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Full text of "Manuel d'anatomie comparée des vertébrés"

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Boston 
medical  libbaby 

8   THE  FENWAY 


MANUEL  D'ANATOMIE  COMPARÉE 


DES 


VERTÉBRÉS 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2011  with  funding  from 

Open  Knowledge  Gommons  and  Harvard  Médical  School 


http://www.archive.org/details/manueldanatomiecOOwied 


MANUEL  ^^\ 

D'ANATOMIE  COMPARÉE 


DES 


VERTÉBRÉS 


PAR 

R.    WIEDERSHEIM 

PllOFESSECll   U'AXATOMIE   HU3IA1XE   ET  COilPAllÉE  A  L'UXIVERSITÉ    UE    FlllUOCKG   E>"   BRISGAU 

Traduit  sur  la  deuxième  édition  allemande 

PAR 

G.   MOQUIN-TANDON 

Professeur  de  Zoolosie  et  d'Auatomie  comparée  à  la  ïaculté  de^  Scieucei  de  Toulouse 


OUVRAGE  ORNÉ  DE   302   FIGURES 


PARIS 
C.    REINWALD,    LIBRAIRE-ÉDITEUR 

15,     RUE     DES     SAINTS-PÈRES,     15 

1890 

Tous  droits  réservés 


^BRAKÏ 


AVANT-PROPOS 


L'ouvrage .  dont  nous  offrons  aujourd'hui  la  traduction  au  public, 
nous  paraît  combler  très  -heureusement  une  lacune  dans  notre  litté- 
rature scientifique.  Il  n'existe,  en  effet,  jusqu'à  présent,  aucun  livre 
qui  résume  sous  une  forme  didactique  et  concise  Tensemble  de  nos 
connaissances  actuelles  sur  l'organisation  des  Vertébrés.  Les  Traités 
d'anatomie  que  nous  possédons  sont  plus  ou  moins  anciens  et, 
quelque  remarquables  qu'ils  soient  d'ailleurs,  quelque  utiles  qu'ils 
soient  à  consulter,  ils  ne  présentent  plus  qu'un  tableau  nécessaire- 
ment incomplet  de  la  morphologie  de  ce  groupe  important  d'ani- 
maux. 

Depuis  une  vingtaine  d'années,  la  morphologie  des  Vertébrés, 
un  peu  délaissée  par  les  naturalistes  qui  trouvaient  dans  le  vaste 
domaine  des  Invertébrés  un  champ  fertile  en  découvertes,  a  pris  un 
nouvel  essor  sous  l'influence  des  doctrines  transformistes.  Les 
nombreuses  recherches  d'embryologie  entreprises  de  toutes  parts 
ont  conduit  à  des  résultats  inattendus,  que  la  seule  comparaison 
des  organes  entre  eux  eût  été  impuissante  à  nous  faire  connaître. 
Outre  l'embryologie,  l'histologie,  la  paléontologie  ont  été  largement 
mises  à  contribution.  Les  notions  ainsi  acquises  sur  l'ensemble  des 
appareils  organiques  ont  permis,  non  seulement  de  rectifier  des 
rapprochements  erronés,  de  découvrir  des  ressemblances  fondamen- 
tales masquées  par  des  caractères  ditïérentiels  tout  à  fait  secon- 
daires, de  mieux  préciser  enfin  les  rapports  des  différentes  parties, 
mais  encore   «   de  donner  Fexplication  de  nombreux  organes  ou 


VI  AVANT-PROPOS 

parties  d'organes  qui,  sous  leur  forme  atrophiée  ou  rudimentaire 
chez  ranimai  adulte,  sont  complètement  incompréhensibles  ». 

La  morphologie  des  Vertébrés  est  ainsi  entrée  dans  une  voie 
féconde  où  elle  réalise  chaque  jour  de  nouveaux  progrès.  Les 
recherches  se  multiplient,  les  travaux  siiccumulent  ;  mais  cette 
masse  de  faits  et  de  théories,  de  valeur  d'ailleurs  très  inégale, 
épars  dans  une  foule  de  recueils  scientifiques,  ne  sont  guère  acces- 
sibles qu'aux  savants  de  profession,  et  le  public  studieux  de  nos 
écoles  réclame  depuis  longtemps  un  ouvrage  qui  lui  présente,  sous 
une  forme  succincte,  Tensemble  des  résultats  acquis. 

La  publication  du  Manuel  de  M.  Wiedehsheim  est  sous  ce 
rapport  une  véritable  bonne  fortune.  Le  savant  professeur,  que 
ses  nombreux  travaux  sur  les  différents  groupes  de  Vertébrés,  sa 
vaste  érudition,  son  expérience  de  renseignement  avaient  préparé 
de  longue  main  à  une  œuvre  de  ce  genre,  a  su  résumer  et  con- 
denser dans  un  petit  nombre  de  pages  nos  connaissances  les  plus 
précises  sur  la  morphologie  de  ces  animaux.  Par  un  choix  judicieux 
des  matières,  il  s'est  attaché  à  présenter  un  tableau  d'ensemble  de 
l'organisation  des  différents  types,  insistant  sur  les  rapports  fonda- 
mentaux des  organes,  passant  rapidement  sur  les  faits  qui  n'offrent 
qu'un  intérêt  secondaire.  Tout  en  se  maintenant  dans  le  cadre 
restreint  qu'il  s'est  imposé,  il  n'a  rien  négligé  d'essentiel;  c'est 
ainsi  qu'il  n'est  pas  une  découverte  importante ,  pas  un  des 
résultats  saillants  mis  en  lumière  dans  ces  dernières  années,  dont 
il  n'ait  tenu  compte  et  qu'il  n'ait  exposé  avec  les  développements 
qu'il  comporte. 

M.  WiEDERSHEiM  uc  s'cst  pas  boHié  purement  et  simplement  à 
passer  en  revue  et  à  décrire  les  formes  si  diverses  que  revêtent  les 
organes  dans  les  différents  types  ;  mais,  chaque  fois  que  cela  a  été 
possible,  il  a  essayé  d'expliquer  et  d'interpréter  ces  variations  en 
s'appuyant  sur  les  données  si  importantes  que  nous  fournissent 
l'embryologie   et  la  paléontologie.   Dans   cette   partie    délicate   de 


AVANT-PROPOS  VII 

son  œuvre,  il  s'est  d'ailleurs  toujours  tenu  sur  une  sage  réserve  et 
s'est  gardé  avec  soin  des  hypothèses  aventurées,  estimant  avec 
raison  que,  dans  un  ouvrage  élémentaire,  les  hypothèses  ne 
doivent  être  admises  qu'autant  qu'elles  sont  hasées  sur  un  certain 
nombre  de  faits  probants. 

L'ouvrage  est  accompagné  dim  grand  nombre  de  gravures,  dont 
quelques-unes  sont  tirées  en  couleur.  La  plupart  sont  originales  ; 
les  autres  sont  empruntées  aux  sources  les  plus  autorisées.  Enfin, 
une  large  place  a  été  faite  aux  figures  schématiques  ou  demi-sché- 
matiques, si  utiles  dans  certains  cas  pour  faire  comprendre  la  dispo- 
sition et  les  rapports  des  organes  complexes. 

De  son  côté,  l'éditeur,  M.  Reinwald,  a  donné  les  plus  grands 
soins  à  l'exécution  typographique  de  l'ouvrage  et  n'a  rien  négligé 
pour  en  assurer  le  succès  matériel. 

C'est  avec  confiance  que  nous  offrons  cette  traduction  à  tous 
ceux  qui  veulent  étudier  l'anatomie  comparée  des  Vertébrés,  trop 
négligée  de  nos  jours,  convaincu  qu'ils  ne  pourraient  trouver  ail- 
leurs de  guide  meilleur  et  plus  sûr. 

G .  MoQuiN  -  Tandon  . 
Toulouse,  décembre  1889. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pag^es. 

Avant-propos v 

Bibliographie  des  principaux  ouvrages  d'Anatomie  comparée  et  d'Embryologie.,  xiii 

INTRODUCTION. 

I.  Définition  et  objet  de  l'Anatomie  comparée 1 

II.  Développement  et  conformation  du  Vertébré 2 

CHAPITRE  PREMIER.  —  Téguments 16 

Téguments  des  Poissons  et  des  Dipnoïques 47 

Téguments  des  Amphibiens 18 

Téguments  des  Reptiles 19 

Téguments  des  Oiseaux 20 

Téguments  des  Mammifères 24 

Glandes  mammaires 27 

Bibliographie 30 

CHAPITRE  DEUXIÈME.  —  Squelette 31 

I.  Squelette  dermique 31 

Bibliographie 34 

II.  Squelette  intérieur 34 

1.  Colonne  vertébrale 34 

Colonne  vertébrale  des  Poissons  et  des  Dipnoïques 36 

Colonne  vertébrale  des  Amphibiens 40 

Colonne  vertébrale  des  Reptiles 44 

Colonne  vertébrale  des  Oiseaux 47 

Colonne  vertébrale  des  Mammifères 50 

Bibliographie 52 

2.  Côtes 52 

Côtes  des  Poissons  et  des  Dipnoïques 53 

Côtes  des  Amphibiens 54 

Côtes  des  Reptiles 55 

Côtes  des  Oiseaux 56 

Côtes  des  Mammifères 57 

3.  Sternum 57 

4.  Épisternum 60 

Bibliographie 61 

5.  Squelette  céphalique 62 

A.  Crâne.  Généralités  et  développeinent 63 

B.  Squelette  viscéral.  Généralités  et  développement —  65 

C.  Os  du  squelette  céphalique 67 


X  TABLE    DES    MATIÈRES 

Pages. 

Squelette  céphalique  des  Poissons 69 

Squelette  céphalique  des  Dipnoïques 1\ 

Squelette  céphalique  des  Amphibiens 76 

Squelette  céphalique  des  Reptiles 81 

Squelette  céphalique  des  Oiseaux 84 

Squelette  céphalique  des  Mammifères 87 

Bibliographie 92 

6.   Membres 93 

A.  Membres  impairs 94 

B.  Membres  pairs 95 

Ceinture  scapulaire 95 

Ceinture  scapulaire  des  Poissons 95 

Ceinture  scapulaire  des  Amphibiens  et  des  Reptiles 96 

Ceinture  scapulaire  des  Oiseaux 99 

Ceinture  scapulaire  des  Mammifères 100 

Ceinture  pelvienne 1 01 

Ceinture  pelvienne  des  Poissons  et  des  Dipnoïques 101 

Ceinture  pelvienne  des  Amphibiens 102 

Ceinture  pelvienne  des  Reptiles 103 

Ceinture  pelvienne  des  Oiseaux 105 

Ceintui'e  pelvienne  des  Mammifères 105 

Extrémités  libres 107 

Extrémités  libres  des  Poissons  et  des  Dipnoïques 107 

Considérations    générales    sur    les    membres    des    Vertébrés 

supérieurs 110 

Extrémités  libres  des  Amphibiens 113 

Extrémités  libres  des  Reptiles 114 

Extrémités  libres  des  Oiseaux 116 

Extrémités  libres  des  Mammifères 118 

Bibliographie 121 

CHAPITRE  TROISIÈME.  —  Myologie 122 

I.  Muscles  cutanés 124 

II.  Muscles  du  squelette 124 

Muscles  pariétaux 124 

Muscles  pariétaux  des  Poissons,  des  Dipnoïques  et  des  Amphibiens..  125 

Muscles  pariétaux  des  Reptiles 126 

Muscles  pariétaux  des  Oiseaux 127 

Muscles  pariétaux  des  Mammifères 127 

Muscles  viscéraux 1 28 

Muscles  viscéraux  des  Poissons 128 

Muscles  viscéraux  des  Amphibiens.... 129 

Muscles  viscéraux  des  Amnlotes 13U 

Muscles  mimiques 131 

Muscles  des  membres 134 

Diaphragme 135 

Bibliographie 136 

CHAPITRE  QUATRIÈME.  —  Organes  électriques 137 

Bibliographie 140 

CHAPITRE  CINQUIÈME.  —  Système  nerveux 141 

I.  Système  nerveux  central 141 

1,  Moelle  épinière 143 

2.  Encéphale 144 


TABLE    DES    MATIERES  XI 

Pages. 

3.    Méninges  crâniennes  et  rachidiennes 149 

Encéphale  des  Poissons ISl 

Encéphale  des  Dipnoïques 1Pd8 

Encéphale  des  Amphibiens 158 

Encéphale  des  Reptiles 160 

Encéphale  des  Oiseaux [ 1 66 

Encéphale  des  Mammifères 168 

II.  Système  nerveux  périphérique 173 

1.  Nerfs  rachidiens 176 

2.  Nerfs  crâniens 178 

Sympathique 187 

Bibliographie 1 88 

III.  Organes  des  sens 190 

Organes  des  sens  de  la  peau 191 

Organes  en  bâtonnet  des   Poissons,   des  Dipnoïques  et  des  Amphi- 
biens, éminences  nerveuses 161 

Bourgeons  terminaux 194 

Cellules  ganglionnaires  terminales 195 

Bibliographie 1 98 

Organe  de  l'odorat 198 

Organe  de  l'odorat  des  Poissons 200 

Organe  de  l'odorat  des  Dipnoïques 203 

Organe  de  l'odorat  des  Amphibiens 204 

Organe  de  l'odorat  des  Reptiles 203 

Organe  de  l'odorat  des  Oiseaux 206 

Organe  de  l'odorat  des  Mammifères 207 

Organe  de  jacorson 210 

Appareil  éjaculateur  des  Gymnophiones 211 

Bibliographie 211 

Organe  de  la  vue 212 

Organe  de  la  vue  des  Poissons 215 

Organe  de  la  vue  des  Dipnoïques 216 

Organe  de  la  vue  des  Amphibiens 217 

Organe  de  la  vue  des  Reptiles  et  des  Oiseaux 218 

Organe  de  la  vue  des  Mammifères 219 

Rétine 220 

Parties  accessoires  de  l'œil 223 

Bibliographie 226 

Organe  de  l'ouïe 226 

Organe  de  l'ouïe  des  Poissons  et  des  Dipnoïques 230 

Rapports  de  l'organe  de  l'ouïe  avec  la  vessie  natatoire  des  Poissons..  232 

Organe  de  l'ouïe  des  Amphibiens 233 

Organe  de  l'ouïe  des  Reptiles  et  des  Oiseaux 234 

Organe  de  l'ouïe  des  Mammifères 23o 

Labyrinthe  osseux  et  limaçon  des  Mammifères. 237 

Histologie  du  limaçon  des  Mammifères 240 

Bibliographie 242 

CHAPITRE  SIXIÈME.  —  Organes  digestifs  243 

Intestin  buccal 246 

Dents 247 


XII  TABLE    DES    MATIÈRES 

Pages. 

Glandes  de  la  bouche 236 

Langue 255 

Glande  thyroïde 259 

Thymus 261 

Intestin  antérieur  proprement  dit 263 

Intestin  moyen 267 

Intestin  terminal 269 

Histologie  de  la  muqueuse  intestinale 270 

Organes  annexes  du  canal  intestinal 274 

Bibliograiphie 276 

CHAPITRE  SEPTIÈME.  —  Organes  de  la  respiration 278 

I.  Branchies 278 

II.  Vessie  natatoire  et  Poumons 287 

Vessie  natatoire 287 

Poumons 288 

Voies  aériennes 289 

Poumons  proprement  dits 295 

Sacs  aériens  des  Oiseaux 297 

Pores  abdominaux 304 

Bibliographie 306 

CHAPITRE  HUITIÈME.  —  Organes  de  la  circulation 308 

Circulation  foetale 309 

Le  cœur  et  ses  vaisseaux 313 

Système  artériel 321 

Système  veineux 323 

Relations  entre  la  mère  et  le  fœtus 333 

Réseaux  admirables 338 

Système  lymphatique 338 

Bibliograiphie 340 

CHAPITRE  NEUVIÈME.  —  Organes  génitaux  et  urinaires 342 

Glandes  génitales 349 

Organes  urinaires 351 

Organes  urinaires  des  Poissons 351 

Organes  urinaires  des  Amphibiens 332 

Organes  urinaires  des  Reptiles  et  des  Oiseaux 356 

Organes  urinaires  des  Mammifères 358 

Organes  génitaux 360 

Organes  génitaux  des  Poissons 360 

Organes  génitaux  des  Amphibiens 362 

Organes  génitaux  des  Reptiles  et  des  Oiseaux 365 

Organes  génitaux  des  Mammifères 368 

Organes  d'accouplement 372 

Capsules  surrénales 377 

Bibliographie 380 

Index , 383 


BIBLIOGRAPHIE 


Principaux  ouvrages  généraux  d'Anatomie  comparée 
et  d'Embryologie. 

A.  E.  von  Baer.     Ueber  Entwiklungsgeschichle  der  Thiere.  Kônigsberg,  1828-1837. 

F.  M.  Balfour,     Traité  d'embryologie  et   d'organogénie  comparées.  ïraducLion  française 

de  H.  A.  Robin  et  F.  Mocquard.  2  vol.  Paris,  1883-1885. 
II.  G.  Bronn.     Die  Klassen  und  Ordnungen  des  Thierreiches.   Leipzig  et  Heidelberg.  En 

cours  de  publication. 

F.  Jeffrey  Bell.     Comparative  atiatomy  andphysiology.  London,  1885. 

\\.  II.  Caldwell.     The  embryology   of  Monotremata  and    Marsupialia.    Part.   I.  Philos 
Transact.  of  de  roy.  Soc.  T.  178.  1887.  Renferme  la  bibliographie  complète. 

G.  Cuvier.    Leçon  d'anafomie  comparée.  2"  édit.  Paris,  1835-1816. 

A.  Dohrn.    Der  Ursprung  der  Wirbellhiere  und  das  Princip  des  Functions-Wechsels. 

Leipzig,  1875. 
Id.    Sludien  zur  Urgeschichle   des  WirbeUhierh'Jrpers.  Mittheil.  a.  d.  Zool.  Station  zu 

Neapel.  1882  et  années  suivantes. 
A.  Ecker.    Icônes  pjhysiologicae.  Leipzig,  1852-1859. 
M.  Foster  et  F.  M.  Balfour.    Eléments  d'' embryologie.  Trad.   française  de  E.   Rochefort. 

Paris,  1877. 
G.  Gegenbaur.    Grundzûge   der  vergleichenden    Anatomie.    Leipzig,   1870.  Traduction 

française  par  Cari  Vogt  sous  le  titre  de  :  Manuel  d'Anatomie  comparée.  Paris,  1874. 
Id.    Grundriss  der  vergleichenden  Anatomie.  Leipzig,  1878. 
E.  Ilaeckel.     Generelle  Morphologie  der  Organismen.  2  vol.  Berlin,  1866. 
A.  lladdon.    A7i  Introduction  to  the  sludy  of  embryology.  London,  1887. 
0.  Ilertwig.    Lehrbuch  der  Entivicklungsgeschichte  des  Menschen  und  der  Wirbellhiere. 

2-=  édit.  .Jena,  1888. 
G.  B.  Ilowes.    An  Atlas  of  practical  elementary  biology.  London,  1885. 
T.  H.  Huxley.    Manual  of  the  analomy  of  vertébrales  animais.  London,  1871. 
A.  KôIIiker.    Embryologie.    Trad.    française    sur    la  2^    édition    par  Aimé  Schneider. 

Paris,  1882. 
Id.    Grundriss   der  Entwicklungsgeschichte   des  Menschen  und  der  hoheren   Thiere. 

2"  édit.  Leipzig,  1884. 

A.  Lang.    Lehrbuch  der  vergleichenden  Anatomie.  Jena,  1889. 
A.  Macalister.    Introduction  to  animal  morphology.  T.  Il  (Vertébrés). 
A.  Milnes  Marshall  et  G.   H.  Hurst.  A  junior  course  of  practical  zoology.   'Z<^  édition. 
London,  1888. 

J.  F.  Meckel.     Traité  général  d^ Anatomie  comparée.  Trad.  française.  Paris,  1825-1833. 
H.  Milne  Edwards.    Leçons  sur  la  physiologie  et  l'anatomie  comparée  de  Viiomme  et  des 
animaux.  14  vol.  Paris,  1857-1865. 


XIV  BIBLIOGRAPHIE 

J.  MùUer.     Vergleichende  Anatomie  der  Myxinoiden.  Berlin,  1834-1815. 

R.  Owen.     Analumy  of  Vertébrales.  3  vol.  London,  1866-1868. 

T.  J.  Parker.    A  course  of  inslruclion  in  zootomy  {Vertébrés).  London,  1881. 

11.  Rathke.    Entioicklungsgeschichle  der  Wirbelthiere .  Leipzig,  1861. 

W.  Remak.     Untersuchungen  iiber  die  Enttoicklung  der  Wirbelthiere.    Berlin,   1850-1855, 

V.  Siebold  et  Stannius.     Handbuch  der  Zootomie.  Berlin,  1854.  (L'anatomie  des  Poissons, 

des  Amphibiens  et  des  Reptiles  a  seule  parue.) 
C.   Vogt   et  E.  Yiing.      Traité    d' Anatomie    comparée   pratique.     Paris.    En    cours    de 

publication. 
R.  Wicdersheim.     Lehrbuch  der  verglcichenden  Anatomie  der  Wirbelthiere,  auf  Grund- 

lage  der  Enlivicklungsgeschichte.  "l"  édit.  Jena,  1886. 
K.  Zitlel.    Handbuch  der  Palaeontologie.  Mùnchen  et  Leipzig.  (En  cours  de  publication.) 


Ouvrages  importants  ne  traitant  que  de  certains  groupes  ou 
de  certaines  espèces  (monographies,  etc.). 


POISSONS   ET   DIPNOIQUES 

L.  Agassiz.     Recherches  sur  les  Poissons  fossiles.  5  vol.  avec  atlas.  1833-1813. 

H.  Ayers.     Beitrâge  zur  Anatomie  und  Physiologie  der  Dipnoër.  Jen.  Zeitschr.  f.  Naturw. 

T.  XYIll.  NouY.  suite  ï.  XL  1884. 
F.  M.  Balfour.    A  Monograph  on  t/ie  developmenl  of  Elasmobranch  fishes.  London,  1878. 
F.  M.  Balfour  et  W.  N.  Parker.     On  the  structure  and  developmenl  of  Lepidosteus.  Philos. 

Transact.  of  the  Roy.  Soc.  London,  1882. 
Th.  BischofT.    Lepidosiren  paradoxa.  Leipzig,  1840. 

Cuvier  et  Valenciennes.  Histoire  naturelle  des  Poissons.  22  vol.  1828-1848. 
C.  Emery.    Fieras  fer.  Studi  intorno  alla  sistemalica,  Uanatomia  e  la  biologia  délie  specie 

mediterranee     di     questo     génère.      Reale     Accademia     dei     Lincei.    1879-1880. 

Anno  CCLXXVIl. 

A.  Gùnther.    Ceratodus.  Philos.  Transact.  of  the  Roy.  Soc.  London,  1871. 

C.  liasse.  Das  natiirliche  System  der  Elasmobranchier  auf  Grundlage  des  Baues  und 
der  Enlicicklung  der  Wirbelsdule.  Jena,  1879.  Partie  spéciale,  fasc.  I  et  11.  Jena,  1882, 
Vol.  complémentaire,  1885. 

B.  Halschek.    Studien  ûber  Entioicklung  des  Amphloxus.  Arbeiten  a.  d.  zool.  Institut  der 

UniversitàtWien.  1882. 

J.  Hyrtl.    Lepidosiren  paradoxa.  Abhdl.  d.  bôhm.  Gesellsch.  d.  Wissensch.  1845. 

C.  Kupiïer.    Die  Entwicklung  des  Herings  im  Ei.  Jahresb.  d.  Commission  zur  wissensch. 

Unlers.  der  deutschen  Meere  in  Kiel  fur  die  Jahre  1874-1876.  Berlin,  1878. 

P.  Langerhans.  Untersuchungen  ûber  Petromyzon  Planeri.  Verhdl.  d.  Naturf.  Gesellsch. 
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INTRODUCTION 


I 

Définition  et  Objet  de  l'Anatomie  comparée. 

Avant  de  nous  livrer  à  l'étude  des  formes  diverses  que  peut  présenter 
l'organisation  des  animaux  et  de  les  comparer  entre  elles,  il  est  indis- 
pensable de  s'enquérir  au  préalable  de  leur  origine,  c'est-à-dire  des  lois 
de  leur  développement.  L'anatomie  comparée  a  recours  dans  ce  but  à 
l'oNTOGÉNiE  et  à  la  PALÉONTOLOGIE.  La  première  s'occupe  de  l'histoire  du 
développement  de  l'individu,  la  seconde  a  pour  objet  la  connaissance  des 
organismes  disparus  et  de  leur  succession  géologique,  c'est-à-dire  leur 
histoire  ancestrale  [phylo génie). 

Ces  deux  sciences  se  complètent  l'une  l'autre;  l'ontogénie  présente 
en  efîet  dans  l'évolution  de  l'individu  la  répétition  des  difïérentes  étapes 
de  l'évolution  de  l'espèce.  Mais  dans  beaucoup  de  cas  il  ne  s'agit  pas 
d'une  répétition  pure  et  simple  [palingénèse)  ;  très  fréquemment  au  con- 
traire surviennent  des  «  falsifications  »  dues  à  l'adaptation,  de  telle 
sorte  que  les  caractères  primitifs  ont  complètement  disparu  ou  sont 
plus  ou  moins  effacés  [céno genèse).  Deux  facteurs,  V hérédité  et  la  varia- 
bilité^ jouent  un  rôle  prépondérant  dans  ces  phénomènes.  La  première 
représente  le  principe  conservateur  qui  tend  à  maintenir  et  à  perpétuer 
les  caractères  existants;  la  seconde  tend  à  modifier  constamment,  sous 
l'influence  du  changement  dans  les  conditions  extérieures,  le  corps  de 
l'animal,  que  nous  devons  par  suite  nous  représenter,  non  comme  fixe 
et  immuable,  mais  en  quelque  sorte  comme  en  voie  de  transformation 
continue.  Les  adaptations  qui  en  résultent,  si  elles  sont  utiles  à  ceux 
qui  les  ont  acquises,  sont  transmises  par  hérédité  à  leurs  descendants 
et  conduisent  dans  la  suite  des  temps  à  des  variations  de  plus  en  plus 
considérables.  La  connaissance  de  ce  fait  capital  de  Y  action  réciproque  de 
Vhérédité  et  de  Vadaptation,  non  seulement  nous  permet  d'entrevoir  la 
parenté  des  organismes  en  général,  mais  encore  nous  donne  l'explication 
de  nombreux  organes  ou  parties  d'organes,  qui,  sans  cela,  sous  leur 
forme  atrophiée  ou  rudimentaire  chez  l'animal  adulte,  seraient  et  reste- 
raient incompréhensibles. 

WlEDERSHEIM.  1 


2  '  INTRODUCTION 

La  connaissance  des  éléments  anatomiques  et  celle  des  fonctions, 
(^•■est-à-dire  Thistologie  et  la  physiologie  sont  aussi  de  la  plus  haute 
importance  pour  arriver  à  une  conception  claire  et  précise  des  rapports 
morphologiques.  Ces  différentes  branches  scientifiques  se  complètent 
mutuellement,  conduisent  par  des  voies  différentes  à  un  but  commun 
et  contribuent  par  là  à  faire  progresser,  dans  une  vaste  mesure,  notre 
connaissance  de  l'organisation  animale,  c'est-à-dire  la  zoologie  dans  son 
sens  le  plus  large. 

Les  éléments  anatomiques,  ou  éléments  constitutifs  du  corps,  se  com- 
posent essentiellement  de  cellules  et  de  fibres.  Ils  s'associent  pour 
former  les  tissus  ;  ceux-ci  composent  les  organes,  dont  la  réunion  con- 
stitue les  systèmes  d'organes. 

Les  tissus  se  divisent  en  quatre  groupes  principaux  : 

1°  Le  TISSU  épithélial  avec  le  tissu  glandulaire  qui  en  dérive  ; 

2°  Le  tissu  de  SOUTIEN  (tissus  conjonctif,  cartilagineux,  osseux); 

3°  Le  tissu  musculaire  ; 

4°  Le  tissu  nerveux. 

Au  point  de  vue  physiologique  les  deux  premiers  peuvent  être 
appelés  tissus  passifs,  les  deux  derniers  tissus  actifs. 

Sous  le  nom  à' organe  on  désigne  un  ensemble  de  parties  élémentaires 
remplissant  une  fonction  déterminée,  par  exemple  le  foie  qui  sécrète 
la  bile,  les  branchies  et  les  poumons  qui  président  à  l'échange  gazeux, 
le  cœur  qui  joue  le  rôle  de  pompe  sanguine,  etc. 

Les  systèmes  d'organes  qui  seront  successivement  étudiés  dans  ce 
livre  soQt  les  suivants  :  1°  les  téguments,  qui  forment  l'enveloppe  exté- 
rieure du  corps;  2°  le  squelette;  3°  les  muscles,  avec  les  organes  élec- 
triques ;  4'^  le  système  nerveux  et  les  organes  des  sens  ;  5°  les  organes 
de  la  digestion,  de  la  respiration,  de  la  circulation,  les  organes  urinaires, 
et  les  organes  génitaux. 

II 

Développement  et  Conformation  du  Vertébré. 

Les  éléments  constitutifs  du  corps,  c'est-à-dire  les  cellules,  dérivent 
tous  d'une  cellule  primordiale  unique,  de  I'œuf.  L'œuf  est  donc  le  point 
de  départ  de  l'organisme  tout  entier.  Son  importance  fondamentale 
exige  que  nous  l'étudiions  ici  avec  quelque  détail  ;  nous  exposerons 
ensuite  les  principaux  traits  de  son  développement,  en  nous  bornant  à 
une  esquisse  sommaire,  telle  que  le  comporte  le  plan  de  cet  ouvrage. 

L'œuf  non  fécondé  se  présente  sous  la  forme  d'une  vésicule  ronde. 
Il  se  compose  d'une  membrane  d'enveloppe  appelée  membrane  vitelline, 
du  vitellus,  de  la  vésicule  germinative  et  de  la  tache  germinative  (fig.  1). 

L'œuf,  dans  sa  forme  primordiale  telle  que  nous  venons  de  la  décrire, 
représente  le  type  d'une  cellule  ;  le  vitellus  correspond  au  j)7'otoplasma, 


l>-\ — 


INTRODUCTION  S 

la  vésicule germinative  diunoijau  et  la  tache  germinative  au  nucléole  (1). 
La  membrane  d'enveloppe,  qui  correspond  à  la  membrane  vitelline, 
n'est  pas  une  partie  intégrante  de  la  cellule  ;  elle  peut  se  développer 
par  épaississement  de  la  couche  périphérique  du  protoplasma,  et  est 
ainsi  un  produit  de  difîérenciation. 

Le  vilellus  se  compose  de  deux  substances  différentes  auxquelles  on  donne  le  nom 
de  vitellus  formatif  et  de  vitellus  nutritif.  Leur  répartition  ou  leur  mélange  dans 
l'œuf  est  très  variable  et  a  une  grande  importance,  car  elle  influe  sur  le  mode  de 
segmentation  que  nous  aurons  à  décrire  plus  loin.  Pour  le  moment  nous  nous  bornerons 
à  dire  que  le  vitellus  formatif,  doué  de  propriétés  actives,  prend  directement  part  à  la 
formation  de  l'embryon,  tandis  que  le  vitellus  nutritif  représente  une  sorte  de  réserve 
qui  n'est  employée  que  secondairement. 

Pendant  que    l'œuf  mûrit,   s'accomplissent  dans  son  intérieur  des 
changements  qui  le  préparent  à  recevoir  la  substance  génératrice  mâle. 
Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  décrire  ces  phéno- 
mènes, il  nous  suffit  de  savoir  que  le  résultat  ^^„_— «..^     x/' 

final  est   rexpulsion  d'une  partie  de   la  vési- 
cule germinative  à  la  suite  de  phénomènes  iden- 
tiques à  ceux  qui  accomjmgneiit  la  division  des  \  V        / — y^^^ 
cellules  (karyokinèse) . 

La  signification  de  ce  processus,  la  formation  des 
globules  polaires,  est  expliquée  delà  façon  suivante  par 
A.Weismann.  AvecO.  HertwigetStrasburger,Weismann       pig.  1.  —  Œuf  non  fécondé.  D,  vi- 
considére  la  chromaline  comme  la  substance  la  plus         *?""*'  i*^^-  yésicuie  germina- 

1     .       ,  i.    ■    1  tue;  .ÊTi^,  tache  germinative. 

importante  de  la  cellule,  comme  le  substratum  matériel 
delà  propriété  évolutive,  comme  la ma/ière  héréditaire. 

Il  pense  que  cette  substance,  qui  constitue  l'essence  de  la  cellule,  qui  détermine  sa 
forme  et  son  développement  futur,  lui  imprime  ainsi  son  cachet  spécifique.  Partant  de 
là  il  en  déduit  que  la  chromatine,  qui  gouverne  la  cellule-œuf  jeune,  encore  en  voie 
d'accroissement,  et  qui  lui  donne  le  caractère  histologique  particulier  à  l'espèce  à 
laquelle  elle  appartient,  ne  peut  pas  être  la  même  substance  que  la  chromatine  de 
l'œuf  mùr,  prêt  à  être  fécondé,  car  celle-ci  exerce  des  actions  toutes  différentes  sur  la 
cellule-œuf:  elle  détermine  la  segmentation  ainsi  que  les  phénomènes  évolutifs  qui  lui 
font  suite.  11  admet  donc  que  par  la  formation  du  premier  globule  polaire  est  expulsée 
de  l'œuf  la  moitié  de  la  substance  nucléaire,  à  laquelle  était  dévolue  jusqu'alors  la 
suprématie^,  puisqu'elle  imprimait  à  la  jeune  cellule-œuf  son  caractère  histologique, 
qu'elle  présidait  à  son  développement  histologique.  Il  donne  à  cette  substance  le  nom 
d'idioplasma  histogéne  de  la  cellule-œuf  ou  plasma  ovogène.  La  découverte  de  la  loi 
du  nombre  des  globules  polaires,  d'après  laquelle  il  se  forme  toujours  dans  les  œufs 
qui  doivent  être  fécondés  deux  globules  polaires  et  un  seul  dans  les  œufs  parthé- 
nogénétiques,  apporte  à  cette  manière  de  voir  un  puissant  appui  et  exclut  toutes 

(1)  La  ressemblance  entre  la  cellule  et  l'œuf  s'étend  aussi  à  la  structure  intime  très  com- 
plexe de  leur  protoplasma  et  de  leur  noyau.  Dans  l'un  comme  dans  l'autre  on  distingue  deux 
substances  différentes  :  une  substance  spongieuse,  disposée  en  réseau,  le  spongioplasma  ou 
chromatine,  et  une  substance  plus  tluide,  le  hyatoplasma  ou  achromaline,  contenue  dans  les 
lacunes  et  les  mailles  de  la  première.  Toutes  les  deux  sont  soumises  à  des  changements  con- 
tinuels, piineipalement  le  spongioplasma  du  noyau,  qui  est  appelé  à  jouer  un  rôle  des  plus 
importants  dans  la  multiplication  de  la  cellule,  ou  dans  le  processus  de  la  segmentation  de 
l'œuf. 


4  INTRODUCTION 

autres  interprétations  des  globules  polaires,  telles  que  celles  qui  ont  été  formulées 
précédemment  par  Minot,  E.  van  Heneden  et  Balfour.  Il  en  résulte  aussi  quelepremier 
et  le  deaxièmi  globule  polaire  sont  de  nature  différente  et  que  l'on  ne  peut  pas  con- 
sidérer la  substance  nucléaire  du  second  comme  constituée  par  du  plasma  ovogène. 
Weismann  explique  cette  seconde  bipartition  de  la  substance  nucléaire  de  la 
cellule-œuf  de  la  façon  suivante  :  Dans  la  génération  sexuelle  des  quantités  égales  de 
substance  héréditaire  (chromatine)  du  père  et  de  la  mère  s'unissent  entre  elles.  Et, 
comme  chacune  de  ces  deux  substances  n'est  pas  complètement  homogène,  mais 
qu'elle  est  composée  d'un  certain  nombre  de  substances  semblables  des  ancêtres,  de 
«  plasmas  ancesti'aux  »,  comme  les  appelle  Weismann,  à  chaque  fécondation  le 
nombre  de  ces  plasmas  ancestraux  doit  doubler.  Quand  la  reproduction  sexuelle  a 
commencé  jadis  à  apparaître,  ce  doublement  a  pu  être  possible  sans  augmentation  de 
masse,  tant  que  les  différents  plasmas  ancestraux  étaient  représentés  chacun  par  plu- 
sieurs unités.  Mais,  dès  que  le  nombre  de  ces  plasmas  est  devenu  assez  considérable 
pour  que  chacun  d'eux  ne  put  plus  être  représenté  que  par  une  seule  unité,  il  n'y  eut 
qu'un  moyen  pour  empêcher  un  accroissement  illimité  de  la  masse  de  la  substance 
héréditaire,  c'est-à-dire  la  réduction  de  moitié  du  nom,bre  des  plasmas  ancestraux 
qui  existaient  dans  chacune  des  deux  cellules  sexuelles.  Celle  réduction  s'opère,  suivant 
Weismann,  dans  la  cellule-œuf,  par  la  formation  du  deuxième  globe  polaire;  son 
expulsion  indique  la  séparation  de  la  moitié  des  plasmas  ancestraux.  Il  est  clair  que 
cette  division  doit  s'opérer  aussi  dans  la  cellule  germinative  mâle,  où  cependant  on 
n'a  pu  jusqu'à  présent  la  constater  avec  la  même  certitude,  bien  que  certains  phéno- 
mènes de  la  spermatogénèse  admettent  cette  interprétation.  La  théorie  de  Weismann 
explique  en  même  temps  pourquoi  la  bipartition  de  la  substance  nucléaire  n'a  lieu 
qu'une  fois  dans  les  œufs  parthénogénétiques,  car  chez  eux  le  plasma  nucléaire  ovogène 
doit  seul  être  expulsé  afin  que  la  substance  héréditaire  proprement  dite  de  l'œuf,  le 
plasma  germ,inatif,  puisse  gouverner  sew^  et  présider  au  développement  embryonnaire. 
Il  n'est  pas  besoin  d'une  seconde  bipartition,  puisque  dans  la  parthénogenèse  aucun 
plasma  germinatif  étranger  ne  vient  s'ajouter  à  celui  de  l'œuf,  et  que  par  suite  il  n'y  a 
pas  augmentation  des  plasmas  ancestraux,  dont  le  nombre  au  contraire  reste  le  même 
dans  toutes  les  générations. 

Bien  qu'actuellement  on  ne  puisse  pas  encore  dire  avec  certitude  si  la  théorie  de 
Weismann  est  juste,  cependant  on  ne  peut  nier  qu'elle  n'éclaire  certains  points, 
jusqu'ici  obscurs,  de  la  théorie  de  la  génération,  d'une  façon  qui  laisse  soupçonner 
qu'elle  ne  peut  pas  s'être  écartée  bien  loin  du  but.  Pour  n'en  citer  qu'un  exemple,  elle 
nous  fait  comprendre  le  fait  que  les  jumeaux  qui  proviennent  d'un  seul  œuf  se  ressem- 
blent jusqu'à  être  presque  identiques;  ici,  en  effet,  c'est  exactement  le  même  plasma 
germinatif,  qui  a  donné  naissance  aux  deux  enfants.  Par  contre  on  conçoit  facilement 
pourquoi  des  jumeaux,  qui  dérivent  de  deux  œufs  distincts,  ne  se  ressemblent  jamais 
autant,  et  ne  présentent  que  le  degré  de  ressemblance  que  l'on  observe  dans  la  règle 
entre  les  enfants  d'un  même  lit.  Car  il  est  clair  que  dans  la  répartition  du  plasma 
germinatif,  qui  s'accomplit  dans  chacune  des  cellules-œufs  arrivées  à  maturité  de  la 
même  mère,  il  est  rare  ou  il  n'arrive  jamais  que  la  partie  de  ce  plasma  qui  est  expulsée, 
et  par  suite  aussi  celle  qui  reste  dans  l'œuf,  présente  exactement  la  même  combinaison 
de  plasmas  ancestraux.  Le  plasma  germinatif  de  différents  œufs  de  la  même  mère 
doit  par  conséquent  être  différent  et  donner  naissance  à  des  enfants  dissemblables.  On 
comprend  ainsi  pourquoi  les  enfants  d'un  même  couple  humain  ne  sont  jamais  iden- 
tiques, quand  même  ils  seraient  jumeaux  issus  d'un  seul  œuf. 

Comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  la  fusion  de  la  substance  sexuelle 
mâle,  c'est-à-dire  de  la  cellule  séminale,  avec  Tœuf  est  indispensable 
pour  que  le  développement  de  ce  dernier  puisse  avoir  lieu.  La  féconda- 
tion, qui  est  le  point  de  départ  de  la  création  d'un  nouvel  individu,  con- 
siste ainsi  dans  l'union  matérielle  de  la  substance  génératrice  du  mâle 


INTRODUCTION  5 

et  de  la  femelle,  ou  pour  parler  plus  exactement  dans  l'union  du  pronu- 

CLÉUS  MALE  et  du  PRONUCLÉUS  FEMELLE,  d'oÙ  résulte  le  NOYAU  DE  SEGMENTATION. 

La  cause  dernière  de  lliérédité  doit  donc  être  raj^portée  à  la  structure 
moléculaire  des  deux  cellules  sexuelles;  cette  structure  est  V expression  mor- 
phologique du  caractère  spécifique. 

Le  noyau  de  segmentation,  une  fois  formé,  se  partage  ensuite  après 
une  courte  période  de  repos  en  deux  moitiés  égales  ;  celles-ci  constituent 
deux  nouveaux  centres  qui  préparent  la  division  de  l'œuf  tout  entier 
en  deux. 

La  division  définitive,  ou,  ce  qui  est  la  même  chose,  le  début  de  la 


RK 


Fig.  2.  — A,  premier  stade  de  segmentation.  B  et  C,  stades  plus  avancés.  RK,  globules  polaires. 

D,  stade  de  moruia. 

SEGMENTATION,  est  indiquée  par  l'apparition  d'un  sillon  annulaire,  qui  s'en- 
fonce de  plus  en  plus  jusqu'à  ce  que  la  séparation  soit  complète  (fig.  2)- 

Tel  est  le  premier  stade  de  la  segmentation,  et,  comme  le  deuxième 
stade  et  ceux  qui  lui  succèdent  reproduisent  identiquement  la  même  série 
de  phénomènes,  le  résultat  est  une  division  en  4,  8,  16,  32,  etc.,  sphères 
de  plus  en  plus  petites,  possédant  chacune  un  noyau.  Bref,  l'œuf  pri- 
mordial, correspondant  à  une  cellule  unique,  est  devenu  un  amas  de 
cellules,  qui  serviront  de  matériaux  pour  la  formation  du  futur  animal. 
Cette  phase  du  développement  de  l'œuf  a  été  désignée  à  cause  de  la  res- 
semblance avec  une  mûre  sous  le  nom  de  morula  (fig.  2  D). 

La  morula  se  creuse  d'une  cavité  centrale  remplie  de  liquide  et  se 
transforme  en  vésicule  blastodermique  ou  blastula.  La  couche  de  cellules 
périphériques,  qui  forme  la  paroi  de  la  cavité  centrale,  porte  le  nom  de 
blastoderme  (fig.  3,  BD).  Composé  d'abord  d'une  seule  couche  de  cellules, 
le  blastoderme  ne  tarde  pas  à  devenir  didermique  et  enfin  même  trider- 


6 


INTRODUCTION 


J?J> 


,.jri£ 


mique.  Ces  trois  couches  sont  désignées,  d'après  leur  position,  sous  les 
noms  de  feuillet  externe,  feuillet  moyen  et  feuillet  interne,  ou  d'ectoderme 
(épiblaste),  mésoderme  (mésorlaste)  et  entoderme  (hyporlaste). 

Le  processus  de  la  segmentation,  tel  que  nous  l'avons  décrit  dans  ses 
traits  principaux,  peut  subir,  comme  cela  a  déjà  été  dit  plus  haut,  cer- 
taines modifications  par  suite  de  la  répartition  inégale  du  vitellus  formatif 
et  du  vitellus  nutritif  ou  de  l'accumulation  en  masse  de  ce  dernier.  Ces 
modifications ,  qui  rentrent  dans  la  catégorie  des  phénomènes  cénogé- 
nétiques,  constituent  le  mode  de  la  segmentation  inégale  ou  de  la  segmen- 
tation jjartielle.  Le  moàe primitif  àe  segmentation,  ]di  segmentation  égale, 

qui  intéresse  l'œuf  tout  entier,  se  ren- 
contre chez  les  Matnmifères  et  parmi 
les  autres  Vertébrés  chez  Y Amj)hioxus 
(mais  seulement  jusqu'à  une  certaine 
phase  évolutive).  La  segmentation  iné- 
gale se  montre  chez  la  plupart  des. 4w- 
phibiens  (1),  chez  les  Ganoïdes  cartila- 
gineux elles  Cyclosto7Jies.  Les  Sélaciens, 
les  Poissons  osseux,  les  Reptiles  et  les 
Oiseaux  présentent  dès  le  début  une 
segmentation  partielle.  Ce  dernier  mode 
de  segmentation  est  une  modification 
de  la  segmentation  égale. 
La  question  de  l'origine  des  feuillets  blastodermiques  est,  à  cause  de 
son  importance  capitale,  une  des  plus  brûlantes  de  la  morphologie,  et 
jusqu'ici  n'a  pas  été  encore  résolue  d'une  façon  entièrement  satisfaisante. 
Ce  que  l'on  peut  cependant  affirmer  avec  certitude,  c'est  que  les  œufs  de 
tous  les  Vertébrés  passent  ou  ont  passé  jadis  de  la  phase  de  blastula  à 
une  phase  à  laquelle  on  donne  le  nom  de  gastrula.  Lagastrula  dérive  de 
la  blastula  par  invagination  de  la  moitié  de  la  paroi  de  cette  dernière,  de 
façon  à  constituer  un  sac  à  douhle  paroi  (fig.  3,  DD).  La  paroi  externe 
représente  comme  précédemment  l'ectoderme  et  remplit  le  rôle  d'organe 
protecteur  et  d'organe  sensoriel.  La  paroi  interne,  qui  limite  une  cavité 
centrale, la  cavitéintestinale  primitive  [archenteron) ,  constitueFentoderme  ; 
elle  joue  le  rôle  d'intestinprimitif  et  jouit  delà  faculté  de  digérer  et  d'assi- 
miler. De  l'ectoderme  proviennent  plus  tard  le  système  nerveux  tout  entier, 
les  cellules  sensorielles,  Vépiderme  avec  ses  dérivés,  ainsi  que  certaines 
parties  de  l'appareil  génito-urinaire  (canal  du  rein  précurseur) .  De  l'ento- 
derme  dérivent  Y épithélium  et  les  glandes  du  tube  digestif,  ainsi  que  le 
revêteme7it  épithélial  des  poumons,  de  la  glande  thijroïde,  du  thymus,  du 
foie  et  du  pancréas.  Au  point  où  l'ectoderme  se  continue  avec  l'entoderme 
existe  un  orifice  appelé  bouche  primitive  (blastopore)  (fig.  4,  Bip). 

Si  l'on  peut  ainsi  se  représenter  delà  façon  que  nous  venons  d'exposer 


Fig.   3.   —   Blastula.    BD,  blastoderme; 
FH,  cavité  de  segmentation. 


(1)  Les  Gymnophiones  font  seuls  exception. 


INTRODUCTION 


i:nt.. 


27cf. 


l'origine  primordiale  de  l'ectoderme  et  de  Tentoderme,  c'est-à-dire  des 
deux  feuillets  épithéliaux  primaires  (1),  il  n'en  est  pas  de  même  de 
la  formation  du  mésoderme,  que  l'on  ne  peut  pas  encore  considérer 
comme  complètement  élucidée.  Voici  en  quelques  mots  ce  que  l'on  peut 
actuellement  dire  à  ce  sujet  :  Le  mésoderme  est  une  formation  secon- 
daire, phylogéniquement  plus  récente  que  les  deux  autres  feuillets  du 
blastoderme.  Sous  plusieurs  rapports  il  rappelle  le  «  mésenchijme  »  des 
Invertébrés,  et  prend  toujours  naissance  au  point  où  l'ectoderme  se  con- 
tinue avec  l'entoderme,  c'est-à-dire  dans  la  région  du  blastopore,  ou,  ce 
qui  revient  au  même  chez  les  Verté- 
brés supérieurs,  dans  la  région  de  la 
gouttière  primitive.  Il  se  développe 
entre  les  deux  autres  feuillets  blasto- 
dermiques;  son  rôle  principal  con- 
siste dans  la  formation  des  éléments 
figurés  du  sang  et  en  premier  lieu 
des  globules  blancs  {leucocytes,  cel- 
lules lymphatiques);  il  donne  aussi 
naissance  au  cœur ,  aux  vaisseaux, 
au  derme,  à  l'ensemble  de  la  sub- 
stance unissante  ou  de  soutien,  c'est- 
à-dire  au  tissit  conjonctif,  au  tissu 
adipeux,  au  cartilage  et  aux  os,  et 
en  outre  aux  membranes  séreuses,  à 
la  plus  grande  partie  de  Vappareil 
urinaire  et  de  Vappareil  génital  et 
enfin  aux  muscles. 

Le  tissu  mésodermique  se  trouve  divisé  par  l'apparition  d'une  fente 
en  deux  lames,  une  lame  pariétale,  qui  s'accole  à  la  face  interne  de  l'ecto- 
derme et  une  lame  viscérale,  qui  se  soude  avec  l'entoderme.  La  première 
porte  le  nom  de  lame  fibro-cutanée  (somatopleure),  la  seconde,  celui  de 
lame  fibro-intestinale  {splanchnopleure)  (fig.  5  et  6,  SoP,  SpP).  La 
fente   qui  sépare    ces    deux  lames  représente    la  cavité    du   corps   ou 

COELOME. 

La  région  dorsale  du  mésoderme,  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane, 
présente  déjà  de  très  bonne  heure  chez  l'embryon  une  division  ou  segmen- 
tation en  parties  similaires  situées  les  unes  derrière  les  autres;  ce  sont 
les  segments  primitifs  ou  somites  (2).  La  cavité  qui  existe  dans  chacun  des 
somites  communique  primitivement  avec  Varchenteron;  l'ensemble  de 
toutes  ces  cavités  constitue  une  série  de  diverticules  de  l'archenteron 


Fijr.  4.  —  Gastrula.  Ekt,  ectoderme;  Ent,  etito- 
derme;  Bip,  blastopore;  U,  cavité  digestive 
primitive. 


(1)  Il  esta  remarquer  que  cette  distinction  fondamentale  dans  la  difTérenciation  histolo- 
gique  des  dilTérents  feuillets  du  blastoderme  ne  se  retrouve  pas  avec  la  même  netteté  et  la 
même  régularité  dans  tout  le  règne  animal  (certains  types  d'Invertébrés). 

(2)  La  zone  située  de  chaque  côté,  en  dehors  des  somites,  qui  constitue  les  plaques  latérales 
n'offre  jamais  de  traces  de  segmentation. 


INTRODUCTION 


disposés  métamériquement.  Plus  tard  cette  communication  cesse  (voy. 
Vappareil  génito-urinaire). 

Les  somites  ont  des  rapports  génétiques  étroits  avec  le  squelette  axial, 


Fis:.  5. 


VW 


Mfirï 


^Êm\-<E/it 


JEnt 


Fig.  5  et  6.  —  D,  intestin  ;  Uni,  entoderme  proliférant  en  Oh  dans  la  figure  5  pour  former  l'ébauche  de  la 
corde;  C'/ii,  corde  dorsale  séparée  de  l'entoderme;  So,  somites;  XJG,  canal  du  rein  précurseur  ou 
du  rein  primitif;  A,  aorte;  SpP,  splanchaopleure  ;  SoP,  somatopleure;  Coel,  cœlome  ;  H,  vestiges 
de  cavité  dérivant  du  cœlome  dans  l'intérieur  des  somites;  E}ii,  ectoderme;  ikfed,  tube  médullaire,  qui 
dans  la  figure  5  eat  en  voie  de  se  séparer  de  l'ectoderme  (les  deux  figures  sont  schématiques). 

les  muscles  du  tronc  et  l'appareil  génito-urinaire.  Dans  les  phases  ulté- 
rieures du  développement  on  voit  que  la  formation  de  cavités  et  de  replis, 
c'est-à-dire  le  pi'océdé  par  lequel,  à  partir  du  stade  de  gastrula,  l'embryon 
réalise  ses  changements  de  forme  successifs,  devient  de  plus  en  plus 


INTRODUCTION 


prépondérante,  et,  pour  bien 
faire  comprendre  comment 
ceux-ci  sont  produits,  il  est 
nécessaire  d'entrer  dans  quel- 
ques détails. 

Chez  tous  les  Vertébrés  il 
existe  à  une  période  déterminée 
du  développement,  au  pôle  dor- 
saldeFœuf,  unerégionépaissie, 
discoïde,  qui  est  plus  ou  moins 
nettement  délimitée  du  reste  de 
l'œuf.  C'est  le  disque  germinatif, 
c'est-à-dire  l'ébauche  de  l'em- 
bryon; les  sillons,  de  plus  en 
plus  profonds,  qui  le  limitent 
en  avant,  en  arrière  et  sur  les 
côtés,  le  séparent  de  plus  en 
plus  du  reste  du  vitellus,  et  il 
arrive  un  moment  où  il  ne 
communique  plus  avec  le  sac 
vitellin,  qui  n'est,  lui,  appendu  à 
la  face  ventrale  que  par  un 
canal,  le  canal  omphalo-7?iésen- 
térique;  plus  tard  enfin  cette 
communication  se  rétrécit  gra- 
duellement et  finit  par  dis- 
paraître complètement  quand 
tout  le  vitellus  est  résorbé 
(fig.  7,  Do,  t;%.  8  et  9,  f). 
En  même  temps  apparaissent 
chez  les  Vertébrés  supérieurs, 
RejJtiles,  Oiseaux  et  Mammi- 
fères, précisément  aux  points 
011  les  sillons  se  développent, 
des  replis  auxquels  on  donne 
les  noms  de  repli  céphalique, 
repli  caudal  et  replis  laté- 
raux. Ces  replis  s'accroissent 
de  plus ,  en  plus ,  et,  en  se 
soudant  au  -  dessus  de  l'em- 
bryon ,  forment  un  sac  mem- 


AJ^- 


Fis:.  8. 


Fis;.  9. 


Fig.  1,  8  et  9.  —  Formation  de  l'ombilic  cutané  et  de  l'ombilic  intestinal.  Schéma.  Les  fig^ures  7  et  8  repré- 
bcntent  une  coupe  longitudinale,  la  figure  9  une  coupe  transversale.  E,  embryon  ;  Dh,  cavité  intesti- 
nale ;  Do,  sac  vitellin;  -j-,  canal  vitellin  ;  PP,  cavité  pleuropéritonéale  ;  Ah,  cavité  amniotique;  AF,  repli 
amniotique;  A,  amnios;  Al,  allantoïde;  a  et  6,  somatopleure  et  splanchnopleure;  iW,  moelle  épinière  ; 
C,  corde  dorsale. 


10 


INTRODUCTION 


braneux  rempli  de  liquide,  ou  amnios  (%.  7,  AF;  ûg.  8  et  9,  A,  Ah). 

La  présence  ou  l'absence  de  cette  membrane  fœtale  permet  de  diviser 
les  Vertébrés  en  deux  groupes,  les  Amniotes,  comprenant  les  trois  classes 
supérieures,  et  les  Anamniotes,  renfermant  les  deux  classes  inférieures  des 
Poissons  et  des  Amphibiens,  chez  lesquels  ils  ne  se  développe  jamais 
d'amnios. 

Jusqu'ici  nous  n'avons  considéré  le  sac  vitellin  que  comme  un  organe 


^^^      J'fffifJ 


Fig.  10.  —  Coupe  schématique  de  l'utérus  gravide. 

U,  utérus;  Tb,  trompes;  UH,  cavité  de  l'utérus;  Dv,  caduque  vraie,  qui  en  Pm  se  transforme  en  pla- 
centa utérin;  Dr,  caduque  réfléchie;  Pf,  placenta  fœtal  (chorionrameux);  Chl,  chorion  lisse;  A,  A, cavité 
de  l 'amnios  remplie  de  liquide. 

Dans  l'intérieur  de  l'utérus  est  situé  l'embryon  suspendu  par  le  cordon  ombilical.  H,  cœur;  Ao,  aorte; 
ci  et  es,  veines  caves  inférieure  et  supérieure;  p,  veine-porte;  Al,  artères  allantoïdiennes  (art.  ombili- 
cales); -J-,  foie  traversé  par  la  veine  ombilicale;  £>,  vésicule  ombilicale  rudimentaire. 

destiné  à  fournir  à  l'embryon  les  matériaux  nutritifs  nécessaires  à  son 
développement;  nous  devons  maintenant  ajouter  que,  grâce  à  l'apparition 
à  sa  surface  d'un  réseau  de  vaisseaux,  il  fonctionne  aussi  comme  organe 
7'espiratoire ;  mais  ce  rôle  n'est  que  passager,  car  de  bonne  heure  il  se 
forme  dans  la  portion  postérieure  du  tube  digestif  un  diverticule  vascu- 
laire,  auquel  il  se  trouve  dévolu.  Ce  nouvel  organe  respiratoire,  qui  sert 
également  à  recueillir  les  produits  de  la  sécrétion  urinaire  (sac  urinaire 
embryonnaire),  est  appelé  allantoïde.  Peu  volumineuse  au  début,  l'allan- 
toïde  s'étend  de  plus  en  plus  et  finit  par  constituer  tout  autour  de  l'em- 


INTRODUCTION  -  11 

bryon  une  vésicule  aplatie,  appliquée  contre  la  face  interne  de  la  mem- 
brane de  Fœuf  ;  c'est  par  son  intermédiaire  que  s'opère  l'échange  des  gaz. 
Plus  tard,  quand  le  développement  embryonnaire  approche  de  son  terme, 
l'allantoïde  s'atrophie  graduellement.  Son  extrémité  proximale  tubuleuse 
peut  cependant  se  renfler  et  constitue  alors  la  vessie  urinaire. 

Au  sortir  de  l'œuf  le  jeune  animal,  en  même  temps  que  son  mode 
circulatoire  se  modifie,  respire  à  l'aide  de  nouveaux  organes,  des  bran- 
chies (Poissons,  Amphibiens  ou  leurs  larves)  ou  des  pownons  (Amniotes). 

Ces  dispositions  embryonnaires,  sur  lesquelles  nous  reviendrons  dans 
un  chapitre  ultérieur  sur  les  relations  entre  la  mère  et  l'embryon,  se  ren- 
contrent chez  tous  les  Vertébrés  y  compris  les  deux  groupes  inférieurs 
des  Mammifères,  les  Monotrèmes  et  les  Marsiqnaux.  Chez  tous  les  autres 
Mammifères  il  se  développe  en  outre  des  cotylédons  ou  un  placenta,  de 
là  le  nom  de  Placentaires  qu'on  leur  donne,  tandis  qu'on-  réserve  celui 
de  Implacentaires  aux  Monotrèmes  et  aux  Marsupiaux.  Les  formations  pla- 
centaires consistent  essentiellement  en  ce  que  les  vaisseaux  de  l'allan- 
toïde poussent  des  prolongements  dans  le  tissu  de  l'utérus,  se  mettent 
en  rapport  avec  le  système  sanguin  maternel  et  établissent  ainsi  entre  la 
mère  et  l'embryon  des  relations  intimes  complexes,  destinées  à  assurer 
la  nutrition  et  la  respiration  de  ce  dernier. 

Continuons  à  exposer  brièvement  le  développement  du  corps  de  l'em- 
bryon. Nous  devrons  signaler,  avant  tout,  la  formation  par  le  même  pro- 
cédé de  plissement  et  de  séparation  des  replis  de  trois  autres  organes 
très  importants,  le  tube  neural,  le  tube  viscéral  et  la  corde  dorsale  qui  se 
glisse  entre  eux.  Ces  trois  organes  sont  exactement  situés  dans  l'axe  du 
corps,  de  sorte  qu'une  coupe  médiane,  de  même  qu'une  coupe  transversale 
de  ce  dernier,  offre  la  coupe  de  ces  deux  tubes  en  même  temps  qu'elle 
présente  une  symétrie  bilatérale  (fig.  11). 

Le  tube  neural  formera  la  moelle  éjnnière  et  Veîicéphale,  c'est-à-dire 
le  système  nerveux  central.  Le  tube  viscéral  (cœlome),  renforcé  plus  tard 
par  les  côtes  qui  se  développent  dans  les  parois  charnues  du  corps, 
renferme  les  viscères.  Les  côtes  sont  des  tiges  élastiques  courbées  en 
arc  ;  elles  s'articulent  avec  la  colonne  vertébrale  cartilagineuse  ou  osseuse 
qui  se  développe  autour  de  la  corde  dorsale;  certaines  d'entre  elles, 
en  nombre  plus  ou  moins  considérable,  peuvent  venir  se  réunir  au  ster- 
num, situé  sur  la  ligne  médiane  de  la  face  ventrale,  et  de  la  sorte  se 
trouve  formé  un  anneau  complet. 

Le  tube  neural  et  le  tube  viscéral  s'élargissent  à  leur  extrémité  anté- 
rieure et  entrent  en  rapport  direct  avec  le  monde  extérieur  par  le  déve- 
loppement dans  le  premier  de  Vencéphale  et  des  organes  des  sens  supé- 
rieurs, c'est-à-dire  du  siège  des  fonctions  psychiques,  dans  le  second 
de  certains  appareils  qui  servent  à  la  préhension  des  aliments  et  à  la 
respiratio7i. 

On  désigne  cette  partie  du  corps  sous  le  nom  de  tête;  à  la  tête  font 
suite  en  arrière  le  cou  et  le  tronc.  Dans  la  région  postérieure  du  tronc 


12 


INTRODUCTION 


est  située  la  terminaison  des  conduits  digestif  et  génito-urinaire.  La  région 
postérieure  du  corps,  dans  laquelle  la  cavité  viscérale  ne  s'étend  pas,  est 
la  queue.  Le  cou  et  le  tronc  forment  Y  axe;  les  membres  sont  les  organes 
ap2}endiculaires  de  l'axe. 

Il  résulte  de  cet  exposé  sommaire  des  traits  principaux  de  l'organisa- 
tion du  Vertébré,  que,  à  un  certain  stade  du  développement,  le  corps 
est  formé  de  segments  similaires,  appelés  sémites. 

Dans  des  phases  évolutrices  ultérieures,  cette  segmentation  se  niani- 


Fig.  11.  —  Coupe  transversale  schématique  du  corps  d'un  Vertébré.  W,  colonne  vertébrale,  dans  laquelle 
se  trouve  situé  le  canal  rachidien  iViï,  qui  renferme  la  moelle  épinière  (A/ed)  avec  sa  substance  blanche 
périphérique  et  sa  substance  grise  centrale;  Ep,  épiderme;  Co,  chorion  ou  derme;  KW,  paroi  du  corps 
(somatopleure);  VR,  tube  viscéral  revêtu  par  le  péritoine  (séreube)(Per);  le  feuillet  pariétal  du  péritoine 
forme  en  Ms  (mésentère)  un  repli  qui  fait  saillie  dans  le  tube  viscéral  et  sous  le  nom  de  feuillet  viscéral 
(Pei-i)  entoure  le  tube  digestif;  1)H,  cavité  intestinale  tapissée  d'épithélium  (Ep).  En  dehors  de  l'épi- 
thélium  est  située  la  sous-muqueuse  (St(.6m)  et  plus  en  dehors  les  couches  musculaires  (ilfsc);Ao,  aorte. 

feste  encore  dans  l'ébauche  des  glandes  urinaires  embryonnaires,  dans 
la  structure  de  la  colonne  vertébrale,  dans  la  disposition  des  côtes  et 
des  muscles  courts  du  dos,  etc. 

En  s'appuyant  sur  ces  faits,  on  pourrait  être  amené  à  admettre,  ce 
qui  se  justifie  en  un  certain  sens,  que  les  Vertébrés  actuels  ont  comme 
souche  ancestrale  une  forme  animale  invertébrée  et  segmentée.  Mais  il 
ne  faut  pas  oublier  que  la  tendance  à  la  segmentation  des  organes  que 
nous  avons  cités  en  dernier  lieu  ne  se  manifeste  qu'à  une  phase  relati- 
vement tardive  de  l'ontogenèse,  de  telle  sorte  que  l'on  ne  peut  baser 
sur  ce  fait  que  des  spéculations  phylogéniques  très  incertaines.  11  n'en 
est  pas  de  même  de  ce  que  j'appellerai  la  segmentation  primitive  de  la 
zone  axiale  de  l'embryon,  c'est-à-dire  de  l'apparition  des  somiles,  qui 
nous  permet  d'admettre  avec  certitude  une  forme  ancestrale  segmentée, 


INTRODUCTION  13 

très  ancienne  ;  mais  cette  dernière  ne  peut  pas  être  considérée  comme 
le  véritable  point  de  départ  d'où  dérivent  les  premiers  Urochordés,  et 
cela  pour  deux  raisons  :  en  premier  lieu  parce  que  le  mésoderme,  c'est- 
à-dire  les  matériaux  de  formation  des  somites,  ne  s'est  développé  que 
secondairement;  en  second  lieu  parce  que  Y  ébauche  du  système  nerveux 
central  est  absolument  homogène,  sans  aucune  trace  de  segmentation.  Cette 
dernière  provient,  comme  on  le  sait,  d'un  des  feuillets  blastodermi- 
ques  épithéliaux,  dont  V importance  est  capitale  pour  la  solution  du  pro- 
blème phijlogénique,  puisqu'ils  sont  incomparablement  plus  anciens  que 
le  mésoderme.  En  se  basant  sur  ces  considérations,  on  est  conduit  à 
admettre  une  forme  ancestrale,  au  début  non  segmentée,  qui  s'est  seg- 
mentée graduellement  sous  l'influence  du  système  7nusculaire.  Ce  n'est 
que  plus  tard  qu'apparurent,  pour  fournir  aux  muscles  des  points  d'in- 
sertion plus  résistants,  des  pièces  squelettiques  capables  de  remplir  leur 
rôle  d'organes  de  soutien  et  de  protection. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d'entrer  dans  des  considérations  plus  étendues 
sur  l'histoire  ancestrale  des  Vertébrés  actuels  et  nous  nous  en  tiendrons 
à  ce  court  aperçu  sur  cette  époque  reculée,  dont  la  paléontologie  est 
impuissante  à  dissiper  l'obscurité. 

A  défaut  de  la  paléontologie,  on  s'est  retourné  vers  l'embryologie 
comparée,  et  on  a  réclamé  d'elle  quelle  vînt,  comme  nous  l'avons  exposé 
au  début  de  ces  pages,  compléter  nos  connaissances  sur  ce  terrain.  Mais, 
si  l'on  ne  peut  nier  que  cette  branche  de  la  science  n'ait  été  très  fruc- 
tueuse, cependant  les  résultats  auxquels  elle  a  conduit  sont  bien  loin 
d'être  suffisants  pour  nous  permettre  d'arriver  à  une  conception  d'en- 
semble claire  et  nette.  A  mesure  que  les  matériaux  se  sont  accumulés,  la 
divergence  des  opinions  s'est  accrue,  et  il  ne  peut  être  question  de  les 
exposer  ici.  Néanmoins  un  fait  est  certain:  ce  sont  les  rapports  de  parenté 
des  deux  grandes  divisions  du  règne  animal,  les  Invertébrés  et  les  Vertébrés, 
quelle  quait  pu  être  d  ailleurs  Vorganisation  des  formes  intermédiaires. 


La  zoologie  descriptive,  se  basant  sur  les  affinités  des  animaux  entre 
eux,  les  répartit  dans  des  divisions  et  sous-divisions,  auxquelles  on 
donne  les  noms  de  classes,  ordres,  sous -ordres,  familles,  genres  et 
esjjèces. 

Nous  croyons  utile  d'indiquer  ici  les  principales  coupes  que  l'on  a 
établies  dans  le  groupe  des  Vertébrés. 


14 


INTRODUCTION 


A.  ACRANIENS 

Amphioxus. 

B.  CRANIOTES 

I.  Anamniens  (Vertébrés  dépourvus  d'amnios). 

/      1  )  Poissons  : 

Cyclostonres  [Myxinoïdes  et  Pétromyzontes). 

Sélaciens  (Squalides,  Rajides). 

Holocéphales. 

Ganoïdes  (Ganoïdes  cartilagineux  et  Ganoïdes  osseux). 

Téléostéens  [Physostomes  (canal  de  communication  entre  l'in- 
testin antérieur  et  la  vessie  natatoire  ouvert),  Physoclystes 
(canal  de  communication  fermé)]. 

2)  Dipnoïques  : 
Monopneumones   (Ceratodus)  et  Dipneumones  (Protopterus  et 

Lepidosiren). 

3)  Amphibiens  : 
Ui'odèles  (Pérennibranches,  Dérotrèmes,  Salamandrines). 
Gymnophiones  (Coecilies). 
Anoures  (Crapauds,  Grenouilles). 


ICHTHYOPSIDÉS 


II.  Amniotes  (Vertébrés  présentant  un  amnios  pendant  la  période  fœtale). 

1)  Reptiles  : 
Cbéloniens. 
Sauriens. 
Ophidiens. 

Sauropsidés   (  Crocodiliens. 

2)  Oiseaux  : 
Ratites. 
Carinates. 


Mammifères 


1)  Implacentaires  : 

a.  Ornithodelphes  (Monotrèmes,  ovipares). 

b.  Didelphes  (Marsupiaux). 

2)  Placentaires  : 

Edentés,  Sirénidés,  Cétacés,  Ongulés,  Hyraciens,  Probosci- 
diens.  Rongeurs,  Chiroptères,  Insectivores,  Carnivores, 
Lémuriens,  Primates. 


