M-c^^A;^ Ui. iirl- iiA
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(N.° I 7.) Pluviose an i 0
M A G A S I
ENCYCLOPEDIQUE, ■
o u
JOURNAL DES SCIENCES,
DES LETTRES ET DES ARTS,
a E O t G s
Par A. L. Millin.
AVI 3 DU LIBRAIRE.
Le prix de ce Journal est fix^:
h 9 fi'ancs poiu- trois tnols^
i!) fVaiits jipur six inuis,
36' tVaius pdnr'iihaii,
lanl pour Paris que pour k's Dcparteracns , franc (\e port.
On pent s'adrcsscc au Bureau da Journal pour se procure?
lous Ics L/ivres qui paroisst-ut en Frantt ci cliez I'elrangcr , el
pour loui cc (jui couccrne la Librairic aucicDuc ct moderuc.
V^E Journal, aiiqucl la pliipart des liommes qui ont
un nom dis(ingii£;, une reputation justement acquise
dans qiielqiie partie des arts on des sciences, tels
cfue les CC. Alibert, Dot,omiku, Desgenettes,
Bast, Silvestre de Sacy,Fourcroy, Halle ,
DUM^RIL, ScHWElGHiECSER, LACJE:pi:DE , BaU-
BiER, Langles, Lalande, Lagrange, Lebrun-,
WarrOiV, Mentelle,Barbi6du Bocage,Bassi-
irET,MoREr.LET, Noel, Obbrlin, Chardon-la-
RocHETTE, Caillard, Van -Moss, Traulle,
Tome F.'(7.'"" An.)
LfVEILt^, CUVIEK, GeOPFROY, VENTElfAT^
Cavanilles, Usxeri, Boettiger, Viscon-ti>
ViLLOlSON, WiT.LEMET, WiNCKLER, ClC. fournis-
sent des M^nioires, contJent I'exirait des principaux
ouvrages nationaux : on s'attache surtout a en donner
une analyse exacte^ et ci la faire paroitre le pi us prorap-
tenient possible apresleurpublication. On y donneune
notice des meilleurs Merits imprimis chez I'^tranger.
On y insere les m^nioires ies plus interessans sur
toutes les parties des arts et des sciences; on choisit
principaletnent ceux qui sont propres a en accddrer les
progres.
_ On y public les d^couvertes ingenieuses , les inven-
tions utiles dans tous les genres. On y reud conipte
des experiences nouvelles. On y donne an pr^ds de
ce que les stances des soci^t^s litt^raires ont oiFert
de plus int^ressant ; une description de ce que les d^-,
pots d'objets d'arts et des sciences renferment de plus
curieux.
On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages
desSavans, des Litterateurs et des Artistes dlstingu^s
dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles littd-
raires de toute espece.
Ce Journal est compost de six volumes in-S."* par
an, de 6co pages cbacun. II paroit le premier de
chaque mois. La livraison esf divis^e eo deux ni^
Bieros, chacun de 9 feujlles.
On s'adresse, pour I'kbonnement, a Paris, au Bu-
reau du MagasinEncyclop^dique, chez le C. FuCHS^
Libraire , rue des Mathurins , hotel Cluny.
. A . J f thez la \ ei ve Cliaiicuion et d'Heua&t.
A Amsterdam, •< 1 ■«- r ri
' \ cliez V au- Gulik.
A Bruxcllcs, cliez Leinaire.
A Florenti;, cliez Muliui.
A Fiaucfoit-sur-le-Mciii, cliCz Fleisclics.
. -, , f cliez Mangel.
A Cenfcve, j^j,^^p^^^4„^,
A Uaiuboiirg', clicz Holluiauji.
A Leipsic, clicz Wolf.
A Levdc , tlicz les lit-ies Murray.
A Luiulrcs, thcz de Boffc , Gerard Street.
A Strasbourg, clicz Levrault.
A A iennc, tlicz Degcn.
A WescI, cliez Gelsler, Dircctcur des PosUt^
II faut afixancbir les leltres.
i A GAS I
ENCYCLOPEDIQUE.
VII.' A N N E E.
TOME V.
^. /ObO .
A G A S I
ENCYCLOPEDIQUE,
o u
JOURNAL DES SCIENCES,
DES LETTRES ET DES ARTS;
R E D I G 6
PAR A. L. M I L L I N ,
CONSEltP^ATEVR des Antiques , Medaillcs et Plerres gravees
de la Biblicthe'que nationale de Fnnice , Prqfessciir d'Ui-
stoire el d'Antiquites ; des Societ^s d'lJisioire nulurelle _,
■philnmalhiqiie , des Observateurs de riiomme , medicale
d^ emulation de PariSy de Medeciiie de Bnixelles; des Hocie-
tesde Rouen y d Abbeville, de Boulogne , de Poitiers , de
Niort J de Marseille, de Nisines, d'Alencon , dc Grenoble, de
Colmar et de Strasbourg; des Academies deGceltingiie, des
Ciirieux de la Nature a Erlang , de Dublin , de la Societe
Linneenne'de Londres ; des Sciences physiques de Zurich ^
cCHistoire naturelle et de Mineralogie d'lena , etc. etc.
V 11/ ANNE E.
TOME C I N Q U I E M E. "
A PARIS,
Chez F U C H s , Libraire , rue des Matliurins ,
maison c!e Cluny, n." 334.
A It IX. — iCor,
A MONSIF. UE
Henri-Charles-Ernest KOEHLER,
BIBLIOTIIECAIRE
DE l'eMPEREUR DE RUSSIE,
CONSERVATEUR
DU CABIRET IMPERIAL d'A N T I O U 1 T £ S ;
H O M M A G E
DE DEVOUEMENT ET DE RESPFXT.
M A G A S I f
ENCYCLOPEDIQUE.
L I T T E R A T U 11 E.
Voyage en Italle de M. Vahbt Barthe-
ZEMFj, de V Academic francaise , de celle
des inscriplions et bell^s-lelttes , et auleiir
du Voyage d'Anacharsls, imprime snr Ics
Icllres oiis^incdes , ecriles an cointe de Cay-
lus J avec un oppeiidice oh se trouvcni dcs
morceaux inedils de Winchelmann , du P.
Jacqiiicr, de Vabhe Zarillo , academicica
d'Herculanum et antiquairc du, vol de
Naples , et d' autre s savans j pnblie par A.
Serves J, biblio thecal re du Prjtance , et
communique y pendant V impression, au se-
nateur neveu de cet academicicn , ct au.
directeur de la monnoie des medaillcs ,
son compagnon de •vojage en Italic. A
Paris, chez F. Buisson, impn'm.-Iibraire,
rue HanleCeuille , n.* 20. An x (1801). 8.**
de 482 pages.
L/EPUis la mort de Bartlielemy , on a recliercli^
avec soin tout ce qu'on a purecueillir de ce c^lebie
A 4
8 L'lltcralnre.
anllquaire, et on a formd deux volumes Ac melanges,
imprimes a Paris, cHq? Jansen : c'etoit foutcequ'on
croyoit devoir esp^rer. La publicafioji de Letlres,
inediles cxcife agr^ablement la surprise des gens de
Jettres. Et encore, d'oii ces lellres ont-elles ^te
ecrifes ? dc I'lfalie, le pays qui devoit le pins Frap-
pcr rimagination vive de I'autcur. Et a qui sont-elles
adress^es? au comle de Cayhis, a rhomme qui a
peut-etre le plus contribu^' aux v(^ritahlos progres
de la science des alatiqull^s , en la dirigeant vers
IVtudc des bcaux-arls; a un bomaae que les nations
^(rangeres envient a la France qui ne I'honore peut^
iStre pas assez.
Ces lelfres existent dans un t'to'il^lis^senient litte-
rairc , confix a la garde du C. Serves qui les pu-
blie ; il est probable que c'est la bibliotb^que du
P-rytan^e, pui^que c'est lui qui en est le bibliothe-
caire. EUes Violent disseminees dans des porte-
feuilles qui avoient jaclis appartenu au conite de
Caylus ; I'^diteur s'engage a montrer les originaux
a ceux qui desireront les vo'r. 11 ne reste dune au-
pun doute snr leur aulhenticile ; d'ailleurs , la ma-
niere dont elles sont ^crites , les connoissances qui
y sbnt r(^pandiies , prouvent bicn qu'elies ne sent pas
suppojccs.
(^es httres sont du plus grand inl^ret, parce
qu'elies font mieux connoi're Ic caraclcre franc,
aimable, sensible et gai du bnn et docte Baithe-
lemy , que les notices biogrnpbiques qui ont (16
publiees , nialgr(? tout leur nierite , ear files sont
dues a des hommes d'esprit et de talens. Des ir^it§
Melanges. 9
malins sont plac(?s a c6t(? d'expressions plcines de
d^'licafesse et de sentiment ; elles ont I'int^^iet que
doit leur donner la variett? des sujefs qui y sont
tiaites, ct elles ont en metne temps le chainie de
la nc^gligence et de la naivete. Les eiudlls y appren-
dront peu de chose sans doute, parce qu'il y a 60
ans qu'elles ont ^l^ ^crites, et que les nionumens et
les personnes sur lesquels on trouve des details, ont
<^te bien connus depuis, Mais les gens du monde y
feront agrdabiemcnt ua petit cours d'antiquile , et
le chat nie de la diction piocurera a tons du plaisir.
Ces leitres sont au nombre de ^g; les premieres
sont ^elites de Dijon, de Lyon et de quelques villes
du midi.On y voit que Barthelemy avoit eu le pio-
jet de lire I'inscription de la niaison Carrt'e , en sui-
vant la trace des clous qui attachoient les leitres de
bronze. Serlio I'avot lente avant , et Seguier I'a
execute depuis. Barihelemy pavie de Tare d'Orange,
de S. Remy , des cabinets qu'il observe , ct s'occupe,
a Marseille , a empaquetcr le riche niedyiller de
Gary, qui a et^ r(?uni par ses soins au Cabinet na-
tional. C'est a Marseille qu'il aci-.ete le fameux Ve-
Iranio Augustus , qui est dans le Cabinet national.
Sa negocialion avec I'abb^ Boule pour I'obtenir, ses
craintes de ne pas I'avoir , les ruses qu'il empioie,
]a description qu'il fait du nianoir de cet antiquaiie,
sont extreraement piquantes.
Barlheleniy arrive a Genes, s'empresse de mon-
ter le t;ibleaii peint a I'cncaustique , par Cavlus,
Partout il desire voir , s'instruiie , et surtout faire
de nouvelics acquisitions, pour enrichir le cabinet
lo Li Herat lire.
confix a ses solis. Void la maniere dont 11 s'exprime
sur le c^lebre baron de Stosch.
" Nous avons fouilleaussi dans le cabinet du ba-
<< ron de Stosch. Je lui al remisvos soufres qu'il a reciis
« avec plaisir , et votie livre qu'il a lu avec autant
" d'avidite que de satisfaction ; son cabinet est im-
" rnense : vingt-cinq mille soufres, des estampes,des
" pierres gravies, des antiques, des medailles , des
«« manuscrifs, des cartes de geograpbie, des dessins.
« II a d^pouill^ I'ltalie, et la tient encore asservie par
« ses coriespondans ; il m'a tout montre, et ne m'a
« rien c^d^. Je me suis abaissejusqu'aux prteres;elles
« ont endurci un coeur qui naturellement h'est pas
H tendre. J'ai trioraplK? de la resistance feroce de
« I'abbe Boule et de quclques autres brocanteurs.
Je ne irioinphe pas du plus puissant de tous.
<• J'en suis d<?so1^, sans en ctre abattu. Je viens d'our-
» dir des tranies dont il sera entoure pendant nion
• absence , et J'aurai peut - etre le double plaisfr
« d'avoir ce qu'il desire, cf de I'avoir malgr^ lui. ••
II parle d'une maniere a la fois gaie et touchante
tic Gori , qu'il pelnt <• cberchanl des conjectures , et
" en trcuvant bcaucoup; desprotecfeurs, etn'en trou-
■« vant point. » II le recommande a I'amiti^ du comte.
Bartbelemy est a Rome. Quelle vive sensation
produit sur lui la vue de cctte ville! << On ne peut
« se dire antiquaire , ^crit-il, quand on n'est pas
" sorti de France. C'est en Italic qu'il faut cherchcr
" des antiques :
Jamais on ne vaincra les Romains que dans Rome.
Ce qu'il a dit s'cst justifi^.
Melanges'. 1 1
Dans tout le coins de scs le((res , Baitlielemy
parle de I'Acad^m'e des belles - lettres, tonmie de
I'objet de ses plus cliercs affections. II s'int^resse a
scs elections ; il s'e'mporte contre les prostitutions
de ses faveuis , et c'est liii qui procure a ce corps
c^Iebre et qui a rendu tant de services aux lettres,
Gori , Passionei, Mazzocchi , Paci^udi. II s'occupe
aussi de procurer a son ami, le comte de Caylus ,
quelque morceau qui soit digne d'entrer dans sa
collection. Yoici ce qu'il lui dit, a ce sujet , d'un
amateur appel^ Giraldi. « J'ai vu Giraldi qui ne ni'a
■< pas reconnu , quoique je I'eusse vh plusieurs fois
<• cbez M. de Gouvernet. II est abb^, mari^ , cliy-
" miste et antiquaire; il aune femme infiniment jo-
t< lie, dont il est infiniment jaloux,et des antiquites
" dont il ne paroit pas trop se soucier. A mon re-
<• tovir de Naples, jc compte vous envoyer le tout,
« a I'exception de la fcnime. »
Bariheleniy va a Naples. La g^ne avec laquelle
on peut visiler Herculanum, le Musee de Portici,
]o tourmente. II y donne des notices. .sur ce pere
Baiardi , qui avoit ^crit cinq volumes in 4.° sur les
anliqnit^s de la ville, et qui n'y eloit pas encore
arriv^ a la fin du cinquieme volume. II donne quel-
ques notices sur lespelntures et les monumens qui,
depuiscetle ^[)oque , onl (^((^publies, Enfin il s'accuse
d'avoir ete trompi* dans I'acquisiiion d'un prf^tendu
tableau antique, par le faussaire Giuseppe Guerra,
dont I'histoire est trcs-connue. 11 raconte au'^si d'une
maniere plaisante son duel avec un capilan napo-
litain, a Capoue. « Nous arrivames, dil-il , dans
1 2 Licteraturc.
■ cetle ville , sur les cinq heuies , vers le milieu
■ de Janvier; c'etoit en venant de Naples. II faisoit
■ encore un pen de Jour; nous voulumes en profiter
■" pour aller a la calh(?clrale. Ea passant par une
« grande place, travers^e par le grand chemin de
■ Naples , j'apercus , au coin d'une maison , line in-
" scription attacli^e au mur ; je m'amusai a la co-
«< pier: le president et nos deux jeunes artistes con-
« tinuerent leur route. Le pei'ple m'entoura ; quand
" j'eus fini , il me conduisit presque malgrd moi
" dans une arcade vis-a-vis, placee aupres d'une
• eglise et nommee I'arcade des PP. Th^atins. J'y
•• vis effcctivement quelques inscriptions , et entre
« autres celle qui concerne I'auteur de I'amphiths^a-
" tre de Capoue , avec un bas-relief ou sont repr^-
« sentees les machines pour elever cet amphitheatre.
« Je montai sur une banquette pour copier I'lnscrip-
•< tion. On faisoit du bruit derriere moi ; mais les
n Napolitains sont grands parleurs , et je n'y faisois
•« pas attention. Tout- a- coup le bruit augmente;
" j'entends une voix qui s'adresse a moi et qui ra'or-
" donne de descendre, et aussitot je vois venir a
•< moi un grand diable d'ofRcier en fureur , qui , sans
" me donner le temps de lui ob^ir, me prend par
• le bras et me pousse avec violence et a plusieurs
" reprises, au milieu de cette populace, ea m'ac-
" cablant d'injures et me mcnacant de la prison. 11
•" ne me donna pas le temps de parler , et il dispa-
" rut; alors je crus rever. Je demandai tout ce que
" cela signifioit : on me dit qu'a un autre cote de
« la place asscz ^loigne , il y avoit un corps-de-
Melanges. i3l
" garde, et que cette arcade faisoit par lie du corps-
'• de-garde, ct que je n'aurois pas du y cntrer sans
•• la permission de cet officier. Vous croyez bien que
<■ Je ne savois rien de lout cela ; je demandai le nom
• de ce capitan 5 on me le dit avec peine, et j'allai
" rejoindre le president. ••
" A notre retour, il fallut repasser par la place.
• L'ofRcier s'y promenoit. II vint a moi ; et , pre-
" nant le ton du monde le plus extraordinaire, il
« me dit qu'il avoit appris que j'avois demands son
" nom , qu'il s'appeloit Nicolo Ciampinelli; que si
" je voulols me battre avec lui , je n'avois qu'a
" choisir le champ de bataille. II faut remarquer
•< qu'en me faisant ce d^fi , il m'appeloit signor
" Abbate. Je voulois lui repondre ; il me coupoit
•« la parole, entroit en fureur, et finit par me dire
•« que je devois m'estimer heureux de ce qu'il en
«■ avoit agi avec autant de moderation. En me di-
" sant tout cela, il me tenoit par la main, et me
«' faisoit un mal affrenx , comme un fou a qui la
- folie donne de nouvelles forces; je retirai enfin
" ma main , et je m'en allai a I'auberge. Un instant
•■ apres , je portai mes plaintes au commandant,
« Mais, apparemment qu'il avoit ^t^ prerenu, je
« ne pus pas le voir. J'en ^crivis le soir meme a
" M. le marquis d'Ossun, qui ne recut ma lettre
«• que trois semaines apres, et qui m'en ecrivit une
" tres-obligeante. II m'assuroit que cet officier seroit
" puni, qnoiqu'il se dit neveu de M. le marquis
•• Tanucci , ministre et secretaire d'etat. Depuis ,
" ie n'ai plus entendu parler de rien; mais je u'ou-
1 4 LiUeratufe.
« blierai de ma vie don Nicolo Ciamplnelll , lleii-'
.. tenant des grenadiers au regiment de royal
« Naples. ••
Barlhelemy revint a Rome, toujoiirs occup^ de
procurer au cabinet des m(?dallles , le plus clier objet
de ses affections, de nouvclles richesses, eta I'Aca-
d^niie des belles lettres, de savans et utiles corres-
pondans. Les noms de Mazzocchi , Botfarl , Corsini ,
Gori, Raiardi , Passionei qu'il propose, sont suffi-
saii'ment connus pour faire voir que le m<?rite seul
atfiroit son attention.
Un pas age de la lettre XXXV pjouve avec quel
soin cet homme si habile rejcloit tou( le vain dta-
lage de I'c'rudition. II ^crit au conite de Caylus,
qui !ui a niand^ son embarras pour repondre au
prince Rezzonico , qui lui c-'.voit envoye une lettre
^crite en beau latin. ■< L'embairas que vous a caus^
« la letfre du com^e Perzonii-o ni 'amuse; je vous en
« d.emande pardon : niais je suis bien alse de voir
V que les Ilaliens vous accablent delalin , et qu'ils
n se lourmenfent pour cbercher dans Cic^ron des
" tours de phrases propres a ni^ri(er votre approba-
«f tion. Si je vois ce comte, je lui dirai que vous
« n'aimez que cetle langue, et que c'est par poli-
" tesse pour votre nation que vous nel'^crivez point.
« J'ai vu avec un plaisir iiifmi que, pour vous tirer
•■ de peine, vous vous reconiniandiez enfln a la Pro-
«< videuce. C'est un aveu que je mettrai a profit.
« J'avoue n^anmoins que vous n'aviez pas a vous
« troubler. Repoussez ce latin avec du francais ; tous
« les Itaiiens rcntendeut , ou au moins ne sont pas
i
Melanges. 1 5
w faclies d'en avoir la reputation. 2p ne leiir ecris
" jamais aiitietiient , i." parce que je ii'ai pas la pra-
•• tiqiie d'ecrire en Tlalicn; 2.° parce cjuc j'ai perdu
<■ celle d'ecrire en latin, ce qui n'cst pas trop bien ;
n 3.° parce que notre langue doit nous Inspirer la
« vanity de la produire. •>
Le reste n'est rempli que de d(?tails minutieux,
relatifs a son voyage. Ces lettres n'e'foient pas des-
tinees a ^tre publi^es ; jamais meme Barlhelemy ne
les auroit Sorites, s'il avoit pens^ qu'elles pussent
I'etre. On ne doit pas y chercher des details bien
importans; la plupart des faits qu'il ne fait qu'in-
diquer ont ^\.€ developp^s depuis dans de savans
ouvrages. Mais ce qu'on doit remarquer dans ces
lettres, c'est ce gout, cette urbanite, cette finesse,
cette grace; et comme le remarque, a juste tltre ,
I'^diteur, le molle et facetinn d'Horace.
L'^diteur a joint a ces lettres un appendix con-
tenant onze pieces qui y sont relatives. Quelques-
unes sont tropconnues, et ne devoient pas ^tre re-
produifes ici. Ce sont des fragmens des m^moires
de la vie de Barthelemy , qui passent pour avoir ^t^
<^crits par lui-meme, et sont I'ouvrage d'un littera-
teur elegant et habile, qui a longtemps v^cu dans
son intimity ; des fragmens du recueil d'opuscules
de Barthelemy , publie il y a deux ans par le C.
Sainte-Croix , chez Jansen ; enfin ses m^moires sue
les monumens de Rome, ins^r^s dans le recueil de
TAcad^raie des belles lettres. Ces ouvrages sont a
la port^e de tout le monde , et il suffisoit de les indl-
quer. Les autres pieces sont anecdotes , et I'editeur
1 6 Litleralure .
a fai( line cliose utile en les publiant. Ce sont cleS
morceaiix qii'il a encore trouvt^s clans les prpieis de
Caylus,ou quiluiont ^l^ fournis par quelques amis.
Ce sont iin peiit m^nioire de Barthelemy, sur la
manicre dont les anclens travaillolent !e veire; di-
vers jii^emens sur les anfiquitt^s d'Herciilanum ; des
letlres de Mazzochi, Rczzonico, Jaquier , etc.;
une notice de I'abbe Zarillo , sur la d^couverte
d'Hficulanum ; une autre, du meme, sur les pein-
tiires s'jppos^es antiques , faites par Guerra , ces
peintures qui ont Itoinp^ , a Rome , Contucci , Bar-
jheleray, Lacondamine et plusieurs autre? savans ;
quclqufs details sur I'arrestation de Barthelemy pen-
dont la to-neur , et siir sa niise en liberte,
L'ouvrage est d^dl^ a M.^e de Choiseul, et pr^-
c^d^ d'une preface, dans laquelle I'editeur rend
conjpte de la maniere dont il a trouv^ ces lettres,
dont il ofFre de montrer les originaux. Nous lui ob-
serverons qu'il'se trompe dans cette preface, en dt-
sant que I'abbe Zarillo est attache an cabinet des
M^dailles. Cela n'est point, et n'a jamais die. L'ou-
vrage est termini par une table des matieres. D'a-
pres re que dit I'editeur, il paroit qu'il possede Ja
correspondance entiere de Caylus avec quelques sa-
Tans. llaura bien indritd des lettres en la publiant.
A. L. M.
LlLL^RATUEK,
CRITIQUE.
RemARQDES cridqiies snr roin'ra^e in/i~
title Lexicologie \*par Ic C. Bvtet. Piuis.
1801.
1 ARM I les ouvrages qui pourroieot elre utiles a la
litlerature, il en est un qui scnible d'une n^cessit«?
indispensable ; c'tst une critique laisonnable et jiisfe
des journaux , qui sont eux-niemes rorj;ane de hi
critique, et qui ne sont trop souvent tii jusles pour
les ouvrages et les auteurs , ni propies a avancer Ics
progres de la raison et du gout.
A la v^iite , ce seroit un metlfr difficile et dan-
geieux que celui d'un rediesseur des torts des jour-
naux , qui auroit n(;cessairemeut a corabattre une
nu^e d'enneuiis , et a rendre un combat tous les
jours. Ce seroit I'Esaii de la Bible : Ma/uts ejus
contra omnes , maims omtiiKin contra eunt, Mais ie
ne supposerai pas non plus qu'un seul homine put
cntreprtndre une si grande tache. Une association
litt^raire seroit nf^cessaire pour I'exccutcr, et si ua
pareil tribunal s'^levoit , je me sens assez de cou-
rage pour y remplir les fonctions de procureur ge-
neral et de partie publique coatreles mauvais ^cii-
vains et les charlatans de savoir, et , en gf^neial ,
contra les corrupteurs du goiit el les ennenils de la
raison.
Ccs reflexions , je suis facb^ de le dire , m'ont
^t^ sugg^r^es par la lecture U'un article du Jourhui
Tome V. B
1 8 Crilifjue.
de Paris , du mois de fructidor an 9 , ou Ton fait
iin ^loge pompeux d'lm ouviage intitule : Abr^ge
dun Coursconipletde Lexicologie ^ par le C. BUTET,
membre de beaucoup de Lyc(?es.
Selon I'aiiteinde l'aiticle,'« des vues neures, des
•• idees profondes, uiie nomenclature lumlneiise dls-
•< tinguent cet inoportant ouvrage de la foule de ceux
.. qui ont paru sur cette matiere encore si peu con-
.. nue. Ce beau travail fait faire un grand pas a la
• th^orie des langues, et nous assure les inoyens de
« parvenir sans hearts a la connoissance precise des
« mots et de leurs diff^rentes valeurs. » Enfin , on
n'a pas pu louer davantage la grammaire g^nerale de
Port-Royal, et les meilleurs ecrits de Dumarsais.
Je le dirai franchement , mon opinion sur I'ou-
vrao^e du C. Butet est toute oppos^e a celle du
jouvnaliste. Je n'y trouve ni vues neuves , ni id^es
profondes; mais seulement des id^es tres-communes
et souvent peu jusfes , pr^sent^es avec eniphase ;
line nomenclature inutile et vicieuse , plus propre
a obscurcir qu'a expiiquer le petit nombre de verltes
et de priucipes qu'on peut ^tablir ; une m^thode
minuiieuse et pedantesque, nuisible a la veritable
et sollde instruction. Enfin , je trouve qu'appeler
ccia un beau travail qui fait faire un grand pas a
la th^orie des langues, c'est se moquer de ses !ec-
teurs, ou supposer du moins qu'aucun de ceux a
qui on dit tant de merveilles du livre, ne prendra
la peine de I'ouvrir,
On me dira sans doute : voila un jugement bien
dui- et bien tranche , injuvieux a la fois a Tauteur et
Lexicologie. 1 9
auioiirnaliste. Non , repondrai-je ; jene fais injure ni
a I'auteur du llvre, ni a celui de I'aiticle. Car I'in-
;ure est aiix personnes , et je n'cn veux qu'a I'article
et a I'ouvrage. Je les crois I'un et I'aulre de bonne-
foi; I'liu dans I'id^e qu'il s'est faite du luerile de
son travail , I'autre dans le bien qu'il en dit. Mais
conime j'e trouve qu'ils se trompent I'un et I'autre ^
je ledirai; et , qui plus est, je le prouveiai.
C'esl uh efFet natuiel des ^ioge:; exagc?r(?s, de pro-
voquer Ja critique ; 'e me laisse aller a ce niouve^
inent , et j'entreprends de faire connoiire les defauts
de I'ouvrage par quelques observationes g^nerales
sur la forme et sur le resullat de ce travail.
J'appelle /ornje, dans I'ouvrage du C. Bufet , sa
m^thode , sa maniere de proceder dans I'instruclion
qu'il veut repandre, les principes g^neraux sur les-
quels reposent les analyses qu'il pretend faire des
mots; et resultat ^ I'usage qu'il fait faire a ses e!e-
ves de ses principes "pour decomposer les mots , et
les composer au besoin des ^l^mens dont ils sont:
form<5s.
■ Je commence par sa m^thode et ses principes
gdn^raux, et j'y trouve deux grands vices : une no-
menclafu're uouvelle , aussi immense qu'inntile, et
une abbndaiice de divisions et de sous-divisions ,
fatigante pour I'esprit le plus appiiqu^, et nuisible
aux vrais progres de I'esprit humain.
. C'est ceque je vais reudre sensible parun expose?,
le plus court que je pourrai , et que le lecteur
pourra trouver encore bien fatigant , sans qu'il y
ait de ma faute.
B a
20 Criliqiie.
L'aDteur fait (vols ordres de ce qu'U appelle les
constructions lexicologiques.
Le I." ordre conlient deux sous-ordres: Le i."
sous-oidre renferme trois classes, dont la i^ est
des inUuilif&.advcrbiaux , compienant dix genres.
Exemple ; Les approbatlfs, bien , boa, bene;
benediction , bicnfait , benefice , bienvenue , boa
jour , etc.
Les contradictifs , «^^, ne , ni, non , etc. , dans
nMiger, neant, nier , non-valeur.
Les daplicatifs, bis ,bes , he, etc., dans bissac ,
besace , etc.
Les dlmidlatifs, semi-io^ , /.e-mZ-spbere , etc.
La 2.' classe du i.*' sous -ordre, iniuaufs ver-
haux.
Les custoditlfs : garde-cote, garde-feu, etc.
Les transgressifs : passe-port.
Les perforatifs : perce-pierre.
Les attractifs : tire-bouchon.
Les giratifs : tourne-vls.
Les preservatifs : para-cbute , etc.
3/ classe du i." sous-ordre, initiatifs nominaux,
Les corapensatifs: equilibre.
Les predilectifs : beau-temps , beau-pere.
Les representatifs : vice-consul , vice-president.
Les exaltalifs : arcbidiacre , archeveque.
Le a.* sous-ordre du i." ordre est fornix des de-
clinatifs dont 11 y a dix-sept genres, parml lesqueU
nous citerons : .
Les dtstructlfs : bomicide,
Les cultivalifs : agricole.
LexIcoJogic. • 21
Les poi-Jalifs : mammifere*
Les configiirafifs : tnaiTiTniforme.
Les stabUiilfs: fissipecle, solipede.
Les tumefactifs : hydroceie.
Les capillatifs : anguicomus, ayant des serpens
pour chevaiix.
Les diruptlfs : saxifrage.
Les dominatifs ; armipotens.
Les manducatifs : herbivore, etc.
Suivent dans le second ordre , i." sous-ordre , les
pr^posilions adveibiales ab,ad, ante, cis, contra , dis,
ex, extra, jiixta, oh, intra, inlro, inlus, per,pr(P, prcE-
ter, pro, po^f, retro, sub, super, trans, ultra ^ etc. ,
auxquelles I'auteur donne autant de noms disiinctifs
etsolennels; desortequ'il appelleaZ/////s les mots dans
lesqutls enlre , en proposition , la syllabe ah^ comme
abces ; aditifs , ceux qui comniencent par la syllabe
ad; adherer , anti^itijs , ceux qui commencent par
antS , anii-cJiambre , etc. Et qu'il fait, par le meme
proct^dO , des contraitifs , contradiction ; desdedtifs ,
deporter ; des disiiijs , disputer ; des exitifs , extraire ;
des extractijs, extravagner ; Aes initijs ^ incorporer ;
des interitifs , interligne ; des introitifs , introduire ;
des obitifs , oblenir ; des perilifs , permiiter ; des
preitifs , proposer ; des praterilifs , pretermission ;
des positifs , post-scriptum ; des pro'iiifs , produire ;
des relrc'itifs , rdtroactif ; des reditifs , retire ; des
siibitifs , subsequent ; des superitifs , superficie ,* des
transitifs , transmettre ; des ultraitifs , ultramon-
iains , etc.
Je m'arr^te ; car j'iropatienlerols mes lecteurs ,
B 3
22 • CliliquC'
en meHant sous leurs yeux uri plus grand nombre
d'exemples.
J'ai (lit que cette nomenclature si abondante est
tach^e du vice d'iniili!i(c et de futility.
De qiioi s'agit-il en effet ? De faire entendre a
dcs Aleves que les mots francais sont souvent com-
poses de propositions adverbiales , empruntees du
latin ; que ces particules se Joignent an mot prin-
cipal ou racine , et qu'elles en determinent en partle
la signification ; que c'est ainsi que contredire est
formO de dire et de contra , proposition originaire-
ment latine , signifiant centre , et rappclcr , IcrinO de
re ^ sigpe de repetition, signifiant la repetition de
I'action d'appeler , etc.
Or , pour cela , n'est-il pas parfaitement inutile
de crOer im si grand nombre de denominations ,
d'etablir Ae% genres ^ des sortcs ^ des sous-snrles , des
varidt^s , etc., et de cbarger la mOnioire d'un jVune
enfant de cette futile nomenclature? Est-ce la (ra-
vaillcr utilement a I'instruction publifjue? N'esl-ce
pas semer d'Opines et d'obstacles I'entree mOme de
la rouie des sciences ?
L'auteur de la Lexicologie rCduit lul-m^me le
nombre dcs prepositions sOparables ou inseparables
a une trentaine. II est bien aisO d'expliquer le sens
ou les sens de chacune , comme le font en efFet
tous les lexicographes ; et ces sens une fois connus,
on entend la modification que la preposition ap-
porte dans le mot. Si j'ai une fois exj-liquO que cis
siguifie en dcca , et extra hors d'une limite , je n'ai
pas bcsoin de faire une classe de mots a^\)t\H vis-it if s;
Lexicologie. i3
e( line autre A'exlraiiifs , pour enseigncr a mes eleves
le sens total des mois cisalpinet extimagant. La pre-
miere m^thode est de reiiseiguement Jaseconde du
charlalanlsme.
On s'est moqu^, avec raison , du grammairien
Domergue , qui , ayant a expliquer la nature cle la
proposition , imagine de la decomposer en judLcunJe,
judicaleur et judical ; nous parle de complement
prochams et de compl^mens dloignes , de complemena
directs et indirect s , complels el incomplels , legitimes
et ill^gitimes , etc.
Et voici le grammairien Butet , qui , ne tenant au-
cun comple de la lecon donn^e a son confi-ere , et
seulement pour nous enseigner que les mots sont
composes de propositions , de racines et de termi-
naisons, nous condamne a appreudre quelques deux
ou trois cents denominations nouvelles de choses,
que nous entendlons fort bien avant lui ; nous fait
^esperforatifs ; denomination a I'aide de laquelle nous
comprendrons ddsormais ce que signifie le mot perce-
pierre; des giratifs , qui nous expliquent parfaite-
ment le sens du mot tourne-vis ; des atiraciifs , qui
nous donnent I'analyse complete du mot tire-bou~
chon , etc.
Ajoutez a ceux-la des actifs et des passifs facul-
tatijs , des obstractifs perceptifs et des abstvacii/s
progressifs, etc. , et plusleurs autres cenfaines de
mots fails sur le mfme modele , aussi abstraits , aussi
inutiles , et vous aurez la nomenclature nouvelle de
Tauteur de la Lexicologie.
Rien , dit le judicieux abb^ Fleury , blamant les
B4
24 Ciillc/iie.
scholafisques de s'^'tre fait un langage nonveaii et
particiilier, •< rien n'est moins propre oi I'enstignc-
" nient , que I'aHeclation d'lin langage singulier,
« qui ajoute a I'^tiide principale ime etude pieli-
•< niinaire du langage. Je sais que cliaque si ience ct
" cliaqiie art a ses fermes propres inconnus an com-
« nnin des liommts,niais il' ne doivcnt etie employes
>• que pour les clioses qui n'ont point de nom dans la
« langue populaire, parce que le peuple ne les con-
« noit pas , ou n'y fait pas d'afttntion. C'est une mar-
«• que de la grossieret^ de nos peres, d'avoir fiiit du
« blason une science myst^rleuse , qui ne consisle
« presque qu'a donner des noms extraordinaires aux
« choses les plus communes, et s'etre fait un merile
M- de dire giieule et sino[)le, au lieu de rouge et de
•< vert. J'en dis jl*^ nieme du jargon de la chasse et
« des autres seniblables, qui , sans t'clairer I'esprit,
«• ne font que charger la ni^raoire. »
.. Ce lang-ii^^e pai ticulier , continue-t-il , n'est point
M necessaire , puisqiie chacun peut philosopher en
" parlant bien sa langue. Les ecrits d'Aristote sont
« en bon grecj les ouvrages pbilosophiques de Cicie-
K ron en bon latin ; et , dans Je dernier siecle, Des-
M carles a expliqu^ %a doctrine en bon francais et
<< d'un style net et precis, qui peut servir de niodele
•• pour le dogmatlque. Ce n'est done point la n^ces-
!■ sit^ de la niatiere qui a introduit ce lan^jage de
t. nosecolcs; c'est le mauvais gout du trfizieaiesi^cle
M et des suivans. •■ ( L'abb^ l-LEURy, V.* Disc, sur
I'Hist. Ecr. , j)ag. 227).
On voii que cette ciiliqwc judicleuse est parfai-
Lexicologies a5
(ement nppllcable a la Lexicologie du C. Biifet.
JViais ce qui caratl^rise l¥poque de I'hisloire lit(^-
raiie nil nous vivoiis est I'ignorance absoliie des
regies donn^es par les anciens et par ceux qui ont
suivi leiirs traces, a molns qu'on n'aime mlcux dire
que DOS modernes n'ignorcnt pas ces regies, niais
qu'ils d(?daignent de s'y asseivir.
Je sais qu'on peut opposor aces maxinirsunexemple
imposarif : je veu^ parlcr de la nomenclature cliymi-
quenouvelle, cieee par des hommes qui ont fait faire
de nos jours de si grands pas a cette partie si utile
des connoissances. LavoisIEB, cette illustre victime
des fiireurs revoluiionnaires , a refait en m^me temps
et la science et son langage. Mais outre que ses
creations, en ce genre, ne sont pas en noiubre un
dixieme de cclles du C. Bufet, le savant chymiste
justifie son travail par des raisons dont on ne peut
contester la force. << Nous ne nous sommes permis,
" dit-il, de donner des noms nouvcaux que dans.
" deux cas : le premier , pour dc^signcr des substances
w nouvellement decouvertes et qui n'avoient point
" ete noinii/^cs, on dont les noms nouvcaux n'avoient
«• point e(e sariCtioiuK's par une adoption g^n^ra'e ;
«. le second , lorsque les noins anciens nous ont paru
« enfr;iiner des iu(?es ^videmment fausses, ou faire
«• confoncire lasubsfance qu'ils d^signoient avecd'au-
•• tres douccs de jMoprit'ies difTercntes ou oppo-
" K(^cs , etc. ••
II ine si-ffil, au resfc , de rcnvoyer r»:es Icctcura
au Discuurs pveliminairedc laCbymic dc Lavoisier j
26 Critique.
lis y (rouveront une apologie , en meme temps itio-
deste et juste , de sa nouvelle nomenclature, et
pourront s'assurer qu'clle dtoit aussi necessaire a la
chymie , que celle du C. Butet est inutile a la gram-
maire.
J'ai dlt qu'iin second vice de la m^lhode de I'au-
teur de la Lexicologie est cet appareil efFiayant de
divisions et sous - divisions , dont il a surcharge son
ouvrage, J'ai pris la peine d'en compter quelques
portions, et j'ai vu , par exemple , que sa division
des seals binomes ^ c'est-a-dire , des termes qu'il
Tegarde corame composes seulement de deux parlies,
I'une qui est une proposition , I'autre une racine,
comprend i54 especes de mots, dont la plupart ont
encore au dessous d'elles un grand nombre de di-
visions en sortes, en genres et en varidtds , etc.,
ayant chacune leur denomination particuliere.
Mais ce n'est pas tout, cette scule sous-division
forniant le premier sous-ordre du second ordre,
qui ne comprend que ce que I'auteur appelle les
■prdpositifs du premier degre ^ est divisOe en genres
sous-divisOs en.sortes j les sortes en variel6s , et les
varietds souvent en sous-varieles.^n comptant a vue
d'oeil ces divisions et sous- divisions , je trouve de
la page LV a la page LX , trente-deux genres ,
quatre-vingttrois sortes et cinquante-huit varietes^
sans compter nombre de sous-varietds.
Cette rage de division est bien enncmie de la
veritable instruction. II y a longtemps que BaCON
a ^crit : ■> Je ne parlerai pas de ces methodes qui
Lexicologie. 27
m consistent a divlser et subdivlser sans fin, Cen'est-
" la (jii'une orabre fugilive de savoir , connoissance
" fuiUe et funeite aux v^iitables progres de I'esprit
« humain dans les sciences. Ces bommes , tourmtn-
" tant les chnses pour les soumelfre aux lois de
« leur raethode , rejeltcnt toutes relies qui nVnlrent
" pas dans les cadres de leurs divisions, ou les d^-
" natuient pour les y i"aire entrer. Une telle m^-
.. thodeengendre des abreg^s vides de sens, et mine
• la science dans ses fondetnens. •• ^ De augm. sci.
lib. VI J.
Je passe aux rdsultats de la m^thode et desprin-
cipes de I'auteur , c'est a-dire , a I'usage que le
C. Butet fait faire a ses Aleves de I'appareil scien-
tifique dont on vient de donner une id(^e.
Ses deux volumes , Tun intitule Lexicologie, et
I'autre Lexicographic , conduisent uniquement,selon
]e C. Butet lui-meme, a melfre ses Aleves en ^tat de
resoudre deux problenies conlenant foute la science
lexicologique. Voj. la Lexicug. inlrod. , p xiv.
L" probleme. Etant donn^ le radical et la for-
mule complete d'un mot latin - francais , et con-
slruire ce mot dans I'une ou i'autre de ces deux
langues.
IL* probleme. Etant donn^ un mot latin ou fran-
cais , determiner la formulc de sa composition , qui
est en m^nie temps celle de son analyse et le moyen
d'en extrajre Ic radical. Voy. la Lexicologie ^ vers
la fin.
28 Critique.
Exemple da premier probltme.
Quel est Viiifinitif coilif , -prceitif, secoiiduiremenC
verbal , -passif faculhnif , modificatif, adverbial du
radical hend , signe reprdsentutif de la main et de
V action de prendre ?
Solution.
InComprehensiblement,
Or , voici comment le maitre conduit son eleve
dans cette grande recherche :
II lui aenseign^ anterieurement que la proposition
in est un initif.
La preposition cum , un coilif.
La proposition prce , uii preilif.
La termlnaison ible , un verbal passif , facultalifm
Et enfiii la terminaison menl , un modificalif ad-
verbial.
Et apres avoir fait entrer , sans doufe avee quel-
que peine, ces nouvelles denominations dans la tete
de son disciple, en lui faisant sa question : Quel est
Vinf nit f preilif , etc. II triomphe de lui voir de-
viner le mot incomprelieiisibletnent.
Mais je demande quelle merveille il y a a cela. Je
nie mets a la place de cet CEdipe , et je me dis : un
initif c'est m , un coi'tif c'est ctnn , un prditif c'est
prd ^ hend ou hen m'cst donnO , un passif facultatif
c'est iblc ^ WW modificatif adyerbial c'est vient. Avec
toutes ces donnOes , je deviae en Opelant , sans avofr
Lexicologie. 29
Ijcsoin d'une sagacity bien grande , que c'est ie mot
in-cotn-prt^-hcn-sL-ble-ment.
La difficult^ n'est pas de devlner le mot dont on
a donn^ lous les el(rmens; elle ne se trouve qu'a
rt'tenir les noms absl raits par lesquels le Lexico-
graphe d^signe , sans necessite , des propositions
advcrbiales et aufres Ol<;aiens des mots, dont tout
le monde connoit le sens, sans cet appareil de de-
nominations noiivelles.
Mais lorsque tes nouveaux noms sont une fois
retenus, et , pour employer le langage du gram-
tnairien g^ometre , lorsque le probleme est constiuity
mis en liquation, son probleme Icxicologlqiie annonc^
avcc tant d'empbase , ressemble a une Onignie que
j'ai oui proposer au toUOge :
Je suis un instrument propre a couvrir la tete ,
Tanlot blanc , tanlot. noir , derine , grosse bete.
Qu'il me soit permis de m'elever aussi contre
Fabus du langage math^matique applique, comrae
il I'est dans tout I'ouvrage du C. Butet , avec une
empbase vraiment risible , aux liumbles recherches
de la grammaire.
Ce sont partout des problemes , des thc'oremes ,
des ^qualions , des fonctions , des caefficicns , des ex-
jposans , des constructions radicales ^ des binome^ ^
Aes trinomes fornmles , des mols inationneis , etc.
JVJais quel vain et faux emploi de toutes ces ex-
pressions alg^briqucs ! Je n'en donneval qu'un seul
exemple.
3o Critique.
On salt qu'en algebre le coefficient d'une quantl(^
est !e nonibre qui precede la quant i((^ algebrique, et
quiexprimeconibien de foiselle est prise. Ainsi, dans
3a, 3 coefficient de ia quantity a, exprime que cette
quan(i(e est prise trois fois , ce qu'on exprime par
cXaX«. L'exposant est un nonibre mis apies, et
un peu au dessus de la lettre , exprlmant que la
quantite alg^brlque a est multipl'f'e par elle-m^me,
autant de fois moins une que l'exposant contient
d'unites. Ainsi , dans a} ce chifFre 3 est l'exposant
de a. Si done on suppose que la quantity a est = 3,
3 a signifiera trois fois trois = 9 , et a' signifiera 3
niullipli^ 2 fois par lui m^me , c'est-a dire 27 , pro-
duit de 3 multiplid par 3 multipH^ par 3.
Mais je demande quel rapport on peut voir enlre
le chiifre appel^ coefficient dans 3a, indiquant que
la quantity a est prise 3 fois et ^gale 9 , et une pre-
position telle que -per ou trans dans jyar-venir ou
trans-met It e ? ou ce qu'il y a de cdniniun erifre le,
chifFre 3 appel^ exposant dans I'expression alg^bri-
que a^ et signifiant qu'a est rbultipli^ deux fois par
lui-meme et egale 27 , avec les terminaisons atus
et alio dans verberatus et verberdtio , expriniant
I'etat passif de celui qui est frapp^ , et Taction ab-
straitf de frapper ?
Quelle analogic peut-on trouver entre des cbdses, *
si dissemblables ?
On ne peut se disslmuler qu'un tel usage des
tertnes scitntifiques , detournes de leur v^iitable'
acceplion, est infiniment nuisible aux progrea des
conooissances.
Lexicologie. 3i
La salne phllosophie cherchea simplifier ,'a huma-
Tiiser , a populariser les sciences les plus relev^es.
Tandis qu'un savant (Laplace), c^lebre dans toute
I'Europe , pour ses coDooIssances profondes dans
toutes les sciences math^matic^ues , nous expose le
systeme du monde , c'est-a-dire , la science dont
I'liomme a le droit de s'enorgueillir le plus, en ua
langage aussi simple que pur et clair; et s'abslient,
dans cette vue , d'employer la langue alg^brique ,
a laquelle il suppl^e partout oil on pourroit la de-
sirer , par la clart^ de I'enonciatlon, peut -on par-
donner I'emphase et la pretention, emprunfant la
langue des hautes sciences, pour nous donner des
lecons de grammaire , et quelques idees communes
sur la composition des mots?
Je sais , et je n'attendrai pas qu'on m'en fasse
I'objection, que , malgr€ tous les d^fauts que nous
venons de relever, le C. Butet montre de la sa-
gaail^ , de I'esprit et surtout celui d'analyse; mais
on ne peut estimer que la sagacite qui s'exerce sur
des objets int^ressans, et non celle qui se porte a
des minutles. L'analyse est bonne ; mais c'est seule-
ment lorsqu'elle mene a un resultat utile. L'esprit
plait et int^iesse ; mais c'est lorsqu'il est bien em-
ploy^ et bien conduit.
Eh ! qui a eu plus de sagacity, de subtilite que ces
scholastiques, dont on a dit tant de mal avec beau-
coup de raison , et qui ont nui aux progres de I'esprit
humain par beaucoup de cot^s , en m^me temps
qu'ils Tout servi par quelques autres?
32, Critique.
Qui a monJr^ plus de methode et plus d'esprit que
saint Tliotnas-d'Acqiiii) , et que plusieurs de ctux
qui out couvu la meme carriere que hii ?
Dieu nous garde cependant de revoir la pliiloso-
pliie scholastique et tous ses agr^mens ! Danger,
dont je dols dire que nous sommes menaces par
les au<eurs de grammalres generates , d'analyses
gramraaticales , de lexicographies, de lexicologies,
et mfme d'id^ologies, etc, siqtielques Bellerophon
ne s'^leve pour corabattre toutes ces chimeres.
Andre MoreLLET.
SVITJC
pi.n.
A R C H tE O L O G 1 E.
Suite de la Dissertation siir le costume
ilcs Furies dans la I rage die des anciens j
et sur les menu mens antiques j traduite
de tallemand de M. C'liarles - Auguste
lifETTiGER J par le C. TVinckler (*).
• JLlle s sont noires , d'un aspect affreux ,» con-
tinue la Pythie , v. 52.
— fiiKatiai a \i to wuv ji^XoKlitTcet,
li n'est pas extraordinaire pour nous que les Eume-
iiides, comine fiiles de la T>!uil , comme les chieiis dd
'Zeus slygien , comme liabitaiites du noir Hades , pa-
roissent vetues de noir sur le theatre; mais d'apres
les id^es recues alors , cela dut faire une impression
tres-frappante. La lumiere et les t(?uebres, le jour
et Ja nuit , se ruanifestent par des symboles de joie
ou de douleur , dans les plus artciennes ceremonies
religieuses J il en ^toit de m^me des couleurs qui
sont le symbole de la lumiere et des t(^ntbres : le
blanc ^clalant et le noir fonc^ ont ton jours €i€ re-
gardes , I'un comme le symbole de la joie , I'autre
comme celui de la tristesse. 11 n'y a qu'un climat
septentrional et pr'esque d^nn^ de couleurs , qui put
accoututner Poeit aux iniantes foncees, au point de
s'en servir p(iur les babillemens journaliers. 11 n'y
a qu'un, peuple liabitant une lie presqne toujouis
couvejte.de biouillarcJs, oii on ne compte souyent
(') Xoj'.'Moffosin EncjrcL Aniue VII , f. IV, p. /t33v
Tome V. C
34 Archceologle.
qu'une centalne de beaux jours de solell sur Ics
365 de Tannic, et dans les villes de lacjuelle on est
toujours expose a la fum^e noirclssante de la houille
et du charbon de terre , qui ait pu , par iine sage eco-
nomie, faire du noir la couleur k la mode. Ce ne sent
enfin que des id^es religieuses mal dirig(^es et nial
saisies , qui , en remplissant rimagination des images
les plus sombres de I'ascdtique orientale , et en,
falsaut batir des temples sur les tombeaux deS
morts , ont pu consacrer la couleur noire dans les
liturgies. Dans toute I'antiquitt? , le noir fut tou-
jours la couleur du deuil et de la mort (36), et^
lorsque , dans les v^temens des assistans ou mdme
dans les ornemens et les ustensiles, il y avoit par
m^garde quelque chose de noir (By), on regardolt
(56) Les passages rassembles parFeBtiARius, Lipsios {in Electis),
KmcHMANN , etc., soni connus. Mais, dans tout tela, il ne iaut
pas pensei- k des velemens leints en noir. Dans les premiers temps
(!f la Grece et de Rome, la tciniure se bornoit a la couleur rouge.
Apres le siecle d'AIexairdre , les Giecs nppiirent k connoitre un peU
I'ait de leiudre des peuples de I'Asie ( Voy. Goguet , Origine des
Loi's , t. I. p. 123- n, p. 95, ed. in-4.<', ou il y auroit encore
plusieurs points a rectilier). Tout ce qu'on avoit , en veteniens noirs ,
trioit fait de laine natuielleraeul noire des moutons , qui avoieiu ,
selon I'expression de Martial (XIV, i 57), lugentes -velUre lanas.
Comme cette couleur naturelle n'est qu'un brun fonce , le mot pullus ^
<pa(W, est aussi pris dans I'acceplion de noir, lorsqu'il s'agii d'lia-
bitsnolis; (p*"* <J'« »«' A«£>^«» (dit Pollux, VII, 56) «»n'Ao/f
««•<» 'f[yv?. — L'Alceste d'Euripide sert , niieux que tout , a faire
connoitre I'usage du deuil en noir.
(5;) CiCEBON {Orat. in Vatinium , c. 12) dit : j7/W scire sx
te cupio, CjUO consilio , aut <jiid mente feceris , ut in epulo
q. Arrii , familiaris mei, cum toga puUa accumberes? Qusm
Furies. 35
cela c6mme profanant les temples et les sacrifices
des divinit^s C(;lesfes. Le theatre ^(oit regards com-
nie un temple de Dionysos ou Bacchus, le chceur
et les acteiirs ^toient veins d'habillemens riches et
de diverses couleins. Ath^^nee nous assure qu'iE-
schyle , le cr^ateur dii costume th^atralj a emprunte
la forme et les couleurs de ces vetemens, des ha-
billemens magnifiques, employes dans les pompeuses
ceremonies d'initiation aux niysteres de Ceres (38),
untfuam videris ? queni audieris ? quo exemplo , quo more fe-
ceris ? Cedo, quis unqua/n coe«a/7> aliaius ? Jta eni/n illud
epulum est funebre Platon, dans ses lols , veut qu'on mette
des habits blaiics dans toutes les ceremonies et occasions solennelles.
(58) Athenaeus I , rft, p. 21 E : A'la^v/.as — t^tv^m TijV r?V
^u^ou^oi ifi(piinovlMI. Les hierophantes et les grand-pr^tres, dans
les mysieres , avoienC des habits longs brodes magnifiquemenr , et ornei
des couleurs les plus belles el les plus varices. Mehesius ( in Eletisin.
c. 12) a deja recueilli les (iassages a I'appiri de ce qui vlent d'etre
dit. II fauJroit suivre celte indication. Les Athenlens , alors encore
tres-pauvres ( voy. Meursics, de fortuna Attica, c. :i\ et Mei-
NERS, Geschichte des Luxus der Athenienser (Histoire du luxe
chez les AthSniens , p. 24 )> paiolssent avoir mis, dans ce temps,
beaucoup d'economle et de frugallie dans Icnrs processions et leurs
theories. Oil AEschyle pouvolt-11 prendre le modele du costiune ma-
gnifique qu'il donna a ses choeurs traglques , si ce n'est dans lej
niysteres de Ceres, introdulls a Eleiisls par Eumolpus', qui les avoit
enipruntes des initiations splendides de I'Asie et de la Thrace, et
dans lesquels les riches vetemens des hierophantes olTroient les nio-
deles les plus convenables ';' II est Ires-probable que, relativement
aux machines et aux decorations du theatre, on avoit emprunte en-
core beaucoup de ce» ceremonies d'initiation. De 14, sans doute , la
tradition , oxpllquee de lant de raanieres difrerentes , que, jiour avoir
profane les mysteres et les avoir decouveri a la muliilude , ACsiiijle .i
C J.
26 Archaologie.
l,(;rs done qiie 3e poete tiagique fit paroide des Fu-
ries vStiies en noir, elles durenf , d'apres les idees
de ses spectateurs , leur serabler beaucoup pins
effroyables qu'on ne les trouvcroit de nos jours ,
Gil nous voyons soiivent sur les ih^atres les compa-
gnes de la Nuit personnifiee , on d'aufres personna-
ges semblables (89) liabill^s en noir. C'est a cela
que font allusion plusieurs passages des Eum^nides
d'/Eschyle , dans lesquels le velement noir des Fu-
ries est repr^senle comma ^lant en horreur aux
hommes et aux dieux. Des le commencement, 1«
Pythie dit (40): «■ Vetues comme elles sont j elles
<■ ne devroient approcher nl des statues des dieux,
•< ni de Ibabitation des liommes. » C'est pour ce-
la qu'elies sont appel^es « vieilles et d^testables
•• filles (41) , dont n'approchent ni les dieux , ni les
« hommes , ni les brutes. •• C'est pour cela qu'Apollon
leschasse avec ignominie de son temple : '< Sortez , ••
(leur dit-il), •• je vous I'ordonne , sortez a I'instant de
.. ce temple ; purgez de votre presence ce sanctuaire
<> proph^tique, si vous ne voulez que de ce^ arc re-
•■ splendissant parte un trait aile qui vous force a
" vomir douloureuscment les flots ^cumeux du sang
niaiiqu^ d'etre lapidi j>ar le people , et qu'il lui fat intent^ pour
cela une action ciiminelle , etc. Fabric. Biblioth. gr. t. II , p. 171.
sei/tf ed. de Harles.
(5p) ^a<ajjiV(i;v£? , Choephores , 1046 ; 7r«».i!;x«v Tc'iTiXm
aitoijioi ^ Euminid. 54S , conip. dtvec Agamemn, 470; de-li {'ex-
pression ofi^u. fiiXtifiZii'xXat Eftntiuv , dans Antipater de Sidon ,
Analect. t. II , p 27 , LXXVII , avec les remarques de M. Jacobs.
(40) AEscHVL. Ellin. 56.
(41) UtiluTtTviv; xofett j yfccictj, ii/. 6S. 69.
Furies. Sj
t humain ^onl voiis vous abreiivez. Ce n'est poini ici
" que vous clevez liabijer, mais la oil Ja justice fait
" ex^cuter ses arrets, oii Pen tranche la tetc, oii on
" creve ]es yeux, Ik oii Ton n'a pas nieme piti^ de
- I'enfant dans le sein de sa mere, la oil I'on niutile
•■ les jeunes garcons, oix Ton coupe le nez et ]es
- oreilles , oil on lapide , et oil les hurlemens affreux
« des empales excitent la commiseration des passans ;
•• tel est le spectacle qui vous rejouit; voila ce que
" font voir toute votre altitude et votre ext^rieur.
•' C'est dans le repaire d'un Hon sanguinaire , non
« dans ce temple, que doivent habiter de tels
« monstres... Allez... errez , troupeau sans pasleur,
" quenul desdieuxnedaignera jamais conduire (42)...
Dans le terrible bymne des cbaines ( Uft,os ^i^^uios ] ^
elles disent dies - n.emes : .. Des le jour de notre
" naissance, telle fut notre destin^e : De ne point
'< approclier des immortels. — f^ul d'entre eux ne
« participe a nos fesdns. Les I'elemens de fetes
•' nous sont etrangers (48). » Quant au v^temcnt
meme des Furies , on vojt par les temoignagcs
des differens auteurs qui seront rapport^s plus bas ,
qu'il consistoit en une espece de tunique fres-
^troite et tombaiit jusqu'aux chevilles. Comme,
selon I'usage d'alors , ce vetement ne couvroit ni
les bras ni les ^paules, il faut supposer que ces par-
ties du corps Stolen t noircies. D'apres cela , on pent
d^ja presumer que les Furies d'.'Eschyle etoient
{42) Eumenid. 180.
(43) lb. 548.
C 3
58 jirchccolo^ie.
entierement noires (44) ; cette conjecture devient
certitude par la coniparaison d'un vase de d'Han-
carville (44*), ou est peint Oreste assis sur un autel,
Jes mains li^es sur le dns et la tele plac^e enlre Its
genoux. On voit sortir de la terre , sous I'autel ,
une Furie noire, menacant le coupable d'un serpent.
La tunique de la Furie est aussi noire et indiqu^e
seulement par des lignes. De I'aulre cot^ , on voit
Pylades, et plus loin Electre et M^n^las (45).
" Leurs yeux distiHent un odieux venin. »
Un passage semblable des Choephores( v. io58),
oil il est dit en termes precis : Le sang distille de
leurs yeux (46) , nous fait voir que c'est 1^ le ve-
ritable sens du mot /St'es. Reste a savoir si on
pouvolt , en efFet, exprimer cela sur le masque
des Furies. Dans chaque masque, il y avoit des
Irons pour les yeux, et on pr^tendoit avoir apercu
quelquefois les yeux ^tincelans des acteurs a tra-
(44) C'est pourquoi Oreste , dans Euiipide , les appelle vwx7«
TTf (j(r(J)£p£(j xopuis- ( Orest. 4o8 ) , el /i«£A«y;gpaiT£{' ( ib. Sar ). On
pourra , au surplus, comparer la VHl." remarque , ajoutee a la iin.
(44*) Tome II, pi. 4r.
(45) C'est aiiisi qu'on pourrolt expliquer ces figures, d apies I'OreSte
d'Furipide. Cependant il faut observer que dans les tragedies des aij-
ciens , qui nous restent , Oreste n'est jamais assis et encliarn^ sur un
autel. Peul-elre celte scene ne represente-t-elle point Oreste , mais
Alcniseon , d'apres Ja piece de ce nom , coniposee par Euripide , mais
qui est perdue. J,e peu de fragmens qui nous en restent , serviroient
meme a donner de plusieurs figures une explication plus satisfai-
santc.
(46) Comparez ^VAKErIELD , Delect. Tragoed^ II , p. agg.
Furies. 39
vers ces trous (47)' Mais il serolt ridicule de sup-
poser qn'il est sorti de ces ouvertiires du sang ve-
ritable. II faut done ou expliquer tout le passage
par une vision tragique que le poete abandonnoit
a r^aliser a I'imagination exaltee des spectateurs (48),
ou il faut supposer que , sur les joues du masque
noir des Furies, il y avoit en effet quelques taches
rouges, pour indiquer d'une maniere aussi sensible ct
aussi frappantequ'il etoit possiiTie, le sang qui sortoit
des yeux. Et pourquoi notre tragique , qui a tant
calculi I'impression qu'il feroit sur ses spectateurs ,
auroit-il n^glig^ I'efFet que cela pouvoit produire?
Dans les details blographiques sur ^schyle , que
(47) CiCEHO , de Orat. II , 46 , ex persona nilhi srdere ocull ho-
minis histrionis videbantur. Voyez Boettiger Prolusio de personis
tcenicis , p. i4 , ou la peinture d'Herculanum Ct. IV, pi. 34),
qu! explique ce point , est deja citee. On peut comparer encore les deux
itatues d'histrioHj dans le musee Pio-Cleni. , t. Ill , pi. 28., 29.
(48) C'est ainsi que, dans les visions de la fureur, Oreste { Etr-
BiPiDE , Iphig. in Taur. 288 ) , voit sorlir du feu et du s.ing du
veleinent des Furies, ct que dans la piece' intitulee Oreste, t. a56 ,
il les appelle aiftetla'sriis 1^ ofictKOvlaaii; KOfu? , expressions qui ,
selon les anciennes scliolies , doivent etre prises dans nn sens nie-
taphorique. D'apres cela , on pourroit expliquer d'une maniere s.i-
lisfalsante ce passage d'AEschyle , ainsi que plusicurs aulres , en
disant que le poeie a abandonni a I imagination des spectateurs le
soin de terminer ce tableau , et d'y ajouter les yeux sanglans. Ceux
qui connoissent les tragedies des anclens savent que celte allegorie est
frequente. Le poignard ensanglante d'Oresle en donne un exemple
frappant. D'apres plusieurs passages de noire tragique, ses mains et
son poignard qu'il vient de lever ( noT^aae; ^ voy. Schutz , ad
T. 42 ) , sont encore soulllcs du sang ricfiiiment verse. Ces expres-
sions sans doute ne doivent pas s'enlendre litteralement. Voy. RocuB»
roBT, Thidcre des Greet . U II, p. 22o»
4© ylrchceologie.
Suidas nous a conserves, il est dlt exprcss^ment
qii'il a Invent^ des masrjues (49) terrlbles et peinfs.
All reste, plusieiirs passages de la suite de nofve
tragcdie acqiierroient un sens plus precis , par ccs
yeux qui degouttent de sang (5o).
En rassemblant nialntenant les principaux (raits
que le tragique nous indique lui-menie sur le cos-
tume qu'il a donn^ a ses Furies, elles.devoient avoir
iin masque de Gorgone , iinc clieveliire de serpens , iiii
visage laid et ecrcise ^ montrant la lungue , des bras
longs , d^charnds , avec des doigis crochiis , en forme de
griffes; e^resemblables aux Harpyies , sans ailts, mais
etre preles afciire des pas de ge'ans dans les airs ; elles
doivent etre noires de la t^te aux pieds, aioir la peau
et le masque peints en noir , et ce dernier avec quelques
tacJies rouges auprcs des yeux. Certes , une figure sem-
blable ^toit faite pour inspirer la terreur et m^me
I'horreur. C'est avecraison que Mincrve pouvoitleur
dire : " Femmes, qui ne ressemblez a nul e(re que
" prodiiit la nature ; rien de pareil a vous ne se voit
<i chez les dicux ni cliez les hc-nimes (^1). " Et
c'est avec raison qu'Apollon les appcUe monstres
ddtestables ^ abhorres des dieiix {S2).
Malgr^ les difF^rens details qu'on vient de donner
d'apres le poete meme , il y auroit encore quelque
obscurity sur differens points du costume de ses Fu-
(4q) npoe-aTJiioi aiiia ^ xix^ia-f/.tva..
(5o) Voyez ]a iiole V, A la fin.
Cii) AEscnYL. Eumen. /io5.
(.')2) lb. 63i ,011, selon d'auties tslllions , G4S. On pent en*ca:fj>
comparer le vers iS5 et suiv.
Purlers. 41
ries , si uous ne (louvions des renseignemcns. a re
sujet dans plusieurs autcurs de l'antiquil(5 , loisqu'ils
nous donnent les debcriptions de processions, de far-
ces, de spectacles el de costumes de diflerens peuples.
Le cyniq^je Menippe (53) qu'on peut regarder
(55) C'est aiiisl f\u\\ est »ppele par Scidas , au mot <f>cei6S
( I. Ill , p. 589 et sulv. ). DiOGrNE de Laerte , VI , 102 , rapporte i peu
pies la memn cliose , presque avec les menies expressions , du cy-
uique Menedenius. Ces deux conipilateurs out pulse I'un et I'autre
dans la nieme source , dans HIppobotus , auleur d'une Galerie des
Philosophes ( ccvaypeiipif rav ^tXo<roipav ) , et que Diogene paroit
avoir exirait fort souvent ( Jonsids , de Scriptor, Hist, philosoph.
IV, 27 , p. 256). I! faur done que I'un ou I'autre se soit trompe
sur Ic nom du phllosophe. Todp ( Emend, ad SuiJ. p. 55i , ed.
Lips. ) n'ose rien decldt-r a ce sujet. II paroit cependaiit Infinlment
probable que ce trait bizarre appanient a Menippe. Ce cynique , qua
Liicleii prit pour modeie , avoit cela de paiiiculler de jouer quelque-
• fois le rule de certaines divinltes ( Hemstebhuys , Introd. ad Lu-
ciani Dial. Select, p. a , 5 ). C'esI alusi que , seion Diogene (VI, 101 ),
il composa des leltres tres-elegantes au nom its dieux. L'anliquiti
avoit de lui un ouvragc intitule, NekuVo!, I'Empire des Motts ,
^ans lequel il s'allribua sans doute le principal role , dans une visite
faite aux enfers Ce qui donne a ceite conjecture le plus grand degri
de probabilitp , c'est le dialogue intitule HiKVO/^a'/reta , qui se (rouve
encore pannl les ouvrages de Lucien. Menippe v arrive en droilure
du S(^jour des ombres , et il y est represenle dans un costume em-
prunte de la Iragedle ^ c'est-a-dlre avec le chapeau de voyogeur ,
la peau de lion et la lyre , pour se caracteriser ainsi, conime Ulysse ,
Herrule et Orpliee , qui, tous les -Irois , avoicnt ele risitfr I'enfer
avant leur niort ( voy. LuciAX. Keryom. c. 8, t. I, p.ig. 4Ci7 ,
Tfuyiicati f.cotXa. T^afUTrtUTCcfiivos u-jsa r5 <rj^>),M«rof ). Ce. Me-
nedemus ( ou Menippus ) a done en effet paru un jour en public sous un
Iravestissement pareil. Cette circonstance, qui a echappe a lous le.«
ronmieniateurs de l.ucien , menie a Hemsterhuys , jelte cependant une
Bouvclle himiere sur le dialogue de Lucieu en question ; mais 11 foulfie en
4^ ArchcBoJogie..
comme le favorl et le modcle de Lucicn , s'avisa un
jour de paicourir Thebes , costum^ comme line Fu-
rie , sous prgtexte qu'il ^toit I'envoy^ des enfers ,
pour examiner les crimes des hommes, et pour en
rendre comple aux divinites et aux puissances Infer-
nales. Diogene de Laerte et Suidas , qui I'un et
I'autre ont puis6 dans Hippobote, terminent leur
rdeit de cette farce tragique par la description sui-
vante : •« Son vf tement ^toit compost d^une iunique
f noire qui descendoit jusqu^aux pieds , et aulour
« de laquelle il y avoit une ceinture rouge -persique.
V Sa tele eloit coiffde d'un chapeau de voyageur ar-
- cadien J sur lequel on avoil figurd les douze signes
" celestes ; il avoit une chaussure tragique de chas-
■< seurs J une tres-grande barbe , et dans la main uit
" baton de frene. >■ II est ^vidept que, pour rendre
cette mascarade plus extraordinaire et plus frap- *
pante, Menippe aura ajout^ a son costume de Fu-
ries des details qui , au fond, leur etoient Strangers.
C'est ainsi que la tres-grande barbe n'appartenoit
^videmment qu'au philosophe cynique, et il vou-
loit indiquer par-la qu'il ^toit, pour ainsi dire, une
¥urie male. Le chapeau de voyageur remplaca le
masque des Gorgones , et se rapportoit ^videmment
a son grand voyage aux enfers; peut-etre aussi
qu'il voulut par -la faire alkision a Ulysse qui
revint des enfers , et qu'on reconnoit ^galement a
ni<?me temps les raisons qui font croiie que cet ouvrage nVst pas
de Lucien ; raisons que M. Wieland a developpees d'uiie maniers
rres-iugenieuse , dans sa traduction allemande des OEuvies de Lucien ,
£. II; p. 557 et suiv.
Fniies. 43
cette coiffure (54). Ordinalreraent ce cliapcau
de voyageur n'avoit point de bords , et senoit la
t^tc comme un bonnet de nuit. Mais celui de
Mcnippe, pour e(re plus fiappant, avoit un grand
rcbord sur lequel il avoit fait figurer le zodiaque ,
symboleconnu dcs arts magicjueset astrologiques(55).
Par-la, Menippe se disoit en meme temps un grand
niagicien et un necyomante. A I'exception de ces ad-
ditions , de ces ornemens h(5t^rogenes, tout le teste
r'est que le veritable costume des Eumenides , tel
cjuMCschyle I'a invent^. La tunique longue , noire,
ct descendant Jusqu'aux talons ( x^''''^^ wo^^n'fiijf ) , in-
flique d'une maniere d(:termin^e le vfitement des
(54) C'est pour celte raison , du moins , qne le Menippe de Lu-
eieii est coiffe d'liti jriAof , dans la JVerj-onzanf/e ( c. S , 1. 1, p. 467);
car, qu! ne connoit pas le pilcus, symbolo caiacterislique d'Ulysse ?
60LEBIUS ( ou proprement Ra-vnaud ), de pileo , c. 8, p. 167, ed.
d'Amstcrd. , a deja tics blen observb que ce chapeau de Toyageur
n'aToit ordinaircment point de boids. Ici il est question d'un cha-
peau entoure d'uii large rebord. Voy. la note IX , a la fin.
(55) Menage a tres-bien moiitre que le mot ^(>t)(,tiu. signiGe ici
Ics signes du zodiaqne. Cela donna lieu k une cspece parliculieie de
divination. Celui qui s'y livroit , etoit appele 'rotx^laif^eiTix.os ^
el les figures ou talismans cliarges de parelllcs caracreres magiques
ct astiologiques portoient le nom de C'iJ;;i£<4|««T<;4. Voycz lo. Ca-
MEr.ABttis , de fi^neri'fius divinationum ac greeds latinise/ue earum
"vocabulis (Lips. i566), p. 124 , et Saumaise , de annis cl:riac-
teristicis , p. 576. Ces significations manquent dans I'excellent ditrion-
naire grec , de M. Schneider. Le zodiaque , au rcate , etoit souvent
employe comme ornetncnt. Voy. Gdattahi, Monuin. Antichi ine-
diti , pour I'annce 1786, p. lvi ; on le trouve aussi sur les niL--
daiiles impiri.dcs. Voy. Vaihant , Select- Humismata e Mtiseo dc
Camps, p. 94.
44 ArchcBologle.
Furies , sur la forme duquel les expressions d'^E--
scliyle nous laissent encore dans quclque incertitude.
Peul-^tre qu'au lieu de cette espece de falbala qui
servoit comraun^ment a alonger la tunique jus-
qu'aux pieds, cePe des Furies dtoit along^e par
des peaiix d'animaux (56).
La tunique noire de Mcnippe ^(olt relenue par
unc ceinlure , et les Furies, comnie de bonnes rAas-
sereascs , exercees a la course , elolent de meme
Vtf^avo/ ( bien ceintes ) (67). Suidas caractdrise
la ceinture par I'^pilliele -persique ; Diogene dit
qu'elle ^toit d'un rouge ecarlate ( Z^mij ipainx-lt ). II
paroit que Suidas a conserve ici la veritable lecon
(56) Les tunlques employees sur le theatre etolent toujours longties,
^lovuiriUKOi , ainsi qii'llssont determines par Pollux , Vll, 60 C'est
ainsi que Lucien nomme expressement les ;i(rSve,- W6<^.)'p£/J parmi
I'apparell traglque, dans son Ji/pUer Trog. ch. 41 , t. II, p. 6S8
(W. d'Hemsterhuys ). Ordinairement eljes etoient sans ceinlure,
ifieiuhoi. Celles des Furies avoient une ceinture , et paroissent par
consequent etre de Tespece de celles qu'AEschyle , dans un drame .
perdu aujourd'hui , intitule TO^VJej , a appele ^4««T« 7r£<^«(pof « ,
des tuniques avec une garniture en bas ( voy. Hestch. r. II, c.
S99, 5; PoiLux, VII, 5i ). Coninie chaque vetement formoit un
lissu particulier, il etoit difficile de tisser d'une seule piece desju-
riques assez longues pour descendre jusqu'aux chevilles; les X''^'""'^
VaS'^ii? avoient toutes de longues garnitures ( 7r£^<'.? , institas).
Voyez Saumaise, ad Script, hist. Augusta:, t. II, p- 556 , sqq.
11 me paroit done vraisemblable que , dans ces vctemens , laiei
oil la garniture etoit une KecToivomi) ( Pollux , VII , 68 ) , peut-etre
de peaux noires d'agneaux. C'est ainsi qu'on pourroit expliquer la
sjnguliere epitbete , Qy,oc-!Ti7sXai j donnie aux Furies dans Orphee»
hymne LXXYIII , 7-
(57) AEscHVL. Eumen. 76, 127, 225, 240, 5*9, etc.
Furies* 4-5
il'Hippobotus , qui ^tolt la source ou lui et DIogene
out puis^ , et que I'expression d'un rouge ccarlale y
employee par Diogene , en est la glose ou rex-
plication. 11 est, en effet, tres- vraisemblable cjue
les Grecs ont donn^ le nom de ceinture psrsique a
une espece de ceinture ou dcharpe large, d'un rouge
^carlate , qu'on leur apportoit de I'Asie (5y). Encore
(58) Jusqu'au temps d'Alexandre , les decs furent bien loin d'at-
telndre le luxe usite depuis longtemps en Asie. C'est pourquoi ils
appeloient persie/ue , tout ce qui , dans le costume , les ornemens ,
les effets , seivoit aux agremens et aux commodltes de la vie , et se
disllnguolt par son ^ligance , ou la beaute et I'eclat des couleurs.
Le coq nieme etoit appele opvif WEpcroeof , a cause de son plumage
varie. C'est alnsl que les femmes grecques se servoient dune espece
de paiitoiiffles elegantts , appelees JTEpo"*** ou :T£p(r(xa( (persiques),
<]uolque devenues dans la suite fort communes (Poixux, VII, 92, et
ad Hesich. t. II, c. 944) '4)- C'est ainsi qu'on avoir des poignards
persiques, des batons on Cannes persiques ( c'esi-a-dire , dont le bouc
superieur etoit recourbi^ ) , des vases et des chapeaux persiques. C'est
ce que prouTeiit plusieurs passages de Pollux. Saides etoit la Tille
d'ou les Grecs liroient la plupart de ces marcliandises ( AmsTOPH. Vesp.
1 104 ) , qui, pour eux , itoient , ci pen pres, ce que sont de nos jours
celles des Indes pour les Enropeens. Les echarpes ou ceintures persi-
ques paroissent avoir ete principaienient un objet de luxe pour les
Grecs. La S*'? wsp««i) du grand roi ( du roi de Perse ) etoit un
des ornemens cheris d'Alexandre le Grand (Diodoe. Sicui. XVil,
77, p. 220). Les courlisans tomboient sur les genoux en voyant cette
ceinture, ainsi que le reste des ornemens du roi; Ttjv 7r£p«x(iv Qaoylf
wpoc-KUvSiTiv , dit Plutarque, (/re Alexandr. c. 5r,t. IV, p SjS ,
ed. Hutt. coniparez Bkisson, de Regn. Pers, I , p. 4> , ^d. Comme-
lin. ) 11 parojt que les ceintures des princesses n'^toient pas moins pie-
cieuses , car on leur donnoit souvent ies revenus de plusieurs villas
pour I'entretien d<:s ceintums. Voy. Bbissom I , p. 76 ; Psrizok.
ad ulELian. el?. >
46 Archaologie.
aujourd'hui , les costumiers connoissent tfes-blert
I'efFet que produit sur I'ceil le rouge ^clataht , ap-
pliqnd sur un fond noir. La large teinUue rouge,
couleur de sang, ornee vraisemblablement de fran-
ges longues et fiottantes (5cj) par-dessiis la tuniqufe
noire, ne pouvoit point nianquer de produire beau-
coup d'efFet dans ce costume des Furies. Les poetes
post^rieurs donnent aux Furies une ceinture de ser-
pens (60) ; mais la ceinture large et simple ^toit
bien plus dans le style de la trag^die elev^e (61).
(Sg) Lorsque dans les Perses d'AEscIijle le clioeur adresse la parole ]x
la reine , il rappelle(v. i55) ^i^^uZfis^av iti^nSm a.ta.osa, A ceiie
occasion , les anciennes scholles observent que le nom ^c^^uCfi'iOl
est donne aux femraes peises , aik ■to xfoosm t*? l^dvas e;^^"'*
'Kfoos^oi sont les franges dont est garni le bord inferieur (voy. Cupek,
Ol>s.l, 3, p. 19, et Saumaise, ad Script. Hist, .^ug., t. I, p. 549).
Ces cordons pendans et ces franges longues pouvoient , a une cerfaine
distance , efre ires -bien confondus avec des serpens, aussi bien que les
^ua-ayoi , ou franges de I'AEgide de Minerve, dont Herodole (IV,
189) dit : ^ua-uvot — ix o(p(is ita-i , «»« ifixvjtvoi (les franges ne
sont pas des serpens, mais elles sont faites de peaux). La ceinture
persique des Furies pouToit de meme , dans le loiutaiu , avoir I'air d'etre
bordee de terpens.
(60) Dans uu fragment de I'^/c/ra^yon d'EENNius , cili par Cicebon
( y^cad. Queest. II , 28 ) , les Furies sont appelees coeruleo incinctoS
angui , d'apres la correction indubitable de Columna, dans I'edition
de Hesselius, p. 2S4. C'est ainsi qu'on lit dans Ovide {MC-tam. IV,
482) , torlo incingitur angue , et apres qu'elie a termine son ouvrage ,
tumidtinique recingitur anguem ( v. 5io), car c'est tutniduin qu'il
faut lire , au lieu de sumtum, qui ne seroit qu'une expression plate et
inutile. De pareillcs images se trouvent dans Stage , Claudien , etc.
(61) La ceiulure large ^toit un caraclerc essenliel,comme on le voit par
diff^rens monuoiens cincicns, oii les persoonages tragiques du piemiM-
Furies. 47
Za chaussnre traglque ( t^Koarci r^ayiKo) ) ne paroit
pas indiquer la cbaussure la plus ^lev<?e des ancien*
traglques, employee sans doute sur la scene, dans
des roles de h^ros , niais seulement la chaussnre
creiise ^ qui avoit aussi deux ou trois semelles de
li^ge , et qui , par consequent , agrandlssolt un pei>
la taille. A ce sujet , il faut se rappeler qu'^schyle
lui-meme represente ses Eumenides comma des
chasseresses qui poursuivent le coupable avec rapi-
dity. Le veritable cothurne vient de la Crete, ou
il n'dtoit la chaussure que des chasseurs de cerfs
et de chamois. On lacoit le pied jusqu'au miliea
de la jambe , pour le preserver contre toute espece
de lesion , et pour ne pas se disloquer le has du
pied, en franchissant les precipices et en grimpant
les rochers (62). Comma ce cothurne difF^roit de \st
rang ont de parelHes ceintures. Tel est I'acteur qui fail le role d'Hercule^
»ur le bas-relief de la Villa Painphili , public dans les Monumenti ini-
diti de "WiNCKELMANN , n." iSq ( voy. les ObservatiODS de 'Wiuckel*
mann , p. 347 ). Telle est la Melpomene sur le sarcophage du Capitol*
( voy. ViscoHTi , Mus. Pio-CUm. I , pi. B. , n.'' 9 ) ; tel est enfit*
I'acteur tragique sur une peiuture d'Herculanuni ( t. lY , pi. 4' ) 1 ou I'
ceiature est en or.
(62) Hippocrale ( de Artie, t. 73, t. II, p. 629 , ed. Lind.) re.
commande toujours la clwussure cretoise , le icfiriKoi rpcTSos rent
iTrostjfiaTay , contre les dislocations des chevilles; et c'est a I'occaslon
de ce passage qne Galieri ( t. V, p. 644 , ed. Basil.) a donn^ , de ces
cothuriies de chasseurs , une description si claire qu'elle pourroit servir
pour en faire. C'etoient des bottines lacees , servant pour courir dam
Ics montagnes. C'est pour cela qu'elles etaient appelees nofOfCiOK ,
*t qu'trllcs etoient particulierement la chaussure de Diane de Crel*
(PoiLux, Vll , 193). On leur doofloit aus»i le nom generique d«
48 Arcliccologie.
chatissiire employee dans les maisons en clans I'in-
terifur c!es villes , en ce qu'il n'etoit pas seulement
compost? d'line scnielle de bois ( QayS'kxtay ) , fix(?e
sons le pied a>i moyen de quelqnes courroies qu'on
lioit par-dessus ( uT^o'^'^jf^toi ) , on lul donna le nom
de chaussure creuse. II semble que ce cothurne de
chasseurs dorique-ci(^tois, adopte par ia suite dans
la Laconie , a pani Ires-convenable a ^schylepour
le costume de theatre, parce que les liens qui ser-
voient \ I'attaclier aux pieds etoicnt susceptibies
de beaucoup d'ornemens (63), et qu'ils contri-
buoient a relever la forme des pieds des danseurs
dans les choeurs, et a leur donner plusd'el^gance(64).
ifHooytfAula. x-Oii^ci , chaussure creuse (Pollux V, 18 , VII, .'>4 ) '. e*»
comme tels, ils appaitencient al'espece de chaussure appelee xp'f'Tioey.
C'est ainsi que, dans Philosliale , Atalanle vient jolndre les chasseurs
avec line »p>)7rij VTiif (r(pvpoti ( une crepida ou colhurne sur I'extre*
mile dii pled, ou sur la cheville ). On pent consulter & re sujet Span-
HEiM sur I'hymne a Diane de Callimaque (16, p. 180 ) , ou se houvent
Tes meilleurs collectanea sur celte nialiere.
(63) Voyez les commenlateurs sur ce vers de Virgile ( Eclog,
VII , 32 ) :
Puniceo stabis suras evincta cothurno.
Car , menie dans les statues en inarbi^e de Diane , d'Atalante et d'autres
nymphes chasseresses , ces courroies ^toient pcintes ca rouge h I'en-
causiique , picti cothurni. Ovid. Am. Ill, 33i.
(64) Le niti cothurno , dont I'inventlon est altribuee par Houacb
( Ars poet. , 280) k AEschyle, suppose aussi, sans doute , les sotihers il
echasses qui , au moyen de sernelles iiombreuses et epaisses , agran*
dissoleni la laiile des beros. Mais c'etoit Ik une nouvelle addition du-
({linie inventif de notie poete , emprunt^e de ce qu'on a|)peloit la chaus-
wjic lyrriieiijenne, qui avoil des senielles de liej^e de quatre doigis d'ir
Les
J.es acfeurs ilont les choeiiis Violent composes, ne
j)aroissent done avoir ^tt? chauss^s que de ccs Iiot-
tines t!e cluTsseuis , et non pas du cotliurne elev^ ,
ce (jui aiiroit donn^ aux Furies , dans ]a danse
qii'elles font autonr d'Oieste , un air trop embar-
rass^ et pen convenable a des chasseresses l^screS
a la course, comme ^schyle les represenfe toujours.
Ce qu'exige d^ja I'idre des convenances, sera par-
Faitement confirme par les monumens dont il sera
question plus bas , et sur lesquels on volt les Fu-
ries toujours comme de veritables chasseresses cr^-
toises, avec cette chaussure lacce jusqu a mi-Jamhe,
comme I'avoien* les chasseurs , niais non pas avec
le cothurne tragique. Revenons au trSvesdssement
dc Mt-nippe en Fuiie.
^a:sscur. C'etolt douc un aiitie costume national different de celui dcs
Cretois , et que le poete auia employe pour son cosiume de theitre ,
parce qii'il conyenoit au but <]u'il s eloit propose ( voy. le Nouveau
Jdercure allemand , 179c), noremhre , p, 222 ). AE^rliyle, en com*
binant la chaussuie critoise des chasseurs avec les semolles de liege des
souliers ivrrheiiiens, crea done unp nouvelle espece de chaussure tli6a-
trale pour servir dans les trajt^edles. Elie conserva I'ancien nom de
ttafofves , niais elle ne ful employee dans toute sa grandeur que dans les
roles des premiers h^ros , ft non pas par tons les acleurs et choristes,
qui devoient paroitre dune tallle bcaucoup moins i-levte que les pre-
miers Leros. C'est ce qu'on n'a pas distingue jusqu'a present avecasse^
Ae soin , et ce qui a fait confondre , d'uiie inauiere assez singiiliere, l6
coihurne de Diane et celui de la tiagedie. Wisckelmann ( dans I'ex-
Jjlcation de ses Monumenti inediti, p. 248 ) a ele lo premier a faire
epercevoir ceile difference. Sur le cothurne exiiaussant , appel^ pour
cela nicme ifiacerctt ( ichasses) , il faul comparer le fiagment re-
marqnable de Diomede , que VAi.cK,Ei<AEB {ad Jnnnonium , I, 18,
p. 76) a exirait de Ditinysiu3.
^ 00 ArchcBologie.
Dans la clpscription qui en a €\.^ rapporti'e plus
haiit, ce philosophe porte aussi un baton de fr^ne
(paoJ'oii ^E/Ai'v^v). Ce n'est pas ici le baton noueux des
phllosophes cynlques , qu'ils portoient a I'lmita-
tion d'Hercule , le grand protecteur de leur secle ;
mais un autre tout different , qui fait pariie de la
representation iheatrale. Un baton long et droit
eloit^ en general, le symbole de la fragc'die, qui,
par-la meme, se distinguoit de la comeclie et du
drame satyrique, caracteris^s par le pedum ou ba-
ton reconrbe en haut. Mais , dans la main d'une
Furie, le baton indique encore plus particulierement
la divinite v^ngeresse et punissant le uialiaiteur.
On pent se rappeler ici les differentes occasions oil,
dans ranliquit^, le baton ^loit regards comme le
symbole du pouvoir jiidiciaire ; 65) , et de celui qui
' punit. II faut de m^mesefigurer les Furies coia me des
especes de licteurs qui ne portoient pas le ba(on seule-
mentcomme un ornemenl. L'ali^gorie relative a cet
objet , qu'on trouvoit sur la caisse de Cypselus , est
tres-remarquable. On y voyoit , enlre autres , une
telle femme qui maitraite une femme laide qu'elle
(65) C'est ainsi que les b;"itons (_ pnodoi j etoient le symbole (?o la
puissance du Gymnasiarqiie (Fi.scuer, in Iiid. ad .AEschin. Dia-
logg. Ii. V. ) J <3cs Brabeutes et des juges des combats. De-la le mot
fnhaevouitv slgnifiedans Soohocle ( 2'rachin. 5i6) , litre juge des
combats. Partout le batou indique le pouvoir de faire punir ei de I'aiie
batrre. C'est aussi ce que les Romalns vouloleiit iiidiquer par l(ui$ 1,'c-
teuis. Tou-> ces magistrats giecs avoienX aussi des licteurs (_ pii<iiv/^ol J%
On peut comparer a ce sujet Aristophame , in Pace, 755^ oil if eg|
quesiioa des juges des jeux daas le$ tiicatres. foi.i.L':c^ III,. i63«
I^iines. 5 1
Saisit cl'iine main par le cou , et qu'elle frappe criirl
Laion rjuVne lieiit dans I'aulre (66).
Ell voila assez sue le philosophe cyniffue en cos-
tume cJe Binie. Ce qui pent eucorey resfer d'obscur
et d'incertain , s'ex'plique par un passage de Lyco-
phron. Dans le monodiaiue de eel auteur , (easiandiJi
snnonce qu'elle sera divinisee par les Danniens ,
oncienne colonie grecque dans I'Apulie. II y avait
cliez ce peuple line coiitume assez bizarre. Les lilies
luibiles qui ne vouloient pas se uiarier, slloient
embrasser la statue de Cassandra , et dcvenoient
ainsi en quelque sorte consacrees. Depuis ce mo-
ment , elles s'habilloient en noir (66*). C'est ce qu'on
appelolt le coslunie clcs Furies. Voila ce que Lyco-
pbion fait dire a Cassandra (v. Ii3i et suiv. ) 5
« Lorsque les jeunes fiiles rcfnsent de s'imposcr le
•■ joug qui les attend , et qu'tlles veulent eviter
(G6) Pausanias, v. i8, p. 79. T^'i iuitir,; yv'ici:Ka, aiT)yput
Ki)tsic,sc-a , Kdi Tij fiiv U7! ii[x,iS<r<t aurljv, ~ti ai caioai -jcxlisirci ^
AlKiJ an return 'Aoiy.iuf ^fXTtt Wi. Hey.ne, <1jus sa dissertation sutr
la Caisse de Cypselus , p. 37 , a deja cite cet excniple de I'iiiflutsnce
exeicee par le langage figure sur les arts du dessii). La Aik^j est rres-
sourent ronfondiie avec les Tlonect et les Fiiiies. Vdy. WrrrEKsACH ,
acl Plutarch, de Ser. Ku/n. yind. p. 17. Ce n.'est fjue par-lj qu'on
pcul expllquer le passage celebre d'EuRiMDE ( ILppolyt. 1172), que
Valckenaer meme a mal conipris , et dans lequel I'expresslon po-^^of
Af-y,; ne doit pas etie expllquee par la niarcLet:e de la souriciiJre ; mai*
par ci- baton de correction. Cost a nsi encore que Pindare ( Olynip,
IX , 5o ) donne a Hades un fuocoi pour faire enlrer les inortels dans
!rs aLymes do I'Orcus.
(filj*) Ce costume a ete adopte aussi dans la suite par les rcligieuses
cu lilies v.onjacrt(S i Dieu. Voy. TeriuUUn, Jean Chrjsostorae , etc.
D 2
5a ArchcBologle.
H le manage , elles viennent seirer foitement ma
<. statue qui Ics defend contra le lien conjugal.
- Elles ont le vctement des Furies , le visage peint
» dc sues de diffJrcnies flanles. C'est ainsi que je
.< snis adoree, comtne df^esse ^tetnelle , par les filles
•• qui poilcnt Ic baton, ••
TzeJzes, dans son commentaire sur ce passage
qiiil a tire de scholiastes plus anciens, cite iin fiag-
ment de I'liistorien Timreus , qui , dans ses hisfoircs
italiques, a surtout recueilli les traditions des lia-
bitans des cotes del'Italie , et dent Lycophrun pa-
roit avoir tir^ parti pour la composition de son sa-
vant poeme (67). Tlmffius rapporte , selon Tzeizes,
« que ces t'emmes dauniennes portent un veteaieut
« noir, et peignent leur visage en rouge j qu'elh-s
•I ont une large ceinture , une chaussure crcuse, tt
n qu'elles portent un baton dans la niaiu (60). "
(67) Les anclcns appfiloienl dc^ja cc( Iilstorleii yiixo(ru».ii'SJpcct ,
k cause du grand nonibie de conies de vieilles femiues qu'il dcblloit
dans ses ouvrages. VoyezSuiDAS , voce Ti[.i<tloi , et Voss , de Histor.
Crcec. 1 12, p. 82. On pourroit, sans elie injuste , donner le irieiTie
iurnoin a Lycophion , qui saisit avidenient , et a cliaque occasion , les
rccits fabuleiix de Tinijeus , comme on Ic volt par plusieurs citallous d«
Tzelzt'S entre autres dans la fable de Podaliiius , v. io5o. 11 paroii que
ks Dauuiens surtont avoient une grande aboadance de lugcndes, et
qu'elles ont joiie un role important dans renuuierallou des traditions
coniposee par Tlmxus, dont les fragmeus meriteroleni d'etre recueillis
s^-parement. II parotl au surplus que cet autenr y a donne une descrip-
tion exacle du \etemunt des homnvs et des feuiines. C'est ce qn'on voit
par une citation del'olliix, 11,29, oii ii est quesliou de E>!.lo^ito; a-y::? ,
/i'une chevelure hecioiit-nne.
(68) A( T»ii Ay.'jn^ii ywKi'iiS. [■'.'i>^!Xli»i iSiirx. ^«:u<r< >(^
Furies. 53
Pliisleurs savans qui se sont ccciip<!^s cle I'histoire
la pins ancienne dr I'ltalie , out de^a fait I'obser-
valion que les anciens habitans de ce pays avoleut
I'habitude singnlieie.de donner a leurs usages iine
oiigine grerque (69). Vraisemblabiemenl il en ^loit
de nieuie de ce costume d« Furies des fiJles c^-
libafaiics des Daiiniens , qti'on retrouve aussi sur
]('% cotrs niariduies de plusieuis pays occidenfaux
de I'Eiirope (70). Des voyagcurs grecs viient cet
Kuli^iS(r('^. II est tiaturel (jue le sclioliasle ne doiine re passage que par
exiiaiu II est vraiseiublable que Tiniceus n'aiir'jil pas eiyploje le mot
oVftf. On peut encore pi^suiiier qu'apr^s le mol srt/f^a il y avoll en-
coic, dans TJnixus , les mots K«f Kumviii.
(60) On peut consulter h ce snjet le IV.° Excursus de Heyne , sur le
Vll.° livre de I'AEneide, p. i5i et suiV. Cet excelltnl Excursus vaut
blen j a lui seul , uiie douzaine de topographies, aljondnmnieni pour-
yurs de citations , lelles que les donnpnt souTpiit les antiquaires d'ltalie.
(70) Les Ibcrieiis , dit Posidonius, ddtis Atli'iue, Xil , 5, p. 5^5,
B , quoiqu'ils portent de longs veteniens Iragiques , de difftrentts cou-
leurs , et qu'ils se serveiil de luniqufs qui desccr.denl jusqu'aux pieds
^•/^lluxrt ■aco/i^in ) , n'en so«t pas moins dp vaii!ans guerritrs. II pa-
rott que c'est dans le miime Posidonius que Slr.ibon a pris ce qu'il dit
Hux les liaLIians des Cassiieridcs , oil iles qui produiseni I'ctain. » II y a
c< ( ditr il , ]II , p. 265) des liommes vctus en nolr ( ^£A«fj^Ai>t<K)/ ,
^pilliete qui est donnpe ii beaucoup de peoples anciens , voy. Hebodot.
IV, 107 , Tacit, de mor. Germ. c. 45, et les notes sur Ammianus
IMARCELitNus , p. 476, de I'tdlt. de Gronov.), « qui sont dans I'usrige
« de portet de lougues tuniques, avec une ceinture sur la poitrine ,
« et qui sa promenent avec des batons ( f*ii«- fttoaav -Zirjf (jja7SvT£y ) ,
•c s^'Ublcibles aux Jeesses vengeresses oupuniisantes, dans la tnt-
f £aJic " (^oftaigi retis r^cefuxiS ncivMt;, selon la correction iu-
D 3
54 'Archcvologie.
ancien usage national , et comparerent ce cosfume
a celui de leurs Furies sur Jes theatres. Ce fut ce
qui Ics engagea a iiiventer la fable de (Cassandra.
Ce fragment de Timasus et I'emploi que Lyco-
pliron en a fait, sera toujours tres - remarquable
pour nous. Les jeunef fiUes qui s'habillent en Fl;-
liesj se peignent le visage de difFerenfes couleurs
artificielies (71) ; cela sert a confirmer ce qui a ^It5
dit plus liaut sur la couleur noire applisjuee sur !e
masque de Gorgoues , sur les ^paules et les brasdes
Furies d'^schyle. Ce passage nous fait voir encore
que le baton, la ceinture large, et la chaussure
de chasseurs , ^toient regard^s comme appartenant
n^cessairettient a ce m^me costume. Ce n'est* que
d'apres toutes ces donnees, qu'on peut determiner
d'une maniere certaine le plus ancien costume des
Furies , et expliquer dilFerens passages des au-
tcurs qui n'cn parlent qu'en terines vagues et
generaux (72).
flubilable de Casauhoii , que Slebenkecs a recue dans le tPxte, d'apres
^Qi niaiiu'Jcrits ( voy. son edilion de Sirabon , t. 1 , p 4(39) Uii
passage de Tacite ( Annal. XIV , 5o ) pourra lever tout re qu'il y
euroil encore de difficultes. En pailant dela defense de I'lle de Mona,-
•elon touie apparence une des ancien nes cassiierldes, II dit : « Inleicur-.
<? s.ant Feminse in moduiu Furiaium , qiiSe veste /ernlij cricibiis deifc-i
« tis faces prxfci'unt. « F.roesii , pour n'avoir pas songe au veteineiit
noil- df-s ri-.i ie? de la liagedie ancicnne , liesite sur I'explication de I'ex..
prfsiion i.'estis ferniis.
(71) Lyrophron se sert de I'expressloii fi^Kf /Jaipaj. Lorsque ^:Coj
f(t 6mployi.,aii sin£;(iller , il designe loujours le visage. Voy. Hesxcuius
»ous ce ri,iol , et VEiyniologicon de LE5NFrs, p. S46 et suiv.
(7a)C'fest aiusi que raussoias (IJI, jg, p. 41S; rappoite que To--
Furies, 55
Les Furies tenant un baton clans la c^auclie ,
pouvoicnt ties - bien secouer encore un flambeau
clans la main dioite. Cependynt il faut observer que
ni les descriptions detaillees du phis ancien costume
lyxo , /-ponse de Tlepolenius , fit tiier Helene par vengeance, clans
J'ile «le Phode ; qii'elle la Kt siiipiendie au bain par ses esclaves , -vccues
en Furies, et qu'elle la fit pendro a un ailiie. D'apies ce qui a ele dit
iusqu'd present , on volt bien ce que signifient les niols Prpa5ra(v«j
EflvfUTiv itrKiuaa-f^iia;, C'esr aiiisl que Dion , p»u de temps avant sa
ijioi t , Tit dans un portique sombre de sa niaison un spectre : ymctiKet
^tfaAijv , <ioXvi f-tii Kcit TSiotraTr^ ft>!etv 'Eonvvoi T^ytyjy^s
?rs:^«^ii;T7»ff«» , (rat pvo-av e\ x.a/i:vvrfii) tivi T/tv onciav, « Une
« grande fcniine , laqiie lie , quant au vetement et au visage, ne difft-
» roit point d'une Furie tragique , ct qui neifoyoit avee un baJai la
«■ niijisrii. » Vo\»7. Pliitarqcje, dans la vie de Dion, 55, t. VI, p.
•,!2i , ed. de Hutten. II n'ey ici nulloment question des altribuls qui
onr ele donnes arx Furif s dans les temps posteripius, lels que les fl.im-
boaux et les serpens. Dion apeirut la Furie n.aigre et alongee d'AEs-
chjle, & cetle difference pres , qu'au lieu de baton elle avoil uu balai ,
avcc lequel elle netloyoit la maison. Cet'e artion est svniboiique , et sl-
pnlfie que Dion devolt cire tnut-a-fail externiine. CVsl ainsi qu'ArisIo-
plianc doiine a Jupiler un balai pour balayer la Crere,par lefleaudela
£;ucrre du Peloponnese. Voila comment Tr\ga=us, dans Teffusion de
son patrioli.'me , s'cciie, en tournant ses regards vers le ciel ( Aei-
STori). in Puce , 58 ) :
— \ — 'il Z£u,ri ■sroli liis>,tuii Tcpuv',
Kaiuiii TO KofKftW fiii 'KKOfii THii '£*««?■«.
<c O Jnpller , que veux-tD faire ? Depose ]e balai , ne' balaye pofm
c< loCiere. » Wagner a done bion fait de recevoir , dans le texted'AI-
cipliron ( III , ep. 62 , I. II ^p. iSg),lj \econ iKKa^y,iitriS , t^ue tu.
sois extermin^, coinine imprt'calion , au lieu d'txxouf /otcS'i;;? , ainsi
qu'il a ete observe par Bergleb et par Schneidfr. ( Voy. KiiiTER, ad
SuiD. voce Ko^it/iu , t. II, p. 549, et les notes sur Hesychius , voce
tKHo^ari J 1. 1, col. 1157, cd. Aibebti j.
D4
55 Jrchmohgle.
tragique de ces deesses, conime nous venons dc 1 exa-
miner, d'apres les fragmeiis d'Hippobotus et de
TimJEiis, ni ^scliyle !ui-m^me, aiitant que j'al pu
m'en convaincre d'apres un examen fait avec atten-
tion, ne font mention de ce dernier attribut (73}.
(73) A ce que je sais , il u'y a dans les Eumenicles d'ATschyle que
deux passages qu'on a rapporlus aux fl.inibeaux des Furies. Dans I'liynine
de» cbaiiies ( ijMi'cf ^(O'fiiot ) , qu'elles chanteiit en dansaiit aiitour
d'Oresie, elles disent (t. 5j5): « Nous regnoiis, sepaiees des dieux , sans
« ponipe et sans erlat , dans un sejour oil marc hent avec peine le voyant
« et ravfugle,et e/ue n'eclaire point le sohil ioir.iXta >iUfi'Z3-a) >•
WiNCKELMANN , dans ses Monumenti inediti , p. 2o5 , a deja explique
ce passage des flambeaux des Furies , qui ri^pandent une fumee sombre,
et M. de Hombold , dans le journal de Berlin ( Berlinische Monat-
ichr/ft), i79i, aoijt y p. i58 , I'a auss! Iradiilt par les mots w/f ^on^ien-
scheuer Packet, c'cst-i-dire , avec un flambeau qui redoulele solefl^
Si par d'autres preuves , on' pouvoit etablir qii'AEscbyle a donne dc«
flambeaux a scsFuiies , on pourroit sans doute exptiquer ce passage de
ceile nianier*. Mais comnie cela n'esi pas , je serois plulot porte i I'en-
tendte d'une lueiir de feu qui les entoure , elles qui maiclient dans
I'obscurite ( iit^o(po'irti , Ilias IX , 56; ). On se rappelera S ce sujet
la vision d'Oreste qui, dans Euripide ( Jphig. in Taurid. t. a88) ,
voit la Furie £" ^iIclVoiv snif -^Wiirav , dont les habits vepandenr , et
soufflem, pour ainsi dire, du feu, C'est pcut-eire de )a que Plaion {de
Republ. X, t. VII , p. 526, edit, de Deux-Ponts) a emprunte ses
avSciS ita-!^ufiol , »'s liommcs en leu, dans le Ci-lebre mylhe de
)".'nfer. Elles sont en general enlourees d'un feu infernal. S^neque
( Here. Fur. 87 ) , en parlant des Furies , dit : Ignem flnmmem
spavgant comet. — Le second passage , que Bekgleb. ( ad Akistopii.
