagea à solliciter la
place d'avocat des domaines. II hésita
d'abord ; le gouverneur passa outre et
le mit en tête de la liste des présenta-
tions. Ce fut au tour du ministère de
faire quelques diificultés ; enfin M. Yan
Hulst l'emporta, et nous l'avons vu jus-
qu'à ces dernières années s'acquitter
avec un zèle infatigable des devoirs de
sa charge, tout en consacrant ses loi-
sirs à des travaux littéraires qui au-
raient suffi, à eux seuls, à remplir
l'existence d'un homme moins actif et
connaissant moins le prix du temps.
Les lettres ont exercé sur H. Yan
Hulst, depuis sa première jeunesse, des
séductions irrésislibles. L'enseigne-
ment de Rouillé (v. ce nom), au Lycée
de Bruxelles, avait exercé sur lui une
telle influence, que ce fut pour entendre
encore cet aimable professeur qu'il
choisit, pour y faire ses études, l'Uni-
versité de Liège, où Rouillé monta en
chaire dès 4817. Cependant ce ne fut
que plus tard que M. Yan Hulst s'occupa
tout ù fait spécialement de littérature
française. Il eut d'activés relations avec
Warnkœnig et Wagemann, qui lui con-
seillèrent d'entrer dans l'enseignement
et de viser à une chaire de philologie.
Etudiant en droit, il se jeta passion-
nément dans l'étude du droit public et
du droit pénal sous la direction deDes-
triveaux (v. ce nom), qui ne se conten-
tait pas de stimuler ses élèves par l'é-
loquence hardie de ses leçons, mais se
plaisait à réunir chez lui. tous les di-
manches malin, pour les entretenir des
questions à l'ordre du jour, quelques
jeunes gens choisis , parmi lesquels
MM. Yan Hulst, Barbanson, Picquet
(de Mons), Yan Hocgarden,etc. — Mais
Rouillé, devenu le beau-père de M. Yan
Hulst vers l'époque où celui-ci s'établit
comme avocat, devint par excellence
son guide et son modèle. Ils vivaient
sous le même toit ; leur salon, à partir
de 1 H25, devint insensiblementun centre
où se réunissaient volontiers les amis
des lettres et des ^rts. Rouillé lisait
admirablement ; on ne se lassait pas
de l'entendre ; mais comme lui-même
finissait par se fatiguer, on prit le parti
de se répartir les rôles, et une fols
l'habitude prise, on la conserva, même
après la mort de Rouillé ('). On se sou-
( < ) £d cetto circoDstanco , Raikem fut
favocat du Courrier de la Meuxe, Lcsoinne
celui du Journal de Liège; ce dernier procès
est antérieur au changement de titre du
journal. Notons en passant que les magis-
trats n'étaient pas alors inamovibles.
(*) Il eut pour défenseurs MM. Van Hulst
et Jaminé.
(*) Rouillé fut déclaré ëmérile le 46 dé-
cembre 4830, par l'arrêté qui supprimait la
Faculté des lettres de Liège. Ce fui un coop
de foudre pour lui comme pour Fuss etCall ;
ils ne s'attendaient à rien. M. Van Halsi
prit leur cause eu main. Nous avons rap-
973
VAN
974
vient encore, à Liège, de ces agréables
séances qui coïncidèrent avec un mou-
vemenl littéraire dont les circonstances
et les préoccupations d'une société nou-
velle , entraînée dans une direction
toute différente, ont singulièrement ra-
lenti Fessor. Nous voulons parler de la
Revue belge, dont M. Van Huist fut un
des collaborateurs les plus assidus,
avec Lesbroussart et M. Polain (v. ces
noms). En 1843, la Société pour Fen-
couragement de la littérature nationale
fut dissoute et la Revue cessa de pa-
raître : M. Van Hulst reprit seul tout
le fardeau et fonda la Revue de Liége^
recueil plus spécialement littéraire,
qui ne vécut pas autant que son aîné,
mais n*en eut pas moins une existence
honorable (*). Au commencement, les
collaborateurs ne manquèrent pas :
de tous les coins du pays on vint en
aide au courageux éditeur ; mais peu
à peu le zèle se refroidit, et M. Van
Hulst se vit obligé, pour dissimuler
son isolement, de rédiger sous diffé-
rents pseudonymes les articles dont
ses numéros étaient remplis. La presse
périodique est un vampire insatiable;
un moment vint (1847) où le fécond
écrivain voulut en finir avec ce labeur
ingrat. Il ne brûla point ce qull avait
adoré ; mais, résolu de remplacer la
plume par la parole, il se rappela que
M. Van de Weyer, en 1845, Tavait
nommé agrégé à la Faculté de philoso-
phie de l'Université de Liège. Une
chance d'obtenir le cours d'histoire de
la littérature française se présenta bien-
tôt. Ph. Lesbroussart (v. ce nom) , en de-
mandant sa retraite (1 848), avait signalé
M. Van Hulst à Tatlentlon du gouver-
nement. On parlait de Weustenraad (*);
M. Sainte-Beuve fat nommé. Lors-
que l'auteur des Portraits littéraires et
des Causeries du Lundi rentra en France,
Bl. Van Hulst ne fit pas de démarches :
Baron (v. ce nom) quitta Bruxelles pour
venir occuper la chaire vacante. Alors
M. Van Hulst, qui n'avait d'autre but
que de trouver à s'occuper d'une ma-
nière conforme à ses goûts, ouvrit un
cours public à l'Université (1849). Il
s'adressa moins aux étudiants qu'aux
gens du monde; il fit moins de l'his-
toire littéraire que de la littérature pro-
prement dite, suivant en cela les tradi-
tions de Sun beau-père. Il traita des
sujets spéciaux, sans s'astreindre à un
plan régulier; il n'entra dansle domaine
de rhistoire que pour mieux analyser
les œuvres des grands maîtres aux-
quels il s'attachait tour à tour. Les deux
premières années (1849-1851), il fit
en outre un cours approfondi pour
quelques élèves de choix ; quant aux
leçons publiques, elles étaient fréquen-
tées par un auditoire varié, notamment
par un grand nombre de dames. Le nom
deM. Van Hulst figure encore au pro-
gramme, bien que l'état de santé du
professeur Tait forcé de suspendre son
enseignement depuis plusieurs années.
M. Van Hulst s'est mis à étudier, dans
ceâ derniers temps, les questions reli-
gieuses : une sér le de Lettres sur les dé-
fenseurs de VEglise, publiées dans la
Gazette de Liège (') en fournit sura-
bondamment la preuve. — Pour ne rien
oublier, nous rappellerons qu'il a fait
pendant longtemps partie de la Société
d'encouragement pour Vinstruction élé-
mentaire (v. l'art. ARNOi:LD),et qu'on lui
doit la révision de plusieurs ouvrages
classiques longtemps répandus dans
nos écoles. Il a aussi cultivé l'histoire
naturelle et principalement l'ornitholo-
gie (v. la Revue de Liège). 11 a publié :
1® Notice historique sur la vie et les
ouvrages de Servan. Liège, Collardin,
1819, in-8".
%° De utilitate in Ethices prœceptis
et rerum publicarum legibus constituen-
dis observandà (Thèse inaugurale). Liè-
ge, Collardin, 1822, in-4« de 40 p.
L'aut6ur se rattache , eo économie poliii-
pelë ailleurs qu'ils fondèrent une Facutié
liffre.
(*) La collection de la Revue de Liège
forme 8 vol. in-8* (1844-1847).
( * ) Poète di8tjnguë,anteur du Remorqueur,
du Uaut-foumeau et d*une foule d'antres
pièces qui ne sont pas oubliées. Weusten-
raad était auditeur militaire à Liège el rédac-
teur en chef de la Tribune, qui avait rem-
placé k la fois VEupotr et le Politique.
(*) Organe de l'opinion catholique à Liège.
975
VAN
976
que, aux idées de J.-B. Say ; en natière de
li'gislation , ses coDcIusioos aoDt celles de
Bentham.
5« Mémoires et consultations juri-
diques : a. Pétition dn généra] Crewe
h la Chambre des Communes. Liège,
4824, ln-8« (*) ; b. Précis pour Thon.
John Crewe conire de Simoni. Liège,
4827, In-i»; c. Consultation pour Ch.
Rogier, avocat, et Lignac, éditeur du
Mathieu Laensbergh, contre les pom-
piers de Liège (4827), in-4*; d. Précis
pour J.-H. Moraux, prévenu de calom-
nies envers deux officiers prussiens,
4828, in-4<»; e. Précis pour H. Lignac
contre la régie du timbre (s. d.) ; f. Con-
sultation pour Ducpétiaux et de Potier
4 829, en collaboration avec M. Doreye) ;
g, Id. pour les entrepreneurs des ifcs-
sageries générales de ta Belgique conire
M. L. Pasquet, directeur des dites
Messageries à Liège, 4854, in-4*; h.
Au roi (à Toccasion du pillage de la
maison Orban), 4854,in-8°; t. Des ra-
vages de rOurlhe (4832), in-8<» (*) ; j.
Mémoire adressé à la Régence de Liège
sur le cours du bras de TOurthe dit
Fourchu-Fossé, 4834, in-8*> ('); *.
Mémoire pour A. Rally, gentilhomme
anglais, contre J.-D.-J. Beliefroid ,
4832, in-8"» (*); L Post-scriptum de
M. Rally (s.d.)* in-8^ ; m. Observations
contre M. Fremersdorf, 4853, in-8®,
avec une pi. (•).
4» Est-il juste de changer tes bases
de rimj)ôt foncier'! Liège (s. d.). in-8o.
Extrait de la Revue t>elge. Ce travail,
commnniquë au Congrès scientifique de Liège
(4835), révoque en doute l'équité d'une ré-
vision cadastrale. Il doit avoir été traduit en
anglais.
5° Rapport fait au nom de la Com-
mission de surveillance du Collège mu-
nicipal de Liège, sur la marche et le
résultat des études dans cet établisse-
ment. Liège, Dessaiu, 4837, in-8*.
Imprimé par ordre du Conseil communal.
Le bourgmestre Jamme (v. ce nom) avait
chargé M. Vfln Huist de rinspection générale
des écoles de Liège. 11 conserva ces fonctions
80US l'administration Tilman. Kous avons
sous les yeux un Diseoun qo'il prononça, en
184â, à la distribution des prix des écoles
communales gratuites de fiUes (Tiré k part,
4 p. in-8«).
6^ Essai archéologique sur Vexistence
des jardins suspendus de Babylont,
Bruxelles, 4837, în-8°.
Cette notice, précédée d'un Rapport de M.
Roulez, est extraiic du Butl. de VAcnd, rog,
de Bruxelles, t. V, p. 373, 47Set 540.
V Histoires incroyables, par Palé-
phate, traduites et annotées par Félix
van Ilulst. Liège, Jeunehomme, 4838,
in-8«de404 p.
8^ Notices sur des hommes illustres
de la Belgique, insérées pour la plu-
part dans la Revue belge, de 485G à
4844 : a. A'otice sur le général Jardou
(s. d.), in-8*', avec portrait. — h > Lé-
général Ransonnet et ses quatre fils
(a>ec portrait), 4836, in-8^ — c.
Le peintre J,-G* Cartier , 4837 (porlr.).
— d. Le peintre iY.-i\. de Fassin^ id.,
id. — e- J,-B.Plasschaert, id., id. (*).
9« Vies de quelques Beiges. Liège,
Oudart, 4844, iD-8ode268 p.
Philippe de Commines. — Cartier. — Fas-
sin. — Ransonnet. — Lambrechts. — Jardoo.
— Plasschaert.
W René Sluse. Liège, 4842, in-8«
de 72 p. (portr.).
Rcprod. du Bull, de VAcad. royale de
Bruxelleê, t. VIII, 4« partie, p. 43 et 416.
440 Grétry. Liège, 4842, în^*» de
99 p. (porlr.). — V. le Journal de
Liège du 26 septembre 4842.
(') Le général Crewe (plus tard pair d'An-
gleterre) avait été détenu en France à la re-
quête d'un ex-valet do pied du duc de Bour-
bon, naturalisé anglais en 4806. Celle pièce
est très-curieuse à raison des questions qui
y sont soulevées. Le général Crewe habitait
le château de BouUicou (Sclessin tez-Liége).
(*) A propos des aflbuillcments du Four-
chu-Fossé, près Fetinne.
(' ) Les affouillements ont continué, malgré
les avertissements de H. Van Hulst, dont la
Régence ne voulut pas tenir compte, bien
qu'ils fussent appuyés par toute la Commis-
sion.
(*) A propos d'une contrainte par corps,
(') Il s'agit de l'expropriation d'une partie
du pré de la Boverie, lez-Liége, pour les
travaux de la dérivation de la Meuse, dont
M. Fremersdorf était l'entrepreneur.
(•) V. l'art. Rouillé.
977
VAN
978
12^ Notices Jbiographii}ues publiées
par la Revue de Liège, de 1844 à 1847,
iû*8^ et tirées à part.
a. André Boussart (1844). — b. Le
P. de Bossche {Sidronius Hosscbius,
-1844) (•). — c. Le P. Bennepin d'Ath
(1845). — d. Rouillé (1845, portr.). -
e. Abraham Ortelius (1846, id.)- — f-
Bubert GoUxius (id., id.). — g- Chris-
tophe Plantin (id., Id.). — /*. Charles
de Langhe (Carolas Langius) et Liévin
Vander Beeke (Laevinus Torrenlius) ,
id. — i. Les neveux de Lœvinus Tor-
renlius (1847), S éditions. — j, André
Sdiott (1847, portr.), t éd. — k. Jean
Gruytere (Janus Gruterus), id., id., S
édit.
1 5o Notice sur Etienne-Joseph Ltberl
(jardinier-fleuriste). Liège , Oudart ,
1845, in-8^
ik^ Mélanges. Liège, 1845, in-8'' de
575 pages (Dédié à L. Rouillé).
Analyses critiques ; barreau français ; Ser-
van ; articles d'économie politique, d'arcbéo-
logie, de littérature, de jurisprudence ; réim-
(iression des morceaux mentionnés n^ 4, 5,
6, etc. — Bonne table analytique des ma-
tières ; en somme ^ ricbe recueil de faits
concernant les bommes et les cboses du pays.
15<> Le Rhin de Cologne à Mayence;
ses châteaux, ses ruines, ses coteaux ;
souvenirs historiques, traditions popu-
laires, chroniques et légendes qui s'y
rattachent, ou Excursion d'un Belge en
Suisse^ V partie. Liège, 184*7, in-8°de
608 pages.
Publié d'abord dans la Hevue de Liège,
M. Yan Hulst, ayant renoncé à faire paraître
cette Revue en 1B47, n'a pas donné suite au
projet annoncé dans la S« partie du titre de
cet ouvrage.
16° Extraits d^un manuel d'ornitholo-
gie domestique y ou histoire naturelle des
oiseaux de volière, par F. (Félix Van
Hulst), membre de la Société des scien-
ces de Stockholm , de la Société royale
d'agriculture de Lille et de quelques
( * ) Il existe deux éditions de ce travail ;
la seconde est très- différente delà première.
La notice du P. do Hosscbe a été écrite à
l'occasion du monument qu'on se proposait
d'élever au célèbre poète latin, dans la com-
mune de Merckem (Flandre occidentale].
autres Sociétés savantes. Liège, Ou*
dart, 1847, tn-B^" de 72 pages.
Extrait de la Revue dé Liège, tiré à 35
exemplaires seulement.
17° Introduction au cours public dp
littérature de M. Félix Yan Bulst, con-
tenant les deux premières leçons, sui-
vies d'extraits et de l'analyse des au-
tres leçons du l*' semestre de 1854.
Liège, Dessain, 1854, in-12^
Première conférence : sur l'alliance intime
du vrai, du beau et du bien. — Deuxième
conférence : De l'importance des principes
en littérature. — Le résumé des conférences
suivantes est extrait de la Gazette de Liège,
18° Rapport sur le Concours de poé-
sie française institué à Toccasion du
â5« anniversaire de Tinauguration de
S. M. Lèopold I, adressé à M. le Mi-
nistre de rintèrieur au nom du jury.
Bruxelles, 1856, in-8o.
p. 20-S9 de la brochure intitulée : Fétei
nationales. — Concourt de poésie française
et flamande,
19'' Revue de Liège, 1844-1847, 8
vol. in-8° (Liège, Oudart), recueil men-
suel (*).
20» Collaboration au Mathieu Laens-
bergh; articles de critique littéraire dans
la Revue belge (entre autres une appré-
ciation des Fragments philosophiques
de Gibon : v. ce nom) et dans la Revue
de Liège ; Lettres sur les défenseurs de
VEglise, dans la Gazette de Liège, etc.
M. Yan Hulst est chevalier de Tordre
de Lèopold depuis le 19 juillet 1856.
* Yonlatr (CoNSTANT-FbANÇOIS), Uè
à Créteil (Seine) le 21 janvier 1839,
flt de brillantes études humanitaires à
FÂthénèe royal de Namur (1850-1855)
et se fit ensuite inscrire à l'Université
de Liège, où il fréquenta les cours de la
Faculté de médecine. Il subit avec dis-
tinction répreuve en philosophie (') et
( » ) V, Ul. Capitaine, Bech. sur les jour-
naux liégeois, p. 217-Î19.
(*] Remplacée aujourd'hui, pour les élèves
en médecine, par un simple certificat de
fréquentation (avec fruit) du cours de psy-
chologie.
979
VAU
980
Texamen de candidat en sciences;
tous les diplômes qu'il conquit ulté-
rieurement en médecine, en chirurgie
et en accouchements furent obtenus
avec la plus grande diatinctim; le jury
de chirurgie lui adressa même des féli-
citations. Entré dans Tarmée dès 1857
en qualité d'élève médecin non soldé, il
reçut des appointements deux ans plus
tard, et devint médecin adjointen 1862,
lorsqu'il quitta déflnitivement les bancs
de rUniversité. Après avoir été succes-
sivement attaché aux hôpitaux militaires
d'Anvers, de Charleroi, de Namur etde
Bruxelles, il fut promu au grade de
médecin de bataillon de 2' classe (18G6),
et tour à tour inscrit dans les cadres du
ll^rég.deligneetdul'r régiment d'artil-
lerie. Il resta cependant détaché à Bru-
xelles, où le ministre de la guerre l'a-
vait chargé, en 18G5, de faire à l'Ecole
militaire le cours d'hygiène. Démis-
sionné sur sa demande le 8 février 18G8,
il prit rang le 18 du même mois, dans le
corps professoral de rUniversilé de
Liège, en qualité de professeur extraor-
dinaire, chargé des cours d'anatomie
pathologique générale et de médecine
légale (*). — M. Vanlair est, depuis
1865, membre correspondant de la
Société des sciences méidicales et natu-
relles de Bruxelles^ et depuis 1866,
membre effectif de la Société anafomo-
pathologique de la même ville. Il a été
chargé également en 1866, de la rédac-
tion des Archives médicales belges. Il a
reçu, en 4867, la médaille de 2" classe
de la décoration civique.
Bibliographie :
1** Les Névralgies^ leurs formes et
leur traitement. Bruxelles 1865, in*80.
Ouvrage couronné par la Société dex Scien-
ces médicales et naturelles de Bruxelles.
Il en a paru une traduction espagnole.
2° Articles divers, dans les Ar-
chives médicales belges , savoir :
a. Diagnostic d'une tumeur tuber-
culeuse du cervelet(1861)(Aussiàparl,
Bruxelles, II. Manceaux,1869, in-8'').
b. Note sur une épidémie d'érysipèle
observée k l'hôpital miliuire de Bru-
xelles ;
c. Quelques mots sur l'organisation
des Comités civils de secours pour les
armées en campagne ;
d. Unicité du virus cbancreux ;
e. Comptes rendus d'ouvrages scien-
tiflques, etc.
y Dans le Bulletin de V Académie
royale de médecine de Belgique (t. III,
S* série, n° 2):
f. Contribution à Vhistoirecliniquedes
lymphadénites viscérales (Aussi à part
Bruxelles, H. Manceaux, 1869. ln-8*
de 46 pages).
YauBt (Théodore), igc, né à Liège
le 4 août 1805, a fait ses études au Col-
lège et à l'Lniversité de cette ville. Il
soutint, en 4828, une thèse Dehcmor-
rhagià per ejchalalionem oris pour lob-
tention du doctorat en médecine. Il
rendit d*utiles services en 1850, comme
chirurgien-major de la garde-chique
liégeoise. Quand le nouvel ordre de
choses fut établi, il s'adonna exclusive-
ment à la pratique civile et ne larda
pas à se créer une clientèle qui a fini
par devenir Tune des plus considérables
de Liège. Nommé agrégé à l'Université
le 5 décembre 1855, il fut chargé du
cours de thérapeutique générale (y
compris la pharmacx)-dynamique) ; il en
est resté titulaire (*). Le 1« octobre
1857, après la mort de Fohmann (v. ce
nom), il fut en outre nommé chef des
travaux anatomiques de l'Université et
conservateur du cabinet d'anatomie ,
en remplacement de son parent Fran-
çois Vaust ('). Professeur extraordi-
( ' ) Y. les art. Royer et Hcuse. — Nous
avons cru devoir consacrer une notice à
M. Vanlair, bien que sa nomination soit pos-
térieure au 3 novembre 1867, afin de ren-
seigner le lecteur sur les mesures prises
pour remplacer Royer, mort quelques jours
avant la célébration du 50« anniversaire de
rUniversité.
(*) II figure en outra au programme pour
le cours de pharmacologie, y compris les
éléments de pharmacie.
( ' ) Le chirurgien François Vausl était un
anatomiste distingué et un habile opérateur :
il jouissait à Liège d'une réputation ncritée.
Né k Liège en 1794, il y mourut au mois de
mars 18(0. On lui doit une thèse très re-
marquable \De structuré et moiibus cordis
(1819), qui a eu l'honneur d'être citée par
981
WAS
982
naire depuis le 5 octobre 1859, M. Th.
Yaust a été promu à rordinaiiat le 24
septembre 4855. Il a rempli pendant
quelque temps les fonctions de médecin
des Hospices civils. Le roi a récom-
pensé ses services en lui décernant la
croix de chevalier de Tordre de Léo-
pold.
^VaMseise (ADOLPHE), né A LiégC
le iO septembre 1827, a commencé et
terminé ses études dans sa ville natale.
L'exemple de son père(*) conlribua
peut-être à lui inspirer le désir d'em-
brasser la carrière médicale ; quoi qu'il
en soit, non seulement sa vocation se
révéla de bonne heure, mais avant de
quitter les bancs deTlIniversité, il était
déjà fixé sur la spécialité ù laquelle il
comptait s*appliquer de préférence. Il
fut nommé chef de clinique obstétricale
le 29 mai 1852, et reçu docteur en mé-
decine,-en chirurgie et en accouche*
ment le 21 août 1854. Ses professeurs
ravalent distingué; ils le décidèrent à
ne point se séparer d'eux et lui firent
obtenir, dès le 50 octobre ^.uivant, les
Btchat. Il enrichit le cabinet de l'Université
d'nne quantité considérable de belles prépa-
rations du système osseux, de fines injections
des vaisseaux sanguins et de préparations
délicates du système ner>'eux. — Son fils,
H. Joseph Vaust, est agrégé à la Faculté
de médecine de Liège (1845); mais ce titre
est resté pour lui purement honorifique. M.
Joseph Vaust est chirurgien des Hospices
civils et des prisons cellulaires. On lui doit
ied ouvrages suivants *•
40 Manuel d'accouchements à Cusatje des
sages-femmes {lié^e, 4846, in-80) ; 2« iVé-
moire (couronné par la Société académique
de Bruges) sur l'implantation du placenta
sur le col utérin (Bruges, 1848, in-8«); 3«
Crochet porte- lacs (L\é$e. 1853, in-8»);4»
Etudes sur T emprisonnement cellulaire et
son influence sur la santé et sur le moral
des prisonniers 'Bruxelles, 1863, in-S»).
L'auteur ne répudie pas le système cellu-
laire ; mais il pense que le maximum de la
peine doit être fixé à dix ans. — Le crochet
porte-lacs est un ingénieux instrument de l'in-
vention de M. J. Vaust, construit de manière
à ne jamais nuire. A Taide d'un ressort ren-
fermé dans la tige creuse, analogue à la
sonde de Belloc, il porte sans peine, sur le
membre de l'enfant encore situé dans le dé-
troit supérieur, un fil conducteur (|ui en-
traine à sa suite le ruban {Journal de la Soc,
des se. médicales et naturelles de Bruxelles,
avril 1853; rapport de M. Joly}. — M. J.
Vaust est correspondant de plusieurs Sociétés
savantes.
(«) M. Ch. Wasseige, docteur en méde-
cine et en chirurgie, appartient depuis 1845,
comme agrégé, à la Faculté de médecine de
Liège; mais les soins d'une nombreuse clien-
tèle, d'une part, et de l'autre les mandats
politiques et les fonctions administratives
très-diverses dont il a été investi, ne lui
ont jamais laissé le loisir de se vouer à ren-
seignement. Il a fait ses études moyennes
à Liège et à Maestricht, ses études supé-
rieures à Liège et à Paris. Reçu docteur
le M novembre 1828, il s'est adonné à la
pratique civile, et n'en a pas moins consa-
cré une large part de son activité à se
dévouer avec le plus entier désintéressement
aux intérêts publics. 11 préside actuellement
la Commission médicale de la province de
Liège, dont il fait partie depuis 1840.
Nommé en 184S médecin de rhôpilal des
cholériques k S<Mgathe,en 1848 de celui de
Saint-Abraham, il a encore rendu, pendant
l'épidémie de 1866, des services qui lui ont
valu la décoration civique de S« classe. Mé-
decin suppléant des Hospices civils de Liège
depuis le 15 février 1843, il en est devenu
médecin titulaire le 21 février 1851. Depuis
le 27 décembre 1843, il est inspecteur des
élèves du Bureau de bienfaisance ; le 24
avril 1850, il a été nommé médecin du ser-
vice de santé de la viUe de Litige. Patriote
ardent, il a obtenu la croix de fer (1835);
le 21 juillet 1850, le roi Lèopold K' lui a
décerné la croix de son Ordre. Do 1837
à 1847 , il a siégé à l'Hôtel- de-Ville de
Liège en qualité de conseiller communal;
de cette dernière année à 1861 . leâ électeurs
du canton de Hollognc-aux-Pierres l'ont
chargé de les représenter au Conseil de la
province; il appartient de nouveau à ce
corps depuis 1864, comme mandataire des
électeurs de Liège. M. Ch. Wasseige s'est
intéressé à difi'érenles questions d'instruc-
tion publique et de bienfaisance : depuis le
17 décembre 1849, il est membre de la Com-
mission administrative de l'Institut royal des
Sourds Muets et des Aveugles ; il la préside
depuis une dizaine d'années. Il a été l'un des
fondateurs de la Société des Sciences natu-
relles de Liège, qu'il a présidée en 1824 ;
en 1845, il a dirigé la Société de Médecine
de la môme ville. On lui doit les travaux
suivants : 1» Quœdam de alterationibus
membranœ mueosœgastro-intestinalis (Liège,
983
WAS
984
titres de préparateur da cours deméde*
cine opératoire et de conservaleur du
cabinet de chirurgie. Stimulé par cette
marque de conflance, M. Wasseige s'at-
tacha à IMdée de conquérir une chaire
et, dans ce but, poursuivit avec ardeur
ses études scieiUiûques, sans négliger
la pratique civile. Le professeur Simon
(v. ce nom) le prit en affection, le re-
garda bientôt comme son aller ego et
se plut à le considérer comme son plus
légitime successeur. Lorsque TUniver-
silé eut le malheur de perdre cet homme
d'élite, M. Wasseige fut en effet chargé
du cours d'accouchements, par arrêté
du 5 décembre 1861. Sur le conseil de
son maître, il s'était mis en règle dès
le 4 juillet, en subissant les épreuves du
doctorat spécial en sciences chirurgi-
cales. Sa nomination comme professeur
extraordinaire est datée du 12 octobre
18G5; ses attributions n'ont pas été
changées. M. Wasseige est en outre,
depuis le 29 mars 18GI, chirurgien-
adjoint des Hospices dvils de Liège. Le
28 novembre 1868, l'Académie royale
de médecine l'a inscrit au nombre de
ses correspondants belges. — Il a pu-
blié:
i^ Description des déchirures du pé-
rinée. Liège, 1861, in-8<' (Dissertation
inaugurale).
2^ Dans le Bulletin de VAcadémic
royale de médecine de Belgique :
a. Cas remarquable d'ecstrophie de la
vessie, avec anomalie des organes gé-
nitaux et spina bifidn (t. XII, n"" 9^
1853).
b. Notice sur un nouveau porte*lacs
(t. XVl,nMO, 1857).
c. Observation sur un cas de mon-
struosité remarquable (2* série, t. IV,
n«5).
d. Observation d'une périnéorapbie,
avec quelques modifications au procédé
Wasseige (2« série, t. VI, n» 3, 1863).
e. Notice sur le crochet mousse. —
Description d'une modification impor-
tante apportée à cet instrument pour
en rendre l'emploi plus facile (2' série,
t. VII, n« 7, 1864).
f. Déformation considérable du bas-
sin, opération césarienne, étranglement
d'une anse intestinale dans la plaie uté-
rine, anus contre nature, etc. — Gué-
rison {2«' série, t. IX, n» 2, 1866).
g. 1. Rétrécissement du bassin; pro-
cidence du cordon ombilical ; embryo-
tomie par la transforatiou (Méthode
de M. le professeur Hubert).
2 Rétrécissement considérable do
bassin ; diagnostic de la position exacte
du délivre par le palper abdominal;
opération césarienne; extraction d'un
enfant vivant; mort de la femme.
3. Rétrécissement du bassin ; accou-
chement prématuré artificiel déterminé
à 7 1/2 mois, par des cylindres de la-
minaria digitala introduits dans le col;
guérison (y série, 1. 1, n*» 1, 1867).
3"^ Dans les Annales de la Société
médico-chirurgicale de Liège :
A. Rétrécissement de l'œsophage
(1862).
t. Série d'observations obstétricales
(nov. 1862).
j. Série d'observations obstétricales
(février, mars, juillet et novembre
1863).
Jeunehomme, 1828, m-4o), thèse inaugurale ;
30 Rapport sur la communication des éviers
avec les ëgoûts publics {Bulletin communal
de Uége, 4845} ; 3o Mémoire sur la condition
des ouvriers et le travail des enfants dans
les mines, manuf. et usines de la province
de Liège [Enquête faite par le ilinisire de
l'Intérieur^ Brux., Lesigne, 1846, t. 111,
p. 488-614^; 40 Discours sur la nécessité de
soigner l'éducation physique des enfants en
même temps que leur éducation morale et
intellectuelle (Ann, de la Soe, de Médecine
de Liège, t. II. 1865, p 17); 5«Disc. sur le
choix d'une profession (même recueil); 6»
Rapp. sur la colonie de Gbeel, présenté au
Corps médical des Hospices civils de Liège,
le 6 novembre 1843 (Liège, Desoer, in-»«) ;
70 Une quantité de Rapports faits à ta Com-
mission médicale, sur des questions d'by-
giène et de sHuhrïié {Archivée delà Comm,
médicale, 1840 à 4869).
TABLEAU GÉNÉRAL
DE LA
RÉPARTITION DKS COURS DE L'UNIVERSITÉ
DEPUIS 1817.
A. Faculté de philosophie et des lettres.
I. LITTÉRATimB GRECQUE.
1847. F. Gall(*).
1855. G-J. Bekker.
i857. J.-H. Bormans.
1865. P. Burggraff.
II. LITTÉRATURE GRECQUE (cOUrS dU
docloraO.
«
i857. J.-Ii. Bormans.
4851. J. Stecher.
4856. L. de Closset.
1866. J. Delbœnf.
III- LITTÉRATURE LATINE.
4817. J.-D. Fuss(*).
4835. G.-J. Bekker.
4837. J.-H. Bormans.
486i. L. de Closset.
4866. J. Delbœuf,
IV. LITTÉRATURE LATINE (cOUrS dU dOC-
toral).
4857. J.-H. Bormans.
4851. J. Stecher.
4 861. L. de Closset.
4867. J. Delbœaf.
Y. HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE GREC-
QUE (»).
48i9. A. TroisfonUines.
4851. J. Stecher.
VI. HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE LA-
TINE (*).
4849. A. Troisfontalnes.
4851. J. Stecher.
(') La Faculté des leltrcs fut supprimée
CD 1830; Gail continua néanmoins son cours
de grec k la Faculté /i^re, jusqu'en 183o.
(*) De 1830 k 1835, Gatl fil un cours de
littérature latine k la FacuUi libre.
(*) l/arrêté de nomination de G.- J. Bckker,
en 1835 , stipulait que ce professeur aurait
mission de donner un aperçu de l'histoire de
la littérature grecque aux élèves se desti-
nant au doctorat.
{*) J.-D. Foss a fait pendant plusieurs
années un cours d'histoire de la littérature
latine, pour les élèves du doctorat.
987
RÉPARTITION DES COURS.
988
VII. ANTIQUITÉS ROMAINES.
18! 7. J.-D. Fuss(*).
1847. L. de Closset (suppléant.
i848. Le même (titulaire).
1851. A. Troisfonlaines (*).
VHI. ANTIQUITÉS GRECQUES.
1817. F. Gall.
1849. L. de Closset.
1851. Â. Troisfonlaines.
IX. ARCHÉOLOGIE.
1855. J.-D. Fuss.
1849. L. de Closset.
1852. Â. Le Roy.
1856. L. de Clossel.
1866. Â. Le Roy.
X. HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FRAN-
ÇAISE.
1817. L. Rouillé (•).
1855. Ph. Lesbroussart.
1848. C -A. Sainte-Beuve.
1849. A. Baron (M.
1860. J. Stecher (suppléant).
1862. Le même (titulaire).
XI. LITTÉRATURE HOLLANDAISE-
1817-1850. J. KinkerC).
XII. LITTÉRATURE FLAMANDE.
1845. J.-F.-X. Wûrlh.
1857. J -H. Borroans.
1866. N....
XIII. HISTOIRE DES LITTÉRATURES MO-
DERNES ET LITTÉRATURE COMPARÉE-
4855. Ph. Lesbroussart.
1848. C.-A. Sainte-Beuve.
(*) Cours continué de 1830 à 1835 à la
Faculté libre et repris ensuite ofiicielleinent
k r Université.
(■) Depuis 1858, M. Troisfontaioes figure
en outre au programme pour un cours ta-
cultatif d'antiquités romaines, relitjieuxes,
militaires j etc.
(>} Cours continué pendant un an à la
Faculté libre,
(*) Depuis 1851 , M. F. Van HuUl figure
en outre au programme pour des conférences
hebdomadaires sur la littérature française.
(') Kinkcr faisait on outre un cours gra-
tuit à'Ettjmologte hollandaise.
(•) Le programme du semestre d'été de
l'année académique 1829-30 fait mention d'un
cours gratuit fait par J. Kinkcr et intitulé :
Grammaiices univenaliit initia.
{^) Cours transporté depuis 1852 à l'É
XIV. GRAMMAIRE GÉNÉRALE (*).
1848. P. Burggraff(').
XV. LITTÉRATURE ORIENTALE.
1857. p. Burggpaff(«).
XVI. Encyclopédie philosophique.
1817. I. Denzinger.
XVII. ANTHROPOLOGIE.
1817. I. Denzinger.
1855. C-H. Gibon.
1855. E. Tandel.
1845. Ch. Loomans (suppléant).
1848. Le même (titulaire).
XVI IL LOGIQUE.
1817. 1. Denzinger.
1855. C.-H. Gibon.
1855- E. Tandel.
1848. Ch. Loomans (suppléé par M.
Schwartz).
1850. A. LeRoy(id.,«i«)fic«rr^ce)(').
1850. N.-J. Schwartz (suppléant).
1856. Ch. Loomans.
1859 A. Le Roy (titulaire).
XIX. MÉTAPHYSIQUE GÉ NÉRALE ET SPÉ-
CIALE.
1817. L Denzinger.
1855. C.-H. Gibon.
1855. E Tandel.
1846. Ch. Loomans (suppléant;.
1848. Le même (titulaire, suppléé par
M. Schwartz).
1850. Alph. Le Roy (suppléant, en
concurrence) (").
1850. Le même (titulaire).
cole normale des humanités.
(*j C'est par erreur que nous avons dit
ci-dessus, col. 761, uow, que les récipien-
diaires au doctorat en philosophie et lettres
ont été in lerrogés, jusqu'en 1849, conformé-
ment au Règlement de 4816. Le programme
de 1835 leur a été appliqué de 4846 k 4849.
Pendant cette période, M. Burggraff a fait à
Liège, dans le sens du dit programme, un
cours d'Introduction aux littératures orien-
tales. Depuis lors, son enseignement est
redevenu essentiellement philologique (bé-
breu, arabe, persan).
(•) L'arrêté qui chargeait M. Le Roy
de la suppléance du cours de logique, en
concurrence, a été rapporté la même année,
à raison d'un nouveau partage des cours.
(*•) V. la note précédente.
989
RfiPARTlTION DES COURS.
990
XX. PHILOSOPHIB MORALE.
1817. I. Denzinger.
1855. C—H. Gibon.
1835. E. Tandel.
1850. Ch. Looinans (suppléant).
1851. Le «lAiie (titulaire) (*).
XXI. HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIB.
1817. I. Denzinger.
1835. C.-H. Gibon.
1837. N.-J. SchwarU.
XXII. ESTHÉTIQUE.
1842. E. Tandel (•).
1851. A. Le Roy.
XXIII. PÉDAGOGIE ET MÉTHODOLOGIE.
1820. I. Denzinger (*).
1848. E. Tandel (*).
1850. A. LeRoyC).
XXIV. HISTOIRE UtlIVERSELf^.
1817. I. Denzinger.
1819. J.-G. Wagemann.
XXV. HISTOIRE ANCIENNE (depuîs 1849 :
Histoire politique de rmtiquité),
1824. P. Van Limburg-Brouwer (•).
1835. J.-F.-X. Wûrth.
1846-1849. E.-DD. Fassin (en cou-
currencé),
1850. A. Troisfontaincs.
XXVI. HISTOIRE DU MOYEN AGE.
1835. Le baron de Reiifenberg.
1857. Ad. Borgnet.
XXVII. HISTOIRE POLITIQUE MODERNE
(v. la Faculté de droit)
XXVI II. HISTOIRE NATIONALE.
1817. L. Rouillé.
1855. Le baron de Reiffenberg.
1837. Ad. Borgnet.
XXIX. HISTOIRE DU PAYS DE LIÈGE ET
DU DUCHÉ DE LIMHOURG.
1835. Ed. Lavalleye{^).
XXX. STATISTIQUE ET ÉCONOMIE POLI-
TIQUE (v. la Faculté de droit).
XXXI. GÉOGRAPHIE PHYSIQUE ET ETHNO-
GRAPHIQUE.
1855. E. Tandel.
1837. N.-J. SchwarlzC).
XXXII. COURS NORMAUX.
A. Ecole propédeutique (fondée en
1820).
n. Pédagogie (v.ci-dessus, n« XXIII).
b. Exercices philologiques.
1820. Fuss et Wagemann.
1824. Fuss et Van Limburg Brouwer.
c. Exercices mathématiques.
1821. R. VanRees.
B. Cours spéciaux de renseignefnent
normal des hwMnilés (organisés par la
Faculté en 1848 ; v. Fart. Burggraff).
1® Cours théoriques (v. ci-dessus, n°*
XIV, XXII et XXIII).
2® Cours pratiques.
a. Interprétations d*anteurs grecs et
latins Exercices de composition et de
style dans les deux langues. Disserta-
tion sur les sujets de philologie grecque
et latine.
1848. J.-If. Bormans.
1850. J. Stecher ( • ).
1851. J-II. Bormans.
b. Exercices dans Fart d'enseigner
Thistoire et la géographie. Dissertations
( ' ) M. E.-DD. Fassin a fait des cours de
philosophie à la Faculté tibrt.
(*) L'esthétique a été considérée comme
cours normal ^ partir de 1849 ; le professeur
Taodel, déjà malade, devait être suppléé au
besoin par M. Loomansou par M. Schwartz.
Depuis l'institution de l'Ecole normale dos
bomaaitës, le cours d'esthétique, maintenu
au programme de la Faculté des leUres, est
purement fkcultatif.
{*) A TEcoie propideutiquc.
(*) Cours normal.
(•) Id. — Depuis 1852, M. l^ Roy fait
ce cours à l'Ecole normale des hnmnnités.
(*) Successeur de Wagemann. — A la
Faculté libre, Ch. de Ch6nedollé embrassa
de nouveau dans un seul cours l'histoire uni-
verselle.
( ^ ) Cours supprimé depuis le départ de
M. Laviilleye (v. ce nom . —En 18S0, N
Borgnet a fait, k l'Université, un cours pu-
blic et gratuit d'histoire politique du pays de
Liège.
(' ) Cours supprimé par la loi de 1849.
( * ) Ce cours n'a figuré que nominalement,
en 1850, dans les attributions de M. Stecher
(v. ce nom .
991
RÉPARTITION DES COURS.
992
sur des questions d'histoire et de ^o-
graphie. Méthodologie spéciale.
1848. Âd. Borgnet.
c. Exercices et compositions , comme
complément du cours de HtUraiwt
comparée,
i8i8. C-A. Sainte-Beufe.
1849. A. Baron (*).
B. Faculté de droit.
I. ENCYCLOPÉDIE DU DROIT.
4817. L.-A. Wamkœnig.
1827. A.-N.-a. Emst,
1854. F. Kupfferschlaeger [parintérim).
1855. Le même (titulaire)-
1867. P. Namur.
If. HISTOIRE DU DROIT ROMAIN.
1826. E. Dupont (").
1855. F. KupfTerschlaeger (par intérim)
1857. Le même (définitivement).
1867. P. Namur.
in. raSTITUTES.
1817. L-A. Warnkœnig.
1827. A.-N.-J. Ernst,
1855. F. Kupfferschiaeger (par intérim)
1857. Le même (déGnitivement) ( ' ).
1867. P. Namur.
IV. PANDECTES.
1817. L.-A. Warnkœnig.
1827. E. Dupont.
1867. C-G. Maynz.
V. DROIT ECCLÉSIASTIQUE.
1828. E. MùnchC).
VI. DROIT CIVIL ÉLÉMENTAIRE.
1822. A.-N.-J. Ernst.
1855. L. Ernst.
( * ) Exercices ot compositions, comme
coraplëment du cours ôeihtératurefrançaiMe.
(•) V. ci-dessus, col. Hi7.
( ") En 4843 et 1844, lecoars d'Iosliluies
a ët(î fait par MM. Dupont, Nypels et Godet,
le titulaire se trouvant malade. En i866-67,
en attendant la noroinalion du successeur
de M. Kupffbrschlaeger, MM. J.-G. Macors,
Thiry et de Savoye se sont char^^s de l'in-
térim.
(*) Il ne parait pas que Mûnch ait jamais
1859. E.-V. Godet.
1844. L-A. Rnth.
1848. I.-A. Ruth et V. Thiry (•).
VII. INTRODUCTION HISTORIOUE AU DROIT
CIVIL (•).
1849. J.-G. Macors.
VII i* EXPOSÉ DES PRINCIPES GÉNÉRAtX
DU CODE CIVIL.
1849. P. Namur.
1850. Th. de Savoye.
IX. DROIT CniL MODERNE.
1817. J.-G.-J. Emst.
1855. V.-A.-G. Duprel(').
1849. V.-A.-G. Du|)retetY.Thir>-.
1850. Th.deSavove,Duprel et V.Thirv.
1851. Th. de Savoye et V. Thiry.
X. PROCÉDURE CIVILE.
1817-1819. P.-J. Destri veaux.
1826. E. Dupont.
1855. V.-A-G. Dnprel(«).
1856. G. Nypels.
XI. DROIT CRIMINEL.
1817. P.-J. Destriveaux.
1859. G. Nypels.
Xfl. DROIT COMMERCIAL*
1822. A.-N.-J. Ernst (•).
eu l'occasion de monter en chaire.
(*) La loi de 4649 a remplacé ce cours
par les deux suivants.
C") Ce cours comporte 20 k 22 leçons
et doit être terminé dans le premier mois
de l'année.
('} Conformr^ment à la loi de 4835, le
cours de Dupret fut appelé, jo^qn'en 4849,
Cours de droit civil approfondi.
{*) Y. ci -dessus, col. 896.
(•) V. ci^dessus, col. 283.
993
RÉPARTITION DES COURS.
994
4834. F. Kupfferschlaeger.
i835. E.-Y. Godet.
1844. I.-Â. Ruth.
1849. V. Thiry.
XIII. DROIT ADMINISTRATIF.
1853. P.-J. Destriveaux.
1855. J.-H.-N. DeFoozC).
1861. F. Macors (suppléant).
186â. Le mime (titalaire).
XIV. LOIS ORGANIQUES DU NOTARIAT ET
LOIS FINANCIÈRES QUI S*T RATTACHENT.
1849. F. Macors.
XV. HISTOIRE DU DROIT COUTUMIER ET
QUESTIONS TRANSITOIRES.
1835. G. Nypels(*).
1845. V. Thiry.
XVI. DROIT NATUREL.
1817. J.-G.-J. Ernsl.
1835. L. Ernst.
1837. F.-G.-J. Thîmns.
1844. J.-H.-N. De Fooz.
1849. Ch. Loomans.
XVII. DROIT PURL1C.
1817. J.-G.-J. Ernsl.
1819. P.-J. Destriveaux.
1835. J.-H.-N. De Fooz.
1836. F.-G.-J- Thimus.
1844. P.-J. Destriveaux.
1847. J.-G. Macors.
XVIII. DROIT INTERNATIONAL.
1858. J.-G. Macors.
XIX. HISTOIRE POLITIQUE MODERNE.
1835. C.-A. Hennau.
1837. L-J. Dehaut.
1841. P.-J. Destriveaux.
1847. V. Thiry.
1848. J.-G. Macors.
XX. STATISTIQUE.
1819. J.-G. Wagemann.
1825. J. Acliersdyck.
1830. C-A. Hennau.
1835. E. Tandel.
1835. C.-A. Hennau.
XXI. ÉCONOMIE POLITIQUE.
1819. J.-G. Wagemann.
1825- J* Acliersdyck.
1830. C.-A. Hennau.
1855* E. Tandel.
1835. C.-A. Hennau.
1864- E. de Laveleye.
C. Facalté des sciences (*).
I. MATHÉMATHiQUES ÉLÉMENTAIRES (Arith-
métique, algèbre élémentaire, géo-
métrie, trigonométrie rectiligne).
1817. J -M. Vanderheydeu.
1821. R. Van Rees.
1851. G.-M. Pagani et J.-F. Lemaire.
1835-1849. J.-N. Noël et J.-B. Bras-
seur (*).
II. STÉRÉOMÉTRIE ET TRIGONOMÉTRIE
SPHÉRIQUE.
1821. R. Van Rees.
1831. G.-M. Pagani.
(*) Droit administratif et législation des
mines (v. la Faculté des sciences).
(*) V. ci-dessus, col. 896.
(') L'astérisque désigne les cours des
Ecoles spéciales mentionnés, au programme
III. HAUTE ALGÈBRE.
1831. J.-F. Lemaire.
1835. J.-N. Noël.
1849. Ch. de Guyper et J.-N. Noël
(émérite).
1852. Ch. de Cuyper.
1865. E. Catalan.
IV. GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE ET INTRODUC-
TION AU CALCUL INFINITÉSIMAL.
1817. J.-M. Vanderbeyden.
1825. G.-P. Dandelin.
1831. J.-F. Lemaire.
général de l'Université. Pour les autres cours
faits aux dites Ecoles, voir ci-après, section
VU.
( *) Cours supprimé par la loi de 1849.
37
995
RÉPARTITION DES COURS.
996
4836. J.-N. Noël.
1849. Gh. de Cuyper.
V. CALCUL DIFFÉRENTIEL ET CALCUL
INTÉGRAL.
48n. J.-M. Vanderheyden.
4821. B. Van Rees.
4830. J.-F. Leraaire.
48i8. J.-F. LemaircctJ.Marlynowski.
4849. A. Meycr et J. Martynowski.
4857. J. Martynowski.
4857. M. Schaar.
4 805. E. Catalan.
VI. ANALYSE SUPÉRIEURE, CALCUL DBS
VARIATIONS, CALCUL DES PROBABILITÉS,
FONCTIONS ELLIPTIQUES.
4835. J.-F. ternaire.
4849. A. Meyer (*).
4857. M. Schaar.
4865. E. Catalan.
Vil. HAUTE ANALYSE APPLIQUÉE A LA
GÉOMÉTRIE.
1831. J.-F- Lemaire.
4832-1835. J.-B. Brasseur.
Vin. GÉOMÉTRIE DESCRIPTIVE.
1825. G.-P. Damieiin.
4832. J.-B. Brasseur (•).
4808. J.-P. Schmit.
' IX. ARCHITECTURE INDUSTRIELLE.
a. Cours de construction,
4834. P. A. Lesoinne.
b. Éléments (Tarchilecture civile,
1840. J.-P. Schmit.
N.B. Ces deux cours ont été réunis
en 1847 sous le titre & Architecture
industrielle, et confiés à M. J.-P.
Schmit.
X. MÉCANIQUE ANALYTIQUE.
4821. B. Van Rees.
4828. A. Lévy.
4834. G.-M. Pagani.
4835. J.-F. Lemaire.
4846. Cb. de Cuyper.
* XI. MÉCANIQUE APPLIQUÉE.
4835. J.-B. Brasseur.
4868. V.-A.-E. Dwelshauwers-Dery.
XII. ASTRONOMIE MATHÉMATIQUE, MÉCA-
CANIQUE CÉLESTE.
1817. J.-M. Vanderhevden.
1828. A.Cévy.
1830. H. Gloesener.
1846. Ch. de Cuyper.
1857. M. Schaar.
1865. Ch. de Cuyper.
XIII. ASTRONOMIK PHYSIQUE.
1817. J.-M. Vanderheyden.
1828. A. Lévy.
1830. M. Gloesener.
1846* Ch. de Cuyper.
1857. M. Schaar.
1865. Ch. de Cnyper.
XIV. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE.
1830. M. Gloesener.
1832. G.-M. PaganL
1835. M. Gloesener.
1850, E. Bédé (suppléant, pour une
partie du cours).
1857. M. Gloesener (émérite depuis
1861).
XV. PHYSIQUE EXPÉRIMENTALE.
1817. Ch. Delvaux.
1830. M. Gloesener.
1850. E. Bède (suppléant, pour une
partie du cours).
1857. Le même (titulaire).
1861. L. Pérard (suppléant).
1865. Le même (titulaire).
'XVI. STATIQUE ET ÉLÉMENTS DE DY-
NAMIQUE.
1840. L. Trasenster.
XVII. OPTIQUE ET THÉORIE DE U LU-
MIÈRE.
1825-1830. G.-P. Dandelin.
*XVni. PHYSIQUE INDUSTRIELLE.
1830. M. Gloesener.
1850. Em. Bède (suppléant).
1857. Le ffi^nk? (titulaire).
1861. L. Pérard (suppléant).
1865. Le même (titulaire).
XIX. CHIMIE GÉNÉRALE.
1817 Ch. Delvaux.
(>) fe.D 18(9, M. l'agrëgë Fausse a été
chargé du môme cours en concurrence,
[ ' ^ GéomtHrie descriptive et (*j applications
à la coupe des pierres, à la charpente» à U
perspective et aux ombres.
J
997
RÉPARTITION I>ES COURS.
998
i 835. Ch. Delvaux et L. de Konînck ( ' ).
4857. L.deKoninck(*).
1847. L. de Koninck (•) et J.-Th-P.
ChandeIon)(').
XX. CHIMIE INORGANIQUE APPROFONDIE.
1858. J.-Th.-P. Chandelon.
XXI. CHIMIE ORGANIQUE APPROFONDIE.
1858. L. de Kooinck.
•XXII. CHIMIE APPLIQUÉE AUX ARTS.
1847-1857. Cb. Delvaux.
1858. J.-Th.-P. Chandelon (à titre pro-
visoire),
1842. Le fn^m^ (titulaire).
1847. J.-Th.-P. Chandelon (■) et L. de
Koninck (*).
*XXni. DOCIMASIE.
1828. Ad. Lesoinne.
1858. J.-Th.-P. Chandelon (à titre pro-
visoire).
1842. Le même (définitivement).
1853. Is. Kupfferschlaeger (suppléant).
1854. Le même (titulaire).
* XXIV. MANIPULATIONS CHIMIQUES-
1858. J.-Th.-P. Chandelon (comme ré-
pétiteur.
1842. Le même (titulaire).
1844. Is. Kupfferschlaeger.
1867. C. Renard (comme répétiteur).
* XXV. MÉTALLURGIE.
1817. Ch. Delvaux.
1828. Âd. Lesoinne.
1856. Âd. Delvaux (par intérim).
1857. Le iR^me (définitivement).
1861. A. Gillon.
* XXVI. EXPLOITATION DES MINES.
1H25-1850. G.-P Dandelin.
1855. C-Ad. Lesoinne.
1856. J.-A.-J. De Vaux.
1844. L. Trasenster.
XXVII. MINÉRALOGIE ET CRISTALLOGRA-
PHIE.
1818. H. -M. Gaëde.
( * ) M. de Konincli était spécialement chargé
de la chimie orgaDique.
(*) Chimie générale organique et inorga-
niqoe.
(* ) Chimie générale organique.
( * ) Chimie générale inorganique.
( * ) Chimie industrielle inorganique.
( * } Chimie industrielle organique.
4828. A. Lévy.
1850. H.-M. Gaêde.
1854. C. Davreux (').
1854. M. Gloesener.
1855. A. Dumont(').
1857. T.-J.-J.-J.Dewalque(suppléant).
1857. (Septembre). Le m^i; (titulaire).
XXVIII GÉOLOGIE.
1818. H.-M. Gaëde.
1828. A. Levy.
1851. Lesoinne.
1854. Cartier (provisoirement) (•).
1854. P.-C. Schmerling.
1855. A. Dumont.
1857. T.-J.-J.-J.Dewalque (suppléant).
1857. (Seplembre).Le même (titulaire).
XXIX. PALÉONTOLOGIE.
1847. L. de Koninck.
1857. T-J.-J.-J. Dewalque.
XXX. BOTANIQUE ET PHYSIOLOGIE DES
PLANTES, GÉOGRAPHIE NATURELLE, ANA-
TOMIE VÉGÉTALE.
1818. H.-M. Gaêde («*).
1854. R. Courtois (provisoirement).
1855. Ch. Morren.
1855. Ed. Morren (suppléant).
1858. Le même (chargé du cours).
1861- Le même (comme professeur ti-
tulaire).
XXXI. ZOOLOGIE.
1818. H.-M. Gaêde.
1855. Ch. Morren (provisoirement).
1855. Th. Lacordaire.
XXX II. PHYSIOLOGIE COMPARÉE (v. la Fa-
culté de médecine).
XXXIII. ANATOMIE COMPARÉE (id.).
XXXIV. HISTOIRE NATURELLE APPLIQUÉE
AUX SCIENCES ÉCONOMIQUES.
1850. V. Bronn.
XXXV. ÉCONOMIE RURALE ET ÉCONOMIE
FORESTIÈRE.
1825-1850. V. Bronn.
!■
^) V. colonne ISO.
[*) En 4853-1854, pendant l'absence
du titulaire, le cours de minéralogie a été
achevé par M. Is. KuppATerechkieger.
C) V. ci-dessus, col. iSO.
(**) V. Bronn a fait, entre 4825 et 4830,
un cours spécial de physiologie végétale.
999
RÉPARTITION DBS COURS.
1000
XXXVI. ÉCONOMIE RURALE ET AGRICUL-
TURE.
1842-1855. Ch. Morren.
* XXXVH. ÉCONOMIE INDUSTRIELLE.
4835. C.-Â. Hennau.
4864. E. de Laveleye.
* XXXV ni LÉGISLATION DES MINES.
1856. J.-H-N. De Fooz.
• XXXIX STYLE ET RÉDACTION.
4843. Pb. Lesbroassart.
4848. C.-A. Sainte-Beuve.
4849. A. Baron.
4860. J. Stecher.
• XL. HYGIÈNE.
Fea A.-J. Raîkem a Tait un cours
spécial d*hygiène à TÉcole des mi^es ,
à partir de '1842.
D. Faculté de médecine.
I. ANATOMIE HUMAINE GÉNÉRALE.
4817. J.-N. Comhaîre.
48Î5. V. Fohmann.
4837. F.-C.-A. Vottem.
4859. J.-A. Spring.
4845. Tb.Schwann.
II. ANATOMIE DESCRU^TIVE.
4817. J.-N. Combaire.
4825. V. Fohinann.
4857. F.-C-A. VoUem.
4859. J.-A. Spring.
4847. J.-A. Spring et A. Wilmart C).
4848. Th. Schwann.
4849. Th. Schwann et J.-A. Spring (*).
4855. Th. Schwann et J. Borlée (').
1858. Th.SchwannetJ.-H. Dresse (').
4864. J.-B.-N.-V. Masius.
III. DÉMONSTRATIONS ANATOMIQUES.
4817. J. N. Combaire.
4825. V. Fohmann.
4837. Th. Vausl.
4845. J.-A. Spring.
4848. Th. Schwann.
4858. J. Dresse.
4864. J -B.-N.-V. Masîus.
IV. ANATOMIE COMPARÉE.
4848. H.-N. Gaêde.
( * ) Ostëologie et myologie.
(*) Ostéoiogie et myologie.
{*) ïb.
(*) Aoatomie descriptive; à partir de
1858, M. Schwann n'a conservé que l'ana-
4834. V. Fohmann.
4837. Th. Lacordaîre.
V. PHYSIOLOGIE HUMAINE ET PHYSIOLOGIE
COMPARÉE DANS SES RAPPORTS AVEC LA
PREMIÈRE.
4847. J.-N. Combaire.
4835. J.-A. Leroy.
4839. J.-A. Spring.
4858. Th. Schwann.
N.B. M. l'agrëgé N.-G. FossiON est chargé
du même cours ( en concurrence ) depuis
1847.
VI. ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
4835. V Fohmann.
4836. A.-F.-J. Raikem.
1845. L.-M. Lombard.
1850. H. Heuse.
1868. C.-F. Vanlair.
VIL PATHOLOGIE GÉNÉRALE.
1817. DD. Sauveur.
1835. C. Frankinet.
1855. J.-G. Royer.
1858. J.-A. Spring.
VIII. THÉRAPEUTIQUE GÉNÉRALE.
1817. DD. Sauveur.
1855. J-G. Royer C).
1849. Th. VaustC).
tomie générale.
(*) Avec la pathologie générale.
(*) Thérapeutique générale et phannaco-
dynamique.
1001
RÉPARTITION DES COURS.
1002
IX. PATHOLOGIE ET THÉRAPEUTIQUE SPÉ-
CIALES DES MALADIES INTERNES.
I8i7. DD. Sauveur.
1855. J.-N. Comhaire.
1856. H. Sauveur.
i855. J.-G. Royer,
1867. H. Heuse.
X. MALADIES DES SYSTÈMES NERVEUX ET
GLANDULAIRE.
1846. Cb. Frankinet.
XI. MALADIES DES FEMMES ET DES EN-
FANTS-
1817. DD. Sauveur.
1850. H. Sauveur (').
XII. MALADIES SYPHILITIQUES.
1817. N.-G.-A.-J. Ansiaux.
1850. H. Sauveur (*).
Xlil. MALADIES DE LA PEAU.
N.-B. Cette matière fait partie, depuis
1849, du cours n» IX (eoun de deux om).
XIY- PATHOLOGIE CHIRURGICALE.
1817. N.-G.-A.-J. Aosiaux.
1855. P.-C-A. VoUem.
1845. N.-J.-V. Ansîaux.
1849. Le même (matières générales) et
A. Wilmart (matières spé-
ciales)-
1855. J.-A. Boriée(mat. gén., y com-
pris les maladies des os et
les maladies des yeux) et A.
Wilmart (mat. sp.).
1861. N.-J.-V. Ansiaux (mal. gén., y
compris les maladies des os)
et J.-A. Borlée (mat. sp., y
compris les maladies des
yeux).
XV. BIALADIES DES OS , BANDAGES ET AP-
PAREILS.
1851. N.-J.-V. Ansiaux
1848. J.-A. Borlée.
1855. J.-A. Borlée (maladies desos)(')
et N.-J.-V. Ansiaux (ban-
dages et appareils).
1861. N.-J.-V. Ansiaux.
XVI. OPTHALMOLOGIE (tbéorie).
1858. N.-J.-V. Ansiaux.
1848. J.-A. Borlée (').
XVH. MÉDECINE OPÉRATOIRE ET OPÉRA-
TIONS CHIRURGICALES.
1817. N.-G.-A.-J. Ansiaux.
1828. F.-C.-A. Volfem.
1858. N.-J.-V. Ansiaux.
1844. B.-V. De Lavacherie.
1849. J.-H.-J. Simon et A. Wilmart.
1855. A. Wilmart.
1861. J.-A. Borlée.
XVI II. CLINIQUE INTERNE.
1817. DD. Sauveur et J.-N. Comhaire.
1855. J.-N. Gomliaire et L.-M. Lom-
bard.
1855. L.-M. Lombard et C. Franki-
net (•).
1855' C Frankinet et H. Sauveur.
1858* H. Sauveur et A. iSpring.
XIX. CLINIQUE EXTERNE.
1817. N.-G-A-J. Ansiaux.
1854. N.-J.-V. Aosiaux.
1855. B.-V. De Lavacherie.
1849. N.-J.-V. Ansiaux (•).
XX. CLINIQUE OPHTHALMOLOGIQUE.
1858. N.-J.-V. Ansiaux.
1858. J.-A. Borlée.
XXI. THÉORIE DES ACCOUCHEMENTS.
1817 N.-G.-A.-J. Ansiaux.
1828* N.-J.-V. Ansiaux.
1855. J.-H.-J. Simon.
1861. A. Wasseige.
XXII. CLINIQUE OBSTÉTRICALE.
1817. N.-G.-A.-J. Ansiaux.
1828. N.-J.-V. Ansiaux.
1855. J.-H.-J. Simon.
1861. A. Wasseige.
XXI il. PATHOLOGIE ET CLINIQUE SPÉCIALE
DES MALADIES MENTALES.
1855. G. Frankinet.
XXIV* EMBRYOLOGIE.
1850. V. Fohmann.
(') Ce cours (ainsi qoo le suivant) est
réuni depuis 1838 au cours tfi IX.
(*) V. la note précédente.
(») V. ci-dessus, n» XIV.
«) V. ci-dessus, no XIV,
(*) Clinique interne et clinique des mala-
dies des enfants.
(*) Y compris la clinique des maladies
syphilitiques.
1003
RÉPARTITION DES COURS.
1004
1846. Â. Spring (')•
XXV. MATIÈRE MÉDICALE ET PHARMACO-
LOGIE (y compris les éléments de
pharmacie).
i817. J.-N. Comhaire.
1835. Th. Yaost.
XXYI. PHARMACIE THÉORIQUE (*).
1817. J.-N. Comhaire.
1835. G.-P.-N.Pélers-Vaiisl(»).
1867. G.-P.-N. Péters-Vaast et J.-G.
Van Anbel (suppléant, pour la
partie non chimique du cours.)
1868. J.-G. Van Auhel (titulaire).
XXYIl- PHARMACIE PRATIQUE (*).
1838. G.-P.-N. Péters-Yaust.
1867. G-P.-N. Péters-Yaust et J.-G.
Yan Anbel (suppléant).
1868. J.-G. Yan Aubel (titulaire).
XXYin. HYGIÈNE PUBLIQUE ET PRIVÉE.
1825. J.-N. Gomhaire.
1835. Th. Yaost.
1836. A.-F.-J. Raikem.
1H41. G. Frankinet.
1842. A.-F.-J. Raikem.
1855. H. Hense.
XXIX. MÉDECINE LÉGALE ET POLICE MÉ*
DICALB.
1821. N.-G.-A.-J. Ansiaux et P.-J.
Destriveanx.
1835. J.-G. RoyerC).
1855. J.-A. Boriée.
1861. J'-G. Royer.
1868. G.-F. Yanlair.
XXX. ENCYCLOPÉDIE ET HISTOIRE DELA
MÉDECINE (*).
1835-1867. J. G. Royer.
(*) Ce coors a été rënni, en 4848, aa
coure de physiologie humaine et comparée.
(*) Y compris l'bietoire des drogues et
des médicaments, lenre altérations et leure
falsîAcations, les doses mtuùma auxquelles
on peut les administrer.
(") Professeur de pharmacie à l'hôpita
de Bavière depuis 4817.
(«) Y compris les opérations toxicologi-
ques.
( *) Y compris la toxicologie, depuis 1844.
(*) Cours faculUtif.
VI
AUTORITES ACADEMIQUES.
Les aulorités académiques sont (art.
16 de la loi du 15. juillet 1849) : le rec-
teur, le secrétaire, les doyens des Fa-
cultés, le Conseil académique et le
Collège des assesseurs.
Le Conseil académique se compose
des professeurs assemblés sous la pré-
sidence du recteur.
Le Collège des assesseurs se com-
pose du recteur, du secrétaire du Con-
seil académique et des doyens des Fa-
cultés.
En vertu de Tart. 17 de la loi, les
attributions des autorités académiques
sont déterminées par des règlements
arrêtés par le Roi ; seulement, le § 2
du même article stipule que le recteur
est nommé pour trois ans, sauf révo-
cation.
Le recteur et le secrétaire sont nom-
més par arrêté royal : ce dernier, sur
la présentation du Conseil académi-
que ('); les doyens sont élus par les
membres des Facultés auxquelles ils
appartiennent.
Sous le régime hollandais et, plus
tard, jusqu'en 1849, le mandat du rec-
teur ne durait qu*une année ; mais il
pouvait être renouvelé (*).
Avant 1830, les assesseurs du rec-
teur n*étaient pas nécessairement les
doyens des Facultés ; ils étaient choisis
( ' ) Il en était de même avant la révolu-
tion. Sous lempire de l'arrêté da 16 dé-
cembre 1830, il fut au contraire entendu que
le recteur et le secrétaire tiendraient leur
nomination de l'élection (circulaire de M. Ch.
Rogier, ministre de l'intérieur , du 31 oct.
1833). Le rè|;lement organique du 3 déceo)-
par les curateurs (v. ci-dessus, Intro-
duction) et pris dans les quatre Facul-
tés, excepté dans celle à laquelle appar-
tenait le recteur. Cette dernière dispo*
sition n*a pu être appliquée, la cin-
quième Faculté (théologie) n*ayant ja-
mais existé.
Sous le régime hollandais, le chef de
runiversité portait le titre de Rector
magnificus] le Conseil académique ne
se composait que du recteur et des pro-
fesseurs ordinaires ets*appelait Senatus
academicus. Quand les curateurs ju-
geaient à propos de traiter des intérêts
majeurs de rétablissement avec le Corps
universitaire, le recteur convoquait une
assemblée combinée , qui portait le titre
de Senatus amplissimus. Une semblable
réunion devait être tenue chaque année:
les curateurs y recevaient le serment
annuel des professeurs dont les fonc-
tions alternaient tous les ans, et dé-
signaient, de concert avec le recteur et
les assesseurs, un secrétaire du sénat
pour Tannée suivante.
Nous publions ci-après le tableau
général des recteurs, des secrétaires
académiques et des doyens des Facultés
de 1817 à 1857. Chaque Faculté con-
stituant de son côté un corps délibérant,
nous avons jugé utile de mentionner
les secrétaires à côté des doyens.
bre 1835 a rétabli l'ancien ordre de choses,
sauf les modifications que nous indiquons
dans le texte.
(*) Le Gouvernement n'a usé qu'une seule
fois do cette faculté, en faveur de M. Dupont
(v. le tablean ci- après).
1007
AUTORITÉS ACADÉMIQUES.
4819—1819
4849—1820
4820—4824
1824—4822
4822—4823
4823—4824
4824—4825
4825—4826
4826—4827
4827—4828
4828—4829
4829—4830
4830—4834
4831—4832
4832—4833
4833—4834
4834—4835
4835—4836
4836—4837
4837—4838
4838—4889
4839—4840
4840—4841
4844—4842
4842—4843
4843—1844
4844—4845
4845—1846
4846—4847
4847—1848
4848—4849
4849—4850
4850—4851
1851—4852
4852—4853
4853—1854
4854—4855
4855—4856
4856—4857
4857—1858
4858—4859
4859—4860
1860—1861
1861—1862
4862—1863
1868—1864
4864—1865
1865—1866
1866—1867
Sauveur, père.
Vanderheyden.
Ernst, J.-G.-J.
DenziDger.
Ausiaux, père.
Gaêde.
Doslriveaux.
Wagemann.
Comhaire.
Van Rees.
Ernsl, J.-G. L
Kinker.
Sauveur, père.
Anaiaux, père.
Ernsi, A.-N.-J.
Del vaux, Cb.
Kohmann.
Ernst, J.>G.-J.
Bekker.
Dupont.
DupoDt.
Lemaire.
Lombard.
Lesbrottssart.
Dupret.
Noël.
Raikem.
Fuss.
Destriveaux.
Gloeseuer.
De Lavacherie.
Borgne!.
Borgnet.
Borgnet.
Borgnet.
Nypels.
Nypels.
Nypels.
Dumont.
Dnmont.
Lacordaire.
Lacordaire.
Lacordaire.
Lacordaire.
Spring.
Spring.
Spring
F. KupfTerscblaeger.
F. KupfTerschlaeger.
Spring(Pro-RecteurX*)
Si;CRÈTAIRB8.
Vanderheyden.
Fuss.
Ansiaux, père.
Warnkœnig.
Del vaux, Cb.
Wagemann.
Combaire.
Destriveaux.
Van Rees.
Benzinger.
Sauveur, père.
Ernst, J.-G. J.
Gaede.
Ernst, A. M.-J.
Fobmann.
Destriveaux.
Lemaire.
Vottem.
Gloesener.
Hennau.
Ansiaux, fils.
Kupferschlaegery F.
Brasseur.
Tandel.
Sauveur, fila.
De Fooz.
Lacordaire.
Burggraff.
Spring.
Nypels.
Ghandelon.
Scbwartz.
Vaust.
Thiry.
De Konincli.
Bormans.
Simon.
Macors, J.
De Guyper.
Loomans.
Royer.
De Savoy e.
Trasenster.
Troisfontaines.
Scbwann.
Macors, F.
Schaar.
Stecher.
Peters-Vaust.
De Laveleyc.
PBIIX>BOPHlB.
^
DOYENS.
SECRÊTAIRLS
Fuss.
Gill.
Gall.
DenziDgtf.
Denzinger.
Gall.
Wagemann.
Foss.
Fuss.
DeuiBger.
Gall.
Deoziog».
RouiUé.
Denzinger.
Fuss.
Denzin^r.
Kinker.
Denzinger.
Gall.
DeniiQcer.
Denzinger.
Brouwer.
Rouillé.
BroDirer.
Fuss.
BrOQwer.
Lesbroussart
Heanan.
de Reiffenberg.
Tandel.
Fuss.
Tandel.
Fuss.
Borgnet.
Fuss.
Borgnet
Fuss.
Burggrsff.
Bormans.
Bar^jriff.
Tandel.
Schwaru.
Borgnet.
Bonnaos.
Borgnet.
Tandel.
Bormans.
Tandel.
Tandel.
Wûnh.
Borgnet.
Hennan.
Bormans.
Borggrâff.
Tandel.
Loomans.
Baron.
Fiess.
Bormans.
Troiâfont»»s>
BurggraflT.
TroisfoatatB».
Bnrggraff.
Troisfo&tiii^'
Loomans.
Hennau.
Troisfontaines.
Stecher.
Borgnet.
DeCloâset.
Bormans.
De Closset-
Baron.
Le Roy.
Loomans.
Le Roy.
Stecber.
Le Roy.
Bormans.
De Closset.
Borgnet.
DeCb»s^
De Closset.
Le Roy.
Le Roy.
Stecher.
Scbwartz.
Le Roy.
Borgnet.
Le Rey.
i*)U Facoité de phUofophia ■ été lappriiiiée en 1830, et rétablie eo 183S, an Tertv de la loi orgcnique d« 11 ufosùtt
AUTORITÉS AGAUËHIQUES.
1010
E3CX%lâS*X«^tf%.ZZl
«
ss 3E^uAÉ.cxjxurrE:âi.
DROIT.
SCIEIVCES.
BtÉDEGllVE.
»OYE*\S.
•
SECRÉTAIRES.
DOYENS.
SECRET AIRES.
DOYENS.
SECRÉTAIRES.
. J.-G.J.
Warnkœoig.
Yanderheyden.
Gaëde.
Combaire.
Ansiaux.
iveaax.
Warnkœnig.
DeWaux.
Gaëde.
Sauveur, père.
Ansiaux.
^«QÎg.
Ernst, J.-G.-J.
Vaaderheyden.
Gaëde.
Ansiaux.
Combaire.
, i.-CJ.
Destriveaax.
Gaêde.
Delvaux.
Combaire.
Ansiaux.
iveaax.
Warnkœoig.
Delvaux.
Gaëde.
Sauveur.
Ansiaux.
lœDig.
Destriveaux.
Yanderheyden.
Gaëde.
Ansiaux.
Combaire. *
J.-C.-J.
Warnkœnig.
Gaôde.
Delvaux.
Combaire.
Ansiaux.
iveaui.
Ern8t,J.-G.-J.
VaDderheyden.
Gaëde.
Sauveur.
Ansiaux.
k(£nig.
Destriveaox.
Delvaax.
Van Rees.
Ansiaux.
Combaire.
J.'G.J.
Enist, A.-N.-J.
Van Rees.
Bronn.
Combaire.
Ansiaux.
veaux.
Ernst, A.-N.-J.
Vanderheyde9-
Broon.
Sauveur.
Ansiaux.
, A.-N.-J.
Dupont.
Delvaux.
Bronn.
Ansiaux.
Fobmann.
;.c.-j.
DapoDt.
Vao Rees.
Bronn.
Fobmann.
Ansiaux.
?eaux.
Hennan.
Gaëde.
Delvaux.
Combaire.
Fobmann.
, A.-N.-J,
Hennau.
Delvaux.
Lemaire.
Sauveur.
Ansiaux, fils.
L
Hennau.
Pagaoi.
Lrmaire.
Ansiaux.
Ansiaux, fils.
J.-G.-J.
Hennaa.
Gaêde.
Brasseur.
Fobmann.
Ansiaux, fils.
veaux.
Henoau.
Delvaux.
Brasseur.
Sauveur.
Ansiaux, fiis.
veaux.
Kopfferscblaeger.
Lemaire.
Brasseur.
Fobmann.
Ansiaux, fils.
L.
KupfTerschlaeger.
Delvaux.
Brasseur.
Combaire.
Ansiaux, Als.
L.
Kupfferschlaeger.
Noël.
Brasseur.
Leroy.
Ansiaux, fils.
t.
Nypels.
Gloeseoer.
Lacordaire.
Vottem.
Ansiaux, fils.
reaux.
Nypels.
Lacordaire.
De Koninck.
Sauveur, fils.
Ansiaux, fils.
'»
Godet.
Rrasseur.
Gloesener.
De Lavacherie.
Ansiaux, fils.
l.
De Fooz.
De Kooinck.
Spring.
Ansiaux, fils.
Vaust. Tb.
•
De Fooz.
Spring.
Dumont.
Frankinet.
Vaust, Tb.
•
De Fooz.
DuDionl.
Lacordaire.
Simon.
Spring.
eaox.
Rath.
Lemaire.
Gloesener.
Lombard.
Spring.
u
Rath.
Gloesener.
Cbandelon.
Simon.
De Lavacbcrie.
'•
Ratb.
Noël.
Brasseur.
Vaust, Tb.
Sauveur, fils.
Thiry.
Brasseur.
De Cuyper.
Royer.
Simon.
schlacger.
Thiry.
De Cuyper.
De Koninck.
Sauveur.
Ansiaux.
Macors.
Cbandelon.
Meyer.
Spring.
Raikem.
•
Macors.
Lacordaire.
Trasenster.
Ansiaux.
Scbwann.
sehlaeger.
De Savoye.
Traseoster.
de Koninck.
Scbwann.
Frankinet.
De Savoye.
De KoDinck.
de Cuyper.
Raikem.
Ansiaux.
•
De Savoye.
De Cuyper.
Lacordaire.
Sauveur.
Simon.
schlaeger.
De Savoye.
Lacordaire.
Dumont.
Spring.
Vaust.
De Savoye.
Gloesener.
Trasenster.
Simon.
Peters-Yaust.
Macors, F.
Trasenster.
de Koninck.
Ansiaux.
Wilmart.
Macors, F.
De Koninck.
KupflTerscblaeger,!
Peters -Vaust.
Borlëe.
J.
Macors, F.
De Cuyper.
Dewalque.
Wilmart.
Royer.
ye.
Macors, F.
Schaar.
Kupfferschlaeger.
Spring.
Vaust.
Macors, F.
Cbandelon.
Dewalque.
Simon.
Peters Vaust.
icblaeger.
Thiry.
De Koninck.
Bède.
Sauveur.
Heuse.
^r
Macors, J.-G.
Trasenster.
Morren.
Scbwann.
Borlée.
P.
De Savoye.
Lacordaire.
Kupfferscblaeger,!
Borlëe.
Dresse.
J.-G.
De Laveleye.
De Cuyper.
Gillon.
Heuse.
Royer.
fe.
De Laveleye.
Brasseur.
Dewalque.
Ansiaux.
Scbwann.
Macors, F.
Cbandelon.
Catalan.
Vaust.
Wasseige.
le Hactcar KQpff«nchlMg«r étant décédé le 19 octobre 1866, M. Spriog, Pro- Recteur, ■ acIieTé U 3">« année de ton Rectorat.
1011
AUTORITÉS ACADÉMIQUES.
1012
La 51' année académique était com-
mencée lorsque TUniversité a célébré
Tanniversaire sémi-séculaire de son
inauguration ; un nouveau recteur ve-
nait d*être installé. Nous continuons
le tableau des autorités académiques
jusqu'au moment de la publication du
présent volume, en y comprenant éga-
lement les secrétaires des Facultés.
Année académique 194iT«19<l9,
Recteur et président du Conseil.
M. Ch, De Cuyper, professeur ordi-
naire Il la Faculté des sciences.
Secrétaire du ConsHL
M. IS. KUPFFERSCHLAEGER. id.
Doyens des Facultés.
Philosophie et lettres : M. P. Burggraff,
prof, ordinaire.
Droit : M. V. Thiry, id.
Sciences : M. E.-C. Catalan, id.
Médecine : M. Th. Schwann, id.
Année académique 1 9<I8- 1 S4iO.
Recteur et président du Conseil.
M. Ch. de Cutper.
Secrétaire du Conseil.
M. Alph. Le Roy, prof. ord. à la Fa-
culté de philosophie.
Doyens des Facultés.
Philosophie et lettres : M. A.Troisfon-
taines, professeur ordinaire.
Droit : M. Th. de Savotb, prof. ord.
Sciences : M. Is. Kupfferschlasgkb,
professeur ordinaire.
Médecine : M. H. Sauveur, prof. ord.
Secrétaires des Facultés,
1867-4868.
Philosophie et lettres : M. J. Deumsuf,
professeur ordinaire.
Droit : M. F. Macors, prof, ordinaire.
Sciences : M. Ed. Morren, prof. ord.
Médecine : M. A. Wasseigs, professeur
extraordinaire.
1868-4869.
Philosophie et lettres : M. h Delboeuf,
professeur ordinaire.
DroU : M. P. Namur, prof. ord.
Sciences : M. A. Gillon, prof. ord.
Médecine: M. Y. Masius, professeur
extraordinaire.
VII
ECOLES SPECIALES
ANNEXÉES A LA FACULTÉ DES SCIENCES.
On voit Ugarer au programme de
rUniversité de Liège, dès i8i7, un
cours de métallurgie, institué en vertu
de Tart. 45 du Règlement organique
. du 25 septembre 4816. Le gouverne-
ment fiaiisait ainsi une première avance
k nos travailleurs ; il donnait une pre-
mière satisfaction à des besoins locaux
dont il était d'autant plus soucieux de
tenir compte , que tout encouragement
direct ou indirect accordé à notre in-
dustrie nationale devait contribuer à
lui attacher, par les liens de la recon-
naissance, des populations réduites au
dernier degré d'épuisement à la suite
des longues guerres de TEmpire. La
pensée de Guillaume I était d'annexer,
aussitôt que possible , aux Universités
de Gand et de Liège, de hautes écoles
où se recruteraient désormais les in-
génieurs de l'Etat, et où les fils des
industriels recevraient une éducation
forte et complète, en rapport avec leur
destination, au niveau des progrès les
plus récents de la science et de la pra-
tique. Des obstacles de toute sorte re-
tardèrent de plusieurs années la réali-
sation de ce projet : le 13 mai 4825,
enfin, parut un arrêté royal prescrivant,
dans chacune des Universités, l'ensei-
gnement de la chimie et de la mécani-
que appliqués aux arts ; le même arrêté
dotait la Faculté des sciences de Liège
d'un cours d'exploitation des mines,
qui devait s'étendre à deux années d'é-
tudes. Le 5 août suivant intervint un
règlement qui groupait autour de la
chaire d'exploitation, pour ces deux
années, un certain nombre de cours
auxiliaires. C*est dans ces conditions
que VEcole des mines de Liège fut ou-
verte au mois d'octobre 4825.
« Pour être admis aux cours de la
4~ année, les élèves devaient posséder
l'arithmétique et les éléments de l'al-
gèbre et de la géométrie. Avant leur
admission, ils étaient tenus de subir un
examen devant la Faculté des sciences.
Les cours de la 2* année n'étaient ac-
cessibles qu'ù ceux qui, outre les scien-
ces enseignées dans les cours de la 4**
année, possédaient celles qui font l'ob-
1015
ÉCOLES SPÉCIALES.
1016
jet des études dans les Athénées et les
Collèges. Les candidats, pour consta-
ter cette double aptitude, subissaient
un examen préalable devant les Facul-
tés des sciences et des lettres. Ces exa-
mens étaient gratuits. A la fin du cours
complet, les élèves qui désiraient obte-
nir des certificats de capacité étaient
examinés, sur toutes les parties de
rinstruction, par la Faculté des sciences
de rUniversité, et il leur était délivré
des certificats d'après leur talent et
leurs connaissances acquises ( * ). »
Les cours de la première année com-
prenaient :
i^ La minéralogie et la géologie;
2<> La chimie ;
S"* La physique (la théorie du calo-
rique, des gaz, des vapeurs, les prin-
cipes d*après lesquels se dirige la cons-
truction des divers fourneaux) ;
4^ Les mathématiques (trigonomé-
trie rectiligne et sphérique, géométrie
descriptive, statique et hydrcstalique);
5^ L'exploitation des mines, se com-
posant de la recherche des mines, mi-
nières et carrières , des différentes
fouilles et méthodes d'exploitation, à
ciel ouvert et souterraines, les moyens
de descendre dans les mines et d'y être
éclairé, les procédés pour étayer les
travaux souterrains et les aérer, la levée
des plans des mines, miniè|j^s et car-
rières.
Les cours de la deuxième année com-
prenaient :
{0 La minéralurgie ;
2° La docimasie ,
3o La physique mécanique ;
4° Les mathématiques (l'art de lever
et dessiner les plans et principalement
ceux des mines, minières et carrières,
l'application de la géométrie descrip-
tive au dessin, à l'intelligence et à la
construction des machines dont la
théorie était développée dans le cours
de physique) ;
( * ) Etat de finntruction supérieure en Bel-
gique (Rapp. de M. Notliomb). Bruxelles,
4844, in-go, 1. 1, p. LXX.
{*)lbid,,p. 643.
(') Rapp. de M. Piercot. BruxeUes, 1854,
10-80, p. 436.
(*) Examen de quelques questions rela-
tives à renseignement supérieur dans le
5' Le complément du cours d'exploi-
tation (retenue, écoulement et épuise-
ment des eaux, choix et emploi des
moteurs, construction des digues, des
canaux et des aqueducs, extraction et
transport des minerais ; enfin, prépara-
tion mécanique des substances ex-
traites) (•).
L'arrêté du 5 août ne reçut qu'une
exécution incomplète ; les élèves, n'étant
soumis à aucun régime particulier, ni
à aucune direction spéciale, suivirent à
leur gré les cours qu'ils préféraient et
et ne se présentèrent point aux exa-
mens (•).
En 4828, la Faculté des sciences de
Liège déclara qu'à son sens, les Ecoles
spéciales devraient être entièrement sé-
parées des Universités (v. ci-dessus,
col. 280).