INTRODUCTION 


15 


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CHAPITRE    PREMIER 


TEGUMENTS 

La  PEAU  se  compose  cVune  couche  superficielle,  ectodermique,  appelée 
l'ÉPiDERME  et  d'une  couche  profonde,  mésodermique,  appelée  le  derme  ou 
CHORioN.  Le  tissu  cellulaire  sous-cutané  n'est  ordinairement  pas  nette- 
ment séparé  du  derme;  le  plus  souvent  il  se  confond  insensiblement 
avec  lui.  Tandis  que  Tépiderme  n'est  jamais  formé  que  de  cellules,  dans 
le  derme,  au  contraire,  on  trouve  surtout  des  fibres  conjonctives,  élasti- 
ques et  musculaires.  C'est  également  dans  cette  couche  que  sont  situés 
principalement  ou  exclusivement  les  vaisseaux,  les  nerfs,  les  glandes, 
les  cellules  pigmentaires  et  les  formations  osseuses;  les  vaisseaux  et  les 
formations  osseuses  ne  se  trouvent  même  que  là. 

On  voit  par  là  quelle  extraordinaire  variété  présente  la  peau,  aussi 
bien  au  point  de  vue  morphologique  qu'au  point  de  vue  physiologique, 
et  cela  ne  doit  pas  étonner  si  l'on  considère  que,  par  sa  situation  à  la 
surface  du  corps,  elle  est  soumise  aux  influences  extérieures. 

Dans  Vépiderme  on  distingue  d'ordinaire  deux  couclies  :  l'une,  superficielle,  formée 
de  cellules  kératinisées  [couche  cornée) ;  V ?iuire,  profonde,  composée  de  cellules  molles 
{couche  de  Malpighi,  corps  muqueux).  Celle-ci  est  la  matrice  de  la  première,  c'est- 
à-dire  qu'elle  est  le  siège  d'une  prolifération  incessante,  grâce  à  laquelle  de  nouvelles 
cellules  viennent  remplacer  les  cellules  cornées  superficielles,  qui  tombent  par  suite 
de  la  desquamation  continuelle  de  l'épiderme.  L'épiderme  produit  toutes  les  glandes 
eu  fanées,  amsï  que  tous  les  organes  auxquels  on  donne  le  nom  de  formations  épider- 
miques,  tels  que  les  poils,  les  soies,  les  plumes,  les  ongles,  les  griffes,  les  sabots,  etc. 
Les  appareils  terminaux  des  organes  du  toucher  doivent  aussi  être  considérés  comme 
des  cellules  épidermiques  différenciées,  et,  si  on  trouve  plus  tard  beaucoup  de  ces 
organes  en  rapport  direct  avec  le  derme,  c'est  toujours  là  un  état  acquis, 
secondaire. 

Les  animaux  qui  vivent  dans  l'eau  ont  en  général  une  couche  cornée  plus  mince 
et  plus  molle  que  les  animaux  terrestres,  d'ordinaire  plus  exposés  aux  accidents 
traumatiques.  Remarquons  aussi  que  chez  les  Poissons,  les  A  m  phibiens  et  les  Reptiles 
les  faisceaux  conjonctifs  du  derme  présentent  une  disposition  typique  :  des  faisceaux 
horizontaux  alternent  régulièrement  avec  des  faisceaux  verticaux.  Chez  les  Oiseaux 
et  les  Mammifères  ils  sont  au  contraire   disposés  sans   aucun   ordre. 


TÉGUMENTS  17 

Poissons  et  Dipnoïques. 

Chez  V Amphioxus  Tépiderme  est  recouvert  pendant  la  phase  larvaire 
(gastrula)  de  cils  vibratiles,  disposition  que  l'on  doit  considérer  sans 
aucun  doute  comme  dérivant  par  hérédité  d'ancêtres  invertébrés.  Peut- 
être  doit-on  attribuer  la  même  signification  au  plateau  cuticulaire  poreux 
des  cellules  superficielles  de  Tépiderme,  que  l'on  observe  chez  beaucoup 
d'autres  Poissons,  par  exemple  chez  les  Cyclostomes,  les  Téléostéens,  les 
Dijmoïques,  et  aussi  chez  les  larves  à'Amphibiens. 

Entre  les  cellules  épilhéliales  proprement  dites  se  trouvent,  chez  V Amphioxus  et 
les  Cyclostomes,  des  cellules  sensorielles  cylindriques  munies  de  poils  rigides.  Nous 
reviendrons  plus  tard  sur  ces  cellules,  ainsi  que  sur  d'autres  éléments  réunis  en  appa- 
reils plus  complexes,  à  propos  des  organes  des  sens. 

On  n'a  encore  aucune  donnée  certaine  sur  le  rôle  des  cellules  granuleuses,  qui 
existent  chez  les  Pélromyzonles  et  chez  le  Malopterurus,  ainsi  que  sur  les  cellules  en 
massue  ou  caliciformes  que  l'on  rencontre  dans  l'épiderme  des  Poissons  osseux  ;  il  est 
possible  que  ces  dernières  produisent  une  sécrétion  huileuse  destinée  à  protéger 
l'épiderme  contre  l'influence  de  l'eau. 

Chez  le  Protopterus  le  corps  tout  entier  est  recouvert  pendant  la  période  du 
sommeil  estival  d'un  produit  de  sécrétion  huileuse  des  cellules  caliciformes,  qui  a 
pour  but  d'empêcher  la  dessiccation. 

On  trouve,  tantôt  dans  les  deux  couches  de  la  peau,  tantôt  dans  une 
seule,  par  exemple  l'épiderme,  des  cellules  pigme7itaires  en  connexion 
avec  des  nerfs  et  qui  peuvent  déterminer  un  changement  de  coloration 
de  la  peau.  La  peau  des  Poisso7is  ne  renferme  ni  muscles,  ni  glandes  a^ialo- 
gues  à  ceux  des  autres  Vertébrés  (1). 

Les  écailles  des  Poissons  ne  sont  pas,  comme  on  pourrait  peut-être 
le  supposer,  des  productions  de  l'épiderme  ;  ce  sont  des  ossifications  du 
derme.  Elles  sont  implantées  dans  des  cavités  particulières  formées  par 
des  fibrilles  du  tissu  conjonctif  du  derme.  Tantôt  elles  sont  recouvertes 
par  l'épiderme  pendant  toute  la  vie  {Téléostéens  et  Dipnoïques),  tantôt 
seulement  pendant  la  période  embryonnaire  (Ganoïdes,  Sélaciens).  En  ce 
qui  concerne  leur  mode  de  développement,  leurs  différentes  formes  et 
leurs  rapports  exacts  avec  le  squelette  dermique,- nous  renverrons  au 
chapitre  II. 

Beaucoup  de  Poissons,  à  l'époque  du  frai,  présentent  une  éruption  cutanée  due  à 
une  prolifération  de  l'épiderme  plus  ou  moins  étendue,  par  exemple  chez  le  Chondro- 
stoma  nasus,  le  Gobio  fluvialilis,  le  Leuciscus  rutilus.  Chez  d'autres  espèces  il  se 
développe  une  véritable  parure  de  noces,  ou  bien  la  coloration  des  téguments  acquiert 
un  brillant  éclat  après  des  combats  entre  rivaux  (Épinoche).  Chez   d'autres  encore, 

(1)  Les  exceptions  sont  peu  nombreuses;  telles  sont  la  glande  ptéry g opode  que  l'on 
trouve  sur  la  nageoire  ventrale  des  Squales  mâles,  la  glande  venimeuse  située  dans  la  na- 
geoire dorsale  et  l'appareil  operculaire  des  Trachinus  (ainsi  que  des  Thalassophryne  et  des 
Synanceia)  et  enfin  l'organe  accessoire  glanduleux  et  érectile  placé  derrière  la  papille  uro- 
génitale  chez  le  Plotosus  anguillaris  (Siluroïde).  Les  Dipnoïques,  au  moins  le  Protopterus, 
possèdent  des  glandes  cutanées  (KôUiker,  W.  N.  Parker).  Elles  sont  sacciformes  et  entrent 
en  activité  pendant  le  sommeil  estival  (voy.  plus  haut  ce  qui  est  dit  sur  les  cellules  calici- 
formes). 

WlEDERSHEIM.  •" 


18  CHAPITRE    PREMIER 

SOUS  l'influence  de  la  volonté,  le  corps  prend  la  couleur  du  fond  où  ils   habitent 
(Pleuronectes). 

Les  organes  que  l'on  croyait  jadis  être  des  yeux  accessoires  doivent  être  considérés, 
d'après  les  recherches  récentes,  comme  des  organes  phosphorescents.  Ils  se  rencon- 
trent dans  la  peau  des  Scopélides,  Chauliodus,  etc.  Ce  sont  des  organes  tubuleux,  qui 
rappellent  les  glandes  en  tube,  composés  de  cellules  épithéliales  fusiformes  et  en 
massue  et  de  cellules  nerveuses.  Il  est  manifeste  que  ce  sont  des  glandes  transformées, 
dont  la  sécrétion,  au  moment  où  elle  est  produite,  peut  émettre  une  lueur  phosphores- 
cente sous  l'influence  des  nerfs.  Les  capsules  d'un  éclat  métallique  servent  de  réflec- 
teurs. On  peut  donc  admettre  que  ces  organes  sont  des  armes  défensives,  en  même 
temps  qu'elles  fonctionnent  comme  une  sorte  de  lanterne  sourde,  lorsqu'ils  sont  situés 
sur  la  tète. 

Amphibiens, 

La  position  intermédiaire  des  Amphibiens,  et  en  partie  aussi  desBip- 
noïques  (voy.  plus  haut),  entre  les  Poissons  et  les  Reptiles  est  encore 
confirmée  par  la  structure  de  leurs  téguments. 

L'épiderme  des  larves  qui  vivent  dans  l'eau  se  compose  de  deux 
couches  nettement  distinctes  :  la  couche  superficielle  est  formée  de  cel- 
lules plates  présentant  le  même  plateau  strié  que  nous  avons  rencontré 


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Fig  12.  —  Peau  de  la  larve  de  Salamandra  maculata.  Ep,  épiderme;  Co,  derme;  a,  couche  cornée;  b, 
couche  de  Malpighi  ;  LZ,  cellules  de  Leydig,  qui  représentent  des  glandes  unicellulaires  ;  CS,  plateau 
strié. 

chez  les  Poissons  (fig.  12,  a,  CS),  la  couche  profonde  de  cellules  plus 
allongées,  cylindriques  ou  cubiques  (fig.  12,  b).  La  première  correspond 
à  la  couche  cornée,  la  seconde  à  la  couche  de  Malpighi. 

Plus  tard,  quand  le  développement  est  plus  avancé,  l'épiderme  pré- 
sente plusieurs  couches  (1);  il  envoie  dans  le  derme  de  nombreux  pro- 
longements globuleux  ou  tubuleux,  qui  constituent  des  glandes,  et  qui 
sont  particulièrement  accumulés  en  certains  points  déterminés,  principa- 
lement dans  la  région  de  la  tête,  du  cou  et  des  flancs. 

Leur  sécrétion  sert  à  protéger  la  peau  contre  Tévaporation;  elle  est 
également,  comme  Texpérience  l'a  montré,  un  puissant  moyen  de  dé- 
fense, grâce  à  ses  propriétés  toxiques.  Ces  glandes  sont  entourées  de 
fibres  musculaires  lisses,  de  fibres  conjonctives,  de  pigment,  de  vais- 
seaux sanguins  et  de  nerfs. 

(1)  Entre  les  cellules  de  l'épiderme  est  situé  un  riche  réseau  d'espaces  lymphatiques,  qui 
s'ouvrent  en  partie  dans  le  derme,  en  partie  à  la  surface  delà  peau;  mais  dans  ce  dernier  cas 
seulement  pendant  la  phase  larvaire;  après  la  première  mue  toute  communication  avec  l'ex- 
térieur se  trouve  interrompue.  Chez  les  larves  de  Gymnophiones  on  a  démontré  la  commu- 
nication deces  espaces  lymphatiques  intercellulaires  avec  les  capillaires  sanguins  de  la  peau 
(Sarasin). 


TEGUMENTS 


19 


Cette  abondance  de  glandes  est  le  trait  le  plus  caractéristique  de  la 
peau  des  Amphibiens ;  c'est  à  elle  que  celle-ci  doit  d'être  humide  et  vis- 
queuse. Elle  n'est  cependant  pas  toujours  lisse;  fréquemment,  en  effet, 
par  exemple  chez  les  Crapauds,  elle  est  rugueuse,  tuberculeuse,  par 
suite  de  l'existence  de  crêtes  et  de  saillies  mamelonnées  ou  aiguës  de 
l'épiderme. 

Le  pigment,  qui  se  rencontre  principalement  dans  le  derme,  tantôt 
diffus,  tantôt  contenu  dans  des  cellules,  amène  sous  l'influence  du  sys- 
tème nerveux  des  changeme^its  de  coloration  de  la  peau,  qui  permettent 


Fig.  13.  — Coupe  à  travers  la  peau  d'un  individu  adulte  de  Salamandra  niaculata.  Ep,  épiderme; 
Co,  derme,  dontlestroraa  conjonctif  B  renferme  un  pigment  abondant  (Pi)  et  des  glandes  cutanées  de 
grosseur  variable  (A,  C,  D,  E)  ;  3/t,  couche  musculaire  située  en  dedans  de  la  membrane  propre  (Pr)  des 
glandes  ;  ilf,  la  même  vue  de  face;  E,  épithélium  glandulaire;  S,  produit  de  sécrétion  des  glandes; 
J\Im,  couche  musculaire  sous-cutanée,  que  les  vaisseaux  (G)  traversent  pour  se  rendre  dans  le  derme. 

à  l'animal  de  prendre  la  teinte  du  milieu  qui  l'entoure,  ce  qui  constitue 
pour  lui  un  moyen  de  protection  efficace. 

Il  peut  aussi  se  produire  dans  le  derme  des  dépôts  de  chaux,  ou,  comme 
chez  le  Ceratophrys  dorsata,  de  la  substance  osseuse  véritable. 

Quant  aux  lamelles  cutanées  annulaires  et  aux  écailles  des  Gymno- 
phiones,  nous  renverrons  au  chapitre  qui  traite  du  squelette  dermique. 


Reptiles. 

La  peau  des  Reptiles,  à  V opposé  de  celle  des  Amphibiens,  est  extra- 
ordinairement  pauvre  en  glandes .  Chez  les  Lézards  on  n'en  trouve  que  sur 
la  face  ventrale  de  la  cuisse,  de  là  le  nom  de  glandes  fémorales  qu'on 
leur  donne.  Leur  sécrétion  se  durcit  et  fait  saillie  au  dehors  des  orifices 
glandulaires  à  la  manière  d'une  papille  ;  celles-ci  paraissent  jouer  dans 
l'accouplement  le  rôle  d'organes  de  fixation. 

La  propriété  caractéristique  de  la  peau  des  Serpents  consiste  dans  la 


20  CHAPITRE    PREMIER 

faculté  de  produire  des  écailles,  des  tubercules,  des  piquants,  des  scutelles, 
des  griffes  et  autres  formations  semblables.  Toutes  ces  productions  se  rap- 
prochent par  leur  mode  d'origine  des  plumes  des  Oiseaux  et  des  poils 
des  Mammifères,  car  elles  dérivent  comme  eux  d'une  prolifération  des 
cellules  épidermiques  profondes  (couche  de  Malpighi).  Le  derme  joue 
aussi  un  rôle  important  dans  leur  formation,  comme  nous  le  verrons 
quand  nous  étudierons  le  développement  des  plumes  et  des  poils. 

Les  écailles  les  plus  simples  se  rencontrent  chez  les  Ascalabotes  et  les  Caméléons. 
Chez  les  Serpentsla.  surface  des  écailles  présente  un  relief  très  varié  et  fréquemment 
aussi  une  carène  (Couleuvre  à  collier,  Vipères).  La  couche  cornée,  qui  se  détache  pen 
dant  la  mue  en  lambeaux  plus  ou  moins  considérables,  ou  même  en  totalité,  peut  être 
pneumatique  dsins  ses  couches  superficielles,  c'est-à-dire  renfermer  de  l'air.  Bien  qu'il 
n'y  ait  pas  de  véritable  cuticule,  cependant  on  rencontre  parfois  à  la  surface  de 
l'épiderme  des  formations  cuticulaires  ti'ès  variées,  par  exemple  les  petits  appendices 
filiformes  des  Geckos,  des  Draco,  des  Anolius,  etc.  Chez  les  Geckos  ils  existent  sur  le 
ventre,  sur  le  dos,  dans  la  région  maxillaire,  ainsi  qu'à  la  face  inférieure  de  la  queue. 
Ces  espèces  de  poils  peuvent  être  situées  à  la  surface  ou  sur  le  bord  des  écailles  et,  dans 
ce  dernier  cas,  au  nombre  de  1  à  20  ou  davantage.  Leur  longueur  est  en  moyenne  de 
20  micromillimètres.  Leur  nombre  et  leur  grandeur  (120  micromillimètres)  sont  par- 
ticulièrement remarquables  à  la  face  inférieure  des  pelotes  adhésives,  où  elles  sont 
disposées  par  touffes  de  dix  à  vingt.  Elles  contribuent  mécaniquement  à  augmenter  la 
puissance  adhésive  de  ces  organes  de  fixation  ;  il  en  est  de  même  des  soies  cuticulaires 
qui  existent  à  la  face  inférieure  de  la  queue. 

Toutes  ces  formations  cuticulaires,  qui  existent  aussi  transitoirementdans  certaines 
phases  du  développement  embryonnaire  des  Serpents  (Couleuvres),  sont  produites, 
quelque  temps  avant  la  mue,  par  de  grandes  cellules  protoplasmiques  cylindriques, 
situées  en  dehors  de  la  couche  de  Malpighi.  Sur  des  coupes  transversales,  on  voit 
toujours  se  développer  au-dessous  des  anciennes  soies  cuticulaires  la  deuxième  couche 
de  remplacement,  et  celle-ci,  en  déterminant  la  séparation  des  couches  de  l'épiderme, 
concourt  ainsi  au  processus  de  la  mue,  qu'elle  provoque  mécaniquement.  Il  en  est 
identiquement  de  même  chez  l'Écrevisse. 

L'existence  de  formations  osseuses  dans  le  derme  est  presque  la  règle 
chez  tous  les  Reptiles,  principalement  chez  les  Gymnophiones  et  les  Lé- 
zards. La  peau  des  Ascalabotes  est  aussi  recouverte,  comme  le  montre 
le  microscope,  par  de  petites  écailles  calcaires,  rondes,  rhomboïdales 
ou  polygonales,  au  centre  desquelles  se  trouvent  des  corpuscules 
osseux.  La  caparace  osseuse  des  Tortues  sera  étudiée  avec  le  squelette 
dermique. 

II  faut  aussi  signaler  la  présence  àw.  pigment  dans  la  peau  des  Rep- 
tiles (Caméléons,  Ascalabotes,  Serpents  et  Scinques)  et  la  faculté  que 
celle-ci  possède  de  changer  de  coloration.  Ces  phénomènes  ne  sont  pas, 
du  reste,  l'apanage  exclusif  des  trois  classes  inférieures  des  Vertébrés, 
car  on  observe  souvent  des  modifications  du  coloris  des  plumes  chez  les 
Oiseaux  et  des  poils  chez  les  Mammifères,  et  on  sait  que  parfois  les  che- 
veux de  l'Homme  peuvent  blanchir  brusquement. 

Oiseaux. 

Les  Oiseaux  sont  de  tous  les  Vertébrés  ceux  qui  possèdent  le  derme 
le  plus  milice,  le  plus  pauvre  en  vaisseaux,  mais  par  contre  le  plus  riche 


TÉGUMENTS  21 

en  organes  sensoriels  [massues  tactiles).  Dans  les  couches  profondes  il 
existe  un  réseau  très  développé  de  fibres  musculaires  lisses,  ofîrant  des 
traces  de  striation,  qui  viennent  s'insérer  par  de  petits  tendons,  d'une 
part  au  derme,  de  l'autre  aux  follicules  des  plumes,  et  par  leur  contrac- 
tion font  ériger  et  hérisser  les  plumes. 

Outre  les  papilles  des  plumes,  on  trouve  encore  de  nombreuses  pa- 
pilles libres,  par  exemple  à  la  plante  du  pied  et  autour  de  l'œil. 

La  peau  est  complètement  dépourvue  de  glandes,  sauf  en  un  point  si- 
tué près  de  l'extrémité  de  la  queue  où  se  trouve  la  glande  du  croiqoion  ou 
glande  uropygienne.  On  doit  considérer  celle-ci  comme  une  glande  sébacée 
modifiée.  Elle  est  en  rapport  avec  un  muscle  constricteur  puissant  (1). 

On  ne  trouve  aucune  trace  d'os  dermiques,  mais  les  formations  épi- 
dermiques  sont  très  développées  (étui  corné  du  bec  et  des  ergots,  peau 
des  doigts,  ongles  et  plumes). 

Le  développement  des  plumes  est  assez  intéressant  pour  que  nous  l'exposions  avec 
quelques  détails. 

Au  point  où  doit  se  développer  une  plume,  le  derme  (fig.  14  A,  Cti)  fait  saillie  vers 
l'ectoderme  [Sc^,  SM^]  et  produit  de  la  sorte  une  papille  [Pap).  Celle-ci  s'accroît  de 
façon  à  constituer  un  long  cône  à  sommet  libre,  le  germe  delà  plume{rig.  14  B,  FA'), 
et  en  même  temps  s'enfonce  par  sa  base  de  plus  en  plus  dans  le  derme,  de  sorte 
qu'elle  se  trouve  ainsi  contenue  dans  une  sorte  de  poche,  le  follicule  de  la  plume 
{F,  F).  La  couche  cornée  ainsi  que  la  couche  de  Malpighi  de  l'épiderme  [Se,  SM)  se 
continuent  sur  le  fond  du  follicule  et  de  là  sur  le  germe  de  la  plume  [Se'-,  SM^),  dont 
l'intérieur,  ou  pulpe  (P),  est  formé  comme  précédemment  par  les  cellules  du  derme. 
Pendant  que  le  germe  de  la  plume  s'allonge  de  plus  en  plus,  les  cellules  de  la  couche 
de  Malpighi  commencent  à  proliférer  rapidement  et  à  former  une  série  de  replis 
saillants  du  côté  de  la  pulpe,  disposés  en  rayonnant  par  rapport  à  l'axe  central,  et 
limités  en  dehors  par  la  couche  cornée  (fig.  14  C,  Fal,  (SA/^)  et  HS  {Se).  Ces  plis  sont 
ensuite  le  siège  d'un  processus  de  kératinisation,  se  séparent  des  cellules  qui  les 
entourent  et  se  transforment,  en  même  temps  que  la  pulpe  centrale  se  dessèche  gra- 
duellement, en  une  touffe  de  rayons  cornés  ne  formant  encore  qu'un  seul  et  même 
organe,  maintenus  qu'ils  sont  par  l'enveloppe  de  la  couche  cornée.  La  plupart  des 
Oiseaux  éclosent  à  cette  période  du  développement  des  plumes  et  paraissent  par  suite 
comme  couverts  de  poils  pénicillés,  de  sorte  qu'on  peut  en  tirer  des  conclusions 
phylogéniques  sur  la  nature  du  plumage  primitif  (2). 

Les  rayons  deviennent  libres  parla  destruction  delà  couche  cornée  qui  les  entoure 
(fig.  14  D,  HSt)  ;  ils  offrent  tous  le  même  aspect  et  constituent  ce  que  l'on  appelle  le 
duvet  embryonnaire  ou  plumide.  Il  ne  faut  pas  croire  que  la  masse  tout  entière  du 
germe  de  la  plume  se  divise  en  filaments  cornés;  sa  portion  basilaire,  enfoncée  dans 
le  derme,  reste  eniière  et  devient  le  tuyau  de  la  plume  (E,  FSp). 

Laplumule^fig.l4E),  dont  chacun  des  rayons  [HSt]  a  donné  naissance  à  des  rayons 
secondaires  plus  petits  [sec,  sec),  peut  persister  à  cet  état  pendant  toute  la  vie,  ou 
bien  est  remplacée  par  une  plumée  définitive.  Dans  ce  dernier  cas  il  se  forme  de 
bonne  heure  au  fond  du  follicule  de  la  plumule  un  second  follicule,  qui  se  continue 
avec  le  premier  par  un  cordon  cellulaire,  et  qui  présente  les  mêmes  phénomènes 
évolutifs  (fig.  14  D,  F^].  La  papille,  qui  se  développe  dans  son  intérieur,  s'accroît  rapi- 

(1)  La  glande  du  croupion  fait  défaut  chez  les  Ratiles,  chez  quelques  Perroquets  et  Pigeons, 
chez  VOutarde  et  quelques  autres  espèces. 

(2)  Les  Mégapodes  font  seuls  exception  ;  quand  ils  abandonnent  l'œuf,  ils  possèdent  déjà 
leur  plumage  définitif. 


22  CHAPITRE    PREMIER 

dément  et  repousse  peu  à  peu  au  dehors  le  tuyau  de  la  plumule  jusqu'à  ce  qu'il  tombe. 
La  nouvelle  plume  ressemble  beaucoup  au  début  à  la  plumule  ;  elle  est  en  effet  com- 
posée primitivement  de  rayons  tous  semblables,  munis  à  leur  tour  de  rayons  secon- 
daires. Mais,  au  bout  de  peu  de  temps,  un  des  rayons  s'épaissit,  s'allonge  de  plus  en 
plus  et  devient  la  hampe  ou  axe  primaire;  sa  portion  basilaire  constitue  le  tuyau,  sa 
partie  libre,  saillante,  la  lige  [rhachis],  tandis  que  les  autres  rayons,  dont  l'accroisse- 
ment a  été  moins  rapide,  forment  les  barbes  [vexillum]  (fig.  14  V,  R,  HSt,  sec).  Chaque 
branche  latérale  de  la  tige,  c'est-à-dire  chacune  des  barbes  [tlSl],  représente  ainsi 
avec  ses  petits  rayons  secondaires  [sec)  une  répétition  de  la  plume  tout  entière. 
C'est  ainsi  que  se  développent  les  pennes^  telles  par  exemple  qu'on  les  rencontre  à 
l'aile  et  sur  la  queue.  Dans  ces  régions  les  barbes  sont  très  intimement  unies  les  unes 


a 


'c&ëo'è\A  ^^^m  nP/i^p 

E-  Il  F 


laJISM''} 
HSIScV 


Fig.  14.  —  Six  stades  du  développement  des  plumes.  En  grande  partie  d'après  Studer.  Cu,  derme;  SM, 
couche  de  Malpighi  ;  S',  couche  cornée  ;  SM'  et  Sc^,  les  mêmes  faisant  saillie  pour  former  la  papille  de  la 
plume (Pnp);  FK^  germe  de  la  plume;  jP,  F',  follicule;  P,  pulpe;  Fal  {Slv1\),  replis  delà  couche  de  Malpighi 
dans  l'intérieur  du  germe  de  la  plume,  entourés  entièrement  par  la  couche  cornée  US  (Se').  Tous  deux 
sont  visibles  sur  la  coupe.  i^Sp,  tuyau  de  la  plume,  qui  se  continue  en  haut  avec  un  faisceau  de  rayons 
(HS/);  sec,  sec,  rayons  secondaires;  iî,   tige;   V,  barbes. 


aux  autres,  de  façon  à  former  une  sorte  de  feutrage  très  résistant,  imperméable  à 
l'air. 

La  papille,  renfermée  dans  la  base  de  chaque  tuyau,  sécrète  périodiquement,  à  sa 
surface,  des  membranes  emboîtées  les  unes  dans  les  autres,  et  auxquelles  on  donne  le 
nom  d'orne  de  la  plume.  La  chute  des  plumes  et  leur  remplacement  par  des  plumes 
nouvelles  ou  mue,  que  l'on  observe  périodiquement  chez  tous  les  Oiseaux,  doit  être 
considérée  comme  un  phénomène  analogue  au  processus  de  desquamation,  dont  ces 
animaux  ont  hérité  des  Amphibiens  et  des  Reptiles.  L'épiderme,  pas  plus  que  chez  les 
Mammifères,  n'est  soumis  in  loto  à  ce  processus;  dans  la  vie  post-embryonnaire  et 
dans  les  circonstances  normales  on  n'observe  qu'une  exfoliation,  qu'une  chute  de 
cellules  épidermiques. 


TÉGUMENTS  23 

Chez  la  plupart  des  Oiseaux  les  plumes  sont  disposées  suivant  des 
lois  déterminées  en  rangées;  elles  se  divisent,  comme  nous  l'avons  vu, 
en  'plumes  eiphcmiiles.  CeridimsRatites,  tels  C[ueYApte7'yx  et  le  Dromaeus, 
ainsi  que  les  Pingouins  font  exception,  en  ce  sens  que,  à  l'exception  des 


iiiiiilir 


|i|fï||||||ii|;- 

iSiiili^  ■1ii(ii|i!!ii 
ÎW:r:iEÉi  liipiiiiiilll  i  !  lilÉi 

:v:.;:Êii!iiiiiii.iiiiiliW|iip 
aaijpiiiiiiSiiisii  lifeM    : 


Fig.  15.  —  Archaeopteryx  lithographieiis.  Exemplaire  du  musée  de  Berlin  (d'après  Dames). 

rectrices  et  des  plumes  qui  servent  de  parure,  leur  plumage  est  entière- 
ment formé  de  plumules  qui  revêtent  dune  manière  continue  le  corps 
tout  entier.  C'est  là  un  caractère  embryonnaire  et  par  suite  on  doit 
considérer  le  plumage  si  défavorable  au  vol  de  ces  Oiseaux  comme 
phylogéniquement  plus  ancien.  Cependant,  comme  chez  les  Pingouins 
fossiles   (tertiaires),  l'humérus  était  beaucoup  plus  long  que  dans   les 


24  CHAPITRE    PREMIER 

espèces  actuelles,  il  se  peut  que  chez  ces  derniers  au  moins  le  plumage 
ait  été  acquis  secondairement  (Studer). 

Si  l'on  considère  que  déjà  chez  les  Oiseaux  jurassiques,  chez  VAr- 
chaeopteryx  (fig.  15),  les  plumes  avec  tiges  et  barbes  coexistaient  avec 
les  plumules,  on  est  autorisé  à  faire  remonter  leur  apparition  à  une 
époque  beaucoup  plus  reculée.  Jusqu'à  présent  la  paléontologie  ne  nous  a 
fourni  aucune  preuve  de  l'existence  de  formes  établissant  le  passage 
entre  les  écailles  des  Reptiles  et  les  plumes  des  Oiseaux,  mais  l'embryologie 
nous  a  prouvé,  comme  nous  l'avons  vu,  de  la  manière  la  plus  convain- 
cante qu'elles  ont  dû  exister  jadis.  Parmi  les  Odontornithes  d'Amérique, 
d'Angleterre  et  de  Bohême  VIchthyornis,  seul  jusqu'ici,  nous  a  présenté 
des  traces  de  plumes,  mais  il  est  possible  que  l'insuccès  des  recherches 
tienne  à  la  nature  de  la  roche  peu  propre  à  conserver  des  formations 
aussi  délicates. 

Mammifères. 

La  présence  des  poils  est  un  caractère  spécifique  des  Mammifères  (1), 
aussi  exposerons-nous  tout  d'abord  leur  mode  de  développement.  De 
même  que  pour  les  écailles  et  les  plumes,  le  développement  débute  par 
l'apparition  dans  l'épiderme,  particulièrement  dans  la  couche  de  Malpighi, 
d'un  bourgeon  qui  s'enfonce  dans  l'épaisseur  du  derme  et  constitue  le 
germe  du  poil  (fîg.  16  A  et  B,  Se,  SM,  C).  Ce  bourgeon  épithélial,  à 
mesure  qu'il  s'allonge,  est  entouré  par  les  cellules  du  derme,  qui  forment 
autour  de  lui,  comme  nous  l'avons  constaté  pour  les  plumes,  un  sac,  le 
follicule  pileux  (fîg.  16  C,  D,  F).  Plus  tard  les  cellules,  d'abord  toutes 
semblables  du  germe  pileux,  se  différencient  en  une  zone  périphérique 
et  une  zone  centrale  (fig.  16  E,  F,  PZ,  CZ).  Cette  dernière  est  composée 
de  cellules  plus  allongées  et  devient  plus  tard  le  poil  avec  la  moelle, 
l'écorce  et  VépidertJiicule  (cuticule),  ainsi  que  la  gaine  épithéliale  interne 
de  la  racine  ;  la  zone  périphérique  devient  la  gaine  épithéliale  externe  de 
la  racine  (voy.  la  fîg.  17,  qui  représente  un  poil  avec  toutes  ses  parties). 
La  base  renflée  du  poil  ou  hulbe  (fig.  16  E,  F,  HK)  loge  dans  son  inté- 
rieur la  papille  très  vasculaire  du  poil  (P,  P^),  qui  se  développe  rela- 
tivement tard  et  la  déprime  de  bas  en  haut  (fîg.  17,  HP).  Les  glandes 
sébacées  proviennent  d'une  prolifération  des  cellules  du  corps  muqueux 
(fig.  16,  Dr).  Les  poils  percent  ordinairement  la  peau  obliquement. 

On  distingue  ainsi  le  follicule  pileux  (fig.  17,  F,  F^)  et  le  poil  pro- 
prement dit  [Sch).  Ce  dernier  est  toujours  fusiforme;  il  se  compose  de 
trois  parties,  la  moelle  (M),  Vécorce  [R)  et  Yépidermicule  (0).  Toutes  trois 
sont  formées  de  cellules.  La  plus  importante  est  toujours  la  moelle.  Son 
développement  est  très  variable;  c'est  lui  qui  détermine  presque  exclu- 

(1)  Les  Cétacés  cétodonies  sont  les  Mammifères  chez  lesquels  les  poils  sont  le  moins  dé- 
veloppés; ils  ne  sont  souvent  représentés  que  par  une  paire  de  soies  sur  la  lèvre  supérieure. 
Chez  quelques-uns  les  poils  n'existent  que  pendant  la  période  fœtale,  ou  peuvent  même  ne 
pas  exister  du  tout. 


TEGUMENTS 


sivement  les  différences  que  présentent  les  poils  clans  les  diverses  espèces. 
La  couleur  des  poils  dépend  de  trois  causes  :  premièrement  de  l'accu- 
mulation plus  ou  moins  considérable  de  pigment  dans  les  cellules  de  la 
couche  corticale,  secondement  de  la  présence  de  l'air  dans  les  espaces 


Fig.-16. 


Fig.  17. 


Fig.  16.  —  Six  phases  du  développement  des  poils. 
Se,  couche  cornée;  SM ,  couche  de  Malpighi; 
C,  derme;  F,  follicule;  Dr,  glande  sébacée;  CZ, 
zone  centrale,  et  PZ,  zone  périphérique  du  germe 
du  poil;  SKi  bulbe  du  poil;  P,  commencement 
de  la  formation  de  la  papille;  Pi,  la  même  à  une 
phase  évolutive  plus  avancée  et  dans  laquelle  ont 
pénétré  des  vaisseaux. 

Fig.  17.  —  Coupe  longitudinale  schématique  d'un  poil.  F,  couche  externe  de  fibres  longitudinales,  et  F^, 
couche  interne  de  fibres  circulaires  du  follicule  ;  il/,  moelle  ;  R,  écorce  ;  0,  épidermicule  du  poil  ;  WS  et 
WSi,  gaines  epithéliales  externe  et  interne  de  la  racine;  cette  dernière  ne  b'étend  que  jusqu'à  l'embou- 
chure des  glandes  sébacées  iïiîX)  ;  au-dessus,  elle  est  continuée  par  la  couche  cornée  de  l'épiderme  ; 
HP,  papille  avec  des  vaisseaux  dans  son  intérieur;  GH,  membrane  vitrée  située  entre  la  gaine  interne 
et  la  gaine  externe  du  poil,  c'eot-à-dire  entre  la  gaine  de  la  racine  et  le  follicule;  Ft,  tissu  adipeux 
dans  le  derme  Co ;  Ap,  muscles  redresseurs;  Se,  couche  cornée;  SM,  couche  de  Malpighi. 


intercellulaires  delamoelle,  et  enfin  de  la  nature  de  sa  surface,  rugueuse 
ou  lisse  (Waldeyer). 

Plus  tard,  au  moment  de  la  chute  des  poils  (périodique  ou  non), 
le  nouveau  poil  se  développe  au  fond  du  follicule  de  l'ancien  sur  une 
nouvelle  papille,  qui  succède  à  l'ancienne  avec  participation  des  cellules 
de  la  gaine  externe.  Les  poils  sont  cylindriques  ou  aplatis,  lisses  ou 


26  CHAPITRE    PREMIER 

crépus.  Les  poils  tactiles  méritent  une  mention  particulière.  Ils  sont  mus 
par  des  muscles  striés  et  leurs  follicules  sont  entourés  de  sinus  veineux, 
dans  lesquels  se  distribuent  de  nombreux  filets  nerveux.  Les  poils 
ordinaires  sont  également  pourvus  de  nerfs.  De  même  que  les  plumes, 
ils  présentent  aussi  un  mode  de  distribution  déterminé.  Fréquemment, 
par  exemple  chez  l'Homme,  pendant  la  période  embryonnaire  le  corps 
offre  un  revêtement  pileux  beaucoup  plus  abondant  (lanug-o)  que  plus 
tard.  Ce  fait,  de  même  que  celui  de  l'existence  d'individus  complètement 
recouverts  de  longs  poils,  conduit  à  admettre  qu'à  une  époque  reculée 
l'Homme  présentait  un  développement  du  système  pileux  beaucoup 
plus  considérable  que  de  nos  jours  (1). 

Outre  les  poils,  les  formations  épidermiques  jouent  un  grand  rôle 
chez  les  Mammifères.  Tels  sont  les  sabots,  les  griffes,  les  cornes,  répiderme 
très  épais  et  dépourvu  de  poils  des  Cétacés  et  des  Pachydermes,  les  callo- 
sités de  certains  Singes,  les  soies  et  les  piquants  {Hérisson,  Porc-épic),  les 
fanons  des  Baleines,  la  corne  des  Rhinocéros,  etc. 

Les  ongles  sont  également  des  formations  épidermiques.  Ils  représentent  comme  les 
poils  avec  leur  gaine  interne  une  transformation  d'une  partie  déterminée  de  la  couche 
de  Malpighi  de  l'épiderme.  Dans  la  première  phase  de  son  développement  cette 
dernière  est  entièrement  recouverte  par  la  couche  cornée.  La  formation  de  l'ongle 
débute  au  point  qui  chez  l'Homme  porte  le  nom  de  lunule  et  qu'on  doit  considérer 
comme  la  matrice  de  l'ongle. 

La  peau  a  une  épaisseur  très  variable  dans  les  différentes  parties  du 
corps.  Il  en  est  de  même  de  l'épaisseur  relative  de  la  couche  cornée  et 
de  la  couche  de  Malpighi.  Dans  les  régions  où  le  pigment  existe,  par 
exemple  dans  la  peau  du  museau,  des  organes  génitaux,  du  mamelon 
chez  l'Homme,  etc.,  il  est  toujours  situé  dans  les  cellules  du  corps 
muqueux;  il  provient  d'ailleurs  toujours  des  couches  profondes,  c'est-à- 
dire  qu'il  émerge  du  derme  ;  c'est  là  un  fait  général  chez  tous  les  Vertébrés. 

On  peut  désigner  la  couche  supérieure  du  derme  sous  le  nom  de 
partie  papillaire  et  la  couche  profonde,  qui  est  plus  lâche  et  se  continue 
insensiblement  avec  le  tissu  conjonctif  sous-cutané,  sous  celui  ào.  partie 
réticulaire.  Les  papilles  du  derme,  sur  lesquelles  se  moulent  les  couches 
de  l'épiderme,  se  divisent  en  papilles  vasculaires  renfermant  des  capil- 
laires lymphatiques  et  sanguins,  et  en  papilles  nerveuses  renfermant 
des  corpuscules  du  tact  (fig.  18). 

Ces  papilles  sont  tantôt  disposées  sans  ordre,  tantôt  rangées  en  séries  régulières, 
comme  à  la  face  palmaire  de  la  main  et  à  la  face  plantaire  du  pied.  Elles  sont  excep- 
tionnellement développées  sur  la  plante  des  doigts  des  Carnivores,  du  Chameau,  ainsi 
que  sur  le  museau  ou  le  groin  d'autres  Mammifères.  Leur  dimension  est  monstrueuse 
dans  la  peau  dépourvue  de  poils  des  Cétacés.  Le  tissu  conjonctif  sous-cutané,  qui 
rattache  le  derme  aux  organes  sous-jacents  comme  les  muscles,  renferme  des  masses 
adipeuses  plus  ou  moins  abondantes  [pannicide  graisseux).  Outre  une  grande  quan- 

(1)  Les  Aïnos  et  les  Nègres  de  VOcéanie  sont  peut-être  les  hommes  les  plus  poilus  qui 
existent. 


TEGUMENTS 


27 


tité  de  fibres  élastiques,  on  trouve  dans  le  derme  de  nombreux  muscles  lisses,  par 
exemple  dans  le  dartos,  dont  ils  déterminent  le  ralatinement  temporaire.  On  en  ren- 
contre aussi  dans  le  pénis,  dans  la  région  périnéale,  dans  l'aréole  du  sein  et  même 
dans  le  mamelon,  dont  ils  peuvent  déterminer  par  leur  contraction  l'élongation  et  la 
rigidité  (érection  du  mamelon).  Enfin 
des  éléments  musculaires  lisses  existent 
dans  toutes  les  parties  du  coi"ps  recou- 
vertes de  poils  ;  ils  constituent  lesmuscles 
redresseurs  des  poils  [arreclores  pili), 
qui  s'insèrent  sur  les  follicules  pileux, 
au  dessous  des  glandes  sébacées  (voy. 
fîg.  17).  Ce  sont  eux  qui  causent  le  re- 
dressement des  poils  et  qui  produisent 
le  phénomène  connu  sous  le  nom  de 
chair  de  poule.  La  peau  du  Hérisson  et 
du  Porc-épic  renferme  une  musculature 
excessivement  développée. 


Les  GLANDES  CUTANÉES,  cjui  ne 
font  défaut  (sauf  les  glandes  mam- 
maires) qu'aux  Cétacés,  se  divisent 
en  deux  groupes  principaux,  les 
glandes  tubuleuses  et  les  glandes 
acineuses.  Les  premières  sont,  en 
général,  appelées  glandes  sudori- 
pares,  les  secondes  glandes  séba- 
cées ,  désignation  impropre  à  cause 
de   la    séparation    des    fonctions 

qu'elle  implique  (1).  Toutes  deux  présentent  de  nombreuses  modifica- 
tions. C'est  ainsi  que  les  glandes  cérumineuses  de  l'Homme,  les  glayides 
du  mufle  des  Bœufs  et  les  glandes  latérales  des  Musaraignes  doivent  être 
considérées  comme  des  glandes  sudoripares  modifiées,  et  que  les  glandes 
prépuciales,  les  glandes  de  Meibomius  et  les  glandes  inguinales  de  cer- 
tains Rongeurs  appartiennent  à  la  catégorie  des  glandes  sébacées. 

Les  GLANDES  MAMMAIRES,  qui  n'cxisteut  que  chez  les  Mammifères,  sont 
aussi  des  glandes  cutanées  modifiées.  La  preuve  en  est,  d'après  les 
recherches  de  Gegenbaur,  dans  la  structure  de  ces  organes  chez  les 
Monotrèmes.  On  reconnaît,  en  effet,  que  chez  V Ornithorynque  elles  sont 
composées  de  glandes  sudoripares  qui  ne  diffèrent  des  glandes  sudori- 
pares ordinaires  que  par  leur  nombre  ;  il  en  est  de  même  chez  VEchidné, 
iîien  qu'ici  il  y  ait  encore  quelques  points  qui  ne  sont  pas  complète 


Fig.  18.  —  Coupe  de  la  peau  de  rffomwe.  Se,  couche 
cornée;  S  M,  couche  de  Malpighi;  Co ,  derme; 
J',  tissu  adipeux  sous-cutané;  NP,  papilles  ner- 
veuses; G  P,  papilles  vasculaires;  iV  et  G,  nerfs  et 
vaisseaux  du  derme;  SD,  glande  sudoripare  avec 
son  canal  excréteur  Si";  If,  poil  avec  des  glandes 
sébacées  D. 


ment  éclaircis. 


Et  comme  les  glandes   mammaires  des  autres    Mammi- 


(1)  Les  recherches  de  M.  Weber  sur  les  sécrétions  cutanées  colorées  en  rouge  et  en  bleu 
de  certains  Mammilères  offrent  un  grand  intérêt.  Les  glandes  qui  les  produisent  sont  tubu- 
leuses ou  ont  un  caractère  mixte;  elles  se  rencontrent  chez  le  Kangurou  dans  la  peau  de  la 
région  pectorale  et  de  la  région  abdominale,  et  chez  V Antilope  naine,  comme  certaines  glandes 
faciales  des  Ruminants,  sur  la  face,  au-dessous  de  l'œil.  Chez  l'Antilope  naine  mâle,  cette 
sécrétion  est  acide,  possède  une  odeur  pénétrante,  qui  semble  exciter  la  femelle  pendant  la 
période  du  rut. 


28  CHAPITRE    PREMIER 

fères  diffèrent  parleur  structure  macroscopique,  aussi  bien  que  par  leur 
structure  microscopique,  de  celles  des  Monotrèmes,  qu'elles  sont  chez  eux 
des  glandes  sébacées  modifiées,  Gegenbaur  en  conclut  que  ces  organes 
ont  une  origine  diphylétique .  Il  est  manifeste  que,  par  suite  de  la  succion, 
les  glandes  sébacées  ont  graduellement  pris  la  prédominance  sur  les 
glandes  sudoripares;  il  existe  déjà,  en  effet,  des  glandes  sébacées  à  côté 
des  glandes  sudoripares  chez  YEchidné,  et  leur  présence  simultanée  dans 
le  champ  glandulaire  doit  être  aussi  admise  chez  les  premiers  Mammi- 


Fig.  19.  — •  A.  Face  inférieure  d'une  femelle  iVEchùlna  hystrix  pendant  l'incubation.  -j-J-,  les  deux  touffes 
de  poils  dans  les  replis  latéraux  de  la  poche  mammaire,  le  long  desquels  la  sécrétion  mammaire  coule 
goutte  à  goutte. 

B.  Face  dorsale  de  la  peau  du  ventre  de  la  même  femelle.  De  chaque  côté  un  groupe  de  glandes  mam- 
maires (3/,  M)  s'ouvre  dans  la  poche  incubatrice  (iJ)  entourée  de  muscles  puissants.  C  indique  dans 
les  deux  figures  le  cloaque  (d'après  W.  Haacke.) 


fères  qui  ont  commencé  à  teter  et  qui  ont  précédé  les  Monotrèmes.  Quant 
à  la  sécrétion  qu'elles  produisent,  si  l'on  considère  la  structure  de  ces 
glandes,  il  est  peu  probable  qu'elle  mérite  chez  les  Monotrèmes  le  nom 
de  lait.  De  nouvelles  recherches  sont  nécessaires  sur  ce  sujet,  ainsi  que 
sur  le  mode  suivant  lequel  elle  peut  parvenir  dans  la  bouche  des  jeunes. 
Les  mamelons  ne  sont  pas  encore  développés  chez  ces  animaux,  et  on 
suppose,  par  conséquent,  que  la  sécrétion  coule  le  long  des  poils,  qui 
sont  disposés  en  ces  points  en  touffes  (fig.  19  A,*f-*|*),  et  qu'elle  est  léchée 
au  fur  et  à  mesure  par  les  jeunes  (Haacke). 

Chez  l'Ornithorynque,  l'œuf,  renfermant  le  jeune  animal  prêt  à  éclore, 
est  déposé  par  la  mère  dans  un  creux  dans  la  terre;  mais  chez  VÉchidné 
il  se  forme  une  poche,  dans  lequel  il  séjourne  longtemps  (fîg.  19  B,  B). 


TÉGUMENTS  29 

Quand  Fanimal  éclôt,  il  absorbe  très  probablement  le  lait  de  la  façon 
que  nous  venons  d'indiquer  (1). 

Ces  glandes  débouchent  au  point  où  existent  les  touffes  de  poils, 
mentionnées  plus  haut,  dans  deux  enfoncements  cutanés,  sur  les  replis 
latéraux  de  la  poche.  On  peut  donc  donner  à  cette  dernière  le  nom  de 
poche  mammaire;  elle  a  une  grande  importance,  car  elle  est  le  point 
de  départ  du  développement  des  différentes  formes  de  tétines  de  tous 
les  Mammifères  à  partir  des  Monotrèmes. 

Cette  ébauche  de  poche  mammaire  se  répète  ontogénétiquement  chez 
tous  les  Mammifères  jusqu'à  l'Homme,  en  ce  sens  que  l'épiderme  s'en- 
fonce dans  le  derme,  et  au  fond  de 
la  poche  ainsi  formée,  c'est-à-dire  au 
fond  du  champ  glandulaire,  envoie 
des  prolongements  cylindriques  plus 
ou  moins  ramifiés.  Ces  derniers  seuls 
forment  la  glande  proprement  dite, 
tandis  que  la  poche  mammaire  est 
représentée  par  l'enfoncement  de  la  ,r-    or.      *  a^      i 

1  Jt  Fig.  20.  —  A.  Mamelon  vrai. 

peau,  et  en  cette  qualité  peut  por-         b. Pseudomameion (d'après gegenbaur). 

ter  toutes  les  formations  qui   sont 

génétiquement  des  dépendances  de  la  peau,  telles  que  les  poils,  etc. 

Relativement  au  mode  de  formation  des  mamelons  ou  tétines,  Gegen- 
baur a  montré  que  deux  cas  sont  possibles.  Ou  bien  le  rebord  de  la  peau 
entourant  le  champ  glandulaire  se  soulève  de  façon  à  constituer  une 
sorte  de  cylindre  renfermant  au  centre  un  canal,  au  fond  duquel  s'ou- 
vrent les  canaux  glandulaires  (fig.  20  B),  ou  bien  le  champ  glandulaire 
se  soulève  de  manière  à  former  une  papille,  tandis  que  le  rebord  annu- 
laire de  la  peau  s'efface  (fig.  20  A).  Dans  ce  dernier  cas,  qui  est  réalisé 
çh.ez\Q?> Marsupiaux,  les  Prosimiens,  les  Singes  et  V Homme,  le  mamelon 
serait  par  suite  une  formation  secondaire;  dans  le  premier  cas,  au  con- 
traire, qui  s'applique  aux  Carnivores,  aux  Porcs,  aux  Chevaux  et  aux 
Ruminants,  une  formation  primaire.  Ce  dernier  mode  de  développement 
commence  à  apparaître  chez  certains  Mursupiaux  (Phalangista  vulpina) 
et  se  continue  chez  les  Carnivores. 

Le  nombre  des  tétines  correspond  ordinairement  au  nombre  des  indi- 
vidus dont  se  compose  la  portée.  Fréquemment  elles  sont  disposées 
suivant  deux  rangées  presque  parallèles  sur  l'abdomen  et  la  poitrine 
{Carnassiers,  Porcs),  ou  bien  dans  la  région  inguinale,  comme  chez  les 
Ongulés  et  les  Cétacés,  ou  enfin  elles  sont  limitées  à  la  poitrine,  comme 
chez  les  Eléphants,  les  Sirénides,  les  Chiroptê7'es,  les  Prosimiens  et  les 
Primates. 

(1)  Cette  poche,  dont  le  fond  est  dirigé  en  arrière,  s'accroît  en  même  temps  que  le  jeune 
et  jusqu'à  ce  que  celui-ci  ait  atteint  une  longueur  de  quatre  pouces.  Quand  le  jeune  quitte 
sa  mère,  la  poche  s'atrophie  complètement,  de  telle  sorte  qu'on  n'en  trouve  aucune  trace 
chez  les  Échidnés  femelles  qui  ne  portent  ni  œufs  ni  jeunes. 


30  CHAPITRE    PREMIER 

Chez  le  mâle  la  glande  mammaire  est  atrophiée,  cependant  il  est  très  fréquent  de 
voir  des  garçons  nouveau-nés  ou  même  à  l'époque  de  la  puberté  produire  du  lait 
[lail  desorcières).  Onade  même  constaté  des  cas  de  sécrétion  dulait  chez  des  Béliers 
châtrés  et  chez  des  Boucs.  Un  phénomène  très  remarquable  est  la  présence  de  mamelles 
et  de  mamelons  supplémentaires  chez  des  hommes  ainsi  que  chez  des  femmes 
{polymastie  et  fiolythélie).  On  les  rencontre  principalement  sur  le  thorax.  On  doit  y 
voir  un  retour  vers  une  forme  ancestrale,  caractérisée  parla  présence  de  nombreuses 
mamelles  et  par  des  portées  de  plusieurs  petits.  Un  passage  graduel  de  la  polymastie 
à  la  bimaslie  s'accomplit  de  nos  jours,  sous  nos  yeux,  chez  les  Prosimiens.  Chez  ces 
animaux  les  tétines  inguinales  et  abdominales  subissent  une  métamorphose  régres- 
sive, tandis  que  les  deux  tétines  pectorales  sont  très  développées.  Ce  phénomène  con- 
corde avec  le  fait  que  la  plupart  des  Prosimiens  ne  mettent  au  monde  que  deux 
petits,  qu'ils  portent  sur  la  poitrine.  De  la  sorte  ils  sont  plus  libres  pour  se  mouvoir, 
par  exemple  pour  grimper,  et  c'est  à  cela  qu'il  faut  attribuer  l'atrophie  des  autres 
tétines. 

Les  bourgeons  glandulaires  delà  mamelle,  d'abord  pleins,  se  creusent 
plus  tard  et  se  différencient  en  acini,  canaux  lactifères,  sinus.  Le  tissu 
intermédiaire  est  pendant  la  lactation  bondé  de  globules  blancs  (leuco- 
cytes) et  il  est  possible  que  les  éléments  appelés  globules  du  colostrum 
et  globules  du  lait  doivent  leur  origine  à  ces  leucocytes,  qui  traverse- 
raient la  paroi  des  acini  glandulaires. 


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Zool,  ï.  XXVII, 


CHAPITRE    DEUXIÈME 


SQUELETTE 


Squelette  dermique. 

La  description  du  squelette  dermique  (exosquelette)  doit  précéder 
celle  du  squelette  intérieur,  car  on  doit  le  considérer  comme  une  for- 
mation plus  ancienne  que  celui-ci.  C'est  ce  que  confirment  non  seule- 
ment les  découvertes  paléontologiques,  telles  que  celles  des  Poissons 
cuirassés  du  dévonien  et  du  silurien,  des  Amphibiens  à  cuirasse  forte- 
ment développée  du  carbonifère,  du  trias  et  du  jurassique,  mais  aussi 
Vontogénie,  car,  dans  le  cours  du  développement,  des  dépôts  calcaires, 
des  ossifications  apparaissent  dans  le  derme  et  dans  le  périchondre  avant 
les  points  d'ossification  centraux  dans  les  difîérentes  parties  du  squelette 
cartilag-ineux.  C'est  ce  que  montre  de  la  manière  la  plus  frappante  l'em- 
bryologie des  Poissons  et  des  Amphibiens.  C'est  ainsi,  pour  n'en  citer 
qu'un  exemple,  que  les  jeunes  i?(2/?s^es  présentent  déjà  une  cuirasse  der- 
mique entièrement  formée  alors  que  la  première  trace  d'ossification 
commence  à  peine  à  se  montrer  dans  le  crâne  primordial. 

La  forme  primordiale  de  l'exosquelette  est  représentée,  d'après  les 
recherches  de  Gegenbaur  et  d'O.  Hertwig,  par  de  petites  dents  fixées 
chacune  sur  une  plaque  basilaire  ou  socle,  répandues  dans  toute  la  peau, 
et  qui  montrent  identiquement  la  même  structure  que  les  dents  propre- 
ment dites  des  mâchoires  des  Vertébrés,  dont  nous  aurons  plus  tard  à 
faire  l'étude. 

Ces  petites  dents  dermiques  se  rencontrent  dans  la  peau  des  Séla- 
ciens, des  Ganoïdes,  des  Siluro'ides  et  des  Dipnoïques,  et,  si  l'on  consi- 
dère que  les  plaques  basilaires  peuvent  se  réunir  entre  elles  pour  former 
des  bandelettes  et  des  réseaux  (fig.  21  et  22),  on  conçoit  que  ce  même 
processus  de  coalescence  puisse  donner  naissance  aux  larges  écussons, 
dont  la  réunion  constitue  la  cuirasse  osseuse  des  Ganoïdes  placodermes, 
des  Goniodontes,  des  Lophobranches,  etc.  On  peut  même  aller  plus  loin 


32  CHAPITRE    DEUXIÈME 

et  rapporter  à  ce  même  processus  l'origine  primordiale  (phylétique)  de 
toutes  les  formations  écailleuses  des  Poissons,  ainsi  que  des  os  de  recou- 
vrement àe  la  ceinture  sccqmlaire  et  du  crâne  primordial  (1). 

Nous  aurons  à  revenir  sur  ce  point  dans  le  chapitre  sur  Je  squelette  céphalique  et 
à  signaler  la  distribution  typique  de  ces  os  de  revêtement,  que  l'on  désigne  sous  les 
noms  de  frontaux,  de  pariétaux,  etc.,  qui  se  transmet  héréditairement  de  genre  à 


Fig.  21.  —  a,  cuirasse  dermique  de  V Hypo- 
stoma  commwiis;  h,  petites  dents  de  la 
peau  ventrale  du  CalUchthys;  c,  lamelle 
de  la  nageoire  caudale  de  VHypostoma;  Z, 
dents  cutanées,  qui  en  Z^  sont  séparées  de 
leur  socle;  BP,  lame  basilaire  (d'après 
G.  Hertwig). 


Fig.  22.  —  Dents  cutanées  de  Proto- 
pterus.  D,  dents  proprement  dites  ; 
S,  socle,  dont  l'orifice  supérieur  se 
voit  en  coupe  optique  en  S',  S^,  à  tra- 
vers la  dent  transparente  (S). 


genre,  bien  au  delà  des  Poissons  jusqu'aux  Mammifères.  Et,  si  ici  leur  formation  ne 
peut  plus  être  rapportée  onlogéné(iquem,ent  à  des  dents  et  à  des  plaques  basilaires, 
c'est  précisément  par  suite  d'une  abréviation  du  développement.  La  meilleure  preuve 
nous  en  est  fournie  par  l'ébauche  embryonnaire  du  vomer  et  d'autres  os  de  la  cavité 
buccale,  dont  on  observe  encore,  même  chez  les  Amphibiens,  le  développement  aux 
dépens  de  dents. 

Les  Amphibiens  de  l'époque  actuelle  ne  présentent  plus  que  de  faibles 
traces  de  la  cuirasse  si  développée  des  formes  éteintes.  On  doit  consi- 


(1)  Les  écailles  placoïdes  des  Sélaciens  forment  toujours  le  point  de  départ.  Les  écailles 
ganoïdes  à  surface  lisse  et  brillante,  c'est-à-dire  revêtues  d'émail,  sont  surtout  bien  caracté- 
risées chez  le  Lépidostée  et  le  Polyptère.  Les  Esturgeons  possèdent  des  plaques  osseuses.  Le 
Spatularia  a  la  peau  nue.  Les  Téléostéens  présentent  deux  sortes  d'écaillés,  les  écailles  cy- 
cloïdes  et  les  écailles  cténoïcles,  qui  diffèrent  en  ce  que  les  premières  ont  le  bord  entier  et  ré- 
gulièrement arrondi,  tandis  qu'il  est  dentelé  chez  les  autres.  Du  reste  il  existe  de  nom- 
breuses formes  intermédiaires  entre  ces  deux  types. 


SQUELETTE 


33 


dérer  comme  telle  les  plaques  osseuses  qui  se  développent  dans  la 
peau  du  dos  chez  certains  Anoures  {Ceratophrys  dorsata  et  Ephippifer 
aurantiacus) ,  ainsi  que  les  écailles  enfoncées  entre  les  replis  cutanés 
chez  les  Amphibiens  apodes,  Gymnophiones  ou  Cœcilies.  Ces  dernières 


Fig.  23.  —  Cuirasse  dermique  de   Callichthys.   B,  barbillons;    BrF,  nageoire  pectorale;  BF,   nageoire 
abdominale;  RF,  nageoire  dorsale;  BS  et  VS,  écussons  dorsaux  et  ventraux. 

dérivent  du  revêtement  des  premiers  Urodèles  du  carbonifère   [Disco- 
saurus) . 

La  cuirasse   dermique    était   encore   plus    développée  chez  certains 
genres    éteints  de  Reptiles,   par  exemple  chez    certains  Ornithoscélides 


^yff^y 


Fig.  24.  — A  et  B.  Carapace  et  plastron  d'une  Testudo  graeca  jeune.  —  C,  plastron  de  Chelone  midas. 
N,  plaques  neurales;  C,  C,  plaques  costales;  AT,  M,  plaques  marginales;  Np,  plaque  nuchale;  Py,  Py, 
plaques  pygales  ;  E,  entoplastron;  Ep,  épiplastron;  Hy,  hyoplaston  ;  iïj;,  hypoplastron;  Xi,  xiphiplas- 
tron;  S,  R,  côtes.  V  indique  l'extrémité  antérieure,  et  H,  l'extrémité  postérieure. 

(Stegosaurus),  où  elle  était  composée  de  plaques  osseuses  d'un  mètre  de 
diamètre  et  de  piquants  osseux  ayant  jusqu'à  63  centimètres  de  long-. 
Le  Teleosaurus  ainsi  que  V Aetosaurus  ferratus  du  trias  présentaient  aussi 
un  exosquelette  bien  développé.  Parmi  les  Reptiles  actuels,  les  Crocodi- 
liens  et  surtout  les  Tortues  se  distinguent  par  le  grand  développement 
de  leur  squelette  dermique.  Chez  ces  dernières,  il  existe  un  bouclier  dor- 

WlEDERSHEIM.  «5 


34  CHAPITRE    DEUXIÈME 

sal  et  un  bouclier  ventral  {carapace  et  plastron)  formés  de  nombreuses 
pièces.  Tous  deux  se  développent  en  partie  indépendamment  du  squelette 
intérieur  préformé  à  l'état  de  cartilage,  c'est-à-dire  qu'elles  sont  pro- 
duites par  ossification  du  tissu  conjonctif;  mais  en  plusieurs  points  le 
squelette  extérieur  s'accole  intimement  au  squelette  intérieur  et  peut 
même  refouler  ce  dernier.  Les  difîérenles  pièces  du  plastron  et  de  la 
carapace  sont  représentées  dans  la  figure  24. 

Nous  avons  déjà  vu  dans  le  chapitre  relatif  à  la  peau  que  les  Oiseaux 
ne  présentent  jamais  de  traces  de  squelette  dermique. 

Les  Tatous  sont  les  seuls  Mammifères  pourvus  d'un  squelette  der- 
mique. Il  se  compose  d'un  bouclier  dorsal  formé  de  cinq  plaques  mobiles 
les  unes  sur  les  autres;  l'une  d'elles  recouvre  la  tête,  une  seconde  le 
cou,  une  troisième  les  épaules,  une  quatrième  et  une  cinquième  la 
région  dorsale,  la  région  lombaire  et  la  région  pelvienne.  La  queue  et 
les  membres  peuvent  aussi  être  recouverts  par  des  plaques  et  des 
anneaux  osseux  incomplets.  Il  est  très  douteux  que  ce  squelette  der- 
mique dérive  directement  de  celui  des  Reptiles;  il  est  plus  probable 
qu'il  représente  une  formation  particulière  à  ces  animaux. 

En  résumé,  on  voit  donc  que  V exosquelette  nest  appelé  à  jouer  chez 
les  formes  actuelles,  surtout  dans  les  classes  supérieures ,  qu'un  rôle  secon- 
daire, à  Vopposé  du  SQUELETTE  INTÉRIEUR,  auquel  cst  dévolue  UHC  importance 
morphologique  bien  autrement  considérable,  et  dont  l'étude  va  mainte- 
nant nous  occuper. 

Bibliographie. 

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II 

Squelette  intérieur. 

1.  Colonne  vertébrale. 

Le  développement  de  la  colonne  vertébrale,  de  même  que  celui  du 
squelette  tout  entier,  est  précédé,  comme  on  l'a  vu  dans  l'introduction, 
par  l'apparition  dans  l'axe  de  l'embryon  d'un  cordon  élastique,  auquel 


SQUELETTE 


35^ 


on  donne  le  nom  de  corde  dorsale  ou  de  notocorde.  Terminée  en  pointe 
en  avant  et  en  arrière,  la  corde  dorsale  est  formée  d'un  tissu  qui  pro- 
vient de  Fentoderme;  elle  a  donc  une  origine  épithéliale.  Il  en  résulte 
que  son  parenchyme,  composé  de  grosses  cellules  pleines  de  suc,  est  dé- 
pourvu au  début  de  toute  espèce  de  substance  intercellulaire;  bientôt 
apparaissent  dans  ces  cellules,  qui  s'entourent  d'une  membrane,  des  va- 
cuoles et,  tandis  que  le  protoplasma  devient  muqueux,  la  corde  commence 
à  subir  une  métamorphose  régressive.  Le  fait 
que  celle-ci  se  montre  déjà  dans  une  phase  si 
précoce  du  développement  prouve  que  l'organe 
doit  avoir  perdu  depuis  très  longtemps  son 
rôle  physiologique  primitif. 

Ce  processus  s'accentuant  de  plus  en  plus, 
les  cellules  situées  dans  la  partie  centrale  de  la 
corde  finissent  par  être  réduites  à  la  paroi  ;  elles 
s'aplatissent  les  unes  contre  les  autres  et  le 
tissu,  qu'elles  constituent,  prend  l'aspect  réti- 
culé et  ressemble  à  la  moelle  de  sureau. 

Il  n'en  est  pas  de  même  à  la  périphérie,  où 
les  cellules  restent  pleines  de  suc  et  de  proto- 
plasma et  jouent  le  rôle  principal  dans  la  for- 
mation de  ce  qu'on  appelle  la  gaine  interne  de 
la  corde  {elastica  interna  ou    limitante  interne). 

Les  recherches  récentes  ont  rendu  1res  douteuse  l'o- 
pinion admise  jusqu'ici  que  la  gaine  interne  est  située 
en  dehors  de  la  corde.  Il  est  beaucoup  plus  probable  que 
cette  enveloppe  provient  d'une  différenciation  de  la  couche 
superficielle  des  cellules  périphériques  de  la  corde,  et 
qu'elle  est,  par  conséquent,  wnç.  formation  faisant  partie 
de  la  corde  elte-onême  (Lvoff).  La  signification  de  gaine 
de  la  corde  s'appliquerait  uniquement  à  la  couche  squeletlogène  (mésodermique)  pro- 
venant du  tissu  des  somites,  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  gaine  extérieure  de  la 
corde.  Elle  est  composée  de  cellules  et  de  fibres  et  présente  dans  les  divers  groupes 
de  Vertébrés  des  modifications  très  variables  de  tissu  conjonctif  (disposé  en  couche 
concentrique)  ;  mais  ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  discuter  plus  amplement  cette  ques- 
tion. Nous  ajouterons  encore  qu'il  peut  apparaître  à  la  périphérie  de  la  couche  sque- 
lettogène  un  réseau  serré  de  fibres  élastiques  qui  constitue  dans  ce  cas  Velaslica 
externa  ou  limitante  externe  (fig.  25,  Ee). 

Le  tissu  fibreux  de  la  couche  squeletlogène  s'étend,  au-dessus  de  la 
corde,  tout  autour  de  la  moelle  épinière  et  forme  ainsi  un  tube  membra- 
neux continu,  qui  ne  présente  d'orifices  que  pour  le  passage  des  nerfs 
rachidiens.  A  cette  phase  du  développement  de  la  colonne  vertébrale,  à 
laquelle  on  donne  le  nom  de  colonne  vertébrale  membraneuse,  on  n'observe 
encore  aucune  trace  de  segmentation.  Son  apparition,  à  laquelle  le  sys- 
tème musculaire  contribue  pour  une  grande  part,  en  tant  que  principe 
formatif,  débute  par  la  formation  dans  la  masse,  jusqu'alors  fîbro-mem- 
braneuse,  du  tissu  squelettogène,  dans  le  voisinage  immédiat  de  la  corde, 


Fig.  25.  —  Coupe  transversale 
de  la  colonne  vertébrale  de 
V Ammocoetes.  C,  corde  dor- 
sale; Cs ,  gaine  de  la  corde 
(couche  squelettogène);  Ee, 
elastica;  SS ,  tissu  fibrillaire ; 
Ob,  arcs  supérieurs;  Ub,  arcs 
inférieurs;  F,  tissu  adipeux; 
M,  moelle  épinière  ;  P,  pie- 
mère. 


36  CHAPITRE    DEUXIÈME 

de  noyaux  cartilagineux  qui  montrent  une  disposition  segmentaire  (for- 
mation de  métamères)  et  qui  représentent  Fébauche  des  corps  des  ver- 
tèbres  et  des  arcs  (1).  C'est  là  le  second  stade  évolutif,  celui  de  la  colonne 
VERTÉBRALE  CARTILAGINEUSE,  auquol  fait  suito  uu  troisième  stade,  lorsque 
des  foyers  d'ossification  apparaissent,  celui  de  la  colonne  vertébrale 
OSSEUSE.  Les  parties  qui  ne  se  transforment  pas  en  cartilage  deviennent 
des  ligaments  (disques  intervertébraux,  etc.). 

Pendant  ces  diverses  différenciations  du  tissu  squelettogène,  la  corde 
dorsale  subit  dans  les  différents  types  des  modifications  très  variables  ; 
tantôt  elle  persiste  à  l'état  de  cordon  cylindrique  régulier,  qui  peut 
même  s'accroître  en  même  temps  que  le  squelette,  tantôt  elle  subit  des 
étranglements  causés  par  le  développement  du  corps  des  vertèbres,  tan- 
tôt enfin  elle  disparaît  complètement. 

Enfin,  il  faut  mentionner  aussi  la  formation  pendant  les  stades  cartilagineux  et 
osseux  d'apophyses  de  différentes  sortes  (apophyses  épineuses,  transverses,  articu- 
laires, etc.)  et  la  fusion  de  vertèbres  entre  elles,  par  exemple,  dans  la  région  cervi- 
cale, la  région  sacrée  et  la  région  coccygienne. 