Plut. 424 ) explique, des llambeaiix des Fmies , se trouve a la fin de
la piece, v. 102R , oii ceiix qui assisient i la procession sole;ino11e
( a-eo^OiM^roi ) clianteni: «c i-':opic<s ei favoiables a ce pays, vi nt-/. ,
o deesses augusles; qne ces totchcs enflamm^es vous rejouissent !
n [^wtis/iS'aTilm Xa.fc7sa.St nfZTCfievui'^. >' l\l.iis, dans rout oe pa*
Wje*'' "'<?" q'lfStiou quo des flambeaux que le peuple, en lUonucuv
F/irlcs. 5 J
Le flambeau n^anmoins est un atdihut ancicn , g^-
neralement reconnu et caract^ristique de V Erinnys
tragique , selon I'expi ession de Properce , et on pent
cioire que , des un temps asfez iecnl(?, i! a ([6
employ^ sur les theatres des Grecs, pour caractd-
riser ces divinitcs vengerts-es. La plaismiterie seule
d'x^risfop'nane Ic prouveroit suffisamment. Dans son
Pliitiis^ lorsqne Penia ( la pauvret(= peisonnifi^e )
atlaque les deux vif>i;lards Chiem)liis el Elepside-
mus ( V. 4^3), Cliremylus s'eciie avec un gesle co-
mique d'(?(onnement :
<■ Qui es tu done ? Tu parois si psile !
Blepsidemus. " Peut-elre est ce la FLuIe de la
" frag(^die?
Chremylus. " Non , car elle n'a point de flam-
« beau , e(c. »
A cette occasion, les anciens sibol'asles font ex-
press^ment I'observation que le poete comique plal-
sante /Eschyle qui a introduit dans ses pieces les
Furies avec des (lambeaux (74)- Parmi les anecdotes
des Furies, doit ailumer (!t bruTer dans leur grolle obscure. Voila ce
que Minervw prompt, au vers ioo«}; et c'est pour cela que Jesoffrandes
<]iii doiveiit leur etre poi tees sent appelees (v. loii^O'Jtoyotilitaaiais y
dts offrandes accompagnccs de flambeaux. II ri'y est done pas question
de flambeaux portes par les Furies tlles-memes. Ft dans les deux pas-
«.iges d'£uiipide, ou ce poete fait roir & Oresle les Furies , au commen-
cement df la piere intltuli'e Oreste, et dans son Iphigenie en Tauride ,
tiles n'ont jamais des flambeaux, mais blen dans I'Oiesle, rers 274,
des ileches et un aic , conime dos cliajsei esses, pour s"en servir centre
le nialfalteur.
(J.,) ETHTKUzrld T^e i'lx Tuv 'E^miaiv A'kt^vXh vTscSfirit.
"^cc^iie-xyolut fttTc ^oif*7!ticett ^'.ifO'Xct6Sfeci J et I'auue scholiasts
58 yirchixologic.
Rur Sociate, vacout('es par difFi^iens auteurs , il y
rn a line ou des jeunes gens fac^tieux pr^tendent
]iii faire peur en se drguisant en Furies. A cetle oc-
casion , il est dit expresseraent qu'ils ont eu des //ani-
b:auj: alliiines et des masques de Furies (yS). Si les
Furies n'avoient pas ^te representees sur le theatre
des Grecs avec des flambeaux , ^Eschines n'auroiC
pas pu prononcer confre Timarchus ce passage c^-
lebre: <• Ne croyez pas, Alh^niens , que les Furies
" persi^cufent et punissciit le criminel avec des flam-
" beaux ardens, comme cela se fait dans les trage-
" dies (76). •> II est done incontestable que, dans
<lit uu^otTtv ct T^tf/ifooi £/j^£pe,'v tc,{]u A«|K5r«(5"4)» t cVst aussi ce
que Suidas a extrait dans son dictlonnaiie sous le raot T^ymt^ttt^
r. Ill, 496.
(/S) lis le gupttoienr , dit AElien ( T/ir. lUst. IX , 29 ) , ^uS'ei?
'(•/,f»lti y!f.iy.eva; xai Epimlav TS^nTaTra. II y a , dans rantiquilc , une
Iradiiion paiticuliere d'anccdotes ; snuvent la meme Iii.sroire est rappor-
»ie avec de perits changemens de plusie'irs liommes celebres. Qiielque-
iois on peut ties-bien suivre le fil de ces Iradilions jusqu'aleur premiere
engine. Ici c'e t une aventiire airivee , S ce qu'on pretend , l^ Demi-
crile, et que LuciSN {in Philopseud. c. 35 , t. Ill , p. 69 ) raronte
d'une maniere fort plaisante. Quelf|ues aulcurs I'ont voulu laronter de
Socr^te , en y faisant quelques petits changemens. Je trouve tres-pro-
bable que !a fameuse lijstoii e des spectres , que Pline ( Epist. VII , 37 )
rapporte d'^theuodore , vient de la meme source , a rela pres qu'on y
a fait des changemens considerables. Lucien la raconte d'un certain Arl-
gnotus. Les peres de I'eglise en font des lentations du diable, etc.
(76) Ko>,a^itv ScfTii ■/:fc/ititai; (p. ig6 , C. ed. Vyolf). Ce passige
a ete iniite souvent par de» auteurs grecs et latins. Tout ]e monde con-
iioit les imit.iiions de Ciceron , pro Rose. ylin. c. 24 , sect. 67 , ct tie
legg. I. 1 4- NtTOn voyoit Ics Furies de sa mere , armees de flambeauJC
(SuEXOK. in Net: 84). Dans les poetes latins, les Furies allument leuiS
Furies. 59
<1rs femps fres - anc'ens , les Furies dcs lli(?atres
t'lolent arni/es de flambeaux; ct , comir.c les danses
de flambeaux Violent iin drs jeiix les plus ch^ns des
Adifniens , et que, pour cela memo, on manioit
les torches allumees avec beaucoup plus d'adresse
que cela r,e se fait souvcnt sur n js theatres modernes ,
it paroif aussi que cet instrument eloit iin de ceux
que les Alhf^niens aimoient le plus a voir sur leurs
theatres (77). Winckklmann, dans sesMonumenti
ontichi inedili , n.° i5i , a fait figurer un va^e d'ar-
gent , sur leqnel I'arlisfc a repr^sent^ une Furie,
probablement selon une des scenes des Eum^nidcs
d'/Eschylc. II est surpienant que, malgr^ la res-
flr.niheaiix , tantot dans le Phlegetlion (Dhakenboech , ad Siltum Ital.
11 , 610), tantot au burlier de quelque nioit (Statius, Theb. 1,96).
DansOviDE {Metam. IV, 5o8 ), Tisiplione decrit avec son flamhfau
une roue de feu. Mais personne ne s'ariele avec plus de complaisance a
ces torches ardenles des Furies que Scne<jue le tragique , el Claudien.
On les donnoit aux Furies, sans doule , comme instrument de torture;
car, pour torturer, on employ oit aussi Its Ilambeaux. C'est pourquoi le
panil'gyrique Pacatus ( ad Theodcs. c. 42 , t. II , p. 401 , ed. Jtpger)
dit : ■€ Mihax umbra oh os carnijicis tui futnantes injernis ignibus
« teedas quatiebas. »
(77) On sail combicn les administrations de nos spectacles redoublent
de vigilance lorsqu'on donne des pieces avec des ballets , dans lesquels
il y a des danses a fl.irabeaux allumes. II paroit que les anrirns avolent ,
i cet egard , une plus grande habitude. Les courses aux flambeanx , dans
la fete des Panathenees ( Van Dale , ttlarm. Ant. VI , p. 5o4 ; Cat-
irs , hec. d'j4nt. t. I , p. xv:i etsniv. ), remploi des flambeaux dans les
mysieiesde Ceres, devoit leur donner beaucoup d'habilcte a les nianicr.
C est ensuite une autre question; quel pent avoir ete I'effel des flam-
beaux au grand Joiir , sur les anciens theatres Peul-ctie p'y ctoieaf-
ils souvcnt que sjmboliques.
6o ylrcJifcolog'ic.
semblance fiappante de son cosfinne et tie cclui qui
vient' d'etre d(?ciit comme le plus ancien , d'apies
j(Eschyle meme, elle ticnne dans une main un rou-
leau, et dans I'autre un flambeau. L'artisfe a qui
I'on doit ce vase , se reprcsentoit done deja les Eu-
ii'.dnides avec des flambeaux. I.es Furies cjui ex^cu-
U'ut autour d'Orestela terrible danse dc'scbaines(78),
r'avoient ccrtaincment que des batons , mais non
}ias des flambeaux. On peut bien danger en choeur
on en rond, et fenir iin baton dans une main, mais
ii n'est guere possible de danser ainsi et de tenir
un flambeau (79). Mais, dans un choeur compost
de 5o acteurs, il est probable qu'il y avoit plusieuis
figurans (b'o) qui ne dansoient point, mais qui se
{-%) Cetle scene elolt, sans contretlit , la plus terrible cTe toule Ij
piere, et les anciens la re£;3rdoicnt aussi conime telle. A Rome, les
Fillies etolent representees de celte niaiiiere dans I'jUcmMon d'Enuius.
Dans le frafjniem que Cicebon (^Acad. qucest II , aS ) a conserve,
AlcmKon s'icrie , dans sa fureur : Cin'uinstatit cum ardentihus tctdi'S.
Lorsqu'Apollodore , tyran de Cassandrea , toiinnenle par les reniords
de sa conscience , crut voir ses propres fiiles en feu, danser en rond au-
tour de lui , B-ufaTEoa; om-nl?^? x«; (p^i'yOjMjvaj ri)7j a-sij/iiairt ki;«Pc»
■srt^i uuTov TKfilet-^isc-u? ^ ( Plutarch de Ser. Num. Vindict- p.
555, B. ed. de Francfort , ou p. og , ed. de 'Wylteiihach ) , ce n'ctoit
qae la veritable danse des chaines des Furies. C'est encore alns'
que , selon Lucien (in Philopseud. I. Ill, Opp p. 59) des joones
gens, deguises en spectres 011 revenans , dansoient auiour de Deroo-
crile.
(75) L'expression <iyt eli xu) X"^"'' ci-^afu^ ( AEsch^l. Eumenid^
5oo ) ne laisse point de doule sur la nature de la dause doni il s'agit.
C'ctoll un /i^^sj xvJcAjoj , oil les danseurs se prenoient par les deux
ni.iins. C'cst pour cela qu'il ne peut pas y avoir A'i-TSfOO? , qui ne pou-
Toit avoir lieu que dans un ^K*?^' Tili^ayiinoi j comme eloient le«
tlircurs Iragiques ordinaires..
(SoJ Vojcz la note X , a la fin.
Furies. 6 1
placoient ties deux coles , pendant qi;e les autre*
executoient la danse. C'est peut - etre a ceux - ti
cju'on douuoit, dans la suile, des flambeaii-x ; et ,
comme cet atlribut ^(oit plus franpatit et d'nn plus
grand effVt pour les yeux que de simples batons,
on les aura employe's plus souvent conime caracterc
g^n(?ral et ordinaire des Furies.
Lorsque Sfrabon fait renuineration des instru-
niens dont la teliglon se servoit dans les Umps les
plus recules, pour exercer son influence sur le peo-
ple, il nomme, outre I'lBgide , le foudre, Je tii-
dent et le thyrse,les flambeaux et les dragons (ci;.
Lorsque I'all^gorie des artistes fut fix^e, on fepri--
senla ces deux derniers Inslrumens ( les flambeaux
et les serpens ) qui appartenoitnt sp^cialement aux
attributs des deesses vengeresses , le plus souvent
de manivire a leur donner le flambeau dans la gauche
et uu serpent sifllaut dans la droite (3^). L'^tude
(Si) Auusrcii'l! Kcet ^^xKtvJis. (Stbab. I , p. 5; , A.)
(R2) Stace , i lj (ill d'un passage qui conliVnt tout re que I'imag'na-
tion des aaciens avoit concti au sujet des Fuiies {Theb. I, 8g-ii5),
d.t :
Turn geminas quattt ilia mantis. Hn?c igne rogali
Fulgurat , hcec vivo ma/ius aiira verberat hydro-
Ce fut encore de la meme nianiire que paruieni les pretresdes Fjlisqiies
et di s Tarquinieiis, d'apres le recit de Trte-Live et de Frontlii , qui rap-
poilenl, coiu;iie un sliatajjeme , cetle action qui, cepeudaiit, paroit
avoir eu un tout autre bur. <t Iiide terror inaximus fuit , quod sacerdo-
« tes eorum /hcibus arJeniibus , anguibusfjue pratlatis incessu
u furiali mililes Romanoruni insiieta tuiliaverunt specie » ( Liv. VII ,
17, avec les notes de Gru*£E , t. II , p. 5>25, t-d. de Diakenliorch ). iin
conip.irant uiie scene seniLlable , rapporle? par lile-l.ive, IV, 55, avcc
c« .lu'eu dit fluius , I, ij , S , je ciois ijue I'evtntinieut en quesuou «-
62 A I cii cool Ogle.
des moniimens anciens nous auprcnd que , d ins \A.
belle ^poqiie de I'art , lorsqu'on cut ennobli les
figures des Furies jusqu'a Its repic'scnter comma -
dc belles remmes , on prdf^roit rlejes represenler
avec le serpent , symbole nioins eqi)ivoq::e que le
flambeau , cjui eloit anssi I'attiibut du culle de Cy-
bele , de Bacchus et rle Ceres, et qui ponvoit, par
consequent, faire confondie ensemble les Furies et
les pretresses qu'on caract^risoit aussi par celte da-
douchic ^ ou en leur dounaiit uu Oaiubeau clans la
main. Les 'jioeies post^rieurs qui nous repr^sentent
les Furies toujours eomnie les bourreaux des enfers,
alieient encore plus loin , et diangerent le serpent
inenacant en un Ibtiei f!c serpens , avec lesquetles
tes dresses inexorablcs iVapj'ent sans cesse les cri->
minels (83). 11 s'agit maintenant de savoir si yE'
etc (lefi!«ure par les hisioriens romains, avcc iiifiniinent de parlialit^ ,
roinme leur hisioiie en louiuit encote Leaucoiip d'f xeniples. Les prelirs
des Fallsques et des Tarquiiilens s'appiori.ei-ciit du camp avec di s
flambeaux et des baiideiettes saciees {vetameittn) , le symboie vene-
rable des supplians. Au premier moment , les soldats resperteteur eel e
piocession , er paiurent effrayes et elouidis, aliisl que cela arrlva depuis
a Aitila, a I'aspect de Leon'-Ie-Graiul. Mais bientot les Romains alfs-
qiRM-ent cetle mullllude qui eloit venue sans armes , er en firent uu grand
r.iinaijo. Par la suite , ou chercba a donnei a cet acre de rruauli une
lournure nioins odleuse pour les Romains. Les bandelelies sacrees (b-
rent alois chaugees en serpens, les llanibeaux de sacrilices en torches
de Furies , tic.
(85) Vir.GiLE a separe le fouet el les serpens , dans le passage connu
du VI. " livre de I'AEneide , vers 570 et sulv. :
— Sontes ullrix accincta jiagello
Tisiphone quatit insultans , torvosr^ue siiiistrd
Intentans a agues 'vocat ogmiiia soava sorovum.
Mats on se reprcsente loujours ce fouet iresse de serpens. PACiiuft
Fitrics. 63
scliyle a donn^ a ses Furies ce (ei^rihle finet de
serpens. Je crois pouvoir assurer qii'il ne leiir a
pas plus donne cet instrument, que les flambeaux
dont nous venons de pailcr ; du moins on n'en
tro'jve pas la moindre trace dans les Eiinienides.
La tete de la Gorgoue seule avolt des serpens, et
vraisemblabk ment il y en avoit deux qui , d uis !a
plus anc'ienne representation des Furies , se dressoien t
SL\i dessus du front (84), d'apres un usage ernpruni^
.des mys/eres (85), et qui fornioient u-n ornenient tres-
(^ in Ptinepyr. c. 42) I'appplie crepieant/a torto angiie flngra. C'l-t
aiiisl rjue dans Valerius Fx.accus ( VllI , 20 ) la Fcirle tlont uii toitiirn
Jliigeilum djiis la iiiaiii. (Conipartz Miscellan. Lritan. yinn. iyj\ ,
svpteniir. p. 671) Noknus , dans scs Dionysia.'/ttes ( XLIV, p. 1 1 S/i),
appclle ce fouet t;^;<ov<J£ay<i£v iftaa-fXyiVy unfuuecde -viptire.s- II I'.uit »e
rappclei- , i ce siijet , les foiiets trfsses de rrins , que les aiiclens appcK>iei t
liMK,afnd<i ( Voss ad Cati/Ll. p. 225 el sulv. ), et a ceux tjiii , a
rexiiviiiitr , (■loieiit gaiiiis de pelits cubes ou des de £er, (Af^f/?
tc^pafy'.?\.alat (Scheffer, de re vehic. -vet. I, 14, p- 194; et HEiusTrn-
Huvs, ad PoiLun. X, 54, p. 1210) , J Ja place des]ue!s on substiiu.. t
dps serpens tiesscs avcc des letes de viperes au bout. Pour se faiie iiue
idee IV.ipp.tiite de ce qu'uii paicil fouet , i]ui servoil aux puuiiions dts
csclaves , avoii de terilble , on n'a <\\\'h comparer les figuies qui se Uou-
jreut dans le recueil de Cavlus , t. II , pi. <)4 ) "•" 4-
(84) La description qu'on troiive dans Catulle ( LXIV , igo ) don: e
I'idee la plus claire de cette coilTure de serpens ;
Euvienides , f/uiLus anguineo redimitn cnpillo
Frons exspirantes pvirportnt pectoris irns.
I/expression Frons privpoitat n'a un st-n-. clair que par I'aspert de
deux viperes, c[ui se drcssent en sirflanl an dt-ssus du front, ainsi qii'on
Jc voit Sur beaucoup de nionumens anriens. On peut comparer a ce Mi-
jet la vision d'Oresle dans l.uripide (Ipftig in Taur. 287), ou la Fii-
rio lui parott I'altaquant avec de lerribles serperfj, aititus tp^iavctts t(?.
(8f<) Je n'ai qu'4 rappeler k ce sujet Ic passage celebre du d.'s-
cQtiis de Di-MOsTHiKES {pr^i Corona . p. 5i3, 2§, ou c, 79, p. 5io,
64 Archicologle.
^ V^ite dans les bandeleKes dont le; femmes de TaM-
ticjuite ceignoient le front. Dans les (enips posl^-
liciiis, les decorateiirs des llit'afies ne manquoK^it
pas de doniier souvcnt aiix Furies des serpens dans
les deux mains (86). C'est ce cju'on volt ^videmment
j)ai- quelques vases doiit il sera bicntot question.
ed. Hail.), ou I'on leproclie les mascaiades niystlrjucs ^ la mere d'AE-
scliiiies. II y est <lll , enlie aulips , qne, coriiprimant les serpens appii-'
vorses poui- les jonj»loiies ( urwpEii^y ) , elle les eleva au dessus de la
lele., en criant J.voe Saboe ! Ces jonglerles, au nioyeii des serpens,
etolent ires-('ieqiipnlt>s dans les initiations baccliiques. De la I'expression
HuK^^ol ecvi'fi/Hfiivot roii '()(f)ia-tv (les bacchantes roiironnies de ser-
pens), dans Clement d'Alexaudrie , in Piotiept. p. t) , ed. de
Sj'H,uig.
(^56) On avoir en effet une espere de terpens appritjises ( .nppcl/'CJ
<i<pn Trainee; ^ d'apies le pays d'oii on la tenoii ) , qn'on diessoit ponr
s'en servlr dans les jongleiies sarieos , el que, d.ins les temps oi'i ic-
gnoit le plus grand luxe , les dames romaines iccheichoicnt bcancoup ,
parce qu'ils etolent ires-frais au toucher. C'est ainsl que Martial die
( VII, 28):
Gelidum colto nectit Glacilln draconem.
Mais on se troinperolt, en croyant qu'on se'solf toiijoiirs servl de serperfl
ill [iilroises sur les theatres. Sans doute on laisoit des (iguros de bois ,
lie cuir , etc. , qui lessenibloient aux serpens. |C.est ainsi que , parmi les
jouets des enfans , on voit qnelqnefois des serpens de bois, qu'on ticnt
au milieu du corps, et autquels on donne un nionvemenl d'ondulalion
par une pression legere de la main]. Un vase de d'Hancarville , IV, 71,
nienie d'etre compare a ce sujet. On y volt une t«nnne , consarrie au
culte de Bacchus , tcnir devant elle un serpent ariilirrel , qui fait ecideni-
meiit parlle de I'attirail du culle de B.icchus ; elle met son pied sur un
1x)ut de ce serpent. Voss. ( ad Catiitl. p. 223 ) croit qu'on a iniite sou-
vent les serpens par des courrois et des foneis de cuir. Des rubans et des
bandes detoffes pouvoient egalenient produire cet effet. C'est ainsi que
Flohus ( 1 , 12, 8 ) dit que les Fidenales ont eu : disco/ores , serpe/itiirn
/1 moJum , vittas. Les signes niilitaires des Romains,dans les temps
posteileurs, qui representoient des dragons , peuvent encore servir ici
dexplicatiou. Voy . Lipstus , de Mil, Rom. V. 5 , et Gbsnek , ad Clau-
ijiWi. V, 177.
KOTES.
Fmlcs. 65
NOTES.
VIII.
Siir V usage de se peindre le visage dans Ics
temps les plus anciens de Part diama-
tifjue.
Selon le passage connu d'Horace (i), ^schyle a
I'tt' I'inventeur clu mascjvie cle caracteie de la tra-
gedle. Cependant il ue Taut pas croire qu'il n'ait
jamais employ^ le nioyen plus sliuple d'appliqiicr
seiilenient des coul'.urs sur le visage de ses acfeuvs
el de ses clioristes ou figuraiis. 11 est probable qu'a
cet ^gaid il n'aura pas tonjoius employ^ Ics men;cs
juoyens ; qu'il aura quelquefois am^lior^ ses pro-
c^d^s, et que souvcnt il aura fait appliruier la cou-
leur sur le masque, au lieu de pcindre le visage
naeme. Cost ainsi du nioinsqiie s'explique le passage
de Suidas(2), oil, en parlant de piu;;ieurs inven-
tions d'-'Eschyle relatives a la scene , il dit •j^c^Sro;
{up« ■isrfo<r<ii7tua, iii\ti K'.%£/.crfiy'.vu ''i-^H'/ ri? T^jiy/JiSff ( il a in-
vent^ le premier de donner aux tragiques des mas-
ques terribles, peints ). Peut-ctre que Suidas, ou
I'ancien biograj)he exlrait par ce lexicographe ,
avoit en vue precisement les masques tfans les Eu-
menides qui cei tainemcnt (^loient tenibles et peints
en noir. Du moius il est indubitable que les mas-
ques out (^{6 peinis de dilf'crentes couteurs. Cost
pourquoi Lucien (3) confoud les cxpro3s!ons ■^e^-
<rti7ruov ct sjTivg/j-off- lvf/.a^(picc ( nil inuiquc et itne beds,
(') De Art. Poet. 277.
(2) SoinAs , -voce AitvuXo^.
(5) LuciAN. Tin. 28 , t. I , p. 141.
Tome V. E
66 '^ArchcEoldgie.
figure fieinte ), Dans les jeux grosslers des ftles d^
la vendange, c'etoit iin usage extreuiement ancien ,
que les danseurs se barbouilloient le visage ou de
lie de vin rouge (4) , ou de minium , ou de cjuelque
autre couleur rouge (5) 5 ce qui sans donte etoit une
imitation de I'uscige de peindre les statues des divi-
nit(?s avec du minium (6J. Le nom de r§vy«<J'o<, c'est-
a-dire , chanteurs de tnviit , ^toit donn6 d'abord ii
tous les arteurs indistinctement, parce qu'ils se bar-
bouilloient le visage avec du mout(7).lI est natu-
rel qu'a I'^poque oix la tragedie, la coinedie et le
dranie satyrique , commencerent a devenir peu h
peu des genres distincts , on ait retenu le plus long-
temps, dans la com^die , I'usage de peindre le vi-
sage des acteurs. C'est pourquoi Aristophane se sert
plusieurs fois du mot t^w/m&U et des mots derives
pour designer la comedie (B). Tout cela a ^td am-
plement ddvelopp^ par Te'crit de Bentley contre
Boyle. II est naturel que , dans la suite, on ne se
couten(oIt pas de peindre le visage en rouge. Les
scholico sur le vers 5ig des Clievaliers d'Aristo-
phane, nous assurent Ibrmejleaient que les acteurs
comiques se peignoieiit quejlquefois le visage en
rer/(9). Lorsqu'on vouloit se reudie tres-formidable,
(4) Periincti fiTclbus ora. IIoiUT. de Art. poet. 277.
(5) Minio sujfasus rubeiit' . Tmun.. II , i , 55.
(6) Plin. Hist. nat. XXXIII, 7. Les passsges de Pausanlas et
(Tautres auleuis oiil tie rccueillis pat' Yoss > ad Ymc. t. II , p. 5i4>
(7) Voy. ad Hesych. t. II , c. 142S , 24.
(8) Datis les Achara. 099 , il se seit cepcndant de cette expression
clans une acception delavoiable , en pailant d'Euriplde; mais il ue Ic fait
que par raillerle, conniie Bentley I'a ties-bien observe, Dissert, ad
Vhalarid. Epp. p. 3i8. C'est pourfinoi Brunck a eu tort de changer
l'anct«iHie leron.
7ci ■STfoa-iiTtrnct .... fixl'^x^iov eiolt , selon Hcsychiiis , une
planle , dont ie sue vert servolt ( comnie on volt par cette scholie ) h
peindre le visage en vert, avant rinvention des masques. Yoy. Htsx-
ciuusj 2)0ce l^'^i^-}:,^^ ) cf, OjUEak. ad Phihwat. p- 73.
'^ti se nolrcissoit avec de la suie. C'est poiirqiioi Cal-
liniaque ( dans son Hymne siir Diane, v. 69 ) , dit
que Mercure se se.itl de suie ^ ou de ccndres noir-
cii's pur le feu (10) , lorsqu'il voulut faire le Mo^fia
( I'epoiivantail ou le sjieciie) dans le sejour des eu-
fans de I'Olvmpe. Se hurhouiLler de ^Jiic ^ (^t(>i( dans
la suite iin des amusemens dans les Satuinales (1 1)5
et J'usage de se barbouiller le visage avec du niout
donna occasion a un jeii plaisant , appel^ r^ufo^i-
^<i<r<j(i2). Ce jeii con.iistoit a clieicher quelqiie oli-
jet avec les levres dans iiq vase rempli de niout.
C'est encore uu usage lemarquable cjue, dans les
Orgies tri^t^iiques , les Bacchantes se blanchissoient
le visage avec du platre , fiucih yu-^ifi ^ coainie Non-
mis I'appelle pliisieurs fois dans les Dionysiaques (i3).
Diane ct ses nymphes se baiboviilierent un jour de
boue, pour ^chapper aux poursuiles du dieu da
ilcuve Alpb^e (14). On peut penser que ceia aura
donn^ lieu a diffcrenles raascarades sacr^es. D'apres
tout ce qui vient d'etre dit, on voit que, dans les
usages et les c^ic^monips religieuses des anciens , il
y tn avoit beautoup qui doiiuerent lieu a se peia*
dre alnsi le visage.
I X.
jLe Petase J on le grand Chapeau arcadlen.
CuPEE (i) a d^Ja recuellli difierens nial^riaux sur
ce point. Valcklnaer ('i) a rassembie encore avec
plus de soin tout ce qui a rapport ^ ce sujet j ce-^
(10) 'Zvo&i!^ K'.'zfll^'.io? atf^.
(11) LuciAN. Saturn, c. 2 , t. Ill', p^ 386.
(12) Pollux, IX, 1 24-
(i3) MusGRATE, ad EuEipiD. Bacch. 457.
(14) Pausan. VI , 22, p. 217. •
(i) y4d yipotheosin Homeri , p. i54, se/q.
(2) Ad Theocriti Adonias. p. 543-346.
68 "Archa:ologie.
pendant 11 n'a pas song^ au chapeaii ou p(?tase clil
cyniqiie Menippe. 11 y a mC'me lieu de penser qn'on
se servoit cle difF^rentes especes de ces pelases,
qui diff(?roient beaucoiip ende eux , et qu'on pour-
roit df^terminer plus specialement. Le cliapeau
thessalien , appe!^ •arEress-oj , et le chapeau niac^do-
nien , app^l^ huutIh (3) , avoient I'un et I'autie uii
large bord (4). Mais ce boid ^folt simple, tandis
quecelui des Arcadiens ( et le chapeau de Menippe
est appei^ expressement ttIxos 'a^x«J'<xoj ) ou des ha-
bitans du Pelopnnese, avui{,t> I'extr^inite du bord,
encore une autre bande tonrn^e vers la terre , rpii
formoit un second rebord circulaire et perpendicu-
Jaire sous le premier. Dans plusieurs provinces de
I'Allemagne , les femnies portent encore des cha-
peaux de paille de cette forme. Dans un drame sa-
lyrique de Sophocle, intitule Iiiachus , Iris paroit,
coiffee d'une xuv? arcadienne , ou chapeau pour ga-
rantir contre le soleil. Le ciioeur qui la voit arriver
par les airs , s'^crie : Quelle est cette Jemtne F On
n^eii voit que le hord (Tun chapeau arcadien (5).
C'est ce qu'on sait par les scholies sur le vers i2o3
des Oiaeaux d''ARiSTOPH ANE , oil ce poeie^ pour
parodier Sophocle, iViit aussi arriver sur le theatre
Iris coiffee d'uu [lareil cli;.peau. I.e mot xuxAs;?, em-
ploy^ dans le passage cilo, (les Romains disoient
aussi cyilas)^ signifie un jupon circulaire de Jeimne ,
ou plutot la bordure roide de falbala qui cntoure
ce veiement par le has (6). Le grand bord du
chapeau avoit , par consequent, une bordure qui
y ^toit attachee a I'extremitd , et qui pend(blt ,
comnie le falbala au bas d'un jupon. Sur cette
bordure qui formoit une espece de celnture. aulour
(3) Jacobs , Animadv. ad Anale.cta , Vol. II , P. I , p. 2g4-
(4) Dans Sophocle {OEdip. Colon. 555) , ce bold est appele ijt-.ioftftif
ti'jiii , un chapeau cjui met <i i'ombre.
(5) Tun tU aSt'j xuxA«e$' A^K<iOix.>ii xuy;7s' , selon la correction
(ng^nieuse de Toup , dans son Epist. Crit. p. 42 , ed. de Leips.
(6) Voy. les passages recaeillis pw EunMAiiw, ad Propert- p. 836.
Furies. 6^
de I'extr^uall^ du hord du chapcau , Menippe avoit
fait figurer le zodiaqiie. Jl y a iieu a pif^sumer que
ce zodlaque n'y eloit pas tissu , mais qu'il y etolt
figure avec de la paille ou du Jonc de dltlerenles
couleurs qii'on y entrela^oit. Car, soit a cause de
la h'gerel^, soit pour les avoir a bon maicli^, ces
cliRpeaux n'eloic^nt pas toujours faits de feutre, qui
^toit la madere la plus ordinaire, niais foit sou-
vent on les faisoit de paille ou de Jones. I^es fem-
lues lac('demoniennes appcloient un p^reil chapeau
2«Ai'«{ ( d'apies leur diidecie, au lieu dp OcAiei ) ; et
c'est ce qii'Hesycliius (7) exjjlique par ■u^fua KxXuia>
ofcaiov , un t/ssu sembLihle a uiif corbeille ou vm pa-
rier. Le plus souvent ces petits [janiers n'^loicnt
faits que de jonc el de |)ellles ba;^uettes minces,
et ils eloieut oin^s de differens arabesques (o).
X.
Figiirans dans Vancicmze Iragedie.
La Choragie ^ ou rhonneur de former un choeur
tragique au nom de sa (ribu , entrainoit, a Athe-
nes , des frais immeuses, de grands prcparalifs dans
IVcole de nnisique et de danse, et des son^ines con-
siderables pour les rei)as qu'on donnoit apres la
representatiun. CVs/ beaucoup trap pour un amuse-
ment, dit un Sparliate, dans un passage remarquable
de Plularque (i). II ctoit done naturel de faire a
ce sujet dcs cpargnes , toutes les fjis qu'on pou-
voit le faire sans bicsscr les convenances. C'est ainsi
qu'on jdacoit dans les derniers rangs des cbcBurs
iy) Hesychivs , sous ce mot.
(S) Voy. BoETTiGER, Griechhche Vasengemizhlde ( Peintures de
vases grecs), III, 43.
(i) VxMXkix.n. S^mpos. VII, 7, p. 322, ed. de Ilunerl ; voyez ^us.'-
■X^'oir , Prolegomena ad Leptiii. Demosth. p. CXIX ; el Bouttigek ,
Proliisio de qiiatuor a:tatil/i4i rei scenicce apud veteres , p. ii.
E 3
7® jirchaologie.
r/uelques figiirans qui ne chantoi'ent point, mafs
qui y ^toient seiilement pour faiie nnmbre (2). II
y a ni^iiie beaucoup d'apparence que > lorsque les
circonstanccs le peimetioient , on se servoit sou-
vent de mannequins habilk's. C'est de-la aussi qu'il
faul expliqucr I 'ex press ion Ka(p-:v TrprVi'Trov , du role
muet de tous les figurans , eu egard a la signifi<"a-
tion de xa/ipay pour tele cmise , siupide {2>). Dans les
tragedies, uu pareil figurant porfoil le nom de ^o^tt-
(pofitij^u , paice cprordinairdiient on les employnit pour
faiie Its salVllifes des tyians (4). C'est cequ'on volt
pvesque avec certitude par un passage du Nofcos
d Hippociale (5) , auquel on a fail trop peu d'aften-
tion jui.qu'a |)resent. En parlant des inauvais m(^decins
qui lie portent que le noai de I'art , sans en avoir
les connoissances requires , il dit : « lis ressein-
" blent infiniment aux figurans qu'on introduit dans
" les lrag(?dies. Car, de nieme que ceux-ci on4
« I'air , I'habit et le masque d'un acteur , sans
" I'etre (6) , il y a aussi heaueoup de m(?decins qui
(2) C'esl de-la que Menandf.e ( Menandri relif/uix , p. 331 , fc^
Cltir.) einprunle uiie jolle compaiaison ;
— — Q.c"zs-ip tZv x'P^^
'Ou ■aa.firii aoai , a^^' x(p6)vol auo rtviS
'EiS rot e'^Q/Jfiov,
ft ( Comme dans les choetirs tous ne cliantent pas , jnais qu'Il y a deux
cc ou trois qui lesient niuels , et qui sont denial e les auties, pour faiie
<» noinljie.) » Ces deruiers mots expliquent I'expiession d'HoRAcB
(Ep.l,^):
Jfos numerus sumua etfrnges consumere nati,
oil Ton pourroit peiiser a ces figurans qui ne clianioient pas , et qui S9
laisoient nounir par le choiagus.
(5j Valckenaer , ad yinimon. 11, i4) P- i36.
(4) Ad H£SYcH. t. I , col . 1 02.5 , 9
(5) p. 5, ed. MacJiii ; p. a5, ed. Foes.
Furies. 7 1
<t portent ce noiii , sans I'efre vdrllaWeuient. »
Ce passage fait voir d'une nianiere dvidente que
tjuelquefois on placoit sur le theatre des manne-
quins, habill^s absoiuraent comme les acteurs. C'est
pourqiioi Liicien (7) compare les faux amis qui
abandonnent les aufres clans le malheur , avec ces
mannequins de parade. Peuf-etre que le mot pour
designer ces manneq\iins babilles, ^io'it -ai^TyJi^ula.
C'est ainsi du moius que je crois devoir expliquer
le vers suivant d'Aristophane (8) :
( un mannequin de com^die qui ne dit mot ). Dans
la suite , le mot 7tQj<rx>iy-» (?toit applique a tout ce
<jui se faisoit seulement pour la parade (9).
(7) LnciAN. Toxar. c. 9, t. II, p. 5i6. K(a(poU TtfOTUwcittt
toiKOTt? « I'lytftiftivet ro fOfza , ko.) Tiafi^uty-hs x-ix^ivira . iS% ra
c-filKfoTdTOv (p6ifyiTai y « sembUbles S ces mannequins de parade,
K dont la bouche , prodigleusemenl ouvcile , ne profere pas Ja moindre
« parole. »
(8) Amstoph. Ban. giS.
(9) Wesselinc, ad DioDOR. t. I, p. iig , 83; id. ad Hj-eodot.
p. 584,87 ; et les Interpreies de Thomas Magister , p. 768.
(ha fill au -procha^- -"—'f''^ ',
M E D E C I N E.
MeMOIRES de la Sociele medicale d'emu-
Itition y scanlc d Vtcole de medecine dc
Paris J avec des planches en laille-douce.
4.^^ annee. i vol. in-S.*^ 6 fV. et 8 fr. fianc de
port, par la posle. A Paris, diez Eichardy
Caille et Ravierj libraires, rucHautcfeuille,
n.° II.
Second Extrait.
i_jE professeur Dumas , dans un m^moire particu-
lier , se propose de rechercher quelle est la nature
et le traltenient le plus convenable des ilevres r^-
Bilttenfes qui oompliquent les grandes plaies. Apres
avoir, a cet efFet , d^crit les symplomes, fait con-
noitre la marclie et la tcnninnison de cos fievres ,
J'auteur examine I'analogie de leiirs caraclcres prin-
cipaux avec ceux des fievres intermittenfes perni-
cieuses , de la fievre suppurative et des fitvres epi-
d^niiques qui attaquent les blesses. II r^sulte de ccs
rapprochemens que , bien diffl^renfes de ces deux
dernieres especes , les fievres r<^mittcnles traumati-
ques ont, avec les ataxiques intermittentcs, la plus
grandc annlogie, comme le pvouvent , d'une ma-
niere evidente , rassoupissement profond , I'e'tat
d'alt^ration de la plaie et dc la suppuration, la
tendance constaute a la continuity, et Tissue pres-
que toujouvs funeste qui les caract^risent.. .... La
Melanges. 70
commotion g^nt'iale qui a lieu lors des grandes op(^-
ratlons et des blessr.res graves, ainsi que I'^fat d'ir-
ritallon de la plaie, snnt , d'apres I'auteur, les
causes de ces fievres ; elles les occasionnent en exci-
tant le syslenie neiveux , et en distribuant les forces
vitales d'une mamere irr^gulirre. La m^thode de
traitertient qu'il propose , est fondee sur I'analogie
de ces /ievres , avec les ataxiques intermittcntes, que
Morion , Torti, TVerlnf ^ et , de nos jours , le incdecin
Alihcrt , out si bien approfondies ; elle est la meme
que celleqiie ces m^decins out employee avec tant
de succes xians ces dernieres, ft dont la pratique a
corstamment confirin^ les beurenx v(?sultats. Ce mr-
moire est termin(^ par I'exposi!; d'un certain nombre
d'observations qui y montrent, avec la plus grande
Evidence, les succes de cette m^thode de traite-
xnent, et le danger de celles qu'on a jusqu'ici g(?-
n^ralement employees.
Le C. Alard donne la ;rnduclicn d'un m(;moire
anglais surlamaladie glandulaire de Barbade , par
le docteur James JJendy. Ce m^molre est divis^ en
deux parties. Dans la premiere, I'auteur fait I'hi-
storique de cette maladle , decrit son invasion, ses
symptomes , sa marcbe , ses terminaisnns, son sif^ge,
ses causes pr^disposjtntes et occasionnelles, fait con-
noitre son prognostic, indiquc le rang qu'elle doit
occuper dans les cadres nosologiques , et d(?(ermine
son traitcment preservatif et curatif ; la deuxieme
parlie est entierement consacree ol un certain nom-
bre d'observations , qui etaycnt Ics v(^rll(?s que I'au-
teur a ^tablies. '"■' ' "■
74 Medecine.
CeUe tnaladie est presque enlierement inconnnjf
des m^decins. Toivn, et Hillary , les seuls aufeurs
qui en ayent trai((? , n'en ont doune que des notions
tres-vagues, et la confondcnt avec l'^](?phantiasis.
Ce n'est que depuis environ 80 ans qu'on Ta ob-
serv^e dans I'ile de Barbade, oii.elle eat end(?mique.
11 ne paroit pas, juscju'ici , qu'elle regne dans les
iles voisines. Elle n'est ni contagieuse, ni herc'di-
taire; elle attaque tout age, tout sexe, les ne-
gres })lus que les blancs, les temn^ramens laches
plus que les personnes robustes ; elle n'^pargne pas
les clievaux, les chiens, les beles acorne et meme
les volailles. De legeres piqures , des inflammations,
la morsure du chigan (inseetc) , I'exposition aux vi-
ci$situdes et a rhtuuidite de I'air duraiit la nuit,
d(?(erminent souvent son alfaque. Son invasion est
siibilc, et marquee par une douleur locale, plus
ou moins vive ; bientot les lymphatiques et les
glandes conglobees de la parlie douloureuse se tu-
mefient, de sorte que les premieses pr^sentent uue
sorfe de corde dure ou tendue ; la peau se gonfle,
et prend une apparence luisante et oed^mateuse. Le
plus souvent, il paroit un mouvement fdbrile qui varie
dans sa durt'e , et ressemble en grande partie a
I'acces d'une fievre intermittente ; cetfe fievre ne
se naanifeste le plus souvent que 8 a 10 heurcs apres •
I'invasion , et rareraent des le d^'but j elle prend
tres-facilement le caractere de I'^pid^mie vegnante,
et reparoit irr^guliere par la simple exposition aux
causes occasionnelles. L'engorgement inflaramatoiic
quelquefois se dissipe apres I'acces febrile, d'aulre-
Melanges. y5
fuis il suppuie, le plus souvent il reste statlonnaiie ,
ct augmenJe a cliaquc acces, en sorte qu'insensiblc-
mcnt, Ic niembre acquiert un volume enorme, et
devicnt de plus en plus dlfForme.
La if'te , I'cstomac, les intestins, lesmamelles ,les
membres sup^iieurs, niais surtout le scrotum et les
iTiembies inf^rieurs, peuvent devenir le si^ge de
celte maladie. Son diagnostic est tres- facile lors-
qu'elle attaque les menibres, le sein, le scrotum;
mais il est tres-difficile lorsqu'elle a son si(^ge dans
]a tfte ou dans I'abdomcn. II n'y a auciin danger
lorsqu'elle attaque les menibres. Le squiire ct le can-
cer la tcrniinent souvent lorsqu'elle se porte surles
mamelles , et le sarcocele ou I'hydrocele lorsqu'elle
affectc le scrotum. Les malades meurent souvent
subilcment et an moment oil on s'y attend le moins ,
lorsqiie la tele ou les visceres de I'abdomen en sont
principalement affcctcs.
Le docteur Hendy rcgarde cefte maladie comnie
line inflammation locale du syfteme lymphatiquc ,
souvent accompagn^e de fievrc epliC^mere. 11 la classe
parmi les cachexies et les impetiglncs de Cullen ; il
en expliqne les phenomenes a I'aide des lois de I'a-
nalomie dea'lymphafiques. La secheresse qui regne
dans Tile, pendant prcsque toute I'annc'e, est, selon
lui, la cause pour laquelle celt e maladie est endemi que
dans I'ile, et ne regne point dans les ilcs voisines ;
il observe que cette .•■^cheresse n'est habituelle dans
I'ile que depuis qu'on a abattu les foiets, et que ce
n est que depuis ccKe epoque, qu'cn y a obscivc la
rnaladie glandulaire.
76 Me'decinc.
Le (raUemeiU de I'auteur est relatif a I'afTectlon
Jocale et a I'i^laf febrile; le traitement local varie ^
scion le si(^ge , Ics pe'riodes de la maladie ct la con-
stitution du malade. T.orsqiie les membres sont af-
fectcs , il conspille, dans la periode d'inflammation ,
les applications emollientes, I'usage prudent des s^-
dalifs, les saign(^es locales, la position horizon-
tale , et lorsque I'inflaninialion a disparu , de J^-
geres mouchelurcs , des applications fbndanfes, et
surtont une compression nielhodiqiie ; lorscpi'elle
atlaque I'abdonien , il a recours aiix embrocations
d'^tber et de camphre , et a i'application d'un exu-
toire , pres du sif^ge de I'afFection. Si cile se porte
vers la tete , il conseille les di.ipboreliqties et I'o-
piiim , iini aux aniimonianx et a lipecaciianha.
Quant a I'^int ft'biile, il ;c propose d'abord de di-
rainuer la diiree dt' I'acce'i, et d'airgmenter la tran-
spiration a I'aide des excitans, iinis aux opintiqucs,
et lorsque la fievre a cess^ , il cher^be a pr(?venir
son retour, et a d^trnire tonte disposition a la con-
tracter de nouveau. II conseille, a cet efFet, de re-
courir aux toniques, a un genre de vie prudent,
dVvIfer les causes occasionnclles , et d'habiter une
autre ile. Du reste , il raodifie le traitement fVbrile,
d'apres le caractere que la maladie est susceptible ae
prendre. Quant au traitement pr^servatif general ,
I'auteur conseille des plantaf lonsd'arbres le long des
grandes routes, et dans les lieux les plus e;ev<?s de
rile.
Le C. Godcfroy , dans uu m^moire particulier,
se propose de determiner s'il existe une maladie
^lelanges. yy
in(erni(?criaire qui tienne de Tapoplexie tt dela flcvre
tc'iebiale, ct qui ne doive etre co'.ifondue ni avec
I'une ni aved'autre de ces deux maladies. Urapporte,
a cet cflet, quatre observations, quM a recueiliies
lui-mcnie a I'hospice de la Salpetriere , les rappro-
clie , et compare leurs caracteres exterieurs avec
ceux de I'apoplexie et de la fievre cerebrale. Voici
les analogies et les diiil'rences qu'il observe, entre
la maiadie qu'il cherche a determiaer et les deux
autres afi'ections. Elle a de comnuin , avec Tapople-
xie , un epanchement dans les venlricules du cer-
veau , la perte dt-s sens , uue invasion subite , une
marclie aigue et une terminaison funeste; elle en
difFere en ce que les niembres ne sont pas dans un.
^tat de paralysie, majs de spasme et de convulsion.
Elle diiTere de la fievre cir(/brale par I'apparition
subile des phenomeues afaxiques, le d(?l'aut d'ano-
jualie dans les symptomes , et I'^tat spasmodique
des organes du mouvement. L'auteur se borne a ces
resullats , qui lui paroissent assez concluans pour en
faire une espece parliculiere ; il abandonne a d'au-
Ires le soin de la denommer , et de lui tiouver une
Jilace dans les cadres nosologiqucs.
Le docteur Marc donne la traduction d'un me-
moire alltmand de Godefroy Chretien Reich, sur la
iievre ei sur son traitement en general. Ce memolre
est parllculierement destine? a faire connoitre un
secret que le roi de Prusse a achet^ de l'auteur,
d'apres les succes qui ont couronnd I'essai qu'on
<'n a fait sous la surveillance du college royal de
Beillu. On y trouye une scrie de propositious , ou
^8 Medecine.
I'auteur elablit une nouvello thtorie de la vie et i3e
ses fonctions, basee sur les lois de la chymie, du
galvanisme , et sur les succes de sa meihode. D'a-
pres lui , la vie est une tendance coiiiiniielle desvia-
tieres heterogenes vers Vlioinngdnelle ; les fonctions
vitales , des combinaisons chymiqucs ; les fievies ,
line decomposition et une recomposition contre na-
ture des particales alimenlaires du corps, prodiiite
par une diminution d*oTjgene absolue ou relative ^
locale ou universelle ; les moyens aatilebriles , les
corps oxygenes , et surtout ceux qui sont ]e plus
satui'^s d'oxygene, (els que les acides. L'auteur in-
diqiie les especes d'acides dont remploi est le plus
heuieux, les doses auxquelles ii laut les prescrire,
ct la nianiere de les administrer. Ce m^moire est
terming par I'exposition des avantages de cette m^-
thode de traitemciit , relativement a la th^orle me-
dicale, et a la cure des maladies ftbriles sans le-
sion organique.
Dans un temps ou , de mf-me que les sciences
naturelles, la medecine suit une marche si rigou-
reuse , peut-on se permettre de faire reparoitre
ces explications liypothc'tiques , d'etablir des theo-
ries sur des fails si \'agues, et de regarder un seul
gcnie de rciuede conniie propre a reniplir les Indi"
cations si differentes et souyent opposees des ma-*
ladies ft^briles en general?
Le docteur Ranque donne I'observation d'une hys'
terie avec depression epigastrlquc. C'est une dame
de 52 ans , d'un lemp^ianient lymphaiique , qui ^
a la suite de chagrins suryenus a I't^poque critique,
Melanges. fjg
fproiiva, a plusieurs reprises difrerentes, dcs atta-
qiies d'hysterie remarquables par un vide a la re-
gion de I'estomac. Les deux premieres fois que cet
accident eiit lieu, "Ton eoiploya en vain les antispas-
niodiques , et le vide ne disparut que lorsqu'il fut
survenu une tumeur lynipliatique au genou gauche.
La troisleme attaque se compliqua de symptomes
gastriques ; les evacuans soulagerent beaucoup la
iiialade ; un v(?sicatoIre appliqu^ a la partie interne
du bras rendii la respiration plus facile; la depression
disparut, et le r^tablissemeut ne tarda pas a arriver.
L'auleur conclut de-la , que le sentiment d'une
boule qui sufToque, n'est pas un symptome patho-
gnomlque des affections hyst^riques , et que les ma-
ladies nerveuses peuvent ^tre guerics par d'autres
remedc's que par Jes antlspasmodiques.
Le C. Sue aine donne de nouvelles reflexions et
observations sur les corps Strangers , arretes dans
rcesophage , avecdes remarques critiques sur le me-
iiiolre d'H^vIn. 11 fait d'abord remarquer que les faits
rapportes par ce dernier n'occupent pas toujours
la place qu'ils meritent ; que souvent lis sont fron-
gu{?i, quelquefolsm^me dcfigur^s. II regarde, comme
sujette a beaucoup d'exceptions, la distinction que
Hevin a adiuise entre les cas qui exigent I'extrac-
tion par ha.t, et ceux oil 11 faut courir a la repul-
sion : souvent, dit-il, I'on a op^re la repulsion eii
voulant extraire par haut, et vica versa. En gene-
ral, I'extracuou par haut lui paroit plus difficile et
plus dangereuse que la repulsion ; il ne lui donne
la prelerence que lorsque le corps etrajigcr e*t dans
8o Medecine.
le pharynx ou dans la partie sup^riciire dc i'oeso-
phage. Selon lui , I'eniploi des vomitifs est souvent
impossible, plus nuisible qu'utile, et produit rare-
irient I'efFet qu'oa en attend. Painfli les nioyens con-
seill^s, il regarde le poiieaii comma ties-utile pour
repousser le corps etranger dans I'esfomac , et les
lubr^fians , comma tres - avantageux pour faclliter
son passage dans les voies intestinales ; mais lorsque
le corps Stranger est pris du pylore , il a observe
des effets avantageux du cahotement d'une voiture
ou d'une surcharge d'alimens. Les experiences qu'il
a faites sur des animaux vivans, le portent a refuser
au mercure la propriety de dissoudre les corps m€-
talliques avails ^ ainsi que celle de faclliter leur
passage par le {)ylore et le tube intestinal. II ajoule
peu de confiance a la plupart des observations rap-
porlees par les autieurs sur le transport des corps
Strangers , avails dans la vessie , et sur leur sortie
par I'uretre ; Je plus souvent, d'apies lui, ces corps
n'ont t'le introduits dans la vessie que par I'uretre ;
quant a ceux qui ont reellement et^ avales , iJs n'ont
pu y paryenir , s'ils sont aigus , qu'en perforant les
parois des intestins et de la vessie; et s'ils sont ob-
tus, qu'en passant a travers des fistules intestino-
vesicales deja existantes.
Le C. Rlchcrand J dans iin memoire particulier,
s'eleve a la cause de I'hemorragie qui survlcnt apres
I'operation de la taille latdrale , et recherche les
nioyens propres a I'eviter , ou a I'arreter lorsquVlie
existe. 11 indique d'abord les parties molles que 1 oa
incise dans i'appareil lateral , quel que soit le pro-
cede
Mcla?igcs. ~ 8 1
cede qu on emplole ; de-la il passe a I'^numeration
ties arteres, dont I'ouvtrture est le plus a cralndre
et la plus frequente. Apies avoir combattu I'opi-
iilon de ceux qui croient que I'h^morragle provient
des arteres v^sicales , salnes ou variqueuses ; il
prouve , d'apres I'autopsie cadaveric] ue , que cet
^coulement provient des vaisseaux qu'on coupe eii
incisant Ics parties ext^rieures, et que I'^panche-
nient n'a lieu dans la vessie , que parce que /e tan-
ponnement peu methodique s'oppose a ce que le
sang s'^coule par la plaie. L'auteur passe ensuite en
revue les diffi^rens moyens qu'on a conseill^s et em-
ployes pour arreler cette h^morragie ; il fait con-
noitre I'insufBsance de plusieurs d'entre eux , et les
inconvenicns de plusieurs autres; il regarde la com-
pression conime I'unique ressource ; mais il blame
la maniere dont .on la pratique g^neralement, et
il finit par indiquer un procede qui , entre les mains
du professeur Boyer , a toujours eu le plus grand
succes. Ce proc^d^ consiste a placer une sonde de
femme dans I'angle inferieur de la plaie, et a y in-
troduire profond^ment un gros bourdonnet , fixe par
un fil double dont on dcarte les deux brins , et qu'oa
noue avec force sur un second bourdonnet. Cemoyen^
^galement convenable dans le cas d'heraorragie con-
secutive, est plus rarement accompagn^ de succes
que dans le premier cas ; preuve incontestable ,
comme le dit l'auteur, de I'impuissance de I'art ,
lorsqu'il est priv^ des secours de la nature.
Le C. Richerand donne un second memoire , dansle-
qiiel il examine les organes urinairessous le rapport de
Tome V. . * F
OS Me dc cine,
leiirs pio[)rict(?3 vitales, de leurs maladies, et du
liquide qu'ilssecretent. il s'arrele d'abord sur la pio-
[irj^td remarquable dont joiilssent la vessie , le rec-
tum , ?iusi rjiie le diapliragme , d'avoir des nerfs sen-
sitifs et moteuis distincts, ven^nt les premiers de
la moelle ^piniere , et les seconds du grand sympa-
tlfique. Celte disposition devoit neeessairement ,
selo.i lui , rendre I'exercice de la scnsibilile de ceS
organes independant de I'alteration de leur mobi-
lity : c'est ce que prouvent en effet les cas on la ves-
sie, paralys^e par 1'efR.t de la compression ou de la
disorganisation dc la moelle ^piniere , donne des
signes tres-manifestes de douleur, soit par I'intro-
duction d'un stilet, soit par I'accumiilation de I'u-
rine, L'auteur attribue a cette disposition la raison
ponr laquelie les urines et les excremens ne sortent
pas conlinuellement et involontairement ; c'est, se-
lon lui, par elle, que la respiration est en meme
temps volontaire et dependante de I'aclion c^rd-
brale , et que les fonctions digestives sont unies a
celles qui entretiennent les rapports de I'lndivldu
avec les objets ext^rieurs.
Ce pliysiologiste reclierclie ensuite pour quoi les
affections caleuleuses des reins et de la vessie sont
plus fr^quentes dans les pays froids et humides que
dans les aulres. 11 observe a cet effet que la disposi-
tion aux maladies cutanees , bilieuses, gastriques,
pulmonaires , inflammatoires , muqueuses, nerveu-
ses , etc., est d'autant plus grande, que, soit par
I'age, le temperament, le climat ou toute autre cir-
constaiice, I'action de la pejiu , du foie , de I'esto-
Melanges. 83
ujac, des poumons, des systemes sanguin , lympha-
tique , nerveux ,etc. , est plus augmentee ; examlnaut
ensuite les personnes plus dispos^es a ces alTections
d'une naaniere particuliere , il observe que cliez les
habitans des contr^es froides et hnmides, la trans-
piration insensible est peu abondante, et renoplac^e
par des urines tres-copieuses ; que la secretion de
I'urine est tres-abondante chez les vieiljards, les en-
fans, les habitans des rues ^troites , basses et peu
^dalrees, et les afFcctions calculeuses, tres-rrequen-
tes chez eux. Couvaincu du rapport Evident qui
^xiste entre I'augmentation d'action d'un organe, et
sa disposition niorbifique , I'auteur ne balance pas
a regarder raugiuentation d'action des organes uri-
uaires , comme la cause pour laquelle les afFections
calculeuses sont plus fr^quentes chez les habitans
des pays froids et humides , que chez ceux des con-
tr^es m^ridionales.
L'auteur des nouveaux • ^l^mens de physiologic
passe ensuite a I'examen du liquide urinaire; il s'ar-
rete particulierement a la propriete dont jouit cette
humeur , d'etre s^cr^t^e continuellement et sans in-
terrtiission , 'et de presenter dans beaucoup de cas les
caracteres de la bile , du sang , du lait, du pus , de
la graisse, etc. Ces deux propri^t^s, qu'on n'observe
dans aucune autre liqueur animale , quelque al-
t^r^e qu'elle soit , portent l'auteur a regarder les
reins comme dou^s d'une sensibilite moindre que les
autres organes secr^teurs, et leurs fonctions comme
plus susceptibles d'etre expliqu^es par les lois delachy-
mle et de I'hydraulique, que celle des autres organes.
F 2
84 Medecine.
Le pioFesscur Pinel doniie quelques observations
snr les vices de conformation des parties g^nitales
de I'homme, et sur le caractere apparent ou r^el des
liermaphiodites. Ce iu£?moire a pour but de prouver
que ce n'est que par des observations anatomiques
et I'examen approFondi des vari^t^s de conforma-
tion des organes genitaux , qu'on pourra determiner
les cas d'impuissance de I'homme d'une maniere
plus precise qu'on ne I'a fait jusqu'ici , en les envi-
sageant seulement sous le rapport du moral, de
I'exces des plaisirs de'l'amour, etc., et qu'on par-
viendra a ^clairer les cas d'hcrmaphroditisme re^l
ou apparent , sur lequel les savans sont bien ^loi-
gnes d'avoir leur opinion fixee. Les observations que
I'auteur rapporte, prouvent que le vice de confor-
mation du p^nis, et particulierement I'ouverture
ext^rieure des tuniques de I'uretre , peut rendre la
f^condation impossible, quoique la secretion et X€-
mission du sperme ayeut lieu ; elles font, en outre,
voir qu'on ne sauroit juger avec trop de circonspec-
tion dans Ics cas d'hermaphroditisme , que si quel-
•quefols la nature a chercbe a reunir les deux sexes
dans le meme individu , elle ne I'a fait que d'une
maniere tres-imparfaite , et que , faute d'un examen
assez approFondi, Ton a souvent confondu avec de
veritables hermaphrodites , des individus qui n'a-
voient avec eux que tres-peu d'analogle
Le C. Piichemnd fixe I'attention des m^decins
sur un accident presque inconnu, et dont il n'existe
que le cas presente ■ par Maloet , en lySS, c'est-a-
dire , sur I'ouvertUre desanevrismeS de I'aorte dans
les broaches ou la trach^e ajtere.
Melanges. 85
L'auteur recherclie d'abovd , dans les rapports
anatoDiiques qui existent entre les voies aeriennes
et I'aorte , la raison des ph^nomenes que les ap^-
vrisraes de^ce tronc pr^sentent dans les cas les plus
ordinaires, ainsi que dans ceiul qui est le sujet dp
ce m^moire. II rapporte cnsuite quatre cas paiticu-
liers , dont un seal est ancien , et dont les tiois
autres n'ont et6 obsery^s que depuis quelques mois.
Dans ces quatre observations , Ton voit constam-
ment la mort snrvenir subiteinent et d'une uianiere
inattcndue , et etre iuim^diatement precedee d'ua
vomissement considerable de sang rouge et ecu-
meux. A I'ouverture cadav^rique , Ton trouva ero-
sion aux ccrceaux cartilagineux de la bronche gau-
che ou de la tiachce artere , un epanchement de
sang dans le poumon gauche et quelqucfois mcme
dans I'estomac , niais jamais dans le poumon du.
cote droit. A ces observations rucct'dent des recher-
ches sur les causes qui ont pu eiapecher ou forcer
le sang de s'epancher dans les poumons , ainsi que
sur les circonstances auxquelles est due sa presence
dans I'estomac. Ce mi^moire est termine par nu pas-
sage de Plittargue sur Scytla^ duquel il r^sulte que
ce tyran est mort d'un accident analogue a celui
que nous rapportons.
Suit un memoire de M. Fonlana ^ dans lequel ce
savant fait connoilre les proprietes singulieres qu'il
a observ^es dans VlporHcea hispida et plusieurs au-
tres convolvulac^es. II nous pr^sente ces planfes
s'enlrelacant , sous la foriue de spirales , autour des
corps qui les ayoisiuent , quelque differeus qu'ils
F 3
86 Medecine.
soient par leur nature , lenr grandeur ct leur figure.
11 fait voir comment dies abandonnent quelquefois
ces corps , s'en cloignent I'espace de quelques dolgts ,
puis s'en rapprochent de nouveau pour continuer les
jpirales qn'elles avoient cesse de decrire; comment,
lorsqu'elles manquent de support , ellcs se dirigent
perpendiculairement vers la terre , s'enfoncent dans
le sol et s'^tendent au loin de tous c6t<^'s, en s'en-
trela^ant de mille manieres dilKrentes ; et , lors-
qu'elles sent trop minces, comment elles se rcplient
alors centre leur propre tronc , pour I'entourer el
y former les spirales accoutum^es. II d^crit Ics spi-
rales plus ou moins serr<?es que ces plantes forment,
selon que les corps qu'elles entourent sont plus ou
Mioins volumineux ; la maniere dont elles imitent
la forme et adherent a la surface de ces derniers ;
la repugnance qu'elles ont a s'unir avec le lierre ,
et la rapidity avec laquelle elles I'abandonnent ,
des qu'on ne les y force plus ; enfin , la facilite avec
laquelle elles peuvent, au gre de I'observateur ,
changer la direction de leurs spirales.
^ Azures avoir fait cortnuitre ces admirables ph^no-
menes, I'nuteur s'eleve a la cause qui les produit.
11 la trouve dans un principe de vie qu'il a d^ja de-
couvert dans quelques plantes tres-petites et presque
microscopiques. Bien convaincu cependant de la diffi-
culie qu'il y a de s'assurer de I'existence dece prin-
cipe dans les plantes , vu fe peu d'analogie qu'il y
a entre leurs organes el les notres , ce judicieux,
obseivateur essaye , par des rapprochemens inge-
nieuxjsinoaa reudre cette yix'xit incontestable, aa
Melanges. 87
moins a hii donner un grand degr^ de probabilit<?.
Le besoin absolu de I'air , I'accrolssement par
nufritlon, Itxistence d'line matiore fecondan(e et
d'organes g^nltaux disflncts , le mouvement de rap-
prochement de ces parties, lors de la fdcondation •
la faculte de decomposer les corps , de rassemhler
leurs (Siemens et d'en former de nouveaux compo-
s<?s, tels sont les points de contact entre les plan-
les et les animaux, qui portent le savant autenr du
Traits de la vipere a attribuer aux premieres com^
me anx dcrniers un principe de sentiment et de vie.
Ajoutez a cela , selon I'auteur , qu'il est des ani-
maux , tels que les^anguilj'es infiisoires, qui ont
moins d'analogie avec les animaux qu'avec les plan-
tes, puisqu'a I'instar decelles-ci , ils peuvent se
dessecher en partie ou meme entierement, sans
perdre leurs facultf^s veg^tatives; que, dans les dif-
ferens animaux, les forces vitales pr^sentent des
degrt's trcs-vari^s et ties decroissemens insenslbles ,
et produiscnt , dans des circonstanccs analogues,
des pbenomenes trcs-differens et souvent opposes.
C'est ainsi, parexemple, que ramputallon de la tete
est constamment mortelle cliez les animaux a sang
dviud ,et n'est presque aucunement dangereuse dans
un grand nombre d'iusccfes et de testacc'es.
M. Pfi'JT, dans I'extrait qu'il donne du Memoire
du docteur Belbvag sur la vaccine , fait connoitre
deux sortes de fausse vaccine , observ^es par le doc-
teur Nisson en 1799. La premiere dtoit noire, de
la grandeur d'lin centime , abaissee au milieu et
remplie d'une matiere purulente : elle se comrauni-
F4
88 Medecine.
quoit a ceux qui ^toient occiip^s a fraire les vaches,
leur faisolt ^prouver des frissons ledgers , dc la chalcur,
el se tiansformoit en un ulcere douloureux , rongcant,
difficile agu^rir.L'autre ayoit la forme d'urie v^sicule }
elleetoit jaunatre etr(?pandoit une odeurd^sagreable ;
elle rendoit les vacbes nialades , supprimoit leur
lait, et exposoit les personnes qui en ^toicnl atta-
qiiees accidentellement a perdre iine ariieulation
<l'un des doigts.
En r^unissant ces deux sortes de fausse vaccine
a celles observees par Jenner et Pearson , I'auteur
en fait quatre sortes : i.° les -pustules de vent ; 2." les
fustules blanches ; 3.° les jaiines ; 4.° les noires , dont
aucime ne garantit de la variole.
L'auleur cite ensuite pliisieurs falts de personnes
encore vivantes , qui prouvent que , dans le Holstein ,
on connoit la vertu pr^servaftice de la vaccine ^ de-
puis plus de 40 ans , et que la vaccination y est pra-
liqu^e depuis longtenips. L'auteur finit par I'histoire
<le I'inoculation de la vaccine qu'il a faite avec le
plus grand succes, et celle des contre-(?preuves qui
out ^i<? tentfes a Leipsik , et qui confirment la
vertu dont jouit la vaccine de preserver de la petite
^fcrole.
C'est avec bien du regret que les bornes d'un cx-
Irait ne nous permettent pas d'analyser en particu-
lier tons les ni^oioires qui enrichissent ce volume.
Parmi ceux que hous n'avons pu faire cpnnoitre ,
I'on trouve des vues tb^oriques et pratiques sur la
lufcilleure manieie de conslruire les bandages her-
niaireS, pav; le C^RonssUli-Chamsevu] quelques ob-
Melanges. 89
servatlons sur I'Ornithoryngus paradoxus , par M.
Blumenhach ; un expose succinct d'nn syslemc con-
chyliologiquc , tire des animaux et du test des co-
cjuillages, par M. Daudelxirl -Ferriisac ; des com-
inentaires liltcraires sur quelques passages des lettres
<le S^neque le philosophe , rclatifs a la m^decine y
par le C. Sue ain^ ; et enfin, une histoire tres-cu-
lieuse d'un cas particulier de salyriasis , par le C
Rorii - Diiprest.
Nous nous sonimes abstcnus de tout ^loge; il se-
roit d^'plac^ dans un temps ou les ouvrages les plus
mediocres en sont couvcrts. Nous nous sommes bor-
nes a donner un expos^ succinct des travaux de
leurs autcurs , bien persuades que leur reputation
litt(;raire doit consisler dans leurs ouvrages , et noii
dans les titres honorables que nous aurions pu leur
prodiguer. D'ailieurs , I'opinion publique est fix^e
relativcment a la plupart d'entre eux , et il suffit de
dire que les noms de Pincl , Fontana , Blumenbacli,
Dumas ^ Aliberl , Richerand, Sue aaiej etc., se trou-
vent a la tete de plusieurs m^moircs que contient
ce volume, pour I'aire voir de quel interet il est,
soit par les matieies qu'il contient, soit par la ma-
nierc dont cellos ci sont traitees , et la clarte avec
laquelle elles sont exposees. C. S.
VARIETES, NOUVELLES
ET
CORRESPONDANCE LITT^RAIRES.
NOUVELLES ETRANGERES.
Petersbourg.
Cabinet de FORSTER.
L'empereiir de Russle a acliet^ pour la somrae
de 60 mille roubles, le cabinet d'histolie naturclle
de M. Forsler , et en a fait pi<?sent a I'ecole des
Mines.
Academic de Petersbourg.
L'Acaddmie des sciences de Petersbourg sera
bientotr en possession d'un telescope de Herschel ,
dontle verre est de la grandeur de 20 pieds ; ce te-
lescope a ^\.€ fait , en partie , par ce c^lebre astro-
iiome luimeme, et il est a remarquer que I'Acade-
mie est redevable de ce superbe present a trois sou-
verains consecutifs. L'imp^ratrice Catherine II fit
faire le verre par M. Herschel , et le fit transporter
a Petersbourg pour y etre ir.onte par des ouvriers
russes 5 mais cet ouvrage avancaut fort lentement ,
Nouvelles lltleraiits. 91
Paul I." envoya le tout a I'Acad^niie, en lui ovdon-
nant de faire monter cet instrument a ses I'rais. Pour
pavenir a ce but, et pour payer d'autres d^penses
n^cessaires, I'euipereur Alexandre a donn^ a I'Aca-
ddniie une somme de quatorze mille roubles, et elle
renvoie maintenant Ic tout en Angleterre , afin que
rinstrunicnt soit fini sous les yeux de M. Herschel.
Dane M ARC K.
Academic de Copenhague.
L'Acad^mie des sciences de Copenhague n'ayant
encore recu sur feu I'historiograplie SuHM, aucun
(?loge qui ait pu reruplir ses vues, vient de proposer
de Douveau ce sujet; elle y a ajout^ en outre I'^loge
de feu M. Abildgaaud, professeur de Tart v^l^ri-
naiie. Les ouvrages pourront etre ^vits en fraucais,
latin , allemand ou danois.
Stockholm.
Nonvelles diverses.
Le professeur Sparrmann n'est plus inspectcur
du .cabinet d'hlstoire naturelle de I'Academie des
sciences.
On^royolt deux fois que M. Plagemann ,
rectep^ du Lyc(?e alleniand a Stockholm, seroit
nomni^ professeur a Greifswalde. Cette universite
leioit en lui uuc excellculc acquisition pour les ma-
92 Noiivelles Ihteraires.
tli(^mafiqucs, ]a pliysirjue et la (eclinologie; mals
]a peiie de cct lioaime respectable seroit irr(;parable
pour le Lycc^c qii'il dirige actiiellement.
M. Gjo£Ravell , savant libraire connu par plu-
sleurs ouvrages , et qui, depuis plus de oo ans ,
Miohtre un zele infatigable pour les progres de la lit-
t^rature suedoise, est loin de trouver les encoura-
geniens que son zele merileroit.
P R U S S E.
Sucre de Betierave.
Le docteur Achard vient de publier, a Berlin,
les r^sultats du second essai en grand qu'il a fait
de la confection du sucre avec des betteravcs ,
sous les yeux de la commission nonomt^e a cet efFet
par S. M. le roi de Prusse. i5op quinfaux de
betteraves ont donn^ 5,95a livres de sucre brut ,
45o quintaux de marc , et loo onces de syrop.
Trente quintaux de^ betteraves, cultiv^es d'apres ses
proc^d^s , ont donn^ chaeun 6 livres 3 onces de
sucre brut. Le marc pent seryir en guise de cafe,
et a distiller de I'cau dc-vie, et est plus profitable
pour la nourriture des bestiaux que les betteraves
mgmes. Le sucre brut pent etre raffine- pour toute
sorte d'usagej d'apres le calcul de la commission
cbarg^e de I'exameu de cet(e d(?couver(e , ii en r^-
sultera, pour la Prusse, une Economic anniJfile, ou
plutot un avantage de deux millions et demi de rix-
dalers.
Noiivelles lllteraires. 98
L o N D R E s.
Lisle de tons Ics Joiirnaux et magasins Utle-
raires qui paroissent chaque mois a Lon-
dies J avec leiir prix.
Shillings. Sons.
Army List i o
Anderson's Piecrcatlons in Agriculture, i 6
Ami-Jacobin Review 2 o
Arminian Magazine o 6
British Critic Review 2 o
British Magazine i 6
Bitannic ditto i o
Botanical ditto i o
Critical Review 2 o
Chirurgical ditto i 6
Commercial Magazine i o
Copper-plate ditto i o
Donavan's British Insects i o
■ — • Shells 2 6
European Magazine , i 6
— Repertory 2 o
Evangelical Magazine o 6
Fashions of London and Paris i 6
Gentleman's Magazine i 6
German Museum i 6
Gospel Magazine o 6
General Buplisi's ditto o 6
Historical ditto • i 6
94 Nouvelles iLtlcra'ires.
ScliiiUiigs. Sous
London Review i 6
London Medical Magazine i 6
Lady's Magazine i o
Lady's Museum ' . . . . i o
Moni Illy Review 2 o
Magazine i 6
• — Preceptor i o
• Mirror i o
Epitome o 6
Visitor I o
Medical and Physical Journal 2 o
Military Journal 2 6
Naval Biography 2 o
Chronicle 2 6
• Magazine i o
Navy List o 6
Naturalist's Miscellany 2 o
Nicholson's Journal 2 6
Philosophical Magazine 3 o
Repertory of Arts i 6
Sowerby's Botany 5 o
Sporting Magazine .. .\ i o
Universal ditto " i 6
Young's Annals of Agriculture 2 0,
Zoological Magazine i o
Parmi ceux-ci on distingue surtout :
1." Le Monthly Magazine , le plus riche en ma-
tieres et le plus r^pandu de tous , qui so public le
premier de chaque mois, par ^1, Phillips ,]eVih\Siive
le plus actif de Londres.
Nouvelles Uttc'raires. g5
2.° Le Philosophical Magazine , publie le dernier
jour de cliacjue mois, par M. Tilladi , I'^ditciir de
la c^lebre gazette du soir , le Star. Ce journal se
distingue par le clioix dcs matieres.
3.° La Critical Rcvieiv , dont i'editeur est M. Ba-
milton. II est J dans ce moment-ci , repute le meil-
leur journal critique des ouvrages litteraires, soit de
I'int^rieur du pays, soit de I'^tranger.
Outr^ ceux-ci, le Monthly Magazine , le Gentle^
man's Magazitie , le Medical and Physical Journal,
le European Magazine , et quelques autres encore ,
jouissent de plus ou moins de reputation.
II y a auAsi , depuis peu , une Monthly Shipping
list, ou un registre de \ous\e& balimens , capitaines^
cargaisons , etc. , qui enfrent dans les ports de Lon-
dres ct de toute I'Angleferre, public par le lueme
Phillips y qui est aussi I'editeur d'un beau journal
des Modes d'Angleterre , et d^'wn journal militaire.
Noiivelles diverse s.
■ La traduction complete des CEuvres de Platon,
en anglais , annonc^e depuis longtemps par M.
Thomas TaYLOR, paroitra ce priutemps, en dix
beaux volumes iu-4.°
L'^dition magnifique de Shakespeare, publiee par
BoYDELL , est sur le point d'etre achevee.
On annonce un ouvrage uiagnifique qui sera pu-
blic par llvraisons , sous le titre de Scotia depicta ,
ou les Antiquit^s , Edifices publics , Chateaux , Ba-
rj6 Nonvelles lllteraiies.
timens parliculiers , Villes et les Sites pittoresqueS
de I'Ecosse , dans une suite de gravures a I'eau-forte,
ferniln^es, par M. FiTTLER; exdeut^es sur les des-
sins exacts, fails d'aprcs nature par Jean -Claude
NaTTES, dans les amines 1797 a 1800. Cet ouvrage
sera enriclii de descriptions archceologiques , histo-
riqiies et pittoresques.
H O L L A N D E.
Sociele des sciences ct des arts d Utrecht.
La Society des sciences et des arts, a Utrecht,
a propose les prix suivans :
I. Pour le I,'" octobre i8o3 , terme auquel les rae-
moires doivent etre parvenus a la Society :
« Quelle est la veritable nature de la matiere ^lec-
•1 trique ? Est-elle compos(je ? Quels sont les priucipes
« qui la constituent? Quels sont les changemens
'• chymiques qu'elle subit en se combinant avcc
« d'autres corps , et quels sont ceux qu'elle produit
<< dans ces menaes corps ? »
Le prix qui sera adjuge au meilleur memoire sera
de 3o ducats.
II. Pout- la nieme epoque, la Society propose de
nouveau le sujet suivant , sur lequel elle n'a pas recu
de memoire :
.. Quelle est la veritable nature dela dyssenterie?
•< Est-elle toujours la m^me? Quelles sont ses dif-
« ftrentes causes? Quels sont les caracteres auxquels
« on peut la reconnoitre? Quelles sont ses suites?
« Quel
JMoiLvelles litleraircs. 97
• Quel est le meilleur traitement a siilvre pour la
■• gucrir? Que doit-on smtout penser de I'emploi
« deropiumdanscettemaladie, et dc scs efrefs? »
III. Le i/'^ octobre 1802 , on d^cernera , a I'au-
teur du meilleur memoire |sur un objet de rhistolie
naturelle, une m^daille de 20 ducats ; I'auteur du
memoire qui sera jug^ gfre le meilleur apres celui-ci ,
recevra une m^^daille d'argent.
IV. Pour le i/' octobre 1802 :
" Pourquoi les maladies epid^miques, qui affllgent
" aujourd'hui la Hollande, sont-elles plus compli-
■ qu(^es qu'autrefois? Doit-on en attribuer la cause a
«• la bile ou a la pituite , ou a difF^reus agens combi-
•« n^s? De quellemaniere peut-on s'assurer,avec le plus
- de certitude , des I'origine de ces maladies , laquelle
- de ces causes est la dominante ? D'apres ceia ,
« quelle m^thode est la plus avantageuse a suivre? ••
V. Pour le 1/' octobre 1802, elle adjugera un
prIx double au meilleur memoire sur la questioa
suivante :
" Par quels moyens peut-on pr«?venir les duels ,
" dans un pays oii I'oplnion di^clare d^shonore celui
« qui ne provoque point au duel celui qui s'est per-
« mis contre lui de certains pvoc^d^s ofTensans ?
" Comment faut-il se comporter en pareil cas ? »
Les memoires envoy^s au concours pourront etre
ecrits enhollandais , anglais, allemand , francaisou
latin ; lis doivent etre adress^s , francs de port, au
secretaire de la Society, M. le Dr. Luchtmann , a
Utrecht, en observant les regies accoutumees, de
n'lndiquer le nom que dans un billet cachete , re-
Tojiie V. Q
pS Nouvelles lltleialres.
connoi3sal)le par une devise qui se Irouve en (^ie du
memo I re.
A U T R I C H E.
Journal de Uttcrature.
II doit ctre t'lig^ dans I'liniversite de Vienna
(Autriche) trois nouvelles chaircs , une de juris-
prudence, une dc ciiange ct uiie de cliymie. Quoi-
que dans la monarciiie autrichienne on compte sept
universites, huit lycc'es, plus de cent colleges, huit
acad<?mies et d'autVes etablissemens pour les prpgres
des connoissances ; qiioicjue les professeurs soient
mieux pay<?s qu'en tout autre etat , et qu'annuelle-
inent on consacre plus de cent mille florins pour
I'instrucfion des jeunesgens, cependant on n'avoit
point eu jusqu'ici de journal litt^raire, et aucua
de ceux qu'on avoit entrepris n'avoit pu se souteulr.
Pour remt'dier a ce d^faut , et faire connoitre, tant
danu I'lnt^rieur qu'a I'^tranger, les productions li(-
t^raires de ce pays , une societe de savans de Vienna
s'est arrang(?e avec une autre society de la Baviere,
pour la publication d'un journal qui sera entiere-
ment consacr^ a annoncer et a analyser les ouvrages
tie la litt^rature autricliienne et bavarroise : la re-
daction en est confine au conseiller inlime Kayser ;
il y sera annexe une feuille qui contiendra les nou-
velles litferaires des deux pays. Le premier numf?ro
de ce journal a du paroitre au commencement de
cette annee.
NouvcUcs lilleralies, <)r)
En Hongrle , la litt^ratuie a pvis une nouvelle
aclivite depuis la paix ; on annonce tons Ics jours de
nouveaiix ouvrages , dont rimpresslon paroit avoir
Cl€ retard^e jusqu'a cette heureuse ^poque. Quant
aux nouvelles politiques, Oa connoit pen de villes
dans les ^tats de la uiaison d'Autriche , meme dans
la Gallice, qui ii'ayent leurs gazettes ; on imprime
a Ciacovie deux gazettes , I'une allemande , et Taulie
polonaise.
V I E N N E.
Academie imperiale des arts.
L'Academie imperiale des arts a tenu, le i.^' d^-
cembre , une assembl^e dans laquelle elle a agr^ge ,
au nombre de ses menibres honoraires , S. A. R.
I'archiduc Charles , MM. de Fredenheim , M. le
comte de Fries, et J". L.Freddy, et , coninie mem-
bres actifs, MM._^ J. Rosa et Duvivier.
L'wresfrancais defendus par la censure de
Vienne , dans le courant des mois de juiit
etjuillet 1801,
J u I N.
Chronique scandaleuse de V an 1800 ^ pour Pan 180I.
Paris , an ix ( 1801 ). in-8.°
Le Cousin de Faublas , ou les plus coitrtes folies
sont les meilteures, 2 torn. Paris, an ix ( i8oi).ia-8.'
G 2
loo Nonvelles liiteraires.
La Ddcade -philosophique et -poJitique , les n." I7,
i8 , 19 et -io. An IX ( i8ci ). in-8.°
La Fatalitc des ressemllaiices , roman histbrique,
orne do gia\iives , par Sarrasin. 2 torn. A Paris,
an IX ( iCoi }.in-8.°
:* Tlisloire 'politique et raisonnee da consulal , par
Victor CoMElRAS. A Paris, an ix ( 1801 ). in-S."
La Jeunesse de Figaro , par J. J. Regnault-
Warin. 2 torn. A Paris , I'an Vlil ( 1801 ). in-S."
Isman , ovi le Fatalisnie , histoire persanne , par
Francois Rivarol. 2 torn. A Paris, an vii. in-8.°
Manuel des autorites constituees et de tons lesfonc-
tionnaires , etc. ^ par L. S. Balestries CaniLHAC,
2 torn. A Paris , an IX. in-8.°
Memorial , ou Journal historique de la revolution
de France, par F. C. Lecomte. Tom. i et 2. A
Paris , an IX ( 1800 ). in-8.°
Quelqiies seinaines de Paris. 3 torn. Paris , an IX.
in-8.=
Le Talisman de lavolupte , ou la Relique de saints
There se , par ***. Paris, an VIII. iu-8,°
Theorie des institutions sociales , par J. Ch. B.
A Paris, an IX ( 1801). in-8.°
Pies, amours et auentures de plusieurs illustres
Solitaires des Alpes , par F. Pages. 4 parties. A
Paris , an viil. in-8.'
Voyage pit I oresque en Suisse et-eti Italic , par le
C. CambRY. 2 torn. A Paris , an IX. in -8.°
L'ouvrage sulvant ne pourra etre delivr^ qiiemoyen-
naot une permission particuliere fErga schedam).
Noiivelles liHtraires. loi
FSlix et L^onnre , (lu les Colons malhenrcuT , par
J. B. C. BerthieH. 2. torn. A Paris, an ix ( illoi ).
in-8.°
J U I L L E T.
VAhhaye de Netlej ^ liistoire du moyen age , tra-
duit de I'allemand , par Fontallard, 2 torn.
A Paris, an ix(i8oi). in-8."
Anecdotes inddiles de la fin dn 18.* si^cle. A Pa-
ris, an IX ( i8ot). ln-8.''
Apercu de P^tat des mceiirs et des opinions dans
la Repiiblique francaise , vers la Jin da i8.° siecle ^
par H. M. Williams ; traduit de ranglais par
M.""^ Grandchamp. 2 torn. An ix ( 1801 ). in-8.°
Bagatelles poetiques et dramatiques ^ i." partie ,
contenant les opuscules en vers , par G. P. B. D. H. S. ■
A Paris, an IX. in-B.°
Betzi , ou P Amour comme it est. Paris, an IX
( 1801 ). i'n-8.°
Les Cheinliers de sept montagnes ., fraduit de
ralleraand , par J. N. E. df. Bogk. 3 torn. A Metz,
an IX ( i8co ). In-8."
Conquele de Naples par Charles I'lTI ^ ouvrage
compost sous le regne de Louis XV , par Paul G,
3 torn. A Paris, an ix ( 1801 ). in-8.°
Conies et historiettes droliques , en vers , par
Adrien L. R. A Paris. 1801. in-8.°
lies defauls des Jemmes ^ poeme v^rldique en 4
chants. A Paris , an IX ( 1801 ), in-8.*
Encore des culemhoiirgs , par Ch. Ma*. A Pai is ,
an VIII ( i8qo). in-8,"*
G 3
102 Noiwelles Ulleraires.
Essai Idstorique , politique ct moral , sur les rdvo-
lulions anciennes et modemes , jiisque et y compris
I'epoqiie du i8 hrumaire. An VUI. A Paris. in-8.°
Lies trots FaiKitJques , poeme phllosophi-coniique
en 4 chants, par Louis LemeRCIEr. A Paris,
an IX. in-8,°
Hector Martin , par Dek*. 2 torn. A Paris , an
IX. In-8.°
L'Hermite du Mojit-Saiiit'Bernard ^ par M. L.E.
Zellotini. Paris, an ix ( 1801 }. in-12.
Lectures morales et amusantes , ou Reciteil da
traits choisis , ouvrage egalement propre a former
le coeur de la jeunesse. A Paris, an viil. in-8.°
Lettres de M. le comte de iV*, voyageur allemnnd^
a un de ses amis a FiV/z/ze. Francfort. 1801. in-8.°
TjCttres fomilieres siir la Carinthie et la Stirie ,
adresscfes a M."'* Bianclu , de Bologne ^ par un offi-
cier general ,francais , prisonnier de guerre en Au~
iriche ^ ^799- -A- Lt'oben, an IX. in-8.°
Memoires et voyages d^un ^niigr^ ^ publics par J. N.
Belin de Ballu. 3 lom. h. Paris , an ix ( 1801 ).
in -8.°
Menage diaboUque , hlstoirs pour quelques - uns ,
ronmn pour quelques auires , par D* GuY. 2 torn.
A Paris , an IX {^ i8or). in-8.°
Observations et pieces relatires a la conve/ztion
d'El-Arisch. A Paris , an IX. in-8."
CEui'Tes de M."'" de Cliarrier. 3 torn. A Leipsik. 1800,
in-C."
(Juliana, ou I'Enfant des hois, nouvelle polo-
iiulsf , par Henry C*. 2 torn. An IX ( 1801 ]. in-8.°
Nojivellcs Uftcraires. io3
Tout Paris en vaudevilles , ouvrage ciI(iqiie-co-
mlque, par Maraut. Paris , an IX. in-S."
Rosalina , ou Ics Me'prises de Vamour ct de la'mi^
ture , par M.">« G* DE MoRENCY. 2 lorn. Pails.
(1801). in-8."
Ouvrages francals qui ne seront d(?Jlvr^s que moyen-
nant une permission partlcullere (Ergaschedaw).
l^e Viiiflueuce altribuee aux -philoinphes ^ aux
^raiics-nwcons el ou.v illutuine's , sur la revolution
de France, par J. J. MoUNlER. A Tubingen.
1801. in-S."
MaUdiction fiat em ell e , on la Per// die d'une he Lie-
mere. % torn. A Paris. 1801. In-8.°
Origines gauloises , celles drs plus ancienspeuples
de VEurope , puisees dans leur vraie source , par
Latour-d'Auvergne-Corret. 3.^ Edition. Ham-
boiirg. 1801. in-O."
Ijcs Qiiinze , on VHistoire de la grande arinee ,
par M. le cur^ de N*. Paris, an ix. in-S." '
Voyage d'un Fraiicais aux salines ds Eai-iere ct
Salzbourg , en 1766. Paris, an v. in o.".
F L O R E N
C E.
Florence, ce i noverabre iSoi.
L'emprefsemeirt que vous metlez a encourager
I'etiide des langues savan.ei, si u lie au litterateur
G4
104 Nouvelles Utleraires.
et au phllosophe, m'a fait imaginer que voiis ap-
prendrez avec plaisir I'exislcnce d'lin nouveau livre,
^estin^ aiix jeunes amateurs de ]a langue grccquc,
qui vicnt d'etre public en Italic. C'est mon savant
ami de Ancora qui I'a compile, sous le fifre sui-
vant : Gicecorum auctorum compendiana <ru».oyit , an-
notationibus grammaticis et philologicis inafruc/a ,
in nsum regii archigjnviasii neapolilani. Neapoli ,
3801 , en 148 p. Son id^e a efd de facilifer IVtude de
]a langue a scs Aleves , en^leur pr^sentant des mor-
ceaux des auleurs les plus c^lcbres, avec des fra-
cluctions et des notes qui peuvent en faciliter I'in-
ielligence et I'imitation. II y a , par exemple ,
I oraison d'Isocrate a Demonicus , avec deux tra-
ductions , Tune par metaphrase, I'autre par pc^rl-
phrase , avec une' analyse grammaticale au bas de
\a page, et un glossarium h. la fin. 11 y a Ic texte
grec du i." chapitre de I'^vangile de S.Luc, avec
rii)terpr(?tation interlin^aire d'Arias Montanus ; la
description du bouclier d'Achille , par Horaere ,
avec la traduction latine. Ensuife vient I'idylle
8.^ de Thcocrite 5 et puis trois odes d'Anacr^on,
avec des traductions latines et Italiennes, entre
autres, une de I'abb^ Regnler , et I'autre de Ro-
gati. La collection est terminee par des ^pi-
grammes de I'anthologie ^recque , des inscriptions
lapidaires, et des lois de rAttlque.
Nous avons depuis longtcmps ici , dans un con-
vent de B^uddictins, le pere Raynal , qui etoit jadis
profcbstur a SoiCze. On I'appela pour soigner Ics
Nouvelles Ilucraires. io5
iTiamiscrits pr^cieiix de ce couvent. II a (rouve, clans
1h bibliotlu'que d'un autre convent, un manuscrit
(les fables d'Esope , dcrit dans le i3.' si^cle , dans
Icq^Liel il y a deux fables de plus que celles
que nous avons dans les raeilleuies editions. C'est
line preuve nouvelle pour detruire I'ancienne sup-
position que ces fables nVtoient qu'une imposture
de Planude. Raynal voudra imprimer son manu-
scrit ; Je I'ai exhorts de I'euvoyer en France. F.
FRANCE.
Lycee de Marseille.
Cet ^(abllssement , forme en I'an 7 , vient d'etre
r^organis^; de nouveaux r^glemens ont ^t^ dresses.
Le Lycee se trouve acfuellement divisd en trois
classes. La premiere est celle des sciences physiques
et math^matiques ; la seconde est celle d'agricul-
lure et commerce ; la trolsieme est la classe de lit-
Idrature et beaux-arts. ''
Cbacune de ses classes est sous-divis^e en troi*
sections. Tout ce qui tient aux matb^matiqucs , aux
arts Do^caniques, est' du ressort de la premiere sec-
lion de la classe des sciences.
La seconde section de cette classe s'occupe de la
cbymie et de la physique.
La troisieme est consacree a I'ai t de gu^rir , ce qui
comprend encore I'anatomie , la zoo'ogie, et meme
I'art Y.6t<;rioaire.
rc6 Noiivellcs liltemires.
La'seconde classe, sous le (itre d'agrlcultiire efe
commerce, remplace la Socidtc? d'agricultiire de la
ci-devant Provence. Une section s'occupe de I'agri-
culture specialement ; una autre est toute enfiere
pour le commerce et la navigation ; la troisieme ,
destin^e a ceux qui font une etude particuliere de
]a physique veg^tale, renferme egalement la bota-
pique , qu'on a cru devoir placer dans cette classe,
quoiqu'elle fasse partie de I'histoire naturelle , et
qa'elle dut elre classt'e parmi les sciences pliy-
siques. "^
Dans la troisieme classe, celle de litterature et
beaux-arts ; la premiere section renferme IVIoquence
et la po^sie ; la secoude est destin(?e a I'architec-
ture , a la peinture , a la sculpture ; la troisieme est
pour la musique et la declamation.
Le nombre des membres du Lycee est port^ a 60 ,
ainsi que celui des associes francais. Le nombre des
associ^s etrangers est de 24. Le Lycee nomme ensuite
descorrespondans dans le d^partement, dont le nom-
bre est illimite.
Le Lycee remplace done les deux anciennes Aca-
demies de Marseille, et la Sociele d'agriculture
d'Aix. Son but est d'(?tendre les connoissances, c'e
faire de nouvelles recherches, et de perfectionner
les anciennes d^couyertes eh tous genres.
Nauvelles lit tei aires. 107
Lycce die Gard.
Le Lyc^e du Gard propose, pour sujet dii pre-
mier cODCOurs, VEIoge de Chrdtien- Guillaume La-
WOIGNON DE MaLESHERBES.
Le prix consistera en une mcdaille d'or , de la
valeur de 600 francs; il sera donn(" dans la stance
publiqiie du 26 messidor an 10 .( 14 Juillet 1802 ).
I/ouvragecouronne sera lu danscettc n)eme stance.
Le concoins sera f'ernie le 25 floreal prochain. Ce
lernie est de rigueur.
Les ouvrages seront adress^s, francs de port, au
secretaire du Lycee ; ils auront en tete une epi-
graphe, et seront accompagn^s d'un billet cachet^
qui, avec cetlc epigraphe , confiendra le nom de
I'auteur et I'indication de sa residence.
Les metnbres ordinalres du Lyc^e ne seront point
adniis au concours; (out auteur qui se sera faitcon-
noi(re,scit directement , soit indirectenient, en sera
^iralement exclu.
Bibllolheque d''yllexandrie ^ a Marseille.
La ville de Marseille possede actuellenient les
livres qui fornioicnt, a Alexandrie, la bibliotheque
de rinsliiut. lis ont ^te deposes dans une des salles
du ISlusee. L'inventaire en a ^f^ fait, par ordre du
prefet, pour fire adress^ au ministre. Conime les
Irols quails de ccs ouyragcs ne se trouycnt pas dans
io8 Noiwelles Ulteraires.
la biblioth^que de Marseille, les liabitans de cetfe
vllle espcrent que le ministre de rinteiieur ne r^-
clameia que les manusciits arabes, qui doivent na-
turellement 6tre reunis a ceux de la Bibliolh^que
nationale , les llvres fran^ais , latins, italiens ou an i
glais qui se trouvent dans cetle collection existent
dans toules les blbliotli^ques de Paris , et il en cou-
teroit beaucoup pour les y faire transporter.
Academic de peinture de Gand.
L'Acaddmie de peinture, sculpture et architec-
ture de la ville de Gand , vient de proposer les tiois
prix suivans:
Vrix de peinture.
L. Q. Cincinnatus , retir^ h. la campagne, ou il
vivolt du travail de ses mains, invite , par le senat
de Rome , a venir prendre possession dn consulat ,
auquel il yenoit d'etre nomm^ par le peuple, prend
cong^ de sa femme et de ses enfans, leur recom-
inande le soin de son manage, et se rend, quoiqu'a
regret , auxdesirs du s^nat etdu peuple romain. Les
principales figures doivent avoir au moins 5 deci-
metre et demi , 20 pouces. Le prix sera une m^-
daille d'or, de la valeur de 3o ducats.
Prix de sculpture.
Le buste de Jean Van Eyck, inventeur de la
.peinture a I'huile. Ce buste doit etre en terre cuite
Noiwelles Utteraires. 109
ou en platrc. Le prix sera une m^daille d'argent^
de la valeur de ico fr.
II sera donn^ une medallle d'argent a celui des
anciens dlev^s de I'Acadt'mie qui aura place? au sa-
lon de Gaud , le mellleur dessin d'architecturc.
Tous les tableaux , busies et dessins , doivent ^(re
Temis, francs deport,avant le iS messidor decette
ann^e, chez le C. P. F. de Goesin-Verhaeghe , im?
prlmeur-libvaire , et professeur de TAcad^uiie. L'ou-
vrage qui aura remport^ le prix restcra en propriete
a I'Acad^mie ; les autres seront rendus a leurs au-
teurs.
Mine de soi/fre 'natif , decoiiverte a Saint-
Boue y dans les Basses-Pj-renees.
Citoyen , permettez que je me serve de la voie de
Votre journal, pour vous faire part d'une decou-
Verte qui a €\.€ faite , il y a dix-huit mois, plus que
moins , d'une mine de soufre natif , par un propri^-
taire de la commune de Saint -Boue (i) , d^parte-
ment des Basses - Pyrenees. Le liasard , ce grand
maitre des decouvertes , est encore I'autcur de
celle-ci.
Des travaux entrepris pour le retabllssement d*un
moulin a eau , mirent a nu d'abord une gypsiere ,
et bientot apres , la mine dont nous parlons. Des
(i) Sdiac-Boue est un village siiu^e a Test et a quaire lieues et demie
de Dax , et h, une lieue d'Orihes , dans le departement des Basses-
pj'ienees.
rro Nouvellcs Ulleraires.
jgne j'en fiis inslrult , je me rcndis sur le lieu pour*
prendre les rensei^^iiemens convenables. J'en ^crivis
en niL-me temps a nion ami d'Arracq, pr^parateur-
general a IVcole c!es mines , pour qu'il m'en dit
son avis. II me manda qn'il devoit venir , et qu'il
la visifeioit avec moi. Cette visitfe est faile. Je puis
done faire jouir le public de cette d^couverte, jus-
qu'4 ce que nous donnions un memoire d(5taille sur
Ics avantageS ou les inconveniens qu'elle promet.
En attendant, je crois devoir dire, i.° que cette
mine est situ^e dans un ravin ties-profond , et an
sucl d'une redoute , connue sous le nom de redoute
du liiUot J qui la domine de cent cinqiiante loises
au molns; 2.° que lo soufre s'y pr<?scnle dans deux
^tats bien distincts. D'abord, il a pour gangue , tan-
tot une terre d'un gris de cendre , qui fermente e'vi-
denimentavec les acides , sans se changer en cbaux,
et tantot le gypse , a cot^ duquel cette mine se
trouve, Dans ces deux cas , il- est d'un beau jaune
cilrin, et transparent comrae du verre ; tantot en-
fin il est seul , par blocs de plusieurs livres,ou en-
Veloppe d'un melange feuillete', que nous n'avons
pu encore bien determiner. Dans ce dernier cas, le
soufre est couleur de colophane, et paroit avoir subi
un degre Evident de fusion , quel que soit I'agentqui
I'ait deiermiud (2).
3.° Si on divise la gangue , qui est tres-dure , elle
r^pand une odeur bitumineuse tres-scnsible, et les
(2) Dans la siipposllioii d'un feu soulerraln, celte decouverte favori-
serolt siiigulieremeut nion opinion sur le volcanisme des environa de
Dax (Yoy. Magasin Encjclop. Annee VI, t. Ill, p. i65;.
Noiivellcs Uftcraires. i t i
cassures font voir des g^odes de differcntes scries.
Les rncs ne conUenueut que dii pi'trole , et lesau-
tres des crys!a!iisations ties-ciuieuses.
4.° II s'exhalo de cetle icine , pendant les grandes
chaleurs , iine odcur si forie, que le pronrit^taire a
et^ oblige? de la couvrir de plusieiirs pieds de terre ,
pour s'en mettre i Vabii.
Je n'en dirai pas davantage pour le moment. Je
nj|^ serois mf>me tu , si Je n'avois appris, depuis peu ,
que d'autres I'ont vue depuis moi, el qu'ils veulent
s'en arroger la decouverte. Vous ttes trop juste pour
ne pas me laisser prendre date.
Agr^ez lessentimensd'estime, avec lesquels je vous
prie de me crolre votre d^voue. Thore, D/ M.
PARIS.
Embellissement dii Palais du Scnat con-
servaleur.
Si le temps ne contrarie pas I'ex^cution du
pvojet , des le mois de prairial , le public pouna
jouir du jnrdin, oil il ne trouvera plus ces irr^gu-
laiites choquantes qui en defiguroient la partie r^-
guliere. Tout le mur conipris enlre la grille dite
des Carmes , et le mur des ci-devant Chartreux ,
sera, a peu de chose pres , sur la meine ligne; la
grande alle'e sera terminee par une grille qui ser-
vira d'entiee du cote de la rue des Citoyennes. Tout
ce travail sera termind sous deux luois. Lemur de
112 Npuvelles llileraires.
quatre metres d'(5levation qui s^pare le jardin du
s^nat d'avec le terrain des ci-devant Chartreux^
sera balss^ a hauteur d'appui ; il laissera, par ce
moyen, totalement a d^couvert line pepiniere na-
tlonale que I'on y etablit en ce moment - ci. Elle
semblera d'autant mieux faire partie du jardin , que
les plantations de I'un etdel'autre subiront le meme
alignement.
Quant a ce prolongement des murs de la malison
Vendome , qui masquent une partie du palais, ct;
dont la saillie dans le jardin en d^truit toute I'har-
nionie, elle doit disparoitre et sera remplac^e par
des boulingrlns et une avenue prise, a droite, sur
le terrain des Chartreux, et , a gauche , sur celui
de difFerens particuliers avec lesquels on traitera
de gre a gr^. Cette avenue se terminera a une
place triangnlaire que traversent les boulevartSj et
qui conduit a I'ObservatoIre, dont le point milieu
correspond presque perpendiculalrement ayec le
point central du palais-
Les Grangers venus de Sceaux, et plusleurs sta-
tues contribueront a enrichir encore le jardin.
On pratiquera , dans I'aile gauche du palais , une
galerie destin^e a recevoir des chef-d'ceuvres de pein-
ture. Quoique le raauvais ^tat de la charpente qui
couvre ce local n^cessite de grandes precautions,
les travaux n^cessaires a sa restauration seront
pousses avec tant d'actlyite, que, sous peu, 11 ofFrIra
au public une reunion de tableaux des grands mai-
tres de chaque ecole.
Je ne dois pas omettre non plus de vous observe?
Nouvelles liltti aires. 1 1 3
tjiie la blbllolht'que de I'Aisenal ayant ^te mise a
]u (llsposilinn dii Seiiat conservateiir, la commission
administrative s'occupe en ce moment des moyens
de faire preparer un local digne de recevoir un
d^pot qui, dans son genre, est Je second de I'Eu-
lope.
Une horloge faite par Lepaiife , et dans Ja con-
fection de laquelle ce c^lebre artiste a mis tons
ses soins, sera plac^e , sous quinze jours, dans le
corps de batiment en face de la rue de Tournon.
Societe d^Encoiiragenient pour rindnslrie
nalionale.
La Societd d'encouragement a teini , le 9 nivose,
sa premiere seance g^neiale, depuis que son orga-
nisation est en activite.
Au nom du C. Dkgerando , secretaire, absent
par indisposition, le C. Magnien a lu le rompte
rendu des travaux du conseil d'adminislration , de-
puis le 27 brumaire dernier.
" Se donner a lui-mfme un reglement propre a
<" assurer Tordie, la sinipllcite et la rapidi e des
« operations ; se procurer sur lous les points des
" moyens d'information , et se preparer d'utiles
« secours ; examiner I'etat present de nutre iudu-
« strie , et connoitre les besoins les plus pressans
" pour les iudiquer a I'emulation des artistes , tels
« ont et6 les principaux objets qui ont occiipd le
Tome r. li
1 14 Nouvelles Utteraires.
" consell d'admiiiisfratlon , pendant les 40 jours
" qui se sont ccoiilds depuis cette ^ooque.
« Deja ses soins ont (?te recompenses de plusleurs
«• nianicres. Le nombre des souielalres s'est accru
•> de2oo, ff celui de^ souscriptions de 35o environ,
<• pendant cet intervalle, Le ministre de I'int^rienr a
« conc(?d^ a la Society I'ancienne salle de I'Acade-
" niie francaise au Louvre , avec ses dependances.
