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Full text of "Magazin Encyclopédique : ou journal des sciences, des lettres et des arts"

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M-c^^A;^    Ui.  iirl-  iiA 


(f 


(N.°  I  7.)  Pluviose  an  i  0 

M   A   G  A  S   I 

ENCYCLOPEDIQUE,  ■ 

o  u 

JOURNAL  DES  SCIENCES, 

DES  LETTRES  ET  DES  ARTS, 

a  E  O  t  G  s 

Par  A.  L.  Millin. 


AVI  3    DU    LIBRAIRE. 

Le  prix  de  ce  Journal  est  fix^: 

h  9  fi'ancs  poiu-  trois  tnols^ 
i!)  fVaiits  jipur  six  inuis, 
36' tVaius  pdnr'iihaii, 
lanl  pour  Paris  que  pour  k's  Dcparteracns ,  franc  (\e  port. 

On  pent  s'adrcsscc  au  Bureau  da  Journal  pour  se  procure? 
lous  Ics  L/ivres  qui  paroisst-ut  en  Frantt  ci  cliez  I'elrangcr ,  el 
pour  loui  cc  (jui  couccrne  la  Librairic  aucicDuc  ct  moderuc. 

V^E  Journal,  aiiqucl  la  pliipart  des  liommes  qui  ont 
un  nom  dis(ingii£;,  une  reputation  justement  acquise 
dans  qiielqiie  partie  des  arts  on  des  sciences,  tels 
cfue  les  CC.  Alibert,  Dot,omiku,  Desgenettes, 
Bast,  Silvestre  de  Sacy,Fourcroy,  Halle , 

DUM^RIL,    ScHWElGHiECSER,    LACJE:pi:DE  ,  BaU- 

BiER,  Langles,  Lalande,  Lagrange,  Lebrun-, 
WarrOiV,  Mentelle,Barbi6du  Bocage,Bassi- 
irET,MoREr.LET,  Noel,  Obbrlin,  Chardon-la- 
RocHETTE,  Caillard,  Van -Moss,  Traulle, 

Tome   F.'(7.'""  An.) 


LfVEILt^,   CUVIEK,  GeOPFROY,  VENTElfAT^ 

Cavanilles,  Usxeri,  Boettiger,  Viscon-ti> 

ViLLOlSON,  WiT.LEMET,  WiNCKLER,  ClC.  fournis- 

sent  des  M^nioires,  contJent  I'exirait  des  principaux 
ouvrages  nationaux :  on  s'attache  surtout  a  en  donner 
une  analyse  exacte^  et  ci  la  faire  paroitre  le  pi  us  prorap- 
tenient  possible  apresleurpublication.  On  y  donneune 
notice  des  meilleurs  Merits  imprimis  chez  I'^tranger. 

On  y  insere  les  m^nioires  ies  plus  interessans  sur 
toutes  les  parties  des  arts  et  des  sciences;  on  choisit 
principaletnent  ceux  qui  sont  propres  a  en  accddrer  les 
progres. 
_  On  y  public  les  d^couvertes  ingenieuses ,  les  inven- 
tions utiles  dans  tous  les  genres.  On  y  reud  conipte 
des  experiences  nouvelles.  On  y  donne  an  pr^ds  de 
ce  que  les  stances  des  soci^t^s  litt^raires  ont  oiFert 
de  plus  int^ressant ;  une  description  de  ce  que  les  d^-, 
pots  d'objets  d'arts  et  des  sciences  renferment  de  plus 
curieux. 

On  y  trouve  des  notices  sur  la  vie  et  les  ouvrages 
desSavans,  des  Litterateurs  et  des  Artistes  dlstingu^s 
dont  on  regrette  la  perte;  enfin,  les  nouvelles  littd- 
raires  de  toute  espece. 

Ce  Journal  est  compost  de  six  volumes  in-S."*  par 
an,  de  6co  pages  cbacun.  II  paroit  le  premier  de 
chaque  mois.  La  livraison  esf  divis^e  eo  deux  ni^ 
Bieros,  chacun  de  9  feujlles. 

On  s'adresse,  pour  I'kbonnement,  a  Paris,  au  Bu- 
reau du  MagasinEncyclop^dique,  chez  le  C.  FuCHS^ 
Libraire  ,  rue  des  Mathurins ,  hotel  Cluny. 

.    A      .    J  f  thez  la  \  ei  ve  Cliaiicuion  et  d'Heua&t. 

A  Amsterdam,  •<     1       ■«-       r    ri 
'  \  cliez  V  au-  Gulik. 

A  Bruxcllcs,  cliez  Leinaire. 

A  Florenti;,  cliez  Muliui. 

A  Fiaucfoit-sur-le-Mciii,  cliCz  Fleisclics. 

.    -,     ,  f  cliez  Mangel. 

A  Cenfcve,  j^j,^^p^^^4„^, 

A  Uaiuboiirg',  clicz  Holluiauji. 

A  Leipsic,  clicz  Wolf. 

A  Levdc ,  tlicz  les  lit-ies  Murray. 

A  Luiulrcs,  thcz  de  Boffc  ,  Gerard  Street. 

A  Strasbourg,  clicz  Levrault. 

A  A  iennc,  tlicz  Degcn. 

A  WescI,  cliez  Gelsler,  Dircctcur  des  PosUt^ 

II  faut  afixancbir  les  leltres. 


i  A  GAS  I 


ENCYCLOPEDIQUE. 


VII.'     A  N   N  E   E. 


TOME    V. 


^.  /ObO  . 


A  G  A  S  I 

ENCYCLOPEDIQUE, 

o  u 

JOURNAL  DES  SCIENCES, 

DES  LETTRES  ET  DES  ARTS; 

R  E  D  I  G  6 

PAR    A.    L.    M  I  L  L  I  N , 

CONSEltP^ATEVR  des  Antiques ,  Medaillcs  et  Plerres  gravees 
de  la  Biblicthe'que  nationale  de  Fnnice ,  Prqfessciir  d'Ui- 
stoire  el  d'Antiquites ;  des  Societ^s  d'lJisioire  nulurelle  _, 
■philnmalhiqiie  ,  des  Observateurs  de  riiomme ,  medicale 
d^ emulation  de  PariSy  de  Medeciiie  de  Bnixelles;  des  Hocie- 
tesde  Rouen y  d Abbeville,  de  Boulogne ,  de  Poitiers ,  de 
Niort  J  de  Marseille,  de  Nisines,  d'Alencon ,  dc  Grenoble,  de 
Colmar  et  de  Strasbourg;  des  Academies  deGceltingiie, des 
Ciirieux  de  la  Nature  a  Erlang ,  de  Dublin  ,  de  la  Societe 
Linneenne'de  Londres  ;  des  Sciences  physiques  de  Zurich  ^ 
cCHistoire  naturelle  et  de  Mineralogie  d'lena ,  etc.  etc. 

V  11/     ANNE    E. 
TOME     C  I  N  Q  U  I  E  M  E.        " 

A     PARIS, 

Chez    F  U  C  H  s  ,    Libraire  ,    rue    des    Matliurins  , 
maison  c!e   Cluny,  n."  334. 

A  It  IX.  —  iCor, 


A    MONSIF.  UE 

Henri-Charles-Ernest  KOEHLER, 

BIBLIOTIIECAIRE 

DE     l'eMPEREUR     DE     RUSSIE, 
CONSERVATEUR 

DU     CABIRET     IMPERIAL     d'A  N  T  I  O  U  1  T  £  S  ; 

H  O  M  M  A  G  E 

DE  DEVOUEMENT  ET  DE  RESPFXT. 


M    A    G    A   S    I    f 

ENCYCLOPEDIQUE. 


L  I  T  T  E  R  A  T  U  11  E. 

Voyage  en  Italle  de  M.  Vahbt  Barthe- 
ZEMFj,  de  V Academic  francaise  ,  de  celle 
des  inscriplions  et  bell^s-lelttes ,  et  auleiir 
du  Voyage  d'Anacharsls,  imprime  snr  Ics 
Icllres  oiis^incdes  ,  ecriles  an  cointe  de  Cay- 
lus  J  avec  un  oppeiidice  oh  se  trouvcni  dcs 
morceaux  inedils  de  Winchelmann  ,  du  P. 
Jacqiiicr,  de  Vabhe  Zarillo ,  academicica 
d'Herculanum  et  antiquairc  du,  vol  de 
Naples ,  et  d' autre s  savans  j  pnblie  par  A. 
Serves  J,  biblio  thecal  re  du  Prjtance  ,  et 
communique y  pendant  V impression,  au  se- 
nateur  neveu  de  cet  academicicn  ,  ct  au. 
directeur  de  la  monnoie  des  medaillcs , 
son  compagnon  de  •vojage  en  Italic.  A 
Paris,  chez  F.  Buisson,  impn'm.-Iibraire, 
rue  HanleCeuille ,  n.*  20.  An  x  (1801).  8.** 
de  482  pages. 

L/EPUis  la  mort  de  Bartlielemy ,  on  a  recliercli^ 
avec  soin  tout  ce  qu'on  a  purecueillir  de  ce  c^lebie 

A  4 


8  L'lltcralnre. 

anllquaire,  et  on  a  formd  deux  volumes  Ac  melanges, 
imprimes  a  Paris,  cHq?  Jansen  :  c'etoit  foutcequ'on 
croyoit  devoir  esp^rer.  La  publicafioji  de  Letlres, 
inediles  cxcife  agr^ablement  la  surprise  des  gens  de 
Jettres.  Et  encore,  d'oii  ces  lellres  ont-elles  ^te 
ecrifes  ?  dc  I'lfalie,  le  pays  qui  devoit  le  pins  Frap- 
pcr  rimagination  vive  de  I'autcur.  Et  a  qui  sont-elles 
adress^es?  au  comle  de  Cayhis,  a  rhomme  qui  a 
peut-etre  le  plus  contribu^'  aux  v(^ritahlos  progres 
de  la  science  des  alatiqull^s ,  en  la  dirigeant  vers 
IVtudc  des  bcaux-arls;  a  un  bomaae  que  les  nations 
^(rangeres  envient  a  la  France  qui  ne  I'honore  peut^ 
iStre  pas  assez. 

Ces  lelfres  existent  dans  un  t'to'il^lis^senient  litte- 
rairc  ,  confix  a  la  garde  du  C.  Serves  qui  les  pu- 
blie  ;  il  est  probable  que  c'est  la  bibliotb^que  du 
P-rytan^e,  pui^que  c'est  lui  qui  en  est  le  bibliothe- 
caire.  EUes  Violent  disseminees  dans  des  porte- 
feuilles  qui  avoient  jaclis  appartenu  au  conite  de 
Caylus  ;  I'^diteur  s'engage  a  montrer  les  originaux 
a  ceux  qui  desireront  les  vo'r.  11  ne  reste  dune  au- 
pun  doute  snr  leur  aulhenticile ;  d'ailleurs  ,  la  ma- 
niere  dont  elles  sont  ^crites  ,  les  connoissances  qui 
y  sbnt  r(^pandiies  ,  prouvent  bicn  qu'elies  ne  sent  pas 
suppojccs. 

(^es  httres  sont  du  plus  grand  inl^ret,  parce 
qu'elies  font  mieux  connoi're  Ic  caraclcre  franc, 
aimable,  sensible  et  gai  du  bnn  et  docte  Baithe- 
lemy ,  que  les  notices  biogrnpbiques  qui  ont  (16 
publiees  ,  nialgr(?  tout  leur  nierite  ,  ear  files  sont 
dues  a  des  hommes  d'esprit  et  de  talens.  Des  ir^it§ 


Melanges.  9 

malins  sont  plac(?s  a  c6t(?  d'expressions  plcines  de 
d^'licafesse  et  de  sentiment  ;  elles  ont  I'int^^iet  que 
doit  leur  donner  la  variett?  des  sujefs  qui  y  sont 
tiaites,  ct  elles  ont  en  metne  temps  le  chainie  de 
la  nc^gligence  et  de  la  naivete.  Les  eiudlls  y  appren- 
dront  peu  de  chose  sans  doute,  parce  qu'il  y  a  60 
ans  qu'elles  ont  ^l^  ^crites,  et  que  les  nionumens  et 
les  personnes  sur  lesquels  on  trouve  des  details,  ont 
<^te  bien  connus  depuis,  Mais  les  gens  du  monde  y 
feront  agrdabiemcnt  ua  petit  cours  d'antiquile  ,  et 
le  chat nie  de  la  diction  piocurera  a  tons  du  plaisir. 

Ces  leitres  sont  au  nombre  de  ^g;  les  premieres 
sont  ^elites  de  Dijon,  de  Lyon  et  de  quelques  villes 
du  midi.On  y  voit  que  Barthelemy  avoit  eu  le  pio- 
jet  de  lire  I'inscription  de  la  niaison  Carrt'e  ,  en  sui- 
vant  la  trace  des  clous  qui  attachoient  les  leitres  de 
bronze.  Serlio  I'avot  lente  avant  ,  et  Seguier  I'a 
execute  depuis.  Barihelemy  pavie  de  Tare  d'Orange, 
de  S.  Remy  ,  des  cabinets  qu'il  observe  ,  ct  s'occupe, 
a  Marseille  ,  a  empaquetcr  le  riche  niedyiller  de 
Gary,  qui  a  et^  r(?uni  par  ses  soins  au  Cabinet  na- 
tional. C'est  a  Marseille  qu'il  aci-.ete  le  fameux  Ve- 
Iranio  Augustus  ,  qui  est  dans  le  Cabinet  national. 
Sa  negocialion  avec  I'abb^  Boule  pour  I'obtenir,  ses 
craintes  de  ne  pas  I'avoir  ,  les  ruses  qu'il  empioie, 
]a  description  qu'il  fait  du  nianoir  de  cet  antiquaiie, 
sont  extreraement  piquantes. 

Barlheleniy  arrive  a  Genes,  s'empresse  de  mon- 
ter  le  t;ibleaii  peint  a  I'cncaustique  ,  par  Cavlus, 
Partout  il  desire  voir ,  s'instruiie ,  et  surtout  faire 
de  nouvelics  acquisitions,  pour  enrichir  le  cabinet 


lo  Li  Herat  lire. 

confix  a  ses  solis.  Void  la  maniere  dont  11  s'exprime 
sur  le  c^lebre  baron  de  Stosch. 

"  Nous  avons  fouilleaussi  dans  le  cabinet  du  ba- 
<<  ron  de  Stosch.  Je  lui  al  remisvos  soufres  qu'il  a  reciis 
«  avec  plaisir ,  et  votie  livre  qu'il  a  lu  avec  autant 
"  d'avidite  que  de  satisfaction  ;  son  cabinet  est  im- 
"  rnense  :  vingt-cinq  mille  soufres,  des  estampes,des 
"  pierres  gravies,  des  antiques,  des  medailles  ,  des 
««  manuscrifs,  des  cartes  de  geograpbie,  des  dessins. 
«  II  a  d^pouill^  I'ltalie,  et  la  tient  encore  asservie  par 
«  ses  coriespondans  ;  il  m'a  tout  montre,  et  ne  m'a 
«  rien  c^d^.  Je  me  suis  abaissejusqu'aux  prteres;elles 
«  ont  endurci  un  coeur  qui  naturellement  h'est  pas 
H  tendre.  J'ai  trioraplK?  de  la  resistance  feroce  de 
«  I'abbe  Boule  et  de  quclques  autres  brocanteurs. 

Je  ne  irioinphe  pas  du  plus  puissant  de  tous. 

<•  J'en  suis  d<?so1^,  sans  en  ctre  abattu.  Je  viens  d'our- 
»  dir  des  tranies  dont  il  sera  entoure  pendant  nion 
•  absence ,  et  J'aurai  peut  -  etre  le  double  plaisfr 
«  d'avoir  ce  qu'il  desire,  cf  de  I'avoir  malgr^  lui.  •• 

II  parle  d'une  maniere  a  la  fois  gaie  et  touchante 
tic  Gori  ,  qu'il  pelnt  <•  cberchanl  des  conjectures  ,  et 
"  en  trcuvant  bcaucoup;  desprotecfeurs,  etn'en  trou- 
■«   vant  point. »  II  le  recommande  a  I'amiti^  du  comte. 

Bartbelemy  est  a  Rome.  Quelle  vive  sensation 
produit  sur  lui  la  vue  de  cctte  ville!  <<  On  ne  peut 
«  se  dire  antiquaire  ,  ^crit-il,  quand  on  n'est  pas 
"  sorti  de  France.  C'est  en  Italic  qu'il  faut  cherchcr 
"  des  antiques  : 

Jamais  on  ne  vaincra  les  Romains  que  dans  Rome. 

Ce  qu'il  a  dit  s'cst  justifi^. 


Melanges'.  1 1 

Dans  tout  le  coins  de  scs  le((res  ,  Baitlielemy 
parle  de  I'Acad^m'e  des  belles  -  lettres,  tonmie  de 
I'objet  de  ses  plus  cliercs  affections.  II  s'int^resse  a 
scs  elections  ;  il  s'e'mporte  contre  les  prostitutions 
de  ses  faveuis  ,  et  c'est  liii  qui  procure  a  ce  corps 
c^Iebre  et  qui  a  rendu  tant  de  services  aux  lettres, 
Gori  ,  Passionei,  Mazzocchi  ,  Paci^udi.  II  s'occupe 
aussi  de  procurer  a  son  ami,  le  comte  de  Caylus  , 
quelque  morceau  qui  soit  digne  d'entrer  dans  sa 
collection.  Yoici  ce  qu'il  lui  dit,  a  ce  sujet  ,  d'un 
amateur  appel^  Giraldi.  «  J'ai  vu  Giraldi  qui  ne  ni'a 
■<  pas  reconnu  ,  quoique  je  I'eusse  vh  plusieurs  fois 
<•  cbez  M.  de  Gouvernet.  II  est  abb^,  mari^  ,  cliy- 
"  miste  et  antiquaire;  il  aune  femme  infiniment  jo- 
t<  lie,  dont  il  est  infiniment  jaloux,et  des  antiquites 
"  dont  il  ne  paroit  pas  trop  se  soucier.  A  mon  re- 
<•  tovir  de  Naples,  jc  compte  vous  envoyer  le  tout, 
«  a  I'exception  de  la  fcnime.  » 

Bariheleniy  va  a  Naples.  La  g^ne  avec  laquelle 
on  peut  visiler  Herculanum,  le  Musee  de  Portici, 
]o  tourmente.  II  y  donne  des  notices. .sur  ce  pere 
Baiardi ,  qui  avoit  ^crit  cinq  volumes  in  4.°  sur  les 
anliqnit^s  de  la  ville,  et  qui  n'y  eloit  pas  encore 
arriv^  a  la  fin  du  cinquieme  volume.  II  donne  quel- 
ques  notices  sur  lespelntures  et  les  monumens  qui, 
depuiscetle  ^[)oque  ,  onl  (^((^publies,  Enfin  il  s'accuse 
d'avoir  ete  trompi*  dans  I'acquisiiion  d'un  prf^tendu 
tableau  antique,  par  le  faussaire  Giuseppe  Guerra, 
dont  I'histoire  est  trcs-connue.  11  raconte  au'^si  d'une 
maniere  plaisante  son  duel  avec  un  capilan  napo- 
litain,  a   Capoue.  «  Nous  arrivames,  dil-il ,  dans 


1 2  Licteraturc. 

■  cetle  ville  ,  sur  les  cinq  heuies  ,  vers  le  milieu 

■  de  Janvier;  c'etoit  en  venant  de  Naples.  II  faisoit 

■  encore  un  pen  de  Jour;  nous  voulumes  en  profiter 
■"  pour  aller  a  la  calh(?clrale.  Ea  passant  par  une 
«  grande  place,  travers^e  par  le  grand  chemin   de 

■  Naples  ,  j'apercus  ,  au  coin  d'une  maison  ,  line  in- 
"  scription  attacli^e  au  mur  ;  je  m'amusai  a  la  co- 
«<  pier:  le  president  et  nos  deux  jeunes  artistes  con- 
«  tinuerent  leur  route.  Le  pei'ple  m'entoura  ;  quand 
"  j'eus  fini  ,  il  me  conduisit  presque  malgrd  moi 
"   dans  une   arcade  vis-a-vis,    placee  aupres  d'une 

•  eglise  et  nommee  I'arcade  des  PP.  Th^atins.  J'y 
••  vis  effcctivement  quelques  inscriptions  ,  et  entre 
«  autres  celle  qui  concerne  I'auteur  de  I'amphiths^a- 
"  tre  de  Capoue  ,  avec  un  bas-relief  ou  sont  repr^- 
«  sentees  les  machines  pour  elever  cet  amphitheatre. 
«  Je  montai  sur  une  banquette  pour  copier  I'lnscrip- 
•<  tion.  On  faisoit  du  bruit  derriere  moi  ;  mais  les 
n  Napolitains  sont  grands  parleurs  ,  et  je  n'y  faisois 
•«  pas  attention.  Tout- a- coup  le  bruit  augmente; 
"  j'entends  une  voix  qui  s'adresse  a  moi  et  qui  ra'or- 
"  donne  de  descendre,  et  aussitot  je  vois  venir  a 
•<  moi  un  grand  diable  d'ofRcier  en  fureur  ,  qui ,  sans 
"  me  donner  le  temps  de  lui   ob^ir,  me  prend  par 

•  le  bras  et  me  pousse  avec  violence  et  a  plusieurs 
"  reprises,  au  milieu  de  cette  populace,  ea  m'ac- 
"  cablant  d'injures  et  me  mcnacant  de  la  prison.  11 
•"  ne  me  donna  pas  le  temps  de  parler  ,  et  il  dispa- 
"  rut;  alors  je  crus  rever.  Je  demandai  tout  ce  que 
"  cela  signifioit  :  on  me  dit  qu'a  un  autre  cote  de 
«   la  place  asscz  ^loigne ,   il  y  avoit  un  corps-de- 


Melanges.  i3l 

"  garde,  et  que  cette  arcade  faisoit  par  lie  du  corps- 
'•  de-garde,  ct  que  je  n'aurois  pas  du  y  cntrer  sans 
••  la  permission  de  cet  officier.  Vous  croyez  bien  que 
<■  Je  ne  savois  rien  de  lout  cela  ;  je  demandai  le  nom 

•  de  ce  capitan  5  on  me  le  dit  avec  peine,  et  j'allai 
"  rejoindre  le  president.  •• 

"  A  notre  retour,  il  fallut  repasser  par  la  place. 

•  L'ofRcier  s'y  promenoit.  II  vint  a  moi  ;  et ,  pre- 
"  nant  le  ton  du  monde  le  plus  extraordinaire,  il 
«  me  dit  qu'il  avoit  appris  que  j'avois  demands  son 
"  nom  ,  qu'il  s'appeloit  Nicolo  Ciampinelli;  que  si 
"  je  voulols  me  battre  avec  lui  ,  je  n'avois  qu'a 
"  choisir  le  champ  de  bataille.  II  faut  remarquer 
•<  qu'en  me  faisant  ce  d^fi  ,  il  m'appeloit  signor 
"  Abbate.  Je  voulois  lui  repondre  ;  il  me  coupoit 
•«  la  parole,  entroit  en  fureur,  et  finit  par  me  dire 
•«  que  je  devois  m'estimer  heureux  de  ce  qu'il  en 
«■  avoit  agi  avec  autant  de  moderation.  En  me  di- 
"  sant  tout  cela,  il  me  tenoit  par  la  main,  et  me 
«'  faisoit  un  mal  affrenx  ,  comme  un  fou  a  qui  la 
-  folie  donne  de  nouvelles  forces;  je  retirai  enfin 
"  ma  main  ,  et  je  m'en  allai  a  I'auberge.  Un  instant 
•■  apres  ,  je  portai  mes  plaintes  au  commandant, 
«  Mais,  apparemment  qu'il  avoit  ^t^  prerenu,  je 
«  ne  pus  pas  le  voir.  J'en  ^crivis  le  soir  meme  a 
"  M.  le  marquis  d'Ossun,  qui  ne  recut  ma  lettre 
«•  que  trois  semaines  apres,  et  qui  m'en  ecrivit  une 
"  tres-obligeante.  II  m'assuroit  que  cet  officier  seroit 
"  puni,  qnoiqu'il  se  dit  neveu  de  M.  le  marquis 
••  Tanucci  ,  ministre  et  secretaire  d'etat.  Depuis  , 
"  ie  n'ai  plus  entendu  parler  de  rien;  mais  je  u'ou- 


1 4  LiUeratufe. 

«  blierai  de  ma  vie  don  Nicolo  Ciamplnelll  ,  lleii-' 
..  tenant  des  grenadiers  au  regiment  de  royal 
«  Naples.  •• 

Barlhelemy  revint  a  Rome,  toujoiirs  occup^  de 
procurer  au  cabinet  des  m(?dallles  ,  le  plus  clier  objet 
de  ses  affections,  de  nouvclles  richesses,  eta  I'Aca- 
d^niie  des  belles  lettres,  de  savans  et  utiles  corres- 
pondans.  Les  noms  de  Mazzocchi ,  Botfarl  ,  Corsini  , 
Gori,  Raiardi ,  Passionei  qu'il  propose,  sont  suffi- 
saii'ment  connus  pour  faire  voir  que  le  m<?rite  seul 
atfiroit  son  attention. 

Un  pas  age  de  la  lettre  XXXV  pjouve  avec  quel 
soin  cet  homme  si  habile  rejcloit  tou(  le  vain  dta- 
lage  de  I'c'rudition.  II  ^crit  au  conite  de  Caylus, 
qui  !ui  a  niand^  son  embarras  pour  repondre  au 
prince  Rezzonico  ,  qui  lui  c-'.voit  envoye  une  lettre 
^crite  en  beau  latin.  ■<  L'embairas  que  vous  a  caus^ 
«  la  letfre  du  com^e  Perzonii-o  ni 'amuse;  je  vous  en 
«  d.emande  pardon  :  niais  je  suis  bien  alse  de  voir 
V  que  les  Ilaliens  vous  accablent  delalin  ,  et  qu'ils 
n  se  lourmenfent  pour  cbercher  dans  Cic^ron  des 
"  tours  de  phrases  propres  a  ni^ri(er  votre  approba- 
«f  tion.  Si  je  vois  ce  comte,  je  lui  dirai  que  vous 
«  n'aimez  que  cetle  langue,  et  que  c'est  par  poli- 
"  tesse  pour  votre  nation  que  vous  nel'^crivez  point. 
«  J'ai  vu  avec  un  plaisir  iiifmi  que,  pour  vous  tirer 
•■  de  peine,  vous  vous  reconiniandiez  enfln  a  la  Pro- 
«<  videuce.  C'est  un  aveu  que  je  mettrai  a  profit. 
«  J'avoue  n^anmoins  que  vous  n'aviez  pas  a  vous 
«  troubler.  Repoussez  ce  latin  avec  du  francais  ;  tous 
«  les  Itaiiens  rcntendeut ,  ou  au  moins  ne  sont  pas 


i 


Melanges.  1 5 

w  faclies  d'en  avoir  la  reputation.  2p  ne  leiir  ecris 
"  jamais  aiitietiient ,  i."  parce  que  je  ii'ai  pas  la  pra- 
••  tiqiie  d'ecrire  en  Tlalicn;  2.°  parce  cjuc  j'ai  perdu 
<■  celle  d'ecrire  en  latin,  ce  qui  n'cst  pas  trop  bien  ; 
n  3.°  parce  que  notre  langue  doit  nous  Inspirer  la 
«  vanity   de  la  produire.  •> 

Le  reste  n'est  rempli  que  de  d(?tails  minutieux, 
relatifs  a  son  voyage.  Ces  lettres  n'e'foient  pas  des- 
tinees  a  ^tre  publi^es  ;  jamais  meme  Barlhelemy  ne 
les  auroit  Sorites,  s'il  avoit  pens^  qu'elles  pussent 
I'etre.  On  ne  doit  pas  y  chercher  des  details  bien 
importans;  la  plupart  des  faits  qu'il  ne  fait  qu'in- 
diquer  ont  ^\.€  developp^s  depuis  dans  de  savans 
ouvrages.  Mais  ce  qu'on  doit  remarquer  dans  ces 
lettres,  c'est  ce  gout,  cette  urbanite,  cette  finesse, 
cette  grace;  et  comme  le  remarque,  a  juste  tltre  , 
I'^diteur,  le  molle  et  facetinn  d'Horace. 

L'^diteur  a  joint  a  ces  lettres  un  appendix  con- 
tenant  onze  pieces  qui  y  sont  relatives.  Quelques- 
unes  sont  tropconnues,  et  ne  devoient  pas  ^tre  re- 
produifes  ici.  Ce  sont  des  fragmens  des  m^moires 
de  la  vie  de  Barthelemy  ,  qui  passent  pour  avoir  ^t^ 
<^crits  par  lui-meme,  et  sont  I'ouvrage  d'un  littera- 
teur elegant  et  habile,  qui  a  longtemps  v^cu  dans 
son  intimity  ;  des  fragmens  du  recueil  d'opuscules 
de  Barthelemy ,  publie  il  y  a  deux  ans  par  le  C. 
Sainte-Croix  ,  chez  Jansen  ;  enfin  ses  m^moires  sue 
les  monumens  de  Rome,  ins^r^s  dans  le  recueil  de 
TAcad^raie  des  belles  lettres.  Ces  ouvrages  sont  a 
la  port^e  de  tout  le  monde ,  et  il  suffisoit  de  les  indl- 
quer.  Les  autres  pieces  sont  anecdotes  ,  et  I'editeur 


1 6  Litleralure . 

a  fai(  line  cliose  utile  en  les  publiant.  Ce  sont  cleS 
morceaiix  qii'il  a  encore  trouvt^s  clans  les  prpieis  de 
Caylus,ou  quiluiont  ^l^  fournis  par  quelques  amis. 
Ce  sont  iin  peiit  m^nioire  de  Barthelemy,  sur  la 
manicre  dont  les  anclens  travaillolent  !e  veire;  di- 
vers jii^emens  sur  les  anfiquitt^s  d'Herciilanum  ;  des 
letlres  de  Mazzochi,  Rczzonico,  Jaquier  ,  etc.; 
une  notice  de  I'abbe  Zarillo ,  sur  la  d^couverte 
d'Hficulanum  ;  une  autre,  du  meme,  sur  les  pein- 
tiires  s'jppos^es  antiques  ,  faites  par  Guerra  ,  ces 
peintures  qui  ont  Itoinp^  ,  a  Rome  ,  Contucci ,  Bar- 
jheleray,  Lacondamine  et  plusieurs  autre?  savans  ; 
quclqufs  details  sur  I'arrestation  de  Barthelemy  pen- 
dont  la  to-neur  ,  et  siir  sa  niise    en  liberte, 

L'ouvrage  est  d^dl^  a  M.^e  de  Choiseul,  et  pr^- 
c^d^  d'une  preface,  dans  laquelle  I'editeur  rend 
conjpte  de  la  maniere  dont  il  a  trouv^  ces  lettres, 
dont  il  ofFre  de  montrer  les  originaux.  Nous  lui  ob- 
serverons  qu'il'se  trompe  dans  cette  preface,  en  dt- 
sant  que  I'abbe  Zarillo  est  attache  an  cabinet  des 
M^dailles.  Cela  n'est  point,  et  n'a  jamais  die.  L'ou- 
vrage est  termini  par  une  table  des  matieres.  D'a- 
pres  re  que  dit  I'editeur,  il  paroit  qu'il  possede  Ja 
correspondance  entiere  de  Caylus  avec  quelques  sa- 
Tans.  llaura  bien  indritd  des  lettres  en  la  publiant. 

A.  L.  M. 


LlLL^RATUEK, 


CRITIQUE. 

RemARQDES  cridqiies  snr  roin'ra^e  in/i~ 
title  Lexicologie  \*par  Ic  C.  Bvtet.  Piuis. 
1801. 

1  ARM  I  les  ouvrages  qui  pourroieot  elre  utiles  a  la 
litlerature,  il  en  est  un  qui  scnible  d'une  n^cessit«? 
indispensable ;  c'tst  une  critique  laisonnable  et  jiisfe 
des  journaux  ,  qui  sont  eux-niemes  rorj;ane  de  hi 
critique,  et  qui  ne  sont  trop  souvent  tii  jusles  pour 
les  ouvrages  et  les  auteurs  ,  ni  propies  a  avancer  Ics 
progres  de  la  raison  et  du  gout. 

A  la  v^iite  ,  ce  seroit  un  metlfr  difficile  et  dan- 
geieux  que  celui  d'un  rediesseur  des  torts  des  jour- 
naux ,  qui  auroit  n(;cessairemeut  a  corabattre  une 
nu^e  d'enneuiis  ,  et  a  rendre  un  combat  tous  les 
jours.  Ce  seroit  I'Esaii  de  la  Bible  :  Ma/uts  ejus 
contra  omnes  ,  maims  omtiiKin  contra  eunt,  Mais  ie 
ne  supposerai  pas  non  plus  qu'un  seul  homine  put 
cntreprtndre  une  si  grande  tache.  Une  association 
litt^raire  seroit  nf^cessaire  pour  I'exccutcr,  et  si  ua 
pareil  tribunal  s'^levoit  ,  je  me  sens  assez  de  cou- 
rage pour  y  remplir  les  fonctions  de  procureur  ge- 
neral et  de  partie  publique  coatreles  mauvais  ^cii- 
vains  et  les  charlatans  de  savoir,  et ,  en  gf^neial  , 
contra  les  corrupteurs  du  goiit  el  les  ennenils  de  la 
raison. 

Ccs  reflexions  ,  je  suis  facb^  de  le  dire  ,  m'ont 
^t^  sugg^r^es  par  la  lecture  U'un  article  du  Jourhui 

Tome   V.  B 


1 8  Crilifjue. 

de  Paris  ,  du  mois  de  fructidor  an  9  ,  ou  Ton  fait 
iin  ^loge  pompeux  d'lm  ouviage  intitule  :  Abr^ge 
dun  Coursconipletde  Lexicologie  ^  par  le  C.  BUTET, 
membre  de  beaucoup  de  Lyc(?es. 

Selon  I'aiiteinde  l'aiticle,'«  des  vues  neures,  des 
••  idees  profondes,  uiie  nomenclature  lumlneiise  dls- 
•<  tinguent  cet  inoportant  ouvrage  de  la  foule  de  ceux 
..  qui  ont  paru  sur  cette  matiere  encore  si  peu  con- 
..  nue.  Ce  beau  travail  fait  faire  un  grand  pas  a  la 
•  th^orie  des  langues,  et  nous  assure  les  inoyens  de 
«  parvenir  sans  hearts  a  la  connoissance  precise  des 
«  mots  et  de  leurs  diff^rentes  valeurs.  »  Enfin  ,  on 
n'a  pas  pu  louer  davantage  la  grammaire  g^nerale  de 
Port-Royal,  et  les  meilleurs  ecrits  de  Dumarsais. 

Je  le  dirai  franchement  ,  mon  opinion  sur  I'ou- 
vrao^e  du  C.  Butet  est  toute  oppos^e  a  celle  du 
jouvnaliste.  Je  n'y  trouve  ni  vues  neuves ,  ni  id^es 
profondes;  mais  seulement  des  id^es  tres-communes 
et  souvent  peu  jusfes  ,  pr^sent^es  avec  eniphase  ; 
line  nomenclature  inutile  et  vicieuse ,  plus  propre 
a  obscurcir  qu'a  expiiquer  le  petit  nombre  de  verltes 
et  de  priucipes  qu'on  peut  ^tablir ;  une  m^thode 
minuiieuse  et  pedantesque,  nuisible  a  la  veritable 
et  sollde  instruction.  Enfin  ,  je  trouve  qu'appeler 
ccia  un  beau  travail  qui  fait  faire  un  grand  pas  a 
la  th^orie  des  langues,  c'est  se  moquer  de  ses  !ec- 
teurs,  ou  supposer  du  moins  qu'aucun  de  ceux  a 
qui  on  dit  tant  de  merveilles  du  livre,  ne  prendra 
la  peine  de  I'ouvrir, 

On  me  dira  sans  doute  :  voila  un  jugement  bien 
dui-  et  bien  tranche  ,  injuvieux  a  la  fois  a  Tauteur  et 


Lexicologie.  1 9 

auioiirnaliste.  Non  ,  repondrai-je  ;  jene  fais  injure  ni 
a  I'auteur  du  llvre,  ni  a  celui  de  I'aiticle.  Car  I'in- 
;ure  est  aiix  personnes  ,  et  je  n'cn  veux  qu'a  I'article 
et  a  I'ouvrage.  Je  les  crois  I'un  et  I'aulre  de  bonne- 
foi;  I'liu  dans  I'id^e  qu'il  s'est  faite  du  luerile  de 
son  travail  ,  I'autre  dans  le  bien  qu'il  en  dit.  Mais 
conime  j'e  trouve  qu'ils  se  trompent  I'un  et  I'autre  ^ 
je  ledirai;  et ,  qui  plus  est,  je  le  prouveiai. 

C'esl  uh  efFet  natuiel  des  ^ioge:;  exagc?r(?s,  de  pro- 
voquer  Ja  critique  ;  'e  me  laisse  aller  a  ce  niouve^ 
inent ,  et  j'entreprends  de  faire  connoiire  les  defauts 
de  I'ouvrage  par  quelques  observationes  g^nerales 
sur  la  forme  et  sur  le  resullat  de  ce  travail. 

J'appelle /ornje,  dans  I'ouvrage  du  C.  Bufet ,  sa 
m^thode ,  sa  maniere  de  proceder  dans  I'instruclion 
qu'il  veut  repandre,  les  principes  g^neraux  sur  les- 
quels  reposent  les  analyses  qu'il  pretend  faire  des 
mots;  et  resultat ^  I'usage  qu'il  fait  faire  a  ses  e!e- 
ves  de  ses  principes  "pour  decomposer  les  mots  ,  et 
les  composer  au  besoin  des  ^l^mens  dont  ils  sont: 
form<5s. 

■  Je  commence  par  sa  m^thode  et  ses  principes 
gdn^raux,  et  j'y  trouve  deux  grands  vices  :  une  no- 
menclafu're  uouvelle  ,  aussi  immense  qu'inntile,  et 
une  abbndaiice  de  divisions  et  de  sous-divisions  , 
fatigante  pour  I'esprit  le  plus  appiiqu^,  et  nuisible 
aux  vrais  progres  de  I'esprit  humain. 

.  C'est  ceque  je  vais  reudre  sensible  parun  expose?, 
le  plus  court  que  je  pourrai ,  et  que  le  lecteur 
pourra  trouver  encore  bien  fatigant ,  sans  qu'il  y 
ait  de  ma  faute. 

B  a 


20  Criliqiie. 

L'aDteur  fait  (vols  ordres  de  ce  qu'U  appelle  les 
constructions  lexicologiques. 

Le  I."  ordre  conlient  deux  sous-ordres:  Le  i." 
sous-oidre  renferme  trois  classes,  dont  la  i^  est 
des  inUuilif&.advcrbiaux ,  compienant  dix  genres. 

Exemple  ;  Les  approbatlfs,  bien  ,  boa,  bene; 
benediction  ,   bicnfait ,   benefice  ,    bienvenue  ,   boa 

jour  ,  etc. 

Les  contradictifs  ,  «^^,  ne ,  ni,  non  ,  etc.  ,  dans 
nMiger,  neant,  nier ,  non-valeur. 

Les  daplicatifs,  bis  ,bes ,  he,  etc.,  dans  bissac  , 

besace ,  etc. 

Les  dlmidlatifs,   semi-io^  ,  /.e-mZ-spbere ,  etc. 
La   2.'  classe  du  i.*'  sous -ordre,  iniuaufs  ver- 

haux. 

Les  custoditlfs  :  garde-cote,  garde-feu,  etc. 

Les  transgressifs  :  passe-port. 

Les  perforatifs  :  perce-pierre. 

Les  attractifs  :  tire-bouchon. 

Les  giratifs  :  tourne-vls. 

Les  preservatifs  :  para-cbute ,  etc. 

3/  classe  du   i."  sous-ordre,  initiatifs  nominaux, 

Les  corapensatifs:  equilibre. 

Les  predilectifs  :  beau-temps  ,  beau-pere. 

Les  representatifs  :  vice-consul ,   vice-president. 

Les  exaltalifs :  arcbidiacre  ,  archeveque. 

Le  a.*  sous-ordre  du  i."  ordre  est  fornix  des  de- 
clinatifs  dont  11  y  a  dix-sept  genres, parml  lesqueU 
nous  citerons  :  . 

Les  dtstructlfs :  bomicide, 

Les  cultivalifs  :  agricole. 


LexIcoJogic.        •  21 

Les  poi-Jalifs  :  mammifere* 

Les  configiirafifs  :  tnaiTiTniforme. 

Les  stabUiilfs:  fissipecle,  solipede. 

Les  tumefactifs  :  hydroceie. 

Les  capillatifs  :  anguicomus,  ayant  des  serpens 
pour  chevaiix. 

Les  diruptlfs  :  saxifrage. 

Les  dominatifs  ;  armipotens. 

Les  manducatifs  :  herbivore,  etc. 

Suivent  dans  le  second  ordre  ,  i."  sous-ordre  ,  les 
pr^posilions  adveibiales  ab,ad,  ante,  cis,  contra ,  dis, 
ex,  extra,  jiixta,  oh,  intra,  inlro,  inlus,  per,pr(P,  prcE- 
ter,  pro,  po^f,  retro,  sub,  super,  trans,  ultra  ^  etc.  , 
auxquelles  I'auteur  donne  autant  de  noms  disiinctifs 
etsolennels;  desortequ'il  appelleaZ/////s  les  mots  dans 
lesqutls  enlre  ,  en  proposition  ,  la  syllabe  ah^  comme 
abces  ;  aditifs ,  ceux  qui  comniencent  par  la  syllabe 
ad;  adherer  ,  anti^itijs  ,  ceux  qui  commencent  par 
antS ,  anii-cJiambre ,  etc.  Et  qu'il  fait,  par  le  meme 
proct^dO  ,  des  contraitifs ,  contradiction  ;  desdedtifs  , 
deporter  ;  des  disiiijs  ,  disputer  ;  des  exitifs  ,  extraire  ; 
des  extractijs,  extravagner ;  Aes  initijs  ^  incorporer  ; 
des  interitifs  ,  interligne  ;  des  introitifs  ,  introduire  ; 
des  obitifs ,  oblenir  ;  des  perilifs  ,  permiiter  ;  des 
preitifs  ,  proposer  ;  des  praterilifs  ,  pretermission  ; 
des  positifs  ,  post-scriptum  ;  des  pro'iiifs  ,  produire  ; 
des  relrc'itifs  ,  rdtroactif ;  des  reditifs  ,  retire  ;  des 
siibitifs  ,  subsequent  ;  des  superitifs ,  superficie  ,*  des 
transitifs ,  transmettre  ;  des  ultraitifs  ,  ultramon- 
iains ,  etc. 

Je   m'arr^te  ;  car   j'iropatienlerols  mes  lecteurs  , 

B  3 


22  •  CliliquC' 

en  meHant  sous  leurs  yeux  uri  plus  grand  nombre 
d'exemples. 

J'ai  (lit  que  cette  nomenclature  si  abondante  est 
tach^e  du  vice  d'iniili!i(c  et  de  futility. 

De  qiioi  s'agit-il  en  effet  ?  De  faire  entendre  a 
dcs  Aleves  que  les  mots  francais  sont  souvent  com- 
poses de  propositions  adverbiales  ,  empruntees  du 
latin  ;  que  ces  particules  se  Joignent  an  mot  prin- 
cipal ou  racine  ,  et  qu'elles  en  determinent  en  partle 
la  signification  ;  que  c'est  ainsi  que  contredire  est 
formO  de  dire  et  de  contra ,  proposition  originaire- 
ment  latine  ,  signifiant  centre  ,  et  rappclcr  ,  IcrinO  de 
re ^  sigpe  de  repetition,  signifiant  la  repetition  de 
I'action  d'appeler  ,  etc. 

Or  ,  pour  cela  ,  n'est-il  pas  parfaitement  inutile 
de  crOer  im  si  grand  nombre  de  denominations  , 
d'etablir  Ae% genres  ^  des  sortcs  ^  des  sous-snrles  ,  des 
varidt^s ,  etc.,  et  de  cbarger  la  mOnioire  d'un  jVune 
enfant  de  cette  futile  nomenclature?  Est-ce  la  (ra- 
vaillcr  utilement  a  I'instruction  publifjue?  N'esl-ce 
pas  semer  d'Opines  et  d'obstacles  I'entree  mOme  de 
la  rouie  des sciences ? 

L'auteur  de  la  Lexicologie  rCduit  lul-m^me  le 
nombre  dcs  prepositions  sOparables  ou  inseparables 
a  une  trentaine.  II  est  bien  aisO  d'expliquer  le  sens 
ou  les  sens  de  chacune ,  comme  le  font  en  efFet 
tous  les  lexicographes  ;  et  ces  sens  une  fois  connus, 
on  entend  la  modification  que  la  preposition  ap- 
porte  dans  le  mot.  Si  j'ai  une  fois  exj-liquO  que  cis 
siguifie  en  dcca  ,  et  extra  hors  d'une  limite  ,  je  n'ai 
pas  bcsoin  de  faire  une  classe  de  mots  a^\)t\H  vis-it  if s; 


Lexicologie.  i3 

e(  line  autre  A'exlraiiifs ,  pour  enseigncr  a  mes  eleves 
le  sens  total  des  mois cisalpinet  extimagant.  La  pre- 
miere m^thode  est  de  reiiseiguement  Jaseconde  du 
charlalanlsme. 

On  s'est  moqu^,  avec  raison  ,  du  grammairien 
Domergue  ,  qui ,  ayant  a  expliquer  la  nature  cle  la 
proposition  ,  imagine  de  la  decomposer  en  judLcunJe, 
judicaleur  et  judical  ;  nous  parle  de  complement 
prochams  et  de  compl^mens  dloignes ,  de  complemena 
directs  et  indirect s  ,  complels  el  incomplels  ,  legitimes 
et  ill^gitimes ,  etc. 

Et  voici  le  grammairien  Butet ,  qui ,  ne  tenant  au- 
cun  comple  de  la  lecon  donn^e  a  son  confi-ere  ,  et 
seulement  pour  nous  enseigner  que  les  mots  sont 
composes  de  propositions  ,  de  racines  et  de  termi- 
naisons,  nous  condamne  a  appreudre  quelques  deux 
ou  trois  cents  denominations  nouvelles  de  choses, 
que  nous  entendlons  fort  bien  avant  lui ;  nous  fait 
^esperforatifs ;  denomination  a  I'aide  de  laquelle  nous 
comprendrons  ddsormais  ce  que  signifie  le  mot  perce- 
pierre;  des  giratifs  ,  qui  nous  expliquent  parfaite- 
ment  le  sens  du  mot  tourne-vis  ;  des  atiraciifs ,  qui 
nous  donnent  I'analyse  complete  du  mot  tire-bou~ 
chon  ,  etc. 

Ajoutez  a  ceux-la  des  actifs  et  des  passifs  facul- 
tatijs  ,  des  obstractifs  perceptifs  et  des  abstvacii/s 
progressifs,  etc.  ,  et  plusleurs  autres  cenfaines  de 
mots  fails  sur  le  mfme  modele ,  aussi  abstraits  ,  aussi 
inutiles  ,  et  vous  aurez  la  nomenclature  nouvelle  de 
Tauteur  de  la  Lexicologie. 

Rien  ,  dit  le  judicieux  abb^  Fleury ,  blamant  les 

B4 


24  Ciillc/iie. 

scholafisques  de  s'^'tre  fait  un  langage  nonveaii  et 
particiilier,  •<  rien  n'est  moins  propre  oi  I'enstignc- 
"  nient ,  que  I'aHeclation  d'lin  langage  singulier, 
«  qui  ajoute  a  I'^tiide  principale  ime  etude  pieli- 
•<  niinaire  du  langage.  Je  sais  que  cliaque  si  ience  ct 
"  cliaqiie  art  a  ses  fermes  propres  inconnus  an  com- 
«  nnin  des  liommts,niais  il'  ne  doivcnt  etie  employes 
>•  que  pour  les  clioses  qui  n'ont  point  de  nom  dans  la 
«  langue  populaire,  parce  que  le  peuple  ne  les  con- 
«  noit  pas  ,  ou  n'y  fait  pas  d'afttntion.  C'est  une  mar- 
«•  que  de  la  grossieret^  de  nos  peres,  d'avoir  fiiit  du 
«  blason  une  science  myst^rleuse  ,  qui  ne  consisle 
«  presque  qu'a  donner  des  noms  extraordinaires  aux 
«  choses  les  plus  communes,  et  s'etre  fait  un  merile 
M-  de  dire  giieule  et  sino[)le,  au  lieu  de  rouge  et  de 
•<  vert.  J'en  dis  jl*^  nieme  du  jargon  de  la  chasse  et 
«  des  autres  seniblables,  qui  ,  sans  t'clairer  I'esprit, 
«•  ne  font  que  charger  la  ni^raoire.  » 

..  Ce  lang-ii^^e  pai  ticulier ,  continue-t-il ,  n'est  point 
M  necessaire  ,  puisqiie  chacun  peut  philosopher  en 
"  parlant  bien  sa  langue.  Les  ecrits  d'Aristote  sont 
«  en  bon  grecj  les  ouvrages  pbilosophiques  de  Cicie- 
K  ron  en  bon  latin  ;  et ,  dans  Je  dernier  siecle,  Des- 
M  carles  a  expliqu^  %a  doctrine  en  bon  francais  et 
<<  d'un  style  net  et  precis,  qui  peut  servir  de  niodele 
••  pour  le  dogmatlque.  Ce  n'est  done  point  la  n^ces- 
!■  sit^  de  la  niatiere  qui  a  introduit  ce  lan^jage  de 
t.  nosecolcs;  c'est  le  mauvais  gout  du  trfizieaiesi^cle 
M  et  des  suivans.  •■  (  L'abb^  l-LEURy,  V.*  Disc,  sur 
I'Hist.  Ecr. ,  j)ag.  227). 

On  voii  que  cette  ciiliqwc  judicleuse  est  parfai- 


Lexicologies  a5 

(ement  nppllcable  a  la  Lexicologie  du  C.  Biifet. 
JViais  ce  qui  caratl^rise  l¥poque  de  I'hisloire  lit(^- 
raiie  nil  nous  vivoiis  est  I'ignorance  absoliie  des 
regies  donn^es  par  les  anciens  et  par  ceux  qui  ont 
suivi  leiirs  traces,  a  molns  qu'on  n'aime  mlcux  dire 
que  DOS  modernes  n'ignorcnt  pas  ces  regies,  niais 
qu'ils  d(?daignent  de  s'y  asseivir. 

Je  sais qu'on  peut  opposor  aces  maxinirsunexemple 
imposarif  :  je  veu^  parlcr  de  la  nomenclature  cliymi- 
quenouvelle,  cieee  par  des  hommes  qui  ont  fait  faire 
de  nos  jours  de  si  grands  pas  a  cette  partie  si  utile 
des  connoissances.  LavoisIEB,  cette  illustre  victime 
des  fiireurs  revoluiionnaires  ,  a  refait  en  m^me  temps 
et  la  science  et  son  langage.  Mais  outre  que  ses 
creations,  en  ce  genre,  ne  sont  pas  en  noiubre  un 
dixieme  de  cclles  du  C.  Bufet,  le  savant  chymiste 
justifie  son  travail  par  des  raisons  dont  on  ne  peut 
contester  la  force.  <<  Nous  ne  nous  sommes  permis, 
"  dit-il,  de  donner  des  noms  nouvcaux  que  dans. 
"  deux  cas  :  le  premier  ,  pour  dc^signcr  des  substances 
w  nouvellement  decouvertes  et  qui  n'avoient  point 
"  ete  noinii/^cs,  on  dont  les  noms  nouvcaux  n'avoient 
«•  point  e(e  sariCtioiuK's  par  une  adoption  g^n^ra'e  ; 
«.  le  second  ,  lorsque  les  noins  anciens  nous  ont  paru 
«  enfr;iiner  des  iu(?es  ^videmment  fausses,  ou  faire 
«•  confoncire  lasubsfance  qu'ils  d^signoient  avecd'au- 
••  tres  douccs  de  jMoprit'ies  difTercntes  ou  oppo- 
"  K(^cs  ,  etc.  •• 

II   ine  si-ffil,  au  resfc  ,  de  rcnvoyer   r»:es  Icctcura 
au  Discuurs  pveliminairedc  laCbymic  dc  Lavoisier  j 


26  Critique. 

lis  y  (rouveront  une  apologie ,  en  meme  temps  itio- 
deste  et  juste  ,  de  sa  nouvelle  nomenclature,  et 
pourront  s'assurer  qu'clle  dtoit  aussi  necessaire  a  la 
chymie  ,  que  celle  du  C.  Butet  est  inutile  a  la  gram- 
maire. 

J'ai  dlt  qu'iin  second  vice  de  la  m^lhode  de  I'au- 
teur  de  la  Lexicologie  est  cet  appareil  efFiayant  de 
divisions  et  sous  -  divisions ,  dont  il  a  surcharge  son 
ouvrage,  J'ai  pris  la  peine  d'en  compter  quelques 
portions,  et  j'ai  vu ,  par  exemple  ,  que  sa  division 
des  seals  binomes  ^  c'est-a-dire  ,  des  termes  qu'il 
Tegarde  corame  composes  seulement  de  deux  parlies, 
I'une  qui  est  une  proposition  ,  I'autre  une  racine, 
comprend  i54  especes  de  mots,  dont  la  plupart  ont 
encore  au  dessous  d'elles  un  grand  nombre  de  di- 
visions en  sortes,  en  genres  et  en  varidtds  ,  etc., 
ayant  chacune  leur  denomination  particuliere. 

Mais  ce  n'est  pas  tout,  cette  scule  sous-division 
forniant  le  premier  sous-ordre  du  second  ordre, 
qui  ne  comprend  que  ce  que  I'auteur  appelle  les 
■prdpositifs  du  premier  degre  ^  est  divisOe  en  genres 
sous-divisOs  en.sortes  j  les  sortes  en  variel6s  ,  et  les 
varietds  souvent  en  sous-varieles.^n  comptant  a  vue 
d'oeil  ces  divisions  et  sous- divisions  ,  je  trouve  de 
la  page  LV  a  la  page  LX ,  trente-deux  genres  , 
quatre-vingttrois  sortes  et  cinquante-huit  varietes^ 
sans  compter  nombre   de  sous-varietds. 

Cette  rage  de  division  est  bien  enncmie  de  la 
veritable  instruction.  II  y  a  longtemps  que  BaCON 
a  ^crit  :  ■>  Je  ne  parlerai  pas  de  ces  methodes  qui 


Lexicologie.  27 

m  consistent  a  divlser  et  subdivlser  sans  fin,  Cen'est- 
"  la  (jii'une  orabre  fugilive  de  savoir ,  connoissance 
"  fuiUe  et  funeite  aux  v^iitables  progres  de  I'esprit 
«  humain  dans  les  sciences.  Ces  bommes  ,  tourmtn- 
"  tant  les  chnses  pour  les  soumelfre  aux  lois  de 
«  leur  raethode  ,  rejeltcnt  toutes  relies  qui  nVnlrent 
"  pas  dans  les  cadres  de  leurs  divisions,  ou  les  d^- 
"  natuient  pour  les  y  i"aire  entrer.  Une  telle  m^- 
..  thodeengendre  des  abreg^s  vides  de  sens,  et  mine 
•  la  science  dans  ses  fondetnens.  ••  ^  De  augm.  sci. 
lib.  VI J. 

Je  passe  aux  rdsultats  de  la  m^thode  et  desprin- 
cipes  de  I'auteur  ,  c'est  a-dire  ,  a  I'usage  que  le 
C.  Butet  fait  faire  a  ses  Aleves  de  I'appareil  scien- 
tifique  dont  on  vient   de  donner  une  id(^e. 

Ses  deux  volumes  ,  Tun  intitule  Lexicologie,  et 
I'autre  Lexicographic  ,  conduisent  uniquement,selon 
]e  C.  Butet  lui-meme,  a  melfre  ses  Aleves  en  ^tat  de 
resoudre  deux  problenies  conlenant  foute  la  science 
lexicologique.   Voj.  la  Lexicug.  inlrod. ,  p  xiv. 

L"  probleme.  Etant  donn^  le  radical  et  la  for- 
mule  complete  d'un  mot  latin  -  francais  ,  et  con- 
slruire  ce  mot  dans  I'une  ou  i'autre  de  ces  deux 
langues. 

IL*  probleme.  Etant  donn^  un  mot  latin  ou  fran- 
cais ,  determiner  la  formulc  de  sa  composition  ,  qui 
est  en  m^nie  temps  celle  de  son  analyse  et  le  moyen 
d'en  extrajre  Ic  radical.  Voy.  la  Lexicologie  ^  vers 
la  fin. 


28  Critique. 

Exemple  da  premier  probltme. 

Quel  est  Viiifinitif  coilif ,  -prceitif,  secoiiduiremenC 
verbal ,  -passif  faculhnif ,  modificatif,  adverbial  du 
radical  hend  ,  signe  reprdsentutif  de  la  main  et  de 
V action  de  prendre  ? 

Solution. 

InComprehensiblement, 

Or  ,  voici  comment  le  maitre  conduit  son  eleve 
dans  cette  grande  recherche  : 

II  lui  aenseign^  anterieurement  que  la  proposition 
in  est  un  initif. 

La  preposition  cum  ,  un  coilif. 

La  proposition  prce  ,  uii  preilif. 

La  termlnaison  ible  ,  un  verbal  passif  ,  facultalifm 

Et  enfiii  la  terminaison  menl  ,  un  modificalif  ad- 
verbial. 

Et  apres  avoir  fait  entrer  ,  sans  doufe  avee  quel- 
que  peine,  ces  nouvelles  denominations  dans  la  tete 
de  son  disciple,  en  lui  faisant  sa  question  :  Quel  est 
Vinf  nit  f  preilif  ,  etc.  II  triomphe  de  lui  voir  de- 
viner  le  mot  incomprelieiisibletnent. 

Mais  je  demande  quelle  merveille  il  y  a  a  cela.  Je 
nie  mets  a  la  place  de  cet  CEdipe ,  et  je  me  dis  :  un 
initif  c'est  m  ,  un  coi'tif  c'est  ctnn  ,  un  prditif  c'est 
prd  ^  hend  ou  hen  m'cst  donnO  ,  un  passif  facultatif 
c'est  iblc  ^  WW  modificatif  adyerbial  c'est  vient.  Avec 
toutes  ces  donnOes ,  je  deviae  en  Opelant ,  sans  avofr 


Lexicologie.  29 

Ijcsoin  d'une  sagacity  bien  grande ,  que  c'est  ie  mot 
in-cotn-prt^-hcn-sL-ble-ment. 

La  difficult^  n'est  pas  de  devlner  le  mot  dont  on 
a  donn^  lous  les  el(rmens;  elle  ne  se  trouve  qu'a 
rt'tenir  les  noms  absl raits  par  lesquels  le  Lexico- 
graphe  d^signe  ,  sans  necessite  ,  des  propositions 
advcrbiales  et  aufres  Ol<;aiens  des  mots,  dont  tout 
le  monde  connoit  le  sens,  sans  cet  appareil  de  de- 
nominations noiivelles. 

Mais  lorsque  tes  nouveaux  noms  sont  une  fois 
retenus,  et  ,  pour  employer  le  langage  du  gram- 
tnairien  g^ometre  ,  lorsque  le  probleme  est  constiuity 
mis  en  liquation,  son  probleme  Icxicologlqiie  annonc^ 
avcc  tant  d'empbase  ,  ressemble  a  une  Onignie  que 
j'ai  oui  proposer  au  toUOge  : 

Je  suis  un  instrument  propre   a  couvrir  la  tete , 
Tanlot  blanc ,  tanlot.  noir ,  derine ,   grosse  bete. 

Qu'il  me  soit  permis  de  m'elever  aussi  contre 
Fabus  du  langage  math^matique  applique,  comrae 
il  I'est  dans  tout  I'ouvrage  du  C.  Butet ,  avec  une 
empbase  vraiment  risible  ,  aux  liumbles  recherches 
de  la  grammaire. 

Ce  sont  partout  des  problemes  ,  des  thc'oremes , 
des  ^qualions  ,  des  fonctions  ,  des  caefficicns ,  des  ex- 
jposans  ,  des  constructions  radicales  ^  des  binome^  ^ 
Aes  trinomes  fornmles ,  des  mols  inationneis ,  etc. 

JVJais  quel  vain  et  faux  emploi  de  toutes  ces  ex- 
pressions alg^briqucs  !  Je  n'en  donneval  qu'un  seul 
exemple. 


3o  Critique. 

On  salt  qu'en  algebre  le  coefficient  d'une  quantl(^ 
est  !e  nonibre  qui  precede  la  quant i((^  algebrique,  et 
quiexprimeconibien  de  foiselle  est  prise.  Ainsi,  dans 
3a,  3  coefficient  de  ia  quantity  a,  exprime  que  cette 
quan(i(e  est  prise  trois  fois  ,  ce  qu'on  exprime  par 
cXaX«.  L'exposant  est  un  nonibre  mis  apies,  et 
un  peu  au  dessus  de  la  lettre  ,  exprlmant  que  la 
quantite  alg^brlque  a  est  multipl'f'e  par  elle-m^me, 
autant  de  fois  moins  une  que  l'exposant  contient 
d'unites.  Ainsi  ,  dans  a}  ce  chifFre  3  est  l'exposant 
de  a.  Si  done  on  suppose  que  la  quantity  a  est  =  3, 
3  a  signifiera  trois  fois  trois  =  9  ,  et  a'  signifiera  3 
niullipli^  2  fois  par  lui  m^me  ,  c'est-a  dire  27  ,  pro- 
duit  de  3  multiplid  par  3  multipH^  par  3. 

Mais  je  demande  quel  rapport  on  peut  voir  enlre 
le  chiifre  appel^  coefficient  dans  3a,  indiquant  que 
la  quantity  a  est  prise  3  fois  et  ^gale  9  ,  et  une  pre- 
position telle  que  -per  ou  trans  dans  jyar-venir  ou 
trans-met  It  e  ?  ou  ce  qu'il  y  a  de  cdniniun  erifre  le, 
chifFre  3  appel^  exposant  dans  I'expression  alg^bri- 
que  a^  et  signifiant  qu'a  est  rbultipli^  deux  fois  par 
lui-meme  et  egale  27  ,  avec  les  terminaisons  atus 
et  alio  dans  verberatus  et  verberdtio  ,  expriniant 
I'etat  passif  de  celui  qui  est  frapp^ ,  et  Taction  ab- 
straitf  de  frapper  ? 

Quelle  analogic  peut-on  trouver  entre  des  cbdses,  * 
si  dissemblables  ? 

On   ne  peut    se  disslmuler   qu'un   tel   usage  des 
tertnes   scitntifiques  ,   detournes   de   leur   v^iitable' 
acceplion,  est   infiniment  nuisible  aux  progrea  des 
conooissances. 


Lexicologie.  3i 

La  salne  phllosophie  cherchea  simplifier  ,'a  huma- 
Tiiser  ,  a  populariser  les  sciences  les  plus  relev^es. 
Tandis  qu'un  savant  (Laplace),  c^lebre  dans  toute 
I'Europe ,  pour  ses  coDooIssances  profondes  dans 
toutes  les  sciences  math^matic^ues  ,  nous  expose  le 
systeme  du  monde  ,  c'est-a-dire  ,  la  science  dont 
I'liomme  a  le  droit  de  s'enorgueillir  le  plus,  en  ua 
langage  aussi  simple  que  pur  et  clair;  et  s'abslient, 
dans  cette  vue  ,  d'employer  la  langue  alg^brique  , 
a  laquelle  il  suppl^e  partout  oil  on  pourroit  la  de- 
sirer  ,  par  la  clart^  de  I'enonciatlon,  peut  -on  par- 
donner  I'emphase  et  la  pretention,  emprunfant  la 
langue  des  hautes  sciences,  pour  nous  donner  des 
lecons  de  grammaire  ,  et  quelques  idees  communes 
sur  la  composition  des  mots? 

Je  sais ,  et  je  n'attendrai  pas  qu'on  m'en  fasse 
I'objection,  que  ,  malgr€  tous  les  d^fauts  que  nous 
venons  de  relever,  le  C.  Butet  montre  de  la  sa- 
gaail^  ,  de  I'esprit  et  surtout  celui  d'analyse;  mais 
on  ne  peut  estimer  que  la  sagacite  qui  s'exerce  sur 
des  objets  int^ressans,  et  non  celle  qui  se  porte  a 
des  minutles.  L'analyse  est  bonne  ;  mais  c'est  seule- 
ment  lorsqu'elle  mene  a  un  resultat  utile.  L'esprit 
plait  et  int^iesse  ;  mais  c'est  lorsqu'il  est  bien  em- 
ploy^ et  bien  conduit. 

Eh  !  qui  a  eu  plus  de  sagacity,  de  subtilite  que  ces 
scholastiques,  dont  on  a  dit  tant  de  mal  avec  beau- 
coup  de  raison  ,  et  qui  ont  nui  aux  progres  de  I'esprit 
humain  par  beaucoup  de  cot^s  ,  en  m^me  temps 
qu'ils  Tout  servi  par  quelques  autres? 


32,  Critique. 

Qui  a  monJr^  plus  de  methode  et  plus  d'esprit  que 
saint  Tliotnas-d'Acqiiii)  ,  et  que  plusieurs  de  ctux 
qui  out  couvu  la  meme  carriere  que  hii  ? 

Dieu  nous  garde  cependant  de  revoir  la  pliiloso- 
pliie  scholastique  et  tous  ses  agr^mens  !  Danger, 
dont  je  dols  dire  que  nous  sommes  menaces  par 
les  au<eurs  de  grammalres  generates  ,  d'analyses 
gramraaticales ,  de  lexicographies,  de  lexicologies, 
et  mfme  d'id^ologies,  etc,  siqtielques  Bellerophon 
ne  s'^leve  pour  corabattre  toutes  ces  chimeres. 

Andre  MoreLLET. 


SVITJC 


pi.n. 


A  R  C  H  tE  O  L  O  G  1  E. 

Suite  de  la  Dissertation  siir  le  costume 
ilcs  Furies  dans  la  I  rage  die  des  anciens  j 
et  sur  les  menu  mens  antiques  j  traduite 
de  tallemand  de  M.  C'liarles  -  Auguste 
lifETTiGER  J  par  le  C.  TVinckler  (*). 

•  JLlle  s  sont  noires ,  d'un  aspect  affreux  ,»  con- 
tinue la   Pythie ,  v.  52. 
—  fiiKatiai  a     \i  to  wuv   ji^XoKlitTcet, 

li  n'est  pas  extraordinaire  pour  nous  que  les  Eume- 
iiides,  comine  fiiles  de  la  T>!uil ,  comme  les  chieiis  dd 
'Zeus  slygien  ,  comme  liabitaiites  du  noir  Hades  ,  pa- 
roissent  vetues  de  noir  sur  le  theatre;  mais  d'apres 
les  id^es  recues  alors ,  cela  dut  faire  une  impression 
tres-frappante.  La  lumiere  et  les  t(?uebres,  le  jour 
et  Ja  nuit  ,  se  ruanifestent  par  des  symboles  de  joie 
ou  de  douleur  ,  dans  les  plus  artciennes  ceremonies 
religieuses  J  il  en  ^toit  de  m^me  des  couleurs  qui 
sont  le  symbole  de  la  lumiere  et  des  t(^ntbres  :  le 
blanc  ^clalant  et  le  noir  fonc^  ont  ton  jours  €i€  re- 
gardes  ,  I'un  comme  le  symbole  de  la  joie  ,  I'autre 
comme  celui  de  la  tristesse.  11  n'y  a  qu'un  climat 
septentrional  et  pr'esque  d^nn^  de  couleurs  ,  qui  put 
accoututner  Poeit  aux  iniantes  foncees,  au  point  de 
s'en  servir  p(iur  les  babillemens  journaliers.  11  n'y 
a  qu'un,  peuple  liabitant  une  lie  presqne  toujouis 
couvejte.de  biouillarcJs,  oii  on  ne   compte  souyent 

(')  Xoj'.'Moffosin  EncjrcL  Aniue  VII ,  f.  IV,  p.  /t33v 
Tome   V.  C 


34  Archceologle. 

qu'une  centalne  de  beaux  jours  de  solell  sur  Ics 
365  de  Tannic,  et  dans  les  villes  de  lacjuelle  on  est 
toujours  expose  a  la  fum^e  noirclssante  de  la  houille 
et  du  charbon  de  terre ,  qui  ait  pu  ,  par  iine  sage  eco- 
nomie,  faire  du  noir  la  couleur  k  la  mode.  Ce  ne  sent 
enfin  que  des  id^es  religieuses  mal  dirig(^es  et  nial 
saisies ,  qui  ,  en  remplissant  rimagination  des  images 
les  plus  sombres  de  I'ascdtique  orientale  ,  et  en, 
falsaut  batir  des  temples  sur  les  tombeaux  deS 
morts  ,  ont  pu  consacrer  la  couleur  noire  dans  les 
liturgies.  Dans  toute  I'antiquitt?  ,  le  noir  fut  tou- 
jours la  couleur  du  deuil  et  de  la  mort  (36),  et^ 
lorsque  ,  dans  les  v^temens  des  assistans  ou  mdme 
dans  les  ornemens  et  les  ustensiles,  il  y  avoit  par 
m^garde  quelque  chose  de  noir  (By),  on  regardolt 

(56)  Les  passages  rassembles  parFeBtiARius,  Lipsios  {in  Electis), 
KmcHMANN ,  etc.,  soni  connus.  Mais,  dans  tout  tela,  il  ne  iaut 
pas  pensei-  k  des  velemens  leints  en  noir.  Dans  les  premiers  temps 
(!f  la  Grece  et  de  Rome,  la  tciniure  se  bornoit  a  la  couleur  rouge. 
Apres  le  siecle  d'AIexairdre  ,  les  Giecs  nppiirent  k  connoitre  un  peU 
I'ait  de  leiudre  des  peuples  de  I'Asie  (  Voy.  Goguet  ,  Origine  des 
Loi's  ,  t.  I.  p.  123-  n,  p.  95,  ed.  in-4.<',  ou  il  y  auroit  encore 
plusieurs  points  a  rectilier).  Tout  ce  qu'on  avoit ,  en  veteniens  noirs , 
trioit  fait  de  laine  natuielleraeul  noire  des  moutons  ,  qui  avoieiu , 
selon  I'expression  de  Martial  (XIV,  i  57),  lugentes  -velUre  lanas. 
Comme  cette  couleur  naturelle  n'est  qu'un  brun  fonce ,  le  mot  pullus ^ 
<pa(W,  est  aussi  pris  dans  I'acceplion  de  noir,  lorsqu'il  s'agii  d'lia- 
bitsnolis;  (p*"*  <J'«  »«'  A«£>^«»  (dit  Pollux,  VII,  56)  «»n'Ao/f 
««•<»  'f[yv?.  —  L'Alceste  d'Euripide  sert  ,  niieux  que  tout  ,  a  faire 
connoitre  I'usage  du  deuil  en  noir. 

(5;)  CiCEBON  {Orat.  in  Vatinium  ,  c.  12)  dit  :  j7/W  scire  sx 
te  cupio,  CjUO  consilio ,  aut  <jiid  mente  feceris ,  ut  in  epulo 
q.  Arrii ,  familiaris   mei,  cum  toga   puUa   accumberes?  Qusm 


Furies.  35 

cela  c6mme  profanant  les  temples  et  les  sacrifices 
des  divinit^s  C(;lesfes.  Le  theatre  ^(oit  regards  com- 
nie  un  temple  de  Dionysos  ou  Bacchus,  le  chceur 
et  les  acteiirs  ^toient  veins  d'habillemens  riches  et 
de  diverses  couleins.  Ath^^nee  nous  assure  qu'iE- 
schyle ,  le  cr^ateur  dii  costume  th^atralj  a  emprunte 
la  forme  et  les  couleurs  de  ces  vetemens,  des  ha- 
billemens  magnifiques,  employes  dans  les  pompeuses 
ceremonies  d'initiation  aux  niysteres  de  Ceres  (38), 

untfuam   videris  ?  queni   audieris  ?   quo  exemplo ,   quo  more  fe- 

ceris  ? Cedo,    quis  unqua/n   coe«a/7>  aliaius  ?  Jta  eni/n    illud 

epulum  est  funebre Platon,  dans    ses  lols  ,  veut  qu'on  mette 

des  habits  blaiics  dans  toutes  les  ceremonies  et  occasions  solennelles. 
(58)    Athenaeus    I  ,    rft,  p.    21    E  :  A'la^v/.as  —  t^tv^m  TijV  r?V 

^u^ou^oi  ifi(piinovlMI.  Les  hierophantes  et  les  grand-pr^tres,  dans 
les  mysieres  ,  avoienC  des  habits  longs  brodes  magnifiquemenr ,  et  ornei 
des  couleurs  les  plus  belles  el  les  plus  varices.  Mehesius  ( in  Eletisin. 
c.  12)  a  deja  recueilli  les  (iassages  a  I'appiri  de  ce  qui  vlent  d'etre 
dit.  II  fauJroit  suivre  celte  indication.  Les  Athenlens  ,  alors  encore 
tres-pauvres  ( voy.  Meursics,  de  fortuna  Attica,  c.  :i\  et  Mei- 
NERS,  Geschichte  des  Luxus  der  Athenienser  (Histoire  du  luxe 
chez  les  AthSniens  ,  p.  24  )>  paiolssent  avoir  mis,  dans  ce  temps, 
beaucoup  d'economle  et  de  frugallie  dans  Icnrs  processions  et  leurs 
theories.  Oil  AEschyle  pouvolt-11  prendre  le  modele  du  costiune  ma- 
gnifique  qu'il  donna  a  ses  choeurs  traglques  ,  si  ce  n'est  dans  lej 
niysteres  de  Ceres,  introdulls  a  Eleiisls  par  Eumolpus',  qui  les  avoit 
enipruntes  des  initiations  splendides  de  I'Asie  et  de  la  Thrace,  et 
dans  lesquels  les  riches  vetemens  des  hierophantes  olTroient  les  nio- 
deles  les  plus  convenables  ';'  II  est  Ires-probable  que,  relativement 
aux  machines  et  aux  decorations  du  theatre,  on  avoit  emprunte  en- 
core beaucoup  de  ce»  ceremonies  d'initiation.  De  14,  sans  doute  ,  la 
tradition  ,  oxpllquee  de  lant  de  raanieres  difrerentes  ,  que,  jiour  avoir 
profane  les  mysteres  et  les  avoir  decouveri  a  la  muliilude  ,  ACsiiijle  .i 

C  J. 


26  Archaologie. 

l,(;rs  done  qiie  3e  poete  tiagique  fit  paroide  des  Fu- 
ries vStiies  en  noir,  elles  durenf  ,  d'apres  les  idees 
de  ses  spectateurs  ,  leur  serabler  beaucoup  pins 
effroyables  qu'on  ne  les  trouvcroit  de  nos  jours  , 
Gil  nous  voyons  soiivent  sur  les  ih^atres  les  compa- 
gnes  de  la  Nuit  personnifiee  ,  on  d'aufres  personna- 
ges  semblables  (89)  liabill^s  en  noir.  C'est  a  cela 
que  font  allusion  plusieurs  passages  des  Eum^nides 
d'/Eschyle  ,  dans  lesquels  le  velement  noir  des  Fu- 
ries est  repr^senle  comma  ^lant  en  horreur  aux 
hommes  et  aux  dieux.  Des  le  commencement,  1« 
Pythie  dit  (40):  «■  Vetues  comme  elles  sont  j  elles 
<■  ne  devroient  approcher  nl  des  statues  des  dieux, 
•<  ni  de  Ibabitation  des  liommes.  »  C'est  pour  ce- 
la qu'elies  sont  appel^es  «  vieilles  et  d^testables 
••  filles  (41)  ,  dont  n'approchent  ni  les  dieux  ,  ni  les 
«  hommes ,  ni  les  brutes.  ••  C'est  pour  cela  qu'Apollon 
leschasse  avec  ignominie  de  son  temple  :  '<  Sortez  ,  •• 
(leur  dit-il),  ••  je  vous  I'ordonne ,  sortez  a  I'instant  de 
..  ce  temple  ;  purgez  de  votre  presence  ce  sanctuaire 
<>  proph^tique,  si  vous  ne  voulez  que  de  ce^  arc  re- 
•■  splendissant  parte  un  trait  aile  qui  vous  force  a 
"    vomir  douloureuscment  les  flots  ^cumeux  du  sang 

niaiiqu^  d'etre  lapidi  j>ar  le  people ,  et  qu'il  lui  fat  intent^  pour 
cela  une  action  ciiminelle ,  etc.  Fabric.  Biblioth.  gr.  t.  II  ,  p.  171. 
sei/tf    ed.   de  Harles. 

(5p)  ^a<ajjiV(i;v£?  ,  Choephores  ,  1046  ;  7r«».i!;x«v  Tc'iTiXm 
aitoijioi  ^  Euminid.  54S  ,  conip.  dtvec  Agamemn,  470;  de-li  {'ex- 
pression ofi^u.  fiiXtifiZii'xXat  Eftntiuv  ,  dans  Antipater  de  Sidon  , 
Analect.  t.  II ,  p  27  ,  LXXVII ,  avec  les  remarques  de  M.  Jacobs. 

(40)  AEscHVL.  Ellin.  56. 

(41)  UtiluTtTviv;  xofett  j  yfccictj,  ii/.  6S.  69. 


Furies.  Sj 

t  humain  ^onl  voiis  vous  abreiivez.  Ce  n'est  poini  ici 
"  que  vous  clevez  liabijer,  mais  la  oil  Ja  justice  fait 
"  ex^cuter  ses  arrets,  oii  Pen  tranche  la  tetc,  oii  on 
"  creve  ]es  yeux,  Ik  oii  Ton  n'a  pas  nieme  piti^  de 

-  I'enfant  dans  le  sein  de  sa  mere,  la  oil  I'on  niutile 
•■  les    jeunes  garcons,   oix   Ton  coupe  le  nez  et  ]es 

-  oreilles  ,  oil  on  lapide ,  et  oil  les  hurlemens  affreux 
«  des empales  excitent  la  commiseration  des  passans ; 
••  tel  est  le  spectacle  qui  vous  rejouit;  voila  ce  que 
"  font  voir  toute  votre  altitude  et  votre  ext^rieur. 
•'  C'est  dans  le  repaire  d'un  Hon  sanguinaire  ,  non 
«  dans  ce  temple,  que  doivent  habiter  de  tels 
«  monstres...  Allez...  errez ,  troupeau  sans  pasleur, 
"  quenul  desdieuxnedaignera  jamais conduire (42)... 

Dans  le  terrible  bymne  des  cbaines  (  Uft,os  ^i^^uios  ]  ^ 
elles  disent  dies  -  n.emes  :  ..  Des  le  jour  de  notre 
"  naissance,  telle  fut  notre  destin^e  :  De  ne  point 
'<  approclier  des  immortels.  —  f^ul  d'entre  eux  ne 
«  participe  a  nos  fesdns.  Les  I'elemens  de  fetes 
•'  nous  sont  etrangers  (48).  »  Quant  au  v^temcnt 
meme  des  Furies  ,  on  vojt  par  les  temoignagcs 
des  differens  auteurs  qui  seront  rapport^s  plus  bas  , 
qu'il  consistoit  en  une  espece  de  tunique  fres- 
^troite  et  tombaiit  jusqu'aux  chevilles.  Comme, 
selon  I'usage  d'alors ,  ce  vetement  ne  couvroit  ni 
les  bras  ni  les  ^paules,  il  faut  supposer  que  ces  par- 
ties du  corps  Stolen t  noircies.  D'apres  cela  ,  on  pent 
d^ja  presumer  que   les    Furies   d'.'Eschyle  etoient 

{42)  Eumenid.  180. 
(43)  lb.  548. 

C  3 


58  jirchccolo^ie. 

entierement  noires  (44) ;  cette  conjecture  devient 
certitude  par  la  coniparaison  d'un  vase  de  d'Han- 
carville  (44*),  ou  est  peint  Oreste  assis  sur  un  autel, 
Jes  mains  li^es  sur  le  dns  et  la  tele  plac^e  enlre  Its 
genoux.  On  voit  sortir  de  la  terre ,  sous  I'autel  , 
une  Furie  noire,  menacant  le  coupable  d'un  serpent. 
La  tunique  de  la  Furie  est  aussi  noire  et  indiqu^e 
seulement  par  des  lignes.  De  I'aulre  cot^  ,  on  voit 
Pylades,   et  plus  loin  Electre  et  M^n^las  (45). 

"  Leurs  yeux  distiHent  un  odieux  venin.  » 

Un  passage  semblable  des  Choephores(  v.  io58), 
oil  il  est  dit  en  termes  precis  :  Le  sang  distille  de 
leurs  yeux  (46)  ,  nous  fait  voir  que  c'est  1^  le  ve- 
ritable sens  du  mot  /St'es.  Reste  a  savoir  si  on 
pouvolt ,  en  efFet,  exprimer  cela  sur  le  masque 
des  Furies.  Dans  chaque  masque,  il  y  avoit  des 
Irons  pour  les  yeux,  et  on  pr^tendoit  avoir  apercu 
quelquefois  les  yeux  ^tincelans  des  acteurs  a  tra- 

(44)  C'est  pourquoi  Oreste  ,  dans  Euiipide ,  les  appelle  vwx7« 
TTf (j(r(J)£p£(j  xopuis-  (  Orest.  4o8  )  ,  el  /i«£A«y;gpaiT£{'  (  ib.  Sar  ).  On 
pourra ,  au  surplus,  comparer  la  VHl."  remarque  ,  ajoutee  a  la  iin. 

(44*)  Tome  II,  pi.  4r. 

(45)  C'est  aiiisi  qu'on  pourrolt  expliquer  ces  figures,  d  apies  I'OreSte 
d'Furipide.  Cependant  il  faut  observer  que  dans  les  tragedies  des  aij- 
ciens ,  qui  nous  restent  ,  Oreste  n'est  jamais  assis  et  encliarn^  sur  un 
autel.  Peul-elre  celte  scene  ne  represente-t-elle  point  Oreste  ,  mais 
Alcniseon  ,  d'apres  Ja  piece  de  ce  nom  ,  coniposee  par  Euripide  ,  mais 
qui  est  perdue.  J,e  peu  de  fragmens  qui  nous  en  restent  ,  serviroient 
meme  a  donner  de  plusieurs  figures  une  explication  plus  satisfai- 
santc. 

(46)  Comparez  ^VAKErIELD ,  Delect.  Tragoed^  II  ,  p.  agg. 


Furies.  39 

vers  ces  trous  (47)'  Mais  il  serolt  ridicule  de  sup- 
poser  qn'il  est  sorti  de  ces  ouvertiires  du  sang  ve- 
ritable. II  faut  done  ou  expliquer  tout  le  passage 
par  une  vision  tragique  que  le  poete  abandonnoit 
a  r^aliser  a  I'imagination  exaltee  des  spectateurs  (48), 
ou  il  faut  supposer  que  ,  sur  les  joues  du  masque 
noir  des  Furies,  il  y  avoit  en  effet  quelques  taches 
rouges,  pour  indiquer  d'une  maniere  aussi  sensible  ct 
aussi  frappantequ'il  etoit  possiiTie,  le  sang  qui  sortoit 
des  yeux.  Et  pourquoi  notre  tragique  ,  qui  a  tant 
calculi  I'impression  qu'il  feroit  sur  ses  spectateurs  , 
auroit-il  n^glig^  I'efFet  que  cela  pouvoit  produire? 
Dans  les   details  blographiques  sur  ^schyle  ,  que 

(47)  CiCEHO  ,  de  Orat.  II  ,  46 ,  ex  persona  nilhi  srdere  ocull  ho- 
minis  histrionis  videbantur.  Voyez  Boettiger  Prolusio  de  personis 
tcenicis ,  p.  i4  ,  ou  la  peinture  d'Herculanum  Ct.  IV,  pi.  34), 
qu!  explique  ce  point ,  est  deja  citee.  On  peut  comparer  encore  les  deux 
itatues  d'histrioHj  dans  le  musee  Pio-Cleni.  ,  t.  Ill  ,  pi.  28.,  29. 

(48)  C'est  ainsi  que,  dans  les  visions  de  la  fureur,  Oreste  {  Etr- 
BiPiDE ,  Iphig.  in  Taur.  288  )  ,  voit  sorlir  du  feu  et  du  s.ing  du 
veleinent  des  Furies,  ct  que  dans  la  piece' intitulee  Oreste,  t.  a56  , 
il  les  appelle  aiftetla'sriis  1^  ofictKOvlaaii;  KOfu?  ,  expressions  qui  , 
selon  les  anciennes  scliolies  ,  doivent  etre  prises  dans  nn  sens  nie- 
taphorique.  D'apres  cela  ,  on  pourroit  expliquer  d'une  maniere  s.i- 
lisfalsante  ce  passage  d'AEschyle ,  ainsi  que  plusicurs  aulres  ,  en 
disant  que  le  poeie  a  abandonni  a  I  imagination  des  spectateurs  le 
soin  de  terminer  ce  tableau  ,  et  d'y  ajouter  les  yeux  sanglans.  Ceux 
qui  connoissent  les  tragedies  des  anclens  savent  que  celte  allegorie  est 
frequente.  Le  poignard  ensanglante  d'Oresle  en  donne  un  exemple 
frappant.  D'apres  plusieurs  passages  de  noire  tragique,  ses  mains  et 
son  poignard  qu'il  vient  de  lever  ( noT^aae;  ^  voy.  Schutz  ,  ad 
T.  42  )  ,  sont  encore  soulllcs  du  sang  ricfiiiment  verse.  Ces  expres- 
sions sans  doute  ne  doivent  pas  s'enlendre  litteralement.  Voy.  RocuB» 
roBT,  Thidcre  des  Greet  .  U   II,   p.  22o» 


4©  ylrchceologie. 

Suidas  nous  a  conserves,  il  est  dlt  exprcss^ment 
qii'il  a  Invent^  des  masrjues  (49)  terrlbles  et  peinfs. 
All  reste,  plusieiirs  passages  de  la  suite  de  nofve 
tragcdie  acqiierroient  un  sens  plus  precis  ,  par  ccs 
yeux  qui  degouttent  de  sang  (5o). 

En  rassemblant  nialntenant  les  principaux  (raits 
que  le  tragique  nous  indique  lui-menie  sur  le  cos- 
tume qu'il  a  donn^  a  ses  Furies,  elles.devoient  avoir 
iin  masque  de  Gorgone  ,  iinc  clieveliire  de  serpens  ,  iiii 
visage  laid  et  ecrcise  ^  montrant  la  lungue ,  des  bras 
longs  ,  d^charnds ,  avec  des  doigis  crochiis ,  en  forme  de 
griffes;  e^resemblables  aux  Harpyies  ,  sans  ailts,  mais 
etre  preles  afciire  des  pas  de  ge'ans  dans  les  airs  ;  elles 
doivent  etre  noires  de  la  t^te  aux  pieds,  aioir  la  peau 
et  le  masque  peints  en  noir ,  et  ce  dernier  avec  quelques 
tacJies  rouges  auprcs  des yeux.  Certes ,  une  figure  sem- 
blable  ^toit  faite  pour  inspirer  la  terreur  et  m^me 
I'horreur.  C'est  avecraison  que  Mincrve  pouvoitleur 
dire  :  "  Femmes,  qui  ne  ressemblez  a  nul  e(re  que 
"  prodiiit  la  nature  ;  rien  de  pareil  a  vous  ne  se  voit 
<i  chez  les  dicux  ni  cliez  les  hc-nimes  (^1).  "  Et 
c'est  avec  raison  qu'Apollon  les  appcUe  monstres 
ddtestables  ^  abhorres  des  dieiix  {S2). 

Malgr^  les  difF^rens  details  qu'on  vient  de  donner 
d'apres  le  poete  meme  ,  il  y  auroit  encore  quelque 
obscurity  sur  differens  points  du  costume  de  ses  Fu- 

(4q)  npoe-aTJiioi  aiiia  ^  xix^ia-f/.tva.. 
(5o)    Voyez   ]a  iiole    V,    A  la  fin. 
Cii)  AEscnYL.  Eumen.  /io5. 

(.')2)  lb.  63i  ,011,  selon  d'auties  tslllions  ,  G4S.  On  pent  en*ca:fj> 
comparer   le    vers  iS5  et   suiv. 


Purlers.  41 

ries ,  si  uous  ne  (louvions  des  renseignemcns.  a  re 
sujet  dans  plusieurs  autcurs  de  l'antiquil(5 ,  loisqu'ils 
nous  donnent  les  debcriptions  de  processions,  de  far- 
ces, de  spectacles  el  de  costumes  de  diflerens  peuples. 
Le  cyniq^je    Menippe  (53)    qu'on    peut   regarder 

(55)  C'est  aiiisl  f\u\\  est  »ppele  par  Scidas  ,  au  mot  <f>cei6S 
(  I.  Ill  ,  p.  589  et  sulv.  ).  DiOGrNE  de  Laerte ,  VI ,  102  ,  rapporte  i  peu 
pies  la  memn  cliose  ,  presque  avec  les  menies  expressions  ,  du  cy- 
uique  Menedenius.  Ces  deux  conipilateurs  out  pulse  I'un  et  I'autre 
dans  la  nieme  source  ,  dans  HIppobotus  ,  auleur  d'une  Galerie  des 
Philosophes  (  ccvaypeiipif  rav  ^tXo<roipav  )  ,  et  que  Diogene  paroit 
avoir  exirait  fort  souvent  (  Jonsids  ,  de  Scriptor,  Hist,  philosoph. 
IV,  27  ,  p.  256).  I!  faur  done  que  I'un  ou  I'autre  se  soit  trompe 
sur  Ic  nom  du  phllosophe.  Todp  (  Emend,  ad  SuiJ.  p.  55i  ,  ed. 
Lips.  )  n'ose  rien  decldt-r  a  ce  sujet.  II  paroit  cependaiit  Infinlment 
probable  que  ce  trait  bizarre  appanient  a  Menippe.  Ce  cynique ,  qua 
Liicleii  prit  pour  modeie  ,  avoit  cela  de  paiiiculler  de  jouer  quelque- 
•  fois  le  rule  de  certaines  divinltes  (  Hemstebhuys  ,  Introd.  ad  Lu- 
ciani Dial.  Select,  p.  a  ,  5  ).  C'esI  alusi  que  ,  seion  Diogene  (VI,  101  ), 
il  composa  des  leltres  tres-elegantes  au  nom  its  dieux.  L'anliquiti 
avoit  de  lui  un  ouvragc  intitule,  NekuVo!,  I'Empire  des  Motts , 
^ans  lequel  il  s'allribua  sans  doute  le  principal  role  ,  dans  une  visite 
faite  aux  enfers  Ce  qui  donne  a  ceite  conjecture  le  plus  grand  degri 
de  probabilitp ,  c'est  le  dialogue  intitule  HiKVO/^a'/reta  ,  qui  se  (rouve 
encore  pannl  les  ouvrages  de  Lucien.  Menippe  v  arrive  en  droilure 
du  S(^jour  des  ombres  ,  et  il  y  est  represenle  dans  un  costume  em- 
prunte  de  la  Iragedle  ^  c'est-a-dlre  avec  le  chapeau  de  voyogeur , 
la  peau  de  lion  et  la  lyre  ,  pour  se  caracteriser  ainsi,  conime  Ulysse  , 
Herrule  et  Orpliee ,  qui,  tous  les  -Irois ,  avoicnt  ele  risitfr  I'enfer 
avant  leur  niort  (  voy.  LuciAX.  Keryom.  c.  8,  t.  I,  p.ig.  4Ci7  , 
Tfuyiicati  f.cotXa.  T^afUTrtUTCcfiivos  u-jsa  r5  <rj^>),M«rof  ).  Ce.  Me- 
nedemus  (  ou  Menippus  )  a  done  en  effet  paru  un  jour  en  public  sous  un 
Iravestissement  pareil.  Cette  circonstance,  qui  a  echappe  a  lous  le.« 
ronmieniateurs  de  l.ucien  ,  menie  a  Hemsterhuys  ,  jelte  cependant  une 
Bouvclle  himiere  sur  le  dialogue  de  Lucieu  en  question ;  mais  11  foulfie  en 


4^  ArchcBoJogie.. 

comme  le  favorl  et  le  modcle  de  Lucicn  ,  s'avisa  un 
jour  de  paicourir  Thebes  ,  costum^  comme  line  Fu- 
rie  ,  sous  prgtexte  qu'il  ^toit  I'envoy^  des  enfers  , 
pour  examiner  les  crimes  des  hommes,  et  pour  en 
rendre  comple  aux  divinites  et  aux  puissances  Infer- 
nales.  Diogene  de  Laerte  et  Suidas ,  qui  I'un  et 
I'autre  ont  puis6  dans  Hippobote,  terminent  leur 
rdeit  de  cette  farce  tragique  par  la  description  sui- 
vante  :  •«  Son  vf  tement  ^toit  compost  d^une  iunique 
f  noire  qui  descendoit  jusqu^aux  pieds  ,  et  aulour 
«  de  laquelle  il  y  avoit  une  ceinture  rouge  -persique. 
V  Sa  tele  eloit  coiffde  d'un  chapeau  de  voyageur  ar- 
-  cadien  J  sur  lequel  on  avoil  figurd  les  douze  signes 
"  celestes ;  il  avoit  une  chaussure  tragique  de  chas- 
■<  seurs  J  une  tres-grande  barbe ,  et  dans  la  main  uit 
"  baton  de  frene.  >■  II  est  ^vidept  que,  pour  rendre 
cette  mascarade  plus  extraordinaire  et  plus  frap-  * 
pante,  Menippe  aura  ajout^  a  son  costume  de  Fu- 
ries des  details  qui  ,  au  fond,  leur  etoient  Strangers. 
C'est  ainsi  que  la  tres-grande  barbe  n'appartenoit 
^videmment  qu'au  philosophe  cynique,  et  il  vou- 
loit  indiquer  par-la  qu'il  ^toit,  pour  ainsi  dire,  une 
¥urie  male.  Le  chapeau  de  voyageur  remplaca  le 
masque  des  Gorgones  ,  et  se  rapportoit  ^videmment 
a  son  grand  voyage  aux  enfers;  peut-etre  aussi 
qu'il  voulut  par -la  faire  alkision  a  Ulysse  qui 
revint  des   enfers  ,  et  qu'on  reconnoit  ^galement  a 

ni<?me  temps  les  raisons  qui  font  croiie  que  cet  ouvrage  nVst  pas 
de  Lucien ;  raisons  que  M.  Wieland  a  developpees  d'uiie  maniers 
rres-iugenieuse  ,  dans  sa  traduction  allemande  des  OEuvies  de  Lucien , 
£.  II;  p.  557  et  suiv. 


Fniies.  43 

cette  coiffure  (54).  Ordinalreraent  ce  cliapcau 
de  voyageur  n'avoit  point  de  bords ,  et  senoit  la 
t^tc  comme  un  bonnet  de  nuit.  Mais  celui  de 
Mcnippe,  pour  e(re  plus  fiappant,  avoit  un  grand 
rcbord  sur  lequel  il  avoit  fait  figurer  le  zodiaque  , 
symboleconnu  dcs  arts  magicjueset  astrologiques(55). 
Par-la,  Menippe  se  disoit  en  meme  temps  un  grand 
niagicien  et  un  necyomante.  A  I'exception  de  ces  ad- 
ditions ,  de  ces  ornemens  h(5t^rogenes,  tout  le  teste 
r'est  que  le  veritable  costume  des  Eumenides  ,  tel 
cjuMCschyle  I'a  invent^.  La  tunique  longue  ,  noire, 
ct  descendant  Jusqu'aux  talons  (  x^''''^^  wo^^n'fiijf  )  ,  in- 
flique   d'une  maniere    d(:termin^e   le   vfitement   des 

(54)  C'est  pour  celte  raison ,  du  moins ,  qne  le  Menippe  de  Lu- 
eieii  est  coiffe  d'liti  jriAof  ,  dans  la  JVerj-onzanf/e  (  c.  S  ,  1. 1,  p.  467); 
car,  qu!  ne  connoit  pas  le  pilcus,  symbolo  caiacterislique  d'Ulysse  ? 
60LEBIUS  (  ou  proprement  Ra-vnaud  ),  de  pileo  ,  c.  8,  p.  167,  ed. 
d'Amstcrd. ,  a  deja  tics  blen  observb  que  ce  chapeau  de  Toyageur 
n'aToit  ordinaircment  point  de  boids.  Ici  il  est  question  d'un  cha- 
peau entoure  d'uii  large    rebord.  Voy.  la   note  IX  ,    a  la  fin. 

(55)  Menage  a  tres-bien  moiitre  que  le  mot  ^(>t)(,tiu.  signiGe  ici 
Ics  signes  du  zodiaqne.  Cela  donna  lieu  k  une  cspece  parliculieie  de 
divination.  Celui  qui  s'y  livroit ,  etoit  appele  'rotx^laif^eiTix.os  ^ 
el  les  figures  ou  talismans  cliarges  de  parelllcs  caracreres  magiques 
ct  astiologiques  portoient  le  nom  de  C'iJ;;i£<4|««T<;4.  Voycz  lo.  Ca- 
MEr.ABttis  ,  de  fi^neri'fius  divinationum  ac  greeds  latinise/ue  earum 
"vocabulis  (Lips.  i566),  p.  124  ,  et  Saumaise  ,  de  annis  cl:riac- 
teristicis  ,  p.  576.  Ces  significations  manquent  dans  I'excellent  ditrion- 
naire  grec  ,  de  M.  Schneider.  Le  zodiaque  ,  au  rcate  ,  etoit  souvent 
employe  comme  ornetncnt.  Voy.  Gdattahi,  Monuin.  Antichi  ine- 
diti  ,  pour  I'annce  1786,  p.  lvi  ;  on  le  trouve  aussi  sur  les  niL-- 
daiiles  impiri.dcs.  Voy.  Vaihant  ,  Select-  Humismata  e  Mtiseo  dc 
Camps,  p.  94. 


44  ArchcBologle. 

Furies  ,  sur  la  forme  duquel  les  expressions  d'^E-- 
scliyle  nous  laissent  encore  dans  quclque  incertitude. 
Peul-^tre  qu'au  lieu  de  cette  espece  de  falbala  qui 
servoit  comraun^ment  a  alonger  la  tunique  jus- 
qu'aux  pieds,  cePe  des  Furies  dtoit  along^e  par 
des  peaiix  d'animaux  (56). 

La  tunique  noire  de  Mcnippe  ^(olt  relenue  par 
unc  ceinlure  ,  et  les  Furies,  comnie  de  bonnes rAas- 
sereascs ,  exercees  a  la  course  ,  elolent  de  meme 
Vtf^avo/  (  bien  ceintes  )  (67).  Suidas  caractdrise 
la  ceinture  par  I'^pilliele  -persique  ;  Diogene  dit 
qu'elle  ^toit  d'un  rouge  ecarlate  (  Z^mij  ipainx-lt  ).  II 
paroit  que  Suidas  a  conserve  ici  la  veritable   lecon 

(56)  Les  tunlques  employees  sur  le  theatre  etolent  toujours  longties, 

^lovuiriUKOi  ,  ainsi  qii'llssont  determines  par  Pollux  ,  Vll,  60 C'est 

ainsi  que  Lucien  nomme  expressement  les  ;i(rSve,-  W6<^.)'p£/J  parmi 
I'apparell  traglque,  dans  son  Ji/pUer  Trog.  ch.  41  ,  t.  II,  p.  6S8 
(W.  d'Hemsterhuys ).  Ordinairement  eljes  etoient  sans  ceinlure, 
ifieiuhoi.  Celles  des  Furies  avoient  une  ceinture  ,  et  paroissent  par 
consequent  etre  de  Tespece  de  celles  qu'AEschyle  ,  dans  un  drame . 
perdu  aujourd'hui  ,  intitule  TO^VJej  ,  a  appele  ^4««T«  7r£<^«(pof «  , 
des  tuniques  avec  une  garniture  en  bas  (  voy.  Hestch.  r.  II,  c. 
S99,  5;  PoiLux,  VII,  5i  ).  Coninie  chaque  vetement  formoit  un 
lissu  particulier,  il  etoit  difficile  de  tisser  d'une  seule  piece  desju- 
riques  assez  longues  pour  descendre  jusqu'aux  chevilles;  les  X''^'""'^ 
VaS'^ii?  avoient  toutes  de  longues  garnitures  ( 7r£^<'.? ,  institas). 
Voyez  Saumaise,  ad  Script,  hist.  Augusta:,  t.  II,  p-  556  ,  sqq. 
11  me  paroit  done  vraisemblable  que  ,  dans  ces  vctemens  ,  laiei 
oil  la  garniture  etoit  une  KecToivomi)  (  Pollux  ,  VII ,  68  )  ,  peut-etre 
de  peaux  noires  d'agneaux.  C'est  ainsi  qu'on  pourroit  expliquer  la 
sjnguliere  epitbete  ,  Qy,oc-!Ti7sXai  j  donnie  aux  Furies  dans  Orphee» 
hymne  LXXYIII  ,  7- 

(57)  AEscHVL.  Eumen.  76,  127,  225,  240,  5*9,  etc. 


Furies*  4-5 

il'Hippobotus ,  qui  ^tolt  la  source  ou  lui  et  DIogene 
out  puis^  ,  et  que  I'expression  d'un  rouge  ccarlale  y 
employee  par  Diogene ,  en  est  la  glose  ou  rex- 
plication.  11  est,  en  effet,  tres- vraisemblable  cjue 
les  Grecs  ont  donn^  le  nom  de  ceinture  psrsique  a 
une  espece  de  ceinture  ou  dcharpe  large,  d'un  rouge 
^carlate  ,  qu'on  leur  apportoit  de  I'Asie  (5y).  Encore 

(58)  Jusqu'au  temps  d'Alexandre  ,  les  decs  furent  bien  loin  d'at- 
telndre  le  luxe  usite  depuis  longtemps  en  Asie.  C'est  pourquoi  ils 
appeloient  persie/ue  ,  tout  ce  qui ,  dans  le  costume  ,  les  ornemens  , 
les  effets ,  seivoit  aux  agremens  et  aux  commodltes  de  la  vie ,  et  se 
disllnguolt  par  son  ^ligance  ,  ou  la  beaute  et  I'eclat  des  couleurs. 
Le  coq  nieme  etoit  appele  opvif  WEpcroeof  ,  a  cause  de  son  plumage 
varie.  C'est  alnsl  que  les  femmes  grecques  se  servoient  dune  espece 
de  paiitoiiffles  elegantts  ,  appelees  JTEpo"***  ou  :T£p(r(xa(  (persiques), 
<]uolque  devenues  dans  la  suite  fort  communes  (Poixux,  VII,  92,  et 
ad  Hesich.  t.  II,  c.  944)  '4)-  C'est  ainsi  qu'on  avoir  des  poignards 
persiques,  des  batons  on  Cannes  persiques  (  c'esi-a-dire  ,  dont  le  bouc 
superieur  etoit  recourbi^  )  ,  des  vases  et  des  chapeaux  persiques.  C'est 
ce  que  prouTeiit  plusieurs  passages  de  Pollux.  Saides  etoit  la  Tille 
d'ou  les  Grecs  liroient  la  plupart  de  ces  marcliandises  (  AmsTOPH.  Vesp. 
1 104  )  ,  qui,  pour  eux  ,  itoient  ,  ci  pen  pres,  ce  que  sont  de  nos  jours 
celles  des  Indes  pour  les  Enropeens.  Les  echarpes  ou  ceintures  persi- 
ques paroissent  avoir  ete  principaienient  un  objet  de  luxe  pour  les 
Grecs.  La  S*'?  wsp««i)  du  grand  roi  (  du  roi  de  Perse  )  etoit  un 
des  ornemens  cheris  d'Alexandre  le  Grand  (Diodoe.  Sicui.  XVil, 
77,  p.  220).  Les  courlisans  tomboient  sur  les  genoux  en  voyant  cette 
ceinture,  ainsi  que  le  reste  des  ornemens  du  roi;  Ttjv  7r£p«x(iv  Qaoylf 
wpoc-KUvSiTiv  ,  dit  Plutarque,  (/re  Alexandr.  c.  5r,t.  IV,  p  SjS  , 
ed.  Hutt.  coniparez  Bkisson,  de  Regn.  Pers,  I ,  p.  4>  ,  ^d.  Comme- 
lin.  )  11  parojt  que  les  ceintures  des  princesses  n'^toient  pas  moins  pie- 
cieuses  ,  car  on  leur  donnoit  souvent  ies  revenus  de  plusieurs  villas 
pour  I'entretien  d<:s  ceintums.  Voy.  Bbissom  I  ,  p.  76  ;  Psrizok. 
ad  ulELian.  el?.  > 


46  Archaologie. 

aujourd'hui ,  les  costumiers  connoissent  tfes-blert 
I'efFet  que  produit  sur  I'ceil  le  rouge  ^clataht ,  ap- 
pliqnd  sur  un  fond  noir.  La  large  teinUue  rouge, 
couleur  de  sang,  ornee  vraisemblablement  de  fran- 
ges  longues  et  fiottantes  (5cj)  par-dessiis  la  tuniqufe 
noire,  ne  pouvoit  point  nianquer  de  produire  beau- 
coup  d'efFet  dans  ce  costume  des  Furies.  Les  poetes 
post^rieurs  donnent  aux  Furies  une  ceinture  de  ser- 
pens (60)  ;  mais  la  ceinture  large  et  simple  ^toit 
bien  plus  dans  le  style  de  la  trag^die  elev^e  (61). 

(Sg)  Lorsque  dans  les  Perses  d'AEscIijle  le  clioeur  adresse  la  parole  ]x 
la  reine  ,  il  rappelle(v.  i55)  ^i^^uZfis^av  iti^nSm  a.ta.osa,  A  ceiie 
occasion  ,  les  anciennes  scholles  observent  que  le  nom  ^c^^uCfi'iOl 
est  donne  aux  femraes  peises ,  aik  ■to  xfoosm  t*?  l^dvas  e;^^"'* 
'Kfoos^oi  sont  les  franges  dont  est  garni  le  bord  inferieur  (voy.  Cupek, 
Ol>s.l,  3,  p.  19,  et  Saumaise,  ad  Script.  Hist,  .^ug.,  t.  I,  p.  549). 
Ces  cordons  pendans  et  ces  franges  longues  pouvoient  ,  a  une  cerfaine 
distance  ,  efre  ires -bien  confondus  avec  des  serpens,  aussi  bien  que  les 
^ua-ayoi  ,  ou  franges  de  I'AEgide  de  Minerve,  dont  Herodole  (IV, 
189)  dit  :  ^ua-uvot  —  ix  o(p(is  ita-i  ,  «»«  ifixvjtvoi  (les  franges  ne 
sont  pas  des  serpens,  mais  elles  sont  faites  de  peaux).  La  ceinture 
persique  des  Furies  pouToit  de  meme ,  dans  le  loiutaiu  ,  avoir  I'air  d'etre 
bordee  de  terpens. 

(60)  Dans  uu  fragment  de  I'^/c/ra^yon  d'EENNius ,  cili  par  Cicebon 
(  y^cad.  Queest.  II ,  28  )  ,  les  Furies  sont  appelees  coeruleo  incinctoS 
angui ,  d'apres  la  correction  indubitable  de  Columna,  dans  I'edition 
de  Hesselius,  p.  2S4.  C'est  ainsi  qu'on  lit  dans  Ovide  {MC-tam.  IV, 
482)  ,  torlo  incingitur  angue ,  et  apres  qu'elie  a  termine  son  ouvrage  , 
tumidtinique  recingitur  anguem  (  v.  5io),  car  c'est  tutniduin  qu'il 
faut  lire  ,  au  lieu  de  sumtum,  qui  ne  seroit  qu'une  expression  plate  et 
inutile.  De  pareillcs  images  se  trouvent  dans  Stage  ,  Claudien  ,  etc. 

(61)  La  ceiulure large  ^toit  un  caraclerc  essenliel,comme  on  le  voit  par 
diff^rens  monuoiens  cincicns,  oii  les  persoonages  tragiques  du  piemiM- 


Furies.  47 

Za  chaussnre  traglque  (  t^Koarci  r^ayiKo)  )  ne  paroit 
pas  indiquer  la  cbaussure  la  plus  ^lev<?e  des  ancien* 
traglques,  employee  sans  doute  sur  la  scene,  dans 
des  roles  de  h^ros  ,  niais  seulement  la  chaussnre 
creiise  ^  qui  avoit  aussi  deux  ou  trois  semelles  de 
li^ge  ,  et  qui ,  par  consequent ,  agrandlssolt  un  pei> 
la  taille.  A  ce  sujet ,  il  faut  se  rappeler  qu'^schyle 
lui-meme  represente  ses  Eumenides  comma  des 
chasseresses  qui  poursuivent  le  coupable  avec  rapi- 
dity. Le  veritable  cothurne  vient  de  la  Crete,  ou 
il  n'dtoit  la  chaussure  que  des  chasseurs  de  cerfs 
et  de  chamois.  On  lacoit  le  pied  jusqu'au  miliea 
de  la  jambe ,  pour  le  preserver  contre  toute  espece 
de  lesion  ,  et  pour  ne  pas  se  disloquer  le  has  du 
pied,  en  franchissant  les  precipices  et  en  grimpant 
les  rochers  (62).  Comma  ce  cothurne  difF^roit  de  \st 

rang  ont  de  parelHes  ceintures.  Tel  est  I'acteur  qui  fail  le  role  d'Hercule^ 
»ur  le  bas-relief  de  la  Villa  Painphili ,  public  dans  les  Monumenti  ini- 
diti  de  "WiNCKELMANN  ,  n."  iSq  (  voy.  les  ObservatiODS  de  'Wiuckel* 
mann  ,  p.  347  ).  Telle  est  la  Melpomene  sur  le  sarcophage  du  Capitol* 
( voy.  ViscoHTi ,  Mus.  Pio-CUm.  I ,  pi.  B.  ,  n.''  9  ) ;  tel  est  enfit* 
I'acteur  tragique  sur  une  peiuture  d'Herculanuni  ( t.  lY ,  pi.  4'  )  1  ou  I' 
ceiature  est  en  or. 

(62)  Hippocrale  (  de  Artie,  t.  73,  t.  II,  p.  629  ,  ed.  Lind.)  re. 
commande  toujours  la  clwussure  cretoise  ,  le  icfiriKoi  rpcTSos  rent 
iTrostjfiaTay  ,  contre  les  dislocations  des  chevilles;  et  c'est  a  I'occaslon 
de  ce  passage  qne  Galieri  (  t.  V,  p.  644  ,  ed.  Basil.)  a  donn^  ,  de  ces 
cothuriies  de  chasseurs  ,  une  description  si  claire  qu'elle  pourroit  servir 
pour  en  faire.  C'etoient  des  bottines  lacees  ,  servant  pour  courir  dam 
Ics  montagnes.  C'est  pour  cela  qu'elles  etaient  appelees  nofOfCiOK  , 
*t  qu'trllcs  etoient  particulierement  la  chaussure  de  Diane  de  Crel* 
(PoiLux,  Vll ,  193).  On  leur  doofloit   aus»i  le  nom  generique  d« 


48  Arcliccologie. 

chatissiire  employee  dans  les  maisons  en  clans  I'in- 
terifur  c!es  villes  ,  en  ce  qu'il  n'etoit  pas  seulement 
compost?  d'line  scnielle  de  bois  (  QayS'kxtay  )  ,  fix(?e 
sons  le  pied  a>i  moyen  de  quelqnes  courroies  qu'on 
lioit  par-dessus  (  uT^o'^'^jf^toi  )  ,  on  lul  donna  le  nom 
de  chaussure  creuse.  II  semble  que  ce  cothurne  de 
chasseurs  dorique-ci(^tois,  adopte  par  ia  suite  dans 
la  Laconie  ,  a  pani  Ires-convenable  a  ^schylepour 
le  costume  de  theatre,  parce  que  les  liens  qui  ser- 
voient  \  I'attaclier  aux  pieds  etoicnt  susceptibies 
de  beaucoup  d'ornemens  (63),  et  qu'ils  contri- 
buoient  a  relever  la  forme  des  pieds  des  danseurs 
dans  les  choeurs,  et  a  leur  donner  plusd'el^gance(64). 

ifHooytfAula.  x-Oii^ci  ,  chaussure  creuse  (Pollux  V,  18  ,  VII,  .'>4  ) '.  e*» 
comme  tels,  ils  appaitencient  al'espece  de  chaussure  appelee  xp'f'Tioey. 
C'est  ainsi  que,  dans  Philosliale  ,  Atalanle  vient  jolndre  les  chasseurs 
avec  line  »p>)7rij  VTiif  (r(pvpoti  (  une  crepida  ou  colhurne  sur  I'extre* 
mile  dii  pled,  ou  sur  la  cheville  ).  On  pent  consulter  &  re  sujet  Span- 
HEiM  sur  I'hymne  a  Diane  de  Callimaque  (16,  p.  180  ) ,  ou  se  houvent 
Tes  meilleurs  collectanea  sur  celte  nialiere. 

(63)  Voyez  les  commenlateurs  sur  ce  vers  de  Virgile  ( Eclog, 
VII  ,  32  )  : 

Puniceo  stabis  suras  evincta  cothurno. 

Car  ,  menie  dans  les  statues  en  inarbi^e  de  Diane  ,  d'Atalante  et  d'autres 
nymphes  chasseresses  ,  ces  courroies  ^toient  pcintes  ca  rouge  h  I'en- 
causiique  ,  picti  cothurni.  Ovid.  Am.  Ill,   33i. 

(64)  Le  niti  cothurno  ,  dont  I'inventlon  est  altribuee  par  Houacb 
(  Ars  poet.  ,  280)  k  AEschyle,  suppose  aussi,  sans  doute  ,  les  sotihers  il 
echasses  qui  ,  au  moyen  de  sernelles  iiombreuses  et  epaisses ,  agran* 
dissoleni  la  laiile  des  beros.  Mais  c'etoit  Ik  une  nouvelle  addition  du- 
({linie  inventif  de  notie  poete  ,  emprunt^e  de  ce  qu'on  a|)peloit  la  chaus- 
wjic  lyrriieiijenne,  qui  avoil  des  senielles  de  liej^e  de  quatre  doigis  d'ir 

Les 


J.es  acfeurs  ilont  les  choeiiis  Violent  composes,  ne 
j)aroissent  done  avoir  ^tt?  chauss^s  que  de  ccs  Iiot- 
tines  t!e  cluTsseuis  ,  et  non  pas  du  cotliurne  elev^  , 
ce  (jui  aiiroit  donn^  aux  Furies  ,  dans  ]a  danse 
qii'elles  font  autonr  d'Oieste  ,  un  air  trop  embar- 
rass^ et  pen  convenable  a  des  chasseresses  l^screS 
a  la  course,  comme  ^schyle  les  represenfe  toujours. 
Ce  qu'exige  d^ja  I'idre  des  convenances,  sera  par- 
Faitement  confirme  par  les  monumens  dont  il  sera 
question  plus  bas ,  et  sur  lesquels  on  volt  les  Fu- 
ries toujours  comme  de  veritables  chasseresses  cr^- 
toises,  avec  cette  chaussure  lacce  jusqu  a  mi-Jamhe, 
comme  I'avoien*  les  chasseurs  ,  niais  non  pas  avec 
le  cothurne  tragique.  Revenons  au  trSvesdssement 
dc  Mt-nippe  en  Fuiie. 

^a:sscur.  C'etolt  douc  un  aiitie  costume  national  different  de  celui  dcs 
Cretois  ,  et  que  le  poete  auia  employe  pour  son  cosiume  de  theitre  , 
parce  qii'il  conyenoit  au  but  <]u'il  s  eloit  propose  (  voy.  le  Nouveau 
Jdercure  allemand ,  179c),  noremhre  ,  p,  222  ).  AE^rliyle,  en  com* 
binant  la  chaussuie  critoise  des  chasseurs  avec  les  semolles  de  liege  des 
souliers  ivrrheiiiens,  crea  done  unp  nouvelle  espece  de  chaussure  tli6a- 
trale  pour  servir  dans  les  trajt^edles.  Elie  conserva  I'ancien  nom  de 
ttafofves  ,  niais  elle  ne  ful  employee  dans  toute  sa  grandeur  que  dans  les 
roles  des  premiers  h^ros  ,  ft  non  pas  par  tons  les  acleurs  et  choristes, 
qui  devoient  paroitre  dune  tallle  bcaucoup  moins  i-levte  que  les  pre- 
miers Leros.  C'est  ce  qu'on  n'a  pas  distingue  jusqu'a  present  avecasse^ 
Ae  soin  ,  et  ce  qui  a  fait  confondre  ,  d'uiie  inauiere  assez  singiiliere,  l6 
coihurne  de  Diane  et  celui  de  la  tiagedie.  Wisckelmann  (  dans  I'ex- 
Jjlcation  de  ses  Monumenti  inediti,  p.  248  )  a  ele  lo  premier  a  faire 
epercevoir  ceile  difference.  Sur  le  cothurne  exiiaussant  ,  appel^  pour 
cela  nicme  ifiacerctt  ( ichasses)  ,  il  faul  comparer  le  fiagment  re- 
marqnable  de  Diomede  ,  que  VAi.cK,Ei<AEB  {ad  Jnnnonium  ,  I,  18, 
p.  76)  a  exirait  de  Ditinysiu3. 


^     00  ArchcBologie. 

Dans  la  clpscription  qui  en  a  €\.^  rapporti'e  plus 
haiit,  ce  philosophe  porte  aussi  un  baton  de  fr^ne 
(paoJ'oii  ^E/Ai'v^v).  Ce  n'est  pas  ici  le  baton  noueux  des 
phllosophes  cynlques  ,  qu'ils  portoient  a  I'lmita- 
tion  d'Hercule  ,  le  grand  protecteur  de  leur  secle  ; 
mais  un  autre  tout  different  ,  qui  fait  pariie  de  la 
representation  iheatrale.  Un  baton  long  et  droit 
eloit^  en  general,  le  symbole  de  la  fragc'die,  qui, 
par-la  meme,  se  distinguoit  de  la  comeclie  et  du 
drame  satyrique,  caracteris^s  par  le  pedum  ou  ba- 
ton reconrbe  en  haut.  Mais  ,  dans  la  main  d'une 
Furie,  le  baton  indique  encore  plus  particulierement 
la  divinite  v^ngeresse  et  punissant  le  uialiaiteur. 
On  pent  se  rappeler  ici  les  differentes  occasions  oil, 
dans  ranliquit^,  le  baton  ^loit  regards  comme  le 
symbole  du  pouvoir  jiidiciaire  ;  65)  ,  et  de  celui  qui 
'  punit.  II  faut  de  m^mesefigurer  les  Furies  coia  me  des 
especes  de  licteurs  qui  ne  portoient  pas  le  ba(on  seule- 
mentcomme  un  ornemenl.  L'ali^gorie  relative  a  cet 
objet  ,  qu'on  trouvoit  sur  la  caisse  de  Cypselus  ,  est 
tres-remarquable.  On  y  voyoit ,  enlre  autres  ,  une 
telle  femme  qui  maitraite  une  femme  laide  qu'elle 

(65)  C'est  ainsi  que  les  b;"itons  (_  pnodoi  j  etoient  le  symbole  (?o  la 
puissance  du  Gymnasiarqiie  (Fi.scuer,  in  Iiid.  ad  .AEschin.  Dia- 
logg.  Ii.  V.  )  J  <3cs  Brabeutes  et  des  juges  des  combats.  De-la  le  mot 
fnhaevouitv  slgnifiedans  Soohocle  (  2'rachin.  5i6)  ,  litre  juge  des 
combats.  Partout  le  batou  indique  le  pouvoir  de  faire  punir  ei  de  I'aiie 
batrre.  C'est  aussi  ce  que  les  Romalns  vouloleiit  iiidiquer  par  l(ui$  1,'c- 
teuis.  Tou->  ces  magistrats  giecs  avoienX  aussi  des  licteurs  (_  pii<iiv/^ol  J% 
On  peut  comparer  a  ce  sujet  Aristophame  ,  in  Pace,  755^  oil  if  eg| 
quesiioa  des  juges  des  jeux  daas  le$  tiicatres.  foi.i.L':c^  III,.  i63« 


I^iines.  5 1 

Saisit  cl'iine  main  par  le  cou  ,  et  qu'elle  frappe  criirl 
Laion  rjuVne  lieiit  dans  I'aulre  (66). 

Ell  voila  assez  sue  le  philosophe  cyniffue  en  cos- 
tume cJe  Binie.  Ce  qui  pent  eucorey  resfer  d'obscur 
et  d'incertain  ,  s'ex'plique  par  un  passage  de  Lyco- 
phron.  Dans  le  monodiaiue  de  eel  auteur ,  (easiandiJi 
snnonce  qu'elle  sera  divinisee  par  les  Danniens  , 
oncienne  colonie  grecque  dans  I'Apulie.  II  y  avait 
cliez  ce  peuple  line  coiitume  assez  bizarre.  Les  lilies 
luibiles  qui  ne  vouloient  pas  se  uiarier,  slloient 
embrasser  la  statue  de  Cassandra  ,  et  dcvenoient 
ainsi  en  quelque  sorte  consacrees.  Depuis  ce  mo- 
ment ,  elles  s'habilloient  en  noir  (66*).  C'est  ce  qu'on 
appelolt  le  coslunie  clcs  Furies.  Voila  ce  que  Lyco- 
pbion  fait  dire  a  Cassandra  (v.  Ii3i  et  suiv.  )  5 
«  Lorsque  les  jeunes  fiiles  rcfnsent  de  s'imposcr  le 
•■  joug  qui  les  attend  ,  et    qu'tlles  veulent  eviter 

(G6)  Pausanias,  v.  i8,  p.  79.  T^'i  iuitir,;  yv'ici:Ka,  aiT)yput 
Ki)tsic,sc-a  ,  Kdi  Tij  fiiv  U7! ii[x,iS<r<t  aurljv,  ~ti  ai  caioai -jcxlisirci  ^ 
AlKiJ  an  return  'Aoiy.iuf  ^fXTtt  Wi.  Hey.ne,  <1jus  sa  dissertation  sutr 
la  Caisse  de  Cypselus ,  p.  37  ,  a  deja  cite  cet  excniple  de  I'iiiflutsnce 
exeicee  par  le  langage  figure  sur  les  arts  du  dessii).  La  Aik^j  est  rres- 
sourent  ronfondiie  avec  les  Tlonect  et  les  Fiiiies.  Vdy.  WrrrEKsACH , 
acl  Plutarch,  de  Ser.  Ku/n.  yind.  p.  17.  Ce  n.'est  fjue  par-lj  qu'on 
pcul  expllquer  le  passage  celebre  d'EuRiMDE  (  ILppolyt.  1172),  que 
Valckenaer  meme  a  mal  conipris ,  et  dans  lequel  I'expresslon  po-^^of 
Af-y,;  ne  doit  pas  etie  expllquee  par  la  niarcLet:e  de  la  souriciiJre ;  mai* 
par  ci-  baton  de  correction.  Cost  a  nsi  encore  que  Pindare  (  Olynip, 
IX  ,  5o  )  donne  a  Hades  un  fuocoi  pour  faire  enlrer  les  inortels  dans 
!rs  aLymes  do  I'Orcus. 

(filj*)  Ce  costume  a  ete  adopte  aussi  dans  la  suite  par  les  rcligieuses 
cu  lilies  v.onjacrt(S  i  Dieu.  Voy.  TeriuUUn,  Jean  Chrjsostorae ,  etc. 

D  2 


5a  ArchcBologle. 

H  le  manage  ,  elles  viennent  seirer  foitement  ma 
<.  statue  qui  Ics  defend  contra  le  lien  conjugal. 
-  Elles  ont  le  vctement  des  Furies  ,  le  visage  peint 
»  dc  sues  de  diffJrcnies  flanles.  C'est  ainsi  que  je 
.<  snis  adoree,  comtne  df^esse  ^tetnelle  ,  par  les  filles 
••  qui  poilcnt  Ic  baton,  •• 

TzeJzes,  dans  son  commentaire  sur  ce  passage 
qiiil  a  tire  de  scholiastes  plus  anciens,  cite  iin  fiag- 
ment  de  I'liistorien  Timreus  ,  qui ,  dans  ses  hisfoircs 
italiques,  a  surtout  recueilli  les  traditions  des  lia- 
bitans  des  cotes  del'Italie ,  et  dent  Lycophrun  pa- 
roit  avoir  tir^  parti  pour  la  composition  de  son  sa- 
vant poeme  (67).  Tlmffius  rapporte  ,  selon  Tzeizes, 
«  que  ces  t'emmes  dauniennes  portent  un  veteaieut 
«  noir,  et  peignent  leur  visage  en  rouge  j  qu'elh-s 
•I  ont  une  large  ceinture  ,  une  chaussure  crcuse,  tt 
n   qu'elles  portent    un    baton   dans  la   niaiu  (60).   " 

(67)  Les  anclcns  appfiloienl  dc^ja  cc(  Iilstorleii  yiixo(ru».ii'SJpcct  , 
k  cause  du  grand  nonibie  de  conies  de  vieilles  femiues  qu'il  dcblloit 
dans  ses  ouvrages.  VoyezSuiDAS  ,  voce  Ti[.i<tloi  ,  et  Voss  ,  de  Histor. 
Crcec.  1  12,  p.  82.  On  pourroit,  sans  elie  injuste ,  donner  le  irieiTie 
iurnoin  a  Lycophion  ,  qui  saisit  avidenient  ,  et  a  cliaque  occasion ,  les 
rccits  fabuleiix  de  Tinijeus  ,  comme  on  Ic  volt  par  plusieurs  citallous  d« 
Tzelzt'S  entre  autres  dans  la  fable  de  Podaliiius  ,  v.  io5o.  11  paroii  que 
ks  Dauuiens  surtont  avoient  une  grande  aboadance  de  lugcndes,  et 
qu'elles  ont  joiie  un  role  important  dans  renuuierallou  des  traditions 
coniposee  par  Tlmxus,  dont  les  fragmeus  meriteroleni  d'etre  recueillis 
s^-parement.  II  parotl  au  surplus  que  cet  autenr  y  a  donne  une  descrip- 
tion exacle  du  \etemunt  des  homnvs  et  des  feuiines.  C'est  ce  qn'on  voit 
par  une  citation  del'olliix,  11,29,  oii  ii  est  quesliou  de  E>!.lo^ito;  a-y::?  , 
/i'une  chevelure  hecioiit-nne. 

(68)  A(    T»ii    Ay.'jn^ii    ywKi'iiS.   [■'.'i>^!Xli»i    iSiirx.   ^«:u<r<    >(^ 


Furies.  53 

Pliisleurs  savans  qui  se  sont  ccciip<!^s  cle  I'histoire 
la  pins  ancienne  dr  I'ltalie  ,  out  de^a  fait  I'obser- 
valion  que  les  anciens  habitans  de  ce  pays  avoleut 
I'habitude  singnlieie.de  donner  a  leurs  usages  iine 
oiigine  grerque  (69).  Vraisemblabiemenl  il  en  ^loit 
de  nieuie  de  ce  costume  d«  Furies  des  fiJles  c^- 
libafaiics  des  Daiiniens  ,  qti'on  retrouve  aussi  sur 
]('%  cotrs  niariduies  de  plusieuis  pays  occidenfaux 
de  I'Eiirope  (70).  Des  voyagcurs  grecs   viient  cet 

Kuli^iS(r('^.  II  est  tiaturel  (jue  le  sclioliasle  ne  doiine  re  passage  que  par 
exiiaiu  II  est  vraiseiublable  que  Tiniceus  n'aiir'jil  pas  eiyploje  le  mot 
oVftf.  On  peut  encore  pi^suiiier  qu'apr^s  le  mol  srt/f^a  il  y  avoll  en- 
coic,  dans  TJnixus ,  les  mots  K«f  Kumviii. 

(60)  On  peut  consulter  h  ce  snjet  le  IV.°  Excursus  de  Heyne  ,  sur  le 
Vll.°  livre  de  I'AEneide,  p.  i5i  et  suiV.  Cet  excelltnl  Excursus  vaut 
blen  j  a  lui  seul  ,  uiie  douzaine  de  topographies,  aljondnmnieni  pour- 
yurs  de  citations  ,  lelles  que  les  donnpnt  souTpiit  les  antiquaires  d'ltalie. 

(70)  Les  Ibcrieiis ,  dit  Posidonius,  ddtis  Atli'iue,  Xil  ,  5,  p.  5^5, 
B  ,  quoiqu'ils  portent  de  longs  veteniens  Iragiques  ,  de  difftrentts  cou- 
leurs ,  et  qu'ils  se  serveiil  de  luniqufs  qui  desccr.denl  jusqu'aux  pieds 
^•/^lluxrt  ■aco/i^in  )  ,  n'en  so«t  pas  moins  dp  vaii!ans  guerritrs.  II  pa- 
rott  que  c'est  dans  le  miime  Posidonius  que  Slr.ibon  a  pris  ce  qu'il  dit 
Hux  les  liaLIians  des  Cassiieridcs  ,  oil  iles  qui  produiseni  I'ctain.  »  II  y  a 
c<  (  ditr  il  ,  ]II  ,  p.  265)  des  liommes  vctus  en  nolr  (  ^£A«fj^Ai>t<K)/ , 
^pilliete  qui  est  donnpe  ii  beaucoup  de  peoples  anciens ,  voy.  Hebodot. 
IV,  107  ,  Tacit,  de  mor.  Germ.  c.  45,  et  les  notes  sur  Ammianus 
IMARCELitNus  ,  p.  476,  de  I'tdlt.  de  Gronov.),  «  qui  sont  dans  I'usrige 
«  de  portet  de  lougues  tuniques,  avec  une  ceinture  sur  la  poitrine , 
«  et  qui  sa  promenent  avec  des  batons  (  f*ii«-  fttoaav  -Zirjf (jja7SvT£y  )  , 
•c  s^'Ublcibles  aux  Jeesses  vengeresses  oupuniisantes,  dans  la  tnt- 
f  £aJic  "    (^oftaigi  retis  r^cefuxiS  ncivMt;,  selon  la  correction  iu- 

D  3 


54  'Archcvologie. 

ancien  usage  national  ,  et  comparerent  ce  cosfume 
a  celui  de  leurs  Furies  sur  Jes  theatres.  Ce  fut  ce 
qui  Ics  engagea  a  iiiventer  la  fable  de  (Cassandra. 

Ce  fragment  de  Timasus  et  I'emploi  que  Lyco- 
pliron  en  a  fait,  sera  toujours  tres  -  remarquable 
pour  nous.  Les  jeunef  fiUes  qui  s'habillent  en  Fl;- 
liesj  se  peignent  le  visage  de  difFerenfes  couleurs 
artificielies  (71)  ;  cela  sert  a  confirmer  ce  qui  a  ^It5 
dit  plus  liaut  sur  la  couleur  noire  applisjuee  sur  !e 
masque  de  Gorgoues  ,  sur  les  ^paules  et  les  brasdes 
Furies  d'^schyle.  Ce  passage  nous  fait  voir  encore 
que  le  baton,  la  ceinture  large,  et  la  chaussure 
de  chasseurs ,  ^toient  regard^s  comme  appartenant 
n^cessairettient  a  ce  m^me  costume.  Ce  n'est*  que 
d'apres  toutes  ces  donnees,  qu'on  peut  determiner 
d'une  maniere  certaine  le  plus  ancien  costume  des 
Furies  ,  et  expliquer  dilFerens  passages  des  au- 
tcurs  qui  n'cn  parlent  qu'en  terines  vagues  et 
generaux  (72). 

flubilable  de  Casauhoii  ,  que  Slebenkecs  a  recue  dans  le  tPxte,  d'apres 
^Qi  niaiiu'Jcrits  ( voy.  son  edilion  de  Sirabon  ,  t.  1 ,  p  4(39)  Uii 
passage  de  Tacite  (  Annal.  XIV  ,  5o  )  pourra  lever  tout  re  qu'il  y 
euroil  encore  de  difficultes.  En  pailant  dela  defense  de  I'lle  de  Mona,- 
•elon  touie  apparence  une  des  ancien nes  cassiierldes,  II  dit  :  «  Inleicur-. 
<?  s.ant  Feminse  in  moduiu  Furiaium  ,  qiiSe  veste  /ernlij  cricibiis  deifc-i 
«  tis  faces  prxfci'unt.  «  F.roesii ,  pour  n'avoir  pas  songe  au  veteineiit 
noil-  df-s  ri-.i  ie?  de  la  liagedie  ancicnne ,  liesite  sur  I'explication  de  I'ex.. 
prfsiion  i.'estis  ferniis. 

(71)  Lyrophron  se  sert  de  I'expressloii  fi^Kf  /Jaipaj.  Lorsque  ^:Coj 
f(t  6mployi.,aii  sin£;(iller  ,  il  designe  loujours  le  visage.  Voy.  Hesxcuius 
»ous  ce  ri,iol ,  et  VEiyniologicon  de  LE5NFrs,  p.  S46  et  suiv. 

(7a)C'fest  aiusi  que  raussoias  (IJI,  jg,  p.  41S;  rappoite  que  To-- 


Furies,  55 

Les   Furies   tenant   un    baton    clans    la    c^auclie , 

pouvoicnt   ties  -  bien   secouer   encore   un    flambeau 

clans  la  main  dioite.  Cependynt  il  faut  observer  que 

ni  les  descriptions  detaillees  du  phis  ancien  costume 

lyxo  ,  /-ponse  de  Tlepolenius  ,  fit  tiier  Helene  par  vengeance,  clans 
J'ile  «le  Phode  ;  qii'elle  la  Kt  siiipiendie  au  bain  par  ses  esclaves  ,  -vccues 
en  Furies,  et  qu'elle  la  fit  pendro  a  un  ailiie.  D'apies  ce  qui  a  ele  dit 
iusqu'd  present ,  on  volt  bien  ce  que  signifient  les  niols  Prpa5ra(v«j 
EflvfUTiv  itrKiuaa-f^iia;,  C'esr  aiiisl  que  Dion  ,  p»u  de  temps  avant  sa 
ijioi  t ,  Tit  dans  un  portique  sombre  de  sa  niaison  un  spectre  :  ymctiKet 
^tfaAijv  ,  <ioXvi  f-tii  Kcit  TSiotraTr^  ft>!etv  'Eonvvoi  T^ytyjy^s 
?rs:^«^ii;T7»ff«» ,  (rat pvo-av  e\  x.a/i:vvrfii)  tivi  T/tv  onciav,  «  Une 
«  grande  fcniine ,  laqiie lie  ,  quant  au  vetement  et  au  visage,  ne  difft- 
»  roit  point  d'une  Furie  tragique  ,  ct  qui  neifoyoit  avee  un  baJai  la 
«■  niijisrii.  »  Vo\»7.  Pliitarqcje,  dans  la  vie  de  Dion,  55,  t.  VI,  p. 
•,!2i  ,  ed.  de  Hutten.  II  n'ey  ici  nulloment  question  des  altribuls  qui 
onr  ele  donnes  arx  Furif  s  dans  les  temps  posteripius,  lels  que  les  fl.im- 
boaux  et  les  serpens.  Dion  apeirut  la  Furie  n.aigre  et  alongee  d'AEs- 
chjle,  &  cetle  difference  pres  ,  qu'au  lieu  de  baton  elle  avoil  uu  balai , 
avcc  lequel  elle  netloyoit  la  maison.  Cet'e  artion  est  svniboiique ,  et  sl- 
pnlfie  que  Dion  devolt  cire  tnut-a-fail  externiine.  CVsl  ainsi  qu'ArisIo- 
plianc  doiine  a  Jupiler  un  balai  pour  balayer  la  Crere,par  lefleaudela 
£;ucrre  du  Peloponnese.  Voila  comment  Tr\ga=us,  dans  Teffusion  de 
son  patrioli.'me  ,  s'cciie,  en  tournant  ses  regards  vers  le  ciel  (  Aei- 
STori).  in  Puce  ,  58  )  : 

—  \ — 'il  Z£u,ri  ■sroli liis>,tuii  Tcpuv', 
Kaiuiii  TO  KofKftW  fiii  'KKOfii  THii  '£*««?■«. 

<c  O  Jnpller ,  que  veux-tD  faire  ?  Depose  ]e  balai ,  ne'  balaye  pofm 
c<  loCiere.  »  Wagner  a  done  bion  fait  de  recevoir  ,  dans  le  texted'AI- 
cipliron  (  III  ,  ep.  62  ,  I.  II  ^p.  iSg),lj  \econ  iKKa^y,iitriS  ,  t^ue  tu. 
sois  extermin^,  coinine  imprt'calion  ,  au  lieu  d'txxouf /otcS'i;;?  ,  ainsi 
qu'il  a  ete  observe  par  Bergleb  et  par  Schneidfr.  (  Voy.  KiiiTER,  ad 
SuiD.  voce  Ko^it/iu  ,  t.  II,  p.  549,  et  les  notes  sur  Hesychius  ,  voce 
tKHo^ari  J  1. 1,  col.  1157,  cd.  Aibebti  j. 

D4 


55  Jrchmohgle. 

tragique  de  ces  deesses,  conime  nous  venons  dc  1  exa- 
miner, d'apres  les  fragmeiis  d'Hippobotus  et  de 
TimJEiis,  ni  ^scliyle  !ui-m^me,  aiitant  que  j'al  pu 
m'en  convaincre  d'apres  un  examen  fait  avec  atten- 
tion,   ne  font   mention  de  ce  dernier  attribut  (73}. 

(73)  A  ce  que  je  sais ,  il  u'y  a  dans  les  Eumenicles  d'ATschyle  que 
deux  passages  qu'on  a  rapporlus  aux  fl.inibeaux  des  Furies.  Dans  I'liynine 
de»  cbaiiies  (  ijMi'cf  ^(O'fiiot  )  ,  qu'elles  chanteiit  en  dansaiit  aiitour 
d'Oresie,  elles  disent  (t.  5j5):  «  Nous  regnoiis,  sepaiees  des  dieux  ,  sans 
«  ponipe  et  sans  erlat  ,  dans  un  sejour  oil  marc hent  avec  peine  le  voyant 
«  et  ravfugle,et  e/ue  n'eclaire  point  le  sohil  ioir.iXta  >iUfi'Z3-a)  >• 
WiNCKELMANN  ,  dans  ses  Monumenti  inediti ,  p.  2o5  ,  a  deja  explique 
ce  passage  des  flambeaux  des  Furies  ,  qui  ri^pandent  une  fumee  sombre, 
et  M.  de  Hombold  ,  dans  le  journal  de  Berlin  (  Berlinische  Monat- 
ichr/ft),  i79i,  aoijt  y  p.  i58  ,  I'a  auss!  Iradiilt  par  les  mots  w/f  ^on^ien- 
scheuer  Packet,  c'cst-i-dire ,  avec  un  flambeau  qui  redoulele  solefl^ 
Si  par  d'autres  preuves ,  on'  pouvoit  etablir  qii'AEscbyle  a  donne  dc« 
flambeaux  a  scsFuiies  ,  on  pourroit  sans  doute  exptiquer  ce  passage  de 
ceile  nianier*.  Mais  comnie  cela  n'esi  pas  ,  je  serois  plulot  porte  i  I'en- 
tendte  d'une  lueiir  de  feu  qui  les  entoure ,  elles  qui  maiclient  dans 
I'obscurite  (  iit^o(po'irti  ,  Ilias  IX  ,  56;  ).  On  se  rappelera  S  ce  sujet 
la  vision  d'Oreste  qui,  dans  Euripide  (  Jphig.  in  Taurid.  t.  a88)  , 
voit  la  Furie  £"  ^iIclVoiv  snif  -^Wiirav  ,  dont  les  habits  vepandenr ,  et 
soufflem,  pour  ainsi  dire,  du  feu,  C'est  pcut-eire  de  )a  que  Plaion  {de 
Republ.  X,  t.  VII  ,  p.  526,  edit,  de  Deux-Ponts)  a  emprunte  ses 
avSciS  ita-!^ufiol  ,  »'s  liommcs  en  leu,  dans  le  Ci-lebre  mylhe  de 
)".'nfer.  Elles  sont  en  general  enlourees  d'un  feu  infernal.  S^neque 
(  Here.  Fur.  87  )  ,  en  parlant  des  Furies  ,  dit  :  Ignem  flnmmem 
spavgant  comet.  —  Le  second  passage  ,  que  Bekgleb.  (  ad  Akistopii. 
Plut.  424  )  explique,  des  llambeaiix  des  Fmies ,  se  trouve  a  la  fin  de 
la  piece,  v.  102R ,  oii  ceiix  qui  assisient  i  la  procession  sole;ino11e 
(  a-eo^OiM^roi  )  clianteni:  «c  i-':opic<s  ei  favoiables  a  ce  pays,  vi  nt-/.  , 
o  deesses  augusles;  qne  ces  totchcs  enflamm^es  vous  rejouissent  ! 
n  [^wtis/iS'aTilm  Xa.fc7sa.St  nfZTCfievui'^.  >'  l\l.iis,  dans  rout  oe  pa* 
Wje*''  "'<?"  q'lfStiou  quo  des  flambeaux  que  le  peuple,  en  lUonucuv 


F/irlcs.  5  J 

Le  flambeau  n^anmoins  est  un  atdihut  ancicn  ,  g^- 
neralement  reconnu  et  caract^ristique  de  V Erinnys 
tragique  ,  selon  I'expi  ession  de  Properce  ,  et  on  pent 
cioire  que  ,  des  un  temps  asfez  iecnl(?,  i!  a  ([6 
employ^  sur  les  theatres  des  Grecs,  pour  caractd- 
riser  ces  divinitcs  vengerts-es.  La  plaismiterie  seule 
d'x^risfop'nane  Ic  prouveroit  suffisamment.  Dans  son 
Pliitiis^  lorsqne  Penia  (  la  pauvret(=  peisonnifi^e  ) 
atlaque  les  deux  vif>i;lards  Chiem)liis  el  Elepside- 
mus  (  V.  4^3),  Cliremylus  s'eciie  avec  un  gesle  co- 
mique  d'(?(onnement  : 

<■   Qui  es  tu  done  ?  Tu  parois  si  psile  ! 
Blepsidemus.  "   Peut-elre  est  ce  la   FLuIe  de  la 
"  frag(^die? 