L'ancienne  anatomie  a  donné  le  nom  de  neurapophyses  aux  arcs  entourant  la 
moelle  épinière  {neuron)  et  celui  d'hémapophyses  aux  prolongements  ventraux  qui 
entourent  en  certains  points  les  gros  vaisseaux  sanguins  situés  dans  l'axe  du  corps. 

Ces  trois  phases  successives  de  l'évolution  de  la  colonne  vertébrale 
ont  leur  parallèle  complet  dans  l'histoire  du  développement  ancestral, 
comme  nous  le  montreront  les  paragraphes  suivants. 

Poissons  et  Dipnoïques. 

La  colonne  vertébrale  de  tous  les  Poissons  se  distingue  par  le  carac- 
tère très  uniforme  de  ses  éléments  constituants  ;  chez  tous  ces  animaux 
on  n'y  reconnaît  que  deux  régions,  une  région  antérieure'  correspon- 
dant au  tronc  et  une  région  caudale.  La  limite  de  ces  deux  régions  cor- 
respond à  l'extrémité  postérieure  de  la  cavité  viscérale. 

Chez  VAmphioxus,  la  corde  dorsale,  qui  s'étend  dans  toute  la  lon- 
gueur du  corps  et  qui  n'est  entourée  que  d'un  blastème  mou,  représente 
encore  entièrement  le  type  embryonnaire  non  segmenté  ;  mais  chez  les 
Cyclostomes  et  particulièrement  chez  les  Pétromyzontes  apparaissent  déjà 
des  éléments  cartilagineux  de  forme  variée,  qui  constituent  des  rudi- 
ments d'arcs  vertébraux  reposant  directement  sur  la  gaine  fibrillaire,  ré- 
sistante, et  dont  les  extrémités  supérieures  ne  se  réunissent  jamais  sur 
la  ligne  médiane.  Ces  pièces  cartilagineuses,  correspondant  de  deux  en 

(1)  Comme  le  montrent  des  fossiles  de  l'époque  permienne  (Pelycosauria,  Cope),  le  corps 
de  la  vertèbre  se  composait  primitivement  de  plusieurs  éléments.  C'est  ainsi  que  chez  ces 
animaux  on  y  trouve  deux  pièces  latérales  cunéiformes  {centra propria.  Cope),  sur  lesquelles 
repose  l'arc  vertébral  supérieur  (formé  parla  réunion  de  deux  pièces  osseuses  symétriques) 
avec  des  apophyses.  Entre  les  vertèbres  proprement  dites  est  enfoncé  Vintercentrum  (Cope) 
ou  hypocentrum  (Gaudry),  qui  sert  de  suspenseur  aux  côtes.  La  présence  de  ces  différents 
centres  osseux  doit  être  attribuée  à  l'action  de  causes  mécaniques  (mouvement  de  reptation) 
dans  le  cours  de  la  phyiogénèse. 


SQUELETTE 


37 


deux  paires  à  un  segment  musculaire,  sont  homologues  aux  pièces  inter- 
calaires des  Sélaciens,  dont  nous  aurons  à  parler  plus  loin,  comme  l'in- 
dique la  position  des  trous  servant  au  passage  des  nerfs  rachidiens.  Elles 
servent  moins  à  protéger  la  moelle  épinière  qu'à  donner  insertion  aux 
muscles. 

Dans  la  région  moyenne  du  corps,  les  arcs  vertébraux  sont  surmontés  par  des 
apophyses  épineuses.  Dans  la  région  caudale,  où  les  arcs  supérieurs  sont  soudés  de 
façon  à.  former  une  lame  cartilagineuse  continue  sauf  au  niveau  des  trous  pour  le 
passage  des  nerfs,  il  existe,  en  outre,  des  arcs  inférieurs  et  des  apophyses  épineuses 
inférieures,  dont  les  connexions  sont  les  mêmes  que  celles  des  arcs  supérieurs  avec 
les  apophyses  épineuses  supérieures  (voy.  le  passage  de  la  page  36  où  il  est  question- 
des  neurapophyses  et  des  hémapophyses). 

Chez  V Ammocète  la  région  caudale  renferme  seule  des  éléments  cartilagineux.  Le 
cartilage  caudal  de  la  Myxine  et  du  Bdellosloma   ressemble    beaucoup  à  celui  des 


Tr    ^W  OB 


Fig.  26.  —  Squelette  céphalique  du  Pelromyzon  Planeri.  Lb,  cartilage  labial  ;  R,  cartilage  auiiulaire  de 
la  bouche;  A,  B,  C,  plaques  de  soutien  de  la  bouche;  ZB,  hyoïde;  I^a,  orifice  externe  du  sac  nasal  (N); 
Tr,  trabécule;  PQ,  palato-carré  ;  I<j,  branche  qui  appartient  au  palato-carré  ;  SS,  tube  céphalique 
fibreux,  qui  en  arrière  en  3IC  (canal  rachidien)  est  coupé  ;  OB,  vésicule  auditive;  Ob,  arcs  supérieurs; 
Hy,  hyoiMe;  KO,  orifices  branchiaux  ;  -J-,  cul-de-sac  postérieurde  lacagebranchiale;  **,  baguettes  trans- 
versales de  la  cage  branchiale  ;  C,  corde  dorsale. 

Pétromyzontes  et  de  l'Ammocète.  Chez  tous  ces  animaux,  les  apophyses  épineuses 
cartilagineuses  se  distinguent  de  celles  des  Squales  et  des  Raies  en  ce  qu'elles  ne  sont 
pas  segmentées.  Deux  étroites  lamelles  cartilagineuses,  qui  s'étendent  chez  le  Petro- 
myzon,  en  arrière  de  la  base  du  crâne,  sur  la  face  ventrale  de  la  corde,  sont  seg- 
mentées (pas  toujours  régulièrement)  et  peuvent  être  considérées  comme  les  pre- 
mières traces  de  corps  vertébraux,  semblables  à  ceux  que  l'on  rencontre,  par  exemple, 
chez  les  Chimères.  On  trouve  aussi  des  formations  analogues  chez  les  Slurioniens. 

Nous  voyons  ainsi  que  les  Myxinoides  et  Y  Ammocète  avec  leur  colonne  non  seg- 
mentée présentent  un  degré  de  développement  inférieur  à  celui  des  Pétromyzontes, 
chez  lesquels  on  ne  peut  méconnaître  des  traces  de  segmentation. 

Les  Ganoïdes  cartilagineux,  les  Chimères  et  les  Dipnoïques  se  rattachent 
directement  aux  Cyclostomes  par  la  structure  de  leur  colonne  vertéhrale, 
car  chez  eux  le  caractère  métamérique  est  essentiellement  manifesté 
par  la  disposition  des  arcs  supérieurs. 

Les  corps  des  vertèbres  sont  remplacés  ici  par  la  gaine  de  la  corde 
très  développée,  formée  de  couches  concentriques  (fig.  28,  Cs),  dans  la- 
quelle se  développent  du  côté  dorsal  de  même  que  du  côté  ventral  des 
pièces  cartilagineuses.  Elles  sont  disposées  par  paires.  Les  pièces  supé- 
rieures constituent   les  arcs   supérieurs,   les    pièces  ventrales  les  arcs 


38 


CHAPITRE    DEUXIÈME 


inférieurs  (fig.  27  et  28,  Ob,  Ub).  Ces  dernières  entourent  dans  la  ré- 
gion caudale  Taorte  et  la  veine  caudales  ;  mais  plus  en  avant  elles  ne  se 
réunissent  plus  sur  la  ligne  médiane,  de  sorte  que  les  arcs  inférieurs  se 


Fig.  27. 


28. 


Fig.  29. 


Fig.  28. 


Fig.  27.  —  Colonne  vertébrale  de  Spatularia  vue  de  profil. 
Coupe  transversale  delà  colonne  vertébrale  de  VAcipinser  ruthenus  Crégion  antérieure). 


Ps,  apophyses  épineuses  ;  EL,  ligament  longitudinal  élastique  ;  SS,  tissu  fibrillaire  ;  Ob,  arcs  supérieurs; 
M,  moelle  épinière;  P,   pie-mère;  le,  pièces  intercalaires;  Cs,  gaine  de  la  corde;   6',  corde  dorsale  ; 
^e,  elastica  externe;  Ub,  arcs  inférieurs;  Ao,  aorte;  Fo,  branches  transversales  des  arcs  inférieurs,  qui 
entourent  en  dessous  l'aorte;  Z,  moignons  basilaires  des  arcs  inférieurs. 
Fig.  29.  —  Fragment  de  la  colonne  vertébrale  du  Protopterus  vue  de  profil.  C,  corde  dorsale;  DF,  apo- 
physes épineuses;  FT,  os  interépineux;   FS,  rayons  des  nageoires. 

terminent  de  chaque  côté  par  une  saillie  divergente,  «  moignon  basi- 
laire  »  qui  peut  se  segmenter  et  représenter  un  appendice  costiforme. 
Chez  les  Sélaciens  et  les  Téléostéens  nous  trouvons  une  disposition  tout  à 
fait  identique.  La  colonne  vertébrale  est  renforcée   chez   les  Ganoïdes 


Fig.  30. 


Fig.  31. 


J^T       (/^ 


WK 


JÎF 


Fig.  30.  —  Fragment  de  la  colonne  vertébrale  du  Polypterus.  WK,  corps  des  vertèbres;   BF,  moignons 

basilaires;  Ob,  arcs  supérieurs;  Ps,  apophyses  épineuses. 

Fig.  31.  —  Schéma  de  l'accroissement  intervertébral  de  la  corde.  C,  corde  dorsale;   Ci,    étranglement  de 

la  corde  dorsale;   WK-,  corps  des  vertèbres;  Li,  ligaments  intervertébraux. 

cartilagineux  et   chez   les  Sélaciens  par  des  pièces   intercalaires  situées 
entre  les  arcs  supérieurs  et  les  arcs  inférieurs  (fîg,  27  et  28,  le). 

La  colonne  vertébrale  présente  chez  les  Ganoïdes  osseux  un  degré 
d'organisation  bien  plus  élevé  ;  chez  eux  en  effet  il  se  développe  autour 
de  la  corde  du  cartilage,  qui  donne  directement  naissance  aux  arcs  et  qui 


SQUELETTE  39 

est  aussi  le  point  de  départ  de  la  formation  des  coiys  vertébraux.  En 
même  temps  la  vertèbre  tout  entière  est  envahie  par  une  ossification 
étendue,  qui  donne  à  la  colonne  vertébrale  un  caractère  de  solidité  et  de 
rigidité  très  prononcés.  Dès  ce  moment  la  corde  ne  présente  plus  d'ac- 
croissement régulier;  elle  est  étranglée  ou  même  complètement  divisée 
au  centre  du  corps  de  chaque  vertèbre  (étraiiglenient  vertébral),  tandis 
qu'elle  conserve  tout  son  développement  entre  les  vertèbres  et  fournit 
ainsi  en  quelque  sorte  la  masse  d'union  ou  de  remplissage  entre  deux 
corps  vertébraux  consécutifs  (fig.  31,  C,  6'\).  Ce  processus  s'observe  chez 
tous  les  autres  Poissons,  c'est-à-dire  chez  les  Sélaciens  et  les  Téléostéens. 

Fig.  32.  Fig.  33. 

Ob        Is 


Fig-.  32.  —  Fragment  de  la  colonne  vertébrale  d'un  jeune  Squale  {ScylUum  canicula),  d'après  Cartier.  C, 
corde;  Kn  et  isTni,  zones  cartilagineuses  externe  et  interne;  FK,  masse  de  fibro-cartilage,  située  entre 
ces  deux  zones,  en  voie  décalcification;  Li,  ligament  intervertébral. 

Fig.  33.  —  Fragment  de  la  colonne  vertébrale  du  Scymnus.  WK,  corps  des  vertèbres;  Ob,  arcs  supé- 
rieurs; Ic_,  pièces  intercalaires.  Les  trous  dans  les  arcs  et  dans  les  pièces  intercalaires  servent  au 
passage  des  nerfs  rachidiens. 

De  la  sorte  le  corps  de  la  vertèbre  devient  biconcave  et  représente  un 

double  cône. 

Une  espèce  de  Ganoïde  osseux,  le  Lépidostée,  fait  seul  exception  ;  chez  lui,  en 
effet,  il  se  forme  de  véritables  articulations  entre  les  corps  vertébraux.  Le  corps  de 
chaque  vertèbre  est  creusé  en  arrière  d'une  cavité  dans  laquelle  s'enfonce  la  partie 
antérieure  de  la  vertèbre  suivante  transformée  en  tête  articulaire.  Chez  les  individus 
adultes  la  corde  a  complètement  disparu,  sauf  dans  la  région  caudale;  mais  pendant 
la  période  fœtale  elle  persiste  dans  les  vertèbres,  tandis  qu'elle  est  étranglée  entre  les 
Yerlèhres  {étranglements  inlervertébraux);  c'est  là  une  conformation  que  l'on  ne 
retrouve  que  dans  les  types  supérieurs,  par  exemple  chez  les  Reptiles. 

Le  caractère  primitif  de  la  colonne  vertébrale  des  Poissons  se  manifeste  encore 
par  le  fait  que  ce  n'est  qu'exceptionnellement  que  les  pièces  des  arcs  vertébraux  supé- 
rieurs se  soudent  par  leurs  extrémités  supérieures.  Dans  la  règle  ces  arcs  sont  com- 
plétés par  de  petites  lamelles  osseuses  spéciales  et  par  un  ligament  longitudinal 
élastique  qui  ne  fait  jamais  défaut.  Parfois  les  apophyses  épineuses  sont  enfoncées 
comme  des  chevilles  entre  les  deux  moitiés  de  chaque  arc. 

Les  Sqvales  et  les  Ganoides  possèdent  un  bien  plus  grand  nombre  de  vertèbres 
(jusque  près  de  400)  que  les  Téléostéens,  qui  en  ont  rarement  plus  de  70;  chez 
l'Anguille  on  en  trouve  cependant  environ  200. 

La  région  caudale  de  la  colonne  vertébrale  des  Poissons  mérite  une 
attention  spéciale.  L'état  primitif  se  rencontre  chez  VAmphioxus,  les  Cy- 


40  CHAPITRE    DEUXIÈME 

clostomes  et  les  Dipno'iques.  Chez  ces  animaux  la  corde  dorsale  s'étend 
en  ligne  droite  jusqu'à  Textrémité  postérieure  du  corps  et  est  entourée 
symétriquement  par  la  nageoire  caudale  {queue  homocerque).  La  même 
disposition  existe  aussi  chez  les  Poissons  dévoniens  ainsi  que,  pendant  le 
jeune  âge,  chez  les  Poissons  osseux  (fig.  34).  Mais  bientôt  chez  ceux-ci,  par 


Fig.  34.  —  Queue  de  Protoptertis. 


suite  d'une  inégalité  dans  la  croissance  de  la  nageoire  caudale  et  de  son 
squelette,  la  moitié  ventrale  prend  un  développement  beaucoup  plus  con- 
sidérable, de  sorte  que  la  colonne  vertébrale  se  trouve  infléchie  du  côté 
dorsal  (queue  hétérocerque,  fig.  35).  L'hétérocercie  peut  ê-tre  extérieure 


Fig.  35.  —  Queue  de  Lepidosieus, 

(beaucoup  de  Poissons  fossiles),  ou  bien  elle  est  seulement  intérieure  et 
masquée  par  la  nageoire  caudale  plus  ou  moins  symétrique  {Lepidosteus, 
Amia,  S abno,  Esox,  etc.). 

Amphibiens. 

La  colonne  vertébrale  de  tous  les  Amphibiens,  sauf  les  Gymnophiones 
apodes,  se  divise  en  cinq  régions,  la  région  cervicale,  la  région  dorsale, 
la  région  lombaire,  la  région  sacrée,  et  la  région  caudale.  Cette  division 
en  cinq  régions  se  retrouve  d'une  manière  générale  à  partir  des  Urodèles 
chez  tous  les  Vertébrés. 

Comme  chez  la  plupart  des  Poissons,  la  corde  est  étranglée  chez  les 


SQUELETTE 


41 


Urodèles,  pendant  la  période  embryonnaire,  au  niveau  des  corps  des 
vertèbres,  tandis  qu'elle  s'accroît  et  augmente  d'épaisseur  dans  les  inter- 
valles intervertébraux.  Les  vertèbres  sont  par  conséquent  ici  aussi  am- 
phicœles.  Bientôt  se  développent  des  masses  cartilagineuses  interverté- 
brales qui  refoulent  graduellement  la  corde,  de  sorte  que  celle-ci  finit  par 
disparaître  complètement.  Finalement  le  cartilage  est  le  siège  d'un  pro- 
cessus de  différenciation  ainsi  que  d'un  processus  de  résorption  à  partir 


Fig.  36.  —  Coupes  longitudinales  de  la  colonne  vertébrale  de  quelques  Urodèles.  A,  Hanodon  sibiricus  ; 
B,  Amblystoma  Ugrinum;  C,  Gyrinophihis  porphyricus  (I,  II,  III,  les  trois  premières  vertèbres); 
D,  Sal.amandrina  perspicillata. 

C7i,  corde  dorsale  ;  Jvk,  cartilage  intervertébral,  CK,  cellules  cartilagineuses  et  adipeuses  intra- 
vertébrales;  K,  manteau  osseux  périphérique  du  corps  des  vertèbres;  R,  apophyt.es  costales  et  trans- 
verses; S,  étranglement  intravertébral  de  la  corde  chez  VA'>nblystoma  Ugrinum  sans  cellules  carti- 
lagineuses et  adipeuses;  **,  commissures  cartilagineuses  intervertébrales;  Mh,  cavités  médullaires; 
Gp,  Gk,  cavité  et  tête  articulaires;  Ligt,  Ligaments  intervertébraux. 


de  la  périphérie  ;  dans  son  intérieur  il  se  forme  une  cavité  articulaire, 
de  telle  sorte  que  le  corps  de  la  vertèbre  des  Urodèles  supérieurs  pré- 
sente en  avant  une  tête  articulaire  et  en  arrière  une  cavité  articulaire, 
toutes  deux  revêtues  de  cartilage  (vertèbres  opisthocœles)  (fig.  36). 

On  peut  donc  distinguer  dans  la  formation  de  la  colonne  vertébrale 
des  Urodèles  trois  étapes  :  1°  Union  des  cor^js  vertébraux  par  la  corde 
dorsale  qui  s'est  accrue  dans  les  intervalles  intervertébraux;  2°  union  par 


42 


CHAPITRE    DEUXIEME 


JW 


rPfc 


des  masses  cartilagineuses  intervertébrates  ;  3°  enfin  articulation  des  vertèbres 
entre  elles.  Ces  trois  phrases  évolutives  se  trouvent  représentées  dans 
riiistoire  du  développement  ancestral  des  Amphibiens  Urodèles.  A  cet 
égard  le  parallèle  est  complet.  Toutes  les  formes  fossiles,  telles  que  les6'^e- 
^ocep/îfffes du  carbonifère  et  les  Labyrinthodo7ites,  Q.ia&i  que  les,  Ichthyoïdes, 
les  Dérotrèmes  et  plusieurs  Salamandrines  ont  en   effet  des  vertèbres 

biconcaves  dépourvues  de  tête  et  de  cavité  arti- 
culaires (1). 

Tandis  que  les  vertèbres  des  Urodèles  ne  se 
développent  pas  dans  la  gaine  de  la  corde,  mais 
dans  le  tissu  conjonctif  qui  l'environne,  sans 
passer  par  Fétat  cartilagineux,  celles  des  Anoures 
sont  préformées  à  Tétat  de  cartilage,  exactement 
comme  celles  des  Sélaciens,  des  Poissons  osseux 
et  des  Vertébrés  supérieurs.  Il  se  forme  toujours 
de  véritables  articulations  entre  les  corps  ver- 
tébraux ;  en  général  la  tête  articulaire  est  située 
en  arrière  et  la  cavité  articulaire  en  avant  de 
la  vertèbre  {vertèbres  procœles).  Une  autre  diffé- 
rence consi'ste  en  ce  que  la  corde  persiste  plus 
longtemps  dans  le  corps  des  vertèbres  que  dans 
les  intervalles  qui  les  séparent,  caractère  qui 
conduit  aux  Reptiles.  Enfin  la  configuration  de 
la  région  caudale  de  la  colonne  vertébrale  est  très 
différente  chez  les  Urodèles  et  chez  les  Anoures. 
La  partie  caudale  de  la  colonne  vertébrale  des 
larves  de  Grenouilles,  qui  rappelle  celle  des  Uro- 
dèles, s'atrophie  graduellement  pendant  la  méta- 
morphose, et  les  vertèbres  du  tronc,  situées  der- 
rière la  région  sacrée,  se  soudent  les  unes  aux 
autres  pour  former  un  os  styliforme  désigné  sous 
le  nom  de  coccyx  (fig.  37,  Oc). 

Les  arcs  vertébraux  supérieurs  se  développent 
en  continuité  directe  avec  les  corps  vertébraux, 
et  il  en  est  de  même  des  arcs  inférieurs.  Ces  der- 
niers n'existent,  chez  les  Urodèles,  que  dans  la 
région  caudale  et  ils  correspondent  manifeste- 
ment aux  moignons  basilaires  des  vertèbres  des  Ganoïdes.  Les  anté- 
rieurs remplissent  encore  parfois  le  rôle  de  suspenseurs  des  côtes,  et  ce 


Fis.  37 


.ç,.  „..  Colonne  vertébrale 
du  DiscoglossHS  pictus.  Pa, 
apophyses  articulaires;  Ps, 
apophyses  épineuses  ;  Pt, 
apophyses  transverses  des 
vertèbres  dorsales;  Ptc,  apo- 
physes tranaverses  des  ver- 
tèbres caudales  (coccyx,  0c)\ 
SW,  vertèbre  sacrée;  06,  arc 
supérieur  de  la  première  ver- 
tèbre ;  Sg,  ses  facettes  arti- 
culaires latérales;  Po ,  son 
apophyse  antérieure  ;  R, 
côtes. 


(1)  Les  vertèbres  des  Amphibiens  paléozoïques  présentent  trois  modes  de  conformation 
difïérents,  ce  qui  permet  de  répartir  ces  animaux  en  trois  groupes:  1°  Rhachitomi,  corps 
vertébraux  composés  de  plusieurs  centres  osseux,  mais  toujours  avec  un  seul  arc  vertébral; 
2°  Einbolomeri,  vertèbres  composées  chacune  de  deux  segments  placés  l'un  derrière  l'autre. 
Les  arcs  vertébraux  supérieurs  correspondent  chacun  à  deux  corps  vertébraux;  3°  Stégo- 
céphales,  corps  vertébraux  formés  d'une  seule  pièce,  correspondant  chacun  à  un  seul  arc 
supérieur. 


SQUELETTE  43 

fait  suffit  seul  pour  faire  rejeter  Fancienne  opinion,  d'après  laquelle  les 
arcs  supérieurs  seraient  des  apophyses  transverses  modifiées  ou  des 
côtes  soudées  (Wiedersheim). 

Les  apophyses  épineuses  ainsi  queles, apophyses  transverses,  en  général 
bifurquées  à  la  base,  qui  existent  à  partir  de  la  deuxième  vertèbre, 
présentent  une  configuration  et  une  dimension  très  variables,  parfois 
différentes  dans  les  diverses  régions  du  corps.  Les  apophyses  transverses 
de  Idi  vertèbre  sacrée  unique,  qui  supporte  le  sacrum,  sont  extraordinaire- 
ment  développées,  surtout  chez  les  Anoures. 

Les  vertèbres  possèdent  chez  tous  les  Amphibiens  deux  paires 
d'apophyses  articulaires,  situées  sur  la  circonférence  antérieure  et  sur  la 
circonférence  postérieure  de  la  base  des  arcs  vertébraux  et  dont  les 
surfaces  revêtues  de  cartilage  se  recouvrent  d'une  vertèbre  sur  l'autre 
comme  les  tuiles  d'un  toit  (fig.  37,  Pa).  Si  l'on  ajoute  à  cela  que  les 
apophyses  épineuses,  comme  nous  l'avons  mentionné  plus  haut,  s'arti- 
culent entre  elles  chez  plusieurs  espèces  d'Urodèles,  on  comprend 
comment  la  colonne  vertébrale  à  peine  mobile  des  Ganoïdes  et  des 
Sélaciens  s'est  transformée  chez  les  Amphibiens,  surtout  chez  les  Urodèles, 
en  une  chaîne  élégante,  dont  les  différentes  pièces  sont  facilement 
mobiles  les  unes  sur  les  autres.  Cette  transformation  doit  être  attribuée 
à  des  modifications  dans  le  mode  de  locomotion,  qui  s'est  adapté  au 
milieu  différent  dans  lequel  vit  l'animal. 

Il  nous  reste  encore  à  considérer  la  première  A^ertèbre  du  tronc,  la 
seide  vertèbre  cervicale  des  Amphibiens.  Par  suite  de  ses  connexions  avec 
le  crâne  elle  présente  des  modifications  que  nous  n'avons  observées 
chez  aucun  Poisson.  A  partir  des  Amphibiens  la  région  cervicale  de  la 
colonne  vertébrale  et  le  crâne  ont  une  tendance  à  acquérir  un  degré  de 
mobilité  de  plus  en  plus  grand.  La  première  vertèbre  se  distingue  essen- 
tiellement des  autres  par  des  caractères  négatifs  ;  elle  représente  en  effet 
un  simple  anneau  avec  un  corps  peu  développé  ;  les  apophyses  transverses 
et  les  côtes  font  en  général  défaut,  ou  bien  les  premières  sont  rudimen- 
taires.  A  cause  de  sa  position,  immédiatement  derrière  le  crâne,  on  a 
donné  à  tort  à  cette  vertèbre  le  nom  d'atlas,  car  le  véritable  atlas  des 
Amphibiens,  correspondant  à  \di première  vertèbre  des  autres  Vertébrés, 
constitue  bien  à  l'origine  une  pièce  distincte,  mais  plus  tard  se  soude 
complètement  avec  l'occipital  (Ph.  Stôhr).  Par  conséquent  le  soi-disant 
atlas  des  Amphibiens  correspond  à  Vaxis  des  autres  Vertébrés,  c'est-à-dire 
à  la  deuxième  vertèbre.  Il  présente  sur  la  circonférence  antérieure  de 
son  arc  inférieur  une  apophyse  aplatie  revêtue  sur  sa  face  inférieure  de 
cartilage  (apophyse  odontoïde  des  auteurs,  fig.  37,  Po),  qui  s'articule 
avec  la  plaque  basilaire  du  crâne.  Son  développement  montre  qu'elle 
provient  de  la  partie  postérieure  chondrifiée  de  la  corde  crânienne,  qui 
se  sépare  graduellement  de  la  plaque  basilaire  pour  se  réunir  par  syno- 
stose  avec  la  vertèbre.  A  gauche  et  à  droite  de  l'apophyse  odontoïde  sont 
situées  deux  facettes  (>S'^)  qui  s'articulent  avec  deux  saillies  de  l'occipital 


44 


CHAPITRE    DEUXIEME 


et  qui  sont  des  apophyses  transverses  transformées.  Les  apophyses  arti- 
culaires ne  se  développent  que  sur  la  circonférence  postérieure. 

Quanl  au  nombre  des  vertèbres  de  chacune  des  régions  de  la  colonne  vertébrale, 
chez  les  Anoures  actuels  on  trouve  constamment  huit  vertèbres  présacrées  et  une 
vertèbre  sacrée,  qui  tantôt  est  bien  différenciée,  tantôt  est  soudée  au  coccyx.  Les 
Grenouilles  du  diluvium  et  de  l'époque  tertiaire  possédaient  en  tout  onze  vertèbres 
bien  différenciées,  dont  deux  faisaient  partie  du  coccyx.  Le  nombre  des  vertèbres  est 
bien  plus  variable  chez  les  Urodèles,  comme  on  peut  le  voir  dans  le  tableau  suivant. 
Je  ferai  remarquer  que  des  variations  s'observent  même  chez  des  individus  apparte- 
nant à  la  même  espèce. 


VERTÈBRES 
CERVICALES 

VERTÈBRES 

du 

TRONC 

VERTÈBRES 
SACRÉES 

VERTÈBRES 

CAUDALES 

TOTAL 

des 

VERTÈBRES 

Salamandra  perspicillata... 

Triton  cristatus 

Triton  helveticus  

1 
1 
1 
1 

13 
15 
12 

14 

1 
1 
1 
1 

32-42 

36 
23  —  25 

23 

45  —  57 

53 
37  —  39 

39 

Spelerpes  fuscus 

Le  nombre  des  vertèbres  est  bien  plus  considérable  chez  les  Pérennibr anches,  les 
Dérolrèmes  et  les  Gymnophiones.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que  la  Sirène  Lacertine 
en  possède  environ  100,  le  Protée  60,  etc. 

Reptiles. 

Parmi  les  Reptiles  actuels  un  petit  nombre  seulement,  tels  que 
VHatteria  et  \e&  Ascalahotes  présentent  pendant  toute  la  vie,  comme  les 
nombreuses  formes  fossiles,  les  caractères  primitifs  de  la  colonne  verté- 
brale, c'est-à-dire  des  vertèbres  biconcaves  avec  croissance  interverté- 
brale de  la  corde.  Il  faut  ajouter  encore  que  chez  les  Rhynchocéphales 
des  sutures  indiquent  que  les  vertèbres  sont  composées  de  plusieurs 
pièces  comme  chez  les  Amphibiens  paléozoïques.  On  peut  y  distinguer 
en  efîet  deux  moitiés  d'arc  supérieur,  le  centrum  proprement  dit  de  la 
vertèbre  et  l'intercentrum. 

Chez  tous  les  autres  Reptiles  la  corde  persiste  plus  longtemps  dans 
les  corps  vertébraux  que  dans  les  espaces  intervertébraux,  mais  elle 
disparaît  complètement  sans  laisser  de  traces  quand  l'animal  est  adulte,  et 
est  remplacée  par  du  tissu  osseux.  La  différence  caractéristique  du  sque- 
lette des  Ichthyopsidés  et  de  celui  des  Amniotes  consiste  précisément 
dans  l'ossification  bien  plus  étendue  de  ce  dernier,  ce  qui  le  rend  plus 
compact,  plus  résistant.  En  général  les  vertèbres  sont  articulées  entre 
elles  suivant  le  type  procœle.  Les  Crocodiliens,  outre  les  genres  de  Sau- 
riens à  croissance  intervertébrale  de  la  corde  que  nous  venons  de  citer, 
font  seuls  exception;  chez  eux  il  existe  des  disques  intervertébraux. 

Ce  que  nous  avons  dit  au  sujet  de  la  division  en  régions  de  la  colonne 
vertébrale  chez  les  Amphibiens  et  des  apophyses  s'applique  aussi  aux 
Reptiles;  mais  chez  eux  la  région  cervicale  est  composée  de  plusieurs 
vertèbres  au  lieu  d'une  seule,  et  il  existe  toujours  au  moins  deux  vertèbres 


SQUELETTE 


45 


sacrées  pourvues  de  grosses  apophyses  transverses  (1).  Partout  on  trouve 
un  atlas  composé  ordinairement  de  trois  pièces  (quatre  chez  les  Croco- 
diliens)  et  un  axis  muni  d'une  apophyse  odontoïde;  tous  deux  sont  tou- 
jours bien  développés.  (Pour  \q  j^roatlas  com^.  fig.  38).  La  tête  est  plus 
mobile;  les  régions  de  la  colonne  vertébrale  sont  plus  différenciées. 

Par  suite  de  l'absence  de  la  ceinture   scapulaire,  la  colonne  vertébrale  chez  les 
Serpents  et  les  Amphisbènes  ne  pré- 
sente plus,  comme  chez  les  Gymno- 
phiones,  que  deux  régions  correspon- 
dant au  tronc  et  à  la  queue. 

La  colonne  vertébrale  des  Tortues 
montre  des  dispositions  très  variables, 
parfois  même  d'individu  à  individu  ; 
c'est  ainsi  que  sur  le  même  individu 
des  vertèbres  procœles,  amphicœles, 
opisthocœles  et  même  biconcaves 
avec  des  disques  intervertébraux  car- 
tilagineux traversés  par  la  corde 
dorsale  peuvent  alterner  sans  ordre. 
Quelquefois  il  ne  se  forme  même  pas 
de  véritables  articulations  dans  la 
région  caudale  et  dans  la  région  cer- 
vicale, et  la  colonne  vertébrale  reste 
en  quelque  sorte  à  l'état  embryon- 
naire (Tortues  marines). 

La  colonne  vertébrale  des  Chélo- 
niens  mérite  encore  une  attention 
particulière,  parce  qu'elle  est  soudée 
dans  une  étendue  considérable  (huit 

vertèbres)  avec  les  os  dermiques  de  la  carapace  et  forme  ainsi  un  ensemble  rigide 
dont  les  diverses  parties  ne  sont  plus  mobiles  les. unes  sur  les  autres  (voy.  le  squelette 
dermique). 

Les  arcs  et  les  corps  des  vertèbres  sont  soudés  chez  les  Ophidiens,  les  Lacerti- 
liens et  les  Chéloniens;  chez  les  Crocodiliens  une  suture  persiste  entre  eux.  On  a 
observé  aussi  exceptionnellement  la  même  disposition  chez  des  Chéloniens,  par 
exemple  chez  le  Chelone  midas. 

La  variabilité  du  nombre  des  vertèbres  dans  les  différentes  régions 
de  la  colonne  vertébrale  est  soumise  à  une  loi  générale  qui  s'applique  à 
l'ensemble  des  vertèbres  :  les  régions  s'accroissent  toujours  aux  dépens 
des  régions  voisines  ;  c'est  ainsi  que  les  Lacertiliens  possèdent  moins  de 
vertèbres  cervicales,  mais  par  contre  davantage  de  vertèbres  dorsales, 
tandis  que  chez  d'autres  Reptiles,  notamment  chez  les  formes  éteintes 
(par  exemple  le  Plesiosaurics),  la  région  cervicale  est  au  contraire  très 
longue  et  d'autre  part  le  thorax  et  la  région  dorsale  de  la  colonne  ver- 
ticale sont  courts. 


Fig.  38.  —  Partie  antérieure  de  la  colonne  vertébrale  d'un 
jeune  Crocodile.  V/K,  corps  des  vertèbres;  Ob,  arcs 
supérieurs  ;  Ps.  apophyses  épineuses  ;  IS,  disques  inter- 
vertébraux; Pt  ,  apophyses  transverses,  qui  naissent 
sur  la  racine  des  arcs  et  s'articulent  en  -f  avec  les  côtes 
(R,  R*,  iJs)  ;  A,  atlas  ;  u,  sa  pièce  inférieure  ;  s,  ses  pièces 
latérales;  o,  proatlas,  reste  d'une  vertèbre  qui  existait 
jadis  entre  l'atlas  et  l'occipital,  comme  cela  se  voit 
encore  chez  les  Rhynchocéphales  et  les  Caméléons; 
Ep,  axis  articulé  en  h,  avec  les  parties  latérales  de 
l'atlas;  Po,  apophyse  odontoïde. 


(1)  Chez  les  Crocodiliens  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  trois  vertèbres  sacrées,  et  dans  ce 
cas  il  y  a  une  diminution  correspondante  dans  le  nombre  des  vertèbres  présacrées.  Noue 
verrons  des  faits  de  ce  genre  chez  les  Mammifères. 


46 


CHAPITRE    DEUXlEiME 


Dans  les  anciens  Reptiles,  qui  avaient  des  dimensions  bien  plus  considérables  que 
de  nos  jours  et  qui  étaient  représentés  par  des  espèces  beaucoup  plus  nombreuses,  le 
sacrum  était  souvent  formé  de  quatre  à  cinq  vertèbres. 

On  peut  se  faire  une  idée  de  la  taille  colossale  qu'ils  présentaient  par  les  exemples 
suivants  : 

V A tlayitosaurus  immanis  de  VAmévlque  du  nord,  qui  appartient  au  groupe  des 
Dinosauriens,  avait  une  longueur  d'environ  80  pieds;  son  fémur  avait  plus  de  8  pieds 
de  long  et  23  pouces  de  large  à  la  partie  supérieure.  Le  diamètre  transversal  des 
vertèbres  mesurait  16  pouces.  L'Apaf.osaurus  laticoUls,  qui  provient  de  la  même  for- 
mation, possédait  des  vertèbres  cervicales  dont  la  longueur  atteignait  3  pieds  et  demi. 

Les  vertèbres  présentent  une  conformation  très  remarquable  chez  Vlchihyosaurus 
et  VEosaurus,  qui  habitaient  jadis  les  mers  chaudes  du  jurassique  et  qui  offrent  tous 
deux  des  points  de  rapprochement  avec  les  Amphibiens  et  les  Saui'iens  actuels,  prin- 
cipalement avec  les  Dérolrèmes.  Elles  ont  la  forme  de  disques  aplatis,  profondément 
biconcaves  comme  chez  les  Poissons  ;  les  apophyses  transvei'ses,  rudimentaires,  sont 
représentées  de  chaque  côté  par  deux  protubérances  latérales.  Les  arcs  supérieurs 
sont,  comme  chez  les  Dipnoïques  et  les  Ganoïdes,  incomplets  en  dessus  ou  complétés 


Fig.  39.  —  Hamphorhynchus  phyllurus  Marsh,  restauré  par  le  professeur  O.  C.  Marsh. 

seulement  par  du  cartilage  ou  du  tissu  conjonctif.  La  colonne  vertébrale,  par  suite  de 
l'absence  du  sacrum,  n'est  divisée  qu'en  deux  régions,  la  région  précaudale  et  la 
région  caudale;  celle-ci  est  pourvue  d'arcs  vertébi-aux  inférieurs. 

Tandis  que  les  vertèbres  de  VIchthyosaurus  se  distinguent  essentiellement  par 
des  caractères  négatifs,  celles  du  Plesiosaurus,  du  Pliosaurus,  du  Notliosaurus,  du 
Simosaurus,  etc.,  présentent  toutes  les  apophyses  qui  existent  sur  les  vertèbres  des 
Reptiles  actuels,  mais  le  caractère  amphicœle  domine  encore  chez  elles.  Le  corps  et 
les  arcs  sont  le  plus  souvent  séparés  comme  chez  les  Dinosauriens;  les  vertèbres 
sacrées  existent  toujours.  L'atlas  et  l'axis  sont  fréquemment  soudés,  ce  qui  est  aussi 
le  cas  chez  le  Plesiosaurus  et  le  Plerodaclylus.  Les  vertèbres  cervicales  de  ce  der- 
nier sont  allongées  et  conformées  comme  celles  des  Oiseaux;  la  queue  est  rudi- 
mentaire  (fig.  40). 

Le  BhamphorhyncJms  phyllurus  offre  un  intérêt  particulier.  Ce  reptile  présentait 
à  l'extrémité  de  la  région  caudale,  formée  de  pièces  minces  et  grêles,  une  sorte  de 
gouvernail  membraneux  (fig.  39).  Il  avait  des  ailes  énormes,  formées,  comme  celles 
des  Chauves-Souris,  d'une  mince  membrane,  dont  les  traces  se  sont  conservées  de  la 
manière  la  plus  distincte  dans  la  roche.  Le  Pterodaclylus  était  également  pourvu 
d'une  membrane  aliforme  semblable  (fig.  40). 

La  connaissance  des  genres  de  Reptiles  éteints  a  la  plus  haute  importance,  parce 
que  l'on  retrouve  chez  plusieurs  d'entre  eux  des  points  de  rapprochement  avec  les 
Oiseaux. 

Il  n'est  plus  douteux  que  ces  derniers  ne  dérivent  d'ancêtres  reptiliens;  mais  jus- 
qu'à présent  il  n'est  pas  encore  possible  de  suivre  les  diverses  étapes  évolutrices  qu'ils 
ont  parcourues  pendant  les  différentes  périodes  géologiques;  les  matériaux  paléonto- 
logiques  dont  nous  disposons  sont  encore  beaucoup  trop  insuffisants. 


SQUELETTE 


47 


Dans  cet  ordre  d'idées,  le  plus  remarquable  des  fossiles  qui  nous  soit  connu  est 
V Archaeopleryx  liUiograpIncus  du  jurassique  de  Solenhofen,  déjà  cité  plus  haut.  Cet 
animal  réunit  les  caractèi'es  spécifiques  du  Reptile  à  ceux  de  l'Oiseau.  Sa  colonne  ver- 


Fig.  40.  —  Plerodaclylus  d'après  Goldfuss.  Le  squelette  de  la  main  est  modifié. 

tébrale,  composée  de  plusieurs  pièces,  est  conformée  comme  celle  d'un  Lézard.  Ce  qui 
donne  à  l'animal  l'aspect  d'un  Oiseau,  c'est  la  présence  d'un  véritable  plumage.  On 
voit  sur  la  figure  41  que  la  longue  queue  était  garnie  de  deux  rangées  de  plumes. 


Oiseaux. 

Non  seulement  la  colonne  vertébrale  dès  Oiseaux  a  des  rapports  phylo- 
géniques  étroits  avec  celle  des  Reptiles,  mais  elle  lui  ressemble  aussi  par 
son  mode  de  développement.  Chez  les  uns  comme  chez  les  autres  la 
corde  finit  par  disparaître  complètement  et  l'ossification  est  partout  très 
prononcée.  Les  vertèbres,  encore  biconcaves  chez  V Archaeopterijx  et 
Ylchthyorms  du  crétacé  d'Amérique,  n'ont  plus  nulle  part  le  caractère 
Amphicœle  chez  les  Oiseaux  actuels  adultes,  bien  qu'il  se  manifeste 
encore  au  début  de  l'ontogénie.  Ce  n'est  que  dans  une  période  embryon- 
naire plus  avancée  que  commence  à  apparaître  la  disposition  inverse, 
telle  que  nous  l'avons  décrite  chez  les  Reptiles. 

Comme  chez  ces  derniers,  on  distingue  dans  la  colonne  vertébrale  une 
région  cervicale,  une  région  dorsale,  une  régio7i  lombaire,  une  région  sacrée 
et  une  région  caudale.  Les  corps  et  les  arcs  des  vertèbres  forment  tou- 


48  CFIAPITRE    DEUXIÈME 

jours  une  seule  pièce,  et  ne  sont  nulle  part  séparés  comme  c'est  le  cas 
chez  certains  Reptiles.  11  en  est  de  même  aussi  de  Vatlas,  et  ici  fréquem- 
ment le  ligament  transversal,  qui  fixe  l'apophyse  adontoïde  de  l'axis  sur 
l'atlas,  s'ossifie,  de  sorte  que  cette  dernière  se  trouve  engagée  dans  une 
sorte  d'anneau  osseux. 

Les  vertèbres  de  la  région  cervicale,  souvent  très  longue  et  excessi- 


Fig.  41.  —  Archaeoptery.o;;    lithographicus.   Exemplaire  du    British    Muséum    d'après  Owen. 
A  gauche  une  partie  de  rextrémité  postérieure.  US,  jambe;  MF,  métatarse;  ^Z',  doigts. 

vement  mobile,  sont  articulées  entre  elles  par  emboîtement  réciproque. 
Leurs  apophyses  transverses  sont  bifurquées  à  la  base,  la  branche  supé- 
rieure de  bifurcation  se  fixe  sur  l'arc  vertébral,  la  branche  inférieure  sur 
le  corps  (fig.44).  Elles  sont  par  conséquent  percées  d'un  trou.  Les  côtes, 
qui  s'articulent  avec  elles,  sont  également  bifurquées  à  leur  extrémité 
proximale.  (Comp.  la  colonne  vertébrale  des  Crocodiliens,  fig.  38.) 

Les  vertèbres  du  tronc  sont  bien  moins  mobiles  et  souvent  même  sont 


SQUELETTE 


49 


complètement  immobiles.  Les  disques  fîbro-cartilagineux,  percés  d'un 
trou  au  centre,  intercalés  entre  elles,  jouent  pour  ainsi  dire  le  rôle  de 
substance  unissante. 

Quant  à  la  région  sacrée,  nous  avons  vu  que  chez  les  Reptiles  actuels 
elle  n'était  composée  que  de  deux  vertèbres,  tandis  que  dans  les  formes 
fossiles  le  nombre  de  ces  dernières  s'élevait  jusqu'à  cinq  ou  même  six. 

Chez  l'embryon  de  l'Oiseau,  au  début,  deux  vertèbres  seulement  s'u- 
nissent aux  os  iliaques;  mais,  à  mesure  que  le  développement  progresse,  de 
nouvelles  vertèbres,  lombaires,  dorsales  et  caudales,  entrent  en  connexion 

Fig.  43. 


Ta 


Fig.  42.  —  Atlas  et  axis  du  Picus  viridis.  Ob,  arc  supérieur  de  l'atlas  ;  A,  arc  inférieur  de  l'atlas;  -f,  arti- 
culation de  ce  dernier  avec  l'occipital;  Po,  apophyse  odontoïde;  WK,  corps  de  l'axis;  .Sa,  surface 
articulaire  postérieure  de  celui-ci;  Pt,  apophyse  trans verse;   Ps,  apophyse  épineuse  de  l'axis. 

Fig.  43.  —  Bassin  de  Strioc  bubo,  vu  par  la  face  inférieure.  W,  région  des  vertèbres  sacrées  primaires; 
les  vertèbres  sacrées  secondaires  sont  situées  entre  Ji  et  II  et  en  arrière  de  W;  II,  ilion;  /s,  ischion; 
P,  pubis  ;  -J-,  lacune  entre  l'ilion  et  le  pubis  ;  R,  dernière  paire  de  côtes. 

Fig.  44.  —  Troisième  vertèbre  cervicale  du  Piciis  viridis,  vue  par  sa  face  antérieure.  Sa,  surface  articulaire 
du  corps;  Ob,  arc  supérieur;  Pa,  apophyse  articulaire;  Pt,  Pt,  les  deux  branches  de  l'apophyse  trans- 
verse, synostosées  d'un  côté  avec  la  côte  cervicale  H;  Pt,  trou  transversaire;  Psi,  apophyse  épineuse 
à  la  face  inférieure  de  la  vertèbre. 

avec  le  sacrum  et  se  soudent  entre  elles  (Gegenbaur).  Les  deux  premières 
sont  les  vertèbres  sacrées  primitives  ou  vraies  (fig.  43,  W),  les  autres 
ne  sont  que  des  acquisitions  secondaires.  Le  nombre  total  des  vertèbres 
sacrées  peut  s'élever  jusqu'à  23. 

Les  apophyses  transverses  des  deux  vertèbres  sacrées  vraies  s'ossifient  directement, 
indépendamment  des  arcs  vertébraux.  On  doit  donc  les  considérer  morpliologique- 
ment  comme  des  côtes,  de  sorte  que,  chez  les  Oiseaux,  le  bassin  est,  comme  chez  les 
Amphibiens  et  les  Reptiles,  porté  par  des  côtes.  Il  est  à  remarquer,  d'ailleurs,  que  les 
apophyses  transverses  proprement  dites,  sont  soudées  aux  côtes,  et,  par  conséquent, 
contribuent  avec  elles  à  porter  le  bassin. 

WlEDERSHEIM.  '4 


50  CHAPITRE    DEUXIÈME 

La  région  caudale  présente  toujours  chez  les  Oiseaux  actuels  un  carac- 
tère plus  ou  moins  rudimentaire  ;  les  dernières  vertèbres  se  soudent 
même  ensemble  et  forment  ainsi  une  lame  osseuse  verticale,  parfois 
élargie  latéralement.  Elle  résulte  de  la  fusion  de  six  à  dix  vertèbres;  elle 
se  termine  en  pointe  en  arrière  et  porte  les  rectrices.  Tous  les  caractères 
des  vertèbres  sont  effacés  ;  on  ne  les  retrouve  que  dans  quelques  traces 
à  peine  visibles  d'apophyses  épineuses  et  d'apophyses  transverses  (pygo- 
style).  Quelques  Ratites  font  seuls  exception  ;  chez  eux  les  vertèbres  restent 
distinctes  jusqu'à  l'extrémité  de  la  queue.  Cette  disposition  doit  être 
considérée  comme  primitive,  comme  le  montre,  outre  l'embryogénie,  la 
conformation  de  V Archaeoj^teryx  litJwgraphicus  (fig.  15  et  41).  Enfin  chez 
plusieurs  Oiseaux,  par  exemple  la  Perruche  ondulée,  la  queue  présente 
pendant  la  période  embryonnaire  une  longueur  relative  bien  plus  consi- 
dérable que  celle  qu'elle  atteindra  quand  elle  sera  complètement  formée 
(M.  Braun).  Nous  rencontrerons  des  faits  de  ce  genre  chez  les  embryons 
de  Mammifères  (1). 

Mammifères. 

La  colonne  vertébrale  des  Matnmifêres  ne  se  rattache  pas  directement  à 
celle  des  Oiseaux  et  des  Reptiles.  La  corde  dorsale  persiste  plus  longtemps 
dans  l'intervalle  des  vertèbres  que  dans  les  vertèbres  ;  elle  disparaît  com- 
plètement quand  le  développement  est  terminé. 

Elle  est  remplacée  par  une  masse  gélatineuse  qui  persiste  pendant 
toute  la  vie  au  centre  des  fîbro-cartilages  intervertébraux.  La  colonne 
vertébrale  tout  entière  est  préformée  à  l'état  de  cartilage.  Les  arcs  verté- 
braux se  développent  eu  continuité  avec  le  corps  des  vertèbres,  mais 
présentent,  comme  les  différentes  apophyses,  des  points  d'ossification 
particuliers,  qui  se  réunissent  les  uns  aux  autres  quand  le  développement 
est  achevé.  Jamais  il  ne  se  forme  de  véritables  articulations  entre  les 
corps  des  vertèbres,  mais  il  existe,  comme  chez  les  Amphibiens,  les 
Reptiles  et  les  Oiseaux,  des  apophyses  articulaires  bien  développées,  qui 
prennent  naissance  sur  les  arcs  vertébraux.  Le  cou  est  en  général  exces- 
sivement mobile  et  le  corps  des  vertèbres  cervicales  est  assez  profon- 
dément excavé  pour  présenter  le  caractère  opisthocœle.  D'autre  part  on 
observe  précisément  dans  cette  même  région  cervicale  la  soudure  la  plus 
étendue  des  vertèbres  entre  elles  (Cétacés,  etc.). 

'L'atlas  et  Yaxis  ne  se  distinguent  pas  essentiellement  de  ceux  des 
Oiseaux,  mais  la  division  en  régions  de  la  colonne  vertébrale  est  bien  plus 
marquée  que  dans  tous  les  autres  groupes  de  Vertébrés,  par  suite  des 

(1)  Si  l'on  compte  six  vertèbres  environ  pour  le  pygostyle  des  Oiseaux  actuels,  sept  à 
huit  pour  la  région  pelvienne  et  cinq  pour  la  région  intermédiaire,  on  arrive  au  nombre 
encore  considérable  de  dix-huit  à  dix-neuf  vertèbres  caudales  distinctes  pendant  la  période 
embryonnaix&.  La_  coal&gcence  progressive  des  vertèbres  dans  le  sacrum  et  la  formalion  du 
pygos^^^c@fctéé'4'fî@»?J>j;ofond  qui  existe  entre  la  région  caudale  de  la  colonne  verté- 
hr^j/^^  vArchaeoplenjx  eC^ôhe  des  Oiseaux  actuels 

A  < 


SQUELETTE  51 

différences   bien   plus  considérables   que  présentent  les  vertèbres   qui 
composent  chacune  d'elles. 

Chez  les  Ongulés  à  long  cou  (Cheval,  Chameau,  etc.),  les  apophyses  épineuses  des 
vertèbres  dorsales  antérieures  sont  très  développées.  Leur  allongement  est  en  rapport 
avec  la  puissance  du  ligament  servical  qui  sert  à  supporter  la  tête  très  lourde  de  ces 
animaux.  Il  en  est  de  même  chez  les  animaux  qui  sont  pourvus  d'une  ramure. 

Les  apophyses  transverses  sont  toujours  simples  à  leur  base;  elles 
partent  du  pédicule  de  l'arc  vertébral,  et,  sur  la  face  ventrale  de  leur 
extrémité  distale,  sont  revêtues  de  cartilage  pour  s'unir  à  la  tubérosité  des 
côtes.  Dans  la  région  cervicale  elles  sont,  comme  chez  les  Oiseaux,  sou- 
dées avec  des  côtes  rudimentaires  et  limitent  avec  elles  un  trou  (foramen 
transversarium).  Le  canal  vertébral,  ainsi  formé  par  la  réunion  de  ces 
trous,  donne  passage,  comme  chez  les  Crocodiliens  et  les  Oiseaux,  à 
l'artère  et  à  la  veine  vertébrales. 

Dans  la  région  lombaire  et  la  rég'ion  sacrée  les  apophyses  transverses 
naissent  sur  le  corjjs  des  vertèbres,  et  comme  elles  sont  fusionnées  avec 
les  rudiments  des  côtes,  elles  mériteraient  plutôt  le  nom  d'apophyses 
latérales  (Rosenberg-). 

Nous  reviendrons  sur  ce  sujet  à  propos  des  côtes;  nous  nous  conten- 
terons pour  le  moment  de  faire  remarquer  que  chez  les  Mammifères, 
aussi  bien  que  chez  les  Amphibiens,  les  Reptiles  et  les  Oiseaux,  le  bassin 
est  porté  par  des  côtes  ou  par  des  côtes  plus  des  apophyses  transverses. 
De  même  que  chez  les  Reptiles  et  les  Oiseaux,  il  existe  aussi  chez  les 
Mammifères  deicx  vertèbres  sacrées priinaires,  auxquelles  (sauf  chez  les  Mar- 
supiaux), s'ajoutent  en  général  secondairement  quelques  vertèbres  cau- 
dales. Distinctes  au  début  comme  les  autres  vertèbres,  elles  se  réunis- 
sent plus  tard  par  synostose,  sans  que  cependant  toute  trace  de  leur 
indépendance  primitive  ait  complètement  disparu.  Elle  est  en  effet 
indiquée  par  les  trous  sacrés  et  par  des  crêtes  transversales  situées  au 
point  de  jonction  des  vertèbres.  Les  formations  apophysaires  sont  plus 
ou  moins  effacées  dans  la  région  sacrée,  mais  néanmoins  toujours  faci- 
lement reconnaissables  par  comparaison  avec  les  vertèbres  lombaires. 
Chez  les  Anthropoïdes  et  surtout  chez  YHo7nme  la  première  vertèbre  sacrée 
forme  avec  la  dernière  vertèbre  lombaire  un  coude;  cette  disposition,  peu 
marquée  encore  chez  l'embryon  et  pendant  le  premier  âge,  devient  plus 
tard  de  plus  en  plus  prononcée  par  suite  de  la  marche  verticale.  11  en 
résulte  que  l'extrémité  inférieure  de  la  région  lombaire  fait  de  plus  en 
plus  saillie  dans  la  cavité  du  bassin  et  forme  ce  que  l'on  appelle  \q  promon- 
toire. Sur  la  face  dorsale  du  sacrum  s'ouvre  le  canal  rachidien;  son  orifice 
est  fermé  par  du  tissu  fibreux  et  par  la  peau. 

La  région  caudale,  sur  laquelle  ne  se  développent  plus  d'arcs  infé- 
rieurs, sauf  chez  les  Sirènes,  les  Cétacés,  les  Kangurous  et  quelques  Singes 
à  longue  queue,  présente  de  grandes  variations  de  longueur.  C'est  chez 
les  Primates,  qu'elle  est  le  plus  réduite.  Chez  V Homme  elle  est  composée 
au  maximum  de  5  à  6  vertèbres;  chez  les  Singes  elle  en  renferme  parfois 


02  CHAPITRE    DEUXIEME 

moins  encore.  Leur  ensemble  forme  un  court  appendice  rudimentaire 
qui  peut  (plus  fréquemment  chez  Thomme  que  chez  la  femme)  se  souder 
au  sacrum  et  auquel  on  donne  le  nom  de  coccyx.  Les  vertèbres,  qui  le 
constituent,  sont,  surtout  en  arrière,  excessivement  rudimentaires  et  ne 
représentent  plus  que  des  co7ys  vertébraux  dépourvus  de  toute  espèce 
d'apophyses. 

L'embryon  humain  âgé  de  cinq  semaines  présente  l'ébauche  de  38  vertèbres  cau- 
dales ;  les  deux  dernières  ne  sont  plus  nettement  différenciées  et  n'arrivent  plus  au 
stade  cartilagineux.  Plus  tard  survient  une  réduction  par  suite  de  la  fusion  graduelle 
des  vertèbres  entre  elles. 

Ces  faits  indiquent  suffisamment  que  l'Homme  a  dû  posséder  jadis  un  squelette 
axial  beaucoup  plus  long,  ce  que  corrobore  aussi  la  manière  dont  la  moelle  épinière 
se  comporte  dans  l'embryon. 

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1880. 


2.  Côtes. 


Les  côtes  représentent,  il  est  vrai,  des  formations  appendiculaires 
de  la  colonne  vertébrale,  mais,   en  général,   elles  ne  doivent  pas  être 


SQUELETTE  53 

considérées  comme  des  excroissances,  des  prolongements  de  celle-ci; 
elles  se  développent  effectivement  indépendamment  d'elle  dans  la  couche 
squelettog'ène,  c'est-à-dire  dans  le  tissu  des  somites.  Leur  réunion  avec 
la  colonne  vertébrale  n'a  lieu  que  secondairement  (C.  Hasse,  E.  Fick). 
En  rapport  intime  avec  les  myocommes,  elles  présentent  comme  ceux- 
ci  une  disposition  métamérique  dans  l'intervalle  des  vertèbres;  elles 
passent  dans  leur  développement  ontogénique  de  même  que  dans  leur 
développement  phylogénique  par  les  trois  états  membraneux,  cartilagi- 
neux et  osseux.  Leur  ossification  est  toujours  indépendante  de  la  colonne 
vertébrale,  ce  qui  suffit  pour  les  séparer  génétiquement  d'elle.  Leur 
conformation,  leur  mobilité  et  leur  nombre  sont  très  variables  suivant 
les  différents  groupes  ;  c'est  ainsi  que  tantôt  elles  ont  la  forme  de  courts 
appendices  rudimentaires  de  la  colonne  vertébrale,  dirigés  presque 
horizontalement,  tantôt  elles  sont  allongées  et  entourent,  en  se  réunis- 
sant par  leur  extrémité  ventrale,  la  cavité  viscérale  tout  entière  à  la 
manière  de  cercles  de  barrique. 

Les  côtes  peuvent  exister  dans  toute  l'étendue  de  la  colonne  verté- 
brale; cette  disposition,  opposée  à  celle  que  l'on  observe  chez  les  types 
supérieurs  où  leur  nombre  est  plus  ou  moins  réduit,  doit  être  regardée, 
nous  l'avons  déjà  vu,  comme  primordiale. 

Poissons  et  Dipnoïques. 

Chez  VAmphioxus,  les  Cyclostomes,  les  Chimères  et  beaucoup  de  Raies, 
on  ne  peut  pas  encore  parler  de  côtes  ;  à  leur  place  on  trouve  un  tractus 
fibreux  qui  part  de  la  couche  squelettogène,  au-dessous  de  la  corde,  et 
s'étend  entre  la  couche  dorsale  et  la  couche  ventrale  du  grand  muscle 
latéral  du  tronc.  Chez  tous  les  autres  Poissons,  les  côtes,  tantôt  cartila- 
gineuses, tantôt  ossifiées,  reposent  sur  les  moignons  basilaires,  par 
conséquent  latéralement  et  au-dessous  des  corps  des  vertèbres  corres- 
pondantes. J'insiste  expressément  sur  ce  fait,  car  il  établit  entre  les 
Poissons  et  les  Vertébrés  supérieurs  une  opposition  tranchée.  Chez  les 
Dipnoïques,  où  les  moignons  basilaires  font  défaut,  les  côtes  s'appuient 
directement  sur  la  gaine  de  la  corde,  à  sa  face  inférieure. 

Dans  la  description  des  arcs  inférieurs,  nous  avons  montré  que,  à  la 
région  caudale,  chez  les  Ganoïdes,  à  mesure  qu'ils  sont  plus  rapprochés 
du  tronc,  leurs  branches,  au  lieu  d'être  réunies  par  leur  extrémité, 
divergent  de  plus  en  plus,  et  représentent  ainsi  des  appendices  distincts, 
qui  peuvent  se  séparer  plus  loin  pour  constituer  des  côtes.  J'appellerai 
de  nouveau  l'attention  sur  ce  fait,  car  les  côtes  des  Ganoïdes  et  proba- 
blement aussi  celles  des  Dipnoïques  présentent,  par  conséquent,  un 
mode  de  développement  tout  autre  que  celles  des  autres  Vertébrés.  En 
d'autres  termes,  elles  sont  des  différenciations  des  arcs  inférieurs. 

Comme  chez  les  Sélaciens  et  les  Téléostéens  les  arcs  inférieurs  mêmes 
peuvent  porter  des  côtes,  ces  dernières  sont  donc  morphologiquement 
différentes  de  celles  des  Ganoïdes,  et  il  en  est  précisément  de  même  des 


54  CHAPITRE    DEUXIÈME 

côtes  de  tous  les  Vertébrés  supérieurs.  On  doit  avoir  partout  présent  à 
l'esprit  que  les  arcs  inférieurs  (hémapophyses),  qui  se  montrent  dans  la 
région  caudale,  sont  des  formations  sj^éciales,  qui  n'ont  génétiquement 
rien  de  commun  avec  les  côtes  et,  par  conséquent,  ne  peuvent  pas  être 
attribuées  à  une  fusion  de  ces  dernières.  On  ne  doit  pas  davantage 
regarder  les  arcs  inférieurs  des  Amphibiens,  des  Reptiles,  etc.,  comme 
des  apophyses  transverses  modifiées,  car  celles-ci  existent,  comme  je 
l'ai  déjà  montré  en  1875,  dans  la  région  caudale  à  côté  des  arcs  infé- 
rieurs aussi  bien  que  les  côtes  (comp.  la  colonne  vertébrale  des  Urodèles). 
Les  côtes  des  Poissons  présentent  un  caractère  très  primitif  en  ce  qu'elles 

existent  en  général  dans  toute  la  longueur  de  la 
colonne  vertébrale.  Il  est  rare  qu'elles  fassent 
entièrement  défaut,  comme,  par  exemple,  chez 
les  Lophohr anches  et  le  Spatularia ;  en  revanche, 
elles  sont  souvent  rudimentaires  (beaucoup  de 
Téléostéens ,  Squales) . 

Dans  d'autres  espèces,  par  exemple  de  nom- 
breux Téléostéens  et  Ganoïdes,  elles  sont  au  con- 
traire très  développées  et  entourent  la  cavité  vis- 
cérale comme  des  cercles  de  barrique,  mais  sans 
jamais  se  réunir  sur  la  ligne  médiane.  Cest  là 
une  loi  qui  s'applique  à  toute  la  série  des  Poissons. 

Quant  aux  rapports  que  les  côtes  antérieures  affectent 
chez  certains  Téléostéens  avec  l'organe  olfactif,  il  en  sera 
question  plus  tard  quand  nous  traiterons  de  ce  dernier. 

Amphibiens. 

Ici  nous  rencontrons  des  atrophies  considé- 
rables; d'une  part  les  côtes  sont  en  général  limi- 
tées au  tronc  ou  s'étendent  au  plus  (chez  certains 
Urodèles)  jusque  sur  la  première  vertèbre  cau- 
dale, et  d'autre  part  elles  sont  tellement  courtes, 
surtout  chez  les,  Anoures,  qu'elles  ne  peuvent  plus 
entourer  la  cavité  viscérale.  Chez  beaucoup  d'A- 
noures les  côtes  ne  sont  mêmes  plus  distinctes, 
elles  sont  soudées  avec  les  larges  apophyses 
transverses  (fig.  45,  R). 


-  ^W 


Pfc 


Fig.  45.  —  Colonne  vertébrale 
du  Discoglossîis  pictus.  Pa, 
apophyses  articulaires;  Ps, 
apophyses  épineuses  ;  Pt, 
apophyses  transverses  des 
vertèbres  dorsales  ;  Ptc,  apo- 
physes transverses  des  ver- 
tèbres caudales  (coccyx,  Oc); 
SW,  vertèbre  sacrée;  0&, arc 
supérieur  de  la  première  ver- 
tèbre ;  Sg,  ses  facettes  arti- 
culaires latérales;  Po ,  son 
apophyse  antérieure  ;  JR, 
côtes. 


Les  côtes  des  Urodèles  sont  bifurquées  à  leur  extrémité 
pi'oximale.  Une  des  branches  de  bifurcation  s'articule  avec 
la  racine  de  l'apophyse  transverse  qui  naît  sur  l'arc  verté- 
bral, la  seconde  avec  la  racine  qui  naît  sur  le  corps  de  la 
vertèbre.  Cette  dernière  correspond  seule,  par  sa  position,  au  moignon  basilaire 
des  Ganoïdes  et  des  Sélaciens,  l'autre  [dorsale)  doit  être  considérée  comme  une 
acquisition  secondaire.  C'est  de  la  même  façon  qu'il  faut  interpréter  la  bifurcation 
de  l'extrémité  des  côtes  des  Reptiles  et  des  Oiseaux,  ainsi  que  la  double  articulation 
des  côtes  des  Mammifères  avec  la  colonne  vertébi'ale. 


jr^ 


SQUELETTE  55 

A  l'exception  de  la  première,  toutes  les  autres  vertèbres  du  tronc 
sont  munies  de  côtes  chez  les  Urodèles,  et  ce  n'est  que  très  exception- 
nellement {S'pelerpes)  que  certaines  vertèbres  (lombaires)  en  sont 
dépourvues  (Wiedersheim). 

Reptiles. 

Les   côtes  des  Reptiles  sont  très  développées.   Toujours  un  certain 
nombre  d'entre  elles,   auxquelles  on  donne  le  nom  de  vraies  côtes,  se 
fusionnent  à  leur  extrémité  'pour  former  sur  la  face  ventrale  un  sternum. 
Celles  dont  les  extrémités  res- 
tent libres  sont  appelées /at^s.ses 
côtes. 

Les  côtes  des  Serpents  sont 
les  moins  différenciées;  elles 
existent,  en  effet,  dans  toute  la 
longueur  du  tronc  depuis  la 
troisième  vertèbre  cervicale  jus- 
qu'à l'anus,  et  présentent  à  peu 
près  la  même  dimension  et  la 
même  forme.  Chez  les  Lacerti- 
liens elles  se  composent  d'une 
pièce  dorsale  osseuse  non  bifur- 
quée  et  d'une  pièce  ventrale 
cartilagineuse  ;  trois  ou  quatre 
d'entre  elles  arrivent  jusqu'au 
sternum. 

Chez  les  Chéloniens ,  dans 
la  région  cervicale,  les  côtes  se 

soudent  plus  ou  moins  complètement  avec  les  vertèbres;  dans  le  tronc, 
au  contraire,  elles  se  soudent  avec  les  plaques  costales  de  la  carapace. 
Leur  extrémité  proximale  non  bifurquée  est  située  dans  l'intervalle  des 
vertèbres,  au  point  de  réunion  de  l'arc  et  du  corps. 

V extrémité  jjroximale  des  côtes  des  Crocodiliens  est  bifurquée  au 
cou,  disposition  qui  correspond  aux  doubles  apophyses  transverses  de 
cette  région  et  qui  détermine  la  formation  d'un  canal.  Plus  en  arrière, 
les  côtes  augmentent  de  longueur  et  se  divisent  en  deux  ou  trois  pièces 
articulées  les  unes  avec  les  autres.  Elles  se  séparent  graduellement  du 
corps  des  vertèbres,  en  même  temps  que  les  apophyses  transverses 
deviennent  de  plus  en  plus  volumineuses,  de  sorte  que  celles-ci  finissent 
par  porter  seules  les  côtes. 

Chez  le  Crocodile,  neuf  côtes  atteignent  le  sternum,  chez  Y  Alligator  huit.  La  der- 
nière côte  est  articulée  avec  la  dix-septième  vertèbre  ;  à  partir  de  la  dix-huitième 
vertèbre  les  apophyses  transverses  ne  portent  que  de  courtes  apophyses  cartilagi- 
neuses. Outre  les  côtes  proprement  dites,  il  existe  encore  chez  les  Crocodiliens  (et 
aussi  chez  l'flatteria),  comme  nous  l'avons  indiqué  plus  haut,  des  côtes  ventrales  au 
nombre  de  huit  paires.  Elles  ne  sont  pas  préformées  à  l'état  de  cartilage  ;  on  doit  les 


Fig.  4G.  —  Partie  antérieure  de  la  colonne  vertébrale  d'un 
jeune  Crocodile.  Y/K,  corps  des  vertèbres;  Oh,  arcs 
supérieurs  ;  Ps,  apophyses  épineuses  ;  IS,  disques  inter- 
vertébraux; Pt  ,  apophyses  transverses,  qui  naissent 
sur  la  racine  des  arcs  et  s'articulent  en  -J-  avec  les  côtes 
{R,  J?',  R^)\  A,  atlas  ■,u,  sa  pièce  inférieure;  s,  ses  pièces 
latérales;  o,  proatlas,  reste  d'une  vertèbre  qui  existait 
jadis  entre  l'atlas  et  l'occipital,  comme  cela  se  voit 
encore  chez  les  Rhynchocéphales  et  les  Caméléons; 
Ep,  axis  articulé  en  h,  avec  les  parties  latérales  de 
l'atlas;  Po,  apophyse  odontoïde. 


56 


CHAPITRE    DEUXIÈME 


considérer  comme  des  intersections  tendineuses  ossifiées  et  par  suite  comme  des  for- 
mations secondaires.  Le  nom  de  côtes  ventrales  qu'on  leur  adonné  est  très  impropre. 
Elles  n'ont  aucune  connexion  avec  la  colonne  vertébrale,  mais  sur  la  face  ventrale 
elles  se  réunissent  toutes  sur  la  ligne  médiane  (voy.  le  bassin  des  Dipnoïques). 

Oiseaux. 