<■ Le Conservafoire des arls ct metiers a et^ auto-
« ris^ par lui a laisser prendre aiix comniissaires de
•■ la Society copie ou dessin des modeles qu'il ren-
« ferme. Des ciloyens qui ont voulu n'etre point
<■ connus , ont fait a la Socidt^ une offie de
•I 2000 fr. Un grand nombre de prdfets lui ont
M donn6 des assurawces et des teraoigT)ages de leur
•< zele a seconder son influence. Pliisieurs Socidtds
•> savanies, et I'Institut national., le premier , ont
« applaudl a son institution , et propose de corres-
« pondre avec elle. Le comte de Rumpford a ac-
« ceptd avec une vive sensibility le litre de corres-
■< pondant etranger, en proraettant a la Society le
<■ secoiirs de ses lumieres.
■• Parmi les diverses mesures adoptees par le
>< conseil d'adminisfration , on a remarqud celle qui
« ofire , les 3 , 6 et 9 de chaque dt'cade, aux socl^-
«• taircs la faculte de venir visiter le cabinet et la
« biblioth(?que de la Socidtd, et prendre lecture des
" onvrages pdriodiques qu'elle s'occui^e,a reunir de
« toiites les parties de rEiirope , sur les diverses
•I branches des arts utiles. Ces reunions ue serout
Nouvelles litltr aires. u5
"" pas mollis utiles aiix artistes qu'a la Soci^ti? elle-
" nu'me. »
Tel est a peu pres le pr<?cis da compte rendu , lu
au noil) du secielaiie : I'assemblee en a temoignt;
sa satisfaction. Elle a ensuite entendu le C. Petit
qui , au nom de la commission des fonds, a rendu
contpte de I'ordre ^tabli dans la comptabilite , et
Irs rapporteurs des divers comit^s cjui ont donn6
lecture des programmes de prix a proposer par la
Society.
Chacun de ces prix consistera en une mddaille
sen:blal)le et de valeur ^gale , et en une somme
variable.
L'assembl^e aadopl^cinq sujets de prix. Le pre-
mier est relatif a la fabrication d'uii filet fissu pour
la peche , par le moyen d'une m^canique. II sera
de inillc fr.
Le second , a la fabrication du blanc de plomb.
On desire qu'il rdunisse tontes les qualifes desirees
par les artistes. II sera de cf^iix mille fr.
Le Iroisieme , a la fabrication d,u bleu de Prusse.
II sera de sir cents fr.
Le quatrieme , au repiquage des bl^s. Ce prix a
pour objet I'adoption d'une m^thoHe dont I'avan-
tage est reconnu , pour remettre en produit les ter-
rains d^vast^s par les irtondations , et depouiil^-, par
elles de Icurs semences. 11 consiste a n planter au
plantoir , ou a la charrue, des touflVj de grains en
herbe , prises dans les champs enseniencf's. La So-
ck?!^ dccerncra un premier prix de wille fr. el un
de six ccnti' Jr. aiix deux cultiyatciirs qui auroiit
n a
ii6 Noiivelles lUleraires.
replants de cette manlere une plus grande ^(endup
de terrain.
Le cinquieme prix enfin est relatif a la fabrica-
tion d'un ^mail pour doiibler les vases de metal
destines a la cuisson des allmens, et qui r(5unisse
reconotnie a la salubrity. II sera de millefr.
Les artistes qui desireroient connoitre en detail
les programmes des prix , peuvent en demauder com-
munication au conseil d'administration.
L'asserablee a termini sa stance par la nomina-
lion de deux censeurs. Les suffrages se sont r^unis
sur les CC. Pasjoret , membre du Conseil general
des hospices, et Chassiron , tribun.
Clrconstances de la niort de V Elephant male
du Museum d'hisloire naturelle , le ij
nivose art lo.
Depuis I'arriv^e des ^l^pliants en France , le male
a eu, dans la r(?gion des tempes de chaque cot^ et
par une ouverture naturelle, un ^coulenient perlo-
dique d'une humeur visqueusequi tombait continuel-
lement sur ses Joues.
Dans le pays natal, ce phenomene a lieu chez tons,
les individus de cette espece parvenus a un cer-
tain age.
Pendant cet ^coulement , qui arrivoit tons les deux
mois environ, le male ^tait colere , mangeoit peu et
paroissoit souffrant.
11 y a environ deux ans , qu'ou a remarque que le
NouveUes Utteraires. 1 1 7
male, par un mouvcment particiiller des ciilsses, se
procmoit trcs fiequemmeDt une Evacuation Fort abon-
dante d'htimeur spermatique : on a vainement essaye
d'anetercemouvemenl; depnisquelques joiirs,rEcou-
lement des teuipes avoit beaucoiip augment^, et le
flux spermatique efoit plus considerable qu'il n'avoit
jamais etE.
Hier, 16 nivose, I'animal n'a point mange pendant
la luatin^e, vers le soir seulcment il a pris un pen
de paille et quelques pommes-de-lerre.
A la chute du jour, il a cassE un barreau de fer
de sa loge, et il en violemment frappdles barrieres
.de son enceinte.
Lorsqu'on lui a donn^ de I'eau, apres en avoir bu
xine certaine quantity, il s'en est servi pour bassiner
les ouvertures de ses tempes , ou il semblait avoii"
plus de gene et de douleur qu'a I'ordinaire.
Pendant la nuit, il a fait beaucoup de bruit, vers
4 hetires du matin, il a poussE des cris aigus, et vers
les 6 heures, il est tombE mort.
La temperature de sa loge s'^tant Irouvee douce
pendant toute la nuit, ainsi qu'elle I'a ^t^ depuis la
rigueur de la saison; ses aliraens ayant dtE de meme
nature et de meme quality que ceux qu'on lui don-
noit habituellement , tous les soins qu'on lui avoit
prodigues n'ayant eu aucun ralcntissement , on ne
pent ricn dire de la cause de sa mort, on est occupE
en ce moment de rccherclies anatomiques qui pour-
ront peut-etre Jeter quelque jour sur cette cause (i).
L'anatomie de I'^lt^phant de I'lnde n'ayant pas en-
(i) II est mort dune flnxion tie poitilne.
H 3
ii8 Nouuclles liileraires.
core ^t^ publi^e avcc rexactitude convenahle , les
piofesseiirs du Museum out con[i(5 an C. Ciivier I'exa-
men auatomique clecet animal, et ont mis a sa dispo-
sition tons les moyens piopresa favoriser ses rechei-
ches ; des peintres hablles lepr^aeiiteiont (oules les
parlies , pen connnes encore , et te travail sera com-
munique a rinslitut.
La femelle parait fort afFect^e de la mort de sou
male; elle a cherche a le relever du lieu ou il est
lomb^ ; elle verse des lartnes abondantes; eile jette
des cris difFerents de ceux cju'elle a fait entendre jus-
qu'a ce moment ; cependant , dcpuis qu'clie a ^te se-
paree , elle commence a manger, raais elle rcgarde
souvent dans la loge qu'habitoit son male.
Institut n at I on a l.
Notice des Iravaux tie la cla.sse des sciences
mnihetnalicjiies et physiques ^ pendant Ic
premier trimestre de Van lo.
Par TIE MATHEMATIQUE,
Par le C. D E l a M b R e , secretaire.
A S T U O N O M I E.
Aslre de Piazzij et conjovctlon do plusieurs ylauetes
ohscndes par le C. Messiek.
L'astre di'couvert , il y a im an , a Palerme, par
M. PiAZ/,1 , a (^eliapp(5 jnsqu'ici aux rtcherches de
tons les asfronomes : scmblable , pour JVcIat et la
Noiivelles Ulleraires, 1 1 9
luniiere, a iine ('tolle de septleme on de huilicmc
grandeur, 51 n'avolt aucnne des apparences ordi-
naires qui servant a distinguer los comeles. Pour la
coiileur , il ressembloit a Jupiter; et, par les ob-
servations faites au lueridien par M. Piaz'.i et son
adjoint M. Cacciatore , il senibleroit que cet astre
seroit une planele dont I'orbile supposeroit une \(i-
Volullon de quatre ans ct denii on cinq aiis. Vers la
fin de pluviose, I'astre passant de Irop bonne heure
au m^ridien , a cesse d'y ^tre visible; ct M. Piazzi ,
aide de MiVl. Cacciatore et Cariotti , tous deux dau(^s
tl'une excellenle vue, et connoissant bien le ciel ,
firent de vains efforts pour trouver, soit avec une
lunette de nuit , soit avcc une lunette acromatique
a grande ouverture , I'astre qu'ils connoissoient
pourtant aussi bien qu'il ^toit possible, pour I'a-
voir observe longtemps au m<;ridien. II n'est done
pas ^tonnant que, neuf mois apres , fous les astro-
nomes ayent ^chou^ dans leurs recherc bcs , puisqu'a
la difficult^ propre da la chose, se joignoit une in-
certitude de quelques degr^s sur le lieu piecis oii il
convient de chcrcher I'astre : car les el<?uiens de I'or-
bile, calcul(?s sur un trop petit arc, ne peuvcnt ,
apres un si long intervalle, donner d'une raaniere
assez exacte les positions g^ocentriques. D'ailleurs,
le ciel a presque toujours ^t^ n^buleux ; et , pour se
flatter de quelque succes , il faudroit , vu la peti-
tesse de I'astre, faire le d^nonibrenient exact de
toutes les ^toiles depuis la septieme Jusqu'a la neu-
vietue grandeur, dans le voisinage desqnelles il
peul paroitre, et r^p^ter cet examen de jour en
H4
ISO No7ivcI/cS li tier aires:
jour jusqu'a ce que la peti(e planete se Filr d^cel^e
par son morvement. Elle va bientotseietrouver clans
]es menies ciiconslances oii elle ^toit an temps fie la
d^couverle ; et , si Je ciel devient un peu plus se-
rein , nous pouvons encore conserver quelque espoir.
LeC. Messier ayant inutilement consuuii? la nult
du II au 12 vendemiaire a la reclierche de cet astre,
pour se consoler d'y avoir si peu r<?ussi , se niit \\
oonsid^rcr le spectacle asscz rare que lui pr^scntoit
la constellation du Lion , dans laquelle Saturne ,
Jupiter, V^nus et la Lune , s'etoient reunis autour
de la belle etoile qu'on nomme Regulus ou le Coeur-
du-Lion.
Ce n'eloit pas une canjonctlon veritable, puisqu'il
y avoit entre tous ces astres quelques degr^s de di-
stance. Au reste , ces reunions, dont Ics astrologuc3
faisoient autrefois fant de bruit , et qui , selon eux ,
devoient amencr des calastropbes si ^[louvantables,
se sont toiijours passecs d'une maniere fort traH-"
quille , et n'ont produit d'autre effet que couvrir de
confusion le prophete imbecille : elles ne peuvent
non plus procurer aucun avantage , sinon de faci-
]i(er a I'astronome I'Dbservalion de plus de planetes
^w moins de temps. Le C Messier a profite de la
circonslance pour fixer les positions respectives de
celles qui sc trouvoient alors dans le voisinage de
Regulus. La reunion de plusieurs planetes etant une
tbose assez rare, pourroit encore servir a fixer l'e«-
poque d'un ^v^nement d'une maniere invariable,
et qu'aucun clKuigement d'ere ou de calendrier ne
pourroit jamais obECurcir.
Nouvcllcs litteraues. 12 1
Solstice de nivose an 10. •
Le (emps qui a ^(^ si conlraire a la reclierclie de
la planele de Piazzi, n'a pas ^l^ plus favorable a la
d^ferniinallon de la hauteur solsticiale du solell y
qui a 6iv consfamment caclie depuis Ic 28 frimaire
juscju'au 5 nivose, c'cst-a-dire , dans les jours oil
I'on auroit pu faire les observations les plus con-
cluantes. Cependant, en rassemblant celles des Jours
pr(?cedeii.s et suivans , le C. Delambre est parvenu
a former nenf series de distances au zenith , observ^es
au cercle de Borda , lesquelles lui ont donn^ pour
r^sullat nioyen une obliquite apparente de 28° 28''
3". Cefte qiiantite lient a peu pres le milieu entre
celles qn'il a trouvees depuis pkisleurs ann^es par
les solstiies d'biver, d'une part, et de I'aufre par
les solstices d'e'te. On sait que, depuis longtemps,
tous les astronomes qui se sont occupes a determiner
I'obliquite de I'^cliptique , ont trouv^ constammenfc
plusieurs secondes demoinsen hiverqu'en et^. Cette
fois, I'observafion du solstice d'hiver s'est rappro-
chee de celie de I'elc. Sans en chercher la cause,
nous nous conienlerons de consigner ici le fait ;
nous ajouterons seiilement que, suivant la pl.ice ou
I'on met le thermometre d'apres lequel on corrige
la rdfractiun , en dedans ou en dehors de I'observa-
tolre, ou enlin tout pres de la lunette, on auroit
line scconde de moins ou de plus dans la d(?termi-
nation ci-dessus, pour laquelle on a pris le milieu
cnire les frois thermomelres.
122 NouveUes lif feral res.
Le C. Prony a 111 a la classe une not'ce des ex-
periences qu'il a faites ^ I'occasion d'une regie an-
glaise , (^talonn^e snr celles qui ont sfrvi a la grande
operalion trigononi(?trjque du gf^n^ral Roy, apport^e
i Paris, par !e C. Pictet , de Geneve, et qu'il a
comparee avec le meire de I'lnstifut et la toise di(e
oil Peron. 11 lira lul-meme dans la pr(^sente seance
Un ahregi? de son ni^moire.
Le C. Flaugergues, assocle , nous a envoye
des observations de planetes et de difFe'ren(cs
Eclipses.
OUVRAGE IMPEIME,
Traitd eymentaiTe du calcul. differcntiel et inte-
gral, prdceJti de reflexions sur la inaniere d'ensei-*
gner Ics malheinatiques , et d\ry)prdcier dans les exa~
mens Ic savoir do cnix qui les ont ^tudiees ; par S.
F. LacROIX. An lo.
L'autcur a donne pr^c<^demment un grand traits
de ca!cul dif/Vrenliel ct lnt(«gral, en frois volumes
in-4.°, donL il a fait le depot de toutes les con-
noissances acquises, et que dolvent se rendre fa-
milieres ceux qui se sentiroient appel^s a reculerles
lintiles aciut'liesde la science. Cette grande elcndue
empechoit I'ouvrage de deven'r classique, dans I'ac-
ception primitive de ce terme. Le temps que dure
un CQurs d'analyse tie suffit pas, a beaucoup pros,
lioiir suivre avec I'altention ii^ccssaire fant d'objefs
qui en demantlcnt beaucoup. L'auleur a done senti
la nceessite de falre un choix. Mais qiiand on ne
Nouvelles lltlcraiics. 1^3
veiit pas dnnner un oiiviagp miifil^ , en abr(5ge.'int ,
on change la redaciion; en supprimant , on ajoufe.
Ce n'est donc*pas iiniquemeiU un extiaitc|iic Ic C.
Lacroix donne aiijourd'lml de son premier oiivrage ;
c'esf un trait<5 nouveau , qui ne pent manquer d'in-
tt'resscr ceux memos qui amoient Tautre. Du reste ,il
est diiige suivant les niemes principes, et pr^j)<ire
le Ircteur «t I'efude des ouviages d'analyse les plus
savans, el qui fonl le plus d'honneur a nos grands
g<?oiJicires.
Par TIE PHYSIQUE,
Par le C. Lac^pede, secretaire.
Pendant les trois mois qui viennent de s'ecoulei',
les membres de la classe ont particulierement dirig^
leurs travaux vers les progres de la pliysique experi-
me ntale, de la chimie , de la niin^ralogie, de la bota-
nlque et de I'agriculture.
Le C. VOLTA , professeur de Pavie, est venu a
Paris comnniniquer a la classe des sciences physiques
et inalh^inaiiques , les rcsullats de ses norabreuses
recherclu's sur la nature des plienomenes auxqucis
on a donnc !c noni 6q phi^nvinenes gahaniques , parce
que les premiers de ces efTets qioe Ton a dt'couverls ,
onf (•((? observes par feu le phy^iclen Galrani.
Une commission , compos^e des CC. Laplace ,
Coulomb, Halle, Monge , Fourcroy, Vauquelin ,
Pelletan, Charles, Brisson , Sabathicr, Guy ton et
Biot , a et(? chargre d'appeler dans son sein le C.
» o.fa : elle a r^pe'le les principales experiences de
.124 Nouvelles lilleraires.
ce professeiir ; et avant de presenter a la classe le
tableau gcjn^ral auquel elle travaille, et qui coni-
prendra toutes les decouvertes faites par les pliysi-
clens fran^ois au sujet du galvanlsme, elle a desire
■exposer la theorie du savant de Pavie, d'apres le
in^moire qu'il avoit lu dans une des stances de la
classe, et les conferences qu'elle avait cues avec lui.
II resulte du rapport fait , au nom de cette com-
mission , par le C. BiOT, que le C. Volta annon^a
je premier que lorsque, dans les experiences galva-
niques, on voit des coniractions musculaires excit^es
par le contact d'un arc m^tallique , ces contractions ,
que I'on avait regard^es comme la partie la plus
Jmportante du ph^nomene, n'etaient que I'efFet de
j'action ^lecfrique produite par le contact des ra^-
taux dont I'arc excitateur ^tait forme. Le C. Volta
a depuis fait connaitre un grand nombre d'autres
faits; il en a compose une theorie tres-ingenieuse et
dont les bases paraissent invariables. Rarmi les ph(5-
nomenes dont I'cnsemble forme cette theorie , celui
dont les autres decoulent consiste dans le change-
ment qu'dprouve I'electricite de deux metaux diff(?-
renfs, Isolds, et qui, n'ayant que leur quantite
d'electricit^ iiatiirelle , sont mis en contact : lorsqu'on
les retire du contact, I'un estpositif, et I'aulre ne-
igatif. L'action subslste aussi longtemps que le con-
tact dure; mais son intensite u'est pas la meme pour
tous les ni^taux.
Le profcsseur dc Pavie, en continuacft d'exposer
sa th(;oric, a manifeste I'opinion que nouseulcment
les metaux , maJs encore, suivant bcaucoup de pro-
Noiu'clles lliLeraires. is5
bablllt^s, tons les corps de la naUire exeicolent une
action r^ciproque sur leurs (^lectricit^s respectives^
cTu moment de leur contact. II a montre ensiiite la
grande influence qii'avait sur le d(?veloppement d'e
I'^lectricitcmetallique, I'intervenlion d'une substance
mouill(?e ou d'un condiicteur humide plac^ imme-
diatement an bout d'une lame compose'e de deux
m^faux difFerens. C'est en multipliant cette succes-
sion de deux m^taux difF^iens et d'un conducteur
humide , en placant plusieurs Ibis et alternatlve-
ment au dessus I'une de I'autre une paire de lames
metalliques difFerentes I'une de I'autre et une sub-
stance mouillee, que le C. Volta a construit sa pile
ou colonne electrique , qui dor^navant portera soil
nom , comnie le portent depuis longtemps le con-
densateur et d'autres instrumens precieux aux pliy-
slciens qui s'occupent d'electricitt'. II a donn^ faci-
lement I'explication des ph^nomenes produits par
cette pile, par I'application qu'il a faite aux di-
verses parties de cette colonne , de ce qu'il avoifc
deJ4 expose au sujet des deux lames m^talliques
suivies d'une substance humide. U a considdr^ sa.
colonne comme isol^e, et il a fait yoir que les quan-
tites d'elcctricit^ crotssent pour chacun des Clemens
de cette pile de la base au sommet , dans une pro-
gression arithm^lique dont la somme est ^gale a
2^ro. II a montr^ que , lorsque le nombre des de-
ments est pair , la piece inf^rieure et la piece su-
p^ricuve sout egalenient ^lectrisees , I'une en plus et
I'autre en moins ; qu'il en est encore de m^me de
loules les pieces prises a ^gale distance des extr^-
126 IVoiivcllcs Vitlera'iies.
niil^s de la pile; qu'iivant de passer du positif au
negatif, IVlectricil^ devient nulle, et que les deux
pieces qui jouissent de I'^lectricit^ naturelle se trou-
vent au milieu de la pile.
Le C. Voita a prouve ensulle que , lorsciuc la
colonne n'est point isolee , les quantit^s d'ejectricil^
des diff^rens eleraens qui la composent , crolssent
dans une progression arillimetique, doat le dernier
terme est d'autant plus fort, et la somme d'autanC
plus grande, que le nombre des paires ni^t;)lliques
est plus conside'iables , et que ractlon de la colonne
pent etre amende ainsi au degre necessaire pour (aire
eprouver des lomniotions tres-scnsibles, donner des
etincellesj charger une houteilie de Leyde , et pro-
duire , d'une mauiere tres-niarquee, d'aulres ph^no-
inenes electrlques.
Le professeur de Pavie a era devoir diviser les con-
Auq\.^\xx?, galvanu]ues ou eteclriquts en deux classes;
la premiere comprend les corps solides, et laseconde
les substances liquides. Sa pile ne peut efre con-
struite que par un melange convenable de corps
appartenans a ces deux classes ; il est du moins ira-
j)ossible de la f'orrner unlquenient avec des substances
de la premiere.
Le meme savant a pense que les acides et les dis-
solutions salines favorisent Taction de sa colonne,
principalcment parce qu'ils awgmentent la propriety
conduclrice de I'eau dont on imbibe les pieces noa
ni^talliques, et il a cousid^r^ I'oxydatiou qa'eprou-
vent les pieces de m^tal, commc elablissant un con-
tact plus (^troit entre les Clemens de la pile, et
Noui'elles lutcrnires. iiy
rendant son aclion plus continue^ alnsi que plus
^nergique.
Lc C. Blot a tcrmine son rapport par faire obs( rver
de nouvcau comment la (h^orle da C. Volla r(^dui-
soit tous les pli^nomenes galvaiilqties a «n seul , au
developpcmcnt dc r^lecliicile metallique par le con-
tact des melaux.
C'est a la suite de ce rapport , que les commls-
saires, rappelant une proposition qui avoit ^te faife
quelques jours auparavant par un des membres de
la classe ( ie C. Bonaparte), ont pr^sent^ un projet
d'arret^ que la classe a adopts , et d'apres lequel elle
a donn^ au C. Volta une medaille d'or , comme une
marque de son estimepartlculiere, et du desirqu'elle
a de voir les savans etrangeis lui communlquer le
r^sultat de leurs travaux.
Le C. Volta et le C. Biot ont entrefenu la classe
des propriel^s electiiques des motaux •, le C. Ber-
THOLLET I'a occup^e d'autres qualit^s tres - impor-
tanfes de ces memes substances. 11 lui a fait part de
sa decouverte sur le mercure fulminant.
L'on connoissoit deux combinaisons m^talliques
qui ont la propri^te remarquable de prodiiire une
detonation violente lorsqu'oa leur fait subir une
compression pru considerable, ou lorsqu'on les ex-
pose a line temperature peu elev^e. Ce sont Tor et
I'argent fult5iinans. M. HOWARD a fait connaitre une
troisienie preparation qui posscde ei^alement cette
propri^te , ct qn'il a d<?slgnde par ie nom de mer-
ciirc fulmiiumt. Wais ce mercure fulminant pr^^sente
cette difiVrencc qu'il a'est pas produit dans des cir-
isS NoHvellcs lillernires,
Constances semblables a celles dans Itsqaelles on
obtient I'or et I'argent susceplibles de detoner. C'est
par I'dbuHition du nitrate de merciire avec I'alcool,
qu'il se forme et se d^^pose en iine poudre dont la
couleur varie dii blanc a un gris plus ou moios fence.
II falloit trouver dans I'analyse de cette substance
I'explicatlon de sa production , et celle de ses res-
semblances ainsi que de ses differences avec Tor et
I'argent fulminans. M. Howard avoit conclu de ses
experiences , qu'elle ^toit compos^e d'acide oxalique ,
d'oxyde de merciire et de gaz nitreux ^th^r^. Le C.
Berlhollet a fait voir par les siennes , qu'elle ne con-
tlent point de I'acide oxalique ; mats qu'elle renferme
de I'ammonlaque , qu'elle forme a cet ^gard une com-
binaison analogue a I'or et a I'argent fulminans, et
que par consequent ses effets doivent €tre expliques
de meme que ceux de ces derniers composes. Le
mercure fulminant differe cependant de ces deux
substances m^talliques , par une portion alt^ree
d'alcool qui eutre dans cette combinaison , et qui
produit de I'acide carbonique lorsqu'on la decom-
pose. Le mercure fulminant est done une combinai-
son triple, pendant que I'or et I'argent fulminans
ne sont que des combinalsons binaires des oxides de
ces mdtaux avec I'ammoniaque.
Le C. Vauquelin a lu un memoire sur I'analyse
qu'il a faite d'une mine de cuivre decouverte dans
le Derbyshire , et dont M. de Boiirnon avoit envoyd
des ediantillons au conseil des mines. II nous a
appris que cette mine ^loit compos^e de soixante-
deux parties d'oxyde de cuivre, de vitjgt -qua!re
parties
Nouvelles litleraires. 129
parties d'acide arsenique , de hiiit parties d'arse-
niate de for, et de huit parties d'eau de crystalli-
sation.
11 avoil ^t^ invite par le conseil des mines, a exa-
miner aussi un mineral envoy^ par M. Karsten de
Berlin , sous le nom de cuivre arseniat^. 11 s'est as-
sure que ce mineral <5toit form^ de soixante d'oxyde
de fer, de vingt-deux d'acide arsenique, de dix-iiuit
d'eau de crystallisation , mais qu'il ne contenoit pas
un atome de cuivre.
On n'avoit pas encore trouv^ le cuivre ni le fer
unis a I'acide arsenique, et voila pourquoi les mine-
ralogistes n'avoient fait aiicune mention dans leuiS
ouvrages , d'arseniate de fer, ni d'arseniate de cui-
vre. Les travaux du C. Vauquelin ont done enrichi
de deux especes distinctes le catalogue des substances
min^iales deja connues.
Le C. Vauquelin a aussi lu un memoire sur uri
mineral des environs de Limoges, que le C. Alluau,
directeur de la manufacture de porcelaine de ceite
vilie , lui av'oit fait parvenir sous la df^nomination
de mine d'^tain. II a d^couvert que eette mine etoit
compos(>e de quarante-deux d'oxyde de manganese,
de vingt-sept d'acide pbosphorique , et de trente-un
d'oxyde de fer. II pense que ces trois substances soat
intimement unies, et forment une espece de sel triple
a double base. Cette combinaison est absoluraent
nouvelle pour les naturalistes. Personne n'en avoit
parle' avant le C. Vauquelin ; et elle doit lenir une
place particuliere dans les systemes de mineralo-
gie, soit dans \c genre fer, soit dans \e genre cuun.
Tome V. \
l3o Noui^elles lit terai res'.
Le C. Gillet-Laumont a enfretenu la classe
d'un mineral d^ja connu des natiiralistes, raais dont
]e gissement I'eloit trop pen. Cette substance qui
contient un m^tal r^cemment decouvert par le C.
Vauquelin, est \q fer chromat6. Ejle avoit e(e vue
en masse isol^e par le C. Pontier, aupres de Gos-
sin y dans le d^partement du Var. Mais ce nilnera-
logiste I'a trouv^e depuis en tres-grande abondance
an milieu d'une carriere de serpentine , pres du bord
de la mer , a peu de distance de la rade de Cava-
laire ; cette d^couverte est pr^cieuse pour les arts,
non - seulement a cause de la nature du mineral,
zuais encore a cause de la facility de se le procurer
que donne la position de la carriere.
Le C. JossiEU a fait lecture d'une notice sur plu-
sieurs genres de plantes de I'lnde, d^crits par divers
auteurs , et qui lui paroissent tous devoir elre rap-
port^s a celui qui est connu sous le nom de lils4 y
et dont les individus ont la Chine pour patrie. II
prouve son opinion a cet ^gard par la comparaison
de leurs divers caracteres dont I'ensenible (^tablit
line tres-grande affinity avec la famille des laurlers.
L'analyse des fleurs et des fruits d^montre cette
analogie; et le nouveau genre propose par le C. Jus-
sieu ne differeroit des autres genres de cette famille
que par la reunion de plusieurs fleurs dans une en^
veloppe commune. Le travail du C. Jussieu est une
nouvelle preuve de I'ulilit^ de I'^tude des afRnil^s
des plantes. Lnrsque les botanisfes s'occuperont avec
Constance de cette recherche, ils parviendront fre-
q^uemment a des rapprochements analogues 4 celui
Kotwelles UlleraireS'. i3f
tl^e holis devons au C. Jussleu, parce que ne clier-
clianf plus les lappoils des v^g^laux dans des carac-
teres isoles, mais dans I'enseinble des organes, ils
tie s'arreteront plus a des traits peu importanis pour
former des genres nouveaux ^ et encore nioins pour
s^parer, en !es ^parpillant dans des classes artifi-
cielles tres-^loign^es les unes des aulres , les plantes
que la nature a r^unies.
Le C. Delille , membre de I'Institut du Cane ,
a fait parvenir a la classe un m^moire dans lequel
il donne una description exacte du doum ou pal-
mier de la Th^baide , que I'on ne connoissoit que
tres-imparfaitement. Ce botaniste rapporte des de-
tails curieux sur les usages ^conomiques de cet arbre
utile que Ton lr«uve dans la Haute- ^^^gypte , au
dessus de Gug^ , qui croit aussi dans la Nubie, et
qui rend propres a la culture .un grand nombre de
terrains qui seroient testes steriles s'il ne les eut abri-
t^s. Le C. Dclllle prouve d'ailleurs, d'une niauiere
fvidcnte , que le doum eot le ciuifera decrir par
Th^ophrafite,
Au resle , les plalnes d^serfes qui enyironncnfe
r^^gypte n'ont pas et(^ dans (ous les temps denueei
de v^g^faux ; elles ont, a des ^poques tres-recule'es ,
nourri des arbres et partlculiereraent des palmiers J
et voila conrment on a pu trouver dans le desert
voisiu de I'isthme de Suez un tronc de pa'mier p^-
trifi^ , que le general Regnier, membre de I'Institut
d'^Egypte , a fait parvenir a la classe,
Le C. Regnier, son frere, avoit joint a cet envoi
uu manuscrit dont ii est ^uteiu' , et qui renfermc lies
I 2
1 32 Nouvelles Uttemires.
cons'iae'raf.ons g^n^rales sur I'agrlcuUure ie VM-
gypte, ainsi que sur les ameliorations dent elle se-
roit susceptible.
Le C. VenTenat a pr^sent^ a ses confreres la cin-
quieme et Ja sixieme livraison de la description des
plantes nouvelles ou peu connues , cultiv^cs dans le
jardin du C Cels ; ouvrage dont les amis des sciences
naturelles sent redevables a ce botaniste, et dont
les superbes planches sont dues au talent du C. Re-
doute.
Le C. Lamarck a fait present a la classe, de son
Annuaire mdttforologique -pour Van lo.
Le C. Van Mons, associ^ , lul a fait presenter
le premier volume d'un Journal^de chjmie qu'il a
entreprls , et qui doit servir de complement aux an-
nates de chymle, et aux autres ouvrages periodiques
publics par des Fran^ais sur cette belle science.
II lui a adresse aussi sa traduction de I'ouvrage
italien compost par le C. Brugnatelli, et dans le-
quel on trouve la nomenclature chymique de ce pro-
fesseur de Pavle rdunie a une synonymic des difiFd-
rentes nomenclatures des chymistes modernes.
Et j'ai eu I'honneur de faire hommage ala classe,
du troisieme volume de VBistoire naturcUedes Pots-
sons, edition in-4."
Noiwelles Ihteraires. i33
THlilATRES.
Theatre de l'Opera comiqve.
Rue F e y d e a u.
Lysistrata.
Ce vaudeville a €i^ jou(; , le 25 nivose, avec un
succes contests. Le sujet est tir^ de la piece d^Ari-
stophane J qui porte le inf^me titre. Doit-on accuser
de son peu de succes I'extreme difFerence de nos
moeurs a ceux des Grecs, ou la maniere dont I'au-
teur a traite son ouvragr?
Dans Aristophane , hysislrata , femme d'un des
premiers magistrals d'Athenes, a form^ le projet
de faire cesser la guerre qui, depuis sept ans, de-
peuple toute la Grece. Second^e par les femmes de
Coriuthe et de Lac^d^moue, elle s'est empar^e de
la citadelle et da temple de MInerve , pour oter
aux Atheniens la ressource de leur tresor. Une troupe
de vieillards les attaque et est repoussde. Le premier
magistrat d'Athenes entre en pour-parler avec Z<y-
sistnita : celle-ci , par des r^ponses comiques mais
pleines de fermet^, lui prouve que les femmes seules
peuvent d^brouiller les affaires de la Grecfe. Leur
obstination force les magistrats a ceder , et les
femmes ont la gloire de faire la paix.
C'est cette com^die dans laquelle Aristophane avoit
pour but de faire cesser la guerre qui d^soloit sou
pays, et de dire, sous le masque de Thalie , des
I 3
1 34 Nouvelles luteraireSi
v^rifes , a des hommes puissants , qii'un aufeur a
entrepils d'arranger en vaudevilles pour la scene
francoise. Le meme int^ret n'existanf plus, la piece
n'a pu reussir. EUe avoit d'ailleius beaucoup de res-
semblance avec PapyTiiis, jou^ avec sutces au theatre
du Vaudeville.
L'auteur ii'a pas ^L€ nomnid
Theatre Lo u r o i s.
La grande Villc.
Cette com^die ^pisodiqiie en 5 actes et en prose,
a ^t^ jou^e le 21 nivose.
Les avis sont lellement partages sur ce nouvel
ouvrage de PicaRD , que I'on ne peut pas dire qu'il
ait comple{ement rdussi , ni qu'il solt tonibd tout-
a-fait. Quelques Joiirnalistes ont fait IVloge de la
piece, en palliant ses defauts ; d'autrcs ont pris a
lache de la d^CKier, en omettanf de parler de ce
que I'on y trouve de meilleur ; plusieurs auf res ,
sans s'arrfter a I'ouvrage, ont injuria l'auteur: ceux-
ia ne m^ritent pas qu'on leur reponde.
Voyons d'abord ce qui s'est oppose? au succes de
\n graude Ville. Picard a entrepris cette comt'dic ,
encourage par le succes de sa petite P'llle : mais il
auroit dii penser que les Parisiens qui avoient ri de
bon coeur des travers et des ridicules des gens de
province, ne prendroient pas la chose aussi bien ,
lorsqu'il s'dgiroit d'tux-meaies.La plupait des spec-
'NoJivelles Vilteraires: iS5'
tateurs dloient tres-certainenient decides a sifiler,
avant tie savoir si la piece ^toit bonne ou mauvaise.
D'atitres, plus Indulgens et peut-^tre amis de I'au-
teur, avoient, an contraire, I'intention d'applaudir.
De-la vient que chaciin des deux partis, agissant
d'apres ses motifs particuliers, I'ouvrage n'a pu ^tre
jngd : de-la vient aussi la rixe scandaleuse qui de-
voit n^cessairement r^sulter de deux partis aussi for-
tement prononc^s. Ceux qui vouloient siffler , ont
donn^ pour motif que Picard avait frac^ , dans la
pi tee , des portraits beaucoup trop ressemblans. II
a voulu se justificr, et il a ecrit dans les journaux
que son but avoit ^t^ de faire une com^die et non
line satyre , et qu'il n'avoit , en cons^qKence, de-
sign^ personne.£st-ce d'ailleursla faute del'auteur,
si tel ou tel se reconnoit dans un portrait ridicule?
11 faudrait renoncer pour jamais a faire des come-
dies, si Ton devoit se dire , avant de tracer un per-
sonnage : ne ressemblera-t-il pas a telle personne?
Et que deviendroit alors I'auteui? il ne lui reste-
loit plus rien a faire. Les ridicules ^tant le domaine
de Thalie, ceux qui se croient attaqu^s n'cnt qu'a
faire en sorte de ne plus ressembler au portrait quj
les cboque ; alors les hommes se corrigeront , et la
com^die aura un but vraiment moral. Lorsque Mo-
liere fit le Misanthrope ^ on sait que le due deMon-
tausierqu'on vouloit indisposer conire lui, dit qu'il
se croiroit trop heureux de ressembler a ce person-
nage. Quand il fit son Tartufe , le premier presi-
dent s'opposa a la representation ,,et c'estlacequj
liia sur lui I'attentioa publique , surtout lorsque
i36 Noiivelhs Ulteraires.
Mollere, piqu^,eut prononce cette ^pigramme: M,
le premier -president ne vcut pas qu^on le joue.
Le premier tort de Picaid est d'avoir trop peu
travaill(? sa piece, d'avoir cru que de Jolis details
suffiroient pour la soutenir, et d'avoir plac^ ces de-
tails dans un cadre ^pisodique. Ce genre d'ouvrage ,
qui r^ussit a peine en un petit acJe , pouvoit - il
convenir h. une com^die en cinq actes, et dans la-
quelle Picard entreprenolt la peinture des nioeurs
de Paris ?
Je comparerai sa piece a un tableau , dont il faut
que toutes les parties se correspondent pour former
un bel ensemble , et qui ne saurolt plaire a I'oeil ,
si I'on y falsolt de^ rapprochemens trop disparates.
Un reproche plus grave qti'on lui a fait, c'est le
choix de ses personnages : le menie reproche lui
avoit ^te adress^ , lors de la representation del'Eii-
triSe duns le vionde. II n'avoit entoure son jeune
homme que de fripons ; il ne peint encore ici que
des intrigans et des imb^cilles. II trace des person-
nages de toutes les classes , excepte de celle qui
forme aujoui d'hui la honne societe. II auroit du pro-
fiter de I'avis pour se coniger.
Voici en quelques mots le fond de sa com^dle.
Gaulard ^ bon paysan , arrive a Paris, avec son
fils et sa fille , tombe entie les mains de fripons et
d'intrig;ms, et rencontre heureusement , dans I'au-
berge ou il loge , un jeune homme honn^te qui le pre-
serve de tous leurs pi^ges. Le fils devient amoureux
d'une coquette qu'on d^couvre n'^tre rien moins que ee
qu'elleavoitdit.Lafilledevient^prised'un merveilleux
Nouvelles lilteraires. 1S7
qui n'est qn'un valet Iravesti j le pere Tin - ni^me
s'amourache d'une femme belesprit, qui lui donne
rendez-vous a Tivoli , oil il apprend que cette femme
est divorc(^e; etc. Pour r^conipenser le jeunc homme
de ses services, il lui donne sa fille. On voit, dans
cette piece, trois fois la mc'nie infiigue, et trois
ibis le nieme denouement. Les details sont plus heu-
reux que le choix du sujet ; mais , quelle Inconce-
vable negligence dans le plan d'une piece qui auroit
pu faire courir tout Paris, et merifcr a son auteur
le surnom de second Moliere qu'on s'est plu a lui
donner tant de fois !
Comme on annonce la piece en quatre actes, avec
des changemens , nous remtttons au prochain n.°
line analyse detaill^e. T. D.
LIVRES DIVERS (i).
LlTT^RATUHE.
Z£S CRuvres d^ Horace , fracht/fes en francais par
Rene BiNKT ^ -professenr de helles-lellres , ancieii
recteiir de fa ci devant UnUersite de Paris ; Jioit-
velle edit inn , revue et rclouchee avec soin par tau-
leur. 2 vol. in-\i. Chez Colas ^ libraiie, place
Sorbonne. Prix, 5 fr. relie.
On traduira toujours Horace, et Horace sera en-
core a traduire. Cc n'est pas que la traduction qu'on
(0 Les articles m.irtjues d'une * sont ceux donl nous donnerons uii
exirait.
i38 Li ores divers.
annonce n'ait qutlcnie nierite; elle .a celiii de I'exac-
titnde. Mais, comment renclie f/t /iroi^ celte finesse,
cette elegance {['expression , cette clc'llcatesse de
pens^e> cju'il sera toujoiirs impossible de retrouver
dans une autre langne. D'ailleiirs, les vers doivent
Stre traduits par des vers : mais le retour de la rime,
la iresure , la coupe des vers, presentent des diffi-
ciiltes souvent insiirmonfables. La rime ne doit
qu'obeir , dit-on ; mais quel est le fraducfeur qui
est parvenu a la dompter... avcc du gf^nie. Vol-
taire assure que , metne avec du genie , on n'y r^us-
. siroit pas: sans doute il I'avoit tcut^ pour s'en con-
Vaincre.
Le C. BiNET a cru pouvoir, dans I'art po^tique,
nasardcr deux transpositions qui paroissenf Ibrt lieu-
reuses. La premiere est depuis le vers 846 jnsqu'au
vers 890. En lisant ce passage, on voit que I'autenr
suit exaclement son idee, et qu'apres avoir fix^ les
Domes de cet(e indulgence par les comparai;;ons et
les exenjples, il revient a la regie generale qui ex-
clut cet(c m(?diocrite en fait de poe^sie. L;i sc ter-
mine cette tirade de 44 vers , aiissi peu liee avec
ce qui suit, qu'elle I'etoit peu avec ce qui pr(^cede ;
ainsi ce double dc^Taut de liaison et la jusfesseavec
laquelle ces vers s'adaptent a I'endroit infliqu^ ,
donnent lieu de croire que c'est-la leur veritable
place , et que c'^toit ainsi qu'Horace avoit arrange;
ses id^es. Si on considere ce que doit produire le
retranchement de ce passage , et sa transposition
de la place qu'il occupoit a I'endfoit ou on le (rans-
porte , on se convaincra que ce changement pro-
duit une suite , une liaison d'id^es qu'on ne trotivolt
pas dans nos editions pr^c^dentes; on ne pourra en
douter , en lisant les 44 vers a la suite du vers 272.
La seconde transposition est moins Importante, naais
elle perfectioune la premiere reforme ; ce sont 4 vers
qu'on trouve a la pag. z\ii.'Ex:uoiofu turn carmen^ etc.,
places comme ils lesont , interronipent visiblement ce
qu Horace dit snr la d^cence qui doit elre observ<?e
ni^me dans les poemes boufFons : ils ont et^ rejet^s
a la fin de tout ce morceau.
Litres divers. iSp
LfioiSLATlON.
JxTUODUCTION d la Science de Vecoiiomie -pnli-
tique et de la stalialiqiie genrrale ; outrage dl^-
vieiitaire , particiilieiement desn'nd aii.v personncs
qui se liire/it d feliide de la pollliqiie el de la le-
gislation, par Gabriel T.eblajsc , dcfcustiir offi-
cieux , membre de la Socicte des Belles h 1 Ires dc
Paris ^ etc. A Paris, chez Rrnaiidiere . iinpiiaienr,
rue des Prouvaires , n." 564; Rondonneau , II-
braire, place du Canousel ; Dcsen/ie , libraire,
palais du Trib'.nat , et Brigille Mallhey , lihraire-,
deiixiemecour du palais duTiibunat. An X(i8oi).
in-8.° de 2o3 pag.
La science des gouvernemens est devenue la
ji^atitre qui occupe presque tons les ^crivains ;
elle livalise in-ec les romans , et en a quelquefbis
le caractere. Chaqne auteur vent remnnter dans
J'lnimensil^ des si^cles pour y trouver le premier
homme , et descendre de ce point ^ioiqn^ Jufqu'a
I'origine des socit'tes ; ses d^couvertes n'ont presque
toujours d'autres r^aiites que les fictions des roman-
ciers. A quoi servent les origines que le hasard 011
le besoin ont prcduites , et que le temps a couver-
tes d'un voile impenetrable ? Quelle influence peu-
vent-elies avoir sur I'^tat des socidles actuelles?
L'auteur de cette introduction s'tst livr^ a ces re-
cherches oiseuses, insignifiantes , conjccturales , et
il avance liardiment , comme tons ceux qui ont vou-
lu nous donner leurs raisonnemens pour des verit^s
demontr^es : « J'ai dit de quelle maniere les pre-
■< niieres idees sur I'organisafion de la society s'e-
•■ toient form^es ; comment les peuples ont appris
" a assigner le lieu de leur drmeure , I'^poque oii
M commence leur bistoire. » Si les annales de ces
peuples avoient ^t^ ^crites, ou nous (?toient parve-
nucs, il est a croire que le nouveau createur des
societ^s pourroit bien s'etre trompe dans la formation
<Je ces corpj poliliques. Apres avoir Iravaili*^ a cette
140 Livres divers.
grande oro;anisa(ion , il ajoute : •■ J'ai defini les dl-
" verses formes de gouvernement ; j'ai expliqu^ les
■ causes de la dt'cadence des empires ; j'ai pr^sent^,
« en un mot , le tableau synoptique de toutes les
" parties de radministralion publiqiie. •> Ici , I'auteur
avoit des donn^es plus siires, et une catastrophe
plus r^cente de la dissolution deces corps poliliques.
11 faut convenir que les 200 pages de cette brochure
confiennent bien plus de connoissances et de d^-
couvertes sur la legislation , qu'on en chercheroit
dans Grotius, Montesquieu, Sidney, Burlamaqui,
J. J Rousseau, Watel , etc. Que sera-ce , lorsque
le C. Leblanc executera le plan qu'il s'est proposd
de remplir , sur la marche de I'esprit humain , sur
les moyens de r^unir les bommes sous des lois uni-
formes , sur la definition des difFerentes cspeces de
gouvernement , et sur I'idee g^nerale du pouvoir
souverain , de la legislation, de la jurisprudence,
de la diplomatic.
Ornithologie.
JJiSTOTRE naturelle des Grimpereaux soui'-marrgaa
et guit-guits , des Oiseaux de paradis et des Ja-
camars ; par L. P. Vieillot , naturaliste-voja-
geiir ; ouvruge orne de figures , d'une execution
nouielle , imprimees en coidcur , jG el 17.* livrai-
sons de la collection des oiseaux dor^s , ou a re/lets
nietalliijues , 3.*^ et 4,° livmisons des soui-mavgas.
Paris, cbez Desraj , rue Hautefeuille, n." 36.
La 16,' llvraison de cet ouvrage , foujours exe-
cute avec le plus grand soin, contient les planches
suivantes : pi. XI , le soui-manga pourpre; pi. XII ,
le soui-manga violet; pi. XIII, le soui-manga a
collier ; pi. XIV , le soui-manga a collier , jeune
age ; pi. XV , le soui-tnanga a cravatte violette.
La 17.^ livraison contient , pi. XVI , le soui-
manga a ceinture marron ; pi. XVII, la femelle du
precedent; pi. XVIII, le soui-manga de Buffon ;
Livres divers, 141
le gn'mperpau violet de Madagascar de Brisson,
ou Je certhia soui-manga de GmelIn ; pi. XIX , ,
le menie , en jeune age; pi. XX, Je soui-manga
Carmelite ; pi. XXI , le soui-manga varie.
Get ouvrage sera acheve pour le printemps pro-
chain. Le prix de cliaque livraison in-folio est de
36 fr. ; celui de la livraison in-4.'' est de 21 fr.
Les prix anciens seront maintenus, tant pour les
souscriptions faites que pour celles qui auront lieu
avant un mois pour la France, et deux mois pour
I'dtranger.
Romans.
Charles el Marie , par I'auteur <f' Adele de Se-
nange. I vol. in -12, Prix, i fr. 5o cent. Paris,
ciiez Maradan , libraire , rue Pav^e-Saint-Andrd-
des-Arcs, n.° 16.
Le succes A^Adele de Senange ne peut qu'annoncer
favorablement cette nouvelle production de I'auteur.
Le nitrite du style et la simplicite de Taction fe-
ront pardonner quelques invraiseniblances dans la
marche de cette invention romanesque. L'amour de
Charles entendant chanter Marie de loin , sans la
voir et sans la connoitre , est un de ces coups de
surprise qu'on trouve trop souvent dans ces sortes
d'ouvrages, et auxquelslelecteur necroitpas, quoi-
qu'a force de le r^peter , on veuille lui persuader
qu'ils sont dans la nature.
Histoire d'' AgatuoN , traduction nouvelle etcoiri'
plete , faite sur la derniere edition des CEuvres de
M. WlELAND, -par I'auteur de Pietro d'Alby et
Gianette. 3 vol.\in-\7. , prix broches d fr. , et "] fr.
So cent, francs de port par la paste. Paris , chez
. Maradan, libraire, rue Pav^e-Saint-Andre-des-
Arcs, n." 16.
Cette histoire , qui a eu tant de c^l^brlt^ et tant
d'^ditions en AUeraague , n'(?toit connue en France
1^2 Lu'fcs divers.
que par Ics deux premieres parties rfui furent (ra->
tluites, il y a environ Uente ans. L'aiiteur y a fait
depiiis dcs changeniens, qui rendent son ouvraj^e
pius complet. Le C. Pernay s'cst servi de la nou-
velle edition dis fliuvres de M. Wieland^ pout nous
le faire connoilre. Pour ob^lr au gout des lecteurs
fran^ais , il a ahrt'^g*? quelques cliapitres et fait dis-
paroitrequeiq;ies longueurs, suppression que M.Wie-
land auroit laite iul nienie , s'il eiit ^crit parmi nous.
K Le but moral de Tauleur, dil le tradncteur, est
« de prouvcr que la verlu ef la sagesse consolent de
<• tousles mallieuvs, et qu'il n'y a ( olnt de sacrifices
•• qu'elles n'obtiennenl. 11 oppose la pliilosophie con-
■• solante d'Arcbytas , aux principes dangereux du
•< sopbisle Hippiasj les personnages de son bistoire
•i sont conformes a la v^iite. » On sait que M. \'V ie-
land a une connoissance profonde des moeurs , des
usages, et de la pbilosopbic des Grecs;ou s'en con-
vaincra en lisant Agalhon et les Lellres d" Arislippe ^
dont la traduction vient de paroilre.
La traduction que nous annon^ons est aussi exacte
qu'^legante. Elle sera lue avec plaisir par ceux qui
cbercbent, dans les fictions ronianesques, autre chose
qu'une intrigue triviale , des episodes absurdes, et
des d^nouemens invraisemblables ; tels qu'on en
trouve dans cette impitoyable profusion de romans
qui d^sbonorent notre lilterature. A. J. D. B.
NoVEJ^LAs 'Nucvas Cicritas en Frances , par M. de
FlOKjan, trudiicidas libremeiu et iUustradas con
algunus iictas citriosas e inalriiclu as , por don
Gaspar Zavala jk Ztimora. Pei pinan , en la officina
de Juan Alzine. Anno 1800. ln-12 de 18a pages.
Prix , I fr. 5 cent,
GoNZALo de Cordoba o la Conqinsta de Granada ,
escrila pur el CahaUero Florian ,piiblicaia en es-
pagnol , don Juan Lopez de Pennalver. Perpinan
en la officina de Juan Alzine^ Anno 1801. ln-12.
J vol. de 332 et 23i pages. Prix , 2 fr. 5o cent.
Livi'cs flhcrs. 1^3
Zkir et ZuLiCA, histoire inJiennc ; par P. Gjr.~
LKT, Prix, 3 fr. , et 4 fr. franc de port. A Paris,
chcz J. J. Fuclis , libraire, rue dt-s AJalUuiiua,
liotcl Cluny.
liA Pjix ; par Felicile Gu£niOT SAii^T-MAnTTN,
Prix , 20 cent. ; et , franc tie port , 25 cent. Paris ,
chez je.s niarchands de nouveautes. An 10. In-B."
de 12 pag.
IjE Pahvenu da jour j ou la Caricature -physique
et morale. In-12, avec figure. Prix, 2 fr., et a
iv. bo cent, franc de port. A Paris, chez Fuchs ,
libraire, rue des Maihiirins, hotel Cluny.
La SonthE d'J^te ; par M. LsTFTSy aiiteur dis
Aloine; traduite de L^ anglais , sur la 2.* edition ;
par D. L. M.***. 2 vol. in-12, avec celte epi-
graphe :
JVec Deiis intersit, nisi digntis -vindice nodus. Hon.
A Paris, cliez (jueffier jevne ; au cabinet et salon
df lecture, boulevart (Jcrulti , n.° 21. AniO' —
j8oi. Prix, .3 fr. , et 4 fr. franc de port.
Melanges.
(E UP' RES de Plutarque , traduiles par J. AmTOT ,
I avec les notesde MM. Bjiotieu et Vavvileiers ;
iiouvellc edition , rei'ue , augmenlee de la version
de divers 'truites el Fiaginens inedits de Plular-
quf , par K. Cea/^ter ; proposde par snuscription ,
en 25 volumes iH-2>.° , orn<fs de /igures en lailie-
doiice , ct d'tin grand nomine de portraits d'hom-
rncs illuslres , ou monumens antiques ay ant traits
a leurs vies. ,4 Paris, chez Cussac ., imprimeur-
liijraire-^ditenr , rue Croix -des- Petits-C^hainps ,
n.° 33; a l-yon , chez Maire ; a Rouen, chez Ics
frercs Vallee ., ainsi que chez les autres libraircs
Jes plus acci-edit^s de France et de I't'tranger.
Cet ouvrage se continue avec siicccs. 1m 3." Tv/-
vraiioii qui vient de paroitre , est composce des tomes
144 Litres divers.
5 et 6 des Vies des Hnmmes lUuslres. L'ex^cution {if*
pograpliique de ces deux volumes , nc le cede en rieri
a celle des piec^dentes Livraisons. Les six volumes
imprimis sont orn^sde lo Figures en taille-douce ,
et de 37 Mcdaillons graves en bosse , dont I'impres-
sion se fait en menie temps que celle de I'ouvrage.
JoVBNAL des Spectacles ^ de Musique et des Arts,
redig6 par le C. liAVNoiR.
Le Journal des Spectacles , de Musique et des
Arts paroit tous les jouis, et est rendu chez les
abonn^s avant dix heures du matin.
II est compost de quatre pages in -4.° et d'uii
feuilleton.
II a commence le i." frimaire an X.
Le prix de I'abonnement pour Paris, y compris
le timbre et le port ^ est de 5 fr. par mois , de la fr.
par trimesfre, et de 42 fr. pour I'ann^e entiere. Et
pour les d^partemens , de 5 fr. 60 cent, par mois-,
de i3 fr. 5o cent, par trimestre, et de 48 fr. pour
I'ann^e entiere.
On s'abonne a Paris , cliez le C Deniie jeune ,
libraire , rue Vivienne, n.° 41 , ancienne maisonde
]a Caisse d'Escompte , et au Bureau da Journal ^ an
Palais du Tribunat , n.° io5 , vis-a-vis le passage
Riidziv\'ill.
Et j)our les departemens etles pays Strangers , chez
les principaux libraires , et chez les directeurs et
maitres de postes.
Nola. Po ir la commodity des cafes, des restau-
rateurs et aufre.s etablissemens publics, I'annonce des
spectacles du jour s'imprimera sur un feuilleton, qui
pourra se detacher et s'encadrer sous verre comme
I'almanach.
Les abonnemens au mois , des Strangers qui ne
font qu'un court sejour a Paris , commenceront du
jour oil ils s'abonneront.
Table des articles contenus dans ce num^ro.
LlTTiaATUBE.
Voyage en Iralle de M. I'abb^
Barthelemy , de rAcaderaie
francaise , etc. } publiu par la C.
Stryes, 7
C a I « I
9 V «.
Xemarques crijiqu6s du C. Morel-
let, sur I'ouvrage iutitale Lexi-
eologie, par le C. Buut. tj
AllCUikSOI,OGIB«
Sfiite de !« Dis$erUiioa 8ur \e co»-
Cume dcs Furies, dans la tragedie
des aucieqs, e[ sur les moiiu-
jnens anliques , Iraduile de I'al-
leniaiid de M. BoiUigerl par le
C. yyinckler. 33
MCDHCXJIB.
Meniofres de la Societe medicale
d'emulation , seante a I'ecole de
medecine de Pari*. 73-
VARlETES.NOUVEtLESETCOR-
»ESPONUANCE UTTERAIRES.
NoiTTElLES iTBANGEBBS.
teterabourg. — Cabiner de For-
ster. go
Academie de Petersbourg. Il/id.
Danemarck . — Academie de Copen-
hague. 91
'Siockholui. — Nouvelles diverses.
Pfusse. — Sucrt de bellerave. gi
J-ondrps. — Liste (Je tous les jour-
naux et magasiiis lilteraires qui
paroi.sspiit chafjue mols k Lou-
drfS, avcc leui- prix, gS
Nouvelles diverssi. g5
Hollaode. — iSoci^Ce des sciences et
des arts a Utrechu g&
Autricbe. — Sou^ntl de Uttirature,
Vienne. — Acadimie iinperiale des
arts. 99
Livres fraocais defendus par la
censure de Vieijne, dans 1»
courant des mois de join e%
juillet i6of. Ibidf
Florence. — NoDveau livre do I»
laogue giecque. io4
F a A )« c ■<
Lyc^e de MaiseiUf<
»o5
Lyc6e du Gard.
107
Biblioilieque d'Alewodrie; i Mar*
seille. Ibick
Academie de peinture do Gaod. loS
Mine de soufre natif, decouverte
h Saint ^Bau6, dant lea Basses-
Pyrenees. 109
P A & I t.
Embellissemcnt da Palais da iknaX,
consetvateur. 1 \t
Soeiile d'eucouragement pour I'iil-
dustrie natioDale. >>S
Circons^ance de la mort de I'el^-
phant male du Museum d'histojre
nalurelle , le 17 nivose an 10. 1 16
Institut national. — Notice des tra-
vaux de la classe dej sciences ma-
theniaciques et physiques, pen-
dant le premier irimestra.de I'au
10. — Partie matb^matique , pac
le C Delambre , secretaire. 118
-^ Partie physique , par le C La-,
cepidt , secretaire. ^24
'^^■■l4-
i H B A^T RES.
Lysistrata. 1 33
La gtande Ville. J 34
LlVaESDlVBRS.
LittcratDre.
J.e« OEuvres d'Horace , tradpites
en francais par le C. jB/nef. 13/
liegislation.
Introduction k la Science de I'ico-
nomie politique et de la sialistique
g^uerale ; par le C. Leblanc. iSg
Ornithologie.
Jllstoire naturelle des Grimpcreaux
«oui-raaVigas et £;u>t - guits, des
Oiseaux de patadis et des Jaca-
imars ; par L; P. Vieilloc. 140
Eomans.
Charles et Marie; par Tauteur i'A-
dilede Senange. lii
Histoire d'Agatli.on^ Uaditfupii noo*
velle et complete, faite'sur 1*
dernlere Edition des OEuyrfS d«
^VIeIand•, par I'auleur de AVfro
d'Alby et Gianette. Ibid.
Novellas NuevaS escriras en'j'roii-
ces , por M. de Florinn. 14a
Gonzalo de Cordoba o la Conquidta
de Granada , escritta por el/ Ga-
ballero Florian. ibid.
Kir et Zolica, histoire iadieufie;
par P. Gallee. t0
LaPaix; parFelicit6 Guiriot-SainP"
Martin, tfiid.
Le Parvertu du jour , ou la Carlca-
turef'physique et morale. Ibid,.
La Soir^o d'Ete; par M. Lewiii
trad, de I'angl. par D. L. M. lb.
IVIelanges.
OEuyre* de Plutarque , traduiies paf
J. Amyoe. Ibid.
Journal des Spectacln-, de Musique
et de£ Ari«. 144
AVIS.
Ou peut s'adresser au Bureau du MagasJQ Encyclop^ditjuc ,"
pour se procurer tous les Livres qui paroisscnt en France ct chea
i'Etranger, et gi-udraleiucnt pour tout ce qui concertie la Librairic
apcienne el uioderne.
On s'y charge aussi de toutcs series d'impressions.
Lcs Livres nouVeuux scut anuonces dans 'ce Journal au»sit6»
•prbs iju'ils out etc rentis au Bureau j c'csl-a-dire, daus le Nu<i
IVcro (jui se publie aprlis celtc reiuisc.
Le Magasin paroit regulih'cnient le premier de charjuc iiiois.
On prie lcs Lihraires qui envoicnt its L:vns paur les ann^c
4'en indigucr toujvurs U prix^
(N.° iSOPriivibsfeari lo.
G A S I N
ENCYCLOPEDIQUE,
o u
JOURNAL DES SCIENCES,
DES LETTRES ET DES ARTS,
a £ D I 6 s
Par A. L. MiLLiif.
AVIS DU LIBRAIRE.
Le prix -de ce Journal est fix^ t
ii q ffdncs pour trpis.mois,
lb I'runcs pour six rnois, ,
'Ml iVatics poiiv iiii an,
nnt pour Paris que pout les D^pariemcns , fiano ih popk
On pent s'a<licsscr a« Bureau du Journal pour se procuref
oils ks JL/ivre.s qui paruissoul en France et cliez I'ei ranger, et
loiir loUl. cc ijui Loiitonif la Libiaiiic ancieiiiie tt luodeme.
Ue Journal , auquel la plupart des hommes qui ont
an noni distingu^, une reputation justement acquise
dans quclque -pairtie des arts ou des sciences, tels
que les CC. Ai.lBERT, DotOTTfiu, Desgenettes,
Bast, Sir-vEsanE de Sacy,Fodrcroy, Hall6,
btlMERlL, SCHWEIGHiEUSKR, LaCEPJiDE , Bar-
BIER, L ANGLES, JLaIANDE, LaGR ANGE , LEBRUN,
Marrov, Mentelce, Barbie du Bocage, Bassi-
SE I , MORELLET, NOEt', OberLIN, C^LAUDON-IA-
EOCHETTE, CAttLARD, VaN-M03SS, TrAULLE,
Tome F. ( y.-^" An.) -
L£veill£, Cuvier, Geopfroy, Ventenat,
Cavanilles, Usteri, Boettjger, Visconti,
"VjLLOISON , WiLLEMET, WiNCKLER , e(C. founiis-
sent des M^moires, contienf I'extrait des principaiix
ouvrages nalionaux : on s'attache suitout a en donncf
une analyse exacte, et a la faire paroitre le plus pionip-
tement possible apresleur publication. On y donneune
notice des nieilleiirs Merits imprimis chez I'^tranger.
On y insere les m^raoires les plus inteiessans sur
toiites les parties des arts et des sciences; on choisit
principalementceuxquisont propresaen acc^l^rerles
progres.
On y public les d^couvertes ingenieiises, les inven-
tions miles dans tous les genres. On y rend comple
tfles experiences nouvelles. On y donne un precis de
ce que les stances des societ^s litt^raires ont offert
de plus int^ressant ; une description de ce que les d€>
pots d'objets d'arts et des sciences renferment de plu?
Curieux.
On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages
desSavans, des Litterateurs et des Artistes distingu^s
dont on regrette la pertej enfia, les nouvelles litt^-
raires de toutf espece.
Ce Journal est compost de six volumes in-S." par
an, de 600 pages chacun. Tl pa; oil le premier de
chaque niois. La livraison est divis^e en deux nu*
meros, chacun de 9 feuilles.
On s'adresse, pour Tabonnement, a Paris, au Bu-
reau du MagasinEncyclopddique, chez le C. FUCHS,
Libraire, rue des Mathurins, hotel Cluny.
A Amsierdam, ^ cl'cz la ^e. ve Changuion cl d'Henasi.
' \ chez Vau- Gulik.
A EmixcUcs, chez Lei.iaire.
A Floieme, chez rjolini.
A FraucfoiL-sur-le-Meiu, illez Fleischer,
» ,, , j chez r.Iaiigct.
A (.enbve, | .-he, Paschoud.
A Hanibourg , chez Huffuiuiin.
A Leipsic, chez Wolf.
A Lej'fle , chez les frhres Murray.
A Loudics, chez de Bofie , Gerard StntU
A Strasbourg , chez Levraiiil.
A Vicniie, chez Degen.
A Wesel, chez Geisier, Dirccteur de» Poitej?
U iaut afiranchir les lettres..
A S T R O N O M I E.
HiSTOiRE de r Astremomie pour Vannee IX
(1801).
JLjE pieuiier jour du 19.^ sl^cle a e(^ niarnii^ par
un ^venement astronomique , la df^couverte d'utie
planete a Palerme , en Sicile, falteparM. Piazzi,
le I."' Janvier (i). Elle ^loit aussi petite qu'une
^toile de 8.* grandeur; ill'observa pendant quarante
jours. Les observations qu'il in'a envoyets sont ar-
rlve'es trop tard pour qu'on ait pu la suivie , et I'on
a et^ reduit a calculer son orbite par les seules ob-
servations de M. Piazzi. Le C. Burckhardt, M. 01-
bers , M. Bode, M. Piazzi et M. Gauss, onttrouv^
que, pour reprf^scnter ces observations, il ftiudroit
iupposer qu'elle tourne en quatrc ans. Voici les
Clemens que le C. Burckhardt et IvJ. Gauss ont
trouv^s :
Inciliia'son. . . . 10" 47' jlnclin. . 10° 36' 07''
KcEiKi ■^'^ 20° 5!/ jNccud. 2 21 o 44
Aphelic 3* 9° o' j Epoquede 1801. 2^ 16° 28^
Passage par Ta- Anom. raoy. . , . 3 i5 55
phclic; le 1." janv. 1801. 8*^ | Aplidie 10 26 27 3X
Excentricitc , 0,0064 j Exceiu'iicite. . . . 0,0826017
Demi-axe. . . 2,574. [Equation 9° 28'
Revolution.. 4ansi3centiem. Dist. 2,7355
i i652,2 jours, ou 4,52 ann.
(1) Je me scrs ici du cilendrier <!e inures les nations, persuade que
1p pouvernement francais renoiicera bientot a un calcndrier qui n'est
cniendu et ne pent etre sdopte oi de ao» voisins, oi meme de la gijnd«
p'uralilii des Francais.
Tome V. K
!4^ Astronomie.
La dlfiVrence de ces ^l^naens me paroissoit Jeter
du doute snr la r^alit^ de cette oibite de qualre ans}
niais, au commencement de I'annee i8oa, elle a did
parfaifement coustat^e, et nous avons une 9/ planete.
Le 25 octobre , nous avons recu le m^moire im-
piime de M. Piazzi , avec ses observations et ses
calculs. Comme il espere que cet astre sera reconnu
pour une nouvelle planete, il lui donne le nom de Cd^
res de Ferdinand ^ a I'honneur du rol de Naples , et
M. Bode veut I'appeler J'«/20«. Pour mol , je I'appel-
lerai Piazzi^ comme j'ai appel^ Herschel la planete
de 1781. Les divinitds payennes n'ont plus rien de
lemarquable pour nous , et I'adulatlon ne plait qu'i
celui qui en, est I'objet.
Le 12 juillet au soir, les CC. Messier, Mechain
et Bouvard , trouverent , chacun de leur c6(^, une
petite coraete pres de la tete de la grande Ourse ,
et il paroit qu'elle avolt el6 apercue , la nuit pr^-
c^denfe, par le C. Pons , concierge de I'observa-
toire de Marseille, Le bureau des longitudes lui a
donne les 600 fr. que j'avois d^pos^s chez un no-
taire , pour celui qui trouveroit une comete ; les
trois habiles asfronomes de Paris ayant jugd eux*
m^raes c]ue I'arfiste devoit etre encourage.
Jean-Louis Pons est ne a Peyre , village du d^-
partement des Hautes-Alpes , le 24 d^cembre 1761.
11 est a I'observatoire de Marseille, depuis le 3
fcvrier 17B9 ; sa conduite , son adresse et son intel-
ligence, I'ont reudu cber au directeur de I'obser-
vatoire, C'est lui qui a fait en entier la luncKede
nuit avec laquelle il a decouvert la comete du ix
Hisloire; 147
Juiliet 1801 ; H I'a faife d'apres utie Itinetle de
George Adams , qui est a I'ecole de navigation de
Marseille : le bnieau des longitudes lui en a en-
voy^ line meilleiire.
J'ai eu une nouvelle preuve de I'utilit^ des 5o
niille <^foiles que j'ai procur^es a I'astronomie , et
des positions exacles que le C. Lefrancais Lalaude-,
mon neveu , a fixees pour les etoiles anciennement
observ^es 5 plusieurs ont servl a determiner les
lieux de la nouvelle coniete que les CC. Messier,
M^cliain et Bouvard , ont suivie avec assiduity, et
dont I'orbite sera fort bien d^terrainee , quoiqu'elle
n'ait paru que dix jours.
Le C. Thulism'a envoy^ sept observations du 12
an 21 juillt't , deduifes seulement des azimuts et
des hauteurs , sans avoir pu la comparer a des
etoiles; mais on a ^t^ plus heureiix a Paris, et le
C. Mechain a eu de quoi calculer les elenieus de la
inaniere suivante, par une pieiuiere ebauche :
ison , zS°y
. . o* 8 1
T ,• ■ t-oi P<:Tihelie. ... 6* 11°
Inclmaison , 25 1 „.
XT J s o \ Liistance. . . . o 3
Passage , le 7 aout 1 o neuies.
Cette petite comete , trouv^e presqu'en m(?me
temps par qualre personnes, prouve qu'il n'est pas
(difficile de trouver des cometes ; on en a vu jusqu'a
trois ou quatre dans une ann^e ; et , si quelques
amateurs vouloient s'en occuper , il est probable
que le nombre augnienferoit rapidement. C'est ce
qui manque a I'astronomie ; il est humiliant pour
nous de ne pas savoir si c'est par cental nes ou par
K 2
24^ yhnonomie.
milllers qu'il faut coiiipler ]es cometes , si elles re-
viennent , on si elles vont se perdre clans I'immen-
sit^ de I'unlvers.
11 ne faut qu'ime simple lunette pour clierchef
ct trouver des cometes , et pour designer lenr si-
tuation aux astronomes. Je suppose (ju'on ait uii
quart de cercle de bois de deux pieds, qu'on pent faire
faire par uu menuisier , et qu'on ait trac(5 une m^-
ridienne avec un grand cercle sur le carreau ; que
le cercle soit divis^ en degrees, et I'instrument di-
rig^ vers I'endroit ou est la comete ; on verra tout
a la fois et la hauteur et la distance a la m^ri-
dienne, pour le temps de 1' observation. II n'en faut
pas davantage pour que les astronomes puissent
trouver la comete qu'on leur auroit indiquee. AinsI
il n'est pas n^cessaire de connoitre les ^toiles pour
trouver des conictes ; mais il y a cent nebuleuses
qui ressemblent un peu a de petites cometes : si Ton
veut les distinguer , il faut avoir recours a I'Atlas
celes(e, ou elles sont toutes marquees ( af Paris,
chez Lamarche ^ rue du Foin ). Cette ^tude ne sera
ni longue, ni difficile. L'Atlas de Berlin est beau-
coup plus complet ; nous le ferons connoitre en de-
tail ci-apres.
La lunette de nuit dont se sert le C. Messier, et
avec laqoelle il a deja trouve vingt cometes , est
une lunette de 2 pieds ^ qui a 2 ponces et deml
d'ouverture, et trois oculaires : le premier du cote
de I'oeil , a 2 pouces et demi de foyer et 10 lignes
d'ouverture, le second 9, le troisieme 9 pouces et un
quart. II y a 10 lignes entre les deux , et 5 pouces
Hisloue. y 149
♦litre le precedent et le second ; 51 y a un dia-
phragme cle 14 llgnes entie le premier et lo second
oculaire , a 2 ponces du premier et a 3 ponces du
second. Cette lunette ne giossit que cinq fois, mais
elle a 4 dcgr^s de champ. On pent en faire faire
line pareille pour 70 a 80 francs.
Burekhardt a aussi calcule les orbites des cometes
de 1763, 1771, 1773 ; et , pour la seconde , il a trouve
une orbile hyperbolirjiie.
La comete que le C. Messier decouvritle 74 juin
1770, sur laquelle le C. Burekhardt a fait de longs
et savans calculs, semble avoir une petite orbltecir-
culaire de cinq amices et sept mcis. Ccpendant on
n'a point vu cettc comete de 1770 ni auparavant ni
apres ; cela ne pent s'attribuer qu'a de grands chan-
geniens dans son orbite.
Faudra-t-il done , apres avoir afRrm^, pendant
le 18.' si^cle, que toutes les cometes revenoient ,
dire , dans le 19." si^cle , que les cometes ne revien-
nent point ( excepts celle de 1709 ).
Voila ce qui fait que je ne songe plus qu'aux co-
metes, je ne parle que des cometes , je ne recom-
mande a mes correspondans que de chercher des
cometes, en leur ^crivant que la seule chose qui
manque a rastrouomie , c'est la connoissance des
cometes.
Le i5 m«i , j'ai eu le plalsir de recevoir le pre-
mier exemplalre de mon Histoire celeste, francaise ,,
fruit de. douze ans de travaux , qui termine les 5o
mille etoiles auxquelles mon neveu , MichelLefran-
cais, a employe la plus belle partie de sa jeunesse.
K 3
i5o Astronomic.
On y irouve aussi des observations que d'Agelet fit
avant de partir pour le voyage autour du monde ,
et celles par lesquelles le C. Darquier, ag^ de 83
ans , terQiine sa glorieiise carriere d'astrononiie.
Les observations de Tycho , de Flamsteed , de Pi-
card j de Lacaille , de Maske]yne , ont €\.€ le fon-
deinent de tons les progres de I'astronomie ; les
tli^ories les plus profondes, les calculs les plus sa-^
vans ne peuvent s'en passer , et ne peuvent le dls-
puter pour ritnporiance , ni pour la dur^e. Les ob-
servations scales nous survivront , et les obsei va(eurs
que I'on affecle trop souvent de rabaisser, peuvent
se consoler J ils seront les seuls astronomes k qui,
longtemps apres leur mort , s'adresseront les ^loges
et la reconnoissance de nos successeurs et de la
post^rit^.
Lefraocals - Lalande , neveu , a continue les
observations et les calculs de 3ooo declinalsons , et
de TOGO ascensions droites des principales etoiles,
observ^es chacune plusieurs fois. Ces longs et pdni-
bles travaux ont indrite a cet habile observateur une
place a I'Instilut national , le 26 d^cembre. M.""
Xiefran^ais-Lalande a continue la reduction des 5o,
mille Etoiles, travail immense auquel elle s'est de-
vou^e avec courage , et que sa grossesse meme n'a
pas interrompu. Leur fiis se pr(?pare a leur succe-
der , et calcule d^Ja avec quelques succes : j'espere
qu'Isaac Lalande sera le troisieme astronorae de.
son nom.
Le C. Delambre a observe plusieurs d^clinaisons
au cercle multiplicateur. Piazzi nous annonce un
Uistoire. i5i
catalogue de 7000 etoiles qu'il a obscrvees a Pa-
lerme , et le C. Cagnoli prepare un catalogue de
5oo etoiles (ju'il a observ^es a Paris et a V^rone,
avec un soin tout particulier.
Le C. Vidal , dont j'ai tant de fois celebr^ le
courage et I'exactltudc , m'a envoy^ la suite des
Etoiles australes que Ton voit mal a Paris, des dtoi-
les circompolaires qui nous manquoient , et un tri-
duiim assez sli^gulier : le 28 avril et jours suivans,
il obserya toules les planetes tous les jours. II y a
joint des observations de Mercure et duSoleil dans
les deux solstices, avec une boussole ingc'nieuse qui
lui a servi a faire un grand nonibre d'observations
sur la d(^cliiiaison de I'aimant.
M. Burg, astronome de Vienne , qui ayoit reni-
port^ le prix de I'lnstitut , sur les in^galit(?s de la
lune , a continue de s'cn occuper, II a recalcul(?,
avec 3ooo observations , les z^inegaliles de laLune;
il en a ajout^ de nouvclles qui lui out eid indiqu^es
par le C. Laplace , d'apres sa theorie. Ces tables
sont arriv^es le 8 d^cembre: les eneurs ne vont pas
a \S" , et le prix de 6000 fr. , propose par le bu-
reau des longitudes , pour le premier qui feroit de
bonnes tables de la lune, sera bii?n m^rit^ par cefc
Labile et courageux astronorue. Le bureau des lon-
gitudes est occup^ ^ les v(^rifier encore ; mals toutes
les observations faites a Gotha depuis peu , confir-
ment I'exactitude de ces tables. Car c'cst a I'obser-
vafoire de Gotba , le sanctuaire de I'astronomie
d'Allemagne , que M- Burg a fiui son travail; M.
le baron de Zach I'y ayoit appcle, pour qu'il piVt
K4
1 52 Ashoiiomi'c.
jouir a la fois de tons les agremens e6 de toutes le*
facilif^s qu'il pouvoit desirer'.
Ce qui reste a faire pour la theorie de la lune ,
depend peiit-etie de quelques teimes ou il faut
employer les puissances siipc?rieures des excentri-
citi's et des forces : le C. Burckhardt s'en occupe ac-
tuellemeut.
On avolt employ^ pour les mouvemens de la lune
les observalions arabes du ic* siecle. Le manuscrit
ty.\fi j'avois heureusement retrouv^ dans les papiers
tie Joseph Delisle, avoit fait desirer d'avoir I'ori-
ginal qui efoit a Leyde ; le miuistre batave nous I'a
envoy^. Le C. Caussin a examine ce manusGi'it de
Leyde ; il n'est pas complet ; il ne contient que les
observations deja connues. On n'y trouve point les
renseignemens qu'on desiroit sur les instrumens des
Arabes ct sur Jeur maniere d'observer ; mais il a
fourni quelques corrections in(^ressan!es pour la
copie que nous avions , et qui s'iraprliiie acluelle-
juent, en arabe et en francais, a I'imprlmcrie de la
republique , par les ordres du ministre de I'int^-
rieuv. Les observations du solstice det^ nous ont
ar.sur;' de nouveau que I'obliquit^ de I't^cliptique
est 23.° 28' 6" hi plus grande de 5" que dans nies
tables. Les cevcles multiplicateurs nous donnent la
certitude d'une scconde, et Je crois^fre assur^ que
la dimiinition sur laquelle on a tant dispute, est de
33" par siecle , bien ^loign^e de celle que le C. Cas-
sinilui attribuoit, d'apres deniauvaises observations
faites a I'observatoire avec de mauvais instrumens.
Le solstice d'iiiver nous doiiue 8" de uioius : il
Ilistoire, J 5S
y a lieu cle croire que cola ticnt a la refraction qui
n'est pas encore assez Wen conuue pour les polites
Lauteuis. Quoique I'ob'iquitCf soit a peu pres deci-
d^e, I'Academie de Berlin n'a pas laiss^ de pro-
poser cette variation pour sujet du prix de 1802.
Elle demande les retfterches les plus int^ressaules
et le3 eclaircissemens les plus iniportans sur cette
matiere 011 il reste encore ( dit le progran me ) plu-
sieurs points a eclaircir , relativement a la variation
de I'obiiquite de r(:=cliptique.
Toutcs les planetes ont ^t^^clips^es par laLune,
dans le cours de celfe annee , comriie M. Reggio
I'a fait observer dans fcs ephci'mt'rides de Milan ;
cela est rare. Nous n'ayons pu observer bien que
I'eclipse de V^nus , le i3 mai. Mais nous avons ete
dedommag^s par les Eclipses de la belle ^loile de
r^^pi de la Vierge , qui ont ^te observt'es dans beau-
coup d'endroits , le 3o mars et le 24 mai , qui ra'ont
scrvl a verifier les longitudes de plusieurs pays. Les
Eclipses des quatrc ^toiles de la premiere grandeur
sent les phenomenes les plus importar.s de touspour
ces sortes de determinations.
J'ai continue de remplir la tache que je m'^fois
impos^e il y a 40 ans , de calculer toutes les eclip-
ses de soleil et d'^ioiles que I'on avoit observ^es ,
et dont les astrcnomes avoient ncglig^ jusqu'alors
de tircr des conclusions , a cause de la longueur
des calculs. J'ai corrig(5 les longitudes de Rome,
deMiddelbourg et de la nouvelle ville de ^Yasbing-
ton , en Amerique.
M. Ledi;c de Sc:moncfta, Gactani et M. Conli ,
i54 Astronomie,
ni'ont envoys des observations de Rome. M. Ciccor;
llni m'en a envoye rle Florence , et la jour que le
rol d'Etrurie vint ^ I'Institut , j'eiis le plaisir de
lui presenter iine determination de la longitude de
Florence , qui avoit et^ fort mal ddtermin^e , mal-.
gr^ la celebrity de cetle capitale , et le grand nombre
d'hommes distingu^s qu'elle a produits.
AI. Kautsch, piariste a Leutonuschel, en Boh^me,
a fait un travail immense sur les eclipses de Soleil.
II a calculd, pour tout le 19.' si^cle, des cartes ou
I'on voit les circons(ances de ces eclipses pour tous
les pays de la teire oil e'lles sont visible.s , de la
ni^me maniere qu'on les a mises dans nos dph^m^-
rides, depuis 1760 jusqu'a 1800, et actuellemeat
dans la Cvnnoissance des temps ^ par les soins du
C. Duvaucel. J'aurois desire avoir un moyen pour
pubiier le travail de M. Kautsch , dont le zele et
I'habilete m^ritent tous nos ^loges.
Le C. Goudin , qui a aussi public une methode
analytique pour les eclipses , l*a appliqu^e a I'^clipse
de 1847, S*^'' ^^^^ ^<> P'"S considerable de cesi^cle,
et il I'a calcul^e en detail pour toute la surface de
Ja terre.
Les conjonctions des planetes entre elles n'int^-
vessent pas les aslronomes; mais elles sont un spec-
tacle pour le public , surtout quand elles se lient
avec d'autres ev^neraens. Aussi le C. Messier a-t-il
cru pouvoir remarquer que le canon nous annoncoit
le bonheiir de la paix, le 3 octobre , lorsque la Lune,
V^nus, Jupiter et Saturne , ^loient aupres de la
bejJe etoile au caeur de Lica. >
His toll e. 1 55
Nous ne sornmes plus au temps ou ces rappvo-
cliemens ^toient des chnses iuiportanles ; mais , en
1186, les astronomes avoient annonc^ des revolu-
tions terrjbles, par )a conjonction de tontes les pla-
netrs. J'ai engage le C. Flaugergues a la calculer
exaclement par jios nnuvelles tables, et il a trouv^
qu'en efret, Je i5 septembre, a 5 h. 2 m., toules les
planefes ^foient eiitre 6 signes , et 6 signes io.° de
longitude.
Ce ne sonl-la des conjonctions qu'a peu pres ;
mais les conjonctions rigoureuses de toutes les pla-
retes sont incalculables. Un apercu de ces retours,
oil je n'ai employ^ que les jours pour la dur^e des
revolutions , m'a donn^ 17 niille millions de mil-
lions d'annees pour I'intervalle d'une conjonction a
I'autre. Que seroit-ce , si j'avols tenu compte des
hemes et des lainutes?
IVJars etoit de toutes les planetes celle dont les
tables dloient les moins exactes. Le C. Lefrancais
s'en est occupy pendant six raois ; il a calculi toutes
les observations; il a employe toutes les nouvelles
perturbations ; il a pouss^ la precision jusqu'aux
dixlemes de secondes , et il a fait enfin des tables
de Mars qui laisseront peu a desirer , et qui vien-
nent de paroitre dans la Counoissancc des temps de
Ian 12. J'ai vu avec plaisir mon successeur imm^-
diat et mon plus cher disciple, suivre le travail que
le C. Lemonnier, mon maitre , me fit entreprendre,
il y a 5o ans , a I'exemple de Tyrho-Biabe, qui
coinmenca ses recherches par la planete de Mars,
?\ qui mit Kapler sur la voie de ses dccouvertes,
1 56 Astrononiie.
par le moyen de la nieme planete. II va bientoft
s'occuper des tables de V^niis , en tenant compte
des perturbations.
Pour Saturne , rerreur s'est (rouv^e + l" en lon-
gitude, — 9" en latitude. Le C. Delambre a fait
de nouvelles reclierclies pour faire disparoitre I'er-
reur de 3o" dans les tables de Jupiter; mais elle
se retrouvoit port^e sur les observations faites il y
a 60 ans : ainsi il faudra en cLercher les causes
dans la th(;orie et dans quelques nouvelles Ine}j;a-
lit^s.
Le C. Bouvard a termini les calculs de toutes les
perturbations des planetes, chacune par Taction de
toutes les autres , d'apres la tb^orie du C. Laplace;
il en resultera des tables nouvelles qui auont
encore un plus grand degr<^ d'exactitude. Le C.
Burckhardt a fait le calcul analytique et numeiique
des termes du cinquieme ordre , dont on n'avuifc
point tenu compte, a cause de la longueur des cal-
culs. 11 troure que ces termes augnientent la
grande in^galit^ de Saturne d'une minute.
Le C. Chabrol a calcule des observations du So-
leil ; il a trouv^ 7" a oter des longitudes donn^os
par nos tables. Mais le C. Delambre a entrepris de
calculer 7 a 800 observations de Bradley , en y ap-
pliquant 8 ou 10 Equations nouvelles , fournics par
les calculs de I'attraction. L'excentricit^ de Jupiter
et de la terre donne des Equations pour le Soleil ,
qui vont de 8 a 9". Ainsi, nous aurons bientot de
nouvelles tables du Soleil , encore plus exactes que
celles que Delambre ayoit doun^es , il y a 10 ans , ot
Tllsioire. 1 5/
Uu^queUes il sembloit qu'on ucpouvoit rlcn ajouter.
Pour Mercure , I'erreur de mes tables n'a pas pass^
jo" ; V(5mi5 observee le 24 mai , m'a clonn(?, I'erreur
des tables, + 3o". Cela semble indiquer qu'il faii-
droit oter 12" de I'dpoque, mais que i'equation de
I'orbite est bonne.
La Comioissance des temps pour I'an 12 ^1804 j,
qui vient de paroitre , contient tout ce que I'astro-
nomie a ofFert de plus int^ressant depuis un an :
des rechercbescurieuses sur la th(?orie de la Lune, par
le C. Laplace ; les nouvelles tables de Mars , par
le C. Lefrancals - Lalande 5 un nouveau catalogue
d'^toiles r^duites , portant leur nombre a 11890,
suite de celles qui sont dans les volumcj pr^c^^dens;
des observations, des tables et des caJculs inapor-
tans des CC M^chain , Delarabre, Chabrol , Vidal,
Tliulis, Flaugergues, Ciccolini , Due Lachapelie,
JBurckhardt , Bernier, Humboltd , Quenot, et plu-
sieurs calculs de moi , avec la notice des ouvrages
les plus importans qui ayent paru depuis un an,
Les EpIiemeriJes de Vieune, pour 1802, contleu-
ncnt une quatrierac suite de delerminalious de lon-
gitudes, par M. Triesnecker, qui a calculc? toutes les
(iclipses de Soleil et d'etoiles qui ont et^ observ^es,
travail considerable et important qui restoit a faire.
M. Triesnecker nous a donne en m6me temps une
table de tons les resultats prc/c^dens pour la posi-
tion des villcs oil I'on a observe des eclipses.
Le tvoisleme tome des M^moires de I'Institut; le
huitieuie tome des Menioires de la Soci^te italiennej
les Epbem^ridcs de Berlin pour i8o3 et 1804, celles
i58 Astronomie.
de Milan pour 1801 , et le Journal de M. le baroii
de Zach , pendant toute I'ann^e , out continue de
nous fournir des observations int^ressantes et de9
menioires nouveaux. M. de Zach s'est procure le9
observations que Liesganig avoit faites a Vienne ,
depuis lySS jusqu'a 1774 , et celles que Ni^bulir avoit
faites au Levant en 1761, et qu'il n'avoit point pu-
biiees. Nous avons re^u les M^mohes de I'Acad^mlie
de Berlin pour 1796 et 1797 , et le sixieme tome des
M^moires de Turin ; mais il ne conllennent point
d'astronomie.
L'Observatoire de Paris ayant acquis de nouveaux
instruments, a €i€ mis en activity par les CC. Mechain
et Bouvard , et le bureau des longitudes s'occupe des
moyens de faire imprimer les observations de 1801 ,
dans le nieme format que celles de Greenwich. Ca-
roche ayant achev^ le telescope de 22 pieds, le" C.
Treinel s'occupe de la construction du pied qui doit
le porter, et les travaux de la plate- forme sur laquelle
on devra le placer sont ddja tres-avanc^s ; nous avons
joui , dans toutes les occasions, du bonheur d'avoir
pour ministre un savant ct^lebre depuis Jongtemps^
et a qui il ne manquoit, pour etre plus utile aux
sciences , que d'avoir I'influence dont il 6toIt si
digne.
Le telescope des passages que Joseph Delisle avoit
plac^, en 174B, a I'hotel de Cluny, avec lequel j'a-
■yois tait mes premieres observations , ainsi que ie
C Messier , ^toit devenu presque inutile par la
rouille. Le bureau des longitudes a voulu qu'il fut
^^refait en plaline, et notre collogue, le C. Messier j
MistOLte. 169
aura un nouveau secours pour ses utiles observa-
tions.
Le C. Lenoir a fait voir a Paris, dans I'expositlon
publique de Pan g, que I'industrie francaise ne le
cede plus i celle des Anglais; il a recu du gouver-
nement une des douze inedailles d'or qui ont etd
distributes aux plus recommandables de nos artistes.
Le C. Jecker a mont^ un atelier de quarante ou-
Vriers pour I'opdqiie et les instrumeuts d'as(rouomie,
seconds par le C. Michel , un des plus habiles artistes
de Paris.
Le bureau des longitudes a envoy^ un quart de
cercle au C. Flaugergues, a Viviers, et un au C. Dan-
gos , a Tarbe , pour les mettre a portee de faire des
observations plus suivies et plus exacles.
Le C. Flaugergues s'est ddja servi du sien pour
determiner la latitude de son observatoire ; 44° 29'
22" plus graude de 18", que par les triangles de la
France } il a continue d'observer assidument les
Eclipses des satellites de Jupiter; il a observe les
taches du Soleil qui ont ^te frcquentcs cette ann^e,
et il nous a calculi beaucoup de positions d'^toiles.
Le C. Cbabrol nous a fait part d'une nouvelle me-
thode analylique pour les eclipses, et il en a calcule
plusieurs ; il a ^galement verifi^ les tables de Mars
et de Mercure , par les observations de cette annee.
II a reduif 600 observations d'ctoiles, et il a calculd
les 600 longitudes du catalogue fondamental; enfini
il nous offre un coop^rateur jeune, libre, z^ld, cu-
rieux , sans ambition, sans pretention , sans intec^t,
et qui jneiue toute noire reconaoissance.
i6o [Astronomic.
Le C. Mougin , cuv^ de ]a Grande-Corabe-des-
Bois , dans les uiontagnes du dc'partement du Doubs ,
nous a cnvoy^ une grunde table de precessions, c'esl*
a-diie, des cbaiigeiiients annuels des etoiles en as-
cension droite, d'apres les donuces que je lul avois
foiirnies. II y a trente ans que nous recevons de ce
digne ^asfeur des marques de zele , d'application ,
de curiosity et de courage, qui soul bien rares, sur-
tout dans les deserts;*
M. Maskelyne nous a envoye ses observations de
1800, suite du pr^cieux recueil qu'il fournit dt'puis
36 ans , et il nous annonce le Nautical AUnunac
de 1806.
M. Bode , a Berlin , a public la derniere partie de
son grand Atlas celeste en vingt feuilles , qui coutieut
toutes les constellations anciennes et plusieurs nou-
velles, el plusieurs milliers d'etoiles, que Je lui ai
fournies ; travail immense , dont les astronomes
avoient besoin ; on pent se procurer ce bel ouvrage
au college de France.
Le 27 seplembre , la R^publique helvetique a
adopte les mesures francaises ; c'est le premier des
etats de I'Europe qui ait senti I'importauce de cette
mesure universelle pour le bien general des peuples
civilises.
M. Guglielmlni, a Bologne, a fait trois nouvelles
experiences sur les chutes des corps , pour prouver
la rotation de la terre ; il a trouv^, a une ligne pres,
]a meme deviation au Midi , quoiquc la theorie ne
la donne pas ; mais il a trouv<i la deviation a I'Ouest,
telle qu'elle doit cire. On se prepare aussi a I'aire
«!e
Hisloire. 1 6 1
tie pareilles observations a Hamboiirg, siir uiie hau-
teur de 826 pieds a la tour Saint-Michel.
L'observatoire de Cadix nous avoit fourni , pendant
qnelques ann(?cs, une suite d'observations importan-
tes. Mais depuis longtenips , il (^toil neglig^. Le ge-
neral Mazzaredo en a fait batir un nouveau dans I'He-
de-L(?on, et il y a attache qiiatre astronomes , offi-
ciers de vaisseaux , qui y resident depnis deux ans;
messieurs Rodrigo Armeslo, Masimo-Lariva Ague-
ro, Julian Canela et Jost-ph Cuesfa. On public
aussi , depuis dix ans , un Almanach nantlque en
Espagne; j'espere que la marine et rastronomie en
profileront. Le telescope de zS pieds anglais, que
Herschel a fait pour I'Espagne , parlira au luois de
Janvier, et le C. Dupont ira en Espagne pour le
monter.
M. Travassos, secretaire de TAcadc^mie de Lis-
bonne , in'a envoye des observations de M. Ciera ,
qui ont confirme la longitude de cetle ville ; des
Eph^mdrides nauliques jusqu'a i8c3 , et divers ou-
vrages de I'Acad^mie portugaise, dont nous n'avion^?
aucune id(5e, et que I'lnslitut national de France a
recus avcc beaucoup d'interet ; c'est M. le chevalier
d'Araujo qui a conduit cctte negociation.
L astrononiie languissolt depuis longteiiips dans la
R^publique batave ; M. Fokker a ^tabli , a ses frais ,
un observatoire a Middelbourg ; il s'e|st procure des
instruments a ses frais, et 11 nous a envoy^ plusieurs
observations faites depuis 1797 jusqu'a iBor. Nj.
- Fokker, dans la r(?volution de 1795 , (^toit n.cmbre
fUi comite de salut public 5 alors il se fit donner une
Tome r. L
1 62 jistronomie]
tour de I'abbaye; inais la revolution du 12 Juln 1796^
a interrompu ses projets d'am^IIoration pour son
observatoire, II est actuellement employ^ dans les
finances de la Zdlande ; mais le temps qui lui reste
est employe ^ I'astronomie, et il m'a envoys plusleiirs
observations interessantes.
En Alleraagne y I'astronomie continue d'etre dans
line grande activity. Le voyage de M. le baron de
Zach a Bremen , a Lilienthal , a produit une nou-
velle activity ; la soci^t^ qui s'est form^e pour la re-
vue du ciel, continue de s'en occuper. II observe la
lune assidument, et il me fait esp^rer que ^e verrai
h. Gotha, \'^\.€ prochain, une partie des astronomes
d'Allemagne, se rendre au congres astronomique ,
comme en 1798. Au milieu des horreurs de la guerre,
les Francais ont signals Itur zele pour I'astronomie.
Le g^n^ral Moreau etant a Crerasmunster, oa il y a
un celebre observatoire, y fit mettre un ^criteau por-
tant peine de mort contre ceux qui y commettroient
du desordre , et I'observaloirene soufFrit point, noii
plus que le convent des Ben^dictins. II est flatteur
pour les Francais d'avoir des g^n^raux qui se distin-
ouent par le gout des sciences. On ne dira plus que
les militaires sont par ^tat ignorants et ftroces.
L'Acad^mie de P^tersbourg a demands un obser-
valeur ; mais Burg et Wurm ont etd retenus par
leurs souveralns , et ce bel observatoire est encore
inutile, malgr^ la quantity de beaux instruments
dont il est muni.
Le C. Henry a eu la satisfaction de mettre en place
le grand mural de Bird, et d'y falre quelques ob-
servations.
Hlstoirdi 1 63
L'lrr^gularlt^ des degr^s de la teire , mesur^s Ju3-
qu'a pr^s<?nt , faisoit soupcoiiner une eneur dans
celui de Laponie, mesure en lySo. M. M^landerhielin
a obtenu du roi de Suede une noiivelle raesuie. Au
mois d'aviil, MM. Oswerbom et Svvainberg sont
partis pour Tornea ; lis ont fait planter des si^naux
et batir de petils observaioires ; des que le fleuve
sera gele, ils iront mesurer la base avec des rtgles
que I'Institut liur a envoy^es ; iin cercle multiplica-
teur fait a Paris, par le C. Lenoir, leur servira an
printemps pour mesurer les angles , et nous aurons ,
I'ete prochaiii , la solution de cette ancienne diffl-
culte.
M. de Mendoza, officler espagnol, a public deux
grands recueils de tables; un a Madrid, en 1800 ,
Coleccion de Tablas , et un a Londres , au niois d'l-
vril 1801 , oil I'on trouve des tables pour la r^ductloa
des distances par Taddition de cinq nombres natu-
rels ; il a fait des sinus verses un usage nouveau, qui
a rendu les operations nura^riques plus courtes et
plus faciles. Ces tables ont 407 pages in-4°.
M. Garrard, en Angleterre, a public aussi des
tables qui n'ont que i3 pages Jn-4.*, mals sa methode
n'est ni plus courle, ni aussi exacte.
M. VInce, habile astronome d'Angleterre, a publid
]e second volume d'un grand Traits d'Astionomie en
anglais, il n'y en avolt point dans cetle langue.
Les tables stereotypes des logarilhmes xjue Firniln
Didot a publl^es en 1795 , ont et^ corrigees de nou-
veau. M. Vega, qui a fait imprimer en Alleraagne
1° plus grand recueil que nous ayoas , a fait v^rifi**
L a
164 Astronomie.
les tables francaises, et il nous a envoy^ plusieurs
fautes que I'on va corriger, qui seront probablement
les dcniieres, et nous pourrous compter, pour tou-
jours , sur des tables sans fautes. C'est un bieu pour
les calculateurs, qui ont quelquefois perdu des ma-
tinees entleres a refaire des calculs qui ne s'accor-
doient pas, a cause d'un chifFie erroue.
Mais comme les petites tables manuelles et por-
tatives seryent bien plus souvent et a plus de per-
sonnes, j'en ai fait stdr^ofyper ; plusieurs personnes
les ont corrlg^es, et je pourrai , dans trois mois,
donner a tous les calculateurs I'^dition la plus exacte,
la plus commode , et la plug d^gante qu'on ait eue
jusqu'ici.
Le C. Verniquet a termini la gravure de son grand
plan de Paris en 7a feuilles , a une demi-Iigne par
toise , dont I'exactitude surpasse de beaucoup tout
ce que I'on avoit jamais fait dans «e genre.
II y avoit longtemps qu'on avoit projet^ et enfre-
pris de faire un globe lunaire, qui en repr^sentat
toutes les montagnes et les crateres : M. Russel en
est venu a bout en Angleterre ; son globe lunaire,
monl^ sur un pied artistement compost, exprime
toutes les circonstances de la libration lunaire, et
nous la fait voir telle qu'elle doit nous paroitre dans
les diverses positions de la terre et de la lune , ainsi
que les variations de I'dquateur et de I'orbite.
M. Philippides, n^ au mont Pelion en Thessalie,
qui suivoit le cours d'astronomie au college de France
en 1794 » q"i est a Jassi pres du Hospodar de Mol-
davie, se propose de publier ea grec mon Ahregs
'Bisloire. i65
^oslronomie : il a deja public divers ouvvages pour
tacher de piopngcr I'instruction dans son pays.
Les deux derniers volumes de VHisfoire des via-
thematiijues de Montucla sent aux trois quarts im-
primis : Ton y frouvera I'histoire de I'astronomie, de
ropliquede la navigation oil j'ai ^te oblige d'ajouter
beaucoup, a raison de la mort trop prorupte de ce
savant hlstorien.
M. de Murr , a Nuremberg , qui a des manuscrits de
Regioiiiontcinus ^ le premier restauraleur de I'astro-
nomie avant i5oo, a fait graver une page exacte-
ment conforme au caractere du manuscrit : il ofFre
de c^der ces manuscrits pour 2400 fr. , et ce seroit
une richesse pour une grande biblioth^que,
Les poemes astronomiques de Ricard , Lemlere ,
Fontanes , avoient deja fait voir combien le spec-
tacle du ciel est capable d'animer la verve poeti-
que. Le citoyen Gudin nous I'a prouv^ de nouveau
par un poeme qni contient et I'histoire de I'astro-
nomie et la description du ciel avec autant d'exac-
tilude que d'elegance.
La geographic a fait aussi , cette ann^e , des pro-
gres. Tranchot fait la carte des quatre d^partemens
reunis, a une ligne pour 100 toises : on leve le pays
entre I'Adige et I'Adda , le Pi<:^mont , la Suabe, la
Suisse y et le ministre de la guerre en a fait mettre
les details dansleiVo/2zVg«7du26thermidor (i4aout).
Le citoyen Henry , qui a ^te appel^ a Munich
pour la carte de Baviere , m'^crit que la partie to-
pographique est foVt avanc^e : on a niesur^ une base
»i649 metres ou iiio8 toises, la plus longue qu'on
L 3
1 66 ^stVnnOmic,
ait jamais Tnesinee. Les grands triangles qui cnv?-'
ronnent la capltale sonl d^ja en partie feraies. 11 y en
aura dont les coivs seront de quinze justju'a vingt
lieues, et ineme au-dela. 11 a d^ja fait avec son cercle
plusieurs tours d'horlzon avec une precision ^ton-
nante. Le dernier etant compost de six angles, dont
la somme toiite reduite ne s'est trouvee en exces ,
quede huit dixiemes de secondes siir 36o degr^s ; et
cependant le cercle dont il se sert n'est pas tres-
bon. Pour supplier autant qu'il est possible a ce
qui lui manque du c6t^ de la precision , il mul-
tiplle beaucoup les observations ; il ne fait jamais
moins que quinze observations conjugates, et sou-
vent il en porte le nombre jusqu'a vingt. Les trian-
gles que le citoyen Cassini avoit pris aux environs
de Munich , sont bien malcboisis, et la mesure en
est fort iuexac'e. Sansseserrir deses triangles, Henry
a deja dispose une s^tie de quatorze triangles, dont;
la mesure nous donnera celle d'un arc du meridien
d'un peu plus d'un degre : il espere qu'il sera encore
possible de prolonger cet arc qui passera a peu de
distance d'lngolstadt , et qui assurera les positions
d'une partie derAllemagne. Les voyages de M.le ba-
ron deZach , et de plusieurs de ses<;oop^rateurs nous
ont aussi donn^ de nouvelles lumieres et de nou-;
velles positions qui avancent la geographic de I'Al-
lemagne. Le colonel le Cocq a continue sa carte
de Westphalie,
M. le baron de Ende, membre du conseil supreme
d'appellaiion , a Celle, a public un volume sur la
determination de plusieurs endrolls de la Basse Saxe ^
ffinpli d'observations et de C£»Iculs,
Hisloire, 167
La geographie des pays eloign^s prcnd aussi une
nouvclle ac(ivi(^. Lecapitaine Baudin, dont j'avois
annoace le voyage pour les noiivelles decouveites,
avoif. quilts les Canaries le 24 novembre , et 11 a
quilte I'ile de France le 22 mars. Nous avons lieu
d'esp^rer qu'il a d^Ja fait des ddcoiivertes int^ressanfes
a la Nouvelle-Hollande , le seul pays de la terre qui
nous soit presqu'inconnu , quoiqu'il ait deux mille
lieues de tour. L'asfronome Bernier, qui est avec
]ui , plein d'intjelligence et de courage , ne nous lais-
sera rien a desirer. Au mois de juiu , le gouvernement
francais a accorde des passe-ports pour les vaisseaux
anglais, I'Investigator , capitaine Flinders , qui ^toit
sur le point d'appareiiler pour aller faire des d^cou-
vertes dans la mer du Sud j et pour le ladi Nelson,
commandee par le lieutenant Grant, qui accompa-
gnera I'Investigator , dans les rechercLes le long des
cotes de la Nouvelle-Garei.
Le C. Degulgnes fils, arrive de la Chine, ou il
a €i€ depuis 1784 jusqu'a 1797 » donnera probable-
ment quelques lumieres sur cette belle partie du
wonde , lorsqu'il publlera le journal de son voyage.
Le baron de Humboldt , physicien plein de cou-
rage el de lumieres, est all^ dans I'Am^rique ni^ri-
dionale ou il a fait i3oo lieues dans des deserts avec
des peines affreuses et des dangers tfFioyables, pour
nous faire connoitre la geographic en m^me temps
que la physique et I'histoire naturelle de ces pays
nouveaux pour nous.