Chremylus.  "  Non  ,  car  elle  n'a  point  de  flam- 
«  beau ,  e(c.  » 

A  cette  occasion,  les  anciens  sibol'asles  font  ex- 
press^ment  I'observation  que  le  poete  comique  plal- 
sante  /Eschyle  qui  a  introduit  dans  ses  pieces  les 
Furies  avec  des  (lambeaux  (74)-  Parmi  les  anecdotes 

des  Furies,  doit  ailumer  (!t  bruTer  dans  leur  grolle  obscure.  Voila  ce 
que  Minervw  prompt,  au  vers  ioo«};  et  c'est  pour  cela  que  Jesoffrandes 
<]iii  doiveiit  leur  etre  poi  tees  sent  appelees  (v.  loii^O'Jtoyotilitaaiais  y 
dts  offrandes  accompagnccs  de  flambeaux.  II  ri'y  est  done  pas  question 
de  flambeaux  portes  par  les  Furies  tlles-memes.  Ft  dans  les  deux  pas- 
«.iges  d'£uiipide,  ou  ce  poete  fait  roir  &  Oresle  les  Furies  ,  au  commen- 
cement df  la  piere  intltuli'e  Oreste,  et  dans  son  Iphigenie  en  Tauride  , 
tiles  n'ont  jamais  des  flambeaux,  mais  blen  dans  I'Oiesle,  rers  274, 
des  ileches  et  un  aic  ,  conime  dos  cliajsei  esses,  pour  s"en  servir  centre 
le  nialfalteur. 

(J.,)    ETHTKUzrld    T^e    i'lx     Tuv  'E^miaiv     A'kt^vXh    vTscSfirit. 
"^cc^iie-xyolut  fttTc  ^oif*7!ticett  ^'.ifO'Xct6Sfeci  J    et  I'auue  scholiasts 


58  yirchixologic. 

Rur  Sociate,  vacout('es  par  difFi^iens  auteurs ,  il  y 
rn  a  line  ou  des  jeunes  gens  fac^tieux  pr^tendent 
]iii  faire  peur  en  se  drguisant  en  Furies.  A  cetle  oc- 
casion ,  il  est  dit  expresseraent  qu'ils  ont  eu  des  //ani- 
b:auj:  alliiines  et  des  masques  de  Furies  (yS).  Si  les 
Furies  n'avoient  pas  ^te  representees  sur  le  theatre 
des  Grecs  avec  des  flambeaux ,  ^Eschines  n'auroiC 
pas  pu  prononcer  confre  Timarchus  ce  passage  c^- 
lebre:  <•  Ne  croyez  pas,  Alh^niens ,  que  les  Furies 
"  persi^cufent  et  punissciit  le  criminel  avec  des  flam- 
"  beaux  ardens,  comme  cela  se  fait  dans  les  trage- 
"  dies  (76).  •>  II   est  done  incontestable  que,    dans 

<lit  uu^otTtv  ct  T^tf/ifooi  £/j^£pe,'v  tc,{]u  A«|K5r«(5"4)»  t  cVst  aussi  ce 
que  Suidas  a  extrait  dans  son  dictlonnaiie  sous  le  raot  T^ymt^ttt^ 
r.  Ill,  496. 

(/S)  lis  le  gupttoienr ,  dit  AElien  (  T/ir.  lUst.  IX ,  29  )  ,  ^uS'ei? 
'(•/,f»lti  y!f.iy.eva;  xai  Epimlav  TS^nTaTra.  II  y  a ,  dans  rantiquilc  ,  une 
Iradiiion  paiticuliere  d'anccdotes  ;  snuvent  la  meme  Iii.sroire  est  rappor- 
»ie  avec  de  perits  changemens  de  plusie'irs  liommes  celebres.  Qiielque- 
iois  on  peut  ties-bien  suivre  le  fil  de  ces  Iradilions  jusqu'aleur  premiere 
engine.  Ici  c'e  t  une  aventiire  airivee  ,  S  ce  qu'on  pretend  ,  l^  Demi- 
crile,  et  que  LuciSN  {in  Philopseud.  c.  35  ,  t.  Ill  ,  p.  69  )  raronte 
d'une  maniere  fort  plaisante.  Quelf|ues  aulcurs  I'ont  voulu  laronter  de 
Socr^te  ,  en  y  faisant  quelques  petits  changemens.  Je  trouve  tres-pro- 
bable  que  !a  fameuse  lijstoii  e  des  spectres ,  que  Pline  (  Epist.  VII ,  37  ) 
rapporte  d'^theuodore  ,  vient  de  la  meme  source ,  a  rela  pres  qu'on  y 
a  fait  des  changemens  considerables.  Lucien  la  raconte  d'un  certain  Arl- 
gnotus.  Les  peres  de  I'eglise  en  font  des  lentations  du  diable,  etc. 

(76)  Ko>,a^itv  ScfTii  ■/:fc/ititai;  (p.  ig6 ,  C.  ed.  Vyolf).  Ce  passige 
a  ete  iniite  souvent  par  de»  auteurs  grecs  et  latins.  Tout  ]e  monde  con- 
iioit  les  imit.iiions  de  Ciceron  ,  pro  Rose.  ylin.  c.  24 ,  sect.  67  ,  ct  tie 
legg.  I.  1 4-  NtTOn  voyoit  Ics  Furies  de  sa  mere  ,  armees  de  flambeauJC 
(SuEXOK.  in  Net:  84).  Dans  les  poetes  latins,  les  Furies  allument  leuiS 


Furies.  59 

<1rs  femps  fres  -  anc'ens  ,  les  Furies  dcs  lli(?atres 
t'lolent  arni/es  de  flambeaux;  ct ,  comir.c  les  danses 
de  flambeaux  Violent  iin  drs  jeiix  les  plus  ch^ns  des 
Adifniens  ,  et  que,  pour  cela  memo,  on  manioit 
les  torches  allumees  avec  beaucoup  plus  d'adresse 
que  cela  r,e  se  fait  souvcnt  sur  n  js  theatres  modernes , 
it  paroif  aussi  que  cet  instrument  eloit  iin  de  ceux 
que  les  Alhf^niens  aimoient  le  plus  a  voir  sur  leurs 
theatres  (77).  Winckklmann,  dans  sesMonumenti 
ontichi  inedili ,  n.°  i5i  ,  a  fait  figurer  un  va^e  d'ar- 
gent ,  sur  leqnel  I'arlisfc  a  repr^sent^  une  Furie, 
probablement  selon  une  des  scenes  des  Eum^nidcs 
d'/Eschylc.   II    est  surpienant   que,  malgr^   la  res- 

flr.niheaiix  ,  tantot  dans  le  Phlegetlion  (Dhakenboech  ,  ad  Siltum  Ital. 
11  ,  610),  tantot  au  burlier  de  quelque  nioit  (Statius,  Theb.  1,96). 
DansOviDE  {Metam.  IV,  5o8  ),  Tisiplione  decrit  avec  son  flamhfau 
une  roue  de  feu.  Mais  personne  ne  s'ariele  avec  plus  de  complaisance  a 
ces  torches  ardenles  des  Furies  que  Scne<jue  le  tragique  ,  el  Claudien. 
On  les  donnoit  aux  Furies,  sans  doule  ,  comme  instrument  de  torture; 
car,  pour  torturer,  on  employ oit  aussi  Its  Ilambeaux.  C'est  pourquoi  le 
panil'gyrique  Pacatus  (  ad  Theodcs.  c.  42  ,  t.  II  ,  p.  401  ,  ed.  Jtpger) 
dit  :  ■€  Mihax  umbra  oh  os  carnijicis  tui  futnantes  injernis  ignibus 
«  teedas  quatiebas.  » 

(77)  On  sail  combicn  les  administrations  de  nos  spectacles  redoublent 
de  vigilance  lorsqu'on  donne  des  pieces  avec  des  ballets  ,  dans  lesquels 
il  y  a  des  danses  a  fl.irabeaux  allumes.  II  paroit  que  les  anrirns  avolent  , 
i  cet  egard  ,  une  plus  grande  habitude.  Les  courses  aux  flambeanx  ,  dans 
la  fete  des  Panathenees  (  Van  Dale  ,  ttlarm.  Ant.  VI ,  p.  5o4  ;  Cat- 
irs  ,  hec.  d'j4nt.  t.  I ,  p.  xv:i  etsniv.  ),  remploi  des  flambeaux  dans  les 
mysieiesde  Ceres,  devoit  leur  donner  beaucoup  d'habilcte  a  les  nianicr. 
C  est  ensuite  une  autre  question;  quel  pent  avoir  ete  I'effel  des  flam- 
beaux au  grand  Joiir ,  sur  les  anciens  theatres  Peul-ctie  p'y  ctoieaf- 
ils  souvcnt  que  sjmboliques. 


6o  ylrcJifcolog'ic. 

semblance  fiappante  de  son  cosfinne  et  tie  cclui  qui 
vient' d'etre  d(?ciit  comme  le  plus  ancien  ,  d'apies 
j(Eschyle  meme,  elle  ticnne  dans  une  main  un  rou- 
leau, et  dans  I'autre  un  flambeau.  L'artisfe  a  qui 
I'on  doit  ce  vase ,  se  reprcsentoit  done  deja  les  Eu- 
ii'.dnides  avec  des  flambeaux.  I.es  Furies  cjui  ex^cu- 
U'ut  autour  d'Orestela  terrible  danse  dc'scbaines(78), 
r'avoient  ccrtaincment  que  des  batons  ,  mais  non 
}ias  des  flambeaux.  On  peut  bien  danger  en  choeur 
on  en  rond,  et  fenir  iin  baton  dans  une  main,  mais 
ii  n'est  guere  possible  de  danser  ainsi  et  de  tenir 
un  flambeau  (79).  Mais,  dans  un  choeur  compost 
de  5o  acteurs,  il  est  probable  qu'il  y  avoit  plusieuis 
figurans  (b'o)   qui    ne  dansoient  point,  mais  qui  se 

{-%)  Cetle  scene  elolt,  sans  contretlit  ,  la  plus  terrible  cTe  toule  Ij 
piere,  et  les  anciens  la  re£;3rdoicnt  aussi  conime  telle.  A  Rome,  les 
Fillies  etolent  representees  de  celte  niaiiiere  dans  I'jUcmMon  d'Enuius. 
Dans  le  frafjniem  que  Cicebon  (^Acad.  qucest  II ,  aS  )  a  conserve, 
AlcmKon  s'icrie  ,  dans  sa  fureur  :  Cin'uinstatit  cum  ardentihus  tctdi'S. 
Lorsqu'Apollodore ,  tyran  de  Cassandrea  ,  toiinnenle  par  les  reniords 
de  sa  conscience  ,  crut  voir  ses  propres  fiiles  en  feu,  danser  en  rond  au- 
tour de  lui  ,  B-ufaTEoa;  om-nl?^?  x«;  (p^i'yOjMjvaj  ri)7j  a-sij/iiairt  ki;«Pc» 
■srt^i  uuTov  TKfilet-^isc-u?  ^  (  Plutarch  de  Ser.  Num.  Vindict-  p. 
555,  B.  ed.  de  Francfort  ,  ou  p.  og  ,  ed.  de  'Wylteiihach )  ,  ce  n'ctoit 
qae  la  veritable  danse  des  chaines  des  Furies.  C'est  encore  alns' 
que  ,  selon  Lucien  (in  Philopseud.  I.  Ill,  Opp  p.  59)  des  joones 
gens,  deguises  en  spectres  011  revenans ,  dansoient  auiour  de  Deroo- 
crile. 

(75)  L'expression  <iyt  eli  xu)  X"^"''  ci-^afu^  (  AEsch^l.  Eumenid^ 
5oo  )  ne  laisse  point  de  doule  sur  la  nature  de  la  dause  doni  il  s'agit. 
C'ctoll  un  /i^^sj  xvJcAjoj  ,  oil  les  danseurs  se  prenoient  par  les  deux 
ni.iins.  C'cst  pour  cela  qu'il  ne  peut  pas  y  avoir  A'i-TSfOO?  ,  qui  ne  pou- 
Toit  avoir  lieu  que  dans  un  ^K*?^'  Tili^ayiinoi  j  comme  eloient  le« 
tlircurs  Iragiques  ordinaires.. 

(SoJ  Vojcz  la  note  X ,  a  la  fin. 


Furies.  6 1 

placoient  ties  deux  coles  ,  pendant  qi;e  les  autre* 
executoient  la  danse.  C'est  peut  -  etre  a  ceux  -  ti 
cju'on  douuoit,  dans  la  suile,  des  flambeaii-x  ;  et , 
comme  cet  atlribut  ^(oit  plus  franpatit  et  d'nn  plus 
grand  effVt  pour  les  yeux  que  de  simples  batons, 
on  les  aura  employe's  plus  souvent  conime  caracterc 
g^n(?ral  et  ordinaire  des  Furies. 

Lorsque  Sfrabon  fait  renuineration  des  instru- 
niens  dont  la  teliglon  se  servoit  dans  les  Umps  les 
plus  recules,  pour  exercer  son  influence  sur  le  peo- 
ple, il  nomme,  outre  I'lBgide  ,  le  foudre,  Je  tii- 
dent  et  le  thyrse,les  flambeaux  et  les  dragons  (ci;. 
Lorsque  I'all^gorie  des  artistes  fut  fix^e,  on  fepri-- 
senla  ces  deux  derniers  Inslrumens  (  les  flambeaux 
et  les  serpens  )  qui  appartenoitnt  sp^cialement  aux 
attributs  des  deesses  vengeresses  ,  le  plus  souvent 
de  manivire  a  leur  donner  le  flambeau  dans  la  gauche 
et  uu  serpent  sifllaut  dans  la  droite   (3^).   L'^tude 

(Si)  Auusrcii'l!  Kcet  ^^xKtvJis.    (Stbab.  I  ,  p.  5;  ,  A.) 

(R2)  Stace  ,  i  lj  (ill  d'un  passage  qui  conliVnt  tout  re  que  I'imag'na- 

tion  des  aaciens  avoit  concti  au  sujet  des   Fuiies   {Theb.  I,  8g-ii5), 

d.t  : 

Turn  geminas  quattt  ilia  mantis.  Hn?c  igne  rogali 
Fulgurat  ,  hcec  vivo  ma/ius  aiira  verberat  hydro- 

Ce  fut  encore  de  la  meme  nianiire  que  paruieni  les  pretresdes  Fjlisqiies 
et  di  s  Tarquinieiis,  d'apres  le  recit  de  Trte-Live  et  de  Frontlii ,  qui  rap- 
poilenl,  coiu;iie  un  sliatajjeme  ,  cetle  action  qui,  cepeudaiit,  paroit 
avoir  eu  un  tout  autre  bur.  <t  Iiide  terror  inaximus  fuit  ,  quod  sacerdo- 
«  tes  eorum  /hcibus  arJeniibus ,  anguibusfjue  pratlatis  incessu 
u  furiali  mililes  Romanoruni  insiieta  tuiliaverunt  specie  »  (  Liv.  VII  , 
17,  avec  les  notes  de  Gru*£E  ,  t.  II  ,  p.  5>25,  t-d.  de  Diakenliorch  ).  iin 
conip.irant  uiie  scene  seniLlable ,  rapporle?  par  lile-l.ive,  IV,  55,  avcc 
c«  .lu'eu  dit  fluius  ,  I,  ij  ,  S  ,  je  ciois  ijue  I'evtntinieut  en  quesuou  «- 


62  A I  cii  cool  Ogle. 

des  moniimens  anciens  nous  auprcnd  que  ,  d  ins  \A. 
belle  ^poqiie  de  I'art  ,  lorsqu'on  cut  ennobli  les 
figures  des  Furies  jusqu'a  Its  repic'scnter  comma  - 
dc  belles  remmes  ,  on  prdf^roit  rlejes  represenler 
avec  le  serpent  ,  symbole  nioins  eqi)ivoq::e  que  le 
flambeau  ,  cjui  eloit  anssi  I'attiibut  du  culle  de  Cy- 
bele  ,  de  Bacchus  et  rle  Ceres,  et  qui  ponvoit,  par 
consequent,  faire  confondie  ensemble  les  Furies  et 
les  pretresses  qu'on  caract^risoit  aussi  par  celte  da- 
douchic  ^  ou  en  leur  dounaiit  uu  Oaiubeau  clans  la 
main.  Les  'jioeies  post^rieurs  qui  nous  repr^sentent 
les  Furies  toujours  eomnie  les  bourreaux  des  enfers, 
alieient  encore  plus  loin  ,  et  diangerent  le  serpent 
inenacant  en  un  Ibtiei  f!c  serpens  ,  avec  lesquetles 
tes  dresses  inexorablcs  iVapj'ent  sans  cesse  les  cri-> 
minels  (83).  11   s'agit  maintenant  de   savoir  si  yE' 

etc  (lefi!«ure  par  les  hisioriens  romains,  avcc  iiifiniinent  de  parlialit^  , 
roinme  leur  hisioiie  en  louiuit  encote  Leaucoiip  d'f  xeniples.  Les  prelirs 
des  Fallsques  et  des  Tarquiiilens  s'appiori.ei-ciit  du  camp  avec  di  s 
flambeaux  et  des  baiideiettes  saciees  {vetameittn)  ,  le  symboie  vene- 
rable des  supplians.  Au  premier  moment  ,  les  soldats  resperteteur  eel  e 
piocession  ,  er  paiurent  effrayes  et  elouidis,  aliisl  que  cela  arrlva  depuis 
a  Aitila,  a  I'aspect  de  Leon'-Ie-Graiul.  Mais  bientot  les  Romains  alfs- 
qiRM-ent  cetle  mullllude  qui  eloit  venue  sans  armes  ,  er  en  firent  uu  grand 
r.iinaijo.  Par  la  suite  ,  ou  chercba  a  donnei  a  cet  acre  de  rruauli  une 
lournure  nioins  odleuse  pour  les  Romains.  Les  bandelelies  sacrees  (b- 
rent  alois  chaugees  en  serpens,  les  llanibeaux  de  sacrilices  en  torches 
de  Furies  ,  tic. 

(85)  Vir.GiLE  a  separe  le   fouet  el  les  serpens  ,  dans  le  passage  connu 
du  VI. "  livre  de  I'AEneide ,  vers  570  et  sulv.  : 

—  Sontes  ullrix  accincta  jiagello 

Tisiphone  quatit  insultans ,  torvosr^ue  siiiistrd 

Intentans  a  agues  'vocat  ogmiiia  soava  sorovum. 

Mats  on  se  reprcsente  loujours  ce  fouet  iresse  de  serpens.  PACiiuft 


Fitrics.  63 

scliyle  a  donn^  a  ses  Furies  ce  (ei^rihle  finet  de 
serpens.  Je  crois  pouvoir  assurer  qii'il  ne  leiir  a 
pas  plus  donne  cet  instrument,  que  les  flambeaux 
dont  nous  venons  de  pailcr  ;  du  moins  on  n'en 
tro'jve  pas  la  moindre  trace  dans  les  Eiinienides. 
La  tete  de  la  Gorgoue  seule  avolt  des  serpens,  et 
vraisemblabk  ment  il  y  en  avoit  deux  qui  ,  d  uis  !a 
plus  anc'ienne  representation  des  Furies ,  se  dressoien  t 
SL\i  dessus  du  front  (84),  d'apres  un  usage  ernpruni^ 
.des  mys/eres  (85),  et  qui  fornioient  u-n  ornenient  tres- 

(^  in  Ptinepyr.  c.  42)  I'appplie  crepieant/a  torto  angiie  flngra.  C'l-t 
aiiisl  rjue  dans  Valerius  Fx.accus  (  VllI  ,  20  )  la  Fcirle  tlont  uii  toitiirn 
Jliigeilum  djiis  la  iiiaiii.  (Conipartz  Miscellan.  Lritan.  yinn.  iyj\  , 
svpteniir.  p.  671)  Noknus  ,  dans  scs  Dionysia.'/ttes  (  XLIV,  p.  1  1  S/i), 
appclle  ce  fouet  t;^;<ov<J£ay<i£v  iftaa-fXyiVy  unfuuecde  -viptire.s-  II  I'.uit  »e 
rappclei- ,  i  ce  siijet  ,  les  foiiets  trfsses  de  rrins  ,  que  les  aiiclens  appcK>iei  t 
liMK,afnd<i  (  Voss  ad  Cati/Ll.  p.  225  el  sulv.  ),  et  a  ceux  tjiii ,  a 
rexiiviiiitr  ,  (■loieiit  gaiiiis  de  pelits  cubes  ou  des  de  £er,  (Af^f/? 
tc^pafy'.?\.alat  (Scheffer,  de  re  vehic.  -vet.  I,  14,  p-  194;  et  HEiusTrn- 
Huvs,  ad  PoiLun.  X,  54,  p.  1210)  ,  J  Ja  place  des]ue!s  on  substiiu..  t 
dps  serpens  tiesscs  avcc  des  letes  de  viperes  au  bout.  Pour  se  faiie  iiue 
idee  IV.ipp.tiite  de  ce  qu'uii  paicil  fouet ,  i]ui  servoil  aux  puuiiions  dts 
csclaves  ,  avoii  de  terilble  ,  on  n'a  <\\\'h  comparer  les  figuies  qui  se  Uou- 
jreut  dans  le  recueil  de  Cavlus  ,  t.  II  ,  pi.  <)4  )  "•"  4- 

(84)  La  description  qu'on  troiive  dans  Catulle  (  LXIV  ,  igo  )  don:  e 
I'idee  la  plus  claire  de  cette  coilTure  de  serpens ; 

Euvienides ,  f/uiLus  anguineo  redimitn   cnpillo 
Frons  exspirantes  pvirportnt  pectoris  irns. 

I/expression  Frons  privpoitat  n'a  un  st-n-.  clair  que  par  I'aspert  de 
deux  viperes,  c[ui  se  drcssent  en  sirflanl  an  dt-ssus  du  front,  ainsi  qii'on 
Jc  voit  Sur  beaucoup  de  nionumens  anriens.  On  peut  comparer  a  ce  Mi- 
jet  la  vision  d'Oresle  dans  l.uripide  (Ipftig  in  Taur.  287),  ou  la  Fii- 
rio  lui  parott  I'altaquant  avec  de  lerribles  serperfj,  aititus  tp^iavctts  t(?. 

(8f<)    Je    n'ai    qu'4  rappeler  k   ce    sujet  Ic    passage  celebre  du   d.'s- 
cQtiis  de  Di-MOsTHiKES  {pr^i  Corona  .  p.  5i3,  2§,  ou  c,  79,  p.  5io, 


64  Archicologle. 

^  V^ite  dans  les  bandeleKes  dont  le;  femmes  de  TaM- 
ticjuite  ceignoient  le  front.  Dans  les  (enips  posl^- 
liciiis,  les  decorateiirs  des  llit'afies  ne  manquoK^it 
pas  de  doniier  souvcnt  aiix  Furies  des  serpens  dans 
les  deux  mains  (86).  C'est  ce  cju'on  volt  ^videmment 
j)ai-  quelques  vases  doiit  il  sera   bicntot  question. 

ed.  Hail.),  ou  I'on  leproclie  les  mascaiades  niystlrjucs  ^  la  mere  d'AE- 
scliiiies.  II  y  est  <lll ,  enlie  aulips  ,  qne,  coriiprimant  les  serpens  appii-' 
vorses  poui-  les  jonj»loiies  (  urwpEii^y  )  ,  elle  les  eleva  au  dessus  de  la 
lele.,  en  criant  J.voe  Saboe  !  Ces  jonglerles,  au  nioyeii  des  serpens, 
etolent  ires-('ieqiipnlt>s  dans  les  initiations  baccliiques.  De  la  I'expression 
HuK^^ol  ecvi'fi/Hfiivot  roii '()(f)ia-tv  (les  bacchantes  roiironnies  de  ser- 
pens), dans  Clement  d'Alexaudrie  ,  in  Piotiept.  p.  t) ,  ed.  de 
Sj'H,uig. 

(^56)  On  avoir  en  effet  une  espere  de  terpens  appritjises  ( .nppcl/'CJ 
<i<pn  Trainee;  ^  d'apies  le  pays  d'oii  on  la  tenoii  )  ,  qn'on  diessoit  ponr 
s'en  servlr  dans  les  jongleiies  sarieos  ,  el  que,  d.ins  les  temps  oi'i  ic- 
gnoit  le  plus  grand  luxe  ,  les  dames  romaines  iccheichoicnt  bcancoup  , 
parce  qu'ils  etolent  ires-frais  au  toucher.  C'est  ainsl  que  Martial  die 
(  VII,  28): 

Gelidum  colto  nectit  Glacilln  draconem. 
Mais  on  se  troinperolt,  en  croyant  qu'on  se'solf  toiijoiirs  servl  de  serperfl 
ill  [iilroises  sur  les  theatres.  Sans  doute  on  laisoit  des  (iguros  de  bois  , 
lie  cuir ,  etc.  ,  qui  lessenibloient  aux  serpens.  |C.est  ainsi  que  ,  parmi  les 
jouets  des  enfans  ,  on  voit  qnelqnefois  des  serpens  de  bois,  qu'on  ticnt 
au  milieu  du  corps,  et  autquels  on  donne  un  nionvemenl  d'ondulalion 
par  une  pression  legere  de  la  main].  Un  vase  de  d'Hancarville ,  IV,  71, 
nienie  d'etre  compare  a  ce  sujet.  On  y  volt  une  t«nnne ,  consarrie  au 
culte  de  Bacchus  ,  tcnir  devant  elle  un  serpent  ariilirrel  ,  qui  fait  ecideni- 
meiit  parlle  de  I'attirail  du  culle  de  B.icchus  ;  elle  met  son  pied  sur  un 
1x)ut  de  ce  serpent.  Voss.  (  ad  Catiitl.  p.  223  )  croit  qu'on  a  iniite  sou- 
vent  les  serpens  par  des  courrois  et  des  foneis  de  cuir.  Des  rubans  et  des 
bandes  detoffes  pouvoient  egalenient  produire  cet  effet.  C'est  ainsi  que 
Flohus  (  1  ,  12,  8  )  dit  que  les  Fidenales  ont  eu  :  disco/ores  ,  serpe/itiirn 
/1  moJum ,  vittas.  Les  signes  niilitaires  des  Romains,dans  les  temps 
posteileurs,  qui  representoient  des  dragons  ,  peuvent  encore  servir  ici 
dexplicatiou.  Voy . Lipstus ,  de  Mil,  Rom.  V.  5 ,  et Gbsnek ,  ad  Clau- 
ijiWi.  V,  177. 

KOTES. 


Fmlcs.  65 

NOTES. 

VIII. 

Siir  V usage  de  se  peindre  le  visage  dans  Ics 
temps  les  plus  anciens  de  Part  diama- 
tifjue. 

Selon  le  passage  connu  d'Horace  (i),  ^schyle  a 
I'tt'  I'inventeur  clu  mascjvie  cle  caracteie  de  la  tra- 
gedle.  Cependant  il  ue  Taut  pas  croire  qu'il  n'ait 
jamais  employ^  le  nioyen  plus  sliuple  d'appliqiicr 
seiilenient  des  coul'.urs  sur  le  visage  de  ses  acfeuvs 
el  de  ses  clioristes  ou  figuraiis.  11  est  probable  qu'a 
cet  ^gaid  il  n'aura  pas  tonjoius  employ^  Ics  men;cs 
juoyens  ;  qu'il  aura  quelquefois  am^lior^  ses  pro- 
c^d^s,  et  que  souvcnt  il  aura  fait  appliruier  la  cou- 
leur  sur  le  masque,  au  lieu  de  pcindre  le  visage 
naeme.  Cost  ainsi  du  nioinsqiie  s'explique  le  passage 
de  Suidas(2),  oil,  en  parlant  de  piu;;ieurs  inven- 
tions d'-'Eschyle  relatives  a  la  scene  ,  il  dit  •j^c^Sro; 

{up«  ■isrfo<r<ii7tua,  iii\ti  K'.%£/.crfiy'.vu  ''i-^H'/  ri?  T^jiy/JiSff  (  il  a  in- 
vent^ le  premier  de  donner  aux  tragiques  des  mas- 
ques terribles,  peints  ).  Peut-ctre  que  Suidas,  ou 
I'ancien  biograj)he  exlrait  par  ce  lexicographe , 
avoit  en  vue  precisement  les  masques  tfans  les  Eu- 
menides  qui  cei tainemcnt  (^loient  tenibles  et  peints 
en  noir.  Du  moius  il  est  indubitable  que  les  mas- 
ques out  (^{6  peinis  de  dilf'crentes  couteurs.  Cost 
pourquoi  Lucien  (3)  confoud  les  cxpro3s!ons  ■^e^- 
<rti7ruov  ct  sjTivg/j-off-  lvf/.a^(picc  (  nil  inuiquc  et   itne  beds, 

(')  De  Art.  Poet.  277. 

(2)  SoinAs  ,  -voce  AitvuXo^. 

(5)  LuciAN.  Tin.  28  ,  t.  I ,  p.  141. 

Tome  V.  E 


66  '^ArchcEoldgie. 

figure  fieinte  ),  Dans  les  jeux  grosslers  des  ftles  d^ 
la  vendange,  c'etoit  iin  usage  extreuiement  ancien  , 
que  les  danseurs  se  barbouilloient  le  visage  ou  de 
lie  de  vin  rouge  (4)  ,  ou  de  minium  ,  ou  de  cjuelque 
autre  couleur  rouge  (5)  5  ce  qui  sans  donte  etoit  une 
imitation  de  I'uscige  de  peindre  les  statues  des  divi- 
nit(?s  avec  du  minium  (6J.  Le  nom  de  r§vy«<J'o<,  c'est- 
a-dire ,  chanteurs  de  tnviit ,  ^toit  donn6  d'abord  ii 
tous  les  arteurs  indistinctement,  parce  qu'ils  se  bar- 
bouilloient le  visage  avec  du  mout(7).lI  est  natu- 
rel  qu'a  I'^poque  oix  la  tragedie,  la  coinedie  et  le 
dranie  satyrique  ,  commencerent  a  devenir  peu  h 
peu  des  genres  distincts  ,  on  ait  retenu  le  plus  long- 
temps,  dans  la  com^die ,  I'usage  de  peindre  le  vi- 
sage des  acteurs.  C'est  pourquoi  Aristophane  se  sert 
plusieurs  fois  du  mot  t^w/m&U  et  des  mots  derives 
pour  designer  la  comedie  (B).  Tout  cela  a  ^td  am- 
plement  ddvelopp^  par  Te'crit  de  Bentley  contre 
Boyle.  II  est  naturel  que  ,  dans  la  suite,  on  ne  se 
couten(oIt  pas  de  peindre  le  visage  en  rouge.  Les 
scholico  sur  le  vers  5ig  des  Clievaliers  d'Aristo- 
phane,  nous  assurent  Ibrmejleaient  que  les  acteurs 
comiques  se  peignoieiit  quejlquefois  le  visage  en 
rer/(9).  Lorsqu'on  vouloit  se  reudie  tres-formidable, 

(4)  Periincti  fiTclbus  ora.  IIoiUT.  de  Art.  poet.  277. 

(5)  Minio  sujfasus  rubeiit' .  Tmun..  II ,  i ,  55. 

(6)  Plin.  Hist.  nat.  XXXIII,  7.  Les  passsges  de  Pausanlas  et 
(Tautres  auleuis  oiil  tie  rccueillis  pat'  Yoss  >  ad  Ymc.  t.  II ,  p.  5i4> 

(7)  Voy.  ad  Hesych.  t.  II  ,  c.  142S  ,  24. 

(8)  Datis  les  Achara.  099  ,  il  se  seit  cepcndant  de  cette  expression 
clans  une  acception  delavoiable ,  en  pailant  d'Euriplde;  mais  il  ue  Ic  fait 
que  par  raillerle,  conniie  Bentley  I'a  ties-bien  observe,  Dissert,  ad 
Vhalarid.  Epp.  p.  3i8.  C'est  pourfinoi  Brunck  a  eu  tort  de  changer 
l'anct«iHie  leron. 

7ci  ■STfoa-iiTtrnct  ....  fixl'^x^iov  eiolt ,  selon  Hcsychiiis  ,  une 
planle  ,  dont  ie  sue  vert  servolt  ( comnie  on  volt  par  cette  scholie  )  h 
peindre  le  visage  en  vert,  avant  rinvention  des  masques.  Yoy.  Htsx- 
ciuusj  2)0ce  l^'^i^-}:,^^  )  cf,  OjUEak.  ad  Phihwat.  p-  73. 


'^ti  se  nolrcissoit  avec  de  la  suie.  C'est  poiirqiioi  Cal- 
liniaque  (  dans  son  Hymne  siir  Diane,  v.  69  )  ,  dit 
que  Mercure  se  se.itl  de  suie  ^  ou  de  ccndres  noir- 
cii's  pur  le  feu  (10)  ,  lorsqu'il  voulut  faire  le  Mo^fia 
(  I'epoiivantail  ou  le  sjieciie)  dans  le  sejour  des  eu- 
fans  de  I'Olvmpe.  Se  hurhouiLler  de  ^Jiic  ^  (^t(>i(  dans 
la  suite  iin  des  amusemens  dans  les  Satuinales  (1  1)5 
et  J'usage  de  se  barbouiller  le  visage  avec  du  niout 
donna  occasion  a  un  jeii  plaisant ,  appel^  r^ufo^i- 
^<i<r<j(i2).  Ce  jeii  con.iistoit  a  clieicher  quelqiie  oli- 
jet  avec  les  levres  dans  iiq  vase  rempli  de  niout. 

C'est  encore  uu  usage  lemarquable  cjue,  dans  les 
Orgies  tri^t^iiques  ,  les  Bacchantes  se  blanchissoient 
le  visage  avec  du  platre  ,  fiucih  yu-^ifi  ^  coainie  Non- 
mis  I'appelle  pliisieurs  fois  dans  les  Dionysiaques  (i3). 
Diane  ct  ses  nymphes  se  baiboviilierent  un  jour  de 
boue,  pour  ^chapper  aux  poursuiles  du  dieu  da 
ilcuve  Alpb^e  (14).  On  peut  penser  que  ceia  aura 
donn^  lieu  a  diffcrenles  raascarades  sacr^es.  D'apres 
tout  ce  qui  vient  d'etre  dit,  on  voit  que,  dans  les 
usages  et  les  c^ic^monips  religieuses  des  anciens  ,  il 
y  tn  avoit  beautoup  qui  doiiuerent  lieu  a  se  peia* 
dre  alnsi  le  visage. 

I  X. 

jLe  Petase  J  on  le  grand  Chapeau  arcadlen. 

CuPEE  (i)  a  d^Ja  recuellli  difierens  nial^riaux  sur 
ce  point.  Valcklnaer  ('i)  a  rassembie  encore  avec 
plus  de  soin   tout  ce  qui  a  rapport  ^  ce  sujet  j  ce-^ 

(10)  'Zvo&i!^  K'.'zfll^'.io?  atf^. 

(11)  LuciAN.  Saturn,   c.  2  ,  t.  Ill',  p^  386. 

(12)  Pollux,  IX,  1 24- 

(i3)  MusGRATE,  ad  EuEipiD.  Bacch.  457. 
(14)  Pausan.  VI  ,  22,  p.  217.  • 
(i)  y4d  yipotheosin  Homeri ,  p.  i54,  se/q. 
(2)  Ad  Theocriti  Adonias.  p.  543-346. 


68  "Archa:ologie. 

pendant  11  n'a  pas  song^  au  chapeaii  ou  p(?tase  clil 
cyniqiie  Menippe.  11  y  a  mC'me  lieu  de  penser  qn'on 
se  servoit  cle  difF^rentes  especes  de  ces  pelases, 
qui  diff(?roient  beaucoiip  ende  eux  ,  et  qu'on  pour- 
roit  df^terminer  plus  specialement.  Le  cliapeau 
thessalien  ,  appe!^  •arEress-oj  ,  et  le  chapeau  niac^do- 
nien  ,  app^l^  huutIh  (3)  ,  avoient  I'un  et  I'autie  uii 
large  bord  (4).  Mais  ce  boid  ^folt  simple,  tandis 
quecelui  des  Arcadiens  (  et  le  chapeau  de  Menippe 
est  appei^  expressement  ttIxos  'a^x«J'<xoj  )  ou  des  ha- 
bitans  du  Pelopnnese,  avui{,t>  I'extr^inite  du  bord, 
encore  une  autre  bande  tonrn^e  vers  la  terre  ,  rpii 
formoit  un  second  rebord  circulaire  et  perpendicu- 
Jaire  sous  le  premier.  Dans  plusieurs  provinces  de 
I'Allemagne  ,  les  femnies  portent  encore  des  cha- 
peaux  de  paille  de  cette  forme.  Dans  un  drame  sa- 
lyrique  de  Sophocle,  intitule  Iiiachus  ,  Iris  paroit, 
coiffee  d'une  xuv?  arcadienne ,  ou  chapeau  pour  ga- 
rantir  contre  le  soleil.  Le  ciioeur  qui  la  voit  arriver 
par  les  airs  ,  s'^crie  :  Quelle  est  cette  Jemtne  F  On 
n^eii  voit  que  le  hord  (Tun  chapeau  arcadien  (5). 
C'est  ce  qu'on  sait  par  les  scholies  sur  le  vers  i2o3 
des  Oiaeaux  d''ARiSTOPH ANE  ,  oil  ce  poeie^  pour 
parodier  Sophocle,  iViit  aussi  arriver  sur  le  theatre 
Iris  coiffee  d'uu  [lareil  cli;.peau.  I.e  mot  xuxAs;?,  em- 
ploy^ dans  le  passage  cilo,  (les  Romains  disoient 
aussi  cyilas)^  signifie  un  jupon  circulaire  de Jeimne , 
ou  plutot  la  bordure  roide  de  falbala  qui  cntoure 
ce  veiement  par  le  has  (6).  Le  grand  bord  du 
chapeau  avoit ,  par  consequent,  une  bordure  qui 
y  ^toit  attachee  a  I'extremitd  ,  et  qui  pend(blt , 
comnie  le  falbala  au  bas  d'un  jupon.  Sur  cette 
bordure  qui  formoit  une  espece  de  celnture. aulour 

(3)  Jacobs  ,  Animadv.  ad  Anale.cta  ,  Vol.  II ,  P.  I  ,  p.  2g4- 

(4)  Dans  Sophocle  {OEdip.  Colon.  555) ,  ce  bold  est  appele  ijt-.ioftftif 
ti'jiii  ,  un  chapeau  cjui  met  <i  i'ombre. 

(5)  Tun  tU  aSt'j  xuxA«e$'  A^K<iOix.>ii  xuy;7s' ,  selon  la  correction 
(ng^nieuse  de  Toup  ,  dans  son  Epist.  Crit.  p.  42  ,  ed.  de  Leips. 

(6)  Voy.  les  passages  recaeillis  pw  EunMAiiw,  ad  Propert-  p.  836. 


Furies.  6^ 

de  I'extr^uall^  du  hord  du  chapcau  ,  Menippe  avoit 
fait  figurer  le  zodiaqiie.  Jl  y  a  iieu  a  pif^sumer  que 
ce  zodlaque  n'y  eloit  pas  tissu  ,  mais  qu'il  y  etolt 
figure  avec  de  la  paille  ou  du  Jonc  de  dltlerenles 
couleurs  qii'on  y  entrela^oit.  Car,  soit  a  cause  de 
la  h'gerel^,  soit  pour  les  avoir  a  bon  maicli^,  ces 
cliRpeaux  n'eloic^nt  pas  toujours  faits  de  feutre,  qui 
^toit  la  madere  la  plus  ordinaire,  niais  foit  sou- 
vent  on  les  faisoit  de  paille  ou  de  Jones.  I^es  fem- 
lues  lac('demoniennes  appcloient  un  p^reil  chapeau 
2«Ai'«{  (  d'apies  leur  diidecie,  au  lieu  dp  OcAiei  )  ;  et 
c'est  ce  qii'Hesycliius  (7)  exjjlique  par  ■u^fua  KxXuia> 
ofcaiov ,  un  t/ssu  sembLihle  a  uiif  corbeille  ou  vm  pa- 
rier.  Le  plus  souvent  ces  petits  [janiers  n'^loicnt 
faits  que  de  jonc  el  de  |)ellles  ba;^uettes  minces, 
et  ils  eloieut  oin^s  de  differens  arabesques  (o). 

X. 

Figiirans  dans  Vancicmze  Iragedie. 

La  Choragie  ^  ou  rhonneur  de  former  un  choeur 
tragique  au  nom  de  sa  (ribu  ,  entrainoit,  a  Athe- 
nes  ,  des  frais  immeuses,  de  grands  prcparalifs  dans 
IVcole  de  nnisique  et  de  danse,  et  des  son^ines  con- 
siderables pour  les  rei)as  qu'on  donnoit  apres  la 
representatiun.  CVs/  beaucoup  trap  pour  un  amuse- 
ment,  dit  un  Sparliate,  dans  un  passage  remarquable 
de  Plularque  (i).  II  ctoit  done  naturel  de  faire  a 
ce  sujet  dcs  cpargnes  ,  toutes  les  fjis  qu'on  pou- 
voit  le  faire  sans  bicsscr  les  convenances.  C'est  ainsi 
qu'on  jdacoit  dans   les   derniers   rangs    des    cbcBurs 

iy)  Hesychivs  ,  sous  ce  mot. 

(S)  Voy.  BoETTiGER,  Griechhche  Vasengemizhlde  (  Peintures  de 
vases   grecs),  III,  43. 

(i)  VxMXkix.n.  S^mpos.  VII,  7,  p.  322,  ed.  de  Ilunerl ;  voyez  ^us.'- 
■X^'oir  ,  Prolegomena  ad  Leptiii.  Demosth.  p.  CXIX  ;  el  Bouttigek  , 
Proliisio  de  qiiatuor  a:tatil/i4i  rei  scenicce  apud  veteres ,  p.  ii. 

E  3 


7®  jirchaologie. 

r/uelques  figiirans  qui  ne  chantoi'ent  point,  mafs 
qui  y  ^toient  seiilement  pour  faiie  nnmbre  (2).  II 
y  a  ni^iiie  beaucoup  d'apparence  que  >  lorsque  les 
circonstanccs  le  peimetioient ,  on  se  servoit  sou- 
vent  de  mannequins  habilk's.  C'est  de-la  aussi  qu'il 
faul  expliqucr  I 'ex  press  ion  Ka(p-:v  TrprVi'Trov  ,  du  role 
muet  de  tous  les  figurans  ,  eu  egard  a  la  signifi<"a- 
tion  de  xa/ipay  pour  tele  cmise  ,  siupide  {2>).  Dans  les 
tragedies,  uu  pareil  figurant  porfoil  le  nom  de  ^o^tt- 
(pofitij^u  ,  paice  cprordinairdiient  on  les  employnit  pour 
faiie  Its  salVllifes  des  tyians  (4).  C'est  cequ'on  volt 
pvesque  avec  certitude  par  un  passage  du  Nofcos 
d  Hippociale  (5)  ,  auquel  on  a  fail  trop  peu  d'aften- 
tion  jui.qu'a  |)resent.  En  parlant  des  inauvais  m(^decins 
qui  lie  portent  que  le  noai  de  I'art  ,  sans  en  avoir 
les  connoissances  requires  ,  il  dit  :  «  lis  ressein- 
"  blent  infiniment  aux  figurans  qu'on  introduit  dans 
"  les  lrag(?dies.  Car,  de  nieme  que  ceux-ci  on4 
«  I'air  ,  I'habit  et  le  masque  d'un  acteur  ,  sans 
"  I'etre  (6) ,  il  y  a  aussi  heaueoup  de  m(?decins  qui 

(2)  C'esl  de-la  que  Menandf.e  ( Menandri  relif/uix ,    p.  331  ,  fc^ 
Cltir.)  einprunle  uiie  jolle  compaiaison  ; 

— —    Q.c"zs-ip  tZv  x'P^^ 
'Ou  ■aa.firii  aoai  ,  a^^'  x(p6)vol  auo  rtviS 

'EiS  rot  e'^Q/Jfiov, 

ft  (  Comme  dans  les  choetirs  tous  ne  cliantent  pas  ,  jnais  qu'Il  y  a  deux 
cc  ou  trois  qui  lesient  niuels  ,  et  qui  sont  denial e  les  auties,  pour  faiie 
<»  noinljie.)  »  Ces  deruiers  mots  expliquent  I'expiession  d'HoRAcB 
(Ep.l,^): 

Jfos  numerus  sumua  etfrnges  consumere  nati, 
oil  Ton  pourroit  peiiser  a  ces  figurans  qui  ne  clianioient  pas ,  et  qui  S9 
laisoient  nounir  par  le  choiagus. 

(5j  Valckenaer  ,  ad  yinimon.  11,   i4)  P-  i36. 

(4)  Ad  H£SYcH.  t.  I  ,  col .  1 02.5  ,  9 

(5)  p.  5,  ed.  MacJiii ;  p.  a5,  ed.  Foes. 


Furies.  7 1 

<t  portent  ce  noiii  ,  sans  I'efre  vdrllaWeuient.  » 
Ce  passage  fait  voir  d'une  nianiere  dvidente  que 
tjuelquefois  on  placoit  sur  le  theatre  des  manne- 
quins, habill^s  absoiuraent  comme  les  acteurs.  C'est 
pourqiioi  Liicien  (7)  compare  les  faux  amis  qui 
abandonnent  les  aufres  clans  le  malheur ,  avec  ces 
mannequins  de  parade.  Peuf-etre  que  le  mot  pour 
designer  ces  manneq\iins  babilles,  ^io'it -ai^TyJi^ula. 
C'est  ainsi  du  moius  que  je  crois  devoir  expliquer 
le  vers  suivant  d'Aristophane  (8)  : 

(  un  mannequin  de  com^die  qui  ne  dit  mot  ).  Dans 
la  suite  ,  le  mot  7tQj<rx>iy-»  (?toit  applique  a  tout  ce 
<jui  se  faisoit  seulement  pour  la  parade  (9). 

(7)  LnciAN.  Toxar.  c.  9,  t.  II,  p.  5i6.  K(a(poU  TtfOTUwcittt 
toiKOTt?  «  I'lytftiftivet  ro  fOfza ,  ko.)  Tiafi^uty-hs  x-ix^ivira .  iS%  ra 
c-filKfoTdTOv  (p6ifyiTai  y  «  sembUbles  S  ces  mannequins  de  parade, 
K  dont  la  bouche ,  prodigleusemenl  ouvcile  ,  ne  profere  pas  Ja  moindre 
«  parole.  » 

(8)  Amstoph.  Ban.  giS. 

(9)  Wesselinc,  ad  DioDOR.  t.  I,  p.  iig ,  83;  id.  ad  Hj-eodot. 
p.  584,87  ;  et  les  Interpreies  de  Thomas  Magister ,  p.  768. 

(ha  fill  au  -procha^-  -"—'f''^  ', 


M  E  D  E  C  I  N  E. 

MeMOIRES  de  la  Sociele  medicale  d'emu- 
Itition  y  scanlc  d  Vtcole  de  medecine  dc 
Paris  J  avec  des  planches  en  laille-douce. 
4.^^  annee.  i  vol.  in-S.*^  6  fV.  et  8  fr.  fianc  de 
port,  par  la  posle.  A  Paris,  diez  Eichardy 
Caille  et  Ravierj  libraires,  rucHautcfeuille, 
n.°  II. 

Second  Extrait. 

i_jE  professeur  Dumas  ,  dans  un  m^moire  particu- 
lier ,  se  propose  de  rechercher  quelle  est  la  nature 
et  le  traltenient  le  plus  convenable  des  ilevres  r^- 
Bilttenfes  qui  oompliquent  les  grandes  plaies.  Apres 
avoir,  a  cet  efFet  ,  d^crit  les  symplomes,  fait  con- 
noitre  la  marclie  et  la  tcnninnison  de  cos  fievres  , 
J'auteur  examine  I'analogie  de  leiirs  caraclcres  prin- 
cipaux  avec  ceux  des  fievres  intermittenfes  perni- 
cieuses  ,  de  la  fievre  suppurative  et  des  fitvres  epi- 
d^niiques  qui  attaquent  les  blesses.  II  r^sulte  de  ccs 
rapprochemens  que  ,  bien  diffl^renfes  de  ces  deux 
dernieres  especes  ,  les  fievres  r<^mittcnles  traumati- 
ques  ont,  avec  les  ataxiques  intermittentcs,  la  plus 
grandc  annlogie,  comme  le  pvouvent ,  d'une  ma- 
niere  evidente  ,  rassoupissement  profond  ,  I'e'tat 
d'alt^ration  de  la  plaie  et  dc  la  suppuration,  la 
tendance  constaute  a  la  continuity,  et  Tissue  pres- 
que  toujouvs  funeste  qui  les  caract^risent.. ....    La 


Melanges.  70 

commotion  g^nt'iale  qui  a  lieu  lors  des  grandes  op(^- 
ratlons  et  des  blessr.res  graves,  ainsi  que  I'^fat  d'ir- 
ritallon  de  la  plaie,  snnt  ,  d'apres  I'auteur,  les 
causes  de  ces  fievres  ;  elles  les  occasionnent  en  exci- 
tant le  syslenie  neiveux  ,  et  en  distribuant  les  forces 
vitales  d'une  mamere  irr^gulirre.  La  m^thode  de 
traitertient  qu'il  propose  ,  est  fondee  sur  I'analogie 
de  ces  /ievres  ,  avec  les  ataxiques  intermittcntes,  que 
Morion  ,  Torti,  TVerlnf  ^  et ,  de  nos  jours ,  le  incdecin 
Alihcrt  ,  out  si  bien  approfondies  ;  elle  est  la  meme 
que  celleqiie  ces  m^decins  out  employee  avec  tant 
de  succes  xians  ces  dernieres,  ft  dont  la  pratique  a 
corstamment  confirin^  les  beurenx  v(?sultats.  Ce  mr- 
moire  est  termin(^  par  I'exposi!;  d'un  certain  nombre 
d'observations  qui  y  montrent,  avec  la  plus  grande 
Evidence,  les  succes  de  cette  m^thode  de  traite- 
xnent,  et  le  danger  de  celles  qu'on  a  jusqu'ici  g(?- 
n^ralement  employees. 

Le  C.  Alard  donne  la  ;rnduclicn  d'un  m(;moire 
anglais  surlamaladie  glandulaire  de  Barbade  ,  par 
le  docteur  James  JJendy.  Ce  m^molre  est  divis^  en 
deux  parties.  Dans  la  premiere,  I'auteur  fait  I'hi- 
storique  de  cette  maladle ,  decrit  son  invasion,  ses 
symptomes  ,  sa  marcbe  ,  ses  terminaisnns,  son  sif^ge, 
ses  causes  pr^disposjtntes  et  occasionnelles,  fait  con- 
noitre  son  prognostic,  indiquc  le  rang  qu'elle  doit 
occuper  dans  les  cadres  nosologiques ,  et  d(?(ermine 
son  traitcment  preservatif  et  curatif ;  la  deuxieme 
parlie  est  entierement  consacree  ol  un  certain  nom- 
bre d'observations ,  qui  etaycnt  Ics  v(^rll(?s  que  I'au- 
teur a  ^tablies.  '"■'     '  "■ 


74  Medecine. 

CeUe  tnaladie  est  presque  enlierement  inconnnjf 
des  m^decins.  Toivn,  et  Hillary ,  les  seuls  aufeurs 
qui  en  ayent  trai((? ,  n'en  ont  doune  que  des  notions 
tres-vagues,  et  la  confondcnt  avec  l'^](?phantiasis. 
Ce  n'est  que  depuis  environ  80  ans  qu'on  Ta  ob- 
serv^e  dans  I'ile  de  Barbade,  oii.elle  eat  end(?mique. 
11  ne  paroit  pas,  juscju'ici  ,  qu'elle  regne  dans  les 
iles  voisines.  Elle  n'est  ni  contagieuse,  ni  herc'di- 
taire;  elle  attaque  tout  age,  tout  sexe,  les  ne- 
gres  })lus  que  les  blancs,  les  temn^ramens  laches 
plus  que  les  personnes  robustes  ;  elle  n'^pargne  pas 
les  clievaux,  les  chiens,  les  beles  acorne  et  meme 
les  volailles.  De  legeres  piqures  ,  des  inflammations, 
la  morsure  du  chigan  (inseetc)  ,  I'exposition  aux  vi- 
ci$situdes  et  a  rhtuuidite  de  I'air  duraiit  la  nuit, 
d(?(erminent  souvent  son  alfaque.  Son  invasion  est 
siibilc,  et  marquee  par  une  douleur  locale,  plus 
ou  moins  vive ;  bientot  les  lymphatiques  et  les 
glandes  conglobees  de  la  parlie  douloureuse  se  tu- 
mefient,  de  sorte  que  les  premieses  pr^sentent  uue 
sorfe  de  corde  dure  ou  tendue  ;  la  peau  se  gonfle, 
et  prend  une  apparence  luisante  et  oed^mateuse.  Le 
plus  souvent,  il  paroit  un  mouvement  fdbrile  qui  varie 
dans  sa  durt'e  ,  et  ressemble  en  grande  partie  a 
I'acces  d'une  fievre  intermittente  ;  cetfe  fievre  ne 
se  naanifeste  le  plus  souvent  que  8  a  10  heurcs  apres  • 
I'invasion  ,  et  rareraent  des  le  d^'but  j  elle  prend 
tres-facilement  le  caractere  de  I'^pid^mie  vegnante, 
et  reparoit  irr^guliere  par  la  simple  exposition  aux 
causes  occasionnelles.  L'engorgement  inflaramatoiic 
quelquefois  se  dissipe  apres  I'acces  febrile,  d'aulre- 


Melanges.  y5 

fuis  il  suppuie,  le  plus  souvent  il  reste  statlonnaiie  , 
ct  augmenJe  a  cliaquc  acces,  en  sorte  qu'insensiblc- 
mcnt,  Ic  niembre  acquiert  un  volume  enorme,  et 
devicnt  de  plus  en  plus  dlfForme. 

La  if'te  ,  I'cstomac,  les  intestins,  lesmamelles  ,les 
membres  sup^iieurs,  niais  surtout  le  scrotum  et  les 
iTiembies  inf^rieurs,  peuvent  devenir  le  si^ge  de 
celte  maladie.  Son  diagnostic  est  tres- facile  lors- 
qu'elle  attaque  les  menibres,  le  sein,  le  scrotum; 
mais  il  est  tres-difficile  lorsqu'elle  a  son  si(^ge  dans 
]a  tfte  ou  dans  I'abdomcn.  II  n'y  a  auciin  danger 
lorsqu'elle  attaque  les  menibres.  Le  squiire  ct  le  can- 
cer la  tcrniinent  souvent  lorsqu'elle  se  porte  surles 
mamelles  ,  et  le  sarcocele  ou  I'hydrocele  lorsqu'elle 
affectc  le  scrotum.  Les  malades  meurent  souvent 
subilcment  et  an  moment  oil  on  s'y  attend  le  moins , 
lorsqiie  la  tele  ou  les  visceres  de  I'abdomen  en  sont 
principalement  affcctcs. 

Le  docteur  Hendy  rcgarde  cefte  maladie  comnie 
line  inflammation  locale  du  syfteme  lymphatiquc  , 
souvent  accompagn^e  de  fievrc  epliC^mere.  11  la  classe 
parmi  les  cachexies  et  les  impetiglncs  de  Cullen  ;  il 
en  expliqne  les  phenomenes  a  I'aide  des  lois  de  I'a- 
nalomie  dea'lymphafiques.  La  secheresse  qui  regne 
dans  Tile,  pendant  prcsque  toute  I'annc'e,  est,  selon 
lui,  la  cause  pour  laquelle  celt e  maladie  est  endemi que 
dans  I'ile,  et  ne  regne  point  dans  les  ilcs  voisines  ; 
il  observe  que  cette  .•■^cheresse  n'est  habituelle  dans 
I'ile  que  depuis  qu'on  a  abattu  les  foiets,  et  que  ce 
n  est  que  depuis  ccKe  epoque,  qu'cn  y  a  obscivc  la 
rnaladie  glandulaire. 


76  Me'decinc. 

Le  (raUemeiU  de  I'auteur  est  relatif  a  I'afTectlon 
Jocale  et  a  I'i^laf  febrile;  le  traitement  local  varie  ^ 
scion  le  si(^ge  ,  Ics  pe'riodes  de  la  maladie  ct  la  con- 
stitution du  malade.  T.orsqiie  les  membres  sont  af- 
fectcs  ,  il  conspille,  dans  la  periode  d'inflammation  , 
les  applications  emollientes,  I'usage  prudent  des  s^- 
dalifs,  les  saign(^es  locales,  la  position  horizon- 
tale  ,  et  lorsque  I'inflaninialion  a  disparu  ,  de  J^- 
geres  mouchelurcs  ,  des  applications  fbndanfes,  et 
surtont  une  compression  nielhodiqiie  ;  lorscpi'elle 
atlaque  I'abdonien  ,  il  a  recours  aiix  embrocations 
d'^tber  et  de  camphre  ,  et  a  i'application  d'un  exu- 
toire ,  pres  du  sif^ge  de  I'afFection.  Si  cile  se  porte 
vers  la  tete  ,  il  conseille  les  di.ipboreliqties  et  I'o- 
piiim  ,  iini  aux  aniimonianx  et  a  lipecaciianha. 
Quant  a  I'^int  ft'biile,  il  ;c  propose  d'abord  de  di- 
rainuer  la  diiree  dt'  I'acce'i,  et  d'airgmenter  la  tran- 
spiration a  I'aide  des  excitans,  iinis  aux  opintiqucs, 
et  lorsque  la  fievre  a  cess^  ,  il  cher^be  a  pr(?venir 
son  retour,  et  a  d^trnire  tonte  disposition  a  la  con- 
tracter  de  nouveau.  II  conseille,  a  cet  efFet,  de  re- 
courir  aux  toniques,  a  un  genre  de  vie  prudent, 
dVvIfer  les  causes  occasionnclles  ,  et  d'habiter  une 
autre  ile.  Du  reste  ,  il  raodifie  le  traitement  fVbrile, 
d'apres  le  caractere  que  la  maladie  est  susceptible  ae 
prendre.  Quant  au  traitement  pr^servatif  general  , 
I'auteur  conseille  des  plantaf  lonsd'arbres  le  long  des 
grandes  routes,  et  dans  les  lieux  les  plus  e;ev<?s  de 
rile. 

Le  C.  Godcfroy ,  dans  uu  m^moire  particulier, 
se   propose   de  determiner  s'il   existe   une  maladie 


^lelanges.  yy 

in(erni(?criaire  qui  tienne  de  Tapoplexie  tt  dela  flcvre 
tc'iebiale,  ct  qui  ne  doive  etre  co'.ifondue  ni  avec 
I'une  ni  aved'autre  de  ces  deux  maladies.  Urapporte, 
a  cet  cflet,  quatre  observations,  quM  a  recueiliies 
lui-mcnie  a  I'hospice  de  la  Salpetriere  ,  les  rappro- 
clie ,  et  compare  leurs  caracteres  exterieurs  avec 
ceux  de  I'apoplexie  et  de  la  fievre  cerebrale.  Voici 
les  analogies  et  les  diiil'rences  qu'il  observe,  entre 
la  maiadie  qu'il  cherche  a  determiaer  et  les  deux 
autres  afi'ections.  Elle  a  de  comnuin  ,  avec  Tapople- 
xie  ,  un  epanchement  dans  les  venlricules  du  cer- 
veau  ,  la  perte  dt-s  sens  ,  uue  invasion  subite  ,  une 
marclie  aigue  et  une  terminaison  funeste;  elle  en 
difFere  en  ce  que  les  niembres  ne  sont  pas  dans  un. 
^tat  de  paralysie,  majs  de  spasme  et  de  convulsion. 
Elle  diiTere  de  la  fievre  cir(/brale  par  I'apparition 
subile  des  phenomeues  afaxiques,  le  d(?l'aut  d'ano- 
jualie  dans  les  symptomes  ,  et  I'^tat  spasmodique 
des  organes  du  mouvement.  L'auteur  se  borne  a  ces 
resullats  ,  qui  lui  paroissent  assez  concluans  pour  en 
faire  une  espece  parliculiere  ;  il  abandonne  a  d'au- 
Ires  le  soin  de  la  denommer  ,  et  de  lui  tiouver  une 
Jilace   dans  les  cadres  nosologiqucs. 

Le  docteur  Marc  donne  la  traduction  d'un  me- 
moire  alltmand  de  Godefroy  Chretien  Reich,  sur  la 
iievre  ei  sur  son  traitement  en  general.  Ce  memolre 
est  parllculierement  destine?  a  faire  connoitre  un 
secret  que  le  roi  de  Prusse  a  achet^  de  l'auteur, 
d'apres  les  succes  qui  ont  couronnd  I'essai  qu'on 
<'n  a  fait  sous  la  surveillance  du  college  royal  de 
Beillu.  On  y  trouye   une  scrie  de  propositious ,  ou 


^8  Medecine. 

I'auteur  elablit  une  nouvello  thtorie  de  la  vie  et  i3e 
ses  fonctions,  basee  sur  les  lois  de  la  chymie,  du 
galvanisme  ,  et  sur  les  succes  de  sa  meihode.  D'a- 
pres  lui ,  la  vie  est  une  tendance  coiiiiniielle  desvia- 
tieres  heterogenes  vers  Vlioinngdnelle ;  les  fonctions 
vitales  ,  des  combinaisons  chymiqucs  ;  les  fievies  , 
line  decomposition  et  une  recomposition  contre  na- 
ture des  particales  alimenlaires  du  corps,  prodiiite 
par  une  diminution  d*oTjgene  absolue  ou  relative  ^ 
locale  ou  universelle ;  les  moyens  aatilebriles ,  les 
corps  oxygenes ,  et  surtout  ceux  qui  sont  ]e  plus 
satui'^s  d'oxygene,  (els  que  les  acides.  L'auteur  in- 
diqiie  les  especes  d'acides  dont  remploi  est  le  plus 
heuieux,  les  doses  auxquelles  ii  laut  les  prescrire, 
ct  la  nianiere  de  les  administrer.  Ce  m^moire  est 
terming  par  I'exposition  des  avantages  de  cette  m^- 
thode  de  traitemciit ,  relativement  a  la  th^orle  me- 
dicale,  et  a  la  cure  des  maladies  ftbriles  sans  le- 
sion organique. 

Dans  un  temps  ou  ,  de  mf-me  que  les  sciences 
naturelles,  la  medecine  suit  une  marche  si  rigou- 
reuse ,  peut-on  se  permettre  de  faire  reparoitre 
ces  explications  liypothc'tiques  ,  d'etablir  des  theo- 
ries sur  des  fails  si  \'agues,  et  de  regarder  un  seul 
gcnie  de  rciuede  conniie  propre  a  reniplir  les  Indi" 
cations  si  differentes  et  souyent  opposees  des  ma-* 
ladies  ft^briles  en  general? 

Le  docteur  Ranque  donne  I'observation  d'une  hys' 
terie  avec  depression  epigastrlquc.  C'est  une  dame 
de  52  ans  ,  d'un  lemp^ianient  lymphaiique  ,  qui  ^ 
a  la  suite  de  chagrins  suryenus  a  I't^poque  critique, 


Melanges.  fjg 

fproiiva,  a  plusieurs  reprises  difrerentes,  dcs  atta- 
qiies  d'hysterie  remarquables  par  un  vide  a  la  re- 
gion de  I'estomac.  Les  deux  premieres  fois  que  cet 
accident  eiit  lieu, "Ton  eoiploya  en  vain  les  antispas- 
niodiques ,  et  le  vide  ne  disparut  que  lorsqu'il  fut 
survenu  une  tumeur  lynipliatique  au  genou  gauche. 
La  troisleme  attaque  se  compliqua  de  symptomes 
gastriques ;  les  evacuans  soulagerent  beaucoup  la 
iiialade ;  un  v(?sicatoIre  appliqu^  a  la  partie  interne 
du  bras  rendii  la  respiration  plus  facile;  la  depression 
disparut,  et  le  r^tablissemeut  ne  tarda  pas  a  arriver. 
L'auleur  conclut  de-la  ,  que  le  sentiment  d'une 
boule  qui  sufToque,  n'est  pas  un  symptome  patho- 
gnomlque  des  affections  hyst^riques ,  et  que  les  ma- 
ladies nerveuses  peuvent  ^tre  guerics  par  d'autres 
remedc's  que  par  Jes  antlspasmodiques. 

Le  C.  Sue  aine  donne  de  nouvelles  reflexions  et 
observations  sur  les  corps  Strangers ,  arretes  dans 
rcesophage  ,  avecdes  remarques  critiques  sur  le  me- 
iiiolre  d'H^vIn.  11  fait  d'abord  remarquer  que  les  faits 
rapportes  par  ce  dernier  n'occupent  pas  toujours 
la  place  qu'ils  meritent ;  que  souvent  lis  sont  fron- 
gu{?i,  quelquefolsm^me  dcfigur^s.  II  regarde,  comme 
sujette  a  beaucoup  d'exceptions,  la  distinction  que 
Hevin  a  adiuise  entre  les  cas  qui  exigent  I'extrac- 
tion  par  ha.t,  et  ceux  oil  11  faut  courir  a  la  repul- 
sion :  souvent,  dit-il,  I'on  a  op^re  la  repulsion  eii 
voulant  extraire  par  haut,  et  vica  versa.  En  gene- 
ral, I'extracuou  par  haut  lui  paroit  plus  difficile  et 
plus  dangereuse  que  la  repulsion  ;  il  ne  lui  donne 
la  prelerence  que  lorsque  le  corps  etrajigcr  e*t  dans 


8o  Medecine. 

le  pharynx  ou  dans  la  partie  sup^riciire  dc  i'oeso- 
phage.  Selon  lui ,  I'eniploi  des  vomitifs  est  souvent 
impossible,  plus  nuisible  qu'utile,  et  produit  rare- 
irient  I'efFet  qu'oa  en  attend.  Painfli  les  nioyens  con- 
seill^s,  il  regarde  le  poiieaii  comma  ties-utile  pour 
repousser  le  corps  etranger  dans  I'esfomac ,  et  les 
lubr^fians  ,  comma  tres  -  avantageux  pour  faclliter 
son  passage  dans  les  voies  intestinales  ;  mais  lorsque 
le  corps  Stranger  est  pris  du  pylore  ,  il  a  observe 
des  effets  avantageux  du  cahotement  d'une  voiture 
ou  d'une  surcharge  d'alimens.  Les  experiences  qu'il 
a  faites  sur  des  animaux  vivans,  le  portent  a  refuser 
au  mercure  la  propriety  de  dissoudre  les  corps  m€- 
talliques  avails  ^  ainsi  que  celle  de  faclliter  leur 
passage  par  le  {)ylore  et  le  tube  intestinal.  II  ajoule 
peu  de  confiance  a  la  plupart  des  observations  rap- 
porlees  par  les  autieurs  sur  le  transport  des  corps 
Strangers  ,  avails  dans  la  vessie  ,  et  sur  leur  sortie 
par  I'uretre  ;  Je  plus  souvent,  d'apies  lui,  ces  corps 
n'ont  t'le  introduits  dans  la  vessie  que  par  I'uretre  ; 
quant  a  ceux  qui  ont  reellement  et^  avales ,  iJs  n'ont 
pu  y  paryenir  ,  s'ils  sont  aigus  ,  qu'en  perforant  les 
parois  des  intestins  et  de  la  vessie;  et  s'ils  sont  ob- 
tus,  qu'en  passant  a  travers  des  fistules  intestino- 
vesicales  deja  existantes. 

Le  C.  Rlchcrand J  dans  iin  memoire  particulier, 
s'eleve  a  la  cause  de  I'hemorragie  qui  survlcnt  apres 
I'operation  de  la  taille  latdrale  ,  et  recherche  les 
nioyens  propres  a  I'eviter  ,  ou  a  I'arreter  lorsquVlie 
existe.  11  indique  d'abord  les  parties  molles  que  1  oa 
incise  dans  i'appareil  lateral ,  quel  que  soit  le  pro- 
cede 


Mcla?igcs.  ~       8 1 

cede  qu  on  emplole  ;  de-la  il  passe  a  I'^numeration 
ties  arteres,  dont  I'ouvtrture  est  le  plus  a  cralndre 
et  la  plus  frequente.  Apies  avoir  combattu  I'opi- 
iilon  de  ceux  qui  croient  que  I'h^morragle  provient 
des  arteres  v^sicales  ,  salnes  ou  variqueuses  ;  il 
prouve  ,  d'apres  I'autopsie  cadaveric] ue  ,  que  cet 
^coulement  provient  des  vaisseaux  qu'on  coupe  eii 
incisant  Ics  parties  ext^rieures,  et  que  I'^panche- 
nient  n'a  lieu  dans  la  vessie  ,  que  parce  que  /e  tan- 
ponnement  peu  methodique  s'oppose  a  ce  que  le 
sang  s'^coule  par  la  plaie.  L'auteur  passe  ensuite  en 
revue  les  diffi^rens  moyens  qu'on  a  conseill^s  et  em- 
ployes pour  arreler  cette  h^morragie  ;  il  fait  con- 
noitre  I'insufBsance  de  plusieurs  d'entre  eux  ,  et  les 
inconvenicns  de  plusieurs  autres;  il  regarde  la  com- 
pression conime  I'unique  ressource ;  mais  il  blame 
la  maniere  dont  .on  la  pratique  g^neralement,  et 
il  finit  par  indiquer  un  procede  qui  ,  entre  les  mains 
du  professeur  Boyer ,  a  toujours  eu  le  plus  grand 
succes.  Ce  proc^d^  consiste  a  placer  une  sonde  de 
femme  dans  I'angle  inferieur  de  la  plaie,  et  a  y  in- 
troduire  profond^ment  un  gros  bourdonnet ,  fixe  par 
un  fil  double  dont  on  dcarte  les  deux  brins  ,  et  qu'oa 
noue  avec  force  sur  un  second  bourdonnet.  Cemoyen^ 
^galement  convenable  dans  le  cas  d'heraorragie  con- 
secutive, est  plus  rarement  accompagn^  de  succes 
que  dans  le  premier  cas  ;  preuve  incontestable , 
comme  le  dit  l'auteur,  de  I'impuissance  de  I'art , 
lorsqu'il  est  priv^  des  secours  de  la  nature. 

Le  C.  Richerand  donne  un  second  memoire ,  dansle- 
qiiel  il  examine  les  organes  urinairessous  le  rapport  de 
Tome  V.  .  *  F 


OS  Me  dc  cine, 

leiirs  pio[)rict(?3  vitales,  de  leurs  maladies,  et  du 
liquide  qu'ilssecretent.  il  s'arrele  d'abord  sur  la  pio- 
[irj^td  remarquable  dont  joiilssent  la  vessie ,  le  rec- 
tum ,  ?iusi  rjiie  le  diapliragme  ,  d'avoir  des  nerfs  sen- 
sitifs  et  moteuis  distincts,  ven^nt  les  premiers  de 
la  moelle  ^piniere ,  et  les  seconds  du  grand  sympa- 
tlfique.  Celte  disposition  devoit  neeessairement  , 
selo.i  lui ,  rendre  I'exercice  de  la  scnsibilile  de  ceS 
organes  independant  de  I'alteration  de  leur  mobi- 
lity :  c'est  ce  que  prouvent  en  effet  les  cas  on  la  ves- 
sie, paralys^e  par  1'efR.t  de  la  compression  ou  de  la 
disorganisation  dc  la  moelle  ^piniere ,  donne  des 
signes  tres-manifestes  de  douleur,  soit  par  I'intro- 
duction  d'un  stilet,  soit  par  I'accumiilation  de  I'u- 
rine,  L'auteur  attribue  a  cette  disposition  la  raison 
ponr  laquelie  les  urines  et  les  excremens  ne  sortent 
pas  conlinuellement  et  involontairement  ;  c'est,  se- 
lon  lui,  par  elle,  que  la  respiration  est  en  meme 
temps  volontaire  et  dependante  de  I'aclion  c^rd- 
brale  ,  et  que  les  fonctions  digestives  sont  unies  a 
celles  qui  entretiennent  les  rapports  de  I'lndivldu 
avec  les  objets  ext^rieurs. 

Ce  pliysiologiste  reclierclie  ensuite  pour  quoi  les 
affections  caleuleuses  des  reins  et  de  la  vessie  sont 
plus  fr^quentes  dans  les  pays  froids  et  humides  que 
dans  les  aulres.  11  observe  a  cet  effet  que  la  disposi- 
tion aux  maladies  cutanees  ,  bilieuses,  gastriques, 
pulmonaires  ,  inflammatoires ,  muqueuses,  nerveu- 
ses  ,  etc.,  est  d'autant  plus  grande,  que,  soit  par 
I'age,  le  temperament,  le  climat  ou  toute  autre  cir- 
constaiice,  I'action  de  la  pejiu ,  du  foie ,  de  I'esto- 


Melanges.  83 

ujac,  des  poumons,  des  systemes  sanguin  ,  lympha- 
tique ,  nerveux  ,etc. ,  est  plus  augmentee  ;  examlnaut 
ensuite  les  personnes  plus  dispos^es  a  ces  alTections 
d'une  naaniere  particuliere  ,  il  observe  que  cliez  les 
habitans  des  contr^es  froides  et  hnmides,  la  trans- 
piration insensible  est  peu  abondante,  et  renoplac^e 
par  des  urines  tres-copieuses  ;  que  la  secretion  de 
I'urine  est  tres-abondante  chez  les  vieiljards,  les  en- 
fans,  les  habitans  des  rues  ^troites ,  basses  et  peu 
^dalrees,  et  les  afFcctions  calculeuses,  tres-rrequen- 
tes  chez  eux.  Couvaincu  du  rapport  Evident  qui 
^xiste  entre  I'augmentation  d'action  d'un  organe,  et 
sa  disposition  niorbifique  ,  I'auteur  ne  balance  pas 
a  regarder  raugiuentation  d'action  des  organes  uri- 
uaires  ,  comme  la  cause  pour  laquelle  les  afFections 
calculeuses  sont  plus  fr^quentes  chez  les  habitans 
des  pays  froids  et  humides ,  que  chez  ceux  des  con- 
tr^es  m^ridionales. 

L'auteur  des  nouveaux  •  ^l^mens  de  physiologic 
passe  ensuite  a  I'examen  du  liquide  urinaire;  il  s'ar- 
rete  particulierement  a  la  propriete  dont  jouit  cette 
humeur ,  d'etre  s^cr^t^e  continuellement  et  sans  in- 
terrtiission  ,  'et  de  presenter  dans  beaucoup  de  cas  les 
caracteres  de  la  bile  ,  du  sang  ,  du  lait,  du  pus  ,  de 
la  graisse,  etc.  Ces  deux  propri^t^s,  qu'on  n'observe 
dans  aucune  autre  liqueur  animale ,  quelque  al- 
t^r^e  qu'elle  soit ,  portent  l'auteur  a  regarder  les 
reins  comme  dou^s  d'une  sensibilite  moindre  que  les 
autres  organes  secr^teurs,  et  leurs  fonctions  comme 
plus  susceptibles  d'etre  expliqu^es  par  les  lois  delachy- 
mle  et  de  I'hydraulique,  que  celle  des  autres  organes. 

F  2 


84  Medecine. 

Le  pioFesscur  Pinel  doniie  quelques  observations 
snr  les  vices  de  conformation  des  parties  g^nitales 
de  I'homme,  et  sur  le  caractere  apparent  ou  r^el  des 
liermaphiodites.  Ce  iu£?moire  a  pour  but  de  prouver 
que  ce  n'est  que  par  des  observations  anatomiques 
et  I'examen  approFondi  des  vari^t^s  de  conforma- 
tion des  organes  genitaux  ,  qu'on  pourra  determiner 
les  cas  d'impuissance  de  I'homme  d'une  maniere 
plus  precise  qu'on  ne  I'a  fait  jusqu'ici  ,  en  les  envi- 
sageant  seulement  sous  le  rapport  du  moral,  de 
I'exces  des  plaisirs  de'l'amour,  etc.,  et  qu'on  par- 
viendra  a  ^clairer  les  cas  d'hcrmaphroditisme  re^l 
ou  apparent ,  sur  lequel  les  savans  sont  bien  ^loi- 
gnes  d'avoir  leur  opinion  fixee.  Les  observations  que 
I'auteur  rapporte,  prouvent  que  le  vice  de  confor- 
mation du  p^nis,  et  particulierement  I'ouverture 
ext^rieure  des  tuniques  de  I'uretre ,  peut  rendre  la 
f^condation  impossible,  quoique  la  secretion  et  X€- 
mission  du  sperme  ayeut  lieu  ;  elles  font,  en  outre, 
voir  qu'on  ne  sauroit  juger  avec  trop  de  circonspec- 
tion  dans  Ics  cas  d'hermaphroditisme ,  que  si  quel- 
•quefols  la  nature  a  chercbe  a  reunir  les  deux  sexes 
dans  le  meme  individu  ,  elle  ne  I'a  fait  que  d'une 
maniere  tres-imparfaite  ,  et  que  ,  faute  d'un  examen 
assez  approFondi,  Ton  a  souvent  confondu  avec  de 
veritables  hermaphrodites ,  des  individus  qui  n'a- 
voient  avec  eux  que  tres-peu    d'analogle 

Le  C.  Piichemnd  fixe  I'attention  des  m^decins 
sur  un  accident  presque  inconnu,  et  dont  il  n'existe 
que  le  cas  presente  ■  par  Maloet  ,  en  lySS,  c'est-a- 
dire  ,  sur  I'ouvertUre  desanevrismeS  de  I'aorte  dans 
les  broaches  ou  la  trach^e  ajtere. 


Melanges.  85 

L'auteur  recherclie  d'abovd  ,  dans  les  rapports 
anatoDiiques  qui  existent  entre  les  voies  aeriennes 
et  I'aorte  ,  la  raison  des  ph^nomenes  que  les  ap^- 
vrisraes  de^ce  tronc  pr^sentent  dans  les  cas  les  plus 
ordinaires,  ainsi  que  dans  ceiul  qui  est  le  sujet  dp 
ce  m^moire.  II  rapporte  cnsuite  quatre  cas  paiticu- 
liers  ,  dont  un  seal  est  ancien  ,  et  dont  les  tiois 
autres  n'ont  et6  obsery^s  que  depuis  quelques  mois. 
Dans  ces  quatre  observations  ,  Ton  voit  constam- 
ment  la  mort  snrvenir  subiteinent  et  d'une  uianiere 
inattcndue  ,  et  etre  iuim^diatement  precedee  d'ua 
vomissement  considerable  de  sang  rouge  et  ecu- 
meux.  A  I'ouverture  cadav^rique  ,  Ton  trouva  ero- 
sion aux  ccrceaux  cartilagineux  de  la  bronche  gau- 
che ou  de  la  tiachce  artere ,  un  epanchement  de 
sang  dans  le  poumon  gauche  et  quelqucfois  mcme 
dans  I'estomac ,  niais  jamais  dans  le  poumon  du. 
cote  droit.  A  ces  observations  rucct'dent  des  recher- 
ches  sur  les  causes  qui  ont  pu  eiapecher  ou  forcer 
le  sang  de  s'epancher  dans  les  poumons  ,  ainsi  que 
sur  les  circonstances  auxquelles  est  due  sa  presence 
dans  I'estomac.  Ce  mi^moire  est  termine  par  nu  pas- 
sage de  Plittargue  sur  Scytla^  duquel  il  r^sulte  que 
ce  tyran  est  mort  d'un  accident  analogue  a  celui 
que  nous  rapportons. 

Suit  un  memoire  de  M.  Fonlana  ^  dans  lequel  ce 
savant  fait  connoilre  les  proprietes  singulieres  qu'il 
a  observ^es  dans  VlporHcea  hispida  et  plusieurs  au- 
tres convolvulac^es.  II  nous  pr^sente  ces  planfes 
s'enlrelacant ,  sous  la  foriue  de  spirales  ,  autour  des 
corps  qui   les  ayoisiuent  ,    quelque   differeus  qu'ils 

F  3 


86  Medecine. 

soient  par  leur  nature  ,  lenr  grandeur  ct  leur  figure. 
11  fait  voir  comment  dies  abandonnent  quelquefois 
ces  corps  ,  s'en  cloignent  I'espace  de  quelques  dolgts  , 
puis  s'en  rapprochent  de  nouveau  pour  continuer  les 
jpirales  qn'elles  avoient  cesse  de  decrire;  comment, 
lorsqu'elles  manquent  de  support ,  ellcs  se  dirigent 
perpendiculairement  vers  la  terre  ,  s'enfoncent  dans 
le  sol  et  s'^tendent  au  loin  de  tous  c6t<^'s,  en  s'en- 
trela^ant  de  mille  manieres  dilKrentes  ;  et  ,  lors- 
qu'elles sent  trop  minces,  comment  elles  se  rcplient 
alors  centre  leur  propre  tronc  ,  pour  I'entourer  el 
y  former  les  spirales  accoutum^es.  II  d^crit  Ics  spi- 
rales  plus  ou  moins  serr<?es  que  ces  plantes  forment, 
selon  que  les  corps  qu'elles  entourent  sont  plus  ou 
Mioins  volumineux  ;  la  maniere  dont  elles  imitent 
la  forme  et  adherent  a  la  surface  de  ces  derniers ; 
la  repugnance  qu'elles  ont  a  s'unir  avec  le  lierre  , 
et  la  rapidity  avec  laquelle  elles  I'abandonnent  , 
des  qu'on  ne  les  y  force  plus  ;  enfin  ,  la  facilite  avec 
laquelle  elles  peuvent,  au  gre  de  I'observateur , 
changer  la  direction  de  leurs  spirales. 

^  Azures  avoir  fait  cortnuitre  ces  admirables  ph^no- 
menes,  I'nuteur  s'eleve  a  la  cause  qui  les  produit. 
11  la  trouve  dans  un  principe  de  vie  qu'il  a  d^ja  de- 
couvert  dans  quelques  plantes  tres-petites  et  presque 
microscopiques.  Bien  convaincu  cependant  de  la  diffi- 
culie  qu'il  y  a  de  s'assurer  de  I'existence  dece  prin- 
cipe dans  les  plantes  ,  vu  fe  peu  d'analogie  qu'il  y 
a  entre  leurs  organes  el  les  notres ,  ce  judicieux, 
obseivateur  essaye  ,  par  des  rapprochemens  inge- 
nieuxjsinoaa  reudre  cette  yix'xit  incontestable,  aa 


Melanges.  87 

moins  a  hii  donner  un  grand  degr^  de  probabilit<?. 

Le  besoin  absolu  de  I'air ,  I'accrolssement  par 
nufritlon,  Itxistence  d'line  matiore  fecondan(e  et 
d'organes  g^nltaux  disflncts  ,  le  mouvement  de  rap- 
prochement de  ces  parties,  lors  de  la  fdcondation  • 
la  faculte  de  decomposer  les  corps  ,  de  rassemhler 
leurs  (Siemens  et  d'en  former  de  nouveaux  compo- 
s<?s,  tels  sont  les  points  de  contact  entre  les  plan- 
les  et  les  animaux,  qui  portent  le  savant  autenr  du 
Traits  de  la  vipere  a  attribuer  aux  premieres  com^ 
me  anx  dcrniers  un  principe  de  sentiment  et  de  vie. 
Ajoutez  a  cela  ,  selon  I'auteur  ,  qu'il  est  des  ani- 
maux ,  tels  que  les^anguilj'es  infiisoires,  qui  ont 
moins  d'analogie  avec  les  animaux  qu'avec  les  plan- 
tes,  puisqu'a  I'instar  decelles-ci  ,  ils  peuvent  se 
dessecher  en  partie  ou  meme  entierement,  sans 
perdre  leurs  facultf^s  veg^tatives;  que,  dans  les  dif- 
ferens  animaux,  les  forces  vitales  pr^sentent  des 
degrt's  trcs-vari^s  et  ties  decroissemens  insenslbles  , 
et  produiscnt  ,  dans  des  circonstanccs  analogues, 
des  pbenomenes  trcs-differens  et  souvent  opposes. 
C'est  ainsi,  parexemple,  que  ramputallon  de  la  tete 
est  constamment  mortelle  cliez  les  animaux  a  sang 
dviud  ,et  n'est  presque  aucunement  dangereuse  dans 
un  grand  nombre  d'iusccfes  et   de  testacc'es. 

M.  Pfi'JT,  dans  I'extrait  qu'il  donne  du  Memoire 
du  docteur  Belbvag  sur  la  vaccine  ,  fait  connoitre 
deux  sortes  de  fausse  vaccine  ,  observ^es  par  le  doc- 
teur Nisson  en  1799.  La  premiere  dtoit  noire,  de 
la  grandeur  d'lin  centime ,  abaissee  au  milieu  et 
remplie  d'une  matiere  purulente :  elle  se  comrauni- 

F4 


88  Medecine. 

quoit  a  ceux  qui  ^toient  occiip^s  a  fraire  les  vaches, 
leur  faisolt  ^prouver  des  frissons  ledgers  ,  dc  la  chalcur, 
el  se  tiansformoit  en  un  ulcere  douloureux  ,  rongcant, 
difficile  agu^rir.L'autre  ayoit  la  forme  d'urie  v^sicule  } 
elleetoit  jaunatre  etr(?pandoit  une  odeurd^sagreable  ; 
elle  rendoit  les  vacbes  nialades  ,  supprimoit  leur 
lait,  et  exposoit  les  personnes  qui  en  ^toicnl  atta- 
qiiees  accidentellement  a  perdre  iine  ariieulation 
<l'un  des  doigts. 

En  r^unissant  ces  deux  sortes  de  fausse  vaccine 
a  celles  observees  par  Jenner  et  Pearson  ,  I'auteur 
en  fait  quatre  sortes  :  i.°  les  -pustules  de  vent  ;  2."  les 
fustules  blanches  ;  3.°  les  jaiines  ;  4.°  les  noires ,  dont 
aucime  ne  garantit  de  la  variole. 

L'auleur  cite  ensuite  pliisieurs  falts  de  personnes 
encore  vivantes  ,  qui  prouvent  que  ,  dans  le  Holstein  , 
on  connoit  la  vertu  pr^servaftice  de  la  vaccine  ^  de- 
puis  plus  de  40  ans  ,  et  que  la  vaccination  y  est  pra- 
liqu^e  depuis  longtenips.  L'auteur  finit  par  I'histoire 
<le  I'inoculation  de  la  vaccine  qu'il  a  faite  avec  le 
plus  grand  succes,  et  celle  des  contre-(?preuves  qui 
out  ^i<?  tentfes  a  Leipsik  ,  et  qui  confirment  la 
vertu  dont  jouit  la  vaccine  de  preserver  de  la  petite 
^fcrole. 

C'est  avec  bien  du  regret  que  les  bornes  d'un  cx- 
Irait  ne  nous  permettent  pas  d'analyser  en  particu- 
lier  tons  les  ni^oioires  qui  enrichissent  ce  volume. 
Parmi  ceux  que  hous  n'avons  pu  faire  cpnnoitre  , 
I'on  trouve  des  vues  tb^oriques  et  pratiques  sur  la 
lufcilleure  manieie  de  conslruire  les  bandages  her- 
niaireS,  pav;  le  C^RonssUli-Chamsevu]  quelques  ob- 


Melanges.  89 

servatlons  sur  I'Ornithoryngus  paradoxus  ,  par  M. 
Blumenhach  ;  un  expose  succinct  d'nn  syslemc  con- 
chyliologiquc  ,  tire  des  animaux  et  du  test  des  co- 
cjuillages,  par  M.  Daudelxirl -Ferriisac ;  des  com- 
inentaires  liltcraires  sur  quelques  passages  des  lettres 
<le  S^neque  le  philosophe  ,  rclatifs  a  la  m^decine  y 
par  le  C.  Sue  ain^  ;  et  enfin,  une  histoire  tres-cu- 
lieuse  d'un  cas  particulier  de  salyriasis  ,  par  le  C 
Rorii  -  Diiprest. 

Nous  nous  sonimes  abstcnus  de  tout  ^loge;  il  se- 
roit  d^'plac^  dans  un  temps  ou  les  ouvrages  les  plus 
mediocres  en  sont  couvcrts.  Nous  nous  sommes  bor- 
nes  a  donner  un  expos^  succinct  des  travaux  de 
leurs  autcurs  ,  bien  persuades  que  leur  reputation 
litt(;raire  doit  consisler  dans  leurs  ouvrages  ,  et  noii 
dans  les  titres  honorables  que  nous  aurions  pu  leur 
prodiguer.  D'ailieurs  ,  I'opinion  publique  est  fix^e 
relativcment  a  la  plupart  d'entre  eux  ,  et  il  suffit  de 
dire  que  les  noms  de  Pincl ,  Fontana  ,  Blumenbacli, 
Dumas ^  Aliberl ,  Richerand,  Sue  aaiej  etc.,  se  trou- 
vent  a  la  tete  de  plusieurs  m^moircs  que  contient 
ce  volume,  pour  I'aire  voir  de  quel  interet  il  est, 
soit  par  les  matieies  qu'il  contient,  soit  par  la  ma- 
nierc  dont  cellos  ci  sont  traitees  ,  et  la  clarte  avec 
laquelle  elles  sont  exposees.  C.  S. 


VARIETES,  NOUVELLES 


ET 


CORRESPONDANCE  LITT^RAIRES. 


NOUVELLES  ETRANGERES. 

Petersbourg. 
Cabinet  de  FORSTER. 

L'empereiir  de  Russle  a  acliet^  pour  la  somrae 
de  60  mille  roubles,  le  cabinet  d'histolie  naturclle 
de  M.  Forsler  ,  et  en  a  fait  pi<?sent  a  I'ecole  des 
Mines. 


Academic  de  Petersbourg. 

L'Acaddmie  des  sciences  de  Petersbourg  sera 
bientotr  en  possession  d'un  telescope  de  Herschel , 
dontle  verre  est  de  la  grandeur  de  20  pieds  ;  ce  te- 
lescope a  ^\.€  fait  ,  en  partie ,  par  ce  c^lebre  astro- 
iiome  luimeme,  et  il  est  a  remarquer  que  I'Acade- 
mie  est  redevable  de  ce  superbe  present  a  trois  sou- 
verains  consecutifs.  L'imp^ratrice  Catherine  II  fit 
faire  le  verre  par  M.  Herschel ,  et  le  fit  transporter 
a  Petersbourg  pour  y  etre  ir.onte  par  des  ouvriers 
russes  5  mais  cet  ouvrage  avancaut  fort  lentement , 


Nouvelles  lltleraiits.  91 

Paul  I."  envoya  le  tout  a  I'Acad^niie,  en  lui  ovdon- 
nant  de  faire  monter  cet  instrument  a  ses  I'rais.  Pour 
pavenir  a  ce  but,  et  pour  payer  d'autres  d^penses 
n^cessaires,  I'euipereur  Alexandre  a  donn^  a  I'Aca- 
ddniie  une  somme  de  quatorze  mille  roubles,  et  elle 
renvoie  maintenant  Ic  tout  en  Angleterre  ,  afin  que 
rinstrunicnt  soit  fini  sous  les  yeux  de  M.  Herschel. 


Dane  M  ARC  K. 

Academic  de  Copenhague. 

L'Acad^mie  des  sciences  de  Copenhague  n'ayant 
encore  recu  sur  feu  I'historiograplie  SuHM,  aucun 
(?loge  qui  ait  pu  reruplir  ses  vues,  vient  de  proposer 
de  Douveau  ce  sujet;  elle  y  a  ajout^  en  outre  I'^loge 
de  feu  M.  Abildgaaud,  professeur  de  Tart  v^l^ri- 
naiie.  Les  ouvrages  pourront  etre  ^vits  en  fraucais, 
latin  ,  allemand  ou  danois. 


Stockholm. 
Nonvelles  diverses. 

Le  professeur  Sparrmann  n'est  plus  inspectcur 
du  .cabinet  d'hlstoire  naturelle  de  I'Academie  des 
sciences. 

On^royolt  deux  fois  que  M.  Plagemann  , 
rectep^  du  Lyc(?e  alleniand  a  Stockholm,  seroit 
nomni^  professeur  a  Greifswalde.  Cette  universite 
leioit  en  lui  uuc  excellculc  acquisition  pour  les  ma- 


92  Noiivelles  Ihteraires. 

tli(^mafiqucs,  ]a  pliysirjue  et  la  (eclinologie;  mals 
]a  peiie  de  cct  lioaime  respectable  seroit  irr(;parable 
pour  le  Lycc^c  qii'il  dirige  actiiellement. 

M.  Gjo£Ravell  ,  savant  libraire  connu  par  plu- 
sleurs  ouvrages ,  et  qui,  depuis  plus  de  oo  ans , 
Miohtre  un  zele  infatigable  pour  les  progres  de  la  lit- 
t^rature  suedoise,  est  loin  de  trouver  les  encoura- 
geniens  que  son  zele  merileroit. 


P    R    U    S   S    E. 

Sucre  de  Betierave. 

Le  docteur  Achard  vient  de  publier,  a  Berlin, 
les  r^sultats  du  second  essai  en  grand  qu'il  a  fait 
de  la  confection  du  sucre  avec  des  betteravcs  , 
sous  les  yeux  de  la  commission  nonomt^e  a  cet  efFet 
par  S.  M.  le  roi  de  Prusse.  i5op  quinfaux  de 
betteraves  ont  donn^  5,95a  livres  de  sucre  brut  , 
45o  quintaux  de  marc ,  et  loo  onces  de  syrop. 
Trente  quintaux  de^  betteraves,  cultiv^es  d'apres  ses 
proc^d^s ,  ont  donn^  chaeun  6  livres  3  onces  de 
sucre  brut.  Le  marc  pent  seryir  en  guise  de  cafe, 
et  a  distiller  de  I'cau  dc-vie,  et  est  plus  profitable 
pour  la  nourriture  des  bestiaux  que  les  betteraves 
mgmes.  Le  sucre  brut  pent  etre  raffine-  pour  toute 
sorte  d'usagej  d'apres  le  calcul  de  la  commission 
cbarg^e  de  I'exameu  de  cet(e  d(?couver(e  ,  ii  en  r^- 
sultera,  pour  la  Prusse,  une  Economic  anniJfile,  ou 
plutot  un  avantage  de  deux  millions  et  demi  de  rix- 
dalers. 


Noiivelles  lllteraires.  98 


L  o  N   D   R   E   s. 

Lisle  de  tons  Ics  Joiirnaux  et  magasins  Utle- 

raires  qui  paroissent  chaque  mois  a  Lon- 
dies  J  avec  leiir  prix. 

Shillings.  Sons. 

Army  List i  o 

Anderson's  Piecrcatlons  in  Agriculture,  i  6 

Ami-Jacobin  Review 2  o 

Arminian  Magazine o  6 

British  Critic  Review 2  o 

British  Magazine i  6 

Bitannic  ditto i  o 

Botanical  ditto i  o 

Critical  Review 2  o 

Chirurgical  ditto i  6 

Commercial  Magazine i  o 

Copper-plate  ditto i  o 

Donavan's  British  Insects i  o 

■ — •   Shells 2  6 

European  Magazine , i  6 

— Repertory 2  o 

Evangelical  Magazine o  6 

Fashions  of  London   and  Paris i  6 

Gentleman's  Magazine i  6 

German  Museum i  6 

Gospel  Magazine o  6 

General  Buplisi's  ditto o  6 

Historical  ditto • i  6 


94  Nouvelles  iLtlcra'ires. 

ScliiiUiigs.  Sous 

London  Review i  6 

London  Medical  Magazine i  6 

Lady's  Magazine i  o 

Lady's  Museum '  . .  . .  i  o 

Moni  Illy  Review 2  o 

Magazine i  6 

• —  Preceptor i  o 

• Mirror i  o 

Epitome o  6 

Visitor I  o 

Medical  and  Physical  Journal 2  o 

Military  Journal 2  6 

Naval  Biography 2  o 

Chronicle 2  6 

• Magazine i  o 

Navy  List o  6 

Naturalist's  Miscellany 2  o 

Nicholson's  Journal 2  6 

Philosophical  Magazine 3  o 

Repertory  of  Arts i  6 

Sowerby's  Botany 5  o 

Sporting  Magazine ..  .\ i  o 

Universal  ditto "  i  6 

Young's  Annals  of  Agriculture 2  0, 

Zoological  Magazine i  o 

Parmi  ceux-ci  on   distingue  surtout  : 

1."   Le  Monthly  Magazine ,  le  plus  riche  en  ma- 

tieres  et  le  plus  r^pandu  de  tous ,  qui  so  public  le 
premier  de  chaque  mois,  par  ^1,  Phillips ,]eVih\Siive 
le  plus  actif  de  Londres. 


Nouvelles  Uttc'raires.  g5 

2.°  Le  Philosophical  Magazine  ,  publie  le  dernier 
jour  de  cliacjue  mois,  par  M.  Tilladi ,  I'^ditciir  de 
la  c^lebre  gazette  du  soir ,  le  Star.  Ce  journal  se 
distingue  par  le  clioix  dcs  matieres. 

3.°  La  Critical  Rcvieiv ,  dont  i'editeur  est  M.  Ba- 
milton.  II  est  J  dans  ce  moment-ci  ,  repute  le  meil- 
leur  journal  critique  des  ouvrages  litteraires,  soit  de 
I'int^rieur  du  pays,  soit  de  I'^tranger. 

Outr^  ceux-ci,  le  Monthly  Magazine ,  le  Gentle^ 
man's  Magazitie ,  le  Medical  and  Physical  Journal, 
le  European  Magazine ,  et  quelques  autres  encore  , 
jouissent  de  plus  ou  moins  de  reputation. 

II  y  a  auAsi  ,  depuis  peu  ,  une  Monthly  Shipping 
list,  ou  un  registre  de  \ous\e&  balimens ,  capitaines^ 
cargaisons  ,  etc. ,  qui  enfrent  dans  les  ports  de  Lon- 
dres  ct  de  toute  I'Angleferre,  public  par  le  lueme 
Phillips  y  qui  est  aussi  I'editeur  d'un  beau  journal 
des  Modes  d'Angleterre  ,  et  d^'wn  journal  militaire. 


Noiivelles  diverse s. 

■  La  traduction  complete  des  CEuvres  de  Platon, 
en  anglais  ,  annonc^e  depuis  longtemps  par  M. 
Thomas  TaYLOR,  paroitra  ce  priutemps,  en  dix 
beaux  volumes  iu-4.° 

L'^dition  magnifique  de  Shakespeare,  publiee  par 
BoYDELL  ,  est  sur  le  point  d'etre  achevee. 

On  annonce  un  ouvrage  uiagnifique  qui  sera  pu- 
blic par  llvraisons  ,  sous  le  titre  de  Scotia  depicta  , 
ou  les  Antiquit^s ,  Edifices  publics  ,  Chateaux ,  Ba- 


rj6  Nonvelles  lllteraiies. 

timens  parliculiers ,  Villes  et  les  Sites  pittoresqueS 
de  I'Ecosse ,  dans  une  suite  de  gravures  a  I'eau-forte, 
ferniln^es,  par  M.  FiTTLER;  exdeut^es  sur  les  des- 
sins  exacts,  fails  d'aprcs  nature  par  Jean -Claude 
NaTTES,  dans  les  amines  1797  a  1800.  Cet  ouvrage 
sera  enriclii  de  descriptions  archceologiques  ,  histo- 
riqiies  et  pittoresques. 


H    O    L    L    A    N    D    E. 
Sociele  des  sciences  ct  des  arts  d  Utrecht. 

La  Society  des  sciences  et  des  arts,  a  Utrecht, 
a  propose  les  prix  suivans : 

I.  Pour  le  I,'"  octobre  i8o3  ,  terme  auquel  les  rae- 
moires  doivent  etre  parvenus  a  la  Society  : 

«  Quelle  est  la  veritable  nature  de  la  matiere  ^lec- 
•1  trique  ?  Est-elle  compos(je  ?  Quels  sont  les  priucipes 
«  qui  la  constituent?  Quels  sont  les  changemens 
'•  chymiques  qu'elle  subit  en  se  combinant  avcc 
«  d'autres  corps ,  et  quels  sont  ceux  qu'elle  produit 
<<  dans  ces  menaes  corps  ?  » 

Le  prix  qui  sera  adjuge  au  meilleur  memoire  sera 
de  3o  ducats. 

II.  Pout-  la  nieme  epoque,  la  Society  propose  de 
nouveau  le  sujet  suivant  ,  sur  lequel  elle  n'a  pas  recu 
de  memoire  : 

..  Quelle  est  la  veritable  nature  dela  dyssenterie? 
•<  Est-elle  toujours  la  m^me?  Quelles  sont  ses  dif- 
«  ftrentes  causes?  Quels  sont  les  caracteres  auxquels 
«  on  peut  la  reconnoitre?  Quelles  sont  ses  suites? 

«  Quel 


JMoiLvelles  litleraircs.  97 

•  Quel  est  le  meilleur  traitement  a  siilvre  pour  la 
■•  gucrir?  Que  doit-on  smtout  penser  de  I'emploi 
«  deropiumdanscettemaladie,  et  dc  scs  efrefs?  » 

III.  Le  i/'^  octobre  1802  ,  on  d^cernera ,  a  I'au- 
teur  du  meilleur  memoire  |sur  un  objet  de  rhistolie 
naturelle,  une  m^daille  de  20  ducats  ;  I'auteur  du 
memoire  qui  sera  jug^  gfre  le  meilleur  apres  celui-ci  , 
recevra  une  m^^daille  d'argent. 

IV.  Pour  le  i/' octobre  1802  : 

"  Pourquoi  les  maladies  epid^miques,  qui  affllgent 
"  aujourd'hui  la  Hollande,  sont-elles  plus  compli- 
■  qu(^es  qu'autrefois?  Doit-on  en  attribuer  la  cause  a 
«•  la  bile  ou  a  la  pituite  ,  ou  a  difF^reus  agens  combi- 
•«  n^s?  De  quellemaniere  peut-on  s'assurer,avec  le  plus 

-  de  certitude  ,  des  I'origine  de  ces  maladies ,  laquelle 

-  de   ces   causes  est  la  dominante  ?   D'apres   ceia , 
«  quelle  m^thode  est  la  plus  avantageuse  a  suivre?  •• 

V.  Pour  le  1/'  octobre  1802,  elle  adjugera  un 
prIx  double  au  meilleur  memoire  sur  la  questioa 
suivante  : 

"  Par  quels  moyens  peut-on  pr«?venir  les  duels  , 
"  dans  un  pays  oii  I'oplnion  di^clare  d^shonore  celui 
«  qui  ne  provoque  point  au  duel  celui  qui  s'est  per- 
«  mis  contre  lui  de  certains  pvoc^d^s  ofTensans  ? 
"   Comment  faut-il  se  comporter  en  pareil  cas  ?  » 

Les  memoires  envoy^s  au  concours  pourront  etre 
ecrits  enhollandais  ,  anglais,  allemand  ,  francaisou 
latin  ;  lis  doivent  etre  adress^s  ,  francs  de  port,  au 
secretaire  de  la  Society,  M.  le  Dr.  Luchtmann  ,  a 
Utrecht,  en  observant  les  regies  accoutumees,  de 
n'lndiquer  le  nom  que  dans  un  billet  cachete  ,  re- 

Tojiie  V.  Q 


pS  Nouvelles  lltleialres. 

connoi3sal)le  par  une  devise  qui  se  Irouve  en  (^ie  du 


memo  I  re. 


A   U    T    R    I    C    H    E. 
Journal  de  Uttcrature. 

II  doit  ctre  t'lig^  dans  I'liniversite  de  Vienna 
(Autriche)  trois  nouvelles  chaircs  ,  une  de  juris- 
prudence, une  dc  ciiange  ct  uiie  de  cliymie.  Quoi- 
que  dans  la  monarciiie  autrichienne  on  compte  sept 
universites,  huit  lycc'es,  plus  de  cent  colleges,  huit 
acad<?mies  et  d'autVes  etablissemens  pour  les  prpgres 
des  connoissances ;  qiioicjue  les  professeurs  soient 
mieux  pay<?s  qu'en  tout  autre  etat ,  et  qu'annuelle- 
inent  on  consacre  plus  de  cent  mille  florins  pour 
I'instrucfion  des  jeunesgens,  cependant  on  n'avoit 
point  eu  jusqu'ici  de  journal  litt^raire,  et  aucua 
de  ceux  qu'on  avoit  entrepris  n'avoit  pu  se  souteulr. 
Pour  remt'dier  a  ce  d^faut  ,  et  faire  connoitre,  tant 
danu  I'lnt^rieur  qu'a  I'^tranger,  les  productions  li(- 
t^raires  de  ce  pays  ,  une  societe  de  savans  de  Vienna 
s'est  arrang(?e  avec  une  autre  society  de  la  Baviere, 
pour  la  publication  d'un  journal  qui  sera  entiere- 
ment  consacr^  a  annoncer  et  a  analyser  les  ouvrages 
tie  la  litt^rature  autricliienne  et  bavarroise  :  la  re- 
daction en  est  confine  au  conseiller  inlime  Kayser  ; 
il  y  sera  annexe  une  feuille  qui  contiendra  les  nou- 
velles litferaires  des  deux  pays.  Le  premier  numf?ro 
de  ce  journal  a  du  paroitre  au  commencement  de 
cette  annee. 


NouvcUcs  lilleralies,  <)r) 

En  Hongrle  ,  la  litt^ratuie  a  pvis  une  nouvelle 
aclivite  depuis  la  paix  ;  on  annonce  tons  Ics  jours  de 
nouveaiix  ouvrages  ,  dont  rimpresslon  paroit  avoir 
Cl€  retard^e  jusqu'a  cette  heureuse  ^poque.  Quant 
aux  nouvelles  politiques,  Oa  connoit  pen  de  villes 
dans  les  ^tats  de  la  uiaison  d'Autriche  ,  meme  dans 
la  Gallice,  qui  ii'ayent  leurs  gazettes  ;  on  imprime 
a  Ciacovie  deux  gazettes  ,  I'une  allemande ,  et  Taulie 
polonaise. 

V    I    E    N    N    E. 

Academie  imperiale  des  arts. 

L'Academie  imperiale  des  arts  a  tenu,  le  i.^'  d^- 
cembre  ,  une  assembl^e  dans  laquelle  elle  a  agr^ge  , 
au  nombre  de  ses  menibres  honoraires ,  S.  A.  R. 
I'archiduc  Charles  ,  MM.  de  Fredenheim ,  M.  le 
comte  de  Fries,  et  J".  L.Freddy,  et ,  coninie  mem- 
bres  actifs,  MM._^  J.  Rosa  et  Duvivier. 


L'wresfrancais  defendus par  la  censure  de 
Vienne ,  dans  le  courant  des  mois  de  juiit 
etjuillet  1801, 

J  u  I  N. 

Chronique  scandaleuse  de  V an  1800  ^  pour  Pan  180I. 
Paris  ,  an  ix  ( 1801  ).  in-8.° 

Le  Cousin  de  Faublas ,   ou   les  plus  coitrtes  folies 
sont  les meilteures,  2  torn. Paris,  an  ix  (  i8oi).ia-8.' 

G   2 


loo  Nonvelles  liiteraires. 

La  Ddcade  -philosophique  et  -poJitique  ,  les  n."  I7, 
i8  ,  19  et  -io.  An  IX  (  i8ci  ).  in-8.° 

La  Fatalitc  des  ressemllaiices ,  roman  histbrique, 
orne  do  gia\iives ,  par  Sarrasin.  2  torn.  A  Paris, 
an  IX  (  iCoi  }.in-8.° 

:*   Tlisloire  'politique   et    raisonnee  da  consulal ,  par 
Victor  CoMElRAS.  A  Paris,  an  ix  (  1801  ).  in-S." 

La  Jeunesse  de  Figaro  ,  par  J.  J.  Regnault- 
Warin.  2  torn.  A  Paris  ,  I'an  Vlil  (  1801  ).  in-S." 

Isman  ,  ovi  le  Fatalisnie ,  histoire  persanne  ,  par 
Francois  Rivarol.  2  torn.  A  Paris,  an  vii.  in-8.° 

Manuel  des  autorites  constituees  et  de  tons  lesfonc- 
tionnaires  ,  etc.  ^  par  L.  S.  Balestries  CaniLHAC, 
2  torn.  A  Paris  ,  an  IX.  in-8.° 

Memorial ,  ou  Journal  historique  de  la  revolution 
de  France,  par  F.  C.  Lecomte.  Tom.  i  et  2.  A 
Paris  ,  an  IX  (  1800  ).  in-8.° 

Quelqiies  seinaines  de  Paris.  3  torn.  Paris ,  an  IX. 
in-8.= 

Le  Talisman  de  lavolupte ,  ou  la  Relique  de  saints 
There se  ,  par  ***.  Paris,  an  VIII.  iu-8,° 

Theorie  des  institutions  sociales ,  par  J.  Ch.  B. 
A  Paris,  an  IX  (  1801).  in-8.° 

Pies,  amours  et  auentures  de  plusieurs  illustres 
Solitaires  des  Alpes ,  par  F.  Pages.  4  parties.  A 
Paris  ,  an  viil.  in-8.' 

Voyage  pit  I  oresque  en  Suisse  et-eti  Italic ,  par  le 
C.   CambRY.  2  torn.  A  Paris  ,  an  IX.  in -8.° 
L'ouvrage  sulvant  ne  pourra  etre  delivr^  qiiemoyen- 
naot  une  permission  particuliere  fErga  schedam). 


Noiivelles  liHtraires.  loi 

FSlix  et  L^onnre  ,  (lu  les  Colons  malhenrcuT  ,  par 
J.  B.  C.  BerthieH.  2.  torn.  A  Paris,  an  ix  (  illoi  ). 
in-8.° 

J    U    I    L   L    E    T. 

VAhhaye  de  Netlej  ^  liistoire  du  moyen  age  ,  tra- 
duit  de  I'allemand  ,  par  Fontallard,  2  torn. 
A  Paris,  an  ix(i8oi).  in-8." 

Anecdotes  inddiles  de  la  fin  dn  18.*  si^cle.  A  Pa- 
ris,  an  IX  (  i8ot).  ln-8.'' 

Apercu  de  P^tat  des  mceiirs  et  des  opinions  dans 
la  Repiiblique  francaise  ,  vers  la  Jin  da  i8.°  siecle  ^ 
par  H.  M.  Williams  ;  traduit  de  ranglais  par 
M.""^  Grandchamp.  2  torn.  An  ix  (  1801 ).  in-8.° 

Bagatelles  poetiques  et  dramatiques  ^  i."  partie , 
contenant  les  opuscules  en  vers ,  par  G.  P.  B.  D.  H.  S.  ■ 
A  Paris,  an  IX.  in-B.° 

Betzi ,  ou  P Amour  comme  it  est.  Paris,  an  IX 
(  1801  ).  i'n-8.° 

Les  Cheinliers  de  sept  montagnes .,  fraduit  de 
ralleraand  ,  par  J.  N.  E.  df.  Bogk.  3  torn.  A  Metz, 
an  IX  (  i8co  ).  In-8." 

Conquele  de  Naples  par  Charles  I'lTI  ^  ouvrage 
compost  sous  le  regne  de  Louis  XV  ,  par  Paul  G, 
3  torn.  A  Paris,  an  ix  (  1801  ).  in-8.° 

Conies  et  historiettes  droliques  ,  en  vers  ,  par 
Adrien  L.  R.  A  Paris.  1801.  in-8.° 

lies  defauls  des  Jemmes ^  poeme  v^rldique  en  4 
chants.  A  Paris  ,  an  IX  (  1801  ),  in-8.* 

Encore  des  culemhoiirgs  ,  par  Ch.  Ma*.  A  Pai is  , 
an  VIII  (  i8qo).  in-8,"* 

G  3 


102  Noiwelles  Ulleraires. 

Essai  Idstorique ,  politique  ct  moral ,  sur  les  rdvo- 
lulions  anciennes  et  modemes ,  jiisque  et  y  compris 
I'epoqiie  du  i8  hrumaire.  An  VUI.  A  Paris.  in-8.° 

Lies  trots  FaiKitJques ,  poeme  phllosophi-coniique 
en  4  chants,  par  Louis  LemeRCIEr.  A  Paris, 
an  IX.  in-8,° 

Hector  Martin  ,  par  Dek*.  2  torn.  A  Paris  ,  an 
IX.  In-8.° 

L'Hermite  du  Mojit-Saiiit'Bernard ^  par  M.  L.E. 
Zellotini.  Paris,  an  ix  (  1801  }.  in-12. 

Lectures  morales  et  amusantes ,  ou  Reciteil  da 
traits  choisis  ,  ouvrage  egalement  propre  a  former 
le  coeur  de  la  jeunesse.  A  Paris,  an  viil.  in-8.° 

Lettres  de  M.  le  comte  de  iV*,  voyageur  allemnnd^ 
a  un  de  ses  amis  a  FiV/z/ze.  Francfort.  1801.  in-8.° 

TjCttres  fomilieres  siir  la  Carinthie  et  la  Stirie  , 
adresscfes  a  M."'*  Bianclu ,  de  Bologne  ^  par  un  offi- 
cier  general  ,francais  ,  prisonnier  de  guerre  en  Au~ 
iriche ^  ^799-  -A-  Lt'oben,  an  IX.  in-8.° 

Memoires  et  voyages  d^un  ^niigr^  ^  publics  par  J.  N. 
Belin  de  Ballu.  3  lom.  h.  Paris ,  an  ix  (  1801  ). 
in -8.° 

Menage  diaboUque  ,  hlstoirs  pour  quelques  -  uns  , 
ronmn  pour  quelques  auires ,  par  D*  GuY.  2  torn. 
A  Paris  ,  an  IX  {^  i8or).  in-8.° 

Observations  et  pieces  relatires  a  la  conve/ztion 
d'El-Arisch.  A  Paris  ,  an  IX.  in-8." 

CEui'Tes  de  M."'"  de  Cliarrier.  3  torn.  A  Leipsik.  1800, 
in-C." 

(Juliana,  ou  I'Enfant  des  hois,  nouvelle  polo- 
iiulsf  ,  par  Henry  C*.  2  torn.  An  IX  (  1801  ].  in-8.° 


Nojivellcs  Uftcraires.  io3 

Tout  Paris  en  vaudevilles ,  ouvrage  ciI(iqiie-co- 
mlque,  par  Maraut.  Paris  ,  an  IX.  in-S." 

Rosalina ,  ou  Ics  Me'prises  de  Vamour  ct  de  la'mi^ 
ture  ,  par   M.">«    G*   DE   MoRENCY.    2  lorn.  Pails. 
(1801).  in-8." 
Ouvrages  francals  qui  ne  seront  d(?Jlvr^s  que  moyen- 

nant  une  permission  partlcullere  (Ergaschedaw). 

l^e  Viiiflueuce  altribuee  aux  -philoinphes  ^  aux 
^raiics-nwcons  el  ou.v  illutuine's  ,  sur  la  revolution 
de  France,  par  J.  J.  MoUNlER.  A  Tubingen. 
1801.  in-S." 

MaUdiction  fiat  em  ell e  ,  on  la  Per// die  d'une  he  Lie- 
mere.  %  torn.  A  Paris.  1801.  In-8.° 

Origines  gauloises  ,  celles  drs  plus  ancienspeuples 
de  VEurope ,  puisees  dans  leur  vraie  source ,  par 
Latour-d'Auvergne-Corret.  3.^  Edition.  Ham- 
boiirg.  1801.  in-O." 

Ijcs  Qiiinze  ,  on  VHistoire  de  la  grande  arinee , 
par  M.  le  cur^  de  N*.  Paris,  an  ix.  in-S."  ' 

Voyage  d'un  Fraiicais  aux  salines  ds  Eai-iere  ct 
Salzbourg ,  en  1766.  Paris,  an  v.  in  o.". 


F    L    O   R    E    N 


C    E. 


Florence,  ce  i  noverabre  iSoi. 


L'emprefsemeirt  que    vous    metlez   a  encourager 
I'etiide  des  langues  savan.ei,  si  u  lie  au  litterateur 

G4 


104  Nouvelles  Utleraires. 

et  au  phllosophe,  m'a  fait  imaginer  que  voiis  ap- 
prendrez  avec  plaisir  I'exislcnce  d'lin  nouveau  livre, 
^estin^  aiix  jeunes  amateurs  de  ]a  langue  grccquc, 
qui  vicnt  d'etre  public  en  Italic.  C'est  mon  savant 
ami  de  Ancora  qui  I'a  compile,  sous  le  fifre  sui- 
vant  :  Gicecorum  auctorum  compendiana  <ru».oyit ,  an- 
notationibus  grammaticis  et  philologicis  inafruc/a , 
in  nsum  regii  archigjnviasii  neapolilani.  Neapoli , 
3801 ,  en  148  p.  Son  id^e  a  efd  de  facilifer  IVtude  de 
]a  langue  a  scs  Aleves  ,  en^leur  pr^sentant  des  mor- 
ceaux  des  auleurs  les  plus  c^lcbres,  avec  des  fra- 
cluctions  et  des  notes  qui  peuvent  en  faciliter  I'in- 
ielligence  et  I'imitation.  II  y  a  ,  par  exemple  , 
I  oraison  d'Isocrate  a  Demonicus  ,  avec  deux  tra- 
ductions ,  Tune  par  metaphrase,  I'autre  par  pc^rl- 
phrase  ,  avec  une'  analyse  grammaticale  au  bas  de 
\a  page,  et  un  glossarium  h.  la  fin.  11  y  a  Ic  texte 
grec  du  i."  chapitre  de  I'^vangile  de  S.Luc,  avec 
rii)terpr(?tation  interlin^aire  d'Arias  Montanus  ;  la 
description  du  bouclier  d'Achille  ,  par  Horaere , 
avec  la  traduction  latine.  Ensuife  vient  I'idylle 
8.^  de  Thcocrite  5  et  puis  trois  odes  d'Anacr^on, 
avec  des  traductions  latines  et  Italiennes,  entre 
autres,  une  de  I'abb^  Regnler  ,  et  I'autre  de  Ro- 
gati.  La  collection  est  terminee  par  des  ^pi- 
grammes  de  I'anthologie  ^recque ,  des  inscriptions 
lapidaires,  et  des  lois  de  rAttlque. 

Nous  avons  depuis  longtcmps  ici  ,  dans  un  con- 
vent de  B^uddictins,  le  pere  Raynal ,  qui  etoit  jadis 
profcbstur  a  SoiCze.  On  I'appela  pour  soigner    Ics 


Nouvelles  Ilucraires.  io5 

iTiamiscrits  pr^cieiix  de  ce  couvent.  II  a  (rouve,  clans 
1h  bibliotlu'que  d'un  autre  convent,  un  manuscrit 
(les  fables  d'Esope  ,  dcrit  dans  le  i3.'  si^cle ,  dans 
Icq^Liel  il  y  a  deux  fables  de  plus  que  celles 
que  nous  avons  dans  les  raeilleuies  editions.  C'est 
line  preuve  nouvelle  pour  detruire  I'ancienne  sup- 
position que  ces  fables  nVtoient  qu'une  imposture 
de  Planude.  Raynal  voudra  imprimer  son  manu- 
scrit ;  Je  I'ai  exhorts  de  I'euvoyer  en  France.     F. 


FRANCE. 
Lycee  de  Marseille. 

Cet  ^(abllssement  ,  forme  en  I'an  7  ,  vient  d'etre 
r^organis^;  de  nouveaux  r^glemens  ont  ^t^  dresses. 
Le  Lycee  se  trouve  acfuellement  divisd  en  trois 
classes.  La  premiere  est  celle  des  sciences  physiques 
et  math^matiques  ;  la  seconde  est  celle  d'agricul- 
lure  et  commerce  ;  la  trolsieme  est  la  classe  de  lit- 
Idrature  et  beaux-arts.  '' 

Cbacune  de  ses  classes  est  sous-divis^e  en  troi* 
sections.  Tout  ce  qui  tient  aux  matb^matiqucs ,  aux 
arts  Do^caniques,  est' du  ressort  de  la  premiere  sec- 
lion  de  la  classe  des  sciences. 

La  seconde  section  de  cette  classe  s'occupe  de  la 
cbymie  et  de  la  physique. 

La  troisieme  est  consacree  a  I'ai  t  de  gu^rir  ,  ce  qui 
comprend  encore  I'anatomie ,  la  zoo'ogie,  et  meme 
I'art  Y.6t<;rioaire. 


rc6  Noiivellcs  liltemires. 

La'seconde  classe,  sous  le  (itre  d'agrlcultiire  efe 
commerce,  remplace  la  Socidtc?  d'agricultiire  de  la 
ci-devant  Provence.  Une  section  s'occupe  de  I'agri- 
culture  specialement ;  una  autre  est  toute  enfiere 
pour  le  commerce  et  la  navigation  ;  la  troisieme , 
destin^e  a  ceux  qui  font  une  etude  particuliere  de 
]a  physique  veg^tale,  renferme  egalement  la  bota- 
pique  ,  qu'on  a  cru  devoir  placer  dans  cette  classe, 
quoiqu'elle  fasse  partie  de  I'histoire  naturelle  ,  et 
qa'elle  dut  elre  classt'e  parmi  les  sciences  pliy- 
siques.  "^ 

Dans  la  troisieme  classe,  celle  de  litterature  et 
beaux-arts  ;  la  premiere  section  renferme  IVIoquence 
et  la  po^sie ;  la  secoude  est  destin(?e  a  I'architec- 
ture  ,  a  la  peinture  ,  a  la  sculpture  ;  la  troisieme  est 
pour  la  musique  et  la  declamation. 

Le  nombre  des  membres  du  Lycee  est  port^  a  60  , 
ainsi  que  celui  des  associes  francais.  Le  nombre  des 
associ^s  etrangers  est  de  24.  Le  Lycee  nomme  ensuite 
descorrespondans  dans  le  d^partement,  dont  le  nom- 
bre est  illimite. 

Le  Lycee  remplace  done  les  deux  anciennes  Aca- 
demies de  Marseille,  et  la  Sociele  d'agriculture 
d'Aix.  Son  but  est  d'(?tendre  les  connoissances,  c'e 
faire  de  nouvelles  recherches,  et  de  perfectionner 
les  anciennes  d^couyertes  eh  tous  genres. 


Nauvelles  lit tei  aires.  107 


Lycce  die   Gard. 

Le  Lyc^e  du  Gard  propose,  pour  sujet  dii  pre- 
mier cODCOurs,  VEIoge  de  Chrdtien-  Guillaume  La- 
WOIGNON   DE    MaLESHERBES. 

Le  prix  consistera  en  une  mcdaille  d'or  ,  de  la 
valeur  de  600  francs;  il  sera  donn("  dans  la  stance 
publiqiie  du  26  messidor  an  10  .(  14  Juillet  1802  ). 
I/ouvragecouronne  sera  lu  danscettc  n)eme  stance. 

Le  concoins  sera  f'ernie  le  25  floreal  prochain.  Ce 
lernie  est  de  rigueur. 

Les  ouvrages  seront  adress^s,  francs  de  port,  au 
secretaire  du  Lycee  ;  ils  auront  en  tete  une  epi- 
graphe,  et  seront  accompagn^s  d'un  billet  cachet^ 
qui,  avec  cetlc  epigraphe ,  confiendra  le  nom  de 
I'auteur  et  I'indication  de  sa  residence. 

Les  metnbres  ordinalres  du  Lyc^e  ne  seront  point 
adniis  au  concours;  (out  auteur  qui  se  sera  faitcon- 
noi(re,scit  directement ,  soit  indirectenient,  en  sera 
^iralement  exclu. 


Bibllolheque  d''yllexandrie  ^  a  Marseille. 

La  ville  de  Marseille  possede  actuellenient  les 
livres  qui  fornioicnt,  a  Alexandrie,  la  bibliotheque 
de  rinsliiut.  lis  ont  ^te  deposes  dans  une  des  salles 
du  ISlusee.  L'inventaire  en  a  ^f^  fait,  par  ordre  du 
prefet,  pour  fire  adress^  au  ministre.  Conime  les 
Irols  quails  de  ccs  ouyragcs  ne  se  trouycnt  pas  dans 


io8  Noiwelles  Ulteraires. 

la  biblioth^que  de  Marseille,  les  liabitans  de  cetfe 
vllle  espcrent  que  le  ministre  de  rinteiieur  ne  r^- 
clameia  que  les  manusciits  arabes,  qui  doivent  na- 
turellement  6tre  reunis  a  ceux  de  la  Bibliolh^que 
nationale  ,  les  llvres  fran^ais  ,  latins,  italiens  ou  an  i 
glais  qui  se  trouvent  dans  cetle  collection  existent 
dans  toules  les  blbliotli^ques  de  Paris  ,  et  il  en  cou- 
teroit  beaucoup  pour  les  y  faire  transporter. 


Academic  de  peinture  de  Gand. 

L'Acaddmie  de  peinture,  sculpture  et  architec- 
ture de  la  ville  de  Gand  ,  vient  de  proposer  les  tiois 
prix  suivans: 

Vrix  de  peinture. 

L.  Q.  Cincinnatus  ,  retir^  h.  la  campagne,  ou  il 
vivolt  du  travail  de  ses  mains,  invite  ,  par  le  senat 
de  Rome  ,  a  venir  prendre  possession  dn  consulat , 
auquel  il  yenoit  d'etre  nomm^  par  le  peuple,  prend 
cong^  de  sa  femme  et  de  ses  enfans,  leur  recom- 
inande  le  soin  de  son  manage,  et  se  rend,  quoiqu'a 
regret  ,  auxdesirs  du  s^nat  etdu  peuple  romain.  Les 
principales  figures  doivent  avoir  au  moins  5  deci- 
metre et  demi  ,  20  pouces.  Le  prix  sera  une  m^- 
daille  d'or,  de  la  valeur  de  3o  ducats. 

Prix  de  sculpture. 

Le  buste  de  Jean  Van  Eyck,  inventeur  de  la 
.peinture  a  I'huile.  Ce  buste  doit  etre  en  terre  cuite 


Noiwelles  Utteraires.  109 

ou  en  platrc.  Le  prix  sera  une  m^daille  d'argent^ 
de  la  valeur  de  ico  fr. 

II  sera  donn^  une  medallle  d'argent  a  celui  des 
anciens  dlev^s  de  I'Acadt'mie  qui  aura  place?  au  sa- 
lon de  Gaud  ,  le  mellleur  dessin   d'architecturc. 

Tous  les  tableaux  ,  busies  et  dessins  ,  doivent  ^(re 
Temis,  francs  deport,avant  le  iS  messidor  decette 
ann^e,  chez  le  C.  P.  F.  de  Goesin-Verhaeghe  ,  im? 
prlmeur-libvaire  ,  et  professeur  de  TAcad^uiie.  L'ou- 
vrage  qui  aura  remport^  le  prix  restcra  en  propriete 
a  I'Acad^mie  ;  les  autres  seront  rendus  a  leurs  au- 
teurs. 


Mine  de  soi/fre  'natif  ,  decoiiverte  a  Saint- 
Boue  y  dans  les  Basses-Pj-renees. 

Citoyen  ,  permettez  que  je  me  serve  de  la  voie  de 
Votre  journal,  pour  vous  faire  part  d'une  decou- 
Verte  qui  a  €\.€  faite  ,  il  y  a  dix-huit  mois,  plus  que 
moins  ,  d'une  mine  de  soufre  natif ,  par  un  propri^- 
taire  de  la  commune  de  Saint -Boue  (i)  ,  d^parte- 
ment  des  Basses  -  Pyrenees.  Le  liasard ,  ce  grand 
maitre  des  decouvertes  ,  est  encore  I'autcur  de 
celle-ci. 

Des  travaux  entrepris  pour  le  retabllssement  d*un 
moulin  a  eau  ,  mirent  a  nu  d'abord  une  gypsiere , 
et  bientot  apres  ,    la   mine  dont  nous  parlons.  Des 

(i)  Sdiac-Boue  est  un  village  siiu^e  a  Test  et  a  quaire  lieues  et  demie 
de  Dax  ,  et  h,  une  lieue  d'Orihes  ,  dans  le  departement  des  Basses- 
pj'ienees. 


rro  Nouvellcs  Ulleraires. 

jgne  j'en  fiis  inslrult  ,  je  me  rcndis  sur  le  lieu  pour* 
prendre  les  rensei^^iiemens  convenables.  J'en  ^crivis 
en  niL-me  temps  a  nion  ami  d'Arracq,  pr^parateur- 
general  a  IVcole  c!es  mines ,  pour  qu'il  m'en  dit 
son  avis.  II  me  manda  qn'il  devoit  venir ,  et  qu'il 
la  visifeioit  avec  moi.  Cette  visitfe  est  faile.  Je  puis 
done  faire  jouir  le  public  de  cette  d^couverte,  jus- 
qu'4  ce  que  nous  donnions  un  memoire  d(5taille  sur 
Ics  avantageS  ou  les  inconveniens  qu'elle  promet. 

En  attendant,  je  crois  devoir  dire,  i.°  que  cette 
mine  est  situ^e  dans  un  ravin  ties-profond ,  et  an 
sucl  d'une  redoute  ,  connue  sous  le  nom  de  redoute 
du  liiUot  J  qui  la  domine  de  cent  cinqiiante  loises 
au  molns;  2.°  que  lo  soufre  s'y  pr<?scnle  dans  deux 
^tats  bien  distincts.  D'abord,  il  a  pour  gangue  ,  tan- 
tot  une  terre  d'un  gris  de  cendre  ,  qui  fermente  e'vi- 
denimentavec  les  acides  ,  sans  se  changer  en  cbaux, 
et  tantot  le  gypse ,  a  cot^  duquel  cette  mine  se 
trouve,  Dans  ces  deux  cas ,  il-  est  d'un  beau  jaune 
cilrin,  et  transparent  comrae  du  verre  ;  tantot  en- 
fin  il  est  seul ,  par  blocs  de  plusieurs  livres,ou  en- 
Veloppe  d'un  melange  feuillete',  que  nous  n'avons 
pu  encore  bien  determiner.  Dans  ce  dernier  cas,  le 
soufre  est  couleur  de  colophane,  et  paroit  avoir  subi 
un  degre  Evident  de  fusion  ,  quel  que  soit  I'agentqui 
I'ait  deiermiud  (2). 

3.°  Si  on  divise  la  gangue  ,  qui  est  tres-dure  ,  elle 
r^pand  une  odeur  bitumineuse  tres-scnsible,  et  les 

(2)  Dans  la  siipposllioii  d'un  feu  soulerraln,  celte  decouverte  favori- 
serolt  siiigulieremeut  nion  opinion  sur  le  volcanisme  des  environa  de 
Dax  (Yoy.  Magasin  Encjclop.  Annee  VI,  t.  Ill,  p.  i65;. 


Noiivellcs  Uftcraires.  i  t  i 

cassures  font  voir  des  g^odes  de  differcntes  scries. 
Les  rncs  ne  conUenueut  que  dii  pi'trole  ,  et  lesau- 
tres  des  crys!a!iisations  ties-ciuieuses. 

4.°  II  s'exhalo  de  cetle  icine  ,  pendant  les  grandes 
chaleurs  ,  iine  odcur  si  forie,  que  le  pronrit^taire  a 
et^  oblige?  de  la  couvrir  de  plusieiirs  pieds  de  terre  , 
pour  s'en  mettre  i  Vabii. 

Je  n'en  dirai  pas  davantage  pour  le  moment.  Je 
nj|^  serois  mf>me  tu  ,  si  Je  n'avois  appris,  depuis  peu , 
que  d'autres  I'ont  vue  depuis  moi,  el  qu'ils  veulent 
s'en  arroger  la  decouverte.  Vous  ttes  trop  juste  pour 
ne  pas  me  laisser  prendre  date. 

Agr^ez  lessentimensd'estime,  avec  lesquels  je  vous 
prie  de  me  crolre  votre  d^voue.      Thore,  D/  M. 


PARIS. 


Embellissement   dii  Palais  du  Scnat  con- 
servaleur. 

Si  le  temps  ne  contrarie  pas  I'ex^cution  du 
pvojet ,  des  le  mois  de  prairial  ,  le  public  pouna 
jouir  du  jnrdin,  oil  il  ne  trouvera  plus  ces  irr^gu- 
laiites  choquantes  qui  en  defiguroient  la  partie  r^- 
guliere.  Tout  le  mur  conipris  enlre  la  grille  dite 
des  Carmes ,  et  le  mur  des  ci-devant  Chartreux  , 
sera,  a  peu  de  chose  pres ,  sur  la  meine  ligne;  la 
grande  alle'e  sera  terminee  par  une  grille  qui  ser- 
vira  d'entiee  du  cote  de  la  rue  des  Citoyennes.  Tout 
ce  travail  sera  termind  sous  deux  luois.  Lemur  de 


112  Npuvelles  llileraires. 

quatre  metres  d'(5levation  qui  s^pare  le  jardin  du 
s^nat  d'avec  le  terrain  des  ci-devant  Chartreux^ 
sera  balss^  a  hauteur  d'appui  ;  il  laissera,  par  ce 
moyen,  totalement  a  d^couvert  line  pepiniere  na- 
tlonale  que  I'on  y  etablit  en  ce  moment  -  ci.  Elle 
semblera  d'autant  mieux  faire  partie  du  jardin  ,  que 
les  plantations  de  I'un  etdel'autre  subiront  le  meme 
alignement. 

Quant  a  ce  prolongement  des  murs  de  la  malison 
Vendome  ,  qui  masquent  une  partie  du  palais,  ct; 
dont  la  saillie  dans  le  jardin  en  d^truit  toute  I'har- 
nionie,  elle  doit  disparoitre  et  sera  remplac^e  par 
des  boulingrlns  et  une  avenue  prise,  a  droite,  sur 
le  terrain  des  Chartreux,  et  ,  a  gauche  ,  sur  celui 
de  difFerens  particuliers  avec  lesquels  on  traitera 
de  gre  a  gr^.  Cette  avenue  se  terminera  a  une 
place  triangnlaire  que  traversent  les  boulevartSj  et 
qui  conduit  a  I'ObservatoIre,  dont  le  point  milieu 
correspond  presque  perpendiculalrement  ayec  le 
point  central  du  palais- 

Les  Grangers  venus  de  Sceaux,  et  plusleurs  sta- 
tues contribueront  a  enrichir  encore  le  jardin. 

On  pratiquera  ,  dans  I'aile  gauche  du  palais  ,  une 
galerie  destin^e  a  recevoir  des  chef-d'ceuvres  de  pein- 
ture.  Quoique  le  raauvais  ^tat  de  la  charpente  qui 
couvre  ce  local  n^cessite  de  grandes  precautions, 
les  travaux  n^cessaires  a  sa  restauration  seront 
pousses  avec  tant  d'actlyite,  que, sous  peu,  11  ofFrIra 
au  public  une  reunion  de  tableaux  des  grands  mai- 
tres  de  chaque  ecole. 

Je  ne  dois  pas  omettre  non  plus  de  vous  observe? 


Nouvelles  liltti  aires.  1 1 3 

tjiie  la  blbllolht'que  de  I'Aisenal  ayant  ^te  mise  a 
]u  (llsposilinn  dii  Seiiat  conservateiir,  la  commission 
administrative  s'occupe  en  ce  moment  des  moyens 
de  faire  preparer  un  local  digne  de  recevoir  un 
d^pot  qui,  dans  son  genre,  est  Je  second  de  I'Eu- 
lope. 

Une  horloge  faite  par  Lepaiife  ,  et  dans  Ja  con- 
fection de  laquelle  ce  c^lebre  artiste  a  mis  tons 
ses  soins,  sera  plac^e  ,  sous  quinze  jours,  dans  le 
corps  de  batiment  en  face  de  la  rue  de  Tournon. 


Societe  d^Encoiiragenient  pour  rindnslrie 
nalionale. 

La  Societd  d'encouragement  a  teini  ,  le  9  nivose, 
sa  premiere  seance  g^neiale,  depuis  que  son  orga- 
nisation est  en  activite. 

Au  nom  du  C.  Dkgerando  ,  secretaire,  absent 
par  indisposition,  le  C.  Magnien  a  lu  le  rompte 
rendu  des  travaux  du  conseil  d'adminislration  ,  de- 
puis  le  27  brumaire  dernier. 

"  Se  donner  a  lui-mfme  un  reglement  propre  a 
<"  assurer  Tordie,  la  sinipllcite  et  la  rapidi  e  des 
«  operations  ;  se  procurer  sur  lous  les  points  des 
"  moyens  d'information  ,  et  se  preparer  d'utiles 
«  secours  ;  examiner  I'etat  present  de  nutre  iudu- 
«  strie ,  et  connoitre  les  besoins  les  plus  pressans 
"  pour  les  iudiquer  a  I'emulation  des  artistes  ,  tels 
«  ont  et6  les  principaux  objets  qui  ont  occiipd  le 
Tome  r.  li 


1 14  Nouvelles  Utteraires. 

"  consell   d'admiiiisfratlon  ,    pendant    les   40  jours 
"  qui  se  sont  ccoiilds  depuis  cette  ^ooque. 

«  Deja  ses  soins  ont  (?te  recompenses  de  plusleurs 
«•  nianicres.  Le  nombre  des  souielalres  s'est  accru 
•>  de2oo,  ff  celui  de^  souscriptions  de  35o  environ, 
<•  pendant  cet  intervalle,  Le  ministre  de  I'int^rienr  a 
«  conc(?d^  a  la  Society  I'ancienne  salle  de  I'Acade- 
"  niie  francaise  au  Louvre  ,  avec  ses  dependances. 
<■  Le  Conservafoire  des  arls  ct  metiers  a  et^  auto- 
«  ris^  par  lui  a  laisser  prendre  aiix  comniissaires  de 
•■  la  Society  copie  ou  dessin  des  modeles  qu'il  ren- 
«  ferme.  Des  ciloyens  qui  ont  voulu  n'etre  point 
<■  connus  ,  ont  fait  a  la  Socidt^  une  offie  de 
•I  2000  fr.  Un  grand  nombre  de  prdfets  lui  ont 
M  donn6  des  assurawces  et  des  teraoigT)ages  de  leur 
•<  zele  a  seconder  son  influence.  Pliisieurs  Socidtds 
•>  savanies,  et  I'Institut  national.,  le  premier  ,  ont 
«  applaudl  a  son  institution  ,  et  propose  de  corres- 
«  pondre  avec  elle.  Le  comte  de  Rumpford  a  ac- 
«  ceptd  avec  une  vive  sensibility  le  litre  de  corres- 
■<  pondant  etranger,  en  proraettant  a  la  Society  le 
<■  secoiirs  de  ses  lumieres. 