La  division  des  côtes  en  deux  parties,  Fune  vertébrale,  l'autre  sternale 
est  encore  bien  plus  marquée  chez  les  Oiseaux,  où  elle  est  manifeste- 


Fijf.  47.  —  Squelette  du  tronc  d'un  Faucon.  S.  omoplate  ;  G,  sa  surface  articulaire  avec  l'humérus  ; 
Ca,  coracoïde,  articulé  en  y  avec  le  sternum  (St)  \  Fu  (Cl),  clavicule;  Cr,  bréchet;  F  et  Spj  parties 
vertébrale  et  sternale  des  côtes;   Un,  apophyse  uncinée. 

ment  en  rapport  avec  le  mode  respiratoire.  Chez  ces  animaux  les  côtes 
présentent,  en  outre,  des  apophyses  uncinées,  qui  recouvrent  chacune  la 
côte  suivante  et  donnent  ainsi  une  plus  grande  solidité  à  la  cage  thora- 
cique,  à  laquelle  contribue  également  le  mode  d'union  (souvent  par 
synostose),  que  nous  avons  indiqué  plus  haut,  des  vertèbres  dorsales. 
Par  la  présence  des  apophyses  uncinées,  comme  d'ailleurs  par  plusieurs 
autres  caractères,  les  côtes  des  Oiseaux  présentent  des  rapports  avec 
celles  des  Reptiles,  notamment  avec  VHatteria  et  les  Crocodiles.  Le 
nombre  des  côtes  qui  se  soudent  au  sternum  varie  entre  deux  et  neuf. 


TsFl; 


SQUELETTE  57 

Nous  avons  montré  plus  haut  que  dans  la  région  cervicale  les  côtes  peuvent  se 
souder  avec  les  apophj'ses  transverses  chez  les  représentants  de  tous  les  Amniotes  ; 
nous  rappelerons  encore  les  synostoses  entre  les  côtes  des  Tortues  et  les  plaques  de 
leur  squelette  dermique. 

Mammifères. 

Chez  les  Mammifères  les  côtes  cervicales  se  soudent  complètement 
avec  les  vertèbres;  elles  présentent  à  leur  base  un  trou  [foramen  trans- 
versarium).  Les  dernières  peuvent  rester  distinctes  et  articulées  avec  les 
vertèbres  correspondantes.  Le  nombre  des  côtes  qui  se  réunissent  au 
sternum,  soit  directement  (vraies  côtes),  soit  indirectement  (fausses 
côtes),  est  très  variable.  Si  leur  extrémité  inférieure  est  libre  et  se  perd 
dans  les  parois  de  l'abdomen,  on  leur  donne  le 
nom  de  côtes  flottantes.  Chez  les  Cétacés  les  der- 
nières côtes  n'ont  aucune  connexion  avec  la 
colonne  vertébrale. 

Les  vraies  et  les  fausses  côtes  présentent 
toujours  à  considérer  une  tête,  un  col,  une  tubé- 
rosité  et  un  corps  (fîg.  48). 

La  tête  s'articule  avec  le  corps  de  deux  vertèbres  voi- 
sines, ou  d'une  seule.  La  tubérosité  s'articule  avec  la 
face  ventrale  recouverte  de  cartilage  de  l'apophyse 
transverse,  qui  lui  sert  en  quelque  sorte  d'arc-boutant.     Fig-  48.  —  Anneau  costal   de 

T  >i  1       •       1      1     4  >j        t  j     1     1    u-         -i  '   j'  L  l'ffoTOOTe.  W/t,  corps  de  la  ver- 

L  homologie  de  la  tête  et  de  la  tuberosite  d  une  part  avec        tèbre;  pt,  Ps,  apophyse  trans- 
ies deux  branches  de  bifurcation  de  l'extrémité  proximale        verse  et   apophyse  épineuse; 
des  côtes  des  Vertébrés  inférieurs  d'autre  part  a  déjà  été        rf 'tubérosité  de  \k  cit^° kn, 
signalée  à  propos  delà  colonne   vertébrale.  Tous  ces        cartilage  costal  ;  5«,  sternum, 
caractères  sont  plus    ou   moins  effacés  dans  les  côtes 

flottantes,  qui  sont  en  outre  beaucoup  plus  courtes  et  tout  à  fait  rudimentaires. 
L'embryogénie  montre  que  les  côtes  apparaissent  aussi  dans  la  région  lombaire  et 
dans  la  région  sacrée  chez  les  Mammifères,  mais  qu'elles  se  soudent  plus  tard  avec  la 
face  antérieure  des  apophyses  transverses  (Rosenberg).  Ce  fait  a  été  démontré  parti- 
culièrement chez  l'Homme,  et  la  présence  d'une  treizième  paire  de  côtes,  qu'il  n'est 
pas  rare  d'observer  chez  lui,  prouve  qu'à  une  époque,  qui  ne  doit  pas  être  très  recu- 
lée, il  possédait  des  côtes  tombaires  bien  développées.  D'autre  part,  on  peut  conclure 
du  caractère  rudimentaire  et  des  dimensions  individuelles  variables  de  la  onzième  et 
de  la  douzième  paire,  que  celles-ci  tendent  à  disparaître  graduellement.  Cette  conclu- 
sion se  trouve  encore  corroborée  par  le  fait,  confirmé  par  l'embryogénie,  que  jadis 
chez  l'Homme  plus  de  sept  paires  de  côtes  étaient  unies  au  sternum  (Ruge).  Chez  les 
Chiroptèi^es  le  nombre  des  vraies  côtes  est  encore  moindre  ;  il  n'est  que  de  six. 

Il  s'effectue  ainsi  un  raccourcissement  progressif  de  la  région  dorsale  de 
la  colonne  vertébrale  au  profit  de  la  région  lombaire,  de  sorte  que  l'on  pieut 
appliquer  à  l'ensemble  des  Vertébrés  le  principe  que  la  réduction  du  nombre 
des  côtes  est,  en  général,  corrélatif  d'un  degré  supérieur  de  perfectionne- 
ment de  l'organisme. 

3.  Sternum, 

Le  sternum  n'existe  chez  aucun  Poisson;  il  apparaît  pour  la  première 
fois  chez  les  Amphibiens  sous  la  forme  d'une  petite  pièce  cartilagineuse, 
située  sur  la  ligne  médiane  dans  la  région  thoracique,  de  configuration 


CHAPITRE    DEUXIEME 


très  variable  et  qui  doit  son  origine  à  deux  lamelles  cartilagineuses, 
enfoncées  dans  les  intersections  tendineuses,  auxquelles  vient  s'unir, 
d'une  façon  plus  ou  moins  intime,  la  ceinture  scapulaire  par  l'intermé- 


Fig.  49.  —  Ceinture  tcapulaire  et  sternum  du  Bomhinator  igneus.  Ht,  sternum  avec  ses  deux  prolonge- 
ments (a,  a')  ;  S,  omoplate  ;  SS,  sus-scapulaire,  à  droite  dans  sa  position  normale,  à  gauche  étalé  hori- 
zontalement; Co,  coracoïde  ;  Co^,  épicoracoïde,  qui  de  chaque  côté  s'enfonce  dans  une  rainure  du  bord 
sternal  supérieur;  Cl,  clavicule  cartilagineuse;  Ci*,  clavicule  osseuse  ;  F'e,  trou  entre  la  clavicule  et 
le  coracoïde;  G,  cavité  glénoïde. 


Fig.  50.  —  Face  ventrale  de  la  ceinture  scapulaire  de  la  Sana  esculenta.  St,  sternum  osseux;  Kn,  ster- 
num cartilagineux  ;  5,  omoplate;  KC,  commissure  cartilagineuse  entre  cette  dernière  et  la  clavi- 
cule (CT);  Co,  coracoïde;  Co^,  épicoracoïde;  m,  suture  entre  les  deux  épicoracoïdes;  G,  cavité  glé- 
noïde; ii'e,  trou  entre  le  coracoïde  et  la  clavicule  ;  Oni,  omosternum. 

diaire  du  coracoïde  et  de  l'épicoracoïde  ;  c'est  ainsi,  par  exemple,  que 
cette  union  est  très  intime  chez  les  Rana,  tandis  que  chez  les  Bombi- 
nator  elle  est  très  lâche  (fîg.  49  et  50). 

La  phylogénie  du  sternum  des  Amphibiens  est  encore  complètement 
inconnue,  et  on  ne  peut  dire  d'une  manière  certaine  s'il  est  homologue  à 


SQUELETTE 


59 


celui  des  Amniotes.  De  même,  les  opinions  diffèrent  sur  la  signification 
d'une  seconde  pièce,  de  semblable  conformation,  située  chez  les  Rana 
sur  la  ligne  médiane  où  elle  s'étend  de  la  ceinture  scapulaire  vers  la 
tête.  Dans  tous  les  cas,  elle  n'a  rien  de  commun  avec  Vépisternum,  et 
nous  la  désignerons  provisoirement,  à  l'exemple  de  W.  K.  Parker,  sous 
le  nom  (ï omosternum  (fîg.  50,  Om).  (Comp.  le  bassin  desDipnoïques.) 

Le  sternum  des  Amniotes  est  formé,  comme  nous  l'avons  vu  plus 
haut,  par  les  côtes.  Un  certain  nombre  de  côtes  se  réunissent,  en  effet, 
par  leurs  extrémités  ventrales  et  constituent  ainsi  de  chaque  côté  une 
bandelette  cartilagineuse  {bandelette  sternale).  Les  deux  bandelettes  se 
rapprochent  progressivement  l'une  de  l'autre,  s'unissent  sur  la  ligne 
médiane  et  forment  ainsi  une  plaque  sternale  cartilagineuse,  impaire. 
Les  côtes,  qui  ont  pris  part  à  sa  formation,  s'en   séparent    secondaire- 


Fig.  51. 

A.  Sternum  du  Renard. 

B.  Sternum  d'un  Morse. 

C.  Sternum  de  l'Homme. 


Mb,  manubrium; 

C,  corps; 

Pe,  apophyse  ensiforme  ; 

R,  R,  côtes. 


ment  et  s'articulent  avec  elle.  Plus  tard,  le  cartilage  s'incruste  de  sels 
calcaires  (Reptiles),  ou  il  se  développe  de  la  substance  osseuse  {Oiseaux, 
Mammifères) . 

Chez  les  Reptiles,  les  Oiseaux  et  même  les  Mammifères  inférieurs 
(Monotrèmes)  le  sternum  et  la  ceinture  scapulaire  présentent  les  mêmes 
rapports  que  chez  les  Amphibiens.  Partout  les  coracoïdes  (fîg.  53,  Co,  CV) 
s'unissent  directement  au  bord  supérieur  et  latéral  du  sternum.  (Comp. 
fig.  47,  ,S'^,  Ca,  et  fig.  50,  52,  St.) 

Le  sternum  (souvent  fenêtre)  prend  un  très  grand  développement 
chez  les  Oiseaux.  Il  représente  une  large  plaque  portant  une  crête,  ou 
bréchet  {crista  sterni),  destinée  à  l'insertion  des  muscles  de  l'aile  {Cari- 
nates,  fig.  47)  (1).  Chez  les'  Oiseaux  coureurs  ou  Ratites,  le  bréchet 
manque  et  le  sternum  est  une  plaque  large,  faiblement  bombée  et  lisse. 
Il  existe  aussi  des  Carinales  dont  le  bréchet  est  rudimentaire. 

Le  sternum  des  Ma7nmifères  est  formé,  en  général,  par  un  nombre  de 
côtes  plus  considérable  que  chez  les  Reptiles  et  les  Oiseaux.  Représenté 
au  début  par  une  seule  plaque  cartilagineuse,  il  se  divise  plus  tard  en 


(1)  Une  crête  analogue  existe  sur  le  sternum   des  Ptérosauriens  et  des  Chauves-Souris 
(adaption  fonctionnelle). 


60 


CHAPITRE    DEUXIEME 


territoires  osseux  en  nombre  égal  à  celui  des  côtes  auxquelles  il  donne 
attache.  Dans  d'autres  cas,  par  exemple  chez  les  Primates,  les  diffé- 
rents territoires  osseux  se  fusionnent  et  constituent  une  longue  plaque 
{corps  du  sternum),  dont  les  extrémités  proximale  et  distale  différenciées 
prennent  le  nom,  la  première  de  mcmuhrium,  la  seconde  à' apophyse  ensi- 
forme.  Cette  dernière  doit  son  origine,  comme  l'a  montré  Ruge,  à  ce 
que  la  huitième  paire  de  côtes  se  soude  à  la  face  ventrale  pendant  la 
période  fœtale  (fig.  51  C). 

4.  Épisternum. 

On  désigne  sous  le  nom  à' épisternum  une  plaque  osseuse,  qui  repose 
sur  l'extrémité  proximale   ou   en  partie   aussi  sur  la  face  ventrale  du 


//W/'/V/V' , , 


Fig  52.  —  Ceinture  scapulaire  et  sternum  de  V Hemidactylus  verrucosus.  St,  sternum;  J2,  côtes;  Si,  ban- 
delettes sternales,  auxquelles  se  rattache  la  dernière  paire  de  côtes;  SS,  sus-scapulaire;  S,  omoplate; 
Co,  coracoïde  ;  CoK  épicoracoïde  cartilagineux;  Bp,  épisternum;  a,  6,  c,  trous  du  coracoïde  fermés 
par  une  membrane;  Cl,  clavicule;  G,  cavité  glénoïde. 

sternum  et  qui  n'est  unie  à  ce  dernier  que  par  du  tissu  fibreux  ou  du 
cartilage,  ou  qui  est  synostosée  avec  lui.  L'épisternum  dérive  généti- 
quement pour  une  grande  part  des  extrémités  internes  des  clavicules,  qui 
se  séparent  plus  tard  du  reste  de  l'os,  de  sorte  qu'en  l'absence  de  clavi- 
cules il  ne  peut  pas  y  avoir  d'épisternum  (Gôtte).  Cette  origine  se  mani- 
feste aussi  par  ce  fait  que  les  deux  os  restent  en  connexion  intime  pen- 
dant toute  la  vie. 

On  rencontre  pour  la  première  fois  un  épisternum  chez  les  Reptiles 
oii  il  affecte  l'aspect  d'une  pièce  osseuse  mince  en  croix  ou  en  T  (fig.  52, 
Ep),  qui  est  intimement  unie  à  la  face  ventrale  du  sternum.  Il  rappelle 
sous  certains  rapports  les  plaques  osseuses  dermiques  de  la  région  pec- 
torale des  Labyrinthodontes. 

Chez  les  Chéloniens  et  les  Ophidiens  il  n'existe  pas  d'épisternum  et  il 


SQUELETTE 


61 


en  est  de  même  du  Chaméléon  et  de  VOt^vet.  Chez  les  Oiseaux  on  n'a  pas 
encore  reconnu  de  pièces  osseuses  distinctes  qui  puissent  correspondre 
à  un  appareil  épisternal;  il  est  manifeste  qu'elles  se  sont  atrophiées 
depuis  très  longtemps  ou  qu'elles  ont  même  disparu,  de  sorte  qu'elles 
ne  se  montrent  même  plus  dans  le  cours  de  l'ontogenèse.  A  leur  place 
s'est  développé  le  ligament  cristo-claviculaire  impair,  qui  ne  leur  est 
cependant  pas  spécialement  homologue.  Peut-être  pourrait-on  encore 
faire  intervenir  l'apophyse  interclaviculaire,  située  à  l'extrémité  posté- 
rieure de  la  clavicule,  qui  possède  un  point  d'ossification  distinct  (inter- 
clavicule, Parker)  et  la  couche  périostique  du  bord  ventral  du  bréchet, 
qui  se  continue  directement  en  avant 
avec  le  ligament  cristo-claviculaire 
(Fiirbringer). 

Chez  plusieurs  Mammifères,  l'épister- 
num,  après  s'être  séparé  des  clavicules, 
se  divise  en  trois  parties,  une  médiane 
et  deux  latérales.  Chez  les  Marsupiaux 
et  les  Monotrèmes,  elles  existent  toutes 
les  trois  et  elles  représentent  une  pièce 
distincte  de  l'extrémité  antérieure  du 
sternum ,  qui  émet ,  comme  chez  les 
Reptiles,  deux  branches  latérales,  et  qui 
se  réunit  aux  clavicules  (fîg.  53). 

Chez  d'autres  Mammifères,  où  il  y  a 
une  véritable  articulation  entre  l'épi- 
sternum,  les  clavicules  et  le  sternum, 
la  pièce  médiane  se  soude  avec  le  ma- 

nubrium  ou  avec  son  périoste  ;  les  parties  latérales  persistent  seules  sous 
la  forme  de  cartilages  inter articulaires  {Primates),  ou  bien  elles  dispa- 
raissent aussi  et  il  ne  subsiste  plus,  comme  dernière  trace,  qu'un  liga- 
ment fibreux  entre  la  clavicule  et  le  sternum  {Chiroptères). 

Il  est  plus  que  douteux  que  toutes  les  pièces  auxquelles  on  donne  le 
nom  à'épisternum  dans  la  série  des  Vertébrés  soient  des  formations 
homologues;  il  est  surtout  difficile  d'admettre,  comme  nous  l'avons  vu 
plus  haut,  le  parallèle  qu'on  a  voulu  établir  entre  l'épisternum  des 
Amphibieiis  anoures  et  celui  des  Amniotes. 


Fig.  53.  —  Ceinture  scapulaire  de  V Ornitho- 
o-hynchus paradoxtis.  St,  sternum;  i'jj,  épi- 
sternum;  Co,  coracoïde;  Col,  épicoracoïde 
S,  omoplate;  Cl,  clavicule;  G,  cavité  glé- 
noïde. 


Bibliographie. 

G.  Baur.  On  the  Morphology  of  Ribs.  American  naturalist,  1887. 

G.  Gegenbaur.  Ueber  die  episternalen  Skelettheile  und  ihr  Vorkommen  bei  den  Sâugethieren 

und  beim  Menschen.  Jenaische  Zeîtschr.  T.  I. 
A.  Gôtte.  Beitràge  zur  vergleichenden  Morphologie  des  Skeletsystems  der  Wirbellhiere.  Arch. 

f.  mikr.  Anat.  T.  XIV  et  XV. 
G.  K.  Hoffmann.  Beitrcige  zur  vergleichenden  Anatomie   der  Wirbellhiere.  Niederl,  Arch.  f. 

Zoologie.  ï.  IV  et  V. 


62  CHAPITRE    DEUXIÈME 

W.  K.  Parker.  .4  monograph  on  Ihe  structure  and  developmcnt  of  the  shoulder-girdle  and 

sternum.  Roy.  Soc.  1867. 
G.  B.uge.  Untersuchu7igen  ûberEntivicklungsvorgànge  am  Brustbeine  und  an  der   Sterno- 

clavicularverbindun g  des  Menschen.  Morph.  Jahrb.  T.  VI.  1880. 


5.  Squelette  céphallque. 

Le  crâne  passe  comme  la  colonne  vertébrale,  aussi  bien  dans  le  dé- 
veloppement individuel  que  dans  le  développement  ancestral,  par  trois 
états,  membraneux,  cartilagineux  et  osseux.  La  ressemblance  qui  se 
trouve  ainsi  établie  entre  eux  est  encore  essentiellement  augmentée 
par  le  fait  que  la  corde  dorsale  se  continue  sur  une  certaine  étendue  dans 
la  partie  basilaire  du  crâne,  de  sorte  que  celle-ci  se  développe  aux  dé- 
pens de  la  même  couche  squelettogène  que  la  colonne  vertébrale  et  dans 
son  prolongement  axial  immédiat. 

Mais  on  doit  attacher  une  importance  bien  autrement  considérable 
à  ce  que  la  tête  est  constituée  pendant  la  période  embryonnaire,  comme 
toute  la  région  dorsale  du  tronc,  par  une  série  de  somites,  et  qu'ainsi 
toutes  deux  procèdent  d'une  ébauche  métamérique.  Il  en  résulte  que  la 
tête,  dont  le  développement  est  connexe  au  développement  phylétique  du 
cerveau  et  des  organes  supérieurs  des  sens,  doit  dériver  d'une  trans- 
formation de  la  partie  antérieure  du  tronc.  Ces  somites  céphaliques,  qui 
renferment  chacun  une  cavité,  diverticule  du  cœlome  (voir  l'Introduction), 
donnent  naissance  aux  muscles  de  la  région  correspondante,  ainsi  qu'aux 
éléments  du  squelette  céphalique.  A  mesure  que  le  développement  pro- 
gresse, cette  segmentation  primitive  s'efTace  de  plus  en  plus,  et  plus 
tard  le  crâne  semble  être,  principalement  chez  les  Vertébrés  inférieurs, 
par  exemple  les  Poissons  cartilagineux,  formé  d'une  seule  'pièce. 

A  la  face  inférieure  du  crâne  se  développe,  autour  de  la  partie  anté- 
rieure de  l'intestin  antérieur,  un  système  d'arcs  cartilagineux  ou  osseux, 
disposés  les  uns  derrière  les  autres,  auquel  on  donne  le  nom  de  squelette 
VISCÉRAL.  Il  a  des  rapports  étroits  avec  la  respiration  branchiale  ;  chaque 
groupe  de  deux  arcs  limite  en  efïet  une  fente  qui  se  forme  dans  l'en- 
toderme  de  l'intestin  antérieur  {fente  branchiale).  L'arc  viscéral  antérieur 
borde  l'orifice  buccal  auquel  il  sert  de  charpente;  il  devient  le  squelette 
DE  LA  MACHOIRE,  et  chcz  Ics  typcs  supéricurs  le  squelette  de  la  face.  Les 
arcs  situés  en  arrière  servent  uniquement  à  supporter  les  branchies. 

La  partie  crânienne  du  squelette  céphalique  seule  peut  être  considérée 
comme  formée  par  des  somites;  la  partie  viscérale  au  contraire  présente 
une  segmentation  distincte  et  ses  rapports  avec  la  métamérie  du  crâne 
proprement  dit  sont  en  grande  partie  efTacés.  Néanmoins  il  ne  faut  pas 
oublier  que,  non  seulement  le  tissu  mésodermique  des  somites  cépha- 
liques se  prolonge  dans  les  arcs  branchiaux,  mais  encore  qu'à  une  cer- 
taine phase  évolutive  chacun  des  deux  arcs  branchiaux  antérieurs  pré- 
sente dans  son  intérieur  une  cavité  cœlomatique,  qui  est  un  diverticule 


SQUELETTE  63 

du  cœlome  de  soniite  céphalique  correspondant  et  constitue  par  consé- 
quent avec  celui-ci  une  seule  et  même  formation. 

La  notion  claire  et  précise  de  ces  rapports,  sur  lesquels  nous  revien- 
drons dans  le  chapitre  qui  traite  des  nerfs  crâniens,  jette  un  grand  jour 
sur  l'histoire  ancestrale  de  la  tête  des  Vertébrés,  que  Gœthe  et  Oken  ont 
esquissée  jadis  dans  leur  théorie  vertébrale  du  crâne,  par  laquelle  ils 
essayaient  de  démontrer  que  le  squelette  céphalique  se  compose  d'une 
série  de  vertèbres.  Cette  théorie,  basée  essentiellement  sur  l'étude  du 
squelette  céphalique  complètement  développé  des  Mammifères,  régna 
longtemps  dans  la  science,  jusqu'au  moment  où  l'on  étendit  les  recher- 
ches à  la  tête  avec  le  cerveau,  aux  nerfs  et  à  la  région  tout  entière  de 
l'intestin  antérieur  des  Vertébrés  inférieurs  (Huxley,  Gegenbaur)  ;  on 
reconnut  qu'elle  ne  répondait  pas  aux  faits.  Les  choses  prirent  alors 
une  tournure  toute  différente;  et,  lorsque  plus  tard,  grâce  aux  travaux 
de  Balfour,  Milnes  Marshall  et  van  Wyje,  on  put  encore  avoir  recours 
aux  faits  ontogéniques,  la  question  de  la  phylogénèse  de  la  tête  des 
Vertébrés  entra  dans  une  troisième  phase. 

C'est  sur  ce  terrain  que  nous  nous  tenons  aujourd'hui,  et,  bien  que 
des  résultats  importants  aient  déjà  été  obtenus,  cependant  il  reste  beau- 
coup à  faire  pour  arriver  à  une  connaissance  claire  et  complète  des  rap- 
ports primordiaux.  Ce  n'est  plus  seulement  de  l'analyse  ontogénique  et 
de  l'analyse  morphologique  comparative  du  squelette  que  nous  devons 
attendre  une  explication  satisfaisante,  mais  plutôt  de  la  connaissance  de 
l'histoire  ancestrale  de  toute  une  série  d'organes,  dont  l'apparition  re- 
monte à  une  époque  incomparablement  plus  reculée  que  celle  du  sque- 
lette, c'est-à-dire  des  organes  des  sens,  du  cerveau  avec  ses  nerfs  et  de 
toute  la  région  de  V intestin  antérieur  avec  la  bouche  et  les  fentes  viscé- 
rales. En  un  mot,  la  question  de  l'origine  primitive  du  squelette  cépha- 
litique  des  Vertébrés  est  intimement  liée  à  l'histoire  ancestrale  de  ces 
organes.  Cette  voie  détournée  peut  seule  conduire  à  la  solution  du  plus 
important  de  tous  les  problèmes  dans  le  domaine  tout  entier  de  l'ana- 
tomie  des  Vertébrés  :  la  connaissance  de  l'histoire  ancestrale  de  la  tête. 


A  —  Crâne 

Les  premières  traces  de  cartilage  qui  apparaissent  dans  le  tube  crâ- 
nien, au  début  encore  entièrement  membraneux,  se  montrent  sous  la 
forme  de  deux  paires  de  lamelles,  situées  à  la  base  du  cerveau,  de  cha- 
que côté  de  la  corde  dorsale.  On  les  désigne  sous  les  noms  à'élé^nents 
paracordaux  et  de  trabécules  (fîg.  54,  PE,  Tr.).  Elles  se  réunissent 
bientôt  pour  constituer  la  lame  basilaire,  qui  entoure  en  dessus  et  en 
dessous  la  corde  et  forme  ainsi  de  bonne  heure  un  plancher  solide  au 
cerveau.  Les  trabécules  continuent  à  se  prolonger  en  avant  comme 
précédemment  et  circonscrivent  un  espace,  auquel  on  peut  donner  le 
nom  de  fosse  pituitaire  primitive  (fîg.  54,  PR.). 


64 


CHAPITRE    DEUXIEME 


Celle-ci  est  complétée  d'une  manière  variable  suivant  les  groupes  : 
tantôt  les  trabécules  se  soudent  complètement  sur  la  ligne  médiane 
(fig.  54  A,   Tr),  tantôt  la  masse  de  tissu  intermédiaire  s'ossifie  à  partir 

de  la  muqueuse  buccale  (formation  d'un 
parasphénoide,  fig.  55  B,  Ps),  tantôt  enfin, 
par  exemple  chez  certains  Reptiles  et  chez 
tous  les  Oiseaux,  les  trabécules,  par  suite  du 
développement  excessif  des  yeux,  sont  de 
plus  en  plus  comprimées  latéralement,  dis- 
paraissent en  partie  et  sont  remplacées  par 
une  cloison  interorbitaire  membrano-carti- 
lagineuse  (fig.  55  C,  Tr,  IS). 

Continuons  à  suivre  les  phénomènes  évo- 
lutifs à  partir  de  cet  état,  que  nous  devons 
considérer  comme  primitif,  et  en  tenant 
compte  de  la  possibilité  de  la  soudure  mé- 
diane des  trabécules.  La  plaque  crânienne 
basilaire  cartilagineuse  ainsi  formée  émet 
des  prolongements,  qui  entrent  en  rapport 
avec  les  organes  des  sens  supérieurs,  sur- 
tout avec  l'appareil  olfactif  et  l'appareil  audi- 
tif, et  leur  servent  de  soutien.  C'est  de  la 
sorte  que  se  difîérencient  de  bonne  heure 
d'une  manière  caractéristique  pour  l'architecture  du  crâne  une  région 
olfactive,  une  région  orbitaire  et  une  régio7i  auditive. 

Tandis  que  la  première  et  la  dernière  de  ces  régions  s'entourent  de 


Fig.  54.  —  Première  ébauche  carti- 
lagineuse du  crâne.  C,  corde  dor- 
sale; PE,  éléments  paracordaux; 
Tr,  trabécules  ;  PR,  espace  pitui- 
taire;  iV,  A,  O,  les  trois  capsules 
sensorielles  (organe  olfactif,  organe 
visuel,  organe  auditif). 


Fig.  55.  —  Coupes  transversales  schématiques  de  la  tête  en  voie  de  développement.  A,  Esturgeons,  Séla 
ciens.  Anoures  et  Mammifères,  B,  Urodèles,  CrocodUiens  et  Ophidiens.  C,  certains  Téléosîéens,  Sau- 
riens et  Oiseaux. 

Tr,  trabécules;  G,  encéphale;  A,  yeux;  PSj  parasphénoïde;  IS,  cloison  interorbitaire;  F,  frontal; 
Olf,  nerfs  olfactifs. 

plus  en  plus  de  tissu  cartilagineux  et,  principalement  chez  les  types  su- 
périeurs, s'enfoncent  de  plus  en  plus  dans  le  squelette  proprement  dit  de 
la  tète,  la  plaque  basilaire  cartilagineuse,  d'abord  tout  à  fait  horizontale, 
se  relève  sur  ses  bords  et  commence  à  envelopper  le  cerveau  sur  les 
côtés  et  finalement  en  dessus.  Il  peut  se  former  ainsi  une  capsule  carti- 
lagineuse continue,  comme  celle  que  l'on  observe  par  exemple  pendant 
toute  la  vie  chez  les  Sélaciens.  Chez  la  plupart  des  Vertébrés  le  cartilage 
ne  joue  pas  un  aussi  grand  rôle  ;  il  n'existe  qu'à  la  base  du  crâne  et  dans 


SQUELETTE 


65 


les  capsules  sensorielles.  Le  reste  du  crâne,  principalement  la  voûte, 
passe  directement  de  l'état  fîbro-membraneux  à  l'état  osseux.  On  peut 


Fig.  57. 


PI" 


Fig.  56.  —  Deuxième  stade  du  développement  du  crâne  primordial.  C,  corde;  iî,  plaque  basilaire; 
T,  trabécules,  qui  se  sont  réunies  en  avant  pour  former  la  cloison  nasale  (S)\  Cl,  AF,  leurs  prolonge- 
ments qui  entourent  l'organe  olfactif  (iV/i);  01,  trous  olfactifs  par  lesquels  passent  les  nerfs  de  l'odorat; 
PF,  AF,  apophyses  post-orbitaire  et  antorbitaire  des  trabécules;  NK,  A,  O,  les  trois  capsules  senso- 
rielles. 

Fig. 57.  — Troisième  stade  du  développement  du  crâne  primordial.  Coupe  transversale  schématique.  C,  corde  ; 
Tr,  trabécules,  qui  entourent  en  dessous  et  latéralement  l'encéphale  (G);  0,  vésicule  auditive;  HH, 
pharynx  entouré  par  le  squelette  viscéral  ;  1 — 4,  éléments  constitutifs  des  arcs  viscéraux  réunis  sur 
la  face  ventrale  en  Cp  (copule). 

dire  d'une  manière  générale  que  l'animal  occupe  une  position  d'autant 
plus  élevée  que  les  éléments  cartilagineux  ont  disparu  davantage  et  que 
la  substance  osseuse  s'est  davantage  développée  dans  le  crâne  complète- 
ment formé. 

B  —  Squelette  viscéral 

Les  arcs  viscéraux,  qui  apparaissent  de  très  bonne  heure  et  toujours 
à  l'état  de  cartilage  hyalin,  entourent,  comme  nous  l'avons  vu,  la  pre- 
mière partie  de  l'intestin  antérieur  et  sont  situés  dans  l'épaisseur  des 
parois  de  l'œsophage  (fig.  58,  B,  B).  Chez  les  animaux  à  respiration 
branchiale  ils  sont  plus  nombreux  (jusqu'à  7);  dans  les  types  supérieurs 
(Amniotes)  ils  subissent  toujours  une  réduction  considérable  et  parfois 
affectent  des  connexions  avec  l'organe  auditif. 

L'arc  antérieur,  qui  sert  de  support  aux  bords  de  la  bouche  et  qui 
est  innervé  par  le  nerf  trijumeau,  se  développe  le  premier  ;  il  est  désigné 
sous  le  nom  d'arc  branchial  faux,  07'al  ou  mandibulaire,  par  opposition 
aux  arcs  branchiaux  vrais  ou  post-oraux  (fig.  58,  M). 

Les  épithètes  de  vrais  et  de  faux  ne  s'appliquent  qu'à  la  fonction 
physiologique  de  ces  arcs;  les  arcs  post-oraux  sont  en  effet  les  seuls  qui 
portent  des  branchies,  et  même  parmi  ces  derniers  l'antérieur,  innervé 
par  le  nerf  facial,  n'est  pas  entièrement  semblable  aux  autres:  on  lui 
donne  le  nom  d'arc  hyoïdien  (fig.  58,  Hy).  Les  autres,  innervés  par  le 
nerf  glosso-pharyngien  et  par  le  nerf  vague,  sont  appelés   arcs  bran- 

WlEDERSHEIM.  h 


66  CHAPITRE    DEUXIÈME 

chiaux  {B,  B).  Quoi  qu'il  en  soit,  tout  porte  à  admettre  que  jadis  tous  les 
arcs  du  squelette  viscéral  ont  dû  porter  des  branchies. 

D'abord  simples  et  entiers,  les  arcs  viscéraux  peuvent  plus  tard  se 

diviser  en  plusieurs  pièces  (jus- 
qu'à 4)  ;  la  pièce  supérieure  s'in- 
sinue au-dessous  de  la  base  du 
crâne  ou  de  la  colonne  vertébrale, 
la  pièce  inférieure  est  située  du 
côté  ventral  et  se  réunit  sur  la 
lig-ne  médiane  avec  sa  congénère 
par  l'intermédiaire  de  la  copule 
(basibranchial,  fîg.  57,  1  à  4  Cp), 
comme  les  côtes  par  l'intermé- 
diaire du  sternum. 

Les  deux  arcs  viscéraux  anté- 
rieurs, l'arc  mandibulaire  et  l'arc 
hyoïdien,  se  segmentent  égale- 
ment. Le  premier  se  divise  en  une 
pièce  proximale,  courte,  l'os  ca7Té  [qiiadratum) ,  et  en  une  pièce  distale 
plus  longue,  le  cartilage  de  Meckel  (fig.  58,  Qu,  M).  Le  carré  présente 
en  avant  un  prolongement,  \& palato-carré  ou  ptéry go-palatin,  qui  s'unit 
avec  la  base  du  crâne  et  forme  ainsi  une  sorte  de  mâchoire  supérieure 
(fig.  60  A-C,  PQ).  Une  deuxième  pièce,  qui  se  développe  sur  la  partie 


Fig.  5S.  —  Schéma  du  développement  du  squelette 
viscéral.  N,  A,  0,  les  trois  capsules  sensorielles; 
Tr,  trabécule  qui  a  quitté  sa  position  oblique  en 
bas  (-J-)  pour  devenir  horizontale;  M,  cartilage  de 
Meckel;  Qu,  carré;  Ht/,  arc  hyoïdien;  B,  B,  arcs 
branchiaux  vrais,  entre  lesquels  on  voit  les  fentes 
branchiales;  S,  évent;  Co,  Co,  copules. 


Fig.  59.  —  Distribution  des  nerfs  crâniens  segmentaires  dans  la  tête  des  Sélaciens.  Dessin  demi-schéma- 
tique. A''.  A,  0,  les  trois  capsules  sensorielles;  Tr,  trabécules;  Q,  carré;  PQ,  palato-carré,  uni  en  faux 
trabécules  par  du  tissu  conjonctif;  M,  mandibule;  L,  L^,  cartilages  labiaux;  H,  hyomandibulaire; 
K,  arc  hyoïdien;  a,  b,  c,  d,  e,  arcs  branchiaux  vrais, entre  lesquels  on  voit  les  fentes  branchiales  (7 —  F); 
S,  évent;  C,  corde  dorsale;  W,  W,  corps  des  vertèbres;  V,  nerf  trijumeau;  1,  2,  3,  ses  trois  branche» 
principales  ;  Rp,  son  rameau  palatin  ;  VII,  nerf  facial  ;  Rp^,  son  rameau  palatin  ;  IX,  nerf  glosso-pharyn- 
gien  ;  A',  nerf  vague. 

proximale  du   premier   arc  branchial  (arc  mandibulaire),  porte  le  nom 
à.'h]]omandibulaire. 

Le  carré,  qui  sert  de  suspenseur  à  la  mâchoire  inférieure,  tantôt  reste 
séparé  du  crâne,  avec  lequel  il  est  articulé,  c'est-à-dire  n'est  uni  avec 
lui  que  par  du  tissu  conjonctif,  tantôt  se  soude  et  fait  corps  avec  lui. 


SQUELETTE 


67 


L'arc  hyoïdien,  quia  toujours  des  connexions  très  étroites  avec  l'arc 
mandibulaire,  et  qui  peut  aussi  concourir  à  former  l'appareil  suspen- 
seur  de  celui-ci,  se  divise,  comme  les  arcs  branchiaux  vrais,  en  une  série 
de  pièces  (Poissons),  désignées  de  haut  en  bas  sous  les  noms  de  symplec- 


Fig.  60.  —  Appareil  suspens  eur  des  Vertébrés,  en  grande  partie  d'après  Gegenbaur.  Dessin  demi-schéma- 
tique. A,  Notidanides.  B,  les  autres  Squales.  C,  Torpille.  D,  Poissons  osseux.  E,  Amphibieiis,  RejJtiles, 
Oiseaifx,  F,  Mammifères. 

M,  cartilage  de  Meckel  ;  PQ,  palato-carré;  H'>n,  hyomandibulaire;  hy,  arc  hyoïdien  au  sens  restreint  ; 
Sy,  symplectique  ;  Q,  carré,  qui  chez  les  Mammifères  se  divise  en  Q  et  Qi  (marteau  et  enclume).  Tous 
deux  sont  situés  dans  la  caisse  du  tympan  (P).  7(',  apophyse  styloïde  unie  par  le  ligament  stylo-hyoïdien 
pointillé  avec  la  petite  corne  de  l'os  hyoïde  {h)\  b,  grande  corne,  et  c,  corps  de  l'os  hyoïde  des  Mammi- 
fères. 

tique  et  àliyoïde  (fîg.  60  A — D,  Hm,  Sy,  hy).  Du  côté  ventral,  sur  la 
ligne  médiane,  un  basihyal  fonctionne  comme  copule  ;  il  peut  s'ossifier 
et  s'enfoncer  dans  la  langue,  oii  il  constitue  l'os  entoglosse. 


C    —    Os    DU    SQUELETTE    CÉPHALIQUE 

On  distingue  deux  sortes  d'os  génétiquement  différents.  Les  uns  se 
développent  au  milieu  de  la  substance  cartilagineuse,  les  autres  à  sa 
périphérie  dans  le  périchondre  ou  même  tout  à  fait  indépendamment 
du  cartilage  en  des  points  du  crâne  qui  sont  restés  membraneux.  Dans 
d'autres  cas  il  n'y  a  pas  formation  d'os,  mais  seulement  incrustation 
calcaire  du  cartilage  (cartilage  calcifié). 

Les  os  qui  se  développent  dans  les  parties  membraneuses  du  sque- 
lette ou  dans  le  périchondre  doivent  être  considérés  comme  des  os  der- 
miques, et  par  conséquent  ne  sont  pas  autre  chose,  au  point  de  vue 
génétique  de  même  qu'au  point  de  vue  phylogénique ,  comme  nous 
l'avons  montré  plus  haut,  que  des  formatioins  dentaires.  C'est  de  cette 
façon  que  se  forment  encore  aujourd'hui  chez  les  Poissons  et  les  Amphi- 
biens  les  os  qui  entourent  la  cavité  de  la  bouche,  et  cela  n'a  rien  de 
surprenant  si  l'on  se  rappelle  que  l'épithélium  de  la  cavité  buccale  pro- 
vient d'une  invagination  de  la  peau. 

Ce  mode  primitif  de  développement  des  premiers  os  de  la  tête  est  le  mode 
le  p)lus  ancien  et  en  même  temps  le  plus  répandu  chez  les  Vertébrés  infé- 
rieurs (Poissons).  Et,  lorsque  ces  os  sont  produits  par  un  dépôt  de  sels 
calcaires  qui  apparaît  directement  dans  le  tissu  conjonctif  (sans  forma- 
tions dentaires  préalables),  comme  c'est  le  cas  pour  les  os  de  la  voûte 
du  crâne  chez  tous  les  Vertébrés  à  partir  des  Amphibiens,  c'est  par  suite 
d'une  abréviation  dans  le  développement. 

Les  os  enchondraux,  phylétiquement  plus  récents,  ne  commencent  à  apparaître 
que  chez  les  Reptiles,  tandis  que  chez  les  Amphibiens  l'ossification  périchondraledo- 


Os   DE 

RECOUVREMENT 


68  CHAPITRE    DEUXIÈME 

mine  encore  à  côté  de  ce  mode  primitif  que  nous  venons  de  décrire.  Il  n'est  pas  rare 
que  les  os  enchondraux  et  les  os  de  recouvrement  arrivent  en  contact  et  se  soudent 
entre  eux.  Il  peut  ainsi  arriver  que,  dans  la  suite  des  générations,  un  os  de  recouvre- 
ment remplace  un  os  cartilagineux,  que  la  formation  du  cartilage  disparaisse  complè- 
tement et  que  l'on  n'en  retrouve  même  aucune  trace  dans  le  développement  indivi- 
duel. 

Voici  les  noms  des  principaux  os  du  squelette  céphalique  groupés 
d'après  la  position  qu'ils  occupent  : 

I.  —  Os  de  la  cavité  buccale   (les   uns   sont   situés    dans  la   cavité   buccale, 

les  autres  la  circonscrivent  en  dehors). 

1.  Parasphénoïde. 

2.  Vomer. 

3.  Prémaxillaire  ou  intermaxillaire. 

4.  Maxillaire. 

5.  Jugal. 

6.  Quadrato-jugal  (en  partie]. 

7.  Dentaire. 

8.  Splénial. 

9.  Angulaire. 

10.  Sus-angulaire. 

11.  Coronoïde. 

12.  Palatin. 

13.  Ptérygoïde. 

II.  —  Os  externes  (énumérés  d'avant  en  arrière). 

1.  Prémaxillaire  ou  intermaxillaire. 

2.  Maxillaire  (latéralement). 

3.  Nasal. 

4.  Lacrymal. 

5.  Frontal. 
Os  DE          j    6.  Préfrontal. 

HECOUVREMENT   \     7.     Postfrontal. 

8.  Postorbitaire. 

9.  Sus-orbitaire  ou  squamosal. 

10.  Pariétal. 

11.  Temporal  ou  squamosal. 

12.  Sus-occipital  (en  partie). 

III.  —  Os  cartilagineux. 
1.     Basi-occipital      1  seui^^^ent  ^^ez  les  Amniotes  (où  ils  forment 


1.  Basi-occipital  J  ^     .  ^    i       i 
cv  T3     .      1  '     ••  1  f  Seulement  chez  les  . 

2,  Basi-sphenoide  >  ,     ,  ,         ,     > 
o  n   ■    \        -j  i  la  base  du  crâne). 
à.  Presphenoide  ]  ' 


4.  Occipital  latéral  (sus-occipital  en  partie). 

5.  Prooticum,  Épioticum  et  Opisthoticum,  Sphénoticum  et  Ptéro- 
,  ticum  (capsule  auditive  osseuse). 

/    6.  Orbito-sphénoïde  )  qui  se  développent  dans  le  voisinage   des 

CARTILAGINEUX     \      r-  .i-       u  •        ■•  i  >         4       i    ■       1„ 

)     7.  Alisphenoide  \      trabeculcs. 

8.  Ethmoïde  avec  le  reste  du  squelette  cartilagineux  du  nez  (cloi- 
son, cornets,  etc.). 

9.  Os  carré. 

10.  Articulaire. 

11.  Squelette  viscéral  (en  partie). 


SQL'ELETTR 


69 


Poissons. 

Le  squelette  céphalique  présente  dans  les  différents  groupes  une 
complexité  si  grande  que,  pour  ne  pas  nous  perdre  dans  les  détails, 
nous  devrons  nous  borner  à  en  décrire  les  caractères  généraux. 

Avec  le  cerveau  le  crâne  proprement  dit  fait  défaut  à  I'Amphioxus,  mais 
il  existe  un  squelette  branchial  composé  de  nombreuses  baguettes 
élastiques.  Il  ne  peut  être  question  ici  d'aucun  point  de  rapprochement 
direct  avec  le  squelette  céphalique  d'aucun  Vertébré.  11  n'en  est  pas  de 
même  du  crâne  des  Cyclostomes,  car  son  ébauche  primitive  ne  diffère  pas 
essentiellement  de  celle  que  nous  avons  tracée  plus  haut  à  grands  traits 
pour  l'ensemble  des  Vertébrés.  Plus  tard,  par  suite  du  mode  d'existence 
parasitaire  de  ces  animaux,  sa  conformation  présente  des  particularités 
si  nombreuses,  qu'il  occupe  une  situation  tout  à  fait  à  part.  Ce  qui  le 


Fig.  61.  —  Squelette  céphalique  du  Petromyzon  Planeri.  Lb,  cartilage  labial;  H,  cartilage  annulaire 
de  la  bouche;  A,  B,  C,  trois  autres  pièces  de  la  bouche;  ZB,  hyoïde;  Na,  orifice  externe  du  sac 
nasal  (N)\  Tr,  trabécules;  PQ,  palato-carré;  Ig,  tige  qui  appartient  encore  au  palato-carré  ;  SS,  tube 
crânien  fibreux,  qui  est  coupé  en  arrière  en  3/C (canal  médulaxre);  OB,  vésicule  auditive;  Oh,  arc»  supé- 
rieurs; Kq.  trous  branchiaux;  y,  cul-de-sac  postérieur  de  la  cage  branchiale;  **,  tiges  transversales  de 
laçage  branchiale;  C,  corde. 

caractérise  surtout,  c'est  Vabsence  de  mâchoires  analogues  à  celle  des 
autres  Vertébrés,  et  c'est  pour  cette  raison  que  l'on  a  séparé  ces  Poissons, 
auxquels  on  a  donné  le  nom  de  Cyclostomes,  de  tous  les  autres  Vertébrés 
réunis  dans  un  groupe  unique,  celui  des  Gnathostomes. 

L'appareil  maxillaire  manifestement  atrophié  est  remplacé  chez  la 
Lamproie  adulte  par  un  système  de  plaques  cartilagineuses  imbriquées, 
limitées  en  avant  par  un  cartilage  annulaire  qui  entoure  l'orifice  buccal 
(fîg.  61).  Ce  dernier  présente  sur  sa  face  interne  un  grand  nombre  de 
dents  cornées,  qui  servent  d'appareil  de  fixation.  A  ces  particularités 
s'ajoute  encore  la  présence  d'un  squelette  branchial  compliqué,  situé  tout 
à  fait  superficiellement,  dans  les  téguments,  et  dont  les  différentes  tiges 
ne  sont  pas,  comme  d'ordinaire,  divisées  en  plusieurs  pièces.  Enfin  il 
est  encore  à  remarquer  que  le  sac  nasal  fibro-cartilagineux,  par  suite  du 
mode  particulier  d'alimentation  de  ces  animaux  qui  sucent  leur  nourri- 
ture, est  rejeté  sur  la  face  dorsale,  oii  il  s'ouvre  (adaptation).  Quant  à 
son  ébauche  impaire  voyez  le  chapitre  relatif  à  l'organe  de  l'odorat. 


70 


CHAPITRE    DEUXIEME 


Tandis  que  l'organe  olfactif  des  Lamproies  a  la  forme  d'une  fiole  à  col  court, 
sans  communication  avec  la  cavité  buccale,  chez  les  Myxinoïdes  il  représente  un 
long  tube  soutenu  par  des  anneaux  cartilagineux.  Il  se  distingue  en  outre  essentiel- 
lement de  celui  des  Pétromyzontes  en  ce  qu'il  communique  avec  la  cavité  de  la 
bouche  par  un  long  canal  naso-palatin. 

Le  crâne  des  Sélaciens  offre  à  tous  égards  les  rapports  les  plus  simples 
et  les  plus  faciles  à  comprendre,  de  sorte  qu'il  fournit  le  meilleur  point 
de  départ  pour  étudier  le  squelette  céphalique  de  tous  les  autres  Ver- 
tébrés. Il  représente  une  capsule  membrano-cartilagineuse  d\ine  seule 

pièce,   tantôt    soudée    avec    la 


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i\rri 


Fig..  62.  —  Crâne  de  l'^epiaMc/iMS.  WS,  colonne  verté- 
brale ;;G/if,  capsule  auditive  ;  PF,  apophyse  post-orbi- 
taire;  AjP,  apophyse  antorbitaire  ;  Orh ,  orbite;  R, 
rostre;  iVBr,  capsule  nasale;  -J-,  articulation  du  palato- 
carré  {PQ)  avec  le  crâne  ;  G,  articulation  de  la  mâchoire 
inférieure;  Ma-,  mandibule;  Z,  dents. 


colonne  vertébrale  [Squalides), 
tantôt  articulée  avec  elle  {Raies 
et  Chimères). 

Nulle  part  il  ne  se  développe 
encore  de  véritables  os,  mais 
le  palato-carré  ainsi  que  la  mâ- 
choire   inférieure    portent    de 
nombreuses  dents  (fîg.  62,  Z). 
Les  sacs  olfactifs  sont  situés 
latéralement  et  en  dessous  dans 
la  région  nasale,  qui  est  souvent 
très  prolongée  en  avant  pour 
constituer  un    rostre.   Celle-ci 
est  séparée   de  la  cavité   crâ- 
nienne   par   une    lame   criblée 
fibreuse.  Derrière  elle  se  trouve 
la  fosse  orbitaire  profonde  (fig.  62,  Orb),  à  laquelle  fait  suite  enfin  la 
région  auditive  {GK)  très  étendue,  dans  laquelle  on  aperçoit  par  trans- 
parence les  canaux  demi-circulaires  de  l'appareil  auditif. 

Le  palato-carré  [PQ]  n'est  en  général  uni  que  par  des  ligaments  au  crâne  ainsi 
qu'à  Yhyom,andibulairc,  qui  peut  servir  de  suspenseur  à  tout  l'appareil;  mais  chez  les 
Chimères  il  est  entièrement  soudé  avec  lui  (de  là  le  nom  d'Holocéphales).  Sur  le  bord 
antérieur  de  l'hyomandibulaire  se  trouve  une  fente,  ou  évent  (spiraculum),  qui 
donne  entrée  dans  la  cavité  buccale;  dans  le  voisinage  de  celui-ci  on  peut  apercevoir 
parfois  les  traces  de  la  branchie  de  févent  qui  existait  jadis  et  qui  était  située  sur  une 
lamelle  cartilagineuse  bordant  en  avant  l'évent  [cartilage  de  févent  ou  spiraculaire). 

On  observe,  dans  la  série  des  Sélaciens,  des  indices  d'un  processus  d'assimilation, 
dans  la  région  occipitale,  c'est-à-dire  que  l'on  peut  reconnaître  que,  dans  certains  cas, 
dans  le  cours  du  développement  les  premières  vertèbres  se  fusionnent  avec  le  crâne. 
On  constate  aussi  le  même  phénomène  de  coalescence  chez  les  Ganoïdes,  les  Dip- 
noïques  et  les  Téléostéens.  Cette  partie  du  crâne,  qui  est  une  acquisition  secondaire, 
a  donc  une  signification  morphologique  distincte  de  celle  du  reste  du  crâne  phyléti- 
quement  plus  ancien  et  soumis  à  des  lois  évolutives  toutes  difTérentes  (Gegenbaur). 

Le  squelette  branchial,  toujours  très  développé,  présente  de  nom- 
breuses modifications  caractérisées  par  des  segmentations  secondaires  et 
des  fusions  de  différentes  pièces.  Sur  le  bord  externe  des  arcs  branchiaux 
se  développent  des  rayons  cartilagineux  qui  servent  de  soutien  aux  sacs 


SQUELETTE  71 

branchiaux.  On  les  trouve  aussi  sur  Thyornandibulaire  et  sur  l'hyoïde, 
où  ils  portent  le  nom  de  rayons  hranchiostèges. 

Tandis  que  chez  les  Sélaciens  les  sacs  branchiaux  s'ouvrent  directe- 
ment au  dehors,  chez  les  Chimères  (et  aussi  chez  le  Chlamydoselache) 
leurs  orifices  sont  recouverts  par  un  repli  cutané,  qui  part  du  bord 
postérieur  de  Fhyomandibulaire.  C  est  là  la  première  trace  d'un  opercule, 
que  nous  retrouverons  chez  les  Téléostéens  et  chez  les  Ganoïdes  et  qui 
indique  un  degré  supérieur  de  développement. 

Parmi  les  Ganoïdes  les  formes  chez  lesquelles  le  crâne  primordial 
hyalin,  soudé  avec  la  colonne  vertébrale,  persiste  dans  toute  son  étendue 
sont  les  plus  inférieures.  On  leur  donne  le  nom  de  Ganoïdes  cartilagineux. 
De  même  que  chez  les  Sélaciens,  la  cavité  du  crâne  s'étend  jusque  dans 


Fig.  63.  —  Squelette  céphalique  de  V  Esturgeon,  dont  on  a  enlevé  l'exosquelette.  \VS,  colonne  vertébrale; 
SpN,  trous  pour  le  passage  des  nerfs  rachidiens  ;  Psp,  apophyses  épineuses;  Ob,  arcs  supérieurs; 
C,  corde  dorsale;  GK,  capsule  auditive;  PF,  apophyse  post-orbitaire,  AF,  apophyse  antorbitaire;  Orb, 
orbite;  II,  trou  du  nerf  optique;  x,  trou  du  nerf  vague;  ]Va,  cavité  nasale;  î?,  rostre;  *, arête  saillante 
à  la  base  du  crâne;  Ps,  Ps^,  Ps'',  parasphénoïde;  PQ,  palato-carré;  Qu,  carré;  Md,  mandibule  ;  De, 
dentaire  externe;  Ar,  articulaire;  Hm,  hyomandibulaire;  Sj/,  symplectique  ;  Ih.  interhyal  ;  hy,  hyoïde; 
/ — V.  les  cinq  arcs  branchiaux  avec  leurs  éléments  constitutifs,  le  pharyngo- branchial  bifide  (a),  l'épi- 
branchial  (6),  le  cérato-branchial  (c)  et  l'hypobranchial  {d)\  Cop,  copule  du  squelette  viscéral;  Ri,  côtes. 

la  région  ethmoïdale;  mais  elle  est  séparée  de  cette  dernière  par  du 
tissu  cartilagineux  et  non  pas  par  du  tissu  fibreux.  Le  crâne  est  soudé 
avec  la  colonne  vertébrale  de  façon  à  former  avec  elle  une  masse  carti- 
lagineuse continue,  et  en  même  temps  le  parasphénoïde,  qui  constitue 
la  voûte  de  la  cavité  buccale,  se  prolonge  assez  loin  en  arrière  au-dessous 
de  la  colonne  vertébrale  sous  la  forme  d'une  mince  lamelle  osseuse. 

Bien  que  les  Sélaciens  et  les  Ganoïdes  cartilagineux  présentent  essen- 
tiellement la  même  conformation  du  chondrocrâne,  néanmoins  ces 
derniers  ont  un  degré  d'organisation  incomparablement  plus  élevé  par 
suite  de  la  présence  de  véritables  os,  qui  sous  forme  d'écussons  et  de 
plaques  à  relief  très  variés  recouvrent  en  grand  nombre  la  surface  du 
crâne,  auquel  ils  constituent  une  sorte  de  cuirasse.  On  les  trouve  aussi  en 
partie,  comme  nous  l'avons  indiqué  plus  haut,  dans  la  région  buccale  et 
dans  le  squelette  viscéral.  Des  formations  osseuses  apparaissent  aussi 
dans  Y  opercule,  qui  ici  est  déjà  plus  apparent  que  chez  les  Chimères, 
mais  c'est  seulement  chez  les  Ganoïdes  osseux  et  chez  les  Téléostéens 


72 


CIIAIMTRK    DEUXIEME 


Tmjc 


qu'elles  atteignent  tout  leur  développement;  elles  forment  une  série  de 
pièces,  auxquelles  on  donne  les  noms  à' operculaire ,  préojjerculaire,  soiis- 
operculaire  et  à'interoperculaire. 

Tout  Y  appareil  palato-mandibulaire,  qui  n'est  que  très  lâchement  uni 

à  la  base  du  crâne  par  l'intermédiaire 
de  l'hyomandibulaire  et  du  symplec- 
tique  ainsi  que  par  les  ligaments, 
a  un  aspect  très  rudimentaire  (fig.  63, 
Md,Sy,  Hm,  Qu,  PQ). 

Le  squelette  dermique,  qui  ici 
aussi  est  représenté  par  des  forma- 
tions dentaires  ou  par  des  écailles  qui 
dérivent  de  ces  dernières,  prend 
chez  les  Ganoïdes  osseux  un  très  grand 
développement  et  forme  à  la  surface 
du  crâne  une  cuirasse  composée  de 
plusieurs  pièces  (fîg.  64).  Les  forma- 
tions osseuses  ne  sontpas  limitées  à  la 
périphérie,  mais  elles  se  montrent 
aussi  dans  le  squelette  céphalique 
tout  entier,  par  exemple  dans  les 
masses  trabéculaires  et  dans  la  mâ- 
choire inférieure,  de  sorte  que  le 
tissu  cartilagineux  est  fortement  ré- 
duit (1). 

Le  squelette  branchial  des  Ga- 
noïdes se  compose  de  4-5  arcs  bran- 
chiaux plus  ou  moins  ossifiés,  qui 
diminuent  de  grandeur,  d'avant  en 
arrière  comme  chez  les  Sélaciens,  et 
qui,  chez  les  Ganoïdes  osseux,  sont 
entièrement  recouverts,  sur  la  face 
interne  tournée  vers  l'œsophage,  de 
dents  en  brosse. 


Fig.  64.  —  Crâne  de  Polypterits  bichir  vu  par  la 
face  supérieure.  Pma;,  prémaxillaire  ;  Na,  ori- 
fice externe  des  fosses  nasales;  iV,  nasal; 
Sb,  sous-orbitaire  antérieur  ;  Sbi,  sous-orbi- 
taire  postérieur  ;  Orb,  orbite  ;  M,  maxillaire 
supérieur  ;  S^},  spiraculaires  ;  PO,  préopercu- 
laire(?);50,  sous-operculaire  ;  Oj;,  operculaire  ; 
F,  frontal  ;  P,  pariétal  ;  a,  b,  c,  d,  écussons 
osseux  sus-occipitaux.  Les  deux  flèches  situées 
au-deasous  des  pièces  spiraculaires  indiquent 
l'orifice  de  l'évent  à  la  surface  du  crâne. 


A  une  époque  1res  reculée  [silurien, 
dévonien,  carbonifère]  les  Ganoïdes  osseux 
représentaient  seuls  avec  les  Sé/«ciens  toute 
la  faune  ichthyologique  ;  ce  n'est  que  beau- 
coup plus  tard  qu'apparurent  les  Poissons  osseux,  qui,  comme  le  montre  péremptoi- 
rement la  comparaison  avec  VAmia,  dérivent  d'eux.  Ce  n'est  pas  pour  cette  seule 
raison  que  les  Ganoïdes  osseux  offrent  un  grand  intérêt,  mais  aussi  à  cause  de  leur 
proche  parenté  avec  les  Dipnoïques,aivn^ï  qu'avec  les  plus  anciens  yi  mp/izôiens  du  car- 
bonifère et  du  trias,  c'est-à-dire  les  Ganocéphales,  les  Labyrindiodontes  et  les  Stégo- 
céphales.  Nous  reviendrons  plus  loin  sur  ce  sujet  à  propos  des  Amphibiens. 


(1)  VAmia  fait  seul  exception;  chez  lui   le  crâne   primordial  cartilagineux  persiste  dans 
toute  son  étendue. 


SQUELETTE 


73 


Téléostéens.  Ici  nous  rencontrons  les  différences  les  plus  considérables, 
mais  le  crâne  dans  ses  traits  fondamentaux  peut  toujours  être  ramené  à 
celui  des  Ganoïdes  osseux.  D'autre  part  nous  ne  trouvons  aucun  point  de 
rapprochement  avec  les  Amphibiens,  et  nous  devons  considérer  le  groupe 
tout  entier  des  Poissons  osseux  comme  une  branche  latérale  de  Varbre 
généalogique  des  Vertébrés. 

Le  crâne  primordial  cartilagineux  persiste  chez  la  plupart  des  Téléos- 
téens dans  une  étendue  assez  considérable;  la  cavité  crânienne  s'étend, 
comme  dans  tous  les  crânes  que 


nous  avons  décrits  jusqu'ici, 
sous  la  forme  d'un  tube  carti- 
lagineux entre  les  yeux  jusque 
dans  la  région  ethmoïdale,  ou 
est  étranglée  entre  les  deux 
globes  oculaires  et  atrophiée 
(fig.  55  C). 

Lepalato-carré  se  différencie 
et  donne  naissance  à  toute  une 
série  de  plaques  cartilagineuses, 
qu'on  désigne  sous  les  noms 
de  carré,  métaptérygoïde,  méso- 
ptérygoïde,  ptérggoïde  et  pala- 
tin. Dans  la  région  occipitale  et 
dans  la  région  auditive,  ainsi 
qu'à  la  voûte  du  crâne,  se  dé- 
veloppent de  nombreux  os,  que 
nous  ne  pouvons  décrire  ici 
et  pour  lesquels  nous  renver- 
rons aux  figures  65  et  66  A,  B. 


.^? 


T'inJC- 


Fig.  65.  —  Squelette  céphalique  de  la  Truite.  Ep,  épio- 
ticum  ;  Pt,  pteroticum  ;  Sph,  sphenoticum  ;  Os,  occipi- 
tal supérieur  (sus-occipital);  P,  pariétal;  F,  frontal; 
Sp.eth,  sus-ethmoïde  ;  Can,  orifice  du  canal  du  nerf  de 
l'odorat  ;  N't,  nasal  ;  Pmx,  prémaxillaire  ;il/,  il/',  maxil- 
laire supérieur  ;  Ig,  jugal  ;  Ms,  mésoptérygoïde  ;  Mtp, 
métaptérygoïde;  o,  o,  o,  anneau  orbitaire  ;  Hni,  hyo- 
mandibulaire  ;  s,  symplectiqiie  ;  Qic,  carré;  Pr,  préo- 
perculaire  ;  lop,  interoperculaire  ;  5o^J,  sous-opercu- 
laire  ;  Op,  operculaire  ;  BsS,  rayons  branchiostèges  ; 
Ar,  articulaire  ;  De,  dentaire  ;  A,  œil. 


Nous  signalerons  la  présence  chez  beaucoup  de  Téléostéens  d'un  canal  situé  dans 
l'axe  longitudinal  de  la  base  du  crâne,  qui  renferme  les  muscles  de  l'œil  et  qui  s'ouvre 
de  chaque  côté,  en  avant  de  la  capsule  auditive. 

Tous  les  os  qui  circonscrivent  la  cavité  buccale,  tels  que  le  vomer,  le 
parasphénoïde,  le  prémaxillaire  (dont  la  présence  et  le  développement 
sont  très  variables)  et  le  7naxillaire  peuvent  porter  des  dents. 

Les  organes  de  Vodorat  représentent,  comme  chez  tous  les  Poissons, 
de  simples  fossettes  creusées  dans  le  cartilage  elhmoïdal  et  ordinaire- 
ment sans  perforation  du  côté  du  palais. 

Outre  l'arc  palato-carré  mentionné  plus  haut,  le  crâne  proprement  dit 
présente  encore  d'autres  dépendances  osseuses.  Ce  sont  des  os  dermiques 
qui  se  développent  autour  de  l'œil  (anneau  orbitaire,  fig.  65,  o,o,o)  et 
dans  l'opercule  (os  operculaires,  Pr,  Op,  Sop,  Jop).  Un  grand  nombre 
de  rayons  branchiostèges  se  forment  dans  l'épaisseur  de  la  membrane 
operculaire.  L'opercule  est  en  rapport,  en  avant,  avec  une  chaîne  osseuse 


74 


CHAPITRE    DEUXIEME 


composée  de  trois  pièces,  Vhyomandlbulaire,  Te  symplectique  et  le  carré, 
qui  sert  d'appareil  siispenseur  pour  la  mâchoire  inférieure  (fig\  65,  Hm, 
s,  Qu).  Ce  dernier  est  formé  par  le  cartilage  de  Meckel  et  par  plusieurs 


CethCuTi 


Oh^  ^^^'J^.  ^^    Ac 

Fig.  6G.  —  Squelette  céphalique  de  la  Truite  (rrossi  :  A,  vu  latéralement  après  avoir  été  débarrassé  de 
tous  les  os  dermiques  des  appareils  maxillaire,  suspeuseur,  ptérygoïde  et  operculaire  ;  B,  la  même 
préparation  coupée  sur  la  ligne  médiane  et  vue  par  la  face  interne. 

Ceth,  cavité  ethmoïdale  ;  Can,  canal  olfactif;  E.eth,  ethmoïde  latéral;  Sor,  cloison  interorbitaire; 
Ac, canal  des  muscles  de  l'œil;  77,  trou  optique,  situé  dans  une  membrane  Mb;  As,  alisphénoïde;  Obs,  or- 
bito-sphénoïde  ;  Si>h,  sphénoticum;  Pro,  Pro^,  prooticum;  Pie,  ptéroticum;  Ep,  épioticum  ;  Ps,  para- 
sphénoïde;  Ps*,  apophyse  de  cet  os,  qui  entoure  latéralement  la  capsule  auditive  et  qui  contribue  à 
former  le  canal  des  muscles  de  l'œil;  Ob,  Ob^,  occipital  basilaire  ;  O.lat,  occipital  latéral  ;  Fou,  fonta- 
nelle; V,  VII,  IX,  X.  trous  qui  livrent  passage  au  trijumeau,  au  facial,  au  glosso-pharyngien  et  au 
vague. 

autres  pièces  osseuses,  dont  la  plus  grande  est  désignée  sous  le  nom  de 
dentaire  (De)  ;  les  autres  sont  appelées  articulaire  (Ar),  angulaire  et  coro- 
noïde.  Ces  deux  dernières  peuvent  faire  défaut. 

Dipnoïques. 

Ce  groupe,  par  la  conformation  du  crâne,  occupe  une  place  intermé- 
diaire entre  les  Chimères,  les  Ganoïdes  et  les  Téléostéens  d'un  côté  et 
les  Amphibiens  de  l'autre.  En  outre  il  présente  des  particularités  qui 
ne  permettent  de  le  rapprocher  directement  ni  des  uns  ni  des  autres. 
Dans  tous  les  cas  les  Dipnoïques  remontent  à  une  époque  très  reculée, 
car  on  les  trouve  déjà  dans  le  i(r/as  etdans  le  carbonifère;  ils  ont  même 
très  probablement  existé  déjà  pendant  la  période  dévonienne. 

Le  crâne  p)rimordial  cartilagineux  persiste  dans  toute  son  étendue 


SQL'ELKTTE 


75 


(Ceratodus)  ou  au  moins  dans  une  étendue  très  considérable  {Protopte- 
rus  (1),  Lepidosh'en).  Les  os  périchondraux  ne  sont  pas  à  beaucoup  près 
aussi  nombreux  que  chez  les  Ganoïdes. 

La  cavité  du  crâne  s'étend  entre  les  deux  orbites,  jusque  dans  la 
région  ethmoïdale,  oii  se  trouve  une  lame  criblée  en  grande  partie  carti- 
lagineuse. 

Le  cartilage  carré,  recouvert  en  dehors  par  un  squamosal(fig.  67,  *S'g), 
fait  corps   avec  le  chondrocràne  ;   Funion   des  deux  j^alato-carrés,  qui 


SE  ^^'^  S^    4 


MK 


XR 


Kn' 


I 
\ 


Fi^.  67.  —  Squelette  céphalique,  ceinture  scapulaireet  membre  antérieur  da  Prol02]teriis.  W,  W,  corps 
des  vertèbres  fusionnés  avec  le  squelette  céphalique;  PsjJ,  Pspi,  leurs  apophyaes  épineuses;  Occ,  sus- 
occipital  avec  les  trous  pour  le  passage  de  l'hypoglosse;  Ob,  vésicule  auditive;  Tr,  trabécules  avec  les 
trous  pour  le  passage  du  trijumeau  et  du  facial;  FF,  fronto-pariétal  ;  Ht,  fontanelle  membraneuse, 
présentant  un  trou  pour  le  nerf  optique  (//);  -S7l,os  tendineux;  SE.  sus-ethmoïde;  NK,  capsule  nasale 
cartilagineuse  ;'Ai^,  apophyse  antorbitaire  (le  cartilage  labial,  qui  a  la  même  position  et  la  même  direc- 
tion, n'a  pasété  représenté);  P£^, palato-carré,  qui  enPQise  réunit  avec  celui  du  côté  opposé;  Sq,squa.- 
mooal  recouvrant  le  carré;  AA,  articulaire  réuni  par  un  ligament  fibreux  (B)  avec  l'hyoïde  (Hy);  D, 
dentaire  externe  ;  ff,  portion  libre  du  cartilage  de  Meckel  présentant  des  saillies;  SL,  bande  d'émail  ; 
a,  b,  deux  dents;  Op,  Op^,  os  operculaires  rudimentaires;  I — VI,  les  six  arcs  branchiaux;  KR,  côte  cé- 
phalique; LK,  MK,  lamelles  osseuses  latérale  et  médiane  engainant  le  cartilage  scapulaire  (Kn,  Kn^); 
co,  ligament  fibreux  qui  réunit  l'extrémité  supérieure  de  l'épaule  au  crâne  ;  a;,  tête  articulaire  de  la 
ceinture  scapulaire  qui  s'articule  avec  le  segment  basilaire  (6)  du  membre;  **,  rayons  latéraux  rudi- 
mentaires (type  bisérié);  1,  2,  3,  les  trois  segments  suivants  du  membre. 

s'accolent  en  avant,  au-dessous  de  la  base  crânienne,  avec  le  crâne  est 
aussi  très  intime  (fîg.  67,  PQ). 