M. Deferrer ni'a envoye des observations qui don-
uent la position de Natcbetz dans la Louisiane et
L4
B 68 V j4slroywmie.
de la Guaira dans l'AineiIc)iie m^ridionale : lafihide,
Si" 33' 48" ; diff. des mMd. 6^ i5' 21", et pour \a,
Guaira , 10" 36' 40" , N, et 4>, Sy' 11".
Le C. Nonet nous a cnvoy^ d'Ep;ypte un annuaire
calcule pour ce pays la, ct plusieurs positions des
villes , jusque dans la Haute- Egypte , malgrt? le
clintiat, les dangers ef la fatigue inconcevables qu'exi-
gent de pareilles observations. La valeur du degr^
66880 toises, le stade <?gyptien 711 pleds, la coud^e
('gyptlenne 21, 33 pouces, le stade grec 487,643 pieds,
et la coudc^e ig,5oi7 pouces ; enfin il nous a rapporte
lui-in^roela s-ilte deses lravaux,accompagn^ du jeune
Isaac Mt^cliain , fils d'uu de nos plus c^lebres astro-
nomes, qui a e(^ le compagnon de Nonet en Egypte
et son cooperateur. Le C. Fourrier nous a rapportd
des dessins des zodiaques de la Haute-Egypte , qui
attestent la haute antiquite de I'astronomie , et il
prouve que I'etablissement des constellations re-
monte a 14 mllleans , comme Dupuis ravoltprdsam^'
Le C. Marquis , prefet de la Mcurthe, a envoy^
au bureau des longitudes les observations et les ma-
jiusciits du P. Barlet, j^suite de Nanci , oil il y a
des choses ini^ressantes.
Je dois dire un mot de la m^t^-orologle. Le citoyen
Lamarck a public un Amiuaire mvteorologique ou il
rapporte beaucoup d'observalions, et indique les ya-
riations de saisons que I'on peut pr^sumer pour le
cours de cette annee. Le ministre de I'int^rieur a
dtabli une correspondance m(^t^orologique pournnil-
tiplier les observations , et le C. Lamarck , qui a soIt
liclte cct dtablissement , le fera tourner au profit de
]y\ science qui est encore a sa naissar^ce,
His lot re. 1 69
Le C. BiiTckliarcIt a fait aiissi pour la m^t^orologie
un travail long et curieux. II a discute i5 mil!e
observations de barumetre pour pouvoir calculer I'ln-
fltience cles vents , et il a trouv(^ que le vent du sud
donne pour la hauteur inoyenne zv''- 11 '■ 3,tandi9
que Test donne 28 !'• i '• g. IJ a aussi trouve que
la hauteur au boid dc la mer est 28 P 2 '■ 2 sur la
Mc^.Iiterran^e , et 28 p 2 '• 8 sur I'Ocean.
Les girouettes hien plac^es sont Ires-rares i Paris j
il n'y en a pas a I'obiervatoire , quoique je I'aye de-
mande aus'=:it6t que je fus directeur de I'observa-
toire ; et j'ai fait des renierciments, au nom des
observateurs , au C. Rois , ferblantier, qui, faisant
batir une malson sur le quai des Augustins , y a
plac^ une girouette tres-e)ev(^e, tres- mobile, avecdes'
lettres indicatives des quatre regions dii monde ,
qui seront align^es sur une m^ridienne que j'ai trac(?e
sur Ic quai. Les astrononaes , en allant a I'lnstitut
ou au bureau des longitudes , aurant occasion debien
voir la direction du vent, ainsi que les habitants de
ce vaste quai , du Louvre et des maisons environ-
rantes, qui n'avoient pas une seule girouette a leur
port^e; mais beaucoup de paratonuerres qui ne les
intdresscnt nullcment.
Le 3 novembre , il y a eu dans la mer Baltique un
ouragan terrible qui a fait p^rir des vaisseaux et qui
s'estfait sentir jusqu'a Brest. Le 7, il y a eu en Pro-
vence un orage qui a produit yS lignes d'eau en
2 '' I de temps par un vent de S. S. E. II a occasionnd
des degats extremes a Marseille et dans les f nvirons^
jilusieurs pcrsonncs ont ptfri , et il y a des pcrtes quj
'T.JO ' Astronomie,
tnonfent a quelques millions. Le C. TliuIIs a trour?
des notes ties orages du 12 juillet 1748, du4 septembre
1764 , du i5 septembre 1772 ; mals peisonne n'avoit
id(^e d'un pareil a celiii de cette ann^e ; la plaine du
Po a aussi ^prouv^ un immense debordement.
La classe des sciences physiques et mathematiquea
del'Institut, a choisi, le 26 germinal, trois astronomes
qui ont ^f^ present^s a I'assembl^e g^n^rale pour la
place d'associe vacante par la mort du C. St. Jac-
ques. Ce sont les Citoyens Vidal , Sepmanville et
Bernard.
Le premier est un observateur rare qui a fait plus
d'observations de Merc me Uii seul, que lous les astro-
nomes de I'univers depuis 2200 ans que Ton observe.
La section ,d'astronomie avoit encore pr^sente les
Citoyens Chabrol(de Riom), Piclet de Geneve et
Quenot , officiers de vaisseaux. J 'a vols meme fait une
liste d'astronomes connus en France , qui contient
le C. Henry revenant de Petersbourg, Nouet et Beau-
champ qui revenoient du Levant, les CC. Deratte
et Poitevin a Montpellier , Bernier et Bissy qui sont
partis avec Ic capitaine Baudin ; Chevalier aux re-
lations exierieures , Kramp a Cologne, Duvaucel h.
Evreux , Gucrin a Amboise , Mongin a la Grand-
Combe-des-Bois , Maingon et Lancelin a Brest ,
Jacotot a Dijon, Blanpain et Degrand a Marseille;
si Ton y ajoute les six astronomes associ^s a I'lns-
litut, on verra que cette science, la plus Ingrate et
la plusn^glig^e , fournit encore bien des siijets dans
la France. Aussitot que I'heureux ^venement de la
paix est venu relever les esperanccs des gens de lettresj.
Hisloire. 17!
)'en ai profits pour solliciter de toiife part', afin que
I'asdonomie piofitat de la paix.
L'acad(^mie de Pefersboiirg ni'a rendu mie pellie
gratification qu'elle avoit coutume de o'envoyer
depuls 3o ans pour le blen de rastronoinie , et
I'eir.peieur de Russie a approuve le desir de I'Aca-
d<?mie a cot egard.
Le roi d'Etrurie a promis de propager rastronomie
a Florence. II y a dt'ja de beaux instrumens dans son
observatoire , et M. Fabroni me promet qu'oQ y
placera un observaleur, il demande un dp mes Ale-
ves; et cette circonstance m'a fait regretter de n'eti
avoir pas un plus grand nombre.
. Le general Jourdan m'a fait esp^rer que I'obser-
valoire de Turin seroit mis en etat , et le C. Vassalli ,
president de 1' Academic, m'en donne aussi I'csp^-
rance.
Le ministre de la marine a donn^ des ordres pour
qu'oii fit a Brest de nouvelles observations sur \^s
luaiees, que je deitiandois pour completer le Traile
du flux et du rejhix de lamer , que j'ai donne, pour
confiraier la belle tb^orie du C. Laplace dans sa
m^canique celeste, ct pour connoitre jusqu'oa va
I'induence du vent sur les marges.
Nous avons demande au premier Consul de nous
procurer d'Espagne , deux milliers de platine , pour
faireun tf^lescope de 36 pieds, et nous avons lieu de
resp(?rer. Notre telescope surpassera peut-^tre celui
de Herscbel.
A Paris, I'observatoirc a acquis le C. Agousttne :
Jp uiiijislr^ de riattfrieur , leC. Chaptal, a coubeul]
xys. [^s/rorwmie.
que le bureau des longitudes angmeiitat ses depenseS
pour ce nouveau sujet ; et moi , j'ai fait I'acquisition
du C. Giroult, dont la jeunesse et I'assiduil^ me
procureiit de nouveaux secours, et ne nie laissent
d'aufres legvets que de ne pouvoir pas m'en procurer
un plus grand nombre;
Nous avons parl^ dans I'histoire de 1800, de la
perte que fit I'astronomie, le 5 novenibre 1800,
de Ramsden : c'est a lui que I'on devoit depuis 2a
ans , les plus beaux et les plus grands instrumens,
les lunettes les plus parfaites , les id(?es les plus ing6-
nleuses. Troughton est actuellement le plus c^lebre
artiste de I'Angleterre, rt il se prepare a nous d^-
dommager de cette perte. D^ja il a fait de Ires-
beaux instrumens , et le C. Pictet de Geneve , nous
en a rapporte derniereraent.
Nous avons perdu , le 10 ft'vrier, le C. St. -Jacques
de Sylvabelle , dlrecleur de I'observatoire de Mar-
seille , qui s'etoit distingud par des recherches de
theorle des lySS, comme on !e voit dans les Tran-
sactions philosop/ihjues , ensuite par des observa-
tions utiles : il avoit 79 ans, et il s'occupoit encore
utilcment. Son <^loge paroitra dans le Journal du
Lyc^e de son d^partement.
II a ^t^ remplaci? par le C Thulis, qui ^foit depuis
longtemps directeur-adjoint de I'observatoire. Celui-
ci avoit fait des proselytes et des sieves , le C. Plan-
pain et le C. Degrand ; mais ils nous ont ^chapp^
I'un et I'autre, au detriment de I'astronomle.
Au mois de decerabre 1800, Matteucci est morta
Bologne } c'est a lui que nous devons les derniers
Histoire. 1^3
yoliimes Jes EphdmJrides de Bologne , qui vont Jus-
qu'a 1810. II a ^i^ remplace par les Citoyens Cic-
colini et Gugllelmini qui promettent une nouvelle
activity dans un observaloire que Manfr^cJi, Zanotli
et Matteucci ont rendu interessant depuis pres d'un
allele.
Chaligni est mort a Madrid : il avoit fait, il y a
Jongtemps des observations et des calculs qui I'avoient
fait connoitre avantageusement en astronomie.
M. Chevalier, oiatorien , est mort a Prague: il
avoit fait des observations utiles a Lisbonne en lySg^
et a Bruxelles.
Le 8 octobre est mort a Paris, Gabriel de Bory,
ag^ de 81 ans : il avoit fait, en lySi , un voyage en
Espagne , et , en lySS, un en Portugal et a I'lle
de Madere, pour en ddferminer la position. Ses ob-
servations sont dans les Memoires de 1768, p. 270,
et de 1772 , 2-* partie. II donna dans les Memoires
de 1770, la description d'un observatoire porlatif,
et dans le 3." vol. des Savants dtraiigers j I'obser-
l?ation de Mercure sur le Soieil , en 1753. Des 1751 ,
il avoit public une description de I'octant a reflexion
pour la mer ; il avoit r^pandu le gout des observa-
tions dans la marine royale; chef d'escadre et gou-
verneur des iles sous le vent , il avoit eu des nioyens
de conlribuer a I'eraulation , et il les avoit lou-
jours employes. Aussi avoit-il et^ nomme, en 1765,
associ^-libre de I'Acaddmie des sciences; et, en 1798,
membre de I'lnstitut.
L'on a toujours compris a I'Acad^mle et a I'lns-
titut combien on avoit besoin de cooperateurs ^clair^s.
174 yislronomie.
pour avancer nos connoissances dans la marine, \t
plus difficile cJe tous les arts, et la plus inniportanfe
de toi;ies les sciences pour la prosp^ril^ et la gran-
deur dps E'lats.
]Vlais la plus grande perle de I'astronomie , cet(e
ann^e, est celie de Joseph cle Beauchamp. 11 etoit
n€ a Vezoul , le ag juin 1752. Ses observations a
Bagdad, en Perse , sur la mer Noire, ont ^(^ aussi
p^nibles pour lui qu'importantes pour nous. 11 (^toit
parti en 179^, comme consul de France, pour aller
a Mascate, en Arabia, et il m'^crivoit en partant:
Vous vous souvlendrez de mon dc^vouement pour
vous et pour I'astroDoniie ; il quittoit en elFet , un
peu a regret, un pays et une famille qu'il ch^rlssoit;
c'est bien un des martyrs de I'astronomie. II ^toit
parti de Constantinople le 25 septembrej nous I'at-
tendions avec la plus tendre impatience, lorsqu'a-
peine arrive; sur les cotes de Provence, ilasuccombe
^ cette maladle dont il n'^tolt pas encore bien gueri ,
etil est mort a Nice, le 19 novenibre 1801. Huit jours
avant samort, la section d'astrouomie I'avoit presente
pour la place vacante a I'lnstitut. J'ai public la no-
tice de ses travaux dans \e Moiii(eur du 24 frimaire
( i5 d(?cembre 1801 ) et dans le dernier volume de
ce journal.
ARCH^OLOGIE.
^IN de la Dissertation, stir le costume
des Furies dans la tragedie des anciens ,
et sur les monumens antiques , traduite
de I'allemand de 31. Charles - Augiiete
BCETTIGERJ par le C. WiNCKLER (*),
XJ'apres ce qui a €K^ dit jusqu'a present , les diF-
ferens doutes sont eclaJrcis ; le costume des Furies,
iel quil a el6 cree par JEscliyle , est determine, et
les flambeaux, ainsi que les serpens, n'en font plus
partle. Qu'on compare maintenant cette forme an-
tique , severe et primitive , avec les traditions (87)
Vulgaires sur le costume tragique de ces divinil^s
vengeresses , et I'on trouvera que, dans le premier
cas , malgre toute leur laideur , il n'y a rien de
$uperflu et que tout est determine, tandis que,
dans le dernier cas, tout est arbitraire , et forme
im melange bizarre d'all^gorie ancienne et mor
derne.
( •) Voy. Mngasin Encycl. Annie VII , t. IV, p. 433. t. Y, p. 33.
(87) Void , pour n'en citer qu'un exemple , corainem Josua Barnes
^ecrit le costume tragique des Furies ( ad Eurip. Here. Fur. 882 ) :
tt Spectahantur capitibus serpentibus crinitis , vultibus tetricis
•c ec horrendis , cruentis et flammantibus , alls coriaceis, cruribui
« longis, macris et macilentis , nianimis foede exserlls, yac/Auj
« sanguineum (juid rubentilus et tonis i serpentibus flagellU
« armnta: , palla denique sanjjuinc-a vestita;. De quibus passim poeCio
u traeici. >>
176 Archceologiek
Les poe(es dramatiqiies et les artistes des fempj
suivans jiouvofent , de deux manieres ojiposees ,
s'^!ois;ner de I'idi^e d'.'Eschyle sur le costume de
ces cieesses. L'lmique but du poete, en representant
ses Furlts bien laides, ^toit d'excifer la terreur et
I'effroi. Les poetes post^rieurs pouvolent aller plus
loin, et faire par-la nieme, soit a dessein , soit
malgre eux , les caricatures les plus ridicules. Voila
le -premier icart qui , a la longiie et par de nou-
velles exag^rations , ne pouvoit manquer de devenir
extr^meiuent desagr^able et rebutant. Euripide pa-
roit avoir offert malgre lui une caricature senibla-
ble , lorsqu'il a personnifi^ Xa. fureur [ Xiasu.) ^ dans
son Her cute fur ieiix , et qu'il I'a fait voir aux spec-
"tateurs, dans un char, au milieu des airs, avec
Iris, au dessus de la maison d'HercuIe. Comme,
dans ce cas , il n'y avoit point de crime capital ou
de meurtre a venger , le poete ne pouvoit pas faire
paroilre de Furies. Mais sa Ljssa est la sceur des
Furies , et possede m^me leur laideur dans un plus
haut degre. C'est ce qu'ou voit assez clairement par
ce que dit le choeur des vieillards th^bains ( v. 881 ) :
» Elle descend dans un char , aiguillonne ses che-
» vaux J la Gorgone nocturne , aux sifilemens de
« vipere , a cent tetes , Lyssa aux yeux ^tincelans
« (88). >• Si le poete , comme on a lieu de le cioire ^
(88) Je lis avec Reiske ii{.»']cfxitp:i>iOi; o(p£aii 'la^iiftacri , au lieu
de iKurav Ki(pi:'Xaii , o^iat ix^^ij/Lias-i , elc. Ce fantome avoit done
une tete de Gorgone , aiitour de laquelle etoient des serpens arlificiels.
L'image (racee pai- Ovide et Stace , de la Furie qui excite la Fureur ,
est ridicule , a force d'Oire anipoulie , et meiite , par cela raeme , d'etre
Fnnes. i^T'
« fache d'exprimer par le masque ce(fe figure laide
de la fureur, il devoit risquer d'exci'.er plutot le
lire et les saicasmes des spectateurs , que de rcl^pan-
dre I'effiol et la (eireur. Les poeles comiques , se-
]on' leur usage favori , cmployerent dans la suite ces
figures de Furies luventces par ^Eschyle, pour en
faiie une caricature, et pour amuser le peuple par
.toutes sortes de farces blzarres (89). II paroit que la
fameuse Einpusc qu'Aristophane fait rencontrer ,
dans la piece inllLu!t?e les Grenonilles , par son Bac-
chus peureux , travesti en Heicule, est un fanfome
comiqiiC de cetle espece , dont la premiere idee a
ele sugg(^r^e vraiseu)blab!en)cnt par les Eum^nides
d'.Eschyle (90). Je n'ose pas determiner si les ar-
examinee. VinoiLP. a su iviter tous ces ecueils par le dtguisement
de son AIcclo , au 7.° Ilvre de rAEucide. A cause du contraste , on
ne regieltera pas de comparer Nohnus , in Dionysiacis , XLIVj
p. 1 154.
(89) SI la parodie de CRATinns , iniitul^e les Euminides , et cite*
dans les scholies sur le 52/. * vers , des Chevaliers d'A^isTorHANE ,
n'eloit pas perdue , elle nous fournircfit beaucoup d'eclairclsseniens
curieux Sur ce point. L'Oreste /itrieux iloit une expression qu'on
appliquoit , a Atli6nes , frequeninient , par plaisanlerie , a un volcur
d'liabits (^?^Cii?ToavT>is ^ spoliator , dipouilleur) , bien connu a!ors.
Voy. Aristoph. Acharn. 1166. Av. 711 , 1490- Lorsqu'ABisTOrnANB
(^Lysistrat. 808) parle du niisanthiope Tiinon , a la chevelure h^-
rissee et semblable a du crin , il I'appille, par plaisanlerie, wn frag-
ment des Furies ( f^muav cCTfOffi^^ ) , et un liomme dont le visage
est h^riss^ de touffes d'epines. Ce passage peut en menie temps
faire voir que le masque qu'^VEschyle avoit donne a scs Furies , sur la
scene , devoit elre extremenient hirisse , et couvert de polls droits.
(90) Aristofh. Ran. agS et sulv. La demarche des FurlfS qui , selou
les idees vulgaircs, ne Tout jaruals que par sauts ; et qui saisisseni leur
Tome F. M
1 n^ Archaologie.
tistes ont aussi enlrepris d'executer des carlcafurej
semblables. II est incontestable que la figure laide ,
mais cependant humaine , qu'on a trouvee a Metz,
et qui a ^t^ regaidee comme une Fuiie (qi), n'eo
est pas une , de m?me que THecate triforme sur les
medailles et les pierres gravies , que d'babiles aa-
tiquaires meme oat jouvent pris pour une Furie
d'apres I'anciea style (92). II me paroit du moins
proie en ne faisant qu'nn senl eTan , a pcat-etre donne I« premiere en-
gine a cetle fable populaire, d'un spectre avec un seulpied ( car c'est la
le seas etymologique d.'iti'zriiroi } Tautre pied est toujours celoi A uo
enimal , hiKrKO.t; , Toy. Ecstath. ad Odyss. A. p. 1704, 4r ; c'est
encore ce qui a donne lieu anx piedj de cheral , arec lesqaels lea
peintres chreiiens ont represente le d'able ). Les poeles comiqaes sai-
sirent celte idee avec enipressement, pour en faire une canca'ure sur
les Furies. HzsrcHirs (sous ce mot) a deja obserre quelle est l«
meme qn Hecate; on airribo* do moins, a tontes les deux, d'ex-
cker le Tacarme des spenres ( iHtTtefiZieu , yoy. Hemsterhuts , ad
LcciAS. D/c/. Deer. Ill, t. I, p. ao8)-, et si Ton compare la de-
scription d'HicATE , daiLj le Philopseudes de LrciEs ( c. I4 , t- III,
p. 42), on Terra que Tone et I'antre offrent une caricature epouran-
table des Furies. Par la suite , I'usage de la langue n'a atiribue a ce
lantome de 1 Empnse que lidee de la Tariabiliie de la figure. C'est ainsi
cue Demostbene donne a la mere de son adrersaire le nom d'Em-
pose (p. 270 , 25), et 1 auieur da Tralte de la Danse , qui Se troure
parmi les oeorres de Lrazs , ( t. U , p. =79, cnp. 19), y a meme
pa trouver an pendant d'une danseuse de paniomimes.
(91) On I'appeloit , a Melz , la P^echignaya ; elle y e(o:t scellee
ians le mur de I'eglise , et a ete longtemps I'objel d'une sainte ve-
neration. Cette figure est gravee dans Cati.cs , Recueil , I. V, pi. 119,
a." 5, p. 552.
(92) TTne medaille d'.^nftocAe, frappee sous I'empereor Philippe «
)e fils a poor type la figure connue d'Hecale triformis. SEGcra , danj
HI Sumi telecci , p. 177 , et Patoi, p. 538 , ojuj tobIu y recon-
I
"Furies. i 79
ties-vVaisemblable qu*on a figure et peint Ics Fuiies
avec toiite la laideur qu'.'Eschyle leur avolt donne'e
dans I'oi igine , en les niettant sur la scene , ef qu'oa
a fait de meme a I'^gaid dc la detestable Ker (gS) ,
qui s*en rapprorhoit , sous tons Ics rapports. Ceperi-
dant je iie crois pas que, dans ces temps recules,
on en ait fait des caricatures ridicules. Celles-ci
ne paroissenf etre nees que dans les temps post^rieurs
k Alexandre, et s'etre develop pc^^es surtout a la cout
de ses successeurs , lorsque le luxe ^tf)it par-
venu au plus haut degve , et que le goiit ^loit ex-
tremement raflSn^ (94)'
Eoitre une rurle. Spanheim (ad Julicni Coesfrr.") , et Catlus (t. IV.
pi. 80. 5), ont comniis la menie einui-. F,l!e a o!e rclevte cleja p.tr Les-
6ING, dans son Laocoon ( I. IX de la collection de ses OEuvies ,
p. 161).
(95) Sur la caisse de Cy'pselus ( TArsAN. V, 19 , p. S4 ) , on voyoit
derriere Tteocle la Kijp armee de griffes et de dents d'anlmal. On
consulteia i ce stijet les observations de Lessing , dans sa dissertation
sur la nianiere de represenler la niorl cliez les anciens , tradulie dans
le Recueil de pieces int^ressantes , concernant les antlquites ,
les beaux- arts , les belles-leitxes et la -philosophie. Paris, clicz
Jansen. An 11, t. II , p. i et suiv.
(94) Le Tliersite d'HowERE avoil d-'ja donne la premiere idee de I4
c.wicature ironique , qui se moiitre dans la difroimlie et la defiguratioa
des traits du visage chez les indlvidus. Celle-ci etoit probablenient aussi
■ncienne clffez les Grecs , qiie I'ancienne ci medle el)e-nieme , qui devoit
presenter miile occasions pour offrir de senibl.ib!es c.'.iicatur^s. Si nous
connoisslons exactement la loi des Thebains ( AF.lien , Vcr. Hist. IV, 4^»
«clon I'explicatlon de Lessing), et raventiire d'Hipponax avfc les
sculpteurs Biixalus et Antliermus , I'antiquite de cette isp6cc- de cari-
cature seroit sufHsamment prouvee. Mais les Ghezzijoyeux et ngria-
ties , oil Ton n'eniploya , pour divertir le peuple , que desmyihes con-
nut el Iravestls, et qui fureut tres-friquemmeut en us.Tge dans les
M i
1^0 ArcfKEolog'ie.
11 y avolt cepcndanl encore line autre maniere d^
s'eloigner tie la ligne fracee par /Escliyle; et celle*
ci nous conduit directenient a la supreme loi de
tous les arts chez les anclens Grecs , c'est-a-d!re ,
a la hcautc. Lessing , dans son Laocoon { CEiivres y
t. IX, p. 3o ) , d !t : .. II y a des passions qui se
<< manifeslent sur le visage , par des grimaces et des
« contorsions laides , et qui an(?anlissent toutes les
« belles lignes par des attifudes iorcces. Les an-
« tiens artistes s'cn abstenoient ou tout - a - fait ,
« ou ils les adoucissoient au point qii'elles ^loicnt
x compatibles avec un certain dcgr^ de beaut^.
<i Ancun de leurs ouvrages n'^toit ddfigur^ par la
« fureur et le desespoir : j'ose affirmer qu'ils ii'ont
" jamais Tc^ircseiite line Furie, » Cet aiitiqiiaire ,
aussi ing(?nieux que prudent , n'auroit pas avance
line assertion aussi positive, s'il n'en avoit point
d^velopp^ les raioons d'une maniere si evidente dans
son ouvrage. Le poete pent bien employer des for-
mes laides pour produire la terreur ; et , dans ses
Euui^nides, iEschyle a fait grand usage de cette
liberte, nieme sur la scene. Comme , dans lapo^sie,
diames satyiiques des Grecs et les jeux atellans des Campaniens, sup-
poscnt deja uiie maniere fixe et geniralemcnt recue, une cerialne
convention de representor les diviniles et les mythes dime manieie
uniforme. 11 n'est question ici que de ces dernieres; et il parott , en
effet. qu'elles sent d'origine moins ancieniie. Qu'on se rappelle la
vase , qui ropreseule Jupiter et Mercure au moment ou ils se prep.irent
a monter i la fenetre d'Alcmene ( AVinckelmann , Mon, ined. n.* 190),
ou la caricature d'AEnee, portant son pere et conduisant Ascagnc ,
changes tous en cynocephales. Voyez Vitture d'Ercolano, t. IV,
p. 568,
Furies. \%i
]es parties sesuccedent, au ]ieu de coexister comme
dans un monument del'ait, IVfFet d^sagreable dis-
paroit prcsque entieremcnt. Quelque r^butant et
terrible qu'ait et^ le masque de Gorgones , dans les
Eum^nides d'^Escbyie, I'aspect des Furies n'^foit
pent- tide r<?voltant que dans la scene oil I'ombre
de Clylcmnestre les trouve endormies, parce que,
dans (out le reste de la piece , les spectateurs les
voyoicnt ton jours en action , et dans une action,
qui se d(?veIoppoit sans cesse , dont I'int^ret alloit
en croiksaut, de sorte qu'ils oublioieat facilement
ce que leur figure avoit d'horrible , a cause de I'im-
portance et du denouement du proces que Tslinerve
doit decider entre Apollou et les Euraenldes. 11
u'en est pas de menie dans les ouvragcs des artis-
tes ; le d-.goiit et la laideur y sont , pourainsi dire,
fixes , ils ne peuvent done pas devenir I'objet de
I'arr.
Les artistes, pour qui Oreste aglt^ par les Fu-
ries a ele, des les temps recul^s, un sujet favori ,
ii'ont done jamais rcpr^sentd ces dresses vengeresses
dans toute la laideur que le poete dramatique pou-
volt et devoit Icur donner. L'alticisme qui fit don-
ner a ces divinitcs le nom des irrilecny influoil aussi
sur les representations des artisles qui laciioient tou-
jours de les rendre ideales. C'e^t pourquoi ils n'ont
laiss^ aux Eumenides de s^veiii^ et de syaiboles ca-
ract^risliques , qu'autant qu'il leur en t'alloit pour
designer les dresses vc/icrubL's, C'est ainsi que peu
apeula ttte de Gorgone, qui resseaiblolt infiuinunt
a I'ancien masque des Furies, se cbangea en I'idf/al
'm 3
1 8^ Archceologie.
accompli de la beauts feminine, severe ou seneuse^
seniblable a la Mcduse de Sirozzi (qS). L'id^e de
^ihasseiesses , qui ss trouve d^Ja dans les Furies
d'-i^sciiyle , donna lien a transformer insensiblement
ces mon^tres en tres-belles nymphes de chasse. Mais
la representation tile - m^me ne perdit rien de sa
force. Dans tout es les figures qui nous restent , c'est
toujo irs rOreste agite et inquiete par elles , qui
nous fait connoitre , par sa frayeur et son efFioi,
la puissance terrible de c^s divinit^s vengeresses^
dont le pouvoir tranquille n'inspire plus au specr
tateur un sentiment d^sagrcable de baine, mais ce-
lui d'une salnle v^nt^'ration. Qiiand Lessing ecrivit
le passage qu'on vient de ciler (96) , les Furies
^toient encore si rares sur les monumens anciens,
que , parmi tons ceux qu'il indique lui-nierae (97)*
il n'y a tout au plus qu'un seul vase grec ( appel^
alors encore ^trusque) qui en ofFre une repr^senta,-
tion indubitable. Depuis cette ^poque , on a delerre
et publie (ant de bas-reliefs et de vases antiques,
qu'on peui, facilement donner un catalogue assezr
considerable de monuuiens, sur lesquels on recon-
poit , au premier aspect , des scenes de Furies. Mais
tous ces monumens confirment I'assertion de Lei-
sing, que les artistes anciens n'ont jamais figut^
des Furies^ mais bien des Euindnides ideales ^ et
qu'ils ne se sont pas lalss^s detourner du bon che-
Hiin par les descriptions des pontes , qui ne sau,-
(gS) Voyez la premieie planche.
(96) Supra , p. 180.
^9^) OEuTies, Yol. IX, p. 5o et i58.
I
Fanes. i83
Soi'ent jamais (?tre assez tenlbles e* eiTroyables..
D'apies les idc'es de la plus halite p.nlJquife le*
Furies ctoient to'.>joiirs occupt^es a venger le .near-
(re, a punir les criminels , ou , selon les idees des
temps moins recalls, a exciter a Ja guerre, et a
inspirer la fiireur et le d^lire. Un artiste sense
ce pouvolt done Jamais vouloir repvesenter une Fu-
rie seule et isolee. On pourroit dire que la Furie
cesse d'etre une Furie , des qu'on la consldere iso^
\(:e et sans etre en liaison avec d'autres figures*
Celfe consideration seulc, qu'on pourroit appliquer
adifxi'rens autres elrcs alKgoriques de i'anliquit^,
tels que /a A/o77 , les Panjues , Belhne , Nemesis,
etc, auroit du prv^server les antiquaires de diffe-
lentes nl(:^pri^:ps (98) , et leur faire reraarquer une
faute essentielle dans nos allegories modernes (99)«
(98) C'esI ainsi que la ferame isolee , armee d'un poijjnaifl , qu'oa
Tolt marclier d'un pns rtienacant sui' une bello cOrnalme, Ae la collec-
tion ds Slo.sch ( Class. II , n." 556 ) , fisjur^e dans le Choix des prin-
tipales pierres grovees de la coUeccion du baron de Stosch ,
par M. ScHLicHTtGROtt, t. I', n." 46 , n'auroit jamais du etie indi-
quee romme une Furie , ainsi que I'a fait Winckelmasn f Bibliothek
der Schoenen VP'issenschoften, 1 , 3o ) , et Raspk ( Catalogue de
Tassie, n.o i5i4), niais comme une Medoe qui va assassiner ses
enfaiis, invicta /erox^ue , se\on I'exjiiession d'HonACE (j^rs poet. 12.3,
comp. BoETTiGER, Vasengemo'lde II, i6S). On auroit du observer que
I'artiste peut bien se pcimettre de ligurer isolie une femme dans le
feu de la passion , mals noo pas une Furie vengeresse. Lessing , dans
son Laocoon, p. i58 , avoit dtja fait I'observation que cette figure ne
rcpri^senie point une Furie.
(90) Le grand defaut de presque toutes les al!cgir:es modernes esr ,
qu'au lieu d'inventer une action , par laquello les figures allugoriques
»'exp!iqucroient elles-memes , les artistes lachcnt de supplier le vide
M 4
X S.j. Archccologle.
En efFet , tou(es les fois que , siir les monumens
antiques, il y a des Furies, elles sont re]n(?sent^es
en action avcc d'autres personnages (loo). La re-
presentation la plus remarquable de cette espece ,
se voit sur un vase d'argent , trouv^ dans le port
d'AiJzio , ef qui, du temps que Winckelmann a pu-
blic ses Moniimenti aiitichi inecUti , appartenoit au
cardinal Neri Corsini: II est assez remarquable que
Pline fait aussi mention de deux vases pareils , sur
lesquels on avoit figure en relief Oreste absous par
I'Avt'opage (loi).
de leur allc-goiie, en surcliargeant la tneme figure d'attiibuts symbo-
lifjues , que personue ne compiend , paice qu'ils sont tiop arbitraires ,
et que la crojance populaire ne les a pas consacres de manleie i de-
venir des hietoglyphes ronniis de tout le monde, comme I'etolent
clipz les anciens les animaux consacres aux dieux , et les instiiimens
du cnlte , tels que le tiepied , le tliyrse , le caducee, le trident, la
foudre , etc. Pour sentir rela tres-vlvemenf , on n'a qu'a comparer les
allegories inventces par Rode, et expliqiiees par Ramleu.
(100) Si toulefois on ne veut pas regarder comme one Furie un
fahtonie ttrusque , appele Volta ( -voy. Pline , II , 53 , et Bonarota ,
ad Dempster , Etrur. Regal, p. 24 ). Celle - ci se voit aussi isolee.
C'cst encore a cela qu'il faut , b. ce qu'il paroif , rapporler un petit
bron?^ , qu'on regard? comme une Fuiie ailee, et qui se trouve dans
le plusia du Card. Borgia a Velietri. Voy. Heeren, Cointnentatio de
cf). ccelato atitiquo (Rom. 1786), p. 29.
(101) Pline (XXXIII, 12 , s. 56) , dit : « Zopyrus Aeropagitas
« et judicium Oreslis in duobus scyphis HS. XII. eestimatis cte-
« lavit. 5> Comme Pmne n'indique que la somme lolale dts deux vases^
il y a lieu de croire qu'on ne les separolt point ; que hs reliefs qui
s'y trouvoient fornioient un seul cercle nntliique , et q;ie , par con-
seqnent , les deux vases faisoient pendans. Selon I'exprcssioii des an-
ciens, ces pendans etoient appeles une synthesis ou par. (Voyez
ViscoKTi, ad Mus. Pio-Clem, t. V , p. 4S «ot- c. )• D'apies cela.
Furies. 1 85
Le vase trouv^ a Anzio et public, la premiere
fois en entler, par WinckelMann ( Mon. incd.^
n." i5i ), repr^sente la scene ou Oreste est absous,
dans Je raoiuent critique nierae on Mineive jette la
piene decisive (102) dans I'urne. Celte repi^senta-
tion , qui se retrouve aiissi sur des picrres gravies
et des lampes (io3), paroit avoir ii^ une des repre-
sentations favorites des anciens, et connue par quel-
que ouvrage C(*!ebre de sculpture ou depelnture,
qui representoit le Jugement d'Oreste , ait raonient
oil Mlnerve jette dans le vase la petite prerre qui
decidoit du sort de I'accus^ (104). Dans ['explication
il est ■vraisemblable que le premier vase represontolt Orcsle accusi ,
el le second (domic vase, publie par WrNCKEXMAHN, ilaiis ses Mon.
incditi , n." i5i , paroit etre line coplej , representoit Oresle absous
de I'accusalion. L'idee de I'une et de raulre representation etoit pris«
des F.umenides d'AEschyle.
(102) Tov Aif,ia.<; ij/^ipav. Voy. AEschyl. Eumenid. ■]'2.7%
(io3) Bellobi, Inc. fict. II, 40 , ed. Beger. dllANCAKviLLE , Jn-
ticjuitis etrus^ues, II, 80.
(104) La copie la plus elendue de cet ouvrage sVst conservee sur le v«e
d'argent dont il est ici quesiion. Comme d'autres artistes n'avoienl pas tou-
jour* assez de place pour copier la scene enticre avcc toutes les figures ,
ils clioisissoient , soil les figures principalcs , telles que iir/nerce , avec
Pylade et Electre , qui se rcjouissent du bonheur d'Oreste (comme
sur uu camee, dans Cayius , II, 44, 2, ou cet auleur donne quel-
ques fausses explications , parco qu'il ue pouvoit pas a'ois comparer cetta
fij^ure avec le relief entier du vase , publie depuis par W'inckelmann ) ,
soit Minerve seule , comme on la voir sur line cornaline du cabinet
de Vienne (Eckiiel, pierres gravies de Vienna ^ n." 21, compari
avec d'HANCAiiviiLE , II, So), et sur quolques lampes en lerre cuite.
( Voy. Bellohi , Luc. fict. li, 40, ed. Beger). L'essentiel est rou-
joi.rs (Ic irouver I'oi iginnl June s^iie enticre de monuinens sur un mem>
J 86 '^^rchcEologie,
de ce vase , Winckelmann (io5) a ^tal^ beauconp.
n'^rudition ; mais 11 a cependant tnan.ju^ le point
Cisentiel que se proposoit I'artiste, c'est-a-dire , de
montrer la douleuf ae ct-lles qui avoient accus^
Ore?!e, et la )oie de celiil qui est absous , ainsi
qtie de ceux qui s'lntdrrsseiit en sa faveur, an mo-
ment que Minevve jctie drins le vase la pierre qui
I'absoiit. Aupi «s de J;*^ tablie siir laqucU'^on volt le
vase { ;4«fWoj ) , et en face de Minerve, iJtst I'une
ties Furies, debout. Le ycmlcau qu'elle tient dans
la droite , la d^si-^re suIHsamment comme celle
qui accuse. Sa t€te , pcnch^e en ayant , exprinie
tres-bien Ja douleur qu'dle resscnt sur la delivrance
de celur qui, par son eriaie , dcvolt lul appartenir.
Derrieie Minerve , on voit une seconde Furie, assise
sur line pierre brute (106): son attitude et ses gestes
mythe. Des qu'on I'a trouve , onpeut, pour ainsi dire , faire la genea-
logle (le la lamille entlere de moniimens, et cela sert iiifininient i rex-
plication de chacun en partlculier. A cet egard, ih y a encore beaucoup
e dcsirer.
(io5) Mon. ant. ined. p, 203-207.
(106) C'est sans doute le Ai^o? iimas , sur lequcl Taccusateur se
placoit , scion I'usage des anciens. Voy- Pausan. 1 , 2.8,5, p. 108, oii
i\ faut lire , avec GoldhAcek ( dans sa traduction allemande ) , ><i^iSS
df/m , au lieu d'apyupS? (pieires brutes, au lieu de pienes d'rjr-
gent). L'ancicnne lecon n'ofQe point de sens , et Facius a eu tort de
la conserver dans le tcxte. Le relief du vase de ■Winckelmann fai
voir que cette correction est juste. On y voit, en effet, une piene
i/rute. Aa reste , on ne doit pas elre cheque de ce que Clement d'A-
lexandrie donne a ces pierres le nom de fidf^oi (Meuhs. in Areopag,
c. 2; Davis, ad Cic. de legg. II, 11 ) , parce que cette expression
est employee de chaque base de piene, sur laquolle on peut se placer.
Furies. 187
cut I*expression la plus vive de la douleiir. Elle resi
semble en tout a la preniieie, et on a lieu d'etre
<?tonn^ que Winckclmami y ait pu voir Epigone,
fille d'.'Egisthe. De I'aulre cote, on voit , derilere
le cadran solaire (107), Pylade et Electrc avec I'ex-
pression de la jole la plus vive. L'aitiste a eu la
belle idt'e de ne pas encore faire participer a cette
joie Ort'ste qui se trouve derrlere I'une des Furies.
Car il n'est pas encore solennellement delivr^ da
pouvoir des divinit^s vengeresses ; il est toupurs
leur victime non-sauglante (108) : I'expression dela
joie ne lui conviendroit done pa?. Ce qui, dans
cette representation , me; ite suvtout notre attention,
c'est la figure des deesses vengeresses qui sont en-
core toujours represen((?es comrae etant irritees. Niais
elle differe beaucoup de celle qu'iEschyle a donn^e
a ses Furies : il n en est resle qu'un certain degre
de sdv^rite. Au lieu de la clievelure h(?rissee de ser-
pens, elle I'a seulement couple, tandis que les
i'emmes ne coupoient jamais leurs cheveux , niais
Voy. Valckenaer , in Dissert, de Ric. Jur. c. 4 » ?• 43. Furipidb
( Iphig. in Taur. 962 ) les appelle fiuC^. Voy. Musgeave , stir C3
passage.
(107) Le radran solalie est sans doule qiiclque chose cl'extraordinaire
dans ccite representation. Mahtini , dans sa dfsserialion sur les ca-
drans solaires des anciens ( f^on den Sonnenuhren der yilten) ^
ii'a pas ronnu ce monument. La clepsvdre , qui servoit a determiner
lo temps que les anciens oraleui s pouvoicnt employer a leurs discours ,
^jolt dlflicile k representer sur un monument. C'est pour cela que I'ar-
tiite a prefer^ de figurer un cadran solaire , pour indlquer en fjeiie-
1-1 qu on n'y parle que pendant un espace de tenips determine.
(:o8) Avcii^eiTov lZoTK>;uet. ALscaxL. EumdniJ. 2^5,
1 oo ArchcEologie.
qu'elles en formolent ou des tresses ou des boucl"eS;,
ou qii'elles les laissoient tomber sur Jes ^paiiles quel-
qiiefois dans les P^tes , quelquefois aiissi pour t^-
moigner le deuil. La cheve'.ure couple (109) indi-
qiie d(^ja la foncdon s^rieuse efc severe ,de la d^esse
Venerable, et lorte la ienue de son corps et sa
nunc qui, du leste , n'est pas defigurde par quelque
trait de laideur, convient tih-bien a cetfe meme
foncjion. Elle n'est veLie qua d'une aeule tuni-
que (no). C'est, pour aiasi dire, un signe de la
sev^ril^ de la d^esse, qui s'Interdit tout iuperflu,
toufe espece de luxe dans ses v^temens. Cette tu-
nique descend jusqu'aux pieds (in), comme nous
I'avons remarqu^ dans celie des Furies d'yEschyle ,
a cela pres qu'il n'y a pas la bordure en bas. C'est
done dans le vetement et la ccinture que I'artiste est
rest^ fidelle au costume cr^6 par le pere de la Ira-
g^die. Mais, au lieu du baton, il lui a donnd un
flambeau dans la main, A cela on pent dire que ce
symbole etoit necessaire po -r bien caract^riser la
figure , et que cette liberty doit etre accoid^e a I'ar-
tiste, lorsqu'il n'a pas d'antremoycn pour bien d^ter-
ipiner les pevsonnages. C'est ainsi encore qu'il a
doiin^ un rouleau a celle qui faisoit les fonctlons
d'accusateur , quoique , dans ^Escbyle , il n'cn soit
pas question. Cette representation est , entre aulres ,
lemarquable en ce que la Furle , qui y est d^ja em-
(log) Kspci •niv^if.ii^q dans I'.^/cejwy Etjkipide , 5i5, et dans plu-
sieurs antics passages.
(110) MOVO-^ITA'V.
Furies, 189
l!)el]ie (112), n'est c:iract^ris(^e que par le flambeau,
et qu'elle n'a point de serpens.
Les deux figures de Furies sur le vase d'argent
de Winckelmann , different , non-seulement par les
attribiits qu'on leur donne , mais aiissi par leur atti-
tude et leur vehement, de plusieurs autres repve.en-
tations qu'on voit sur des bas - reliefs de marbre et
des sarcophages , oil Oreste est poursuivi par les Fu-
ries. L'un de ces monumens est un sarcophage du
palais Accoramboni , a Rome , qui represenle , en
trois sections, I'histoire d'Oreste aupres de sa soeur
Ipljigenie, en Tauride. 11 a el^ public et explique
savamment par Winckelmann (ii3).
La premiere section on le premier acte de ce bas-
relief repr^sente Oreste §ur le rivage , lorsqiie, apres
(112) Lorsque Pax'sanias (I, 28 , p. io8),deciil la cliapelle des
Fillies daus I'Areopajfe , 11 parle aussi de la nianieie dont on repre^
jcntoit ces deesses. II y f.ilt expressement unc observation, dont Les-
eiNO auroit pu llrer grand paili dans son Laocoon. Voici les expres-
sions de Fausakias : « Dans leur fi{;ure , aiiisi que dans celles de»
« autres divinites infernales , on ne voit rlen d'effroyable. jj C ''"'^
^\ ayi^ficttrn »t£ tsto/s- £Kr£5-<v k^sv (^oZtfot , are os-ce, uTiot,
ccvcin'.ilc'^ Siiiv Tiiy UTtoyccmv'), Pour avoir une idee frappante du
coiitraste de I'art moderne avant 1 epoque oij les artistes sont revenus
e I'etude de {'antique, on n'a qu'a voir I'eniplre de Pluton sur 1«
i^'iliheimshcehe (moMagne de Guillaunie), pres de Cassfl en Hesse,
ou Lien les gravures qui accompagiient les Choephores d'AEscliyle ,
dans la nouvelle edition du Theatre des decs, par Rochbfokt, eC
le C. Du Theil , torn. II , pag, gS et 182 , compare avec le bas-
ri'lief du lorn. XI , p. 445 , emprunte de "Wi.nckelmakn , mais ttes->
uiodernise.
(11 3) "\'. iNCKiiiuuN , Monurn. ant. ined. n.o i49)P- soo-
tcjo ./4 rchcBolo'gle.
line atfaque de la fuieur la plus violcnfe, il paroife
revenir ii I'usage de sa raison , dans les bras de sod
ami P)lade. Dans la tiag(?die d'Euripide , qui pa-
roit avoir <?t^ sulvie par le sculpteiir k qui nous de-
Vons les hois scenes de ce monument, rapparitioa
de la Furie n'esL qu'une vision d'Oreste , mais que
I'aitiste devoit ici necessairement rendre sensi-
ble (114). C'est ce qu'il a fait, en placant la Fu-
rie (ii5) dans uue espece d'enceinte et au dessus
(114) Voy. EuRip. Iphig. in Taur. aSi-Soo. Winckeimakn, dans
son explication, cite, nial-i-piopos (p. 200), un autie passage <3(5
I'Oresie d'EuRipiDE , oi Elcctre fait ce que Pylade fait ici , et oil la
scene est k Argos. Au leste , sur notre niarbre , Oreste ne veut pas
s'e tuer, cdmnie dans I'Oreste d'Euiipide (v. io65 ) , mais il veut sa
defendie contre la Furie qui Tattaque. ( Comparez Iphig. in Taur. 299 ).
Au resle, la maniere dont I'auteur de ce bas-relief a represenle la Furie
qui , sur le theatre, ne parott que comme un spectre , peut servir a re-
soudrela question de savoirs'il peut etre perinis k I'artiste de lepro-senter
de parcilles visions d'nne maniere sensible ; ainsi , par exemple , qu'OEsEa
a represfinte I'appaiition que le comte Etimont a dans sa prison. Voy, la
vignette du titre du V.' volume des ouvrages de Goethe. II paroit
«Jue les anciens ont regarde precisement cette apparition des Furies
coninie un des problemes oil le peinire pouvoil surtout monirei- beau'
coup d'art dans la maniere de concevoir et de representer des visions,
C'est ainsi que les anciens ont fait I'eloge d'une peinture de Tlieon,
qui represeuloit la fureur d'Oreste ( Orestis insania , Plin. XXXV",
J. 40 )• En comparant ce que dit Pline, arec le jugement port^ par
Qi]I:jtii,ien , XII, 10, 6 , Concrpienciis vislonibus, ^mo^ ^ctvleis-ias
■vacant { conipatez VI, 2, 29), Theon Samius prcestajitissimus ,
il dtvient Ires-vraisemblable que Theon s'est acquis sa reuoniniee ,
surtout par cette representation des Furies.
(ii5) Car I'artiste n'a figure ici qu'««e seule Furie. "Winckelmakk
cite k ce sujet Plutarque et Eratosthenes, qui ne parlent Jegaleinent
que d'uae seule f uric. 11 auroit encore niieux pu citer Homere. Lej
Furies. ipir
tl'OreBfe. Dans ce bas- relief, tout est clt'ja btau-
coup plus arllficiel et plus solgn^. La cheveluie flot-
tante de la Furie ( dans laquelle on ne dlstlngiie
point cepend;;nt des serpens), et son vt'lement xq-
]ci€ par le vent, luonlreiit la violence avec laquelle
elle se jelle sur sa proie (116), mieiix que ne fe-
loient dcs ailes , dont les artistes se sont quelqucfois
servl par besoin. Autour clu flambeau qii'elie tijsnt
dans la main gauche, est entortill^ iin gros serpent,
dont la tete sifllante menace le coupable. L'artlste
a done su, par une composition ingenieuse, reunir
les deux principaux instrunjens de la vengeance des
Furies en un seul, de sorte que la main droite de
sa dcesse vengeresse reslat libre , pour pouvoir I'ar-
ttier d'un i'ouet (iry). L'id(;e de ce relief est une
poetes posteiieiirs pailent A'line Tuiie, qii'Ils anpelleiit raliiee. Cela
a engage jcs commeiUateurs de Virgile de presenter toiitcs sortes de
conjectures sur I'expression Furiarum Maxima , .AEneid. Ill ,
e52. 11 paroit que I'explicatlon la plus nauirelle se trouve dans la
lepresentaiiou des Euminides d'AIisCHiLE , une seule Furie de-
volt , coiiime coryphee du choeur , y porter la parole , et , devant
I'Areopage , accuser le coupable. Cclle-ci etoit appelee, par les au-
teurs posttrieurs , Vain^e, la plus -vincrable de ses sosurs , dont
on Supposoit un assez grand nombre ( agmina). On peut comparer,
e ce sujct , un passage d'EuaipiDE ( IpJiig. in Taur. 965) , ou Oreste
raconte lui-raeme que la plus ^gee des Eruinyes t w^ecos/p >)W£p I'
,£p<ii»uft;v)occupou I'un des sieges ou bases , et que lui etoit place sur
I'autre.
(iiO) ETTtjifoi^ii. AEschyi,. Emnenid. 4i5.
(117) Le C. ViscoNTi a fait figiirer, dans le V.« ToUime du Mnsie
Pio-Cl^mentin {f]. A), un fragment rcmarquable d'un bas-relief du
pilals de' Circi alia pidacchia , ou Ton voit une fitle qui u'a ni
kg2. ArchcBoIogle.
des pl'js Ingt'iiienses et des plus par faites, et la figure
tie la Furie, en particulii-r , est d'une expressiori
extieoiement vive , et une des plus expiessives que
I'anticjuit^ nous ait laissee.
Le beau bas-relief du palais Baiberini, publi(? la
premiere fois par Winckelmann (ti8), nousoffre un
erand nombre de Furies. Ce bas-relieFa ^t^ fitrurd
et expliqu^ de nouvcau et avec plus de soin , par le
C. ViscONTC (xig). Ce relief represente deux ac-
tions de I'liisloire d'Oreste , d'apres I'explication
donnee , prcsqii'a la ineme epoque, par Heeren et
par ECKHEL (120). Dans la premiere, qui paroit
serpent, ni (lambcau, mais seulement un fouet. Dans les passages deS
poeles , recueillis par La Cerda , sux VyiEniide de Virgile , VI,
670 , et VII , 45i , il faut souvent sous-eutendie de verllables fouets.
(iiS) Monumenti antichi inediti , n.° 148.
(119) Museo Pio-Climentino, V, pi. 22.
(120) HiiEKEN a donne son explication dans une dissertation inti-
tulee , Commentotio in opus cevlntum Musei Pio-Clementini ;
Homte , 1786, clicz Fulgoiii. II la dedia au cardinal GarampL II
donna ensulte un exlralt araplifie de son explication , dans !a Bibliothek
der alceri Litteratur iind Kunst, III, i-52. EckheI. trouva , parnii
les pierres gravecs du cabinet de Vienne , un camee qui repiesenle
Taction principale du bas-relief, et qui ressenible au bas-ieiief jus-
qii'aux plus petits details { Choix des pierres gravies de p^ienne f
n." 20). A cette occasion , Eckhel donna Texplicalion du bas-relief
ineine , p. 48 et suiv. Comme ce inenie sujet se retrouve aussi sur
des bas-reliefs de la Villa Giustiniani ( Galerie , t. II , n." 102) , Bor-
ghese et Pinciana , on pent en conclure , avec beaucoup de proba-
bilile , qu'll ^ avoit dans I'antiquite quelque clief-d'ocuvre celebre q'li
a servi d'origiiial a ces diflerentes copies. La conjecture du C. Vis-
conti , que cet original pourroit blen avoir ele un bas-relief d'ua yase ,
ou une peiniure d'une patere , ne paroit pas t.es-vralsemblable.
Furies. 1 98
f (re la princlpale , on volt une Fiiile qui sort dei-
riere le rideau , et qui vient poiirsiiivre Oreste, ;,u
moment ou il a tu^ Clytenuiestre. Elle est , tn
grande partie , cacht^e par le rideau : on n'en vo:t
que la tete et une partie de I'^panle. Dans la gra-
vure exacte, donnee par le C. Visconti , on voit
tres-distincfement sa clu^velure de serpens; mais en
voit aussl s'elever un serpent furieux et iin flam-*
beau , derriere la draperie susjiendue. Cela convicnt
parfailement avec la fin des Clioephores d'^schyle ,
oil le meurtre de Clytentinestre est a peine con-
somiii^, qu'Ores'e voit les figures des Furies, dans
un premier acces de fr^n^i-e. Ces divinites ven^e-
resses se. voient encore phi-; disiinctement dans la
seconde action , que le sculpteur a s^par^e d'une
maniere fres- mal -adrnite. On y voit Gresie qui
quitte le trepied d'Apollon , et qui se slisse a tra*
vers les Furies endormies, de la in'*me man-ere
qu'il est represent^ dans le commencement dtrs Eu-
m^nides. On y apercoit quatre Furies endormies eC
gro'ipees avec beaucoup d'art, et dans des posi-
tions tres-pittoresques. Ce sont des figures beHe^ ,
plntot jeunes que vieillcs, mais qui n'onf rien de
laid, ni de violent, ou d'( ffrovable. L'auteur de cette
repr^sentaiion connoissolt trop bien les limiies et
les conditions de son art , pour croire que I'ar-
tiste pent se permettre (out ce qui est peimisaa
poete. 11 s'est conten'^ de donner des serpen-; ct des
flambeaux a ces belles feniuus endormies, ■•our in-
diquer que ce soat les divinites veugeresses. Les
serpens memes sembleat eire apaisci , et pnruciper
Tome I, {J
194 Archoaologle.
au repos de leurs maitresses. Dans la coiffure de
Ctlles-ci, on ne voit point de serpens; I'une d'elle*
a ni^nie les cheveux noues avec assez dVlegance.
Toutes scat values d'une tunique longue, d'oii sor-
tent les bras nus depuis les ^panics. Dans la gra-
>ure du Mus^^e Pio-Cltmentin , on voit que toutes
sont chaussees du colhurne cietois ou de chasseurs.
Une puis'^ance sup^rieure les a endormies , le som-
meil les a surprises , lorsqu'a force de poursuivre
leur prcie , la lassitude leur avoit ote les forces. La
figure de ces inonstres liorribles qui, au commen-
cement de la piece d'.'Eschyle , repoussent tout par
leur ronflement , et qui inspirent de la frayeur meme
«i la Pjthie , est , sur ce monument , tellement
adoucic, qu'on les considere sans repugnance (121).
Mais on n'a qu'a observer I'expression avec laquelle
Qieste s'eloigne du tripled d'ApolIon , en enjam-
bant par-dessus les Furies couchees et endormies
par terre, pour se convaincre que leur pouvoir doit
^tre extr^mement ^tendu et terrible. C'est-la ce qui
caracterisele grand artiste; il nous montre la ferreur
par I'effet : une figure horrible ne seroit que d^gou-
tante et ridicule. C'est-la que les artistes modernes
ont de quoi ^odier ! — L'une des Furies a une
biirhe d'armes a deux tranchans,au lieu de serpens
et de flambeaux. Cela confirme la conjecture avan-
cee plus haut , que vraisemblablement toutes les
Furies n'out pas dl^ armies de la meme maniere,
(j2i) Voy. les excellentes observations de Heiren , dans sa disser-
atloa citee plus haut, p. 3a, et daus I» Biblicthek der alten LitCf'
ratur und Kunst, 111, 27.
Furies. ipa
d'un baton , m^me d'apres I'anclenne d^coratioa
tragicjue d'.'Eschyle (la^). Au reste , cetie hache
est tres- con forme a un passage (i^S) d'-^Esch^le ,
(IJ2) Sur d'aoclens vases grecs , on Irouve dc-s Fuiies avec des niar-
teadx, des lances et d'autres iiislruiuens de torture. Voy. Gori, ad
JMus. etruscum , I. II, p. 190; Bonarota, Explicat arf Dempster'
Etrur. Reg. s. 26 , p. 4a.
(laS) AEscHYL. Eumen, 180, xjff. ( ed. Schutz , ou , i85, ed.
Stanlei), « Ce n'esi pas dans Ics teiuples que vons devez babiter
( die Apoilou aux Furies), <• mais la oil la jusiice fait execuier ses ar-
te rets, oil I'on tiaiiche la lele , oil on cieve les yeux ; la oil Ton n'a
« pas nicnie pitle de I'enfant dans le sefn de sa meie; li oii Ton niii-
« lile les je unes garcons , oil Ton coupe le ncz el les orcilles , ou ou
<c lapide, et oil les Iiuilcmens affreux des enipnles exciteiit la com-
« mis^ration des passans ; tel est le spectacle qui vous rejoiiit. Voiii
V ce que fail voir toute voiie attitude et voire exicricur. » Celte apu-
slrophe et ces leproches rcivolians pourroient en cffet etre rappori^s .
«ix ongles aigus de ces nionstres ; nuis TenseiiiMe ressort ono<Me
bifn plus foitenient, lorsiju'on suppose que qnelques-unes de I,i troupe
«les Furies ont porte en eU'et des instrumeus de bourreaux ou de sup-
plice. L'expressiou KajiuHftifiS oiko^ ^ au coinmencemem de ce pis-
sage , convieiidroii ties-bieu it la liadie servant h decapiter. Dans IV-
iiumeratiou de ces atiocitcs, se tiOJve aussi I'expression ovriffAXToi
tf^atpiifuj, Conime dans ce pa<;s.:ge entler il n'est question (jje u'e
snpplices, j'applique cetfe expression plulor a I'atrocile d'ouvilr, ave.;
des instrumens de bourreaux , le ventre dfs femmes enceintes, qu'aux
reniedes qui font avorter, comme on I'explique commimemeiit. On
peut , a eel egard , observer en general qu'AEschvle rite a desseiii des
niutilalior.s ct des suppliers qui, i celle ^poqiie, n'eixiient en usigequa
pariiii les barbares, et que , par U niciiie , il aug.nienia I'horreur dcS
spectateurs. La castration , ^Asv/f , eioli une miil'Iation d'orlglne
vraiment asialique et persanne; voy. Brisson , de lifgri. Pens. II
p li en est de menie de I'rfx^avio! 011 de \'KX.fu']yi}t.irtii,i ^
t '■•si-a-dlre , de la punition de couner le nez , ks oreilles, les levies ,
'ei seiiis , que les Grecs desig.ioient proprtmeut par le mot /V<y'o>; ,
1 96 \/4rchmologie.
ou Apolloti Iriite leur attribue le pouvoir d'un ex<?-«
cuteur des sentences de la justice criminelle.
L'iraage de chasseresses ^ indiquee tres-blen dans
notre relief, par les cothurnes , est encore mieiix
caractdiis^e sur d'autres monuniens et des vases ,
par le vetenient court et retrouss^ qu'on leur donne.
Elles sont ainsi devenues de veritables chasseresses
de la race dorique , absolument dans le meme cos-
tume que Diane de Crete et ses nymphes, ou , ce
qui revient a pcu pres au meme , que les Amazo-
nes (124). Cette representation se voit surtout sur
plusieurs urnes funebres , dites ^trusques, execu-
tees en terre cuite , sur lesquelles on voit des figures
peintes et form^es en relief. Une des plus cdebres
de ces urnes, est celle que Bonarota a fait gra-
ver dans ses additions kVEtricria regalis de Demp-
ster (125), et dont il a meme indiqu^ les couleurs
dans le texte. M. le professeur Meyer , a Weimar,
en a donne une notice int^ressante dans les Propy-
l^es (126) , et il y a observe que le caractere de
rouvratve et la disposition simple et exacte des
niais qu'au temps d'Homere (Odyss. XVIII , 85) ils regaidolent dt-ja
comme une mulllation barbate. Voy. Henelius, ocium Vratisla-
•j/tnse c. 17 p- >3o, scjcj ; il en est encore de meme du suppllte
de Tempalement, a.vcl(r>ioXe7rt(ri(), A Alhenes, ou la civilisation avolt
aussi iiiflue sur les peines capltales , on n'avoit d'autre supplice ou
peine de mort que de faire boire la decoction de la cigue.
(124) BoETTiGEB. , Vasengemcehlde y III, 166.
(125) A la fin du torn. H, pi. LXXXVI.
(126) Die Propylceen , I, 80; royez sur ce journal , piiblie par M.
Gostbe , ce qn'on eu a dll dans le J^Ug-Encycl. annee lY, t. VI, p. 4^4-
Fillies. 1 97
figures , prouvent que c'est un ouvrage grec. On y
voit le combat meurtiier d'Et^ocle et de Polynice.
Pendant que les fieres se percent de leurs ep<^es ,
jl y a une Furie a cote de chacun d'eux, qui nion-
tre de la main droife le frere oppos^ , et qui
tient un flambeau dans la gaucbe. Tout est dispose
d'apre^ le costume des chasseresses ; on y observe
que, dans quelques points, le costume grec se con-
fond d(?ja un peu avec celui des Etrusques. Ce
n'est que par une inadvertance de I'arliste , que
Jes cotburnes ne sont pas lac^s sur le devant. Les
ornemens de peaux velues d'animaux m^rifent aussi
quelque attention. On les trouve joints a d'autres
ornemens, sur difFt'rcntes images de Diane, des
temps post^rieurs (T27). Le velement a deux cein-
tures (128) est latunique dorif|ue sans mancbes. La
ceinture superieure, qui relient le vetement sous le
seio , est tres- large et , par cette raison , visible.
La tunique blanche a , du haut en bas, une bande
violette, selon I'usage des Etrusques (129). Les ailes
(127) Voyez, entre auties, Mus. Pio-Clem. t. II, pi. XXXI.
(128) Gemino -vestis Gortynia cinctu , dit Claudies {de Raptu
Proserp. II, 53), loisqu'll decrit le veteinenr de Diane. Spa^heih
{ad Cahim. Hymn, in Dian. II , p. 171 et sulv. ) , a deja full les
collectanea necessaiies a ce siijet. Bomarota qui ( dans ses Eorplica'
tiones a J Dempsteium , p. 1 1 ) ne voit ici qu'un subligaculum, una
espece de tabliei- , et qui croit que toule la paitie supiiieure du corps
eloit nue , a peut-etre ete induit en eireui- par les plis au dessus de la
ceinture superieure.
(129) Les Grecs preferoient la bordure plus agreable qui eniouroit
le bas du velemenr , et qui est appelee Myvarcv dans Cali,imj<.>ue^
en latin liml/us. Les Etrusques preferoient une bande de pourpre ea
N 3
T 98 ArchrvoJogic.
cles Furies sont altat litres par ties rnbans jaunesj
crois^s siir la pfjitrinej on les voit ainsi sur beau-
coup de monumens andqiies, enire aufres, sur des
peinttires de vases. L'oiij;ine de ces ailes et de cette
maniere de les attacher , doit sans doute e(re d^ri-
V^e du }h(:''atre ancien (i3o). Ce que ces figures of-
rent surfout de remarquable, ce sont les manches
V'olrties, ornees en lorme de reseaux. Elles com-
i^encent a I'^paiile , ou finit la tunique, et vont
jusqu'au poignet. 11 paroit que c'^toit un des cos-
tumes particuliers au theatre; il devoit son origine
lipne 'Iroiie ( 7reifv(pn , clavus ), C'est ce claviis que nous voyoas
aussi sur cetre urne periile.
(i5o) Sim- les vases , comme sur les theafres grecs , !I y avoir beau-
conp de breiiea oil ou represemolt des figures Suspendues dans l"afr ,
au nioyen de ceitaines machines appelees ctiufoj ( Pollux , IV , i3i ),
il fdlloii leur appli^uer aux epaules deux ailes artlficielles. On les y
altacholl au nioyen de rubans forts qui se c:oisoient sur la poitrlnc »
ainsi qu'nn le pratiquoit dans les processions des temps niodernes.
Dans les figures de femmes, res rubans funiioient une espece de
strophium , e» scrvoient en ineine temps d'ornenient, parce qu'ils
etoienl d'or et brod^s de dilfiremes couleurs. Lorsque les Victolres
ailees , personnifiees dans les entrees triomphales , devinrent Ircs-
fiequenles a Rome, on indiquoit loujours ce ruban croise dans les
figures de la Victoire , comme on le voit encore par differens petits
bronzes qui se sont conserves. Dans de grandes statues, ou les ailes
sont cass^es , ces rubans indiquent qu'il y avoit autrefois des ailes.
Telle est , par exemple , !a Victoire colossale de marbrc , qui se trouve
p.iriui les dou/e grands antiques , devant le nouveau chateau de Sans-
Souci , pr^s de Potsdam. £0n voit de meme les ailes des Furies atla-
chces par des ri'bans , croifis sur la poitrine , sur un beau vase de la
collection du C Parois , dont il sera encore question plus has , et
doni le C. Millin se propose de publier la peinlure dans ses Monu-
mens amic/ues inidhs ].
Furies, 199
HUT manches along^es (^x,iteA_S^ii) dont II a c(e que-
stion plus baut. Au reste , on n'y voit, ni dans le
visage, ni dans la coifTure, rien qui puisse rap-
peler les anciennes Furips. Cette representation ,
a qiieiques changemens pres , se retrouve fr(?quem-
meni sur d'anciens monuinens, difs ^triisqucs , et
paroit y avoir ^t^ trcs-commune (i3i).
Sur un beau vase de la seconde collection d'Ha-
milton , publi^e par TlSCHBElN (iSa), on voit
Oreste poursiiivl paries Furies; cette rcpresentalioa
r'a point recu d'additions par les peiutres (^trusqnes.
Deux Furies, I'une a dioite , I'autrea gaucbe,pour-
sulvent Oreste qui s'est sauve sur un au(el , et tient
dans la main droite I'ep^e bors du fourreau (i33).
(i3i) Cependant, on auroit ton de meitre dans cette classe routes les
figures ailees qui tiennent un inaillet , une lance , etc. , ainsi que !'«
fait GoRi, (adMus. Etrusc. t. II , p- igi)- M. Meteb a observe dans
les Propylees ( I. 80 ) , <ju'4 Florence seule il y a cinq urnes avec
la m^me representation , qui Tient d'etre deci ite d'apres Bonarota ,
et qu'une autre exlsie dans la collection de Maffei , k Veronne.
Les peintures qu'on a trouvees sur Ie» murs d'un torabeau , pr6s de
Cornelum , en Toscane , et que Bonaeota a Ggurees dansi .Efri/rjVi re-
galis de Dempster , pi. 88 , uierilent une attention parliculiere. On y
voit les Furies, loujours en vttement court et retrousse , occupees ,
dans I'enfer, a torturer , avec des flambeaux et d'auties instrumens de
bourreaux , des criniinels qui y »ont siispendus. Cette representation
explique d'ailleurs , tres-bien , le mythe de Platon , dans le X.° livre
de sa Republique, et plusieurs passages du VI.' livre de I'ASneide.
(102) Tom. Ill , pi. 5a.
(i55) L'epee nue n'est pas ici pour se defendre contre les Furies;
mils I'artiste a voulu par li designer Oreste corame meiirlrier. Dans
beaucoup de passages des tragiques anci^ns , Oreste est en effet carac-
tirlse ccmme tel, par l'epee nue et ensanglantee (Keoo-5r«dW |ifo/,
Euntenid, 42. Yoy. la 4.' gravure ).
N4
500 yl ichrEologie.
Chacune des Furies menace Oreste de deux grand*
serpens (^ serpen tcs crishiti ") -^ ceiix-cl entourent
]es bras nus des Furies , en formant des con-
tours piffoiesques, et avanient, en sifflant, leurs
teles nienac.intes. Les Furies sont figurees au mo-
ment oil elles viennent attacjuer Oreste en cou-
rant (184) ; elles n'ont done pas besoin d'ailes : aussi
I'arliste re Itur en a point donne, Du rest e , elles
sont figurees en habit retroussd de chasseresses, et
chauss^es du cothurne lav"^ ; la terreur qu'elles in-
spircnt est plulot dans Paction , que dans la ma-
nieiedont elles sont representees. On n'a qu'a jeter
un coiip-d'oeil sur le coupable tourmente par elles,
pour connoilve le pouvoir de ces divinit^s sur
Oreste.
Dans la premiere collection de vases de Hamilton,
publi^e par d'HANCARVlLLE , et qui se trouve
mainlenant dansleMuseum britannique, on voit deux
pe'ntures qui representent Oreste tourmentd par les
Furies. Elles sont rem'arquables en ce que les Fu-
ries s'y voient dans I'ancien costume , cependant
avec quelque difference. Celle qui , vraisemblable-
ment, est la plus ancienne (i35) des deux , repr^-
sente Oreste (si ce n'est pas y4 /cniicon yVaulre meur-
trier de sa mere, mis en scene par les anciens tra-
giques, comme il a ^t^ dit plus haut) assis sur uii
autel , les mains li^es sur le dos , et tenant la tete
entre les genoux. Sous I'autel , on voit sortir de la
C154; Api/na^is J Ebbip. Orest. 5iS, a>^''fii7eti stviKukv ^ .AEsetr.
Eumen. 557.
(i35) Tom. II, pi. 4!.
• Furies. 201
lerre une Furle allde, tout-a-fait noire. El'e a un
dlad^me forme de deux serpens , comme nous
I'avons observe deja pltisieurs fois dans ]e costume
des Furies , et les deux tetes de serpent s'^Ievent
en iner^acant, et forment , pour ainsi dire, les bouts
de la bandelette nouee sur le front (i36). Autour
de ses bras se lacent des serpens (137). Celui da
(i56) II ne faut pas oublier que c'etoit une mode en usage pairai
les femmes de Tantiquite , de nouer les cheveux au dessus du from par
une bandeletie , de soile que deux touffes de cheveux s'elevoient ea
I'alr. Caxlus , dans son leciieil , donne beaucoup de teles coiffees alnsi.
On peut comparer a ce sujel la ni^daiile rare de Metaponte , publlee
par EcKUEL, JSumi anecdoti , tab. Ill, n.°. i6, ou Ceies SdiT^pie*
a deux epis places sur le front , de la meme manlere qu'on porloit
les cheveux. C'est pour la meme raison qu'on figuroit aussi les Furies
avec deux serpens elevi-s ainsi au dessus de la lete. Cette coiffure ex-
piiquc differens passages des poeles anriens qui s'y rappoiient. Dans
\ /4Eniide de Virgile (VII, 45o), ou il est question d'Alecto , qui
«e manifesle dans loufe son hoireur, BiiKMAmn n'auvoit pas propose
de lire getidos , au lieu de geminos ercxit crinibus angues , s'il avoit
fu presente a I'esprit cette coiffure de serpens. La. Ceeda a cite, a I'oc-
casion de ce passage , des imitations frappantes de Stage, entre autres ,
Theb X, 65. Crinalem aitolUt longo stridore cerastem. II paroit qu'on
a prefer^ , pour cette coiffure des Fuiies , I'espece de serpens appelee ,
par lesanciens, cerastes {coluber cornutus , L.), parce que leur nom
indiquoit deja quelque resseniblance avec ce qui deyoit etre figure. C'est
encore ce qui explique tout-a-fait ce vers d'OviDK :
Inde duos niediis abrumpit crinibus angnes.
( Metam. IV , 4g4 ).
(137) La maniere de reprisenter Its serpens entortilles autour des
bras des Furies , qu'on observe si frequemment sur les monumens an-
ciens , tient au costume des femmes dans I'antiquit^. On sait qu'elles
eimoient en general les bracelets , en forme de pctits serpens , qui
cniouroient , soil la parlie superieure du bras ( spintheres) , soil le
poignel de la main ( i77iKctf7Sics olpis ). On peut comparer a ce sujet
I'oiLvx, V, 99 , et le fragment de Nicosxr.ATi dans Cibmesx d'AIe-
bras droit , le seal qu'on voit en cnller ( car o?f
n'apercoit que la tnoiti^ de Ja figure ), s'eleve , en
sifHant , vers Taulel. Dans cette peinture , I'artiste
a conserve meme ki tradition qui repr^senloit les
Furies en noir. Les traits du visage sont sdveres et
menacans, ^loignes cependant de toute espece de
caricature ou difForniile. On pourroit dire que cefte
reprfsentatlon offie la derniere ligne de demarcation
au-dela de laquelle I'artiste sense ne doit plus se
periuettre de repr^senter des Furies.
L. 'autre representation se f rouve dans la collection
de vases grecs , publi^e par d'Hancarville (i38),
Les Furies sont deja beaucoupplus cnnoblies, mais;
cependant elles n'ont pas encore la forme gracieuse
de nymphes chasseresses l<^geres. Oreste tourment^
et epouvant^, tenant >e poignard dans la main,
est ^ genoux sur une espece de vase renvers^ et
perce de trous ranges symetriquement. En exami-
nant ce vase avec attention , on reconnoit que c'est
xandrie ( Ptedag. II , 1 2 , p. 209 , ed. Sylbiirg ) , ou ce p^re de I'egllse
derive pieusement cet usage du serpent qui , dans le paiadis , ■ s^dult
Eve. WiKCKELMAWN a observe cet omement sur les bras des bac-
chantes {Man. ined. p. a<3, comp. Storia dell' j4rti. t. I , p- 436,
ed. Fea ) ; et il est probable que cette mode doit , en gin^ral , son
origlne aux bacchantes , qui faisoient loules sortes de momeries sacrees
avec des serpens apprivoises C'est ce qui a aussi doniie lieu i la me-
prise des anliquaires , qui ont pris Ariadne , le prototype de toules
les bacchantes endormies , pour une Cleopalre. ( Voyez Museo Pio-
Clem. II, 44, p. 90 , et t. I , p. 17). D"apres cela, on coiicoit aise-
ir.ent que c'eloii un jeu d'esprit des artistes d'aniuicr , dune maniere
aussi terrible , cet ornewent des Furies.
(i36) Tom. II, pi. 5c.
Furies. 2o3
une cortine^ telle qu'on la voit oicllnaiiempnt sur Ic
trepicd d'Apollon (I'^g). On y voit, de chaque cote,
une Furie qui vient attaquer Oresle. Ce sent de
jeiines filles , belles, sveltes, sans ailes, dans le
costutne ordinaire des femmes grccques , v^tues
d'une tunique longiie , sans nianches , et orn^e
d'une bordure dl^ganfe, serablable a un arabesque:
la parlie sup^ricure du corps est couverte d'ua pe-
tit niantcau (140). EUes sont caract^ris^es , comme
divinites vengeresses, par les flambeaux et les ser-
pens qui ceignent leur chevelure floltante, et qui
se dressent an dessus de leur tete. L'arliste a sii
mettre de la varit?te dans cette representation , en
donnant al'une dcs Furies un grand flambeau qu'elle
tient des diux mains , et a I'autre , deux petits
flambeaux , un dans cbaque main , avec lesquels
elles viennent atlaqiier Oreste. Au resle, ce que cette
repr^^sentation a de terrible, se Irouve uniquement
dans I'cfFet que les Furies produisent sur Oreste,
et que le spectateur ressent ^galement.
Sur un vase de la collection du C. Parots, on
voit encore une representation bien reraarquable
d'Oreste poursuivi par les Furies. Le C. MlLLlN a
fait graver cette pelnture de vase, qu'il se propose
(159) SpANHEtM a drj.j reciiellli sur la cortlne, oXfios , tout ce qu'on
pent dtslrer. Cette cortine deslgne souvent le trepied meme. Sur une
jneilaille des Mameniiis ( Eckk'BL , Sylioge I. numorum anecdot.
tab. II , n.o ii), tile » une espece de couverlure en forme de reseau.
Oil lie dolt done pas eire surpils de voir dilferens orneiiiens sur celle
doiit nous parfoiis.
(Uo) Ai7.}.»iiiat, Yoy. BoETTiGsn, Vosengemiehlde, II, 89. sijrj.
iao4 Archczologie,
de publier incesssamment dans ses Monumens an-
iii]ues inddits (141). Cc n'est pas ici le lieu de par-
ler de I'explication de cette peinture (142) ; j'obser-
(141) Voy. I'annonce de la premiere livraison de ce recuell , Mag,
Encycl. Annee VII, t. IV, p. 5ii.
(142) La difficult^ qu'offre rexplicatlon de ce vase , coiisisle ptin-
cipalement en ce qu'on y a reuni, en uue seule , deux scenes des
Eumenides d'AEscliyle , celle oil Oreste s'est lefugie aupres du tre-
pied du dieu de Delphes , et celle oil Minerve I'assiste dans la cita-
delle d'Athenes. C'est ce qui pourroit engager a regarder cette peinture
riche et remarquable , comme une scene d'une piece tragique , perdue
aujourd'hui , et peut-etre meme d'une piece qui n'a jamais ete ecrite ,
mais seulenient improvisee sur ce c^lebre sujet tragique. Au milieu,
Oreste est i genoux sur une espece de panier. Dans mcs explications des
peintures de vases publics par Tischeeis ( Vasengemcehlde , II , 223 ),
j'ai explique cela dc ce qu'Oreste veut s'y cacher. Je compare mainte-
nant cette position avec une autre peinture de vase de la collection de
TiscHBEiN ( t. II , pi. 16), oil Oreste est evidemment assis sous le tre-
pied de Delphes , sur une espece de lit ou d'estrade , couverte d'ua
tapis , pour y aitendre la sentence que va prononcer ApoIIon , place a
cote de lui. II parott que ce qui , sur le vase du C. Parois, ressemble
k un panier , et sur lequel Oreste est a genoux , doit etre regards
comme un objet semblable. Le laurier auquel s'appuie Apollon , place
aupres d'Oresle , montre suffisamment que la scene se passe a Delphes.
Cliacun connoit, du reste , le laurier ^ cole du trdpied, ne seroit-ce
que par le commencement du Plutus d'ARisTOPHANE. Cet arbre eloi't
si touffu , si charge de feuilles , qu'on pouvoit cacher derriere lui des
Iroupes, niiscs en embuscade. ( Voy. Musorave, ad hvRir. yindro-
mach. 1 1 18 ). Sur le vase en question on y voit , au surplus , suspendues
de petltes lablctles votives , et des bandclettes sacrees. On pent com-
parer , a ce sujet, le vase figure dans la collection de Tischeein,
t. I, pi. 42, oil Ton volt un centaure d'une procession bacchique ,
comme dendrophore , avec un arbre auquel sont suspendues de ces
lablettes et toutes sortes de presens sacres. (Voy. Casaubonus , de
poesi satyr, p. 54, ed. Piamb.y et Reinksius , adlnscript. I, 4o»
p. 75 ) Les pcrsonnes dont on voit sortir en haut la partie supe-
rioure du corps , ne paroissent pas etre de simples spectateurs, mais
Furies. 2c5
veral seulement qu'Oreste s'est r^fugie sur une
espece d'estrade , semblable a un panier, qui est
plac^e sous le tr^pied de Delphes : il y est assi^g^
et attaqu^ par deux Furies. L'une d'elles se penche
par dessus le trepied aupres duquel Oreste est a
genoux 5 elle le menace et tient dans la main ua
serpent, tandis que deux autres s'^levent aupres
de son cou , sur ses ^paules , et qu'un troisieme se
dresse sur son front. On ne voit de cette Furie que
Ja partie superieure du corps. Derriere Apollon ,
place entre la Fuiie et Oreste, pour prot^ger ce-
lui-ci, on voit une seconde Fuiie, dont I'habit
retrouss^ ne descend que jusqu'aux genoux; elle est
chauss^e de cotluirnes (143). Elle est ail^e, et ses
ailes sont attachees aux epaules avec un ruban de
pourpre , crois^ sur sa poitrine et richeraent orn6
de boutons d'or , ainsi que celles qu'on voit sur
I'urne colorize , figur^e dans Dempster. Tout son
ygtement , celui de dessus , qui a des manches lon-
gues , aussi bien que celui de dessous , est garni de
belles broderies en forme de mseandres (144) , et
orn^ de bandes de pourpre (<r«^«r«) et de paillettes
d'or en forme de cercle (145). On voit que cette Furie
devoir representer , d'nn coti , I'ombre de Clytemnestre qui accuse
Oreste , et , de I'autre cote , Pylade. Sur plusieurs peintures antiques , on
voyoit ainsi des personnages dans une altitude sembl;ibie; entre aiilres.
Bales, dans une pfinlure de Micon, voy. Proverb. graC. in Append.
Vatic. 1 , 12, p. 260 , ed. Schotti.
(145) C'est d'apres cPtle figure, que la Furie de la 5.» giavure s
ete dessinee et coloriee par M. )c professeur Meyer, k "Weiniar.
(144) BoETTiGEH, Vaseiigemcehlde , I, 86.
(i45) K'iyx,^oi ^ Yoy. Savmaisr, ad Scrivc, Hist. .itig. t. 11,
p. 85o et suir.
&o6 \AichceolQgic.
a ^f^ ridiemcnt pourvue par le luxe qui , paTrai lesr
Grecs des leraps plus rapproch^s de nous, s'est in-
troduit, suriout a I'^gard des costumes de theatre.
Le d^coraleur ou costumier qui eloit charg^ du cosf
tume theatral de ces Furies, a sulvi des piincipes
tout-a-Iait differens de ccux d'^Eschyle. Le but prin-
cipal qu'il s'est propose (^toit celul de flatter Tojil j
c'est pourquoi cfHe Furie a I'air jeune et vif. 11
«'y a de terrible en elle que le dragon qui ddcrit
de grands cercles , d'abord autour de son corps ,
qui de-la s'(^]eve derriere la partie supeiieure du
bras droit, et monle jusque par-dest^^us la tele de
la Furie, en ouvrant sa bouche et en raontrant ses
dents : le serpent qui serre ses cheveux est le seul
qui siffle.
Je n'ajouteral plus rien a celte galerle de monu-
mens antiques de I'art ; toute application ult^rieure
seroit superfine pour un Itcteur attentif. Ce qui a
€i€ dit jusqu'a present juslifie sutEsannnent I'asser-
tion de Lessing (146), que lesaitislt-s Jinciens n'ont
jamais figure de Furies sous les traits tcrribles que
leur a donnas ^schyle ; et , en ctla, les artistes
modernes devroient encore profiler des anciens, par
rapport a I'alle'gorie dans leurs ouvrages. Au sur-
plus, la licence po^tique que le crdatcur de la tra-
g^die grecque pouvoit se permellre au temps oil il
vivoit , ne doit point servir d'autoril^ pour nos
tragiques modernes, qui travaiilent pour un public
beaucoup plus poll , plus civilis^ que ne I'^toit ce-
lui d'iEschylc.
('4C) Lessing, LaoAoon, p. So-
Furies. ao7
Explication des Gravurea.
•t 'Non ! cc ne son! pas des femmes ! le nom de
» Gorgoiies est celiii qu^ilfaiit que je leur doniie ! »
C'est ainsi que , s'(?crie , au commencement des
Eumenides d'yEscliyle , la Pythie efTray^^e de I'as-
pect des Furies qu'elle a vues dans le sanctiiaire du
temple. La figure de Gorgone a done servl de base
au poete (ragique pour cr^er son costume des Furies ;
ct la t^te de Meduse est de m^me , pour ainsi dire,
Je germe ou le prototyjje d'ou il faut deriver et ex-
pliquer le masque des Furies sur le theatre ancien.
La tele de Meduse ^toit d'abord d'une difFormit^
hideuse, ce qui tenoit a I'ancienne fable des Gor-
gones ; maisinsensiblenienl le developpeuient de I'art,
q u recoiinoit pour principe fondamental la beaul^
ct la moderation, fit tellement changer cefte tete ,
qu'elle ne presenta que cette beauts severe et en
meme temps touchante que nous admirons sur plu-
sieurs maibres et sur des pierres graves. II en etoit de
niemedu costume entierdes Furies. Quelquerebutant
qu'il flit , tel qu'iEscbyle , le pere de toules les ter-
reurs th^atrales, I'avoit cr<?e , il fut peu a peu d^-
gag^ de cette repous;iante laicieur , a mesure que le
gout des arts se d^veloppa et s'ennoblit. On con-
tinua toujours de I'employer dans les tragedies , raais
on supprima tout ce qu'il avoit de laid , el on lui
donna tous les ornerat-ns dont il etoit susceptible.
Par la suite, les artistes allerent meme jusqu'a I'e-
lever a la veritable beauts , et a ne Je rendr? ter-
rible que par les indications cachees, et , au pre-
mier abord , presc|u'imperceptibles.
II a done paru coiivenable d'offrir, d'une manlere
sensible, I'hiUoire de la tete de Meduse sur ]a pre-
miere planchc : on a choisi , pour cct effet, trois
figures antiques de la Ifte de Gorgone, d'apres les
difF(?renies nianieres de la representer. J. a premiere
ti la plus petite figure est i'imitat;on fiidelle d'une
2o8 ^rchceologie.
m^daille delavlUe de Populonia en Efrurle, a I'oe*
casion de laqueHe Eckhel (i) a traits en dt^fail de
celte representation tres-ancienne du masque de la
Gorgone. Lrs m^dailles antonomcs de N^apolis ,
d'Abydos, de Parium (en Mysie) ,efc. publi^r s et fij;u-
r^es danslesouvrages dePellerin, de Sestiiii,etc.(i*),
nous ofFrent aussi le m#me masque laid de la Gor-
gone. Qjel qu'aif et^ le motif qui engageaces villes
a choisir cette image de terreur pour type de leurs
m^dailles , il est toujours certain qu'elles nous ofFrent
]e plus ancicn masque de la Gorgone. La figure mo-
queuse , grincant des dents et tirant la langue , le
visage bouffi et aplati, la chevelnre h^rissc^e et ter-
rain^e en liaut en petits serpents, nous rappellent
vivement les masques ferribles que les navigateurs mo-
dernes ont trouves places sur les cotes desiles de la mer
du Sud et a cot^ des Morais, comme raoyen de desen-
chantement. Toutesces figures doivent sans dome leur
oiigine aux tetessuspendues des ennemis tu^sdans les
combats. C'est pr^cis^nient sous cette forme qu'oa
voit les Gorgones dans un Polychrome d'un vase de
d'Hancarville (2), cit^ plus haut, qui repr^sente toute
I'aventure de Pers^e et de Meduse. La seconde figure
de la premiere gravure, a cole de la medaille de
Populonia, nous ofFre une tete de Mi^duse d'une pate
de verre J qui a servi pour rornement de quelque
chambre (3). Ce n'est plus cette figure laide qu'olfre
(1) Niuni -veteres anecdoti , p. 12.
(i*) On verra ces masques bien nileux par les numeros 447 et 829
(le la belle collection d'empreintes en soufre de inedailles grecc/uei
et romaines , publlee par le C. Mionnet, et qui se vend , ainsi que le
catalogue , chez I'auteur , i la Bibliotheque nallonale. Yoy. Mrigasiit
Encyclop. Annee V, t. VI , p. 276.
(2) Tom. IV, pi. 126.
(5) Cavlcs , Recueil , t. Ill, pi. 81. 11 en avoit recii rorlglnal da
Rome. [ II est au cabinet des antiques de la Bibliotheque nationale ]. La
figure est en relief; il est vr.ilsemblabie qu'elle a <^te travaillc'e au louret ,
A la maniere des graveurs en pierres fines. On employoit en efl'et , chez
la
li medallle; elle n'auroit pas 6l£ propre a oriier
I'habitation des ancieiis. Mais elle a conserve uii
caraclerc principal y le visage bouffi et aplati ; et
c'est par-la nieme que ccUe figure (ient le milieu
entre la laidciir originaiie de la veritable tele de
Gorgone et I'idt'al de la i)ellc tete de Mediise. Pour
pr^stnter mi modcle de celte tele id^ale , on a choisi
le masque (jui se Irouve sur la cuirasse tres-bicn tra-
vaill<^e (lu beau Inislc d'Adiien an Musc'e Capitolin.
On auroit pu choisir aussi bien la celcbre M^dusc du
palais Rondinini , figur(?e par Gualtani (4). Mais
ce masr[ue n'a eK^ figure qu'avec le buste d'Adri.en ,
dons Ic Mus^e Capitoliu (5), et meme d'uiie ma-
niere peu avantageuse ; comnie M. le professeur
IN" ever en possede une belle empreiiUe en sfuc, il
ni'a seiuble inleressant de la donner sur la premiere
planche, patce qu'oii peut la regarder en quelque
surte comme intdile. II est vrai que la meilieure gra-
vure doit Glre bien loin de donner une idee exacte
<le la beauts de roriginal. Cependant , dans cette om-
bre m(^me, I'observaieur attenlii r.e pourra point m^-
connoiirt I'indicallon certaine de cetle beaule s^-
rieuseet severe, qui constilcie le caractere essenliel
du style grand el elev^ de I'art grec, luais qui pat
les Grecs des temps postf^rieurs et par les F.omaius
a et^ pre^qu'enlieiemcnt sacrifice au gout dominant
de I'tlegance et de la grace. On peul prtsunier que
le sculpteur , a qui ron doit cet excellent buste de
celui des empereurs qui se distinguolt surtout par
son gout pour les arts, avoit devantles yeux quel-
Jes anciens, des masses assez considi^rablps de rerie d'une ceiraine
6palsscur, pour en -oiner les niurs dans I'inttiifur des appartenieiis,
comme nou<i employoiis au menie usage les glaces et les trumeauv,
el Ton gravolt des 1 ellel's sur ces giandes tables de verre. Voy. Caylus ,
Mem. lie I' Acad. XXIII , p. 362 , se/tf.
(4) CuATTA^i, Monumenti antichi inediti , per Vanno 1788,
yipriley tab. II. II en parle avec beaucoup d'eothousiasme a la p. 35.
(5) Mas. Capitol. (. II , pi. a3.
Tome V, O
*i I o .^fchccolosric .
cjii'ancltm ouvrage travail le dans le style noble ci
si^vere , et que Its traits cavact(^iistiqiies de ce mo-
nument appartiennent a line (?poque de I'arl beau-
ct)iip plus aiicicimc. On n'y voit plus de traces de
diflTormit^ et de la figure aplatie de I'ancicune tete
de M^duse. On n'y apercoit que cet(e trislesse n\6~
lancolique qui fouclie ^galement dans les c^lebres
profils de la Mediise de Stro-ci^i et d'Ottoboni (6),
el qui se communique en quelque sorte lorsfju'on
les confemple longlemps. Cetie fiction subiinie et
agr^able de la tete de Meduse pourroit suggorer
ties observations exlremfment importanles et instruc-
tlves aux ailistes modernes qui b'efforcent trop fVe'-
quemmcnt de d^grader ce qui est beau et si.blime,
ft de le changer en caricature ridicule ou desagr^a-
(6) On ne pouToit clioislr ni I'une n! I'autre de ces deux teles de
MiI'duse , parce qu'll s'agissolt d'avolr une figure vue de face. La Me-
duse de Stroszi , dans le cabinet de Florence (Gori, Mus. Flor.
I, II , pi. 7 ) , devrolt porter le noiii de Solon , qui I'a gravee , et celle
^'Ottolioni , ({\n appanlent adjourd'hui au lord Carlisle , devroit efre
inpelee celle de Sosocles, ainsi qu'a deja fait Stosch , dans ses pierres
gravees, pi. 63 , 65 [ ou pluldt celle <le Sosthenes , car I'inscrlpilon
de cede plerrc, que Stosch et BaAcci ont itie CliCOKAe , SosO'
cles , n'est composee , selon I'observatioi; du C. ViscoKTi , que des six
leltres suivantes , Ci3C0CN , qu'on doit interpreter COCGCN J
le trait horizontal du 0 et de I'G manque souvent dans les inscrip-
lions. Yoy. ViscOKTi , mcmoire raanuscril communique au C. Mii-lin,
p, i5. Duns les Iscriziom Triopee , le C. Visconti a rapporte plu-
sieurs exeniples de cette suppression du trait hoiizonlal. Voy. Miiim,
Introduction. A I'eiude des pierres gravels, 2.« ed. p. 73]. On
peut regarder ces deux pierres conime les prototypes ou mode'e s ori-
ginaires de deux fjmllles nombreuses de pierres grarees , dont la liste,
donnee par'Tassie , pourroit etre auginentee considerablement. Les
Jeux imlfations les plus celebres de celle coiinue sous le nom de la
Meduse Ottoboni , se trouvent dans le cabinet de VIeiine ( voy. F-ckiiei. ,
pi. 3i ) , et dans celui de I'iiersbouig ( voy. cabinet du due d'Or-
lians , t. I, pi. 95).
Fillies. ■ 1X1
ole (7). Mais ce n'est pas icl le lieu tlVn traiter.
Jr jolndiai a ce que J'ai dit iinc notice que M. le
Prof. Mcver ni'a comniuniqi!(?esnr lesUois principaiix
de ces moiuinients en marbre qui se trouvf nt a Rome.
" Je cunnois a Rome (rois lefes de Mtfduse en
" marljie, que je regaru'e conime trcis ouvrages dis-
" tingu^s de I'art ancien. La premiere orne la cui-
" rasse d'un l.iusle exlremeisient beau d'Adrien , qui
•' sc nouve danslf Musee Capilolin; on n'y leiiiarqne
'" rien d'horrible ni de terrible, et I'artiste , fideile
" a la ]oi de la beaul^, a cru sans doute avoir
« assez indiqi:^ son intention, en donnant cl sa M^-
« duse la forme d'un masque. La celebre Medusa
'< de Bondinini est ansn figur^e comme masque . elie
• a plus que la grandeur naturelle, et est d'une exc'-
" culion tres-soignee. Ses formes sont d'un ivand
« caractere , et lexpression a quelque chose de faroa-
«■ che et de terrible. La bouche ouverte fai' voir Jes
•' dents. La Meduse du palai- Lanti differe de C( lie
« du Musee Capilolin et de celledu pal-iis Llundinini,
" en ce qii'elle n'est pas un masque, niais une (ete
" entiere, dont les yeux sont ferm(?s. Ces' un me-
" lange singulier de gvacieux ei de tenib'f , de
•• formes agreabies et d'un caractere f;)roiiclie. Le
" nez moderne wA f.ijt et la bouclie mal restauree
" afloiblissent I'impression que dewoit faire I'ouvrage
" avant d'avoir ^te endomm;'.g^. ••
La premiere des deux gravures coloriees (pi. II)
est un essai de representation des Furies telles qu'^-E-
sthyle les a pu metire sur la scene dans ses Eurnc?-
nide.. M. le Prof. Meyer I'a dessin^e et colorize
d'apres lesdonnees que lui ont Iburnies les recherciies
consignees dans la premiere partie de cette disser-
tation (8; a laquelle je renvoie le lecieur pour les
preuves. L'acteur ou le danseur a qui le poete tra-
gique avoit conKe un role de i* urie , placoit sa le;e
(7) La planrhe 5o du Cntnlogite rfe Tassie esl tres-iiistruclive pour
I'eluile des dlfferens sl\les dans lesquels ce siijet a ele Iraile.
(S) Yoy. les lesultals de ces recberhes, ci-dessus, p. 40.
O a
fiiis Arihceologie.
dans tin masque de Gorgone , dont Ics caracteres
distinctifs (?toient sans doiife une chevelure touffue
et herissee d'horribles et noinbrenx serpens , Ja
Louche ouverte et montrant les dents, la langue
tirf^e, et des yeux d'ou couloit le sang. On concoit
facDenient qu'il devoit etie ais^ de faire un parell
masque de peau ou de toile collee ensemble, de le
peindre en brun fonc^ , d'y appliqucr une langue
mobile postiche, de maniere a etre facilenient mise
en moiivement par la langue veritable de I'acteiir.
Au surplus , comme les mas(jues dont les acteurs
se servoient , couvroient toule Ja l^le , on ponvoit
coljersurles parties posteiieures et lat^^ralcs du mas-
que des toufFes h^riss(?es, des tresses roides qui , dans
I'eloigncment oil se trouvoit le spectateur dans les
auciens th^iitres qui contenoient piusienrsmilliers de
personnes , devoient imiter assez bien la figure fan-
tastique delatete d'une Gorgone. Les cheveux tres-
^cartes de chaque cote donnent a ce visage sombre
cet air ^crase que doit avoir la face de la Gorgone,
et qui seroit trop g^nant pour lacteur qui doit mettre
sa tete dans un masque en tier. Deux serpens d'un
vert jaunatre servcnt de bandelette pour serrer les
cheveux , et cet ornenient se trouve d^ja sur les plus
anciens masques de Gorgone que nous oflVent les
m^dailles , corame on a vu par la pi. I. Le noeud
de cette coiffure ^toit sans doute forme par deux
tefes de serpens ; et , scion un usage emprunt^
vraisemblablement des mysleres de Bacchus , ces
deux tetes s'^levoient au dessus des tempes. Lorsqu'il
^toit question d'objets appartenants a Orcus ou a
I'enfer, les anciens ne distinguoient pas avec beau-
coup d'e\a(tifude les nuances de noir et de brun.
On peut, d'apres cela, penser que le cuir ou la toile
qut^ couvroit les parties du corp? figurees comme
etant a nu et de couleur noire , n'etoient pas noir
comme le charbon. Car alors le vetement noir cjui
cachoit les autres parties du corps n'auioit jamais pu
produire relict frappant et pittoresque qu'on pouvoit
obtenir, du moins en parlie , par les diffeienles
Furies, aiS
mfances des coulems sombres. C'est ce qui a cngag^
M. Meyer ix ne tlonner, a la peau des Furies qu'une
couleur brune foncee ; ce qui paroit iniprimer a
Fensemble un caractere plus terrible et plus d^sa-
.a;r<?abie. Conniie ^£schyle donne express(?nient a ses
Furies beaucoupde resserablance avec Jes Harpyies,
on les a fig«r^ d'une niaigreur rebutante, ct avec
des doigts fres-lnngs, dont J'exlr^mite est recourb^e
en forme de grifFes. Le costume des Furies d'yEschyle
consiste en une seiile tuiiique noire, de I'ancienna
forme dorirjue, et qui serre ^froitement le corps. Le
velement ample des louiens seroit ici absolument
contraire aux idees des anciens. Le vetement ^troit
^toit pour les Grecs, comme le sac pour les orien-
taux , lesymbole d'une vie austere , de la douJeur,
du deuil. Menippe, lorsqu'il se travestit enFuvie,
avoit une large ceinture rouge; et les jeunes filles
cdlibataires de la Lucanie , auxquelles I'bistorien Ti-
maeus attribue le costume des Furies, s'en servoient
^galemeiit. Suidas I'appelle une ceinture persi(]iie\
c'est ce qui nous autorise a sunposer qu'clle devoit
avoir des franges de cuir , de laine , etc., auxquelles
on a donne i9i la figure de serpens, conforniement
aux passages de quelques poeles, qui font prendre
a Tisiphone ou Alec(o une ceinlure de serpens. Or-
phic donne aux Furies le surnom de vctues d'ani-
vtaiix (9). C'est ce qu'on pourrolt expliquer mieux ,
par une bordure de peaux de moulon noires, qui
entouroit la partie inlerieure de la tunique-, et que
les Athenicns aommont x-urmotx.*! (lo). Cette bor-
dure qui d'aboid n'^toit em|iIoyee que j;our alonger,
au besoiii , le tlssu trop court (1 1) , convient par-
(9) &iifo7!i7TMi. OupH. hymn. LXXVIII, 7.
(10) PoiLUx, \ai, 63.
(ti) Cliaque tunique, cbaque vetement eloit lissu lei qu'il dcToit
eire, .sans qu'on eut rien i, couper ou a coudie. On ne se servoit
que de quelque.s boucles pour le letenlr. SouTcnl le metier eloit trop
pelit pour donner au tissu assez de longueur ; alors ii fallolt y siip-
I'l cr par des bordure* f.iltes de peau ou do quclqn'antue matiere. C'est
O 3
% X 4 Archceologle,
faitement an cosdime clcs Furies, et ne poiivoif pas
iii<iiiq;ier d'fiie represen((?e ici. Les anciens donnent
expressement des cotimines rouges, des cliaussures
cie(oi.-;es, aux Furies tragiques , et yEschyle les ca-
racl^rise dans plusieuis passages do sa trag^die
conuiie des chassercsses qui suivent tcujours les
traces Cfinglantcs du meurtrier, qui le saisissent ,
]e serrenl et sucent son sairj;. Ces deesses terribles
n'oiiL pas besoin d'ailes artificienes. Leur chaussure
siiffit pour paicoiirir , avec la- plus grande celerity,
des dislances iuimenses. Notre Fuvie (pi. II) est
aiissi representee au moment cu eile arrive avec cette
c^'letil(;cffrayanlc. Au lieu d? serpens et de flambeaux
que ]ui donnent les <rag:ques postt'rieurs , elle n'a
qu'un long baton , elie nous offre !e geste menacant
de la J ustice ( a/x>? ) punicsant i'injustice ( 'A^tx.ia) sur
la caisse de Cypsclus; cette attitude des Furies d'^E-
schyle les caracterise suffisatnmcnt tomme la d^esse
dont les ]ioetes posknieurs ont faif lesbourreaux des
enfers. Voila done le costume donn^ par /Eschyle
a ses Furies irrit^es. Qu'on se repi?sente ruainteuant
ciiiijuanle monslres pareils danfanf pour la preuilere
fois en rend aulour du meurlrier de sa mere, et
proferant les terribles imprecations et les menaces
que le poete leur met dans la bouche, et on se fera
une id^e de I'effroi que leur aspect doi! avoit cause
a la piemieie repve-entatlon snr le [leuple d'Athenes.
Les Erin iiyes du (li^aire d'Adienesu'etoIent pasce-
pendant touj(Hirs aussi efFroyables. Apres le sieclede
Pericles et de Pbidias, !e gout t'pure rejetoit toutes
ces figures horribles , menie de la scene tragique.