Dans une brochure qui fit du bmit
l'année suivante C) , Ch. de Brouckere
reprochait à l'Ecole des mines de Liège
de ne pas répondre aux conditions de
sa création. « Elle est théorique, di-
sait-il, tandis que la pratique est de
première nécessité dans les arts et dans
les sciences industrielles. » Il récla-
mait, en conséquence, la création d'éta-
blissements techniques essentiellemeut
professionnels, accompagnés d'ateliers
normaux, ne recevant d'ailleurs que
des élèves sufiisamment pourvus de
connaissances générales. Ces idées sur-
vécurent à la révolution : lorsque la
régence de Louvain, le 50 juillet 1851,
demanda qu'une Université unique fût
créée en Belgique et qu'on en fixât le
siège en cette ville, elle proposa en
même temps d'établir à Liège FEcole
militaire, l'Ecole des arts et métiers et
toutes les écoles spéciales dont on
éprouvait le besoin.
il serait injuste de ne point rappeler
que l'ancienne Ecole des mines de Liège
forma quelques bons élèves (*); —
on ne doit pas non plus prendre à la
royaume des Pay^-ffox. Liège, Lebeaa-Oa-
werx, 4839, in-8<>, p. 51 et suiv.
{*) Moas citeroos G. Bidaut (v. ci-après
aux Additions); MM. Victor Simoo, aac. di
rocleur-génëral de la Soc. de la NouveUo-MoD -
tagne; Armand Nagelmackers, industriel et
consul d'Espagne à Liège; Gust. Lambioon,de
Liéçe, créateor de plusieurs établissements
1017
ÉCOLES SPÉCIALES.
1018
lettre Tassertion de Ch. de Brouckère:
les élèves-ingénieurs d*aIors , comme
reux d'aujourd'hui, allaient en excur-
sion, descendaient dans les houillères,
levaient des plans et mesuraient des
hauteurs an moyen du baromètre. Mais
il est vrai de dire que tous ne persévé-
rèrent pas Jusqu'à la fin, et que la Fa-
culté des sciences n'eut guère l'occa-
sion de les examiner. Ceux qui du-
rent être munis de certificats allèrent
les chercher à Namur, où une Commis-
sion de trois ingénieurs, présidée par
Cauchy, fut spécialement chargée de
constater leur degré d'instruction.
Le service des mines fut régulière-
ment organisé par l'arrêté royal du 29
août 1851, qui détermina les attribu-
tions des trois ingénieurs en chef (pour
les divisions de Mons, de Namur et de
Liège), celles des ingénieurs de dis-
trict, celles des sous-ingénieurs et
enfin celles des conducteurs, et qui
institua en outre, près du département
de l'intérieur, an Conseil des mines,
chargé d'examiner les demandes en
concession et toutes les affaires con-
tentieuses. Les nominations des conduc-
teurs eurent lieu sur concours ; le pro-
gramme de ces concours ou de ces exa-
mens devait être arrêté par le ministre
{*); une fois conducteur,on entrait dans
la hiérarchie administrative et Tavance-
ment suivait son cours régulier.
Le complément de cette organisation
devait être, dans les idées du temps, la
création d'une Ecole polytechnique,
entièrement distincte de l'Université
nationale. La Commission chargée, en
1852, de préparer un projet de loi sur
renseignement à tous les degrés, se
prononça en ce sens ; une autre Com-
mission, nommée en 1855, proposa au
contraire de maintenir deux Universi-
tés de l'Etat, à Gand et à Liège, et
d'annexer tout simplement quelques
cours spéciaux à leurs Facultés des
sciences , là pour les ponts et chaus-
sées, ici pour les mines : l'idée d'une
Ecole polytechnique fut décidément
abandonnée. La loi du 27 septembre
1855 mit un terme à ces tâtonnements
par son art. 4, § 2 , ainsi conçu ;
tt Dans la Faculté des sciences de
» Liège, on enseignera l'exploilatioa
» des mines, la métallurgie, la géomé-
» trie descriptive avec des applications
» spéciales à la construction des ma-
» chines. »
En exécution des art. 2, 4 et 6 de la
loi, l'arrêté organique du27 septembre
1856 décréta (art. 1) que renseigne-
ment des branches ci-dessus désignées
serait réuni dans la dite Faculté, sous
le titre d'Ecole des arts et manufac-
tures et des mines. On entrait dans une
ère nouvelle : cette fois, les espérances
du législateur furent non seulement
réalisées, mais dépassées ; la réputation
des Ecoles de Liège était appelée à s'é-
tendre, en peu d'années, au-delà même
des limites de l'Europe.
Dans le système de 1856, les leçons
devaient être combinées de manière â
permettre aux élèves, soit des arts,
soit des mines, de terminer leurséludes
en quatre ans. Les cours des deux pre-
mières années étaient communs aux
deux sections; ils formaient VEcole
théorique. Les cours de la 5* et de la
4* année formaient VEcole d'application ;
il n'y avait bifurcation qu'à partir de la
quatrième année.
L'instruction théorique comprenait ;
Première année : 1** [^'algèbre supé-
rieure , le calcul dififérentiel jusqu'à
considérables à Stolberg e( eo Weslphalie; le
baron de Crassier, décédé ingénieur des
mine:) du gouvernement, à Namur ; Achille
Dandelin, ingénieur à Bruxelles (décédé,;
Massart, décédé à Anvers, major ou l<-colo-
neldes sapeurs-mineurs; Ed. Malherbe, fa-
bricant d'armes à Liège; Paul de Bavay,
industriel à Bruxelles, etc. — Les rensei-
gnements officiels nous font malheureuse-
ment défaut.
(*) Voir dans le Rapport de M. Nothomb,
t. t., p. d50et suiv., le programme arrêté
par M. Ch. Rogier; p. 98â et suiv., le pro-
gramme arrêté en 183IS, sous le ministère de
M. le comte de TheuX ; t. II, p. 1090 et suiv.,
le programme du concours de 1836; p. 4160,
le progr. de 1837, pour les sous-ingénieurs
et les conducteurs de 3« classe (arnHé par
M. Nothomb, ministre des travaux publics),
etc. Le même système a été suivi jusqu'à la
suppression du grade de conducteur (voir ci-
après).
1019
ÉCOLES SPÉCIALES.
40-20
rintégration de Téquation, h statique
analytique, une partie delà dynamique ;
2o la physique ; 3"* la géométrie des-
criptive ; les épures au trait.
Deuxième année: 1<^ Le calcul inté-
gral, la dynamique, l'hydrostatique,
rhydrodynamique ; ^^ la chimie ; 3° la
géométrie descriptive appliquée à la
coupe des pierres, k la charpente et
aux ombres; les épures au trait et au
lavis.
Les examens de passage (2 heures)
étaient subis devant trois professeurs de
la Faculté, désignés annuellement par
le ministre de rintérieur; les élèves
devaient présenter aux examinateurs
le cahier de leurs épures, dûment pa-
raphées (*); ils étaient classés par
ordre de mérite.
Les études delà tromème année com-
prenaient : i^ la mécanique appliquée
aux arts ; 2° la physique appliquée aux
arts ; 3® la minéralogie et la géologie ;
4® les constructions industrielles et les
épures relatives à ces constructions ;
et, pendant le semestre d^été ; 5® le nivel-
lement et les levés sur le terrain au
mètre, à la boussole, au graphomètre,
à la planchette, etc.; G^ des visites aux
principaux établissements industriels
de la ville et des environs.
Les deux sections se séparaient ,
comme nous Tavons dit, au moment
d*aborder les études de la quatrième
année . Celles-ci comprenaient :
A. Pour les arU et manufactures :
i^ la mécanique appliquée aux arts et
spécialement k remploi des machines
de tout genre et le dessin des ma-
chines ; ^ la chimie appliquée aux arts
et les manipulations chimiques ; 3^
rhistoire naturelle (animaux et plantes
utiles aux arts et à Tinduslrie); 4^ L'é-
conomie sociale et le droit administra-
tif; 5** pendant le semestre d'été, les
élèves s'occupaient de projets d'usines
et de visites d'établissements; ils en
devaient faire l'objet de mémoires et de
dessins aussi détaillés que possible.
B. Pour lesmmes : i«La dodmasie
et les analyses des substances miné-
rales ; S« la métallurgie; 3» la recher-
che et l'exploitation des mines ; 4^ la
législation des mines. — Les élèves
avaient en outre à lever des plans des
travaux des mines, et à visiter des
mines et des usines métallurgiques;
pendant le semestre d'été, on consacrait
un certain temps à des excursions mi-
néralogiques et géologiques.
Les cours d'application terminés,le$
élèves de chaque section étaient exa-
minés par des jurys de trois membres
désignés par le ministre, et au nombre
desquels devait se trouver au moins un
professeur de l'Ecole d'application et
un ingénieur des mines, ou un fabri-
cant ou manufacturier, pour la section
des arts et manufactures. Ces jurys
se réunissaient à Liège trois semaines
avant l'expiration des semestres d'été
et observaient les formalités prescrites
par les art. 52 à 60 de la loi sur l'in-
struction supérieure.
L'art. 14 de l'arrêté organique char-
geait l'administrateur-inspecteur de l'U-
niversité de toutes les mesures d'exé-
cution, et lui conflait en même temps
la mission de régler le régime intérieur
de l'Ecole. D. Arnould (v. ce nom)
s'occupa sans retard de l'insiallation
des élèves, pourvut à llnspection pro-
visoire des études et réglementa les
interrogations ; l'Ecole n'étant pas en-
core rattachée à l'administration des
mines, et les élèves, par suite, n'ayant
que peu de chances d'être admis dans
ce corps, la division des arts et manu-
factures fut considérée, à l'origine,
comme la plus importante des deux.
« Pour seconder cette tendance et pour-
voir à l'insuffiance du local, l'adminis-
trateur inspecteur demanda à Tadmi-
nistration communale la construction
d'une nouvelle aile de bâtiment, con-
sacrés uniquement à l'Ecole et k l'ate-
lier qu'on avait dès lors l'intention d'y
établir. Un subside de 125,000 francs
[*) Une circalaire miDislérîelle du 19 oc-
tobre 4886 décida que les personnes étran-
gères aux Universités de l'Etat pourraient
obtenir le diplôme de capacité^ mais il con-
dition de subir les quatre examens annuels.
et d'en observer les intervalles ; ces récipien-
daires, au lien de présenter un cahier d'é-
pures, devaient exécuter, sous les yeux du
jury, des épures à désigner par les exami-
nateurs.
1021
ÉCOLES SPÉCIALES.
1022
fut voté, dans ce but» par le Conseil
communal, dans sa séance du 4 mars
1838. Le Conseil provincial alloua,
dans le mois de juillet suivant, une
somme de 28,000 francs pour Tacqui-
sition des machines nécessaires à Ta-
telier ( * ). »
Cependant le gouvernement recon-
nut la nécessité de mettre renseigne-
ment supérieur en rapport avec le corps
des mines ; l'arrêté du 40 octobre 1858
divisa en conséquence TEcole de Liège
en deux écoles tout à fait distinctes,
Tune pour les arts et manufactures,
Fautre pour les mines. Celle-ci fut à son
tour partagée en deux divisions, cor-
respondant à deux degrés différents du
même genre d'instruction spéciale (art.
2). La division supérieure devait pré-
parer les élèves à Fexamen de sous-
ingénieur. Les études de la division in-
férieure conduisaient au grade de con-
ducteur. Les aspirants - conducteurs
étaient du reste autorisés à suivre les
leçons de la division supérieure « qui
ne seraient pas, dans toutes leurs par-
ties, inaccessibles à leur degré d*ins-
truction » (art. 5). Il était créé une
classe d*élèves des mines (élèves-ingé"
nieurs , élèves-conducteurs) , attachés
au corps des mines, mais ne prenant
point rang dans le cadre hiérarchique.
Le titre d'élève des miues s'obtenait
au concours (art. G), devant un JU17 de
trois membres désignés par le minis-
tre des travaux publics, et siégeant à
Bruxelles ; les récipiendaires devaient
avoir dix-huit ans révolus. Les études
des élèves-ingénieurs embrassaient trois
années ; celles des élèves-coiiilucteurs,
deux années seulement. Ils ne jouis-
saient d'aucun traitement ; mais des
indemnités pouvaient leur éhe aicor-
dées , soit à titre d'encouragement,
soit pour frais de voyage. Ils devaient
fréquenter régulièrement les cours, soit
de l'Ecole de Liège, soit de tonte autre
institution analogue, établie par des
particuliers, ou par des communes ou
par des provinces. Ils étaient tenus de
s'exercer, pendant le semestre d'été, à
toutes les opérations géodésiques, au
levé des machines, etc. ; ils devaient
visiter, avec leurs professeurs ou répé-
titeurs respectifs, des mines ou d'autres
établissements industriels, et enlre-
treprendre des courses géologiques ;
ils pouvaient être envoyés à l'étranger
aux frais du gouvernement, comme on
vient de le dire ; enfln, les élèves-ingé-
nieurs les plus capables devaient être
adjoints aux ingénieurs de l'Etat, pen-
dant l'été de la 5' année, pour s'initier
par la pratique à tous les détails du
service administratif; de même, les
élèves-conducteurs de 2« année étaient
distribués, en été, dans les divers dis-
tricts des mines, pour y aider les con-
ducteurs dans leurs opérations, et y
acquérir l'usage des instruments de la
géométrie souterraine.
Le dernier $ de l'art. Il portait la
disposition suivante: « L'élève qui, pen-
» dant 2 années consécutives , se sera
» trouvé hors débat de satisfaire aux
» conditions imposées par l'admission
» à la division supérieure, ou qui aura
» accompli 4 années de surnumérariat
» comme élève-ingénieur ou 3 années
» comme élève-conducteur sans pouvoir
» passer son examen définitif, cessera
» de faire partie du corps des mines. »
Etaient inclusivement admis à l'exa-
men de sous-ingénieur :
l"" Les élèves-Ingénieurs ayant ter-
miné leur temps d'études ;
2'' Les conducteurs des mines qui ,
ayant au moins trois ans de service dans
le corps , et les candidats étrangers au
corps qui, pouvant justifier d'une prati-
que régulière et honorable de cinq an-
nées dans la conduite ou la direction
des travaux d'exploitation des mines,
auraient satisfait préalablement aux
conditions de l'examen exigé par l'art.
6 pour l'admission en qualité d'élève-in-
gériieur^ et à celles des examens de pas-
sage prescrits par l'art. 11 de l'arrêté
du {" octobre ;
3^ Les conducteurs des mines ayant
au moins sept ans de service dans le
corps, et ayant satisfait aux conditions
des dits examens partiels.
Etaient seuls admis à se présenter
devant le jury spécial pour la place de
conducteur :
(«; Rapport de M. Piercot, précité. — Y. Tari. Brassbue^ eol. 89.
1023
ÉCOLES SPÉGIALRS.
1024
i* Les élèves-conducteurs ayant ter-
miné leur temps d'études :
2° Les élèves-ingénieurs qui, ayant
terminé leur temps d*études , n'auraient
point été jugés admissibles au grade de
sous-ingénieur ;
y* Les candidats étrangers au corps
qui, pouvant justiûer d'une pratique ré-
gulière et lionorable de trois années
dans la conduite ou la direction des
travaux d'exploitation des mines, au-
raient satisfait préalablement aux con-
ditions de Texamen prescrit par Fart. 6
pour Tadmission au grade d'élève-con-
ducteur, et de l'examen de passage de
la l'« à la 2« année d*éludes.
Le jury classait les récipiendaires par
ordre de mérite ; les premiers de liste
des concurrents pourles places de sous-
ingénieur entraient à ce titre dans le
service de l'État, jusqu'à épuisement
du nombre des places immédiatement
disponibles ; les premiers de liste des
concurrents pour les places de conduc-
teurs étaient de mème.et dans les mêmes
conditions, incorporés dans la hiérar-
chie administrative. Les autres rece-
vaient respectivement le titre de sous-
ingénieur honoraire et le titre de con--
ducteur honoraire des mines ; il leur était
loisible de se présenter aux concours
des années suivantes, en subissant de
rechef les examens avec les nouveaux
élèves.
Le règlement organique de l'Ecole
des mines fut arrêté le 18 octobre i858,
conformément à ce système. L'ancienne
École théorique \)r\l le nom d'École pré-
paratoire; elle embrassa dans son pro-
gramme toutes les connaissances ma-
thématiques, physiques et naturelles
nécessaires aux élèves des Ëcoles spé-
ciales. Pour y être admis , il fallait
subir, devant un jury de trois membres
désignés par le ministre de l'intérieur,
un examen sur les matières suivantes ;
l"" L'arithmétique complète ;
2<* La géométrie élémentaire ;
5<^ La trigonométrie rectiligne, les
éléments de la trigonométrie sphérique
et l'usage des tables de lignes trigono-
métriques ;
4^ Les principales théories de l'algè-
bre élémentaire ;
5^ La géométrie analytique ;
^'* Les éléments du dessin ;
7^ Les principes de la langue fran-
çaise.
 l'époque où nous sommes parvenus,
renseignement moyen donné aux frais
de l'État n'avait point encore été réglé
par la loi, selon le vœu de la constitu-
tion. Les programmes des Athénées et
des Collèges ne correspondaient pas de
tout point à celui qu'on vient de lire ;
de là (art. 8) une mesure de circons-
tance :
a Transitoirement, le$ cours qui se-
» raient nécessaires pour mettre les
» élèves sortant des Athénées en état de
» subir les examens d'admission aux
» écoles préparatoires, seront maintenus
» dans les dépendances des Universités
» par les soins des administrateurs-in-
» specteurs. — Cet enseignement tran-
)> sitoire sera conçu de manière que les
» jeunes gens ayant reçu dans les Atbé-
» nées les premières notions des scien-
» ces puissent terminer leurs études
n préliminaires en une année. »
En revanche, les élèves qui avaient
commencé leurs études scientifiques en
dehors de l'Université étaient autorisés
à entrer, moyennant examen, soit dans
la section de deuxième année de l'École
préparatoire, soit même immédiatement
dans une École spéciale; ces dispositions
étaient applicables à l'Ecole des arts et
manufactures comme à celle des mines.
L'enseignement donné à l'Ecole pré-
paratoire comprenait la haute algèbre,
les calculs difiérenticl et intégral, la
mécanique analytique, la géométrie des-
criptive et ses applications, la physique,
la chimie et les manipulations chimi-
ques, les éléments de l'architecture, de
l'astronomie^ de la géodésie et de la
topographie, de l'arithmétique sociale ;
enfin, le dessin et le lavis.
L'École était placée sous l'autorité
supérieure de l'administrateur-inspec-
teur de l'Université et sous la direction
immédiate d'un professeur-inspecteur
des études. Ce dernier avait pour mis-
sion de surveiller tous les détails de
l'instruction et de tenir la main à l'exé-
cution de tous les règlements concer-
nant le régime intérieur, lesquels règle-
ments étaient arrêtés, sur son rapport,
parradministrateur-inspecteur. La sur-
10â5
tvCOLRS SPÉCIALES.
1026
veîllaDce de l'inspecteur ne s'étendait
pas, du reste, sur les professeurs ni
sur les cours de l'Université.
A la On de chaque année d'études,
les élèves étaient classés par ordre de
mérite, dans leurs divisions respectives,
d'après les notes obtenues par chacun
d'eux dans les interrog;ations particu-
lières ou générales, les manipulations,
les exercices pratiques ou les concours.
La valeur de ces notes était exprimée
par le relevé des nombres ou des degrés
portés successivement en compte h cha^
que élève pendant la durée de son séjour
i l'Ecole. Un règlement parliculier dé-
terminait le mode d'appréciation des
résultats des divers genres d'examens
ou d'exercices, et le chiffre absolu des
degrés nécessaires pour être admissible
à un enseignement supérieur.
Dans les deux divisions de ÏEcole
spéciale des mines, le plan de l'instruc-
tion comprenait :
V Des leçons orales sur l'application
des sciences à l'exploitation des mines,
et sur les principes économiques et
administratifs qui se rapportent à cette
spécialité ;
2® Des études suivies d'interroga-
tions, des répélittons, des travaux gra-
phiques, des concours, des projets
d'art ;
y Des opérations sur le terrain, des
explorations minéralogiques et géolo-
giques, des levés de machines, et gé-
néralement tous les moyens d'éducation
professionnelle pouvant être offerts aux
élèves dans des excursions scientifiques,
et des visites d'ateliers ou d'exploita-
tions de mines.
1^9 leçons orales étaient reçues par
les élèves aux cours spéciaux de l'Uni-
versité; les études, les répétitions, les
interrogations, les exercices graphi-
ques, les manipulations , les concours
s'effectuaient d'après le mode et dans
l'ordre de temps déterminés par les rè-
glements intérieurs de l'Ecole, dans
des salles et des laboratoires préparés
à cet effet. Les opérations sur le ter-
rain, les explorations géologiques, ainsi
que les exercices pratiques dans les éta-
blissements d'exploitation ouverts aux
élèves, dévoilent se faire pendant le se-
mestre d'été, aux moments choisis par
les autorités de l'Ecole. Les élèves de-
vaient passer chaque jour au moins
neuf heures, en hiver, et au moins dix
heures, en été, dans l'intérieur de l'E-
cole.
Dans la division supérieure , l'ensei-
gnement oral portait sur douze matières
différentes :
l"" L'histoire naturelle, considérée
dans ses rapports avec les construc-
tions industrielles et l'exploitation des
mines ;
d"" La minéralogie et la géologie;
y La composition, la construction
et l'emploi des machines;
A"" Le calcul de l'effet des machines ;
5<» Les constructions industrielles;
6*" La physique industrielle ;
7^ La chimie industrielle;
H"" La métallurgie et l'analyse des
substances minérales;
9*" La recherche et l'exploitation des
mines ;
lOo La législation des mines;
li» L'économie sociale;
iâ« Des notions sur le service des
ingénieurs des mines.
L'instruction orale donnée aux élèves
de la division inférieure comprenait les
parties des cours précités que ces
élèves étaient capables de suivre, et, en
outre, le cours de géométrie descrip-
tive, ainsi que les applications de c^tte
science à la perspective, aux ombres,
à la coupe des pierres et à la charpente.
De même que l'Ecole préparatoire,
l'Ecole spéciale était placée sous l'ac-
tivité supérieure de l'adminstrateur-
inspecteur de l'Université et sous la
direction immédiate d'un professeur-
inspecteur. N'étaient considérés comme
élèves de l'Ecole que ceux qui , après
avoir subi l'examen d'admission, s'é-
taient soumis au régime intérieur et
participaient aux exercices, aux répé-
titions et aux études de leur division
respective.
V Ecole spéciale des arts et manufac-
tures embrassait dans le cadre de son
institution tout le système de l'ensei-
gnement de l'application des sciences
aux procédés généraux de l'industrie
et aux principales branches des fabri-
cations spéciales. L'Ecole de IJége avait
plus particulièrement en vue les arts
58
1027
IsCOlKS SPÉCIALES.
1038
chimiques; celle de Gand, les arts nié-
caniqaes.
Le plan de Hnstruction comprenait :
i^ Des leçons orales sur Tapplica-
tlon des sciences aux arts industriels et
sur les principes de Féconomie sociale ;
f^ Des études suivies dlnterroga-
tions, des répétitions, des manipula-
tions, des travaux graphiques et des
concours de projets d*usines;
5° Des Wsites d*établissements in-
dustriels.
Les dispositions relatives au régime
intérieur et aux exercices pratiques
étaient les mêmes que dans TEcole
spéciale des mines et dans TEcole pré-
paratoire.
L'instruction orale, donnée à TUni-
versité, embrassait les cours suivants,
répartis en deux années d'études :
i <* Histoire naturelle, considérée dans
ses rapports principaux avec l'indus-
trie;
l"" Minéralogie et géologie;
5<> Composition, construction et em-
ploi des machines usuelles ;
ii** Physique industrielle;
5<» Chimie analytique ;
6** Essais commerciaux ;
V Economie sociale ( ' ) ;
S*" Chimie industrielle;
9« Recherche et exploitation des
mines.
Pour être admis h TEcoIe des arts et
manufactures, il fallait avoir subi Texa-
men de sortie de TEcole préparatoire;
toutefois, le directeur avait le droit
d'admettre à fréquenter un ou plusieurs
cours les personnes placées dans une
position particulière et qui seraient ju-
gées dignes de celte faveur. C'est ainsi
que, dans l'Ecole des mines, pareille
autorisation pouvait être accordée à
tous les membres du corps des mines.
Les diplômes de capa^ lié délivrés
( * ) Ces sept cours figuraient également
au prograname de l'Ecole de Gand.
(*) V. le texte de cette convention dans
le napp, de M. Nolhomb, t II, p. 4406 et
suiv. — Le professeur Brasseur y intervint
comme témoin. — En 1846, une nouvelle
convention a été passée avec MM. Li botte et
Pirotte, constructeurs- mécaniciens à Liège ;
le i octobre 1863, un contrat un peu ditfé-
rent des préc<.*dent8 est intervenu entre l'I-
à la sortie de TEcole conféraient le
titre d'ingénieur civil des arts et manu-
factures.
Le premier ))rogramme détaillé des
études des Ecoles annexées à l'Univer-
sité de Liège date du mois de novembre
1838; il a été réimprimé dans le Rap-
pert déjà cité de M. Nothomb, t. Il, p.
428% et suiv.— Le 15 du même mois fut
promulgué le règlement d'ordre inté-
rieur ; le 17, un arrêté de M. De Theux
nomma J.-F. Lemaire, inspecteur de
l'Ecole prépanitoire, et Âd. De Val-x,
inspecteur des Ecoles spéciales.
Nous nous contenterons d'indiquer,
sans entrer dans de longs détails, les
principales mesures qui furent sucx.es-
sivement adoptées pour compléter ou
pour modifier cette organisation, eu
égard aux besoins nouveaux qui se pro-
duisirent et aux indications que l'expé-
rience ne manqua point de fournir.
Le 17 septembre 1840, un arrêté de M.
Ch. Rogier approuva une ronvention
intervenue entre l'administrateur-ins-
pecteur, agissant au nom du gouverne-
ment, et le sieur Jacques- Joseph Gout-
lier, mécanicien à Grivegnée , relative-
ment à l'entreprise de l'atelier pour la
construction de machines et d'instru-
ments de précision, à installer dans la
nouvelle aile de bâtiment dont il a été
question |)lus haut(*).M.Gonttierprit,
à raison de ces fonctions, le titre dedt-
recteur de Catelier de construction des
arts et manufactures, — Le Î5 janvier
de l'année suivante, le dépôt central de
minéralogie et de géologie créé par
l'arrêté royal du2octobrel8l7,prësdu
ministère des travaux publics, dut être
transféré à l'Ecole des mines de Liège
et réuni à la quatrième collection for-
mée en vertu de l'art. 59 du règlement
organique (*}. — Les programmes des
examens d'entrée et de sortie, ainsi que
ni versité et MM. Pirotte et van Hoorick. Les
autorités de t'école ont sur l'atelier une ac-
tion plus directe et plus efficace; en revanche,
l'indemnité accordée aux entrepreneurs a été
diminuée en raison de l'allégement de leurs
charges! A<rp^ri triennal sur les Universités,
période 1862-1864, p. XV et annexes, p. 17
et suiv.).
('} «Il sera formé, dans une des salles
de chacune des Universités de l'Etat, quatre
102il
ÉCOLES SPÉCIALES.
1030
ceux des examens de passage, furent
Tobjet de plusieurs révisions attentives,
notamment en 1844 et en 4842. — Le
6 mai i842 fut institué le Conseil de
perfectionnement de l'Ecole des mines
(* ), composé du directeur et des ins-
pecteurs de la dite Ecole, du directeur
de Tadmlnistralion des mines près du
ministère des travaux publics et du chef
de la division de rinstruction publique,
au ministère de Tintérieur. — Le 29
août suivant, la durée des études à TE-
cole des arts et manufactures de Liège
fut fixée â trois ans au lieu de deux, à
raison de la direclion plus spéciale de
celte Ecole vers les arts chimiques et
métallurgiques ; un arrêté du même jour
régla les conditions auxquelles des di-
plômes de capacité pourraient être dé-
livrés aux élèves des Ecoles spéciales
qui ne se proposaient point d'entrer
dans les services publics. — Un autre
arrêté du 29 septembre décréta qu'une
valeur égale serait attribuée à l'examen
final d'admission dans le corps des
mines, et à chacune des épreuves subies
à l'Ecole pour passer d'une année d'é-
tudes à une autre : le classement des
candidats devait ainsi résulter de leur
moyenne générale.— Le 2^ février 1845,
une troisième section, celle des élèves-
mécaniciens, fut ajoutée aux Ecoles de
Liège. Pour y être admisses aspirants
devaient subir un examen sur les ma-
thématiques élémentaires. L'enseigne-
ment devait être réparti comme suit :
Première année: Géométrie descriptive
et épures ; statique et notions de phy-
sique, spécialement en ce qui concerne la
chaleur, les gaz et la \^^eur,'—Deuaième
année: Application de la géométrie des-
criptive et épures ; mécanique appliquée
(i^ partie) ; 5® Dessin des machines. —
Troisième anné^ : Mécanique appliquée
(2* partie) ; physique industrielle; des-
sin des machines. L'atelier de construc-
tion était mis à la disposition des élèves,
d'accord avec le directeur-mécanicien
et d'après les indications du professeur
de mécanique appliquée; ces deux fonc-
tionnaires faisaient de droit partie du
jury de sortie, délivrant, aux élèves qui
avaient préalablement satisfait aux exa-
mens annuels de passage, le diplôme
à^ingénieur-mécanicien. Non seulement
les récipiendaires avaient à faire preuve
de connaissances théoriques ; mais ils
devaient « avoir construit au moins une
machine à vapeur de petite dimension
et avoir fait un nombre suffisant de des-
sins de machines pour ne lais.ser aucun
doute sur leur capacité comme dessina-
teurs » (art. 5). — Les dernières dispo-
sitions réglementaires prises dans le
cours de cette période concernent les
examens de passage et de sortie ; il fut
strictement décidé qu'aucun récipien-
daire ne serait admis s'il n'avait obtenu
le médium des points : \^ sur chacune
des matières indiquées isolément dans
le programme; 2** sur l'ensemble des
matières réunies par groupes.
Les mesures qui rattachaient déjà
l'École de Liège à l'administration des
mines allaient bientôt recevoir un nou-
veau complément. Le 7 septembre 4844,
il fut décidé que les candidats admissi-
bles comme sous-ingénieurs et qui, à
défaut d'emploi vacant, n'auraient pas
été promus à ce grade, pourraient être
nommés, sur leur demande, conduc-
teurs des mines de 5^ classe. Cette me-
sure ne devait recevoir son application
qu'à partir du i^ octobre 1846; or, dès
le 25 juin 1845, sur la proposition du
Conseil de perfectionnement de l'Ecole
des mines, il fut stipulé qu'on n'admet-
trait plus désormais d'élèves conduc-
teurs à cet établissement, et le 21 juillet
suivant, la division inférieure de l'Ecole
collections modèles pour le s^irvice des
Écoles: la première comprendra les modèles
des ouvrages hydrauliques ou des construc-
tions d'exploitation les plus remarquables du
royaume ou de l'étranger ; la troisième , une
série de dessins de grande dimension, relatifs
aux constructions civiles , ou aux exploita-
tions de mines; la quatrième, enfln, sera for-
mée des éléments et des produits de l'indus-
trie manufacturièro du pays , ordonnés de
manière à manifester la succession des trans-
formations que subissent les matières pre-
mières, avant de se produire sous leur aspect
déOnitif».— L'arrêté du 25 janvier 18H n'a
jamais reçu son exécution.
( *) Un semblable Conseil existait à Gand,
pour TEcole des ponts et chaussées, depuis
le 29 octobre 1839.
1034
ÉCOLES SPÉCIALES.
I03â
se trouva supprimée « ainsi que remploi
même de cooducteur. Le service se fit
à partir de ià par les sous-iagénieurs
tionoralres des mines, admis dans le
corps sous la dénomination (yaspiranlê-
ingénieun, qui leur donna le rang d'of-
ficier. Un ciiangement de titre paraît
en soi peu de chose : cependant celui-
ci entraînait après lui toute une réforme
administrative, et devait avoir pour
conséquence immédiate, en ce qui con-
cerne TEcole des mines, une révision
de Tarrêté organique de 1858. L'examen
général pour l'admission en qualité
d'élève-ingénieur des mines fut subdi-
visé en deux examens partiels, répon-
dant au programme des deux années
d'études de T Ecole préparatoire. A la
fin de la première année, les récipien-
daires déclarés admissibles reçurent le
titre û'aspiranl élève - ingénieur des
mines; à la fin de la seconde année, ce-
lui d'élève-ingéniewt.. D'autre part, un
concours annuel fat institué à Bruxelles
pour l'admission dans le corps des
mines, en qualité û^aspirant des mines,
Y étaient admis les élèves-ingénieurs
ayant terminé leur temps d'études et les
sous-ingénieurs honoraires. Les pre-
miers de liste étaient appelés à entrer
au service de l'Etat, comme aspirants
de 5<^ classe, et déclarés admissibles au
grade de sous-ingénieur; les autres
candidats reçus étaient réputés sous-
ingénieurs lumornires, titre dont ils pou-
vaient user en deliors du service public;
ceux qui. avaient déjà droit à cette qua-
liiii'ation trouvaient en tous cas, dans
le concours, une chance d'améliorer
leur rang de classement. Pour devenir
ensuite sous-ingénieur effectif, il fallait
pouvoir invoquer au moins trois ans de
service dans le corps de mines , en qua-
lité d'aspirant admissible à la promo-
tion sollicitée.— L'expérience fit bientôt
reconnaître avantageux d'établir une
différence entre l'examen final imposé
aux élèves-ingénieurs de l'Ecole spéciale
et l'examen unique des aspirants des
mines qui voulaient être déclarés ad-
missibles au grade de sous-ingénieurs :
cette différence fut établie par l'arrêté
royal du 15 octobre 1847, contresigné
par M. Frère-Orban, alors minij^tre des
travaux publics.
Sur ces entrefaites, Tiaapection de»
études, aux Ecoles de Liège, passa danst
les mains de nouveauxtiiuïaires. Ciniigé
par arrêté du i\ septembre IStô de
suppléer le professeur Lemaireà l'Ecole
préparatoire, M. Trasehster ftu ensuite
adjoint (35 octobre iUG) à Viaspecteur
des Ecoles spéciales. Ad. De Vaux ; le
26 avril 1849, il le remplaça déinitive-
ment dans ces dernières fonctions, qu'il
exerce encore aujourd'hui. M. le pro-
fesseur De Cuyper^ de son côté, fol
appelé, le 12 novembre 184G, à l'in-
spection de l'Ecole préparatoire; il en
est également resté investi Jusqu'à ce
jour. Cette circonstance, que les mêmes
fonctionnaires ont été en mesure, peu*
dant plus de vingt ans, d'imprimer aux
Ecoles une impulsion vigoureuse et d'en
régler la marche en y introduisant des
traditions régulières et suivies, n'a pas
peu conlnibué à en assurer le succès et
le crédit à l'extérieur, tant aux yeux des.
industriels que devant radministralioii
supérieure elle-même.
D'autre part, la composition du Co»*
seil de perfectionnement fut modif ée
par l'arrêté royal du 20 avril 1850, qui
y adjoignit les professeurs chargés, à
l'Ecole spéciale, des cours de métal-
lurgie, de mécanique appliquée, de chi-
mie industrielle et de docimasie. La
tendance assignée à l'Ecole des arts et
manufactures (v. ci-dessus, col. 4026)
réclamait une semblable mesure : c'est
dans la même pensée que le nombre des
inspecteurs fut ultérieurement porté à.
trois, et que par suite M. le professeur
CuAimELON fut chargé, pour sa pari, de
la haute surveillance des travaux chi-
miques (arr. du 10 oct. 1858). Quant
au Conseil de perfectionnement, la
composition en a été définitivement
réglée par l'arrêté royal du 50 mars
1859. Il est composé :
A. De six membres permanents^ sa-
voir: l'inspecteur-général des mines;
le directeur-général de l'instruction pu-
blique au département de llntérieur;
l'administrateur-inspecteur de l'Univer-
sité de Liège, directeur des Ecoles
préparatoires et spéciales; les trois
inspecteurs aux dites Ecoles;
B. De trois membres temporaires à.
nommer par le Roi, et dont le mandat
1033
£;COLES SPÉCIALES.
103i
est limité à quatre ans, sauf renosvel-
nent, savoir : un fonctionnaire apparte-
tenant au corps 4es ingénieurs des
mines; deax fonctionnaires appartenant
au corps enseignant des Ecoles ( ' ).
Cependant les mesures prémention-
nées et d*atttres dispositions de détail
sur lesquelles il serait inutile dinsister,
étaient éparpillées dans plusieurs ar-
rêtés différents. Quelques dispositions
môme de ces arrêtés avaient été modi-
fiées ou abrégées. Le gouvernement
pensa judicieusement que pour faire
bien saisir lensemble du système com-
plet d'organisation et Tenchainement
des diverses parties cpill comporte, il
était nécessaire de les ramener à une
sorte de codiûcation , dégagée des
prescriptions qui ont été successive-
ment modifiées ou abrogées, et reprodui-
sant, dans un ordre méthodique, tout
ce qui était resté en vigueur des dispo-
sitions organiques on réglementaires
antérieures ('). Tel a été l^objet de
Tarrèté ministériel du 25 septembre
4852 (signé Cfi. Rogier), qui est encore
maintenant, à part deux ou trois arti-
cles, la charte de nos Ecoles spéciales.
Des programmes detontrenseignemcnt,
assez détaillés pour former u une sorte
de questionnaire analytique et raisonné
de tons les points de science néces-
saires pour les carrières spéciales des
différentes catégories d*élèves»,ont paru
sous la même date. Outre le plan de
plusieurs cours nouveaux (architecture
industrielle, économie industrielle, con-
struction des machines), on y remarque
la division en deux années du cours de
métallurgie,» division rendue nécessaire
par le grand développement que cette
science a pris dans les dernières an-
nées » ('). Soigneusement revu dans
tontes ses parties par le Conseil de per-
fectionnement, cet important document
a reçu sa dernière forme le 51 octobre
1863, sous le ministère de H. Alph.
Vanëesneereboom (*).
L'arrêté organique du 25 septembre
1852 contient d*abord 4e8 dispositions
générales concernant la direction des
Ecoles, toujours confiée à Tadminf stra-
teur-inspecteur de TUniversité (depuis
1857, M. M.-L. Polain; v. ci-dessus,
col. 20), rinspection, renseignement
théorique et pratique, les répétitions,
etc. ; enfin, concernant le régime inté-
rieur. Nous noterons les dispositions
suivantes : Les répétiteurs n*ont de
rapports avec les professeurs que par
rintermédiaire des inspecteurs des
études, lesquels tiendront la main à ce
que les répétiteurs observent, autant
que possible, dans leurs int'^r rogations
et leurs répétitions. Tordre des ma-
tières suivi par les professeurs dans
leurs cours. Néanmoins tes répétiteurs
peuvent être invités à donner plus de
développement à certaines parties d'^n
cours ou à les traiter d*une manière
plus sommaire, selon les exigences du
programme d'examen des Ecoles spé-
ciales (art. 2). — Tousies ans, dans le
courant du premier trimestre de Tan-
née académique, Tadministrateur-ins-
pectéur de ITIniversité transmet la liste
des ^èves de chaque division des
Ecoles spéciales, respectivement à cha-
cun des professeurs dont ils doivent
fréquenter les cours. Chaque profes-
seur doit faire parvenir au directeur
des Ecoles des notes sur Tassiduité et
les progrès des élèves dont ce fonction-
naire lui a remis la liste; à défaut de
cotes fournies par lés professeurs,
celles de l*ËcoIe serviront seules au
( *) Membres do Conseil de perfectionne-
ment en 48S9: MM. Ad. De Vanx, Thief7,
Polain, de Cuyper, Trasenster, Chandelon,
Bidaut, Brasseur et de Koninck.
(*) Bapp. de M. Piercot, p. 92.
( ■) IMd., p. 83. — unérieorement, Tar-
rdlë d« 27 décembre 18S6 réparift en trois
semestres l'enseignement de la métallurgie.
Cette décision a été rapportée le 26 septem-
bre 1860 : le cours de métallurgie est depuis
lors un simple cours annuel ; seulement les
élèves sont interrogés sur celte matière (di-
visée en générale et tpéciale) dans deux
examens différents (v. ci- après les program-
mes généraux).
( * ) On le trouve in extemo dans le vo-
lume intitulé : Ecoltn tpéetales de$ arts et
manufactures et des mines annexées à
rUnivtrsité de Uége, BIsposHions argani-
ques et réglementaires. Programmes géné-
raux et programmes détaniés. Broxelles,
Deltombe, 1864, iB«8*.
1035
ÉCOLES SPÉCIALES.
1036
classement des élèves (art. 6). Les
cotes de TEcole embrassent non seule-
ment les résultats de l'enseignement
oral, mais des exercices graphiques,
des travaux mécaniques, des réponses
aux interrogations des répétiteurs et
généralement de toutes les occupations
imposées aux élèves. Elles comptent pour
un tiers dans le calcul des points attri-
bués à chaque examen annuel de pas-
sage d*unc année d'études à une autre ;
l'exclusion du régime intérieur pour
négligence ou insubordination les an-
nule de plein droit (art. 5 et 7). —
Deux échecs successifs au même exa-
men font perdre la qualité d'élève de
l'Ecole. — Il y a des diplômes iVingé-
nieur civil des mines ^ comme des di-
plômes d'ingénieur civil des arts et ma-
nufactures et des diplômes iVingénicur
civil mécantcien. lis sont délivrés aux
personnes qui ne désirent point entrer
dans le corps des mines, qu'elles aient
ou qu'elles n'aient pas fréquenté l'E-
cole , mais à la condition expresse
qu'elles aient subi les épreuves exigées
par les programmes. « Les sous-ingé-
nieurs honoraires des mines, ajoutait
l'art. 9, auront droit à l'obtention du
diplôme d'ingénieur civil des mines.
Ils pourront aussi obtenir celui d'ingé-
nieur civil des arts et manufactures,
en justiflant de connaissances suffi-
santes en chimie industrielle organi-
que. » Cet article a été modifié en
4860, sur la proposition du Conseil de
perfectionnement; les premiers mots
du paragraphe cité ont élé remplacés
par ceux-ci : Les ingénieurs honoraires
des mines (Arrêté du 6 mai, signé Ch.
Rogier) ( '). Le même arrêté de 1860 dé-
clare en outre non applicable aux per-
sonnes étrangères à l'Ecole ni aux
élèves libres, la disposition de l'art. 7,
§ 2 de l'arrêté organique, relative à la
supputation du travail de l'année. En
revanche il y est stipulé, quant aux ré-
cipiendaires de la première de ces
deux catégories, qu'ils auront à justi-
fier d'une pratique industrielle suffi-
sante, et qu'ils devront, à moins d'une
dispense spéciale, laisser subsister,
entre les divers examens, les délais qui
sont imposés aux élèves de l'Ecole.
De même que ces derniers, ils sont
astreints à fournir, pour l'examen final,
des mémoires et des projets sur des
questions qui, à leur demande (formu-
lée avant le 1^^ mars de chaque année),
leur seront indiquées par les autorités
de l'Ecole. — La durée normale des
éludes est de cinq ans, dont deux an-
nées d'Ecole préparatoire, pour le
grade de sous-ingénieur honoraire des
mines ou le diplôme d'ingénieur civil
des mines; de quatre ans, dont une
année d'Ecole préparatoire, pour le di-
plôme d'ingénieur civil des arts et ma-
nufactures ; de trois ans, dont une an-
née d'Ecole préparatoire, pour le di-
plôme d'ingénieur civil mécanicien (*).
— Les examens ont lieu par écrit et ora-
lement. Il faut obtenir 500 degrés sur
1000 pour être admis d'une manière sa-
tisfaisante ; le chiffre de 650 degrés,
exigé d'abord pour la distinction^ et
celui de 770, requis pour la grande
distinction^ ont été respectivement éle-
vés à 680 et à 780 par l'arrêté du 9 mai
1855; pour mériter la plus grande dis-
tinction, enfin , H faut avoir obtenu 860
degrés sur 1000. — • Dans les cotes
d'assiduité, on ne compte à l'élève que
le temps de la présence réelle aux
salles de l'Ecole. Chaque heure d'ab-
sence non~ justifiée entraine la sous-
traction de trois heures de présence,
indépendamment des peines prévues
pour le cas d'absences fréquentes. Le
renvoi de l'Ecole n'entraîne pas néces-
sairement le renvoi de l'Université,
peine qui ne peut être prononcée que
par le Conseil académique. — Les
élèves de l'Ecole ont seuls accès dans
(' ) Ce titre a été créé par l'arrêté royal
du 16 juin 1868 : il est accordé à tous les
candidats déclarés admissibles (depuis l'in-
stitution des Ecoles spéciales) au grade de
sous-ingénieur des mines « pour en user en
dehors des services ressortissant au Dépar-
tement des travaux public^. >
(') Les élèves des mines fréquentent pen-
dant deux ans l'Ecole préparatoire, parce
qu'on exige d'eux la connaissance des ma-
thématiques transcendantes, dont les élèves
des arts et manufactures et les mécaniciens
sont dispensés.
1037
ÉCOLES SPÉCIALES.
1038
les salles d'étude et de dessin et dans
râtelier. Nul autre n'est admis à assis-
ter aux répétitions et aux manipula-
tions, sauf les autorisations, toujours
révocables, qui pourraient être accor-
dées par le directeur pour ce dernier
cours ( ' ). — Outre les interrogations
générales faites par les professeurs et
les répétiteurs, les élèves sont soumis
à des interrogations de cabinet, por-
tant sur les matières qui font Tobjet
des programmes d'examen. Les élèves
qui, dans les interrogations, ne feraient
pas preuve d'une application conve-
nable, sont exposés à des peines disci-
plinaires. Les seules peines sont : la
censure particulière, le blâme public,
la suspension du droit de fréquenter
l'Ecole; enfln, le renvoi. Les deux
dernières ne peuvent être prononcées
que par décision du directeur, sur le
rapport de l'inspecteur des études, l'é-
lève préalablement entendu.
Parmi les dispositions spéciales de
l'arrêté que nous analysons, on remar-
quera que les élèves nouveaux peuvent
être admis d'emblée, moyennant exa-
men, soit dans la section de deuxième
année de l'Ecole préparatoire, soit
même dans une des Ecoles spéciales.
— A l'Ecole des mines, peuvent être
autorisées à proûter de l'enseignement,
sans examen, toutes les personnes ap-
partenant à un titre quelconque au
corps des mines. — A la section des
mécaniciens, douze élèves seulement
sont admis à la fois dans l'atelier ,
lequel est accessible d'ailleurs aux
élèves des mines et des arts désignés
par le directeur, mais seulement aux
jours et aux heures à déterminer par ce
fonctionnaire (art. 4). — Les élèves
mécaniciens sont aidés au besoin, dans
leurs travaux, par des ouvriers de pro-
fession. Le professeur de mécanique
appliquée et le directeur mécanicien
font partie du jury de sortie.
Le 20 septembre 1865, un cours
spécial de construction des machines
a été confié à M. W. Liberl, ingénieur-
mécanicien.
Nous reproduisons les programmes
généraux des examens, pour faire ap-
précier dans son ensemble le système
d'enseignement actuellementen vigueur
dans les Ecoles annexées à l'Université
de Liège.
Kxamen» <l'fidiiil»»lon .
Examen pour radmissim à VEcole
préparatoire des mines (*).
Points.
i"* Langue française . . . âO
2° Langue latine, ou l'une des
trois langues, flamande,
allemande ou anglaise . 42
5° Histoire et géographie . . 8
^^^ Arithmétique iO
S'* Algèbre iO
e"" Géométrie i^
l"" Trigonométrie .... G
H"" Géométrie analytique . . iO
9^ Géométrie descriptive . . 4
10^ Dessin 6
Total. . . iOO
Examen d'admission à la divisioti des
arts et manufactures^ et à la section
des élèves-mécaniciens.
Points.
1o Langue française ... 20
2» Langue latine, ou l'une des
trois langues, flamande,
allemande ou anglaise . i2
3» Histoire et géographie. . 8
4« Arithmétique 10
5« Algèbre 10
6» Géométrie U
7« Trigonométrie (')... 4
8<^ Géométrie analytique . . 8
9» Géométrie descriptive . . 4
lOo Dessin 10
Total. . . 100
Pour chacun des examens à subir
(M>nformémentau programme ci-dessus,
la moyenne est exigée sur les n<^* 1,2
et 5 réunis, 4, 5, 6 et 8.
Les récipiendaires doivent obtenir,
en outre, les 5/5 des points sur l'en-
semble des matières.
(') Cette sotorisation ne peut être accor-
dée à un élève renvoyé de l'Ecole.
(* ) Le jury d'admission se rénnit au com-
menconient du mois d'octobre.
(') Ia trigonométrie n'est pas de rigueur
pour cet examen.
1039
tCOLES SPÉCIALES.
1040
En ce qui concerne les récipiendaires
étrangers, le jury détermine pour eux
des épreuves littéraires particulières.
ÉCOLE SPÉCIALE DBS ARTS
ET MANUFACTURES.
Eti«el^neinent prépara loU-e.
SECTION DES ARTS ET MANL'FACTUnES.
Examen de passage de la première à la
deuxième année d'études.
Points.
i<» Mécanique élémentaire. . 20
2« Physique élémentaire . . 20
ô"" Chimie générale et mani-
pulations 25
4° Géomélrie descriptive et
géométrie descriptive ap-
pliquée 20
5** Dessin et épures ... 7
6* Assiduité ...... 8
ToUl.
100
Le médium des points est exigé sur
chacune des matières n*» 1 , 2 et 3 de ce
programme, sur les n°» 4 et 5 réunis,
et sur l'ensemble.
SECTION DES ÉLÈVES-MÉCANICIENS.
Examen de passage de la première à la
deuxième année d^études.
Points.
io Mécanique élémentaire. . 20
2<^ Physique élémentaire . . 20
5*^ Géométrie descriptive et
géométrie descriptive ap-
pliquée 20
4^ Epureset éléments de lavis. iO
5"* Travail de l'atelier (y com-
pris Tassiduité aux études
etautres exercices qui dé-
pendent du régime anté-
rieur de FEcole ... 20
6« Croquis cotés .... 10
Total.
100
Le médium des points est exigé sur
chacun des n'** i et 2, sur les n^* 3 et 4
réunis, et sur les n^* 5 et 6 réunis.
Eiisoisnenioot. «pêolol.
SECTION DES ARTS ET MANUFACTURES*
Examen de passage de la deuxième à
la troisième année d^études.
Points.
I^' Mécanique industrielle. . 25
2° Physique industrielle. . i5
S"" Minéralogie 12
4** Analyse des substances mi-
nérales (docimasie) . . 25
5'' Essais docimastiques . . 5
G° Travaux graphiques rela-
tifs aux n'^M et 2. . . 10
T Assiduité 8
Total. . . 100
Le médium des points est exigé sur
les n»» 1 et 2 réunis, sur les n'»* 3 et 4
réunis, et sur Tensemble des matières.
Examen de passage de la troisième à la
quatrième année d'études.
Points.
1° Géologie 18
2^ Exploitation des mines (1 '«
partie 16
3"* Chimie industrielle inorga-
nique et organique . . 30
4° Métallurgie (repartie) . 18
50 Travaux graphiques, rela-
tifs aux no* 2, 3 et 4. . 10
G*' Assiduité 8
Total.
. 100
Le médium des points est exigé sur
les n<» 1 et 2 réunis, sur chacun des
n<^ 3 et 4, et sur Tensemblè des ma-
tières.
Examen final.
Pour Texamen final, combiné pour
un quart avec les deux examens précé-
dents et avec l*examen de passage de
la première à la deuxième année d'é-
tudes (enseignement préparatoire), le
récipiendaire doit obtenir le roédram de
points sur les n^* 1 et 2 réunis, sur les
m* 3 et 4 réunis, et sur l'ensemble des
matières.
Points.
1^ Exploitation des mines {^
partie) 20
2o Lever des plans. ... 4
Report. ... 24
1041
É€UL£S SPÉCULES.
1(142
A re|)orter. ... ii
ô^ MéUllurgie 20
4* Architectore industrielle. 20
S"" Economie industrielle. . 8
6'' Conception de projets. . iO
7« Travaux graphiques . . 10
S^" Assidské 8
Total. . . 100
SECTION D£S ÉLÈVES MÉCÂMCIENS.
Emmen depas^ge de la deuaième à la
tromème années d*étndes.
Points.
P Mécanique appliquée . . 30
t* Leveri dei^sin et lavis des
machines 28
5® Notions de chimie Inorga-
nique 10
4^ Physique industrielle. . 15
5« Travail de Tatclier. . . 25
Le médium des points est exigé sur
le D® 1, sur les n^* 2 et 5 réunis, et sur
les n^* 5 et 4 réunis.
Examen ftnah
1*> Architecture industrielle .
2"" Construction des machines
5^ Conception raisonnée de
projets de machines . .
4<> Travail de Tatelier . . .
5<^ Dessin etlavis de machines.
Points.
18
25
12
50
15
\r-
Total. . . 100
Le médium des poims est exigé sur
les n*"* 1 et 2 réunis, sur les ii*"* 5 et 4
réunis, et sur Tensemble.
Pour le diplôme, cet exameo est com-
biné pour un tiers avec le précédent, et
avec Texamen de passage de la pre-
mière à la deuxième année d'études
(enseignement préparatoire).
ftCOLS 8PÉGIALB DES MIKBS.
KiMelcaMiiieiit prép«ir«itolr».
Programme des connaissances exigà*s
pour Vobteniion du titre d'aspirant
élève-ingénieur des mines.
Points,
lo L'aigèlM'e supérieure, com«
prenaol la mélhode des
coefficients indéterminés,
la théorie générale et la
résolution numérique des
équations 10
2» La géométrie analytique des
trois dimensions ... 10
3"* La géométrie descriptive . 12
4° Le calcul diférentiel et le
calcul intégral complet. 24
S"* La physique élémentaire . 24
6<> Style et rédaaion en fran-
çais (littérature) ... 12
7* Dessins et épures de géo-
métrie descriptive . . 8
Total. . . 100
Le médium des points est exigé sur
les n<»« 4 et 2 réunis, sur les n»* 3 et 7
réunis, sur ciiacun des n^ 4 eC 5, et
sur l'ensemble des matières.
Pour être admis à passer Texamen
d'aspirant élève-ingénieur, il Caut avoir
subi au préalable celui qui est exigé
pour l'admission à l'Ecole préparatoire.
Programme des connaissances exigées
pour Vadmission en qvalilé d'élève-
ingénieur des mines.
Points.
1« Application de la géomé-
trie descriptive à la coupe
des pierres, à la char-
pente, à la perspective et
aux ombres . . . . 1G
2^ La mécanique analytique
complète 30
3° Notions élémentaires d'as-
tronomie et de géodésie. 8
4^ La chimie générale et les
manipulations .... 28
5** Epures de géométrie des-
criptive appliquée . . 10
O** Langue anglaise ou alle-
mande 8
Total.
100
Pour être admis comme élève-ingé-
nieur des mines, il faut avoir dix-huit
ans accomplis, avoir été reconnu au
préalable admissible au titre d'aspirant
élève-ingénieur des mines, et avoir ob-
tenu, au moins, le médium des points
sur les n*"* 1 et 3 réunis, sur chacun
1043
ÉCOLES SPÉCIALES.
1044
des n^ 2 et 4, et sur Tensemble des
matières.
Ensclisneinent M|>oelal.
Examen de passage de la première à Ui
deuxième année ^études.
Points.
I"» Mécanique appliquée . . 50
S"* Physique industrielle . . 12
5® Minéralogie 15
4® Analyse des substances mi-
nérales (docimasie) . . 25
5*^ Essais docimastiques . . 5
6*^ Travaux graphiques rela-
tifs aux matières n""* i
et 2 10
Tout. . . 100
Le médium est exigé sur les numé-
ros 1 et 2 réunis, sur les numéros 3 et
4 réunis, et sur Tensembledes matières.
Examens de passage de la deuxième
à la troisième années d'études.
Points.
{^ Géologie 20
2<^ Exploitation des mines (Ir*
partie) 25
5<^ Chimie industrielle inorga-
nique 25
4<' Métallurgie (1'« partie). . 20
5® Travaux graphiques relatifs
aux matières n''2, 3 et 4 10
Total. . . 100
Le médium est exigé sur les numé-
ros 1 et 2 réunis, sur les numéros 3 et
4 réunis, et sur l'ensemble des ma-
tières.
Examen final.
Points
1^ Exploitation des mines.
. 25
%^ Lever des plans. . .
. 5
3® Architecture industrielle
. 20
4« Métallurgie (2« partie).
. 20
5"* Travaux graphiques rela-
tifs aux quatre numéro»
précédents
! 10
6"* Economie industrielle. .
6
7<» Législation des mines. .
6
%^ Langue anglaise. . . <
4
S^* Langue allemande. . .
4
Total. .
. 100
Le médium des points est exigé sur
les numéros 1 et 2 réunis, sur les nu-
méros 3 et 4 réunis, et sur Tensemble
des matières.
L'âge de vingt et un ans est de ri-
gueur pour Tadmission dans le corps
des mines, en qualité de sous ingé-
nieur, et pour Tobtention du titre d'in-
génieur honoraire des mines.
Un arrêté du 5 juillet 1858 a mis les
programmes d'examen pour l'obtention
des titres d'aspirant élève-ingénieur et
d'élève-ingénieur des mines en rapport
avec le nouveau programme d'examen
prescrit, par décision ministérielle du
50 novembre de l'année précédente ,
pour l'admission à l'Ecole militaire et
aux Ecoles spéciales du génie civil et
des mines. L'utilité de cette mesure
est évidente : les Jeunes gens encore
indécis sur le choix d'une carrière, au
sortir de la section professionnelle des
Athénées, ont du temps devant eux pour
prendre une résolution définitive, et
n'ont pas k craindre d'avoir commencé
en pure perte leurs éludes supérieures.
Dans des circonstances données, le
gouvernement lui-même a tiré profil de
l'arrêté de 1858; c'est ainsrqu'en 1867
un certain nombre d'élèves des Ecoles
spéciales, répondant à l'appel du mi-
nistre de la guerre , ont pu être immé-
diatement incorporés dans l'artillerie
et dans le génie en qualité d'aspirants,
avec des avantages réservés Jusque là
aux élèves de l'Ecole militaire.
Le système d'enseignement des Eco-
les de Liège a été complété, en cette
même année 1867, par la création d'un
cours nouveau, dont l'utilité n'a pas
besoin d'être démontrée. M. Deprez,
ingénieur en chef du Grand central
beïge^ a été chargé d'Initier les élèves
de toutes les sections à la théorie de
Vexploiiation des chemins de fer. A par-
tir de la session de 1868, les élèves ont
été tenus de répondre, à l'examen final,
à des interrogations sur la matière de ce
cours. Les programmesque nous venons
de reproduire ont été modifiés en consé-
quence, par les arrêtés ministériels du
7 août et du 26 novembre 1867. A l'exa-
men final de l'Ecole des mines, les
matières n«* 3 et 4 ne comptent plus
que pour 16 points an lieu de 20, et 4
104S
ÉCOLES SPÉCIALES.
1046
points seulement au lieu de 8 sont at-
tribués à la connaissance d'une langue
étrangère (on n'exige plus Tanglais et
ralleroand,roais Tanglaisou Tallemand).
En revanche , 12 points sont résenés
au Cours d'exploitation des chemins de
fer. La même iroporlance est accordée
au dit cours dans les examens de sor-
tie des sections des arts et manufactures
et des mécaniciens : pour maintenir le
total de 100 points, on a dû réduire res-
pectivement à16, àiSetàiS points la
cote des matières mentionnées sous les
n<^*l,5et4;lechiffrede8pointspourras-
sidulté a été supprimé; mais les travaux
graphiques relatifs aux 5 premiers n'^'
(le n^ 5 est Vea:ploitation des chemins
de fer) sont estimés 14 points au lieu
de iO. Pour les mécaniciens, le travail
de râtelier ne compte plus que pour iS
points au lieu de 50. Le médium des
points est exigé sur le cours nouveau
dans les deux premières sections ; dans
la troisième , Tarchitecture industrielle
et Fexploitatlon des chemins de fer for-
ment désormais un seul groupe , au
point de vue de la moyenne exigée
pour l'admission.
Les 8 points affectés à l'assiduité ont
disparu, en vertu de l'arrêté ministé-
riel du 27 septembre 1867, du pro-
gramme des examens de passage de la
section des arts et manufactures. Ils
ont été reportés respectivement sur le
n<* 5 (dessin et épures) du premier pro-
gramme, sur les n«* V (minéralogie :
15 points au lieu de 12) et 5 (travaux
graphiques : 15 points au lieu de 10
du second); enfin, sur les n^' 2 («exploi-
tation des mines : 18 points au lieu de
16) et 5 (travaux graphiques : 16 points
au lien de 10) du troisième. — Quel-
ques modifications ont aussi été Intro-
duites dans le programme de l'examen
de passage de la l^*' à la 2** année d'é-
tudes, à l'Ecole des mécaniciens : la
mécanique élémentaire ne compte plus
que pour 18 points ; le travail de râte-
lier est estimé 16 points an lieu de 20;
les croquis cotés, 8 au lieu de 12; les
8 points disponibles ont été attribués à
des notions et à des exercices de calcul
infinitésimal. — On n'a donc désor-
mais qiïindirectemmt égard au fait
matériel de la présence des élèves à
l'Ecole, et d'autre part, en ce qui con-
cerne les élèves mécaniciens, on a re-
ronnu avec raison que le but ne serait
quimparfailement atteint, s'ils res-
taient entièrement étrangers aux mathé-
matiques supérieures.
Nous avons signalé ailleurs le succès,
inouï en Belgique, des Ecoles spéciales
de Liège ; nous pourrions jouter qu'on
leur citerait plus de rivales en Europe.
Ce succès se soutient malgré la concur-
rence ('), et malgré la difficulté de plus
en plus grande qu'éprouvent momenta-
nément les Jeunes ingénieurs à trouver
immédiatement à s'occuper, l'état major
de la plupart des grands établissements
industriels du pays se composant pres-
que entièrement d'hommes relativement
jeunes, formés aux Ecoles de Liège de-
puis 1858. Mais les exploitations des
pays voisins, surtout de la Prusse, nous
enlèvent un certain nombred'ingénienrs;
il y a encore de nombreux chemins de
fera construire; l'industrie nationale
elle-même n'est pas encore à son apo-
gée; enfin, une partie notable des élèves
de nos Ecoles nous arrivent du dehors,
surtout de la Russie, de l'Espagne et
de l'Amérique du Sud. Les Annales de
V Association des ingénieurs sortis des
Ecoles de Liège (voir I'imtroduction)
attestent d'année en année que les bons
élèves n'ont jamais redouté d'être con-
damnés pour longtemps à une oisiveté
forcée. L'affluence régulière des réci-
piendaires aux examens d'admission
prouve, de son côté, que cette manière
de voir répond bien et dûment à roi)i-
nion générale.
Ce serait verser dans une profonde
erreur, que de considérer les élèves des
(*) En 1865, l'Université catholique de
Loovain s'est eoricbie à'Êcotes spéciatet des
arts et manu/aetures, du génie civil et des
mines. Le programme et les règlements de
ces EtabUssemeots ont été arrêtés le 4 avril
1867 et publiés sans retard (Louvain , Van
Linthout , 1867 , in-S°). Plusieurs profes-
seurs ou répétiteurs du nouvel établisse-
ment sont d'anciens répétiienrs ou d'anciens
élèves des Ecoles de Liège ( MM. Duvivier,
L. Dewalque, Massalski}.
1047
ëCOL£S «PËUALE6.
104H
Koolefi spédaloiëe Liège comme restant
forcément étrangers aux hautes éludes
sdeotifiques. Le programme est réglé
de telie manière <|ue rien ne les empê-
che de se préparer à subir tôt ou tard
les examens de candidat et de docteur
en sciences physiquesetmathématiques:
ces titres ont été décernés à plusietrs
ingénieurs. D'un autre cèté, pour éveil-
ler ou fortîtter l'esprit sctentiflque, il a
été admis que les élèves-ingénieurs
pournùent preadra part aux concours
universitaires, et ils n'ont pas manqué
de profiter de ceite latitude. Enfin, le
Conseil de perfectionnement a obtenu
do gouvernement qu'un laboratoire spé-
cial de recherches chimiques serait
établi à l'usage des Ecoles spéciales.
En vertu de l'arrêté ministériel du 12
janvier i864, ce laboratoire est acces-
sible aux élèves de dernière année qui,
dans leurs ittudes antérieures, ont fait
preuve d*une aptitude spéciale pour les
sciences chimiques. L'admission est
déterminée, dans chaque division, par
les moyennes des cotes obtenues dans
les différents examens : sur la chimie gé-
nérale et les manipulations chimiques ;
sur la dociroasie et les travaux dodmas-
tiques ; sur la chimie industrielle ; en-
fin, sur la mélalturgie. L'inspecteur des
études règle et détermine les travaux
des élèves ; il adresse un rapport au
directeur, dans la première quinzaine
d'octobre, sur les recherches exécutées
dans l'année académique écoulée ; il y
signale celles qui lui paraissent mériter
les honneurs de la publicité et men-
tionne les élèves dignes d'obtenir, de la
part des autorités de l'Ecole , un certi-
ficat de capacité. Il est à présumer que
cette mesure recevra ultérieurement une
nouvelle extension.
TifiLEiU DU PSRSOHHEL m WOUS SFKliLiS
DEPUIS LEUR RÈORBftHISiTKHI.
Illrectloa.
1838. DARNOULD, administrateur-
inspecteur 4e l'Université (v. ci-
dessus, col. 3).
1857. Il.-L. POLAIN, iiL (s. ci-des-
sus, coL 11).
Inspeeteui*» <le« éta<lea.
À. ÉCOLE PRÉPAIATOIUC.
1858. J.-F. Lemaire (v. ci-dessus, col.
394).
1 845. L. Trasenster (suppléant) (v. col.
957).
1846. Ch. De Cuyper (v. ci-dessus,
col. 784).
fi. BCOLKS SPÉCULES.
1838. À. Devaux (v. ci-dessus, col.
208).
1846. Trasenster (a4ioint).
1849. Le même (titulaire.)
C. TRAVAUX CHIMIQUES.
1858. J.-Th.-P. Cbandelon (v. ci-des-
sus, col. 777).
Pour les cours de style et rédaclion
en français (*), de 1uuUe-al§èbre^ de
géométrie analytique^ de caJcul diféren-'
tiel, ie calent intégral^ û'antromniie et
éléments de géodéùe, de géométrie des-
criptive, de mécanique élémentaire^ de
mécanique analytique, de mécanique ap-
pliquée , de physique expérimentale , de
physique industrielle^ At chimie générale
inorganique et organique^ de diimàe
industrielle inorganique ei organique^
(*) Ce cours est essentiellemeiit pra-
tique, surtout depuis que H. Stecher y a
apporté ton expériêDoe de huit aonées d'uo
enseignement «attogne, à TEcole du génie
civil de Gand (i84S-i8S0). Il se fait princi-
palement par la discussion des siyets, Ta-
nalyse des lectures, ainsi que par des eier-
cices de cotaposiltoD de tout genre (dé-
veloppements et résumés). Pour combattre
certains préjugés répamlas dans les Ecoles
spéciales , ailleurs encore qu'es Belgique,
le professeur saisit toutes les occasions
d'insister sur Timportanee de la forme lit-
térah*e. Empruntant des modèles et des su-
jets d'dtuda à des ëcrivsins de toale caié-
gvie > il retrouve parleai la Ih de êUt-
darité entre la forme et le fond , depuis
le plus haut style poétique jusqu'au plus
humble style d'a(fbh*es et d'adminisiraUon.
Le fttlar ingénieur cet ainsi convié aux lec-
tures les pKis variées, quand ce ne serait
que pour apprendre à estiiMr de plus en
plue la justesse et l'exacUtude des termes,
lapréeiekMi si désirable des tmrs et des
1049
ÉCOLES SPÉCULES.
lO.'iO
de docima$ie^ 4e manifulatùms chimi-
quesy de minéralogie^ de géologie^ de
métallurgie^ d'exploitation des mines^
de législation des mines, û*économie in-
dustrielle et û'architecture industrielle
V. ci-dessus, section V, le Tableau gé-
néral de lufépartitioude$ caursf de VVni-
versiU.
EXPLOITATION DES CHEMINS DE FER.
iSGg, E.-A.-C.. Despret ( V-
CONSTRUCTION DE MACHINE».
486S,W, liberté).
Répétlteun».
1. MATHÉMATIQUES ÉLÉMENTAIRES.
i858. J. Martynowskî (').
n. HAUTE ALGÈBRJV.
4858. Blartynowski.
1857. F. Foiie(*).
phrases ,. eAfio» l'art de dûpoger et d'exposer
GonvenabteiDent ua suJeU.
("> M. Desprkt (Edouard- AotoJDO-CoQ^
8Aaat),eat nëà Cbimai Ul aj/oiA 4833. Il afiatâ
aaa éludes tuimaoitairaa au Collège de su
ville nataiê'i de là, feodant quatre amu^s,
il a suivi,, à l'Ecole centrale de Bruxelles,
ses cours delà; section. hidttslrieUe et aciea-
tiAque ; eofia il est eatné à TEcoIc des miues
de U^gOk Soa diplôme d'iogéoieur, obteou
avec gîramif dUtinetion,, date de 185S ; son
début dans la carrière, da mois de décembre
de la ■tftme anoëo. Mtacbé d'abord, en qua^
lité d'iogéoieur, au chemin de fer du Centre
eu cofnslruction, il reçoit, en 4857^ lors de la
mise en exploitation de cette ligue, le titre
d'ÎDgénieur-chef des travaux techniques;
en 1869 , il est nommé ingénieur-cheC de
rexploitalioo du même chemin de fer. Le:
Grand-Cemral belge ayant été créé en 4864,
M. Dupont est ftnaleroeuL appelé k remplir,
dans cette importani^e adminiatratien, les
fonctions «fiNj^éuMiir en cAc/, directeur des
voies et travaux^ — La nouvelle édition du
Coure de eomtTHCtion de i. Sganzin ('1866),
complétée et mise en rapport avec les pro-
grès de la science et de l'industrie, est due
aux soins de M. E. UespretetdeM Rofflaen,
capitaine du génie.
Le programme offlciel do cours d'exploi-
tation des chemin» de fer, annexé à l'arrêté
miAisiértel du 'i6 novembre 1867, est très-
conplot. Il embvasse des notions historiques
sur les anciens moyens de transport et sor
le développement des chemins de fer dans
tous les pays, la description des divers sysr
tèmea adoptés tour à tour, et la discussion
de leurs avantages, au double point de vue
technique et économique. Viennent ensuite
des notions générales sur les voies ferrées»
sor les stations et les gares et sur le maté-
riel roulanL Ce dernier point doit attirer
plue particulièrement* l'attention du profes-
seur ; il a mission de passer en revue tous
les organes essentiels des véhicules, essieux,
roues, bandages, boites k graisse et à l'huile,
plaques de garde, ressorte, attelage des voi-
tures, matériel pour voyageurs (chAssis,
caisses , éclairage des voilures) , matériel!
pour marchandises (diverses sortes de wag-
gons, etc. Il est traité alors de la résistance
au mouvement d'une voiture, en ligne droite
et en ligne courbe, des divers systèmes ar-
ticulés^ etc.)' l^ne autre section du cours est
consacrée aux moteurs (moteurs animés »
moteurs mécaniques, production et emploi
de la vapeur, stabilité des locomotives, dcsr
cri pt ion des diverses systèmes de locomo-
tives et de tenders), aux freins, aux mesures
de sûreté, aux applications de l'électricité,
aux signaux de toute espèce, etc. — Après
les questions techniques, les questions d'ex-
ploitation (dépenses de la voie et de ses dé-
pendances, dépenses du matériel roulant, coûL
total kilométrique ; recettes , comptabilité et
contrôle, élude comparative des tarifs, con-
trats de transport, transit, conventions in-
ternationales, recette kilométrique ; conces-
sions, adjudications, cahiers des charges,
réceptions et garanties, installation des di-
vers services, atlribulions, réparations, en-
tretien do matériel roulant). — On peut se
faire une idée, par cette énumération ra-
pide, de l'imporlaoce et de l'opportunité du
nouvel enseignement.
(*) M. LiBERT, ancien élève de l'Ecole,
est ingénieur-civil mécanicien. Le cours
qui lui a été confié est l'utile complément
de l'enseignement de la mécanique; il répond
au but qu'on s'est proposé en établissant,
à côté de l'Ecole, un atelier de construction.
(^) V. ci-dessus, col. 483.
(M V. ci-dessus,col,88et89.— M. Folie
est né à Liège et il y a fait ses études. Il a
été reçu docteur en sciences physiques et
mathématiques le 13 août 1855, avec la
plus grande distinction; il a obtenu la
bourse de voyage et a fréquenté l'Univer-
sité de Bonn. Nommé répétiteur aux Ecoles
spéciales le 30 octobre 1857 , il a été
démissionné, sur sa demande, le 17 no-
vembre 1868. Il est professeur k l'Ecole
industrielle de Liège depuis plusieurs an-
nées. Voici la liste de ses travaux : 1» Ex-
position de ta théorie analytique des pro-
ùabilitéitk posteriori, œuvre posthume de A,
1081
ÉCOLRS SPÉCIALES.
1052
1865. V. Faii8se(*).
ni. GÉOMÉTRIE ANÀLÏTiOm*.
1857. F. Folie.
i8G8. J. Graindorge (*).
IV. CALCUL INFINITÉSmAI..
1858. J. Martynowski.
1857. F. Folle.
i805. V. Falisse.
Meyer, Liège , Dessain, 1857, in-8«. —
S» Deux MéiD. nur une théorie nouvelle du
mouvement d'un corpt solide (Rullelio de
VAcad, roy, de Belgique^ 2« série, t. XX.,
4866, D08, et t. XXIV, 1867, no« 9 et iO. —
S^ Hém. tur le frottement, faisant suite aux
précédents. — 4« Traduction de Vlntroduc-
tion à la théorie mathématique de rélectri-
cité, de Clausius {Ann. du génie civil, août
et décembre 4867). ~ 8o youvelles table»
uittelles des logarithmes des nombres et des
lignes trigonométriques, précédi^es d'un Pré-
cis de trigonométrie pure (Mém. de la Soc,
royale des sciences de Liège , 2« série, t. I).
— 7« Note sur la dirisibitité des nombres
(Ibid., t. IIIS — 8» Théorie mécanique de la
chaleur de R. Clausius, trad. de l*allem. par
F. Folie, avec préface du traducteur, i^
partie. Paris, £ Lacroix, 1868, in-8o). —
2« partie, ibid., 1869, in-8o. — 9« Précis du
cours de mécanique appliquée de J.*6.
Rrasscur, terminé d'après les mss. de l'au-
teur par F. Folie. Liège, Garmanne, 1868,
in-4<»(v. ci-dessus, col. 88). — 10« Exposi-
tion nouvelle des principes du calcul diffé-
rentiel et du calcul intégral par J.-R. Rras-
seur. nugm. de notes et d'un avant- propos
par F. Folie. Liège, Desoer, 1868. in-8n.
(Ibid). — H« Note sur la théorie de la roue
Poncelet (Rull. de VAcad, roy. de Belgique,
t. XXIV, no 12). — 12<» Sur une disposition
nouvelle de la rue Poncelet {Ann. du génie
cwil, sous presse chez E. Lacroix, à Parts).
— 13» Im fonction potentielle et le potentiel,
trad. de l'aUcm. de R. Clausius (sous presse
chez Gauthier-ViUars, à Paris]. — 14* Note
sur quelques théorèmes généraux de géomé-
trie supérieure, présentée à YAcad. roij, de
Belgique, dans la séance du 4 juin 1869. —
15<> Art. scientifiques et analyses critiques
dans diverses revues (Ann. de renseigne-
ment public, Belgique contemporaine, etc.).
— M. Clausius, l'une des plus hautes autori-
tés scientifiques de l'Europe, dit, dans une
notice récemment publiée {Comptes rendus
des séances de VInstitut acad. des sciences) :
ff M. Folie, de Liège, géomètre habile,
connu par ses beaux travaux sur le mouve-
ment d'un corps solide, a bien voulu publier
une traduction française de mon ouvrage ;
cette traduction rend mes idées avec beau-
coup de précision et de clarté. » — M. Fo-
lle a continué en 1868 et en 1869, le cours
sur la Théorie mécanique de la chaleur dont
il a élé question ci-dessus, col. 89.
(<) M. Victor FalIsse, né à Liège, a fait
de brillantes études au Collège et à l'Uolver-
sitè de cette ville. Il est entré dans l'ensei-
gnement comme professeur de mathémati-
ques inférieures an premier de ces deux
établissements dès 1834, en remplacement
de C.-J. Rosel; dès que les circonstances
l'ont permis, il a été chargé des cours supé-
rieurs ; il en est encore titulaire ft l'Athènèe
royal. Le succès de l'enseignement de M.
Falisse est pour ainsi dire proverbial a
Liège : on est habitué a voir ses élèves ob-
tenir les premiers prix de mathématiques au
concours général; le gouvernement a re-
connu le zèle et le talent de l'habile profes-
seur, en lui décernant la croix de chevalier
de l'ordre de Lèopold. M. Falisse est doc-
teur en sciences physiques et mathématiques
depuis le 12 juin 1836; il est au nombre
des agrégés de notre Faculté des sciences,
et c'est à ce titre qu'il y a fait des leçons,
en 1849, sur le calcul infinitésimal. Il est
attaché aux Ecoles spéciales depuis le 29
juillet 1865, en qualité de répétiteur du
même cours ; il est en môme temps titulaire
du cours spécial de calcul différentiel des-
tiné aux élèves mécaniciens. — MM. Falisse
et Graindorge (v. la note suivante) annoncent
(1869) la publication prochaine d'un cours
de mathématiques k l'usage des établisse-
ments d'instruction moyenne.
(* ) Né à Liège le 9 aoAt 1843, M. Grain-
dorge a fait ses humanités à notre Athénée
royal. Lauréat du concours général pour la
version grecque, en 1860, il subit Tannée
suivante l'examen de gradué en lettres, puis
fréquenta pendant un an les cours de la l'*
scientifique. En 1862, il fut proclamé pre-
mier au concours général de mathématiques
supérieures -et entra sans retard k l'Ecole
préparatoire des mines. Reçu élève-ingé-
nieur au bout de deux ans, il résolut de
prendre ses grades académiques : ses di-
plômes de candidat (1864) et de docteur (23
juillet 4867) en sciences physiques et ma-
thématiques ont été obtenus l'un et l'autre
avec la plus grande distinction, Un arrêté
royal du 14 novembre 1867 a conféré à M.
Graindorge une des six bourses de voyage
instituées par l'art. 42 de la loi du 1*' mai
1857 ; il s'est alors rendu à Paris, pour y
suivre les cours de la Sorbonne et du Collège
de France. — Il a été nommé, par arrêté
royal du 17 nov. 1868, répétiteur des cours
d'astronomie, de mécanique rationnelle et de
1083
ÉCOLES SPÉCÎAtlîS.
1054
iSGS. J. (;raindorgo (suppléant).
V. GÉOMÉTRIE DESCRIPTIVE.
«36. J.-P. SchmitC*).
1858. L. Brasseur (adjoint) (*).
^862. T. Lafleur (•).
M. MÉCANIQUE ÉLÉMENTAIRE.
1859. J. Slroesser(*).
«40-18U. L. TrasenslerC").
1844. J. Martynowski.
4802. V. Dwelshauwers (').
Vn. MÉCANIQUE ANALYTIQUE.
4858. J. Martynowski.
4862. T. LaOeur.
1868. Jos. Gratndorge
VIII. MÉCANIQUE APPLIQUÉE.
1846. F.-M. Berchmans (').
185i. G.Lybart.
4858. L. Pérard(').
4865. Y. Dwelsiiauwers.
IX. ASTRONOMIE ET GÉODÉSIE.
4846. F.-M. Berchmans.
.4857. F. Folie.
4868. J. Graindorge.
X. PHYSIQUE GÉNÉRALE.
4846. F.-M. Berchmans.
4855. ADevivierC).
4866. L. Gérard (*•)
4 867. G. Duguet(**).
XI. PHYSIQUE INDUSTRIELLE.
4858. L. Pérard.
4864. V. Dwelshauwers.
4868. J.-L.-D. Dumoncean (").
XII. CHIMIE GÉNÉRALE.
4844. Is. Kupfferschlaeger(").
4855. E. Albert («').
4863. V. Franrken(").
géométrie analytique aux Ecoles spc^clales
de Liège. Il a remplacé, la même année, M.
Falisse, comme répétiteur des cours de haute
algèbre et de calcul infinitésimal ; il a aussi
fait, pendant cette période, le coars élémen-
taire de calcul différentiel et de calcul inté-
gral porté au programme de la 4** année de
la section des mécaniciens. — M. Grain-
dorge est membre effectif de la Société royaie
des sciences depuis le 4^2 juin i868. 11 a pu-
blié : \^ Solutions de diverses questions de
tféométrie et d'analyse proposées dans les
Nouvelles annales de mathématiques de M.
Gerono (Paris, 4864 à 1868); ^ Questions
d'algèàre supérieure sur la théorie des équa*
fions (ibid., oov. 1865) ; 3<> Dm mouvement
d'un point maté f tel sur une courbe (Ibid. , fév.
1868); 40 Note sur quelques intégrales défi-
nies nouvelles ( Mém. de la Soc. roy, des
sciences de Liège, S« série, t. III >. — En
1 869, il a fait, sur l'enseignement des sciences
physiques et mathématiques à Paris, un rap-
port dont la Faculté des sciences a voté l'im-
pression dans les Annales universitaires, —
V. la note précédente.
(*; V. ci-dessus, col. 914.
(') Fils du professeur J.-B. Brasseur;
reçu docteur en sciences phys. et mathéma-
tiques le 28 jaillet 1857; attaché aux Ecoles
spéciales le 19 nov. 1858; décédé le 39
avril 1865.
( * ) Ingénieur mécanicien.
{*) Sous-ingénieur des mines; nommé
répétiteur le S février 1839; décédé l'année
suivante.
(*) V. ci-dessus, col. 957.
(*) V. ci-dessus, col. 817.
(') Né il Audeghem le 31 mars 1816,
M. BEacHMANS entra de bonne heure dans
l'armée et obtint son congé définitif en
184S, avec le grade de sovs-offlcier. Il se
livra dès lors avec passion à l'étude des
sciences et subit d'une manière brillante, le
30 sept. 1847, l'examen de docteur en se.
phys. et mathématiques. Il fut nommé répé-
titeur-surveillant en 1846 ; en 1851 , il quitta
ces fonctions pour une chaire de mathéma-
tiques à l'Athénée royal de Liège. Il a fondé,
depuis, un atelier de construction dont l'im-
portance est devenue de plus en plus consi-
dérable (maison Berchmans et Fallize).
V * ) V. ci-dessus, col. 915.
(*) Né à Liège, ancien élève des Ecoles
spéciales et de la Faculté des sciences, doc-
teur en sciences physiques et mathématiques
(1854), répétiteur do 1855 à 1865, depuis
lors professeur aux Ecoles spéciales de Lou-
vain, dont il a été l'un des organisateurs.
(*<>) Sous-ingénieur des mines; nommé
le 13 novembre 1865; démissionné sur sa
demande le 31 décembre 1866.
('*) Ingénieur des arts et manufactures;
nommé répétiteur le 30 août 1867,
( '*) Ingénieur des arts et manufactures;
nommé répétiteur le 17 septembre 1868.
( ") V. ci-dessus, col. 837.
( **) Pharmacien ; nommé répétiteur le Sa
septembre 1855; décédé le 10 décembre
186â.
{**) Ingénieur des arts et manufactures;
nommé répétiteur le 31 décembre 1863.
lOSB
ÉCOLES SPÉCIALES.
iose
XIII. CHIMIE INDUSTRIELLE.
1858. L.Brixbe(<).
1861. L. Goret (•).
XIV. DOCIMASIE ET MANIPULATIONS.
1855. £. Albert.
1864. G. Renard (').
XV. MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE.
1844. Is. Kupfferschlaeger.
1855. G. Dewalque (').
1858. G. Malaise (*).
1865. F. Dewalque (•).
1866. A. Firket(').
XVI. MÉTALLCRGIE.
1844. A. DehaMix(').
1857. A. Gillon (M.
1865. A. Habets(^').
( ' ) Ingénieur dM ari« et maniilictiiPM;
nommé répétiteur la 17 novembre 1858; dé-
missionné sur sa demande le 18 novembre
t86i . — M. Brixbe a dirigé depuis, en quatité
d'ingénieur, les graids travaux entrepris
pour amener à Liège des eaux potables pro-
venant des nappes souterraines de la Hcs-
baye (v. ci-dessus, col. 293).