Les  capsules  nasales,  constituées  par  du  cartilage  hyalin  et  percées 
de  nombreuses  fentes,  sont  situées  de  chaque  côté  de  la  pointe  du  museau 
{NK).  La  cavité  nasale  présente,  en  arrière,  des  ouvertures  percées  dans  le 
jdalais;  cest  là  une  disposition  qui  caractérise  tous  les  Vertébrés  à  partir, 
des  Dipnoïques. 

La  région  occipitale  du  crâne,  avec  laquelle  se  fusionnent,   comme 


(1)  Dans  ce  cas  les  fontanelles  sont  recouvertes  en  haut  par  les  fronto-pariétaux  et  en  bas 
par  le  parasphénoïde. 


76  CHAPITRE    DEUXIÈME 

nous  l'avons  indiqué,  les  premières  vertèbres  (W,  W^),  est  entièrement 
soudée  avec  la  colonne  vertébrale. 

Les  dents  revêtues  d'émail  sont  comparables  à  des  lames  tran- 
chantes. 

Vojjercule  et  les  rayons  hranchiostèges  sont  à  peine  développés,  et 
les  5  {Ceratodus)  à  6  {Protopterus)  arcs  branchiaux  cartilagineux  sont 
aussi  très  rudimentaires. 

La  mâchoire  inférieure,  très  forte,  se  compose  d'un  articulaire,  d'un 
dentaire  et  d'un  angulaire.  En  avant  du  dentaire  le  cartilage  de  Meckel 
est  visible  sur  une  certaine  étendue  (fig.  67). 

Il  y  aurait  un  grand  intérêt  à  connaître  le  développement  de  la  tête  des  Diptioïques ; 
cela  nous  permettrait  d'éclairer  bien  des  points  qui  nous  paraissent  jusqu'ici  énigma- 
tiques,  par  exemple  d'établir  la  signification  des  côtes  céphaliques  (fig.  67,  KR). 

Amphibiens. 

Urodèles.  Le  squelette  céphalique  des  Amphibiens  Urodèles  se  dis- 
tingue principalement  de  celui  des  Poissons  par  des  caractères  négatifs: 
en  premier  lieu  par  le  moindre  développement  des  parties  cartilagineuses, 
en  second  lieu  par  le  nombre  moins  considérable  des  os.  Bref  partout  la 
conformation  est  bien  plus  simple.  Cela  est  surtout  vrai  pendant  la  phase 
larvaire  (fîg.  68),  dans  laquelle  le  crâne  cartilagineux  joue  encore  un 
très  grand  rôle  et  où  la  division,  que  nous  avons  établie  plus  haut  dans 
le  crâne  des  Vertébrés  en  général,  en  région  auditive,  région  nasale  et 
région  orbitaire  apparaît  de  la  manière  la  plus  manifeste.  Les  capsules 
auditives  (OB),  réunies  sur  la  ligne  médiane  en  dessus  et  en  dessous 
par  deux  commissures  cartilagineuses  (sus-occipitale  et  basi-occipitale, 
fîg.  68-70,  Osp  eiB]})])\us  tard  ossifiées  (plusieurs  centres  d'ossification), 
présentent  une  particularité  très  importante,  que  nous  n'avons  pas  ren- 
contrée chez  les  Poissons  ;  elles  sont  percées  d'une  ouverture  dirigée 
en  bas  et  en  dehors,  la  fenêtre  ovale  (fîg.  68  et  69,  Fov),  fermée  par  une 
plaque  cartilagineuse,  Vétrier  (St).  Nous  aurons  à  y  revenir  quand  nous 
traiterons  de  l'anatomie  de  l'organe  auditif.  Les  canaux  demi-circulaires 
sont  souvent  très  saillants  extérieurement. 

Sur  la  circonférence  inférieure  du  trou  occipital  se  développent,  chez 
tous  les  Amphibiens  sans  exception,  deux  condyles,  qui  s'articulent  avec 
la  première  vertèbre  (fig.  68-70,  Cocc). 

Les  grandes  capsules  nasales,  composées  en  grande  partie  de  cartilage 
(fig.  68,  Na),  sont  réunies  aux  capsules  auditives  par  les  trabécules  minces 
{Tr),  qui  forment  les  parties  latérales  du  crâne,  et  qui  laissent  entre  elles 
un  grand  espace  fermé  en  dessus  par  le  frontal  et  \e pariétal  (fig.  69,  F,  P) 
et  en  dessous  par  le  parasphénoïde  garni  parfois  de  dents  en  brosse 
(fig.  68  et  70,  Ps).  En  avant  de  celui-ci  est  situé  le  vomer  (Vo)  qui 
entoure  les  orifices  postérieurs  des  fosses  nasales  et  qui,  chez  l'animal 
adulte,  est  soudé  avec  le  palatin  mince  et  grêle  accolé  à  la  face  inférieure 
du  parasphénoïde  (fig.  70,  Vop).  Ce  sont  là  des  rapports  qui  ne  se  sont 


SQUELETTE 


77 


établis  que  secondairement,  car  chez  la  larve  il   existe   encore  un  arc 
palato-carré  ou  ptéry go-palatin  typique  (fig.  68,  Pt,  Ptc,  PI).  Mais  ce 


Fig.  68.  —  Crâne   d'un  jeune  Aocolotl.  Face  inférieure. 

Fig.  69.  —  Crâne  de  Salamandâ'a  atra  adulte. 
Face  supérieure. 

Fig.  70.  —  Crâne  de  Salamandra  atra  adulte. 

Face  inférieure. 
TV,  trabécules  ;  02?,  vésicules  anditives  ;  Fov,  fe- 
nêtre ovale,  qui  d'un  côté  est  fermée  par  l'étrier  (St)  ; 
Lgt.  appareil  ligamentaire  entre  ce  dernier  et  le  sus- 
penseur  de  la  mâchoire  inférieure  ;  Cocc,  condyles  occi- 
pitaux ;  Bp,  lame  basilaire  cartilagineuse  entre  les  deux 
vésicules  auditives  ;  Osp,  partie  dorsale  du  cartilage 
occipital  ;  IN,  lame  internasale  avec  ses  prolongements 
latéraux  (  tP,  AF)  qui  limitent  les  arrière-narines  ; 
JVK,  capsule  nasale  ;  Can,  cavité  nasale  ;  Na,  narines  ; 
FI,  trou  pour  le  passage  des  nerfs  olfactifs  ;  Z,  prolon- 
gement linguiforme  de  la  lame  internasale,  qui  forme 
le  toit  de  la  cavité  nasale  (Ci)  ;  Qu,  carré  ;  Ptc,  ptéry- 
goïde  cartilagineux  ;  Pot,  Pa  et  Ped,  apophyse  otique, 
apophyse  ascendante  et  pédicule  du  carré  ;  Ps,  parasphé- 
noïde  ;  Pt,  ptérygoïde  osseux  ;  Vo,  vomer  ;  PI,  palatin 
Pp,  apophyse  palatine  de  ce  dernier;  Vop,  voméro- 
palatin  ;  Pmx,  prémaxillaire  ;  M,  maxillaire  ;  Os,  orbito- 
sphénoïde  ;  As,  alisphénoïde  ;  N,  nasal  ;  Pf,  préfrontal, 
traversé  en  D  par  le  canal  lacrymal  ;  F,  frontal  ;  P,  pa- 
riétal -jSqu,  squamosal;//,  trou  du  nerf  optique  ;  V,  trou 
du  trijumeau  ;  VII,  trou  du  facial  ;  Rt,  point  où  le  ra- 
meau nasal  du  trijumeau  pénètre  dans  la  capsule  nasale. 


Ci'cc  Osp 


dernier  prend  plus  tard  une  direction  toute  difîérente,  comme  on  peut 
s'en  assurer  en  compai-ant  les  figures  68  et  70. 

La  lame  criblée  est  tantôt  cartilagineuse  comme  chez  \di  Salamandre, 
tantôt  membraneuse  comme  chez  la  plupart  des  Salamandrines  {Triton). 
Dans  d'autres  cas  encore  {Salamandrina  perspicillata,  Proteus,  etc.)  la 
cavité  crânienne  est  fermée  en  avant  par  les  frontaux  qui  ont  subi  dans 
ce  but  certaines  modifications. 

En  dehors  du  vomer  est  situé  le  maxillaire  supérieur  (fig.  68-70,  M) 


78 


CHAPITRE    DEUXIEME 


et  en  avant  V intermaxillaire  (Pmx),  qui  renferme  ordinairement  dans 
son  intérieur  une  cavité  ou  qui  au  moins  concourt  à  la  limiter.  I.'inter- 
maxillaire  remonte  sur  la  face  supérieure  du  crâne  jusqu'à  la  rencontre 
(\\i7îasal,  auquel  fait  suite  en  arrière  le  préfrontal  (fig.  69,  TV,  Pf). 

V appareil  suspenseitr  de  la  mâchoire  inférieure  est  incomparablement 
plus  simple  que  chez  les  Poissons,  comme  le  montre  la  figure  schéma- 
tique 60  E.  Vhyomandibulaire  et  le  symplectique  paraissent  ne  plus  se 
développer,  même  pendant  la  période  embryonnaire  (peut-être  la  tige 
de  Fétrier  correspond-elle  à  l'hyoniandibulaire),  et  l'appareil  suspenseur 

se  compose  seulement  du  carré,  qui  se 
soude  secondairement  au  crâne  et  sur 
lequel  se  développe  un  os  de  recouvre- 
ment, le  squamosal  (fig.  68-70,  Qu, 
Squ). 

Pour  le  squelette  viscéral,  voyez  plus 
loin. 


Fig.  71.  —  Crâne  restauré  de  Stégosaurien, 
d'après  Fritsch.  Pmx,  prémaxillaire  ; 
M,  maxillaire  supérieur  ;  N,  nasal  ;  JVa, 
narine  ;  F,  frontal  ;  Pf,  préfrontal  ;  P,  pa- 
riétal ;  Fp,  trou  pariétal  ;  Socc,  sus-occi- 
pital ;  Br,  appareil  branchial  ;  Oc,  anneau 
osseux  de  la  sclérotique. 


Le  crâne  exlrêmement  rigide  et  solide  des 
Gymnophiones  rappelle  celui  des  Amphibiens  fos- 
siles du  carbonifère.  Il  se  rapproche  aussi  à 
plusieurs  égards  de  celui  des  Anoures  et  présente 
un  1res  grand  intérêt  principalement  à  cause  de 
la  structure  très  compliquée  des  capsules  nasales 
(voy.  l'organe  olfactif). 

Jadis  le  crâne  des  Urodèles,  comme  par 
exemple  celui  des  Labyrinlhodontes  et  des  Gano- 
céphales,  était  recouvert  par  un  nombre  bien  plus 
considérable  de  plaques  osseuses  et  il  existait 
généralement  dans  la  suture  interpariétale  un 
trou  en  rapport  avec  la  glande  pinéale  ou  avec  Vœil  pariétal,  semblable  à  celui  que 
l'on  observe  chez  les  Lacertiliens  actuels  (fig.  71)  (comp.  le  cerveau  des  Reptiles). 

En  dedans  de  l'orbite  on  trouve  fréquemment  un  anneau  sclérotique  osseux^  sem- 
blable à  celui  que  possédait  Vlchlhyosaurus  et  qui  existe  chez  les  Oiseaux  et  chez  une 
partie  des  Reptiles  actuels.  Si  l'on  considère  le  grand  nombre  des  os  de  la  tête  dans 
les  genres  éteints  des  Amphibiens  (comme  chez  les  Ganoïdes  osseux)  ainsi  que  leurs 
dimensions  souvent  colossales  (il  en  est  dont  le  crâne  mesure  jusqu'à  trois  et 
quatre  pieds  de  long),  on  est  forcé  d'admettre  que  les  Amphibiens  actuels,  comme 
nous  l'avons  déjà  constaté  pour  les  Reptiles,  ne  sont  que  les  faibles  rejetons  d'un 
groupe  autrefois  très  développé. 

Anoures.  Le  crâne  des  Anoures  présente  au  premier  abord  une 
grande  ressemblance  avec  celui  des  Urodèles  actuels  ;  mais  son  dévelop- 
pement est  essentiellement  différent  et  beaucoup  plus  compliqué  et  ne 
permet  pas  de  le  faire  dériver  directement  de  ce  dernier,  ce  qui  montre 
que  la  /orme  ancestrale  commune  doit  être  recherchée  à  une  époque 
géologique  très  reculée. 

Pendant  la  période  larvaire  l'animal  possède  une  bouche  disposée 
pour  sucer,  soutenue  par  des  cartilages  labiaux  et  munie  de  dents  cornées; 
ce  qui  est  plus  important,  c'est  la  présence  d'une  cavité  tympanique 
membrano-cartilagineuse,  fermée  en  dehors  par  une  membrane  du  tympan, 


SQUELETTE 


79 


et  communiquant  en  dedans  avec  la  bouche  par  la  trompe  d'Eustache 
(voir  r organe  auditif). 

Le  crâne  tout  entier  des  Anoures  forme  à  Tétat  embryonnaire  une 
masse  cartilagineuse  continue,  sauf  en  certains  points  très  limités  de  la  face 
supérieure,  et  par  suite,  au  début,  toute  la  région  ethmoïdale  est  carti- 
lagineuse. Au  point  d'émergence  des  nerfs  olfactifs  il  se  développe  une 
zone  osseuse  en  forme  de  ceinture  (os  en  ceinture,  Cuvier),  qui  est  carac- 
téristique du  crâne  des  Anoures. 

Les    Gymnophiones  présentent  jxr^^"'^ 

d'ailleurs  une  disposition  sem- 
blable. 

Dans  le  crâne  complètement 
développé  les  os  ne  sont  pas 
aussi  nombreux  que  chez  les 
Urodèles,  car  les  frontaux  et 
les  pariétaux  se  soudent  en 
général  de  chaque  côté  pour 
former  une  seule  lame  osseuse, 
le  fronto-pariétal. 

Les  brandies  de  la  mâchoire 
supérieure  s'étendent  beaucoup 
plus  en  arrière  que  chez  les 
Urodèles  et  sont  unies  au  moyen 
d'une  petite  pièce  intermédiaire 
(quadrato-jugal)  àl'appareil  sus- 
penseur  de  la  mâchoire  infé- 
rieure (fîg.  72,  Qjg)-  Quant  aux 
rapports  des  os  qui  limitent  la 
cavité  buccale  nous  renverrons 
à  la  figure  72. 

L'appareil  VISCÉRAL  des  Amphibiens  subit,  sauf  à  la  mâchoire  inférieure, 
des  modifications  nombreuses.  Dans  sa  forme  fondamentale,  telle  que 
nous  l'observons  chez  la  larve  (fîg.  73  A),  il  se  compose  de  cinq  paires 
d'arcs.  La  paire  antérieure  est  constituée  par  Yhyoïde  divisé  en  deux 
pièces  (fîg.  73  A,  HpH,  KeH),  puis  viennent  en  arrière  quatre  arcs  bran- 
chiaux vrais,  qui  se  divisent  également  chacun  en  deux  pièces  [Kebr  I, 
II,  Epbr  I,  II).  Les  deux  derniers,  beaucoup  plus  petits,  ne  sont  formés 
que  d'une  seule  pièce  [Epbr  III,  IV).  Toutes  ces  paires  d'arcs  sont  réunies 
sur  la  ligne  médiane  par  une  copule  simple  ou  formée  de  deux  pièces 
(fig.  73  A,  Bbr  I  et  Bbr  II).  A  la  fin  de  la  phase  larvaire,  c'est-à-dire  à 
la  fin  de  la  période  de  respiration  branchiale,  les  deux  paires  d'arcs  pos- 
térieurs disparaissent  complètement,  et  les  antérieures  changent  de 
forme  et  de  position  et  s'ossifient  même  plus  ou  moins  (fig.  73  B,  C). 

Dans  le  genre  Spelerpes,  où  il  existe  une  langue  protraclile,  la  pièce  latérale  (dor- 
sale) du  premier  arc  bi*anchial  vrai,  le  premier  épibranchial,  se  prolonge   en  un  très 


Fig.  72.  —  Face  inférieure  du  crâne  de  Rana  esculenla, 
d'après  Ecker.  Sur  un  des  côtés  les  os  dermiques  ont 
été  enlevés.  Cocc,  condyles  occipitaux  ;  Olat,  occipital 
latéral  ;  GK,  capsule  auditive  ;  Qu,  carré  ;  Qjg,  quadrato- 
jugal  ;  Pro,  prooticum  :  Ps,  parasphénoïde  -jAs,  alisphé- 
noïde  ;  Pt,  ptérygoïdien  osseux;  PP ,  palato-carré  ; 
FP,  fronto-pariétal;  E,  ethmoïde  (os  en  ceinture); 
Pal,  palatin  ;  Vo,  vomer  ;  M,  maxillaire  supérieur  ; 
Pmx,  prémaxillaire  ;  JV^Vf,  charpente  cartilagineuse  du 
nez  ;  II,  V,  VI,  trous  pour  le  passage  du  nerf  optique, 
du  trijumeau  et  du  moteur  oculaire  externe. 


80 


CHAPITRE    DEUXIEME 


long  filament  cartilagineux,  qui  s'étend  loin  en  arrière  sous  la  peau  du  dos  (Wieders- 
heim). 

V appareil  hyoïdien  et  branchial  subit  chez  les  Anoures  une  atrophie 
considérable,  et  pas  plus  que  pour  les  Urodèles  il  n'est  possible  de  rien 
affirmer  sur  la  persistance  de  Yhyomandibulaire.  Il  n'est  d'ailleurs   pas 


JShrl 


WpJL 


^"         jEpbrl 


FfplrJL-W. 
JBbii:EII 


Oth 


-E/tlrl 


Km 


-Hjeir 


"Ephrl 


Fig.  73.  —  Appareil  des  arcs  hyoïdes 
et  branchiaux  des  Urodèles. 

A,  Aûcolotl(Siredonpisciformis);  B,Sala- 
mandramaculata ;  C,  Triton  cristalus! 
D,  Spelerpes  fusons. 

Bbr  I,  II,  premier  et  deuxième  basi- 
branchial  ;  KeH,  cérato-hyal  ;  HpH,  hy- 
pohyal;  Kebr  I,  II,  premier  et  deuxième 
cérato-branchial;  £'j96rj— /F,  premier, 
deuxième,  troisième  et  quatrième  épi- 
branchial;  KH,  KH^,  paire  antérieure 
et  paire  postérieure  des  petites  cornes 
de  l'hyoïde;  0,th,  os  thyroïde;  G,th, 
glande  thyroïde. 


impossible,  comme  nous  l'avons  déjà  indiqué,  que  la  cohmiellene  corres- 
ponde à  ce  dernier.  Une  grande  portion  du  système  des  arcs  branchiaux 
disparaît,  mais  ses  parties  basilaires  se  fusionnent  pour  former  une  large 
plaque  cartilagino-osseuse,  située  sur  le  plancher  de  la  bouche.  Les 
prolongements  qu'elle  présente  correspondent  en  partie  à  Varc  hyoïdien, 
dont  l'extrémité  proximale  se  fixe  en  dehors  sur  la  capsule  auditive,  en 
partie  aux  quatre  arcs  branchiaux.  Pour  les  détails  je  renverrai  à  la 
figure  74. 

Les  Stégocéphales  du  carbonifère  possédaient  déjà  le  même  nombre 


SQUELETTE  81 

d'arcs  branchiaux  que  les  larves  des  Urodèles  actuels,  et  il  est  intéressant 
de  pouvoir  démontrer  que  ces  animaux  subissaient  déjà  une  métamor- 
phose, c'est-à-dire  qu'ils  arrivaient  à  acquérir  des  poumons.  Tel  est  le 
cas,  par  exemple,  pour  le  Branchiosaurus.  Ce  n'est  qu'après  sa  méta- 
morphose que  se  développait  complète- 
ment la  cuirasse  dermique  caractéristique, 
qui  était  à  peine  ébauchée  chez  la  larve 
(Gredner) . 

Reptiles. 

Autant  les  rapports  de  parenté  sont 
étroits  entre  le  crâne  des  Reptiles  et  celui 
des  Oiseaux,  autant  est  profond  l'abîme 
qui  le  sépare  de  celui  des  Amphibiens  et 
des  Mammifères. 

Le  crâne  primordial  cartilagineux,  sauf 
dans  la  région  naso-ethmoïdale,  est  presque 
entièrement   refoulé  et  remplacé  par  de 
la  substance  osseuse  qui  se  développe  dans  toute  l'étendue  du  squelette 
céphalique.  Chez  les  Sauriens  seuls  (principalement  chez  VHatteria)  il 
persiste  parfois  encore  dans   une  assez  grande  étendue.  Bref,  le  carac- 
tère   du   squelette    céphalique     des   Reptiles, 
c'est    d'être    osseux,     solide,   souvent  même 
presque  éburnéen. 

La  cavité  crânienne  s'étend  chez  les  Ophi- 
diens et  les  Amphisbènes  en  avant,  entre  les 
orbites,  jusque  dans  la  région  ethmoïdale  ;  chez 
les  Lacertiliens ,  les  Chéloniens  et  les  Crocodi- 
liens,  qui  possèdent  une  cloison  interorhitaire 


Fig.  74.  —  Appareil  des  arcs  hyoïde  et 
branchiaux  du  Bombinator  igneus. 
BP,  plaque  basilaire  avec  du  cartilage 
calcifié  KK;  hy,  hyoïde  ;  I — IV Bb,  pre- 
inier  à  quatrième  arc  branchial. 


membrano-cartilaffineuse ,  traversée 


les 


Ci/ce 

Fig.  75.  • —  Crâne  de  Lacerta  agiiis 


.^........,   .........    par 

nerfs  olfactifs,  elle  s'arrête  très  en  arrière. 
(Voir  le  chapitre  relatif  au  crâne  des  Téléos- 
téens.) 

Le  parasphénoïde,  os  de  recouvrement 
situé  sur  la  voûte  de  la  cavité  buccale,  qui 
joue  un  si  grand  rôle  chez  les  Poisso7is  et  les 
Amphibiens,  commence  à  disparaître.  A  sa 
place  se  montre  dans  la  base  du  crâne  une 
série    d'os  préformés    à   l'état    de    cartilage, 

auxquels  on  donne  d'arrière  en  avant  les  noms  de  basi-occipital,  basi- 
sphénoïde  et  présphénoïde.  Tandis  que  l'articulation  du  crâne  avec  la 
colonne  vertébrale  a  lieu  à  l'aide  de  deux  condyles  chez  les  Amphibiens, 
ici  il  n'existe  qu  un  seul  condyle  formé  d'ailleurs  de  trois  parties. 

A  la  voûte  du  crâne  il  se  développe,  comme  chez  les  Téléostéens,  des 
os  nombreux,  mais  par  contre  les  masses  trabéculaires  (alisphénoïde, 
orbito-sphénoïde) ne  jouent  plus  qu'un  rôle  tout  à  fait  secondaire  après  la 

WlEUERSHElM.  '  t) 


CHAPITRE    DEUXIEME 


période  embryonnaire  et  sont  même  remplacées  en  partie,  comme  chez 
les  Serpeiits,  par  des  prolongements  verticaux  inférieurs  des  frontaux  et 
des  pariétaux. 

A  l'état  adulte  les  pariétaux  ne  sont  pairs  que  chez  les  Tortues;  chez 
tous  les  autres  Reptiles  il  n'en  existe  qu'un  seul(l).  Le  trou  pariétal,  dont 
nous  avons  parlé  à  propos  du  crâne  des  Amphibiens  fossiles,  se  retrouve 
aussi  chez  de  nombreux  Sauriens,  par  exemple  chez  les  Lacerta  et 
Auguis{û^.  57,  Fps). 

Quant  aux  rapports  topographiques  des  différents  os  entre  eux,  je 


Fig.  77. 


JP/nje 


Fov 


Fig.  76.  —  Face  inférieure  du  crâne  du  Tropidonotus  natrix, 
Fig.  77.  —  Face  supérieure  du  crâne  du  Tropidonotus  natrix.  Coco,  condyle  occipital;  Os  et  Osp,  occi- 
pital supérieur  ;  01,  occipital  latéral  ;  Fov,  fenêtre  ovale  ;  Pe,  pétreux  ;  P,  pariétal  ;  Fp,  trou  pariétal; 
F,  frontal  ;  F^,  post-orbital  ;  Pf,  prétrontal  ;  Eth,  ethmoïde  ;  JV,  nasal  ;  Pmx,  prémaxillaire  ;  M ,  maxil- 
laire supérieur  ;0,0,  anneau  orbi taire  osseux  (figuré  sur  un  côté  seidement)  ;£^,baii-occipital;Bs,  basi- 
spliénoïde  ;  Ch,  arrière-narines;  Vo,  \om&v  ;  PI,  palatin  ;  P/,  ptérygoïde  ;  Ts,os.  transverte;  Qw,  carré  ; 
Squ,  squamosal;  Slp,  temporal  supérieur  ; /m^,  jugal  ;  Art,  articulaire  ;  A£f,  angulaire  ;  (S'A,  sus-angu- 
laire ;  jbt,  dentaire  ;  //,  trou  du  nerf  optique. 

renverrai  aux  figures  75  à  78.  On  y  retrouvera  le  même  plan  fonda- 
mental que  nous  ont  montré  les  Urodèles.  Quelques,  os  nouveaux  sont 
venus  s'y  surajouter.  Ce  sont  le  postorbitaire  (2),  le  lacry^nal,  une  mince 
baguette  osseuse,  la  columelle  (épiptérygoïde)  (3)  qui  unit  le  pariétal  au 
ptérygoïde  et  enfin  l'os  transverse,  qui  sert  en  quelque  sorte  d'arc-bou- 
tant  entre  le  maxillaire  supérieur  et  le  ptérygoïde  (fig.  75-79,  Ts). 


(1)  Il  en  est  aussi  de  même  des  frontaux  de  plusieurs  Sauriens  et  de  tous  les  Crocodiles. 
Le  prémaxiUaire  est  le  plus  souvent  impair. 

(2)  A  remarquer  aussi  la  présence  autour  de  l'orbite  d'un  anneau  osseux  semblable  à  celui 
des  formes  d'Amphibiens  fossiles  (fig.  75,  0,  0). 

(3)  Uu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  columelle  de  l'oreille. 


SQUELETTE 


83 


Coco 


La  capsule  auditive  présente  ici  aussi  plusieurs  points  d'ossification. 
Outre  la  fenêtre  ovale,  il  existe  aussi  une  fenêtre  ronde,  et  la  cavité  tym- 
panique  communique  dans  la  règle  avec  le  pharynx  par  une  trompe 
d'Eustache.  La  chaîne  des  osselets  de  l'ouïe  estreprésentée  par  la  co^wme^/e 
(columella  auris),  dont  la  portion  distale  provient  de  l'extrémité  supé- 
rieure du  premier  arc  branchial  mandibulaire  (hyomandibulaire) . 

L'appareil  suspenseur  de  la  mâchoire  inférieure  se  compose  unique- 
mentdu  carre,  qui,  tantôt 
n'est  que  lâchement  uni 
au  crâne  (Ophidiens  (1), 
Lacertiliens) ,  tantôt  au 
contraire  y  est  solide- 
ment fixé  (Hatteria,  Ché- 
lonieîis,  Caméléons,  Cro- 
codiliens) . 

Les  dents  sont  très  dé- 
veloppées, et,  comme  chez 
les  Amphibiens,  il  peut  en 
exister  non  seulement  sur 
les  os  maxillaires  pro- 
prement dits,  mais  aussi 
sur  les  palatins  et  les  pté- 
rygoïdes  (fig-.76,  PI,  Pt). 
On  ne  retrouve  plus  chez 
les  Reptiles  de  dents  sphé- 
noïdales  en  brosse.  Les 
Chéloniens  sont  entière- 
ment dépourvus  de  dents;  leurs  os  maxillaires  sont  entourés  sur  leur 
bord  libre  d'un  étui  corné. 

h'Hatteria,  seul  de  tous  les  Reptiles  actuels,  possède  un  vomer  denté,  mais  avec 
une  seule  dent  de  chaque  côté.  Ce  fait  indique  la  haute  antiquité  de  cet  animal; 
comme  du  reste  l'ensemble  de  la  conformation  du  squelette  (G.  Baur). 

Varc  ptéry go-palatin  est  bien  développé  chez  tous  les  Reptiles.  Chez 
les  Ophidiens  et  les  Lacertiliens  il  est  plus  ou  moins  écarté  de  la  base 
du  crâne  et  mobile  ;  chez  les  Chéloniens,  et  encore  plus  chez  les  Croco- 
diliens,  il  est  situé  de  telle  sorte  à  la  base  du  crâne,  quil  est  en  contact 
partiellement  ou  même  en  totalité  avec  son  congénère  sur  la  ligne  médiane. 
Et  comme  les  apophyses  palatines  des  maxillaires  supérieurs  (fig.  79, 7¥) 
s'élargissent  et  viennent  se  rencontrer  sur  la  ligne  médiane  ou  viennent 
à  la  rencontre  des  palatins  {PI),  il  se  forme  ainsi  pour  la  première  fois 


Fig.  78.  —  Crâne  d'un  jeune  Emys  europaea  vu  décote;  Cocc,  con- 
dyles  occipitaux;  01,  occipital  latéral;  Osp,  occipital  supérieur 
qui  forme  ici  une  crête  ;  P,  pariétal  ;  F,  frontal  ;  i^i,  postfrontal  ; 
Pf,  préfrontal  qui  contribue  pour  une  grande  part  à  limiter  en 
avant  la  cavité  de  l'orbite;  /,  orifice  par  lequel  le  nerf  olfactif 
pénètre  dans  la  cavité  najale;  Si,  cloison  interorbitaire  ;  Na, 
narine  ;  iW, maxillaire  supérieur; Pwia:, prémaxillaire ;fi'7f,  gaine 
cornée;  Fo,  vomer  ; /r<Êr,jugal;  Qj^,  quadrato-jugal;  Qt(.,  carré; 
Mi,  membrane  du  tympan  ;  Squ,  squamosal;  Bp,  suture  carti- 
lagineuse entre  le  basi-occipital  et  le  basi-sphénoïde;  Md,  man- 
dibule. 


(1)  Chez  les  Serpents  le  carré  n'est  qu'indirectement  uni  au  crâne,  c'est-à-dire  par  l'in- 
termédiaire du  squamosal  (fig.  76  et  77,  Squ,  Qu).  Il  est  situé  très  en  arrière,  et  par  suite 
aussi  l'articulation  de  la  mandibule  est  également  reportée  très  en  arrière,  de  sorte  que  la 
fente  buccale  des  Serpents  présente  une  largeur  excessive. 


S4  CHAPITRE    DEUXIÈME 

dans  le  crâne  des  Vertébrés  une  seconde  voûte,  distincte  de  la  hase  pro- 
premeni  dite,   sphénoïdale  du  crâne,  et  la  séparant  de   la  cavité  buccale. 

L'espace  situé  entre  cette  voûte  et  la  base 
du  crâne  prolonge  en  arrière  la  cavité 
nasale,  qui  se  différencie  ainsi  plus  nette- 
ment de  la  bouche  et  dont  les  orifices  pos- 
térieurs par  suite  deviennent,  pour  ainsi 
dire,  de  longs  tubes,  qui  s'ouvrent  très 
en  arrière  dans  la  région  basi-occipitale 
(comp.  fig.  72,  83  et  84). 

Chez  les  Crocodiliens,  les  orifices  postérieurs 
des  fosses  nasales  sont  entourés  par  les  ptéry- 
goïdes;  chez  les  Chéloniens  ils  sont  encore  situés 
en  avant  d'eux,  au  point  de  rencontre  du  vomer 
et  du  palatin.  Dans  ce  dernier  cas  les  ptérygoïdes 
ne  prennent  pas  encore  part  à  la  formation  du 
canal  naso-pharyngien.  Il  en  est  de  même  pour 
les  ancêtres  fossiles  des  Crocodiliens,  les  Belodon 
et  Teleosaurus. 

Dans  le  maxillaire  inférieur  se  déve- 
loppe toute  une  série  d'os,  dentaire,  an- 
gulaire, sus-angulaire,  articulaire,  etc. 
(fig.  11,  Dt,  Ac),SA,  Art). 

Vapjjareil  branchial  ne  joue  aucun  rôle 
important  chez  les  Reptiles,  et  cela  se  con- 
çoit, puisqu'à  aucune  phase  de  leur  déve- 
loppement ces  animaux  ne  respirent  par 
des  branchies.  Il  s'atrophie  souvent  au 
point  qu'il  n'en  reste  plus  que  des  traces 
infimes;  c'est  ainsi,  par  exemple,  que 
chez  les  Serpents  Vhyo'ide  seul  persiste  et 
encore  pas  toujours.  Chez  les  Tortues  il 
subsiste  en  outre  une  copule  ainsi  que  le 
premier  arc  branchial  (fig.  80). 

Oiseaux. 

Comme  nous  l'avons  montré  plus  haut, 
le  crâne  des  Oiseaux  a  des  rapports  très 
étroits  avec  celui  des  Rejjtiles,  particuliè- 
rement avec  celui  des  Lacertiliens  ;  néan- 
moins il  existe  entre  les  deux  certaines  différences  qui  méritent  d'être 
spécialement  indiquées. 

Avant  tout  la  capsule  crânienne  présente  un  volume  plus  considé- 
rable, ce  qui  est  en  rapport  avec  le  degré  supérieur  de  développement 
du  cerveau.  Les  os  qui,  à  l'opposé  de  ceux  des  Reptiles,  sont  minces  et 


Fig.  79.  —  Crâne  d'un  jeune  Crocodile. 
Face  inférieure.  Cocc,  condyles  occi- 
p  taux  ;  Ob,  occipital  basilaire  ;  C7t,  ar- 
rière-narines ;  Pt,  ptérygoïde  ;  Orb,  or- 
bite ;  Pi,  palatin  ;  M,  apophyse  palatine 
du  maxillaire  supérieur  ;  Pmx,  pré- 
maxillaire  ;  rs,  os  trans verse ;/Êr,jugal; 
Qj,  quadrato-jugal  ;  Qu,  carré. 


Fig.  80.  —  Appareil  des  arcs  branchiaux 
de  VEmys  europaea.  Co,  copule  avec  de 
petites  cornes  (KH)  ;Hy,&.vc  hyoïdien  ; 
i'',  premier  arc  branchial. 


SQUELETTE  85 

ont  une  structure  spongieuse  (pneumaticité)  ont  une  tendance  à  former, 
par  suite  de  la  disparition  des  sutures,  une  masse  osseuse  continue 
(%.  81A,C)(1). 

Le  condyle  occi-pital  n'est  plus  situé  à  la  face  postérieure  du  crâne, 

B 


Jr^-' 


„  alsstf     ,, 


Fig.  81. —  Squelette  céphalique  du  Canard.  A,  face  supérieure;  B,  face  inférieure;  C,  face  latérale 
(d'après  une  préparation  de  W.  K.  Parker). 
als,  alisphénoïde;  ag,  angulaire;  ar,  articulaire;  a.p.f,  trou  palatin  antérieur;  b.t,  basi-temporal; 
6.0,  basi-occipital;  b.pg,  basi-ptérygoïde  ;  6. s,basi. sphénoïde;  d, dentaire;  e.n,  narine;  eth,  ethmoïde;  e.o 
exoccipital  ;  e.u,  orifice  de  la  trompe  d'Eustache  ;  fr,  frontal  ;  f.'tn,  trou  occipital  ;  i.c,  trou  pour  la  caro- 
tide interne;  j,  jugal;  ?c,  lacrymal  ;  majjJ,  apophyse  palatine  du  maxillaire  supérieur  ;  ma-,  maxillaire 
supérieur;  n,  nasal  ;  n.^jx,  apophyse  nasale  du  prémaxillaire;  px,  prémaxillaire;  p,  pari  étal;  p. s,  pré- 
sphénoïde; pg,  ptérygoïde;  j^h  palatin;  p.n,  arrière-narines;  q,  carré;  qj,  quadrato-jugal;  sq,  squamo- 
sal  ;  s.o,  sus-occipital;  ty,  caisse  du  tympan  ;  v,  vomer;  //,  V,  IX,  X,  XII,  orifices  pour  le  nerf  optique 
le  trijumeau,  le  glosso-pharyngien,  le  vague  et  l'hypoglosse. 


(1)  Le  crâne  des  Pingouins  fait  exception  ;  celui  &&?,  Autruches  présente  aussi  à  ce  point  de  vue 
une  disposition  "^vimiHv  e.VArchaeopleryx  ressemblait  déjà  à  cet  égard  aux  Oiseaux  récents. 


86  CHAPITRE    DEUXIÈME 

c'est-à-dire  dans  le  prolongement  de  la  colonne  vertébrale,  mais  est  rejeté 
en  bas  et  en  avant  sur  la  base  du  crâne,  de  sorte  que  Taxe  du  crâne 
forme  un  angle  avec  celui  de  la  colonne  vertébrale,  disposition  qui  est 
encore  bien  plus  marquée  chez  certains  Mammifères. 

Les  07'bito-sphénoides  eiles,  alisphénoïdes ,  situés  dans  la  zone  trabéculaire, 
sont  plus  développés  que  chez  les  Lacertiliens.  Vos  carré  est  mobile  sur 
le  crâne.  Les  connexions  les  plus  variables  peuvent  exister  entre  la  mince 
arcade  ptéoygo-paJatine  d'une  part  et  le  vomer  impair  (quand  il  existe) 
d'autre  part;  parfois  même  la  soudure  peut  être  complète.  Il  ne  se 
forme  pas  de  voûte  palatine  analogue  à  celle  que  nous  avons  observée 
chez  les  Crocodiliens,  car  les  arcs  palatins  restent  plus  ou  moins  écartés 
l'un  de  l'autre  sur  la  ligne  médiane.  Les  orifices  postérieurs  des  fosses 
nasales  sont  toujours  situés  entre  le  vomer  et  le  palatin. 

Au  sujet  de  l'arcade  malaire  grêle  qui  s'étend  entre  le  maxillaire  supérieur  et  l'os 

carré,  ainsi  que  pour  les  rapports  des  autres  os  entre 
eux,  je  renverrai  à  la  figure  81. 

Ce  que  nous  avons  dit  à  propos  du  crâne  des  Rep- 
tiles sur  la  formation  de  la  capsule  auditive  aux 
dépens  de  plusieurs  centres  osseux  s'applique  éga- 
lement ici;  il  en  est  de  même  des  fenêtres,  de  la 
cavité  tympanique  et  des  trompes  d'Eustache,  à  cela 
près  que  ces  dernières  ont  un  orifice  commun  à  la 
base  du  crâne.  .Tusqu'à  quel  point  Vétrier  ou  la  colu- 
melle  peuvent-ils  être  considérés  comme  homologues 
Fig.  82.  —  Tête  de  V Archaeopteryx      à  la  columelle  dcs  Reptiles,  c'cst  Un  point  que  de  nou- 

lithogravhicus  (d'a-près  Dames).  ,,  i         ,  ±  i        -i      •  i 

^    ^  ^     ^  ^         velles  recherches  pourront  seules  élucider. 

Le  cartilage  ne  persiste  pendant  toute  la  vie  que  dans  la  cavité  nasale, 
dont  les  rapports  morphologiques  nous  occuperont  plus  tard,  quand  nous 
étudierons  l'organe  olfactif. 

Les  fossiles  du  jurassique  et  du  crétacé  montrent  que  les  Oiseaux 
possédaient  autrefois  des  dents  (fig.  82).  Les  Oiseaux  tertiaires  n'en 
présentaient  déjà  plus,  et,  d'après  ce  qu'on  sait  jusqu'ici,  chez  aucun 
Oiseau  actuel  les  dents  n'apparaissent  même  transitoirement  à  l'état 
d'ébauche  dans  le  cours  de  l'ontogénie. 

Chaque  moitié  de  la  mâchoire  inférieure,  composée  primitivement 
d'un  grand  nombre  d'os,  forme  après  la  période  embryonnaire  une  masse 
unique  et  se  réunit  par  synostose  à  son  extrémité  antérieure  avec  sa 
congénère.  Enfin  elle  est  entourée  par  un  étui  corné,  qui  s'étend  aussi 
sur  les  intermaxillaires,  et  qui  remplace  en  partie  les  dents. 

Le  squelette  viscéral  est  très  atrophié  ;  le  premier  arc  branchial  non 
seulement  persiste,  mais  encore  {Pics)  il  peut  prendre  un  très  grand 
développement  et  constituer  deux  apophyses  grêles  excessivementlongues 
qui  se  recourbent  autour  du  crâne  en  arrière  et  en-dessus.  Les  copules 
sont  représentées  par  un  basihyal,  un  P'^  et  un  IP  basibranchial.  Le  pre- 
mier pénètre  dans  la  langue  dont  il  constitue  la  charpente,  sous  le  nom 
d'os  entoglosse. 


SQUELETTE 


Mammifères. 


87 


Dans  ce  groupe  on  observe  une  union  beaucoujo  plus  infime  de  la  partie 
crânienne  et  de  la  partie  viscérale  du  squelette  céphalique  que  dans  aucun 
des  Vertéb?'és  que  nous  avons  étudiés  jusqu  ici.  Lorsque  le  développement 


Fig.  83.  —  Coupes  médianes  à  travers  la  tête  de  la  Salamandra  maculosa  (A),  du  Chelonia  midas  (B) 
et  du  Corvus  corone  (C),  pour  montrer  les  rapports  du  crâne  avec  la  cavité  nasale. 

est  achevé,  toutes  deux,  abstraction  faite  de  Tare  mandibulaire,  semblent 
ne  former  qu'une  seule  et  même  pièce  ;  dans  les  types  supérieurs,  par 
exemple  YHo?mne,  on  distingue  la  face  du  crâne.  Leurs  rapports  sont  tels 
que  plus  on  s'élève  dans  la  série  des  Vertébrés,  plus  la  face  glisse  au- 
dessous  de  la  base  du  crâne,  de  sorte  que  dans  les  formes  supérieures,  par 
suite  de  ce  changement  dans  les  rapports,  ce  qui  était  antérieur  devient 
inférieur,  ce  qui  êidM  postérieur  àeVieni  supérieitr .  La  face,  appartenant 
à  la  sphère  végétative,  n'occupe  plus  dans  le  type  le  plus  élevé,  Y  Homme, 


88  CHAPITRE    DEUXIÈME 

que  le  second  plan  si  on  la  compare  au  crâne,  dont  les  grandes  dimen- 
sions indiquent  un  degré  intellectuel  supérieur;  il  est  aussi  à  noter  qu'en 

même  temps  le  coude  que  la 

A 


base  du  crâne  fait  avec  l'axe 
de  la  colonne  vertébrale  est 
encore  plus  accentué  que  chez 
les  Oiseaux  (%.  83  et  84). 

La  base  du  crâne,  ainsi 
que  toute  la  région  ethmoï- 
dale,  est,  comme  chez  les  Rep- 
tiles et  les  Oiseaux,  préfor- 
mée à  l'état  de  cartilage,  tandis 
que  la  voiUe  du  crâne  se  déve- 
loppe directement  dans  du  tissu 
fibreux. 

Il  existe  dans  le  crâne  des 
Mammifères,  comme  partout, 
dans  la  région  occipitale , 
quatre  centres  osseux  dis- 
tincts, un  sus-occipital,  un 
basi-occipital ,  ainsi  que  deux 
occipitaux  latéraux  qui  portent 
les  deux  condyles  occipitaux. 
En  avant  du  basi-occipital 
sont  situés  un  basi-sphénoïde  et 
un  présphénoïde ,  formant  le 
'plancher  du  crâne  et  d'où 
partent  des  appendices  laté- 
raux, les  grandes  ailes  {ali- 
sphénoïdes)  et  les  petites  ailes 
{orbito-sphé?ioïdes).  Tandis  que 
ces  deux  appendices  ont  une 
situation  plus  ou  moins  hori- 
zontale et  prennent  ainsi  part 
à  la  formation  des  fosses  crâ- 
niennes ainsi  que  des  parois 
latérales  du  crâne,  un  autre 
appendice,  Y  apophyse  ptéry- 
f/oïde,  se  dirige  verticalement 
en  bas  où  il  se  soude  avec  un 

os.de  recouvrement,  l'os  ptérijgoïde  (fîg.  85  B^ —  D).  Ce  dernier  se  réunit 

avec  l'os  palatin  pour  constituer  Tare  ptérygo-palatin. 

Le  crâne  est  complété  en  avant  par  les  frontaux,  qui  viennent  rejoindre 

le  présphénoïde,  et  par  une  partie  de  Vethmoïde,  c'est-à-dire  par  la  lame 

criblée  traversée  par  les  nerfs  olfactifs. 


Fig.  8'i.  —  Coupes  médianes  à  travers  la  tète  du  Cerviis 
capreolus  (A),  du  Cynocephalus  (B)  et  àeV Homme  {C), 
pour  montrer  les  rapports  du  crâne  avec  la  cavité  nasale. 


SQUELETTE  89 

Dans  la  région  de  la  capsule  auditive  apparaissent  ici,  comme  partout, 
plusieurs  centres  d'ossification,  que  Ton  désigne  sous  les  noms  départie 
épiotique  [mastoïcliejine) ,  opisthotique  eiprootique  {jjétreuse).  Toutes  trois, 
particulièrement  la  dernière,  participent  à  la  formation  du  plancher  du 
crâne.  Il  s'y  ajoute  encore  en  dehors  deux  os  de  recouvrement,  le  squa- 
mosal  et  Vanneau  tympanal.,  qui  dans  les  types  supérieurs  s'allong-e  en 
tube  et  constitue  la  partie  osseuse  du  canal  auditif  externe  (1).  De  la 
réunion  de  ces  cinq  os,  qui  a  lieu  chez  tous  les  Mamnifères,  sauf  chez 
les  Marsupiaux,  résulte  Vos  temporal  de  l'anatomie  humaine. 

La  base  du  crâne,  ainsi  constituée,  est  surmontée  par  le  sus-occipital 
déjà  mentionné,  V interpariétal,  le  pariétal  et  le  frontal  (pair  ou  impair). 

Ce  dernier  porte  souvent  des  cornes  et  des  bois.  Dans  ce  cas  il  présente  deux  pro- 
longements osseux,  qui  soulèvent  la  peau.  Entre  cette  dernière  et  l'axe  osseux  il  se 
développe  un  os  dermique  qui  se  soude  avec  celui-ci,  se  dessèche  lorsque  sa  croissance 
est  terminée  et  se  détache  à  la  fin  de  la  période  du  rut.  Ce  n'est  qu'à  partir  du  mio- 
cène que  commence  la  séparation  des  Mammifères  munis  de  bois  et  des  Mammifères 
munis  de  cornes,  c'est-à-dire  qu'avant  cette  époque  les  Cerfs  et  les  Antilopes  ne  se 
distinguaient  pas  encore  les  uns  des  autres. 

Les  cornets  et  le  labyrinthe  de  fethmoïde  jouent  un  grand  rôle  dans 
la  constitution  du  squelette  du  nez,  dont  la  cavité  communique  avec  les 
cavités  remplies  d'air  des  os  voisins.  En  outre,  de  la  lame  criblée,  c'est- 
à-dire  de  la  terminaison  destrabécules  en  avant,  part  une  lame  cartilagi- 
neuse verticale  [inésethmoïde) ,  qui  divise  la  cavité  nasale  en  deux  moitiés, 
et  sur  laquelle  se  développe  un  os  de  revêtement  primitivement  pair, 
le  vomer.  Les  parties  cartilagineuses  (cartilages  alinasal  et  aliseptal)  ne 
persistent  que  dans  la  cloison  et  la  paroi  externe  des  fosses  nasales. 
Les  deux  maxillaires  supérieurs  ne  sont  jamais  préformés  à  l'état  de 
cartilage.  Entre  eux  se  trouve  enfoncé  comme  un  coin,  d'avant  en  arrière, 
le  prémaxillaire  qui  porte  les  incisives  supérieures.  Ils  concourent  pour 
une  grande  part  à  circonscrire  la  cavité  nasale.  Ils  présentent  des  apo- 
physes palatines  horizontales,  qui,  de  même  que  celles  situées  en  arrière 
des  os  p)alatins,  se  réunissent  sur  la  ligne  médiane.  De  la  sorte  se  trouve 
formée  la  voûte  palatine  qui  sépare  la  cavité  nasale  de  la  cavité  buccale. 

Dans  quelques  cas  [Édentés,  Cétacés)  les  ptérygoïdes  prennent  aussi  part  à  la  for- 
mation de  la  voûte  palatine.  Chez  VEchidné,  Dasypus,  Myrmecophaga  et  quelques 
Cétacés  ils  atteignent  une  longueur  excessive,  de  sorte  que  les  orifices  postérieurs  des 
fosses  nasales  sont  rejetés  très  en  arrière. 

Dans  la  région  malaire  les  maxillaires  sup)érieurs  sont,  en  général 
(sauf  chez  les  Edentés),  unis  par  un  jugal  à  une  apophyse  du  squamosal 
(apophyse  zygomatique).  Souvent  [Solipèdes,  Ruminants,  Primates)  le 
jugal  se  réunit  aussi  au  frontal,  de  sorte  que  Vorbitese  trouve  presque 

(1)  Pour  plus  amples  détails  et  en  particulier  pour  la  bulle  tympanique  je  renverrai  à 
mon  Traité  d'anatomie  eomparée. 


CHAPITRE    DEUXIEME 


Tor.TTi — A 
L.occ- 


2»     B.occ  -pf     Clio 

Tet 


laiy"  M 


Jm 


Fig.  85.  — Squelette  céphalique  du  Lévrier.    A,    ace  supérieure;  B,  face   latérale;  C,  face  inférieure; 
U,  coupe  médiane  vue  par  la  face  interne. 

Jm,  intermaxillaire  ;  N,  nasal  ;  M,  maxillaire  supérieur  avec  le  trou  sous-orbitaire(i^m/");  Jg,  jugal; 


SQUELETTE 


91 


Pjt,  apophyse  zygomatique  du  temporal;  L,  lacrymal  avec  le  canal  lacrymal  ;  P,  pariétal;  ^g.occ, 
écaille  de  l'occipital  (sus-occipital);  C.occ,  condyles  occipitaux  (occipital  latéral);  B.occ,  basi-occipital; 
Pal,  palatin;  Pt,  ptérygoïde;  Sph,  aliaphénoïde ;  Sph^,  baai-sphénoïde  ;  5p'i£,  présphénoïde;  Sq,  écaille 
du  temporal;  Mand,  conduit  auditif  externe;  T,  tympanique  ;  For.ni,  trou  occipital;  Pet,  pétreux; 
C/io,  arrière-narines  ;  Vo,  vomer  ;  Eth,  lame  perpendiculaire  de  l'ethmoïde;  Etll^,  lame  criblée  de 
l'ethmoïde;  Cau.grZ,  cavité  glénoïde. 

coiwplètement  séparée  de  la  fosse  temporale,  avec  laquelle  elle  ne  commu- 
nique plus  que  par  une  petite  fente  {fente  spliéno -maxillaire) . 

Les  opinions  sont  encore  très  partagées  sur  la  question  de  la  présence  du  carré 
dans  le  crâne  des  Mammifères,  et  on  ne  peut  encore  décider  s'il  correspond  ou  non  à 
l'apophyse  zygomalique  du  squamosal,  c'est-à-dire  de  l'écaillé  du   temporal,  dont 


Fig.  86. —  Squelette  céphalique  du  Tatusia  {Dasypus)  Tij/ftrzd»,  d'après  une  préparation  deW.  K.  Parker 
Les  parties  cartilagineuses  sont  en  pointillé, 
a.iî/i  anneau  tympanal;  &.7i?/,  basihyal  ;  h. ht/,  hypohyal;  c.hy,  cérato-hyal  ;  eJi!/,  épihyal  ;  ïr,  tra- 
chée; cr,  cartilage  cricoïde;  th,  cartilage  thyroïde;  mk,  cartilage  de  Meckel;  rf,  dentaire;  ml,  marteau; 
in,  enclume;  st.m,  muacle  de  l'étrier  ;  st,  étrier;  au,  capsule  auditive;  oc.c,  condyle  occipital;  eo,  exocci- 
pital; s.o,  sus-occipital;  sq,  squamosal;  p,  pariétal;  2,  jugal;  pa,  palatin;  /,  frontal;  le,  lacrymal;  mx, 
maxillaire  supérieur  ;  s. <,  squelette  cartilagineux  du  nez  (région  du  cornet  supérieur)  ;  w,  nasal  ;  ^a", 
prémaxillaire;  e.n,  narine;  F*,  V-,  première  et  deuxième  branche  du  trijumeau;  II,  trou  du  nert 
optique. 

nous  avons  parlé  plus  haut.  Si  la  première  de  ces  manières  de  voir  se  confirme,  par 
là  se  trouvera  écartée  la  difficulté  d'être  obligé  de  considérer  l'articulation  de  la 
mâchoire  inférieure  des  Mammifères  comme  une  formation  à  part,  non  homologue  à 
la  même  articulation  chez  les  autres  Vertébrés,  c'est-à-dire  qu'on  aurait  ici  affaire 
à  une  articulation  quadrato-mandibn taire  ou  quadrato-arliculaire. 

La  solution  de  cette  question  a  aussi  une  grande  importance  pour  la  signification 
morphologique  des  osselets  de  l'ouïe  et,  en  donnant  ici  quelques  détails  sur  le  déve- 
loppement de  ceux-ci,  je  décrirai  en  même  temps  le  squelette  viscéral  des  Mam- 
mifères en  général. 

L'extrémité  proximale  du  premier  arc  branchial  (mandibulaire)  se 
divise  deux  fois  pendant  la  période  embryonnaire.  De  la  première  pièce 
provient  Y  enclume,  de  la  seconde  le  marteau;  le  reste  de  l'arc  constitue 
le  cartilage  de  Meckel.  Ce  dernier,  sur  lequel  se  développe  le  maxillaire 
inférieur  qui  est,  par  suite,  un  os  de  recouvrement  (dentaire),  est  encore 


92  CHAPITRE    DEUXIÈME 

uni  avec  le  marteau  dans  la  figure  86.  Le  troisième  osselet,  Yétriej^  se 
compose  d'une  petite  plaque,  qui  s'est  séparée  de  la  substance  de  la 
capsule  auditive  cartilagineuse,  et  d'une  pièce  recourbée  ou  en  forme 
d'étrier  qui  tire  son  origine  de  l'extrémité  de  l'arc  hyoïdien.  Ces  trois 
osselets  forment  une  chaîne  articulée  qui  s'étend  à  travers  la  caisse 
du  tympan  et,  de  telle  sorte,  que  le  marteau  est  appliqué  contre  la 
membrane  du  tympan  et  l'étrier  contre  la  fenêtre  ovale  (voir  l'organe 
auditif). 

Uarc  hyoidie7i,  après  que  la  pièce  recourbée  de  l'étrier  s'en  est 
séparée,  s'unit  par  son  extrémité  proximale  avec  le  plancher  de  la  cap- 
sule auditive  et  par  son  extrémité  distale  avec  le  troisièine  arc  bran- 
chial, c'est-à-dire  avec  \e  jjremier  arc  bancliial  proprement  dit.  Primiti- 
vement cartilagineux,  il  peut  s'ossifier  en  totalité  ou  en  partie,  mais  le 
plus  souvent  il  devient  fibreux  ou  tout  à  fait  rudimentaire.  Son  extrémité 
proximale  constitue  Vapophyse  styloïde  du  rocher,  son  extrémité  distale 
la. petite  corne  de  Vos  hyoïde.  Ce  dernier  se  compose,  outre  les  petites 
cornes,  d'une  pièce  médiane  (corps),  et  des  grandes  cornes  qui  en  partent 
en  arrière.  La  pièce  médiane  correspond  ainsi  à  un  basi-branchial,  les 
grandes  cornes  au  premier  arc  branchial.  L'appareil  hyoïdien  ainsi  consti- 
tué est  réuni  par  une  membrane  (Ugt.  thyro- hyoïdien)  au  bord  supérieur 
du  larynx,  dont  le  cartilage  thyroïde  se  développe  dans  le  blastème  du 
quatrième  arc  viscéral  (fig.  86). 

Chez  les  Mammifères  les  dejits  ne  se  rencontrent  que  sur  les  maxil- 
laires supérieurs,  les  pirémaxillaires  et  le  maxillaire  inférieur.  Elles  pré- 
sentent dans  leur  nombre,  leur  forme  et  leur  grosseur  des  différences 
considérables  que  nous  étudierons  dans  le  chapitre  relatif  au  tube  diges- 
tif. 


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SQUELETTE 


93 


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6.  Membres. 


Les  membres,  ou  extrémités  qui  sont  des  appendices  du  tronc,  fonc- 
tionnent en  premier  lieu  comme  organes  de  sustentation  et  de  locomotion, 
mais  ils  peuvent  aussi  être  transformés  en  organes  de  préhension.  Ils  se 


BrF 


BF  In 


Fig.  87.  —  Schéma  de  développement  des  nageoires  paires  et  impaires. 

A.  Les  replis  latéraux  (5,  S)  et  dorsal   {D)  sont  encore   continus.   51  indique  le  point  où  le  repli  latéral 
est  situé  à  la  face  ventrale,  en  arrière  de  l'anus  {An). 

B.  Nageoires  définitives.  RF,  nageoire  dorsale;  BrF,  nageoire  pectorale;   BF,   nageoire    abdominale; 
AF,  nageoire  anale;  SF,  nageoire  caudale;  FF,  nageoire  adipeuse;  An,  anus. 

divisent  en  membres  piairs  et  membres  impairs.  Leur  développement  a 
été  bien  étudié  dans  ces  dernières  années,  précisément  dans  ce  groupe 
primitif  des  Poissons,  qui  nous  a  servi  de  point  de  départ  dans  l'étude 
du  squelette  céphalique,  les  Sélaciens.  Il  débute  par  l'apparition  de  cer- 
tains replis  cutanés,  l'un  impair  dorsal,  les  autres  pairs  latéraux  (fig.  87 
A,  D,  *S'*S).Ces  derniers  se  développent,  comme  Dohrn  l'a  montré,  de 
chaque  côté  derrière  la  dernière  fente  branchiale  ;  ils  se  dirigent  de  là 
en  arrière  en  s'inclinant  graduellement  vers  la  face  ventrale,  où  ils  se 
confondent  l'un  avec  l'autre.  Le  repli  unique  ainsi  formé  se  prolonge 
jusque  vers  la  queue  où  il  se  réunit  finalement  au  repli  dorsal  impair. 
De  ces  replis  latéraux  proviennent  les  membres  pairs,  c'est-à-dire  les 
nageoires  jjectorales  et  abdominales  (fig.  87  B,  BrF  et  BF).  Effective- 
ment dans  chacun  des  métamères  correspondants  du  corps  apparaissent 
deux  bourgeons  musculaires,  qui  s'en  séparent  plus  tard  et  se  subdivi- 


94  CHAPITRE    DEUXIÈME 

sent  en  un  faisceau  dorsal  et  un  faisceau  ventral.  Entre  ces  faisceaux 
naît  un  rayon  cartilagineux,  auquel  vient  se  joindre  le  nerf  correspon- 
dant. Plus  tard  dans  les  points  où  doivent  se  former  la  nageoire  pecto- 
rale et  la  nageoire  abdominale,  les  replis  latéraux  émettent  des  prolon- 
gements en  forme  de  lobes  (fig.  87  B),  dans  lesquels  convergent  un 
nombre  considérable  de  bourgeons  musculaires,  de  rayon  cartilagineux 
et  de  nerfs.  On  peut  donc  considérer  les  membres  comme  des  formations 
primitivement  métamériques  et  décomposer  les  replis  latéraux  en  une  série 
d'appendices  métamériques  des  segments  {i). 

Celte  manière  de  voir  est  essentiellement  basée  sur  le  fait  que  les  métamères, 
situés  entre  les  nageoires  pectorales  et  les  nageoires  abdominales,  donnent  aussi 
naissance  pendant  la  période  embryonnaire,  exactement  comme  les  myotomes  d'où 
dérivent  les  muscles  des  nageoires,  chacun  à  deux  bourgeons  musculaires  qui  s'atro- 
phient et  disparaissent  dans  la  suite  du  développement. 

A  —  Membres  impairs 

Le  repli  cutané  dorso-ventral,  dont  il  a  été  question  plus  haut,  peut 
rester  continu  ou  bien  s'atrophier,  de  telle  sorte  que  certaines  parties 
seules  persistent,  prennent  une  plus  grande  extension  et  représentent  ce 
que  l'on  appelle  les  nageoires  dorsale,  adipeuse,  caudale  et  anale  (fig.  87  B). 
Non  seulement  elles  renferment  des  muscles  et  des  nerfs,  mais  aussi 
des  pièces  squelettiques  cartilagineuses  ou  osseuses,  désignées  sous  le 
nom  de  cartilages  ou  d'os  interépineux.  Ceux-ci  se  développent  d'une 
manière  tout  à  fait  indépendante  et  ne  se  réunissent  que  secondairement 
avec  le  squelette  axial,  c'est-à-dire  avec  la  colonne  vertébrale.  Cette  union 
est  particulièrement  intime  et  solide  dans  la  nageoire  caudale,  qui  repré- 
sente le  principal  organe  de  locomotion  des  Poissons. 

Les  cartilages  interépineux  ne  dépassent  pas  ordinairement  la  base 
de  la  nageoire,  dont  la  masse  principale  est  formée  par  des  filaments 
cornés  pressés  les  uns  contre  les  autres.  Cette  disposition,  que  l'on 
retrouve  également  dans  les  nageoires  paires  des  Sélaciens,  contribue 
puissamment  à  augmenter  l'étendue  de  ces  organes  locomoteurs. 

L' Amphioocus  et  les  Cyclostomes  n'ont  que  des  nageoires  impaires,  mais  il  se  peut 
que  ces  derniers  aient  possédé  jadis  des  nageoires  paires,  qui  se  sont  atrophiées  gra- 
duellement. 

Des  traces  de  membres  impairs  se  rencontrent  encore  chez  les 
Amphibiens,  soit  pendant  toute  la  vie  (Ichthyodes  et  plusieurs  Salaman- 
drines),  soit  seulement  pendant  la  période  larvaire  (Urodêles,  Gymno- 
phiones).  Elles  consistent  en  un  repli  cutané  continu,  très  développé, 
principalement  chez  les  Tritons  pendant  la  période  de  la  reproduction, 
qui  entoure  la  queue  et  qui  peut  se  prolonger  sur  toute  l'étendue  du 
dos  jusque  vers  la  tête  sous  forme  de  crête.  Mais  ces  formations  diffèrent 

(1)  Les  découvertes  de  Dohrn  ont  été  récemment  confirmées  par  les  recherches  de  van 
Bemmelen  sur  des  embryons  de  Serpents. 


SQUELETTE 


95 


essentiellement  des  formations  correspondantes  des  Poissons,  en  ce  que 
jamais  elles  ne  présentent  d'éléments  rigides  produits  soit  par  Fento- 
squelette,  soit  par  Fexosquelette.  Quant  aux  Reptiles,  la  question  de 
savoir  s'ils  présentent  encore  des  traces  de  membres  impairs  est  indécise, 
et  ce  qui  pourrait  les  rappeler  dans  les  formes  supérieures  (Cétacés)  doit 
être  considéré  comme  acquis  secondairement. 


B  —  Membres  pairs 

Les  membres  pairs  ne  sont  liés  à  aucun  segment  déterminé  du  corps; 
ils  présentent,  au  contraire,  dans  leur  position  sur  le  tronc,  ainsi  que 
dans  le  nombre  des  nerfs  qui  viennent  s'y  distribuer, 
les  plus  grandes  variations. 

Le  membre  antérieur  comme  le  membre  posté- 
rieur présente  à  considérer  une  partie  basilaire,  fixée 
au  tronc,  c'est-à-dire  la  ceinture  scapulaire  et  la  cein- 
ture PELVIENNE.  Chacune  de  celles-ci  se  subdivise  en 
une  partie  dorsale  et  une  partie  ventrale;  au  point  de 
jonction  de  ces  deux  parties  s'articule  un  levier  mo- 
bile, Yextrémité  libre  (fig.  88,  Sd,  Sv,  F). 


Fig.  88.  —  Schéma  de  la 
ceinture  scapulaire  et  de 
la  nageoire  dorsale.  WS, 
colonne  vertébrale  ;  Sd 
et  Sv,  pièce  dorsale  et 
pièce  ventrale  de  la 
ceinture  scapulaire  ;  F, 
extrémité  libre  (nageoire 
pectorale). 


On  ne  peut  encore  rien  dire  de  certain  sur  l'histoire  ances- 
trale  des  deux  ceintures  basilaires,  car  l'opinion  de  Gegenbaur, 
d'après  laquelle  la  ceinture  scapulaire  serait  un  arc  branchial 
transformé,  est  plus  que  douteuse  depuis  que  la  théorie  de 
VArchipterygium  a  dû  être  abandonnée. 

Il  faut  donc  attendre  de  nouvelles  recherches  et  jusque-là 
il  n'est  pas  non  plus  possible  de  donner  une  solution  certaine 

à  la  question  de  savoir  jusqu'à  quel  point  les  ceintures  des  deux  paires  de  membres 
peuvent  être  mises  en  parallèle.  Néanmoins  on  peut  dès  maintenant,  en  s'appuyant 
sur  les  faits  ontogéniques,  dire  avec  beaucoup  de  vraisemblance,  que  les  rapports  qui 
existent  entre  elles  ne  sont  pas  homologues,  mais  seulement  homodynames;  peut-être 
même  toute  comparaison  directe  est-elle  impossible  l^comp.  le  bassin  des  Dipnoïques). 


Ceinture  scapulaire. 


Poissons. 


Chez  I'Amphigxus  et  les  Cyclostomes,  les  membres  pairs  font  défaut  et 
il  n'existe  pas  même  de  ceinture  scapulaire  ni  de  ceinture  pelvienne. 
Chez  les  Sélaciens  la  ceinture  scapulaire  a  la  forme  d'un  arc  cartilagi- 
neux très  simple  ouvert  sur  le  dos  et  fermé  du  côté  ventral  par  une 
masse  hyaline  ou  fibreuse.  Une  disposition  tout  à  fait  homologue  se 
rencontre  chez  les  embryons  de  Ganoïdes  et  de  Téléostéens. 

Plus  tard  il  se  développe  chez  ces  deux  derniers  groupes,  dans  le 
périchondre  de  la  ceinture  scapulaire  ^rmorrfm/e  ou  cartilagineuse,  une 
série  de  formations  osseuses  qui  constituent  la  ceinture  scapulaire 
secondaii^e  ou  osseuse. 


96 


CHAPITRE    DEUXIEME 


L'extrémité  libre,  \di  nageoire,  s'attache  au  bord  postérieur  de  la  cein- 
ture scapulaire,  de  sorte  qu'on  peut  distinguer  sur  celle-ci,  à  partir  de 
ce  pointfd'attache,   deux  parties,  l'une  supérieure  dorsale,  l'autre,  infé- 


Fig.  89.  —  Ceinture  scapulaire  et  nageoire  ■p&ctoraXe.  à' Heptanchus.  SB,  SB^,  ceinture  scapulaire,  percée 
d'un  trou  en  NL ;  Pr,  Ms,  Mt,  les  trois  pièces  basilaires  de  la  nageoire,  proptérygium,  mésoptérygium 
et  métaptérygium ;  Ha.  rayons  cartilagineux;  a,  b,  rayon  principal  de  la  nageoire  situé  dans  l'axe  du 
métaptérygium  ;  ■\-,  rayon  situé  en  deçà  de  ce  dernier  (indice  du  type  bisérié);  FS,  filaments  cornés 
coupés. 

rieure  vsentrale.  La  première,  qui  se  réunit  au  crâne,  correspond  à 
l'oMOPLATE,  la  seconde  au  coracoïde  et  au  procoracoïde  (clavicule)  des 
Vertébrés  supérieurs  aux  Poissons  (1). 

Amphibiens  et  Reptiles. 

La  ceinture  scapulaire  des  Amphibiens  n'a  pas  de  rapports  immédiats 
avec  celle  des  Poissons,  mais  d'autre  part  elle  présente  déjà  les  traits 
principaux  de  celle  de  tous  les  Vertébrés  supérieurs. 

C'est  toujours  une  plaque  dorsale  cartilagineuse  ou  osseuse  (omo- 
plate) (2),  qui  se  recourbe  latéralement  autour  du  tronc  et  se  divise  à  la 
face  ventrale  en  deux  branches,  l'une  antérieure  (clavicule  ou  procora- 
coïde), l'autre  postérieure  (coracoïde)  (fig.  90,  S,  Cl,  Co). 

Dès  maintenant  la  ceinture  scapulaire  ne  se  réunit  plus  au  crâne, 


(1)  La  ceinture  scapulaire  des  Dipnoïques  occupe  une  situation  intermédiaire  entre  celle  des 
Sélaciens  ei  celle  des  Ganoïdes,  mais  sa  forme  et  sa  situation  sont  si  particulières  qu'il  ne 
peut  être  question  de  la  décrire  ici. 

(2)  Il  peut  s'y  ajouter  aussi  un  sus-scapulaire. 


SQUELETTE 


97 


tandis  qu'elle  se  réunit  sur  la  poitrine  avec  le  sternum  (et  avec  Fépi- 
sternum);  les  deux  plaques  coracoïdiennes  se  recouvrent  efTectivement 
en  partie  sur  la  ligne  médiane,  ou  s'accolent  et  se  soudent  par  leur  bord 
interne. 

Le  premier  mode  d'union  se  rencontre  chez  les  Urodèles  (fig.  92)  et 


Fig.  90.  —  Ceinture  scapulaire  de  la  Salamandra  maculata.  Côté  droit  fortement  grossi  et  étendu 
horizontalement.  SS,  sus-scapulaire;  À',  omoplate  ossifiée;  Co  et  Cl,  coracoïde  et  clavicule,  dans  les- 
quels s'étendent  des  apophyses  osseuses  a  et  &;  G,  cavité  articulaire  entourée  d'une  bande  cartilagi- 
neuse L. 


Fig.  91. 


Fig.  92. 


93. 


H.: 


Co         Ca 


Fig.  91.  —  Schéma  de  la  ceinture  scapulaire  de  tous  les  Vertébrés,  des  Amphibiens  aux  Mammifères, 
S,  omoplate;  Co,  coracoïde;  Cl,  clavicule  (procoracoïde);  H,  humérus. 