■•  Parmi  les  diverses  mesures  adoptees  par  le 
><  conseil  d'adminisfration  ,  on  a  remarqud  celle  qui 
«  ofire ,  les  3  ,  6  et  9  de  chaque  dt'cade,  aux  socl^- 
«•  taircs  la  faculte  de  venir  visiter  le  cabinet  et  la 
«  biblioth(?que  de  la  Socidtd,  et  prendre  lecture  des 
"  onvrages  pdriodiques  qu'elle  s'occui^e,a  reunir  de 
«  toiites  les  parties  de  rEiirope  ,  sur  les  diverses 
•I  branches  des  arts  utiles.  Ces  reunions  ue  serout 


Nouvelles  litltr aires.  u5 

""  pas  mollis  utiles  aiix  artistes  qu'a  la  Soci^ti?  elle- 
"    nu'me.  » 

Tel  est  a  peu  pres  le  pr<?cis  da  compte  rendu  ,  lu 
au  noil)  du  secielaiie  :  I'assemblee  en  a  temoignt; 
sa  satisfaction.  Elle  a  ensuite  entendu  le  C.  Petit 
qui  ,  au  nom  de  la  commission  des  fonds,  a  rendu 
contpte  de  I'ordre  ^tabli  dans  la  comptabilite  ,  et 
Irs  rapporteurs  des  divers  comit^s  cjui  ont  donn6 
lecture  des  programmes  de  prix  a  proposer  par  la 
Society. 

Chacun  de  ces  prix  consistera  en  une  mddaille 
sen:blal)le  et  de  valeur  ^gale  ,  et  en  une  somme 
variable. 

L'assembl^e  aadopl^cinq  sujets  de  prix.  Le  pre- 
mier est  relatif  a  la  fabrication  d'uii  filet  fissu  pour 
la  peche  ,  par  le  moyen  d'une  m^canique.  II  sera 
de  inillc  fr. 

Le  second  ,  a  la  fabrication  du  blanc  de  plomb. 
On  desire  qu'il  rdunisse  tontes  les  qualifes  desirees 
par  les  artistes.  II  sera  de  cf^iix  mille  fr. 

Le  Iroisieme  ,  a  la  fabrication  d,u  bleu  de  Prusse. 
II  sera  de  sir  cents  fr. 

Le  quatrieme  ,  au  repiquage  des  bl^s.  Ce  prix  a 
pour  objet  I'adoption  d'une  m^thoHe  dont  I'avan- 
tage  est  reconnu ,  pour  remettre  en  produit  les  ter- 
rains d^vast^s  par  les  irtondations ,  et  depouiil^-,  par 
elles  de  Icurs  semences.  11  consiste  a  n  planter  au 
plantoir  ,  ou  a  la  charrue,  des  touflVj  de  grains  en 
herbe  ,  prises  dans  les  champs  enseniencf's.  La  So- 
ck?!^ dccerncra  un  premier  prix  de  wille  fr.  el  un 
de  six  ccnti'  Jr.    aiix  deux  cultiyatciirs  qui  auroiit 

n  a 


ii6  Noiivelles  lUleraires. 

replants  de  cette  manlere  une  plus  grande  ^(endup 
de  terrain. 

Le  cinquieme  prix  enfin  est  relatif  a  la  fabrica- 
tion d'un  ^mail  pour  doiibler  les  vases  de  metal 
destines  a  la  cuisson  des  allmens,  et  qui  r(5unisse 
reconotnie  a  la  salubrity.  II  sera  de  millefr. 

Les  artistes  qui  desireroient  connoitre  en  detail 
les  programmes  des  prix  ,  peuvent  en  demauder  com- 
munication au  conseil  d'administration. 

L'asserablee  a  termini  sa  stance  par  la  nomina- 
lion  de  deux  censeurs.  Les  suffrages  se  sont  r^unis 
sur  les  CC.  Pasjoret  ,  membre  du  Conseil  general 
des  hospices,   et  Chassiron  ,  tribun. 


Clrconstances  de  la  niort  de  V Elephant  male 
du  Museum  d'hisloire  naturelle ,  le  ij 
nivose  art  lo. 

Depuis  I'arriv^e  des  ^l^pliants  en  France  ,  le  male 
a  eu,  dans  la  r(?gion  des  tempes  de  chaque  cot^  et 
par  une  ouverture  naturelle,  un  ^coulenient  perlo- 
dique  d'une  humeur  visqueusequi  tombait  continuel- 
lement  sur  ses  Joues. 

Dans  le  pays  natal,  ce  phenomene  a  lieu  chez  tons, 
les  individus  de  cette  espece  parvenus  a  un  cer- 
tain age. 

Pendant  cet  ^coulement ,  qui  arrivoit  tons  les  deux 
mois  environ,  le  male  ^tait  colere ,  mangeoit  peu  et 
paroissoit  souffrant. 

11  y  a  environ  deux  ans  ,  qu'ou  a  remarque  que  le 


NouveUes  Utteraires.  1 1 7 

male,  par  un  mouvcment  particiiller  des  ciilsses,  se 
procmoit  trcs  fiequemmeDt  une  Evacuation  Fort  abon- 
dante  d'htimeur  spermatique  :  on  a  vainement  essaye 
d'anetercemouvemenl;  depnisquelques joiirs,rEcou- 
lement  des  teuipes  avoit  beaucoiip  augment^,  et  le 
flux  spermatique  efoit  plus  considerable  qu'il  n'avoit 
jamais  etE. 

Hier,  16  nivose,  I'animal  n'a  point  mange  pendant 
la  luatin^e,  vers  le  soir  seulcment  il  a  pris  un  pen 
de  paille  et  quelques  pommes-de-lerre. 

A  la  chute  du  jour,  il  a  cassE  un  barreau  de  fer 
de  sa  loge,  et  il  en  violemment  frappdles  barrieres 
.de  son  enceinte. 

Lorsqu'on  lui  a  donn^  de  I'eau,  apres  en  avoir  bu 
xine  certaine  quantity,  il  s'en  est  servi  pour  bassiner 
les  ouvertures  de  ses  tempes  ,  ou  il  semblait  avoii" 
plus  de  gene  et  de  douleur  qu'a  I'ordinaire. 

Pendant  la  nuit,  il  a  fait  beaucoup  de  bruit,  vers 
4  hetires  du  matin,  il  a  poussE  des  cris  aigus,  et  vers 
les  6  heures,  il  est  tombE  mort. 

La  temperature  de  sa  loge  s'^tant  Irouvee  douce 
pendant  toute  la  nuit,  ainsi  qu'elle  I'a  ^t^  depuis  la 
rigueur  de  la  saison;  ses  aliraens  ayant  dtE  de  meme 
nature  et  de  meme  quality  que  ceux  qu'on  lui  don- 
noit  habituellement ,  tous  les  soins  qu'on  lui  avoit 
prodigues  n'ayant  eu  aucun  ralcntissement ,  on  ne 
pent  ricn  dire  de  la  cause  de  sa  mort,  on  est  occupE 
en  ce  moment  de  rccherclies  anatomiques  qui  pour- 
ront  peut-etre  Jeter  quelque  jour  sur  cette  cause  (i). 
L'anatomie  de  I'^lt^phant  de  I'lnde  n'ayant  pas  en- 

(i)  II  est  mort  dune  flnxion  tie  poitilne. 

H  3 


ii8  Nouuclles  liileraires. 

core  ^t^  publi^e  avcc  rexactitude  convenahle  ,  les 
piofesseiirs  du  Museum  out  con[i(5  an  C.  Ciivier  I'exa- 
men  auatomique  clecet  animal,  et  ont  mis  a  sa  dispo- 
sition tons  les  moyens  piopresa  favoriser  ses  rechei- 
ches ;  des  peintres  hablles  lepr^aeiiteiont  (oules  les 
parlies  ,  pen  connnes  encore  ,  et  te  travail  sera  com- 
munique a  rinslitut. 

La  femelle  parait  fort  afFect^e  de  la  mort  de  sou 
male;  elle  a  cherche  a  le  relever  du  lieu  ou  il  est 
lomb^ ;  elle  verse  des  lartnes  abondantes;  eile  jette 
des  cris  difFerents  de  ceux  cju'elle  a  fait  entendre  jus- 
qu'a  ce  moment ;  cependant ,  dcpuis  qu'clie  a  ^te  se- 
paree ,  elle  commence  a  manger,  raais  elle  rcgarde 
souvent  dans  la  loge  qu'habitoit  son  male. 


Institut   n  at  I  on  a  l. 

Notice  des  Iravaux  tie  la  cla.sse  des  sciences 
mnihetnalicjiies  et  physiques ^  pendant  Ic 
premier  trimestre  de  Van  lo. 

Par  TIE     MATHEMATIQUE, 
Par  le  C.  D  E  l  a  M  b  R  e  ,  secretaire. 

A    S    T    U    O    N    O    M    I    E. 

Aslre  de  Piazzij  et  conjovctlon  do  plusieurs  ylauetes 
ohscndes  par  le  C.  Messiek. 

L'astre  di'couvert ,  il  y  a  im  an  ,  a  Palerme,  par 
M.  PiAZ/,1  ,  a  (^eliapp(5  jnsqu'ici  aux  rtcherches  de 
tons   les  asfronomes  :  scmblable  ,  pour  JVcIat  et  la 


Noiivelles  Ulleraires,  1 1 9 

luniiere,  a  iine  ('tolle  de  septleme  on  de  huilicmc 
grandeur,  51  n'avolt  aucnne  des  apparences  ordi- 
naires  qui  servant  a  distinguer  los  comeles.  Pour  la 
coiileur  ,  il  ressembloit  a  Jupiter;  et,  par  les  ob- 
servations faites  au  lueridien  par  M.  Piaz'.i  et  son 
adjoint  M.  Cacciatore  ,  il  senibleroit  que  cet  astre 
seroit  une  planele  dont  I'orbile  supposeroit  une  \(i- 
Volullon  de  quatre  ans  ct  denii  on  cinq  aiis.  Vers  la 
fin  de  pluviose,  I'astre  passant  de  Irop  bonne  heure 
au  m^ridien  ,  a  cesse  d'y  ^tre  visible;  ct  M.  Piazzi , 
aide  de  MiVl.  Cacciatore  et  Cariotti ,  tous  deux  dau(^s 
tl'une  excellenle  vue,  et  connoissant  bien  le  ciel  , 
firent  de  vains  efforts  pour  trouver,  soit  avec  une 
lunette  de  nuit  ,  soit  avcc  une  lunette  acromatique 
a  grande  ouverture  ,  I'astre  qu'ils  connoissoient 
pourtant  aussi  bien  qu'il  ^toit  possible,  pour  I'a- 
voir  observe  longtemps  au  m<;ridien.  II  n'est  done 
pas  ^tonnant  que,  neuf  mois  apres ,  fous  les  astro- 
nomes  ayent  ^chou^  dans  leurs  recherc  bcs  ,  puisqu'a 
la  difficult^  propre  da  la  chose,  se  joignoit  une  in- 
certitude de  quelques  degr^s  sur  le  lieu  piecis  oii  il 
convient  de  chcrcher  I'astre  :  car  les  el<?uiens  de  I'or- 
bile, calcul(?s  sur  un  trop  petit  arc,  ne  peuvcnt  , 
apres  un  si  long  intervalle,  donner  d'une  raaniere 
assez  exacte  les  positions  g^ocentriques.  D'ailleurs, 
le  ciel  a  presque  toujours  ^t^  n^buleux  ;  et ,  pour  se 
flatter  de  quelque  succes  ,  il  faudroit ,  vu  la  peti- 
tesse  de  I'astre,  faire  le  d^nonibrenient  exact  de 
toutes  les  ^toiles  depuis  la  septieme  Jusqu'a  la  neu- 
vietue  grandeur,  dans  le  voisinage  desqnelles  il 
peul  paroitre,    et  r^p^ter  cet   examen   de  jour   en 

H4 


ISO  No7ivcI/cS  li  tier  aires: 

jour  jusqu'a  ce  que  la  peti(e  planete  se  Filr  d^cel^e 
par  son  morvement.  Elle  va  bientotseietrouver  clans 
]es  menies  ciiconslances  oii  elle  ^toit  an  temps  fie  la 
d^couverle  ;  et  ,  si  Je  ciel  devient  un  peu  plus  se- 
rein ,  nous  pouvons  encore  conserver  quelque  espoir. 

LeC.  Messier  ayant  inutilement  consuuii?  la  nult 
du  II  au  12  vendemiaire  a  la  reclierche  de  cet  astre, 
pour  se  consoler  d'y  avoir  si  peu  r<?ussi  ,  se  niit  \\ 
oonsid^rcr  le  spectacle  asscz  rare  que  lui  pr^scntoit 
la  constellation  du  Lion  ,  dans  laquelle  Saturne  , 
Jupiter,  V^nus  et  la  Lune  ,  s'etoient  reunis  autour 
de  la  belle  etoile  qu'on  nomme  Regulus  ou  le  Coeur- 
du-Lion. 

Ce  n'eloit  pas  une  canjonctlon  veritable,  puisqu'il 
y  avoit  entre  tous  ces  astres  quelques  degr^s  de  di- 
stance. Au  reste ,  ces  reunions,  dont  Ics  astrologuc3 
faisoient  autrefois  fant  de  bruit ,  et  qui  ,  selon  eux  , 
devoient  amencr  des  calastropbes  si  ^[louvantables, 
se  sont  toiijours  passecs  d'une  maniere  fort  traH-" 
quille ,  et  n'ont  produit  d'autre  effet  que  couvrir  de 
confusion  le  prophete  imbecille  :  elles  ne  peuvent 
non  plus  procurer  aucun  avantage  ,  sinon  de  faci- 
]i(er  a  I'astronome  I'Dbservalion  de  plus  de  planetes 
^w  moins  de  temps.  Le  C  Messier  a  profite  de  la 
circonslance  pour  fixer  les  positions  respectives  de 
celles  qui  sc  trouvoient  alors  dans  le  voisinage  de 
Regulus.  La  reunion  de  plusieurs  planetes  etant  une 
tbose  assez  rare,  pourroit  encore  servir  a  fixer  l'e«- 
poque  d'un  ^v^nement  d'une  maniere  invariable, 
et  qu'aucun  clKuigement  d'ere  ou  de  calendrier  ne 
pourroit  jamais  obECurcir. 


Nouvcllcs  litteraues.  12 1 

Solstice  de  nivose  an  10.  • 

Le  (emps  qui  a  ^(^  si  conlraire  a  la  reclierclie  de 
la  planele  de  Piazzi,  n'a  pas  ^l^  plus  favorable  a  la 
d^ferniinallon  de  la  hauteur  solsticiale  du  solell  y 
qui  a  6iv  consfamment  caclie  depuis  Ic  28  frimaire 
juscju'au  5  nivose,  c'cst-a-dire ,  dans  les  jours  oil 
I'on  auroit  pu  faire  les  observations  les  plus  con- 
cluantes.  Cependant,  en  rassemblant  celles  des  Jours 
pr(?cedeii.s  et  suivans  ,  le  C.  Delambre  est  parvenu 
a  former  nenf  series  de  distances  au  zenith  ,  observ^es 
au  cercle  de  Borda  ,  lesquelles  lui  ont  donn^  pour 
r^sullat  nioyen  une  obliquite  apparente  de  28°  28'' 
3".  Cefte  qiiantite  lient  a  peu  pres  le  milieu  entre 
celles  qn'il  a  trouvees  depuis  pkisleurs  ann^es  par 
les  solstiies  d'biver,  d'une  part,  et  de  I'aufre  par 
les  solstices  d'e'te.  On  sait  que,  depuis  longtemps, 
tous  les  astronomes  qui  se  sont  occupes  a  determiner 
I'obliquite  de  I'^cliptique  ,  ont  trouv^  constammenfc 
plusieurs  secondes  demoinsen  hiverqu'en  et^.  Cette 
fois,  I'observafion  du  solstice  d'hiver  s'est  rappro- 
chee  de  celie  de  I'elc.  Sans  en  chercher  la  cause, 
nous  nous  conienlerons  de  consigner  ici  le  fait  ; 
nous  ajouterons  seiilement  que,  suivant  la  pl.ice  ou 
I'on  met  le  thermometre  d'apres  lequel  on  corrige 
la  rdfractiun  ,  en  dedans  ou  en  dehors  de  I'observa- 
tolre,  ou  enlin  tout  pres  de  la  lunette,  on  auroit 
line  scconde  de  moins  ou  de  plus  dans  la  d(?termi- 
nation  ci-dessus,  pour  laquelle  on  a  pris  le  milieu 
cnire  les  frois  thermomelres. 


122  NouveUes  lif  feral  res. 

Le  C.  Prony  a  111  a  la  classe  une  not'ce  des  ex- 
periences qu'il  a  faites  ^  I'occasion  d'une  regie  an- 
glaise  ,  (^talonn^e  snr  celles  qui  ont  sfrvi  a  la  grande 
operalion  trigononi(?trjque  du  gf^n^ral  Roy,  apport^e 
i  Paris,  par  !e  C.  Pictet ,  de  Geneve,  et  qu'il  a 
comparee  avec  le  meire  de  I'lnstifut  et  la  toise  di(e 
oil  Peron.  11  lira  lul-meme  dans  la  pr(^sente  seance 
Un  ahregi?  de  son   ni^moire. 

Le  C.  Flaugergues,  assocle  ,  nous  a  envoye 
des  observations  de  planetes  et  de  difFe'ren(cs 
Eclipses. 

OUVRAGE      IMPEIME, 

Traitd  eymentaiTe  du  calcul.  differcntiel  et  inte- 
gral,  prdceJti  de  reflexions  sur  la  inaniere  d'ensei-* 
gner  Ics  malheinatiques  ,  et  d\ry)prdcier  dans  les  exa~ 
mens  Ic  savoir  do  cnix  qui  les  ont  ^tudiees  ;  par  S. 
F.  LacROIX.  An  lo. 

L'autcur  a  donne  pr^c<^demment  un  grand  traits 
de  ca!cul  dif/Vrenliel  ct  lnt(«gral,  en  frois  volumes 
in-4.°,  donL  il  a  fait  le  depot  de  toutes  les  con- 
noissances  acquises,  et  que  dolvent  se  rendre  fa- 
milieres  ceux  qui  se  sentiroient  appel^s  a  reculerles 
lintiles  aciut'liesde  la  science.  Cette  grande  elcndue 
empechoit  I'ouvrage  de  deven'r  classique,  dans  I'ac- 
ception  primitive  de  ce  terme.  Le  temps  que  dure 
un  CQurs  d'analyse  tie  suffit  pas,  a  beaucoup  pros, 
lioiir  suivre  avec  I'altention  ii^ccssaire  fant  d'objefs 
qui  en  demantlcnt  beaucoup.  L'auleur  a  done  senti 
la  nceessite  de  falre  un   choix.   Mais  qiiand  on  ne 


Nouvelles  lltlcraiics.  1^3 

veiit  pas  dnnner  un  oiiviagp  miifil^  ,  en  abr(5ge.'int , 
on  change  la  redaciion;  en  supprimant ,  on  ajoufe. 
Ce  n'est  donc*pas  iiniquemeiU  un  extiaitc|iic  Ic  C. 
Lacroix  donne  aiijourd'lml  de  son  premier  oiivrage  ; 
c'esf  un  trait<5  nouveau  ,  qui  ne  pent  manquer  d'in- 
tt'resscr  ceux  memos  qui  amoient  Tautre.  Du  reste  ,il 
est  diiige  suivant  les  niemes  principes,  et  pr^j)<ire 
le  Ircteur  «t  I'efude  des  ouviages  d'analyse  les  plus 
savans,  el  qui  fonl  le  plus  d'honneur  a  nos  grands 
g<?oiJicires. 

Par    TIE      PHYSIQUE, 
Par  le  C.  Lac^pede,  secretaire. 

Pendant  les  trois  mois  qui  viennent  de  s'ecoulei', 
les  membres  de  la  classe  ont  particulierement  dirig^ 
leurs  travaux  vers  les  progres  de  la  pliysique  experi- 
me  ntale,  de  la  chimie  ,  de  la  niin^ralogie,  de  la  bota- 
nlque  et  de  I'agriculture. 

Le  C.  VOLTA  ,  professeur  de  Pavie,  est  venu  a 
Paris  comnniniquer  a  la  classe  des  sciences  physiques 
et  inalh^inaiiques  ,  les  rcsullats  de  ses  norabreuses 
recherclu's  sur  la  nature  des  plienomenes  auxqucis 
on  a  donnc  !c  noni  6q  phi^nvinenes gahaniques ,  parce 
que  les  premiers  de  ces  efTets  qioe  Ton  a  dt'couverls  , 
onf  (•((?  observes  par  feu  le  phy^iclen  Galrani. 

Une  commission  ,  compos^e  des  CC.  Laplace  , 
Coulomb,  Halle,  Monge  ,  Fourcroy,  Vauquelin  , 
Pelletan,  Charles,  Brisson  ,  Sabathicr,  Guy  ton  et 
Biot  ,  a  et(?  chargre  d'appeler  dans  son  sein  le  C. 
»  o.fa  :  elle  a  r^pe'le  les  principales  experiences  de 


.124  Nouvelles  lilleraires. 

ce  professeiir  ;  et  avant  de  presenter  a  la  classe  le 
tableau  gcjn^ral  auquel  elle  travaille,  et  qui  coni- 
prendra  toutes  les  decouvertes  faites  par  les  pliysi- 
clens  fran^ois  au  sujet  du  galvanlsme,  elle  a  desire 
■exposer  la  theorie  du  savant  de  Pavie,  d'apres  le 
in^moire  qu'il  avoit  lu  dans  une  des  stances  de  la 
classe,  et  les  conferences  qu'elle  avait  cues  avec  lui. 

II  resulte  du  rapport  fait ,  au  nom  de  cette  com- 
mission ,  par  le  C.  BiOT,  que  le  C.  Volta  annon^a 
je  premier  que  lorsque,  dans  les  experiences  galva- 
niques,  on  voit  des  coniractions  musculaires  excit^es 
par  le  contact  d'un  arc  m^tallique  ,  ces  contractions  , 
que  I'on  avait  regard^es  comme  la  partie  la  plus 
Jmportante  du  ph^nomene,  n'etaient  que  I'efFet  de 
j'action  ^lecfrique  produite  par  le  contact  des  ra^- 
taux  dont  I'arc  excitateur  ^tait  forme.  Le  C.  Volta 
a  depuis  fait  connaitre  un  grand  nombre  d'autres 
faits;  il  en  a  compose  une  theorie  tres-ingenieuse  et 
dont  les  bases  paraissent  invariables.  Rarmi  les  ph(5- 
nomenes  dont  I'cnsemble  forme  cette  theorie  ,  celui 
dont  les  autres  decoulent  consiste  dans  le  change- 
ment  qu'dprouve  I'electricite  de  deux  metaux  diff(?- 
renfs,  Isolds,  et  qui,  n'ayant  que  leur  quantite 
d'electricit^  iiatiirelle  ,  sont  mis  en  contact :  lorsqu'on 
les  retire  du  contact,  I'un  estpositif,  et  I'aulre  ne- 
igatif.  L'action  subslste  aussi  longtemps  que  le  con- 
tact dure;  mais  son  intensite  u'est  pas  la  meme  pour 
tous  les  ni^taux. 

Le  profcsseur  dc  Pavie,  en  continuacft  d'exposer 
sa  th(;oric,  a  manifeste  I'opinion  que  nouseulcment 
les  metaux  ,  maJs  encore,  suivant  bcaucoup  de  pro- 


Noiu'clles  lliLeraires.  is5 

bablllt^s,  tons  les  corps  de  la  naUire  exeicolent  une 
action  r^ciproque  sur  leurs  (^lectricit^s  respectives^ 
cTu  moment  de  leur  contact.  II  a  montre  ensiiite  la 
grande  influence  qii'avait  sur  le  d(?veloppement  d'e 
I'^lectricitcmetallique,  I'intervenlion  d'une  substance 
mouill(?e  ou  d'un  condiicteur  humide  plac^  imme- 
diatement  an  bout  d'une  lame  compose'e  de  deux 
m^faux  difFerens.  C'est  en  multipliant  cette  succes- 
sion de  deux  m^taux  difF^iens  et  d'un  conducteur 
humide  ,  en  placant  plusieurs  Ibis  et  alternatlve- 
ment  au  dessus  I'une  de  I'autre  une  paire  de  lames 
metalliques  difFerentes  I'une  de  I'autre  et  une  sub- 
stance mouillee,  que  le  C.  Volta  a  construit  sa  pile 
ou  colonne  electrique  ,  qui  dor^navant  portera  soil 
nom  ,  comnie  le  portent  depuis  longtemps  le  con- 
densateur  et  d'autres  instrumens  precieux  aux  pliy- 
slciens  qui  s'occupent  d'electricitt'.  II  a  donn^  faci- 
lement  I'explication  des  ph^nomenes  produits  par 
cette  pile,  par  I'application  qu'il  a  faite  aux  di- 
verses  parties  de  cette  colonne  ,  de  ce  qu'il  avoifc 
deJ4  expose  au  sujet  des  deux  lames  m^talliques 
suivies  d'une  substance  humide.  U  a  considdr^  sa. 
colonne  comme  isol^e,  et  il  a  fait  yoir  que  les  quan- 
tites  d'elcctricit^  crotssent  pour  chacun  des  Clemens 
de  cette  pile  de  la  base  au  sommet ,  dans  une  pro- 
gression arithm^lique  dont  la  somme  est  ^gale  a 
2^ro.  II  a  montr^  que  ,  lorsque  le  nombre  des  de- 
ments est  pair  ,  la  piece  inf^rieure  et  la  piece  su- 
p^ricuve  sout  egalenient  ^lectrisees  ,  I'une  en  plus  et 
I'autre  en  moins  ;  qu'il  en  est  encore  de  m^me  de 
loules  les  pieces  prises  a  ^gale  distance  des  extr^- 


126  IVoiivcllcs  Vitlera'iies. 

niil^s  de  la  pile;  qu'iivant  de  passer  du  positif  au 
negatif,  IVlectricil^  devient  nulle,  et  que  les  deux 
pieces  qui  jouissent  de  I'^lectricit^  naturelle  se  trou- 
vent  au  milieu  de  la  pile. 

Le  C.  Voita  a  prouve  ensulle  que  ,  lorsciuc  la 
colonne  n'est  point  isolee  ,  les  quantit^s  d'ejectricil^ 
des  diff^rens  eleraens  qui  la  composent ,  crolssent 
dans  une  progression  arillimetique,  doat  le  dernier 
terme  est  d'autant  plus  fort,  et  la  somme  d'autanC 
plus  grande,  que  le  nombre  des  paires  ni^t;)lliques 
est  plus  conside'iables ,  et  que  ractlon  de  la  colonne 
pent  etre  amende  ainsi  au  degre  necessaire  pour  (aire 
eprouver  des  lomniotions  tres-scnsibles,  donner  des 
etincellesj  charger  une  houteilie  de  Leyde  ,  et  pro- 
duire  ,  d'une  mauiere  tres-niarquee,  d'aulres  ph^no- 
inenes  electrlques. 

Le  professeur  de  Pavie  a  era  devoir  diviser  les  con- 
Auq\.^\xx?,  galvanu]ues  ou  eteclriquts  en  deux  classes; 
la  premiere  comprend  les  corps  solides,  et  laseconde 
les  substances  liquides.  Sa  pile  ne  peut  efre  con- 
struite  que  par  un  melange  convenable  de  corps 
appartenans  a  ces  deux  classes  ;  il  est  du  moins  ira- 
j)ossible  de  la  f'orrner  unlquenient  avec  des  substances 
de  la  premiere. 

Le  meme  savant  a  pense  que  les  acides  et  les  dis- 
solutions salines  favorisent  Taction  de  sa  colonne, 
principalcment  parce  qu'ils  awgmentent  la  propriety 
conduclrice  de  I'eau  dont  on  imbibe  les  pieces  noa 
ni^talliques,  et  il  a  cousid^r^  I'oxydatiou  qa'eprou- 
vent  les  pieces  de  m^tal,  commc  elablissant  un  con- 
tact  plus   (^troit   entre    les  Clemens   de  la  pile,    et 


Noui'elles  lutcrnires.  iiy 

rendant  son  aclion  plus  continue^  alnsi  que  plus 
^nergique. 

Lc  C.  Blot  a  tcrmine  son  rapport  par  faire  obs(  rver 
de  nouvcau  comment  la  (h^orle  da  C.  Volla  r(^dui- 
soit  tous  les  pli^nomenes  galvaiilqties  a  «n  seul ,  au 
developpcmcnt  dc  r^lecliicile  metallique  par  le  con- 
tact des  melaux. 

C'est  a  la  suite  de  ce  rapport ,  que  les  commls- 
saires,  rappelant  une  proposition  qui  avoit  ^te  faife 
quelques  jours  auparavant  par  un  des  membres  de 
la  classe  (  ie  C.  Bonaparte),  ont  pr^sent^  un  projet 
d'arret^  que  la  classe  a  adopts ,  et  d'apres  lequel  elle 
a  donn^  au  C.  Volta  une  medaille  d'or  ,  comme  une 
marque  de  son  estimepartlculiere,  et  du  desirqu'elle 
a  de  voir  les  savans  etrangeis  lui  communlquer  le 
r^sultat  de  leurs  travaux. 

Le  C.  Volta  et  le  C.  Biot  ont  entrefenu  la  classe 
des  propriel^s  electiiques  des  motaux  •,  le  C.  Ber- 
THOLLET  I'a  occup^e  d'autres  qualit^s  tres  -  impor- 
tanfes  de  ces  memes  substances.  11  lui  a  fait  part  de 
sa  decouverte  sur  le  mercure  fulminant. 

L'on  connoissoit  deux  combinaisons  m^talliques 
qui  ont  la  propri^te  remarquable  de  prodiiire  une 
detonation  violente  lorsqu'oa  leur  fait  subir  une 
compression  pru  considerable,  ou  lorsqu'on  les  ex- 
pose a  line  temperature  peu  elev^e.  Ce  sont  Tor  et 
I'argent  fult5iinans.  M.  HOWARD  a  fait  connaitre  une 
troisienie  preparation  qui  posscde  ei^alement  cette 
propri^te  ,  ct  qn'il  a  d<?slgnde  par  ie  nom  de  mer- 
ciirc  fulmiiumt.  Wais  ce  mercure  fulminant  pr^^sente 
cette  difiVrencc  qu'il  a'est  pas  produit  dans  des  cir- 


isS  NoHvellcs  lillernires, 

Constances  semblables  a  celles  dans  Itsqaelles  on 
obtient  I'or  et  I'argent  susceplibles  de  detoner.  C'est 
par  I'dbuHition  du  nitrate  de  merciire  avec  I'alcool, 
qu'il  se  forme  et  se  d^^pose  en  iine  poudre  dont  la 
couleur  varie  dii  blanc  a  un  gris  plus  ou  moios  fence. 
II  falloit  trouver  dans  I'analyse  de  cette  substance 
I'explicatlon  de  sa  production  ,  et  celle  de  ses  res- 
semblances  ainsi  que  de  ses  differences  avec  Tor  et 
I'argent  fulminans.  M.  Howard  avoit  conclu  de  ses 
experiences ,  qu'elle  ^toit  compos^e  d'acide  oxalique , 
d'oxyde  de  merciire  et  de  gaz  nitreux  ^th^r^.  Le  C. 
Berlhollet  a  fait  voir  par  les  siennes  ,  qu'elle  ne  con- 
tlent  point  de  I'acide  oxalique  ;  mats  qu'elle  renferme 
de  I'ammonlaque  ,  qu'elle  forme  a  cet  ^gard  une  com- 
binaison  analogue  a  I'or  et  a  I'argent  fulminans,  et 
que  par  consequent  ses  effets  doivent  €tre  expliques 
de  meme  que  ceux  de  ces  derniers  composes.  Le 
mercure  fulminant  differe  cependant  de  ces  deux 
substances  m^talliques  ,  par  une  portion  alt^ree 
d'alcool  qui  eutre  dans  cette  combinaison ,  et  qui 
produit  de  I'acide  carbonique  lorsqu'on  la  decom- 
pose. Le  mercure  fulminant  est  done  une  combinai- 
son triple,  pendant  que  I'or  et  I'argent  fulminans 
ne  sont  que  des  combinalsons  binaires  des  oxides  de 
ces  mdtaux  avec  I'ammoniaque. 

Le  C.  Vauquelin  a  lu  un  memoire  sur  I'analyse 
qu'il  a  faite  d'une  mine  de  cuivre  decouverte  dans 
le  Derbyshire  ,  et  dont  M.  de  Boiirnon  avoit  envoyd 
des  ediantillons  au  conseil  des  mines.  II  nous  a 
appris  que  cette  mine  ^loit  compos^e  de  soixante- 
deux  parties  d'oxyde  de   cuivre,   de   vitjgt -qua!re 

parties 


Nouvelles  litleraires.  129 

parties  d'acide  arsenique ,  de  hiiit  parties  d'arse- 
niate  de  for,  et  de  huit  parties  d'eau  de  crystalli- 
sation. 

11  avoil  ^t^  invite  par  le  conseil  des  mines,  a  exa- 
miner aussi  un  mineral  envoy^  par  M.  Karsten  de 
Berlin  ,  sous  le  nom  de  cuivre  arseniat^.  11  s'est  as- 
sure que  ce  mineral  <5toit  form^  de  soixante  d'oxyde 
de  fer,  de  vingt-deux  d'acide  arsenique,  de  dix-iiuit 
d'eau  de  crystallisation  ,  mais  qu'il  ne  contenoit  pas 
un  atome  de  cuivre. 

On  n'avoit  pas  encore  trouv^  le  cuivre  ni  le  fer 
unis  a  I'acide  arsenique,  et  voila  pourquoi  les  mine- 
ralogistes  n'avoient  fait  aiicune  mention  dans  leuiS 
ouvrages ,  d'arseniate  de  fer,  ni  d'arseniate  de  cui- 
vre. Les  travaux  du  C.  Vauquelin  ont  done  enrichi 
de  deux  especes  distinctes  le  catalogue  des  substances 
min^iales  deja  connues. 

Le  C.  Vauquelin  a  aussi  lu  un  memoire  sur  uri 
mineral  des  environs  de  Limoges,  que  le  C.  Alluau, 
directeur  de  la  manufacture  de  porcelaine  de  ceite 
vilie  ,  lui  av'oit  fait  parvenir  sous  la  df^nomination 
de  mine  d'^tain.  II  a  d^couvert  que  eette  mine  etoit 
compos(>e  de  quarante-deux  d'oxyde  de  manganese, 
de  vingt-sept  d'acide  pbosphorique ,  et  de  trente-un 
d'oxyde  de  fer.  II  pense  que  ces  trois  substances  soat 
intimement  unies,  et  forment  une  espece  de  sel  triple 
a  double  base.  Cette  combinaison  est  absoluraent 
nouvelle  pour  les  naturalistes.  Personne  n'en  avoit 
parle'  avant  le  C.  Vauquelin  ;  et  elle  doit  lenir  une 
place  particuliere  dans  les  systemes  de  mineralo- 
gie,  soit  dans  \c  genre  fer,  soit  dans  \e  genre  cuun. 
Tome  V.  \ 


l3o  Noui^elles  lit terai res'. 

Le  C.  Gillet-Laumont  a  enfretenu  la  classe 
d'un  mineral  d^ja  connu  des  natiiralistes,  raais  dont 
]e  gissement  I'eloit  trop  pen.  Cette  substance  qui 
contient  un  m^tal  r^cemment  decouvert  par  le  C. 
Vauquelin,  est  \q  fer  chromat6.  Ejle  avoit  e(e  vue 
en  masse  isol^e  par  le  C.  Pontier,  aupres  de  Gos- 
sin  y  dans  le  d^partement  du  Var.  Mais  ce  nilnera- 
logiste  I'a  trouv^e  depuis  en  tres-grande  abondance 
an  milieu  d'une  carriere  de  serpentine ,  pres  du  bord 
de  la  mer ,  a  peu  de  distance  de  la  rade  de  Cava- 
laire ;  cette  d^couverte  est  pr^cieuse  pour  les  arts, 
non  -  seulement  a  cause  de  la  nature  du  mineral, 
zuais  encore  a  cause  de  la  facility  de  se  le  procurer 
que  donne  la  position  de  la  carriere. 

Le  C.  JossiEU  a  fait  lecture  d'une  notice  sur  plu- 
sieurs  genres  de  plantes  de  I'lnde,  d^crits  par  divers 
auteurs ,  et  qui  lui  paroissent  tous  devoir  elre  rap- 
port^s  a  celui  qui  est  connu  sous  le  nom  de  lils4 y 
et  dont  les  individus  ont  la  Chine  pour  patrie.  II 
prouve  son  opinion  a  cet  ^gard  par  la  comparaison 
de  leurs  divers  caracteres  dont  I'ensenible  (^tablit 
line  tres-grande  affinity  avec  la  famille  des  laurlers. 
L'analyse  des  fleurs  et  des  fruits  d^montre  cette 
analogie;  et  le  nouveau  genre  propose  par  le  C.  Jus- 
sieu  ne  differeroit  des  autres  genres  de  cette  famille 
que  par  la  reunion  de  plusieurs  fleurs  dans  une  en^ 
veloppe  commune.  Le  travail  du  C.  Jussieu  est  une 
nouvelle  preuve  de  I'ulilit^  de  I'^tude  des  afRnil^s 
des  plantes.  Lnrsque  les  botanisfes  s'occuperont  avec 
Constance  de  cette  recherche,  ils  parviendront  fre- 
q^uemment  a  des  rapprochements  analogues  4  celui 


Kotwelles  UlleraireS'.  i3f 

tl^e  holis  devons  au  C.  Jussleu,  parce  que  ne  clier- 
clianf  plus  les  lappoils  des  v^g^laux  dans  des  carac- 
teres  isoles,  mais  dans  I'enseinble  des  organes,  ils 
tie  s'arreteront  plus  a  des  traits  peu  importanis  pour 
former  des  genres  nouveaux  ^  et  encore  nioins  pour 
s^parer,  en  !es  ^parpillant  dans  des  classes  artifi- 
cielles  tres-^loign^es  les  unes  des  aulres  ,  les  plantes 
que  la  nature  a  r^unies. 

Le  C.  Delille  ,  membre  de  I'Institut  du  Cane  , 
a  fait  parvenir  a  la  classe  un  m^moire  dans  lequel 
il  donne  una  description  exacte  du  doum  ou  pal- 
mier de  la  Th^baide  ,  que  I'on  ne  connoissoit  que 
tres-imparfaitement.  Ce  botaniste  rapporte  des  de- 
tails curieux  sur  les  usages  ^conomiques  de  cet  arbre 
utile  que  Ton  lr«uve  dans  la  Haute- ^^^gypte ,  au 
dessus  de  Gug^ ,  qui  croit  aussi  dans  la  Nubie,  et 
qui  rend  propres  a  la  culture  .un  grand  nombre  de 
terrains  qui  seroient  testes  steriles  s'il  ne  les  eut  abri- 
t^s.  Le  C.  Dclllle  prouve  d'ailleurs,  d'une  niauiere 
fvidcnte  ,  que  le  doum  eot  le  ciuifera  decrir  par 
Th^ophrafite, 

Au  resle ,  les  plalnes  d^serfes  qui  enyironncnfe 
r^^gypte  n'ont  pas  et(^  dans  (ous  les  temps  denueei 
de  v^g^faux  ;  elles  ont,  a  des  ^poques  tres-recule'es  , 
nourri  des  arbres  et  partlculiereraent  des  palmiers  J 
et  voila  conrment  on  a  pu  trouver  dans  le  desert 
voisiu  de  I'isthme  de  Suez  un  tronc  de  pa'mier  p^- 
trifi^  ,  que  le  general  Regnier,  membre  de  I'Institut 
d'^Egypte ,  a  fait  parvenir  a  la   classe, 

Le  C.  Regnier,  son  frere,  avoit  joint  a  cet  envoi 
uu  manuscrit  dont  ii  est  ^uteiu' ,  et  qui  renfermc  lies 

I    2 


1 32  Nouvelles  Uttemires. 

cons'iae'raf.ons  g^n^rales  sur  I'agrlcuUure  ie  VM- 
gypte,  ainsi  que  sur  les  ameliorations  dent  elle  se- 
roit  susceptible. 

Le  C.  VenTenat  a  pr^sent^  a  ses  confreres  la  cin- 
quieme  et  Ja  sixieme  livraison  de  la  description  des 
plantes  nouvelles  ou  peu  connues ,  cultiv^cs  dans  le 
jardin  du  C  Cels  ;  ouvrage  dont  les  amis  des  sciences 
naturelles  sent  redevables  a  ce  botaniste,  et  dont 
les  superbes  planches  sont  dues  au  talent  du  C.  Re- 
doute. 

Le  C.  Lamarck  a  fait  present  a  la  classe,  de  son 
Annuaire  mdttforologique  -pour  Van  lo. 

Le  C.  Van  Mons,  associ^  ,  lul  a  fait  presenter 
le  premier  volume  d'un  Journal^de  chjmie  qu'il  a 
entreprls  ,  et  qui  doit  servir  de  complement  aux  an- 
nates de  chymle,  et  aux  autres  ouvrages  periodiques 
publics  par  des  Fran^ais  sur  cette  belle  science. 

II  lui  a  adresse  aussi  sa  traduction  de  I'ouvrage 
italien  compost  par  le  C.  Brugnatelli,  et  dans  le- 
quel  on  trouve  la  nomenclature  chymique  de  ce  pro- 
fesseur  de  Pavle  rdunie  a  une  synonymic  des  difiFd- 
rentes  nomenclatures  des  chymistes  modernes. 

Et  j'ai  eu  I'honneur  de  faire  hommage  ala  classe, 
du  troisieme  volume  de  VBistoire  naturcUedes  Pots- 
sons,  edition  in-4." 


Noiwelles  Ihteraires.  i33 


THlilATRES. 

Theatre  de  l'Opera  comiqve. 
Rue  F  e  y  d  e  a  u. 

Lysistrata. 

Ce  vaudeville  a  €i^  jou(; ,  le  25  nivose,  avec  un 
succes  contests.  Le  sujet  est  tir^  de  la  piece  d^Ari- 
stophane  J  qui  porte  le  inf^me  titre.  Doit-on  accuser 
de  son  peu  de  succes  I'extreme  difFerence  de  nos 
moeurs  a  ceux  des  Grecs,  ou  la  maniere  dont  I'au- 
teur  a  traite  son  ouvragr? 

Dans  Aristophane  ,  hysislrata ,  femme  d'un  des 
premiers  magistrals  d'Athenes,  a  form^  le  projet 
de  faire  cesser  la  guerre  qui,  depuis  sept  ans,  de- 
peuple  toute  la  Grece.  Second^e  par  les  femmes  de 
Coriuthe  et  de  Lac^d^moue,  elle  s'est  empar^e  de 
la  citadelle  et  da  temple  de  MInerve  ,  pour  oter 
aux  Atheniens  la  ressource  de  leur  tresor.  Une  troupe 
de  vieillards  les  attaque  et  est  repoussde.  Le  premier 
magistrat  d'Athenes  entre  en  pour-parler  avec  Z<y- 
sistnita  :  celle-ci ,  par  des  r^ponses  comiques  mais 
pleines  de  fermet^,  lui  prouve  que  les  femmes  seules 
peuvent  d^brouiller  les  affaires  de  la  Grecfe.  Leur 
obstination  force  les  magistrats  a  ceder  ,  et  les 
femmes  ont  la  gloire  de  faire  la  paix. 

C'est  cette  com^die  dans  laquelle  Aristophane  avoit 
pour  but  de  faire  cesser  la  guerre  qui  d^soloit  sou 
pays,  et  de  dire,  sous  le  masque  de  Thalie ,  des 

I  3 


1 34  Nouvelles  luteraireSi 

v^rifes ,  a  des  hommes  puissants  ,  qii'un  aufeur  a 
entrepils  d'arranger  en  vaudevilles  pour  la  scene 
francoise.  Le  meme  int^ret  n'existanf  plus,  la  piece 
n'a  pu  reussir.  EUe  avoit  d'ailleius  beaucoup  de  res- 
semblance  avec  PapyTiiis,  jou^  avec  sutces  au  theatre 
du  Vaudeville. 

L'auteur  ii'a  pas  ^L€  nomnid 


Theatre   Lo  u  r  o  i  s. 
La  grande   Villc. 

Cette  com^die  ^pisodiqiie  en  5  actes  et  en  prose, 
a  ^t^  jou^e  le  21  nivose. 

Les  avis  sont  lellement  partages  sur  ce  nouvel 
ouvrage  de  PicaRD  ,  que  I'on  ne  peut  pas  dire  qu'il 
ait  comple{ement  rdussi ,  ni  qu'il  solt  tonibd  tout- 
a-fait.  Quelques  Joiirnalistes  ont  fait  IVloge  de  la 
piece,  en  palliant  ses  defauts  ;  d'autrcs  ont  pris  a 
lache  de  la  d^CKier,  en  omettanf  de  parler  de  ce 
que  I'on  y  trouve  de  meilleur ;  plusieurs  auf res , 
sans  s'arrfter  a  I'ouvrage,  ont  injuria  l'auteur:  ceux- 
ia  ne  m^ritent  pas  qu'on  leur  reponde. 

Voyons  d'abord  ce  qui  s'est  oppose?  au  succes  de 
\n  graude  Ville.  Picard  a  entrepris  cette  comt'dic  , 
encourage  par  le  succes  de  sa  petite  P'llle :  mais  il 
auroit  dii  penser  que  les  Parisiens  qui  avoient  ri  de 
bon  coeur  des  travers  et  des  ridicules  des  gens  de 
province,  ne  prendroient  pas  la  chose  aussi  bien  , 
lorsqu'il  s'dgiroit  d'tux-meaies.La  plupait  des  spec- 


'NoJivelles  Vilteraires:  iS5' 

tateurs  dloient  tres-certainenient  decides  a  sifiler, 
avant  tie  savoir  si  la  piece  ^toit  bonne  ou  mauvaise. 
D'atitres,  plus  Indulgens  et  peut-^tre  amis  de  I'au- 
teur,  avoient,  an  contraire,  I'intention  d'applaudir. 
De-la  vient  que  chaciin  des  deux  partis,  agissant 
d'apres  ses  motifs  particuliers,  I'ouvrage  n'a  pu  ^tre 
jngd  :  de-la  vient  aussi  la  rixe  scandaleuse  qui  de- 
voit  n^cessairement  r^sulter  de  deux  partis  aussi  for- 
tement  prononc^s.  Ceux  qui  vouloient  siffler ,  ont 
donn^  pour  motif  que  Picard  avait  frac^ ,  dans  la 
pi  tee  ,  des  portraits  beaucoup  trop  ressemblans.  II 
a  voulu  se  justificr,  et  il  a  ecrit  dans  les  journaux 
que  son  but  avoit  ^t^  de  faire  une  com^die  et  non 
line  satyre ,  et  qu'il  n'avoit ,  en  cons^qKence,  de- 
sign^ personne.£st-ce  d'ailleursla  faute  del'auteur, 
si  tel  ou  tel  se  reconnoit  dans  un  portrait  ridicule? 
11  faudrait  renoncer  pour  jamais  a  faire  des  come- 
dies, si  Ton  devoit  se  dire  ,  avant  de  tracer  un  per- 
sonnage  :  ne  ressemblera-t-il  pas  a  telle  personne? 
Et  que  deviendroit  alors  I'auteui?  il  ne  lui  reste- 
loit  plus  rien  a  faire.  Les  ridicules  ^tant  le  domaine 
de  Thalie,  ceux  qui  se  croient  attaqu^s  n'cnt  qu'a 
faire  en  sorte  de  ne  plus  ressembler  au  portrait  quj 
les  cboque  ;  alors  les  hommes  se  corrigeront ,  et  la 
com^die  aura  un  but  vraiment  moral.  Lorsque  Mo- 
liere  fit  le  Misanthrope  ^  on  sait  que  le  due  deMon- 
tausierqu'on  vouloit  indisposer  conire  lui,  dit  qu'il 
se  croiroit  trop  heureux  de  ressembler  a  ce  person- 
nage.  Quand  il  fit  son  Tartufe  ,  le  premier  presi- 
dent s'opposa  a  la  representation  ,,et  c'estlacequj 
liia    sur  lui  I'attentioa   publique  ,    surtout  lorsque 


i36  Noiivelhs  Ulteraires. 

Mollere,  piqu^,eut  prononce  cette  ^pigramme:  M, 
le  premier  -president  ne  vcut  pas  qu^on  le  joue. 

Le  premier  tort  de  Picaid  est  d'avoir  trop  peu 
travaill(?  sa  piece,  d'avoir  cru  que  de  Jolis  details 
suffiroient  pour  la  soutenir,  et  d'avoir  plac^  ces  de- 
tails dans  un  cadre  ^pisodique.  Ce  genre  d'ouvrage  , 
qui  r^ussit  a  peine  en  un  petit  acJe  ,  pouvoit  -  il 
convenir  h.  une  com^die  en  cinq  actes,  et  dans  la- 
quelle  Picard  entreprenolt  la  peinture  des  nioeurs 
de  Paris  ? 

Je  comparerai  sa  piece  a  un  tableau  ,  dont  il  faut 
que  toutes  les  parties  se  correspondent  pour  former 
un  bel  ensemble  ,  et  qui  ne  saurolt  plaire  a  I'oeil  , 
si  I'on  y  falsolt  de^  rapprochemens  trop  disparates. 

Un  reproche  plus  grave  qti'on  lui  a  fait,  c'est  le 
choix  de  ses  personnages  :  le  menie  reproche  lui 
avoit  ^te  adress^ ,  lors  de  la  representation  del'Eii- 
triSe  duns  le  vionde.  II  n'avoit  entoure  son  jeune 
homme  que  de  fripons  ;  il  ne  peint  encore  ici  que 
des  intrigans  et  des  imb^cilles.  II  trace  des  person- 
nages  de  toutes  les  classes ,  excepte  de  celle  qui 
forme  aujoui  d'hui  la  honne  societe.  II  auroit  du  pro- 
fiter  de  I'avis  pour  se  coniger. 

Voici  en  quelques  mots  le  fond  de  sa  com^dle. 

Gaulard  ^  bon  paysan  ,  arrive  a  Paris,  avec  son 
fils  et  sa  fille  ,  tombe  entie  les  mains  de  fripons  et 
d'intrig;ms,  et  rencontre  heureusement  ,  dans  I'au- 
berge  ou  il  loge  ,  un  jeune  homme  honn^te  qui  le  pre- 
serve de  tous  leurs  pi^ges.  Le  fils  devient  amoureux 
d'une  coquette  qu'on  d^couvre  n'^tre  rien  moins  que  ee 
qu'elleavoitdit.Lafilledevient^prised'un  merveilleux 


Nouvelles  lilteraires.  1S7 

qui  n'est  qn'un  valet  Iravesti  j  le  pere  Tin  -  ni^me 
s'amourache  d'une  femme  belesprit,  qui  lui  donne 
rendez-vous  a  Tivoli  ,  oil  il  apprend  que  cette  femme 
est  divorc(^e;  etc.  Pour  r^conipenser  le  jeunc  homme 
de  ses  services,  il  lui  donne  sa  fille.  On  voit,  dans 
cette  piece,  trois  fois  la  mc'nie  infiigue,  et  trois 
ibis  le  nieme  denouement. Les  details  sont  plus  heu- 
reux  que  le  choix  du  sujet  ;  mais  ,  quelle  Inconce- 
vable  negligence  dans  le  plan  d'une  piece  qui  auroit 
pu  faire  courir  tout  Paris,  et  merifcr  a  son  auteur 
le  surnom  de  second  Moliere  qu'on  s'est  plu  a  lui 
donner  tant  de  fois  ! 

Comme  on  annonce  la  piece  en  quatre  actes,  avec 
des  changemens ,  nous  remtttons  au  prochain  n.° 
line  analyse  detaill^e.  T.  D. 


LIVRES    DIVERS  (i). 


LlTT^RATUHE. 

Z£S  CRuvres  d^ Horace ,  fracht/fes  en  francais  par 
Rene  BiNKT  ^  -professenr  de  helles-lellres ,  ancieii 
recteiir  de  fa  ci  devant  UnUersite  de  Paris  ;  Jioit- 
velle  edit  inn  ,  revue  et  rclouchee  avec  soin  par  tau- 
leur.  2  vol.  in-\i.  Chez  Colas  ^  libraiie,  place 
Sorbonne.  Prix,  5  fr.  relie. 

On  traduira  toujours  Horace,  et  Horace  sera  en- 
core a  traduire.  Cc  n'est  pas  que  la  traduction  qu'on 

(0  Les  articles  m.irtjues  d'une  *  sont  ceux  donl  nous  donnerons  uii 
exirait. 


i38  Li  ores  divers. 

annonce  n'ait  qutlcnie  nierite;  elle  .a  celiii  de  I'exac- 
titnde.  Mais,  comment  renclie  f/t /iroi^  celte  finesse, 
cette  elegance  {['expression  ,  cette  clc'llcatesse  de 
pens^e>  cju'il  sera  toujoiirs  impossible  de  retrouver 
dans  une  autre  langne.  D'ailleiirs,  les  vers  doivent 
Stre  traduits  par  des  vers :  mais  le  retour  de  la  rime, 
la  iresure  ,  la  coupe  des  vers,  presentent  des  diffi- 
ciiltes  souvent  insiirmonfables.  La  rime  ne  doit 
qu'obeir  ,  dit-on  ;  mais  quel  est  le  fraducfeur  qui 
est  parvenu  a  la  dompter...  avcc  du  gf^nie.  Vol- 
taire assure  que  ,  metne  avec  du  genie  ,  on  n'y  r^us- 
.  siroit  pas:  sans  doute  il  I'avoit  tcut^  pour  s'en  con- 
Vaincre. 

Le  C.  BiNET  a  cru  pouvoir,  dans  I'art  po^tique, 
nasardcr  deux  transpositions  qui  paroissenf  Ibrt  lieu- 
reuses.  La  premiere  est  depuis  le  vers  846  jnsqu'au 
vers  890.  En  lisant  ce  passage,  on  voit  que  I'autenr 
suit  exaclement  son  idee,  et  qu'apres  avoir  fix^  les 
Domes  de  cet(e  indulgence  par  les  comparai;;ons  et 
les  exenjples,  il  revient  a  la  regie  generale  qui  ex- 
clut  cet(c  m(?diocrite  en  fait  de  poe^sie.  L;i  sc  ter- 
mine  cette  tirade  de  44  vers  ,  aiissi  peu  liee  avec 
ce  qui  suit,  qu'elle  I'etoit  peu  avec  ce  qui  pr(^cede  ; 
ainsi  ce  double  dc^Taut  de  liaison  et  la  jusfesseavec 
laquelle  ces  vers  s'adaptent  a  I'endroit  infliqu^  , 
donnent  lieu  de  croire  que  c'est-la  leur  veritable 
place  ,  et  que  c'^toit  ainsi  qu'Horace  avoit  arrange; 
ses  id^es.  Si  on  considere  ce  que  doit  produire  le 
retranchement  de  ce  passage  ,  et  sa  transposition 
de  la  place  qu'il  occupoit  a  I'endfoit  ou  on  le  (rans- 
porte  ,  on  se  convaincra  que  ce  changement  pro- 
duit  une  suite  ,  une  liaison  d'id^es  qu'on  ne  trotivolt 
pas  dans  nos  editions  pr^c^dentes;  on  ne  pourra  en 
douter ,  en  lisant  les  44  vers  a  la  suite  du  vers  272. 
La  seconde  transposition  est  moins  Importante,  naais 
elle  perfectioune  la  premiere  reforme  ;  ce  sont  4  vers 
qu'on  trouve  a  la  pag.  z\ii.'Ex:uoiofu  turn  carmen^  etc., 
places  comme  ils  lesont ,  interronipent  visiblement  ce 
qu  Horace  dit  snr  la  d^cence  qui  doit  elre  observ<?e 
ni^me  dans  les  poemes  boufFons  :  ils  ont  et^  rejet^s 
a  la  fin  de  tout  ce  morceau. 


Litres  divers.  iSp 

LfioiSLATlON. 

JxTUODUCTION  d  la  Science  de  Vecoiiomie  -pnli- 
tique  et  de  la  stalialiqiie  genrrale  ;  outrage  dl^- 
vieiitaire  ,  particiilieiement  desn'nd  aii.v  personncs 
qui  se  liire/it  d  feliide  de  la  pollliqiie  el  de  la  le- 
gislation,  par  Gabriel  T.eblajsc  ,  dcfcustiir  offi- 
cieux  ,  membre  de  la  Socicte  des  Belles  h  1  Ires  dc 
Paris  ^  etc.  A  Paris,  chez  Rrnaiidiere  .  iinpiiaienr, 
rue  des  Prouvaires  ,  n."  564;  Rondonneau  ,  II- 
braire,  place  du  Canousel  ;  Dcsen/ie  ,  libraire, 
palais  du  Trib'.nat  ,  et  Brigille  Mallhey  ,  lihraire-, 
deiixiemecour  du  palais  duTiibunat. An  X(i8oi). 
in-8.°  de  2o3  pag. 

La  science  des  gouvernemens  est  devenue  la 
ji^atitre  qui  occupe  presque  tons  les  ^crivains  ; 
elle  livalise  in-ec  les  romans ,  et  en  a  quelquefbis 
le  caractere.  Chaqne  auteur  vent  remnnter  dans 
J'lnimensil^  des  si^cles  pour  y  trouver  le  premier 
homme  ,  et  descendre  de  ce  point  ^ioiqn^  Jufqu'a 
I'origine  des  socit'tes  ;  ses  d^couvertes  n'ont  presque 
toujours  d'autres  r^aiites  que  les  fictions  des  roman- 
ciers.  A  quoi  servent  les  origines  que  le  hasard  011 
le  besoin  ont  prcduites  ,  et  que  le  temps  a  couver- 
tes  d'un  voile  impenetrable  ?  Quelle  influence  peu- 
vent-elies  avoir  sur  I'^tat  des  socidles  actuelles? 
L'auteur  de  cette  introduction  s'tst  livr^  a  ces  re- 
cherches  oiseuses,  insignifiantes  ,  conjccturales ,  et 
il  avance  liardiment ,  comme  tons  ceux  qui  ont  vou- 
lu  nous  donner  leurs  raisonnemens  pour  des  verit^s 
demontr^es  :  «  J'ai  dit  de  quelle  maniere  les  pre- 
■<  niieres  idees  sur  I'organisafion  de  la  society  s'e- 
•■  toient  form^es  ;  comment  les  peuples  ont  appris 
"  a  assigner  le  lieu  de  leur  drmeure  ,  I'^poque  oii 
M  commence  leur  bistoire.  »  Si  les  annales  de  ces 
peuples  avoient  ^t^  ^crites,  ou  nous  (?toient  parve- 
nucs,  il  est  a  croire  que  le  nouveau  createur  des 
societ^s  pourroit  bien  s'etre  trompe  dans  la  formation 
<Je  ces  corpj  poliliques.  Apres  avoir  Iravaili*^  a  cette 


140  Livres  divers. 

grande  oro;anisa(ion  ,  il  ajoute  :  •■  J'ai  defini  les  dl- 
"  verses  formes  de  gouvernement ;  j'ai  expliqu^  les 
■  causes  de  la  dt'cadence  des  empires  ;  j'ai  pr^sent^, 
«  en  un  mot  ,  le  tableau  synoptique  de  toutes  les 
"  parties  de  radministralion  publiqiie.  •>  Ici  ,  I'auteur 
avoit  des  donn^es  plus  siires,  et  une  catastrophe 
plus  r^cente  de  la  dissolution  deces  corps  poliliques. 
11  faut  convenir  que  les  200  pages  de  cette  brochure 
confiennent  bien  plus  de  connoissances  et  de  d^- 
couvertes  sur  la  legislation  ,  qu'on  en  chercheroit 
dans  Grotius,  Montesquieu,  Sidney,  Burlamaqui, 
J.  J  Rousseau,  Watel  ,  etc.  Que  sera-ce  ,  lorsque 
le  C.  Leblanc  executera  le  plan  qu'il  s'est  proposd 
de  remplir ,  sur  la  marche  de  I'esprit  humain  ,  sur 
les  moyens  de  r^unir  les  bommes  sous  des  lois  uni- 
formes  ,  sur  la  definition  des  difFerentes  cspeces  de 
gouvernement ,  et  sur  I'idee  g^nerale  du  pouvoir 
souverain  ,  de  la  legislation,  de  la  jurisprudence, 
de  la  diplomatic. 

Ornithologie. 

JJiSTOTRE  naturelle  des  Grimpereaux  soui'-marrgaa 
et  guit-guits ,  des  Oiseaux  de  paradis  et  des  Ja- 
camars ;  par  L.  P.  Vieillot  ,  naturaliste-voja- 
geiir ;  ouvruge  orne  de  figures ,  d'une  execution 
nouielle ,  imprimees  en  coidcur ,  jG  el  17.*  livrai- 
sons  de  la  collection  des  oiseaux  dor^s  ,  ou  a  re/lets 
nietalliijues  ,  3.*^  et  4,°  livmisons  des  soui-mavgas. 
Paris,  cbez   Desraj  ,  rue  Hautefeuille,  n."  36. 

La  16,'  llvraison  de  cet  ouvrage ,  foujours  exe- 
cute avec  le  plus  grand  soin,  contient  les  planches 
suivantes  :  pi.  XI ,  le  soui-manga  pourpre;  pi.  XII  , 
le  soui-manga  violet;  pi.  XIII,  le  soui-manga  a 
collier  ;  pi.  XIV  ,  le  soui-manga  a  collier  ,  jeune 
age  ;  pi.  XV  ,  le  soui-tnanga  a  cravatte  violette. 

La  17.^  livraison  contient  ,  pi.  XVI  ,  le  soui- 
manga  a  ceinture  marron  ;  pi.  XVII,  la  femelle  du 
precedent;  pi.  XVIII,  le  soui-manga  de  Buffon  ; 


Livres  divers,  141 

le  gn'mperpau  violet  de  Madagascar  de  Brisson, 
ou  Je  certhia  soui-manga  de  GmelIn  ;   pi.  XIX  ,  , 
le  menie  ,  en    jeune  age;   pi.  XX,  Je  soui-manga 
Carmelite  ;  pi.  XXI  ,  le  soui-manga  varie. 

Get  ouvrage  sera  acheve  pour  le  printemps  pro- 
chain.  Le  prix  de  cliaque  livraison  in-folio  est  de 
36  fr.  ;  celui    de  la  livraison  in-4.''  est  de  21  fr. 

Les  prix  anciens  seront  maintenus,  tant  pour  les 
souscriptions  faites  que  pour  celles  qui  auront  lieu 
avant  un  mois  pour  la  France,  et  deux  mois  pour 
I'dtranger. 

Romans. 

Charles  el  Marie  ,  par  I'auteur  <f' Adele  de  Se- 
nange.  I  vol.  in -12,  Prix,  i  fr.  5o  cent.  Paris, 
ciiez  Maradan ,  libraire ,  rue  Pav^e-Saint-Andrd- 
des-Arcs,  n.°  16. 

Le  succes  A^Adele  de  Senange  ne  peut  qu'annoncer 
favorablement  cette  nouvelle  production  de  I'auteur. 
Le  nitrite  du  style  et  la  simplicite  de  Taction  fe- 
ront  pardonner  quelques  invraiseniblances  dans  la 
marche  de  cette  invention  romanesque.  L'amour  de 
Charles  entendant  chanter  Marie  de  loin  ,  sans  la 
voir  et  sans  la  connoitre  ,  est  un  de  ces  coups  de 
surprise  qu'on  trouve  trop  souvent  dans  ces  sortes 
d'ouvrages,  et  auxquelslelecteur  necroitpas,  quoi- 
qu'a  force  de  le  r^peter ,  on  veuille  lui  persuader 
qu'ils  sont  dans  la  nature. 

Histoire  d'' AgatuoN  ,  traduction  nouvelle  etcoiri' 
plete  ,  faite  sur  la  derniere  edition  des  CEuvres  de 
M.  WlELAND,  -par  I'auteur  de  Pietro  d'Alby  et 
Gianette.  3  vol.\in-\7.  ,  prix  broches  d  fr. ,  et  "]  fr. 
So  cent,  francs  de  port  par  la  paste.  Paris  ,  chez 
.  Maradan,  libraire,  rue  Pav^e-Saint-Andre-des- 
Arcs,  n."  16. 

Cette  histoire ,  qui  a  eu  tant  de  c^l^brlt^  et  tant 
d'^ditions  en  AUeraague  ,  n'(?toit  connue  en  France 


1^2  Lu'fcs  divers. 

que  par  Ics  deux  premieres  parties  rfui  furent  (ra-> 
tluites,  il  y  a  environ  Uente  ans.  L'aiiteur  y  a  fait 
depiiis  dcs  changeniens,  qui  rendent  son  ouvraj^e 
pius  complet.  Le  C.  Pernay  s'cst  servi  de  la  nou- 
velle  edition  dis  fliuvres  de  M.  Wieland^ pout  nous 
le  faire  connoilre.  Pour  ob^lr  au  gout  des  lecteurs 
fran^ais  ,  il  a  ahrt'^g*?  quelques  cliapitres  et  fait  dis- 
paroitrequeiq;ies  longueurs,  suppression  que  M.Wie- 
land  auroit  laite  iul  nienie  ,  s'il  eiit  ^crit  parmi  nous. 
K  Le  but  moral  de  Tauleur,  dil  le  tradncteur,  est 
«  de  prouvcr  que  la  verlu  ef  la  sagesse  consolent  de 
<•  tousles  mallieuvs,  et  qu'il  n'y  a  (  olnt  de  sacrifices 
••  qu'elles  n'obtiennenl.  11  oppose  la  pliilosophie  con- 
■•  solante  d'Arcbytas  ,  aux  principes  dangereux  du 
•<  sopbisle  Hippiasj  les  personnages  de  son  bistoire 
•i  sont  conformes  a  la  v^iite.  »  On  sait  que  M.  \'V  ie- 
land  a  une  connoissance  profonde  des  moeurs  ,  des 
usages,  et  de  la  pbilosopbic  des  Grecs;ou  s'en  con- 
vaincra  en  lisant  Agalhon  et  les  Lellres  d" Arislippe  ^ 
dont  la  traduction  vient  de  paroilre. 

La  traduction  que  nous  annon^ons  est  aussi  exacte 
qu'^legante.  Elle  sera  lue  avec  plaisir  par  ceux  qui 
cbercbent,  dans  les  fictions  ronianesques,  autre  chose 
qu'une  intrigue  triviale  ,  des  episodes  absurdes,  et 
des  d^nouemens  invraisemblables  ;  tels  qu'on  en 
trouve  dans  cette  impitoyable  profusion  de  romans 
qui  d^sbonorent  notre  lilterature.        A.  J.  D.  B. 

NoVEJ^LAs  'Nucvas  Cicritas  en  Frances  ,  par  M.  de 
FlOKjan,  trudiicidas  libremeiu  et  iUustradas  con 
algunus  iictas  citriosas  e  inalriiclu  as  ,  por  don 
Gaspar  Zavala jk  Ztimora.  Pei  pinan  ,  en  la  officina 
de  Juan  Alzine.  Anno  1800.  ln-12  de  18a  pages. 
Prix  ,  I  fr.  5  cent, 

GoNZALo  de  Cordoba  o  la  Conqinsta  de  Granada , 
escrila  pur  el  CahaUero  Florian  ,piiblicaia  en  es- 
pagnol  ,  don  Juan  Lopez  de  Pennalver.  Perpinan 
en  la  officina  de  Juan  Alzine^  Anno  1801.  ln-12. 
J  vol.  de  332  et  23i  pages.  Prix ,  2  fr.  5o  cent. 


Livi'cs  flhcrs.  1^3 

Zkir  et  ZuLiCA,  histoire  inJiennc  ;  par  P.  Gjr.~ 
LKT,  Prix,  3  fr.  ,  et  4  fr.  franc  de  port.  A  Paris, 
chcz  J.  J.  Fuclis ,  libraire,  rue  dt-s  AJalUuiiua, 
liotcl  Cluny. 

liA  Pjix  ;  par  Felicile  Gu£niOT  SAii^T-MAnTTN, 
Prix  ,  20  cent. ;  et  ,  franc  tie  port ,  25  cent.  Paris  , 
chez  je.s  niarchands  de  nouveautes.  An  10.  In-B." 
de  12  pag. 

IjE  Pahvenu  da  jour  j  ou  la  Caricature  -physique 
et  morale.  In-12,  avec  figure.  Prix,  2  fr.,  et  a 
iv.  bo  cent,  franc  de  port.  A  Paris,  chez  Fuchs , 
libraire,  rue  des  Maihiirins,  hotel  Cluny. 

La  SonthE  d'J^te  ;  par  M.  LsTFTSy  aiiteur  dis 
Aloine;  traduite  de  L^ anglais  ,  sur  la  2.*  edition  ; 
par  D.  L.  M.***.  2  vol.  in-12,  avec  celte  epi- 
graphe  : 

JVec  Deiis  intersit,  nisi  digntis  -vindice  nodus.  Hon. 
A  Paris,  cliez  (jueffier  jevne  ;  au  cabinet  et  salon 
df  lecture,    boulevart  (Jcrulti  ,  n.°  21.  AniO' — 
j8oi.  Prix,  .3  fr. ,  et  4  fr.  franc  de  port. 

Melanges. 

(E UP' RES  de  Plutarque  ,  traduiles  par  J.  AmTOT  , 
I  avec  les  notesde  MM.  Bjiotieu  et  Vavvileiers  ; 
iiouvellc  edition ,  rei'ue  ,  augmenlee  de  la  version 
de  divers  'truites  el  Fiaginens  inedits  de  Plular- 
quf  ,  par  K.  Cea/^ter  ;  proposde  par  snuscription  , 
en  25  volumes  iH-2>.°  ,  orn<fs  de  /igures  en  lailie- 
doiice  ,  ct  d'tin  grand  nomine  de  portraits  d'hom- 
rncs  illuslres  ,  ou  monumens  antiques  ay  ant  traits 
a  leurs  vies.  ,4  Paris,  chez  Cussac .,  imprimeur- 
liijraire-^ditenr  ,  rue  Croix -des- Petits-C^hainps  , 
n.°  33;  a  l-yon  ,  chez  Maire ;  a  Rouen,  chez  Ics 
frercs  Vallee .,  ainsi  que  chez  les  autres  libraircs 
Jes  plus  acci-edit^s  de  France  et  de  I't'tranger. 

Cet  ouvrage  se  continue  avec  siicccs.  1m  3."   Tv/- 
vraiioii  qui  vient  de  paroitre ,  est  composce  des  tomes 


144  Litres  divers. 

5  et  6  des  Vies  des  Hnmmes  lUuslres.  L'ex^cution  {if* 
pograpliique  de  ces  deux  volumes  ,  nc  le  cede  en  rieri 
a  celle  des  piec^dentes  Livraisons.  Les  six  volumes 
imprimis  sont  orn^sde  lo  Figures  en  taille-douce  , 
et  de  37  Mcdaillons  graves  en  bosse ,  dont  I'impres- 
sion  se  fait  en  menie  temps  que  celle  de  I'ouvrage. 

JoVBNAL  des   Spectacles ^  de  Musique  et  des  Arts, 
redig6  par  le  C.  liAVNoiR. 

Le  Journal  des  Spectacles  ,  de  Musique  et  des 
Arts  paroit  tous  les  jouis,  et  est  rendu  chez  les 
abonn^s  avant  dix  heures  du  matin. 

II  est  compost  de  quatre  pages  in -4.°  et  d'uii 
feuilleton. 

II  a  commence  le  i."  frimaire  an  X. 

Le  prix  de  I'abonnement  pour  Paris,  y  compris 
le  timbre  et  le  port  ^  est  de  5  fr.  par  mois  ,  de  la  fr. 
par  trimesfre,  et  de  42  fr.  pour  I'ann^e  entiere.  Et 
pour  les  d^partemens ,  de  5  fr.  60  cent,  par  mois-, 
de  i3  fr.  5o  cent,  par  trimestre,  et  de  48  fr.  pour 
I'ann^e  entiere. 

On  s'abonne  a  Paris  ,  cliez  le  C  Deniie  jeune  , 
libraire  ,  rue  Vivienne,  n.°  41  ,  ancienne  maisonde 
]a  Caisse  d'Escompte  ,  et  au  Bureau  da  Journal  ^  an 
Palais  du  Tribunat  ,  n.°  io5  ,  vis-a-vis  le  passage 
Riidziv\'ill. 

Et  j)our  les  departemens  etles  pays  Strangers  ,  chez 
les  principaux  libraires  ,  et  chez  les  directeurs  et 
maitres  de  postes. 

Nola.  Po  ir  la  commodity  des  cafes,  des  restau- 
rateurs et  aufre.s  etablissemens  publics,  I'annonce  des 
spectacles  du  jour  s'imprimera  sur  un  feuilleton,  qui 
pourra  se  detacher  et  s'encadrer  sous  verre  comme 
I'almanach. 

Les  abonnemens  au  mois  ,  des  Strangers  qui  ne 
font  qu'un  court  sejour  a  Paris  ,  commenceront  du 
jour  oil  ils  s'abonneront. 


Table  des  articles  contenus  dans  ce  num^ro. 


LlTTiaATUBE. 

Voyage  en  Iralle  de  M.  I'abb^ 
Barthelemy  ,  de  rAcaderaie 
francaise  ,  etc. }  publiu  par  la  C. 
Stryes,  7 


C  a  I  «  I 


9  V  «. 


Xemarques  crijiqu6s  du  C.  Morel- 
let,  sur  I'ouvrage  iutitale  Lexi- 
eologie,  par  le  C.  Buut.       tj 

AllCUikSOI,OGIB« 

Sfiite  de  !«  Dis$erUiioa  8ur  \e  co»- 
Cume  dcs  Furies,  dans  la  tragedie 
des  aucieqs,  e[  sur  les  moiiu- 
jnens  anliques  ,  Iraduile  de  I'al- 
leniaiid  de  M.  BoiUigerl  par  le 
C.  yyinckler.  33 

MCDHCXJIB. 

Meniofres  de  la  Societe  medicale 
d'emulation  ,  seante  a  I'ecole  de 
medecine  de  Pari*.  73- 

VARlETES.NOUVEtLESETCOR- 
»ESPONUANCE  UTTERAIRES. 

NoiTTElLES   iTBANGEBBS. 

teterabourg.  —  Cabiner   de  For- 

ster.  go 

Academie  de  Petersbourg.  Il/id. 

Danemarck .  —  Academie  de  Copen- 
hague.  91 

'Siockholui.  —  Nouvelles    diverses. 

Pfusse.  —  Sucrt  de  bellerave.      gi 

J-ondrps.  —  Liste  (Je  tous  les  jour- 

naux  et  magasiiis  lilteraires  qui 

paroi.sspiit  chafjue  mols  k  Lou- 

drfS,  avcc  leui-  prix,  gS 

Nouvelles  diverssi.  g5 


Hollaode.  — iSoci^Ce  des  sciences  et 
des  arts  a  Utrechu  g& 

Autricbe.  —  Sou^ntl  de  Uttirature, 

Vienne.  —  Acadimie  iinperiale  des 
arts.  99 

Livres  fraocais  defendus  par  la 
censure  de  Vieijne,  dans  1» 
courant  des  mois  de  join  e% 
juillet  i6of.  Ibidf 

Florence.  —  NoDveau  livre  do  I» 
laogue  giecque.  io4 


F  a  A  )«  c  ■< 

Lyc^e  de  MaiseiUf< 

»o5 

Lyc6e  du  Gard. 

107 

Biblioilieque  d'Alewodrie;  i  Mar* 
seille.  Ibick 

Academie  de  peinture  do  Gaod.  loS 

Mine  de  soufre  natif,  decouverte 
h  Saint  ^Bau6,  dant  lea  Basses- 
Pyrenees.  109 

P  A  &  I  t. 

Embellissemcnt  da  Palais  da  iknaX, 
consetvateur.  1  \t 

Soeiile  d'eucouragement  pour  I'iil- 
dustrie  natioDale.  >>S 

Circons^ance  de  la  mort  de  I'el^- 
phant  male  du  Museum  d'histojre 
nalurelle  ,  le  17  nivose  an  10.  1 16 

Institut  national.  —  Notice  des  tra- 
vaux  de  la  classe  dej  sciences  ma- 
theniaciques  et  physiques,  pen- 
dant le  premier  irimestra.de  I'au 
10.  —  Partie  matb^matique  ,  pac 
le  C  Delambre ,  secretaire.  118 

-^  Partie  physique ,  par  le  C  La-, 
cepidt ,  secretaire.  ^24 


'^^■■l4- 


i  H  B  A^T  RES. 

Lysistrata.  1 33 

La  gtande  Ville.  J  34 

LlVaESDlVBRS. 

LittcratDre. 

J.e«  OEuvres  d'Horace ,  tradpites 
en  francais  par  le  C.  jB/nef.   13/ 

liegislation. 

Introduction  k  la  Science  de  I'ico- 
nomie  politique  et  de  la  sialistique 
g^uerale ;  par  le  C.  Leblanc.  iSg 

Ornithologie. 

Jllstoire  naturelle  des  Grimpcreaux 
«oui-raaVigas  et  £;u>t  -  guits,  des 
Oiseaux  de  patadis  et  des  Jaca- 
imars ;  par  L;  P.  Vieilloc.      140 

Eomans. 

Charles  et  Marie;  par  Tauteur  i'A- 
dilede  Senange.  lii 


Histoire  d'Agatli.on^  Uaditfupii  noo* 
velle  et  complete,  faite'sur  1* 
dernlere  Edition  des  OEuyrfS  d« 
^VIeIand•,  par  I'auleur  de  AVfro 
d'Alby  et  Gianette.  Ibid. 

Novellas  NuevaS  escriras  en'j'roii- 
ces  ,  por  M.  de  Florinn.       14a 

Gonzalo  de  Cordoba  o  la  Conquidta 
de  Granada ,  escritta  por  el/  Ga- 
ballero  Florian.  ibid. 

Kir  et  Zolica,  histoire  iadieufie; 
par  P.  Gallee.  t0 

LaPaix;  parFelicit6  Guiriot-SainP" 
Martin,  tfiid. 

Le  Parvertu  du  jour ,  ou  la  Carlca- 
turef'physique  et  morale.     Ibid,. 

La  Soir^o  d'Ete;  par  M.  Lewiii 
trad,  de  I'angl.  par  D.  L.  M.  lb. 

IVIelanges. 

OEuyre*  de  Plutarque ,  traduiies  paf 
J.  Amyoe.  Ibid. 

Journal  des  Spectacln-,  de  Musique 
et  de£  Ari«.  144 


AVIS. 

Ou  peut  s'adresser  au  Bureau  du  MagasJQ  Encyclop^ditjuc ," 
pour  se  procurer  tous  les  Livres  qui  paroisscnt  en  France  ct  chea 
i'Etranger,  et  gi-udraleiucnt  pour  tout  ce  qui  concertie  la  Librairic 
apcienne  el  uioderne. 

On  s'y  charge  aussi  de  toutcs  series  d'impressions. 

Lcs  Livres  nouVeuux  scut  anuonces  dans  'ce  Journal  au»sit6» 
•prbs  iju'ils  out  etc  rentis  au  Bureau  j  c'csl-a-dire,  daus  le  Nu<i 
IVcro  (jui  se  publie  aprlis  celtc  reiuisc. 

Le  Magasin  paroit  regulih'cnient  le  premier  de  charjuc  iiiois. 

On  prie  lcs  Lihraires  qui  envoicnt  its  L:vns  paur  les  ann^c 
4'en  indigucr  toujvurs  U  prix^ 


(N.°  iSOPriivibsfeari  lo. 


G    A     S     I     N 


ENCYCLOPEDIQUE, 


o  u 


JOURNAL  DES  SCIENCES, 

DES  LETTRES  ET  DES  ARTS, 


a  £  D  I   6  s 


Par  A.  L.  MiLLiif. 


AVIS    DU    LIBRAIRE. 


Le  prix  -de  ce  Journal  est  fix^  t 

ii  q  ffdncs  pour  trpis.mois, 
lb  I'runcs  pour  six  rnois,     , 
'Ml  iVatics  poiiv  iiii  an, 
nnt  pour  Paris  que  pout  les  D^pariemcns ,  fiano  ih  popk 

On  pent  s'a<licsscr  a«  Bureau  du  Journal  pour  se  procuref 
oils  ks  JL/ivre.s  qui  paruissoul  en  France  et  cliez  I'ei ranger,  et 
loiir  loUl.  cc  ijui  Loiitonif  la  Libiaiiic  ancieiiiie  tt  luodeme. 


Ue  Journal ,  auquel  la  plupart  des  hommes  qui  ont 
an  noni  distingu^,  une  reputation  justement  acquise 
dans  quclque  -pairtie  des  arts  ou  des  sciences,  tels 
que  les  CC.  Ai.lBERT,  DotOTTfiu,  Desgenettes, 
Bast,  Sir-vEsanE  de  Sacy,Fodrcroy,  Hall6, 

btlMERlL,  SCHWEIGHiEUSKR,  LaCEPJiDE  ,  Bar- 
BIER,  L  ANGLES,  JLaIANDE,  LaGR  ANGE  ,  LEBRUN, 

Marrov,  Mentelce, Barbie  du  Bocage,  Bassi- 

SE  I  ,  MORELLET,  NOEt',  OberLIN,  C^LAUDON-IA- 
EOCHETTE,   CAttLARD,  VaN-M03SS,  TrAULLE, 

Tome  F.  (  y.-^"  An.)  - 


L£veill£,  Cuvier,  Geopfroy,  Ventenat, 
Cavanilles,  Usteri,  Boettjger,  Visconti, 

"VjLLOISON  ,  WiLLEMET,  WiNCKLER  ,  e(C.  founiis- 

sent  des  M^moires,  contienf  I'extrait  des  principaiix 
ouvrages  nalionaux :  on  s'attache  suitout  a  en  donncf 
une analyse  exacte,  et  a  la  faire  paroitre  le  plus  pionip- 
tement  possible  apresleur  publication.  On  y  donneune 
notice  des  nieilleiirs  Merits  imprimis  chez  I'^tranger. 

On  y  insere  les  m^raoires  les  plus  inteiessans  sur 
toiites  les  parties  des  arts  et  des  sciences;  on  choisit 
principalementceuxquisont  propresaen  acc^l^rerles 
progres. 

On  y  public  les  d^couvertes  ingenieiises,  les  inven- 
tions miles  dans  tous  les  genres.  On  y  rend  comple 
tfles  experiences  nouvelles.  On  y  donne  un  precis  de 
ce  que  les  stances  des  societ^s  litt^raires  ont  offert 
de  plus  int^ressant ;  une  description  de  ce  que  les  d€> 
pots  d'objets  d'arts  et  des  sciences  renferment  de  plu? 
Curieux. 

On  y  trouve  des  notices  sur  la  vie  et  les  ouvrages 
desSavans,  des  Litterateurs  et  des  Artistes  distingu^s 
dont  on  regrette  la  pertej  enfia,  les  nouvelles  litt^- 
raires  de  toutf  espece. 

Ce  Journal  est  compost  de  six  volumes  in-S."  par 
an,  de  600  pages  chacun.  Tl  pa; oil  le  premier  de 
chaque  niois.  La  livraison  est  divis^e  en  deux  nu* 
meros,  chacun  de  9  feuilles. 

On  s'adresse,  pour  Tabonnement,  a  Paris,  au  Bu- 
reau du  MagasinEncyclopddique,  chez  le  C.  FUCHS, 
Libraire,  rue  des  Mathurins,  hotel  Cluny. 

A  Amsierdam,  ^  cl'cz  la  ^e.  ve  Changuion  cl  d'Henasi. 

'  \  chez  Vau-  Gulik. 
A  EmixcUcs,  chez  Lei.iaire. 
A  Floieme,  chez  rjolini. 
A  FraucfoiL-sur-le-Meiu,  illez  Fleischer, 
»    ,,     ,  j   chez  r.Iaiigct. 

A  (.enbve,   |  .-he,  Paschoud. 
A  Hanibourg  ,  chez  Huffuiuiin. 
A  Leipsic,  chez  Wolf. 
A  Lej'fle ,  chez  les  frhres  Murray. 
A  Loudics,  chez  de  Bofie ,  Gerard  StntU 
A  Strasbourg ,  chez  Levraiiil. 
A  Vicniie,  chez  Degen. 
A  Wesel,  chez  Geisier,  Dirccteur  de»  Poitej? 

U  iaut  afiranchir  les  lettres.. 


A  S  T  R  O  N  O  M  I  E. 

HiSTOiRE  de  r Astremomie  pour  Vannee  IX 
(1801). 

JLjE  pieuiier  jour  du  19.^  sl^cle  a  e(^  niarnii^  par 
un  ^venement  astronomique ,  la  df^couverte  d'utie 
planete  a  Palerme ,  en  Sicile,  falteparM.  Piazzi, 
le  I."'  Janvier  (i).  Elle  ^loit  aussi  petite  qu'une 
^toile  de  8.*  grandeur;  ill'observa  pendant  quarante 
jours.  Les  observations  qu'il  in'a  envoyets  sont  ar- 
rlve'es  trop  tard  pour  qu'on  ait  pu  la  suivie  ,  et  I'on 
a  et^  reduit  a  calculer  son  orbite  par  les  seules  ob- 
servations de  M.  Piazzi.  Le  C.  Burckhardt,  M.  01- 
bers  ,  M.  Bode,  M.  Piazzi  et  M.  Gauss,  onttrouv^ 
que,  pour  reprf^scnter  ces  observations,  il  ftiudroit 
iupposer  qu'elle  tourne  en  quatrc  ans.  Voici  les 
Clemens  que  le  C.  Burckhardt  et  IvJ.  Gauss  ont 
trouv^s : 

Inciliia'son.  .  .  .  10"  47'  jlnclin. .    10°  36' 07'' 

KcEiKi ■^'^  20°   5!/    jNccud.  2  21      o    44 

Aphelic 3*     9°     o'    j  Epoquede  1801.      2^  16°  28^ 

Passage  par  Ta-  Anom.  raoy. .  ,  .      3     i5    55 

phclic;  le  1."  janv.  1801.  8*^  |  Aplidie 10   26    27    3X 

Excentricitc ,  0,0064  j  Exceiu'iicite.  .  .  .    0,0826017 

Demi-axe.  .  .  2,574.  [Equation 9°  28' 

Revolution..  4ansi3centiem.   Dist.  2,7355 

i       i652,2  jours,  ou  4,52  ann. 

(1)  Je  me  scrs  ici  du  cilendrier  <!e  inures  les  nations,  persuade  que 
1p  pouvernement  francais  renoiicera  bientot  a  un  calcndrier  qui  n'est 
cniendu  et  ne  pent  etre  sdopte  oi  de  ao»  voisins,  oi  meme  de  la  gijnd« 
p'uralilii  des  Francais. 

Tome  V.  K 


!4^  Astronomie. 

La  dlfiVrence  de  ces  ^l^naens  me  paroissoit  Jeter 
du  doute  snr  la  r^alit^  de  cette  oibite  de  qualre  ans} 
niais,  au  commencement  de  I'annee  i8oa,  elle  a  did 
parfaifement  coustat^e,  et  nous  avons  une  9/  planete. 

Le  25  octobre  ,  nous  avons  recu  le  m^moire  im- 
piime  de  M.  Piazzi  ,  avec  ses  observations  et  ses 
calculs.  Comme  il  espere  que  cet  astre  sera  reconnu 
pour  une  nouvelle  planete,  il  lui  donne  le  nom  de  Cd^ 
res  de  Ferdinand ^  a  I'honneur  du  rol  de  Naples  ,  et 
M.  Bode  veut  I'appeler  J'«/20«.  Pour  mol ,  je  I'appel- 
lerai  Piazzi^  comme  j'ai  appel^  Herschel  la  planete 
de  1781.  Les  divinitds  payennes  n'ont  plus  rien  de 
lemarquable  pour  nous  ,  et  I'adulatlon  ne  plait  qu'i 
celui  qui  en, est  I'objet. 

Le  12  juillet  au  soir,  les  CC.  Messier,  Mechain 
et  Bouvard  ,  trouverent  ,  chacun  de  leur  c6(^,  une 
petite  coraete  pres  de  la  tete  de  la  grande  Ourse  , 
et  il  paroit  qu'elle  avolt  el6  apercue  ,  la  nuit  pr^- 
c^denfe,  par  le  C.  Pons  ,  concierge  de  I'observa- 
toire  de  Marseille,  Le  bureau  des  longitudes  lui  a 
donne  les  600  fr.  que  j'avois  d^pos^s  chez  un  no- 
taire ,  pour  celui  qui  trouveroit  une  comete  ;  les 
trois  habiles  asfronomes  de  Paris  ayant  jugd  eux* 
m^raes  c]ue  I'arfiste  devoit  etre  encourage. 

Jean-Louis  Pons  est  ne  a  Peyre  ,  village  du  d^- 
partement  des  Hautes-Alpes  ,  le  24  d^cembre  1761. 
11  est  a  I'observatoire  de  Marseille,  depuis  le  3 
fcvrier  17B9  ;  sa  conduite  ,  son  adresse  et  son  intel- 
ligence, I'ont  reudu  cber  au  directeur  de  I'obser- 
vatoire, C'est  lui  qui  a  fait  en  entier  la  luncKede 
nuit  avec  laquelle  il  a  decouvert  la  comete  du  ix 


Hisloire;  147 

Juiliet  1801  ;  H  I'a  faife  d'apres  utie  Itinetle  de 
George  Adams  ,  qui  est  a  I'ecole  de  navigation  de 
Marseille  :  le  bnieau  des  longitudes  lui  en  a  en- 
voy^ line  meilleiire. 

J'ai  eu  une  nouvelle  preuve  de  I'utilit^  des  5o 
niille  <^foiles  que  j'ai  procur^es  a  I'astronomie  ,  et 
des  positions  exacles  que  le  C.  Lefrancais  Lalaude-, 
mon  neveu  ,  a  fixees  pour  les  etoiles  anciennement 
observ^es  5  plusieurs  ont  servl  a  determiner  les 
lieux  de  la  nouvelle  coniete  que  les  CC.  Messier, 
M^cliain  et  Bouvard ,  ont  suivie  avec  assiduity,  et 
dont  I'orbite  sera  fort  bien  d^terrainee ,  quoiqu'elle 
n'ait  paru  que  dix  jours. 

Le  C.  Thulism'a  envoy^  sept  observations  du  12 
an  21  juillt't  ,  deduifes  seulement  des  azimuts  et 
des  hauteurs  ,  sans  avoir  pu  la  comparer  a  des 
etoiles;  mais  on  a  ^t^  plus  heureiix  a  Paris,  et  le 
C.  Mechain  a  eu  de  quoi  calculer  les  elenieus  de  la 
inaniere  suivante,  par  une  pieiuiere  ebauche : 


ison ,  zS°y 
. .  o*  8  1 


T     ,•     ■  t-oi  P<:Tihelie.  ...    6*    11° 

Inclmaison ,  25    1   „. 

XT      J  s    o  \    Liistance.  .  .  .    o       3 

Passage ,  le  7  aout  1  o  neuies. 


Cette  petite  comete  ,  trouv^e  presqu'en  m(?me 
temps  par  qualre  personnes,  prouve  qu'il  n'est  pas 
(difficile  de  trouver  des  cometes  ;  on  en  a  vu  jusqu'a 
trois  ou  quatre  dans  une  ann^e  ;  et ,  si  quelques 
amateurs  vouloient  s'en  occuper  ,  il  est  probable 
que  le  nombre  augnienferoit  rapidement.  C'est  ce 
qui  manque  a  I'astronomie  ;  il  est  humiliant  pour 
nous  de  ne  pas  savoir  si  c'est  par  cental nes  ou  par 

K  2 


24^  yhnonomie. 

milllers  qu'il  faut  coiiipler  ]es  cometes  ,  si  elles  re- 
viennent ,  on  si  elles  vont  se  perdre  clans  I'immen- 
sit^  de  I'unlvers. 

11  ne  faut  qu'ime  simple  lunette  pour  clierchef 
ct  trouver  des  cometes  ,  et  pour  designer  lenr  si- 
tuation aux  astronomes.  Je  suppose  (ju'on  ait  uii 
quart  de  cercle  de  bois  de  deux  pieds,  qu'on  pent  faire 
faire  par  uu  menuisier  ,  et  qu'on  ait  trac(5  une  m^- 
ridienne  avec  un  grand  cercle  sur  le  carreau  ;  que 
le  cercle  soit  divis^  en  degrees,  et  I'instrument  di- 
rig^  vers  I'endroit  ou  est  la  comete  ;  on  verra  tout 
a  la  fois  et  la  hauteur  et  la  distance  a  la  m^ri- 
dienne,  pour  le  temps  de  1' observation.  II  n'en  faut 
pas  davantage  pour  que  les  astronomes  puissent 
trouver  la  comete  qu'on  leur  auroit  indiquee.  AinsI 
il  n'est  pas  n^cessaire  de  connoitre  les  ^toiles  pour 
trouver  des  conictes  ;  mais  il  y  a  cent  nebuleuses 
qui  ressemblent  un  peu  a  de  petites  cometes  :  si  Ton 
veut  les  distinguer  ,  il  faut  avoir  recours  a  I'Atlas 
celes(e,  ou  elles  sont  toutes  marquees  (  af  Paris, 
chez  Lamarche  ^  rue  du  Foin  ).  Cette  ^tude  ne  sera 
ni  longue,  ni  difficile.  L'Atlas  de  Berlin  est  beau- 
coup  plus  complet  ;  nous  le  ferons  connoitre  en  de- 
tail ci-apres. 

La  lunette  de  nuit  dont  se  sert  le  C.  Messier,  et 
avec  laqoelle  il  a  deja  trouve  vingt  cometes  ,  est 
une  lunette  de  2  pieds  ^  qui  a  2  ponces  et  deml 
d'ouverture,  et  trois  oculaires  :  le  premier  du  cote 
de  I'oeil ,  a  2  pouces  et  demi  de  foyer  et  10  lignes 
d'ouverture,  le  second  9,  le  troisieme  9  pouces  et  un 
quart.  II  y  a  10  lignes  entre  les  deux  ,  et  5  pouces 


Hisloue.  y  149 

♦litre  le  precedent  et  le  second  ;  51  y  a  un  dia- 
phragme  cle  14  llgnes  entie  le  premier  et  lo  second 
oculaire  ,  a  2  ponces  du  premier  et  a  3  ponces  du 
second.  Cette  lunette  ne  giossit  que  cinq  fois,  mais 
elle  a  4  dcgr^s  de  champ.  On  pent  en  faire  faire 
line  pareille  pour  70  a  80  francs. 

Burekhardt  a  aussi  calcule  les  orbites  des  cometes 
de  1763,  1771,  1773  ;  et ,  pour  la  seconde ,  il  a  trouve 
une  orbile  hyperbolirjiie. 

La  comete  que  le  C.  Messier  decouvritle  74  juin 
1770,  sur  laquelle  le  C.  Burekhardt  a  fait  de  longs 
et  savans  calculs,  semble  avoir  une  petite  orbltecir- 
culaire  de  cinq  amices  et  sept  mcis.  Ccpendant  on 
n'a  point  vu  cettc  comete  de  1770  ni  auparavant  ni 
apres  ;  cela  ne  pent  s'attribuer  qu'a  de  grands  chan- 
geniens  dans  son  orbite. 

Faudra-t-il  done  ,  apres  avoir  afRrm^,  pendant 
le  18.'  si^cle,  que  toutes  les  cometes  revenoient  , 
dire  ,  dans  le  19."  si^cle  ,  que  les  cometes  ne  revien- 
nent  point  (  excepts  celle  de  1709  ). 

Voila  ce  qui  fait  que  je  ne  songe  plus  qu'aux  co- 
metes,  je  ne  parle  que  des  cometes  ,  je  ne  recom- 
mande  a  mes  correspondans  que  de  chercher  des 
cometes,  en  leur  ^crivant  que  la  seule  chose  qui 
manque  a  rastrouomie ,  c'est  la  connoissance  des 
cometes. 

Le  i5  m«i  ,  j'ai  eu  le  plalsir  de  recevoir  le  pre- 
mier exemplalre  de  mon  Histoire  celeste,  francaise  ,, 
fruit  de.  douze  ans  de  travaux  ,  qui  termine  les  5o 
mille  etoiles  auxquelles  mon  neveu  ,  MichelLefran- 
cais,  a  employe  la  plus  belle  partie  de  sa  jeunesse. 

K  3 


i5o  Astronomic. 

On  y  irouve  aussi  des  observations  que  d'Agelet  fit 
avant  de  partir  pour  le  voyage  autour  du  monde  , 
et  celles  par  lesquelles  le  C.  Darquier,  ag^  de  83 
ans ,  terQiine  sa  glorieiise  carriere  d'astrononiie. 

Les  observations  de  Tycho  ,  de  Flamsteed  ,  de  Pi- 
card  j  de  Lacaille  ,  de  Maske]yne  ,  ont  €\.€  le  fon- 
deinent  de  tons  les  progres  de  I'astronomie ;  les 
tli^ories  les  plus  profondes,  les  calculs  les  plus  sa-^ 
vans  ne  peuvent  s'en  passer  ,  et  ne  peuvent  le  dls- 
puter  pour  ritnporiance ,  ni  pour  la  dur^e.  Les  ob- 
servations scales  nous  survivront ,  et  les  obsei  va(eurs 
que  I'on  affecle  trop  souvent  de  rabaisser,  peuvent 
se  consoler  J  ils  seront  les  seuls  astronomes  k  qui, 
longtemps  apres  leur  mort ,  s'adresseront  les  ^loges 
et  la  reconnoissance  de  nos  successeurs  et  de  la 
post^rit^. 

Lefraocals  -  Lalande  ,  neveu  ,  a  continue  les 
observations  et  les  calculs  de  3ooo  declinalsons  ,  et 
de  TOGO  ascensions  droites  des  principales  etoiles, 
observ^es  chacune  plusieurs  fois.  Ces  longs  et  pdni- 
bles  travaux  ont  indrite  a  cet  habile  observateur  une 
place  a  I'Instilut  national ,  le  26  d^cembre.  M."" 
Xiefran^ais-Lalande  a  continue  la  reduction  des  5o, 
mille  Etoiles,  travail  immense  auquel  elle  s'est  de- 
vou^e  avec  courage ,  et  que  sa  grossesse  meme  n'a 
pas  interrompu.  Leur  fiis  se  pr(?pare  a  leur  succe- 
der  ,  et  calcule  d^Ja  avec  quelques  succes  :  j'espere 
qu'Isaac  Lalande  sera  le  troisieme  astronorae  de. 
son  nom. 

Le  C.  Delambre  a  observe  plusieurs  d^clinaisons 
au  cercle   multiplicateur.   Piazzi   nous  annonce   un 


Uistoire.  i5i 

catalogue  de  7000  etoiles  qu'il  a  obscrvees  a  Pa- 
lerme ,  et  le  C.  Cagnoli  prepare  un  catalogue  de 
5oo  etoiles  (ju'il  a  observ^es  a  Paris  et  a  V^rone, 
avec  un  soin  tout  particulier. 

Le  C.  Vidal  ,  dont  j'ai  tant  de  fois  celebr^  le 
courage  et  I'exactltudc  ,  m'a  envoy^  la  suite  des 
Etoiles  australes  que  Ton  voit  mal  a  Paris,  des  dtoi- 
les  circompolaires  qui  nous  manquoient ,  et  un  tri- 
duiim  assez  sli^gulier  :  le  28  avril  et  jours  suivans, 
il  obserya  toules  les  planetes  tous  les  jours.  II  y  a 
joint  des  observations  de  Mercure  et  duSoleil  dans 
les  deux  solstices,  avec  une  boussole  ingc'nieuse  qui 
lui  a  servi  a  faire  un  grand  nonibre  d'observations 
sur  la  d(^cliiiaison  de  I'aimant. 

M.  Burg,  astronome  de  Vienne  ,  qui  ayoit  reni- 
port^  le  prix  de  I'lnstitut ,  sur  les  in^galit(?s  de  la 
lune  ,  a  continue  de  s'cn  occuper,  II  a  recalcul(?, 
avec  3ooo observations  ,  les  z^inegaliles  de  laLune; 
il  en  a  ajout^  de  nouvclles  qui  lui  out  eid  indiqu^es 
par  le  C.  Laplace  ,  d'apres  sa  theorie.  Ces  tables 
sont  arriv^es  le  8  d^cembre:  les  eneurs  ne  vont  pas 
a  \S"  ,  et  le  prix  de  6000  fr. ,  propose  par  le  bu- 
reau des  longitudes  ,  pour  le  premier  qui  feroit  de 
bonnes  tables  de  la  lune,  sera  bii?n  m^rit^  par  cefc 
Labile  et  courageux  astronorue.  Le  bureau  des  lon- 
gitudes est  occup^  ^  les  v(^rifier  encore  ;  mals  toutes 
les  observations  faites  a  Gotha  depuis  peu  ,  confir- 
ment  I'exactitude  de  ces  tables.  Car  c'cst  a  I'obser- 
vafoire  de  Gotba  ,  le  sanctuaire  de  I'astronomie 
d'Allemagne  ,  que  M-  Burg  a  fiui  son  travail;  M. 
le  baron  de  Zach  I'y  ayoit  appcle,   pour  qu'il  piVt 

K4 


1 52  Ashoiiomi'c. 

jouir  a  la  fois  de  tons  les  agremens  e6  de  toutes  le* 
facilif^s  qu'il  pouvoit  desirer'. 

Ce  qui  reste  a  faire  pour  la  theorie  de  la  lune  , 
depend  peiit-etie  de  quelques  teimes  ou  il  faut 
employer  les  puissances  siipc?rieures  des  excentri- 
citi's  et  des  forces  :  le  C.  Burckhardt  s'en  occupe  ac- 
tuellemeut. 

On  avolt  employ^  pour  les  mouvemens  de  la  lune 
les  observalions  arabes  du  ic*  siecle.  Le  manuscrit 
ty.\fi  j'avois  heureusement  retrouv^  dans  les  papiers 
tie  Joseph  Delisle,  avoit  fait  desirer  d'avoir  I'ori- 
ginal  qui  efoit  a  Leyde ;  le  miuistre  batave  nous  I'a 
envoy^.  Le  C.  Caussin  a  examine  ce  manusGi'it  de 
Leyde ;  il  n'est  pas  complet ;  il  ne  contient  que  les 
observations  deja  connues.  On  n'y  trouve  point  les 
renseignemens  qu'on  desiroit  sur  les  instrumens  des 
Arabes  ct  sur  Jeur  maniere  d'observer  ;  mais  il  a 
fourni  quelques  corrections  in(^ressan!es  pour  la 
copie  que  nous  avions  ,  et  qui  s'iraprliiie  acluelle- 
juent,  en  arabe  et  en  francais,  a  I'imprlmcrie  de  la 
republique  ,  par  les  ordres  du  ministre  de  I'int^- 
rieuv.  Les  observations  du  solstice  det^  nous  ont 
ar.sur;'  de  nouveau  que  I'obliquit^  de  I't^cliptique 
est  23.°  28'  6"  hi  plus  grande  de  5"  que  dans  nies 
tables.  Les  cevcles  multiplicateurs  nous  donnent  la 
certitude  d'une  scconde,  et  Je  crois^fre  assur^  que 
la  dimiinition  sur  laquelle  on  a  tant  dispute,  est  de 
33"  par  siecle  ,  bien  ^loign^e  de  celle  que  le  C.  Cas- 
sinilui  attribuoit,  d'apres  deniauvaises  observations 
faites  a  I'observatoire  avec  de  mauvais  instrumens. 

Le  solstice  d'iiiver  nous  doiiue  8"  de  uioius  :  il 


Ilistoire,  J  5S 

y  a  lieu  cle  croire  que  cola  ticnt  a  la  refraction  qui 
n'est  pas  encore  assez  Wen  conuue  pour  les  polites 
Lauteuis.  Quoique  I'ob'iquitCf  soit  a  peu  pres  deci- 
d^e,  I'Academie  de  Berlin  n'a  pas  laiss^  de  pro- 
poser cette  variation  pour  sujet  du  prix  de  1802. 
Elle  demande  les  retfterches  les  plus  int^ressaules 
et  le3  eclaircissemens  les  plus  iniportans  sur  cette 
matiere  011  il  reste  encore  (  dit  le  progran  me  )  plu- 
sieurs  points  a  eclaircir ,  relativement  a  la  variation 
de  I'obiiquite  de  r(:=cliptique. 

Toutcs  les  planetes  ont  ^t^^clips^es  par  laLune, 
dans  le  cours  de  celfe  annee  ,  comriie  M.  Reggio 
I'a  fait  observer  dans  fcs  ephci'mt'rides  de  Milan  ; 
cela  est  rare.  Nous  n'ayons  pu  observer  bien  que 
I'eclipse  de  V^nus  ,  le  i3  mai.  Mais  nous  avons  ete 
dedommag^s  par  les  Eclipses  de  la  belle  ^loile  de 
r^^pi  de  la  Vierge  ,  qui  ont  ^te  observt'es  dans  beau- 
coup  d'endroits  ,  le  3o  mars  et  le  24  mai ,  qui  ra'ont 
scrvl  a  verifier  les  longitudes  de  plusieurs  pays.  Les 
Eclipses  des  quatrc  ^toiles  de  la  premiere  grandeur 
sent  les  phenomenes  les  plus  importar.s  de  touspour 
ces  sortes  de  determinations. 

J'ai  continue  de  remplir  la  tache  que  je  m'^fois 
impos^e  il  y  a  40  ans  ,  de  calculer  toutes  les  eclip- 
ses de  soleil  et  d'^ioiles  que  I'on  avoit  observ^es  , 
et  dont  les  astrcnomes  avoient  ncglig^  jusqu'alors 
de  tircr  des  conclusions  ,  a  cause  de  la  longueur 
des  calculs.  J'ai  corrig(5  les  longitudes  de  Rome, 
deMiddelbourg  et  de  la  nouvelle  ville  de  ^Yasbing- 
ton  ,  en  Amerique. 

M.  Ledi;c  de  Sc:moncfta,  Gactani  et  M.  Conli  , 


i54  Astronomie, 

ni'ont  envoys  des  observations  de  Rome.  M.  Ciccor; 
llni  m'en  a  envoye  rle  Florence  ,  et  la  jour  que  le 
rol  d'Etrurie  vint  ^  I'Institut ,  j'eiis  le  plaisir  de 
lui  presenter  iine  determination  de  la  longitude  de 
Florence  ,  qui  avoit  et^  fort  mal  ddtermin^e ,  mal-. 
gr^  la  celebrity  de  cetle  capitale  ,  et  le  grand  nombre 
d'hommes  distingu^s  qu'elle  a  produits. 

AI.  Kautsch,  piariste  a  Leutonuschel,  en  Boh^me, 
a  fait  un  travail  immense  sur  les  eclipses  de  Soleil. 
II  a  calculd,  pour  tout  le  19.'  si^cle,  des  cartes  ou 
I'on  voit  les  circons(ances  de  ces  eclipses  pour  tous 
les  pays  de  la  teire  oil  e'lles  sont  visible.s ,  de  la 
ni^me  maniere  qu'on  les  a  mises  dans  nos  dph^m^- 
rides,  depuis  1760  jusqu'a  1800,  et  actuellemeat 
dans  la  Cvnnoissance  des  temps  ^  par  les  soins  du 
C.  Duvaucel.  J'aurois  desire  avoir  un  moyen  pour 
pubiier  le  travail  de  M.  Kautsch  ,  dont  le  zele  et 
I'habilete  m^ritent  tous  nos  ^loges. 

Le  C.  Goudin  ,  qui  a  aussi  public  une  methode 
analytique  pour  les  eclipses ,  l*a  appliqu^e  a  I'^clipse 
de  1847,  S*^''  ^^^^  ^<>  P'"S  considerable  de  cesi^cle, 
et  il  I'a  calcul^e  en  detail  pour  toute  la  surface  de 
Ja  terre. 

Les  conjonctions  des  planetes  entre  elles  n'int^- 
vessent  pas  les  aslronomes;  mais  elles  sont  un  spec- 
tacle pour  le  public  ,  surtout  quand  elles  se  lient 
avec  d'autres  ev^neraens.  Aussi  le  C.  Messier  a-t-il 
cru  pouvoir  remarquer  que  le  canon  nous  annoncoit 
le  bonheiir  de  la  paix,  le  3  octobre ,  lorsque  la  Lune, 
V^nus,  Jupiter  et  Saturne  ,  ^loient  aupres  de  la 
bejJe  etoile  au  caeur  de  Lica.  > 


His  toll  e.  1 55 

Nous  ne  sornmes  plus  au  temps  ou  ces  rappvo- 
cliemens  ^toient  des  chnses  iuiportanles  ;  mais  ,  en 
1186,  les  astronomes  avoient  annonc^  des  revolu- 
tions terrjbles,  par  )a  conjonction  de  tontes  les  pla- 
netrs.  J'ai  engage  le  C.  Flaugergues  a  la  calculer 
exaclement  par  jios  nnuvelles  tables,  et  il  a  trouv^ 
qu'en  efret,  Je  i5  septembre,  a  5  h.  2  m.,  toules  les 
planefes  ^foient  eiitre  6  signes  ,  et  6  signes  io.°  de 
longitude. 

Ce  ne  sonl-la  des  conjonctions  qu'a  peu  pres  ; 
mais  les  conjonctions  rigoureuses  de  toutes  les  pla- 
retes  sont  incalculables.  Un  apercu  de  ces  retours, 
oil  je  n'ai  employ^  que  les  jours  pour  la  dur^e  des 
revolutions  ,  m'a  donn^  17  niille  millions  de  mil- 
lions d'annees  pour  I'intervalle  d'une  conjonction  a 
I'autre.  Que  seroit-ce  ,  si  j'avols  tenu  compte  des 
hemes  et  des  lainutes? 

IVJars  etoit  de  toutes  les  planetes  celle  dont  les 
tables  dloient  les  moins  exactes.  Le  C.  Lefrancais 
s'en  est  occupy  pendant  six  raois  ;  il  a  calculi  toutes 
les  observations;  il  a  employe  toutes  les  nouvelles 
perturbations  ;  il  a  pouss^  la  precision  jusqu'aux 
dixlemes  de  secondes  ,  et  il  a  fait  enfin  des  tables 
de  Mars  qui  laisseront  peu  a  desirer ,  et  qui  vien- 
nent  de  paroitre  dans  la  Counoissancc  des  temps  de 
Ian  12.  J'ai  vu  avec  plaisir  mon  successeur  imm^- 
diat  et  mon  plus  cher  disciple,  suivre  le  travail  que 
le  C.  Lemonnier,  mon  maitre ,  me  fit  entreprendre, 
il  y  a  5o  ans  ,  a  I'exemple  de  Tyrho-Biabe,  qui 
coinmenca  ses  recherches  par  la  planete  de  Mars, 
?\  qui  mit  Kapler  sur  la  voie  de  ses   dccouvertes, 


1 56  Astrononiie. 

par  le  moyen  de  la  nieme  planete.  II  va  bientoft 
s'occuper  des  tables  de  V^niis ,  en  tenant  compte 
des  perturbations. 

Pour  Saturne ,  rerreur  s'est  (rouv^e  +  l"  en  lon- 
gitude, —  9"  en  latitude.  Le  C.  Delambre  a  fait 
de  nouvelles  reclierclies  pour  faire  disparoitre  I'er- 
reur  de  3o"  dans  les  tables  de  Jupiter;  mais  elle 
se  retrouvoit  port^e  sur  les  observations  faites  il  y 
a  60  ans  :  ainsi  il  faudra  en  cLercher  les  causes 
dans  la  th(;orie  et  dans  quelques  nouvelles  Ine}j;a- 
lit^s. 

Le  C.  Bouvard  a  termini  les  calculs  de  toutes  les 
perturbations  des  planetes,  chacune  par  Taction  de 
toutes  les  autres  ,  d'apres  la  tb^orie  du  C.  Laplace; 
il  en  resultera  des  tables  nouvelles  qui  auont 
encore  un  plus  grand  degr<^  d'exactitude.  Le  C. 
Burckhardt  a  fait  le  calcul  analytique  et  numeiique 
des  termes  du  cinquieme  ordre ,  dont  on  n'avuifc 
point  tenu  compte,  a  cause  de  la  longueur  des  cal- 
culs. 11  troure  que  ces  termes  augnientent  la 
grande  in^galit^  de  Saturne  d'une  minute. 

Le  C.  Chabrol  a  calcule  des  observations  du  So- 
leil  ;  il  a  trouv^  7"  a  oter  des  longitudes  donn^os 
par  nos  tables.  Mais  le  C.  Delambre  a  entrepris  de 
calculer  7  a  800  observations  de  Bradley  ,  en  y  ap- 
pliquant  8  ou  10  Equations  nouvelles  ,  fournics  par 
les  calculs  de  I'attraction.  L'excentricit^  de  Jupiter 
et  de  la  terre  donne  des  Equations  pour  le  Soleil  , 
qui  vont  de  8  a  9".  Ainsi,  nous  aurons  bientot  de 
nouvelles  tables  du  Soleil ,  encore  plus  exactes  que 
celles  que  Delambre  ayoit  doun^es  ,  il  y  a  10  ans  ,  ot 


Tllsioire.  1 5/ 

Uu^queUes  il  sembloit  qu'on  ucpouvoit  rlcn  ajouter. 

Pour  Mercure ,  I'erreur  de  mes  tables  n'a  pas  pass^ 
jo"  ;  V(5mi5  observee  le  24  mai ,  m'a  clonn(?,  I'erreur 
des  tables,  +  3o".  Cela  semble  indiquer  qu'il  faii- 
droit  oter  12"  de  I'dpoque,  mais  que  i'equation  de 
I'orbite  est  bonne. 

La  Comioissance  des  temps  pour  I'an  12  ^1804  j, 
qui  vient  de  paroitre  ,  contient  tout  ce  que  I'astro- 
nomie  a  ofFert  de  plus  int^ressant  depuis  un  an  : 
des  rechercbescurieuses  sur  la  th(?orie  de  la  Lune,  par 
le  C.  Laplace  ;  les  nouvelles  tables  de  Mars  ,  par 
le  C.  Lefrancals  -  Lalande  5  un  nouveau  catalogue 
d'^toiles  r^duites ,  portant  leur  nombre  a  11890, 
suite  de  celles  qui  sont  dans  les  volumcj  pr^c^^dens; 
des  observations,  des  tables  et  des  caJculs  inapor- 
tans  des  CC  M^chain  ,  Delarabre,  Chabrol  ,  Vidal, 
Tliulis,  Flaugergues,  Ciccolini  ,  Due  Lachapelie, 
JBurckhardt  ,  Bernier,  Humboltd  ,  Quenot,  et  plu- 
sieurs  calculs  de  moi ,  avec  la  notice  des  ouvrages 
les  plus  importans  qui  ayent  paru  depuis  un  an, 

Les  EpIiemeriJes  de  Vieune,  pour  1802,  contleu- 
ncnt  une  quatrierac  suite  de  delerminalious  de  lon- 
gitudes, par  M.  Triesnecker,  qui  a  calculc?  toutes  les 
(iclipses  de  Soleil  et  d'etoiles  qui  ont  et^  observ^es, 
travail  considerable  et  important  qui  restoit  a  faire. 
M.  Triesnecker  nous  a  donne  en  m6me  temps  une 
table  de  tons  les  resultats  prc/c^dens  pour  la  posi- 
tion des  villcs  oil  I'on  a  observe  des  eclipses. 

Le  tvoisleme  tome  des  M^moires  de  I'Institut;  le 
huitieuie  tome  des  Menioires  de  la  Soci^te  italiennej 
les  Epbem^ridcs  de  Berlin  pour  i8o3  et  1804,  celles 


i58  Astronomie. 

de  Milan  pour  1801  ,  et  le  Journal  de  M.  le  baroii 
de  Zach  ,  pendant  toute  I'ann^e  ,  out  continue  de 
nous  fournir  des  observations  int^ressantes  et  de9 
menioires  nouveaux.  M.  de  Zach  s'est  procure  le9 
observations  que  Liesganig  avoit  faites  a  Vienne  , 
depuis  lySS  jusqu'a  1774  ,  et  celles  que  Ni^bulir  avoit 
faites  au  Levant  en  1761,  et  qu'il  n'avoit  point  pu- 
biiees.  Nous  avons  re^u  les  M^mohes  de  I'Acad^mlie 
de  Berlin  pour  1796  et  1797  ,  et  le  sixieme  tome  des 
M^moires  de  Turin  ;  mais  il  ne  conllennent  point 
d'astronomie. 

L'Observatoire  de  Paris  ayant  acquis  de  nouveaux 
instruments,  a  €i€  mis  en  activity  par  les  CC.  Mechain 
et  Bouvard ,  et  le  bureau  des  longitudes  s'occupe  des 
moyens  de  faire  imprimer  les  observations  de  1801  , 
dans  le  nieme  format  que  celles  de  Greenwich.  Ca- 
roche  ayant  achev^  le  telescope  de  22  pieds,  le"  C. 
Treinel  s'occupe  de  la  construction  du  pied  qui  doit 
le  porter,  et  les  travaux  de  la  plate- forme  sur  laquelle 
on  devra  le  placer  sont  ddja  tres-avanc^s  ;  nous  avons 
joui ,  dans  toutes  les  occasions,  du  bonheur  d'avoir 
pour  ministre  un  savant  ct^lebre  depuis  Jongtemps^ 
et  a  qui  il  ne  manquoit,  pour  etre  plus  utile  aux 
sciences  ,  que  d'avoir  I'influence  dont  il  6toIt  si 
digne. 

Le  telescope  des  passages  que  Joseph  Delisle  avoit 
plac^,  en  174B,  a  I'hotel  de  Cluny,  avec  lequel  j'a- 
■yois  tait  mes  premieres  observations  ,  ainsi  que  ie 
C  Messier  ,  ^toit  devenu  presque  inutile  par  la 
rouille.  Le  bureau  des  longitudes  a  voulu  qu'il  fut 
^^refait  en  plaline,  et  notre  collogue,  le  C.  Messier  j 


MistOLte.  169 

aura  un  nouveau  secours  pour  ses  utiles  observa- 
tions. 

Le  C.  Lenoir  a  fait  voir  a  Paris,  dans  I'expositlon 
publique  de  Pan  g,  que  I'industrie  francaise  ne  le 
cede  plus  i  celle  des  Anglais;  il  a  recu  du  gouver- 
nement  une  des  douze  inedailles  d'or  qui  ont  etd 
distributes  aux  plus  recommandables  de  nos  artistes. 

Le  C.  Jecker  a  mont^  un  atelier  de  quarante  ou- 
Vriers  pour  I'opdqiie  et  les  instrumeuts  d'as(rouomie, 
seconds  par  le  C.  Michel ,  un  des  plus  habiles  artistes 
de  Paris. 

Le  bureau  des  longitudes  a  envoy^  un  quart  de 
cercle  au  C.  Flaugergues,  a  Viviers,  et  un  au  C.  Dan- 
gos  ,  a  Tarbe ,  pour  les  mettre  a  portee  de  faire  des 
observations  plus  suivies  et  plus  exacles. 

Le  C.  Flaugergues  s'est  ddja  servi  du  sien  pour 
determiner  la  latitude  de  son  observatoire ;  44°  29' 
22"  plus  graude  de  18",  que  par  les  triangles  de  la 
France  }  il  a  continue  d'observer  assidument  les 
Eclipses  des  satellites  de  Jupiter;  il  a  observe  les 
taches  du  Soleil  qui  ont  ^te  frcquentcs  cette  ann^e, 
et  il  nous  a  calculi   beaucoup  de  positions  d'^toiles. 

Le  C.  Cbabrol  nous  a  fait  part  d'une  nouvelle  me- 
thode  analylique  pour  les  eclipses,  et  il  en  a  calcule 
plusieurs ;  il  a  ^galement  verifi^  les  tables  de  Mars 
et  de  Mercure  ,  par  les  observations  de  cette  annee. 
II  a  reduif  600  observations  d'ctoiles,  et  il  a  calculd 
les  600  longitudes  du  catalogue  fondamental;  enfini 
il  nous  offre  un  coop^rateur  jeune,  libre,  z^ld,  cu- 
rieux  ,  sans  ambition,  sans  pretention  ,  sans  intec^t, 
et  qui  jneiue  toute  noire  reconaoissance. 


i6o  [Astronomic. 

Le  C.  Mougin ,  cuv^  de  ]a  Grande-Corabe-des- 
Bois ,  dans  les  uiontagnes  du  dc'partement  du  Doubs  , 
nous  a  cnvoy^  une  grunde  table  de  precessions,  c'esl* 
a-diie,  des  cbaiigeiiients  annuels  des  etoiles  en  as- 
cension droite,  d'apres  les  donuces  que  je  lul  avois 
foiirnies.  II  y  a  trente  ans  que  nous  recevons  de  ce 
digne  ^asfeur  des  marques  de  zele  ,  d'application  , 
de  curiosity  et  de  courage,  qui  soul  bien  rares,  sur- 
tout  dans  les  deserts;* 

M.  Maskelyne  nous  a  envoye  ses  observations  de 
1800,  suite  du  pr^cieux  recueil  qu'il  fournit  dt'puis 
36  ans  ,  et  il  nous  annonce  le  Nautical  AUnunac 
de  1806. 

M.  Bode ,  a  Berlin ,  a  public  la  derniere  partie  de 
son  grand  Atlas  celeste  en  vingt  feuilles  ,  qui  coutieut 
toutes  les  constellations  anciennes  et  plusieurs  nou- 
velles,  el  plusieurs  milliers  d'etoiles,  que  Je  lui  ai 
fournies  ;  travail  immense  ,  dont  les  astronomes 
avoient  besoin  ;  on  pent  se  procurer  ce  bel  ouvrage 
au  college  de  France. 

Le  27  seplembre  ,  la  R^publique  helvetique  a 
adopte  les  mesures  francaises  ;  c'est  le  premier  des 
etats  de  I'Europe  qui  ait  senti  I'importauce  de  cette 
mesure  universelle  pour  le  bien  general  des  peuples 
civilises. 

M.  Guglielmlni,  a  Bologne,  a  fait  trois  nouvelles 
experiences  sur  les  chutes  des  corps  ,  pour  prouver 
la  rotation  de  la  terre  ;  il  a  trouv^,  a  une  ligne  pres, 
]a  meme  deviation  au  Midi  ,  quoiquc  la  theorie  ne 
la  donne  pas  ;  mais  il  a  trouv<i  la  deviation  a  I'Ouest, 
telle  qu'elle  doit  cire.  On  se  prepare  aussi  a  I'aire 

«!e 


Hisloire.  1 6 1 

tie  pareilles  observations  a  Hamboiirg,  siir  uiie  hau- 
teur de  826  pieds  a  la  tour  Saint-Michel. 

L'observatoire  de  Cadix  nous  avoit  fourni ,  pendant 
qnelques  ann(?cs,  une  suite  d'observations  importan- 
tes.  Mais  depuis  longtenips  ,  il  (^toil  neglig^.  Le  ge- 
neral Mazzaredo  en  a  fait  batir  un  nouveau  dans  I'He- 
de-L(?on,  et  il  y  a  attache  qiiatre  astronomes ,  offi- 
ciers  de  vaisseaux  ,  qui  y  resident  depnis  deux  ans; 
messieurs  Rodrigo  Armeslo,  Masimo-Lariva  Ague- 
ro,  Julian  Canela  et  Jost-ph  Cuesfa.  On  public 
aussi  ,  depuis  dix  ans  ,  un  Almanach  nantlque  en 
Espagne;  j'espere  que  la  marine  et  rastronomie  en 
profileront.  Le  telescope  de  zS  pieds  anglais,  que 
Herschel  a  fait  pour  I'Espagne  ,  parlira  au  luois  de 
Janvier,  et  le  C.  Dupont  ira  en  Espagne  pour  le 
monter. 

M.  Travassos,  secretaire  de  TAcadc^mie  de  Lis- 
bonne  ,  in'a  envoye  des  observations  de  M.  Ciera  , 
qui  ont  confirme  la  longitude  de  cetle  ville  ;  des 
Eph^mdrides  nauliques  jusqu'a  i8c3 ,  et  divers  ou- 
vrages  de  I'Acad^mie  portugaise,  dont  nous  n'avion^? 
aucune  id(5e,  et  que  I'lnslitut  national  de  France  a 
recus  avcc  beaucoup  d'interet  ;  c'est  M.  le  chevalier 
d'Araujo  qui  a  conduit  cctte  negociation. 

L  astrononiie  languissolt  depuis  longteiiips  dans  la 
R^publique  batave  ;  M.  Fokker  a  ^tabli ,  a  ses  frais  , 
un  observatoire  a  Middelbourg ;  il  s'e|st  procure  des 
instruments  a  ses  frais,  et  11  nous  a  envoy^  plusieurs 
observations  faites  depuis  1797  jusqu'a  iBor.  Nj. 
-  Fokker,  dans  la  r(?volution  de  1795  ,  (^toit  n.cmbre 
fUi  comite  de  salut  public  5  alors  il  se  fit  donner  une 

Tome  r.  L 


1 62  jistronomie] 

tour  de  I'abbaye;  inais  la  revolution  du  12  Juln  1796^ 
a  interrompu  ses  projets  d'am^IIoration  pour  son 
observatoire,  II  est  actuellement  employ^  dans  les 
finances  de  la  Zdlande  ;  mais  le  temps  qui  lui  reste 
est  employe  ^  I'astronomie,  et  il  m'a  envoys  plusleiirs 
observations  interessantes. 

En  Alleraagne  y  I'astronomie  continue  d'etre  dans 
line  grande  activity.  Le  voyage  de  M.  le  baron  de 
Zach  a  Bremen  ,  a  Lilienthal  ,  a  produit  une  nou- 
velle  activity  ;  la  soci^t^  qui  s'est  form^e  pour  la  re- 
vue du  ciel,  continue  de  s'en  occuper.  II  observe  la 
lune  assidument,  et  il  me  fait  esp^rer  que  ^e  verrai 
h.  Gotha,  \'^\.€  prochain,  une  partie  des  astronomes 
d'Allemagne,  se  rendre  au  congres  astronomique  , 
comme  en  1798.  Au  milieu  des  horreurs  de  la  guerre, 
les  Francais  ont  signals  Itur  zele  pour  I'astronomie. 
Le  g^n^ral  Moreau  etant  a  Crerasmunster,  oa  il  y  a 
un  celebre  observatoire,  y  fit  mettre  un  ^criteau  por- 
tant  peine  de  mort  contre  ceux  qui  y  commettroient 
du  desordre  ,  et  I'observaloirene  soufFrit  point,  noii 
plus  que  le  convent  des  Ben^dictins.  II  est  flatteur 
pour  les  Francais  d'avoir  des  g^n^raux  qui  se  distin- 
ouent  par  le  gout  des  sciences.  On  ne  dira  plus  que 
les  militaires  sont  par  ^tat  ignorants  et  ftroces. 

L'Acad^mie  de  P^tersbourg  a  demands  un  obser- 
valeur  ;  mais  Burg  et  Wurm  ont  etd  retenus  par 
leurs  souveralns ,  et  ce  bel  observatoire  est  encore 
inutile,  malgr^  la  quantity  de  beaux  instruments 
dont  il  est  muni. 

Le  C.  Henry  a  eu  la  satisfaction  de  mettre  en  place 
le  grand  mural  de  Bird,  et  d'y  falre  quelques  ob- 
servations. 


Hlstoirdi  1 63 

L'lrr^gularlt^  des  degr^s  de  la  teire  ,  mesur^s  Ju3- 
qu'a  pr^s<?nt  ,  faisoit  soupcoiiner  une  eneur  dans 
celui  de  Laponie,  mesure  en  lySo.  M.  M^landerhielin 
a  obtenu  du  roi  de  Suede  une  noiivelle  raesuie.  Au 
mois  d'aviil,  MM.  Oswerbom  et  Svvainberg  sont 
partis  pour  Tornea  ;  lis  ont  fait  planter  des  si^naux 
et  batir  de  petils  observaioires  ;  des  que  le  fleuve 
sera  gele,  ils  iront  mesurer  la  base  avec  des  rtgles 
que  I'Institut  liur  a  envoy^es ;  iin  cercle  multiplica- 
teur  fait  a  Paris,  par  le  C.  Lenoir,  leur  servira  an 
printemps  pour  mesurer  les  angles  ,  et  nous  aurons  , 
I'ete  prochaiii ,  la  solution  de  cette  ancienne  diffl- 
culte. 

M.  de  Mendoza,  officler  espagnol,  a  public  deux 
grands  recueils  de  tables;  un  a  Madrid,  en  1800  , 
Coleccion  de  Tablas ,  et  un  a  Londres ,  au  niois  d'l- 
vril  1801 ,  oil  I'on  trouve  des  tables  pour  la  r^ductloa 
des  distances  par  Taddition  de  cinq  nombres  natu- 
rels  ;  il  a  fait  des  sinus  verses  un  usage  nouveau,  qui 
a  rendu  les  operations  nura^riques  plus  courtes  et 
plus  faciles.  Ces  tables  ont  407  pages  in-4°. 

M.  Garrard,  en  Angleterre,  a  public  aussi  des 
tables  qui  n'ont  que  i3  pages  Jn-4.*,  mals  sa  methode 
n'est  ni  plus  courle,  ni  aussi  exacte. 

M.  VInce,  habile  astronome  d'Angleterre,  a  publid 
]e  second  volume  d'un  grand  Traits  d'Astionomie  en 
anglais,  il  n'y  en  avolt  point  dans  cetle  langue. 

Les  tables  stereotypes  des  logarilhmes  xjue  Firniln 
Didot  a  publl^es  en  1795 ,  ont  et^  corrigees  de  nou- 
veau. M.  Vega,  qui  a  fait  imprimer  en  Alleraagne 
1°  plus  grand  recueil  que  nous  ayoas ,  a  fait  v^rifi** 

L  a 


164  Astronomie. 

les  tables  francaises,  et  il  nous  a  envoy^  plusieurs 
fautes  que  I'on  va  corriger,  qui  seront  probablement 
les  dcniieres,  et  nous  pourrous  compter,  pour  tou- 
jours ,  sur  des  tables  sans  fautes.  C'est  un  bieu  pour 
les  calculateurs,  qui  ont  quelquefois  perdu  des  ma- 
tinees entleres  a  refaire  des  calculs  qui  ne  s'accor- 
doient  pas,  a  cause  d'un  chifFie  erroue. 

Mais  comme  les  petites  tables  manuelles  et  por- 
tatives  seryent  bien  plus  souvent  et  a  plus  de  per- 
sonnes,  j'en  ai  fait  stdr^ofyper  ;  plusieurs  personnes 
les  ont  corrlg^es,  et  je  pourrai ,  dans  trois  mois, 
donner  a  tous  les  calculateurs  I'^dition  la  plus  exacte, 
la  plus  commode ,  et  la  plug  d^gante  qu'on  ait  eue 
jusqu'ici. 

Le  C.  Verniquet  a  termini  la  gravure  de  son  grand 
plan  de  Paris  en  7a  feuilles ,  a  une  demi-Iigne  par 
toise ,  dont  I'exactitude  surpasse  de  beaucoup  tout 
ce  que  I'on  avoit  jamais  fait  dans  «e  genre. 

II  y  avoit  longtemps  qu'on  avoit  projet^  et  enfre- 
pris  de  faire  un  globe  lunaire,  qui  en  repr^sentat 
toutes  les  montagnes  et  les  crateres  :  M.  Russel  en 
est  venu  a  bout  en  Angleterre ;  son  globe  lunaire, 
monl^  sur  un  pied  artistement  compost,  exprime 
toutes  les  circonstances  de  la  libration  lunaire,  et 
nous  la  fait  voir  telle  qu'elle  doit  nous  paroitre  dans 
les  diverses  positions  de  la  terre  et  de  la  lune ,  ainsi 
que  les  variations  de  I'dquateur  et  de  I'orbite. 

M.  Philippides,  n^  au  mont  Pelion  en  Thessalie, 
qui  suivoit  le  cours  d'astronomie  au  college  de  France 
en  1794  »  q"i  est  a  Jassi  pres  du  Hospodar  de  Mol- 
davie,  se  propose  de  publier  ea  grec  mon  Ahregs 


'Bisloire.  i65 

^oslronomie  :  il  a  deja  public  divers  ouvvages  pour 
tacher  de  piopngcr  I'instruction  dans  son  pays. 

Les  deux  derniers  volumes  de  VHisfoire  des  via- 
thematiijues  de  Montucla  sent  aux  trois  quarts  im- 
primis :  Ton  y  frouvera  I'histoire  de  I'astronomie,  de 
ropliquede  la  navigation  oil  j'ai  ^te  oblige  d'ajouter 
beaucoup,  a  raison  de  la  mort  trop  prorupte  de  ce 
savant  hlstorien. 

M.  de  Murr ,  a  Nuremberg ,  qui  a  des  manuscrits  de 
Regioiiiontcinus  ^  le  premier  restauraleur  de  I'astro- 
nomie avant  i5oo,  a  fait  graver  une  page  exacte- 
ment  conforme  au  caractere  du  manuscrit  :  il  ofFre 
de  c^der  ces  manuscrits  pour  2400  fr. ,  et  ce  seroit 
une  richesse  pour  une  grande  biblioth^que, 

Les  poemes  astronomiques  de  Ricard  ,  Lemlere  , 
Fontanes  ,  avoient  deja  fait  voir  combien  le  spec- 
tacle du  ciel  est  capable  d'animer  la  verve  poeti- 
que.  Le  citoyen  Gudin  nous  I'a  prouv^  de  nouveau 
par  un  poeme  qni  contient  et  I'histoire  de  I'astro- 
nomie et  la  description  du  ciel  avec  autant  d'exac- 
tilude  que  d'elegance. 

La  geographic  a  fait  aussi ,  cette  ann^e ,  des  pro- 
gres.  Tranchot  fait  la  carte  des  quatre  d^partemens 
reunis,  a  une  ligne  pour  100  toises  :  on  leve  le  pays 
entre  I'Adige  et  I'Adda  ,  le  Pi<:^mont ,  la  Suabe,  la 
Suisse  y  et  le  ministre  de  la  guerre  en  a  fait  mettre 
les  details  dansleiVo/2zVg«7du26thermidor  (i4aout). 
Le  citoyen  Henry ,  qui  a  ^te  appel^  a  Munich 
pour  la  carte  de  Baviere  ,  m'^crit  que  la  partie  to- 
pographique  est  foVt  avanc^e :  on  a  niesur^  une  base 
»i649  metres  ou  iiio8  toises,  la  plus  longue  qu'on 

L  3 


1 66  ^stVnnOmic, 

ait  jamais  Tnesinee.  Les  grands  triangles  qui  cnv?-' 
ronnent  la  capltale  sonl  d^ja  en  partie  feraies.  11  y  en 
aura  dont  les  coivs  seront  de  quinze  justju'a  vingt 
lieues,  et  ineme  au-dela.  11  a  d^ja  fait  avec  son  cercle 
plusieurs  tours  d'horlzon  avec  une  precision  ^ton- 
nante.  Le  dernier  etant  compost  de  six  angles,  dont 
la  somme  toiite  reduite  ne  s'est  trouvee  en  exces  , 
quede  huit  dixiemes  de  secondes  siir  36o  degr^s  ;  et 
cependant  le  cercle  dont  il  se  sert  n'est  pas  tres- 
bon.  Pour  supplier  autant  qu'il  est  possible  a  ce 
qui  lui  manque  du  c6t^  de  la  precision  ,  il  mul- 
tiplle  beaucoup  les  observations  ;  il  ne  fait  jamais 
moins  que  quinze  observations  conjugates,  et  sou- 
vent  il  en  porte  le  nombre  jusqu'a  vingt.  Les  trian- 
gles que  le  citoyen  Cassini  avoit  pris  aux  environs 
de  Munich  ,  sont  bien  malcboisis,  et  la  mesure  en 
est  fort  iuexac'e.  Sansseserrir  deses  triangles,  Henry 
a  deja  dispose  une  s^tie  de  quatorze  triangles,  dont; 
la  mesure  nous  donnera  celle  d'un  arc  du  meridien 
d'un  peu  plus  d'un  degre  :  il  espere  qu'il  sera  encore 
possible  de  prolonger  cet  arc  qui  passera  a  peu  de 
distance  d'lngolstadt ,  et  qui  assurera  les  positions 
d'une  partie  derAllemagne.  Les  voyages  de  M.le  ba- 
ron deZach  ,  et  de  plusieurs  de  ses<;oop^rateurs  nous 
ont  aussi  donn^  de  nouvelles  lumieres  et  de  nou-; 
velles  positions  qui  avancent  la  geographic  de  I'Al- 
lemagne.  Le  colonel  le  Cocq  a  continue  sa  carte 
de  Westphalie, 

M.  le  baron  de  Ende,  membre  du  conseil  supreme 
d'appellaiion  ,  a  Celle,  a  public  un  volume  sur  la 
determination  de  plusieurs  endrolls  de  la  Basse  Saxe  ^ 
ffinpli  d'observations  et  de  C£»Iculs, 


Hisloire,  167 

La  geographie  des  pays  eloign^s  prcnd  aussi  une 
nouvclle  ac(ivi(^.  Lecapitaine  Baudin,  dont  j'avois 
annoace  le  voyage  pour  les  noiivelles  decouveites, 
avoif.  quilts  les  Canaries  le  24  novembre  ,  et  11  a 
quilte  I'ile  de  France  le  22  mars.  Nous  avons  lieu 
d'esp^rer  qu'il  a  d^Ja  fait  des  ddcoiivertes  int^ressanfes 
a  la  Nouvelle-Hollande  ,  le  seul  pays  de  la  terre  qui 
nous  soit  presqu'inconnu  ,  quoiqu'il  ait  deux  mille 
lieues  de  tour.  L'asfronome  Bernier,  qui  est  avec 
]ui ,  plein  d'intjelligence  et  de  courage  ,  ne  nous  lais- 
sera  rien  a  desirer.  Au  mois  de  juiu  ,  le  gouvernement 
francais  a  accorde  des  passe-ports  pour  les  vaisseaux 
anglais,  I'Investigator  ,  capitaine  Flinders  ,  qui  ^toit 
sur  le  point  d'appareiiler  pour  aller  faire  des  d^cou- 
vertes  dans  la  mer  du  Sud  j  et  pour  le  ladi  Nelson, 
commandee  par  le  lieutenant  Grant,  qui  accompa- 
gnera  I'Investigator  ,  dans  les  rechercLes  le  long  des 
cotes  de  la  Nouvelle-Garei. 

Le  C.  Degulgnes  fils,  arrive  de  la  Chine,  ou  il 
a  €i€  depuis  1784  jusqu'a  1797  »  donnera  probable- 
ment  quelques  lumieres  sur  cette  belle  partie  du 
wonde  ,  lorsqu'il  publlera  le  journal  de  son  voyage. 

Le  baron  de  Humboldt  ,  physicien  plein  de  cou- 
rage el  de  lumieres,  est  all^  dans  I'Am^rique  ni^ri- 
dionale  ou  il  a  fait  i3oo  lieues  dans  des  deserts  avec 
des  peines  affreuses  et  des  dangers  tfFioyables,  pour 
nous  faire  connoitre  la  geographic  en  m^me  temps 
que  la  physique  et  I'histoire  naturelle  de  ces  pays 
nouveaux  pour  nous. 