(*) M. Léopold GeKET, né à Mone, le 18
décembre 1824, est sorti en octobre 1847
de l'Ecole des mines de Liège, avoc le tUre
d'ingénieur honoraire des mines. Entré immé-
diatement k titre de volontaire dans les éta-
blissements de la société anonyme de CouiUet,
fut attaché tour à tour, soit comme ingénieur,
soit comme ingénieur coneultant, & diverses
compagnies industrielles. Dans celte pre«-
miëre période de sa carrière, il remplit plu-
sieurs missions de recherches en Autriche et
surtout en Espagne. Il est un des fondateurs
de la fabrique de produits rëflracluires A.
Detattre et Cie, et Tun des administratenry
de la société anonyme Austro-Beige (Cor-
pbalie). Son expérience et ses connaissances
acquises en chimie industrielle lui ont valu,
le 18 novembre ISfSi, une nomination de
répétiteur k l*Eeole des mines; d'antre part,
il est professeur de chimie à l'Ecole in-
dustrielle de Liège; — On lui doit plusieurs
rapports importants, entr'aulres une Notice
mr IcM expériences Jatte» sur tes machines
ttépuisement du Bletfberg-, en 1850 ( v. le
Journal de Lrège du *W janvier 1861) r une
Notice Mttr ^exploitation des bassins ardtii-
siers de ttimogne (France^ insérée en i864
dans la Hei^ne universelle de M. de Guyper,
etc. — M. Goret a contribué à fonder Vas-
sociation des ingénieurs sortis de l'Ecole
de Liège.
(') M. Charles-Camille Renard, né à
Liège, le 4 mai 1832, a subi, avec la plus
gronde distinction, en 1851, l'examen d'ad-
mission à l'Ecole des arts et manufactures.
Son diplôme d'ingénieur, obtenu avec dis-
tinction, date du 16 août 185ff; l'année pré-
cédente le gouvernement lui avait accordé
un subside pour une excursion scientifique
en Allemagne et dans lo Sud de la France.
M. Renard a été attaché, le 13 septembre
1855, à la Commission d'enquête instituée
pour examiner les questions que soulevait
la fabrication des produits chimiques dans
la province de Namur; en 1856, il a été
chargé des fonctions de directeur-gérant de
la société métallurgique d'Andennes; en
1858, il a été nommé directeur delà société
manufacturière de produits réfractaires éta-
blie dans la même locaKtè. (Ses produits ont
obtenu, du jury international de l'Exposition
de Metz, une mention honorable). Appelé k
titre d'essai, par arrêté ministériel du 16
janvier 1864, aux fonctions de chef des tra-
vaux docimastiques k l'Ecole des mines,
chargé des interrogations de docimasie et
adjoint à la direction des manipulations chi-
miques, il a été confirmé déflniiivementdan»
ces différentes missions le 7 septembre sirî-
vant. M. Is. Kupfferschlaeger ayant été
déchargé du coars de maaipulatioaa^ M.
Renard a été désigné pour le remplacer, par
arrêté du 1 2 octobre 1 867 ; il conserve néan-
moins ses autres attributions. — 11 fait par-
tie, en outre, depuis le 3 novembre 1868,
du Corps enseignant de l'Académie royale
des Beaux-Arts de Liège, k titre de profes-
seur d'archéologie et d'histoire de l'art. Cette
chaire, délaissée depuis plusieurs années
par M. Bd« Lavalleye (v. ce nom) k raison de
son état maladif, avait été précédemment
occupée, avec beaucoup d'éclat, par le père
de M. Renard ; ainsi sont renouées les tra-
ditions d'une famille bien connue dans le
monde artistique. — M. Camille Renard suit
également les traces de son père, en consa-
crant une partie de ses loisirs k rédiger des
notices sur les Beaux- Arts ; c'est ainsi qu'il
a publié, dans le Journal de Uége,nti compte
rendu déUillé du Salon de 1869.
(*) V. ci- dessus, col. 806.
( '^l V. ci-dessus, col. 813.
( * ) Ingénieur honoraire des mines ; ré-
pétiteur de 1861 à 1868 ; actuellement pro-
fesseur à l'Ecole des mines de Louvain.
( ' ) Ingénieur des mines ; nommé répé-
titeur le 31 décembre 1866.
(') Y. ci -dessus, col. 642.
(*) V. ci-dessus, col. 831.
(••) V. ci-dessus, col. 484 et 832. — Né
à Liège lo 16 mars 1839, M. Alfred Habkts,
après avoir achevé k l'Athénée royal de
1057
ÉCOLES SPÉCIALES.
1088
XVII. EXPLOITATION W& MINES.
1839. J. Rdc1oux(*).
1857. A. Gillon.
bonnes étades à la fois humanitaires et
scientifiques, devint élève des Ecoles spé-
ciales et quitta finalement les bancs en I86S,
porteur du tilre d'ingénieur honoraire des
mines ei des diplômes d'ingénieur civil des
mines et des arts et manufactures, conquis
avec beaucoup d'honneur. La Société géolo-
giqoe de France le comptait déjà depuis un
an parmi ses membres (*). Ses dispositions
naturelles et rinftueiice des souvenirs de sa
famille le portèrent tout naturellement ii em-
brasser la carrière de l'enseignement (v.
l'art. J.-N. No£L.) Dès le 47 mars 1864, il fut
attaehé aux Ecoles spéciales, à titre d'essai,
comme répétiteur de métallurgie ; ces fonc-
tions lui ont été définitivement confiées le 9
août de l'année suivante. Le 84 octobre 1866,
il a été, en outre, nommé répétiteur du
cours d'exploitation des mines et chargé,
aux mêmes Ecoles, de renseignement de la
topographie. •— Le 80 décembre 4888, il a
été choisi è l'unanimité, par le Comité de
l'union des charbonnages, mines et usines
métallurgiques de la province de Liège,
pour remplir les fonctions de sous-secré-
taire de cette Commission. — M. Habets est
l'on des cotlaborateurs les plus assidus de la
Revue univemellê de M. de (>uyper ('*). Il
y a publié : i*lfote »ur VoftpareH de ettar^e-
ment et de prise de gaz de M. Coingt (t. XV,
4864, avec I pi.) ; 99 Des Fahrknost à une
tige^ à propos de ia Fahrkunst d'Angieur
(t. XV, 4864. avec 3 pt.); S» Note sur les
ntùehines à abattre ta houilie (t. XVII,
4865, avec 6 pi ) ; 4* Sur le traitemetit du
phmb au feur Hasckette, dans le Harz su-
périeur (t. XIX, 4866, avec 4 pi.); ISfi Notes
sur la préparation mécanique des minerais :
I. La préparation mécanique continue d'Ems;
II. Cribles continus (t. XX, 4866, avec S
pi.); III. Les appareils continus de U. de
RiUinger et do M. Huodt (/6., avec 4 pi.) ;
IV. La préparation mécanique de la biOnde, à
Ems (t. XXftl et XXIV, 4868, avec % pi.);
6* Le procédé Ressemer en Styrie et en
C&rinthie (t. XX, 4866); 7* Le microspcc-
iroscope de M. 8orby, d'après le Popular
science Review et des notes mss. de
l'auteur (t. XXI, 4867, avec 4 pL) ; 8» Note
sur ia théorie de ta séparation des minerais.
d'après les travaux de M. de Rittinger (t. XXII,
4867, avec 4 pi.); 9« NoU sur quelques
nouveaux tliéodotiies de mine et de surface
(t. XXIII ei XXIV, 4868, avec 9 pi.); 40»
Revue des nouveaux procédés de fatfrication
de l'acier en Angleterre au moyen de fontes
phosphoreuses (t. XXIlI et XXIV, avec 9
pi.); 44<> Note sur l'usage du spectroscope
dans le procédé Ressemer {L XXItl et XXIV);
42* Exposition universelle de 4867. — Note
sur la Carte générale des mines de la Rel-
gique (v. ci-dessH6, col. S30) et sur les
Cartes statistiques de la Prusse (l. XXV et
XXVI, 4869, avec 2 pi.); 48» Traduction et
analyse de mémoires extraits de YBngineer,
du Zeitschrift fur Rerg- , Hûtten- und Sa-
linenwesen in dem preussischen Siaate (de
Berlin), du Rerg" und H&ttenmànuiHhe Zei-
tnng (de Claosthal), du Ùingler*s Polgtech-
nischer Journal, de ïOEsterreichisctte Zeit-
schrift fur Rerg und Hkttenwesen, du Zeit-
sùhrift des Oesterr, ingénieur- Yereins, etc.
(t. XVI ft XXVI, avec pi.) T') — 44« U Re-
vue de V Exposition de 4867, publiée par l'édi-
teur de la Revue universelle, contient un
mémoire de M. Habets sur Xzpréparaiion mé-
canique des minerais et du charbon (I. Consi-
dérations générales.It. Broyeurs, i II. Classe-
ment des grenailles par volume. IV. h. par
densité. V Classement des grenailles et des
schlamms. VI. Enrichissement des produits
classés. VII. Lavage de la houille. VIII. Etat
actuel de la préparation des minerais), t. I
et II, p. 545 à «135, avec 40 pi., et t. III, p.
3S7 k 437, avec 6 pi. >- 45* La/<wi<f, le
fer et f acier , conférence faite è la Société
IVanklin (v. ci-dessus, col. 949) le 90 jan-
vier 4867 (Arc. de causeries populaires pu-
blié par Mx>« la baronne de Crombrugghe,
3« année, p. 410). — 46» Fabrication de
briques en laitiers moulés k Koenigshûtte
(haute Silésie) {Rult. de fAssoc, des ingé-
nieurs sortis de C Ecole de Liège ^ 11* série,
4866. p. 400).— M. Habets est, depuis 4867,
collaborateur du dernier recueil cité; depuis
4868, il fait partie du Comité scientifique de
la section liégeoise de l'Association,
(*) M. RucLOox, ingénieur des mines,
a fourni, depuis, une brillante carrière au
service de l'Etat. Promu k la première classe
(') En l^6t, V. Bali^tt «vait été envoyé pur le
fsouveroeinoal eo miMiun, fiour étudier le« mioes et
ndne» dn Ceolre et lin Miili de In Fi-enre. Il mwUui,
dans lei« PyrèoAe:)» «u CoDgi*èa de la ■*-'(k-iiS>t4 néolo-
iqae de Franoe, qui rarcueiUit dés Ion dut* «on
gi4)ae
«eiD
(**) La plupart des ooUcei paLliées par SI. Babel»
dan» la Revue univtrielle, ont été lédi^éM Riir les
obgiervation.4 qu'il a recueillies lui-même dan« nn
ezt'UniionMScionlifiqoes et indu^itrielleseo Allemagne,
en France et aillenr».
( *** ) Une grande partie de cm extraits ont piiu
8oni la rubrique : Rt»ue$ étrangirtt.
39
1059
ÉCOLES SPÉCIALES.
1060
1858. A.-T. Ponson(').
1865. A. Habets.
de son grade, il a été nommé chevalier de
l'Ordre de Léopold le 31 décembre 1853. Il
est aujeord'bui ingénieur en chef de la divi-
sion de Liège. Depuis longues années, il fait
partie du jury conférant le diplôme de sortie
de l'Ecole spéciale des mines ; il remplace
M. Eug. Bidaul au Conseil de perfectionne-
ment.
(M Décédé le 30 aoûll 866. —Ik Meuse
du 13 septembre suivant a publié, sur Pon-
son, une notice biographique dont nous ex-
trayons quelques passages : Anne-Théo-
dore PONSON naquit à Genève, le 4 juillet
1801. Il fit de brillantes études littéraires et
scientifiques au Collège, puis k l'Académie
(Université) de cette ville, et compta parmi
les meilleurs élèves de Lhuillier et de de
Candolie, le célèbre naturaliste. Parmi ses
condisciples se trouvaient Sturm, Colladon
et de la Rive, avec lesquels il entretint de-
puis des relations d'amitié. — De bonne
heure il se livra à renseignement. Au sortir
de l'Académie, il fut nommé professeur à
l'Institut agricole de Hofwyl. Plus tard, il
se rendit à Pi)ris, pour y suivre les cours de
mathématiques supérieures de Lacroix, qui
étaient alors en grand renom. En même
temps il étudiait Tarchitecture et bientôt se
vit charger, par sa ville natale, de construc-
tions importantes. — Il fut appelé à Bru-
xelles en 1831, pour faire k l'Institut Gaggia
les cours de physique et de chimie : son en-
seignement a laissé des souvenirs. L'occasion
qu'il eut de faire quelques voyages k Liège,
l'amena bientôt à concentrer son attention
sur notre industrie minière. Il prédit les
progrès^qu'elle était à la veille d'accomplir
et s'y intéressa jusqu'à se faire lui même
exploitant. Dans cette nouvelle phase de sa
carrière, il rendit aux sociétés qui l'occu-
pèrent d'éminents services, en même temps
qu'il amassa de nombreux et précieux maté*
riaux qui lui permirent d'élever un véritable
monument scientifique.
Son Traité de Vexploitation de» mines^
ou Exposition eomparatitie des méViodes
employées en France, en Helgiqu^.^ en Allé-
magne et en Angleterre pour P arrachement
et (extraction des minéraux combustibles
iLiége, Noblet, \ vol. in-S», ensemble S395
pages, et atlas in-fol. de 80 pi.,, lui a fait
une réputation plus qu'européenne. Il en
existe des traductions en allemand (par M.
K. Hartmann) et en anglais (cette dernière •
paru k New- York).
Le nom de Ponson reste attaché k la créa-
tion de la machine à traction directe, dont
l'industrie minière a retiré un immense pro-
fit I*). Cet appareil était, en 1844, à l'eut
de simple projet, en butle k de nombreuses
critiques, et les exploitants reculaient devant
la chance des pertes considérables qui pou-
vaient résulter de son emploi. Ponson, alors
directbar-géranldes charbonnages de Houssa,
parvint, k force de volonté, k le faire
adopter par ses commettants. L'essai réussit
et, depuis cette époque, cette machine est
en usage presque partout. On doit à Ponson
une ingénieuse disposition de la maîtresse-
tige; les dispositions de détail appartiennent
k M. Colson, ingénieur-mécanicien des ate-
liers de Haine-Sl-Pierre (**).
Décidé à ne rien négliger pour mettre son
grand travail au courant des derniers pro-
grès, Ponson entreprit de nombreux voyages
k l'étranger, s'enquérant de tout et notant avec
soin les observations dont pourrait profiter
rindustrie de la Belgique, son pays d'adop •
tion (***]. C'est ainsi qn'il a fait connaître k
nos exploitants le système des Fahrkunst,
Ponson a publié un grand nombre de no-
tices dans divers recueils périodiques, notam-
ment dans la Bévue universelle (1* Docu-
ments relatifs à (histoire des machines
d'épuisement à traction directe , t. III; i*
Procédé de M, Guibal pour le passage des
sables mouvants et aquiféreSy t. Y; 3* Projet
d'application de tair comprimé à des fon-
cages de quelque profondeur : analyse d'un
Mémoire de H. Allhaus, de Berlin, t. XY ;
4^ Transport soutet rain dans les mines do-
maniales de Saarbrûck, t. YIII ; 5* Des per-
forateurs en général et notamment de celui
qui fonctionne à SHoresnet sous l'impulsion
de l'air comprimé, trad. de l'allemand de
H. Sachs, t. XIX ; 6* ArticUs bibliogra-
phiques dans les t. Y! à XIII) et dans des
journaux quotidiens, entr 'autres dans la
Meuse, Un supplément important au Tr€iité
de (exploitation des tt^nes de houille a été
édité en 1867-1868, avec beaucoup de soin,
par le fils de l'auteur. Le Dictionnaire du
mineur françiiis, allemand et anglais), ap-
pendice naturel de cette grande publication,
verra le jour prochainement.
Ponson quitta définitivement l'indastrie
(* ) \jt principe de U traction directe fut tronré
pur iinell, inTentenr de» niAcliineH à cuioniie d*eeii.
M. Kafcliainiwi, rapfliquitnt à la machine à vapeur,
«btiut le premier brevet acconié eu Knrope pnur
cet objet (l'onHOO. UncuihfntM rtlatift à rhiatoirt
d«s maehinn d'épuhement à traction iftrvrfe, extr.
de U Revtui univergflU de M. de Cuyper. p. iS).
(••) #*.. p. 16.
[ '*') Il avait obtenu la naturalisation.
1061
ÉCOLES SPÉCIALES.
1063
XVIII. DESSIN.
1836. J.*P. Schmit.
i85i. J.-P. Schmit et A. Lybart(').
1855. Un mêmes, H. Bollis (*) et A.-
T. Ponson.
1862. J.-P. Schmit, H. Bollis, A.-T.
Pon.son et T. Lafleur.
1866. J.-P. Schmit (josqu*en 1868).
H Bollis, T. Lafleur et P.
Schorn(').
XIX. TOPOGRAPHIE.
1840. J.-P. Schmit.
1858. A.-T. Ponson.
18G5* A. Habets.
XX. ARCHITECTURE mDUSTRIELLE.
1868. J.-L.-D. Dumonceau.
RépëtKeura-finrvellIanta.
J. Martynowski, (1838-1849); E. De-
fossez (1839 1846); N.-X. Berchraans
(1846-1851); G. Lybart 1851-1862);
A. Devivier 1855-1865); A Folie (1857-
1868): H. Bollis (1855); T. Lafleur
(1862.
Garde-connl^ne.
1856. Laurenty.
1862. P. Gérard.
INDICATIONS SUPPLÉMENTAIRES.
I. CONSEIL DE PERFECTIONNEMENT. —
Institué par arrêté royal du 6 mai 1842,
ce Conseil fut d*abord composé comme
suit :
MN. D. Arnould, administrateur-
inspecteur de rUnIversité de Liège,
président ;
A. VisscHERS, directeur de Tadminis-
tration des mines près du ministère des
travaux publics ;
L. Alvin, chef de la division deTin-
struction publique au ministère de Tin-
térieur ;
A. De Vaux, ingénieur en chef de la
3* division des mines ;
J.-P. Lemaire, inspecteur des études,
secrétaire,
M. VisscHERs fut remplacé, en 1845
par M C.-F.-J. Bareel, secrétaire gé-
néral du ministère des travaux publics,
et J.-F. Lemaire par M. Cn. DECinpER,
nommé inspecteur des études en 1846.
L'arrêté royal du 20 avril 1850 (v.
ci-dessus, col. 1032) introduisit dans
le Conseil de nouveaux éléments ;
d'autre part, la présidence en fut attri-
buée à Unspecteur-général des mines.
Voici la liste de ses membres sous ce
régime intermédiaire:
MM. A. De Vaux, inspecteur-général
des mines, président;
C.-H-F. Thiéry, chef de la division
de l'instruction publique;
D. Arnould, directeur de l'Ecole ;
Ch. DeCuyper, inspecteur des éludes
de renseignement préparatoire, secré-
taire du Conseil ;
L. Trasenster, inspecteur des études
de renseignement spécial ;
A. Lesoinne, professeur de métallur-
gie (v. ci-dessus, col. 420) ;
J.-B. Brasseur, professeur de méca-
en 1841, pour se livrer tout entier à ses
études spéciales. Ce o'est qu'à partir de
1858 qu'il rentra dans l'enseignement: son
souvenir est resté vivant k l'Ecole des mines,
où sa haute compétence et son zèle étaient
généralement appréciés. — 11 s'intéressait
d'autre part à la difi\ision de l'instruction
dans les classes ouvrières : vers la fln de sa
vie, il fit à la Halle el à la Salle do milice
(locaux affectés aux lectnren populaires or-
ganisées par la ville de Liège) plusieurs
conférences qui obtinrent un légitime succès.
l*) Ancien sous-lieutenant; nommf^ ré-
pétiteur le 30 septembre 1851 ; décédé le
l'r janvier 1862.
(*) Ingénieur-mécanicien; nommé maître
de dessin-surveillant le 22 septembre 1855 ;
actuellement maître de dessin-répétiteur.
( ' ) Ancien officier d'artillerie , démis-
sionné sur sa demande. M. Schorn a débuté
avec un grand succès, comme maître de
dessin, à l'Ecole industrielle de Liège.
1063
ÉCOLES Sl'ÉCIALES.
4064
nique ap|)U(tuée (v. ci-desB«B, eoL. 77);
J.-Th. p. CoiMDELON, professeur de
chimie industrielle et de dodmasie (v.
ci-dessus, col. 777).
Réorganisé par arrêté royal du 50
mars 4959, le Conseil se composa dès
lors des membres suivants :
A. Membres permanents^
MM. ÂD. De Vaux, président;
C-A.-F. TuiÉRY. directeur-général
de rinslruction publique ;
M. L. PoLAiN, administrateur-inspec-
teur de rUniversité, directeur des
Ecoles spéciales;
Ch. De Cuyper, secrétaire;
L. Trasenster;
J.-Th.-P. Chandelon, inspecteur des
études pour les sciences chimiques.
B. Membres temporaires (nommés
pour 4 ans).
EuG. BiDAUT, ingénieur des mines de
1" classe et secrétaire-général du dé-
partement des travaux publics ;
J.-B. Brasseur ;
L. de Koninck, professeur de chimie
ORGANIQUE (v. ci-dessus, col. 788).
Ad. De Vaux, décédé en 18G6 , a été
remplacé par M. Gernaert , élevé au
poste d'inspecleur-général des mines ;
ce haut fonctionnaire ayant fait valoir,
deux ans plus tard, ses droits k la re-
traite, c*est à son suoees«eur, M. Jo-
CHAHS (précédemment ingénieur en cbef
des mines du Hainaut; v. ci-dessus,
col. 207), qu'est aiôourd'faul dévolue la
présidence du Conseil.
Eugène BiDAOT, décédé le 19 mal
4868, a été remplacé par M. h Rucloux,
ingénieur en chef de la y division des
mines (Liège). Enfin, la place laissée
vacante par la mort de J.-B. Brasseur
(v. col. 77) est actuellement occupée
par M. le professeur Aug. Gillon (y.
ci-dessus, col. 831).
il. CONSEIL DE L^ÉCOLE.— Lc CoUSeil
de perfectionnement ne doit pas être
confondu avec le Conseil de VEcole^ quï
n'a point à proprement parler de carac-
tère officiel. On désigne sous ce nom la
réunion du directeur et des trois ins-
pecteurs , délibérant sur les affaires
courantes du régime intérieur et s'en-
tendant sur les mesures à prendre dans
des cas particuliers.
m. BIBLIOTHÈQUE ET GOf.LECTIOHS. —
L'Ecole des arts et manufactures et des
mines possède une bibliothèque spéciale
et quelques collections (exploitation
des mines, métallurgie, mécanique, ar-
chitecture industrielle, etc.), dont la
garde a été confiée, en 1801, à M- Ad.
Delvaux de Fenffe, agrégé k TUniver*
site, ancien titulaire du cours de métal-
lurgie (v. ci-dessus, col* 643)-
VIII
COLLECTIONS
Le titre V du Règlement organique du
25 septembre 1816 (art. 109-159) dé-
crétait que les villes où les Universités
seraient établies auraient à pourvoir,
autant que possible, non seulement aux
locaux nécessaires f>our ces instUntions,
mats en général aux premiers besoins
matériels de renseignement académi-
que, dans le cas où elles posséderaient
<c des établissements et des cabinets
propres à cette destination. »L*Etat s*en-
gigeatt, de son o6té, à fournir des sub-
«dea annuels, ei d*abord, pour Tentre-
ti«n et racertrissement des bibliothè-
ques. Un tiers de la somme destinée li
des achats de livres devait être appli-
qué aux sciences physiques, toutes les
branches de l'histoire naturelle y com-
prises ; les curateurs avaient mission
de surveiller remploi de ce fonds. Un
autre subside (3000 florins) était alloué
à chaque Université pour les frais ré-
sultant de renseignement efinfque mé*
dicai, chirurgical et obstétrical à éta-
blir dans les locaux des hospices civils,
ainsi que pour Tentretien des instru-
ments de chirurgie et de Tart des
aceouebenents. Le règlement exigeait
en outre qu'on formât des cabinets de
préparations anatomniaes , physiologi-
ques et pathologiques,ainsi que des pré-
parations d'anatomie comparée « pou-
vant servir à éclairdr la connaissance
du corps humain. » Les cours de la
Faculté des sciences n'étaient point
oubliés : cabinet d'instruments de phy-
sique, modèles des instruments méca-
niques composés les plus intéressants,
instruments astronomiques , matériel
d'un laboratoire de chimie, cabinet de
zoologie et d'anatoraie comparée des
animaux, cabinet de mînéralûgte et de
géologie, colledion d'instruments agri-
coles et de machines pour les fabriques
et les manufactures , jardin botanique
enfin, tout était prévu : les premiers
fk'ais d'établissement, les dépenses ré-
sultant des expériences, les traitements
des employés inférieurs devaient for-
mer un chapitre du budget universi-
taire. Le g ouvemement comptait sur le
concours des villes, mats manifestait
r intention de ne reenter, pour sa part,
devant auctm sacrifice commandé par
la situation. Le rapport présenté aux
Etats-Généraux par le commissaire de
l'instruction, Repelaer van Driel, le k
Janvier 1817, était des plus explicites à
cet égard, et témoignait hautement de
la sollicitude de ÇqiMaume 1 pour la
1067
COLLECTIONS.
1068
propagation et le développement des
sciences et des arts dans le royaume
des Pays-Bas.
A part la Bibliothèque, dont les ri-
chesses , malgré Texiguilé des res-
sources dont on disposait en sa faveur,
se sont rapidement accrues, grâce à
quelques circonstances favorables et
surtout grâce au zèle soutenu de son
conservateur Bl. Fiess ; à part le cabi-
net de minéralogie, dont le noyau fut
formé dès 4819 d'une quantité consi-
dérable d'échantillons envoyés par le
ministre de Tintérieur; à part quel-
ques subdivisions des autres collec-
tions, enrichies par des dons particu-
liers et par les travaux personnels des
professeurs qui en avaient la direction,
il faut bien dire, cependant, que le ma-
tériel scientifique de TUniversité de
Liège, bien que répondant aux pre-
mières nécessités, ne s'est point re-
commandé par son importance pendant
une période d'environ trente ans. L'U-
niversité étouffait dans des locaux qui
n'avaient pas été construits exprès
pour elle ( ■ ) et qui n'étaient pas moins
incommodes qu'irréguliers. Ils se com-
posaient, en 1855, « d'une construc-
tion principale, flanquée de deux autres
qui venaient la toucher â des points
différents et dont l'une était terminée par
un bâtiment neuf, mais heureusement
inachevé, qui servait pour ainsi dire
de cage à l'amphithéâtre de médecine.
Le bâtiment de la Salle acad^nique (*)
se trouvait dans un angle du plan de
l'édifice, auquel il se rattachait (qu'on
nous passe la comparaison) comme un
manchot, par un seul bras, en forme
de galerie. Le Jardin botanique occu-
pait les autres angles et se prolongeait
de la Aleuse à la rue de l'Université ;
mais l'emprise â faire pour le qiiai de
{*) Nous avons rappelé dans Tintroduc-
tien de cet oavrage que les frères Hiërony-
mites, reotrés k Liège sous le règne de Jean
de Bornes, y fondèrent un collège qui fut
assez florissant, jusqu'à Tépoque ou les Jé-
suites parurent dans le pays. InstaUës d'a-
bord dans les cloîtres de la collégiale de St-
Paul, les Frères de la vie commune ne tar-
dèrent pas k chercher un établissement plus
convenable ; enfin la Cité leur accorda une
wuide place estant derrière Vèglise et mo-
nastère des Carmes sur la rivière de Mouse,
appelée titleal Hochet (4495).
« A cette époque, dit M. Polain, [Uige
pittoresque f p. S50), un bras de la Meuse
coulant le long des murailles du couvent des
Carmes, et venant se jeter plus bas dans un
autre bras de la même rivière, enfermait
tout le terrain où se trouvent aujourd'hui
les bâtiments de l'Université, et formait une
Ile nommée Vile aux Hochets. Les bourg-
mestres, les jurés, le Conseil et les trente-
deux bons métiers de la Cité, c considérant
»le grand et commodieux bien et proufflt,
•qui par la résidence et estude des dits
•Frères, adviendrait à la dite Cilé, bour-
•geois et enfants de bourgeois d'iccUe, » ac-
quiescèrent volontiers à leur requête , et
leur permirent de construire sur Visleal
(*)La charte d*ttabHst>«incnt des Hièronymitea
existe anx arc-hirea de la proTiDoe de I i^^e; elle a
été publiée en 1841 par M. Brixbe {Dçcuwtienlt jm^
éitiairu et kistitriqueê eoncemant hê droite et la
riti de Liés* *w U* ùneient nmptui*, etc.}, et réim-
primée en 1860 par M. Anç. Horcl, dans son An-
• une église et monastère pour y faire et
•célébrer l'office divin, et aussi édifier autres
•maisonnaiges et édifices à eulx nécessaires
•pour eulx, leurs familles , clercs et étudiants
•venir, habiter, résider et demeurer (*).»
En 4581, les Hiéronymites firent place
aux PP. de la Compagnie de Jésus, qui
durent k leur tour, deux siècles plus tard,
abandonner l'église et le couvent qu'ils
avaient reconstruits k grands frais (**). Le
grand Collège, YEcole centrale^ le Lycée,
le Gymnase occupèrent successivement ces
mêmes édifices qui furent enfin destinés,
par Guillaume I, à devenir le siège d*une des
six Universités du royaume des Pays-Bas.
Ainsi, « depuis plus de trois siè sles, l'étude
règne en souveraine maîtresse dans ces
mêmes murs, où nous voyons encore aujour-
d'hui se presser la jeunesse laborieuse de
nos écoles • {***). Hais les exigences d'un
établissement d'enseignement supérieur sont
tout autres que celles d'un simple Collège,
et l'on peut dire que l'Université de Liège a
été beaucoup moins partagée, sous le rap-
port des locaux, au moins dans la première
période de son existence , que ses sœurs de
Gand et de Louvain.
(•) Construit en 1824 (v. l'art. Walter,
col. 3, et l'art. Wagemann, col. 600).
NMaire dt l'Umvernté de LUy* (p. U\.
(*M V. daa«le4 Déli€t» du ^mpt i* Liif^t. I,
p. SI z et «uÏT., une notice sor le CoUif* éetJcmitts
«p.i/foiu, avec pi.
( ' ** ) liège jnfforcf f««, p. 131 .
1069
COLLECTIONS.
1070
haldge devait le réduire de moitié et
enlever nne partie des serres (*). »
Les collections étaient littéralement
entassées dans des salles de dimen-
sions étroites, et renseignement des
sciences naturelles, réduit pour ainsi
dire à sa plus simple expression faute
d'un personnel suffisant , était peu
propre à stimuler le zèle des conserva-
teurs de ces musées naissants. Scbmer-
ling et Fohmann eurent toute la peine
' du monde à trouver place , celui-là
pour ses ossements fossiles, celui-ci
pour ses belles Injections; le classe-
ment des uns , Fentretien des autres
devint avec le temps à peu près Impos-
sible, Vespace faisant de plus en plus
défaut. Il faut ici rendre une éclatante
justice à radministrateur-inspecteur D.
ÂRNOULD qui, dès son arrivée à Liège,
le lendemain de la réorganisation de
4855, ne perdit pas un instant pour
remédier à cet état de choses, provo-
qua Tarrèté royal du 31 octobre 4850
et ne s*arrèla dans ses démarches au-
près de TEtat, de la province et de la
commune, qu'après avoir transformé
rUniversité en un véritable palais. Les
conséquences de ces améliorations se
firent bientôt sentir : la Bibliothèque
agrandie, les cabinets , les musées et
les ateliers convenablement disposés,
les laboratoires et Tamphithéâtre re-
construits sur de larges proportions et
dans de bonnes conditions hygiéniques,
le Jardin botanique déplacé, tout fut
accompli vigoureusement et sans re-
tard, et dès lors aussi cbacun sentit
s*échaufferson zèle pour mettre le con-
tenu en rapport avec le contenant.
Avant de nous occuper de ce contenu,
nous croyons opportun de reproduire
ici, d*après Ph. Lesbroussarl, la des-
cription des bâtiments de rUniversité
tels qu'ils étaient déjà en 4841 et tels
qu'ils sont encore au moment où nous
écrivons, à part quelques changements
dans la distribution intérieure.
0 Tout a été changé par la construc-
tion des deux ailes parallèles qui for-
ment, avec l'ancienne, deux carrés
dont le premier encadre la Salle aca-
démique, qui n'était là que comme un
hors-d'œuvre. Elles s'avancent de front
sur la place de l'Université (*) ; les an-
ciennes ailes, auparavant isolées sur le
côté, sont maintenant chacune au fond
d'un carré, et concourent, au moyen
du prolongement de chacune d'elles, à
former un ensemble symétrique et rai-
sonné, qui présente une distribution
appropriée aux besoins variés de l'en-
seignement universitaire.
» Au fond, et à l'extrémité de l'aile
gauche, au rez-de-chaussée, se trouve
la Faculté de médecine avec son am-
phithéâtre, sa salle de dissection et un
superbe emplacement pour les collec-
tions et les préparations anatomiques.
» Â l'étage, la bibliothèque occupe à
elle seule tout le centre du premier
carré. Elle a deux entrées, dont l'une
communique avec l'ancien bâtiment, et
l'autre conduit, par un bel escalier, à -
la sortie sur la place Cockerill. La
salle de lecture et le cabinet du biblio-
thécaire et de ses adjoints touchent à
la bibliothèque et sont placés dans une
aile dont le point de vue sur la rivière
est propre à reposer les yeux et l'es-
prit après une étude sérieuse.
» Le local de la Bibliothèque est,
depuis son agran^iissement, l'un des
plus beaux qu'il y ait en Europe. H
comprend trois magnifiques salles ('),
reliées entr'elies par des arcades à co-
lonnes corinthiennes et surhaussées de
vmUes ornées de caissons. Des rayons
à pilastres gracieux, blanc et or, ajou-
tent â l'aspect à la fois élégant et grave
de l'ensemble.
« L'aile centrale , ou l'ancien corps
de bâtiment, est occupé comme autre-
fois par les auditoires des Facultés de
philosophie, de droit et des sciences,
et par les locaux destinés à l'adminis-
tration, ainsi qu'aux autorités acadé-
miques. On Ta prolongée pour placer à
son extrémité les laboratoires de mé-
tallurgie, de chimie industrielle et de
( M Ph. Lesbroussart, yoiice sur V Univer-
sité de Liège (1844), p. 2.
( ' ) Sur la place, en avant da péristyle,
s'élëve depuis 4866 la statue en bronze
d'André Dumont, remplaçant celle deGrétry,
qu'on a judicieusement installée en face du
Théâtre royal.
(') Allyourd'bui quatre ; v. ci-après.
1071
COLLECTIONS.
1072
roampulations chimiques (*), et, aux
étages, de nouveaux auditoires et des
salles de réunion pour les Facultés.
n Le bâtimenl qui forme actuellement
le fond du second carré est occupé par les
collections de physique, de zoologie ( * ),
d'anatomie et de physiologie végétale
('), de minéralogie, de métallurgie et
de géologie. Au sommet de cette partie
de rédiflce, on a construit en i838 un
observatoire, dont renseignement de
Tastronomie avait été dépourvu Jus-
qu'alors. Une lunette méridienne y a été
établie pour régler la marche du temps
et servir ainsi à régulariser les départs
des convois du chemin de fer , comme
ù favoriser Tart de Thorlogerie, en four-
nissant le moyen de vérifier la marche
des chronomètres. De cet observatoire,
on découvre un horizon étendu et le
magniûque panorama des vallées de la
Meuse, de TOurthe et de la Vesdre.
» Enfin, la dernière aile, récemment
achevée } a été expressément construite
pour FEcole des arts et manufactures
et des mines; sa distribution ne laisse
rien à désirer.
» Le rez-de-chaussée renferme un
atelier de construction de machines en
pleine activité, où les élèves, sous la
direction du professeur de mécanique
appliquée, et sous la conduite du mé-
canicien, sont initiés aux procédés des
arts et se familiarisent avec les applica-
tions en grand des théories qui leur sont
enseignées {*).
» Le premier étage, dans toute son
étendue, est destiné au musée des ma-
chines et aux collections de modèles.
Les machines ingénieuses qu'il ren-
ferme, au lieu d'être posées immobiles
et inactives, comme des énigmes indé-
chiffrables pour le visiteur, sont mues
par les forces transmises de Tatelier ;
ce qui permet aux élèves d'en étudier
le jeu et d'en calculer les effets. Cetie
idée neuve et féconde, qui ne pouvait
se réaliser qu'à raison du voisinage de
l'atelier, distingue le musée de méca-
nique de Liège des autres collections
du même genre. Au second étage se
trouvent des salles d'études pour les
élèves de chaque catégorie , qui y tra-
vaillent sur des pupitres dont ils con-
servent la clef. Ces salles sont éclairées
au gaz et chauffées par la vapeur de la
machine qui fonctionne à l'atelier. Plus
loin se trouve une vaste salle pour les
travaux graphiques, laquelle est parfai-
tement éclairée. Elle a été conçue dans
des vues hygiéniques, pour délasser
les élèves, qui, longtemps assis dans les
salles d'études, viennent y travailler
debout.
» Tout, dans cet étage, est si bien
combiné, qu'un surveillant, du bout du
corridor où se trouve son cabinet vitré,
peut maintenir la discipline et inspecter
tout ce qui se passe dans l'Ecole, sou-
mise à un régime intérieur analogue à
celui de l'Ecole polytechnique, avec
cette différence qu'ici les élèves sont
externes (*).
» Telle est la distribution actuelle
des bâtiments de l'Université. Ils of-
frent, comme on le voit , un ensemble
propre à satisfaire à tous les besoins de
l'enseignement (*). On a fait dispa-
raître, autant que possible, l'irrégularité
et le décousu de l'ancien édifice, dont
la façade principale donnait sur un bras
de rivière , comblé depuis. H a donc
fallu lui faire faire en quelque sorte
volte-face, pour la replacer, par de nou-
velles constructions, sur la rue et la
place de l'Université, qui elles-mêmes
( ' ) Ces laboratoires ont dû être trans-
portés, par suite da grand développement
des Ecoles spéciales, au rez-de-chaussée du
bâtiment qui relie Taile centrale k l'aile
affectée aux ateliers. — Le laboratoire de
recherches (v. ci-dessus, col. 4047), occupe
au contraire le milieu de l'aile centrale , à
gauche du passage qui conduit aux Ecoles.
(*) Les cabinets de zoologie et d'anato-
mie comparée sont aujourd'hui installés k
l'étage de l'aile qui fait face à la place Coc-
kerill, au-dessus de l'Ecole de pharmacie [v.
ci -après).
(*) Collection transportée depuis au rez-
de -chaussée du corps de bâtiment dont Tétage
est occupé par la Bibliothèque.
(*) V. ci dessus, section Yll, et l'article
Brasseur.
( * ) V. ci-dessus, section VII.
( * ) On ne doit pas perdre de vue que ceci
aétéécriteniSli,
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1073
COUCGTIONS.
1074
avaient été tracées dans une direction
différente. L*Umversité a maintenant
quatre façades : Tune , formant deux
carrés sur la place et la rue du même
nom; la seconde (la plus belle) fait face
k la maison Cockerill ( ' ) ; la troisième
se présente» avec ses deux ailes, sur le
rivage de la Meuse ; la quatrième donne
sur Ta cour de Tatelier , où elle offre ,
par sa mach'me à vapeur, Tiroage d*une
manufacture (*) ».
Il avait été décidé, en 4836, que la
partie centrale du bâtiment qui fait face
à la place Cockerill ne serait mis que
partiellement à la disposition de FUni
versité : Télage devait être occupé par
une grande salle de concert, réservée
pour la \ille, et mise en rapport avec le
Conservatoire royal de musique, auquel
était réservée une extrémité du même
bâtiment, vers la place de TUniversité.
Le Conservatoire est effectivement in-
stallé dans ce dernier local ; mais il a
fallu , depuis , accorder à FEcole de
pharmacie tout le rez-de-chaussée de
Talle gauche, et placer des collections
â Fétage ( ' ). Malgré cette ap|>ropriation,
les besoins nouveaux qui se sont pro-
duits, et qui commencent à devenir im-
périeux, font prévoir que, dans un temps
plus ou moins prochain, il deviendra
indispensable de déplacer le Conserva-
toire (•).
De nouvelles améliorations, d'une
réelle Importance, ont été apportées
dans la distribution intérieure de TUni-
verslté, et surtout des Ecoles spéciales,
depuis que M. Polain est à la tète de
Tadministration. Nous citerons , entre
autres, la construction du laboratoire
spécial pour Tétude approfondie des
sciences chimiaues ( * ).M. Polain a aussi
rendu de grands services aux diverses
collections, au double point de vue de
leur installation et de leur accroisse-
ment. Il n'a cessé d'insister auprès de
TadministratioD communale pour obte-
nir les moyens de faire face aux légi-
times exigences des Facultés des scien-
ces et de médecine. La Salle acadé-
mique, d'autre part, a été complètement
et élégamment restaurée; au-dedans
et au-dehors, l'Université a cessé de
présenter cet aspect un peu délabré qui
contrastait singulièrement avec la pros-
périté soutenue de Finstitution. bien
n'a été négligé ; les terrains vagues qui
entouraient l édifice, depuis que le Jar-
din botanique a été transporté au Petit-
Jonckeu (rue Louvrex), sont aujour-
d'hui couverts, de trois c6tés, de plan-
tations et de pelouses d'un effet agréa-
ble ; les constructions sont entretenues
avec soin et avec goût. Les sympathies
de l'administration locale ne faisant
point défaut à l'Université, il n'est point
douteux que les desiderata qu'on peut
encore signaler, ne reçoivent bientôt
pleine et entière satisfaction.
Les collections dont nous allons faire
connaître sommahrement le contenu gé-
néral sont (') :
{""lA bibliothèque et le cabinet des
médailles ;
^ Le Jardin botanique, le Musée des
instruments d'agriculture et le ca«
binet de préparations végétales ;
3" Le cabinet de physique;
( * ) Aujourd'hui oceopée par l'adminiitra-
lioo des douanes.
( * ) Les plans des agrandissements et des
appropriations qu'on vient de décrire ont été
conçus et txëeutés par M. Rémont, arcbi-
teele de la ville depuis le l^nnai i$37. C*est
depuis cette dernière date qu on a commencé
à s'en occuper sérieusement. Avant d'être
fonctionnaire communal, M. Rémont portait
déji le litre d'architecte de l'Université, à la
solde du gouvernement. La ville de Liège est
redevable au même artiste de plusieurs de
ses monuments les plus remarquables , en-
tr'autres de l'Athénée et surtout du ThéAtre
royal, qui peut soutenir la comparaison avec
les édifices les plus beaux et le mieux ap-
propriés de ce genre, où la perfection est
si difficile à atteindre (v. ci-dessus, col. 889).
(') La ooAstructioD des bAtiments du
centre est postérieure i celle de r£cole de
médecine et du Conservatoire ; il faut en faire
honneur k l'administration de M. Polain.
(M Dans son rapport de 1860, M. le rec-
teur Lacordaire émettait déjà un vœu en ce
sens.
[•) V. ci-dessus.
[*) Nous suivons l'ordre adopté dans le
dernier Expoté gùtérul de la tituation du
royaume (période décennale dj0 1851 à 1860),
publié par le département de l'intérieur.
BrttxeUe8,1861,in-4«>,t. I, p. Î48« elsuiv.
!•
1075
COLLECTIONS.
1076
4<» Les laboratoires et les collections
de chimie ;
S*' Le cabinet de zoologie et de pa-
léontologie ;
G*" Le cabinet de minéralogie et de
géologie ;
7* Le mnsée de mécanique appliquée;
8» Le musée d*exploitation des mines;
9° Le cabinet de métallurgie;
{{y* Le cabinet de modèles du cours
de dessin;
il* Le cabinet d'anatomie humaine
générale ;
1 2» Le cabinet de physiologie ;
13® Le musée d'anatomie descriptive;
iV Le musée d*anatomie pathologi-
que ;
15° Le cabinet d'anatomie comparée;
16"^ La collection d'instruments de
chirurgie.
L*administration communale de Liège
a exprimé le désir de voir admettre le
public à visiter les cabinets et les mu-
sées de runiversilé. Ils sont ouverts le
dimanche, de 14 heures à 4» hors le
temps des vacances légales. Un arrêté
ministériel du 25 mars 4854 a prescrit
à cet égard quelques mesures d*ordre.
I. lilbllotlièque.
Nous avons dit (v. Tart. J. Fiess,
col. 848 et sulv.), que la Bibliothèque
de la ville de Liège comptait 7000 vo-
lumes lorsqu'elle fut cédée à TUniver-
sité. Ce premier dépôt s'enrichit suc-
cessivement : 4® des dons, faits par le
gouvernement, de toutes les publica-
tions officielles et des livres honorés
d'une souscription de l'Etat; â® des
Mémoires envoyés par un grand nombre
de Sociétés littéraires de Belgique et
de Hollande, d'Allemagne, de Suisse et
d'Angleterre (') ; 3° des dons faits par
radroinistration communale de Liège ;
4^ des dons faits par des particuliers
(*); enfin, des acquisitions couvertes
au moyen des subsides portés annuel-
lement au budget universitaire (48,000
florins en 4847; 2,500 fl. de 4848 à
4825; 2,243 fl. 40 c. en 4823; 3,000
fl. de 4824 à 4826; 2,800 fl. chacune
des trois années suivantes ; 5,400 fl.
en 4830; environ 26,000 francs pour
les cinq années 4834 à 4835; 44,514
frs. 94 c. en 4836; depuis lors, une
moyenne de 40,000 francs). En 4840,
le bibliophile A. Voisin (*) comptait
déjà 62,000 volumes imprimés à la Bi-
bliothèque de Liège, et 400 mss., dont
quelques-uns très-précieux ; deux ans
plus tard, P. Namur accusait un total
de 60 à 70,000 vol., non compris envi-
ron 20,000 brochures ou dissertations
inaugurales. Le docteur Uaenel, ajou-
tait-il, dans son Catalogtts librorum
mss., qui in biblioihecis Galliœ, Helve-
Hœ^etc, asservaniur (Lipsiae, 4830,
in-4<>, p. 774), dit qu'en 4826, la même
Bibliothèque ne possédait que 20,000
volumes et quelques manuscrits. Ce
dépôt se serait donc accru , depuis
4826 jusqu'en 4842, d'environ 50,000
volumes. Ilâtons-nous de flaire observer
qu'un tel accroissement de richesses
serait inexplicable,si divers petits fonds
de bibliothèques n'étaient venus se
Joindre au dépôt central, dans le cours
de cette période et de la précédente :
ainsi furent déposés ù l'Université de
Liège quelques ouvrages provenant de
l'ancienne Ecole de droit de Bruxelles ;
227 articles ayant appartenu au Lycée
de Liège; environ 450 mss. provenant
de la ci-devant abbaye de St-Trond,
enfin, une grande partie des livres de
l'abbaye d'Everbode, soustraits jus-
qu'en 4822 aux investigations du gou-
vernement et volontairement abandon-
nés à la suite d'une transaction, au
moment où la restitution en allait être
demandée au tribunal de Rnremonde
(*). Depuis lors, notre Bibliothèque n'a
pas laissé que de recevoir des dons re-
( * ) V. la Uste de ces Sociétés dans VHitt.
de la bibl, de Belgique de P. Namur. Bru-
xelles, 4842, in-S», t. III, p. 461.
(*) Nous mentionnerons, entr'au(re8,une
riche collection de livres de voyages et de
grands ouvrages d'art , offerte par M. Ran-
sonnet, ancien capitaine de vaisseau.
(') Documents pour servir à Fhist. des
bibl, de Belgique Gand,i840,in-8o.
(*) Namur, t. III , p. 459. — Le fonds
d'Everboden se composait d'environ 8,000
volumes , parmi lesquels des ouvrages de
grand prix.
1077
COLLECTIONS.
107g
lativement considérables , soit de la
part de personnes privées (*), soit de
la part de plusieurs gouvernements
étrangers (France, Angleterre, Russie,
Drésil, Canada, etc.). La ville de Lié^e
de son côté, y a déposé 200 volumes
manuscrits tirés de ses archives et a
voté un subside annuel, destiné k l'ac-
quisition d'ouvrages concernant This-
toire du pays. Un arrêté royal du 23
décembre 1851 a décidé que les doubles
des trois bibliothèques de TEtat se-
raient distribués entre ces trois éta-
blissements, de manière à compléter
réciproquement leurs collections; le
dépôt de Liège a ainsi obtenu , sans
frais, un renfort qui n*est pas sans im-
portance. De 1849 à 1852, 6,222 vo-
lumes et brochures (celles-ci au nom-
bre de 1855) sont entrés dans la biblio-
thèque liégeoise; de 1853 à 1855,
7,039, dont 1,549 brochures et disser-
tations: dans le cours de la période
triennale suivante, 6,848 (dont 1,473
brocb.); 6,740 (dont 1,701 broch.), de
1859 à 1161 ; 9,094 (1,700 broch.), de
1862 à 1864; depuis lors jusqu*eB
1868, les accroissements se soht mon-
tés à 11,560 volumes et brochures
(2,928 broch. et71m8s.).
Le nombre total des manuscrits est
aujourd'hui d'un millier, estimation qu'il
faut à peu près doubler , si Ton consi-
dère que beaucoup de volumes con-
tiennent plusieurs ouvrages diflérents ,
n'ayant entr'eux rien de commun que la
reliure. Quant aux volumes imprimés,
ils doivent dépasser actuellement, d'a-
près les supputations les plus modérées,
le nombre de 90,000, les brochures et
dissertations non comprises: celles-ci
comptent environ 40,000 numéros (289
boitesde broch. diverses, et 482 boites
de thèses, provenant des Universités
ou hautes Ecoles des villes suivantes:
Goef lingue, Bonn, Heidelberg,Cracovie,
Munich, Varsovie, Leipzig , Tubingue,
Erlangen, Breslau , Fribourg en Bris-
gau , Wurzbourg , Berlin , Giessen ,
Rostock, Kœnigsberg, lena, Marbourg,
Helsingfors, Leyde, Groningue, Frane-
ker , Utrecht, (•) Copenhague , Lund,
Upsal, Christiania, Kiel , Zurich, Bâle,
Genève, Vienne, Louvain, plus des car-
tons variarum UniversUaium). Tous les
volumes sont reliés : peu de bibliothè-
ques, sous ce rapport, peuvent être
comparées à celle de Liège , ainsi que
sous le rapport du classement et de la
disposition matérielle. Outre les trois
grandes salles mentionnées plus haut,
l'ancien cabinet de lecture (au-dessus
de l'amphithéâtre de médecine) est ac-
tuellement rempli de livres: c'est là,
par parenthèse, que sont déposés les
manuscrits , ainsi que diverses collec-
tions spéciales (entr'autres lespartitioru
appartenant à la ville et les gravures) et le
cabinet de médailles, qui demande en-
core un classement définitif. Il y a quel-
ques années, M. Fiess a obtenu un sub-
side extraordinaire pour la confection
de nouvelles armoires : à peine ache-
vées, elles ont été pleinement occupées ;
si la moyenne annuelle des accroisse-
ments se soutient, il y aura bientôt de
nouveau pléthore. — N'oublions pas
d'ajouter que ce qui a surtout contribué,
dans ces derniers temps, à enrichir la
Bibliothèque d'un grand nombre de re-
cueils précieux , c'est l'accord conclu
avec la Société royale des sciences de
Liège, qui y dépose tous les ouvrages
qu'elle reçoit des Sociétés savantes
étrangères, en échange de ses propres
publications (*).
Nous avons dit un mot (col. 823) des
quatre Catalogues de la Bibliothèque ;
ce serait ici le lieu de faire connaître
d'une manière précise, au moins dans
ses traits principaux, le système de
classification adopté par M. Fiess dans
le Catalogue sur bulletins séparés classés
méthodiquement {n^ 4). Ces sortes de
renseignements sont toujours instruc-
tifs ; ils provoquent des comparaisons
fructueuses et viennent puissamment en
aide aux personnes qui ont besoin de
( * ) C'est ainsi que M"« de Donceel a gé-
néreasement offert sa bibliothèqae k TUni-
versité. — Les noms des donateurs sont
mentionnés tous les ans, k la rentrée, dans
le Rapport du Recteur sur la situation de
rUniversiié.
(*) Tontes les thètet des six Universités
du royaume des Pays-Bas (de 1817 k 1830)
sont réunies en volumes.
(*) Happ. triennal (1863-1864), p. XXXL
1079
COLLECTIONS.
1080
se faire une ju^te idée de ce que peut
comprendre la bibliographie d*on sujet
déterminé, considéré soit en lui-même,
soit dans ses rapports de parenté avec
d'autres sujets. C'est sans doute cette
dernière considération qui a déterminé
le laborieux bibliothécaire de Liège à
entreprendre son grand travail : le Ca-
talogue systématique (n"" 3) dont P. Na-
rour a fait connaître les grandes divi-
sions (7n*est pas et ne saurait être rigou-
reusement scientifique dans les détails,
les livres étant inscrits à mesure qu'ils
arrivent. Ici, an contraire, les subdivi-
sions sont poussées Jusqu'aux dernières
limites , et les simples dissertations y
sont comprises aussi bien que les plus
gros traités. Mais pour rendre sérieu-
sement utile un aperçu de ce vaste ré-
seau , Il faudrait entrer dans des déve-
loppements qui nous sont interdits :
contentens-nous de renvoyer le lecteur
qui voudrait s'en faire une idée, au tome
XI du Catalogue publié par M. Fiess en
4844, et comprenant les livres de mé-
decine. Les premières pages de ce vo-
lume présentent une synopsis de la
classification suivie à Liège pour toutes
les branches de cette science et de ses
auxiliaires ; ab uno disce omnes. Que si
d'ailleurs les curieux ont en vue , non
de se procurer ce genre de satisfaction
que peut offrir à Tesprit Tétude des ra-
mifications de rarbre de la science,
telle que Tont conçue Bacon, d'Alem-
bert et Ampère , mais de recueillir des
indications précises sur un sujet donné,
qu'ils s'adressent directement au biblio-
thécaire de l'Université; les savants
étrangers ou régnicoles n'ont jamais
compté en vain sur robifgeance de cet ho-
norable fonctionnaire, chaque fois qu'ils
ont exprimé le désir de s'orienter dans
leurs recherches et de s'enquérir des
ressources du dépôt confié à ses soins.
Le nouveau Catalogue ne ressemble
guère que par ses divisions générales
à cehii qui a été analysé par P. Na-
mur. Ces divisions répondent, dans
leur ensemble, à la répartition tradi-
tionnelle de l'enseignement universi-
taire entre cinq Facultés : fe FaosUé
de théologie n'existe pas à Liège, mais
la littérature théologique n'en est pas
moins richement représentée à la Bi-
bliothèque, du moins par des livres
anciens (*). D'autre part, l'ordre dans
lequel les Facultés se suivent au pro-
gramme (philosophie et lettres, droit,
sciences, médecine) n'est pas celui du
Catalogue; en revanche, au point de
vue encyclopédique, ce dernier pour-
rait très-bien se défendre. On part du
domaine des faits positifs et des faits
sensibles, du domaine de la nature,
pour s'élever peu à peu dans les ré-
gions des sciences morales, dans la
sphère de l'idéal et de l'art, et enfin,
au point culminant, jusqu'aux hauteurs
de la spéculation philosophique et de
la dogmatique religieuse. D'abord les
mathématiques avec leurs applications;
puis les sciences physiques et chi-
miques, puis les sciences naturelles,
d'où la transition aux sciences médi-
cales est toute simple. On a parcouru
successivement les trois règnes, on a
étudié finalement notre propre orga-
nisme ; l'homme physique a été envisagé
dans ses relations avec le monde exté-
rieur; on aura maintenant en vue
l'homme conscient et libre, considéré
tour à tour dans ses relations arec la
société, dans sa vie intérieure et dans
ses hautes aspirations vers les desti-
nées dont il a le pressentiment. Nous
traversons ici le vaste champ de la
jurispnidence, du droit privé, du droit
public, du droit civil et du droit c^non;
la statistique, l'économie politique,
l'instruction publique s'y rattachent;
c^lle-ci nous conduit à la philologie,
aux lettres en général, à l'esthétique
et finalement à l'histoire, d'oti nous
arrivons rationnellement à la géogra-
phie et aux voyages. La philosophie
a pris rang entre les sciences sociales
et les belles'lettrps ; la théologie, avec
ses appendices, forme lecoutonuement
du système, là nous remarquons, par
parenthèse, que M. Fîess s'écarte d'un
usage assez gènèraleinent adopté en
France : il ne range pas l'histoire ecclé-
slasti^^ans la 6e«lio« de t%lsloire
(*) Ouv. cité, p. i% et soiv.
<*) Provenant en partie des abbayes du
paya, en partie de divers ceuveais de France
^v. ci-d«asua, col. SlîOi*
i08î
COLLECTIONS.
1082
proprement dite : il la considère comipe
une introduction i la théologie. Pour
peu qu'on y réfléchisse, c'est également
une manière de voir justifiable.
Quant au classement matériel des
livres et à Tintercalation des ouvrage^
nouvellement acquis, la méthode esi
on ne peut plus commode et pratique.
Nous la signalons avec d'autant plus
d'empressement, qu'elle est propre il
la Bibliothèque de Lîége. Les Hvres
sont rangés dans les rayons, évidem-
ment, d'après Tordre du Catalogue n* 5.
Dans ce catalogue, qui comprend 27
vol. in-folio consacrés chacun xà un
groupe de sciences, sont inscrits les
livres dés qu'ils «ntnent'dans la BibliOr
thèque, chacun soua la rubrique de sa
spécialité. Chaque volume porte un triple
n**; le n^ de la division (du volume) où il
est inscrit, en chiffres romains ; en chif-
fres arabes, le n<* delà page où son titre
figure; enfin, le n« de son rang dlri-
scription sur celte même page. Le clas-
sement dans les rayons correspond
exactement à ces divisions et subdivi-
sions, si bien que, pour assigner une
place aux acquisitions nouvelles , H
suffit de les ranger à leur n*^ d'ordre
dans la subdivision qui leur est assi-
gnée, et de faire reculer d'autant les
livres de la subdivision suivante. L'in-
ventaire général de la Bibliothèque
étant révisé chaque année, et tous les
livres devant être, tirés de leurs ar-
moires pour cette opération, il n'y a
jamais embarras à cet égard. Ce mode
de classement est si simple et si facile
à comprendre, que l'employé le plus
novice est mis en état, au bout de quel-
ques jours, de répondre sur le champ,
et sans risquer de se tromper, à toutes
les demandes qui lui sont faites. C'est
lil, ce semble, un des avantages les
plus appréciables d'tme grande biblio-
thèque.
Ajoutons que l'employé doit d'abord
prendre note au Catalogue alphabétique,
du format de l'ouvrage sur lequel il
veut mettre la main (ïn-fol., in-4* oe
in-8^ et ininori forma) : la série des
divisions recommence pour chaque for-
mat (danj^ la sfiUe d^ la BU^liotl)lNi^^^
bieq entendu, non aM Catal(^e).
La salle de Iect^r^ es^ ouverte tous
les jours, de 9 heures dv m^\in à 1
heure, et de 2 i/2 à î heures de relevée.
Les personnes connues sont autorisées
à emporter des livres à domicile ; cette
dernière faveur est aa'ordée aux étu-
diants sous la caution des professeurs.
Avant d'entrer dans la Bibliothèque,
les revues scientifiques sont d^osées
pendant un mois dans la sallç de réu-
nion des professeurs.
La circulation des livres est assez
considérable; elle le serait davantage
encore, si l'on savait plus généralement
combien l'accès de la Bibliothèque est
facile. En additionnant les relevés des
vingt-cinq dernières années, nous trou-
vons que 293,527 volumes ont été de-
mandés aux employés, de 1842 à 1868;
les prêts à l'extérieur comptent à peu
près pour les 2/5 de ce total. Le mou-
vement de 1868 représente 15,U4 vo-
lumes , dont 9,055 prêtés à Tlntérieur,
6,109 au dehors.
La Bibliothèque de Liège est parti-
culièrement riche en recueils périodi-
ques: elle possède les Mémoires de
presque toutes les Académies de l'Eu-
rope et de précieux recueils américains.
La littérature scientifique moderne y
est largement représentée ; on aurait à
signaler nombre d'ouvrages de grand
prix; malheureusement le subside est
minime, et les frais de reliure doivent
être prélevés sur ce fonds. En médecine,
la collection est riche et variée ; lea
jurisconsultes n'ont pas à se plaindre;
la philologie aurait besoin d'un complé-
ment ( * ) , de même que la littérature
française moderne. En revanche, le dé-
partement de Thistoire et celui des
voyages renferment de véritables tré-
sors, surtout depuis quelques années.
Si Ph. Lesbroussart vivait encore pour
donner une nouvelle édition de son
compte rendu, il n'aurait plus à se
plaindre. Les beaux-arts et l'archéolo-
gie n'ont pas été négligés ; l'histoire ec-
clésiastique et la patrist&que mérilentune
mention spéciale. On s'est abstenu (')
(') liy a noe Bibliothèque spéciale de
philologie k l'Ecole normale des homanitës :
«Mie aUe a'^t pas pqhUqji^.
(* ) Il y a des exceptions, bien entendu.
4083
COLLECTIONS.
1084
de faire des acquissions nouvelles en
théologie, cette matière étant étrangère
à l'enseignement de TUniversité (*).
Les incunables sont nombreux et bien
conservés ; les curiosités bibliographi-
ques ne font point défaut; on remarque
d'importantes collections de brochures
historiques (entr'autres un recueil très-
abondant de Mazarinades). Les manus-
crits relatifs à Thistoire du pays sont
d'un haut prix (voir le Catalogue dont
la publication a été commencée en 4844
par M. Fiess); parmi les autres, nous
mentionnerons surtout le magnifique
évangéliaire de Tévêque Notger, avec
sa couverture d'émail et d'ivoire, spéci-
men inestimable de l'art du X* siècle (*);
deux mss. de Lucain , du XI (* siècle ;
un fort beau Psautier du XHI«, enrichi
de miniatures et contenant quelques
poésies en langue vulgaire; un ms. des
Décrétales, in-fol., chef-d'œuvre de cal-
ligraphie ; les mss. récemment acquis
par la ville de Liège (v. ci-dessus, coi.
699et825), etc.,etc. (').
Le cabinet des médailles comprend
une assez grande ((uantité de pièces
romaines et surtout de monnaies lié-
geoises du moyen âge (ces dernières
sont la propriété de la ville), plus un
certain nombre de médailles de toute
sorte, non encore classées, si ce n'est
une suite complète de jetons en bronze
résumant tonte l'histoire de France.
PERSONNEL DE LA BIBLIOTHÈQUE.
1818. 1. Denzinger, J.-D. Fiiss et
L.-Â. Wanikœnig (commission admi-
nistrative nommée par le Collège des
curateurs).
Bibliothécaire en chef.
1818. N.... (v. ci-dessus, col. 82i).
18^1. L.-Â. Wamkœnig.
1825. J. Fiess.
SouS'bihliothécaire.
18!7 J.-P.-J. Terwangne (*).
1821. Le même et i. Fiess (adjoint).
1851. H. Kirsch (jusqu'en 1852).
(*) le Séminaire épiscopal de Liège pos-
sède une riche bibliothèque spéciale.
( ■ ) Don de M. Sacré, propriéuire k Odeur.
('/ La Bibliothèque possède aussi quel-
ques autographes précieux, notamment une
lettre du comte de Warfusée, où l'assassin
1855. P. Namur.
1839. M. Grandjean.
Aide-bibliothécaire.
1821. J. Fiess (premier aide-bibliotbé-
caire).
1825. Barbier.
1827. H. Kirsch (jusqu'en 1831).
1833. Hennequin.
1835. J. Coune.
1838. M. Grandjean.
1838. F. Legrain.
1862. E. Pasquet.
1864. L. Rock.
II. Jardin boUinlqae
BT
MUSÉE DES PRÉPARATIONS VÉGÉTALES.
I. JARDIN BOTANIQUE.
La principauté de Liège a vu naître
sur son territoire, dès le XVI* siècle,
des botanistes à bon droit renommés;
néanmoins, jusqu'à la révolution fran-
çaise, aucune chaire n'y a été consa-
crée à l'enseignement de la science des
plantes. A vrai dire, les Liégeois de
l'ancien régime, pour aborder les élu-
des supérieures, étaient obligés de se
rendre à Louvain, ou de se dépayser
tout à fait ; or VAlma mater elle-même
ne leur offrait aucune ressource au
point de vue de l'objet qui nous oaupe.
Quand les autorités françaises suppri-
mèrent les cinq Facultés de Louvain
(4 brumaire an VI ou 25 octobre 1797),
la perte ne tut pas bien grande pour
les curieux de la nature. En résumé, il
faut arriver auXIX'siècle pour trouver
en Belgique des institutions spéciales
destinées à répandre et à entretenir la
connaissance du règne végétal.
Dès le 7 ventôse an III (25 février
1795), une loi avait décrété l'érection
d'une Ecole centrale dans chaque chef-
lieu de départeni^nt. Au programme
figuraient enir'autres Thistoire natu-
relle et l'agriculture, et chaque Ecole
devait avoir à sa disposition un jardin
du bourgmestre St^b. Luruelle essaie de
justiAer son atlenUt (1636). CeUe pièce fi-
gurera dans une montre que Ton se propose
de placer dans la gi'ande salle.
( * ) Bibliothécaire de la ville depuis 1812.
NI VER SITE DE
1085
COLLECTIONS.
1086
botanique. La ville de Liège posséda
Jusqu'en Tan XII (1804) une Ecole cen-
trale ; elle eut ensuite son Lycée ,
son Académie (v- FiNTRonLCTiON), c'est-
à-dire une Faculté de philosophie et
une Faculté des sciences. Celle-ci re-
çut seule une constitution quelque peu
régulière; il est plus exact de reconnaî-
tre que cène fut encore qu'une ébauche.
Quant au Jardin botanique, on se dit
qu'on avait du temps devant soi....
L'Académie disparut en 1814 avec la
domination française : Liège n'eut plus
qu'un simple Gymnase^ jusqu'à l'avéne-
ment de Guillaume L 11 serait superflu
de répéter qu'une des premières préoc-
cupations du roi des Pays-Bas fut l'or-
ganisation de l'enseignement supérieur
dans les provinces méridionales. Le
Règkntent du 25 septembre 1816 dé-
créta (art. ^132) : « Il y aura, dans
chaque Université, un Jardin botani-
que, » et (art«153) : « La dir<!ction du
Jardin, de même que les collections qui
en font partie, est confiée au professeur
de botanique. » Cette fois, la chose
était sérieuse; l'exécution suivit de
près l'ordonnance.
Le jardin botanique de Liège fut
fondé en 1819. La ville céda , pour
r^^tte destination, le jardin particulier
des Jésuites ; le professeur Gaêde (v.
ci-dessus, col. 551) en fit la première
appropriation. Il eut comme adjoint, de
1825 à 1854, le regretté R. Courtois;
un Catalogue général fut rédigé par
leurs soins et publié en 1828 (v. ci-
dessus, col. 555). — Nommé directeur
du Jardin en 1855, Ch. Morren ne tarda
pas à en reconnaître l'insuffisance. Il
conçut ridée de le déplacer et n'eut de
repos qu'après avoir mené son projet à
bonne Gn. En attendant, il fit tous ses
efforts pour tirer le meilleur parti pos-
sible de rétablissement existant ; rien
ne lui coûta pour en assurer la popula-
rité à rintérieur et la notoriété hors
du pays. Ses relations étendues, ses
publications, son esprit pratique et
ingénieux, par dessus tout sa persévé-
rance et son activité jamais lassée, le
conduisirent en peu de temps à ce
double résultat. Voici en quels termes
Ph. Lesbrottssart décrivait notre ancien
Jardin tel qu'il existait en 1837-1858:
« Le Jardin botanique, confié à la di-
rection de M. le professeur Morren et
aux soins de M. Deville, jardinier en
chef, possède une serre chaude, deux
serres tempérées de 100 pieds de lon-
gueur sur 28 de hauteur, deux autres
petites serres, une orangerie (*) de
150 pieds de longueur et une serre
nouvelle de 94 pieds de longueur, des-
tinée aux cultures spéciales, comme les
orchidées (dont on compte un bon
nombre d'espèces récemment arrivées
du Brésil), les fougères, au nombre de
150 environ, etc. Cependant ces empla-
cements sont beaucoup trop petits pour
contenir les plantes actuellement exis-
tantes et celles qu'on se propose d'ac-*
quérir. Dans les serres, la plupart des
pieds ont 20 à 25 pieds de hauteur,
comme les Spamuinnia africana, des
Dracœna draco, des Cactus peruvianus^
les Bixa orellana^ le Sicca disticka^ le
Myrius catiacea. Le Pandanus odora-
tisiimus est magnifique. Le superbe
Cactus grandifiorus et la Vanille y por-
tent toutes les années, et c'est dans les
serres de Liège que la vanille, fécon-
dée artificiellement, a pour la première
fois, sur le continent européen, porté
des fruits plus beaux qu'en son pays
natal ; la plante en est encore couverte
cette année. Les serres et l'orangerie
comptent près de 2,000 espèces, parmi
lesquelles 30 palmiers. Le jardin de
pleine terre, classé d'après la méthode
naturelle de Jussieu, le seul en Bel-
gique qui offre cet avantage, renferme
aujourd'hui plus de 5,500 espèces.
L'emplacement est trop exigu pour
contenir les nouvelles acquisitions /*).
Parmi les donateurs du jardin, on doit
signaler à la reconnaissance des Lié-
geois feue M""» la vicomtesse Vilain
XIIJI, MM. Max. Lesoinne, Bellefroid,
Van Hulst, Lejeune (de Verviers), Mor-
(') L'orangerie occupait alors la partie
du rez-de-chaassée de Taile centrale aujour-
d'hui affectée aux laboratoires de chimie et
de docimasie.
>t
) Lesbroussart revient à la charge : on
était impatient d'en finir.
1087
COLLECTIONS.
1088
reo, Jseob-Makoy, Legrxye, Stephcns,
Michttl, Detrooz, Verschaffelt (de Gand),
feu Courtois et fea Gaéde, el, parmi les
étrangtrs, S. A. le prince MailmilieB de
Neuwied, le général de Gœdeke, MM.
Blume, Nées von Esenbeedi , C. L.
Treviranas , Mirbel, Reinwardt , De-
caisne, etc. »
Les dénuurches entreprises par Cb.
Mopren pour obtenir le déplacement du
da lavdin botanique remontent aux pre-
mières années de son séjour k Liège ,
k la première peutrètre. Dès 183$, en
tous cas, il reaoporia use première vic-
toire : un arrêté royal du 51 octobre
(Rapp, de M. Nothomb, t. Il , p. 1155)
décréta que la ville procurerait cette
année même à rUniversiié un terrain
convenable pour le dit Jardin, et qu'elle
y ferait construire les serres, orangeries
et bétiJBoeiils nécessaires le plus tôt pos-
sible. Le gouvernement , empressons-
nous de le reconnaître, prenait décidé-
ment k ccear le développement des
c!Ollections universitaires : il nous serait
facile de signaler une série de mesures
utiles prises successivement dans ce
but. n'est ainsi que Tarrèté royal du 7
septembre 1857 envoya en exploration,
« dans l'intérêt det^ Mcievcet futturelfes^
de l'industrie et du commerce », k l'île
de CttbSySur lescètes de Honduras, dans
la république de Guatemala, l'istbme de
Panama et la Colombie, MM. Ghies-
brecbt, Unden et Funck('), et qu'un
autre arrêté du il mai 18il confia une
nouvdie mission du même genre à M.
Linden, dans les régions équinoxiales
de l'Amérique. Un des considérants de
l'arrêté de 1857 était ainsi conçu :
a Voulant compléter, autant que pos-
sible, les collections de plantes et les
collections zoologiques et minéralogl-
ques des Universités.. .»Xh. Morrenfut
lui-même (14 juillet 1858) envoyé k
Londres, à Edimbourg et à Dublin , à
l'effet de visiter les Jardins botaniques
et les étabtlssemenls d'boKiculture du
Royaume-Uni (v. d-dessns, col. 457) ;
l'arrêté qui lui conflalt cette mission lui
enjoignait en outre de se mettre en rap-
port avec l'architecte de la ville de
Liège et de hii communiquer le plus tôt
possible le résultat de ses observations.
Avant de s'occuper du plan d'un
nouveau jardin , il élait essentiel de
choisir un terrain convenable , dans de
bonnes conditions d'exposition, ne man-
quant point d'eau, pas trop éloigné de
l'Université, etc. Ch. Morren trouva
tous ces avantages réunis dans une pièce
de terre d'environ six hectares ( * ) ,
située au Bas-Laveu, à la base de la col-
line de St-Gilles, longée du côté de la
ville par la ruelle du Petit-Jonckeu. Le
quartier environnant , aujourd'hui l'un
des plus beaux de Liège, était alors
presque désert; la question d'argent ne
fut pas trop difficile à résoudre. L'ad-
ministration communale une fois déci-
dée , le professeur de botanique ne
songea plus qu'à établir son programme.
Le plan dressé par M. l'architecte Ré-
mont, sur ses indications , fut terminé
le 18 mars 1859, et envoyé au ministre
de l'intérieur deux mois plus tard.
Le Conseil communal de Liège l'approu-
va le S6 juin; la Députation permanente
du Conseil provincial, le 4 février 1840.
Les jardiniers se mirent k l'œuvre dès
l'année suivante; les plantations de notre
Jardin botanique remontent à 1841 et
1842(').Lesserresfurentaussicommen-
cées sans retard: il y a près de 50 ans
que l'Université en attend Fachèvement!
Tout devait être terminé vers 1845 ;
l'administration locale s'arrêta tout
d'un coup en chemin , bien que enga-
gée envers l'fiut. En 1847 (le 26
mars), le Conseil communal sembla
vouloir s'exéter : « Le bâtiment qui doit
être adossé aux serres sera construit
au moyen du produit des premières
ventes du terrain du Collège (M ». On
(*) Ces trois naturalistes avaleot ûé^k
accompli une première mission au Brésil, k
l'entière satisfaction du gouvernement.
(*) Le terrain acquis pour le jardin ne
compte que 4 >- 73«-
( * ) « On y a i^até, ëit M. Motfaomb dans
son Rapport (t. I, p. ccli), les mûriers en-
voyés par le gouvernement, afin de procurer
aux habitants de la province le moyen de se
livrer à l'industrie sëtifère. »
(*) Il s'agit de l'ancien couvent desCroi-
siers, oti le Collège maolcipal était instaUé
avant la conslnietioii du local de la rue des
Clarisses.
1089
COLLECTIONS.
1090
en est resté là. Qa*il nous soit permis
de compter sur le zèle d*une adminis-
tration nouvelle, et de rappeler qu'il y
a ici un devoir à remplir. Le Jardin
botanique, d'ailleurs, n'intéresse pas
seulement l'Université, mais la popula-
tion tout entière.
Il est disposé en parc anglais, de
manière à répondre tout à la fois aux
besoins de la science et à offrir au pu-
blic une promenade agréable.
Le Jardin proprement dit comprend
dévastes pelouses et de grands étangs.
11 se compose :
D'une Ecole de botanique ;
Id. de pharmacie;
Id. defloriculture;
Id. de culture maraîchère ;
Id. d'agriculture;
Id. de pomologie ;
D'un arboretum ;
D'un pineium;
D'un œstivarium.
L'Ecole de botanique est plantée
dans l'ordre de la méthode naturelle.
Le directeur actuel est l'auteur d'une
disposition spéciale et nouvelle, qu'il
suit également dans ses leçons et dans
le classement du musée (v. ci-après).
Les plans des constructions com-
portent l'installation complète du ser-
vice de la botanique : serres, auditoires,
musée, herbariumy laboratoire, grai-
netier, etc., etc.
Ces plans sont irréprochables : s'ils
avaient reçu leur entière exécution, le
Jardin botanique de Liège pourrait être
cité comme un modèle à imiter. L'aile
centrale de l'édifice et la rotonde de
droite (vers la rue Louvrex)sont seules
terminées, ainsi que la serre placée en
arrière, du côté de la rue Fusch.
La partie construite des serres se
compose :
D'un pavillon pour les palmiers ;
D'une serre chaude ;
D'une serre froide.
D'une petite orangerie;
D'une serre pour les plantes grasses ;
D'une serre pour les Orchidées.
Les collections les plus importantes
sont relies des Palmiers, des Bromélia-
cées» des Fougères, des Âroïdées, etc.
La direction publie chaque année,
depuis 1825, le Catalogue des graines
récoltées dans les Ecoles scientiOques.
Selon l'usage, ce Catalogue est adressé,
pour les échanges, à tous les jardins
botaniques de l'Europe.
 l'époque où Ch. Morrcn obtint le
déplacement du Jardin, nous avons dit
que tout semblait contribuer au succès
de ses efforts intelligents. Malheureu-
sement ces favorables augures ne se
vérifièrent point. Non seulement le zèle
de l'administration locale se ralentit ;
mais à partir de 4848, les allocations
du gouvernement ne permirent même
plus de faire face aux nécessités les
plus immédiates. M. Piercot le décla-
rait ouvertement en i854 : « Les dé-
penses du Jardin et des collections de
botanique s'élevaient année moyenne,
de 4856 à 4847, à fr. 2,294-75, tandis
que l'allocation actuelle de 4,077 francs
est évidemment insuffisante pour les
frais de culture et d'entretien du maté-
riel. » On est revenu du système d'éco-
nomie exagérée adopté en 4848, dans
un moment de crise ; mais la prospé-
rité de l'institution a été plus ou moins
compromise, pendant plusieurs années,
par une circonstance douloureuse et
imprévue. Pendant la période triennale
485G-485S, le jardin s'est trouvé, de
fait, dépourvu de toute direction scien-
tifique, par suite de la cruelle maladie
qui devait finir par lui enlever son fon-
dateur. Il s'est naturellement ressenti
de cet état de choses. « Rien n'a été
négligé sans doute, écrivait M. Rogier
dans son Rapport triennal, pour assurer
la bonne consenation des plantes qu'on
y cultive; mais les relations que M.
Morren entretenait avec la direction des
principaux établissements botaniques
de l'Europe, ayant été forcément inter-
rompues, les envois de graines et de
plantes qu'on faisait à l'Université de
Liège sont devenus dès lors moins sui-
vis et moins abondants , et il en est
résulté des lacunes regrettables qui
existent toujours aujourd'hui. Les Eco-
les de botanique, de pharmacie ei de
semis réclament notamment des soins
tout spéciaux et depuis longtemps
nécessaires. D'autres Ecoles, telles
que celles des plantes agricoles, les
Ecoles fruitières et maraîchères, con-
tinuent à être parfaitement entretenues
40
1091
COLLECTIONS.
109S
ei forment un ensemble remarquable. »
Cet exposé de ia situation était la
reproduction presque littérale des ter*
mes d*un Rapport que M. Ed. Ilorren,
déjà chargé de renseignement de la
botanique, avait fait panenir au gou-
vernement. M. Rogier reconnaissait la
nécessité de sortir au plus tôt du pro-
visoire; la direction scienliflque de ré-
tablissement fut confiée au titulaire ac-
tuel, dès le i'^' octobre 1858.
Le Rapport triennal de 1846—1858
ajoutait que la ville venait de voter des
fonds pour la construction d*une serre
chaude et que des négociations se pour-
suivaient pour obtenir Tachèvement des
rotondes. Ces négociations, on Ta vu
plus haut, sont encore pendantes.
Dans le cours de Tannée même où
M. Ed. Morren fut nommé directeur du
Jardin, les serres et les plantations
s'enrichirent d'une certaine quantité de
plantes rares et précieuses, par suite
d'arrangements pris avec M. Ijnden,
directeur du Jardin zoologique de Bru-
xelles, à Teffet de libérer ce naturaliste
des obligations qu'il avait contractées
envers le gouvernement (v. ci-dessus,
col. 1087).
Dès 1859, le successeur de Ch.
Morren renoua les relations de son
père à Télranger. Il reçut plusieurs
milliers de plantes nouvelles, pour re-
peupler TEcole de botanique. 11 créa
véritablement une Ecole spéciale de se-
mis. L'Ecole de pharmacie fut plantée à
nouveau et réorganisée; on en trouve le
Catalogue à la suite du Choix de grai-
nes de 1860. Pour obviera la modicité
du subside, M. Ed. Morren multiplia
autant que possible les échanges de
plantes rares et exotiques. 11 porta
aussi son attention sur TEcole dendro-
logique; la collection des conifères
rustiques s'accrut notamment dans de
larges proportions. Un inventaire gé-
néral fut dressé ; en un mot l'idéal du
fondateur serait réalisé aujourd'hui,
sans les lenteurs de l'administration
locale.
L'achèvement du Jardin botanique se-
rait cependant, nous le répétons encore
une fois, d'une haute importance au
double point de vue de l'enseignement
et de l'intérêt public. Il y manque sur-
tout une orangerie convenable et des
bâtiments de service ; il est bien diffi-
cile, dans Tétat actuel, de le maintenir
à la hauteur de son ancienne réputation.
M. Ed. Morren, malgré tout, n*épargne
ni zèle ni activité pour atteindre cette
fin. Ses nombreux voyages, sa pré-
sence aux Congrès internationaux de
Kruxelles, d^Âmsterdam, de Paris, de
Londres, d'Erfert et de St-Pétersbourg
ont contribué à la notoriété de Tinsti-
tution qu'il dirige et lui ont ont assuré
d'utiles sympathies. 11 se sent morale-
ment mis en demeure d'achever l'œuvre
que son père a dû laisser à l'état d'é-
bauche. Avec de telles dispositions, on
finit par surmonter bien des obstacles.
Nous lerons remarquer en passant
que M. Ed. Morren est convaincu de
l'impossibilité, pour les Jardins bota-
niques qui n'ont pas Timportance de
ceux de Kew, de Paris, de Berlin, de
Vienne et de St-Pétersbourg, de réunir
une collection complète des végétaux
cultivés. Il estime qu'un Jardin tel que
celui de Liège ne peut se distinguer
que par Tune ou l'autre spécialité. C*est
dans cette pensée qu'il s'efforce, par
exemple, de rendre sa collection de Bro-
méliacées la plus complète de l'Europe.
PERSONNEL OU JARDIN BOTANIQUF..
Direcleur,
1819-1831. II.-M. Gaëde.
1855. Ch. Morren.
1858. Ed. Morren.
Directeur-adjoint.
1825-1834. R. Courtois.
Jardinier en chef.
1819. Demblon.
1836. F. Deville.
1844. D.-J. Dirickx.
1852. Em. Rodembourg.
APPENDICE.
ÉNUHÉRATION DES FAMILLES DU RÈGNE
VÉGÉTAL DANS L'ORDRE DE LA MÉ-
THODE NATUREJ.LE, par Ed. Morren.
PLANTES.
P« DIVISION. PHANÉROGAMES.
r* sous-divisim. Angiospermes.
1093
COLLECTIONS.
1094
Pembranch. dicotylédones, Ejc-
orhixes.ExogènesovLÀcramphihryées.
f Classe. GAMOPÉTALES, Mononé-
taies ou Corolliflores.
J^ COHORTE. TÉl^ÉIAlvxflÉBs f
EpicoroUéês in/érovartéei ; CorolUfloreê
ipigynes ; Gamopétales périgtfnes,
ir* ALLlANCB. COMPOSÉES, Syngénèteê
Synanthéréei ou Corymbifères, Graine
droite, ortbotrope.
Fam, i, L.I«aliaorefi ou Chicoracées.
â. E.nblati flore».
i. Mutisîacécs. — 2. Nagsauviacées.
3. Tnblflore», A^téraeée» ou
Radiée*.
i, Cinarées. — 2. Senccioïdées. —
3. Asldroïdées. — 4. Eupaloriées.
— U. Yernoaiées.
1 AGGRËGÉES : graine pendante, analrope .
4. Cnlycér^e* ou Boopidien,
6. VnlêflAnaeée*.
3. CAMPANULINÉES.
7. atylidlocées.
8. Campanalaoée*.
a. Pongatiëes ou Spbénocléacées.
9. L«obéllacêe«.
40. Goodenlaeéea • Goodeno-
vléea ou Iftoaevo lacée».
i\. Brunonlacée*.
4. RUBIALES.
43. Itublacéea ou S/f//a(^e«.
•1. Galiacëes ou Cofféacies, — 2.
Cinchonacées. — 3. Lygodysodéa-
eées.
i3. Capflfollaeéea, Lonicéries^
Sambucinéeê ou Vibumées,
H. AlVISAivi^RKRS ou Aniêottémp-
nées : ordin. 4 ou 2 étamines.
i. DIANDRÉES.
44. Oléaeéeii, Oléinées ou Fraxi-
nieè.
ii(. Bollvawléea.