Fig.  92.  —  Ceinture  scapulaire  et  sternum  des  Z/rodètes  (figure  demi-schématique).  Si,  sternum;  a,  point 
de  réunion  des  deux  lames  coracoïdiennes  :  Cl,  clavicule;  SS,  sus-scapulaire,  àgauche  étalé  en  dehoro; 
•J-,  omoplate  osseuse;  H.,  humérus. 

Fig.  93. —  Ceinture  scapulaire  des  Torlt<es,  vue  par  la  face  inférieure.  S,  omoplate;  Co,  coracoïde; 
Co',  épicoracoïde;  Ci,  clavicule  ;  iî,  ligament  fibreux  entre  ces  deux  pièces;  Fe,  fenêtre  qu'elles  limi- 
tent; G,  cavité  articulaire. 


quelques  Anoures  (par  exemple  Bombinator  et  Hyla,  fîg.  94);  le  second 
mode  également  chez  les  Anoures,  par  exemple  les  Rana.  Chez  les  Anoures 
dans  les  deux  cas,  contrairement  à  ce  que  l'on  observe  chez  les  Urodèles, 
le  procoracoïde  est  dirigé  transversale^nent ,  ou  même  vient  se  réunir 
par  son  extrémité  avec  le  coracoïde,  d'où  résulte  la  formation  d'une  sorte 
de  cadre  ou  de  fenêtre.  De  même  l'ossification  (en  partie  périchondrale) 
est  plus  étendue,  de  sorte  que  l'appareil  tout  entier  acquiert  une  structure 
plus  résistante  et  plus  rigide,  (fig.  94,  95).  -  .        - 


WlEDERSHEIM. 


98  CHAPITRE    DEUXIÈME 

Le  tissu  osseux  prédomine  dans  la  ceinture  scapulaire  des  Reptiles, 
de  même  que  dans  le  reste  de  leur  squelette.  C'est  chez  les  Chéloniens 
que  la  forme  primordiale  s'est  le  mieux  conservée  (%.  93);  les  rapports 


Fig.  94.  —  Ceinture  scapulaire  et  sternum  du  Bomhinator  igneus.  St,  sternum  avec  seà  deux  prolonge- 
ments o,  a',  S,  omoplate;  SS,  sus-scapulaire,  à  droite  dans  sa  position  normale,  à  gauche  étalé 
horizontalement;  Co,  coracoïde;  Co^,  épicoracoïde,  qui  de  chaque  côté  s'enfonce  dans  une  rainure  du 
bord  supérieur  du  sternum  ;  Cl,  clavicule  cartilagineuse;  Cl^,  clavicule  osteuse;  i<'e,  fenêtre  entre  la 
clavicule  et  le  coracoïde;  G,  cavité  articulaire. 


Fi^.  95.  —  Ceinture  scapulaire  de  Rana  esculenla,  vue  par  la  face  inférieure.  St,  sternum  osseux;  Kn, 
sternum  cartilagineux;  S,  omoplate;  KC,  commissure  cartilagineu&e  entre  cette  dernière  et  la  clavi- 
cule Cl;  Co,  coracoïde;  Co'^,  épicoracoïde;  «i,  suture  entre  les  deux  épicoracoïdes;  G,  cavité  articu- 
laire; Fe,  fenêtre  entre  le  coracoïde  et  la  clavicule;  Om,  omosternum. 


primitifs  y  sont  nettement  visibles  et  rappellent  encore  ceux  des  Amphi- 
hiens.W  en  est  également  de  même  de  VHatteria. 

Chez  les  Sauriens  on  arrive  facilement  aussi  à  retrouver  le  type  pri- 
mitif; mais  la  c/«v?'cM^e  devient  ici  distincte  du  reste  de  la  ceinture  scapu- 
laire, car  elle  ne  forme  plus  au  début  une  masse  cartilagineuse  continue 


SQUELETTE 


9,9 


avec  elle.  Cependant  on  ne  peut  méconnaître  que  le  blastème  primitif, 
composé  encore  de  cellules  indifîérentes,  d'où  elle  dérive,  est  en  conti- 
nuité directe  avec  Fomoplate  (Gotte).  Plus  tard  elle  ne  passe  pas  parFétat 
cartilagineux,  mais  s'ossifie  directement  et  représente  par  suite  chez  les 
Reptiles  un  os  secondaire,  ayant  la  forme  d'une  mince  lamelle,  qui  s'étend 
de  l'omoplate,  oii  elle  est  fixée  par  du  tissu  conjonctif  dans  une  dépres- 
sion, jusqu'à  la  pointe  de  l'appareil  épisternal. 

Pour  plus  amples  détails  je  renverrai  à  la  figure  96. 

Les  Crocodiliens  et  les  Caméléons  sont  complètement  dépourvus  de  clavicule  ou 
n'en  présentent  que  les  rudiments. 

La  présence  d'une  ceinture  scapulaire  chez  de'  nombreux  Reptiles  apodes  [Scin- 


Fig.  96.  —  Ceinture  scapulaire  et  sternum  de  V Hemidaclylus  verrucosus.  St,  sternum;  iî,  côtes;  5?, 
bandelettes  sternales,  sur  lesquelles  se  fixe  la  dernière  paire  de  côtes;  SS,  sus-scapulaire;  S,  omo- 
plate; Co,  coracoïde;  Co^,  épiccracoïde  cartilagineux;  Ep,  épisternum;  a,  b,  c,  fenêtres  du  coracoïde 
fermées  par  des  membranes;  Cl,  clavicule;  G,  cavité  articulaire. 

gwes,  Amphisbènes)  indique  qu'ils  possédaient  jadis  des  membres.  Ceux-ci  peuvent 
même  s'ébaucher  pendant  la  période  embryonnaire  et  disparaître  ensuite  complète- 
ment (^np'uis/'rop'ife).  Les  Serpents  peuvent  aussi  présenter  passagèrement  l'ébauche 
des  membres  [van  Bemmelen). 

Oiseaux. 

Vomoplate  représente  ici  une  lamelle  osseuse,  qui  s'étend  souvent 
très  en  arrière.  Les  coracoïdes  (1)  sont  volumineux  et  articulés  à  angle 
aigu  avec  l'omoplate  (fig.  97,  S,  Cd).  Leur  extrémité  inférieure  est  soli- 
dement fixée  dans  une  rainure  latérale  pratiquée  sur  le  bord  supérieur 
du  sternum;  leur  extrémité  supérieure  contribue  à  la  formation  de  la 
cavité  glénoïde. 

(1)  Le  coracoïde  fenêtre  de  l'Autruche  d'Afrique  présente  des  rapports  avec  celui  des 
C/iéloniens  ei  de  certains  Sauriens.  Le  procoracoïde  est  bien  mieux  développé  chez  les  Rd- 
tites  que  chez  les  Carinates,  où  il  est  atrophié  ou  a  complètement  disparu  (Fûrbringer). 


100  CHAPITRE    DEUXIÈME 

Chez  tous  les  Carinatesld,  clavicule,  qui  est  un  os  dermique  se  formant 
en  partie  aux  dépens  du  cartilage,  est  bien  développée  ;  elle  se  soude  avec 
sa  congénère  pour  constituer  la  fourchette.  Cette  dernière  présente  une 
forme  et  des  dimensions  extraordinairement  variables  adaptées  aux  con- 
ditions variables  du  vol;  elle  peut  aussi  subir  une  atrophie  plus  ou  moins 
considérable  et  même  disparaître  complètement  {Dromaeios,  Casuarius, 
Rhea,  St7'uthio,  AjJteryx,  quelques  Perroquets,  etc.).  Pour  les  connexions 


Fig.  97.  — Squelette  du  tronc  d'un  Faucon.  S,  omoplate  ;  G,  cavité  articulaire  ;  Ca,  coracoïde  articulé  en  •{• 
avec  le  sternum  St;  Fu  {Cl),  fourchette  (clavicule);  CV,  bréchet  ;  F,  partie  vertébrale,  et  »Sp,  partie 
ventrale  des  côtes;  t/^w,  apophyses  uncinées. 

avec  le  reste  de  la  ceinture  scapulairc  et  avec  le  sternum,  je  renverrai  à 
la  figure  97. 

La  cavité  articulaire  de  Thumérus  est  formée  par  Yomoplate  et  par  le 
coracoïde. 

Mammifères. 

Parmi  les  Mammifères,  les  Monotrèmes,  dont  la  ceinture  scapulaire  a 
d'ailleurs  conservé  ses  caractères  primitifs,  sont  les  seuls  dont  le  cora- 
coïde s'étende  jusqu'au  sternum  (fig.  53).  Chez  tous  les  autres  il  subit 
une  atrophie  considérable.  Il  constitue  cependant  toujours  une  apophyse 
spéciale,  ayant  un  point  d'ossification  particulier  et  concourant  à  la  for- 


SQUELETTE 


iOl 


mation  de  la  cavité  glénoïde.  Cette  apophyse  coracoïde  paraît  corres- 
pondre au  rudiment  d'un  épicoracoïde  (Howes). 

Vomoplate  finit  graduellement  par  supporter  seule  le  membre,  en 
même  temps  elle  s'élargit  considérablement  et  sur  sa  face  dorsale  se 
développe,  à  mesure  que  les  muscles  des  membres  se  difTérencient,  une 
crête  osseuse  volumineuse  {épine  de  V omoplate)  terminée  en  dehors  par 
Vacromion.  L'épine  et  l'achromion  doivent  être  considérés  comme  des 
parties  nouvelles  adaptées  aux  mouvements  de  plus  en  plus  libres  du 
membre  antérieur  et  à  la  différenciation  corrélative  de  plus  en  plus 
prononcée  de  l'appareil  musculaire.  La  clavicule  s'articule  en  dehors 
avec  l'acromion,  en  dedans  avec  le  bord  supérieur  du  sternum. 

Chez  les  Mammifères,  dont  les  membres  antérieurs  sont  très  mobiles  et  peuvent 
exécuter  des  mouvements  très  variés,  la  clavicule  prend  un  grand  développement. 
Chez  d'autres,  par  exemple  les  Carnivores  et  les  Ongulés,  elle  manque  complète- 
ment ou  est  très  rudimentaire  et  dans  ce  dei'nier  cas  ses  connexions  avec  l'omoplate 
changent. 

Ceinture  pelvienne. 

Poissons  et  Dipnoïques. 

Nous  devons  considérer  comme  la  plus  ancienne  forme  de  bassin  qui 
soit  parvenue  jusqu'à  nous  celle  des  Dipnoïques. 

La  ceinture  pelvienne  se  compose  chez  eux  d'une  plaque  cartilagi- 
neuse située  sur  le  ventre,  sur  la  ligne 
médiane  et  sur  laquelle  on  remarque 
deux  paires  d'apophyses,  l'une  posté- 
rieure, l'autre  antérieure.  Avec  la  pre- 
mière (fig.  98,  b)  s'articulent  les  mem- 
bres postérieurs.  La  paire  antérieure 
peut  être  regardée  comme  représentant 
des  apophyses  iliaques  (fig.  98,  a).  Ces 
dernières  sont  très  variables  dans  leur 
forme  et  leur  longueur;  situées  par 
exemple  chez  les  jeunes  individus  de 
Protopterus  dans  un  myocomme,  elles 
peuvent  s'étendre  très  loin  latéralement 
et  même  jusque  sur  la  face  dorsale 
(Wiedersheim)  (1).  Du  milieu  du  bord 


Fig.  98.  —  Bassin  du  Protopterus,  vu  par  la 
face  inférieure,  a,  apophyse  iliaque  qui  peut 
se  bifurquer  à  son  extrémité;  6,  apophyse 
qui  ib'unit  avec  le  membre  postérieur  HE  ; 
Cr,  crête  donnant  insertion  à  des  muscles  ; 
c,  apophyoe  impaire  ;  M,  M,  myomères; 
iW,  J)l',  myocommes. 


(1)  On  doit  les  considérer  comme  dérivant  d'un 
myocomme.  Elles  rappellent  sous  ce  point  de  vue  les 
côtes  ventrales  de  l'Hatieria  et  des  Crocodiles. 
Chez  de  tout  jeunes  individus  la  fusion  sur  la  ligne 
médiane  n'a  lieu  que  secondairement,  mais  de 
nouvelles  recherches  sont  nécessaires  sur  cesujet.  Dans  tous  les  cas  les  rapports  génétiques 
des  myocommes  du  grand  muscle  du  tronc  avec  la  première  ébauche  d'un  bassin,  quoique 
encore  très   primitif,  de  Vertébré  me  paraissent  d'une  grande  importance. 

Considérées  à  ce  point  de  vue  d'autres  parties  squelettiques  des  Vertébrés  supérieurs, 
tels  que  \e  cartilage  épipubien,  le  sternum  et  Vépisternum  des  Amphibiens,  pourraient  trou- 
ver leur  explication  (Wiedersheim). 


102 


CHAPITRE    DEUXIEME 


antérieur  de  la  plaque,  entre  les  apophyses,  part  une  longue  apophyse 
styloïde,  dirigée  en  avant  le  long  de  la  ligne  médiane  (fig.  98,  c). 

Qn  ne  peut  pas  faire  dériver  du  bassin  des  Dipnoïques  l'organe  auquel 
on  donne  le  nom  de  bassin  chez  les  Sélaciens.  La  plaque  cartilagineuse, 
simple  ou  double,  qui  le  constitue,  n'est  pas  produite  par  la  chondrifica- 
tion  d'un  myocomme  entre  les  muscles  du  tronc,  mais  par  la  fusion  de 
quelques  cartilages  basilaires  de  la  nageoire  abdominale.  Il  ne  peut  donc 
être  ici  question,  et  il  en  est  de  même  pour  les  Téléostéens,  d'un  bassin 
semblable  à  celui  des  Dipnoïques. 

Parmis  les  Ganoïdes,  le  Polijptère  paraît  être  le  seul  qui  possède  un 
bassin  se  rapprochant  de  celui  dés  Dipnoïques  (Wiedersheim). 


Amphibiens. 

Ici,  comme  chez  tous  les  Vertébrés  supérieurs,  la  ceinture  scapulaire, 
qui  est  toujours  située  à  l'extrémité  postérieure  du  tronc,  en  avant  de 

Forifîce  du  tube  digestif  et  de  l'ap- 
pareil génito-urinaire,  se  compose 
d'une  branche  dorsale  articulée  avec 
la  colonne  vertébrale  et  de  deux 
branches  ventrales.  La  première  est 
l'iLiuM  {pars  iliaca)  ;  des  deux  autres 
l'antérieure  porte  le  nom  de  pubis 
{jmrs  pubica),  la  postérieure  celui 
d'iscHioN  {'pars  ischiadica).  A  ces  par- 
ties il  faut  encore  en  ajouter  une 
quatrième  (pars  acetabularis)  inter- 
calée entre  le  pubis  et  la  cavité  coty- 
loïde.  La  cavité  articulaire  qui  donne 
attache  au  membre  supérieur  est  si- 
tuée au  point  de  réunion  de  ces  diffé- 
rentes pièces. 

Le  bassin  des  Urodèles  et  des 
Anoures  ne  présente  de  chaque  côté, 
sur  la  face  ventrale,  qu'une  seule 
plaque  qui  se  réunit  avec  celle  du  côté  opposé  en  formant  une  symphyse 
(fig.  99,  . S'y).  Tantôt  cette  plaque  est  entièrement  ossifiée,  tantôt  la 
partie  antérieure,  c'est-à-dire  celle  qui  est  dirigée  vers  la  tête,  reste  pen- 
dant toute  la  vie  cartilagineuse,  comme  c'est  la  règle  pour  les  Urodèles 
(fig.  99,  P).  On  ne  peut  jusqu'à  présent  décider  avec  certitude  si  cette 
partie  correspond  au  pubis,  ou  ce  qui  est  plus  probable  à  la  partie  acé- 
tabulaire.  La  partie  postérieure,  toujours  ossifiée  {Is),  est  sans  aucun 
doute  V ischion.  Sur  le  milieu  du  bord  antérieur  du  bassin  des  Urodèles 
naît  une  tige  cartilagineuse  qui  se  divise  antérieurement  en  deux 
branches  (fig.  99,  Ep,  a  et  b).  Elle  existe  chez  les  Anoures  et  sous  une 


Fig-.  99.  —  Bassin  de  la  Salamandra  maculata, 
vu  par  sa  face  inférieure.  Il,  ilium  ;  7s,  ischion  ; 
P,  pubis  (?)  (partie  acétabulaire?)  ;  Fo  ,  trou 
obturateur;  Sy ,  symphyse  ischio -pubienne  ; 
•J-,  deux  protubérances  qui  existent  chez  beau- 
coup d'Urodèles  ;  Ep,  cartilage  épipubien  avec 
son  extrémité  bifurquée  a,  b  ;  G,  cavité  articu- 
laire. 


SQUELETTE 


103 


forme  un  peu  différente  chez  le  Dactulethra  capensis  ;  elle  rappelle 
Fapophyse  styloïcle  du  bassin  des  Dipnoïques  (fig.  98,  c).  Désignée 
jadis  sous  le  nom  de  cartilage  ijpsiloïde  ou  épipubien,  elle  serait  à  plus 
juste  titre  appelée  cartilage  marsupial,  car  il  est  probable  que  chez  les 
Vertébrés  supérieurs  elle  donne  naissance  aux  os  marsupiaicx  (1).  Des 
recherches  ultérieures  nous  apprendront  jusqu'à  quel  point  les  autres 
parties  du  bassin  des  Vertébrés  terrestres  peuvent  être  considérées 
comme  homologues  au  bassin  des  Dipnoïques. 

Par  suite  de  l'adaptation  au  mode  particulier  de  locomotion  Vilium 
;orme  de  chaque  côté  chez  les  Anoures  une  longue  tige  (fîg.  100,  IL),  et 
les  deux  moitiés  de  la  plaque  ventrale,  dirigées  horizontalement  chez  les 


Fig.  100. 


Fig.  101. 


-JKh 


Fig;.  100  et  101.  —  Ceinture  pelvienne  de  la  Rana  esmlenta  vue  par  la  face  inférieure  et  de  profil.  Il, 
ilium  ;  /s,  ischion  séparé  par  la  partie  acétabulaire  cartilagineuse  Kn  du  pubis  P;  Cr,  crête  ischio- 
pubienne  ;  G,  cavité  articulaire  pour  le  fémur  ;  Oc,  coccyx  ;  Pt,  apophyac  transverse  de  la  vertèbre 
sacrée. 

Urodèles,  sont  comprimées  latéralement  de  manière  à  constituer  un 
disque  vertical  médian.  Le  cartilage  Kn  correspond  incontestablement 
à  la  partie  acétabulaire. 

La  persistance  du  pubis  dans  la  ceinture  pelvienne  des  Amphibiens  n'est  appuyée^ 
jusqu'à  présent,  sur  aucune  donnée  positive,  cependant  certaines  découvertes  paléon- 
tologiques  tendraient  à  montrer  que  cet  os,  que  l'on  trouve  encore  dans  les  formes  fos- 
siles, a  disparu  dans  le  cours  des  temps. 

Reptiles. 

Les  différentes  parties  du  bassin  sont  toujours  nettement  différen- 
ciées et  leur  ossification  est  très  prononcée.  Les  pubis  sont  le  plus  sou- 


(1)  Le  cartilage  marsupial  n'existe  pas  chez  tous  les  Urodèles;  c'est  ainsi  qu'il  fait  défaut 
a.ux  Spelerpes,  Proteus,  etc. 


104 


CHAPITRE    DEUXIEME 


vent  dirigés   obliquement 
entre  eux  et  Fiscliion  une 


Fig.  102.  —  Bassin  de  Lacerta  mii- 
ralis.  Face  inférieure.  Il,  ilium  ; 
Is,  ischion  ;  Fo,  foramen  obtura- 
tum  dans  le  pubis  ;  Kn,  Kn^,  pièces 
cartilagineuses  reposant  l'une  sur 
la  symphyse  pubienne,  l'autre  sur 
la  symphyse  ischiatique  ;  B,  cordon 
fibreux  qui  les  réunit  ;  Fc,  foramen 
cordiforme  ;  -J-,  tubercule  de  l'iium  ; 
G,  cavité  articulaire. 


en  avant  et  en  dedans,  de  sorte  qu'il  existe 
très  large  ouverture  {foramen  cordiforme),  qui 
est  divisée  en  deux  parties  égales  par  un  cor- 
don membrano-cartilagineux  chez  les  Lézards, 
les  Crocodiles  et  les  Tortues  (fîg.  102,  Kn, 
Kn  ,  B).  Chez  les  Tortues  terrestres  et  d'cAU 
DOUCE,  où  les  extrémités  internes  des  pubis 
et  des  ischions  viennent  se  réunir  les  unes 
aux  autres,  précisément  à  la  place  occupée 
par  le  cordon  fibreux  chez  les  Lézards,  c'est-à- 
dire  sur  la  ligne  médiane,  ce  trou  {foramen 
obturatum)  est  entouré  d'os  (1). 

Chez  les  Crocodiliens  nous  voyons  pour  la 
première  fois  l'ilion  présenter  une  large 
surface,  en  même  temps  qu'il  fait  saillie  en 
arrière  et  en  avant,  de  sorte  qu'on  peut  y 
distinguer  une  2Mrtie  iwèacétabulaire  et  une 
partie  postacétahulawe .  La  première  (fig.  103 
B,  *)  n'est  encore  que  très  peu  développée 
ici,  mais  dans  le  bassin  des  Dinosauriens  et 
des  Oiseaux  elle  est  beaucoup  plus  grande 
que  la  postérieure  (fig.  104). 


Fig.  103.  —  Bassin  d'un  jeune  individu  d'Alligator 
Indus.  A,  face  ventrale  ;  B,  face  latérale.  Il,  ilium  ; 
Is,  iochion  ;  P,  pubis  ;  Sy,  symphyse  ischiatique  ; 
F,  foramen  cordiforme  +  foramen  obturatum  ;  B,  li- 
gament fibreux  entre  la  symphyse  pubienne  et  la 
symphyae  ischiatique  ;  •]■,  apophyse  cartilagineuse 
de  l'apophyse  ventrale  acétabulaire  de  l'ischion,  qui 
s'insinue  entre  l'apophyse  a  de  l'ilium  et  l'apophyse 
du  pubis  ;  h,  trou  dans  la  cavité  cotyloïde,  limité 
en  arrière  par  les  deux  apophyses  a  et  &  de  l'ilium 
et  de  l'ischion  ;  en  *  on  voit  les  traces  du  prolon- 
gement antérieur  del'ilium  si  marqué  chezlesDino- 
sauriens  et  les  Oiseaux  ;  G,  cavité  articulaire  pour 
le  fémur  ;  J  et  II,  première  et  deuxième  vertèbre 
sacrée  ;  M,  membrane  fibreuse  étendue  entre  l'ex- 
trémité antérieure  des  deux  pubis  et  la  dernière 
paire  de  côtes  BR. 

(1)  Les  Scinques  possèdent  des  rudiments  de  l'ilion,  les  Tortricmes,  Typhlopides  et  Plé- 
ropodes  des  [rudiments  de  pubis. 


SQUELETTE 


105 


Le  pubis  des  Crocodihens,  encore  transversal  chez  Tembryon,  est  plus 
tard  dirigé  tout  à  fait  obliquement  en  avant  et  écarté  de  la  cavité  coty- 
loïde  par  la  partie  acétabulaire  (fig.  103  B,  -^).  La  cavité  cotyloïde  est 
percée  d'un  trou,  qui  est  comblé  par  du  tissu  fibreux. 


Oiseaux. 

Ici,  le  j)ubis  long  et  grêle,  au  lieu  d'être  dirigé  en  avant  comme  chez 
les  Crocodiliens,  est  dirigé  obliquement  en  arrière,  parallèlement  à  l'is- 
chion et  à  la  portion  postacétabulaire  de  l'ilion,  mais  il  n'arrive  que  gra- 


Fig.  104.  —  Bassin  de  V Aptéryx  australis,  vu  en  profil  (d'après  Marsh),  il,  ilium  ;  is,  ischion  ;  p\  pubis; 
Sp,  épine  iliaque  ;  a,  cavité  cotyloïde. 

duellement  pendant  la  période  embryonnaire  à  cette  position,  car  primi- 
tivement pubis  et  ischion  sont  perpendiculaires  à  l'ilion  comme  chez  les 
Sauriens  récents  et  fossiles. 

Les  trois  parties  principales  du  bassin  des  Oiseaux  sont  au  début  complètement 
distinctes  les  unes  des  autres,  mais  plus  tard,  après  que  l'ossiflcation  a  commencé  à  se 
montrer,  elles  se  fusionnent  en  une  masse  commune.  La  partie,  que  l'on  désignait 
jusqu'à  présent  sous  le  nom  départie  acétabulaire,  augmente  graduellement  de  gros- 
seur, et  par  conséquent  il  n'est  pas  possible  de  la  considérer,  comme  on  pouvait  l'es- 
pérer, comme  un  organe  rudimentaire.  Génétiquement,  cette  partie  appartient  à  la 
portion  de  l'ilion  qui  contribue  à  la  formation  de  la  cavité  cotyloïde  ;  son  ossification 
dépend  de  celle  de  cette  dernière.  Cette  épine  iliaque  est  par  conséquent  une  forma- 
tion secondaire,  qui  n'est  pas  héritée  des  Reptiles  et  qui  apparaît  pour  la  première 
fois  chez  les  Oiseaux  (Mehnert). 

Mammifères. 

Les  quatre  pièces  principales  du  bassin  restent  longtemps  séparées 
par  des  zones  cartilagineuses,  mais  plus  tard  elles  finissent  par  former 
une  masse  unique.  Le  pubis  joue  toujours  comparativement  aux  autres 
os  un  rôle  secondaire  dans  la  formation  de  la  cavité  cotyloïde;  il  peut 
même  n'avoir  aucun  rapport  avec  elle.  L'angle  que  forme  l'axe  de  l'ilium 


106 


CHAPITRE    DEUXIEME 


avec  Taxe  du  sacrum  devient  de  plus  en  plus  aigu  depuis  les  Monotrèmes 
jusqu'aux  Rongeurs. 

Le  type  primitif  d'une  si/mphi/se  ischiatique  el  d'une  si/mphi/se  pu- 
hienne  se  rencontre  encore  chez  les  Marsupiaux,  beaucoup  de  Rongeurs, 
A' Insectivores  ^i  à' Ongulés.  Ch^z  certa.m&  Insectivores,  chez  les  Carnivores 
et  surtout  chez  les  types  supérieurs,  chez  les  Primates,  il  tend  de  plus  en 
plus  à  ne  plus  y  avoir  qu'une  seule  symphyse,  la  symphyse  pubienne. 
Dans  aucun  groupe  de  Mammifères  on  ne  trouve  d'aussi  grandes  A^aria- 
tions  dans  la  conformation  de  la  ceinture  pelvienne  que  dans  celui  des 
Insectivo?'es.  Le  trou  obturateur  est  toujours  entouré  d'os  (1). 

Chez  les  Monotrèmes,  les  Prosimiens  et  les  Chauves-souris,  la  partie  acélabulaire 
n'existe  point,  mais  on  la  trouve  chez  de  nombreux  représentants  de  tous  les  autres 
groupes  principaux  des  Mammifères.  C'est  chez  la  Taupe  qu'elle  est  relativement  le 


Fig.  105. 


Fig.  106. 


Fig.  105.  —  Bassin  de  l'Homme.  Moitié  droite  vue  par  la  face  externe.  Les  trois  os  du  bassin,  l'ilium  II, 
"  l'ischion  Is  et  le  pubis  P,  sont  encore  séparés  au  niveau  de  la  cavité  cotyloïde  :  Fo,  trou  obturateur. 
Fig.  lOt).  —  Rapports  de  l'os  cotyloïdien    avec   les  autres  os  du  bassin   chez  les  Mammifères. 
Ac,  cavité  cotjdoïde  ;  A,  os  cotyloïdien  ;  II,  ilium  :  Is,  ischion  ;  P,  pubis. 

plus  développée,  où  elle  sépare  le  pubis  et  l'ilion  de  la  cavité  cotjloïde.  L'ischion  con- 
court toujours  à  la  formation  de  celle-ci.  Chez  les  individus  âgés  la  partie  acétabu- 
laire  peut  se  fusionner  avec  chacun  des  trois  autres  os  du  bassin,  par  exemple  avec 
le  pubis  chez  YHomme  et  les  Marsupiaux.  Chez  tous  les  Pinnipèdes  les  quatre  os  du 
bassin  concourent  à  la  formation  de  la  cavité  cotyloïde. 

L'os  cotyloïdien  (os  acetabuli)  apparaît  toujours  plus  tard  que  les  autres  éléments 
du  bassin  et  s'ossifie  également  plus  tard. 

Chez  les  Monotrèmes  et  les  Marsupiaux  des  deux  sexes,  sur  le  bord 
antérieur  de  l'arcade  pubienne  s'élèvent  à  droite  et  à  gauche  de  la  ligne 
médiane  deux  os  dirigés  en  ligne  droite  ou  obliquement  en  avant,  aux- 
quels on  donne  le  nom  d'os  marsupiaux.  Il  est  impossible  actuellement  de 


(1)  La  disparition  des  membres  postérieurs  exerce  naturellement  aussi  une  influence  sur 
la  ceinture  pelvienne  ;  c'est  ainsi  par  exemple  que  celle-ci  est  réduite  chez  les  Cétacés  à 
deux  os  enfoncés  dans  les  téguments,  qui  ne  sont  réunis  ni  entre  eux  ni  avec  la  colonne  ver- 
tébrale, et  que  l'on  doit  considérer  comme  un  pubis  et  un  ischion  rudimentaires.  Les  Balé- 
nides  possèdent  en  outre  un  rudiment  de  fémur  (Balaenoplera  et  Megaptcra,  et  les  Balaena 
un  rudiment  de  tibia.  Les  Célodonles  ne  présentent  aucune  trace  de  ces  deux  derniers  os. 


SQUELETTE  107 

déterminer  avec  certitude  leur  signification  morpholog-ique;  nous  rap- 
pellerons seulement  encore  une  fois  ici  le  cartilage  impair  du  bassin  des 
Dipnoïques  et  des  Amphihiens,  c'est-à-dire  le  cartilage  éjjipuhien.  Les  rap- 
ports des  os  marsupiaux  avec  le  muscle  pyramidal  seront  décrits  dans 
le  chapitre  consacré  à  la  myolog^ie. 


Avant  de  quitter  la  ceinture  pelvienne,  faisons  remarquer  encore  que, 
pas  plus  que  la  ceinture  scapulaire,  elle  n'est  rattachée  à  un  segment 
déterminé  du  corps,  mais  que  toutes  deux  sont  sujettes  aux  déplace- 
ments les  plus  variés,  soit  dans  le  cours  de  la  phylogénie,  soit  dans  le 
cours  de  l'ontogénie. 


Extrémités  libres. 

Poissons  et  Dipnoïques. 

La  na.geoire  pectorale  est  unie  ordinairement  chez  les  Sélaciens  avec 
la  ceinture  scapulaire  par  trois  pièces  cartilagineuses,  qui  doivent  être 
considérées  comme  formées  par  un  grand  nombre  de  rayons.  A  ces  trois 
pièces  basilaires,  auxquelles  on  donne  les  noms  àe  proptèrygium,  méso- 
ptérygium  et  métaptérygium,  s'ajoutent  d'autres  petites  pièces  cartilagi- 
neuses, disposées  en  mosaïque,  fortement  unies  entre  elles  par  du  tissu 
conjonctif.  A  la  périphérie  se  rangent  les  filaments  cornés,  dont  il  a  déjà 
été  question,  qui  contribuent  puissamment  (avec  la  peau)  à  agrandir  la 
surface  de  la  nageoire. 

De  ces  trois  pièces  basilaires  le  métaptérygium,  qui  apparaît  le  pre- 
mier dans  l'embryon,  joue  le  rôle  principal,  et  forme,  avec  les  pièces 
cartilagineuses,  situées  dans  son  prolongement,  le  7'ayo7i  jjrincipal  de  la 
nageoire,  d'oii  partent  les  rayons  secondaires  essentiellement  d'un  seul 
côté  {type  de  nageoire  unisériée)  ;  dans  quelques  cas  seulement  on  observe 
aussi  quelques  traces  de  rayons  du  côté  opposé  {type  de  nageoire  bisériée). 
Ce  dernier  type  est  caractéristique  chez  les  Dipnoïques,  et  en  particulier 
chez  le  Ceratodus  oii  les  atrophies  ne  sont  pas  encore  aussi  prononcées 
que  chez  le  Protopterus  (voy.  page  67)  et  le  Lépidosiren.  Le  Ceratodus 
présente  une  conformation  régulièrement  bisériée,  aussi  bien  dans  la 
nageoire  antérieure  que  dans  la  nageoire  postérieure.  Dans  l'une  comme 
dans  l'autre  on  distingue  un  rayon  principal  ou  médian,  formé  d'ar- 
ticles cartilagineux,  portant  à  gauche  et  à  droite  un  grand  nombre  de 
rayons  secondaires  également  segmentés,  sans  que  cependant  la  symé- 
trie soit  strictement  observée.  L'organe  tout  entier  a  l'aspect  d'une  plume 
et  la  comparaison  est  d'autant  plus  frappante  qu'il  vient  s'y  ajouter  à  la 


108  CHAPITRE    DEUXIÈME 

périphérie  un  grand  nombre  de  filaments  cornés  pressés  les  uns  contre 
les  autres  (fig-.  108).  Le  segment  supérieur  (basilaire)  du  rayon  prin- 
cipal, qui  ne  porte  pas  de  rayons  secondaires,  est  articulé  avec  la  cein- 
ture scapulaire  et  correspond  certainement  à  une  des  trois  pièces  basi- 
laires  de  la  nageoire  des  Sélaciens,  mais  il  n'est  pas  possible  de  décider 
actuellement  si  c'est  au  mésoptérygium  ou  au  métaptérygium. 

Les  recherches  récentes  ont  mis  hors  de  doute  que  le  type  unisérié 
de  la  nageoire  des  Sélaciens  doit  être  considéré  comme  jjrimitif;  néan- 
moins il  est  excessivement  probable  que  les  nageoires  paires  des  Sélaciens 


Fig.  107.  —  Ceinture  scapulaire  et  nageoire  pectorale  d' Heplanchus.  SB,  SB^,  ceinture  scapulaire 
percée  d'un  trou  en  NL;  Pr,  Ms,  Mt,  les  trois  pièces  basilaires  de  la  nageoire,  proptérygium,  méso- 
ptérygium  et  métaptérygium  ;  Ha,  rayons  cartilagineux  ;  a,  6,  rayon  principal  de  la  nageoire  situé  dans 
l'axe  du  métaptérygium  ;  -f-,  rayon  situé  en  deçà  de  ce  dernier  (indice  du  type  bisérié)  ;  F's,  filaments 
cornés  coupés. 

et  des  Dipnoïques  se  sont  développées  indépendamment  Vune  de  Vautre  et 
dérivent  d'un  type  commun  analogue  à  celui  que  nous  montrent  les  Chi- 
mères actuelles  (1). 

Quant  à  la  nageoire  abdominale  des  Sélaciens,  elle  ressemble  à  l'an- 
térieure, mais  elle  reste  à  un  degré  de  développement  moins  avancé, 
qui  se  manifeste  surtout  par  une  réduction  dans  le  nombre  des  seg- 
ments basilaires. 

Le  mésoptérygiu7n  ne  se  développe  plus;  le  proptérygium  est  éga- 


(1)  Il  serait  très  à  désirer  pour  la  solution  définitive  de  cette  question  que  Galdwell  ne 
nous  fît  pas  trop  attendre  l'histoire  qu'il  projette  du  développement  du  Ceratodus. 


SQUELETTE 


109 


t 


lement  plus  ou  moins  rudimentaire  ou  peut  même  faire  complètement 
défaut  {Chimères),  de  sorte  que  le  métaptérygium  est  appelé,  aussi  bien 
qu'à  l'extrémité  antérieure,  à  jouer  le  rôle  principal  et  est  fréquem- 
ment la  seule  qui  persiste  des  trois  pièces  basilaires. 

A  l'extrémité  distale  du  métaptérygium  et  dans  son  prolongement  axial  s'ajoute 
un  certain  nombre  de  pièces  cartilagineuses,  appelées  appenf/icesèasi/aires,  qui  chez 
le  mâle  jouent  le  rôle  ûl organes  d'accouplement.  Chez 
les  Chimères  cet  appareil  a  une  conformation  plus 
simple  que  chez  beaucoup  de  Squales  et  de  Raies;  il 
est  composé  de  trois  stylets  distincts,  dont  deux  consti- 
tuent le  prolongement  postérieur  direct  de  la  pièce 
basilaire  du  métaptérygium.  Chacune  de  ces  deux  pièces 
présente  sur  sa  face  interne  une  gouttière  qui  est 
transformée  en  canal  par  une  troisième  pièce  aplatie. 
Chez  la  fenaelle  à  la  place  de  cet  appareil  compliqué  il 
existe  seulement  à  l'extrémité  postérieure  du  métapté- 
rygium une  tige  cartilagineuse  grêle. 

Chez  les  Ganoïdes,  et  encore  plus  chez  les 
Téléostéens,  le  squelette  des  nageoires ,  qui 
dérive  essentiellement  de  celui  des  Sélaciens, 
subit  une  réduction  considérable  ;  par  suite  de 
l'apparition  d'éléments  osseux  on  y  distingue 
un  squelette  ^jr?m«/re  et  un  squelette  secon- 
daire. 

Les  trois  pièces  basilaires  de  la  nageoire 
des  Sélaciens  ne  se  rencontrent  plus  parmi 
les  Ganoïdes  que  chez  le  PolyjJtère,  mais  deux 
d'entre  elles  seulement,  le  projjtérygitim  et  le 
méta'ptérijgium,  sont  articulées  avec  la  cein- 
ture scapulaire,  la  troisième,  le  jnésoptery- 
gium,  n'a  aucune  connexion  avec  cette  der- 
nière. 

Quant  à  la  nageoire  abdominale  des  Ganoïdes 
cartilagineux  il  est  difficile  de  décider  si  elle  est  atrophiée  ou  si  elle  pré- 
sente encore  une  disposition  très  primitive.  En  premier  lieu  les  deux 
nageoires  ne  sont  pas  réunies  sur  la  ligne  médiane;  mais  ce  qui  est  plus 
important  c'est  que  dans  la  plupart  des  formes,  par  exemple  chez  le  Polyo- 
don  folium  (fig.  109),  le  tnétaptérygium  est  décomposé  eii  un  grand  nombre 
de  pièces  distinctes.  Ce  fait  est  très  remarquable,  rapproché  de  cet  autre 
fait  que  l'ébauche  primitive  des  membres  est  segmentée  (comp.  page  94)  ; 
rappelons  aussi,  comme  nous  l'avons  indiqué  plus  haut,  que  les  pièces 
basilaires  de  la  nageoire  des  Sélaciens  doivent  être  considérées  onto- 
génétiquement  comme  produites  par  la  fusion  de  petits  rayons.  Tout 
ceci  indique  manifestement  une  disposition  primitive. 

Chez  les  Téléostéens  la  réduction  est  portée  très  loin  dans  la  nageoire 
pectorale  aussi  bien  que  dans  la  nageoire  abdominale, néanmoins,  comme 


Fig.  108.  —  Nageoire  pectorale  du 
Ceratudus  Forsteri.  a,  b,  les 
deux  pemiers  articles  du  rayon 
axial;  -J"]-,  rayons  accessoires; 
FS,  filaments  carrés,  qui  n'ont 
persisté  que  sur  un  seul  côté. 


110 


CHAPITRE    DELXIEJIE 


le  prouve  l'embryologie,  on  retrouve  au  fond  le  même  plan  de  structure. 
Je  ne  puis  entrer  ici  dans  les  détails  et  je  renverrai  à  mon  Traité  d'ana- 
tomie  comparée  des  Vertébrés. 


Fig.  109.  —  Extrémité  postérieure  droite  du  Polyodon  folium  (face  supérieure.  Individu  jeune). 
M,  métaptérygium  ;  Pru,  apophyses  uncinées  (apophyses  iliaques,  Thacher,  Mivart,  Davidoff)  ; 
Ra,  Ha^,  rayons  de  premier  et  de  deuxième  ordre  ;  FS,  rayons  de  la  nageoire. 


Considérations  générales  sur  les  membres 
des  Vertébrés  supérieurs. 

Autant  il  est  facile  de  ramener  le  squelette  de  la  nageoire  de  tous  les 
principaux  groupes  de  Poissons  à  un  type  fondamental,  autant  il  paraît 
difficile  d'y  rattacher  les  membres  des  Amphihiens.  11  semble  exister 
entre  eux  un  abîme  profond  déterminé  par  la  différence  des  conditions 
d  existence,  et  nous  aurons  à  nous  poser  la  question  de  savoir  comment 
le  membre  d'un  Vertébré  respirant  dans  l'air  et  destiné  à  se  mouvoir 
sur  la  terre  a  pu  dériver  de  la  nageoire,  qui  est  adaptée  à  un  milieu  li- 
quide. 

Pour  résoudre  cette  question  les  découvertes  paléontologiques  ne 
nous  fournissent  aucun  point  de  repère,  c'est-à-dire  aucune  forme  inter- 
médiaire, de  sorte  que  force  nous  est  de  nous  tourner  vers  des  explica- 
tions d'un  autre  ordre,  et  d'avoir  recours  aux  hypothèses.  D'abord  nous 
devons  partir  de  ce  fait  que  le  levier  à  un  seul  bras,  tel  que  nous  le  re- 
présente la  nageoire  et  qui  suffît  complètement  pour  faire  progresser  le 
corps  dans  un  milieu  liquide,  a  dû  graduellement  se  transformer  en  un 
système  de  leviei^s  à  plusieurs  bras,  lorsque  l'Amphibien  primitif  com- 
mença à  vivre  sur  la  terre. 


SQUELETTE 


111 


En  d'autres  termes,  lorsqu'il  ne  s'est  plus  agi  seulement  de  pousser 
simplement  le  corps  en  avant,  mais  qu  il  a  fallu  le  soulever  en  même 
temj)s  au-dessus  du  sol,  les  pièces  squelettiques  encore  unies  d'une  fa- 
çon rigide  dans  la  nageoire  ont  dû  graduellement  se  séparer,  former 
entre  elles  un  angle  {  genou,  coude)  et  présenter  des   articulations  réci- 


Fiff.  110. 


Fig.  111. 


Fig.  HO.  —  Extrémité  postérieure  du  Ranodon  sibiricus. 
H,  humérus  ;  HS,  rayon  principal  ;  F,  péroné  ;  T,  tibia  ; 
i,  intermédiaire  ;  t,  tibial  ;  f,  péronéal  ;  c,  c,  les  deux 
centraux  ;  1 — 6,  premier  à  sixième  tarsal  ;  -f,  indices  d'un 
sixième  rayon  dans  la  rangée  proximale  du  tarse  ;  I —  V, 
les  cinq  métatarsiens. 

Fig.  111.  —  Schéma  des  rapports  des  membres  avec  le 
tronc  chez  les  Poissons  (A)  et  chez  les  Vertébrés  supé- 
rieurs (B).  S,  ceinture  scapulaire  ;  il//,  métaptérygium, 
qui  correspond  au  rayon  principal  cubital  {Ul);  Rd, 
rayon  accessoire  radial. 

Fig.  112.  —  Avant-bras  droit,  carpe  et  main  de  la.  S ala- 
inandra  maculaia  (face  supérieure).  R,  radius  ;  U,  cu- 
bitus ;  r,  radial  ;  u,  i,  intermédio-cubital  ;  c,  central  ; 
1 — 'i, premier  à  quatrième  carpal  ;  Me,  Me,  métacarpe  ; 
Ph,  phalanges  ;  I — IV,  premier  à  quatrième  doigt. 


proques  dans  la  direction  proximo-distale.  En  même  temps  le  membre 
a  dû  progressivement  changer  sa  position  horizontale  pour  une  position 
telle  que  l'angle  qu'il  forme  avec  le  plan  médian  du  tronc  devienne  de 
plus  en  plus  petit,  jusqu'à  ce  que  finalement  son  axe  longitudinal  soit, 
comme  chez  les  Mammifères,  parallèle  à  ce  plan  dans  la  position  de  re- 
pos. Dans  les  types  supérieurs  c'est  surtout  le  membre  j^ostérieur,  chez 
l'Homme  le  membre  inférieur,  qui  s'est  transformé  de  la  sorte,,  tandis 


112  CHAPITRE    DEUXIÈME 

que  le  membre  antérieur  subit  les  modifications  et  les  adaptations  les 
plus  variées;  il  peut  en  efTet  devenir,  suivant  les  circonstances,  un  or- 
gane du  touche)^  un  organe  de  j^t^éhension,  un  organe  du  vol,  ou  même  re- 
devenir, chez  les  Mammifères  qui  vivent  dans  l'eau  douce,  un  organe  de 
natation. 

De  sorte  qu'on  peut  retrouver,  comme  pour  les  Poissons,  un  type 
fondamental  dans  le  squelette  des  membres  de  tous  les  autres  Vertébrés; 
on  peut  même  démontrer  que  le  plan  de  structure  delà  nageoire  primi- 
tive des  Poissons,  caractérisée  par  la  présence  d'un  rayon  prhicijjal  et 
de  rayons  secondaires,  se  retrouve  aussi  cliez  les  Amphihiens  et  les  Am- 
niotes.  Un  coup  d'œil  sur  les  figures  110  et  111  confirme  ce  que  nous 
venons  d'avancer.  Nous  y  voyons  une  ligne  HS  tracée  de  H  en  II  k 
travers  F,  i,  c,  c,  2.  Elle  représente  le  rayon  principal,  à' oh  part  déjà 
très  haut  (en  H)  un  rayon  secondaire,  qui  se  dirig-e  en  /,  en  passant  par 
T,  t,  et  1.  Une  seconde  série  de  rayons  secondaires  se  détache  du  rayon 
principal  du  côté  opposé. 

On  retrouverait  aussi  ici  encore  le  type  biséiHé,  mais  rien  n'autorise 
à  le  considérer  comme  la.  dispositio7i  primitive. 

Outre  que  les  Urodèles  actuels  ne  se  rattachent  certainement  pas  di- 
rectement aux  Dipnoïques  par  la  conformation  de  leurs  membres,  l'em- 
bryolog-ie  s'y  oppose  en  efTet  formellement.  Dans  les  premières  phases 
embryonnaires  on  ne  disting'ue  absolument  rien  qui  ressemble  à  un 
rayon  principal  donnant  naissance  à  des  rayons  secondaires,  ce  n'est  que 
relativement  tard  que  cette  disposition  se  montre,  et  doit  par  conséquent 
être  considérée  comme  une  acquisition  ultérieure. 

Quant  à  la  forme  et  à  la  position  des  difTérentes  pièces,  l'homologie 
est  complète  dans  les  membres  antérieurs  et  dans  les  membres  posté- 
rieurs. Toujours  on  observe  une  division  en  quatre  régions  appelées 
dans  le  premier  cas  bi'as,  avant-bras,  carpe  et  main,  dans  le  second 
cuisse,  jambe,  tarse  et  pied.  L'os  du  bras  ou  de  la  cuisse,  qui  correspond 
au  métaptérygium,  est  toujours  impair  ;  au  contraire  l'avant-bras  et  la 
jambe  présentent  chacun  deux  os,  le  radius  et  le  cubitus,  le  tibia  et  le 
péroné.  La  main  et  le  pied  se  divisent  ég'alement  en  deux  parties,  le 
métacarpe  et  le  métatarse  et  les  doigts  ou  orteils  composés  de  phalanges. 

Les  deux  régions  supérieures  (proximales),  ainsi  que  la  région  infé- 
rieure (distale)  des  membres,  sont  formées  d'os  cylindriques  plus  ou 
moins  longs,  qui  par  suite  de  leurs  rapports  essentiellement  semblables 
dans  toute  la  série  des  Vertébrés  présentent  moins  d'intérêt  que  le  sque- 
lette de  la  main  et  le  squelette  du  pied.  Néanmoins  on  peut  établir  aussi 
pour  ceux-ci  un  type  fondamental  commun.  Ils  représentent  toujours, 
en  effet,  un  assemblage  de  petits  cartilages  ou  de  petits  os  groupés  tous 
autour  d'un  os  central,  qui  parfois  est  double.  Trois  de  ces  pièces  sont 
proximales,  les  autres  en  nombre  variable  (4  à  6)  sont  distales.  Les 
premières  sont  appelées,  à  cause  de  leurs  rapports  avec  les  os  de  l'avant- 
bras  ou  de  la  jambe,  radial  (scaphoïde)    ou   tibial    (astragale),  cubital 


SQUELETTE  113 

(pyramidal)  ou  péronéal  (calcanéum)  ;  les  autres,  premier,  deuxième.... 
sixième   carpal  ou  tarsal,  comptés  à  partir  du  côté  radial  ou  du  côté 
tibial(%.  110  et  112). 

Amphibiens. 

Les  membres  postérieurs  et  antérieurs  des  Urodèles  ont  une  confor- 
mation qui  se  rapproche  plus  ou  moins  du  type  fondamental  que  nous 
venons  de  décrire  (1);  chez  les  Anoures  il  y  a  fusion  du  radius  et  du  cu- 
bitus et  disparition  de  Y  intermédiaire  au  carpe.  Ce  dernier  ne  se  retrouve 
pas  non  plus  dans  le  tarse.  Ici  la  rangée  proximale  n'est  formée  que  de 
deux  os  de  forme  cylindrique,  souvent  réunis  par  une  enveloppe  cartila- 
gineuse commune.  L'un  correspond  au  tibial  (astragale) ,  Y a,uire  a.u péro7iéal 
{calcanéum) . 

Dans  la  région  distale  du  carjje  on  distingue  primitivement  quatre 
pièces  distinctes,  mais  ce  nombre  peut  diminuer  par  suite  de  coalescence 
ultérieure.  Dans  quelques  cas  rares  il  existe  encore  un  cinquième  carpal. 
Ce  que  l'on  a  décrit  jusqu'ici  comme  tel  chez  tous  les  Anoures  corres- 
pond, suivant  Howes,  à  un  «  central  postaxial  » .  Mais  comme  il  existe  tou- 
jours un  «  central  préaxial  »,  le  scaphoïde  des  auteurs  (2),  les  Anoures 
paraissent  être  le  seul  ordre  actuel  caractétHsé  jjar  la  présence  d'un  double 
central  (Howes). 

Dans  la  rangée  distale  du  tarse  le  2"  et  le  3*^  tarsal  sont  les  éléments 
les  plus  constants,  cependant  ils  peuvent  aussi  se  fusionner  l'un  avec 
l'autre.  Le  4"  et  le  5"  tarsal  sont  ordinairement  remplacés  par  une  masse 
ligamenteuse;  chez  les  Discoglossides  le  4"  tarsal  est  encore  cartilagineux. 
Le  1"  tarsal  apparaît  encore  constamment,  mais  il  se  fusionne  fréquem- 
ment plus  tard  avec  l'élément  que  les  auteurs  désignent  sous  le  nom  de 
scaphoïde.  Ce  dernier  correspond,  comme  Howes  l'a  démontré  de  la 
manière  la  plus  convaincante,  à  un  central  et  celui-ci  n'a  rien  à  faire 
avec  le  rayon  du  praeliallux,  qui  existe  chez  tous  les  Anoures  au  côté 
tibial  du  tarse,  c'est-à-dire  avec  le  «  sixième  orteil  »  (formé  de  un  à 
quatre  segments). 

Les  os  du  métatarse  et  les  phalanges,  entre  lesquelles  est  tendue  lawem- 
brane  inter digitale,  sont  chez  les  Anoures  très  longs  et  grêles.  L'os  de  la 
cuisse  ainsi  que  l'os  de  la  jambe  (composé  de  deux  os  fusionnés  ensemble) 
sont  excessivement  longs  et  montrent  que  ces  animaux  progressent  en 
sautillant.  L'ossification  du  squelette  des  membres  est  en  général  beaucoup 
plus  prononcée  chez  les  Anoures  que  chez  les  Urodèles,  où  l'on  rencontre 
encore  beaucoup  d'éléments  cartilagineux. 

(1)  Cela  n'empêche  pas  qu'il  puisse  survenir,  comme  c'est  aussi  le  cas  pour  les  Anoures, 
de  nombreuses  soudures  secondaires  entre  les  dilTérentes  pièces  du  carpe  ou  du  tarse.  L'ex- 
trémité antérieure  ne  possède  en  général  que  quatre  doigts  ;  mais  certains  indices  portent  à 
penser  qu'elle  en  possédait  jadis  cinq,  comme  la  postérieure.  Le  nombi'e  des  phalanges  est 
variable. 

(2)  Les  rapports  du  scaphoïde  avec  les  éléments  du  carpe  qui  l'entourent  sont  très  va- 
riables suivant  les  formes.  Il  peut  même  être  en  contact  avec  le  radius,  mais  alors  il  s'agit 
toujours  d'un  processus  secondaire. 

WlEDERSHEIM.  8 


114 


CHAPITRE    DEUXIEME 


Reptiles. 

Les  Tortues,  dont  les  membres  peuvent  être  transformés  en  organes 
de  natation,  ainsi  que  les  Sauriens,  se  rattachent  directement  aux  Urodèles 
par  la  conformation  du  carpe  (1);  ici  aussi  quelques  indices  montrent 


c 


Fig.  113.  —  Carpe  droit  de  VEmys  europaea  (face  supérieure).  R,  radius  ;  U,  cubitus  ;  r  c,  radial  et  cen- 
tral soudés  ;  i,  intermédiaire  ;  m,  cubital  ;  1  —  5,  premier  à  cinquième  carpal,  dont  le  quatrième  et  le 
cinquième  sont  fusionnés  ;  -J-  et  *,  os  sésamoïdes  sur  le  bord  culDÎtal  et  sur  le  bord  radial  (indices  d'un 
sixième  et  d'un  septième  rayon)  ;  I —  V,  les  cinq  métacarpiens. 

Fig.  114.  —  Carpe  gauche  du  Lar-erta  agilis  (face  supérieure).  U,  cubitus  ;  R,  radius  ;  tt,,  cubital  ;  i,  inter- 
médiaire ;  r,  radial  ;  c,  central  ;  1  —  5,  premier  à  cinquième  carpal;  •f,  os  sésamoïde  ;  I — V,  les  cinq 
métacarpiens. 

que  jadis  il  existait  six  doigts  {Trionyx,  Chelonia,  Emys,  etc.).  Le  tibia  et 

le  péroné  restent  toujours  séparés. 

Chez  les  Crocodilirns,  où,  de  même  que  chez  les  Anou7'es,  il  n'existe 
aucune  trace  à' intermédiaire,  on  trouve  dans  la 
rangée  proximale  du  carpe  deux  os  en  forme 
de  sablier  ;  l'un  plus  volumineux  est  le  radial, 
l'autre  est  le  cubital.  En  dehors  de  ce  dernier 
existent  les  vestiges  d'un  sixième  doigt.  Le  cen- 
tral est,  comme  chez  les  Anoures  et  les  Mam- 
mifères, rejeté  sur  le  bord  radial.  Les  pièces  de 
la  rangée  distale  sont  bien  plus  petites  que  celles 
de  la  rangée  proximale. 

Un  grand  intérêt  s'attache  au  squelette  de  la  main 
des  Ptérosauriens,  chez  lesquels  le  quatrième  ou  le  cin- 
quième (cubital)  doigt  était  transformé  en  une  tige 
plusieurs  fois  segmentée  d'une  longueur  démesurée,  qui 
servait  à  supporter  la  membrane  aliforme  étendue  entre 
lui  et  toute  la  longueur  du  flanc  de  l'animal  {Pterodac- 
lylus,  Rhamphovhynchus,  Phytlurus,  fig.  116). 

Il  est  remarquable  que  chez  cei'taines  formes  de  Sau- 
riens fossiles  {Anomodonles,  Thériodontes)  il  existe  sur 
le  bord  interne  de  l'humérus  un  trou  épicondylien  par  où 


M      ir- 

Fig.  115.  —  Carpe  droit  d'AZZi- 
galor  lucius  (individu  jeune), 
vu  par  la  face  supérieure.  R, 
radius;  U,  cubitus;  r,  radial; 
u,  cubital  ;  C,  central  ;  1 — 5,  pre- 
mier à  cinquième  carpal  non 
encore  ossifié  ;  le  1er  et  le  2<=, 
ainsi  que  le  3",  le  4°  et  le  b"  sont 
soudés  ;  -J-,  os  sésamoïde  ; 
/ — V  les  cinq  métacarpiens. 


(1)  Cela  s'applique  en  première  ligne  à  la  Chelydra  serpeniina,  dont  le  carpe  possède  même 
encore  un  central  double.  Ce  dernier  existe  d'ailleurs  aussi  chez  VHatteria  et  le  Proterosaurus 
fossile. 


SQUELETTE 


115 


passe  le  nerf  médian  et  Varlère  humérale  (1)  Ces  Reptiles  du  trias  sont  d'autant  plus 
intéressants  que  la  conformation  des  os  de  ravant7bras  montre  qu'ils  pouvaient  exé- 


Fig.  116.  —  Pterodactylus,  d'après  Goldfuss.  Le  squelette  de  la  main  a  été  modifié. 

cuter  non  seulement  des  mouvements  de  flexion  et  d'extension,  mais  encore  des  mou- 
vements de  pronation  et  de  supination.  Il  paraîtrait  donc  qu'ils  possédaient  une  mam 
préhensile    comme    certains    Mammifères 
actuels. 

Le  tarse  subit  chez  tous  les  Rep- 
tiles, principalement  dans  sa  partie 
proximale,  une  réduction  très  consi- 
dérable et  nous  conduit  graduelle- 
ment à  la  conformation  typique  des 
Oiseaux. 

C'est  ainsi  que  chez  les  Tortues 
(fig.  117)  et  chez  les  Sauinens  toutes 
les  pièces  de   la  rangée  proximale 

sont  fusionnées  en   une   seule   masse  FigA17.-Ta.vs^  droit  de  VEmyseuropaeaif^ce 

supérieure).    T,  tibia  ;  i^,  perone  ;  (2)/.i.c,    tar- 

OSSeUSe  ,     qui      correspond      chez      les  sais  de  la  première  rangée  fusionnés  en    une 

^j   ,j        .                        -7  •     7                    '           'là.  seule  pièce  (intermédiaire  (?),  péronéal,  tibial, 

LlielomenS    au    tllnai,    BlU  peroneal    et  central);l— 4,  premier  à  quatrième  tarsal  de  la 

7      /~,i           1           CI           ■  deuxième  rangée  :  PW^,  première  phalange  du 

au    central.    Chez    les    baUrienS   on    ne  cinquième  doigt;  /-F,les  cinq  métatarsiens. 


(iiftc. 


(1)  Il  existe  aussi  très  fréquemment  cliez  les  Reptiles  actuels  et  fossiles  sur  le  côté 
externe  de  l'humérus  un  canal  spécial  pour  le  nerf  radial. 


116 


CHAPITRE    DEUXIEME 


voit  même  plus  de  central  du  tarse  pendant  la  période  embryonnaire. 
Il  y  existe  aussi  les  traces  d'un  sixième  rayon.  Quant  à  V intermédiaire 
on  ne  sait  rien  de  précis  à  son  sujet. 

La  deuxième  rangée  est  formée  au  début  de  trois  à  quatre  pièces 
distinctes  (tarsaiia),  qui  peuvent  se  souder  partiellement  entre  elles 
{Tortues),  de  sorte  que  les  mouvements  du  pied  ont  de  plus  en  plus  lieu 
dans  les  articulations  du  tarse  (comme  chez  les  Oiseaux). 

Chez  les  Crocodiles  la  rangée  proximale  du  tarse  se  compose  de  deux 
os,  dont  l'un,  désigné  sous  le  nom  à' astragale,  correspond  au  tibial,  kVin- 

Fig.  119. 


Fig.  118.  —  Tarse  droit  du  Lacerla  muralis  (face  supérieure).  T,  tibia;  F,  péroné;  t,f,i,c,  os  delà 
première  rangée  correspondant  au  tibial,  au  péronéal,  à  l'intermédiaire  et  au  central  ;  -f,  os  sésamoïde 
(indice  d'un  sixième  rayon  dans  le  tarse^des  Ascalabotes)  ;  3  —  5,  trois  tarsals  de  la  rangée  distale  ; 
I —  V,  les  cinq  métatarsiens. 

Fig.  119.  —  Tarse  droit  de  Crocodile  (face  supérieure).  T,  tibia  ;  F,  péroné  ;  t,i,c,  tibial,  intermédiaire 
et  central  formant  par  leur  fusion  l'astragale  ;  f,  péronéal  (calcanéum)  ;  1  —  3,  premier  à  troisième  tar- 
sal  fusionnés  ;  4,  quatrième  tarsal  ;  7 — IV,  les  quatre  premiers  métacarpiens  ;  F.'',  cinquième  tarsal  ou 
métatarsien. 

termédiaire  et  au  central,  l'autre,  appelé  calcanéum,  au  2^éronéal;  ce  dernier 
présente  ici  pour  la  première  fois  à  sa  face  postérieure  une  saillie  [tuber- 
cule du  calcanéum).  La  rangée  distale  est  formée  primitivement  de  quatre 
petits  cartilages,  qui  se  soudent  plus  tard  partiellement  entre  eux. 

Oiseaux. 

L'extrémité  antérieure  des  Oiseaux,  en  se  transformant  en  organe  du 
Viol,  a  perdu,  dans  sa  partie  périphérique,  ses  caractères  primitifs  et  a  subi 
des  réductions.  Vhumérus  et  Yavant-bras  prennent  par  contre  un  déve- 
loppement excessif  par  suite  de  leurs  rapports  avec  l'aile,  s'allongent  et 
acquièrent  la  prédominance  sur  le  membre  postérieur,  qui  supporte  le 
poids  du  corps  tout  entier  (fîg.  120).  Les  Oiseaux  coureurs  font  seuls 
exception;  l'extrémité  antérieure  est  considérablement  atrophiée. 

Dans  le  carpe  on  trouve  encore  chez  l'embryon  sept  pièces  distinctes, 
parmi  lesquelles  encore  un  central  et  un  intermédiaire.  Une  partie  de  ces 
pièces  se  fusionne  plus  tard  avec  la  base  des  métacarpiens  et  finalement 
dans  le  carpe  de  l'Oiseau  adulte  il  ne  reste  plus  que  deux  pièces  libres, 
le  radial  et  le  cubital. 


SQUELETTE 


117 


Le  métacarpe  se  compose  de  trois  pièces  qui  se  soudent  à  la  base  et 
en  partie  aussi  à  l'extrémité  opposée  (II  et  III).  11  s'y  ajoute  des  doigts 
rudimentaires  qui  ne  se  composent  que  d'un  petit  nombre  de  phalanges 
(%.  120). 

Les  doigts  armés  de  griffes,  qui  existaient   chez  l'Archaeopteryx  à 


Fig.  120.  —  Squelette  des  membres  et  de  la  queue  d'un  Oiseau  (Carinate).  Le  squelette  du  tronc  est 
indiqué  par  des  lignes  ponctuées.  Sch,  omoplate  ;  R,  coracoïde  ;  St,  sternum  avec  le  bréchet  (Cr);  OA, 
humérus  ;  Rd,  radius  ;  Ul,  cubitus  ;  HW,  carpe  ;  MJfl,  métacarpe  ;  jF",  phalanges  ;  Os,  fémur  ;  T,  tibia  ; 
Fi,  péroné  ;  MF,  métatarse  ;  Z,  Z^,  doigts  ;  Py,  pygostyle. 

l'extrémité  des  trois  phalanges  terminales,  ne  se  rencontrent  qu'exception- 
nellement chez  les  Oiseaux  actuels,  par  exemple  chez  les  Struthionides, 
le  Megapodiîis,  etc. 

Il  résulte  des  recherches  de  W.  K.  Parker  que  la  main  de  l'Oiseau  présente  pendant 
la  période  embryonnaire,  outre  les  trois  doigts  qui  persistent,  l'ébauche  de  ti'ois  autres 
doigts,  dont  l'un  doit  être  considéré  comme  «  praepollex  »  (voir  à  ce  sujet  le  para- 
graphe relatif  à  la  main  des  Mammifères).  Il  est  situé  en  dedans  du  premier  méta- 
carpien; les  autres  sont  placés  du  côté  cubital  du  deuxième  et  du  troisième  métacar- 
pien. Peut-être  est-ce  là  l'indice  d'une  disposition  primitive. 


118  CHAPITRE    DEUXIÈME 

La  réduction  des  os  du  tarse,  déjà  de  plus  en  plus  prononcée  chez  les 
Reptiles,  atteint  le  maximum  chez  les  Oiseaux.  Chez  l'embryon  le  tarse 
se  compose  encore  de  trois  pièces,  deux  petites  proximales  [tihial  etpéro- 
néal)  et  une  pièce  distale  large,  qui  correspond  aux  cinq  premiers  tarsiens. 

Le  tibial  et  le  péronéal  se  soudent  plus  tard  avec  l'extrémité  distale 
du  tibia,  la  pièce  distale  se  soude  avec  la  base  des  métatarsiens,  de  sorte 
que  le  p)i&d  de  V Oiseau  adulte  ne  possède  plus  de  tarsiens  distincts.  Cepen- 
dant on  peut  dire  que  les  mouvements  du  pied  de  l'Oiseau  se  produisent, 
comme  chez  les  Chéloniens  et  les  Sauriens,  dans  les  articulations  du 
tarse. 

Primitivement  il  existe  chez  l'embryon  cinq  métatarsiens  distincts,  mais  plus  tard, 
après  qu'ils  se  sont  soudés  ensemble  (tarso-métatarse  ou  tarse  des  Ornithologistes), 
quelques  rainures  ou  quelques  fentes  à  l'extrémité  proximale  et  à  l'extrémité  distale 
sont  les  seuls  indices  de  leur  séparation  primitive. 

Le  nombre  des  doigts  descend  chez  les  Oiseaux  à  quatre,  trois  ou  même,  comme 
chez  les  Autruches,  à  deux. 

Le  péroné  reste  toujours  rudimentaire  ;  il  est  plus  ou  moins  soudé 
avec  le  tibia,  qui  est  volumineux  et  n'arrive  jamais  jusqu'au  tarse. 

Mammifères. 

Chez  les  Mammifères  le  membre  antérieur,  tantôt  reste  à  l'état  de 
simple  organe  de  locomotion,  tantôt  revêt  un  caractère  physiologique 
tout  différent  et  se  transforme  en  organe  de  j'^réhension.  Cette  transfor- 
mation est  due  à  ce  que  les  os  de  l'avant-bras,  primitivement  unis  solide- 
ment ensemble,  deviennent  graduellement  mobiles,  de  telle  sorte  que  le 
cubitus  restant  fixe  le  radius  peut  librement  tourner  autour  de  lui.  L'axe 
idéal  du  mouvement  passe  par  le  cubitus  et  par  l'extrémité  supérieure 
du  radius.  Par  suite,  l'extrémité  supérieure  du  radius  tourne  autour  de 
son  propre  axe,  tandis  que  son  extrémité  inférieure  tourne  autour  d'un 
axe  situé  en  dehors  de  lui.  Il  en  résulte  en  outre  que  dans  ce  mouvement 
de  rotation  il  ne  change  pas  de  place  en  haut,  tandis  qu'en  bas  il  décrit 
un  arc  de  cercle  autour  du  cubitus  et  entraîne  la  main  qui  est  articulée 
avec  lui  et  qui  pivote  autour  de  son  axe  longitudinal.  Ce  mouvement, 
déterminé  par  un  groupe  particulier  de  muscles,  qui  a  pour  résultat  de 
tourner  en  bas  la  face  palmaire  de  la  main,  porte  le  nom  de  pronation  ;  le 
mouvement  opposé  est  appelé  supination. 

Ces  mouvements  commencent  déjà  à  se  manifester  chez  les  Marsu- 
piaux, mais  ils  n'atteignent  toute  leur  perfection  que  chez  les  Primates. 
Il  est  certain  que  leur  réalisation  est  en  grande  partie  due  à  une  diffé- 
renciation de  plus  en  plus  marquée  des  muscles,  qui  s'est  produite  dans 
le  cours  des  temps;  mais  cela  n'explique  pas  la  position  différente  que 
présentent  les  os  homologues  de  l'avant-bras  et  de  la  jambe.  A  la  jambe 
le  tibia  est  situé  en  dedans,  à  l'aA'ant-bras  dans  la  supination  le  radius 
est  situé  en  dehors.  Tandis  que  dans  le  premier  cas  les  rapports  primitifs 


SQUELETTE 


119 


sont  conservés,  dans  le  second  ils  se  sont  modifiés.  La  cause  en  est  dans 
la  torsion  de  Vextréinité  distale  de  Vhumérus  qui  se  manifeste  dans  le 
cours  de  la  phylogénie  et  de  Tontogénie. 

Le  carpe  et  le  tarse  se  rapprochent  surtout  de  ceux  des  Urodèles  et 
des  Tortues.  Comme  dans  ces  derniers  groupes  il  peut  y  avoir  soudure  des 
différentes  pièces  entre  elles.  C'estce  qui  atoujours  lieu, parexemple, pour 
le  tibialeiV intermédiaire (\mîoYu\ei\ii^d,v]Quv  coalescenceTas^m^a/e,  ainsi 
que  pour  le  4''  et  le  S''  carpien,  ainsi  que  pour  le  4^"  et  5^  tarsien,  qui  consti- 
tuent dans  le  premier  cas  l'os  crochu  et  dans  le  second  cas  le  ci^6o?(fe.  L'ébau- 
che du  central  peut  être  retrouvée  dans  le  carpe  de  tous  les  Mammifères 
pentadactyles,  mais  fréquemment  il  se  soude  déjàpendant  lapériode  fœtale 
avec  le  radial  voisin.  Tel  est  par  exemple  le  cas  pour  le  Gorille,  le  Chim- 


V,      R 


Ciib- 


duJ-M 


Fig.  121.  —  A,  carpe,  et  B,  squelette  du  pied  de  l'Homne.  Le  prœpoUex  et  le  praehallux  sont  représentés 
schématiquement.  U,  cubitus;  R,  radius  ;  r,  radial  (scaphoïde)  ;  i,  intermédiaire  (semi-lunaire);  u, 
cubital  (pyramidal)  ;  P,  pisiforme  ;  ce,  central  fusionné  avec  le  radial  ;  ce2,  deuxième  central  (tête  du 
grand  os,  troisième  carpal)  ;  1  —  5,  premier  à  cinquième  car  pal  (tarsal),  dont  le  quatrième  et  le  cinquième 
sont  fusionnés  pour  former  l'os  unciforme  (cuboïde,  Cub);  ■^'j-^,  vestiges  du  prapoUex  et  du  praehal- 
lux ;  1  —  3,  premier  à  troisième  tarsal  (premier  à  troisième  cunéiforme,  Cu.  I — 111)  ;  c,  central  du  tarse 
(scaphoïde)  ;  it,  intermédio-tibial  ou  astragale  {As)  ;  f  -\-  P,  pisiforme  du  tarse  et  péronéal  formant  par 
leur  fusion  le  calcanéum  (Ca);  I —  F,  les  cinq  métacarpiens  ou  métatarsiens. 

panzé  et  VHomme;  cependant  chez  ce  dernier  il  peut  quelquefois  (dans 
0,4  °/o  des  cas)  persister  pendant  toute  la  vie.  Au  tarse  l'os  central  s'est 
mieux  conservé;  on  le  trouve  fréquemment  sur  le  bord  interne  du  pied. 