M.  Deferrer  ni'a  envoye  des  observations  qui  don- 
uent  la  position  de  Natcbetz  dans  la  Louisiane  et 

L4 


B  68  V         j4slroywmie. 

de  la  Guaira  dans  l'AineiIc)iie  m^ridionale  :  lafihide, 
Si"  33'  48"  ;  diff.  des  mMd.  6^  i5'  21",  et  pour  \a, 
Guaira  ,  10"  36'  40"  ,  N,  et  4>,  Sy'   11". 

Le  C.  Nonet  nous  a  cnvoy^  d'Ep;ypte  un  annuaire 
calcule  pour  ce  pays  la,  ct  plusieurs  positions  des 
villes  ,  jusque  dans  la  Haute- Egypte  ,  malgrt?  le 
clintiat,  les  dangers  ef  la  fatigue  inconcevables  qu'exi- 
gent  de  pareilles  observations.  La  valeur  du  degr^ 
66880  toises,  le  stade  <?gyptien  711  pleds,  la  coud^e 
('gyptlenne  21, 33  pouces,  le  stade  grec  487,643  pieds, 
et  la  coudc^e  ig,5oi7  pouces  ;  enfin  il  nous  a  rapporte 
lui-in^roela  s-ilte  deses  lravaux,accompagn^  du  jeune 
Isaac  Mt^cliain  ,  fils  d'uu  de  nos  plus  c^lebres  astro- 
nomes,  qui  a  e(^  le  compagnon  de  Nonet  en  Egypte 
et  son  cooperateur.  Le  C.  Fourrier  nous  a  rapportd 
des  dessins  des  zodiaques  de  la  Haute-Egypte  ,  qui 
attestent  la  haute  antiquite  de  I'astronomie  ,  et  il 
prouve  que  I'etablissement  des  constellations  re- 
monte  a  14  mllleans ,  comme  Dupuis  ravoltprdsam^' 

Le  C.  Marquis  ,  prefet  de  la  Mcurthe,  a  envoy^ 
au  bureau  des  longitudes  les  observations  et  les  ma- 
jiusciits  du  P.  Barlet,  j^suite  de  Nanci  ,  oil  il  y  a 
des  choses  ini^ressantes. 

Je  dois  dire  un  mot  de  la  m^t^-orologle.  Le  citoyen 
Lamarck  a  public  un  Amiuaire  mvteorologique  ou  il 
rapporte  beaucoup  d'observalions,  et  indique  les  ya- 
riations  de  saisons  que  I'on  peut  pr^sumer  pour  le 
cours  de  cette  annee.  Le  ministre  de  I'int^rieur  a 
dtabli  une  correspondance  m(^t^orologique  pournnil- 
tiplier  les  observations  ,  et  le  C.  Lamarck  ,  qui  a  soIt 
liclte  cct  dtablissement ,  le  fera  tourner  au  profit  de 
]y\  science  qui  est  encore  a  sa  naissar^ce, 


His  lot  re.  1 69 

Le  C.  BiiTckliarcIt  a  fait  aiissi  pour  la  m^t^orologie 
un  travail  long  et  curieux.  II  a  discute  i5  mil!e 
observations  de  barumetre  pour  pouvoir  calculer  I'ln- 
fltience  cles  vents ,  et  il  a  trouv(^  que  le  vent  du  sud 
donne  pour  la  hauteur  inoyenne  zv''-  11  '■  3,tandi9 
que  Test  donne  28  !'•  i  '•  g.  IJ  a  aussi  trouve  que 
la  hauteur  au  boid  dc  la  mer  est  28  P  2 '■  2  sur  la 
Mc^.Iiterran^e  ,  et   28  p  2  '•  8  sur  I'Ocean. 

Les  girouettes  hien  plac^es  sont  Ires-rares  i  Paris  j 
il  n'y  en  a  pas  a  I'obiervatoire  ,  quoique  je  I'aye  de- 
mande  aus'=:it6t  que  je  fus  directeur  de  I'observa- 
toire  ;  et  j'ai  fait  des  renierciments,  au  nom  des 
observateurs ,  au  C.  Rois  ,  ferblantier,  qui,  faisant 
batir  une  malson  sur  le  quai  des  Augustins  ,  y  a 
plac^  une  girouette  tres-e)ev(^e,  tres- mobile,  avecdes' 
lettres  indicatives  des  quatre  regions  dii  monde  , 
qui  seront  align^es  sur  une  m^ridienne  que  j'ai  trac(?e 
sur  Ic  quai.  Les  astrononaes ,  en  allant  a  I'lnstitut 
ou  au  bureau  des  longitudes  ,  aurant  occasion  debien 
voir  la  direction  du  vent,  ainsi  que  les  habitants  de 
ce  vaste  quai  ,  du  Louvre  et  des  maisons  environ- 
rantes,  qui  n'avoient  pas  une  seule  girouette  a  leur 
port^e;  mais  beaucoup  de  paratonuerres  qui  ne  les 
intdresscnt  nullcment. 

Le  3  novembre  ,  il  y  a  eu  dans  la  mer  Baltique  un 
ouragan  terrible  qui  a  fait  p^rir  des  vaisseaux  et  qui 
s'estfait  sentir  jusqu'a  Brest.  Le  7,  il  y  a  eu  en  Pro- 
vence un  orage  qui  a  produit  yS  lignes  d'eau  en 
2  ''  I  de  temps  par  un  vent  de  S.  S.  E.  II  a  occasionnd 
des  degats  extremes  a  Marseille  et  dans  les  f  nvirons^ 
jilusieurs  pcrsonncs  ont  ptfri ,  et  il  y  a  des  pcrtes  quj 


'T.JO  '  Astronomie, 

tnonfent  a  quelques  millions.  Le  C.  TliuIIs  a  trour? 
des  notes  ties  orages  du  12  juillet  1748,  du4  septembre 
1764  ,  du  i5  septembre  1772  ;  mals  peisonne  n'avoit 
id(^e  d'un  pareil  a  celiii  de  cette  ann^e  ;  la  plaine  du 
Po  a  aussi  ^prouv^  un  immense  debordement. 

La  classe  des  sciences  physiques  et  mathematiquea 
del'Institut,  a  choisi,  le  26  germinal,  trois  astronomes 
qui  ont  ^f^  present^s  a  I'assembl^e  g^n^rale  pour  la 
place  d'associe  vacante  par  la  mort  du  C.  St.  Jac- 
ques. Ce  sont  les  Citoyens  Vidal  ,  Sepmanville  et 
Bernard. 

Le  premier  est  un  observateur  rare  qui  a  fait  plus 
d'observations  de  Merc  me  Uii  seul,  que  lous  les  astro- 
nomes de  I'univers  depuis  2200  ans  que  Ton  observe. 
La  section  ,d'astronomie  avoit  encore  pr^sente  les 
Citoyens  Chabrol(de  Riom),  Piclet  de  Geneve  et 
Quenot ,  officiers  de  vaisseaux.  J  'a vols  meme  fait  une 
liste  d'astronomes  connus  en  France ,  qui  contient 
le  C.  Henry  revenant  de  Petersbourg,  Nouet  et  Beau- 
champ  qui  revenoient  du  Levant,  les  CC.  Deratte 
et  Poitevin  a  Montpellier ,  Bernier  et  Bissy  qui  sont 
partis  avec  Ic  capitaine  Baudin  ;  Chevalier  aux  re- 
lations exierieures  ,  Kramp  a  Cologne,  Duvaucel  h. 
Evreux  ,  Gucrin  a  Amboise  ,  Mongin  a  la  Grand- 
Combe-des-Bois  ,  Maingon  et  Lancelin  a  Brest , 
Jacotot  a  Dijon,  Blanpain  et  Degrand  a  Marseille; 
si  Ton  y  ajoute  les  six  astronomes  associ^s  a  I'lns- 
litut,  on  verra  que  cette  science,  la  plus  Ingrate  et 
la  plusn^glig^e  ,  fournit  encore  bien  des  siijets  dans 
la  France.  Aussitot  que  I'heureux  ^venement  de  la 
paix  est  venu  relever  les  esperanccs  des  gens  de  lettresj. 


Hisloire.  17! 

)'en  ai  profits  pour  solliciter  de  toiife  part',  afin  que 
I'asdonomie  piofitat  de  la  paix. 

L'acad(^mie  de  Pefersboiirg  ni'a  rendu  mie  pellie 
gratification  qu'elle  avoit  coutume  de  o'envoyer 
depuls  3o  ans  pour  le  blen  de  rastronoinie  ,  et 
I'eir.peieur  de  Russie  a  approuve  le  desir  de  I'Aca- 
d<?mie  a  cot  egard. 

Le  roi  d'Etrurie  a  promis  de  propager  rastronomie 
a  Florence.  II  y  a  dt'ja  de  beaux  instrumens  dans  son 
observatoire  ,  et  M.  Fabroni  me  promet  qu'oQ  y 
placera  un  observaleur,  il  demande  un  dp  mes  Ale- 
ves; et  cette  circonstance  m'a  fait  regretter  de  n'eti 
avoir  pas  un  plus  grand  nombre. 
.  Le  general  Jourdan  m'a  fait  esp^rer  que  I'obser- 
valoire  de  Turin  seroit  mis  en  etat ,  et  le  C.  Vassalli  , 
president  de  1' Academic,  m'en  donne  aussi  I'csp^- 
rance. 

Le  ministre  de  la  marine  a  donn^  des  ordres  pour 
qu'oii  fit  a  Brest  de  nouvelles  observations  sur  \^s 
luaiees,  que  je  deitiandois  pour  completer  le  Traile 
du  flux  et  du  rejhix  de  lamer ,  que  j'ai  donne,  pour 
confiraier  la  belle  tb^orie  du  C.  Laplace  dans  sa 
m^canique  celeste,  ct  pour  connoitre  jusqu'oa  va 
I'induence  du  vent  sur  les  marges. 

Nous  avons  demande  au  premier  Consul  de  nous 
procurer  d'Espagne  ,  deux  milliers  de  platine  ,  pour 
faireun  tf^lescope  de  36  pieds,  et  nous  avons  lieu  de 
resp(?rer.  Notre  telescope  surpassera  peut-^tre  celui 
de  Herscbel. 

A  Paris,  I'observatoirc  a  acquis  le  C.  Agousttne  : 
Jp  uiiijislr^  de  riattfrieur  ,  leC.  Chaptal,  a  coubeul] 


xys.  [^s/rorwmie. 

que  le  bureau  des  longitudes  angmeiitat  ses  depenseS 
pour  ce  nouveau  sujet ;  et  moi ,  j'ai  fait  I'acquisition 
du  C.  Giroult,  dont  la  jeunesse  et  I'assiduil^  me 
procureiit  de  nouveaux  secours,  et  ne  nie  laissent 
d'aufres  legvets  que  de  ne  pouvoir  pas  m'en  procurer 
un  plus  grand  nombre; 

Nous  avons  parl^  dans  I'histoire  de  1800,  de  la 
perte  que  fit  I'astronomie,  le  5  novenibre  1800, 
de  Ramsden  :  c'est  a  lui  que  I'on  devoit  depuis  2a 
ans  ,  les  plus  beaux  et  les  plus  grands  instrumens, 
les  lunettes  les  plus  parfaites ,  les  id(?es  les  plus  ing6- 
nleuses.  Troughton  est  actuellement  le  plus  c^lebre 
artiste  de  I'Angleterre,  rt  il  se  prepare  a  nous  d^- 
dommager  de  cette  perte.  D^ja  il  a  fait  de  Ires- 
beaux  instrumens  ,  et  le  C.  Pictet  de  Geneve  ,  nous 
en  a  rapporte  derniereraent. 

Nous  avons  perdu  ,  le  10  ft'vrier,  le  C.  St. -Jacques 
de  Sylvabelle  ,  dlrecleur  de  I'observatoire  de  Mar- 
seille ,  qui  s'etoit  distingud  par  des  recherches  de 
theorle  des  lySS,  comme  on  !e  voit  dans  les  Tran- 
sactions  philosop/ihjues  ,  ensuite  par  des  observa- 
tions utiles  :  il  avoit  79  ans,  et  il  s'occupoit  encore 
utilcment.  Son  <^loge  paroitra  dans  le  Journal  du 
Lyc^e  de  son    d^partement. 

II  a  ^t^  remplaci?  par  le  C  Thulis,  qui  ^foit  depuis 
longtemps  directeur-adjoint  de  I'observatoire.  Celui- 
ci  avoit  fait  des  proselytes  et  des  sieves  ,  le  C.  Plan- 
pain  et  le  C.  Degrand  ;  mais  ils  nous  ont  ^chapp^ 
I'un  et  I'autre,  au  detriment  de  I'astronomle. 

Au  mois  de  decerabre  1800,  Matteucci  est  morta 
Bologne }  c'est  a  lui  que  nous   devons  les  derniers 


Histoire.  1^3 

yoliimes  Jes  EphdmJrides  de  Bologne  ,  qui  vont  Jus- 
qu'a  1810.  II  a  ^i^  remplace  par  les  Citoyens  Cic- 
colini  et  Gugllelmini  qui  promettent  une  nouvelle 
activity  dans  un  observaloire  que  Manfr^cJi,  Zanotli 
et  Matteucci  ont  rendu  interessant  depuis  pres  d'un 
allele. 

Chaligni  est  mort  a  Madrid  :  il  avoit  fait,  il  y  a 
Jongtemps  des  observations  et  des  calculs  qui  I'avoient 
fait  connoitre  avantageusement  en  astronomie. 

M.  Chevalier,  oiatorien  ,  est  mort  a  Prague:  il 
avoit  fait  des  observations  utiles  a  Lisbonne  en  lySg^ 
et  a  Bruxelles. 

Le  8  octobre  est  mort  a  Paris,  Gabriel  de  Bory, 
ag^  de  81  ans  :  il  avoit  fait,  en  lySi  ,  un  voyage  en 
Espagne  ,  et  ,  en  lySS,  un  en  Portugal  et  a  I'lle 
de  Madere,  pour  en  ddferminer  la  position.  Ses  ob- 
servations sont  dans  les  Memoires  de  1768,  p.  270, 
et  de  1772  ,  2-*  partie.  II  donna  dans  les  Memoires 
de  1770,  la  description  d'un  observatoire  porlatif, 
et  dans  le  3."  vol.  des  Savants  dtraiigers  j  I'obser- 
l?ation  de  Mercure  sur  le  Soieil  ,  en  1753.  Des  1751  , 
il  avoit  public  une  description  de  I'octant  a  reflexion 
pour  la  mer ;  il  avoit  r^pandu  le  gout  des  observa- 
tions dans  la  marine  royale;  chef  d'escadre  et  gou- 
verneur  des  iles  sous  le  vent ,  il  avoit  eu  des  nioyens 
de  conlribuer  a  I'eraulation ,  et  il  les  avoit  lou- 
jours  employes.  Aussi  avoit-il  et^  nomme,  en  1765, 
associ^-libre  de  I'Acaddmie  des  sciences;  et,  en  1798, 
membre  de  I'lnstitut. 

L'on  a  toujours  compris  a  I'Acad^mle  et  a  I'lns- 
titut combien  on  avoit  besoin  de  cooperateurs  ^clair^s. 


174  yislronomie. 

pour  avancer  nos  connoissances  dans  la  marine,  \t 
plus  difficile  cJe  tous  les  arts,  et  la  plus  inniportanfe 
de  toi;ies  les  sciences  pour  la  prosp^ril^  et  la  gran- 
deur dps  E'lats. 

]Vlais  la  plus  grande  perle  de  I'astronomie ,  cet(e 
ann^e,  est  celie  de  Joseph  cle  Beauchamp.  11  etoit 
n€  a  Vezoul ,  le  ag  juin  1752.  Ses  observations  a 
Bagdad,  en  Perse  ,  sur  la  mer  Noire,  ont  ^(^  aussi 
p^nibles  pour  lui  qu'importantes  pour  nous.  11  (^toit 
parti  en  179^,  comme  consul  de  France,  pour  aller 
a  Mascate,  en  Arabia,  et  il  m'^crivoit  en  partant: 
Vous  vous  souvlendrez  de  mon  dc^vouement  pour 
vous  et  pour  I'astroDoniie ;  il  quittoit  en  elFet ,  un 
peu  a  regret,  un  pays  et  une  famille  qu'il  ch^rlssoit; 
c'est  bien  un  des  martyrs  de  I'astronomie.  II  ^toit 
parti  de  Constantinople  le  25  septembrej  nous  I'at- 
tendions  avec  la  plus  tendre  impatience,  lorsqu'a- 
peine  arrive;  sur  les  cotes  de  Provence,  ilasuccombe 
^  cette  maladle  dont  il  n'^tolt  pas  encore  bien  gueri , 
etil  est  mort  a  Nice,  le  19  novenibre  1801.  Huit  jours 
avant  samort,  la  section  d'astrouomie  I'avoit  presente 
pour  la  place  vacante  a  I'lnstitut.  J'ai  public  la  no- 
tice de  ses  travaux  dans  \e  Moiii(eur  du  24  frimaire 
(  i5  d(?cembre  1801  )  et  dans  le  dernier  volume  de 
ce  journal. 


ARCH^OLOGIE. 

^IN  de  la  Dissertation,  stir  le  costume 
des  Furies  dans  la  tragedie  des  anciens , 
et  sur  les  monumens  antiques  ,  traduite 
de   I'allemand  de  31.   Charles  -  Augiiete 

BCETTIGERJ  par  le  C.   WiNCKLER  (*), 

XJ'apres  ce  qui  a  €K^  dit  jusqu'a  present ,  les  diF- 
ferens  doutes  sont  eclaJrcis  ;  le  costume  des  Furies, 
iel  quil  a  el6  cree  par  JEscliyle ,  est  determine,  et 
les  flambeaux,  ainsi  que  les  serpens,  n'en  font  plus 
partle.  Qu'on  compare  maintenant  cette  forme  an- 
tique ,  severe  et  primitive  ,  avec  les  traditions  (87) 
Vulgaires  sur  le  costume  tragique  de  ces  divinil^s 
vengeresses ,  et  I'on  trouvera  que,  dans  le  premier 
cas  ,  malgre  toute  leur  laideur  ,  il  n'y  a  rien  de 
$uperflu  et  que  tout  est  determine,  tandis  que, 
dans  le  dernier  cas,  tout  est  arbitraire  ,  et  forme 
im  melange  bizarre  d'all^gorie  ancienne  et  mor 
derne. 

( •)  Voy.  Mngasin  Encycl.  Annie  VII ,  t.  IV,  p.  433.  t.  Y,  p.  33. 

(87)  Void ,  pour  n'en  citer  qu'un  exemple  ,  corainem  Josua  Barnes 
^ecrit  le  costume  tragique  des  Furies  (  ad  Eurip.  Here.  Fur.  882  )  : 
tt  Spectahantur  capitibus  serpentibus  crinitis ,  vultibus  tetricis 
•c  ec  horrendis  ,  cruentis  et  flammantibus ,  alls  coriaceis,  cruribui 
«  longis,  macris  et  macilentis ,  nianimis  foede  exserlls,  yac/Auj 
«  sanguineum  (juid  rubentilus  et  tonis  i  serpentibus  flagellU 
«  armnta: ,  palla  denique  sanjjuinc-a  vestita;.  De  quibus  passim  poeCio 
u  traeici.  >> 


176  Archceologiek 

Les  poe(es  dramatiqiies  et  les  artistes  des  fempj 
suivans  jiouvofent  ,  de  deux  manieres  ojiposees  , 
s'^!ois;ner  de  I'idi^e  d'.'Eschyle  sur  le  costume  de 
ces  cieesses.  L'lmique  but  du  poete,  en  representant 
ses  Furlts  bien  laides,  ^toit  d'excifer  la  terreur  et 
I'effroi.  Les  poetes  post^rieurs  pouvolent  aller  plus 
loin,  et  faire  par-la  nieme,  soit  a  dessein  ,  soit 
malgre  eux  ,  les  caricatures  les  plus  ridicules.  Voila 
le  -premier  icart  qui  ,  a  la  longiie  et  par  de  nou- 
velles  exag^rations  ,  ne  pouvoit  manquer  de  devenir 
extr^meiuent  desagr^able  et  rebutant.  Euripide  pa- 
roit  avoir  offert  malgre  lui  une  caricature  senibla- 
ble  ,  lorsqu'il  a  personnifi^  Xa.  fureur  [  Xiasu.)  ^  dans 
son  Her  cute  fur ieiix  ,  et  qu'il  I'a  fait  voir  aux  spec- 
"tateurs,  dans  un  char,  au  milieu  des  airs,  avec 
Iris,  au  dessus  de  la  maison  d'HercuIe.  Comme, 
dans  ce  cas ,  il  n'y  avoit  point  de  crime  capital  ou 
de  meurtre  a  venger  ,  le  poete  ne  pouvoit  pas  faire 
paroilre  de  Furies.  Mais  sa  Ljssa  est  la  sceur  des 
Furies  ,  et  possede  m^me  leur  laideur  dans  un  plus 
haut  degre.  C'est  ce  qu'ou  voit  assez  clairement  par 
ce  que  dit  le  choeur  des  vieillards  th^bains  (  v.  881 )  : 
»  Elle  descend  dans  un  char  ,  aiguillonne  ses  che- 
»  vaux  J  la  Gorgone  nocturne  ,  aux  sifilemens  de 
«  vipere  ,  a  cent  tetes  ,  Lyssa  aux  yeux  ^tincelans 
«  (88).  >•  Si  le  poete ,  comme  on  a  lieu  de  le  cioire  ^ 

(88)  Je  lis  avec  Reiske  ii{.»']cfxitp:i>iOi;  o(p£aii  'la^iiftacri  ,  au  lieu 
de  iKurav  Ki(pi:'Xaii  ,  o^iat  ix^^ij/Lias-i  ,  elc.  Ce  fantome  avoit  done 
une  tete  de  Gorgone  ,  aiitour  de  laquelle  etoient  des  serpens  arlificiels. 
L'image  (racee  pai-  Ovide  et  Stace  ,  de  la  Furie  qui  excite  la  Fureur , 
est  ridicule ,  a  force  d'Oire  anipoulie  ,  et  meiite  ,  par  cela  raeme ,  d'etre 


Fnnes.  i^T' 

«  fache  d'exprimer  par  le  masque  ce(fe  figure  laide 
de  la  fureur,  il  devoit  risquer  d'exci'.er  plutot  le 
lire  et  les  saicasmes  des  spectateurs  ,  que  de  rcl^pan- 
dre  I'effiol  et  la  (eireur.  Les  poeles  comiques ,  se- 
]on'  leur  usage  favori ,  cmployerent  dans  la  suite  ces 
figures  de  Furies  luventces  par  ^Eschyle,  pour  en 
faiie  une  caricature,  et  pour  amuser  le  peuple  par 
.toutes  sortes  de  farces  blzarres  (89).  II  paroit  que  la 
fameuse  Einpusc  qu'Aristophane  fait  rencontrer  , 
dans  la  piece  inllLu!t?e  les  Grenonilles  ,  par  son  Bac- 
chus peureux  ,  travesti  en  Heicule,  est  un  fanfome 
comiqiiC  de  cetle  espece ,  dont  la  premiere  idee  a 
ele  sugg(^r^e  vraiseu)blab!en)cnt  par  les  Eum^nides 
d'.Eschyle  (90).  Je  n'ose  pas  determiner  si  les  ar- 

examinee.  VinoiLP.  a  su  iviter  tous  ces  ecueils  par  le  dtguisement 
de  son  AIcclo ,  au  7.°  Ilvre  de  rAEucide.  A  cause  du  contraste ,  on 
ne  regieltera  pas  de  comparer  Nohnus  ,  in  Dionysiacis ,  XLIVj 
p.    1  154. 

(89)  SI  la  parodie  de  CRATinns  ,  iniitul^e  les  Euminides  ,  et  cite* 
dans  les  scholies  sur  le  52/. *  vers  ,  des  Chevaliers  d'A^isTorHANE , 
n'eloit  pas  perdue  ,  elle  nous  fournircfit  beaucoup  d'eclairclsseniens 
curieux  Sur  ce  point.  L'Oreste  /itrieux  iloit  une  expression  qu'on 
appliquoit  ,  a  Atli6nes  ,  frequeninient ,  par  plaisanlerie ,  a  un  volcur 
d'liabits  (^?^Cii?ToavT>is  ^  spoliator ,  dipouilleur) ,  bien  connu  a!ors. 
Voy.  Aristoph.  Acharn.  1166.  Av.  711  ,  1490-  Lorsqu'ABisTOrnANB 
(^Lysistrat.  808)  parle  du  niisanthiope  Tiinon ,  a  la  chevelure  h^- 
rissee  et  semblable  a  du  crin  ,  il  I'appille,  par  plaisanlerie,  wn  frag- 
ment des  Furies  (  f^muav  cCTfOffi^^  )  ,  et  un  liomme  dont  le  visage 
est  h^riss^  de  touffes  d'epines.  Ce  passage  peut  en  menie  temps 
faire  voir  que  le  masque  qu'^VEschyle  avoit  donne  a  scs  Furies  ,  sur  la 
scene  ,  devoit  elre  extremenient  hirisse  ,  et  couvert  de  polls  droits. 

(90)  Aristofh.  Ran.  agS  et  sulv.  La  demarche  des  FurlfS  qui  ,  selou 
les  idees  vulgaircs,  ne  Tout  jaruals  que  par  sauts  ;  et  qui  saisisseni  leur 

Tome  F.  M 


1  n^  Archaologie. 

tistes  ont  aussi  enlrepris  d'executer  des  carlcafurej 
semblables.  II  est  incontestable  que  la  figure  laide  , 
mais  cependant  humaine  ,  qu'on  a  trouvee  a  Metz, 
et  qui  a  ^t^  regaidee  comme  une  Fuiie  (qi),  n'eo 
est  pas  une  ,  de  m?me  que  THecate  triforme  sur  les 
medailles  et  les  pierres  gravies ,  que  d'babiles  aa- 
tiquaires  meme  oat  jouvent  pris  pour  une  Furie 
d'apres  I'anciea  style  (92).  II  me  paroit  du  moins 

proie  en  ne  faisant  qu'nn  senl  eTan  ,  a  pcat-etre  donne  I«  premiere  en- 
gine a  cetle  fable  populaire,  d'un  spectre  avec  un  seulpied  (  car  c'est  la 
le  seas  etymologique  d.'iti'zriiroi  }  Tautre  pied  est  toujours  celoi  A  uo 
enimal ,  hiKrKO.t;  ,  Toy.  Ecstath.  ad  Odyss.  A.  p.  1704,  4r  ;  c'est 
encore  ce  qui  a  donne  lieu  anx  piedj  de  cheral ,  arec  lesqaels  lea 
peintres  chreiiens  ont  represente  le  d'able  ).  Les  poeles  comiqaes  sai- 
sirent  celte  idee  avec  enipressement,  pour  en  faire  une  canca'ure  sur 
les  Furies.  HzsrcHirs  (sous  ce  mot)  a  deja  obserre  quelle  est  l« 
meme  qn Hecate;  on  airribo*  do  moins,  a  tontes  les  deux,  d'ex- 
cker  le  Tacarme  des  spenres  (  iHtTtefiZieu  ,  yoy.  Hemsterhuts  ,  ad 
LcciAS.  D/c/.  Deer.  Ill,  t.  I,  p.  ao8)-,  et  si  Ton  compare  la  de- 
scription d'HicATE  ,  daiLj  le  Philopseudes  de  LrciEs  (  c.  I4  ,  t-  III, 
p.  42),  on  Terra  que  Tone  et  I'antre  offrent  une  caricature  epouran- 
table  des  Furies.  Par  la  suite  ,  I'usage  de  la  langue  n'a  atiribue  a  ce 
lantome  de  1  Empnse  que  lidee  de  la  Tariabiliie  de  la  figure.  C'est  ainsi 
cue  Demostbene  donne  a  la  mere  de  son  adrersaire  le  nom  d'Em- 
pose  (p.  270  ,  25),  et  1  auieur  da  Tralte  de  la  Danse  ,  qui  Se  troure 
parmi  les  oeorres  de  Lrazs ,  ( t.  U ,  p.  =79,  cnp.  19),  y  a  meme 
pa  trouver  an  pendant  d'une  danseuse  de  paniomimes. 

(91)  On  I'appeloit ,  a  Melz ,  la  P^echignaya ;  elle  y  e(o:t  scellee 
ians  le  mur  de  I'eglise  ,  et  a  ete  longtemps  I'objel  d'une  sainte  ve- 
neration. Cette  figure  est  gravee  dans  Cati.cs  ,  Recueil ,  I.  V,  pi.  119, 
a."  5,  p.  552. 

(92)  TTne  medaille  d'.^nftocAe,  frappee  sous  I'empereor  Philippe « 
)e  fils  a  poor  type  la  figure  connue  d'Hecale  triformis.  SEGcra  ,  danj 
HI  Sumi  telecci ,  p.   177  ,   et  Patoi,  p.  538  ,  ojuj  tobIu  y  recon- 


I 


"Furies.  i  79 

ties-vVaisemblable  qu*on  a  figure  et  peint  Ics  Fuiies 
avec  toiite  la  laideur  qu'.'Eschyle  leur  avolt  donne'e 
dans  I'oi  igine  ,  en  les  niettant  sur  la  scene  ,  ef  qu'oa 
a  fait  de  meme  a  I'^gaid  dc  la  detestable  Ker  (gS)  , 
qui  s*en  rapprorhoit  ,  sous  tons  Ics  rapports.  Ceperi- 
dant  je  iie  crois  pas  que,  dans  ces  temps  recules, 
on  en  ait  fait  des  caricatures  ridicules.  Celles-ci 
ne  paroissenf  etre  nees  que  dans  les  temps  post^rieurs 
k  Alexandre,  et  s'etre  develop pc^^es  surtout  a  la  cout 
de  ses  successeurs ,  lorsque  le  luxe  ^tf)it  par- 
venu au  plus  haut  degve  ,  et  que  le  goiit  ^loit  ex- 
tremement  raflSn^  (94)' 

Eoitre  une  rurle.  Spanheim  (ad  Julicni  Coesfrr.") ,  et  Catlus  (t.  IV. 
pi.  80.  5),  ont  comniis  la  menie  einui-.  F,l!e  a  o!e  rclevte  cleja  p.tr  Les- 
6ING,  dans  son  Laocoon  (  I.  IX  de  la  collection  de  ses  OEuvies  , 
p.  161). 

(95)  Sur  la  caisse  de  Cy'pselus  (  TArsAN.  V,  19  ,  p.  S4  )  ,  on  voyoit 
derriere  Tteocle  la  Kijp  armee  de  griffes  et  de  dents  d'anlmal.  On 
consulteia  i  ce  stijet  les  observations  de  Lessing  ,  dans  sa  dissertation 
sur  la  nianiere  de  represenler  la  niorl  cliez  les  anciens  ,  tradulie  dans 
le  Recueil  de  pieces  int^ressantes  ,  concernant  les  antlquites  , 
les  beaux- arts  ,  les  belles-leitxes  et  la  -philosophie.  Paris,  clicz 
Jansen.  An   11,  t.  II  ,   p.  i  et  suiv. 

(94)  Le  Tliersite  d'HowERE  avoil  d-'ja  donne  la  premiere  idee  de  I4 
c.wicature  ironique  ,  qui  se  moiitre  dans  la  difroimlie  et  la  defiguratioa 
des  traits  du  visage  chez  les  indlvidus.  Celle-ci  etoit  probablenient  aussi 
■ncienne  clffez  les  Grecs  ,  qiie  I'ancienne  ci  medle  el)e-nieme  ,  qui  devoit 
presenter  miile  occasions  pour  offrir  de  senibl.ib!es  c.'.iicatur^s.  Si  nous 
connoisslons  exactement  la  loi  des  Thebains  (  AF.lien  ,  Vcr.  Hist.  IV,  4^» 
«clon  I'explicatlon  de  Lessing),  et  raventiire  d'Hipponax  avfc  les 
sculpteurs  Biixalus  et  Antliermus  ,  I'antiquite  de  cette  isp6cc- de  cari- 
cature seroit  sufHsamment  prouvee.  Mais  les  Ghezzijoyeux  et  ngria- 
ties ,  oil  Ton  n'eniploya  ,  pour  divertir  le  peuple  ,  que  desmyihes  con- 
nut   el   Iravestls,    et    qui  fureut  tres-friquemmeut  en  us.Tge   dans   les 

M  i 


1^0  ArcfKEolog'ie. 

11  y  avolt  cepcndanl  encore  line  autre  maniere  d^ 
s'eloigner  tie  la  ligne  fracee  par  /Escliyle;  et  celle* 
ci  nous  conduit  directenient  a  la  supreme  loi  de 
tous  les  arts  chez  les  anclens  Grecs ,  c'est-a-d!re  , 
a  la  hcautc.  Lessing  ,  dans  son  Laocoon  {  CEiivres  y 
t.  IX,  p.  3o  )  ,  d !t  :  ..  II  y  a  des  passions  qui  se 
<<  manifeslent  sur  le  visage  ,  par  des  grimaces  et  des 
«  contorsions  laides  ,  et  qui  an(?anlissent  toutes  les 
«  belles  lignes  par  des  attifudes  iorcces.  Les  an- 
«  tiens  artistes  s'cn  abstenoient  ou  tout  -  a  -  fait , 
«  ou  ils  les  adoucissoient  au  point  qii'elles  ^loicnt 
x  compatibles  avec  un  certain  dcgr^  de  beaut^. 
<i  Ancun  de  leurs  ouvrages  n'^toit  ddfigur^  par  la 
«  fureur  et  le  desespoir  :  j'ose  affirmer  qu'ils  ii'ont 
"  jamais  Tc^ircseiite  line  Furie,  »  Cet  aiitiqiiaire , 
aussi  ing(?nieux  que  prudent  ,  n'auroit  pas  avance 
line  assertion  aussi  positive,  s'il  n'en  avoit  point 
d^velopp^  les  raioons  d'une  maniere  si  evidente  dans 
son  ouvrage.  Le  poete  pent  bien  employer  des  for- 
mes laides  pour  produire  la  terreur  ;  et  ,  dans  ses 
Euui^nides,  iEschyle  a  fait  grand  usage  de  cette 
liberte,  nieme  sur  la  scene.  Comme ,  dans  lapo^sie, 

diames  satyiiques  des  Grecs  et  les  jeux  atellans  des  Campaniens,  sup- 
poscnt  deja  uiie  maniere  fixe  et  geniralemcnt  recue,  une  cerialne 
convention  de  representor  les  diviniles  et  les  mythes  dime  manieie 
uniforme.  11  n'est  question  ici  que  de  ces  dernieres;  et  il  parott ,  en 
effet.  qu'elles  sent  d'origine  moins  ancieniie.  Qu'on  se  rappelle  la 
vase  ,  qui  ropreseule  Jupiter  et  Mercure  au  moment  ou  ils  se  prep.irent 
a  monter  i  la  fenetre  d'Alcmene  (  AVinckelmann ,  Mon,  ined.  n.*  190), 
ou  la  caricature  d'AEnee,  portant  son  pere  et  conduisant  Ascagnc , 
changes  tous  en  cynocephales.  Voyez  Vitture  d'Ercolano,  t.  IV, 
p.  568, 


Furies.  \%i 

]es  parties  sesuccedent,  au  ]ieu  de  coexister  comme 
dans  un  monument  del'ait,  IVfFet  d^sagreable  dis- 
paroit  prcsque  entieremcnt.  Quelque  r^butant  et 
terrible  qu'ait  et^  le  masque  de  Gorgones  ,  dans  les 
Eum^nides  d'^Escbyie,  I'aspect  des  Furies  n'^foit 
pent- tide  r<?voltant  que  dans  la  scene  oil  I'ombre 
de  Clylcmnestre  les  trouve  endormies,  parce  que, 
dans  (out  le  reste  de  la  piece  ,  les  spectateurs  les 
voyoicnt  ton  jours  en  action  ,  et  dans  une  action, 
qui  se  d(?veIoppoit  sans  cesse  ,  dont  I'int^ret  alloit 
en  croiksaut,  de  sorte  qu'ils  oublioieat  facilement 
ce  que  leur  figure  avoit  d'horrible  ,  a  cause  de  I'im- 
portance  et  du  denouement  du  proces  que  Tslinerve 
doit  decider  entre  Apollou  et  les  Euraenldes.  11 
u'en  est  pas  de  menie  dans  les  ouvragcs  des  artis- 
tes ;  le  d-.goiit  et  la  laideur  y  sont ,  pourainsi  dire, 
fixes ,  ils  ne  peuvent  done  pas  devenir  I'objet  de 
I'arr. 

Les  artistes,  pour  qui  Oreste  aglt^  par  les  Fu- 
ries a  ele,  des  les  temps  recul^s,  un  sujet  favori , 
ii'ont  done  jamais  rcpr^sentd  ces  dresses  vengeresses 
dans  toute  la  laideur  que  le  poete  dramatique  pou- 
volt  et  devoit  Icur  donner.  L'alticisme  qui  fit  don- 
ner  a  ces  divinitcs  le  nom  des  irrilecny  influoil  aussi 
sur  les  representations  des  artisles  qui  laciioient  tou- 
jours  de  les  rendre  ideales.  C'e^t  pourquoi  ils  n'ont 
laiss^  aux  Eumenides  de  s^veiii^  et  de  syaiboles  ca- 
ract^risliques ,  qu'autant  qu'il  leur  en  t'alloit  pour 
designer  les  dresses  vc/icrubL's,  C'est  ainsi  que  peu 
apeula  ttte  de  Gorgone,  qui  resseaiblolt  infiuinunt 
a  I'ancien  masque  des  Furies,  se  cbangea  en  I'idf/al 

'm  3 


1 8^  Archceologie. 

accompli  de  la  beauts  feminine,  severe  ou  seneuse^ 
seniblable  a  la  Mcduse  de  Sirozzi  (qS).  L'id^e  de 
^ihasseiesses  ,  qui  ss  trouve  d^Ja  dans  les  Furies 
d'-i^sciiyle ,  donna  lien  a  transformer  insensiblement 
ces  mon^tres  en  tres-belles  nymphes  de  chasse.  Mais 
la  representation  tile  -  m^me  ne  perdit  rien  de  sa 
force.  Dans  tout es  les  figures  qui  nous  restent ,  c'est 
toujo  irs  rOreste  agite  et  inquiete  par  elles ,  qui 
nous  fait  connoitre  ,  par  sa  frayeur  et  son  efFioi, 
la  puissance  terrible  de  c^s  divinit^s  vengeresses^ 
dont  le  pouvoir  tranquille  n'inspire  plus  au  specr 
tateur  un  sentiment  d^sagrcable  de  baine,  mais  ce- 
lui  d'une  salnle  v^nt^'ration.  Qiiand  Lessing  ecrivit 
le  passage  qu'on  vient  de  ciler  (96)  ,  les  Furies 
^toient  encore  si  rares  sur  les  monumens  anciens, 
que  ,  parmi  tons  ceux  qu'il  indique  lui-nierae  (97)* 
il  n'y  a  tout  au  plus  qu'un  seul  vase  grec  (  appel^ 
alors  encore  ^trusque)  qui  en  ofFre  une  repr^senta,- 
tion  indubitable.  Depuis  cette  ^poque ,  on  a  delerre 
et  publie  (ant  de  bas-reliefs  et  de  vases  antiques, 
qu'on  peui,  facilement  donner  un  catalogue  assezr 
considerable  de  monuuiens,  sur  lesquels  on  recon- 
poit ,  au  premier  aspect ,  des  scenes  de  Furies.  Mais 
tous  ces  monumens  confirment  I'assertion  de  Lei- 
sing,  que  les  artistes  anciens  n'ont  jamais  figut^ 
des  Furies^  mais  bien  des  Euindnides  ideales  ^  et 
qu'ils  ne  se  sont  pas  lalss^s  detourner  du  bon  che- 
Hiin  par  les  descriptions    des  pontes  ,    qui  ne    sau,- 

(gS)  Voyez  la  premieie  planche. 

(96)  Supra  ,  p.  180. 

^9^)  OEuTies,  Yol.  IX,  p.  5o  et  i58. 


I 


Fanes.  i83 

Soi'ent  jamais  (?tre  assez  tenlbles  e*  eiTroyables.. 
D'apies  les  idc'es  de  la  plus  halite  p.nlJquife  le* 
Furies  ctoient  to'.>joiirs  occupt^es  a  venger  le  .near- 
(re,  a  punir  les  criminels  ,  ou  ,  selon  les  idees  des 
temps  moins  recalls,  a  exciter  a  Ja  guerre,  et  a 
inspirer  la  fiireur  et  le  d^lire.  Un  artiste  sense 
ce  pouvolt  done  Jamais  vouloir  repvesenter  une  Fu- 
rie  seule  et  isolee.  On  pourroit  dire  que  la  Furie 
cesse  d'etre  une  Furie  ,  des  qu'on  la  consldere  iso^ 
\(:e  et  sans  etre  en  liaison  avec  d'autres  figures* 
Celfe  consideration  seulc,  qu'on  pourroit  appliquer 
adifxi'rens  autres  elrcs  alKgoriques  de  i'anliquit^, 
tels  que  /a  A/o77  ,  les  Panjues ,  Belhne  ,  Nemesis, 
etc,  auroit  du  prv^server  les  antiquaires  de  diffe- 
lentes  nl(:^pri^:ps  (98)  ,  et  leur  faire  reraarquer  une 
faute  essentielle  dans  nos  allegories  modernes  (99)« 

(98)  C'esI  ainsi  que  la  ferame  isolee ,  armee  d'un  poijjnaifl  ,  qu'oa 
Tolt  marclier  d'un  pns  rtienacant  sui'  une  bello  cOrnalme,  Ae  la  collec- 
tion ds  Slo.sch  (  Class.  II  ,  n."  556  )  ,  fisjur^e  dans  le  Choix  des prin- 
tipales  pierres  grovees  de  la  coUeccion  du  baron  de  Stosch  , 
par  M.  ScHLicHTtGROtt,  t.  I',  n."  46  ,  n'auroit  jamais  du  etie  indi- 
quee  romme  une  Furie  ,  ainsi  que  I'a  fait  Winckelmasn  f  Bibliothek 
der  Schoenen  VP'issenschoften,  1 ,  3o  )  ,  et  Raspk  (  Catalogue  de 
Tassie,  n.o  i5i4),  niais  comme  une  Medoe  qui  va  assassiner  ses 
enfaiis,  invicta  /erox^ue ,  se\on  I'exjiiession  d'HonACE  (j^rs  poet.  12.3, 
comp.  BoETTiGER,  Vasengemo'lde  II,  i6S).  On  auroit  du  observer  que 
I'artiste  peut  bien  se  pcimettre  de  ligurer  isolie  une  femme  dans  le 
feu  de  la  passion  ,  mals  noo  pas  une  Furie  vengeresse.  Lessing  ,  dans 
son  Laocoon,  p.  i58  ,  avoit  dtja  fait  I'observation  que  cette  figure  ne 
rcpri^senie  point  une  Furie. 

(90)  Le  grand  defaut  de  presque  toutes  les  al!cgir:es  modernes  esr  , 
qu'au  lieu  d'inventer  une  action  ,  par  laquello  les  figures  allugoriques 
»'exp!iqucroient  elles-memes  ,  les    artistes  lachcnt  de  supplier  le  vide 

M  4 


X  S.j.  Archccologle. 

En  efFet  ,  tou(es  les  fois  que  ,  siir  les  monumens 
antiques,  il  y  a  des  Furies,  elles  sont  re]n(?sent^es 
en  action  avcc  d'autres  personnages  (loo).  La  re- 
presentation la  plus  remarquable  de  cette  espece , 
se  voit  sur  un  vase  d'argent ,  trouv^  dans  le  port 
d'AiJzio  ,  ef  qui,  du  temps  que  Winckelmann  a  pu- 
blic ses  Moniimenti  aiitichi  inecUti ,  appartenoit  au 
cardinal  Neri  Corsini:  II  est  assez  remarquable  que 
Pline  fait  aussi  mention  de  deux  vases  pareils  ,  sur 
lesquels  on  avoit  figure  en  relief  Oreste  absous  par 
I'Avt'opage  (loi). 

de  leur  allc-goiie,  en  surcliargeant  la  tneme  figure  d'attiibuts  symbo- 
lifjues  ,  que  personue  ne  compiend  ,  paice  qu'ils  sont  tiop  arbitraires  , 
et  que  la  crojance  populaire  ne  les  a  pas  consacres  de  manleie  i  de- 
venir  des  hietoglyphes  ronniis  de  tout  le  monde,  comme  I'etolent 
clipz  les  anciens  les  animaux  consacres  aux  dieux  ,  et  les  instiiimens 
du  cnlte  ,  tels  que  le  tiepied  ,  le  tliyrse  ,  le  caducee,  le  trident,  la 
foudre ,  etc.  Pour  sentir  rela  tres-vlvemenf ,  on  n'a  qu'a  comparer  les 
allegories  inventces  par  Rode,  et  expliqiiees  par  Ramleu. 

(100)  Si  toulefois  on  ne  veut  pas  regarder  comme  one  Furie  un 
fahtonie  ttrusque  ,  appele  Volta  (  -voy.  Pline  ,  II ,  53  ,  et  Bonarota  , 
ad  Dempster  ,  Etrur.  Regal,  p.  24  ).  Celle  -  ci  se  voit  aussi  isolee. 
C'cst  encore  a  cela  qu'il  faut  ,  b.  ce  qu'il  paroif ,  rapporler  un  petit 
bron?^  ,  qu'on  regard?  comme  une  Fuiie  ailee,  et  qui  se  trouve  dans 
le  plusia  du  Card.  Borgia  a  Velietri.  Voy.  Heeren,  Cointnentatio  de 
cf).   ccelato  atitiquo  (Rom.    1786),   p.   29. 

(101)  Pline  (XXXIII,  12  ,  s.  56)  ,  dit  :  «  Zopyrus  Aeropagitas 
«  et  judicium  Oreslis  in  duobus  scyphis  HS.  XII.  eestimatis  cte- 
«  lavit.  5>  Comme  Pmne  n'indique  que  la  somme  lolale  dts  deux  vases^ 
il  y  a  lieu  de  croire  qu'on  ne  les  separolt  point ;  que  hs  reliefs  qui 
s'y  trouvoient  fornioient  un  seul  cercle  nntliique  ,  et  q;ie  ,  par  con- 
seqnent ,  les  deux  vases  faisoient  pendans.  Selon  I'exprcssioii  des  an- 
ciens,  ces  pendans  etoient  appeles  une  synthesis  ou  par.  (Voyez 
ViscoKTi,  ad  Mus.   Pio-Clem,  t.  V  ,  p.   4S  «ot- c.  )•    D'apies  cela. 


Furies.  1 85 

Le  vase  trouv^  a  Anzio  et  public,  la  premiere 
fois  en  entler,  par  WinckelMann  (  Mon.  incd.^ 
n."  i5i  ),  repr^sente  la  scene  ou  Oreste  est  absous, 
dans  Je  raoiuent  critique  nierae  on  Mineive  jette  la 
piene  decisive  (102)  dans  I'urne.  Celte  repi^senta- 
tion  ,  qui  se  retrouve  aiissi  sur  des  picrres  gravies 
et  des  lampes  (io3),  paroit  avoir  ii^  une  des  repre- 
sentations favorites  des  anciens,  et  connue  par  quel- 
que  ouvrage  C(*!ebre  de  sculpture  ou  depelnture, 
qui  representoit  le  Jugement  d'Oreste  ,  ait  raonient 
oil  Mlnerve  jette  dans  le  vase  la  petite  prerre  qui 
decidoit  du  sort  de  I'accus^  (104).  Dans  ['explication 

il  est  ■vraisemblable  que  le  premier  vase  represontolt  Orcsle  accusi  , 
el  le  second  (domic  vase,  publie  par  WrNCKEXMAHN,  ilaiis  ses  Mon. 
incditi ,  n."  i5i  ,  paroit  etre  line  coplej  ,  representoit  Oresle  absous 
de  I'accusalion.  L'idee  de  I'une  et  de  raulre  representation  etoit  pris« 
des  F.umenides  d'AEschyle. 

(102)  Tov  Aif,ia.<;  ij/^ipav.  Voy.  AEschyl.   Eumenid.  ■]'2.7% 
(io3)  Bellobi,   Inc.  fict.  II,  40  ,  ed.  Beger.  dllANCAKviLLE ,  Jn- 
ticjuitis  etrus^ues,  II,  80. 

(104)  La  copie  la  plus  elendue  de  cet  ouvrage  sVst  conservee  sur  le  v«e 
d'argent  dont  il  est  ici  quesiion.  Comme  d'autres  artistes  n'avoienl  pas  tou- 
jour* assez  de  place  pour  copier  la  scene  enticre  avcc  toutes  les  figures  , 
ils  clioisissoient  ,  soil  les  figures  principalcs  ,  telles  que  iir/nerce  ,  avec 
Pylade  et  Electre ,  qui  se  rcjouissent  du  bonheur  d'Oreste  (comme 
sur  uu  camee,  dans  Cayius  ,  II,  44,  2,  ou  cet  auleur  donne  quel- 
ques  fausses  explications  ,  parco  qu'il  ue  pouvoit  pas  a'ois  comparer  cetta 
fij^ure  avec  le  relief  entier  du  vase  ,  publie  depuis  par  W'inckelmann  )  , 
soit  Minerve  seule ,  comme  on  la  voir  sur  line  cornaline  du  cabinet 
de  Vienne  (Eckiiel,  pierres  gravies  de  Vienna  ^  n."  21,  compari 
avec  d'HANCAiiviiLE ,  II,  So),  et  sur  quolques  lampes  en  lerre  cuite. 
(  Voy.  Bellohi  ,  Luc.  fict.  li,  40,  ed.  Beger).  L'essentiel  est  rou- 
joi.rs  (Ic  irouver  I'oi  iginnl  June  s^iie  enticre  de  monuinens  sur  un  mem> 


J  86  '^^rchcEologie, 

de  ce  vase  ,  Winckelmann  (io5)  a  ^tal^  beauconp. 
n'^rudition  ;  mais  11  a  cependant  tnan.ju^  le  point 
Cisentiel  que  se  proposoit  I'artiste,  c'est-a-dire ,  de 
montrer  la  douleuf  ae  ct-lles  qui  avoient  accus^ 
Ore?!e,  et  la  )oie  de  celiil  qui  est  absous  ,  ainsi 
qtie  de  ceux  qui  s'lntdrrsseiit  en  sa  faveur,  an  mo- 
ment que  Minevve  jctie  drins  le  vase  la  pierre  qui 
I'absoiit.  Aupi  «s  de  J;*^  tablie  siir  laqucU'^on  volt  le 
vase  { ;4«fWoj  )  ,  et  en  face  de  Minerve,  iJtst  I'une 
ties  Furies,  debout.  Le  ycmlcau  qu'elle  tient  dans 
la  droite  ,  la  d^si-^re  suIHsamment  comme  celle 
qui  accuse.  Sa  t€te  ,  pcnch^e  en  ayant  ,  exprinie 
tres-bien  Ja  douleur  qu'dle  resscnt  sur  la  delivrance 
de  celur  qui,  par  son  eriaie  ,  dcvolt  lul  appartenir. 
Derrieie  Minerve  ,  on  voit  une  seconde  Furie,  assise 
sur  line  pierre  brute  (106):  son  attitude  et  ses  gestes 

mythe.  Des  qu'on  I'a  trouve  ,  onpeut,  pour  ainsi  dire  ,  faire  la  genea- 
logle  (le  la  lamille  entlere  de  moniimens,  et  cela  sert  iiifininient  i  rex- 
plication  de  chacun  en  partlculier.  A  cet  egard,  ih  y  a  encore  beaucoup 
e  dcsirer. 

(io5)  Mon.  ant.  ined.  p,  203-207. 

(106)  C'est  sans  doute  le  Ai^o?  iimas  ,  sur  lequcl  Taccusateur  se 
placoit  ,  scion  I'usage  des  anciens.  Voy-  Pausan.  1 ,  2.8,5,  p.  108,  oii 
i\  faut  lire  ,  avec  GoldhAcek  (  dans  sa  traduction  allemande  )  ,  ><i^iSS 
df/m  ,  au  lieu  d'apyupS?  (pieires  brutes,  au  lieu  de  pienes  d'rjr- 
gent).  L'ancicnne  lecon  n'ofQe  point  de  sens ,  et  Facius  a  eu  tort  de 
la  conserver  dans  le  tcxte.  Le  relief  du  vase  de  ■Winckelmann  fai 
voir  que  cette  correction  est  juste.  On  y  voit,  en  effet,  une  piene 
i/rute.  Aa  reste  ,  on  ne  doit  pas  elre  cheque  de  ce  que  Clement  d'A- 
lexandrie  donne  a  ces  pierres  le  nom  de  fidf^oi  (Meuhs.  in  Areopag, 
c.  2;  Davis,  ad  Cic.  de  legg.  II,  11  )  ,  parce  que  cette  expression 
est  employee  de  chaque  base  de  piene,  sur  laquolle  on  peut  se  placer. 


Furies.  187 

cut  I*expression  la  plus  vive  de  la  douleiir.  Elle  resi 
semble  en  tout  a  la  preniieie,  et  on  a  lieu  d'etre 
<?tonn^  que  Winckclmami  y  ait  pu  voir  Epigone, 
fille  d'.'Egisthe.  De  I'aulre  cote,  on  voit ,  derilere 
le  cadran  solaire  (107),  Pylade  et  Electrc  avec  I'ex- 
pression  de  la  jole  la  plus  vive.  L'aitiste  a  eu  la 
belle  idt'e  de  ne  pas  encore  faire  participer  a  cette 
joie  Ort'ste  qui  se  trouve  derrlere  I'une  des  Furies. 
Car  il  n'est  pas  encore  solennellement  delivr^  da 
pouvoir  des  divinit^s  vengeresses  ;  il  est  toupurs 
leur  victime  non-sauglante  (108)  :  I'expression  dela 
joie  ne  lui  conviendroit  done  pa?.  Ce  qui,  dans 
cette  representation  ,  me;  ite  suvtout  notre  attention, 
c'est  la  figure  des  deesses  vengeresses  qui  sont  en- 
core toujours  represen((?es  comrae  etant  irritees.  Niais 
elle  differe  beaucoup  de  celle  qu'iEschyle  a  donn^e 
a  ses  Furies  :  il  n  en  est  resle  qu'un  certain  degre 
de  sdv^rite.  Au  lieu  de  la  clievelure  h(?rissee  de  ser- 
pens, elle  I'a  seulement  couple,  tandis  que  les 
i'emmes    ne  coupoient   jamais  leurs  cheveux ,  niais 

Voy.  Valckenaer  ,  in  Dissert,  de  Ric.  Jur.  c.  4  »  ?•  43.  Furipidb 
(  Iphig.  in  Taur.  962  )  les  appelle  fiuC^.  Voy.  Musgeave  ,  stir  C3 
passage. 

(107)  Le  radran  solalie  est  sans  doule  qiiclque  chose  cl'extraordinaire 
dans  ccite  representation.  Mahtini  ,  dans  sa  dfsserialion  sur  les  ca- 
drans  solaires  des  anciens  (  f^on  den  Sonnenuhren  der  yilten)  ^ 
ii'a  pas  ronnu  ce  monument.  La  clepsvdre  ,  qui  servoit  a  determiner 
lo  temps  que  les  anciens  oraleui  s  pouvoicnt  employer  a  leurs  discours  , 
^jolt  dlflicile  k  representer  sur  un  monument.  C'est  pour  cela  que  I'ar- 
tiite  a  prefer^  de  figurer  un  cadran  solaire ,  pour  indlquer  en  fjeiie- 
1-1  qu  on  n'y  parle  que  pendant  un  espace  de  tenips  determine. 

(:o8)    Avcii^eiTov  lZoTK>;uet.  ALscaxL.  EumdniJ.  2^5, 


1  oo  ArchcEologie. 

qu'elles  en  formolent  ou  des  tresses  ou  des  boucl"eS;, 
ou  qii'elles  les  laissoient  tomber  sur  Jes  ^paiiles  quel- 
qiiefois  dans  les  P^tes  ,  quelquefois  aiissi  pour  t^- 
moigner  le  deuil.  La  cheve'.ure  couple  (109)  indi- 
qiie  d(^ja  la  foncdon  s^rieuse  efc  severe  ,de  la  d^esse 
Venerable,  et  lorte  la  ienue  de  son  corps  et  sa 
nunc  qui,  du  leste ,  n'est  pas  defigurde  par  quelque 
trait  de  laideur,  convient  tih-bien  a  cetfe  meme 
foncjion.  Elle  n'est  veLie  qua  d'une  aeule  tuni- 
que  (no).  C'est,  pour  aiasi  dire,  un  signe  de  la 
sev^ril^  de  la  d^esse,  qui  s'Interdit  tout  iuperflu, 
toufe  espece  de  luxe  dans  ses  v^temens.  Cette  tu- 
nique  descend  jusqu'aux  pieds  (in),  comme  nous 
I'avons  remarqu^  dans  celie  des  Furies  d'yEschyle  , 
a  cela  pres  qu'il  n'y  a  pas  la  bordure  en  bas.  C'est 
done  dans  le  vetement  et  la  ccinture  que  I'artiste  est 
rest^  fidelle  au  costume  cr^6  par  le  pere  de  la  Ira- 
g^die.  Mais,  au  lieu  du  baton,  il  lui  a  donnd  un 
flambeau  dans  la  main,  A  cela  on  pent  dire  que  ce 
symbole  etoit  necessaire  po  -r  bien  caract^riser  la 
figure  ,  et  que  cette  liberty  doit  etre  accoid^e  a  I'ar- 
tiste, lorsqu'il  n'a  pas  d'antremoycn  pour  bien  d^ter- 
ipiner  les  pevsonnages.  C'est  ainsi  encore  qu'il  a 
doiin^  un  rouleau  a  celle  qui  faisoit  les  fonctlons 
d'accusateur ,  quoique  ,  dans  ^Escbyle  ,  il  n'cn  soit 
pas  question.  Cette  representation  est ,  entre  aulres  , 
lemarquable  en  ce  que  la  Furle ,  qui  y  est  d^ja  em- 

(log)   Kspci  •niv^if.ii^q  dans  I'.^/cejwy Etjkipide  ,  5i5,  et  dans  plu- 
sieurs  antics  passages. 
(110)    MOVO-^ITA'V. 


Furies,  189 

l!)el]ie  (112),  n'est  c:iract^ris(^e  que  par  le  flambeau, 
et  qu'elle  n'a  point  de  serpens. 

Les  deux  figures  de  Furies  sur  le  vase  d'argent 
de  Winckelmann  ,  different ,  non-seulement  par  les 
attribiits  qu'on  leur  donne  ,  mais  aiissi  par  leur  atti- 
tude et  leur  vehement,  de  plusieurs  autres  repve.en- 
tations  qu'on  voit  sur  des  bas  -  reliefs  de  marbre  et 
des  sarcophages  ,  oil  Oreste  est  poursuivi  par  les  Fu- 
ries. L'un  de  ces  monumens  est  un  sarcophage  du 
palais  Accoramboni  ,  a  Rome  ,  qui  represenle  ,  en 
trois  sections,  I'histoire  d'Oreste  aupres  de  sa  soeur 
Ipljigenie,  en  Tauride.  11  a  el^  public  et  explique 
savamment  par  Winckelmann  (ii3). 

La  premiere  section  on  le  premier  acte  de  ce  bas- 
relief  repr^sente  Oreste  §ur  le  rivage ,  lorsqiie,  apres 


(112)  Lorsque  Pax'sanias  (I,  28  ,  p.  io8),deciil  la  cliapelle  des 
Fillies  daus  I'Areopajfe  ,  11  parle  aussi  de  la  nianieie  dont  on  repre^ 
jcntoit  ces  deesses.  II  y  f.ilt  expressement  unc  observation,  dont  Les- 
eiNO  auroit  pu  llrer  grand  paili  dans  son  Laocoon.  Voici  les  expres- 
sions de  Fausakias  :  «  Dans  leur  fi{;ure ,  aiiisi  que  dans  celles  de» 
«  autres  divinites  infernales  ,  on  ne  voit  rlen  d'effroyable.  jj  C  ''"'^ 
^\  ayi^ficttrn  »t£  tsto/s-  £Kr£5-<v  k^sv  (^oZtfot  ,  are  os-ce,  uTiot, 
ccvcin'.ilc'^  Siiiv  Tiiy  UTtoyccmv'),  Pour  avoir  une  idee  frappante  du 
coiitraste  de  I'art  moderne  avant  1  epoque  oij  les  artistes  sont  revenus 
e  I'etude  de  {'antique,  on  n'a  qu'a  voir  I'eniplre  de  Pluton  sur  1« 
i^'iliheimshcehe  (moMagne  de  Guillaunie),  pres  de  Cassfl  en  Hesse, 
ou  Lien  les  gravures  qui  accompagiient  les  Choephores  d'AEscliyle  , 
dans  la  nouvelle  edition  du  Theatre  des  decs,  par  Rochbfokt,  eC 
le  C.  Du  Theil  ,  torn.  II  ,  pag,  gS  et  182  ,  compare  avec  le  bas- 
ri'lief  du  lorn.  XI  ,  p.  445  ,  emprunte  de  "Wi.nckelmakn  ,  mais  ttes-> 
uiodernise. 

(11  3)  "\'.  iNCKiiiuuN  ,  Monurn.  ant.  ined.  n.o  i49)P-  soo- 


tcjo  ./4  rchcBolo'gle. 

line  atfaque  de  la  fuieur  la  plus  violcnfe,  il  paroife 
revenir  ii  I'usage  de  sa  raison  ,  dans  les  bras  de  sod 
ami  P)lade.  Dans  la  tiag(?die  d'Euripide  ,  qui  pa- 
roit  avoir  <?t^  sulvie  par  le  sculpteiir  k  qui  nous  de- 
Vons  les  hois  scenes  de  ce  monument,  rapparitioa 
de  la  Furie  n'esL  qu'une  vision  d'Oreste  ,  mais  que 
I'aitiste  devoit  ici  necessairement  rendre  sensi- 
ble (114).  C'est  ce  qu'il  a  fait,  en  placant  la  Fu- 
rie (ii5)  dans  uue  espece  d'enceinte  et   au    dessus 

(114)  Voy.  EuRip.  Iphig.  in  Taur.  aSi-Soo.  Winckeimakn,  dans 
son  explication,  cite,  nial-i-piopos  (p.  200),  un  autie  passage  <3(5 
I'Oresie  d'EuRipiDE  ,  oi  Elcctre  fait  ce  que  Pylade  fait  ici  ,  et  oil  la 
scene  est  k  Argos.  Au  leste  ,  sur  notre  niarbre  ,  Oreste  ne  veut  pas 
s'e  tuer,  cdmnie  dans  I'Oreste  d'Euiipide  (v.  io65  )  ,  mais  il  veut  sa 
defendie  contre  la  Furie  qui  Tattaque.  (  Comparez  Iphig.  in  Taur.  299  ). 
Au  resle,  la  maniere  dont  I'auteur  de  ce  bas-relief  a  represenle  la  Furie 
qui ,  sur  le  theatre,  ne  parott  que  comme  un  spectre  ,  peut  servir  a  re- 
soudrela  question  de  savoirs'il  peut  etre  perinis  k  I'artiste  de  lepro-senter 
de  parcilles  visions  d'nne  maniere  sensible ;  ainsi ,  par  exemple  ,  qu'OEsEa 
a  represfinte  I'appaiition  que  le  comte  Etimont  a  dans  sa  prison.  Voy,  la 
vignette  du  titre  du  V.'  volume  des  ouvrages  de  Goethe.  II  paroit 
«Jue  les  anciens  ont  regarde  precisement  cette  apparition  des  Furies 
coninie  un  des  problemes  oil  le  peinire  pouvoil  surtout  monirei-  beau' 
coup  d'art  dans  la  maniere  de  concevoir  et  de  representer  des  visions, 
C'est  ainsi  que  les  anciens  ont  fait  I'eloge  d'une  peinture  de  Tlieon, 
qui  represeuloit  la  fureur  d'Oreste  (  Orestis  insania ,  Plin.  XXXV", 
J.  40  )•  En  comparant  ce  que  dit  Pline,  arec  le  jugement  port^  par 
Qi]I:jtii,ien ,  XII,  10,  6  ,  Concrpienciis  vislonibus,  ^mo^  ^ctvleis-ias 
■vacant  {  conipatez  VI,  2,  29),  Theon  Samius  prcestajitissimus , 
il  dtvient  Ires-vraisemblable  que  Theon  s'est  acquis  sa  reuoniniee  , 
surtout  par  cette  representation  des   Furies. 

(ii5)  Car  I'artiste  n'a  figure  ici  qu'««e  seule  Furie.  "Winckelmakk 
cite  k  ce  sujet  Plutarque  et  Eratosthenes,  qui  ne  parlent  Jegaleinent 
que  d'uae  seule  f  uric.  11  auroit  encore   niieux  pu  citer  Homere.  Lej 


Furies.  ipir 

tl'OreBfe.  Dans  ce  bas- relief,  tout  est  clt'ja  btau- 
coup  plus  arllficiel  et  plus  solgn^.  La  cheveluie  flot- 
tante  de  la  Furie  (  dans  laquelle  on  ne  dlstlngiie 
point  cepend;;nt  des  serpens),  et  son  vt'lement  xq- 
]ci€  par  le  vent,  luonlreiit  la  violence  avec  laquelle 
elle  se  jelle  sur  sa  proie  (116),  mieiix  que  ne  fe- 
loient  dcs  ailes ,  dont  les  artistes  se  sont  quelqucfois 
servl  par  besoin.  Autour  clu  flambeau  qii'elie  tijsnt 
dans  la  main  gauche,  est  entortill^  iin  gros  serpent, 
dont  la  tete  sifllante  menace  le  coupable.  L'artlste 
a  done  su,  par  une  composition  ingenieuse,  reunir 
les  deux  principaux  instrunjens  de  la  vengeance  des 
Furies  en  un  seul,  de  sorte  que  la  main  droite  de 
sa  dcesse  vengeresse  reslat  libre  ,  pour  pouvoir  I'ar- 
ttier  d'un  i'ouet  (iry).  L'id(;e    de  ce  relief  est  une 


poetes  posteiieiirs  pailent  A'line  Tuiie,  qii'Ils  anpelleiit  raliiee.  Cela 
a  engage  jcs  commeiUateurs  de  Virgile  de  presenter  toiitcs  sortes  de 
conjectures  sur  I'expression  Furiarum  Maxima  ,  .AEneid.  Ill , 
e52.  11  paroit  que  I'explicatlon  la  plus  nauirelle  se  trouve  dans  la 
lepresentaiiou  des  Euminides  d'AIisCHiLE  ,  une  seule  Furie  de- 
volt  ,  coiiime  coryphee  du  choeur  ,  y  porter  la  parole  ,  et ,  devant 
I'Areopage  ,  accuser  le  coupable.  Cclle-ci  etoit  appelee,  par  les  au- 
teurs  posttrieurs ,  Vain^e,  la  plus  -vincrable  de  ses  sosurs ,  dont 
on  Supposoit  un  assez  grand  nombre  ( agmina).  On  peut  comparer, 
e  ce  sujct ,  un  passage  d'EuaipiDE  (  IpJiig.  in  Taur.  965) ,  ou  Oreste 
raconte  lui-raeme  que  la  plus  ^gee  des  Eruinyes  t  w^ecos/p  >)W£p  I' 
,£p<ii»uft;v)occupou  I'un  des  sieges  ou  bases  ,  et  que  lui  etoit  place  sur 
I'autre. 

(iiO)  ETTtjifoi^ii.  AEschyi,.  Emnenid.  4i5. 

(117)  Le  C.  ViscoNTi  a  fait  figiirer,  dans  le  V.«  ToUime  du  Mnsie 
Pio-Cl^mentin  {f].  A),  un  fragment  rcmarquable  d'un  bas-relief  du 
pilals  de'  Circi  alia  pidacchia  ,  ou  Ton  voit  une  fitle   qui  u'a  ni 


kg2.  ArchcBoIogle. 

des  pl'js  Ingt'iiienses  et  des  plus  par faites,  et  la  figure 
tie  la  Furie,  en  particulii-r ,  est  d'une  expressiori 
extieoiement  vive  ,  et  une  des  plus  expiessives  que 
I'anticjuit^  nous  ait  laissee. 

Le  beau  bas-relief  du  palais  Baiberini,  publi(?  la 
premiere  fois  par  Winckelmann  (ti8),  nousoffre  un 
erand  nombre  de  Furies.  Ce  bas-relieFa  ^t^  fitrurd 
et  expliqu^  de  nouvcau  et  avec  plus  de  soin  ,  par  le 
C.  ViscONTC  (xig).  Ce  relief  represente  deux  ac- 
tions de  I'liisloire  d'Oreste  ,  d'apres  I'explication 
donnee  ,  prcsqii'a  la  ineme  epoque,  par  Heeren  et 
par  ECKHEL  (120).   Dans  la  premiere,    qui    paroit 

serpent,  ni  (lambcau,  mais  seulement  un  fouet.  Dans  les  passages  deS 
poeles ,  recueillis   par    La   Cerda  ,  sux  VyiEniide  de  Virgile  ,  VI, 
670  ,  et  VII  ,  45i  ,   il  faut  souvent  sous-eutendie  de  verllables  fouets. 
(iiS)  Monumenti  antichi  inediti ,  n.°  148. 

(119)  Museo  Pio-Climentino,  V,  pi.  22. 

(120)  HiiEKEN  a  donne  son  explication  dans  une  dissertation  inti- 
tulee ,  Commentotio  in  opus  cevlntum  Musei  Pio-Clementini ; 
Homte ,  1786,  clicz  Fulgoiii.  II  la  dedia  au  cardinal  GarampL  II 
donna  ensulte  un  exlralt  araplifie  de  son  explication  ,  dans  !a  Bibliothek 
der  alceri  Litteratur  iind  Kunst,  III,  i-52.  EckheI.  trouva ,  parnii 
les  pierres  gravecs  du  cabinet  de  Vienne  ,  un  camee  qui  repiesenle 
Taction  principale  du  bas-relief,  et  qui  ressenible  au  bas-ieiief  jus- 
qii'aux  plus  petits  details  {  Choix  des  pierres  gravies  de  p^ienne  f 
n."  20).  A  cette  occasion  ,  Eckhel  donna  Texplicalion  du  bas-relief 
ineine  ,  p.  48  et  suiv.  Comme  ce  inenie  sujet  se  retrouve  aussi  sur 
des  bas-reliefs  de  la  Villa  Giustiniani  (  Galerie  ,  t.  II  ,  n."  102)  ,  Bor- 
ghese  et  Pinciana  ,  on  pent  en  conclure  ,  avec  beaucoup  de  proba- 
bilile  ,  qu'll  ^  avoit  dans  I'antiquite  quelque  clief-d'ocuvre  celebre  q'li 
a  servi  d'origiiial  a  ces  diflerentes  copies.  La  conjecture  du  C.  Vis- 
conti ,  que  cet  original  pourroit  blen  avoir  ele  un  bas-relief  d'ua  yase  , 
ou  une  peiniure  d'une  patere ,  ne  paroit  pas  t.es-vralsemblable. 


Furies.  1 98 

f (re  la  princlpale  ,  on  volt  une  Fiiile  qui  sort  dei- 
riere  le  rideau  ,  et  qui  vient  poiirsiiivre  Oreste,  ;,u 
moment   ou    il  a  tu^   Clytenuiestre.    Elle   est  ,    tn 
grande  partie  ,    cacht^e  par  le  rideau  :  on  n'en  vo:t 
que  la  tete  et  une  partie  de  I'^panle.  Dans  la  gra- 
vure  exacte,    donnee   par   le   C.  Visconti  ,    on  voit 
tres-distincfement  sa  clu^velure  de  serpens;  mais  en 
voit  aussl  s'elever  un    serpent    furieux    et    iin    flam-* 
beau  ,  derriere  la  draperie  susjiendue.  Cela  convicnt 
parfailement  avec  la  fin  des  Clioephores  d'^schyle  , 
oil  le  meurtre  de   Clytentinestre   est    a    peine    con- 
somiii^,  qu'Ores'e  voit  les  figures  des  Furies,  dans 
un  premier  acces  de  fr^n^i-e.   Ces  divinites  ven^e- 
resses  se.  voient  encore   phi-;    disiinctement  dans  la 
seconde  action  ,   que  le   sculpteur  a    s^par^e  d'une 
maniere  fres- mal -adrnite.   On   y   voit   Gresie  qui 
quitte  le  trepied  d'Apollon  ,    et  qui  se  slisse  a  tra* 
vers  les   Furies    endormies,   de    la    in'*me    man-ere 
qu'il  est  represent^  dans  le  commencement  dtrs  Eu- 
m^nides.  On  y  apercoit  quatre  Furies  endormies  eC 
gro'ipees   avec  beaucoup   d'art,   et    dans    des   posi- 
tions tres-pittoresques.    Ce  sont  des  figures  beHe^  , 
plntot  jeunes  que  vieillcs,   mais  qui   n'onf  rien  de 
laid,  ni  de  violent,  ou  d'(  ffrovable.  L'auteur  de  cette 
repr^sentaiion   connoissolt  trop   bien   les  limiies  et 
les   conditions   de  son  art  ,    pour   croire    que  I'ar- 
tiste  pent  se  permettre   (out  ce  qui   est    peimisaa 
poete.  11  s'est  conten'^  de  donner  des  serpen-;  ct  des 
flambeaux  a  ces  belles  feniuus  endormies,    ■•our  in- 
diquer  que  ce   soat   les  divinites    veugeresses.    Les 
serpens  memes  sembleat  eire  apaisci ,  et  pnruciper 
Tome  I,  {J 


194  Archoaologle. 

au  repos  de  leurs  maitresses.  Dans  la  coiffure  de 
Ctlles-ci,  on  ne  voit  point  de  serpens;  I'une  d'elle* 
a  ni^nie  les  cheveux  noues  avec  assez  dVlegance. 
Toutes  scat  values  d'une  tunique  longue,  d'oii  sor- 
tent  les  bras  nus  depuis  les  ^panics.  Dans  la  gra- 
>ure  du  Mus^^e  Pio-Cltmentin  ,  on  voit  que  toutes 
sont  chaussees  du  colhurne  cietois  ou  de  chasseurs. 
Une  puis'^ance  sup^rieure  les  a  endormies ,  le  som- 
meil  les  a  surprises ,  lorsqu'a  force  de  poursuivre 
leur  prcie  ,  la  lassitude  leur  avoit  ote  les  forces.  La 
figure  de  ces  inonstres  liorribles  qui,  au  commen- 
cement de  la  piece  d'.'Eschyle  ,  repoussent  tout  par 
leur  ronflement ,  et  qui  inspirent  de  la  frayeur  meme 
«i  la  Pjthie  ,  est  ,  sur  ce  monument  ,  tellement 
adoucic,  qu'on  les  considere  sans  repugnance  (121). 
Mais  on  n'a  qu'a  observer  I'expression  avec  laquelle 
Qieste  s'eloigne  du  tripled  d'ApolIon  ,  en  enjam- 
bant  par-dessus  les  Furies  couchees  et  endormies 
par  terre,  pour  se  convaincre  que  leur  pouvoir  doit 
^tre  extr^mement  ^tendu  et  terrible.  C'est-la  ce  qui 
caracterisele  grand  artiste;  il  nous  montre  la  ferreur 
par  I'effet :  une  figure  horrible  ne  seroit  que  d^gou- 
tante  et  ridicule.  C'est-la  que  les  artistes  modernes 
ont  de  quoi  ^odier  !  —  L'une  des  Furies  a  une 
biirhe  d'armes  a  deux  tranchans,au  lieu  de  serpens 
et  de  flambeaux.  Cela  confirme  la  conjecture  avan- 
cee  plus  haut ,  que  vraisemblablement  toutes  les 
Furies  n'out  pas  dl^  armies  de  la  meme  maniere, 

(j2i)  Voy.  les  excellentes  observations  de  Heiren  ,  dans  sa  disser- 
atloa  citee  plus  haut,  p.  3a,  et  daus  I»  Biblicthek  der  alten  LitCf' 
ratur  und  Kunst,  111,  27. 


Furies.  ipa 

d'un  baton  ,  m^me  d'apres  I'anclenne  d^coratioa 
tragicjue  d'.'Eschyle  (la^).  Au  reste ,  cetie  hache 
est   tres- con  forme   a   un    passage  (i^S)  d'-^Esch^le  , 

(IJ2)  Sur  d'aoclens  vases  grecs  ,  on  Irouve  dc-s  Fuiies  avec  des  niar- 
teadx,  des  lances  et  d'autres  iiislruiuens  de  torture.  Voy.  Gori,  ad 
JMus.  etruscum  ,  I.  II,  p.  190;  Bonarota,  Explicat  arf  Dempster' 
Etrur.  Reg.  s.  26 ,  p.  4a. 

(laS)  AEscHYL.  Eumen,  180,  xjff.  (  ed.  Schutz  ,  ou  ,  i85,  ed. 
Stanlei),  «  Ce  n'esi  pas  dans  Ics  teiuples  que  vons  devez  babiter 
(  die  Apoilou  aux  Furies),  <•  mais  la  oil  la  jusiice  fait  execuier  ses  ar- 
te rets,  oil  I'on  tiaiiche  la  lele  ,  oil  on  cieve  les  yeux  ;  la  oil  Ton  n'a 
«  pas  nicnie  pitle  de  I'enfant  dans  le  sefn  de  sa  meie;  li  oii  Ton  niii- 
«  lile  les  je unes  garcons  ,  oil  Ton  coupe  le  ncz  el  les  orcilles  ,  ou  ou 
<c  lapide,  et  oil  les  Iiuilcmens  affreux  des  enipnles  exciteiit  la  com- 
«  mis^ration  des  passans ;  tel  est  le  spectacle  qui  vous  rejoiiit.  Voiii 
V  ce  que  fail  voir  toute  voiie  attitude  et  voire  exicricur.  »  Celte  apu- 
slrophe  et  ces  leproches  rcivolians  pourroient  en  cffet  etre  rappori^s  . 
«ix  ongles  aigus  de  ces  nionstres ;  nuis  TenseiiiMe  ressort  ono<Me 
bifn  plus  foitenient,  lorsiju'on  suppose  que  qnelques-unes  de  I,i  troupe 
«les  Furies  ont  porte  en  eU'et  des  instrumeus  de  bourreaux  ou  de  sup- 
plice.  L'expressiou  KajiuHftifiS  oiko^  ^  au  coinmencemem  de  ce  pis- 
sage  ,  convieiidroii  ties-bieu  it  la  liadie  servant  h  decapiter.  Dans  IV- 
iiumeratiou  de  ces  atiocitcs,  se  tiOJve  aussi  I'expression  ovriffAXToi 
tf^atpiifuj,  Conime  dans  ce  pa<;s.:ge  entler  il  n'est  question  (jje  u'e 
snpplices,  j'applique  cetfe  expression  plulor  a  I'atrocile  d'ouvilr,  ave.; 
des  instrumens  de  bourreaux  ,  le  ventre  dfs  femmes  enceintes,  qu'aux 
reniedes  qui  font  avorter,  comme  on  I'explique  commimemeiit.  On 
peut ,  a  eel  egard  ,  observer  en  general  qu'AEschvle  rite  a  desseiii  des 
niutilalior.s  ct  des  suppliers  qui,  i  celle  ^poqiie,  n'eixiient  en  usigequa 
pariiii  les  barbares,  et  que  ,  par  U  niciiie  ,  il  aug.nienia  I'horreur  dcS 
spectateurs.  La  castration  ,  ^Asv/f  ,  eioli  une  miil'Iation  d'orlglne 
vraiment  asialique  et  persanne;  voy.  Brisson  ,  de  lifgri.  Pens.  II 
p    li  en  est    de   menie  de  I'rfx^avio!   011    de    \'KX.fu']yi}t.irtii,i  ^ 

t '■•si-a-dlre ,  de  la  punition  de  couner  le  nez  ,  ks  oreilles,  les  levies  , 
'ei   seiiis ,    que  les  Grecs  desig.ioient   proprtmeut  par  le    mot  /V<y'o>; , 


1 96  \/4rchmologie. 

ou  Apolloti  Iriite  leur  attribue  le  pouvoir  d'un  ex<?-« 
cuteur  des  sentences  de  la  justice  criminelle. 

L'iraage  de  chasseresses ^  indiquee  tres-blen  dans 
notre  relief,  par  les  cothurnes ,  est  encore  mieiix 
caractdiis^e  sur  d'autres  monuniens  et  des  vases  , 
par  le  vetenient  court  et  retrouss^  qu'on  leur  donne. 
Elles  sont  ainsi  devenues  de  veritables  chasseresses 
de  la  race  dorique ,  absolument  dans  le  meme  cos- 
tume que  Diane  de  Crete  et  ses  nymphes,  ou ,  ce 
qui  revient  a  pcu  pres  au  meme  ,  que  les  Amazo- 
nes  (124).  Cette  representation  se  voit  surtout  sur 
plusieurs  urnes  funebres ,  dites  ^trusques,  execu- 
tees  en  terre  cuite  ,  sur  lesquelles  on  voit  des  figures 
peintes  et  form^es  en  relief.  Une  des  plus  cdebres 
de  ces  urnes,  est  celle  que  Bonarota  a  fait  gra- 
ver dans  ses  additions  kVEtricria  regalis  de  Demp- 
ster (125),  et  dont  il  a  meme  indiqu^  les  couleurs 
dans  le  texte.  M.  le  professeur  Meyer  ,  a  Weimar, 
en  a  donne  une  notice  int^ressante  dans  les  Propy- 
l^es  (126)  ,  et  il  y  a  observe  que  le  caractere  de 
rouvratve  et    la    disposition    simple   et   exacte   des 

niais  qu'au  temps  d'Homere  (Odyss.  XVIII  ,  85)  ils  regaidolent  dt-ja 
comme  une  mulllation  barbate.  Voy.  Henelius,  ocium  Vratisla- 
•j/tnse  c.  17  p-  >3o,  scjcj ;  il  en  est  encore  de  meme  du  suppllte 
de  Tempalement,  a.vcl(r>ioXe7rt(ri(),  A  Alhenes,  ou  la  civilisation  avolt 
aussi  iiiflue  sur  les  peines  capltales ,  on  n'avoit  d'autre  supplice  ou 
peine  de  mort  que  de  faire  boire  la  decoction  de  la  cigue. 

(124)  BoETTiGEB. ,  Vasengemcehlde y  III,   166. 

(125)  A  la  fin  du  torn.  H,  pi.  LXXXVI. 

(126)  Die  Propylceen  ,  I,  80;  royez  sur  ce  journal  ,  piiblie  par  M. 
Gostbe ,  ce  qn'on  eu  a  dll  dans  le  J^Ug-Encycl.  annee  lY,  t.  VI,  p.  4^4- 


Fillies.  1 97 

figures ,  prouvent  que  c'est  un  ouvrage  grec.  On  y 
voit  le  combat  meurtiier  d'Et^ocle  et  de  Polynice. 
Pendant  que  les  fieres  se  percent  de  leurs  ep<^es  , 
jl  y  a  une  Furie  a  cote  de  chacun  d'eux,  qui  nion- 
tre  de  la  main  droife  le  frere  oppos^  ,  et  qui 
tient  un  flambeau  dans  la  gaucbe.  Tout  est  dispose 
d'apre^  le  costume  des  chasseresses  ;  on  y  observe 
que,  dans  quelques  points,  le  costume  grec  se  con- 
fond  d(?ja  un  peu  avec  celui  des  Etrusques.  Ce 
n'est  que  par  une  inadvertance  de  I'arliste  ,  que 
Jes  cotburnes  ne  sont  pas  lac^s  sur  le  devant.  Les 
ornemens  de  peaux  velues  d'animaux  m^rifent  aussi 
quelque  attention.  On  les  trouve  joints  a  d'autres 
ornemens,  sur  difFt'rcntes  images  de  Diane,  des 
temps  post^rieurs  (T27).  Le  velement  a  deux  cein- 
tures  (128)  est  latunique  dorif|ue  sans  mancbes.  La 
ceinture  superieure,  qui  relient  le  vetement  sous  le 
seio  ,  est  tres- large  et  ,  par  cette  raison  ,  visible. 
La  tunique  blanche  a  ,  du  haut  en  bas,  une  bande 
violette,  selon  I'usage  des  Etrusques  (129).  Les  ailes 

(127)  Voyez,  entre  auties,  Mus.  Pio-Clem.  t.  II,  pi.  XXXI. 

(128)  Gemino  -vestis  Gortynia  cinctu  ,  dit  Claudies  {de  Raptu 
Proserp.  II,  53),  loisqu'll  decrit  le  veteinenr  de  Diane.  Spa^heih 
{ad  Cahim.  Hymn,  in  Dian.  II  ,  p.  171  et  sulv. )  ,  a  deja  full  les 
collectanea  necessaiies  a  ce  siijet.  Bomarota  qui  ( dans  ses  Eorplica' 
tiones  a  J  Dempsteium  ,  p.  1 1  )  ne  voit  ici  qu'un  subligaculum,  una 
espece  de  tabliei- ,  et  qui  croit  que  toule  la  paitie  supiiieure  du  corps 
eloit  nue  ,  a  peut-etre  ete  induit  en  eireui-  par  les  plis  au  dessus  de  la 
ceinture  superieure. 

(129)  Les  Grecs  preferoient  la  bordure  plus  agreable  qui  eniouroit 
le  bas  du  velemenr ,  et  qui  est  appelee  Myvarcv  dans  Cali,imj<.>ue^ 
en  latin  liml/us.  Les  Etrusques  preferoient  une  bande  de  pourpre  ea 

N  3 


T  98  ArchrvoJogic. 

cles  Furies  sont  altat  litres  par  ties  rnbans  jaunesj 
crois^s  siir  la  pfjitrinej  on  les  voit  ainsi  sur  beau- 
coup  de  monumens  andqiies,  enire  aufres,  sur  des 
peinttires  de  vases.  L'oiij;ine  de  ces  ailes  et  de  cette 
maniere  de  les  attacher  ,  doit  sans  doute  e(re  d^ri- 
V^e  du  }h(:''atre  ancien  (i3o).  Ce  que  ces  figures  of- 
rent  surfout  de  remarquable,  ce  sont  les  manches 
V'olrties,  ornees  en  lorme  de  reseaux.  Elles  com- 
i^encent  a  I'^paiile ,  ou  finit  la  tunique,  et  vont 
jusqu'au  poignet.  11  paroit  que  c'^toit  un  des  cos- 
tumes particuliers  au  theatre;  il  devoit  son  origine 

lipne  'Iroiie  ( 7reifv(pn  ,  clavus  ),  C'est  ce  claviis  que  nous  voyoas 
aussi  sur  cetre  urne  periile. 

(i5o)  Sim-  les  vases  ,  comme  sur  les  theafres  grecs  ,  !I  y  avoir  beau- 
conp  de  breiiea  oil  ou  represemolt  des  figures  Suspendues  dans  l"afr  , 
au  nioyen  de  ceitaines  machines  appelees  ctiufoj  (  Pollux  ,  IV  ,  i3i  ), 
il  fdlloii  leur  appli^uer  aux  epaules  deux  ailes  artlficielles.  On  les  y 
altacholl  au  nioyen  de  rubans  forts  qui  se  c:oisoient  sur  la  poitrlnc » 
ainsi  qu'nn  le  pratiquoit  dans  les  processions  des  temps  niodernes. 
Dans  les  figures  de  femmes,  res  rubans  funiioient  une  espece  de 
strophium  ,  e»  scrvoient  en  ineine  temps  d'ornenient,  parce  qu'ils 
etoienl  d'or  et  brod^s  de  dilfiremes  couleurs.  Lorsque  les  Victolres 
ailees ,  personnifiees  dans  les  entrees  triomphales  ,  devinrent  Ircs- 
fiequenles  a  Rome,  on  indiquoit  loujours  ce  ruban  croise  dans  les 
figures  de  la  Victoire ,  comme  on  le  voit  encore  par  differens  petits 
bronzes  qui  se  sont  conserves.  Dans  de  grandes  statues,  ou  les  ailes 
sont  cass^es  ,  ces  rubans  indiquent  qu'il  y  avoit  autrefois  des  ailes. 
Telle  est  ,  par  exemple  ,  !a  Victoire  colossale  de  marbrc ,  qui  se  trouve 
p.iriui  les  dou/e  grands  antiques ,  devant  le  nouveau  chateau  de  Sans- 
Souci ,  pr^s  de  Potsdam.  £0n  voit  de  meme  les  ailes  des  Furies  atla- 
chces  par  des  ri'bans  ,  croifis  sur  la  poitrine  ,  sur  un  beau  vase  de  la 
collection  du  C  Parois  ,  dont  il  sera  encore  question  plus  has  ,  et 
doni  le  C.  Millin  se  propose  de  publier  la  peinlure  dans  ses  Monu- 
mens amic/ues  inidhs  ]. 


Furies,  199 

HUT  manches  along^es  (^x,iteA_S^ii)  dont  II  a  c(e  que- 
stion plus  baut.  Au  reste  ,  on  n'y  voit,  ni  dans  le 
visage,  ni  dans  la  coifTure,  rien  qui  puisse  rap- 
peler  les  anciennes  Furips.  Cette  representation  , 
a  qiieiques  changemens  pres  ,  se  retrouve  fr(?quem- 
meni  sur  d'anciens  monuinens,  difs  ^triisqucs ,  et 
paroit  y  avoir  ^t^  trcs-commune  (i3i). 

Sur  un  beau  vase  de  la  seconde  collection  d'Ha- 
milton  ,  publi^e  par  TlSCHBElN  (iSa),  on  voit 
Oreste  poursiiivl  paries  Furies;  cette  rcpresentalioa 
r'a  point  recu  d'additions  par  les  peiutres  (^trusqnes. 
Deux  Furies,  I'une  a  dioite  ,  I'autrea  gaucbe,pour- 
sulvent  Oreste  qui  s'est  sauve  sur  un  au(el  ,  et  tient 
dans  la  main  droite  I'ep^e  bors  du  fourreau  (i33). 

(i3i)  Cependant,  on  auroit  ton  de  meitre  dans  cette  classe  routes  les 
figures  ailees  qui  tiennent  un  inaillet  ,  une  lance  ,  etc. ,  ainsi  que  !'« 
fait  GoRi,  (adMus.  Etrusc.  t.  II ,  p-  igi)-  M.  Meteb  a  observe  dans 
les  Propylees  (  I.  80  )  ,  <ju'4  Florence  seule  il  y  a  cinq  urnes  avec 
la  m^me  representation ,  qui  Tient  d'etre  deci  ite  d'apres  Bonarota  , 
et  qu'une  autre  exlsie  dans  la  collection  de  Maffei  ,  k  Veronne. 
Les  peintures  qu'on  a  trouvees  sur  Ie»  murs  d'un  torabeau  ,  pr6s  de 
Cornelum  ,  en  Toscane  ,  et  que  Bonaeota  a  Ggurees  dansi  .Efri/rjVi  re- 
galis  de  Dempster  ,  pi.  88  ,  uierilent  une  attention  parliculiere.  On  y 
voit  les  Furies,  loujours  en  vttement  court  et  retrousse  ,  occupees  , 
dans  I'enfer,  a  torturer  ,  avec  des  flambeaux  et  d'auties  instrumens  de 
bourreaux  ,  des  criniinels  qui  y  »ont  siispendus.  Cette  representation 
explique  d'ailleurs  ,  tres-bien  ,  le  mythe  de  Platon  ,  dans  le  X.°  livre 
de  sa  Republique,  et  plusieurs  passages  du  VI.'  livre  de  I'ASneide. 

(102)  Tom.  Ill  ,  pi.  5a. 

(i55)  L'epee  nue  n'est  pas  ici  pour  se  defendre  contre  les  Furies; 
mils  I'artiste  a  voulu  par  li  designer  Oreste  corame  meiirlrier.  Dans 
beaucoup  de  passages  des  tragiques  anci^ns ,  Oreste  est  en  effet  carac- 
tirlse  ccmme  tel,  par  l'epee  nue  et  ensanglantee  (Keoo-5r«dW  |ifo/, 
Euntenid,  42.  Yoy.  la  4.'  gravure  ). 

N4 


500  yl  ichrEologie. 

Chacune  des  Furies  menace  Oreste  de  deux  grand* 
serpens  (^  serpen tcs  crishiti  ") -^  ceiix-cl  entourent 
]es  bras  nus  des  Furies  ,  en  formant  des  con- 
tours piffoiesques,  et  avanient,  en  sifflant,  leurs 
teles  nienac.intes.  Les  Furies  sont  figurees  au  mo- 
ment oil  elles  viennent  attacjuer  Oreste  en  cou- 
rant  (184)  ;  elles  n'ont  done  pas  besoin  d'ailes  :  aussi 
I'arliste  re  Itur  en  a  point  donne,  Du  rest e ,  elles 
sont  figurees  en  habit  retroussd  de  chasseresses,  et 
chauss^es  du  cothurne  lav"^  ;  la  terreur  qu'elles  in- 
spircnt  est  plulot  dans  Paction  ,  que  dans  la  ma- 
nieiedont  elles  sont  representees.  On  n'a  qu'a  jeter 
un  coiip-d'oeil  sur  le  coupable  tourmente  par  elles, 
pour  connoilve  le  pouvoir  de  ces  divinit^s  sur 
Oreste. 

Dans  la  premiere  collection  de  vases  de  Hamilton, 
publi^e  par  d'HANCARVlLLE  ,  et  qui  se  trouve 
mainlenant  dansleMuseum  britannique,  on  voit  deux 
pe'ntures  qui  representent  Oreste  tourmentd  par  les 
Furies.  Elles  sont  rem'arquables  en  ce  que  les  Fu- 
ries s'y  voient  dans  I'ancien  costume  ,  cependant 
avec  quelque  difference.  Celle  qui  ,  vraisemblable- 
ment,  est  la  plus  ancienne  (i35)  des  deux  ,  repr^- 
sente  Oreste  (si  ce  n'est  pas  y4 /cniicon  yVaulre  meur- 
trier  de  sa  mere,  mis  en  scene  par  les  anciens  tra- 
giques,  comme  il  a  ^t^  dit  plus  haut)  assis  sur  uii 
autel  ,  les  mains  li^es  sur  le  dos ,  et  tenant  la  tete 
entre  les  genoux.  Sous  I'autel  ,  on   voit  sortir  de  la 

C154;  Api/na^is  J  Ebbip.  Orest.  5iS,  a>^''fii7eti  stviKukv  ^  .AEsetr. 
Eumen.  557. 

(i35)  Tom.  II,  pi.  4!. 


•     Furies.  201 

lerre  une  Furle  allde,  tout-a-fait  noire.  El'e  a  un 
dlad^me  forme  de  deux  serpens  ,  comme  nous 
I'avons  observe  deja  pltisieurs  fois  dans  ]e  costume 
des  Furies  ,  et  les  deux  tetes  de  serpent  s'^Ievent 
en  iner^acant,  et  forment  ,  pour  ainsi  dire,  les  bouts 
de  la  bandelette  nouee  sur  le  front  (i36).  Autour 
de  ses  bras  se  lacent    des  serpens   (137).   Celui  da 

(i56)  II  ne  faut  pas  oublier  que  c'etoit  une  mode  en  usage  pairai 
les  femmes  de  Tantiquite  ,  de  nouer  les  cheveux  au  dessus  du  from  par 
une  bandeletie  ,  de  soile  que  deux  touffes  de  cheveux  s'elevoient  ea 
I'alr.  Caxlus  ,  dans  son  leciieil  ,  donne  beaucoup  de  teles  coiffees  alnsi. 
On  peut  comparer  a  ce  sujel  la  ni^daiile  rare  de  Metaponte ,  publlee 
par  EcKUEL,  JSumi  anecdoti ,  tab.  Ill,  n.°.  i6,  ou  Ceies  SdiT^pie* 
a  deux  epis  places  sur  le  front ,  de  la  meme  manlere  qu'on  porloit 
les  cheveux.  C'est  pour  la  meme  raison  qu'on  figuroit  aussi  les  Furies 
avec  deux  serpens  elevi-s  ainsi  au  dessus  de  la  lete.  Cette  coiffure  ex- 
piiquc  differens  passages  des  poeles  anriens  qui  s'y  rappoiient.  Dans 
\ /4Eniide  de  Virgile  (VII,  45o),  ou  il  est  question  d'Alecto  ,  qui 
«e  manifesle  dans  loufe  son  hoireur,  BiiKMAmn  n'auvoit  pas  propose 
de  lire  getidos  ,  au  lieu  de  geminos  ercxit  crinibus  angues  ,  s'il  avoit 
fu  presente  a  I'esprit  cette  coiffure  de  serpens.  La.  Ceeda  a  cite,  a  I'oc- 
casion  de  ce  passage  ,  des  imitations  frappantes  de  Stage,  entre  autres  , 
Theb  X,  65.  Crinalem  aitolUt  longo  stridore  cerastem.  II  paroit  qu'on 
a  prefer^  ,  pour  cette  coiffure  des  Fuiies  ,  I'espece  de  serpens  appelee  , 
par  lesanciens,  cerastes  {coluber  cornutus ,  L.),  parce  que  leur  nom 
indiquoit  deja  quelque  resseniblance  avec  ce  qui  deyoit  etre  figure.  C'est 
encore  ce  qui  explique  tout-a-fait  ce  vers  d'OviDK  : 

Inde  duos  niediis  abrumpit  crinibus  angnes. 

(  Metam.  IV ,  4g4  ). 
(137)  La  maniere  de  reprisenter  Its  serpens  entortilles  autour  des 
bras  des  Furies ,  qu'on  observe  si  frequemment  sur  les  monumens  an- 
ciens  ,  tient  au  costume  des  femmes  dans  I'antiquit^.  On  sait  qu'elles 
eimoient  en  general  les  bracelets  ,  en  forme  de  pctits  serpens  ,  qui 
cniouroient  ,  soil  la  parlie  superieure  du  bras  ( spintheres)  ,  soil  le 
poignel  de  la  main  (  i77iKctf7Sics  olpis  ).  On  peut  comparer  a  ce  sujet 
I'oiLvx,  V,  99  ,  et  le  fragment  de  Nicosxr.ATi  dans   Cibmesx  d'AIe- 


bras  droit  ,  le  seal  qu'on  voit  en  cnller  (  car  o?f 
n'apercoit  que  la  tnoiti^  de  Ja  figure  ),  s'eleve  ,  en 
sifHant  ,  vers  Taulel.  Dans  cette  peinture  ,  I'artiste 
a  conserve  meme  ki  tradition  qui  repr^senloit  les 
Furies  en  noir.  Les  traits  du  visage  sont  sdveres  et 
menacans,  ^loignes  cependant  de  toute  espece  de 
caricature  ou  difForniile.  On  pourroit  dire  que  cefte 
reprfsentatlon  offie  la  derniere  ligne  de  demarcation 
au-dela  de  laquelle  I'artiste  sense  ne  doit  plus  se 
periuettre  de  repr^senter  des  Furies. 

L. 'autre  representation  se  f  rouve  dans  la  collection 
de  vases  grecs  ,  publi^e  par  d'Hancarville  (i38), 
Les  Furies  sont  deja  beaucoupplus  cnnoblies,  mais; 
cependant  elles  n'ont  pas  encore  la  forme  gracieuse 
de  nymphes  chasseresses  l<^geres.  Oreste  tourment^ 
et  epouvant^,  tenant  >e  poignard  dans  la  main, 
est  ^  genoux  sur  une  espece  de  vase  renvers^  et 
perce  de  trous  ranges  symetriquement.  En  exami- 
nant  ce  vase  avec  attention  ,  on  reconnoit  que  c'est 

xandrie  (  Ptedag.  II ,  1 2  ,  p.  209 ,  ed.  Sylbiirg ) ,  ou  ce  p^re  de  I'egllse 
derive  pieusement  cet  usage  du  serpent  qui ,  dans  le  paiadis  ,  ■  s^dult 
Eve.  WiKCKELMAWN  a  observe  cet  omement  sur  les  bras  des  bac- 
chantes {Man.  ined.  p.  a<3,  comp.  Storia  dell'  j4rti.  t.  I  ,  p-  436, 
ed.  Fea  )  ;  et  il  est  probable  que  cette  mode  doit  ,  en  gin^ral  ,  son 
origlne  aux  bacchantes  ,  qui  faisoient  loules  sortes  de  momeries  sacrees 
avec  des  serpens  apprivoises  C'est  ce  qui  a  aussi  doniie  lieu  i  la  me- 
prise  des  anliquaires  ,  qui  ont  pris  Ariadne  ,  le  prototype  de  toules 
les  bacchantes  endormies ,  pour  une  Cleopalre.  (  Voyez  Museo  Pio- 
Clem.  II,  44,  p.  90  ,  et  t.  I ,  p.  17).  D"apres  cela,  on  coiicoit  aise- 
ir.ent  que  c'eloii  un  jeu  d'esprit  des  artistes  d'aniuicr  ,  dune  maniere 
aussi  terrible ,  cet  ornewent  des  Furies. 
(i36)  Tom.  II,  pi.  5c. 


Furies.  2o3 

une  cortine^  telle  qu'on  la  voit  oicllnaiiempnt  sur  Ic 
trepicd  d'Apollon  (I'^g).  On  y  voit,  de  chaque  cote, 
une  Furie  qui  vient  attaquer  Oresle.  Ce  sent  de 
jeiines  filles ,  belles,  sveltes,  sans  ailes,  dans  le 
costutne  ordinaire  des  femmes  grccques  ,  v^tues 
d'une  tunique  longiie  ,  sans  nianches  ,  et  orn^e 
d'une  bordure  dl^ganfe,  serablable  a  un  arabesque: 
la  parlie  sup^ricure  du  corps  est  couverte  d'ua  pe- 
tit niantcau  (140).  EUes  sont  caract^ris^es  ,  comme 
divinites  vengeresses,  par  les  flambeaux  et  les  ser- 
pens qui  ceignent  leur  chevelure  floltante,  et  qui 
se  dressent  an  dessus  de  leur  tete.  L'arliste  a  sii 
mettre  de  la  varit?te  dans  cette  representation  ,  en 
donnant  al'une  dcs  Furies  un  grand  flambeau  qu'elle 
tient  des  diux  mains ,  et  a  I'autre  ,  deux  petits 
flambeaux  ,  un  dans  cbaque  main  ,  avec  lesquels 
elles  viennent  atlaqiier  Oreste.  Au  resle,  ce  que  cette 
repr^^sentation  a  de  terrible,  se  Irouve  uniquement 
dans  I'cfFet  que  les  Furies  produisent  sur  Oreste, 
et  que  le  spectateur  ressent  ^galement. 

Sur  un  vase  de  la  collection  du  C.  Parots,  on 
voit  encore  une  representation  bien  reraarquable 
d'Oreste  poursuivi  par  les  Furies.  Le  C.  MlLLlN  a 
fait  graver  cette  pelnture  de  vase,  qu'il  se  propose 

(159)  SpANHEtM  a  drj.j  reciiellli  sur  la  cortlne,  oXfios  ,  tout  ce  qu'on 
pent  dtslrer.  Cette  cortine  deslgne  souvent  le  trepied  meme.  Sur  une 
jneilaille  des  Mameniiis  (  Eckk'BL  ,  Sylioge  I.  numorum  anecdot. 
tab.  II  ,  n.o  ii),  tile  »  une  espece  de  couverlure  en  forme  de  reseau. 
Oil  lie  dolt  done  pas  eire  surpils  de  voir  dilferens  orneiiiens  sur  celle 
doiit  nous  parfoiis. 

(Uo)  Ai7.}.»iiiat,  Yoy.  BoETTiGsn,  Vosengemiehlde,  II,  89.  sijrj. 


iao4  Archczologie, 

de  publier  incesssamment  dans  ses  Monumens  an- 
iii]ues  inddits  (141).  Cc  n'est  pas  ici  le  lieu  de  par- 
ler  de  I'explication  de  cette  peinture  (142) ;  j'obser- 

(141)  Voy.  I'annonce  de  la  premiere  livraison  de  ce  recuell ,  Mag, 
Encycl.  Annee  VII,  t.  IV,  p.  5ii. 

(142)  La  difficult^  qu'offre  rexplicatlon  de  ce  vase  ,  coiisisle  ptin- 
cipalement  en  ce  qu'on  y  a  reuni,  en  uue  seule  ,  deux  scenes  des 
Eumenides  d'AEscliyle  ,  celle  oil  Oreste  s'est  lefugie  aupres  du  tre- 
pied  du  dieu  de  Delphes  ,  et  celle  oil  Minerve  I'assiste  dans  la  cita- 
delle  d'Athenes.  C'est  ce  qui  pourroit  engager  a  regarder  cette  peinture 
riche  et  remarquable ,  comme  une  scene  d'une  piece  tragique ,  perdue 
aujourd'hui ,  et  peut-etre  meme  d'une  piece  qui  n'a  jamais  ete  ecrite  , 
mais  seulenient  improvisee  sur  ce  c^lebre  sujet  tragique.  Au  milieu, 
Oreste  est  i  genoux  sur  une  espece  de  panier.  Dans  mcs  explications  des 
peintures  de  vases  publics  par  Tischeeis  (  Vasengemcehlde ,  II ,  223  ), 
j'ai  explique  cela  dc  ce  qu'Oreste  veut  s'y  cacher.  Je  compare  mainte- 
nant  cette  position  avec  une  autre  peinture  de  vase  de  la  collection  de 
TiscHBEiN  ( t.  II ,  pi.  16),  oil  Oreste  est  evidemment  assis  sous  le  tre- 
pied  de  Delphes  ,  sur  une  espece  de  lit  ou  d'estrade ,  couverte  d'ua 
tapis ,  pour  y  aitendre  la  sentence  que  va  prononcer  ApoIIon  ,  place  a 
cote  de  lui.  II  parott  que  ce  qui  ,  sur  le  vase  du  C.  Parois,  ressemble 
k  un  panier  ,  et  sur  lequel  Oreste  est  a  genoux  ,  doit  etre  regards 
comme  un  objet  semblable.  Le  laurier  auquel  s'appuie  Apollon  ,  place 
aupres  d'Oresle  ,  montre  suffisamment  que  la  scene  se  passe  a  Delphes. 
Cliacun  connoit,  du  reste  ,  le  laurier  ^  cole  du  trdpied,  ne  seroit-ce 
que  par  le  commencement  du  Plutus  d'ARisTOPHANE.  Cet  arbre  eloi't 
si  touffu  ,  si  charge  de  feuilles  ,  qu'on  pouvoit  cacher  derriere  lui  des 
Iroupes,  niiscs  en  embuscade.  ( Voy.  Musorave,  ad  hvRir.  yindro- 
mach.  1 1 18  ).  Sur  le  vase  en  question  on  y  voit ,  au  surplus ,  suspendues 
de  petltes  lablctles  votives  ,  et  des  bandclettes  sacrees.  On  pent  com- 
parer ,  a  ce  sujet,  le  vase  figure  dans  la  collection  de  Tischeein, 
t.  I,  pi.  42,  oil  Ton  volt  un  centaure  d'une  procession  bacchique  , 
comme  dendrophore ,  avec  un  arbre  auquel  sont  suspendues  de  ces 
lablettes  et  toutes  sortes  de  presens  sacres.  (Voy.  Casaubonus  ,  de 
poesi  satyr,  p.  54,  ed.  Piamb.y  et  Reinksius  ,  adlnscript.  I,  4o» 
p.  75  )  Les  pcrsonnes  dont  on  voit  sortir  en  haut  la  partie  supe- 
rioure  du  corps  ,  ne  paroissent  pas  etre  de  simples  spectateurs,  mais 


Furies.  2c5 

veral  seulement  qu'Oreste  s'est  r^fugie  sur  une 
espece  d'estrade  ,  semblable  a  un  panier,  qui  est 
plac^e  sous  le  tr^pied  de  Delphes  :  il  y  est  assi^g^ 
et  attaqu^  par  deux  Furies.  L'une  d'elles  se  penche 
par  dessus  le  trepied  aupres  duquel  Oreste  est  a 
genoux  5  elle  le  menace  et  tient  dans  la  main  ua 
serpent,  tandis  que  deux  autres  s'^levent  aupres 
de  son  cou ,  sur  ses  ^paules ,  et  qu'un  troisieme  se 
dresse  sur  son  front.  On  ne  voit  de  cette  Furie  que 
Ja  partie  superieure  du  corps.  Derriere  Apollon , 
place  entre  la  Fuiie  et  Oreste,  pour  prot^ger  ce- 
lui-ci,  on  voit  une  seconde  Fuiie,  dont  I'habit 
retrouss^  ne  descend  que  jusqu'aux  genoux;  elle  est 
chauss^e  de  cotluirnes  (143).  Elle  est  ail^e,  et  ses 
ailes  sont  attachees  aux  epaules  avec  un  ruban  de 
pourpre  ,  crois^  sur  sa  poitrine  et  richeraent  orn6 
de  boutons  d'or ,  ainsi  que  celles  qu'on  voit  sur 
I'urne  colorize ,  figur^e  dans  Dempster.  Tout  son 
ygtement ,  celui  de  dessus  ,  qui  a  des  manches  lon- 
gues  ,  aussi  bien  que  celui  de  dessous  ,  est  garni  de 
belles  broderies  en  forme  de  mseandres  (144)  ,  et 
orn^  de  bandes  de  pourpre  (<r«^«r«)  et  de  paillettes 
d'or  en  forme  de  cercle  (145).  On  voit  que  cette  Furie 

devoir  representer ,  d'nn  coti  ,  I'ombre  de  Clytemnestre  qui  accuse 
Oreste  ,  et ,  de  I'autre  cote  ,  Pylade.  Sur  plusieurs  peintures  antiques  ,  on 
voyoit  ainsi  des  personnages  dans  une  altitude  sembl;ibie;  entre  aiilres. 
Bales,  dans  une  pfinlure  de  Micon,  voy.  Proverb.  graC.  in  Append. 
Vatic.  1  ,  12,  p.  260  ,   ed.  Schotti. 

(145)  C'est  d'apres  cPtle  figure,  que  la  Furie  de  la  5.»  giavure  s 
ete  dessinee  et   coloriee  par  M.   )c  professeur  Meyer,  k  "Weiniar. 

(144)  BoETTiGEH,  Vaseiigemcehlde  ,   I,   86. 

(i45)  K'iyx,^oi  ^  Yoy.  Savmaisr,  ad  Scrivc,  Hist.  .itig.  t.  11, 
p.  85o  et  suir. 


&o6  \AichceolQgic. 

a  ^f^  ridiemcnt  pourvue  par  le  luxe  qui ,  paTrai  lesr 
Grecs  des  leraps  plus  rapproch^s  de  nous,  s'est  in- 
troduit,  suriout  a  I'^gard  des  costumes  de  theatre. 
Le  d^coraleur  ou  costumier  qui  eloit  charg^  du  cosf 
tume  theatral  de  ces  Furies,  a  sulvi  des  piincipes 
tout-a-Iait  differens  de  ccux  d'^Eschyle.  Le  but  prin- 
cipal qu'il  s'est  propose  (^toit  celul  de  flatter  Tojil  j 
c'est  pourquoi  cfHe  Furie  a  I'air  jeune  et  vif.  11 
«'y  a  de  terrible  en  elle  que  le  dragon  qui  ddcrit 
de  grands  cercles  ,  d'abord  autour  de  son  corps  , 
qui  de-la  s'(^]eve  derriere  la  partie  supeiieure  du 
bras  droit,  et  monle  jusque  par-dest^^us  la  tele  de 
la  Furie,  en  ouvrant  sa  bouche  et  en  raontrant  ses 
dents  :  le  serpent  qui  serre  ses  cheveux  est  le  seul 
qui  siffle. 

Je  n'ajouteral  plus  rien  a  celte  galerle  de  monu- 
mens  antiques  de  I'art ;  toute  application  ult^rieure 
seroit  superfine  pour  un  Itcteur  attentif.  Ce  qui  a 
€i€  dit  jusqu'a  present  juslifie  sutEsannnent  I'asser- 
tion  de  Lessing  (146),  que  lesaitislt-s  Jinciens  n'ont 
jamais  figure  de  Furies  sous  les  traits  tcrribles  que 
leur  a  donnas  ^schyle ;  et ,  en  ctla,  les  artistes 
modernes  devroient  encore  profiler  des  anciens,  par 
rapport  a  I'alle'gorie  dans  leurs  ouvrages.  Au  sur- 
plus, la  licence  po^tique  que  le  crdatcur  de  la  tra- 
g^die  grecque  pouvoit  se  permellre  au  temps  oil  il 
vivoit ,  ne  doit  point  servir  d'autoril^  pour  nos 
tragiques  modernes,  qui  travaiilent  pour  un  public 
beaucoup  plus  poll  ,  plus  civilis^  que  ne  I'^toit  ce- 
lui  d'iEschylc. 

('4C)  Lessing,  LaoAoon,  p.  So- 


Furies.  ao7 


Explication  des  Gravurea. 

•t  'Non  !  cc  ne  son!  pas  des  femmes  !  le  nom  de 
»  Gorgoiies  est  celiii  qu^ilfaiit  que  je  leur  doniie  !  » 
C'est  ainsi  que  ,  s'(?crie  ,  au  commencement  des 
Eumenides  d'yEscliyle  ,  la  Pythie  efTray^^e  de  I'as- 
pect  des  Furies  qu'elle  a  vues  dans  le  sanctiiaire  du 
temple.  La  figure  de  Gorgone  a  done  servl  de  base 
au  poete  (ragique  pour  cr^er  son  costume  des  Furies  ; 
ct  la  t^te  de  Meduse  est  de  m^me  ,  pour  ainsi  dire, 
Je  germe  ou  le  prototyjje  d'ou  il  faut  deriver  et  ex- 
pliquer  le  masque  des  Furies  sur  le  theatre  ancien. 
La  tele  de  Meduse  ^toit  d'abord  d'une  difFormit^ 
hideuse,  ce  qui  tenoit  a  I'ancienne  fable  des  Gor- 
gones  ;  maisinsensiblenienl  le  developpeuient  de  I'art, 
q  u  recoiinoit  pour  principe  fondamental  la  beaul^ 
ct  la  moderation,  fit  tellement  changer  cefte  tete  , 
qu'elle  ne  presenta  que  cette  beauts  severe  et  en 
meme  temps  touchante  que  nous  admirons  sur  plu- 
sieurs  maibres  et  sur  des  pierres  graves.  II  en  etoit  de 
niemedu  costume  entierdes  Furies. Quelquerebutant 
qu'il  flit ,  tel  qu'iEscbyle ,  le  pere  de  toules  les  ter- 
reurs  th^atrales,  I'avoit  cr<?e  ,  il  fut  peu  a  peu  d^- 
gag^  de  cette  repous;iante  laicieur  ,  a  mesure  que  le 
gout  des  arts  se  d^veloppa  et  s'ennoblit.  On  con- 
tinua  toujours  de  I'employer  dans  les  tragedies  ,  raais 
on  supprima  tout  ce  qu'il  avoit  de  laid  ,  el  on  lui 
donna  tous  les  ornerat-ns  dont  il  etoit  susceptible. 
Par  la  suite,  les  artistes  allerent  meme  jusqu'a  I'e- 
lever  a  la  veritable  beauts  ,  et  a  ne  Je  rendr?  ter- 
rible que  par  les  indications  cachees,  et  ,  au  pre- 
mier abord ,  presc|u'imperceptibles. 

II  a  done  paru  coiivenable  d'offrir,  d'une  manlere 
sensible,  I'hiUoire  de  la  tete  de  Meduse  sur  ]a  pre- 
miere planchc  :  on  a  choisi ,  pour  cct  effet,  trois 
figures  antiques  de  la  Ifte  de  Gorgone,  d'apres  les 
difF(?renies  nianieres  de  la  representer.  J. a  premiere 
ti  la  plus  petite  figure  est  i'imitat;on  fiidelle  d'une 


2o8  ^rchceologie. 

m^daille  delavlUe  de  Populonia  en  Efrurle,  a  I'oe* 
casion  de  laqueHe  Eckhel  (i)  a  traits  en  dt^fail  de 
celte  representation  tres-ancienne  du  masque  de  la 
Gorgone.  Lrs  m^dailles  antonomcs  de  N^apolis  , 
d'Abydos,  de  Parium  (en  Mysie)  ,efc.  publi^r  s  et  fij;u- 
r^es  danslesouvrages  dePellerin,  de  Sestiiii,etc.(i*), 
nous  ofFrent  aussi  le  m#me  masque  laid  de  la  Gor- 
gone. Qjel  qu'aif  et^  le  motif  qui  engageaces  villes 
a  choisir  cette  image  de  terreur  pour  type  de  leurs 
m^dailles  ,  il  est  toujours  certain  qu'elles  nous  ofFrent 
]e  plus  ancicn  masque  de  la  Gorgone.  La  figure  mo- 
queuse ,  grincant  des  dents  et  tirant  la  langue  ,  le 
visage  bouffi  et  aplati,  la  chevelnre  h^rissc^e  et  ter- 
rain^e  en  liaut  en  petits  serpents,  nous  rappellent 
vivement  les  masques  ferribles  que  les  navigateurs  mo- 
dernes  ont  trouves  places  sur  les  cotes  desiles  de  la  mer 
du  Sud  et  a  cot^  des  Morais,  comme  raoyen  de  desen- 
chantement.  Toutesces  figures  doivent  sans  dome  leur 
oiigine  aux  tetessuspendues  des  ennemis  tu^sdans  les 
combats.  C'est  pr^cis^nient  sous  cette  forme  qu'oa 
voit  les  Gorgones  dans  un  Polychrome  d'un  vase  de 
d'Hancarville  (2),  cit^  plus  haut,  qui  repr^sente  toute 
I'aventure  de  Pers^e  et  de  Meduse.  La  seconde  figure 
de  la  premiere  gravure,  a  cole  de  la  medaille  de 
Populonia,  nous  ofFre  une  tete  de  Mi^duse  d'une  pate 
de  verre  J  qui  a  servi  pour  rornement  de  quelque 
chambre  (3).  Ce  n'est  plus  cette  figure  laide  qu'olfre 

(1)  Niuni  -veteres  anecdoti ,  p.  12. 

(i*)  On  verra  ces  masques  bien  nileux  par  les  numeros  447  et  829 
(le  la  belle  collection  d'empreintes  en  soufre  de  inedailles  grecc/uei 
et  romaines ,  publlee  par  le  C.  Mionnet,  et  qui  se  vend ,  ainsi  que  le 
catalogue ,  chez  I'auteur ,  i  la  Bibliotheque  nallonale.  Yoy.  Mrigasiit 
Encyclop.  Annee  V,  t.  VI  ,  p.  276. 

(2)  Tom.  IV,  pi.  126. 

(5)  Cavlcs  ,  Recueil ,  t.  Ill,  pi.  81.  11  en  avoit  recii  rorlglnal  da 
Rome.  [  II  est  au  cabinet  des  antiques  de  la  Bibliotheque  nationale  ].  La 
figure  est  en  relief;  il  est  vr.ilsemblabie  qu'elle  a  <^te  travaillc'e  au  louret , 
A  la  maniere  des  graveurs  en  pierres  fines.  On  employoit  en  efl'et ,  chez 

la 


li  medallle;  elle  n'auroit  pas  6l£  propre  a  oriier 
I'habitation  des  ancieiis.  Mais  elle  a  conserve  uii 
caraclerc  principal  y  le  visage  bouffi  et  aplati  ;  et 
c'est  par-la  nieme  que  ccUe  figure  (ient  le  milieu 
entre  la  laidciir  originaiie  de  la  veritable  tele  de 
Gorgone  et  I'idt'al  de  la  i)ellc  tete  de  Mediise.  Pour 
pr^stnter  mi  modcle  de  celte  tele  id^ale  ,  on  a  choisi 
le  masque  (jui  se  Irouve  sur  la  cuirasse  tres-bicn  tra- 
vaill<^e  (lu  beau  Inislc  d'Adiien  an  Musc'e  Capitolin. 
On  auroit  pu  choisir  aussi  bien  la  celcbre  M^dusc  du 
palais  Rondinini  ,  figur(?e  par  Gualtani  (4).  Mais 
ce  masr[ue  n'a  eK^  figure  qu'avec  le  buste  d'Adri.en  , 
dons  Ic  Mus^e  Capitoliu  (5),  et  meme  d'uiie  ma- 
niere  peu  avantageuse  ;  comnie  M.  le  professeur 
IN" ever  en  possede  une  belle  empreiiUe  en  sfuc,  il 
ni'a  seiuble  inleressant  de  la  donner  sur  la  premiere 
planche,  patce  qu'oii  peut  la  regarder  en  quelque 
surte  comme  intdile.  II  est  vrai  que  la  meilieure  gra- 
vure  doit  Glre  bien  loin  de  donner  une  idee  exacte 
<le  la  beauts  de  roriginal.  Cependant ,  dans  cette  om- 
bre m(^me,  I'observaieur  attenlii  r.e  pourra  point  m^- 
connoiirt  I'indicallon  certaine  de  cetle  beaule  s^- 
rieuseet  severe,  qui  constilcie  le  caractere  essenliel 
du  style  grand  el  elev^  de  I'art  grec,  luais  qui  pat 
les  Grecs  des  temps  postf^rieurs  et  par  les  F.omaius 
a  et^  pre^qu'enlieiemcnt  sacrifice  au  gout  dominant 
de  I'tlegance  et  de  la  grace.  On  peul  prtsunier  que 
le  sculpteur  ,  a  qui  ron  doit  cet  excellent  buste  de 
celui  des  empereurs  qui  se  distinguolt  surtout  par 
son  gout  pour  les  arts,  avoit  devantles  yeux  quel- 

Jes  anciens,  des  masses  assez  considi^rablps  de  rerie  d'une  ceiraine 
6palsscur,  pour  en  -oiner  les  niurs  dans  I'inttiifur  des  appartenieiis, 
comme  nou<i  employoiis  au  menie  usage  les  glaces  et  les  trumeauv, 
el  Ton  gravolt  des  1  ellel's  sur  ces  giandes  tables  de  verre.  Voy.  Caylus  , 
Mem.  lie  I' Acad.  XXIII  ,  p.  362  ,  se/tf. 

(4)  CuATTA^i,    Monumenti    antichi   inediti ,   per   Vanno  1788, 
yipriley  tab.  II.  II  en  parle  avec  beaucoup  d'eothousiasme  a  la  p.  35. 

(5)  Mas.  Capitol.  (.  II  ,  pi.  a3. 

Tome   V,  O 


*i  I  o  .^fchccolosric . 


cjii'ancltm  ouvrage  travail le  dans  le  style  noble  ci 
si^vere ,  et  que  Its  traits  cavact(^iistiqiies  de  ce  mo- 
nument appartiennent  a  line  (?poque  de  I'arl  beau- 
ct)iip  plus  aiicicimc.  On  n'y  voit  plus  de  traces  de 
diflTormit^  et  de  la  figure  aplatie  de  I'ancicune  tete 
de  M^duse.  On  n'y  apercoit  que  cet(e  trislesse  n\6~ 
lancolique  qui  fouclie  ^galement  dans  les  c^lebres 
profils  de  la  Mediise  de  Stro-ci^i  et  d'Ottoboni  (6), 
el  qui  se  communique  en  quelque  sorte  lorsfju'on 
les  confemple  longlemps.  Cetie  fiction  subiinie  et 
agr^able  de  la  tete  de  Meduse  pourroit  suggorer 
ties  observations  exlremfment  importanles  et  instruc- 
tlves  aux  ailistes  modernes  qui  b'efforcent  trop  fVe'- 
quemmcnt  de  d^grader  ce  qui  est  beau  et  si.blime, 
ft  de  le  changer  en  caricature  ridicule  ou  desagr^a- 


(6)  On  ne  pouToit  clioislr  ni  I'une  n!  I'autre  de  ces  deux  teles  de 
MiI'duse  ,  parce  qu'll  s'agissolt  d'avolr  une  figure  vue  de  face.  La  Me- 
duse  de  Stroszi ,  dans  le  cabinet  de  Florence  (Gori,  Mus.  Flor. 
I,  II ,  pi.  7  )  ,  devrolt  porter  le  noiii  de  Solon  ,  qui  I'a  gravee  ,  et  celle 
^'Ottolioni ,  ({\n  appanlent  adjourd'hui  au  lord  Carlisle  ,  devroit  efre 
inpelee  celle  de  Sosocles,  ainsi  qu'a  deja  fait  Stosch  ,  dans  ses  pierres 
gravees,  pi.  63  ,  65  [  ou  pluldt  celle  <le  Sosthenes ,  car  I'inscrlpilon 
de  cede  plerrc,  que  Stosch  et  BaAcci  ont  itie  CliCOKAe  ,  SosO' 
cles ,  n'est  composee  ,  selon  I'observatioi;  du  C.  ViscoKTi ,  que  des  six 
leltres  suivantes ,  Ci3C0CN  ,  qu'on  doit  interpreter  COCGCN  J 
le  trait  horizontal  du  0  et  de  I'G  manque  souvent  dans  les  inscrip- 
lions.  Yoy.  ViscOKTi ,  mcmoire  raanuscril  communique  au  C.  Mii-lin, 
p,  i5.  Duns  les  Iscriziom  Triopee ,  le  C.  Visconti  a  rapporte  plu- 
sieurs  exeniples  de  cette  suppression  du  trait  hoiizonlal.  Voy.  Miiim, 
Introduction.  A  I'eiude  des  pierres  gravels,  2.«  ed.  p.  73].  On 
peut  regarder  ces  deux  pierres  conime  les  prototypes  ou  mode'e s  ori- 
ginaires  de  deux  fjmllles  nombreuses  de  pierres  grarees  ,  dont  la  liste, 
donnee  par'Tassie  ,  pourroit  etre  auginentee  considerablement.  Les 
Jeux  imlfations  les  plus  celebres  de  celle  coiinue  sous  le  nom  de  la 
Meduse  Ottoboni ,  se  trouvent  dans  le  cabinet  de  VIeiine  (  voy.  F-ckiiei.  , 
pi.  3i  )  ,  et  dans  celui  de  I'iiersbouig  (  voy.  cabinet  du  due  d'Or- 
lians ,   t.  I,  pi.  95). 


Fillies.  ■  1X1 

ole  (7).  Mais  ce  n'est  pas  icl  le  lieu    tlVn  traiter. 

Jr  jolndiai  a  ce  que  J'ai  dit  iinc  notice  que  M.  le 
Prof.  Mcver  ni'a  comniuniqi!(?esnr  lesUois  principaiix 
de  ces  moiuinients  en  marbre  qui  se  trouvf  nt  a  Rome. 

"  Je  cunnois  a  Rome  (rois  lefes  de  Mtfduse  en 
"  marljie,  que  je  regaru'e  conime  trcis  ouvrages  dis- 
"  tingu^s  de  I'art  ancien.  La  premiere  orne  la  cui- 
"  rasse  d'un  l.iusle  exlremeisient  beau  d'Adrien  ,  qui 
•'  sc  nouve  danslf  Musee  Capilolin;  on  n'y  leiiiarqne 
'"  rien  d'horrible  ni  de  terrible,  et  I'artiste  ,  fideile 
"  a  la  ]oi  de  la  beaul^,  a  cru  sans  doute  avoir 
«  assez  indiqi:^  son  intention,  en  donnant  cl  sa  M^- 
«  duse  la  forme  d'un  masque.  La  celebre  Medusa 
'<  de  Bondinini  est  ansn  figur^e  comme  masque  .  elie 
•  a  plus  que  la  grandeur  naturelle,  et  est  d'une  exc'- 
"  culion  tres-soignee.  Ses  formes  sont  d'un  ivand 
«  caractere  ,  et  lexpression  a  quelque  chose  de  faroa- 
«■  che  et  de  terrible.  La  bouche  ouverte  fai'  voir  Jes 
•'  dents.  La  Meduse  du  palai-  Lanti  differe  de  C(  lie 
«  du  Musee  Capilolin  et  de  celledu  pal-iis  Llundinini, 
"  en  ce  qii'elle  n'est  pas  un  masque,  niais  une  (ete 
"  entiere,  dont  les  yeux  sont  ferm(?s.  Ces'  un  me- 
"  lange  singulier  de  gvacieux  ei  de  tenib'f  ,  de 
••  formes  agreabies  et  d'un  caractere  f;)roiiclie.  Le 
"  nez  moderne  wA  f.ijt  et  la  bouclie  mal  restauree 
"  afloiblissent  I'impression  que  dewoit  faire  I'ouvrage 
"   avant  d'avoir  ^te  endomm;'.g^.  •• 

La  premiere  des  deux  gravures  coloriees  (pi.  II) 
est  un  essai  de  representation  des  Furies  telles  qu'^-E- 
sthyle  les  a  pu  metire  sur  la  scene  dans  ses  Eurnc?- 
nide..  M.  le  Prof.  Meyer  I'a  dessin^e  et  colorize 
d'apres  lesdonnees  que  lui  ont  Iburnies  les  recherciies 
consignees  dans  la  premiere  partie  de  cette  disser- 
tation (8;  a  laquelle  je  renvoie  le  lecieur  pour  les 
preuves.  L'acteur  ou  le  danseur  a  qui  le  poete  tra- 
gique  avoit  conKe  un  role  de  i*  urie  ,  placoit  sa  le;e 

(7)  La  planrhe  5o  du  Cntnlogite  rfe  Tassie  esl  tres-iiistruclive  pour 
I'eluile  des  dlfferens   sl\les  dans  lesquels  ce  siijet  a  ele  Iraile. 
(S)  Yoy.  les  lesultals  de  ces  recberhes,  ci-dessus,  p.  40. 

O  a 


fiiis  Arihceologie. 

dans  tin  masque  de  Gorgone  ,  dont  Ics  caracteres 
distinctifs  (?toient  sans  doiife  une  chevelure  touffue 
et    herissee   d'horribles    et   noinbrenx     serpens  ,   Ja 
Louche   ouverte  et  montrant   les  dents,  la   langue 
tirf^e,  et  des  yeux  d'ou  couloit  le  sang.  On  concoit 
facDenient  qu'il  devoit  etie  ais^  de  faire  un  parell 
masque  de  peau  ou  de  toile  collee  ensemble,  de  le 
peindre  en   brun  fonc^  ,  d'y  appliqucr   une  langue 
mobile  postiche,   de  maniere  a  etre  facilenient  mise 
en  moiivement  par  la   langue  veritable  de  I'acteiir. 
Au  surplus  ,  comme  les  mas(jues  dont  les    acteurs 
se  servoient  ,  couvroient  toule  Ja  l^le  ,  on   ponvoit 
coljersurles  parties  posteiieures  et  lat^^ralcs  du  mas- 
que des  toufFes  h^riss(?es,  des  tresses  roides  qui ,  dans 
I'eloigncment  oil  se  trouvoit  le  spectateur  dans  les 
auciens  th^iitres  qui  contenoient  piusienrsmilliers  de 
personnes  ,  devoient  imiter  assez  bien  la  figure  fan- 
tastique  delatete  d'une  Gorgone.  Les  cheveux  tres- 
^cartes  de  chaque  cote  donnent  a  ce  visage  sombre 
cet  air  ^crase  que  doit  avoir  la  face  de  la  Gorgone, 
et  qui  seroit  trop  g^nant  pour  lacteur  qui  doit  mettre 
sa   tete  dans  un  masque  en  tier.  Deux  serpens  d'un 
vert  jaunatre  servcnt  de  bandelette   pour  serrer  les 
cheveux  ,  et  cet  ornenient  se  trouve  d^ja  sur  les  plus 
anciens  masques  de  Gorgone  que  nous   oflVent  les 
m^dailles  ,  corame  on  a  vu   par  la  pi.  I.  Le  noeud 
de  cette   coiffure  ^toit  sans  doute  forme   par  deux 
tefes   de    serpens  ;    et  ,   scion    un    usage  emprunt^ 
vraisemblablement  des   mysleres   de   Bacchus  ,   ces 
deux  tetes  s'^levoient  au  dessus  des  tempes.  Lorsqu'il 
^toit  question  d'objets  appartenants  a  Orcus   ou  a 
I'enfer,  les  anciens  ne  distinguoient  pas  avec  beau- 
coup    d'e\a(tifude  les  nuances  de  noir  et   de  brun. 
On  peut,  d'apres  cela,  penser  que  le  cuir  ou  la  toile 
qut^  couvroit  les  parties  du  corp?    figurees    comme 
etant  a  nu  et   de  couleur  noire ,   n'etoient  pas  noir 
comme  le  charbon.  Car  alors  le  vetement  noir  cjui 
cachoit  les  autres  parties  du  corps  n'auioit  jamais  pu 
produire  relict  frappant  et  pittoresque  qu'on  pouvoit 
obtenir,  du  moins  en   parlie ,    par   les   diffeienles 


Furies,  aiS 

mfances  des  coulems  sombres.  C'est  ce  qui  a  cngag^ 
M.  Meyer  ix  ne  tlonner,  a  la  peau  des  Furies  qu'une 
couleur  brune  foncee ;  ce  qui  paroit  iniprimer  a 
Fensemble  un  caractere  plus  terrible  et  plus  d^sa- 
.a;r<?abie.  Conniie  ^£schyle  donne  express(?nient  a  ses 
Furies  beaucoupde  resserablance  avec  Jes  Harpyies, 
on  les  a  fig«r^  d'une  niaigreur  rebutante,  ct  avec 
des  doigts  fres-lnngs,  dont  J'exlr^mite  est  recourb^e 
en  forme  de  grifFes.  Le  costume  des  Furies  d'yEschyle 
consiste  en  une  seiile  tuiiique  noire,  de  I'ancienna 
forme  dorirjue,  et  qui  serre  ^froitement  le  corps.  Le 
velement  ample  des  louiens  seroit  ici  absolument 
contraire  aux  idees  des  anciens.  Le  vetement  ^troit 
^toit  pour  les  Grecs,  comme  le  sac  pour  les  orien- 
taux  ,  lesymbole  d'une  vie  austere  ,  de  la  douJeur, 
du  deuil.  Menippe,  lorsqu'il  se  travestit  enFuvie, 
avoit  une  large  ceinture  rouge;  et  les  jeunes  filles 
cdlibataires  de  la  Lucanie  ,  auxquelles  I'bistorien  Ti- 
maeus  attribue  le  costume  des  Furies,  s'en  servoient 
^galemeiit.  Suidas  I'appelle  une  ceinture  persi(]iie\ 
c'est  ce  qui  nous  autorise  a  sunposer  qu'clle  devoit 
avoir  des  franges  de  cuir  ,  de  laine  ,  etc.,  auxquelles 
on  a  donne  i9i  la  figure  de  serpens,  conforniement 
aux  passages  de  quelques  poeles,  qui  font  prendre 
a  Tisiphone  ou  Alec(o  une  ceinlure  de  serpens.  Or- 
phic donne  aux  Furies  le  surnom  de  vctues  d'ani- 
vtaiix  (9).  C'est  ce  qu'on  pourrolt  expliquer  mieux  , 
par  une  bordure  de  peaux  de  moulon  noires,  qui 
entouroit  la  partie  inlerieure  de  la  tunique-,  et  que 
les  Athenicns  aommont  x-urmotx.*!  (lo).  Cette  bor- 
dure qui  d'aboid  n'^toit  em|iIoyee  que  j;our  alonger, 
au  besoiii ,  le  tlssu  trop  court  (1 1)  ,   convient  par- 

(9)  &iifo7!i7TMi.  OupH.    hymn.  LXXVIII,  7. 

(10)  PoiLUx,  \ai,  63. 

(ti)  Cliaque  tunique,  cbaque  vetement  eloit  lissu  lei  qu'il  dcToit 
eire,  .sans  qu'on  eut  rien  i,  couper  ou  a  coudie.  On  ne  se  servoit 
que  de  quelque.s  boucles  pour  le  letenlr.  SouTcnl  le  metier  eloit  trop 
pelit  pour  donner  au  tissu  assez  de  longueur  ;  alors  ii  fallolt  y  siip- 
I'l  cr  par  des  bordure*  f.iltes  de  peau  ou  do  quclqn'antue  matiere.  C'est 

O  3 


%  X  4  Archceologle, 

faitement  an  cosdime  clcs  Furies,  et  ne  poiivoif  pas 
iii<iiiq;ier  d'fiie  represen((?e  ici.  Les  anciens  donnent 
expressement  des  cotimines  rouges,  des  cliaussures 
cie(oi.-;es,  aux  Furies  tragiques  ,  et  yEschyle  les  ca- 
racl^rise  dans  plusieuis  passages  do  sa  trag^die 
conuiie  des  chassercsses  qui  suivent  tcujours  les 
traces  Cfinglantcs  du  meurtrier,  qui  le  saisissent , 
]e  serrenl  et  sucent  son  sairj;.  Ces  deesses  terribles 
n'oiiL  pas  besoin  d'ailes  artificienes.  Leur  chaussure 
siiffit  pour  paicoiirir ,  avec  la- plus  grande  celerity, 
des  dislances  iuimenses.  Notre  Fuvie  (pi.  II)  est 
aiissi  representee  au  moment  cu  eile  arrive  avec  cette 
c^'letil(;cffrayanlc.  Au  lieu  d? serpens  et  de flambeaux 
que  ]ui  donnent  les  <rag:ques  postt'rieurs ,  elle  n'a 
qu'un  long  baton ,  elie  nous  offre  !e  geste  menacant 
de  la  J  ustice  (  a/x>?  )  punicsant  i'injustice  (  'A^tx.ia)  sur 
la  caisse  de  Cypsclus;  cette  attitude  des  Furies  d'^E- 
schyle  les  caracterise  suffisatnmcnt  tomme  la  d^esse 
dont  les  ]ioetes  posknieurs  ont  faif  lesbourreaux  des 
enfers.  Voila  done  le  costume  donn^  par  /Eschyle 
a  ses  Furies  irrit^es.  Qu'on  se  repi?sente  ruainteuant 
ciiiijuanle  monslres  pareils  danfanf  pour  la  preuilere 
fois  en  rend  aulour  du  meurlrier  de  sa  mere,  et 
proferant  les  terribles  imprecations  et  les  menaces 
que  le  poete  leur  met  dans  la  bouche,  et  on  se  fera 
une  id^e  de  I'effroi  que  leur  aspect  doi!  avoit  cause 
a  la  piemieie  repve-entatlon  snr  le  [leuple  d'Athenes. 
Les  Erin iiyes  du  (li^aire  d'Adienesu'etoIent  pasce- 
pendant  touj(Hirs  aussi  efFroyables.  Apres  le  sieclede 
Pericles  et  de  Pbidias,  !e  gout  t'pure  rejetoit  toutes 
ces  figures  horribles  ,  menie  de  la  scene  tragique. 
Heureusemcnt  les  vases  auxquels  nous  dcvons  tant 
de  restes  pr^cleux  de  la  periode  la  plus  florissante 
<le  I'art  des  Grecs,  nous  ont  conserve  toute  la  scene 
des  Ennicnides  ,  ou  du  moins  d'une  autre  piece  fort  A 
semblable.  On  y  voitlaFurie  dans  tout  le  luxe  du 

ainsi  que  la  nccessll^  a  appiis  a  faire  <3cs  falbalas  et  <les  bordures,  qua 
Ifi  luxe  a  enselgni  ensuile  a  teindre  en  pourpre,  a  orner  de  niaeaudres 
srliiicielSj  elc. ,  lels  qu'oa  lea  voit  sur  k  Uoi6ieuie  gravuie. 


r'\ 


p/ .  m. 


f.r,„„-,;„  i;,,,/,.,,  /„„„■/),„■  ./.■.<■,„/,.„„.■   \ 


Fnrlcs!.  SiS 

costume  frajrlqiie  ,  sans  aiicun  in(']an';p  de  l.nideur 
du  corps,  caract^iisee  uai(|iu"n)ent  ,  mais  sulnsam- 
roent  ,  m^me  pour  un  ceil  pen  exerc(^ ,  par  des  serpens 
et  des  flambe.atx,  ct  I'cnseuible  de  I'action,  plutot  qiie 
par  la  difformlf^  dii  corps.  (7cst  ainsi  qii'elle  est  re- 
presentee siir  la  planclie  111,  la  seconde  des  deux 
qui  sent  coloi  i^es.  Le  trait  de  cette  giavurc  est  copi^ 
d'apres  !e  vase  du  C.  Parois  (12)  ;  on  y  a  ujoute 
seulement  le  flambeau  dans  la  main  gauche,  parce 
qu'on  pent  j^resumer,  avec  raison  ,  que  rardste  grec 
ne  I'a  suppiime  que  par  defaut  de  place.  Les  cou- 
leuis  y  ont  et^  appl  qu(^e;>  par  M.  Meyer  ,  en  partie 
d'apies  cclles  que  Bonarola  a  indiquces,  avec  bean- 
coup  d'exaclilude  ,  au  sujet  du  bas-iellef  en  terre 
cuiie  qui  repr('sente  le  combai  d'Elt^ocle  et  de  Po- 
lyniLe;,i3/,  en  partie  d'apres  les  details  que  les  an- 
ciens  auteurs  nous  ont  laiss^s  sui'  le  costume  de 
tlif^dfre  des  anciens.  Malgre  ces  sccours,  cVfoit  en- 
coie  un  prohlerr.e  assez  difficile  de  colovier  cette 
fij^uie  aljsolument  dans  I'esprit  de  I'antiquite.  Le 
long  si'jour  que  M.  Meyer  (i^)  a  fait  en  Italic,  oil 
\\  a  etudie  et  copl^  souvent  les  restes  de  peintures 
antique?  conserv<?"es  a  Rome  et  a  Naples,  garantis- 
sent  suffisammcnt  que  le  clioix  des  coiileurs  est  heu- 
reux.  Dans  plusienrs  de  no:;  op^'ras,  tcl  qu'Iphig^n'e 
en  Tauride  de  Glucl:  ,  on  a  hesoin  .du  coUnme  des 
Furies;  maiscelui  qu'on  vojt  employe  sur  le  theatre, 
est  blen  loin  de  satisfaiie  les  connoisseurs  de  I'anti- 
quite  C'est  a  eux  a  juger  si  I'esba!  qu'on  (propose 
ici  approciie  davaiUage  de  I'antique;  car  il  ne  pcuc 
el  re  question  if  i  que  d't'/'prot/^cr  plus  ou  moins.  Je 
crois  du  moins  pouvoir  assurer ,  sans  6tre  taxe  de 
presomption  ,  qu'il  faut  avoir  braucoup  de  pratique, 

(1 1)  Voyez  ,  supra  ,  p.  198  et  2n5. 