46. «laamlnéea.
i. PERSONÉES oaDidynanie angiospermie,
47. Utnieaiariéea,
a. Lentibularides.
48. Orobauchéea.
49. Pedallnée», Sésamées ou Mar-
tgniacée»,
20» Geanér>aeée«.
a. Raniondides [handrées), — b.
Cyrtandrdes. — c. Didymocappées.
— d. Crescenliëos. — e. CoJumel>
liacées.
SI. DI||nonlaoée«.
22. Aeanlhacéea.
23. Verbacée*.
24. Scropliulanlnc<^ea.
2«. RbInanCaoéea ou Pédiculaii-
nées,
3. NOCULLIFÈRES ; Didgnamie gmnno^
spermie. ''
26. norraglnéea ou A«périro-
follées (ord. Isandrées),
a. Ehreiiacées ou ndliolropides. —
b, Arguziées.
87. Cordiacéea ; ordin. régulières
isostemonées.
28. Myoporacéott ou Myopo-
ri née*.
29. Selaninacée».
30. Globularlée*.
34. Stilbacéea ou Stilbinée*.
32. ^erbenaeéen on Vltlcée*.
IncU Tectondes.
33. Avlcennlée*.
34. l^blée« ou Lamlacéos.
in. ISAIVURÊKS : Corollijlores isos-
temonées.
4. INPUNDIBULIFLORES : suc aqueux.
35. Soianacéea ou Lurldée*.
IncL Atropacécs. — fncl. Cestra-
cëes. — a, Desfonlainëcs. —6.
Retziacdea.
36. Hjrdroioacées.
37. Hydrophylléacée».
38. l^olcnionlacfSea ou Cobaea-
céet.
39. Convoi vulacce*.
a. Dichondracëes. — b, Erycibëes.
— c. Cusculëes. — d. Nolanëes.
2. CONTORTIFLORES : laiicifères.
40. GentlHnéc».
44. Aaclépladacée».
42. Apocynacêe* ou Vincées.
43. I^o^anlacée», Strycknacées ou
Potaliéeê.
3. ISOGYNES ou Pétalamhées ; diploslami-
nëes ou Isostaniinëes opposiliiobëe».
44. S ty racée*.
a, Moutabëes.
45. Kbonacéea, Diospyréts ou Gua-
jacacées,
46. SapotaeëtMi.
47. Myrcinaeéo* ou Ophioiper-
mies.
1095
COLLECTIONS.
1096
a. Aegycéracéas.
48. Prlmulfieépa OU L«yalina«
chlêe».
IV. DICOIl!ViCS Gamopétales hyposta-
minées ; étamines libres, ovaire ordinai-
rement supère.
i. ÉRICALES.
49. Épncridée*.
50. Érieacée».
a. Vacciniées. — b. Rhododeodrées.
51. Dlapen«lncëe« (ÉpipéUlées).
52. Pyrolaeden.
58. Monolropëoa.
54. GyrIllëeM.
V C/.POLYPÉTALES on Dial y pétales.
i^ SOOS-CL. THALAMIFLORES.
V. i%i>HAivooYi.icÊBKS; Pleiosta-
minées ou Polyandrie,
4. POLYCARPICÉESoullona/«; Polycar-
pées axosperrodes albuminées.
55. Ilenonçulacëa.
i. Clématidées. — 3. Anemondes.—
3. Renonculdes. — 4. Helléborées.
— 5. Péoniées.
56. Dlllënlaceei*.
57. Galyeanihacëe*.
58. Maf|nollacée«.
a. Wintérées. — b, Scbizandracées.
59. Anonaeéea.
60. Dei-b«Srldëe«.
a. Lardizabalées.
61. Menlspermacëe».
62. Myrlatloacëea. Monochlami-
dées diclines.
-a. GUTTIFERINÉES ou Imbriquées : Syn-
carpëes axospermées exalbuminëes.
63. Guttirère», Clusiacées ou Gar-
ciniacées.
64. Tei*n«troemlacëea, Camel-
liacées ou Théacées,
65. Blarogravlacê<M.
66. Rhizobolacée».
67. Hypêrlcaoêea ou hypërt-
olnëe».
68. Dlplôroc^ai-péea.
a. Ancistrocladëes.
69. Chlonacée*.
3. NYMPHEALES. Syncarpées pleurosper-
mées albuminées.
70. SVymplicacéa».
o. Nelumbiacëes. — b. Cabombées.
— e, Hydropeltidées.
71. »arracênlacéeii.
73. Papaveraoéea.
78. Fumarlaeéea.
4. GRDCIFLORES ou Pariétales,
k) Exalbuminées cnrvem-
bryonèes.
74. Cruel f)èi*ea on Braaaioa*
1. Arabidëes. — 3. Alyssinëes — 8.
Sisymbriées. — 4. Camelindes. —
6. Brassicées. — 6. Lepidiées. —
7. Thlaspidées. — 8. Isatidées. —
9. Gakilinées. — 10. Raphanées.
75. Capparldêe*.
76. Morln^acôea.
77. Itéftèdacée».
B) Albuminées rectembryonées.
78. Bixacéea ou Btxinêea.
a. Pangiacdes. — b, Cochlosper-
mets. — c. Flacourtianées.
79. Canellaoé«^.
80. ClMtaeéea ou Gtatlnéea.
81. VIolaeée*.
à. Sauvagesiacées.
VI. EUCYGt^ICREl».
1. GARYOPHYLINÊES. Albuminées cyclo-
spermées.
82. Prankeiilaeêea.
a, Fouquieracées.
83. Tamarteacée*.
a. Réaumuriacées.
84. Garyophyllée».
1. Polycarpées. — 2. Silenées. —
3. Alsinées.
85. Sciera ntliéea.
86. Paronyelilêea ou Télë-
phlëea.
87. Portulaocacs^ea.
1. Calendriniées. — 2. Sésuviées.—
3. Aizoldées. — 4.MoUuginée8.
88. Droaeraeëe*.
89. Êlaitnëea.
3. POLYGALINÉES. Axospermées albu-
minées.
90. Vocfayslaeéea.
91. Polysalëea ou Kramerla*
93. Tremandrëea.
93. PIttOMporëea.
3. MALVINÉES, Columnifères ou Valvaires,
Étamine nombreuses, db monadelphes.
94. xillaeëeaouBlaeoearpëea
95. AiercalaefSe*.
1097
COLLECTIONS.
1098
96. Buttnerac^e* oa Byttné*
97.
98. Bombac^e*.
S« SOUS'CL. DISCIFLORKS.
VU. L.OBOCi%.nPiSBS.
i. GÉRANIALES. Ovules pendants, rapbè
ventral.
99. Linacëe*.
100. Erythroxyléea.
iOi. HDinii»lac4$e».
lOâ. Malplshlacëen.
403. Zysophyllëe».
i04. Geranlacëes.
a. Tropaeolëes. — b. LimnanthéeS'
— c. Vivianées. — d, Wendiiées.
— e. Oxalidëes. — /. fialsami-
nées. — g, Hydrocérées.
105. Rutacëe».
1. Caspariëes. — i. Rotées. — 3.
Diosmées. — 4 Boroniées. — ».
Zaatboxylëes on Xanthoxilées, ~
6. Toddaliées ou PteUacéet, —
7. Aurantiacées ou Hesptridiet.
106. Slmambëe*.
107. Oohnaoëea.
108. Bnraeracées ou Àmyridacées.
109. M^lla«^e«.
Incl. Cedrelacées:
110. Challleilacëe*.
â. SAPI«DALES. Ovules ascendants, raphè
ventral.
111. Bapinda<^<Se« ou Hyppocasta-
néet,
Incl, Aceracées ou Acerinées. —
Stapbileacées. — Meliantbëes. —
Dodonëëes.
VIII. APHAivAnrmÉBs.
1. TEREBINTBALES. Ovules ascendants,
rapbè ventral. FI. souv. polygames diol-
ques : feuilles composées.
IIS. Sablactfea.
113. Anacai*diAC<5ea ou Térë-
bliithacé««.
114. Jo^landée».
115. Coi*lnrl4Se«.
^. OLACALES. Ovules pendants, rapbè dor-
sal. Corolle parfois gamopétale.
116. Olnclnëe* ou Otocac^««.
tncl. Icacinacëes.
117. Illelnée» ou Aqulfollac^ea
3. CÉLASTRALES. Ovules dresses, raphè
ventral ; feuilles ordinairement simples.
119. Cëlastrlnëo*.
Incl, Hippocrateacées. — Cryptë-
roniacées.
120. 8tackIlou«lacëe«.
131. Rhamnac^ea ou Ffanipi—
122. VltacsëfMi, Ampeltdëea ou
Saraientacëea.
3« sous-CL. GALYGIFLORES.
IX. ASTER AivxnÊES. Fleurs à cinq
pétales, ëtoilées et ordinairement blancbes.
Axospermées périspermëes.
1. OHBELLALES. Ovules pendants.
123. Afallacëes ou Hédéracées,
124. Ombellirère» ou Aplaeëea.
I. Hëtérosciadëcs.
I. Hydrocotylées. — 2. Muliniées.
— 3. Sanlculées.
II. Haplozygiées.
4. Ecbinopborées. — Amninées. —
6. Séselinées. — 7. Peucedanées.
III. Blplozygiées.
8. Caucalinëes. ~ 9. Laserpitiëes.
125. Coi*nac<Sea.
IncL Alangiacées. — Nyssacëes.
126. Hamamëlldëea.
127. Brantaoëea.
a. Grubbiacëes. — b, Helwingiacëes.
128. Balorae;ëea.
/ne/. Gunneracées. — a, Trapëes
{exalbuminéen).
2. SAXIFRAGALES. Ovules ascendants.
129. Gonnarae«$<9».
Incl, Surianacëes.
130. SaxIfVaieëea.
IncL Pbiladelphacëes. — Spiraea-
cées. — Escallonlëes. — Francoa-
cées. — Cunoniacées. — Polyos-
mées. — Henslowiacées. — Hy-
drangéacées. — Brexiacëes. —
Parnassiées.
131. Cëphalotëea.
132. Craaaulacëea OU Sempervi"
vées,
X. ACXIMAMXHÉES. Përiantbe mul-
tisërië à divisions radiées. Pleurosper-
mëes albuminées.
1. CAGTOIDALES. Plantes cbarnnes.
133. Mesembrlanthëmacëesou
Ficmdcs.
IncL Tëlragoniëes.
134. CactacëeaOulVopalaeëea.
XI. ROD AlUTBI^BS ; Icosandres ou
Rosijloret. Cinq pétales -jo. réguliers ; éta-
4i
1099
COLLBCTIONS.
1100
roines + nombreuses, libres oo quelquefois
cohérentes. Axospermées apérispermées.
i. MYRTALES. Ovaire syncarpe infère,
style indivis; feuilles simples.
435. IVapoldonde».
i36. RhlzophoraccSea.
437. Combretacëea, Terminialia'
des ou Myrobaianées,
438. Myioacëe*.
IncL Lecythidacées. ~ Chamaelau-
ciacées. — Barringtoniacées. —
Belvisiacées.
439. Ollnlëe».
440. Mëlaatomac^e*.
/ne/. Mëmécylées.
444. L.ythrarlacëe« ou Salica-
riées,
IncL Granatëes.
442. Onn^rarlëcM, Oenothérée» ou
Epilobiéea,
9. ROSn^ÉES. Ovaire syncarpe ou libre et
apocarpe. Styles + distincts et caducs ;
feuilles composées.
443. Rosaoëc^.
4. Pomacées. — 8. Neuradées. —
3. Rosées. — 4. Poteriées ou San-
guisorbées. — R. Potentillées ou
Dryadées. — 6. Rubées. — 7,
Quillagées.
444. — 8. Prunées, Amygdalées ou
Drupacées. — 9. Chrysobalanées.
3. LÉGUMINEUSES. Corolle ± irrégulière
ou nulle. Fruit en gousse.
445. I*aplllonacëca.
4. Sophorées. — 2. Dalbergiées. —
3. Phaséolées. — 4. Viciées. —
5. Hedysarées. — 6. Galegécs. —
7. Lolées. — 8. Trifoliées. — 9.
Genistées. 40. Podalyriées.
446. S%vartar.lëe«.
447. Mlmoai^e».
4 . Ingées. — 2. Acaciées. — 3. Eu-
mimosées. — 4. Adenanthérées.
5. Parkiées.
448. C:ae«alplnlêe0.
4. Sclerolobiées. — 2. Eucaesalpi-
nées. — 3. Cassiées. — 4. Am-
hersliées. — 6. Cynométrées. —
6. Dimorphandrées.
\II. PRPOiviGAnpfeECi. Ovaire
ordin. infère; parfois stipitë : fruit ordin.
bacciforme, pleurospermë, souvent pul-
peux : Graines anatropes, albuminées ou
non. Plantes ~il_ succulentes ou sarmen-
teuses, feuilles souvent palminervées ac-
compagnées d'épines , de vrilles ou de
glandes. Fleurs parfois pënéanthées et
diclines.
4. PASSIFLORALES.
449. Samydacéefli.
Incl. Homalinées.
450. E.oaiȎea.
454. Xurneracëe*.
453. Paaaillorëeci.
Inc. Malesherbiacées. — Papayaeées.
453. Cuciii*hltac<Sea.
454. RIbeslacëea ou Groaaola-
rlëea.
455. Besonlacëe* (Monochl. di-
clines}.
45f>. NhantlrobëfM (Id.).
457. Datiacëea (id.).
3* CUase. MONOCHLÂMIDÉES ou
Apétales,
XIII. PL.OUlflI/%IWTHiSBS.
4. OLÉRACÉALES. Ovaire uniloculaire»
centrospermé; albuminées; herbacées.
458. I*oly0oii^e» ou I*er»lea—
rléc».
459. Nyctaslnéef».
460. Chenopodlac«Sea.
4 . Salsalocées. — 2. AtripUcëes. —
8. Baseilacées. — 4. Tetragoniées.
464. iliinarantnedea.
4. Gelosiécs. — 2. Achyrantées. —
3. Gomphrénées.
462. I»hyioIaeci»eëe«.
Incl, Petiveriacées. — Riviniées. —
a. Gyrostémooées.
2. LAURINÉES. Graines exalbuminées:
arborescentes.
463^ Monlmlacsêe».
Incl, Atberospermacées.— Batîdées,
464. I.Aiirae<Sea.
IncL Cassythassées.
465. Gyrocarptfe*.
466. Santalncéea.
Ind, Antbobolées.
467. I^oranthac^ea OU Vlacoff*
Aéem,
a, Mysodendrées.
468. Thymelëatï^ea ou Daph«
noïdëea.
a. Hernandiacées.
469. Aqul fartée*.
470. Blaoaipitfea.
474. l*<Miaeacséefi.
IncL Geissoloméées.
1104
COLLECTIONS.
1102
47i.
3. SERPENTARIÉES oa Epittaminée»,
473. Nepenthactfc»».
474. ArlAlotoohlac^e» 00 Aza-
rinées.
XIV. PENEAIWTlIÉKa OQ Diclines.
4. AMENTACÉES OU /ttlt>7ore«.
478. CAsuarln^e*.
476. Myrlcac^es.
477. B<Stulac«Sea.
478. Cnpalirére* , Corytacées ,
Quercinéei, Faginéet on Casianies.
479. Balsamtlloëea.
480. Sallclnëe#.
484.
9. URTICALES.
489.
483. Morëes.
484. Vlmaetfeii.
Inei, Celiidëes.
488. Platanëes.
486. Vrtleacées.
a. Cyaocrambées.
487. Cannabinëes.
488.
Inei, Garriacées. — Foresliracëes.
— StUaginaeées. — a. Puiranjé-
vtfes.
3. EUPHORBIALES.
489. Knphorblacl4Sea oo Trl-
oocqne*.
/ne/. Peracées. ~ PhyUanthaeëes.
— Baxinées.
490.
494.
4. PIPËRITÉES.
49i.
493. Chloranthai
494. 0aiiraractfa«,
8. AQUATIQUES.
498. Ceratopbyllae^ea.
496. GallltrlehaetSe».
497. PodcMlcSmonac^ea*
IV. RBIZAlVXHéES 00 Bhitogènêt.
4. RAFFLESINÉES.
498. Balanophorëes.
499. Cyllnacëe».
900. RafB^lacëea.
4. Apodanlhées. — 9.. Hydnoracëes.
II« EMBR. MONOCOTYLÉDONÉES ,
EndorhixeSy Endogènes oa Amphi-
hryées.
i^ C/.PÉRIÂNTHÉES.Périantbe don-
' ble, sur deux rangs, ample et + pé-
taloïdes.
XVI. DICTYOGÊIVES.
4. DIOSCORINÉES.
S04. Smllacinëea.
soi. DIottcorëacëea.
S03. nrrtlllacëea.
904. Phlltfalacëea.
908. Roxbarshtaoëea.
906. Xrlufldac^ea.
XVII. COROnrAMÉBft ou Flaridéei,
A) Hipogynes.
4. LILIIFLORÉES.
907. L.lllacéea.
Inei, Asparagacëes.
908. Mélanthaeëe»» €>»lehlea*
oée» oa Veratréaa.
a, Gillesiacéea. — b. Aphyllanthées.
— e, Aspidistrées. — d, Ophio-
pogonées. — «. Herreriéca. — /.
Eriosperméea.
909.
940.
944. Phllyclpacéea.
9. JDNCINÉES.
949.
a, Aslëliëes. — b, Rapatées. — e,
Flagellariéea. — d. Xérotidées.
— e, Kiogiacëes. — /. Calaeta-
aiéea.
943. CommelynéeA OQ Bph*«
944.
948. Erlocanlln^e*.
946. Reatlaoée*.
947. De«vaaxlac^ea.
918. Controlépldéei*.
B) BpiiryneB.
3. AMARYLLIDIFLORES.
949. ITaocac^eA.
990. Bromeltaoéa».
994. flaeincKloracéM».
a. Velloaiëea.
999. Hypoxldacséea.
993. Amaryllldacs^ea on Wi
clas^ea.
a, Agavées.
«03
COLLECTIONS.
1104
S34. Irldttoëe*.
4. SCITAMINÈES.
S25. Musac^A ou Bananier».
996. Mnrantacéea.Cannacëaa
ou Ballaierfli.
997. Zlnfilberac^ea, A.nionia~
céea ou Alplnlae^e».
5. GYNANDRÉES ; ASGHIOOBLASTÉES.
998. Burma nntaeée*.
a. Stenomeridées. — b. TriptereUées.
— c, Apleranthëes. — d. This-
miées.
999. Apostaataoéea.
930. OrohldiSea.
II« CL PÉRIGONIÉES. Périgone simple
ou nul ; peu développé, sur un rang,
calycoïde.
XVIII. iftPADlciFXX^RBS I didines,
périspermées.
i. PHOENICOIDES.
934. Palmiers.
939. Cyoiantliëea.
a. Phytelephasiëes. — b, Nypacées.
— c. Freycinetiées.
9. PANDANOIDES.
933. I^andanéea.
934. Xyphaoéea.
3. AROIDES.
935. Orontiac^es oo Aeora-
cée*.
936. Araeéea , A.rordéea ou
Callaeéea.
937. Platiacëes.
988. Liemnacdes.
XIX. GLUBfAGÉBft.
i. LODICULIFLORËES, Culmifères ou Ca-
rhpêicarpées,
939. Oraminéea.
i, AndropogODées. — 9. Panicées.
— 3. Oryzées. — 4. Phalaridées.
— 5. Phi éi nées. — 6. AgrosU-
dées. — 7. Stipëes. — 8. Arundi-
nées. ~ 9. Chloridées, — iO.
Pappophorées. — il. Avenées.
— 49. Festucëes. — i3. Trili-
oëes.
9. SÉTIFLORÉES» CaiamifèreM ou Âkeni-
carpéei,
940. Cypéraeéea.
i. Cypérées. — 9. Seirpées. — 3.
Hypoiytrées. — 4. Rbynchospo-
rées. — 5. Sclériées. — 6. Carici-
nées.
XX. INCOMPLI^BSI; Apérispermées
aquatiques.
i. FLUVIALES.
944. Hydrocharldëea.
/fie/. Hydrilléea.
949. Bntonéea.
943. Aliamnoéea.
944. Joooaiilnéea.
945. Zo»teraeê<M.
946. l^otamée« ou UVafadéea.
947. A.ponof;etëe».
S^ sous-divman. Gymnospermes.
XXI. GO!VIFiCBBlS.
948. AbieUn^éa.
949. Caprea«inéea.
950. Taxacëea ou Xaxlnëe«.
954. Gnetacéea.
XXII. EcrroGÈMES (Leatiboudoia) ou
TYMPAZVOCHEXÉRS (Martius).
959. Gyeadées.
Il" DiY. CRYPTOGAMES.
y EMBRANCH. ACOnxÉDONÉES.
4«» C/. ACROGÈNES(«).
XXIII. VASCtJI^AmKf«.
4. FOUGÈRES.
953. I^olypod lacée».
954. HymenopliyilcSea.
955. Gielchenlacëe».
956. SelilaMdacéea.
957. Oamundacée*.
•1258. Marattiaetfea.
959. Oplilo||lcMiséea.
9. CALAMARIÉES.
960. Eqnla^taeëes ou Préiea.
3. RHIZOGARPÉES ou Hydroptiridées,
964. Salvinléea.
(* ) On pourrait établir deux classes ; les
Angîosporées et les Gymnospordes ; les pre-
mières comprenant les Cryptogames supé-
rieures ayant les spores renfermées dans un
sporange ou un sporocarpe ; les secondes,
formées de Cryptogames infëricures, avec
les spores nues, qu'elles soient exosporées
ou ondosporëes.
1105
COLLECTIONS.
1106
262. Mar»lléacée«.
4. SELANIGELLËES.
263. I^ycopodlacêe».
Incl, Psilotumacées.
264. Sela^lnellacée*.
Jnel, Isoetées.
IXIV. VRiviPÈRES , Acrobryées cel-
lolaires.
i. HOUSSES.
265. l^haMMie^ea ou Bryaoêea.
266. Andréacée».
267. 0phai^ée«.
2. HÉPATKHJES.
268. BIai*cliantlée«.
269. Rlooléea.
270. Tarelonlacées.
27i. Anthooérotée».
272. «Inneerinaniilêeft.
3. NITELLINÉES.
273. Charaoée*.
2« a. AMPHIGÈNES.
IIV. HYftTKROPHYTES.
4. CHAMPIGNONS.
40 Atcomyeitei,
274. Dlacomyoètes.
275. I^renomyeéfeti.
276. OntKénée*.
277. Xiil»eraoée«.
278. Protomycée*.
279. Myxomyoètoa.
2* Basidiomyeèus.
280. Gaateromyoète».
284. Hymenomyoéte*».
282. IVaiaelItaéeB.
S» Hypodermiées (Gymtumycètes).
283. Vntllaslnéea.
284. tJredIoëe».
4" Phycomycètes.
288. Brtâcofinée». — Uypliomy-
oèle«i.
286.
287.
2. LICHENS.
288. Hymenothalavnéea.
289. Gaslerotha lamée».
290. Ideolbalaniée*.
294. Conlothalaméea.
XXVI. ALGUE».
4. TH ALLOGÈNES.
292. FlorMëës.
293. Ckkleochttetëe».
294. <lEdc^oiilëe«.
295. FufMioëea.
296. Ulvaoëea, Vanoherléea.
2. PROTOPHYTES.
297. IVovtocacëea.
298. HydiHMlletyée*.
299. CoiO«i«éa*.
a. Confervacées. — b, Oscillattoriées.
300. Volvoclnéea.
304. DIatomacéea.
Nous donnons ci-joint les plans et les
élévations des serres et des construc-
tions du Jardin botanique , telles que
Ch. Morren et M. Tarchitecte Rémont
les ont conçues. Tout inachevées qu'elles
sont, elles présentent un aspect monu-
mental, plein de grâce et de convenance
tout ensemble ; elles constituent déjà
le plus heureux embellissement du nou-
veau quartier auquel le Jardin a donné
son nom.
Le Jardin est de forme pentagonale ;
rentrée principale, entre FEcole de phar-
macie et TEcole de floriculture , donne
sur la rue Louvrex ; FEcole de pomolo-
gie et de culturS maraîchère regarde la
rue Courtois ; TEcole des semis est à'
Fangle de cette même rue et de la rue
Fusch ; TEcole de botanique occupe tout
le centre et longe la rue des Anges. Le
plan général est celui d'un parc anglais,
avec un étang placé à peu près en face
de la grande entrée.
Les dessins que nous publions ont
déjà figuré en tête du Choix des graines
de 1863 (Gand, Ânnoot-Braeckman ,
1864, in-8«). M. Ed. Morren a bien
voulu les mettre à notre disposition.
Lâgende.
a. Entrée principale et vestibnle.
b. Serrei tempérées.
c. Orangarlos.
d. Serras chaudes.
(. Serre t Palmiers.
/. Serre ponr les plante» de le Nouvelle -Hollande.
g. Serre pour les Orchidées.
A. Escalier du <•' étage.
;. BAcbers, rourneaiuc, magasins, dépôts, etc.
k. Logements du jardinier.
/. Escalier du rez-de-chaussée.
m. Escalier des galeries supérJsures de service.
n. Galeries ie service.
0. Plate-forme.
p. Herbier et biblioibèque.
ç. tirainetier.
(, Indiloire.
iiW
COl-UPCTIONS.
1112
II. MUSÉE DE BOTAMIQIE.
Ce Musée, mentionné dans la notice
de Pb. Lesbroussart sous la rubrique :
Cabinet d'anatomie végétale, de carpo-
logk, etc., a été fondé en i836 par
Cb. Morren. ttC*est le seul de ce genre,
écrivait Fauteur qu^on vient de citer, qui
existe en Europe. Les dissections des
plantes y sont conservées dans de Tesprit
de vin, et Ton y compte aujourd'hui
(1838) au delà de 1,300 préparations
molles, parmi lesquelles on remarque
les injections au mercure des vaisseaux
des plantes, des dissections de trachées,
de tiges, de feuilles, de fleurs, etc. Les
pièces de tératologie végétale , la col-
lection des champignons , Texposition
des familles naturelles y méritent une
mention spéciale. Il y a en outre un
fruitier classé d'après Lindley, une col-
lection carpologique classée par fa-
milles, une grande série de céréales,
une collection de bois de toute espèce,
un palmier de trois siècles, un herbier
général et de la province {*) extrême-
ment riche, une collection de produits
des plantes, de matières textiles , etc.
— Les végétaux fossiles extraits des
terrains bouillers de la province de
Liège forment une collection des plus
curieuses. M. Sauveur et feu R. Cour-
tois y ont reconnu 91 espèces, dont plu-
sieurs nouvelles ».
Nous avons rappelé ailleurs (art.
ScHMERLiNG , col. 56i) qu*un Congrès
scientifique s'ouvrit à Liège le 1'''' août
1836. La section des sciences natu-
relles ayant visité avec une vive satis-
faction le Musée naissant, et appréciant
toute l'importance d'une semblable col-
lection, proposa de voter des remercl-
ments à Fauteur de ce nouveau monu-
ment élevé à l'afiatomie et à la physio-
logie végétales, a Les préparations de
M. Morren , disait son rapporteur ,
doivent être signalées comme un mo-
dèle à Imiter, dans les grandes villes
de l'Europe où les sdences nafturelles
sont Tobjet d'un enseignement com-
plet.» Ce vœu fut approuvé publique-
ment dans la séance générale du Con-
grès.
H. Ed. Morren a donné tous les soins,
depuis 1855| au Musée de botanique
fondé par son père. Il s'est surtout ef-
forcé de le nendre aussi utile que pos-
sible à l'enseignement* Mais pendant
plusieurs années il a dû se contenter d'en
améliorer la disposition : les ressources
de son budget lui interdisaient forcément
l'acquisition de nouveaux objets. Ce
n'est guère qu'à partir de 18C2 que le
Musée a recommencé à pfendre du déve-
loppement. Nous mentionnerons, parmi
les achats de date récente, un grand
microscope de Schidc, de Berlin ; divers
appareils de micrographie, de Berck et
Beck, à Londres; les collections de
préparations microscopiques d'Amadio,
à Londres, et de Van Hcurck, à Anvers;
les coupes de bols, de Nordlingen; les
herbiers de Rabenhorst, ^Irtgen, Van
Haesendonck , Rose et Bescherelle ,
Dossin, Van Heurck ; une collection de
fruits et de racines » moulés par Bu-
chetet, à Paris ; les vues paléontologi-
ques d'Unger, de Vienne, etc.
Le Musée se compose aujourd'hui :
D'une galerie de technologie végétale,
disposée d'après les familles naturelles,
et comprenant tout ce que les végétaux
fournissent ou produisent d'intéressant
pour la médecine, la chimie, l'industrie
le commerce, etc.;
D'une collection d'anatomie végétale;
Id. de tératologie;
Id. de pathologie;
Id. de paléontolc^e.
M. Ed. Morren l'a enrichi, dans ces
derniers temps, d'un nombre considé-
rable de dons que lui ont valus ses re-
lations étendues sur toute la surface du
globe, et notamment de 5 à 6,000 ob-
jets recueillis en 1867 à l'Exposition
«universelle de Paris, et provenant de
toutes les colonies et répons étran-
gères.
Direction du Musée.
1836. Ch. Morren.
1855. Ed. Morren.
III. NOTE SUPPLÉMENTAIRE CONCERNANT
LA CHAIRE ET LE MUSÉE d'AGRICULTURK.
Le Conseil provincial de Liège, dans
(*) L'herbier de R. Courtois.
im
C0UECTWN3.
1114
sa séance du 20 juillet 1837, émit le
V(feta dé soUicitèlr du gouvernement la
création d'une Ecole des arts et manu-
factures et rérectiott d'une chaire d'a-
griculture et d'économie forestière à
ITJniversité de Liège ( ' ).
L'administration communale de Liège,
convaincue des avantages qui résulte-
raient pour la ville et la province de
l'exécution de ce projet, prit à sa charge
(séance du 24 mars J838) la construc-
tien des bâtiments nécessaires , â con-
dition que l'Etat et la province pour-
voiraient aux frais :
i^ De l'acquisition des machines et
des ustensiles ;
2® Du personnel et de l'entretien du
matériel.
Cette proposition fût admise, et il y
fut tout d'abord donné suite en ce qui
concernait l'Ecole des arts et manufac-
tures.
Dans sa séance du U juillet i84i,
le Conseil provincial chargea la Dépu-
tation permanente de faire, auprès dn
gouvernement, les démarches néces-
saires pour la mise à exécution de la
seconde partie de sa résolution du 20
juillet 4857, c'est à dire pour l'érection
d'une chaire d'agriculture , moyennant
une somme de 4,000 frs., quiserait con-
sacrée k l'achat d'instruments aratoires
modèles et de plantes intéressant l'éco-
nomie rurale et forestière.
Le 25 mars 4842 parut un arrêté
royal établissant, près de l'Université de
Liège, un cours d'économie rurale et
d'agriculture.Le professeur Ch. Morren
fut chargé de ce cours ; D. Henrard,
horticulteur à Liège, fut nommé dé-
monstrateur, chargé de tout ce qui con-
cernait le matériel (*).
Au moyen des subsides alloués par
l'État et par la province, des instru-
ments aratoires modèles furent acquis
en Belgique et dans les pays étrangers :
ainsi mt formé le noyau d'un Musée
agricole. Des graines et des plantes
furent également achetées, et placées
dans une partie du Jardin botanique
réservée à cet effet.
La maladie et la mort de D. Henrard
(•)et l'état de santé de Ch. Morren
arrêtèrent, à partir de 4855, le déve-
loppement du Musée agricole.
D'un autre côté, le gouvernement
s'était préoccupé, depuis 4849, d'orga-
niser régulièrement, dans les différentes
régions du pays, l'enseignement de l'a-
griculture.
Un arrêté royal du 48 juillet 4863
rapporta celui du 25 mars 1842. Un
arrêté ministériel du même jour décréta
que les instruments composant le Mu-
sée agricole de l'Université de Liège
seraient transportés à l'Institut de
Gembloux.
Professeur d'agriculture et directeur
du musée agricole,
4842. Ch. Morren.
Démonstrateur.
4842. D. Henrard.
III. Cabinet de pbyMique.
Le cabinet de physique est déjà men-
tionné en 4818 , dans un discours du
recteur Yanderheyden (v.-ci-dessus ,
col. 588}, comme possédant quelques
appareils importants : la chambre ob-
scure et les instruments d'optique,
entr'autres,y sont l'objet d'une citation
spéciale {Ann. acad, Leod.^L II, p. 7).
Parmi les acquisitions des années sui-
vantes, on remarque une collection
d'instruments pour Tèlude de l'électri-
cité, du galvanisme et du magnétisme,
formée en 4824 par le même Yander-
heyden, qui s'occupait beaucoup, à
cette époque, des découvertes d'OErs-
ted (v. ci-dessus, col. 589,667 et 685).
Ce n'est guère qu'à partir de 4830. ce-
pendant, ou pour mieux dire c'est à par-
(*) On reprenait ainsi une idée du gou-
vernement hollandais (v. l'art. Bbohnc, col.
89 et suiv.).
(*) Une indemnité annuelle de 4,000 frs.
fîit allouée à Henrard, à condition qu'il pla-
cerait dans le Jardin botanique un arbre et
un individu de chacune des espèces qu*il
cultivait dans son établissement (Rapp. de
M. Notbomb, t. Il, p. 4529). Cette indem-
nité, ainsi que le supplément de traitement
accordé à Ch. Morren, devait être imputée
sur les fonds affectés au service du dit Jar-
din.
(') Henrard mourut en 4859.
1118
COLLECTIONS.
1116
tir de la réorganisation universitaire de
4835, que le Cabinet de physique et
d'astronomie a pris graduellement, sous
la direction de M, Gloesener, des déve-
loppements sérieux. M. Ferd. Henaux
(*) nous apprend qu*il renfermait, en
4837, une série de 310 appareils avec
leurs accessoires, presque tous nou-
veaux. La notice sur les collections
de rUniversité déjà citée (édition de
1844) porte le nombre des instruments
à 500, tous bien entretenus et en bon
état ('). a La mécanique des solides,
rhydrostatique et Thydrodynamique,
dit Ph. Lesbroussart, la pesanteur et
rélasticité de Tair manquent de peu
d*appareiis, et ne tarderont pas à en
recevoir, pour complément, quelques
nouveaux qui sont déjà en construc-
tion, entfautres une belle machine
pneumatique (système Babiker) de
grande dimension. On remarque sur-
tout une balance d'essai, une superbe
machine d'Àtwood, un pendule réver-
sible, un dynanomètre, un bélier et
une presse hydraulique. Nous citerons
encore un beau modèle de pompe com-
posée, une pompe à incendie, enfin
Tappareil de Charles pour Técoulement
des liquides. — Quant à Tacoustique,
la collection compte bon nombre d'ap-
pareils divers , notamment une sirène
avec compteur, un fort beau sono-
mètre horizontal, le petit appareil de
Grévelion, une petite sonnerie, des
plaques de verre pour les figures de
Chladni, un petit orgue, une belle
soufflerie, une série de tuyaux de con-
struction, toute moderne, pour dé-
montrer expérimentalement les diffé-
rentes lois de Tacoustique; des pla-
ques en bois et en cuivre pour la com-
munication des sons, et un sonomètre
dilTérentiel nouvellement inventé par
l'habile artiste Marleye de Paris. Cette
collection sera complétée en 4842. —
L'électricité ordinaire et galvanique, le
magnétisme, l'électro-magnétisme, les
phénomènes électro-dynamiques, ther-
mo-électriques et magnéto-électriques
peuvent être démontrés dans tous
leurs détails. On remarque surtout
deux bonnes machines électriques ,
dont l'une est de Van Marum, deux
grandes batteries, une belle pile sui-
vant la construction proposée par
WoUaston, une pile à courant cons-
tant de Daniel, plusieurs appareils
de rotation et d'autres pour le cou-
rant électrique par iiîduction; un
appareil magnéto- électrique de Clarke
avec ses accessoires, pour produire
tous les efi^ets de la pile vollalque, une
belle boussole d'inclinaison, un magni-
fique appareil de Gambey pour les in-
tensités magnétiques et les yariations
des aiguilles diurnes, etc. — Quant à
l'optique, cette partie de la collection
renferme la plupart des instruments
nécessaires à la démonstration des lois
de la théorie de la lumière. On y trouve
un goniomètre de Wollaston et un
autre de Charles, un beau sextant, des
appareils pour la réflexion et la réfrac-
tion simple et double ; les différents ap-
pareils connus pour la polarisation de
la lumière; d'autres pour les couleurs
complémentaires ou chromatiques , un
pour la polarisation circulaire des li-
quides, un prisme avec objectif pour
les raies dans le spectre solaire ; un
microscope solaire , un télescope de
Newton et un autre de Gregory ; une
grande lunette achromatique et son pied
avec trois mouvements différents , etc.
A l'observatoire se trouve une lunette
méridienne et un chronomètre d'une
grande beauté. — La collection de mé-
téorologie possède un planomètre, des
hygromètres de de Saussure et de
Dolne, un autre de Daniel, un psychro-
mètre d'Auguste, et enfin des baro-
mètres diversement construits. — La
collection d'appareils pour la théorie de
la chaleur est moins complète ; il y
manque des instruments de précision
pour la dilatation et la chaleur spécifique
des corps. Du reste, on y trouve le ca-
lorimètre de Laplace et celui de Rum-
ford, des miroir^ paraboliques, les
(*} Guide du voyageur à Liège. Liège,
4837, p. 4S6.
(* ) Cette notice a servi de base à la des-
cription donnée par Del Vaux de Fouron,
dans son Dief . giogr. de ta prov, de Uége^
t. Il, p. 490 (Liège, 484S, in-43}.
«17
COI^UCTIONS,
1118
thermomètres différentiels» un appareil
de Gay-Lussac pour le mélange des gaz
et des vapeurs , une petite locomotive,
le bel appareil de Melloni pour les pro-
priétés de la chaleur rayonnante, etc. »
DMmportantes acquisitions furent
faites en 1842 et dans le cours des an-
nées suivantes; mais le cabinet ressentit
le contre-coup des événements de 1 848 ;
son subside fut réduit à un chiffre in-
signifiant, et jusqu'en i854 il resta à
peu près stationnaire. Pendant toute la
période décennale de i851 à i860, on
ne put y sgouler que 75 instruments :
nous citerons surtout divers appareils
d'optique, et un grand nombre d'instru-
ments nouveaux concernant l'électro-
magnétisme et ses applications (*);
d'autre part, il a fallu consacrer une
certaine somme à la restauration de
pièces usées ou avariées. — Le subside
annuel est actuellement de 2,000 francs;
la physique n'a Joui qu'une seule fois
du supplément de 1,000 frs. alloué par
la Faculté aux collections les plus be-
sogneuses. Cependant les directeurs
successifs du Cabinet ont su tirer bon
parti, on leur doit cette justice, de ces
minimes ressources. Voici la liste des
principaux objets acquis depuis que le
Cabinet est confié à M. L.Pérard :
1. Grande bobine d'induction de
Ruhmkorff, avec commutateur de Fou-
cault. Elle se compose d'un faisceau de
fer doux de 45 mill. de diamètre et
de 580 mill. de longueur; de deux
couches de fil inducteur de 2 1/2 mill.
de diamètre et de 20 mètres de lon-
gueur; d'une bobine de fil fin induit de
1/6 mill. de diam. et de 80 à i 00 kilo-
mètres de longueur , cloisonnée ; enfin,
d'un condensateur de 50 m. c. de sur-
face.
2. Appareil de de la Rive pour mon-
trer la rotation de l'arc voltaïque autour
d'un aimant.
3. Machine électrique de Holtz.
4. Appareil télégraphique à clavier
circulaire, construit d Bruxelles , avec
le renversement du courant de M. Gloc-
sener.
5. Grand galvanomètre à projection
de Rubmkoi4f.
6. Phosphoroscope à projection de
Becquerel.
7. Grand comparateur optique de
Lissajous.
8. Grande soufflerie acoustique à
régulateur pour faire vibrer les colonnes
d'air.
9. Grande sirène acoustique de
Helmholtz.
10. Appareil de Koenig pour décom-
poser le timbre d'un son dans ses notes
élémentaires, au moyen de flammes
manométriques.
11. Grand appareil de Helmholtz,
pour la composition artificielle des
différents timbres et notamment des
voyelles, par la production simultanée
d'une série de notes simples formant
la série harmonique.
12. Grand gyroscope de Foucault.
13. Grand globe terrestre avec indi-
cation des courants maritimes.
14. Machine électrique de Ladd
(commandée).
Une somme de 3,000 frs. serait né-
cessaire pour acheter un bon chrono-
graphe ; il n'a pas été possible de l'ob-
tenir jusqu'à présent.
Malgré quelques lacunes, le Cabinet
de physique répond cependant, en gé-
néral, à sa destination. Il serait difficile
de dire exactement de quel nombre de
pièces il se compose; le recensement
du Catalogue a fait constater des doubles
emplois et des absences. Des doubles
emplois, c'est-à-dire que certains objets
avaient été inscrits deux fois; des ab-
sences, c'est-à-dire que d'autres étaient
usés ou brisés, en un mot, hors d'usage.
M. Pérard a jugé indispensable de ré-
diger un nouveau Catalogue, travail mi-
nutieux qui l'occupe depuis deux ans
déjà. La classification adoptée pour cet
inventaire repose sur les bases sui-
vantes :
CHAPITRE L
I*ropi*i<St<$« e»»entlelle» de la
matière.
A. Etendue (appareils de mesure).
CHAPITRE H.
I*roprlët<5» n^nërale».
B. Porosité. Divisibilité.
(*) On en troave la liste détaillée dans les Rapports triennaux.
1119
COLLECTIONS.
1120
C. Inertie. Mobilité. Forces. Stati-
que et Dynamique.
CHAPITRE III.
Foroe» de la nature.
D. Attractions.
a. Pesanteur.
b. Attractions molëcoiaires. Elas-
ticité. Capillarité. Magnétisme.
E. Chaleur.
F. Lumière.
CHAPITRE IV.
G. Electricité.
Malheureusement la disposition des
salles laisse à désirer, au point de vue
de renseignement. Le professeur doit
régulièrement perdre un temps consi-
dérable avant chaque leçon, pour pré-
parer et faire transporter les instru-
ments qui doivent servir à ses démon-
strations.
Ajoutons que le local ne se prête
nullement à des recherches scientifi-
ques. La Faculté s*est préoccupée tout
récemment encore de ce dernier point,
(v. ci-dessus, col. 6801; il est à espérer
que, dans un bref délai, il sera enfin
pourvu à des besoins que les derniers
progrès de la physique rendent de plus
en plus impérieux.
Direction du Cabinet,
4817. Ch. Delvaux(').
i830. M. Gloesener.
1850. Le même et E. Bède (suppléant).
1857. E. Bède (titulaire).
1861. L. Pérard (suppléant).
1865. Le même (titulaire).
Préparateurs,
18S3. L. Sauvage.
1845. B. Delforge.
1848. T. Tissington.
1857. J.-H. Chantraine.
IV. L*aboratolre» de chimie
ET
COLLECTIONS QCI EN DÉPENDENT.
L*enseignement de la chimie a pris
graduellement chez nous, depuis la réor-
ganisation de 1855, un développement
et une importance qui ne font, et selon
toute apparence ne feront que s'accroî-
tre encore, pourvu que Fadministration
communale se décide à décréter Ta-
grandissement des laboratoires, deve-
nus insuffisants au-delà de toute pré-
vision. Ce fait s'explique, d'un côté,
par la destination spéciale assignée à
notre Ecole des arts et manufactures
(v. ci-dessus« col. 1026 et col. 10312) ;
de l'autre , par l'extension progressive
des industries chimiques dans les pro-
vinces de Liège et de Namur, extension
due pour une bonne part, on ne saurait
le méconnaître, à l'influence de l'Ecole.
Un laboratoire de recherches (v. col.
1047), enfin, était depuis longtemps
reconnu nécessaire; à un moment
donné , on s'est trouvé pour ainsi dire
rois en demeure de réaliser ce projet.
C'est une première satisfaction donnée
aux intérêts les plus élevés de la science
comme aux intérêts bien entendus de
la haute industrie; cependant, ne le
dissimulons point, ce laboratoire est
loin d'être ce qu'il sera sans doute un
jour.
Nous sommes bien loin de l'époque
où il n'existait à rUniversité qu'un sim-
ple cours de chimie générale et appli-
quée, confié à Ch. Delvaux, avec le doc-
teur Simon pour préparateur. La do-
cimasie fut l'objet d'un enseignement
spécial à partir de 1828 ; mais les
sciences chimiques n'ont pris décidé-
ment leur essor à l'Université que dans
l'enceinte des Ecoles régénérées. On a
fait connaître plus haut (col. 997) la di-
vision actuelle des cours (théoriques et
pratiques) qui leur sont consacrés : il
importe maintenant de renseigner le
lecteur sur les ressources matérielles
mises à la disposition des professeurs
de chimie.
A. Laboratoires.
Les laboratoires actuels de chimie
générale, de docimasie et de manipula-
tions chimiques ont été construits en
1851 par M. l'architecte Rémont, sur
(<) De 1817 à 48iâ, le sous-bibliothé-
caire Terwagne porta le titre de conserva-
teur do eabinet de physique ; postérieure-
ment, un préparateur spécial tai adjoint au
professeur-conservateur.
1121
COLLECTIONS.
H22
les indications des professeurs ('). lis
occupent l'emplacement de Tancienne
orangerie (v. coi. i086).
Le laboratoire de chimie générale
comprend : i® un grand auditoire; 2«
un laboratoire proprement dit, où le
préparateur dispose les appareils et
prélude aux expériences de chaque le-
çon. En soulevant la planche noire sus-
pendue au fond de la tribune, où se
tient le professeur, on découvre Tinlé-
rieur dulaboratoire aux yeux des élèves,
rangés en hémicycle sur les gradins
élevés de Tauditoire ; 3° deux petits la-
boratoires à Fusa^e des professeurs de
chimie inorganique et de cbimie orga-
nique ; 4** enfin une grande salle, où
sont déposées les collections de chimie
générale et de cbimie industrielle, tant
organique qu'inorganique.
Le laboratoire de docimasie et de ma-
nipulations comprend : 1° une grande
salle de travail ; 2<* un magasin pour
les réactifs et les instruments ; 5" la
salle dite des bahnces; 4o une autre
salle-magasin.
Le laboratoire de recherches est installé
vers le milieu de Taile centrale, dans
une salle précédemment affectée à TÉ-
cole de pharmacie, et qui, à Torigine,
avait servi de laboratoire à Ch. Delvaux,
dont Tauditoire était adjacent. 11 se
compose : i^ d'une salle de travail pour
45 élèves; ^ d'une salle pour les réac-
tifs et les instruments ; 5^ d*une salle
pour 5 balances de précision , avec un
bureau et une petite collection de traités
spéciaux de première nécessité ; 4^
enfin, d*une cave-magasin.
Le Rapport triennal publié par M.
Piercot en i854 signale les nouveaux
laboratoires de Liégê parmi les plus
remarquables du royaume. Ils méritent
encore cette qualification; mais, comme
nous Tavons dit , ils ont cessé d*être
assez spacieux pour les besoins actuels.
Le laboratoire de docimasie surtout
laisse à désirer, du moins au point de
vue de la distribution intérieure.
B. Collections.
Le développement des collections a
été longtemps entravé par la modicité
des subsides alloués à renseignement
de la chimie. « D'après le calcul établi
par M. le professeur Cl^ndelon, écri-
vait M. Piercot en 1854, il n'a à sa dis-
position que i fr. 75 c. par leçon de
chimie inorganique, pour acheter les
matières nécessaires aux expériences
de chacune d'elles, tandis qu'au labora-
toire du Muséum de Paris , auquel jie
nôtre ne le cède pas en impprtaace, on
peut dépenser fr. 57-50 pour c^que
leçon. Le rapport de M. de Koninck
constate également Finsufiisancé du
subside pour la chimie organique. »
Les allocations affectées à la chimie ne
s'étalent élevées en moyenne qu'à 584
frs. par année, de 1849 à i 852: il y
avait impossibilité matérielle de songer
aux collections I
Les choses ont changé depuis,comme
on peut le constater en parcourant les
Rapports triennaux. Les subsides ont
été augmentés, bien que dans une pro-
portion encore trop minime. 11 faut
dire que l'accroissement des collec-
tions est dû surtout au zèle infatigable
de MM. Chandelon et de Koninck, qui
ont stimulé la générosité de nos princi-
paux industriels et ont profité de leurs
voyages et de leurs visites aux grandes
expositions internationales, pour enri-
chir les Cabinets de Liège d'un grand
nombre de produits de toute espèce.
Différents composés ont été préparés,
d'autre part, au laboratoire même;
enfin, de bons instruments ont été suc-
cessivement acquis. Les collections de
chimie laissent peu à désirer aujour-
d'hui quant au contenu ('); ajoutons
qu'elles sont parfaitement entretenues.
Elles comprennent au moment où
nous écrivons (juillet 1869):
1« Une série d'appareils et d'instru-
ments communs à la chimie générale
Inorganique et à la chimie générale
inorganique, au nombre de i25;
(M L^8 plans des nouveaux laboratoires
éuient arrêtés dès 1836.
(*) Cependant elles sont loin d'être suffi-
santés pour entreprendre des travaux scien-
tifiques exigeant de longues el minutieuses
recherches. L'attention de la Faculté, noud
t'avons déjà dit à propos d'une autre collec-
tion, est dirigée sur ce point : il y a là cer-
tainement à satisfaire à Tune des principales
exigett<se8 4e l'enseignement supérieur.
4123
COLLECTIONS.
1124
2^ Une série d*appareil8 et dlnstni-
ments pour la chimie générale inorga-
nique (iOl articles);
5<> Des échantillons de produits inor-
ganiques, au nombre de 98G;
A"" Une série d'appareils et instru-
ments pour la chimie générale orga-
nique (124 articles) ( * ) ;
5^ Des échantillons de produits or-
ganiques, au nombre de 652.
Les collections dm 2 et 3 sont da domaine
de M. le professeur Chandelon ; M. de Ko-
ninck a sous sa direction les dépôts n^ 4
et fi, dont il a exciasivement rassemblé les
éléments.
6» Deux collections importantes d'é-
chantillons intéressant la chimie indus-
trielle, tant organique qu'inorganique.
Ces échantillons ont été spécialement
choisis et classés de manière ft rendre
visibles les tranformations que su-
bissent, dans les manufactures, les
matières premières, Jusqu'au point d'ar-
river à des produits achevés et suscep-
tibles d'être mis dans le commerce.
Ces derniers, par parenthèse, sont en
assez grand nombre.
Les échantillons et spécimens com-
posant la collection de chimie indus-
trielle inorganique (formée et dirigée
par M. Chandelon) concernent :
L'eau dans ses rapports avec l'in-
dustrie. - Echantillons d'incrustations.
— Gaz d'éclairage ; gaz de la houille,
du boghead, des matières grasses ou
résineuses. — Eaux ammoniacales et
produits accessoires : goudrons, brais
gras et sels, huiles lourdes, huiles légè-
res, noir de fumée, houille agglomérée.
Minerais des soufrières de Sicile. —
RaflBnage du soufre. — Pyrites de fer.
Acide sulfurique de Nofdhausen. —
Id. anglais.
Acide nitrique.
Soude brute, sel de soude, cristaux
de soude, sonde caustique.
Chlorure de chaux.
Potasses extraites des vinasses de
betterave, des suints.
Salpêtre.
Poudre à tirer, de guerre, de mine,
de chasse.
Verres k gobeleterie , verres à vitre,
verre ft glaces, verre k bouteilles.
Produits céramiques.
Couperoses. — Aluns. -— Cérase.
La collection de chimk induitrieUe
organique (formée et dirigée par M. de
Koninck) comprend les divisions sui-
vantes :
Bois.— Amidon et fécules.— Sacres.
— Bières.— Vins.— AlcooL —Acide
acétique. — Essences. — Corps gras.
— Cires. — Caoutchoucetgutta-percba.
Savons. — Tannage. — Gélatine. —
Teintures. — Substances alimentaires
(en tout, plus de 300 produits diffé-
rents).
7^ Les Catalogues comprennent en-
core : a. Vingt-dnq grands tableaux
peints , exécutés par M. Von Gross ,
dessinatenr au Musée de l'industrie, à
Bruxelles, et représentant les appareils
employés dans les principaux établis-
sements industriel8,|ainsi que les plans
détaillés de plusieurs de ceux-ci; b. Un
grand nombre de planches autogra-
phiées, représentant également des
appareils industriels. Ces planches
sont distribuées gratuitement aux élè-
ves ; de la sorte , les professeurs ne
sont plus forcés de crayonner sur la
planche des dessins, qui doivent pres-
que toujours être cotés pour avoir une
certaine valeur.
Nous insisterons encore une fois sur
Tutilité des constructions rédamées
pour les laboratoires. Le laboratoire
proprement dit est commun aux deux
professeurs de chimie, disposition dont
on ne citerait peut-être pas un second
exemple, et qui offre l'inconvénient
d'entraver d'une .manière sérieuse les
travaux de l'un et de l'autre. De pliis,
ils n'ont comme auxiliaires qu'un seul
et même préparateur et un seul et
même garçon de laboratoire. Enfin, le
subside dont ils disposent n'est plus
en rapport avec l'importance que la chi-
mie a acquise dans ces derniers temps.
Les travaux du laboratoire de re-
cherches donnent chaque année des
résuluts satisfaisants; les analyses
des élèves sont publiées, s'il y a lien.
(M Dont 60 appareils spéciaux, tels que
fourneaux k analyse, baromètre, pompe pneu-
matique, élnve, réfrigérants, lampes, etc.
il 38
COLLECTIONS.
1126
soit dans la Revue universelle de M. de
Cuyper, soit dans les Annales des ira-
vaua: publics. Plusieurs de ces notices
ont déjà rendu des services réels aux
chefs d*établissement ou aux adminis-
trations locales
DIRECTION DES LABORATOIRES ET DES
COLLECTIONS DE CHIMIE.
Â. Chimie générale.
Les professeurs désignés ci-dessus,
co). 990 et 997, sous les no* XIX à
xxic).
B. Chimie industrielle.
Ibid.,noXXII.
C Docimasie et manipulations.
Ibid., n« XXIII et XXIV.
Préparateurs :
1817. J.-H.-J. Simon.
4856. J.-Th.-P. Cbandelon.
1838. Hebrant.
1859. J. Hanon.
1840. Is. Kupfferschlaeger.
1844. E. GauthyC).
i855. J. Gille(M.
1855. E. Albert (*).
1862. A. NeujeanC).
4865. K. Van Vinckeroy (*).
1865. A. Slévarl(').
4864. P.-F.-H. Bourgeoise").
Chef des travaux du laboratoire de
recherches chimiques,
1864. V. Franclien(V).
V. Cabloet de KoolOQile et de
paléontologie.
I. ZOOLOGIE.
Le Cabinet de zoologie est aussi an-
cien que rUniversité. Les Rapports an-
nuels des premiers recteurs nous par-
lent de ses accroissements rapides ; un
relevé dressé au commencement de i 850
en détaille la composition comme suit :
Mammifères .
. . 118 espèces.
Oiseaux . .
. . 800
Reptiles . .
. . 81
Poissons . .
. . . 85
Mollusques
. . . 62
Crustacés.
. . 55
Insectes ('•)
. . .6,900
Intestinaux
. . . 84
Polypiers.
. . . 97
Total
. . 8,S80
L'Université de Liège avait en outre
reçu du roi des Pays-Bas, en 4829,
a une superbe collection de coquilles,
comprenant 4,800 espèces et un grand
nombre de variétés, parfaitement con-
servées et toutes dénommées avec
soin (*•) ».
II n*est pas difficile de conserver des
coquilles; en revanche, les animaux
empaillés demandent des soins vigilants
et des mesures de précaution. Le fait
est qu'en 4855, quand M. Lacordaire
reprit la direction du cabinet, tout était
pour ainsi dire à renouveler. Un seul
professeur avait été Jusque là chargé de
renseignement des sciences naturelles;
par la force des choses , les cours de
Gaêde étaient restés relativement élé-
mentaires, et son zèle pour Tentretien
et Taccroissement des collections man-
quait de stimulant: Fattention ne sau-
rait être énergique et persévérante,
(<) De mi 4 im, le 8ou8-bibliolh^
Caire Terwagne porta le titre de conservateur
du cabinet de chimie.
(•) V. ci-dessus, col. 79Î.
(*j Aujourd'hui ingénieur des mines, k
Mons.
(*) V. ci-dessus, col. 4054.
(') Docteur en sciences naturelles.
(*) Ingénieur civil, à Liège.
C) Ingénieur au chemin de fer de l'Euit,
ft Liège. — La Société d'Emulation de cette
ville a couronné, en 186S, un Mémoire de
M. Stévart tur les meilleures méthodes d'à-
nalffu des minerais qui^ en Belgique ^servent
à textraetion du fer, du euiure, du xine et
du plomb (Mém. de la Soc. d*Efflulatioo,
nouv. série, t. II, p. 483-948).
/') Ancien élève libre de la Faculté des
sciences , M. Bourgeois s'est adonné de
bonne heure à l'étude de la chimie. Il s'est
beaucoup occupé, avec M. Ed. Morren, de
l'influence que les gaz industriels exercent
sur ia végétation (v. col. 888,n* 40); il a rem-
pli ensuite pendant trois ans (4 864 -4 864) les
fonctions de préparateur du cours de mani-
pulations, sous la direction de M. Is. Kupf-
ferschlaeger.
(*) v. ci- dessus, col. 4054.
r*) Coléoptères , S500; orthoptères ,
356; névroptères, 4S5; himenoptères ,
4,900; lépidoptères, 45S7; diptères, 400 :
total, 6,900.
(*■) Annuaire de VVniv. de Uége pour
4880, p. 40S.
1127
COLLECTIONS.
1128
quand elle est obligée de se porter à la
fois sur un grand nombre d objets di-
vers. On avait fini par réduire les ac-
quisitions à presque rien; ;goutons que
le professeur, même dans le cours des
premières années ,.ne pouvait compter
beaucoup sur des auxiliaires qui n'é-
taient en aucune façon naturalistes,
et pour qui les fonctions de conserva-
teur n'avaient qu'une importance très-
secondaire. Le préparateur Carlier,nom-
mé en 4826, ne pouvait passer pour
incompétent (*); mais il avait suivi les
habitudes prises, l'ornière insensi-
blement tracée, et il était de moins en
moins disposé à en sortir. Bref, M.
Lacordaire trouva la galerie zoologique
à peu près en ruine, outre que certaines
sections, notamment celles des pois-
sons et des reptiles, y étaient à peine
représentées. Les registres de 1835
accusaient la présence de iOG mammi-
fères : 102 ne valaient pas la peine d'être
maintenus dans les armoires ; sur 770
oiseaux, une vingtaine seulement étaient
en bon état. La collection de conchyo-
logie, composée d'environ 2,000 pièces,
avait seule une véritable valeur.
H. Lacordaire se mit activement à
l'œuvre, sans se laisser décourager par
l'insuffisance des subsides. Un lustrje
à peine révolu , tout était transformé.
0 Les mammifères, qui, il y a cinq ans,
écrivait en 184J l'auteur de la Notice
déjà citée, n'étaient représentés que
par une centaine d'exemplaires, en
comptent aujourd'hui plus de 550,
parmi lesquelles on remarque un grand
nombre d'espèces rares. Au premier
rang figure un bel orang mâle, dû à la
bienveillance du gouvernement. Les
autres collections se composent d'envi-
ron 1,000 oiseaux, 200 reptiles, 500
poissons, la plupart de la Méditerranée,
2,000 coquilles, 100 crustacés, la plu-
part du Bengale et Mexique, 7 à 8,000
insectes, provenant en grande partie
des collections de feu M. le professeur
Gaêde et de M. Robert, de Chênée ;
enfin, une quantité assez considérable
de polypiers et antres animaux infé-
rieurs. Une suite assez riche de vers
intestinaux est surtout importante, en
ce qu'elle a été donnée à lUniversité
par le Muséum de Vienne , qui est
l'établissement scientifique auquel l'é-
tude de ces animaux est principalement
redevable des progrès qu'elle a fait
de nos jours, n
Les achats continuèrent dans le
cours delà période suivante; le Cabi-
net reçut aussi quelques dons, entr'au-
très une série de 75 oiseaux de Co-
lombie, rapportés par M. Linden, de
Bruxelles. Ce mouvement progressif se
ralentit après i849, à cause de la ré-
duction des ressources ; Il fallut aussi
faire confectionner de nouvelles ar-
moires.— On se retrouva enfin dans l'é-
tat normal. A partir de 1856, les collec-
tions qui étaient en retard sur les mam-
mifères et les oiseaux attirèrent parti-
culièrement l'attention du professeur
de zoologie. Des poissons, des reptiles,
une série de crustacés du Chili, appar-
tenant à des espèces rares,telles sont les
principales acquisitions constatées jus-
qu'en i 863. Celte dernière année marque
exceptionnellement dans les annales du
Cabinet. M. Lacordaire eut la chance
heureuse de procurer à i'Lniversité,
moyennant un subside extraordinaire,
pour la somme modique de 8,089 frs.,
tous frais compris ('), 2,905 exem-
plaires divers ('), composant les col-
lections zoologiques formées au Brésil,
dans l'Afrique australe et aux Indes
occidentales, par le célèbre voyageur
et orientaliste, M. le comte de Castel-
nau, en ce moment consul général de
France à Melbourne, en Australie. En
même temps furent déposés dans la
collection un certain nombre de pois-
sons et de reptiles conservés dans Tal-
cool, provenant de Montevideo et en-
voyés personnellement au directeur.
En 1864—1865, les collections d'a-
natomie et de zoologie purent être
{* ) Carlier suppléa quelque temps Gaêde,
en 483a, pour la zoologie; l*anDëe suivante,
ii fut momentanément chargé du cours de
géologie (v. ci-dessus, col. 420).
(' ) A peine un quart de ce que ces obje)s
eussent coûté, au prix actuel du commercé.
( ') 86 mammifères, 15 crftnes de cornes,
4,930 oiseaux, 850 poissons, 35 crustacés :
total, 2,905 exemplaires.
1129
COLLECTIONS.
1130
transportées dans le bâtiment neuf tou-
chant au Conservatoire. Cette transla-
tion était désirée depuis longtemps;
les accroissements du Cabinet de zoo-
logie surtout {^avaient rendue urgente.
Grâce au zèle et aux relations étendues
de M. Lacordaire, la collection de Liège
peutdésormais soutenir le parallèle avec
bien d*autres,tant sous le rapport de sa
disposition que des richesses qu'elle
possède ; dans quelques-unes de ses
parties, entre autres dans la série des
poissons, elle compte même peu de ri-
vales en dehors des musées de premier
ordre. En voici la composition au 25
Juin i8G9 :
Mammifères 650
Oiseaux 4,250
Poissons 4,255
Reptiles 665
Batracenis 200
Crustacés 200
Mollusques 4,000
Vers 200
Polypiers ioo
ToUl . . i 1,520
Dans cette énumération n*est pas
comprise une collection d'insectes,
composée de plusieurs milliers d'exem-
plaires.
Direction du Cabinet (*).
1847. H.-M. Gaêde.
4835. (31 déc.) Th. Lacordaire.
Préparateurs-Comervateurs,
1824. G.-T. Van Winckler.
1826. A. Cartier.
1842. M.-T. Miedel.
II. PALEONTOLOGIE.
Depuis que M. Dewalque est chargé
du cours de paléontologie (i857)^ la
collection des fossiles est placée sous
sa direction, en même temps que le
Cabinet de minéralogie et de géologie
(v. ci-après).
VI- Cabinet tU- minéralogie et
de fséologle.
V Annuaire de VUniversité de Liège
(*) Le soas-bibliotbécaire Terwangne(1 847)
et après lui Warnkœnig (1828) furent con-
servateurs en titre du Cabinet d'histoire na-
turelle, jusqu'à la nomination du préparateur
pour 4830 décrit comme suit cette col-
lection, dont la section paléontologique
ne fut détachée que plus tard, pour y
être annexée de nouveau en 4857 ,
ainsi que nous venons de le dire :
« La collection minéralogiquc de TU-
niversité de Liège est classée d'après
la méthode de Haiiy. Elle se compose
d'environ 2,400 échantillons renfer-
més actuellement dans huit tables, mu-
nies de bijoutières, et rangées suivant
la longueur du cabinet. Chacun d'eux
porte sur son godet une étiquette indi-
quant le nom de l'espèce et de la va-
riété à laquelle il appartient, et la loca-
lité exacte. En tète de chaque espèce,
se trouve en outre une étiquette longue
de deux palmes et haute d'une palme,
sur laquelle se lisent , outre le nom de
l'espèce, ses principaux caractères dé-
finis, tels que la pesanteur spécifique,
la forme cristalline, le clivage, l'ana-
lyse, etc.
» Ces échantillons appartiennent à
peu près à 4 ,500 variétés formant 250
espèces; les petits cristaux et les
pierres précieuses sont portés sur de
petits supports en bois d'ébène, pour
les rendre plus visibles.
)) Les métaux usuels (le plomb, le
cuivre, le fer) sont rangés par localités;
les échantillons sont au nombre de
400.
» Les empreintes de végétaux du
terrain houiller occupent deux grandes
tables; l'une comprend les tiges et
l'autre les frondes. Parmi elles , se
trouvent plusieurs espèces nouvelles,
annoncées par MM. Sauveur et Cour-
tois (•).
» La collection des roches comprend
six autres tables,qui renferment environ
2,000 échantillons.
» Celle des pétrifications animales
occupe les appuis des fenêtres et comp-
te environ 800 échantillons. Les ani-
maux mvertébrés y sont distribués
d'après Lamarck.
» Il faudra bientôt ajouter les osse-
ments fossiles découverts dernièrement
Carlier (4826).
(') Ces empreintes ont été partiellement
transportées, depuis, au Musée de bota-
nique (v. ci-dessus, col. 4141).
42
iI31
r.ofj.Ff.ïioss.
H32
k Cbokicr, dans une caverne creusée
dans h» calcaire (*). Parmi ceux-ci, on
remarque des os de différentes parties
du squelette de Tours des cavernes, des
dents et des os du Rhinocéros uni-
corne et bicorne, d*hyène, de loup, de
renard, de chevaux, de bœufs, de plu-
sieurs espèces de cerfs, de lièvres, de
rats, de campagnols, de rats d*eau,
d*oiseaux, etc.
» Plusieurs ossements fossiles des
environs de Maestricht, tels que des
défenses d'éléphants, des carapaces de
tortues, formaient le noyau de la collec-
tion d'ossements de vertébrés. Il existe
en outre une collection des roches et
des minéraux de chaque province du
royaume; elle est actuellement déposée
en partie au cabinet de TEcole des
mines.
)) Le noyau des collections mention-
nées ci-dessus est formé d'un envoi
fait en i8i9, par ordre de S. E. le mi-
nistre de rintérieur, et comprenant :
697 échantillons de substances sa-
lines ;
i,AH id. de la classe des pierres ;
424 id. des combustibles;
i,95G id. des métaux;
610 id. de roches, y compris les
produits volcaniques ;
479 id. de pétrifications;
500 id. de roches rangées d*a-
près Werner.
5,610 échantillons.
» Il faut joindre à ce premier envoi :
1° La collection de minéralogie et
de géologie nationales, déposée autre-
fois à Bruxelles, et qui a été cédée en
1825 à rUniversilé de Liège, après la
suppresion de ce dépôt (*);
2" Deux collections de modèles de
cristaux d'après Werner et Haiiy, com-
prenant ensemble 520 modèles;
5" Les minéraux obtenus par des
cadeaux, des échanges, par différents
achats, par de nombreUvses courses
mincralogiques faites dans la province
de Liège et dans les provinces méridio-
nales.
n II est arrivé en 1829 une collection
de roches comprenant 425 échantillons
et 200 autres de minéraux rares. »
L'assertion de Ph. Lesbroussart est
encore vraie aujourd'hui : la paierie mi-
néralogique de Liège est la plus complète
du royaume. Elle renferme en outre,
au point de vue de l'enseignement, des
ressources d'une utilité hors ligne.
Nous faisons surtout allusion à une
collection spéciale des caractères mi-
néralogiques, comprenant les divers
exemples des propriétés géométriques,
mécaniques, optiques et magnétiques
des minéraux. «Cette collection n'existe
qu'à l'Université de Liège, écrivait en
1841 l'auteur qu'on vient de citer; elle
se compose de 175 échantillons.» L'in-
ventaire de 1869 constate que ce nom-
bre est presque triplé. Quant à la col-
lection proprement dite, qui n'a cessé
moraenlanément de s'enrichir que pen-
dant la peri(ule,déjà rappelée , où les
subsides furent réduits presque à rien
('), mais qui depuis lors, grâce surtout
à l'acquisition des trésors délaissés par
Dumont, a pris tout d'un coup un déve-
loppement exceptionnel, on en appré-
cierait mieux encore l'importance si
l'espace ne lui manquait pas L'encom-
brement est tel, que la moindre modifi-
cation au classement ou à la distribu-
tion est une affaire laborieuse, devant
laquelle le professeur-directeur est
obligé d'hésiter le plus souvent. A
d'autres époques, la classification a été
plus d'une fois changée : après Haûy,
on a suivi lieudant; après Beudant,
André Dumont a rangé les minéraux
d'après ses propres tableaux analyti-
ques. Quelques séries particulières sont
dignes de toute attention : nous cite-
rons entr'autres les échantillons des
minéraux du Vésuve ; une magnifique
suite des minéraux de l'Oural, don
de S. &1. le Czar ; les minerais du Chili
(notamment les minerais de cuivre),
(M V. l'art. ScHMERLiNG , col. 552 e^
suiv.
(*) Celle collection n'est sans doute ja-
mais venue à Liégt,puisque Tarrèté du 'iTt jan-
vieri84i en ordonna de nouveau le transport
dans notre ville (v. ci -dessus, col. 1038), et
que cet arrêté lui-même ne reçut jamais
d'exécution. 11 y a peui-èlre Iji quelque con-
fusion.
(*) A 315 fr. par an, de 1849 à 1855 !
H33
COLLECTIONS.
1134
envoyéspar M.le Consul-général Derote;
ceux du Pérou, offerts par M. Mariano
de Rivero, et d'autres collections non
moins riches des minerais de la Prusse
(don de Al. von Decben), de TEntre-Sam-
breet Meuse, de TAustralie, etc. , offertes
soit par d^anciens élèves de nos Ecoles
spéciales, soit par divers savants ou in-
dustriels, on procurés à TUniversitépar
le zèle vigilant de MM les professeurs
Dewalque et Gillon. Plusieurs de ces
séries ont pris naturellement place dans
le cabinet de métallurgie; nous allons y
revenir.
Yolci le résumé du dernier inventaire
delà galerie de minéralogie (i8G9) :
1. Collection générale : 6,000 échan-
tillons, dont 2,550 provenant de la
collection de Dumont;
H. Collection pour Vétude des pro-
priétés générales des minéraux: 50(i
échantillons ;
HI. Minéraux de Belgique: i,500
éch., dont 97G de la collection Dumont;
IV. Minéraux de Russie: 145 éch.
de la plus grande beauté ;
V. Minéraux du Vésuve : 250 éch.;
VI. Chili, Espagne, Java, etc. : 500
échantillons ;
Vil. Collection pour l'étude des
roches : 500 échantillons.
Géologie et Paléontologie (v. ci-des-
sus, col. 1129). — Rendant compte en
1841 de l'état de cette collection. Les-
broussart y comprend le n^ Vil ci-dos-
sus. Parmi les autres séries quMI men-
tionne, nous notons une collection géo-
logique de 600 éch., classés d'après
M. d*Omalius d*Halloy; une coll. de
roches de Hongrie (188 éch.); une autre
de roches du bassin de Paris (450 éch.);
une id. des roches du mont Môqattan,
et une des roches et des minéraux du
désert de Sinaî, données par le gouver-
nement (160 éch.); des fossiles de
TEifel, rapportés en 1858; enfln les
ossements recueillis par Schmerling,
les curieux fossiles de Maestricht et
de Visé, et les empreintes de végétaux
dont il a été question tout à Theure.
La collection Schmerling avait con-
sidérablement souffert avant que le
gouvernement en fit Tacquisltion : il ne
fallait rien de moins que 1 ardeur scien-
tifique et les connaissances spéciales
de M. le professeur de Koninck pour
parvenir à rétablir dans leur premier
état une certaine quantité de pièces dé-
tériorées. Des centaines d'ossements
de la plus haute valeur furent mis àfabri
des influences destructives auxquelles
on les avait laissés exposés, et rangés
dans des bijoutières pour le plus grand
profit des études. — Le plus précieux
trésor de cette collection est le crâne
d'Engis, restauré par M. Spring (v. l'art.
Schmerling, et Lyell, L'ancienneté de
Vhomme, p. 82 et suiv.)
ici encore, au risque de nous répéter,
il faut signaler la déplorable insuffisance
des locaux et du mobilier. A 1 heure
qu'il est, malgré les instances réitérées
de Bf . Dewalque, une partie notable de
la collection Schmerling est toujours
emballée dans des caisses. Il en est de
même d'une partie des plantes houil-
lères. M. Spring est disposé à offrir à
la collection paléontologique les fossiles
de Chauvaux (v. ci-dossus, col. 945) :
l'espace manque pour les recevoir.
Parmi les objets dont le Cabinet s'est
accru depuis le temps où écrivait Les-
broussart, le premier rang appartient
aux collections formées par l'auteur de
la Carte géologique de Belgique, acquises
par le gouvernement et laissées géné-
reusement à l'Université où ce savant
s'est illustré. Elles comprennent ("Aa^.
triennal de 1862-1864, p. XXV) :
1 . Une collection de minerais indi-
gènes, 820 numéros ;
2. Une collection de minerais exo-
tiques, 2080 n"';
5. Une collection de roches neptu-
niennes, parfois fossilifères, classées
par terrains du pays et de l'étranger,
près de 12,000 n«»;
4. Une collection de roches geysé-
riennes, en général du pays , 493 n^;
5. Une collection de roches pluto-
niennes, presque toutes du pays , 525
numéros;
6. Une collection de fossiles, 2,410
n^S dont 2,277 proviennent du pays.
Cette énumération nous dispense de
tout commentaire.
À ces trésors scientifiques, il faut
ajouter, pour la géologie y les collections
de minerais mentionnées tout à l'heure,
et spécialement celles des minéraux in-
1135
COLLECTIONS.
1136
dastriels d'Allemagne. Les rayons et
les vitrines sont malheufeusement si
encombrés, qu*un long travail sera né-
cessaire pour les dénombrer «avec exac-
titude (*); à plus forte raison est-il
difficile de s*en servir avec avantage
dans renseignement. On souffre en réa-
lité de rembarras des richesses.
Le musée paléontologique s'est en-
richl, d'autre part, de différents dons
de M. Dewalque et de M. Spring (les
ossements trouvés à Âvernas-Ie-Bau-
douin); d'une série de 683 fossiles du
terrain tertiaire du bassin de Paris,
série qui, Jointe à celle que TUniversité
possédait déjà, constitue une des plus
belles collections que Ton possède pour
ce terrain ; de plusieurs séries de fos-
siles du terrain crétacé français (248
espèces, les plus communes), du terrain
jurassique (208 espèces) du terrain
rhénan (155 fossiles), du Valais (i2id.),
de la Nouvelle-Hollande (collection
provenant de l'Exposition universelle
de 1867), etc., etc. — Mentionnons en
passant des ossements de Velephas
primigenius , trouvés dans le diluvium
du versant méridional de i'Ârdenne, où
ils sont extrêmement rares.
Le Cabinet possède en outre une série
de coquilles, un certain nombre de
restaurations d'animaux perdus, des
cartes géologiques, divers instruments
de précision, la collection des modèles
géologiques de Jopnilb, etc. etc.
D'après ce qu'on vient de lire, on
peut ramener aux groupes suivants les
éléments de nos collections de géologie
et de paléontologie :
i. Roches de divers terrains et du
pays 2,i00éch.
2. Collections de roches
de Dûment, la plupart de
Belgique, classées par
terrains i 5,800 »
5. Id. de fossiles, id, id. i,500 »
4. Collection de houilles
du pays, et collection
de végétaux fossiles . i,200 »
5. Collection de coquilles
vivantes ou fossiles,pour
l'étude de la conchyolo-
gie GOO esp.
6. Coquilles et autres in-
vertébrés fossiles(y com-
pris la série du bassin
tertiaire de Paris) . . 4,000 •
7. Collections diverses d'ossements
fossiles.
8. Collection Schmerling (une quan-
tité innombrable d'ossements).
9. Collection de produits minéraux
industriels de l'Allemagne.
10. Modèles géologiques, plâtres, car-
tes, instruments, etc.
Direction du Cabinet.
Les professeurs de minéralogie , de
géologie et de paléontologie (v. ci-des-
sus, col. 997 et 998, n" XXVII-XXIX).
Conservateurs.
1818. J.-P. Terwangne.
1820. Warnkœnig.
1826. Crocq.
1851. Ch. Davreux.
185i. Ad. Lesotnne.
1857- J.-Th.-P. Chandelon.
1844. Is. Kupfferschlaeger.
1854. G. Dumont(»).
1855. G. Dewalque.
1858. C.Malaise.
1861. F. Dewalque.
1866. J.-B. Braine.
VII. Musée de mêcttnlque appli-
quée.
C'est à J.-B. Brasseur que l'Univer-
sité est redevable de cette collection
technique. La fondation en remonte à
1855 ; elle est ainsi contemporaine du
Cabinet de modèles de géométrie des-
criptive (v. ct-après, n? X).
(*) Le nombre des échantillons dépasse
cerlaincment 500. — Cette collection a été
complétée, en 1865, par une autre colteelion
de produits minéraux non mélallifëres des
provinces rhénanes» qui a flgurë à l'Expo-
sition de Cologne, et qui comprend notam -
menl une fort belle série de houilles des bas-
sins de la Wunn,de la Ruhr et de Saarbrûck,
puis d'ardoises , de sel gemme et de chaux
phosphatée. C'est un don de M. le professeur
Dewalque.
( * ] Sans nomination régulière. — En fait,
M. Dumonl n'ayant pas le temps de s'occuper
du Cabinet , les fonctions de conservateur
ont été remplies, en 1854, par feu ringé-
oieur Doncliier.
H37
C01LECTI0N3,
1138
L*extrait suivant du Rapport trien-
nal de 1856-i 858 mettra immédiatement
le lecteur à même d*apprécier le mérite
pratique de la conception de Brasseur.
a Pour rintelligence de la description
des machines motrices, et aussi dans
le but d*offrir aux élèves Toccasion
journalière de prendre des croquis, le
Musée est pourvu d'un certain nombre
de machines principales , telles que
machines à vapeur , machines souf-
flantes, machines d'épuisement à trac-
tion directe, locomotives, roues hydrau-
liques, etc., toutes construites sur une
échelle assez grande pour que tous les
détails de construction y figurent. La
plupart de ces machines peuvent être
mises en mouvement par la vapeur de
Tatelier et ainsi servir à exécuter di-
verses expériences sous les yeux des
élèves. Les roues hydrauliques et les tur-
bines sont également construites sur
une échelle suffisamment grande pour
pouvoir être soumises à Texpérience au
frein.
» Comme, dans une machine montée,
plusieurs parties essentielles sont ca-
chées à la vue , le Musée renferme une
collection de pièces de détail pour être
présentées aux élèves pendant la leçon
du professeur ; tels sont : piston plon-
geur, bofte à étoupe, piston pour pompe
aspirante, soupape deCornouailles, ma-
nomètre pour condenseur; enfin, un mo-
dèle présentant les diverses manières
d'admettre ou d'émettre la vapeur dans
les machines de ce nom.
» Outre des machines motrices dont
rétude importe le plus, le Musée pos-
sède quelques métiers, parce que ceux-
ci offrent en général les transformations
de mouvement les plus ingénieuses , et
qu'ils donnent à l'élève attentif , sans
l'aide du professeur , une idée de la fa-
brication de certains produits. Tels
sont : métier à tricoter, métier à agrafer,
métier à clous d'épingle, machine pour
faire les tenons et les mortaises,machine
pour faire la chaîne Vaucanson.
<c Dans la catégorie des instruments
que nous venons de mentionner, vien-
nent se ranger quelques appareils de
petite dimension qui servent à confirmer
expérimentalement quelques théorèmes
sur la rotation des cor])s. »
La collection s'accroît d'année en
année, soit des produits du travail de
l'atelier (v. ci-dessus, col. 1028, 1030
et i050), soit de modèles ou de ta-
bleaux à l'usage de l'enseignement,
achetés au moyen d'un fonds spécial.
Les dernières acquisitions compren-
nent, entr'autres, des objets destinés à
venir en aide aux explications du pro-
fesseur chargé du cours d'exploitation
des chemins de fer (').
L'installation du Musée au second
étage, dans une salle qui communique
directement avec l'auditoire de M.
Dwelshauvers-Dery , est asseï:' conve-
nable; seulement on peut prévoir un
prochain encombrement.
il serait superflu de donner une énu-
mération détaillée des assemblages
fixes ou mobiles, des pièces de trans-
formation de mouvement, des pistons,
robinets, soupapes, engrenages, excen-
triques, parallélogrammes de Walt,
balanciers, bielles, manivelles, etc.,
dont se compose le fond de la collec-
tion. Nous citerons parmi les princi-
paux appareils le condenseur Letoret,
les indicateurs de Watt et de Richard,
des dynamomètres, un moulinet de
Woltmann , des chronomètres, des ca-
libres logarithmiques, une machine à
vapeur à balancier, un moulin à vent,
des roues à augets, à podettes planes,
système Poncelet; des turbines de
Fourveyron et de Jouval, des pompes
centrifuges, l'insecteur Giffard, un mar-
teau pilon (système Brasseur), des ma-
chines soufflantes, verticale et horizon-
tale, une machine ù éprouver les maté-
riaux, etc., etc.
L'atelier de construction renferme
douze étaux à l'usage des élèves, cinq
tours de diverses grandeurs, trois ma-
chines à raboter, une machine â fendre
les dents d'engrenage, deux forges
avec enclumes, une machine à percer et
une machine à vapeur à balancier, le
tout fonctionnant régulièrement.
IHreclion du Musée,
1855. J.-B. Brasseur.
( *)M. Despret, de son côté, a procaré au Musée des dons considérables.
1139
COLLECTIONS.
1140
1808. V.-A,-E. Dwelshauvers-Dery.
Conservateur.
i861. Ad. DelvauK de Fenffe
Préparateur,
i8G5. Ch. Pairou.
VIII. Bf iiséo d'exploitation de«
mine».
I/existence de celte colleclioii est
signalée pour la première fois dans le
Rapport triennal de i856>i858. N'exa-
gérons rien : nous voulons dire que TU-
niverslté possédait dès lors un certain
nombre d*objets dont on pouvait former
le noyau d*un Musée d*exploitation ;
mais ou ne savait trop où les loger, et
Ils n'étaient point confiés aux soins d'un
conservateur spécial. Insensiblement,
d'anciens élèves de l'Ecole des mines et
des Sociétés industrielles ont encouragé,
par leurs dons, les efforts de M. le prof.
Trasenster : Installé aujourd'hui dans
une salle suffisamment spacieuse , qui
fait suite au Musée de mécanique appli-
quée, le dépôt dont nous parlons com-
mence à prendre une importance réelle
et à rendre d'utiles services aux élèves-
ingénieurs. On y remarque notamment
une série d'outils de mineur, des in-
struments de sondage, une collection de
lampes de sûreté, un anémomètre Com-
bes, un anémomètre multiplicateur, un
modèle de ventilateur Fabry, des mo-
dèles d'arrêts cuffats, des modèles de
guidonnage, de cuvelage, de bots de
bac, un modèle de puits de mine (boi-
sage), un modèle de galerie , par Pal-
planches ; un appareil de perforation
Hisbet ; des modèles de billes métalli-
ques; une pompe complète ù piston
plongeur ; des échantillons de câbles
d*extraction,un clinomctre, un système
de clichage» des spécimens de roues et
d*essienx, divers Instruments de topo-
graphie, etc. Dans la même salle sont
placées les collections métallurgiques,
qui ont naturellement plus d'un point
de contact avec le Musée d'exploitation.
Directeur.
1858. L. Trasenster.
Conservateur.
i85s. Ad, Pelvaux de Feoffe,
ÏÏJL. Cabinet de métallurgie.