L'existence  jadis  d'un  sixième  et  d'un  septième  doigt  à  la  main  et  au  pied  des 
Mammifères  est  appuyée  par  de  nombreux  arguments  empruntés  à  l'anatomie  compa- 
rée et  à  l'ontogénie,  et  se  trouve  déjà  indiquée  par  une  disposition  analogue  que  nous 
avons  vue  chez  les  Amphibiens  et  les  Reptiles.  L'un  des  »  rayons  »  disparus  était  situé 
sur  le  bord  cubital  et  sur  le  bord  péronéal  et  se  trouve  indiqué  par  le  pisiforme, 
(fig.  121,  P)  ;  l'autre  se  trouvait  en  dedans  du  pouce  et  du  gros  orteil.  On  leur  donne 
le  nom  à^'praepoUex  et  le  praehallux  [fig.  121,  -|--|-).  La  forme  primitive  de  la  main 
et  du  pied  des  Mammifères  n'est  donc  pas  pentadaclyle,  mais  hepladodyle. 

Jusqu'à  quel  point  les  derniers  tarsiens  correspondent-ils  aux  carpiens,  c'est  en- 
core là  matière  à  controverse,  mais  seulement  pour  la  rangée  proximale  avec  le  cen- 
tral simple  ou  double;  pour  les  éléments  de  la  rangée  distale  les  rapports  sont  par- 
faitement clairs  et  il  suffit,  pour  s'en  rendre  compte,  de  jeter  un  coup  d'oeil  sur  la 
figure  121. 

Une   question  des  plus  intéressantes  est  celle  des  réductions  qu'ont 


120 


CHAPITRE    DEUXIEME 


subies,  pendant  les  périodes  géologiques,  le  squelette  du  pied  et  de  la  main 
chez  les  Ongulés.  On  sait  que  ces  animaux  sont  divisés  en  deux  grands 

groupes,  celui  des  Artiodactyles  et  celui 
des  Périssodactijles.  Les  premiers  sont 
paridigitès ,  le  troisième  et  le  quatrième 
doigt  prennent  un  développement  pré- 
pondérant et  reposent  seuls  sur  le  sol 
(fig.  122,  A-F);  les  seconds  sont  impa- 
ridigités,  un  seul  doigt,  le  troisième,  est 
IN  'i\  prépondérant  (fig.  123,  1  à  6). 
î\[\  Un  grand  nombre  (30)  de  formes  de 

transitions  tertiaires  montrent  que  tous 
les  Ongulés  descendent  d'une  seule  etméme 
forme  primitive  pentadactyle ;  cepen- 
dant les  Paridigités  et  les  Imparidigités 
étaient  déjà  nettement  difTérenciés  dès 
le  début  de  l'époque  tertiaire,  de  sorte 
que  l'on  doit  chercher  dans  le  crétacé 
la  forme  ancestrale  commune,  dont 
dérivent  probablement  aussi  les  Pro- 
boscidiens. 


Quant  aux  modifications  si  variées,  que  les 
différences  dans  le  mode  d'existence  ont  en- 
Iraînées  dans  la  conformation  du  membre 
antérieur,  nous  ne  pouvons  pas  les  décrire  ici. 
Nous  nous  bornerons  à  rappeler  l'allongement 
excessif  des  phalanges  chez  les  Chauves-souris, 
les  extrémités  fouisseuses  de  la  Taupe  et  des 
Monotrèmes,]es  membres  transformés  en  rame 
des  Cétacés,  le  pouce  opposable,  etc.  Toutes  ces  variations  s'expliquent  d'elles-mêmes, 
si  l'on  songe   qu'un  appareil   aussi  exposé  que    l'extrémité  antérieure  doit  subir  le 


J)  £  F 

Fig.  122.  —  Patte  antérieure  A  du  Parc;  B,  de 
V Hyomoschus  ;  C,  du  l'ragulus  ;  D,  du 
Chevreuil;  E,du  Mouton;  F,  Avl  Chameau. 
2 — 5,  deuxième  à  cinquième  doigt.  (D'après 
Garrod.) 


yivin  II 


Fig.  123.  —  Patte  antérieure  des  formes  anceotrales  du  Cheval.  1,  Orohippus  (éocène);  2,  Mesohipptts 
(pliocène  supérieur)  ;  3,  Miohippus  (miocène)  ;  4,  Protohippus  (pliocène  supérieur)  ;  5,  Pliohippus  (plio- 
cène supérieur);  6)  Équus.  II — V,  doigts. 

premier  choc  dans  la  lutte  pour  l'existence,  de  sorte  que  les  conditions  extérieures 
ambiantes  doivent  exercer  sur  lui  une  action  modificalrice  puissante. 

Le  péroné  ne  joue,  chez  les  Mammifères,  dans  l'extrémité  postérieure 
qu'un  rôle  secondaire  comparé  au  tibia,  et  la  cuisse  est  fréquemment 
plus  courte  que  la  jambe. 


SQUELETTE  121 

La  ROTULE,  située  en  avant  de  rarticulation  du  genou,  se  rencontre  déjà 
chez  certains  Sauriens,  par  exemple  cliez  le  Varanus  et  aussi  chez  les 
Oiseaux,  où  elle  est  déjà  très  répandue.  Elle  est  très  développée,  par 
exemple,  chez  les  Pingouins.  Chez  les  Mammifères  elle  ne  fait  défaut 
qu'aux  Cétacés,  aux  Sirènes,  aux  C/i/ro^j/ères  et  à  quelques  Marsupiaux. 
Partout  où  elle  existe,  elle  n'a  aucun  rapport  génétique  avec  les  os  de 
la  cuisse  et  de  la  jambe;  elle  n'est  donc  pas,  comme  on  l'admettait  autre- 
fois, homologue  à  Volécrane  du  cubitus.  C'est  un  véritable  os  sésamoïde, 
qui  s'est  développé  par  suite  du  frottement  du  tendon  du  triceps  fémoral 
sur  la  capsule  de  l'articulation  du  genou. 


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E.  Rosenberg.   Ueber  die  Eniwicklung  der    Wirbelsdule  und  das  Centrale  Carpi  des  Men- 

scken.  Morph.  Jahrb.  T.  I.  1876. 
J.  Th.  Thacher.  Médian  and  paired  fins,  etc.  Transactions  of  the  Connecticut  Academy  III. 

1877. 
R.  Wiedersheim.  Salamandrina  perspicillata  etc.  Versuch  einer  vergl.  Anat.  der  Salaman- 

drinen.  Genua,  1875. 
Id.  Die  dltesten  Formen  des  Carpus  und  Tarsus  der  heutigen  Amphibien.  Morph.  Jahrb.  T.  II 

et  III. 


CHAPITRE    TROISIEME 


MYOLOGIE 

Les  MUSCLES  se  divisent  d'après  leurs  caractères  histologiques  en  deux 
groupes,  les  muscles  lisses,  les  muscles  striés.  Les  premiers  sont  phylo- 
géniquement  plus  anciens  et  ont  précédé  les  derniers  (1). 

Les  fibres  musculaires  lisses  ou  de  la  vie  organiques  chez  les  Vertébrés 
se  rencontrent  principalement  dans  les  viscères,  dans  Idi  peau,  dansVappa- 
reil  génito-urinaire  et  dans  \q&  vaisseaux  ;  elles  sont  soustraites  à  l'action 
de  la  volonté.  Les  muscles  striés  ou  de  la  vie  animale  sont  presque  sans 
exception  sous  la  dépendance  de  la  volonté  ;  ils  se  trouvent  surtout  dans 
les  parois  du  corps  et  dans  Vappareil  de  la  locomotion. 

Dans  ce  chapitre  il  ne  sera  question  que  des  muscles  striés.  En  se 
basant  sur  l'embryologie  on  peut  les  diviser  de  la  façon  suivante  : 

a)  Muscles   du  tronc  et  muscle  coraco-hyoïdien 

HT  ,  l  (sterno-hyoïdien)  des  Poissons   avec  ses 

Muscles    pariétaux  i  \,  .    ,       ,       i     "^^t     ..i    - 

dérives   chez  les  Vertèbres  supérieurs. 

b)  Muscles  des  membres. 

c)  Muscles  du  globe  de  Vœil. 

Muscles  de  la  tête  à  l'exception  des  groupes  de 
muscles  a)  et  c). 


DERIVANT  DES  SOMITES. 


II.  Muscles  viscéraux 
dérivant  des  lames 
latérales. 


(1)  D'après  des  recherches  récentes  les  muscles  striés  de  tous  les  Vertébrés,  que  l'on  a 
examinés  jusqu'ici,  se  partagent  au  point  de  vue  histologique  et  physiologique  en  deux 
groupes.  Les  uns  sont  blancs  ou  rouge  pâle  et  ne  renferment  que  peu  de  noyaux,  les  autres 
sont  rouge  foncé,  riches  en  hémoglobine  et  contiennent  beaucoup  de  noyaux.  Les  muscles 
blancs  se  contractent  rapidement,  les  muscles  rouges  se  contractent  lentement;  les  premiers 
se  fatiguent  plus  vite  que  les  seconds.  Dans  tous  les  muscles  que  l'on  a  examinés  avec  soin, 
ces  deux  sortes  de  faisceaux  musculaires  sont  mélangés  d'une  façon  très  régulière  ;  c'est  ce  que 
l'on  observe  par  exemple  très  nettement  dans  le  triceps  brachial  du  lapin.  Certains  muscles 
renlermeht  surtout  des  faisceaux  blancs,  certains  autres  des  faisceaux  rouges;  il  en  résulte 
des  dilférences  dans  la  force  et  la  durée  de  leur  contraction.  Les  muscles  rouges  paraissent 
être  doués  d'une  certaine  tonicité  permanente;  il  n'en  serait  pas  de  même  des  muscles 
blancs. 


MYOLOGIE  123 

Tous  ces  muscles  ont  en  général  des  connexions  étroites  avec  le  sque- 
lette, sur  lequel  ils  s'insèrent  à  l'aide  de  tendons.  On  peut  les  appeler 
MUSCLES  DU  SQUELETTE  pour  Ics  distinguer  d'un  autre  système  de  muscles, 
auxquels  à  cause   de  leur  situation  superficielle,  on  donne  le   nom  de 

MUSCLES  CUTANÉS. 

Les  muscles,  sous  leur  forme  la  plus  simple,  présentent  toujours  une 
tête  ou  origine  [origo),  vmventre  et  une  terminaison  [insertio).  Les  muscles 
du  tronc  sont  ordinairement  plats  ;  ceux  des  membres  généralement 
allongés,  cylindriques  ou  prismatiques.  Mais  les  muscles  peuvent  aussi 
revêtir  les  formes  les  plus  variables,  c'est  ainsi  qu'il  y  a  des  muscles  à 
plusieurs  têtes  ou  chefs,  des  muscles  digastriqiies,  des  muscles  semi-penni- 
formes,  des  muscles  penniformes,  des  muscles  digités,  etc.  Dans  ces  difîé- 
rents  cas  les  rapports  des  fibres  musculaires  avec  les  tendons  sont  natu- 
rellement très  variables. 

Tous  les  muscles  sont  entourés  par  des  gaines  fibreuses  ou  fascias, 
et  parleur  intermédiaire  sont  plus  ou  moins  intimement  unis  aussi  bien 
entre  eux  {ligaments  intermusculaires)  qu'avec  les  téguments  et  le  sque- 
lette. Ces  fascias  sont  plus  ou  moins  des  produits  des  muscles,  et  en 
tant  a^n  aponévroses  ils  remplacent  des  parties  du  squelette. 

Dans  tous  les  points  où  se  produisent  des  frottements,  il  peut  se 
développer  dans  les  muscles  ou  dans  les  tendons  des  ossifications  {os 
sésamoïdes) . 

La  formation  de  plusieurs  muscles  aux  dépens  d'un  substratum 
donné  peut  avoir  lieu  de  plusieurs  manières  :  i"  par  division  du  muscle 
primitif  en  une  partie 'proximale  et  une  partie  distale  {apparition  d'un  ten- 
don intermédiaire) ,  2°  par  décomposition  d\me  masse  musculaire  en  cou- 
ches distinctes,  3°  ptar  division  d'un  muscle  suivant  la  longueur,  4°  ;jar 
fusion  de  deux  muscles  p7^imitivement  distincts  et  indépendants  Vun  de 
r autre  par  leur  innervation.  Il  va  de  soi  que  dans  ce  dernier  cas  le  nom- 
bre des  muscles  se  trouve  diminué. 

Par  suite  de  changement  dans  son  origine  et  sa  terminaison  un  muscle 
peut  subir  dans  sa  forme  et  sa  position  des  modifications  et  des  trans- 
formations très  considérables.  Si  un  muscle  cesse  d'avoir  une  action 
utile,  ou  bien  ce  qui  en  reste  vient  renforcer  un  muscle  voisin,  ou  bien 
il  disparaît  sans  laisser  de  traces. 

Dans  l'embryon  les  différents  groupes  de  muscles,  par  exemple  le  fléchisseur  su- 
perficiel et  le  fléchisseur  profond  des  doigts  ou  les  muscles  masticateurs,  ne  sont  pas 
encore  distincts  les  uns  des  autres  et  forment  un  blastème  commun  (mésodermique), 
dont  la  division  n'a  lieu  que  dans  une  phase  évolutive  postérieure  par  suite  du  déve- 
loppement de  cloisons  conjonctives.  C'est  à  partir  de  ce  moment  seulement  que  les 
muscles  se  différencient.  Cette  individualisation  devient  de  plus  en  plus  marquée  à 
mesure  qu'ils  fonctionnent,  c'est-à-dire  dans  la  période  postembryonnaire.  On  voit, 
également  disparaître  certaines  ébauches  de  muscles  pendant  le  cours  de  la  période 
embryonnaire  et  se  produire  des  déplacements. 


124 


CHAPITRE    TROISIEME 


Muscles  cutanés. 

Peu  développés  chez  les  Poissons  ei\es  A  mphibiejis,  ces  muscles  jouent 
déjà  un  rôle  important  chez  les  Reptiles  et  les  Oiseaux  à  cause  de  leurs 
connexions  avec  les  replis  de  la  peau,  les  écailles  et  les  plumes. 

Mais  c'est  surtout  chez  de  nombreuses  espèces  àe,  Mammifères  qu'ils 
prennent  une  grande  extension  ;  ils  s'étendent  en  effet  chez  eux  sur  le  dos, 
la  tête,  le  cou  et  les  flancs  (Echidna,  Dasypus,  Pinnipèdes,  Erinaceus,  etc.) 
Chez  l'Homme  ils  ne  sont  plus  représentés  que  par  le  muscle  peaucier  du 
cou,  qui  s'étend  sur  les  parties  latérales  de  la  région  cervicale,  sur  une 
partie  de  la  face  et  sur  le  haut  de  la  poitrine  {y o^Aq^  muscles  mimiques). 

Il 

Muscles  du  squelette. 

MUSCLES    PARIÉTAUX 

La  masse  de  ces  muscles  est,  sous  la  forme  la  plus  simple,  divisée 
de  chaque  côté  en  deux  moitiés,  l'une  dorsale,  l'autre  ventrale.  La  pre- 


Mo 


hm 


He^  jiijiCe^^Ma 


Fig.  12'i.  —  Muscle  du  Siredon  pisciforms .  Ll,  ligne  latérale;  D  et  V,  moitié  dorsale  et  moitié  ventrale 
des  muscles  de  la  queue;  RM,  moitié  dorsale  des  muscles  latéraux  du  tronc  (muscles  dorsaux);  O,  G, 
couche  externe  du  muscle  oblique  externe,  partant  de  la  ligne  latérale  et  s' épanouissant  dans  le  fascia(i^); 
en  *  une  portion  de  cette  couclie  a  été  enlevée  pour  montrer  la  deuxième  couche  Ob  de  ce  muscle  ;  en  Re 
la  direction  des  fibres  de  cette  deuxième  couclie  d'oblique  devient  droite  (commencement  de  la  différen- 
ciation du  droit  de  l'abdomen)  ;  en  Re^  le  système  du  muocle  droit  se  dirige  vers  le  squelette  viscéral  ; 
Me,  myocommes  de  la  portion  dorsale  des  muscles  latéraux  du  tronc  ;  T,  temporal  ;  Ma,  masséter  ; 
Dg,  digastrique  ;  Mh^,  mylo-hyoïdien  (portion  postérieure)  ;  Ce,  cérato-hyoïdien  externe  ;  Lv,  éléva- 
teur des  arcs  branchiaux;  •{••!-•}•,  élévateur  des  branchies;  Cph,  origine  cervicale  du  constricteur  du 
pharynx  ;  Th,  thymus  ;  Lt,  grand  dorsal  ;  Cu,  trapèze  ;  SS,  sus-scapulaire  ;  Ph,  procoraco-huméral. 

mière  s'étend  en  avant  jusqu'à  l'occiput,  la  seconde  jusqu'à  la  ceinture 
scapulaire  ou  jusqu'à  la  mâchoire  inférieure  (1).  Toutes  deux  se  touchent 


(1)  Chez  YAmphioxus  il  n'existe  pas  encore  de  ligne  latérale;   la  moitié   dorsale  et   la 
moitié  ventrale  du  muscle  latéral  du  tronc  forment  encore  un  tout  continu. 


MYOLOGIE 


125 


le  long  de  la  ligne  latérale  ainsi  que  le  long  des  lignes  médianes  dor- 
sale et  ventrale.  Elles  se  composent  chacune  d'un  grand  nombre  de 
fragments  de  muscles  (myomèues  ou  somites)  séparés  par  du  tissu  conjonc- 
tif  (myocommes),  présentant  une  disposition  segmentaire  et  s'étendant  en 
diminuant  progressivement  jusqu'à  l'extrémité  de  la  queue  (fig.  124  et 
125).  Cette  disposition  métamérique  primitive  des  muscles  pariétaux  est 
un  trait  caractéristique  de  tous  les  Vertébrés  ;  elle  est  en  lYipport  avec  la 
segmentatio7i  du  squelette  axial  et  des  nerfs  rachidiens,  chaque  myomère 
correspond  en  effet  dans  la  règle 
à  une  vertèbre  et  à  une  piaire  de 
nerfs  rachidiens . 


Poissons ,   Dipnoïques 
et  Amphibiens. 

La  structure  des  muscles 
pariétaux  présente  encore  un 
caractère  très  primitif,  cepen- 
dant on  observe  que  déjà  chez 
les  Poissons,  sur  la  face  ven- 
trale, se  sont  différenciés  cer- 
tains systèmes  de  muscles, 
précurseurs  des  muscles  droits 
et  obliques  de  V abdomen.  La 
moitié  dorsale  des  muscles  pa- 
riétaux conserve  dans  toute  la 
série  des  Vertébrés  beaucoup 
plus  le  caractère  primitif  que 
la  moitié  ventrale,  ce  qui  doit 
être  attribué  à  ce  que  cette 
dernière  entoure  la  cavité  vis- 
cérale, qui  est  soumise  à  des 
différences  très  considérables 
de  volume. 

Cette  différenciation  est  en- 
core beaucoup  plus  marquée 
chez  certains  Dipnoïques  et  sur- 


Fig.  125.  —  Muscles  du  Siredon  pisciformis  (face  ventrale).  0,  couche  externe  de  l'oblique  externe,  se 
continuant  en  F  avec  le  fascia,  qui  ici  est  coupé  ;  Ob,  deuxième  couche  de  ce  muscle  ;  Re,  droit  de 
l'abdomen,  se  continuant  en  Re^  avec  les  muscles  viscéraux  (s'erno-hyoïdien)  et  en  P  avec  le  grand 
pectoral;  Mh,  Mh^,  portion  antérieure  et  portion  postérieure  du  mylo-hyoïdien,  coupé  sur  la  ligne 
médiane  pour  montrer  les  muscles  viscéraux  proprement  dit  ;  Ce  et  Ci,  cérato-hyoïdien  externe  et 
interne  ;  le  premier  s'insère  sur  l'hyoïde  Hy ;  Add,  adducteur  des  arcs  branchiaux  ;  C,  constricteur  des 
arcs  branchiaux  ;  Qj/i,  portion  du  constricteur  du  pharynx  qui  prend  son  origine  sur  l'arc  branchial 
postérieur;  Dj;,  abaisseurs  des  branchies;  Gh,  génio-hyoïdien  ;  PJ>,  procoraco-huméral  ;  S20C,  sus- 
coracoïdien  ;  Cbb,  petit  coraco-brachial  ;  Clo,  cloaque  ;  La,  ligne  blanche  de  l'abdomen. 


126  CHAPITRE    TROISIÈME 

tout  chez  les  Amphibiens  Urodèles.  Chez  ces  derniers  les  muscles  abdo- 
minaux sont  même  divisés  en  quatre  couches  et  dans  les  types  supé- 
rieurs, tels  que  \di Salamandre  adulte  elles  Tritons,  il  existe  de  chaque 
côté  de  la  ligne  médiane  un  droit  de  Vahdomen  nettement  différencié 
(fig.  125,  Re,  Re). 

La  couche  externe  du  système  musculaire  latéral  de  l'abdomen  chez 
Y  Axolotl  et  les  Larves  de  Sakunandres  n'est  pas  segmentée  et  ne  paraît 
plus  exister  dans  les  formes  supérieures;  il  n'en  est  pas  de  même  des 
trois  autres  couches,  qu'on  distingue  les  unes  des  autres  par  la  direction 
typique  de  leurs  fibres  et  auxquelles  on  donne  de  dehors  en  dedans  les 
noms  d'oblique  externe  {gra.nà  oblique),  oblique  interne  (petit  oblique)  et 
transverse  de  l'abdomen  (fîg.  124,  125,  0,  Ob). 

Dans  cette  formation  progressive  de  nouveaux  muscles  et  groupes 
de  muscles  toujours  plus  distinctement  individualisés,  les  modifications 
dans  le  mode  de  locomotion  et  de  respiration  jouent  un  rôle  prépon- 
dérant. 

Tandis  que  les  muscles  oblique  externe  et  oblique  interne  s'étendent  depuis  la  tête 
jusqu'à  la  ceinture  pelvienne,  et  que  le  premier  même  se  continue  directement  avec 
les  muscles  inférieurs  de  la  queue,  le  transverse  s'arrête  au  niveau  du  cœur  et  est  inti- 
mement uni  au  fascia  transversalis,  qui  entoure  la  cavité  viscérale,  et  au  péritoine,  à 
la  face  externe  duquel  il  est  situé  ;  ces  connexions  se  retrouvent  chez  tous  les  Vertébrés 
à  partir  des  Urodèles. 

Le  système  des  muscles  latéraux  des  Anoures  diffère  principalement  de  celui  des 
Urodèles  en  ce  qu'il  n'est  composé  que  de  deux  couches,  et  en  ce  que  son  caractère 
métamérique,  encore  bien  marqué  pendant  la  période  larvaire,  s'efface  plus  tard  de 
plus  en  plus. 

Reptiles. 

Les  muscles  pariétaux  des  Reptiles  ont  subi  une  transformation  et 
une  différenciation  considérables  en  rapport  avec  le  degré  supérieur  de 
développement  du  squelette,  particulièrement  des  côtes  et  de  la  ceinture 
scapulaire.  La  cause  déterminante  de  ces  modifications  est  le  change- 
ment du  mode  de  respiration,  qui  est  devenu  rythmique  par  suite  de 
l'accroissement  graduel  des  poumons. 

La  division  du  tronc  en  thorax  et  abdomen  tend  à  se  réaliser  de  plus 
en  plus  et  il  se  développe  des  muscles  intercostaux  externes  et  internes 
bien  distincts.  Dans  la  région  lombaire,  où  les  côtes  se  retirent  de  plus 
en  plus  de  la  masse  des  muscles  interposés  entre  elles,  ceux-ci  perdent 
leur  caractère  de  muscles  intercostaux,  c'est-à-dire  leur  segmentation, 
et  constituent  de  larges  masses  continues  étendues  entre  les  dernières 
côtes  et  la  ceinture  pelvienne,  telles  que  par  exemple  le  carré  des  lombes 
situé  tout  à  côté  de  la  colonne  vertébrale. 

Le  grand  droit  de  Cabdomen,  toujours  bien  développé,  se  divise  de 
chaque  côté  en  trois  parties,  une  jjartie  ventrale,  une  pai^tie  interne  (sub- 
division de  la  précédente)  et  une  partie  latérale. 

Tandis  que  chez   les   Urodèles  on  ne  remarque   aucune  trace  bien 


MYOLOGIE  127 

marquée  de  différenciation  dans  la  moitié  dorsale  du  muscle  latéral  du 
tronc,  chez  les  Reptiles  il  en  est  tout  autrement.  On  y  distingue  effecti- 
vement ici  un  long  dorsal,  un  sacro-lombaire,  des  interépineux,  transver- 
saires  épineux,  splénius,  releveurs  des  côtes  et  les  scalènes  qui  font  partie 
du  même  système  que  ces  derniers. 

Sauf  dans  la  région  dorsale  et  à  la  base  de  la  queue  où  se  différen- 
cient de  nouveaux  muscles  [ilio-caudien,  ischio-caudien,  pmbio-caudien, 
lombo-caudien,  qui  agissent  pour  relever,  abaisser  et  attirer  la  queue  en 
avant,  muscles  de  Vanus  et  des  organes  génitaux),  tout  le  reste  de  la  mus- 
culature de  la  queue  conserve  la  disposition  primitive. 

Oiseaux. 

Le  caractère  primitif  est  encore  bien  plus  effacé  dans  les  muscles  du 
tronc  des  Oiseaux  que  dans  ceux  des  Reptiles. 

La  raison  en  est  surtout  dans  le  développement  excessif  des  muscles 
des  membres  antérieurs,  principalement  du  grand  pectoral,  et  dans  rallon- 
gement corrélatif  du  sternum  en  arrière. 

Comme  en  outre  les  dernières  côtes  sont  situées  très  près  du  bassin, 
il  en  résulte  que  l'espace  occupé  par  la  partie  ventrale  des  muscles  laté- 
raux se  trouve  fort  réduit. 

Uoblique  externe  et  Voblique  interne  existent,  mais  ne  sont  que  peu 
développés,  principalement  le  dernier  qui  semble  en  voie  de  s'atrophier. 
On  ne  trouve  plus  aucune  trace  du  transverse  dans  la  région  ventrale, 
mais  on  y  voit  de  chaque  côté  un  grand  droit  pair,  non  segmenté.  Ce  der- 
nier, ainsi  que  les  muscles  obliques,  agissent  comme  abaisseurs  des  côtes 
et  par  conséquent  comme  expirateurs  et  aussi  comme  compresseurs  de  la 
cavité  abdominale. 

Les  intercostaux  externes  et  internes  sont  très  développés,  et  Ton  ren- 
contre pour  la  première  fois  sur  la  face  interne  de  l'extrémité  sternale 
des  côtes  un  triangulaire  du  sternum  (reste  du  transverse). 

La  partie  dorsale  des  muscles  de  l'axe  du  corps  peu  développée  dans 
le  tronc  prend  au  contraire  un  très  grand  développement  au  cou. 

Dans  le  corps  de  l'Oiseau  tout  paraît  disposé  pour  mettre  le  plus 
grand  nombre  de  muscles  possibles  au  service  du  système  respiratoire  et 
de  l'appareil  du  vol  si  développés  et  qui  exercent  une  influence  prépon- 
dérante sur  l'organisme  tout  entier;  c'est  là  la  différence  essentielle 
qui  distingue  les  Oiseaux  des  Reptiles  (voy.  l'appareil  respiratoire  des 
Oiseaux). 

Mammifères. 

Chez  les  Mammifères  il  existe  toujours  trois  muscles  latéraux  abdo- 
minaux, un  oblique  exter7ie,  un  oblique  interne  et  un  transverse  ;  sauf 
chez  les  Tupaia,  ils  sont  entièrement  dépourvus  de  segmentation  et  repré- 
sentent de  larges  lames  musculaires  homogènes.  Du  côté  de  la  ligne 
médiane,  ils  se  continuent  avec  de  fortes  aponévroses  qui  forment  une 


128  CHAPITRE    TROISIÈME 

gaine  au  grand  droit  de  C abdomen.  Celui-ci  est  simple  de  chaque  côté  et 
renferme  un  nombre  variable  de  myocommes.  Il  ne  présente  jamais  de 
rapports  de  continuité,  comme  c'est  encore  le  cas  chez  les  Urodèles, 
avec  les  muscles  longitudinaux  du  cou  (qui,  à  l'origine,  font  partie  du 
même  système  que  lui),  le  sterno-hyoïdien,  le  sterno-thyroïdien,  etc.;  tou- 
jours le  sternum  vient  s'intercaler  entre  ces  derniers  et  le  grand  droit; 
c'est  là  une  disposition  que  l'on  observe  déjà  chez  les  Sauropsidés. 

Chez  les  Monotrèmes  et  les  Marsupiaux  le  muscle  pyramidal,  situé 
sur  la  face  externe  du  droit  de  l'abdomen,  est  très  développé.  Il  prend 
son  origine  sur  le  bord  interne  des  os  marsupiaux,  a  des  rapports 
importants  avec  la  poche  marsupiale  et  peut  arriver  jusqu'au  sternum. 
La  disparition  des  os  marsupiaux  entraîne  chez  les  Mammifères  supé- 
rieurs l'atrophie  ou  la  disparition  complète  de  ce  muscle.  On  en  retrouve 
du  reste  fréquemment  les  traces  jusque  chez  les  Primates;  il  est  pair  et 
prend  son  origine  sur  la  branche  horizontale  du  pubis,  de  chaque  côté 
de  la  ligne  médiane. 

De  même  que  chez  les  Sauropsidés,  V  oblique  externe  qïY  oblique  interne 
se  retrouvent  ici  aussi  dans  la  région  pectorale  sous  la  forme  des  muscles 
intercostaux  externes  et  internes. 

Ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  sur  la  différenciation  de  la  partie 
dorsale  du  muscle  du  tronc  chez  les  Reptiles  s'applique  essentiellement 
aussi  aux  Mammifères. 

MUSCLES    VISCÉRAUX 

Ces  muscles  dérivent,  comme  nous  l'avons  vu,  des  lames  latérales 
(van  Wijhe)  et  peuvent  être  désignés  sous  le  nom  démuselés  du  sque- 
lette viscéi^al  {muscles  BRANCHIAUX  et  MUSCLES  DE  LA  machoire)  (1).  Par  suite 
de  cette  différence  dans  l'origine  des  muscles  viscéraux  et  des  muscles 
pariétaux  nous  devons  nous  attendre  à  rencontrer  une  disposition  des 
nerfs  crâniens  toute  différente  de  celle  des  nerfs  rachidiens. 

Poissons. 

Chez  les  Cyclostomes  les  muscles  mscéro-craniens  ont  subi,  par  suite 
de  la  conformation  particulière  du  squelette  céphalique  (appareil  de 
succion)  et  de  la  présence  de  la  cage  branchiale,  une  transformation 
spéciale,  mais  chez  les  Sélaciens  ces  muscles  se  laissent  ramener  à  un 
plan  fondamental  commun. 

Ces  muscles  se  divisent  en  quatre  groupes  ou  systèmes  : 

1°  Muscles  annulaires  superficiels. 

2°  Muscles  supérieurs  intermédiaires  aux  arcs  branchiaux. 

3°  Muscles  fléchisseurs  moyens  des  arcs. 

4"  Muscles  longitudinaux  abdominaux. 

(1)  Il  est  à  remarquer  que  quelques  muscles  de  l'appareil  branchio-hyoïdien  dérivent  de 
somites  et  par  conséquent  doivent  être  considérés  comme  des  muscles  pariétaux. 


MYOLOGIE  129 

Ces  derniers  forment  un  groupe  tout  à  fait  distinct  des  trois  autres 
qui  ont  des  connexions  intimes. 

Le  muscle  annulaire  superficiel,  qui  est  innervé  par  le  nerf  vague, 
le  glossophm^yngien,  le  facial  et  le  trijumeau  (troisième  branche),  agit 
essentiellement  comme  constricteur,  c'est-à-dire  qu'il  rétrécit  la  cavité 
buccale  et  la  cavité  branchiale,  ferme  les  fentes  branchiales  et  relève 
le  squelette  viscéral  tout  entier  avec  le  plancher  de  la  bouche  et  de  la 
cavité  branchiale.  11  se  subdivise  en  quatre  parties. 

hQS  fléchisseurs  supérieurs  et  moyens  sont  innervés  d'une  façon  géné- 
rale par  le  nerf  vague  et  le  glosso-pharyngien.  Ils  agissent  essentielle- 
ment comme  adducteurs  des  arcs  branchiaux,  c'est-à-dire  qu'ils  rappro- 
chent ceux-ci  les  uns  des  autres. 

Les  muscles  longitudinaux  abdominaux,  innervés  par  les  deux  pre- 
miers nerfs  rachidiens,  doivent  être  considérés  comme  la  continuation 
directe  des  muscles  abdominaux  ([e^Yaxe  du  corps,  et  par  conséquent  du 
système  des  muscles  droits,  pour  ainsi  dire  encore  latents  chez  les  Pois- 
sons. Comme  ces  derniers,  ils  présentent  aussi  des  myocommes  et  s'éten- 
dent depuis  le  bord  antérieur  de  la  ceinture  scapulaire  jusqu'au  maxil- 
laire inférieur  ou  jusqu'à  l'arc  hyoïdien  (muscles  coraco-mandibulaire 
et  coraco-hyoïdien) . 

Chez  les  Ganoïdes  et  les  Téléostéens  la  disposition  des  muscles  viscé- 
ro-crâniens  s'écarte  assez  considérablement  de  celle  que  nous  venons 
d'exposer  sommairement,  pour  qu'il  ne  soit  pas  possible  de  les  ratta- 
cher directement  aux  Sélaciens.  La  raison  en  est  dans  la  conformation 
toute  différente  du  squelette,  conformation  qui  présente  également  des 
différences  très  marquées  chez  les  Ganoïdes  et  les  Téléostéens.  Chez  ces 
derniers  on  distingue  :  1°  les  muscles  de  la  mâchoire,  2°  les  muscles  de 
Vextrémité  dorsale  des  arcs  viscéraux,  3°  les  muscles  de  V extrémité  ven- 
trale des  arcs  viscéraux. 

Le  sterno-hyoïdien  vQ^vé^Qnle  seul  le  système  si  développé  des  mus- 
cles longitudinaux  ventraux  des  Sélaciens. 

Chacun  de  ces  trois  groupes  de  muscles  se  subdivise  à  son  tour,  mais 
les  limites  de  cet  ouvrage  ne  nous  permettent  pas  d'exposer  ici  leur 
disposition  souvent  très  compliquée. 

Amphibiens. 

On  doit  s'attendre  a  priori  à  ce  que  la  musculature  du  squelette 
viscéral  soit  plus  développée  chez  les  Amphibiens  à  respiration  bran- 
chiale que  chez  les  Amphibiens  à  respiration  pulmonaire.  Dans  les 
premiers  nous  trouverons  ainsi  des  rapports  primitifs  rappelant  ce  que 
nous  avons  vu  dans  les  formes  inférieures;  chez  les  seconds  nous 
observerons  des  modifications  ou  même  des  réductions. 

Un  muscle  à  fibres  transversales  [m.  mylo-hyoïdien) ,  situé  entre  les 
deux  branches  du  maxillaire  inférieur  et  innervé  par  la  troisième 
branche  du  trijumeau  et  par  le  facial,  représente  le  reste  du  m.  constnc- 

WlEDERSHEIM.  9 


130  CHAPITRE    TROISIÈME 

leur  des  Poissons.  Par  son  action  comme  élévateur  du  plancher  de  la 
cavité  buccale  il  a  des  rapports  importants  avec  la  respiration  et  la 
déglutition.  On  le  retrouve  dans  toute  la  série  des  Vertébrés  jusque 
chez  l'Homme  (fig.  124,  125,  Mh,Mh'). 

Au-dessus  du  mylo-hyoïdien,  c'est-à-dire  du  côté  dorsal,  se  trouve 
la  continuation  (pourvue  de  myocommes)  de  la  musculature  de  Vaxe  du 
corps,  c'est-à-dire  Vomo-hyoklien,  le  sterno-hyoïdien  et  le  génio-hyo'idien 
(fig.  125,  Re\  Gh).  Ces  muscles,  qui  ont  pour  action  de  tirer  en  arrière 
ou  en  avant  le  squelette  viscéral,  sont  aussi  innervés  par  le  premier  et 
le  deuxième  nerf  rachidien. 

Chez  les  Amphibiens  se  difTérencient,  ce  qui  n'a  pas  lieu  chez  les 
Poissons,  des  muscles  propres  pour  la  langue;  ce  soniV hyo-glosse  et  le 
génio-glosse.  Ces  muscles  doivent  être  également  considérés  comme  dé- 
rivés de  l'extrémité  antérieure  des  muscles  de  la  partie  inférieure  de 
l'axe  du  corps  (Wiedersheim)  ;  ils  existent  chez  tous  les  Vertébrés  à  par- 
tir des  Amphibiens.  Ils  sont  innervés  par  Y  hypoglosse  ou  par  le  piremier 
nerf  rachidien . 

Les  muscles  de  Vos  hyoïde  et  des  arcs  branchiaux  chez  les  Pérenni- 
branches  et  les  larves  de  Salamandre  se  divisent,  comme  chez  les  Pois- 
sons, en  un  groupe  ventral  et  un  groupe  dorsal;  chez  les  Salamandres 
adultes  et  chez  les  Anoures  ce  dernier  disparaît  et  le  premier  seul  per- 
siste. Ces  muscles  ont  pour  action  d'élever  et  d'abaisser,  de  tirer  en 
arrière  les  arcs  branchiaux.  Il  s'y  ajoute  aussi  des  constricteurs  du  pha- 
rynx, ainsi  que  (chez  les  animaux  à  respiration  branchiale)  des  éléva- 
teurs, des  abaisseurs  et  des  adducteurs  des  branchies  (fig.  124  et  125).  Les 
nerfs  qui  les  innervent  sont  le  nerf  vague  et  le  glosso-p)haryngien. 

Les  muscles  de  la  mâchoire  se  divisent  en  un  muscle  abaisseur  [digas- 
triciue,  fîg.  124,  Dg)  innervé  par  le  facial  et  en  plusieurs  muscles  éléva- 
teurs innervés  parla  troisième  branche  du  trijumeau  (wasseter,  temporal 
et  ptérygoïdien,  fig.  124,  Ma,  T).  Tous  ces  muscles,  qui  correspon- 
dent à  y  adducteur  de  la  mandibule  des  Sélaciens  et  des  Ganoïdes,  s'insè- 
rent sur  le  crâne,  dans  le  voisinage  de  la  capsule  auditive. 

Amniotes. 

La  simplification  du  squelette  viscéral  entraîne  ici  une  réduction  dans 
les  muscles  correspondants.  Naturellement  tous  les  muscles  qui  étaient 
au  service  de  larespiration  branchiale  font  ici  défaut  et  les  muscles  infé- 
rieurs de  l'axe  du  corps  sont  toujours,  comme  nous  l'avons  déjà  signalé, 
interrompus  en  avant  par  le  sternum  et  par  la  ceinture  scapulaire.  Ce- 
pendant on  trouve  encore  au  cou  et  sur  le  plancher  de  la  cavité  buccale 
les  muscles,  que  nous  avons  déjà  observés  chez  les  Amphibiens,  c'est-à- 
dire  \e  mylo-hyoïdien,  le  sterno-hyoïdien,  Yomo-hyoïdien  et  le  génio-hyoï- 
dien,  ainsi  que  Vhyo-glosse  et  le  génio-glosse.  Il  s'y  ajoute  en  outre  un 
s  ter  no-thyroïdien  et  en  avant  de  lui  un  thyro-hyoïdien. 

Les  Mammifères  possèdent  en  outre  des  muscles  que  nous  n'avons  pas  encore  ren- 


MYOLOGIE  Î3t. 

contrés  dans  les  autres  classes.  Ce  sont  les  muscles  stylo-hyoïdien,  stylo-glosse  et 
stylo-pharyngien^  qui  présentent  de  nombreuses  variations  et  qui  prennent  leur  ori- 
gine sur  l'apophyse  styloïde  ou  sur  le  ligament  stylo-livoïdien.  Ils  sont  innervés  les 
uns  parle  facial,  les  autres  par  le  glosso-pharyngien.  Ils  ont  pour  action  de  tirer  la 
langue  en  arrière  et  d'élever  le  pharynx  et  l'os  hyoïde. 

Les  muscles  de  la  mâchoire  sont  les  mêmes  que  chez  les  Amplii- 
biens,  mais  ils  sont,  particulièrement  \q&  j^térijgoïdiens ,h\exi  plus  différen- 
ciés et  développés.  (Chez  les  Oiseaux  et  chez  les  Reptiles  il  peut  sur- 
venir des  divisions  secondaires,  comme  par  exemple  dans  le  muscle 
temporal.) 

MUSCLES    MIMIQUES 

Les  muscles  mimiques,  dont  on  trouve  déjà  des  traces  chez  les 
formes  inférieures  des  Vertébrés,  ne  sont  complètement  développés  que 
chez  les  Mammifères.  Cela  est  vrai  surtout  pour  les  Primates,  de  sorte 
que  l'on  peut  dire  que  le  développement  de  ces  muscles  (placés  sous  la 
dépendance  du  nerf  facial)  marche  de  pair  avec  le  développement  du 
cerveau  et  des  fonctions  psychiques. 

Les  considérations  suivantes  nous  permettent  d'établir  leur  phylogé- 
nie.  Le  fait  qu'ils  sont  tous  compris  dans  le  système  musculaire  qui  est 
sous  la  dépendance  du  facial  conduit  à  admettre  que  les  muscles  inner- 
vés par  ce  nerf,  appartenant  au  squelette  viscéral  et  primitivement 
étrangers  à  la  face,  ont  subi  un  changement  de  position.  Ils  ont  dû 
s'avancer  en  haut,  au  delà  de  la  région  de  la  mâchoire  inférieure  et  de 
la  nuque,  et  afïecter  des  connexions  étroites  avec  les  parties  molles  qui 
entourent  le  conduit  auditif  externe  et  la  bouche,  c'est-à-dire  avec  les 
lèvres  et  le  pavillon  de  l'oreille,  qui  se  sont  aussi  développés  secondai- 
rement (1). 

Ils  ont  continué  à  s'étendre  davantage  et  à  entrer  en  rapport  avec 
de  nouveaux  organes,  avec  l'œil,  les  narines,  le  front  et  la  région  tem- 
porale (fig.  126  et  127).  Il  est  probable  qu'ils  arrivèrent  en  même  temps 
dans  la  région  pariétale,  par  une  double  voie,  d'une  part  par  la  région 
frontale  et  la  région  temporale,  d'autre  part  par  la  région  occipitale.  Cette 
double  voie,  séparée  par  la  région  de  l'oreille,  était  en  quelque  sorte  dé- 
terminée à  l'avance  par  la  distribution  du  nerf  facial,  qui  se  divise  immé- 
diatement après  sa  sortie  du  crâne  en  une  branche  antérieure  (préauri- 
culaire) et  une  branche  postérieure  (postauriculaire).  Les  deux  groupes 
de  muscles  n'en  formaient  primitivement  qu'un  seul  au-dessous  du  trou 
auditif,  et  ce  n'est  qu'au-dessus  qu'ils  devinrent  peu  à  peu  indépen- 
dants, à  mesure  qu'ils  s'insérèrent  sur  des  pièces  du  squelette  céphalique 
qui  se  différenciaient  de  plus  en  plus,  c'est-à-dire  qu'ils   entrèrent  en 

(1)  Les  muscles  transverse  et  oblique  de  l'oreille,  qui  sont  situés  sur  la  face  postérieure 
du  pavillon  de  l'oreille,  appartiennent  au  système  du  muscle  auriculo-occipital  ou  de  l'auri- 
culaire postérieur,  tandis  que  le  muscle  Irago-antitragicus  doitêtre  considéré  comme  dérivé 
du  muscle  auriculo-labial  inférieur.  Les  muscles  de  l'hélix  enfin,  y  compris  le  pyramidal 
(Irago-hélicien)  dérivent  du  système  de  l'auriculo-labial  supérieur. 


132 


CHAPITRE    TROISIEME 


rapport  avec  de  nouvelles  parties.  En  outre,  des  anomalies  de  portions 
musculaires,  qui  se  manifestent  chez  certains  individus,  entraînent  la  for- 
mation de  nouvelles  couches  de  muscles  et  par  suite  de  cette  différen- 
ciation un  perfectionnement  dans  les  fonctions  de  la  musculature  de  la 
face(Rug'e). 

Par  conséquent  le  muscle  peaucier  du  cou  (platysma  myoides)  est  le 
'point  de  départ  commun  des  muscles  de  la  face;  il  représente  le  reste 


M.orb.oâ»U 


M.orhit.awr. 


Mauric.sup.  ,  M.aurtc.ocdpif. 


Mmax  lab 


M.  levaioi 
labii 


M.helic. 


Depressorhelkà- 


M.ofb.oris 

M.  auricultt'labud. 


-.^  %  M.anfûrag 
Mminlahinf 


Fig.  126. 


Muscles  et  nerfs  de  la  face  du  Propithecus.  Couche  superficielle  des  muscles 
avec  la  distribution  du  facial  (d'après  Ruge). 


inutilisé  de  muscles  qui  se  sont  étendus  sur  la  tête  et  qui  au  cou  ont  jier- 
sisté  sous  une  forme  indifférente  (Gegenbaur). 

La  meilleure  preuve,  c'est  que  parfois  chez  l'Homme  le  muscle  peaucier 
se  continue  directement  avec  le  joe/?'^  zygomatiqtte,  Vorbiculaire  de  Vœil, 
Y  auriculaire  antérieur  et  le  transverse  de  la  nuque. 

Il  est  intéressant  de  constater  que,  à  côté  de  cette  formation  de  mus- 
cles nouveaux,  surviennent  aussi  dans  la  musculature  de  la  face  des  trans- 
formations qui  se  terminent  par  une  atrophie  plus  ou  moins  complète 
de  certains  muscles. 


MYOLOGIE  133 

Dans  ce  dernier  cas,  tantôt  les  muscles  sont  remplacés  par  des  mem- 
branes tendineuses,  c'est-à-dire  par  des  fascias,  tantôt  ils  disparaissent 
complètement.  C'est  ainsi  que  chez  l'Homme  le  fascia  temporal  superficiel 
a  remplacé  le  muscle  auriculo-labial  (temporo-labial)  des  Prosimiens  et  le 
fascia  parotidéo-masséterin,  le  sphincter  du  cou,  de  ces  mêmes  animaux. 
De  même  une  grande  partie  de  l'aponévrose  épicranienne  se  compose 
de  faisceaux  devenus  tendineux  du  muscle  occipital  (Ruge). 

Jusqu'ici  il  n'a  été  question  que  du  peaucier  du  cou  et  de  ses  dérivés 
dans  la  face;  mais  chez  les  Prosimiens,  il  existe  en  outre  dans  la  région 


M.Icvatorlabii 


M.  orUto-auric.  M.  helicis 

M.ofb.oculi    \   M.aurk.siip / 


M.    (i,iip^^ 
labial  W 


M.lmg. 
miiiiracf, 

-^,  M.maniLu 
hido-iuiricul 


M.  sphincter  coUi^ 
Flati/sma 


Fig.  127.  —  Couche  superficielle  des  muscles  de  la  face  du  Lepilemur  mustelinus. 
La  couche  profonde  se  voit  au  cou  (d'après  RuGK;. 

du  cou,  au-dessous  de  ce  muscle,  une  seconde  couche  musculaire  cutanée 
profonde,  à  laquelle  on  donne  le  nom  de  sphincter  dit  cou.  De  cette 
couche  dérivent  les  muscles  suivants  :  orbiculaire  des  lèvres,  abaisseur 
du  cartilage  tarse,  canin  (élévateur  de  l'angle  des  lèvres  de  l'Homme), 
maxillo -labial  (élévateur  propre  delà  lèvre  supérieure),  buccin  ateur  et 
enfin  les  muscles  du  nez. 

Nous  voyons  ainsi  que  les  muscles  qui  dérivent  du  peaucier  et  du 
sphincter  du  cou  sont  groupés  d'une  façon  générale  autour  des  organes 
des  sens  ;  ils  jouentun  rôle  importantcomme  muscles  dilatateurs  et  comme 
sphincters,  et  servent  aussi  autour  des  lèvres  d'organes  de  préhension. 

En  même  temps  qu'a  lieu  cette  différenciation  musculaire,  le  facial 
se  ramifie,  se  dispose  en  plexus  de  manière  à  former  en  quelque  sorte 
un  réseau  de  mailles  allongées.  Pour  la  disposition  de  ses  fibres  voyez 
le  chapitre  relatif  aux  nerfs  crâniens. 


134  CHAPITRE    TROISIÈME 


MUSCLES   DES   MEMBRES 


C'est  aux  membres,  plus  que  partout  ailleurs,  que  s'applique  le  principe 
que  Ton  ne  peut  arriver  à  des  résultats  certains  dans  le  domaine  de  l'em- 
bryologie comparée  qu'en  tenant  compte  des  homologies  des  pièces  du 
squelette  et  des  rapports  des  parties  molles  voisines  et  des  nerfs  (1). 

Malheureusement  les  travaux  sur  la  musculature  des  extrémités  sont 
encore  trop  peu  nombreux  pour  permettre  d'en  tracer  un  tableau  d'en- 
semble détaillé,  et  nous  devrons  par  conséquent  nous  borner  à  en  indi- 
quer seulement  les  traits  les  plus  généraux. 

Tout  montre  que  les  muscles  des  extrémités,  sous  leur  forme  la  plus 
primitive,  telle  que  nous  la  trouvons  chez  les  Poissons  etles,  Dipnoïques, 
doivent  être  considérés  comme  dérivés  des  muscles  -painétaux,  et  nous 
avons  vu  que  l'embryologie  des  Sélaciens  confirme  cette  manière  de  voir. 

Chez  les  Poissons,  et  encore  mieux  chez  les  Dijmoïques,  ces  muscles 
peuvent  être  divisés  en  deux  groupes,  division  qui  d'ailleurs  se  retrouve 
aussi  d'une  manière  générale  chez  tous  les  autres  Vertébrés.  Le  premier 
s'étend  des  muscles  latéraux  du  tronc,  aussi  bien  de  la  moitié  dorsale 
que  de  la  moitié  ventrale,  sur  la  ceinture  scapulaire  et  sur  la  ceinture 
pelvienne;  le  second  est  situé  dans  la  partie  libre  des  membres.  Ce  der- 
nier se  compose  essentiellement  chez  les  Poissons  et  les  Dipnoïques,  ([''élé- 
vateurs, (Y adducteurs  et  (ï ahaisseurs  de  la  nageoire,  qui  peuvent  à  leur  tour 
se  subdiviser  en  couche  superficielle  et  en  couche  profonde.  Déjà  chez 
les  AnipJiibiens  les  rapports  sont  bien  plus  compliqués  par  suite  de  la 
transformation  de  la  nageoire  en  une  patte,  c'est-à-dire  en  un  levier  à 
plusieurs  bras.  On  y  trouve  des  élévateurs,  des  ahaisseurs,  des  adduc- 
teurs, des  rotateurs,  des  muscles  destinés  à  tirer  en  avant  et  en  arrière  la 
ceinture  scapulaire  et  la  ceinture  pelvienne.  11  s'y  ajoute  des  extenseurs 
et  des  fléchisseurs  de  la  partie  libre  des  membres,  qui  se  subdivisent  en 
fléchisseurs  et  extenseurs  du  bras  et  de  la  cuisse,  de  V avant-bras  et  de  la 
jambe,  de  la  main  et  du  jo/ec?,  des  doigts  et  des  orteils.  Bref,  à  partir  des 
Urodèles,  le  nombre  des  muscles  augmente  constamment  chez  les  Reptiles 
etles  Oiscauxjusque  chezlesMammifères(2).  Enmême  temps  leur  influence 

(1)  L'étude  détaillée  que  Gadow  a  faite  des  muscles,  dont  les  nerfs  proviennent  de  deux 
sources  difTérentes,  offre  un  grand  intérêt.  Elle  montre  que  ces  muscles  se  préparent  en 
quelque  sorte  à  se  multiplier  par  division,  et  qu'on  doit  par  conséquent  les  considérer 
comme  très  primitifs  et  comme  représentant  un  état  inférieur. 

(2)  Les  muscles  de  l'épaule  et  du  bras  des  Oiseaux  se  rattachent  par  leurs  dispositions 
essentielles  à  ceux  des  Crocodiliens,  des  Sauriens  et  en  partie  aussi  des  Chéloniens.  Le 
haut  degré  de  différenciation  qu'on  y  observe  tient  avant  tout  au  développement  excessif 
des  muscles  qui  déterminent  les  mouvements  principaux  d'excursion  de  l'aile.  Ces  mus- 
cles ont  empiété  sur  les  parties  osseuses  voisines,  et  par  suite  se  sont  produits  des  transpo- 
sitions étendues,  princijjalement  du  côté  ventral,  et  un  entrecroisement  des  groupes  mus- 
culaires ventraux  et  dorsaux.  Dans  beaucoup  de  cas  les  pièces  du  squelette  ne  suffisent 
plus  pour  donner  insertion  aux  muscles,  les  surfaces  d'insertion  se  trouvent  alors  augmen- 
tées par  l'apparition  de  membranes  conjonctives  (Fiirbringer). 


MYOLOGIE  135 

sur  la  transformation  du  squelette  est  bien  manifeste,  particulièrement 
dans  la  face,  l'omoplate,  le  Ijassin  et  le  tarse. 

Les  muscles  les  plus  iraportanls  de  Vépaule,  qui,  chez  les  formes 
supérieures,  présentent  une  insertion  de  plus  en  plus  large  sur  le  tronc, 
sont  le  trapèze,  le  sterno-cléido-masloïdien  qui  morphologiquement  doit 
lui  être  réuni,  les  rhomboïdes  et  Yangiclaire  de  t omoplate.  Ces  muscles 
ont  pour  action  de  faire  tourner,  d'attirer  en  avant  et  en  arrière  l'omo- 
plate. Les  antagonistes  de  ces  muscles  sont  le  ()rand  dentelé  et  le  petit 
pectoral. 

Dans  le  bassin,  dont  la  mobilité  est  bien  moins  considérable  que  celle 
de  l'omoplate,  on  ne  doit  pas  s'attendre  à  trouver  des  groupes  de  muscles 
homologues;  sous  bien  des  points  les  rapports  sont  entièrement  diffé- 
rents. Au  contraire  les  ressemblances  sont  bien  plus  accentuées  dans  les 
muscles  de  la  partie  libre  du  membre  antérieur  et  du  membre  postérieur. 
Dans  l'une  comme  dans  l'autre  on  y  trouve  des  muscles  destinés  à  faire 
tourner  en  dedans  et  en  dehors  la  partie  supérieure  au  membre  (bras  et 
cuisse)  et  sur  la  face  interne  des  adducteurs  puissants.  L'angle  que  forment 
l'articulation  du  coude  et  celui  de  l'articulation  du  genou  étant  ouvert, 
le  premier  en  avant  et  le  second  en  arrière,  il  en  résulte  que  les  muscles 
extenseurs  sont  situés  sur  la  face  postérieure  au  membre  antérieur  et 
et  sur  la  face  antérieure  au  membre  postérieur,  et  que  la  position  des  flé- 
chisseurs est  précisément  inverse  dans  les  deux  cas.  Les  muscles  prona- 
teurs,  bien  plus  différenciés  au  membre  antérieur  qu'au  membre  posté- 
rieur, sont  dérivés  des  fléchisseurs,  les  muscles  supinateurs  des  exten- 
seurs  (voir  le  Système  nerveux). 

Toutes  les  fois  que  des  parties  du  squelette  viennent  à  s'atrophier  les  muscles  cor- 
respondants s'atrophient  également.  C'est  ainsi  que  dans  les  memhres  des  Scinques 
l'atrophie  des  pièces  osseuses  est  accompagnée  d'une  atrophie  des  muscles  qui  se  pro- 
duit de  l'extrémité  distale  vers  l'extrémité  proximale. 

Diaphragme. 

Les  premières  traces  d'une  cloison  musculaire  séparant  la  cavité 
thoracique  de  la  cavité  abdominale  se  rencontrent  chez  les  Urodèles. 
Ici  en  efï'et  l'extrémité  antérieure  du  transverse  de  l'abdomen  envoie 
quelques  fibres  annulaires  ou  semi-annulaires  entre  le  péricarde  et  le 
foie. 

Chez  les  Chéloniens  et  surtout  chez  les  Crocodiliens  et  les  Oiseaux,  où 
ces  faisceaux  musculaires  s'insèrent  les  uns  sur  la  colonne  vertébrale, 
les  autres  sur  les  côtes,  l'ébauche  du  diaphragme  est  déjà  bien  plus 
prononcée,  mais  la  séparation  des  deux  grandes  cavités  du  corps  par 
cette  cloison  musculaire  est  encore  incomplète,  car  chez  les  Oiseaux 
par  exemple,  celle-ci  est  encore  traversée  par  le  cœur  (1).  Ce  n'est  que 

(l)  Il  serait  très  désirable  que  l'anatomie  comparée  du  diaphragme  cliez  les  Sauropsidés 
fût  cludiée  de  nouveau  avec  soin.  Bien  des  points  sont  encore  obscurs. 


136  CHAPITRE    TROISIÈME 

chez  les  Mammifères  que  le  diaphragme  forme  une  voûte  complète  dont 
les  bords  s'insèrent  sur  la  colonne  vertébrale,  sur  les  côtes  et  sur  le 
sternum.  C'est  un  des  principaux  muscles  respiratoires,  et  par  sa  con- 
traction il  augmente  le  diamètre  sagittal  de  la  cavité  thoracique.  Il  est 
innervé  par  le  nerf  phrénique ,  qui  provient  du  plexus  cervical.  Il  se  com- 
pose de  deux  parties  tout  à  fait  indépendantes  au  début  l'une  de  l'autre 
une  partie  péricardique  ou  sternale,  une  partie  pleurale  ou  dorsale.  La 
première,  qui  est  philogéniquement  la  plus  ancienne,  est  fibreuse;  elle 
constitue  le  centre  phrénique,  auquel  viennent  se  rattacher  les  muscles 
de  la  paroi  du  corps  (voir  le  Péricarde).  La  formation  du  diaphragme  a 
donc  pour  résultat  la  séparation  graduelle  de  trois  cavités,  qui  n'en  for- 
maient primitivement  qu'une  seule,  la  cavité  abdominale,  la  cavité  pleu- 
rale et  la  cavité  iJéricardi que. 


Bibliographie. 

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f.  mikroskop.  Anat.  T.  XXII.  1883. 


CHAPITRE    QUATRIÈME 


ORGANES  ÉLECTRIQUES 

Les  organes  électriques  se  rencontrent  chez  certains  Poissons; ils  sont 
surtout  bien  développés  dans  une  Raie  très  commune  dans  les  mers  du 
suà.{To7yedo  marmorata) ,  dans  une  Anguille  de  l'Amérique  du  sud  {Gijm- 
notus  electricus)  et  dans  un  Siluroïde  africain  {Malopterurus  electricus). 
Le  Gymnote  est  de  tous  les  trois  celui  qui  possède  la  force  électrique  la 
plus  puissante,  puis  vient  le  Maloptérure  et  en  dernier  lieu  la  Torpille. 
Les  batteries  électriques  de  ces  Poissons  sont  situées  dans  des  parties 
différentes  du  corps;  c'est  ainsi  que  chez  la  Torpille  elles  sont  volumi- 
neuses et  occupent  toute  l'épaisseur  du  corps  de  l'animal  de  chaque  côté 
de  la  tête,  entre  les  sacs  branchiaux  et  le  proptérygium  (fig.  128,  E). 
Chez  le  Gymnote  elles  s'étendent  dans  toute  la  moitié  ventrale  de  leur 
longue  queue,  à  la  place  par  conséquent  où  se  trouve  d'ordinaire  la 
moitié  ventrale  du  grand  muscle  latéral  du  tronc  (fig.  129,  130,  E). 

Chez  le  Maloptérure  enfin  ces  organes  occupent  presque  toute  l'étendue 
du  corps,  entre  la  peau  et  les  muscles;  ils  sont  surtout  très  développés 
sur  les  côtés  et  entourent  l'animal  tout  entier. 

Des  décharges  électriques  beaucoup  plus  faibles  sont  produites  par  les  Poissons, 
que  l'on  appelait  jadis  pseî<rfo-éZec/Hgues,  mais  dont  la  faculté  de  donner  des  commo- 
tions électriques  a  été  démontrée  d'une  manière  positive  par  l'expérience.  A  ce  groupe 
appartiennent  toutes  les  Raies  autres  que  la  Torpille,  les  différentes  espèces  de  Mor- 
myrusei  les  Gymnarchus  {[] .  Chez  tous  ces  animaux  les  organes  électriques  sont  situés 
de  chaque  côté  de  l'extrémité  de  la  queue  ;  ils  présentent  la  même  disposition  méta- 
mérique  que  les  segments  musculaires  situés  en  avant  d'eux,  de  telle  sorte  que,  chez 
les  Mormyrus  par  exemple,  il  existe  de  chaque  côté  une  rangée  supérieure  et  une 
rangée  inférieure  d'organes  électriques. 

Les  appareils  électriques  de  tous  les  Poissons  que  nous  venons  de 
citer  ont  la  même  origine  et  la  même  signification  physiologique.  Tous 
sont  des  fibi^es  musculaires  trmisformées  et  leurs  nerfs  sont  les  homologues 

(1)  Suivant  G,  Fritsch  les  organes  électriques  des  Gymnarchus  sont  tiistologiquement 
inférieurs  à  ceux  du  genre  Raja,  et  ne  sont  vraisemblablement  pas  capables  de  donner  des 
commotions  volontaires;  peut-être  même  ne  méritent-ils  pas  le  nom  d'organes  électriques  et 
ne  sont-ce  que  des  réseaux  admirables. 


138 


CHAPITRE    QUATRIEME 


des  plaques  motrices  des  muscles.  Aussi  est-on  autorisé  à  les  placer  dans 
le  même  chapitre  que  le  système  musculaire  (1). 

La  structure  microscopique  de  ces  organes  est  partout  essentiellement 
la  même.  La  charpente  est  formée  par  des  lames  de  tissu  fibreux 
disposées,  les  unes  long-itudinalement,  les  autres  transversalement,  de 
manière  à  constituer  un  réseau  limitant  des  milliers  d'alvéoles  ou  déloges 
polygonales  ou  plus  ou  moins  arrondies.  Ces  dernières  sont  disposées, 

Fig.  129. 


Fig.  128.  —  Torpédo  marmorata.  E,  organe  électrique  préparé  ;  .S,  crâne  ;  Sp,  évent;  KK,  branchies; 
Au, yeux. 

Fig.  129  et  130.  —  Organe  électrique  du  Gymnotus  electricus  représenté  dans  toute  son  étendue  (A)  et  en 
coupe (B).  H,  peau  •,Fl,  nageoire  ;  DM,  DM'-,  moitié  dorsale  du  grand  muscle  latéraldu  tronc  vu  en  coupe 
transversale  et  en  coupe  longitudinale;  VM,  VM'-,  moitié  yentrale  du  même  muscle  ;  E,  organe  élec- 
trique vu  en  coupe  (E)  et  de  côté  (£'^)  ;  WS,  V/S^,  colonne  vertébrale  vue  de  côté  avec  les  nerfs  qui  la 
traversent  et  vue  en  coupe  ;  LH,  extrémité  de  la  cavité  viscérale  ;  Sep,  cloison  fibreuse  sagittale  qui 
partage  en  deux  moitiés  égales  l'organe  électrique  et  les  muscles  du   tronc  ;  A,  anus. 

tantôt  en  séries  parallèles  à  Taxe  du  corps  {Gymnotus,  Alalopterunis), 
tantôt  en  séries  dorso-ventrales  (Torpédo),  et  forment  ainsi  des  colonnes 
prismatiques,  comme  on  peut  le  voir  sur  la  figure  131. 

De  nombreux  vaisseaux  et  nerfs  sont  contenus  dans  le  tissu  conjonctif 
intermédiaire  aux  alvéoles  ou  aux  colonnes  prismatiques.  Les  nerfs  sont 
entourés  dégaines  très  épaisses  et  ont  une  origine  qui  varie  suivant  Tespèce 
considérée.  C'est  ainsi  que  chez  la  Torpille  ils  proviennent  tous  du  lobe 
électrique  situé  dans  le  voisinage  de  l'arrière-cerveau,  sauf  une  seule 

(1)  G.  Fritsch  soutient  une  opinion  diamétralement  opposée.  D'après  lui,  les  organes 
électriques  du  Maloptérure  ne  dérivent  pas  du  tissu  musculaire,  mais  d'éléments  glandu- 
laires transformés. 


ORGANES    ÉLECTRIQUES  139 

branche  qui  vient  du  trijumeau.  Chez  tous  les  Poissons  pseudo-électriques 
ainsi  que  chez  le  Gymnote,  où  ils  pénètrent  au  nombre  de  plus  de 
200  dans  l'organe  électrique,  ils  tirent  leur  origine  de  la  moelle  épinière, 
et  probablement  ils  ont  des  rapports  étroits  avec  les  cornes  antérieures 
de  la  moelle,  qui  sont  particulièrement  développées  chez  ce  dernier 
Poisson.  Il  est  très  remarquable  que  les  nerfs  électriques  du  Maloptèrure 
sont  fournis  de  chaque  côté  par  une  seule  fibre  nerveuse  gigantesque, 
sortie  d'une  cellule  nerveuse  colossale,  située  dans  le  voisinage  du 
deuxième  nerf  cervical,  et  qui  s'étend  jusqu'à  l'extrémité  de  la  queue  en 
se  ramifiant  dans  tout  son  parcours.  Elle  est  entourée 
d'une  gaine  épaisse. 

Si  nous  examinons  la  structure  histologique  des 
terminaisons  périphériques  des  nerfs,  nous  verrons  que 
cette  struture  est  essentiellement  la  même  dans  les 
plaques  électriques  et  dans  les  plaques  motrices. 

Nous  pouvons  nous  borner  à  une  description  som- 
maire, car  la  disposition  est  d'une  façon  générale  iden-      Fig.131.  — coionnes 
tique  chez  tous  les  Poissons  électriques.  Torpèdo^marmo- 

Le  nerf,  contenu  dans  la  cloison  des  losres,  diminue        ra?»  (à  demi  sché- 

'  _  _  .  .  matique). 

graduellement  d'épaisseur;  sa  gaine  épaisse  finit  par 
disparaître  ainsi  que  son  enveloppe  de  myéline;  il  se  renfle  brusque- 
ment en  massue  et  se  divise  ensuite  en  un  grand  nombre  de  fibres  pri- 
mitives qui  présentent  des  arborisations  de  plus  en  plus  fines,  mais  sans 
s'anastomoser  entre  elles,  de  sorte  qu'il  n'y  a  jamais  formation  d'un 
véritable  réseau  nerveux.  Chez  la  Torpille  les  terminaisons  nerveuses 
sont  situées  sur  la  face  ventrale  de  ce  que  l'on  appelle  la  lame  électrique 
(fig.  132,  EP);  chez  le  Gymnote,  sur  la  face  postérieure  qui  regarde  la 
queue.  Enfin  chez  le  Maloptèrure,  de  même  que  chez  le  Gymnote,  le  nerf 
arrive  en  arrière  dans  la  lame  électrique,  la  perfore  et  s'étale  sur  la 
face  antérieure  qui  regarde  la  tête  (1).  11  est  nécessaire  de  se  rappeler 
cette  diff'érence  dans  la  disposition  des  nerfs  électriques  pour  se  rendre 
compte  de  la  direction  du  courant  électrique. 

La  lame  électrique  à  l'état  frais  représente  un  disque  homogène, 
transparent,  entouré  d'une  membrane  particulière,  et  dans  lequel  se 
trouvent  des  cellules  étoilées  munies  de  longs  prolongements.  Ses  deux 
faces  ofl^rent  des  saillies  irrégulières,  séparées  par  des  sinus  plus  ou  moins 
profonds  et  qui  donnent  à  l'ensemble  un  aspect  lobé  (fig.  132,  EP). 

Ces  disques,  comme  nous  l'avons  indiqué  plus  haut,  doivent  être  con- 
sidérés comme  de  la  substance  musculaire  transformée,  et  comme  ils  sont 
intimement  unis  avec  la  plaque  nerveuse,  il  en  résulte  que  la  lamelle 
électrique  n'est  pas  une  formation  homogène  (comme  on  le  croyait  jadis), 
mais  qu'elle  est  formée  par  deux  sortes  d'éléments.  Elle  ne  remplit  pas 

(1)  Babuchin,  dont  les  recherches  ont  été  faites  sur  les  Maloptérures  vivants,  conteste  de 
la  façon  la  plus  positive  que  le  nerf  traverse  la  plaque  électrique.  De  nouvelles  recherches 
sont  nécessaires  pour  décider  s'il  a  raison  sur  ce  point. 