Heureusemcnt les vases auxquels nous dcvons tant
de restes pr^cleux de la periode la plus florissante
<le I'art des Grecs, nous ont conserve toute la scene
des Ennicnides , ou du moins d'une autre piece fort A
semblable. On y voitlaFurie dans tout le luxe du
ainsi que la nccessll^ a appiis a faire <3cs falbalas et <les bordures, qua
Ifi luxe a enselgni ensuile a teindre en pourpre, a orner de niaeaudres
srliiicielSj elc. , lels qu'oa lea voit sur k Uoi6ieuie gravuie.
r'\
p/ . m.
f.r,„„-,;„ i;,,,/,.,, /„„„■/),„■ ./.■.<■,„/,.„„.■ \
Fnrlcs!. SiS
costume frajrlqiie , sans aiicun in(']an';p de l.nideur
du corps, caract^iisee uai(|iu"n)ent , mais sulnsam-
roent , m^me pour un ceil pen exerc(^ , par des serpens
et des flambe.atx, ct I'cnseuible de I'action, plutot qiie
par la difformlf^ dii corps. (7cst ainsi qii'elle est re-
presentee siir la planclie 111, la seconde des deux
qui sent coloi i^es. Le trait de cette giavurc est copi^
d'apres !e vase du C. Parois (12) ; on y a ujoute
seulement le flambeau dans la main gauche, parce
qu'on pent j^resumer, avec raison , que rardste grec
ne I'a suppiime que par defaut de place. Les cou-
leuis y ont et^ appl qu(^e;> par M. Meyer , en partie
d'apies cclles que Bonarola a indiquces, avec bean-
coup d'exaclilude , au sujet du bas-iellef en terre
cuiie qui repr('sente le combai d'Elt^ocle et de Po-
lyniLe;,i3/, en partie d'apres les details que les an-
ciens auteurs nous ont laiss^s sui' le costume de
tlif^dfre des anciens. Malgre ces sccours, cVfoit en-
coie un prohlerr.e assez difficile de colovier cette
fij^uie aljsolument dans I'esprit de I'antiquite. Le
long si'jour que M. Meyer (i^) a fait en Italic, oil
\\ a etudie et copl^ souvent les restes de peintures
antique? conserv<?"es a Rome et a Naples, garantis-
sent suffisammcnt que le clioix des coiileurs est heu-
reux. Dans plusienrs de no:; op^'ras, tcl qu'Iphig^n'e
en Tauride de Glucl: , on a hesoin .du coUnme des
Furies; maiscelui qu'on vojt employe sur le theatre,
est blen loin de satisfaiie les connoisseurs de I'anti-
quite C'est a eux a juger si I'esba! qu'on (propose
ici approciie davaiUage de I'antique; car il ne pcuc
el re question if i que d't'/'prot/^cr plus ou moins. Je
crois du moins pouvoir assurer , sans 6tre taxe de
presomption , qu'il faut avoir braucoup de pratique,
(1 1) Voyez , supra , p. 198 et 2n5.
(i5) DEJirsTER, Etruria Regal, pi. 8G. Voy. svpra , p. 196 et su:v. .
(i,i) I'.n 1797, M. Meyer lit encore , i Home, uiie cople exire-
nifnieht lidelle de la noce AUlobraiidine. Civile copie , (ju'on ne se las^e
|iM d'admlrer, se Irouve i Weimar. Le dessru el la coloiaiioii de ij
5.'' p!aiicUe soul das aux solns de M. Mryer.
O4
!Li6 ^rcha:olo^ie.
iffre blen vevs^ dans cetie partie, seulement pour
sen(ir le-< difficuUes qui s'opposent a dcs essais de
cene nadire. Quelq es ubsecvatlons sur celte figure
( Planche lil>, ne stront pas, je I'csperc , dc^placccs
ic i. Le v^lcnieut supei ieur, avec Jt-s nianchcs longucs,
appartient a ce que le costuuit des tiieatrcs an-
ciens avoit de plus riche ^ son veiitable noui t'toit
Jiysiis (ij). La Xysiis commune etoit dv' pourpre,
et par tela meme tres-dispendituse. Ici il y a encore
lui grand uombre de bordures, d'ornemens et de
raies qui augmentoient beaucoup le luxe de te
costume de ihtfatre.Ce qu'il )' a surtont de rcmar-
quable, ce sont le^bandes ^leganlcs pointucs ou en
zigzag et colorizes , qui entourent I'extrt'mife des
iij'anches , et dont I'ldee a e'te vraisemblablement
sug^er^e aux anciens, par l'u:;age frt'quenl que les
deux sexes I'aisoient de bracelets au bras et au poi-
gnet. On y rcmarque encore les mouches d'or dont
tout I'habit est parsetne j c'est pour cela que , dans le
(i5) Les anciens grammairiens d.'sent que la X3'siis est uii verement
de theatre; niais ils ne saveiit pas eux-iuemes tout-a-lait bien expli-
quer ce que c'est. ( Voy. Ruhsken. ad'Xu.i. Gloss, p. 188). Voici,
en peu de mots , ce qui en est : Les ChoragI , qui falsoiem les plus
grands fiais pour orner les danseurs du chcEur ( Akistote I'appelle
'TTcifo^ov TK ;gof » , Voy. Tyfrnii^a , notes , p. 5oo), les linbllloi«nt
surtout en velemens de pourpre , ornes de broderies. Ce scat la Ips
5u5i'<5~£? uXaofcti cllees par Piutabque , lorsqu'il parte du luxe des
Alheniens , relatlveraent aux frals de ihcalre ( de gloria Athen. X.
IX, p. 93, ed- Hutt). La xystls n'itoit proprement qu'un retement
supcileur, court (Pollux, IV, 1 16 , I'appelle EJritAjj^a). C'est. la
Ijabea des Remains qui, par les etrusqucs , avolent aussi appris a con-
ire cetle xyslls. Par la suite on donnoit aussi le uoin de xysils aa
Vment Infeiieur, plus long que I'autre , et qu'on donnoit suriout
»ux Vteurs qui fornioient le choeur. Pius tard , lorsqu'on coninien^a
a velirJes Euincnldes comnie des cliasseresses , en habit court, on
supprlmoiKpcut-elre I'habit long de dessous. Jusqu'a present, ce njoC
de xystls n'a pas. encore elA bien explique. La liguio de ce v»sesqr-
•fra tres-bieii 4 s'eti laTve une idee ;usi«.
nViiri
Tel\ii
Furies, s. 1 7-
langage (ccliniqiie de la colfTiire, cet habit (^foltapr
pelt^ purscnie cCor (i6). Le vetemciit vcrt infericur
qui desceiul jusqu'aiix genoiix (17) , et les coihtinies
lact's ck'sigiient les chasseiesses It^gcres , sans cepen-
<Iant iniiter le saut violent qui caiacte'rise les Furies
d'yEschyle, Sous^le cothurne Jaime, il y a uii Ibnd ,
coiileiir de poiirpve; et, ce qui est assez rare sur les
nioimniens auticjiies, la poinle du colluune est re-
courbee en dessus. Ccla servira a d^montier encore
que le cercle des modes se renoiivclle eonstaiiiment.
Car qui ne conrioit point les celcbres souliers appel^^s
becs-de-ciiinie ^ en vogue dans le X!.'' si^cle et les
temps siiivans , qui ont et^ si longfeinps un objet de
seandale pour toufes les ames pieuses, et c|tii uienie
ont ete' detendus parplusicurs conciles (i8j. ]1 auroit
ei^ sans doute plus intf^ressant d'oIlVir ici la ricbe
composition de celte peintiire de vase dont la figure
de Furie telle qu'eile etoit representee sur le theatre
dcsGrecs, aune ^poque moins ^loigne'e de nous,n'est
que la nioindre partie (17). Ce n'est qu'en conside-
ranl ainsi toiitc la composition, qu'on peut tout-a-fait
sentir et appr^cier le rapport important dans lequel
(16) L'expression grecque, pour designer ce vetement , eM%^V(ro~
WaJj-oj. On Irouve des Xfva-oTToc^oi %'j?iOil dans un fragmeni d'Eu-
polis , conserve par Pollux, VI, 10.
(17) Ces Telemens verts , usltes sur les theatres, s'appeloieni
fiai^X^^^^ ■) PoLLox, VII, 55.
(iS) Selon CicEROn { de Nat. Dear. I , 29 ) , Junon Sospita h La-
nuvliim avoit une chaiissure dont la polnte i'toit recourb^e ( calceolos
Tepotnlos) , et cVst aInsi qu'on la voit encore sur des nionunions
antiques. La slalue du Miisee Pio-Clcmentin ( t. II, pi. 31 ), a i-te re-
slauri-e d'apies cela. L'liisioire des poulaines ou souliers a bee , *e
Irouve dans BtctjiANN , Vorrath kleiner Anmerkungen iiber al-
lerlei Gegenstcende (Recueil de peiiics observations sur diflereiis
sujets )p. 45 , s<je/.
(19) [II a ete observe deja plus liaiit que le C. Millis se propose de
publier la peinlure enlierp dans une di'S procliaines livruisoiis de sea
^'onumens anli//ues , iaidits ou nouvellcinent expliquis'\.
2, 1 8 ArchcBologie.
ce(te figure se fronve avecraction eiitiere. TI y a uii
charme admirable rc^pandusur la composition dc cefte.
peintiire , et queliju'ome , quelque beau quesoit I'ex-
t^rieur de cette Furie, le spectateur est saisi d'une
veritable terreur par le pouvoir de Ja d^esse venerable,
que la pr<?sencc seule d'Apollon peut empechcr de
s'emparer d'Oreste, sa victime.
Pour offiir a nos lectetirs une peinture enliere de
cette nature , et pour leur donner ainsi une idee
exacie de ce que veut prcprcmont (Y\xzV Fjiqyhcmisina
de I' arf qm savoit si bien adoucirce que cftte rrpr^-
seutation avoit de terrible, on a joinlsur la IV.' plan-
che , une cople fidtlle du simple fraic d'nne peinture
de vase antique , qii, sans avoir tgard au but pour
Icquel onle donne lei, est encote remarquabie , parce
que c'ciit cerfiiinenient une des compositions les plus
sinijdes et les plus belles qui nous soient resides de
i'anfiqulte (iS). Quant a i'e^ plication de (clte pein-
ture , je me rapporte a ce que j'en ai dit plus haut.
J'ajoulerai seuknient que !e chevalier A Italinskj ^
dans les explications ingt'nieuses qu'il a joiutes a cet
ouv)age , a chert li^ a expiiquer cette peinture par
un fragment dePh?recydes(i9),d'apre,ilequel Oreste,
pendant son bannissement en Arcadie, s'cst reiugi^
(ians le sanctuaire de Diane : il s'y placa sur I'autel
de la d^esse , pour inij)lorer son secours , mais les
Furies qui cherchoienl a le tuer, le tourmenterent
beaucoup. Le meilleur parti sera de ne pas raj)porler
cette peinture a une scene dcteruiinee des souH'rauces
d'Oreste , mais , en general , a Orcste lourmentd sur
le ihecUre jiar les Furies (20). Cette situation etoit
sans doute une des plus favorables et des plusfer-
liles de tout le cercltf roythique de I'antiquiid, soit
(ao) Dans la collection des rases antiques , pi-blipe en qiiatre vo-
lumes, par M. TrsCHBEiN , sous le litre, Co/lection 0/ engravings of
ancient vases , cette peinture se trouve an tome III , pi. 32.-
(21) Dans les scholles grecrjues, sur le v. 1C45 de \Ores[e d'Etr-
miFIDE,
■ (-J2) Scini) c£'ico:us Oien-ns, Viho..<4£/j. IY, 47"'
Furies. 2, i cjj
pour I'artrste, solt pour le rn oval isle. Les artistes
gK-cs, toujouis ficli'lles a la loi imniunhle de !a beani^,
oiU constamnipnt figure les Erinnyes , k quclquts le-
xers changenicns pi es , telles que uous les voyons ici ,
^n chasseresses rapicles, chauss^es du codiuine, avtc
Ja tiinique reivouss^c, effrayantes, non pas par la
laicleur des formes , luais par i'action e( Teft'et qu'elles
produisent. Get tO'et est exprimd , d'une maniere si
irappante dans la position entiere d'Oreste fugitif et
sai.si d'horreuret d'eifroi, que tout ce qu'on pourroit
encore ajouter ace sujet devient suporflu. Le cha-
peau lace:)(?monien de voyageur ( pilciis)^ qui lul
tonibe derriere le dos, indique, d'une maniere vrai-
nient poeticjue, que I'avtisle a voulu representer le
moment oil le mallieureuv se pr^cipite , tout essouffld
et hors de lui-meme, sur I'autel de la divinil^. C'est
ainsi que le sage euplnMiiisme de I'art ^ en embel-
li'^sant ces divinites vengeresfes , ne leur fait rien
perdre de leur pouvoir" terrible. L'urliste n'a pehit
que des Euminides , et ce soul de viritables Erinnjes,
LEGISLATION.
Que chez de grand cs puissances j les erreurs
en legislatioii ont die la source de leur de-
cadence.
J-^ o u s avons vu , en morns de deux siVcIes , quatre.
oil cinq puissances passer tour-li-tOHr de la domi-
nation a Tob^issance, et de I'etat de grandeur a la
foihiesse. Si nous cherchons ]a cause de cette revo-
lution politique, nous ne pourrons la trouver que
dans les abus de leur legislation. En commencant
par I'Espagne, nous verrons que celte nation qui ,
sous Charles-le-Quint , ^toit , pour ainsi dire , le
centre unique d'oii partoit le mouvement convulsiF
qui agitoit I'Europe , qui , en portant la premiere
ses armes victovieuses dans un nouvel hemisphere ,
avoit eu le boiiheur d'ajouJer aux avantages de la
position la plus favorable et du territoire le plus
fertile de I'Europe , le domaiue des contr^es les plus
opulentes de I'Amerique ; qui auroit pu etre la plus
riche de toutes les nations de la terre , les soumettie
a I'empire de savolonte, et Irouver dans son sein
les nuiteriaux propres a jetcr les fondements de sa
grandeur; nous verrons, dis je , que I'Espagne doit
non sciilcment a I'expulsion desMalires, suiviebieu-
tot apres de I'augmentation excessive des impots,
mais encore a un faux principe d'administration, et
a I'influence de ce principe sur les lois, la perte de
taut d'avantages, et i'clat d<?p]OiabIe dc I'agricul-
Melanges. £2t
ture , de I'industrie , de la popnlalion ct du com-
merce, que tous les efTorts du Goiivernement actuel
n'ont encore pii r(;tablir. Les honinies pen ^clalr^s
qui pr(^sidoicnt alors a radmlnistrafion de I't'tat, res-
seriant leurs vues dans les bornes ^troites de leur pays,
ne sentirent pas que la prosp^rit^ de I'Epagne ^(oit
li^e a cello des audes nations; qu'elle ne pouvoit
conserver ses propres richcsses , qu'ea augmentant
celles de ses voisins , et garder une partie de ses
m^taux , qu'en laissant <?couler I'aulre partie dans
I'Europe. lis ne voyoient pas qu'en accroissant tou-
jours la masse de leur numeraire , sans que celle
des autres ^tats s'accrut a proportion , ils attaquoient
I'agriculture et I'industrie natlonale , et les obli-
geoient , faute de pouvoir soutenir la concurrence
des Strangers, a disparoitre de I'eJat , eraporfant
avec elles (ous ces tresors dont il anroit fallu sacrifier
une partie pour la conservation de I'autre. lis ne
savoicut pas que I'or et I'argent (Violent des produc-
tions du Nouveau-Monde, dont il ne failoit relenir
cliez eux qu'une partie sufEsante, pour faire pen-
clier dc leur cot^ la balance du commerce relatif.
C'est pour avoir ignore ces Veritas imporfantes ,
qu'a\ec tant de lois prohibilives de la sortie des
especes, les rois d'Espagne et leurs ministres ont
renvers^ tous les fondements de la force publique.
Cette verite sera d^veloppee avec tonte I'^tendue
qu'elle merite, dans notrc cours de cette ann^e au
college national de France.
Si nous passons de I'Espagne a la France , nous
verrous encore une nation qui , apres avoir doming
222 Lcgistaiion.
en Europe, conime TEspagne ,a (rouv^comme die ,
elans rignorance de scs legislateurs et les vices de
Jems o{i(^rations , le prlncipe de sa d(?cadencc. Ua
seul Edit , dicte par le fatiatisme dequeiqnes honimes,
ainsi que reneiir d'un ministie qui changea tout le
sysicaie econouiique de I'Elat^ ont caus^ plus de
niaux a la France , que ne lui avoient procure d'avan-
tages quarante ans de victoires , des g(?n^!aux illus-
tres, des Academies c^lebies, une foule d'homme*
de g^nie dans les lettres et dans les arts , et toute
rinflueiite despolique que ces grands moyens lui
avoient don^^e sur I'Europe.
Louis XIV, en dispcrsant loin de leur patrie, une
portion de ses sujets que I'erreur avoit ^gart^s , non-
seulement frappa d'un coup mortel la population
du royaume, mais il cnleva encore a I'etat toutes
les ressouices des arts, que ces nialheureux prosciits
coururent offrirades nations plus ^clair^es sur leurs
vrais int^refs. Colbert, accordant aux ouvrages de
I'industrie, une preference presqu'exclusive sue les
productions d<i la terre, placant toute sa conliance
dans les mains des courtiers de I'art , et non dans
la fertilit(= du sol , arracha les cultivateurs a la terre,
pour en faire des iuventeurs de modes et des manu-
lacturiers d'^toffes ; donna a sa patrie une prospd-
rite trompeuse et precalre , que les progres de Tin-,
duslrie en Europe ont bienlot fait ^vanouir , et en-
seigna par ce moyen- aux aulres nations I'art d'ap-
pauvrir la France , en s'onrichi -sant ellcs-menips.
En elFet , I'Angletcrre fut la premiere a piofiter
de cette faute , et elle prit des-lors une grande su-
Mchmges. 220
foiioiifd 3ur. la Frriiue : nials cet empire, a son tour,
apres avoir si longteraps doming sur les mer^ , anres
avoir dict^ ses Ids dans tous Ics ports et sur toutes
Jes coles, humilie tous les pavilions de TEurope ,
t'teodu son influence puissanle sur le commerce
des deux hemispheres ; cet empire est aujourd'hui
sur les bords de sa mine, et sa decadence subite a
sa source dans les erreurs de scs lois. II n'a eu dans
son sein aucun legislateur assez eclaire pour lui ap-
prendre qu'une mere reduile a un petit nombre d'en-
fants, ne devroit pas les disperser loin d'elje ;-que la
Grande-Bretagne, avec dix millons d'habilans, u'e-
tait pas en ^tat de peupler un si grand nombre de
colonies; qu'au lieu d'engap,ci' ses sujets a abandonner
la patrle, elle devoit , par des reglemens sages,
meltie un obstacle a leurs fi^cjuentes (?migrations ,
et se contenter des elablissements n(5cessa!res a son
commerce. Aucun des souvcrains de cette nation
n'a seuti que cette maniere de domincr dans le
Nouveau-Monde, ne devoit paslai faire oublier qu'un
cifoyen qui abancionne sa patrie , pour lui etre utile
au-dela des mcrs , n'abandoi:ne pas pour cela ses
droits; que cette oppression est d'autant plus injuste,
qu'tlle est cxercee par un pcuple libre; que la mo-
cli'ration est I'uniquegarant des possessions loinfaiues;
c|ue le commerce exclusif des colonies aveclam^tro-
.pole , est un acfe d'Injustice qui doit tot ou tard
>€tre 'ine source de divisions, Aucun homme d'esprit
n'a v.ciivc a scs concifoyens, que d^pouiilcr les
colons du droit inviolable d'etre soumis au juge-
2^4 Lcgislali 0/7.
ment seiil cle Icius piopres juri's, C'^to'it climhiue*'
leur confiance dans le gouvernement ; que les sou-
mettre a des contributions arbitraires , c'^toit attenter
a leur liberty 5 rjue leur enlever le droit de se taxer
eux-menies , c'(?loit leur arracher une pr{?rogalive
qui, peut-etre , est en Angleterre , le seul garant
de leur liberl^; une prerogative que les sujets de
cet empire ont tant de fols ciitientee de leur sang,
et pour la conservation de laquelle ils ont si souvent
dt'tione leurs rois. Un sage l^gislateur leur auroit
dit au contraire , que ces colonies une foi; parvenues
a un certain point de richesses et de puissance,
n'auroient plus besoin du secours de leur metropole,
etqu'il t'alloit par consequent gouverner avec la plus
grandc moderation un pcuple qui devoit trouver lant
d'interdt a cr^er son independance. Ce legislateur
auroit encore pr^venu d'autres niaux ; et si dans ces
derniers temps elle cut eu a la tele du gouvernement
brilannique un Lock ou un Peen , ces deux hommes
c^lebres auroient d^monlre a leur patrie, que I'abus
qu'elle a fait et qu'elle fait encore de son credit , en
accroissant cliaque jour la mas^e de la dette natio-
nale, enmultipliant a I'infini la circulation du papier
repr(?sentatif dune monnoie qui n'existepas, devoit ,
soit par Tavilissement du numeraire , soit par I'exces
des irapots , augnienter sans mesure le prix des tra-
vaux productifs et des ouvrages de I'art ; que cette '
augmentation causeroit a 1' Angleterre le d^savantage
le plus frappant dans sa concurrence avec les autres
nations , et que tant d'erreurs entraineroient en pen
de
Melanges^ 2 25
tic temps la mine de son indusuie. Une sage poli-
lique n'ausoit pas n^glig^ ces consitli'ialions ; niais
elleaont cchapp^ aii\ ciloyens Anglais ; ct cet oubii
prtxlpite vers sa decadence une JNation qi.i, jusqu'a
ce jour, avoit le niieux connu ses inteiets.
Les peuplcs ont done, comnie leshonmies, lei:r
p^iiodc d'ignorauce et d'eneiui et c'est dans cette
siuiatlon que se irouve aujourd'lnil I'Anglelerre :
au lieu de diminiier la masse des iaipols, elle Tau"--
menlesans cesse ; elle perd son influence dans I'Eu-
lope , pour avoir voulu lui donner (rop d'^lendue
en Am^ique et dims I'lnde. Bientot elle en sera
priv^e dans I'un et I'autre hemisphere ; et le sceptre
tie KEuiope , apres avoir pass^ de I'Esparrne a la'
France » et de la France a I'Angleterre , ccnibls
devoir prendre un autre essor. Wais oii ce sceptre
ira-t-il se fixer? Francais ! osons nous Matter, (fii'ii
reviendra donner des lois a I'Europe dans le sein
de notie republlque. Conime nation guerriere, nous
avons d^ja repris le premier rang dans cette partie
de I'univers, jiar tant de victoires eclatantes que
nous venons de reniporter. Comme nation f^conde
en hommes celebres, qui, par leur r(?union , par-
courent avec tant de succes le cercle des connois-
sances^lumineuocs , nous Grlitlendrons bientot le pre-
mier rang par la sup^riorite' de nos lumieresen le-
gislation ; et que ne doit-on pas attendre d'uri 2ou-
vcrnement sage, qui veut le bien , et qui ne ciierche
qu'a s'eciairer. Une conduite, si digne de nos ap-
piaudissements et de toute aotre reconnoissance,
Tome V, ^
2,26 Lcgislaiion,
elevera la nation francolse au plus haut degr^ d*
gloire, par le titre de -pcuple- rol , paci/icateur de
I' Europe , que les puissances voisines s'empresseront
de lui defdier, et que I'^qultable post^rlle lui con-
Urmera.
Ce tnimoite a iti lu dans une stance puiliijue de la Societd des
Observateurs de I'Homrne.
VARIETES, NOUVELLES
ET
CORRESPONDANCE LITT^RAIRES.
NOUVELLES ETRANGERES.
Allemagne.
Exposilion au salon des tableaux a Weimar,
On a parl^ a difFerentes reprises , dans ce jour-
nal, des prix proposes depuis trois ann^es par M. le
conseiller intime de Goethe , aux artistes, surtout
ceuxde I'Allemagne. Les deux premieres annees, les
dessins et les tableaux envoyes des difTiJrentes contrees
de I'Allemagne pour ce concours , furent reunis a
I'exposition annuelle de I'Acad^mie de dcssin de
Weimar, dont le directeur est M. le conseiller
KraUSE. Cette ann^e, M. de Goethe ayoit assign^
t^ouvelles litleraifei. s."!*^
wn local partlculier a I'exposition des ouvrages en-
\X)yes ail concours? qu'il avoit ouvert j deux salles
vastes et bien eclair('es dii thCatre de Weimar avoient
^t^ dispos^es pour cede exposition par(ielle , qui
cfFioit I'a vantage d'un coup-dVeil moins confiis, et
d'une jouissance plus traiiquille. Kile commenca le
i8 septenibre ; pour eviter tonte espece de desordre,
on fit payer a I'entr^e une l^gere r^niljution. Les
amateurs pouvoient aussi s'ahonner pour tout le
temps que duroit I'exposition.
La premiere salle offroit , sur les deux murs op-
poses I'un a I'autre , les ouvrages envoy^s au con-
cours; la seconde contenoif une collection choisie
de maitres anciens et nouvcanx, aussi agreable qu'in-
structive» par la vari^le des objets et du style.
Les deux sujets proposes par M. de Goethe, pour
le concours de cede ann^e , ont ele annonces et
d^velopp^s I'ann^e passee dans les Propyl^es ( i ) ,
journal r^dige par lui. L'un et I'autre eloirnt pris
de rhistoiie b^roique de la Grece, d'un cycle ar-
tis(iqi;e , qu'on ] ourroit nommer achilleide , du lie-
ros qui en est le personnage principal. — Le premier
siijet ^toit de reprf^senter Acbllle cache par sa mere ,
parmi les jeunes fiUes de la cour de Lycomede , roi de
Scyros, et d^^ouvert par la ruse d'Ulysse et de Dio-
mede , au moment d^cisif niCme ou la fille de Ly-
comede , au d^sespoir de ce que son anoant est d«?-
couvert, s'approche d'Achille qui, trahissant son
d^guiscment par son amour pour les armes , attire
(I) Propjlies. vol. HI, cahier a, p. iG3.
P a
iaS Noiicelles Htteratres.
tous les regards. Quinze artistes de Cassel , de Co-
logne, de Berlin, de Vicnne, de Diir.seldorf, de
Kaizeboiirg, de Hanibourg, de Breme et de Paris,
avoient essay^, de difFerentes manieres , a satisfaire
a ce siijet, qui paroit avoir souvent occiipe les ar-
tistes aiiciens , comnie on le voit par plusiciirs bas-
reliefs qui nous reslent encore. M. Je profcsseur
Nahl , a Cassel, dont \es Adieux d'' Hector Awoient
attaches, I'ann^e dernlere , tous les spectateurs, au-
tant par la composition agr^able que par la purcie de
rex(?cution, fut de nouveau facilement reconnu dans
un des ouvrages de I'exposition, et quoique, par la
nature meme dii sujel j la tendre Deidamie ne pou-
Voit pas ofFrir line figure aussi noble que I'avoit €l€
I'Andromaque de s,a derniere composition , son
Acbille attira, cette annee, les regards de tous les
spectateurs , d'une maniere irresistible. Toutes les
autres figures sont , au reste, groupees avec lant
d'inlelligence , et execut^es avec tant de delicalcsse,
et en nienie temps avec tant de precision , c[a'un
certain charnie paroissoit r^pandu.sur I'ouviage en-
tier. Ce dcssin a la plume et lave, envoy^ par M.
Kalil, ^loit la piece favorite du public dans toiite
Texposition. Tout le monde s'y arreloit le plus long-
temps possible, ct les critiques qui vouloienten parlcr
d'une maniere defavorable, ne trouverent point les
spectateurs de leur avis. Acot^ de ce dessin , il ^toit
facile de reconnoitre I'ouvrage de M. HoFMANN, a
Cologne, qui avoit remporte le prix de I'annee der-
nlere , par la raort de Rhesus. On aiinuit a retour-
ner a cc dessin , en crayon noir, sur papier blanc,
Nouvelles lilleraires, 229
ef chaqiie fo'is on ^(oit rt'compen?(? par iin plaisir
nouveaii qn'inspiroit cet essai heiireiix, d'appliqiier
aiix sujets ^lev(^s de I'liistone licroiqiie les avanta-
ges et ]es jouissances que procure aux yeux la bonne
(?coIe flamande. L'unild, tres-heureusenient moti-
vee dans le rapport de toutes les figures , au sent
Acliille, qi'.i avoit je(^ son d^guiseuient , fut gCfne-
ralement admir^e, et un grand nombre des specta-
teurs desiroient de voir ex^cutde en peinture une
composition qui , par la bardiesse de la distribution
des lumieres et de la tenue, faisoit une impression
si forte. A cote de cetle composition, oil tout efoit
jrapportt' a un point unique , un dessin envoye de
Paris Tormoit un contraste assez singulier. L'auteur
de ce dessin est , a cc qu'on dit , M. Tl£K, artiste
de Berlin , qui , pendant son sejour a Paris, y a d^ja
remportdun prix de sculpture. Au signal donn6 sur
le vaisseau, on voyoit tout se disperser corame par
un coup de vent. II y a dans cette composition beau-
coup de mouvement , re'evt? encore par le roi , qui
commande la trauquilllte , et qui se trouve sur le
cote. Si tous les specfaleurs avoient su distingucr
entre les moycns que peut employer le sculpteur
et ceux du peintre , plusieurs d'entre eax ne se
seroient point pcrmis des jugcniens d^favorables et
despropos, tels quecelui d'appeler Lycomede un roi
de carton. — Un dessin a la plume et lav^, envoyd
anssi de Paris, ofFroit , au lieu de la tradition
ordinaire de ce sujet, proposre pour ce concours^
une autre indiqu^e dans rAcbilleide de Sface, de la
danie des jeunes filies, cl offioit Acbiile en babits
P 3
tSrD Nonvellcs lilterabes.
de femmes, et arnii? de I'avc et de fleches pendant
tjiie ses compagnes daiisolent. Cette composition
n'est pas sans ro^rite. Un artiste habile de Diissel-
dorf, M. KoLBE , avoit flgur^ les deux h^ros, qui
sent alaiccheiche d'Acliille , deguis^sen marchands,
et son Achille ^toit une veritable figure deMinerve.
Un sculpteur de Cassel avoit envoye un dessin oil
il avoit traits ce sujet d'une maniere fres-ingenieuse
pour etre ext^cut^ en relief. Dans un dessin a la sepia
envoy^ de Hambourg , chaque tete ^toit une veri-
table peinture en miniature, ex^cut^e avec tout le
fini possible. Les ouvrages envoy^s de Vienne pa-
roissoifnt reunir, moins que les autj^es, les suffrages
du public.
Le second sujet, Acliille combat taut le Scamandre
et le Shnois y d'apres le 21.^ chant de I'lliade , of-
froit a I'iniagination des concurrens un champ d'au-
tant plus vaste, qu'on pouvoit imaginer et ex^cuter
en effet plusieurs momens de i'action d'une maniere
^galement avantageuse. Mais differens dcueils poa-
voient se presenter en menie temps a une imagination
trop ardente. M. Hofmann de Cologne avoit aussi
Concouru pour ce seccod prix. Son Achille ne combat
pas seulement deux , ruais huit fleuyes a la fois ,
qu'il s'est figur^ sans doute comme les repr^sentans
des vagues irritees et entass^es contre le heros. II
est vrai qu'aucun d'eux n'est le veritable Scamandre
ni le veritable SImofs ; niais la lichesse de I'ar-
mure , ct la position de ccs monstres aquatiques com-
battant a forces r^unies un seul h^ios , procuroit urx
laouyeau plaisir tout^s les fois qu'on les legcirddit. Si la
Nouvelles litteraires. aSi
BobTe siitipliciJ^ a <it^ saciifie^e a I'efFet, ce sacrifice
fut du nioins compens^ par une beauts qui en va-
loit la peine. Un dessin sur papier gris avec du crayon
noir , tres-peu colori^,qiu, selon Ife catalogue im-
prim^ qu'on recoit a la porte, avoit et^ envoyd de
Berlin par iin artiste etranger ( M. Hummel), at-
tira J presque aussi souvent que I'ouvrage dont on
vient de parler , les regards des curieux. II est vrai
que dans son Acliille parfaitement bien dessin^
conime Acad^mie , et dont la saillie etoit tres-forte,
on voyoit plulot le h(?r.os qui attaque avec intrdpi-
dite , qn'AchiUe qui' court le danger d'etre vaincu
"par LesJIeuves (telles ^toient les expressions du pro-
gramme); cependant on ne pouvoit qu'applaudir ^
I'idee des eaux qui s'amoncellent des deux cot^s, et
de la verity avec laqiielle I'avtiste avoit su figurer
le corps par-dessus lequel passent les flots. Deux des-
sins, en crayon noir, sur papier gris, envoy^s de
Dresde, ne finent pas tres - propres a donner de
grandes espt^rances de Tecole de cette capitale, et
prouverent de nouveau que les melUeurs tr^sors de
I'art ne sufEsent pas seuls pour former I'artiste. — •
Une peintnre al'huile, envoy^epar M. Hartmann,
habile artiste de Stuttgard , qui , dans ce moment,
est a Dresde , excita d'autant plus I'altention des
connoisseurs. Achille est forfcment pressd par les
deux fleuves. Pendant que I'un d'eux lance d'une
main deux cadavres vers lui, I'a'.tre le saisit des
deux mains. L'id^e de faire venir, au sccours du
h^ros tourmente, Vukain, qu'on apercoit dans les
nues , prouve que I'artiste a bicn dislingu^ le momeut
P4
s.3z Noui'pUes Viltcraires.
]e plus riclio de I'action, Muis il ainoit clii lepre-
senler Vulcaia conibaflaut cl^ja Jos fleuves avec ses
flammes.
Sur line pelntine a I'buile , envoy^e de Berlin ,
Vulcain ^toit repr^sent^ s'appuyant sur deux Jeuncs
esclaves. Ce secours , anivant sur des b^quilles, au-
roit pu faire soupconner que I'artisfe a voulu tra-
yestir son sujet d'une maniere burles(jue, si le reste
n'a^oit point prouve que I'intention de I'artiste ^(oifc
s^rieuse. — Un dtssin lav6, a la plume, envoye de
Paris, altacha les regards par ses formes pronon-
Cees, et fit surtout plaisir aux lecieurs d'Homere,
par la force derAcliille fuyant. Ce dessin prouvoit
•que son aiiteur avoit ^tudi^ avec fruit les antiques
du Musec des arts, a Paris.
Pour donner de la vari^te a cette exposition , on
avoit place dans la scconde salle une suite d'ouvrages
difierens, quunt a I'ex^cution et quant au sujet. On
aimoit a y revoir et a comparer les deux ouvrages
qui avoieat remporte le prix I'anu^e passc?e, les
Adienv d^ Hector par NaHL , et la Mori de Rhe'sus
par HoFMANlif , qui, I'uu et I'autre , se trouverent
encore une fois parmi les concurrens. Nalil y avoit
expose une galerie entiere de ses productions les plus
agrc^ables dans le paysage et la figure. Son excel-
len(e peinture a I'huile, adnilree deja a Rome, et
qui repr(^sente I'Amour tirant a Venus une t'pine du
talon, son Tir^i^ias qui devient aveugle , ses char-
mans paysiiges , invitorent de nouveau les amateurs,
et cbacun se seioit eslimd heureux de pouynir les
poss^der pour loujou;s.,L'ingciiicux ci spiritual BuilY
Noiii'ellcs liltcralrcs. s33'
avoit expose? trois portraits, qui satisfaisoient a tout
ce que le connoisseur pouvoit exiger. TiEK, de
Beiliri , avoit expos<^ line suite de ses esqulsses qn'il
avoil apporf^e de Paiis,et qiii,toutes, le faisoi'-nt
connoitre plus on moins conaine artiste et comme
un sciilpteur ing^nicux et penseur. Au dessus de
Ces fsqiiisses, on voyoit la niort deLiicrece, grand
dtssin siir papier gris, par Lanceu le fils, de DLis-
seldoif. Chacitn y rrconnut avec plaisir le beau ta-
lent d'un jeune homme de 20 ans,qui, a cet age ,
s'est deja ^lev^ a ime bauteur qui'donne encore de
plus grandes esp^rances pour I'avenir. L'attitude de
Brutus , elevant le poignard pour prononcer le ser-
ment, et la figure de Lucrece, que les fon.es aban-
donuent I'eja , ainsi que toute la disposilion du ta-
bleau , out paru invent^es et ex^cul^cs avec intelli-
gence, et qutlqucs imperfections que ic connoisseur
y reconnut , d^pendoient peut-etre nioins de I'artiste
que du sujet qui n'est pas un des plus lieureux. Le
sculpleur Wolf de Cassel avoit fait cxpost r uw plci-
tre termine ce son bas-relief, qui scrvira de mo-
nument a la m^moire de Biisch, a Hauibourg. Trois
figures, au\quelles I'artisle a su donner hcaucoup de
dignitt' , Hauinionia , coifu'e d'uue couronne murale ,
le genie du commerce sous los (rails d'uue femme,
celui des sciences mathi^njatiqucs sous la forme d'un
liomme, sacrident nux manes du defunt. Cetouvrage
rndiquait parfout uh artiste r('(!(^clii , qui sail at-
tcindre, avec des moyens tressimplcs , le but qu'il
se propose. Les beaux busies de I'archiduc Cbarlcs
et de Scbiller, par DANNECKtR ilc Stutlgard, rap-
td^ Nouvelles liueraires,
pelerent un de nos sculpteurs les plus Iiablles. PIu**
sieurs excel lentes copies , enfin , faites d'apres dea
maitres aiiciens, fels que da Vinci et Curache , par
Bury, et deux tdtcs de la transfiguration de Ra->.
phael, copi^es par TiEK, plac^es a cot^ de quel-
ques orlginaux excellens de Rubens, Van Dyk , et
Claude Lorrain , rendoient cette exposition aussi in-
t^ressante qu'instructive.
Cette exposition , et la suite de representations,
dramatiques donn^es par M.™" Unzelmann, sur le
theatre de Weimar , y avoient attire un grand con-
cours d'^trangers de differentes contr^es de I'AlIe--
magne. 11 ^toit assez int^ressant de se meler qtiel->
quefois pariui les groupes d'amateurs, de connois-
seurs , etc. , que I'exposition attiroit , et d'y entendre
les difFerens jugeniens et quelquefois des discussions ,
qui en etoient la suite. Souvent M. Goethe y prenoit
part lui meme, et redressoit, dirigeoit les decisions
deceux qui lui paroissoient le ni(^riter, avec cet esprit
de bienveillance qui le caract(^rise , et qu'il a niontrt?
dans les jugeniens ins(^res dans les Propyl^es , sur
les deux expositions prec^dentes.
Cette exposition ofFroit encore un ilil^ret parti-
culier , en ce qu'elle facilifoit la comparaison entre
les difFi^renles ecoles de I'art ^tablies dans les dif-
ferentes contr^es de I'Allcmagne, et sur lesquellts
M. Goethe avoit porte , dans un des deruiers n.°^
des Propyl^es , un jugement parfaitement bien mo-
tive.
II (?(oIt impossible de quitter cette exposition ,
sans etrc pen^tre d'un sentiment d'adnuiation pour
Nonvelles Ihteratres. :aSd
}e cr^aleur de cet(e institution qui , ayec la fernie
voiont^ , (jiioique ses moyens , en proportion tie I'en-
Ireprise , ne fussent que tres-peu considerables, a
su etablir nn point central pour les arts en Alle-
niagne , et qui , jiisqu'a present, a i\.€ si bien se-
conds par les artistes de sa patrie , qu'il y a lieu d'en
esp^rer losr^sultats les plus heureux, d'autant plus
que ni la jalousie , qui souvent pent exister entre
Jes diff'^ientes ^coles, ni d'autres vues particulieres
n'influent en rien sur les jugeiuens des ouvrages
envoye's a ce concours. II paroit que M. Goethe pu-
bliera, dans un ^crit parliculier , un Jugtraent mo-
tive? sur les ouvrages envoy(5s au concours de celte
ann^e.
Avec les prix de I'art du dessin dont il vient
d'etre question, M. Goethe avoit propose encore
un prix dramatique de 3o ducats, pour la tneiUeure
piece d'intrigue. Treize pieces ont €\.€ envoyees au
concours; plusieurs d'enlre elles seront representees
sur le theatre de Weimar. Ce sera le sujet d'un autre
article. Boettiger.
Grai'ures des Jpones , de Raphael.
Les gravures du c^lebre Marc-Antonio, confem-
porain et ami intime de Raphael, sont aujourd'hui
devenues si rares , qu'on ne les trouve pas (oujours
dans des cabinets d'ailleiirs c^lebres , et que des
connoisseurs out souvent pave des somnaes conside-
rables pour des epreuves tres-mediocres.
S.36 NouvcUes litter aires,
Ce(te rarel^ ue vient point de ce que ces gravines.
soDt tres- aticienncs , niais de ce que, de (ous les.
graveurs anciens et modernes qui ont tiavaill^ d'a-
pres Raphael , il n'y en a pas qui ait su aussi bleu
saisir son esprit, et transporter sur le cuivre la
pr(;cision de ses foimes et de ses contours , et la gran-
deur sublime de ses caractcres , avec aulant d'exac-
titude et de v^rit^ que Marc-Antonio.
II n'est gueie possible de prouver que Raphael ,
comme plusieurs I'ont assure' , ait dessin^ hii-meme
les contours sur les cuivres de Marc-Antonio. Ce
qui est certain, c'est qiie celui-ci a (ravaille sous
I'inspection de ce grand piinlre et guide par lui.
Parmi ses meillcures giavurcs , qui en nieme temps
sont devenues les plus rates, il faut compter Jesus-
Clirist et les douze Apotres. C'est la que Raphael
s'est montr^ non - sen lenient en arti.sle du premier
rang, mais aussi en grand connoisseur des homines,
et en homme d'un g^nie penetrant el d'une grande.
sensibility.
II a prouv(?, comment la dignite et le sublime du
caraclere peuvent etre repvesentes daiis chaque in-
dividu, de la maniere la plus varit'e. Dans cliaque
aj)6tre , on reconnoit un homme sublime ct doue
de tonles les verfus qui le raract^tisent ; on le re-
reconnolt non-seulement dans I'expression du visage,
mais aus-i dans le mouvement des differentes parties
du corps et meme dans le jet des vetemens ; et ,
dans cetfe variete de la representation, on netrouve
pas la moindre trace de r<5peLition : chaque figure
est un orieiual.
Noifvcllcs liflcirihcs. fi2j
M. L ANGER , directeur de I'Acadc^mie de pein-
ture a Diisseldorf , un des artistes les plus distingn^s
de I'AlIemagne, a copi^ ccs gravures avec la plus
grande fidt'lil^ , de soite que les amafeurs pouiront
se les procurer a moins de frais que se payent sou-
vent des epreuves assez mediocres. Plusieiirs ama-
teurs I'ont prie de leur procurer des epreuves colo-
rizes, propresa etre mises sous verre : c'est ce qu'il
a fait , ct il a dontK? a chaque figure la couleur qui
convlenl a son caractere, ce qui, sur un fond clair,
boidc? de violet ,.falt un efFet tres-agrZabie.
Le prix de ces douze estampes , en noir , sur
papier brun on en couleur, est de 24 fr. Cehii qui
en prend neuf collections , aura la dixicnie ^nz//s.
Pelnlure sur rene , relruiu'ee cji Boheme.
Le fabricant de verre, P. Mayer ^ a Grazen, en
Eohf'me , a retrouvZ le moyen , conuu autrefois,
de fa:rc de grandes tables de verre rouge; I'Enipe-
rcur Ten a recompense j)ar une medaille d'or\
Bibliolhe(/ue de PFillenherg.
La bibliolh{?que de I'Universite de AVIttcnberg
vient d'etre enrichie d'environ 1000 volumes qui
lui ont e((^ legues par M. Otio Willielm von den
Brinkcn , niort au niois de decembre 1800, a Gros-
slreben , dans le cercle electoral de la Saxe. Ce sent
snriout des ouvrages d'histoire , de geographic, des
jomuaux , etc.
238 Konvclles U/ltrciircS.
M. Titiiis , professeur a la meme University, morfc
depuis peu , a aussi \6gu^ a cette bibliotheque 2000
a 2000 volumes sur les niatli^matiques , la physi-
que, la cliyniie , la matiere m^dicale , I'liistoire
naturelle dans toutes ses parties , I'^conomie , la
technologie et la politique; 11 s'y trouve aussi plu-
sieurs recuells d'ouvrages mel^s sur lanatomle , la
physiologic , la ni^declne du barreau , et la police
publique.
L O N D R E S.
Sociele de mathematiques.
La Soci^te des mathematiques de Londres a ce-
lebre, leSi decembie, I'anniversaire de la naissance
tie Newton. Un present de 20 guin^es a ^t^ ofFert,
a cette occasion , a M. Fischer , I'un des raembres
de la Sociele. Newton ^tolt n^ le jour deNoel 1641,
a Wolstrop , dans la province de Lincoln. U mourut
de la pierre , le 20 mars 1727, a 85 ans. La cour
d'Angleterre le fit enterrer dans I'abbaye de West-
minster , lieu de la sepulture des rols. On grava sur
son tombeauune ^pitaphe, qui finit ainsi : Sibi gra-
tiilentur mortales , tale tantiimque extitisse hiimani
generis decus. ( que les mortels se fdlicitent de ce
qu'il en a exists un qui fait tant d'honneur au genre
humain. ) Voltaire disoit de lui : « Ce grand homme
" n'entendoit jamais prononcer le noin de Dxeu sans
" faire une inclination prolonde , qui marquoit et son
«« respect et son admiration pour les ceuvres du
« Cr^ateur.M
Noiwelles I'llteraires. 2^9
«• Newton , dit-il ailleurs , est le plus grand g^nie
^ qui ait exist<5. Si tous les g^nies de I'univers oloieut
■ r^unis, 11 conduiroit la bande. ••
Telescope cPIIers chel.
On apprend de Londres , sous la date du 7 Janvier,
que Ton vient d'embarquer a boid d'un petit ba-
timent qui est en riviere , un tt'lescope fait sous les
yeux de M. Herscliel , pour I'observatoire royal de
Madrid. II a cout^ 1 1,000 liv. sterl. ( 264, 000 fr.)
Publications nouvelles et interessanles.
M. Millar, qui a public avec tant de succes les
Costumes de la Chine ^ annonce le i.^' n." de ceux
de la Turquie asiatique et europeenne, ainsi que
des lies grecques de rArchipcI , en une suite de
gravures coloriees qui expliquent les moeurs , les usa-
ges et les costumes singulicrs et varies de ces nations
interessantes; elles seront fidcUeuient copi^es sur
les dcssins faits d'apres nature, par Ociavien Dal-
ViMART , et accompagn^es d'un i^y^ie anglais et
francais. L'ouvrage sera compost de 8 livraisons ,
dout thacune contiendra 7 a 8 planches colorizes
exactement, d'apres les dessins originaux. Le fof-
naat de l'ouvrage sera in-4." imperial , et le prix de
cliaque livraison d'une guin^e.
M. Hunt a compost une trag^dle iotltuMe Le
S40 Nonvclles liltcraires.
couite de Surrey. Elle sera presentee incessamment
ail (heiitre de Drury-Laiie.
M. BowYER se propose de pnblier dix 11."% dont
chacun contiendra qiiatre vues d'^Egypte, de la col-
lection de sir Robert All i^LlE, dessin^es, pendant
son ambassade a Constantinople, par Louis Mayer.
Les siijets sont des vues d'Alexahdrie, d'Ahoukir,
de Rosette, du grand Kaire, du palais de Murad-
Bpy ; de differentes parlies des bords du Nil, des
vues de I'ext^ricur et du dedans des Pyramides,de
Ja colonne de Pomp^e , dei obelisques , des cala-
combes , des tombeaux , des mosquees , des villa-
ges , des fenimes arabes , des danses, etc. Ces gra-
vures seront accoinpagnees de courtes observations
historiques et arcbaeologiques , et dVcIaircissemens
siir les nioeirts et les usages des naturels du pays. M.
Bowyer a aussL fait I'acquisition du manuKrit de
M. Reveley, qui conlient ses observations faites,
pendant son voyage en ^gypte , sirr difFt'rens ob-
jets d'auliquite , surtout la mesure exacle des mo-
niuuens, ce qui donnera a cet ouvrage beaucoup
d'int^r^t et d'importance.
M. FoRSTER annonce iTne Histoire du comt(i de
SufFoIk, en 3 vol. in-4.° Elle sera Imprimee avec
beaucoup d'ol^gance, et orn^e de gravures faites
d'apres les dessins des artistes les plus dlstingues , ,
par Bartolozzi , Heath, Fitller, Byrne , etc.
M. DUPPA va publier un clioix de i^tes , d'apies
les meilleures peintures a fresque de Raphael : ii y
joindra des observations critiques. Cet ouvrage sera
splendidc.
RUSSIK,
Noiivelles litter aires. 241
R u s s I E.
Gahani^me.
L'empeieiir de Russie a in.arque le plus gr;!nd hi-
ttn-^l u des ex^-eiiences suv le galvanisi^ze , que fit en.
sa preser.ce leconite de Mussin Puschkin , le ;i d€-
Cembre , cheu le comle de SlrogaiioW.
S U E D E.
Academic des sciences.
L'Acadeniie royale des sciences de Stockholm s'pst
adjoint, en qualite de menibre honoiaire^ le con-
seiller de college Fr^d^ric-Th^odore Scluibei t , bi-
bliolhecaiie el uiembie de I'Academie des sciences
de Petersbouig , couuu par plusieurs ouvfages d'as-
lionomie.
FRANCE.
Societe d' agriculture des Deux-Sevres.
La Soci^t^ d'agiiculure du d^parteraeot des Deux.-
Sevies , conforuieiiient a son ari^te du 25 brumaire
an 9, a de'ceine, dans sa seance geneiale du i."' nivose,
les prix qu'elle avoit oilerts , aiiiii qu'il suit :
Le premier cousistant en une pouline de deux ans
ou .3oo It. eu argent a son ciioix , a la C."*-' veuve
Tuinc V. Q
S42 t\fom>elIei lUteraire^^
Guidaz, commune de Raigne, recoimue parmi le*
xroncuirens pour avoir fait , pendant Tan 9, le plus
de prairies artificielles, en raison de ses propriet^s.
Le deuxieme devoit etre un belier et deux brebia
de race pure espagnole , ou 100 fr» en argent, pro-
mis a celui qui auroit natur^.lise avec le plus de succes,
clans le d<?parteinciit , celte race pr^cieuse. N'y ayant
pas eu r'.c concurrens , la Soci^t^ n'a pas pu d^cerner
ce deuxieme prlx ; mais elle se propose d'ofFrir de
iiouveau un prix plus encourageant pour I'an 10 et
pour le meme sujet.
Le troisieme, consistant enbfites alaines dupays ,
de la plus belle espece, ou 100 fr. en argent , a soa
choix , au C. Jacques Billaud , journalier , de la com-
) tnune de Saint-Romans-les-Melle.
Ce prlx ^toit promis a celui qui auroit tire le
meiileur pavli du plus mauvais terrain dans le d^par-
tement, a moins de frais possible. Le C. Billaud ,
pendant I'hiver de I'an g , a d^frich^ trois ou quatre
boisselees d'un terrain qui n'avoit jamais produit et
paroissoit n'^tre susceptibled'aucun genre de culture,
^•tant herissc? de gros rochers et rempli de pierres ;
il a employe ces pierres a clorre leJit terrain , qui
lui arapporte, a la recolte suivante, seize boisseaux
de baillarge dans une partie , et dans les autres des
pommes-de-terre , des l(^gumes , et du chanvre qui
avoit six pieds de hauteur et tres-bon. On observe
que, pendant les penibles fravaux de ce bon citoyen,
sa ferame mendioit pour nourrir tiols enfans en bas-
age , et depuis que !e terrain en question a ^ty mis
en culture, elle a cess^ de meadler,
i^ouvelles lilteraires, 2,42
MoNTAUBA^f.
Moil de Simeoti V ALETTE.
SiniffonY ALHTTE y niath^maticlen dlstirgu^, vient
tie mniirir des suites d'uue altaque d'apoplfxie , a.
I'age de 82 ana 7 mois, le 8 nivose de i'an 10,
dans sa cauiprtt;rie de rHonor-de-Ccs ^ ;)res Mora-
tauban. U etoi; auteiir de pliisieurs oiivrages dis-
tiugiies et eiUre aiides d'une Trigonometric sphJrique^
appvonvee avec le plus grand cloge , sur ic rapport
du celebie Lalt^nde, par I'Acad^mie des stunces. II
r^unissoit au savoir du gf^omcire les talens dii poe(e.
11 chania I'astronomie ; sen poeme futiniprlme dans
le Mercure,
On lui doit encore plusieurs pieces diverses de
poesie , qui furent recueillies dans le temps avec le
plus grand empressenient ; elles portoient le cachet
d'un ami de Voltaire. Valette avoit en efFet passi^
plusieurs ann^es II. Ferney aiipres de ce grand homme.
II avoit eu la gloire de lui faciliter les premiers pas
dans les math^matiques , et de composer sdus ses
yeux des ouvrages qui m^riterent son approbation.
II emporte les regrets de ses amis et de seseleves,
et c'est un d'eux qui s'empresse de rendre ce pre-
mier hommage a sa m(?moire.
Duc-LaCHapelle , de Vlnstiiut national.
Q»
244 Noiivelks lilleraiieS^
PARIS.
Arrivee du C. Fauvel a Paris.
Le C. Fauvel , peintre, occupy depuis plusieurs
anuses a dessiner les monumens de la Grece , en-
suite detenu comnie fran^ais a Constantinople pen-
dant prcs de deux ans , est , depuis le milieu du
mois de nivose , aiiive a Paris.
Relour de M."" Lebrun a Paris.
M.™^ Lebrun est de retour a Paris depuis la fin
du mois de nivose. Apres une absence de ueuf ou dix
ans,e]lea retrouvesa charnianteniaison (rue duGros-
Clienet ) , dans I'etat ou elle I'avoit laissee. Son
mari avoit eu I'attention de conserver le meme or-
dre dans rarrangement des nieubles, des tableaux,
des gravures; ses chevalets , ses palettes, ses pin-
ceaux , tout etoit a la mfnie place. Cette interes-
sante artiste pent ainsi contlnuer , si elle veut,
I'esquisse qu'elle avoit commencee il y a dix ans.
Mori du C. LUNEAU-DE-BOISGERMAIN.
Le C. Luneau-de-BoIsgerniain , auteur du Com-
menlaire aur Racine , et <i'autits ouvrages , tels que
difFerens Cours de langues italienne , anglaise , etc. ,
avec la traduction du mot pour mot iuterligncc, est
naort le 24 nivose , subitemenl.
Kom/elles litteraiies. 24-5
Institut n at I on a l.
Balancier du C. Droz.
Le C. Droz, graveiir en tnedailles, cl^Ja connu
par des inventions ingenieuses, surtout pour la fabri-
cation des monnoles , a soiiniis, le iG nivose, al'exa-
men de I'Inslitut national, iin nonveau balancier,
et les aufres machines monetaires qu'il a terminus
pour le roi d'Espagne, et qui ferment un systeme
complet de fabrication de raonnoies frapp(?es en vi-
roles, avec la marque, sur la tranche, en cre'J\ ,
en relief et autres , du mc'ine coup de balancier,
de nieme qu'en viroles unies , avec les menies in-
scriptions en crcux, au lieu de i'etieen reliei, e!c,
L'fnstitut a nomme une commission composee des
CC. Charles , Coulomb , Desmarets , Prony , Per-
rier et Beithould ; ils sont charges de se transpor-
ter chez le C. Droz , pour examiner ses machines
et ses precedes, ct en faire un rapport,
C'est le meme artiste qui a fabrique une belle
medaille pour la paix de Luneville , ayant d'un cbi6
le buste de Bonaparte, de I'autre une partie du-
globe , sur laquelle on distingue la France et I'An-
gleterrc. Cette mf^daille est remarquable par la par-
faite ressemblance du profil de Bonaparte, ainsi que
par la beauts du ti avail et la piiret^ du nionnoyage,
q-.ie le relief ties-saillant du buste rendoit tres- dif-
ficile.
Q3
34^ Nouvelies lUlemires^
Nominations.
Dans la si^ance, du i," pluviose, de la classe des
sciences physiques ft niath^matiques , la section de
minf^ralogie a present^, pour le reniplacement du
C Doloniieu , i:ne liste de cinq candidats dont
voici les noms : les CC. Ramond , Patrin, Valmont
de Eoma-.e , Lefcvre et Gilet - Laumont. — Le C.
Kamond , qui a cb'enu i8i votes, le C. Pafrin , qui
*n a oblenu lyS , et !e C. Vaimonf de Bomare , qui
en a eu i3i , sont les trois qui ont en la majority
des sufFiages. Le C. Lefevre a eu 109 votes, et Ic.
C. Gilet-Laumont io5.
Mort du C. DarquieR;, astronoine.
Dans la m^me seance, le C. Lalande a annoncd
a la classe des sciences physiques et rpath^niatiques,
la mort du doyen des astionomes, le C. Darquier,
I'un de ses membres asso'jies pour la section d'as-
Ironomie. Le C. Darquier, connu par la longue suite
^'observations astronomiques qu'il a publiees, es4^
mort a Toulouse , agd de 85 ans.
Kouvelles Ihleraires, £47
Notice des travaux de la classe des sciences:
morales el politicjiies y pendant le premier-
trimeslre de I' an lO] par le C. Levesqve,
secretaire.
On a Impnm^ que les fravaux de la classe des
sciences iaa.ora]es ct politlques ne parnissoient pas,
ires-tnultiplids. La classe est bien siip^rieure a des
inculpations fugitives consignees dans un pamflet :
mais qu'il soit permis a I'un de scs membres de
relever iine suggestion inspiree par la malignite ,
et que la malignity doit accueillir. Dans les dix-
luiit seances du dernier triniestre , elle a entendu
ia lecture de douze nouveaux m^molres , et a peu
pres le m^me nombre de secondes lectures qu'ac-
compngnent des discussions plus ou moins prolon-
g^es (i). Elle ^coute des rapports : c'est un travail
de les composer ; c'est encore un travail de les dis-
cuter. Mais , quand elle manqueroit quelquefois
d'occupalion , elle seroit encore bien au dcssus du
reprocbe. Elle n'est compos^e que de trente-six
inembres ; c'est beaucoup moins que le nombre de
ceux qui forment les autres classes. Beaucoup d'en-
tre eux , livres a des travaux bien plus imm^diate-
ment utiles a la patrie , ne peuvent s'occuper de
(i) Cbaque mimolre est lu deux fols : la classe icoute en silence la
preiniiie lecture pour en saisir I'ensemble ; c'est a la seconde lecture
que s'ouTre la discussion.
s.J^S Notu'cl/es lil tend res.
travaux litt^iaircs. Rcglr ou aider de leurs conseifs
les operations du gouvernement , en divlgcr l'ex(;-
culion , veiller au tnaintien de la conslitiition d'ou
^^pendent les destinies de la France, disciUer inu-
rement les actes de la premiere au(ori(^, avaot
cjiie ces acfes soient des lois : voila le travail d'une
grande partie des membres de la classQ, Elle corapte
dans son sein deux consuls, sept s^nateurs, un mi-
nislre, ([iia're conseiHers d'etat, trols tribiins, et
un ambassadenr qui n'est que depuis peu revenu de
ses legations. Que la malignity parle : qui pourroit
]ui imposer silence ? Mais qu'elJe sache que la classe
n'a pas de membres cisifs, qu'clle en prete toufe
une luoiti^ au bien de I'c^tat , et que cetfe nioifi^
n'est pas celle qui m^rife le moins la recoimoissance
des Francais.
Le C. BouCHAUD a compose dix memoires sods
le titre de Recherchcs histcriques et critiques sur les
edits des magiilrats raininiis , et i'on peut Croire
que , par ses savantr s recherchcs , il a ^puis(5 ce su-
jet. Les six premiers m^moires sont Impiim^s en
enlier dans les tomes XXXIX, XLI et XLII de
I'Academie des inscriptions el belles - letlres. Les
quatre autres ont ^fe Ins daus les s(5ances de notre
cfasse, et c'est dans le dernier triracsire que le C.
Boiichaiid a fait la lecture de la trcisieme paitie
dii dernier m^moire : elle porte sur Vedit perpetiieh
L'auteu.r examine quels furent la matiere, I'ordre
et I'aufoiit^ de cet 66.'\t. II nc diit pas cetle auto-.
rit^ avi redacleur Julianas qui n'eloit qii'un simple
particulicr 5 II ne la dut pas mcaie a J'empereui^
Nonvellcs lilterriircs. 24(7-
Adrlen , qnoiqii'il eut ^t^ rlress^ sons scs auspices ;
inais il la rcciit du senatus-consulte qui le confirma ^
ct qui oidonna que re(te compilation serviroit de
rbglc dans les jugemens. Les erapeieurs cxercoicnfc
line aiito)it(? absohie , souvent ils la vendirent fy-
ranniqiie; mais fidelies a la politique dont Auguste
]cur avoit donn^ I'exemple, lis chcrchoient a tiom-
per le peuple, en cachant lenr despotisnie sous les
formes rcpublicaines. Usurpafeurs de la puissance
legislative, ils aff'cc(crent de la laisser au s^nat, ct
quand i'objet de leurs ^d'ts avoit quelqu'impoffance,
lis les faisoient confiimcr par un decret de ce corp?,
toufonrs respect^ , meme dans son abjection. Les
s^naleurs , esclaves dociles et tremblans, se nion-
troient au peiiple avec le caractcre auguste de le-
gisJateurs, et lui laissoient presqu'ignorer qu'il eiit
un maitre.
Si I'on recherche quelle fut la foi me de Yedh per-
]yetuel , on Irouvera q'l'il ^loit divise en plusieurs
parties , et que chacune avoit son instription ou
ruhriqiie ^(•nCxvAe : c'est ce que le C. Bouchaud
prouve par les remarqucs de Justinien dans les Pan-
dcctes.
On desire en vain que les lois n'ayent Jamais be-
soin d'interprc^tat ion : c'est icuv so'.diailer une per-
fection qui n'appartieut point aux ceuvres humaincs.
L'ddit pcrp^tuel cut une longue suite de commen-
tateurs plus ou moins calibres entrc les juriscon-
snlles dont s'bonora' I'empire romain. Le C. Bou-
claud les fait connoitre tons , et entre dans dc
giands dc^tails sur leurs dillerens trall^s : c'est par
ii5o Nouvelles litleraires,
ce travail qu'il termine ses laborieuses recherches:
sur les edits des magistrats romains ; mais d'autres
sujets occupent encore I'activit^ que ne peut lui ra-
vir son grand age.
Le C. DE Sales a fait la lecture d'un m^moire
intitule : JDe Dieu , preitiiere fropriet6 de I'homme »
et de son influence sur I'o^y^nufsalion sociafe. L'ou-
vrage est le developpement de ce titre. L'auteur
^tablit que t Dieu etant la premibre pense'e de
« I homme , ainsi que son premier sentiment , peut
• #(re consid(?re comme sa proprie'le primordlale, efc
" qu il n'y a point d'organisation sociale sans ce
•• dogme ^ternel de la nature , parce qu'il est la
" base de la morale , hors de laquelle il n'existe
" point de gouvernement. » Ce sont les expressions
du C. de Sales.
Dans la crainfe de ne pas exprlmer fidellement ,
sur une matiere abstraite ,1a pens^e du C. Mercier ,
on va transcrire litt^ralement i'extrait de ses me-
moires, tel qu'il I'a rennis au secretariat (2),
« Le C. Mercier a hi, en quatre stances, un
■ mdmoire divis^ en quatre parties, sur la philoso-
« phie de Kant : il a lu ensuite un parallele de cetle
" m^me philosophic de Kant et de celle, non de
•• son adversaire, mais de son ^mule, le professeur
«• Ficlile, autrefois professeur a I^na en Saxe. II an-
« nonce les plus neuves decouvertes en metaphysique,
(2) Les auteuis , pour ne pat se dessalsir de leurs memolres et les
tevoir k loislr jusqu'au temps de I'impression , en remetlent des ex-
traits au seci^iariat. C'est sur ces exlraiis que I'un deS secretaires com-
pose la notice des travaux de sa classe.
Nouuelles lllteraires. sSi
m et sesprogr"es<?tonnans en Allemagne , ou ces qiies-
" tions excifent le plus vif intf^rel.
" Le C. Mercicr ne reconnoissant dans ces hautes
« et importantes questions d'autres juges que le pu-
•> blic euiop(?en et la postcrite , d^sesp^rant d'ailleurs
<■ dVncliainer a son gv^ , et dans un court extiait,
" tous les points de doctrine de ces vigoureux et
« subtljs ni^laphysitiens, qui ont ^leve la science a
«• la plus grande hauteur , se borne a cette annonce ,
« afin de laisser tous les esprits dans une disposl-
« tion ^gale, et la plus favorable par -Ik m^me 4
o I'exaraen de la meditation tranquiUe.
" 11 s'engage formellenient a la publication de ces
" m^moires, lorsqu'il y aura mis tout I'ordre et
" I'encliainement dont ils sont susceptibles. Le tra-
•• vail est ardu 5 le sujet est profond , et ne pent
" guere rencontrer I'homme indifferent. Ces me-
•• moires tendent a prouver I'indepcndance de I'hom-
«• me moral, la valeur pleine et absolue des lois im-
<• peratives de sa conscience; a demonfrer que la
« loi de la causality n'est pas dans les choses ob-
" serv^es , qu'elle est dans I'observateur ; qu'elle
•« n'est point objective , c'est-a-dire , re^ue, qu'elle
• est subjective, imp^radve. Ces m^moires pronon*
•• cent de plus I'affranchissement de toutes les sen-
V sations quelconques , le retour et le triomphe des
•• id^es inn^es , le dogme lieureux que la vie hu-
" maine n'est qu'un d^veloppement d'un ^tat anl^-f
« rieur, et un apprentissage pour un etat futur. lis
" »nnoncent aussi que si la philosophic de Kant
•i n'<?toit pas inlimement liee a noire felicity, leur
2.52 Noiu'dles lilteraires^.
" auteiir nVn auvolt pas parle ; mais qu'il se propose-^
« par amour pour la verit(^,cl'en parler longfemps,
" parce que la philosophie dc Kant lui paroit ctre
" a la fois satisfaisante , pure , sublime , consolanfe ,
■< et fort opposee , sous tous les rapports, aux mon-
<■ sfruositds t/n^breuses de I'athc^isme; enfin , un
• jiigement en dernier ressort dans ces hautes re-
" gions de la m^taphysique appartient , suivant le
" C. Mercier , a tous les esprits nes et a naifre..
" Nous sommes tous appel^s a etre m(?taphysiciens ,
" parce que nous sommes tous pres de notre anie,
•• de notre cntendemenl , et qoc nous pouvonsl'ob-
■< server a toute lieiire : il ne faut plus que bicn re-
" garder en soi. La nafure nait et se forme pour
••nous; les lois ne sont q e nos propres lois co-
" gniiives; I'univers est une (oile que nous colorons
•< incessamment ; I'espAce est noire nianlere de voir,
'• et la duree est a nous. La conn'>issance de Dieu
" est encore plus visible en nous-memes que dans
" I'ordre et la ma;esie cSe I'univers. Les adversaires
•< de Kant ont voiilu eiivenimer ce passage; mais
•• on verra , a I'examen , qu'il s'accorde parfai-
" tement avec la doctrine du sage Pension , et
" I'Invintible , grand et btl argument des causes
• finales. »
Des fragmens de I'Hislolre de France, lus par le
C. Anquetil, embrassent les regnes de Clotane
L" et de ses enfans , depuis 558 jusqn'a 614. lis
nous montvent Clotaire, apres avoir r^uni la ino-
narchie entiere sous sa domination, la partageant
imprudemraent , comme Cloyis , entre ses qualre
Nem>cUi;s Uiieraires. 2.53
ills. lis nous peignent la m^siritelligenie de ces prin-
ces reniplissant la France de troubles, et ces trou-
bles perpetues par la rivaiite sanguinaire de deux
feinmes, Fr^degonde et Bruneliault , qui doiventa
leurs crimes uue tftVeuse celebrite.
Flics ^goigeicnt et les ^poii\ et les enfans I'une
de I'autie, et leurs propres enfans. Nous nc pouvons
suivre I'auteur dans les recherches des causes de
leur halue , ni dans le developpement des efFets de-
sastreux de leurs futeurs. II sufnra de rappeler ici
que leurs criuies occasionnerent des minorit^s et des
tutelles t que les niaites du palals en profiterenl pour
acqu^rir une aulorit^ qui les rendit niaitres desrois,
et que leur puissance et celle des grands vassaux ,
taiilct (?gaux en i'orce et en ricliesses, et tantot su-
p^rieurs aux monarques dont lis reconnoissoient la
vaine suzerainet^, amenerent le depdrissement de
la sfconde race , et iurent le prelude de son ex-
tinction.
Attircr les regards des savans sur des monumens
pri'cleux de la geographic anclenne, les engager a
s'en occupcr, et leur odVir Tepdrance de parvenir a
les rectifier, c'est bien nieriter de la science, et
c'est ce qii'a fait leC. BuaChe parses Observations
sur I'uiicicnne Carte ilineraire des Romains , ajypc-
l^e coinmuiietnentQarie de Peutinger, et sur la Geo-
graphic de I'Anonj me de Rai'diiie.
Les anciens itineraires sont, a proprement par-
ler, I'unique base des connoissances g^ographiques
des anciens, parce qu'iis n'avoleut que tres-peu
d'observations astronomiques. Us seroieat iufiniment
^Sl i\' owe lies Uileraues,
pr^cieux, s'ils nous avoient e(^ transmis dans toufe
leur puref^. Mais , clans la Carte itinc'raire des Ro-
rnciins ^ la plupart dcs noms sont coironipiis , leS
chilFres qui iniliquent les distances sont all^r^s et
souvent omis. On a fait de cerlaines routes un
double emploi ; d'aulres ont ti^ renvers^es ou dis-
pos^es en sens contraire ; plusieurs sont inleiiom-
pues, et Ton n'en a pu faire encore aucun usage.
Le C Buache, en cherchant a d<?couvrir les erieurS
de cede carte, a reconnu I'importance de la geo-
grapliie de l^Adonyvie de Ravenne ^ dont I'ignorance
grossiere et le style barbare ont rebuts plus d'un
lecteur. Plusieurs traits de conformity f|u'il apercut
dans ces deux ouvrages I'engagerent a les comparer
avec attention. II souligna en rouge, sur un exem-
plaire de V Anonyme de Ravenne , les nomS qu'il y
voyoit places de suite et dans le meme ordre que
sur la Carte itineraire ^ et il traca ^galement en
rouge sur la Carle itin^raire les routes dont les noms
se trouvoient ^.d^m L'Anovyme. Par cette operation,
il parvint a rectifier des noms de la Carte itindraire^
a en r^tablir qui etoient omis, et a rejoindie plu-
sieurs routes interrompues. 11 rcstoit encore , dans
V Anonyme de Ravenne^ un Ires -grand nonibre de
noms de viUes qui n'^toient point soulignes. S'ils
ont ct^, coinme le rcste de I'ouvtage, (ires deqnel-
ques itin^raires qui nous sont inconnus, ilsm^ritent
la plus grande attention de la part dcs g(?ographes.
Sa Description de I'Asie oiientale jieut fournir des
lumieres sur la geographic de I'lnde ; celle de
ToEgypte est toute nouvelle , et personne n'en a
Noiwelles li Herat res. aS^
encore fait usage. Enfin , ce qu'il rapporle de la
Maurltanie, de I'Espagne et de la Gr...iUc-Bie-
tagne , est d'autaut plus prccieux, que nous som-
iues priv^s des secoiirs de la Carle ilineraire sur
ces con(r(?cs , par la pertc de la premiere feuille de
cette carte.
En comparant ces l(iiieraires entre eux , avec
I'ltineraire d'Antonin et des itin^raires modernes ,
le C. Buache a deja reiconnii tin grand nombre de
leurs errcnirs ; il ne d^sespeie pas qu'on ne parvienne
a les rectifier entierement, niais ce ne sera qu'avec
le temps, et a mesure que se perfectionneront lea
connoissances locales. II pense aussi que , pour
rendre vraiment utiles les deux liineraires c^Wqox).'
sidere ici , il conviendroit de les presenter sous une
autre forme que celle qu'on leur a donn^e. La Caite
itine'ruiie pourroit etre dispos^e comme le sont tous
Jes itineraires en g^n^ral , en forme de table: elle
deviendroit alors un livre portatif qui fourniroit
souverit aux savans voyageurs I'occasion de multi-
plier leurs observations et de laire des dtcouvertes
int^ressantes. A I'egard de L'Anonynie de Raictuie^
comme il ne dome pas les distances des lieux, il
peut suffire de diviser son texte en autant d'articles
qu'il peut y avoir de differentes routes ; dispose de
cette maniere , et avec quelques notes pour eclair-
cir les endroils obscurs ou corrompus. Cet ouvrage,
peu connu et neglige jusqu'a ce jour, peut ^ire in-
£niment utile aux progres des connoissances. Le
C. Biiache promet de con ' inner ses recher-iies sur
ce point important de la geographic.
2c6 Noavellcs Utferaircs.
Le C. Degerando, qui fait sa pilncipale ^tude
des operations de I'enleiidemeiit humain , s'en-est
fait une dii jcune hoiiime qu'on appeJIe le sauuage
iJe i'Avejron. II I'a observe a diflerens intervalles ,
depuis i'instant oii il a ^te anieue a Paiis, et il a
Tail part a la ciasse dc ses observations. Get enfant
donnoit d'abord a peine quelques indices de ni^-
jnoire : s'il conservoit quelques idees , il ne savoit
pas les comparer entre elles. Etranger a tout ce qui
I'entouroit , il pavoissoit incapable d'y faire ciucnne
attentibn. Ses sens etolent inactifs, comme son in-
telligence, ou plutot il uianquoit d'inteiligence ,
parce que ses sens nianquoient d'activite. Ses yeux
erroient stupidement ; il paroissoit ne point entendre,
et le tact , aiiisi que I'odorat , sembloient en lui
paralytses. La chaleiir et le froid le trouvoient ega-
lement insensible 5 les odeurs fc^iides ne lui causoleat
pas d'afTections desagr^ables. Tel senible devoir etre '
a pen pres le sauvage au supreme degr(? j mais Ten- |
fant de I'Aveyron fut regarde comme imbt'ciile. On "
d^sesp^roit de son education^ quand le C. Ylard
offiit de s'en charger: lui - meme a rendu compte
de sa m^tbode dans un ouvrage interessant, dont
le C. Deg^rando a donne I'analyse. Trois niols ont
si'.ffi au C. Ytard pour operer une grande revolu-
tion dans son eleve. Par ses soins iugc^nieux, il a
fait prendre aux organes du jeune sauvage leur
sensibility naturelle, mais encore engourdie ; il a
su I'interesser a un grand nombre d'objets , lui in-
spiier un commencement d'industrie, r^veiller en
lui quelques facultes morales , le conduire a former
quelques
Nouvelles Ulfe'rahTS\ fiSf
V^iielques comparaijons, et a insrUiierquclqiics signes,
Quelle a ^(e sa mf^tliode ? Cclle du grand obscrva-
<eiir dc nos facuhes intellcctuclles , du philosophe
qui a marqu^ le point de depart de notre intelli-
gence, et celui oil elle doit s'arrgler, sous peine
de sc perdre dans le vague inconinaensuraljle de l'il«
lusion ; cclle de Locke quia dissipe les erreurs de
iant de si<;cles , et pr^venu celles des siedes a vcnir.
Le sage instituleur a muUipli^ les besoins de son
^Icve , et ses premiers succes lui donnent d'heu-
reur.es esperancep. Le C. Dt'g(^iando les parta^-e :
iiiaisiln'ose afTiimer encore que les organes dujeune
sauvage n'ayent point ^te It'ses, ou nescient pas na-
turellement vici^s. Si I'oi) decouvre qu'il est imbc?-
cille, alors on pburra soupconner qu'il n'a pas v^cu
longlemps dans les forets; ce sera un idiot ^chapp^
aux mains qui daignoient le soigaer. Ceux qui avoient
soiitenu son inutile existence , ne I'auront point rcj-
clamc, quand ils auront appris qu'il avoit oblenu
des secour'--.
■■ La terre , disoit Fontenelle , est une vieille
« qui cache son age. •• Le C. Levesque pense aussi
que Rome est plus vieille qu'on ne le croit. C'est
ce qu'il a tent(? de pvouver par un M^moire intitules
Exanic7i critique de I'Histoire de Rome sous les mis.
II ne croit pas qu'une horde de trois millc putres ou
brigands ait pu , dans la courte periode de deux
cent quarane-cjualre ans , parvenir au dcgre de po-
pulation , de force, d'opuience, d'industrie, que
Rome avoit atteint avant I'expulsion des rois. La
nature marche tonjours k pas lents, et la science de
Tome V, R
&53 ISfoiiveUes litteraires,
I'id^ologie , dont , en general , on ne connoit pas
assez toutes Jes applications , peut aider a mesurer
sa marche dans les progres des nations et des hom-
ines. Ce n'cst pas dans la courte p^riode de deux
siecles et demi , que la nature conduit une jieuplade
ignorante et pauvre a I'^tat de splendeur, de puis-
sance et d'instruclion n^cessalre pour creuser des
ports, construire des nionumens admires encore au-
jourd'hui des nations ^clair^es , Jeter en fonte des
statues, clever de puissantes niurailles, fonder uu
vaste cirque , se procurer un grand commerce , se
former une marine , faire sur ses flottes des navi-
gations qui dtolent alors des voyages de long cours,
ettraiter comme ^gale avec Carthage, qui disputoit
aux Ph^niciens I'empire de la mer. L'auleur pense
que pour rnener Rome de sa premiere origine a cet
elat florissant dont on ne peut rapporter ici les
preuves, ce n'est pas trop de reculer au nioins de
quatre slides la fondation de cette ville. 11 y est
autoris^ par Sallusteet par un grand nombre d'his-
toriens romainsetgrecs dont les ouvragessont perdus,
mais dont I'opinion a cet egard nous a €\.€ trans-
mise par des auteurs dont les ecrits sont parvenus
jusqu'a nous.
Le C. Levesque a fait aussi la lecture d'un Md'
moire sur la sympathie morale. II entend ici par
sympathie la disposition de nos fibres a recevoir les
impressions que d'autrcs hommes eprouvent , a etre
dmus avec cux des senllmens agreables ou tristes
dont ilssont affectes. » On soufTre, dit-il , a I'aspect
" de I'homme souffiaut. Pour s'epargner une douleur,
Nom'elles litteraires. 269
'«• ^ soi-raeme , on s'erapresse cle le secourir. Si I'oii
M parvitnt a rendie le calme a son anie , on t^prouve
«> soi-n)€nie im calnic heuicux ; et cornnie les sen-
«■ sations agreables nesoni pas nioins cotnniunicaolcs
« que k's sensations penil)les , en faisant cntrer la
« joie dans I'anie d'un infoiliine, on ^proiive soi-
H meiue le plus piir et le plus delicieux des plalsirs.
" La disposition de nos oiganes cjui nous force a
•• ressentir les peines des autres, et a les sonlager
" pour nous soulager nous-nienies , est peut-glie
« te qu'il y a de plus admirable dans notre consti-
•• tutioB physique. Si la douleur des autres ne faisoifc
•• pas sur nous des impressions plus ou nioins dou-
•• loureuses; si nous pouvions la voir d'un cjeil tran-
•• quille, en entendre le rf?cit de sang ("loid, nous
•• serions bien indolens a la soulager. ••
L'auteur observe que les senlimens recus prennent
d'aiitant plus d'intensite, qu'il y a plus de person-
nes r^unies pour les recevoir et se les transmettre
les unes aux autres. II applique cetfe observation a
la politique. Puisque les passions se communiquent
aux homnies qui se trouvent ensemble, et qu'elles
augmentent d'intensil^ dans una jnoportion quel-
conque avec le nombre de ceux qui en recoivent le
coup ^lectrique, il doit arriver que, dans une as-
sembl^e nombreuse, I'affeclion de I'esliuie se lourne
en enthousiasine, et le plus foible sentiment de co-
lere en fureur , et que les affections varient a toute
impulsion nouvelle. Ainsi , dans la rt^publique d'A-
thenes , oil quelquefois les juges dtoient le pcuple
entier , on vit les citoyens qui avoient le niieux servi
11 2
•£(5o Noiivcllcs I'lllcralreS.
la pafilc , ceux qui avoient ^l^ les idoles du peiiplc^
condamnes tumultiiairement par Ja iniillifudc, fet
bienlot apres regrett(?s par die. Ainsi nousmemes
' avons vu .... Mais oublions les maux qui ne sont
-plus, et que les haines qu'ils ont fail naitre soient
oubliecsavec eux. L'auteur conclut de ces faits , qu'il
■est daiigereux pour une republicjue de lasscmbler
les hommes en trop grand nombre pnur dclibeier
sur les intt'rets de la patrie et sur le sort des ci-
toyens , et d'^lablir des autorites qui reposent sur
un trop grand nombre d'hommes oblig(^s de se r^unir
pour les exercer ; il pense que la meilleure republique
sera celle ou tous designeront les citoyens ^ligibles
aux fonctions publlques, et ou le petit nombre, et
quelqueFois un seul , ^liront les fonclionnaires pu-
blics entre les cifoyens que tous auront deslgn^sj ou
les fonclioiis sprout plus concentr^es en proportion
de leur imporsance , sans qu'on craigne meme de
r^duire a I'unite la plus importanle de toutes ; oti
celles qui par leur nature exigent d'efre exercees
par un cerlain nombre de citoyens r^unis , ne le
seront cepei.dant point par un trop grand nombre;
oil le plus grand nombre enfin sera seulement admis,
non pour la discussion , mais pour I'acceptaiion des
lois, parce que les lois devant soumettre le peUple,
doivent aussi recevoir son aveu par I'organe de ses
represenlans , et qu'il seroit mal repreieiK^ par un
petit no«)bre. Cetle republique est la noire.
Mais le C. Levesque reconnoit qu'il est trcs-utile
de rassembler les citoyens en grand nombre aux fetes
ou respire la gaiete. •< S'ilest rcconnu qnelesaiTcctions
NoHvelles ' lilleralres.. s.6 1
V. intt^ilcmes sont commiinicables, combien ceux qui
« gouvcrncnt la r^piiblique doivent-ils soiihaiter de
'< falre entrer a la fois dans un grand nombre d'a-
« iiies la joie , la satisfaction , le conlentement de
a leur etat ! m
L'^loGtioa que prepare I'Institut , de vingt-qnatre
associes Strangers , doit consacrer son inliine union
avec tons les savans du globe. Comme c'est uue ope-,
ration de la plus; grande importance , une commis-
sion a ete foriree pour ofTrir ses vues sur Fepoque
qu'il seroit a propos de fixer a cette election et sur
la maniere d'y proceder. L'^lendue, de sop rapport;
ne permet pas de le transcrire ici ; mass on en va
du niolns extraire les passages qui peuvent en etro
le plus facilement detaches. II est I'ouvrage du C.
Gregoire.
<• Les sciences font des progres rapides quand ceux
« qui les cultlvent se reunissent et mettent leurs
« moyens en commun. Leuvs efforts concerft^s et si-*
•< rault.ines muliiplient des dvtouvertes qu'on ne pe ut
" jamais esperer de travaux incoherens et isoles ....
«' Les anciens paroissent avoir trop peu connu I'a-.
•■ vantage de r^unir en society les bomnies occupes
« a inierroger la nature, a lui derober ses secrets.
" Leterme acadcinie que nous avous empranti? d'eux,
« leur pr^sentoit une atception differcnte , celle d'une
" ^tole. Si I'Egypte et la Grece avoient eu des corps
« savans , il est probable qu'Anacharsis et Pylhagore
M aurolcnt rccueilli plus de fruits de leurs voyages,
" Les niodernes paroissent avoir niieux connu Tavan-
'!. tage de Her les diverses parties du iiionde pliiicr
R 3
^62 Nouvelles litteraires.
«• sophlqiie par ces communications qui , en les coa-
•• solant des injustices contemporaines , accroissent
•• Jeur courage et doublent leiirs forces
« Les sciences et les arts , depuis I'algebre jus-
« qu'a la po^sie , sont des branches attachees a la
" meme tige , et qui IVuctlfient par I'efFet d'une
« vf^getalion commune. ... Ainsi, la numismatique,
" qui fournit a la chronologie des ^poques suresj
•' est utile a I'art thcatral , a celui du peintre et du
" sculpteur , pour la connoissance des costumes;
" elle est utile meme a la botanique : et des plantes
« tejies que la colocasis et Ic sylpliiuin , retrac^cs
«• sur le bronze, ont fix^, ou du moins eclair^ les
«■ doutes des nafuralistes sur certains v^g(^taux dont
<■ I'liistoire menfionnoit les propri(?t^s , sans d^crlre
« Icurs caracteres specifiq'ies. Ainsi , I'anatomie,
" utile a la peinfure, dirige le pinceau qui arron-
«• dit les contours d'un bras, comme la main qui r<5-
«• tablit une luxation,
" Pour cimenter I'union entre Irs savans , et la
" faire tourner au plus grand avantage de la science,
•• que resfoit-il , sinon de cr^er une Soci^t^ qui ,
ti embrassant le cercle entier des connoissances hn-
" malnes , saisit tons les points de contact ^tablis
", entre elles , en sorte ciue , sans se confondie , sans
" entraver r^ciproquement leur marche , elles se
" pr^tassent des secours mutuels? ••
•> Dc'ja I'lrnlque Soci^tf^ form^e sur ce plan^l'In-
- sfltut national a vu , dans son sein , les langues
" orientales devoiler les connoissances astronomi-
» ques des Arabes, et Ferudition expo&er les pro-
Nouvelles. litietviires.. ^63.
<», c^des des anciens dans I'art de la teinture ; la,
« sculpture a demanc!^ a la chymie et obtenii d'eile
" des moyens pour la conservation des statues de
» marbre. Cette r(?union des sciences et des arts
" fait esp^rer que , si le seizieme si^cle fut chez
" nous celiii de I'^rudition ; le dix-septieme , cclui
" du gout; le dix-hultieme , celui de la philoso-
" plile et des sciences , le dix-neuvieme les verra
" descendre des hautes theories a tons les details
«t qui peuvent perfectionner I'industrie et multiplier
•« les Jouissances de I'liomme. . . .
" En I'an 4, apres avoir consomm^ la nomination
« des associes nationaux, il fut question de celle
" des associds ^Jrangers; mais, a la stance du i5
•• ventose , on prononca I'ajournement La
« France ^toit a peine ^cliapp^e du regime de la
« terreur, dont les forfaits avoient seme des d«?r
« fiances dans toute I'Europe. La prevention pou-
<■ voit rejaillir d'une maniere faclieuse sur les savans
•1 elrangers que I'lnstilut auroit ^lus. La mesure
« adoptee par vous etoit done une marque de bien-
« veillance pour les savans Strangers et de respect
« pour leurs gouvernemens,
" Mais enfin le terme de cet ajournement est
•< arriv^. La France , apres avoir ^puise la gloire
" militaire, depose ses lauriers sur I'olivier de la
« paix. . . .
" Hatons-nous de puiser chez les autres peuples,
" et recevons avcc reconnoissance ; hatons-nous de
" leur doniier, avec une bienveillance qui cxcilera
« en eux le meme sentiment , toutes les idc-es utiles,
R4
264 Noil Indies lilteraires.
• toules les inventions qui, naturalis^es chez les uns,
•• nianquent encore che^ les autres. Ici , chaciin est
<• cr^ancier et d^biteur. Ayons la modestie de croire
•• que nous avons au'ssi des conquetes plilloao-
u phiques a faire thezdes nations qui, moinsabsur-
" bc'c's que nous dans les ^venemcns polifi'ques, ont
« men(5 dc fiont la culture de toutes les connois-
<■ sauces , et qui , plus habitu^fes que no.us a fran-
« chir les barrieres qu'interpose entre les honuTies la
n diversite des langues, se sont mises au niveau de
.< toutes les dccouvertes eufant^es cbez nous par
«. ]e i^enie des arts niilitaiies et par I'amour de la,
<i liberte.
« L'liistltut national , honore par les associ^squ'il
« va se donner , peut croire sans orgueil que ce choix
•< ne sera pas nioins honorable pour eux. Cette
.. adoption aura le caractere d'une recompense pour
«, vingt quatre savans , et pour tous les autres ua
<« effel d cTiCouragcment. Autrefois un Stranger ccri-
« volt a peiue une ligne sur la physique ou les ma-
« thernatiques, sans ptnser a TAcad^mie dessclen-
« ces : esperoni que dcsorniais , dans tous les genres,
■• les homines de g^nie tourneront leurs regards vers
.. la Fiiiuce, et arabiiionnciont les suffrages d'une,
■■ Socic'te qui poursuit avec succes ses travaux sur
.. tous les objets soumis aux rccherches et a la m^-
« ditation de I'esprit humain.
.. Pourroient-ils d'ailleurs ne pas se rappeler avec
.. recounolssance que, si le bruit des combats n'ef-
« frayeplus leurs meditations solitaires, c'eatdepuis
Nouvellcs litter aires. £65
« qu'uN MEMBRE DE l'InsTITUT NATIONAL A
u DONNE LA PAJX A l'EuUOPK ? "
Uimiiis^es composes par dcs nicinbrcs on associes cIs
la clusse J el iinprimes pendant le dernier irimestre.
Projct d\Hemens d' Idcologie , par le C. DeSTUTT-
Tii ACY , assocu^
Vie du general CaffarelU'Tiufulga ^ par le C. De-
G^RANDO , associe.
Eegleincut de la Suciele des Ohservaieurs d&
£ Homme.
Art. I. La Socl^te des Observateurs derHomme,
fidelle au but de son institution, consacre exclwsi-
venient ses travaux a I'etude de rHoninie physicjue ,
intellectuel et moral.
II. La devise de cette compagnie est I'inscrlption
consacr^epar rAnti(juil<^ : CONNOis-TOl TOI-MEME.
III. La Soci(?t^ est composee de cinquante niem-
bres r(^sidens et de cinquante membres non-rcsidens.
IV. Les membres r^sidtns se r^unissent a des jours
et benres fixes. Chacuii d'eux est invito a fournir au
uioins, totiles les ann(?cs, a Ja Soci^l^ , un m^moire
relatila la connoissance de I'Homme.
V. La Soci^t(? tlent trois stances particulieres par
mois , et une assembl^e publlque par an.
VI. Le bureau est coiupos^ d'un president etd'dn
vice-president, que la Society renouvelle chaque
aiUK'fj et qui ne peuvent ^tre coL.tlnues daus la
S.66 Nouifelles litteraires.
meme fonctlon ; d'un secretaire perp^fiiel , et d\iQ,
tr^scrier nomm^ pour un an , mais ind^finimenl;
redigible.
VII. Les membies non-r^sidcns portent le titre
d'Associes : Us perdent ce titre par leur ^tablisse-
ment a Paris.
VIII. Parmi les cinquante membres non-r^sidens ,
la Societe se reserve la faculty de nommer dix as-
soci^s dans les pays Strangers.
IX. La Societe choisit de plus un certain nombre
de correspondans entre ceux qui se sont fait con-
noitre avanlageusement par des memoires, des ob-
servations on des d^couvertes analogues a I'objet de
ses travaux ; et entre les voyageurs (^clair^s qui sont
dans le cas de lui communlcjiier des renseignemens
importans.
X. Ces correspondans perdent ce titre lorsque,
par negligence, ils laisscnt ^coulcr i'espace de deux
ans sans correspondre avec la Societe.
XI. La Socieie n'admet an nombre de ses membres,
de ses associes et de ses correspondans, que lesper-
sonnes dont les tifres onl ete prealablcment soumis a
un examen.
XII. Get examen est confie a un comity compose
de quatre ofBciers , savoir , du president, du vice-
president, du secretaire perpdtuel et du tr^sorier,
auxquels la Society adjoint tous les ans trois de ses
membres , cboisis au scrutin.
XIII. Lorsqu'il y-^a une place vacante , Tassera-
bleegenerale charge specialeraent son comite du soln.
NoiMfelles Utldraires. 267
^e III! presenter trois canclidats , parnii lesqiiels el!e
faif soil choix au scrutln.
XIV. La forme du scrulin est cellc-ci. Chaqiie
niemhre ^crif sur 1111 bulletin le nom d'un cles trois
candidals ; celui qui reiinit la majority absoliie des
siiffragts est proclam^ membre de la Soeiel^.
XV. Les niatieres d'administration et de police
ijiterienre ne sent jamais discut^es dans les assemblies
ordinaires ; elles snnt renvoyf^es au comit^ , qui ,
pour les oljjets qu'il juge essenliels , eu relcre a I'as-
semblee g(^neiale.
XVI. La Socic'ti*, se renfermnnt dans son objel,
exclut foriMellemcnt de ses memoires toiile contro-
vcrse religieuse ou politique.
XVIL Aucune personne etrangere a la compagnie
u'a la faculty de lire nn memoire dans son sein , s'il
ne I'a souniis pr^alablement a I'exanien du president.
XVIIL La Soci^l^ fait imprimer le reeueil de ses
iTi^moires , soit en totalite , soil par extraits , suivant
Ja decision de son comite. Ellc en afFecte le produit
a ses d^p en.es.
XIX. Les volumes que la Socidl^ public sont di-
l^is^s en deux parlies ; I'llisloire el les Memoires.
XX. L'iiistnire, donl le secretaire est le r(^dacteur,
contienl les observations qui ne sont pas assez consi-
derables pour trouver place dans la seconde partie ,
et I'analyse des memoires qui , sans etre susecptibles
d'etre imprimes en tolalll^, sont n(^anmoins jug^s
dignes d'extrait. El!e conlient aussi les eloges des
Biembres et des associ^s morts.
XXL La seconde pailic du volume contltnf uii
268 Noui'dlcs ViUeraires.
choix tie memoJres suv I'Homuie , consid^r^ sous ses
rapports physiques, intellectuals et moiaux.
XXII. Le comity ^tant personnellement respon-
sable des opinions et de la doctrine contenues dans
Ifs memoiies pi blies an nom de la Soci^t^, a le droit
d'y ['aire , avant I'inipression , les retrancheniens qii'ii
jiige n^cessalres , sauf aux anteurs a relirer leurj
manuscrits , s'ils ne cousentent pas aux suppressions
indiqut'es.
XXIII. La Soci(?td distribne des prix aux atiteurs
des meilleiirs memoires qui sont adresses sur des
questions proposees par elle, et toujours relatives»a
]a connoissance de rHoninie physique, intellectuel
ou moral.
XXIV. Elle public en eniier dans ses actes les
memoires qu'cHe a couionn(?3 , et par exti:aits ceux
qui ont le plus approclie du prix.
XXV. Elle a des reglemens particuliers pour lout
ce qui concerne sa polite inlerieure.
Cerdftd ccnfonne , JussiEU , President,
L. F. Jauffeet, Sccidtaire peijjeiiieL
Socie/tdes O/^seiva/eiirs de I'llomme ; seance
publiqne du ^g film a ire 'an lo. Presidency
d'A.-L. DE JUSSIEU.
ORDRE UES LECTURES.
I. Apper(^n des travaux entrepris par la ^oaV/^c/ts
Ohsen'iUeiirs de ITiomme, par le C. JauffRET, se-
cretaire perpetiiel de la Soci'Jt^.
Noiivellcs l/i/einiiTS. ^6g
2. Programme du siijet de prix propose par la So-
cl^te , pour ^tre dellvr^ dans sa seance publique du
29 vendeniiaire an 12. Par le mCmc.
3. Siir des erreurs en legislation , qui out 6t6 la
principate cause de la d<?cadence de quclques puis-
sances. Par le C. BouchaUD.
4. Sur I'origine du mot Eselave. Par le C. Pfeffel.
5. Memoire sur les moeurs et la religion des Hin-
dous. Par Ic C. Lecout, voyageur, correspondant
de la Soci^te.
6. L'Hern.Itage du mont Yesuve , ou Meditation
sur la solitude. Par le C. D^gerando.
7. Memoire sur les avantages qui peuvent r^sul'
tor , pour I'avancement de la science de I'Homme,
de I'observation des Sourds-Muets de naissance. Par
le C. SiCARD.
Prix propose par la Sociele des Observateiirs
de I' Homme , pour Van 12.
L'Homme , des sa naissance , est niodifi^ de mille
manieres, et par I'lnfluence des objets qui I'environ-
nent , et par celle des personnes qui couimuniquent
avec lui; mais jusqu'a quel point , celte double in-
fluence desborameset des cboses , a laquelle est con-
tinuellenient soumis I'enfant au berccau , conlribue-
t-elle a acc^lerer ou a retarder son d^veloppement
pbysique,inte.llectuel et moral? IS'est-ce pas uncegale
erreur , ou de troptpr^sumer, a cet t'gard, du pouvoir
de la nature, ou de tout accorder aux causes qui la
Buodifient? Nous n'avons encore la-dcssus que des
270 JVouvelles luie'i'aires\
conjectures, que des theories. II nous manque une
suite d'observations journalieres, faites en quelque
sorte , au berceau de plusieurs enfans, pour deter-
miner d'une maniere moins vague, Jusqu'a quel point
nous secondons ou nous contrarions la niarche de la
nature dans la premiere education, et jusqu'a quel
point le genie et le caractere naissans peuvent gagner
ou perdre par I'empire des circonstances.
La Societd des Observateurs de I'Horame A senti
I'importance de ce travail , et dans sa dernlere stance
publique, ellel'a propose auzele de ceuxqui joignent
le gout de i'obserration au talent de bien observer ,
et qui , vou^s a une etude jusqu'a ce jour trop n(^-
glig^e , pensent avec raison que I'histoire exacte des
progres d'un enfant , sous le rapport physique et sous
le rapport moral, doit, a propreraent parler , servir
de base a I'histoire de I'Hommet
Aujourd'hui cette compagnie appelle raftentiort
des philosophes sur un sujet non moins important.
L'Homme echappe a I'enfance , est arrive a I'age
oil il doit par son travail comraencer a acquitter sa
dette envers ses seniblables, commence aussi a elre
soamis a I'influence de la profession qu'il embrassc.
De m^me qu'en portant les regards de I'imaginatioa
8ur les diverges regions de la terre, nous remarquons
parmi les hommes qui les habitent, d'innombrables
nuances decouleur , depuis le blanc pur jusqu'au noir
luslrd ; il sufEt de considtrer la soci^t^ avec un peu
d'attention , pour y voir les diflerenles professions,
modifier de mille manieres le caractere de ceux qui
les exercent , lui donner une direction qu'il seroit fa-
Nom'elles lilleraires, 'irj\
die dVvalucr , et qu'on pourroit tenter de pr^vcnir,
de corriger menie , du moins en parlie , si cetle in-
fluence ^loit observee avec assez de soin pour etre
mise a Ja porl^e de tous les esprits.
La Soci^t^ des Observateurs de I'Homme propose
done pour sujet d'un prix qu'elle adjugera dans sa
stance publique du 29 vendemiaire de Tan 12, le
sujet suivant :
Determiner^ par des obsejvafions generates et par
un choi.v d'obsen'atioiis particulieres , (Quelle est L'iu~
Jluence des differentes professions sur le caraclere d»
ceitx qui les exercent.
Le prix consisleraen une medallle en bronze, et
en une indemnit(? de 400 francs.
Les memoires seront reciis jusquau i."^ germinal
an II : lis doivent etre adress^s, francs de port , au
setretaire perpetuel de la Socicle des Ubsen-ateurs de
rUoiiiiue , rue de Seine , hotel de la Roclie/oucauU j
a Paris.
Les auteurs sont invites a joindre a leurs memoires
un billet cachet^, contcnant une devise, avec leur
nom et leur adresse.
II n'y aura d'ouverts que les billets qui seront
joints, soil au m^moire qui aura remporte le prix ,
soit a celui qui en aura le plus approch^.
hyR No nee Iks li/te/mrbS,
T H t A T R E S.
Theatre Lo u r o i s.
Les Provinciaiix a Paris.
Tel est ]e titre plus modesle que PlC\RD a
donn^ a sa comt'die nouvelle. II a sent! que le titre
de la Grande Ville prcrnettoit plus qu'il ne pouvoit
tenir , et il ticnt a present plus que son titre ne
promet.
Gaulard et ses enfans, Georges et Fancliette ^ ar-
rivent a Paris , et disent a tout le monde qu'ils vien-
tient de recueillir une succession de cent ipille francs
de rente. Une femme , dont le fiacre est renverse
par une volture brlUante, entre dans I'hotel : c!le
est suivie de celui qui ravoit renvers^e , et d'uii
homme qui passoit avcc un parapluie. Ces Irois per-
sonnages sont des intrigans, qui n'apprt-nnent pas
sans inle'ret que Gaulard a cent mille livres de rente.
Aussitot, M.'"" Dercour raconte ses mallieurs et in-
t^resse Georges; Donal promet sa protection, cfc
s'empare de I'esprit du pere ; le beau jeune liorame
au parapluie, Lainiaj de Saint- Jndr^ , fixe les re-
gards de la jeune I'anchefte. Lambert , musicien ,
honnt'te lioninie, qui loge dans Thotel , reproclie a
Gaulard son indiscretion, lui ofFre de le guider dans
la Grande Ville, et en trace une esquisse rapidck
Les Gaulard vouloient nller a I'Operaj precis^inent
il
Noitvelles UtlemireS. £73
n n'y en a pas ce jour -la. La lanterne magique
passe 5 on la fait itiontcr, et on y voit encore uu
petit tableau de Paris. Les trois intrigans revien-
nent; Dorval ofFre a Ganlard de le faire entrer dans
line entreprlse siiperbe. Launay de-Saint-Andre , qui
vient reprendre son parapliiie, prie a diner toule la
famiile, et M."' Dercour , qui se donne pour uue
marquise polonaise, la retient a dejeuner.
La scene est transport^e au Marais , chez M.
Malfdar , niarchand de drap retire, et prupri^iaire
de la maison qiVhabite M.™' Dercour. Celle-ci liii
emprunfe ses converts et son argenterie, et le prie
de vouloir bien lui permettre de recevoir dans son
appartement I'honnete famiile. La petite Malfilar,
bavarde et curieuse, promet a sa mauian de savoir
ce que c'est que celte M.'"' Dertour ; elie en tronvo
bientot I'occasion. Le petit Jean, commissionnaite
de I'auberge , envoye par Lambert , pour ce menu;
8ujet, cause avec elle 5 et , pendant le dejeuner,
une femrae de campagne qui arrive , et qui prend
Georges Gaulard pour un jeune ^tudiant en m^de-
cine, d^ouvre que M.'"'' Dercour n'est autre que
Manette Robin, fille d'un quincalllier du faubouig
Saint -Marceau , et qu'elle-meme nourrit I'enfant ,
dont le jeune dludiant est le pere. On juge du d^-
sespoir de Georges, qui adoroit d^ja la marquise
polonaise. Toule la famiile part, et va diner chez
M. Saint -Andr^. La scene est alors au faubourg
Saint - Germain , oii Saint -Andre a loue dans un
hotel, un appartement garni. II prend pour jokey
.ie petit Jean , envoy^ par Lambert. Celui-ci vient
tome V. S
!2,74 IVoiii'el/es litlermre^.
]ni meriie eiisuite donner une Iccon de musique a
Frcmin fils , son ^leve. Ce jeune liomme peint le
iiec plus ultra de la faluit^ , par sa niise , ses ma-
nieres et son insolence. II se rappelle avoir vu quel-
que part Saint-Andr^, et le dit a son pere. Mais
la f'amille arrive, et Georges Gaulard est reniis
entre les mains de Frcmin, qui le forme et lul
donne les bonnes manieres. Le pere Gaulaid fait
confidence a Lambert de I'amour subit qu'Il a concu
pour une femme qu'il vient de renconfrcr au Mu-
seum. Dorval arrive , veconnoit dans Lannay-de-
Saint-Andr^ son va'et , et celui-ci le de'nonce
comme im intrigant. 11 monlre en meme temps le
portrait de sa femme, dans laqiielle Gaulard recon-
noit sa belle du Museum. Demasqui's, I'un par I'au-
tre, les intrigans se retirent , et les Gaulard remer-
cient Lambert de sa blenveillance et de ses soins,
qui les ont preservers de tant de pieges. Le cinquicme
iicte se passoit a Tivoli , oil Gai:lard ayoit rendez-
vous avec la femme bel esprit. Get amour ridicule ,
et qui ne sert en rien a I'inlrigue, auroit du dispa-
roitre lou-a-fait , puisque le cinquieme acce ^toit
supprini^.