De même que la précédente, cette
galerie n'a pris du développement que
depuis une douzaine d'années. Elle est
surtout riche en échantillons de miné-
raux industriels ; on y a déposé, entr'au-
tres, la belle collection donnée à l'U-
niversité par M. von Dechen, et une
collection des produits de Fusiue du
Val-Benoit, comprenant les composés
de nickel et de cobalt employés dans
les arts, offerte par M. Montefiorc-
Levi. M. le professeur Gillon s'est
attaché, dans ces derniers temps, à
y rassembler des modèles d'usines et
d'appareils de toute espèce, propres à
taire saisir aux élèves, dans les moin-
dres détails, les procédés de traite-
ment et d'affinage des minerais. Nous
mentionnerons un modèle de haut four-
neau avec accessoires ; un beau mo-
dèle de four à coke en ruche, don de
M. Laumonier; un Id. de four à deux
tôles pour le grillage des blendes ; id.
de four Monteflore, pour la réduction
des poussières de zinc; id. du four à
zinc d'Engis; id. du trommel de Pom-
péan; id. de meules broyeuses; deux
modèles d'appareils pour la prépara-
tion mécanique des minerais, don de M.
Paquot, directeur du Bleyberg; deux
appareils à air chaud, l'un du système
de Wasserelfingen, l'autre du système
Calder; des tuyères à crémaillères,
etc. Le Cabinet possède, d'autre part ,
un grand nombre de modèles dessinés,
dont le professeur de métallurgie tire
avantageusement parti dans son cours.
Directeur.
1857. Ad. Delvaux de Fenffe.
18Gi. A. Gillon.
Conservateur.
i8Gi. Ad. Delvaux.
TU, Musée de géométrie deaerlp-
tlve et d*arelilteetnro Indna*
trlelle* et cabinet de modèle*
du oonra de dea»ln.
Ces différentes collections ont été
réunies en une seule depuis la mort de
J.-B. Brasseur, et placées sous la di-
rection de M. J.-P. Schmit. Elles sont
installées dans les combles du bâti-
1141
COILECTIONS.
M 42
ment de TEcole, à côté de la grande
salle de dessin de M. Schorn {*],
Elles comprennent une remarquable
collection de surfaces exécutées en
bois ; une autre série de surfaces dont
les génératrices sont en Ûl de sole ; des
surfaces du second degré , dont la
double génération par des circonfé-
rences de cercles anti-parallèles est
indiquée au moyen d'une construction
en disques de fer-blanc mobiles, et la
série complote des modèles de géomé-
trie descriptive de Plucker, acquise tout
récemment en Allemagne. On y re-
marque en outre une collection de
voûtes et de pénétrations dans les
murs, exécutées en plâtre; quelques
modèles de fermes , de combles, de
ponts, et une série d'assemblages en
bois, ainsi que de divers éléments de
construction (toitures en zinc de la
Yieille-Montagne , poteries et tuiles
creuses, échantillons de marbres et
d'autres matériaux bruts et ouvrés), à
Tusage du cours d'architecture indus-
trielle (•),
Le Cabinet des modèles se compose ;
1° De divers ouvrages k planches ;
2^ D'une suite de 52 épures, toutes
composées et gravées par M. Schmit
et présentant chacune la solution d'un
problème de géométrie descriptive. Des
exemplaires de ces épures, qui sont
renouvelées chaque année, selon l'u-
sure ('), et modifiées en raison des be-
soins du cours, sont régulièrement dis-
tribués aux élèves et servent de mo-
dèles pour leurs travaux graphiques;
3^ Du mobilier et de l'outillage d'un
atelier de lithographie et d'autograpbie.
L'espace manquant pour étendre et
loger convenablement les collections
précitées, d'ailleurs peu accessibles au
public dans le grenier où elles sont re-
léguées, on commence ù employer les
fonds destinés à les alimenter, à des
impressions auto$rraphiques de texte et
de planches, que l'on distribue aux
élèves, et qui, au fond, ne leur rendent
pas moins de services. Ce système a
été suivi pour la publication de la se-
conde partie du cours de géométrie
descriptive de M. Schmit , terminée
postérieurement à l'impression de la
notice que nous avons consacrée à ce
professeur (v. ci-dessus, col. 919).
Directeur.
1855. J.-B. Brasseur (géom. descr )
et J.-P. Schmit (archit. industr. et
dessin) (*).
1868. J.-P. Schmit.
Conservateur.
18G1. Ad. Del vaux de Fenffe.
Préparateur,
1863. Ch.Pairou(*).
:aLI. Cabinet d*anaU>inlegéndrale
ET
SU. Cabinet de phyulolof^le.
Les Rapports triennaux placent sous
la même rubrique i'anatomie générale
et I'anatomie descriptive ; mais comme
l'enseignement de ces deux branches
des sciences médicales est aujourd'hui
confié à deux professeurs différents,
tandis qu'un seul directeur préside aux
collections d'anatomie générale et de
physiologie, il nous a paru rationnel de
consacrer un paragraphe spécial à I'a-
natomie descriptive, et de réunir en un
seul groupe les cabinets qui relèvent
de M. Schwann.
En 1840, M. Spring obtint de la
Faculté de médecine l'autorisation de
prélever, sur le quart réservé des mi-
nervales (*), une somme de 400 fr.,
( M V. ci-dessus, col. i061.
(*) M. Scbmil a beaucoup cootriboé à
enrichir de ses dons celte dernière section
du Musée.
(') Dans le cours de la période triennale
i862-iS64,oo a dû renouvtiler i,588 épures
modèles, et là planches ont été gravées à
nouveau (v. ci-dessus, col. 916}.
(*) Les collections dont nous nous occu-
pons étaieni peu importantes avant 1856, ou
du moins ne constituaient pas à proprement
parler un musée.
(*) Préparateur du cours de mécanique
appliquée v. ci dessus).
(') Sous le régime de lu loi de 1835,
chaque professeur percevait le montant des
inscriptions payées spécialement pour ses
cours. On quart du prodoit total des miner-
vales était retenu au profit des professeurs
dont les leçons, par leur nature, ne pouvaient
i1i3
COLLECTIONS,
1144
cîeslinée ù l'ai liai d'un niicioscope d'O-
berlueuser. Telle est la première origine
du cabinet de physiologie. Différents
autres achats d'inslrumenls d'optique
et de dissection furent opérés succes-
sivement de la mt'me manière, faute de
subside. Un premier fonds de <,500
fr. avait servi à la création d'un labo-
ratoire d'anatomie générale; de 1856 à
i847, une somme de 1,363 fr. 20 c. en
moyenne fut affectée à ce service ; la
dite moyenne tomba, de 1849 à 1852,
à 1,173 fr. Une petite part de ce fonds
revint à la physiologie, postérieure-
ment à Tachât du microscope : après
1849, cette part se trouva réduite à la
somme presque dérisoire de 170 fr.,
c'est-à-dire à peine assez pour couvrir
les frais d'achat et de nourriture des
animaux servant aux expériences, et
d'acquisition des réactifs chimiques et
des autres objets indispensables. Cet
état de choses ne pouvait se prolonger,
en présence du développement consi-
dérable de la science physiologique ;
constatons dès à présent qu'on est arrivé
peu à peu à une situation normale.
Lorsque M. Spring,en 1858, renonça
au cours de physiologie en faveur de
M. Schwann, l'iilventaire général de la
collection comprenait 47 n^*. Plusieurs
de ces objets, savoir le microscope d'O-
berhœnser, quelques appareils électro-
magnétiques, ainsi que des pèse-uri-
nes, des lactomètres, des aréomètres
et des thermomètres, furent cédés à la
clinique médicale. Parmi ceux qui res-
tèrent au Cabinet, nous signalerons un
ophthalmoscope de Ructe, un creuset
en platine , des éprouvettes graduées,
trois scalpels doubles de Valentin, deux
névrotomes de Magendie, deux boites
de préparations microscopiques, en-
Ir'aulres celles du docteur Schatz, de
Berlin ; un diapason , un phénakisto-
cope, un petit microscope de Chevalier ;
enfin, différents tableaux et des modèles
en plAtre ou en carton-pierre.
M. Schwann accepta le cours de
physiologie , mais resta chargé en
être fréquentées que par un petit nombre
d'élève^. Aujourd'hui, en règle, l'inscription
est globale,c'est-à-dire est prise à la fois pour
tous les cours portés au programme d'un
même temps du cours d*anatomie gé-
nérale. Depuis 1849, il avait acheté
pour ce dernier cours un grand nombre
d'instruments pouvant servir an double
enseignement qui lui était désormais
confié. Ce contingent figure pour 63
n»' dans le catalogue de Tanatomie
générale et descriptive. Peu à peu le
cabinet de physiologie s'accrut de nou-
veaux objets de toute espèce : l'inven-
taire de 1858 mentionnait 47 n""*; celui
de 1869 se poursuit jusqu'au n° 186,
ce qui donne une augmentation de 139
objets.
Il faut y ajouter les préparations
concernant l'embryologie, au nombre
de 153. Tels sont les éléments dont
se composent les deux cabinets d'ana-
tomie générale et de physiologie, au
moment où nous écrivons (juillet 1869).
Réduits aux deux tiers en 1848, les
budgets des collections furent rétablis
à l'anHen taux en 1856, puis augmentés
en 1862. Un nouveau partage fut opé-
ré, d'autre |)art, au sein de la Faculté,
entre l'anatomie générale et la physio-
logie : le subside de la première fut
fixé à 340 fr., celui de la physiologie à
1,000 fr.
En 1868, un local spécial fîit en
outre assigné à la physiologie : il est
contigu au cabinet d'anatomie descrip-
tive.
Passons rapidement en revue les ri-
chesses de la double collection dont il
s'agitici. En première ligne viennent les
instruments d'optique : un grand micros-
cope d'Oberhseuser (Hartnack), avec
neuf objectifs, micromètre, chambre
claire, appareil de polarisation, etc.;
un miiTOscope simple et composé de
Chevalier; un microscope de Nachet,
petit modèle, avec trois objectifs; un
id. plus grand, à cinq objectifs, à cré-
maillère, avec chambre claire , prisme
redresseur, micromètre oculaire, len-
tille n<* 8 à immersion et appareil pho-
tographique ; un microscope de pocbe
avec 3 objectifs, également de Nachet:
l'appareil de M. Schuitze pour chauflfer
examen. La répartition des minervales se
fait en raison des henre» légales attribuées il
chaque cours ; le quarl réservé a été naturel-
lement supprimé.
H45
COLLECTIONS.
1146
la platine du microscope; la chambre
humide de Rerklinghausen ; un mi-
croscope simple binoculaire, et une
lentille de Brncke applicable à ce mi-
croscope. Signalons en outre des appa-
reils à injection simple et à pression
continue, ainsi que les difTérents li-
quides servant aux travaux microsco-
piques, et plusieurs collections de pré-
parations soit achetées , soit faites à
rUniversité même.
Le microscope de Chevalier et le pe-
tit microscope de Nachet, avec les
liquides les plus en usage, sont con-
stamment k la disposition des élèves.
Parmi les instruments et appareils
plus spécialement affectés à la physio-
logie, nous citerons, entr'autres, le
Pantofpraphùm de Bœck, construit sous
les yeux de Tinventeur, à Christiania.
On s*en sert pour constater la vitesse
des nerfs, la durée de la contraction
musculaire, et, en général, au moyen
de deux électro-aimants, Tintervalle qui
sépare deux actes très-rapprochés l*un
de Tautre ; il représente aussi graphi-
quement la pression du sang, la forme
du pouls, les mouvements respiratoifes,
etc. il se compose d*un chronoscope à
cylindre tournant vertical, et d*un statif
universel portant les différents appareils
dessinateurs, le tout sur une table en
aci^ou. Le temps est indiqué par les
vibrations d*un diapason, lesquelles se
dessinent sur le chronoscope.
Le Cabinet de physiologie possède
aussi le premier appareil de Helmhoitz
pour mesurer la vitesse des nerfs au
moyen de la déviation d'une aiguille
aimantée.
Pour apprécier des différences plus
grandes de temps entre deux phéno-
mènes observés, on se sert d*un comp-
teur de Bréguet, indiquant des cinquiè-
mes de seconde.
Les appareils de Du Bois-Raymond,
servant à constater les phénomènes élec-
triques des nerfs et des muscles, se
composent du grand multiplicateur de
28,000 tours, avec le commutateur et
les anciennes électrodes en platine, les
nouvelles en zinc; de Fappareil dlnduc-
tion à glissière {SchlUtenapparat), de
Tappareil conducteur du courant et du
support général.
On remarque encore dans la collec-
tion la balance musculaire, employée
par M. Schwann pour constater les lois
de la contraction des muscles, et une
caisse de 24 aiguilles aimantées, que le
même professeur a fait construire pour
servir à la démonstration d*cne théorie
sur la fonction des fibres nerveuses.
Des piles galvaniques de systèmes
très-variés, des appareils électro-ma-
gnétiques, une boussole des tangentes,
un galvanomètre ordinaire, un dyna-
momètre de Burcq, etc., etc., complè-
tent la série des instruments servant A
la physiologie générale des nerfs et des
muscles.
Pour la physiologie des sens, nous
signalerons rophthalmoscope de Ruete
etcelui deDonders, rophthalmotropede
Ruete, un optomètre pour mesurer la
distance focale de Tœil, les tableaux de
Snellers pour mesurer Tintensité de la
vue, un phénakistocope , un stéréo-
scope avec pied, enfin quelques autres
instruments acquis avant I85S et déjà
cités plus haut.
Pour la physiologie des fonctions vé-
gétatives, le Cabinet est pourvu d'une
machine pneumatique ordinaire, à deux
corps de pompe en cristal ; de l'appa-
reil de If agnus pour extraire les gaz du
sang ; de Tappareil de Pflûger pour en-
lever complètement les dits gaz parla
coction dans le vide barométrique, que
l'on produit au moyen de la pompe à
mercure de Geissler. M. Schwann y a
introduit plusieurs perfectionnements,
dontTeffet est de rendre l'appareil plus
maniable et de diminuer autant que
possible les chances de casse.
Un haemo-dynamomètre, avec flotteur
dessinateur, un baemo-dynamomètre de
Yolkmann, modifié par M. Schwann, et
un sphygmographe de Marcy inter-
viennent dans Texplication des mouve-
ments du sang, ainsi qu'un cœur de
fœtus en carton-pierre, de M. Âuzout.
La respiration est élucidée par divers
instruments en bois, représentant les
mouvements respiratoires ; par le laryn-
goscope ; par le spiromètre deHutchin-
son;parun appareil pour Tabsorption
de Tacide carbonique expiré, enfin par
l'appareil respiratoire de M. Schwann,
qui permet de vivre plusieurs heures
H47
COLLECTIONS.
1148
SOUS Teau sans communication avec
Fair atmosphérique (v. ci-dessus, col.
934). Un second appareil, dû au même
inventeur, est destiné à entretenir la
respiration artificielle au moyen d*un
mouvement d'horlogerie. Signalons en>
core le népbogène de Mathieu.
L'appareil thermo-électrique de Bec-
querel est utilisé dans Texposê de la
doctrine de la chaleur animale.
On a des tubes en argent à double
rebord, pour ropération de la fistule
stomacale; les appareils de Wiede-
mann, servant à montrer le transport
des liquides à travers une membrane
perméable, par le courant galvanique;
un appareil élucidant la diffusion et dé-
terminant réquivalent endosmotique des
substances; un appareil pour Tanalyse
spectrale ; un fourneau pour Fanalyse
organique élémentaire ; une balance de
précision; des instruments pour dé-
terminer la pesanteur spécifique; un
stéthoscope double; un plessiroètre,
une seringue de Pravatz pour les in-
jections sous-cutanées ; un nécessaire
de Mohr pour l'analyse titrée, et en
général tous les ustensiles indispen-
sables pour Tanalyse ordinaire des
solides, des liquides et des gaz.
Les ressources ne font point défaut
en ce qui concerne l'embryologie.
Outre de nombreux tableaux, le Cabi-
net possède les mugnitiques prépara-
tions en cire' du docteur Ziegler, de
Freyberg, et bon nombre de prépara-
lions faites à réiablissscmenl. L'incu-
bation d'œufs de poule, au moyen de la
couveuse isotherme inventée par M.
Schwann (v. ci-dessus, col. 934), mé-
rite une mention spéciale. Citons enfin
une belle préparation en cire, exécutée
à Florence par M. Calenzoli, et repré-
sentant l'abdomen d'une femme en-
ceinte du neuvième mois.
Un aide au traitement de 400 fr.
est attaché au cours de physiologie.
L*exiguilé de ce traitement met le pro-
fesseur titulaire dans la nécessité de
choisir cet auxiliaire parmi les étu-
diants , ce qui entraine des change-
ments fréquents et chaque fois un nou-
vel apprentissage : le temps est venu,
ce semble, où la physiologie doit être
traitée sur le même pied que la phy-
sique, la chimie, Tanatomie descriptive,
etc., pour chacune desquelles il y a un
préparateur permanent, sk\w un trai-
tement suflTisamment élevé.
Le local affecté aux collections qu'on
vient de décrire laisse beaucoup à dé-
sirer; les réclamations et les instances
réitérées de la Faculté de médecine, à
ce sujet, sont malheureusement res-
tées jusquici sans résultat.
Direction du cabinet.
1840. J.-A. Spring.
1858. Th. Schwann.
Préparateurs,
1851. G. Dewalque.
1858. J.-B.-N.-V. Masîus.
1860. L. Legros.
1861. M. Grandry.
1805. R. Harzé.
1867. J. Ilumblet.
HLin. M aȎo cl*anatoinle des-
criptive.
L^ Notice de 1841, déjà plus d'une
fois citée, rapporte à Fohmann (v. ci-
dessus, col. 300) l'honneur d'avoir
créé cette collection, « la première,
y lisons-nous , qui ait été créée en
Belgique sur un plan large et philoso-
phique. » C'est laque le célèbre anato-
niiste déposa ses remarquables prépa-
rations servant ft démontrer la dispo-
sition et le rôle des vaisseaux lympha-
tiques ; c'est là qu'il réunit une riche
série de pièces concernant l'anatomie
générale des tissus, et d'autres relatives
à la distribution des nerfs et des vais-
seaux sanguins « dans leurs dernières
limites, » ainsi que des spécimens in-
structifs au point de vue de la théorie
du développement des os. On a vanté
également les pièces « d'une rare per-
fection, » ayant pour objet la distribu-
tion des nerfs, dues au scalpel du
jeune Salpetier, dont la mort pt^écéda
de peu de temps celle de Fohmann,
(( et qui, comme lui, périt victime de
son zèle, » Fr. Vaust et après lui M.
le professeur Th. Vaust, à qui nous
devons restituer une partie notable des
préparations mentionné 3s col. * 980
(note 5), enrichirent à leur tour la col-
lection d'une quantité de dissections
H49
COLLECTIONS.
H80
importantes. Cependant Taction du
temps s*est fait sentir; d'un autre côté,
comme on l'a vu, Tanatoroie générale a
été séparée de Fanatomie descriptive ;
le Musée dont nous nous occupons a
été forcément renouvelé dans plusieurs
de ses sections. 11 est aujourd'hui plus
complet que jamais; on doit remarquer
cependant qii*à part quelques pièces
exceptionnelles, il renferme plutôt des
préparations réellement utiles à rensei-
gnement, que des curiosités destinées
à produire de Teffet sur les visiteurs
étrangers à la science.
Le recensement dressé à la clôture
de Tannée académique 1866-1867, date
du dernier relevé triennal demandé par
le gouvernement, constate la présence
au Musée de 899 objets, dont 790
pièces anatomiqueseti()9 instruments,
savoir :
A. Pièces anaiomi^ues,
1. Os, ligaments, muscles, aponé-
vroses 237 pièces
â. Appareil de la digestion lOi »
5. Appareil respiratoire ,
foie, rate et glandes en
général 51 »
4. Appareil génito-urinaire 79 »
5. Organes des sens . . 75 »
0. Système vasculaire
7. Système nerveux . ,
Total. . . 790 pièces
B. Instruments pour fana-
tomie descriptive, . . 109 n
Total . . "S^iTobjets
Mous avons à signaler spécialement,
comme pièces remarquables :
Dans la série i , une collection de
crânes de races étrangères et de crânes
de décapités ;
Dans h série S, de très-belles in-
jections, vascnlaires du tube intestinal;
Dans la série 5, des préparations par
macération du foie et de la rate ;
. Dans la série 4, une nombreuse col-
lection de pièces concernant les voies
lirinaires;
153
96
»
Dans la série 5, des injections des
vaisseaux du globe de Fœil, et des pré-
parations osseuses de Toreille ;
Dans la série 0, une soixantaine de
pièces préparées par Fohmann pour l'é-
tude des vaisseaux lymphatiques ; une
collection très-complète des artères;
enfin, un cadavre entier ( * ), séché, mon-
trant les artères injectées, dans leurs
rapports avec les muscles et les os, et
accompagnées des principaux troncs
nerveux et veineux : tous ces organes
sont peints de manière à représenter la
nature le mieux possible, et â offrir aux
élèves un excellent sujet d'étude, lors-
que l'époque des dissections est pas-
sée (•);
Enfin, dans la série 7, les nerfs crâ-
niens, représentés par des spécimens
nombreux et très-bien disséqués.
La collection d'instruments est bien
entretenue et tout-à-fait en rapport
avec les besoins de l'enseignement.
Toutes les pièces anatomiques séchées
ont été, à la fin de l'année 1861— 186S,
traitées par une solution arsenicale
pour en éloigner les insectes, puis re-
vernies et repeintes par le prosecteur
M. Alcide Grenson (').
A part ce qui reste des préparations
de Fohmann, la plupart des pièces dont
se compose actuellement !e Musée sont
dues à MM. Th. Vaust et Dresse, tra-
vaillant sous la direction de MM. les
professeurs Voltem, SpringelSchwann,
et â M. A. Grenson, qui a rempli et
continue de remplir les fonctions de
prosecteur sous la direction de MM.
les professeurs Dresse et Masius.
A différentes reprises, la Faculté de
médecine a appelé l'attention sur les
graves inconvénients que présente, au
point de vue de l'hyp^iène, l'aménage-
ment de la salle de dissection, où l'air
et l'eau font également défaut {*). Les
locaux affectés à l'usage de l'Ecole de
médecine ne laissent pas moins â dé-
sirer sous le rapport scientifique. Les
besoins augmentent chaque année
avec les progrès des études médicales;
( ' ) Cette belle préparation est due à M.
A. GrensoD.
(*)Bapporttrieanal(lS59-1861,p.XXIX).
(») Ib., p. XXX.
(^) Il serait si facile d y établir une bouche
d'eau de la ville !
H51
C0aECT10??S.
H52
il est devenu nécessaire d'établir des
instituts analogues â ceux qui existent
dans d'autres Universités.
Les considérations liygiéniques à
elles seules imposent à Tautorité locale
le devoir de mettre le plus tôt possible
la main à Tœuvre.
Direction du Musée,
1847. J.-N. Comhaire (').
1825. Y. Fohmann.
1837. F.-C.-A. Yottem.
1859. J.-A. Spring.
1848. Th. Schwann.
1858. J.-H. Dresse.
1864. J.-B.-N.-Y. Masius.
Chefs des travaux anatomiques.
Y. ci-dessus, col. 999-
Prosecteurs-
1818. Fr. Vaust (•).
1831. Salpetier
1837. C.-J. Depas. (»).
1839. R. Delbovior (adjoint).
\U\. J.-!l. Dresse.
1858. J.-C. VanAubel(*).
1860 J. Ronveaux.
18G1. Âlc. Grenson (').
IKLIV. M a*ëe d*anatoiiil« patho-
logique.
Créé vers 1837 par feu Raikem, le
Musée d'anatomie pathologique a passé
successivement sous la direction de
MM. Spring, Heuse et Vanlair. Raikem
y déposa quelques objets d'un grand
prix, qu'il avait recueillis dans sa pra-
tique en Italie ; des pièces nombreuses,
exécutées avec le soin le plus minu-
tieux, signalent l'époque de la gestion
de Spring ef Heuse. Dans ces dernières
années , la collection s*est notamment
accrue d'une série de préparations mi-
croscopiques, destinées aux démonstra-
tions du Cours.
( * } Cité poor mémoire ; avant Y. Foh-
mann, la collection d'anatomie descriptive
n'ent guère d'importance.
( * ) Prosecteur et chef des travaux ana-
tomiques.
( ' ) Y ci-dessus, col. 748.
(*) Y. ci dessus, col. 967.
(*) H. Alcide-LouisJoseph Grenson est
né ù Liège le 15 février i840. Après avoir
terminé en 4857, avec (^rand succès, ses
études à FAthénée royal de cette ville (il fut
lauréat du concours général en rhétorique
latine), il aborda les éludes universitaires
et subit les plus brillants examens en scien-
ces et en médecine. Son dernier diplôme fut
obtenu avec la plus grande distinction ^ le
30 août 1864. Depuis trois ans déjà (3i oc-
tobre 4 861), les fonctions dé prosecteur
d'anatomie humaine descriptive, qu'il rem-
plit encore aujourd'hui, lui étaient confiées :
ie prosecteor est nommé, comme on sait, au
concours, et son mandat doit être renouvelé
chaque année. De 1862 à 4864, M. Grenson
fut en outre élève externe à l'hôpital de Ba-
vière ; son zèle lui valut, k deux reprises
différentes, de la part de la Commission des
Hospices, les témoignages les plus hono-
rables. En 4866, la même Commission ie
nomma médecin-adjoint de l'hôpital des cho-
lériques établi en Agimont pendant l'épidé-
mie : il s'acquitta de ces fonctions gratuites
de manière à mériter la médaille de pre-
mière classe de la décoration civique (arr.
royal du S5 septembre 4867). Les soins de
la pratique civile et les travaux du Cabinet
d'anatomie n'ont pas détourné M. Grenson
des éludes scientifiques -. la Faculté a encou-
ragé ses eflbrts en le désignant pour siéger,
comme membre suppléant, au jury combiné
de Liège- Bruxelles (section de la candidature
en médecine), pendant la deuxième session
de 4866. 11 a eu l'occasion , d'autre part, de
faire ses preuves dans l'enseignement, au
commencement de la présente année. Un ar-
rêté ministériel du 30 décembre 1868 l'a auto-
risé à faire, à l'Université, deux fois par
semaine, un cours privé &'Ànatomie topo-
graphique médico-chirurgicale. Cet essai
a pleinement réussi : l'auditoire est resté
nombreux jusqu'à la fin. — M. Grenson a
publié, dans les Annales de la Société mé-
dico-chirurgicale de Liège, outre des rap-
ports et des analyses critiques, les articles
suivants : 4» Examen anatomiqucs d'une
luxation de CarticuttHion coxofémorale \
lisions concomitantes (juillet 4865); ï*
Lésions anatomiqucs dans tHl cas de mort
par alimentation imuffixariie (S^t. 1868).
On lui doit encore 'ine Soties sursit» pro-
cédé de préparation anatomique â%^ or-
ganes creux, présentée à VAcad. roff^ de
médecine (séance du 8 juillet 4865) ;vœ
travail a fait l'objet d'un rapport de H%
Glugeet Van Kempen (30 sept. 4865). Enfito
il a fait parvenir à la même Académie, le 2t\
mai 1866 , un pU cacheté , relatif à un pro- \
cédé d'enlèvement des polypes naso-pharyn- )
giensy avec observation d'un cas où ce pro-
cédé a été employé.
/
1153
Collections.
4184
En 1841, le nombre des objets était
d'environ 180 ('); en 1852, de 551; en
1861. de 767; il est aujourd'hui de
942. Pendant la période où les sub-
sides furent réduits, non seulement on
se trouva dans Timpossibilité d'enrichir
le Musée, mais les acquisitions d'alcool
nécessaires pour la conservation des
objets absorbèrent tous les fonds dis-
ponibles, si bien qu'on manqua de res-
sources pour acheter les bocaux indis-
pensables (* ). 11 a fallu tout le zèle de
la direction pour faire face à ces em-
barras.
Les préparations sont méthodique-
ment rangées cl dans le meilleur état
de conservation; M. Yanlair, comme
ses prédécesseurs, dirige son Musée
cott amore. Les pièces d'un Intérêt ex-
ceptionnel sont assez nombreuses; ce-
pendant on s'est moins proposé de ras-
sembler des préparations curieuses que
des préparations utiles. On peut dire
que pas un seul des numéros du cata-
logue n'est dépourvu d'intérêt scienti-
fique : c'est le plus bel éloge qu'on
puisse faire d'une collection. Les pré-
parations les plus remarquables sont
celles qui concernent les lésions con-
géniales des centres neneux, les lésions
du cœur et celles des os.
Le Musée embrasse les huit divisions
suivantes :
1. Maladies de l'appareil de loco-
motion.
â. Maladies de l'appareil de digestion.
3. Id. des organes respiratoires, du
foie, de la rate et des glandes en gé-
néral.
4. Id. de l'appareil uro-génital.
5. Id. du système nerveux et des ap-
pareils des sens.
6 Id. du système vasculaire
7. Concrétions, vers intestinaux, hu-
meurs diverses.
8. Maladie du fœtus et de ses an-
nexes; monstruosités.
Un laboratoire d'histologie normale
et pathologique est établi à côté du
Musée.
Direction.
1837. A.-F.-J. Raikem.
(M La Notice de 1841 éoomëre comme
suit les pièces les plus remarquables exis-
tant alors au Musée. « On y voit une corne
qui s'était développée sur le cuir chevelu
d'un homme : — deux pieds affectés d'élé-
pbantiaées; — un larynx dont la face in-
terne est Upissée d'une fausse membrane ;
— une membrane adventice, évidemment
organisée, pourvue même d'un réseau de
capillaires sanguins arborescents , ii^ectés,
adhérents , par continuité , à l'arachnoide
des convexités cérébrales; — plusieurs ar-
tères oblitérées par des concri^tions san*
guioes, dont la plupart sont ossifiées, et
quelques-unes ne le sont pas, toutes rencon-
trées chez des individus atteints de gangrène
sèche ou spontanée ; — une fracture de la
rotule en voie de guérison ; — des ulcères
cicatrisés de l'estomac ; — des cancers de
l'œsophage avec ulcération et perforation
de ce conduit qui, dans un cas, s'ouvrait
dans une bronche adjacente, et dans un
autre, dans la cavité pleurale du coté droit ;
— un fongus médullaire de la vessie, au
milieu duquel est enchatonné un gros calcul
urioaire ; — des veines oflVant des traces ma-
nifestes d'inflammation soufferte dans leurs
tuniques; — douze dents présentant une struc-
ture anormale, différente des dents de lait,
qui se trouvaient implantées à la face interne
d'un kyste ovarique suppuré, gnngrené et
perforé ; — des masses cancéreuses rencon-
trées dans la région thymique, dans les
poumons et dans d'autres parties du corps,
avec compression , aplatissement et occlu-
sion presque complète des veines sons-cla-
vières, et oblitération de plusieurs de leurs
ramifications afférentes par des caillots san-
guins adhérents ; — un fœtus de huit mois,
du sexe masculin, dont l'abdomen avait été
distendu par une quantité considérable d'hu-
meur et présentait entr'autres anormalités
organiques , une vessie hypertrophiée ,
énormément développée, ou venaient s'ou-
vrir, comme dans le cloaque des oiseaux,
les uretères et le rectum , avec occlusion du
canal de l'urètre et de Timperforation de
l'anus, etc. » — c M. Raikem, ^joutait la
notice, a dressé un Catalogue où, en regard
des caractères anatomo-pathologiques que
présentaient les pièces conservées et les
autres organes affectés chez les sujets sou-
mis aux nécroscopies, sont placés les prin-
cipaux caractères physiologiques observés
pendant la vie, pour qu'on puisse plus aisé-
ment comparer les uns avec les autres, en
saisir les rapports et en déduire des con-
séquences légitimes, applicables au diagnos-
tic, au pronostic et mAme au traitement des
maladies. >
(') Rapport de M. Piercot, p. 131.
1158
COLLECTIONS.
i1S6
1844. J.-A. Sprîng.
1856. H. Heuse.
1868. CF. Vanlair.
NB. Il n'y a pas de préparateur spé-
cial.
'. Cnblnet d*«n«tonite com-
parée.
Le Cabinel de zoologie posséda, dès
Torigine, quelques pièces pouvant ser-
vir à rélude de l^anatomie comparée ;
mais, c'est ù Fohmann que TUniversité
doit la création d'une collection consa-
crée spécialement à cette science. V An-
nuaire de 1850 y constate déjà lapré-
sen(;e de 522 pièces, savoir :
Squelettes entiers 79
Parties séparées 60
Préparations diverses. . . 165
Total . .T'Sîâ
Dans ce chiffre ne sont pas com-
prises 18 préparations de monstruo-
sités. — Le gouvernement fit plus tard
l'acquisilion de la collection «person-
nelle du célèbre anatomisie (v. ci-des-
sus, col. 509), ce qui porta le con-
tenu du Cabinet à 1,000 pièces environ
('). Le relevé actuel nous laisse loin
de ce chiffre ; mais il faut considérer,
d'une part, que la collection de Foh-
mann.longtemps reléguée «dans un coin
humide et sombre», contenait nn assez
grand nombre de préparations avariées;
de l'autre, qu'il a été très-diflQcile, faute
de ressources et d'occasions, de rem-
placer les objets détériorés. Enfln, la
réunion du Cabinet d'anatomie et du
Cabinet de zoologie sous une même di-
rection peut avoir eu pour conséquence
de faire rentrer dans ce dernier une cer-
taine quantité d'objets qui y trouvaient
plus naturellement leur place. Tel qu'il
est cependant, confié aux soins de M.
le professeur Lacordaire, le Cabinet
d'anatomie comparée, malgré ses la-
cunes, mérite encore son ancienue ré-
putation. Malheureusement il n'a pas
beaucoup de chances de s'accroître : le
directeur ne peut guère, an moyen des
fonds mis à sa disposition, que prendre
des mesures pour assurer la bonne con-
servation des objets commis à sa garde.
Le catalogue comprend (juil. 1869).
I. MAMMIFÈRES : Squclctlcs . . . .'5
Tètes (•) ... 54
Préparât, dans
l'alcool .... 112
II. OISEAUX : Squelettes. . . 16
Préparât, dans
l'alcool .... 58
( ' ) Nous croyons devoir reproduire la note
suivante, communiquée par un homme spé-
cial à l'auteur de la Notice de 184i. c Quoi-
que la ooUeciton d'anatomie comparée o ait
que peu d'annces d'existence, on peut cepen-
dant la citer commo une des plus remarqua-
bles du paya. Elle renferme un grand nombre
de préparations sur les vaisseaux lympha-
tiques des mammifères, des oiseaux, des
reptiles el des poissons. Ces pièces sont
celles qui conduisirent Fobmann aux beaux
résultats qu'il consigna dans ses ouvrages
sur les vaisseaux lymphatiques des poissons
et sur la communication des lymphatiques
avec les veines Et l'on peut dire que la
coUection d'anatomie comparée, réunie à
celte d'anatomie humaine , forme l'une des
plus précieuses collections de l'Europe.
» Outre ces pièces qui ont une valeur très-
grande, comme représentant d'une manière
complète tout ce qui se rattache à l'histoire
géa«irale des vaisseaux lymphatiques, telle
qu'elle est connue aujourd'hui. Ton remarque
une collection de préparations sur les divers
organes des animaux ; ce quj concerne le
système sensitif est surtout représenté par
un grand nombre de dissections. On éprouve
cependant un regret en visitant cette collec-
tion si importante, c'est de voir qu'une classe
entière, celle des mollusques, ne soit repré-
sentée que par un petit nombre de sujets.
Cela tient aux circonstances mêmes de la
fondation de la collection, et à la difficolté
de se procurer dans le pays les éléments
nécessaires, à cause du peu do variété de
ces animaux sous notre climat.
•Un grand nombre de préparations présen-
tent les plus heureuses injections des vais-
seaux sanguins; parmi ceUes-ci beaucoup
ont été exécutées par M. Lamboile, disciple
distingué de Fohmann et acluellement con-
servateur de la collection. Ces pièces sont
de nature à jeter du jour sur la composition
des tissus «tt servent de base aux recherches
consciencieuses qu'il poursuit depuis plu-
sieurs années sur ce sujet. »
(*) Notamment plusieurs crftnes d'anti-
lopes de l'Afrique australe et on de girafe,
provenant de la collection CasteluKu.
1157
COLLECTIONS.
11SS
in. reptiles: Squelettes. . . i\
Préparât, dans
l'alcool .... 56
IV. poissons: Squelettes. . . 45
Préparât, dans
Vacool -45
V. ANIMAUX m- Préparât, dans
VERTÉBRÉS : Talcool .... 24
En tout (objets) 586
Direction.
1825. V. Fohmann.
1837. Th. Lacordaîre.
Conservateurs du Cabinet.
4826. G.-T. Van \V;iiickler.
4851. Salpetier.
1857. Lambotte.
1815. N.-G. FossionC).
X.%'1. Colleotlon d'iiiiitraiiieut»
do ohlrur($le et d*ol>iit étriqué.
dette collection, très-ricïjp et Irès-
Inen entretenue, a été principalement
formée par les professeurs Votlem,
Ansiaux et Simon. C'est seulement de-
puis 18M qu'elle est confiée à un con-
servateur spécial, mesure pleinement
justifiée par Timportance du dépôt.
Avant 4849, le subside s'élevait, année
moyenne, à frs. 4,044-85 c; il fut alors
réduit à 690 frs. Les 200 frs. alloués
pour les bandages et appareils se ré-
duisirent à 158 frs.; la somme que Ton
consacrait à rachat d'instruments d'ob-
stétrique, sur le fonds affecté à la
clinique des accouchements , se trouva
réduite dans la même proportion. Ces
différents subsides ont été relevés pos-
lérieurement au-dessus de Taucien taux,
ainsi qu'on peut s'en assurer en con-
sultant les rapports officiels.
La collection comprend quatre divi-
sions, ainsi établies :
I. Instruments et appareils pour ser-
vir à l'enseignement de la pathologie
rhfnirgicale, à la partie descriptive du
cours de médecine opératoire , aux
cours des bandages et appareils, des
maladies des os et d'ophthalmologie
théorique.
II. Instruments destinés à la pra-
tique des opérations sur le cadavre,
tant pour les opérations du professeur
que pour les exercices des élèves.
ni. Instruments d'obstétrique (pour
le cours et pour la clinique des accou-
chements).
IV. Instruments de médecine vété-
rinaire (cités pour mémoire ; il n'y a
que trois instruments offerts à l'Uni-
versité par M. Brogniez, leur auteur,
et n'ayant aucun rapport avec l'ensei-
gnement académique).
On peut évaluer à 4,500 environ le
nombre total des objets composant
celte remarquable collection. On y re-
marque, dans toutes les séries, des
pièces de la plus grande délicatesse, et
le cabinet est tenu soigneusement au
courant des inventions nouvelles. Il
serait s^uperflu d'entrer ici dans des
détails.
Direction.
Les professeurs des cours de méde-
cine Oj éraloire, d'aecouehemenls , etc.
(v, ci-dessus, col. 1001 a 1002.
Conservateurs.
4844. L. Dejardin.
4854. Ad. Wasseige.
4865. J.-C. Van Aubel.
APPENDICE.
:SLVII. In»tr aillent» «ervitiit n Im
clinique Interne.
Il existe à l'h^ipital de BavièrL' un
dépôt d'instruments et d'appareils k
l'usage des professeurs de clinique. Un
subside spécial a permis, en 4862, de
compléter cette collection de manière
à répondre à tous les besoins du service.
On y remarque entre auires un appa-
reil électro-médical, de Duchesne; des
seringues à injections sous-cutanées,
de Lynd, de Pravatz et de Lùer; des
spiromètres de Boudin et de Coxeter,
des laryngoscopes avec accessoires, de
Tobold et de Mathieu ; un appareil aro-
métrique, de Neubauer; un néphogène,
de Pirenau et Mathieu ; une cisaille ra-
chitome, de Hirschfeld; un dynamo-
( I ) V. ci-des808, coi. 828.
iiS9
COLLECTIONS.
il60
mètre Mathiea, un diabétomètre Lobi-
2 net, un bon microscope, des balances
e précision, une série de réactifs et
d'appareils pour essais chimiques, etc.
1K.VIII. Laboratoire do pbar«
macle.
Après avoir occupé longtemps Tan-
cien amphithéâtre de chimie, le labora-
toire de pharmacie a été transporté en
1863, avec les collections qui s'y rat-
tachent, au rez-de-chaussée de la partie
centrale du nouveau bâtiment dont la fa-
çade regarde la place du Conservatoire.
Son Installation actuelle est excellente:
la distribution intérieure ne laisse rien à
désirer; les salles sont spacieuses,
claires et parfaitement ventilées. Elles
se composent d'un auditoire, d'un très
grand laboratoire, d'une pièce pour les
collections et d'un cabinet servant de
lavoir. Ces améliorations sont dues à
M. Polain , qui met tous ses soins, en
raison des moyens matériels dont il
dispose, à donner satisfaction aux légi-
times exigences des différents services.
Mais ici , au rebours de ce qui a lieu dans
les laboratoires de chimie, parexemple,
le contenant vaut mieux que te contenu.
La salle de travail est riche en usten-
siles et en appareils nouveaux ; en re-
vanche , il serait urgent de renouveler
en partie les collections de médica-
ments et de substances chimiques. Pour
combler les lacunes et répondre aux
besoins de l'enseignement , M. Van
Aubel s'est vu réduit, faute de ressour-
ces, â ne se procurer qu'^ trèt-mmime
quantité une ïmie de substances qu'il
ne peut se dispenser de placer sous les
yeux des élèves.
Direction.
1855. G.-P-N. Péters-Vaust.
1867. Le même et J.-C. Van Aubel
(suppléant).
1868. J.-C. Yan Aubel (titulaire).
Préparateurs,
4831. Ch. Davreux.
1840. Is. Kupfferschlaeger.
1844. E. Gauthy.
1855. J.-H. Gillet.
1853. Gendebien.
18. . Delbecq.
1864. y.-J. KitteU
IX
CLINIQUES.
L'hôpital général dit de Bavière (*)
sert à renseignement de la clinique
interne, de la clinique externe et de la
clinique ophthalmologtque ; la clinique
des accouchements se fait à Thospice
de la Maternité.
A. Clinique interne. Les élèves y sont
initiés à tout ce qui concerne la connais-
sance des maladies, leurs causes, leur
siège, leur marche, leur traitement, etc.
Les autopsies sont faites en présence
des professeurs et de tous les élèves,
avec faide du chef de clinique, qui est
chargé de recueillir les observations
paraissant offrir de l'intérêt pour la
science. Avant de procéder à Fautop-
sie, le professeur rappelle aux élèves
les particularités de la maladie et le
diagnostic établi; il se livre ensuite
aux considérations que Topération peut
rendre nécessaires.
Les pièces anatomiques offrant de
l'intérêt, sont remises au professeur
d*anatomie pathologique.
Il y a trois séries de salles : celle des
hommes, celle des femmes et celle des
enfants. La moyenne triennale du nom-
bre de malades traités à la clinique in-
terne (service de M. Sauveur et service
de M. Spring réunis), est d*environ
i500.
Les genres de maladies traitées ont
été, par ordre de fréquence, de 1862 à
1864:
io A la clinique de M. Sauveur (425
malades) :1a tuberculose pulmonaire, le
rhumatisme articulaire, la fièvre ty-
phoïde, les lésions du cœur, Térysipèle,
les pneumonies, les pleurésies, la fièvre
puerpérale, les maladies de la peau, la
scarlatine, Tangine, les varioloïdes,
les fièvres intermittentes, les emphy-
sèmes pulmonaires, les névralgies, les
myélites chroniques, les bronchites, la
{*) L'an 1600, dit an chroniqaeur liégeois,
le priDcc Ernest de Bavière « donna sa mai-
son située sur le pont de St-Nicolas, pour en
b&ttr la maison de Miséricorde, que nous y
voyons aujourd'liui. EUe fut dotée pour de
pauvre» malades par Martin Diddenius, doyen
de St- Pierre , et autres honnêtes bourgeois
de la Sodalité de Miséricorde. Alors on >
établit les religieuses hospitalières de St-
François^ pour soigner les malades. Cette
maison s'est toujours augmentée, et elle est
à présent Irès-richement dotée par la libéra-
lité de plusieurs charitables personnes. •
45
H63
CLINIQUES.
1164
laryngite simple, les affections nerveu-
ses, les affections vermineuses, les en-
térites, ralbumlniirie, le diabète sucré,
la paraplégie, la tétanie, les affections
diverses de l'ovaire, etc.
î"* Dans le service de M. Spring
(7â7 malades) : la tuberculose pulmo-
naire, les maladies des organes diges-
tifs, la flèvre typhoïde, les maladies
constitutionnelles et les intoxications,
les maladies du cœur, les maladies du
cerveau et de la moelle épinière, les
maladies de la peau, les laryngites, les
bronchites et emphysèmes, les ûèvres
paludéennes, les maladies du foie et de
la rate, les rhumatismes articulaires
aigus, les fièvres cntarrhales, les fiè-
vres exanthématiques, les pleurésies
et leurs suites, les maladies des organes
sexuels, les maladies des organes uri-
naires, les maladies puerpérales.
Les salles des enfants sont relative-
ment peu fréquentées ; les maladies
aiguës y sont rares ; quelques scarla-
tines, rougeoles, varioles; les maladies
les plus fréquentes sont celles de la
peau et spécialement du cuir chevelu.
B. Clinique externe. Elle comprend:
1» les maladies réputées chirurgicales;
2' les maladies syphilitiques. — Les
maladies des yeux sont, depuis {858-
1859, l'objet d'un service spécial.
La clinique externe do TUnlversité
de Liège est riche en faits importants ;
des opérations graves y sont souvent
pratiquées. La moyenne triennale des
cas traités est d'environ 1,900 (*).
Les étudiants sont chaque jour char-
gés de l'examen des blessés; ils doivent
établir le diagnostic, poser le pronostic
et instituer le traitement; en outre, ils
sont exercés à l'application des appa-
reils ; ce sont eux qui, dan i les opéra-
tions, \1cunent en aide aux professeurs,
à tour de rôle ; ils pratiquent la com-
pression des artères, leur ligature ; ils
présentent les instruments et procèdent
«1 la chloroformisation.
Lés décès, dont le chiffre était peu
considérable avant 1862, se sont élevés
à 158 entre 1862 et 1864; l'infection
purulente a sévi deux fols parmi les
blessés dans le cours de cette période
et a fait de nombreuses victimes. Elle
a disparu depuis ; mais, dans les condi-
tions où se trouve actuellement l'hôpi-
tal, la Commission des Hospices est
mise en demeure de prendre des me-
sures radicales pour prévenir le retour
de ce danger. Il est sérieusement ques-
tion de reconstruire, sinon de déplacer
l'hôpital de Bavière (v. les art. J.-G. et
F. Macors, et l'art. L. Pérard).
Le Rapport triennal pour la période
1862-1864 constate que les principaux
cas observés dans le cours de ces trois
années ont été les suivants : plaies et
ulcères de toute nature; fractures, par-
fois très-compliquées; luxations; en-
torses; tumeurs blanches (très-com-
munes) ; hydarthroses (*) ; hernies
étranglées ; fistules et fissures à l'anus;
hydrocèles; hématocèles; rétrécisse-
ments du canal de l'urètre; calculs
vésicaux; maladies diverses de l'utérus;
phlébites; lymphangites; tumeurs érec-
tiles ; cancers ; tumeurs de diverses
natnres, entr'autres un cas de kyste
congénital du plancher de la bouche.
Les maladies syphilitiques sont ob-
servées sous toutes les formes et font
l'objet de nombreuses conférences.
Les principales opérations pratiquées
de 1862 ù 1864 sont :ramygdalotomie;
le bec de lièvre ; la thoracentbèse ;
l'hermotomie; les fistules et les fissures
à l'anus ; les hydrocèles ; les hémato-
cèles ; l'uréthrotomie ; la Ulhotomie ;
les ablations de tumeurs parolidiennes,
du plancher de la bouche et autres ;
enfin , les amputations (106 opérés ;
26 décès, presque tous dus à l'infection
purulente).
C. Clinique ophihalmoîogique, A l'é-
poque où celte clinique a été détachée
delà précédente, c'est-à-dire vers la fin
de 1858, il n'existait presque plus
d'ophthalmiques à l'hôpital. Les ma-
(') U pdriodû de 1856 à 1858 prdsenlc
des ctiiiTrcâ cxceplionneiâ : 3,25 i malades
ont vlé Iraiti'S ù la clinique interne ; 2,710
ù la clinique interne, non i^ompris les mala-
dies des yeux (ai 5 cas).
(') Les appareilB amovo- inamovible» ont
Tdarni, tlans ces diverses maladies des os,
dos sucrés très remarquables.
1165
CLINIQUES.
1166
lades avaient cessé depuis longtemps de
venir aux consultations ; c'est à llnsti-
tut ophthalmologique , établissement
privé (*) , qu'ils allaient réclamer les
soins et les médicaments nécessaires à
leur guérison.
Le Rapport triennal de 4859-1861
signale l'importance de la nouvelle cli-
nique: 185 malades sont entrés k l'hô-
pital pendant cette période, 699 sont
venus aux consultations gratuites ; ta
période suivante nous donne respecti-
vement les chiffres de 188 et de 747. —
Ici encore les étudiants sont chargés ,
à tour de r6le, d'établir le diagnostic et
de poser les indications thérapeutiques.
Chaque fois que l'occasion s'en pré-
sente, le professeur exerce les élèves à
la pratioue de l'ophthahnoscope , afin
de leur faire apprécier les lésions ocu-
laires invisibles à l'œil nu.
D. Clinique obstétricale. Le cours
pratique des accouchements se fait à
V Hospice de la Maternité, où les femmes
indigentes de la ville et de la province
viennent faire leurs couches, au nombre
de plusieurs centaines par année.
Ce cours comprend (•) :
i"* La pratique du toucher, qui a
pour objet principal de familiariser les
élèves avec les signes sensibles de la
grossesse; de leur apprendre â distin-
guer cet état de toutes les affections qui
peuvent le simuler , à en déterminer
l'époque, à en reconnaître les variétés et
les complications , ainsi que la bonne
ou la mauvaise conformation du canal
pelvien et de tous les organes qu'il ren-
ferme.
Les élèves doivent, k tour de rôle,
rendre compte de leurs observations.
âo La clinique des femmes en couche
et des enfants nouveau-nés (5 leçons
par semaine pendant le semestre d'été),
au lit des personnes reçues à rhospicc.
Elle comprend, d'abord , la description
de l'état puerpéral au point de vue phy-
siologique etau point devue pathologi-
que; ensuite, l'administration des soins
nombreux que réclament la femme ré-
cemment accouchée et l'enfant nouveau-
né; enfin, l'histoire et le traitement de
tous les accidents et de toutes les ma-
ladies qui peuvent les atteindre.
5*^ La clinique des accouchements
(pendant toute l'année, jours et heures
indéterminés).
Pour la clinique n° 5, comme pour la
pratique du toucher, les élèves sont di-
visés en séries. Ils sont avertis à domi-
cile, lorsqu'un accouchement doit avoir
lieu, afin qu'ils puissent assister à toutes
ses phases , en étudier les différents
phénomènes, et en suivre la marche
sous la direction du professeur et du
chef de clinique. Us sont successive-
ment appelés à pratiquer le palper ab-
dominal, le toucher vaginal et l'auscul-
tation utérine.
Les femmes qui servent à cette cli-
nique le font volontairement ; elles
reçoivent une rétribution et accouchent
dans une salle particulière.
Quand un accouchement contre na-
ture réclame une opération importante
(opérations césarienne, embryotomie,
version , application du forceps^, les
élèves de toutes les séries sont avertis,
et assistent à l'opération pratiquée par
le professeur.
4^ Â la fin du cours, et comme com-
plément de l'enseignement précité, les
élèves sont exercés à la pratique de la
vaccine et de toutes les opérations
obstétricales, tant sur le mannequin
que sur le cadavre.
Avant la révolution de 1850, les
cliefH de clinique étaient nommés par le
Collège des curateurs. Le gouverne-
ment provisoire, par arrêté du 29 dé-
cembre 1 850, ordonna que ces fonctions
appartiendraient désormais aux lau-
réats d'un concours ouvert annuelle-
ment par la Faculté de médecine. Les
chefs de clinique sont nommés par le
ministre , sur la présentation de ladite
Faculté. Leurs fonctions dorent deux
ans ; en fait , elles ont quelquefois été
continuées plus longtemps. Elles ces-
sent de plein droit dès que les titulaires
sont proclamés docteurs. Les chefs de
clinique ont des aides désignés par la
{*) Dirigé alors parle docteur Jules An-
siaux (v. col. 748 et col. 1175).
i*) Nous extrayons ces détails d'une no-
tice sur les cliniques de rUoiversilé de LIdgc.
insérée dans le Rapport triennal de 1856-
1859. •
H67
CLINIQUES.
lies
Faculté parmi les étudiants. Ils sont
logés à Thôpital et reçoivent un traite-
tement annuel de 600 frs.— On ne doit
pas les confondre avec les élèves in-
ternes , qui sont à la nomination de la
Commission des Hospices. Les chefs
de clinique sont actuellement au nombre
de cinq : deux pour la clinique interne,
un pour la clinique externe , un pour la
clinique ophthalmologi((ue et un pour
celle des accouchements.
Professeurs de clinique.
Y. ci-dessus, col. 1002, n^^'XVIII,
XIX, XX et XXI.
Chefs de clinique.
Â. Clinique interne.
1818. F.-C.-E. Votlem,
1820. Ch. Fion.
1822. L. Godin.
1824. R. Courtois.
4826. P.-J. Bautier.
1828. J.-B. Huart.
1851. A. Pasque.
1855. Ad. Gaulby.
1854. A.-L.-J. Bayot.
1856. G. Delvigne et D. Dejardin.
1858. D. Dejardin et Is. Putzeys.
1850. A. Wilmarl et L.-F.-N. Dogné.
1840. P.-J. DejaceetP.-F.-B. Odeurs.
1842. H. Gaëde et L. Thienpont.
1845. S.-J. Struman et H. Heuse.
1845. P.-J. de Faslré et A. CoUignon.
1817. E. Hamelius et Ch. Wagnon.
1849. A. André et R. Lardinois.
1851. H. BoênsetF. Dethier.
1853. Bivortct L. Baivier.
1855. BivortetM. Laurent.
1856. P. Lemmens et V. Tedesco.
1857. V. Tedesco et L. Goffart.
1858. L. Goffart et W. Heynen,
1859. F. Bidiot et N. Charbonnier.
1860. W. Goebbels et M. Falla.
1861. Ch. SmetsetA. Gillet.
1865. E. Bodart et V.-F. Hansoul
1864. A. Delbastaille et E. Tandel.
1S66. J. Rossart et E. Lenoir.
116}*. F. Ancion etC Dubois.
B. Clinique externe.
1819. V. de Lavacberie.
1821. J.-L. Cambresv.
1825. T. Marquet.
1825. DD.-F. Barbier.
1828. L. Malaise.
1832. S.-J. Dister.
1834. Ad. Gauthy.
1857. C.-H. Dechange.
1858. P.-F. Remy.
1859. J.-A. Borlée.
1841. L. Borguet.
1842. A. Yermer.
1845. Cl. Chapuis.
1846. A. Courtoy.
1848. D. Ilawet.
1851. M. Donnai.
1855. J. Thibaux.
1856. V. Otte.
1857. 0. Ansiaux.
1858. G. Krans.
1859. W. Heynen.
1860. Ch. Leclère.
1861. J. Jeanty.
1865. V. Bury.
1865. E. Vander Aa.
1867. R. Harzé.
C« Clinique opiithalmologique.
1859. A.Lagrange.
1861. J. Jeanty.
1865. G. Barlet.
1865. J. Umé.
1866. C. Defays.
1168. F. Fraikin.
D. Clinique des accouchements.
1856. M.-J. Reuter.
1857. P.-J. Adan.
1858. P-J. Palante.
1859' B. Deroitte.
1840. P.-J. Yleugels.
1842. P.-J.-B. Odeurs.
1845. C. Termonla.
1845. V. Lhoest.
1847. C. Nannan.
1849. J.-D. Martin.
1851. J. Dillen.
1852. Ad. Wasseîge.
1H54. Ch. Delcourt.
1855. C. Horion.
1857. J. Berten.
1858. F. Picard.
1860. J.-CVan Aubel.
1861. A. Groulard.
1862. E. Cartier.
1865. A. Lebeau.
1865. C. Sentronl.
1867. P. Mottard.
1868. F. Gilles.
SERVICES DIVERS.
I. APPARITEURS.
Les appariteurs sont les huissiers
des Facultés. On les appelait autrefois
bedellii*); le Règlement de 1816 a
donné la préférence au terme appari-
teur, qui éveille une idée de surveil-
lance (') , en même temps qu'il s'appli-
que aux personnes chargées de faire le
service des séances d'un corps délibé-
rant. Les appariteurs de nos Universités
ont effectivement une double mission :
ils tiennent note des absences des
étudiants et remplissent les fonctions
d'huissiers près du Conseil académique
et des Fainiltés.
A Liège, comme à Gand, il y a deux
appariteurs, l'un pour les Facultés
de philosophie et de droit, l'autre pour
les Sciences et la médecine.
Sous le régime hollandais, Ils avaient
à se conformer aux instructions qui
leur étaient données par le Collége^des
curateurs, ôe concert avec le chef de
l'Université. Ils relèvent purement et
simplement, aujourd'hui, de l'autorité
académique et sont tenus d'être en tout
fefnps k la disposition du recteur.
Avant 1835, ce di(;nitaire se rendant
au Sénat, en sa qmlité, était toujours
précédé d'un appariteur portant le
sceptre , et quand le Corps académi-
que paraissait en public dans les cir-
constances solennelles , les deux appa-
riteurs ouvraient la marche avec les
deux sceptres (fasces academicœ). Ce
dernier usage seul est resté en vigueur.
Les appariteurs jouissent d'un trai-
tement fixe et d'un casuel. Leur traite-
ment, autrefois déterminé par les cura-
teurs, est réglé par le ministre, depuis
la réorganisation. Un arrêté de M. de
Theux, en date du 29 août J839, Ta
porté à la somme de 1,200 francs.
Toute personne qui prend inscription
au rôle des étudiants est tenue de verser
15 frs. entre les mains de Tappariteur
chargé d'appliquer le sceau de l'Uni-
versilé sur le certificat d'inscription.
Un tiers de cette taxe appartient au
recteur; un autre tiers au secrétaire
du Conseil académique; le troisième
tiers est partagé également entre les
deux appariteurs et forme leur casuel.
A l'époque des examens, les appari-
( * ) Ce titre 8*e8t conservé en Allemagne
iPedelD,
( * ) V. le maiontiaire de Lilirë,
1174
SERVICES DIVERS.
H72
leurs sonl en outre ordinairement atta-
chés en qualité d*huissiers auprès de
I*un ou Tautre Jury.
ApparUeurs,
A. POUR LA PHILOSOPHIE ET LE DROIT.
4817. M. Schmidt.
1834. R. Maréchal (*).
B. POLU LES SCIENCES ET LA MÉDECINE.
1817. G. Deville.
1827. H.-J. Joassart.
1861. N. Defrecheux (•).
II. CABINET DU RECTEUR.
Les appariteurs ont été chargés, jus-
qu'en 1851, de remplir auprès du rec-
teur les fonctions de commis aux
écritures. On a fini par reconnaftre la
nécessité de nommer pour cet objet un
employé spécial.
1851. F.-D. SoUau (').
1860. N. Defrecheux.
1862. F. Wery.
III. BUREAUX DE L*ADHINISTRAT10N.
1817. N.nl. Gharlier (avec le titre d*éco-
nome-survelllant) (M.
(MM. Remacle Maréchal, ne à Ans, le
18 juin 1796, a fait de bonnes ëiades litté-
raires et philosophiques au Collège et au
Séminaire de Liège. Son intention était
d'ahord d'entrer dans les ordres; les circon-
stances l'ont fait changer d'idée. Il est attaché
depuis 36 ans à notre Université; nous
sommes heureax de pouvoir ofllrir ici à ce
digne et fidèle employé un témoignage public
d'estime. Les milliers d'étudiants qui ont
connu de près M. Maréchal^ ont conservé
de lui le meilleur souvenir, et le Corps pro-
fessoral tout entier n'a jamais cessé de lui
vouer considération et sympathie. — H,
Maréchal a sacrifié aux Muses : on a remar-
qué de lui, dans la Revue belge, plusieurs
pièces de vers d'une inspiration heureuse,
çà et là relevée par quelque trait légèrement
caustique. Son œuvre principale est on recueil
intitulé : Fables et apologues (Liège, Car-
manne, 4869, un vol. in-lâ»), remarquable
par la nouveauté et la saine moralité des
sujets, par une rare finesse d'observation et
par la bonhomie spirituelle du style. Un
second volume doit prochainement paraître.
( * ) Nos deux appariteurs sont poètes. M.
Nicolas Defrecheux, né à Liège, le tO févr.
1896, a poussé ses études jusqu'à la seconde
année de l'Ëcole des mines. 11 s'est ensuite
occupé «raiTaires privées; mais tous ses
loisirs ont été consacrés à la culture des
lettres. M. Defrecheux a pris pour interprète
de ses pensées le vieil idiome pittoresque du
pays de Liège; les sentiments élevés qu'il a
su rendre dans un langage qu'on croyait gé-
néralement ne pouvoir se prêter qu'à des
trivialités^ surtout la grâce de ses petits
tableaux idylliques, ont valu à son recueil,
publié en 1860, une véritable popularité.
Nous apprenons avec plaisir que, comme
son collègue, il est sur le point de publier
une suite à ses poésies (Sur les premiers
succès de M. Defrecheux, v. la Revue tri-
mestrielle de Druxelles^t. XII, p. 339et suiv.)
( ' ) Encore un poète ! ~ Nous connais-
sons deux biographies de D. Soiuu, par
M. Ch.-Aug. Desoer \ Revue trimestrielle,
t. XXX), et par M. II. CapiUine (Nécrol.
liégeois pour 1860, p. 65 et suiv.] Né à
Liège, le 90 avril 1894, Sotiau mourut en la
même ville, le 10 novembre 1860. Son père
était relieur; le jeune Denis, mis en appren-
tissage, se mit à lire les livres qu'on lui
donnait à battre et à rogner. On l'envoya
alors chez un imprimeur : il laissa un sou-
venir durable à ses compagnons, en fondant
la Société des ouvriers topographes liégeois
(association de secours mutuels). Gomme
Rétif de la Bretonne , il composa lui-même
ses premiers essais. 11 débuta par des pièces
badines et finit par traiter des sujets élevés.
On remarque surtout, parmi ses productions,
le poème des Chercheurs d'or, les Aspirations
(Lié^e, Carmanne, 1869, in-19<»), quelques
élégies, et le premier chant d'une œuvre de
longue haleine, VUumanité, inséré dans
Y Annuaire de la Société iTBmulation (1866).
Sotiau a également fait paraître quelques
pièces dans la Revue trimestrielle (t. XIV,
XVI, XIX et XXV). Au cimetière de Bober-
mont, la ville de Liège a ménagé à ses dé-
pouilles mortelles une place dans le coin des
poètes.
(*j Le Journal de Liège du 8 juillet
1886 consacre la notice nécrologique sui-
vante à cet honorable et modeste fonction-
naire, qui fut l'ami et le confident de l'admi-
nistrateur Walter, aussi bien que de DD.
Sauveur, de GaU, de RouiUé, de Delvaux,
de Ch. de Chênedollé, etc. « Né à Buy, le 97
mai 1777, Nicolas-Joseph Charlieb fut
nommé receveur-économe au Lycée en 1808.
Son intégrité et son aptitude lui méritèrent
des éloges de M. de Fontanes, alors grand-
maltre de l'Université de France. 11 rempUt
successivement les mêmes fonctions au
Gymnase et au CoUége royal. A. l'époque de
la fondation de l'Université (1817), le goi|-
«7
SERVICES DIVERS.
H74
1856. F- Cl^es (commis d'ordre comp-
fable (*).
Commis aux écritures, attaché à la
direction des Ecoles spéciales.
1860. J. Amiable (*).
IV. CONCIERGE DE L'UMVERSITÉ.
1817. Servais.
1834. H.-J. Michel.
MDITIQIIS ET CORRECTIONS
PRElilERE PARTIE.
F- 8, 1. 7 de la digirilé ; lisez: de sa
dignité.
P. 56, au premier vers de la 8«
strophe de Fode de Fuss, on a imprimé
cœgit potn* coegit.
DEUXIÈME PARTIE.
Col. 31, 1. 15. Callegie; lisez Colle-
gie,
Ckd 35, I. 44. Invisseling; lisez :
limisseling.
Ibid., I. 49. Reden; lisez : Kaden.
Col. 36, I. 40. Boawermeester ; li-
sez : Bouwmeester.
Col. 80, I. 5. Sprtng ; lisez : Gloese-
ner.
Col. 111, I. 53. Réanis; lisez : réu-
nie
Col 153, 1. 18. Aclemonius, lisez :
Ammonius,
Col. 175. D*après ce que nous rap-
porte un ancien ami de Froment , la
publication des vers saliiiques de ce
poète dans le Mercure belge ne fui pas
la cause principale de sa brouille avec
le baron de Reiffeiri)erg.
Col. 181 , I. 4â. Capitem inutus ;
lisez : Capite minutus
Col. 205. Le Journal de Liège du 7
février 1853 décrit, d'après Vlndépen-
dance belge ^ les magnifiques funérailles
qui furent faites à Destriveaux. Le dis
cours d'adieu prononcé par Aug. Del-
fosse, président de la Chambre des
représentants , « avec Taccent des
grandes douleurs, n émut Jusqu'aux
larmes les nombreux assistants, parmi
veroemeot des Pays-Bas lai confia la charge
d'écoDoroc de cet établissement ; il remplit
ces fonctions jusqu'en 1834, et se concilia,
par la loyauté et l'aménité de son carartère,
l'estime et l'amitié de tous ceux qui le con-
nurent.» — M. le docteur Eiig, CUarlier,
membre de la Société voyait des Sciences de
Liège et auteur de plusieurs notices inté-
ressantes sur des monstruosités humaines,
etc., est le second Dis de l'ancien économe
de l'Université.
( ' ) M. (ÎLAES, messager du Collège des
eumteurs et commis au bureau du secré-
toire-inspeeteur de Tancienne Université de
l'Etat à Louvain, du l«rjanv. 18»5au ie^^janv.
1836, est arrivé k Liège en la même qualité,
k cette dernière date, avec son dief, D.
Amould.qui l'avait pris en afl'ection. U a été
nommé commis d'ordre comptable le là
décembre 1850. L'omission de son nom dans
un livre consacré aux souvenirs de noire
Université ne serait pas plus pardonnable que
celle du nom de m. R. Maréchal.
(*) Bien connu comme calligraphc. On
lui doit^ entr'autres, un magnifique manus-
crit de VHistoire du Comté de Looz, de Man-
telius, qu'il a traduite en français avec beau-
coup de soin.
1175
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
1176
lesquels on remarquait la plupart des
notabilités politiques du pays. On re-
grettait rtiomme privé autant que
rbomme public; on évoquait surtout
le souvenir des services qu*il avait
rendus à la jeunesse belge, en se faisant
dans sa chaire a Téloquent et coura-
geux défenseur de la plupart des prin-
cipes qui sont inscrits aujourd*hui dans
notre Constitution, à une époque où Ils
étaient fort contestés. »
Col. 235. L*art. Dresse a été impri-
mé par erreur à la suite de Tart. Du-
MONT, qu*il devait précéder.
Col. 549, I. 17... qui ne lui fut pas
donné ; lisez : qu*il n*eut pas le loisir
d*exécuter.
Col. 566} I. 9... et restée; lisez : est
restée.
Col. 642. Le troisième volume des
Brabantsche Yesten vient de paraître
(Juillet 4849). Lintroduction, œuvre de
M. Bormans, comprend CLY pages
in-4«.
Le tome XXVll, 2« série, no 5, des
Bulletins de V Académie, contient, du
même auteur, une Notice sur deux
fragments manuscrits de poésies thyoi-
ses de la fin du Xllh siècle (le Bes-
tiaire d'amours et l'art d'aimer dVvide),
20 p. avec une pi. photo-litbographiée
(aussi tirée à part).
Col. 659, 1. 42. S. Ernst; lisez : L.
Ernst.
Col- 708, note 5 : Damiron ; lisez :
Daunou.
Col. 722, 1. 10... d'indiquer : lisez :
à indiquer.
Col. 755. Il faut jouter à la biblio-
graphie de M. Sainte-Beuve :
19^ Lettres et souvenirs d'enseigne-
ment d'Eugène Gandar, Paris, 1869, 2
vol. in-18^
La préface est de M. Sainte-Beuve.
20^ Portraits contemporains , nou-
velle édition, t. I. et IL Paris, M. Lé-
vy, 1869, in-18.
« Les appendices sur M. Victor llugo,
sur Lamartine, sur George Sand sont sur-
tout d'un grand intérêt. Ils forment comme
un supplément et quelquefois même une
contrepartie des premiers jugements. » {Re-
vue des deux Mondes).
C. 748- Le docteur Jules ânsiaux est
mort le 7 juin 1 869.
Ibid. En corrigeant Tépreuve de la
29* feuille de notre travail, nous avons
biffé par inadvertance les noms de plu-
sieurs agrégés; espérons que notre
amende honorable satisfera le lecteur.
Voici la liste des agrégés omis :
A. Faculté de philosophie.
M. Adolphe Mathieu, ^, de Mons,
conservateur adjoint delà Bibliothèque
de Bourgogne, membre de TAcadémie
royale de Belgique. M. Ad. Uathien
occupe un rang distingué parmi les
écrivains belges. On lui doit notam-
ment plusieurs recueils de poésie
(Passe-temps poétiques, Olla podrida.
Poésies de clocher, SenUia, Georgio ^
etc.) ; un poème sur Roland de Lattre ;
une curieuse Biographie montoise; une
élégante traduction envers des EpUres
d*Horace; une version, aussi en vers, de
VEpitre aux Pisons, rivale de celle de
Baron; des chansons, de spirituelles et
mordantes épigrammes, etc. (v. ci-des-
sus, col. 170 et 171).
Henri-Michel Mauhin , né le 5 mai
1807 à Verviers, décédé le 1^ juin
1852 en cette même ville, où il rem-
plissait les fonctions de professeur
d'humanités à TEcole industrielle et
littéraire. — Mauhin avait fait d'excel-
lentes études à TUniversité de Liège;
la médaille d*or du concours lui avait
été décernée en 1825. L'année suivante,
il fut de nouveau couronné à Utrecbt
pour un mémoire important sur la mé-
tempsychose. Entré dans renseignement
en 1851,11 contribua beaucoup, avec
Ph. Bède, à développer rétablissement
dirigé par ce dernier, Vlndépendance
belge a publié une nombreuse suite
d'articles sur Tinstruction moyenne,
dus à la plume de Mauhin. — V. le
Nécrologe liégeois pour 1852.
B. Faculté de droit,
M. J. Britz , auteur de plusieurs ou-
vrages estimés , entr'autres d'un Code
de Vancien droit Belgique , couronné
par l'Académie (v. le t. XX des Mém,
cour,; aussi publié à part, Bruxelles,
1847, in 4» de XXIY et 1067 p.), d'une
Notice sur Sohet (BulL de rAcad.,i. XV,
1"^ ; cf. le Rapport de M. Haus sur ce
travail, même vol., p. 571), etc.
1177
ADDITIONS ET CORRECTIONS,
1178
M. Âlois DE Closset, de Liège (frère
de Léon), longtemps attaché an minis-
tère de la justice, aujourd'tiui profes-
seur de rhétorique française à l'Athé-
née royal de Bruxelles. M. A. de
Closset a obtenu, en i844, une men-
tion très-honorable au Concours uni-
versitaire (v. ci-après, 5" partie). U a
publié en 2 vol., dans VEnqfclopédie
populaire de M. A Jamar, des Eléments
de droit civiL
M. Hubert Brasseur, d^Esch-sur-FAl-
zette (frère de J.-B. Brasseur), lauréat
du Concours universitaire en 1849-
1880 (v. ci-après, p. xxvj).
C. Faculté des sciences.
Eugène Bidâut, né à Liège le 6
avril 1808 (') décédé à Ixelles le 49
mai 1868.— Bidaut entradès 1825 dans
TAdministration des mines et s*éleva
graduellement jusqu'au rang d'ingé-
nieur en chef. Il fut détaché en 1848
an ministère de Hntérieur pour s'oc-
cuper de l'étude des travaux de défri-
chement de la Campine, puis nommé
inspecteur général de l'agriculture et
des chemins vicinaux. En mai 1858,
enfin, il fut appelé an poste important
de secrétaire-général du département
des travaux publics, fiidaut était offi-
cier de Tordre de Léopold et décoré de
la croix de fer. Sa haute intelligence,
ses connaissances étendues et sa longue
expérience des affaires lui avaient
acquis une influence considérable, qui
tourna tout entière au profit du pays.
Il s'intéressait vivement h nos Ecoles
spéciales, où le souvenir de ses vi-
sites et de ses conseils est resté vi-
vant.
M. Hippolyte Guillery, de Nivelles,
ingénieur des mines.
M. Victor Fausse, ® , de Liège, pro-
fesseur à l'Athénée royal de la même
ville et répétiteur aux Ecoles spéciales
(v. ci-dessus, coL 1052).
D. Faculté de médecine,
M. C.-H. Dechange, ^, de Liège,
médecin de régiment à Bruxelles. —
M. Dechange a rendu des services dans
la marine, notamment lors d'une mission
qui lui a été confiée à Saint-Thomas de
Guatemala. On lui doit plusieurs tra-
vaux scientifiques importants,
Alphonse Du>ot, de Dinant, décédé
directeur de l'Ecole vétérinaire de Cu-
reghem lez-Bruxelles. — Le docteur
Didot habita Liège pendant plusieurs
années. Il fut, jusqu'à sa mort, l'un des
membres les plus actifs de l'Académie
royale de médecine. En 1856, le roi lui
avait décerné la croix de chevalier de
l'ordre national.
Ibid.^ 1. 9. Fabry-Rossius (A.), li-
sez (Louis); 1. 15, Davreux(E.-J.), lisez
(C-J.).
Col. 758. Le tome II de la Chronique
de Jean d'Outremeuse vient de paraître
(un vol. in 4'> de 835 p.)
Le t. XXYII, 2« série, n» 5, des Bul-
letins de VAcadémiCy contient (p. 508-
550), un Discours prononcé à la séance
publique de la classe des lettres, le 12
mai 1869, par M. A. Borgnet, directeur
de la classe et président de l'Académie.
— L'orateur s'est attaché à déterminer
le véritable caractère du mouvement
communal en Belgique et surtout à
Liège. Il démontre que la commune
était essentiellement aristocratique à
l'origine, et que c'est seulement dans la
dernière phase de son développement
qu'elle est devenue une institution dé-
mocratique. C'est là une thèse du plus
haut intérêt, et le programme d'un livre
que M. Borgnet nous donnera sans
doute quelque jour.
Col. 760. Ajouter :
8» Discours sur l'importance de4'oph-
thalmologie au point de vue de renseigne-
ment de la médecine. Liège, 1869, in-8*'
(Extr. du journal V Avenir).
Discoars prononcé par M. Borlée à l'ou-
verture de son cours d'ophthalmologio
(1868-1869).
9® Précis clinique et pratique de pa-
thologie chirurgicale spéciale, y compris
les maladies des yeux (annoncé comme
devant paraître prochainement, par fas-
cicules).
Col. 767, 1. 30 . . professées ; lisez:
professés.
(* ) Le Nécrolwje tiégeoit pour 1856 contient une notice sur son père.
1179
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
1180
Col. 788 (art. De Koninck).— L'Uni-
versité de d^essen a décerné à M. De
KontDck, en f 848, nn diplôme de doc-
teur en sciences.
€oI 778, 1. 7 . . organique ; lisez :
inorganique.
Col. 7^7, 1. 25.. Noste; lisez : Hoste.
Col. 855, ^. MA. Gîllon vient de
livrer an public Tonvrage dont nous
avons annoncé la mise sous presse. Il
est intitulé :
Cours de métallurgie générale, rédigé
sur les notes du cours lait à VEcole
des arts et manufactures et des mines,
annexée k VUniversité de Liège» par
Aug. GiLLOM, ancien élève de TKcoIe de
Li^e, professeur ordinaire à la Faculté
des sciences. Liège, 1869, un vol. in-
8% avec atlas de 12 planches.
Col. 862, L 50. 11 rédigea, etc.; lisez:
11 fut membre de ce Congrès, et avant
sa réunion, il rédigea, etc.
Col. 864, 1. 45 Avanl les mots :
Quant au recrutement, etc., il convient
d'intercaler cette phrase : « Les forces
militaires de la Belgique se compose-
raient de Varmée^ de la milice et du
premier banc de la garde civique.»
Col. 884, note 5. — Un congrès de
botanique a eu lien à Saint-Pétersbourg
pendant TExposition ; M. Ed. Morren
ea a été nommé Tun des secrétaires
beooraires. 11 y a prononcé un discours
sur nMfiueuce de la lumièt'e (v. le Jour-
nal de SaM-Pétersb&urg du 8/20 mai
1869). Le 27 mai, il aété nommé che-
valier de rOrdre impérial de Sle^Anne;
à TExposition, il a obtenu une médaille
de bronze. — Il faut i^outer à sa biblio-
graphie YEnumération des familles du
règne végétal que nous avons repro-
duite plus haut, col. 1092-1106. La
première édition est de Gand, 1869,
in-8*'. fe)lle contient une table alphabé-
tique et la Synopsis des cohortes.
Col. 896, 1. 20. En 1855 ; lisez : En
4855.
Col. 917. Nous donnons comme fron-
tispice du présent volume une vue axo-
nométrique de rUniversité, que M.
Schmit a bien voulu dessiner exprès
pour nous.
Col. 919. Le programme détaillé du
Cours de géométrie descriptive de M.
Schmit est maintenant pubué en entier;
il comprend 225 p. ln-8<', autographiées
(v. ci-dessus, col. 1141).
Col. 955, L 45. Meyer; lisez: J.-R.
Mayer.
Col. 980 et 981, note 5. — M. Jos.
Vaust vient défaire paraitre(dans le/ewr-
nal de la Société royale des sciences médi-
cales et naturelles de Bruxelles) uxiUé-
moire sur le travail des femmes dans les
mines. C'est unenouvelle réponse au rap-
port de M. Kuborn (v. Farticle Fossion).
Col. 1000. ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
1855. Y. Fohmann; lisez: 1825.
Col. 1054. ASTRONOMIE ET GÉODÉSIE.
Après la ligne 4 (1857. F. Folie),
ajoutez : 1862. A. Devivier.
Col. 1061, XYIII. Dessin. Le 5 janv.
1829, N. Dandeliu (frère du prof, d'ex-
ploitation des mines, fut nommé maître
de dessin k TEcole des mines.
CoL 1088, 1. 44, s*exéter; lisez:
s*exécuiter
Col. 115S. Depuis 18471848, le
conservateur du cabinet d'instruments
de chirurgie est en même temps prépa-
rateur du cours de médecine opératoire.
M. Ad. Wasseige a rem|)li ces deux
fonctions par intérim en. 1852 et 1855,
pendant la maladie qui a finalement
éloigné de TUniversité M. L. Dejardtn.
Ibid. Le catalogue systématique de
la collection n^" XVI a été dressé par
M. Ad. Wasseige.
JHd,, 1. 11. Ce n'iîst pas de 1,500,
mais de plus de 6,000 objets que se
compose la collection u^ XYI.
TROISIÈME PARTIE
LA FAMILLE UNIVERSITAIRE
II
LES ELEVES
Nous dressons le bilan de ITJniversité. Un bilan se compose de
l'inventaire du doit et de Vavoir : le passif comprend ici les obliga-
tions des professeurs et de leurs auxiliaires; l'actif consiste dans les
résultats obtenus. Telle est la division naturelle de notre travail;
quant à la balance, c*est à Topinion publique que revient le soin de
rétablir, c'est-à-dire de décider si l'Université de Liège a rendu et
rend encore au pays les services qu'on est en droit d'attendre d'elle.
D'après ce plan, après avoir fait connaître ceux qui donnent
l'enseignement, il nous reste à nous occuper de ceux qui le reçoivent.
On cherchera dans les données de cette statistique tous les éléments
d'induction qu'on voudra : notre unique lâche est d'enregistrer des
faits, sauf à y joindre les explications sans lesquelles il serait diffi-
cile d'en apprécier le véritable caractère et d'en mesurer la portée.
Il ne peut être question ici que des élèves lauréats et de ceux qui
ont subi l'examen final. Il y a dans toutes les Universités une popula-
tion flottante de simples amateurs». Il y a aussi des élèves qu'on appel-
lerait volontiers nomades, c'est-à-dire qui passent d'un établissement
à l'autre avant d'achever leurs études; d'autres enfin qui, entrés avec
la ferme résolution de travailler sérieusement, se relâchent peu à peu
ou finissent par se reconnaître incapables de réussir. De ceux-là
nous ne parlerons point : un simple relevé numérique des registres
d'inscription suffira pleinement à constater leur passage. Nous tenons
au contraire à inscrire sur ces pages les noms de nos docteurs et de
nos ingénieurs, aussi bien des plus modestes que de ceux qui, deve-
nus l'honneur de la nation, ont voulu donner, le 3 novembre 1867,
un éclatant témoignage de sympathie aux successeurs de leurs
anciens maîtres.
— IV —
Il faut nous borner cependant. Tout bien considéré, par exemple,
nous avons cru devoir renoncer à dresser la liste des titulaires de
bourses de voyage (*) : d'une part, ces bourses ont été quelquefois
accordées , pour des motifs particuliers , à des jeunes gens qui
n'avaient point obtenu la plus grande distinction à leurs examens ; de
l'autre , tous les élèves diplômés avec le plus haut grade n'ont pas
réclamé la faveur qui pouvait leur être accordée de ce chef. Des con-
sidérations faciles à comprendre nous ont même décidé à mettre tous
les anciens élèves sur la même ligne, c'est-à-dire à ne point men-
tionner les distinctions accordées par les jurys. En revanche , on
trouvera ci-après une liste complète, des lauréats du Concours uni-
versitaire.
Nous pensons avoir répondu aux inten,tions du Conseil académique
en composant la dernière partie de r^olre travail des sections sui-
vantes :
l"* Etat numérique, année par année, des étudiants inscrits depuis
4817;
2» Notice sur le Concours universitaire, indication des questions
posées et liste des lauréats;
S"* Notice sur le doctorat spécial et renseignements sur les per-
sonnes qui ont reçu ce grade;
4'' Diplômes honorifiques et diplômes scientifiques de docteur;
5"" Liste générale des docteurs sortis de nos quatre Facultés, ainsi
que des candidats notaires et des pharmaciens;
S** Liste des professeurs agrégés de renseignement moyen du
degré supérieur, formés soit à la Faculté des lettres, soit à TEcoIe
normale des humanités;
T" Enfin, liste générale des ingénieurs sortis de l'Ecole des arts et
manufactures et des mines, annexée à l'Université de Liège.
(') Les éiéments de cette liste se trouvent dans le Rapport de M. Mothomb, t. II, p.
1840, eidtns les Rapports trieni{avT,
TABLEAU INDICATIF
DU NOMBRE DES ÉLÈVES
QUI ONT FRÉQUENTÉ L'UNIVERSITÉ DE LIÈGE
DEPUIS 1817.
Année».
I
1817-18
1818-19
1819-SO
1820-21
1821-22
1822-23
1825-24
1824-25
1825-26
1826-27
1827-28
1828-29
1829-50
1850-51
1851-52
1852-55
1855-54
1854-55
1855-56
1836-57
Phllo-
WO|»hl«9
55
47
70
86
85
151
117
120
154
156
151
159
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118
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114
102
129
162
188
201
188
198
191
166
148
152
169
168
155
129
flclen«
19
27
25
29
45
55
71
62
66
80
108
96
105
115
106
95
129
8i
81
95
Ecole»
»
»
»
»
»
»
»
»
9
»
»
»
»
»
15
Mëde-
et ne*
Total
60
2590
82
268
84
297
71
277
55
295
57
545
48
565
82
426
89
477
94
511
95
540
104
557
104
540
94
573
98
552
126
351
125
425
111
565
114
572
108
594
ObiftervatloiM
i* ) Cm chiffires, jus-
qn>n 1829-SO, «odi
c«nx de M. Nothomb ;
ih 00 roocordent pa»
extetemeot «tm le»
reUTé« feiU 4 Liège.
Cettx-ci donnent, poor
i8t9-?0, an tuul dH
ii7 élève» seulement
pour «nO-2 1,260 élè
vea ; 274 poar Tannée
«oivente, et 329 poni
im-13: enfin, 491
pour 18x5-26.
(*) La Faculté deal
lettre* a été innpri-
mée de 1830 à ISSH.
VI
ÉTAT NUMÉRIQUE DES ÉLÈVES.
Ann^e».