(i5)  DEJirsTER,  Etruria  Regal,  pi.  8G.  Voy.  svpra  ,  p.  196  et  su:v. . 

(i,i)  I'.n  1797,  M.  Meyer  lit  encore  ,  i  Home,  uiie  cople  exire- 
nifnieht  lidelle  de  la  noce  AUlobraiidine.  Civile  copie ,  (ju'on  ne  se  las^e 
|iM  d'admlrer,  se  Irouve  i  Weimar.  Le  dessru  el  la  coloiaiioii  de  ij 
5.''  p!aiicUe  soul  das  aux  solns  de  M.  Mryer. 

O4 


!Li6  ^rcha:olo^ie. 

iffre  blen  vevs^  dans  cetie  partie,  seulement  pour 
sen(ir  le-<  difficuUes  qui  s'opposent  a  dcs  essais  de 
cene  nadire.  Quelq  es  ubsecvatlons  sur  celte  figure 
(  Planche  lil>,  ne  stront  pas,  je  I'csperc  ,  dc^placccs 
ic i.  Le  v^lcnieut  supei ieur,  avec  Jt-s  nianchcs  longucs, 
appartient  a  ce  que  le  costuuit  des  tiieatrcs  an- 
ciens  avoit  de  plus  riche  ^  son  veiitable  noui  t'toit 
Jiysiis  (ij).  La  Xysiis  commune  etoit  dv'  pourpre, 
et  par  tela  meme  tres-dispendituse.  Ici  il  y  a  encore 
lui  grand  uombre  de  bordures,  d'ornemens  et  de 
raies  qui  augmentoient  beaucoup  le  luxe  de  te 
costume  de  ihtfatre.Ce  qu'il  )'  a  surtont  de  rcmar- 
quable,  ce  sont  le^bandes  ^leganlcs  pointucs  ou  en 
zigzag  et  colorizes  ,  qui  entourent  I'extrt'mife  des 
iij'anches ,  et  dont  I'ldee  a  e'te  vraisemblablement 
sug^er^e  aux  anciens,  par  l'u:;age  frt'quenl  que  les 
deux  sexes  I'aisoient  de  bracelets  au  bras  et  au  poi- 
gnet.  On  y  rcmarque  encore  les  mouches  d'or  dont 
tout  I'habit  est  parsetne  j  c'est  pour  cela  que  ,  dans  le 

(i5)  Les  anciens  grammairiens  d.'sent  que  la  X3'siis  est  uii  verement 
de  theatre;  niais  ils  ne  saveiit  pas  eux-iuemes  tout-a-lait  bien  expli- 
quer  ce  que  c'est.  (  Voy.  Ruhsken.  ad'Xu.i.  Gloss,  p.  188).  Voici, 
en  peu  de  mots ,  ce  qui  en  est :  Les  ChoragI ,  qui  falsoiem  les  plus 
grands  fiais  pour  orner  les  danseurs  du  chcEur  (  Akistote  I'appelle 
'TTcifo^ov  TK  ;gof »  ,  Voy.  Tyfrnii^a  ,  notes ,  p.  5oo),  les  linbllloi«nt 
surtout  en  velemens  de  pourpre  ,  ornes  de  broderies.  Ce  scat  la  Ips 
5u5i'<5~£?  uXaofcti  cllees  par  Piutabque  ,  lorsqu'il  parte  du  luxe  des 
Alheniens  ,  relatlveraent  aux  frals  de  ihcalre  (  de  gloria  Athen.  X. 
IX,  p.  93,  ed-  Hutt).  La  xystls  n'itoit  proprement  qu'un  retement 
supcileur,  court  (Pollux,  IV,  1 16  ,  I'appelle  EJritAjj^a).  C'est.  la 
Ijabea  des  Remains  qui,  par  les  etrusqucs  ,  avolent  aussi  appris  a  con- 
ire  cetle  xyslls.  Par  la  suite  on  donnoit  aussi  le  uoin  de  xysils  aa 
Vment  Infeiieur,  plus  long  que  I'autre  ,  et  qu'on  donnoit  suriout 
»ux  Vteurs  qui  fornioient  le  choeur.  Pius  tard  ,  lorsqu'on  coninien^a 
a  velirJes  Euincnldes  comnie  des  cliasseresses  ,  en  habit  court,  on 
supprlmoiKpcut-elre  I'habit  long  de  dessous.  Jusqu'a  present,  ce  njoC 
de  xystls  n'a  pas. encore  elA  bien  explique.  La  liguio  de  ce  v»sesqr- 
•fra  tres-bieii  4  s'eti  laTve  une  idee  ;usi«. 


nViiri 
Tel\ii 


Furies,  s.  1 7- 

langage  (ccliniqiie  de  la  colfTiire,  cet  habit  (^foltapr 
pelt^  purscnie  cCor  (i6).  Le  vetemciit  vcrt  infericur 
qui  desceiul  jusqu'aiix  genoiix  (17)  ,  et  les  coihtinies 
lact's  ck'sigiient  les  chasseiesses  It^gcres  ,  sans  cepen- 
<Iant  iniiter  le  saut  violent  qui  caiacte'rise  les  Furies 
d'yEschyle,  Sous^le  cothurne  Jaime,  il  y  a  uii  Ibnd  , 
coiileiir  de  poiirpve;  et,  ce  qui  est  assez  rare  sur  les 
nioimniens  auticjiies,  la  poinle  du  colluune  est  re- 
courbee  en  dessus.  Ccla  servira  a  d^montier  encore 
que  le  cercle  des  modes  se  renoiivclle  eonstaiiiment. 
Car  qui  ne  conrioit  point  les  celcbres  souliers  appel^^s 
becs-de-ciiinie ^  en  vogue  dans  le  X!.''  si^cle  et  les 
temps  siiivans  ,  qui  ont  et^  si  longfeinps  un  objet  de 
seandale  pour  toufes  les  ames  pieuses,  et  c|tii  uienie 
ont  ete' detendus  parplusicurs  conciles  (i8j.  ]1  auroit 
ei^  sans  doute  plus  intf^ressant  d'oIlVir  ici  la  ricbe 
composition  de  celte  peintiire  de  vase  dont  la  figure 
de  Furie  telle  qu'eile  etoit  representee  sur  le  theatre 
dcsGrecs,  aune  ^poque  moins  ^loigne'e  de  nous,n'est 
que  la  nioindre  partie  (17).  Ce  n'est  qu'en  conside- 
ranl  ainsi  toiitc  la  composition,  qu'on  peut  tout-a-fait 
sentir  et  appr^cier  le  rapport  important  dans  lequel 

(16)  L'expression  grecque,  pour  designer  ce  vetement ,  eM%^V(ro~ 
WaJj-oj.  On  Irouve  des  Xfva-oTToc^oi  %'j?iOil  dans  un  fragmeni  d'Eu- 
polis  ,  conserve   par  Pollux,  VI,    10. 

(17)  Ces  Telemens  verts  ,  usltes  sur  les  theatres,  s'appeloieni 
fiai^X^^^^  ■)  PoLLox,  VII,  55. 

(iS)  Selon  CicEROn  {  de  Nat.  Dear.  I  ,  29  )  ,  Junon  Sospita  h  La- 
nuvliim  avoit  une  chaiissure  dont  la  polnte  i'toit  recourb^e  (  calceolos 
Tepotnlos)  ,  et  cVst  aInsi  qu'on  la  voit  encore  sur  des  nionunions 
antiques.  La  slalue  du  Miisee  Pio-Clcmentin  (  t.  II,  pi.  31  ),  a  i-te  re- 
slauri-e  d'apies  cela.  L'liisioire  des  poulaines  ou  souliers  a  bee  ,  *e 
Irouve  dans  BtctjiANN  ,  Vorrath  kleiner  Anmerkungen  iiber  al- 
lerlei  Gegenstcende  (Recueil  de  peiiics  observations  sur  diflereiis 
sujets  )p.   45  ,  s<je/. 

(19)  [II  a  ete  observe  deja  plus  liaiit  que  le  C.  Millis  se  propose  de 
publier  la  peinlure  enlierp  dans  une  di'S  procliaines  livruisoiis  de  sea 
^'onumens  anli//ues ,    iaidits  ou  nouvellcinent  expliquis'\. 


2, 1 8  ArchcBologie. 

ce(te  figure  se  fronve  avecraction  eiitiere.  TI  y  a  uii 
charme  admirable  rc^pandusur  la  composition  dc  cefte. 
peintiire  ,  et  queliju'ome  ,  quelque  beau  quesoit  I'ex- 
t^rieur  de  cette  Furie,  le  spectateur  est  saisi  d'une 
veritable  terreur  par  le  pouvoir  de  Ja  d^esse  venerable, 
que  la  pr<?sencc  seule  d'Apollon  peut  empechcr  de 
s'emparer    d'Oreste,  sa  victime. 

Pour  offiir  a  nos  lectetirs  une  peinture  enliere  de 
cette  nature  ,  et  pour  leur  donner  ainsi  une  idee 
exacie  de  ce  que  veut  prcprcmont  (Y\xzV Fjiqyhcmisina 
de  I' arf  qm  savoit  si  bien  adoucirce  que  cftte  rrpr^- 
seutation  avoit  de  terrible,  on  a  joinlsur  la  IV.' plan- 
che  ,  une  cople  fidtlle  du  simple  fraic  d'nne  peinture 
de  vase  antique  ,  qii,  sans  avoir  tgard  au  but  pour 
Icquel  onle  donne  lei,  est  encote  remarquabie  ,  parce 
que  c'ciit  cerfiiinenient  une  des  compositions  les  plus 
sinijdes  et  les  plus  belles  qui  nous  soient  resides  de 
i'anfiqulte  (iS).  Quant  a  i'e^ plication  de  (clte  pein- 
ture ,  je  me  rapporte  a  ce  que  j'en  ai  dit  plus  haut. 
J'ajoulerai  seuknient  que  !e  chevalier  A  Italinskj  ^ 
dans  les  explications  ingt'nieuses  qu'il  a  joiutes  a  cet 
ouv)age  ,  a  chert  li^  a  expiiquer  cette  peinture  par 
un  fragment  dePh?recydes(i9),d'apre,ilequel  Oreste, 
pendant  son  bannissement  en  Arcadie,  s'cst  reiugi^ 
(ians  le  sanctuaire  de  Diane  :  il  s'y  placa  sur  I'autel 
de  la  d^esse ,  pour  inij)lorer  son  secours  ,  mais  les 
Furies  qui  cherchoienl  a  le  tuer,  le  tourmenterent 
beaucoup.  Le  meilleur  parti  sera  de  ne  pas  raj)porler 
cette  peinture  a  une  scene  dcteruiinee  des  souH'rauces 
d'Oreste  ,  mais  ,  en  general  ,  a  Orcste  lourmentd  sur 
le  ihecUre  jiar  les  Furies  (20).  Cette  situation  etoit 
sans  doute  une  des  plus  favorables  et  des  plusfer- 
liles  de  tout  le  cercltf  roythique  de  I'antiquiid,  soit 

(ao)  Dans  la  collection  des  rases  antiques  ,  pi-blipe  en  qiiatre  vo- 
lumes, par  M.  TrsCHBEiN  ,  sous  le  litre,  Co/lection  0/  engravings  of 
ancient  vases  ,  cette  peinture  se  trouve  an  tome  III  ,  pi.  32.- 

(21)  Dans   les  scholles  grecrjues,  sur  le  v.    1C45  de  \Ores[e  d'Etr- 

miFIDE, 

■  (-J2)  Scini)  c£'ico:us  Oien-ns,  Viho..<4£/j.  IY,  47"' 


Furies.  2,  i  cjj 

pour  I'artrste,  solt  pour  le  rn  oval  isle.  Les  artistes 
gK-cs,  toujouis  ficli'lles  a  la  loi  imniunhle  de  !a  beani^, 
oiU  constamnipnt  figure  les  Erinnyes  ,  k  quclquts  le- 
xers changenicns  pi  es  ,  telles  que  uous  les  voyons  ici , 
^n  chasseresses  rapicles,  chauss^es  du  codiuine,  avtc 
Ja  tiinique  reivouss^c,  effrayantes,  non  pas  par  la 
laicleur  des  formes  ,  luais  par  i'action  e(  Teft'et  qu'elles 
produisent.  Get  tO'et  est  exprimd  ,  d'une  maniere  si 
irappante  dans  la  position  entiere  d'Oreste  fugitif  et 
sai.si  d'horreuret  d'eifroi,  que  tout  ce  qu'on  pourroit 
encore  ajouter  ace  sujet  devient  suporflu.  Le  cha- 
peau  lace:)(?monien  de  voyageur  (  pilciis)^  qui  lul 
tonibe  derriere  le  dos,  indique,  d'une  maniere  vrai- 
nient  poeticjue,  que  I'avtisle  a  voulu  representer  le 
moment  oil  le  mallieureuv  se  pr^cipite  ,  tout  essouffld 
et  hors  de  lui-meme,  sur  I'autel  de  la  divinil^.  C'est 
ainsi  que  le  sage  euplnMiiisme  de  I'art  ^  en  embel- 
li'^sant  ces  divinites  vengeresfes ,  ne  leur  fait  rien 
perdre  de  leur  pouvoir"  terrible.  L'urliste  n'a  pehit 
que  des  Euminides  ,  et  ce  soul  de  viritables  Erinnjes, 


LEGISLATION. 

Que  chez  de  grand cs  puissances  j  les  erreurs 
en  legislatioii  ont  die  la  source  de  leur  de- 
cadence. 

J-^  o  u  s  avons  vu  ,  en  morns  de  deux  siVcIes  ,  quatre. 
oil  cinq  puissances  passer  tour-li-tOHr  de  la  domi- 
nation a  Tob^issance,  et  de  I'etat  de  grandeur  a  la 
foihiesse.  Si  nous  cherchons  ]a  cause  de  cette  revo- 
lution politique,  nous  ne  pourrons  la  trouver  que 
dans  les  abus  de  leur  legislation.  En  commencant 
par  I'Espagne,  nous  verrons  que  celte  nation  qui  , 
sous  Charles-le-Quint ,  ^toit ,  pour  ainsi  dire  ,  le 
centre  unique  d'oii  partoit  le  mouvement  convulsiF 
qui  agitoit  I'Europe  ,  qui  ,  en  portant  la  premiere 
ses  armes  victovieuses  dans  un  nouvel  hemisphere  , 
avoit  eu  le  boiiheur  d'ajouJer  aux  avantages  de  la 
position  la  plus  favorable  et  du  territoire  le  plus 
fertile  de  I'Europe  ,  le  domaiue  des  contr^es  les  plus 
opulentes  de  I'Amerique  ;  qui  auroit  pu  etre  la  plus 
riche  de  toutes  les  nations  de  la  terre  ,  les  soumettie 
a  I'empire  de  savolonte,  et  Irouver  dans  son  sein 
les  nuiteriaux  propres  a  jetcr  les  fondements  de  sa 
grandeur;  nous  verrons,  dis  je  ,  que  I'Espagne  doit 
non  sciilcment  a  I'expulsion  desMalires,  suiviebieu- 
tot  apres  de  I'augmentation  excessive  des  impots, 
mais  encore  a  un  faux  principe  d'administration,  et 
a  I'influence  de  ce  principe  sur  les  lois,  la  perte  de 
taut  d'avantages,  et  i'clat  d<?p]OiabIe  dc  I'agricul- 


Melanges.  £2t 

ture ,  de  I'industrie  ,  de  la  popnlalion  ct  du  com- 
merce, que  tous  les  efTorts  du  Goiivernement  actuel 
n'ont  encore  pii  r(;tablir.  Les  honinies  pen  ^clalr^s 
qui  pr(^sidoicnt  alors  a  radmlnistrafion  de  I't'tat,  res- 
seriant  leurs  vues  dans  les  bornes  ^troites  de  leur  pays, 
ne  sentirent  pas  que  la  prosp^rit^  de  I'Epagne  ^(oit 
li^e  a  cello  des  audes  nations;  qu'elle  ne  pouvoit 
conserver  ses  propres  richcsses ,  qu'ea  augmentant 
celles  de  ses  voisins  ,  et  garder  une  partie  de  ses 
m^taux  ,  qu'en  laissant  <?couler  I'aulre  partie  dans 
I'Europe.  lis  ne  voyoient  pas  qu'en  accroissant  tou- 
jours  la  masse  de  leur  numeraire ,  sans  que  celle 
des  autres  ^tats  s'accrut  a  proportion ,  ils  attaquoient 
I'agriculture  et  I'industrie  natlonale  ,  et  les  obli- 
geoient ,  faute  de  pouvoir  soutenir  la  concurrence 
des  Strangers,  a  disparoitre  de  I'eJat ,  eraporfant 
avec  elles  (ous  ces  tresors  dont  il  anroit  fallu  sacrifier 
une  partie  pour  la  conservation  de  I'autre.  lis  ne 
savoicut  pas  que  I'or  et  I'argent  (Violent  des  produc- 
tions du  Nouveau-Monde,  dont  il  ne  failoit  relenir 
cliez  eux  qu'une  partie  sufEsante,  pour  faire  pen- 
clier  dc  leur  cot^  la  balance  du  commerce  relatif. 
C'est  pour  avoir  ignore  ces  Veritas  imporfantes  , 
qu'a\ec  tant  de  lois  prohibilives  de  la  sortie  des 
especes,  les  rois  d'Espagne  et  leurs  ministres  ont 
renvers^  tous  les  fondements  de  la  force  publique. 
Cette  verite  sera  d^veloppee  avec  tonte  I'^tendue 
qu'elle  merite,  dans  notrc  cours  de  cette  ann^e  au 
college  national  de  France. 

Si  nous  passons  de  I'Espagne  a  la  France  ,  nous 
verrous  encore  une  nation  qui  ,  apres  avoir  doming 


222  Lcgistaiion. 

en  Europe,  conime  TEspagne  ,a  (rouv^comme  die  , 
elans  rignorance  de  scs  legislateurs  et  les  vices  de 
Jems  o{i(^rations ,  le  prlncipe  de  sa  d(?cadencc.  Ua 
seul  Edit ,  dicte  par  le  fatiatisme  dequeiqnes  honimes, 
ainsi  que  reneiir  d'un  ministie  qui  changea  tout  le 
sysicaie  econouiique  de  I'Elat^  ont  caus^  plus  de 
niaux  a  la  France  ,  que  ne  lui  avoient  procure  d'avan- 
tages  quarante  ans  de  victoires  ,  des  g(?n^!aux  illus- 
tres,  des  Academies  c^lebies,  une  foule  d'homme* 
de  g^nie  dans  les  lettres  et  dans  les  arts ,  et  toute 
rinflueiite  despolique  que  ces  grands  moyens  lui 
avoient  don^^e  sur  I'Europe. 

Louis  XIV,  en  dispcrsant  loin  de  leur  patrie,  une 
portion  de  ses  sujets  que  I'erreur  avoit  ^gart^s ,  non- 
seulement  frappa  d'un  coup  mortel  la  population 
du  royaume,  mais  il  cnleva  encore  a  I'etat  toutes 
les  ressouices  des  arts,  que  ces  nialheureux  prosciits 
coururent  offrirades  nations  plus  ^clair^es  sur  leurs 
vrais  int^refs.  Colbert,  accordant  aux  ouvrages  de 
I'industrie,  une  preference  presqu'exclusive  sue  les 
productions  d<i  la  terre,  placant  toute  sa  conliance 
dans  les  mains  des  courtiers  de  I'art ,  et  non  dans 
la  fertilit(=  du  sol  ,  arracha  les  cultivateurs  a  la  terre, 
pour  en  faire  des  iuventeurs  de  modes  et  des  manu- 
lacturiers  d'^toffes  ;  donna  a  sa  patrie  une  prospd- 
rite  trompeuse  et  precalre  ,  que  les  progres  de  Tin-, 
duslrie  en  Europe  ont  bienlot  fait  ^vanouir  ,  et  en- 
seigna  par  ce  moyen- aux  aulres  nations  I'art  d'ap- 
pauvrir  la  France  ,  en  s'onrichi -sant  ellcs-menips. 

En  elFet  ,  I'Angletcrre  fut  la  premiere  a  piofiter 
de  cette  faute  ,  et  elle  prit  des-lors  une  grande  su- 


Mchmges.  220 

foiioiifd  3ur.  la  Frriiue  :  nials  cet  empire,  a  son  tour, 
apres  avoir  si  longteraps  doming  sur  les  mer^ ,  anres 
avoir  dict^  ses  Ids  dans  tous  Ics  ports  et  sur  toutes 
Jes  coles,  humilie  tous  les  pavilions  de  TEurope  , 
t'teodu  son  influence  puissanle  sur  le  commerce 
des  deux  hemispheres ;  cet  empire  est  aujourd'hui 
sur  les  bords  de  sa  mine,  et  sa  decadence  subite  a 
sa  source  dans  les  erreurs  de  scs  lois.  II  n'a  eu  dans 
son  sein  aucun  legislateur  assez  eclaire  pour  lui  ap- 
prendre  qu'une  mere  reduile  a  un  petit  nombre  d'en- 
fants,  ne  devroit  pas  les  disperser  loin  d'elje  ;-que  la 
Grande-Bretagne,  avec  dix  millons  d'habilans,  u'e- 
tait  pas  en  ^tat  de  peupler  un  si  grand  nombre  de 
colonies;  qu'au  lieu  d'engap,ci'  ses  sujets  a  abandonner 
la  patrle,  elle  devoit  ,  par  des  reglemens  sages, 
meltie  un  obstacle  a  leurs  fi^cjuentes  (?migrations  , 
et  se  contenter  des  elablissements  n(5cessa!res  a  son 
commerce.  Aucun  des  souvcrains  de  cette  nation 
n'a  seuti  que  cette  maniere  de  domincr  dans  le 
Nouveau-Monde,  ne  devoit  paslai  faire  oublier  qu'un 
cifoyen  qui  abancionne  sa  patrie  ,  pour  lui  etre  utile 
au-dela  des  mcrs ,  n'abandoi:ne  pas  pour  cela  ses 
droits;  que  cette  oppression  est  d'autant  plus  injuste, 
qu'tlle  est  cxercee  par  un  pcuple  libre;  que  la  mo- 
cli'ration  est  I'uniquegarant  des  possessions  loinfaiues; 
c|ue  le  commerce  exclusif  des  colonies  aveclam^tro- 
.pole  ,  est  un  acfe  d'Injustice  qui  doit  tot  ou  tard 
>€tre  'ine  source  de  divisions,  Aucun  homme  d'esprit 
n'a  v.ciivc  a  scs  concifoyens,  que  d^pouiilcr  les 
colons  du  droit  inviolable  d'etre    soumis   au  juge- 


2^4  Lcgislali  0/7. 

ment  seiil  cle  Icius  piopres  juri's,  C'^to'it  climhiue*' 
leur  confiance  dans  le  gouvernement ;  que  les  sou- 
mettre  a  des  contributions  arbitraires ,  c'^toit  attenter 
a  leur  liberty  5  rjue  leur  enlever  le  droit  de  se  taxer 
eux-menies  ,  c'(?loit  leur  arracher  une  pr{?rogalive 
qui,  peut-etre ,  est  en  Angleterre  ,  le  seul  garant 
de  leur  liberl^;  une  prerogative  que  les  sujets  de 
cet  empire  ont  tant  de  fols  ciitientee  de  leur  sang, 
et  pour  la  conservation  de  laquelle  ils  ont  si  souvent 
dt'tione  leurs  rois.  Un  sage  l^gislateur  leur  auroit 
dit  au  contraire  ,  que  ces  colonies  une  foi;  parvenues 
a  un  certain  point  de  richesses  et  de  puissance, 
n'auroient  plus  besoin  du  secours  de  leur  metropole, 
etqu'il  t'alloit  par  consequent  gouverner  avec  la  plus 
grandc  moderation  un  pcuple  qui  devoit  trouver  lant 
d'interdt  a  cr^er  son  independance.  Ce  legislateur 
auroit  encore  pr^venu  d'autres  niaux  ;  et  si  dans  ces 
derniers  temps  elle  cut  eu  a  la  tele  du  gouvernement 
brilannique  un  Lock  ou  un  Peen  ,  ces  deux  hommes 
c^lebres  auroient  d^monlre  a  leur  patrie,  que  I'abus 
qu'elle  a  fait  et  qu'elle  fait  encore  de  son  credit  ,  en 
accroissant  cliaque  jour  la  mas^e  de  la  dette  natio- 
nale,  enmultipliant  a  I'infini  la  circulation  du  papier 
repr(?sentatif  dune  monnoie  qui  n'existepas,  devoit  , 
soit  par  Tavilissement  du  numeraire  ,  soit  par  I'exces 
des  irapots ,  augnienter  sans  mesure  le  prix  des  tra- 
vaux  productifs  et  des  ouvrages  de  I'art ;  que  cette  ' 
augmentation  causeroit  a  1' Angleterre  le  d^savantage 
le  plus  frappant  dans  sa  concurrence  avec  les  autres 
nations ,  et  que  tant  d'erreurs  entraineroient  en  pen 

de 


Melanges^  2  25 

tic  temps  la  mine  de  son  indusuie.  Une  sage  poli- 
lique  n'ausoit  pas  n^glig^  ces  consitli'ialions ;  niais 
elleaont  cchapp^  aii\  ciloyens  Anglais  ;  ct  cet  oubii 
prtxlpite  vers  sa  decadence  une  JNation  qi.i,  jusqu'a 
ce  jour,  avoit  le  niieux  connu  ses  inteiets. 

Les  peuplcs  ont  done,  comnie  leshonmies,  lei:r 
p^iiodc  d'ignorauce  et  d'eneiui  et  c'est  dans  cette 
siuiatlon  que  se  irouve  aujourd'lnil  I'Anglelerre  : 
au  lieu  de  diminiier  la  masse  des  iaipols,  elle  Tau"-- 
menlesans  cesse  ;  elle  perd  son  influence  dans  I'Eu- 
lope  ,  pour  avoir  voulu  lui  donner  (rop  d'^lendue 
en  Am^ique  et  dims  I'lnde.  Bientot  elle  en  sera 
priv^e  dans  I'un  et  I'autre  hemisphere  ;  et  le  sceptre 
tie  KEuiope ,  apres  avoir  pass^  de  I'Esparrne  a  la' 
France  »  et  de  la  France  a  I'Angleterre  ,  ccnibls 
devoir  prendre  un  autre  essor.  Wais  oii  ce  sceptre 
ira-t-il  se  fixer?  Francais  !  osons  nous  Matter,  (fii'ii 
reviendra  donner  des  lois  a  I'Europe  dans  le  sein 
de  notie  republlque.  Conime  nation  guerriere,  nous 
avons  d^ja  repris  le  premier  rang  dans  cette  partie 
de  I'univers,  jiar  tant  de  victoires  eclatantes  que 
nous  venons  de  reniporter.  Comme  nation  f^conde 
en  hommes  celebres,  qui,  par  leur  r(?union  ,  par- 
courent  avec  tant  de  succes  le  cercle  des  connois- 
sances^lumineuocs  ,  nous  Grlitlendrons  bientot  le  pre- 
mier rang  par  la  sup^riorite'  de  nos  lumieresen  le- 
gislation ;  et  que  ne  doit-on  pas  attendre  d'uri  2ou- 
vcrnement  sage,  qui  veut  le  bien  ,  et  qui  ne  ciierche 
qu'a  s'eciairer.  Une  conduite,  si  digne  de  nos  ap- 
piaudissements  et  de  toute  aotre  reconnoissance, 
Tome  V,  ^ 


2,26  Lcgislaiion, 

elevera  la  nation  francolse  au  plus  haut  degr^  d* 
gloire,  par  le  titre  de  -pcuple-  rol ,  paci/icateur  de 
I' Europe  ,  que  les  puissances  voisines  s'empresseront 
de  lui  defdier,  et  que  I'^qultable  post^rlle  lui  con- 
Urmera. 

Ce  tnimoite  a  iti  lu  dans  une  stance  puiliijue  de  la  Societd  des 
Observateurs  de  I'Homrne. 


VARIETES,  NOUVELLES 

ET 

CORRESPONDANCE  LITT^RAIRES. 


NOUVELLES  ETRANGERES. 

Allemagne. 

Exposilion  au  salon  des  tableaux  a  Weimar, 

On  a  parl^  a  difFerentes  reprises  ,  dans  ce  jour- 
nal, des  prix  proposes  depuis  trois  ann^es  par  M.  le 
conseiller  intime  de  Goethe  ,  aux  artistes,  surtout 
ceuxde  I'Allemagne.  Les  deux  premieres  annees,  les 
dessins  et  les  tableaux  envoyes  des  difTiJrentes  contrees 
de  I'Allemagne  pour  ce  concours ,  furent  reunis  a 
I'exposition  annuelle  de  I'Acad^mie  de  dcssin  de 
Weimar,  dont  le  directeur  est  M.  le  conseiller 
KraUSE.  Cette  ann^e,  M.  de  Goethe  ayoit  assign^ 


t^ouvelles  litleraifei.  s."!*^ 

wn  local  partlculier  a  I'exposition  des  ouvrages  en- 
\X)yes  ail  concours?  qu'il  avoit  ouvert  j  deux  salles 
vastes  et  bien  eclair('es  dii  thCatre  de  Weimar  avoient 
^t^  dispos^es  pour  cede  exposition  par(ielle  ,  qui 
cfFioit  I'a vantage  d'un  coup-dVeil  moins  confiis,  et 
d'une  jouissance  plus  traiiquille.  Kile  commenca  le 
i8  septenibre  ;  pour  eviter  tonte  espece  de  desordre, 
on  fit  payer  a  I'entr^e  une  l^gere  r^niljution.  Les 
amateurs  pouvoient  aussi  s'ahonner  pour  tout  le 
temps  que  duroit  I'exposition. 

La  premiere  salle  offroit  ,  sur  les  deux  murs  op- 
poses I'un  a  I'autre  ,  les  ouvrages  envoy^s  au  con- 
cours;  la  seconde  contenoif  une  collection  choisie 
de  maitres  anciens  et  nouvcanx,  aussi  agreable  qu'in- 
structive»  par  la  vari^le  des  objets  et  du  style. 

Les  deux  sujets  proposes  par  M.  de  Goethe,  pour 
le  concours  de  cede  ann^e ,  ont  ele  annonces  et 
d^velopp^s  I'ann^e  passee  dans  les  Propyl^es  (  i  )  , 
journal  r^dige  par  lui.  L'un  et  I'autre  eloirnt  pris 
de  rhistoiie  b^roique  de  la  Grece,  d'un  cycle  ar- 
tis(iqi;e  ,  qu'on  ]  ourroit  nommer  achilleide  ,  du  lie- 
ros  qui  en  est  le  personnage  principal.  — Le  premier 
siijet  ^toit  de  reprf^senter  Acbllle  cache  par  sa  mere  , 
parmi  les  jeunes  fiUes  de  la  cour  de  Lycomede ,  roi  de 
Scyros,  et  d^^ouvert  par  la  ruse  d'Ulysse  et  de  Dio- 
mede  ,  au  moment  d^cisif  niCme  ou  la  fille  de  Ly- 
comede ,  au  d^sespoir  de  ce  que  son  anoant  est  d«?- 
couvert,  s'approche  d'Achille  qui,  trahissant  son 
d^guiscment  par  son   amour  pour  les  armes ,  attire 

(I)  Propjlies.  vol.  HI,  cahier  a,  p.  iG3. 

P  a 


iaS  Noiicelles  Htteratres. 

tous  les  regards.  Quinze  artistes  de  Cassel  ,  de  Co- 
logne,  de  Berlin,  de  Vicnne,  de  Diir.seldorf,  de 
Kaizeboiirg,  de  Hanibourg,  de  Breme  et  de  Paris, 
avoient  essay^,  de  difFerentes  manieres  ,  a  satisfaire 
a  ce  siijet,  qui  paroit  avoir  souvent  occiipe  les  ar- 
tistes aiiciens  ,  comnie  on  le  voit  par  plusiciirs  bas- 
reliefs  qui  nous  reslent  encore.  M.  Je  profcsseur 
Nahl  ,  a  Cassel,  dont  \es  Adieux  d'' Hector  Awoient 
attaches,  I'ann^e  dernlere  ,  tous  les  spectateurs,  au- 
tant  par  la  composition  agr^able  que  par  la  purcie  de 
rex(?cution,  fut  de  nouveau  facilement  reconnu  dans 
un  des  ouvrages  de  I'exposition,  et  quoique,  par  la 
nature  meme  dii  sujel  j  la  tendre  Deidamie  ne  pou- 
Voit  pas  ofFrir  line  figure  aussi  noble  que  I'avoit  €l€ 
I'Andromaque  de  s,a  derniere  composition  ,  son 
Acbille  attira,  cette  annee,  les  regards  de  tous  les 
spectateurs  ,  d'une  maniere  irresistible.  Toutes  les 
autres  figures  sont  ,  au  reste,  groupees  avec  lant 
d'inlelligence  ,  et  execut^es  avec  tant  de  delicalcsse, 
et  en  nienie  temps  avec  tant  de  precision  ,  c[a'un 
certain  charnie  paroissoit  r^pandu.sur  I'ouviage  en- 
tier.  Ce  dcssin  a  la  plume  et  lave,  envoy^  par  M. 
Kalil,  ^loit  la  piece  favorite  du  public  dans  toiite 
Texposition.  Tout  le  monde  s'y  arreloit  le  plus  long- 
temps  possible,  ct  les  critiques  qui  vouloienten  parlcr 
d'une  maniere  defavorable,  ne  trouverent  point  les 
spectateurs  de  leur  avis.  Acot^  de  ce  dessin  ,  il  ^toit 
facile  de  reconnoitre  I'ouvrage  de  M.  HoFMANN,  a 
Cologne,  qui  avoit  remporte  le  prix  de  I'annee  der- 
nlere ,  par  la  raort  de  Rhesus.  On  aiinuit  a  retour- 
ner  a  cc  dessin  ,  en  crayon  noir,  sur  papier  blanc, 


Nouvelles  lilleraires,  229 

ef  chaqiie  fo'is  on  ^(oit  rt'compen?(?  par  iin  plaisir 
nouveaii  qn'inspiroit  cet  essai  heiireiix,  d'appliqiier 
aiix  sujets  ^lev(^s  de  I'liistone  licroiqiie  les  avanta- 
ges  et  ]es  jouissances  que  procure  aux  yeux  la  bonne 
(?coIe  flamande.  L'unild,  tres-heureusenient  moti- 
vee  dans  le  rapport  de  toutes  les  figures  ,  au  sent 
Acliille,  qi'.i  avoit  je(^  son  d^guiseuient ,  fut  gCfne- 
ralement  admir^e,  et  un  grand  nombre  des  specta- 
teurs  desiroient  de  voir  ex^cutde  en  peinture  une 
composition  qui  ,  par  la  bardiesse  de  la  distribution 
des  lumieres  et  de  la  tenue,  faisoit  une  impression 
si  forte.  A  cote  de  cetle  composition,  oil  tout  efoit 
jrapportt'  a  un  point  unique  ,  un  dessin  envoye  de 
Paris  Tormoit  un  contraste  assez  singulier.  L'auteur 
de  ce  dessin  est  ,  a  cc  qu'on  dit ,  M.  Tl£K,  artiste 
de  Berlin  ,  qui  ,  pendant  son  sejour  a  Paris,  y  a  d^ja 
remportdun  prix  de  sculpture.  Au  signal  donn6  sur 
le  vaisseau,  on  voyoit  tout  se  disperser  corame  par 
un  coup  de  vent.  II  y  a  dans  cette  composition  beau- 
coup  de  mouvement  ,  re'evt?  encore  par  le  roi ,  qui 
commande  la  trauquilllte  ,  et  qui  se  trouve  sur  le 
cote.  Si  tous  les  specfaleurs  avoient  su  distingucr 
entre  les  moycns  que  peut  employer  le  sculpteur 
et  ceux  du  peintre ,  plusieurs  d'entre  eax  ne  se 
seroient  point  pcrmis  des  jugcniens  d^favorables  et 
despropos,  tels  quecelui  d'appeler  Lycomede  un  roi 
de  carton.  —  Un  dessin  a  la  plume  et  lav^,  envoyd 
anssi  de  Paris,  ofFroit  ,  au  lieu  de  la  tradition 
ordinaire  de  ce  sujet,  proposre  pour  ce  concours^ 
une  autre  indiqu^e  dans  rAcbilleide  de  Sface,  de  la 
danie   des  jeunes  filies,  cl  offioit  Acbiile  en  babits 

P  3 


tSrD  Nonvellcs  lilterabes. 

de  femmes,  et  arnii?  de  I'avc  et  de  fleches  pendant 
tjiie  ses  compagnes  daiisolent.  Cette  composition 
n'est  pas  sans  ro^rite.  Un  artiste  habile  de  Diissel- 
dorf,  M.  KoLBE  ,  avoit  flgur^  les  deux  h^ros,  qui 
sent  alaiccheiche  d'Acliille  ,  deguis^sen  marchands, 
et  son  Achille  ^toit  une  veritable  figure  deMinerve. 
Un  sculpteur  de  Cassel  avoit  envoye  un  dessin  oil 
il  avoit  traits  ce  sujet  d'une  maniere  fres-ingenieuse 
pour  etre  ext^cut^  en  relief.  Dans  un  dessin  a  la  sepia 
envoy^  de  Hambourg  ,  chaque  tete  ^toit  une  veri- 
table peinture  en  miniature,  ex^cut^e  avec  tout  le 
fini  possible.  Les  ouvrages  envoy^s  de  Vienne  pa- 
roissoifnt  reunir,  moins  que  les  autj^es,  les  suffrages 
du  public. 

Le  second  sujet,  Acliille  combat  taut  le  Scamandre 
et  le  Shnois  y  d'apres  le  21.^  chant  de  I'lliade  ,  of- 
froit  a  I'iniagination  des  concurrens  un  champ  d'au- 
tant  plus  vaste,  qu'on  pouvoit  imaginer  et  ex^cuter 
en  effet  plusieurs  momens  de  i'action  d'une  maniere 
^galement  avantageuse.  Mais  differens  dcueils  poa- 
voient  se  presenter  en  menie  temps  a  une  imagination 
trop  ardente.  M.  Hofmann  de  Cologne  avoit  aussi 
Concouru  pour  ce  seccod  prix.  Son  Achille  ne  combat 
pas  seulement  deux  ,  ruais  huit  fleuyes  a  la  fois  , 
qu'il  s'est  figur^  sans  doute  comme  les  repr^sentans 
des  vagues  irritees  et  entass^es  contre  le  heros.  II 
est  vrai  qu'aucun  d'eux  n'est  le  veritable  Scamandre 
ni  le  veritable  SImofs  ;  niais  la  lichesse  de  I'ar- 
mure  ,  ct  la  position  de  ccs  monstres  aquatiques  com- 
battant  a  forces  r^unies  un  seul  h^ios  ,  procuroit  urx 
laouyeau  plaisir  tout^s  les  fois  qu'on  les  legcirddit.  Si  la 


Nouvelles  litteraires.  aSi 

BobTe  siitipliciJ^  a  <it^  saciifie^e  a  I'efFet,  ce  sacrifice 
fut  du  nioins  compens^  par  une  beauts  qui  en  va- 
loit  la  peine.  Un  dessin  sur  papier  gris  avec  du  crayon 
noir ,  tres-peu  colori^,qiu,  selon  Ife  catalogue  im- 
prim^  qu'on  recoit  a  la  porte,  avoit  et^  envoyd  de 
Berlin  par  iin  artiste  etranger  (  M.  Hummel),  at- 
tira  J  presque  aussi  souvent  que  I'ouvrage  dont  on 
vient  de  parler  ,  les  regards  des  curieux.  II  est  vrai 
que  dans  son  Acliille  parfaitement  bien  dessin^ 
conime  Acad^mie  ,  et  dont  la  saillie  etoit  tres-forte, 
on  voyoit  plulot  le  h(?r.os  qui  attaque  avec  intrdpi- 
dite ,  qn'AchiUe  qui' court  le  danger  d'etre  vaincu 
"par  LesJIeuves  (telles  ^toient  les  expressions  du  pro- 
gramme); cependant  on  ne  pouvoit  qu'applaudir  ^ 
I'idee  des  eaux  qui  s'amoncellent  des  deux  cot^s,  et 
de  la  verity  avec  laqiielle  I'avtiste  avoit  su  figurer 
le  corps  par-dessus  lequel  passent  les  flots.  Deux  des- 
sins,  en  crayon  noir,  sur  papier  gris,  envoy^s  de 
Dresde,  ne  finent  pas  tres  -  propres  a  donner  de 
grandes  espt^rances  de  Tecole  de  cette  capitale,  et 
prouverent  de  nouveau  que  les  melUeurs  tr^sors  de 
I'art  ne  sufEsent  pas  seuls  pour  former  I'artiste.  — • 
Une  peintnre  al'huile,  envoy^epar  M.  Hartmann, 
habile  artiste  de  Stuttgard  ,  qui ,  dans  ce  moment, 
est  a  Dresde ,  excita  d'autant  plus  I'altention  des 
connoisseurs.  Achille  est  forfcment  pressd  par  les 
deux  fleuves.  Pendant  que  I'un  d'eux  lance  d'une 
main  deux  cadavres  vers  lui,  I'a'.tre  le  saisit  des 
deux  mains.  L'id^e  de  faire  venir,  au  sccours  du 
h^ros  tourmente,  Vukain,  qu'on  apercoit  dans  les 
nues ,  prouve  que  I'artiste  a  bicn  dislingu^  le  momeut 

P4 


s.3z  Noui'pUes  Viltcraires. 

]e  plus  riclio  de  I'action,  Muis  il  ainoit  clii  lepre- 
senler  Vulcaia  conibaflaut  cl^ja  Jos  fleuves  avec  ses 
flammes. 

Sur  line  pelntine  a  I'buile  ,  envoy^e  de  Berlin  , 
Vulcain  ^toit  repr^sent^  s'appuyant  sur  deux  Jeuncs 
esclaves.  Ce  secours  ,  anivant  sur  des  b^quilles,  au- 
roit  pu  faire  soupconner  que  I'artisfe  a  voulu  tra- 
yestir  son  sujet  d'une  maniere  burles(jue,  si  le  reste 
n'a^oit  point  prouve  que  I'intention  de  I'artiste  ^(oifc 
s^rieuse.  —  Un  dtssin  lav6,  a  la  plume,  envoye  de 
Paris,  altacha  les  regards  par  ses  formes  pronon- 
Cees,  et  fit  surtout  plaisir  aux  lecieurs  d'Homere, 
par  la  force  derAcliille  fuyant.  Ce  dessin  prouvoit 
•que  son  aiiteur  avoit  ^tudi^  avec  fruit  les  antiques 
du  Musec  des  arts,  a  Paris. 

Pour  donner  de  la  vari^te  a  cette  exposition ,  on 
avoit  place  dans  la  scconde  salle  une  suite  d'ouvrages 
difierens,  quunt  a  I'ex^cution  et  quant  au  sujet.  On 
aimoit  a  y  revoir  et  a  comparer  les  deux  ouvrages 
qui  avoieat  remporte  le  prix  I'anu^e  passc?e,  les 
Adienv  d^ Hector  par  NaHL  ,  et  la  Mori  de  Rhe'sus 
par  HoFMANlif ,  qui,  I'uu  et  I'autre ,  se  trouverent 
encore  une  fois  parmi  les  concurrens.  Nalil  y  avoit 
expose  une  galerie  entiere  de  ses  productions  les  plus 
agrc^ables  dans  le  paysage  et  la  figure.  Son  excel- 
len(e  peinture  a  I'huile,  adnilree  deja  a  Rome,  et 
qui  repr(^sente  I'Amour  tirant  a  Venus  une  t'pine  du 
talon,  son  Tir^i^ias  qui  devient  aveugle  ,  ses  char- 
mans  paysiiges  ,  invitorent  de  nouveau  les  amateurs, 
et  cbacun  se  seioit  eslimd  heureux  de  pouynir  les 
poss^der  pour  loujou;s.,L'ingciiicux  ci  spiritual  BuilY 


Noiii'ellcs  liltcralrcs.  s33' 

avoit  expose?  trois  portraits,  qui  satisfaisoient  a  tout 
ce  que  le  connoisseur  pouvoit  exiger.  TiEK,  de 
Beiliri ,  avoit  expos<^  line  suite  de  ses  esqulsses  qn'il 
avoil  apporf^e  de  Paiis,et  qiii,toutes,  le  faisoi'-nt 
connoitre  plus  on  moins  conaine  artiste  et  comme 
un  sciilpteur  ing^nicux  et  penseur.  Au  dessus  de 
Ces  fsqiiisses,  on  voyoit  la  niort  deLiicrece,  grand 
dtssin  siir  papier  gris,  par  Lanceu  le  fils,  de  DLis- 
seldoif.  Chacitn  y  rrconnut  avec  plaisir  le  beau  ta- 
lent d'un  jeune  homme  de  20  ans,qui,  a  cet  age  , 
s'est  deja  ^lev^  a  ime  bauteur  qui'donne  encore  de 
plus  grandes  esp^rances  pour  I'avenir.  L'attitude  de 
Brutus  ,  elevant  le  poignard  pour  prononcer  le  ser- 
ment,  et  la  figure  de  Lucrece,  que  les  fon.es  aban- 
donuent  I'eja ,  ainsi  que  toute  la  disposilion  du  ta- 
bleau ,  out  paru  invent^es  et  ex^cul^cs  avec  intelli- 
gence, et  qutlqucs  imperfections  que  ic  connoisseur 
y  reconnut  ,  d^pendoient  peut-etre  nioins  de  I'artiste 
que  du  sujet  qui  n'est  pas  un  des  plus  lieureux.  Le 
sculpleur  Wolf  de  Cassel  avoit  fait  cxpost  r  uw  plci- 
tre  termine  ce  son  bas-relief,  qui  scrvira  de  mo- 
nument a  la  m^moire  de  Biisch,  a  Hauibourg.  Trois 
figures,  au\quelles  I'artisle  a  su  donner  hcaucoup  de 
dignitt'  ,  Hauinionia  ,  coifu'e  d'uue  couronne  murale  , 
le  genie  du  commerce  sous  los  (rails  d'uue  femme, 
celui  des  sciences  mathi^njatiqucs  sous  la  forme  d'un 
liomme,  sacrident  nux  manes  du  defunt.  Cetouvrage 
rndiquait  parfout  uh  artiste  r('(!(^clii  ,  qui  sail  at- 
tcindre,  avec  des  moyens  tressimplcs  ,  le  but  qu'il 
se  propose.  Les  beaux  busies  de  I'archiduc  Cbarlcs 
et  de  Scbiller,  par  DANNECKtR  ilc  Stutlgard,  rap- 


td^  Nouvelles  liueraires, 

pelerent  un  de  nos  sculpteurs  les  plus  Iiablles.  PIu** 
sieurs  excel lentes  copies  ,  enfin  ,  faites  d'apres  dea 
maitres  aiiciens,  fels  que  da  Vinci  et  Curache ,  par 
Bury,  et  deux  tdtcs  de  la  transfiguration  de  Ra->. 
phael,  copi^es  par  TiEK,  plac^es  a  cot^  de  quel- 
ques  orlginaux  excellens  de  Rubens,  Van  Dyk  ,  et 
Claude  Lorrain  ,  rendoient  cette  exposition  aussi  in- 
t^ressante  qu'instructive. 

Cette  exposition  ,  et  la  suite  de  representations, 
dramatiques  donn^es  par  M.™"  Unzelmann,  sur  le 
theatre  de  Weimar  ,  y  avoient  attire  un  grand  con- 
cours  d'^trangers  de  differentes  contr^es  de  I'AlIe-- 
magne.  11  ^toit  assez  int^ressant  de  se  meler  qtiel-> 
quefois  pariui  les  groupes  d'amateurs,  de  connois- 
seurs ,  etc. ,  que  I'exposition  attiroit ,  et  d'y  entendre 
les  difFerens  jugeniens  et  quelquefois  des  discussions  , 
qui  en  etoient  la  suite.  Souvent  M.  Goethe  y  prenoit 
part  lui  meme,  et  redressoit,  dirigeoit  les  decisions 
deceux  qui  lui  paroissoient  le  ni(^riter,  avec  cet  esprit 
de  bienveillance  qui  le  caract(^rise  ,  et  qu'il  a  niontrt? 
dans  les  jugeniens  ins(^res  dans  les  Propyl^es ,  sur 
les  deux  expositions  prec^dentes. 

Cette  exposition  ofFroit  encore  un  ilil^ret  parti- 
culier  ,  en  ce  qu'elle  facilifoit  la  comparaison  entre 
les  difFi^renles  ecoles  de  I'art  ^tablies  dans  les  dif- 
ferentes contr^es  de  I'Allcmagne,  et  sur  lesquellts 
M.  Goethe  avoit  porte  ,  dans  un  des  deruiers  n.°^ 
des  Propyl^es  ,  un  jugement  parfaitement  bien  mo- 
tive. 

II  (?(oIt  impossible  de  quitter  cette  exposition  , 
sans  etrc  pen^tre  d'un  sentiment  d'adnuiation  pour 


Nonvelles  Ihteratres.  :aSd 

}e  cr^aleur  de  cet(e  institution  qui  ,  ayec  la  fernie 
voiont^  ,  (jiioique  ses  moyens  ,  en  proportion  tie  I'en- 
Ireprise  ,  ne  fussent  que  tres-peu  considerables,  a 
su  etablir  nn  point  central  pour  les  arts  en  Alle- 
niagne  ,  et  qui  ,  jiisqu'a  present,  a  i\.€  si  bien  se- 
conds par  les  artistes  de  sa  patrie ,  qu'il  y  a  lieu  d'en 
esp^rer  losr^sultats  les  plus  heureux,  d'autant  plus 
que  ni  la  jalousie  ,  qui  souvent  pent  exister  entre 
Jes  diff'^ientes  ^coles,  ni  d'autres  vues  particulieres 
n'influent  en  rien  sur  les  jugeiuens  des  ouvrages 
envoye's  a  ce  concours.  II  paroit  que  M.  Goethe  pu- 
bliera,  dans  un  ^crit  parliculier  ,  un  Jugtraent  mo- 
tive? sur  les  ouvrages  envoy(5s  au  concours  de  celte 
ann^e. 

Avec  les  prix  de  I'art  du  dessin  dont  il  vient 
d'etre  question,  M.  Goethe  avoit  propose  encore 
un  prix  dramatique  de  3o  ducats,  pour  la  tneiUeure 
piece  d'intrigue.  Treize  pieces  ont  €\.€  envoyees  au 
concours;  plusieurs  d'enlre  elles  seront  representees 
sur  le  theatre  de  Weimar.  Ce  sera  le  sujet  d'un  autre 
article.  Boettiger. 


Grai'ures  des  Jpones  ,  de  Raphael. 

Les  gravures  du  c^lebre  Marc-Antonio,  confem- 
porain  et  ami  intime  de  Raphael,  sont  aujourd'hui 
devenues  si  rares  ,  qu'on  ne  les  trouve  pas  (oujours 
dans  des  cabinets  d'ailleiirs  c^lebres ,  et  que  des 
connoisseurs  out  souvent  pave  des  somnaes  conside- 
rables pour  des  epreuves  tres-mediocres. 


S.36  NouvcUes  litter  aires, 

Ce(te  rarel^  ue  vient  point  de  ce  que  ces  gravines. 
soDt  tres- aticienncs  ,  niais  de  ce  que,  de  (ous  les. 
graveurs  anciens  et  modernes  qui  ont  tiavaill^  d'a- 
pres  Raphael  ,  il  n'y  en  a  pas  qui  ait  su  aussi  bleu 
saisir  son  esprit,  et  transporter  sur  le  cuivre  la 
pr(;cision  de  ses  foimes  et  de  ses  contours  ,  et  la  gran- 
deur sublime  de  ses  caractcres  ,  avec  aulant  d'exac- 
titude  et  de  v^rit^  que  Marc-Antonio. 

II  n'est  gueie  possible  de  prouver  que  Raphael  , 
comme  plusieurs  I'ont  assure' ,  ait  dessin^  hii-meme 
les  contours  sur  les  cuivres  de  Marc-Antonio.  Ce 
qui  est  certain,  c'est  qiie  celui-ci  a  (ravaille  sous 
I'inspection  de  ce  grand  piinlre  et  guide  par  lui. 

Parmi  ses  meillcures  giavurcs  ,  qui  en  nieme  temps 
sont  devenues  les  plus  rates,  il  faut  compter  Jesus- 
Clirist  et  les  douze  Apotres.  C'est  la  que  Raphael 
s'est  montr^  non  -  sen  lenient  en  arti.sle  du  premier 
rang,  mais  aussi  en  grand  connoisseur  des  homines, 
et  en  homme  d'un  g^nie  penetrant  el  d'une  grande. 
sensibility. 

II  a  prouv(?,  comment  la  dignite  et  le  sublime  du 
caraclere  peuvent  etre  repvesentes  daiis  chaque  in- 
dividu,  de  la  maniere  la  plus  varit'e.  Dans  cliaque 
aj)6tre  ,  on  reconnoit  un  homme  sublime  ct  doue 
de  tonles  les  verfus  qui  le  raract^tisent  ;  on  le  re- 
reconnolt  non-seulement  dans  I'expression  du  visage, 
mais  aus-i  dans  le  mouvement  des  differentes  parties 
du  corps  et  meme  dans  le  jet  des  vetemens  ;  et  , 
dans  cetfe  variete  de  la  representation,  on  netrouve 
pas  la  moindre  trace  de  r<5peLition  :  chaque  figure 
est  un  orieiual. 


Noifvcllcs  liflcirihcs.  fi2j 

M.  L ANGER  ,  directeur  de  I'Acadc^mie  de  pein- 
ture  a  Diisseldorf ,  un  des  artistes  les  plus  distingn^s 
de  I'AlIemagne,  a  copi^  ccs  gravures  avec  la  plus 
grande  fidt'lil^ ,  de  soite  que  les  amafeurs  pouiront 
se  les  procurer  a  moins  de  frais  que  se  payent  sou- 
vent  des  epreuves  assez  mediocres.  Plusieiirs  ama- 
teurs I'ont  prie  de  leur  procurer  des  epreuves  colo- 
rizes,  propresa  etre  mises  sous  verre :  c'est  ce  qu'il 
a  fait  ,  ct  il  a  dontK?  a  chaque  figure  la  couleur  qui 
convlenl  a  son  caractere,  ce  qui,  sur  un  fond  clair, 
boidc?  de  violet  ,.falt  un  efFet  tres-agrZabie. 

Le  prix  de  ces  douze  estampes  ,  en  noir  ,  sur 
papier  brun  on  en  couleur,  est  de  24  fr.  Cehii  qui 
en  prend  neuf  collections  ,  aura  la  dixicnie  ^nz//s. 


Pelnlure  sur  rene  ,  relruiu'ee  cji  Boheme. 

Le  fabricant  de  verre,  P.  Mayer ^  a  Grazen,  en 
Eohf'me  ,  a  retrouvZ  le  moyen ,  conuu  autrefois, 
de  fa:rc  de  grandes  tables  de  verre  rouge;  I'Enipe- 
rcur  Ten   a  recompense  j)ar  une  medaille  d'or\ 


Bibliolhe(/ue  de  PFillenherg. 

La  bibliolh{?que  de  I'Universite  de  AVIttcnberg 
vient  d'etre  enrichie  d'environ  1000  volumes  qui 
lui  ont  e((^  legues  par  M.  Otio  Willielm  von  den 
Brinkcn  ,  niort  au  niois  de  decembre  1800,  a  Gros- 
slreben  ,  dans  le  cercle  electoral  de  la  Saxe.  Ce  sent 
snriout  des  ouvrages  d'histoire ,  de  geographic,  des 
jomuaux ,  etc. 


238  Konvclles  U/ltrciircS. 

M.  Titiiis ,  professeur  a  la  meme  University,  morfc 
depuis  peu ,  a  aussi  \6gu^  a  cette  bibliotheque  2000 
a  2000  volumes  sur  les  niatli^matiques  ,  la  physi- 
que, la  cliyniie  ,  la  matiere  m^dicale  ,  I'liistoire 
naturelle  dans  toutes  ses  parties ,  I'^conomie ,  la 
technologie  et  la  politique;  11  s'y  trouve  aussi  plu- 
sieurs  recuells  d'ouvrages  mel^s  sur  lanatomle ,  la 
physiologic  ,  la  ni^declne  du  barreau  ,  et  la  police 
publique. 

L    O    N    D    R    E   S. 

Sociele  de  mathematiques. 

La  Soci^te  des  mathematiques  de  Londres  a  ce- 
lebre,  leSi  decembie,  I'anniversaire  de  la  naissance 
tie  Newton.  Un  present  de  20  guin^es  a  ^t^  ofFert, 
a  cette  occasion  ,  a  M.  Fischer  ,  I'un  des  raembres 
de  la  Sociele.  Newton  ^tolt  n^  le  jour  deNoel  1641, 
a  Wolstrop  ,  dans  la  province  de  Lincoln.  U  mourut 
de  la  pierre ,  le  20  mars  1727,  a  85  ans.  La  cour 
d'Angleterre  le  fit  enterrer  dans  I'abbaye  de  West- 
minster ,  lieu  de  la  sepulture  des  rols.  On  grava  sur 
son  tombeauune  ^pitaphe,  qui  finit  ainsi :  Sibi  gra- 
tiilentur  mortales  ,  tale  tantiimque  extitisse  hiimani 
generis  decus.  (  que  les  mortels  se  fdlicitent  de  ce 
qu'il  en  a  exists  un  qui  fait  tant  d'honneur  au  genre 
humain.  )  Voltaire  disoit  de  lui :  «  Ce  grand  homme 
"  n'entendoit  jamais  prononcer  le  noin  de  Dxeu  sans 
"  faire  une  inclination  prolonde  ,  qui  marquoit  et  son 
««  respect  et  son  admiration  pour  les  ceuvres  du 
«   Cr^ateur.M 


Noiwelles  I'llteraires.  2^9 

«•  Newton  ,  dit-il  ailleurs  ,  est  le  plus  grand  g^nie 
^  qui  ait  exist<5.  Si  tous  les  g^nies  de  I'univers  oloieut 
■  r^unis,  11  conduiroit  la  bande.  •• 


Telescope  cPIIers  chel. 

On  apprend  de  Londres  ,  sous  la  date  du  7  Janvier, 
que  Ton  vient  d'embarquer  a  boid  d'un  petit  ba- 
timent  qui  est  en  riviere  ,  un  tt'lescope  fait  sous  les 
yeux  de  M.  Herscliel ,  pour  I'observatoire  royal  de 
Madrid.  II  a  cout^  1 1,000  liv.  sterl.  (  264, 000  fr.) 


Publications  nouvelles  et  interessanles. 

M.  Millar,  qui  a  public  avec  tant  de  succes  les 
Costumes  de  la  Chine ^  annonce  le  i.^'  n."  de  ceux 
de  la  Turquie  asiatique  et  europeenne,  ainsi  que 
des  lies  grecques  de  rArchipcI ,  en  une  suite  de 
gravures  coloriees  qui  expliquent  les  moeurs  ,  les  usa- 
ges et  les  costumes  singulicrs  et  varies  de  ces  nations 
interessantes;  elles  seront  fidcUeuient  copi^es  sur 
les  dcssins  faits  d'apres  nature,  par  Ociavien  Dal- 
ViMART  ,  et  accompagn^es  d'un  i^y^ie  anglais  et 
francais.  L'ouvrage  sera  compost  de  8  livraisons  , 
dout  thacune  contiendra  7  a  8  planches  colorizes 
exactement,  d'apres  les  dessins  originaux.  Le  fof- 
naat  de  l'ouvrage  sera  in-4."  imperial  ,  et  le  prix  de 
cliaque  livraison  d'une  guin^e. 

M.  Hunt  a  compost   une  trag^dle  iotltuMe  Le 


S40  Nonvclles  liltcraires. 

couite  de  Surrey.    Elle  sera  presentee  incessamment 
ail  (heiitre  de  Drury-Laiie. 

M.  BowYER  se  propose  de  pnblier  dix  11."%  dont 
chacun  contiendra  qiiatre  vues  d'^Egypte,  de  la  col- 
lection de  sir  Robert  All  i^LlE,  dessin^es,  pendant 
son  ambassade  a  Constantinople,  par  Louis  Mayer. 
Les  siijets  sont  des  vues  d'Alexahdrie,  d'Ahoukir, 
de  Rosette,  du  grand  Kaire,  du  palais  de  Murad- 
Bpy  ;  de  differentes  parlies  des  bords  du  Nil,  des 
vues  de  I'ext^ricur  et  du  dedans  des  Pyramides,de 
Ja  colonne  de  Pomp^e  ,  dei  obelisques  ,  des  cala- 
combes  ,  des  tombeaux  ,  des  mosquees  ,  des  villa- 
ges ,  des  fenimes  arabes ,  des  danses,  etc.  Ces  gra- 
vures  seront  accoinpagnees  de  courtes  observations 
historiques  et  arcbaeologiques ,  et  dVcIaircissemens 
siir  les  nioeirts  et  les  usages  des  naturels  du  pays.  M. 
Bowyer  a  aussL  fait  I'acquisition  du  manuKrit  de 
M.  Reveley,  qui  conlient  ses  observations  faites, 
pendant  son  voyage  en  ^gypte  ,  sirr  difFt'rens  ob- 
jets  d'auliquite  ,  surtout  la  mesure  exacle  des  mo- 
niuuens,  ce  qui  donnera  a  cet  ouvrage  beaucoup 
d'int^r^t  et  d'importance. 

M.  FoRSTER  annonce  iTne  Histoire  du  comt(i  de 
SufFoIk,   en   3  vol.  in-4.°  Elle   sera  Imprimee  avec 
beaucoup    d'ol^gance,  et  orn^e    de   gravures   faites 
d'apres  les   dessins  des  artistes  les  plus  dlstingues  ,  , 
par  Bartolozzi ,  Heath,  Fitller,  Byrne  ,  etc. 

M.  DUPPA  va  publier  un  clioix  de  i^tes ,  d'apies 
les  meilleures  peintures  a  fresque  de  Raphael  :  ii  y 
joindra  des  observations  critiques.  Cet  ouvrage  sera 
splendidc. 

RUSSIK, 


Noiivelles  litter  aires.  241 


R    u    s    s    I    E. 
Gahani^me. 


L'empeieiir  de  Russie  a  in.arque  le  plus  gr;!nd  hi- 
ttn-^l  u  des  ex^-eiiences  suv  le  galvanisi^ze  ,  que  fit  en. 
sa  preser.ce  leconite  de  Mussin  Puschkin  ,  le  ;i  d€- 
Cembre  ,  cheu  le  comle  de  SlrogaiioW. 


S    U    E    D    E. 

Academic  des  sciences. 

L'Acadeniie  royale  des  sciences  de  Stockholm  s'pst 
adjoint,  en  qualite  de  menibre  honoiaire^  le  con- 
seiller  de  college  Fr^d^ric-Th^odore  Scluibei  t ,  bi- 
bliolhecaiie  el  uiembie  de  I'Academie  des  sciences 
de  Petersbouig  ,  couuu  par  plusieurs  ouvfages  d'as- 
lionomie. 


FRANCE. 


Societe  d' agriculture  des  Deux-Sevres. 

La  Soci^t^  d'agiiculure  du  d^parteraeot  des  Deux.- 
Sevies  ,  conforuieiiient  a  son  ari^te  du  25  brumaire 
an  9,  a  de'ceine,  dans  sa  seance  geneiale  du  i."'  nivose, 
les  prix  qu'elle  avoit  oilerts ,  aiiiii  qu'il  suit  : 

Le  premier  cousistant  en  une  pouline  de  deux  ans 
ou  .3oo  It.  eu  argent  a  son   ciioix  ,  a  la  C."*-'  veuve 

Tuinc  V.  Q 


S42  t\fom>elIei  lUteraire^^ 

Guidaz,  commune  de  Raigne,  recoimue  parmi  le* 
xroncuirens  pour  avoir  fait  ,  pendant  Tan  9,  le  plus 
de  prairies  artificielles,  en  raison  de  ses  propriet^s. 

Le  deuxieme  devoit  etre  un  belier  et  deux  brebia 
de  race  pure  espagnole ,  ou  100  fr»  en  argent,  pro- 
mis  a  celui  qui  auroit  natur^.lise  avec  le  plus  de  succes, 
clans  le  d<?parteinciit ,  celte  race  pr^cieuse.  N'y  ayant 
pas  eu  r'.c  concurrens  ,  la  Soci^t^  n'a  pas  pu  d^cerner 
ce  deuxieme  prlx  ;  mais  elle  se  propose  d'ofFrir  de 
iiouveau  un  prix  plus  encourageant  pour  I'an  10  et 
pour  le  meme  sujet. 

Le  troisieme,  consistant  enbfites  alaines  dupays  , 
de  la  plus  belle  espece,  ou  100  fr.  en  argent ,  a  soa 
choix ,  au  C.  Jacques  Billaud  ,  journalier  ,  de  la  com- 
)  tnune  de  Saint-Romans-les-Melle. 

Ce  prlx  ^toit  promis  a  celui  qui  auroit  tire  le 
meiileur  pavli  du  plus  mauvais  terrain  dans  le  d^par- 
tement,  a  moins  de  frais  possible.  Le  C.  Billaud  , 
pendant  I'hiver  de  I'an  g  ,  a  d^frich^  trois  ou  quatre 
boisselees  d'un  terrain  qui  n'avoit  jamais  produit  et 
paroissoit  n'^tre  susceptibled'aucun  genre  de  culture, 
^•tant  herissc?  de  gros  rochers  et  rempli  de  pierres ; 
il  a  employe  ces  pierres  a  clorre  leJit  terrain  ,  qui 
lui  arapporte,  a  la  recolte  suivante,  seize  boisseaux 
de  baillarge  dans  une  partie  ,  et  dans  les  autres  des 
pommes-de-terre ,  des  l(^gumes  ,  et  du  chanvre  qui 
avoit  six  pieds  de  hauteur  et  tres-bon.  On  observe 
que,  pendant  les  penibles  fravaux  de  ce  bon  citoyen, 
sa  ferame  mendioit  pour  nourrir  tiols  enfans  en  bas- 
age ,  et  depuis  que  !e  terrain  en  question  a  ^ty  mis 
en  culture,  elle  a  cess^  de  meadler, 


i^ouvelles  lilteraires,  2,42 


MoNTAUBA^f. 

Moil  de  Simeoti  V ALETTE. 

SiniffonY ALHTTE y  niath^maticlen  dlstirgu^,  vient 
tie  mniirir  des  suites  d'uue  altaque  d'apoplfxie  ,  a. 
I'age  de  82  ana  7  mois,  le  8  nivose  de  i'an  10, 
dans  sa  cauiprtt;rie  de  rHonor-de-Ccs  ^  ;)res  Mora- 
tauban.  U  etoi;  auteiir  de  pliisieurs  oiivrages  dis- 
tiugiies  et  eiUre  aiides  d'une  Trigonometric  sphJrique^ 
appvonvee  avec  le  plus  grand  cloge  ,  sur  ic  rapport 
du  celebie  Lalt^nde,  par  I'Acad^mie  des  stunces.  II 
r^unissoit  au  savoir  du  gf^omcire  les  talens  dii  poe(e. 
11  chania  I'astronomie  ;  sen  poeme  futiniprlme  dans 
le  Mercure, 

On  lui  doit  encore  plusieurs  pieces  diverses  de 
poesie  ,  qui  furent  recueillies  dans  le  temps  avec  le 
plus  grand  empressenient ;  elles  portoient  le  cachet 
d'un  ami  de  Voltaire.  Valette  avoit  en  efFet  passi^ 
plusieurs  ann^es  II.  Ferney  aiipres  de  ce  grand  homme. 
II  avoit  eu  la  gloire  de  lui  faciliter  les  premiers  pas 
dans  les  math^matiques  ,  et  de  composer  sdus  ses 
yeux  des  ouvrages  qui  m^riterent  son  approbation. 

II  emporte  les  regrets  de  ses  amis  et  de  seseleves, 
et  c'est  un  d'eux  qui  s'empresse  de  rendre  ce  pre- 
mier hommage  a  sa  m(?moire. 

Duc-LaCHapelle  ,  de  Vlnstiiut  national. 


Q» 


244  Noiivelks  lilleraiieS^ 


PARIS. 

Arrivee  du  C.  Fauvel  a  Paris. 

Le  C.  Fauvel ,  peintre,  occupy  depuis  plusieurs 
anuses  a  dessiner  les  monumens  de  la  Grece  ,  en- 
suite  detenu  comnie  fran^ais  a  Constantinople  pen- 
dant prcs  de  deux  ans  ,  est ,  depuis  le  milieu  du 
mois  de  nivose  ,  aiiive  a  Paris. 


Relour  de  M.""  Lebrun  a  Paris. 

M.™^  Lebrun  est  de  retour  a  Paris  depuis  la  fin 
du  mois  de  nivose.  Apres  une  absence  de  ueuf  ou  dix 
ans,e]lea  retrouvesa  charnianteniaison  (rue  duGros- 
Clienet  )  ,  dans  I'etat  ou  elle  I'avoit  laissee.  Son 
mari  avoit  eu  I'attention  de  conserver  le  meme  or- 
dre  dans  rarrangement  des  nieubles,  des  tableaux, 
des  gravures;  ses  chevalets  ,  ses  palettes,  ses  pin- 
ceaux ,  tout  etoit  a  la  mfnie  place.  Cette  interes- 
sante  artiste  pent  ainsi  contlnuer  ,  si  elle  veut, 
I'esquisse  qu'elle  avoit  commencee  il  y  a  dix  ans. 


Mori   du   C.  LUNEAU-DE-BOISGERMAIN. 

Le  C.  Luneau-de-BoIsgerniain  ,  auteur  du  Com- 
menlaire  aur  Racine ,  et  <i'autits  ouvrages  ,  tels  que 
difFerens  Cours  de  langues  italienne  ,  anglaise  ,  etc. , 
avec  la  traduction  du  mot  pour  mot  iuterligncc,  est 
naort  le  24  nivose  ,  subitemenl. 


Kom/elles  litteraiies.  24-5 


Institut    n  at  I  on  a  l. 
Balancier  du  C.  Droz. 

Le  C.  Droz,  graveiir  en  tnedailles,  cl^Ja  connu 
par  des  inventions  ingenieuses,  surtout  pour  la  fabri- 
cation des  monnoles  ,  a  soiiniis,  le  iG  nivose,  al'exa- 
men  de  I'Inslitut  national,  iin  nonveau  balancier, 
et  les  aufres  machines  monetaires  qu'il  a  terminus 
pour  le  roi  d'Espagne,  et  qui  ferment  un  systeme 
complet  de  fabrication  de  raonnoies  frapp(?es  en  vi- 
roles,  avec  la  marque,  sur  la  tranche,  en  cre'J\  , 
en  relief  et  autres ,  du  mc'ine  coup  de  balancier, 
de  nieme  qu'en  viroles  unies  ,  avec  les  menies  in- 
scriptions en  crcux,  au  lieu  de  i'etieen  reliei,  e!c, 
L'fnstitut  a  nomme  une  commission  composee  des 
CC.  Charles  ,  Coulomb  ,  Desmarets  ,  Prony  ,  Per- 
rier  et  Beithould  ;  ils  sont  charges  de  se  transpor- 
ter chez  le  C.  Droz  ,  pour  examiner  ses  machines 
et  ses  precedes,  ct  en  faire  un   rapport, 

C'est  le  meme  artiste  qui  a  fabrique  une  belle 
medaille  pour  la  paix  de  Luneville  ,  ayant  d'un  cbi6 
le  buste  de  Bonaparte,  de  I'autre  une  partie  du- 
globe  ,  sur  laquelle  on  distingue  la  France  et  I'An- 
gleterrc.  Cette  mf^daille  est  remarquable  par  la  par- 
faite  ressemblance  du  profil  de  Bonaparte,  ainsi  que 
par  la  beauts  du  ti avail  et  la  piiret^  du  nionnoyage, 
q-.ie  le  relief  ties-saillant  du  buste  rendoit  tres- dif- 
ficile. 

Q3 


34^  Nouvelies  lUlemires^ 


Nominations. 


Dans  la  si^ance,  du  i,"  pluviose,  de  la  classe  des 
sciences  physiques  ft  niath^matiques ,  la  section  de 
minf^ralogie  a  present^,  pour  le  reniplacement  du 
C  Doloniieu ,  i:ne  liste  de  cinq  candidats  dont 
voici  les  noms  :  les  CC.  Ramond  ,  Patrin,  Valmont 
de  Eoma-.e  ,  Lefcvre  et  Gilet  -  Laumont.  —  Le  C. 
Kamond  ,  qui  a  cb'enu  i8i  votes,  le  C.  Pafrin  ,  qui 
*n  a  oblenu  lyS  ,  et  !e  C.  Vaimonf  de  Bomare  ,  qui 
en  a  eu  i3i  ,  sont  les  trois  qui  ont  en  la  majority 
des  sufFiages.  Le  C.  Lefevre  a  eu  109  votes,  et  Ic. 
C.  Gilet-Laumont  io5. 


Mort  du  C.  DarquieR;,  astronoine. 

Dans  la  m^me  seance,  le  C.  Lalande  a  annoncd 
a  la  classe  des  sciences  physiques  et  rpath^niatiques, 
la  mort  du  doyen  des  astionomes,  le  C.  Darquier, 
I'un  de  ses  membres  asso'jies  pour  la  section  d'as- 
Ironomie.  Le  C.  Darquier,  connu  par  la  longue  suite 
^'observations  astronomiques  qu'il  a  publiees,  es4^ 
mort  a  Toulouse ,  agd  de  85  ans. 


Kouvelles  Ihleraires,  £47 


Notice  des  travaux  de  la  classe  des  sciences: 
morales  el  politicjiies  y  pendant  le  premier- 
trimeslre  de  I' an  lO]  par  le  C.  Levesqve, 
secretaire. 

On  a  Impnm^  que  les  fravaux  de  la  classe  des 
sciences  iaa.ora]es  ct  politlques  ne  parnissoient  pas, 
ires-tnultiplids.  La  classe  est  bien  siip^rieure  a  des 
inculpations  fugitives  consignees  dans  un  pamflet : 
mais  qu'il  soit  permis  a  I'un  de  scs  membres  de 
relever  iine  suggestion  inspiree  par  la  malignite  , 
et  que  la  malignity  doit  accueillir.  Dans  les  dix- 
luiit  seances  du  dernier  triniestre  ,  elle  a  entendu 
ia  lecture  de  douze  nouveaux  m^molres  ,  et  a  peu 
pres  le  m^me  nombre  de  secondes  lectures  qu'ac- 
compngnent  des  discussions  plus  ou  moins  prolon- 
g^es  (i).  Elle  ^coute  des  rapports  :  c'est  un  travail 
de  les  composer ;  c'est  encore  un  travail  de  les  dis- 
cuter.  Mais  ,  quand  elle  manqueroit  quelquefois 
d'occupalion  ,  elle  seroit  encore  bien  au  dcssus  du 
reprocbe.  Elle  n'est  compos^e  que  de  trente-six 
inembres  ;  c'est  beaucoup  moins  que  le  nombre  de 
ceux  qui  forment  les  autres  classes.  Beaucoup  d'en- 
tre  eux  ,  livres  a  des  travaux  bien  plus  imm^diate- 
ment   utiles  a  la  patrie  ,   ne   peuvent  s'occuper  de 

(i)  Cbaque  mimolre  est  lu  deux  fols :  la  classe  icoute  en  silence  la 
preiniiie  lecture  pour  en  saisir  I'ensemble ;  c'est  a  la  seconde  lecture 
que  s'ouTre  la  discussion. 


s.J^S  Notu'cl/es  lil  tend  res. 

travaux  litt^iaircs.  Rcglr  ou  aider  de  leurs  conseifs 
les  operations  du  gouvernement ,  en  divlgcr  l'ex(;- 
culion  ,  veiller  au  tnaintien  de  la  conslitiition  d'ou 
^^pendent  les  destinies  de  la  France,  disciUer  inu- 
rement les  actes  de  la  premiere  au(ori(^,  avaot 
cjiie  ces  acfes  soient  des  lois  :  voila  le  travail  d'une 
grande  partie  des  membres  de  la  classQ,  Elle  corapte 
dans  son  sein  deux  consuls,  sept  s^nateurs,  un  mi- 
nislre,  ([iia're  conseiHers  d'etat,  trols  tribiins,  et 
un  ambassadenr  qui  n'est  que  depuis  peu  revenu  de 
ses  legations.  Que  la  malignity  parle  :  qui  pourroit 
]ui  imposer  silence  ?  Mais  qu'elJe  sache  que  la  classe 
n'a  pas  de  membres  cisifs,  qu'clle  en  prete  toufe 
une  luoiti^  au  bien  de  I'c^tat ,  et  que  cetfe  nioifi^ 
n'est  pas  celle  qui  m^rife  le  moins  la  recoimoissance 
des  Francais. 

Le  C.  BouCHAUD  a  compose  dix  memoires  sods 
le  titre  de  Recherchcs  histcriques  et  critiques  sur  les 
edits  des  magiilrats  raininiis ,  et  i'on  peut  Croire 
que ,  par  ses  savantr s  recherchcs  ,  il  a  ^puis(5  ce  su- 
jet.  Les  six  premiers  m^moires  sont  Impiim^s  en 
enlier  dans  les  tomes  XXXIX,  XLI  et  XLII  de 
I'Academie  des  inscriptions  el  belles  -  letlres.  Les 
quatre  autres  ont  ^fe  Ins  daus  les  s(5ances  de  notre 
cfasse,  et  c'est  dans  le  dernier  triracsire  que  le  C. 
Boiichaiid  a  fait  la  lecture  de  la  trcisieme  paitie 
dii  dernier  m^moire  :  elle  porte  sur  Vedit  perpetiieh 
L'auteu.r  examine  quels  furent  la  matiere,  I'ordre 
et  I'aufoiit^  de  cet  66.'\t.  II  nc  diit  pas  cetle  auto-. 
rit^  avi  redacleur  Julianas  qui  n'eloit  qii'un  simple 
particulicr  5   II   ne  la    dut  pas  mcaie  a  J'empereui^ 


Nonvellcs  lilterriircs.  24(7- 

Adrlen  ,  qnoiqii'il  eut  ^t^  rlress^  sons  scs  auspices  ; 
inais  il  la  rcciit  du  senatus-consulte  qui  le  confirma  ^ 
ct  qui  oidonna  que  re(te  compilation  serviroit  de 
rbglc  dans  les  jugemens.  Les  erapeieurs  cxercoicnfc 
line  aiito)it(?  absohie  ,  souvent  ils  la  vendirent  fy- 
ranniqiie;  mais  fidelies  a  la  politique  dont  Auguste 
]cur  avoit  donn^  I'exemple,  lis  chcrchoient  a  tiom- 
per  le  peuple,  en  cachant  lenr  despotisnie  sous  les 
formes  rcpublicaines.  Usurpafeurs  de  la  puissance 
legislative,  ils  aff'cc(crent  de  la  laisser  au  s^nat,  ct 
quand  i'objet  de  leurs  ^d'ts  avoit  quelqu'impoffance, 
lis  les  faisoient  confiimcr  par  un  decret  de  ce  corp?, 
toufonrs  respect^  ,  meme  dans  son  abjection.  Les 
s^naleurs  ,  esclaves  dociles  et  tremblans,  se  nion- 
troient  au  peiiple  avec  le  caractcre  auguste  de  le- 
gisJateurs,  et  lui  laissoient  presqu'ignorer  qu'il  eiit 
un  maitre. 

Si  I'on  recherche  quelle  fut  la  foi  me  de  Yedh  per- 
]yetuel ,  on  Irouvera  q'l'il  ^loit  divise  en  plusieurs 
parties  ,  et  que  chacune  avoit  son  instription  ou 
ruhriqiie  ^(•nCxvAe  :  c'est  ce  que  le  C.  Bouchaud 
prouve  par  les  remarqucs  de  Justinien  dans  les  Pan- 
dcctes. 

On  desire  en  vain  que  les  lois  n'ayent  Jamais  be- 
soin  d'interprc^tat ion  :  c'est  icuv  so'.diailer  une  per- 
fection qui  n'appartieut  point  aux  ceuvres  humaincs. 
L'ddit  pcrp^tuel  cut  une  longue  suite  de  commen- 
tateurs  plus  ou  moins  calibres  entrc  les  juriscon- 
snlles  dont  s'bonora'  I'empire  romain.  Le  C.  Bou- 
claud  les  fait  connoitre  tons  ,  et  entre  dans  dc 
giands  dc^tails  sur  leurs  dillerens  trall^s  :  c'est  par 


ii5o  Nouvelles  litleraires, 

ce  travail  qu'il  termine  ses  laborieuses  recherches: 
sur  les  edits  des  magistrats  romains ;  mais  d'autres 
sujets  occupent  encore  I'activit^  que  ne  peut  lui  ra- 
vir  son  grand  age. 

Le  C.  DE  Sales  a  fait  la  lecture  d'un  m^moire 
intitule  :  JDe  Dieu  ,  preitiiere  fropriet6  de  I'homme » 
et  de  son  influence  sur  I'o^y^nufsalion  sociafe.  L'ou- 
vrage  est  le  developpement  de  ce  titre.  L'auteur 
^tablit  que  t  Dieu  etant  la  premibre  pense'e  de 
«  I  homme ,  ainsi  que  son  premier  sentiment ,  peut 
•  #(re  consid(?re  comme  sa  proprie'le  primordlale,  efc 
"  qu  il  n'y  a  point  d'organisation  sociale  sans  ce 
••  dogme  ^ternel  de  la  nature  ,  parce  qu'il  est  la 
"  base  de  la  morale ,  hors  de  laquelle  il  n'existe 
"  point  de  gouvernement.  »  Ce  sont  les  expressions 
du  C.  de  Sales. 

Dans  la  crainfe  de  ne  pas  exprlmer  fidellement  , 
sur  une  matiere  abstraite  ,1a  pens^e  du  C.  Mercier  , 
on  va  transcrire  litt^ralement  i'extrait  de  ses  me- 
moires,  tel  qu'il  I'a  rennis  au  secretariat  (2), 

«  Le  C.  Mercier  a  hi,  en  quatre  stances,  un 
■  mdmoire  divis^  en  quatre  parties,  sur  la  philoso- 
«  phie  de  Kant  :  il  a  lu  ensuite  un  parallele  de  cetle 
"  m^me  philosophic  de  Kant  et  de  celle,  non  de 
••  son  adversaire,  mais  de  son  ^mule,  le  professeur 
«•  Ficlile,  autrefois  professeur  a  I^na  en  Saxe.  II  an- 
«  nonce  les  plus  neuves  decouvertes  en  metaphysique, 

(2)  Les  auteuis  ,  pour  ne  pat  se  dessalsir  de  leurs  memolres  et  les 
tevoir  k  loislr  jusqu'au  temps  de  I'impression  ,  en  remetlent  des  ex- 
traits  au  seci^iariat.  C'est  sur  ces  exlraiis  que  I'un  deS  secretaires  com- 
pose la  notice  des  travaux  de  sa  classe. 


Nouuelles  lllteraires.  sSi 

m  et  sesprogr"es<?tonnans  en  Allemagne  ,  ou  ces  qiies- 
"  tions  excifent  le  plus  vif  intf^rel. 

"  Le  C.  Mercicr  ne  reconnoissant  dans  ces  hautes 
«  et  importantes  questions  d'autres  juges  que  le  pu- 
•>  blic  euiop(?en  et  la  postcrite  ,  d^sesp^rant  d'ailleurs 
<■  dVncliainer  a  son  gv^  ,  et  dans  un  court  extiait, 
"  tous  les  points  de  doctrine  de  ces  vigoureux  et 
«  subtljs  ni^laphysitiens,  qui  ont  ^leve  la  science  a 
«•  la  plus  grande  hauteur  ,  se  borne  a  cette  annonce  , 
«  afin  de  laisser  tous  les  esprits  dans  une  disposl- 
«  tion  ^gale,  et  la  plus  favorable  par -Ik  m^me  4 
o   I'exaraen   de  la  meditation  tranquiUe. 

"  11  s'engage  formellenient  a  la  publication  de  ces 

"    m^moires,    lorsqu'il   y   aura  mis    tout   I'ordre  et 

"  I'encliainement  dont  ils  sont  susceptibles.  Le  tra- 

••  vail  est  ardu  5   le  sujet   est  profond  ,   et   ne  pent 

"  guere    rencontrer  I'homme   indifferent.    Ces   me- 

••  moires  tendent  a  prouver  I'indepcndance  de  I'hom- 

«•  me  moral,  la  valeur  pleine  et  absolue  des  lois  im- 

<•  peratives  de  sa   conscience;    a  demonfrer  que  la 

«  loi  de  la  causality  n'est  pas  dans  les  choses  ob- 

"  serv^es ,    qu'elle   est    dans    I'observateur ;   qu'elle 

•«  n'est  point  objective ,  c'est-a-dire  ,  re^ue,  qu'elle 

•   est  subjective,  imp^radve.  Ces  m^moires  pronon* 

••  cent  de  plus  I'affranchissement  de  toutes  les  sen- 

V  sations  quelconques  ,  le  retour  et  le  triomphe  des 

••  id^es  inn^es  ,    le   dogme  lieureux  que  la  vie  hu- 

"  maine  n'est  qu'un  d^veloppement  d'un  ^tat  anl^-f 

«  rieur,  et  un  apprentissage  pour  un  etat  futur.  lis 

"   »nnoncent  aussi   que   si  la  philosophic   de    Kant 

•i  n'<?toit  pas  inlimement  liee  a  noire  felicity,  leur 


2.52  Noiu'dles  lilteraires^. 

"  auteiir  nVn  auvolt  pas  parle  ;  mais  qu'il  se  propose-^ 
«  par  amour  pour  la  verit(^,cl'en  parler  longfemps, 
"  parce  que  la  philosophie  dc  Kant  lui  paroit  ctre 
"  a  la  fois  satisfaisante  ,  pure  ,  sublime  ,  consolanfe  , 
■<  et  fort  opposee  ,  sous  tous  les  rapports,  aux  mon- 
<■  sfruositds   t/n^breuses   de    I'athc^isme;    enfin  ,    un 

•  jiigement  en  dernier  ressort  dans  ces  hautes  re- 
"  gions  de  la  m^taphysique  appartient ,  suivant  le 
"  C.  Mercier ,  a  tous  les  esprits  nes  et  a  naifre.. 
"  Nous  sommes  tous  appel^s  a  etre  m(?taphysiciens  , 
"  parce  que  nous  sommes  tous  pres  de  notre  anie, 
••  de  notre  cntendemenl  ,  et  qoc  nous  pouvonsl'ob- 
■<  server  a  toute  lieiire  :  il  ne  faut  plus  que  bicn  re- 
"  garder  en  soi.  La  nafure  nait  et  se  forme  pour 
••nous;  les  lois  ne  sont  q  e  nos  propres  lois  co- 
"  gniiives;  I'univers  est  une  (oile  que  nous  colorons 
•<  incessamment  ;  I'espAce  est  noire  nianlere  de  voir, 
'•  et  la  duree  est  a  nous.  La  conn'>issance  de  Dieu 
"  est  encore  plus  visible  en  nous-memes  que  dans 
"  I'ordre  et  la  ma;esie  cSe  I'univers.  Les  adversaires 
•<  de  Kant  ont  voiilu  eiivenimer  ce  passage;  mais 
••  on  verra ,  a  I'examen  ,  qu'il  s'accorde  parfai- 
"  tement  avec  la  doctrine  du  sage  Pension  ,  et 
"  I'Invintible ,   grand    et  btl    argument   des    causes 

•  finales.  » 

Des  fragmens  de  I'Hislolre  de  France,  lus  par  le 
C.  Anquetil,  embrassent  les  regnes  de  Clotane 
L"  et  de  ses  enfans  ,  depuis  558  jusqn'a  614.  lis 
nous  montvent  Clotaire,  apres  avoir  r^uni  la  ino- 
narchie  entiere  sous  sa  domination,  la  partageant 
imprudemraent ,   comme   Cloyis ,   entre   ses    qualre 


Nem>cUi;s  Uiieraires.  2.53 

ills.  lis  nous  peignent  la  m^siritelligenie  de  ces  prin- 
ces reniplissant  la  France  de  troubles,  et  ces  trou- 
bles perpetues  par  la  rivaiite  sanguinaire  de  deux 
feinmes,  Fr^degonde  et  Bruneliault  ,  qui  doiventa 
leurs  crimes   uue  tftVeuse  celebrite. 

Flics  ^goigeicnt  et  les  ^poii\  et  les  enfans  I'une 
de  I'autie,  et  leurs  propres  enfans.  Nous  nc  pouvons 
suivre  I'auteur  dans  les  recherches  des  causes  de 
leur  halue ,  ni  dans  le  developpement  des  efFets  de- 
sastreux  de  leurs  futeurs.  II  sufnra  de  rappeler  ici 
que  leurs  criuies  occasionnerent  des  minorit^s  et  des 
tutelles  t  que  les  niaites  du  palals  en  profiterenl  pour 
acqu^rir  une  aulorit^  qui  les  rendit  niaitres  desrois, 
et  que  leur  puissance  et  celle  des  grands  vassaux  , 
taiilct  (?gaux  en  i'orce  et  en  ricliesses,  et  tantot  su- 
p^rieurs  aux  monarques  dont  lis  reconnoissoient  la 
vaine  suzerainet^,  amenerent  le  depdrissement  de 
la  sfconde  race  ,  et  iurent  le  prelude  de  son  ex- 
tinction. 

Attircr  les  regards  des  savans  sur  des  monumens 
pri'cleux  de  la  geographic  anclenne,  les  engager  a 
s'en  occupcr,  et  leur  odVir  Tepdrance  de  parvenir  a 
les  rectifier,  c'est  bien  nieriter  de  la  science,  et 
c'est  ce  qii'a  fait  leC.  BuaChe  parses  Observations 
sur  I'uiicicnne  Carte  ilineraire  des  Romains ,  ajypc- 
l^e  coinmuiietnentQarie  de  Peutinger,  et  sur  la  Geo- 
graphic de  I'Anonj  me  de  Rai'diiie. 

Les  anciens  itineraires  sont,  a  proprement  par- 
ler,  I'unique  base  des  connoissances  g^ographiques 
des  anciens,  parce  qu'iis  n'avoleut  que  tres-peu 
d'observations  astronomiques.  Us  seroieat  iufiniment 


^Sl  i\' owe  lies  Uileraues, 

pr^cieux,  s'ils  nous  avoient  e(^  transmis  dans  toufe 
leur  puref^.  Mais ,  clans  la  Carte  itinc'raire  des  Ro- 
rnciins  ^  la  plupart  dcs  noms  sont  coironipiis  ,  leS 
chilFres  qui  iniliquent  les  distances  sont  all^r^s  et 
souvent  omis.  On  a  fait  de  cerlaines  routes  un 
double  emploi  ;  d'aulres  ont  ti^  renvers^es  ou  dis- 
pos^es  en  sens  contraire  ;  plusieurs  sont  inleiiom- 
pues,  et  Ton  n'en  a  pu  faire  encore  aucun  usage. 
Le  C  Buache,  en  cherchant  a  d<?couvrir  les  erieurS 
de  cede  carte,  a  reconnu  I'importance  de  la  geo- 
grapliie  de  l^Adonyvie  de  Ravenne  ^  dont  I'ignorance 
grossiere  et  le  style  barbare  ont  rebuts  plus  d'un 
lecteur.  Plusieurs  traits  de  conformity  f|u'il  apercut 
dans  ces  deux  ouvrages  I'engagerent  a  les  comparer 
avec  attention.  II  souligna  en  rouge,  sur  un  exem- 
plaire  de  V Anonyme  de  Ravenne ,  les  nomS  qu'il  y 
voyoit  places  de  suite  et  dans  le  meme  ordre  que 
sur  la  Carte  itineraire  ^  et  il  traca  ^galement  en 
rouge  sur  la  Carle  itin^raire  les  routes  dont  les  noms 
se  trouvoient  ^.d^m  L'Anovyme.  Par  cette  operation, 
il  parvint  a  rectifier  des  noms  de  la  Carte  itindraire^ 
a  en  r^tablir  qui  etoient  omis,  et  a  rejoindie  plu- 
sieurs routes  interrompues.  11  rcstoit  encore  ,  dans 
V  Anonyme  de  Ravenne^  un  Ires -grand  nonibre  de 
noms  de  viUes  qui  n'^toient  point  soulignes.  S'ils 
ont  ct^,  coinme  le  rcste  de  I'ouvtage,  (ires  deqnel- 
ques  itin^raires  qui  nous  sont  inconnus,  ilsm^ritent 
la  plus  grande  attention  de  la  part  dcs  g(?ographes. 
Sa  Description  de  I'Asie  oiientale  jieut  fournir  des 
lumieres  sur  la  geographic  de  I'lnde  ;  celle  de 
ToEgypte    est  toute   nouvelle  ,  et  personne  n'en  a 


Noiwelles  li  Herat  res.  aS^ 

encore  fait  usage.  Enfin  ,  ce  qu'il  rapporle  de  la 
Maurltanie,  de  I'Espagne  et  de  la  Gr...iUc-Bie- 
tagne  ,  est  d'autaut  plus  prccieux,  que  nous  som- 
iues  priv^s  des  secoiirs  de  la  Carle  ilineraire  sur 
ces  con(r(?cs  ,  par  la  pertc  de  la  premiere  feuille  de 
cette  carte. 

En  comparant  ces  l(iiieraires  entre  eux  ,  avec 
I'ltineraire  d'Antonin  et  des  itin^raires  modernes , 
le  C.  Buache  a  deja  reiconnii  tin  grand  nombre  de 
leurs  errcnirs  ;  il  ne  d^sespeie  pas  qu'on  ne  parvienne 
a  les  rectifier  entierement,  niais  ce  ne  sera  qu'avec 
le  temps,  et  a  mesure  que  se  perfectionneront  lea 
connoissances  locales.  II  pense  aussi  que  ,  pour 
rendre  vraiment  utiles  les  deux  liineraires  c^Wqox).' 
sidere  ici  ,  il  conviendroit  de  les  presenter  sous  une 
autre  forme  que  celle  qu'on  leur  a  donn^e.  La  Caite 
itine'ruiie  pourroit  etre  dispos^e  comme  le  sont  tous 
Jes  itineraires  en  g^n^ral  ,  en  forme  de  table:  elle 
deviendroit  alors  un  livre  portatif  qui  fourniroit 
souverit  aux  savans  voyageurs  I'occasion  de  multi- 
plier leurs  observations  et  de  laire  des  dtcouvertes 
int^ressantes.  A  I'egard  de  L'Anonynie  de  Raictuie^ 
comme  il  ne  dome  pas  les  distances  des  lieux,  il 
peut  suffire  de  diviser  son  texte  en  autant  d'articles 
qu'il  peut  y  avoir  de  differentes  routes  ;  dispose  de 
cette  maniere  ,  et  avec  quelques  notes  pour  eclair- 
cir  les  endroils  obscurs  ou  corrompus.  Cet  ouvrage, 
peu  connu  et  neglige  jusqu'a  ce  jour,  peut  ^ire  in- 
£niment  utile  aux  progres  des  connoissances.  Le 
C.  Biiache  promet  de  con '  inner  ses  recher-iies  sur 
ce  point  important  de  la  geographic. 


2c6  Noavellcs  Utferaircs. 

Le  C.  Degerando,  qui  fait  sa  pilncipale  ^tude 
des  operations  de  I'enleiidemeiit  humain  ,  s'en-est 
fait  une  dii  jcune  hoiiime  qu'on  appeJIe  le  sauuage 
iJe  i'Avejron.  II  I'a  observe  a  diflerens  intervalles  , 
depuis  i'instant  oii  il  a  ^te  anieue  a  Paiis,  et  il  a 
Tail  part  a  la  ciasse  dc  ses  observations.  Get  enfant 
donnoit  d'abord  a  peine  quelques  indices  de  ni^- 
jnoire  :  s'il  conservoit  quelques  idees  ,  il  ne  savoit 
pas  les  comparer  entre  elles.  Etranger  a  tout  ce  qui 
I'entouroit  ,  il  pavoissoit  incapable  d'y  faire  ciucnne 
attentibn.  Ses  sens  etolent  inactifs,  comme  son  in- 
telligence, ou  plutot  il  uianquoit  d'inteiligence , 
parce  que  ses  sens  nianquoient  d'activite.  Ses  yeux 
erroient  stupidement ;  il  paroissoit  ne  point  entendre, 
et  le  tact  ,  aiiisi  que  I'odorat  ,  sembloient  en  lui 
paralytses.  La  chaleiir  et  le  froid  le  trouvoient  ega- 
lement  insensible  5  les  odeurs  fc^iides  ne  lui  causoleat 
pas  d'afTections  desagr^ables.  Tel  senible  devoir  etre  ' 
a  pen  pres  le  sauvage  au  supreme  degr(?  j  mais  Ten-  | 
fant  de  I'Aveyron  fut  regarde  comme  imbt'ciile.  On  " 
d^sesp^roit  de  son  education^  quand  le  C.  Ylard 
offiit  de  s'en  charger:  lui  -  meme  a  rendu  compte 
de  sa  m^tbode  dans  un  ouvrage  interessant,  dont 
le  C.  Deg^rando  a  donne  I'analyse.  Trois  niols  ont 
si'.ffi  au  C.  Ytard  pour  operer  une  grande  revolu- 
tion dans  son  eleve.  Par  ses  soins  iugc^nieux,  il  a 
fait  prendre  aux  organes  du  jeune  sauvage  leur 
sensibility  naturelle,  mais  encore  engourdie  ;  il  a 
su  I'interesser  a  un  grand  nombre  d'objets  ,  lui  in- 
spiier  un  commencement  d'industrie,  r^veiller  en 
lui  quelques  facultes  morales ,  le  conduire  a  former 

quelques 


Nouvelles  Ulfe'rahTS\  fiSf 

V^iielques  comparaijons,  et  a  insrUiierquclqiics  signes, 
Quelle  a  ^(e  sa  mf^tliode  ?  Cclle  du  grand  obscrva- 
<eiir  dc  nos  facuhes  intellcctuclles  ,  du  philosophe 
qui  a  marqu^  le  point  de  depart  de  notre  intelli- 
gence, et  celui  oil  elle  doit  s'arrgler,  sous  peine 
de  sc  perdre  dans  le  vague  inconinaensuraljle  de  l'il« 
lusion ;  cclle  de  Locke  quia  dissipe  les  erreurs  de 
iant  de  si<;cles  ,  et  pr^venu  celles  des  siedes  a  vcnir. 
Le  sage  instituleur  a  muUipli^  les  besoins  de  son 
^Icve ,  et  ses  premiers  succes  lui  donnent  d'heu- 
reur.es  esperancep.  Le  C.  Dt'g(^iando  les  parta^-e  : 
iiiaisiln'ose  afTiimer  encore  que  les  organes  dujeune 
sauvage  n'ayent  point  ^te  It'ses,  ou  nescient  pas  na- 
turellement  vici^s.  Si  I'oi)  decouvre  qu'il  est  imbc?- 
cille,  alors  on  pburra  soupconner  qu'il  n'a  pas  v^cu 
longlemps  dans  les  forets;  ce  sera  un  idiot  ^chapp^ 
aux  mains  qui  daignoient  le  soigaer.  Ceux  qui  avoient 
soiitenu  son  inutile  existence  ,  ne  I'auront  point  rcj- 
clamc,  quand  ils  auront  appris  qu'il  avoit  oblenu 
des  secour'--. 

■■  La  terre  ,  disoit  Fontenelle  ,  est  une  vieille 
«  qui  cache  son  age.  ••  Le  C.  Levesque  pense  aussi 
que  Rome  est  plus  vieille  qu'on  ne  le  croit.  C'est 
ce  qu'il  a  tent(?  de  pvouver  par  un  M^moire  intitules 
Exanic7i  critique  de  I'Histoire  de  Rome  sous  les  mis. 
II  ne  croit  pas  qu'une  horde  de  trois  millc  putres  ou 
brigands  ait  pu  ,  dans  la  courte  periode  de  deux 
cent  quarane-cjualre  ans  ,  parvenir  au  dcgre  de  po- 
pulation ,  de  force,  d'opuience,  d'industrie,  que 
Rome  avoit  atteint  avant  I'expulsion  des  rois.  La 
nature  marche  tonjours  k  pas  lents,  et  la  science  de 
Tome  V,  R 


&53  ISfoiiveUes  litteraires, 

I'id^ologie ,  dont ,  en  general  ,  on  ne  connoit  pas 
assez  toutes  Jes  applications  ,  peut  aider  a  mesurer 
sa  marche  dans  les  progres  des  nations  et  des  hom- 
ines. Ce  n'cst  pas  dans  la  courte  p^riode  de  deux 
siecles  et  demi ,  que  la  nature  conduit  une  jieuplade 
ignorante  et  pauvre  a  I'^tat  de  splendeur,  de  puis- 
sance et  d'instruclion  n^cessalre  pour  creuser  des 
ports,  construire  des  nionumens  admires  encore  au- 
jourd'hui  des  nations  ^clair^es  ,  Jeter  en  fonte  des 
statues,  clever  de  puissantes  niurailles,  fonder  uu 
vaste  cirque ,  se  procurer  un  grand  commerce  ,  se 
former  une  marine  ,  faire  sur  ses  flottes  des  navi- 
gations qui  dtolent  alors  des  voyages  de  long  cours, 
ettraiter  comme  ^gale  avec  Carthage,  qui  disputoit 
aux  Ph^niciens  I'empire  de  la  mer.  L'auleur  pense 
que  pour  rnener  Rome  de  sa  premiere  origine  a  cet 
elat  florissant  dont  on  ne  peut  rapporter  ici  les 
preuves,  ce  n'est  pas  trop  de  reculer  au  nioins  de 
quatre  slides  la  fondation  de  cette  ville.  11  y  est 
autoris^  par  Sallusteet  par  un  grand  nombre  d'his- 
toriens  romainsetgrecs dont  les  ouvragessont  perdus, 
mais  dont  I'opinion  a  cet  egard  nous  a  €\.€  trans- 
mise  par  des  auteurs  dont  les  ecrits  sont  parvenus 
jusqu'a  nous. 

Le  C.  Levesque  a  fait  aussi  la  lecture  d'un  Md' 
moire  sur  la  sympathie  morale.  II  entend  ici  par 
sympathie  la  disposition  de  nos  fibres  a  recevoir  les 
impressions  que  d'autrcs  hommes  eprouvent ,  a  etre 
dmus  avec  cux  des  senllmens  agreables  ou  tristes 
dont  ilssont  affectes.  »  On  soufTre,  dit-il ,  a  I'aspect 
"  de  I'homme  souffiaut.  Pour  s'epargner  une  douleur, 


Nom'elles  litteraires.  269 

'«•  ^  soi-raeme  ,  on  s'erapresse  cle  le  secourir.  Si  I'oii 
M  parvitnt  a  rendie  le  calme  a  son  anie  ,  on  t^prouve 
«>  soi-n)€nie  im  calnic  heuicux  ;  et  cornnie  les  sen- 
«■  sations  agreables  nesoni  pas  nioins  cotnniunicaolcs 
«  que  k's  sensations  penil)les  ,  en  faisant  cntrer  la 
«  joie  dans  I'anie  d'un  infoiliine,  on  ^proiive  soi- 
H   meiue  le  plus  piir  et  le  plus  delicieux  des  plalsirs. 

"  La  disposition  de  nos  oiganes  cjui  nous  force  a 
••  ressentir  les  peines  des  autres,  et  a  les  sonlager 
"  pour  nous  soulager  nous-nienies  ,  est  peut-glie 
«  te  qu'il  y  a  de  plus  admirable  dans  notre  consti- 
••  tutioB  physique.  Si  la  douleur  des  autres  ne  faisoifc 
••  pas  sur  nous  des  impressions  plus  ou  nioins  dou- 
••  loureuses;  si  nous  pouvions  la  voir  d'un  cjeil  tran- 
••  quille,  en  entendre  le  rf?cit  de  sang  ("loid,  nous 
••  serions  bien  indolens  a  la  soulager.   •• 

L'auteur  observe  que  les  senlimens  recus  prennent 
d'aiitant  plus  d'intensite,  qu'il  y  a  plus  de  person- 
nes  r^unies  pour  les  recevoir  et  se  les  transmettre 
les  unes  aux  autres.  II  applique  cetfe  observation  a 
la  politique.  Puisque  les  passions  se  communiquent 
aux  homnies  qui  se  trouvent  ensemble,  et  qu'elles 
augmentent  d'intensil^  dans  una  jnoportion  quel- 
conque  avec  le  nombre  de  ceux  qui  en  recoivent  le 
coup  ^lectrique,  il  doit  arriver  que,  dans  une  as- 
sembl^e  nombreuse,  I'affeclion  de  I'esliuie  se  lourne 
en  enthousiasine,  et  le  plus  foible  sentiment  de  co- 
lere  en  fureur  ,  et  que  les  affections  varient  a  toute 
impulsion  nouvelle.  Ainsi  ,  dans  la  rt^publique  d'A- 
thenes ,  oil  quelquefois  les  juges  dtoient  le  pcuple 
entier  ,  on  vit  les  citoyens  qui  avoient  le  niieux  servi 

11  2 


•£(5o  Noiivcllcs  I'lllcralreS. 

la  pafilc  ,  ceux  qui  avoient  ^l^  les  idoles  du  peiiplc^ 
condamnes   tumultiiairement  par   Ja  iniillifudc,    fet 
bienlot   apres  regrett(?s  par  die.  Ainsi  nousmemes 
'  avons  vu  ....  Mais  oublions   les  maux  qui  ne  sont 
-plus,  et  que  les  haines  qu'ils  ont   fail  naitre  soient 
oubliecsavec  eux.  L'auteur  conclut  de  ces  faits  ,  qu'il 
■est   daiigereux    pour   une  republicjue   de  lasscmbler 
les  hommes   en  trop   grand   nombre  pnur   dclibeier 
sur  les    intt'rets  de   la  patrie    et  sur  le  sort  des  ci- 
toyens  ,  et  d'^lablir   des  autorites  qui  reposent  sur 
un  trop  grand  nombre  d'hommes  oblig(^s  de  se  r^unir 
pour  les  exercer  ;  il  pense  que  la  meilleure  republique 
sera  celle  ou  tous  designeront  les  citoyens  ^ligibles 
aux  fonctions  publlques,   et  ou  le  petit  nombre,  et 
quelqueFois  un   seul  ,  ^liront  les  fonclionnaires   pu- 
blics entre  les  cifoyens  que  tous  auront  deslgn^sj  ou 
les  fonclioiis  sprout  plus  concentr^es  en  proportion 
de  leur  imporsance  ,  sans  qu'on   craigne  meme  de 
r^duire  a  I'unite  la   plus  importanle    de  toutes  ;  oti 
celles  qui   par  leur   nature   exigent   d'efre   exercees 
par   un  cerlain    nombre    de    citoyens  r^unis  ,  ne  le 
seront  cepei.dant  point  par  un  trop  grand  nombre; 
oil  le  plus  grand  nombre  enfin  sera  seulement  admis, 
non  pour  la  discussion  ,  mais  pour  I'acceptaiion  des 
lois,  parce  que  les  lois  devant  soumettre  le  peUple, 
doivent  aussi  recevoir  son  aveu  par  I'organe  de  ses 
represenlans  ,  et   qu'il  seroit  mal  repreieiK^  par  un 
petit  no«)bre.  Cetle  republique  est  la  noire. 

Mais  le  C.  Levesque  reconnoit  qu'il  est  trcs-utile 
de  rassembler  les  citoyens  en  grand  nombre  aux  fetes 
ou  respire  la  gaiete.  •<  S'ilest  rcconnu  qnelesaiTcctions 


NoHvelles '  lilleralres..  s.6 1 

V.  intt^ilcmes  sont  commiinicables,  combien  ceux  qui 
«  gouvcrncnt  la  r^piiblique  doivent-ils  soiihaiter  de 
'<  falre  entrer  a  la  fois  dans  un  grand  nombre  d'a- 
«  iiies  la  joie ,  la  satisfaction  ,  le  conlentement  de 
a  leur  etat  !  m 

L'^loGtioa  que  prepare  I'Institut  ,  de  vingt-qnatre 
associes  Strangers  ,  doit  consacrer  son  inliine  union 
avec  tons  les  savans  du  globe.  Comme  c'est  uue  ope-, 
ration  de  la  plus;  grande  importance  ,  une  commis- 
sion a  ete  foriree  pour  ofTrir  ses  vues  sur  Fepoque 
qu'il  seroit  a  propos  de  fixer  a  cette  election  et  sur 
la  maniere  d'y  proceder.  L'^lendue,  de  sop  rapport; 
ne  permet  pas  de  le  transcrire  ici  ;  mass  on  en  va 
du  niolns  extraire  les  passages  qui  peuvent  en  etro 
le  plus  facilement  detaches.  II  est  I'ouvrage  du  C. 
Gregoire. 

<•  Les  sciences  font  des  progres  rapides  quand  ceux 
«  qui  les  cultlvent  se  reunissent  et  mettent  leurs 
«  moyens  en  commun.  Leuvs  efforts  concerft^s  et  si-* 
•<  rault.ines  muliiplient  des  dvtouvertes  qu'on  ne  pe ut 
"  jamais  esperer  de  travaux  incoherens  et  isoles  .... 

«'  Les  anciens  paroissent  avoir  trop  peu  connu  I'a-. 
•■  vantage  de  r^unir  en  society  les  bomnies  occupes 
«  a  inierroger  la  nature,  a  lui  derober  ses  secrets. 
"  Leterme  acadcinie  que  nous  avous  empranti?  d'eux, 
«  leur  pr^sentoit  une  atception  differcnte  ,  celle  d'une 
"  ^tole.  Si  I'Egypte  et  la  Grece  avoient  eu  des  corps 
«  savans  ,  il  est  probable  qu'Anacharsis  et  Pylhagore 
M  aurolcnt  rccueilli  plus  de  fruits  de  leurs  voyages, 
"  Les  niodernes  paroissent  avoir  niieux  connu  Tavan- 
'!.  tage  de  Her  les  diverses  parties   du  iiionde  pliiicr 

R  3 


^62  Nouvelles  litteraires. 

«•  sophlqiie  par  ces  communications  qui ,  en  les  coa- 

••  solant  des  injustices  contemporaines  ,  accroissent 

••  Jeur  courage  et  doublent  leiirs  forces 

«  Les  sciences  et  les  arts  ,  depuis  I'algebre  jus- 
«  qu'a  la  po^sie  ,  sont  des  branches  attachees  a  la 
"  meme  tige  ,  et  qui  IVuctlfient  par  I'efFet  d'une 
«  vf^getalion  commune.  ...  Ainsi,  la  numismatique, 
"  qui  fournit  a  la  chronologie  des  ^poques  suresj 
•'  est  utile  a  I'art  thcatral  ,  a  celui  du  peintre  et  du 
"  sculpteur ,  pour  la  connoissance  des  costumes; 
"  elle  est  utile  meme  a  la  botanique  :  et  des  plantes 
«  tejies  que  la  colocasis  et  Ic  sylpliiuin ,  retrac^cs 
«•  sur  le  bronze,  ont  fix^,  ou  du  moins  eclair^  les 
«■  doutes  des  nafuralistes  sur  certains  v^g(^taux  dont 
<■  I'liistoire  menfionnoit  les  propri(?t^s ,  sans  d^crlre 
«  Icurs  caracteres  specifiq'ies.  Ainsi  ,  I'anatomie, 
"  utile  a  la  peinfure,  dirige  le  pinceau  qui  arron- 
«•  dit  les  contours  d'un  bras,  comme  la  main  qui  r<5- 
«•  tablit  une  luxation, 

"  Pour  cimenter  I'union  entre  Irs  savans  ,  et  la 
"  faire  tourner  au  plus  grand  avantage  de  la  science, 
••  que  resfoit-il  ,  sinon  de  cr^er  une  Soci^t^  qui  , 
ti  embrassant  le  cercle  entier  des  connoissances  hn- 
"  malnes  ,  saisit  tons  les  points  de  contact  ^tablis 
",  entre  elles  ,  en  sorte  ciue  ,  sans  se  confondie  ,  sans 
"  entraver  r^ciproquement  leur  marche  ,  elles  se 
"   pr^tassent  des  secours  mutuels?  •• 

•>  Dc'ja  I'lrnlque  Soci^tf^  form^e  sur  ce  plan^l'In- 
-  sfltut  national  a  vu  ,  dans  son  sein  ,  les  langues 
"  orientales  devoiler  les  connoissances  astronomi- 
»  ques  des  Arabes,  et  Ferudition  expo&er  les  pro- 


Nouvelles.  litietviires..  ^63. 

<»,  c^des  des  anciens  dans  I'art  de  la  teinture  ;  la, 
«  sculpture  a  demanc!^  a  la  chymie  et  obtenii  d'eile 
"  des  moyens  pour  la  conservation  des  statues  de 
»  marbre.  Cette  r(?union  des  sciences  et  des  arts 
"  fait  esp^rer  que ,  si  le  seizieme  si^cle  fut  chez 
"  nous  celiii  de  I'^rudition  ;  le  dix-septieme ,  cclui 
"  du  gout;  le  dix-hultieme ,  celui  de  la  philoso- 
"  plile  et  des  sciences  ,  le  dix-neuvieme  les  verra 
"  descendre  des  hautes  theories  a  tons  les  details 
«t  qui  peuvent  perfectionner  I'industrie  et  multiplier 
•«   les  Jouissances  de  I'liomme.  .  .  . 

"  En  I'an  4,  apres  avoir  consomm^  la  nomination 
«  des  associes  nationaux,  il  fut  question  de  celle 
"   des  associds  ^Jrangers;    mais,  a    la  stance  du  i5 

••  ventose  ,    on    prononca   I'ajournement La 

«  France  ^toit  a  peine  ^cliapp^e  du  regime  de  la 
«  terreur,  dont  les  forfaits  avoient  seme  des  d«?r 
«  fiances  dans  toute  I'Europe.  La  prevention  pou- 
<■  voit  rejaillir  d'une  maniere  faclieuse  sur  les  savans 
•1  elrangers  que  I'lnstilut  auroit  ^lus.  La  mesure 
«  adoptee  par  vous  etoit  done  une  marque  de  bien- 
«  veillance  pour  les  savans  Strangers  et  de  respect 
«  pour   leurs  gouvernemens, 

"  Mais  enfin  le  terme  de  cet  ajournement  est 
•<  arriv^.  La  France  ,  apres  avoir  ^puise  la  gloire 
"  militaire,  depose  ses  lauriers  sur  I'olivier  de  la 
«  paix. . . . 

"  Hatons-nous  de  puiser  chez  les  autres  peuples, 
"  et  recevons  avcc  reconnoissance  ;  hatons-nous  de 
"  leur  doniier,  avec  une  bienveillance  qui  cxcilera 
«   en  eux  le  meme  sentiment ,  toutes  les  idc-es  utiles, 

R4 


264  Noil  Indies  lilteraires. 

•  toules  les  inventions  qui,  naturalis^es  chez  les  uns, 
••  nianquent  encore  che^  les  autres.  Ici  ,  chaciin  est 
<•  cr^ancier  et  d^biteur.  Ayons  la  modestie  de  croire 
••  que  nous  avons  au'ssi  des  conquetes  plilloao- 
u  phiques  a  faire  thezdes  nations  qui,  moinsabsur- 
"  bc'c's  que  nous  dans  les  ^venemcns  polifi'ques,  ont 
«  men(5  dc  fiont  la  culture  de  toutes  les  connois- 
<■  sauces ,  et  qui ,  plus  habitu^fes  que  no.us  a  fran- 
«  chir  les  barrieres  qu'interpose  entre  les  honuTies  la 
n  diversite  des  langues,  se  sont  mises  au  niveau  de 
.<  toutes  les  dccouvertes  eufant^es  cbez  nous  par 
«.  ]e  i^enie  des  arts  niilitaiies  et  par  I'amour  de  la, 
<i  liberte. 

«  L'liistltut  national ,  honore  par  les  associ^squ'il 

«  va  se  donner ,  peut  croire  sans  orgueil  que  ce  choix 

•<  ne   sera   pas   nioins    honorable    pour    eux.    Cette 

..  adoption  aura  le  caractere  d'une  recompense  pour 

«,  vingt  quatre  savans  ,  et  pour  tous   les  autres  ua 

<«  effel  d  cTiCouragcment.  Autrefois  un  Stranger  ccri- 

«  volt  a  peiue  une  ligne  sur  la  physique  ou  les  ma- 

«    thernatiques,  sans  ptnser  a  TAcad^mie  dessclen- 

«  ces  :  esperoni  que  dcsorniais  ,  dans  tous  les  genres, 

■•  les  homines  de  g^nie  tourneront  leurs  regards  vers 

..   la  Fiiiuce,  et  arabiiionnciont  les  suffrages  d'une, 

■■    Socic'te  qui   poursuit   avec  succes  ses  travaux  sur 

..   tous  les  objets  soumis  aux  rccherches  et  a  la  m^- 

«  ditation  de  I'esprit  humain. 

..  Pourroient-ils  d'ailleurs  ne  pas  se  rappeler  avec 
..  recounolssance  que,  si  le  bruit  des  combats  n'ef- 
«  frayeplus  leurs  meditations  solitaires,  c'eatdepuis 


Nouvellcs  litter  aires.  £65 

«   qu'uN     MEMBRE     DE     l'InsTITUT     NATIONAL    A 
u    DONNE   LA   PAJX    A    l'EuUOPK  ?    " 

Uimiiis^es  composes  par  dcs  nicinbrcs   on   associes  cIs 
la  clusse  J  el  iinprimes  pendant  le  dernier  irimestre. 

Projct  d\Hemens  d' Idcologie ,  par  le  C.  DeSTUTT- 
Tii  ACY  ,  assocu^ 

Vie  du general  CaffarelU'Tiufulga  ^  par  le  C.  De- 
G^RANDO  ,  associe. 


Eegleincut  de  la  Suciele  des  Ohservaieurs  d& 
£  Homme. 

Art.  I.  La  Socl^te  des  Observateurs  derHomme, 
fidelle  au  but  de  son  institution,  consacre  exclwsi- 
venient  ses  travaux  a  I'etude  de  rHoninie  physicjue , 
intellectuel  et  moral. 

II.  La  devise  de  cette  compagnie  est  I'inscrlption 
consacr^epar  rAnti(juil<^  :  CONNOis-TOl  TOI-MEME. 

III.  La  Soci(?t^  est  composee  de  cinquante  niem- 
bres  r(^sidens  et  de  cinquante  membres  non-rcsidens. 

IV.  Les  membres  r^sidtns  se  r^unissent  a  des  jours 
et  benres  fixes.  Chacuii  d'eux  est  invito  a  fournir  au 
uioins,  totiles  les  ann(?cs,  a  Ja  Soci^l^  ,  un  m^moire 
relatila  la  connoissance  de  I'Homme. 

V.  La  Soci^t(?  tlent  trois  stances  particulieres  par 
mois  ,  et  une  assembl^e  publlque  par  an. 

VI.  Le  bureau  est  coiupos^  d'un  president  etd'dn 
vice-president,  que  la  Society  renouvelle  chaque 
aiUK'fj  et  qui  ne  peuvent  ^tre  coL.tlnues    daus  la 


S.66  Nouifelles  litteraires. 

meme  fonctlon  ;  d'un  secretaire  perp^fiiel ,  et  d\iQ, 
tr^scrier  nomm^  pour  un  an  ,  mais  ind^finimenl; 
redigible. 

VII.  Les  membies  non-r^sidcns  portent  le  titre 
d'Associes  :  Us  perdent  ce  titre  par  leur  ^tablisse- 
ment  a  Paris. 

VIII.  Parmi  les  cinquante  membres  non-r^sidens  , 
la  Societe  se  reserve  la  faculty  de  nommer  dix  as- 
soci^s  dans  les  pays  Strangers. 

IX.  La  Societe  choisit  de  plus  un  certain  nombre 
de  correspondans  entre  ceux  qui  se  sont  fait  con- 
noitre  avanlageusement  par  des  memoires,  des  ob- 
servations on  des  d^couvertes  analogues  a  I'objet  de 
ses  travaux  ;  et  entre  les  voyageurs  (^clair^s  qui  sont 
dans  le  cas  de  lui  communlcjiier  des  renseignemens 
importans. 

X.  Ces  correspondans  perdent  ce  titre  lorsque, 
par  negligence,  ils  laisscnt  ^coulcr  i'espace  de  deux 
ans  sans  correspondre  avec  la  Societe. 

XI.  La  Socieie  n'admet  an  nombre  de  ses  membres, 
de  ses  associes  et  de  ses  correspondans,  que  lesper- 
sonnes  dont  les  tifres  onl  ete  prealablcment  soumis  a 
un  examen. 

XII.  Get  examen  est  confie  a  un  comity  compose 
de  quatre  ofBciers  ,  savoir  ,  du  president,  du  vice- 
president,  du  secretaire  perpdtuel  et  du  tr^sorier, 
auxquels  la  Society  adjoint  tous  les  ans  trois  de  ses 
membres  ,  cboisis  au  scrutin. 

XIII.  Lorsqu'il  y-^a  une  place  vacante  ,  Tassera- 
bleegenerale  charge  specialeraent  son  comite  du  soln. 


NoiMfelles  Utldraires.  267 

^e  III!  presenter  trois  canclidats  ,   parnii  lesqiiels  el!e 
faif  soil  choix  au  scrutln. 

XIV.  La  forme  du  scrulin  est  cellc-ci.  Chaqiie 
niemhre  ^crif  sur  1111  bulletin  le  nom  d'un  cles  trois 
candidals  ;  celui  qui  reiinit  la  majority  absoliie  des 
siiffragts  est  proclam^  membre  de  la  Soeiel^. 

XV.  Les  niatieres  d'administration  et  de  police 
ijiterienre  ne  sent  jamais  discut^es  dans  les  assemblies 
ordinaires  ;  elles  snnt  renvoyf^es  au  comit^  ,  qui  , 
pour  les  oljjets  qu'il  juge  essenliels  ,  eu  relcre  a  I'as- 
semblee  g(^neiale. 

XVI.  La  Socic'ti*,  se  renfermnnt  dans  son  objel, 
exclut  foriMellemcnt  de  ses  memoires  toiile  contro- 
vcrse  religieuse  ou   politique. 

XVIL  Aucune  personne  etrangere  a  la  compagnie 
u'a  la  faculty  de  lire  nn  memoire  dans  son  sein  ,  s'il 
ne  I'a  souniis  pr^alablement  a  I'exanien  du  president. 

XVIIL  La  Soci^l^  fait  imprimer  le  reeueil  de  ses 
iTi^moires  ,  soit  en  totalite  ,  soil  par  extraits  ,  suivant 
Ja  decision  de  son  comite.  Ellc  en  afFecte  le  produit 
a  ses  d^p en.es. 

XIX.  Les  volumes  que  la  Socidl^  public  sont  di- 
l^is^s  en  deux  parlies  ;  I'llisloire  el  les  Memoires. 

XX.  L'iiistnire,  donl  le  secretaire  est  le  r(^dacteur, 
contienl  les  observations  qui  ne  sont  pas  assez  consi- 
derables pour  trouver  place  dans  la  seconde  partie  , 
et  I'analyse  des  memoires  qui  ,  sans  etre  susecptibles 
d'etre  imprimes  en  tolalll^,  sont  n(^anmoins  jug^s 
dignes  d'extrait.  El!e  conlient  aussi  les  eloges  des 
Biembres  et  des  associ^s  morts. 

XXL  La  seconde  pailic   du  volume  contltnf   uii 


268  Noui'dlcs  ViUeraires. 

choix  tie  memoJres  suv  I'Homuie  ,  consid^r^  sous  ses 
rapports  physiques,  intellectuals  et  moiaux. 

XXII.  Le  comity  ^tant  personnellement  respon- 
sable  des  opinions  et  de  la  doctrine  contenues  dans 
Ifs  memoiies  pi  blies  an  nom  de  la  Soci^t^,  a  le  droit 
d'y  ['aire  ,  avant  I'inipression  ,  les  retrancheniens  qii'ii 
jiige  n^cessalres  ,  sauf  aux  anteurs  a  relirer  leurj 
manuscrits  ,  s'ils  ne  cousentent  pas  aux  suppressions 
indiqut'es. 

XXIII.  La  Soci(?td  distribne  des  prix  aux  atiteurs 
des  meilleiirs  memoires  qui  sont  adresses  sur  des 
questions  proposees  par  elle,  et  toujours  relatives»a 
]a  connoissance  de  rHoninie  physique,  intellectuel 
ou  moral. 

XXIV.  Elle  public  en  eniier  dans  ses  actes  les 
memoires  qu'cHe  a  couionn(?3  ,  et  par  exti:aits  ceux 
qui  ont  le  plus  approclie  du  prix. 

XXV.  Elle  a  des  reglemens  particuliers  pour  lout 
ce  qui  concerne  sa  polite  inlerieure. 

Cerdftd  ccnfonne  ,  JussiEU  ,  President, 

L.  F.  Jauffeet,  Sccidtaire  peijjeiiieL 


Socie/tdes  O/^seiva/eiirs  de  I'llomme  ;  seance 
publiqne  du  ^g  film  a  ire  'an  lo.  Presidency 
d'A.-L.  DE  JUSSIEU. 

ORDRE     UES     LECTURES. 
I.  Apper(^n  des  travaux  entrepris  par  la  ^oaV/^c/ts 
Ohsen'iUeiirs  de  ITiomme,  par  le  C.  JauffRET,  se- 
cretaire perpetiiel  de  la  Soci'Jt^. 


Noiivellcs  l/i/einiiTS.  ^6g 

2.  Programme  du  siijet  de  prix  propose  par  la  So- 
cl^te  ,  pour  ^tre  dellvr^  dans  sa  seance  publique  du 
29  vendeniiaire  an  12.  Par  le  mCmc. 

3.  Siir  des  erreurs  en  legislation  ,  qui  out  6t6  la 
principate  cause  de  la  d<?cadence  de  quclques  puis- 
sances. Par  le  C.  BouchaUD. 

4.  Sur  I'origine  du  mot  Eselave.  Par  le  C.  Pfeffel. 

5.  Memoire  sur  les  moeurs  et  la  religion  des  Hin- 
dous.  Par  Ic  C.  Lecout,  voyageur,  correspondant 
de  la  Soci^te. 

6.  L'Hern.Itage  du  mont  Yesuve ,  ou  Meditation 
sur  la  solitude.  Par  le  C.  D^gerando. 

7.  Memoire  sur  les  avantages  qui  peuvent  r^sul' 
tor  ,  pour  I'avancement  de  la  science  de  I'Homme, 
de  I'observation  des  Sourds-Muets  de  naissance.  Par 

le   C.   SiCARD. 


Prix  propose  par  la  Sociele  des  Observateiirs 
de  I' Homme  ,  pour  Van  12. 

L'Homme  ,  des  sa  naissance  ,  est  niodifi^  de  mille 
manieres,  et  par  I'lnfluence  des  objets  qui  I'environ- 
nent  ,  et  par  celle  des  personnes  qui  couimuniquent 
avec  lui;  mais  jusqu'a  quel  point  ,  celte  double  in- 
fluence desborameset  des  cboses  ,  a  laquelle  est  con- 
tinuellenient  soumis  I'enfant  au  berccau  ,  conlribue- 
t-elle  a  acc^lerer  ou  a  retarder  son  d^veloppement 
pbysique,inte.llectuel  et  moral?  IS'est-ce  pas  uncegale 
erreur  ,  ou  de  troptpr^sumer,  a  cet  t'gard,  du  pouvoir 
de  la  nature,  ou  de  tout  accorder  aux  causes  qui  la 
Buodifient?  Nous  n'avons  encore  la-dcssus  que  des 


270  JVouvelles  luie'i'aires\ 

conjectures,  que  des  theories.  II  nous  manque  une 
suite  d'observations  journalieres,  faites  en  quelque 
sorte ,  au  berceau  de  plusieurs  enfans,  pour  deter- 
miner d'une  maniere  moins  vague,  Jusqu'a  quel  point 
nous  secondons  ou  nous  contrarions  la  niarche  de  la 
nature  dans  la  premiere  education,  et  jusqu'a  quel 
point  le  genie  et  le  caractere  naissans  peuvent  gagner 
ou  perdre  par  I'empire  des  circonstances. 

La  Societd  des  Observateurs  de  I'Horame  A  senti 
I'importance  de  ce  travail  ,  et  dans  sa  dernlere  stance 
publique,  ellel'a  propose  auzele  de  ceuxqui  joignent 
le  gout  de  i'obserration  au  talent  de  bien  observer , 
et  qui  ,  vou^s  a  une  etude  jusqu'a  ce  jour  trop  n(^- 
glig^e  ,  pensent  avec  raison  que  I'histoire  exacte  des 
progres  d'un  enfant ,  sous  le  rapport  physique  et  sous 
le  rapport  moral,  doit,  a  propreraent  parler ,  servir 
de  base  a  I'histoire  de  I'Hommet 

Aujourd'hui  cette  compagnie  appelle  raftentiort 
des  philosophes  sur  un  sujet  non  moins  important. 
L'Homme  echappe  a  I'enfance  ,  est  arrive  a  I'age 
oil  il  doit  par  son  travail  comraencer  a  acquitter  sa 
dette  envers  ses  seniblables,  commence  aussi  a  elre 
soamis  a  I'influence  de  la  profession  qu'il  embrassc. 
De  m^me  qu'en  portant  les  regards  de  I'imaginatioa 
8ur  les  diverges  regions  de  la  terre,  nous  remarquons 
parmi  les  hommes  qui  les  habitent,  d'innombrables 
nuances  decouleur  ,  depuis  le  blanc  pur  jusqu'au  noir 
luslrd  ;  il  sufEt  de  considtrer  la  soci^t^  avec  un  peu 
d'attention  ,  pour  y  voir  les  diflerenles  professions, 
modifier  de  mille  manieres  le  caractere  de  ceux  qui 
les  exercent ,  lui  donner  une  direction  qu'il  seroit  fa- 


Nom'elles  lilleraires,  'irj\ 

die  dVvalucr  ,  et  qu'on  pourroit  tenter  de  pr^vcnir, 
de  corriger  menie ,  du  moins  en  parlie  ,  si  cetle  in- 
fluence ^loit  observee  avec  assez  de  soin  pour  etre 
mise  a  Ja  porl^e  de  tous  les  esprits. 

La  Soci^t^  des  Observateurs  de  I'Homme  propose 
done  pour  sujet  d'un  prix  qu'elle  adjugera  dans  sa 
stance  publique  du  29  vendemiaire  de  Tan  12,  le 
sujet  suivant  : 

Determiner^  par  des  obsejvafions  generates  et  par 
un  choi.v  d'obsen'atioiis  particulieres  ,  (Quelle  est  L'iu~ 
Jluence  des  differentes  professions  sur  le  caraclere  d» 
ceitx  qui  les  exercent. 

Le  prix  consisleraen  une  medallle  en  bronze,  et 
en  une  indemnit(?  de  400  francs. 

Les  memoires  seront  reciis  jusquau  i."^  germinal 
an  II  :  lis  doivent  etre  adress^s,  francs  de  port  ,  au 
setretaire  perpetuel  de  la  Socicle  des  Ubsen-ateurs  de 
rUoiiiiue  ,  rue  de  Seine  ,  hotel  de  la  Roclie/oucauU  j 
a  Paris. 

Les  auteurs  sont  invites  a  joindre  a  leurs  memoires 
un  billet  cachet^,  contcnant  une  devise,  avec  leur 
nom  et  leur  adresse. 

II  n'y  aura  d'ouverts  que  les  billets  qui  seront 
joints,  soil  au  m^moire  qui  aura  remporte  le  prix  , 
soit  a  celui  qui  en  aura  le  plus  approch^. 


hyR  No  nee  Iks  li/te/mrbS, 


T  H  t  A  T  R  E  S. 

Theatre    Lo  u  r  o  i  s. 

Les  Provinciaiix  a  Paris. 

Tel  est  ]e  titre  plus  modesle  que  PlC\RD  a 
donn^  a  sa  comt'die  nouvelle.  II  a  sent!  que  le  titre 
de  la  Grande  Ville  prcrnettoit  plus  qu'il  ne  pouvoit 
tenir  ,  et  il  ticnt  a  present  plus  que  son  titre  ne 
promet. 

Gaulard  et  ses  enfans,  Georges  et  Fancliette  ^  ar- 
rivent  a  Paris  ,  et  disent  a  tout  le  monde  qu'ils  vien- 
tient  de  recueillir  une  succession  de  cent  ipille francs 
de  rente.  Une  femme  ,  dont  le  fiacre  est  renverse 
par  une  volture  brlUante,  entre  dans  I'hotel  :  c!le 
est  suivie  de  celui  qui  ravoit  renvers^e ,  et  d'uii 
homme  qui  passoit  avcc  un  parapluie.  Ces  Irois  per- 
sonnages  sont  des  intrigans,  qui  n'apprt-nnent  pas 
sans  inle'ret  que  Gaulard  a  cent  mille  livres  de  rente. 
Aussitot,  M.'""  Dercour  raconte  ses  mallieurs  et  in- 
t^resse  Georges;  Donal  promet  sa  protection,  cfc 
s'empare  de  I'esprit  du  pere  ;  le  beau  jeune  liorame 
au  parapluie,  Lainiaj  de  Saint- Jndr^  ,  fixe  les  re- 
gards de  la  jeune  I'anchefte.  Lambert ,  musicien  , 
honnt'te  lioninie,  qui  loge  dans  Thotel  ,  reproclie  a 
Gaulard  son  indiscretion,  lui  ofFre  de  le  guider  dans 
la  Grande  Ville,  et  en  trace  une  esquisse  rapidck 
Les  Gaulard  vouloient  nller  a  I'Operaj  precis^inent 

il 


Noitvelles  UtlemireS.  £73 

n  n'y  en  a  pas  ce  jour -la.  La  lanterne  magique 
passe  5  on  la  fait  itiontcr,  et  on  y  voit  encore  uu 
petit  tableau  de  Paris.  Les  trois  intrigans  revien- 
nent;  Dorval  ofFre  a  Ganlard  de  le  faire  entrer  dans 
line  entreprlse  siiperbe.  Launay  de-Saint-Andre  ,  qui 
vient  reprendre  son  parapliiie,  prie  a  diner  toule  la 
famiile,  et  M."'  Dercour  ,  qui  se  donne  pour  uue 
marquise  polonaise,  la  retient  a  dejeuner. 

La   scene    est    transport^e  au    Marais ,   chez   M. 
Malfdar ,  niarchand  de  drap  retire,  et  prupri^iaire 
de  la  maison  qiVhabite  M.™'  Dercour.  Celle-ci  liii 
emprunfe  ses  converts  et  son  argenterie,  et  le  prie 
de  vouloir  bien  lui  permettre  de  recevoir  dans  son 
appartement  I'honnete  famiile.  La  petite  Malfilar, 
bavarde  et  curieuse,  promet  a  sa  mauian  de  savoir 
ce  que  c'est  que  celte  M.'"'  Dertour ;  elie  en  tronvo 
bientot  I'occasion.  Le  petit  Jean,  commissionnaite 
de  I'auberge  ,  envoye  par  Lambert ,   pour  ce  menu; 
8ujet,  cause   avec   elle  5   et ,    pendant  le  dejeuner, 
une  femrae  de  campagne  qui  arrive ,  et   qui  prend 
Georges   Gaulard  pour  un  jeune  ^tudiant  en  m^de- 
cine,  d^ouvre   que   M.'"''  Dercour  n'est  autre   que 
Manette  Robin,  fille   d'un  quincalllier  du  faubouig 
Saint -Marceau  ,  et  qu'elle-meme   nourrit   I'enfant  , 
dont  le  jeune   dludiant  est  le  pere.  On  juge  du  d^- 
sespoir   de   Georges,  qui   adoroit  d^ja  la  marquise 
polonaise.  Toule  la  famiile  part,  et  va  diner  chez 
M.  Saint -Andr^.  La    scene    est  alors  au   faubourg 
Saint  -  Germain ,   oii  Saint -Andre  a  loue   dans   un 
hotel,  un   appartement  garni.    II  prend  pour  jokey 
.ie  petit  Jean  ,  envoy^  par  Lambert.  Celui-ci  vient 
tome    V.  S 


!2,74  IVoiii'el/es  litlermre^. 

]ni  meriie  eiisuite  donner  une  Iccon  de  musique  a 
Frcmin  fils  ,  son  ^leve.  Ce  jeune  liomme  peint  le 
iiec  plus  ultra  de  la  faluit^  ,  par  sa  niise  ,  ses  ma- 
nieres  et  son  insolence.  II  se  rappelle  avoir  vu  quel- 
que  part  Saint-Andr^,  et  le  dit  a  son  pere.  Mais 
la  f'amille  arrive,  et  Georges  Gaulard  est  reniis 
entre  les  mains  de  Frcmin,  qui  le  forme  et  lul 
donne  les  bonnes  manieres.  Le  pere  Gaulaid  fait 
confidence  a  Lambert  de  I'amour  subit  qu'Il  a  concu 
pour  une  femme  qu'il  vient  de  renconfrcr  au  Mu- 
seum. Dorval  arrive ,  veconnoit  dans  Lannay-de- 
Saint-Andr^  son  va'et ,  et  celui-ci  le  de'nonce 
comme  im  intrigant.  11  monlre  en  meme  temps  le 
portrait  de  sa  femme,  dans  laqiielle  Gaulard  recon- 
noit  sa  belle  du  Museum.  Demasqui's,  I'un  par  I'au- 
tre,  les  intrigans  se  retirent ,  et  les  Gaulard  remer- 
cient  Lambert  de  sa  blenveillance  et  de  ses  soins, 
qui  les  ont  preservers  de  tant  de  pieges.  Le  cinquicme 
iicte  se  passoit  a  Tivoli ,  oil  Gai:lard  ayoit  rendez- 
vous avec  la  femme  bel  esprit.  Get  amour  ridicule  , 
et  qui  ne  sert  en  rien  a  I'inlrigue,  auroit  du  dispa- 
roitre  lou-a-fait  ,  puisque  le  cinquieme  acce  ^toit 
supprini^. 