Que de d^fauts dans une piece dont les details
sont si jolis. Le petit tableau \&e Pario tracd par
Lambert,^st d'uiie veril^ frappante. Le peu de mots
dans lesquels il e.st fait, ajoutoient encore a sa dif-
ficultC". La lanterne magicjiie-, ou punoi ama-moral ,
est vraiment un petit chef-d'oeuvre. Maislorsque Lau-
nay-Saint-Andr^ et Dorval se trouveut , au premier
acte,ac6tel'un del'autre, et qu'ilss'examinent, en se
Noiivelles littcraires. syS
soupconnnnt les mfmcs intentions, est-il vraisem-
blable cju'ils nc se reconnoissent pas? Es(-il natinel ,
an second acte, cjiie la noiirrice [irenne Georges pour
le pere de I'enfanf, et que, sans autre raison , cllc
aille d^biter , a des gens qu'elle ne connoit pas,
toule I'histoire de M.""^ Dercour , et qu'ensuile elle
en soit si fachc'e , lorsqu'elle voit son indiscretion?
Si die siipposoit que ces gens fussenl instruits, elle
n'avoit pas bcsoin de leur raconter tout cela.
Du reste , Sam Lebcot , qui est si naturelle dans
tous ses roles, ne lest pas dans celui-la. El!e y met
du sentiment lorsqu'il n'y faudr(/it que de la fran-
chise, et meme de IVtourderie. Peut-etre son costume
en est-il cause; elle joue si bien les roles habill^s,
qu'elle peut elre embarrass^e sous la jupe de cal-
niande. Nous arrivons au denouement , qui res-
semble a celui de bien des comedies, graudes et
pelites. Deux intvigans, demasqu^s I'un par I'au-
tre, un valet, habille , reconnu parson maifre. Ce
Dorval , qui n'a pas reconnu Saint-Andr^ au pre-
mier acte, le reconnoit au quatrieme. 11 etoit si
facile de pr^venir ce defaut. Saint - Andre n'enfre
qu'apres son maitre; il devoit I'aperccvoir, et ne
s'approclier que quand il auroit ete parti. Le vice
du denouement auroit ^td prevenu , sans le rendre
plus neuf, ce qui seroit impossible.
Quant aux traits semds dans le dialogue, ils ne
sont pas rares ; quelques-uns sont des (?pigramme»
mordantes , mais pas toujours justes; quelques au-
tres , malheureusement , sont des reminiscences.
Lor»que Doival dit a Gaulard qu'il a parld de lui
S a
^^6 Nonvelles litleraues.
cliez un ambassadeiir Stranger, et que Gaulard ,
enchante , tlonne toute sa confiance a I'intrigant,
il uiesemble entendre dire a Dorante , dans le Bour-
geois Genlilhnmme , <■ Savez-vous bien , M. Jour-
<■ dain , que j'ai parl^ de vous hier dans lacharabre
t< du roi. " M. Jourdain n'a rien a refuser a uit
lioniiiie qui a parl^ de lui dans la channbre du roi?
Ah ! Picard, copier Moliere , ce n'est pas lui res-
serabler.
Tous les roles sont fort bien jou^s, Vigny sur-
tout , dans son habit de paysan , est d'une bonhomie
et d'une v^rit^ ^tonnantes. Bertin , dans Georges,
est bien neuf et bien gauche. Clozel a saisi le ton
d'un petit maitre : on sait que ces roles sont faits
pour lui. Armand , dans la caricature de Fremiti
His , a su faire valoir un petit role. Celui de Picard
est si peu de chose , qu'on ne peut rien en dire.
Pour M."'^ Delille , on ne pourroit lui reprocher que
d'avoir I'air trop honnete pour repr^senter une in-
trigante. On pourroit dire la m^me chose de Dor~
sail , qui joue le role de Dorval.
A la sixierae representation, le public, qui avolt
constamment applaudi la piece, et surtout les deux
premiers actes , a encore improuv^ le denouement,
oil beaucoup de murmures se sont fait entendre. SL
la piece n'eiit pas ^te de Picard, elle n'auroit cer-
tainenient pas ^te jusqu'a la fin. II doit done savoir
gr^ au public d'une parelile marque d'induljjence e?
d'esjinie. T. D.
LIVRES DIVERS (i).
BOTAKIQUE.
* DescktptiojV des Planlcs nouvelles et peu con-
7i.ues cultiiecs dans Ic jardin de M. J. M. Cels ,
avec figures ; par E. P. VentenAT , de iTiis/itiit
national, de France , Vun des con^en-alcurs de la>
bibliotlu'que du Panlhdon. S." livraison. A Paris,
de I'impiimerle de Crapelet. An IX. In-folio.
Medecine.
DlCTloNNAlTiE Botanique et Pharmaceuliquc , con-
tenant les 'princifKiles firopridtes des niineruiix , des
vegetaujc et des animaux , aiec /es preparations
de pkarmacie y internes et externes , les plus nsi~
tecs en medecine et en chirurgie , d\ipris les meilleiirs ,
ouieurs anciens et suriout d'apies les modernes ; pai'
line Society de mddecins , de pharmaciens et de na-
iuralisles : ouvrage utile a toutcs les classes de la
socidtd ; ai^ec X.VII grandes planches reprtisentant
278 figures de planles grasees avec le plus grand
sain. Vol. de 767 pag, gr. in- 8." , diiise en deux
parties ; imprimd sur beau papier , en caroctera
petit romain ncuf, he prix de ces deux volumes^
broches en carton et dtiquetes y est de 12 fir, et \S fr.
pour les departemens , broches en papier , la paste
ne so chargeani pas de brochures en carton. A Paris,
chez J, F. Bastien, rue des Poitevins , n." 18 ; et
chez Boiste ^ imprimeur, rue Hautefeuiile , n,"2i.
Beaucoiip dVdifons de cet onvrage , faites a Paris
et aillcnrs , assment !e siicces de cette nouvelie , cn-
tierement refondue el augment(?e. Elle en diflere
(1) Les wticles mavqia-s d'une * sont ceux Jont noiit doiinerons uii
•xlrait.
S 3
£^R
Li \' res aire J
encore par le format, qui est graa ain-S." ,un vo-
cabulahe, les tables, les figures qu iy sont ajoutees
pour la premiere fnis, etc.
Get ouvragp, indistinclement uliie et presque n^-
cessaire A tout le montle ^ convient particulierement
aiix medeciiis, aux chirurgiens, aux pharmaeiens et
siirtout a ceux qui veulent se soigner eux-m^mes
dans beaucoup de maladies.
Voyages.
Wot AGE au Senegal , pptidant les annees 1784 el
1785 , d\ip!es les memaires de LajAii.le , ancicn
ojficier de la marine francaise , cnnteiiant des re-
clierches sur la geographic , la iiavigatinn el le
commerce de l:t cote occidentale d^^frii]i(e , depin's
le Cap-Bl.i/7ic jusqu\i la riviere de Serra - Leone ,
aiec des notes sur la situation de cetie parlie de
V Afiique , jusqu^en Van 10 (1801 et 1802) 5 par
P. LABfinTiTF, ; ornc d*une ires- belle carle gravee
par P, F. Tardieu. Prix, 4fr. , et 5 fr. par la posle.
A Paris , ciiez Vanieur , rue Cassctfc, n." 10 ; et
cbez Dentu , iuiprimeur-libraire , palals du Tii-
biinat.
Depuis 1793, les coramunlcafions avec nos colo-
nies (^loienl iuteirept^e? ; des-lors Ic commerce lan-
guissoit ; la navigation ^loit sfins aclivite ; les pro-
ductions de notre sol , su.sceptihles d'eire cxporlees,
^toieiit a im bas prix, tandis qr.e ceilfs de TAme-
jique se soulenoient a un taux elev(?. Les noiivelles
des V'"^li"T''i«'''C'' de la paix out lout ranime, tout
vivifie; mais apres un lonj?; inteivaHe, les nc'gocians
de nos ports peuvcnt avoir be:<oin dVtre guidf^s pour '
Jeurs opt^rations : les marins doivcnt aspirer a revoir
les paiages qu'ils ont frequenles, ou dcsirer de con-
noifre les coles qu'ils n'ont pas encore visil^es ; les
geogra^ihes enfin verront avec plaisir augmentej;
It'ur domaine.
Liivres clU'crs. 275
GVst pour remplir ces clivers objefs que I'auteur
du Voyage an. Senesral s'est livr(? a cles rechcrches
utiles. Attache au ministere de la marine clepiiis
Jongtcmps ; chaig(? du bureau des (^tabllssemens
francais en Afrique, il a ^t^ a porlee de donner
a son travail le dcgr^ d'interet dont il est suscep-
tible : il dt^clare dans son avertissenient qu'il s'est
fait d'ailleurs un devoir de consulter les hommes
Ics plus instrui(s dans radniinistration coloniale.
Le Voyage au S(?n^gal ofFre des d(^(ails instructifs
sur les etablisseniens sitnes le long de la cote, de-
puis le Cap-Blanc jusqu'a la riviere de Serra-Leone,
dans I'int^ricur ; des ^tals des marcliandises qui con-
viennent le mieux pour la tiaite, et des productions
que Ton p^uf rappoiter en retour; des reniarques
nautiques d'apres Lajaille , ancicn officier distinguti,
charge par le gouvernement , en 1784 et 1780, de
visiter cette parlie de la cole d'Afrique. Le C. La-
barilie soutient la concurrence contve les privileges
exclusifs. II assure , qu'au iiioyen du commerce libre ,
les Francais exponent pour plusde jog millions des
productions de noire sol et des objets de uos manu-
factures et de notre industrie ; que nous emportons
pour 200 millions de denr^cs coloniales; que la ba-
lance du commerce e'loit , en faveur de la France, de
plus (le 60 millions , et que cc mouvcment commercial
^t industriel faisoit subsistercincj njillions de Francais.
]1 est interessant de recbcrchrr quelle est la cause
de r^.-iultals aussi impoilans. L'auieur les atlribue
a la iraitcdes negres , parce qu'il lui paroit demon-
tre que les colonies ne j euxeiit se passer de cultiva-
teurs, et que le commerce et la navigation doivent
leur splendeur, el mfme leiir existence, a la pros-
peril (? de nos cf>lonies.
On trouve, d'ailleurs, daps ce( ouvrage, des ob-
servaiions in^clites de BufFon , sur les mineraux et
les vegctaux que do.t odVir I'inl^rieur de I'Afrique.
Os observations avoient ^te adressees au ministre
de la marine, a I'ociasion du projet que le baron
d'Einsiedel , consciller des mines de Saxe , avoit
S4
forme de fravfrsrr I'yVfrique par le Sent'[?;al, Ics
rf)yaumes dc Toiiibut , d'Aj^ades ; d'aboutir dans la
Kubie , de descendre le Nil et de revenir par I'yE-
gypte. BufFon avoit applaud! a ce projet qui , s'il
eut ete execuf^ , auroit a^ aiic(5 nos connoissances
surcette partie du globe. L'auleur fait meulion d'nn
voyage a (7 a lam , par terra , fait par Riibaidt eu 1786,
cFapres les instructions du C Duraiui , alors direc-
leur de la compagnie du S^n^gal, et dont j'avois
donne une notice dans mon nK^iiioire sur I'Aft ic|ue.
La carte qui accompagne le Voyage au Senegal ,
dress^e par le C. Lapie , ing^nieur-geograplie , et
gravee par P. F. Tardieii, fait honneur aux talcns
de ces deux artisles.
On y remarque prlncipalement : « qu'il n'exisfe
« point de banc entre leCap-Barbasetle Cap-Blanc,
a auqucl (banc) les cartes donnent trois lieues
•c de projection dans Vouest , mais seulement un
« banc de sable a une demi licue de la cote,
" Le banc que Bellin place au S. S. E. JN. N. O.,
1. doit etre plac^ S. O. , ^ au sud du Cap Blanc.
.. La latitude du Cap-Mirik est de 18" 5i' , au iieii
.. de 18° i5'.
■> L'enfoncement qui existe entre remboucbure
.. du Senegal et 1-e Cap-Vert est de i3 lieues trop est
.. sur la carte de Bellin. ■
Lajaille a trouve toutes les latitudes fausses sur
la carte du meme , depuis les iles des Idoles , jus-
tju'au cap Tagrin , mclusivement.
La longitude de Pile de Loss, marquee sur les
cartes 14° 40' , est de i5° 40'.
L'archipel de Bissagofs a (^le reconnu par iin oF-
flcier du plus grand nierite(le vice-aniiral Martin,
itujouid'hui prefet maritime a RocheFort).
Cet ouvrage, en un mot , est du plus grand interfit
pour U navigation et le commerce. Lalande.
Lh'ics (livers. i8i
HlSTOIRE.^
ITtstojre (le la destruclion dcs r^piihliijKcs de'mo-
cniliques de Svhivitz , Vri et Untennildeii ; pur
Jlcnri ZscilOKKE , prdfct national du canton da
Hate , oiivrage truduit de Callemand par J. B.
Bhtjtte , secretaire de legation de Li r^publujue
IJelff?tic]iie,a Paris. A Paris, chez Le\rault, freres^
libniires, cfiidi Malaquals. A Berne, chez Gessner ;
libraire. An X. 1802. in-S.' de 826 pages. Prix,
4 francs.
Les pcli(s cantons de la Suisse, interressans deja
par la simplici(^ de leurs mceurs et la f(?licit^ dont
joulssoient jadis leurs paisibles habitans, sont de-
venus, depuis leuis d(=sastres, I'objet d'un inl^ret
beaiiconp plus jv^neral. L'ouvrage que nous annon-
ccns, des(in^ a faire connoifre leur d^vouement ,
leurs cfiorls et leur chute, ne sauroit qu'cxciter la
curiositt' du public; et il est d'autant plus propre a
la saiisfaire, que son auleur, avantageusement connii
dans la litferature allemande , par plusicurs produc-
tions estim^es, fut nomine en 1798, par le dircc-
loire helv^tique , commissaire du gouverncment dans
ces pe<i(s canlons , et charg^ d'y cicatrir-er une
partie des ruaux de la guerre. Dans le cours de sa
mission, il rassenibia <ous les nial^riaux neccssaires
a I'histoire (fu'il publia dans la suite , et puisa
dans les archives du pays (ous les docnniens qui
pouvoient confribuer a la rendie exacte et fidelle.
L'original alleniand de cet ouvrage a paru il y a
quelques mols a Berne, chez Gessner, Ills de I'au-
teur dcs Idylles; il a ct^ accueilli en Suisse et en
Allciuagnc aVcc beauconp d'einprcssemcnt ; nous
pensons que la traduction le sera de meme.
JoVRSAz hisloriqiie des ope'rations mililniresdu siege
de Pcachiera et de ratlaqiie dcs retranchcmens da
Sermione , cominandes j>!ir le gene'rul de division
Chassehiip Laiibat •, iufpecteur gc'nt/ral , coinman-
SrSa. Livres divers^
dant en chef da genie a Varniee cTllaUe , acconi'.
■pagiies de cartes el de plans , ct siiivis d'ii7ie note si/r
la majson de camp.igne dc Cut idle , situee a I'extrd-
niild de la jiresqii'ile de Sermloue ; par le chefd'es~
cadron F. Hen IN , adjoint , chef de Vetat major
des troupes die siege de l^eschiera. An IX. 1801. 110
pages in-8.°. Paiis, chez Levrault. Prix 4 francs.
Outre le Journal clii siege de Peschiera et de I'af-
taquedes retranch?mens de la presqu'ile deSeiinione,
orn^ de deux plans, on ironve dans ce volume une
role sur le Mincio , un r(cu<il de pieces relatives
au journal du siege de Pescliiera , I'etat de situation
g''n^ral des troupes qui out fait ce si^^^e ; J'armis-
tice conclu a Trevise , !e 26 nivo.^e an 9 (i6 janv.
3801 ) entre le ^(^n^ral en chef Brune , ei M. le ge-
neral Bellcgarde; enfin le plan de la maison de
canipagne de Catulle, et des notes a ce sujet.
Atjiii.ni AN Letters , or the epistolary Correspon-
dence of an agent of the King of Persia residing , at _
Athens during the Pclovonnesian war , aneiv edi~ I
lion , to which is luliled a geographical Index, ■
Basil, printed and sold by James Decker: Stras-
burg , sold by P". G. f.et-rauU. 1800. 3 voLin-B."'
de 411 , 3.J0 et 336 pag.
Les Letlres athc'niennes sonf sufflsamment con-
nnes ; le (]. Vilieterqiie en pi(^pare une traduction
qui est desiree depuis longtenips.
Geographie.
GUTD.I delle rotte dUlalica per post a. — Guide des
routes d^llalie par postes ; nouveUe edition avec ?.5
carles ge'ographiques ct les regies d observer pour
le passage dn Monl-Cenis. Paris, cbez les freres
Levrault ^ quai Malaquais , 1 volume in- 12. Prix
3 francs.
Ce petit ouvrage est dela plus grande utility pour
ceux qui ont a voyager en i'jdie.
I
Li V res (Uvers. s83
Education.
DtctioK NAIHE ahrcge des Homines cctcbres de Van-
liqiiile et des temps madernes ; omrage j ropre a
iiibtruire lesjeuncs gens , d exciter leur emulation ,
et a leur fa ire a/'prccier les hunimes : par y4, S.
liE Blond , meinbrc de plusieurs sovietes sat antes
et lilleraires , et fun des auti-urs du Porte-feuille
des Enfans. 2 vol. de 4TI et 622 prtges, in - 12.
Paris, chez Lenoir , libraire, rue de Savoie, n.° 4.
An X , 1802.
Par la publication de re Tiictionnaire des Unm-
vies celehres , le C. Le Blond rend nn nniiveau ser-
vice a I'ediKation piibliqiie et piivt^e , pour laquelle
lui pareil ouvrage , propre a retracer sans cesse aux
jeiines gens, et dans nn ordre commode, les cir-
constances les plus remarnuables de I'hisloire des
grands honimes, ne saiiroit eire q"e fie la plus
grande utility. En efTet, comme I'observe I'auteiir ,
s'ii est iin age dans la vie nu I'esprit soit suscep-
tible de I'entbousiasme de la vertu et des taleus,
ou It cceur aime a recevoir les impressions de rexera-
ple , et soit dispos(^ a jcger sair.ement du m<?-
rite des hommes celebres , c'et sans contredit celui
de I'adolescence. L'iiomme est aiors au roramencc-
ment c:c sa cariiere: II doit e(re nalure'lement cu-
rieux df connoitre la route qu'ont suivic ceux qui
sont parvenus a la gloire. En lisartleur vie, il sent ,
en qiieique sorle, le besoin de les imiter. Mais plus
lin Dictionnaire historique des Hommes c^lebres e^t
propie ;; piquer la cuilosite ties jcuufs gens, plus il
importe qt:c cet ouvraye so't redigt^ dans de bonnes
vues , ft c'est encore soiis ce rapport cpie les percs
de families et les insiitnfeurs ont des obligations au
C. Le Biond. Sous le r(?gia;e revolutionnaire, on a
vu paroitre un pareil dIc(ionnaire , dont toutes les
pages sont souillees des maxinies les phin adoces. La
v-upidite du libraire , qui ne voulut point perdrc I'e-
^itioD d'lm recueii aussi itidigne, I'engagea , au
^84
Lii'/es (livers.
reloiir de I'orxlre, a cartonner les premieres pages*
Le changement clu litre, et un nverlisseinent tres-
moral , homperent pendant quelque temps le pu-
blic. A la vente du inagasin de cc libraire , un de
ses confreres, s(?dult par le litre de I'ouvrage , en
acheta I'edition, consistant en miile exemplaires.
Mais aiissi(6t qu'il eiit examine son emplette , il en
iit justice lui-meme; il mit I'edition entiere a la
rame , et en fit nieme couper les feuilles, pour em-
p^cher qu'cn en tirat parti. Par ce g\^M^reux sacri-
iice a la morale publique , ce dernier libraire a biea
ra^rite des hommes honnetes. La connoissance de
ce trait de d^sinteressement a surtont detei*hun6 le
C Le Blond a lui rediger cet ouyrage , propre. a
I'indemniser de la perte du premier. Sans doule les
peres de families et les instituteurs seconderont ses
vues, en s'empressant de mettre ce nouveau Dic-
lionnaire entre les mains de leursenfans et de leurs
Aleves. W.
Die Reitze der Kimlheit und die Freiiden der
iviiiierlechen Liebe ; von L. F. Jauffhet. u4us
dem franzosischeii Ubcrselzt, von C. A. Scjioni-
DING. Les Cliarnies de VEnfunce , et les Plaisirs
de [^ Amour mat erne i ; par L. F. Javffret ;
te.ytes francids et aUemand en regard. 4 vol. in-
18 avec 4 gravures. Prix, 6 fr. 5o cent., et 8 fr.
25 cent, franc de port par la poste ; les monies ,
texte allemand seul , 2 vol. in 18 avec 4 giav. ,
prix , 4 fr. , et 5 fr. 5o cent, francs de port. Pa-
ris, an X, 1802. Chez Gedracklbey Hiigiiin, rue
du Foin, n.° 3i ; et Augnste DelaUiin Jenne,
libraire, rue Hautefeuille , n." 14, au coin de
celle des Deux-Portes.
L'influcnce d'un gouvernement ami de lapalx,
et protecteur des lettres et des arts, commence a
se faire sentir. On se livre a des entreprises qui ne
peuvent etre que le fruit de la confiance, et dont
rexccution est faite pour honorer tout a la fois les
Livres divers. ^85
partlculiers et la nation. Telle est, entre autres ,
celle formee par les CC Delalain , Boucher, ]i-
braires, et Hugiiin , imprimeur. lis ont pens^ que
ce seroit rendre un grand service aux Francais qui
apprennent Tallemand, cette langue si riche et si
belle, que de leur procurer a mains de frais les ou-
yrages n^cessaires a son etude, lis ont, en conse-
quence, fait graver, a Paris, des caracteres alle-
inands, et y ont ^(abli une imprinierie allemande.
L'ouvrage que nous annoncons est le fruit de nos
preruiers soins. Les CC. Delalain, Boucher et Hu-
guin I'ont dedie au C. Chapfal , ministre de I'int^-
rieur, coniine un gage de ce qu'ils se proposent de faire
pour se rendre utiles a leur patrie, en contribuant a
sa gloire.
II a paru a Vienne, en 1796, une traduction al-
lemande des Cliarmes de I'Eiifance^ avec le texte
en regard; celle que nous annoncons aujourd'hui
est beaucoup plus fidelle , beaucotip mieux impri-
m^e , et son prix est trois fois molns cher, que si
I'on etolt dans le cas de la faire venir de chez I'e-
tranger.
Les Tresors de VHistoire et de la Morale ^ exiraila
des meilleurs auteurs grecs , latins el fiaiicais ,
avec des reflexions ; par A. L, Delarocjjb. i
vol. in-i2 , sur papier carr^ fin d'Auvergne. Prix,
2 fr. 25 cent, pour Paris, et 3 fr. pour les d^par-
temens. A Paris , chez Gabon et compagnie , place
de I'Ecole de Medecine ; Lenormand , rue des
Pretres-Saint-Germaixi-l'Auxerrois, n." 42; FticJis ,
rue des Mathurins, n.° 884; Delalain, qua! des
Augustins, a.° 29; et Debray , palais du Tribu-
nal , galerie de bois , n." 235.
Cet ouvrage est un de ceux que I'on peut mettre
avec confiance entre les mains des jeunes gens, et
qui doit etre d'autant mieux accueilli, qu'il offre au
lecteur les traits les plus curleux de I'histoiie, et
fi.it conuoitre les sentimens des phis grands hommes
^86 Livres dh-ers.
sur la morale. L'aiilcur a eu so'm de suivre I'ordrc
dts maiieres, afin d'en veiidre la leclure plus utile.
Morale.
Petit Careme de Masillon ^ dreqiie de Cler-
tnont, Palis, chez lieiiuuard. An X, 1802.
I/iuipression de cct ouvrage est soignee , !e for-
mal comuiocle , et le caractere d'un ceil assez gros
pour ne pas etre faligant.
CEurRES morales , ou Maxlines et Keflexions de
Francois , due de la Bociiefovcavld ^ prcce~
dees de sa vie , cjiii paioi/ pour la premiere fois ,
el lerniiii^iS par une table alphabelicjue des t>ui-
lieres , plus ample et plus commode ijiie celle des
editions precedentcs. A Avignon , chez la veuve
Sequin, impri.iiieur - libraire ; et , a Paris, cliez
Charles Pougens J iraprimeur-libraire , quai Vol-
taire, n,° 10 ; Bossange ^ Masson et Bessoii , ini-
piinieurs - libraires , rue de Tournon , faubourg
Germain. An X. 2 vol. in-12 de 268 et 296.
Le premier volume conlient la vie de la Roclie-
foucauld ; sun portrait, par lui-meme , et un autre
par le cardinal de Retzj une notice historique sur
ies diverges editions des Maximes de la Fvochetou^
cauld ; scs reflexions morales , ses premieres pensees ^
ou celles que I'auteuravoit supprim^es dans sa der-
niere edition, qui se trouvolent dans I'une ou I'autre
des quatre premieres, et que Gabriel B rot itr a ras-
sembl(?es dans la bicnne ; enfin Ies reflexions diverses ^
et une ample table des matieres. Le .second volume
contient des prlncipcs et questions de morale natu-
relle, par le C. Furiia d'lJKBAN, et que cet auteur
destine a servir de supplement et de correctit aux
CEuvrcs morales de la Kochelbucauld.
Politique.
AppeL li la justice des ntitioiis et des rois , ou
jidresse cVun citoycnfraiicais au congies qui de-
vail a\ oir lieu a hun^ville , au Jiom de tons les
hahilaiis dc L'Eurofe qui -profisbciit la religion
juive ; pur Michel Beeh , inembre de la Socie/e
d'Emuhilion de Nancy. A Stras-bouig , cle I'impii-
merie de Leiruull ^ fieies. An X, i8or. Ia-8.° de
72 pages. Prix, I fr. 20 cent.
Le but de I'auteur de celte brochure, d^di^e au
C GregoiRE, est d'enga^i;er les chels des nations
de I'Europe a am^liorer le soil de la nalion juive:
il plaide sa cause avec toute la chaleur que le sujet
doit lui inspirer. Esperons que I'influence des id^es
liberales contribuera a realiser ses voeux.
De V Esprit -public , indmoire designd pour etre li»
d la seance publique de ITnslilut naticnal du j5
iiisohe an X ; par le C. F. Emmanuel Tovlcjn-
GEOK , membie de rinstiiut national. A Paris ,
chez Treuilel et TViiTtz , libraires , quai de Vol-
taire, u.* 2. Prix, 40 cent., et 5o cent, franc de
port.
T)E la Tyrannic; par Victor Alfi Em ; traduction
exacte de Citalien. I vol. in-8.° Prix , 3 fr. , bro-
clie. A Paris , chez Molini , libraire , rue Mignon ,
n.° 2, vis-a-vis la miinici|)alit^, quartier de i'O-
d^on. An x de la r^publique fran^aisc , i8o;i.
Petit in-8.° de 196 pages.
G R A M M A I R E.
CoNXOTSSANCE de la languc francaise , consid^-
rde sous le seat rapport de C orlhographe : outrage
utile aux personnes de I'un et de Cautre sexe ;
par F. Sauger-Prejsi EUF , professeur de gram^
viaire generate d Cecole centrale du dJpartenicnt
de la llaule-f'iennc, 1 vol. iu-8.° Prix , i fr. 80
288 Livres divers.
cent, et 2 fr. 3o cent, franc de povf. Paris, an X,
Cljez Fttclis , libraire, rue des Mathurins Saint-
Jacques , n.° 33^.
Cet ouvrage, sur I'ortliographe, nous a paru plus
complet que celui de M. Douket , publie et aug-
niente en dernier lieu par le C. Luneau de Boisj^er-
inain. On niultiplie les grammaires; inais on nous
donne aussi des systemes, et, depuis le Port-Royal
et Restaut, on a douze productions de ce genre,
qui ne simplifient pas I'etude de cette science. On
attend encore une bonne grammaire tVancaise.
LiTTERATURE GRECQUE.
H2IOAOT EPrA KAI HMEPAI ( Hesiodi Opera et Dies) ,
in usiini auditorum adjecta lectionum , qiite ali-
cujus luomenli vidchanliir , varielale , edi curavit
M. Birgcriis TiioRLACivs , lector lingitce grcEcce
in univ. iiavnieiisi el Lingg. velt, in seminario pe-
dagogico. Havnicc 1804 , li/eris direct oris Joh.
Frider. Sclmltzii aulcE et universilatis typographic
ln-8.° de 40 pages.
M. Thorlacius , dont nous avons fait connoifre
a nos lecteurs I'intejessante dissertation 4naugu-
rale (i) , de rctour dans sa patrie , y occupe une
chaire de professeur adjoint ou Lecteur de Jangue
grecque, a I'universit^ de Copenhague^ et une autre
de langues anciennes, au seminaire Pitdagogique ,
en. attendant une place convenable a son merite.
L¥dition des Effcc Kgj\ ti^ifo^i d'Uesiode, que nous an-
iioncons, est destinee pour sescours. C'est unereini-
jiiession, belie et correcte du texte, sans traduction
iii autrcs notes que la vari^t^ des lecons.
(^s) Voy. M<igasin. Encyclop. Aunte IV, t. V, p. laS.
Table des articles contetius dans ce num^ro.
ASTRONOMl£.
Hi'stoire de I'A'Jtionomie pour I'aii
IX ( tSoi ); par le C. Lalande.
145
ABCHJkBOI,OGZB.
Fin de la Dissf rfa ion sur le cos-
tume des Fuiij's dans b riagcdle
des aiicipns, «l sur Ics monu-
mfiis aniiqties , Iradiiite de I'al-
Jemand de M. Btettiger ; par le
C. PVinckler. a5
LicXSLATION.
Que che7, de (;i'andes puissances ,
les erreurs en It-g slatii<n oni ele
\a source de It-ur decadence , par
le C Bouc/taud. 230
yARIETES.NOUVELLBSETCOR
RiiSPONU^NCE LITTERAIRES.
NOVVEIXES irSAMGEKES.
Allenugne. — Exposition »a salon
des tableaux k V^eimar. ~C26
Cravures des Apotres, de Ra-
phael. a35
Peiniure sur rerte, retrouvee en
Jioheme. a57
Bibliothique de Wittenberg. lit.
X,ondrps. — Society de mathenia
tiques. 338
Telescope A'Herschel, aSg
fubllcaiions nouvelles et intc-
res«aa(es. Ibid.
Russie. — Galvaaisme.
24:
Suede. — Acadcmifl dM teiences.
F e A. M c B.
Soci^ti d'AgricuIture d«« Dmix*
Serres. a4x
Mort de Simeoo Faleta , pres de
MoDtauban. 24$
P A a X 1.
Arrivie du C Fauvel k Paris. 344
Retour de madame Letrun ^ Paris.
Jbid.
Mort du C. Luneau-de-Boisger-
main- Ibid.
Instiiut national. — Balancier du C.
Droz. ' 245
Nominations. 246
Mort du C. Darquier, astronome.
Ibid.
Notice des travanx de la classe del
sciences morales et politiques ,
pendant le premier, trimestie de
j'au 10; par le C. Livesque,
secretaire. 347
Reglement de la Sociile des Obser-
valeurs de I'Homme. 265
Seance publique de la mlrao SocietA
du 39 friroaire an 10. 36S
Prix propose par ladite Societe poor
I'an 12. 269
Tbbatrbi,
Les Proyiiiciaux it Pari* VJ'a
LiVRES DIVERS.
Sotanique.
Description des Plantes nonrelles *\
peu connues , cullivees dans !•
janlin du C. Cels , arec figures;
Ibid, I par le C. Vtntenat,
m
.-.^K
Medccme.
.Diciionnaire botaniqne .rt pharma-
ceiijlque , coiite:<ant les pi-iiKi-
palis proprieles de^ ininuiaux,
des vcgeiaux er des animaux ; par
uiie Sociilt lie nit'deciiis , de
pliarmaciens et de ualutalistes.
.377
. Voyages..
Voyage au Senegal, pendant les
anii^ps 1784^' 17S5 , d'ai<re.s Irs
ri6moiies de LnjailU; par i'.
Labartke. 378
Hisloire.
Kistoire de la destiiiclion des repu-
blique.s deinocrallques deScliwilz,
Uri ct Uiuerwaldcu; par Henri
Zschokhe. 381
Journal liistOrii-|ne dt s operations
jiiilit*iies .du sii-gs de Ivscliiera
el de ratutjue des rjirautlie-
niens de Se|!jiione; par te elief
d 'escadroqr F . Heiiitii^ Ibid.
Athenian letters, or i!ie epistolary
Correspondance of an agent of
llic Xing of Persia residing, at
Atht;:}* during the Velopponne-
siau war. Ibid.
■ J Ceograpliie.
Guide d«s routes d'ltalie par pos-
ies (euilalieii^teufian^ais). 262
Education.
Dictlonnaire abreg^ des Hotiimes
c^Ie^res dtS' tenipj niO(?ern»;
par A. S. Le Blond. ^ 283
t.^i Gharnjfs de I'Enfance , ct le»
Plaisirs de I'AmoMr niaiernel ;
par le r. 7 (til ff ret {\oi.\i fran-
cais el alieniand cu ri-gaidj. 284
Les Tr.^5orS de I'Hwtoiie et Ak la
Morale ; par A. L. Delaroche.
■- '■ aKO
Worale.
Petit Careme dc Masillon , iv^qiie
de Clermont. aU6
OEuvres morales , ou Maxinies et
Ke/lexions de Francois; due de
la liochefoucauld, pVecedees
de sa viei . Ibid.
Politique.
Appel a la justice des nations et dea
rois ; par le C. Beer. 387
De IKsprlt public; par le C. F,
Eminauuel Toulongeon. Ibid,
De la Tyrannie; par Victor Alfieri,
Ibid,
Gramiuaire.
Connoissance de la langue francarse,
consldcree sous le stnl rapport def
rortborrnphe', par le C. Sauger-
rfineuf^ Ibid-
Litlerature grecque.
Hesiodi Opera eiTHes; ed! cu-
• ravit M.- Bii^i^rtis ThorUicius.
■ • 28G
A y I s..- ■•": ■^"
;« »-■..■ v-i ■■■'
Celix qui dfeslreht f^kt; annoncer leurs ouvrages
dans qiieiques-uns (tes nie,Uleurs jjpiiriiiiiix ^e I'AUe-
0iag.ne,peuvc'nt en lenieKre un exemplaiieau bureau:
de ce j,ouii>al.
(N/ 20.) Ventose an 10.
MAG AS I
T' ^:OYCLOPl' DIOUE,
o u
iOLJRNAL DES SCIENCES,
DES, LETT5ES ET DES ARTS, _. ,_^
Sjr ' R £ J) t G K / ■ •:r",- ••^. H%\
W. I -.:.- "'^^
VAv a. L. Mn.LiK, W^^i-ft./
j AVIS D U L I B R ^ I R E.
1 Le prix de ce Journal est fixd :
i 9 ^^in^s pouf iniis niois,
t8 ir^ins jjifur Six iiiois,
36 Irancx poui mi ;iii ,
lant pour Paris c^iie pour Its Dcpartenicns, fiatic dc port.
On pent s';ulics?er au Biircju tlu Jaiirnal pour se prqcnref
loiis ks Livres qui paroisseii! en France et tuez I'ei ranger , et
^uur tuuL'Ce (|iii coucerne la llibiuir'ie ducienue et moileme.
E Journal, auquel la pluparlf des hommes qui ont
xin nom distingue, une leptitatioa justenient acqiiise
dans quelque partie des arts on des sciences, tels
gue les CC Aubekt -, Desgenettes, Bast,Six,-
VESTRE DE SaCY, FOURCROY, HaLLE, DUMERIL,
SchweighvEuser , Lacepede, Bakbier, Lan-
GLts, Lalande, Lagrange, Lebrun, Marron,
Mentelle , Barbi6 du Bocage , Bassjnex,
•MciiKLCfex, Noel, Oberlin, Chardon-la-
EbcKETTE, Caili-ard, Van-Mons, TRAVIty-f
Tome F. ( 7."" A". )
LfVEILtlg, ClTVIER, GeOFPROY, VeNTENAT
CaVANILLES, UsTERI, BoETTIGER, VlSCONTI
VlI.L01S0N,WlLLEMET,WlNCK.LER, etC foumis
sent des M^moires, contient I'extrait des prlncipauj
ouvrages nationaux : on s'attache suifout a en donne;
une analyse exact e, et a la faire paroitre le plus piomp
tement possible aprfesleur publication. On y donne un(
notice des meilleurs Merits imprimis chez I'^tranger
On y insere les m^moires les plus interessans su
toutes les parties des arts et des sciences; on choisi
principalement ceux qui sont propres a en acc^^rer le
progres.
On y public les d^couvertes ingenieuses , les inven'
tions utiles dans tous les genres. On y rend comp^
des experiences nouvelles. On y donne un precis d
^e que les stances des soci^t^s litt^raires ont offer
de plus int^ressant ; une description de ce que les
pots d'objets d'arts et des sciences repferment de ph
curieux.
On y trouve des notices sur la vie etles ouvrag^
des Savans, des Litterateurs et des Artistes distingu^
dont on regrette la perte} enfin, les nouvelles litt^
yaires de toute espece.
Ce Journal est compost de six volumes in-S." pi
an, de 600 pages chacun. II paroit le premier d
chaque mpis. La livraison est divis^e en deux nil
sueros, chacun de g feuilles.
On s'adresse, pour I'abonnement, a Paris, aw Bu
Ifeau du MagasinEncycIop^dique, chez le C. FuCH^
liibraire, rue des Mathurins, hotel Cluny.
A Amsierdam, I chez la ve.iveClunguion et d'Hengst,
' \ chez Van. (7UI1K.
A Briixcllcs, cbcz Leinaire.
A Floicnte , chez Moliui.
A Fraucfoit-sur-le-Meiu, chez Fleischer.
• -^ , ( chez Manffct.
A Cjeneve, ■< i n i j
' \ thez PascUoud.
A Hanibourg , chez Hufiinann.
A Leipsie, cliez. Wolf.
A Leyde, tliez les freres Murray.
A Loii(h-cs , cliez de Bofie , Gerard Street,
A Strasl)ourg, chez Levraiilt.
A Vienne, chez Degen.
A Wesel, chez GeisTer, Dirccteur des Pqs.ts^i
l\ fgut afiJrdLnchlr li^s iet^re$.
PHYSIQUE.
Traite elementaire de Physique j presenl6
dans uii ordre nouveau j d'apres les de-
convenes modernes j par A. Libes^ pro-
J^esseur de physique aux ecoles centrales
de Paris J et menibre de plusieurs Societes
sav antes. 3 vol. in-8.° de 410, 448 et 414 p.
Paris. An ix — 1801,
Second Extralt (i).
J usQti'ici l*auteur a consld^re les propri^t^s com-
munes, au meme degr^, a tons les corps ; il passe
malntenaat a I'examen de celles qui caract^risent
certains corps, et il fait pr^c^der cet examen de la
th^orle des afEnit^s. Cette th^orie , avec les expli-
cations qu'elle fournit , du phenomene des tubes
capillaires , de celui d'attractions et de repulsions
apparentes que prdsentent certains corps flottans sur
la surface d'un fluide, et du phenomene de la cry-
stallisation , fait le sujet du IV." livre. — Le pheno-
mene des tubes capillaires consiste, comme on sait,
dans I'elevation de I'eau et I'abaissement du mer-
cure au dessous de son niveau , dans des tubes ca-
pillaires plong^s dans ces liquides; elevation et
I
(1) Voyez le premier extrait. Magasin Encycl. Annie VII, t. IV,
p. log et suiv.
Tomg V, Ee
434 Physique*
abalssement qui sont en ra'ison Inverse des diametres
des tubes. L'explication que I'auteur en donne , a
J'aide de la th^orle des affinitds , est fondle sur ce
principe que rexperience constate, qiiil existe entre
le verre et Veau une attraction -plus forte que celle
qui s'exerce entre les molecules de Peau , tandis que
I' attraction qui existe entre le verre et le niercure ,
est moindre que celle qui s'exerce entre les mole-
cules du mercure. L'auteur fait voir, i.° qu'en vertu
de ce principe, I'eau doit s'eiever de chaque cot^
d'une lame de verre qu'on plonge dans ce liquide ,
et que si Ton y plonge une seconde lame assez rap-
proch(?e de la premiere, pour que les masses d'eau
soulcydes a I'int^rieur se penetrent , elle doit s'^le-
ver davantage entre ces deux lames, et d'autant
plus que ces lames sont plus rapproch^es ; 2,° que
le contrail e a lieu, si I'on plonge les deux lames
dans du mercure. II en fait eusuite I'application
aux tubes capillalres qu'il substitue aux lames de
verre. Deux corps flottans sur la surface d'un li-
quide , (?tant places dans le voislnage I'un de I'au-
tre, I." paroissent s'attirer reciproquement , et se
porter I'un vers I'autre, s'ils sont tous deux suscep-
tibles d'etre mouill^s par le liquide j %.° ils parois-
sent encore s'attirer, s'ils ne sont pas susceptibles
d'etre mouilles; 3.° mais si I'un est susceptible d'etre
mouill^, tandis que I'autre ne Test pas , ils parois-
sent se repousser , et s'dcartent en efFet, si rien ne
s'y oppose. Tel est le second phenomene dont l'au-
teur s'occupe a rendre raison d'une maniere satis-
faisante. L'explication qu'il en donne est celle que
Elemens. 435
Monge a proposee dans les Mdmoires de V AcadSmie ,
annee 1787; e!Ie tend a prouver que ce ph^nomene
n'est point du a une attraction ou a une repulsion
imoi^dlate que les deux corps exercent I'un sur I'au-
Ire, mais uniqucment a la facuhe qu'ils ont, ou
d'etre tous deux mouilles par le liquide, ou de ne
I'etre ni I'uu ni I'autre , ou I'un d'etre mouiil^, et
I'autre de ne pas I'etre ; de sorte que ce phiJnomene
lient ila meme cause que celui des tubes capillaires.
Le troisieme ph^nomene enfin que I'auteur con-
sidere dans ce livre , c'est le pli^nomeue de la cry-
stallisation. Apres avoir expose comment la crystal-
lisation s'opere par I'evaporation du liquide qui tient
les molecules d'un mineral en dissolution , et d^-
montr^ que la force d'agr^gation des crystaux est
due principalement a leur capillarity , tandis que
celle des autres solides est exclusivement le r^sultat
de I'attraction, I'auteur pr^sente, en abr^g^, la belle
th^orie de Haiij ^ sur la crystallisation, et il s'at-
tache surtout a faire voir comment elle explique.
de la maniere la plus satisfaisanfe , ce pb^nomene
remarquable qu'on regatdoit longtemps comme im
caprice de la nature , et qui consiste en ce que des
crystaux , composes chymiquement des m^raes Cle-
mens, afFectent constamment une figure ditferente,
tandis que des crystaux originaires de differentes sub-
stances, se pr^sentent sons la meme forme.
Dans le V.^ livre, la tb^orie du calorique fixe
I'attention de I'auteur. II y traite des propri^l^s de
ce fluide , des lois auxquelles il est soumis, et de
«on influence sur la formstlon des corps solides,
E e a
4S6 "Physique,
liquides et a^riformes. — Un corps expos^ a I'actiott
du calorique qui s'introduit entre ses molecules ,
s'^chauffe , se dilate, et augmenle de volume; cet
effet est detruit, et les molecules du corps se rap-
proclient par ['abandon du calorique qui determine
son relroidissement. Ce rapprochement des mole-
cules se fait toiijours en raison du degrd de refroi-
dissement que le corps ^prouve ; et, comme il n'e-
xiste pas de froid absolu dans la nature , I'auteur
en conclut qu'il n'y a aucun corps dont les mole-
cules soient en contact imm^diat. Tous les corps
n'offrent pas au calorique un passage ^galement libre
et facile ; les uns sont bons conducteurs , les autres
rnauvais conducteurs de ce fluide. L'auteur fait con-
noitre differentes applications qu'on a faites de cette
propriety des corps dans les arts et dans les usages
les plus ordinaires de la society ; et , comme la di-
latation et la condensation qu'eprouvent, suivant
les circonstances , les liquides qui entrent dans la
construction des thermometres, sont aussi dues au
passage du calorique d'un corps dans un autre , il
dit ici un mot de la construction de ces instrumens.
Cela le conduit a fixer Tid^e juste qu'on doit se
faire de la tem-pe'rature, II la d^finit la mesure des
dilatations qu'dprouveiit les liquides qu^on emploie a
la construction des tliermometres , lonqu'apres avoir
obei aux attractions plus ou mains fortes qui le mai~
irisent , le calorique s''cst eiifin mis en dquilibre ; et
il d^montre, i.° que les degrds de nos thermometres
ne font pas connoitre la temperature redle des corps ,
et qu'ils n'en sont que des fractions inconnues j 2.*
Elemens'. 4S7
que le tlierrnometre n'est pas la tnesure exacte de
la chaleur, soit qu'on considere ce mot comme sy-
nonyme du mot calonq>;e, soit qu'on Jul fasse ex-
primer la sensation. II s'occupe ensuite de la capa-
city des corps pour contenir le calorique entre leurs
mol(^cules, et il fait connoitre le moyen de Craw
ford, et celui employe par Lavoisier et Laplace ^
pour determiner cette capacity. Le passage des corps
de r^tat solide a I'^tat liquide, et de I'^tat liquide
a I'^lat adrifornie , est du au calorique qui ^carte
leurs molecules en les penetrant; et tous les corps
jont susceptibles d'eprouver ce passage. L'auteur
considere cet efFet du calorique corame celui d'une
force repulsive oppos^e a la force d'agregation qui
tend sans cesse a les r^unir ; et , pour mieux suivre
le jeu de Taction de ces forces dans la formation des
corps tels qu'ils existent dans la nature, il suppose
d'abord tous les corps de la nature entierement de-
pouill^s de calorique, de sorte qu'ils ne pr^sen-
lent tous qu'un amas de molecules qui se trouvent
en coutact imm^diat. Faisant ensuite reparoitre le
calorique, et supposant tous les corps plong^s dans
ce fluide , il examine les effets qui doivent resulter
de sa presence. Le r^sultat de cet exaraen est que
I'etat de solidity et de liquidity dont jouissent les
corps a la temperature et a la pression habituelle
de I'atraosphere , est Teflet de Tequilibre qui existe
entre la force d'attraction de leurs molecules et la
force repulsive que leur communique le calorique
''ombint', tandis que I'^tat adri forme est dii a la su-
periority de cette force r^puls-ive sur la force attrac-
Ee 3
438 Phjsique.
live. Cefte explication seroit on re pent plus salis-
faisante , si elle faisoit connoitie la diff(5rence qu'il
y a entre les corps solides et les corps liquicles. Pour-
quoi , loisqiril y a equillbre entre la force attractive
des molecules et la force repulsive communiqu^e par
le calorique , tel corps est-il a I'dtat solide , taudis
que tel autre est a I'efat liquide? C'est ce qu'on ne
nous explique pas. L'auteur prdsente cependant bien-
tot uae experience qui fait voir, que les corps liqui-
■des ne conservent cet ^tat que par la pression de
I'atmosphere, et qu'ils se convertisseut en fluides
aeriformes des qu'on supprime cette pression. Nf
r^sulte-t-il pas de-la que , loin qu'il y ait ^quilibre
entre la force attractive et la force repulsive dans
les liquides, il existe au contraire dans ces corps,
comme dans les fluides aeriformes, une superiority
de la force repulsive sur la force attractive, et que
c'est la pression de I'atmospliere qui fait equilibre
a I'exces de la force repulsive ? Nous croyons done,
en conservant d'ailleurs I'explication de l'auteur,
quant au fond , pouvoir rectifier la distinction entre
les frois etats des corps naturels de la maniere sui-
vante : Un corps est a I'eiat solide, lorsqu'il y a
equilibre entre la force attractive des molecules et
la force repulsive communiquee par le calorique ;
im corps est a I'etat liquide , lorsque la force repul-
sive etant superieure a la force attractive, I'exces
de la force repulsive est equilibre par la pression de
I'atmosphere; un corps enfin est a I'etat aeriforme,
lorsque la force repulsive I'emporte, non-sculeraent
6ur la force attractive, mais encore, du nioins en
Elefnens, 489
partie , sur la pression de I'atmospliere. L'auleiir ,
apres avoir propose son explication de la formation
des corps solJdes, liquides et a^rifornies , s'attaclie
a faire voir que la maniere dont la plupart des phy-
siciens expliquent ordinairement cette ibi-ihation des
corps est d^fcctueuse. II fait connoitre ensuite un
pli^nomene curieux qui se pr^seflte dans le passage
des corps de I'etat soHde a I'^tat liquide , et de
celui-ci a I'dtat a^riforme. Ce phenomena consiste
en ce que pendant tout le temps que ce passage
s'opere, les nouvelles quantit^s de calorique que le
corps recoit , sont uniquement employees a fondre
de nouvelles conches, de sorte que la temperature
qui a eu lieu au commencement de la liquefaction
ou de la conversion en fluide a^riforme, reste sta-
tionnaire pendant tout le temps qu'elle dure. L'auteur
finit par exposer la maniere d'extraire les fiuideS
aeriformes, de les recueilllr , et de les faire passer
d'un vaisseau dans un autre.
Le calorique exerce son influence sur la. porositi^ ^
la compressibilite et V elasticity des corps. Ces trois
propri^t^s font le sujet du VI. " livre. — 'hs.-porositd
des corps est une suite naturelle de ce que, pat
I'absence du froid absolu , les molecules d'aucun
corps ne se toucheht immediatement ; mais l'auteur
fait voir que cette propri^te n'est point essentielle
aux corps , qu'elle n'est qu'accidentelle et variable.
II est Evident que la quantity de niatiere propre ^un
corps est en raison inverse de sa porosild : a ou il
resulte qu'on peut , par le poids, connoitre le rap-
port de la poroslt6 d'un corps a celle d'un autre
Ee 4
440 Vlijsique.
corps. Parmi les preuves que I'auteur cite en faveur
de la porosit^ des corps , se (rouve le ph^nomene
que JBaiij a le premier observe Aan%Vhjdrophane ,
et qui pr^sente a la fois un exemple de la porosltd
des corps , et une preuve que les pores ne sont pas
absolument vides de toute matiere ^trangere , mais
plutot occup^s par I'air ou par quelque autre fluide
subtil. La comfressibilile est une propri^td qui ap-
partient ^galement a tous les corps, mais qui est
tout aussi accidentelle et yaricible que la, porosite.
L'auteiir se borne ici a presenter des faits qui eta-
blissent la compressibilild des solides. Les preuves
en faveur de la comprcosibilite des Guides aeriformes
et des liquides tiouveront leur place dans la suite
aux articles de I'air et de I'eau. Quant a Velasticite ,
I'auteur, apres avoir prouvd qu'elle est une pro-
prldtd variable et non essenticlle a la matiere , et
apres avoir mont'rd le vague des duplications que les
physiciens out do n^es du phdnomene de I'dlasti-
citd, en presente une explication nouvelle. II dta-
blit comma principes, i.° que des signes d'elasticilS
supposent une compression effectuee : d'uii il r^sulte
que des corps , tels que les liquides dont les mole-
cules cedent avec une tres-grande facilite a la plus
legere pression , de maniere a rouler les unes sur
les autres sans altdrer leur figure , ne peuvent don-
uer des signes sensibles d'elasticit^; 2.° que lors-
qu^oii coniprime un corps ^lastique , quelques - ic7ies
de ses molecules integrantes se rapprochent y tandis
que d'auires souffrent un ^cartement a peu pres ^gal
mu rapprochement des premieres ; 3.° quVw degre ha,-'
Elemensl 441
hituel de chaleur et depression que 7ioiis dprouvons ,
tous les corps out un volume determine par le rap-
port d'e'galitd qui existe entre la force attractive de
leurs molecules et la force repulsive communiquee par
le calorique combine. Cela pos^ , void comment I'aii-
teur explique I'dlastlclt^ des corps solldes. Lorsque
I'on coniprime un corps ^lastique, plusieurs de scs
molecules integrantes sont rapprochees , d'autrcs
soufFrent un ^cartement ^gal au rapprochement des
premieres. Dans les molecules rapprochees , la force
attractive et la force repulsive augmentent; mais
I'auteur d^montre que I'accroissement de la derniere
force I'emporte sur celui de la premiere : d'oii il x€~
suite que I'equilibre qui existoit entre ces deux for-
ces, est detruit en faveur de la force repulsive, et
cons^quemment que , la compression cessant , la force
repulsive doit agir pour Pearler les molecules rap-
prochees, jiisqu'a ce que I'equilibre se retablisse,
c'est-adire, jusqu'a ce que les molecules ayent at-
teint le degrd d'^cartement qu'elles avoient avant la
compression. Dans les molecules ecart^es , au con-
traire, c'est la force attractive qui domine sur la
force repulsive; elle doit done agir pour rapprocher
les molecules ^cartees jusqu'a ce que I'equilibre en-
tre ces forces soit rdtabli. II suit de-la que le r^ta-
blissement des corps solides elastiques , apres la
compression , paroit elre le r^sultat de Taction com-
bine'e du calorique et de la gravitation. L'auteur
applique cette explication a divers exemples. II fait
voir ensuite comment on peut dctluire I'elasticitd
des fluides a^riformes de la meiiie cause dont de-
'44^ Physique.
pend celle des solides, et pourqubi elle fait prendre
h. ces corps plus de volume , des qu'on supprime la
pressioH de Tatmosphere, tandis que la m^me chose
ii*a pas lieu pour les corps solides diastiques. L'au-
leur a soin d'observer que son explication de I'^la-
stlcite des corps est Ind^pendante de celle du calo-
rique, puisqne ce fluide, en se combinant avec les
molecules des corps, pent leur comtiiuniquer une
force repulsive, sans que ses propres molecules se
repoussent mutuellement , de meme que I'eau, en
penetrant les pores d'une (Sponge, communique a
ses molecules una force repulsive, sans qu'on puisse
dire que les molecules de I'eau se repoussent entre
dies. 11 termine en appllquant le calcul a son ex-
plication de I'elasticite.
Dans le VII."* livre , I'auteur examine les pro-
priet^s de I'air atmospherique. II divise ce livre en
deux parties, dont la premiere est consacr^e aux
propri^tes physiques de ce fluide , la seconde a ses
propri^tes chymiques. Les proprietds physiques de
i'air atmospherique sont sa pesanteur et son elasti-
city , propriet(?s auxquelles se lient les theories du
son et des vents. L'auteur commence par exposer
I'histoire de la pesanteur de I'air. II parle des tra-
vaux de Galilee, qui la reconnut le premier; de
ceux d^Otto de GuencJce , qui iraagina la machipe
pneumatique : il donne en m^me temps la descrip-
tion de cette machine, et fait voir comment, a son
aide , on peut d^monlrer la pesanfeirr de I'air. II etf
vient eusuite a I'heureuse application que fit Torri-
ceZ/i;, disciple de Galilee, d6 cette propridt^ de I'air
Elemens. 448
aux phenomenes d'ascension d^l'eau dans les pom-
pes, et du mercure dans les barometres; et il d^ci'it
I'experience par laquelle TorriceUi fiit convaincu
que ces phenomenes etoient dus a la pression de
I'air ext^rieur.-il dit enfin iin raot des travaux de
Pascal , qui , en r^p^tant I'experience de TorriceUi,
a difft'rentes hauteurs, d^montra non-seulement que
I'air est pesant , niais encore qu'il exerce, en vevtu
de sa pesanteur , une pression qui depend de sa hau-
teur. Apres cet expos^ historique, I'auteur presen(e
une experience qui prouve que la pression de Fair
s'exerce en tous sens a la maniere de celle des flui-
des, et il explique par la diff(?rens phenomenes qui
se rencontrent dans la nature : il donne enfin la des^-
cription des barometres, des pompes et des syphons.
L'aufeur etablit Velasticite 6.e Fair par ^experience,
et il demon(re, i." que la force elastiqiie de Vair
est toujours egale a la force qui le comfrnne ; 3.?
que Ves-pace qu'occupe une quantite d'air determine'e ,
est toujours en raison itnersc de la force qui le
comprime , et consequemmcnt de la force elastique.
Si I'air avoit partout la meme density, il seroit ais^,
a la faveur de ces principcs et des lols de I'equHi-
bre, de determiner les limittsde I'atmosphere ; mais
la densiie de I'air n'cst pas consiante ; eile diminU*
a mesure qu'on s'eleve au dessiis de la terre. Oft
s'est occupe a determiner, jusqo'a quel poiht Tail'
est capable de se dilater et de se condenser; mais
on n'est pas encore parvenu a la solution de ce pro-
bleme , et I'pn ne peut encore que determiner le
degre de rarefactloD -de I'air a urte distance donnee
444 Physique.
de la sutface de la terre. L'auteur d^monfre , a cet
^gard , que les logarithmes de la rariti des diff:rentes
couches d'air sont en rnison dlrecte avec les hauteurs
de ces memes couches ; de sorte que si I'on connoit
par I'exp^^rience Ja raril^ de I'air a une hauteur
donn^e , il est (aclle de trouver sa raritd a une au-
tre ^l^vation quelconque. II s'occupe ensuite a d^-
montrer rimpossiblliie de faire le vide parfait dans
la rnachine pneumatique.
C'est a ['elasticity de I'air que tlent la propri^t(5
qu'il a de traosmettre le son , et les vents ne sout
autre chose que des oscillations de I'atmosphere. II
^tolt done naturel de presenter les theories du son
et des vents a la suite des propri^ies physiques de
I'air. — L'auteur fait voir, par Hps experiences, i."
que lorsqu'un corps rend un son , ses molecules ont
Tin mouvement de vibration ; 2.° que ce mouvement
de vibration se communique a I'air qui le transmet
a I'organe de I'ouie ; 3.° que cependant le son ne
depend pas immediatement du mouvement de vi-
bration qui se manifeste a la vue , mais d'un autre
mouvement de vibration dont les moindres mole-
cules sont anim^es. II fixe particulierement son at-
tention sur la maniere dout.se fait la propagation
du son, et sur la vite-;se de cette propagation, II
montre que la comparaison des ondulations de I'air,
produltes par un corps sonoremis en vibration, avec
ces vagues circulaires et concentriques qui naissent
sur la surface d'une eau tranquille, lorsqu'on y jette
une pierre , n'est pas exacte, et qu'on pourroit plu-
tot les comparer au mouvement de I'eau dans le flux
Elemensl 446
«t le reflux, puisqu'elles consistent dans une con-
densation et une dilatation r^ciproque et successive
des difFerentes parties de I'air. Quant a la vitesse du
son, on sait aujourd'hui que tous lessons sont por-
tes a travers I'air avec une viiesse d^termin^e, sur
laquelle I'intensil^ du son n'a aucune influence; et
I'auleur fait connoitre la maniere dont Newton est
parvenu a determiner cette vitesse a priori, II exa-
mine ensuite de quelle maniere les ondes excilces
dans I'air par le mouvement d'un corps sonore, peu-
vent faire naitre en nous la sensation du son ; cequi
le conduit a exposer les notions fondamentales de la
musique. Relativement aux vents , i'auteur fait voir,
i.° que ('attraction du soleil et de la lune, exer^-aat
son influence sur Tatniosphere comme sur ]a mer,
doit etre regard^e comme une des causes qui leur
donnent naissance ; 2° que cependant son attractioa
ne peut produire les vents alis^s qui ,entre les deux
tropiques, soufflent constamment d'orient en Occi-
dent, et qui sont probablcment dus a la dilatation
qu't'prouve I'air par Taction de lachaleur; 3.° qu'ia-
dependammen t de ces deux grandes causes , il en existe
un grand nombre d'autres qui peuvent determiner
une rupture d'^quilibre dans les colonnes d'air qui
composent ratniosphtre, et se compliquer ainsi dans
la production des vents.
Dans la seconde partie du VII.* livre , qui a pour
oLjet les propiiet^s cliymiques de I'air atmospheri-
que , I'auteur s'occupe d'abord de la nature de ce
iluide elastiquc ; il ^tudie ensuite s^parement chacun
des deux iluides a^riformes q[ui le composent , \e §az
44"^ Physique,
oxyghieti ]e gi7z ozoie. Le (out est pr^c^de de quel-
ques considerations gen^rales sur la constitution de
I'atmosphere. Nous nous bornerons a exposerce qu'il
dit sur ce dernier objetet sur la nature de I'air, sans
le suivre dans les details dans lesquels 11 entre re-
lativemcnt aux deux gaz qui le constituent. — L'at-
mosphere n'est autre chose que I'assemblage de toutes
les substances susceptibles de se vaporiser et de con-
server I'^fat a^riforme au degre liabituel de tempe-
rature dans lequel nous vivons , et a une pression
^gale au poids d'une colonne de mercure de 76 cen-
timetres ; et I'auteur fait voir que c'est principale-
Kient la chaleur solaire qui entretient celle de notre
globe, qui volatilise les substances qui sont a sa
surface , et les degage en fluides a^riformes. La
couche superleure de I'atmosphere est probablement
forni^e d'un lluide aeiiforme particulicr qui occupe
cette place en raison de sa pesanteur sp^cifique j
uiais I'auteur ne s'occupe ici que de connoilre la na-
ture de la couche inf^iieure que nous habitons. Pour
parvenir a cette connolssauce , il fait concourir I'a-
nalyse avec la synthese, en preseniant des expe-
riences qui font voir , i." que si on fait briiler, dans
un volume d'air determine, un corps combustible,
eu elevant suffisammcnt la temperature, il se fait
une absorption d'air, qui reduit celui qui reste
environ aux trois quarts de son volume, et que cct
air qui reste est impropre a la combustion et a la
I e.ipi ration ; de sorte que I'absorptibn s'est faite aux
depeiis d'tiu fluide aeriforme qui forme environ le
qua; t de i'air atmospher:que , et qui lui donae la
ElemenSt 447
propri^t^ d'entretenir \-a combustion et ]a respira-
tion } 2.° que si , la combustion s'^tant faite avec
un corps combustible auquel on puisse de uouveau
enlcver la base du fluide absorbs, on rend a cette
base la forme de gaz, on oblient un fluide a^ri-
forme ^rainemment propre a la combustion et a la
respiration, et <^gal en volume a la perte qui s'est
faite pendant la combustion ; 3.° enfin , que si on
m^le ce fluide a^riforme avec le gaz m^phitique qui
etoit rest^ apres la combustion , on reforme de I'air ,
en tout semblable a celui de I'atmosphere , et qui
jouit des memes proprieies. Ces experiences con-
courent done a prouver que I'air atmosphdrique est
compost d'environ trois parlies d'un gaz m^phitique
et d'une partie d'un fluide a^riforme propre a la
combustion et a la respiration. Ces gaz sont le gaz
azote et le gaz oxygene , dont I'auteur etudiemain<
tenant les propri^tes et la nature.
Apres avoir examine les proprietes de I'air atmos-
pb^rique, I'auteur considere, dans le VIII.' livre,
la nature de I'eau et ses diff(^rens ^tats d'agr^ga-
tion. Ce livre est encore divisd en deux parties*
L'eau , consid^r^e dans ses divers ^tats d'agr^ga-
tion , fait le sujet de la premiere partie. — L'auteur
commence par consid^rer l'eau a I'^tat solide; il
fait voir que la cong(?lation est une veritable cry-
stallisation ; il explique pourquoi la glate acquiert
plus de volume , et cons^quemment moins de pesan-
leur sp^cificjue que n'en a l'eau qui sert a la former ;
il cite des fails qui prouvent la soliditd ^tonnante
que peut acquerir la glace et qui quelquefois est
448 Physique,
telle, 'qu'elle r^siste aux violens efforts qu'on fait
pour d^truire son agr^gatlon , etc. 11 considere en-
suite I'eau a I'etat liquide. Dans cet ^tat , elle n'est
pas sensiblement compressible , ni Consequemment
senslblement ^lastique ; I'auteur cl^monlre cepen-
daut que sa compressibility et son ^lasticite n'en sont
pas nioins r^elles. L'eau liquide et I'air exercent
I'un sur I'autre une action r6;iproque qui est telle,
que l'eau dissout de jTair, et que Pair dissout de
l'eau : cette derniere dissolution constitue Vdvajiora-
lion que I'auteur distingue solgneusement de la va-
forisation. Le ph^nomene de X4bulUtion a pour
cause le passage de l'eau liquide a I'etat de-vapeurs:
ce passage est d'autant plus prompt , que la pression
de I'atmosphere est moindre. L'auteur parle aussi
de Taction qu'excerce l'eau sur la lumiere, de la
tendance a la comblnaison , qui est plus grande dans
l'eau liquide que dans l'eau solide, etc.: il traile
enfin de Mhumiditd ^ et particulierement de celle de
I'air, ce qui le conduit a la description de Vhygro-
ineLre. En se bornant a celui a cheveu de Saussure ,
le seul comparable, il deniontre que les effets de la
chaleur sur le cheveu modifie ceux de I'humidite et
de la s^cheresse ; de sorte que , dans les observations
d^licates, il iuiporte deconsulter en raeme temps le
thermometre et I'hygrometre , pour demeler ces ef-
fets. En consid^rant enfin l'eau a I'etat de vapeur ,
]'auleur parle de sa tendance ala comblnaison, qui
est plus grande que celle de l'eau liquide , de I'espace
considerable qu'elle occupe , de sa pesanleur sp^ci-
ilque qui est moindre que celle de I'air, etc. Une
de
Elemcnsl 449
^e ses prlnclpales propri^lei est sa grande ^lasticlt^
qui est (elle que lorsqu'tlle est enchainc'e dans des
limites trop ^troites, elle fait des efForfs violens
pour vaincre I'obstacle qui s'oppose a sa llbre ex-
pansion. C'est sur cetf e propriety de I'eau en vapeur ,
qu'est fondle Ja construction des pompes a vapeurs
dont I'auteur fait connoitre le Jeu.
Dans Ja seconde partlc dii VIII.' llvre, I'auteur
examine la nature de I'eau, la nature et les pro-
prlet^s ^\.\ gaz hydrogene , qui est un de ses princi-
pes constituans. Nous nous bornerons encore a ex-
poser ce qu'il dit relativement a la nature de I'eau
seulement. — II pr^sente, a ce sujet , les expe-
riences importantes des chymlstes modernes , qui
attestent la composition de I'eau , qu'on avoit re-
gard^e jusqu'ici comme une substance simple. Ces
experiences sont relatives , i." a la decompositioa
de I'eau ; 2.° a sa recomposition. Les j^i'^mJeres
consistent, i.° a faire passer de I'eau en vapeur 3
travers un tube rougi au feu , et renfermant une
quantity determin^e de charbon qui a^te pr^alable-
mcnt expose a urie chaleur incandescente dans des
vaisseaux fermes , et a recueillir les gaz qui se de-
gagent; 2.° a rep^ter la meme experience, en ren-
fermant dans le tube , au lieu de charbon , -une
quanlite determinee de petites lames de fer doux.
Dans la premiere experience , on trouve, i.° que
I'eau sonmise a I'ebuUition , pour fournir la vapeur
aqueuse, a perdu de son poids; 2° que le cbarbon
a enliereraent disparu ; 3." que les gaz degages sont
de deux especcs , un gaz acidc et du gnz hydro-
Tome V, F f
45o Pliysiqnc.
gene , et que les polds de ces gaz Equivalent prd-
cis^ment ensemble au poids du charbon qui a dis-
paru, et a celui de I'eau employee; 4.° quele poids
de I'oxygene que le charbon a du absorber pour
former la quantite de gaz acide qui s'est degag^ ,
joint au poids du gaz hydrogene ob(enu, est pr^cl-
s^ment ('^s\ au poids de I'eau employee : d'oii il x€-
sulle qtie cetle quantity d'eau employee a etE com-
posc'e de ces memes quantit^s d'oxygene et d'hy-
drogene. L'aufeur montre comment on est conduit
a la meme conclusion par la seconde experience ,
dont le r^sultat est , i.° le degagement de gaz hy-
drogene seulement ; 2." I'oxydation et I'augmenta-
tion du poids du fer; 3." le rapport dVgdlite qui
existe entre cette augmentation de poids, Jo'nte au
poids du gaz hydrogene obtenu, et le poids de I'eau
€mploy(?e. 11 s'occupe ensuite a repondre adifFerentes
objections qu'on pourroit .faire contre ces fails qui
^tablissent la decomposition de I'eau. Les expe-
riences relatives a la r^composition de I'eau consis-
tent, i.° a faire bruler sous uue cloche de verre
pleine d'air afmospherlque et renvers^e sur du mer-
cure , une quantity determinee d'alcool ; 2.° a faire
bruler dans un grand ballon de crystal , vide d'air ,
du sjaz hydrogene en contact avec du gaz oxygene ,
par I'intermede de I'etincelle electrique. L'auteur
montre ce qui se passe dans ces experiences , et com-
ment elles sent tres-proprcs a conduire a cette con-
clusion , que I'eau qui se forme est le resultat de
la combinaison du gaz hydrogene avec le gaz oxy-
sene, conclusion que la seconde experience surtout
Elemens, 461
met en Evidence , en faisant connoitre les propor-
tions du gaz liydrogene et du gaz oxygene qui en-
trent dans 1a composition de l*eau.
L'aiiteur passe dans le IX.* livre a I'examen des
acides qui, coninie I'eau, rt'sulfent de la combinai-
son d'une base avec FoNygene. II considere d'abord
les acides en general, et ensuite chaque aclde en
particulier. — La definition de Ncwlon, qu'un aclde
est ce qui attire forlement et est fortement altir^ ,
luiparoit la naeilleure qu'on puisse donner , pulsque
c'est cette force attractive que I'aclde exeice sur la
plupart des substances, qui en constilue le seul ca-
ractere essentiel , et qu'aucune des proprietes dont
il jouit, et qui toutes d^coulent de celle source, ne
sauroit le faire distlnguer isol^ment. L'auteur fait
connoitre les principales de ces proprietes ; il explr-
que a quoi tient Paction de I'acide sur les couleurs
bleucs v^gefalcs , et il fait voir que ces couleurs ne
sent point detruites par cette action, pulsqu'on peut
les faire renaitre. Les acides niln^raux dout la plu-
jpart, par leur forme gazeuse , rentrent dans le do-
maine de la physique , sont les seuls qui I'occupent
ici : ces acides sont Tackle carbonique, les acides
sulfurique et sulfureux, les acides nllrlque et ni-
treux , I'acide mTirlatlque , I'acide luuriatique oxy-
gen6 et I'acide Iluorique. La niarche que suit l'au-
teur dans rhlsloire de cliacun de ces acides , con-
slste a exposer successlvement les diffe'rens etats
dans lesquels ils se presentent dans la nature; la
maniere de les obtenir, solt de toute piece, solt
en les retirant de leurs combinalsons; les caraclere%
Ff a
4^2 Physique*,
cjul ^tabllssent leur acidity ; les autres proprletes
physiques et chymiqiies qui Jeur sont propres, et
leur nature. Nous nous dispensons de le suivre dans
tous ces details , et nous passons de suite au X.°
livre.
Dans ce livre, I'aufeur s'occupe \ rendre raison
de quelques ph^nomenes remarquables que la nature
Dous jjr^sente , et dont les Veritas ^(ablies dans le
VIL^etle VIII." JivreSjfournissent I'explicatlon.Ces
phenonienes sont ceux de la combustion, de la res-
piration , de la chaleur animale , de la vegetation
et de la fermentation. — Toute la theorie de la com-
biibtion est renfermee dans les pr'nclpes suivans qui
sont fondes sur des faits et des experiences prec^-
demment etablis. i.° Dans toute cnmbustion ^ il y a
absorption de la base du gaz oxjgene. 2.° Le residii
de la combustion est touj ours plus pesant que n'^toit
le coj-ps af'ant d'etre bride. 3.° U augmentation depoids
qiiacquiert le corps brii!e , est egale au poids du gaz
may gene absorbe. 4.^ Dans toute combustion , il y a
dt'gagement de caloriqiie et de lumiere . L'auteur d^-
Vieloppe ces principes , et fixe ensnite I'id^e juste
qu'on doit se faire de la combustibility et des corps
combustibles. Les principes qu'il dtabllt relatlve-
ment au ph^nomcne de la respiration , lendent a
faire voir que ce pheuomene est du a la decompo-
sition' d'une partie du gaz oxygene que nous aspl-
Tons, et dont la base ou I'oxygehe se combine eh
partie avcc i'hydrogene degag^ du sang pour former
de I'eau , et en partie avec le carbone tenu en dis-
solution parl'h)dro^ene, pour former de I'acidecax-
Elemens. 453
bonique. La fluidity a^rifornie de cet acide lui est
donn(^e par une portion dii calorique qui provient
de cette decomposition du gaz oxygene, tandis qu'une
autre portion du calorique passe dans le sang, pour
lui donner le degrd de chaleur et de fluidity qui lui
convient. C'est done de ce passage du calorique dans
le sang , que depend la chaleur anitnale. Mais com-
ment la temperature de cbdque individu peut-elle
se niaintenir au mfme degre dans toutes les parties
du corps? L'auteur explique ce ph^noniene , d'apres
Seguiii^ par la difference qui existeentre la capacite
pour le calorique du sang art^riel et la capacity du
sang veineux , capacit^s qui , suivant les observations
de Crmiford y sont dans le rapport de ii, 5 a lo.
Lors de I'inspiration , la capacite du sang est aug-
ment^e par la perte d'une portion de son bydrogene
carbon^, qui s'unit a la base du gaz oxygene de-
compose , et il regoit alors une quantite de calorique
proportionnee a sa capacite; mais cette capacite se
trouvant ensui(e diminuee, lorsqiie le sang, dans
sa circulation , recoit ime nou\ elle quantite d'hydro-
gene , il abandonne une portion du calorique qu'il
avoit absorbe dans les poumons, et c'est ce calorique
qui, se portant sur les humeurs environnans, eleve
leur temperature d'une maniere a peu pies unifor-
nie. L'auteur passe luainfenant au phenouiene de la
vegetation. On sait aujourd'hui que les plantes recoi-
vent la matiere de Icur accroissement principale-
ment de I'eau et de I'air qui les entouveiit , et l'au-
teur ciierche a faire voir comment ces deux fluidcs
contribuent a la production des principes qui coa-
Ff 3
454
Ph/ysiquel
stifuent les v^ge(aux, et qui sontle carbone, I'hy-
drogene, I'oxygene , et , pour qiielqiies plantes pri-
vil^gi^es seulement , I'azole. 11 prc'sente , pour cet
efFet , les experiences A^Ingenhousz et cle Scnebier j
desquelles il r^sulte , i.° que dans I'acte de la ve-
g^'talion, I'cau et I'acide caibonique qui s'introduit
dans les plantes , soit avec I'eau dans laquelle il est
dissous, et que les plantes sucent a I'aide de leurs
racines , soit par la ros^e et les brouillards qui se
dt'posent surjrs fcui lies , sent decomposes par I'in-
fluence de la lumicre ; 2.* que I'hydrogene de I'eau
et le carbone de I'acide carbonique , passent dans
les plantes avcc une certaine quantity d'oxygene ,
pour former lenrs princij^cs consfituans , tandis que
le reste de Polygene , fluidifi^ par le calorique et
la lumiere , s'cchappe dans I'atmosphere ; 3." que
I'azote qui fait pavtieconstituante dequelques plantes,
leur e;,t fourni par la putrefaction des substances
aniui^les, qui se frouveut mt'lj^es avec la terre sur
laquelle les plantes sont fixees. La fcrmcntalion est
un nioavfment sponlanf5e qui n'est propre qu'aux
fluides des corps organisers. On connoit trols sortes
de fermentations : la fermentation vineuse , la fer-
mentation putvideet la fermentation aceteuse. L'au-
teur , pour etablir les Caracleres qui les distinguenf,
fait voir, d'anres Zaco/sz'tT , \.° i\wft\A jermentalion
' vineuse consiste dans une rupture de i¥quilibre qui
existe entre les principcs cdnstitiians des vegctaux ,
rupture qui donne naissance a de nouvelles combl-
naiions , de telle sorte qu'une portion d'oxygene
s'uuit a une portion de carbone pour produire du
Elcmens. ' 455
gaz acide carbonique , tandis que I'autre portion
d'oxygene et I'aiifie portion de carbone s'unissent
avec I'hydrogene pour former de I'alcool : d'ou il
r(?sulte que Valcool et ^e gaz acide carbonique sont
Ics pioduits de la fermentation vineuse ; i° que la
feTmeutation yidridc coiisiste encore dans une rup-
i ture d't'quilibre entre les ])rinclpes constitiians des
vdgdtaux , ma's qui donne lieu a de nouvolles com-
binaisons difTc'rentes des pr^c^dentes, et telles que
I'hydrogene se dissipe en entier sous forme de gaz,
tandis que I'oxygene se reunit au calosique et au
carbone pour' produire dii gaz acide carbonique qui
se dissipe pareilleiuent : en sorle que, dans cette fer-
mentation, la totalile des prlncipes des substances
V<^getales se degagent sous forme de gaz, a I'excep-
tlon de la terre qui resle ; 3.° que \a./ermentation
acc'leuse n'est autre cliose que I'acidification du via
par I'absorpdon de I'oxygene.
Le XI. •■ el le XII.' liv res sont destin(^s a completer
la partie cbymique de cet ouvrage ; ils renferment
les connoissances acquises sur les terres et les alkalis.
Sans nous arreter a ces objefs', nous iw)us bornerons
a observer, i.° que I'auteur veconnoit sept terres bien
dislinctesj auxquelles il joint Yagustine de Troms.-
dorf, quoique son existence ne soit pas encore soli-
dement ^(ablie : ces sept terres sont la silice , Talu-
inine, la zirccne, la glucine, I'yttrla^ la niagn(^sie
et la chaux j 2.*' qu'il range parmi les alkalis , la
baryte , la pofasse , la sonde , la strontiane et I'aux-
moniaque. OberliN fiis.
(ha fiu diiiis un des prochains numdrosj.
LITTERATURE.
L E T T R E de J. B. Gaspare! d'Ansse de
FiLLOTSON ^ a Fl. LeclusEj siirlapro-
nonciation , Yaccenliiation , la prosodie
€t la melodie de Vancienne Langue grcc-
cjue (*).
Je m'empresse de r^pondre aux questions que vous
Bi'avez fait proposer par ]e savant Jean - Baptiste
Jauffret, auquel Jes amis des letlres et de la
Tertu ne peuvent rien refuser.
Denys d'Halicarnasse dit, De stnicturd orationis ,
sectioiie XI , p. 76 , ^d. Jac. Upton , Londini, 1728,
in-8.° : ^ly-Myflu fiiv »y fi'iXo; tn fidfilrut ^ict9\uaTt ^ t3
>i£yo/^6»a AIA riENTE, ai tfytfec , j^ sre izririivtlai ■aifx
fay TfiZv riyai)^ !^ -/jfiilofiis ., i-s^i to o|t; , are antrcn r5 X^fin
rim TrxSoy izr< 7-0 /3«ou, Voyez le Balteux , p. Sg de sa
traduction francaise du Traite de Varrangemeut des
mots de Di'nys d^ ILilicurnasse , Paiis, 1708, in-12:
" Dans le dlscotirs, le chant de la voix se renf^erme
" dans I'inlervalle de la quinte , ou a pcu pres , c'est-
( *) Cettel etfre avoit deja ete inseiee dans le Manuel de la Langue
grectfue , public en rrimaire de I'an x, chez Dclaiice ; nuls coinnie cps
techerclics savanles sur des olijels importans, pourroienl: paroitre de-
plarees , et se perdie dans un livre elementaire , unlqueinent reserv^
pour les enfans , nous avons cru devoir rcproduire cet opuscule avec
les addiilons considerables de I'auteur, qui a de plus retabli un passage
remartjualle , singiiliereinent niutili et denature k la liu de la xxx." page
de Li premiere ediutin.
Langue grecqiie. 457
• 2i-dire, qu'll nesVtend pasaurdelade trois tons et
" demi, solt en montant vers I'aigu , soit en descen-
•< dant vers le grave " Ibid , p. 60 ct 61 : « Le
« chant de la musique instrumentale et vocale,est
•t bien loin de se renfermer dans eet intervalle. Com-
.< mencant par roclave , il module par la quinte ,
« par la quarte, par le ton , par le demi-ton , etc. ••
Ce qui est ainsi exprime dans le Icxle grec de De-
nys d'Halicarnasse , qui ojipose I'^tendue dn chant
vmsical des instrinnens et de la voix , a celle du
chant du discours, de la prononciation : 'h S\ ifyetviK.i
IIE'NTE /Licvov, aX(i usro t» AIA' JlASfiTN ccf^afiivii y J^ ra
«iei TZitri fii?i'jiou ^ >C TO oiu Tia-a-uomv . JcJ to oiutovov ^ J^ to
ifitVviov ^ K. T. X. Voyez sur ce passage, la note de
Bircovius , p. 58 et suivantes , t. V de I'^^dit. de
Denys d'Halicarnasse de Rciske , Lcipsitk , lyyS,
in-8.° ; Isaac Vossius , De poematinn cantii , el viri~
bus rhythmi , Oxonii, 1678, in-4.*' ; le savant trait6
JDerhjthnio Grcvcoruui liher singiilaris , Oxonii , 1788,
in - 8.°, de Milord Guillaume Cleaver, ^veque de
Chester , qui n'a pas mis son rom a la t^le de cet
ouvrage ( non plus qu'a son edition du Decretian La~
cedcemanioTuJU contra Timotheiim Milesium j nun
commeiilario , Oxonii, 1777., in - 8.° ) ; Godoftedi
Hermanni de juetris poetarum Grcecorum et Roma~
nonim libri ties, Lipsice , ^796 , in-8,'' Un autre li-
vre pr^cieux pour la connoissance des iircens , c'est
De prosodicB grcecce acccnliis inclinallone scrihehat
Frid, Volg. Reizius , editin repetila , curante Frid.
'Aug. TVolJio , Lipsice , 1781, in-S.*"
'4^9 Lilteraturil
On dispufolt depuis longtemps snr I'^poque de
I'invention des accens qu'on a employes pour fixer
la prononciation qui auroit pu se perdre, ou devenir
incertaine ( II en est de meme des points voyelles
des H^breux). Un traite classique et curieux, 'Afxa^U
jifotxun y >^ TTnu/^arm , que j'ai detene dans denx ma-
nuscrits de la Bibliotlieque nationale, et p-ibli^ p.
li5 et suivantes de mes Epiilola; Vinarieiises ^ Tu-
tici J siiinptibiis et tjpis Aurel. Gessner, Fuessl. et
sociorum , 1788, in-4.°, a de'cidd cette question im-
portante, et d^montr^ qu'Aristophane de Bysance a
imagine les accens, a I'imitation des notes de mu-
sique , environ deux cents ans avant Jesus - Christ.
Cat opuscule d'Arcadius commence a'nsi , p. ii5 et
116 de mon edition : Oi xf''""-) '9 «' 7<'>'<", J^ ^^ Trnufio^tty
Afti-otpavas ( i ) tKruTiaa-xtros , y'lfovi , TCfog re oiaicfunv Tiis
ufttptooXiS M^ia; y x^ TSfcs ro f.^tXt^av r>j' (pmijs cruft-z^aa-iis ^ s^
Tviv uifcoviicv , as £«v Izrciioif-uv (pB-tp/o/u-ivot. a-x.f^c^ e^ as
Hi.a.'TO)) aurat ( accens et espri(s) (pua-ncZ; kiici f^ otx,uu? ,
ffti&e tZ Xtyii aa-zsif of/uvu 'te-ta-^cof , k. r, /, Vous voyez
done qu'il compare les accens et les esprits a des
instruraens : en effet , on ne prononcoit pas , on ne
llsoit pas le grec , raais on le chantolt; le melange,
et I'accord des longues , des breves, des accens ai-
gus , des graves, des circonflexes , des esprits rudes,
des doux , des lenues , des aspir^es , des voyelles et
des demi-voyelles , en faisoienl la plus douce eL la plus
Vari^e des melodies.
Chez les anciens Grecs, la musique et la gram-
Langue grecqiie. 459
maire nVtoIent point separ^es ; et I'enseigneraent
de ces deux sciences , qui avoieot tant de rapport ,
et marchoient toujours de front , ^loit confix aiix
monies maifies. Quintilien le prouve par pliisieurs
exemples , 1. I , c. 10 , p. Si et 52 , (^dit. de Gepner,
GoUingiie , lySS, in - 4.° , et pretend , 1. I , c. 4 ,
p. 19, que si on n'esf pas musicien , il est impos-
sible d'acquerir line connoissanf^e parfaite de la
grammaire , e( deparler des metres et des rhytlimes.
Le pere Lamy, oratorien ,1. I , c, 19 , p- 107 de
sa. Rhe/on'qiie , edition de la Haye , 1726, in -8.',
observe tres judicieusement que ce fjt le gout des
Grecs pour !a musique ( il auroit du ajouter vocale )
qui contribua le plus a polir leur langue, et a la
rendre si harmonieuse. II en est de nieme des Ita-
liens et des Per ans. La langue grccque eut le rare
avanlage d'avoir ^{.(^ d'abord formee par des poetes
qui cliantoient eux-ni^mes leurs vers , et s'assuroient
ainsi de leur efFet. L'abb^ Arnaud , dans son ele-
gant Mcmoire siir la prose grccque , p. Si^S , t. XLL"
des Mt'moires de V Acaddmic des belles-lettres , dit
que ce bel idiome fut rouvrage des poetes-musiciens,
qui en modnlerent tous les sons, et en mesurerent
tons les mouvemens : qu'll ne sufEsoit pas que la
parole fut d'accord avcc la pens^e ; qu'il falloit de
plusqu'elle s'accordat avec le chant et lesinslrumens ,
lesquels en etriient inseparables. Ainsi, ajoute-t-il »
ibidem ^ p. ^98, lous les raalc^riaux qui devoicut en-
suife servir a la construction de la prose, se trou-
voient depuis longfemps fournis et polis par le vers,
etembellis par le chant. La prose grecque n'est done
4^o Litteraturel
autre chose qu'une po^sle et une muslque assujet-
ties a des lois moins genantes et moins vigoureuses.
Chantante , sans etre un chant , elle ne dlfF(^roit de la
musiqiie vocale et instrumenlale que par le degr^,
et non par le genre , rS ^roc-J, i^i ri! ■sm^ ^ selon
Denys d'lialicarnasse , Be struciurd orationis, p. 74
et 80, edit. d'Upton. Cic^ron dit tres-blen : Est
etiam in dic'endo cantus quidam obscurior. Voyez
Quintilien, 1. XI , c. 3 , p. Syr. Denys d'Halicar-
jiasse parle aussi {^Sect, XV, p. 104 et 108) de la
nuance des longues plus longues , et des breves plus
breves les unes queles aufres,et ( 5fc/. Xlf, p. 82,
et Sect. XIX, p. i58), de lan^cessii^ rle distri-
buer.avec intelligence, et de ne pas placer trop pres
les syllabes qui ont le meme accent et la meme
quantiit', pour ^viter la nionotonie. Ce grand criti-
que observe (.yccf. XXIII , p. 216) que quelquesbons
^crivains fuyoient avec soin, non-seulement le choc
des voyelles , mais encore le concours trop frequent
de denii voyelles , et des muettes (2).
Aussi Arcadius ajoute-t-il imin^diatement apres :
^ rks ci^tif-ci; (^)e lirois plu(6t ^uO^sf) 5-)?,Ma/te^£v;?v (.-i) ^
^^ Wj5 |K£» avtii(rot]i , {Ti? efl' iTTileinsrav , y^ff^ ro fiiv fictfiv ^ ro at
(j'amierois niicux iTnleivofTis) « tiumv oiviivrts , r5r»
CK^jypov , TO <^£ ftuXuKoy tKxMt' KCila. r^ro >(^^ o 'Afifo(pu»is
tifteix'lhro rd Kcyoi ■zj-fZree Tao7« , x. t. >i. DanS Ce pas-
sage, -aijic} Ti ^icisc^m-iv Tiis afA(piZ<i>^H xi%ia; ^ >(ffj[ wpaf ro fnP^af
TTfi ^asvijs avfi7ici<rf]s , j^ riv affcovictv ^ as iuv iTTKOoifAU <ph[yo~
fiitai f X, r. A. les paroles sr^aj ro fiixkoi/ peuvent signi-
Langue grecque. '461'
fler, -pour fixer a Vavenir la -prononciation de tous
les mots , qui auroit pit devenir incertaine ; mals j'ai
propose, ibid, pag. 116, la correction de ft'o.os y au
lieu de ^sMov : et fitXo^ s'accorde parfaitement avec
tout cc qui suit. Arcadius cite, ibid,, paj'- 116, le
traitd de Nicanor, fils d'Hermias , ra 'Ep;i:;», weji*
"^/jV Kx6o?^j <rx[fA^; ^ sur la ponctuation en gendral, C'^toit
un gramniairien d'Alexandrie, du temps de I'empe-
reur Adrieti , et qui fut surnommd ei[i^MrU; ^ parce
qu'il avoit traits fort au long la matiere de la ponc-
tuation , ^ioTt l7:o>.'jX<iyy,o-i sre^) «-<y_«Si>', dit JEustathe sur
le prerL'or livre de I'lliade, t. I , p. 20, ligne 12,
t'd, de Rome. iSuIdas cite son traite De la ponctua-
tion en gdn^ral , wsp/ fiyy.ii? t."? xaSoXis y en six livres,
dont ITicanor avoit fait lui-m^me un abr^ge en un
seul livre , ses autres ouvrages sur la ponctuation des
poesies d'Homere et de Callimaque , etc. , arspi f«y^«s
rPf Trap' '0,K>'f» , >(^'^ Tij? 11 MTU)) (seroit-ce «tir?'f) ^tctfo^aj
iv Tif ^KiiUf... 5r£f< i'ly^KS TVS isufa Kaxsifia^f, J'ai donn^
des extrails de ce Nicanor , p. i38 et suivantes du se-
cond tome de uies Anecdota grceca , Venetiis, 1781
in-4.'' La plus grande partie de son ouvrage sur la
ponctuation des poemes d'Homere , se retrouve dans
les schoiics sur I'lliade, que j'ai publi^es d'apres
les manuscrils de la bibliolh^que de Saint-Marc de
Venise , sous le titre de Homeri I'ias ad vcteris co-
dicis Veneti fideni recensita ; Scholia in earn antiijiia
ex eodem codice , aliisque, nunc primitni edidit cum
asteriscis , obeliscis ^ aliisque signis crilicis , J oh.
B.ipt. Caspar d'Ansse de Vitloison , anno 1788,
Pen^liisj in-folio, Voycz ce que j'y dis de ce Ni-
'45a Litlemlurc.
canor, auquel ce livre classique fit donner le sur-
nom de second Homere , l,n»;"Ofiiifoi ^ p. XXXI de
mes Prolegomena de cette edition. Je traite aussi
I'article de I'aneienne ponctuation des giammai-
rlens grecs , et la question de roiigine des accens
et des esprits, dans le cours de ces memes prole-
gomenes , d'apies les critiques , jusqu'alors inf^dits,
de IVcole d'Alexandrie : ils in'ont fourni beaucoup
de details nouveaux et inconnus , et de partlcula-
rit^s curieuses qui r;'pandent beaucoup de jour sur
ce point interessant. J'en paile de meiiie fort au
long dans une foule d'endroits du second tome de mes
Anecdota graca , Vencliis , 1781, in-4.'' (latablevous
les indiquera au mot Accentjis)^ et j'y ai donne ,
depuis la page io3 jusqu'a la page 118 , un Iraite de
Porphjre sur I'accentuatioii , wep < ffooe-atJiW , qui n'a-
voit jamais vu le jour, ainsi que des scliolies de
Denys le Tlirace , et des observations d'autres gram- j
mairiens , qui ^loient c'^galement iu^dites. Vous me
dispensercz done de vous transcrire ce qui est d^ja
imprimd. J'al rapporte ^ p. 119 des laesEpisloliB Vi~ i
narienses , et p. IX des Prolegomena de mon edi-j||l
tion de I'Uiade, le passage decisif et tres-remar-
,quable de S. Augustin, qui prouve que, de son temps,
on marquoit les esprils dans les bens nianuscrits
grecs. Voici comme ce pere de IVglise s'exprime,
1. I, Quastioii. in Genes., p. 3 1 3, t. Ill de I'ldition
^'Anvers , 1700, in-fol. qucBbiiou. 162, sur le 3l
verset du 47.* chapitre de la Geuese : « Quod babent
« latini codices, et adoravit super caput virgCE ejus ,
" nonnulli codices emeudatiiis hahent j acioraiJit sjt-^ }
I
Langiie grecque, 468
" }>er capit virgcB suce , sice in cacumiiie , vel super
« cucumcir. Fallit eos enim vcrbum gra?cum, quod
« eisdem Uteris scribitur, sive ejus, sive si^^e.-sed
n ACCENTUS DISPARES SVIST, ET AB IIS QUI 1ST A
« NOVEnUNT , IN COniClBUS NON CONTEMNUN-
i« TUR ; VALENT ENIM AD MAGNAM DISCRETIO-
• NF.?!. »
Pour d^montrer la v^rit^ de cette observalion a
ceux qui en doutent, et qui trouvent qu'il est plus
court de mdpriser les regies des accens , que de les
apprendre , il voussuffirade leur indiquer, ■< Collectio
vocum qitce pro diversd significatione ^ accentinn di-
vermim accipiunt , auctore CyriLlo , vel poliiis Pliilo-
pono , ill usum scholoe Lugduiio-Butavce j editio allerOf
Lugduni-Batai'onim ^ ijSi , in-S.° , et ensulte , Dan^
Peuceri commentarius differ entiiim apiid Graecos vo-
cum ^ potissimiini ex yimmonio , Lesbonacle , et Phi-
lopoiio ,collectus et locupletalus, Dresdce, 1749 ^ In-8.*
N'oubliez pas surtout , dans votre r^impressioa du
poeme barbare de Giraudeau, les accens, qui sont,
ccmiuetout lemondesait, d'une necessity absolument
indispensable pour les livres ^l^mentaires et de classe.'
Ces ouviages deviennent inuliles quand les accens y
sont omis; et nuisibles, lorsqu'ils sent mal mis.
Revenons au grammairien Arcadius: j'ai prouvd,
p. ii8 de mes Epistolce Vinarienscs , que son ouvrage
n'est qu'un abr^ge de la Ka^aXixli Tt^c-ai^U , ou TrailS
■ de L'accentiiation en general ^ que le celebre Herodiea
avoit compose en vingt livres , et dedle k I'empereur
Marc Amele ; ce qui donne plus de poids a I'assertioa
d' Arcadius sur I'origine dcs accens.
4^4 Lilteralure,
Je crois avoir r^pondu li toutes vos deraandcs. II
ne me reste plus qu'a vous inviter a continuer de r6-
pandre , avec mes amis, M. Hase et M. Vogel, le
goiit du giec , d 1 lailn et de I'allemand, dansl'ex-
ccllenfe niaison dVducation de I'cstimable Jean-Bap-
tiste JauffrlT (4). Ce savant vertueux vous rend a
tous (rois loute la justice qui vous est due, et fait
le plus grand cas^^du zele ^clalr^ de M. Hase et de
M. Vogel , de leur talent pour exciter et entretenir
I'dmiilalion , de leur ardeur infatigable', et de Icurs
connolssances profondes. Le suffrage si flaffcur et si
pr^cieux d'un niaitre de ce rare nitrite, d'un si bon
juge, et cclui de ses dignesamis, I'immortcl Sicard, et
le respectable Bonnefoax , disent plus que tout ce que
je pourrois ajouler a I'^loge de ces almables , modestes
et doctes Allemands , et sont un sur garant des sen-
timens de la baute estime que leur a vouee pour la
vie u'Ansse de Villoison.
P. S. Les enncmis des accens ont souvent r^p^t^,
d'apres Henri-Chretien Henninius , Jean-Daniel Ma-
jor, CbarlesGottlobHofuiann, le P.Giraudeau,leP.
Tellier,elc. et encore dernierement dans une brochure
qui vient de paroitre a Dublin , que les regies del'ac-
centuation setrouvent en contradiction avcccelles de
la quantity, et qu'onnesait comment prononcer les
accens algiis places sur des breves , comnie dans Aoyar-
Mais on doit bien se garder de confondre le son
de I'accent algu avec celui des longues. L'accent
aigu nous avertit seulement qu'il faut clever la voix,
et n'indique pas qu'il faille appuyer sur une voyelle
aigue
Langue.grecefne. ^65
algue aussi longtemps que sur une longue. On pro-
noncoit la syllabe breve pUis \'ile que la longue; la
premiere etolt ccns^e ne fuire qu'un temps , au lieu
que la seconde en faisoit deux : par consequent , le
son qui r^pondolta celle-cl , duroit deux fois autant^
que le son qui r^pondoit a celle-la , ou , ce qui rcvipnt
au meiue , avoit deux temps, pendant que Tautre
n'en avoit qu'un. Voyez Jean Fhiloponus dans soa
commentalre grec sur le second livre d'Aristote de
ammd , fol. L , pag. 8 recto , (Jditi de Venise i53S , et
Burette dans sa Dissertation sur le rhjllwie de fun-
cienne niusiijue , pag. i53, torn. V des Meinoires da
t Acaddmie des inscriptions et belles-lettres, <• Se vo-
gllatno vie pill spiegarci co' termini niusici , la sillaba
breve si commisurava con una sola percussione di
mano ^ die noi diciamo una BATTUTaj hi silluba
longa due battute valeca , dit le P. Quadrio ,
pag. 58o liv. a , chap. I , torn. I, Delia storia , e
dcllaragione d^ ognipoesia , in Bologna , 1709 , m-4.%
L'accent aigu ne rendoit pas la syllabe longue ,
niais il ne la lajssoit pas non plus totalement breve:
il lui donnolt un demi-temps de plus , parce qu'll
faut en elTet plus de temps pour prononcer une syl-
labe aigue qu'une grave. 11 y avoit done la diflerence
d'un demi-temps, entre une syllabe breve aigue,
qui eloit d'un temps et demi , suivant les granimai-
riens grecs, et une syllabe longue , qui avoit deux
temps.
Les vers grecs et latins se formoient du melange
regulier des breves et des longues , ei par consequent
d^pendoient entieremeat du rhjthme , et de la me-
^ToiJie T-\ Gg
4^6 Litlerature,
sure : au contraire , clans les langues vivantes ^ a I'ex-
ception de I'allemand , les vers, surtout les vers
sciol/i J ou blaucs , ef les sdniccioli dcs llaliens (5) ,
jRormes en parfie du melange des accens a'gus et
graves, dependent plus particu:! e enient de I'har-
monie ; ou plu(6t. le rhythini- de ces vers ne differe
pas de I'harmonie J parce qu'on y Tait principalement
attention aux accens, et qu'on y regaide comme
longues les syllabes aigiies , et cnmnie brev.-s ct!!es
tjiii sent graves, vu que la quantile n'est pas si fixe
et si dt^teiiiiin^e , ne serf pas de base a la versifi-
cation francaise et italienne , et ne »'y ^'vaiae pas
aussi rigoureusement que dans les langues g''e< q le
et latine, ou , je ler^pete, : ;f syllabe bieve grave
r^pond toujours a un seul temps, une syllibe breve
aigue , a un (emps et demi , et une syllabe longue
a deux tenips. Comparez le meme Burette, //>//,, p.
164 , torn. V, et surlout Jes pages 22 , 28 , -^4 , 26
et 29 de la belle et int^reisante dissertation de M,
Francois-Marie Colle , qui a remporte le prix de
I'Acadi^niie des sciences et belles-lettres de Mantoue,
en 1774, et a ^te imprim^e dans la nienie vilie,
I'ann^e sulvante, sousle titre de Disserlazione sapra
il quesi!o ^ dimonstrai e die cosa fosse ^ e q lanla parte
avesse la musicu iielC educazione de Gicci , e quul*
era laforzadiunasifatla islituzfone, equal v.miagijio
sperar si potesse , se fosse introdolla nel piano dcLla
modetna educazione , in Manloua , 1775 , in 8 °
Les Grecs anciens , bien differrns des Grecs mo-
dernes , observoJent tout a la fois tres-scrupuleu--
Venient, daus leur pronoa'clatiou barutonieuse el va<.
Langite grecquel 467
rli?e , les regies de la quantUe , et celles de I'accen-.
tuatlon ; et c'cst la reunion de ces legles diveises,
mais non pas oppos^es, qu'ils appeloient />7osoc//>,
(air sur Icqiiel on chanfe) et qui formoit la nielodie
enchanteresse de leuilangue. C'est an contralre I'ac-
cent qui , chezles Grecs modernes, fixemal apropos
la quantlfe. J'cn ai 6{i fiappd a Paris , et pendant un
sejour de plus de sept ans, a Venlse , dans presque
toute la Grece, et dans frente-quatre iles de I'Ar-
chipel. Le savant M. Arthur Brown , qui a (u aussi
I'occasion de converser avec dcs Grecs a Dublin ,
vient de faire la ni^me reniarque dans ses Some
observations upon the greeTis accents , Dublin , 1800 ,
in-^° de 27 page?. J'en tire seulenient la couclusioa
que, sur ce point , les Grecs ont cprrompu leur pro-
nonciation, de meme que leur langue (6). C'est ainsi
qu'ils se trompent ^videmment , en confondant le
son des longucs et des breves, de Vomega et de I'o-
micron , et en rejetant quelquefois Taccent sur la
quatrieme syllabe du commencement d'un mot. Cette
licence n'avolt lieu chez lesanciens Grecs, que dans
la musique , qui transposoit les accens de leur place,
et s'^loit aussi arrog^ exclusivement le droit d'alon-
ger quelquefois les voyelles breves, et d'abrcger les
longues , et d'enfreiudre les loisde laprosodie. Voyez
Denys d'Hallcarnasse , De structuiu orationis ^ sect.
XI , pag. 78 et 80 , edit. d'Upton , et la remarque
de Le Batteux, pag. 289 et suivantes , a la fin de sa
traduction ; Simon Fortius , p. 17 et 18 de sa Giam^
maiica lingua grcecce. vulgaris , Purisiis , i638, iu-8.° ,
et p. XXII, col. II de la preface du Glossaniim
Gg a
4^8 Lilliralure^»
medi(E grcecitatis de Ducange ; le P. Thomas de PanVy
p. 33 de sa youf^elle me'thode pour apprendre lesprin-
cipesdc lalaiiguegrecque vulgaire ^ Paris 1709 , 111-4.°;
Jean -Michel Langlus , p. 5 Philologies Barbafo-
grceccE ^ pars prior ^ NoribergcB ^ 1708, in-4.° , et
p. 14 ties Iiistiiulioiies liiigucB grceccE vulgaris , auc~
tore Petro Mercado , Romcs 1782 , 111-4.° Philoslrate,
De vitis sophibtaruin , 1. II , c. i3, p. 694 , eflit. d'O-
learius , reproche a I'eloquent Paiisanias , qi.'on croit
^tre I'auteur de la description de la Grece , et oi
tous ses compatriotes , les Cappadociens , d'avoir pro-
nonc^ les longues comme les breves : ce qui faisoit
comparer ce disciple d'H^rode Atticus aun cuislnier
qui accommodoit mal d'exceliens niets.
Les Grecs modernes ne prononcent qu'une seule
des deux consonnes redoubl^es qui se (rouvent r^p^-
t^cs de suite, comme dans u».oiTia ; ce qui a induit
en erreur plusleurs copistes, trompes par Tceille (7),
et a fait croire a quelques ^dileurs, qu'on disoit ^ga-
lement blen «A«r7«, avec un seul Ikmbda, et «»<*r7«(,
avec deux.
Denys d'Halicarnasse , ibid. , sect. 14 , p. 96, ^dlt.
d'Upton , d^veloppe , de la maniere la plus precise,
et la plus dlstincte , les regies, et le m^chanisme
de la prononciation si difierente de I'H, de I'r et
de I'l. II observe que Th presse et appure un peu
le son en bas vers la raCine de lalangue , ne pousse
pas I'aspiration en haut vers le palais , comme I'A , et,
ii'exige qu'une Kioyenne ouverture de la bouchejque
I'T fait resserrer considerablement les leyres, et n'a
qu'un son jouid, ^touffe, et retrccij que I'iotaestla,
Langue grecque. 469
noins sonore de toutes les voyelles, ne fait qu'entr'ouf
vrir iin pen la bouche ; que le son en est comme ^cras^
entre les dents, et que le mouvement des levres ne
contribiie nullement a le rendre plus ^clatant. Tl
donne de parcilles remarques sur Voinicron ct sur
Vom^ffa y ibid. p. 96 (8).