Philo-
sophie
1857-58
58
4858-59
55
1859-40
58
1841-42
61
1842-45
88
1845-44
80
1844-45
85
1845-46
99
1846-47
102
1847-48
122
1848-49
155
1849-50
115
1850-51
104
1851-52
100
1852-55
104
1855-54
99
1854-55
110
1855-Ô6
159
185G-57
106
1857-58
84
1858-59
76
1859-60
99
1860-61
89
1861-62
47
1862-65
68
1865-64
67
1864-65
75
1K65-66
74
1866-67
68
1867-68
77
Droit
118
77
64
72
80
101
122
125
117
122
151
146
142
155
159
128
145
168
162
166
157
157
167
185
154
155
157
165
144
151
E€)Oi<
Mëde-
elne.
ToUil
48
51
45
51
69
77
75
86
74
70
85
82
86
95
76
78
75
91
98
75
61
72
58
70C)
51
65
68
69
66
89
68
90
105
154
81
104
90
66
76
77
77
72
88
84
92
104
144
164
220
288
511
552
599
590
581
598
401
568
545
279
77
549
85
558
81
551
79
597
124
442
79
441
78
448
77
455
76
445
79
470
77
525
9«n
504
84
504
94
526
91
502
99
508
115
5H5
126
688
145
729
149
762
152
757
151
811
151
864
157
829
141
795
122
805
106
805
110
786
115
758
' 115
709
(*) Y compris 1
él<jT6t «n pharmacial
(jiuqn*en tS9l-6<).
f«) A partir d« 1861
62, les trlèTM qai mI
pi-éMireat an gr«de cl«
nandidat ea pharmacie
ont été restitain * l
Faculté de« aeieoee»,
C'A qui eat fkarfaitemoit
jotfte, paiiqQ*ib ai
Mnireot paa «neora Icd
Coors dfl la Pacnltè de
médaoine.
II
CONCOURS UNIVERSITAIRE,
PREMIÈRE PÉRIODE : 1817-1830.
Le Règlement sur torgatmaiion de renseignement supérienr dans les
provinces méridionales des Pays-Bas, du 25 septemt)re 1816, contenait
les dispositions suivantes :
Art. ho. Il sera affecié aonaellemeot ane somme flxe pour accorder des récompenses
k ceax (aux élèves) qui se seront distingués par leur mérite...
Art. 14i. U sera décerné tous les ans, dans chaque Univeraité, huit médailles d'or de la
valeur de fl. ftO, ou la valeur en espèces; les étudiants proprement dits des Universités
seront les seuls qui auront le droit d'y prétendre; bien entendu néMimoins que tout étudiant,
quelle que soit l'Université à laquelli* il appartienne» et quelle que soit celle où les médailles
seront décernées, aura le droit de concourir.
Art. 149. La distribution de ces prix se fera annuellement en public par le recteur,
après qu'il aura prononcé le discours par lequel il transmet sa dignité à son successeur.
Art. i43. Elles seront décernées à la meilleure réponse rédigée en langue laline, à l'une
des questions ù proposer aa concours, dont
i sur la jurisprudence, k proposer par la Faculté de droit;
i sur la médecine, à proposer par la Faculté de médecine ;
3 sur les sciences mathématiques et physiques , k proposer par la Faculté des sciences
physiques et mathématiques ;
8 sur la philosophie et la littérature, à proposer par la Faculté de philosophie et des
lettres.
Art. 444. Ces questions sont réglées de manière que, dans un nombre déterminé
d'années, elles auront embrassé tout le cercle des études. La Faculté des lettres aura soin
r
Viij CONCOURS INIVRRSITAIRE.
de comprendre, dans le nombre dei quesUoni à proposer par elle dans le cour» de quelques
années, un aujel d'ëloqoence ou de poésie propre à sonienir la répulalion acquise à la
nalion par les orateurs et portes latins qu'elle a produits.
ART. 445. On proposera surtout au concours des questions dont la solution suppose
plutôt un exercice assidu des leçons qu'une subtilité ou une sagacité d'esprit extraordinaire.
Art. 446. Quand une dissertation envoyée paraîtra mériter le prix, la Faculté qui a
proposé la question devra, avant de décorner publiquement le prix, et après avoir ouvert
le billet contenant le nom de l'auteur et présentant en I6te la même épigraphe que porte la
dissertation, inviter l'auteur à comparaître devant elle dans un espace de temps déter-
miné, afin de dérendre pendant une demi-heure sa dissertation contre les objections des
membres de la Faculté. Si , après Touverture du billet , il paraît que la dissertation est
écrite de la main même de l'auteur, il perdra de fait son droit aux prix.
Art. 447. Quand le résultat de cet examen aura prouvé que la pièce envoyée a pu être
en effet l'ouvrage de celui qui l'a envoyée, la médaille lui sera décernée et mention en sera
faite dans tous les journaux et ouvrages périodiques, en fixant le jour oh la médaille,
suivant l'art. 446, lui sera décernée publiquement.
Ait. 448. Lorsqu'on fera une demande pour obtenir une place ou un avancement , le Roi
aura égard au nombre de médailles qu'on aura remportées.
Art. 449. Les pièces couronnées seront imprimées dans les Annales des Universités...»
Nous donnons ci-après la liste des questions proposées par rUni-
versité de Liège depuis la création de cet établissement jusqu'à la
révolution de 1830, et les noms des lauréats. Pour plus de régularité,
les Facultés sont rangées dans Tordre où elles figurent actuellement
au programme.
I. FACULTÉ DE PHILOSOPHIE SPÉCULATIVE ET DBS LETTRES.
1818-1819.
Quenam logices et metaphysices ad grammaticam est relatio?
Smis réponse.
Ad quem perfectionis gradum pervenerant littere, sclentim et artes libérales, ineunte
steculo octavo decimo, in provinciis quse nunc regnum Belgicum constitnunt?
Sans réponse.
Adferantur argumenta quibus freqnentior llnguse latins ad scribendom usns comanendator,
simulque quibus ille ftnibus, habita presentis litteramm et scientiarum status raUone,
circnmscribendus sit, donatnr.
Sans réponse.
1819-1820.
Quo jure rerum philosophicarum scriptores à Soc rate novam bistori» philosophisp pe-
riodum incboandam putant?
Un seul Mémoire a été présenté. La médaille a été obtenue par
M. J.-F.-X. WûRTH (V. Ann. Aead. Uod., 1818-1819, 37 p.).
Quasnam mutationes, cùm in generis humant universi , tùm in Grœcorum atque iEgypUo-
rum cooditione, condita ab Alexandre roagno, auctaque à Ptolèmis Alexandria urbs, non
solùm diversarum disciplinarum, sed eliam mercaturae ratione produxit?
Trois Mémoires présentés; pas de prix.
CONCOURS UNIVRRSlTAine. IX
Quoin in dqIIo snperstite velenim scriptorum opère primordia hisiori» Romanse, et anli-
quissimos reipublieœ Roman» status, sequè prolixe accuratèque exposita inveniantur, quàm
in Dionysio Halicarnassensi , idem tamen auctor aliorum testimonio judicioque passim
repugnet, cùmque nostrà œtate aadaciores qaorundam conjeclur» hanc historié roman»
partem mirum in modum perlurbaverint ; poatulalur disserta tio de fide historiée Dionysii
Haticarnasaensis, in qoâ, comparalis expensisque veterum scriptorum testimoniis atque auc-
toritate, quîd de gravisaimis illius auctoris k cœteris discrepantiis statuendum, quidque in
aingalifl verum sil aut vero proximnm , exponatur.
Sans réponse.
1820-1821.
La question proposée Tannée précédente a été remise au concours.
Des deux Mémoires présentés, aucun n'a été jugé digne de la médaille.
Qiuenam officiorum divisiones facts sunt à prœcipuis philosophis tàm anliquis, quàm
recentioribus, et quœ earam reliquis prâeferenda,8i ulla officiorum di Visio admitU potest?
Deux Mémoires ; pas de médaille.
Qo» differenlia ioler Colonias veterum et reoentioriim popalorum, et rerum sive institulo-
rom publiconim, et cum metropoli nexûs habita ratione?
Deux Mémoires ; pas de médaille.
1821-1822.
La question sur les Colonies ayant été remise au concours, la
médaille a été décernée à M. Jean-Joseph Gêradon , de Horion-
Hozémont (V. Ann. Acad. Leod., 1821-1822, 86 p.).
Quibus argumentis philosophi ad nostram usque memoriam libertatem animi probare
conati sunt, et quid de iis censendum ?
Une réponse non couronnée.
Quum inter recentiorcs poêlas latinos vel insigniler olim, sive arte, sive dictione, sive
nlràque celebrari nunc vulgô ab indoetis juxtà doctisque negligantur et conlemnantur ,
quumque inter lyricos ità emineat Sarbievius, ut critici Horatium ab eo squatum lyricft
poesi, nonnulli superatum censuerint; postulatur commentalio, in quâ, prsemissili de negleclse
neolatinse poeseos causis, deque ejus sive justo, sive immerito contemtu disputatione , in
altéra parte, quateniis Sarbievius Horatium dictione et poeUcii facultate vel aequaverit, vel
superaverit, institulÂ, et univers!, et carminum aliquot comparatione, dijudicetur.
Sans réponse.
1822-1823.
Cette dernière question ayant été remise au concours, le prix a été
partagé entre MM. Jean-Henri Bormans, de Saint-Trond, étudiant à
l'Université de Liège, et Corneil Star Numan, étudiant à l'Université
d'Utrecht. Les deux Mémoires couronnés ont été insérés dans les
Ann. Acad. Leod. (1822-1823), resp. 112 et 163 p.
Enarretur historia foederis, triplex quod vocaïur, anno 1688 inter Provincias fœderalas,
magnam Brittanam et Sueciam Tacti.
Trois Mémoires présentés; pas de médaille.
Postulatur conimentatio argumenium Theaeteti ità exponens, ut indè appareat, quœnam
X CONCOURS UNIVERSITAIRE.
Platonifi de scientià sit senteolia, al quibus raUoQibiift oppoait a phlloaopliorwii pladta
rerellat.
Un Mémoire couronné. L'auteur, Théodore Lens, de Luxembourg,
vint à mourir quinze jours après la proclamation du résultat du con-
cours v. Part. Wagem4nn, col. 600). — Le travail de Th. Lens a paru
dans les Ann. Àcad. Leod. (1823-1833), p. 56.
1823-1824.
Reproduction de la question sur la Triple Alliance ; pas de réponse.
Qaom indè à Condiliaco usque ad nostram memoriam plorcs Gallonim pbiloaophi siogttias
animi fiicultaiea ad unam originem reducere statuerint, poslolatur oommeolaUo docena :
qusenam iUi studiia sais profecerinl, qitenaiii vero iisdem objioi queant.
Sam réponse.
QuasHtar : Gnr Ath^meoses reliquos Grœeis popalos non solbffl palrîft Kberft sed etiam
sub Rofflanorom potéslale, ingenii calturft taotôperè saperaverinl.
Trois réponses ; pas de médaille.
1824-1825.
Posluialar commenlatio, de/initionem pukhri, k Clar. Hemsterhuis datant, cum reliqaonun
philosophorum deOnitionibus comparans atque dijudlcans.
Prix : M. Jean-Henri de Fooz, de Liège (V. Ann. Aead. Leod.^ 1824-
1825, p. 56-101).
Quisnam eral slalas civitalum gnecarum^ moriente Alexandre Magno ?
Quatre réponses. Prix : M. Charles-Joseph de Mortier, de Wavre,
élève de FUniversité de Louvain (v. Ann. Acad. Uod.^ 1824-1825,
p. 103-170).
Quseritur elogium Frederici Hcnrici, AraasUe principis.
Cinq réponses. Prix : M. Charles-Florivont Matton, élève de l'U-
niversité de Gand (v. Ann., 1824-1825, p. 171-2081.
1825-1826.
Prœcipuse, quibus lingua germanica et belgica inierse différant et conveniant, proprie-
laies, tùm quoad elymologium, quàm rcspecto ulriusque synlaxeos enumerenlur, et exera-
plis ex tttrftque linguft pelilis illustrentur.
Sans réponse.
Quemnam fructum è studio philosophiœ moralis in studio doctrinarum polilicarum perci-
pere possumus ?
Deux réponses. Prix : M. Jean-Henri de Fooz de Liège (v. Ann.
1825-1826, p. 219-258\
Honstretur rationibus, prascipuè bisloricis, nullom vigere imperiom, eliam si oplimè
conslitulum sil, nisi civium virtnte el opinlone suslinealur.
Cinq réponses. Prix : M. François-Henri-DësirA Marlin, de Liège
(v. Ann., p. 259-333).
Cœ<CO(JliS LNlVEltôlTAlUE. XI
4836-1827.
Anne Giceroois prœceptum : *Sie est faeiendumf ut contra universam naiuram nihil con-
tendamus; ed tamen cotueruatà, propriam naturam sequamur > (De Offlc, I, 31), uûiversis
hominibas recUm agendi rationem prœscribit, atqae mi^ori cam commodo ac similes alio-
rara, tùm antiquorum, tiim recentiorDOi philosophorum formai» in capite ethices, principii
loco, poni potest?
Prix : M. Pierre-Joseph Lemoine, de Liège, élève de rùniversité
de la même ville.
MoDStretar, quantum Stofcorum e( Epicureorum doctrinœ iùm ad illusirandum atque à
superstîtione liberandum gentium antiqjuarum ingenium, tùm ad earundem mores excolen-
dos conferre potaerint ; qnoqae respecta Stoicis, quo Epieureis palma ferenda sit.
Prix : M. Charles Beving, de Luxembourg, élève de TUniversité de
Liège. — Accessit: M. J. Blaupart-ten-Cate, d'Amsterdam.
iMlitaatjir comparatio placitontm Platonis et Aristotelis de ratione et principiis artis
poetics.
Prix : M. Isaag Busgh-Keisbr , élève de l'Université de Groniogue.
1827-1828.
Mooslrelur, quo jure in historié philosophie etiam ea, quse ad mythos antiquarura gen-
tium spectaot, enarrari possint.
Sans réponse.
Morom depravttoram in repnbiicà Ronanà tndicentur oausœ, initia, progressas et eflectus
ad reipublic» detrlmentam.
Prix : M. F. Laurent, de Luxembourg, élève de l'Université de
Louvain. — Accessit : M. Blaupart-ten-Cate.
Qnaeritor quâ ratjone principia grammatices aniversalis ad primas cognitonis humanae
notiones enucleandas idonea sint.
Sans réponse.
1828-1829.
Exponantor et eiaminentur Aristolelis de educatione atque institutione puerorum placita,
eo prsesertim oonsilio, ui, babit institutorumapad gentes anliquas libéras ratione, doceatur,
quo jure recaçitiores quidam «ducationem et insiitutionem, legibus ac disciplina publlcâ non
omninô liberam, civium singulorum libertali , ipsique inslitutioni contrariam exislimenl.
Satis réponse.
Qaaeritur hîstoria Syracasarum, ex ipsis fontibus derivata, usque ad urbem captant à
Marcello.
Satis réponse.
Indicetur quateniis Aristophanes irridendà Alheniensium levitate, cl perstringendis
vitiis, démocraties reipublic» formœ propriis, boni civis offlcium praesliterit.
S^ns réponse.
1829-1830.
Les deux dernières questions furent reproduites cette aiinnée ; on
y ajouta la suivante ;
Xij CONCOURS UNIVERSITAIRE.
Enarretur hisloria doctrinie de migratione animarum, ejusdemque ad mores hofflinom
momentum dijudicetar.
La révolulion éclata....
II. FACULTÉ DE DROIT.
18184819.
Exponatur quASDam sint jura liberorum illegitimonim jure romano et jure hodierno.
Trois Mémoires. — Prix : M. François-Joseph Grandgagnage, de Na-
mup (V. Ann. Acad. Leod., 1818-1819, 107 pages).
1819-1820.
Commenlelur locuâde crimino infanticidii, îtà quidam ut enarratis iis, quae de hoc crimioe
jure et legibus priecipuorum populorum veteris orbis erant sancita, nec non recentiorom
populorum de eo principalinm legum prsecoptis exhibitis, Codicis pseDarum, qnoDunc ntimar,
de hoc crimine disposilio didacticô et criticè examinetur (non omissis qus ex medicinà
forensi rem elucidandam spectant), atque philosophicis coosiderationibus hujus criminis
natura ex omni ratione illustretur.
Trois Mémoires. —Prix: M. Henri deBrougkbrb, de Bruges (V.
Ann., 1819-1820, 78 pp.).
1820-1821.
Gùm genuîni loatitutionum Gigi jurisconsulti Commentarii jàm volgaii sioi : disquirator
quasnam debeamus huic operi circa jus actiooum et circa rationem procedendi in cansis
privatis apud Romanos notitias hacteoùs desideratas ; qum inquisjtio ilà institualur, ot jadi-
ciorum privatorum ordo historicè illustretur. Judicetur deniquè in quantum in hàc juris parte
G^jum secutus sit, vel ab eo recesserit in suis Institutionibus componendis Juslinianus.
Trois Mémoires. —Prix : M. Everaro Dupont, de Liège (V. Ann.,
1820-1821, 162 pp.).
1821-1822.
Concinno ac dilucido modo exponatur doctrina juris civilis, qoo adhîic utimur, de illis qui
potiores in pignore vel hypothecà habentur : seu indicenlur crédita privilegîaria, eorom
causse, conditiones, effectus et, si concurrant, ordo inter ea servandus, ilà ut simul critica
istius doctrinie discussio instituatur, et difflciliora loca hùc pertinentia explanentur.
Sans réponse.
1822-1823.
Même question que Tannée précédente.
Une réponse non couronnée.
1823-1824.
Quseritur an in republicâ benë ordinatâ pœna mortis admittenda sit, et qaœnam crimioi,
si admittatur, eà plecttnda sint. Quo in argumento absolvendo auctori permitlitur , qnam
velit sententiam sequi; semperverô alterius qusestionis partis examen instituât oportet.
Deux Mémoires. — Prix ; M. Louis-Henri Golinbz, de Bruxelles,
élève de l'Université de Louvain (V. Ann., 1823-1824, 138 pp.).
CONCOURS UNIVERSITAIRE. XÎij
1824-182S.
Exponaiur doctrina de don&tionibas secnodom praecepU joris Romaoi tàm veteris quàm
Jastinianei; simalque disquiratar, quaanam debeamas notitias de hàc juria parte bactenùs
desideratas fragmentis à Celeb. ÂDgelo Majo in Codice rescripto bibliothecœ Vaticanae noper
repertis, et jàm Rom», BerolîDi et Parisiis poblicatis.
Un Mémoire. — Prix : M. Jean-ârnold Yan der Burgh, étudiant à
l'Université de Leyde (V. Am., 1824-1825, p. 353-662).
1825-1826.
Ostendatur et critico examine ilinatretar : quasnam juris fontes et quas rationes sccuti
sint eonditores Codicis juris civilis , qoo adhiic utimur, in deflniendo statu civili persona-
ram ex jure potestatum; quo in argumenlo exponendo, non ad singulos arliculos, sed ad
generalia prscepta in h&c juris parte servata spectetur, et diligenter denionstretur quatenùs
à veteri jure recesserint, idve retinnerint, aut principia plane nova sanciverint legislatores.
Sans réponse.
I826-1S27.
Exponatar ani versé qu» fuerit legum frumeotariarum apud recentiores populos ratio et
finis, et inquiratnr accuratè, utrum ad salutem publicam valent, mercaturam, quà frumentum
ab exteris regionibos introdacatar, vel ad alias regiones exportetur, vel deniquè in regione
ipsA divendatur, legibns sive arcere, sive certis limitlbus circamscribero.
Sans réponse.
1827-1828.
Quœritar : qnœnam intercédât necessitudo inter actionem publicam et privatam de eodem
facto compétentes, et quibusnam causis sententia de altéra lata alteri priejudicetar. Eruan-
tur et accuratè deftniantnr in illnstrandft questione generalia juris prœcepta hoc argumen-
tum respicientia.
Pas de prix.
1828-1829.
Illustretur tiim criticè, tiim ex accuratà fontium comparatione, vera juris civilis Romani
de cuIpA doctrina.
Prix: M. J.-P. MoLiTOR,de Luxembourg, élève de TUniversité de
Liège.
1829-1830.
Exponator et theoreticè, et secandnm jus civile hodiernum, de dividuis et individuis
obligatîonibns systema.
m. FACULTÉ DES SCIENCES MATHÉKATIQUES ET PHYSIQUES.
1® Mathématiques.
1818-1819.
Ut calculi iuteraiis teu algebraici iheoria principiis è solft aritbmeticà et signorum na-
ture petitis, missA quantitatum positivarum et n*)gattvarum seorsiro existentium absnrdà
XIV CONCOURS UNIVERSITAIRE.
distinctiooe superslro&tur ; dein aequaiio geaeralts; cùm primi, tùm Becmidi gradâa resol-
vatur, discotialurqae ità, ut varia aolutioaum gênera, puta Degativamm, infinitanim, etc.,
eniantor, Yeras et geainos earam aeDSiis, niUoqoe lis in analyst «teiHli «xpUeenCur,
aptiaque exenpiis illualreotur.
Prix : M. Michel Gloesener, de Haut-Gharage (Grand-Duché de
Luxembourg), élève de l'Université de Liège (V. Ann, acad. Leodj
vol. II).
1819-20.
Pi'tilur ut œquatione» quas vocant indeurminatas primi tantam gradua in numéros into-
groB resolvendi methodoa praelioa generalis ëemonatretur aptisqve exemplis illttfltreter.
Prix : M. L. Casterman , de Tournai, cand. en médecine de TUni-
versité de Gand (V. Ann. Acad Leod.^ vol. III).
1820- 1824.
Petitur ut fractionum continuarum natnra, proprietatea et uaus in aolvendia per approxi*
mationem primi et aecandi ordinis œqaationibus deteminatis metbodo mathematicà de-
monstretur, adductisque exemplis rite illastretur.
Prix : M. P.-F. Wafelaer, de Malines, étudiant en droit à Louvain
(V. Ann., vol. IV).
1821-1822.
^uationes indetermioatas secundi gradua cum duobus incogniUs in numéros inlegros
resolvendi methodus di lucide exponatur ei exemplis idoneis illustretur.
Prix : J.-L. WfizEL, de Wavre, élève de rUniversilé de Louvain
(V. Ann., vol. V).
1822-1823.
Limitum theoria perspicuè exponatur, ejusque usus exemplis nonnullis, ex goometHI et
analysi sumtis illustretur.
Réponses non couronnées.
1823-1824.
Môme question.— Prix partagé : H. D.-B. Maubska, de Gand, cand.
eu sciences physiques et mathématiques, étudiant à TUniversité de
Gand, et M. D. Leclercq, de Liège, candidat en sciences physiques et
mathématiques, étudiant à TUniversité de Liège (V. Ann. Acad. Leod.,
vol. VII).
1826-1827.
Exponantur et exemplis illnstrentur prscipnœ eUminathnit melhodi Inter duas equatio-
nes primi et altiorum gradunm.
Prix partagé entre M. Benoit Valerius, de Diekirch, et Van Galbn,
élève de l'Université d'Utrecht.
1827-1828.
Ëxplicentur melhodi iolegrandi squationes ditToreatialium p^rlialium prini ordiais ;
CONCOUBS UMVEKSITAIHE. XV
addatnr iûierprelaUo ^metrica earum leqoationuai , 4[im très tao^ammodo variftbiles con-
tinent.
Prix : M. Benoit Valbrius, de Diekircb.
1828.1«29.
Cycloidis ordinaris expooentor demonstrenturqoe proprietates, tûm geometries, lùm
mechanic»; priorum quidem nomine, pmtér corvtB rectifiGationam et qoadrataram, qua
dratara qooque et eubatura solidoram comprehendantor que ejusdem cnrv» circa basim vel
axim Tcvolûtione gignantur; poateriorTbas yerô lauto-chroBiémaB et bracbysto-^bronîsnras,
quibns corva gaudet in vacao, indigiteatnr.
Prix: M. GuNST, dTJtrecht, éludiant à l'Uni versit^ de cette ville ;
accessit : M. J. Beuckers, de Maestricht.
1829-1830;
Qnas relationea inter «nos eœfllcientea œqaatio ad superficies seeundi ordinis pertinens
babere 'debeat ut sit cylindri recti eircolarisque seqaatio?
Sototîone geometricâ constrnatur cylindras reclus eircularisqne per quinque puneta 9pa-
tiis assignata ductus.
^ Chimie et physique.
1818-1819.
Exponantur quae hoc svo vigeni phiiosophorum opiniones circa naturam principii caloris;
argumenta quibus eae innituntar in examen revoceotur, perpendanturque ità, ut appareal,
quœnam hypothesis phœnomenis explicandis aplior, caeterieque nalur» œconomiae confor-
mîor sstimanda sit.
Sans réponse.
1819-1820.
•
Quttm calor siae iuce, lux nonnunquuàm sine catore sensibili sese manifeslet» sœpis-
sîMè v(v»Jnx.«t calor m invioea eooiileaftor, ^umrUm : utRiin lacis et oaloris dua adiait-
tenda sint principia distincta ; an vero lux et calor velul unius ejuadeoMitta Auidi aodiftcar
tiones diverse sint habendse.
Prix : M. Martens, de Maestricbt {Ànn. Acad. Leod.y vol. III).
18M-1821.
Expoflatur Ibeoria attfaetioois molecularis sen affloitatis chemiOB.
Prix: M. Gloesbnbr, de Haut-Gbarage (Ann, Ac4td. Leod., vol. IV).
182M823.
Exponantur precipua phenomena electro-magnetica et accuratè subjiciantur disquisi-
tioni, ità ut eorum légitima detur explicalio.
Réponse non couronnée.
182M823.
Exponantur phaenomena pbysica fluidorum aerifsrmittm qn» vapores nuncupUDtiir ,
eomuque detur 4octrina.
XVI CONGOl'RS UNIVERSITAIRE.
Prix : M. H.^. Tilman, de Gras-Avernas (Liège), éludiani en sciences
physiques.
1823-1824.
AGidoram in alcool accuratè consideretnr modus atque lelherum illostretor oompositio.
Sans réponse.
1824-1828.
PostttlaUir ttt accuratè examinentur vari» salphuris consociationas, atque priocipiorunt
haace componentium exacte definiaotor proportionea.
Prix : M. J.-G. Krans, de Vaux-Borset, étudiant en médecine à
l'Université de Liège (Ann. Acad. Leod.^ vol. VIII).
1824-1825.
Montiam altiludinea, barometri ope, roetiendi metbodus, priDcipiia ë phyaica et matheai
petitia quantum licet , maxJmft cum perspicuitate et evidenti& auperstroatur. Oalendatur
etiam quid de biyus melhodo, debilia cum cantelia adbibitia, pnestaatift, experientia do-
cuerit.
Répanse non couronnée.
1825-1826.
La même question. — Prix: M. J.-G. Weiler, de Diekirch, étu-
diant en sciences physiques à l'Université de Louvain (Ann. Acad.
Leod., vol. IX).
1826-1827.
Concinnèet accuratè exponanturpbœaomenaelectro-chimica, atque dyudiceotur tbeorie,
quse ad ea explicanda fuenint excogilatœ.
Prix : M. Horion, de Visé, élève de TUniversité de Liège.
1827-1828.
Accurata instituatur disquisitio de azotico (nitrogenio) gjaaque composîtis primariia, aea
primi ordinia nancupatia.
Pas de prix.
1828-1829.
Barometri variattonum causie multiplicea inquirantur ac rite diacntiantor.
Prix : M. F. Van Roosbrobck, élève de l'Université de Louvain.
1829-1830.
Accuratè explaoentur pbcnomena fermentationia aloooUc».
3^ Sciences naturelles.
1819-1820.
Quaeritur et diversarum opinionum de fabrici usuque vaaorum plantamm eaumeratio
cbronologica, et que ait barum opinioaum optima, expoaitio.
Prix : M. Gloesenbr, de Haut-Gharage (^iinn. Acad. Leod., vol. III).
CONCOURS UNIVERSITAIRE. XVij
1820-182i.
Cùm notttm sit multa petrefacta ia nostris regionibus reperta ad animalium species per-
inere, qu» aot ipae aat qoarttm affloes in calidis tanthm terne partibus vivant, qtueritur :
quanam hypothesis probabilior sit, utrum ea : bas species magno olim dilovio ex aliis re-
gioDibns ad nostras appalsas ; an bsec: barum terrarom olim incolas climatis conversione
perditas esse ; cai examini accédât pnecipuorum petrefactorum, animalium regno adscri-
bendorum, in Belgio repertoran descriptio.
Sans répanse,
182M823.
La même question, moius la dernière partie : Cui examini^ etc.
Prix : M. J.-F. Wurth, de Luxembourg, candidat en médecine
(Ann. Aead. Leod., vol. V).
1822-1823.
Quferitur bistoria formationis et evolutionis fœtus in animalibiis vertebratis; qnte succincte
sed it& tractanda sit, ut doarum pnsdpnè «iihrinarim, aiUintoidis nempè et vesicul«
nmbiUealia usas appmtL
Prix : M. T. Marquet, de Jemeppe, élève en médecine.
1823-1824.
Que sunt causse migrationum avium , quas in regiones emigrant nostrarom regionum
incol», «State durante, et quomodo migrationes suas instituunt ?
Prix: H. A. Bamps, de Hasselt, étudiant en médecine à Liège (Ann.
Acad, Leod.y vol. VIL).
1824-1828.
Quaritur bistoria succincts precipoomm systematum mineralogicorum, et quid borum
systfmatnm optimum sit, dyudicatio.
Pas de réponse.
1828-1826.
La même question. — Pas de répanse.
1826-1827.
Qusritur expositio succincts eorum , qu« de insectorum distributione supra terram
nostram innotnerant.
Pas de prix.
1827-1828.
Quantoffl vtilitatis geologia à petrefactorum studio bausit?
Prix: M. T.-H.J. Van Halen, de Venlo, élève de TUniversité de
Liège.
1828-1829.
Quaeritur oculorum insectorum anatomica descriplio, et cuinam usui sunt oeuli simplices
vel stemmata muttis insectis propria.
XVIIJ CONCOURS l'iMVEU2»lTAlAE.
Prix : H. M.-K.-J. Lycklama vast Ntbhou, de Boldwaard, élève de
rUniversité de Leyde.
1829-1830.
Oe&cribeqds suni oilcarii lapides magnesiferi mineralogicie propritUtes éi ejiudea, pro
saxorum vicinorum aitu, positioaea, variis in formationibas, côm priscia tom receotiaaiinia.
IV. FACULTÉ DB MÉDECINE.
1818-1819.
QQfleritur peritomei aiructdr» usaonKpie qnibas ioaervit , accarata descriptio : porrù
morborum qaibus hœc membraua afflcitar, aive à caosis intarnia, aive externia prodocaotur,
expoaitio, tandem optima eosdem morboa carandi ratio.
Prix : M. Jean-Joseph Fraikin, de Liège (Ann. Acad. Leod., vol. II).
1819-1820.
Purgantia medicamina ordinaodi methodus rectior iodicatur ; prselata validla argumealis
folciatur. Explaaetur modus agendi aubstantiaram porgantiam in tnbum intestinalem et in
organa corporis univeraalia : qoo fado, è re erU BK>rbo8 purgantia flagilantes summatim
ac generatim deaignare, qaibua verô prœparationibus doaibuaqae adhibenda aint, hœ ape-
ctalileraadoloqae deacribaAtur.
Quatre Mémoires.— Prix: M. Martin Martens, de Maestricht; ac-
cessit : M. B.-Valentin de Lavacherîe, d'Eysden (Ann. Acad. Leod.^
vol. III).
1820-1821.
Petitnr atractarae uteri descriptio. Indicontur : i^ Generatim hujus organi diverai con-
texlus; membrans vero intemse apeciatim désert ptioni impensior opéra detor ; S» Vteri
fonctionibua breviter delineatia, morborum ejus, qaiorganici vulgo dicuntur, flatexplanatio;
in quà imprimia exponatur, quibua in caaibaa et qoo cum fiructu hi illoa curandi modi adhi-
beri poasint, acilicet« cervici8,aut partis ejua cigusdam ablatio adastiove, ant totius organi
extractio.
Prix : M. George Claes, deLooz {Ann. Acad. Leod.y vol. IV).
1821-1822.
Enarretur hiatoriaopinionum circa aympathiaa à celeberrimia medicinse auctoribus usque
ad nostra tempera emiasarum, et ayatema sympathiarum, quale hodiè adentia axigit,
conscribatur.
Prix: M. Victor-Napoléon Hennau, de Liège [Ann. Acad. Leod.,
vol. V).
1822-1823.
Detur accurata metoitaseot deacriptio esponalarque, experientift duce, quibuanam in
morbis frequentius métastasée obaerventnr ; proponatur deniquè ralionalia earam tbeoria.
Priîc ; M. Léopold Gooin, de Huy [Ann. Acad. Leod., vol. VI).
CONCOURS UNIVERSITAIRE. xix
ExpontUir doeirlAt «ritium neeaott ékitUn criHeoriiai à schoIA Rippocraticft tratfito, et
opinioriMi reiMMio ittoi veMrani imB rec6ilti«ratt lùcdiconim, qui eam doctHiam vel adml-
seront vel rejeconint, vel mutarnot.
Prix : M. Pierre Bouchez, de Yerviers (Ann. Acad. Leod.^ vol, YII).
1824-1825.
Ophthalmie deseriptio petilor; hajiHi moAA dàBse, symptomata, varietates, oecnon
cucandi methodus.
Poatolatur nom ophtbalmia naturam epidenieam, num contagiosam aliquoties, necne,
subeat.
Enarrelur quodoam leniom aUn mdaat ea ophlbabnia, quaa aaper ohae^vamai atqae
hune observant in nosocomiis loilitaribus : istiasaffeclioniscauBaruin et curationia npecialis
explaoatlo (iat, ralionifaûs et observa tionibus stabilita.
Trois Mémoires.— Prix : M. François-Joseph Jacquet, de Lille {Ann.
Acad. Uod., voh Vni). — Mention honorable : M. Philocêne Gharon,
de Merbes-le-Chàteau.
1835-1896.
Deftniantur medicamina exciianlia , necooo tooica ; disquiratur ac diiDci46Uir e<>runi
agendi norma, tàm universalis, quàin specifica et tocalis. Postulatur quoque : an stimulatio
gleneralis, remediis esciuotibus tribota, slt semper, necne, sibi similis ; an varia tantum-
aiodô, pro gradn exciialionis actie, sistat eoram potestas , necne; exindè indicetur, nam
deatar morbi , qui exeitantibua aut toniola aliquibos poteatins, quàn cieteria aliis, debel-
lentur ; argumenta, observatione éliaicft ftUta, proferantur.
Prix : M. Adolphe Laurent, de Frasnes {Ann. Acad. Leod.^ vol. IX).
1826-1827.
Pacultaa medica desiderat monographiam morbi sic dieti angina peetorii ; ided hi^ns
exponantur historia, caus», symplomata, auctoramqueopiniones de naturA istius aflToctionis;
ctijiis medcla varia evactè describatur.
Prix: M. H.-L. Morelle, de Peruwelz, étudiant en médecine; à
rUnivcrsilé de Liège Ann. Acad Leod., vol. X).
1827-1828.
Pelitur hemorrhagiarum mcmbranarum miicoaariim descriptio : earum théorie, decarsas
curatioque exponantur.
Prix : M. Auguste Jacouemyns, de Verrebroeck, étudiant à rUnivcrsilé
de Louvain
1828-1829.
Qaseritur num virus syphiiiticum sit admittendum et ad quamnam morborum classem
lues venerea referenda? An syphilidis symptomala specincis insignitur characteribus ,
ità ut morbus iste cam quibiisdam aliis coafundi nequeat? Poalulalur an, observatione duce,
absqve hydrai^yri usa sanari poasit roorbns vénérons ; qood si affirmetur , exponetur me-
dendi ratio.
Deux réponses non couronnées.
i
XX CONCOURS UNIVERSITAIRE.
1829-1830.
Qui Dam siat nexat anatomici Inter nervoa aynpathicoi el cerebralaa nac non organa
aensuum, qusoamqoe sint pbaoomena, toon in atatu aano, tom ia atorbido, qn» horam
nexuum ope explicari possunt ?
DEUXIÈME PÉRIODE : 184M869.
L'art. 3S de ta loi du 27 septembre 1835 décréta le rétablissement,
dans des conditions toutes nouvelles , du Concours universitaire,
tombé en désuétude à la suite de la révolution. Cet article, maintenu
parles législateurs de 1849 et de 1857, est ainsi conçu :
• Huit médailles en or de ia valeur de fr. iOO pourront être décernées chaque année
par le gouvernement aux élèves belges, quel que soit le lieu où ils font lenrs études,
auteurs des meilleurs mémoires en réponse anx i|nestions nUses au concours.
> Les élèves étrangers qui font leurs études en Belgiqoe sont admis è concourir.
» La forme et l'objet de ces concours sont déterminés par les règlements, n
Soit que les objections soulevées par la section centrale, en 1835,
eussent fait réfléchir le ministre ('), soit que le gouvernement hésitât
à trancher certaines difficultés pratiques, la promulgation d'un arrêté
organique pris en vertu de Tart. 32 de la loi se fit attendre jusqu'au
13 octobre 1841. Il était cependant devenu urgent d'offrir aux élèves
d*élite, d'une manière ou de l'autre, des encouragements sérieux, et de
régénérer véritablement les Universités en y développant l'esprit scien-
tifique et le goût des études désintéressées. Sans viser si haut, la
Faculté de médecine était tellement frappée de la première de ces
considérations, qu^elle avait institué pour son propre compte, dès
1839, des concours annuels entre les étudiants qui fréquentaient
régulièrement ses leçons.
Mais il ne suffisait pas d'ouvrir des concours ; il fallait à tout
prix les entourer de garanties plus complètes qu'avant 1830, et d'au-
tant plus, que les élèves des Universités libres devaient être appelés
à entrer en lice avec ceux des Universités de l'Etat. La rédaction
d'un Mémoire restait naturellement la base du système ; mais il était
essentiel de contrôler, par des épreuves subséquentes, l'authenticité
de ce travail, rédigé à domicile. Le système des concours en loges,
(') c 11 y a perte de temps, disait la section centrale, en ce sens que les concours
absorbent les jeunes gens pendant plusieurs mois et interrompent ia marche régulière de
leurs études. D'ailleurs, il est impossible aux juges de s'assurer si le travail présenté est
réellement de celui qui ou est le signataire. »
CONCOURS UNIVt^RSlTAIRR. Xxi
employé exclusivement, présentait de son côté des inconvénients
graves, ce Ce genre d'épreuves, écrivait M. Nothomb(M« doit se
renfermer dans un espace de temps fort limité ; il exclut Tusage de
livres et de tout autre document : l'employer seul, ce serait diminuer
de beaucoup l'importance des concours, puisque l'on ne pourrait y
aborder aucune des questions qui nécessitent quelques recherches,
et pour la solution desquelles il est naturellement permis de s'aider
des auteurs. — D'ailleurs , dans un concours en loges , il peut se
produire diverses circonstances dont il est impossible d'apprécier
l'influence sur l'un ou Tautre des concurrents, et qui rendraient
l'équité des jugements souvent contestable. »
On s'arrôta donc à une combinaison des deux systèmes. Le Con-
cours universitaire comprend aujourd'hui trois épreuves :
1® Rédiger à domicile un Mémoire en réponse à une question
publiée au moins six mois d'avance;
ir Rédiger, en loges, un Mémoire en réponse à une question dési-
gnée par le sort, au moment de l'entrée en loges, à tous les concur-
rents d'une même catégorie;
3<» Gomme complément de la première épreuve , présenter publi-
quement la défense du Mémoire rédigé à domicile.
Ne sont admis à la deuxième épreuve que les auteurs de Mémoires
qui ont réussi au moins pour moitié dans la première.ccLes noms des
autres demeurent inconnus : il ne fallait pas exposer à la honte d'une
défaite publique ceux des élèves qui, moins heureux que leurs con-
currents, ont cependant fait preuve de bonne volonté (* ). »
Les Facultés préparent d'abord des séries de questions pour le
concours à domicile : le Moniteur publie, avant le 15 août de chaque
année, celles que le sort a désignées.
Les questions préparées ensuite parles mêmes Facultés pour le con-
cours enloges sont publiées intégralement un mois.au moins avant le
jour fixé pour cette seconde épreuve : les concurrents ont ainsi le loi-
sir de les étudier toutes et les mêmes chances de succès en présence
du hasard du sort. Les questions à traiter eu loges « sont d'ailleurs
conçues de manière à pouvoir être résolues au moyen des connais-
sances acquises par la fréquentation des cours qui constituent l'en-
seignement de la Faculté ».
Chaque Université compte un représentant dans le JU17 ; il y a un
( * ) Rapport au Roi, 43 octobre 4841.
(*) ibid, — Le Moniteur publie toalefois les noms des coocorrents admis à la deuxième
épreuve, alors môme qu'ils n'auraienl pas réussi dans la troisième : aceUe distinction a déj&
assez de valeur pour être ambitionnée. »
XXij CONCOURS (1NIVER8ITAIHE.
jury par Faculté. Le cinquième membre est cboisi par le gouverne-
ment, en dehors do corps enseignanl.
II peut être décerné deux prix spéciaux dans chacune des qaaire
Facultés, savoir : 1» dans la FamlU de ptnlêtapkiêeidei lettres, a» prix
pour les sciences historiques et philosophiques, \m autre pour la phi*
lologie; 2" dans la FaeuUé des scimceê, un prix pour tes scîeoces
naturelles, un prix pour les sciences physi<iueset mathématiques ;
3^ dans la FacuUé de droit, un prix pour le droit romain, un fyrix pour
le droit moderne; i^ enfin, dans la FaeiMide médecine, un prix pour
le^ moItôrM (^^h^alei (anatomie, physiologie, etc.) et un autre pour
les matières spéciales ^pathologie, thérapeutique, etc.).
La disposition finale de Fart. 141 du Règlement de 1816 est repiro-
duite dans Tarrété organique du 18 octobre 1841.
Pour être admis au Concours en philosophie et en sciences, il
fallait d*abord avoir été reçu candidat depuis deux ans au moias ;
une année de candidature suflBt aujourd*hui (arr. du 12 août 1843) ;
on n*a jamais exigé davantage des élèves en droit et en médecine.
Les docteurs sont exclus du Concours , aiosi que les candidats
âgés de plus de 2S ans (en médecine, en vertu de l'arrêté de 1842,
il y a tolérance jusqu'à 27 ans* {*). Depuis 1842, les élèves-ingénieurs
des ponts et chaussées et des mines ayant une année de grade sont
assimilés aux candidats en sciences. Les étrangers qui veulent
prendre pari au Concours sont soumis aux mêmes conditions que les
régnicoles et doivent produire la preuve qu'ils ont fà\t leurs études
universitaires en Belgique.
Le jury se réunit à Bruxelles le premier lundi de mars, pour rece-
voir les Mémoires et régler l'ordre d'après lequel ils seront examinés
à domicile, successivement par chaque membre. Le premier lundi de
mai, nouvelle réunion pour juger les Mémoires; troisième réunion le
premier lundi de juillet, pour apprécier la réponse écrite en loges et
pour assister à la défense publique du premier travail ('). — La dis-
tribution des médailles a lieu au mois de septembre , en même
temps que la distribution des prix du Concours général des Athénées
et des Collèges.
Les Mémoires couronnés sont insérés, sur la proposition du jury,
dans les Annales des Universités de Belgique (arr. du 12 août 1842).
ILs peuvent être rédigés en latin, en flamand ou en français.
( * ) L€s élèves qui accomplissent leur âl(* aonëe ou qui sont promus au doctoral dans
l'intervalle de la publication des questions à traiter à domicile au jugeoMnlda Gonooors, ne
perdent pas leur droit à concourir (art. 5, § 3, de Tarrèlé organique).
^') Un règlement partieiiHer pour la tenu« du concours eu loges et pour la défense pu-
blique a été promulgue par M. Rogier, le S mai 4Si8.
COXCOUBS L'XlVEliSITAIRE. . XXiij
Le Concours universitaire a-t-il réalisé les espérances du gouverne-
ment ? M. Piercot, ministre de Tintérieur en 1884, s*est chargé de
répondre à cette question ( * ) :
« Nous reconnaissons volontiers , dit-il, que des intelligences plus on moins remar-
quables se sont révélées de loin en loin dans le Concours ; le gouvernement a pu même déjà
en utiliser quelques-unes. Cependant nous devons à la vérité de dire que les Concours n'ont
nullement répondu à l'attente des amis du haut enseignement. La jeunesse universitaire
s*est montrée très-peu soucieuse de prendre part à ces luttes scientifiques. Il y a eu des
années où un concurrent unique a tenté les épreuves. Il est arrivé assez rarement que plus
d'un (Concurrent se soit présenté pour le même prix. Le Concours ne perd-il pas alors son
caractère pour devenir une sorte d'examen individuel, dont la partie la plus importante (la
déreose publique du Mémoire rédigé à domicile) se passe même en fait k huis-clos ? Car l'in-
différence du public est à l'unisson de celle des élèves. L'administration a beau recourir à
tous les moyens de publicité, faire insérer au Moniteur les thèses à défendre, les envoyer
avec des lettres d'invitation aux personnes qui, par leur position dans la société, sont
censées prendre intérêt au Concours ; on se rend bien rarement à cet appel, et le public,
devant lequel les concurrents défendent leurs mémoires et leurs thèses, ne se compose
ordinairement que des membres du jury et d'un délégué du gouvernement.
» Un concours qui a lieu dans de telles conditions, est-il bien propre à ranimer la vie
scientifique dans la jeunesse?
» Comment une institution, bonne en principe, nous voulons bien l'admettre, est-elle
resiée stérile?
> Il y a de la faute des élèves et de la faute de la loi.
> Il y a de la faute des élèves : en effet, nous l'avons déjà dit quelque part, les élèves n'ont
qu'un désir, celui d'arriver le plus promptement possible à la possession du diplôme doc-
toral; ils ne sont guère disposés dès lors à prendre part à des luttes qui doivent les éloigner
pour un an de ce but, et qui à leurs yeux, ne peuvent leur offrir d'autre compensation qu'une
satisfaction d'amour-propre.
» Il y a de la faute de la loi : car, en décrétant qu'un concours serait ouvert entre les
élàres belges, elle en a exclu implicitement les docteurs qui n'ont plus cette qualité. Il est
vraisemblable que, si le Concours avait été accessible aux docteurs, il eût produit d'autres
résultats. On est bien pressé, il est vrai, d'arriver au diplôme ; mais, le diplôme une fois
obtenu, quelque désir qu'on en ait, on ne se fait pas immédiatement une position dans la
société : il faut pour cela un temps moral ; de jeunes docteurs auraient mis ce temps à profit
pour aspirer aux palmes du Concours universitaire, qui leur auraient donné du relief aux
yeux de leurs condloyens.
» Si l'on juge utile de maintenir le Concours universitaire, il faudra peut-être modifier le
texte de la loi, de manière à rendre le Concours accessible aux docteurs seuls. Dans cette
hypothèse , on fixerait le nombre d'années de grade après lequel les docteurs ne seraient
plus admis : quoi qu*il en soit, il n'y a pas d'inconvénient k laisser provisoirement les choses
dans le statu quo. L'institution des diplômes spéciaux (v. la section suivante) finira par
primer le Concours universitaire et par le faire déserter comph5tement. On arriverait ainsi,
de fait à la suppression du Concours universitaire qui a été proposée par le Conseil de
perfectionnement de l'enseignement supérieur. »
Le Rapport triennal pour la période 1853-1888 signale Findiffé-
rence absolue des élèves de Liège à l'égard du Concours. Pendant
toute la période suivante , notre Université n'a compté qu'un seul
(' ] Rapport sur Venseignement supérieur^ p. ii>7.
••
«>
XXIV i:ONCOlî|lS L'MVERSITAinE.
laurt^at ; de 1859 à i861, nous en noterons deux; de 1862 à 1864,
trois; de 1865 à 1869 incl.l, trois seulement. A Gaud, la proportion
eslbeaucoup plus forte. Dans les Universités libres, elle descend au
contraire au-dessous de celle de Liège. Des modiûcations de détail
ont été proposées: Tadministration a jugé convenable, jusqu'ici , de
maintenir le statu quo. Il faudra bien en venir tôt ou tard à une me-
sure radicale; en attendant, il est difficile de déraciner les préjugés
qui régnent parmi les étudiants. Si d'autre part nous avons égard à la
valeur intrinsèque des Mémoires couronnés, nous ne pouvons que
regretter Tinfluence de ces préjugés: il est certain que ceux qui Tont
bravée n'ont pas eu à s'en repentir, et que le Concours universitaire a
brillé parla qualité, sinon par le nombre des jeunes gens qui y ont
pris part.
Voici la liste des lauréats de Liège depuis la promulgation de l'ar-
rêté organique du 13 octobre 1841.
CONCOURS DE 1842-1843.
QUESTION D'hISTOIRK.
Faire, en abrégé, Tbistoire du duché de LoUiariogie, depuis ie commenecmeDt du X* siècle
jusque vers la fin du Xi*, en insislanl sur les causes des troubles qui agitèreat la Lotha-
ringie durant celle période.
Premier : M. Sision-Toussaixt-HenriMarcotty, de Jemeppe, candidat
en philosophie et lettres (*)• — -^'*'*- ^^ Univ,, t. II, p. 443-822.
QUESTION UE SCIENCES PHYSIQUES ET MATHÉMATIQUES.
Décrire les dittërenis moyens qui peuvent èire employés pour constater la quantité de
vapeur d'eau contenue dans l'atmosphère ; donner les théories des diverses espèces d'hy*
gromètres ; indiquer celui de ces instruments qui remplit le mieux son but.
Premiers (ex aequo) : MM. Jean-Henui Colson, de Gand, élève-ingé-
nieur de TËcoIe spéciale du génie civil annexée à l'Université de la
méine ville, et Jules-Hubëut Van Scherpenzeel-Thim, élève-ingénieur
du TEcole spéciale des mines annexée à l'Université de Liège (*;. —
Ann, des Univ., t. II, p. 75-170 et p. 171-246.
1843-1844.
QUESTION UE PHILOLOGIE.
Ti-acer l'bistoire abrégée de la langue et de la poésie provençale, et dite quelle fut leur
inHuonce sur l'Espagne, ainsi que sur une partie de l'Italie, durant le Xl« et le X1I« siëcles.
Premier : M. Emile de Laveleye, candidat en philosophie et lettres,
élève de rUuiversité de Gand ('^). — Ann. des Univ., t. III, p. 867-926.
{*) Aujourd'hui subâtitul du procureur général près la Cour d'appel de Liège.
(') Aujourd'hui ingénieur principal des mines, à Liège (v. ci-dessus, coK 231 el747j.
("; V. Cl -dessus, col. 796.
r.ONCOlRS l'MVEnslTAIRE. XXV
MentUni très-honorable : M. âloIs de Glosset, id., élève de FUniver-
sité de Liège (M-
QUESTION DE SCIENCES NATURELLES.
Il est généralefflent reconnu que l'eau joue, dans les composés k radical simple, le râle de
base d'acide, de sel, ou d'eau de crislallisalion. On demande :
4* D'exposer les moyens auxquels on a recours pour constater les différentes fonctions
de l'eau ;
âo D'énumérer les genres de composés dans lesquels l'eau joue deux rôles différents ;
30 De faire voir comment on envisage les différents composés dans lesquels l'eau entre
comme principe constituant.
Premier: M. Maximilien Dugniolle, dlxelles lez^Bruxelles, candidat
en sciences physiques et mathématiques {*). — Ann, des Univ., i. 111,
p. 91-232.
1844-1845.
question db philologie.
Apprécier les ouvrages de Fénélon an point de vue littéraire et philosophique, en faisant
ressortir les tendances générales de ce grand éc^ivaio.
Premier: M. Auguste Bury, candidat en philosophie et letti^es (').
— Ann. des Univ., t. IV, p. 389-886.
question de sciences naturelles.
Faire l'histoire naturelle du chien domestique (Caui» familiarin^ Linn.) et du coq (Pha-
siatm» galli» , Liim.); rechercher surtout le type de ces animaux et énumérer les races et
les variétés principales qu'on trouve en Belgique.
Premier : M. Joseph-Désirê Hannon, de Bruxelles; candidat en mé-
decine (*). — Ann. des Univ., t. IV, p. 101-244, avec pi.
1847-1848.
question de philologie.
Exposer, d'une, manière critique, les progrès successifs de l'historiographie romaine
depuis son origine jusqu'au siècle d'Auguste, en s'appuyant sur les sources anciennes et sur
les fragments des auteurs.
Premier : U. Léon de Closset, candidat en philosophie et lellrcs (^).
— Ann. des Univ., t. VI, p. 387-696.
(*) (V. ci-dessus, col. 1177.) Le troisième concurrent, M Eue. Van Bemmel, élève de
l'Université de Bruxelles, avait obtenu Si points sur 100; le jury déclara qu'il aurait
mérité la palme, »'il n'avait adopté un »y%tème trop conjectural pour être approuvé.
(•) V. ci-dessus, col. 747.
(') Aujourtrbui avocat à Liège etmombre de la Commission administrative des Hospices
civils. — M. Bury est en outre l'auteur d'un imp triant Traité de la législation des mine»,
de* minières, de» u»ine» et des carrières en Belgique et en France (Litige, 2 vol. in-8°).
{*) Aujourd'hui professeur à l'Université libre de Bruxelles; auteur d'un Manuel de
Zoologie publié dans ['Encyclopédie populaire, etc.
;") V. ci dessus, col. 189.
XXVI CONCOIRS UNIVERSITAIRE.
QUESTION DE SCIENCES PHYSIQUES ET MATHÉMATIQUES.
Un corps tMastiquc ne reprend pas sa forme altérée en un temps infinimeni petit. Déier-
miner pour un instant quelconque h\ vitesse communiquée à un mobile par quefques corps
élastiques, tel que l'air comprimé dans un cylindre, l'arc et la lame élastique.
Premier : M. Emile Bère, de Verviers, candidat en sciences phy-
siques et mathématiques (*). — -4mi. des Univ,, t. VI, p. 697-776.
1848-1849.
QUESTION DE PHILOLOGIE.
Faire 1 histoire de la poésie élégiaqac chez les Grecs.
Premier : M. Servais-Joseph Legrand, de Liège, candidat en philo-
sophie et lettres (*). — Ann. des Univ., t. Vil, p. 238-370.
QUESTION DE SCIENCES PHYSIQUES ET MATHÉMATIQUES.
Exposer d'une manière raisonnëe les lois fondamentales de la mécanlqae.
Premier : M. Louis Péraro, de Liège, élève-ingénieur de TEcole
spéciale des mines ('). — Ann, des Univ,^ t. VII, p. 469-5S2.
QUESTION DE SCIENCES NATURELLES.
Exposer et (liscater les diverses théories émises sur les causes qui déterminent l'action
chimique.
Premier : M. Gillbs-Joseph-Gustave Dewalque, de Liège, candidat
en sciences naturelles (*). —Ann. des Univ., t. VII, p. 371-468.
Mention très-honorable. M. Victor Guibert, de Paris, candidat en
sciences naturelles (').
1849-1880.
QUESTION DE DROIT MODERNE.
Quels sont les principes du droit international sur le droit d'inlerveotion ? — Faites con-
naître quelques précédents historiques.
Premier : M. Hubert Brasseur, d*Esch-sur-rAlzette, candidat en
droit (*). — N.-B. M. Brasseur n'ayant pu, pour des circonstances
spéciales, revoir son travail avant l'impression, le jury décida qu*îl
ne serait inséré que dans le t. VIII des Annales. Nous l'avons cher-
ché en vain dans ce volume et dans les suivants.
(*) V. ci-dessus, col. 629.
(•) V. ci-dessus, col. 639. — Au concours en loges, M. Logrand a été autorisé à ré-
soudre deux questions au lieu d'une.
( • ,1 V. ci-dessus, col. 905.
(*) V. ci-dessus, col. 809.
(") Décédé à Louvain, où il s'était établi comme docteur en médecine. Victor Guibert
était en même temps professeur au Collège communal de cette ville. Il a écrit sur la mé-
decine, sur l'hygiène, etc.
(*} Depuis professeur à l'Université de Gand. — M. U. Brasseur a quitté l'enseignement
pour s'occuper de questions financières.
COXCOUnS UNIVERSITAIRE. XXVij
18S0-1851.
QUESTION DE SCIENCES NATURELLES.
Exposer les procédés au moyen desquels on obtient le fer, et les caractères que ce métal
acquiert dans les divers modes d'exploitation en usage chez les difTérents peuples.
Premier : M. Jean-François-Auguste Gillon, de Liège, élève-ingé-
nieur à l'Ecole des arts et manufactures (*). — Ann. des Univ.,
t. Vin, p. 743-942.
1851-1852.
question de sciences physiques et mathématiques.
Exposer et discuter les méthodes indiquées par les géomètres pour la détermination des
solutions particulières des équations difTérentielles.
Premier : M. Louis-Jos. Houtain, de Liège, cand. en sciences phys.
et mathématiques (*). — Ann, des Univ., t. VIII, p. 971-13i4.
question de sciences naturelles.
D'après l'état actuel de la géographie zooiogique, faites conoaltre TinAuenco des climats
sur les phénomènes de la vie.
Premier : M. Jules-Antoine-Maurice Bourdon, de Liège, candidat en
sciences naturelles (* ). — Ann, des Univ., t. VIII, p. 1325-1504.
1856-1867.
question de sciences physiques et mathématiques.
Exposer succinctement 4es principaux travaux qui ont été publiés sur le phénomène delà
fluorescence.
Premier: M. Jules- Victor Despret, de Cliimay, élève-ingénieur à
l'Ecole spéciale des mines (*). — Ann. des Univ., t. X, p. 621-947
lavec 8 pi.).
1858-1859.
question de philologie.
Esquisser rapidement l'histoire du Sénat romain, depuis la dictature de Syila Jusqu'à
l'avènement d'Auguste.
Premier : M. Emile-Thêodore-Joseph Banning, de Liège, candidat en
philosophie et lettres (•).
1861-1862.
QUESTION DE SCIENCES NATURELLES.
Exposer les bases de la théorie électro-cbimique et montrer jusqu'à quel point cette théorie
r*) V, ci -dessus, col. 831.
(*) Aujourd'hui directeur de TEcole industrielle de Liège.
(') Depuis échevindos travaux publics de la ville de Liège (sous l'admin. Piercot).
(*) Aujourd'hui ingénieur en chef des chemins de fer du centre, à Binche.
(') Aujourd'hui bibliothécaire du ministère des affaires étrangères. — Le t. Il, 9« série,
des Ann. des Univ. contient un rapport étendu de M. Banning sur TUniversité de Berlin. —
M. Banning a pris part à la rédaction de VEcho du Parlement belge ; on lui doit en outre
quelques brochures importantes sur des questions d'intérêt national.
XXViij CONXOt'RS UNIYEnSlTAIRE.
s'accorde avec les rëaclions chimiques, en la combinant avec la théorie des radicaux mul-
tiples.
Premier : M. Julien Leys , d'Anvers , élève de deuxième année à
rÉcoie spéciale des mines.
1864-1868.
QUESTION DE SCIENCES PHYSIQUES ET MATHÉMATIQUES.
Exposer les propriétés des fonctions dites Fonctiofu de Sturm, dont on fait usage dans
le dénombrement des racines réelles des équations algébriques.
Premier : M. Pierre-Séraphin-Joseph Dbsguin, de Bruxelles, élève-
ingénieur à l'Ecole spéciale des mines.
QUESTION DE SCIENCES NATURELLES.
Déterminer les rapports qui existeut entre la forme et la composition chimique des sub-
itances cristallines.
Premier '.M. François-Hbnri-Guiluume Van Horen , de Sl-Trond,
candidat en sciences naturelles.
1865-1866.
QUESTION DE SCIENCES NATURELLES.
Discuter les opinions les plus probables sur Vépoque et le mode de formation des filons
et des amas couchés du terrain anthraxifôre de Belgique.
Premier : M. Emile-Joseph-Léon De Jaer, de Namur, candidat en
sciences physiques et mathématiques, élève-ingénieur à l'Ecole spé-
ciale des mines.
1867-1868.
QUESTION DE SCIENCES NATURELLES.
Exposer, au point de vue de la chimie, l'état actuel de nos connaissances sur les vo-
lumes et les densités des gaz et des vapeurs, et indiquer le parU que la philosophie chi-
mique peut tirer de ces connaissances.
Premier : M. Joseph Pyro, de Liège, élève-ingénieur à TEcole spé-
ciale des mines (')•
1868-1869.
QUESTION DE SCIENCES PHYSIQUES ET MATHÉMATIQUES.
Indiquer les relations qui existent entre une surface donnée 5, la surface S , à laquelle
sont tangentes les normales à S,et les surfaces S parallèles à S. Donner les équations de S,
et de £, pour le cas où S est un ellipsoïde.
Premier : M. Gam.-Henri Laduron, de Beaumont, élève-ing. à TEcole
spéciale des mines, candidat en sciences physiques et mathématiques.
( * ) Ai^oord'hui professeur à l'Institut agricole de Gembloux.
III
DOCTORAT SPECIAL
La création d*un «diplôme scientifique spécial en faveur des per-
sonnes qui, après avoir obtenu le grade légal de docteur, se seront
appliquées à certaines spécialités de la science >:(*)« n eu pour corol-
laire immédiat le retrait de Tarrêté royal du 22 décembre i84S, por-
tant organisation de Tinstitution des agrégés. Pour comprendre le
sens de la nouvelle mesure, il est essentiel d*avoir avant tout une
juste idée du régime auquel elle a mis Pin.
Mis en demeure de réunir sans retard les éléments d*un Corps aca-
démique aussi complet que possible, le gouvernement hollandais
s'était vu dans la nécessité d'attirer dans nos Universités un certain
nombre de professeurs étrangers. L'opposition eut tort de s'irriter à
ce propos ('i: qui veut la fin veut les moyens; or les moyens, il faut
l'avouer, n'existaient guère dans le pays en 1817. Les intentions
du législateur de 1816 ne pouvaient être légitimement suspectées :
qu'étaient les lecteurs dont le Règlement organique établissait les
droits, sinon des aspirants au professorat formés dans nos Universités
mêmes et appelés à y faire leurs preuves, des Privat-Docenten à
(*) Ce sont les termes de l'art. 1 de rarrètë royal du 16 septembre 1853.
(') V. ci-dessuS| col. 71, el le itapfwrt de M. Notbomb, t. I, p. LXXX.
XXX riOCTORAT SPÉCIAL.
rinstar de rÂUemagne? Et en 1837, le Rapport présenté aux Étals-
généraux sur la situation de renseignement supérieur, n*étatt-il pas
assez explicite ? « Le temps approche, y lisait-on, où Ton n'aura plus
» besoin de s*adresser à l'étranger, pour avoir de bons professeurs,
» que dans des cas exceptionnels et rares, où un mérite extraordinaire
» et reconnu ferait désirer, pour nos Universités, l'acquisition du
» savant qui en serait pourvu. »
TiC gouvernement comptait donc sur les lecteurs pour remplacer
successivement, par des indigènes, les fonctionnaires allemands ou
hollandais dont il avait dû composer en partie ce premier Corps pro-
fessoral. Les lecteurs enseignaient pour ainsi dire ai stage. Ils ne
faisaient point partie des Facultés, non plus que les professeurs extra-
ordinaires, et il était formellement stipulé que, sous aucun prétexte,
ni les uns ni les autres ne pourraient jamais prétendre aux émoluments
attribués, par l'art. 78 du Règlement, aux membres du Sénat acadé-
mique. Ils recevaient un traitement qui était généralement de 1,000
florins (3,116 ft*., 64 c), plus un minerval montant à 10 ou à 30
florins par élève, selon l'étendue des cours. Les lecteurs n'étaient
que les fraterculi Gigantum ; mais enfin ils avaient un pied dans
l'Université, portaient même un costume officiel (') et laissaient en
mourant, à leur veuve et à leurs orphelins mineurs, le droit de
réclamer une pension de l'État.
La loi de 1835 respecta les droits acquis, mais entra dans une voie
toute nouvelle. Les lecteurs furent remplacés par des agrégée sans
traitement, sans autres avantages que les honoraires de leurs élèves,
qui leur revenaient sans retenue du quart. Ce système n'était pas ab-
solument sans précédent : en 1838, « le gouvernement avait autorisé
les curateurs des trois Universités alors existantes, à faire donner par
déjeunes docteurs des répétitions et même , des cours, parallèlement
à ceux des professeurs des Facultés. Ces répétiteurs ou ces agrégés,
comipe on voudra les appeler, ne touchaient pas de traitement; seu-
lement ils percevaient de leurs élèves une rétribution égale à celle
que l'on payait aux lecteurs» (').
En fait, on n'atteignit en aucune façon le but qu'on s'était proposé.
On oublia qu'il avait d'abord été question de tenir les professeurs en
haleine;en neconfiant aux agrégés quedes cours vacants, on leurdonna
des titres directs à l'avancement, ce qui était contraire à l'esprit du sys-
( * ) Un habit noir habillé et un chapeau retroussé, à trois cornes (Art. 9S du Règlement).
(*) Nothomb, 1. 1, p. GLVI. — Le projet de loi présenté en i834 entendait de la même
manière Tinstitution des agrégés. Il s'agissait de stimuler le zèle des professeurs en leur
suscitant une concurrence : le titre d'agrégé en lui-même ne devait, du reste, conférer
aucun droit à l'obtention d'une chaire.
DOCTOHAT SPÉCIAL. XXXÎ
tème, et on les laissa en même temps dans une position assez fausse,
puisqu'ils n'étaient pas appointés. Sur ces entremîtes , M. Van de
Weyer arriva au pouvoir et prit tout d'un coup la résolution de faire
de l'agrégation un titre essentiellement honorifique. L'honorable
ministre reprenait le thème de 1827 : a Grouper autour des Univer-
sités les élèves qu'elles ont formés, disait-il, c'est à la lois encourager
la jeunesse et procurer aux Ecoles nationales un moyen facile de se
recruter, sans qu'elles soient obligées, comme autrefois, de recourir
à l'étranger » ('). Les agrégés devaient être choisis de préférence :
i"" parmi les docteurs ayant obtenu la plus grande distinction et ayant
été proposés par le jury pour une bourse de voyage ; i? parmi les
lauréats du Concours universitaire ; 3"* parmi les professeurs de l'en-
seignement moyen comptant au moins quinze ans de service dans
l'instruction publique ; 4'' parmi les membres du corps des mines ou
des ponts et chaussées, ayant au moins le grade de sous-ingénieur ,
et parmi les officiers du génie militaire. Le nombre en devait être
illimité ; les agrégés n'étaient d'ailleurs point tenus à résidence et
l'exercice des professions libérales ne leur était point interdit. Ils
pouvaient être autorisés à donner des cours nouveaux, ou k répéter des
cours déjà portés au programme, mais sous la direction des profes-
seurs titulaires ; ils pouvaient être appelés à suppléer ces derniers ;
enfin, l'arrêté organique du 22 septembre 1848 prévoyait le cas oii ils
seraient nommés en concurrence. L'idée-mère de l'institution était
excellente; mais on ne tarda pas à remarquer que ceux des nouveaux
agrégés qui exerçaient en dehors de Liège ou deGand une profession
lucrative, ne paraissaient guère empressés de remettre leur avenir
aux chances d'un essai douteux et aux hasards dune longue attente;
ceux qui, au contraire, résidaient dans les villes où étaient établies les
Universités, avaient sur les autres un incontestable avantage, et l'on
ne pouvait supposer qu'ils ne chercheraient pas à se prévaloir, aussi-
tôt que possible, des services qu'ils auraient été appelés à rendre.
C'est ce qui eut lieu en effet. Trenle-neuf agrégés furent nommés d'un
seul trait de plume à notre Université, trente-huit à celle de Gand, et
ce nombre s'accrut encore avec le temps < ' ). La plupart ne considé-
rèrent jamais leur titre que comme une honorable distinction; ceux
qui obtinrent des cours en devinrent réellement titulaires, bien que
leur délégation dût être renouvelée chaque année. Un moment vint où
ils invoquèrent à leur tour des droits acquis, prétention d'autant plus
fondée que le gouvernement s'était vu obligé de les indemniser, et qu'ils
(*) Rapport au Roi, âO septembre 1845.
(*} En i85i, rUoiverftiié de Liëge comptait 47 agrëgës, dont 14 charges de cours.
XXXIJ llOCTOIIAl SPÉCIAL.
étaient admis h participera la caisse des pensions. Mais leur indenanité
étaitchétive; les Facultés étant au complet, ils se voyaient engagés en
quelque sorte dans une impasse ou mis en demeure de changer de
carrière, ce qui n*est pas toujours facile quand on a consacré ses
meilleures années à des études très-spéciales : bref, ils étaient à la
veille du découragement ; si une mesure radicale n'était prise, les
plus nobles ardeurs devaient finir par s'éteindre ; la question du
recrutement du corps professoral semblait plus éloignée que jamais
d*une solution satisfaisante.
Le Conseil de perfectionnement de l'enseignement supérieur pro-
posa au Ministre, en 1882 ( *), de ne plus nommer d*agrégés dans le
sens de l'arrêté royal du 32 septembre 1848; de supprimer le Con-
cours universitnire ; enfin , de créer une nouvelle agrégation ne con-
férant absolument aucun droit, mais consistant en un simple titre
scientifique ou doctorat spécial, lequel ne pourrait s'acquérir que deux
ans après le doctorat ordinaire: ce dernier examen serait ainsi
redevenu h peu près ce qu'est la licence dans d'autres pays. Le Con-
cours universitaire fut maintenu ; mais la première et la troisième
proposition du Conseil obtinrent du gouvernement un accueil favo-
rable. Deux arrêtés royaux du 16 septembre 1853, cités plus haut,
décrétèrent, l'un, qu'il ne serait plus nommé d'agrégés aux Universités
de l'État, jusqu'à disposition ultérieure; l'autre, qu'il serait créé un
diplôme scientifique spécial de docteur, simple attestation de capacité
à délivrer par les Universités, ne conférant dans l'Etat aucune espèce
de droits ou de prérogatives. Quant aux anciens agrégés, il ne fut rien
innové h leur position ; seulement des fonds furent demandés h la
législature et, les circonstances aidant, le gouvernement trouva, en
très-peu d'années, le moyen d'élever ces aspirants au rang de pro-
fesseur, ou tout au moins do leur assurer une positioii d'attente
convenable et non précaire comme auparavant.
Ainsi le doctorat spécial est un gracie scientifique et rien de plus ;
en rinstituant, il est vrai, le gouvernement n manifestée la forme
intention de choisir désormais les membres du personnel enseignant
universitaire, principalement parmi les hommes spéciaux qui se
seraient révélés de cette manière (') ; » mais aucun engagement tie le
lie à cet égard; plusieurs nominations récentes l'ont surabondamment
prouvé. Le gouvernement est disposé à tenir compte du mérite des
jeunes gens qui ont donné des garanties officielles de leur mérite
.«supérieur; cependant l'intérêt général des éludes est ici la première
< ') Deux membres du Conseil avaient, dès 1850, pris l'initiative et .soumis à leurs col-
lègues un projet de réforme {Rapport de .V. Piercot, p. 66).
(•)76ùi., p.20.
DOCTOHAT SPÉCIAL. XXXJij
considéralion qui le touche; il demeure pleinement libre de ses
choix. En somme, le doctorat spécial concerne directement les élèves
et non les Facultés : c*est pourquoi nons lui avons doané place dans
cette partie de notre ouvrage
Voici quelques extraits de Tarrété organique :
La Faculté de philosophie et des lettres coofère trois sortes de diplômes : en sciences
philologiques (litléraiarc et antiquités grecques et latines, et, d'ane manière accessoire,
histoire de la tittératare française) ; eo sciences philosophiques (logique, anthropologie, phi-
osophie morale, métaphysique, droit Datnrel et histoire de la philosophie), et eo sciences
historiques (histoire ancienne, histoire do moyen-àge, histoire de la Belgique, histoire poli-
tique moderne, géographie et notamment géographie ancienne).
La Faculté de droit confère les trois diplômes suivants : en droit romain (histoire de ce
droit, antiquités romaines^ Institutes, Paodectes, exégèse) ; en droit moderne (droit civil,
théorie de la compétence et de la procédure, droit criminel et droit commercial), et en
droit public et administratif (histoire politique moderne, économie politique, droit public et
droit administratif).
Dans la Faculté des sciences, six diplômes, savoir : en sciences mathématiques (haute
algèbre, géométrie analytique, géométrie descriptive, analyse, calcul des probabilités) ; en
sciences physiques (physique expérimentale, géographie physique, météorologie, astrono-
mie physique); en sciences chimiques et minéralogiques (chimie organique et inorganique,
manipulations chimiques, minéralogie et géologie) ; eo sciences botaniques (anatoroie et
physiologie végétales, familles naturelles, géographie des plantes, principes d^orticuUure,
connaissance des plantes usuelles, Flore de la Belgique); en sciences zoologiqnes (zoologie,
analomie et physiologie comparées, paléontologie, Fauoe de la Belgique).
Eo médecine, quatre diplômes : pour les sciences physiologiques (anatomie et physiologie
de l'homme, éléments d'anatomie et de physiologie comparées et de chimie animale, anato-
mie pathologique) ; pour les sciences médicales (pathologie et thérapeutiques , générales et
spéciales, des maladies internes ; pharmacodynamique, hygiène et anatomie pathologique) ;
pour les sciences chirurgicales (pathologie chirurgicale, théorie des accouchements, méde-
cioe opératoire, y compris les opératioos obstétricales; médecioe légale); eafln, pour les
sciences pharmacologiques (pharmacologie, pharniacie, chimie organique et inorganique,
toxicologie et botanique médicale).
Pour être admis aux épreuves du doctorat spécial, Il faut avoir obtenu, depuis deux ans
80 moins, le grade de docteur dans la Faculté à laquelle se rapporte la spécialité du
diplôme. Les personnes assimilées aux docteurs, c'est-à-dire les professeurs agrégés de
renseignement moyen du degré supérieur, les pharmaciens reçus suivant la loi du 15
juillet 1849 et les ingénieurs et sous- ingénieurs des ponts et chaussées et des mines,
doivent être également diplômés au moins depuis deux ans.
Les épreuves sont au nombre de quatre H» la rédaction d'une thèse inaugurale; ^ un
examen (à huis-clos) sur toutes les matières relatives au diplôme qu'il s'agit de délivrer; 3o
Une leçon orale sur un siget indiqué par la Faculté; 4o la défense publique de la dissertation
et des thèses qui y sont annexées. — Les récipiendaires sont libres de choisir le sujet de
leur thèse inaugurale; celle-ci doit avoir été approuvée par la Faculté, avant qu'on puisse
passer k l'examen k huis- clos. — En cas d'admission aux épreuves publiques, la thèse inau-
gurale, avec les thèses y annexées, est imprimée aux frais du récipiendaire, lequel est
teno d*en déposer 450 exemplaires au secrétariat de l'Université. — Los deux dernières
épreuves ont lieo en séance solennelle, présidée par le doyen de la Faculté *. le recteur et le
secrétaire du Conseil académique sont présents. — Tontes les épreuves doivent être subies
à la mém Université, dans le délaj de six mois. — Le^ décisions de la Faculté sont prises
XXXIV DOCTOUAT SPÉCIAL.
à la majorité des nombres présents (au moins U moitié) à ebaquc épreave ; la parité des
voix équivaut au rejet.
Voici les noms des élèves de rUuivcrsité de Liège qui ont obtenu
jusqu'aujourd*hui (juillet 1869) le titre de docteur spécial :
A. FACULTÉ DE PHILOSOPHIE ET DES LETTRES.
1 . Nous mentionnons ici pour mémoire la thèse inaugurale présentée
à la Faculté par feu J. Delboeup, de Liège, en 1863, pour le doctorat
en sciences philosophiques. Elle est intitulée : Etude sur la quesHan du
mouvement considéré dans ses rapports avec le principe de contradiction.
La nomination de M. Delbœuf à l'Université de Gand, en remplace-
ment de feu Callier (v. ci-dessus, col. 803), a naturellement détourné
ce récipiendaire de donner suite à son projet d'obtenir le diplôme de
docteur spécial. Sa dissertation a été imprimée en 1865, à la fin de
VEssai de logique scientifique, cité col. 804, n"" S de la bibliogr.
2. M Oscar Merte.n, de Liège, ancien élève de notre Université,
d'où il est sorti docteur en philosophie et lettres et professeur agrégé
de l'enseignement moyen du degré supérieur, a subi devant la Faculté
de Gand^ le 2 1 juin 1868, (') les épreuves du doctorat spécial enphiloso-
phie. Sa dissertation consiste en une Etude sur Maine de Biran (Namur,
1868, in-8«). — La Zeitschrift fur Philosophie, etc., de M. J.-H. Ficbte
a publié, en 1868, une analyse étendue de ce travail (t. LU, page 189
et suiv.)
B. faculté de droit.
3. M. Henri Staedtler, de Bruxelles, ancien élève de l'Université
de Louvain, docteur en droit, a été reçu, devant la Faculté de Liège,
le 28 juin 1861, docteur en droit romain. Sa dissertation est intitulée :
De la restitution en droit prétorieii (in integrum restitutio). Bruxelles,
1861.in-8«.
G. faculté des sciences.
4. Le 11 juin 1887, M. Gustave Dewalque, aujourd'hui professeur
à notre Faculté des sciences (v. ci-dessus, col. 809 et suiv.), a été
reçu, à Liège, docteur en sciences chimiques et minéralogiques. Sa dis-
sertation consiste en une Description du lias de la province de Luxem-
bourg. Liège, 1887, in-8'* (v. ci-dessus, col. 811, n** 10 de la bibliogr )
(*) M. Mbrten était h cette époque professeur à l'Athénée royal de Namur. En 4866, il
a été nommé professeur de philosophie à rUniversité de Gand, en remplacement de M.
Delbœuf. — Indépendamment de Y Etude sur Maine de Biran^ il a publié à Namur un livre
intitulé : De la (fénératitm des sifstèmeK philosophiques sur l'homme (4866, un vol. in-S^),
DOCTORAT SPÉCIAL. XXXV
5. Le 8 mai 1858, M. Ed. Morren, aujourd'hui professeur de bota-
nique à rUniversité de Liège, a subi devant la Faculté de Gand (v. ci-
dessus, col. 882), les épreuves du doctorat spécial en sciences bota-
niques. Sa thèse inaugurale traite des feuilles vertes et colorées. Gand,
4858, un vol. in-8* avec pi. (v. col. 886, n» 10 de la biblîogr.)
D. FACULTÉ DE MÉDECLNE.
6. Le 2 mai 1861, M. Oscar Ansiaux (v. ci-dessus, col. 751 et 752)
a été proclamé, parla Faculté de Liège, docteur en sciences chirurgie
cales. Sa dissertation inaugurale a pour titre : De la résection des arti-
culations du membre inférieur. Liège, 1861, in-8''.
7. Le 4 juillet suivant, M. Adolphe Wasseige (v. ci-dessus, col 981),
a subi les mêmes épreuves, devant la même Faculté, après avoir sou-
ieùix la dérense d*une thèse intitulée : Description des déchirures du
périnée. Liège, 1861, in-8», avec 2 pi.
8. Le 26 juin 1862, M. Gustave Krans, de Liège, ancien chef de
clinique externe (1858), a obtenu, de la même Faculté, le diplôme de
docteur spécial en sciences médicales^ sur la présentation d'une thèse
intitulée : Des paralysies sans lésions matérielles appréciables. Liège,
1862, in-8MM.
9. Le lendemain, 27 juin, le même diplôme a été conféré à M. Léon
GoFFART, de Huy, ancien chef de clinique interne, secrétaire de la
société médico-chirurgicale de Liège (1858). La thèse inaugurale de
M. Goffart porte pour titre : Des paralysies appelées dynamiqties, envi-
sagées au point de vue de leur diagnostic et de leur patogénie. Liège,
1862, in-8».
10. Le 20 novembre de la même année, M. Dieudonné Hicguet, de
Namur, a été proclamé docteur en sciences chirurgicales. Dissertation
inaugurale : De la méthode substitutive ou de la cautérisation appliquée
( *) G. Krans est décédé le S juillet 4866, au moment de justifier les brillaotes espé-
rances que ses premiers succès avaient fait concevoir. Collaborateur assidu des Annaie* de
la Snciéii médico-chirurgicale de Liége^ il a laissé, outre sa dissertation inaugurale, les
travaux suivants, insérés dans ce recueil : i» De la dégénérescence amyloide ; âo Obsen'a-
tion de peau bronzée ; 3» De la pbthisie chez les buveurs ; 4» Des bruits ampboriques dans
la pleurésie; S*' Observation de dilatation variqueuse des ganglionslymphatiques; 6^ Lésions
des centres nerveux dans l'atrophie musculaire progressive; T* Des propriétés diurétiques
des semences de clématite ; 8o De la teinture d'iode comme moyen de diagnostic de la glyco-
cosurie; 9^ Elude sur le mode de développement des tubercules; IQo ObservaUon de teigpe
décalvanle; 11^ Des palpitations de cœur consécutives aux dyspepsies.
XXXVI DOCTORAT SPÉCIAL.
au traitement de Furéthrite aigne et chronique. Paris, Delahaye, 1862,
in-8M')-
11. Le 3 février 1863, M. Charles Horion, de Hermalle-sous-Argen-
teau, ancien chef de clinique des accouchements (18SS-18S7), a reçu
le diplôme de docteur en sciences chirurgicales, après avoir publié une
thèse intitulée : Des rétentions (turine, ou pathologie spéciale des voies
urinaires au point de vue de la rétention. Paris, Dclahaye, un vol. in-8®
de XX et 366 pages (*).
(* ) La disserlatîoo de M. Hicguet a eu deux tirages, ce qui veut dire que le public savant
ne l'a pas accueillie avec moins de faveur que la Faculté. — M. Hicguet, né à Namur, le 9
janvier 4830, est docteur en médecine, en chirurgie et en Bccouchements depuis le i6 août
iSM. l\ a fait une étude toute spéciale des maladies des voies urinaires et des maladies
syphilitiques ; l'adm. comm. de Liège lui a confié, ii ce dernier titre, une mission d'inspec-
tion sanitaire. 11 a longtemps pris une part active à la rédaction du Seaipel, fondé et dirigé
par M. le docteur A. Festraerts. Membre de phisiears Sociétés de médecine, il t publié
dans leurs annales ou dans les Bulletins de l'Académie les noUces suivantes : i^ Mémoire
sur une tumeur érectile de la fiice, guérie au moyen de la gai vano -caustique (Bull, de
CAcad. royale de médecine de Belgique, t. XIV) ; S® Observation remarquable de sperma-
torrhée {Ibid., ano. 4858-1859); 3» Mémoire sur deux observations d'aspermatisme
(Ibid.f i86ti); 4° De la méthode substitutive appliquée au trailement des écoulements des
organes sexuels chez la femmo. Liège, 4862, ia-8« ; 5» Observation de leucémie [Ann.
de la Société médieo-ckirurgicale de Uége, 4862) ; 6o Observation de fièvre typhoïde
compliquée d'accidents pernicieux de sufiocation (Ibid.); 7» Symptômes d'étranglement
inlerne; fièvre typhoïde bénigne; accès intermittents pendant la convalescence; ascite ; dys-
scntcrie; mort {laid. ; 8<> Traitement de la gale par l'huile de pétrole {Ibid., 4865); 9«Sur
un symplûme propre à l'hyporlrophie des parois do la vessie (ibid.^ 4866} ; 4(K* De l'inter-
vention du médecin dans la recherche des crimes, k propos d'une observation médico-
légale (M. Hicguet a été souvent consulté comme médecin légiste), ibid., 4866; 44^ Triple
rétrécissement de Turèlre ; fistules urinaires ; trois uréthrolomies ; guérison {Ibid.^ ;
42» Double rétrécissement urélhral ; fistules urinaires ; guérison {Ibid.); 43* De l'unité du
virus chancreux (Ibid,, 4867'; 44« De la fistule du canal de sténon; observation et réflexions.
Liège, 4868, in-8«. — M. Hicguet est chirurgien de l'HûpiUl des RécolleU.