Que  de  d^fauts  dans  une  piece  dont  les  details 
sont  si  jolis.  Le  petit  tableau  \&e  Pario  tracd  par 
Lambert,^st  d'uiie  veril^  frappante.  Le  peu  de  mots 
dans  lesquels  il  e.st  fait,  ajoutoient  encore  a  sa  dif- 
ficultC".  La  lanterne  magicjiie-,  ou  punoi ama-moral , 
est  vraiment  un  petit  chef-d'oeuvre.  Maislorsque  Lau- 
nay-Saint-Andr^  et  Dorval  se  trouveut  ,  au  premier 
acte,ac6tel'un  del'autre,  et  qu'ilss'examinent,  en  se 


Noiivelles  littcraires.  syS 

soupconnnnt  les  mfmcs  intentions,  est-il  vraisem- 
blable  cju'ils  nc  se  reconnoissent  pas?  Es(-il  natinel  , 
an  second  acte,  cjiie  la  noiirrice  [irenne  Georges  pour 
le  pere  de  I'enfanf,  et  que,  sans  autre  raison  ,  cllc 
aille  d^biter  ,  a  des  gens  qu'elle  ne  connoit  pas, 
toule  I'histoire  de  M.""^  Dercour ,  et  qu'ensuile  elle 
en  soit  si  fachc'e ,  lorsqu'elle  voit  son  indiscretion? 
Si  die  siipposoit  que  ces  gens  fussenl  instruits,  elle 
n'avoit  pas  bcsoin  de  leur  raconter  tout   cela. 

Du  reste  ,  Sam  Lebcot ,  qui  est  si  naturelle  dans 
tous  ses  roles,  ne  lest  pas  dans  celui-la.  El!e  y  met 
du  sentiment  lorsqu'il  n'y  faudr(/it  que  de  la  fran- 
chise, et  meme  de  IVtourderie.  Peut-etre  son  costume 
en  est-il  cause;  elle  joue  si  bien  les  roles  habill^s, 
qu'elle  peut  elre  embarrass^e  sous  la  jupe  de  cal- 
niande.  Nous  arrivons  au  denouement  ,  qui  res- 
semble  a  celui  de  bien  des  comedies,  graudes  et 
pelites.  Deux  intvigans,  demasqu^s  I'un  par  I'au- 
tre,  un  valet,  habille  ,  reconnu  parson  maifre.  Ce 
Dorval ,  qui  n'a  pas  reconnu  Saint-Andr^  au  pre- 
mier acte,  le  reconnoit  au  quatrieme.  11  etoit  si 
facile  de  pr^venir  ce  defaut.  Saint  -  Andre  n'enfre 
qu'apres  son  maitre;  il  devoit  I'aperccvoir,  et  ne 
s'approclier  que  quand  il  auroit  ete  parti.  Le  vice 
du  denouement  auroit  ^td  prevenu  ,  sans  le  rendre 
plus  neuf,  ce  qui  seroit  impossible. 

Quant  aux  traits  semds  dans  le  dialogue,  ils  ne 
sont  pas  rares ;  quelques-uns  sont  des  (?pigramme» 
mordantes  ,  mais  pas  toujours  justes;  quelques  au- 
tres  ,  malheureusement  ,  sont  des  reminiscences. 
Lor»que  Doival  dit  a  Gaulard  qu'il  a   parld  de  lui 

S  a 


^^6  Nonvelles  litleraues. 

cliez  un  ambassadeiir  Stranger,  et  que  Gaulard  , 
enchante  ,  tlonne  toute  sa  confiance  a  I'intrigant, 
il  uiesemble  entendre  dire  a  Dorante  ,  dans  le  Bour- 
geois Genlilhnmme  ,  <■  Savez-vous  bien  ,  M.  Jour- 
<■  dain  ,  que  j'ai  parl^  de  vous  hier  dans  lacharabre 
t<  du  roi.  "  M.  Jourdain  n'a  rien  a  refuser  a  uit 
lioniiiie  qui  a  parl^  de  lui  dans  la  channbre  du  roi? 
Ah  !  Picard,  copier  Moliere  ,  ce  n'est  pas  lui  res- 
serabler. 

Tous  les  roles  sont  fort  bien  jou^s,  Vigny  sur- 
tout ,  dans  son  habit  de  paysan  ,  est  d'une  bonhomie 
et  d'une  v^rit^  ^tonnantes.  Bertin ,  dans  Georges, 
est  bien  neuf  et  bien  gauche.  Clozel  a  saisi  le  ton 
d'un  petit  maitre  :  on  sait  que  ces  roles  sont  faits 
pour  lui.  Armand ,  dans  la  caricature  de  Fremiti 
His  ,  a  su  faire  valoir  un  petit  role.  Celui  de  Picard 
est  si  peu  de  chose  ,  qu'on  ne  peut  rien  en  dire. 
Pour  M."'^  Delille  ,  on  ne  pourroit  lui  reprocher  que 
d'avoir  I'air  trop  honnete  pour  repr^senter  une  in- 
trigante. On  pourroit  dire  la  m^me  chose  de  Dor~ 
sail ,  qui  joue  le  role  de  Dorval. 

A  la  sixierae  representation,  le  public,  qui  avolt 
constamment  applaudi  la  piece,  et  surtout  les  deux 
premiers  actes  ,  a  encore  improuv^  le  denouement, 
oil  beaucoup  de  murmures  se  sont  fait  entendre.  SL 
la  piece  n'eiit  pas  ^te  de  Picard,  elle  n'auroit  cer- 
tainenient  pas  ^te  jusqu'a  la  fin.  II  doit  done  savoir 
gr^  au  public  d'une  parelile  marque  d'induljjence  e? 
d'esjinie.  T.  D. 


LIVRES    DIVERS  (i). 


BOTAKIQUE. 


*  DescktptiojV  des  Planlcs  nouvelles  et  peu  con- 
7i.ues  cultiiecs  dans  Ic  jardin  de  M.  J.  M.  Cels  , 
avec  figures  ;  par  E.  P.  VentenAT  ,  de  iTiis/itiit 
national,  de  France ,  Vun  des  con^en-alcurs  de  la> 
bibliotlu'que  du  Panlhdon.  S."  livraison.  A  Paris, 
de  I'impiimerle  de  Crapelet.  An  IX.  In-folio. 

Medecine. 

DlCTloNNAlTiE  Botanique  et  Pharmaceuliquc ,  con- 
tenant  les  'princifKiles  firopridtes  des  niineruiix  ,  des 
vegetaujc  et  des  animaux  ,  aiec  /es  preparations 
de  pkarmacie  y  internes  et  externes  ,  les  plus  nsi~ 
tecs  en  medecine  et  en  chirurgie ,  d\ipris  les  meilleiirs  , 
ouieurs  anciens  et  suriout  d'apies  les  modernes ;  pai' 
line  Society  de  mddecins ,  de  pharmaciens  et  de  na- 
iuralisles  :  ouvrage  utile  a  toutcs  les  classes  de  la 
socidtd  ;  ai^ec  X.VII grandes  planches  reprtisentant 
278  figures  de  planles  grasees  avec  le  plus  grand 
sain.  Vol.  de  767  pag,  gr.  in- 8."  ,  diiise  en  deux 
parties  ;  imprimd  sur  beau  papier ,  en  caroctera 
petit  romain  ncuf,  he  prix  de  ces  deux  volumes^ 
broches  en  carton  et  dtiquetes  y  est  de  12 fir,  et  \S  fr. 
pour  les  departemens ,  broches  en  papier ,  la  paste 
ne  so  chargeani  pas  de  brochures  en  carton.  A  Paris, 
chez  J,  F.  Bastien,  rue  des  Poitevins  ,  n."  18  ;  et 
chez  Boiste  ^  imprimeur,  rue  Hautefeuiile  ,  n,"2i. 

Beaucoiip  dVdifons  de  cet  onvrage  ,  faites  a  Paris 
et  aillcnrs  ,  assment  !e  siicces  de  cette  nouvelie ,  cn- 
tierement  refondue   el  augment(?e.   Elle  en   diflere 

(1)  Les  wticles  mavqia-s  d'une  *  sont  ceux  Jont  noiit  doiinerons  uii 
•xlrait. 

S  3 


£^R 


Li  \' res  aire  J 


encore  par  le  format,  qui  est  graa  ain-S."  ,un  vo- 
cabulahe,  les  tables,  les  figures  qu  iy  sont  ajoutees 
pour   la  premiere  fnis,  etc. 

Get  ouvragp,  indistinclement  uliie  et  presque  n^- 
cessaire  A  tout  le  montle ^  convient  particulierement 
aiix  medeciiis,  aux  chirurgiens,  aux  pharmaeiens  et 
siirtout  a  ceux  qui  veulent  se  soigner  eux-m^mes 
dans   beaucoup   de  maladies. 

Voyages. 

Wot  AGE  au  Senegal ,  pptidant  les  annees  1784  el 
1785  ,  d\ip!es  les  memaires  de  LajAii.le  ,  ancicn 
ojficier  de  la  marine  francaise ,  cnnteiiant  des  re- 
clierches  sur  la  geographic ,  la  iiavigatinn  el  le 
commerce  de  l:t  cote  occidentale  d^^frii]i(e ,  depin's 
le  Cap-Bl.i/7ic  jusqu\i  la  riviere  de  Serra  -  Leone  , 
aiec  des  notes  sur  la  situation  de  cetie  parlie  de 
V  Afiique  ,  jusqu^en  Van  10  (1801  et  1802)  5  par 
P.  LABfinTiTF,  ;  ornc  d*une  ires- belle  carle  gravee 
par  P,  F.  Tardieu.  Prix,  4fr.  ,  et  5  fr.  par  la  posle. 
A  Paris  ,  ciiez  Vanieur ,  rue  Cassctfc,  n."  10  ;  et 
cbez  Dentu ,  iuiprimeur-libraire  ,  palals  du  Tii- 
biinat. 


Depuis  1793,  les  coramunlcafions  avec  nos  colo- 
nies (^loienl  iuteirept^e?  ;  des-lors  Ic  commerce  lan- 
guissoit  ;  la  navigation  ^loit  sfins  aclivite  ;  les  pro- 
ductions de  notre  sol  ,  su.sceptihles  d'eire  cxporlees, 
^toieiit  a  im  bas  prix,  tandis  qr.e  ceilfs  de  TAme- 
jique  se  soulenoient  a  un  taux  elev(?.  Les  noiivelles 
des  V'"^li"T''i«'''C''  de  la  paix  out  lout  ranime,  tout 
vivifie;  mais  apres  un  lonj?;  inteivaHe,  les  nc'gocians 
de  nos  ports  peuvcnt  avoir  be:<oin  dVtre  guidf^s  pour  ' 
Jeurs  opt^rations  :  les  marins  doivcnt  aspirer  a  revoir 
les  paiages  qu'ils  ont  frequenles,  ou  dcsirer  de  con- 
noifre  les  coles  qu'ils  n'ont  pas  encore  visil^es  ;  les 
geogra^ihes  enfin  verront  avec  plaisir  augmentej; 
It'ur  domaine. 


Liivres  clU'crs.  275 

GVst  pour  remplir  ces  clivers  objefs  que  I'auteur 
du  Voyage  an.  Senesral  s'est  livr(?  a  cles  rechcrches 
utiles.  Attache  au  ministere  de  la  marine  clepiiis 
Jongtcmps ;  chaig(?  du  bureau  des  (^tabllssemens 
francais  en  Afrique,  il  a  ^t^  a  porlee  de  donner 
a  son  travail  le  dcgr^  d'interet  dont  il  est  suscep- 
tible :  il  dt^clare  dans  son  avertissenient  qu'il  s'est 
fait  d'ailleurs  un  devoir  de  consulter  les  hommes 
Ics  plus  instrui(s  dans  radniinistration  coloniale. 

Le  Voyage  au  S(?n^gal  ofFre  des  d(^(ails  instructifs 
sur  les  etablisseniens  sitnes  le  long  de  la  cote,  de- 
puis  le  Cap-Blanc  jusqu'a  la  riviere  de  Serra-Leone, 
dans  I'int^ricur  ;  des  ^tals  des  marcliandises  qui  con- 
viennent  le  mieux  pour  la  tiaite,  et  des  productions 
que  Ton  p^uf  rappoiter  en  retour;  des  reniarques 
nautiques  d'apres  Lajaille  ,  ancicn  officier  distinguti, 
charge  par  le  gouvernement ,  en  1784  et  1780,  de 
visiter  cette  parlie  de  la  cole  d'Afrique.  Le  C.  La- 
barilie  soutient  la  concurrence  contve  les  privileges 
exclusifs.  II  assure  ,  qu'au  iiioyen  du  commerce  libre  , 
les  Francais  exponent  pour  plusde  jog  millions  des 
productions  de  noire  sol  et  des  objets  de  uos  manu- 
factures et  de  notre  industrie  ;  que  nous  emportons 
pour  200  millions  de  denr^cs  coloniales;  que  la  ba- 
lance du  commerce  e'loit  ,  en  faveur  de  la  France,  de 
plus  (le  60  millions  ,  et  que  cc  mouvcment  commercial 
^t  industriel  faisoit  subsistercincj  njillions  de  Francais. 
]1  est  interessant  de  recbcrchrr  quelle  est  la  cause 
de  r^.-iultals  aussi  impoilans.  L'auieur  les  atlribue 
a  la  iraitcdes  negres ,  parce  qu'il  lui  paroit  demon- 
tre  que  les  colonies  ne  j  euxeiit  se  passer  de  cultiva- 
teurs,  et  que  le  commerce  et  la  navigation  doivent 
leur  splendeur,  el  mfme  leiir  existence,  a  la  pros- 
peril  (?  de  nos  cf>lonies. 

On  trouve,  d'ailleurs,  daps  ce(  ouvrage,  des  ob- 
servaiions  in^clites  de  BufFon  ,  sur  les  mineraux  et 
les  vegctaux  que  do.t  odVir  I'inl^rieur  de  I'Afrique. 
Os  observations  avoient  ^te  adressees  au  ministre 
de  la  marine,  a  I'ociasion  du  projet  que  le  baron 
d'Einsiedel  ,    consciller    des  mines  de   Saxe  ,  avoit 

S4 


forme  de  fravfrsrr  I'yVfrique  par  le  Sent'[?;al,  Ics 
rf)yaumes  dc  Toiiibut  ,  d'Aj^ades  ;  d'aboutir  dans  la 
Kubie  ,  de  descendre  le  Nil  et  de  revenir  par  I'yE- 
gypte.  BufFon  avoit  applaud!  a  ce  projet  qui  ,  s'il 
eut  ete  execuf^  ,  auroit  a^  aiic(5  nos  connoissances 
surcette  partie  du  globe.  L'auleur  fait  meulion  d'nn 
voyage  a  (7  a  lam  ,  par  terra  ,  fait  par  Riibaidt  eu  1786, 
cFapres  les  instructions  du  C  Duraiui  ,  alors  direc- 
leur  de  la  compagnie  du  S^n^gal,  et  dont  j'avois 
donne  une  notice  dans  mon  nK^iiioire  sur  I'Aft  ic|ue. 

La  carte  qui  accompagne  le  Voyage  au  Senegal  , 
dress^e  par  le  C.  Lapie ,  ing^nieur-geograplie  ,  et 
gravee  par  P.  F.  Tardieii,  fait  honneur  aux  talcns 
de  ces  deux  artisles. 

On  y  remarque  prlncipalement  :  «  qu'il  n'exisfe 
«  point  de  banc  entre  leCap-Barbasetle  Cap-Blanc, 
a  auqucl  (banc)  les  cartes  donnent  trois  lieues 
•c  de  projection  dans  Vouest ,  mais  seulement  un 
«   banc  de  sable  a  une  demi  licue  de  la  cote, 

"  Le  banc  que  Bellin  place  au  S.  S.  E.  JN.  N.  O., 
1.   doit  etre  plac^  S.  O.  ,  ^  au  sud  du  Cap  Blanc. 

..  La  latitude  du  Cap-Mirik  est  de  18"  5i' ,  au  iieii 
..  de  18°  i5'. 

■>  L'enfoncement  qui  existe  entre  remboucbure 
..  du  Senegal  et  1-e  Cap-Vert  est  de  i3  lieues  trop  est 
..  sur  la  carte  de  Bellin.  ■ 

Lajaille  a  trouve  toutes  les  latitudes  fausses  sur 
la  carte  du  meme  ,  depuis  les  iles  des  Idoles  ,  jus- 
tju'au  cap  Tagrin  ,  mclusivement. 

La  longitude  de  Pile  de  Loss,  marquee  sur  les 
cartes   14°   40'  ,  est  de   i5°  40'. 

L'archipel  de  Bissagofs  a  (^le  reconnu  par  iin  oF- 
flcier  du  plus  grand  nierite(le  vice-aniiral  Martin, 
itujouid'hui  prefet  maritime  a  RocheFort). 

Cet  ouvrage,  en  un  mot ,  est  du  plus  grand  interfit 
pour  U  navigation  et  le  commerce.       Lalande. 


Lh'ics  (livers.  i8i 

HlSTOIRE.^ 

ITtstojre  (le  la  destruclion  dcs  r^piihliijKcs  de'mo- 
cniliques  de  Svhivitz  ,  Vri  et  Untennildeii  ;  pur 
Jlcnri  ZscilOKKE ,  prdfct  national  du  canton  da 
Hate  ,  oiivrage  truduit  de  Callemand  par  J.  B. 
Bhtjtte  ,  secretaire  de  legation  de  Li  r^publujue 
IJelff?tic]iie,a  Paris.  A  Paris,  chez  Le\rault,  freres^ 
libniires,  cfiidi  Malaquals.  A  Berne,  chez  Gessner ; 
libraire.  An  X.  1802.  in-S.'  de  826  pages.  Prix, 
4  francs. 

Les  pcli(s  cantons  de  la  Suisse,  interressans  deja 
par  la  simplici(^  de  leurs  mceurs  et  la  f(?licit^  dont 
joulssoient  jadis  leurs  paisibles  habitans,  sont  de- 
venus,  depuis  leuis  d(=sastres,  I'objet  d'un  inl^ret 
beaiiconp  plus  jv^neral.  L'ouvrage  que  nous  annon- 
ccns,  des(in^  a  faire  connoifre  leur  d^vouement  , 
leurs  cfiorls  et  leur  chute,  ne  sauroit  qu'cxciter  la 
curiositt' du  public;  et  il  est  d'autant  plus  propre  a 
la  saiisfaire,  que  son  auleur,  avantageusement  connii 
dans  la  litferature  allemande  ,  par  plusicurs  produc- 
tions estim^es,  fut  nomine  en  1798,  par  le  dircc- 
loire  helv^tique  ,  commissaire  du  gouverncment  dans 
ces  pe<i(s  canlons ,  et  charg^  d'y  cicatrir-er  une 
partie  des  ruaux  de  la  guerre.  Dans  le  cours  de  sa 
mission,  il  rassenibia  <ous  les  nial^riaux  neccssaires 
a  I'histoire  (fu'il  publia  dans  la  suite  ,  et  puisa 
dans  les  archives  du  pays  (ous  les  docnniens  qui 
pouvoient  confribuer  a  la  rendie  exacte  et  fidelle. 
L'original  alleniand  de  cet  ouvrage  a  paru  il  y  a 
quelques  mols  a  Berne,  chez  Gessner,  Ills  de  I'au- 
teur  dcs  Idylles;  il  a  ct^  accueilli  en  Suisse  et  en 
Allciuagnc  aVcc  beauconp  d'einprcssemcnt  ;  nous 
pensons  que  la  traduction  le  sera  de  meme. 

JoVRSAz  hisloriqiie  des  ope'rations  mililniresdu  siege 
de  Pcachiera  et  de  ratlaqiie  dcs  retranchcmens  da 
Sermione ,  cominandes  j>!ir  le  gene'rul  de  division 
Chassehiip  Laiibat  •,  iufpecteur  gc'nt/ral ,  coinman- 


SrSa.  Livres  divers^ 

dant  en  chef  da  genie  a  Varniee  cTllaUe ,  acconi'. 
■pagiies  de  cartes  el  de plans  ,  ct  siiivis  d'ii7ie  note  si/r 
la  majson  de  camp.igne  dc  Cut  idle ,  situee  a  I'extrd- 
niild  de  la  jiresqii'ile  de  Sermloue  ;  par  le  chefd'es~ 
cadron  F.  Hen  IN  ,  adjoint  ,  chef  de  Vetat  major 
des  troupes  die  siege  de  l^eschiera.  An  IX.  1801.  110 
pages  in-8.°.  Paiis,  chez  Levrault.  Prix  4  francs. 

Outre  le  Journal  clii  siege  de  Peschiera  et  de  I'af- 
taquedes  retranch?mens  de  la  presqu'ile  deSeiinione, 
orn^  de  deux  plans,  on  ironve  dans  ce  volume  une 
role  sur  le  Mincio  ,  un  r(cu<il  de  pieces  relatives 
au  journal  du  siege  de  Pescliiera  ,  I'etat  de  situation 
g''n^ral  des  troupes  qui  out  fait  ce  si^^^e  ;  J'armis- 
tice  conclu  a  Trevise  ,  !e  26  nivo.^e  an  9  (i6  janv. 
3801  )  entre  le  ^(^n^ral  en  chef  Brune  ,  ei  M.  le  ge- 
neral Bellcgarde;  enfin  le  plan  de  la  maison  de 
canipagne  de  Catulle,  et  des  notes  a  ce  sujet. 

Atjiii.ni AN   Letters  ,    or  the  epistolary  Correspon- 
dence of  an  agent  of  the  King  of  Persia  residing  ,  at     _ 
Athens  during  the  Pclovonnesian  war ,  aneiv  edi~    I 
lion  ,   to  which     is    luliled   a    geographical    Index,    ■ 
Basil,  printed  and  sold  by  James  Decker:  Stras- 
burg  ,  sold    by  P".   G.   f.et-rauU.    1800.  3   voLin-B."' 
de  411 ,  3.J0  et  336  pag. 

Les  Letlres  athc'niennes  sonf  sufflsamment  con- 
nnes  ;  le  (].  Vilieterqiie  en  pi(^pare  une  traduction 
qui  est  desiree  depuis  longtenips. 


Geographie. 

GUTD.I  delle  rotte  dUlalica  per  post  a.  —  Guide  des 
routes  d^llalie  par  postes ;  nouveUe  edition  avec  ?.5 
carles  ge'ographiques  ct  les  regies  d  observer  pour 
le  passage  dn  Monl-Cenis.  Paris,  cbez  les  freres 
Levrault  ^  quai  Malaquais  ,  1  volume  in- 12.  Prix 
3  francs. 

Ce  petit  ouvrage  est  dela  plus  grande  utility  pour 
ceux  qui  ont  a  voyager  en  i'jdie. 


I 


Li V res  (Uvers.  s83 

Education. 

DtctioK NAIHE  ahrcge  des  Homines  cctcbres  de  Van- 
liqiiile  et  des  temps  madernes ;  omrage  j  ropre  a 
iiibtruire  lesjeuncs  gens  ,  d  exciter  leur  emulation  , 
et  a  leur  fa  ire  a/'prccier  les  hunimes  :  par  y4,  S. 
liE  Blond  ,  meinbrc  de  plusieurs  sovietes  sat  antes 
et  lilleraires  ,  et  fun  des  auti-urs  du  Porte-feuille 
des  Enfans.  2  vol.  de  4TI  et  622  prtges,  in  -  12. 
Paris,  chez  Lenoir  ,  libraire,  rue  de  Savoie,  n.°  4. 
An  X  ,  1802. 

Par  la  publication  de  re  Tiictionnaire  des  Unm- 
vies  celehres  ,  le  C.  Le  Blond  rend  nn  nniiveau  ser- 
vice a  I'ediKation  piibliqiie  et  piivt^e  ,  pour  laquelle 
lui  pareil  ouvrage  ,  propre  a  retracer  sans  cesse  aux 
jeiines  gens,  et  dans  nn  ordre  commode,  les  cir- 
constances  les  plus  remarnuables  de  I'hisloire  des 
grands  honimes,  ne  saiiroit  eire  q"e  fie  la  plus 
grande  utility.  En  efTet,  comme  I'observe  I'auteiir  , 
s'ii  est  iin  age  dans  la  vie  nu  I'esprit  soit  suscep- 
tible de  I'entbousiasme  de  la  vertu  et  des  taleus, 
ou  It  cceur  aime  a  recevoir  les  impressions  de  rexera- 
ple  ,  et  soit  dispos(^  a  jcger  sair.ement  du  m<?- 
rite  des  hommes  celebres  ,  c'et  sans  contredit  celui 
de  I'adolescence.  L'iiomme  est  aiors  au  roramencc- 
ment  c:c  sa  cariiere:  II  doit  e(re  nalure'lement  cu- 
rieux  df  connoitre  la  route  qu'ont  suivic  ceux  qui 
sont  parvenus  a  la  gloire.  En  lisartleur  vie,  il  sent , 
en  qiieique  sorle,  le  besoin  de  les  imiter.  Mais  plus 
lin  Dictionnaire  historique  des  Hommes  c^lebres  e^t 
propie  ;;  piquer  la  cuilosite  ties  jcuufs  gens,  plus  il 
importe  qt:c  cet  ouvraye  so't  redigt^  dans  de  bonnes 
vues ,  ft  c'est  encore  soiis  ce  rapport  cpie  les  percs 
de  families  et  les  insiitnfeurs  ont  des  obligations  au 
C.  Le  Biond.  Sous  le  r(?gia;e  revolutionnaire,  on  a 
vu  paroitre  un  pareil  dIc(ionnaire  ,  dont  toutes  les 
pages  sont  souillees  des  maxinies  les  phin  adoces.  La 
v-upidite  du  libraire  ,  qui  ne  voulut  point  perdrc  I'e- 
^itioD   d'lm  recueii   aussi    itidigne,    I'engagea  ,   au 


^84 


Lii'/es  (livers. 


reloiir  de  I'orxlre,  a  cartonner  les  premieres  pages* 
Le  changement  clu  litre,  et  un  nverlisseinent  tres- 
moral  ,  homperent  pendant  quelque  temps  le  pu- 
blic. A  la  vente  du  inagasin  de  cc  libraire  ,  un  de 
ses  confreres,  s(?dult  par  le  litre  de  I'ouvrage  ,  en 
acheta  I'edition,  consistant  en  miile  exemplaires. 
Mais  aiissi(6t  qu'il  eiit  examine  son  emplette  ,  il  en 
iit  justice  lui-meme;  il  mit  I'edition  entiere  a  la 
rame ,  et  en  fit  nieme  couper  les  feuilles,  pour  em- 
p^cher  qu'cn  en  tirat  parti.  Par  ce  g\^M^reux  sacri- 
iice  a  la  morale  publique ,  ce  dernier  libraire  a  biea 
ra^rite  des  hommes  honnetes.  La  connoissance  de 
ce  trait  de  d^sinteressement  a  surtont  detei*hun6  le 
C  Le  Blond  a  lui  rediger  cet  ouyrage  ,  propre.  a 
I'indemniser  de  la  perte  du  premier.  Sans  doule  les 
peres  de  families  et  les  instituteurs  seconderont  ses 
vues,  en  s'empressant  de  mettre  ce  nouveau  Dic- 
lionnaire  entre  les  mains  de  leursenfans  et  de  leurs 
Aleves.         W. 

Die  Reitze  der  Kimlheit  und  die  Freiiden  der 
iviiiierlechen  Liebe ;  von  L.  F.  Jauffhet.  u4us 
dem  franzosischeii  Ubcrselzt,  von  C.  A.  Scjioni- 
DING.  Les  Cliarnies  de  VEnfunce ,  et  les  Plaisirs 
de  [^  Amour  mat  erne  i  ;  par  L.  F.  Javffret  ; 
te.ytes  francids  et  aUemand  en  regard.  4  vol.  in- 
18  avec  4  gravures.  Prix,  6  fr.  5o  cent.,  et  8  fr. 
25  cent,  franc  de  port  par  la  poste ;  les  monies  , 
texte  allemand  seul  ,  2  vol.  in  18  avec  4  giav. , 
prix  ,  4  fr. ,  et  5  fr.  5o  cent,  francs  de  port.  Pa- 
ris, an  X,  1802.  Chez  Gedracklbey  Hiigiiin,  rue 
du  Foin,  n.°  3i  ;  et  Augnste  DelaUiin  Jenne, 
libraire,  rue  Hautefeuille ,  n."  14,  au  coin  de 
celle  des  Deux-Portes. 

L'influcnce  d'un  gouvernement  ami  de  lapalx, 
et  protecteur  des  lettres  et  des  arts,  commence  a 
se  faire  sentir.  On  se  livre  a  des  entreprises  qui  ne 
peuvent  etre  que  le  fruit  de  la  confiance,  et  dont 
rexccution  est  faite  pour  honorer  tout  a  la  fois  les 


Livres  divers.  ^85 

partlculiers  et  la  nation.  Telle  est,  entre  autres , 
celle  formee  par  les  CC  Delalain  ,  Boucher,  ]i- 
braires,  et  Hugiiin  ,  imprimeur.  lis  ont  pens^  que 
ce  seroit  rendre  un  grand  service  aux  Francais  qui 
apprennent  Tallemand,  cette  langue  si  riche  et  si 
belle,  que  de  leur  procurer  a  mains  de  frais  les  ou- 
yrages  n^cessaires  a  son  etude,  lis  ont,  en  conse- 
quence, fait  graver,  a  Paris,  des  caracteres  alle- 
inands,  et  y  ont  ^(abli  une  imprinierie  allemande. 

L'ouvrage  que  nous  annoncons  est  le  fruit  de  nos 
preruiers  soins.  Les  CC.  Delalain,  Boucher  et  Hu- 
guin  I'ont  dedie  au  C.  Chapfal  ,  ministre  de  I'int^- 
rieur,  coniine  un  gage  de  ce  qu'ils  se  proposent  de  faire 
pour  se  rendre  utiles  a  leur  patrie,  en  contribuant  a 
sa  gloire. 

II  a  paru  a  Vienne,  en  1796,  une  traduction  al- 
lemande des  Cliarmes  de  I'Eiifance^  avec  le  texte 
en  regard;  celle  que  nous  annoncons  aujourd'hui 
est  beaucoup  plus  fidelle  ,  beaucotip  mieux  impri- 
m^e  ,  et  son  prix  est  trois  fois  molns  cher,  que  si 
I'on  etolt  dans  le  cas  de  la  faire  venir  de  chez  I'e- 
tranger. 

Les  Tresors  de  VHistoire  et  de  la  Morale  ^  exiraila 
des  meilleurs  auteurs  grecs  ,  latins  el  fiaiicais , 
avec  des  reflexions ;  par  A.  L,  Delarocjjb.  i 
vol.  in-i2  ,  sur  papier  carr^  fin  d'Auvergne.  Prix, 
2  fr.  25  cent,  pour  Paris,  et  3  fr.  pour  les  d^par- 
temens.  A  Paris  ,  chez  Gabon  et  compagnie  ,  place 
de  I'Ecole  de  Medecine  ;  Lenormand ,  rue  des 
Pretres-Saint-Germaixi-l'Auxerrois,  n."  42;  FticJis , 
rue  des  Mathurins,  n.°  884;  Delalain,  qua!  des 
Augustins,  a.°  29;  et  Debray ,  palais  du  Tribu- 
nal ,  galerie  de    bois ,  n."  235. 

Cet  ouvrage  est  un  de  ceux  que  I'on  peut  mettre 
avec  confiance  entre  les  mains  des  jeunes  gens,  et 
qui  doit  etre  d'autant  mieux  accueilli,  qu'il  offre  au 
lecteur  les  traits  les  plus  curleux  de  I'histoiie,  et 
fi.it  conuoitre  les  sentimens  des  phis  grands  hommes 


^86  Livres  dh-ers. 

sur   la  morale.  L'aiilcur  a  eu  so'm  de  suivre  I'ordrc 
dts  maiieres,  afin  d'en  veiidre  la  leclure  plus  utile. 

Morale. 

Petit   Careme  de   Masillon  ^    dreqiie   de    Cler- 
tnont,   Palis,  chez    lieiiuuard.  An  X,   1802. 

I/iuipression  de  cct  ouvrage  est  soignee  ,  !e  for- 
mal comuiocle  ,  et  le  caractere  d'un  ceil  assez  gros 
pour  ne  pas  etre  faligant. 

CEurRES  morales  ,  ou  Maxlines  et  Keflexions  de 
Francois  ,  due  de  la  Bociiefovcavld  ^  prcce~ 
dees  de  sa  vie  ,  cjiii  paioi/  pour  la  premiere  fois  , 
el  lerniiii^iS  par  une  table  alphabelicjue  des  t>ui- 
lieres  ,  plus  ample  et  plus  commode  ijiie  celle  des 
editions  precedentcs.  A  Avignon  ,  chez  la  veuve 
Sequin,  impri.iiieur  -  libraire  ;  et ,  a  Paris,  cliez 
Charles  Pougens  J  iraprimeur-libraire  ,  quai  Vol- 
taire, n,°  10  ;  Bossange ^  Masson  et  Bessoii  ,  ini- 
piinieurs  -  libraires  ,  rue  de  Tournon  ,  faubourg 
Germain.  An  X.  2  vol.  in-12  de  268  et  296. 

Le  premier  volume  conlient  la  vie  de  la  Roclie- 
foucauld  ;  sun  portrait,  par  lui-meme  ,  et  un  autre 
par  le  cardinal  de  Retzj  une  notice  historique  sur 
ies  diverges  editions  des  Maximes  de  la  Fvochetou^ 
cauld  ;  scs  reflexions  morales ,  ses  premieres  pensees  ^ 
ou  celles  que  I'auteuravoit  supprim^es  dans  sa  der- 
niere  edition,  qui  se  trouvolent  dans  I'une  ou  I'autre 
des  quatre  premieres,  et  que  Gabriel  B rot itr  a  ras- 
sembl(?es  dans  la  bicnne  ;  enfin  Ies  reflexions  diverses ^ 
et  une  ample  table  des  matieres.  Le  .second  volume 
contient  des  prlncipcs  et  questions  de  morale  natu- 
relle,  par  le  C.  Furiia  d'lJKBAN,  et  que  cet  auteur 
destine  a  servir  de  supplement  et  de  correctit  aux 
CEuvrcs  morales  de  la  Kochelbucauld. 


Politique. 

AppeL  li  la  justice  des  ntitioiis  et  des  rois  ,  ou 
jidresse  cVun  citoycnfraiicais  au  congies  qui  de- 
vail  a\  oir  lieu  a  hun^ville ,  au  Jiom  de  tons  les 
hahilaiis  dc  L'Eurofe  qui  -profisbciit  la  religion 
juive ;  pur  Michel  Beeh  ,  inembre  de  la  Socie/e 
d'Emuhilion  de  Nancy.  A  Stras-bouig ,  cle  I'impii- 
merie  de  Leiruull  ^  fieies.  An  X,  i8or.  Ia-8.°  de 
72   pages.  Prix,  I  fr.  20  cent. 

Le  but  de  I'auteur  de  celte  brochure,  d^di^e  au 
C  GregoiRE,  est  d'enga^i;er  les  chels  des  nations 
de  I'Europe  a  am^liorer  le  soil  de  la  nalion  juive: 
il  plaide  sa  cause  avec  toute  la  chaleur  que  le  sujet 
doit  lui  inspirer.  Esperons  que  I'influence  des  id^es 
liberales  contribuera  a  realiser  ses  voeux. 

De  V Esprit  -public  ,  indmoire  designd  pour  etre  li» 
d  la  seance  publique  de  ITnslilut  naticnal  du  j5 
iiisohe  an  X  ;  par  le  C.  F.  Emmanuel  Tovlcjn- 
GEOK  ,  membie  de  rinstiiut  national.  A  Paris  , 
chez  Treuilel  et  TViiTtz ,  libraires ,  quai  de  Vol- 
taire, u.*  2.  Prix,  40  cent.,  et  5o  cent,  franc  de 
port. 

T)E  la  Tyrannic;  par  Victor  Alfi Em ;  traduction 
exacte  de  Citalien.  I  vol.  in-8.°  Prix  ,  3  fr. ,  bro- 
clie.  A  Paris  ,  chez  Molini ,  libraire  ,  rue  Mignon  , 
n.°  2,  vis-a-vis  la  miinici|)alit^,  quartier  de  i'O- 
d^on.  An  x  de  la  r^publique  fran^aisc ,  i8o;i. 
Petit  in-8.°  de  196  pages. 

G    R    A    M    M    A    I    R    E. 

CoNXOTSSANCE  de  la  languc  francaise  ,  consid^- 
rde  sous  le  seat  rapport  de  C orlhographe :  outrage 
utile  aux  personnes  de  I'un  et  de  Cautre  sexe ; 
par  F.  Sauger-Prejsi EUF ,  professeur  de  gram^ 
viaire  generate  d  Cecole  centrale  du  dJpartenicnt 
de  la  llaule-f'iennc,  1   vol.  iu-8.°  Prix  ,  i   fr.  80 


288  Livres  divers. 

cent,  et  2  fr.  3o  cent,  franc  de  povf.  Paris,  an  X, 
Cljez  Fttclis ,  libraire,  rue  des  Mathurins  Saint- 
Jacques  ,  n.°  33^. 

Cet  ouvrage,  sur  I'ortliographe,  nous  a  paru  plus 
complet  que  celui  de  M.  Douket ,  publie  et  aug- 
niente  en  dernier  lieu  par  le  C.  Luneau  de  Boisj^er- 
inain.  On  niultiplie  les  grammaires;  inais  on  nous 
donne  aussi  des  systemes,  et,  depuis  le  Port-Royal 
et  Restaut,  on  a  douze  productions  de  ce  genre, 
qui  ne  simplifient  pas  I'etude  de  cette  science.  On 
attend  encore  une  bonne  grammaire  tVancaise. 

LiTTERATURE      GRECQUE. 

H2IOAOT  EPrA  KAI  HMEPAI  ( Hesiodi  Opera  et  Dies)  , 
in  usiini  auditorum  adjecta  lectionum  ,  qiite  ali- 
cujus  luomenli  vidchanliir  ,  varielale ,  edi  curavit 
M.  Birgcriis  TiioRLACivs  ,  lector  lingitce  grcEcce 
in  univ.  iiavnieiisi  el  Lingg.  velt,  in  seminario  pe- 
dagogico.  Havnicc  1804  ,  li/eris  direct  oris  Joh. 
Frider.  Sclmltzii  aulcE  et  universilatis  typographic 
ln-8.°  de  40  pages. 

M.  Thorlacius  ,  dont  nous  avons  fait  connoifre 
a  nos  lecteurs  I'intejessante  dissertation  4naugu- 
rale  (i)  ,  de  rctour  dans  sa  patrie  ,  y  occupe  une 
chaire  de  professeur  adjoint  ou  Lecteur  de  Jangue 
grecque,  a  I'universit^  de  Copenhague^  et  une  autre 
de  langues  anciennes,  au  seminaire  Pitdagogique  , 
en.  attendant  une  place  convenable  a  son  merite. 
L¥dition  des  Effcc  Kgj\  ti^ifo^i  d'Uesiode,  que  nous  an- 
iioncons,  est  destinee  pour  sescours.  C'est  unereini- 
jiiession,  belie  et  correcte  du  texte,  sans  traduction 
iii   autrcs  notes  que  la  vari^t^  des  lecons. 

(^s)  Voy.  M<igasin.  Encyclop.  Aunte  IV,  t.  V,  p.  laS. 


Table  des  articles  contetius  dans  ce  num^ro. 


ASTRONOMl£. 

Hi'stoire  de  I'A'Jtionomie  pour  I'aii 
IX  (  tSoi  );  par  le  C.  Lalande. 

145 

ABCHJkBOI,OGZB. 

Fin  de  la  Dissf  rfa  ion  sur  le  cos- 
tume des  Fuiij's  dans  b  riagcdle 
des  aiicipns,  «l  sur  Ics  monu- 
mfiis  aniiqties ,  Iradiiite  de  I'al- 
Jemand  de  M.  Btettiger ;  par  le 
C.  PVinckler.  a5 

LicXSLATION. 

Que  che7,  de  (;i'andes  puissances , 
les  erreurs  en  It-g  slatii<n  oni  ele 
\a  source  de  It-ur  decadence ,  par 
le  C  Bouc/taud.  230 

yARIETES.NOUVELLBSETCOR 
RiiSPONU^NCE  LITTERAIRES. 

NOVVEIXES    irSAMGEKES. 

Allenugne.  —  Exposition  »a  salon 
des  tableaux  k  V^eimar.      ~C26 

Cravures  des  Apotres,  de  Ra- 
phael. a35 

Peiniure  sur  rerte,  retrouvee  en 
Jioheme.  a57 

Bibliothique  de  Wittenberg.  lit. 

X,ondrps.  —  Society  de  mathenia 
tiques.  338 

Telescope  A'Herschel,  aSg 

fubllcaiions  nouvelles    et   intc- 
res«aa(es.  Ibid. 


Russie.  —  Galvaaisme. 


24: 


Suede.  —  Acadcmifl  dM  teiences. 


F  e  A.  M  c  B. 

Soci^ti  d'AgricuIture  d««  Dmix* 
Serres.  a4x 

Mort  de  Simeoo  Faleta ,  pres  de 
MoDtauban.  24$ 

P  A  a  X  1. 

Arrivie  du  C  Fauvel  k  Paris.  344 

Retour  de  madame  Letrun  ^  Paris. 

Jbid. 

Mort  du  C.  Luneau-de-Boisger- 

main-  Ibid. 

Instiiut  national.  —  Balancier  du  C. 
Droz.  '  245 

Nominations.  246 

Mort  du  C.  Darquier,  astronome. 
Ibid. 

Notice  des  travanx  de  la  classe  del 
sciences  morales  et  politiques , 
pendant  le  premier,  trimestie  de 
j'au  10;  par  le  C.  Livesque, 
secretaire.  347 

Reglement  de  la  Sociile  des  Obser- 
valeurs  de  I'Homme.  265 

Seance  publique  de  la  mlrao  SocietA 
du  39  friroaire  an  10.  36S 

Prix  propose  par  ladite  Societe  poor 
I'an  12.  269 

Tbbatrbi, 

Les  Proyiiiciaux  it  Pari*  VJ'a 

LiVRES     DIVERS. 

Sotanique. 

Description  des  Plantes  nonrelles  *\ 
peu  connues  ,  cullivees  dans  !• 
janlin  du  C.  Cels ,  arec  figures; 


Ibid,  I     par  le  C.  Vtntenat, 


m 


.-.^K 


Medccme. 

.Diciionnaire  botaniqne  .rt  pharma- 
ceiijlque  ,  coiite:<ant  les  pi-iiKi- 
palis  proprieles  de^  ininuiaux, 
des  vcgeiaux  er  des  animaux ;  par 
uiie  Sociilt  lie  nit'deciiis  ,  de 
pliarmaciens  et  de  ualutalistes. 
.377 
.    Voyages.. 

Voyage  au  Senegal,  pendant  les 
anii^ps  1784^'  17S5  ,  d'ai<re.s  Irs 
ri6moiies  de  LnjailU;  par  i'. 
Labartke.  378 

Hisloire. 

Kistoire  de  la  destiiiclion  des  repu- 
blique.s  deinocrallques  deScliwilz, 
Uri  ct  Uiuerwaldcu;  par  Henri 
Zschokhe.  381 

Journal  liistOrii-|ne  dt  s  operations 
jiiilit*iies  .du  sii-gs  de  Ivscliiera 
el  de  ratutjue  des  rjirautlie- 
niens  de  Se|!jiione;  par  te  elief 
d 'escadroqr  F .  Heiiitii^        Ibid. 

Athenian  letters,  or  i!ie  epistolary 
Correspondance  of  an  agent  of 
llic  Xing  of  Persia  residing,  at 
Atht;:}*  during  the  Velopponne- 
siau  war.  Ibid. 

■    J   Ceograpliie. 

Guide  d«s  routes  d'ltalie  par  pos- 
ies (euilalieii^teufian^ais).  262 

Education. 

Dictlonnaire  abreg^  des  Hotiimes 


c^Ie^res  dtS'  tenipj  niO(?ern»; 
par  A.  S.  Le  Blond.      ^       283 

t.^i  Gharnjfs  de  I'Enfance  ,  ct  le» 
Plaisirs  de  I'AmoMr  niaiernel ; 
par  le  r.  7 (til ff ret  {\oi.\i  fran- 
cais  el  alieniand  cu  ri-gaidj.  284 

Les  Tr.^5orS  de  I'Hwtoiie  et  Ak  la 
Morale  ;  par  A.  L.  Delaroche. 

■-   '■      aKO 
Worale. 

Petit  Careme  dc  Masillon ,  iv^qiie 
de  Clermont.  aU6 

OEuvres  morales ,  ou  Maxinies  et 
Ke/lexions  de  Francois;  due  de 
la  liochefoucauld,  pVecedees 
de  sa  viei    .  Ibid. 

Politique. 

Appel  a  la  justice  des  nations  et  dea 
rois ;  par  le  C.  Beer.  387 

De  IKsprlt  public;  par  le  C.  F, 
Eminauuel  Toulongeon.     Ibid, 

De  la  Tyrannie;  par  Victor  Alfieri, 
Ibid, 
Gramiuaire. 

Connoissance  de  la  langue  francarse, 
consldcree  sous  le  stnl  rapport  def 
rortborrnphe',  par  le  C.  Sauger- 
rfineuf^  Ibid- 

Litlerature  grecque. 

Hesiodi  Opera  eiTHes;  ed!  cu- 

•    ravit  M.-  Bii^i^rtis  ThorUicius. 

■  •      28G 


A  y  I  s..-  ■•":  ■^" 

;«    »-■..■  v-i  ■■■' 
Celix  qui  dfeslreht  f^kt;  annoncer  leurs  ouvrages 

dans  qiieiques-uns  (tes  nie,Uleurs  jjpiiriiiiiix  ^e  I'AUe- 

0iag.ne,peuvc'nt  en  lenieKre  un  exemplaiieau  bureau: 

de  ce  j,ouii>al. 


(N/  20.)  Ventose  an  10. 

MAG  AS   I 

T'  ^:OYCLOPl'  DIOUE, 
o  u 

iOLJRNAL  DES  SCIENCES, 

DES,  LETT5ES  ET  DES  ARTS,      _.  ,_^ 

Sjr     '  R  £   J)  t    G   K  /     ■   •:r",-  ••^.  H%\ 

W.  I      -.:.-         "'^^ 

VAv  a.  L.  Mn.LiK,  W^^i-ft./ 

j  AVIS     D  U    L  I  B  R  ^  I  R  E. 

1     Le  prix  de  ce  Journal  est  fixd  : 

i  9  ^^in^s   pouf  iniis   niois, 
t8  ir^ins  jjifur  Six   iiiois, 
36  Irancx  poui   mi  ;iii  , 
lant  pour  Paris  c^iie  pour  Its  Dcpartenicns,  fiatic  dc  port. 

On  pent  s';ulics?er  au  Biircju  tlu  Jaiirnal  pour  se  prqcnref 
loiis  ks  Livres  qui  paroisseii!  en  France  et  tuez  I'ei ranger ,  et 
^uur  tuuL'Ce  (|iii  coucerne  la  llibiuir'ie  ducienue  et  moileme. 

E  Journal,  auquel  la  pluparlf  des  hommes  qui  ont 
xin  nom  distingue,  une  leptitatioa  justenient  acqiiise 
dans  quelque  partie  des  arts  on  des  sciences,  tels 
gue  les  CC  Aubekt  -,  Desgenettes,  Bast,Six,- 

VESTRE  DE  SaCY,  FOURCROY,  HaLLE,  DUMERIL, 

SchweighvEuser  ,  Lacepede,  Bakbier,  Lan- 
GLts,  Lalande,  Lagrange,  Lebrun,  Marron, 
Mentelle  ,  Barbi6  du  Bocage  ,  Bassjnex, 
•MciiKLCfex,  Noel,  Oberlin,  Chardon-la- 
EbcKETTE,  Caili-ard,  Van-Mons,  TRAVIty-f 

Tome  F.  (  7.""  A".  ) 


LfVEILtlg,  ClTVIER,  GeOFPROY,  VeNTENAT 
CaVANILLES,  UsTERI,  BoETTIGER,  VlSCONTI 
VlI.L01S0N,WlLLEMET,WlNCK.LER,  etC  foumis 

sent  des  M^moires,  contient  I'extrait  des  prlncipauj 
ouvrages  nationaux  :  on  s'attache  suifout  a  en  donne; 
une  analyse  exact e,  et  a  la  faire  paroitre  le  plus  piomp 
tement  possible  aprfesleur publication.  On  y  donne un( 
notice  des  meilleurs  Merits  imprimis  chez  I'^tranger 

On  y  insere  les  m^moires  les  plus  interessans  su 
toutes  les  parties  des  arts  et  des  sciences;  on  choisi 
principalement  ceux  qui  sont  propres  a  en  acc^^rer  le 
progres. 

On  y  public  les  d^couvertes  ingenieuses ,  les  inven' 
tions  utiles  dans  tous  les  genres.  On  y  rend  comp^ 
des  experiences  nouvelles.  On  y  donne  un  precis  d 
^e  que  les  stances  des  soci^t^s  litt^raires  ont  offer 
de  plus  int^ressant ;  une  description  de  ce  que  les 
pots  d'objets  d'arts  et  des  sciences  repferment  de  ph 
curieux. 

On  y  trouve  des  notices  sur  la  vie  etles  ouvrag^ 
des  Savans,  des  Litterateurs  et  des  Artistes  distingu^ 
dont  on  regrette  la  perte}  enfin,  les  nouvelles  litt^ 
yaires  de  toute  espece. 

Ce  Journal  est  compost  de  six  volumes  in-S."  pi 
an,  de  600  pages  chacun.  II  paroit  le  premier  d 
chaque  mpis.  La  livraison  est  divis^e  en  deux  nil 
sueros,  chacun  de  g  feuilles. 

On  s'adresse,  pour  I'abonnement,  a  Paris,  aw  Bu 
Ifeau  du  MagasinEncycIop^dique,  chez  le  C.  FuCH^ 
liibraire,  rue  des  Mathurins,  hotel  Cluny. 


A  Amsierdam,  I  chez  la  ve.iveClunguion  et  d'Hengst, 

'  \  chez  Van.  (7UI1K. 
A  Briixcllcs,  cbcz  Leinaire. 
A  Floicnte ,  chez  Moliui. 
A  Fraucfoit-sur-le-Meiu,  chez  Fleischer. 

•    -^     ,  (   chez  Manffct. 

A  Cjeneve,   ■<     i        n      i      j 
'    \  thez  PascUoud. 

A  Hanibourg  ,  chez  Hufiinann. 

A  Leipsie,  cliez.  Wolf. 

A  Leyde,  tliez  les  freres  Murray. 

A  Loii(h-cs ,  cliez  de  Bofie  ,  Gerard  Street, 

A  Strasl)ourg,  chez  Levraiilt. 

A  Vienne,  chez  Degen. 

A  Wesel,  chez  GeisTer,  Dirccteur  des  Pqs.ts^i 

l\  fgut  afiJrdLnchlr  li^s  iet^re$. 


PHYSIQUE. 

Traite  elementaire  de  Physique j  presenl6 
dans  uii  ordre  nouveau  j  d'apres  les  de- 
convenes  modernes  j  par  A.  Libes^  pro- 
J^esseur  de  physique  aux  ecoles  centrales 
de  Paris  J  et  menibre  de  plusieurs  Societes 
sav antes.  3  vol.  in-8.°  de  410,  448  et  414  p. 
Paris.  An  ix  —  1801, 

Second  Extralt  (i). 

J  usQti'ici  l*auteur  a  consld^re  les  propri^t^s  com- 
munes, au  meme  degr^,  a  tons  les  corps  ;  il  passe 
malntenaat  a  I'examen  de  celles  qui  caract^risent 
certains  corps,  et  il  fait  pr^c^der  cet  examen  de  la 
th^orle  des  afEnit^s.  Cette  th^orie ,  avec  les  expli- 
cations qu'elle  fournit  ,  du  phenomene  des  tubes 
capillaires  ,  de  celui  d'attractions  et  de  repulsions 
apparentes  que  prdsentent  certains  corps  flottans  sur 
la  surface  d'un  fluide,  et  du  phenomene  de  la  cry- 
stallisation ,  fait  le  sujet  du  IV."  livre.  —  Le  pheno- 
mene des  tubes  capillaires  consiste,  comme  on  sait, 
dans  I'elevation  de  I'eau  et  I'abaissement  du  mer- 
cure  au  dessous  de  son  niveau  ,  dans  des  tubes  ca- 
pillaires plong^s  dans  ces  liquides;  elevation  et 
I 

(1)  Voyez  le  premier  extrait.  Magasin  Encycl.  Annie  VII,  t.  IV, 
p.  log  et  suiv. 

Tomg  V,  Ee 


434  Physique* 

abalssement  qui  sont  en  ra'ison  Inverse  des  diametres 
des  tubes.  L'explication  que  I'auteur  en  donne ,  a 
J'aide  de  la  th^orle  des  affinitds  ,  est  fondle  sur  ce 
principe  que  rexperience  constate,  qiiil  existe  entre 
le  verre  et  Veau  une  attraction  -plus  forte  que  celle 
qui  s'exerce  entre  les  molecules  de  Peau  ,  tandis  que 
I' attraction  qui  existe  entre  le  verre  et  le  niercure , 
est  moindre  que  celle  qui  s'exerce  entre  les  mole- 
cules du  mercure.  L'auteur  fait  voir,  i.°  qu'en  vertu 
de  ce  principe,  I'eau  doit  s'eiever  de  chaque  cot^ 
d'une  lame  de  verre  qu'on  plonge  dans  ce  liquide  , 
et  que  si  Ton  y  plonge  une  seconde  lame  assez  rap- 
proch(?e  de  la  premiere,  pour  que  les  masses  d'eau 
soulcydes  a  I'int^rieur  se  penetrent ,  elle  doit  s'^le- 
ver  davantage  entre  ces  deux  lames,  et  d'autant 
plus  que  ces  lames  sont  plus  rapproch^es ;  2,°  que 
le  contrail e  a  lieu,  si  I'on  plonge  les  deux  lames 
dans  du  mercure.  II  en  fait  eusuite  I'application 
aux  tubes  capillalres  qu'il  substitue  aux  lames  de 
verre.  Deux  corps  flottans  sur  la  surface  d'un  li- 
quide ,  (?tant  places  dans  le  voislnage  I'un  de  I'au- 
tre,  I."  paroissent  s'attirer  reciproquement ,  et  se 
porter  I'un  vers  I'autre,  s'ils  sont  tous  deux  suscep- 
tibles  d'etre  mouill^s  par  le  liquide  j  %.°  ils  parois- 
sent encore  s'attirer,  s'ils  ne  sont  pas  susceptibles 
d'etre  mouilles;  3.°  mais  si  I'un  est  susceptible  d'etre 
mouill^,  tandis  que  I'autre  ne  Test  pas  ,  ils  parois- 
sent se  repousser  ,  et  s'dcartent  en  efFet,  si  rien  ne 
s'y  oppose.  Tel  est  le  second  phenomene  dont  l'au- 
teur s'occupe  a  rendre  raison  d'une  maniere  satis- 
faisante.  L'explication  qu'il  en  donne  est  celle  que 


Elemens.  435 

Monge  a  proposee  dans  les  Mdmoires  de  V AcadSmie  , 
annee  1787;  e!Ie  tend  a  prouver  que  ce  ph^nomene 
n'est  point  du  a  une  attraction  ou  a  une  repulsion 
imoi^dlate  que  les  deux  corps  exercent  I'un  sur  I'au- 
Ire,  mais  uniqucment  a  la  facuhe  qu'ils  ont,  ou 
d'etre  tous  deux  mouilles  par  le  liquide,  ou  de  ne 
I'etre  ni  I'uu  ni  I'autre  ,  ou  I'un  d'etre  mouiil^,  et 
I'autre  de  ne  pas  I'etre  ;  de  sorte  que  ce  phiJnomene 
lient  ila  meme  cause  que  celui  des  tubes  capillaires. 
Le  troisieme  ph^nomene  enfin  que  I'auteur  con- 
sidere  dans  ce  livre ,  c'est  le  pli^nomeue  de  la  cry- 
stallisation. Apres  avoir  expose  comment  la  crystal- 
lisation s'opere  par  I'evaporation  du  liquide  qui  tient 
les  molecules  d'un  mineral  en  dissolution  ,  et  d^- 
montr^  que  la  force  d'agr^gation  des  crystaux  est 
due  principalement  a  leur  capillarity  ,  tandis  que 
celle  des  autres  solides  est  exclusivement  le  r^sultat 
de  I'attraction,  I'auteur  pr^sente,  en  abr^g^,  la  belle 
th^orie  de  Haiij  ^  sur  la  crystallisation,  et  il  s'at- 
tache  surtout  a  faire  voir  comment  elle  explique. 
de  la  maniere  la  plus  satisfaisanfe  ,  ce  pb^nomene 
remarquable  qu'on  regatdoit  longtemps  comme  im 
caprice  de  la  nature  ,  et  qui  consiste  en  ce  que  des 
crystaux  ,  composes  chymiquement  des  m^raes  Cle- 
mens, afFectent  constamment  une  figure  ditferente, 
tandis  que  des  crystaux  originaires  de  differentes  sub- 
stances, se  pr^sentent  sons  la  meme  forme. 

Dans  le  V.^  livre,  la  tb^orie  du  calorique  fixe 
I'attention  de  I'auteur.  II  y  traite  des  propri^l^s  de 
ce  fluide ,  des  lois  auxquelles  il  est  soumis,  et  de 
«on  influence  sur  la  formstlon   des  corps  solides, 

E  e  a 


4S6  "Physique, 

liquides  et  a^riformes.  —  Un  corps  expos^  a  I'actiott 
du  calorique  qui  s'introduit  entre  ses  molecules , 
s'^chauffe ,  se  dilate,  et  augmenle  de  volume;  cet 
effet  est  detruit,  et  les  molecules  du  corps  se  rap- 
proclient  par  ['abandon  du  calorique  qui  determine 
son  relroidissement.  Ce  rapprochement  des  mole- 
cules se  fait  toiijours  en  raison  du  degrd  de  refroi- 
dissement  que  le  corps  ^prouve  ;  et,  comme  il  n'e- 
xiste  pas  de  froid  absolu  dans  la  nature  ,  I'auteur 
en  conclut  qu'il  n'y  a  aucun  corps  dont  les  mole- 
cules soient  en  contact  imm^diat.  Tous  les  corps 
n'offrent  pas  au  calorique  un  passage  ^galement  libre 
et  facile  ;  les  uns  sont  bons  conducteurs ,  les  autres 
rnauvais  conducteurs  de  ce  fluide.  L'auteur  fait  con- 
noitre  differentes  applications  qu'on  a  faites  de  cette 
propriety  des  corps  dans  les  arts  et  dans  les  usages 
les  plus  ordinaires  de  la  society  ;  et ,  comme  la  di- 
latation et  la  condensation  qu'eprouvent,  suivant 
les  circonstances  ,  les  liquides  qui  entrent  dans  la 
construction  des  thermometres,  sont  aussi  dues  au 
passage  du  calorique  d'un  corps  dans  un  autre ,  il 
dit  ici  un  mot  de  la  construction  de  ces  instrumens. 
Cela  le  conduit  a  fixer  Tid^e  juste  qu'on  doit  se 
faire  de  la  tem-pe'rature,  II  la  d^finit  la  mesure  des 
dilatations  qu'dprouveiit  les  liquides  qu^on  emploie  a 
la  construction  des  tliermometres ,  lonqu'apres  avoir 
obei  aux  attractions  plus  ou  mains  fortes  qui  le  mai~ 
irisent ,  le  calorique  s''cst  eiifin  mis  en  dquilibre  ;  et 
il  d^montre,  i.°  que  les  degrds  de  nos  thermometres 
ne  font  pas  connoitre  la  temperature  redle  des  corps  , 
et  qu'ils  n'en  sont  que  des  fractions  inconnues  j  2.* 


Elemens'.  4S7 

que  le  tlierrnometre  n'est  pas  la  tnesure  exacte  de 
la  chaleur,  soit  qu'on  considere  ce  mot  comme  sy- 
nonyme  du  mot  calonq>;e,  soit  qu'on  Jul  fasse  ex- 
primer  la  sensation.  II  s'occupe  ensuite  de  la  capa- 
city des  corps  pour  contenir  le  calorique  entre  leurs 
mol(^cules,  et  il  fait   connoitre  le  moyen   de  Craw 
ford,  et   celui  employe  par  Lavoisier  et  Laplace  ^ 
pour  determiner  cette  capacity.  Le  passage  des  corps 
de  r^tat  solide  a  I'^tat  liquide,  et  de  I'^tat  liquide 
a  I'^lat  adrifornie  ,  est  du  au  calorique  qui  ^carte 
leurs  molecules  en  les  penetrant;  et  tous  les  corps 
jont   susceptibles   d'eprouver  ce  passage.  L'auteur 
considere  cet  efFet  du  calorique  corame  celui  d'une 
force  repulsive  oppos^e  a  la  force  d'agregation  qui 
tend  sans  cesse  a  les  r^unir ;  et ,  pour  mieux  suivre 
le  jeu  de  Taction  de  ces  forces  dans  la  formation  des 
corps  tels  qu'ils  existent  dans  la  nature,  il  suppose 
d'abord  tous  les  corps  de  la  nature  entierement  de- 
pouill^s    de  calorique,   de   sorte   qu'ils    ne  pr^sen- 
lent  tous  qu'un  amas  de  molecules  qui  se  trouvent 
en  coutact  imm^diat.  Faisant  ensuite  reparoitre  le 
calorique,  et  supposant  tous  les  corps  plong^s  dans 
ce  fluide  ,  il  examine  les  effets  qui  doivent  resulter 
de  sa  presence.  Le  r^sultat  de  cet  exaraen  est  que 
I'etat  de  solidity  et  de  liquidity  dont  jouissent  les 
corps  a   la  temperature   et  a  la  pression  habituelle 
de  I'atraosphere  ,  est  Teflet  de  Tequilibre  qui  existe 
entre  la  force  d'attraction  de  leurs  molecules  et  la 
force  repulsive  que    leur  communique  le  calorique 
''ombint',  tandis  que  I'^tat  adri forme  est  dii  a  la  su- 
periority de  cette  force  r^puls-ive  sur  la  force  attrac- 

Ee  3 


438  Phjsique. 

live.  Cefte  explication  seroit  on  re  pent  plus  salis- 
faisante ,  si  elle  faisoit  connoitie  la  diff(5rence  qu'il 
y  a  entre  les  corps  solides  et  les  corps  liquicles.  Pour- 
quoi  ,  loisqiril  y  a  equillbre  entre  la  force  attractive 
des  molecules  et  la  force  repulsive  communiqu^e  par 
le  calorique ,  tel  corps  est-il  a  I'dtat  solide  ,  taudis 
que  tel  autre  est  a  I'efat  liquide?  C'est  ce  qu'on  ne 
nous  explique  pas.  L'auteur  prdsente  cependant  bien- 
tot  uae  experience  qui  fait  voir,  que  les  corps  liqui- 
■des  ne  conservent  cet  ^tat  que  par  la  pression  de 
I'atmosphere,  et  qu'ils  se  convertisseut  en  fluides 
aeriformes  des  qu'on  supprime  cette  pression.  Nf 
r^sulte-t-il  pas  de-la  que ,  loin  qu'il  y  ait  ^quilibre 
entre  la  force  attractive  et  la  force  repulsive  dans 
les  liquides,  il  existe  au  contraire  dans  ces  corps, 
comme  dans  les  fluides  aeriformes,  une  superiority 
de  la  force  repulsive  sur  la  force  attractive,  et  que 
c'est  la  pression  de  I'atmospliere  qui  fait  equilibre 
a  I'exces  de  la  force  repulsive  ?  Nous  croyons  done, 
en  conservant  d'ailleurs  I'explication  de  l'auteur, 
quant  au  fond  ,  pouvoir  rectifier  la  distinction  entre 
les  frois  etats  des  corps  naturels  de  la  maniere  sui- 
vante  :  Un  corps  est  a  I'eiat  solide,  lorsqu'il  y  a 
equilibre  entre  la  force  attractive  des  molecules  et 
la  force  repulsive  communiquee  par  le  calorique  ; 
im  corps  est  a  I'etat  liquide  ,  lorsque  la  force  repul- 
sive etant  superieure  a  la  force  attractive,  I'exces 
de  la  force  repulsive  est  equilibre  par  la  pression  de 
I'atmosphere;  un  corps  enfin  est  a  I'etat  aeriforme, 
lorsque  la  force  repulsive  I'emporte,  non-sculeraent 
6ur  la  force  attractive,  mais  encore,   du  nioins  en 


Elefnens,  489 

partie ,  sur  la  pression  de  I'atmospliere.  L'auleiir  , 
apres  avoir  propose  son  explication  de  la  formation 
des  corps  solJdes,  liquides  et  a^rifornies  ,  s'attaclie 
a  faire  voir  que  la  maniere  dont  la  plupart  des  phy- 
siciens  expliquent  ordinairement  cette  ibi-ihation  des 
corps  est  d^fcctueuse.  II  fait  connoitre  ensuite  un 
pli^nomene  curieux  qui  se  pr^seflte  dans  le  passage 
des  corps  de  I'etat  soHde  a  I'^tat  liquide ,  et  de 
celui-ci  a  I'dtat  a^riforme.  Ce  phenomena  consiste 
en  ce  que  pendant  tout  le  temps  que  ce  passage 
s'opere,  les  nouvelles  quantit^s  de  calorique  que  le 
corps  recoit ,  sont  uniquement  employees  a  fondre 
de  nouvelles  conches,  de  sorte  que  la  temperature 
qui  a  eu  lieu  au  commencement  de  la  liquefaction 
ou  de  la  conversion  en  fluide  a^riforme,  reste  sta- 
tionnaire  pendant  tout  le  temps  qu'elle  dure.  L'auteur 
finit  par  exposer  la  maniere  d'extraire  les  fiuideS 
aeriformes,  de  les  recueilllr  ,  et  de  les  faire  passer 
d'un  vaisseau  dans  un  autre. 

Le  calorique  exerce  son  influence  sur  la.  porositi^  ^ 
la  compressibilite  et  V elasticity  des  corps.  Ces  trois 
propri^t^s  font  le  sujet  du  VI. "  livre.  —  'hs.-porositd 
des  corps  est  une  suite  naturelle  de  ce  que,  pat 
I'absence  du  froid  absolu  ,  les  molecules  d'aucun 
corps  ne  se  toucheht  immediatement ;  mais  l'auteur 
fait  voir  que  cette  propri^te  n'est  point  essentielle 
aux  corps  ,  qu'elle  n'est  qu'accidentelle  et  variable. 
II  est  Evident  que  la  quantity  de  niatiere  propre  ^un 
corps  est  en  raison  inverse  de  sa  porosild :  a  ou  il 
resulte  qu'on  peut ,  par  le  poids,  connoitre  le  rap- 
port de  la  poroslt6  d'un  corps   a  celle  d'un  autre 

Ee  4 


440  Vlijsique. 

corps.  Parmi  les  preuves  que  I'auteur  cite  en  faveur 
de  la  porosit^  des  corps  ,  se  (rouve  le  ph^nomene 
que  JBaiij  a  le  premier  observe  Aan%Vhjdrophane , 
et  qui  pr^sente  a  la  fois  un  exemple  de  la  porosltd 
des  corps ,  et  une  preuve  que  les  pores  ne  sont  pas 
absolument  vides  de  toute  matiere  ^trangere ,  mais 
plutot  occup^s  par  I'air  ou  par  quelque  autre  fluide 
subtil.  La  comfressibilile  est  une  propri^td  qui  ap- 
partient  ^galement  a  tous  les  corps,  mais  qui  est 
tout  aussi  accidentelle  et  yaricible  que  la,  porosite. 
L'auteiir  se  borne  ici  a  presenter  des  faits  qui  eta- 
blissent  la  compressibilild  des  solides.  Les  preuves 
en  faveur  de  la  comprcosibilite  des  Guides  aeriformes 
et  des  liquides  tiouveront  leur  place  dans  la  suite 
aux  articles  de  I'air  et  de  I'eau.  Quant  a  Velasticite  , 
I'auteur,  apres  avoir  prouvd  qu'elle  est  une  pro- 
prldtd  variable  et  non  essenticlle  a  la  matiere ,  et 
apres  avoir  mont'rd  le  vague  des  duplications  que  les 
physiciens  out  do  n^es  du  phdnomene  de  I'dlasti- 
citd,  en  presente  une  explication  nouvelle.  II  dta- 
blit  comma  principes,  i.°  que  des  signes  d'elasticilS 
supposent  une  compression  effectuee  :  d'uii  il  r^sulte 
que  des  corps  ,  tels  que  les  liquides  dont  les  mole- 
cules cedent  avec  une  tres-grande  facilite  a  la  plus 
legere  pression  ,  de  maniere  a  rouler  les  unes  sur 
les  autres  sans  altdrer  leur  figure  ,  ne  peuvent  don- 
uer  des  signes  sensibles  d'elasticit^;  2.°  que  lors- 
qu^oii  coniprime  un  corps  ^lastique  ,  quelques  -  ic7ies 
de  ses  molecules  integrantes  se  rapprochent  y  tandis 
que  d'auires  souffrent  un  ^cartement  a  peu  pres  ^gal 
mu  rapprochement  des  premieres  ;  3.°  quVw  degre  ha,-' 


Elemensl  441 

hituel de  chaleur  et  depression  que  7ioiis  dprouvons , 
tous  les  corps  out  un  volume  determine  par  le  rap- 
port d'e'galitd  qui  existe  entre  la  force  attractive  de 
leurs  molecules  et  la  force  repulsive  communiquee  par 
le  calorique  combine.  Cela  pos^  ,  void  comment  I'aii- 
teur  explique  I'dlastlclt^  des  corps  solldes.  Lorsque 
I'on  coniprime  un  corps  ^lastique,  plusieurs  de  scs 
molecules  integrantes  sont  rapprochees  ,  d'autrcs 
soufFrent  un  ^cartement  ^gal  au  rapprochement  des 
premieres.  Dans  les  molecules  rapprochees  ,  la  force 
attractive  et  la  force  repulsive  augmentent;  mais 
I'auteur  d^montre  que  I'accroissement  de  la  derniere 
force  I'emporte  sur  celui  de  la  premiere  :  d'oii  il  x€~ 
suite  que  I'equilibre  qui  existoit  entre  ces  deux  for- 
ces, est  detruit  en  faveur  de  la  force  repulsive,  et 
cons^quemment  que ,  la  compression  cessant ,  la  force 
repulsive  doit  agir  pour  Pearler  les  molecules  rap- 
prochees,  jiisqu'a  ce  que  I'equilibre  se  retablisse, 
c'est-adire,  jusqu'a  ce  que  les  molecules  ayent  at- 
teint  le  degrd  d'^cartement  qu'elles  avoient  avant  la 
compression.  Dans  les  molecules  ecart^es ,  au  con- 
traire,  c'est  la  force  attractive  qui  domine  sur  la 
force  repulsive;  elle  doit  done  agir  pour  rapprocher 
les  molecules  ^cartees  jusqu'a  ce  que  I'equilibre  en- 
tre ces  forces  soit  rdtabli.  II  suit  de-la  que  le  r^ta- 
blissement  des  corps  solides  elastiques  ,  apres  la 
compression  ,  paroit  elre  le  r^sultat  de  Taction  com- 
bine'e  du  calorique  et  de  la  gravitation.  L'auteur 
applique  cette  explication  a  divers  exemples.  II  fait 
voir  ensuite  comment  on  peut  dctluire  I'elasticitd 
des  fluides  a^riformes   de  la  meiiie  cause  dont  de- 


'44^  Physique. 

pend  celle  des  solides,  et  pourqubi  elle  fait  prendre 
h.  ces  corps  plus  de  volume  ,  des  qu'on  supprime  la 
pressioH  de  Tatmosphere,  tandis  que  la  m^me  chose 
ii*a  pas  lieu  pour  les  corps  solides  diastiques.  L'au- 
leur  a  soin  d'observer  que  son  explication  de  I'^la- 
stlcite  des  corps  est  Ind^pendante  de  celle  du  calo- 
rique,  puisqne  ce  fluide,  en  se  combinant  avec  les 
molecules  des  corps,  pent  leur  comtiiuniquer  une 
force  repulsive,  sans  que  ses  propres  molecules  se 
repoussent  mutuellement ,  de  meme  que  I'eau,  en 
penetrant  les  pores  d'une  (Sponge,  communique  a 
ses  molecules  una  force  repulsive,  sans  qu'on  puisse 
dire  que  les  molecules  de  I'eau  se  repoussent  entre 
dies.  11  termine  en  appllquant  le  calcul  a  son  ex- 
plication de  I'elasticite. 

Dans  le  VII."*  livre ,  I'auteur  examine  les  pro- 
priet^s  de  I'air  atmospherique.  II  divise  ce  livre  en 
deux  parties,  dont  la  premiere  est  consacr^e  aux 
propri^tes  physiques  de  ce  fluide  ,  la  seconde  a  ses 
propri^tes  chymiques.  Les  proprietds  physiques  de 
i'air  atmospherique  sont  sa  pesanteur  et  son  elasti- 
city ,  propriet(?s  auxquelles  se  lient  les  theories  du 
son  et  des  vents.  L'auteur  commence  par  exposer 
I'histoire  de  la  pesanteur  de  I'air.  II  parle  des  tra- 
vaux  de  Galilee,  qui  la  reconnut  le  premier;  de 
ceux  d^Otto  de  GuencJce ,  qui  iraagina  la  machipe 
pneumatique  :  il  donne  en  m^me  temps  la  descrip- 
tion de  cette  machine,  et  fait  voir  comment,  a  son 
aide ,  on  peut  d^monlrer  la  pesanfeirr  de  I'air.  II  etf 
vient  eusuite  a  I'heureuse  application  que  fit  Torri- 
ceZ/i;,  disciple  de  Galilee,  d6  cette  propridt^  de  I'air 


Elemens.  448 

aux  phenomenes  d'ascension  d^l'eau  dans  les  pom- 
pes,  et  du  mercure  dans  les  barometres;  et  il  d^ci'it 
I'experience  par  laquelle  TorriceUi  fiit  convaincu 
que  ces  phenomenes  etoient  dus  a  la  pression  de 
I'air  ext^rieur.-il  dit  enfin  iin  raot  des  travaux  de 
Pascal ,  qui  ,  en  r^p^tant  I'experience  de  TorriceUi, 
a  difft'rentes  hauteurs,  d^montra  non-seulement  que 
I'air  est  pesant ,  niais  encore  qu'il  exerce,  en  vevtu 
de  sa  pesanteur ,  une  pression  qui  depend  de  sa  hau- 
teur. Apres  cet  expos^  historique,  I'auteur  presen(e 
une  experience  qui  prouve  que  la  pression  de  Fair 
s'exerce  en  tous  sens  a  la  maniere  de  celle  des  flui- 
des,  et  il  explique  par  la  diff(?rens  phenomenes  qui 
se  rencontrent  dans  la  nature  :  il  donne  enfin  la  des^- 
cription  des  barometres,  des  pompes  et  des  syphons. 
L'aufeur  etablit  Velasticite  6.e  Fair  par  ^experience, 
et  il  demon(re,  i."  que  la  force  elastiqiie  de  Vair 
est  toujours  egale  a  la  force  qui  le  comfrnne ;  3.? 
que  Ves-pace  qu'occupe  une  quantite  d'air  determine'e  , 
est  toujours  en  raison  itnersc  de  la  force  qui  le 
comprime ,  et  consequemmcnt  de  la  force  elastique. 
Si  I'air  avoit  partout  la  meme  density,  il  seroit  ais^, 
a  la  faveur  de  ces  principcs  et  des  lols  de  I'equHi- 
bre,  de  determiner  les  limittsde  I'atmosphere  ;  mais 
la  densiie  de  I'air  n'cst  pas  consiante  ;  eile  diminU* 
a  mesure  qu'on  s'eleve  au  dessiis  de  la  terre.  Oft 
s'est  occupe  a  determiner,  jusqo'a  quel  poiht  Tail' 
est  capable  de  se  dilater  et  de  se  condenser;  mais 
on  n'est  pas  encore  parvenu  a  la  solution  de  ce  pro- 
bleme ,  et  I'pn  ne  peut  encore  que  determiner  le 
degre  de  rarefactloD  -de  I'air  a  urte  distance  donnee 


444  Physique. 

de  la  sutface  de  la  terre.  L'auteur  d^monfre ,  a  cet 
^gard  ,  que  les  logarithmes  de  la  rariti  des  diff:rentes 
couches  d'air  sont  en  rnison  dlrecte  avec  les  hauteurs 
de  ces  memes  couches ;  de  sorte  que  si  I'on  connoit 
par  I'exp^^rience  Ja  raril^  de  I'air  a  une  hauteur 
donn^e  ,  il  est  (aclle  de  trouver  sa  raritd  a  une  au- 
tre ^l^vation  quelconque.  II  s'occupe  ensuite  a  d^- 
montrer  rimpossiblliie  de  faire  le  vide  parfait  dans 
la  rnachine  pneumatique. 

C'est  a  ['elasticity  de  I'air  que  tlent  la  propri^t(5 
qu'il  a  de  traosmettre  le  son  ,  et  les  vents  ne  sout 
autre  chose  que  des  oscillations  de  I'atmosphere.  II 
^tolt  done  naturel  de  presenter  les  theories  du  son 
et  des  vents  a  la  suite  des  propri^ies  physiques  de 
I'air.  —  L'auteur  fait  voir,  par  Hps  experiences,  i." 
que  lorsqu'un  corps  rend  un  son  ,  ses  molecules  ont 
Tin  mouvement  de  vibration  ;  2.°  que  ce  mouvement 
de  vibration  se  communique  a  I'air  qui  le  transmet 
a  I'organe  de  I'ouie  ;  3.°  que  cependant  le  son  ne 
depend  pas  immediatement  du  mouvement  de  vi- 
bration qui  se  manifeste  a  la  vue  ,  mais  d'un  autre 
mouvement  de  vibration  dont  les  moindres  mole- 
cules sont  anim^es.  II  fixe  particulierement  son  at- 
tention sur  la  maniere  dout.se  fait  la  propagation 
du  son,  et  sur  la  vite-;se  de  cette  propagation,  II 
montre  que  la  comparaison  des  ondulations  de  I'air, 
produltes  par  un  corps  sonoremis  en  vibration,  avec 
ces  vagues  circulaires  et  concentriques  qui  naissent 
sur  la  surface  d'une  eau  tranquille,  lorsqu'on  y  jette 
une  pierre  ,  n'est  pas  exacte,  et  qu'on  pourroit  plu- 
tot  les  comparer  au  mouvement  de  I'eau  dans  le  flux 


Elemensl  446 

«t  le  reflux,  puisqu'elles  consistent  dans  une  con- 
densation et  une  dilatation  r^ciproque  et  successive 
des  difFerentes  parties  de  I'air.  Quant  a  la  vitesse  du 
son,  on  sait  aujourd'hui  que  tous  lessons  sont  por- 
tes  a  travers  I'air  avec  une  viiesse  d^termin^e,  sur 
laquelle  I'intensil^  du  son  n'a  aucune  influence;  et 
I'auleur  fait  connoitre  la  maniere  dont  Newton  est 
parvenu  a  determiner  cette  vitesse  a  priori,  II  exa- 
mine ensuite   de  quelle  maniere  les  ondes  excilces 
dans  I'air  par  le  mouvement  d'un  corps  sonore,  peu- 
vent  faire  naitre  en  nous  la  sensation  du  son  ;  cequi 
le  conduit  a  exposer  les  notions  fondamentales  de  la 
musique.  Relativement  aux  vents  ,  i'auteur  fait  voir, 
i.°  que  ('attraction  du  soleil  et  de  la  lune,  exer^-aat 
son  influence  sur  Tatniosphere  comme  sur  ]a  mer, 
doit  etre  regard^e  comme  une  des  causes  qui  leur 
donnent  naissance  ;  2°  que  cependant  son  attractioa 
ne  peut  produire  les  vents  alis^s  qui  ,entre  les  deux 
tropiques,  soufflent  constamment  d'orient  en  Occi- 
dent, et  qui  sont  probablcment  dus  a  la  dilatation 
qu't'prouve  I'air  par  Taction  de  lachaleur;  3.°  qu'ia- 
dependammen t  de ces  deux  grandes causes ,  il  en  existe 
un  grand  nombre  d'autres  qui  peuvent  determiner 
une  rupture  d'^quilibre  dans  les  colonnes  d'air  qui 
composent  ratniosphtre,  et  se  compliquer  ainsi  dans 
la  production  des  vents. 

Dans  la  seconde  partie  du  VII.*  livre  ,  qui  a  pour 
oLjet  les  propiiet^s  cliymiques  de  I'air  atmospheri- 
que ,  I'auteur  s'occupe  d'abord  de  la  nature  de  ce 
iluide  elastiquc  ;  il  ^tudie  ensuite  s^parement  chacun 
des  deux  iluides  a^riformes  q[ui  le  composent ,  \e  §az 


44"^  Physique, 

oxyghieti  ]e  gi7z  ozoie.  Le  (out  est  pr^c^de  de  quel- 
ques  considerations  gen^rales  sur  la  constitution  de 
I'atmosphere.  Nous  nous  bornerons  a  exposerce  qu'il 
dit  sur  ce  dernier  objetet  sur  la  nature  de  I'air,  sans 
le  suivre  dans  les  details  dans  lesquels  11  entre  re- 
lativemcnt  aux  deux  gaz  qui  le  constituent. — L'at- 
mosphere  n'est  autre  chose  que  I'assemblage  de  toutes 
les  substances  susceptibles  de  se  vaporiser  et  de  con- 
server  I'^fat  a^riforme  au  degre  liabituel  de  tempe- 
rature dans  lequel  nous  vivons  ,  et  a  une  pression 
^gale  au  poids  d'une  colonne  de  mercure  de  76  cen- 
timetres ;  et  I'auteur  fait  voir  que  c'est  principale- 
Kient  la  chaleur  solaire  qui  entretient  celle  de  notre 
globe,  qui  volatilise  les  substances  qui  sont  a  sa 
surface ,  et  les  degage  en  fluides  a^riformes.  La 
couche  superleure  de  I'atmosphere  est  probablement 
forni^e  d'un  lluide  aeiiforme  particulicr  qui  occupe 
cette  place  en  raison  de  sa  pesanteur  sp^cifique  j 
uiais  I'auteur  ne  s'occupe  ici  que  de  connoilre  la  na- 
ture de  la  couche  inf^iieure  que  nous  habitons.  Pour 
parvenir  a  cette  connolssauce ,  il  fait  concourir  I'a- 
nalyse  avec  la  synthese,  en  preseniant  des  expe- 
riences qui  font  voir  ,  i."  que  si  on  fait  briiler,  dans 
un  volume  d'air  determine,  un  corps  combustible, 
eu  elevant  suffisammcnt  la  temperature,  il  se  fait 
une  absorption  d'air,  qui  reduit  celui  qui  reste 
environ  aux  trois  quarts  de  son  volume,  et  que  cct 
air  qui  reste  est  impropre  a  la  combustion  et  a  la 
I e.ipi ration  ;  de  sorte  que  I'absorptibn  s'est  faite  aux 
depeiis  d'tiu  fluide  aeriforme  qui  forme  environ  le 
qua;  t  de   i'air  atmospher:que  ,  et  qui  lui  donae  la 


ElemenSt  447 

propri^t^  d'entretenir  \-a  combustion  et  ]a  respira- 
tion }  2.°  que  si ,  la  combustion  s'^tant  faite  avec 
un  corps  combustible  auquel  on  puisse  de  uouveau 
enlcver  la  base  du  fluide  absorbs,  on  rend  a  cette 
base  la  forme  de  gaz,  on  oblient  un  fluide  a^ri- 
forme  ^rainemment  propre  a  la  combustion  et  a  la 
respiration,  et  <^gal  en  volume  a  la  perte  qui  s'est 
faite  pendant  la  combustion ;  3.°  enfin ,  que  si  on 
m^le  ce  fluide  a^riforme  avec  le  gaz  m^phitique  qui 
etoit  rest^  apres  la  combustion ,  on  reforme  de  I'air  , 
en  tout  semblable  a  celui  de  I'atmosphere ,  et  qui 
jouit  des  memes  proprieies.  Ces  experiences  con- 
courent  done  a  prouver  que  I'air  atmosphdrique  est 
compost  d'environ  trois  parlies  d'un  gaz  m^phitique 
et  d'une  partie  d'un  fluide  a^riforme  propre  a  la 
combustion  et  a  la  respiration.  Ces  gaz  sont  le  gaz 
azote  et  le  gaz  oxygene ,  dont  I'auteur  etudiemain< 
tenant  les  propri^tes  et  la  nature. 

Apres  avoir  examine  les  proprietes  de  I'air  atmos- 
pb^rique,  I'auteur  considere,  dans  le  VIII.'  livre, 
la  nature  de  I'eau  et  ses  diff(^rens  ^tats  d'agr^ga- 
tion.  Ce  livre  est  encore  divisd  en  deux  parties* 
L'eau  ,  consid^r^e  dans  ses  divers  ^tats  d'agr^ga- 
tion  ,  fait  le  sujet  de  la  premiere  partie.  —  L'auteur 
commence  par  consid^rer  l'eau  a  I'^tat  solide;  il 
fait  voir  que  la  cong(?lation  est  une  veritable  cry- 
stallisation ;  il  explique  pourquoi  la  glate  acquiert 
plus  de  volume ,  et  cons^quemment  moins  de  pesan- 
leur  sp^cificjue  que  n'en  a  l'eau  qui  sert  a  la  former  ; 
il  cite  des  fails  qui  prouvent  la  soliditd  ^tonnante 
que  peut  acquerir    la  glace  et    qui  quelquefois  est 


448  Physique, 

telle, 'qu'elle  r^siste  aux  violens  efforts  qu'on  fait 
pour  d^truire  son  agr^gatlon ,  etc.  11  considere  en- 
suite  I'eau  a  I'etat  liquide.  Dans  cet  ^tat ,  elle  n'est 
pas  sensiblement  compressible ,  ni  Consequemment 
senslblement  ^lastique  ;  I'auteur  cl^monlre  cepen- 
daut  que  sa  compressibility  et  son  ^lasticite  n'en  sont 
pas  nioins  r^elles.  L'eau  liquide  et  I'air  exercent 
I'un  sur  I'autre  une  action  r6;iproque  qui  est  telle, 
que  l'eau  dissout  de  jTair,  et  que  Pair  dissout  de 
l'eau  :  cette  derniere  dissolution  constitue  Vdvajiora- 
lion  que  I'auteur  distingue  solgneusement  de  la  va- 
forisation.  Le  ph^nomene  de  X4bulUtion  a  pour 
cause  le  passage  de  l'eau  liquide  a  I'etat  de-vapeurs: 
ce  passage  est  d'autant  plus  prompt ,  que  la  pression 
de  I'atmosphere  est  moindre.  L'auteur  parle  aussi 
de  Taction  qu'excerce  l'eau  sur  la  lumiere,  de  la 
tendance  a  la  comblnaison ,  qui  est  plus  grande  dans 
l'eau  liquide  que  dans  l'eau  solide,  etc.:  il  traile 
enfin  de  Mhumiditd  ^  et  particulierement  de  celle  de 
I'air,  ce  qui  le  conduit  a  la  description  de  Vhygro- 
ineLre.  En  se  bornant  a  celui  a  cheveu  de  Saussure  , 
le  seul  comparable,  il  deniontre  que  les  effets  de  la 
chaleur  sur  le  cheveu  modifie  ceux  de  I'humidite  et 
de  la  s^cheresse  ;  de  sorte  que ,  dans  les  observations 
d^licates,  il  iuiporte  deconsulter  en  raeme  temps  le 
thermometre  et  I'hygrometre  ,  pour  demeler  ces  ef- 
fets. En  consid^rant  enfin  l'eau  a  I'etat  de  vapeur , 
]'auleur  parle  de  sa  tendance  ala  comblnaison,  qui 
est  plus  grande  que  celle  de  l'eau  liquide  ,  de  I'espace 
considerable  qu'elle  occupe  ,  de  sa  pesanleur  sp^ci- 
ilque  qui  est  moindre  que  celle  de  I'air,  etc.  Une 

de 


Elemcnsl  449 

^e  ses  prlnclpales  propri^lei  est  sa  grande  ^lasticlt^ 
qui  est  (elle  que  lorsqu'tlle  est  enchainc'e  dans  des 
limites  trop  ^troites,  elle  fait  des  efForfs  violens 
pour  vaincre  I'obstacle  qui  s'oppose  a  sa  llbre  ex- 
pansion. C'est  sur  cetf  e  propriety  de  I'eau  en  vapeur  , 
qu'est  fondle  Ja  construction  des  pompes  a  vapeurs 
dont  I'auteur  fait  connoitre  le  Jeu. 

Dans  Ja  seconde  partlc  dii  VIII.'  llvre,  I'auteur 
examine  la  nature  de  I'eau,  la  nature  et  les  pro- 
prlet^s  ^\.\  gaz  hydrogene  ,  qui  est  un  de  ses  princi- 
pes  constituans.  Nous  nous  bornerons  encore  a  ex- 
poser  ce  qu'il  dit  relativement  a  la  nature  de  I'eau 
seulement.  —  II  pr^sente,  a  ce  sujet ,  les  expe- 
riences importantes  des  chymlstes  modernes  ,  qui 
attestent  la  composition  de  I'eau  ,  qu'on  avoit  re- 
gard^e  jusqu'ici  comme  une  substance  simple.  Ces 
experiences  sont  relatives  ,  i."  a  la  decompositioa 
de  I'eau  ;  2.°  a  sa  recomposition.  Les  j^i'^mJeres 
consistent,  i.°  a  faire  passer  de  I'eau  en  vapeur  3 
travers  un  tube  rougi  au  feu  ,  et  renfermant  une 
quantity  determin^e  de  charbon  qui  a^te  pr^alable- 
mcnt  expose  a  urie  chaleur  incandescente  dans  des 
vaisseaux  fermes  ,  et  a  recueillir  les  gaz  qui  se  de- 
gagent;  2.°  a  rep^ter  la  meme  experience,  en  ren- 
fermant dans  le  tube  ,  au  lieu  de  charbon  ,  -une 
quanlite  determinee  de  petites  lames  de  fer  doux. 
Dans  la  premiere  experience ,  on  trouve,  i.°  que 
I'eau  sonmise  a  I'ebuUition ,  pour  fournir  la  vapeur 
aqueuse,  a  perdu  de  son  poids;  2°  que  le  cbarbon 
a  enliereraent  disparu  ;  3."  que  les  gaz  degages  sont 
de  deux  especcs ,  un  gaz  acidc  et    du  gnz  hydro- 

Tome  V,  F  f 


45o  Pliysiqnc. 

gene  ,  et  que  les  polds  de  ces  gaz  Equivalent  prd- 
cis^ment  ensemble  au  poids  du  charbon  qui  a  dis- 
paru,  et  a  celui  de  I'eau  employee;  4.°  quele  poids 
de  I'oxygene  que  le  charbon  a  du  absorber  pour 
former  la  quantite  de  gaz  acide  qui  s'est  degag^  , 
joint  au  poids  du  gaz  hydrogene  ob(enu,  est  pr^cl- 
s^ment  ('^s\  au  poids  de  I'eau  employee  :  d'oii  il  x€- 
sulle  qtie  cetle  quantity  d'eau  employee  a  etE  com- 
posc'e  de  ces  memes  quantit^s  d'oxygene  et  d'hy- 
drogene.  L'aufeur  montre  comment  on  est  conduit 
a  la  meme  conclusion  par  la  seconde  experience  , 
dont  le  r^sultat  est ,  i.°  le  degagement  de  gaz  hy- 
drogene seulement ;  2."  I'oxydation  et  I'augmenta- 
tion  du  poids  du  fer;  3."  le  rapport  dVgdlite  qui 
existe  entre  cette  augmentation  de  poids,  Jo'nte  au 
poids  du  gaz  hydrogene  obtenu,  et  le  poids  de  I'eau 
€mploy(?e.  11  s'occupe  ensuite  a  repondre  adifFerentes 
objections  qu'on  pourroit  .faire  contre  ces  fails  qui 
^tablissent  la  decomposition  de  I'eau.  Les  expe- 
riences relatives  a  la  r^composition  de  I'eau  consis- 
tent, i.°  a  faire  bruler  sous  uue  cloche  de  verre 
pleine  d'air  afmospherlque  et  renvers^e  sur  du  mer- 
cure  ,  une  quantity  determinee  d'alcool ;  2.°  a  faire 
bruler  dans  un  grand  ballon  de  crystal ,  vide  d'air  , 
du  sjaz  hydrogene  en  contact  avec  du  gaz  oxygene  , 
par  I'intermede  de  I'etincelle  electrique.  L'auteur 
montre  ce  qui  se  passe  dans  ces  experiences  ,  et  com- 
ment elles  sent  tres-proprcs  a  conduire  a  cette  con- 
clusion ,  que  I'eau  qui  se  forme  est  le  resultat  de 
la  combinaison  du  gaz  hydrogene  avec  le  gaz  oxy- 
sene,  conclusion  que  la  seconde  experience  surtout 


Elemens,  461 

met  en  Evidence ,  en  faisant  connoitre  les  propor- 
tions du  gaz  liydrogene  et  du  gaz  oxygene  qui  en- 
trent  dans  1a  composition  de  l*eau. 

L'aiiteur  passe  dans  le  IX.*   livre  a  I'examen  des 
acides  qui,  coninie  I'eau,  rt'sulfent  de  la  combinai- 
son  d'une  base  avec  FoNygene.  II  considere  d'abord 
les  acides  en   general,  et    ensuite  chaque  aclde  en 
particulier. —  La  definition  de  Ncwlon,  qu'un  aclde 
est  ce  qui  attire  forlement  et  est  fortement   altir^  , 
luiparoit  la  naeilleure  qu'on  puisse  donner  ,  pulsque 
c'est  cette  force  attractive  que  I'aclde  exeice  sur  la 
plupart  des  substances,  qui  en  constilue  le  seul  ca- 
ractere  essentiel ,  et  qu'aucune  des  proprietes  dont 
il  jouit,  et  qui  toutes  d^coulent  de  celle  source, ne 
sauroit   le  faire  distlnguer  isol^ment.  L'auteur  fait 
connoitre  les  principales  de  ces  proprietes  ;  il  explr- 
que  a  quoi  tient  Paction  de  I'acide  sur  les  couleurs 
bleucs  v^gefalcs  ,  et  il  fait  voir  que  ces  couleurs  ne 
sent  point  detruites  par  cette  action,  pulsqu'on  peut 
les  faire  renaitre.  Les  acides  niln^raux  dout  la  plu- 
jpart,  par  leur  forme  gazeuse ,  rentrent  dans  le  do- 
maine  de  la  physique  ,  sont  les  seuls  qui  I'occupent 
ici  :  ces  acides  sont  Tackle  carbonique,   les   acides 
sulfurique  et  sulfureux,  les   acides   nllrlque  et  ni- 
treux  ,  I'acide   mTirlatlque ,  I'acide  luuriatique  oxy- 
gen6  et  I'acide  Iluorique.  La  niarche  que  suit  l'au- 
teur dans  rhlsloire  de  cliacun  de  ces  acides ,  con- 
slste   a  exposer  successlvement  les    diffe'rens    etats 
dans  lesquels  ils  se  presentent  dans  la  nature;  la 
maniere  de   les  obtenir,  solt  de  toute  piece,  solt 
en  les  retirant  de  leurs  combinalsons;  les  caraclere% 

Ff  a 


4^2  Physique*, 

cjul  ^tabllssent  leur  acidity ;  les  autres  proprletes 
physiques  et  chymiqiies  qui  Jeur  sont  propres,  et 
leur  nature.  Nous  nous  dispensons  de  le  suivre  dans 
tous  ces  details ,  et  nous  passons  de  suite  au  X.° 
livre. 

Dans  ce  livre,  I'aufeur  s'occupe  \  rendre  raison 
de  quelques  ph^nomenes  remarquables  que  la  nature 
Dous  jjr^sente  ,  et  dont  les  Veritas  ^(ablies  dans  le 
VIL^etle  VIII."  JivreSjfournissent  I'explicatlon.Ces 
phenonienes  sont  ceux  de  la  combustion,  de  la  res- 
piration ,  de  la  chaleur  animale ,  de  la  vegetation 
et  de  la  fermentation.  —  Toute  la  theorie  de  la  com- 
biibtion  est  renfermee  dans  les  pr'nclpes  suivans  qui 
sont  fondes  sur  des  faits  et  des  experiences  prec^- 
demment  etablis.  i.°  Dans  toute  cnmbustion  ^  il y  a 
absorption  de  la  base  du  gaz  oxjgene.  2.°  Le  residii 
de  la  combustion  est  touj ours  plus  pesant  que  n'^toit 
le  coj-ps  af'ant  d'etre  bride.  3.°  U augmentation  depoids 
qiiacquiert  le  corps  brii!e  ,  est  egale  au  poids  du  gaz 
may  gene  absorbe.  4.^  Dans  toute  combustion  ,  il  y  a 
dt'gagement  de  caloriqiie  et  de  lumiere  .  L'auteur  d^- 
Vieloppe  ces  principes  ,  et  fixe  ensnite  I'id^e  juste 
qu'on  doit  se  faire  de  la  combustibility  et  des  corps 
combustibles.  Les  principes  qu'il  dtabllt  relatlve- 
ment  au  ph^nomcne  de  la  respiration  ,  lendent  a 
faire  voir  que  ce  pheuomene  est  du  a  la  decompo- 
sition' d'une  partie  du  gaz  oxygene  que  nous  aspl- 
Tons,  et  dont  la  base  ou  I'oxygehe  se  combine  eh 
partie  avcc  i'hydrogene  degag^  du  sang  pour  former 
de  I'eau  ,  et  en  partie  avec  le  carbone  tenu  en  dis- 
solution parl'h)dro^ene,  pour  former  de  I'acidecax- 


Elemens.  453 

bonique.  La  fluidity  a^rifornie  de  cet  acide  lui  est 
donn(^e  par  une  portion  dii  calorique  qui  provient 
de  cette  decomposition  du  gaz  oxygene,  tandis  qu'une 
autre  portion  du  calorique  passe  dans  le  sang,  pour 
lui  donner  le  degrd  de  chaleur  et  de  fluidity  qui  lui 
convient.  C'est  done  de  ce  passage  du  calorique  dans 
le  sang  ,  que  depend  la  chaleur  anitnale.  Mais  com- 
ment la  temperature  de  cbdque  individu  peut-elle 
se  niaintenir  au  mfme  degre  dans  toutes  les  parties 
du  corps?  L'auteur  explique  ce  ph^noniene  ,  d'apres 
Seguiii^  par  la  difference  qui  existeentre  la  capacite 
pour  le  calorique  du  sang  art^riel  et  la  capacity  du 
sang  veineux ,  capacit^s  qui ,  suivant  les  observations 
de  Crmiford  y  sont  dans  le  rapport  de  ii,  5  a  lo. 
Lors  de  I'inspiration  ,  la  capacite  du  sang  est  aug- 
ment^e  par  la  perte  d'une  portion  de  son  bydrogene 
carbon^,  qui  s'unit  a  la  base  du  gaz  oxygene  de- 
compose ,  et  il  regoit  alors  une  quantite  de  calorique 
proportionnee  a  sa  capacite;  mais  cette  capacite  se 
trouvant  ensui(e  diminuee,  lorsqiie  le  sang,  dans 
sa  circulation  ,  recoit  ime  nou\  elle  quantite  d'hydro- 
gene  ,  il  abandonne  une  portion  du  calorique  qu'il 
avoit  absorbe  dans  les  poumons,  et  c'est  ce  calorique 
qui,  se  portant  sur  les  humeurs  environnans,  eleve 
leur  temperature  d'une  maniere  a  peu  pies  unifor- 
nie.  L'auteur  passe  luainfenant  au  phenouiene  de  la 
vegetation.  On  sait  aujourd'hui  que  les  plantes  recoi- 
vent  la  matiere  de  Icur  accroissement  principale- 
ment  de  I'eau  et  de  I'air  qui  les  entouveiit ,  et  l'au- 
teur ciierche  a  faire  voir  comment  ces  deux  fluidcs 
contribuent  a  la  production   des  principes  qui  coa- 

Ff  3 


454 


Ph/ysiquel 


stifuent  les  v^ge(aux,  et  qui  sontle  carbone,  I'hy- 
drogene,  I'oxygene  ,  et ,  pour  qiielqiies  plantes  pri- 
vil^gi^es  seulement ,  I'azole.  11  prc'sente  ,  pour  cet 
efFet ,  les  experiences  A^Ingenhousz  et  cle  Scnebier  j 
desquelles  il  r^sulte  ,  i.°  que  dans  I'acte  de  la  ve- 
g^'talion,  I'cau  et  I'acide  caibonique  qui  s'introduit 
dans  les  plantes  ,  soit  avec  I'eau  dans  laquelle  il  est 
dissous,  et  que  les  plantes  sucent  a  I'aide  de  leurs 
racines  ,  soit  par  la  ros^e  et  les  brouillards  qui  se 
dt'posent  surjrs  fcui lies ,  sent  decomposes  par  I'in- 
fluence  de  la  lumicre  ;  2.*  que  I'hydrogene  de  I'eau 
et  le  carbone  de  I'acide  carbonique  ,  passent  dans 
les  plantes  avcc  une  certaine  quantity  d'oxygene  , 
pour  former  lenrs  princij^cs  consfituans  ,  tandis  que 
le  reste  de  Polygene ,  fluidifi^  par  le  calorique  et 
la  lumiere ,  s'cchappe  dans  I'atmosphere ;  3."  que 
I'azote  qui  fait  pavtieconstituante  dequelques  plantes, 
leur  e;,t  fourni  par  la  putrefaction  des  substances 
aniui^les,  qui  se  frouveut  mt'lj^es  avec  la  terre  sur 
laquelle  les  plantes  sont  fixees.  La  fcrmcntalion  est 
un  nioavfment  sponlanf5e  qui  n'est  propre  qu'aux 
fluides  des  corps  organisers.  On  connoit  trols  sortes 
de  fermentations  :  la  fermentation  vineuse  ,  la  fer- 
mentation putvideet  la  fermentation  aceteuse.  L'au- 
teur  ,  pour  etablir  les  Caracleres  qui  les  distinguenf, 
fait  voir,  d'anres  Zaco/sz'tT ,  \.°  i\wft\A  jermentalion 
'  vineuse  consiste  dans  une  rupture  de  i¥quilibre  qui 
existe  entre  les  principcs  cdnstitiians  des  vegctaux  , 
rupture  qui  donne  naissance  a  de  nouvelles  combl- 
naiions  ,  de  telle  sorte  qu'une  portion  d'oxygene 
s'uuit  a  une  portion  de  carbone  pour  produire  du 


Elcmens.  '         455 

gaz  acide  carbonique  ,  tandis  que  I'autre  portion 
d'oxygene  et  I'aiifie  portion  de  carbone  s'unissent 
avec  I'hydrogene  pour  former  de  I'alcool  :  d'ou  il 
r(?sulte  que  Valcool  et  ^e  gaz  acide  carbonique  sont 
Ics  pioduits  de  la  fermentation  vineuse  ;  i°  que  la 
feTmeutation  yidridc  coiisiste  encore  dans  une  rup- 
i  ture  d't'quilibre  entre  les  ])rinclpes  constitiians  des 
vdgdtaux  ,  ma's  qui  donne  lieu  a  de  nouvolles  com- 
binaisons  difTc'rentes  des  pr^c^dentes,  et  telles  que 
I'hydrogene  se  dissipe  en  entier  sous  forme  de  gaz, 
tandis  que  I'oxygene  se  reunit  au  calosique  et  au 
carbone  pour' produire  dii  gaz  acide  carbonique  qui 
se  dissipe  pareilleiuent :  en  sorle  que,  dans  cette  fer- 
mentation, la  totalile  des  prlncipes  des  substances 
V<^getales  se  degagent  sous  forme  de  gaz,  a  I'excep- 
tlon  de  la  terre  qui  resle  ;  3.°  que  \a./ermentation 
acc'leuse  n'est  autre  cliose  que  I'acidification  du  via 
par  I'absorpdon  de  I'oxygene. 

Le  XI. •■  el  le  XII.'  liv  res  sont  destin(^s  a  completer 
la  partie  cbymique  de  cet  ouvrage  ;  ils  renferment 
les  connoissances  acquises  sur  les  terres  et  les  alkalis. 
Sans  nous  arreter  a  ces  objefs',  nous  iw)us  bornerons 
a  observer,  i.°  que  I'auteur  veconnoit  sept  terres  bien 
dislinctesj  auxquelles  il  joint  Yagustine  de  Troms.- 
dorf,  quoique  son  existence  ne  soit  pas  encore  soli- 
dement  ^(ablie  :  ces  sept  terres  sont  la  silice  ,  Talu- 
inine,  la  zirccne,  la  glucine,  I'yttrla^  la  niagn(^sie 
et  la  chaux  j  2.*'  qu'il  range  parmi  les  alkalis  ,  la 
baryte  ,  la  pofasse  ,  la  sonde  ,  la  strontiane  et  I'aux- 
moniaque.     OberliN  fiis. 

(ha  fiu  diiiis  un  des  prochains  numdrosj. 


LITTERATURE. 

L  E  T  T  R  E  de  J.  B.  Gaspare!  d'Ansse  de 
FiLLOTSON ^  a  Fl.  LeclusEj  siirlapro- 
nonciation  ,  Yaccenliiation  ,  la  prosodie 
€t  la  melodie  de  Vancienne  Langue  grcc- 
cjue  (*). 

Je  m'empresse  de  r^pondre  aux  questions  que  vous 
Bi'avez  fait  proposer  par  ]e  savant  Jean  -  Baptiste 
Jauffret,  auquel  Jes  amis  des  letlres  et  de  la 
Tertu  ne  peuvent  rien  refuser. 

Denys  d'Halicarnasse  dit,  De  stnicturd  orationis , 
sectioiie  XI ,  p.  76  ,  ^d.  Jac.  Upton  ,  Londini,  1728, 
in-8.°  :  ^ly-Myflu  fiiv  »y  fi'iXo;  tn  fidfilrut  ^ict9\uaTt  ^  t3 
>i£yo/^6»a  AIA  riENTE,  ai  tfytfec ,  j^  sre  izririivtlai  ■aifx 
fay  TfiZv  riyai)^  !^  -/jfiilofiis  .,  i-s^i  to  o|t; ,  are  antrcn  r5  X^fin 
rim  TrxSoy  izr<  7-0  /3«ou,  Voyez  le  Balteux  ,  p.  Sg  de  sa 
traduction  francaise  du  Traite  de  Varrangemeut  des 
mots  de  Di'nys  d^ ILilicurnasse ,  Paiis,  1708,  in-12: 
"  Dans  le  dlscotirs,  le  chant  de  la  voix  se  renf^erme 
"   dans  I'inlervalle  de  la  quinte  ,  ou  a  pcu  pres  ,  c'est- 

(  *)  Cettel  etfre  avoit  deja  ete  inseiee  dans  le  Manuel  de  la  Langue 
grectfue  ,  public  en  rrimaire  de  I'an  x,  chez  Dclaiice  ;  nuls  coinnie  cps 
techerclics  savanles  sur  des  olijels  importans,  pourroienl:  paroitre  de- 
plarees  ,  et  se  perdie  dans  un  livre  elementaire ,  unlqueinent  reserv^ 
pour  les  enfans ,  nous  avons  cru  devoir  rcproduire  cet  opuscule  avec 
les  addiilons  considerables  de  I'auteur,  qui  a  de  plus  retabli  un  passage 
remartjualle ,  singiiliereinent  niutili  et  denature  k  la  liu  de  la  xxx."  page 
de  Li  premiere  ediutin. 


Langue  grecqiie.  457 

•  2i-dire,  qu'll  nesVtend  pasaurdelade  trois  tons  et 
"   demi,  solt  en  montant  vers  I'aigu ,  soit  en  descen- 

•<  dant  vers  le  grave "  Ibid ,  p.  60  ct  61  :  «  Le 

«  chant  de  la  musique  instrumentale  et  vocale,est 
•t  bien  loin  de  se  renfermer  dans  eet  intervalle.  Com- 
.<  mencant  par  roclave  ,  il  module  par  la  quinte  , 
«  par  la  quarte,  par  le  ton  ,  par  le  demi-ton  ,  etc.  •• 
Ce  qui  est  ainsi  exprime  dans  le  Icxle  grec  de  De- 
nys  d'Halicarnasse  ,  qui  ojipose  I'^tendue  dn  chant 
vmsical  des  instrinnens  et  de  la  voix ,  a  celle  du 
chant  du  discours,  de  la  prononciation  :  'h  S\  ifyetviK.i 

IIE'NTE  /Licvov,  aX(i  usro  t»  AIA'  JlASfiTN  ccf^afiivii  y  J^  ra 
«iei   TZitri  fii?i'jiou  ^   >C  TO  oiu  Tia-a-uomv  .  JcJ  to  oiutovov  ^  J^  to 

ifitVviov  ^  K.  T.  X.  Voyez  sur  ce  passage,  la  note  de 
Bircovius  ,  p.  58  et  suivantes  ,  t.  V  de  I'^^dit.  de 
Denys  d'Halicarnasse  de  Rciske  ,  Lcipsitk  ,  lyyS, 
in-8.°  ;  Isaac  Vossius  ,  De  poematinn  cantii ,  el  viri~ 
bus  rhythmi ,  Oxonii,  1678,  in-4.*' ;  le  savant  trait6 
JDerhjthnio  Grcvcoruui  liher  singiilaris  ,  Oxonii ,  1788, 
in  -  8.°,  de  Milord  Guillaume  Cleaver,  ^veque  de 
Chester ,  qui  n'a  pas  mis  son  rom  a  la  t^le  de  cet 
ouvrage  (  non  plus  qu'a  son  edition  du  Decretian  La~ 
cedcemanioTuJU  contra  Timotheiim  Milesium  j  nun 
commeiilario  ,  Oxonii,  1777.,  in  -  8.°  ) ;  Godoftedi 
Hermanni  de  juetris  poetarum  Grcecorum  et  Roma~ 
nonim  libri  ties,  Lipsice ,  ^796  ,  in-8,''  Un  autre  li- 
vre  pr^cieux  pour  la  connoissance  des  iircens  ,  c'est 
De  prosodicB  grcecce  acccnliis  inclinallone  scrihehat 
Frid,  Volg.  Reizius  ,  editin  repetila  ,  curante  Frid. 
'Aug.  TVolJio  ,   Lipsice ,  1781,  in-S.*" 


'4^9  Lilteraturil 

On  dispufolt  depuis  longtemps  snr  I'^poque  de 
I'invention  des  accens  qu'on  a  employes  pour  fixer 
la  prononciation  qui  auroit  pu  se  perdre,  ou  devenir 
incertaine  ( II  en  est  de  meme  des  points  voyelles 
des  H^breux).  Un  traite  classique  et  curieux,  'Afxa^U 

jifotxun  y  >^  TTnu/^arm ,  que  j'ai  detene  dans  denx  ma- 
nuscrits  de  la  Bibliotlieque  nationale,  et  p-ibli^  p. 
li5  et  suivantes  de  mes  Epiilola;  Vinarieiises ^  Tu- 
tici J  siiinptibiis  et  tjpis  Aurel.  Gessner,  Fuessl.  et 
sociorum ,  1788,  in-4.°,  a  de'cidd  cette  question  im- 
portante,  et  d^montr^  qu'Aristophane  de  Bysance  a 
imagine  les  accens,  a  I'imitation  des  notes  de  mu- 
sique  ,  environ  deux  cents  ans  avant  Jesus  -  Christ. 
Cat  opuscule  d'Arcadius  commence  a'nsi ,  p.  ii5  et 
116  de  mon  edition  :  Oi  xf''""-)  '9  «'  7<'>'<",  J^  ^^  Trnufio^tty 
Afti-otpavas  (  i  )  tKruTiaa-xtros ,  y'lfovi  ,  TCfog  re  oiaicfunv  Tiis 
ufttptooXiS  M^ia;  y  x^  TSfcs  ro  f.^tXt^av  r>j'  (pmijs  cruft-z^aa-iis  ^  s^ 
Tviv  uifcoviicv ,  as  £«v  Izrciioif-uv  (pB-tp/o/u-ivot.  a-x.f^c^  e^  as 
Hi.a.'TO))   aurat  (  accens   et  espri(s)  (pua-ncZ;   kiici  f^  otx,uu? , 

ffti&e  tZ  Xtyii  aa-zsif  of/uvu  'te-ta-^cof  ,  k.  r,  /,  Vous  voyez 
done  qu'il  compare  les  accens  et  les  esprits  a  des 
instruraens :  en  effet  ,  on  ne  prononcoit  pas  ,  on  ne 
llsoit  pas  le  grec  ,  raais  on  le  chantolt;  le  melange, 
et  I'accord  des  longues  ,  des  breves,  des  accens  ai- 
gus ,  des  graves,  des  circonflexes  ,  des  esprits  rudes, 
des  doux  ,  des  lenues  ,  des  aspir^es  ,  des  voyelles  et 
des  demi-voyelles  ,  en  faisoienl  la  plus  douce  eL  la  plus 
Vari^e  des  melodies. 

Chez  les  anciens  Grecs,  la  musique  et  la  gram- 


Langue  grecqiie.  459 

maire  nVtoIent  point  separ^es ;  et  I'enseigneraent 
de  ces  deux  sciences ,  qui  avoieot  tant  de  rapport , 
et  marchoient   toujours   de  front ,   ^loit  confix   aiix 
monies  maifies.  Quintilien  le   prouve  par  pliisieurs 
exemples ,  1.  I ,  c.  10  ,  p.  Si  et  52 ,  (^dit.  de  Gepner, 
GoUingiie  ,  lySS,  in  -  4.°  ,  et  pretend  ,  1.  I ,  c.   4  , 
p.   19,  que  si  on   n'esf   pas  musicien  ,  il  est  impos- 
sible   d'acquerir   line    connoissanf^e    parfaite    de  la 
grammaire  ,  e(  deparler  des  metres  et  des  rhytlimes. 
Le  pere  Lamy,  oratorien  ,1.  I ,  c,  19  ,  p-  107  de 
sa.  Rhe/on'qiie ,  edition  de  la  Haye ,   1726,  in -8.', 
observe  tres  judicieusement  que  ce  fjt  le  gout  des 
Grecs  pour  !a  musique  ( il  auroit  du  ajouter  vocale  ) 
qui  contribua   le  plus  a  polir  leur  langue,  et   a  la 
rendre  si  harmonieuse.  II  en  est  de  nieme  des  Ita- 
liens  et  des  Per  ans.  La  langue  grccque  eut  le  rare 
avanlage  d'avoir  ^{.(^  d'abord  formee  par  des  poetes 
qui  cliantoient  eux-ni^mes  leurs  vers  ,  et  s'assuroient 
ainsi  de  leur  efFet.  L'abb^  Arnaud  ,    dans  son  ele- 
gant Mcmoire  siir  la  prose  grccque ,  p.  Si^S  ,  t.  XLL" 
des  Mt'moires  de  V  Acaddmic  des   belles-lettres ,  dit 
que  ce  bel  idiome  fut  rouvrage  des  poetes-musiciens, 
qui  en  modnlerent  tous  les  sons,  et  en  mesurerent 
tons  les  mouvemens  :  qu'll   ne   sufEsoit  pas  que  la 
parole  fut  d'accord  avcc  la  pens^e  ;  qu'il  falloit  de 
plusqu'elle  s'accordat  avec  le  chant  et  lesinslrumens  , 
lesquels  en  etriient    inseparables.  Ainsi,  ajoute-t-il  » 
ibidem  ^  p.  ^98,  lous  les  raalc^riaux  qui  devoicut  en- 
suife  servir  a  la  construction  de  la  prose,  se  trou- 
voient  depuis  longfemps  fournis  et  polis  par  le  vers, 
etembellis  par  le  chant.  La  prose  grecque  n'est  done 


4^o  Litteraturel 

autre  chose  qu'une  po^sle  et  une  muslque  assujet- 
ties  a  des  lois  moins  genantes  et  moins  vigoureuses. 
Chantante  ,  sans  etre  un  chant ,  elle  ne  dlfF(^roit  de  la 
musiqiie  vocale  et  instrumenlale  que  par  le  degr^, 
et  non  par  le  genre ,  rS  ^roc-J,  i^i  ri!  ■sm^ ^  selon 
Denys  d'lialicarnasse  ,  Be  struciurd  orationis,  p.  74 
et  80,  edit.  d'Upton.  Cic^ron  dit  tres-blen  :  Est 
etiam  in  dic'endo  cantus  quidam  obscurior.  Voyez 
Quintilien,  1.  XI ,  c.  3 ,  p.  Syr.  Denys  d'Halicar- 
jiasse  parle  aussi  {^Sect,  XV,  p.  104  et  108)  de  la 
nuance  des  longues  plus  longues ,  et  des  breves  plus 
breves  les  unes  queles  aufres,et  (  5fc/.  Xlf,  p.  82, 
et  Sect.  XIX,  p.  i58),  de  lan^cessii^  rle  distri- 
buer.avec  intelligence,  et  de  ne  pas  placer  trop  pres 
les  syllabes  qui  ont  le  meme  accent  et  la  meme 
quantiit',  pour  ^viter  la  nionotonie.  Ce  grand  criti- 
que observe  (.yccf.  XXIII  ,  p.  216)  que  quelquesbons 
^crivains  fuyoient  avec  soin,  non-seulement  le  choc 
des  voyelles  ,  mais  encore  le  concours  trop  frequent 
de  denii  voyelles  ,  et  des  muettes  (2). 

Aussi  Arcadius  ajoute-t-il  imin^diatement  apres  : 

^  rks  ci^tif-ci;  (^)e  lirois  plu(6t  ^uO^sf)  5-)?,Ma/te^£v;?v  (.-i) ^ 
^^  Wj5  |K£»  avtii(rot]i ,  {Ti?  efl'  iTTileinsrav  ,  y^ff^  ro  fiiv  fictfiv  ^  ro  at 

(j'amierois  niicux  iTnleivofTis)  «  tiumv  oiviivrts  ,  r5r» 
CK^jypov ,  TO  <^£  ftuXuKoy  tKxMt'  KCila.  r^ro  >(^^  o  'Afifo(pu»is 
tifteix'lhro  rd  Kcyoi  ■zj-fZree  Tao7«  ,  x.  t.  >i.  DanS  Ce  pas- 
sage, -aijic}  Ti  ^icisc^m-iv  Tiis  afA(piZ<i>^H  xi%ia;  ^  >(ffj[  wpaf  ro  fnP^af 
TTfi  ^asvijs  avfi7ici<rf]s  ,  j^  riv  affcovictv  ^  as  iuv  iTTKOoifAU  <ph[yo~ 

fiitai  f  X,  r.  A.  les  paroles  sr^aj  ro  fiixkoi/  peuvent  signi- 


Langue  grecque.  '461' 

fler,  -pour  fixer  a  Vavenir  la  -prononciation  de  tous 
les  mots ,  qui  auroit  pit  devenir  incertaine  ;  mals  j'ai 
propose,  ibid,  pag.  116,  la  correction  de  ft'o.os  y  au 
lieu  de  ^sMov  :  et  fitXo^  s'accorde  parfaitement  avec 
tout  cc  qui  suit.  Arcadius  cite,  ibid,,  paj'-  116,  le 
traitd  de  Nicanor,  fils  d'Hermias  ,  ra 'Ep;i:;»,  weji* 
"^/jV  Kx6o?^j  <rx[fA^;  ^  sur  la  ponctuation  en  gendral,  C'^toit 
un  gramniairien  d'Alexandrie,  du  temps  de  I'empe- 
reur  Adrieti ,  et  qui  fut  surnommd  ei[i^MrU;  ^  parce 
qu'il  avoit  traits  fort  au  long  la  matiere  de  la  ponc- 
tuation ,  ^ioTt  l7:o>.'jX<iyy,o-i  sre^)  «-<y_«Si>',  dit  JEustathe  sur 
le  prerL'or  livre  de  I'lliade,  t.  I ,  p.  20,  ligne  12, 
t'd,  de  Rome.  iSuIdas  cite  son  traite  De  la  ponctua- 
tion en  gdn^ral ,  wsp/  fiyy.ii?  t."?  xaSoXis  y  en  six  livres, 
dont  ITicanor  avoit  fait  lui-m^me  un  abr^ge  en  un 
seul  livre ,  ses  autres  ouvrages  sur  la  ponctuation  des 
poesies  d'Homere  et  de  Callimaque  ,  etc. ,  arspi  f«y^«s 

rPf  Trap'  '0,K>'f»  ,  >(^'^  Tij?  11  MTU))  (seroit-ce  «tir?'f)  ^tctfo^aj 
iv  Tif  ^KiiUf...  5r£f<  i'ly^KS  TVS  isufa  Kaxsifia^f,  J'ai  donn^ 
des  extrails  de  ce  Nicanor ,  p.  i38  et  suivantes  du  se- 
cond tome  de  uies  Anecdota  grceca ,  Venetiis,  1781 
in-4.''  La  plus  grande  partie  de  son  ouvrage  sur  la 
ponctuation  des  poemes  d'Homere  ,  se  retrouve  dans 
les  schoiics  sur  I'lliade,  que  j'ai  publi^es  d'apres 
les  manuscrils  de  la  bibliolh^que  de  Saint-Marc  de 
Venise ,  sous  le  titre  de  Homeri  I'ias  ad  vcteris  co- 
dicis  Veneti  fideni  recensita  ;  Scholia  in  earn  antiijiia 
ex  eodem  codice ,  aliisque,  nunc  primitni  edidit  cum 
asteriscis  ,  obeliscis  ^  aliisque  signis  crilicis ,  J  oh. 
B.ipt.  Caspar  d'Ansse  de  Vitloison ,  anno  1788, 
Pen^liisj  in-folio,  Voycz  ce  que  j'y  dis  de  ce  Ni- 


'45a  Litlemlurc. 

canor,  auquel  ce  livre  classique  fit  donner  le  sur- 
nom  de  second  Homere  ,  l,n»;"Ofiiifoi  ^  p.  XXXI  de 
mes  Prolegomena  de  cette  edition.  Je  traite  aussi 
I'article  de  I'aneienne  ponctuation  des  giammai- 
rlens  grecs  ,  et  la  question  de  roiigine  des  accens 
et  des  esprits,  dans  le  cours  de  ces  memes  prole- 
gomenes  ,  d'apies  les  critiques  ,  jusqu'alors  inf^dits, 
de  IVcole  d'Alexandrie  :  ils  in'ont  fourni  beaucoup 
de  details  nouveaux  et  inconnus  ,  et  de  partlcula- 
rit^s  curieuses  qui  r;'pandent  beaucoup  de  jour  sur 
ce  point  interessant.  J'en  paile  de  meiiie  fort  au 
long  dans  une  foule  d'endroits  du  second  tome  de  mes 
Anecdota graca ,  Vencliis ,  1781,  in-4.''  (latablevous 
les  indiquera  au  mot  Accentjis)^  et  j'y  ai  donne  , 
depuis  la  page  io3  jusqu'a  la  page  118  ,  un  Iraite  de 
Porphjre  sur  I'accentuatioii ,  wep <  ffooe-atJiW ,  qui  n'a- 
voit  jamais  vu  le  jour,  ainsi  que  des  scliolies  de 
Denys  le  Tlirace  ,  et  des  observations  d'autres  gram-  j 
mairiens  ,  qui  ^loient  c'^galement  iu^dites.  Vous  me 
dispensercz  done  de  vous  transcrire  ce  qui  est  d^ja 
imprimd.  J'al  rapporte  ^  p.  119  des  laesEpisloliB  Vi~  i 
narienses ,  et  p.  IX  des  Prolegomena  de  mon  edi-j||l 
tion  de  I'Uiade,  le  passage  decisif  et  tres-remar- 
,quable  de  S.  Augustin,  qui  prouve  que,  de  son  temps, 
on  marquoit  les  esprils  dans  les  bens  nianuscrits 
grecs.  Voici  comme  ce  pere  de  IVglise  s'exprime, 
1.  I,  Quastioii.  in  Genes.,  p.  3 1 3,  t.  Ill  de  I'ldition 
^'Anvers  ,  1700,  in-fol.  qucBbiiou.  162,  sur  le  3l 
verset  du  47.*  chapitre  de  la  Geuese  :  «  Quod  babent 
«  latini  codices,  et  adoravit  super  caput  virgCE  ejus , 
"  nonnulli  codices  emeudatiiis  hahent  j  acioraiJit  sjt-^  } 


I 


Langiie  grecque,  468 

"  }>er  capit  virgcB  suce  ,  sice  in  cacumiiie ,  vel  super 
«  cucumcir.  Fallit  eos  enim  vcrbum  gra?cum,  quod 
«  eisdem  Uteris  scribitur,  sive  ejus,  sive  si^^e.-sed 

n  ACCENTUS   DISPARES  SVIST,  ET  AB  IIS  QUI  1ST  A 

«  NOVEnUNT  ,    IN   COniClBUS    NON    CONTEMNUN- 

i«  TUR  ;    VALENT   ENIM    AD  MAGNAM  DISCRETIO- 

•  NF.?!.   » 

Pour  d^montrer  la  v^rit^  de  cette  observalion  a 
ceux  qui  en  doutent,  et  qui  trouvent  qu'il  est  plus 
court  de  mdpriser  les  regies  des  accens ,  que  de  les 
apprendre  ,  il  voussuffirade  leur  indiquer,  ■<  Collectio 
vocum  qitce  pro  diversd  significatione  ^  accentinn  di- 
vermim  accipiunt  ,  auctore  CyriLlo  ,  vel  poliiis  Pliilo- 
pono  ,  ill  usum  scholoe  Lugduiio-Butavce  j  editio  allerOf 
Lugduni-Batai'onim  ^  ijSi  ,  in-S.° ,  et  ensulte  ,  Dan^ 
Peuceri  commentarius  differ entiiim  apiid  Graecos  vo- 
cum ^  potissimiini  ex  yimmonio  ,  Lesbonacle  ,  et  Phi- 
lopoiio ,collectus  et  locupletalus,  Dresdce,  1749  ^  In-8.* 
N'oubliez  pas  surtout ,  dans  votre  r^impressioa  du 
poeme  barbare  de  Giraudeau,  les  accens,  qui  sont, 
ccmiuetout  lemondesait,  d'une  necessity  absolument 
indispensable  pour  les  livres  ^l^mentaires  et  de  classe.' 
Ces  ouviages  deviennent  inuliles  quand  les  accens y 
sont  omis;  et  nuisibles,  lorsqu'ils  sent  mal  mis. 

Revenons  au  grammairien  Arcadius:  j'ai  prouvd, 
p.  ii8  de  mes  Epistolce  Vinarienscs ,  que  son  ouvrage 
n'est  qu'un  abr^ge  de  la  Ka^aXixli  Tt^c-ai^U ,  ou  TrailS 
■  de  L'accentiiation  en  general ^  que  le  celebre  Herodiea 
avoit  compose  en  vingt  livres  ,  et  dedle  k  I'empereur 
Marc  Amele  ;  ce  qui  donne  plus  de  poids  a  I'assertioa 
d' Arcadius  sur  I'origine  dcs  accens. 


4^4  Lilteralure, 

Je  crois  avoir  r^pondu  li  toutes  vos  deraandcs.  II 
ne  me  reste  plus  qu'a  vous  inviter  a  continuer  de  r6- 
pandre  ,  avec  mes  amis,  M.  Hase  et  M.  Vogel,  le 
goiit  du  giec  ,  d  1  lailn  et  de  I'allemand,  dansl'ex- 
ccllenfe  niaison  dVducation  de  I'cstimable  Jean-Bap- 
tiste  JauffrlT  (4).  Ce  savant  vertueux  vous  rend  a 
tous  (rois  loute  la  justice  qui  vous  est  due,  et  fait 
le  plus  grand  cas^^du  zele  ^clalr^  de  M.  Hase  et  de 
M.  Vogel  ,  de  leur  talent  pour  exciter  et  entretenir 
I'dmiilalion  ,  de  leur  ardeur  infatigable',  et  de  Icurs 
connolssances  profondes.  Le  suffrage  si  flaffcur  et  si 
pr^cieux  d'un  niaitre  de  ce  rare  nitrite,  d'un  si  bon 
juge,  et  cclui  de  ses  dignesamis,  I'immortcl  Sicard,  et 
le  respectable  Bonnefoax ,  disent  plus  que  tout  ce  que 
je  pourrois  ajouler  a  I'^loge  de  ces  almables ,  modestes 
et  doctes  Allemands ,  et  sont  un  sur  garant  des  sen- 
timens  de  la  baute  estime  que  leur  a  vouee  pour  la 
vie   u'Ansse  de  Villoison. 

P.  S.  Les  enncmis  des  accens  ont  souvent  r^p^t^, 
d'apres  Henri-Chretien  Henninius  ,  Jean-Daniel  Ma- 
jor, CbarlesGottlobHofuiann,  le  P.Giraudeau,leP. 
Tellier,elc.  et  encore  dernierement  dans  une  brochure 
qui  vient  de  paroitre  a  Dublin  ,  que  les  regies  del'ac- 
centuation  setrouvent  en  contradiction  avcccelles  de 
la  quantity,  et  qu'onnesait  comment  prononcer  les 
accens  algiis  places  sur  des  breves  ,  comnie  dans  Aoyar- 

Mais  on  doit  bien  se  garder  de  confondre  le  son 
de  I'accent  algu  avec  celui  des  longues.  L'accent 
aigu  nous  avertit  seulement  qu'il  faut  clever  la  voix, 
et  n'indique  pas  qu'il  faille  appuyer  sur  une  voyelle 

aigue 


Langue.grecefne.  ^65 

algue  aussi  longtemps  que  sur  une  longue.  On  pro- 
noncoit  la  syllabe  breve  pUis  \'ile  que  la  longue;  la 
premiere  etolt  ccns^e  ne  fuire  qu'un  temps  ,  au  lieu 
que  la  seconde  en  faisoit  deux  :  par  consequent  ,  le 
son  qui  r^pondolta  celle-cl ,  duroit  deux  fois  autant^ 
que  le  son  qui  r^pondoit  a  celle-la ,  ou  ,  ce  qui  rcvipnt 
au  meiue  ,  avoit  deux  temps,  pendant  que  Tautre 
n'en  avoit  qu'un.  Voyez  Jean   Fhiloponus  dans  soa 
commentalre  grec  sur  le  second  livre   d'Aristote  de 
ammd  ,  fol.  L  ,  pag.  8  recto  ,  (Jditi  de  Venise  i53S  ,  et 
Burette  dans  sa  Dissertation  sur  le  rhjllwie  de  fun- 
cienne  niusiijue  ,  pag.  i53,  torn.  V  des  Meinoires  da 
t Acaddmie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  <•  Se  vo- 
gllatno  vie  pill  spiegarci  co'  termini  niusici ,  la  sillaba 
breve  si  commisurava  con    una  sola  percussione  di 
mano  ^  die   noi  diciamo  una   BATTUTaj  hi  silluba 
longa  due  battute   valeca  ,   dit   le  P.  Quadrio  , 
pag.  58o   liv.  a  ,   chap.  I  ,  torn.  I,  Delia  storia  ,  e 
dcllaragione  d^ ognipoesia  ,  in  Bologna  ,  1709  ,  m-4.% 
L'accent  aigu  ne  rendoit  pas  la  syllabe  longue  , 
niais  il  ne  la  lajssoit  pas  non  plus  totalement  breve: 
il  lui  donnolt  un   demi-temps  de  plus  ,  parce  qu'll 
faut  en  elTet  plus  de  temps  pour  prononcer  une  syl- 
labe aigue  qu'une  grave.  11  y  avoit  done  la  diflerence 
d'un  demi-temps,   entre   une  syllabe  breve  aigue, 
qui  eloit  d'un  temps  et  demi ,  suivant  les  granimai- 
riens  grecs,  et  une  syllabe  longue  ,  qui  avoit  deux 
temps. 

Les  vers  grecs  et  latins  se  formoient  du  melange 
regulier  des  breves  et  des  longues ,  ei  par  consequent 
d^pendoient  entieremeat  du  rhjthme  ,  et  de  la  me- 
^ToiJie  T-\  Gg 


4^6  Litlerature, 

sure  :  au  contraire ,  clans  les  langues  vivantes  ^  a  I'ex- 
ception  de  I'allemand  ,  les  vers,  surtout  les  vers 
sciol/i  J  ou  blaucs  ,  ef  les  sdniccioli  dcs  llaliens  (5)  , 
jRormes  en  parfie  du  melange  des  accens  a'gus  et 
graves,  dependent  plus  particu:!  e  enient  de  I'har- 
monie  ;  ou  plu(6t.  le  rhythini-  de  ces  vers  ne  differe 
pas  de  I'harmonie  J  parce  qu'on  y  Tait  principalement 
attention  aux  accens,  et  qu'on  y  regaide  comme 
longues  les  syllabes  aigiies  ,  et  cnmnie  brev.-s  ct!!es 
tjiii  sent  graves,  vu  que  la  quantile  n'est  pas  si  fixe 
et  si  dt^teiiiiin^e  ,  ne  serf  pas  de  base  a  la  versifi- 
cation francaise  et  italienne  ,  et  ne  »'y  ^'vaiae  pas 
aussi  rigoureusement  que  dans  les  langues  g''e<  q  le 
et  latine,  ou  ,  je  ler^pete,  :  ;f  syllabe  bieve  grave 
r^pond  toujours  a  un  seul  temps,  une  syllibe  breve 
aigue ,  a  un  (emps  et  demi  ,  et  une  syllabe  longue 
a  deux  tenips.  Comparez  le  meme  Burette,  //>//,,  p. 
164  ,  torn.  V,  et  surlout  Jes  pages  22  ,  28  ,  -^4  ,  26 
et  29  de  la  belle  et  int^reisante  dissertation  de  M, 
Francois-Marie  Colle  ,  qui  a  remporte  le  prix  de 
I'Acadi^niie  des  sciences  et  belles-lettres  de  Mantoue, 
en  1774,  et  a  ^te  imprim^e  dans  la  nienie  vilie, 
I'ann^e  sulvante,  sousle  titre  de  Disserlazione sapra 
il  quesi!o  ^  dimonstrai  e  die  cosa  fosse  ^  e  q  lanla  parte 
avesse  la  musicu  iielC  educazione  de  Gicci  ,  e  quul* 
era  laforzadiunasifatla  islituzfone,  equal  v.miagijio 
sperar  si  potesse  ,  se  fosse  introdolla  nel  piano  dcLla 
modetna  educazione ,  in  Manloua  ,  1775  ,  in  8  ° 

Les  Grecs  anciens ,  bien  differrns  des  Grecs  mo- 
dernes  ,  observoJent  tout  a  la  fois  tres-scrupuleu-- 
Venient,  daus  leur  pronoa'clatiou  barutonieuse  el  va<. 


Langite  grecquel  467 

rli?e  ,  les  regies  de  la  quantUe ,  et  celles  de  I'accen-. 
tuatlon  ;  et  c'cst  la  reunion  de  ces  legles  diveises, 
mais  non  pas  oppos^es,  qu'ils  appeloient />7osoc//>, 
(air  sur  Icqiiel  on  chanfe)  et  qui  formoit  la  nielodie 
enchanteresse  de  leuilangue.  C'est  an  contralre  I'ac- 
cent  qui ,  chezles  Grecs  modernes,  fixemal  apropos 
la  quantlfe.  J'cn  ai  6{i  fiappd  a  Paris  ,  et  pendant  un 
sejour  de  plus  de  sept  ans,  a  Venlse  ,  dans  presque 
toute  la  Grece,  et  dans  frente-quatre  iles  de  I'Ar- 
chipel.  Le  savant  M.  Arthur  Brown  ,  qui  a  (u  aussi 
I'occasion  de  converser  avec  dcs  Grecs  a  Dublin  , 
vient  de  faire  la  ni^me  reniarque  dans  ses  Some 
observations  upon  the  greeTis  accents ,  Dublin  ,  1800  , 
in-^°  de  27  page?.  J'en  tire  seulenient  la  couclusioa 
que,  sur  ce  point  ,  les  Grecs  ont  cprrompu  leur  pro- 
nonciation,  de  meme  que  leur  langue  (6).  C'est  ainsi 
qu'ils  se  trompent  ^videmment  ,  en  confondant  le 
son  des  longucs  et  des  breves,  de  Vomega  et  de  I'o- 
micron  ,  et  en  rejetant  quelquefois  Taccent  sur  la 
quatrieme  syllabe  du  commencement  d'un  mot.  Cette 
licence  n'avolt  lieu  chez  lesanciens  Grecs,  que  dans 
la  musique ,  qui  transposoit  les  accens  de  leur  place, 
et  s'^loit  aussi  arrog^  exclusivement  le  droit  d'alon- 
ger  quelquefois  les  voyelles  breves,  et  d'abrcger  les 
longues  ,  et  d'enfreiudre  les  loisde  laprosodie.  Voyez 
Denys  d'Hallcarnasse  ,  De  structuiu  orationis  ^  sect. 
XI ,  pag.  78  et  80  ,  edit.  d'Upton ,  et  la  remarque 
de  Le  Batteux,  pag.  289  et  suivantes  ,  a  la  fin  de  sa 
traduction  ;  Simon  Fortius  ,  p.  17  et  18  de  sa  Giam^ 
maiica  lingua  grcecce.  vulgaris  ,  Purisiis  ,  i638,  iu-8.°  , 
et  p.  XXII,  col.  II    de  la  preface  du  Glossaniim 

Gg  a 


4^8  Lilliralure^» 

medi(E  grcecitatis  de  Ducange ;  le  P.  Thomas  de  PanVy 

p.  33  de  sa  youf^elle  me'thode  pour  apprendre  lesprin- 
cipesdc  lalaiiguegrecque  vulgaire  ^  Paris  1709  ,  111-4.°; 
Jean -Michel  Langlus  ,  p.  5  Philologies  Barbafo- 
grceccE  ^  pars  prior  ^  NoribergcB  ^  1708,  in-4.°  ,  et 
p.  14  ties  Iiistiiulioiies  liiigucB  grceccE  vulgaris  ,  auc~ 
tore  Petro  Mercado  ,  Romcs  1782  ,  111-4.°  Philoslrate, 
De  vitis  sophibtaruin  ,  1.  II  ,  c.  i3,  p.  694  ,  eflit.  d'O- 
learius  ,  reproche  a  I'eloquent  Paiisanias ,  qi.'on  croit 
^tre  I'auteur  de  la  description  de  la  Grece  ,  et  oi 
tous  ses  compatriotes ,  les  Cappadociens ,  d'avoir  pro- 
nonc^  les  longues  comme  les  breves  :  ce  qui  faisoit 
comparer  ce  disciple  d'H^rode  Atticus  aun  cuislnier 
qui  accommodoit  mal  d'exceliens  niets. 

Les  Grecs  modernes  ne  prononcent  qu'une  seule 
des  deux  consonnes  redoubl^es  qui  se  (rouvent  r^p^- 
t^cs  de  suite,  comme  dans  u».oiTia  ;  ce  qui  a  induit 
en  erreur  plusleurs  copistes,  trompes  par  Tceille  (7), 
et  a  fait  croire  a  quelques  ^dileurs,  qu'on  disoit  ^ga- 
lement  blen  «A«r7«,  avec  un  seul  Ikmbda,  et  «»<*r7«(, 
avec  deux. 