Ce passage seul , ind^pendamment d'une foule d'au-
tres preuves qu'il seroit trop long de rapporter , suffit
pour d^montrer I'erreur des decs niodcrnes, et de
leurs iniitateurs, qui ne font pas sentlr les nuances
si niarquets de I'OI ,EI,H,T, l,et prononcent
de m<?me V/iT-a , intra, <'■«' , ceqiiali , tis-u , feram ,
vo-ei) , -pluam , ti7u , eras , y,fiui et lf<.u; , nos et vos )
vt^ , qua, wot , quo , etc. , etc Voyez Winterton au
commencement de ses Obsenationes el lectiones in
"Hesiodi operum et dicriim L. I , a la fin des PoeKZ
viinorcs Grcuci , Caniabrigice ^ 1684, in-S.". C'est ce
qui avoit engage le savant editeur d'Ath(?nagoras ,
et de Minucius Felix, M. Jean Gotllob Lindner,
a comparer la prononciation des Grecs modernes ,
au gloiisseuient despetits poulets nouvellement ^clos,
pippientes pulli galliiiacei fieri aitt niidius tertius de-
mum ofis exclusi , p. i de sa Prohisio de verdvoca-
Jiuin GrccccB llnguce pronuncialione , Arnstadii, 1772,
in-4.°. Isaac Vosslus avoit deja dit avcc tropdesev^-
rit^, p. 97 de ses notes sur la quatorzleme section
du m^me traits de Denys d'Halicarnasse , Ed. d'Up-
ton : •• Quam lero aures ojfendat cxilior voce ilia
" quam efficit iota vocalis , si trebrd nimis ilerelur
* satis declarant hodierni Graci ^ qui perpetuo iota-
Cg 3
470 Lillerature,
•t cismo reliqiicrs ita fere ohtundunt vocales , ut eos
» niN NITJE poliits qnam LoQUT cxisthiies. «W n'en
est pas de m^aie de leur prononciation du 0 et du
X, qui est la seule vrale et indubitable.
Denys d'Hallcarnasse remarque , ibid. , sect. VI,
p. 56 , qu'on dit q'lelquefois Xixiinla^ , au lieu de
tM^AriTc^ , uiiiqiienient pour vaiier les formes : c'est
line nouVelle preuve que la signification Aupaulb-post
futiir, fi nial a prcfins imagiin? par les grammairiens,
est la uieme que celie da %\va<^\v futur ^ sans aucune
difTc'rence (9).
Jd finii en objcrvant, que les musiciens Latins,
de nioo.e qje \c6 Gvcc?, ne se faisoient pasunscru-
pule'df violer !cs regies dc la qiiantite. S. Augustin
le rciriarq!!e dans son traits si peu connn, et si peu
lu , T}e miisjcd , 1. 2, c. i et 2 , p. 389 et suivantes,
f. I , edit. AiitJfrp. _, i-joo. On troiive dans ce savant
ouvr.Tgc dcs" ciioies qu'uu cheichcrolt inutilemcnt
aiileuis. Voic! par e^cniple un niot grcc qui manque
dans tous nos Lexiqucs aiicicns et niodcrnes, et que
ce ptre dc I'eglise nous a conserve , ibid. , 1. 6, c, i3,
p. 3g4 , t. I : " Quid.im vidcnlur aware dcf'^rmia ,
«■ qiiQs viilgb Gneci a:i7T^o<plx-is vocdiii. » Xa.irp'os veut
dire vieuv (10) _, el laid , et 2AnPo'<I'IA02 , qui aime
lu Liidcur , qui ainie ccqui til laid. Plirynii bus p. 166,
<?d. Pavw : Xun^an ci TuXt^oi uvr) t» aia-xpav , c'esl-a-dirc ,
le peuple prcnd le mot dc 5-j;~i«i' dans le sens de laiJe.
C'eioit done line expression vulgaire, commc cclle de
SAnro'ciAOS quicnd(?!ivc. Comparer les notes surcet
article de Pbrynichus , dont les interpretes n'ont pas
Langue grecque. 47*
connu'ce passage deS. Augustln. Aii^fa^ dans Phry-
nichus , r^pond au mot latin tt/rpis ^ c'est- a-dire ,
laide. Martial , 1. YIII , epigr. 79 :
Omnes aiit vctiilas luihes fuellas ,
Aut TvnPES ^ iietulisque fosdiores.
Phedre , 1. Ill , fable 8 , a dit de nieme ,///« tur-
■pissima; et Ovide, De arte amandi , 1. 3 , V. 255,
fulchrce turpescjue pueflic.
NOTES.
(i) Aristophane le graramairien , de IVcole d*A-
lexandiie, diiicii Ic ('e Caiiimaqne et de Zenodote
d'Ephtse, et ir.aitre du c^lebre Arisfarque , (?toit de
Bysance, et florissolt dans la 14S' Olynipiade.
(2) Cic^ron , cit(^ parRufin, grammairien d'An-
iioche,el auteiir du traile De metiis coinicisy\i. 2721
des Grniiiiiulute lutmce uiulores oiidijui , Hanoi ice ,
l6o5, in-4.", reniarquoit dans son ouvrage siir /</ re-
"piiblnjiic , si heurensenicnt lestitu^ par le savant Ber-
NARDY, Paiis 179'), in-S.", que les orafeurs asiati-
qiies icrminoient ordinairenie.t leurs p^riodes par im
ditrochee ^ tel que , cnmprobare , cantilena ; et que
ceux de Lycie el de Carie ciaantoient presque la pero-
raison de leur discours , au lieu de la declamer.
Voyez Quinlilien, 1. XL, c. 3, ^d't. Gesner. Plus
on approciie du soleil , plus la prononciation res-
senible au cliant. Les hici liens, dans la conversation,
chantent plus que les Napolitains, et ceux-ci pLis
que les Romains. Compare z I'accent des Provencr.nx
et des Languedociens , avec celui des Bas-Normands.
Deux latinistcs modernes ont donn^ des ouvrages
pr^cieux sur le rhythnie et sur le nonibre oratoire
ties anciens Romains , dont Cic(?ron pack in Oratore y
47^ Lilleralure'.
c. 56 et suivans. Le prernier. de ces deux fraites est
fort inre'iseiir , et intitule Jacob i Ludovki Streba,i ,
Jtenierii.s , de elect ione , cl cnlloccUione vcrbonim ,
lihri duo; et le second, Jovitce Rapicii , Bvixlani ,
de numcTo oratorio lihri qiiiiiqiie. On les (roiive tons
deiix reunis dans rediiinn de Cologne, i582, in-12.
Le Maj;1ii-.btrchi de nos jours, men ami M. I'ahb^
Morelh , m'a fait present a Venise, d'lin exemplaire
de ce livie qui avoil appartenn au c^lebre nuisicien
Josepli Zarlino , de Cliloggia, comme !e prouve une
note de sa njain , ecrife au bas du litre.
(3) Oans les onvrages des musiciens grecs , tels
qu'Arisioxerie , Alypius , Ptolemde , etc. , <njK£(ii7<xi
Ci •7sci(^a.Ty<Kai]ty.-i sotit ars notis descrihcudcz ciintileriCE. ;
comme 1 obs 1 ve \V i'!ii in ^pp iidice dc son (;dilioa
des Claudii Piolemcei Harmonica j Oxonii , 1682,
10-4.°.
(4I Je rrc-s rrndre Mn service signals an\ peres
et incrrs, et rcqu-f^iir des droits a lenr etcrnfl'e re-
conro:ssance , vr, indlqnant Tadresi^e importante de
ceb't'iifaicteur de K: Jennessr. La niaison d'(?diicalion
de Je<:n-Ba[j[i»le JaUFFRUt, me'j.bre de ]s.Societe
des Oijsenatciir.i d<; L^Iiomme , e( Trere de I'anteur du
Coiurier des enf.ius^eHs'xluee rue du Faubourg Saint-
Jacq':es, n.° 109, et reunit tout ce qu'on peut desirer
pour i'ornicr le coeur et i'csprit des t'levesqui out le
bonhe.>r d'etre confies aux suins de co maiue si re-
couiuianclable.
(5) Dans les v^ers sdniccioli I'accent du dernier
mot est loujonrs plar^ sur I'snff^penulticme de la (in ;
et ce dernier mot, qui a cet accent sur ran(e[)(^nu1-
ticme , r^pond ainsl au dactyle grrc ct latin. C'est
a tort que Varclii attribue a Sanuazar I'invention de
ces vers sdniccioli. Voycz Muratorl , dissert. 40,
p. 280 , t. II , parte 11 de ses Dissertazioni sopra le
anlichitd Italiaue ^ in Roma^ 17^5, in-8.°.
(6) L'ing^nieux M. Codrika, Atheaien , secretaire-
Langue grecque. 47^
drof^nmn cle I'ambassafleiir de la Porte 0<foniane a
Paris, fait connoitre I'ctat present cle la litK-ratme
cliez les Grec:?, dans saciirieuse ci. inleiessante pie-
face de sa Iraduclion rn grcc moderne des E/j/re-
tiens sur la. P'jtralite des hlondes de FoNTENELI.E,
avec des notes dii tradnctenr : 'Of.ixim Trtfi tiM^vos
xc(r/itay1S y.vfiis *o^7£v'£A , Vienne ^ ^794 1 in-8.°. H s'e-
tend fort an long sur la corruption , siir les delauts
et siir la pauvre!^ de sa langue, et assure, p. 19
de sa pr^^face, cj.ie cet idiome corrompa renftrme
a peine assez d'e^pressions pour rendre les id^es les
plus commnnes et les plus familieres , tt qu'encore
il est oblige d'en emprnnler la pins grande partie
chez les <^l rangers , sans savoir se les appropiier ef
les naturalise!. M. Codrika appclle , ibidem ^Ji. i6,
le grpc vnlg:.iie , un avorton barljurc ^Jniit de I'unioii
de I'umic'ii grcc et de Li langue luiine , et f ncO' e alt ^-
r^ depr.is parl'allianre du diiileite v^niiien,7o ^''t^Z^at
ticj i>(i<iiitx ^ Tw f4i^o/3tifCxpot >.'.y<ifiivy,v ^iLXitClcn. C'ebt ,a]OUte-
t-il, ibidvm , p, 18 et 19 , j/n melunge inonstritruvo, unc
Joule d'ed'pressions el de Icuriiures etrangcres. Nous
igiwo'is pcur III ptiipciit , si lea Grecs aiiciens cu'Oie/it
des e'quit-idens dans l&iir langue ; et quand ineine nous
IrouK trionsd<.-stcrinescorrespondans,nonsnepourrions
pas les enip'oycr , parce que le pliib grand nombre des
Grecs ne nous entendroil pas ; el tons r.eroient clioques
de la nnuvraute de i csea-jiressions insol/les : ro ts^xiZ^is
ix.'.ivo Knafcec , i7vy.f4iyrcv , a>s Kumat , v.-ao ctc:(po^^s >c^ 7;eXvar(y.\ss
/£?£(?, Con-mcnt done [)ourra-f-on croire que !ps Grecs
moderncs ont conserve lancienne prononcialion dans
loute f=a pnret^ , et qu'elie consiste ii prendre I'ac-
centuatlon pour senle et unique regie, sans songer
a la qtiantite des syl'abes ?
I.e docte M. Spalding a blen raison de dire , p, lo
• de la preface de son edition de Dernoslbenis ora'.io
in Midiam , Berolini , 1794, in-8.° : >• Ea gramraa-
•■ ticse pars i\\.\^ ad pccenfus ptTiinet, negiigi r.e-
« quaquam debet, lanieHi prcnuncumdi legem fa-
<• cere accenlus perniciosibiimuin fucrit. AJiena er.im
" sunt, ne quid gravius dicam , cjuoe disputautur a
474 Lifterature,
« mipero f^rammadcre giaecae auctore , ( Griecliischo
" sprachlfiire vou Itluie , Hanib. 1791 , p. l5,)bar-
« bariem exprobran(e, si qiiis tirones cogal qiian-
" tilalis , eiiain in omtoribus et historicis legendis,
m rulionem habere. » Les Anci( ns troiivoient le moyen
de concilier dans leur pronoiiciation les regies de
I'accentuation avec celles de la quanlite. Je conviens
que nous avons perdu ce secret, et qu'il ^toit diffi-
cile : mais aiissi jc repotidrai qu'il ne nous est pas
aisd de pronoucer le chinois, et d'apprendre a bien
chanter. M. Spalding continue ainsl , pag. 11:" Ipsi
" accentuiim rcclie ralioni solet officere hie qui eliam in
• doclis rcpcrilur, qiianlilatis grcEcce uegleclus. Cujiis-
« modi aliquol vitia etiain in nostra. cralione ah edi-
« toribus admi.'-sa , lacilus sustuli , lit uTrdlia-cij ^ iiijini-
«• tli Uin , pro a.-R olia-^ , ■z.u^^ovcIjI , pro ■ZTd^^iJVa/ly etc. , etc,
Jean Walli^ avolt deja dit dans Ja preface de son
edition dej CLntclii PtolenicpiHariuoincontm libritres ,
Oxonii , 1682, in-4.°. » Vox KPINAI ^ quce aliqito-
■ lich uccurnl , cndivum alii scribere solent xpi'vrtf, alii
tc xpoeff ( avec- I'accenl. ciitonflexe ') Ego posterius
" relineo^ quuJ hi-y h brum pio vocali liJiigJ ; qiiippe
•• horum aoriaiorutu ptiuui.inas long.is esse docetit
" grunimalrr'i y etiuin iiiin pcriii'iima fiifini bre^is est,
- lit (pwa , ^u,vai , 'i(pyjv.''.. Coi tra verb ^hkmuvki rclineo y
«« iibi cod turn alii ^itx.vZvof.1 hobcnt , quia sic scribi video
« injiniiiws verboruui in Ml •> Voyfz !;• qranimairiett
grec donne par M. Hermann , p. 482 de la premiere
partie de son \.x&\\.^ de etneiidandd 1 alione gi cFi.a grani-
maticcE , Lipsite , 180T , in-8.°. Le nieme crilique dit,
p. 80, L. 1. c'liap. XXII de son ingenieux liaite De
vietris pas/arum gicecanim et romanciuin , Lipsia ,
1796, in-B." : " }fon est exitimundum , vertz sylla-
« bar inn mensurcE, tain p.irum in ccminuni sermone
• rationem habitamfuisse , itt ea prorsits negligeretur,
" Immo ilLi evprinii omnino debuit , ne inlolerabdis
" plane proniiiiciittio'/i.'- durities alque aspertlas existe-
" ret , qua nunc qui grceca ad solos nccenlus legunt ,
» suavissiniurn linguuni contaminant. Sed accent ui
• tumea sua vis munebat. Itaque quoties aliquis a
Langue grecfjue. 476
«• sjlldbarum viensuni profecliis iclus evm qui ob ac-
« ceiitu ii.iscitur mil aniccederct , aut scijuiretur ^
" uterque exprimcbatiir , sed is qui prior esset , Vflie-
" ineiilius. Sic^ verhicaiiSii , neqiie e sjUabniiim mcn~
» surd UTse^.f^t , auriKU , sed vtroqiie iclu < nnjunclo ,
" tinatct , uuTiKd proiuinclabdlur ^ ita quidem ut prior
" iclus paiilo fort iits uudirtiir, Endeni tv.odo itos di-
<• c/n.us iinschulclig, langsanier ; et Rom itti qutpdinn,
" ut e\intle ; c'c quo voculm 'o Servius od /Eiicid. 1. Vl^
" V. 7^3 : ExiNDE una pars oradonis csf , etiiiteitia
" a fine ftcceiilnni habel , licet peivjltima longa sit:
«• qnoj icieo faclnni est , \A ostendeteiur una pars
«• esse oialionis , ne piiejiosiii jungeretur adv ibio ,
« quod viliosnm esre uon di biuni e>-t. >• Coippaiez
anssi Ics obsei vaiinns de ce giand ciitique , 1. i , c i3,
p. 6o et suivantes , De eiiu'iidondd ratione giCFCce
gramma licce ^ purs prima ^ LIpsiae , 1801, in - 8.°
JI exprliue a'nsi son a\ersion pour !a piononcia'ion
des Grecs iDodernes dans ce deinier oiivrage, !• i»
c. 12, p. 5 : <• llioruni senfemla qui cum liodier-
« na grircae linguae pioniincialione \rferem couspi-
« lasse putant , iiieriio ita jam a viii.; doclis con-
« leinpta est , wx , si q'lls bodieeam defendcre audcat,
" ridcndi.iii !-e ac despiciendiim pr.-jebere \idprelur. »
]\Jais uii tics-grand n()nd)re de monuniens dela Gicce
nous pronveque, si la prononciation \ icicuse dt sGrecs
modcrnes li'e.-it pas I'an.'ique, (lie est dii ireln» beau-
coup plus an( ifiine qu'on ne le pense coainnui^ii ent.
Les nuances fir.es, les niodificitions delicales de la
vraie prononciation nous ^cbnpjirnt , comiue aux
Grecs nodernes , ef sent effiict'cs depuis tres-Iong-
tenips, Les Grecs anciens ontpicinonce diin're ninient
a diifc^renies ^poques. II en est de m^me des Francois,
couinie le dcoionire Henri F.lienue, c. 28, \>. 29
et suiv. t. II de son Apoiogie jiour JJcrodo/e , e'dition
de Le Dut/iat, la Haye, 17.35 , in-8.", II s'eleve sur-
tout , p. 29 , contra I'usage qui coniiiiencoit alors a
s'introdiiire , ef qui a ensuife prevaiu, de prononcer
Jiaiicois^ comme si on ecrIvoity/Y///ce.'?. Nous disons
' encore en parlanl des peuples plus eloig'.ies , dont
'^yS Litteratiire'
nous avons molns souvent occasion de parler, le*
suedois , les clai:ois ^ Ics c/iiiiois , ft nous prononcons
ail contraire \e3 fiances ^ les ungles , Ics hnl'andes ,
lespoi/nje's , etc. Voici les parole;^ dont se sert Henri
Etienne, I'lin des premiers qui se soient occupes de
la Grammaire francoise: ■• On a veu nnc secle de
" certains contiefaiseurs de petite bouche , qui fai-
" sans conscience de d\re francois '^ anglais, di-
« soyent fiances, angles. Et encore pour le joiud'Iiuy
« se trouvent des courtisans qui aiTecfent ceste pro-
« nonciation , s'accomraodiins en cela a quf1{]ues mi-
• gnardes, et non a la raison. Car il est certain que
« ceci est venupreniierement des femmes qui avoyent
«' peur d'ouvrir trop la houclie en disant /r<^c//co/s et
" oKglois. Comment qu'il en soit , je ne pense point
« que ni elles, ni les homnies qui les ensuivent , puis-
« sent rendre aacune raison de cette prononciation,
« non plus que la damoiselle savoysicnne eust peu
« rendre raison de son chanter magiiifiqitet , qu'elle
" difoit pour c\\s.nUt magnificat . pensant dviter le
« vice de son language nature!, qui est de lucttreAau
«• lieu du E.Etne peu vent ces uiignards etmijrnardes»
« all(?gucr pour defense la langue itaiienne , en tant
" qu'elle dit //■iv/zc^'ic, et//fi/?cri/, sinonqu'ilsveuillent
«• falre ce tort a leur nation , de dire qu'elle ait appris
" son nom des Italicns." Le meaiel-lenri Etienne dans
sa Rcnionslraiice atix aitlres courl i.s^rns ^ amateurs dw
y^rancois Italianize' , a la teSe fie sas deux dialogues dit
nout-eau langageftancois ilalianize. Paris, i SySj in-8" ;
lEt de la vient, 6 courtisans ,
Que ce mot FRANCOIS desguisans
Par tressotte tnignarderie ,
Aimez mieux que FRANCES on die I
Pourceqiie ce serolt pecker ,
La Louche sucree fasclier
De niadame^ ou madamoiseUe f
Et fout s'accommoder h elle.
Si tant vous aimez le son doux ,
Kestei vous pas bien de grands fous ,
Langue grecque, 477'
t)e dire CHOctE , au lieu de chose ,
De dire rocsE , au lieu de pose ,
Et pour TBois Mois , dire xaoAs moas ?
Qiiant a ce dernier article, void les expressions
du iTieme Henri Etienne, p. 48 de se^ Hjpomneses de
gallud lingiici , peregrinis cum dlscentibiis necessaries ,
qiiepd.iin verb I'psis elLim Gallis inuUumprofuturcc, au-
tore Hctir. Slepfumo , qui et gallicanipcilris siii gram-
matic'ii adjunxit , Paris , i582 , in-B." : ■• Ad ilia quod
" attinet mois ^ f^^'^ t trois ^ pots ^ monendus es
" de quadam ineptlsslma eoruni, allorumque hujus-
" modi, pronunciatlone, quasi nimirum Uteris Oet
" A in diphllionguni coeunlibussciiptum esset, 77zort5,
» foas, troas, poas ; itaenhu non pauci errorem vulgi
•1 (Parisini praesertim ) sequentes pronunclant. - An
contraire, maintenant Jepeuple de Paris prononce le
mot de Joi comme celui de fouet. II pretend ibidem ,
p. 47 , que fict et lo) , en dorique , pour iro) , doivent se
prononcer comme les mots Francois moi et toi , qui
ont la meme signification. Unepreuveplus r^cente du
changement de la prononciation francoise , c'est que
plusieurs mots qui rimoient fort blen ensemble dans
les meilleurs poetes du siecle de Louis XIV, n'ont
plus aujourd'hui la meme consonnance. La pronon-
ciation de la langue grecque , qui a ^te parl^e dans
une si grande etendue de diveis pays donl le dialecte
^(oit difl't'ient,et pendant un si long espace de temps,
a da subir les memes variations, selon Its sieclcs et
les lieux; et c'est une remarque a laquelle on n'a
pas fait assez d'attention , quand on a dcfendu la
prononciation de runiversitt- de Pails, ou celle des
Grecs moderncs, avec tant d'acliarneracnt et d'into-
lerance, comme si le saiut dcs muses grecques ea
d^pendoit.
(7) Un isculpteur avoit grave de meme , sur uti
marbre , kaaots au lieu de KAAAOTS, dans ce vers
d'une inscMption sepulcrale:
AEIi-ANON or KAAOYS OT SO'I'IHS nEAETAI.
478
Litlerature.
Le savant Brunck, qui a redonnd cefte inscription,
t. IH, p.,3o7, n." DCCXVJII de %^%AnaUcia, sub-
slhue EIAOTfS a KAAOY2 , et insere dans son texte
cette collection , sans avertir le lecteur dans ses
cotes:
Mais M. Visconti, n, G, p. 8i de ses Iscrizioni
Greclie Triopee ^ in Bomu ^ ^794 7 ( ^t d'apies liil,
]V1. Floriilo , p. 118 de ses Herodis Anici qu(B siiper^
swU , i.jpsitr , 18'Ji, in-S." ) retablit ainsi la vrale
lecon de la manlerela plus heureuse , ea redoubiant
le tiimbdu :
La pronnnclation seule ^to\t la cause de cette faufe,
ainsi que de brancoup d'autres. Valckt-naer, p. 277,
c. XV, de sa. Dnilrilie in Etiripidis relicjuias, Liigd.-
Batav. ijdjt observe qii'uneile» (rois sources les plus
communes des eneura des oopisfes, qui en ont tant
comnii ses, c'esl de n'a voir (^crit qu'une seule des lettres
redoubl^es qu'il fdlloif meJIre deux fois de suite
I'une apics I'autie. M. HiiUemann, p. 28 de sa Corn-
mc/i/criin Etirip/dea ^ sen Prolegomena ^ a la teie de
son edition de la Irag^die d'lon d'Euripide , Leip-
sic, 1801, in-S.", dit que cette omigsion est tres-
comniuue dans les ediiions d'Alde t^t de Basle, de
ce tiagiqup. Feu M. Bernard, savant ni^decln et
critiqje , p. 10 de la preface de son excellente edition
de Theoph'.inis Nonni Epil ouie de curat ion l' inorbonim ,
grceie cic Litine ^ Golliae, 1794 , in-S.", cite plusieurs
exemples de I'usage des coi)iste^ , qui liletas gemi-
nare uegiguni, Cet homme si habile nVu auroit
pas ^i^ suipiis, s'il avoii coiinu la [irononciation des
grccs niodcrnes ; et , s'il avoit su leur langue, il n'au-
roit pas fait celte note , p. 44 de son edition de Psellus
de Liriduin v.rlut:bui , grace ac laiini"\, Liigduni-
Batavorum , 1745, iii-8.° , sur res mots d'un auteur
anonynie qui iraite de la coulcur du sang , ft' ^\
■uroiHS-u ixafdy r\sliifltv vyfoy, us npy j k. r. A, <i Vidcnnt
Langue grecque. 479
• me doctinres quomodo h(Pc vox nfei , liaxid diibi^
" corrujita , rec/e emeiuLiri queal '. conjccturus mihi
M siihiiutas J cunt I'p.^e ens noii salis pri bent ^ malo
« reticere » Ntpov en grec vulgalre signifie Veau; il
s'agit done du sang aqueiix.
(8) A Naples , dans la biblloth^qne de Sainf-Jeaa
deCarhonaiH, on trouve im raanjscrit de colon,
du treizifme si^cle, rjni lenfermc L)cophron , d'au-
tres opusiiiles , et un scholiaste in^dit siir la Tix^i)
r/^f^f^ctUm de Denys de Tin ace, donf I'infortun^
Baffi lu'avoit fait passer a Vinise , en 1781, quel-
ques extracts, avec un Lexique giec t^g^alement in^dit,
et peu in»port.uit , le sen! manuscrit grec qu'il eut
troiive dans son voyage eo Calahre, avant !e tremble-
ment de leirede 178!^, si fatal a cette belle contr^e.
Ce scliolias(e confiime le sentiment de Denys
d'Halicainasse , et s'txprime en ces terraes : ftutcfu
yi'.yClcfjflo H y^'^ic €1 , as naptc reis •ara^aiois h eiTS^Xanovi xj^'f
»Sw fipet^i&iv iK(pmoif/,ivci. 6(1 ^i TO H /ttev iK(pm5yl» , fi>ixiy(tt
lu p'ftAr , a; cTti 7»!» ^<v« , J^ Vov -zraiyojKis* a to }(c^ \yofioitTJi
f/.UKfo, eittci , af fiyiKuvofialiiiv 'i7ci(f)anta,y raiv <pa»jli>ioiy opyavav,
Au contraire Hetmogene dit de Viota , De formis
vriUnins^ 1. 1 , c. 6, p. 284, edit, de Geneve, 1614,
in-S.'l^oI K'i'f^K (TJ^viiv ■z3-o;«7«» Ae^iv srAsava's-a>* <rv?'i>l.lt yua
ftec^iKOV , t(^ iriJ^civccf aroio, Stoyx-ol a\ idufiaslo a-lif.x. Aussi
Q.intilien ( 1. IX , c. 4 , p. 462 , ^dit. Gesner ) dit-
il que le son de I'e est plein , et celiii del'l (?(roit,
resseir^ : E plenior li/rra at j I aiigustior. Que pen-
ser dune de la prononciation dcs Grecs modernes , qui
ne lont entendre que ie son.de Viola ^ ipios exililas
snni di'lectare ctrpil ^ pour rue servir de I'exprcssiou
de Veliijs I.ongiis/^e oit/iogmphid (p. .2216 desGrcm-
ii>^iticc?hit.iia: aiiiores anliqtii ^HaiunUi: ^ i6o5 , in-4.'')
el qui dontunt line nionot nic Ins ippoi (able a lalan-
gire i\nr.{ rhainionie c'loit la plus vari^e ? C'est ce
qui fait diie a Mekerch , "' dan. sou Irall^ Vc veleri et
l\'ci:i proiiu/icu.t one I ini^uce graces , c. 4 , p. 17 et 18,
de la .\^ llogc scrrp/oriun qui de lirguce grce(<z vcni
let recta pronu/iciatione conwienturius rcliqueriinl ,
480
Liileralure,
Lujduni-Balai'onnn , 1786, in-S." : « Nunc Verb In.
•• Uh'iis soninn multCE vocaliiun et diphihongnrwn
" Vi^rietales intraduntur : ita ut muLtititdine scripiurcB
« coii.fuiidulur soiius , repetllione soni ohtundiiiur
« lingua; nee auris , nee mens, vocaliuin significalio-
" nein printd f rente possit adsequi. J'al remarqu^
dans les colleges grecs de Patuios, du mont Athos,
de Constr.nliuople, deSmyinc, de Mycono, etc. que,
graces a la piononciation moderne qui confond toutes
les voyelico , I'^tude si difficile de I'orthograplie ab-
sorbe la plus giande partie du temps destine a I'etude
du grec litteiai. Voyez la rg^.,«^4«7<x>) 'E^>jv<«»^4)(ti«V«i« ,
^(S*iX^^oiliss X'-'-vovdi lis 'y^fiu.c^ix.i; ^ y^ lit ophy^^:as ,
'Joo-a-i lijg 'E>l,riViy^s 'cirn njf^ li; ccT^Xifs ^luX'iKJiS , donnee
en giec vulgaiie a V^roiie, en 1782 , in-8.°, par le
savant et verdieux P. Benoit Credo , Jesuite , qui
ni'avoit fait present de son ojvrage a Scio , et niourut
depuis a Susyrne, de la peste qu'il avoit gagn^e en
.assistant les nialades. Adolphe Mekerch continue
ainsi p. 18: » Tunla eat cnim sonoium inter sese in
,» Uteris, dijdithongis y syllabis et dLctionibiis diversa
" significant il)iis , simiii/iido , lit omnia, scateant si'
," iniliter cadtntibus , plena sinl obsciiritule ct am-
€c phibofogiis , nihil audias nisi woAu luloi, uut potiiis
.« perpcluiim quenidum iJlci;uj-^'cv ^ vet infantium va-
« gientium vocem qnam in moiem I litermcjfeTiint :
« cum tamen inilla alia linguu iiiaj'orcm tiabeat in
" sojiis varictateni el elcganliani quant hcpc. •• Cora-
paiez aussi ce que le nieme Mekerch dit ibid. p. 82,
33 , 40 et 41.
Un anclcn critique , dont le scboliaste d'Aristo-
pliane nous a conserve un prt'cieux fiagmenf sm* Je
.3i.™' vers des Nuecs ^ pronve.qiie les grrcs ancien?
ne prononcoient pas 1't coninje i'l , on I'Jill , a la
.maniere des grecs modernes- Aristophane designe
sous le nom.d' a' fi-jyUs y tin Archoute qui s'appeJoit
'A/'Aivicci y oil plutot 'a;k«kW, seloii Atlieaee, Diogene
de Lacrte, et le scholiaste de Lucien, cites par M.
Hermann , p. Vi63 de son ^dilioii iiesNu^cs, Leipsick,
3799, in-o.°; parce qu'il etoit defendu a Atlicrves
de
Langne grecque. 481
de j'ouer.un Archonf e sous son vrai nom. C'est le sola
d'^ludcr cette lol qui avoit foic^ Arislophane de dire
'Aftuvi'u; ^ au lieu d'A'ttwvi'aj , ou 'Aft-tnlus. Comparez la
note de Paulaiier de Grentemesnil , p. 5i de I'^dit.
<le Kustcr.
(9) Ce passage d^cisif, dont on n'avoit pas encore
fait usage , confirme cette partie du systeme de
Lennep. Yoyez ce qui est dit du pr^tendu paulo-
fostfutur^ p. loi et suivantes, de la J. D. a Lennep
Analogia lingiiCE gra-ccz , Ullntjccti , 1779, i^^S." 7 ct
p. 404 et suivantes des L. C. Valtlienaerii observa-
tiones academiccB , et Jo. Dan. a Lennep prce'ectiones
Academicos de analogid lingua: grcBcce , de I'^dilioa
de feu M. Evrard Scheidius, Utrecht, 1790, in-S."
Comparez aussi les notes de Picrson , p. 128, 124
et 298 de son (Edition de Moerls Attitista , ou il
observe que ]es Attiques aimoient beaucoup cette
forme^ et I'employoient souvent pour \esfuturs passifs^
et plus rarement pour \esjiiturs inojens,
(10) Voyez sur la signification de <ru.7:^oi Lvov, via
vieux y la savante remarque de Pierson , p. 352, et
353 de son edition de iVloeris Atticista, Leyde,
1769, in-8".
Tome r. Hh
BOTANIQUE.
Description dcs Plantes jwuvelles et peu
I con tines , cultivees dans le jardin de J. M.
Cels J avec figures J par E. P. Vejsite^
NAT J de VInst'uuL national de France y
Vnn des conservateurs de la Bibliollieque
du Pantheon. Sixieme livraison. De I'im-
primerie de Crapelet. An 9. Se vend^ h.
Pan's, chez V^ntenr, a la bibliotliecjue du
Pantheon; Barrois J'aine , libraiie, me de
Savoie; Garnerj , Ilbraire , rue de Seiue;
Fuchs , libraire, rue des Mathurins; M.°*
JI lizard J libraire, rue de I'Eperon.
JriDELLES au plan que nous nous sonimes trace
dansce Journal, nous allons confinuer de faiie con-
iioitie les plantes interessantes que le C. Ventenat
s'occupe si constamnient h. d^criie.
i.° Bejaria racemosa, Le genre Bejaria a et6
etabli par le cdebre Mutis , botaniste espagnol ,
r^sidant a Santa-Fe-de-Bogota. Linnseus a qui il en
avolt envoy^ le caractcre g^n^rlque , ainsi que la
description des deux especes , avoit lu Sc;y^/w, au lieu
de Bejaria. Le C. Ventenat a refornie cette erreur,
d'aprt's I'avis qui lui a 6t6 donne par M. Z^a , I'un des
plus savans disciples de Mutis. L'espece d^crite dans
ce sixieme fascicule esl oiiginaiie de la Fieri de ocd-:
Melanges. 483
denlale. C'est un cliarmaut aibrisscau qui sVleve a
un mede et demi. Ses grainesont (;t^ rapport(?es par
Bosc , du javdin botanique de France, a Charles-
Town. Ses fleurs, d'line legere teintepurpurine et de
la grandeur de cclle de ]a pervenclie, forment une
grappe simple au sonimet des rameaiix. On ^toit
incertain sur la famille a laquelle il fallolt rapporter
ce genre. Le C. Vcntenat a prouve , par la structure
de son fruit , qu'il appartenoit a celle des rosages.
II a verifid dans I'herbier de Donibay les ^cvNJs^x
oblouga et lanceolata du Sy sterna veget.flor. periiv. ,
et il a confirni^ robservation d^ja faite par M. Z^a ;
savoir,que CQs deux esptces ^toient absolumcnt les
memes que les Bcjaria ccsliians et rcsinosa de M.
Mutis.
2.' Pbttevma pinnata. Cette espece que Bru-<
guiere etjOiivIer ont trouv^e dans le Levant, esther-
bacee et bisamuielle. Les anciens botanistes lul don-
noient le nam de Petromarula qui signifie laituc de
pierie y parce qu'ellc croit snr les murailles , qu'elle
est'laiteuse et employee aux nienies usages que la
laitue culliv^e. Ses feuillessont aileesj ses fleurs, d'uii
bleu d'azur forment une grappe composee au sommet
de la tige. Elle jjaroit s'eloigner du genre auquel
Linnaeus I'a rapportee, par les filets de ses (^tamines
qui sont dilates a leurs bases, et par le stigmate
qui est en tete. Le C. Vcntenat qui ne neglige au-
cune des particularit^s qui peuvent rendre ses des-
criptions plus completes, a observe qie les fcuilles
s^niinaies du PsrrEVMApi/iiiafa , tloient oppose' es ,
anondies , presqu'entieres ou peu dentees , et assea
Hh a
484 Botanlqucl
semblables a celles dii Viola cdoraia de Linnaeus;
3.° Verben A stTicta. Cette espccc , line ties plus
belles dii genre , est reuiarqiiable par ses ligrs droiles
et roides , h^rissees de polls rudes au touclier, pres-
que simples et gafnies dans loute leur ^tendue , de
fej^illes droltes , ovales , denf^es en sole ^ tres-vtiues
et blanchalres.Les fleurs, d'nn bleutirant surle violet,
forment au sommet des tigesoudes rauieauxde longs
^pis. Elles sont accorapagndes de bractees qui sub-
sislent et qui font paroitre les epis tres -velus. Cette
plante, d^couverte par Michaux dans le pays des
Illinois, augmentera le nombre des especes employees
a la decoration de nos Jardins.
4.° Achillea imhricata. Ce joli sous-arbrisseau
a une'tige droi(e , cylindrique , flexible et recouverte
d'un duvet cotonneux et blanchatre. Ses feuilles , de
la meme couleur que les tiges, paroissent simples,
cylindriques et h^riss^es de tubercules disposes sur
six rangs ; mais elles sont reellement composdes ,
comme ou le voit en les considerant a la loupe,
et formees de folioles cparses sur un axe commun ,
se recouvrant mutuellement , comme les tuiles d'ua
toit , et divisees chacune en trois lobes. Ses fleurs
sont portf^es au sommet des tiges et des rameaux ,
sur de longs p^dunculcs solitaires. Cetfe espece a du
rapport avec V Achillea sanlolina ; mais elle se
distingue ais^ment par sa tige mojns rameuse, par
la forme de ses feuilles, par ses p^duncules a une
fleur , et par ses demi-fleurons beaucoup plus nom-
breux.
5.° J AS MI IS uu ghtiicuin, Annoncer une nouvelle
Melanges. 4^5
espece de Jasmin , c'est designer aux amaleurs et
aux curieux une nouVelle plante d'orncmcnt. Cclle
qui est dccrite et figur^e par le C. Venfenat , a 6tQ
d^couverte par le c^lebre Thumberg , au Cap-de-
Bonne-Esperance. C'est un arbrisseau qui ne s'^leve
qu'a neiif decimetres, et qui se distingue ais^aient
des autres especes connues et cultiv^es , par ses
feuilles simples , en forme de lance, et d'un vert
glauque. Ses fleurs , grandes comme celles du Jas-
2dlNVM officinale ^ d'abord d'une l^gere teinte pur-
purine, ensulte d'un blanc pur, lorsqu'elles sont
parfaitement epanouies, r^pandent une odeur suave.
II fleurit diirant foute la belle saison , et se multiplie
ais(?ment de marcottes et de boutures.
6.° PoDALVRZA australis. Lamarck a divis(? dans
les planches de ses Illustraliones generum^ le genre
SopvoRA de Linnaeus en trois : savoir, SopnonA ^
PoDALi'RiA , et ViRGiLiA. Quoique les caracteres
distinctifs de ces genres ne soient pas encore ^nonc(?s ,
soit dans le texte du dictionnaire de I'EncycIopedie
m^thodique J soit dans celui dts Illustraliones ^ ils
sont n^anmoins trts-faciles a reconnoitre d'apres les
plancbes de Touvrage cit^. Le C. Ventenat a ^tablL
ce caractere dans son tableau du regne vegetal ; et
dans le fascicule dont nous rendons compte. II a
rapporfe au genre PonAzritiA , I'espece nommt^e
par Linnipus Sophora amtralis. II n'existoit encore
aucune description complete et aucune figure de cetie
belle plante. Elle est heibacee, vivace, et e!!e pousse
quelques tiges cylindriques , striees, reconvenes d'une
poussiere glauque , et entourees dans leur parliettt-
H h 3
4^6 Bolanique.
fei ieure de la base subsistan(e des p^^tioles. Ses feullles
sont tern^es , p^tlolecs , et miinies de longues sti-
pules adhi'rciitej a I'anneau qui est form^ par la
base dilatee du petiole. Ses fleiiis, d'un bleu fonc^,
iiaissent en giappe au sonimet des branches et des
lameaux. Ses fiiiits sont des gousses realises comme
dans le genre Crctalaria.
7." Lotus gebelia. Cede nouvelle espece de ](?gu-
mlneuse provient de graines rapport ^es d'Alep , par
Olivier. Ses fruits fournisscnt aux Arabes un aliment
de bon goiit et ties-nouirissant. II est probable qu'elle
r^ussiroil dans nos d^partemens m^ridlonaux; et 51
seroit d'autant plus utile de I'y culliver, qu'^tant
vivace, il ne seroit pas n^ccssalre de la semcr tous
les aus, de menie c[ue nos pois, nos haricots, etc.
Cette espece se rapproche par qiulques caracteres
du Lotus arakicvs ; niais elle en dIfFere surtout
par ses tiges presqne ligneuses, par la forme de ses
feuilles , par ses fleurs blanchatrcs et v( inees de
rose , et par des biact^es coinposees de Irois folioles.
/Elle a aussi beauco ip d'affinite avcc le Lotus adulis^
mals tlie s'cn distingue ais.'nient par ses tiges qui
sont glabrfs , par ses fleurs qui ne sont point de
couleur jaune , et par ses gousses qui ne sont point
courbees.
8.° HrPi^RicuM triplinerce, Cette espece , par-
faltement caractt^ris^e par ses feuilles lineaires et
relev^es de troii nervures , dont deux lat^rales nais-
scnt au dessus dc la base de la nervure moyenne,
par ses fleurs dont les calices et les petales sont hordes
de glandes noiratres , a ete trouv(;e par Michaux siir
les bords de TOhia.
1
Melanges. 487
9." SalP'IA compressa. Le nombre considerable
des especes dont se compose le geme Sal/^xa , de-
terminera sans doute un jour les botanistes, a adop-
ter les irois divisions Stabiles par Toiirnefort, savoir:
Sah'ia , Sclarea ^ et Horinininn. En attendant que
cette r^forme soit adoptee , ceux qui publient de
iioiivciles especes, dolvent d^crire avec soin et figu-
rer avec exactitude les parties de la fleur qui ont
autrefois servi au c^lebre botaniste francais , a ca-
rac((^riser ces trois genres. L'espece cjue public le
C. Ventenat m^rite surtout, par la beaute de ses
fleurs , d'augmenter le nombre de celles qui servent
a I'ornement des jardins. Sa tige qui ne s'eleve qu'ci
trois decimetres, porte des feuilles ovales , oblon-
gues , obtuses , cr^nel^es et extr^niement ridges. Ses
lleurs, d'un bleu tirant sur le violet, et parsem^es
de points dor^s qu'on apercoit ais^men£ a la loupe ,
forment au sommet de la tIge un panicule serr^
et presque globuleux. Elles sont disposeespar ver-
ticille dont le sup^rieur avorte constamroent. Les
bract^cs qui les accompagnent sont tres-grandes et
de couleur purpurine, Le calice extremement com-
prim^ est divis^ en son limbe, en deux levres : la
superleure est a deux divisions ovales entre lesqnelles
est plac^e une dent courte : I'in^^rieure a la forme
tie la levre s'lpt'rieure ; mais elle est d(?pourvue de
dent. Cette belle espece a ^t^ trouv^e par Bruguiere
et Olivier sur la route de Mossoul a Bagdad.
10.° u^NBRoMEDA cassiiipfoHa. Les planfes de la
famille des Bruguieres , et surtout celles du genre
uiiidromeda , sont loutes employees a la decoration
Hh 4
48S Botaniquie.
des jardins. L'dl^gance et,lVclat terdoyant de leur
feuillage , la beauts de leurs fleurs , les font recher-
cher avec lalson des amateurs. Celle que le C. Vcn-
tenat public sous le nom ^Andromeha cassine-
folia n'intt'ressera pas seulement les cuUivateurs par
le m^ilte de la nouveaute. Cct arbtisseau decouvert
parMichaux dans laB'loride, etcuhiv^ depuis trols
ans , cliez Cels , de gralnes rapport^es par Bosc , a
une lige droite, rameuse , feuill^e et haule environ
d'un metre. Ses feuilles rapproeht'es , ti es-ouvertes ,
droites , sent coriaces , d'un ycrt fonce , et elles
subsistent pendant I'liiver. Ses flours, d'un blanc de
lait, naissent en groupes dans les aiselles des feuilles.
Leurs pt^diculcs sont d'abord recourb^s j ils se re-
dressent ensuite a mesure que le fruit se forme ;
I'espcce ^* Andromeda qui a le plus de rapport avec
celle designee par le nom de cassinefoUa , est X'An-
DliOMEDA mariana de Linnseus. Mais, diJns cette
derniere espece, les corolessont ovales-cylindriques,
et les feuilles sont entieres. Le C. Ventenat nous
apprend que V An dromedA pultendatu mendonnee
dans le Species plantartim i^e M. Willdennow, n'est
qu'une vari^t^ accidentelle CieV Andromeda cassine-
foUa.
Ce tableau succinct que je viens de tracer des dix
plantes qui composent cette sixieme llvraison , suffit
sans doute pour prouver qu'elle ofFre tout I'int^ret
des prec^dentes, J. L. Alibert.
LITTER AT URE ORIENTALE.
Paris J 33 nivose an lO.
VoULEZ-VOUSbien, mon cLerMillln , donner iine
place dans votre Journal a la lettre ci-Join(e , que
m'a fait I'bonneur de ni'adiesser M.Akerblad, dont
les rares talens et la vaste Erudition ne sont pas molns
connus de vous que de moi. Je suls persuade que
c'est rendre un vrai service aux savans en tres-petit
nombre , qui cultlvent la litterature Copte, que de
publier la d^couverle deM. Akerblad, quipcutleur
^paigner blen da temps, et dep^nibles recbercbes,
si qutlquemanuscrit ou seiilenient quelque note, dans
le metne genre de caractere , venoit a tomber sous
leurs yeiix.
J'di pris la llberte d'ajouter a la lettre de M. Aker-
blad une note sur I'inscrinlion de Rosette , dans la
crainte qu'en j)renant trop litl^ialement les expressions
tres-flattcuses pour moi dont il s'cst servi, quelqucs
savans ne s'imaginasscnt que j'c^tois en ^tat de lent
ofFrir la lecture et rintcrpr^tatlon de I'inscription
segypticnnc que conlicnt le monument dont il est
question.
Agreez , Je vous prie, I'assurance de mon sincere
altachement.
SiLVESTfiE DE SaCT.
490 Litteralure orieniale;
A M. SiLmsTRE DE Sact.
Paris, iS nivose an x.
Monsieur,
LVcriture cursive <3es Grecs <?tablls en ^gyptej
nous est connue par un fragment qni fait partie du
riche Museum de M. le cardinal Borgia, a Veletri,
et qui a H^ publie , il y a quelques annees, par un
savant Danois, M. Scliow (Charta Papjracea grcece
scrip/a Musei Borgiani Veletris, edita a NkolcioSchow,
HomcE, 1788^, II y avoit lieii de croire que les Coptes
qui , probablement avoient deja adopts , sous les der-
niers Ptolemies, les lettres grecques pour IVcriture
oe leur langue, avoient aussi , avec le temps , mo-
difi^ ce caracfere en une espece de leltres cursives^
mais Jusqu'a present on n'a pas connu , que je sache,
cette <^criture cursives , tous les ouvrages que nous
possedons dans la langue des Copies ^ ^tant ecrits en
lettres grecques onciales , auxquelles ils ont ajoutd
quelques caracteres qui leur sont propres pour ex-
primer les sons qui dtoient Strangers aux Grecs. Ce
caractere copte varie un peu a raison de I'anciennel^
des manuscrits, sans cependant se transformer, pas
Kiemp dans les manuscrits les plus r^cens, en lettres
cursives , comme il est arriv^ chez les Grecs.
En parcourant les manuscrits coptes de la biblio-
th(^que natiouale , dans la vue de rassembler tout ce
qui a rapport a I'histoire civile , et h. la geographic
de r^-Egypte , j'ai trouy^ dans celui cot^ n.° 61 ,
1
Langue cople. 491
parml les manuscrlts venus de Rome , quelques lignes
^ciilesd'un caracf ere fort different de I'^criture ordi-
naire. Ces lignes m'ont arr^te un instant; bientot je
suis parvenu a 'es d^cliiflTrer ; et , quoicju'elles necon-
tlennent absoliinficnl rieu de remarquable , j'ai cru
cependant que, sous le rapport de la paleographie,
elles pomioicnt int^resser les savans qui s'occupent
de la litferatnre copte, et uienie servir a les mettre
SLir la voie , si jamais iin manuscrit, dans cette ^cri-
tiire, venoit a etre d^couvert. C'est dans cette vue ,
que j ai .soigueiisement calqu^ ces qualre lignes sur
roriginal ; j'y ai joint la lecture en lettres copies or-
dinaires , avec la traduction verbale a I'usage des per-
sonnes qui sont moins familiaris(?es av^c la langue.
copte , et j'ai I'honnenr de vous envoyer la feuille
ci-joinle, en vous priant, Monsieur, de la coniniii-
niquer aux savans , si toutcfois vous croycz qu'elle
puisse les int^resser.
Ces lignes ne sont qu'une note de copiste qui se
trouve f. 198 du manuscrit indique ,, a la suite
d'une hom^lie de saint Gr^goire de Nazianze. Elles
sont du dixieme si^cle, comme tout le reste de ce
volume. Une souscription qu'on lit en bas de la
meme page, porle la date de I'an 711 de I'ere des
martyrs ( 995 de J. C. ). Une autre de I'an 678 des
inarf. (962 ), se trouve f. i48;ainsl il est trcs-pro-
bable que la note en question a ^le ecrile dans Tin-
tervalle de ces deux ^poqnes. L'^criture a pen de
ressemblance avec celle de la Cliarla Poj-yracca
du cardinal Borgia ; elleest plus belle, plus rc'gn litre;
les lettres grecques approchcnt asscz par leur foruae
49* Lilterature orieniale.
de cellcs de quelques manuscrlts grecs d'un si'ecTe
beaucoup moins recul^ , ce qui confiime ce que nous
Savons par d'auhes monumens, quel'^criture cursive
a exisl^ longtemps avant qu'elle fut employee par les
copistes qui nous ont transmis les ouvrages des an-
ciens. Le monogramme IHC nxc ( J^sus-Christ ) est
forme d'un trait fort complique , et qui m'auroit
peut-e(re embarrass^ , si Thabitade de lire les sous-
criptions des copistes, nem'eut aide. L'article copte
ni a une forme singuliere. Je serois presque tent^
de croire que ce trait , qui n'a aucun rapport avec la
forme des deux lettres grecques qu'il exprime, a son
origine dansl'ancienne Venture des ^gyptiens, Vous
pouvez confii mer ou d^truire celle conjecture , Mon-
sieur, par I'exaraen que vous avez fait de I'inscrip-
tion de Rosette ( i ). Par rapport aux lettres pure-
meut coptps , vous remarqucrez que le -phci et le
chei ne se trouvent pas dans ces lignes, mais que
(i) 1\I. Akerblad a trop bonne opinion des resultats que m'a donnes
jusqu'ici I'examen de 1 inscription trigrammati^ue , trouvee k Rosette.
II s'en faut de beaucoup que les efforts que j'ai falls pour dechlffrer
eella des irols inscriptions qui peul etre appelee tegyptienne ^ ayent
«u un succes satisfaisant. J'ai, a la verile , reconnu plusleurs noins pro-<
pres qui m'ont donne la valeur d'un assez grand nombre de carac-*
teres ; mais , a mon grand etonnement , ces premieres decouvertes ne
tn'ont pas mene plus loin , comme j'avois cru pouvoir m'en flatter. Je
me propose neanmoins de publier incessaniment le rcsullat de mes re-
elierches, dans I'esperance que cela pourra mettre sur la Tole quelques
•avans dont les efforts seront mieux recompenses que les miens. Peut*
etre aussi riiispection du monimient facilltera- t-elle un travail qu«
je n'ai fait que sur des copies prises par les procedes typograpLiques,
mais que j'ai tout lieu de cioire peu exactes. SitvESTHE de Sacy.
Langue copt^. 493
ces deux lettres sont remplac^es par le ^ et le^jgrecs.
J^e bcliei a une forme particuliere qu'on peut cepen-
clant deriver de celle qu'il a dans I'alphabet ordi-
naire. Le Aon est trace de la maniere usit^e. Quant
Sill gjaiiffja il ressemble presque a un B. Le schi'ma
ne se renconlre que dans le premier mot qui est une
abrevia^ion tres-commune dans le dialccte memphi-
tique. Parmi les mots il n'y- en a qu'un seul («nt7<)
qui ne soit pas connu. Je le crois compost de la
proposition grecque<»»«i, et du verbe copte qui signifie
donner. L'arljeclif grec TuXuiTra^os miserable , est ^crit
ici TuMTTcufs par I'habitude qu'ont les Copies de con-
fondre dans leur ^crlture les voyelles et les diph-
thongues qui se ressemblent dans la prononciation:
vu^uItcu^o; est le titre honorifique et bien merits que
prennent les copistes coptes dans leurs souscriptions.
Le noire s'appelle Johannes Macarius; il paroit que les
Coptes avoientquelquefois deux noms. Jetrouve, par
exemple, dans le manuscrit du Vatican , n.* 58, f. 64 ,
le nora d^uncophte Pischoi Aiiub/ilsde Macaire. Ces
cxeniples sont cependant fort rares. Le nom du pere
de notre copiste est douteux ; je crois que c'est une
abrOviation de slccufoyfiaSyJl'ns ., ce qui pourroit signifier
disciple de la cro/o;; composition barbare, mais digne
des Copies qui en font souvent de semblables. Parmi
une foule de nomspropres coptes que j'ai recueillis
je n'en trouve a,ucun qui ressemble a celui-ci. Quoi
qu'il tn soit, I'objet ne vaut certainement pas la
peine qu'on s'en occupe bcaucoup, et c'est par la
pi^uie raison que vous me permettrez de vous faire
grace de plusieurs autics remarques que I'oD pourroit
faire sur cette souscriptiou.
494 Lilterature orientale,
Je desire bien vivement, Monsieur, que I'lnscrlp-
tlon de Rosette , plus digne d'exercer la sagacity
de ceux qui savent le copte , soit bientot publi^e
avec vos savantes remarques. On dit qu'Il en est
question , et certes il est temps que I'on fasse con-
noitre aux savans ce monument depuis longteraps de-
sire, et qui, prubablement un jour, nous conduira
a la connoissance de I'ancienne c'^criture spgyptienne.
On nous fait aussi esp^rer de voir bientot arriver
ici pliliieurs manuscrits coptes recueillis en yEgypte.
Je souhaile qu'il s'en trouve de plus interessans et
plus iuslructifs que ces tristes martyrologes , litur-
gies , hom(?lies, cantiques , etc. la seule espece d'ou-
vrages en Copte que nous connoissions jusqu'a present.
II est probable qu'il existe dausles couvens de I'iE-
gypte des ouvrages d'histoire , de sciences et autres ;
inais il faut savoir la langiie pour les d^terrer parrai
line foule de missels , et de livres liturgiques et as-
c^fiques qui ne nous intdressent que fort peu. J'ai
copi^ a Bome nn fragment d'un ouvrage sur la m^-
decine , qui paroit avoir €\.€ fort ample. Et pourquoi
n'y en auroit-il pas d'autres? En attendant. Mon-
sieur , et jusqu'a ce que Ton d(?couvre des ouvrages
plus importans, je consacrerai quelques moraens a
parcourir ces fastidicux martyrologes, ou je trouve
de temps a autre des noms de villes, de villages,
de nonies de I'^Egyptc , ou d'autres remarques qui
peuvent in!6esser la g^ograpbieet I'bistoiredu pays.
Quand j'aurai termind ce travail, j'en rassemblerai
les principaux rt'sultats dans un m(;moire que j'au--
rai Fhonneur de vous comrauniquer.
Jesuis, etc. J. D. Akekblad,
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E C O N O M I E.
ESQU I SS E d'un ouvrage en faveur des
Pauvres , adressee a Vediteur des Annales
d'Agrlculture , par Jeremie Bentham j
piibliee enjrancais par Ad. DuQUESNOT.
Premiere partie. i vol. in-8.° De rimprim.
des Soinds-Muets, et se trou ve chez Agasse,
lifjraire, rue des Pollevins, n." i8 ; Henrichs,
libraire , rue de la Loi , n.° 288; Treuttel et
Wilrtz , libraires, quai Voltaire. An x.
IjES Merits sur les pauvres se multipllent Joiirnelle-
iBcnt en Aiigleterre; les observateurs y sont eff'ray^s
de Taccroissement slmullan^e etrapide de la taxe des
pauvres, et du norubre des malheureux qui r^cla-
ment les sccours publics. Le recueil des Memoires
sur les elablissemens d^humanite (i) a fait connoitre
en France la foule de projets qu'a produits chez nos
voisins une philanthropic active, ingenieuse , et sou-
vent aidce de la richesse qui permet de joindre les
r^sullals de I'exp^rlence aux speculations de lath^o-
rie. Taut de lumicres repandues sur un point aussi
essentitl , chc/. un peuple au sein diquel les idees
utiles se propagenc eL fiuctifient facllement, pro-
(r) On sait que la piililiralion de ces nii-rnoires tr^duits de I'allemancl,
de Tanglais , de I'espapnol , de litalieii , etc. est due aiiC. Ad. Duquesnoy,
de nieme que cell'' dc I'HisioIre des Pauvres de Ruggles^ •[ de diverl
^uvrages d'ecooomie politique ei de siatijtique.
j^gS EcoJiOtnie,
mettenf la r^rorme des abus qu'elles devollenf ; le
mouvement est clonn^ vers une amelioration gene-
rale, et I'ouvrage -de J. Bentham ne pouvoit pa-
roitre dans des circonstances plus favorables. L'au-
teur n'en a public encore que la premiere partie; la
suite en sera desir^e de tous ceux qui s'int^ressent
T^ellement au bienctre des pauvres.
J. Bentham commence par presenter un tableau (2)
de tous les diflVrens cas qui exigent des secours. II
^toit n^cessaire en effet de constater exactement les
diverses causes de I'indigence , afin de les combattre
de la maniere la plus efRcace , et la plus utile a I'^tat.
L'auteur propose ensuite d'ouvi ir une souscriptlon
par actions d^termin^es et modiques; les souscrip-
teurs nommerolent une direction centrale, fixde a
Xondres , et correspcndant avec les chefs des mai-
sons qu'elle ^tabliroit dans les divers comt^s de
I'Anglcterre. La direction seroit autoris^e h. arreter
quiconque n'auroit ni propriety, ni moyens connus
de subsistance. Les magistrats veilleroient a ce que
I'exerclce d'un droit aussi delicat n'entrainat quel-
ques abus. Les adultes seroient di^tenus, fusqu'a ce
que le pvoduit de leur travail eut indemnis^ I'eta-
blissement des frais de leur arrestation et de leur
entretien ; ils touclieroient en sortant le surplus de
leur gain; on appreudroit des metiers aux enfans.
A ces deux classes , que Bentham nomme indi-
genes, se joindrolent les pauvres valides que la dl-
(2) L'editeur a fait Imprlmer it part des exeniplaires de ce tableau , et
il en a distiibuA k tous les prefcts des depaitemeos, aiusi qu'aux co-
niit^s de bienfaltnuce de Paris.
reclioa
I
Paiivres. j^^j.
Section seroit obligee de recevolr, lorsqu'ils vien-
draient demander du travail ; elle admettroit aussi ,
conime apprentis , les enfans pr^sent^s par leurs
parens ou tufeuri.
Ce n'est que dans I'ouvrage meme de J . Bentham
que I'on peut prendre une idee de la construction
et de ]a distribution du butinient destin^ a loger
les indlgens. On appr^ciera tous les avantages qui
r^sultcnt de sa forme presque circulaire, de ses
nonibreuses subdivisions, et de la position ceutrale
du logement du directeur. Chaque itiaison conlien-
droit deux niilles pauvres; et comrue Bentham porle
le nombre total des indigens dans I'Angleterre seule
(I'Ecosse et I'lrlande non comprises), a cinq cent
itiille, il calcule qu'il faudroit y fonder deux cent
cinquante maisons , ce qui n'^tonnera pas , lors-
qu'oa saura que, dans le plan de I'auteur, elles
doivent remplacer les hopitaux, les prisons, les
maisons de correction et de travail.
Les bornes de cette analyse ne me permettent pas
d'exposer les idees de Bentham sur I'^iablissement
des banques des pauvres, sur les faciiit^^s ofFcrtes
aux artisans , de se procurer dans les maisons de tra-
vail les ouvriers qui leur seroient n^cessaires ; sur
les moyens de rendie fruclueux les travaux des pau-
vres , sans nnire aux int^rets des manufactures et
des ouvriers libres, d'int^resser tous les employes
de I'etablissement a sa prosptVit^, etc. On reconnoi-
tra dans ces dispositions et dans une infinite d*au-
tres que Je ne puis meme indiquer, les meditations
d'un homme ami de rbumanit^ et de son pays , et
Tome F. li
498 Economic.
exerce a tiaiter des objets importans. II est peu d'^-*
tats en Europe qui ne pussent profiler, avec les mo-
difications exig^es par leur position partlculiere, des
vues que J. Bentham soumet a ses concitoyens.
Get Guvrage est traduit et imprini^ avec soin. Sa
publication est une nouvelle preuve du zele ardent
et ^clair^ du C. Duquesnoy , qui stipule constam-
ment pour les pauvres, en meme temps qu'il les sou-
lage d'une maniere encore plus immediate (3).
P. Seignette.
(5) Ce citoyen a fonde , il y a plus d'un an , dans le Passage-Salnte-
Mii'ie ( rue du Bacq) , une ecole oii treize jeunes filles sont , i ses frais y
Jogees , nourries , ct instruite* dans tous les Iravaux qui conviennent i
leur sexe.
LITTERATURE GRECQUE.
G n E RR E DE TrOIEj depiiis la mort
d* Hector f jusqua la mine cle cefte o^ille ;
poeme en quatorze chants , par QniNTUS
de Smjrne } j aisanl suite a I'lliadc, <?/ tia-
duit , pour la premiere fois , du 'gr'ec en-
Jrancais y par K. Ton RLE T ^ medtcin ,
membre de la Societe acadeniiquc dcs scien-
ces et da portique republicain j avec cette
epigraphe :
, ncn ego te meis
Chnrth iiwrnatum sileho ,
Totve tuos patiar lahores ,
JmpunA y Quinti , carpere livid at
Ol>liyiones.
HoRAT. Carin. liv. nr, ad Lot. oA. x;
Paris, An IX — 1800 (i).
V^E poeme grec, dt'couvert par le cardinal Bcssa-
ilon , dans une vUle de Calabie , et public pour
la premieie fois par Alde-Manuce , a etd I'objet
des louanges et des criliqucs ^galtniPiit exagt^r^es.
Parmi les (?rudit.s, les uus out vanle Qulntiis ju.qu'a
(1) Dans le tome 4 <le '•J pr^sente annee , page a85 , nous arons
■nni^nc^ T'^j P-'f mutailon do commerce, celte (railuction se vend
chez Balilliot lils, libraire , rue du Foin-Saint-Jacques , au coin de celle
Boutebiie.. Prix, les a vol. in-8." fig. broch. 7 f r. ; le memo ouvrage ,
a vol. in-i2 (pour faire «uile aux editions de X'lliade, de cc foinut) ,
lig. broch. 5 fr.
li 2
5oo Liiierainre grecqUtk
JVgaler a Hom?re, dout il a voiilu etre le contl-
nuateur ; et les autres I'ont cxtreniement d^pr^cie.
Le tradiicteur a raison de ddsapprouver ces deux
t'xces. On peut sans doute convenir de la grande
distance qui separe Quintus de Smyrna du g^nie
que le traducteur appelle le patriarche de la po^sie,
et accorder encore a sou continuateur un rang ho-
norable , soit comnie poete , soit comaie mytho-
logue.
Une rapide analyse du poeme et quelques cita-
tions, donneront une id^e de I'original, et feront
juger du mtrlte de la traduction.
Aprcs la mort d'Heclor , Penthesil^e , fille de
Mars , arrive avec ses Amazones au secours de Trole,
attaque les Grecs et p^rit sous les coups d'Achille
qui , louche de sa beaut^, deplore sa victoire. Ther-
site ose lui reprocher cette foiblesse, et Achille,
indign^, le frappe de mort. Mars voudroit venger
sa lille Penihesilte , mais la foudre de Jupiter I'ar-
rete.
Les Troyens deliberent sur le parti qu'ils ont a
prendre: Memnoii arrive parmi eux, les guide au
combat. Achille se met a la tete des Grecs , et ,
apres un combat acha.n^ , il tue Memnon. L'Au-
rore, mere de ce guerrier , ordonne aux Z^phirs
_ d'enlever le corps de sou fils.
Les combats recommencent. Antiloque , fils de
Nestor, perit. L'ardeur de le venger ramene Achille
sur le champ de bataille. Vainement Apollon le
menace; Achille braye le dieu qui, s'enveloppant
d'lin nuage, I'atteint d'un trait meurtrier. Le fils
Quintus Calaber. 5oi
de Pel(5e expire en menacant les Troyens , qui les-
tent ^poiivant(^s de I'aspect dc son cadavre. On sauve
le corps d'Achille ; on lui rend les honneurs funebres.
Des jeux auxquels preside Thetis, sont cel^br^s : elle
fait placer au milieu des Grecs les araics d'Achille,
pour ^tre la recompense du guerrier qui a empecb^
les Troyens de s'emparer de son corps. Ajax et Ulysse
se disputcnt ce prix : les Grecs refusent de pronon-
cer, et lemettent cette decision a des prisonniers
troyens qui d^cident en faveur d'Ulysse. Ajax entre
en fureur et se tue.
II est question de renoncer au si(?ge de Troie ,
mais Calchas declare que le terme de dix ans de
travaux qui devoient prec^der la prise de cette ville,
app'roche, et qu'il faut que Neopfoleme, fils d'A-
chil'e , arrive de Scyros, Ulysse et Diomede partent.
Les dieux qui favorisent les Troyens, envoient Eu-
rypile pour d^fendre Ilion. II attaque et poursuit
les Grecs , les repousse jusqu'aupres de Icur flolte,
et accorde une suspension d'armes pour deux jours,
afin de donner aux morts les honneurs de la se-
pulture.
Pyrrhus arrive de Scyros. Sa presence rend le
courage aux Grecs : il tue Eiirypile. IMars , venu
au secours de^ Troyens, intimide les Grecs; mais
Pyrrhus r^siste avec courage. Pallas descend a son
secours centre le dieu de la guerre : Jupiter arrfte
Mars et Pallas. Ganimede s'interesse a sa patrie,
et en demande la conservation a Jupiter qui exauce
sa priere : les Grecs se retirent.
Apres une nouvelle suspension d'armes , les com-
li 3
5oa LUi'erauue gicccjMc.
bats leconimenccnt. Nej)tiine soiitient les decs, et
s'oppose a Apollon qui vent tuer Pyrrhus.
Calchas declare que la prt'sence de Philoctete
laisst^ a Lemnos, est n(^ccssaire. Ulysse et Diomede
vont le clieic'ner. Pliiloetete anive.Les deux arm(5e9
en vunr.ent encore aiix mains ; Paris est blessd par
Philoc(e(e, et menrt sur le mont Ida des suites de
sa blessLUC.
Le combat s'engage pies des porfes d'Jlion, Apol-
lon favorise les Troyens , et se presente sous Its
traits du pretre Polymestor, vEn^e et Eurymaqu^
metfent les Grecs en fuite; Pyrrhus retablit le com-
bat. Les Trovens cedent ; les Grecs donnent un
assaut ii la ville , niais sont repousses par yEnee.
Les Grecs construtsent le chcval arlil'iciel, dans
Jeqiiel s'enferment les plus braves d'entre eux. L'ar-
niee quilte le canip , apres avoir incendi^ les tcnies.
La flotte se retire a T^ti^dos. Les Troyens ajoutcnt
foi aux niensonges de Sinop , qui leur assure qup
ce cbeval de bois est un.e offrande des Grecs a Pal-
las. Les doutes de Laocoon sont punis ; deux dra-
gons d^vorent ses deux fils, et lui-meme est frapp^
de excite. Cassandre propb(?tise en vain les mal-
heurs deTroie : ie cheval est introduit dans la ville.-
Pendant la nuit qui succede aux danses et aux fes-
tins, Ulysse et ses conipagnons sortent des flants
du cheval. Les Grecs s'empareht de la vllle ; Priam
est massacK?, sa {"amille est captive; M^ncJ'las ro-
prend M(?lene; I'lnccndie detruit Ilion.
Les Grecs .partent avec leur butin. On sacrifip
Polyxcne. Les tempetes ct les tcucils dt-^truisciit
Quinfus Cnlaher. 5o3
presque toufe la flotte des Grecs dont quelques-iins
a peine ^cliappent au naufrage.
Cette analyse tres-succincte ne presentc que Ics
principaux traits qni coraposent le vaste tableau
de ce poenie j mais elle suffira pent - etre pour in-
spirer la ciirlosite de connoiire le contlnuateur d'Ho-
inere.
Dans la foule des details qui doivent faire j'lgei'
avanlageusement du po'elegrec et de son traducteur,
nous choisirons le passage suivant du i." livre.
« Ajax tue D^ique , le vaillant Hillus, Eury-
» nome et le brave Enyee. AchiUe terrasse les cou-
« rageuses auiazones Polenause , Autandre, Hip-
<t polho^ , Antibrote et Armothoe. Seconde du
" magnanime fils de T^lamon , il abat les rangs
" entiers^, et leurs efforts reuuis dissipent les pha-
" langes pressees , aussi prompteme.it que le feu
" anim^ par les vents p(?nelre dans des bois toufFus.
• Penth^silee les voyaut s'clancer sur les Troyens ,
■' comuie ces animaux cruels que touimenie une
" faim d^voraute , niarche centre eux. lis s'arr^tent :
« tels des chasseurs arm^s se font un rempart de
<< leurs lances , lorsqu'ils voient venir a eux la pan-
" there irrit^e ; tels les deux hf^^ros, tenant leurs
<■ piques en arret, laissent Rpprocher la {lereAma-
" zone. Elle commence I'attaque, et lance centre
" Achille un long dard qui se rompt en fVappant
" sur son bouclier , prc'benl immoitcl de Pindu-
•' strieux Vulcain. Aussitot elle en prepare un autre
" centre Ajax , et menacant a la fois les deux guer-
'< ricrs : "Le premier trait, dit-el'e, a tronipe mon
li 4
5o4 Litternlnre grecque,
<• attente ; mais il m'en reste d'autres assez surs
" pour vous otcr la vie. Puisseje, par votre niort,
<■ fdire cesser tous les maux des Troyens ! Appro-
" clicz , et vous allcz connoffre quelle est la valeur
<■ d'line Amazone. Je ne dois point le jour a un
« morfel , un sang plus noble coule dans mes vei-
" lies: fille du dieu Mars, ma - naissance m'assure
■ la siJp(;riorit(? sur les homnips memes.
•> Telle fut I'audace de Penth^sil^e ; mais les
•< h^ros la m^priserent : et en effet , la pointe de
" son fer ne fit que glisser sur les brodequins d'ar-
" gent du fils de Telamon, sans pen^trer jusqu'aux
•• chairs. Les destins ne pcrmirent pas que le fer
•• ennenii fut rongi du sang de ce h^ros ; en nieme
•-" temps 11 s'enfonce clans la mel^e, sans rien crain-
n die pour Achille qu'il laissa seul centre la guer-
" riere : quelque redoutable qu'elle fut, il savoifc
•• que le brave fils de Pelee en f^iompheroit aussl
«< ais^ment que IVpervier d^chire la timide co-
« lonibe. "
Cette peinture d'Aja\ qui dedaigne de se venger
de I'atlaque de Pen(h(?3ilee , ct qui va combattre
aillcurs , sans craindre pour Achille , ne d^pareroit
peut-elre pas i'lliade.
r«ous (erminerons cot article, en citant la descrip-
tion que Quintus fait du bouclier d'Achille ; ce
sera un objet de comparaison avec la description
qu'Homere en a aussi faite.
" Pour couronner la pompe des jeux funebres,
" Thetis fit placer les armes dWchille au milieu
n des Grecs rassemblts. Tous les yeux s'arreterent
^uinlus Calaber. 5o5
V sur }e bouclier qni oHroIt des prodiges de I'art
• de Vulcain. Ce dieu , d'une main savante , y avoit
« grav^ en traits inimifables ]a terra et les plaines
• liquides, le ciel et ses vastes regions. L'haleine
•• des Z^pliirs agitoient les feuilles desarbres; les
« Duages r^pandoient des ombres; le soleil, la
" lune , tous les astres brilloient cbacun de sa
■ clarte ; les oiseaiix , d^ployant leurs ailes , se
« jouaient l^gerement dans le vague des aiis. IcI ,
•• paroissoient les abymes profonds de I'Oc^an, ou,
1. apres mille detours, venoient se perdre les fleu-
« ves dont les eaux portent partout une beureuse
•• f^condit^ ; la, r^gnoit une longue cbaine de men-
« tagnes, oii erroient confusement des lions terri-
• bles , des loups ravlsseurs, des ours fiuieux , des
« leopards et des sangliers qui sembloient aiguiser ,
« ayec le fr^missement de la rage, les defenses re-
•• doutables dont leur gueule est arm^e. Plus loin ,
« des chasseurs pr^c^d^s de leurs chiens , et armes
• de pierres ou de fleches , poursuivoient les fe-
" roces babitans des forets. Ailleurs , ^toient d^peinfs
" les combats sanglans et le tumulte afFreux des
« batailles : les hommes et les chevaux etoient pe-
« le-ra^le ^gorg^s, et le sang qui ruisseloit des plaies
• des guerriers inondoitla plaine. On y voyoit aussi
" la pale Frayeur et la Crainte glacee ; la barbare
« Enyo etendoit son bras avide de carnage. Aupres
•< d'elle , les Furies vengeresses exhaloient de l«ur
■ boucbe enflammde des tourbillons de feu ; et la
« Discorde farouche, qui se plait a lourmentcr les
« hommes , trainoit a sa suite la Violence et la
oo6 Litterature grecque,
" Haine : au merae lieu , les Parques inflexibles J.
<■ accompagn^es de la Mort d^vorante , cheichoient
•« partoutdesvicllmes. AcotddelaMort, marchoit la
" Guerre homicide, dont les membres d^gouftoient
•« de sueuret de sang.Non loin de la, se montroient
■ les hideuses Gorgones , dont les cheveux ^toient
« hdriss^s de serpens entrelaces qui dardoient eq,
m sifflant leur langues menacantes. »
n La nieme main qui avoit repr^sent^ les mons-
•< tres effrayans , et les fle'aux que d^solent la terre y
• s'^toit pill a dessiner les riantes images de la paijj;
" et de la tranquillity. On voyoit des cites florissan-
" tes ou regnoit la justice ; des villes peuplees , oi!i
" d'heureux habitans s'exercoient a diffl^rens genre.s
«» de travaux. Autour d'eux etoient des pres emaill^s
•> de fleurs J et des vergers remplis d'arbres et d^
. - fruits delicieux. Au sommet d'une montagne esr
" carp^e , la vertu avoit un trone d'ou elle porfojt
« son front serein jusque dans les cleux. La plupart
• de ceux qui, pour I'atteindre, s'^toient avanc^s
• jusqu'au pied du Mont sacre, trouvant un abord
•« ^pineux, et des senflers coupes par niille pr^ci-
«• Ibices, s'en retournoient ^pouvanles ; quelques-
" uns brayoient les perils et franchissoicnt le pas-
•• sage.
« Plus loin , les ^pis dor^s tomboient sous la fau-
« cille aiguisee des moissooneurs , qui laissoient der-
" riere eux des gerbes nombreuses ; d'autres occu-
• p^s a recueillir ces dons pr^cieux de C^res, cor.7-
•• duisoient des chariots aux lieux oit I'on devoit le?
" accumuler. A g^uelque distance , on ouvroit de npu-
Quinltis Caluher. Soj
X veaux sillons ; et , sous le soc trancliant, la fcrre
<• prenolt une coiileur fiaiche et rembrunie. Deux
« conducteui s , places aiix deux cotes du joug , te-
<• nant en main raig\iUIon , pressolent la niaiche
" tardive des boeufs fatigues. On di'couvroit aiissi
•• des repas champOlres , qu'egayolt le son des cl-
«« thares et des haulbois. Les jeunes bergers , d'lin
« pas mesurd frappoient la terre de concert avec
» ]es femmes , qui niarquoient la cadence avec en-
" core plus d'exprcssion et de vivacite.
M Aupres des danses et des festins, Cypris , les
" cheveux humulcs et blanthis d'ecume, sembloit
«• etre sortie tout r^ceninient de I'onde amcre ; Cu-
" pidon voltlgeait autour d'elle en souriant, ou fo-
" latroit parrai les Graces. Les filles de I'antique
« N^r^econduiaoient, avecpompe, des palais d'Am-
•• ph trite, leor soeur promise a I'beuieux descendant
" d'iEacus ; et les immortels, assembl(^s sur les col-
•■ lines du P^Iion, celebroient cet hymen par nn
« banquet magnifique. Tout autour ^foient des val-
" Ions et des champs embrllis de fleurs , de tapis de
'< verdure , des hcrbes tendres et mouill^^es par *^s
•• pleurs du matin : une eau fraiche et limpide Jaillis-
« soit des fontaines ombragees par des bnis toulfiis.
■■ Les vastes plaines de I'ocean presentoient mille
" spectacles divers; d'un cote, se voyoient la tem-
" pete et ses horreurs ; des vaisseaux emporl^s dans
" leur course rapide, ou pcnches sur des abymes
<■ entr'ouverts , voguoient a la merci des vents et
« des flols. Les vagues mutim'es battoient les flancs
ties navires j les matelols pdlis ct treuiblans plioient
5o8 Litteratiire grec^ue.
• les voiles , ou s'empressoient de fendre !es eaux
• ^cumeuses sous les avironsai;ltds. D'un autre c6(^,
■ environn^ de monstres que Thetis nourrit dans
■ son sein , Neptune , arrad de lanieres dorees ,
• pressoit ses coursiers agilesj les Acts, en silence,
« s'abaissoient devant son char , et le talme enchai-
" nant les ondes, annon^oit la presence du dieu
« desmers. Autour delui bondissoient les dauphins ;
« quoique graves sur une simple lame d'argent , on
•■ croyoit les voir tressailliratraverslanoire^paisseur
" des eaux. Enfin ., les courans impetueux du per-
" fide dement r^gnolent dans la surface entiere du
u cercle , qui , formant le contour du bouclier , ser-.
■ voit a eu appuyer toutes les parties. A ces chef-
• d'oeuvres , et a mille autres merveilles de I'art , on,
" reconnoissoit rindustri^ du Dieu qui en ^toit I'au-
• teur. R . . ,
VARIETES, NOUVELLES
ET
CORllESPONDANCE LITT^RAIRES.
NOUVELLES ETRANGERES.
Allemagne.
Extra J T d'une lettre de M. Zach y direo
leur de Fobseivaloire de Gotha , au C.
Mechain J de rinstitut , adminislrateur
de Vobservatoirc de Paris.
M. ScHRCETTER a Lilienlhal volt avec ses grands
telescopes, un disqiie de 2" a peu pres alanouvelle
plant'te, la Ceres. Aussi soupconne-t-ll deux satel-
lites. La planete est envelopp^e dans une atmos-
phere fort epaisse, car elle paroit entouree de beau-
coup de nebulosity. Je suis tres-curieux d'apprendre
ce que M. Herscliell nous en dira. En attendant,
j'al cru devoir vous ^crire ccci en toule hate. ..etc.
Elemens elliptlques de la nouvelie planete, cor-
rlg^s par M. Gauss, sur les dcmicres observations:
Mouvement dlurne tropique-hdio-cenlrique 770",
7876.
Revolution tropique 1681 Jours 12''. 9'.
JVouf^elles lllleraires.
Berlin.
Sounis el Mnels.
II y a a Berlin un dtablissement pour I'Instructioii
des souids et muets, donl la m(?thode serable avoir
encore perfectionn^ celle de I'abb^ de I'Epee et de
Sicard. L'instifuteur leiir apprend a former des sons
rauques, confus, inexacts ,il est vrai, n)als tels cepen-
dant qu'avec de I'attention et de la patience , on
parvlent a compreodre phisieurs phrases de suite,
pronoiiC(?es par ces enfans. L'inslituteur leur apprend
aussi a placer eux-memes leurs mains sur leur gosier ,
de manlere a faire rendre tel bu tel son (l).
-Une autre point sur lequel cette methode paroit
encore avoir I'avantage sur I'ancienne, c'est que Jes
Aleves devinent assez rapidement et presque toujours
surenient , les mots que Ton a prononcds , en voyant
le mouvement ( un peu ralenti ) des leyres , surtout
quand le col d^couvert leur laisse apercevoir en
meme temps les mouvemens de la gorge.
On s'occupe actuellement d'un travail sur cet int^-
ressant ^tablissement, qui doit etre envoy^ au ml-
nistre Chaptal , pour le mettrc a meme de comparer,
s'il y a lieu , et d'appliquer a I'^tablisseraent de
Paris les perfectionnemens de celui-ci.
(i) On a depuis longtemps fait les memes essais sur quclques t-leves
sourds et muets de I'ttablisseinent de Paiis, dont la conlouiial.oii phy-
sique laissoit esphe quelques succ^s.
Nouvedes hiteraires. Oil
R u s s I E.
li'empereur de Russle a orrlonne la confection
<d'iine carte generale de chaque gouvernement deson
Empire. Cette entreprise doit €tre comraenc^e au
jpriiitemps de I'ann^e 1802.
E S P A G N E.
Sociele d" Arragon.
La Soci^t^ royale d'Arragon vient de nommer son
associS de mcrile , don Thomas Lolvmo - Perez ,
rnaitre potier a Bilbastro, qui est jiarvenu a former
des tuyaux d'argile a I'usage des fabriques d'eau-de-
vie, en remplacement de ceux de cuivre, dont on
connoit les funestes effets. Sa m^thode consiste a
preparer et mdlanger les terres , former les tuyaux ,
les faire cuire deux fois , et les vernisser. Ces tuyaux
ne reviennent pas a plus d'un cinquieme du prix
ele ceux de cuivre ; ils durent plus que ceux-ci , qu'il
falloit renouveler tous les trols ans, et I'eau-de-vie
en sort meilleure , parce qu'elle n'y acquiert pas le
gout de feu. Ils sont employes, avec succes, depuis
!e 10 octobre , dans les fabriques appartenant a
Antoioe Gramoutel , a Bilbastro.
Bi% Noiivelles lilteraaes.
FRANCE.
NfiCROLOGIE.
Sur le C. Blanc.
Les arts viennent de faire une perte dans la per-
sonne du C. Blanc, entrepreneur de la manufac-
ture nationale d'armes de Roanne.
C'est lui qui, guid^ par le g^nie du g^ndral Gri-
beauval, premier inspecleur g^n^ral de I'artillerie,
a fait le modele du fusil connu sous le nom de mo-
dele de 1777.
Le gdn^al Gribeauval , desirant porter dans toutes
les parties de I'arme de guerre , I'uniformii^ qu'il
avolt introduite dans la grosse artillerle , I'avolt
charge de I'ex^cution de ce projet.
II est parvenu a fabriquer ses platines avec une
precision et une uniformity, telles que toutes les
pieces , prises au hasard , s'adaptent ^galement a
toutes ses platines.
Une experience falte, il y a quelques annees,
aux Invalldes a Paris , sur les pieces n^cessaires <k
la confection de mille platines, fut couronn^e du
succes le plus brillant, et hii merita les plusgranda
^loges des officiers d'artillerie et de I'Acad^mie des
sciences.
Cette ^preuve a ^t^rep^tee dernierement a Paris,
avec un succes ^gal , en presence des inspecteurs
gifneraux ^
Nonvelles litleraires. 5i3
e^n^raux d'artillerle , sur les pieces dc cinq cenls
platines.
II est mort an moment ou 11 s'occnpoit, d'apres
les ordres du minisfre, a porter la meme perfection
dans toutes les aulres parties de I'arme.
Heureusement , il laisse apres lul tous les types
et les matrices n<?cessaires pour arriver a ce r^sul-
tat, et des Aleves capables de le remplacer.
BARquiER,
Augustin DatiQUIER , de ITnslitut national, nd
a Toulouse le 23 novcmbrc 1718, mort le 18 Jan-
vier 1802 , Put d^fcrmin^ de bonne heure vers I'as-
tronomie par un pencliant naturel , quoique dans
une ville ^loign^e de la capifale , et il y a mis un
zele et une acflvife que son age n'avoit pas afFoibli.
Des 1748, il etoit connu et estime des astronomes
a qui il n'a cessd d'etre utile. II rchela des instru-
mens , il (?tablit un observatoire dans sa maison ,
il fit imprimer a ses frais deux volumes d'observa-
tious. On a imprim^ a Utrecht sa traduction des
jelfres cosmologiques de Lambert. II formoit des
Aleves, il payoit des calculateurs ; et, pouvant se
passer des secours da ^on\crnement , il ne dut ri'^n
qu'a lul-meme. J'al imprime ses dernieres observa-
tions dans mon lUstoire celeste, page SqS ; elles
vont jusqu'au 1-9 mai 1798 , et il en avoit encore ^
m'cnvoyer , quoique ag^ de 80 aas. Le Lycee de
Tome V. Kk
5i4 Nouifelles lilteraires.
Toulouse nous donnera plus de details sur cette loa«
gue et inlt^ressante carriere. De LalajnD£.
Ecole de santc de Strasbourg.
Les professeuis de I'EcoIe de sant^ et les autres
m^decins de Strasbourg, viennent de former une
Sociele qui entrera en correspoudance avec les So-
ti^l^s de ni^decine et d'histoire natuiellcj etablies
soil en France, soit en Alleuiao;ne,
Navigation de V Escant.
Paimi les projefs de navigation propos(?s pour
r^unir TEscaut a I'Oise , celui d'un canal souter-
rain , passant par Saint-Quentin , a e(^ reconini le
plus avantageux pour assurer une navigation flo-
rissante , et le gouverncment a envoy^ , I'ele der-
nier, dcs ing(?nieurs sur les lieux , afin de s'occuper
des plans, nivellemens et autres operations pr(?Iimi-
iiaires pour I'ex^cution de ce grand monument na-
tional. Mais il restoit a decider entre deux direc-
tions a donner au canal soiiferrain , I'une propos^e
par I'ingenleur Devic ; I'autre propos^e et deja com-
menc^e par feu Laurent. L'assembl^e des ponts et
chauss(?es , ayant a fixer son cboix pour une de ces
deux directions, a adopte le canal Laurent j a une
iuajoiit(5 de 21 voix contre 9.
Nouvelles litter aires, 5i5
Socielt dc Medeciiie de Lyon.
La Society de ru(?decine de Lyon a propose pour
sujet d'lin prix de 3co f'r. , donn^ par iinanonyuie,
la question suivante : Quel est le genre de fibres qui
siirvicjinent aux femmes en coiiche j et connues sous
le nom de fievres pucrp^rales , et quel en e^i le ve-
ritable trailement J*
PARIS.
Instjtut national.
Memoire siir les Senes _, par le C. Delisle j
membre de V In slit lit d'J[:Jgypte.
Onr^colteen^gypte deux sortes des^n^,dont oa
fait un commerce considerable , et qui sont le produit
de deux plantes tres-distiuctes , appartenantes au
genre cassia de Linnaeus. L'une , d^sign^e par cet au-
teuv , sous le nom de cassia senna , en francois s^n^
a feuilles obtuses ou ^Italie , est bien connue des
botanisfes; I'autre , que Forskal appelle cassia lan-
ceolcita , casse lanceolde , I'est beaucoup moins. La
premiere est une plante rameuse et herbac^e , qui
n'a comraunement que 4-5 d(?cimetres de hauteur.
Ses feuilles sont compost'es de 5-6paircs de folioles
glauqiies, ovales-renverse'es , dont le petiole est de-
pourvu de glandes. Les fleurs naissent en grappes au
sommet des ranieaux. Les 5 divisions du calice sout
5i6 Nouvelles Utteraires,
briines ; les p(?tales Jaunes ct veln^s. Elles portent
des gousses aplaties, courb^es en croissanl et gar-
nies sur cliaque face de pelites cretes longitudinales.
Elles renferment 8-10 giaines. SuivanI le C. Delisle,
cetfe planle qui , coranie I'on salt , est anirielle dans
les jardinsd'Europe, est vivaceen Afriqne. Sesfeuilles
fraiches exhalent una odeur d^sagr^able. Elle croit
spontanement aux environs de I'ile Pliiloe et de la
premiere calaracte du Nil ou elle est aussi cultivee,
ainsi que dans plusieiirs autres cantons de la haute
^srypte. Cette espece de s^ne , donton fait tons les
ans la r^colte, est porle a Sieniie, ou il se vend a
bas piix. Les niarchands qui Tachetent , ne le nie-
lent jamais avec Ic sen^ afeuillesaignes.Cettestconde
espece, que Ton appelle sdne du Said ^ de lajialte
on de la ferine , est un arbrisseau rameux d'enviion
7 decimetres de hauteur. Ses feuillessont composees
de 6-7 p^aires de folioles lanc^olees aigues, pubes-
centes ; et le petiole est pareillement dt^pouru de
glandes. Les fleurs , comme dansl'espece prt'cedenfe,
sont dispos^es en grappes a I'extremite des rameaux.
Le calice est a 5 divisions ovales et colorees j les
pefales sont jaunes , vein^s de lignes brunes ; les
gousses aplaties, un pen avquces, arrondies a I'ex-
ti(^mite , renferment 6-7 graines.
Les Ababdes et les Arabes de la fribu de Bicharle,
vont cueillir le s^ne a ftuilles aigues dans le desert
au midi , et a I'est de Sienne, ou il croit naturel-
Icment d:ms les vallees arros^es par ]es pluies. On
nc le trouve qu'au-dela de la premiere cataracte,
mais dans uue grande £;tendue dc pays. Les Arabes
Nouvelles lltlcraires. 5 17
en coiii>ent Its lameaux a lV|)oqiie ou Its fieiirs com-
mencent a toniber. lis les laissent expos<?s quelque
teaips a I'air , et i!s les renferment daijs des sacs
avant qu'IIs soient enliereaient dess(^clic-s, Ce %(:a€
est ^galcnient porte a Sienne , et achel^ par des
marcliands. Une charge de cliameau vaiit o-io pa-
taques, de 90 paratSj ce qui fait environ 3o a 33 fr,
denotre monnoie. Coninie la r(?cul{e dn sent? a feulHes
aigues n'est pas assez abondanle pour procurer aux
Arabes un gain considerable , ils y nielent des feiiilles
d'un arbrisseau , qui rtssemblent beaucoup a celles
du s^ne, mais dent les propri^l^s sent bien difFe-
rentes. C'est une es|tece d'apocinee du genre cynan~
chum , et connue dans le pays sous le noin d\irghelj
dont le C. Deiisle donne une descilplion lres-d^~
taiilee. Les feuilles detcriorent le s^n^ , et peuvent
meme jiioduiie des effets nuibibles.
Au commencement de raulorane , on met le scii6
dans des barques , et on le conduit sur le Nil jus-
qu'a Boular. La, dans les uiagasins des n^gqcians ,
on delaebe les feuilles des ramcaux , on les vanne,
on les passe au crible et on les monde compl^te-
ment. On met a purt une certaine quantity de celui
a feuilles aigues. Le resle est echang^ avec plus ou
nioins d'arghel et de s^ne a feuilles obtuses. 11 vient
annuellcment a Sienne, deux mille caiitars de s(?u^;
et quand on a sdpard le bois d'avec les feuilles , il
se Irouve presque r^duit a la moiti^ du poids qu'il
avoit auparavant. On en s^pare aussi les follicules,
sans en lenir con)pte aux marchands : ce qui produit
uu gain considerable , parce que dans les pliaruiacics
Kk 3
5i8 Nouvelles Uueraires,
d'Europe , elles sont pr^ferees aux feullles ; ttials ell
^gypte , les droginsteslesregardentconime iniitiles,
et m^me comme dangereuses. L'usage du s^n(5 vient
dcs Arahes , et on lui a conserve )e noni qu'ils lui
ont donnc.
Le melange de I'arghel avec le s^nd a feullles
aigucs , en rend le clioix fres-difficlle , parce que
leurs feuilles se ressemblent tellement, qu'on peut
a peine les distinguer.
La casse lanceolde de Forskal , que cet auteur a
indiquec pour le vrai s^ue d'Alexandrie ou de la
Mecque , et qui croit aux environs de Gedda, ne
difFeie pas sensiblement du sen^ de la palte, d^crlt
par le C. Delisle ; et il observe que celui de la
Wecque se trouve quelquefois mele avec le sen^ a
feuilles obtuscs , mais jamais avec I'arghel : ce qui
lui donne une pr^f<?rence marquL-e sur I'autre.
On vend , daus Its pharmacies du grand Caire ,
une graine donnue sous le uom de chiiichin , qu'on
emploie pour gu^rir les maladies d>.s yeux. Cette
graine est apportec par les C2ra\."r,en (ie Darfour
et de Sennar. Le C. Delisle ayaul seme plusieursde
cesgraines, en a obtenu le cassiu absus de Linnaeus.
Le meme savant a lu un mc'moire sur le doinn ou
-palmier dc la Theba'ide.
Parmi le jielit nonibre d'aibres que produit V JK-
gypte, on remarque deux palmiers ; I'un est le dallier
qui fournit abondammentala uourrifure dfs habitans;
I'autre est le doum , qui , en offrant aux aulres v(?g<f-
taux un abri sur le.s confius du desert, a c?tendu le
domalne des teires cultivees. Ce n'est qii'au-dela de
Noiwelhs llltiraires: ^19
Girg^quele doum s'est multiplie dans le Said. Get
arbre , siiivant Bruce, croJt aussi dans la Nubie j
ce fait a e(e confirm^ an C, Delisle par les regies
de Sennar et de Darfoiir, qui vicnuent au Calre.
Ce pa'mier, reniarquable par ses branches bifur-
qu^es , ^toit ronnu du temps de Th^oplirasfe; il a
^td decrit avec la plus grande exactitude par cet an-
cien naturaliste sous le iioni de Cucifcra. LeC. Delisle
prouve evtdcmmenf que le doum de la Th^baideest
]e cucif^ra de Th^ophrasfe. Bruce I'avoit ^galement
pense ; mais il dit que le noyau du fruit resscmble
a celui de la peche , ce qui n'est pas exact, et qu'il
est entoure d'unepulppamere, tandis qu'elle est douce
et agr^able au gout. Cette erreur vicnt de ce qu'il
avoit observe le fruit avant sa maturity. LeC. Delisle
pense que le cycas ou cucas <Ie Theophraste, espece
de palmier naturel a I'^thiopie , est le m^me que
celul de la Thebaide.'Quoi qu'il en soit, Pockocke
a donne dans ses voyages un dessin et une descrip-
tion assez exacte du fruit du doum , qu'il nomme
Palma Theba'ica ^ et qu'il regarde comme le cuci oxjl
cucifera de Tht'ophraste. L'Kcluse et les Bauhins en
avoient aussi parle brievement. — Le tronc du doum
a dix metres de hauteur sur un de circonference ; sa
surface est rcvetue d'anncaux paralleles , peusaillans^
larges de trois centimetres , formes par I'impressioa
de la base du petiole des feuilles; il se partage d'a-
bord en deux branches dont les rameaux se bifurquent
graduellement jusqu'a trois ou quatre fois , et cha-
cune des dernieres ramifications est couronn^e d'une
touffe de vingt a trcnie feuilles palmi^es, divisc/ei
Kk 4
5^0 Nouvelles Ulteraires.
Jusqu'aux deux tiers , longue de deux metres siiruo
de large ; ellcs pn'sentent la forme d'un ^vcnlail clr-
culaire obliquement ouvert; les divisions sont pllss^es,
et vent en se retr(?cissant dela base au soiiimet. On
reniarcjue , entre cliacune , un filament qui Jes te-
noit unies avant leur d^velojppement : le pc^tiole est
dtmicjlindrique , creus^ en goultiere , de, mollis
plus court que la feuille , dlargi a la base et for-
mant une galne autour du tronc.
Les fleurs sont dloiques et dispos^es en grappes
sur un spadix partag^ en long rameaux de la gros-
seur du doigl. Le spaflie se fend longltudinalement
d'un c6t(5 lorsque les fleurs sont pretesa s'dpanouir.
Le spadix tst revetu d'ecallles allernes , seri(5es , qui
se recouvrcnt comme les tuiles des toits , et ferment
des splrales redoubl^es autour des rameaux. Les fleurs
naisscnt solitaires entre les (?cailles dont I'inlervalle
est garni de faisceaux de sole. Les males ont un ca-
]ice a six divisions pvofondes ; les trois ext^rieures
sont pptltes , dtroitcs , appliqudes contrc un pedicelle
qui souiient les tiois interieures ; cel!es-ci sont ou-
vertes , un peu plus grandes et plus cpaisscs. Les eta-
mines, au nombre de six , ne depasscnt pas le calice;
les filets sont reunis a leur base. Le calice des fleurs
femellesest a six divisions presqu'cgales ; il lenferme
trois ovaires superes , soud^a ensemble , termini
cliacun par ud style surmont^ d'un stigmate. Le fiuit
est une baie oVale convene d'unepeau mince et lisse
qui eotor.re une pulpe Jaunc, d'une saveur niielleuse
et aromatique, culi ciiielJc de fibres dont les inl(?-
jieuies sont (les scrrt'cs , et foimcnt une cnveIo;>pe
Noiwelles liltcraires. S21
ligneuse aufour d'une grosse amande cornee , blati-
cliatre, aplatie a I'une de ses extremi(^s , pointue
al'autrebout , oii I'ou remaique un enfonctment qui
contient I'embryon.
Le tronc du doum est conipos(; de filjres longitu-
dinalcs ; on le fend en planches dont on fait dcs
porfcs dans le Said. Les fibres sont noiies, et la
nioelle qui sc tinuve enlie el les est d'une couleur
jaunc ; les fcullles sont employees a faire des tapis,
des sacs , des paniers : la pulpe du fruit est bonne a
manger. Les babitans du Said s'en nourrlssent quel-
quefois. On apportc au Caire un grand nonibre de
ces fiuits, qu'on y vend a bas prix. lis ont la saveur
du pain dVpiccs : on en fait par Infusion un sorbet
assez semblable a celul qu'on prepare avee la raclne
de la reglisse, ou la pulpe des gousses du caroubier.
Cette boisson passe ])Our salutaire ; I'amande en s^-
cbant se durcit et dcvient susceptible de poll : on
en fait des grains de chapclet. D. C.
Not ICE des iravaux de la classc de Lit-
terature el Beaux-arts ^ par le C. ViLLAR,
secretaire de laclasse. Seance publujue du
1 5 nivose an 10.
Dcpuis longtemps, Icsleff reset les arts soupiroient
apies le retour de !a pais. La sagesse da gouverne-
nient vient de combler leurs vaux ; et si It-s nial-
heiirs que la guerre trainea sa suite ii'ont pu ralcu-
52.2. Nouvelles litleraires.
llr leiir zele pour la g]oirc de la patrie , que ne clolt-
on pas esperer de leurs houveaux eflbrls , au milieu
de cette lieureuse harmonie qui regne enfin parnii
tous les peiiples de I'Europe, et les €claire chaque
jour sur leurs v^ritables int^r^ts?
Pen(?tr^e de ces sentiraens , la classe de litt^ralure
et beaux-arts poursuit le cours de scs Iravaux. Nous
allons rendre compte au public des divers objets
dont elle s'est cccup^e pendant le premier trimestre
de I'an lo.
Le C. Ameilhon IuI a communique la premiere
partie d'un memoire fort ^fendu , sur I'art de tisser
chez les and ens ; question Importante pour les bons
csprits qui savent apprdcler les arts utiles et les
ricbesses immenscs qu'ils procurent aux efats bien
constltu^s. Nous tacherons de donner une Juste id^e
du travail de notre collogue, en indlquant, d'apres
]ui-m^me, le plan qu'il s'est trace, et la methode
qu'il a projete de suivre.
Quand les premiers liommes songerent a se d^-
fendre des infemp^ries de I'air , ils eurent d'abord
recours aux peaux de betes , aux plumes, aux ecor-
ces , aux feuilles d'arbres. Peu a pcu leurs vetemens
devinrent pliiscommodes, plusl^gers ou plus chauds,
suivant les saisons ou la temp^arlure du cliroat sous
lequel ils vivolent. Le besoin leur apprit a fabriquer
des etoHes. On salt que le besoin fut le pere de
I'industrle huraaine. II cr<?a I'art de tisser. Get art
dtolt simple dans son origine, et meme assez gros-
sier; mais I'exp^rience hata ses progres , et polit ses
ouvrages. Bientot il se montra plus compose , plus
Nouvelles litleraires. 5a 3
noble, plus Fecond. Chacune de ses branches fournlt
a I'auleur du memoire un article interessant.
Des les temps anciens, I'art de tisser mettoit a
contribution les Irois rcgnes de la nature. II tiroit
du regne v^g^tal le lin , le chanvre , les fils d'or-
fie, le cofon ; le regne animal lui prodiguoit les
laines et les poils des animaux, les fils des vers a
soie , ceux de quelques autres insectes, et meme
les filamens de la pinne marine ; enfin le regne
mineral I'enrichissoit de ses fils d'oret d'argent, en
y ajoutant d'autres fils extraits de quelques sub-
stances m^falliques ou meme pierreiises, Personne
n'ignore que les anciens fabriquoicnt de la toile avec
I'amianfe.
Le C. Araellhon , jaloux de satisfaire enticrement
Ja curiosity de son lecfeur, a pris soin de lui deve-
lopper ce que les anciens ont ^crit sur cbacune de
vces substances. II a traite des diflTt'renfes pr(^para-
lions qu'ellfs recevoient avant de passer dans les
mains de I'art.
Telle est, en abr^ge, la melliode qu'il a sulvie ;
maintenant nous entrons avec lui en maticre.
Le premier article, de sqn m^moIre a pour objet
la fabrication des toiles de lin : c'est par la que
I'art de tisser a commence. En efFet , il est naturel
de supposer qu'en invenlant la mnniere de former
des tissus , on a du employer de pri^ferencc les sub-
stances qui pr^sentoient des fils d'une cerlaine lon-
gueur, et presquetout fails. Les polls des animaux,
^lant plus courts, n'ofTioient pas la m^me facilite
pour le lissage. Notre collogue, guide par les an-
5^4 Nouvelles litterairesi
ciens , a observe le lin dans toutes ses metamor-
phoses, depuis le moment oil le cultivateur en con-
fioit la semence a la terre, Jusqu'a ]'(?poqiie oii il
^tolt converli en loile , et oil celte toile , apres avoir
re^u ses derniers apprels , ^toit livrt^e a des mains
habiles qui en faisoient des vetemens, ou du linge
propre aux usages doaiestiques.
II n'y a pas lieu de douter que la plante a qui
les Grecs donnoient le nom de aAov , et les Latins
celui de Linum , ne soil identique avec celle que nous
cultivons encore sous le meme notu , a I'exemple
des ancicns, que nons preparons comme eux , et
dont nous retirons les memes services. Les anciens
se sont mis peu en peine de decrire cetfe plante;
ils la supposolent sufBsamnicnt connue du vulgalre
lui-m^me. Plufarqiie est peut-elre le seul dcrivain
qui I'ait d^sign^e par un caractere distlnctif. II dit
que la couleur de la fleur de lin ressemble a la cou-
leur de cct (Oilier , dont I'univers est entour^. II d^-
couvre dans le bleu temhe qui tapisse la voute du
ciel , la raison mystique de la preference que les
prgtres segyptiens donnoient a la toile de lin sur la
laine, pour se faire des vetemens.