(*) M. Charles- Joseph Uomon, né à Hermalle-sous-Argenteau le 46 avril 4830, est à la
fois docteur on sciences naturelles et docteur en médecine, en chirurgie et en accouche-
ments. Il n'avait que 22 ans lorsqu'il accompagna dans un de ses grands voyages André
Dumool, dont il était k la fois le disciple et l'ami (v. ci-dcsf us , col. 238). Reçu docteur en
sciences iirec (fronde diiitinction,\e 28 août 4854,M. Horioo,qui avait su mener de front deux
séries d'études, fut nommé dès le 18 septembre de l'année suivante chef de la clinique des ac-
couchements. Il remplit cas fonctions jusqu au 47 avril,dRte de son dernier examende docteur
en médecine, il obtint celte fois la pin* grande diaiinciion^ el par suite une bourse de voyage,
qui lui permit de fréquenter les cours el les cliniques de Paris, pendant les années scolaires
4858-1859 el 4859-1860. De retour à Liège, il s'établit comme médecin, et bien que sa
clientèle s'étendit de jour en jour, il trouva encore le temps de se préparer au doctoral spé-
cial el de donner fréquemment signe de vie au monde savant. — On lui doit, outre la dis-
serUilion inaugurale citée dans le texte, plusieurs publications qui attcslcnt la variété de
ses connaissances et la portée philosophique de son espril. Nous citerons : 4* André
Dumont et la philosophie de la nature \^* édition, cxtr de la Preste scientifique des deux
monde», Paris, 48(i5, in-8<*; 2« édition, Liège, Carmanne, 4866, in-8o) ; 2^ Leçon sur ledia-
UOCTORAT SPÉCIAL. XXXVij
12. Le 30 mars 1868, le même diplôme a été décerne à M. Nicolas-
Joseph Larondelle, de Membach (Liège), sur la présentation d'une
thèse portant pour titre : De$ Kystes du œu^ Liège, Garmanne 1868,
un vol. in-8^ de 287 et VI pages (' )•
Conformément à l'arrêté royal du 30 janvier 1864, déterminant les
conditions sous lesquelles les docteurs spéciaux et même les docteurs
munis simplement d*un diplôme délivré par un jury d'examen, peuvent
être admis à ouvrir des cours privés aux Universités de l'Etat, MM.
Krans, Hicguet, 0. Ansiaux et L. Goff^rt ont reçu l'autorisation (arr.
minist. des 16, 17 et 18 août 1868) :
M. Krans, de Taire quelques leçons sur la thérapeutique générale
des maladies de l'enfance ;
M. Hicguet, de faire l'histoire et l'exposé des progrès récents de la
chirurgie ;
gDOstic difTërentiel des tumeurs du genou. Liège, 4863, in-8® (Leçon faite en séance
solennelle de la FacuU<l de médecine, pour la troisième épreuve du doctorat spécial);
30 Note sur le terrain cri^tacé de la Belgique {BuH. de la Société géologique de France,
2« série, t. XV, p. 635^; 4» Sur les terrains primaires des environs de Visé {ib,, i. XX,
p. 766); 5<* Hernie crurale étranglée; opération (Ànti. de la Soc. médico-chirurgicale de
Liège, t. 1. 1863); 6» Lilholrilie cl Uille {Ibid., t. II, 4863) ; ?<> Des polypes naso-pharyn-
giens {Ibid.); 80 Tumeur k myélophaxes du tibia gauche ; amputation de la cuisse ; mort de
pleurésie accidentelle ; étude microscopique de la tumeur; évolution des myélophaxes
iibid,\ — M. Horion a dû interrompre pendant quelque temps ses travaux pour motir de
santé ; le climat de l'Italie lui a heureusement rendu de nouvelles forces.
(MM. Nicolas Joseph Larondelle, né à Membach le 4 1 novembre 48Sâ, a fait ses études
à l'Université de Louvain, oii les fonctions de prosecteur et de chef des travaux anatomiques
lui ont été confiées pendant trois ans, de 4849 à 485S. Après avoir subi avec grande dittinc-
lion son dernier examen, voulant se rapprocher le plus possible de son pays natal, il a fixé sa
résidence à Verviers. M. Larondelle est chirurgien en chef de l'hospice de St-Lauront k Dison,
membre du Conseil de salubrité de Verviers, membre de la Société de médecine de Louvain;
les services qu'il a rendus en 48tti, pendant l'épidémie du choléra, lui ont valu la médaille d'or
de 4>^ classe — Publications ; 4* La dissertation citée dans le texte; 2« Observation d'une
grossesse rompliquée d'hydropisie ascite; avortement. — Ponction abdominale répétée
deux fois dans le courant de la dernière grossesse ; accouchement à terme (v. les Bull, de
tAcad, roy. de médecine, séance du 44 juillet 4863; ; 3» Rapport au Conseil de salubrité de
Verviers sur les mesures à proposer pour éviter l'invasion en cette ville de la terrible mala-
die des trichines, qui sévissait en 1865 dans plusieurs parties de l'Allemagne ;Verviers, L.-J.
Crouquet, 4865, in-8°); 4<» Mesures préventives contre le choléra : hygiène privée. Ibid,,
4866, in-8<> (publ. quelque temps avant l'apparition du choléra a Verviers) ; 5o Rapp. sur
Tépidémie du choléra qui a régné à Verviers et' dans les environs. Bruxelles, Manceaux,
4867, io-8<*; 6^ Observation d'une déchirure du périnée compliquée de chute de matrice;
périnéorapbie; guérison {Btdl. de l'Acad, de médecine, 4861, p. 607). — Le 7 juin 1869 ,
M. le docteur Fossiou a présenté à l'Académie de médecine, de la part de M. le docteur
Larondelle, une observation d'un anévr.sme de l'artère poplitée, guéri par ce dernier, en
trois jours, à l'aide de la flexion de la jambe sur la cuisse. (Renvoi à une Commission pour
rapport).
XXXViij DOCTORAT SPÉCIAL.
M. 0. Ansiaux, d*aborder dans un cours privé Tétude générale et
approfondie du traitement des fractures ;
Et onfin M. Goifart, de faire des leçons de physiologie appliquée à
la médecine, conformément au programme approuvé par la Faculté.
MM. Krans et Ansiaux ont seuls profité, en 1865-1866, de Tautori-
sation qui leur était accordée (*).
(*) Ua été fait mention, col. 831, ool. 89 ot i05i, «tcol. iiSS, d'autres cours privés
donnés conformément k l'arrêté de 1864, par des personnes non munies du diplôme de
docteur spécial.
IV
DIPLOMES HONORIFIQUES
ET
DIPLOMES SCIENTIFIQUES.
C'est encore à notre plus ancienne charte qu'il faut ici reraonler.
On lit dans le Règlement de 1816 (art. 30) :
c II sera permis aux Universités de conférer à des hommes d'un mérite extraordinaire,
tant étrangers qu'indigènes, le litre de docteur, ou de le leur offrir, comme une preuve d'es-
time; mais dans ce cas, l'affaire, sur la proposition de la Faculté qui confère le grade, sera
traitée par tout le Sénat spécialement convoqué à cet effet. On n'exigera, des docteurs créés
de celle manière, ni les examens ni les droits d'usage. »
Dans de telles conditions, le doctorat honoris causa n*avaiL d'autre
but que de rattacher aux Universités des Pays-Bas, par des liens plus
étroits, les hommes distingués dont les sympathies leur étaient déjà
acquises ; c'était ou un hommage de reconnaissance, ou une distinction
qui devait être réservée à des talents tout à fait exceptionnels. Cette
distinction fut plus d'une fois ambitionnée ; mais l'on s'en montra
systématiquement avare, et l'on eut raison. Le Sénat académique
écarta, en 1822, une proposition tendant à décerner le diplôme ho-
norifique de docteur à un étudiant d'un mérite hors ligne, trois fois
lauréat du Concours. Il n'avait pas encore subi l'examen final : le
Sénat usa de prudence. — De 1817 à 1830 , l'Université de Liège ne
délivra que cinq diplômes d'honneur, 3 dans la Faculté des lettrfes (*)>
2 dans la Faculté des sciences.
Le titre honorifique de docteur en droit n'a été décerné jusqu'ici
qu'une seule fois, en 1831.
L'art. 6 de la loi organique de 1835 modifia comme suit l'ancien
système :
« Les Universités pourront conférer des diplômes scientifiques, en observant les condi-
tions qui seront prescrites par les règlements. — Ces diplômes ne conféreront aucun droit
en Belgique. >
(^) Ce passage servira de rectification à ia note de la col. 842.
4*
XL DIPLOMES HOiNORlPIQUES
Les mesures réglementaires prévues par cet article se firent
attendre jusqu'au 13 octobre 1838. On distingua dès lors deux espèces
de diplômes, les uns honorifiques, au sens du Règlement de 1816, les
autres scientifiques. Les Facultés eurent qualité pour délivrer ces der-
niers, après exatnen public. Il y eut des diplômes scientifiques de can-
didat et de docteur, tandis que les diplômes honorifiques, s*obtenant
sans examen , ne conréraient naturellement que ce dernier titre.
La loi sur lesjurys d'examen fut modifiée en 1849, en 1887 et en 1861.
Il eût fallu soumettre en même temps à révision Tarrélé de 1838, quant
au programme des matières exigées et quant aux formalités à observer ;
mais on crut devoir ajourner toute décision à cet égard : après 1849,
parce qu'on se promit de tout coordonner lorsqu'il s'agirait de réfor-
mer définitivement le titre III de la loi organique ('); après 18S7,
parce que, le nombre des diplômes scientifiques étant insignifiant, on
se dit qu'il n'y avait pas urgence. Quant à ce dernier point, l'idée
nous est venue de consulter les archives de l'Université de Liège.
Elles nous ont appris qu'un certain nombre de jeunes gens étrangers
(Portugais, Brésiliens, Anglais, etc.) s'informèrent auprès du rec-
teur, à l'époque où les grades scientifiques venaient d'être institués,
des (conditions b remplir pour obtenir les dits grades. Il fut répondu
A chaque demande de renseignements par une simple communication
de l'arrêté du 13 octobre : or, le dit arrêté ne disait pas un mot de la
dispense des examens préparatoires, qui pourrait être éventuelle-
ment accordée à des récipiendaires ayant commencé à l'étranger
leurs études universitaires. C'était là pourtant un point essentiel, et
si essentiel que les intéressés prirent l'habitude de s'adresser aux
Universités libres, lesquelles avaient eu soin d'adopter des règles
très-précises pour la. collation des grades qu'elles délivraient en leur
nom privé. — Il a bien fallu, dans ces derniers temps, accorder une
nouvelle importance à la question des grades scientifiques. La répu-
tation de nos Ecoles spéciales attire à Liège une foule déjeunes gens
de toutes les contrées de l'Europe et des deux Amériques; ils contri-
buent peu à peu à faire connaître l'Université dans leur pays; des
compatriotes viennent les rejoindre; c'est ainsi qu'il s'est formé à
Liège de véritables colonies espagnole, polonaise et roumaine. Or,
les étudiants de ces dernières nationalités commencent h se ren-
contrer non plus seulement dans les Ecoles , mais aux cours
{*) Le jury combiné n'a été institué que pour irois ans, à titre d'essai. La diversité des
opinions qui se sont produites, lorsqu'il a été question de s'entendre une fois pour toutes, a
déterminé les Chambres à voter une prorogation du provisoire ; vingt ans écoulés, nous
sommes encore dans le statu quo,
(■) Rapport triennal de 1856-1858, p. XV.
i
ET DIPLOMES SCIENTIFIQUES. Xlt
des Facultés, notamment en droit (pour le doctorat eu sciences
politiques et administratives) et en médecine. La plupart sont déjà
porteurs, en arrivant, d'un ou de deux diplômes : on ne peut songer
à leur faire recommeocer leurs études ; le gouvernement, sur l'avis de
la Faculté, les autorise, s'il y a lieu, à se présenter directement aux
examens de candidat ou de docteur. Un arrêté royal du 29 juillet
1869 vient en outre de rapporter l'arrêté de 1838 et de soumettre les
examens pour les grades scientifiques aux règles et aux conditions
prescrites et à prescrire pour l'obtention des grades légaux. Les
résultats de celte excellente mesure sont faciles à prévoir.
A. DIPLOMES HONORIFIQUES.
Faculté de philosophie.
1. Le diplôme honorifique de docteur en philosophie et lettres a été
conféré pour la première fois, le 15 juin 1822, à M. Gérard-Joseph
Meyer, d'Amsterdam, professeur ordinaire à la Faculté de philo-
sophie de Louvain, membre de la Société des lettres et des sciences
des Pays-Bas, des Sociétés littéraires de Bruxelles, de Gand, etc.
2! Le 9 mai 1824, le Sénat académique a délivré le même diplôme,
en séance solennelle, à M. Jean-Joseph Walter, administrateur de
l'Université de Liège, etc. (v. ci-dessus, col. 4).
3. Le même jour , le diplôme de docteur en philosophie a été
également décerné, honoris causa, h M. Louis Dewez, membre de l'Acîa-
démie de Bruxelles et de riiistilut des Pays-Bas, inspecteur-général
de l'instruction publique pour les provinces méridionales du
royaume, etc. (*)•
4. Le seul diplôme honorifique de docteur conféré par la Faculté
de philosophie depuis 1830 a été offert le 26 mars 1847, au R. P.
Henri-Dominique (Jean-Baptiste) Lacordaire, de l'ordre des Frères-
Prêcheurs, décédé en 1861, membre de l'Académie française (v. ci-
dessus, col. 841).
Faculté de droit.
5. Le 6 août 1831, M. Charles de Brouckere, membre du Congrès
{*} h. Dewez a plus contribué que personne à relever en Belgique le goût de l'histoire
nationale. Ses ouvrages sont encore estimables^ malgré les progrès inouïs de la science et
surtout de la critique historique dans ces dernières années. Tout le monde connaît Y Histoire
de la Belgigne, X Histoire des provinces belges^ l'Histoire du pays de Liège, etc. ; Dewez a
également laissé une Rhétorique extraite de Cieéronl, longtemps classique au Collège de
Liège.
XLII DIPLOMES HONORIFIQUES , ETC.
national, a reçu du Sénat académique le diplôme honorifique de doc-
teur endroit (*).
Faculté des sciences.
6. Le 2S mars 1824, M. Gaspard-Michel Pagani a été proclamé, à
titre d'honneur, docteur en scietices physiques et mathématiques (v. ci-
dessus, col. 496).
7. Le même jour, M. le commandeur Charles de Nieuport, membre
de r Académie de Bruxelles, etc., a obtenu la même distinction (v.
ci-dessus, aux articles Dandelin, Pagani, etc.)
Faculté de médecine.
8. Un seul diplôme honorifique de docteur en médecine a été délivré
par le Conseil académique, sur la proposition de la Faculté, le 38 mars
1860, à M. Ferdinand Martin, officier de santé à Paris, orthopédiste
des Maisons impériales d*éducation de la Légion d*honneur, chirur-
gien-mécanicien de THôtel impérial des Invalides , lauréat de Tlns-
titut (Académie des sciences), chev. de la Légion d'honneur, etc.
B. diplômes scientifiques.
La Faculté de philosophie n'a délivré jusqu'ici que des diplômes
scientifiques de candidat.
La Faculté de droit a procédé à plusieurs examens de candidat; elle
a décerné le diplôme scientifique de docteur en sciences politiques et
administratives :
Le 3 novembre 1847, à M. Aloïs de Closset, de Liège (v. ci-dessus,
coL 1177 et p. XXV);
Le 23 juin 1861, à M. Joseph Czarnowski, de Varsovie;
Le 28 avril 1860, à M. Jean-Const. Leresco, de Pitesti (Roumanie).
Aucun récipiendaire ne s'est présenté jusqu'ici devant la Faculté
des sciences pour obtenir le diplôme scientifique de docteur.
La Faculté de médecine a conféré le diplôme de docteur, conformé-
ment à l'arrêté du 13 octobre 1838, savoir :
Le 11 nov. 1846, à M. Antonio-Damaso Guerrbiro, de Lisbonne;
Le 16 nov. 1860, à M. Jacques-Jos. Verrier, officier de santé à Paris;
Les 22 décembre 1864, 15 et 21 mars 186S (resp.pour la médecine,
la chirurg. et les accouch.), à M. William Pratt, d'Aberdeen;
Les 27 mai, 19 et 30 juin 186S (id.), à M. Jules Zendralli, de
Roveredo (Suisse).
(*) a part tous ses autres litres, Ch. de Brouckkre méritait l'attention du <^orps aca-
démique de Liège, en souvenir de son remarquable travail sur la réforme de l'enseignement
supérieur, publié en 4829 (cité ci-dessus, col. 4016).
LISTE GENERALE DES DOCTEURS
SORTIS DE L'UNIVERSITÉ DE LIÈGE
DEPUIS 1817.
Le Rapport de M. Nothomb et les Rapports triennaux régulièrement
publiés depuis 18S4, contiennent l'histoire détaillée du jury d'examen
et l'analyse des discussions dont cette institution a été jusqu'à présent
l'objet. Un résumé de ces documents serait déplacé ici et grossirait
démesurément notre volume. Il suffira de rappeler qu'au point de vue
de la collation des diplômes , les Universités belges ont traversé ,
depuis 1817, quatre périodes bien distinctes :
1° De 1817 à 1830, elles délivraient elles-mêmes les grades acadé-
miques, conformément au Règlement de 1816. Il n'y avait dans chaque
Faculté que deux grades , celui de candidat et celui de docteur. Le
premier , purement académique, ne donnait aucun droit hors de l'éta-
blissement (M; il n'était constaté que par un extrait des actes de la
Faculté qui le conférait. Pour devenir docteur, il fallait être candidat
depuis un an (') et avoir suivi régulièrement les cours de l'Univer-
sité ('), non seulement les cours sur lesquels devaient porter les
interrogations, mais certains autres que l'on considérait comme im-
portants sans être essentiels au même degré, eu égard à la spécialité
(*} « Que poar autant, ajoute le Règlement, qu'il y aura des exceptions spéciales faites
ci-après » (art. 3i).
(<) Cette règle ne s'appliquait pas au doctorat honorifique (v. ci-dessus, p. XL).
( ' ) U y avait exception pour les étrangers.
XLIV Jt'RYS D EXAMEN.
de chaque grade. C'est ainsi que les aspirants au doctorat en phiioso*
phie devaient fournir la preuve qu'ils avaieot <( fréquenté avec succès
les leçons sur les Institutes, l'histoire du droit romain, l'histoire du
pays et l'astronomie physique (art. 49). » A moins d'une autorisation
spéciale accordée par les curateurs, tous les examens se faisaient en
latin ; ils devaient durer une heure; ils étaient publics. Quand la Fa-
culté avait émis sur toutes les épreuves un vote favorable, le récipient
daire était admis à la promotion , c'est-à-dire, il avait à composer un
spedmm inaugurale et h soutenir ensuite cette thèse, soit, à son choix,
contre les objections des professeurs seulement (promotion particu-
lière), soit contre tout venant (promotion publique). La promotion ne
se faisait d'ailleurs à huis-clos. — Dans le premier cas, le recteur
et le secrétaire du Sénat se joignaient seuls, avec voix délibérative,
aux professeurs de la Faculté ; dans le second cas, tout le Sénat était
convoqué et votait l'admission ou le rejet. Le grade était conféré par
un des professeurs de la Faculté, à tour de rôle, en qualité de promo-
teur. Le diplôme de doctor medidnœ , chirurgiœ, artis obstetriciœ ou
artis pharmaceuticœ ne pouvait être délivré qu'après la prestation d'un
serment ou d'une déclaration, conformément à l'arrêté royal du 6 dé-
cembre 1818 (*).
^ Le 2 octobre 1831, des Commissions d'examen furent instituées
auprès des Universités pour conférer les diplômes de candidat Ce
régime fut désastreux pour les études préparatoires, qui finirent par
être presque complètement négligées. Quant aux différents doctorats,
on resta dans le statu quo, si ce n'est que l'emploi de la langue latine
disparut et que les récipiendaires n'eurent plus à faire imprimer leur
thèse inaugurale.
3** De 1838 à 1849, l'enseignement se releva , grâce à l'institution
du jury central unique, qui siégeait à Bruxelles et mandait à sa barre
tous les étudiants du pays, sans leur demander où ils avaient fait leurs
études. On n'était plus l'esclave d'un cours; il fallait étudier pour
savoir. Mais l'intervention du pouvoir législatif dans la nomination
des membres du jury entraîna des abus; au sein des Universités, les
cours des professeurs non appelés à décerner les diplômes furent
plus ou moins désertés; les inconvénients du système finirent par
l'emporter, aux yeux du gouvernement et des professeurs, sur ses
incontestables avantages.
4° La loi de 1849 institua les jurys combinas. « Le gouvernement,
dit l'art. 37, § 3, compose chaque jury d'examen, de telle sorte que
les professeurs de l'enseignement dirigé ou subsidié par l'Etat et ceux
( ' ) Cet arrêté avait été pris poar les provinces septentrionales du royaume.
JURYS I) EXAMEN. XLV
de l'enseignement privé y soient appelés en nombre égal, » Et pour
établir un équilibre parfait, le président fut nommé par le Roi, comme
tous les membres du jury, et choisi en dehors du corps enseignant
(sous le régime de la loi de 183S, le jury élisait son président). L'U-
niversité de Liège se trouva ainsi et se trouve encore, dans les années
impaires, associée à l'Université catholique de Louvain, et dans les
années paires, à rUniversité de Bruxelles. Les épreuves se compo-
sèrent, comme sous la loi précédente, d'un examen écrit et d'un
examen oral ; n'étaient admis à ce dernier que les récipiendaires dont
l'examen écrit était satisfaisant. — La loi du 1"^' mai 1887 apporta
d'importantes modifications à ce aystëme, dont elle respecta d'ail-
leurs le principe. On jugea équitable d'ajouter aux jurys combinés un
jury dit central (dans un autre sens qu'en 1835), composé, en nombre
égal , de professeurs des quatre Universités et de membres pris en
dehors de ces établissements (art. 6). Les matières sur lesquelles les
récipiendaires eurent à répondre ne furent plus aussi nombreuses ;
on en revint au système de 1816, en se contentant d'exiger, pour un
certain nombre do cours, des certificats de fréquentation. A défaut de
certificats, un jury spécial, toujours combiné, fut chargé de procéder
à un examen sommaire sur les branches réputées accessoires. L'élève
devait être interrogé principalement par son professeur ; néanmoins la
parole était donnée ensuite au professeur correspondant de l'Univer-
sité associée. — La loi du 27 mars 1861, qui nous régit actuellement,
est entrée plus avant encore dans cette voie de simplification. L'exa-
men par écrit a été supprimé; néanmoins il est loisible aux récipien-
daires de se soumettre à celte épreuve. Il y avait auparavant deux
sessions : celle de Pâques n'existe plus que pour l'examen final de
docteur dans chaque Faculté, ainsi que pour l'examen des candidats-
notaires et des pharmaciens. Quant aux certificats, institution à
laquelle le corps enseignant est à bon droit peu favorable, un amen-
dement à la loi, proposé par M. J. Guillery, a été adopté et immédiate-
ment appliqué (à partir de l'année académique 1868-1866). Les profes-
seurs constatent maintenant que leurs élèves ont profité de leurs
leçons, et par conséquent ils les interrogent : dans le système pri-
mitif, ils ne pouvaient exiger que leur présence matérielle. Nous ne
craignons pas de dire que, malgré tout le zèle du corps enseignant,
si la division des cours en cours à examen et cours à certificat ne
vient pas à disparaître, l'esprit scientifique deviendra de plus en plus
rare dans nos Universités. Les cours à certificat ont pour objet les
études qu'on peut appeler désintéressées; or ce sont ces éludes qui
élargissent l'horizon des intelligences et qui inspirent l'amour du
véritable progrès. La préoccupation exclusive du cui bmio ferait des-
cendre les Universités belges au niveau de simples Ecoles profession-
XLVl
LISTE GÉNÉRALE
nelles. Nous vivons dans un provisoire dont il faut sortir à tout prix :
ces expériences-là coûtent trop cher.
On ne saurait dire cependant que le niveau des études ait baissé
depuis le commencement de la quatrième période. Mais pour le
maintenir à sa hauteur , il a fallu, de la part des professeurs chargés
de cours h certificat, un courage à toute épreuve. Il ne serait que
juste, et il serait temps que la loi donnât à leurs efforts un point
d*appui, au lieu de laisser croire aux élèves qu'ils peuvent se conten-
ter de passer légèrement sur une partie quelconque du programme
des examens. — « Toute science qui s*isole , dit excellemment M.
Henri Martin, se condamne à la stérilité. »
PREMIÈRE PÉRIODE (1817-1830).
A, Oocteura en phlloaopble et lettr
•
ï
0
•>
Dttie
Lieu
du
ZVom.
Prénoms.
de
ThèfteA.
o
DIPLÔME.
NAISSANCE.
1821
4
iSjain
48S3
Wûrlh
Jean-Fr.-Xav.
Luxembourg
De Donirriroruin poe •
matum origine, compo-
eitioDe, et ad forman-
dttm Grœcoram antmom
momento.
S
20 mars
Preudhomme
Gaspard
Huy
De grammatioà gane-
rali.
3
8 avril
4826.
Ney
Pierre
Nospelt (gr.>d.
de Luxemb.)
Do officiera m diri-
tfiniio InslitnendA, deqoe
prac'ipuaram officii di-
visioaum exposilioDe at-
qae oxamioc.
4
45 févr.
Kœnders
Jean
Emmerich
Do libertate anima:,
praDmi:»tii qoa hâu de re
pbilosophi aotiqai atqoe
roceotiores seasenint.
8
4 août
Fassin
E.-Dieudonnd
Liège
Oaa}iJam debistoriiet
de repoblicA Aciueorum.
6
46 oct.
4827
Darote
Philippe
Liège
De historiaatiliute et
cum alii;i doutrijii* oeza.
7
49 juin.
Janssen
Pierre
Venloo
Do liogoae B«leic« ety-
mologià j vocabalomm
compositioae et harmo-
DJA.
8
21 id.
4829
Paquet
Joseph
Luxembourg
De aciionum libera-
ram lei^e suprême.
9
43 juiU.
Novent
Alexandre
Maestricht
De moribas Romano-
rum.
iO
20 oct.
Eyschen
ce.
Baschleiden
De ratione etviA Rhe-
torica in ^ymoaiii primé
rluisso itA tradendiB, ol
di«eipalî adphilosopbiam
aadiondam praiporontor.
DES DOCTEURS.
XLVIJ
B. Docteur» en droit.
i
»
■M
Date
Uea
du
IVom.
Prénoms.
de
Xhèaeii.
^ DIPLÔME.
o
2
NAISSANCE.
4848
1
44 mars
Morel
Alphonse
Gand
De coUationo bonornm.
45juiUet
Van Snick
François
Ath
De immatabili legom
natnraliam ezistentîA.
3
id.
Janssens
Louis-André
Louvain
De «doptionibas et de
sceleris commnnione.
4
id.
Thomeret
Louis-Panl-Ad.
Mons
De saeceuioDom reU-
tjooe et hnredam sai-
5
id.
Van Bellinghen de
Brantegbem
Julien -Charles
Bruxelles
sinA.
De patriA polestate.
6
20juill.
Doffegnies
Henri-Martin
Bruxelles
De reTocandi* dona-
tionibas.
7
id.
Petit(PetydeThozée)
Th.-Aug.-Jos.
Walcourt
De oUi^tionibofl luu-
fractnarit.
8
24 id.
Picqaet
Charles-Ad.
Mons
De liberis nataralibos
et ex nefando coita na-
a la
9
24 id.
Gilson
Louis
Ath
U8.
De qaalitatibas ad sao-
cedenaam reqnuitis.
iO 25 îd.
Didier
Charles-Ant.
Bastogne
De bacredum instiln-
tionibatt et lef^atin.
41
id.
Pollenus
François-Jos.
Kermpt (Limb.
De donatiooibui! et tea-
tameoliti.
42 27 id.
De Beyer
Charles -Théod.
Dusseldorf
De ûdeiçommiwM.
43 28 id.
Peeters
Bernard- Franc.
Gand
De modi;} quibus te»-
tameota revocantur Tel
ÎD&rmantut.
44
id.
Martens
Justin-Liëvin
Deutz
De yariis t^tamento-
rom solemDitatibaji.
45
29 id.
Barbanson
Jean-P.-Jos.
Bruxelles
De legitimA et roduc-
46
id.
Dereux
Mathieu-Léon
Liège
tione.
De donationibiu qoœ
per contractnm matrt-
monii fiant conjugîbus
eoromque poster is.
De rebna mobilibas.
47 ;30id.
Dugauquier
Pierre-Joseph
Ecaussines
48
34 id.
Coyon
Armand
Huy
De Daturft iuiis qaod
GalU Tocant droit de ri-
utrve.
49 ;4 août
Raskinel
Noël
Liège
De donatioDÎbttii ioter
^^
virumetuxorem.
20
id.
Fendius
Louis-Pierre
Luxembourg
Do compeosatioaibas.
24
id.
Walter
Vict.-Ant.-Jos.
Namur
De bereditatibas que
ab intestato deferuDtar.
22 4déc.
Demaret
Charles-Henri
Ath
De legam eifectibas.
23 8 id.
Viot
Joseph
Liège
De paterultate et filia-
tînnp
24
29 id.
4849
Doreye
Lamb.-A.-Jos.
Liège
Do bis qai eiTitatem
amittnnt, et de morte ci-
TÎli.
25
44 fév.
Bernard
Léopold-Prosp.
Dinant
De miasione io potnes-
sionom bonorum ab«on-
tM ex nltinio dfwreto.
26 45fév.
Du Pré
Joseph
Tournai
De hypotbeois Hecun-
donij. civile bodiemom.
27 46 id.
Bots
Antoine
Remich
De aacendentlniii inter
descendentes divisioDi-
bas.
De formulis doDatio-
DÎa inUsr rivos.
u
3avni
Bumet
1
Aug.-Joseph
Houffalize
XLVIIJ
LISTE GÉNÉRALE
i
0
e
Oato
da
DIPLÔVE.
ZVoni.
I»r<SnoiiiB.
Lileu
de
NAISSANCE.
Xhè»eB*
39
7 juillet
30
13 id.
31
13jaill.
33
16 id.
33
37 id.
34
6 août.
36
id.
36
id.
37
id.
38
id.
39
7 id.
40
31 nov.
Ai
43
30 ddc.
1830.
35 jaDv.
43
36 fëvr.
44
45
31 mars
10 avril
46
47
17 id.
10 mai
48
35 mai
49
1 juin
50
51
53
53
13 id.
1 juiil.
id.
30 id.
54
55
• id.
id.
56
57
33 id.
id.
Nys
de Robaulx
Zoude
Goffinl
de Lezaack
Puiz
Fleu£3u
Vaa Hoegsrdeo
Ëmst
Merry
d'Hane de Sleen-
huyse
De Keyser
Lebeau
Brixis
Henvard
Doackicr
Hubert
Piercot
Vandermaesea
Demonceau
Thyrion
Graadgagaage
Jamioé
Zoude
Robert
Delitîge
Parmenlier
Pirotle
Crallc
Josepb-Ed.
Alexandre
François-Jos.
Justin
Théodore
Jean-Michel
Stanislas-Fr.
Pierre
Lamb.-Jos.-H.
Th.-Th.-L.-F.
Jean-Baptiste
lean-Albert
Jean-Louis-Jo8.
Valentin
Pierre -Franc.
Arn.-Isid. Jos.
Auguste Jos.
Ferd.-G.-Jos.
Ant.-Laur.-Ch.
Grégoire
Lambert-Jos.
Fr.-Ch.-Jos.
Jos. -Laurent
Désiré
Fr.-Pierre-Jos.
Charles
[Jacques- Félix
Gasp.-Jos.-L.
Aristide
Maeslricht
Fontaine - VÈ-
vèqoe
Namur
Jemmapes
Liège
Burglînster (g.
d. deLuxemb.)
Waremme
Bruxelles
Aubel
Hervé
Gand
Gund
Huy
Ëchternach
Embourg
Liège
Liégu
Bruxelles
Liège
Hervé
Seny
Namur
Mastrichl
Tbeux
Burdinne
Ju pille
Liège
Liège
Liège
De domiaio et TariU
motliii qaibns «-«lairitur,
sccttodam jus cÎTile bo
(Jiei'DDm. ^
Do modi«(]aibaiiron4-
titaitar atque exi>tiDKQi-
tar ajQ Tractai , itecoii-
damj. uiTÎle hodiernnm.
De prÎTilegiis in iin
mobilibii« JQZtM jiM bo
liiernntD.
DearteuDdi bei^itaie,
(t04-uDdam jos hodicr-
oum.
De h>potbecà leg^I
NtqiiD jadictali, decuu-
dum ju« hotliemoin.
De actiTâ aot |Masi«i
donatiooisaat teaUine ii li
factione, a«r. j. bo«I.
DeDalIit elreacinden-
diii DUPtii«.
L)e ifebitii ab berî»di
La» firamtaDdis atque se-
I>aratioDibu«.
Do juribiu et oMi^a-
tionibui le{;oli« toter
voDjojjos (ouimanioDi^,
»ei'. j. bodiernum.
De luterdiclioDU sec.
j. civ. boil.
De jadiciiei jodicom JQ-
ratoram.
De commauioDi.4 dia-
itolattoDe ejasque aceep*
lione.
De trdos«L(iuoibiu.
De veparatioBe bono-
roui seu patriuiooiorum
De bis qui |>oliore*
sniit in hvpulbecâ.
De tutciA ulfieioHé.
De missiooe io posses-
•ioneoi booorum «bsea-
tie.
De jure paoiendi.
De cooditionibus tAm
iuter TÏTOi qaàm nllimaï
volontali;'.
De hxreditatibiu qnr
ab inte«tatci dereruotar.
De rlaa.*ulà recipiendi
ex quA nxor in i-uinmo-
Diuoem «ttalit, oi roauD-
tiando. etc.
De dirortii ofToclibutî.
Do coiUliooibiu.
De pra»cnpUoatbtt(>.
De Fa mi lias erciaeondx
«cttone.
De adoptiooibus.
De li* qui cootrebere
Don pOMUDt.
De novatioDe.
u9 portione legitimi.
U£S DOCTEUBS.
XLIX
t
nate
Lieu
0
•
du
Nom.
Prénoma.
de
Xhè»e*.
1
DIPLÔME.
NAISSANCE.
■
58
27 id.
Yerdbois
Charles
Liège
De tliTontu titulo gra-
toito disponendî modi.>s.
89
id.
Decbamps
Jean
Liège
De doDationibas qa»
in contracta naptialifiunt
eo
id.
Yerdbois
Louis
Liège
De re«cindeodis von-
▼eotioDibud.
61
1 août.
Delcbambre
Jean Joseph
Huy
De quui-coDtractibns.
6S
id.
SchouterdeD
Nicolas
Alken
De fideicommisaitf.
63
id.
Drèze
Pascal-Joseph
Grand-Rechain
De Bocietato.
64
2 id.
Goetsbloets
Jacques-God.
Hasselt
De priTiief^iu.
65
3 août.
Van Belliogben de
Branteghem
Erost
Joseph
Bruxelles
De totel«.
66
8 id.
Jean-Winand
Aubel
De legatû.
67
id.
Cioës
Jean Joseph
Liège
De [»loriain reorum
obligatione.
68
9 id.
De Potesta
Louis
Liège
De commaniooescele-
ris.
69
id.
Van de Mortel
J.-Benj.-Hyac.
Boxmeer
De sabstjtntionibus.
70
id.
Cartier
Simon-Joseph
WalefTe-S-Pierrt
De renovandis dona-
tionibn;).
^i
id.
Reuter
André
Luxembourg
De modû quibuj sor-
▼itutes roQstituDutor.
72
10 id.
Âlen
Antoine-Henri
Hasselt
De iilii^qoi »unt legi-
timi.
73
id.
Heptia
Lamb. -Joseph
Ville
De CMOUtialibas Teo-
ditioDÎs reqaisitii).
Delienelicio inventa-
rii
74
id.
Honlet
Fraoc.Joseph
Fumai
75
11 id.
Wolff
Jean
Luxembourg
De rccosnoM-endi» et
oonfirinanuîs joris nego-
76
id.
Paquet
Jean-Nicolas
Luxembourg
UlP.
Do {>o«iie«ionc.
77
12 id.
de Brouckmans
Louis
Kerkom
De qaalitatibns et <on-
ditionibos ad naptiw în-
enadas reqaisititf.
De mandato.
78
id.
Geradts.
Henri-Herman
Ruremonde
79
id.
Brocal
Florent-Joseph
Namftche
De essentialibai con-
traotnum reqai«itis.
80
2déc.
Ducbenne
Franc. -Pascal
Burdinne
De qu alita tibas et con-
ditionibiu ad nuptiasin-
eundati.
81
5 dëc.
Van Panhuys
Henri-Ernest
Maestricht
De uorto civili.
82
23 id.
Thibeau
Gérard-Joseph
Evegnée
Do obli^atiouibaf in
dirnu necnon de rebaii
allifrnottiD debiti->.
83
29 id.
Vroonen
Pierre-Joseph
Gelinden(Liinb)
De jure reprmsenta-
tionis.
84
30 id.
4824.
De Brouckere
Henri
Bruges
De [Mitrift potentaie.
■^ 1
85
22 janv.
Keppenne
Félix
Liège
De commaniouid au-
miuistratione, au eiïectu
aotuom cuJQsque conju-
aid qaoad couinontunus
bona.
86
42 fëv.
Bayet
Pierre-Joseph
Liège
De compensatione.
87
16 mars
Defaudeur
Georg.-L.-Jos.
Vinalmont
De jiiriba« atquo allu-
gRiionibus actuarii.
88
id.
Roland
Emm. J.-Jos.
Huy
De dot«li rcgimine.
89 29 id.
90 4joiQ.
CoUignon
Prion
Gharles-Alph.
Gbarles-Aug.
Bas-Oha
Béemont(Liége
De servitutibas.
De divi-ioniba^ liono-
rum k i)areutihn4 inter
lib»*roa lacti?.
91
id.
Prion
Félix-Auguste
Id.
De 9ueue«tooibas sia-
Kalaribus.
92
6 id.
Beiiefroid
Antoine-Louis
Hasselt
De tastameoti* ordi-
naodia.
LiSLE GÉNÉRALE
(T
Date
Lilea
?
da
Nom.
Prénom».
de
Tliè»eM.
1.
DIPLOME.
NAISSANCE.
93
id.
Buysea
Jean
Breda
*
De iinp«rio Tiri in
mnliercm.
94
S8 juil.
Annez de ZtUebeeke'CharleS'Aiex.
1
Bruxelles
De pnBNcriplionibns io
jare criminali.
95
30 id.
Ledure
Jean-Pierre
Altvie8(Gr.-D.
De coDdictioDe inde-
biti.
de Luxemb.)
96
4 août
i8SS.
Elias
Mathiei^Jos.
Fize - Fontaine
(Liège)
De tatelâ offictotà.
97
4 jaDv.
Gérard
Pierre-Aug-Fl.
Bruxelles
De reram locetiooe et
condoetione mc. j. kod.
98
8 jaDv.
Emana
André- Alex.
Soumagne
De bénéficie ioTenta-
rii.
99
8 mai
Van Hulst
Félix-Alex.
Fleurus
De otilitate in Etliires
praceptû et rernm pn-
bliooram le^i^ibas oonsti-
tnendi* oonsiderandft.
100
9id.
Jenicot
Pierre-Her.-Jos.
Liège
De elTeeta actionu pn-
blicB rapcv actione pri-
▼atâ et TÏce-Tewâ.
y
•
n
18SS.
moi
1 juin.
Van de Woestyne
David-Franc.
Bruxelles
De depmito «ee. ja«
CIT. hodiemnm.
|l03
3id.
Pescatore
Joseph-Ant.
Luxembourg
De pttnarnm remi*-
Mone.
|l03
1 juillet
Hardy
Servais-FéUx
Liège
Do aorte civili matri-
moaîam ipectaDte.
P104
Sid.
Van de Walle
Auguste
Bruges
De commaaione bono-
rum aniTenali tnter con-
105
3id.
Marcellis
Charles
Anvers
junea.
De absenlibas.
106
13 id.
Herris
Jacques
Bois-le-Duc
Do hypothecia qoK
coaveotîoue constituan-
107
19 id.
Hahn
Michel
Luxembourg
inr.
De qaaliiatiboa ad toe-
oedeDdain reqaûitû.
108
SOid.
Farineaa
Charles
Mons
De bypothecja see. jiu
CIT. boil.
109
S4id.
Wurlh
Jean-Fr.-Xav.
Luxembourg
Dd judiciarii ia çrn-
▼iortboi delictis ordjoa-
riis apad divonas geu-
tes potestate.
110
29 id.
Binamé
Alexis
Evrehailles (N)
De yeuatlone et )ure
Tenandi.
m
30 id.
Loop
Fr.-Th.-C.-Jos.
Montzen
De potteMione ad nsn-
eanioDem.
De interdictis aiTe ac-
tioDibus possei&ioliis buc.
ja«. ciT. bod.
lis
31 id.
Berger
Nicolas
Luxembourg
113
id.
Foccroule
Gilles-Hubert
Louveigné
De transaction i bu» sec.
jus f.ix. bodiemum.
114
id.
Verken
Edouard
Vreuschmen(L)
De perœatatiooe id.
115
S août
Dormal
Lambert
Liège
De oogitandi et acri-
beodi libertate.
116
7id.
Gilman
J.-L.-Nicolas-H.
Liège
De Turà poriionis re-
serrata naturi nec non
daportione lilio adoptivo
atqae filio naturaJt de-
ditâ.
117
id.
d'Elhougne
Ant.-Fr. Marie
Louvain
De jore pnniendi.
118
8 id.
Ponet
Léopold
Hasselt
De solotione soc. j. c.
hod.
119
id.
Romme
Rov. -Pierre
Terheiden(D. s.)
ii^#*a«
De probationibna in
caa«ij) rrtmioalibns.
ISO
9 id.
Delexhy
Pierre-Ant.-Jos.
Jemeppe
De eomninnione con-
jngali pactilià io nnirer-
»om et pradpaè de
pacto qno res 9<^0 in ra-
tione kapellectilis eomps-
taotnr, et ouodGalIi to-
cant umeimUMtmtnt,
DES DOCTEURS.
Ll
b
0
•
9
Date
Lien
du
IVom,
Prënoma.
de
Tbèsea.
DIPLÔME.
NAISSANCE.
131
9 août
JuUiot
Isidore
Tongres
De emptione et Ten-
ditioDo.
ISS
10 id.
1833.
MeU
Cbarles
Luxembourg
De maritali potestate.
123
4 janvier
de Corswarem
Albert.
Aken (Limb.)
De conditionibns.
1S4
11 id.
Mockel
Franç.-Cbarle8
Maestricbt
De mendeto.
ISIS
13 id.
Mottart
Théodore
Liège
De debitore in TÎncala
coDJiciendo.
De snbrogatione. 1
136
4 février
Ooma
Léonard-Henri
Oostham (Lim-
bourg)
Luxembourg
127
7id.
Simons
Matthias
De cnlpft.
128
14 id.
Leclerc
Franc. -Henri
Luxembourg
De prestiiDptionibiu.
139
15 id.
Bosch
Adolphe
Maestricbt
De cearincendi modis
fttqae c«a»iB.
130
17 id.
Geradon
J.-B. -François
Liège
De bomicidio.
131
6 mars
Delfosse
Noël-Jos.-Aog.
Liège
De effectu h/pothec»
qaam lex axori cooeedit
133
30 id.
Klensch
Michel
Abweiler (gr.-
d. de Luxemb.)
De Herritate operis
inlermedii.
133
9 avril.
Deiebecqne
Antoine-Jos.
Liège
De rernm immobilinm
alienationum pablicita-
te, ad regimeo hypothe-
carinm habitft ratione.
134
10 id.
Dupont
Everard
Liège
De praescriptienibos.
135
30 id.
Louvat
Josepb-Adol.
Liège
De inacribendis bypo-
tbecis et privileRii».
136
10 juin
Schanus
Joseph- An t.
Hellingen(Lux.
De jare rerersionis
legali».
grand-ducal)
137
lOjuill.
Michiels van Kesse-
nicb
Alex.-Hubert
Ruremonde
De sociU in crimine.
138
19 id.
Audent
Al.-V.-Fr.-Jos.
Fontaine - l'E-
vèque
De yolantatis in cri-
miuibos delietistqae pu-
niendis babeodA ratione.
139
id.
Hasquelier
And.-J.-S.-M.
Mons
De pnBscriptioaibus in
caasis criminalibus.
140
33 id.
Tielemans
François
Bruxelles
De jare et nalarâ le-
gitiniae.
141
id.
de Bavay
Charles-Victor
Bruxelles
De modo pmilegia In
immobilibas conaervaodi
143
39 id.
Smeta
Dieudonné-M.
Liège
De émane ipatiooe.
143
id.
Yan Meenwen
Edmond
Bar-le-Duc
Qaieationea jaris yarii
arsumeuti.
De jore TÏndicandi
pariem bsereditariaoi A
144
6 août
Boahy
Pbil.-DD.-Jos.
Liège
cobseradibasin eztraneos
tran!<latani.
145
id.
Cbefnay
Franc -Guill.
Liège
Do renuntiandis »nc-
cessioniba«, sire de omit-
tendft bereditate.
146
7 id.
Collin
Evrard
Barvaux
De testamenti factione
activa uecnoii paasivâ.
147
id.
de Jonghe
Jean Bap.-Th.
Bruxelles
De matriinonio ejasqae
impedimentis.
De tranMctionibuj.
148
39 déc.
Streei
Ferd. -Joseph
Liège
1834.
149
lOjanv.
Dansaert-Krain
Henri
Bruxelles
De jarejnrando.
150
17 id.
Devaux
Paul
Bruges
De qalbaMiain legnm
poenalinm tbeorices par-
tibua.
151
38 id.
Graaf
Jean-André
Maestricht
De actionibas qaao ex
delectia oriantar.
158
9 fëvr.
Reuler •
Joseph-Anl.
Luxembourg
De fubstilulionibns.
LIJ
LISTE GÉNÉRALE
■
ï
Date
RA&a
.«
da
IVoin.
Prënom*.
de
Thé«e».
■0
e
DIPLÔME.
NAISSANCE.
153
18 id.
Defhince
Alexandre
Liège
De ooDsenra f n conren-
tiouibtu.
154
30 avril.
Wûrth
Fr. -Xavier
Luxembourg
De patrift poteaUte.
155
22 juin.
Fiess
H.-J. Joseph
Luxembourg
De i»ci Tilate lominuoi
etnetoaiÎDiba* officiatar.
156
10 juin.
Stas
Godef.-Jos.-H.
Maestricht
De c-ouCractu fiduei».
157
14 id.
Michiels van Ver-
C.-A.H*
Ruremonde
Da hypothecîs légal i-
bus.
duynen
158
17 id.
Nicolay
Joseph
Bruxelles
De intordietione et jn-
diciario patrono.
159
22 id.
Isaac
Félix
Binche
In art nongentesi-
mam C. C.
160
27 id.
Bovy
Eugène
Liège
De serritatibiu qo»
ex Tolantate hominam
coDstitaoDtor.
161
30 id.
Gillet
Louis
St-Léger (Lu-
xembourg)
De noratîone et delà-
gatione secundum pf ae»
centa jari* bodiemi.
De inacbioarum in ci-
ritate oliliute.
163
31 id.
Sturenberg - Can-
Richard
Hull (Angl.)
163
2 août.
krien
Forgeur
Joseph
Liège
De jnribna ciTiIibos
qnae peregrinia compé-
tent.
De indignitate.
De caoAU qoae in cri-
mi nibn» ac deiiotii to>
164
165
id.
3 id.
Polet
Bayet
Théodore
H.-N.-Beaud.
Namur
Liège
luntarinm ac liberam
toUunt.
166
4 août.
Cools
Joseph
MoU
De pnec^ptis genera-
libu> pactornm nnptia-
lium.
167
id.
Misson
Paul
Bruxelles
De nefiotiis gestis.
168
5 id.
Lemarchand
Louis- Ch.-Jos.
Liège
Do psnali clansulA
obligationibas adjectâ.
169
id.
Duchemin
Auguste
Namur
De oblatione et oh»i-
gnetione.
170
6id.
Magnée
Marcel
Horn (Limb.)
Circa JM condilio-
nemque feiniaarnm, in-
genii cnltot-ie» mornm
UberUtiB pnbiiic babitft
ratione.
171
id.
Verdbois
Hyppolyle
Liège
De reglmiae dotali.
«^ •» «'a ■
172
2déc.
De Zantis
Joseph
Ruremonde
De Mrvitnubus prc-
dioram, tam sec. jon.
rom. q. sec. jns hodier-
nam.
173
23 id.
1825.
Vercken
Alphonse
Vreurtcbmen
De pœnis inramtam
irrogantibna.
174
21 fév.
Haoroy
Désiré
Mons
De tatelâ sar. j. c. h.
175
22 id.
Nivard
Ferdin.Joseph
Liège
De diyortio consensu
mntao.
176
23 id.
de Thuin
Désiré
Mons
Deadoptioae sec. j. c.
hod
177
2iid.
1
Van Haecht
Const.-Hyac.
Malines
De jaribna atqae ob!i-
gatiouibaii n^afraetnarii.
178
25 id.
Couaturier
Joseph
Maestricht
De jureaccrescendi tftm
sec. jut. rom. qnàm seo.
j. r. bod.
179 26 id.
Evrard
Jean-François
Liège
Dealienationerei aliè-
ne sec. j. r. et »ec. j. bod.
180 25 mars
Van Akcn
Max.-H.-Guil.
Maestricht
De abscntibas.
181 30 avril
Gondry
Adolphe
Mon}
> ' De domicilio.
182 11 juin
1
Poswick
Charles
Liège
De haereditatibus qu»
1 ab iotestato defenintur
1
1
sec. j. c. hod.
nti:s nocTBiiRs.
Lllj
•
Date
Lieu
0
du
Nom.
Prénoms.
de
Xhèaea.
e
2.
DIPLÔME.
NAISSANCE.
183
1 juillet
JuIIien
Dieudonnë
Hamipré (Lux.)
De ndlitate eorum
qote in legem ofTendaDt
8«c. praeuepU jus c. hod.
i84
6 juillet
Harsigny
Jean-Franç.-H.
Yvoir (Namur)
De pi.'cata et jare pii-
candi.
18K
22 juii.
Baudry
Alexandre
Bruxelles
De caoiid qnibas tes-
tameota inGrmaotDr s.
jus ciT. bod.
186
23 id.
Catoir
Eugène-Aug.
Bruxelles
De coUatione sec. j.
187
25 id.
Van de Walle
Julien
Bruges
De uemmaaionu ad-
ministratione, et effectu
actoum cQJasqaa conja-
gi4 qooad commoiiionij
bona.
188
26 id.
Verdbois
Lamb. -Auguste
Liège
De iQgatLi «ee. j. c.
bod.
De o^nfructa paren-
189
27 id.
Brabant
Jean-Baplisle
Namur
190
28 id.
Jottrand
Lucien
Genappe
tnm in bonis Iiberurum.
De certamine stngn-
(ari.
De dominio sec. ju»
191
30 id.
Ansiaux
Emile -Louis
Liège
192
id.
de Crassier
Guill.-L.-D.-J.
Maeslricht
geniiam.
De confectione Codici^
193
1 août
Dclchambre
François - Mar. -
Jos.-Prosper
Huy
Theododiaoi.
D«5 testibos ac te*ti-
moniiii in causis crimi-
naliba.1.
194
id.
Vlsschers
Guili.-Jos.-Aug.
Maestricht
De jure emphylealico
195
2 id.
Ophoven
Alexandre
Liège
•«c. jus. bod.
, De adjotore judicia-
196
3 id.
Lczaar.k
Pierre- Joseph
Spa
no sec. jus bod.
De liberorum natnra-
Iium legitimationeagni-
tionequr, 9tx. praee. jas
197
id.
Cornëly
Jean-Jos.-Franç.
Broichhuysen
CIT. bodierni.
, De morte cÎTill sec.
198
5id.
Gilkioet
Paul
(Limb.).
Liège
JUk bod.
De rocidivA.
199
id.
Naganl
Charles
Liège
De reram locatione et
ioo
id.
Chapelle
Adolphe
Huy
conduutiooe.
De rei jadicatic auoto-
ritate.
201
5 août
Wesmael
Constantin
Bruxelles
De tastamentis ordi-
202
6 id.
de Potesta
Edouard
Liège
oandis.
De iis qui cootrabere
posant, vei non, sec. j.
c. boJ. ■•
De ronsamptiooe atili
203
id.
de Waha
Louis
Liège
204
21 id.
4826.
Oroixhe
J.-G,-A.-M,
Tongres
e' sterili.
Mo.Jitaliones in art.
4tiim god. civ. sea in-
yestigationes io legeii
loterpretandi applican*
diqne M-ientiam.
205
25 jauv.
Quioelte
Théod.- Martin
Amiens
De jare adminiatra-
206
22 févr.
Geubel
Jean-Baptisle
Marche
De jure flaniorum po-
207
24 id
Degiye
Hubert.
Hermalle
blicorum.
, DeobliKationibasven-
208
17 avril
Pescatore
Théodore
Luxembourg
'iitopii.
De ieeîitimationo ille-
209
8 mai
Van der Elst
Isidore
Bruxelles
Kitimorùm Klioruui.
Dd iluposiro.
210 9 id.
Nicolal
Jean-Pierre- F.
Aubel
1
Do priviloKii-<.
211
26jum
Moreau
Jean-George
Ayeneux
a a
Do negotij» genis et
212 17 juin.
Sioionis
Nic.-Désiré
Liège
indebiti holutione.
De jare cItiIï baud
1
*/
i«trotrabeodo.
LIV
LISTE GÉNÉRALE
ï
0
e
Date
du
DIPLOME.
IVom.
ïïn»énotn;
I^len
de
NAISSANCE.
313
SI 4
S15
Si 6
SI 7
S18
S19
SSO
SSl
sss
SS3
SS4
SS5
SS6
SS7
SS8
SS9
S30
SSl
S3S
S33
S34
S3$
S36
337
238
S39
S40
Si jaill.
SS id. .
S4id.
Stf id.
S6iâ.
S7 id.
S8id.
S9id.
S août.
3 id.
4 id.
id.
5 id.
id.
id.
4 nov.
30 id.
9déc.
i6id.
S8 dëc.
S9id.
i8S7.
i janv.
S5id.
SO mars
Si id.
3 avril
6id.
i7 mai
Scheyven
Allard
Raya van Beerem-
brouck
Adan
Meeussen
Ramelot
Nenjean
Rogier
Yan Gaubergh
Nothomb
Geradts
Silvoryser
de Bavay
CoUinet
Eyscben
Ciaisse
Montfort
Dejaer
Scauflaire
Van de Walle
Pilleurs
Lekeu
Slraetmaos
Strens
Van den Bossche
Lecocq
Quartes de Quartes
Du Pré
J.-G.Habert
Gustave
Jërôme-Pb.-M.
Henri-Philippe
Pierre-Gilles
Pierre
Corneille-Jos.
Charles
O.-C.
Jean-Baptiste
Pierre-M.-H.
Andrë-Fr.-X.
Georges
Quirin
C.-G.
D.-A.
O.-F.-R.
Antoine
Edouard
Richard
Henri
Jean-Guill.
Winand-Guill.
Mart.-Pasc.-Hub.
Charles
Joseph
Guill.-Jean-Frëd.
£ug..Phil.-Jos.
Heythuysen
(Limbourg)
Bruxelles
Maestricht
Bruxelles
Anvers
Havelange
Hervé
Saint- Quentin
Maestricht
Messancy (Lu-
xembourg)
Ruremonde
Maestricht
Bruxelles
Herstal
Luxembourg
Luxembourg
Looz
Liège
Mons
Bruges
Liège
Battice
Maestricht
Ruremonde
Tirlemont
Dînant
Gueldre
Gand
De delictorom prob«-'
tioniboA.
De cepitie deminn-
tione et morte drili.
De pnetoribas.
De aeqairendo domi-
oio.
De «eqaireado rernoi
domiDio per eoeewio-
nem.
De obligationibiu sab
coodittone ooatractb.
De nso et bebtte tione.
De electioae admioi*-
tratorum proriaciarnin
et municipiortuB ia re-
goo Belgico.
De caaais ob qa«« de-
bitor de eo tenetar qaod
créditons iotereet.
Jariiemphytentiei fais-
toria apad Bomaooii.
De iaterpvetatione ao-
tbentici. . .
De aectoritate manti
ÎD personam oxoris.
De logali u«orae taxa-
tione ex oeconomiâ po-
liticâ dijodioacdâ.
De mands injectlooe.
De divifiioDe reram ex
jare otroqae.
De metaJli fodinarom
jore.
De dooatioDibiu ioter
yiram et axorem. atqoe
de portione quam vir et
nxor io se taTicem eoo-
ferre poisaot, Bec. j. c.
bod.
De meroatomm jarta-
dictioDia ntilitate.
De caa«i« ex qaibaB
isatrimonia irrita ba-
beO'ia suot.
De joribas Tirtoria.
De faJaà moneld.
De inacriptioae.
De lidejassioDe sec. j.
bud.
De ia jare cessione
ap. Roms DOS.
De muoere tutelc.
De reprœMDtatlonis
jare loc. jn«. civ. bod.
De forma ref^iminia
reip. septcm fœderata-
ram proTiociaram, qoa
eztftitit
De obligatione borreo-
rum ^ credeadi et d<^-
bendi, sec. j. r. hôd.
s
DES DOCTEURS.
LV
î
0
o
^
Date
da
DIPLÔME.
mom.
Prënom».
Lieu
de
NAISSANCE.
Thèse».
24i SSid.
S49 33 id.
S43
1S44
U5
|â46
!47
«48
S49
350
351
353
353
354
355
356
357
358
359
360
36i
363
363
364
365
366
367
368
369
870
id.
6 juin.
46 id.
13 juin.
35 id.
36 id.
id.
38 id.
3 août.
6id.
id.
8id.
id.
9id.
id.
13 nov
30 id.
id.
33 id.
1838.
17 janv.
34 id.
31 id.
id.
il fév.
38 id.
6 mars
id.
37 id.
Capitaine
de Gaiffier
De Looz-Corswarem
de Resibois
Mabieux
De Villere de Pitd Louis
Félix
Antoioe-Ernest
Charles
Alexandre
Gors.op-Leeuw
' Hestroy
Bruxelles
ArloQ
Eagène
Nicola!
m
Dolez
Audent
Simens
Geradon
Van der Vreckeo
Wict
Weostenraad
de Creefl
Buydens
Rulh
Donckier
Van Zon
Léonard-Joseph
François
Emeric-Zéphirin
Jacques-Joseph
Jean-François
Alexandre
Franc. -R -Cam.
Jean - Théodore -
Hubert
Adrien-Aug.-Nic-
Charles
Antoine
Alexandre
Jean-Baptiste
Mons
Tongres
Aubei
Mons
< Fontaine - TÉ -
I v£que
iThimister
I Liège
Maestricht
Van Verheyen van J.-Adr.-Michel-
Estvelt Walter
Verheyen
Moulan
Van Muysen
Habart
Lonsbergs
Briart
Bandry
Moreau
Gheuso
de Cheslret
J.-Arn.-Thood.-
Joseph
Ch.-Pa8c.>Harie
, Louis
I Adolphe-Joseph
François
Jacq.-Th.-H.-L.
Henri-Joseph
Gér.-Ang.-P.-V.
Henri-Pierre-Jos.
Eugène
Maestricht
Maestricht
Saint-Trond
Narour
Luxembourg
Huy
Bois-le-Duc.
Grave
Boxmeer
Liège
Hasselt
Charleroi
Malines
Marche
Bruxelles
Hervé
Soiron
HancflTe
commer-
J-
Qatedam de
lio.
De commodato seo.
c. bod.
De volaotariàsuinecc.
PrsDoepta philwophi-
co-politidi de dijudican-
do priTatornm et reip.
jare cin« educationem
ut iottructionem javen-
tati».
De booorum dÎTisiono
à parentibo» «lii«quc
asrendentibus itatcrdes-
cendeuleB faolA.
De extiDctione senri-
totum.
De adoptiono et ademp-
tioae juriam cÎTiliDin
ser. jué CIT. hodiernam.
De i»oce.«ioae ad re-
ditnm.
De falso UMtimonio,
perjurio ac calumnift
sec. j. c. bod.
De taritA hypothet-â
pupilli in boois tutori*.
De tesitameotoram iu-
Toratione née. j. e. hod.
De iaterdklione sec.
j. c. hod.
De ministerio pnblico
io caosis ciTÎlibaa.
Do jaribus le|{e eirili
hodieroA peregrinia coo-
vessîs.
De famiiis erciscvude
actiooe seo. j. r. bod.
De modii quibon con
rtituitnr et eistiognitar
asnsfrnctn*.
De prÎTilegiisTendito-
mm sec j. c. hod.
De litteriscambialibuii.
Generalia qaaedam d«
dontDÎo.
De iisqaœCodicem eal
lUrum inter et belj;icuin
qooad hypolbecaj intor-
cedant.
De commiioîone lega-
li sec. j.c. hod., nec non
de derogatione.
Oasdam de electione.
De arttonibas qaa: m
delicto nascnator.
DeCod. riyUu hodier-
ni fontibun.
Qoadam de assecara-
tioaibnti.
De aileandA ha;reditate
soc.j. bml.
De patrtA potestate.
De traosnctiouibussec.
j. hoH.
De Moctetate io nonine
«■ollectivo.
De moJis qoiboit exe-
catto sententiarom in
malerià crimioali vim
rei jadicafe babentiam
impedîtar.
\
LVl
LISTE GÉNÉRALE
ï
Date
L.lea
=
0
•
du
IVom.
PriSnom».
de
TbâM..
s
DIPLÔME.
NAISSANCE.
â7i
47 avril.
Herman
Gust.-Alp.-Jos.
St-Hubert
De principiu philo-
copbico-juriâicM qooad
•
sp«iialeui pro commer- 1
Lio jarisdictioaem.
i72
24 id.
Cotlelle
Jean-Joseph
Liège
De suœewîoDibat tr-
legaUriba*.
D« tbori et meo»» ae-
273
id.
Gillain
Alex.-Aug.-Ch.
Namur
v#
paratioue.
274
8 mal.
De Fooz
Jean- Henri -Me.
Liège
Summeria pmaessioDÎs
doctrine
278
22 id.
Rodberg
Denis- Napoléon
Liège
De jailicieli poteeUte.
276
id.
Baillot
Nicolas-Benoit
Liège
De di^ortîo.
277
29 id.
Loizelier
N.
Dinant
Deliberùi netaralibiu. ||
278
id.
Dognëe
Pierre -Jos.-Ant.
Liège
De n jodicetâ. Il
279
i2JQin
Hannotte
André-Victorien
Petit-Rechain
De priDcipii» ai^enU-
riae di«Bolationi«.
280
19 id.
de la Barre
Gustave
Bruxelles
De prcieriptionibus
sec. jn* romanam.
28i
id.
CapiUine
Edouard
Gors-op-Leeuw
De Mteatale le^et fe-
' Mndi.
282
28 id.
Drapier
Edouard-Joseph
Charleroi
De attthcDtico instrn-
mento.
283
id.
Bernard
Henri
Sollingen (Gd.-
d. de Lux.).
De inetramento pri-
▼ato.
284
26 id.
ThomaRsin
Louis- Auguste
Liège
De conaen^u ad ma-
tritooDium <<outrahen-
288
id.
Bérard
Adolphe
Mons
dntu reaaiajto.
De obligatione affecta
en a eitramon.
286
lOjail.
Fassin
Pierre-Joseph
Lambermont
De rei Tendita tradi-
287
id.
Mersmaa
Jean
Bruxelles
tiooe.
De iDdnatric libertata.
288
id.;
Henkari
Henri-Léonard
Liège
De stigmate.
289
14 id.
Ophoven
Constantin
Liège
NonboUa de propricidio.
290
id.
de Weichs
Clément
Wanne
De collegiitf opificuiB .
291
id.
de Slembier
Eugène-François
Liège
De testamenlariis ex-
ccotoribiu.
292
18 id.
Hermans
Lambert-Joseph
Mechelen
De naotico rœnore ,
sec. Coil. galL et noTom
Cod. belgicnm.
De obUfcatioaibaji mer-
catoribos impotfitis.
293
id.
Grégoire
Hyacinthe
Huy
294
id.
de Ridder
Louis
Ostende
De liuùs coDtracttt.
298
17 id.
Wiilmar
L.-J.-H.
Luxembourg
De efTeeta conveQtio-
aum eraa lertioe.
De solotione.
296
id.
Failon
Félicien
Namur
297
id.
Behr
Frédéric-Louis
Maastricht
De liypothecis et pri-
vilet|;iis (priocipîa).
298
18 id.
de Borman
Théodore-Nicolas
Brèe
De couditiooibiis.
299
id.
de Lom de Berg
Pierre- Louis
Vcolo
De inariti potestate.
300
id.
Van Halen
Bernard
Veolo
Do «opremft pote«iate.
30i
19 id.
Pelletier
François Joseph
Namur
De reacîss'tone divÎMo-
nom.
302
id.
Simonis
Léon
Verviers
De rià pablicA.
303
23 oct.
Mélotle
Anl.- Marie- Ad.
Liège
De iMBDid uutTeraè,
deqae kis qa» iorkintl
304
id.
Vaylsteke
Jourdain- Maxim.
Swevezele
DOtantor.
Do le^am seu statot»-
nim in Tarii« terrttorii»
obtineotiam collisione.
308
6 DOV.
Bonjean
Remacle -Joseph
Marche
De cttlqmniâ.
306
7id.
Bertrand
Charles-Joseph
Liège
De probati ne per
te*t<»«
307
27 nov.
de Beugheo
Alphonse
Bruxelles
Dh jure Tenatâoni^.
308
id.
Herla
Edouard
Huy
De riûis qaiba* ma
trimooia rootaoïinari |
queant , nec. rodir^n 1
i>all. et Belgicum. Il
/
DES DOCTEURS
LVJJ
li
Date
Llea
0
•
du
IVom.
Prénom».
de
Xhè»e«.
^ DIPLÔME.
2l
1
NAISSANCE.
309
4ddc.
Debrun
Louis-Hub.-Jos.
Huy
De emptjooe et ten-
diliooe.
340
48 id.
4839.
Verduchène
Nicolas-Joseph
Maestricht
De repracMliu.
344
45 janv.
Dubois
Ëd.-Adolp.-Vict.
Racour
De fideicommissis aec.
jus. rom. et boil.
34 S
30 id.
Nickmiider
Armand-Jul.-Jos.
Chièvres
De legitimU oppu-
I^Dandarum Motentia-
rom mediix.
343
6 févr.
HoclL
François-Joseph
Namur
De leKetû.
344
30 id.
De le Bidart
Alphonse
Namur
De pubiicM pacti», 'œ-
deribiM pacinqoecompo-
aitionibos.
345
36 id.
Hérin
Céle8t.-Ad.'Aug.
Tellin
De «ervitotum ai.-qai-
aitioae eec j. roui.
346
37 id.
Del Marmol de Si-
Marc
Ferdinand-Eug.
Bruxelles
De legatb.
347
id.
Del Marmol de St-
Marc
Prosp. Constantin
Saint-Marc
De emphytensi sec. j.
rom. et bod.
348
5 mars
Ptttzeys
Jules - Ani.- Ad.-
Henri
Liège
De librrtate re» rou-
cedeoda (mue en liûrté
proviMoire] »e<*. j. bod.
349
id.
Koch
Jean
Luxembourg
Do reqnivitia essentia-
libu« donationia iuter
vivo».
330
36 id.
Liégeois
Alphonse-Joseph-
Augustin
Thuin
De prajcipaia oLIiga-
tiuDÎbus ox matriinonio
natitf.
334
id.
Wanilet
Julien
Namur
Do peregrinorain con-
dilioiiti io Doljjio sev. j.
bod.
3S3 34 id.
CloqueUe
Benoît
Ath
De baereditatia dele-
liooe aec. Cod. civilem.
333 30 juin
Hennequin
Nioclès
Paris
Do cooflirtiboa.
334 36 id.
Cazius
GuUlaume-Elisa
Utrecht
De bia qna ad anuce-
dufidam requiruotur.
335 3 JQiliet
Belijens
Mat.-Gilles-Hub.
Ruremonde
Un libertate iodua-
triap.
336
id.
Doloz
Hubert-Joseph
Mons
De domiuio fodiua-
ram.
337
40 id.
BoUin
Léon. -F.-P. Alex.
Liège
De frnmeulariA mer-
catnrA.
338
id.
de Borman
Arn.-Ferd.-Jacq.
Brée
1)0 pnoacriptioue ge-
oeratim aum^tâ.
339 44 id.
Laphaye
H.-Michel-Prosp.
Liège
De juria oriijine atque
progrea«a.
330 45 id.
Wanëe
Auguste-Nicolas
Huy
De eremodicio.
334
id.
de Robaulx de Sou-
moy
Aimé
Namur
De rogataram legom
dJKeptatione.
333 46 id.
Brouwers
Norbert-Pierre
Gertruidenberg
De divortio.
333 id.
Mutsaers
Jacques-Arnold
Tilburg
De aancUoae legia oa-
taruliit.
334 47 id.
1
de Lasaulx
Pierre-Ign.-Am.
Moresnet
Do pnctoriis in inte-
griiui leatatioiiilioa.
335 id.
de Hennin
Cam. -Louis- Jos
LaneflTe
De probatiooiboa.
336
id.
Cartuyvels
Hyacinthe
Ligney
De juriaeoosultiaapud
Romanos noeooQ de eo-
rum in jariaprudeotiA
auc'uritate.
337 48 id.
1
de Marnix
Charles
Bornhem (An-
vers).
De AbaeotiaB effeclibua
qaoad malrimoDiam.
338 id.
de Luesemans
Charles-Joseph
Tirlemont
Do bia qai ^aiagulari
jore aucvedooL
339 id.
Darrigade
Jules
Namur
De oovationo et dclc-
galione.
340 id.
1
Piercol
René-Joseph
Bruxelles
Do compciisatioDibus
lam ex rom. qaam bod.
1
jnrc.
» • •
LVIIJ
LISTB GÉNÉRALE
i
Date
Ltea
0
•
do
IVom.
PriSnom».
de
Xlié«««-
•8
o
et
DIPLÔME.
NAISSANCE.
341
45 oct.
do Felleitz-Uoelhost
Renier-Loois
Venlo
D« iulerdictione.
34S
3déc.
Koeler
Jean -Bapt.-Ad.
Bruxelles
De mlnitterio pablico.
343
id.
Moula Q
Wallhère
Liège
De natari et vi juriam
io re etr.
344
id.
Maskona
Charles
Bruxelles
De testiliosin iodtra-
mi>nli3 pubUcls.
De diTortio à tboro et
348
10 id.
Cremer
Malb.-Nlc-Jos.
Limbourg
346
44 id.
Ophoven
Hyac. -Edouard
Uége
mensà.
De coloDiis.
347
id.
Dulreux
Joseph-Auguste
Luxembourg
De hiii modis, qaibos
ser. j. f, hod. sbitM ci-
348 47 id.
Jurion
V.
Diekirch
▼ilii* probfttar.
Do abseolib».
1830.
349 7 janv.
Guilton
Henri- Emile
Stamproy (Lim-
De oaturâ fidejusio-
bourg)
1 ni».
350 21 id.
Godet
Emifian. -Victor
Liège
KfWii «urThiitoirc ex-
terne 4a droit d«a;i U
Gaule et la IIel|;iqae
Booe la pénode franqae
et la période Tcodale.
351 2Sid.
Sagehomme
Pascal
Dison
De coUatione bono-
■»teni
352 S9 id.
Remacle
Armaod
St- Hubert
ruin.
De boneficio invcota-
353 id.
Remacle
Adolphe-Louis
StHubert
m.
De diHpocitioiiibQd«ab
ooere readtaendi.
354
id.
Demarleau
Henri-Joseph
Liège
De commereio et eu
qol commereiam exer-
355 48 fëv.
Terwangne
César
Liège
cent.
De poeeewioms effec-
tibfiJi.
356
48 mars
Luden
Jean
Amsterdam
De legitimA portione
dequo eaot Tiodicandi |
remedio. |
357
id.
Luden
Antoine
Amsterdam
Do liberorum illegili-l
norum a^itiooe. |
358
49 id.
Ghysens
Eugène
Hoskart ?
De legts operis. 1
359,1 avrit
SchooDbroodt
Jean-Guillaume
St-Jean-Sart
De adoptiooe.
360 ! S id.
Romaëe
Dieudonné
Liège
^ De lonatîoiie, coodne-
V
tîone pradiorain nrba-
DoriiD et rnstic-orDin.
361
id.
Duchêne
Guill. -Joseph
Alphonse-Joseph
Libin-bas(Lux.
Do legatis.
362 30 id.
Hubert
Mons
De cassaitoDif caria
363 13 mai
Donckier
Edmond
Bruxelles
proat ÎD Gallift rigeL
De malieribo*.
364'3join
HacksteondeCadier
Jacques- Pierre
Rotterdam
De emaocipntioue.
365 il id.
Keucker
Jean-Joseph
Luxembourg
De restilutione l<^is
JuliK et Popic apprhB.
366 23 id.
Crutzeu
Jean-Gabriel
Aubel
8«c. DOT. foole«.
De potci9tate protin-
ciiu^ manicipiaqoe ail-
minUtran'Ii.
367
29 id.
de Gonoe
Joseph
Liège
De mandato aec.j.rom.
368 id.
de Waha
Edouard
Ouhar
Uc lia ex qnibna cod-
tata poteataa pr»aenta-||
369 30 id.
de Lhonneui
Hyacinte
Huy
tira. H
De ministerto pablico
370
id.
Dereine
Gustave
Charleroi
et de accuiatione.
Dp domieilîo.
371
4 JQiil.
de GeradoQ
Théodore
Liège
De tigno joncto.
372 1
id.
Nyst
J. N.
Maestricht
De empbjrensi.
De poteatate mariti
373 2 id.
Op de Beeck
Jean-Ferd.-F.X.
Bfolines
374
id.
Delvaux
H.-£ug.-Léandre
Tirlemont
in axons pertonam.
De rcvocandis dona-
tion iba^.
DE» DOCTEURS.
LIX
Date
du
DIPLÔME.
IVoia.
Lieu
de
NAISSANCE.
378
379
380
384
382
383
384
385
386
387
388
389
7 juillet
8 id.
9 id.
id.
id.
10 id.
id.
44 id.
id.
id.
id.
id.
46 id.
id.
id.
Bamps
André
Garnier
Baclesse
Sacqueleu
L'Hoest
Verheyen van der
Gbeet^t
Villers
Mathieux
Beltefroid
Winand
Leveaux
Berhaut
Robert
Logé
Jean Louis
Cbarles-Fr.-Jos.
Byacintbe
Benoit
Pranç.-Dom.-Jos.
Jean-Guill.-Jos.
Ant.-J.-J.-lg.-F.
Max. -Joseph
Paul-Em. -Henri
Victor
Victor-Henri-Jos.
Justin Philippe
Jos.-M.-£ngelb.
Jean -Lambert
Henri
Lummen
Mons
Luxembourg
Luxembourg
Tournai
Liège
Bois-le-Duc
Malmedy
Malvoisin (N^)
Liège
Namur
Namur
Maestricht
Burdinne
Hubinne (N'.)
De iotei-diclione.
De aaoMiooe.
De te»tanieatoram re-
▼ocatione.
Du eoncona aclio-
Dnm ctTiliam.
De reco^^nilione.
De penouù juris ne-
gotiornm ioMpacibni»,
tum ex jure tbeoretico,
tnm ex jare civili.
De occopatione.
De cnltu ezteriori aec.
iui naturale et jas pa-
blicnin.
De faœiliaeruÎMundae
judicio.
De «ddîtione hasredi-
tatit.
De arbitroiam jodicio.
Do jaduiali toocilitt-
tioDU remédie.
Do jure bellj.
De Tolaotate defi-
cieute iu Heliitis ex to-
dice penait.
De patriA potestate
SOI', j. (.'. bod.
C. Docteur» àsu «efenee» pby«lqae» et matbéuMitlqui
i
9
h
e
9',
Date
du
DIPLÔME.
IVom.
I*rcnoiii».
Lien
de
NAISSANCE.
Tliéae* .
4
2
3
4
5
6
7
4824.
23 janv.
4823.
20 févr.
4829.
48 févr.
3 juin
44juiU.
4 déc.
4830.
45 juill.
Martens
Gloesener
Leclercq
Plateau
Valerius
Brasseur
Jacquemyns
Martin
Michel
Désiré
Joseph
Benoit
Jean Baptiste
Edouard
Maestricht
Haut - Charage
(G. d. de Lux)
Liège
Bruxelles
Diekirch
Esch-sur-l'AI-
zette
Vernbroek (FI.
or).
De combuiitioDe.
De idontitate Uaidi
electrici et luaguetiui.
Do ligiii diBtillHtioue.
De aliquibos qoalita-
tibns ioipresaioiium à
lomioe iu vi«o« or(;a
num prodactarum.
De leriebus.
De reaoiabilitate f onc-
tion o m algobricarn m îo-
tegrarom io factures
realeo prirol vel aecondi
gradua.
Do 'veoeoia mctalli-
cia.
1
LX
LISTE GÉNÉRALE
U. Docteur» ea iii<Sdeolne«
•
ï
Date
dieu
•
0
•
du
IVom.
Prënom*.
de
Xbéee*.
o
as
DIPLÔME.
NAISSANCE.
4848.
i
30 juilL
Crespin
Jean-Jos.-Jacq.
Namnr
Do dilorwi.
s
4 août
Janné
Lié vin
Hex (Limb).
Do gongrsoft.
3
id.
Gautier
Pierre-Max.- Jos.
Mons
Do chioocJiioâ. I}
4
28oct.
Tielmans
Jean-Pierre
Bruxelles
De plottritide eimptici. ||
5
8 nov.
Gautier
Fr.-Jos.-Âdrien
Cbarleroi
Do loaowirhci toa fia- Il
xa olbo mnliorttm. Il
6
43 nov.
Fisse
Cb.-Nic-Robert
Munsterbilsen
Do dyBontoriftaimplici. ||
7
^ dëc
4849.
Landrain
Ferd.-^osepb
Thisnes
De dyieoieriA «impU*-!
ot complicotâ.
8
9
48 jaov.
28 id.
Dreber
Fans
i.- Pierre-Xavier
Jean
Bastogne
Maestricht
Do peritoniHdo.
N. D. Déjàdoctour 00
chirarKio ot eo aocoo-
chemonu.
iO
42 fév.
Bovy
Jean-Paul
Liège
Do cooeori aUri.
ii
49 fëv.
Deneubourg
Franc. -Antoine
Bruxelles
Do aosiuA trochoali in-
fontalorum.
iS
45 mars
No«l
Gnill.-Jean
Bruxelles
Do tiusi oonvaLiiTâ.
43
49 juin
Dewante
Joach.-Fr.-Jos.
Péronne
Do poripoooaioiiià.
14
4 jttiU.
Denis
Gélestin
Mons
Do augioà ganj^rae-
niMÉ
45
7 id.
Verbelen
Josse-Laurent
Releghem(Br.)
De sUtûs dynamici
uomplicotioaibas cam
gwtricÂ, niavteâ Dorto-
Kâqae febrîbiu.
46
42 id.
Bols
Antoine
Bois-le-Duc
De morbowropbalooo.
47
49 id.
Sigart
Joseph
Mons
Do arthritide.
48
id.
Loreot
Alexandre
Chûtelet
Do angio-teoirà.
49
4 août
Dupret
Mathias-Jos.
Charleroi
De apoploxift.
SO
6 id.
Blaimont
Jean -Joseph
Fosses
Do pleuritide.
SI
44 oct.
Provot
Phiiippe-Théod.
Liège
Do UeuDorrhagii.
SS
43 oct.
Vaust
Jean-Françeis
Liège
De Mtrovtorà et moti-
bas cordic.
S3
43dée.
Culis
Alexandre
Strepy
Do ^aitritido acatâ ot
S4
44 id.
4820.
Lebeau
Henri-Ch.-Jos.
Huy
diroaicft.
Do erysipelale pblog-
monic*.
S5
42 fév.
Leclercq
Adrien-Victor
Binche
Do hytterii.
26
48 mare
Lejeune
A. M. S.
Verviera
De qoerondam îndige-
namni plantarnm virto-
tibaa oomnientarii.
87
28
24 id.
40 avril
Wynaos
Helio
Guillaume-Paul
Haximilien
Maestricht
Casteau
De mvnorrhagit.
Do caUrrbo polmo-
oali acnto.
29
47 avril
Willams
Henri-Marie-M.
Tirlemont
De hydrocol*» por effu-
30
40 mai
L'Olivier
Auguste
Ath
ifiooeai.
De aMÎte.
34
30 juin
Wagener
Henri-Joseph
Soumagne
De ga«lritide acntA.
32
5 août
Simon
Jacq.-Henri-Jos.
Liège
De le onliw mediciDae
adsuitis.
33
id.
Simon
François-Joseph
Liège
Do htbotomift in ho-
•
34
8 id.
Sauveur
J.-Jos.- Dieudon.
Liège
miDO.
Do liBsioiiibiu coIto-
35
44 id.
Vottem
Ferd.-Gh.-Ed.
Visé
ric.
De -venti-icnli porfo-
36
4 dëc.
Demeuse
Baudouin
Liège
ratioiiibo.4.
De empyreomate.
37
28 id.
Vossius
Jean -François
Opheers(Limb)
De «ymptomatologift.
38
id.
Bragard
Henri-Hubert
Malmedy
Do cataracte.
DES DOCTEURS.
LXt
•
Date
Liten
1
l
do
IVom*
PiHSnom».
de
Xbé«e«.
•9
e
2_
DIPLÔME.
NAISSANCE.
18S1.
.
39
40
33 janv.
33 fév.
Feigneaux
Collignon
Eug.-Louis-G.
Gustave
Bruxelles
Rochefort
D« morbû artomitun
•
De fractarfl o«is fiba-
1».
4i
13 avril
Lekene
iacqoes-Norbert
Mon (Anvers)
De epoplezii , site
k»morrli«|rlâ cerebri.
4S
18 mai
Dillenbnrg
Louis
Pittingen (Gr.-
D. de Lux.)
De rhenmatii»mo.
43
35 id.
Gouzëe
Henri-Prosper
Bruxelles
De Tomitii nt there-
peattce* aQzilicjn per-
penao.
44
13 juin
Ridder
Gérard-Léonard
Rotterdam
De morbo encuUato.
45
37 id.
De Lavacherie
Martin-Valentin
Eysden
De canero.
46
id.
de Borman
Franc. -Corneille
Brée
De hydrope io génère.
47
38 id.
fieckers
Jean
Maestricbt
De paeodartliroaibiia.
48
id.
Martens
Martin
Maestricht
De phthiai laryngeA.
49
39 id.
Meersch
Renier-Guill.
Vroenhoven
(Limb.)
De animi pathemati-
bas, eornmqne in pro-
ducendas morboa poten-
tiâ
50
11 juil.
Claes
Georges
Looz
De onaaift.
51
id.
Bergrath
Pierre-Guillaume
Eschweiler
De rachitide.
5S
13 id.
Hoferlin
François-Joseph
Bastogne
De ophtbalmiA.
53
id.
Jérôme
Louis
Awirs
Deabasn medicamen-
torom.
54
31 id.
Ballard
J.-J. Léopold
Wancenne (N.)
De partQ aecaDdario.
55
6 août
Deleeuw
Franç.-Laur.
Tessenderloo
De gangrena.
56
8id.
Picard
Jean-Franç.
Tignée
De peritonitide acntâ.
57
id.
Proumen
Ch. -Alexis
Chaineux
De n«a TesteaatiDm
in inflammationiboa in-
ternifl geaeraliter eonsi-
deratia.
58
9id.
Collart
Joseph
Neerheytissem
De gaatritide.
59
18déc.
Nicolaî
Olivier-Lamb.
Hervé
De anamii foesorom
carbonîs fo«ilis.
60
38 id.
1833.
Fraikin
Jean-Joseph
Liège
De pnrgantiboa in gé-
nère.
61
7 juin
Schlôgel
Xavior-Jo8.-Lib.
Ciney
De opio.
62
37 id.
Crabbe
Clément
Bruxelles
De blenoorrbagii.
63
39 id.
Fisse
Laur.-Athanase
Munsterbilsen
Do plenrillde
64
3 juillet
Védrine
J.-J. M.
Liège
De berniis in gooere
et speciatim de ingainali
et crnrali hernift.
65
6id.
Hollanders
M. -Louis
Peer (Limb).
De acarlatinA.
66
id.
Sieurs
Jeao-Fr. -Gérard
Venlo
De bamaturiA.
67
8 id.
Fion
Ch.-AlexisJos.
Mons
De nau rini iaterno
•
68
13 id.
Carlier
Jean-Baptiste
Ath
De fandà ateri nec
non de qnibaadam mor-
bis Tenereid.
60
34 id.
Craeybeckx
Guillaume
Ulbeeck
De cosmeticornia nec
non qDornndam reiti-
meniorom nsn et abusa.
70
36 id.
Detombay
M.-J.
Angleur
De hirodinnm v<ia ad
morbornm cnratiooem.
71
31 jttill.
André
Pierre-Edouard
Bruxelles
De a»thfliate couTnl-
■ 1 Vil
73
3 août
Hoeten
Jos.-Jean
Bonmur
VI TU*
De bsBooptyai.
73
8 id.
Berlholet
Pierre-Antoine
SUvelot
Dâ apontanefl sire
conaecottTA femorin lu-
xatione.