Denys  d'Halicarnasse  ,  ibid.  ,  sect.  14  ,  p.  96,  ^dlt. 
d'Upton  ,  d^veloppe  ,  de  la  maniere  la  plus  precise, 
et  la  plus  dlstincte  ,  les  regies,  et  le  m^chanisme 
de  la  prononciation  si  difierente  de  I'H,  de  I'r  et 
de  I'l.  II  observe  que  Th  presse  et  appure  un  peu 
le  son  en  bas  vers  la  raCine  de  lalangue  ,  ne  pousse 
pas  I'aspiration  en  haut  vers  le  palais  ,  comme  I'A ,  et, 
ii'exige  qu'une  Kioyenne  ouverture  de  la  bouchejque 
I'T  fait  resserrer  considerablement  les  leyres,  et  n'a 
qu'un  son  jouid,  ^touffe,  et  retrccij  que  I'iotaestla, 


Langue  grecque.  469 

noins  sonore  de  toutes  les  voyelles,  ne  fait  qu'entr'ouf 
vrir  iin  pen  la  bouche ;  que  le  son  en  est  comme  ^cras^ 
entre  les  dents,  et  que  le  mouvement  des  levres  ne 
contribiie  nullement  a  le  rendre  plus  ^clatant.  Tl 
donne  de  parcilles  remarques  sur  Voinicron  ct  sur 
Vom^ffa  y  ibid.  p.  96  (8). 

Ce  passage  seul ,  ind^pendamment  d'une  foule  d'au- 
tres  preuves  qu'il  seroit  trop  long  de  rapporter  ,  suffit 
pour  d^montrer  I'erreur  des  decs  niodcrnes,  et  de 
leurs  iniitateurs,  qui  ne  font  pas  sentlr  les  nuances 
si  niarquets  de  I'OI  ,EI,H,T,  l,et  prononcent 
de  m<?me  V/iT-a  ,  intra,  <'■«' ,  ceqiiali ,  tis-u  ,  feram  , 
vo-ei)  ,  -pluam  ,  ti7u  ,  eras  ,  y,fiui  et  lf<.u;  ,  nos  et  vos  ) 
vt^  ,  qua,  wot ,  quo  ,  etc.  ,  etc  Voyez  Winterton  au 
commencement  de  ses  Obsenationes  el  lectiones  in 
"Hesiodi  operum  et  dicriim  L.  I  ,  a  la  fin  des  PoeKZ 
viinorcs  Grcuci  ,  Caniabrigice  ^  1684,  in-S.".  C'est  ce 
qui  avoit  engage  le  savant  editeur  d'Ath(?nagoras  , 
et  de  Minucius  Felix,  M.  Jean  Gotllob  Lindner, 
a  comparer  la  prononciation  des  Grecs  modernes  , 
au  gloiisseuient  despetits  poulets  nouvellement  ^clos, 
pippientes  pulli  galliiiacei  fieri  aitt  niidius  tertius  de- 
mum  ofis  exclusi ,  p.  i  de  sa  Prohisio  de  verdvoca- 
Jiuin  GrccccB  llnguce  pronuncialione  ,  Arnstadii,  1772, 
in-4.°.  Isaac  Vosslus  avoit  deja  dit  avcc  tropdesev^- 
rit^,  p.  97  de  ses  notes  sur  la  quatorzleme  section 
du  m^me  traits  de  Denys  d'Halicarnasse  ,  Ed.  d'Up- 
ton  :  ••  Quam  lero  aures  ojfendat  cxilior  voce  ilia 
"  quam  efficit  iota  vocalis  ,  si  trebrd  nimis  ilerelur 
*  satis  declarant  hodierni  Graci ^  qui  perpetuo  iota- 

Cg  3 


470  Lillerature, 

•t  cismo  reliqiicrs  ita  fere  ohtundunt  vocales  ,  ut  eos 
»  niN  NITJE  poliits  qnam  LoQUT  cxisthiies.  «W  n'en 
est  pas  de  m^aie  de  leur  prononciation  du  0  et  du 
X,   qui  est  la  seule  vrale  et  indubitable. 

Denys  d'Hallcarnasse  remarque  ,  ibid.  ,  sect.  VI, 
p.  56  ,  qu'on  dit  q'lelquefois  Xixiinla^  ,  au  lieu  de 
tM^AriTc^  ,  uiiiqiienient  pour  vaiier  les  formes  :  c'est 
line  nouVelle  preuve  que  la  signification  Aupaulb-post 
futiir,  fi  nial  a  prcfins  imagiin?  par  les  grammairiens, 
est  la  uieme  que  celie  da  %\va<^\v  futur  ^  sans  aucune 
difTc'rence  (9). 

Jd  finii  en  objcrvant,  que  les  musiciens  Latins, 
de  nioo.e  qje  \c6  Gvcc?,  ne  se  faisoient  pasunscru- 
pule'df  violer  !cs  regies  dc  la  qiiantite.  S.  Augustin 
le  rciriarq!!e  dans  son  traits  si  peu  connn,  et  si  peu 
lu  ,  T}e  miisjcd ,  1.  2,  c.  i  et  2  ,  p.  389  et  suivantes, 
f.  I  ,  edit.  AiitJfrp.  _,  i-joo.  On  troiive  dans  ce  savant 
ouvr.Tgc  dcs"  ciioies  qu'uu  cheichcrolt  inutilemcnt 
aiileuis.  Voic!  par  e^cniple  un  niot  grcc  qui  manque 
dans  tous  nos  Lexiqucs  aiicicns  et  niodcrnes,  et  que 
ce  ptre  dc  I'eglise  nous  a  conserve  ,  ibid.  ,  1.  6,  c,  i3, 
p.  3g4  ,  t.  I  :  "  Quid.im  vidcnlur  aware  dcf'^rmia , 
«■  qiiQs  viilgb  Gneci  a:i7T^o<plx-is  vocdiii.  »  Xa.irp'os  veut 
dire  vieuv  (10)  _,  el  laid ,  et  2AnPo'<I'IA02  ,  qui  aime 
lu  Liidcur ,  qui  ainie  ccqui  til  laid.  Plirynii  bus  p.  166, 
<?d.  Pavw  :  Xun^an  ci  TuXt^oi  uvr)  t»  aia-xpav  ,  c'esl-a-dirc  , 
le  peuple  prcnd  le  mot  dc  5-j;~i«i'  dans  le  sens  de  laiJe. 
C'eioit  done  line  expression  vulgaire,  commc  cclle  de 
SAnro'ciAOS  quicnd(?!ivc.  Comparer  les  notes  surcet 
article  de  Pbrynichus  ,  dont  les  interpretes  n'ont  pas 


Langue  grecque.  47* 

connu'ce  passage  deS.  Augustln.  Aii^fa^  dans  Phry- 
nichus  ,  r^pond  au  mot  latin  tt/rpis  ^  c'est- a-dire  , 
laide.   Martial ,  1.  YIII ,  epigr.  79  : 

Omnes  aiit  vctiilas  luihes  fuellas  , 
Aut  TvnPES  ^  iietulisque  fosdiores. 

Phedre  ,  1.  Ill ,  fable  8  ,  a  dit  de  nieme  ,///« tur- 
■pissima;  et  Ovide,  De  arte  amandi  ,  1.  3  ,  V.  255, 
fulchrce  turpescjue  pueflic. 

NOTES. 

(i)  Aristophane  le  graramairien  ,  de  IVcole  d*A- 
lexandiie,  diiicii  Ic  ('e  Caiiimaqne  et  de  Zenodote 
d'Ephtse,  et  ir.aitre  du  c^lebre  Arisfarque  ,  (?toit  de 
Bysance,  et  florissolt  dans  la  14S'  Olynipiade. 

(2)  Cic^ron  ,  cit(^  parRufin,  grammairien  d'An- 
iioche,el  auteiir  du  traile  De  metiis  coinicisy\i.  2721 
des  Grniiiiiulute  lutmce  uiulores  oiidijui ,  Hanoi  ice  , 
l6o5,  in-4.",  reniarquoit  dans  son  ouvrage  siir  /</  re- 
"piiblnjiic ,  si  heurensenicnt  lestitu^  par  le  savant  Ber- 
NARDY,  Paiis  179'),  in-S.",  que  les  orafeurs  asiati- 
qiies  icrminoient  ordinairenie.t  leurs  p^riodes  par  im 
ditrochee  ^  tel  que  ,  cnmprobare ,  cantilena  ;  et  que 
ceux  de  Lycie  el  de  Carie  ciaantoient  presque  la  pero- 
raison  de  leur  discours  ,  au  lieu  de  la  declamer. 
Voyez  Quinlilien,  1.  XL,  c.  3,  ^d't.  Gesner.  Plus 
on  approciie  du  soleil  ,  plus  la  prononciation  res- 
senible  au  cliant.  Les  hici  liens,  dans  la  conversation, 
chantent  plus  que  les  Napolitains,  et  ceux-ci  pLis 
que  les  Romains.  Compare  z  I'accent  des  Provencr.nx 
et  des  Languedociens  ,  avec  celui  des  Bas-Normands. 

Deux  latinistcs  modernes  ont  donn^  des  ouvrages 
pr^cieux  sur  le  rhythnie  et  sur  le  nonibre  oratoire 
ties  anciens Romains ,  dont  Cic(?ron  pack  in  Oratore  y 


47^  Lilleralure'. 

c.  56  et  suivans.  Le  prernier.  de  ces  deux  fraites  est 
fort  inre'iseiir  ,  et  intitule  Jacob i  Ludovki  Streba,i , 
Jtenierii.s  ,  de  elect ione  ,  cl  cnlloccUione  vcrbonim  , 
lihri  duo;  et  le  second,  Jovitce  Rapicii ,  Bvixlani , 
de  numcTo  oratorio  lihri  qiiiiiqiie.  On  les  (roiive  tons 
deiix  reunis  dans  rediiinn  de  Cologne,  i582,  in-12. 
Le  Maj;1ii-.btrchi  de  nos  jours,  men  ami  M.  I'ahb^ 
Morelh  ,  m'a  fait  present  a  Venise,  d'lin  exemplaire 
de  ce  livie  qui  avoil  appartenn  au  c^lebre  nuisicien 
Josepli  Zarlino  ,  de  Cliloggia,  comme  !e  prouve  une 
note  de  sa  njain  ,  ecrife  au  bas  du  litre. 

(3)  Oans  les  onvrages  des  musiciens  grecs  ,  tels 
qu'Arisioxerie  ,  Alypius  ,  Ptolemde ,  etc.  ,  <njK£(ii7<xi 
Ci  •7sci(^a.Ty<Kai]ty.-i  sotit  ars  notis  descrihcudcz  ciintileriCE.  ; 
comme  1  obs  1  ve  \V  i'!ii  in  ^pp  iidice  dc  son  (;dilioa 
des  Claudii  Piolemcei  Harmonica j  Oxonii ,  1682, 
10-4.°. 

(4I  Je  rrc-s  rrndre  Mn  service  signals  an\  peres 
et  incrrs,  et  rcqu-f^iir  des  droits  a  lenr  etcrnfl'e  re- 
conro:ssance  ,  vr,  indlqnant  Tadresi^e  importante  de 
ceb't'iifaicteur  de  K:  Jennessr.  La  niaison  d'(?diicalion 
de  Je<:n-Ba[j[i»le  JaUFFRUt,  me'j.bre  de  ]s.Societe 
des  Oijsenatciir.i  d<;  L^Iiomme ,  e(  Trere  de  I'anteur  du 
Coiurier  des  enf.ius^eHs'xluee  rue  du  Faubourg  Saint- 
Jacq':es,  n.°  109,  et  reunit  tout  ce  qu'on  peut  desirer 
pour  i'ornicr  le  coeur  et  i'csprit  des  t'levesqui  out  le 
bonhe.>r  d'etre  confies  aux  suins  de  co  maiue  si  re- 
couiuianclable. 

(5)  Dans  les  v^ers  sdniccioli  I'accent  du  dernier 
mot  est  loujonrs  plar^  sur  I'snff^penulticme  de  la  (in  ; 
et  ce  dernier  mot,  qui  a  cet  accent  sur  ran(e[)(^nu1- 
ticme  ,  r^pond  ainsl  au  dactyle  grrc  ct  latin.  C'est 
a  tort  que  Varclii  attribue  a  Sanuazar  I'invention  de 
ces  vers  sdniccioli.  Voycz  Muratorl  ,  dissert.  40, 
p.  280  ,  t.  II  ,  parte  11  de  ses  Dissertazioni  sopra  le 
anlichitd  Italiaue  ^  in  Roma^  17^5,  in-8.°. 

(6)  L'ing^nieux  M.  Codrika,  Atheaien  ,  secretaire- 


Langue  grecque.  47^ 

drof^nmn  cle  I'ambassafleiir  de  la  Porte  0<foniane  a 
Paris,  fait  connoitre  I'ctat  present  cle  la  litK-ratme 
cliez  les  Grec:?,  dans  saciirieuse  ci.  inleiessante  pie- 
face  de  sa  Iraduclion  rn  grcc  moderne  des  E/j/re- 
tiens  sur  la.  P'jtralite  des  hlondes  de  FoNTENELI.E, 
avec  des  notes  dii  tradnctenr  :  'Of.ixim  Trtfi  tiM^vos 
xc(r/itay1S  y.vfiis  *o^7£v'£A ,  Vienne  ^  ^794  1  in-8.°.  H  s'e- 
tend  fort  an  long  sur  la  corruption  ,  siir  les  delauts 
et  siir  la  pauvre!^  de  sa  langue,  et  assure,  p.  19 
de  sa  pr^^face,  cj.ie  cet  idiome  corrompa  renftrme 
a  peine  assez  d'e^pressions  pour  rendre  les  id^es  les 
plus  commnnes  et  les  plus  familieres  ,  tt  qu'encore 
il  est  oblige  d'en  emprnnler  la  pins  grande  partie 
chez  les  <^l  rangers  ,  sans  savoir  se  les  appropiier  ef 
les  naturalise!.  M.  Codrika  appclle  ,  ibidem  ^Ji.  i6, 
le  grpc  vnlg:.iie  ,  un  avorton  barljurc  ^Jniit  de  I'unioii 
de  I'umic'ii  grcc  et  de  Li  langue  luiine  ,  et  f  ncO'  e  alt ^- 
r^  depr.is  parl'allianre  du  diiileite  v^niiien,7o  ^''t^Z^at 
ticj i>(i<iiitx  ^  Tw  f4i^o/3tifCxpot  >.'.y<ifiivy,v  ^iLXitClcn.  C'ebt  ,a]OUte- 
t-il,  ibidvm ,  p,  18  et  19  ,  j/n  melunge  inonstritruvo,  unc 
Joule  d'ed'pressions  el  de  Icuriiures  etrangcres.  Nous 
igiwo'is  pcur  III  ptiipciit ,  si  lea  Grecs  aiiciens  cu'Oie/it 
des  e'quit-idens  dans  l&iir  langue  ;  et  quand  ineine  nous 
IrouK  trionsd<.-stcrinescorrespondans,nonsnepourrions 
pas  les  enip'oycr ,  parce  que  le  pliib grand  nombre des 
Grecs  ne  nous  entendroil  pas  ;  el  tons  r.eroient  clioques 
de  la  nnuvraute  de  i  csea-jiressions insol/les  :  ro  ts^xiZ^is 
ix.'.ivo  Knafcec  ,  i7vy.f4iyrcv ,  a>s  Kumat  ,  v.-ao  ctc:(po^^s  >c^  7;eXvar(y.\ss 
/£?£(?,  Con-mcnt  done  [)ourra-f-on  croire  que  !ps  Grecs 
moderncs  ont  conserve  lancienne  prononcialion  dans 
loute  f=a  pnret^  ,  et  qu'elie  consiste  ii  prendre  I'ac- 
centuatlon  pour  senle  et  unique  regie,  sans  songer 
a  la  qtiantite  des  syl'abes  ? 

I.e  docte  M.  Spalding  a  blen  raison  de  dire  ,  p,  lo 
•  de  la  preface  de  son  edition  de  Dernoslbenis  ora'.io 
in  Midiam ,  Berolini  ,  1794,  in-8.°  :  >•  Ea  gramraa- 
•■  ticse  pars  i\\.\^  ad  pccenfus  ptTiinet,  negiigi  r.e- 
«  quaquam  debet,  lanieHi  prcnuncumdi  legem  fa- 
<•  cere  accenlus  perniciosibiimuin  fucrit.  AJiena  er.im 
"  sunt,  ne  quid  gravius  dicam ,  cjuoe  disputautur  a 


474  Lifterature, 

«  mipero  f^rammadcre  giaecae  auctore ,  (  Griecliischo 
"  sprachlfiire  vou  Itluie ,  Hanib.  1791 ,  p.  l5,)bar- 
«  bariem  exprobran(e,  si  qiiis  tirones  cogal  qiian- 
"  tilalis  ,  eiiain  in  omtoribus  et  historicis  legendis, 
m  rulionem  habere.  »  Les  Anci(  ns  troiivoient  le  moyen 
de  concilier  dans  leur  pronoiiciation  les  regies  de 
I'accentuation  avec  celles  de  la  quanlite.  Je  conviens 
que  nous  avons  perdu  ce  secret,  et  qu'il  ^toit  diffi- 
cile :  mais  aiissi  jc  repotidrai  qu'il  ne  nous  est  pas 
aisd  de  pronoucer  le  chinois,  et  d'apprendre  a  bien 
chanter.  M.  Spalding  continue  ainsl ,  pag.  11:"  Ipsi 
"  accentuiim  rcclie  ralioni  solet  officere  hie  qui  eliam  in 

•  doclis  rcpcrilur,  qiianlilatis grcEcce  uegleclus.  Cujiis- 
«  modi  aliquol  vitia  etiain  in  nostra. cralione  ah  edi- 
«  toribus  admi.'-sa  ,  lacilus  sustuli ,  lit  uTrdlia-cij  ^  iiijini- 
«•  tli  Uin  ,  pro  a.-R  olia-^  ,  ■z.u^^ovcIjI  ,  pro  ■ZTd^^iJVa/ly  etc. ,  etc, 
Jean  Walli^  avolt    deja  dit  dans  Ja  preface  de  son 

edition  dej  CLntclii  PtolenicpiHariuoincontm  libritres  , 
Oxonii  ,  1682,  in-4.°.  »  Vox  KPINAI  ^  quce  aliqito- 
■  lich  uccurnl ,  cndivum  alii  scribere  solent  xpi'vrtf,  alii 
tc  xpoeff  (  avec-  I'accenl.  ciitonflexe  ')  Ego  posterius 
"  relineo^  quuJ  hi-y  h  brum  pio  vocali  liJiigJ  ;  qiiippe 
••  horum  aoriaiorutu  ptiuui.inas  long.is  esse  docetit 
"  grunimalrr'i y  etiuin  iiiin  pcriii'iima  fiifini bre^is  est, 
-  lit  (pwa  ,  ^u,vai  ,  'i(pyjv.''..  Coi  tra  verb  ^hkmuvki  rclineo  y 
««  iibi  cod  turn  alii  ^itx.vZvof.1  hobcnt ,  quia  sic  scribi  video 
«  injiniiiws  verboruui  in  Ml  •>  Voyfz  !;•  qranimairiett 
grec  donne  par  M.  Hermann  ,  p.  482  de  la  premiere 
partie  de  son  \.x&\\.^ de  etneiidandd  1  alione gi cFi.a grani- 
maticcE ,  Lipsite ,  180T  ,  in-8.°. Le  nieme  crilique  dit, 
p.  80,  L.  1.  c'liap.  XXII  de  son  ingenieux  liaite  De 
vietris  pas/arum  gicecanim  et  romanciuin  ,  Lipsia , 
1796,  in-B."  :  "  }fon  est  exitimundum  ,  vertz  sylla- 
«  bar  inn  mensurcE,  tain  p.irum  in  ccminuni  sermone 

•  rationem  habitamfuisse ,  itt  ea  prorsits  negligeretur, 
"  Immo  ilLi  evprinii  omnino  debuit  ,  ne  inlolerabdis 
"  plane proniiiiciittio'/i.'-  durities  alque aspertlas existe- 
"  ret ,  qua  nunc  qui  grceca  ad  solos  nccenlus  legunt , 
»   suavissiniurn  linguuni   contaminant.   Sed  accent ui 

•  tumea  sua   vis  munebat.  Itaque  quoties  aliquis  a 


Langue  grecfjue.  476 

«•  sjlldbarum  viensuni  profecliis  iclus  evm  qui  ob  ac- 
«  ceiitu  ii.iscitur  mil  aniccederct  ,  aut  scijuiretur ^ 
"  uterque  exprimcbatiir ,  sed  is  qui  prior  esset ,  Vflie- 
"  ineiilius.  Sic^  verhicaiiSii ,  neqiie  e  sjUabniiim  mcn~ 
»  surd  UTse^.f^t  ,  auriKU ,  sed  vtroqiie  iclu  <  nnjunclo  , 
"  tinatct  ,  uuTiKd  proiuinclabdlur ^  ita  quidem  ut  prior 
"  iclus  paiilo  fort iits  uudirtiir,  Endeni  tv.odo  itos  di- 
<•  c/n.us  iinschulclig,  langsanier ;  et  Rom  itti qutpdinn, 
"  ut  e\intle  ;  c'c  quo  voculm  'o  Servius  od /Eiicid.  1.  Vl^ 
"  V.  7^3  :  ExiNDE  una  pars  oradonis  csf ,  etiiiteitia 
"  a  fine  ftcceiilnni  habel ,  licet  peivjltima  longa  sit: 
«•  qnoj  icieo  faclnni  est  ,  \A  ostendeteiur  una  pars 
«•  esse  oialionis  ,  ne  piiejiosiii  jungeretur  adv  ibio  , 
«  quod  viliosnm  esre  uon  di  biuni  e>-t.  >•  Coippaiez 
anssi  Ics  obsei  vaiinns  de  ce  giand  ciitique  ,  1.  i  ,  c  i3, 
p.  6o  et  suivantes  ,  De  eiiu'iidondd  ratione  giCFCce 
gramma licce  ^  purs  prima  ^  LIpsiae  ,  1801,  in  -  8.° 
JI  exprliue  a'nsi  son  a\ersion  pour  !a  piononcia'ion 
des  Grecs  iDodernes  dans  ce  deinier  oiivrage,  !•  i» 
c.  12,  p.  5  :  <•  llioruni  senfemla  qui  cum  liodier- 
«  na  grircae  linguae  pioniincialione  \rferem  couspi- 
«  lasse  putant  ,  iiieriio  ita  jam  a  viii.;  doclis  con- 
«  leinpta  est ,  wx ,  si  q'lls  bodieeam  defendcre  audcat, 
"  ridcndi.iii  !-e  ac  despiciendiim  pr.-jebere  \idprelur.  » 
]\Jais  uii  tics-grand  n()nd)re  de  monuniens  dela  Gicce 
nous  pronveque,  si  la  prononciation  \  icicuse  dt  sGrecs 
modcrnes  li'e.-it  pas  I'an.'ique,  (lie  est  dii  ireln»  beau- 
coup  plus  an(  ifiine  qu'on  ne  le  pense  coainnui^ii  ent. 
Les  nuances  fir.es,  les  niodificitions  delicales  de  la 
vraie  prononciation  nous  ^cbnpjirnt  ,  comiue  aux 
Grecs  nodernes  ,  ef  sent  effiict'cs  depuis  tres-Iong- 
tenips,  Les  Grecs  anciens  ontpicinonce  diin're ninient 
a  diifc^renies  ^poques.  II  en  est  de  m^me  des  Francois, 
couinie  le  dcoionire  Henri  F.lienue,  c.  28,  \>.  29 
et  suiv.  t.  II  de  son  Apoiogie  jiour  JJcrodo/e  ,  e'dition 
de  Le  Dut/iat,  la  Haye,  17.35  ,  in-8.",  II  s'eleve  sur- 
tout  ,  p.  29  ,  contra  I'usage  qui  coniiiiencoit  alors  a 
s'introdiiire ,  ef  qui  a  ensuife  prevaiu,  de  prononcer 
Jiaiicois^  comme  si  on  ecrIvoity/Y///ce.'?.  Nous  disons 
'  encore  en  parlanl  des  peuples  plus   eloig'.ies ,  dont 


'^yS  Litteratiire' 

nous  avons  molns  souvent  occasion  de  parler,  le* 

suedois  ,  les  clai:ois  ^  Ics  c/iiiiois  ,  ft  nous  prononcons 
ail  contraire  \e3  fiances  ^  les  ungles  ,  Ics  hnl'andes  , 
lespoi/nje's  ,  etc.  Voici  les  parole;^  dont  se  sert  Henri 
Etienne,  I'lin  des  premiers  qui  se  soient  occupes  de 
la  Grammaire  francoise:  ■•  On  a  veu  nnc  secle  de 
"  certains  contiefaiseurs  de  petite  bouche  ,  qui  fai- 
"  sans  conscience  de  d\re  francois '^  anglais,  di- 
«  soyent fiances,  angles.  Et  encore  pour  le  joiud'Iiuy 
«  se  trouvent  des  courtisans  qui  aiTecfent  ceste  pro- 
«  nonciation  ,  s'accomraodiins  en  cela  a  quf1{]ues  mi- 
•  gnardes,  et  non  a  la  raison.  Car  il  est  certain  que 
«  ceci  est  venupreniierement  des  femmes  qui  avoyent 
«'  peur  d'ouvrir  trop  la  houclie  en  disant  /r<^c//co/s  et 
"  oKglois.  Comment  qu'il  en  soit  ,  je  ne  pense  point 
«  que  ni  elles,  ni  les  homnies  qui  les  ensuivent ,  puis- 
«  sent  rendre  aacune  raison  de  cette  prononciation, 
«  non  plus  que  la  damoiselle  savoysicnne  eust  peu 
«  rendre  raison  de  son  chanter  magiiifiqitet ,  qu'elle 
"  difoit  pour  c\\s.nUt  magnificat .  pensant  dviter  le 
«  vice  de  son  language  nature!,  qui  est  de  lucttreAau 
«•  lieu  du  E.Etne  peu  vent  ces  uiignards  etmijrnardes» 
«  all(?gucr  pour  defense  la  langue  itaiienne  ,  en  tant 
"  qu'elle  dit //■iv/zc^'ic,  et//fi/?cri/,  sinonqu'ilsveuillent 
«•  falre  ce  tort  a  leur  nation  ,  de  dire  qu'elle  ait  appris 
"  son  nom  des  Italicns."  Le  meaiel-lenri  Etienne  dans 
sa  Rcnionslraiice  atix  aitlres  courl i.s^rns  ^  amateurs  dw 
y^rancois  Italianize' ,  a  la  teSe  fie  sas  deux  dialogues  dit 
nout-eau  langageftancois  ilalianize.  Paris,  i SySj  in-8" ; 

lEt  de  la  vient,  6  courtisans  , 

Que  ce  mot  FRANCOIS  desguisans 

Par  tressotte  tnignarderie  , 

Aimez  mieux  que  FRANCES  on  die  I 

Pourceqiie  ce  serolt  pecker , 

La  Louche  sucree  fasclier 

De  niadame^  ou  madamoiseUe  f 

Et  fout  s'accommoder  h  elle. 

Si  tant  vous  aimez  le  son  doux  , 

Kestei  vous  pas  bien  de  grands  fous , 


Langue  grecque,  477' 

t)e  dire  CHOctE  ,  au  lieu  de  chose  , 

De  dire  rocsE  ,  au  lieu  de  pose  , 

Et  pour  TBois  Mois ,  dire  xaoAs  moas  ? 

Qiiant  a  ce  dernier  article,  void  les  expressions 
du  iTieme  Henri  Etienne,  p.  48  de  se^  Hjpomneses  de 
gallud  lingiici  ,  peregrinis  cum  dlscentibiis  necessaries , 
qiiepd.iin  verb  I'psis  elLim  Gallis  inuUumprofuturcc,  au- 
tore  Hctir.  Slepfumo  ,  qui et gallicanipcilris siii  gram- 
matic'ii  adjunxit ,  Paris  ,  i582  ,  in-B."  :  ■•  Ad  ilia  quod 
"  attinet  mois ^  f^^'^  t  trois  ^  pots  ^  monendus  es 
"  de  quadam  ineptlsslma  eoruni,  allorumque  hujus- 
"  modi,  pronunciatlone,  quasi  nimirum  Uteris  Oet 
"  A  in  diphllionguni  coeunlibussciiptum  esset,  77zort5, 
»  foas,  troas,  poas  ;  itaenhu  non  pauci  errorem  vulgi 
•1  (Parisini  praesertim  )  sequentes  pronunclant.  -  An 
contraire,  maintenant  Jepeuple  de  Paris  prononce  le 
mot  de  Joi  comme  celui  de  fouet.  II  pretend  ibidem  , 
p.  47  ,  que  fict  et  lo) ,  en  dorique ,  pour  iro) ,  doivent  se 
prononcer  comme  les  mots  Francois  moi  et  toi ,  qui 
ont  la  meme  signification.  Unepreuveplus  r^cente  du 
changement  de  la  prononciation  francoise  ,  c'est  que 
plusieurs  mots  qui  rimoient  fort  blen  ensemble  dans 
les  meilleurs  poetes  du  siecle  de  Louis  XIV,  n'ont 
plus  aujourd'hui  la  meme  consonnance.  La  pronon- 
ciation de  la  langue  grecque  ,  qui  a  ^te  parl^e  dans 
une  si  grande  etendue  de  diveis  pays  donl  le  dialecte 
^(oit  difl't'ient,et  pendant  un  si  long  espace  de  temps, 
a  da  subir  les  memes  variations,  selon  Its  sieclcs  et 
les  lieux;  et  c'est  une  remarque  a  laquelle  on  n'a 
pas  fait  assez  d'attention  ,  quand  on  a  dcfendu  la 
prononciation  de  runiversitt-  de  Pails,  ou  celle  des 
Grecs  moderncs,  avec  tant  d'acliarneracnt  et  d'into- 
lerance,  comme  si  le  saiut  dcs  muses  grecques  ea 
d^pendoit. 

(7)  Un  isculpteur  avoit  grave  de  meme  ,  sur  uti 
marbre  ,  kaaots  au  lieu  de  KAAAOTS,  dans  ce  vers 
d'une  inscMption  sepulcrale: 

AEIi-ANON  or  KAAOYS  OT  SO'I'IHS  nEAETAI. 


478 


Litlerature. 


Le  savant  Brunck,  qui  a  redonnd  cefte  inscription, 
t.  IH,  p.,3o7,  n."  DCCXVJII  de  %^%AnaUcia,  sub- 
slhue  EIAOTfS  a  KAAOY2  ,  et  insere  dans  son  texte 
cette  collection  ,  sans  avertir  le  lecteur  dans  ses 
cotes: 

Mais  M.  Visconti,  n,  G,  p.  8i  de  ses  Iscrizioni 
Greclie  Triopee  ^  in  Bomu  ^  ^794  7  (  ^t  d'apies  liil, 
]V1.  Floriilo  ,  p.  118  de  ses  Herodis  Anici  qu(B  siiper^ 
swU  ,  i.jpsitr ,  18'Ji,  in-S."  )  retablit  ainsi  la  vrale 
lecon  de  la  manlerela  plus  heureuse  ,  ea  redoubiant 
le  tiimbdu  : 

La  pronnnclation  seule  ^to\t  la  cause  de  cette  faufe, 
ainsi  que  de  brancoup  d'autres.  Valckt-naer,  p.  277, 
c.  XV,  de  sa.  Dnilrilie  in  Etiripidis  relicjuias,  Liigd.- 
Batav.  ijdjt  observe  qii'uneile»  (rois sources  les  plus 
communes  des  eneura  des  oopisfes,  qui  en  ont  tant 
comnii ses,  c'esl  de  n'a voir  (^crit  qu'une seule  des  lettres 
redoubl^es  qu'il  fdlloif  meJIre  deux  fois  de  suite 
I'une  apics  I'autie.  M.  HiiUemann,  p.  28  de  sa  Corn- 
mc/i/criin  Etirip/dea ^  sen  Prolegomena ^  a  la  teie  de 
son  edition  de  la  Irag^die  d'lon  d'Euripide  ,  Leip- 
sic,  1801,  in-S.",  dit  que  cette  omigsion  est  tres- 
comniuue  dans  les  ediiions  d'Alde  t^t  de  Basle,  de 
ce  tiagiqup.  Feu  M.  Bernard,  savant  ni^decln  et 
critiqje  ,  p.  10  de  la  preface  de  son  excellente  edition 
de  Theoph'.inis  Nonni  Epil  ouie  de  curat  ion  l'  inorbonim  , 
grceie  cic  Litine ^  Golliae,  1794  ,  in-S.",  cite  plusieurs 
exemples  de  I'usage  des  coi)iste^  ,  qui  liletas  gemi- 
nare  uegiguni,  Cet  homme  si  habile  nVu  auroit 
pas  ^i^  suipiis,  s'il  avoii  coiinu  la  [irononciation  des 
grccs  niodcrnes ;  et ,  s'il  avoit  su  leur  langue,  il  n'au- 
roit  pas  fait  celte  note  ,  p. 44  de  son  edition  de  Psellus 
de  Liriduin  v.rlut:bui ,  grace  ac  laiini"\,  Liigduni- 
Batavorum  ,  1745,  iii-8.°  ,  sur  res  mots  d'un  auteur 
anonynie  qui  iraite  de  la  coulcur  du  sang  ,  ft'  ^\ 
■uroiHS-u  ixafdy    r\sliifltv  vyfoy,   us   npy  j  k.  r.  A,  <i   Vidcnnt 


Langue  grecque.  479 

•  me  doctinres  quomodo  h(Pc  vox  nfei ,  liaxid  diibi^ 
"  corrujita  ,  rec/e  emeiuLiri  queal  '.  conjccturus  mihi 
M  siihiiutas  J  cunt  I'p.^e  ens  noii  salis  pri  bent  ^  malo 
«  reticere  »  Ntpov  en  grec  vulgalre  signifie  Veau;  il 
s'agit  done  du  sang  aqueiix. 

(8)  A  Naples  ,  dans  la  biblloth^qne  de  Sainf-Jeaa 
deCarhonaiH,  on  trouve  im  raanjscrit  de  colon, 
du  treizifme  si^cle,  rjni  lenfermc  L)cophron  ,  d'au- 
tres  opusiiiles  ,  et  un  scholiaste  in^dit  siir  la  Tix^i) 
r/^f^f^ctUm  de  Denys  de  Tin  ace,  donf  I'infortun^ 
Baffi  lu'avoit  fait  passer  a  Vinise  ,  en  1781,  quel- 
ques  extracts,  avec  un  Lexique  giec  t^g^alement  in^dit, 
et  peu  in»port.uit  ,  le  sen!  manuscrit  grec  qu'il  eut 
troiive  dans  son  voyage  eo  Calahre,  avant  !e  tremble- 
ment  de  leirede  178!^,  si  fatal  a  cette  belle  contr^e. 
Ce  scliolias(e  confiime  le  sentiment  de  Denys 
d'Halicainasse  ,  et  s'txprime  en  ces  terraes  :  ftutcfu 
yi'.yClcfjflo  H  y^'^ic  €1  ,  as  naptc  reis  •ara^aiois  h  eiTS^Xanovi xj^'f 
»Sw  fipet^i&iv  iK(pmoif/,ivci.  6(1  ^i  TO  H  /ttev  iK(pm5yl»  ,  fi>ixiy(tt 
lu  p'ftAr  ,  a;  cTti  7»!»  ^<v«  ,  J^  Vov  -zraiyojKis*  a  to  }(c^  \yofioitTJi 
f/.UKfo,  eittci  ,  af  fiyiKuvofialiiiv  'i7ci(f)anta,y  raiv  <pa»jli>ioiy  opyavav, 
Au  contraire  Hetmogene  dit  de  Viota  ,  De  formis 
vriUnins^  1.  1  ,  c.  6,  p.  284,  edit,  de  Geneve,  1614, 
in-S.'l^oI  K'i'f^K  (TJ^viiv  ■z3-o;«7«»  Ae^iv  srAsava's-a>*  <rv?'i>l.lt  yua 
ftec^iKOV  ,  t(^  iriJ^civccf  aroio,  Stoyx-ol  a\  idufiaslo  a-lif.x.  Aussi 
Q.intilien  (  1.  IX  ,  c.  4  ,  p.  462  ,  ^dit.  Gesner )  dit- 
il  que  le  son  de  I'e  est  plein  ,  et  celiii  del'l  (?(roit, 
resseir^  :  E  plenior  li/rra  at  j  I  aiigustior.  Que  pen- 
ser  dune  de  la  prononciation  dcs  Grecs  modernes  ,  qui 
ne  lont  entendre  que  ie  son.de  Viola  ^  ipios  exililas 
snni  di'lectare  ctrpil  ^  pour  rue  servir  de  I'exprcssiou 
de  Veliijs  I.ongiis/^e  oit/iogmphid  (p.  .2216  desGrcm- 
ii>^iticc?hit.iia:  aiiiores  anliqtii  ^HaiunUi:  ^  i6o5  ,  in-4.'') 
el  qui  dontunt  line  nionot  nic  Ins  ippoi  (able  a  lalan- 
gire  i\nr.{  rhainionie  c'loit  la  plus  vari^e  ?  C'est  ce 
qui  fait  diie  a  Mekerch  ,  "'  dan.  sou  Irall^  Vc  veleri  et 
l\'ci:i  proiiu/icu.t  one  I ini^uce graces  ,  c.  4  ,  p.  17  et  18, 
de  la  .\^  llogc  scrrp/oriun  qui  de  lirguce  grce(<z  vcni 
let  recta  pronu/iciatione    conwienturius  rcliqueriinl  , 


480 


Liileralure, 


Lujduni-Balai'onnn  ,  1786,  in-S."  :  «  Nunc  Verb  In. 
••  Uh'iis  soninn  multCE  vocaliiun  et  diphihongnrwn 
"  Vi^rietales  intraduntur :  ita  ut  muLtititdine  scripiurcB 
«  coii.fuiidulur  soiius  ,  repetllione  soni  ohtundiiiur 
«  lingua;  nee  auris ,  nee  mens,  vocaliuin  significalio- 
"  nein  printd  f rente  possit  adsequi.  J'al  remarqu^ 
dans  les  colleges  grecs  de  Patuios,  du  mont  Athos, 
de  Constr.nliuople,  deSmyinc,  de  Mycono,  etc.  que, 
graces  a  la  piononciation  moderne  qui  confond  toutes 
les  voyelico  ,  I'^tude  si  difficile  de  I'orthograplie  ab- 
sorbe  la  plus  giande  partie  du  temps  destine  a  I'etude 
du  grec  litteiai.  Voyez  la  rg^.,«^4«7<x>) 'E^>jv<«»^4)(ti«V«i« , 
^(S*iX^^oiliss  X'-'-vovdi  lis  'y^fiu.c^ix.i;  ^  y^  lit  ophy^^:as  , 
'Joo-a-i   lijg   'E>l,riViy^s   'cirn    njf^  li;    ccT^Xifs   ^luX'iKJiS  ,    donnee 

en  giec  vulgaiie  a  V^roiie,  en  1782  ,  in-8.°,  par  le 
savant  et  verdieux  P.  Benoit  Credo  ,  Jesuite  ,  qui 
ni'avoit  fait  present  de  son  ojvrage  a  Scio  ,  et  niourut 
depuis  a  Susyrne,  de  la  peste  qu'il  avoit  gagn^e  en 
.assistant  les  nialades.  Adolphe  Mekerch  continue 
ainsi  p.  18:  »  Tunla  eat  cnim  sonoium  inter  sese  in 
,»  Uteris,  dijdithongis  y  syllabis  et  dLctionibiis  diversa 
"  significant il)iis  ,  simiii/iido  ,  lit  omnia,  scateant  si' 
,"  iniliter  cadtntibus  ,  plena  sinl  obsciiritule  ct  am- 
€c  phibofogiis  ,  nihil  audias  nisi  woAu  luloi,  uut  potiiis 
.«  perpcluiim  quenidum  iJlci;uj-^'cv  ^  vet  infantium  va- 
«  gientium  vocem  qnam  in  moiem  I  litermcjfeTiint  : 
«  cum  tamen  inilla  alia  linguu  iiiaj'orcm  tiabeat  in 
"  sojiis  varictateni  el  elcganliani  quant  hcpc.  ••  Cora- 
paiez  aussi  ce  que  le  nieme  Mekerch  dit  ibid.  p.  82, 
33  ,  40  et  41. 

Un  anclcn  critique  ,  dont  le  scboliaste  d'Aristo- 
pliane  nous  a  conserve  un  prt'cieux  fiagmenf  sm*  Je 
.3i.™'  vers  des  Nuecs  ^  pronve.qiie  les  grrcs  ancien? 
ne  prononcoient  pas  1't  coninje  i'l ,  on  I'Jill  ,  a  la 
.maniere  des  grecs  modernes-  Aristophane  designe 
sous  le  nom.d' a' fi-jyUs y  tin  Archoute  qui  s'appeJoit 
'A/'Aivicci y  oil  plutot  'a;k«kW,  seloii  Atlieaee,  Diogene 
de  Lacrte,  et  le  scholiaste  de  Lucien,  cites  par  M. 
Hermann  ,  p.  Vi63  de  son  ^dilioii  iiesNu^cs,  Leipsick, 
3799,  in-o.°;  parce  qu'il  etoit  defendu  a  Atlicrves 

de 


Langne  grecque.  481 

de  j'ouer.un  Archonf  e  sous  son  vrai  nom.  C'est  le  sola 
d'^ludcr  cette  lol  qui  avoit  foic^  Arislophane  de  dire 
'Aftuvi'u; ^  au  lieu  d'A'ttwvi'aj ,  ou  'Aft-tnlus.  Comparez  la 
note  de  Paulaiier  de  Grentemesnil ,  p.  5i  de  I'^dit. 
<le  Kustcr. 

(9)  Ce  passage  d^cisif,  dont  on  n'avoit  pas  encore 
fait  usage  ,  confirme  cette  partie  du  systeme  de 
Lennep.  Yoyez  ce  qui  est  dit  du  pr^tendu  paulo- 
fostfutur^  p.  loi  et  suivantes,  de  la  J.  D.  a  Lennep 
Analogia  lingiiCE gra-ccz  ,  Ullntjccti ,  1779,  i^^S."  7  ct 
p.  404  et  suivantes  des  L.  C.  Valtlienaerii  observa- 
tiones  academiccB ,  et  Jo.  Dan.  a  Lennep  prce'ectiones 
Academicos  de  analogid  lingua:  grcBcce  ,  de  I'^dilioa 
de  feu  M.  Evrard  Scheidius,  Utrecht,  1790,  in-S." 
Comparez  aussi  les  notes  de  Picrson ,  p.  128,  124 
et  298  de  son  (Edition  de  Moerls  Attitista  ,  ou  il 
observe  que  ]es   Attiques  aimoient  beaucoup  cette 

forme^  et  I'employoient  souvent  pour  \esfuturs  passifs^ 
et  plus  rarement  pour  \esjiiturs  inojens, 

(10)  Voyez  sur  la  signification  de  <ru.7:^oi  Lvov,  via 
vieux  y  la  savante  remarque  de  Pierson  ,  p.  352,  et 
353  de  son  edition  de  iVloeris  Atticista,  Leyde, 
1769,  in-8". 


Tome  r.  Hh 


BOTANIQUE. 

Description  dcs  Plantes  jwuvelles  et peu 
I  con  tines ,  cultivees  dans  le  jardin  de  J.  M. 
Cels  J  avec  figures  J  par  E.  P.  Vejsite^ 
NAT  J  de  VInst'uuL  national  de  France  y 
Vnn  des  conservateurs  de  la  Bibliollieque 
du  Pantheon.  Sixieme  livraison.  De  I'im- 
primerie  de  Crapelet.  An  9.  Se  vend^  h. 
Pan's,  chez  V^ntenr,  a  la  bibliotliecjue  du 
Pantheon;  Barrois  J'aine  ,  libraiie,  me  de 
Savoie;  Garnerj ,  Ilbraire  ,  rue  de  Seiue; 
Fuchs ,  libraire,  rue  des  Mathurins;  M.°* 
JI lizard  J  libraire,  rue  de  I'Eperon. 

JriDELLES  au  plan  que  nous  nous  sonimes  trace 
dansce  Journal,  nous  allons  confinuer  de  faiie  con- 
iioitie  les  plantes  interessantes  que  le  C.  Ventenat 
s'occupe  si  constamnient  h.  d^criie. 

i.°  Bejaria  racemosa,  Le  genre  Bejaria  a  et6 
etabli  par  le  cdebre  Mutis  ,  botaniste  espagnol  , 
r^sidant  a  Santa-Fe-de-Bogota.  Linnseus  a  qui  il  en 
avolt  envoy^  le  caractcre  g^n^rlque  ,  ainsi  que  la 
description  des  deux  especes  ,  avoit  lu  Sc;y^/w,  au  lieu 
de  Bejaria.  Le  C.  Ventenat  a  refornie  cette  erreur, 
d'aprt's  I'avis  qui  lui  a  6t6  donne  par  M.  Z^a  ,  I'un  des 
plus  savans  disciples  de  Mutis.  L'espece  d^crite  dans 
ce  sixieme  fascicule  esl  oiiginaiie  de  la  Fieri  de  ocd-: 


Melanges.  483 

denlale.  C'est  un  cliarmaut  aibrisscau  qui  sVleve  a 
un  mede  et  demi.  Ses  grainesont  (;t^  rapport(?es  par 
Bosc  ,  du  javdin  botanique  de  France,  a  Charles- 
Town.  Ses  fleurs,  d'line  legere  teintepurpurine  et  de 
la  grandeur  de  cclle  de  ]a  pervenclie,  forment  une 
grappe  simple  au  sonimet  des  rameaiix.  On  ^toit 
incertain  sur  la  famille  a  laquelle  il  fallolt  rapporter 
ce  genre.  Le  C.  Vcntenat  a  prouve ,  par  la  structure 
de  son  fruit ,  qu'il  appartenoit  a  celle  des  rosages. 
II  a  verifid  dans  I'herbier  de  Donibay  les  ^cvNJs^x 
oblouga  et  lanceolata  du  Sy sterna  veget.flor.  periiv.  , 
et  il  a  confirni^  robservation  d^ja  faite  par  M.  Z^a  ; 
savoir,que  CQs  deux  esptces  ^toient  absolumcnt  les 
memes  que  les  Bcjaria  ccsliians  et  rcsinosa  de  M. 
Mutis. 

2.'  Pbttevma  pinnata.  Cette  espece  que  Bru-< 
guiere  etjOiivIer  ont  trouv^e  dans  le  Levant,  esther- 
bacee  et  bisamuielle.  Les  anciens  botanistes  lul  don- 
noient  le  nam  de  Petromarula  qui  signifie  laituc  de 
pierie  y  parce  qu'ellc  croit  snr  les  murailles  ,  qu'elle 
est'laiteuse  et  employee  aux  nienies  usages  que  la 
laitue  culliv^e.  Ses  feuillessont  aileesj  ses  fleurs,  d'uii 
bleu  d'azur  forment  une  grappe  composee  au  sommet 
de  la  tige.  Elle  jjaroit  s'eloigner  du  genre  auquel 
Linnaeus  I'a  rapportee,  par  les  filets  de  ses  (^tamines 
qui  sont  dilates  a  leurs  bases,  et  par  le  stigmate 
qui  est  en  tete.  Le  C.  Vcntenat  qui  ne  neglige  au- 
cune  des  particularit^s  qui  peuvent  rendre  ses  des- 
criptions plus  completes,  a  observe  qie  les  fcuilles 
s^niinaies  du  PsrrEVMApi/iiiafa  ,  tloient  oppose' es  , 
anondies  ,  presqu'entieres  ou  peu  dentees ,  et  assea 

Hh  a 


484  Botanlqucl 

semblables  a  celles  dii  Viola  cdoraia  de  Linnaeus; 

3.°  Verben A  stTicta.  Cette  espccc  ,  line  ties  plus 
belles  dii  genre  ,  est  reuiarqiiable  par  ses  ligrs  droiles 
et  roides ,  h^rissees  de  polls  rudes  au  touclier,  pres- 
que  simples  et  gafnies  dans  loute  leur  ^tendue  ,  de 
fej^illes  droltes  ,  ovales  ,  denf^es  en  sole  ^  tres-vtiues 
et  blanchalres.Les  fleurs,  d'nn  bleutirant  surle  violet, 
forment  au  sommet  des  tigesoudes  rauieauxde longs 
^pis.  Elles  sont  accorapagndes  de  bractees  qui  sub- 
sislent  et  qui  font  paroitre  les  epis  tres -velus.  Cette 
plante,  d^couverte  par  Michaux  dans  le  pays  des 
Illinois,  augmentera  le  nombre  des  especes employees 
a  la  decoration  de  nos  Jardins. 

4.°  Achillea  imhricata.  Ce  joli  sous-arbrisseau 
a  une'tige  droi(e  ,  cylindrique  ,  flexible  et  recouverte 
d'un  duvet  cotonneux  et  blanchatre.  Ses  feuilles  ,  de 
la  meme  couleur  que  les  tiges,  paroissent  simples, 
cylindriques  et  h^riss^es  de  tubercules  disposes  sur 
six  rangs  ;  mais  elles  sont  reellement  composdes  , 
comme  ou  le  voit  en  les  considerant  a  la  loupe, 
et  formees  de  folioles  cparses  sur  un  axe  commun  , 
se  recouvrant  mutuellement ,  comme  les  tuiles  d'ua 
toit ,  et  divisees  chacune  en  trois  lobes.  Ses  fleurs 
sont  portf^es  au  sommet  des  tiges  et  des  rameaux , 
sur  de  longs  p^dunculcs  solitaires.  Cetfe  espece  a  du 
rapport  avec  V Achillea  sanlolina  ;  mais  elle  se 
distingue  ais^ment  par  sa  tige  mojns  rameuse,  par 
la  forme  de  ses  feuilles,  par  ses  p^duncules  a  une 
fleur  ,  et  par  ses  demi-fleurons  beaucoup  plus  nom- 
breux. 

5.°  J  AS  MI  IS  uu  ghtiicuin,  Annoncer  une  nouvelle 


Melanges.  4^5 

espece  de  Jasmin  ,  c'est  designer  aux  amaleurs  et 
aux  curieux  une  nouVelle  plante  d'orncmcnt.  Cclle 
qui  est  dccrite  et  figur^e  par  le  C.  Venfenat ,  a  6tQ 
d^couverte  par  le  c^lebre  Thumberg  ,  au  Cap-de- 
Bonne-Esperance.  C'est  un  arbrisseau  qui  ne  s'^leve 
qu'a  neiif  decimetres,  et  qui  se  distingue  ais^aient 
des  autres  especes  connues  et  cultiv^es  ,  par  ses 
feuilles  simples  ,  en  forme  de  lance,  et  d'un  vert 
glauque.  Ses  fleurs  ,  grandes  comme  celles  du  Jas- 
2dlNVM  officinale  ^  d'abord  d'une  l^gere  teinte  pur- 
purine,  ensulte  d'un  blanc  pur,  lorsqu'elles  sont 
parfaitement  epanouies,  r^pandent  une  odeur  suave. 
II  fleurit  diirant  foute  la  belle  saison  ,  et  se  multiplie 
ais(?ment  de  marcottes  et  de  boutures. 

6.°  PoDALVRZA  australis.  Lamarck  a  divis(?  dans 
les  planches  de  ses  Illustraliones  generum^  le  genre 
SopvoRA  de  Linnaeus  en  trois  :  savoir,  SopnonA  ^ 
PoDALi'RiA  ,  et  ViRGiLiA.  Quoique  les  caracteres 
distinctifs  de  ces  genres  ne  soient  pas  encore  ^nonc(?s  , 
soit  dans  le  texte  du  dictionnaire  de  I'EncycIopedie 
m^thodique  J  soit  dans  celui  dts  Illustraliones  ^  ils 
sont  n^anmoins  trts-faciles  a  reconnoitre  d'apres  les 
plancbes  de  Touvrage  cit^.  Le  C.  Ventenat  a  ^tablL 
ce  caractere  dans  son  tableau  du  regne  vegetal  ;  et 
dans  le  fascicule  dont  nous  rendons  compte.  II  a 
rapporfe  au  genre  PonAzritiA  ,  I'espece  nommt^e 
par  Linnipus  Sophora  amtralis.  II  n'existoit  encore 
aucune  description  complete  et  aucune  figure  de  cetie 
belle  plante.  Elle  est  heibacee,  vivace,  et  e!!e  pousse 
quelques  tiges  cylindriques ,  striees, reconvenes  d'une 
poussiere  glauque  ,  et  entourees  dans  leur  parliettt- 

H  h  3 


4^6  Bolanique. 

fei ieure  de  la  base subsistan(e  des  p^^tioles.  Ses  feullles 
sont  tern^es  ,  p^tlolecs  ,  et  miinies  de  longues  sti- 
pules adhi'rciitej  a  I'anneau  qui  est  form^  par  la 
base  dilatee  du  petiole.  Ses  fleiiis,  d'un  bleu  fonc^, 
iiaissent  en  giappe  au  sonimet  des  branches  et  des 
lameaux.  Ses  fiiiits  sont  des  gousses  realises  comme 
dans  le  genre  Crctalaria. 

7."  Lotus  gebelia.  Cede  nouvelle  espece  de  ](?gu- 
mlneuse  provient  de  graines  rapport ^es  d'Alep  ,  par 
Olivier.  Ses  fruits  fournisscnt  aux  Arabes  un  aliment 
de  bon  goiit  et  ties-nouirissant.  II  est  probable qu'elle 
r^ussiroil  dans  nos  d^partemens  m^ridlonaux;  et  51 
seroit  d'autant  plus  utile  de  I'y  culliver,  qu'^tant 
vivace,  il  ne  seroit  pas  n^ccssalre  de  la  semcr  tous 
les  aus,  de  menie  c[ue  nos  pois,  nos  haricots,  etc. 
Cette  espece  se  rapproche  par  qiulques  caracteres 
du  Lotus  arakicvs ;  niais  elle  en  dIfFere  surtout 
par  ses  tiges  presqne  ligneuses,  par  la  forme  de  ses 
feuilles ,  par  ses  fleurs  blanchatrcs  et  v(  inees  de 
rose  ,  et  par  des  biact^es  coinposees  de  Irois  folioles. 

/Elle a  aussi  beauco  ip  d'affinite  avcc  le  Lotus  adulis^ 
mals  tlie  s'cn  distingue  ais.'nient  par  ses  tiges  qui 
sont  glabrfs  ,  par  ses  fleurs  qui  ne  sont  point  de 
couleur  jaune  ,  et  par  ses  gousses  qui  ne  sont  point 
courbees. 

8.°  HrPi^RicuM  triplinerce,  Cette  espece  ,  par- 
faltement  caractt^ris^e  par  ses  feuilles  lineaires  et 
relev^es  de  troii  nervures  ,  dont  deux  lat^rales  nais- 
scnt  au  dessus  dc  la  base  de  la  nervure  moyenne, 

par  ses  fleurs  dont  les  calices  et  les  petales  sont  hordes 

de  glandes  noiratres ,  a  ete  trouv(;e  par  Michaux  siir 

les  bords  de  TOhia. 


1 


Melanges.  487 

9."  SalP'IA  compressa.  Le  nombre  considerable 
des  especes  dont  se  compose  le  geme  Sal/^xa  ,  de- 
terminera  sans  doute  un  jour  les  botanistes,  a  adop- 
ter les  irois  divisions  Stabiles  par  Toiirnefort,  savoir: 
Sah'ia ,  Sclarea  ^  et  Horinininn.  En  attendant  que 
cette  r^forme  soit  adoptee  ,  ceux  qui  publient  de 
iioiivciles  especes,  dolvent  d^crire  avec  soin  et  figu- 
rer  avec  exactitude  les  parties  de  la  fleur  qui  ont 
autrefois  servi  au  c^lebre  botaniste  francais  ,  a  ca- 
rac((^riser  ces  trois  genres.  L'espece  cjue  public  le 
C.  Ventenat  m^rite  surtout,  par  la  beaute  de  ses 
fleurs ,  d'augmenter  le  nombre  de  celles  qui  servent 
a  I'ornement  des  jardins.  Sa  tige  qui  ne  s'eleve  qu'ci 
trois  decimetres,  porte  des  feuilles  ovales  ,  oblon- 
gues  ,  obtuses  ,  cr^nel^es  et  extr^niement  ridges.  Ses 
lleurs,  d'un  bleu  tirant  sur  le  violet,  et  parsem^es 
de  points  dor^s  qu'on  apercoit  ais^men£  a  la  loupe  , 
forment  au  sommet  de  la  tIge  un  panicule  serr^ 
et  presque  globuleux.  Elles  sont  disposeespar  ver- 
ticille  dont  le  sup^rieur  avorte  constamroent.  Les 
bract^cs  qui  les  accompagnent  sont  tres-grandes  et 
de  couleur  purpurine,  Le  calice  extremement  com- 
prim^  est  divis^  en  son  limbe,  en  deux  levres  :  la 
superleure  est  a  deux  divisions  ovales  entre  lesqnelles 
est  plac^e  une  dent  courte  :  I'in^^rieure  a  la  forme 
tie  la  levre  s'lpt'rieure  ;  mais  elle  est  d(?pourvue  de 
dent.  Cette  belle  espece  a  ^t^  trouv^e  par  Bruguiere 
et  Olivier  sur  la  route  de  Mossoul  a  Bagdad. 

10.°  u^NBRoMEDA  cassiiipfoHa.  Les  planfes  de  la 
famille  des  Bruguieres  ,  et  surtout  celles  du  genre 
uiiidromeda  ,  sont  loutes  employees  a  la  decoration 

Hh  4 


48S  Botaniquie. 

des  jardins.  L'dl^gance  et,lVclat  terdoyant  de  leur 
feuillage  ,  la  beauts  de  leurs  fleurs  ,  les  font  recher- 
cher  avec  lalson  des  amateurs.  Celle  que  le  C.  Vcn- 
tenat  public  sous  le  nom  ^Andromeha  cassine- 
folia  n'intt'ressera  pas  seulement  les  cuUivateurs  par 
le  m^ilte  de  la  nouveaute.  Cct  arbtisseau  decouvert 
parMichaux  dans  laB'loride,  etcuhiv^  depuis  trols 
ans  ,  cliez  Cels ,  de  gralnes  rapport^es  par  Bosc ,  a 
une  lige  droite,  rameuse  ,  feuill^e  et  haule  environ 
d'un  metre.  Ses  feuilles  rapproeht'es ,  ti  es-ouvertes , 
droites  ,  sent  coriaces  ,  d'un  ycrt  fonce  ,  et  elles 
subsistent  pendant  I'liiver.  Ses  flours,  d'un  blanc  de 
lait,  naissent  en  groupes  dans  les  aiselles  des  feuilles. 
Leurs  pt^diculcs  sont  d'abord  recourb^s  j  ils  se  re- 
dressent  ensuite  a  mesure  que  le  fruit  se  forme  ; 
I'espcce  ^* Andromeda  qui  a  le  plus  de  rapport  avec 
celle  designee  par  le  nom  de  cassinefoUa  ,  est  X'An- 
DliOMEDA  mariana  de  Linnseus.  Mais,  diJns  cette 
derniere  espece,  les  corolessont  ovales-cylindriques, 
et  les  feuilles  sont  entieres.  Le  C.  Ventenat  nous 
apprend  que  V An dromedA pultendatu  mendonnee 
dans  le  Species  plantartim  i^e  M.  Willdennow,  n'est 
qu'une  vari^t^  accidentelle  CieV Andromeda  cassine- 
foUa. 

Ce  tableau  succinct  que  je  viens  de  tracer  des  dix 
plantes  qui  composent  cette  sixieme  llvraison  ,  suffit 
sans  doute  pour  prouver  qu'elle  ofFre  tout  I'int^ret 
des  prec^dentes,  J.  L.  Alibert. 


LITTER  AT  URE  ORIENTALE. 

Paris  J  33  nivose  an  lO. 

VoULEZ-VOUSbien,  mon  cLerMillln  ,  donner  iine 
place  dans  votre  Journal  a  la  lettre  ci-Join(e  ,  que 
m'a  fait  I'bonneur  de  ni'adiesser  M.Akerblad,  dont 
les  rares  talens  et  la  vaste  Erudition  ne  sont  pas  molns 
connus  de  vous  que  de  moi.  Je  suls  persuade  que 
c'est  rendre  un  vrai  service  aux  savans  en  tres-petit 
nombre  ,  qui  cultlvent  la  litterature  Copte,  que  de 
publier  la  d^couverle  deM.  Akerblad,  quipcutleur 
^paigner  blen  da  temps,  et  dep^nibles  recbercbes, 
si  qutlquemanuscrit  ou  seiilenient  quelque  note,  dans 
le  metne  genre  de  caractere  ,  venoit  a  tomber  sous 
leurs  yeiix. 

J'di  pris  la  llberte  d'ajouter  a  la  lettre  de  M.  Aker- 
blad  une  note  sur  I'inscrinlion  de  Rosette  ,  dans  la 
crainte  qu'en  j)renant  trop  litl^ialement  les  expressions 
tres-flattcuses  pour  moi  dont  il  s'cst  servi,  quelqucs 
savans  ne  s'imaginasscnt  que  j'c^tois  en  ^tat  de  lent 
ofFrir  la  lecture  et  rintcrpr^tatlon  de  I'inscription 
segypticnnc  que  conlicnt  le  monument  dont  il  est 
question. 

Agreez  ,  Je  vous  prie,  I'assurance  de  mon  sincere 
altachement. 

SiLVESTfiE  DE  SaCT. 


490  Litteralure  orieniale; 

A  M.  SiLmsTRE  DE  Sact. 

Paris,  iS  nivose  an  x. 

Monsieur, 

LVcriture  cursive  <3es  Grecs  <?tablls  en  ^gyptej 
nous  est  connue  par  un  fragment  qni  fait  partie  du 
riche  Museum  de  M.  le  cardinal  Borgia,  a  Veletri, 
et  qui  a  H^  publie  ,  il  y  a  quelques  annees,  par  un 
savant  Danois,  M.  Scliow  (Charta  Papjracea  grcece 
scrip/a  Musei  Borgiani  Veletris, edita a  NkolcioSchow, 
HomcE,  1788^,  II  y  avoit  lieii  de  croire  que  les  Coptes 
qui ,  probablement  avoient  deja  adopts  ,  sous  les  der- 
niers  Ptolemies,  les  lettres  grecques  pour  IVcriture 
oe  leur  langue,  avoient  aussi ,  avec  le  temps  ,  mo- 
difi^  ce  caracfere  en  une  espece  de  leltres  cursives^ 
mais  Jusqu'a  present  on  n'a  pas  connu  ,  que  je  sache, 
cette  <^criture  cursives  ,  tous  les  ouvrages  que  nous 
possedons  dans  la  langue  des  Copies  ^  ^tant  ecrits  en 
lettres  grecques  onciales  ,  auxquelles  ils  ont  ajoutd 
quelques  caracteres  qui  leur  sont  propres  pour  ex- 
primer  les  sons  qui  dtoient  Strangers  aux  Grecs.  Ce 
caractere  copte  varie  un  peu  a  raison  de  I'anciennel^ 
des  manuscrits,  sans  cependant  se  transformer,  pas 
Kiemp  dans  les  manuscrits  les  plus  r^cens,  en  lettres 
cursives  ,  comme  il  est  arriv^  chez  les  Grecs. 

En  parcourant  les  manuscrits  coptes  de  la  biblio- 
th(^que  natiouale  ,  dans  la  vue  de  rassembler  tout  ce 
qui  a  rapport  a  I'histoire  civile  ,  et  h.  la  geographic 
de  r^-Egypte  ,   j'ai  trouy^  dans  celui  cot^  n.°   61 , 


1 


Langue  cople.  491 

parml  les  manuscrlts  venus  de  Rome  ,  quelques  lignes 
^ciilesd'un  caracf  ere  fort  different  de  I'^criture  ordi- 
naire. Ces  lignes  m'ont  arr^te  un  instant;  bientot  je 
suis  parvenu  a  'es  d^cliiflTrer  ;  et ,  quoicju'elles  necon- 
tlennent  absoliinficnl  rieu  de  remarquable  ,  j'ai  cru 
cependant  que,  sous  le  rapport  de  la  paleographie, 
elles  pomioicnt  int^resser  les  savans  qui  s'occupent 
de  la  litferatnre  copte,  et  uienie  servir  a  les  mettre 
SLir  la  voie  ,  si  jamais  iin  manuscrit,  dans  cette  ^cri- 
tiire,  venoit  a  etre  d^couvert.  C'est  dans  cette  vue , 
que  j  ai  .soigueiisement  calqu^  ces  qualre  lignes  sur 
roriginal  ;  j'y  ai  joint  la  lecture  en  lettres  copies  or- 
dinaires  ,  avec  la  traduction  verbale  a  I'usage  des  per- 
sonnes  qui  sont  moins  familiaris(?es  av^c  la  langue. 
copte  ,  et  j'ai  I'honnenr  de  vous  envoyer  la  feuille 
ci-joinle,  en  vous  priant,  Monsieur,  de  la  coniniii- 
niquer  aux  savans  ,  si  toutcfois  vous  croycz  qu'elle 
puisse   les  int^resser. 

Ces  lignes  ne  sont  qu'une  note  de  copiste  qui  se 
trouve  f.  198  du  manuscrit  indique  ,,  a  la  suite 
d'une  hom^lie  de  saint  Gr^goire  de  Nazianze.  Elles 
sont  du  dixieme  si^cle,  comme  tout  le  reste  de  ce 
volume.  Une  souscription  qu'on  lit  en  bas  de  la 
meme  page,  porle  la  date  de  I'an  711  de  I'ere  des 
martyrs  (  995  de  J.  C.  ).  Une  autre  de  I'an  678  des 
inarf.  (962  ),  se  trouve  f.  i48;ainsl  il  est  trcs-pro- 
bable  que  la  note  en  question  a  ^le  ecrile  dans  Tin- 
tervalle  de  ces  deux  ^poqnes.  L'^criture  a  pen  de 
ressemblance  avec  celle  de  la  Cliarla  Poj-yracca 
du  cardinal  Borgia  ;  elleest  plus  belle,  plus  rc'gn litre; 
les  lettres  grecques  approchcnt  asscz  par  leur  foruae 


49*  Lilterature  orieniale. 

de  cellcs  de  quelques  manuscrlts  grecs  d'un  si'ecTe 
beaucoup  moins  recul^  ,  ce  qui  confiime  ce  que  nous 
Savons  par  d'auhes  monumens,  quel'^criture  cursive 
a  exisl^  longtemps  avant  qu'elle  fut  employee  par  les 
copistes  qui  nous  ont  transmis  les  ouvrages  des  an- 
ciens.  Le  monogramme  IHC  nxc  (  J^sus-Christ )  est 
forme  d'un  trait  fort  complique  ,  et  qui  m'auroit 
peut-e(re  embarrass^  ,  si  Thabitade  de  lire  les  sous- 
criptions  des  copistes,  nem'eut  aide.  L'article  copte 
ni  a  une  forme  singuliere.  Je  serois  presque  tent^ 
de  croire  que  ce  trait  ,  qui  n'a  aucun  rapport  avec  la 
forme  des  deux  lettres  grecques  qu'il  exprime,  a  son 
origine  dansl'ancienne  Venture  des  ^gyptiens,  Vous 
pouvez  confii  mer  ou  d^truire  celle  conjecture  ,  Mon- 
sieur, par  I'exaraen  que  vous  avez  fait  de  I'inscrip- 
tion  de  Rosette  (  i  ).  Par  rapport  aux  lettres  pure- 
meut  coptps  ,  vous  remarqucrez  que  le  -phci  et  le 
chei  ne    se  trouvent  pas  dans  ces  lignes,  mais  que 


(i)  1\I.  Akerblad  a  trop  bonne  opinion  des  resultats  que  m'a  donnes 
jusqu'ici  I'examen  de  1  inscription  trigrammati^ue  ,  trouvee  k  Rosette. 
II  s'en  faut  de  beaucoup  que  les  efforts  que  j'ai  falls  pour  dechlffrer 
eella  des  irols  inscriptions  qui  peul  etre  appelee  tegyptienne ^  ayent 
«u  un  succes  satisfaisant.  J'ai,  a  la  verile ,  reconnu  plusleurs  noins  pro-< 
pres  qui  m'ont  donne  la  valeur  d'un  assez  grand  nombre  de  carac-* 
teres ;  mais ,  a  mon  grand  etonnement ,  ces  premieres  decouvertes  ne 
tn'ont  pas  mene  plus  loin ,  comme  j'avois  cru  pouvoir  m'en  flatter.  Je 
me  propose  neanmoins  de  publier  incessaniment  le  rcsullat  de  mes  re- 
elierches,  dans  I'esperance  que  cela  pourra  mettre  sur  la  Tole  quelques 
•avans  dont  les  efforts  seront  mieux  recompenses  que  les  miens.  Peut* 
etre  aussi  riiispection  du  monimient  facilltera- t-elle  un  travail  qu« 
je  n'ai  fait  que  sur  des  copies  prises  par  les  procedes  typograpLiques, 
mais  que  j'ai  tout  lieu  de  cioire  peu  exactes.       SitvESTHE  de  Sacy. 


Langue  copt^.  493 

ces  deux  lettres  sont  remplac^es  par  le  ^  et  le^jgrecs. 
J^e  bcliei  a  une  forme  particuliere  qu'on  peut  cepen- 
clant  deriver  de  celle  qu'il  a  dans  I'alphabet  ordi- 
naire. Le  Aon  est  trace  de  la  maniere  usit^e.  Quant 
Sill  gjaiiffja  il  ressemble  presque  a  un  B.  Le  schi'ma 
ne  se  renconlre  que  dans  le  premier  mot  qui  est  une 
abrevia^ion  tres-commune  dans  le  dialccte  memphi- 
tique.  Parmi  les  mots  il  n'y- en  a  qu'un  seul  («nt7<) 
qui  ne  soit  pas  connu.  Je  le  crois  compost  de  la 
proposition  grecque<»»«i,  et  du  verbe  copte  qui  signifie 
donner.  L'arljeclif  grec  TuXuiTra^os  miserable  ,  est  ^crit 
ici  TuMTTcufs  par  I'habitude  qu'ont  les  Copies  de  con- 
fondre  dans  leur  ^crlture  les  voyelles  et  les  diph- 
thongues  qui  se  ressemblent  dans  la  prononciation: 
vu^uItcu^o;  est  le  titre  honorifique  et  bien  merits  que 
prennent  les  copistes  coptes  dans  leurs  souscriptions. 
Le  noire  s'appelle  Johannes  Macarius;  il  paroit  que  les 
Coptes  avoientquelquefois  deux  noms.  Jetrouve,  par 
exemple,  dans  le  manuscrit  du  Vatican  ,  n.*  58,  f.  64  , 
le  nora  d^uncophte  Pischoi  Aiiub/ilsde Macaire.  Ces 
cxeniples  sont  cependant  fort  rares.  Le  nom  du  pere 
de  notre  copiste  est  douteux  ;  je  crois  que  c'est  une 
abrOviation  de  slccufoyfiaSyJl'ns .,  ce  qui  pourroit  signifier 
disciple  de  la  cro/o;;  composition  barbare,  mais  digne 
des  Copies  qui  en  font  souvent  de  semblables.  Parmi 
une  foule  de  nomspropres  coptes  que  j'ai  recueillis 
je  n'en  trouve  a,ucun  qui  ressemble  a  celui-ci.  Quoi 
qu'il  tn  soit,  I'objet  ne  vaut  certainement  pas  la 
peine  qu'on  s'en  occupe  bcaucoup,  et  c'est  par  la 
pi^uie  raison  que  vous  me  permettrez  de  vous  faire 
grace  de  plusieurs  autics  remarques  que  I'oD  pourroit 
faire  sur  cette  souscriptiou. 


494  Lilterature  orientale, 

Je  desire  bien  vivement,  Monsieur,  que I'lnscrlp- 
tlon  de  Rosette  ,  plus  digne  d'exercer  la  sagacity 
de  ceux  qui  savent  le  copte  ,  soit  bientot  publi^e 
avec  vos  savantes  remarques.  On  dit  qu'Il  en  est 
question  ,  et  certes  il  est  temps  que  I'on  fasse  con- 
noitre  aux  savans  ce  monument  depuis  longteraps  de- 
sire, et  qui,  prubablement  un  jour,  nous  conduira 
a  la  connoissance  de  I'ancienne  c'^criture  spgyptienne. 
On  nous  fait  aussi  esp^rer  de  voir  bientot  arriver 
ici  pliliieurs  manuscrits  coptes  recueillis  en  yEgypte. 
Je  souhaile  qu'il  s'en  trouve  de  plus  interessans  et 
plus  iuslructifs  que  ces  tristes  martyrologes ,  litur- 
gies ,  hom(?lies,  cantiques  ,  etc.  la  seule  espece  d'ou- 
vrages  en  Copte  que  nous  connoissions  jusqu'a  present. 
II  est  probable  qu'il  existe  dausles  couvens  de  I'iE- 
gypte  des  ouvrages  d'histoire  ,  de  sciences  et  autres  ; 
inais  il  faut  savoir  la  langiie  pour  les  d^terrer  parrai 
line  foule  de  missels  ,  et  de  livres  liturgiques  et  as- 
c^fiques  qui  ne  nous  intdressent  que  fort  peu.  J'ai 
copi^  a  Bome  nn  fragment  d'un  ouvrage  sur  la  m^- 
decine  ,  qui  paroit  avoir  €\.€  fort  ample.  Et  pourquoi 
n'y  en  auroit-il  pas  d'autres?  En  attendant.  Mon- 
sieur ,  et  jusqu'a  ce  que  Ton  d(?couvre  des  ouvrages 
plus  importans,  je  consacrerai  quelques  moraens  a 
parcourir  ces  fastidicux  martyrologes,  ou  je  trouve 
de  temps  a  autre  des  noms  de  villes,  de  villages, 
de  nonies  de  I'^Egyptc  ,  ou  d'autres  remarques  qui 
peuvent  in!6esser  la  g^ograpbieet  I'bistoiredu  pays. 
Quand  j'aurai  termind  ce  travail,  j'en  rassemblerai 
les  principaux  rt'sultats  dans  un  m(;moire  que  j'au-- 
rai  Fhonneur  de  vous  comrauniquer. 

Jesuis,  etc.  J.  D.  Akekblad, 


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E  C  O  N  O  M  I  E. 

ESQU I SS E  d'un  ouvrage  en  faveur  des 
Pauvres ,  adressee  a  Vediteur  des  Annales 
d'Agrlculture  ,  par  Jeremie  Bentham  j 
piibliee  enjrancais  par  Ad.  DuQUESNOT. 
Premiere  partie.  i  vol.  in-8.°  De  rimprim. 
des  Soinds-Muets,  et  se  trou  ve  chez  Agasse, 
lifjraire,  rue  des  Pollevins,  n."  i8 ;  Henrichs, 
libraire ,  rue  de  la  Loi ,  n.°  288;  Treuttel  et 
Wilrtz  ,  libraires,  quai  Voltaire.  An  x. 

IjES  Merits  sur  les  pauvres  se  multipllent  Joiirnelle- 
iBcnt  en  Aiigleterre;  les  observateurs  y  sont  eff'ray^s 
de  Taccroissement  slmullan^e  etrapide  de  la  taxe  des 
pauvres,  et  du  norubre  des  malheureux  qui  r^cla- 
ment  les  sccours  publics.  Le  recueil  des  Memoires 
sur  les  elablissemens  d^humanite  (i)  a  fait  connoitre 
en  France  la  foule  de  projets  qu'a  produits  chez  nos 
voisins  une  philanthropic  active,  ingenieuse ,  et  sou- 
vent  aidce  de  la  richesse  qui  permet  de  joindre  les 
r^sullals  de  I'exp^rlence  aux  speculations  de  lath^o- 
rie.  Taut  de  lumicres  repandues  sur  un  point  aussi 
essentitl ,  chc/.  un  peuple  au  sein  diquel  les  idees 
utiles  se  propagenc  eL   fiuctifient  facllement,  pro- 

(r)  On  sait  que  la  piililiralion  de  ces  nii-rnoires  tr^duits  de  I'allemancl, 
de  Tanglais  ,  de  I'espapnol ,  de  litalieii ,  etc.  est  due  aiiC.  Ad.  Duquesnoy, 
de  nieme  que  cell'' dc  I'HisioIre  des  Pauvres  de  Ruggles^  •[  de  diverl 
^uvrages  d'ecooomie  politique  ei  de  siatijtique. 


j^gS  EcoJiOtnie, 

mettenf  la  r^rorme  des  abus  qu'elles  devollenf ;  le 
mouvement  est  clonn^  vers  une  amelioration  gene- 
rale,  et  I'ouvrage -de  J.  Bentham  ne  pouvoit  pa- 
roitre  dans  des  circonstances  plus  favorables.  L'au- 
teur  n'en  a  public  encore  que  la  premiere  partie;  la 
suite  en  sera  desir^e  de  tous  ceux  qui  s'int^ressent 
T^ellement  au  bienctre  des  pauvres. 

J.  Bentham  commence  par  presenter  un  tableau  (2) 
de  tous  les  diflVrens  cas  qui  exigent  des  secours.  II 
^toit  n^cessaire  en  effet  de  constater  exactement  les 
diverses  causes  de  I'indigence  ,  afin  de  les  combattre 
de  la  maniere  la  plus  efRcace ,  et  la  plus  utile  a  I'^tat. 

L'auteur  propose  ensuite  d'ouvi  ir  une  souscriptlon 
par  actions  d^termin^es  et  modiques;  les  souscrip- 
teurs  nommerolent  une  direction  centrale,  fixde  a 
Xondres  ,  et  correspcndant  avec  les  chefs  des  mai- 
sons  qu'elle  ^tabliroit  dans  les  divers  comt^s  de 
I'Anglcterre.  La  direction  seroit  autoris^e  h.  arreter 
quiconque  n'auroit  ni  propriety,  ni  moyens  connus 
de  subsistance.  Les  magistrats  veilleroient  a  ce  que 
I'exerclce  d'un  droit  aussi  delicat  n'entrainat  quel- 
ques  abus.  Les  adultes  seroient  di^tenus,  fusqu'a  ce 
que  le  pvoduit  de  leur  travail  eut  indemnis^  I'eta- 
blissement  des  frais  de  leur  arrestation  et  de  leur 
entretien  ;  ils  touclieroient  en  sortant  le  surplus  de 
leur  gain;  on  appreudroit  des  metiers  aux  enfans. 

A  ces  deux  classes ,  que  Bentham  nomme  indi- 
genes, se  joindrolent  les  pauvres  valides  que  la  dl- 

(2)  L'editeur  a  fait  Imprlmer  it  part  des  exeniplaires  de  ce  tableau ,  et 
il  en  a  distiibuA  k  tous  les  prefcts  des  depaitemeos,  aiusi  qu'aux  co- 
niit^s  de  bienfaltnuce  de  Paris. 

reclioa 


I 


Paiivres.  j^^j. 

Section  seroit  obligee  de  recevolr,  lorsqu'ils  vien- 
draient  demander  du  travail ;  elle  admettroit  aussi , 
conime  apprentis ,  les  enfans  pr^sent^s  par  leurs 
parens  ou  tufeuri. 

Ce  n'est  que  dans  I'ouvrage  meme  de  J .  Bentham 
que  I'on  peut  prendre  une  idee  de  la  construction 
et  de  ]a  distribution  du  butinient  destin^  a  loger 
les  indlgens.  On  appr^ciera  tous  les  avantages  qui 
r^sultcnt  de  sa  forme  presque  circulaire,  de  ses 
nonibreuses  subdivisions,  et  de  la  position  ceutrale 
du  logement  du  directeur.  Chaque  itiaison  conlien- 
droit  deux  niilles  pauvres;  et  comrue  Bentham  porle 
le  nombre  total  des  indigens  dans  I'Angleterre  seule 
(I'Ecosse  et  I'lrlande  non  comprises),  a  cinq  cent 
itiille,  il  calcule  qu'il  faudroit  y  fonder  deux  cent 
cinquante  maisons ,  ce  qui  n'^tonnera  pas  ,  lors- 
qu'oa  saura  que,  dans  le  plan  de  I'auteur,  elles 
doivent  remplacer  les  hopitaux,  les  prisons,  les 
maisons  de  correction  et  de  travail. 

Les  bornes  de  cette  analyse  ne  me  permettent  pas 
d'exposer  les  idees  de  Bentham  sur  I'^iablissement 
des  banques  des  pauvres,  sur  les  faciiit^^s  ofFcrtes 
aux  artisans  ,  de  se  procurer  dans  les  maisons  de  tra- 
vail les  ouvriers  qui  leur  seroient  n^cessaires  ;  sur 
les  moyens  de  rendie  fruclueux  les  travaux  des  pau- 
vres ,  sans  nnire  aux  int^rets  des  manufactures  et 
des  ouvriers  libres,  d'int^resser  tous  les  employes 
de  I'etablissement  a  sa  prosptVit^,  etc.  On  reconnoi- 
tra  dans  ces  dispositions  et  dans  une  infinite  d*au- 
tres  que  Je  ne  puis  meme  indiquer,  les  meditations 
d'un  homme  ami  de  rbumanit^  et  de  son  pays  ,  et 
Tome  F.  li 


498  Economic. 

exerce  a  tiaiter  des  objets  importans.  II  est  peu  d'^-* 
tats  en  Europe  qui  ne  pussent  profiler,  avec  les  mo- 
difications exig^es  par  leur  position  partlculiere,  des 
vues  que  J.  Bentham  soumet  a  ses  concitoyens. 

Get  Guvrage  est  traduit  et  imprini^  avec  soin.  Sa 
publication  est  une  nouvelle  preuve  du  zele  ardent 
et  ^clair^  du  C.  Duquesnoy  ,  qui  stipule  constam- 
ment  pour  les  pauvres,  en  meme  temps  qu'il  les  sou- 
lage  d'une  maniere  encore  plus  immediate  (3). 

P.  Seignette. 

(5)  Ce  citoyen  a  fonde  ,  il  y  a  plus  d'un  an  ,  dans  le  Passage-Salnte- 
Mii'ie  ( rue  du  Bacq) ,  une  ecole  oii  treize  jeunes  filles  sont ,  i  ses  frais  y 
Jogees ,  nourries ,  ct  instruite*  dans  tous  les  Iravaux  qui  conviennent  i 
leur  sexe. 


LITTERATURE  GRECQUE. 

G  n  E  RR  E  DE  TrOIEj  depiiis  la  mort 
d* Hector f  jusqua  la  mine  cle  cefte  o^ille  ; 
poeme  en  quatorze  chants ,  par  QniNTUS 
de  Smjrne }  j aisanl  suite  a  I'lliadc,  <?/  tia- 
duit ,  pour  la  premiere  fois ,  du  'gr'ec  en- 
Jrancais  y  par  K.  Ton  RLE  T  ^  medtcin  , 
membre  de  la  Societe  acadeniiquc  dcs  scien- 
ces et  da  portique  republicain  j  avec  cette 
epigraphe  : 

,  ncn  ego  te  meis 
Chnrth  iiwrnatum  sileho  , 
Totve  tuos  patiar  lahores  , 
JmpunA  y  Quinti ,  carpere  livid  at 
Ol>liyiones. 

HoRAT.  Carin.  liv.  nr,  ad  Lot.  oA.  x; 

Paris,  An  IX —  1800  (i). 

V^E  poeme  grec,  dt'couvert  par  le  cardinal  Bcssa- 
ilon  ,  dans  une  vUle  de  Calabie  ,  et  public  pour 
la  premieie  fois  par  Alde-Manuce ,  a  etd  I'objet 
des  louanges  et  des  criliqucs  ^galtniPiit  exagt^r^es. 
Parmi  les  (?rudit.s,  les  uus  out  vanle  Qulntiis  ju.qu'a 

(1)  Dans  le  tome  4  <le  '•J  pr^sente  annee ,  page  a85  ,  nous  arons 
■nni^nc^  T'^j  P-'f  mutailon  do  commerce,  celte  (railuction  se  vend 
chez  Balilliot  lils,  libraire ,  rue  du  Foin-Saint-Jacques ,  au  coin  de  celle 
Boutebiie..  Prix,  les  a  vol.  in-8."  fig.  broch.  7  f  r. ;  le  memo  ouvrage  , 
a  vol.  in-i2  (pour  faire  «uile  aux  editions  de  X'lliade,  de  cc  foinut) , 
lig.  broch.  5  fr. 

li    2 


5oo  Liiierainre  grecqUtk 

JVgaler  a  Hom?re,  dout  il  a  voiilu  etre  le  contl- 
nuateur  ;  et  les  autres  I'ont  cxtreniement  d^pr^cie. 

Le  tradiicteur  a  raison  de  ddsapprouver  ces  deux 
t'xces.  On  peut  sans  doute  convenir  de  la  grande 
distance  qui  separe  Quintus  de  Smyrna  du  g^nie 
que  le  traducteur  appelle  le  patriarche  de  la  po^sie, 
et  accorder  encore  a  sou  continuateur  un  rang  ho- 
norable ,  soit  comnie  poete ,  soit  comaie  mytho- 
logue. 

Une  rapide  analyse  du  poeme  et  quelques  cita- 
tions, donneront  une  id^e  de  I'original,  et  feront 
juger  du  mtrlte  de  la  traduction. 

Aprcs  la  mort  d'Heclor  ,  Penthesil^e  ,  fille  de 
Mars ,  arrive  avec  ses  Amazones  au  secours  de  Trole, 
attaque  les  Grecs  et  p^rit  sous  les  coups  d'Achille 
qui ,  louche  de  sa  beaut^,  deplore  sa  victoire.  Ther- 
site  ose  lui  reprocher  cette  foiblesse,  et  Achille, 
indign^,  le  frappe  de  mort.  Mars  voudroit  venger 
sa  lille  Penihesilte ,  mais  la  foudre  de  Jupiter  I'ar- 
rete. 

Les  Troyens  deliberent  sur  le  parti  qu'ils  ont  a 
prendre:  Memnoii  arrive  parmi  eux,  les  guide  au 
combat.  Achille  se  met  a  la  tete  des  Grecs  ,  et , 
apres  un  combat  acha.n^  ,  il  tue  Memnon.  L'Au- 
rore,  mere  de  ce  guerrier  ,  ordonne  aux  Z^phirs 
_  d'enlever  le  corps  de  sou  fils. 

Les  combats  recommencent.  Antiloque  ,  fils  de 
Nestor,  perit.  L'ardeur  de  le  venger  ramene  Achille 
sur  le  champ  de  bataille.  Vainement  Apollon  le 
menace;  Achille  braye  le  dieu  qui,  s'enveloppant 
d'lin  nuage,  I'atteint  d'un  trait  meurtrier.   Le  fils 


Quintus  Calaber.  5oi 

de  Pel(5e  expire  en  menacant  les  Troyens ,  qui  les- 
tent  ^poiivant(^s  de  I'aspect  dc  son  cadavre.  On  sauve 
le  corps  d'Achille  ;  on  lui  rend  les  honneurs  funebres. 
Des  jeux  auxquels  preside  Thetis,  sont  cel^br^s :  elle 
fait  placer  au  milieu  des  Grecs  les  araics  d'Achille, 
pour  ^tre  la  recompense  du  guerrier  qui  a  empecb^ 
les  Troyens  de  s'emparer  de  son  corps.  Ajax  et  Ulysse 
se  disputcnt  ce  prix :  les  Grecs  refusent  de  pronon- 
cer,  et  lemettent  cette  decision  a  des  prisonniers 
troyens  qui  d^cident  en  faveur  d'Ulysse.  Ajax  entre 
en  fureur  et  se  tue. 

II  est  question  de  renoncer  au  si(?ge  de  Troie  , 
mais  Calchas  declare  que  le  terme  de  dix  ans  de 
travaux  qui  devoient  prec^der  la  prise  de  cette  ville, 
app'roche,  et  qu'il  faut  que  Neopfoleme,  fils  d'A- 
chil'e  ,  arrive  de  Scyros,  Ulysse  et  Diomede  partent. 
Les  dieux  qui  favorisent  les  Troyens,  envoient  Eu- 
rypile  pour  d^fendre  Ilion.  II  attaque  et  poursuit 
les  Grecs  ,  les  repousse  jusqu'aupres  de  Icur  flolte, 
et  accorde  une  suspension  d'armes  pour  deux  jours, 
afin  de  donner  aux  morts  les  honneurs  de  la  se- 
pulture. 

Pyrrhus  arrive  de  Scyros.  Sa  presence  rend  le 
courage  aux  Grecs  :  il  tue  Eiirypile.  IMars  ,  venu 
au  secours  de^  Troyens,  intimide  les  Grecs;  mais 
Pyrrhus  r^siste  avec  courage.  Pallas  descend  a  son 
secours  centre  le  dieu  de  la  guerre  :  Jupiter  arrfte 
Mars  et  Pallas.  Ganimede  s'interesse  a  sa  patrie, 
et  en  demande  la  conservation  a  Jupiter  qui  exauce 
sa  priere  :  les  Grecs  se  retirent. 

Apres  une  nouvelle  suspension  d'armes  ,  les  com- 

li  3 


5oa  LUi'erauue  gicccjMc. 

bats  leconimenccnt.  Nej)tiine  soiitient  les  decs,  et 
s'oppose  a  Apollon  qui   vent  tuer  Pyrrhus. 

Calchas  declare  que  la  prt'sence  de  Philoctete 
laisst^  a  Lemnos,  est  n(^ccssaire.  Ulysse  et  Diomede 
vont  le  clieic'ner.  Pliiloetete  anive.Les  deux  arm(5e9 
en  vunr.ent  encore  aiix  mains  ;  Paris  est  blessd  par 
Philoc(e(e,  et  menrt  sur  le  mont  Ida  des  suites  de 
sa  blessLUC. 

Le  combat  s'engage  pies  des  porfes  d'Jlion,  Apol- 
lon favorise  les  Troyens  ,  et  se  presente  sous  Its 
traits  du  pretre  Polymestor,  vEn^e  et  Eurymaqu^ 
metfent  les  Grecs  en  fuite;  Pyrrhus  retablit  le  com- 
bat. Les  Trovens  cedent  ;  les  Grecs  donnent  un 
assaut  ii  la  ville  ,  niais  sont  repousses  par  yEnee. 

Les  Grecs  construtsent  le  chcval  arlil'iciel,  dans 
Jeqiiel  s'enferment  les  plus  braves  d'entre  eux.  L'ar- 
niee  quilte  le  canip  ,  apres  avoir  incendi^  les  tcnies. 
La  flotte  se  retire  a  T^ti^dos.  Les  Troyens  ajoutcnt 
foi  aux  niensonges  de  Sinop  ,  qui  leur  assure  qup 
ce  cbeval  de  bois  est  un.e  offrande  des  Grecs  a  Pal- 
las. Les  doutes  de  Laocoon  sont  punis  ;  deux  dra- 
gons d^vorent  ses  deux  fils,  et  lui-meme  est  frapp^ 
de  excite.  Cassandre  propb(?tise  en  vain  les  mal- 
heurs  deTroie  :  ie  cheval  est  introduit  dans  la  ville.- 
Pendant  la  nuit  qui  succede  aux  danses  et  aux  fes- 
tins,  Ulysse  et  ses  conipagnons  sortent  des  flants 
du  cheval.  Les  Grecs  s'empareht  de  la  vllle  ;  Priam 
est  massacK?,  sa  {"amille  est  captive;  M^ncJ'las  ro- 
prend  M(?lene;  I'lnccndie  detruit  Ilion. 

Les  Grecs  .partent  avec  leur  butin.  On  sacrifip 
Polyxcne.   Les   tempetes    ct   les    tcucils   dt-^truisciit 


Quinfus  Cnlaher.  5o3 

presque  toufe  la  flotte  des  Grecs  dont  quelques-iins 
a  peine  ^cliappent  au  naufrage. 

Cette  analyse  tres-succincte  ne  presentc  que  Ics 
principaux  traits  qni  coraposent  le  vaste  tableau 
de  ce  poenie  j  mais  elle  suffira  pent  -  etre  pour  in- 
spirer  la  ciirlosite  de  connoiire  le  contlnuateur  d'Ho- 
inere. 

Dans  la  foule  des  details  qui  doivent  faire  j'lgei' 
avanlageusement  du  po'elegrec  et  de  son  traducteur, 
nous  choisirons  le  passage  suivant  du  i."  livre. 

«  Ajax  tue  D^ique ,  le  vaillant  Hillus,  Eury- 
»  nome  et  le  brave  Enyee.  AchiUe  terrasse  les  cou- 
«  rageuses  auiazones  Polenause ,  Autandre,  Hip- 
<t  polho^  ,  Antibrote  et  Armothoe.  Seconde  du 
"  magnanime  fils  de  T^lamon  ,  il  abat  les  rangs 
"  entiers^,  et  leurs  efforts  reuuis  dissipent  les  pha- 
"  langes  pressees  ,  aussi  prompteme.it  que  le  feu 
"  anim^  par  les  vents  p(?nelre  dans  des  bois  toufFus. 

•  Penth^silee  les  voyaut  s'clancer  sur  les  Troyens  , 
■'  comuie  ces  animaux  cruels  que  touimenie  une 
"  faim  d^voraute  ,  niarche  centre  eux.  lis  s'arr^tent : 
«  tels  des  chasseurs  arm^s  se  font  un  rempart  de 
<<  leurs  lances  ,  lorsqu'ils  voient  venir  a  eux  la  pan- 
"  there  irrit^e  ;  tels  les  deux  hf^^ros,  tenant  leurs 
<■  piques  en  arret,  laissent  Rpprocher  la  {lereAma- 
"  zone.  Elle  commence  I'attaque,  et  lance  centre 
"  Achille  un  long  dard  qui  se  rompt  en  fVappant 
"  sur  son  bouclier  ,  prc'benl  immoitcl  de  Pindu- 
•'  strieux  Vulcain.  Aussitot  elle  en  prepare  un  autre 
"  centre  Ajax  ,  et  menacant  a  la  fois  les  deux  guer- 
'<    ricrs  :  "Le  premier  trait,  dit-el'e,  a  tronipe  mon 

li  4 


5o4  Litternlnre  grecque, 

<•  attente  ;  mais  il  m'en  reste  d'autres  assez  surs 
"  pour  vous  otcr  la  vie.  Puisseje,  par  votre  niort, 
<■  fdire  cesser  tous  les  maux  des  Troyens !  Appro- 
"  clicz  ,  et  vous  allcz  connoffre  quelle  est  la  valeur 
<■  d'line  Amazone.  Je  ne  dois  point  le  jour  a  un 
«  morfel  ,  un  sang  plus  noble  coule  dans  mes  vei- 
"  lies:  fille  du  dieu  Mars,  ma  -  naissance  m'assure 
■  la  siJp(;riorit(?  sur  les  homnips  memes. 

•>  Telle  fut  I'audace  de  Penth^sil^e  ;  mais  les 
•<  h^ros  la  m^priserent  :  et  en  effet ,  la  pointe  de 
"  son  fer  ne  fit  que  glisser  sur  les  brodequins  d'ar- 
"  gent  du  fils  de  Telamon,  sans  pen^trer  jusqu'aux 
••  chairs.  Les  destins  ne  pcrmirent  pas  que  le  fer 
••  ennenii  fut  rongi  du  sang  de  ce  h^ros ;  en  nieme 
•-"  temps  11  s'enfonce  clans  la  mel^e,  sans  rien  crain- 
n  die  pour  Achille  qu'il  laissa  seul  centre  la  guer- 
"  riere :  quelque  redoutable  qu'elle  fut,  il  savoifc 
••  que  le  brave  fils  de  Pelee  en  f^iompheroit  aussl 
«<  ais^ment  que  IVpervier  d^chire  la  timide  co- 
«  lonibe.  " 

Cette  peinture  d'Aja\  qui  dedaigne  de  se  venger 
de  I'atlaque  de  Pen(h(?3ilee ,  ct  qui  va  combattre 
aillcurs  ,  sans  craindre  pour  Achille  ,  ne  d^pareroit 
peut-elre  pas  i'lliade. 

r«ous  (erminerons  cot  article,  en  citant  la  descrip- 
tion que  Quintus  fait  du  bouclier  d'Achille  ;  ce 
sera  un  objet  de  comparaison  avec  la  description 
qu'Homere  en  a  aussi  faite. 

"  Pour  couronner  la  pompe  des  jeux  funebres, 
"  Thetis  fit  placer  les  armes  dWchille  au  milieu 
n   des  Grecs  rassemblts.  Tous  les  yeux  s'arreterent 


^uinlus  Calaber.  5o5 

V  sur  }e  bouclier  qni  oHroIt  des  prodiges  de  I'art 

•  de  Vulcain.  Ce  dieu  ,  d'une  main  savante ,  y  avoit 
«  grav^  en  traits  inimifables  ]a  terra  et  les  plaines 

•  liquides,  le  ciel  et  ses  vastes  regions.  L'haleine 
••  des  Z^pliirs  agitoient  les  feuilles  desarbres;  les 
«  Duages  r^pandoient  des  ombres;  le  soleil,  la 
"  lune  ,  tous  les  astres  brilloient  cbacun  de  sa 
■  clarte  ;  les  oiseaiix  ,  d^ployant  leurs  ailes  ,  se 
«  jouaient  l^gerement  dans  le  vague  des  aiis.  IcI , 
••  paroissoient  les  abymes  profonds  de  I'Oc^an,  ou, 
1.  apres  mille  detours,  venoient  se  perdre  les  fleu- 
«  ves  dont  les  eaux  portent  partout  une  beureuse 
••  f^condit^  ;  la,  r^gnoit  une  longue  cbaine  de  men- 
«  tagnes,  oii  erroient  confusement  des  lions  terri- 

•  bles ,  des  loups  ravlsseurs,  des  ours  fiuieux  ,  des 
«  leopards  et  des  sangliers  qui  sembloient  aiguiser  , 
«  ayec  le  fr^missement  de  la  rage,  les  defenses re- 
••  doutables  dont  leur  gueule  est  arm^e.  Plus  loin  , 
«  des  chasseurs  pr^c^d^s  de  leurs  chiens  ,  et  armes 

•  de  pierres  ou  de  fleches ,  poursuivoient  les  fe- 
"  roces  babitans  des  forets.  Ailleurs  ,  ^toient  d^peinfs 
"  les  combats  sanglans  et  le  tumulte  afFreux  des 
«  batailles  :  les  hommes  et  les  chevaux  etoient  pe- 
«  le-ra^le  ^gorg^s,  et  le  sang  qui  ruisseloit  des  plaies 

•  des  guerriers  inondoitla  plaine.  On  y  voyoit  aussi 
"  la  pale  Frayeur  et  la  Crainte  glacee ;  la  barbare 
«  Enyo  etendoit  son  bras  avide  de  carnage.  Aupres 
•<  d'elle ,  les  Furies  vengeresses  exhaloient  de  l«ur 
■  boucbe  enflammde  des  tourbillons  de  feu  ;  et  la 
«  Discorde  farouche,  qui  se  plait  a  lourmentcr  les 
«  hommes  ,    trainoit  a  sa  suite   la   Violence   et  la 


oo6  Litterature  grecque, 

"  Haine  :  au  merae  lieu  ,  les  Parques  inflexibles  J. 
<■  accompagn^es  de  la  Mort  d^vorante  ,  cheichoient 
•«  partoutdesvicllmes.  AcotddelaMort,  marchoit  la 
"  Guerre  homicide,  dont  les  membres  d^gouftoient 
•«  de  sueuret  de  sang.Non  loin  de  la,  se  montroient 
■  les  hideuses  Gorgones ,  dont  les  cheveux  ^toient 
«  hdriss^s  de  serpens  entrelaces  qui  dardoient  eq, 
m  sifflant  leur  langues  menacantes.  » 

n  La  nieme  main  qui  avoit  repr^sent^  les  mons- 
•<  tres  effrayans  ,  et  les  fle'aux  que  d^solent  la  terre  y 

•  s'^toit  pill  a  dessiner  les  riantes  images  de  la  paijj; 
"  et  de  la  tranquillity.  On  voyoit  des  cites  florissan- 
"  tes  ou  regnoit  la  justice  ;  des  villes  peuplees ,  oi!i 
"  d'heureux  habitans  s'exercoient  a  diffl^rens  genre.s 
«»  de  travaux.  Autour  d'eux  etoient  des  pres  emaill^s 
•>  de  fleurs  J  et  des  vergers  remplis  d'arbres  et  d^ 

.  -  fruits  delicieux.  Au  sommet  d'une  montagne  esr 
"  carp^e  ,  la  vertu  avoit  un  trone  d'ou  elle  porfojt 
«  son  front  serein  jusque  dans  les  cleux.  La  plupart 

•  de  ceux  qui,  pour  I'atteindre,  s'^toient  avanc^s 

•  jusqu'au  pied  du  Mont  sacre,  trouvant  un  abord 
•«  ^pineux,  et  des  senflers  coupes  par  niille  pr^ci- 
«•  Ibices,  s'en  retournoient  ^pouvanles  ;  quelques- 
"  uns  brayoient  les  perils  et  franchissoicnt  le  pas- 
••  sage. 

«  Plus  loin  ,  les  ^pis  dor^s  tomboient  sous  la  fau- 
«  cille  aiguisee  des  moissooneurs  ,  qui  laissoient  der- 
"  riere  eux   des  gerbes  nombreuses  ;  d'autres  occu- 

•  p^s  a  recueillir  ces  dons  pr^cieux  de  C^res,  cor.7- 
••  duisoient  des  chariots  aux  lieux  oit  I'on  devoit  le? 
"  accumuler.  A  g^uelque  distance ,  on  ouvroit  de  npu- 


Quinltis  Caluher.  Soj 

X  veaux  sillons  ;  et  ,  sous  le  soc  trancliant,  la  fcrre 
<•  prenolt  une  coiileur  fiaiche  et  rembrunie.  Deux 
«  conducteui  s  ,  places  aiix  deux  cotes  du  joug ,  te- 
<•  nant  en  main  raig\iUIon  ,  pressolent  la  niaiche 
"  tardive  des  boeufs  fatigues.  On  di'couvroit  aiissi 
••  des  repas  champOlres  ,  qu'egayolt  le  son  des  cl- 
««  thares  et  des  haulbois.  Les  jeunes  bergers ,  d'lin 
«  pas  mesurd  frappoient  la  terre  de  concert  avec 
»  ]es  femmes  ,  qui  niarquoient  la  cadence  avec  en- 
"  core  plus  d'exprcssion  et  de  vivacite. 

M  Aupres  des  danses  et  des  festins,  Cypris  ,  les 
"  cheveux  humulcs  et  blanthis  d'ecume,  sembloit 
«•  etre  sortie  tout  r^ceninient  de  I'onde  amcre  ;  Cu- 
"  pidon  voltlgeait  autour  d'elle  en  souriant,  ou  fo- 
"  latroit  parrai  les  Graces.  Les  filles  de  I'antique 
«  N^r^econduiaoient,  avecpompe,  des  palais  d'Am- 
••  ph  trite,  leor  soeur  promise  a  I'beuieux  descendant 
"  d'iEacus ;  et  les  immortels,  assembl(^s  sur  les  col- 
•■  lines  du  P^Iion,  celebroient  cet  hymen  par  nn 
«  banquet  magnifique.  Tout  autour  ^foient  des  val- 
"  Ions  et  des  champs  embrllis  de  fleurs  ,  de  tapis  de 
'<  verdure ,  des  hcrbes  tendres  et  mouill^^es  par  *^s 
••  pleurs  du  matin  :  une  eau  fraiche  et  limpide  Jaillis- 
«  soit  des  fontaines  ombragees  par  des  bnis  toulfiis. 

■■  Les  vastes  plaines  de  I'ocean  presentoient  mille 
"  spectacles  divers;  d'un  cote,  se  voyoient  la  tem- 
"  pete  et  ses  horreurs ;  des  vaisseaux  emporl^s  dans 
"  leur  course  rapide,  ou  pcnches  sur  des  abymes 
<■  entr'ouverts  ,  voguoient  a  la  merci  des  vents  et 
«   des  flols.  Les  vagues  mutim'es  battoient  les  flancs 

ties  navires  j  les  matelols  pdlis  ct  treuiblans  plioient 


5o8  Litteratiire  grec^ue. 

•  les  voiles ,  ou  s'empressoient  de  fendre  !es  eaux 

•  ^cumeuses  sous  les  avironsai;ltds.  D'un  autre  c6(^, 

■  environn^  de  monstres  que  Thetis  nourrit  dans 

■  son   sein  ,  Neptune ,    arrad  de    lanieres  dorees , 

•  pressoit  ses  coursiers  agilesj  les  Acts,  en  silence, 
«  s'abaissoient  devant  son  char ,  et  le  talme  enchai- 
"  nant  les  ondes,  annon^oit  la  presence  du  dieu 
«  desmers.  Autour  delui  bondissoient  les  dauphins  ; 
«  quoique  graves  sur  une  simple  lame  d'argent  ,  on 
•■  croyoit  les  voir  tressailliratraverslanoire^paisseur 
"  des  eaux.  Enfin .,  les  courans  impetueux  du  per- 
"  fide  dement  r^gnolent  dans  la  surface  entiere  du 
u  cercle  ,  qui ,  formant  le  contour  du  bouclier ,  ser-. 
■  voit  a  eu  appuyer  toutes  les  parties.  A  ces  chef- 

•  d'oeuvres  ,  et  a  mille  autres  merveilles  de  I'art ,  on, 
"  reconnoissoit  rindustri^  du  Dieu  qui  en  ^toit  I'au- 

•  teur.        R  . . , 


VARIETES,  NOUVELLES 

ET 

CORllESPONDANCE  LITT^RAIRES. 


NOUVELLES  ETRANGERES. 

Allemagne. 

Extra  J  T  d'une  lettre  de  M.  Zach  y  direo 
leur  de  Fobseivaloire  de  Gotha ,  au  C. 
Mechain  J  de  rinstitut ,  adminislrateur 
de  Vobservatoirc  de  Paris. 

M.  ScHRCETTER  a  Lilienlhal  volt  avec  ses  grands 
telescopes,  un  disqiie  de  2"  a  peu  pres  alanouvelle 
plant'te,  la  Ceres.  Aussi  soupconne-t-ll  deux  satel- 
lites. La  planete  est  envelopp^e  dans  une  atmos- 
phere fort  epaisse,  car  elle  paroit  entouree  de  beau- 
coup  de  nebulosity.  Je  suis  tres-curieux  d'apprendre 
ce  que  M.  Herscliell  nous  en  dira.  En  attendant, 
j'al  cru  devoir  vous  ^crire  ccci  en  toule  hate.  ..etc. 

Elemens  elliptlques  de  la  nouvelie  planete,  cor- 
rlg^s  par  M.  Gauss,  sur  les  dcmicres  observations: 

Mouvement  dlurne  tropique-hdio-cenlrique  770", 
7876. 

Revolution  tropique 1681  Jours  12''.  9'. 


JVouf^elles  lllleraires. 


Berlin. 

Sounis  el  Mnels. 

II  y  a  a  Berlin  un  dtablissement  pour  I'Instructioii 
des  souids  et  muets,  donl  la  m(?thode  serable  avoir 
encore  perfectionn^  celle  de  I'abb^  de  I'Epee  et  de 
Sicard.  L'instifuteur  leiir  apprend  a  former  des  sons 
rauques,  confus,  inexacts  ,il  est  vrai,  n)als  tels  cepen- 
dant  qu'avec  de  I'attention  et  de  la  patience  ,  on 
parvlent  a  compreodre  phisieurs  phrases  de  suite, 
pronoiiC(?es  par  ces  enfans.  L'inslituteur  leur  apprend 
aussi  a  placer  eux-memes  leurs  mains  sur  leur  gosier  , 
de  manlere  a  faire  rendre  tel  bu  tel  son  (l). 

-Une  autre  point  sur  lequel  cette  methode  paroit 
encore  avoir  I'avantage  sur  I'ancienne,  c'est  que  Jes 
Aleves  devinent  assez  rapidement  et  presque  toujours 
surenient  ,  les  mots  que  Ton  a  prononcds  ,  en  voyant 
le  mouvement  (  un  peu  ralenti  )  des  leyres  ,  surtout 
quand  le  col  d^couvert  leur  laisse  apercevoir  en 
meme  temps  les  mouvemens  de  la  gorge. 

On  s'occupe  actuellement  d'un  travail  sur  cet  int^- 
ressant  ^tablissement,  qui  doit  etre  envoy^  au  ml- 
nistre  Chaptal ,  pour  le  mettrc  a  meme  de  comparer, 
s'il  y  a  lieu  ,  et  d'appliquer  a  I'^tablisseraent  de 
Paris  les  perfectionnemens  de  celui-ci. 

(i)  On  a  depuis  longtemps  fait  les  memes  essais  sur  quclques  t-leves 
sourds  et  muets  de  I'ttablisseinent  de  Paiis,  dont  la  conlouiial.oii  phy- 
sique laissoit  esphe  quelques  succ^s. 


Nouvedes  hiteraires.  Oil 


R  u  s  s  I  E. 


li'empereur  de  Russle  a  orrlonne  la  confection 
<d'iine  carte  generale  de  chaque  gouvernement  deson 
Empire.  Cette  entreprise  doit  €tre  comraenc^e  au 
jpriiitemps  de  I'ann^e  1802. 


E    S   P    A    G    N    E. 

Sociele  d" Arragon. 

La  Soci^t^  royale  d'Arragon  vient  de  nommer  son 
associS  de  mcrile  ,  don  Thomas  Lolvmo  -  Perez  , 
rnaitre  potier  a  Bilbastro,  qui  est  jiarvenu  a  former 
des  tuyaux  d'argile  a  I'usage  des  fabriques  d'eau-de- 
vie,  en  remplacement  de  ceux  de  cuivre,  dont  on 
connoit  les  funestes  effets.  Sa  m^thode  consiste  a 
preparer  et  mdlanger  les  terres ,  former  les  tuyaux  , 
les  faire  cuire  deux  fois  ,  et  les  vernisser.  Ces  tuyaux 
ne  reviennent  pas  a  plus  d'un  cinquieme  du  prix 
ele  ceux  de  cuivre  ;  ils  durent  plus  que  ceux-ci  ,  qu'il 
falloit  renouveler  tous  les  trols  ans,  et  I'eau-de-vie 
en  sort  meilleure ,  parce  qu'elle  n'y  acquiert  pas  le 
gout  de  feu.  Ils  sont  employes,  avec  succes,  depuis 
!e  10  octobre  ,  dans  les  fabriques  appartenant  a 
Antoioe  Gramoutel  ,  a  Bilbastro. 


Bi%  Noiivelles  lilteraaes. 


FRANCE. 

NfiCROLOGIE. 

Sur  le  C.  Blanc. 

Les  arts  viennent  de  faire  une  perte  dans  la  per- 
sonne  du  C.  Blanc,  entrepreneur  de  la  manufac- 
ture nationale  d'armes  de  Roanne. 

C'est  lui  qui,  guid^  par  le  g^nie  du  g^ndral  Gri- 
beauval,  premier  inspecleur  g^n^ral  de  I'artillerie, 
a  fait  le  modele  du  fusil  connu  sous  le  nom  de  mo- 
dele  de  1777. 

Le  gdn^al  Gribeauval ,  desirant  porter  dans  toutes 
les  parties  de  I'arme  de  guerre  ,  I'uniformii^  qu'il 
avolt  introduite  dans  la  grosse  artillerle  ,  I'avolt 
charge  de  I'ex^cution  de  ce  projet. 

II  est  parvenu  a  fabriquer  ses  platines  avec  une 
precision  et  une  uniformity,  telles  que  toutes  les 
pieces ,  prises  au  hasard  ,  s'adaptent  ^galement  a 
toutes  ses  platines. 

Une  experience  falte,  il  y  a  quelques  annees, 
aux  Invalldes  a  Paris ,  sur  les  pieces  n^cessaires  <k 
la  confection  de  mille  platines,  fut  couronn^e  du 
succes  le  plus  brillant,  et  hii  merita  les  plusgranda 
^loges  des  officiers  d'artillerie  et  de  I'Acad^mie  des 
sciences. 

Cette  ^preuve  a  ^t^rep^tee  dernierement  a  Paris, 
avec  un   succes  ^gal  ,  en  presence  des  inspecteurs 

gifneraux  ^ 


Nonvelles  litleraires.  5i3 

e^n^raux  d'artillerle  ,  sur  les  pieces  dc  cinq  cenls 
platines. 

II  est  mort  an  moment  ou  11  s'occnpoit,  d'apres 
les  ordres  du  minisfre,  a  porter  la  meme  perfection 
dans  toutes  les  aulres  parties  de  I'arme. 

Heureusement ,  il  laisse  apres  lul  tous  les  types 
et  les  matrices  n<?cessaires  pour  arriver  a  ce  r^sul- 
tat,  et  des  Aleves  capables  de  le  remplacer. 


BARquiER, 

Augustin  DatiQUIER  ,  de  ITnslitut  national,  nd 
a  Toulouse  le  23  novcmbrc  1718,  mort  le  18  Jan- 
vier 1802  ,  Put  d^fcrmin^  de  bonne  heure  vers  I'as- 
tronomie  par  un  pencliant  naturel  ,  quoique  dans 
une  ville  ^loign^e  de  la  capifale  ,  et  il  y  a  mis  un 
zele  et  une  acflvife  que  son  age  n'avoit  pas  afFoibli. 
Des  1748,  il  etoit  connu  et  estime  des  astronomes 
a  qui  il  n'a  cessd  d'etre  utile.  II  rchela  des  instru- 
mens  ,  il  (?tablit  un  observatoire  dans  sa  maison , 
il  fit  imprimer  a  ses  frais  deux  volumes  d'observa- 
tious.  On  a  imprim^  a  Utrecht  sa  traduction  des 
jelfres  cosmologiques  de  Lambert.  II  formoit  des 
Aleves,  il  payoit  des  calculateurs  ;  et,  pouvant  se 
passer  des  secours  da  ^on\crnement ,  il  ne  dut  ri'^n 
qu'a  lul-meme.  J'al  imprime  ses  dernieres  observa- 
tions dans  mon  lUstoire  celeste,  page  SqS  ;  elles 
vont  jusqu'au  1-9  mai  1798  ,  et  il  en  avoit  encore  ^ 
m'cnvoyer ,  quoique  ag^  de  80  aas.  Le  Lycee  de 
Tome  V.  Kk 


5i4  Nouifelles  lilteraires. 

Toulouse  nous  donnera  plus  de  details  sur  cette  loa« 
gue  et  inlt^ressante  carriere.     De  LalajnD£. 


Ecole  de  santc  de  Strasbourg. 

Les  professeuis  de  I'EcoIe  de  sant^  et  les  autres 
m^decins  de  Strasbourg,  viennent  de  former  une 
Sociele  qui  entrera  en  correspoudance  avec  les  So- 
ti^l^s  de  ni^decine  et  d'histoire  natuiellcj  etablies 
soil  en  France,  soit  en  Alleuiao;ne, 


Navigation  de  V Escant. 

Paimi  les  projefs  de  navigation  propos(?s  pour 
r^unir  TEscaut  a  I'Oise  ,  celui  d'un  canal  souter- 
rain  ,  passant  par  Saint-Quentin  ,  a  e(^  reconini  le 
plus  avantageux  pour  assurer  une  navigation  flo- 
rissante ,  et  le  gouverncment  a  envoy^  ,  I'ele  der- 
nier, dcs  ing(?nieurs  sur  les  lieux  ,  afin  de  s'occuper 
des  plans,  nivellemens  et  autres  operations  pr(?Iimi- 
iiaires  pour  I'ex^cution  de  ce  grand  monument  na- 
tional. Mais  il  restoit  a  decider  entre  deux  direc- 
tions a  donner  au  canal  soiiferrain  ,  I'une  propos^e 
par  I'ingenleur  Devic  ;  I'autre  propos^e  et  deja  com- 
menc^e  par  feu  Laurent.  L'assembl^e  des  ponts  et 
chauss(?es  ,  ayant  a  fixer  son  cboix  pour  une  de  ces 
deux  directions,  a  adopte  le  canal  Laurent j  a  une 
iuajoiit(5  de  21  voix  contre  9. 


Nouvelles  litter  aires,  5i5 


Socielt  dc  Medeciiie  de  Lyon. 

La  Society  de  ru(?decine  de  Lyon  a  propose  pour 
sujet  d'lin  prix  de  3co  f'r. ,  donn^  par  iinanonyuie, 
la  question  suivante  :  Quel  est  le  genre  de  fibres  qui 
siirvicjinent  aux  femmes  en  coiiche  j  et  connues  sous 
le  nom  de  fievres  pucrp^rales ,  et  quel  en  e^i  le  ve- 
ritable trailement  J* 


PARIS. 

Instjtut    national. 

Memoire  siir  les  Senes _,  par  le  C.  Delisle  j 
membre  de  V  In  slit  lit  d'J[:Jgypte. 

Onr^colteen^gypte  deux  sortes  des^n^,dont  oa 
fait  un  commerce  considerable  ,  et  qui  sont  le  produit 
de  deux  plantes  tres-distiuctes ,  appartenantes  au 
genre  cassia  de  Linnaeus.  L'une ,  d^sign^e  par  cet  au- 
teuv ,  sous  le  nom  de  cassia  senna ,  en  francois  s^n^ 
a  feuilles  obtuses  ou  ^Italie  ,  est  bien  connue  des 
botanisfes;  I'autre  ,  que  Forskal  appelle  cassia  lan- 
ceolcita ,  casse  lanceolde ,  I'est  beaucoup  moins.  La 
premiere  est  une  plante  rameuse  et  herbac^e  ,  qui 
n'a  comraunement  que  4-5  d(?cimetres  de  hauteur. 
Ses  feuilles  sont  compost'es  de  5-6paircs  de  folioles 
glauqiies,  ovales-renverse'es  ,  dont  le  petiole  est  de- 
pourvu  de  glandes.  Les  fleurs  naissent  en  grappes  au 
sommet  des  ranieaux.  Les  5  divisions  du  calice  sout 


5i6  Nouvelles  Utteraires, 

briines ;  les  p(?tales  Jaunes  ct  veln^s.  Elles  portent 
des  gousses  aplaties,  courb^es  en  croissanl  et  gar- 
nies  sur  cliaque  face  de  pelites  cretes  longitudinales. 
Elles  renferment  8-10  giaines.  SuivanI  le  C.  Delisle, 
cetfe  planle  qui  ,  coranie  I'on  salt  ,  est  anirielle  dans 
les  jardinsd'Europe,  est  vivaceen  Afriqne.  Sesfeuilles 
fraiches  exhalent  una  odeur  d^sagr^able.  Elle  croit 
spontanement  aux  environs  de  I'ile  Pliiloe  et  de  la 
premiere  calaracte  du  Nil  ou  elle  est  aussi  cultivee, 
ainsi  que  dans  plusieiirs  autres  cantons  de  la  haute 
^srypte.  Cette  espece  de  s^ne  ,  donton  fait  tons  les 
ans  la  r^colte,  est  porle  a  Sieniie,  ou  il  se  vend  a 
bas  piix.  Les  niarchands  qui  Tachetent  ,  ne  le  nie- 
lent  jamais  avec  Ic  sen^  afeuillesaignes.Cettestconde 
espece,  que  Ton  appelle  sdne  du  Said ^  de  lajialte 
on  de  la  ferine  ,  est  un  arbrisseau  rameux  d'enviion 
7  decimetres  de  hauteur.  Ses  feuillessont  composees 
de  6-7  p^aires  de  folioles  lanc^olees  aigues,  pubes- 
centes  ;  et  le  petiole  est  pareillement  dt^pouru  de 
glandes.  Les  fleurs  ,  comme  dansl'espece  prt'cedenfe, 
sont  dispos^es  en  grappes  a  I'extremite  des  rameaux. 
Le  calice  est  a  5  divisions  ovales  et  colorees  j  les 
pefales  sont  jaunes  ,  vein^s  de  lignes  brunes  ;  les 
gousses  aplaties,  un  pen  avquces,  arrondies  a  I'ex- 
ti(^mite  ,  renferment  6-7  graines. 

Les  Ababdes  et  les  Arabes  de  la  fribu  de  Bicharle, 
vont  cueillir  le  s^ne  a  ftuilles  aigues  dans  le  desert 
au  midi  ,  et  a  I'est  de  Sienne,  ou  il  croit  naturel- 
Icment  d:ms  les  vallees  arros^es  par  ]es  pluies.  On 
nc  le  trouve  qu'au-dela  de  la  premiere  cataracte, 
mais  dans  uue  grande  £;tendue  dc  pays.  Les  Arabes 


Nouvelles  lltlcraires.  5 17 

en  coiii>ent  Its  lameaux  a  lV|)oqiie  ou  Its  fieiirs  com- 
mencent  a  toniber.  lis  les  laissent  expos<?s  quelque 
teaips  a  I'air  ,  et  i!s  les  renferment  daijs  des  sacs 
avant  qu'IIs  soient  enliereaient  dess(^clic-s,  Ce  %(:a€ 
est  ^galcnient  porte  a  Sienne  ,  et  achel^  par  des 
marcliands.  Une  charge  de  cliameau  vaiit  o-io  pa- 
taques,  de  90  paratSj  ce  qui  fait  environ  3o  a  33  fr, 
denotre  monnoie.  Coninie  la  r(?cul{e  dn  sent?  a  feulHes 
aigues  n'est  pas  assez  abondanle  pour  procurer  aux 
Arabes  un  gain  considerable ,  ils  y  nielent  des  feiiilles 
d'un  arbrisseau ,  qui  rtssemblent  beaucoup  a  celles 
du  s^ne,  mais  dent  les  propri^l^s  sent  bien  difFe- 
rentes.  C'est  une  es|tece  d'apocinee  du  genre  cynan~ 
chum  ,  et  connue  dans  le  pays  sous  le  noin  d\irghelj 
dont  le  C.  Deiisle  donne  une  descilplion  lres-d^~ 
taiilee.  Les  feuilles  detcriorent  le  s^n^  ,  et  peuvent 
meme  jiioduiie  des  effets  nuibibles. 

Au  commencement  de  raulorane  ,  on  met  le  scii6 
dans  des  barques  ,  et  on  le  conduit  sur  le  Nil  jus- 
qu'a  Boular.  La,  dans  les  uiagasins  des  n^gqcians  , 
on  delaebe  les  feuilles  des  ramcaux  ,  on  les  vanne, 
on  les  passe  au  crible  et  on  les  monde  compl^te- 
ment.  On  met  a  purt  une  certaine  quantity  de  celui 
a  feuilles  aigues.  Le  resle  est  echang^  avec  plus  ou 
nioins  d'arghel  et  de  s^ne  a  feuilles  obtuses.  11  vient 
annuellcment  a  Sienne,  deux  mille  caiitars  de  s(?u^; 
et  quand  on  a  sdpard  le  bois  d'avec  les  feuilles ,  il 
se  Irouve  presque  r^duit  a  la  moiti^  du  poids  qu'il 
avoit  auparavant.  On  en  s^pare  aussi  les  follicules, 
sans  en  lenir  con)pte  aux  marchands  :  ce  qui  produit 
uu  gain  considerable  ,  parce  que  dans  les  pliaruiacics 

Kk  3 


5i8  Nouvelles  Uueraires, 

d'Europe  ,  elles  sont  pr^ferees  aux  feullles  ;  ttials  ell 
^gypte  ,  les  droginsteslesregardentconime  iniitiles, 
et  m^me  comme  dangereuses.  L'usage  du  s^n(5  vient 
dcs  Arahes  ,  et  on  lui  a  conserve  )e  noni  qu'ils  lui 
ont  donnc. 

Le  melange  de  I'arghel  avec  le  s^nd  a  feullles 
aigucs  ,  en  rend  le  clioix  fres-difficlle ,  parce  que 
leurs  feuilles  se  ressemblent  tellement,  qu'on  peut 
a  peine  les  distinguer. 

La  casse  lanceolde  de  Forskal  ,  que  cet  auteur  a 
indiquec  pour  le  vrai  s^ue  d'Alexandrie  ou  de  la 
Mecque  ,  et  qui  croit  aux  environs  de  Gedda,  ne 
difFeie  pas  sensiblement  du  sen^  de  la  palte,  d^crlt 
par  le  C.  Delisle  ;  et  il  observe  que  celui  de  la 
Wecque  se  trouve  quelquefois  mele  avec  le  sen^  a 
feuilles  obtuscs  ,  mais  jamais  avec  I'arghel  :  ce  qui 
lui  donne  une  pr^f<?rence  marquL-e  sur  I'autre. 

On  vend  ,  daus  Its  pharmacies  du  grand  Caire  , 
une  graine  donnue  sous  le  uom  de  chiiichin  ,  qu'on 
emploie  pour  gu^rir  les  maladies  d>.s  yeux.  Cette 
graine  est  apportec  par  les  C2ra\."r,en  (ie  Darfour 
et  de  Sennar.  Le  C.  Delisle  ayaul  seme  plusieursde 
cesgraines,  en  a  obtenu  le  cassiu  absus  de  Linnaeus. 

Le  meme  savant  a  lu  un  mc'moire  sur  le  doinn  ou 
-palmier  dc  la  Theba'ide. 

Parmi  le  jielit  nonibre  d'aibres  que  produit  V JK- 
gypte,  on  remarque  deux  palmiers  ;  I'un  est  le  dallier 
qui  fournit  abondammentala  uourrifure  dfs  habitans; 
I'autre  est  le  doum  ,  qui ,  en  offrant  aux  aulres  v(?g<f- 
taux  un  abri  sur  le.s  confius  du  desert,  a  c?tendu  le 
domalne  des  teires  cultivees.  Ce  n'est  qii'au-dela  de 


Noiwelhs  llltiraires:  ^19 

Girg^quele  doum  s'est  multiplie  dans  le  Said.  Get 
arbre  ,  siiivant  Bruce,  croJt  aussi  dans  la  Nubie  j 
ce  fait  a  e(e  confirm^  an  C,  Delisle  par  les  regies 
de  Sennar  et  de  Darfoiir,  qui  vicnuent  au  Calre. 

Ce  pa'mier,  reniarquable  par  ses  branches  bifur- 
qu^es  ,  ^toit  ronnu  du  temps  de  Th^oplirasfe;  il  a 
^td  decrit  avec  la  plus  grande  exactitude  par  cet  an- 
cien  naturaliste  sous  le  iioni  de  Cucifcra.  LeC.  Delisle 
prouve  evtdcmmenf  que  le  doum  de  la  Th^baideest 
]e  cucif^ra  de  Th^ophrasfe.  Bruce  I'avoit  ^galement 
pense  ;  mais  il  dit  que  le  noyau  du  fruit  resscmble 
a  celui  de  la  peche  ,  ce  qui  n'est  pas  exact,  et  qu'il 
est  entoure  d'unepulppamere,  tandis  qu'elle  est  douce 
et  agr^able  au  gout.  Cette  erreur  vicnt  de  ce  qu'il 
avoit  observe  le  fruit  avant  sa  maturity.  LeC.  Delisle 
pense  que  le  cycas  ou  cucas  <Ie  Theophraste,  espece 
de  palmier  naturel  a  I'^thiopie  ,  est  le  m^me  que 
celul  de  la  Thebaide.'Quoi  qu'il  en  soit,  Pockocke 
a  donne  dans  ses  voyages  un  dessin  et  une  descrip- 
tion assez  exacte  du  fruit  du  doum  ,  qu'il  nomme 
Palma  Theba'ica ^  et  qu'il  regarde  comme  le  cuci  oxjl 
cucifera  de  Tht'ophraste.  L'Kcluse  et  les  Bauhins  en 
avoient  aussi  parle  brievement.  —  Le  tronc  du  doum 
a  dix  metres  de  hauteur  sur  un  de  circonference ;  sa 
surface  est  rcvetue  d'anncaux  paralleles  ,  peusaillans^ 
larges  de  trois  centimetres  ,  formes  par  I'impressioa 
de  la  base  du  petiole  des  feuilles;  il  se  partage  d'a- 
bord  en  deux  branches  dont  les  rameaux  se  bifurquent 
graduellement  jusqu'a  trois  ou  quatre  fois  ,  et  cha- 
cune  des  dernieres  ramifications  est  couronn^e  d'une 
touffe  de  vingt  a  trcnie  feuilles  palmi^es,   divisc/ei 

Kk  4 


5^0  Nouvelles  Ulteraires. 

Jusqu'aux  deux  tiers  ,  longue  de  deux  metres  siiruo 
de  large  ;  ellcs  pn'sentent  la  forme  d'un  ^vcnlail  clr- 
culaire  obliquement  ouvert;  les  divisions  sont  pllss^es, 
et  vent  en  se  retr(?cissant  dela  base  au  soiiimet.  On 
reniarcjue  ,  entre  cliacune  ,  un  filament  qui  Jes  te- 
noit  unies  avant  leur  d^velojppement  :  le  pc^tiole  est 
dtmicjlindrique  ,  creus^  en  goultiere  ,  de, mollis 
plus  court  que  la  feuille  ,  dlargi  a  la  base  et  for- 
mant  une  galne  autour  du  tronc. 

Les  fleurs  sont  dloiques  et  dispos^es  en  grappes 
sur  un  spadix  partag^  en  long  rameaux  de  la  gros- 
seur  du  doigl.  Le  spaflie  se  fend  longltudinalement 
d'un  c6t(5  lorsque  les  fleurs  sont  pretesa  s'dpanouir. 
Le  spadix  tst  revetu  d'ecallles  allernes  ,  seri(5es  ,  qui 
se  recouvrcnt  comme  les  tuiles  des  toits ,  et  ferment 
des  splrales  redoubl^es  autour  des  rameaux.  Les  fleurs 
naisscnt  solitaires  entre  les  (?cailles  dont  I'inlervalle 
est  garni  de  faisceaux  de  sole.  Les  males  ont  un  ca- 
]ice  a  six  divisions  pvofondes  ;  les  trois  ext^rieures 
sont  pptltes  ,  dtroitcs  ,  appliqudes  contrc  un  pedicelle 
qui  souiient  les  tiois  interieures  ;  cel!es-ci  sont  ou- 
vertes ,  un  peu  plus  grandes  et  plus  cpaisscs.  Les  eta- 
mines,  au  nombre  de  six  ,  ne  depasscnt  pas  le  calice; 
les  filets  sont  reunis  a  leur  base.  Le  calice  des  fleurs 
femellesest  a  six  divisions  presqu'cgales  ;  il  lenferme 
trois  ovaires  superes  ,  soud^a  ensemble  ,  termini 
cliacun  par  ud  style  surmont^  d'un  stigmate.  Le  fiuit 
est  une  baie  oVale  convene  d'unepeau  mince  et  lisse 
qui  eotor.re  une  pulpe  Jaunc,  d'une  saveur  niielleuse 
et  aromatique,  culi  ciiielJc  de  fibres  dont  les  inl(?- 
jieuies  sont  (les  scrrt'cs  ,  et  foimcnt  une  cnveIo;>pe 


Noiwelles  liltcraires.  S21 

ligneuse  aufour  d'une  grosse  amande  cornee ,  blati- 
cliatre,  aplatie  a  I'une  de  ses  extremi(^s  ,  pointue 
al'autrebout ,  oii  I'ou  remaique  un  enfonctment  qui 
contient  I'embryon. 

Le  tronc  du  doum  est  conipos(;  de  filjres  longitu- 
dinalcs  ;  on  le  fend  en  planches  dont  on  fait  dcs 
porfcs  dans  le  Said.  Les  fibres  sont  noiies,  et  la 
nioelle  qui  sc  tinuve  enlie  el  les  est  d'une  couleur 
jaunc  ;  les  fcullles  sont  employees  a  faire  des  tapis, 
des  sacs  ,  des  paniers  :  la  pulpe  du  fruit  est  bonne  a 
manger.  Les  babitans  du  Said  s'en  nourrlssent  quel- 
quefois.  On  apportc  au  Caire  un  grand  nonibre  de 
ces  fiuits,  qu'on  y  vend  a  bas  prix.  lis  ont  la  saveur 
du  pain  dVpiccs  :  on  en  fait  par  Infusion  un  sorbet 
assez  semblable  a  celul  qu'on  prepare  avee  la  raclne 
de  la  reglisse,  ou  la  pulpe  des  gousses  du  caroubier. 
Cette  boisson  passe  ])Our  salutaire  ;  I'amande  en  s^- 
cbant  se  durcit  et  dcvient  susceptible  de  poll  :  on 
en  fait  des  grains  de  chapclet.  D.  C. 


Not  ICE  des  iravaux  de  la  classc  de  Lit- 
terature  el  Beaux-arts ^  par  le  C.  ViLLAR, 
secretaire  de  laclasse.  Seance  publujue  du 
1 5  nivose  an  10. 

Dcpuis  longtemps,  Icsleff reset  les  arts  soupiroient 
apies  le  retour  de  !a  pais.  La  sagesse  da  gouverne- 
nient  vient  de  combler  leurs  vaux  ;  et  si  It-s  nial- 
heiirs  que  la  guerre  trainea  sa  suite  ii'ont  pu  ralcu- 


52.2.  Nouvelles  litleraires. 

llr  leiir  zele  pour  la  g]oirc  de  la  patrie ,  que  ne  clolt- 
on  pas  esperer  de  leurs  houveaux  eflbrls ,  au  milieu 
de  cette  lieureuse  harmonie  qui  regne  enfin  parnii 
tous  les  peiiples  de  I'Europe,  et  les  €claire  chaque 
jour  sur  leurs  v^ritables  int^r^ts? 

Pen(?tr^e  de  ces  sentiraens  ,  la  classe  de  litt^ralure 
et  beaux-arts  poursuit  le  cours  de  scs  Iravaux.  Nous 
allons  rendre  compte  au  public  des  divers  objets 
dont  elle  s'est  cccup^e  pendant  le  premier  trimestre 
de  I'an  lo. 

Le  C.  Ameilhon  IuI  a  communique  la  premiere 
partie  d'un  memoire  fort  ^fendu  ,  sur  I'art  de  tisser 
chez  les  and  ens ;  question  Importante  pour  les  bons 
csprits  qui  savent  apprdcler  les  arts  utiles  et  les 
ricbesses  immenscs  qu'ils  procurent  aux  efats  bien 
constltu^s.  Nous  tacherons  de  donner  une  Juste  id^e 
du  travail  de  notre  collogue,  en  indlquant,  d'apres 
]ui-m^me,  le  plan  qu'il  s'est  trace,  et  la  methode 
qu'il  a  projete  de  suivre. 

Quand  les  premiers  liommes  songerent  a  se  d^- 
fendre  des  infemp^ries  de  I'air  ,  ils  eurent  d'abord 
recours  aux  peaux  de  betes  ,  aux  plumes,  aux  ecor- 
ces ,  aux  feuilles  d'arbres.  Peu  a  pcu  leurs  vetemens 
devinrent  pliiscommodes,  plusl^gers  ou  plus  chauds, 
suivant  les  saisons  ou  la  temp^arlure  du  cliroat  sous 
lequel  ils  vivolent.  Le  besoin  leur  apprit  a  fabriquer 
des  etoHes.  On  salt  que  le  besoin  fut  le  pere  de 
I'industrle  huraaine.  II  cr<?a  I'art  de  tisser.  Get  art 
dtolt  simple  dans  son  origine,  et  meme  assez  gros- 
sier;  mais  I'exp^rience  hata  ses  progres  ,  et  polit  ses 
ouvrages.  Bientot  il  se  montra  plus  compose  ,  plus 


Nouvelles  litleraires.  5a  3 

noble,  plus  Fecond.  Chacune  de  ses  branches  fournlt 
a  I'auleur  du  memoire  un  article  interessant. 

Des  les  temps  anciens,  I'art  de  tisser  mettoit  a 
contribution  les  Irois  rcgnes  de  la  nature.  II  tiroit 
du  regne  v^g^tal  le  lin  ,  le  chanvre ,  les  fils  d'or- 
fie,  le  cofon  ;  le  regne  animal  lui  prodiguoit  les 
laines  et  les  poils  des  animaux,  les  fils  des  vers  a 
soie  ,  ceux  de  quelques  autres  insectes,  et  meme 
les  filamens  de  la  pinne  marine  ;  enfin  le  regne 
mineral  I'enrichissoit  de  ses  fils  d'oret  d'argent,  en 
y  ajoutant  d'autres  fils  extraits  de  quelques  sub- 
stances m^falliques  ou  meme  pierreiises,  Personne 
n'ignore  que  les  anciens  fabriquoicnt  de  la  toile  avec 
I'amianfe. 

Le  C.  Araellhon  ,  jaloux  de  satisfaire  enticrement 
Ja  curiosity  de  son  lecfeur,  a  pris  soin  de  lui  deve- 
lopper  ce  que  les  anciens  ont  ^crit  sur  cbacune  de 
vces  substances.  II  a  traite  des  diflTt'renfes  pr(^para- 
lions  qu'ellfs  recevoient  avant  de  passer  dans  les 
mains  de  I'art. 

Telle  est,  en  abr^ge,  la  melliode  qu'il  a  sulvie  ; 
maintenant  nous  entrons  avec  lui  en  maticre. 

Le  premier  article,  de  sqn  m^moIre  a  pour  objet 
la  fabrication  des  toiles  de  lin  :  c'est  par  la  que 
I'art  de  tisser  a  commence.  En  efFet ,  il  est  naturel 
de  supposer  qu'en  invenlant  la  mnniere  de  former 
des  tissus  ,  on  a  du  employer  de  pri^ferencc  les  sub- 
stances qui  pr^sentoient  des  fils  d'une  cerlaine  lon- 
gueur,  et  presquetout  fails.  Les  polls  des  animaux, 
^lant  plus  courts,  n'ofTioient  pas  la  m^me  facilite 
pour  le   lissage.  Notre  collogue,   guide  par  les  an- 


5^4  Nouvelles  litterairesi 

ciens ,  a  observe  le  lin  dans  toutes  ses  metamor- 
phoses, depuis  le  moment  oil  le  cultivateur  en  con- 
fioit  la  semence  a  la  terre,  Jusqu'a  ]'(?poqiie  oii  il 
^tolt  converli  en  loile ,  et  oil  celte  toile  ,  apres  avoir 
re^u  ses  derniers  apprels ,  ^toit  livrt^e  a  des  mains 
habiles  qui  en  faisoient  des  vetemens,  ou  du  linge 
propre  aux  usages  doaiestiques. 

II  n'y  a  pas  lieu  de  douter  que  la  plante  a  qui 
les  Grecs  donnoient  le  nom  de  aAov  ,  et  les  Latins 
celui  de  Linum ,  ne  soil  identique  avec  celle  que  nous 
cultivons  encore  sous  le  meme  notu  ,  a  I'exemple 
des  ancicns,  que  nons  preparons  comme  eux  ,  et 
dont  nous  retirons  les  memes  services.  Les  anciens 
se  sont  mis  peu  en  peine  de  decrire  cetfe  plante; 
ils  la  supposolent  sufBsamnicnt  connue  du  vulgalre 
lui-m^me.  Plufarqiie  est  peut-elre  le  seul  dcrivain 
qui  I'ait  d^sign^e  par  un  caractere  distlnctif.  II  dit 
que  la  couleur  de  la  fleur  de  lin  ressemble  a  la  cou- 
leur  de  cct  (Oilier  ,  dont  I'univers  est  entour^.  II  d^- 
couvre  dans  le  bleu  temhe  qui  tapisse  la  voute  du 
ciel ,  la  raison  mystique  de  la  preference  que  les 
prgtres  segyptiens  donnoient  a  la  toile  de  lin  sur  la 
laine,  pour  se  faire  des  vetemens. 