Mais quel est le pays ou le lin a pris naissance?
ce pays n'est guere facile a determiner. Le lin paroit
s'accommoder assez de tous les climats (i). Un sa-
(i) Theophiaste dit exprcssement que le lin alme line terre grjsse ,
parce qu'il a besoin de beaucoiip de uourrilure. Columelle assure qu il
demande un lerrein gras et liumide , sans quo! il ne fornieroil qu'une
production inaigre et chelive. Tous nos cuUivateurs , tous cciix qui
out traite de la culture du lin , convicnnent que les terres grasses , fortes
Nouvelles Ihteraires. SaS
vant , Clmbre ou Teuton , a fixe le lieu de son ori-
glne dans les contr^es bor^ales. Du mot lien , les
Grecs, selon lui, ont f:iit d^rivec a/mv : or, dans la
langue des Clnibres, le mot lien signifie souffrir; ce
giii convient d'autant mieux au lin , ajoute-t-il,
qu'en eflPct il n'est point d'etre dans la nature dont
la destln^e soit plus malheureuse ; il n'en est point
qui soit plus tourment^ , plus outrage pendant toute
la dur^e de son existence.
Pour le d^montrer, Geropius B^ranus (c'est le
nom du savant) examine les divers ^lats par oil le
lin est contraint de passer. Tous sont marques par
de nouvelles tortures ; mais I'instant le plus dou-
loureux pour la plante est celui oil, chang^e en pa-
pier , elle se volt reduite a supporter bien des sotllses.
Telle est I'opinion de Gdropius. II faut avouer
qu'elle ne manque pas de fondement.
Au surplus , cellc de notre collegue Ameillion sur
I'origine du lin jious paroit plus certalne. Tl croit,
sur la foi du plus ancien de nos livres, que I'^-Egyple
pourroit en avoir ete le vral bcrceau. Du temps de
Moise , le lin faisoit, en iEgypte, une branche d'a^
griculture considerable. Diverses autorit^s , parmi
ct liumides , sont les moilleiires pour le lin; c'les donnent une recolte
plus abondau;<!, soit en graine , soit en 111. Lorsqu'on veut ayolr un
lin (I'une grande finesse , il faut le semcr blen dru , non dans un sol
trop substanllel, mais dans un terrein maigre : c'est un precepie de
Palladius. Des-lors on.n'auroit i leprocher & Pline que de n'avolr pas
fait cette distinction entre les doux sorles de terrein propres a la culture
du lin, et dont I'un doit obtenir la preference sur I'autre, suivant t^u'oa
;rise i la quamite ou ii la quality.
SzS Nouuelles litteraires.
lesquelles on dislingue celle de I'Inscripfion grecque
tiouv^e a Rosette, dontle C. Ameilhon nousadonn^,
ainsi que nous le diions plus loin , une explication
lumineuse, prouvent qu'il y avoit dans ces uiemes
contr^es de grandes manufactures de linetabliesdans
I'enclos des temples.
Sous le regne des Ptolemees , on entretenoit des
fabriques oii le lin ^toit travaill^ pour le comp(e da
souverain nionarque. Orose rapporte qu'Auguste,
apres s'6tre rendu maitre d'Alexandrie , fit mourir
Quintus Ovinius, sf?nateur du peuple romain, pour
avoir rabaiss^ I'atjgusfe dignity doat il etoit rev^tu,
jusqu'a cxcrcer Teniploi d'intendant des manufac-
tures de ]:n et de lalne, qui appartenoient a lareine
Cl^opalrc.
S'il est vrai , comme Pline le remarque et comtiie
les niodernes en conviennent d'un commun accord ,
que I'arrosenient par voie d'irrigalion est plus salu-
taire au lin que celui de la pluie , le lin devoit pros-
p^rer en yEgypte plus que dans tO'it autre pays,
puisqu'il n'y ^loit jamais mouiil^ que par les eaux
du Nil. Malgre cet avantage, il n'avoit pas beau-
coup de corps : JEgyplio lino , dit Pline , minimuin
Jiimitatis ; mais il n'en ^to't pas moins cher, phiri-
muin lucri : c'etoit sans doute a cause de sa finesse
et de sa beauts,
Piusieurs cantons d'Espagne produisoicut aussi du
lin en abondance et de la meiileure qualil(?. Le Jin
surtout des environs de Tarragone avoit la plus
grande reputation. L'italie le disputoit.a I'Espagne
par la finesse, la force et la beauty de celui qu'elle
Nouvelles Utteraires. 52.y
cultivolt. On estimoit beaucoup le I'm qui crolssolt
dans la Campanie, et plus encore celui des envi-
rons de Cumes. Ce dernier eloit principalement em-
ploye a tisser des toiles pour prendre des sangliers.
Quoique ces toiles fussent d'une extreme finesse,
elles r^sistoient , dit-ou , a tous les eflbrts des betes
ftroces. Pline nous dit a ce sujet une chose qui
passe toute croyance. II assure qu'il a vu des fliels
faits avec des toiles de Cumes, et qui etoient d'une
si grande t^nuit^ , qu'ils passoient avec Icur mon-
ture dans une bague. lis Etoient mfme si lagers, si
peu volumineux, qu'un seul homme en pouvoit por-
ter la quantity n^cessalre pour enceindre une foret.
Le C. Auiellhon n'est pas convaincu de la v(?ritd
4u fait. Sa profonde estime pour les anciens ne I'a-
veiigle pas sur leurs erreurs , et le flambeau de la
critique le guide sans cesse dans ses p^nibles et
utiles rechcrclies.
" Je croirois aussi volonliers, dit-il , le conte de
« I'anneau de Gyges, que le fait avanc^ par Pline,
H quoique ce pbllosopbe assure I'avoir vu de ses
« propres yeux. Peut-il entrcr dans la tefe d'un
<• liomme de sens, que des toiles tissues pour en-
H fermer des betes fauves et mcme des sangliers ,
" fussent d'une asscz gvande finesse pour passer a
" travers une bague, avec les cordes sur lesquelles
« elles Etoient niont^es? La bague d'un cyclope ou
•< de I'un de ces g<?ans qui escaladerent le ciel , ne
« vendroit pas le fait plus vraiseniblable. Le nom
" de Pline nous impose !e devoir de supposer qu'il
• y a ici quelcjue mal-eulendu , et qu'uu CEdipe ea
528 Nouvelles lllteraires.
« erudition pounoit seul nous r«5v^ler ce mystere. "
Les Gerniains, les Gaulois et les Bataves ciilti-
Voient aussi le lin pour en faire des toiles et des
voiles do navire. Pline, qui ne se tiompe pas tou-
^ours, nous apprend , au sujet des Geimains , une
particularite assez remaiquable. II dit que ce peu-
ple travailloit le lin dans des cavernes ou des sou-
terraiiiS : Tn Germauia autcv\ defossi alqiie sub terra
id opus aguiit. Get usage s'est perpetue Jusqu'a nous.
iLes caves servent ordlnaliement d'ateliers a nos tis-
seiands.
La Grece ne le ccdolt point aux autres nations
dans I'art de cultiver le lin ct d'en faire de la toile.
H^rodofe vanfe le lin de la Colchique. 11 observe
que les Grecs I'avoicnt nommd le sardonique,
Ce nom a inquic^td quehjues savans. lis ont pense
qti'il y avoit eneur dans le tcxte du pere de I'his-
toire, et qu'il falloit lire 5^?rfZ/(^;/i7, lin de Sarde, au
lieu de sardonique , lin de Sardaigne. Le C. Ameil-.
hon Irouve la premiere. Iccon fort naturelle : il est
surpris qu'on ait mis, d'un cof^ , lant de zele a la
ddfendre, et de I'aulre, tant d'obstinatlon a la com-
batfre, Le tex'e est clair. Notre coll(^giie I'appuie
dans une serieuse discussion , ou les bornes d'une
notice ne nous pcrnietfent pas d'cntrer avcc I'au-
teur. Nous sommes forces de renvoyer a un autre
tcinps la partie de son mcmoire oii il a d^tallle les
manipulations du tissage. Cette nialiere est tres-im-
portante pour les arts.
Pendant I'avant - dernifr trimrstre , aprcs que l£
classe eut public ses travaux , le C. Traulle , d'Ab-
bt'\il]e
Noui'elles Utldraires, Ss.g
bevllle , adiessa au C. Mongez trois ^p(^es de bronze
d(?couveites clans la vall(?e dc la Somme. Notre
coll(?gue nous en a fait connoitre ralliage et les
proponious. Quolque I'une d'elles soit longue de
p™ 78 (2 pleds 4 ponces 10 lignes), elle est encore
trop courte pour une arfne de cavallec, qui porte
ordijiairemcnt un metre de longueur. L'i-p^e qu'un
interlocuteur des Metamorphoses d' J jndc'e (lib. I)
dit avoir vu avaler, a Athenes , par un charlatan,
equestrem spathani prcF-acutam , ne ressembloit point
a celles dont nous parlous.
Le C. Mongez pense que les trois ep^cs du C.
Traulle sont romaines. On pourroit nierae assure^
""qu'a de certaines ^poques , foutes les armes des Ro-
mains etoient de bronze ; car on a des fcrs de lance,
des fers de fleche , des cuirasses ^liques , etc., faits
de cet alllage. La lair.e de I'une des C^(e% s'^largit
sensiblement depuis la poignee jusqu'aux deux tiers
de sa longueur , d'oii elle decroit rapidement vers
la pointe. II ne faut point en conclure que c'est un
fer de lance, puisque , sur les bas-reliefs des tom-
beaux ctrusques en g^n(^ral, et particulierement sur
plusieurs bas-reliefs grccs, on voit des epces de la
pi^tne forme.
Dans iin m^moire sur les statues antiques desi-
gnees par le nom degludiateitrs ^ le C. Mongez avoit
dit quale cou du gladiatcur niourant ^toit orne d'ura
collier travaille comrae unecorde; mais il n'avoit
pu montrer a la classe Tornement dont il I'entreie-
noit. Le C. Riboud , associe, a fait present a I'ln-
stilut d'un anneau de bronze antique trouve dans \p
Tome F, L 1
53o Nouvelles litteraircsl
depaiiement de I'AIn. Get anneaii vient k I'appui
de ropinion que notre collegue Mongez nous a com-
muniqude. 11 s'est h;*it^ de le decrire, et de le con-
fier a drs mains habiles, qui , apies I'avoir analyst,
Tont imitd parfaitement.
Le C. Daumy , artiste ing^nleux, s'ctolt associ^
plusieurs fois aux savantes recherches de notre col-
logue. II a f^brique trois anneaux entierement sem-
blables a I'antique , et dou^s , couime celui-ci , d'une
Olasticite reaiarquable. Cette propri^tO caract^rise
notre anneau qui, seul des debris de I'antiquite (si
Ton en exceptede petites pinces appelees Z'A«s6c^/e5 ,
et de petites lames fort minces), en Jouit eminem-
ment. Ses deux extr^mites , dont I'une rentre dans
I'aiitre,, ont supporte, sans se d^sunir,la charge de
vingt-deux kilogrammes (plus de quarante-quatre
livres ). On a craint de le briser, si I'on augmentoit
ce poids. Au reste , il est form^d'un tube recourbd
circulairement , et refendu dans toute sa longueur.
L'epaisseur de la feuille metallique n'est que de
o"* oor (environ 0,4 lignes)^ elle tient neuf pour
cent d't'tain. On a I'ait passer aisement le cou d'un
jeune homme dans cet anneau pr^cieux.
Le C. Mongez , en lisant son memoire , a mis sous
les yL-ux de la classe les trois anneaux fabriques par
le C. Daumy, sur ie niodele de I'antique. II en a
d^pos6 deux dans le cabinet de' I'lnslitut national.
La classe I'avoit enteiidu avec int^r^t, quand le C.
LA^GLESest venu fixer, comme lui , I'attenlion de
ses collegues par des notes philologiques et critiques,
dcsiiuees a accompaljner les mi^moires dc la Soci^te
Nouvelles Ji lie mires. 5j?t
tnglalse de Calcutta* Ce dernier s'est empress^ de
concourlr a la perfection d'un ouvrage qui I'avoit
occup^ des 1790. Une simple revision ne suffisoit
point a son zele. 11 a voulu, surtout , developpcr
]es id^es des savans orientalistes, et rectifier quel-
ques-unes de lenrs opinions qu'il ne partage pas.
C'est une espece de comuientaire dans leqiiel il a
— insure plusieurs extraifs en caracteies originaux ,
avec la traduction de divers nianuscrits orientaux
de la Bibliolh^que nationale. En meme temps, il a
saisi , selon sa couturae, I'occasioa de faire con-
Doitre au public quelques portions des inimenses ri-
<:hesses contenues dans cet inapprecialjle depot com-
mis a sa garde.
Parmi les fragmens de son travail , nous avons
remarqu^ ce qu'il dit au sujet du discours sur les
Arabes , compose par M. JoNKS, president de la
Soci^t^ asiatique. II suit la lilteralure de ce peuple
dans tous les progres qu'elle a fails, tant au milieu
du pays qui la vit naitre, que dans les difii^rentes
contr^es de I'Europe. II analyse les bons ouvrages
qu'elle a produits, et donne une vie abrt^gte des ce-
lebres auteurs, soit naturels, soit europ^ens, qui
ont illustr(5 la meme langue.
II r^sulte de ces vastes recliercbes, que I'histoire
et la litt(?rature pourroient pulser des seconrs de
toute espece dans les Perils des Arabes et dans ceux
des Persans. 11 y a plus, les sciences naturelles et
ccrlains arts dont le perfeclionnement inf^resse beau-
CQU[j leius amis, gagneroient infmiment a ce genie
U'etude. II ne faut done pas s'elonner que noire
532 Nouvelles llitiraireS,
colleague renouvelle icl un voeu qu'il a souvenl ex-
prim^, et, depuis ties-longtemps, celui de voir fleu-
rir, ail sein de la r^publique francaise , I'^iude des
langues orientalcs. Puissions - nous bientot opposer
aiix illustres savans de Calcutta, des oiientalistes
dignes de leur estiuie , et faits pour apprc^cier le m6-
rile de leurs ouvrages !
Duiant le cours du trimestre dernier, le C. Lan-
gles a publie' le troisieme et dernier volume de sa
noiivelle edition in -4." du Voyage de Nordeii en
^gjj)te et en Niibie. Si I'on en excepte les cent cin-
quanfe premieres pages, les notes et les ^claircisse-
rnens de I'editeur remplissent le reste du volume.
Ce travail est le fruit des reclierches les plus eten-
dues et les plus exacles que Ton ait faites Jusqu'ici
dans les ecrits orientaux qui traltent de I'^gypte.
La matiere est in^puisable, selon notre collegue. II
lie craint pas d'affirmer que , pnrnii les vianuscrits
oneiihiux dij la BibUotht'qiie nationale , il n'en est
■peul-elrepas iin seiil , relalifa V ^gypte ^ qiiil ii'ait
compulse. On peut d'ailleurs se convaincre des soins
que lui a coiite I'examen d'une si riche collectiofl ,
par les extraits qu'il en donne, et par les notices
bibliographiques qu'elle lui a fournles.
Ces notices sont r>?unics , par ordre alphab^tlque ,
dansune table particullere , laquelle peut former un
tres-bon supp!(5ment a la Bibliolheque orienlale de
d'Herbelot, et au Catalogue des viamiscriLs de la
Bibliotb^que nationale.
Les ouvrages indiens et les Iravaux de quelqucs
mcnibrts de la Soci^le aslatique de Calcutta, ont
Nouuelle^ lllteraires. 533
offert au C. Langles des prcuves non Equivoques de
I'intime liaison qui r^gnoit autrefois enlre les In-
diens , les vEthiopiens et les ^Egyptiens. Le temps
ne lui a pas permis d'employer tous les mat^riaux
qu'il avolt sous la main. On I'a contraint d'opter
entre deux partis , ou de se borner a des extraits
fort courts , ou de rediger des mt^inoires coiuplets
chacun dans leur genre.
« En me determinant , dIt-1! , pour le dernier , san$
« doute, j'ai consult^ nion gout pUitot que relul de
" mes lecteurs 5 raais enfin lesmemoires que j'ai pii-
«< bli^s siir Alexandrie et scs monuiuens , sur le ca-
*> nal de Suez , sur file de RciouJhah , sur les nilo-
« metres de la haute el basse ^Egy^Ue , sur les py-
» ramides , sur le sphinx, etc., donneront une id^e
« de ceux dont j'ai deja rasseiuble les principauic
« mat^riaux , et qui auroient specialement pour ob-
« jet la haute vEgypte et le Nil. »
Nous quittons ici , malgre nous, le C- Langles,
pour rendre compte d'un iiianuscrit original , que
le C. Camus a communique a la classe. Ce ni'anu-
«crit contient les letfres de ratification du roi d'An-
gleterre, Henri VIII, relatives a un fraite conclu,
-au mois de juillet 1627, entre ce prince et Frah-
cois I."' On le conservolt: autrefois au tresor des
charlres. Les archives nationales le possedent au-
jourd'hui. II est muni d'un sceau du raonarqiie an-
glais, tres-bien grave en relief, sur'nne piece d'or
pesant sept hectogrammes (deux marcs sept onces).
11 pr^senle, d'un cole , les armes d'Angleterre, c'car-
tel^es de France , de I'aulre tulc , le roi U-in\t sur
LI ^
534 Nouvelles lltliraires".
son tipne. II a neuf centimetres quatre millimefres
(trois pouces cinq lignes) de diametre , et neuf
millimetres dVpaisseur (quatre lignes. Du cote des
armoiiies , il porte pour legende : Ordine junguntur
el perstani fuedere ciincta. Une note impvimee par
Diimont a la suite de la ratification de Francois I."
(pag. 476 ), nous apprend que le sceau de cette ra-
tification ^toit pareillement d'or ,repr^sentant , d'un
col^, le roi sur son trone, avec la legende : Plurinta
seivantur faedere , cuncta fide ; de I'autre, iVcusson
de France et le nom du roi.
Non-seulement ce raanuscrit est original et au-
thentique ; mais il a de plus le m^rite de servir ^
rectifier quelques erreurs dchapp^es a Rymer dans la
transcription et la publication de cet acte. Ilprouve,
j)ar une clause expresse , combien , dans le droit -pii-
hlic de toiite I' Europe ^ on rpgardoil comnie slrictes
et obligatoires toutes les promesses failes au peiiple ,
et jiirees par le roi de Fnince , a leur sacre.
Le C. Camus a mis encore sous les yeux de la
classe quatre lettres ecrites, au mois de septembre
1S64, par Louis de Chatillon, a plusieurs personnes
de son parti qui ^toient charg^es de la d(?fense de
Kouen , au moment oil il se trouvoit lui-meme en-
ferm^ dans Orlt^ns.
Ces let Ires sont Ecrites sur des morceaux de toile
neuve et forte, lesquels servoient de doublure a un
poprpoint. L'eeriture en est belle et bien form^e.
EHe paroit avoir et^ falfe a la plume. L'une des
quatre lettres est le duplicata de l'une des (rois au-
Ues. Toutes contlennent quelques d(?tails sur la si-
Ndiivelks llLletalres'. 535
Inatlon des protestans a cette ^poque. Des lettred
^elites sur de la toile ne sont pas deniiecs d'interet.
II y a grande apparence que Louis de Chalillon a cru
devoir employer cette maliere pour les transrrettre
d'Orleans a Rouen avec plus de facilite et de su-
rete. Elles font pavtie du d^pot connu sous 1e nom
du Tresor des chartres. La classc a invite le C. Ca-
mus a les inserer dans le septieme volume de la
Notice des manuscrils.
Notre collegue a fini par un precis des Opuscules
du C. Desgeneites , medecin en chef de Vannee d' O-
rient. Les prelendiis savans universels ne lui inspireut
pas une extreme confiance ; mais il pense qu'il e^t
avantageux de lire des litres' , de quelqite science que
ce soil, pourvu foutefois qu'on puisse les entendre.
Les conoissances muliipliees perfectionnent, selon
lui, le r^suilat de nos etudes, et, en piocurant tou-
jours un amusement honncte, elles font naitre sou-
vent des reflexions utiles. C'est dans ces dispositions
que, sans etre medecin, le C. ■Camusalu une par-
tie des opuscules du C. Desgenettes qui est ccrLte
en franca is,
•• A la simple inspection du frontispice, dit-il,
- mon coeur a eprouve une impression de piaisir,
" Opuscules da C. Desgenettes ^u (.'aire , do
<< C imprimerie nationate. Cette date de lieu ne sau-
«' roit etre indifferente ni pour un litterateur, ni
M pour un Francais. L'-^gypfe, le berceau des
- sciences, les avoit a peu pres absolumcnt per-
« dues, faute de ce grand moyen conservatcur et
•• propagateur , /a presse de l^ imprimerie : enfin ^
LI 4
636 Nouvelles Utteraires.
ii dans les deiniers jours du dix-huitieme sl^cle^'
" line impiitnerie s'^tablit au Caire ; elle s'annonce
" comnie ncitionale. Qui done I'y a porl^e ? ce n'cst
« pas ^fa mdnavque , on despote ; c'est une nation ,
I' en d'autres termes , un peuple libre : cette nation
« est la nation francaise. Honheur, m^mbire eter-
« nelle aux savans qui ont concu I'idee d'associer
« I'instruction a la force, les lumieres au courage,
«« d'embarquer des livres avec des armes , de fer
•• conder de nouveau cette tcrre si longtemps n^-
« gligee , et d'y ^crire leurs noms a cote de celtli
i4 du gi'and Hermes ! Ces caracteres arabes meme
■■ que Je ne sais pas interpreter , mais qui me pa-
« roissent bien faits , m'inspiient d'autant plus d'in-
♦« t^rfit^ que leurs types, in^galement formes par
<< ]k main des ecrivains d'outre-mer , ont ^t^ apport^s
« dans le sein de la France, a Paris; qu'ils y ont
<• retu , de I'industrie de nos artistes, des traits r^-
<< guliers, des trails ^gaux , une forme propre a les
« multiplier a I'irifrni , et que, dou^s de ces nou-
t< velles perfections , ils passent une seconde fois la
>» mer pour aller exciter I'etonnement des peuples
« afrlcains , et servir a leur instruction. »
Le public sentira , comme nous , que I'ame de
iiotrc collegue respire toute entiere dans ce morceau*
II examine ensuite le fruit que I'iuimanit^ pcut r'e-
fcieill'ir des observations du C. Desgecettes, sttr le
ce'iebie hopital du Caire, le Moristiin. Ce lieu ren-
ferme des etres qu'une cerlaine classe, dite sensce ^
tave de foHe, et peut-^tre avec un peu plas d'asiu-
irance que de raison.
Noucelles lilteraires, 537
La description du Moristan est accompngnee dc
notes siir Jes maladies qu'essuya I'anree d'Orient,
an mois de nivose an 7. Les disciples d'Hippocrate
en feront le sujet de leurs m^ditalions pbur pr^ve-
njr ou arieter ces fleauX teriibles qid d^vorenl les
grandes armies. <■ Nous , simple people , dit le C*
" Camus , assis au milieu de ces hommes profon-
" dement instruits, nous apprendions a quels p<;nls
• nos amis, noscompatrloles,«e sont exposes pour
« la cause de la libert<5: nous auronsl'avantage d'ap-
- pi<?ciei- les biens dont la nation leur est redevable ,
•c en r(^fl^cbissant sur les niaux qu'ils ont support^s
« avec tant de courage. »
Des tables n^crologiques du Caire pour Tan 7 et
Tan 8 , forment une partie considerable des opus-
cules du C. Desgenet(es. On a besoin de serablables
details pour acheveV la statislique d'un ^tat. lis ser-
vent a bien Juger des suites de ces changemens
inallendus que le temps et les revolutions politlques
peuvent amener sur la terre. Mais nous sommes trop
loin du dotnaine des arts, et il est teni'ps que nous
y iTutrions.
L'adiliinistration du Musee central des arts desi-
Toit que le fanifux tableau de Raphael , connu sous
■le tiom de la 1/ierge de Foligno , fut restaur^, sous
I'inspection d'une commission de I'Instilut. E!le s'a-
dressa au niinisire de riut^iieur, qui invita I'Jnsti-
tut a ^lire des commissaircs pour cet objet. La classe
des sciences n)ath(?maliques et physiques nomma les
CC. Bcrthollet et Guyton-Morvaux ; et ce!!e de lit-
ttrature et beaux-arts, les CC. ViLcent ct Taunay.
53B Nouifelles Utteraires*.
Les quatre cornmissalres se sont r^unls aVec I'aJ-
mlnlsiration du Mus^e , pour constafer d'abord 1'^-
tat du tableau , et la n^cessit^ de la repavalion pro-
jet^e. EnsL.ile on les a soigneusement ajipel^s a
toutes les nouvelles operations que I'on pi^paroit,
pour leur en expllquer les details , et leur piouver
qu'elles n'exposoient le tableau a au'cun danger. Les
cornmissalres de la classe des sciences ont surtout
porte leur aitentlon sur les operations mecaniques.
Ceux de la classe de litterature et beaux -arts ont
examine cette partie de la restauralion , qu'on nouirae
jiiltoresque.
Lorsqne le travail a ete termini, les uns et les
autres ont pr^sente a cbacune des deux classes le
rapport dont les deux parties de la restauralion
etoient I'objet.
La premiere partie de'ce rapport confient un ex-
pose de I'etat dans lequcl efoit le tableau avant la
restauralion , et un precis des operations mecaniques
qui ont ete executees.
Le tableau represente la Vierge , I'Enfant-Jesus,
saint Jean, et plusieurs autres figures de diverses
grandeurs. II etoit peint sur un fond de bois : une
fente s'etendoit depuis le ceintre jusqu'au pied gau-
che de I'EnFant-Jesus : deux courbures partageoient
sa surface : il s'ecailloit dans plusieurs parties , et un
grand nonibre d'ecailles s'e(oient deja detacbees.
La peinture etoit piquee de vers en beaucoup d'en-
droits. Get expose suffit pour demontrer que la des-
truction faisoit des progres , et qu'il falloit se hater
de sauver le tableau par la restauralion qu'il at-
tendoit.
Nonvelles Utteraires, 689
L'operation qui a dii- preceder toutes les autres ,
^toit le r^tablissement de Ja surface, qui s'^tolt
confourn^e en plusieiirs sens : ce qu'oti a ex^cut^
avec des coins, introdui<s dans de petites trancli^es
pratiqii^es a dlfFerentes distances. Ces coins ^toient
imbibes d'eau , et le gonflement qui en provenoit
obligeoit le bois a 'repiendre sa premiere figure.
Quand la surface a et^ rendue plane par le proc^d^
dont parlent les commissaires , on a fixe le tableau
a des barres solides.
Apres cela, la surface a ^i€ cartonnee avec soin.
On a refournd et fix^ le tableau sur ime table. Pour
rdnssir a s^parer le bois sur leqnel il etoit peint, on
a en recours a des scies de differentes formes, qni
en ont r^duit I'^paisseur a celle d'une feuille de
papier. Ce qui en restoit a ete detach^ par petites
parties , a I'aide d'une lame de couteau arrondie. On
a s^pj^re I'ancien appret de la toile par des moyens
qu'on a pris soin de varier selon la force avec la-
quellc il adh^rolt.
Ce qui rendoit celfe derniere operation encore
plus difficile, c'est que dc mauvais vernis, ap|)li-
qncs dans des restaurations anl^rienres, avoit coul<J
enfre les parties recoquillees de la peinture , et
qu'elles avoient in(^galement diirci le fond. On a
commence par debarrasscr la peinture de toist ce
qui lui ^toit Stranger; puis on I'a fixee sur une im-
pression nouveile, ainsi que sur plusieiirs toiles suc-
cessives et recouvertes d'un enduit r^sineux.
Enfin , Ton a delivre la surface de son rarfon-
nage,pour la souraettre elle-mtnie a des operations
540 Nouvelleis lUteraires]
Ires - ddlcales. II a fallu aplanir les parties reco-^
quillces , en les impregjiaut d'luiile , el en leur ap-
■plicant J iwec les plus grandes precautions^ iin for
eehai'ffe.
Toufes ces operations ont €i^ confines au C. Hac-
(jiiins , qui , dans les nombreux details de I'ex^ciH
tion, a iiiontr^ que chacune d'elles exigeoit autant
de patience que d'adresse et d'habilet^.
La restaiuatlon pittoresque n'est pas moins int^-
ressante pour les amateurs de I'art, que la restau-
ratioa luecajiique. " C'est elle, disent les commis-
« saires, qui a repare les ravages du temps, et le
« surcroit de def^iioration qu'avoit ^prouv^ le ta-
" bleau de Raphael sous la main de I'imp^ritie. »
L'art de la restauration pittoresque demande une
grande delicatesse d'oeil, pour savoir accorder les
teintes nouvelles nvec les anciennes ; une connois-
sance approfondie des precedes employes par les
niaitres ; une longue experience, i.° pour prdvoir,
par le choix et I'emploi des couleurs, ce que le
temps peut apporfer de changemens dans les telntes
nouvelles; 2.° pour pr^venir la discordance qui r€-
sulteroit de ces changemens.
Ce n'est pas tout. L'art de la restauration pitto-
resque exige encore le plus grand scrupule a ne re-
couvrir que les parties endommag(^es; une adresse
extraordinaire, pour accorder le travail du restau-
rateur avec celui du maitre , restituer , pour ainsi
dire , la pate premiere dans toute son int^grile, et
fa'rre disparoitre le (ravail a tel point , que I'ceil ,
inenie exerce , ne puisse distingucr ce qui est soiti
Noiwetles Vitlernires, 541
de la main dii mailre, d'avec ce qui appariient a
I'artiste r^paiateiir.
La rcsfaurallon surfout de Touvrage de Raphael,
demandoit foute la prudence et toule I'habllete des
premiers talens.
L'administration du Miisde central des Arts a tout
pr^vii. Le C.Hoesrr, dont ellc a fait choix, et qui,
par des siicces multiplies, avolt dija ni(^rite sa con-
fiance, lul a donn^ une nouvelle preuve de son ta-
lent connu : La partie pit/orcsque a foul le degre de
piirele qiton pom'oil liii desirer. Tel est le Jugement
qu'en ont portd les commissaircs-inspccteurs. Leur
rapport contient des details pr^cieux , que nous nous
empressons d'ofFiir au public.
« Au premier aspect , disent-ils , on seroit tent^
w de croire cjue loulcsles parties du (ahlcau viennent
o de sortir de la main de Raphael. Ccp^ndant , ea
•« le considerant avec attention, on pourroit utre
«' surpris de voir qije la portion de la draperie bleue
•• qui couvre le gcnou gauche de la Vierge, ne soit
•• point en parfait accord de ton avec les autres par-
" ties de la ni?me draperie. 11 nous seroit peut-etre
« permis de penser que quelque glacis qui lui don-
« noit un ton plus i'ort, en aura ^t^ rnleve; mais
« nous n'oserions I'affirmer. Quoi qu'il en soit, le
" tableau nous a offert la merae discordance avant
" qu'il eut et^ souniis aux diverses operations que la
o restauration a commandoes , et Ton ne pent en ae-
« cuser les artistes dont les talens ont Ott employes.
« Une rcmarque plus importante , et que nous ne
54s Noiivelles lilteraires,
. presenlons qu'avec la plus grande defiance de ttoi
.. lumleres , est celle-ci :
. La tete de saint Francois cfFre a I'cell un Irait ,
.. une quality de teintes, une pate , un/u^r qui ^ta-
„ blis.ent une difference sensible entre cette t^e et
.. les autres parlies de I'ouvrage. Nous oserions pres-
.. que douter qu'elle solt toute entiere de Raphael.
. Du moins nous n'avons pas cru y retrouverlasim-
.. nllclte grande , le falre moelleux , le vra. , qui
« brlUent dans I'ensemble du tableau et dans chacua
.. de ses details. Cette remarque devoit etre jointe a
.. notre rapport , afin de pr^venlr les dontes qui nai-
.. trolent pcut-etre dans I'esprit des observateurs ,
„ et leur donneroient a penser que la restaurat.oa
.. aurolt aUere , en quelque maniere , I'ua des chefs-
« d'oeuvre du grand maitre.
. La tete de saint Francois etoit telle qu'elle est au
„ moment oil le tableau arrlva d'ltalie. Nous remar-
.. quames alors la meme difference qui nous a frapp^s
« dans le cours de notre inspection.
.. Nous devons ajouter , comme une chose singu-
„ hc.e et propre a detruire tous les soupcons sur
.. I'originalite de la tete , que lorsque la premiere
.. operation , celle de Xcnlevage , niit a d<?couvert
' .. I'ebauche et le trait de Raphael , nous nous aper-
.. cumes que le trait de sa tete , dtssin^e sur la pre-
.. .V.ere >mpre.slou a la colle , ^oit veritablement
.. d'un cavactere de dessin tres- different des autves
.. parties egalement au trait , et conforme , au moms
.. pour la masse, au caraciere de la tete term.aee.
Nouvelles lilldraires. 648
« II r^sulfe de Ja que , raalgre la dissemblance
« dont nous avous parl^ plus haut, on ne sauroit,
« sanst^m^iite, afErmerquela tete de saint Francois
" n'est point de la main de Kaphael.
•< II en r^sulte encore qu'aucun soupcon d(?savan-
" tageux ne prut atlelndre , Jii radminishation du
« Mus^e central des Arts , ni les artistes habiles
" qu'elle a jug^s dignes de son clioix. »
La commission de I'lnstilut national finit son rap-
port en rendant justice a la prudence et auxlumierea
des administiateurs qui ont perfectioun^ I'art le la
restauration. Des sncces reit^r^s n'^gareront jamais
le zele ardent qui les anime- lis ne permettent I'ap-
plication de I'art qu'aux objets teilcment d{?grades ,
qu'il y a plus d'avantages a leur faire courir queiques
hasards inseparables d'op^rations d^licates et mul-
tipliees, qu'a les livrer en proie a la destruction qui
les menace. En invitantl'Institut a suivre lesproc^d^s
dont on a fait usage pour restaurer le tableau de la,
pierge de Foligno ^ une administration toute com-
pos(?e d'hommes si estimables, vientde prouver a
toute I'Europe qu'elle se tiendra toujours prete a
]ui rendre compfe de sa vigilance.
Nous terminerons celte notice par le r^sult&t du
travail du C- Ameilhon , sur V uiscription grecqiie ve-
mie de Roselie j qui contient , comme 11 I'avoit ao-
nonce , un d^cret en I'lionneur de Ptolomee Epiphane.
II nous a donn^ une copie du texte, aussi exacte qu'il
lui a €\.€ possible de la faire , d'apres les caiques
envoy^s d'^Egjpte,le3qaeIsreprd3entent fidellement
roriginal, 11 a joint au lexte grec une traduction
S44 Nouvelles Ulleraires.
accompagnee de notes oil cle remarqucs lilstorlquea
et critiques.
Dans quelques-unes dcs notes, 11 compare entre
eiix les Taits rapport^s dans I'inscription , et ces
Biemes faits consignes dans les monumens de I'his-
toiie. 11 s'est livve , dans d'autres notes, a des dis-
cussions quelquefois assez ^(endues, soit pour jus-
tifier le sens qu'il a cru devoir donner a certains pas-
sages , soit pourrt'fufer certaines opinions qui ne lui
paroissoient pas fondees.
Telle est , par excmple, la note ou il met I'in-
scription de Rosette en parallele avec I'inscription du
monument uAdulis^ que le moine Cosmas indico-'
j)tcustcs , qui vivoit au sixieme sit^cle de I'ere vulgaire,
notis a transmise , et dans laquelle il s'agit des con-
quele.i faites en Ethiopia par Ptoldm^e Evergete,
aieu! de Ptolem^e Epipliane.
Le C. Ameilhon croit apercevoir dans I'inscrip-
<ion de Pvosette denouveaux raoyens pour combattre
]e sentiment de quelques savans, et celul de Bayer
en pariiculier , a qui jl a plu de jeter des doiites sur
raulhenlicit^ de I'inscription d'Adulis. S'il est dans
celle de Rosette des fails et des partlcularites dont
riiistoire a conserve? les traces, il en est d'autres aussi
qu'on chercherolt ailleurs inutilement : ce qnidonne
a ce monument xin nouveaux prIx , et doit lui m^-
lilcr line place honosable dans nos plus precieuses
colleclions d'insciiptions grccques.
Noire collt'gue propose encore, et toujours avec
braucoup de reserve, diverses conjectures pour ta-
cher de renouer le fil du discours , qui n'est que
trap
Kouvcllcs Uiteraires. 645
trop souvent inferronipu dans la derniere paide de
rinscriplion de Rosetle , par la suppression de plii-
sieurs portions de plirase que le temps a detruiles.
Mais pour bien juger du merite de ce trairaii , il
faudra le consid^rer dans font son ensemble, lorsqu'il
parol tra dans le recucil des ni^moiics de I'lustitut.
Oin rages composes par des menibres de Vln^titut ^ im-
primes el pre'sentes ti la classe pendant le premier
trimesire de I'aii X.
VorAGE d'j^gypte el de Nubie , par Frdderic-Louis
HoRDEN J noinelle edition donneepar le C. Lang'es ,
auteur de I' Alphabet tarlare-mantchoii. Paris , 1798,
10-4." , 3.* vol. avec figures.
Ouvrage intitule : Ex ercice public de "Bihuogra-
phie : Ess AT d'annales de la vie deJean GuUcnberg,
vwenleur de la typographic; par le C. Oberli n ^
associe.
An NU AIRE du departemeiit de VAin , contenant
un Memoire slatistique et historique stir la ville de
Bourg ; par le C. Riboud, associ^.
Notice sur les mdmoires de Hcnry-LouisLe Koin ;
par le C. Francois-Rene? Mole ^ artiste dramatique.
C 0 R II E S P. O N D A N C E.
Musce cVhisloire nalurcUe.
II y a environ un an que le gouvernenient fit
transporter en Corse une collection de vcg(?taux
Strangers, qui furent lournis par le Museum, ct
Tome V. M m
^4^ Notivelles lUteraires,
clioisis parmi ceux qui paroissoient devoir le mieus
s'actoutumcr au climat de cet(e ile, et etre en
menie temps !e plus utile aux arts et au commerce
des habitans. Le C Noisette ,jardinier, fut charg<?
dc les accompagner et d'en diriger la culture. Dans
une lettre adressde au C. Thouin , et dat^e d'Ajac-
cio , le 10 brumaire dernier., il lui fait part de ses
premiers succes. Presque tous ces vegetaux sont
arrives a bon port ; ils ont ^(e mis aussitot en plciiie
terre , et cette transplantation n'a point paru dlmi-
iiuer leur vigueur; au contraire, leur accroissement
a ete tres-sensible pendant cette premiere ann^e.
Parmi les arbres qui composent cette colonic v^ge-
tale, on distingue le cliene a glands doux , le faux
acacia , le cytise des Alpes, le jujubier, I'arbre de
Judde, le goyavier , I'indigotier, le colon- arbris-
seau , le sopliora du Japon , le plaqueminier de
Virginie,et le f^vier de la Chine; parmi les plan-
les , on compte le nopal des cochenilles , I'aloes-
pitte, diverses especes A\irum , d'ascl^pias ^ de g-e-
raniuin y de soluniim , de belladonna , dont les unes
sont utiles aux arts , les autres a la ni^decine. La
multiplication, la nafurallsation de ces vegetans,
tous etrangersa la Corse, exigeront sans doute beau-
coup de soins, beaucoup de Constance; mais oii
doit en attendre de I'experience du jardinier auquel
elles sont confines , surtout s'il obtient des admi-
nistrateurs de cette ile , comme on n'en pent dou-
ter, la protection nt'cessaire pour remplir ce but.
Une lettre du C. Martin , date'e de Cayenne le
7 friniaire dernier , contient des details salisfaisansL.
NoiH'elUs Vuitia'ncs. hy]
fenr la culture des (^piceiics ; il n'iiltend qiie hi saison
favorable pour s'occupcr de queiques cssais relatifs
a celle du poivrier. Le C. Hugues, ai;ent dii gou-
vernemcnt , vient de mettre a sa disposilion un
terrein pour cet objet. II s'agJt de recOtinoilre
quels sent les arbres les plus propres a strvir de
tuteurs aux poivriers, en s'aUacbant de preference
a ceux qui, ^tant susceptiblcs de se uiuliij>lier de
bouture, ont I'ecorce (^paisse et spongieuse; et qui,
s'elevant pen , ont cependant uue Jongue duree.
Mais, ce n'est pas le seul rer,L.!(at que Ton chercbo
a obtenir par ces essais. L'lle de Cayenne e^t ia
premiere terre qui a e((5 cultivee dans cette co-
lonic; son sol, e:i plasieurs endrolls , se tiouve
c'puise, ct Ton est force dc le laisscr reposer, avaiit
de lui conficr d'aulres planter avcc quelque espoir
de succes; outre cet Jnconv(?r.ient, e!!e est exposce
a un fleau bien plus prejudivi^ble aux cultures ; ce
sent les fourmis qui ravagent*, qui devorcnt tout ;
ii y a des endroits oil il est impossible de s'en ga-
rantir, et quantity de terres sont abandonn^cs a ces
insectes. Mais depuis riniroduction du poivrier, oa
a cru s'a, ercevoir qu'ils ne louchent point aux
feiiilles de cet aibrisseau ; queiques plants ^pars
dans les habitations en ont ete respect(?s. Si le fait
se confirme par de giandes cultures, le sol de I'ile
se renouveilera successivcment , ei son psoduit s'ac-
croitra dans la ni^nic proportion.
Le C. Martin a essaye de marcotter le muscadler
fenielie. Si ropcration r^ussit, c'cst sans doute le
moyen le plus sur et le plus prompt de propagtr
M m 2
54S Noiivclles lilleraires.
cede (^plceilfc, car parnil les noix - muscades qij<»
I'on seme et, qui gcinient lies-bien, il se (rouve
beaiicoiip plus d'indivitius males que de fenielles.
II se propose encore de grefFer ces deinieres sur
les males , et de tenler a cet efFet les difF^reiis
proc^dt'S qui pcuvent amener a un r^sulfat satis-
faisant.
Quant aux arhres a pain, lis prosperent a Hier-
veiile. Le C. Martin annonce qu'il aura bientot
douze nouvellcs marcottes a s^parer de leurs sou-
ches. Quelques-unes ont deja .des sucoirs, les autres
re tarderont pas a en avoir, 11 a observe que les
marcottes en general, si les branches sont un pen
fortes quand on les provigne , donnent des fruits la
meme ann^e.
Le C. Riedle , jardinier dans I'expddition du ca-
pitaine Baudin , a ecrit de sa relaclie a I'lle-de-
France. Sa lettre est dat^e du 3o germinal an 9.
En voici un extiait:
■• Nous sommes arrives ici le 25 pluviose, cinq
<i mois apres notre depart de Paris. Notre travers^e
•I de I'ile de Ten^rifFe nous en a employ^ plus de
'• quatre. Vous aurez sans doute appris I'accident
" qui m'est arriv^ deux jours avant de quitter celte
• lie. Je tombai du haut d'un rocher a environ 45
■< pieds de profondeur; on me transporta dans mon
«< lit, ou je restai pendant trols mois a soufFiir
« le marfyre. Je me sentols encore de mes bles-
« sures a mon arrlvee a I'lle-de-France , et j'avois
« bien peur que ce maudit mal ne m'erapechat de
« travailler le re§(e du voy.nge. Mais , Dieu mcrci ,
IVom'el/es litteraircs. 649
•< j'en suls quilte , ct je coiirs les montagnes coninie
" auparavant. J'ai d^ja ramass^ deux cent cinquante-
" cincf especes de plantes, sans compter les doubles
<< ^cliantillons pour I'hcrbier du Museum.
" J'ai fait le catalogue du Jardin colonial ; j'ai
« marque les arbres qui se trouvent au jardin du
" iVluseum de Paris, et ceux qui y manquent ; ces
" derniers sont au nombre de soixante. Le C. Cere
" m'a promis de m'eti livrer des plants a notre
■« retour de la mer du Sud ; je lui ai remis , eu
" ^change , deux oliviers francs ^ deux poiriers ,
" deux pommiers, un cerisier , un abricotier, un
<■ p^cher, un amandier , un chataignier, deux mar-
<> roniers-d'Inde , huit petits-noyers , faisant j)artie
" de la collection d'arbres dont j'ai et^ charge en
« partant de France. 11 ni'a fait manger du fruit de
" ses arbres a pain que j'ai trouv^ (i(*licieux ; il en
«• a distribu^ aux principaux habitans de la colonie
" pour le faire goiifer et inspirer le desir de le cul-
' •• tivcr. Celui que nous avons mang^ pesoit huit
" livrcs. II en rcsle encore huit sur les deux arbres
« qui ont fructifi(^; ces arbres ont dix-huit pouces
« de cliconff-rence et quinze a seize picds de hau-
« icur \ ils seroient plus elevds s'ils n'avoietit ete
•< casses a leur extr^mit^ , par un coup de vent.
" Je ne puis assez me louer de toutes les hon-
" netetes que j'ai recues des habitans de cetle ile ;
« j'ai visits leurs jardins et j'ai laisse partout des
'• graines de legumes et de fleurs de TEurope. Pcn-
•< dant notre traversce, j'avois plants des noix et
" elev^ uae mullitude de jeunes nojeis; j'en ai dis-
Wm 3
5oo Nottvcllcs lillcralics.
" fiibiu' line tientaine diins la colonic, ct j'cn al
•• ei)voy(5 j)lusieurs a I'ile de la Reunion.
" Je no vous dirai point oii nous irons en sortant
" de rile-de-Francc. 7\ujourd'hui nous avons oidre.
•' de nous rendre a bord , ct de nous tenir pr^ts a
•• parfir. Mais tout a bien chang^ dans noire exp(^-
•• dition ; celte lelache lui a. ^le pernicicuse a plus
« d'lui (^gard. Des malelots ont desert^ pour prendre
« parti sur des corsaires; c]up]ques-uns ont ^t^ rat-«
" trnp(^s. I.e capifaine a dt'bargue deux officiers
" maladcs; plusieurs naturallstes paroissent d^ler-
" niin^s a ne pas allcr plus loin : pour nioi, j'irat
" lant que le vaisseau Ira.... »
Par une seconde lettre dat^e du lendemain , le,
C. Riedl^ annonce que le depart est fixt? au .3 flo-
r^al ; ii croit que Ton fera route pour la Nouvclle-
HoUande.
T H ]^: A T R E S.
Theatre FRAN CATS DE LA Republtqve,
Edonard en Ecosse ,
Jlfnine 1iision\]ite en frois ncies ct en -jirose.
Le c;rand succes de cetfc piece , jou(!^e le 29 plu-
A'iose an 10, cst-il du a I'auteur, anx artrurs ou au,
sujet li'slorique? Telle est la question que so sont
f;iites beaucoup dc personncs ; ot on pent leur re-
ponnre que le tout n'y a pas peu contribue. Le sujet
lie pouvoit manquer d'iiileresser. L'auteur, a su ca.
Nonvellcs Uileraires. SSi
tiror parti; et les acteiirs ont cach^, par leiir jcu ,
qiielqucs-uns dcs d^fau(s"^chappes a I'autciir.
Edouard , fils de Jacques III , errant dans sa pa-
trie , cliercliant a remonler sur le trone de son pcre,
et fiiyant des ennemis aiissi criiels que puissans,
voici ]e premier mobile de la piece. Un ennemi
assez g6iereux pour lui donner tin, asyle, I'inleret
qu'inspire le prince poursuivi, toujours pret a tom-
ber dans uu pi^ge qunnd il a sii se soustraire a un
autre; ce sont les moyrns dramatiques employes
avec siicces, et avec lesquels on est toujours sur
de r<=ussir , surtout quand on y joint des caracteres
bien traces et un bon style. On ne peut, sous tous
ces rapports, que louer DuVAL, auteur de cet ou-
vrage, qui, a quclques longueurs pros, montre uu
grand talent, et bcaucoup d'cnlente de la scene.
Les roles les plus marquans ont t'te jou^s par le
C. Saint-Fal et M."e Contat. Celle-ci a ete' vive-
meftt applaudie. Saint-Fal, qui a fait bcaucoup
valoir le role foible d'Edouard , a ele demands
aprcs la piece.
Theatre Feydejv.
Bom Mendoce , ou le Tuleiir porli/gais.
Get op(?ra est tomb^ le 26 pluviose. II a (?l^ re-
>ouc le surlendemain, sans oblenir plus de succcs.
M m 4
552 Nouvelles Ulicraires,
Theatre Lo v v o i s.
Le Manage de Nina-Fernon.
Ficard , gate par le public, co'mpfe trop maintc-
nant siir son ihdulgence. Ce n'dtoit pas assez de
jouer tjuinze fois de suite VAuberge de Calais ,%\^(e
i\ toiites les representations , et de forcer le public
a trouver bonne %i grandc Ville , que tout le mondc
couroit voir, et dont tout le monde sortoit mecon-
tent. II a mis sur I'affiche le noni des autenrs du
Manage de Nina -Vernon , que les sifflets avoient
empeclie d'entendrc. Ces auteurs, qui auroient du
s'y opposer, non par modestie , mais par amour-
propre, sont des chansonniers reunis du Vaudeville
et des Jeunes Artistes, les CC. DiEU -la- Foi ,
Chazet et Dubois.
II est vrai que, depuis la grande Ville, il n'y a
plus que les pieces siffle'es qui reussissent a Louvois.
lUna-Vernon a lu^rit^ son sort a tons ^gards. Elle
ne vaut pas la peine que nous prendrions pour I'a-
nalyser.
Theatre du Faudeville.
Georges Times , ou le Jokej malt re.
On a toujours dit que le Vaudeville ^toit un
enfant. 11 a voulu sortir de son maillot, il a voulu
marcher a grands pas, et le pauvre petit a e'piouve.
NoJU'cUes h'/f era ires. 553
par plus d'une chute, ce que c'est que de vouloii"
faire plus que nos forces ne nous perraettent.
La Malade qui se parte bieii a et^ suivie du Jokei
viailre , qui, moins heurciix qu'elle , a et^ cahot^
en route. Ce pauvre Jokey a pris les habits de son
inaitre, pour donner des lecons de inuslque a Ebina
qu'il adore. 11 n'est jokey que par I'habit; c'est un
jeune komme bien n<5 que son inconduite force a
servir. Son niaitre ne salt pas tout cela. II a fait un
ouvrftge pour lequel on veut rarreter ; ses habits
trompent les records qui anefcnt Georges a sa place.
Un denouement qui tombe des nues vient terminer
cette pauvre piece , par un bel acte de g^n^rosit^
qui a beaucoup fait rire , attendu qu'il n'est rien
moins que vraisemblable.
Les auteurs demandes par quelques voix indul-
gentes , sont les CC. Sevrin et Duchaume.
Les couplets sont, quant au style, au dessous
nieme de ceux 6.\icliille d Scjros.
LIVRES DIVERS (i).
Politique.
EsaAi sur V Art de rendre les rdnoluiions utiles ^ "par
J. E. Bonnet^ deuxieme edition. 2 vol. z/z-8.*'
Priv , 7 fr, 5o cent. , et ^ fi. 5o cent. , par la.,
jyoste. A Paris , chez Mumduji, Iibraire , ruePay^e-
Saint-Andr^-des Arcs, n.° i6. '
Lorsque la premiere edition de cet onvrage pa-;
^■ut , on trouva d'.ibord que c'efoit le reiricde apres
la mort. Quelcjues chapitres assez bien trai((?s, des
circons!ances que le liasard fit naiire, une preven-
tion publiqup , qui persuada que cet ouvrage pa-,
roissoit sous les auspices de I'auforii^ , firent la for-
tune de la premiere (^ditinn , fortune a laquelle ni
J auteur ni le Iibraire ne s'atlendoient pa- , et qui
produit cetle seconde edition. Un journaliste, era
J'annoncant, a dit qu'elle eioit reiue et corrigee ;
sans doufe qu'il croyoit qu'elle devoit I'etre. Nous
sommes certains qu'elle est exacfement conforme a
la piemiere. « Le gouverneinent de Rome est le
" niodcic que I'auteur choisit jiour faire l'ap})lica-
^' lion des grands ])rincipps d'^conomic politique,
•• et cela, parce que cet etaLest en contre-r^volution ,
"' parce que les actes contre-revolutionnaires qu'on
" a d(^ja fails , sont pris dans le grand principe des
•< contre-r^'olutions , qui est la clemence , et pqrce
" que les opi^rations y (jtant plusfaciles , rapplication,
« sera plus fiappante. >■ Sans doute la cl^^raence est
nn moyen ; mais peut-elle ramener tous les esprlts,.
concilier loutes les opinions, calmer tous les partis,
(0 Lss article* marques d'linc * sont ceux dont nous donncron.s uij.
exiralt.
Lk'rcs divers. 555
ramener I'ordie social a scs vrais principes ? L'cx-
p(^iience nous clc'montre que cc nioyen seal est in-
suffisant pour reiidre Ics revolutions utiles.
Jurisprudence.
Brxrcr/iv He Chistilut dc jurisprudence el d^e'co-
iwniie politique. Premiere livraison de id et 182 pag,
in 8.°
L'lnstJfut c!c juiisprudcnce et d'c'conomie politi-
qup est ora;anisf'; ses cours seront ouvcrts ; ils fiiiiront
le 3o fructidor de chaque annde. ly'abnnnrrricnt a la
totality des cours, comme a un seul, est de 100 fr.
pour Iciir dur^e , qui est de 10 iimis; cetle somnie
est payable par (inquitme, de deux mois en deux
niols , et d'avance,
Lr bulletin de ITnstitut et le journal de juris-
prudence sont cbaciin de dix a douze feuilles , sui-
vant I'abondance des malieres; format in-8.'', ca-
ractere de cicero: i! paroit le i.*"' , et le journal
le i5. Le prix de I'aboimen-.ent , soit au bulletin ,
soit au journal , est de 3o fr. par an , i5 fr. pour
six mois, et 7 fV. 5o cent, pour Irois mois. Ils sont
rendus, francs de port, dans tons les dcpartemens
de la republique.. L'abonnenicut aux deux ouvrages
est de .'54 francs.
Les citoyens domicilies ont la faculte , pour le
firemicr trime^itre, de ne |iaver qu'a son ex()iration
e prixdc leur abonnement. Tons les renseignemens,
demandes , Icltres , abonnemens , envois de fonds ,
sont adress^s , francs de port , au directeur gcn(?ral,
quai Voltaire, hotel la BrifFe, n." z^a. Paris.
On s'abonue egalement ch z tons les receveurs de
J'enregiurcmcnt, gre.Hiers, libraireiet directeurs des
postcs de la republique.
Cette premiere livraisnn du bidlctin de I'lostitut de
jurisprudence et d'econoruie politique confiCnt une
introduction sur le but decct ctablissement ; ensuite
]^ preaiic'vc keen de chacun des six cours suivaqs, qui
o56 Livres divers.
se donaent dans le m^me etablissemenf-. Ces coiirs
sont : Celui de legislation naturelle ct d'economie /;o-
litiLjiie, par le C.PeRREau, merabre du Tribunat ;
celui de droit roinain et francais , par le C. Ber-
NARDi, Jurlsconsiiile ,chefde division au ministere
de la justice; celui Ae juriiprudencepraliqiie , par
le C PikaUlt-Deschaumes, avou^ pres le tri-
bunal de Ja Seine; celui de logique et d^ eloquence ».
par le C GaLlais , ancien professeur de ces deux
sciences ; celui de Icgialuiion crnninelle , par le C.
Morand , professeur a I'ecole centrale de la rue
Sairit-Antoine ; et celui de legislation Inslorique ,
constitiUiounelle et civile , par le C. MiLLON, pro-
fesseur aux ecoleo centrales de Paris. Chacune de
ces premieres lecons contient I'exposition du cour&
auquel elle sen d'introduction.
Geographie.
^ NoTicn, des outrages de M. d'ANyiLLE, premier
geographedit roi, memhre de l' Academic des inscrip-
tions et betles-iettres el de CAcademie des sciences
de Paris , de celle des sciences de Saint-Petersbotirg,
de la Societe des anliqiiaires de hondres , et secre-
taire ordinaire de M. le due d^ Orleans ; precedee de
son eloge. A Paris , cliez B'uchs , libraire , rue des
Mathiirins; Denianne „ a la Bibliotii^que nalio-
nale. De Tinriprimerie de Delauce. An X. 1802.
In-8.'' de 120 pages. Prix, ifr. Bocent.
Education.
TliADUCTTON litterale da prospectus en grec vul-
gaire , d'une traduction du Cours des sciences phi-
losophiques , compost en it alien par M. Francois
SoJrE , auteur des Novelle Morali ad use de*
fanciulli ;. c'est-a-dire, Bouvelles morales a I'usage
des en fans.
Avis aux litterateurs grecs.
Tous les Grecs qui aiment leur nation et les
Ijivres divers. 5By
l)onnes ciiose,? , sont: invites a con(ribuer a IVdition
d'uii Coins abreg^ et methodiquc des sciences j)hi-
Josophiqiies , dont la traduction a ^((? faite par un
Grec , ami de sa nation, a I'usage de ses eleves,
L'ordre, la clart^ et la bri^s'ete qui distinguent cet
abreg^ complet , I'ont fait juger digne d'etre ega-
Jement communique , par la voie de I'impression ,
aux autres Grecs , et surtout aux habitans de l;»
Grecem^ridionale (i) , qui , malheureusement , man-
quentde livres ^l^mentaires Merits dans leurlangue,
et n'entendent pas celles des autres nations , aujour-
d'hui riches en ouvrage de ce genre.
Cet ouvrage est divis^ en quatrc tomes ; le pre^
iMier et le second traitent de la logique avec une
m^lhode exceliente , et d'une maniere loute nouvellc.
Le premier, en efFet , presente en raccoiuci un ta-
bleau de I'liistoire de la pbilosopbie , depuis le
commencement du raonde jusqu'a nos jours, et traite
particulierement de la partie analytique de la logi-
que; c'est-a-dire , de la maniere de d^couvrir la
verity, partie qui avait ^t^ n^glig^e depuis Socrale
jusqu'a present. Le second tome traite de la ma-
niere d'exposer et de demontrer la verity , trouvee
par ce moyen ; ce qui constitue I'essence de la logi-
que , propremen'. dite ; et a occup^ tons les auteurs
de trait^s de logique, depuis Aristole jusqu'a I'epo-
que presente. Le troisiemt volume renferme la me-
tapbysique, avec toufes ses parties ; c'est-a-dire , la
psychologie , I'ontologie , la cosmologie, et la th^o-
iogie physique. Tous ces objels sont developpcs,
<l'une maniere analytique et avec une m^thode
admirable, d'apres les nouvelles decouveries que
Locke, Condillac, Bonnet, et d'autres metaphysi-
ciens, physicieus et cliymistes r^cenSjOnt faitcssur
(i) L'auleur de ce prospectus, rarcliimandrile Anthliiie Garl , est dii
nioiit Telion , et oppose la Grece meridionale , I'Altiqiie , la Moree , k
la Macedoliie, a la Thessalie , i I'Epire. On ne sauroit trop I'cncourager
i conlimier d'eniicliir sa iialioii par l« traduction des meilleurs livrej
^liiraentjlres.
ooS Llvres divert.
cliaque maflere. An lieu de pi(?sen(er la chaiiie deal
^tres dans un style sec , aride et lebutant, coiiiuie
I'ont tail jusqu'ici les luetaphysiciens , il expose la
generation et le developpement des pensees et de
J'id^e des choses qu'il delinit. 11 d^duit de ses prin-
cipes et de ses deliuilions line foule de consequences
et de corollaiies 5 de soite qu'on peut appeler ce
traite de metaphysiqtie un tie'sor de science ct d'in~
striiction. Le quatrieire volume , enfiii , renfcrme la
morale dans toutes ses parties , et dans toute son
etendue, pour le dire en nn mot, et ne pas s'ap-
pesaniir ftoidement sur de longs details.
L'auteur traite ccs paities de la philosophie en
pliilo&ophc, et en philosophe chrelien et tres pieux,
sans cl'.oquer , comme tant d'autres, les saints et
respectaijies dognies de la religion , sans effaroucher
la piete. Tel est le livre que nous annoncons.
Tout le moude sentira I'utilile ou plutot la n^-
cesslie de cet ouvrage , surtout en reflechissant que
noire nation manque d'un fraif^ qui lui ofFre I'en-
chainement complet de ces sciences, et principale-
ment de la morale, qui est le but et la fin de toutes
les autres. Chacun vena , sans que j'aye besoln de le
dire , combien il est utile de recevoir toules ces
connoissances de ]a niain dii- meme ecrivaiu.
L'auteur est Italien, vivant , et cultlve la philo-
sophic avec gloire , dans le duche de Parme. La
traduction a ete faite de I'italien dans la langue
moderne des Grets , non pas dans ccllc qui est re-
serv^e au vulgaire, mais dans celle qui est fille de
I'ancienne langue lilt(?rale , et qui tiont beaucoup
de la noblesse de sa mere. On a choisi ce style de
preference, pour reiidrc ce livre plus utile, et a.
portee d'un plus grand nonibre de lecteurs. L'edi-
tion se feraa Vienneen Autrichej et on en conimen-
cera I'inijiressiou aussilot qu'on aura un noaibre
suffisant de souscripteurs, pour encourager I'editeur
a se charger d'une en (reprise an dessus de ses forces.
Le piix de Touviiige coniplct est fixe a trei^^e
■ Lis'ies divers. 609
piastres (2), d'une reliiire ordinaire, mais fort Jolie,
et qiiinze quand 11 sera reli^ a la francaise. Voici
les conditions de la souscriptioii : Cliaque souscrip-
teiir, en lecevant le preuiier et le second tome,
donnera , pour res deux volumes , cinq piastres ;
quatre en prenant le troisieme tome, qui est pres-
que aussi gros que les deux premiers ; et enfin ,
qiiatre autres piastres, pour le quatrieme et dernier
volume; le tout payable a I'ordre du ties-saint et
tres-savant archimandrite Anthime GaZI , qui se
chargera de I'e'dition et de la distribution de cet
ouvrage. Salutgenereux,, descendans des Grccs, amis
de votre nation , et de ce qui est beau et bon. A
\ienne, le 10 juillet 1801.
Voyages.
* Voyage en Crimee , suwi de la relation de Pam-
bussade en\'oyee de Pilersbourg a CousUintinople ,
en 1793, publie par iin jeune Riis^e ullaclie cicelle
ambassade ; traduit de t'alleiiuiiid pur L. H. De-
IjAMARre. I vol. in-8.° Paris, de I'imprimerie de
Cnipelet ; chez Maradun „ libraire , rue Pav^e Saiut-
Andr^-des-Aics , n.° 16.
La Crlm^e nous est pen connue. Ce pays, dont
tant de hordes barbares et conqit^i antes sont sorties ,
n'est qu'un desert, malgr^ routes les faveurs que la
nature lui prodigue ; et se peuplera difficilement sous
ses nouveaux souverains, uiaigrc? les encouragemens
qu'ils y re|)andent. L'ambassade russe, qui traversa
la Valachie, la Moldavie,la Bulgarie, ne pr^sen-
teroit qu'un itineraire sec et peu instructif sur des
provinces accabl(?ts sous le joug oitonian , et rava-
g^es par les princes qui s'y succedtnl rapidement ,
si le C. Delamarre n'avoit ajout^ a I'auteur qu II
(2) Le piastre lurque vaut mjlnlcnaiit enviioa 5i a 53 sous de la
moonoie de France.
66o Livres divers.
nadnisoit , des details siir les usages , les niceiirS^
les lois de ces divers peuples qui r^pandent dc I'in-
terft et des connoissances geographiques , dont i.ne
luarche de six mois et de 600 lieues etoit suscej)tible,
Ce traducleur estimable regielte de n'avoir pu ac-
compagner son volume d'lnie carle des regions qu'oii
paicourt 5 mais averti qu'ou alloit publier une tva-
duelion du meme voyage , il a (?t^ foic^ d'aban-
donner son travail, et de se coiitenter de designer
les cartes qui lui avoient et^ commiuiiqu^es au d(;p6t
general de la guerre, qui sont celle de la Moldavie
par Bawhr, celle de I'Empire ottoman par Zannoni ,
et de la Crimee par Kinsberg. Nous rendrons compte
de ce voyage, qui Contieut plus de choses que le
litre en ptomet.
* Voyage de la Troade ^ fait dans les anuses lySS
et 1786 ; par J. B. LECiiErALiER , memhre de
plusieurs Academies. Troisieme edition , revue et
considerabtement augmentee. 3 vol. in-^° , ornds
d'un atlas , compose de 3j planches , representant
la viie d'ltliaque f de la fontaine Arelhuse ^ les tom-
heaux d'Homere ,de Pat rode , d^Achille , d'Ajax ,
d^ Hector , les sources du Scamaiidre , la vae d'A-
ihe^es , celle du temple de Minert'e-Suniade .j d^ Apol-
lon - Thyrnhrien , la carte du. royaume ciVlysse ^
etc. , etc. ; avsc I'analyse raisonnee de toutes les
planches , Vfies , cartes , m^dailles , etc. ^ etc, Prix ,
papier ordinaire d! Au^ergne , %i fr. ; et idem,
papier double , facon Hollande , 36 fr. ; el papier
velin , 60 fr. A Paris , cliez Dentu , imprimeur-
libraire , Palais du Tribunat , galerie de bois ,
n.° 240.
H I S T O I R £.
IjES Ann ales de la Verlu , ou Hisloire iinii'erselle
iconograpldque et litle'iaire , a I'usage des artistes
et des jeuncs litterateurs , et pour servir a r edu-
cation de la jeunesse ; par Madame DE Genljs ,
iiaui file
Lh'res (?he7'S, > 56i
tiouveUe edition revue, corrigee et augmeiitde, 3 gros
vol.in-Z°.lDe: rimprimerie de Cn^/Wc/. Prix bro-
ch^s 18 ff. , et 21 fr. ;par la postc; Ic nn'mc ou-
vrage J 5 vol. in-12 , prix broch^c , 12 fr. 5o cent,
et 16 fr. franc de port, par la poste. A Paris,
chcz Marac/ciJi , libraire, rue Pav^e Saint-Andre-
des-Arcs, n.°^6.
La publication de ces Annales est une nouyelle
fireuve du desir qu'a M.'"'^ de Genlis d'etre utile a
'education de la jeunesse, seul but de tous ses tra-
Taux. Ces Annales pavurent il y a vingtans, ct n'^-
chap[)erent point a la critique ; on y apercut des
inexactitudes, des erreurs de chronologie , dcs fails
historicjues qui ne devoient point se trouver dans des
^niioU's qu'on intiUiloit dc la Verlii. L'auteur a pro-
fit^ des observations d'luie critique impartiale, il a
revu son premier travail, et y a fait des corrections
et des augmentations qui lui donnent , pour ainsi
dire, une existence nouvelle. On n'appieciera peuf-
^tre pas autant qu'elle doit I'etie une compilation qui
demandoit des recbercfies p^nibles, des lectures im-
menses , et surtout une lonstauce d'executiou qui
ne pouvoit ^tre soutenue qiie par I'esp^rance de re-
cueillir une serie de faits m^morables , d'acdons re-
marquables que pT^^sente I'histoire generate et par-
ticuliere depuis la creation du monde jusqu'a nos
jours. 11 a t'allu que M.™" de Genlis se consacrat ^
lire et a exlraire, pendant vlngt-cinq ans, tous le$
liistoriens anciens et modernes , toutes les traductions
des auteurs grecs et latins ^ anglais et italiens, et
meuie plusieurs dictionnaires. De cette immensit^ de
lecture bien dig(?rce , est r^sult^ I'ouvrage qu'on vient:
de reimprimer; il renferriie dans le plan adopts par
l'auteur, le detail des traits vertueux que les bisto-
riens nous ont transmis un precis des plus belles lois
de diff(?rens legislateurs , un extrait de la morale et
des sentimens des pbilosopbes les plus c^lebres , un
abr^ge des moeurs et descoutumes des anciens. L'his-
toire de France a surtout occupe JVl.'" de Genlis,
Tome V. N a
56a lltivyes divers.
et cela devoit etre. On lira a ce sujet des Falts hi-
roiques qui honorent la nation et qui ^toient ignores.
Elle a consult^ non-seulement les liistoires et les m^-
moires particuliers , mais encore des manuscrits ori-
oinaux qui lui avoient ^t^ confi^s.
Les etudes qui ont pr^ced^ la publication de cet
ouvrage , dans lesquelles I'auteur^n'a ^t^ seconds ni
aid^ par personne, doivent obtenir la reconnoissance
des peres kt des meres qui s'eccupent de I'^ducation
de leurs enfans , des instituteurs qui les suppl^ent ,
de la jeunesse qui y trouvera des exemples a suivre,
de belles actions a imiter. L'auteur se (latte meme
que son recueil sera de quelqu'utilite aux artistes ,
sciilpteurs, peintres, dessinateurs qui n'ayant pas le
temps de se livrer a I'^tude de I'hisioire, traitent
presqiie toujours des sujets us^s et rebattus.
La suite paroitra successivement dans le cours de
I'anu^e. On donnera incessamment deux volumes
nouveaux qui contiendront i.° la suite des traits de-
taches de I'histoire de BVance ; 2.° la geographic tres-
detaillee de I'histoire d'Angleterre ; 3.* Tabreg^ chro-
nologique de I'histoire d'Angleterre ; 4° details sur
les lois,. les moeurs , les coutumes ; 5° un tableau
coraparatif des deux litl(?ratures francaise et anglaise;
6.° les traits detaches de I'-histoire d'Angleterre. Par
ce qu'on lit dans les trois volumes qui paroissent ,
et par ce qu'on nous promet, on peut juger de I'u-
tilite et de la richesse de cette compilation, A. J. D. B.
POESIE sacr]6k.
jipoLOGVES et Allegories chreliennes , ou la Morale
de C Evangile , deieloppe'e et reiidue sensible duns
quatre litres d' Apologues en versfrancuis. A I'li-
scjcre des Pensions ou I' on eleve les jeunes gens de
Tun et rauire sexe. A Paris , chez heclere , libraire ,
quai des Aui^ustins , n." 89 ; i vol. in-12. Prix
I fr. 80 centimes.
On ne peut qu'applaudir au but que l'auteur s'est
Livres divers'. 563
f>Vopos^ en publiant ces apologues. S'll est vrai que
a rime favorise la ni^nioire , il aura rempli son objet
en mettant en vers les principes de morale tirf^s des
livres saints. L'Honime -Dieu ne parloit aux Juifs
que par paraboles , et La Fontaine'a dit : que sont
les paraboles , si ce n'est de v(?ritab!cs paraboles? •■ II
•» semble, dit naivement I'auteur, que I'idc'e de tom-
" poser des apologues, dont la morale entierement
'■ cbri^tienne put etre entierement substitute a cette
" morale purement profane , et d'ailleurs commune
" et rebattue qu'on tionve unlquement dans nos
« meilleurs fabulistes , tut uoe idee au^si htureuse
« qu'elle est neuve. "
L'auteur ne se dissimule pas les d'fficuUes de I'en-
treprise. La gravite de la niatiere, la siiniliti'de des
sujets, leur pen de rapport avec nos moeiirs devoicnt
rendre i'cxerution p^nible , et peut-elre le succes
douteux. Kn lisant ces apologues, on se rappelle, nial-
heureuscment pour l'auteur. La Fontaine, Nivernois,
et meme I'abb^ Aubert , et on ne peut applaudir ni
au style ni a son talent po^tique ; il faut se con-
tenter d'applaudir a ses intentions. A. J. D. B.
P O £ S I E.
Comedies , Vroverbes et Chansons ; par Joseph-
Alexandre Segue. Paris, chez Colnet ^ rue du
Bacq , n.° 6i8 , au coin de celle de Lille; au
Bureau de la Chronique litt^raire; che^c Dtbray y
palais du Tribunat , galcries de bois , Mofigie j
meraes palais et galeries , aussi cour des Fontaines.
An X i8o2. in-8.° de 291 pages.
Outre un recueil de chansons, la plupart impri-
m^es s(?par^ment; telles que le Diulogue eiilie la
Raison ct la Folic ^ la TValse ^ les Irois parlies du
Jour ^ les Refus^ Veloge de la Gaietd ^ V Amour et
La Constance .^ etc., ce volume contient /u J'(/r/< le
plus sage ^ proverbe en vers; le Rclour du Mari ^
comcdie en un acte et en vers, repr^sen(<?e pour la
N n 2
564 Llvres divers.
premiere fols au theatre Francais , 'Je aS janvief
1792 ; les deux Veiu'es , com^die en deux actes , en
vaudevilles, representee pour la premiere fois sur le
theatre du Vaudeville, le 22 frimaire an V; VA~
mant arhitre ^ com^die en un acte-et en vers, rcpre-
sentt^e sur le theatre de I'Od^on et sur le theatre
Louvois. Ces divers ouvrages sont tous connus , ont
eu plus ou molns de succes, et ont en general m^-
ritea I'Auteur la reputation d'un litterateur aimable
et gracieux.
Romans.
Brass MAN, ou le Pere inexorable , par DAMP'
MARTIN ; civec cede ^pigraphe :
Qui n'est que juste est dur.
3 vol. in-i2, avec fipjures. A Paris, chez Ouvrier ,
Jibraire, rue Saint- Andr^-des-Arcs , n.° 4i.AnX
(1801).
Voyage pittoresque de la Sjrie, etc.; par le C,
Cassas. XXII." livraison. ^
Les six planches dent cctte livraison est compo-
See , representer.t : l." planche. Un Monument se-
pulcral, situe proche du monastere de Salnt-Sim^on.
Le monastere de Saint-Simeon, ainsi que le monu-
ment dont cette planche ofFre la representation , le
plan et I'eievation ,se trouvent sur la route d'Halep
10U plutot Hhaleb] a Antioche [ou Anthakyeh]. — ■
I,"^ planche. Route de Hhemss ci Pulmjre. Pvepos de
la petite caravane avec laquelle I'artiste voyageoit,
]a premiere fois (au mois de mai lyBS) qu'il partit
de Hhemss [jadis Emese], pour serendre a Palmyre.
Arrivee d'une troupe de brigands arabes. pefense de la
petite cararane. Le lieu de la scene est au dessus de
Sudud , village qui se trouve avant celui d'Howa-
rein , sur 'Ja route de Hhemss a Palmyre. — 01."
planche. Tombeau d' laniblicus a Palmyre. Ornem; ns
de Ja niche du tombeau, — IV.* planche. Mau^oUe
Lwres divers. 565
ifElabdliis. G^om^tral dii plafond durez-de cliaiiss^^e.
— v.* planche. Entablement d'lin tombcau dctruit. —
VI.*^ planche. Viie du chemin d' Antonin , avant d'ar-
liver a Baruth. Inscription antique taillee dans le
roc ou le chemin est pratique , pres de rcrabouchure
du fleuve Lycus.
Melanges.
jInnvaftie du Departcment do la Surthe , pour
CAii X ,cahuld surle wcridicn du Mans. Au Mans,
chez Monnojer , imprimeiir- libraire, rue de la
Barillerie, n." 34. An ix. In-i6 de 284 pages.
Cet annuairc , dont nous avons annonc^ plusieurs
volumes, ([ui ont paru les annees prec^dentes, se
distingue d'une maniere fort avantageuse , et con-
tribue a faire successivenient connoilre lout ce que
]e departement de la Sarthe preseate de vemarquable.
Les nafeuralistes , les antiqnaires , les amateurs de
I'histoire, ceux qui s'occupent de la slalistique,
doivent ^galement savoir gre au C. Maultiy, dont
le zele pour tout ce qui est ufile, est de nouveau
prouv^ par la p-.iblication de cet Annuaiie. L'indi-
cation des morceaux qui y sont conftnus, sufRra
pour donner , a nos lecfeurs , uneid^edeson ufilll^.
En tele se trouve, comme a I'ordinaire, I'Alma-
rach avec tout ce qui s'y rapporte. Dans I'Amiuaire
de I'an ix , on avoll donne une notice des ev^uemens
les plus reniarquablcs, arrives dans le ci - devant
Maine, depuis 1424 jusqu'cn i45o.Dans celui de
cette ann^e, on trouve I'histoire de la prise du Mans
par les calvinistes, en i562 , avec le detail des crimes
et des d^sastres qui signalerent cet ^venemetit , ccrite
sur des memo'res auihentiques , par le C Le Dm ,
professeur a I'ecole centrale de la Saithe. Inspirer
une juste horreur contre les dissentions civiles et re-
ligieuses , tel est le but louable de I'auteut co com-
posant ce precis d'apres des memoires en partie ma-
nuscrits , et conserves , soil dans la biblioili(?(juc du
de^jurtemcnt de la Sarthe , soil datis ccile du C.
JN u J
566 Livres divers.
Maulny , en partie imprimf^s ; le catalogue des uns
et des autres so trouve a Ja suite de cet article,
page 46 et siiiv. On trouve ensuite des observations
ilu C. PiCHON , sur un paragraphe de I'Annuaire
pour I'an VIII, et lesreponses, etcelui des insectes
observ(^s aiix environs dii Mans : ce dernier est dis-
pose d'apres la m^thode du C. Lamarck, par le C.
N. Despoites.
Le reste de I'Annuaire contient la nomenclatuie
des membres du Gouvernement avec Ics nonis et de-
xneures des consuls, des niinistres, des conscillers
d'Etat, des membres duS^nat conservateur , du Corps
It^gislatifet du Tribunal ; ensuite ceux des membres
des autorites constitutes ef administrations du d^par-
tement de la Sarthe; les notices qu'il est bon de
savoirsuv I't'tat de I'instruction publique , notamment
snrlesecoles primaires , les maisons d'cducation par-
ticuliere , I'^cole centrale , la biblloth^que publique,
le museum, la societe libre des arts, les liflpitaux,
etc. , la poste aux lettres , les messageries , etc. ;
enfln, le tableau des iiouveaux poids et mesures.
A ces observations par le C. he D/u,on a joint la lisfe
des m^dailles des empereurs romains , trouv^es dans
Allonnes, pres !e Mans , depuis 1774 jtisqu'en 1801.
~- Un Esi,ai sur la Culture des plantes etrangeies
nu'on pent acclimaler et utiliser dans le d^parte-
inent de la Sarthe, par le C. Le Dm. — : L'Eloge
histcrique de Francois Veron Aa Forbonnois ^ par le
C. Le/;n'/2C6^ ; c'est celui insere dans \e Magaziii En-
CYc/ope'di(jue , aiimie Vl, /ow.VI, j)og. 211 et suiv.
— L'extrait d'un uiemoire sur Germain Pilon , et
sur r(?tat de la sculpture dans le deparfement de
la Sarthe, par le C. RenoI'art, bibliotb^caire ;
cet extrait est siiivi d'un C;italogue raisonn^ des
sculpteurs celebres n^s dans le d^-parlenient de la
Sarthe. Pour I'Histoire naturelle, cet Annuaire offre
le catalogue des substances niinerales , observees dans
le departement de la Saribe , par le C. Maulny,
qui s'occupe avec un ^gal» succes des antiquites et;
tie I'histoire naturelle.
TABLE DES ARTICLES.
'' M«A THEMATIQUES,
Traite ^lementaire de calcul differentiel et integral ; par le C. Lacrotx.
122
Resultats des experiences faites par }e C. Prony , sur les perpendlcu-
laires metalliques places a differens points du dome du Panih^on
francais , et destines k faire connoitre les niouTemens des piliers
c[ui le supportent. 4i3.
ASTRONOMIE.
HIstoire de I'Astronomie pour I'an tx ( 1801 ); par le C. Lalande. i45
Asire de Piazzi , et conjonclion de plusieurs plauetes observtes par le
C. Messier. 118
Solstice de Nivose, an 10. laf
Telescope de Herschei, acquis par rAcademie des sciences de Peters-
bourg. go
L'observatoire royal de Madrid fait I'acquisition d'un telescope d'Her-
schel. 239
£xtiait d'une lettre de M. de Zach , directeur de l'observatoire de
Goiha , au C. Michain , de I'lnslitut, sur des observations faites
par M. Schroetter a Lilienthal. 5oa
HiSTOIRE NATURELLE.
Le Buffon des ecoles , a I'usage de la jeonesse ; par Mayor. 420
Cabinet d'histoiie caturelle du voyageur anglais Forster, go. 574.
ZOOLOGIE.
Circonstances de la mort de I'elepliant mile du Museum d'histoire na-
turelle, le 17 nivose an 10. 116
Dissection de I'elephant par le C. Cuvier. ' SgS
Ornitholocie.
Histoire naturelle des Grimpereaux toui-mangas et gnit-guils, des
Oiseaux de paradis et de« Jaramars ; par L. P. Vieillot, 140. 410
Collection d'Oiseaux indigenes i acquerir par souscription cliez le C.
Pifhon. 38/
Nn 4
568 Table des articles.
BOTANl«^UE.
Description des Planies nouvelles et peu connues , cuhivees (Jans \%
jardin du C. CeU ^ avec figures; par le C. Ventenat. ^tj. 48»
Noiice du C. Jussieu , siir plusieurs genres de plantes de I'lnde, ob'II
rapporte 4 ce!ui connu sous le nom de litsi, et dent le» individus
ont la Cliiue ponr patrie. ' i3^
Extrait d'un niimolre du C. Delisle, sur le doum ou palmier de k
Thebaide. i3i. 5iS
Meinoire sur les Sencs ; par le C. Delisle. 5l5
Enumeracioplantarum in paftilius Selandi{s septent. etorientalis ;
auctore Schumacher. 075
Vegetaux otiangers acclimates dajis I'lle de Corse. 546
lExtrait d'une lelire du C. Martin , sur les progres de la culture des
epiceries J Cayenne. 547
Lettre du C. Risdli , sur le jirdin colonial a I'lle-de-France. 648
MiNERALOGIE.
Extrait d'un memoire du C. Gillet-Laumont , sur le gissement tres-
peu connu jusqu'a present , du fer chroftate. i5o
Leitre du C. Thore, sur une Mine de soufie naiif, decouverte S Salnt-
Boue , dans les Basses-Pyrene«s. 10^
Physique.
Traite tlementaire de physique , presente dans un ordre nouveaii ,
d'apres les decouvertes modernes; par A. Libes. 435
Fiecherches du professeui Volta , et d'une commission de I'lnstilut
national , sur les phenomenes galvaniques. I25
Experiences galvaniques faiies en Russie. 2.I\X
Influence du galvanisme sur les planles. 673
C 11 Y M I E.
DecouTerte du C. Berthollet , sur le mercure FulminaHt. 117
Aii.ily.se d'une mine de cuivre, decouveile dans le Derbyshire; par le
C. Vaucjuelin. • 128
Arseniale de fer, et arseniale de cuivre , deux esp^ces dislinctes dont
le C. Vautjiielin enridiit le catalogue des substances minerales. 129
Extrait d'un memoire du C. Vautjuelin , sur un mineral des environs
de Limoges. 129
M E D E C I N E.
In;iiiutIon« dc Medecine 5 par le C. rctitRadql, 289^
Table dcs articles. 669
Hecherches sur le Tq;nissement , sur ses causes multiplites , dlrccles
ou sympathiques ; par le C. Bouvenot. 421
Memoires de la Societe medicale d'omulation , Suante a I'ecole de
medecine de Paris. 72
Dictionnaire botaiiique et pharmaceutiqiie , conienant les principalis
proprieties dcs mineraux , des veppiaux et des animaux ; par une
Soclele de medecins , de pharmacleiis et de nafuralisles. 277
Obseivalion sur une Gsiule de I'esiomac, par laque'le on voyolt I'in-
lericur de ce vlscere ; par les CC. Corvisart el Leroux. 4o5
Remarques sur une eiuplion au pis des vathes, IVequeiite dans quel-
ques villages des eii'virons de Paris, coramuniquees par le couiiie
cenlrale de la vaccine. 5qj
Chirurcie.
Analyse des blessures d'armes a feu , et de lecir traitemeni ; par le C.
Diifouare. 421
E C O N rt M I E.
%
Esquisse d'un ouvrage en faveur des pauvres , adrcsse h rediteur dcs
Anuales d'Agriculture , par Jercmie Jientham ; publlee en fran-
cais par Ad. Duquesnoy. Premiere p.nrtie. i vol. in-S." 495
Rd'sultat des ncuvtiles experiences de M. Achard , a Berlin, sur le
Sucre de belterave. ga
Technoiogie.
invention de nouveaux tuyaax d'argile, a i'usage des fabriques d'eau-
de-vie , en reniplacemcnt de ceux de cuivre. iio
Politique.
Appcl a la justice des nations et des rcis; par le C. Beer'. 2S7
De ir.sprit public; par le C. F. Eranianuei loulongeon. Ibid.
De la Tyrannie; par Victor Alfieri. Ibid.
£ssai sur I'art de rendre les tevoluliors utiles ', par Bonnet. 604
JURISPRUDF. NGf:.
Bulletin de I'lustitut de jurisprudt-nce et d'econouu'e poliiique. i55
Leciseat^on.
Introduction a la Science de rer.oBOmic poiilique ct de la stalisrlqiie
g^iierale ; par le C. Leblanc. 1 Sg
Que cbez de graades puissances . les erreurs en legisLition out ii^;
Is sourcf de kur ilicadeiice; par le C. EouchduJ. ia»
^70 Table des articles.
Navigation. '
Canal souterrain pour reunir I'Escaut a I'Oise. Si^
Geographie.
Notice des onvrages de M. A'^nville. 55S
Observations dii C. Buache , sur I'ancienne carte itineraire des Ro-
mains , appelee Carte de Peutinger , et sur la geographie de I'a*
nonynie de Ravenne. , 255
Guides des routes d'ltalie par postes (en italien et en francais). 26a
Carle generale de chaque gouverneinent de la Russie. 5 10
Voyages.
Voyage aa Senegal, pendant les ann^es 1784 et 17S5, d'apres les
niinioires de Lojaille; par P. Labarthe. 27S
Voyage en Ciiniee , sulvi de la relation de i'amba^sade envoyee de
Petcrsbourg 4 Constantinople en 1793, traduit de I'alleraand par le
C. Delamarre: t 55g
\oyage de la Troade , fait dans les annec-s 17S5 et 1786; par le C.
Le Chevalier. 422. 56o
Voyage de Norden en AEgypte et en Nubie; edition publiee par le
C. Langles. 532
Notice sur le dernier voyage de Dolomieu dans les Alpes , lue a
I'Atlienee de Lyon par le C. d'Eymnr. 076
Rapport fait a I'lnslitut national, par le C. Coutelle , sur son voyage
au mont Sinai , arec le C. liozieres. 41-2
Voyage du C. Saudin, autour d(i nionde. 648
Voyage de la Syrie , pai le C. Cassas. 22.' livraison. 564
HisTOIRE.
Tabicltes chronologiques des Revolutions de I'Europe ; par le G.
Koch. 4-^
Athenian letters, or the epistolary Correspondance of an agent of tl>e
King of Persia , residing at Athens during the Pelopponnesian
war. • 28 1
Observations sur le nom et sur I'origlne des Pyramides d'AEgypte; par
le docteur Hager. , 554
Les .^nnales de la Vertu, ou Histoire universelle , iconographique et
lilteraire ; par madame de Genii's. 56o
Journal historique des operations mllitaires du siege de Peschiera et
de I'attaque des retranchemens de Sermioue; par le chef d'e5cad;>itt
F. Heuin. • 281.
Table clcs articles. Sji
Histoire de la tlestniction des republiqiies democraliques dfe Schwilz ,
UrI et Uiiterwalden; par Ilenii Zichokke. 28 1
Observalions du C. Camus , sui- un maniiscrit original , qui contient Ics
lettres de ratificalion du roi d'Aiigleterre , Henri VIII, rolalives a
un traite conclu , au mois de juillet 1527, enire ce prince el Fran-
cois 1.°' 553
Observations du C. Camus, sur quatre leltres ccritei an mois de sep-
lenibre 1 564 1 par Louis de Chatillon , et qui contiennent des de-
tails sur la sllualion des protestans a celle epoque. 554'
Tieclierclies historlques et criliques sur les edits des niagislrats roniains;
par le C. Louchaud. t 2.'|8
Exanien critique de I'liistoire de Rome, sous les rois ; par le C. Le-
vesf/Ue. 25/
Fragmens de I'liistoire de France; far le C. Anquelil. aSa
Histoire i.itteraib£.
Notice dos travaux de la classe des sciences mathemaliques et physiques,
del'Institut national, pendant Ic premier liiraesire de Ian 10. — Partie
mathematique , par le C. Delainbre , secretaire, 1 18
r— Partie physique, par le C. Lac^pede , secretaire. 12?
Notice des travaux de la classe de lilleralure el beaux-arts, de I'lnsliim
national, pendant le premier trinicstre Ve I'an lo; par le C. Villar,
secretaire. • 5a i
Prix distrlbues & I'Ecole nationale d'archifecture. ' 4o3
Prix dislribues a I'F.cole de peinture. 404
Premiere siance geiierale de la Socii^te d'encouragement pour I'indus-
trie nationale ; prix proposes par cette Sociele. i i5
Socii'te de mederine, el.iblie ^ Sirasbourg. 5i4
Prix propose par la Socieie ^e medccine de Lyon. 5i5
BIbliolIieqne de I'lnslitut d'AF.g-vpte a Marseille. 107
Organisation nouvolle du Lycco de Marseille. icS
Prix proposes par I'Acadeniie de peinture de Gand. ii>S
Eloge de Lamoignon de Malesheibes , propose pour sujet de prix par
le LvcL-e du Gard. 107
Thomas Lohiino-Perez , potior & Bilbaslro , nonimi assori^ dc merite
par la Sociele royale d'Arragon , pour sou invention de tuyaux
d'argile- 5 10
Nominaliorr & rAcadirmie impi-iiale des arts ^ Vienne. ' 99
M. Jenner , nomme membre de la Sociel<i des sciences h Gcellingue. 573
Prix proposes par la Sociele des sciences et des arlf a trireclil. f)6
M. Begiruss,, iiouinie professtur d'econoifiie It Copenhagiie. S;- .•.
672 Table des articles.
Eloge de Sglim , propose pour sujet de prix par I'Academie des «cienc«»
de Copenliague. qi
Seance do I'anniversaire de TAcademie de pelnture a Stockholm. 578
Akchaeologie.
Suite de la Dissertation sur le costume des Furies dans la tragedie des
anciens , et sur les nionimiens antiques , traduite de Tallemand de
M. Bcsttiger; par le C. IJ^inckler. 35
Fin de ccile dissorialion. \jS
Opinion du C. Mongez , sur trois epees antique* de bronze , decou-^
vertes dans la vallee de la Sonime , et envojees par le C. Traulle ,
d'Abbeville , et sur un auneau de bronze envoye a I'lnslitut par
le C. Riboud. 529
Extrait d'un niemoire du C. Ameilhon, sur I'art de tisser chez les
anciens. 62:1
NUMISMATIQUE.
Empreintes de medallles grecques « romaines du C. Mionnet. SgJ
Medailie distribute aux deputes cisalpins reunis i Lyon. 075
Medailles d'or decernees par I'Academie de Slockhoim. 5; l
Palaeographie.
Resultat du travail du C. Ameilhon , sur Tinscription trigrammatique,
venue de Roselie. 54*
Observation du C. Silvestre de Sacy , sur la nieme inscription. 49*
B I O G R A P U I E.
Parallele de Linne et de Buffon. Sgo
Nollre blograpliique et liltcraire sur les Femmes-Auleurs de la Grande-
Bretagne (Suite) ; par le C. i«i«u»ie. . oog.
^lort du mathematician Simeon Valette. 24^
Mort du C. Luneau-de-Boisgermain. 244
Mort du C. Dartjuier , aslronome. 246
Notice sur le C. Darcjiiier. 5i3
JSTotlce sur le C. Blanc. 5i2
Nouveiles sur divers litterateurs de la Suede. 9^
ruMIcallon de la correspondance lllleralre de George Forster. oyS
Notice snr le C. Dolomieuel son dernier voyage dans les Alpes ; par
le C. d'Eymar. 576
Notice sur les ouvrages de M. d'Anville , precedee de son eloge. 5.'i5
Voyage de Paesiello 4 Paris. • 3/4
Anulvcisaire de I| nalssauce dc Kfcwtoa, cclebre psr la Societe de
jn«ih!;jn.i(tiques de Lc.ndre*. 25S
\
Tiible des articles. 67 3
M E T A P U T S I Q C E.
Jllemolre du C. de Sales, inlimle : De Dieu, premiire pYripru'ti
de I'homme, et de son injluence sur t'organisation sociale. aSo
M^molre du C. Merrier, Sur la pliilosopliie de Kant. Ibid.
Observations tin C. Degerando , sur le Sauvage de I'Aveyron. 256
Mimoire suf la Synipalliie morale ; par" le C. Levestjue. 258
M O n A L I?.
OEiivres morales, ou'Maxlmes el Reflexions de Francois, due de la
Rochefoucauld, prec^dees de sa vie. 286
Pelit Careme de Masillon, eveque de Clermont. Ibid.
Education.
Les Tr^sors de I'Histoire et de la Morale ; par A. L. Delaroche. 286
Les Charmes de I'F.nfance , et les Plaisirs de TAmour malernel ; par
le f . Jaiif/ret (texte francais et allemaiid en regard ). 284
DIcllonnaire abrege dcs Hommes ctlebres des temps modernes; par
A. S. Le Blond. »S3
Adele et Theodore ; par madame de Genlis. 4^4
Traduction lltle rale du prospectus , en grcc vulgaire , d'une traductioa
du cours des sciences philosopliiques , compose en italieu par M.
Fc 556
rancois ooat-e.
Perfeclionnement de I'instruclion des sourds et muets dans I'etablisse-
ment de Berlin.
G R A M M A I R E.
Connoissance de la langiie francalse , conslderte sous le seul rapport da
Torthographe 5 par le C. Sauger-Prineuf. 287
Cbitiqoe.
Remarques critiques du C. Monellet , sur Touvrage intitule Lexico-
log'e, par le C. Hutet. ' "'7
BlBLIOGBAPHIE.
Livres francais defendus par la censure de Vlennc , dans le courant
des mois de juin et juillet 1801. 99
Liste de tous^c-s journaux et magasins litleraires qui paroisscnt chaque
mois 'a Londres, avec leur prix. 9^
LlTTiaATtTRK.
Lectures on Rhetoric and belles-lettres, by Hugh Blair. 4^7
Voyage en Italie ie M. I'abbe Barcheiemy , de I'Acadiraie francaise ^
•tc. ; publie par k €. Sery^s.
.574 T^ibJe des articles.
Les OF.uvres d'Horace , tiadulles en francals par le C Tjinet. 117
Musarion , ou la Phllosopliie des Graces ; imitation du poeme alle-
niand de RI. fT^ieland; par Vl-^..... S 348
Discoiirs sur les progres des connoissances en Europe et de I'enselgne-
ment public en Fiance; par le C. Chenier. 4-^S
Discorso sulle belle lettere recilato il giorno xxvi di parlile anno ix;
da Luigi Lomberti. 426
Conespondance lurqiie , pour seivir de supplement a la correspon-
djnce russe de J. F. La llarpe. 427,
LitteratUre ORIENTALE.
Additions & I'edition du voyage de Norden , publi<ies par le C. Lan-
glis. 5^a
Commentaire du C. Langlis , sur la traduction des memoires de la
Societi anglaise de Calculla. 55 1,
LiTTERATUBE CHIMOISE.
Copie de la celebre inStription de Ta-Vti , conservee a la Bibllotheque
nalionale , et que le docteur Hager se propose de publier. 4o5
LiTXERATUKE COPTE.
Leflre de M. Akerblad au C. Silvestre de Sacy, sur la decouverfe
fdite par lui de rccriture cursive copte. 489
LiTTERATURE GRECQUE.
Lettre de J. B. Gaspard d' Ansse de Villoison, a Fl. Lecluse , sur la
prononciation , I'accentuation , la prosodie et la melodie de I'an-
cienne langue grecque. 4^6
Guerre de Trole , depuis la mort d'Hector jusqu'a la rulne de celle
viile , poeme en 14 chants, Quintus de Sniyrne ; faisant suite h
riliade , et traduit pour la premiere fols du grec en francais par
R. Tourlec. • 49?>
Hesiodi Opera et Dies ; edi curavit M. Birgerus Tliorlacius. aSS
Deux fables d'AEsope inedites, decouveites par le P. Raynal , dans
un manuscrit du treizieme siecle. io5
GrcEcorum auctoruin coiitpendiana e-u^c/ti ^ annotntionihus grani-
mcticis et philologicii iiistructa , in usuin regii archigyiiinasii
Neapolitani ( auctore de Ancora ). 1 04
P O E S I E.
Hymne h I'occasion de la Paix, par le C. E/ie Ldvy ; chantee en he-
breu , et lue en fraucais dans la grande synagogue h Paris. 5C4
Table des articles. SyB
Tie Paplllon , ou Recuell de cliansons , aricltes , romances ct pieces
fugitives. 4^5
Odes siir les verlus civllcs ; par Forlun^e B. Briquet. /|26
Ode sur la Paix, avec des chanirs ; par le geni'ial Despinoy. Ibid.
Comedies, Proverbes et Chansons ; par Joseph-Alexandre ^t^gur. 563
FOBSIE SXCBBE.
Apologues el Allegories chrttiennes , ou la Morale de I'Evangile. 562
THEATRES.
Theatre Francois de la Republique.
£douard en Ecosse. 55o
Theatee de l' Opera comique, rue Feydeau.
Lysistrata. 1 53
Le Coup d't'pee, ou one Aventure de Saint-Foi. A>7
Dom Mendoce , ou le Tuteur portugais. 55a
Th^axre Louvois.
La grande Ville. '54
Les Provinciaux a Paris. 27^
Le Mariage de Nina-Vcrnon. 65a
Theatre du Vaxtdeville.
5e fachera- t - il ? 4 '8
Achille a Scyros. Ibid.
Sophie , ou la Malade qui se porte blen. Ibid,
Ceorges Times , ou le Jockey niailie. 553
Romans.
Charles et Marie; par I'autf ur A'Adite de Senange. i4»
Histoire d'Agathon , traduction nouvelle el complete , faite sur la
derniere idilion des OEuvres de Wieland ; par lauteur de Pietro
d'yi/by et Gianette. Ibid.
NovelUs Nuevas escrilas en Frances , por M. de Florian. 14?
Gonzalo de Cordoba o la Conquisia de Granada, escritta por el Ga-
ballero Flor:an. Ibid.
Zeir et Zulica , histoire indienne; par P. Oallet.' i43
La Soiree d'Ete ; par M. Lewis ; tud. de I'angl. par D. L. JI. Ibid.
^ Paix J pv felicile Qniriot- Saint- Manin. Ibid.
'SyS Table des articles.
-MoVse en AE^ypte cr chcz L*s Man iidiiites ; par un Soiitaire 'o'Api
jj penzell. 427
I<a(k>uki et Floriska , roman poloncis; par i*** 429
.Salvndor , ou le ha>oii de Mont-Belliaid ; liaJuit de I'jiiglais 5e niadaine
Cioffts. Ibid.
Brassman , ou le Pere I iie x o ra rj c ; ■piT Dampmartin. 564
Le Parvenu du jour, ou la Caiicalato phjsique et uiciale. 1^5
BiiAwxrAnivs.
. Gravures de Marc.-Arronlo, d'apres Raphael , regravees par M. Lon-
ger, a Dusseldotf. 2o5
Exposition au salon dps tableaux h AVeimar. aiS
Extrait du rapport de la coroniissioii do I'lnstilut, Sur la restauralion
dii tableau de RaphaaJ , connu sous le nom de la Kiergs de I'o-
ligno. 537
Melanges.
OEuvres de Plutarque , traduitas par J. Amyoc. '4'
Journal des Spectacles, de Musiquc et des Arts. '44
Le Present de noces, ou Aliuaiiach hlstorlque et moral des epoux. 4^9
Des Fetes publlques chez les nioderiies ; par J. Grubert. 430
Okygrapliie ; par Honore Blanc. 43^
Les OEuvres coinpleres de Thomas. 4^2
Annuaire du depaitement tJe la Sarthe , pour I'aii to. 565
Table des articles contenus dans ce nuvi^ro.
Fhtsiqus.
Tiaite ^lenientaire de Physique ,
pieienle daii.'i iin oidie noii-
veau , d'apies les decouverles
modernes ; par le C. LiOes. 433
LlTT£BATUQE.
Lettre de J. B. Gaspard d'Amse
de yUloison, ii Fl. Licluse ,
sur la prononciallon , I'.iccen-
tu.ition , la prosodie e( la me-
lodie de I'jnicienne langue giec-
<jue. 456
BOTAMIQDA
Description des Planres noiiTelle.'i
et peu coiinues , cullivees dans
Je jardin de J. M Ceh ; avec
Sgures; par E. P. yentettat. 48a
LXTTiaATUBS OBISMTALB.
JLetue du C. Akerhlad, m C. 5'//-
vesire Je Sacy , sur la di'cou-
Terle faiie par lui de I'ectiiure
cursive copte. 4gi
EcOKOMIE.
Esqiiisse d'un ouvrage en faveur
des Pauvres , adressee it I'edileur
des Annates d'AgricuIiure , par
Jireniie Bentham ; pulili^e en
IVaii^ais par Ad. Duquesnoy. 4^5
LlTTERATVBC CBRC^DE.
Guerre de Troie , depuis la morl
d'Heclor , jusqo'i la ruine de
cette ville J par Quintus , de
Smyrue. 4gg
V AR IETi:s,NOUVELI,ES ETCOR-
ItESPONUAMCELITTERAIRES.
NOUVEIXES ETBAKOiltSS.
Allemagne. — Extrait d'une letire
Berlin. — Soords et Muets. 5i q
Russie. — Confec:ion d'une cnr»«
generate. 3it
Espagne. — Sociel6 d'Arragon. 75.
F n A N c K.
Necrologie. — NolJce *ur la C.
Blanc. 5ii
Notice sur le C. Darrjuler. 5i5
Ecole de sante dc Strasbourg. 5i4
Navigation de I'Escaut. Il/i^
Societe de ni^decine de Lyoa. 5i5
Paris.
los'itut national. — Memoir* «ar
les senes ; par le C. Delisle. lb.
Memoire sur le «/o«;fi, oa palmie;'
df la Thebaide ; par le meme.
5j8
Notice des travaux dc la classe de
lilteraiure et beaux-arts , par le
C. Villar. Siapce publique du t5
nivose au 10. 5ji
Gor;espondan(e. 54$
TuEAT&ai.
Edouard en Ecoise. 55a
Dom Mcndoce , cu le Tuteur por-
tugais. 5^1,
Le Mariage de Nina-Vernon. 53^
Georges Times , ou le Jokey mal-
ire. 353
LlVa^S DIVERS,
PoHlique.
E«sai sur I'art de rendre le* xt^Or.
lutiout utiles ; par le C. Bonne*.
Jiuisprudcncc.
Bulletin de I'lnstitut de jurispru'
.<leuce et d'econoiuie politique.
Premiere livraison. 555
Geograpliie.
Notice des ouvrages de M. d'An-
vilU. 556
Education.
laduclion litterale du prospectus
eii grec vulgaire , d'une tiaduc-
tion du Cours des sciences pliilo-
sopiiiques , compose eii italien
par M. Francois Soave. Ibid.
Voyages.
Voyage en Criraee , sulvi de la re-
lation de I'ambassade envoyee de
Pelcrsbourg Ji Constantinople en
1 7C)5 ; traduit de I'allemaud par
le iC. Delamarre. 559
Voyage de la Troade , fait dans les
annies 17S5 et 1786; par J. B.
Lechevalitir. 56o
J-lJstoivC.
Les Annales de la Vertu; par ma-
dame de'Gcnlis. . Ibid,
Poesie 'satree.
i "i v' ■•■
Apologues et Allegories chretien-
nes, ou la Morale de I'ETangile.
5ba
Pojsie.
Comedies , Proverbes et chansons ;
par Joseph-Alex. Sigiir. 5tJ5
Romans.
Brassman, ou le Pere inexorable;
^dx t)ampmartin. 5t>4
Voyages en Phoenicie; par le C<
Castas. ibtd.
Melanges.
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