74
id.
Peters
Nicolas
Liège
De Urtia i>^retiAnp.
LXIJ
LISTE GÉNÉRALE
■0
0
o
2
Oate
du
DIPLÔME.
Mom.
75
76
77
78
79
80
13 nov.
39 id.
1823.
40 avril
4 jaia
15 id.
21 juilL
81 4
83 5
83
84
85
86
87
88
89
90
91
93
93
94
95
96
8
9
août
id.
id.
id.
id.
97
98
99
48 ocl.
483».
44 fév.
id.
33 juin.
id.
4 août
7 id.
id
4 nov.
13 id.
37 id.
Coyon
de Roose
Gendebien
Cambresy
Anslaux
d'Huyvettcr
HeoDau
Sauveur
Wùrth
Verstraeten
Bron
GodiQ
Rousseau
Van floorebeke
Duval
Houdet
Stappers
Biron
L'Hoest
Scbaelzen
Van Eeckboven
Bouchez
100
101
103
30 id.
30 déc.
34 id.
4*
Rouiet
Servais
Malherbe
Goffin
Hnraull
4835.
4 janv.
17 id.
39 avril Knapen
103*30 mai 'Bernutz
104!20 juin 'courlois
105 34 id. Van Langenacker
J06|l juin. Tosquinel
407 6 juin. Bamps
408 41 jd. lAudent
l^rénom*.
Henri
l*ierre-lo8.
Henri Joseph
Jean -Louis
Nicolas -Jos. -Vie.
Jean-Baptiste
Viclor-Napoldon
Hyacinthe
Jean -Théodore
Adrien-Joseph
Louis-Max-Jos.
Lëopold
Jean-Bapt.-Fr.
Félix-Léon
Ch..Félix-Const.-
Prosper
Philippe
Charles.-H.-H.
Charl.-Louia-Jos.
Jean- Baptiste
Jean-Mat.-Benotl
Ch.-Fr.-Jos.-L.
'Pierre
César- Joseph
François-Joseph
de
NAISSANCE.
Huy
Opwyck
Awirs
Verviers
Liège
Nocker (F.-O.)
Liège
Liège
Luxembourg
Bruxelles
Huy
Huy
Ruremonde
Gand
Hannut
Gand
Liège
Filot (Liège)
Walcourt
Tongres
Anvers
Verviers
Ruremonde
Marbais
Marie -L.-Const.- Liège
Renier
|Jacque8-Ferdin. | Hervé
I Jacques-Joseph Maestricht
Anioine-Heori Heytbuysen
Henri-Victor Bouillon
Richard Verviers
I
Henri -Louis Tongres
Albert-Jriseph
Jean-Arnold
Amour-Antoine
De hydroMptolo.
0iaq. cirt'» ol^actio-
oes pnccipDu atu» I«-
tramotti^ei in defeoMo-
nis siiae baiin prssap-
poaant.
De nephritido idiopa>
tbwÉ acttti et obronicîT
De membrenis mnco-
«ù et seroeis in gênera.
De fitttUft lacr/meli.
De animi pethemati-
ima eoraedeotque io oor-
pore humann effeoCiboi.
De eryaipelate.
De acerlatloâ.
De obiemnone in
medioifkâ.
De tiepatitide.
De encepholitide aen-
tfl.
De camphorâ.
De amenorrfaeft.
De larjrngo-trachitide
iBianiaio.
De digitali pnrpareâ.
Bastogne
Hasselt
Fontaine- TÉ-
vêque
De fiatuli aai.
De amauro^i.
De morbillia.
De dignitate et ultli-
tata medjcioc
Do apoplexift.
De Valneribaeidope>
tarii«.
De nsn liy^ieniro
nacnon tfaerapeatico Iwl-
neoram.
De febri inttnBÎtteuti
benignA.
De ophtfaaImiA io ge>
oere et apeciattoi de
opbthalmift in esemtu
Belgico MBviente.
De remediii externe
qo« adversud hsmor»
rhajçriam trannaaticam
adfaibentnr.
De pneamoniâ acntâ.
De pyrotechniâ.
De febrtbns intermît-
tentibns.
De iofantift, infan-
tiaMjae morbis in gen.
Con«pectns typo^ra-
pbtie phy»i(.*o - medicip
proT. Leod.
De phtbisi pnlmonnli
in génère et xpedatini
de pbthisi A praedisposi-
tioae faerediuriA.
De hydrucele.
De labio leporino.
D4 Iberap. purgan-
tiam.
DES DOCTEURS.
LXIJJ
■
l
.«
Date
•«•h
Ltea
du
IVom.
Prënom».
de
Xhè«e».
o
2
DIPLÔME.
NAISSANCE.
i09 1ijuUl.
Weideman
André
Triviëres(Hai-
naut)
De veneficiu ab anenio
pneparatU.
iiO Î6 id.
Marousé
Aug.-Ant.-Jo8.
Soignles
Do arthritide.
iii
id.
Brocal
Plor.-Lamb. -Jos.
Namèche (Na-
mur)
De gangraenà Aecili.
iiS 30 id.
Dumoulin
Louis Joseph
Petit - Bomal
(Luxemb.)
De cataractA.
as 5 août
Devillers
Lambert-Joseph
Slins (Liège)
De btU« sacre tione.
115
6 id.
id.
Marquet
Schmerling
Toussaint
Philippe-Charles
Jemeppe
Deia
De ulceriba» atouicis.
De «todii pbyiiiologi»
in mediciuA atilitate et
neceasitate.
HS
2 dëc.
SlieU
Pierre-Joseph
Bilsen
De bcmorrhagiia ate
rioi« ID graTÎditate, par-
la, eoqae peracto obve-
oieatiboB.
117
20déc.
1826.
Fassin
Joseph- Auguste
Liège
Do bseiaorrboldibos.
118
21 janv.
Knapen
Nicolas
Horpmael (L.)
De gangraenà.
119
23 id.
Pépin
Nie- Lambert
Namur
De relentioniba* nrinc,
ex eanalb nrethrae i-oarc*
Utioniboa.
120
25 id.
Ackens
Jean-Joseph
Kirchrath
De cordu bypertro-
pbtfl.
121
17 avril
Degauquicr
Louis
Cambron - St-
Vincent [Hain.;
De metrititie acnlA.
122
11 mai
Van Gulpen
Jean-Théodore
Maestricht
Deoiilero-m(wenteri(1e
uhrook'à, aive atropbiA
loeiieutericA.
123
19 id.
Kraiis
Jean- Guillaume
Vaux (Hesb.)
Do proprietatibttB cbî-
mico-inedivia plarima-
rom aulfaria conaocia-
tionain.
12^
27 id.
Waulier
Ferdinand
Liège
De angioA raembra-
aacii.
125
31 id.
Luyckx
Benoit
Turnhout
De peritoaitide paer-
perali.
De iotlainmatione.
126
14 juio
Collée
Jean-Franç.-L.
Roclenge
127
id.
Henroz
Jean-Henri -Fr.
Marche
De metbodia ad sa-
nanda intestina divisa
ttdbibîli«, in qafl nova
, «anaiionis metbodu» pro-
ponitur.
128
24 id.
Robert
Eugfene
Chénée
De atrumà.
129
28 id.
Harousd
Félicien
Soignies
De cystitide.
130
6 juin.
Rucloux
Lambert
Charleroi
Do aborta acctdentaii.
131
id.
Binard
François
Charteroi
De dioreâ.
132
2lid.
Neumann
Mathias
Neudorf (Lux.)
De reoantiationibiu.
133
3 août
1827.
Laurent
Adolphe
Frasnes(Ntm.)
De acapnnclurà.
134
11 janv.
Masure
Philippe-Attguste
Alh
De stractorA analo-
mic-A birndioia ofiieialii,
nec non de iUitts usn
medico in génère.
135
19 fév.
Van Puyfelick
Jacques-Jean
Anvers
De empyreamate pu-
rnleulo.
De ambostioue.
13b
22 mars
Giroui ^
Pierre-Joseph
Vieux-Waleffe
137
6 avril
Kaick
Alexandre
Tilleur
De rernUoriis.
138
15 mai
Dubois
François Joseph
Leuze
De artbritide acntA.
139
5 juin
Arnauts
Ed.-Franç.-Th.
Gutz-Betz
De sodé et natnrA fi-
briit mMcocSB dicts.
140
3 juin.
Pain
J.-F. J.-L.
Lyon
De bydroperitonitide.
6*
LXIV
LISTE GÉNÉRALE
i
Dato
L.l«u
e
do
IVom.
Prénom».
de
Xhè«e«.
DIPLÔME.
NAISSANCE.
444
24 juin.
Lezaack
Lambert- Joseph
Spa
D« Droprietotis medi-
ciuaiibai necnoa d« o«ti
Uicrapeatico aquarnoi
spadaaaram.
443
34 id.
Rycken
Jean-Mathias
Hamont
De morbilli*.
143
id.
Morelle
Henri-Léopold
Peruwelï
D« cholera-morbo.
144
2 août
Grégoire
Ernest
Charleroi
De c«ii»u iiyphiUdt*.
445
4 id.
Durand
Alexandre
Namur
De iode.
446
7 id.
Gouverneur
Toussaint
Louveigné
De febribas ataxo-
•dTOunici*.
447
id.
Sapin
Albert
Jemmappes
De pblebitidB eea in-
flnmiuatione TeDarum.
448
9 id.
Dechaineux
Martin-Fëlix
Liège
De delirio tremente.
449
24oct.
Bautier
Pierre-Joseph
Gosselies
De aysteBaiam io ma-
dicioft dinicA exclosorio-
rinm impoleQÛA.
De teUno ia g«uere
450
45 Dov.
CoUin
Camille
Barvaux
etproetertiiD de treanM-
tiro.
De cbloraretû sods et
rà\r\a.
De eryaipelate in gé-
454
24 déc.
d'Ancrd
Franc. -Ferdin.
Louvain
452
id.
Bourdon
Melchior>Ant.-
St Trond
4828.
Joseph
nère et aperiatim de
erysipelate pblogmono
453
44 janv.
Elsen
Richard
Feulen (Gr.-D.
de Lux).
De infantinm oreanU-
mo, Dec non de iiloram
morbû, etc.
454
28 id.
Van Es
Pierre-François
Weert
De rabie canin.
155
5 févr.
Cortiens
Jean
Lille
De scaïUtinâ.
456
id.
Cornesse
François
Aywaille
De auphyziâ.
457
43 id.
Barbier
DD.-Ferdinand
Namur
De graTidaram hyf.
458
5 mars
Cliaron
Philogcne
Merbe8-le-Ch&-
teao
De opbtbalmift acntâ
et chronicA. i
459
id.
Englebienne
François
Seuvret
De nen»tnaatiene, ||
460
14 id.
Lowie
Jean
Laden
De i-oVifA satnrninft. H
464
47 id.
Van Orle
Maric-Jacq.-Alp.
Liège
De Iitbotrilifl. 1
162
49 id.
Dahin
Dieudonné
Erpcnt
De pnDi-ipab pnbeita- D
lis pbaeoomenis. H
De ftaxi». Il
463
22 id.
de Biefve
Joseph
Bruxelles
464
26 id.
Cartier
Andriea
Wandre
De fehre intermittentil
simplu'i. H
165
1 5 avril
Tilroan
Henri- Joseph
Cras Avernas
De poatnlâ mali^çni. ■
466
21 id
Van Ensl
Henri
Flessingue
Do UneA.
167
id.
De la Brassine
Adrien-Emman.
Hoesselt
He dy»enteriA anitA
siuiplii-i.
468
29 id.
Coenen
Walter-Ll.-Remi
Brouckom
De oaa»i«. r«de etna-
tnrA apopleiiie.
469
id.
Jans
Pierre-Jean
Peer
De gastritide acalA.
170
12 juin
Hubert
Franc. -Léonard
Esneux
De tiuai cooTui^ÎTA.
474
27 id.
Deliëge
Jean -Jacques
Cerexhe Heu-
seux
De batmorrhagiu in
génère, et in apecie de
nacmatemesi.
472
4 juiL
Hénin
Narcisse
Namur
De herniA femorali.
473
9 id.
Houtart
X. L. F.
Jamet
De diclA in aaorl>i«||
«cotis.
474
46 id.
Desaive
Jean-Max. -Jos.
Visé .
De hflpuoptysi.
475
476
id.
id.
Bernard
Gouvy
Théophile
Nicolas
Lobbes
Hodimont
Do convalesccntiA.
De morte ni ipsiua
signnraoi certhndine.
477
44 nov.
Wasseiges
Charles-Joseph
Liège
DeaUerHtÎ9nilins mem-
bruno! oau<-o«a$ ^BalJo-
inte<>tin«li4.
178
20 nov.
Bihel
Nicolas
Huy
De scarlatine qnse id
qnihu.<dam locii pror.
1
l.eoii. ann. 1897-1828
epidemiri gra»«ata e»t.
DES DOCTEURS.
LXV
ï
e
Date
du
DIPLÔME.
Mom.
Prënom*.
Lieu
de
NAISSANCE, j
179
180
181
18S
183
184
185
186
187
188
189
190
191
192
193
194
195
196
;
97
198
199
200
âOl
30S
1203
204
205
206
207
208
209
210
211
212
213
214
215
21 DOV.
24 DOV.
9 dée.
id.
20 id.
id.
1829.
29 jaov.
20 mars
25 id.
8 avril
11 id.
11 mal
22 id.
29 id.
26 juin
id.
30 id.
3 juin.
id.
6 id.
id.
id.
id.
id.
14 id.
id.
21 ocl.
27 id.
5 nov.
3déc.
17 id.
1830.
7 janv.
14 id.
I fév.
10 id.
II mars
18 id.
Max
Chaineux
Haurissen
Yaodersmissen
Vaast
d'Harveng
Loyens
de Poorter
Gielis
filûmme
Heyae
Hastinx
Dejaer
Le Marchand
Van de Moortele
Jacquemyns
Didot
de la Brossinne
Boesmans
Gales
Peelermans
Blumenkamp
Dewilde
Bongaerts
Beesan
Jacquet
de Strycker
Paltyn
Germain
Horion
Dheure
Lbonneux
Gillet
Verscheldcn
Van Hoof
Seyler
de Prez
Antoine
Pascal-Joseph
Gérard-Hubert
Jean
Nie. - Théodore -
Franc. -Joseph
Emm.-Pbil.-Jos.
Louis- Lamb.-A.
Jean-Hub.-Henri
Joseph-Antoine
Félix
Pierre-Jacques
Gérard
Jules
Thomas-Joseph
Félix
Edouard
Alphonse
Emmanuel-Flori-
bert- Léonard
Grégoire-Arnold
François
Nicolas
Ch. Alexandre.
Piecro-Ignace
Vincent-Hathias
Auguste
Henri-Joseph
Louis
Henri
Jean-Guillaume
Philippe
Henri-Joseph
Jacques-Joseph
l Jean-Gérard
Casimir
Joseph
Jean-Gilles
Franc.-Mathiea
Bruxelles
Fléron
Maeslrichl
Horpmael
Liège
Lessines
Liège
Breda
Saint-Trond
Nevele(Fl.or.)
Amsterdam
Macslricht
Liège
Dison
Thielt
Verrehoeck(Fl.
orientale]
Annevoie
Hasselt
Looz
Gand
Seraing
.Venloo
Tirlemont
HoU
Ypres
Dison
Ang ternis?
Handgaene.
Maeslrichl
Visé
Banneux
Saint- Georges
(Liège)
Aubel
Wetteren
Dofiel
Aubange
Rotterdam
Te systemate osseo et
|)ra»crtiin de fracturiv
10 génère.
De meilico prexibi io-
oaote ejuaqne duUbiu
a(iipiM:eadi«.
0e bydrucele per ef-
fusionem.
De melriiide acuift.
De baemorrbaci is prae-
sertûn per exhala ttonom
orM.
De peritooilide puer-
peralî acaifl.
De tympanite.
De aa(;inâ stridolâ.
De aiMTrisiiMtiboaeor-
ditf in génère et de ane-
▼risnute cordû paMÎvo
itt apecie.
De usa seca lu cornu ti
in partnritiooe.
l)u pbysicA iofaotiuiiâ
etfneatione.
De bydropsià abdomt-
Dftli.
De veritate et atilitate
medido».
Pbyûologica.
De uaturà »ypbilidls.
De acido bydro-cya-
niuo.
Anatoiuico- phy^iiolo^
gica.
De pleurilide.
De cancero in génère
considéra to.
De Muiori humorom
patboiu(}ià.
Utt encephalitideaculA.
De pneamouitideacniA.
Do nalarâ et cnrA ay-
pbilidii.
De pbthitti polinonali.
De litboloiniâ recto'
te«icali.
De antheliuinticbiji.
De lasjiouiba* apnd
«traugulatos obviis.
De cyittide.
De ischarià.
De iutlaxu uervngo.
Du calonfit-'atioQo.
De liberatiuoe.
De splenitide.
De paatritide acnlA et
chrunicâ.
Dtf tu»i couvuUÎTi.
Dd pbyfiici javenum
educatiooc.
De pa»ttflA malîguâ.
I
LXVl
LISTE GÉNÉRALE
lï
Date
dieu
0
Si
dtt
IVoni.
Prënom».
de
Thèse*-
9
e
DIPLÔME.
NAISSANCE.
216
25 id.
Dardespioe
Aotoine
Liège.
D« «inliTlio.
217
1 avril
Hanolet
Félix
Fleurus
De op. qoiba«Uin in
phlegma«iii membraos
inacoMx gulro-intaiti-
nalea.
218
30 id.
Bodan
Victor
Fleuras
De aDgiDâ lontnlari.
219
12 mai
Lhoest
C-J. -M.
Liège
De paeumoaià arotà.
220
19 id.
Canivei
François
SaintrTrond
De hypertrophiA cot-
ai».
De graviditate eitra-
221
id.
Drapier
Emile
Charleroi
DlRriDà.
222
2 juin.
Allard
OdiloD
Bruxelles
De aborto.
223
H id.
Lebeau
Toussaint-Jos.
Sarolay
Pe aborticidio.
224
24 id.
Dofooz
Ch. -Jean-Louis
Liège
De febru iotermilteo-
tibas, eu*.
225
29 id.
Steurs
F.-J.
Bruxelles
De animi pathemati-
bus.
D« rarioift.
226
1 juin.
Meers
Jean-Baptisle
Maestricht
227
5 id.
Huwari
Jean-Baplisle
Piéton (Hain.)
De adyoBmift eaeo-
Jtali aot Ter* et de sym-
^lomalirft aat faU4.
228
14 id.
Midavaine
Isidore
Tournai
De caa»U opbthalmiae
militaris.
229
id.
Van Halon
Théodore- Joseph
Venlo
De KlAndulis congIi>-
merati».
230
id.
Binard
Félix
Charleroi
De tomore et fistolâ
larrymalibas.
231
46 id.
Boset
Charles-Joseph
Limerlé
De brpoijtejiîA.
232
id.
GoflTart
Auguste
Huy
De affectionom eau-
crosaram coLU ateri ca-
ratione.
233
17 id.
Servais
Jean-Baptiste
Marbai8(BH)
•
D<; parle nenri syn-
patbiu cepbalicâ ia'bo-
aine.
234
238
id.
id.
Fleussu
De Racker
Jean-Baptiste
Jean-Baptiste
Landen
Sl-Gilles-Waes
De hydrocele tunic«
Taginalis.
De bfleffiorrboldibm.
236
id.
Houdret
J.-F.
Ans
De peritoDiUde paer-
perali.
237
id.
Moreau
Mathieu-Victor
Liège
De la»ioaibas et »yn-
ptomalibiu affeetioais ty-
pboldû.
238
id.
De Wildt
J.-H.
Maestricht
De alteratiooe seogoi-
nis.
B. Docteur* en chlruricle et en aoooaohementa.
•
ï
e
%
o
Date
du
DIPLÔME.
IVom*
1
Prénom».
Lloo
de
NAISSANCE.
Observation».
1
2
3
4
4818.
2déc.
30 id.
4819,
ISjanv.
12 fèv.
Landrain
Bosch
Dreher
Bovy
Ferd.-Joseph
J. •Franc.- Jos.
J.- Pierre- Xavier
Jean -Paul
rhisnes
Maestricht
Bastogne
Liège
Cbirargie.
Cbir. et accuacbem.
Cbirargie.
Cbir. et ac-conf.4ieineDfe.
(N. B. Déjà cbirurgieoll
don priaoïM de iJége). ||
DES DOCTEURS.
LXVIJ
•
Dote
Litea
l
du
IVom.
Prénom».
de
Observât! on».
o
DIPLÔME.
NAISSANCE.
•
5
12 fév.
Maocel
Lëon
Maestricht
Accouche inenli.
6
15 mars
Noël
Gttill.-Jean
Bruxelles
Chir. et ace.
7
3 avril
Welter
Guillaume
Huneih
Idem.
8
1 juillet
Denis
Cëlestin
Mons
Chir.
9
4 août
Détienne
Ch.-Nicolas
Liëge
Accouch. (d«t'tear en
médec. et en chir.).
10
4 oct.
Provot
Pbilippe-Thëod.
Liège
D«jA doct. en méde-
11
13 id.
Vaust
Jean-François
Liëge
cine.
Chir. et Acc.
ii
29 id.
Bamps
Antoine
Hasselt
Chirurgie (docteur en
médecine de TUniv. de
Paris).
13
16 nov.
Everard
Pierre-Florentin
Ath
Chir. et aoc. (docteur
eu médecine do Leyde).
14
13 dëc.
Culis
Alexandre
Strepy
Chirurgie.
Id. (docteur en
15
24 id.
Buys
Pierre-Joseph
Bruxelles
médec. de Lieyde).
1820.
•
15 mars
Id.
Idem.
Id.
Auconehement».
16
28 avril Seutiu
Louis
Nivelles.
Chir. et hcc. (docteur
en méd. de Leroe.
1
17
2 mai ^Kalcker
Jean-Frëdëric
Id.
Chirurgie (inem).
18
3 id. Graux
Pierre-Joseph
Harmignies
Chir. et ace. (idem).
19
25 id. jVanMeerbeck
Henri-Camille
Bruxelles
Idem.
SO
27 juin. Janné
1823
Liëvio
Hex
Chir. et accouch.
SI
28 et 29 Kerckhoff
octobre'
Louis
Nulh
Idem.
Sa
18 oov. Uaegbeeck
Jean- Gui 11.
Ulbeeck
Chirurgie.
S3
9 dëc. Védrine
Michel
Liëge
Idem.
1824.
>
13 fëv.
Id.
Idem.
Liëge
Accouchements.
S4
29 juill. Van der Smissen
Nic-Grëgoire
Hasselt
Idem.
25
id. Wûrth
Jean-Thëodore
Luxembourg
Idem.
36
30 et 31 Hammelrat
juillet 1
Pierre- Henri
Venlo
Chirurgie et ace.
27
4 août Houdet
Philippe
Gand
Accouchements.
s
6 id.
Id.
Idem.
Id.
Chirurgie {*].
Note supplémentaire.
La loi du i S mars 4818, rëglant tout ce qui est relatif à l'art de guërir et à la collation
des diplômes requis pour l'exercice des diffërenies branches de lart médical , servit de
complément au règlement de i816. Elle créa, entr'autres, des Commissions médicales pro-
vinciales, autorisées à délivrer des certiflcats de capacité aux personnes qui désiraient ob-
tenir le titre de chirurgien de ville , de campagne ou de vaisseau , k celui d'accoucheur ou
de sage-femme, de pharmacien, d'oculiste, de dentiste, enfin de droguiste-herboriste. On
eut ainsi égard k l'existence des Ecoles de médecine locales fondées sous le régime impé-
rial. Le droit de pratiquer la médecine interne fut d'ailleurs réservé aux docteurs des Uni-
versités, ou aux docteurs étrangers accueillis par Jes Facultés de médecine. — Les listes des
pharmaciens, etc., diplômés par les Commissions médicales ne rentrent pas directement dans
notre cadre ; nous ne donnons que les noms des élèves reçus par les Facultés ou par le jury.
( * ) La statislique dressée par H. Nothomb porte le nombre des docteurs en médecine à
43, et celui des docteurs en accouchements à 38, pour cette période : nous avons soigneu-
sement relu, à deux reprises différentes, tous les procès -verbaux du Conseil académique, et
nous n'y avons trouvé que les S7 noms qui précèdent. Il est probable que M. Nothomb a
tenu compte de quelques validations de diplômes accordées âi des étrangers.
. I
LXVIIJ
LISTE GÉNÉRALE
ao
tfo
00
ce
00
O
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Q
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•
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e
2
Debrun
Toussaint
Leblanc
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Lion
De Monge
Dognée
Renkin
Sigers
Orban
Frérard
Libert
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Banolet
î2r2!2S!2S!2 S!2^3î5!2!5
•^ f ao o •♦ O» •*
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Lieu
de
NAISSANCE.
2?
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•
S
0
1
Charles
Ferdinand-Joseph
Joseph
Antoine
François
J.-Victor Michel
Charles-Joseph
Charles-Henri
ClëOL-Ch. Louis
Waldor
Charles
François
Charles
Nagelmackers
De Coune
Cochaux
Robert
Franchimont
Knapen
Dubois
Périer
Hanolet
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Tongre».
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Prof, à TA th. de Uoo«.
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M. id. de Namnr.
Id. ibid.
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M. id. de Toumaî.
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Id. id. de na«selt.
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Id. id. de IIa«seit.
Id. id. de UoM
Id. id. Namur.
Décédé pr*>r. A TA th.
d'Auvers.
Prof, a t*A(h. d'Arloa.
M. au Coll. pomm. de
Chiioai.
M. A l'Alb. de Tour-
nai.
Id. A l'Ath. d*ArloD.
Id. ibid.
Id. ibid.
Id. au Coll. comm. de
I.onvain.
id. id. de Huy.
Id. 4 TA th. de »on<.
M. id. de Tonnui.
(*) Les agrégés n»* 1 à 17, ainsi que le n« 96, ont subi leur examen conformément
aux dispositions de Tarrélé royal du 16 avril 1851 ; tous les autres ont été interrogés
d'après l'arrêté royal du 9 juillet 1851 (V. ci-dessus, col. 76S et suiv.)
VII
LISTE GENERALE
DES INGÉNIEURS SORTIS DE LËCOLE DE LIÈGE DEPUIS 1857.
A, Relève de» candlclat»
Qui onl atteint ou dépassé la limite d'admissibilité au grade de conducteur effectif
ou HONORAIRE DES MINES, aux coDcours de 4837 à 4846 iDclusivemeut.
( La limite d'admissibilité était de ISO points ).
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(') A fait ses études à l'Ecole centrale de Paris. — Nommé sous-ingénieur en 4844 (la
plupart des conducteurs ont également obtenu celte promotion).
(') Porté sur une liste Ms. dres:»ée par D. Arnould; ne flgure pas sur les listes des
élèves de l'Ecole,
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administratives
Candidats -notaires
Docteurs en sciences naturelles . .
Docteurs en sciences physiques et
mathématiques
Docteurs en médecine
Docteurs en chirurgie ....
Docteurs en accouchements . . .
Docteurs en médecine, en chirurgie
et en accouchements ....
Pharmaciens
Professeurs agrégés de l'enseigne-
ment moyen du degré supérieur
pour les humanités
Conducteurs des mines . . . .
Ingénieurs honoraires des mines .
Ingénieurs civils des mines . . .
Ingénieurs civils des arts et manu-
factures
Ingénieurs civils mécaniciens . .
Totaux par périodes.
10
389
7
238
33
SO
687
S18
32
208
7
53
168
420
9
80
»
203
2
23
2
42
93
71
54
7
73
5
9
204
»
408
9
60
610
»
40
499
5
60
34
253
8
444
514
4899
1
70
1485
80
203
25
43
640
84
98
204
408
60
64
239
05
287
152
Total
gi'nërnl
3568
( * ) Non compris les diplômes scientifiques.
(*) Depuis 4834; v. à la page suivante.
CXXX AUlllTIONS ET CORRECTIONS.
SUPPLÉMENT A LA LISTE A (page cxUj).
Des Goneours furent inslltoés, dès i82U« k Bruxelles, par arrêté du Ministre
de l*lntérieur, dans le but d'éclairer le gouvernement sur le mérite des candidats
qui se présentaient pour les plaeea de oooduolaurs vacantes au corps des mines.
Trois candidats réussirent en 1834 :
MM. Jochams, Félix, de Genappe ;
De Grassier, E.« de Maestricht;
Mueseler, 6., de Liège.
On a porté (p. cxiij, n" i8) M. Toilliez au nombre des candidats admis en
i859 ; des renseignements officiels que nous recevons à Tinstant même nous per-
mettent de rectifier cette date. M. Toilliez, Albert, de Mons, a été reçu au
Concours de 1855.
L*afinée suivante furent admis en<qualité de conducteurs :
MBL Deflze, Edouard (et non Edmond), de Liège, (désigné par
D. Arnould comme ayant pris part au Concours de 1858 ;
V. p. cxiy, n° 14), et Poncelet, Jean-Baptiste, de Bruxelles,
FAUTES A CORRIGER
DANS hk DERNIÈRE PARTIS DE L*0ljVRAG£.
P. viij, ligne antépénultième : Ptolèmis, lisez Ptolemœis.
P. X, 1. 29 : Interse, lisez inter se. — L. 50, etymologium, lisez elymolbgiam.
P. xci, col. 7, 1. 6 : 1851, lisez 1861.
P. xcv, col. S, 4* nom : Brassine, lisez Brasseur.
P. ci, col. 1, 1. 5 : 500, lisez 200, et ainsi de suite à la col. G : SOI , 202 et
205.
P. ci], an titre G : 1^ section, lisez i^ session.
TABLE GÉNÉRALE
DES MATIËRES.
ATANT-PROPOS PigOi
PREMIÈRE PARTIE. LES FÊTES DU 3 NOVEMBRE 1867.
I. Séance ACADàmouE 5
II. Banouet 2i
Appendice. Discours de M. Nypels 37
Notes du discours précédent (par M. Nypels) 55
DEUXIÈME PARTIE. LA FAMIIiLE UNIVERSITAIItE.— I. LES PROfBS-
SECRS ET LEURS AUXILIAIRES.
Introduction III
I. Administrateurs Col. i
II. Professeurs décédés 25
III. Professeurs éttérites*, démissionnaires, etc 629
» Agrégés non chargés de cours 745
rv. Corps enseignant actuel 719
V. Tableau général de la répartition des cours depuis 1817 . . 985
YI. Autorités académiques 1005
VII. Ecoles spéciales annexées à la Faculté des Sciences . . 4013
» Tableau du personnel des Ecoles spéciales depuis leur réor-
ganisation 1048
» Indications supplémentaires (Conseil de perfectionnement,
etc.) 106!
VIII. ColiecUons 1065
i. Ribliothèque 1075
S. Jardin botanique, Musée des préparations végétales et Musée
d'agriculture 4084
3. Cabinet de physique iii4
4. Laboratoires de chimio et collections qui en dépendent . . iH9
5. Cabinet de zoologie et de paléontologie i13S
6. Cabinet de minéralogie et de géologie iiS9
7. Musée de mécanique appliquée 4486
8 Musée d'exploitution des mines 4439
9. Cabinet de métallurgie 4440
CXXXIJ
TAULE GÉNÉKALt; LIEN MÂTIÊRËN.
10. Musée de géométrie descriptive et d'architecture iodustrielle,
et cabinet de modèles de dessin Coi. il 40
11. Cabinet d'anatomie générale et
13. Cabinet de physiologie 1142
13. Musée d'anatomie descriptive 1148
14. Musée d'anatomie pathologique llSâ
15. Cabinet d'anatomie comparée 1155
16. Collection d'instruments de chirurgie et d'obstétrique . . 1157
17. Instruments servant & la clinique interne 1158
18. Laboratoire de pharmacie 1159
IX. Cliniques 1161
X. Services divers H69
Additions et corrections 1175
TROlSrÈME PARTIE. LA FAMILLE UNIVERSITAIRE.— II. LES ÉLÈVES.
Observations préliminaires Page iij
I. Tableau indicatif du nombre des élèves qui ont fréquenté l'Uni-
versité depuis 1817 v
II. Concours universitaire.
PaEmÈRE PÉRIODE : 1817 — 1830 vij
Deuxièhe période : 1841 — 1869 XX
m. Doctorat spécial xxix
IV. Diplômes honorifiques et diplômes scientifiques .... xxxix
V. Liste générale des docteurs sortis de TUniversité de Liège
depuis 1817 XLiij
Première période : 1817 — 1830.
A. Docteurs en philosophie et lettres xLvi
B. Docteurs en droit xLvij
G. Docteurs en Sciences physiques et mathématiques . . Lix
D. Docteurs en médecine lx
E. Docteurs en chirurgie et en accouchements . . . . ucvi
Deuxième période : 1831 — 1835.
A. Docteurs en philosophie et lettres Lxviij
B. Docteurs en droit Ibid.
G. Docteurs en Sciences physiques et mathématiques . . Lxxij
D. Docteurs en médecine Lxxiij
Troisième période : 1835 — 1849.
A. Docteurs en philosophie et lettres Lxxvij
B. Docteurs en droit fffid,
G. Docteurs en Sciences naturelles Lxxxi
D. Docteurs en Sciences physiques et mathématiques . . ibid.
£. Docteurs en médecine Ibid,
F. Docteurs en chirurgie Lxxxiy
G. Docteurs en accouchements Lxxxiv
Quatrième période : 1849 — 1869.
A. Docteurs en philosophie et lettres Lxxxvi
B. Docteurs en droit Lxxxvy
G. Docteurs en Sciences politiques et administratives . . xcv
D. Gandidats- notaires xcvij
TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES.
CXXXllj
£. Docteurs en Sciences naturelles
F. Docteurs en Sciences physiques et mathématiques . .
G. Docteurs en médecine (4849 — 1857. — i^ session).
H. Docteurs en chirurgie reçus d'après les dispositions
transitoires de la loi de -1849
I. Docteurs en accouchements id. id
J. Docteurs en médecine, en chirurgie et en accouche-
ments
K. Pharmaciens diplômés par le jury universitaire. . .
Yl. Liste générale des professeurs agrégés de renseignement
moyen du degré supérieur pour les humanités
YII. Liste générale des ingénieurs sortis de TEcole de Lîége
depuis 1837
A. Relevé des candidats qui ont atteint ou dépassé la
limite d'admissibilité au grade de conducteur effectif
ou honoraire des mines, aux Concours de 1837 à 4846
inclusivement
B. Ingénieurs honoraires des mines
C. Ingénieurs civils des mines. . . ,
D. Ingénieurs civils des arts et manufactures ....
£. Ingénieurs civils mécaniciens
YIU. Récapitulation générale des diplômes de sortie. . . .
Additions et corrections
Cl
eu
ibid.
civ
ibid.
Ibid,
cviij
CX\
CXllj
cxiv
cxix
cxx
cxxv
CXXIX
cxxx
TABLE ALPHABÉTIQUE
Les grands chiffres se rapportent au compte -rcDdu des fêles du 3 novembre
1967 et à rintrodoetloii ; les antres désignent tes colofme$ des dictionnaires
bfograpbiqnes ou tes pages de la dernière partie du volume.
Académie de Braxelles, 473,
Académies, LXXJ.
AcoevèbeBMDts, S70 et soiv.,
1465.
Aclier9dyck(J.) XXIX, XXXY,
Adelnm, VIII.
Adminietratem, 4, 6S4.
Ada^oîetration cemMunde de
Liège, U4 {s.Cotteeiions).
Aiminietrition «npërieare de
l'iDStmctioD pabli<|oe, LXIl
«t anlv., 4i4.
Agrégés (faiatltation des), xix
et «Mv. — Agrégée non
chargés de Coare, 746.
Ahrens, 858.
Albert (E.U 4064, 1055, 44S5.
Alcide Pryor, 856.
Algerue, Vllt.
Alvin (L.), LXIII et suiv.,
401,447, d061.
Ampère, 668 et auiv.
Anatomie comparée (cabinet
d*),i 674, 4455.
Anatomie deecripljve (Musée
d'). 4148.
Anatomie générale (Cabinet d')
444!i.
Anatomie patbotbgiqœ (Mu-
Bée d'), 4453.
Aadré (Valère), III.
Aadriea^ 499.
Andrieox, 533.
Annale» des Universités de
Belgique, xxij.
Aanoot (I.-B.), 493.
Ansianx(J.),748, 4465,4476. 1
Ansiaux (N.-G.-A.-J.), 38,
XIX, XXVin, 38, 567,
663.
Ansiattx (N.-A -J.), 39 , 663.
Aosianx (N. i.-V.), 43, 663,
749.
Ansiaux (0.-IT.>A.) , 751 ,
XXXV et saiv.
Anthropologie, 584.
Attti(Hùlé9 romaines , 331 ,
966.
Appariteurs, 4 169 el suiv.
Archives médicales belges ,
979.
Amouid (D.), 67, 3, 309,
lOdO, 4Û48, 4061 et suiv.,
oxiij.
Aspirants des mines, 1031.
Aasociation des ingénieurs,
LXYII et suiv., 310, 968,
1046, 4055.
Association des médecins lié-
geois, 357, 940.
Association profe68orale,639.
Atelier de construction, 83,
4038, 4074.
Athénées et Collèges avant
4830, XXVI.
AUributions dea professeurs,
XXXIV.
Autorités académiques, 7A,
4005 et soiv.
Axonométrie,917. .
Bàilleux (F.), 866, 864,863.
Bamps (A.), xvij.
Banniag/E.-T.i.), xxvij.
Banque, (v. Belgique.)
Hanquel du 3 novembre 4867,
21.
Bareel(C.-F.-J.),406l.
Barbier, 4084.
Baron (A.-A.-F.), 69, XLVII,
51,843,764,973.
Bartels (Ad.), XXXI, L.
Bassenge (J.-N.), 830.
B&timenls de l'Université ,
4067 et suiv.
Bavière (Ernest de), XIII ,
4464.
Bavière (Maxinilien- Henri) ,
XV et suiv.
Bavière (Hôpital de), 43, 864
elsuiv., 940,4458,4464
et suiv.
Bavière (Jean-Théod. de), XV.
Becart(A.-J.),746.
Bède (E.), 440. 639, 673,
745, 967, 4149, xxvi.
Bède (Ph.), 639, 848.
Bekker (G -J.) , XXIX , 70,
340, 650.
Bdgique (Banque de), 395.
Belgique karUcole, (la), 468,
888.
Bellamij, 353.
Berchmans (¥.-M.), 4068 et
suiv., 4063.
Bergbes (Geerges4i0nis de),
XV, 874.
Bernard (Pb.), 746.
Benckers (J.), xv.
Beving (C), xi.
CXXXVl
TABLE ALPHABÉTIQUE.
BihUophile belge (le), 195.
Bibliothèque acad., LUVIII.
Bibliothèque de l'Ecole des
miaes, 4064.
Biblioth. d*Everbode, i076.
Bibliothèque royale de Bru-
xelles, 478.
Bibliothèq. populaires, 834.
Bibliothèque de l'Université,
8S0 et suiv., 4067 et suiv.,
4075 et suiv.
Bidaut (G.), 780, 4046, 4063
et suiv., 4477.
Bilderdyck, 354etSBiy.
Blaupart-ten-Cate (J.), xi.
Blondeau, S76.
.Blondel, 768.
Boéns, 4S9, 433.
Bollis (H.), 4063 et suiv.
Borgnet (Ad.), 51, 604; 635,
7S0, 753, 790, 896, 4478.
Borguet(L.-J.), 567.
Boride (J.-A.),638, 746,758,
4478.
Bormans (J.-H), XII, 408,
634, 763, 4475, ix.
Bormans (St.), 644,854.
Bouchez (P.), xix.
Bouille (le P.), \V.
Bourdon (i.-A.-M.), xxvy.
Bourgeois (P.-F.-H.), 4435 et
suiv.
Braine(J. B.), 4436.
Brasseur (H.), LV, 4477,
xxvi.
Brasseur (J.-B.\ LXX, 77,
673, 4037, 4063, 4064,
4073, 4436 et suiv., 4440,
4477.
Brasseur (L.), 4053.
Bresehet, 806 et suiv., 548.
BriU (J.), 4476.
Brixhe(L.), 4055.
Brogniei, 4458.
Bronn (H.-G.), 89.
Bronn (V.), 80.
Brouwer (P. van. Limburg),
96, 374, 853.
Bulletin communal^ 384, 863.
Burggraff (P.), 635, 764 ,834.
Buncheruehafty 873.
Bury, 843, xxv.
Bosch-Keiser (Is.), xi.
Cabinets, 4074 et suiv.
Cahuac, 367, 369.
Callier (G.), 803, 948, xxxiv.
Candidats notaires, xcvij.
Canisius (P.), XII.
Capitaine (Ed.), 364 et suiv.
CapiUine (F.) père, XXIII.
CapiUine (Ul.), XI, XXXIX,
LXXVIIl, 404. 405, 444,
467, 330, 433, 436,441,
544, 635, 943, 970.
Cartier (A.), 430, 4439.
Carte générale des mines,
343.
Carte géologique agricole de
la Belgique, 845.
Carte géologique de la Bel-
gique, 34 4 et suiv., 4434.
Id. du sous-sol, 340.
Id. de l'Europe, 339.
Casterman (L.), xiv.
CaUUn(E.), 78. 84,768.
Catalogues de la bibliothèque,
849 et suiv., 4078 et suiv.
Catherinistes d'Alost, 405.
Cauchy, 4047.
Cavernes d'Engis , 556 et
suiv., 4434.
Caverne de Hogheur, 563.
Cellules (Théorie des), 938 et
suiv.
Cercle Ozanam, 679.
Chalon (R.), 479.
Chandelon (J.-T. P.), 435,
777,788,838,4033,4048,
4063, 4433 et suiv., 4436.
Chantraine (i.-H.), 4449.
Chapuis, 844.
Charlemagne, VI et suiv.
CbarlierŒug.), 4473.
Charlier(N..J.),4473.
Charmant, 40,403.
Charon (Ph.^ xix.
Chateaubriand, 734.
Chaudfontaine, XXX.
Chauveau (P.-J.-O.), 835.
Chèvremont (l'abbé), 765.
Chimie (Collections de), 4433.
Chimie (Cours de), 788, 4479.
Chirurgie (Instruments de),
4457,4480.
Claes(P.), 4473.
Claes (G.), xviy.
Claes (publidste), 893.
Clinique (Chefe de), 4466 et
suiv.
Cliniques, 4464.
Cocheret de la Morinière ,
353 et suiv.
Code pénal (Révision du),897.
Coiinez (L.-H., xy.
Collections, 4068 et suiv.
Collège (Grand) de Liège,
XVIII, 4068.
Collège philosophique de Lou-
vain, XXXI et suiv., 449,
575, 576, 764.
Colson vDO, 548.
Colson (H.), 734.
Colson (T. -H.), xxiv.
Comhaire (J.-N.), 58, Ul,
XXVIII, 39, 43, 440, 663,
4154.
Commissions d'examen, 45,
XLV et suiv., 336, xLiv.
Commission royale d'histoire,
479, 644, 636, 755.
Commissions médicales pro-
vinciales , Lxvij.
Concordat, XXXII.
Concours universitaire, LXX,
544, vij et suiv., xxxij.
Condocteurs des mines, 4645,
4023 et suiv., 4030, cxiij,
cxxx.
Conducteurs honoraires des
mines, 4033 et suiv.
Congrès des étudiants , LIV.
Congrès Ubéral, 873,876.
Congrès national, 42, XLV.
Congrès professoral, 57,630,
848.
Congrès scientifique de Liège
564,4144.
Conseil des mines, 4047.
Conseil de l'Ecole des mines,
4064.
Conseil de perfectionnement
de l'Ecole des minas, 4039,
4033, 4064.
Conseil de salubrité de
593, 940.
Conservatoire royal de Ba-
sique de Liège, 4073.
Comtitutionuel (le), 709, 737.
Coune (J.>, 834, 848, 4084.
Courrier de la Mener, 963.
Courrier des Aiy«-5M, 480,
894.
Courrier universel^ XXXIU,
479.
Cours à certificat, 46, ILV.
Cours libres, 02.
Cours normaux, 635.
Cours publics, 89, 787, 834 ,
883,949,4051,xxxvyets.
Courtois (R.-J.S 444, 833,
574,4085,4414,4430.
Cousin (V.), XXVI, XXXIV,
837.
Crewe (le général), 978.
Croisière, 4088.
Crocq, 4436.
Curateurs, 62, XXXVII et s.,
303,654,833,4466,4469.
Cuvier (G.), XXV, 843.
Czamowski (J.), xi4j.
Dandelin v^.-P.), 436, 433,
498.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
CXXXVIJ
Daiidelin(N.), 1i80.
D'Andrimool (J.)» 15 et saiv.,
51, 52.
Daufloa, 708, ii75.
DaosBOigDe-Méhal, 69.
Davreax (C.-J.), il», 747,
783, 4136, 1i60, 4478.
De Baillcl, S9S. ,
De Broich (le baron), XIXVII,
De Brottckere (Ch.), XXXIV
et 8uiv, XLVUI, 605, 848,
1046, XLi, xLij.
De Broockere (H.), 5, g, 27,
S93,xij.
De Bueacber (E.), i9A,
Deeataoe (J.) 447.
De Candolle (A.), 467.
Dechange (C.-H.), 1177.
De Cbénedollé (Ch.-i. Lionlt
de), 101,734.
De ChânedoUé (J.-L.-G.-A.
Liottlt de), 102, 336, 724.
DeCloseet (Al.), 1177, xxv,
XLij.
De Clûsset (Léon), 139, 745,
766, 803, 965, xxv.
De Coyper (A.-C.) 6, 8, 24,
784, 1032 et soiv., 1048,
1061 et soiv.
De Decker (P.), LV et suiv.
De Donceel (M"*), 1077.
De Foere, 287.
De Fooz (i.-H.-N.), 141, 858,
869, X.
Defoeaez (E.\ 1062.
Defrecheux (N.)# 851, 1171,
1172.
De Gerlacbe, XXXIV et auiv.
De Grave, 404.
De Groot (Gérard), XII.
Dehaut(L.-J.),l49.
De Glen (J.), XI.
De Hemricourt (J.), X.
De Horion, XV.
Dcjaer (AfTaire), XLIII, 144.
De iaer (E.-J.-L.), xxviu*
Dejardin (Cb.), 748.
Dejardin (L.;, 748, 1158,
1180.
De Jonghe, 722.
De Koninck (h,), 223, 466,
479, 788, 809, 1063, 1122
etftuiv., 1179.
De la Goéronnière, 291.
De Lavacberie (B.-V.), 154,
xvig.
De Laveleye (E.-L.-V.), 8,
796, xxiv.
Delbecq, 1160.
Delbœnf(i.]> 766,802,xxxiv.
Delbovier (R.), 1152.
Delcour, 281.
DeIecoart(J.),615.
Delforge (L.), 1119.
Delfosse (Aag.), 144, 1174.
De Liedekerke (le comte),
XXXVII.
Dellafaille (le baron), LXIII.
De Louvrex (M.-G.), XV.
Delvaux (Me. de), 699.
Delvaux de Fenffe (Ad.), 642,
745, 1056, 1064, 1139 et
auiv.
Delvaux de Fenffe (J.-Cb.-Pb.-
J.), XXVUI, 151, 568.
589,777,788,1119.
De Martins, 940.
Demblon, 1092.
De Mélotte d'Envoz (D.-M.),
XXXVIIL
De Meulenaere, 289.
De Mortier (G.-i ), x.
DeNieuport (le commandeur),
498, XLij.
Denzinger (I.), 116, 164,
271,821,1083.
De Panhausen (J.), XI.
Depas (Cb.-Jo8.), 748, 1152.
De Potter, XXXII, 971.
De Poubon, 616.
De Pradel (E.), 742.
Dequeane (L.), LXIV.
De Ram, 55, 284.
DeRfliffenberg (F.-A.-F.-T. ),
XXX, LXV. 74, 170, 846,
409, 605, 700, 756, 893.
De Riemer (D'), 549.
Dérivation de la Meuse , 976.
Derote, 755.
De Savoye (Th.), 748, 807,
955.
Descbampa (Ad.), XLVIII ,
LVIL
DeSécus, 291.
De Sélya (W.), 35.
Deeguin (P.-I.-J.), xxvlg.
De Sluse (R.), XIV.
De Smet, 611.
Desoer (Cb.-Aug.), 1172.
Deepret (E.-A.-c:.) , 1044,
1049, 1137.
Deapret (J.-V.), xxvij.
Dealriveaux (P.-J.), XXXV,
39, 48, 198, 271, 318,
1174.
DeSybel,615.
De Tbeux, XLVII, LXIII, 289,
290, 843, 896.
Détienne (Cb.), 574.
De Tornaco, 5.
De Vaux (i.-A.-J.), 208,231,
421, 690, 957. 1032 et
suiv., 1048, 1061 et suiv.
Devaux (P.), 755, 969.
Deville(F.),1086,1092:
Deville (G.), 1171.
De Villenfagne ( H.-N. ) ,
XXXVIII et suiv.
Devivier ^A.), 1046, lOSW»^
1069, 1180.
Dewalque (F.), 1046, 1056,
1136.
Dewalque (G.), 229,232,809,
905, 1129 et suiv., 1136,.
1148, xxvi, xxxiv.
Dewez, 498, xLi.
Dewezade (la), 753.
Dewildt (DO, 748.
D'Eynalten ^A.), XI.
D'Huart, 289, 297.
Didot(A.),432, 1178.
Diplômes de sortie (Récapitu-
lation générale des), cxxix.
Diplômes scientifiques, xxxix
et suiv.
Dirickx (D.>J.), 1092.
Docteurs en accouchements,
Lxvi, Lxzxiv, civ.
Docteurs en chirurgie, Lxvi,
Lxxxiij, civ.
Docteurs en droit , xLvg ,
Lxviij, Lxxvij, Lxxxvij.
Docteurs en médecine, lx,
Lxxi'g, Lxxxi,cij.
Docteurs en médecine, en chi-
rurgie et en accouchements,
CIV.
Docteurs en philosophie et
lettres, XLvi, Lxviij, Lxxvij,
Lxxxvi.
Docteurs en sciences natu-
relles, ci.
Docteurs en sciences phy-
siques et mathématiques ,
Lix, Lxxij, Lxxxi, cg.
Docteurs en sciences poli-
tiques et administratives ,
xcv.
Doctorats honorifiques, 842 ,
xxxix et suiv., xLiij.
Doctorat en philosophie et
lettres, LXXV, 869.
Doctorat en sciences, 667.
Doctorat spécial , LXXV, xxlx
et suiv.
Dolez (le président), 5, 27.
D'Omalius d'Halloy, 217.
Donckier (l'ingénieur), 1136.
Dresse fJ.-H.) , 255 , 746 ,
1150, 1176.
Droit civil (Cours de), 283
et suiv., 808 et suiv., 955.
<ncxxviij
TABLE ALPHABÉTIQUE.
Droit coutomier, 9K5.
Broi i criminel (Cours de) , 898.
Droit pabHc (Cours de), 866.
Dubos, 987, S88.
Ducpétiaux (L.j, 97 i.
.D'Odekemd».), 747.
Duesberg (Otto), 806
^«gniolle (M.), 747, xxv.
Duguet (G.), i054.
Doinooceau (J.-L.-D.), 4054,
1062.
Damont (^A.-H.)* LIX, Hit,
666,673, 814, 838, 648,
906,1069,1139,4475.
DumoDt(G.). i33, 4136.
Dumont d'Urvilto, 843.
Dumortier, 996.
Dttperron (Louis), LIf, 947,
960.
Dupont (Ev.), ^, il, 809,
399, 645, 4006, xij.
Dopret (V.-A.-G.), LXX,959,
595.
Dwelshauwers - Dery (Y.- A.-
E.), 817, 1053 et suiv.,
1138 et soiv.
Ecole des arts et manufac-
tures, 1018, 4091 et suiv.
Ecole ce itrale de Liège, 1068,
1085.
Ecoles centrales, 54.
Ecole spéciale de commerce,
49, 348, 647.
École de droit de Bruxelles,
58, 54, <ÎM), 967, 657,
1076.
Ecole industrielle de Gand,
45t.
Ecole industrielle de Llëge,
8S6, 4069.
Ecole de Si-Lanbert, VU et
suiv.
Ecole des mécaniciens, 1099
et suiv., 4039.
Ecole de médecine de St>CIé-
menl, 49, 111, 155, 567,
590.
Ecole préparatoire des mines^
1094 et suiv.
Ecole des mines, 39, LXVI et
suiv., 137, 909,491,698,
1013 et suiv.
Ecole des mines (élèves de
l'ancienne), 4016.
Ecole des mines de Louvain,
LXXVI, 1045.
Ecole normale des humanités,
57, 661, 754,769etsuiv.,
1081, cxi.
Ecole de pharmacie, 4079,
1091.
Ecoles primaires de Liège,
XXV, 884.
Ecole propédetttiqae , 39 ,
XXX, 465,
Ecole des sages-femmes» 669.
Economie agricole et fwet-
tière, XXX, 99.
Economie iodHatrielle (Cours
d), 697. 796.
Economie politique (Coora d*),
697, 796.
Edita et Ordonnaïkces, 46.
Electro magoétiane, 667 et
suiv., 4446.
Elèves ingëoiettrs des minet,
4034.
Eneyeiopédie dt XVIII* siècle,
XVI.
Encyclopédie du droit, 983.
Engrais des villea, 945 et s.
EnseigaemeBt agricole, 941,
4444.
Enseignement comauioal , X.
Eracle, VIL
Ernst(A.),976, 98i,394.
Ern8t(l.-G.-J.),XXVlIl,966.
Ernsl (J.-W.), 589.
Ernsl (L.), 976, 656, 737,
4175
Ernst (S.-P.), 477, 488, 965,
701, 709.
Ernst (U.), 966.
Esthétique, 989.
Ei4imeos d'admission aux
écoles spéciales, 4038.
Examens de passage et de
sortie aux Ecoles spéciaios,
4089.
Exploitation des mines (Musée
d*),4439.
Fabry-Rossins, 747, 4478.
Faculté de droit, XXYI. LXVI,
Faculté de médecine, LXVI,
LXXV.
Faculté de philosophie, LXVI,
LXXV.
Fticulté des sciences, LXVI,
LXXV.
Facultés libres, 43, XLV,103,
318,336,449,454, 661,
749, 973,
Fafchamps, 4059.
FaideriCh), 698, Lxvl^.
FaIck,XXVIU,79,498.
Falisse ( V. ) , 4051 , 1059,
4477.
Falloise (A.), 861.
Familles do règne végétal»
4099, 4479.
Fassin (E.-DD.), 336, 660,
745.
Fayn, 995, 93det8niY.
Fédération des Sociétés lior-
ticoles de la Belgique ,
883.
Feitb (R.), 360 et soiv.
Festraerts {h^, 944, cvi^.
Fiess (J.j, 439, 604, 848,
4075 et seiv.
Flrket (A. 1,4056.
Focale parabolique, 498 et
soiv.
Fohmann (V.J, XXIX, 458,
979, 600, 559 , 590, 843,
980, 4148etsaiv. , 4468,
4480.
Folie (F.), 89, 4050 ci soi?.,
4069.
Forgeur (J.),45etMiv.
Forir (H.). 850.
Foseion (N.4}.), 745, 898,
4457.
Fouché, 537.
FouUon (le P.^ XIV et soiv.
Fouquot (G.), 847.
Fraikin (J.-J.), xvig.
Prancken (V.), 4054, 4195.
Frankinet (J.-J.-C.) , 695 ,
669.
Frère-'orban (W.), 5, LU,
947, Lxviij.
Froment (Ch.), 474, 899,
4174. ^^
Fuss (J.-Domin.) , 58 , *>6 ,
LXXVIU, 955, 314^ 836,
634,656,894,979,4083,
4473.
Gachard, 493,691,889.
Gaêde (H.-M.) , 449 , «84 ,
589, 679, 4085, 4099,
4496 et suly.
Gaillard (Afl^lre), 674.
Gall(F..P.), 318,334,9T9.
Gazette de tiége^ 974.
Cauthy (E.), 791 , 1195, 441».
Gendebien (député), 9^6.
Gendebien ( pharmacien ) ,
1460.
Génération spontanée, 993.
Géologie (cabinet de), 4433.
Géométrie descriptive , 80 et
suW., 947, 4436.
Gëradon (J.-l.), ix.
Gérard, (L.), 4054.
Gérard (P.-A.-F.),644et8uîv.
Gérard (P.), 4069.'
Gemaert, 4068.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
CXXXIX
Gheldolf ( Alb.l, 608.
Gibon(LeP.!, 344.
GibOD (H.), 86, 337; 876.
Gille (J.), 4i28.
Gillet'J.-H.), 1160.
Gilloii(Aug.}, 4â8,83i,1086
et suiv., 1064, 1140, 4479,
XXV ij.
6to6tf, 488, 707, 742,748.
Glodeo, 448.
Gloeseoer(M.), 920,631,666,
4448, 4149,4173, xiv, XV,
xvi.
Godet(E.-V.), 347, 648.
Godin (L.), xviij.
Goethe, 746.
Goflart iL.), xxxv , xxxvij.
Goflin (Hubert) , 44.
Goret <L.}, 4088.
Gosselet, 844.
Goullier J.-J.), 4028.
Gouvernement provisoire(reD.
seignement supérieur sous
le), XLIV.
Grade d*élève universitaire ,
LXXIH, 818.
Graas (Ph.). 878.
Gradué en lettres (Examen de)
LXXIII.
Graindorge (J.), 4084 et suiv.
Grammaire générale, 767.
Grandgagnage (Ch.), 880.
Grandgagoage (J.), 883, xij.
Grandjean (M.) 823, 824,
4084.
Gran^ryfL.), 4448.
Gravures (Collections de^,
4078.
Grenson (A.), 1149 et suiv.
Grélry, XVII.
Groeâbeck (G. de), XIll.
Guerrciro (A.-D. , XLII.
Guibert (V.),xxvi.
Guillaume 1,41, XIX et suiv.,
XXX, 1013, 1066, 1088,
1126.
Gnillery (H.), fils. 1477.
Guillery (Jules), XLY.
Guillery(J..H.), 862.
Gunst, XV.
Gymnase de Liège, 462, 338,
1068, 1088.
Habets (A.), 492, 914, 1086
et suiv.
Habets (Dr.), 483, 880.
Hannon (J.-D.), xxv.
Hannon (J.>, 1128.
Hanssens(L.), 806.
Harzé(R.), 1148.
Hebrant, 1128.
HelfTericb, LUI. 480.
Henanx (Et.), 74.
Henaux (F.), XIII, XVIII,
4118.
Henaux (V.), 828.
Hennau (Ch.-Aug.), 696, 796.
Hennau (V.-N.), xviij.
Henncbert (F.) p^re,630, 848.
Hennequin, 824, 1084.
Hcnrard (D.}, 1443 et suiv.
Herkaauwer (de) y 367.
Heuse iH.) , 832, 834, 746,
838, 979, 4482.
Hicguet (DD.), xxxv et suiv.
Hiéronymites , XI ei suiv.,
4067.
Histoire des institutions de la
Flandre, 608.
Hoensbroeck, XVII et suiv.
Homme fossile, 883, 948 et
suiv.
Horion (Ch., de Hermalle-
sous-Argenteau), xxxvi.
Horion (de Visé), xvi.
Horloges électriques, 674 et
suiv.
Hortut Morrenianus, 463.
Hossche <Le P. de-, 977.
Uouei, 34.
Houtain(L.), 748, xxvij.
Hugo (Victor), 709, 720.
Humblet.J.), 4448.
Humboldt (Alex, et Guill. de',
983.
Idiome luxembourgeois, 448.
Ile aux Hochets, 4067.
Incubation artificielle, 934.
Infini en mathématiques, 494.
Ingénieurs civils des arts et
manufactures, 4028, cxx.
Ingénieurs civils mécaniciens,
4038, cxxv.
Ingénieurs civils des mines,
4038, cxix.
Ingénieurs honoraires de»
mines, cxiv.
Inscription globale, LXXIV.
Inspecteurs de TEcole des
mines, 4024 et suiv.
Installation de l'Université de
Liège, 57.
Institutes , 283, 648 , 876 et
suiv., 890.
Institut ophthalmique, 4468.
Institut St-Jcan, 826, 838.
Institut supérieur de demoi-
selles, il Liège, 838, 980.
Instruction obligatoire, 961.
Introduction aux langues
orientales , 764 , 988.
Jacob-Makoy, 422.
Jacotot, 72, 373,744 et suiv.
Jacqoemyns (Aug.) xix.
Jacquemyns (Ed.), 396, 481.
Jacquet F.>J.), xix.
Jamar, LXV.
James iL.), 948.
Jaminé,894et suiv.
Jamme (Louis), XLI, 976.
Janin(J.), 89.
Jardin botanique, 333, 486,
883, 1068, 1074, 1084 et
suiv.
Jean d'Oatremeuse , X , 788.
Jésuites, XII et suiv.,'XVllI.
Jésuites anglais, XIV.
Joassart (H.-J.), 1171.
Jochams (F.), 207, 1064,
cxxx.
Jonckbioet, III.
Joseph II, XX.
Joséphisme, XX et suiv.
Jottrand (L.), 391<, 894.
Journal de Bruxellet^ 964.
Journal encyclopédique, XV.
Journal de Gand, XXXII.
Journal de Liège ^ 968.
Jouy, 403 et suiv.
Jubilé de l'Université, 4.
Jury d'examen, 45 et suiv.,
70 et suiv.,XLlXetsalv.,
638, 680, 883, 860, 946 et
suiv, 960 et suiv., xL et
suiv., xLiij et suiv.
Jury professionnel, 71, LU,
LX et suiv., LXVI, 946 et
suiv., 962.
Juste (Th.), XXIX, XLIV,
LXIl, 410.
Kersten,'P.),878,768. 884,
894, 970.
Kinker, (J. , XXIX , XXXV,
273, 380.
Kirsch (H.), père, 824 , 4083
et suiv.
Kittel (V.J.), 4460.
Kleinermann (le Dr;, 624.
Krans (G.) xxxv et suiv.
Krans (J.-G.), xvi.
Kuhorn (H.). 409,8.')4, 4480.
Kupfierschlaeger (F.;, 391,
864, 890, 939.
Kupfferschlaeger (Is.), 8,
748, 792, 837, 4084 et
suiv., 4428 et suiv, 4436,
4460.
Laboratoire de pharmacie,
4489.
CXL
TABLE ALPHABÉTIQUE.
Laboratoire de recherches,
^047, ^07i.
Laboraloiredde chimie, iOTi,
iii9 et suiv.
Laboulaye (Ed.), 601 et suiv.
Lacordaire (le P.), 84i, xli.
Lacordaire (Th.), SO, 449«
452, 626,; 72â, 840, 1426
et SUIV., 1156 et suiv.
Laduron (C.-H.), xxviij.
Lafleur (T.), 1053, 1061 et
suiv.
Lamarle, 492.
Lambolle (H.), 747, 1 156 et s.
Langius, XIV.
Langue allemande, 579.
Langue arabe, 762.
Langue flamande, XXI, 637.
Langue hébraïque, 743, 761.
Langue hollandaise , XXI ,
370 et suiv.
Lanlhier, 40 i.
Larondelle (N.-J.), xxxvij.
Latin moderne, 322 et suiv.
Lalouche (l'abbë;, 743.
Laurent (Ad.)* xix.
Laurent (F.), LVI, xi.
Laurenty, 1062.
Lauth, 303.
Lavalleye (Ed.), LXV, 265,
700, 1056.
Lebeau (J.), 286, 288, 289,
894, 969.
Lebel (Jean),X, 17.
Lcbon(J.}, 538.
Leclerc (D.), 747, xiv.
Leclercq (0.), XL.
Legrain (F.), 1084
Legraod (S. J.) , 639 , 905,
XX vi.
Legros (L.), 1148.
Lejeune.Dr), 114, 117.
Lemaire (J.-F.), 220, 394,
440,787,1048,1061.
Lemoine ^P.-J.}, 746 , xi ,
Lxviij.
Lenz (Th.), 600, x.
Léon XII, XXXII.
Le Pas (A.), 766.
Léopoid I, LXXVII.
Lëopoldll, 50, 140.
Lereseo(J.-C.), XLII.
LeRoy (Alph.), % 57,628,
745,763, 807,847, 858^
937, 948.
Leroy (J.-A.^ 397, 484.
Le Roy (J.-J.), 361,377.
Lesbroussart (J.-B.), 401 ,
524 et suiv., 656.
Lesbroussart (Ph.) , 67 ,
XLVI et suiv. , LXII, 172,
402, 841, 973, 1069 et
suiv.
Lesoinne (Ph.-Ad.),420,782,
833, 1062,1136.
Levy (A.), 426.
Leys (J.), xxviij.
Liagre, 77 et suiv.
Libéralisme, XXllI et suiv.
Libert iW.), 1037, 1050.
Libotte, 1027.
Liebrecht, 764 et suiv.
Lignac(H.),969etsuiv.
Lindcn d'abbé , 765.
Linden (naturel. },1087 ,11 28.
Lippens, 675 et suiv.
Lippi, 303 et suiv.
Lithographie (atelier de) ,
1141.
Logique, 169, 582, 805 et
suiv.
Loi fondamentale, XtX et suiv.
Loi sur l'enseignement supé-
rieu, 44 et suiv., 66 et
suiv.
Lois de la contraction muscu-
laire, 925.
Lombard (L. M.), 428, 837.
Loomans (Ch.), 576, 764,
857, 937.
Lonay (l'abbé), 677.
Louis (l'abbé), 847, 848.
Lybarl (P.), 1053, 1061 et
suiv.
Lycée de Liège, XVIII, 1068,
1076, 1085.
Lycklama van Nyeholz (M.-
K.-J.), xviij.
Lyell (sir Gh.), 564 et suiv.
Macors (Félix;. 146, 746,
868, 897
Macors rJ.-G.), 392, 697,
746,808, 861,966,1179.
Macropedius, XI.
Maiafosse (Affaire), 290
Malaise (C), 558, 813, 1066,
1136.
Manbour, (B.), 747.
Manipulations chimiques ,
838.
Manipulations de physique,
680.
Manuscrits, 1083.
Manuscrits de St-Trond ,
1076.
Marchant (A. L.\ 492.
Marcotty, (J.-T.-H.), xxiv.
Maréchal (R.>, 1171,1174.
Mareska (D.-B.), xiv.
Marlin P.-F.-H.-D.), 747,x.
Marquet (T.), xvij.
Martens (M.*, xv, xvilj.
Martin (F.), xLîj.
Martynowski (J.) , 433, 492,
1060 et suiv., 1062.
Masitt8(V.), 871, 1148, 1160
et suiv.
Massalski, 1046.
Maternité (Hospice de la), 40,
111, 568 et suiv., 870,
908, 1161 et suiv.
Mathieu (Ad.), 170, 171, 182,
1176.
Mathieu Laentbergh ( le ) ,
XXXin,271,894, 969.
Mattou(C.-F.),x.
Mauhin (H.-M.), 1176.
Maurissens (Ch.-L.), 267.
Maynz (Ch.-G.>, 872.
Méan, XV.
Mécanique appliquée (Musée
de), 1072, 1136.
Médailles (Cabinet de), 1078,
1083.
Merten (0.), xxxiv.
Métallurgie ( Cabinet de ) ,
1140.
Métallurgie (Cours de), 421,
833,1033,1064, 1179.
Metz (André), 163.
Meyer (A.), 434, 438, 543,
821.
Meyer (G. -J.), xlI.
Miedel (M.-T.), 1129.
Minéralogie (Cabin. de), 816.
Mines (Organisation du ser-
vice des), 1016.
Moke(G.), 627.
Molitor (J.-P.), 634, xiij.
Mone, 580, 605.
Moniteur de l'enseignement,
491,629,848,
Monittur universel (le), 730.
Montalant-Bougleux, XIX.
Monts-de-Piété, 4 et suiv.
Morelle (H.-L.), xix.
Moresnet (Territoire neutre
de), 668.
Morren (Aug.), 447, 461.
Morrcn (Ch. ), LXX, 304,
396, 446, 560, 667, 881 et
suiv., 1085 et suiv.
Morren (Ed.), 447, 469 et s.,
880, 1091 et sulv., 1126,
1179, XXXV, cxLiv.
Morren-Verrassel (M««), 460.
MorUltté, 69. 627.
Mouvements du cœur, 830,
943, 980.
Mueseler,'i12.
Mablenbrucb, 879.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
CXLl
Muner(Cl.), K3i,72«-
Muller (Jean), 920 et suiv.
HûDch (E.), XXXIU, 479,
390, 479.
MurchisOD, 795.
Musée d'agriculture, iilS.
Musée d'anatomie patholo-
«gique, 5i4, iiSi.
Musée de botanique , 458 ,
883 iiil.
Musée' (Cours du) de Bru-
xelles, 53.
Nagelmackers (A.), 425.
Nagelmackers père, 383.
Namur (bibliothécaire), 8i9
et suiv., 4075 et suiv.,
1084.
Namur (P.),808,889.
Nesselrode (le comte de), 334.
Nerenburger, 505.
Neujean (A.)* 4435.
Nieuhoflf , 360.
Nisard, (D.)» 57.
Noél (J.-N.), 79, 484, 785,
906, 4057.
Noël (L.), 492.
Nopius, 665.
Notger, VIII et suiv.
Nothorob (J.-B.), 55, XIX,
XXVIl , XXXIII , XLV ,
LXII, 535, 970.
Nouvelle Montagne, 833.
Nypels (G.), 2, i\ et suiv.,
57. 2B6, 360, 893.
Observatoire, 4074, 4445.
Obstétrique (Instruments d*) ,
4457.
Orangisroe, XXH.
Oratoriens de Visé , XVI ,
536.
Organisation militaire, 864.
Origine du langage , 578 ,
585.
Ortolan, 877, 890.
Pagani (G. M.), 79, 496,
XLij.
Pairou(Ch.), 4139,4142.
Paléontologie, 32^ et suiv,,
792, 844, 4425, 4429,
4433.
Pandectes, 648, 876.
PâquefA.-N. J.j, 492.
Partis politiques , XXII et
suiv., LUI et suiv.
Pasquet (E.), 4084.
Patois de Liège, 807, 824,
850.
Pédagogie. V. Ecole normale
et Ecole propideuiique.
Peine de mort, 294, 660,
899.
Pénitencier de Namur. 294.
Pénitencier de Saint-Hubert,
294.
Pepsine (Découverte de la),
922.
Pérard(L.), 634,905, 4053, ^
1447 et suiv.,xxvi.
Périodicité physiologique,
944.
Peters (l'abbé), 507.
Pelers-Vausl, 69, 808, 782,
968, 4460.
Pétitionnement, 65.
Pétrarque, X.
Pfeffer (D'), 48, 49.
Pharmaciens, Lxvij, cviij.
Pharmacopée belge, 463.
Philarète Durototr, 453.
Philosophie critique, 358 et
suiv.
Philosophie morale, 586
Physiologie (Cabin. de), 4442.
Physique (Cabinet de), 4444.
Physique (Cours de) , 634 ,
673 et suiv., 907.
Picard (Ad.), 856.
Piercot, 4090, 4422, xxiij.
Pimpumiaux (B.), 194,756.
Pimpurniaux (/.), 756.
Pirmez (E.), 802.
Pirotte, 4027.
Placentius, XI.
Plaschaert, 529, 976.
Plongeurs (Appareil pour les),
933.
Polain(M.-L.), 44,644,747,
973, 4033, 4034, 4048,
4063. 4067, 4074, 4459,
Lxviij.
Politique (le), 970 et suiv.
Pomologiei 699.
Poncelet (D'), 342.
Ponson (A.-T.;, 4059 et suiv.
Port-Royal, 748, 732.
Pratt(W.), xLij.
Prinz(X.),664,763.
Professeurs agrégés de l'en-
seignement supérieur pour
les humanités, cxi.
Professeurs étrangers, 65,
XXV1II,XLIV, 74.
Programmes de l'Université,
59, 60, 69, 74.^
Pyro (J.), xxviij.
Quérard, 20, 469 et suiv.
Question du grec, 802.
Quetelet (Ad.). XXVIII, 427
et suiv.. 470, 485, 395,
403 et suiv, 427, 443, 497
et suiv , 544 et suiv., 935.
Raikem (A.-F.-J.), 342. 540,
836, 4453 et suiv.
Raikem (G.-F.-J.), 509.
Rambert, 719,733.
Ramoux (le chirurgien) , 40,
568.
Baosonnet (le capitaine ) ,
4075.
Raoul, 409 et suiv.
Récamier (M"»»), 733.
Règlement organique de 4 81 6,
XXVIl et suiv., XXXVl ,
vij, xxxix.
Rémont , 780 , 837 , 4073,
1088, 4406.4430.
Renan (E.), 739.
Renard (C.),838,4053etsuiv.
Renard (L.) , père ^ 536,
4054.
Rensing, LXV.
Renversement du courant ,
674 et suiv.
Repelaer van Driel, ^8 , 57,
4066.
Rouleaux, 18 et suiv.
Révolution liégeoise, XVIII.
Revue ^e/^tf, 44, 304, 349,
415,416,973.
Revue dts deux mondes ,
743, 843.
Revue de Liège, 44, .973.
Revue universelle des mines ,
LXXV, 787, 958, 4057.
Robespierre, 538.
Rock (L.). 4084.
Rodembourg (Em.), 4093.
Roersch (L.-C), 766.
Rogier(Ch.),5,44 et suiv.,
XLIIet suiv., LXIII, 388,
289, 440, 663, 704, 730,
847, 894, 969 et suiv.,
4090 et suiv.
Rogier (F.), 749, 969.
Ron veaux (J.), 4153.
Rotteck, 642.
Rouffarl (l'abbé), 765.
Rouillé 'L.-P.) , 373 , 336,
532, 973.
Rousseau (P.), XV.
Rouveroy (Fréd.), XXXIX.
Royer(J.C), 533, 836,979.
Rucloux (J.), 4057 et suiv.,
4064.
Ruth (I.-A.), 534, 955.
Sainte-Beuve (Ch.-Aug.), 57.
703, 973, 4475, CxUv.
Sainte-Beuve (J. de), 704.
GXLIJ
TABLE ALPUÂBÊTIOUE.
St-Genois Jules de), 603 et
suiv.
Salle académique, 6, 2, 600,
406S.
Salpetier, H51, 1467.
Sauvage (L.), 4140.
Sauveur (DD.), 58, XXVIII,
«74,836, 663,914,4430.
Sauveur (DD.-J.-J.), 944.
Sauveur (H.), 454,912,4463
et suiv.
Say (J.-B.),696.
Schaar(M.), Ui.
Schelcr (Aug.), 495, 747.
Schmerling (Ph.-Ch.), 550.
Schmidl, 4474.
Schmit (de Bruxelles). 943.
Schmjl(j.-P.).232, 487,914,
4053, 4064, 4440 et suiv.,
4480.
Schollaerl, 277.
Scborn (P.), 4054,4052.
Schwann (Th.), 829^, 919,
940, 4442 et suiv., 4450.
Schwariz (N.-J.), 763, 765,
858, 936, Lxviij.
Séance académique du S no-
vembre 4867, 5.
Secours aux noyés, 595.
Séminaire épiscopal do Liège,
XÏV, 820.
Sentelet, 670.
Serres du Jardin botanique,
464, 4407 et suiv.
Siège des Universités, 55 et
suiv., 67 et suiv., XVII,
XLVII, 444,4046.
Simon (le commissaire H.),
567.
Simon (J.-H.-a.), 40, 566,
778, 983, 4425.
Société d'Emulation, XVI et
suiv., 49, 43, 404, 442,
442, 540.
Société d'enconragement pour
l'instruction élémentaire ,
XXIV, 3, 350.
Société d'étudianU, LXIX.
Société Franklin, 949.
Société générale, 295.
Société liégeoise de littérature
wallonne, 850.
Société littéraire de Bruxelles,
403 et suiv.
Société médico-chirurgicale
de Liège, LXXV, 752.
Société des sciences physi-
ques et médicales de Liège,
540. *
Société Pradèliennc, 742.
Société du samedi, LV.
Société royale des sciences,
LXXV, 463, 673.
Société Tandem,\\\, 369.
Somnambulisme, 584.
Sotiau(D.\.255, 4472.
Sottais, 553.
Sourds-muets et aveugles, 9,
850, 855, 982.
Sous-ingénieurs des mines,
1015, 4022 et suiv.
Sous-ingénieurs honoraires
des mines, 4023 et suiv.
Spring (J.-A.) , 24, 73, L et
suiv.,LVI, 429, 48o. 569,
845,915,938,4435,1442
et §uiv., 4450,4452, 4462
et suiv.
Slaedtler (H.), xxxiv.
Star Numan (C), 636, ix.
SUS (le chimiste), 55, 787.
Stas (le conseiller), 364 et
suiv.
Statistique. 580, 599.
Stecher (J.), XXI , 764 et
suiv. 948, 1047.
Stehres, 78.
Stévart(A.), 4125.
Stroesser (J.), 4053.
Struyckex (H.), XII.
Tableau général de la réparti-
tion des Cours de l'Univer-
sité depuis 4817, 985.
Tableau indicatif du nombre
des élèves qui ont fréquenté
l'Université de Liège depuis
4847, Y.
Tandel (N.-E.), LXIV, LXX,
574, 763, 859, 937.
Teichman, 67.
Télégraphes, 674 et suiv.
Temps (le), 784.
Termonia((î.), 748.
Terwangno (l'abbé),820 et s.,
4449,1435.
Thémis (la), 35, 604, 649.
Thiersch (Fr.) XLVlll.
Thiéry ( C. F.-A. ) , LXIV ,
4062.
Thimus (F.-G.-J.), 736.
Thiry(V.),746, 954.
Thoni8sen, XX, XLV, 285 et
suiv.
Tiedcmann, 300 et suiv.
Tilman (H.-J.), xvi.
Timmermans, 544, 547.
Tissinglon (T.), 4419.
Trasenster (L.), LU, 240,
422, 745, 864, 947,957,
4048, 4053, 4062, 4439.
Travail des femmes dans les
mines, 834.
TroisfoDUines (A.), 744, 745,
767, 963.
Troplong, Vi, 843.
Troubles de 4826-4827, 4i
64, XXX1I,467,274. '
Tychon (F.), 639.
Union des catholiques et des
libéraux, 44, XXIV, XXXm,
XLVII, 894, 960r
Univârsis discipimis, 336.
Université libre de Bruxelles,
68, IV, XLVII et s., 55,340.
Université deGand, fV, XLIV
etsuiv.,947, 4068, xxxi.
Université de Louvain (An-
cienne), 57, 55, XI et s.,
XV, XXXVI.
Université catholique de Lou-
vain, 68, IV, XLVII et s.,
LXXVI, 55, 340,4045.
Université de l'Etat, à Lou-
vain, XLIV et suiv., 450,
476, 4068.
Universités allem., XXXV,
LVI, LXXV, 860, 894,
919,938.
Universités (anciennes), IX et
suiv.
Université de Liège (Esprit
de), LXXVII.
Universités (Mission des) ,
LXXII.
Vaccine, 570.
Valerius (B.j, xiv, xv.
Van Aubel(J.-C.), 967, 4452,
4458, 4460.
Van Bommel (C.-R.-A.),
XXXII, 444.
Van Brabunt, 447.
Van Brcda, 395, 449 et suiv.
Van Crombrugghe^ 640.
Van der Burgh (J.-A.), xiij.
Vanderheyden (J.-H.), 588,
667, 4444.
Van dor Wijck, 357 et soiv.
Van de Wcyer (S), XIX, 67,
479, 494, 480, 747, 894,
xxxi et suiv.
Van Driessche, 853.
Van Galen, xiv.
Van Gobbelschroy, 274.
VanHalen(T.-U.-J.),xvy.
Van Hall (M.-C.), 352 et suiv.
Van Hasselt (A.), 642, 747.
Van Ilemert, 359, 373, 384.
Van Hoorick, 4028.
Vao Horen (F.-H.-G.), xxviij.
TABLE ALPHABËTIQUE.
Van Bulst(F.),i4,6»,74E,
96S.
VanHulUieni, 1TG. 118, WT.
VBDÎlIe (AccJim. de la). iOi.
Vïnlaip(C.-r.). 818, iIBSel
Van Haas, 398, 700.
VanRee9(R.>.20, iO. 65,
S71, 373,889, eS6, 738.
ViD RoosbroMk (F.), ivi.
Van Scherpenieel Tbim (J.),
aai, T47, 8it, oao, xxiv.
Van Vinclieroy [K.1, 1433.
Van VJoten, 3fi3, 383.
Van Wiùckler (G.-T.l , HS9 ,
HSÏ.
ViDsi iFr.), 980. 1448 et
VîeillB-Montagne, 780, 1141,
Vilain X]|[I, 843.
ViDeeoi(J.-H,), M7.
ViDgtqaalrearticles(lea),S88.
Visschera (A.) , 39S , 698 ,
1061.
VonCrass, 1194.
Votten, 313, S89, 11S0.
Warelaer [P.-r.\ liv.
Wagemaoo IJ.-C) , XXIX ,
XXXV, 99, SOI, 317, 596,
1068
ViUoDi (oaracUre des'.XXIX.
Waller IJ.-J.), XL, 1, 139,
!7S, 498, 1068.
Wantee, UI.
Warakanis (Ant.), 609.
WarnEœDig (L.-AI, XXX,
979, 376, 601, 641, 891,
899.896.4083,1130.
Wasuige (Ad ), 981, 1158,
1180, «ixv.
Wassaige (Cb.-Jos.), 148,
981.
Waion, Vni et soiv.
Weilcp. iJ.-C). lïi.
Wery(F.),1179.
Wtspïlaer iParc de), 399.
Weustenraad (Tb.), 747, 891,
979.
Weieiy-L.). 491,xl*. -
Wierli (A.l, 439.
Wilmart (P.-A.), 694, 666,
740.
Wilmseo, 8Si. '
WroDskI (B.), 498.
Warth tl.-r ), ivij.
WQrlh (J.-F.-X.), 369, 740,
Zandralli (J.), iLjj.
Zfan* (Th.), LXVfl, 148.
Zoologia (Cabinat de), 1011,
1l9ltetsiiiv.
CXLIV DERNIÈRES ADDITIONS ET CORRECTIONS.
DERNIÈRES ADDITIONS ET CORRECTIONS.
(V. cof. 1175 et p. cxxx).
— Le 13 octobre 1869 est mort à Paris Ch.-Âug. Sainte-Beuve, Tune des
gloires de la littérature française contemporaine. 11 a conservé jusqu'à la fln
Tattitude quil avait prise dans ces dernières années (v. ci-dessus, col. 717 et
750). D'après sa volonté formelle» aucune invitation n'a été adressée pour ses
obsèques, fixées au IG ; deux à trois mille personnes, parmi lesquelles un grand
nombre de hautes nolabilîlés de tout genre, ont néanmoins voulu accompagner
sa dépouille mortelle au cimetière de Mont-Parnasse. Point de discours : M.
La Caussade lui a adressé un simple adieu.
La veille de l'inhumation, M. le docteur Piogé avait procédé à l'autopsie du
cadavre. On a trouvé trois pierres, d'une dimension telle, quil eût été impossible
de les extraire pendant la vie du malade. Le corps a été ensuite embaumé (V. le
7fm/i«, n<» du 17 octobre).
Sainte-Beuve laisse inachevé, mais très-avancé, paratt-il, un travail consi-
dérable sur Proudhon et ses œuvres. Malgré ses souffrances, il semble avoir
pris pour devise le mot de Trajan : Oportet imperatorem staniem mon.
— Nous avons fait remarquer, dans une note de la page Lxviy, qu'un certain
nombre d'élèves , immédiatement après la révolution de 1850, se firent recevoir
docteurs à Louvain. — D'anciens étudiants nous rapportent qu'antérieurement
à cette époque, sous l'influence des ordonnances concernant l'emploi de la
langue hollandaise, on vit plus d'une fois des séries tout entières de candidats
en droit aller subir leurs derniers examens dans les Universités du nord.
Nous citerons entr'autres, pour l'année 18i5, MM. L. Masset (actuellement
bourgmestre de Herstal), Nierstrass, Siebens et Yan VIoten, qui terminèrent
à Ulrecht leurs études commencées à Liège. La thèse de M. Masset nous est
tombée sous la main ; elle est intitulée : De publicatione legum. — Cf. l'art
Dupont, col. 646.
— Sous ce titre : Les Floralies russes, M. Ed. Morren vient de publier son
rapport sur l'Exposition internationale d'horticulture de Saint Pétersbourg. Gand
(octobre) 1869, un vol. in-8**, avec vues et portraits.
— Fautes a corriger dans l'introduction. — P. VU ,1.4: réguliers , lisez
régaliens. — P. XLI, I. 7 (en remontant) : voies, lisez vues.
FIN.
/ •
V
.;