Mais  quel  est  le  pays  ou  le  lin  a  pris  naissance? 
ce  pays  n'est  guere  facile  a  determiner.  Le  lin  paroit 
s'accommoder  assez  de  tous  les  climats  (i).  Un  sa- 

(i)  Theophiaste  dit  exprcssement  que  le  lin  alme  line  terre  grjsse , 
parce  qu'il  a  besoin  de  beaucoiip  de  uourrilure.  Columelle  assure  qu  il 
demande  un  lerrein  gras  et  liumide  ,  sans  quo!  il  ne  fornieroil  qu'une 
production  inaigre  et  chelive.  Tous  nos  cuUivateurs  ,  tous  cciix  qui 
out  traite  de  la  culture  du  lin  ,  convicnnent  que  les  terres  grasses ,  fortes 


Nouvelles  Ihteraires.  SaS 

vant ,  Clmbre  ou  Teuton ,  a  fixe  le  lieu  de  son  ori- 
glne  dans  les  contr^es  bor^ales.  Du  mot  lien ,  les 
Grecs,  selon  lui,  ont  f:iit  d^rivec  a/mv  :  or,  dans  la 
langue  des  Clnibres,  le  mot  lien  signifie  souffrir;  ce 
giii  convient  d'autant  mieux  au  lin  ,  ajoute-t-il, 
qu'en  eflPct  il  n'est  point  d'etre  dans  la  nature  dont 
la  destln^e  soit  plus  malheureuse ;  il  n'en  est  point 
qui  soit  plus  tourment^  ,  plus  outrage  pendant  toute 
la  dur^e  de  son  existence. 

Pour  le  d^montrer,  Geropius  B^ranus  (c'est  le 
nom  du  savant)  examine  les  divers  ^lats  par  oil  le 
lin  est  contraint  de  passer.  Tous  sont  marques  par 
de  nouvelles  tortures ;  mais  I'instant  le  plus  dou- 
loureux pour  la  plante  est  celui  oil,  chang^e  en  pa- 
pier ,  elle  se  volt  reduite  a  supporter  bien  des  sotllses. 
Telle  est  I'opinion  de  Gdropius.  II  faut  avouer 
qu'elle  ne  manque  pas  de  fondement. 

Au  surplus  ,  cellc  de  notre  collegue  Ameillion  sur 
I'origine  du  lin  jious  paroit  plus  certalne.  Tl  croit, 
sur  la  foi  du  plus  ancien  de  nos  livres,  que  I'^-Egyple 
pourroit  en  avoir  ete  le  vral  bcrceau.  Du  temps  de 
Moise ,  le  lin  faisoit,  en  iEgypte,  une  branche  d'a^ 
griculture   considerable.  Diverses  autorit^s ,   parmi 

ct  liumides ,  sont  les  moilleiires  pour  le  lin;  c'les  donnent  une  recolte 
plus  abondau;<!,  soit  en  graine  ,  soit  en  111.  Lorsqu'on  veut  ayolr  un 
lin  (I'une  grande  finesse ,  il  faut  le  semcr  blen  dru  ,  non  dans  un  sol 
trop  substanllel,  mais  dans  un  terrein  maigre  :  c'est  un  precepie  de 
Palladius.  Des-lors  on.n'auroit  i  leprocher  &  Pline  que  de  n'avolr  pas 
fait  cette  distinction  entre  les  doux  sorles  de  terrein  propres  a  la  culture 
du  lin,  et  dont  I'un  doit  obtenir  la  preference  sur  I'autre,  suivant  t^u'oa 
;rise  i  la  quamite  ou  ii  la  quality. 


SzS  Nouuelles  litteraires. 

lesquelles  on  dislingue  celle  de  I'Inscripfion  grecque 
tiouv^e  a  Rosette,  dontle  C.  Ameilhon  nousadonn^, 
ainsi  que  nous  le  diions  plus  loin ,  une  explication 
lumineuse,  prouvent  qu'il  y  avoit  dans  ces  uiemes 
contr^es  de  grandes  manufactures  de  linetabliesdans 
I'enclos  des  temples. 

Sous  le  regne  des  Ptolemees ,  on  entretenoit  des 
fabriques  oii  le  lin  ^toit  travaill^  pour  le  comp(e  da 
souverain  nionarque.  Orose  rapporte  qu'Auguste, 
apres  s'6tre  rendu  maitre  d'Alexandrie  ,  fit  mourir 
Quintus  Ovinius,  sf?nateur  du  peuple  romain,  pour 
avoir  rabaiss^  I'atjgusfe  dignity  doat  il  etoit  rev^tu, 
jusqu'a  cxcrcer  Teniploi  d'intendant  des  manufac- 
tures de  ]:n  et  de  lalne,  qui  appartenoient  a  lareine 
Cl^opalrc. 

S'il  est  vrai  ,  comme  Pline  le  remarque  et  comtiie 
les  niodernes  en  conviennent  d'un  commun  accord  , 
que  I'arrosenient  par  voie  d'irrigalion  est  plus  salu- 
taire  au  lin  que  celui  de  la  pluie  ,  le  lin  devoit  pros- 
p^rer  en  yEgypte  plus  que  dans  tO'it  autre  pays, 
puisqu'il  n'y  ^loit  jamais  mouiil^  que  par  les  eaux 
du  Nil.  Malgre  cet  avantage,  il  n'avoit  pas  beau- 
coup  de  corps  :  JEgyplio  lino  ,  dit  Pline  ,  minimuin 
Jiimitatis  ;  mais  il  n'en  ^to't  pas  moins  cher,  phiri- 
muin  lucri :  c'etoit  sans  doute  a  cause  de  sa  finesse 
et  de  sa  beauts, 

Piusieurs  cantons  d'Espagne  produisoicut  aussi  du 
lin  en  abondance  et  de  la  meiileure  qualil(?.  Le  Jin 
surtout  des  environs  de  Tarragone  avoit  la  plus 
grande  reputation.  L'italie  le  disputoit.a  I'Espagne 
par  la  finesse,  la  force  et  la  beauty  de  celui  qu'elle 


Nouvelles  Utteraires.  52.y 

cultivolt.  On  estimoit  beaucoup  le  I'm  qui  crolssolt 
dans  la  Campanie,  et  plus  encore  celui  des  envi- 
rons de  Cumes.  Ce  dernier  eloit  principalement  em- 
ploye a  tisser  des  toiles  pour  prendre  des  sangliers. 
Quoique  ces  toiles  fussent  d'une  extreme  finesse, 
elles  r^sistoient ,  dit-ou  ,  a  tous  les  eflbrts  des  betes 
ftroces.  Pline  nous  dit  a  ce  sujet  une  chose  qui 
passe  toute  croyance.  II  assure  qu'il  a  vu  des  fliels 
faits  avec  des  toiles  de  Cumes,  et  qui  etoient  d'une 
si  grande  t^nuit^ ,  qu'ils  passoient  avec  Icur  mon- 
ture  dans  une  bague.  lis  Etoient  mfme  si  lagers,  si 
peu  volumineux,  qu'un  seul  homme  en  pouvoit  por- 
ter la  quantity  n^cessalre  pour  enceindre  une  foret. 
Le  C.  Auiellhon  n'est  pas  convaincu  de  la  v(?ritd 
4u  fait.  Sa  profonde  estime  pour  les  anciens  ne  I'a- 
veiigle  pas  sur  leurs  erreurs ,  et  le  flambeau  de  la 
critique  le  guide  sans  cesse  dans  ses  p^nibles  et 
utiles  rechcrclies. 

"  Je  croirois  aussi  volonliers,  dit-il  ,  le  conte  de 
«  I'anneau  de  Gyges,  que  le  fait  avanc^  par  Pline, 
H  quoique  ce  pbllosopbe  assure  I'avoir  vu  de  ses 
«  propres  yeux.  Peut-il  entrcr  dans  la  tefe  d'un 
<•  liomme  de  sens,  que  des  toiles  tissues  pour  en- 
H  fermer  des  betes  fauves  et  mcme  des  sangliers  , 
"  fussent  d'une  asscz  gvande  finesse  pour  passer  a 
"  travers  une  bague,  avec  les  cordes  sur  lesquelles 
«  elles  Etoient  niont^es?  La  bague  d'un  cyclope  ou 
•<  de  I'un  de  ces  g<?ans  qui  escaladerent  le  ciel ,  ne 
«  vendroit  pas  le  fait  plus  vraiseniblable.  Le  nom 
"  de  Pline  nous  impose  !e  devoir  de  supposer  qu'il 
•  y  a  ici  quelcjue  mal-eulendu  ,  et  qu'uu  CEdipe  ea 


528  Nouvelles  lllteraires. 

«  erudition  pounoit  seul  nous  r«5v^ler  ce  mystere. " 

Les  Gerniains,  les  Gaulois  et  les  Bataves  ciilti- 
Voient  aussi  le  lin  pour  en  faire  des  toiles  et  des 
voiles  do  navire.  Pline,  qui  ne  se  tiompe  pas  tou- 
^ours,  nous  apprend  ,  au  sujet  des  Geimains  ,  une 
particularite  assez  remaiquable.  II  dit  que  ce  peu- 
ple  travailloit  le  lin  dans  des  cavernes  ou  des  sou- 
terraiiiS  :  Tn  Germauia  autcv\  defossi  alqiie  sub  terra 
id  opus  aguiit.  Get  usage  s'est  perpetue  Jusqu'a  nous. 
iLes  caves  servent  ordlnaliement  d'ateliers  a  nos  tis- 
seiands. 

La  Grece  ne  le  ccdolt  point  aux  autres  nations 
dans  I'art  de  cultiver  le  lin  ct  d'en  faire  de  la  toile. 
H^rodofe  vanfe  le  lin  de  la  Colchique.  11  observe 
que  les  Grecs  I'avoicnt  nommd  le  sardonique, 

Ce  nom  a  inquic^td  quehjues  savans.  lis  ont  pense 
qti'il  y  avoit  eneur  dans  le  tcxte  du  pere  de  I'his- 
toire,  et  qu'il  falloit  lire  5^?rfZ/(^;/i7,  lin  de  Sarde,  au 
lieu  de  sardonique  ,  lin  de  Sardaigne.  Le  C.  Ameil-. 
hon  Irouve  la  premiere.  Iccon  fort  naturelle  :  il  est 
surpris  qu'on  ait  mis,  d'un  cof^  ,  lant  de  zele  a  la 
ddfendre,  et  de  I'aulre,  tant  d'obstinatlon  a  la  com- 
batfre,  Le  tex'e  est  clair.  Notre  coll(^giie  I'appuie 
dans  une  serieuse  discussion  ,  ou  les  bornes  d'une 
notice  ne  nous  pcrnietfent  pas  d'cntrer  avcc  I'au- 
teur.  Nous  sommes  forces  de  renvoyer  a  un  autre 
tcinps  la  partie  de  son  mcmoire  oii  il  a  d^tallle  les 
manipulations  du  tissage.  Cette  nialiere  est  tres-im- 
portante  pour  les  arts. 

Pendant  I'avant  -  dernifr  trimrstre  ,  aprcs  que  l£ 
classe  eut  public  ses  travaux  ,  le  C.  Traulle  ,  d'Ab- 

bt'\il]e 


Noui'elles  Utldraires,  Ss.g 

bevllle  ,  adiessa  au  C.  Mongez  trois  ^p(^es  de  bronze 
d(?couveites  clans  la  vall(?e  dc  la  Somme.  Notre 
coll(?gue  nous  en  a  fait  connoitre  ralliage  et  les 
proponious.  Quolque  I'une  d'elles  soit  longue  de 
p™  78  (2  pleds  4  ponces  10  lignes),  elle  est  encore 
trop  courte  pour  une  arfne  de  cavallec,  qui  porte 
ordijiairemcnt  un  metre  de  longueur.  L'i-p^e  qu'un 
interlocuteur  des  Metamorphoses  d' J jndc'e  (lib.  I) 
dit  avoir  vu  avaler,  a  Athenes  ,  par  un  charlatan, 
equestrem  spathani  prcF-acutam  ,  ne  ressembloit  point 
a  celles  dont  nous  parlous. 

Le  C.  Mongez  pense  que  les  trois  ep^cs  du  C. 
Traulle  sont  romaines.  On  pourroit  nierae  assure^ 
""qu'a  de  certaines  ^poques  ,  foutes  les  armes  des  Ro- 
mains  etoient  de  bronze  ;  car  on  a  des  fcrs  de  lance, 
des  fers  de  fleche  ,  des  cuirasses  ^liques  ,  etc.,  faits 
de  cet  alllage.  La  lair.e  de  I'une  des  C^(e%  s'^largit 
sensiblement  depuis  la  poignee  jusqu'aux  deux  tiers 
de  sa  longueur  ,  d'oii  elle  decroit  rapidement  vers 
la  pointe.  II  ne  faut  point  en  conclure  que  c'est  un 
fer  de  lance,  puisque  ,  sur  les  bas-reliefs  des  tom- 
beaux  ctrusques  en  g^n(^ral,  et  particulierement  sur 
plusieurs  bas-reliefs  grccs,  on  voit  des  epces  de  la 
pi^tne  forme. 

Dans  iin  m^moire  sur  les  statues  antiques  desi- 
gnees par  le  nom  degludiateitrs ^  le  C.  Mongez  avoit 
dit  quale  cou  du  gladiatcur  niourant  ^toit  orne  d'ura 
collier  travaille  comrae  unecorde;  mais  il  n'avoit 
pu  montrer  a  la  classe  Tornement  dont  il  I'entreie- 
noit.  Le  C.  Riboud  ,  associe,  a  fait  present  a  I'ln- 
stilut  d'un  anneau  de  bronze  antique  trouve  dans  \p 
Tome  F,  L  1 


53o  Nouvelles  litteraircsl 

depaiiement  de  I'AIn.  Get  anneaii  vient  k  I'appui 
de  ropinion  que  notre  collegue  Mongez  nous  a  com- 
muniqude.  11  s'est  h;*it^  de  le  decrire,  et  de  le  con- 
fier  a  drs  mains  habiles,  qui  ,  apies  I'avoir  analyst, 
Tont  imitd  parfaitement. 

Le  C.  Daumy  ,  artiste  ing^nleux,  s'ctolt  associ^ 
plusieurs  fois  aux  savantes  recherches  de  notre  col- 
logue. II  a  f^brique  trois  anneaux  entierement  sem- 
blables  a  I'antique  ,  et  dou^s  ,  couime  celui-ci ,  d'une 
Olasticite  reaiarquable.  Cette  propri^tO  caract^rise 
notre  anneau  qui,  seul  des  debris  de  I'antiquite  (si 
Ton  en  exceptede  petites  pinces  appelees  Z'A«s6c^/e5  , 
et  de  petites  lames  fort  minces),  en  Jouit  eminem- 
ment.  Ses  deux  extr^mites  ,  dont  I'une  rentre  dans 
I'aiitre,,  ont  supporte,  sans  se  d^sunir,la  charge  de 
vingt-deux  kilogrammes  (plus  de  quarante-quatre 
livres  ).  On  a  craint  de  le  briser,  si  I'on  augmentoit 
ce  poids.  Au  reste  ,  il  est  form^d'un  tube  recourbd 
circulairement ,  et  refendu  dans  toute  sa  longueur. 
L'epaisseur  de  la  feuille  metallique  n'est  que  de 
o"*  oor  (environ  0,4  lignes)^  elle  tient  neuf  pour 
cent  d't'tain.  On  a  I'ait  passer  aisement  le  cou  d'un 
jeune  homme  dans  cet  anneau  pr^cieux. 

Le  C.  Mongez  ,  en  lisant  son  memoire  ,  a  mis  sous 
les  yL-ux  de  la  classe  les  trois  anneaux  fabriques  par 
le  C.  Daumy,  sur  ie  niodele  de  I'antique.  II  en  a 
d^pos6  deux  dans  le  cabinet  de' I'lnslitut  national. 
La  classe  I'avoit  enteiidu  avec  int^r^t,  quand  le  C. 
LA^GLESest  venu  fixer,  comme  lui ,  I'attenlion  de 
ses  collegues  par  des  notes  philologiques  et  critiques, 
dcsiiuees  a  accompaljner  les  mi^moires  dc  la  Soci^te 


Nouvelles  Ji  lie  mires.  5j?t 

tnglalse  de  Calcutta*  Ce  dernier  s'est  empress^  de 
concourlr  a  la  perfection  d'un  ouvrage  qui  I'avoit 
occup^  des  1790.  Une  simple  revision  ne  suffisoit 
point  a  son  zele.  11  a  voulu,  surtout  ,  developpcr 
]es  id^es  des  savans  orientalistes,  et  rectifier  quel- 
ques-unes  de  lenrs  opinions  qu'il  ne  partage  pas. 
C'est  une  espece  de  comuientaire  dans  leqiiel  il  a 
—  insure  plusieurs  extraifs  en  caracteies  originaux  , 
avec  la  traduction  de  divers  nianuscrits  orientaux 
de  la  Bibliolh^que  nationale.  En  meme  temps,  il  a 
saisi ,  selon  sa  couturae,  I'occasioa  de  faire  con- 
Doitre  au  public  quelques  portions  des  inimenses  ri- 
<:hesses  contenues  dans  cet  inapprecialjle  depot  com- 
mis  a  sa  garde. 

Parmi  les  fragmens  de  son  travail  ,  nous  avons 
remarqu^  ce  qu'il  dit  au  sujet  du  discours  sur  les 
Arabes  ,  compose  par  M.  JoNKS,  president  de  la 
Soci^t^  asiatique.  II  suit  la  lilteralure  de  ce  peuple 
dans  tous  les  progres  qu'elle  a  fails,  tant  au  milieu 
du  pays  qui  la  vit  naitre,  que  dans  les  difii^rentes 
contr^es  de  I'Europe.  II  analyse  les  bons  ouvrages 
qu'elle  a  produits,  et  donne  une  vie  abrt^gte  des  ce- 
lebres  auteurs,  soit  naturels,  soit  europ^ens,  qui 
ont  illustr(5  la  meme  langue. 

II  r^sulte  de  ces  vastes  recliercbes,  que  I'histoire 
et  la  litt(?rature  pourroient  pulser  des  seconrs  de 
toute  espece  dans  les  Perils  des  Arabes  et  dans  ceux 
des  Persans.  11  y  a  plus,  les  sciences  naturelles  et 
ccrlains  arts  dont  le  perfeclionnement  inf^resse  beau- 
CQU[j  leius  amis,  gagneroient  infmiment  a  ce  genie 
U'etude.    II  ne  faut  done   pas  s'elonner  que   noire 


532  Nouvelles  llitiraireS, 

colleague  renouvelle  icl  un  voeu  qu'il  a  souvenl  ex- 
prim^,  et,  depuis  ties-longtemps,  celui  de  voir  fleu- 
rir,  ail  sein  de  la  r^publique  francaise ,  I'^iude  des 
langues  orientalcs.  Puissions  -  nous  bientot  opposer 
aiix  illustres  savans  de  Calcutta,  des  oiientalistes 
dignes  de  leur  estiuie  ,  et  faits  pour  apprc^cier  le  m6- 
rile  de  leurs  ouvrages  ! 

Duiant  le  cours  du  trimestre  dernier,  le  C.  Lan- 
gles  a  publie'  le  troisieme  et  dernier  volume  de  sa 
noiivelle  edition  in -4."  du  Voyage  de  Nordeii  en 
^gjj)te  et  en  Niibie.  Si  I'on  en  excepte  les  cent  cin- 
quanfe  premieres  pages,  les  notes  et  les  ^claircisse- 
rnens  de  I'editeur  remplissent  le  reste  du  volume. 
Ce  travail  est  le  fruit  des  reclierches  les  plus  eten- 
dues  et  les  plus  exacles  que  Ton  ait  faites  Jusqu'ici 
dans  les  ecrits  orientaux  qui  traltent  de  I'^gypte. 
La  matiere  est  in^puisable,  selon  notre  collegue.  II 
lie  craint  pas  d'affirmer  que  ,  pnrnii  les  vianuscrits 
oneiihiux  dij  la  BibUotht'qiie  nationale  ,  il  n'en  est 
■peul-elrepas  iin  seiil ,  relalifa  V ^gypte  ^  qiiil  ii'ait 
compulse.  On  peut  d'ailleurs  se  convaincre  des  soins 
que  lui  a  coiite  I'examen  d'une  si  riche  collectiofl  , 
par  les  extraits  qu'il  en  donne,  et  par  les  notices 
bibliographiques  qu'elle  lui  a  fournles. 

Ces  notices  sont  r>?unics  ,  par  ordre  alphab^tlque  , 
dansune  table  particullere  ,  laquelle  peut  former  un 
tres-bon  supp!(5ment  a  la  Bibliolheque  orienlale  de 
d'Herbelot,  et  au  Catalogue  des  viamiscriLs  de  la 
Bibliotb^que  nationale. 

Les  ouvrages  indiens  et  les  Iravaux  de  quelqucs 
mcnibrts  de  la  Soci^le  aslatique  de  Calcutta,  ont 


Nouuelle^  lllteraires.  533 

offert  au  C.  Langles  des  prcuves  non  Equivoques  de 
I'intime  liaison  qui  r^gnoit  autrefois  enlre  les  In- 
diens  ,  les  vEthiopiens  et  les  ^Egyptiens.  Le  temps 
ne  lui  a  pas  permis  d'employer  tous  les  mat^riaux 
qu'il  avolt  sous  la  main.  On  I'a  contraint  d'opter 
entre  deux  partis  ,  ou  de  se  borner  a  des  extraits 
fort  courts  ,  ou  de  rediger  des  mt^inoires  coiuplets 
chacun  dans  leur  genre. 

«  En  me  determinant ,  dIt-1! ,  pour  le  dernier  ,  san$ 
«  doute,  j'ai  consult^  nion  gout  pUitot  que  relul  de 
"  mes  lecteurs  5  raais  enfin  lesmemoires  que  j'ai  pii- 
«<  bli^s  siir  Alexandrie  et  scs  monuiuens  ,  sur  le  ca- 
*>  nal  de  Suez  ,  sur  file  de  RciouJhah  ,  sur  les  nilo- 
«  metres  de  la  haute  el  basse  ^Egy^Ue  ,  sur  les  py- 
»  ramides ,  sur  le  sphinx,  etc.,  donneront  une  id^e 
«  de  ceux  dont  j'ai  deja  rasseiuble  les  principauic 
«  mat^riaux ,  et  qui  auroient  specialement  pour  ob- 
«  jet  la  haute  vEgypte  et  le  Nil.  » 

Nous  quittons  ici ,  malgre  nous,  le  C-  Langles, 
pour  rendre  compte  d'un  iiianuscrit  original  ,  que 
le  C.  Camus  a  communique  a  la  classe.  Ce  ni'anu- 
«crit  contient  les  letfres  de  ratification  du  roi  d'An- 
gleterre,  Henri  VIII,  relatives  a  un  fraite  conclu, 
-au  mois  de  juillet  1627,  entre  ce  prince  et  Frah- 
cois  I."'  On  le  conservolt:  autrefois  au  tresor  des 
charlres.  Les  archives  nationales  le  possedent  au- 
jourd'hui.  II  est  muni  d'un  sceau  du  raonarqiie  an- 
glais, tres-bien  grave  en  relief,  sur'nne  piece  d'or 
pesant  sept  hectogrammes  (deux  marcs  sept  onces). 
11  pr^senle,  d'un  cole  ,  les  armes  d'Angleterre,  c'car- 
tel^es  de  France  ,  de  I'aulre  tulc  ,  le  roi  U-in\t  sur 

LI  ^ 


534  Nouvelles  lltliraires". 

son  tipne.  II  a  neuf  centimetres  quatre  millimefres 
(trois  pouces  cinq  lignes)  de  diametre ,  et  neuf 
millimetres  dVpaisseur  (quatre  lignes.  Du  cote  des 
armoiiies  ,  il  porte  pour  legende  :  Ordine  junguntur 
el  perstani  fuedere  ciincta.  Une  note  impvimee  par 
Diimont  a  la  suite  de  la  ratification  de  Francois  I." 
(pag.  476  ),  nous  apprend  que  le  sceau  de  cette  ra- 
tification ^toit  pareillement  d'or  ,repr^sentant ,  d'un 
col^,  le  roi  sur  son  trone,  avec  la  legende  :  Plurinta 
seivantur  faedere  ,  cuncta  fide ;  de  I'autre,  iVcusson 
de  France  et   le  nom   du  roi. 

Non-seulement  ce  raanuscrit  est  original  et  au- 
thentique  ;  mais  il  a  de  plus  le  m^rite  de  servir  ^ 
rectifier  quelques  erreurs  dchapp^es  a  Rymer  dans  la 
transcription  et  la  publication  de  cet  acte.  Ilprouve, 
j)ar  une  clause  expresse ,  combien ,  dans  le  droit  -pii- 
hlic  de  toiite  I' Europe  ^  on  rpgardoil  comnie  slrictes 
et  obligatoires  toutes  les  promesses  failes  au  peiiple  , 
et  jiirees  par  le  roi  de  Fnince  ,  a  leur  sacre. 

Le  C.  Camus  a  mis  encore  sous  les  yeux  de  la 
classe  quatre  lettres  ecrites,  au  mois  de  septembre 
1S64,  par  Louis  de  Chatillon,  a  plusieurs  personnes 
de  son  parti  qui  ^toient  charg^es  de  la  d(?fense  de 
Kouen  ,  au  moment  oil  il  se  trouvoit  lui-meme  en- 
ferm^  dans  Orlt^ns. 

Ces  let  Ires  sont  Ecrites  sur  des  morceaux  de  toile 
neuve  et  forte,  lesquels  servoient  de  doublure  a  un 
poprpoint.  L'eeriture  en  est  belle  et  bien  form^e. 
EHe  paroit  avoir  et^  falfe  a  la  plume.  L'une  des 
quatre  lettres  est  le  duplicata  de  l'une  des  (rois  au- 
Ues.  Toutes  contlennent  quelques  d(?tails  sur  la  si- 


Ndiivelks  llLletalres'.  535 

Inatlon  des  protestans  a  cette  ^poque.  Des  lettred 
^elites  sur  de  la  toile  ne  sont  pas  deniiecs  d'interet. 
II  y  a  grande  apparence  que  Louis  de  Chalillon  a  cru 
devoir  employer  cette  maliere  pour  les  transrrettre 
d'Orleans  a  Rouen  avec  plus  de  facilite  et  de  su- 
rete.  Elles  font  pavtie  du  d^pot  connu  sous  1e  nom 
du  Tresor  des  chartres.  La  classc  a  invite  le  C.  Ca- 
mus a  les  inserer  dans  le  septieme  volume  de  la 
Notice  des  manuscrils. 

Notre  collegue  a  fini  par  un  precis  des  Opuscules 
du  C.  Desgeneites  ,  medecin  en  chef  de  Vannee  d' O- 
rient.  Les  prelendiis  savans  universels  ne  lui  inspireut 
pas  une  extreme  confiance  ;  mais  il  pense  qu'il  e^t 
avantageux  de  lire  des  litres' ,  de  quelqite  science  que 
ce  soil,  pourvu  foutefois  qu'on  puisse  les  entendre. 
Les  conoissances  muliipliees  perfectionnent,  selon 
lui,  le  r^suilat  de  nos  etudes,  et,  en  piocurant  tou- 
jours  un  amusement  honncte,  elles  font  naitre  sou- 
vent  des  reflexions  utiles.  C'est  dans  ces  dispositions 
que,  sans  etre  medecin,  le  C.  ■Camusalu  une  par- 
tie  des  opuscules  du  C.  Desgenettes  qui  est  ccrLte 
en  franca  is, 

••  A  la  simple  inspection  du  frontispice,    dit-il, 

-  mon  coeur  a   eprouve   une  impression   de  piaisir, 

"    Opuscules  da    C.    Desgenettes ^u  (.'aire ,   do 

<<  C imprimerie  nationate.  Cette  date  de  lieu  ne  sau- 
«'  roit  etre  indifferente  ni  pour  un  litterateur,  ni 
M  pour   un   Francais.     L'-^gypfe,    le    berceau    des 

-  sciences,  les  avoit  a  peu  pres  absolumcnt  per- 
«  dues,  faute  de  ce  grand  moyen  conservatcur  et 
••  propagateur  ,   /a  presse   de   l^ imprimerie  :  enfin  ^ 

LI  4 


636  Nouvelles  Utteraires. 

ii  dans  les  deiniers  jours  du  dix-huitieme  sl^cle^' 
"  line  impiitnerie  s'^tablit  au  Caire  ;  elle  s'annonce 
"  comnie  ncitionale.  Qui  done  I'y  a  porl^e  ?  ce  n'cst 
«  pas  ^fa  mdnavque  ,  on  despote ;  c'est  une  nation  , 
I'  en  d'autres  termes ,  un  peuple  libre  :  cette  nation 
«  est  la  nation  francaise.  Honheur,  m^mbire  eter- 
«  nelle  aux  savans  qui  ont  concu  I'idee  d'associer 
«  I'instruction  a  la  force,  les  lumieres  au  courage, 
««  d'embarquer  des  livres  avec  des  armes  ,  de  fer 
••  conder  de  nouveau  cette  tcrre  si  longtemps  n^- 
«  gligee  ,  et  d'y  ^crire  leurs  noms  a  cote  de  celtli 
i4  du  gi'and  Hermes  !  Ces  caracteres  arabes  meme 
■■  que  Je  ne  sais  pas  interpreter  ,  mais  qui  me  pa- 
«  roissent  bien  faits  ,  m'inspiient  d'autant  plus  d'in- 
♦«  t^rfit^  que  leurs  types,  in^galement  formes  par 
<<  ]k  main  des  ecrivains  d'outre-mer ,  ont  ^t^  apport^s 
«  dans  le  sein  de  la  France,  a  Paris;  qu'ils  y  ont 
<•  retu  ,  de  I'industrie  de  nos  artistes,  des  traits  r^- 
<<  guliers,  des  trails  ^gaux ,  une  forme  propre  a  les 
«  multiplier  a  I'irifrni ,  et  que,  dou^s  de  ces  nou- 
t<  velles  perfections  ,  ils  passent  une  seconde  fois  la 
>»  mer  pour  aller  exciter  I'etonnement  des  peuples 
«   afrlcains ,  et  servir  a  leur  instruction.  » 

Le  public  sentira  ,  comme  nous  ,  que  I'ame  de 
iiotrc  collegue  respire  toute  entiere  dans  ce  morceau* 
II  examine  ensuite  le  fruit  que  I'iuimanit^  pcut  r'e- 
fcieill'ir  des  observations  du  C.  Desgecettes,  sttr  le 
ce'iebie  hopital  du  Caire,  le  Moristiin.  Ce  lieu  ren- 
ferme  des  etres  qu'une  cerlaine  classe,  dite  sensce  ^ 
tave  de  foHe,  et  peut-^tre  avec  un  peu  plas  d'asiu- 
irance  que  de  raison. 


Noucelles  lilteraires,  537 

La  description  du  Moristan  est  accompngnee  dc 
notes  siir  Jes  maladies  qu'essuya  I'anree  d'Orient, 
an  mois  de  nivose  an  7.  Les  disciples  d'Hippocrate 
en  feront  le  sujet  de  leurs  m^ditalions  pbur  pr^ve- 
njr  ou  arieter  ces  fleauX  teriibles  qid  d^vorenl  les 
grandes  armies.  <■  Nous  ,  simple  people  ,  dit  le  C* 
"  Camus  ,  assis  au  milieu  de  ces  hommes  profon- 
"  dement  instruits,  nous  apprendions  a  quels  p<;nls 
•  nos  amis,  noscompatrloles,«e  sont  exposes  pour 
«  la  cause  de  la  libert<5:  nous  auronsl'avantage  d'ap- 
-  pi<?ciei-  les  biens  dont  la  nation  leur  est  redevable  , 
•c  en  r(^fl^cbissant  sur  les  niaux  qu'ils  ont  support^s 
«  avec  tant  de  courage.  » 

Des  tables  n^crologiques  du  Caire  pour  Tan  7  et 
Tan  8  ,  forment  une  partie  considerable  des  opus- 
cules du  C.  Desgenet(es.  On  a  besoin  de  serablables 
details  pour  acheveV  la  statislique  d'un  ^tat.  lis  ser- 
vent  a  bien  Juger  des  suites  de  ces  changemens 
inallendus  que  le  temps  et  les  revolutions  politlques 
peuvent  amener  sur  la  terre.  Mais  nous  sommes  trop 
loin  du  dotnaine  des  arts,  et  il  est  teni'ps  que  nous 
y  iTutrions. 

L'adiliinistration  du  Musee  central  des  arts  desi- 
Toit  que  le  fanifux  tableau  de  Raphael ,  connu  sous 
■le  tiom  de  la  1/ierge  de  Foligno ,  fut  restaur^,  sous 
I'inspection  d'une  commission  de  I'Instilut.  E!le  s'a- 
dressa  au  niinisire  de  riut^iieur,  qui  invita  I'Jnsti- 
tut  a  ^lire  des  commissaircs  pour  cet  objet.  La  classe 
des  sciences  n)ath(?maliques  et  physiques  nomma  les 
CC.  Bcrthollet  et  Guyton-Morvaux  ;  et  ce!!e  de  lit- 
ttrature  et  beaux-arts,  les  CC.  ViLcent  ct  Taunay. 


53B  Nouifelles  Utteraires*. 

Les  quatre  cornmissalres  se  sont  r^unls  aVec  I'aJ- 
mlnlsiration  du  Mus^e  ,  pour  constafer  d'abord  1'^- 
tat  du  tableau  ,  et  la  n^cessit^  de  la  repavalion  pro- 
jet^e.  EnsL.ile  on  les  a  soigneusement  ajipel^s  a 
toutes  les  nouvelles  operations  que  I'on  pi^paroit, 
pour  leur  en  expllquer  les  details  ,  et  leur  piouver 
qu'elles  n'exposoient  le  tableau  a  au'cun  danger.  Les 
cornmissalres  de  la  classe  des  sciences  ont  surtout 
porte  leur  aitentlon  sur  les  operations  mecaniques. 
Ceux  de  la  classe  de  litterature  et  beaux -arts  ont 
examine  cette  partie  de  la  restauralion  ,  qu'on  nouirae 
jiiltoresque. 

Lorsqne  le  travail  a  ete  termini,  les  uns  et  les 
autres  ont  pr^sente  a  cbacune  des  deux  classes  le 
rapport  dont  les  deux  parties  de  la  restauralion 
etoient  I'objet. 

La  premiere  partie  de'ce  rapport  confient  un  ex- 
pose de  I'etat  dans  lequcl  efoit  le  tableau  avant  la 
restauralion  ,  et  un  precis  des  operations  mecaniques 
qui  ont  ete  executees. 

Le  tableau  represente  la  Vierge  ,  I'Enfant-Jesus, 
saint  Jean,  et  plusieurs  autres  figures  de  diverses 
grandeurs.  II  etoit  peint  sur  un  fond  de  bois  :  une 
fente  s'etendoit  depuis  le  ceintre  jusqu'au  pied  gau- 
che de  I'EnFant-Jesus  :  deux  courbures  partageoient 
sa  surface  :  il  s'ecailloit  dans  plusieurs  parties  ,  et  un 
grand  nonibre  d'ecailles  s'e(oient  deja  detacbees. 
La  peinture  etoit  piquee  de  vers  en  beaucoup  d'en- 
droits.  Get  expose  suffit  pour  demontrer  que  la  des- 
truction faisoit  des  progres  ,  et  qu'il  falloit  se  hater 
de  sauver  le  tableau  par  la  restauralion  qu'il  at- 
tendoit. 


Nonvelles  Utteraires,  689 

L'operation  qui  a  dii-  preceder  toutes  les  autres  , 
^toit  le  r^tablissement  de  Ja  surface,  qui  s'^tolt 
confourn^e  en  plusieiirs  sens  :  ce  qu'oti  a  ex^cut^ 
avec  des  coins,  introdui<s  dans  de  petites  trancli^es 
pratiqii^es  a  dlfFerentes  distances.  Ces  coins  ^toient 
imbibes  d'eau  ,  et  le  gonflement  qui  en  provenoit 
obligeoit  le  bois  a  'repiendre  sa  premiere  figure. 
Quand  la  surface  a  et^  rendue  plane  par  le  proc^d^ 
dont  parlent  les  commissaires  ,  on  a  fixe  le  tableau 
a  des  barres  solides. 

Apres  cela,  la  surface  a  ^i€  cartonnee  avec  soin. 
On  a  refournd  et  fix^  le  tableau  sur  ime  table.  Pour 
rdnssir  a  s^parer  le  bois  sur  leqnel  il  etoit  peint,  on 
a  en  recours  a  des  scies  de  differentes  formes,  qni 
en  ont  r^duit  I'^paisseur  a  celle  d'une  feuille  de 
papier.  Ce  qui  en  restoit  a  ete  detach^  par  petites 
parties  ,  a  I'aide  d'une  lame  de  couteau  arrondie.  On 
a  s^pj^re  I'ancien  appret  de  la  toile  par  des  moyens 
qu'on  a  pris  soin  de  varier  selon  la  force  avec  la- 
quellc  il  adh^rolt. 

Ce  qui  rendoit  celfe  derniere  operation  encore 
plus  difficile,  c'est  que  dc  mauvais  vernis,  ap|)li- 
qncs  dans  des  restaurations  anl^rienres,  avoit  coul<J 
enfre  les  parties  recoquillees  de  la  peinture ,  et 
qu'elles  avoient  in(^galement  diirci  le  fond.  On  a 
commence  par  debarrasscr  la  peinture  de  toist  ce 
qui  lui  ^toit  Stranger;  puis  on  I'a  fixee  sur  une  im- 
pression nouveile,  ainsi  que  sur  plusieiirs  toiles  suc- 
cessives  et  recouvertes   d'un  enduit  r^sineux. 

Enfin  ,  Ton  a  delivre  la  surface  de  son  rarfon- 
nage,pour  la  souraettre  elle-mtnie  a  des  operations 


540  Nouvelleis  lUteraires] 

Ires  -  ddlcales.  II  a  fallu  aplanir  les  parties  reco-^ 
quillces  ,  en  les  impregjiaut  d'luiile ,  el  en  leur  ap- 
■plicant  J  iwec  les  plus  grandes  precautions^  iin  for 
eehai'ffe. 

Toufes  ces  operations  ont  €i^  confines  au  C.  Hac- 
(jiiins  ,  qui  ,  dans  les  nombreux  details  de  I'ex^ciH 
tion,  a  iiiontr^  que  chacune  d'elles  exigeoit  autant 
de  patience  que  d'adresse  et  d'habilet^. 

La  restaiuatlon  pittoresque  n'est  pas  moins  int^- 
ressante  pour  les  amateurs  de  I'art,  que  la  restau- 
ratioa  luecajiique.  "  C'est  elle,  disent  les  commis- 
«  saires,  qui  a  repare  les  ravages  du  temps,  et  le 
«  surcroit  de  def^iioration  qu'avoit  ^prouv^  le  ta- 
"  bleau  de  Raphael  sous  la  main  de  I'imp^ritie.  » 

L'art  de  la  restauration  pittoresque  demande  une 
grande  delicatesse  d'oeil,  pour  savoir  accorder  les 
teintes  nouvelles  nvec  les  anciennes  ;  une  connois- 
sance  approfondie  des  precedes  employes  par  les 
niaitres  ;  une  longue  experience,  i.°  pour  prdvoir, 
par  le  choix  et  I'emploi  des  couleurs,  ce  que  le 
temps  peut  apporfer  de  changemens  dans  les  telntes 
nouvelles;  2.°  pour  pr^venir  la  discordance  qui  r€- 
sulteroit  de  ces  changemens. 

Ce  n'est  pas  tout.  L'art  de  la  restauration  pitto- 
resque exige  encore  le  plus  grand  scrupule  a  ne  re- 
couvrir  que  les  parties  endommag(^es;  une  adresse 
extraordinaire,  pour  accorder  le  travail  du  restau- 
rateur avec  celui  du  maitre  ,  restituer  ,  pour  ainsi 
dire  ,  la  pate  premiere  dans  toute  son  int^grile,  et 
fa'rre  disparoitre  le  (ravail  a  tel  point  ,  que  I'ceil  , 
inenie  exerce ,  ne  puisse  distingucr  ce  qui  est  soiti 


Noiwetles  Vitlernires,  541 

de  la  main  dii  mailre,  d'avec  ce  qui  appariient  a 
I'artiste  r^paiateiir. 

La  rcsfaurallon  surfout  de  Touvrage  de  Raphael, 
demandoit  foute  la  prudence  et  toule  I'habllete  des 
premiers  talens. 

L'administration  du  Miisde  central  des  Arts  a  tout 
pr^vii.  Le  C.Hoesrr,  dont  ellc  a  fait  choix,  et  qui, 
par  des  siicces  multiplies,  avolt  dija  ni(^rite  sa  con- 
fiance,  lul  a  donn^  une  nouvelle  preuve  de  son  ta- 
lent connu  :  La  partie  pit/orcsque  a  foul  le  degre  de 
piirele  qiton  pom'oil  liii  desirer.  Tel  est  le  Jugement 
qu'en  ont  portd  les  commissaircs-inspccteurs.  Leur 
rapport  contient  des  details  pr^cieux  ,  que  nous  nous 
empressons  d'ofFiir  au  public. 

«  Au  premier  aspect  ,  disent-ils  ,  on  seroit  tent^ 
w  de  croire  cjue  loulcsles  parties  du  (ahlcau  viennent 
o  de  sortir  de  la  main  de  Raphael.  Ccp^ndant ,  ea 
•«  le  considerant  avec  attention,  on  pourroit  utre 
«'  surpris  de  voir  qije  la  portion  de  la  draperie  bleue 
••  qui  couvre  le  gcnou  gauche  de  la  Vierge,  ne  soit 
••  point  en  parfait  accord  de  ton  avec  les  autres  par- 
"  ties  de  la  ni?me  draperie.  11  nous  seroit  peut-etre 
«  permis  de  penser  que  quelque  glacis  qui  lui  don- 
«  noit  un  ton  plus  i'ort,  en  aura  ^t^  rnleve;  mais 
«  nous  n'oserions  I'affirmer.  Quoi  qu'il  en  soit,  le 
"  tableau  nous  a  offert  la  merae  discordance  avant 
"  qu'il  eut  et^  souniis  aux  diverses  operations  que  la 
o  restauration  a  commandoes  ,  et  Ton  ne  pent  en  ae- 
«  cuser  les  artistes  dont  les  talens  ont  Ott  employes. 
«  Une  rcmarque  plus  importante  ,  et  que  nous  ne 


54s  Noiivelles  lilteraires, 

.   presenlons  qu'avec  la  plus  grande  defiance  de  ttoi 

..    lumleres ,  est  celle-ci  : 

.  La  tete  de  saint  Francois  cfFre  a  I'cell  un  Irait  , 
..  une  quality  de  teintes,  une  pate  ,  un/u^r  qui  ^ta- 
„  blis.ent  une  difference  sensible  entre  cette  t^e  et 
..  les  autres  parlies  de  I'ouvrage.  Nous  oserions  pres- 
..  que  douter  qu'elle  solt  toute  entiere  de  Raphael. 
.  Du  moins  nous  n'avons  pas  cru  y  retrouverlasim- 
..  nllclte  grande  ,   le  falre  moelleux  ,   le   vra.  ,   qui 
«   brlUent  dans  I'ensemble  du  tableau  et  dans  chacua 
..  de  ses  details.  Cette  remarque  devoit  etre  jointe  a 
..  notre  rapport ,  afin  de  pr^venlr  les  dontes  qui  nai- 
..   trolent   pcut-etre  dans  I'esprit  des  observateurs  , 
„   et  leur  donneroient  a  penser  que  la  restaurat.oa 
..  aurolt  aUere  ,  en  quelque  maniere  ,  I'ua  des  chefs- 
«  d'oeuvre  du  grand  maitre. 

.  La  tete  de  saint  Francois  etoit  telle  qu'elle  est  au 
„  moment  oil  le  tableau  arrlva  d'ltalie.  Nous  remar- 
..  quames  alors  la  meme  difference  qui  nous  a  frapp^s 
«   dans  le  cours  de  notre  inspection. 

..  Nous  devons  ajouter ,  comme  une  chose  singu- 

„  hc.e  et  propre  a  detruire   tous  les  soupcons  sur 

..  I'originalite  de  la  tete  ,  que  lorsque  la  premiere 

..  operation  ,   celle   de  Xcnlevage  ,  niit  a  d<?couvert 

'  ..   I'ebauche  et  le  trait  de  Raphael ,  nous  nous  aper- 

..  cumes  que  le  trait  de  sa  tete  ,  dtssin^e  sur  la  pre- 

..  .V.ere  >mpre.slou  a  la  colle ,  ^oit  veritablement 

..  d'un  cavactere   de  dessin  tres- different  des  autves 

..  parties  egalement  au  trait ,  et  conforme  ,  au  moms 

..  pour  la  masse,  au  caraciere  de  la  tete  term.aee. 


Nouvelles  lilldraires.  648 

«  II  r^sulfe  de  Ja  que  ,  raalgre  la  dissemblance 
«  dont  nous  avous  parl^  plus  haut,  on  ne  sauroit, 
«  sanst^m^iite,  afErmerquela  tete  de  saint  Francois 
"  n'est  point  de  la  main  de  Kaphael. 

•<  II  en  r^sulte  encore  qu'aucun  soupcon  d(?savan- 
"  tageux  ne  prut  atlelndre  ,  Jii  radminishation  du 
«  Mus^e  central  des  Arts  ,  ni  les  artistes  habiles 
"   qu'elle  a  jug^s   dignes  de  son  clioix.  » 

La  commission  de  I'lnstilut  national  finit  son  rap- 
port en  rendant  justice  a  la  prudence  et  auxlumierea 
des  administiateurs  qui  ont  perfectioun^  I'art  le  la 
restauration.  Des  sncces  reit^r^s  n'^gareront  jamais 
le  zele  ardent  qui  les  anime-  lis  ne  permettent  I'ap- 
plication  de  I'art  qu'aux  objets  teilcment  d{?grades  , 
qu'il  y  a  plus  d'avantages  a  leur  faire  courir  queiques 
hasards  inseparables  d'op^rations  d^licates  et  mul- 
tipliees,  qu'a  les  livrer  en  proie  a  la  destruction  qui 
les  menace.  En  invitantl'Institut  a  suivre  lesproc^d^s 
dont  on  a  fait  usage  pour  restaurer  le  tableau  de  la, 
pierge  de  Foligno  ^  une  administration  toute  com- 
pos(?e  d'hommes  si  estimables,  vientde  prouver  a 
toute  I'Europe  qu'elle  se  tiendra  toujours  prete  a 
]ui  rendre  compfe  de  sa  vigilance. 

Nous  terminerons  celte  notice  par  le  r^sult&t  du 
travail  du  C- Ameilhon  ,  sur  V uiscription grecqiie  ve- 
mie  de  Roselie  j  qui  contient  ,  comme  11  I'avoit  ao- 
nonce ,  un  d^cret  en  I'lionneur  de  Ptolomee  Epiphane. 
II  nous  a  donn^  une  copie  du  texte,  aussi  exacte  qu'il 
lui  a  €\.€  possible  de  la  faire ,  d'apres  les  caiques 
envoy^s  d'^Egjpte,le3qaeIsreprd3entent  fidellement 
roriginal,  11  a  joint   au  lexte  grec  une  traduction 


S44  Nouvelles  Ulleraires. 

accompagnee  de  notes  oil  cle  remarqucs  lilstorlquea 
et  critiques. 

Dans  quelques-unes  dcs  notes,  11  compare  entre 
eiix  les  Taits  rapport^s  dans  I'inscription  ,  et  ces 
Biemes  faits  consignes  dans  les  monumens  de  I'his- 
toiie.  11  s'est  livve  ,  dans  d'autres  notes,  a  des  dis- 
cussions quelquefois  assez  ^(endues,  soit  pour  jus- 
tifier  le  sens  qu'il  a  cru  devoir  donner  a  certains  pas- 
sages ,  soit  pourrt'fufer  certaines  opinions  qui  ne  lui 
paroissoient  pas  fondees. 

Telle  est  ,  par  excmple,  la  note  ou  il  met  I'in- 
scription de  Rosette  en  parallele  avec  I'inscription  du 
monument  uAdulis^  que  le  moine  Cosmas  indico-' 
j)tcustcs  ,  qui  vivoit  au  sixieme  sit^cle  de  I'ere  vulgaire, 
notis  a  transmise  ,  et  dans  laquelle  il  s'agit  des  con- 
quele.i  faites  en  Ethiopia  par  Ptoldm^e  Evergete, 
aieu!  de  Ptolem^e  Epipliane. 

Le  C.  Ameilhon  croit  apercevoir  dans  I'inscrip- 
<ion  de  Pvosette  denouveaux  raoyens  pour  combattre 
]e  sentiment  de  quelques  savans,  et  celul  de  Bayer 
en  pariiculier  ,  a  qui  jl  a  plu  de  jeter  des  doiites  sur 
raulhenlicit^  de  I'inscription  d'Adulis.  S'il  est  dans 
celle  de  Rosette  des  fails  et  des  partlcularites  dont 
riiistoire  a  conserve?  les  traces,  il  en  est  d'autres  aussi 
qu'on  chercherolt  ailleurs  inutilement :  ce  qnidonne 
a  ce  monument  xin  nouveaux  prIx ,  et  doit  lui  m^- 
lilcr  line  place  honosable  dans  nos  plus  precieuses 
colleclions  d'insciiptions  grccques. 

Noire  collt'gue  propose  encore,  et  toujours  avec 
braucoup  de  reserve,  diverses  conjectures  pour  ta- 
cher  de  renouer  le  fil   du  discours  ,   qui  n'est  que 

trap 


Kouvcllcs  Uiteraires.  645 

trop  souvent  inferronipu  dans  la  derniere  paide  de 
rinscriplion  de  Rosetle  ,  par  la  suppression  de  plii- 
sieurs  portions  de  plirase  que  le  temps  a  detruiles. 
Mais  pour  bien  juger  du  merite  de  ce  trairaii  ,  il 
faudra  le  consid^rer  dans  font  son  ensemble,  lorsqu'il 
parol tra  dans  le  recucil   des  ni^moiics  de  I'lustitut. 

Oin  rages  composes  par  des  menibres  de  Vln^titut  ^  im- 
primes  el  pre'sentes  ti  la  classe  pendant  le  premier 
trimesire  de  I'aii  X. 

VorAGE  d'j^gypte  el  de  Nubie  ,  par  Frdderic-Louis 
HoRDEN  J  noinelle  edition  donneepar  le  C.  Lang'es  , 
auteur  de  I' Alphabet  tarlare-mantchoii.  Paris  ,  1798, 
10-4."  ,  3.*  vol.  avec  figures. 

Ouvrage  intitule  :  Ex ercice  public  de  "Bihuogra- 
phie  :  Ess  AT  d'annales  de  la  vie  deJean  GuUcnberg, 
vwenleur  de  la  typographic;  par  le  C.  Oberli n  ^ 
associe. 

An NU AIRE  du  departemeiit  de  VAin  ,  contenant 
un  Memoire  slatistique  et  historique  stir  la  ville  de 
Bourg  ;  par  le  C.  Riboud,  associ^. 

Notice  sur  les  mdmoires  de  Hcnry-LouisLe  Koin  ; 
par  le  C.  Francois-Rene?  Mole  ^  artiste  dramatique. 


C  0  R  II  E  S  P.  O  N  D  A  N  C  E. 

Musce  cVhisloire  nalurcUe. 

II  y  a  environ  un  an  que  le  gouvernenient  fit 
transporter  en  Corse  une  collection  de  vcg(?taux 
Strangers,    qui   furent   lournis  par  le  Museum,  ct 

Tome  V.  M  m 


^4^  Notivelles  lUteraires, 

clioisis  parmi  ceux  qui  paroissoient  devoir  le  mieus 
s'actoutumcr  au  climat  de  cet(e  ile,  et  etre  en 
menie  temps  !e  plus  utile  aux  arts  et  au  commerce 
des  habitans.  Le  C  Noisette  ,jardinier,  fut  charg<? 
dc  les  accompagner  et  d'en  diriger  la  culture.  Dans 
une  lettre  adressde  au  C.  Thouin ,  et  dat^e  d'Ajac- 
cio  ,  le  10  brumaire  dernier.,  il  lui  fait  part  de  ses 
premiers  succes.  Presque  tous  ces  vegetaux  sont 
arrives  a  bon  port  ;  ils  ont  ^(e  mis  aussitot  en  plciiie 
terre ,  et  cette  transplantation  n'a  point  paru  dlmi- 
iiuer  leur  vigueur;  au  contraire,  leur  accroissement 
a  ete  tres-sensible  pendant  cette  premiere  ann^e. 
Parmi  les  arbres  qui  composent  cette  colonic  v^ge- 
tale,  on  distingue  le  cliene  a  glands  doux  ,  le  faux 
acacia  ,  le  cytise  des  Alpes,  le  jujubier,  I'arbre  de 
Judde,  le  goyavier ,  I'indigotier,  le  colon- arbris- 
seau  ,  le  sopliora  du  Japon ,  le  plaqueminier  de 
Virginie,et  le  f^vier  de  la  Chine;  parmi  les  plan- 
les  ,  on  compte  le  nopal  des  cochenilles  ,  I'aloes- 
pitte,  diverses  especes  A\irum ,  d'ascl^pias  ^  de  g-e- 
raniuin  y  de  soluniim  ,  de  belladonna  ,  dont  les  unes 
sont  utiles  aux  arts  ,  les  autres  a  la  ni^decine.  La 
multiplication,  la  nafurallsation  de  ces  vegetans, 
tous  etrangersa  la  Corse,  exigeront  sans  doute  beau- 
coup  de  soins,  beaucoup  de  Constance;  mais  oii 
doit  en  attendre  de  I'experience  du  jardinier  auquel 
elles  sont  confines  ,  surtout  s'il  obtient  des  admi- 
nistrateurs  de  cette  ile  ,  comme  on  n'en  pent  dou- 
ter,  la  protection  nt'cessaire  pour  remplir  ce  but. 

Une  lettre   du  C.  Martin  ,  date'e  de  Cayenne  le 
7  friniaire  dernier ,  contient  des  details  salisfaisansL. 


NoiH'elUs  Vuitia'ncs.  hy] 

fenr  la  culture  des  (^piceiics  ;  il  n'iiltend  qiie  hi  saison 
favorable  pour  s'occupcr  de  queiques  cssais  relatifs 
a  celle  du  poivrier.  Le  C.  Hugues,  ai;ent  dii  gou- 
vernemcnt  ,   vient    de    mettre    a   sa   disposilion    un 
terrein    pour    cet    objet.    II    s'agJt    de    recOtinoilre 
quels  sent   les   arbres  les    plus   propres  a  strvir  de 
tuteurs  aux  poivriers,  en  s'aUacbant  de  preference 
a  ceux  qui,  ^tant  susceptiblcs  de  se  uiuliij>lier   de 
bouture,  ont  I'ecorce  (^paisse  et  spongieuse;  et  qui, 
s'elevant    pen  ,    ont    cependant    uue    Jongue    duree. 
Mais,  ce  n'est  pas  le  seul  rer,L.!(at  que  Ton  chercbo 
a  obtenir  par   ces   essais.  L'lle   de   Cayenne  e^t  ia 
premiere    terre    qui  a  e((5   cultivee   dans   cette   co- 
lonic;  son   sol,    e:i   plasieurs    endrolls  ,   se   tiouve 
c'puise,  ct  Ton  est  force  dc  le  laisscr  reposer,  avaiit 
de  lui  conficr  d'aulres  planter  avcc  quelque  espoir 
de  succes;  outre  cet  Jnconv(?r.ient,  e!!e  est  exposce 
a  un  fleau  bien  plus  prejudivi^ble  aux  cultures  ;  ce 
sent  les  fourmis  qui  ravagent*,  qui  devorcnt  tout  ; 
ii  y  a  des  endroits  oil  il  est  impossible  de  s'en  ga- 
rantir,  et  quantity  de  terres  sont  abandonn^cs  a  ces 
insectes.  Mais  depuis  riniroduction  du  poivrier,  oa 
a    cru   s'a,  ercevoir    qu'ils    ne    louchent    point   aux 
feiiilles    de   cet   aibrisseau  ;   queiques   plants  ^pars 
dans  les  habitations  en  ont  ete  respect(?s.   Si  le  fait 
se  confirme  par  de  giandes  cultures,  le  sol  de  I'ile 
se  renouveilera  successivcment  ,  ei  son  psoduit  s'ac- 
croitra  dans  la  ni^nic  proportion. 

Le  C.  Martin  a  essaye  de  marcotter  le  muscadler 
fenielie.  Si  ropcration  r^ussit,  c'cst  sans  doute  le 
moyen  le  plus  sur  et  le  plus  prompt  de  propagtr 

M  m  2 


54S  Noiivclles  lilleraires. 

cede  (^plceilfc,  car  parnil  les  noix  -  muscades  qij<» 
I'on  seme  et,  qui  gcinient  lies-bien,  il  se  (rouve 
beaiicoiip  plus  d'indivitius  males  que  de  fenielles. 
II  se  propose  encore  de  grefFer  ces  deinieres  sur 
les  males  ,  et  de  tenler  a  cet  efFet  les  difF^reiis 
proc^dt'S  qui  pcuvent  amener  a  un  r^sulfat  satis- 
faisant. 

Quant  aux  arhres  a  pain,  lis  prosperent  a  Hier- 
veiile.  Le  C.  Martin  annonce  qu'il  aura  bientot 
douze  nouvellcs  marcottes  a  s^parer  de  leurs  sou- 
ches.  Quelques-unes  ont  deja  .des  sucoirs,  les  autres 
re  tarderont  pas  a  en  avoir,  11  a  observe  que  les 
marcottes  en  general,  si  les  branches  sont  un  pen 
fortes  quand  on  les  provigne  ,  donnent  des  fruits  la 
meme  ann^e. 

Le  C.  Riedle  ,  jardinier  dans  I'expddition  du  ca- 
pitaine  Baudin  ,  a  ecrit  de  sa  relaclie  a  I'lle-de- 
France.  Sa  lettre  est  dat^e  du  3o  germinal  an  9. 
En  voici  un  extiait: 

■•  Nous  sommes  arrives  ici  le  25  pluviose,  cinq 
<i  mois  apres  notre  depart  de  Paris.  Notre  travers^e 
•I  de  I'ile  de  Ten^rifFe  nous  en  a  employ^  plus  de 
'•  quatre.  Vous  aurez  sans  doute  appris  I'accident 
"  qui  m'est  arriv^  deux  jours  avant  de  quitter  celte 
•  lie.  Je  tombai  du  haut  d'un  rocher  a  environ  45 
■<  pieds  de  profondeur;  on  me  transporta  dans  mon 
«<  lit,  ou  je  restai  pendant  trols  mois  a  soufFiir 
«  le  marfyre.  Je  me  sentols  encore  de  mes  bles- 
«  sures  a  mon  arrlvee  a  I'lle-de-France ,  et  j'avois 
«  bien  peur  que  ce  maudit  mal  ne  m'erapechat  de 
«  travailler  le  re§(e  du  voy.nge.  Mais ,  Dieu  mcrci , 


IVom'el/es  litteraircs.  649 

•<  j'en  suls  quilte  ,  ct  je  coiirs  les  montagnes  coninie 

"  auparavant.  J'ai  d^ja  ramass^  deux  cent  cinquante- 

"  cincf  especes  de  plantes,  sans  compter  les  doubles 

<<  ^cliantillons  pour  I'hcrbier  du  Museum. 

"   J'ai  fait  le  catalogue  du  Jardin   colonial  ;  j'ai 

«  marque  les  arbres  qui  se  trouvent  au  jardin   du 

"  iVluseum  de  Paris,  et  ceux  qui  y  manquent  ;  ces 

"  derniers  sont  au  nombre  de  soixante.  Le  C.  Cere 

"  m'a   promis    de    m'eti  livrer    des    plants    a    notre 

■«  retour   de   la   mer    du   Sud  ;   je  lui  ai   remis ,  eu 

"  ^change  ,    deux  oliviers   francs  ^    deux    poiriers  , 

"  deux   pommiers,   un   cerisier  ,  un   abricotier,  un 

<■  p^cher,  un  amandier  ,  un  chataignier,  deux  mar- 

<>  roniers-d'Inde ,  huit  petits-noyers  ,  faisant  j)artie 

"  de  la  collection    d'arbres  dont  j'ai  et^  charge  en 

«  partant  de  France.  11  ni'a  fait  manger  du  fruit  de 

"  ses  arbres  a  pain  que  j'ai  trouv^  (i(*licieux  ;  il  en 

«•  a  distribu^  aux  principaux  habitans  de  la  colonie 

"  pour  le  faire  goiifer  et  inspirer  le  desir  de  le  cul- 

'  ••  tivcr.    Celui    que   nous   avons   mang^  pesoit   huit 

"  livrcs.  II  en  rcsle  encore  huit  sur  les  deux  arbres 

«  qui  ont  fructifi(^;  ces  arbres  ont  dix-huit  pouces 

«  de  cliconff-rence  et  quinze  a  seize  picds  de  hau- 

«  icur  \   ils    seroient   plus   elevds  s'ils   n'avoietit   ete 

•<  casses  a  leur  extr^mit^  ,  par  un  coup  de  vent. 

"  Je  ne   puis  assez  me  louer  de  toutes  les  hon- 

"  netetes  que  j'ai  recues  des  habitans  de  cetle  ile  ; 

«  j'ai  visits  leurs  jardins  et  j'ai  laisse  partout   des 

'•  graines  de  legumes  et  de  fleurs  de  TEurope.  Pcn- 

•<  dant   notre  traversce,  j'avois  plants  des   noix   et 

"  elev^  uae  mullitude  de  jeunes  nojeis;  j'en  ai  dis- 

Wm  3 


5oo  Nottvcllcs  lillcralics. 

"  fiibiu'  line  tientaine   diins  la  colonic,  ct  j'cn  al 
••    ei)voy(5  j)lusieurs  a  I'ile  de  la  Reunion. 

"  Je  no  vous  dirai  point  oii  nous  irons  en  sortant 
"  de  rile-de-Francc.  7\ujourd'hui  nous  avons  oidre. 
•'  de  nous  rendre  a  bord ,  ct  de  nous  tenir  pr^ts  a 
••  parfir.  Mais  tout  a  bien  chang^  dans  noire  exp(^- 
••  dition  ;  celte  lelache  lui  a.  ^le  pernicicuse  a  plus 
«  d'lui  (^gard.  Des  malelots  ont  desert^  pour  prendre 
«  parti  sur  des  corsaires;  c]up]ques-uns  ont  ^t^  rat-« 
"  trnp(^s.  I.e  capifaine  a  dt'bargue  deux  officiers 
"  maladcs;  plusieurs  naturallstes  paroissent  d^ler- 
"  niin^s  a  ne  pas  allcr  plus  loin  :  pour  nioi,  j'irat 
"  lant  que  le  vaisseau  Ira....  » 

Par  une  seconde  lettre  dat^e  du  lendemain  ,  le, 
C.  Riedl^  annonce  que  le  depart  est  fixt?  au  .3  flo- 
r^al ;  ii  croit  que  Ton  fera  route  pour  la  Nouvclle- 
HoUande. 


T  H  ]^:  A  T  R  E  S. 

Theatre  FRAN  CATS  DE  LA  Republtqve, 

Edonard  en  Ecosse , 
Jlfnine  1iision\]ite  en  frois  ncies  ct  en  -jirose. 

Le  c;rand  succes  de  cetfc  piece  ,  jou(!^e  le  29  plu- 
A'iose  an  10,  cst-il  du  a  I'auteur,  anx  artrurs  ou  au, 
sujet  li'slorique?  Telle  est  la  question  que  so  sont 
f;iites  beaucoup  dc  personncs  ;  ot  on  pent  leur  re- 
ponnre  que  le  tout  n'y  a  pas  peu  contribue.  Le  sujet 
lie  pouvoit  manquer  d'iiileresser.   L'auteur,  a  su  ca. 


Nonvellcs  Uileraires.  SSi 

tiror  parti;  et  les  acteiirs  ont  cach^,  par  leiir  jcu  , 
qiielqucs-uns  dcs  d^fau(s"^chappes  a  I'autciir. 

Edouard ,  fils  de  Jacques  III ,  errant  dans  sa  pa- 
trie  ,  cliercliant  a  remonler  sur  le  trone  de  son  pcre, 
et  fiiyant  des  ennemis  aiissi  criiels  que  puissans, 
voici  ]e  premier  mobile  de  la  piece.  Un  ennemi 
assez  g6iereux  pour  lui  donner  tin,  asyle,  I'inleret 
qu'inspire  le  prince  poursuivi,  toujours  pret  a  tom- 
ber  dans  uu  pi^ge  qunnd  il  a  sii  se  soustraire  a  un 
autre;  ce  sont  les  moyrns  dramatiques  employes 
avec  siicces,  et  avec  lesquels  on  est  toujours  sur 
de  r<=ussir  ,  surtout  quand  on  y  joint  des  caracteres 
bien  traces  et  un  bon  style.  On  ne  peut,  sous  tous 
ces  rapports,  que  louer  DuVAL,  auteur  de  cet  ou- 
vrage,  qui,  a  quclques  longueurs  pros,  montre  uu 
grand  talent,  et  bcaucoup    d'cnlente  de  la  scene. 

Les  roles  les  plus  marquans  ont  t'te  jou^s  par  le 
C.  Saint-Fal  et  M."e  Contat.  Celle-ci  a  ete'  vive- 
meftt  applaudie.  Saint-Fal,  qui  a  fait  bcaucoup 
valoir  le  role  foible  d'Edouard  ,  a  ele  demands 
aprcs  la  piece. 


Theatre  Feydejv. 

Bom  Mendoce ,  ou  le  Tuleiir  porli/gais. 

Get  op(?ra  est  tomb^  le  26  pluviose.   II  a  (?l^  re- 
>ouc  le  surlendemain,  sans  oblenir  plus  de  succcs. 

M  m  4 


552  Nouvelles  Ulicraires, 


Theatre   Lo  v  v  o  i  s. 
Le  Manage  de  Nina-Fernon. 

Ficard ,  gate  par  le  public,  co'mpfe  trop  maintc- 
nant  siir  son  ihdulgence.  Ce  n'dtoit  pas  assez  de 
jouer  tjuinze  fois  de  suite  VAuberge  de  Calais  ,%\^(e 
i\  toiites  les  representations  ,  et  de  forcer  le  public 
a  trouver  bonne  %i  grandc  Ville ,  que  tout  le  mondc 
couroit  voir,  et  dont  tout  le  monde  sortoit  mecon- 
tent.  II  a  mis  sur  I'affiche  le  noni  des  autenrs  du 
Manage  de  Nina -Vernon ,  que  les  sifflets  avoient 
empeclie  d'entendrc.  Ces  auteurs,  qui  auroient  du 
s'y  opposer,  non  par  modestie  ,  mais  par  amour- 
propre,  sont  des  chansonniers  reunis  du  Vaudeville 
et  des  Jeunes  Artistes,  les  CC.  DiEU -la- Foi  , 
Chazet  et  Dubois. 

II  est  vrai  que,  depuis  la  grande  Ville,  il  n'y  a 
plus  que  les  pieces  siffle'es  qui  reussissent  a  Louvois. 
lUna-Vernon  a  lu^rit^  son  sort  a  tons  ^gards.  Elle 
ne  vaut  pas  la  peine  que  nous  prendrions  pour  I'a- 
nalyser. 


Theatre  du  Faudeville. 

Georges  Times  ,  ou  le  Jokej  malt  re. 

On  a  toujours  dit  que  le  Vaudeville  ^toit  un 
enfant.  11  a  voulu  sortir  de  son  maillot,  il  a  voulu 
marcher  a  grands  pas,  et  le  pauvre  petit  a  e'piouve. 


NoJU'cUes  h'/f  era  ires.  553 

par  plus  d'une  chute,  ce  que  c'est  que  de  vouloii" 
faire  plus  que  nos  forces  ne  nous  perraettent. 

La  Malade  qui  se  parte  bieii  a  et^  suivie  du  Jokei 
viailre ,  qui,  moins  heurciix  qu'elle  ,  a  et^  cahot^ 
en  route.  Ce  pauvre  Jokey  a  pris  les  habits  de  son 
inaitre,  pour  donner  des  lecons  de  inuslque  a  Ebina 
qu'il  adore.  11  n'est  jokey  que  par  I'habit;  c'est  un 
jeune  komme  bien  n<5  que  son  inconduite  force  a 
servir.  Son  niaitre  ne  salt  pas  tout  cela.  II  a  fait  un 
ouvrftge  pour  lequel  on  veut  rarreter  ;  ses  habits 
trompent  les  records  qui  anefcnt  Georges  a  sa  place. 
Un  denouement  qui  tombe  des  nues  vient  terminer 
cette  pauvre  piece  ,  par  un  bel  acte  de  g^n^rosit^ 
qui  a  beaucoup  fait  rire  ,  attendu  qu'il  n'est  rien 
moins  que  vraisemblable. 

Les  auteurs  demandes  par  quelques  voix  indul- 
gentes  ,  sont  les  CC.  Sevrin  et  Duchaume. 

Les  couplets  sont,  quant  au  style,  au  dessous 
nieme  de  ceux  6.\icliille  d  Scjros. 


LIVRES    DIVERS  (i). 


Politique. 


EsaAi  sur  V Art  de  rendre  les  rdnoluiions  utiles  ^  "par 
J.  E.  Bonnet^  deuxieme  edition.  2  vol.  z/z-8.*' 
Priv ,  7  fr,  5o  cent.  ,  et  ^  fi.  5o  cent. ,  par  la., 
jyoste.  A  Paris  ,  chez  Mumduji,  Iibraire  ,  ruePay^e- 
Saint-Andr^-des  Arcs,  n.°  i6.         ' 

Lorsque  la  premiere  edition  de  cet  onvrage  pa-; 
^■ut ,  on  trouva  d'.ibord  que  c'efoit  le  reiricde  apres 
la  mort.  Quelcjues  chapitres  assez  bien  trai((?s,  des 
circons!ances  que  le  liasard  fit  naiire,  une  preven- 
tion publiqup  ,  qui  persuada  que  cet  ouvrage  pa-, 
roissoit  sous  les  auspices  de  I'auforii^  ,  firent  la  for- 
tune de  la  premiere  (^ditinn  ,  fortune  a  laquelle  ni 
J  auteur  ni  le  Iibraire  ne  s'atlendoient  pa-  ,  et  qui 
produit  cetle  seconde  edition.  Un  journaliste,  era 
J'annoncant,  a  dit  qu'elle  eioit  reiue  et  corrigee  ; 
sans  doufe  qu'il  croyoit  qu'elle  devoit  I'etre.  Nous 
sommes  certains  qu'elle  est  exacfement  conforme  a 
la  piemiere.  «  Le  gouverneinent  de  Rome  est  le 
"  niodcic  que  I'auteur  choisit  jiour  faire  l'ap})lica- 
^'  lion  des  grands  ])rincipps  d'^conomic  politique, 
••  et  cela,  parce  que  cet  etaLest  en  contre-r^volution  , 
"'  parce  que  les  actes  contre-revolutionnaires  qu'on 
"  a  d(^ja  fails  ,  sont  pris  dans  le  grand  principe  des 
•<  contre-r^'olutions  ,  qui  est  la  clemence  ,  et  pqrce 
"  que  les  opi^rations  y  (jtant  plusfaciles  ,  rapplication, 
«  sera  plus  fiappante.  >■  Sans  doute  la  cl^^raence  est 
nn  moyen  ;  mais  peut-elle  ramener  tous  les  esprlts,. 
concilier  loutes  les  opinions,  calmer  tous  les  partis, 

(0  Lss  article*  marques  d'linc  *  sont  ceux  dont  nous  donncron.s  uij. 
exiralt. 


Lk'rcs  divers.  555 

ramener  I'ordie  social  a  scs  vrais  principes  ?  L'cx- 
p(^iience  nous  clc'montre  que  cc  nioyen  seal  est  in- 
suffisant  pour  reiidre  Ics  revolutions  utiles. 

Jurisprudence. 

Brxrcr/iv  He  Chistilut  dc  jurisprudence  el  d^e'co- 
iwniie politique.  Premiere  livraison  de  id  et  182  pag, 
in  8.° 

L'lnstJfut  c!c  juiisprudcnce  et  d'c'conomie  politi- 
qup  est  ora;anisf';  ses  cours  seront  ouvcrts  ;  ils  fiiiiront 
le  3o  fructidor  de  chaque  annde.  ly'abnnnrrricnt  a  la 
totality  des  cours,  comme  a  un  seul,  est  de  100  fr. 
pour  Iciir  dur^e  ,  qui  est  de  10  iimis;  cetle  somnie 
est  payable  par  (inquitme,  de  deux  mois  en  deux 
niols  ,  et  d'avance, 

Lr  bulletin  de  ITnstitut  et  le  journal  de  juris- 
prudence sont  cbaciin  de  dix  a  douze  feuilles  ,  sui- 
vant  I'abondance  des  malieres;  format  in-8.'',  ca- 
ractere  de  cicero:  i!  paroit  le  i.*"'  ,  et  le  journal 
le  i5.  Le  prix  de  I'aboimen-.ent ,  soit  au  bulletin  , 
soit  au  journal  ,  est  de  3o  fr.  par  an  ,  i5  fr.  pour 
six  mois,  et  7  fV.  5o  cent,  pour  Irois  mois.  Ils  sont 
rendus,  francs  de  port,  dans  tons  les  dcpartemens 
de  la  republique..  L'abonnenicut  aux  deux  ouvrages 
est  de  .'54  francs. 

Les   citoyens   domicilies   ont  la  faculte ,  pour  le 

firemicr  trime^itre,  de  ne  |iaver  qu'a  son  ex()iration 
e  prixdc  leur  abonnement.  Tons  les  renseignemens, 
demandes  ,  Icltres  ,  abonnemens  ,  envois  de  fonds  , 
sont  adress^s  ,  francs  de  port ,  au  directeur  gcn(?ral, 
quai  Voltaire,  hotel  la  BrifFe,   n."   z^a.  Paris. 

On  s'abonue  egalement  ch  z  tons  les  receveurs  de 
J'enregiurcmcnt,  gre.Hiers,  libraireiet  directeurs  des 
postcs   de  la  republique. 

Cette  premiere  livraisnn  du  bidlctin  de  I'lostitut  de 
jurisprudence  et  d'econoruie  politique  confiCnt  une 
introduction  sur  le  but  decct  ctablissement  ;  ensuite 
]^ preaiic'vc  keen  de  chacun  des  six  cours  suivaqs,  qui 


o56  Livres  divers. 

se  donaent  dans  le  m^me  etablissemenf-.  Ces  coiirs 
sont  :  Celui  de  legislation  naturelle  ct  d'economie  /;o- 
litiLjiie,  par  le  C.PeRREau,  merabre  du  Tribunat  ; 
celui  de  droit  roinain  et  francais ,  par  le  C.  Ber- 
NARDi,  Jurlsconsiiile  ,chefde  division  au  ministere 
de  la  justice;  celui  Ae  juriiprudencepraliqiie ,  par 
le  C  PikaUlt-Deschaumes,  avou^  pres  le  tri- 
bunal de  Ja  Seine;  celui  de  logique  et  d^ eloquence ». 
par  le  C  GaLlais  ,  ancien  professeur  de  ces  deux 
sciences  ;  celui  de  Icgialuiion  crnninelle  ,  par  le  C. 
Morand  ,  professeur  a  I'ecole  centrale  de  la  rue 
Sairit-Antoine  ;  et  celui  de  legislation  Inslorique , 
constitiUiounelle  et  civile  ,  par  le  C.  MiLLON,  pro- 
fesseur aux  ecoleo  centrales  de  Paris.  Chacune  de 
ces  premieres  lecons  contient  I'exposition  du  cour& 
auquel  elle  sen  d'introduction. 

Geographie. 

^  NoTicn,  des  outrages  de  M.  d'ANyiLLE,  premier 
geographedit  roi,  memhre  de  l'  Academic  des  inscrip- 
tions et  betles-iettres  el  de  CAcademie  des  sciences 
de  Paris  ,  de  celle  des  sciences  de  Saint-Petersbotirg, 
de  la  Societe  des  anliqiiaires  de  hondres  ,  et  secre- 
taire ordinaire  de  M.  le  due  d^ Orleans  ;  precedee  de 
son  eloge.  A  Paris  ,  cliez  B'uchs  ,  libraire  ,  rue  des 
Mathiirins;  Denianne  „  a  la  Bibliotii^que  nalio- 
nale.  De  Tinriprimerie  de  Delauce.  An  X.  1802. 
In-8.''  de  120  pages.  Prix,  ifr.  Bocent. 

Education. 

TliADUCTTON  litterale  da  prospectus  en  grec  vul- 
gaire  ,  d'une  traduction  du  Cours  des  sciences  phi- 
losophiques  ,  compost  en  it  alien  par  M.  Francois 
SoJrE  ,  auteur  des  Novelle  Morali  ad  use  de* 
fanciulli  ;.  c'est-a-dire,  Bouvelles  morales  a  I'usage 
des  en  fans. 

Avis  aux  litterateurs  grecs. 

Tous   les    Grecs   qui  aiment    leur   nation  et   les 


Ijivres  divers.  5By 

l)onnes  ciiose,?  ,  sont:  invites  a  con(ribuer  a  IVdition 
d'uii  Coins  abreg^  et  methodiquc  des  sciences  j)hi- 
Josophiqiies  ,  dont  la  traduction  a  ^((?  faite  par  un 
Grec  ,  ami  de  sa  nation,  a  I'usage  de  ses  eleves, 
L'ordre,  la  clart^  et  la  bri^s'ete  qui  distinguent  cet 
abreg^  complet  ,  I'ont  fait  juger  digne  d'etre  ega- 
Jement  communique  ,  par  la  voie  de  I'impression  , 
aux  autres  Grecs  ,  et  surtout  aux  habitans  de  l;» 
Grecem^ridionale  (i)  ,  qui ,  malheureusement ,  man- 
quentde  livres  ^l^mentaires  Merits  dans  leurlangue, 
et  n'entendent  pas  celles  des  autres  nations  ,  aujour- 
d'hui  riches  en  ouvrage  de  ce  genre. 

Cet  ouvrage  est  divis^  en  quatrc  tomes  ;  le  pre^ 
iMier  et  le  second  traitent  de  la  logique  avec  une 
m^lhode  exceliente  ,  et  d'une  maniere  loute  nouvellc. 
Le  premier,  en  efFet ,  presente  en  raccoiuci  un  ta- 
bleau de  I'liistoire  de  la  pbilosopbie  ,  depuis  le 
commencement  du  raonde  jusqu'a  nos  jours,  et  traite 
particulierement  de  la  partie  analytique  de  la  logi- 
que; c'est-a-dire ,  de  la  maniere  de  d^couvrir  la 
verity,  partie  qui  avait  ^t^  n^glig^e  depuis  Socrale 
jusqu'a  present.  Le  second  tome  traite  de  la  ma- 
niere d'exposer  et  de  demontrer  la  verity  ,  trouvee 
par  ce  moyen  ;  ce  qui  constitue  I'essence  de  la  logi- 
que ,  propremen'.  dite  ;  et  a  occup^  tons  les  auteurs 
de  trait^s  de  logique,  depuis  Aristole  jusqu'a  I'epo- 
que  presente.  Le  troisiemt  volume  renferme  la  me- 
tapbysique,  avec  toufes  ses  parties  ;  c'est-a-dire  ,  la 
psychologie  ,  I'ontologie  ,  la  cosmologie,  et  la  th^o- 
iogie  physique.  Tous  ces  objels  sont  developpcs, 
<l'une  maniere  analytique  et  avec  une  m^thode 
admirable,  d'apres  les  nouvelles  decouveries  que 
Locke,  Condillac,  Bonnet,  et  d'autres  metaphysi- 
ciens,  physicieus  et  cliymistes  r^cenSjOnt  faitcssur 

(i)  L'auleur  de  ce  prospectus,  rarcliimandrile  Anthliiie  Garl  ,  est  dii 
nioiit  Telion  ,  et  oppose  la  Grece  meridionale ,  I'Altiqiie  ,  la  Moree ,  k 
la  Macedoliie,  a  la  Thessalie  ,  i  I'Epire.  On  ne  sauroit  trop  I'cncourager 
i  conlimier  d'eniicliir  sa  iialioii  par  l«  traduction  des  meilleurs  livrej 
^liiraentjlres. 


ooS  Llvres  divert. 

cliaque  maflere.  An  lieu  de  pi(?sen(er  la  chaiiie  deal 
^tres  dans  un  style  sec  ,  aride  et  lebutant,  coiiiuie 
I'ont  tail  jusqu'ici  les  luetaphysiciens ,  il  expose  la 
generation  et  le  developpement  des  pensees  et  de 
J'id^e  des  choses  qu'il  delinit.  11  d^duit  de  ses  prin- 
cipes  et  de  ses  deliuilions  line  foule  de  consequences 
et  de  corollaiies  5  de  soite  qu'on  peut  appeler  ce 
traite  de  metaphysiqtie  un  tie'sor  de  science  ct  d'in~ 
striiction.  Le  quatrieire  volume  ,  enfiii  ,  renfcrme  la 
morale  dans  toutes  ses  parties  ,  et  dans  toute  son 
etendue,  pour  le  dire  en  nn  mot,  et  ne  pas  s'ap- 
pesaniir  ftoidement  sur  de  longs  details. 

L'auteur  traite  ccs  paities  de  la  philosophie  en 
pliilo&ophc,  et  en  philosophe  chrelien  et  tres  pieux, 
sans  cl'.oquer  ,  comme  tant  d'autres,  les  saints  et 
respectaijies  dognies  de  la  religion  ,  sans  effaroucher 
la  piete.  Tel  est  le  livre  que  nous  annoncons. 

Tout  le  moude  sentira  I'utilile  ou  plutot  la  n^- 
cesslie  de  cet  ouvrage  ,  surtout  en  reflechissant  que 
noire  nation  manque  d'un  fraif^  qui  lui  ofFre  I'en- 
chainement  complet  de  ces  sciences,  et  principale- 
ment  de  la  morale,  qui  est  le  but  et  la  fin  de  toutes 
les  autres.  Chacun  vena  ,  sans  que  j'aye  besoln  de  le 
dire  ,  combien  il  est  utile  de  recevoir  toules  ces 
connoissances  de  ]a  niain  dii-  meme  ecrivaiu. 

L'auteur  est  Italien,  vivant  ,  et  cultlve  la  philo- 
sophic avec  gloire  ,  dans  le  duche  de  Parme.  La 
traduction  a  ete  faite  de  I'italien  dans  la  langue 
moderne  des  Grets  ,  non  pas  dans  ccllc  qui  est  re- 
serv^e  au  vulgaire,  mais  dans  celle  qui  est  fille  de 
I'ancienne  langue  lilt(?rale  ,  et  qui  tiont  beaucoup 
de  la  noblesse  de  sa  mere.  On  a  choisi  ce  style  de 
preference,  pour  reiidrc  ce  livre  plus  utile,  et  a. 
portee  d'un  plus  grand  nonibre  de  lecteurs.  L'edi- 
tion  se  feraa  Vienneen  Autrichej  et  on  en  conimen- 
cera  I'inijiressiou  aussilot  qu'on  aura  un  noaibre 
suffisant  de  souscripteurs,  pour  encourager  I'editeur 
a  se  charger  d'une  en  (reprise  an  dessus  de  ses  forces. 

Le   piix   de  Touviiige  coniplct    est  fixe  a   trei^^e 


■  Lis'ies  divers.  609 

piastres  (2),  d'une  reliiire  ordinaire,  mais  fort  Jolie, 
et  qiiinze  quand  11  sera  reli^  a  la  francaise.  Voici 
les  conditions  de  la  souscriptioii  :  Cliaque  souscrip- 
teiir,  en  lecevant  le  preuiier  et  le  second  tome, 
donnera  ,  pour  res  deux  volumes  ,  cinq  piastres  ; 
quatre  en  prenant  le  troisieme  tome,  qui  est  pres- 
que  aussi  gros  que  les  deux  premiers  ;  et  enfin  , 
qiiatre  autres  piastres,  pour  le  quatrieme  et  dernier 
volume;  le  tout  payable  a  I'ordre  du  ties-saint  et 
tres-savant  archimandrite  Anthime  GaZI  ,  qui  se 
chargera  de  I'e'dition  et  de  la  distribution  de  cet 
ouvrage.  Salutgenereux,,  descendans  des  Grccs,  amis 
de  votre  nation  ,  et  de  ce  qui  est  beau  et  bon.  A 
\ienne,  le  10  juillet  1801. 

Voyages. 

*  Voyage  en  Crimee ,  suwi  de  la  relation  de  Pam- 
bussade  en\'oyee  de  Pilersbourg  a  CousUintinople , 
en  1793,  publie  par  iin  jeune  Riis^e  ullaclie  cicelle 
ambassade ;  traduit  de  t'alleiiuiiid  pur  L.  H.  De- 
IjAMARre.  I  vol.  in-8.°  Paris,  de  I'imprimerie  de 
Cnipelet ;  chez  Maradun  „  libraire ,  rue  Pav^e  Saiut- 
Andr^-des-Aics  ,  n.°   16. 

La  Crlm^e  nous  est  pen  connue.  Ce  pays,  dont 
tant  de  hordes  barbares  et  conqit^i  antes  sont  sorties  , 
n'est  qu'un  desert,  malgr^  routes  les  faveurs  que  la 
nature  lui  prodigue  ;  et  se  peuplera  difficilement  sous 
ses  nouveaux  souverains,  uiaigrc?  les  encouragemens 
qu'ils  y  re|)andent.  L'ambassade  russe,  qui  traversa 
la  Valachie,  la  Moldavie,la  Bulgarie,  ne  pr^sen- 
teroit  qu'un  itineraire  sec  et  peu  instructif  sur  des 
provinces  accabl(?ts  sous  le  joug  oitonian  ,  et  rava- 
g^es  par  les  princes  qui  s'y  succedtnl  rapidement , 
si  le    C.   Delamarre   n'avoit  ajout^  a  I'auteur  qu  II 

(2)  Le  piastre  lurque  vaut  mjlnlcnaiit  enviioa  5i  a  53  sous  de  la 
moonoie  de  France. 


66o  Livres  divers. 

nadnisoit ,  des  details  siir  les  usages  ,  les  niceiirS^ 
les  lois  de  ces  divers  peuples  qui  r^pandent  dc  I'in- 
terft  et  des  connoissances  geographiques ,  dont  i.ne 
luarche  de  six  mois  et  de  600  lieues  etoit  suscej)tible, 
Ce  traducleur  estimable  regielte  de  n'avoir  pu  ac- 
compagner  son  volume  d'lnie  carle  des  regions  qu'oii 
paicourt  5  mais  averti  qu'ou  alloit  publier  une  tva- 
duelion  du  meme  voyage  ,  il  a  (?t^  foic^  d'aban- 
donner  son  travail,  et  de  se  coiitenter  de  designer 
les  cartes  qui  lui  avoient  et^  commiuiiqu^es  au  d(;p6t 
general  de  la  guerre,  qui  sont  celle  de  la  Moldavie 
par  Bawhr,  celle  de  I'Empire  ottoman  par  Zannoni  , 
et  de  la  Crimee par  Kinsberg.  Nous  rendrons  compte 
de  ce  voyage,  qui  Contieut  plus  de  choses  que  le 
litre  en  ptomet. 

*  Voyage  de  la  Troade  ^  fait  dans  les  anuses  lySS 
et  1786  ;  par  J.  B.  LECiiErALiER  ,  memhre  de 
plusieurs  Academies.  Troisieme  edition  ,  revue  et 
considerabtement  augmentee.  3  vol.  in-^° ,  ornds 
d'un  atlas  ,  compose  de  3j  planches ,  representant 
la  viie  d'ltliaque  f  de  la  fontaine  Arelhuse  ^  les  tom- 
heaux  d'Homere  ,de  Pat  rode ,  d^Achille  ,  d'Ajax  , 
d^ Hector ,  les  sources  du  Scamaiidre  ,  la  vae  d'A- 
ihe^es  ,  celle  du  temple  de  Minert'e-Suniade  .j  d^ Apol- 
lon  -  Thyrnhrien ,  la  carte  du.  royaume  ciVlysse  ^ 
etc.  ,  etc.  ;  avsc  I'analyse  raisonnee  de  toutes  les 
planches  ,  Vfies  ,  cartes  ,  m^dailles  ,  etc.  ^  etc,  Prix  , 
papier  ordinaire  d! Au^ergne  ,  %i  fr.  ;  et  idem, 
papier  double ,  facon  Hollande ,  36  fr.  ;  el  papier 
velin  ,  60  fr.  A  Paris  ,  cliez  Dentu  ,  imprimeur- 
libraire  ,  Palais  du  Tribunat  ,  galerie  de  bois  , 
n.°  240. 

H   I    S    T    O    I    R   £. 

IjES  Ann  ales  de  la  Verlu  ,  ou  Hisloire  iinii'erselle 
iconograpldque  et  litle'iaire ,  a  I'usage  des  artistes 
et  des  jeuncs  litterateurs ,  et  pour  servir  a  r edu- 
cation de  la  jeunesse ;  par  Madame  DE  Genljs  , 

iiaui  file 


Lh'res  (?he7'S,  >     56i 

tiouveUe  edition  revue,  corrigee  et  augmeiitde,  3 gros 
vol.in-Z°.lDe:  rimprimerie  de  Cn^/Wc/.  Prix  bro- 
ch^s  18  ff. ,  et  21  fr.  ;par  la  postc;  Ic  nn'mc  ou- 
vrage  J  5  vol.  in-12  ,  prix  broch^c  ,  12  fr.  5o  cent, 
et  16  fr.  franc  de  port,  par  la  poste.  A  Paris, 
chcz  Marac/ciJi ,  libraire,  rue  Pav^e  Saint-Andre- 
des-Arcs,  n.°^6. 

La  publication  de  ces  Annales  est  une  nouyelle 

fireuve  du  desir  qu'a  M.'"'^  de  Genlis  d'etre  utile  a 
'education  de  la  jeunesse,  seul  but  de  tous  ses  tra- 
Taux.  Ces  Annales  pavurent  il  y  a  vingtans,  ct  n'^- 
chap[)erent  point  a  la  critique  ;  on  y  apercut  des 
inexactitudes,  des  erreurs  de  chronologie  ,  dcs  fails 
historicjues  qui  ne  devoient  point  se  trouver  dans  des 
^niioU's  qu'on  intiUiloit  dc  la  Verlii.  L'auteur  a  pro- 
fit^ des  observations  d'luie  critique  impartiale,  il  a 
revu  son  premier  travail,  et  y  a  fait  des  corrections 
et  des  augmentations  qui  lui  donnent  ,  pour  ainsi 
dire,  une  existence  nouvelle.  On  n'appieciera  peuf- 
^tre  pas  autant  qu'elle  doit  I'etie  une  compilation  qui 
demandoit  des  recbercfies  p^nibles,  des  lectures  im- 
menses  ,  et  surtout  une  lonstauce  d'executiou  qui 
ne  pouvoit  ^tre  soutenue  qiie  par  I'esp^rance  de  re- 
cueillir  une  serie  de  faits  m^morables  ,  d'acdons  re- 
marquables  que  pT^^sente  I'histoire  generate  et  par- 
ticuliere  depuis  la  creation  du  monde  jusqu'a  nos 
jours.  11  a  t'allu  que  M.™"  de  Genlis  se  consacrat  ^ 
lire  et  a  exlraire,  pendant  vlngt-cinq  ans,  tous  le$ 
liistoriens  anciens  et  modernes  ,  toutes  les  traductions 
des  auteurs  grecs  et  latins  ^  anglais  et  italiens,  et 
meuie  plusieurs  dictionnaires.  De  cette  immensit^  de 
lecture  bien  dig(?rce ,  est  r^sult^  I'ouvrage  qu'on  vient: 
de  reimprimer;  il  renferriie  dans  le  plan  adopts  par 
l'auteur,  le  detail  des  traits  vertueux  que  les  bisto- 
riens  nous  ont  transmis  un  precis  des  plus  belles  lois 
de  diff(?rens  legislateurs ,  un  extrait  de  la  morale  et 
des  sentimens  des  pbilosopbes  les  plus  c^lebres  ,  un 
abr^ge  des  moeurs  et  descoutumes  des  anciens.  L'his- 
toire  de  France  a  surtout  occupe  JVl.'"  de  Genlis, 
Tome  V.  N  a 


56a  lltivyes  divers. 

et  cela  devoit  etre.  On  lira  a  ce  sujet  des  Falts  hi- 
roiques  qui  honorent  la  nation  et  qui  ^toient  ignores. 
Elle  a  consult^  non-seulement  les  liistoires  et  les  m^- 
moires  particuliers  ,  mais  encore  des  manuscrits  ori- 
oinaux  qui  lui  avoient  ^t^  confi^s. 

Les  etudes  qui  ont  pr^ced^  la  publication  de  cet 
ouvrage  ,  dans  lesquelles  I'auteur^n'a  ^t^  seconds  ni 
aid^  par  personne,  doivent  obtenir  la  reconnoissance 
des  peres  kt  des  meres  qui  s'eccupent  de  I'^ducation 
de  leurs  enfans  ,  des  instituteurs  qui  les  suppl^ent  , 
de  la  jeunesse  qui  y  trouvera  des  exemples  a  suivre, 
de  belles  actions  a  imiter.  L'auteur  se  (latte  meme 
que  son  recueil  sera  de  quelqu'utilite  aux  artistes  , 
sciilpteurs,  peintres,  dessinateurs  qui  n'ayant  pas  le 
temps  de  se  livrer  a  I'^tude  de  I'hisioire,  traitent 
presqiie  toujours  des  sujets  us^s  et  rebattus. 

La  suite  paroitra  successivement  dans  le  cours  de 
I'anu^e.  On  donnera  incessamment  deux  volumes 
nouveaux  qui  contiendront  i.°  la  suite  des  traits  de- 
taches de  I'histoire  de  BVance  ;  2.°  la  geographic  tres- 
detaillee  de  I'histoire  d'Angleterre ;  3.*  Tabreg^  chro- 
nologique  de  I'histoire  d'Angleterre  ;  4°  details  sur 
les  lois,.  les  moeurs  ,  les  coutumes  ;  5°  un  tableau 
coraparatif  des  deux  litl(?ratures  francaise  et  anglaise; 
6.°  les  traits  detaches  de  I'-histoire  d'Angleterre.  Par 
ce  qu'on  lit  dans  les  trois  volumes  qui  paroissent  , 
et  par  ce  qu'on  nous  promet,  on  peut  juger  de  I'u- 
tilite  et  de  la richesse  de  cette  compilation,  A.  J.  D.  B. 

POESIE     sacr]6k. 

jipoLOGVES  et  Allegories  chreliennes ,  ou  la  Morale 
de  C  Evangile  ,  deieloppe'e  et  reiidue  sensible  duns 
quatre  litres  d' Apologues  en  versfrancuis.  A  I'li- 
scjcre  des  Pensions  ou  I' on  eleve  les  jeunes gens  de 
Tun  et  rauire  sexe.  A  Paris ,  chez  heclere ,  libraire  , 
quai  des  Aui^ustins  ,  n."  89  ;  i  vol.  in-12.  Prix 
I  fr.  80  centimes. 

On  ne  peut  qu'applaudir  au  but  que  l'auteur  s'est 


Livres  divers'.  563 

f>Vopos^  en  publiant  ces  apologues.  S'll  est  vrai  que 
a  rime  favorise  la  ni^nioire  ,  il  aura  rempli  son  objet 
en  mettant  en  vers  les  principes  de  morale  tirf^s  des 
livres  saints.  L'Honime -Dieu  ne  parloit  aux  Juifs 
que  par  paraboles  ,  et  La  Fontaine'a  dit  :  que  sont 
les  paraboles  ,  si  ce  n'est  de  v(?ritab!cs  paraboles?  •■  II 
•»  semble,  dit  naivement  I'auteur,  que  I'idc'e  de  tom- 
"  poser  des  apologues,  dont  la  morale  entierement 
'■  cbri^tienne  put  etre  entierement  substitute  a  cette 
"  morale  purement  profane ,  et  d'ailleurs  commune 
"  et  rebattue  qu'on  tionve  unlquement  dans  nos 
«  meilleurs  fabulistes  ,  tut  uoe  idee  au^si  htureuse 
«  qu'elle  est  neuve.  " 

L'auteur  ne  se  dissimule  pas  les  d'fficuUes  de  I'en- 
treprise.  La  gravite  de  la  niatiere,  la  siiniliti'de  des 
sujets,  leur  pen  de  rapport  avec  nos  moeiirs  devoicnt 
rendre  i'cxerution  p^nible  ,  et  peut-elre  le  succes 
douteux.  Kn  lisant  ces  apologues,  on  se  rappelle,  nial- 
heureuscment  pour  l'auteur.  La  Fontaine,  Nivernois, 
et  meme  I'abb^  Aubert  ,  et  on  ne  peut  applaudir  ni 
au  style  ni  a  son  talent  po^tique  ;  il  faut  se  con- 
tenter  d'applaudir  a  ses  intentions.  A.  J.  D.  B. 

P   O   £    S    I    E. 

Comedies  ,  Vroverbes  et  Chansons ;  par  Joseph- 
Alexandre  Segue.  Paris,  chez  Colnet ^  rue  du 
Bacq  ,  n.°  6i8  ,  au  coin  de  celle  de  Lille;  au 
Bureau  de  la  Chronique  litt^raire;  che^c  Dtbray  y 
palais  du  Tribunat  ,  galcries  de  bois  ,  Mofigie  j 
meraes  palais  et  galeries  ,  aussi  cour  des  Fontaines. 
An  X  i8o2.  in-8.°  de  291  pages. 

Outre  un  recueil  de  chansons,  la  plupart  impri- 
m^es  s(?par^ment;  telles  que  le  Diulogue  eiilie  la 
Raison  ct  la  Folic ^  la  TValse  ^  les  Irois  parlies  du 
Jour  ^  les  Refus^  Veloge  de  la  Gaietd  ^  V Amour  et 
La  Constance  .^  etc.,  ce  volume  contient /u  J'(/r/<  le 
plus  sage ^  proverbe  en  vers;  le  Rclour  du  Mari ^ 
comcdie  en  un  acte  et  en  vers,  repr^sen(<?e  pour  la 

N  n  2 


564  Llvres  divers. 

premiere  fols  au  theatre  Francais  ,  'Je  aS  janvief 
1792  ;  les  deux  Veiu'es  ,  com^die  en  deux  actes ,  en 
vaudevilles,  representee  pour  la  premiere  fois  sur  le 
theatre  du  Vaudeville,  le  22  frimaire  an  V;  VA~ 
mant  arhitre  ^  com^die  en  un  acte-et  en  vers,  rcpre- 
sentt^e  sur  le  theatre  de  I'Od^on  et  sur  le  theatre 
Louvois.  Ces  divers  ouvrages  sont  tous  connus  ,  ont 
eu  plus  ou  molns  de  succes,  et  ont  en  general  m^- 
ritea  I'Auteur  la  reputation  d'un  litterateur  aimable 
et  gracieux. 

Romans. 

Brass  MAN,  ou  le  Pere  inexorable ,  par  DAMP' 
MARTIN  ;  civec  cede  ^pigraphe  : 

Qui  n'est  que  juste  est  dur. 

3  vol.  in-i2,  avec  fipjures.  A  Paris,  chez  Ouvrier , 
Jibraire,  rue  Saint- Andr^-des-Arcs ,  n.°  4i.AnX 
(1801). 

Voyage   pittoresque  de   la  Sjrie,  etc.;  par  le  C, 
Cassas.  XXII."  livraison.  ^ 

Les  six  planches  dent  cctte  livraison  est  compo- 
See  ,  representer.t  :  l."  planche.  Un  Monument  se- 
pulcral,  situe  proche  du  monastere  de  Salnt-Sim^on. 
Le  monastere  de  Saint-Simeon,  ainsi  que  le  monu- 
ment dont  cette  planche  ofFre  la  representation  ,  le 
plan  et  I'eievation  ,se  trouvent  sur  la  route  d'Halep 

10U  plutot  Hhaleb]  a  Antioche  [ou  Anthakyeh]. — ■ 
I,"^  planche.  Route  de  Hhemss  ci  Pulmjre.  Pvepos  de 
la  petite  caravane  avec  laquelle  I'artiste  voyageoit, 
]a  premiere  fois  (au  mois  de  mai  lyBS)  qu'il  partit 
de  Hhemss  [jadis  Emese],  pour  serendre  a  Palmyre. 
Arrivee  d'une  troupe  de  brigands  arabes.  pefense  de  la 
petite  cararane.  Le  lieu  de  la  scene  est  au  dessus  de 
Sudud  ,  village  qui  se  trouve  avant  celui  d'Howa- 
rein  ,  sur 'Ja  route  de  Hhemss  a  Palmyre. — 01." 
planche.  Tombeau  d' laniblicus  a  Palmyre.  Ornem;  ns 
de  Ja  niche  du  tombeau,  —  IV.*  planche.  Mau^oUe 


Lwres  divers.  565 

ifElabdliis.  G^om^tral  dii  plafond  durez-de  cliaiiss^^e. 
—  v.*  planche.  Entablement  d'lin  tombcau  dctruit. — 
VI.*^  planche.  Viie  du  chemin  d' Antonin  ,  avant  d'ar- 
liver  a  Baruth.  Inscription  antique  taillee  dans  le 
roc  ou  le  chemin  est  pratique  ,  pres  de  rcrabouchure 
du  fleuve  Lycus. 

Melanges. 

jInnvaftie  du  Departcment  do  la  Surthe  ,  pour 
CAii  X ,cahuld surle  wcridicn  du  Mans.  Au  Mans, 
chez  Monnojer  ,  imprimeiir- libraire,  rue  de  la 
Barillerie,  n."  34.  An  ix.  In-i6  de  284  pages. 

Cet  annuairc ,  dont  nous  avons  annonc^  plusieurs 
volumes,  ([ui  ont  paru  les  annees  prec^dentes,  se 
distingue  d'une  maniere  fort  avantageuse  ,  et  con- 
tribue  a  faire  successivenient  connoilre  lout  ce  que 
]e  departement  de  la  Sarthe  preseate  de  vemarquable. 
Les  nafeuralistes  ,  les  antiqnaires  ,  les  amateurs  de 
I'histoire,  ceux  qui  s'occupent  de  la  slalistique, 
doivent  ^galement  savoir  gre  au  C.  Maultiy,  dont 
le  zele  pour  tout  ce  qui  est  ufile,  est  de  nouveau 
prouv^  par  la  p-.iblication  de  cet  Annuaiie.  L'indi- 
cation  des  morceaux  qui  y  sont  conftnus,  sufRra 
pour  donner  ,  a  nos  lecfeurs  ,  uneid^edeson  ufilll^. 

En  tele  se  trouve,  comme  a  I'ordinaire,  I'Alma- 
rach  avec  tout  ce  qui  s'y  rapporte.  Dans  I'Amiuaire 
de  I'an  ix  ,  on  avoll  donne  une  notice  des  ev^uemens 
les  plus  reniarquablcs,  arrives  dans  le  ci  -  devant 
Maine,  depuis  1424  jusqu'cn  i45o.Dans  celui  de 
cette  ann^e,  on  trouve  I'histoire  de  la  prise  du  Mans 
par  les  calvinistes,  en  i562  ,  avec  le  detail  des  crimes 
et  des  d^sastres  qui  signalerent  cet  ^venemetit ,  ccrite 
sur  des  memo'res  auihentiques ,  par  le  C  Le  Dm  , 
professeur  a  I'ecole  centrale  de  la  Saithe.  Inspirer 
une  juste  horreur  contre  les  dissentions  civiles  et  re- 
ligieuses  ,  tel  est  le  but  louable  de  I'auteut  co  com- 
posant  ce  precis  d'apres  des  memoires  en  partie  ma- 
nuscrits  ,  et  conserves ,  soil  dans  la  biblioili(?(juc  du 
de^jurtemcnt   de  la   Sarthe  ,   soil    datis  ccile  du   C. 

JN  u  J 


566  Livres  divers. 

Maulny  ,  en  partie  imprimf^s ;  le  catalogue  des  uns 
et  des  autres  so  trouve  a  Ja  suite  de  cet  article, 
page  46  et  siiiv.  On  trouve  ensuite  des  observations 
ilu  C.  PiCHON  ,  sur  un  paragraphe  de  I'Annuaire 
pour  I'an  VIII,  et  lesreponses,  etcelui  des  insectes 
observ(^s  aiix  environs  dii  Mans  :  ce  dernier  est  dis- 
pose d'apres  la  m^thode  du  C.  Lamarck,  par  le  C. 
N.  Despoites. 

Le  reste  de  I'Annuaire  contient  la  nomenclatuie 
des  membres  du  Gouvernement  avec  Ics  nonis  et  de- 
xneures  des  consuls,  des  niinistres,  des  conscillers 
d'Etat,  des  membres  duS^nat  conservateur  ,  du  Corps 
It^gislatifet  du  Tribunal ;  ensuite  ceux  des  membres 
des  autorites  constitutes  ef  administrations  du  d^par- 
tement  de  la  Sarthe;  les  notices  qu'il  est  bon  de 
savoirsuv  I't'tat  de  I'instruction  publique  ,  notamment 
snrlesecoles  primaires  ,  les  maisons  d'cducation  par- 
ticuliere  ,  I'^cole  centrale  ,  la  biblloth^que  publique, 
le  museum,  la  societe  libre  des  arts,  les  liflpitaux, 
etc.  ,  la  poste  aux  lettres ,  les  messageries ,  etc.  ; 
enfln,  le   tableau  des  iiouveaux  poids  et  mesures. 

A  ces  observations  par  le  C.  he  D/u,on  a  joint  la  lisfe 
des  m^dailles  des  empereurs  romains  ,  trouv^es  dans 
Allonnes,  pres  !e  Mans  ,  depuis  1774  jtisqu'en  1801. 
~-  Un  Esi,ai  sur  la  Culture  des  plantes  etrangeies 
nu'on  pent  acclimaler  et  utiliser  dans  le  d^parte- 
inent  de  la  Sarthe,  par  le  C.  Le  Dm.  — :  L'Eloge 
histcrique  de  Francois  Veron  Aa  Forbonnois  ^  par  le 
C.  Le/;n'/2C6^ ;  c'est  celui  insere  dans  \e  Magaziii  En- 
CYc/ope'di(jue ,  aiimie  Vl,  /ow.VI,  j)og.  211  et  suiv. 
—  L'extrait  d'un  uiemoire  sur  Germain  Pilon  ,  et 
sur  r(?tat  de  la  sculpture  dans  le  deparfement  de 
la  Sarthe,  par  le  C.  RenoI'art,  bibliotb^caire  ; 
cet  extrait  est  siiivi  d'un  C;italogue  raisonn^  des 
sculpteurs  celebres  n^s  dans  le  d^-parlenient  de  la 
Sarthe.  Pour  I'Histoire  naturelle,  cet  Annuaire  offre 
le  catalogue  des  substances  niinerales  ,  observees  dans 
le  departement  de  la  Saribe  ,  par  le  C.  Maulny, 
qui  s'occupe  avec  un  ^gal»  succes  des  antiquites  et; 
tie  I'histoire  naturelle. 


TABLE    DES    ARTICLES. 


''  M«A    THEMATIQUES, 

Traite  ^lementaire  de  calcul  differentiel  et  integral ;  par  le  C.  Lacrotx. 

122 

Resultats  des  experiences  faites  par  }e  C.  Prony ,  sur  les  perpendlcu- 
laires  metalliques  places  a  differens  points  du  dome  du  Panih^on 
francais ,  et  destines  k  faire  connoitre  les  niouTemens  des  piliers 
c[ui  le  supportent.  4i3. 

ASTRONOMIE. 

HIstoire  de  I'Astronomie  pour  I'an  tx  (  1801  );  par  le  C.  Lalande.  i45 
Asire  de  Piazzi ,  et  conjonclion  de  plusieurs  plauetes  observtes  par  le 

C.  Messier.  118 

Solstice  de  Nivose,  an  10.  laf 

Telescope  de  Herschei,  acquis  par  rAcademie  des  sciences  de  Peters- 

bourg.  go 

L'observatoire  royal  de  Madrid  fait  I'acquisition  d'un  telescope  d'Her- 

schel.  239 

£xtiait    d'une   lettre  de  M.  de  Zach ,  directeur   de  l'observatoire  de 

Goiha  ,  au  C.   Michain ,   de   I'lnslitut,   sur   des  observations  faites 

par  M.  Schroetter  a  Lilienthal.  5oa 

HiSTOIRE      NATURELLE. 

Le  Buffon  des  ecoles  ,  a  I'usage  de  la  jeonesse  ;  par  Mayor.  420 

Cabinet  d'histoiie  caturelle  du  voyageur  anglais  Forster,  go.  574. 

ZOOLOGIE. 

Circonstances  de  la  mort  de  I'elepliant  mile  du  Museum  d'histoire  na- 

turelle,  le   17   nivose  an   10.  116 

Dissection  de  I'elephant  par  le  C.  Cuvier.  '  SgS 

Ornitholocie. 

Histoire  naturelle  des  Grimpereaux  toui-mangas  et  gnit-guils,  des 
Oiseaux  de  paradis  et  de«  Jaramars ;  par  L.  P.  Vieillot,       140.  410 

Collection  d'Oiseaux  indigenes  i  acquerir  par  souscription  cliez  le  C. 
Pifhon.  38/ 

Nn  4 


568  Table  des  articles. 

BOTANl«^UE. 

Description  des  Planies  nouvelles  et  peu  connues  ,  cuhivees  (Jans  \% 
jardin  du  C.  CeU ^  avec  figures;  par  le  C.  Ventenat.  ^tj.  48» 

Noiice  du  C.  Jussieu ,  siir  plusieurs  genres  de  plantes  de  I'lnde,  ob'II 
rapporte  4  ce!ui  connu  sous  le  nom  de  litsi,  et  dent  le»  individus 
ont  la  Cliiue  ponr  patrie.  '  i3^ 

Extrait  d'un  niimolre  du  C.  Delisle,  sur  le  doum  ou  palmier  de  k 
Thebaide.  i3i.  5iS 

Meinoire  sur  les  Sencs  ;  par  le  C.  Delisle.  5l5 

Enumeracioplantarum  in paftilius  Selandi{s septent.  etorientalis ; 
auctore  Schumacher.  075 

Vegetaux  otiangers  acclimates  dajis  I'lle  de  Corse.  546 

lExtrait  d'une  lelire  du  C.  Martin  ,  sur  les  progres  de  la  culture  des 
epiceries  J  Cayenne.  547 

Lettre  du  C.  Risdli ,  sur  le  jirdin  colonial  a  I'lle-de-France.  648 

MiNERALOGIE. 

Extrait  d'un  memoire  du  C.  Gillet-Laumont ,  sur  le  gissement  tres- 
peu   connu  jusqu'a  present ,  du  fer  chroftate.  i5o 

Leitre  du  C.  Thore,  sur  une  Mine  de  soufie  naiif,  decouverte  S  Salnt- 
Boue  ,  dans  les  Basses-Pyrene«s.  10^ 

Physique. 

Traite  tlementaire  de  physique  ,  presente  dans  un  ordre  nouveaii  , 
d'apres  les  decouvertes  modernes;    par  A.  Libes.  435 

Fiecherches  du  professeui  Volta ,  et  d'une  commission  de  I'lnstilut 
national ,  sur  les  phenomenes  galvaniques.  I25 

Experiences  galvaniques  faiies  en  Russie.  2.I\X 

Influence  du  galvanisme  sur  les  planles.  673 

C    11    Y  M    I   E. 

DecouTerte  du  C.  Berthollet ,  sur  le  mercure  FulminaHt.  117 

Aii.ily.se  d'une  mine  de  cuivre,  decouveile  dans  le  Derbyshire;  par  le 

C.  Vaucjuelin.   •  128 

Arseniale  de  fer,  et  arseniale  de  cuivre  ,  deux  esp^ces  dislinctes  dont 

le  C.  Vautjiielin  enridiit  le  catalogue  des  substances  minerales.  129 
Extrait  d'un  memoire  du  C.  Vautjuelin  ,  sur  un  mineral  des  environs 

de  Limoges.  129 

M    E    D   E   C    I    N    E. 

In;iiiutIon«  dc  Medecine  5  par  le  C.  rctitRadql,  289^ 


Table  dcs  articles.  669 

Hecherches  sur  le  Tq;nissement ,  sur  ses  causes  multiplites  ,  dlrccles 
ou  sympathiques  ;  par  le  C.  Bouvenot.  421 

Memoires  de  la  Societe  medicale  d'omulation  ,  Suante  a  I'ecole  de 
medecine  de  Paris.  72 

Dictionnaire  botaiiique  et  pharmaceutiqiie  ,  conienant  les  principalis 
proprieties  dcs  mineraux  ,  des  veppiaux  et  des  animaux ;  par  une 
Soclele  de   medecins ,   de  pharmacleiis    et  de  nafuralisles.  277 

Obseivalion  sur  une  Gsiule  de  I'esiomac,  par  laque'le  on  voyolt  I'in- 
lericur  de  ce  vlscere ;  par  les  CC.  Corvisart  el  Leroux.  4o5 

Remarques  sur  une  eiuplion  au  pis  des  vathes,  IVequeiite  dans  quel- 
ques  villages  des  eii'virons  de  Paris,  coramuniquees  par  le  couiiie 
cenlrale  de  la  vaccine.  5qj 

Chirurcie. 

Analyse  des  blessures  d'armes  a  feu  ,  et  de  lecir  traitemeni ;  par  le  C. 
Diifouare.  421 

E  C    O    N    rt   M    I   E. 

% 

Esquisse  d'un  ouvrage  en  faveur  des  pauvres ,  adrcsse  h  rediteur  dcs 
Anuales  d'Agriculture  ,  par  Jercmie  Jientham  ;  publlee  en  fran- 
cais  par  Ad.  Duquesnoy.  Premiere  p.nrtie.  i  vol.  in-S."  495 

Rd'sultat  des  ncuvtiles  experiences  de  M.  Achard ,  a  Berlin,  sur  le 
Sucre  de  belterave.  ga 

Technoiogie. 

invention  de  nouveaux  tuyaax  d'argile,  a  i'usage  des  fabriques  d'eau- 
de-vie ,  en  reniplacemcnt  de  ceux  de  cuivre.  iio 

Politique. 

Appcl  a  la  justice  des  nations  et  des  rcis;  par  le  C.  Beer'.  2S7 

De  ir.sprit  public;  par  le  C.  F.  Eranianuei  loulongeon.  Ibid. 

De  la  Tyrannie;  par  Victor  Alfieri.  Ibid. 

£ssai  sur  I'art  de  rendre  les  tevoluliors  utiles  ',  par  Bonnet.  604 

JURISPRUDF.    NGf:. 

Bulletin  de  I'lustitut  de  jurisprudt-nce  et  d'econouu'e  poliiique.       i55 

Leciseat^on. 

Introduction  a  la  Science  de  rer.oBOmic  poiilique  ct  de  la  stalisrlqiie 
g^iierale ;  par  le  C.  Leblanc.  1  Sg 

Que  cbez  de  graades  puissances .  les  erreurs  en  legisLition  out  ii^; 
Is  sourcf  de  kur  ilicadeiice;  par  le  C.  EouchduJ.  ia» 


^70  Table  des  articles. 

Navigation.    ' 

Canal  souterrain  pour  reunir  I'Escaut  a  I'Oise.  Si^ 

Geographie. 

Notice  des  onvrages  de  M.  A'^nville.  55S 

Observations   dii   C.  Buache ,    sur  I'ancienne  carte  itineraire  des  Ro- 

mains ,  appelee  Carte  de  Peutinger ,  et  sur  la  geographie  de  I'a* 

nonynie  de  Ravenne.  ,  255 

Guides  des  routes  d'ltalie  par  postes  (en  italien  et  en  francais).  26a 

Carle  generale  de  chaque  gouverneinent  de  la  Russie.  5 10 

Voyages. 

Voyage   aa   Senegal,  pendant   les  ann^es    1784  et  17S5,   d'apres  les 

niinioires  de  Lojaille;  par  P.  Labarthe.  27S 

Voyage  en   Ciiniee  ,  sulvi  de  la  relation   de  i'amba^sade  envoyee  de 

Petcrsbourg  4  Constantinople  en  1793,  traduit  de  I'alleraand  par  le 

C.  Delamarre:  t  55g 

\oyage   de  la  Troade  ,   fait  dans  les  annec-s   17S5  et  1786;  par  le  C. 

Le  Chevalier.  422.  56o 

Voyage   de  Norden   en  AEgypte  et  en  Nubie;  edition  publiee  par  le 

C.  Langles.  532 

Notice  sur   le   dernier  voyage  de   Dolomieu   dans  les  Alpes  ,    lue  a 

I'Atlienee  de  Lyon  par  le  C.  d'Eymnr.  076 

Rapport  fait  a  I'lnslitut  national,  par  le  C.  Coutelle ,  sur  son  voyage 

au  mont  Sinai  ,  arec  le  C.  liozieres.  41-2 

Voyage  du  C.  Saudin,  autour  d(i  nionde.  648 

Voyage  de  la  Syrie ,  pai  le  C.  Cassas.  22.'  livraison.  564 

HisTOIRE. 

Tabicltes    chronologiques    des    Revolutions   de   I'Europe  ;   par   le   G. 

Koch.  4-^ 

Athenian  letters,  or  the  epistolary  Correspondance  of  an  agent  of  tl>e 

King   of  Persia  ,   residing    at   Athens    during    the   Pelopponnesian 

war.         •  28 1 

Observations  sur  le  nom  et  sur  I'origlne  des  Pyramides  d'AEgypte;  par 

le  docteur  Hager.  ,  554 

Les   .^nnales  de  la  Vertu,  ou  Histoire  universelle ,  iconographique  et 

lilteraire  ;  par  madame   de  Genii's.  56o 

Journal  historique   des   operations  mllitaires  du  siege  de  Peschiera  et 

de   I'attaque  des  retranchemens  de  Sermioue;  par  le  chef  d'e5cad;>itt 

F.  Heuin.  •  281. 


Table  clcs  articles.  Sji 


Histoire  de  la  tlestniction  des  republiqiies  democraliques  dfe  Schwilz  , 
UrI   et   Uiiterwalden;  par  Ilenii  Zichokke.  28 1 

Observalions  du  C.  Camus ,  sui-  un  maniiscrit  original  ,  qui  contient  Ics 
lettres  de  ratificalion  du  roi  d'Aiigleterre  ,  Henri  VIII,  rolalives  a 
un  traite  conclu  ,  au  mois  de  juillet  1527,  enire  ce  prince  el  Fran- 
cois 1.°'  553 

Observations  du  C.  Camus,  sur  quatre  leltres  ccritei  an  mois  de  sep- 
lenibre  1  564  1  par  Louis  de  Chatillon ,  et  qui  contiennent  des  de- 
tails sur  la  sllualion  des  protestans  a  celle  epoque.  554' 

Tieclierclies  historlques  et  criliques  sur  les  edits  des  niagislrats  roniains; 
par  le  C.  Louchaud.  t         2.'|8 

Exanien  critique  de  I'liistoire  de  Rome,  sous  les  rois ;  par  le  C.  Le- 
vesf/Ue.  25/ 

Fragmens  de  I'liistoire  de  France;  far  le  C.  Anquelil.  aSa 

Histoire     i.itteraib£. 

Notice  dos  travaux  de  la  classe  des  sciences  mathemaliques  et  physiques, 

del'Institut  national,  pendant  Ic  premier  liiraesire  de  Ian  10.  —  Partie 

mathematique  ,  par  le  C.  Delainbre ,  secretaire,  1  18 

r— Partie  physique,  par  le  C.  Lac^pede ,  secretaire.  12? 

Notice  des  travaux  de  la  classe  de  lilleralure  el  beaux-arts,  de  I'lnsliim 

national,  pendant  le  premier  trinicstre  Ve  I'an  lo;  par  le  C.  Villar, 

secretaire.  •  5a  i 

Prix  distrlbues  &  I'Ecole  nationale  d'archifecture.  '  4o3 

Prix  dislribues  a  I'F.cole  de  peinture.  404 

Premiere  siance  geiierale  de  la  Socii^te  d'encouragement  pour  I'indus- 

trie  nationale ;  prix  proposes  par  cette  Sociele.  i  i5 

Socii'te  de  mederine,  el.iblie  ^  Sirasbourg.  5i4 

Prix  propose  par  la  Socieie  ^e  medccine  de  Lyon.  5i5 

BIbliolIieqne  de  I'lnslitut  d'AF.g-vpte  a  Marseille.  107 

Organisation  nouvolle  du  Lycco  de  Marseille.  icS 

Prix  proposes  par  I'Acadeniie  de  peinture  de  Gand.  ii>S 

Eloge  de  Lamoignon  de  Malesheibes  ,  propose  pour  sujet  de  prix  par 

le  LvcL-e  du  Gard.  107 

Thomas  Lohiino-Perez  ,  potior  &  Bilbaslro ,  nonimi  assori^  dc  merite 

par   la   Sociele    royale   d'Arragon ,   pour    sou    invention  de    tuyaux 

d'argile-  5 10 

Nominaliorr  &  rAcadirmie    impi-iiale  des  arts  ^  Vienne.  '  99 

M.  Jenner  ,  nomme  membre  de  la  Sociel<i  des  sciences  h  Gcellingue.  573 

Prix  proposes  par  la  Sociele  des  sciences  et  des  arlf  a  trireclil.  f)6 

M.  Begiruss,,  iiouinie  professtur  d'econoifiie  It  Copenhagiie.  S;- .•. 


672  Table  des  articles. 

Eloge  de  Sglim ,  propose  pour  sujet  de  prix  par  I'Academie  des  «cienc«» 

de  Copenliague.  qi 

Seance  do  I'anniversaire  de  TAcademie  de  pelnture  a  Stockholm.      578 

Akchaeologie. 

Suite  de  la  Dissertation  sur  le  costume  des  Furies  dans  la  tragedie  des 

anciens  ,   et   sur  les   nionimiens  antiques ,  traduite  de  Tallemand  de 

M.  Bcsttiger;  par  le  C.  IJ^inckler.  35 

Fin  de  ccile  dissorialion.  \jS 

Opinion  du  C.  Mongez ,  sur  trois  epees  antique*  de  bronze  ,  decou-^ 

vertes  dans  la  vallee  de  la  Sonime  ,  et  envojees  par  le  C.  Traulle , 

d'Abbeville  ,  et  sur  un  auneau   de  bronze  envoye    a  I'lnslitut  par 

le  C.  Riboud.  529 

Extrait  d'un  niemoire  du  C.  Ameilhon,   sur  I'art  de  tisser  chez  les 

anciens.  62:1 

NUMISMATIQUE. 

Empreintes  de  medallles  grecques  «  romaines  du  C.  Mionnet.       SgJ 

Medailie  distribute  aux  deputes  cisalpins  reunis  i  Lyon.  075 

Medailles  d'or  decernees  par  I'Academie  de  Slockhoim.  5;  l 

Palaeographie. 

Resultat  du  travail  du  C.  Ameilhon ,  sur  Tinscription  trigrammatique, 

venue  de  Roselie.  54* 

Observation  du  C.  Silvestre  de  Sacy ,  sur  la  nieme  inscription.        49* 

B   I   O   G   R    A  P    U    I   E. 

Parallele  de  Linne  et  de  Buffon.  Sgo 

Nollre  blograpliique  et  liltcraire  sur  les  Femmes-Auleurs  de  la  Grande- 

Bretagne  (Suite) ;  par  le  C.  i«i«u»ie.  .  oog. 

^lort  du  mathematician  Simeon  Valette.  24^ 

Mort  du  C.  Luneau-de-Boisgermain.  244 

Mort  du  C.   Dartjuier  ,   aslronome.  246 

Notice  sur  le  C.  Darcjiiier.  5i3 

JSTotlce  sur  le  C.  Blanc.  5i2 

Nouveiles  sur  divers  litterateurs  de  la  Suede.  9^ 

ruMIcallon  de  la  correspondance  lllleralre  de  George  Forster.  oyS 

Notice  snr  le  C.  Dolomieuel  son  dernier  voyage  dans  les  Alpes  ;  par 

le  C.  d'Eymar.  576 

Notice  sur  les  ouvrages  de  M.  d'Anville ,  precedee  de  son  eloge.  5.'i5 
Voyage  de  Paesiello  4  Paris.  •  3/4 

Anulvcisaire   de  I|    nalssauce   dc  Kfcwtoa,   cclebre  psr  la  Societe  de 

jn«ih!;jn.i(tiques  de  Lc.ndre*.  25S 


\ 


Tiible  des  articles.  67 3 

M    E   T   A    P    U    T   S   I   Q    C    E. 

Jllemolre   du  C.  de  Sales,  inlimle  :  De  Dieu,  premiire  pYripru'ti 
de  I'homme,  et  de  son  injluence  sur  t'organisation  sociale.  aSo 
M^molre  du  C.  Merrier,  Sur  la  pliilosopliie  de  Kant.  Ibid. 

Observations  tin  C.  Degerando ,  sur  le  Sauvage  de  I'Aveyron.         256 
Mimoire  suf  la  Synipalliie  morale ;  par"  le  C.  Levestjue.  258 

M  O   n   A   L  I?. 

OEiivres  morales,  ou'Maxlmes  el  Reflexions  de  Francois,  due  de  la 

Rochefoucauld,  prec^dees  de  sa  vie.  286 

Pelit  Careme  de   Masillon,  eveque  de  Clermont.  Ibid. 

Education. 
Les  Tr^sors  de  I'Histoire  et  de  la  Morale  ;  par  A.  L.  Delaroche.  286 
Les  Charmes  de  I'F.nfance  ,  et    les  Plaisirs   de  TAmour  malernel ;  par 

le  f .  Jaiif/ret  (texte  francais  et  allemaiid  en  regard  ).  284 

DIcllonnaire   abrege  dcs  Hommes  ctlebres  des  temps  modernes;  par 

A.  S.  Le  Blond.  »S3 

Adele  et  Theodore  ;  par   madame  de  Genlis.  4^4 

Traduction  lltle rale  du  prospectus  ,  en  grcc  vulgaire  ,  d'une  traductioa 

du  cours  des  sciences  philosopliiques  ,  compose  en  italieu  par  M. 

Fc  556 

rancois  ooat-e. 

Perfeclionnement  de  I'instruclion  des  sourds  et  muets  dans  I'etablisse- 

ment  de  Berlin. 

G   R    A    M    M    A    I    R    E. 

Connoissance  de  la  langiie  francalse  ,  conslderte  sous  le  seul  rapport  da 
Torthographe  5  par  le  C.  Sauger-Prineuf.  287 

Cbitiqoe. 

Remarques  critiques  du  C.  Monellet ,  sur  Touvrage  intitule  Lexico- 
log'e,  par  le  C.  Hutet.  '  "'7 

BlBLIOGBAPHIE. 

Livres  francais  defendus  par  la  censure  de  Vlennc ,  dans  le  courant 
des  mois  de   juin   et  juillet  1801.  99 

Liste  de  tous^c-s  journaux  et  magasins  litleraires  qui  paroisscnt  chaque 
mois  'a  Londres,  avec  leur  prix.  9^ 

LlTTiaATtTRK. 

Lectures  on  Rhetoric  and  belles-lettres,  by  Hugh  Blair.  4^7 

Voyage  en  Italie  ie  M.  I'abbe  Barcheiemy  ,  de  I'Acadiraie  francaise  ^ 
•tc. ;  publie  par  k  €.  Sery^s. 


.574  T^ibJe  des  articles. 

Les  OF.uvres  d'Horace  ,  tiadulles  en  francals  par  le  C  Tjinet.  117 
Musarion  ,   ou  la  Phllosopliie  des  Graces  ;   imitation   du   poeme  alle- 

niand   de   RI.  fT^ieland;  par  Vl-^.....  S 348 

Discoiirs  sur  les  progres  des  connoissances  en  Europe  et  de  I'enselgne- 

ment  public  en  Fiance;  par  le  C.  Chenier.  4-^S 

Discorso  sulle  belle  lettere  recilato  il  giorno  xxvi  di  parlile  anno  ix; 

da  Luigi  Lomberti.  426 

Conespondance   lurqiie ,   pour  seivir  de   supplement  a   la  correspon- 

djnce  russe  de  J.  F.  La  llarpe.  427, 

LitteratUre     ORIENTALE. 
Additions  &  I'edition  du  voyage  de  Norden ,  publi<ies  par  le  C.  Lan- 

glis.  5^a 

Commentaire   du  C.   Langlis  ,    sur  la  traduction  des  memoires  de  la 

Societi  anglaise  de  Calculla.  55 1, 

LiTTERATUBE      CHIMOISE. 

Copie  de  la  celebre  inStription  de  Ta-Vti ,  conservee  a  la  Bibllotheque 
nalionale  ,  et   que  le   docteur  Hager  se  propose  de  publier.       4o5 

LiTXERATUKE       COPTE. 

Leflre  de  M.  Akerblad  au  C.  Silvestre  de  Sacy,  sur  la  decouverfe 
fdite  par  lui  de  rccriture  cursive  copte.  489 

LiTTERATURE      GRECQUE. 

Lettre  de  J.  B.  Gaspard  d' Ansse  de  Villoison,  a  Fl.  Lecluse ,  sur  la 
prononciation ,  I'accentuation ,  la  prosodie  et  la  melodie  de  I'an- 
cienne  langue   grecque.  4^6 

Guerre  de  Trole ,  depuis  la  mort  d'Hector  jusqu'a  la  rulne  de  celle 
viile  ,  poeme  en  14  chants,  Quintus  de  Sniyrne ;  faisant  suite  h 
riliade ,  et  traduit  pour  la  premiere  fols  du  grec  en  francais  par 
R.  Tourlec.  •  49?> 

Hesiodi  Opera  et  Dies ;  edi  curavit  M.  Birgerus  Tliorlacius.     aSS 

Deux  fables  d'AEsope  inedites,  decouveites  par  le  P.  Raynal ,  dans 
un  manuscrit  du  treizieme  siecle.  io5 

GrcEcorum  auctoruin  coiitpendiana  e-u^c/ti  ^  annotntionihus grani- 
mcticis  et  philologicii  iiistructa  ,  in  usuin  regii  archigyiiinasii 
Neapolitani  (  auctore  de  Ancora  ).  1 04 

P  O   E   S   I   E. 
Hymne  h  I'occasion  de  la  Paix,  par  le  C.  E/ie  Ldvy  ;  chantee  en  he- 
breu  ,  et  lue  en  fraucais  dans  la  grande  synagogue  h  Paris.  5C4 


Table  des  articles.  SyB 

Tie   Paplllon ,  ou  Recuell   de  cliansons ,  aricltes ,  romances  ct  pieces 
fugitives.  4^5 

Odes  siir  les  verlus  civllcs  ;  par  Forlun^e  B.  Briquet.  /|26 

Ode  sur  la  Paix,  avec  des  chanirs ;  par  le  geni'ial  Despinoy.         Ibid. 
Comedies,  Proverbes  et  Chansons  ;  par  Joseph-Alexandre  ^t^gur.  563 

FOBSIE       SXCBBE. 

Apologues  el  Allegories  chrttiennes  ,  ou  la  Morale  de  I'Evangile.  562 

THEATRES. 

Theatre   Francois  de   la  Republique. 

£douard  en  Ecosse.  55o 

Theatee    de   l' Opera    comique,    rue  Feydeau. 

Lysistrata.  1 53 

Le  Coup  d't'pee,  ou  one  Aventure  de  Saint-Foi.  A>7 

Dom  Mendoce  ,  ou  le  Tuteur  portugais.  55a 

Th^axre    Louvois. 

La  grande  Ville.  '54 

Les  Provinciaux  a  Paris.  27^ 

Le  Mariage  de  Nina-Vcrnon.  65a 

Theatre    du    Vaxtdeville. 

5e  fachera-  t  -  il  ?  4 '8 

Achille  a  Scyros.  Ibid. 

Sophie ,  ou  la  Malade  qui  se  porte  blen.  Ibid, 

Ceorges  Times  ,  ou  le  Jockey  niailie.  553 

Romans. 

Charles  et  Marie;  par  I'autf  ur  A'Adite  de  Senange.  i4» 

Histoire    d'Agathon  ,   traduction    nouvelle    el    complete  ,   faite  sur    la 

derniere   idilion  des  OEuvres  de   Wieland ;  par  lauteur  de  Pietro 

d'yi/by  et  Gianette.  Ibid. 

NovelUs  Nuevas  escrilas  en  Frances  ,  por  M.  de  Florian.  14? 

Gonzalo   de   Cordoba  o  la  Conquisia  de  Granada,   escritta  por  el  Ga- 

ballero  Flor:an.  Ibid. 

Zeir   et  Zulica ,  histoire  indienne;   par  P.  Oallet.'  i43 

La  Soiree  d'Ete  ;  par  M.  Lewis  ;  tud.  de  I'angl.  par  D.  L.  JI.  Ibid. 

^  Paix  J  pv  felicile  Qniriot-  Saint-  Manin.  Ibid. 


'SyS  Table  des  articles. 

-MoVse  en  AE^ypte  cr  chcz  L*s  Man  iidiiites ;  par  un  Soiitaire 'o'Api 
jj     penzell.  427 

I<a(k>uki  et  Floriska ,  roman  poloncis;  par  i***  429 

.Salvndor ,  ou  le  ha>oii  de  Mont-Belliaid ;  liaJuit  de  I'jiiglais  5e  niadaine 
Cioffts.  Ibid. 

Brassman  ,   ou  le  Pere  I iie x o ra rj c  ;  ■piT  Dampmartin.  564 

Le  Parvenu  du  jour,  ou  la  Caiicalato  phjsique  et  uiciale.  1^5 

BiiAwxrAnivs. 

.  Gravures  de  Marc.-Arronlo,  d'apres  Raphael ,  regravees  par  M.  Lon- 
ger,  a  Dusseldotf.  2o5 
Exposition  au  salon  dps  tableaux  h  AVeimar.                                          aiS 
Extrait  du  rapport  de  la  coroniissioii  do  I'lnstilut,   Sur  la  restauralion 
dii  tableau  de  RaphaaJ ,  connu  sous  le  nom  de  la  Kiergs  de  I'o- 
ligno.                                                                                                 537 
Melanges. 

OEuvres  de  Plutarque  ,  traduitas  par  J.  Amyoc.  '4' 

Journal  des  Spectacles,  de  Musiquc  et  des  Arts.  '44 
Le  Present  de  noces,  ou  Aliuaiiach  hlstorlque  et  moral  des  epoux.  4^9 

Des  Fetes  publlques  chez  les  nioderiies ;  par  J.  Grubert.  430 

Okygrapliie  ;   par  Honore  Blanc.  43^ 

Les  OEuvres  coinpleres  de   Thomas.  4^2 

Annuaire  du  depaitement  tJe  la  Sarthe  ,  pour  I'aii   to.  565 


Table  des  articles  contenus  dans  ce  nuvi^ro. 
Fhtsiqus. 


Tiaite  ^lenientaire  de  Physique , 
pieienle  daii.'i  iin  oidie  noii- 
veau  ,  d'apies  les  decouverles 
modernes  ;  par  le  C.  LiOes.  433 

LlTT£BATUQE. 

Lettre  de  J.  B.  Gaspard  d'Amse 
de  yUloison,  ii  Fl.  Licluse  , 
sur  la  prononciallon  ,  I'.iccen- 
tu.ition  ,  la  prosodie  e(  la  me- 
lodie  de  I'jnicienne  langue  giec- 
<jue.  456 

BOTAMIQDA 

Description  des  Planres  noiiTelle.'i 
et  peu  coiinues ,  cullivees  dans 
Je  jardin  de  J.  M  Ceh  ;  avec 
Sgures;  par  E.  P.  yentettat.  48a 

LXTTiaATUBS    OBISMTALB. 

JLetue  du  C.  Akerhlad,  m  C.  5'//- 
vesire  Je  Sacy  ,  sur  la  di'cou- 
Terle  faiie  par  lui  de  I'ectiiure 
cursive  copte.  4gi 

EcOKOMIE. 

Esqiiisse  d'un  ouvrage  en  faveur 
des  Pauvres  ,  adressee  it  I'edileur 
des  Annates  d'AgricuIiure  ,  par 
Jireniie  Bentham ;  pulili^e  en 
IVaii^ais  par  Ad.  Duquesnoy.  4^5 

LlTTERATVBC   CBRC^DE. 

Guerre  de  Troie ,  depuis  la  morl 
d'Heclor  ,  jusqo'i  la  ruine  de 
cette  ville  J  par  Quintus  ,  de 
Smyrue.  4gg 

V  AR  IETi:s,NOUVELI,ES  ETCOR- 
ItESPONUAMCELITTERAIRES. 

NOUVEIXES   ETBAKOiltSS. 

Allemagne.  —  Extrait  d'une  letire 


Berlin.  —  Soords  et  Muets.       5i  q 

Russie. — Confec:ion  d'une  cnr»« 
generate.  3it 

Espagne.  —  Sociel6  d'Arragon.  75. 

F  n  A  N  c  K. 

Necrologie.  —  NolJce   *ur  la    C. 
Blanc.  5ii 

Notice  sur  le  C.  Darrjuler.  5i5 

Ecole  de  sante  dc  Strasbourg.    5i4 

Navigation  de  I'Escaut.  Il/i^ 

Societe  de  ni^decine  de  Lyoa.    5i5 

Paris. 

los'itut  national.  —  Memoir*  «ar 
les  senes ;  par  le  C.  Delisle.  lb. 

Memoire  sur  le  «/o«;fi,  oa  palmie;' 

df  la  Thebaide ;  par  le  meme. 

5j8 

Notice  des  travaux  dc  la  classe  de 
lilteraiure  et  beaux-arts ,  par  le 
C.  Villar.  Siapce  publique  du  t5 
nivose  au  10.  5ji 

Gor;espondan(e.  54$ 

TuEAT&ai. 

Edouard  en  Ecoise.  55a 

Dom  Mcndoce  ,  cu  le  Tuteur  por- 
tugais.  5^1, 

Le  Mariage  de  Nina-Vernon.    53^ 

Georges  Times ,  ou  le  Jokey  mal- 
ire.  353 

LlVa^S      DIVERS, 

PoHlique. 

E«sai  sur  I'art  de  rendre  le*  xt^Or. 
lutiout  utiles  ;  par  le  C.  Bonne*. 


Jiuisprudcncc. 

Bulletin  de  I'lnstitut  de  jurispru' 
.<leuce  et  d'econoiuie  politique. 
Premiere  livraison.  555 

Geograpliie. 

Notice  des  ouvrages  de  M.  d'An- 
vilU.  556 

Education. 

laduclion  litterale  du  prospectus 
eii  grec  vulgaire ,  d'une  tiaduc- 
tion  du  Cours  des  sciences  pliilo- 
sopiiiques  ,  compose  eii  italien 
par  M.  Francois  Soave.      Ibid. 

Voyages. 

Voyage  en  Criraee ,  sulvi  de  la  re- 
lation de  I'ambassade  envoyee  de 
Pelcrsbourg  Ji  Constantinople  en 
1  7C)5  ;  traduit  de  I'allemaud  par 
le  iC.  Delamarre.  559 

Voyage  de  la  Troade  ,  fait  dans  les 
annies  17S5  et  1786;  par  J.  B. 
Lechevalitir.  56o 


J-lJstoivC. 

Les  Annales  de  la  Vertu;  par  ma- 
dame  de'Gcnlis. .  Ibid, 

Poesie  'satree. 

i    "i   v'  ■•■ 

Apologues  et  Allegories  chretien- 
nes,  ou  la  Morale  de  I'ETangile. 
5ba 
Pojsie. 

Comedies  ,  Proverbes  et  chansons  ; 
par  Joseph-Alex.  Sigiir.       5tJ5 

Romans. 

Brassman,  ou  le  Pere  inexorable; 
^dx  t)ampmartin.  5t>4 

Voyages  en  Phoenicie;  par  le  C< 
Castas.  ibtd. 

Melanges. 

Annuaire    du    d^partement    de    la 
Sarthe,  pour  I'an  10.  665 


AVIS. 

Ou  peut  s'adrcsser  au  Bureau  da  M;igasin  Eucyclopcclic/uc; 
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I'Etran^er,  el  g^ncraleiucut  pour  tout  ce  tpi  toncenic  la  Librairi^ 
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apr'es  .qu'ils  ont  ele  rcniis  ;-.u  Bareai;  5  c'csL-a-dire,  dans  le  t!u« 
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