140 


CHAPITRE    QUATRIEME 


complètement  Talvéole;  il  reste  toujours  au-dessus  {Torpille)  ou  en  avant 
d'elle  [Gymnote,  M aloptéruré) ,  entre  elle  et  la  paroi  de  Talvéole  suivante, 
un  espace  rempli  par  du  tissu  gélatineux  ou  parfois  seulement  par  un 
liquide  (fig.  132,  G).  La  face  sur  laquelle  s'étalent  les  terminaisons  ner- 
veuses est,  au  moment  d'une  décharge, 
électi^o  -  négative  ,  la  face  opposée  électro- 
positive.  La  disposition  précisément  inverse 
des  parties  qui  la  constituent  chez  le  Gym- 
note et  le  Maloptérure  explique  pourquoi  le 
courant  électrique  ne  se  dirige  pas  dans  le 
même  sens  chez  ces  Poissons,  mais  a,  au 
contraire,  une  direction  opposée.  C'est  ainsi 
que  chez  le  Maloptérure  le  courant  est  dirigé 
de  la  tête  vers  la  queue,  et  chez  le  Gymnote 
de  la  queue  vers  la  tête.  Chez  la  Torpille  le 
courant  est  dirigé  de  la  face  inférieure  vers 
la  face  supérieure. 

Les  expériences  ont  montré  que  les  Pois- 
sons électriques  ne  sont  pas  influencés  par 
les  commotions  électriques;  mais  cette  pro- 
position n'est  pas  absolue,  car  les  muscles 
et  leurs  nerfs  fraîchement  préparés,  ainsi 
que  les  nerfs  électriques  sont  excités  par  le 
courant  électrique.  «  La  question  la  plus  im- 
portante en  ce  qui  touche  les  Poissons  élec- 
triques est  celle  du  mécanisme  par  lequel  les  plaques  électriques  se 
trouvent  transitoirement  à  l'état  de  tension.  La  solution  de  cette  ques- 
tion, bien  que  probablement  moins  difficile  que  celle  du  mécanisme  du 
raccourcissement  des  muscles,  est  encore  bien  éloignée  »  (du  Bois- 
Reymond).  La  seule  chose,  que  l'on  puisse  dire  avec  certitude  c'est  que 
chez  les  Poissons  la  production  de  l'électricité  est  soumise  à  la  volonté. 

Bibliographie. 

Babuchin.  Uebersicht  der  neueren  Untersuchungen  ûber  Enlwicklung  etc.  der  elektrischen 
und  pseudoelektrischen  Organe.  Arch.  f.  Anat.  und  Physiol.  1876. 

E.  du  Bois-Reymond.  Gesammelte  Abhandlungen  zur  allg.  Muskel-  und  Nervenphysik.  T.  II. 

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Id.  Untersuchungen  zur  Ichlhyologie.  Freiburg,  1857. 

G.  Fritsch.  Die  elektrischen  Fische.  Nach  neuen  Untersuchungen  anatomisch-zoologisch  dar- 
gestellt.  Abth.  I.  Malopterurus  electricus.  Leipzig,  1887,  (Voyez  aussiles  autres  mémoires 
de  cet  auteur  dans  les  Sitzungsberichten  de  l'Académie  des  Sciences  de  Berlin  des  cinq 
dernières  années.) 

C.  Sachs.  Beobachtungen  und  Versuche  am  Sûdamerikanischen  Zitteraale  (Gymnotus  electri- 
cus). In  Briefen  an  den  Herausgeber  und  mit  Vorbemerkungen  des  letzteren  (Du  Bois- 
Reymond).  Arch.  f.  Anat.  und  Physiol.  1877. 

L.  Ranvier.  Leçons  sur  l'histologie  du  système  nerveux.  T.  11.  Paris,  1872. 

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20  déc.  1875. 

Id.  Traité  technique  d'histologie.  2'  édition.  Paris,  1889. 


Fig.  132.  —  Coupe  à  travers  les  loges 
de  l'organe  électrique.  Fort  gros- 
sissement (à  demi  schématique). 
BGi  charpente  conjonctive  (parois 
des  loges)  ;  EP,  plaques  électriques 
N,  nerf  qui  pénètre  dans  les  cloi- 
sons ;  ISN,  fibres  nerveuses  termi- 
nales sur  la  face  postérieure  ou 
inférieure  de  chaque  loge  ;  C,  tissu 
gélatineux.  La  flèche  indique  la 
direction  postéro  -  antérieure  ou 
ventro-dorsale. 


CHAPITRE    CINQUIÈME 


SYSTEME   NERVEUX 

Le  système  nerveux,  qui  dérive  de  Vectodeimie  [feuillet  sensoriel)  et 
dont  le  développement  précoce  indique  la  haute  importance,  se  compose 
essentiellement  de  trois  sortes  d'éléments  fondamentaux  :  1°  de  cellules 
nerveuses;  2°  de  fibres  à  double  contour  et  de  fibres  pâles;  3°  du  névri- 
LEMME  et  de  la  névroglie,  qui  servent  de  gaines  el  de  substance  unis- 
sante (1).  Il  s'y  ajoute  enfin  des  enveloppes  mésodermiques  [conjonc- 
tives) . 

Le  système  nerveux  se  divise  en  trois  parties  principales  :  le  système 

NERVEUX  CENTRAL,  le  SYSTÈME  NERVEUX  PÉRIPHÉRIQUE  et  le  SYSTÈME  DU  SYMPA- 
THIQUE. Le  premier  qui  comprend  I'encéphale  et  la  moelle  épinière,  provient 
directement  de  l'ectoderme,  tandis  que  les  nerfs  périphériques  avec  leurs 
ganglions  ne  se  développent  que  secondairement.  Le  système  nerveux 
sympathique  ne  se  développe  qu'en  troisième  lieu  et  en  connexion  étroite 
avec  le  système  nerveux  périphérique,  comme  nous  le  montrerons 
plus  tard. 

I 

Système  nerveux  centraL 

Le  système  nerveux  central  apparaît  au  début  sous  la  forme  d'un  sil- 
lon, situé  dans  l'axe  du  corps,  au-dessus  de  la  corde  dorsale,  et  auquel 
on  donne  le  nom  de  sillon  médullaire.  Il  est  primitivement  formé,  comme 
la  couche  superficielle  delà  peau  dont  il  dérive,  de  cellules  épithéliales ; 

(1)  La  névroglie,  qui  est  surtout  abondante  à  la  face  externe  du  système  nerveux  central 
ainsi  que  sur  sa  face  interne  qui  limite  les  cavités  intérieures,  peut  présenter  des  éléments 
figurés  (cellules  et  prolongements)  ou  en  être  dépourvue;  par  sa  disposition  en  réseau  elle 
constitue  une  sorte  de  substance  fondamentale  dans  laquelle  sont  contenus  les  éléments 
nerveux  (neurospongium  ou  myelospongium).  Les  cellules  de  la  névroglie  peuvent  devenir 
cornées  (hornspongiosà),  ce  qui  est  facile  à  comprendre  puisqu'elles  dérivent  de  l'ecto- 
derme. 


142 


CHAPITRE    CINQUIÈME 


133. 


mais  plus  tard,  lorsque  le  sillon  s'est  transformé  en  tube  (canal  médullaire) 
par  la  soudure  de  ses  bords,  il  se  développe  des  fibres  et  par  suite 
s'établit  la  conduction  physiologique  en  sejis  centripète  (nerfs  sensibles) 

et  en  se7is  centrifuge  (nerfs 
moteurs). 

De  bonne  heure  la  par- 
tie antérieure  du  canal  mé- 
dullaire se  distingue  par  son 
renflement  considérable  de 
la  partie  postérieure  beau- 
coup plus  longue  et  plus 
étroite,  qui  communique  au 
début  avec  l'intestin  caudal 


Fig.  134.  —  Schéma  de  la  moelle  épi- 
nière  avec  les  nerfs  qui  en  partent. 
A,  la  moelle  s'étend  jusqu'à  l'extré- 
mité de  la  queue.  B,  la  moelle  cesse 
bien  avant  l'extrémité  de  la  queue  et 
ne  se  prolonge  en  arrière  que  par  le 
filum  terminale  (F.t).  Mo,  moelle 
allongée;  Pc,  plexus  cervical;  Pb , 
plexus  brachial;  Pth,  nerfs  thora- 
ciques  ;  Pi,  plexus  sacro-lombaire;  Ce, 
queue   de   cheval. 


Fig.  133.  —  Système  nerveux  de  la  Grenouille  (d'après  A.  Ecker).  He,  hémisphères  cérébraux  (cerveau 
antérieur);  Lob,  lobes  optiques  (cerveau  moyen);  Le,  bandelette  optique;  it/,  moelle  épinière  ;  3f' à 
M'",  nerfs  rachidiens,  qui  en  ,S'3i"  envoient  des  anses  anastomotiques  aux  ganglions  (5' — 5'°)  du  sympa- 
thique; No,  nerf  obturateur  ;  iVï",  nerf  sciatique;  I  k  X,  première  à  dixième  paire  de  nerfs  crâniens  ; 
(r,  ganglion  du  nerf  vague  ;  Vg,  ganglion  de  Gasser  ;  o,  globe  oculaire  ;iV,  sac  nasal  ;  Va  à  Ve,  les  diffé- 
rentes branches  du  trijumeau;  i^,  nerf  facial  ;  Vs,  anastomose  d  u  sympathique  avec  le  ganglion  de  Gasser  ; 
X'  à  X-*,  branches  du  vague.  Quelques  fibres  du  sympathique  accompagnent  la  branche  du  nerf  vague. 


SYSTÈME    NERVEUX  143 

par  le  canal  neurentérique  (1).  La  première  constitue  V ébauche  du  cerveau, 
la  seconde  Yébauche  de  la  moelle  épinière.  Toutes  deux  ont  donc  la  même 
origine  et  renferment  un  canal  appelé  dans  la  moelle  canal  central  et 
dans  le  cerveau  cavité  des  ventricules.  Le  canal  central  et  la  cavité  des 
ventricules,  primitivement  très  larges,  se  rétrécissent  considérablement, 
surtoutle  premier,  par  suite  de  l'augmentation  d'épaisseur  de  leurs  parois. 

Chez  beaucoup  de  Vertébrés  {Téléosléens,  Salamandra  atra,  Lacerta,  Poulet,  beau- 
coup de  Maminifères,  par  exemple  la  Souris,  le  Chien,  le  Bœuf,  le  Mouton,  V Homme) 
le  canal  médullaire  présente  pendant  la  période  embryonnaire  une  segmentation pur- 
tielle;  mais  ce  dernier,  comme  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  le  faire  remarquer  dans  Tin- 
troduction,  e^i  primitivement  uniforme  dans  toute  son  étendue,  sa  segmentation  est 
donc,  comme  celle  de  la  colonne  vertébrale,  secondaire  et  il  ne  peut  être  question  ici 
d'une  mélamérie  primaire. 

1.  moelle  épinière 

Au  début  la  moelle  épinière  présente  partout  la  même  épaisseur, 
mais  à  mesure  que  le  développement  progresse,  elle  se  renfle  dans  cer- 
taines régions  déterminées  d'où  partent  des  nerfs  volumineux  destinés 
aux  membres  [renflement  brachial  ou  cervical  et  reniflement  lombaii^e). 

La  moelle  épinière  a  primitivement  la  même  longueur  que  le  canal 
rachidien  (fig.  134  A) ,  mais  plus  tard  il  arrive  fréquemment  qu'elle  ne 
s'allonge  pas  autant  que  celui-ci  et  qu'elle  reste  beaucoup  plus  courte. 
Dans  ce  cas  [Primates ,  Chiroptères,  Insectivores,  Batraciens  anoures)  les 
dernières  paires  de  nerfs  rachidiens  forment  un  faisceau  qui  part  en 
rayonnant  de  son  extrémité  postérieure;  ce  faisceau,  d'où  proviennent 
les  nerfs  sacrés,  est  encore  contenu  dans  le  canal  rachidien  et  porte  le 
nom  de  queue  de  cheval  (fîg.  134  B)  (2).  Néanmoins,  même  dans  ces  con- 
ditions, la  moelle  se  prolonge  encore  très  loin  en  arrière  sous  la  forme 
d'un  cordon  très  fin,  connu  sous  le  nom  de  filum  terminale. 

La  moelle  est  divisée  en  deux  moitiés  symétriques  par  des  sillons  lon- 
gitudinaux [sillon  médian  antérieur  ou  inférieur,  sillon  médian  posté- 
rieur ou  supérieur).  Si  l'on  suppose  tous  les  points  d'implantation  des 
racines  inférieures  (motrices)  d'une  part,  et  des  racines  supérieures 
(sensibles)  d'autre  part,  réunies  par  une  ligne  droite,  chaque  moitié  de 
la  moelle  se  trouve  partagée  en  trois  cordons,  un  cordon  inférieur,  un 
cordon  latéral  et  un  cordon  supérieur.  En  anatomie  humaine  ces  cor- 
dons portent  les  noms  de  cordons  antérieur,  latéral  qï postérieur . 

Quant  à  sa  structure   microscopique,    la  moelle   présente  toujours 

(1)  Chez  les  Cydostomes,  les  Téléostéens  et  les  Ganoïdes  osseux  l'ébauche  du  système 
nerveux  central  est  représentée  par  une  masse  pleine  de  cellules,  dans  laquelle  n'apparaît 
que  secondaireme?it  une  cavité.  Bien  que  ce  mode  de  développement  ne  difïère  pas  en  prin- 
cipe du  mode  ordinaire,  il  est  cependant  digne  de  remarque. 

(2)  Chez  les  Oiseaux  il  n'y  a  pas  de  queue  de  cheval,  car  les  nerfs,  au  sortir  de  la  moelle, 
traversent  aussitôt  le  canal  rachidien.  Au  niveau  du  renflement  lombaire  les  cordons  pos- 
térieurs s'écartent  l'un  de  l'autre,  d'où  résulte  la  formation  du  sinus  rhomboïdal  sacré.  Le 
filum  terminale  manque  tout  à  fait  ou  est  à  peine  indiqué. 


144  CEIAPITRE    CINQUIÈME 

deux  sortes  de  substances  ;  la  substance  blanche,  composée  uniquement 
de  fibi^es;  la  substance  grise,  composée  principalement  de  cellules  ner- 
veuses multipolaires.  Les  rapports  de  ces  deux  substances  chez  les  diffé- 
rents groupes,  ainsi  que  dans  les  différentes  régions  de  la  moelle  sont 
très  variables,  mais  on  peut  dire  d'une  manière  générale  que  la  sub- 
stance blanche  est  surtout  située  à  la  périphérie,  la  substance  grise  au 
centre. 

Les  enveloppes  de  la  moelle  épinière  ou  méninges  rachidiennes  seront 
étudiées  plus  loin. 

2.    ENCÉPHALE 

Sur  la  partie  antérieure  du  tube    neural,  qui  de  très  bonne    heure 
acquiert  une  grande  épaisseur,  apparaissent  simultanément  trois  ren- 
flements, auxquels  on  donne  les  noms  de  vésicules  cérébrales  primitives 
ANTÉRIEURE,  MOYENNE  et  POSTÉRIEURE  (fîg.  135).  La  cavité  de  ces  vésicules  mor- 
phologiquement équivalentes  corres- 
pond, comme  on  Ta  vu  plus  haut, 
^^       aux  futurs  ventricules  et  se  continue 

d y^ ^ ^       directement  avec  le  canal  centi^al  de 

T.     „or      ^,     ,        ,  .     ,         .         la  moelle  épinière. 

rig.  lo5.  —  Ebauche  embryonnaire  du  système  j  ^  ,    .        , 

nerveux  central(schéma).  G,  encéphale  avec  ses  Lc    UOmbrC     dC     CeS    VeSlCUlCS    CSt 

trois  vésicules  primitives  (i, /i,///);iî,  moelle  ,         ,ii  •  •iiit- 

épinière.  plus  tard  de  cinq  par  suite  de  la  divi- 

sion de  la  vésicule  primitive  anté- 
rieure et  de  la  vésicule  primitive  postérieure.  Ces  cinq  vésicules  sont 
appelées  (d'avant  en  arrière)  cerveau  antérieur  secondaire  ou  cerveau  pro- 
prement DIT,  cerveau  intermédiaire,  CERVEAU  MOYEN,  CERVEAU  POSTÉRIEUR  SECON- 
DAIRE et  ARRIÈRE-CERVEAU  (prosencéphalc,  thalamencéphale,  mésencéphale, 
métencéphale,  myélencéphale,  Huxley)  (1).  Le  cerveau  moyen  est  appelé 
aussi  tubercules  quadrijumeaux  (nom  emprunté  à  l'anatomie  humaine), 
le  cerveau  postérieur  cervelet  et  Farrière-cerveau  moelle  allongée.  Ce 
dernier  se  développe  de  très  bonne  heure. 

Du  cerveau  antérieur  secondaire,  qui  se  divise  bientôt  en  deux  hémis- 
phères, dérivent  les  lobes  olfactifs.  C'est  là  un  fait  très  important,  car  il 
est  très  probable  que  le  développement  phylogénique  du  cerveau  anté- 
rieur secondaire  est  intimement  lié  à  celui  de  l'organe  olfactif. 

La  paroi  basilaire  de  cette  partie  de  l'encéphale  s'épaissit  pour  former 
un  ganglion  basilaire  volumineux  qui  fait  saillie  dans  la  cavité  du  ven- 
tricule; elle  est  ainsi  distincte  du  reste  de  la  vésicule,  auquel  on  donne 
le  nom  de  zone  palléale  {pallium,  manteau)  (fîg.  136,  VH,  01  f,  Cs). 

Cette  dernière  partie  de  l'encéphale  est  appelée  à  jouer  le  rôle  le 
plus  important,  car  du  développement  et  de  la  différenciation  histolo- 
gique  plus  ou  moins  considérable  de  sa  zone  corticale  (substance  grise 

(1)  Il  va  de  soi  que  les  vésicules  cérébrales  antérieure  e\, postérieure  secondaires  ont  une 
signification  morphologique  différente  tle  celles  des  vésicules  primaires  de  même  nom  et 
de  la  vésicule  cérébrale  moyenne.  11  n'y  a  pas  par  conséquent  ici  homodynamie. 


SYSTEME    NERVEUX 


145 


de  Fécorce)  et  de  rapparition  de  certaines  voies  de  conduction  qui  y 
aboutissent  dépend  le  degré  plus  ou  moins  élevé  du  développement  psy- 
chique de  l'individu. 

Par  conséquent  nous  devons  nous  attendre  à  trouver  le  cerveau 
antérieur  secondaire  développé  au  maximum  chez  les  Mammifères  et 
surtout  chez  YHomme.  Mais  il  est  à  remarquer  que,  contrairement  à 
Fopinion  généralement  admise,  la  couche  corticale  de  substance  grise 
n'existe  pas  chez  tous  les  Vertébrés.  Elle  n'est  donc  pas  une  partie 
essentielle,  nécessaire,  du  cerveau  antérieur  secondaire,  et  ce  n'est  que 
très  graduellement  et  seulement  chez  les  groupes  supérieurs  que  les 
cellules  nerveuses  viennent  se  grouper  dans  la  zone  palléale  pour  consti- 
tuer cette  couche.  Il  n'y  a  pas  sous  ce  rapport  de  série  évolutive  couti- 


ls Z  ZHRCMKS'n  MIT 

I     I  \       \ L     ■ 


liW 


Fig.  136.  —  Coupe  sagittale  idéale  du  crâne  et  de  l'encéphale  d'un  embryon  de  Vertébré  (en  partie 
d'après  Huxley).  Bc,  base  du  crâne;  Ch,  corde  dorsale;  SD,  voûte  du  crâne;  JS'H^,  fosse  nasale; 
VH,  cerveau  antérieur  secondaire,  en  bas  avec  le  corps  strie  (Cs),  en  avant  avec  le  lobe  oll'actil  (Olf); 
ZH,  cerveau  intermédiaire  (cerveau  antérieur  primaire),  qui  se  continue  en  dessus  avec  la  glande 
pinéale  (Z),  en  dessous  avec  l'infundibulum  (/)  et  l'hypophyse  (H).  En  avant  s'est  développé  le  nerf 
optique  (Opc)  et  dans  la  paroi  latérale  la  couche  optique  (Tho) ;  HC,  commissure  postérieure;  MH,  cer- 
veau moyen  ;  HH,  cerveau  postérieur  ;  NH,  arrière-cerveau  ;  Ce,  canal  central. 

nue  depuis  les  formes  inférieures  jusqu'aux  formes  les  plus  élevées.  Il 
existe  de  grandes  lacunes  entre  les  Poissons  et  les  Amphibiens,  ainsi 
qu'entre  ces  derniers  et  les  Reptiles  (Edinger). 

Et  même  quand  l'écorce  cérébrale  a  acquis  son  plus  haut  degré  de  développement, 
et  que  ses  cellules  présentent  des  cylindres-axes  comme  chez  les  Vertébrés  supérieurs, 
elle  ne  recouvre  cependant  pas  encore  le  cerveau  tout  entier.  Il  y  a  en  effet  des  points 
dans  le  cerveau  des  Primates  qui  sont  encore  dépourvus  d'écorce  [seplum  lucidum). 
Chez  les  Cycloslomes,  les  Téléosléens  et  les  Ganoïdes,  le  manteau  est  formé  d'une 
simple  couche  épilhéliale ,  et  par  conséquent  physiologiquement  latent;  chez  tous 
les  autres  Vertébrés  il  est  formé  par  du  tissu  nerveux,  mais  sa  région  postérieure, 
limitrophe  de  l'extrémité  antérieure  du  cerveau  intermédiaire,  est  encore  simplement 
épithéliale,  et  avec  les  plexus  choroïdes  est  refoulée  par  les  vaisseaux  de  la  dure-mère 
dans  les  ventricules  du  cerveau  antéineur. 

Les  deux  hémisphères  du  cerveau  antérieur  secondaire  sont  reliés 
entre  eux  par  des  faisceaux  de  fibres  qui  constituent  les  commissures,  le 
CORPS  CALLEUX  et  le  TRiGONE  CÉRÉBRAL.  Les  premières  qui  réunissent  d'une 
façon  générale  les  parties  basilaires  des  deux  hémisphères,  sont  au 
nombre  de  trois,  la  commissure  antérieure,  la  commissure  moyenne  et  la 
commissure  postérieure.  La  commissure  antérieure  appartient  au  cerveau 
antérieur  secondaire,  les  deux  autres  sont  situées  dans  la  région  du 
cerveau  intermédiaire  et  du  cerveau  moyen. 

WlEDERSHEIM.  10 


146 


CHAPITRE    CINQUIEME 


Fig.  137.  —  Schéma  des  différentes  dispositions  que  présente  l'œil  pariétal  dans  les  différentes  classes 
(d'après  W.  B.  Spencer). 

A,  embryon  de  Tunicier  (disposition  de  l'œil  pariétal  chez  les  Urochordés  ?).  B,  larve  de  Bufo  c/ne- 
retis.  C,  stade  évolutif  plus  avancé  de  Bufo  cinereus.  D,  ébauche  de  l'œil  pariétal  dans  les  embryons  de 
tous  les  Vertébrés  supérieurs.  E,  Cyclodvs  et  Sélaciens.  F,  forme  primitive  de  l'œil  pariétal  chez  les 
Anoures,  les  Lacertiliens  et  les  Oiseaux,  permanente  chez  le  Chamaeleo.  G,  La''ertiliens,  Laby- 
rinthodontes  {Stégocéphales) ,  ancêtres  des  Sauropsidés.  H,  beaucoup  de  Lacertiliens  (  Calotes, 
Seps,  Leiodera,  etc.).  J,  Anoures  adultes.  K,  certains  Lacertiliens  (Gcratophora).  L,  Oiseau  adulte. 
M,  Mammifère  adulte. 

Les  parties  en  hachures  représentent  la  paroi  du  crâne;  la  couche  claire  située  au-dessus  repré- 
sente la  peau. 


SYSTÈME    NERVEUX  -  147 

Le  corps  calleux  et  le  trigone  cérébral,  bien  que  déjà  ébauchés  chez 
les  Vertébrés  inférieurs,  ne  sont  complètement  développés  que  dans  les 
groupes  supérieurs  des  Mammifères. 

Chez  tous  les  Vertébrés  inférieurs  aux  Mammifères  la  surface  des 
hémisphères  est  plus  ou  moins  lisse  ;  ce  n'est  que  chez  ces  derniers 
qu'apparaissent  des  sillons  (fissurae,  sulci)  et  des  circonvolutions  (gyri). 
Il  en  résulte  un  plissement  de  l'ensemble  de  la  zone  palléale  et  par  con- 
séquent V augmentation  de  retendue  de  la  substance  grise  corticale. 

Le  CERVEAU  INTERMÉDIAIRE,  qui  cst  limité  en  avant  par  la  lamina  termi- 
NALis,  donne  naissance  aux  couches  optiques  par  épaississement  de  ses 
parois  latérales.  De  sa  base  partent  deux  prolongements  creux  qui  for- 
ment les  vésicules  optiques  primitives,  la  rétine  et  les  nerfs  optiques.  En- 
fin,  de  la  voûte  dérive  la  glande  pinéale,  ou  épiphyse,  et  du  plancher 
dérivent  I'infundibulum  et  une  partie  de  la  glande  pituitaire,  ou  hypophyse. 

L'ÉPiPHYSE  est  primitivement  un  organe  visuel  impair,  qui,  par  la  disposition  de 
ses  éléments  rétiniens  et  parles  rapports  du  nerf  afférent  avec  la  rétine,  rappelle  celui 
de  certains  Invertébrés  (oeil  pariétal  ou  pinéal)  ;  sauf  chez  quelques  Sauriens,  il  est 
en  voie  de  métamorphose  régressive.  La  figure  137  montre  le  degré  de  cette  atrophie 
dans  les  différents  groupes  de  Vertébrés  (1).  Primitivement  l'œil  pariétal  était  situé 
chez  tous  les  Vertébrés  à  la  surface  du  crâne,  au  niveau  de  la  peau  ou  immédiatement 
au-dessous,  et  il  communiquait  à  travers  le  tj'ou  pariétal,  qui  existe  encore  chez  beau- 
coup de  Sauriens  actuels  (voy.  le  crâne),  avec  le  cerveau  intermédiaire.  Cette  disposi- 
tion persiste  aujourd'hui  encore  chez  certains  Sauriens  (voir  le  paragraphe  relatif  à 
ces  animaux);  mais  chez  les  Sélaciens,  les  Ganoïdes  (tous?),  chez  les  Batraciens 
anoures,  cette  communication  se  trouve  déjà  interrompue  pendant  la  période  embrjon 
naire  par  l'oblitération  du  trou  pariétal.  Dans  beaucoup  de  cas  (beaucoup  de  Poiscons 
tous  les  Urodèles,  beaucoup  de  Reptiles,  tous  les  Oiseaux  et  les  M<immifères)  cet 
organe  n'atteint  plus  la  peau,  il  ne  traverse  plus  la  voûte  crânienne;  c'est  la  dernière 
étape  de  l'atrophie. 

Nous  renverrons  pour  la  structure  microscopique  de  l'œil  pariétal  au  paragraphe 
relatif  au  cerveau  des  Reptiles.  Il  serait  difficile  de  décider  quel  est  phylogéniquement 
le  plus  ancien  de  l'œil  pair  ou  de  l'œil  impair  des  Vertébrés.  L'onlogénie  des  Reptiles 
est  favorable  à  la  première  hypothèse,  car  chez  le  Lacerla  les  deux  vésicules  optiques 
sont  déjà  très  développées  alors  que  l'évagination  épiphysaire  commence  à  peine  à 
apparaître. 

L'hypophyse  se  compose  de  deux  lobes,  l'un  postérieur  nerveux^  l'autre  antérieur 
glandulaire;  le  premier  dérive  du  cerveau  intermédiaire.  Si  l'on  considère  que  sa  pre- 
mière ébauche  est  identique  à  celles  de  l'épiphyse  et  des  vésicules  optiques,  qu'elle 
provient  comme  elles  d'un  diverticule  du  cerveau  intermédiaire,  on  ne  peut  se  défendre 
d'admettre  qu'elle  a  dû  aussi  être  primitivement  un  organe  sensoriet.  Cette  hypothèse 
ne  peut  pas,  il  est  vrai,  être  démontrée  actuellement,  cependant  il  me  paraît  légitime 
de  la  formuler. 

La  partie  antérieure  de  l'hypophyse  est  produite  par  un  prolongement  de  l'épi- 
thélium,  qui  se  sépare  de  la  cavité  buccale  primitive  et  qui  se  transforme  plus  tard  en 
un  organe  glandulaire.  Il  est  manifeste  qu'il  exerce  une  fonction  de  sécrétion  (sécrétion 
du  liquide  du  ventricule?)  (2). 

(1)  Sur  la  figure  nous  avons  également  représenté  l'organe  de  la  vue  des  Tuniciers,  sans 
cependant  vouloir  nous  ranger  par  là  à  l'opinion  de  B.  Spencer  sur  la  phylogénie  de  cet 
organe. 

(2)  L'hypophyse  augmente  de  grosseur  à  mesure  que  l'on  descend  dans  la  série  des  Ver- 
tébrés. Cela  est  surtout  vrai  pour  les  Sélaciens,  les  Ganoïdes  et  les  Dipnoïques. 


148  CHAPITRE    CINQUIÈME 

Le  cerveau  antérieur  primaire  et  le  cerveau  antérieur  secondaire 
sont  situés  clans  la  partie  précordale  du  crâne.  Deux  organes  des 
sens,  Forgane  de  la  vue  et  Forgane  de  l'odorat,  ont  joué  le  principal  rôle 
dans  leur  phylogénie. 

Les  vésicules  cérébrales  placées  en  arrière  correspondent  à  la  partie 
cordale  du  crâne  ;  leur  conformation  se  rapproche  de  plus  en  plus  de 
celle  de  la  moelle  à  mesure  qu'elles  sont  situées  plus  en  arrière.  Sauf 
le  CERVEAU  POSTÉRIEUR  SECONDAIRE  OU  CERVELET,  qui  daus  Ics  types  supéricurs 
se  divise  en  deux  parties  latérales  {hémisphères),  réunies  par  une  partie 
médiane,  le  verrais,  elles  ne  subissent  pas  des  transformations  aussi  con- 
sidérables que  les  deux  vésicules  cérébrales  antérieures.  Nous  nous  bor- 
nerons par  conséquent  à  dire  que  le  cerveau  moyen 
donne  naissance  à  la  région  des  tubercules  quadriju- 
MEAux  ainsi  qu'aux  pédoncules  cérébraux  en  arrière 
|— ii'F"  et  en  dessous,  et  que  le  toit  de  Farrière-cerveau  ou 
MOELLE  allongée  s'atrophic,  tandis  que  son  plancher 
s'épaissit  considérablement  et  forme  en  avant, 
dans  la  région  du  cerveau  postérieur  secondaire,  le 
PONT  DE  Varole.  Il  cst  à  remarquer  que  les  noyaux 
d'origiîie  de  la  plupart  des  nerfs  crâniens  sont  situés 
dans  la  région  de  V arrière-cerveau,  ce  qui  indique 
la  grande  importance  au  point  de  vue  physiolo- 
gique de  cette  partie  de  l'encéphale. 

Fig.  138.  —  Schéma  des  ventricules  de  l'encéphale  des  Vertébrés.  VH,  cer- 
veau antérieur  secondaire  (hémisphères  cérébraux)  avec  le=.  ventricules 
latéraux  (S y,  premier  et  deuxième  ventricule);  ZH,  cerveau  intermé- 
diaire avec  le  troisième  ventricule  fJ/ZJ/dans  son  prolongement  antérieur 
est  situé  chez  les  Mammifères  le  septum  pellucidum  qui  renferme  le  cinquième  ventricule  ;  il  n'est  pas 
représenté  dans  la  fîtrure.  Les  ventricules  latéraux  communiquent  avec  le  troisième  ventricule  par  les 
trous  de  Monro  (FM)  ;  MH,  cerveau  moyen,  dans  lequel  est  situé  le  canal  de  communication  entre  le 
troisième  et  le  quatrième  ventricule  (aqueduc  de  Sylvius,  Aq);  HH,  cerveau  postérieur;  iV/Z",  arrière- 
cerveau  avec  le  quatrième  ventricule  {IV);  6'c,  canal  central  de  la  moelle  épinière  (i?). 

Dans  le  développement  ultérieur  de  l'encéphale  nous  signalerons 
encore  les  faits  suivants: 

Les  parois  des  vésicules  cérébrales  s'épaississent  de  plus  en  plus,  de 
sorte  que  leurs  cavités  intérieures  ou  ventricules  se  trouvent  de  plus  en 
plus  réduites. 

Il  existe  toujours  un  système  de  ventricules  impairs  situé  dans  l'axe  de 
l'encéphale  et  un  système  de  ventricules  pait^s.  Ce  dernier  est  situé  dans 
les  hémisphères  du  cerveau  antérieur;  il  constitue  les  ventricules  laté- 
raux (premier  et  deuxième  ventricule)  ;  il  communique  de  chaque  côté 
par  le  trou  de  Mo7iro  [FM)  avec  le  système  impair  (fig.  138,  *S'  V)  (1).  Les 
ventricules  latéraux  ne  sont  pas  les  prolongements  directs  du  canal  mé- 
dullaire primitif,  mais  les  diverticules  d'une  cavité  qui  représente  la  par- 
tie antérieure  de  ce  canal.  Celle-ci  se  termine  dans  la  région  limitée  en 

(1)  Le  troisième  ventricule  peut  d'ailleurs  aussi  devenir  pair  par  la  formation  de  diver- 
ticules latéraux. 


SYSTÈME    NERVEUX  149 

bas  par  le  chiasma  des  nerfs  optiques.  Le  système  des  ventricules  im- 
pairs se  compose  du  troisième,  du  quatrième  et  du  cinquième  ventri- 
cule ainsi  que  de  V aqueduc  de  Sylvius  {'[).  Les  rapports  des  ventricules 
avec  les  différentes  parties  de  l'encéphale  sont  représentés  dans  la 
figure  138.  Chez  les  Mammifères  k  ces  quatre  ventricules  s'ajoute  le  cin- 
quième ventricule,  que  nous  venons  de  mentionner,  et  dont  le  dévelop- 
pement est  corrélatif  de  celui  du  corps  calleux  et  du  trigone  cérébral 
(septum  pellucidum).  Il  n'est  donc  pas  homologue 
aux  autres  et  a  morpholo2riquement  une  tout  autre  .„,   „„ 

signitication. 

Au  début  les  cinq  vésicules  cérébrales  sont  si- 
tuées sur  un  plan  horizontal,  mais  bientôt  se 
montre  la  flexion  crânienne,  c'est-à-dire  que  les 
vésicules  s'infléchissent,  décrivent  une  courbe  à 
concavité  inférieure  de  sorte  qu'à  un  certain  mo- 
ment le  sommet  de  la  courbe  est  occupé  par  le 
cerveau  moyen  (fig.  139).  On  lui  donne  le  nom  de 
flexion  ajjicale  {SB)  pour  la  distinguer  des  deux 
autres  flexions,  la  flexion  du  pont  et  la  flexion 
7iuchale{BB,NB),  qui  apparaissent  principalement 
chez  les  Mammifères.  Le  développement  du  crâne 
ainsi  que  l'accroissement  en  longueur  très  rapide 
de  l'encéphale  jouent  un  grand  rôle  dans  la  pro- 
duction de  ces  courbures. 

Ces  courbures  s'effacent  plus  tard  complète- 
ment chez  les  Poissons  et  les  Ampliibiens  ;  dans  les 

types  supérieurs,  surtout  chez  les  Mammifères^  elles  restent  plus  ou 
moins  prononcées.  Mais  ici  les  rapports  primitifs  se  compliquent  encore, 
parce  que  les  hémisphères  du  cerveau  antérieur  secondaire  prennent  un 
très  grand  développement,  s'étendent  en  arrière  et  recouvrent  graduellement 
ainsi  toutes  les  autres  parties  de  l'encéphale.  Il  en  résulte  que  les  diffé- 
rentes parties  de  l'encéphale,  qui  étaient  d'abord  situées  les  unes  derrière 
les  autres,  se  recouvrent  de  telle  sorte  que  le  cerveau  intermédiaire,  le 
cerveau  moyen,  le  cerveau  postérieur  et  l'arrière-cerveau  se  trouvent 
placés  à  la  base  des  hémisphères  cérébraux. 


Fig.139.  —  Flexion  crânienne 
chez  les  Mammifères.  Vff, 
cerveau  antérieur  ;  ZH, 
cerveau  intermédiaire  avec 
l'hypophyse  (H)  sur  sa 
base  ;  M  H,  cerveau  moyen 
qui  forme  en  SH  la  par- 
tie la  plus  élevée  du  tube 
cérébral  tout  entier  (flexion 
apicale)  ;  HH,  cerveau  pos- 
térieur; Nff,  arrière-cer- 
veau formant  en  NB  la 
flexion  nuchale;2ÎB, flexion 
du  pont  entre  HH&tNH, 
R,  moelle  épinière. 


3.  Méninges  crâniennes  et  rachidiennes 

Les  membranes  d'enveloppe  de  l'encéphale  sont  produites  par  la 
difïérenciation  d'une  couche  indifférente  de  tissu  conjonctif  située  entre 
les  organes  centraux  du  système  nerveux  et  les  pièces  osseuses  qui  les 
entourent.  Chez  les  Poissons  il  n'y  a  que  deux  membranes,  la  dure-mère 


(1)  L'aqueduc  de  Sylvius  est  le  canal  qui  fait  communiquer  le  troisième  ventricule  avec 
le  quatrième  (fig.  138,^5'). 


150 


CHAPITRE    CINQUIEME 


qui  tapisse  la  face  interne  de  la  capsule  crânienne  et  la  pie-mère  qui  re- 
couvre Fencéphale.  Celte  dernière  correspond  en  même  temps  à  Farach- 
NOÏDE  des  Vertébrés  supérieurs  ;  celle-ci  ne  forme  donc  pas  encore  ici  une 
couche  différenciée.  Toutes  deux  contiennent  des  vaisseaux  ;  la  première 
sert  de  périchondre  ou  de  périoste  au  crâne,  la  seconde,  beaucoup  plus 
vasculaire,  sert  à  la  nutrition  du  cerveau.  La  dure-mèi^e  est  formée  de 
deux  lamelles  qui  ne  sont  séparées  dans  toute  l'étendue  du  système  ner- 
veux central  que  chez  les  Vertébrés  inférieurs;  chez  les  Vertébrés  supé- 
rieurs elles  ne  sont  nettement  distinctes  que  dans  le  canal  rachidien  ; 
dans  le  crâne  elles  sont  soudées  ensemble  (1).  Comme  l'encéphale  des 
Poissons  ne  remplit  pas  à  beaucoup  près  toute  la  cavité  de  la  capsule  crâ- 
nienne,il  reste  entre  lesdeux 
un  espace  lymphatique  péri- 
cérébral  (et  périmédullaire) 
assez  vaste  qui  correspond 
à  V espace  sus  -  arachnoïdien 
des  Vertébrés  supérieurs. 

La  difîérenciation  de  la 
membrane    vasculaire    pri- 
maire   en    pie-mère    et    en 
arachnoïde  résulte  de  ce  que 
dans  les  points  où  se  produi- 
sent   des    dépressions    pro- 
fondes à  la  surface  de  l'en- 
céphale elle  se  divise  en  deux 
lamelles,  l'une  profonde  qui 
reste  fixée  à  l'encéphale  et 
qui  pénètre  même  dans  les  ventricules  {toile  choroïdienne,  plexus  cho- 
roïdes), l'autre  externe  qui  passe  au-dessus  des  dépressions  à  la  manière 
d'un  pont  (fig.  140). 

Il  se  produit  de  la  sorte  un  espace  lymphoïde,  espace  sous-arachnoï- 
dien,  mdiis  qui  n'est  jamais  aussi  différencié  que  l'espace  sus-arachnoï- 
dien. 


Fig.  140.  —  Enveloppes  de  l'encéphale  de  VHomme  (d'après 
SCHWALBE).  D M, dure-mère;  S R,  espace  sus-arachnoïdien  ; 
A,  arachnoïde  ;  PM,  pie-mère  ;  GR,  substance  grise  corti- 
cale du  cerveau. 


Avant  de  passer  à  l'étude  de  l'encéphale  dans  les  divers  groupes  de  Vertébrés,  je 
ferai  remarquer  que  les  nerfs  crâniens  seront  traités  à  part  dans  un  chapitre  spécial; 
je  n'aurai  donc  pas  à  m'en  occuper  ici.  D'ailleurs  ils  sont  très  exactement  représentés 
dans  les  figures,  de  sorte  qu'il  est  facile  de  les  reconnaître  sans  l'aide  d'une  description. 
Ils  sont  partout  désignés  par  les  noms  et  par  les  numéros  qu'on  leur  donne  en  anatomie 
humaine. 


(1)  Chez  les  Mammifères  on  trouve  sur  la  face  interne  de  ,1a  dure-mère  des  prolongements 
fibreux,  auxquels  on  donne  les  noms  de  faux  du  cerveau  et  de  tente  du  cervelet.  La  faux,  qui 
commence  à  apparaître  chez  les  Oiseaux  où  elle  est  encore  très  peu  développée,  s'enfonce 
dans  la  grande  scissure  interhèmisphérique  entre  les  deux  moitiés  du  cerveau  antérieui. 
La  tente  est  située  entre  le  cerveau  postérieur  et  les  lobes  occipitaux  du  cerveau  antérieur; 
La  dure-mère  des  Mammifères  renferme  des  sinus,  qui  reçoivent  le  sang  veineux  de  l'encé- 
phale et  le  déversent  dans  la  veine  jugulaire   interne. 


SYSTÈME    NERVEUX  151 

Poissons. 

Amphioxus.  Le  renflement  conique  de  l'extrémité  antérieure  de  la 
moelle  épinière  présente  une  dilatation  du  canal  central,  que  l'on  doit  con- 
sidérer comme  homologue  à  un  ventricule.  Sur  la  face  dorsale  cette  cavité 
ventriculaire  s'ouvre  librement  à  l'extérieur,  et  cet  orifice  ne  peut  cor- 
respondre qu'à  un  neuropore,  c'est-à-dire  au  dernier  reste  de  la  commu- 
nication de  l'encéphale  avec  l'épiderme  (Hatschek).  Si  cette  opinion  est 
exacte,  rien  n'empêche  d'admettre  que  la  vésicule  cérébrale  conique  de 
l'Amphioxus  correspond  à  la  nésicule  cérébrale  antérieure  et  peut-être 
aussi  à  la  vésicule  cérébrale  moyenne  des  autres  Vertébrés,  et  que  les  par- 
ties postérieures  du  cerveau,  c'est-à-dire  le  cerveau  postérieur  et  l' ar- 
rière-cerveau, ne  sont  pas  encore  différenciés  de  la  moelle  épinière.  Le 
neuropore  correspond-il  également  à  l'organe  olfactif,  c'est  ce  qui  n'est 
actuellement  pas  possible  de  décider. 

Cyclostomes.  L'encéphale  des  Cyclostomes  offre  une  conformation 
très  inférieure  ;  sous  bien  des  rapports  il  représente  un  type  embryonnaire . 
Cela  est  vrai  surtout  du  cerveau  de  YAmniocète  caractérisé  par  sa 
forme  grêle  et  allongée.  Les  différentes  parties  de  l'encéphale  sont 
situées  presque  horizontalement  les  unes  derrière  les  autres,  et  ce  qu'il 
y  a  de  plus  intéressant  c'est  que  la  partie  du  cerveau  antérieur  secondaire, 
que  nous  avons  désignée  plus  haut  sous  le  nom  de  zone  palléale  ou  de 
pallium,  nestforinée  que  par  une  seule  couche  de  cellules  épithéliales  (1). 
Elle  est  recouverte  sur  sa  face  dorsale  par  la  pie-mère.  Sur  la  figure  141 
la  zone  palléale  a  été  enlevée,  mais  on  a  conservé  la  partie  basilaire 
épaissie.  En  avant  cette  dernière  se  continue  avec  les  lobes  olfactifs 
{Loi),  dans  chacun  desquels  le  ventricule  envoie  un  prolongement. 

Le  cerveau  postérieur  et  Y  arrière-cerveau  sont  très  longs,  de  sorte 
que  l'encéphale  de  Y Amniocète  présente  l'aspect  de  la  moelle  épinière. 
Par  contre  chez  le  Petromyzon  les  différentes  parties  de  l'encéphale, 
principalement  le  cerveau  moyen,  sont  plus  ramassées  et  plus  larges. 
Il  en  est  de  même  chez  IsiMyxine,  dont  l'encéphale  présente  manifeste- 
ment une  conformation  très  inférieure.  Chez  aucun  Cyclostome  Yépi- 
physe  ne  traverse  la  voûte  crânienne. 

L'épiphyse  de  YAmmocèle  et  du  Peiromyson  se  divise  en  une  partie  proximale 
en  forme  de  tige  et  une  partie  distale  composée  de  deux  vésicules,  situées  l'une  au-dessus 
de  l'autre.  Sur  la  circonférence  ventrale  de  la  vésicule  dorsale,  la  plus  volumineuse 
des  deux,  se  trouve  une  couche  épithéliale  stratifiée,  dont  les  cellules  présentent  des 
stries  rayonnantes  et  un  peu  de  pigment  ;  ce  sont  les  derniers  vestiges  de  l'œil  pariétal. 
Il  n'y  a  aucune  trace  de  cristallin.  11  est  remarquable  que  chez  les  Pélromyzontes 
adultes,  plus  rarement  chez  VAmmocète,  cet  organe  est  bondé  de  pigment  et  qu'il 
s'avance  davantage  du  côté  dorsal,  comme  s'il  tendait  à  reconquérir  son  ancien  rôle 
physiologique  (Beard). 

(1)  Il  en  est  de  même  de  la  région  palléale  du  Petromyzon.  Quant  à  la  Myxine  et  au  Bdel- 
lostoma  on  ne  sait  rien  à  ce  sujet. 


152 


CHAPITRE   CINQUIEME 


Sélaciens.  L'encéphale  des  Sélaciens  représente  aussi,  comme  celui 
des  Cyclostomes,  un  type  embryonnaire  arrêté  dans  son  développement, 
mais  ses  différentes  parties  sont  déjà  beaucoup  plus  différenciées.  D'après 
la  forme  extérieure  du  cerveau  on  peut  diviser  les  Sélaciens  en   deux 


JVM 


'2B  ë-p 


I  xn 


WYL  m 


Sv   Ei/j) 

Fig.  141,  —  Encéphale  de  VAmmocoetes.  A,  face  inférieure.   B,  face  supérieure.    C,  face   latérale. 

Vff,  cerveau  antérieur  et  son  ganglion  basilaire  (Baa.  G)  ;  L.  ol,  lobe  olfactif;  ZH,  cerveau  intermé- 
diaire ;  Gp,  glande  pinéale;  Hyp,  hypophyse  ;  Sv,  saccus  vasculosus  ;  MH,  cerveau  moyen  ;  HH,  cerveau 
postérieur;  iVA",  arrière-cerveau  ;  Med,  moelle  épinière  ;  /  à  X7/,  première  à  douzième  paire  de  nerfs 
crâniens. 

grands  groupes.  Le  premier  groupe,  représenté  par  les  Spinacidés,  les 
Scymnus,  les  Notidanides,  possède  un  encéphale  étroit  et  très  allongé, 
le  second,  qui  comprend  tous  les  autres  Sélaciens,  a  un  encéphale  plus 
large  et  moins  allongé,  et  dont  les  différentes  parties  sont  plus  rappro- 
chées les  unes  des  autres.  Chez  presque  tous   les  Squales  le   cerveau 


SYSTEME    NERVEUX 


153 


antérieur  se  distingue  des  autres  parties  de  l'encéphale  par  son  volume 
considérable.  Tantôt  sa  symétrie  bilatérale  est  nettement  marquée  [Noti- 
danides),  tantôt  elle  est  fort  peu  distincte  (Scyllium);  mais,  même  dans 

A  B 

W  Loi  ^-. 


loi 


L.ol      Tro  m        Gp         T\'       HE 
m\    ME 


.:m 


Fig.  142.  —  Encéphale  de  Scî/i/iMW  canicwZa.  A,  face  dorsale.  B,   face  inférieure.  C,   face   latérale. 

Ffl,  cerveau  antérieur  ;  L.  oU  lobe  olfactif;  Tro,  bandelette  olfactive  ;  ZH,  cerveau  intermédiaire  ; 
G^, glande  pinéale  coupée  ;  UL,  lobes  inférieurs  ;  ^S.fl",  hypophyse  ;S'!;,  saccus  vasculosus  ;  MH,  cerveau 
moyen  ;  HH,  cerveau  postérieur  ;  NH,  arrière-cerveau  ;  F.  rho,  sinus  rhomboïdal  \  I  a.  X,  première  à 
dixième  paire  de  nerfs  crâniens.  La  fente  entre  le  cerveau  intermédiaire  et  le  sinus  rhomboïdal  est 
recouverte  par  de  l'épithélium  et  par  des  plexus  choroïdes.  Les  racines  ventrales  du  nerf  vague  ne  sont 
pas  représentées  sur  la  figure  B. 

ce  dernier  cas,  il  existe  dans  l'intérieur  des  traces  du  système  de  ventri- 
cules pairs.  Le  manteau  n'est  jamais  complètement  partagé  en  deux  hémi- 
sphères^chez  aucun  Sélacien. 


154  CHAPITRE    CINQUIÈME 

L'embr^'ologie  donne  l'explication  de  ce  fait;  elle  montre  en  effet  que  la  masse 
principale  de  l'encéphale  des  Sélaciens  est  formée  par  le  cerveau  antérieur  primaire, 
qui  7i'est  pas  divisé.  Les  Raies  ne  présentent  que  le  cerveau  antérieur  primaire  (de 
sorte  que  le  manteau  et  la  base  sont  confondus),  les  Squales  ^résenieni  déjà  l'ébauche, 
variable  suivant  les  espèces,  du  cerveau  antérieur  secondaire  (Edinger). 

Les  lobes  olfactifs,  très  variables  d'ailleurs  par  leur  forme  et  leur 
longueur,  se  font  remarquer  par  leur  volume;  les  ventricules  envoient 
des  prolongements  dans  leur  intérieur  (comp.  les  expériences  faites  à 
ce  sujet  par  J.  Steiner). 

Le  cerveau  intermédiaire  enclavé,  comme  une  étroite  commissure, 
entre  le  cerveau  antérieur  et  le  cerveau  moyen,  donne  naissance,  sur  sa 
face  supérieure,  à  une  épiphyse  tubuleuse,  dont  la  longueur  est  telle  qu'elle 
peut  s'étendre  au  delà  de  l'extrémité  antérieure  de  l'encéphale.  L'extrémité 
antérieure  de  ce  tube  pénètre  jusque  dans  la  voûte  crânienne  (fig.  137). 

Sur  le  plancher  du  cerveau  intermédiaire  se  trouvent  deux  paires  de  diverticules 
creux,- auxquels  on  donne  les  noms  de  lobes  inférieurs  et  de  saccus  vasculosus  ou 
processus  infundibuli.  Génétiquement  ils  ont  des  rapports  avec  l'infundibulum  et 
aussi  avec  l'hypophyse. 

Le  cerveau  postérieur  est  toujours  volumineux  ;  il  peut  se  diviser  en 
plusieurs  lamelles  ou  lobes  situés  les  uns  derrière  les  autres,  et  recou- 
vrir dans  une  étendue  plus  ou  moins  grande  Y  arrière-cerveau.  Chez  les 
Squales  ce  dernier  est  allongé  et  cylindrique  ;  chez  les  Raies  il  est  moins 
allongé,  plus  élargi  et  triangulaire.  Sur  le  plancher  du  quatrième  ventri- 
cule sont  situés  chez  les  Torpilles  les  lobes  électriques,  qui  renferment 
de  nombreuses  cellules  nerveuses  colossales.  Pour  plus  amples  détails 
nous  renverrons  à  la  figure  142. 

Ganoïdes.  Le  tube  cérébral  est  ici,  comme  chez  les  Sélaciens  et 
les  Dipnoïques,  mais  d'une  manière  moins  prononcée,  infléchi  vers  le 
bas  au  niveau  de  la  partie  antérieure  du  cerveau  moyen  ;  il  se  continue 
vers  la  base  avec  la  paroi  de  l'infundibulum. 

Le  manteau  qui  est  formé,  dans  presque  toute  son  étendue,  chez  les 
Sélaciens,  par  une  masse  nerveuse,  a  subi  ici  des  transformations  régres- 
sives, de  sorte  qu'il  est  exclusivement  constitué,  comme  nous  l'avons 
déjà  constaté  chez  les  Cyclostomes,par  des  formations  épithéliales  et  par 
une  masse  d' enveloppe  membraneuse  (1).  Les  sacs  ventriculaires  épithé- 
liaux  sont  pairs,  et  cette  disposition  est  très  nettement  indiquée  exté- 
rieurement, grâce  à  la  présence  d'une  faux  du  cerveau. 

Le  cerveau  intermédiaire,  qui  est  profondément  enfoncé,  donne  nais- 
sance à  un  tube  épiphysaire  volumineux    (2),    dont   l'extrémité   distale 

(1)  Chez  VAmia  cette  métamorphose  régressive  est  moins  avancée;  la  paroi  interne  du 
palUum  est  seule  formée  de  tissu  épithèlial. 

(2)  La  glande  pinéale  du  Polyptère  présente  une  conformation  tout  à  fait  particulière. 
Elle  se  compose  d'un  énorme  sac  épithèlial,  situé  sur  la  ligne  médiane;  son  étendue  est 
presque  égale  à  celle  d'une  des  deux  vésicules  hémisphériques  épithéliales.  Ue  même  que 
celle-ci,  elle  est  aussi  recouverte  par  un  tissu  lymphoïde  épais  et  correspond  morphologi- 
quement au  toit  du  cerveau  intermédiaire.  La  vésicule  épiphysaire  ainsi  constituée  s'étend 
sur  une  grande  partie  de  la  face  dorsale  de  l'encéphale,  c'est-à-dire  depuis  le  cerveau  anté- 
rieur secondaire  jusqu'à  la  partie  antérieure  de  l'arrière-cerveau  (Waldschmid). 


SYSTÈME    NERVELX  155 

aboutit  à  une  fossette  creusée  dans  la  voûte  du  crâne  (1).  L'hypophyse  (2), 
les  lobes  inférieurs  et  le  saccus  vasculosus  sont  très  volumineux. 

Le  cerveau  moyen  chez  YAcipenser  n'est  pas  aussi  nettement  divisé 
en  dessus  en  deux  lobes  que  chez  les  Poissons  osseux;  sa  base  est  direc- 
tement placée  dans  le  prolong-ement   de  Taxe   de  la  moelle  allongée. 


JToJ 


Fig.  143.  —  Coupe  sagittale  de  la  moitié  antérieure  de  l'eacéphale  des  Téléostéens,  d'après  un  dessin  de 
Rabl-Rûckhard  représentant  l'encéphale  de  la  Truite.  Tco.  route  des  lobss  optiques  :  Cp,  commissure 
postérieure;  G-p.  glande  pinéale  avec  une  cavité  &p^  dans  son  intérieur.  En  y  la  paroi  antérieure  de  la 
glande  pinéale,  qui  est  tapissée  comme  la  face  interne  tout  entière  des  ventricules  par  l'épendyine 
(Bp,  Epi,  se  continue  avec  le  toit  épithélial  du  cerveau  antérieur  secondaire  Pa  ipallium).  Celui-ci 
forme  en  /  un  repli  ;  T".  cm.  ventricule  commun  du  cerveau  antérieur  secondaire  ;  T~.  t,  troisième  ventri- 
cule; B.  oî.  bulbe  olfactif;  .V.  ol.  nerf  olfactif  :  Ca,  commissure  antérieure;  C.  st,  corps  strié,  que  l'on 
doit  supposer  situé  latéralement  du  plan  médian,  qui  est  le  plan  de  la  figure  :  Ch.  n.  opt,  chiaama  des 
nerfs  optiques  ;  Ci,  commissure  inférieure  (Gudden)  :  Ch,  commissure  horizontale  (Fritsch)  :  J,  infundi- 
bulum  :  H,  ff,  h>-pophyse  ;  Sr,  saccus  vasculosus  ;  Li.  lobes  inférieurs;  Aq,  aqueduc  de  Sylvius;  tr,  nerf 
pathétique  ;  Tal,  valvule  du  cervelet. 

Enfin  le  cerveau  postérieur  a  la  forme  d'une  lamelle  transversale 
{valvula  cerebeUi).  et.  comme  chez  les  Téléostéens.  elle  s'enfonce  dans 


(1)  L'épiphyse  traverse-t-elle  réellement  chez  les  jeunes  Sturioniens,  comme  on  l'a  pré- 
tendu, la  paroi  du  crâne,  c'est  ce  que  des  recherches  futures  décideront. 

yi)  L'hypophyse  a  chez  le  Polypt^re  une  structure  glandulaire.  Elle  est  composée  d'un 
grand  nombre  de  tubes  épithéliaux  enchevêtrés,  qui  s'ouvrent  en  dilTérents  points  dansl'in- 
fundibulum  et  qui  ont  manifestement  pour  fonction  de  sécréter  le  liquide  du  ventricule.  Il  est 
intéressant  de  remarquer  que  dans  la  période  post-embryonnaire  persiste  chez  cet  animal 
un  canal  épiphysaire  dirigé  vers  la  bouche.  Il  est  situé,  ainsi  que  la  masse  de  l'hypophyse 
entourée  d'une  couche  épaisse  de  tissu  lymphoîde.  dans  un  canal  osseux  particulier,  séparé 
de  la  cavité  cranienneproprement  dite  et  qui  est  formé  par  un  processus  médian  de  la  paroi 
(trabéculaire)  du  crâne  i^^'aldschmid) . 


156 


CHAPITRE    CINQUIEME 


le  ventricule  du  cerveau  moyen;  latéralement  elle  présente  un  tubercule 
saillant. 

L'encéphale  de  VAmia  forme  la  transition  à  celui  des  Téléostéens. 

Téléostéens.  Ici  aussi  le  pallium  est  'épithélial,  mais  il   ne  présente 

pas  de  scissure  médiane.  Néanmoins  il  existe  des  ventricules  latéraux, 

mais  ils  sont  si  peu  développés,  qu'ils  passent  facilement  inaperçus.  Sur 

la  base  sont  situées,  comme  chez  les  Ganoïdes,  des  masses  nerveuses 

volumineuses,  qui  correspondent  probablement 
au  segment  externe  du  noyau  lenticulaire  (puta- 
men)  et  au  noyau  caudé  des  Vertébrés  supé- 
rieurs. De  ces  parties  basilaires  du  cerveau  anté- 
rieur, réunies  par  une  commissure  {commissure 
antérieure)  (1),  partent  des  faisceaux  de  fibres 
à  myéline  [pédoncules  cérébraux)  qui  se  rendent 
à  la  moelle  épinière  à  travers  le  cerveau  inter- 
médiaire et  le  cerveau  moyen. 

Chez  les  Téléostéens,  comme  dans  beaucoup 
d'autres  ordres  de  Poissons,  la  masse  du  cerveau 
est  séparée  des  parois  du  crâne  par  une  couche 
d'un  liquide  graisseux  et  lymphatique,  de  sorte 
qu'elle  est  loin  de  remplir  la  cavité  crânienne. 
Nous  avons  vu  que  le  cerveau  des  Sélaciens 
a  une  conformation  très  variable  ;  la  variété  de 
formes  qu'il  présente  est  bien  autrement  grande 
chez  les  Téléostéens;  elle  est  même  beaucoup 
plus  considérable  que  dans  aucun  autre  groupe 
de  Vertébrés.  On  comprend,  par  conséquent,  qu'il  nous  soit  impossible 
d'entrer  ici  dans  les  détails,  et  que  nous  soyons  obligés  de  nous  borner  à 
des  considérations  très  générales.  Avant  tout  nous  ferons  remarquer  que 
les  différences  principales,  qui  distinguent  le  cerveau  des  Téléostéens 
de  celui  des  Sélaciens,  consistent  dans  ses  dimensions  toujours  plus 
petites. 

Le  cerveau  intermédiaire  se  trouve  également  ici  refoulé  profondé- 
ment entre  le  cerveau  antérieur  et  le  cerveau  moyen  (voy.  les  Ganoïdes) 
et  ce  dernier  est  toujours  très  développé  (fîg.  145). 

Le  ce?^veau  postérieur  est  volumineux  et  en  règle  générale  vient  se 
loger  dans  la  cavité  du  cerveau  moyen  (valvula  cerebelli);  cependant 
on  observe  sous  ce  rapport  de  nombreuses  variations. 

Les  lobes  olfactifs  existent  généralement,  mais  Vépiphyse  est  d'ordi- 
naire bien  plus  atrophiée  que  chez  les  Ganoïdes  et  les  Sélaciens.  Les 
lobes  inférieitrs,  Vhypophyse  et  le  saccus  vasculosus  jouent  un  grand  rôle, 


Fig.  144.  —  Coupe  transversale 
de  l'encéphale  d'un  Téléostéen. 
fr,  os  frontal,  sous  lequel  la 
glande  pinéale  (Gp)  eat  vue  en 
coupe;  Pni,  au-dessous  la  pie- 
mère  ;  Pa,  pallium  formé  par 
une  couche  épithéliale  simple, 
c'est-à-dire  voûte  du  cerveau 
antérieur  secondaire  ou  des 
hémisphères  ;  V.  cm,  ventricule 
commun  ;  Ep  épeudyme  ;  T,  T, 
bandelette  olfactive  à  la  base 
des  corps  striés  (C.st). 


(1)  La  commissure  antérieure  renferme  des  faisceaux  de  fibres  qui  réunissent  non  seule- 
ment les  lobes  olfactifs,  mais  aussi  les  hémisphères  entre  eux. 

Par  conséquent  se  trouvent  déjà  ébauchés  ici  un  corps  calleux  et  une  commissure  anté- 
rieure semblables  à  ceux  des  Vertébrés  supérieurs  (Osborn). 


SYSTEME    NERVEUX 


157 


mais  présentent  également  de  nombreuses  variations  dans  leur  forme  et 
leurs  dimensions. 

U encéphale  des  Téléostéens  par  Vensemble  de  sa  conformation  occupe 
une  place  à  part  ;  il  semble  être  le  dernier  terme  d'une  longue  série  de 


J/E 


Y.m- 


Bas.ff — r^ 
JII- 


im 


JIH 


VEŒall) 


Uif^M  VL^v  W 


Fig.  145.  —  Encéphale  du  Salmo  fario.  A,  face  supérieure.  B,  face  inférieure.  C,  face  latérale. 
VH,  cerveau  antérieur  ;  Pall,  manteau  ;  BG  et  Bas.  G,  ganglion  basilaire  du  cerveau  antérieur;  L.ol, 
lobe  olfactif  ;Cr, 25,  glande  pinéale  ;/«/",  infundibulum  ;  fi'yp,  hypophyse  ;  5»,  saccus  vabculoaus  ;[/"//, lobes 
inférieurs;  Tr.  opt,  bandelette  optique;  Ch,  chiasma;  MH,  cerveau  moyen  ;  HH,  cerveau  postérieur; 
NH,  arrière-cerveau;  Med,  moelle  épinière  ;  /  à  XII,  première  à  douzième  paire  de  nerfs  crâniens.  La 
douzième  paire  est  représentée  par  le  premier  nerf  rachidien   (IJ;  S,  deuxième  nerf  rachidien. 

formes  évolutives,  dont  Un  est  pas  p)ossible  jusqu'à  présent  de  déterminer 
exactement  le  point  de  départ.  Une  se  rattache  directement  ni  à  Tencéphale 
DES  Cyclostomes,  ni  à  Tencéphale  des  Sélaciens;  mais  07i  peut  affirmer  qu'il  est 
passé  par  ime  phase  intermédiaire  analogue  à  celle  des  Ganoïdes.  Nous  avons 
d'ailleurs  vu  plus  haut  que  Tencéphale  des  Ganoïdes  a  cJeyà  subi  des  réductions. 


158  '  CHAPITRE    CINQUIÈME 


Dipnoïques. 


Ici  on  constate  de  nombreux  points  de  rapprochements  avec  le  cer- 
veau des  Amphibiens  ;  par  exemple  la  présence  d'un  manteau  nerveux 
bien  différencié  et  le  développement  en  général  considérable  du  cerveau 
antérieur.  Le  cerveau  postérieur  diffère  aussi  beaucoup  par  son  aspect 
extérieur  de  celui  des  Poissons.  Il  ne  forme  plus  une  masse  aussi  volu- 
mineuse que  chez  les  Sélaciens  et  les  Téléostéens,  mais  la  présence  d'une 
valvula  cerehelli  dénote  encore  une  organisation  inférieure. 

Chez  le  Ceratodus  les  deux  hémisphères  cérébraux  sont  soudés  l'un 
avec  l'autre  sur  la  face  dorsale  ;  chez  le  Protopterus  au  contraire,  la  scis- 
sure interhémisphérique  les  sépare  complètement,  de  sorte  qu'ils  ne 
sont  réunis  que  très  en  arrière  par  la  commissure  antérieure.  Les  lobes 
olfactifs  et  le  chiasma  des  nerfs  optiques  ne  sont  visibles  extérieurement 
que  chez  le  Ceratodus  ;  ils  existent  cependant  chez  le  Protop)terus,  mais 
ils  sont  situés  dans  l'intérieur  de  l'encéphale. 

La  glande  pinéale  est  réduite  à  un  sac  épithélial,  qui  repose  sur  le 
cerveau  intermédiaire  et  qui  n'arrive  pas  jusqu'à  la  voûte  du  crâne. 
Vinfundibulumet  Yhypophyse  sont  très  développés  ;  cette  dernière  s'étend 
en  arrière  jusqu'au  niveau  de  l'arrière-cerveau. 

Comme  on  l'a  vu  plus  haut,  le  cerveau  intermédiaire  et  le  cerveau 
antérieur  forment  un  coude  très  prononcé  avec  les  autres  parties  de 
l'encéphale. 

Amphibiens. 

Le  cerveau  antérieur  se  distingue  de  celui  des  Dipnoïques  par  la 
structure  supérieure  du  manteau,  qui  se  compose  d'ailleurs,  comme  chez 
ces  animaux,  d'une  couche  externe  fibreuse  et  d'une  couche  interne 
renfermant  de  nombreuses  cellules.  Le  ganglion  basilaire  est  ici  encore 
moins  développé,  car  il  ne  représente  plus  qu'un  épaississement  de  la 
paroi  des  hémisphères,  plus  ou  moins  saillant  dans  le  ventricule.  L'en- 
céphale des  Amphibiens  ne  constitue  pas  une  forme  de  passage  à  celui 
des  Reptiles;  j'insiste  expressément  sur  ce  point;  il  occupe  une  position 
tout  à  fait  à  part.  Si  le  cerveau  antérieur  a  une  conformation  différente 
de  celui  des  Vertébrés  inférieurs,  la  simplicité,  la  transparence  du  cer- 
veau intermédiaire  et  du  cerveau  moyen  surprennent,  quand  on  se  rap- 
pelle les  rapports  compliqués  qu'ils  présentent  chez  les  Poissons. 

Les  A^nphibiens  sont  de  tous  les  Vertébrés  ceux  dont  V encéphale  a  la 
conformation  la  plus  simple  (Edinger). 

L'encéphale  des  Urodèles  est  encore  inférieur  à  celui  des  Anou7'es. 
Les  différentes  parties  sont  ici  plus  étroites  et  plus  espacées,  et  par  suite 
le  cerveau  intermédiaire  est  bien  plus  visible. 

Les  hémisphères  cérébraux  chez  les  Urodèles  sont  presque  cylindri- 
ques et  séparés  par  la  scissure  interhémisphérique  jusqu'au  niveau  de 


SYSTEME    NERVEUX 


159 


la  commissure  antérieure  (1)  ;  chez  les  Anoures  ils  sont  soudés  en  avant 
dans  une  petite  étendue,  immédiatement  en  arrière  des  lobes  olfactifs. 


Fig.  146.  —  Encéphale  de  Eana  esculenta.   A,  face  supérieure.  B,  face  inférieure.   C,  face  latérale. 

Vff,  cerveau  antérieur;  ZH,  cerveau  intermédiaire  ;  MH,  cerveau  moj^en  ;  HH,  cerveau  postérieur; 
NH,  arrière-cerveau;  Med,  moelle  épinière;  I  à  XII,  première  à  douzième  paire  de  nerfs  crâniens; 
i,  i,  premier  nerf  rachidien  ou  hypoglosse  {XII  ('));  L.  ol,  lobe  olfactif;  -j-  lacune  entre  les  deux 
hémisphères;   Tropt,  bandelette  optique  ;  Inf,  infundibulum  ;  Hyp,  hypophyse. 

(1)  La  grosse  masse  fibreuse  dorsale  de  cette  commissure  correspond  au  cotys  calleux, 
la  masse  ventrale  correspond  à  la  commissure  antérieure  proprement  dite  des  Mammifères. 
Cette  dernière  réunit  d'une  façon  générale  les  parties  dorsales  et  internes  des  hémisphères; 
la  première  établit  des  communications  entre  la  partie  ventro-latéraledes  deux  hémisphères, 
entre  les  lobes  olfactifs  et  la  région  temporale.  Les  rapports  sont  les  mêmes  chez  les  Rep- 
tiles, mais  ici,  en  outre,  un  faisceau  particulier  représente  déjà  la  voûte  à  Irais  piliers.  lien 
est  de  même  chez  les  Oiseaux,  mais  chez  eux  la  partie  interne  du  pallium  étant  beaucoup 
plus  réduite,  le  faisceau  de  fibres  qui  correspond  au  corps  calleux  est  plus  petit  que  chez 
les  Amphibiens  et  les  Reptiles  (voyez  aussi  l'encéphale  des  Téléostéens)  (Osborn). 


160  CHAPITRE    CINQUIÈME  » 

Les  lobes  olfactifs  sont  toujours  très  distincts.  Le  cerveau  moyen  pair 
et  le  cerveau  intermédiaire  sont,  comme  chez  les  Dipnoïques,  étranglés  et 
constituent  de  la  sorte,  un  pont  commissural  entre  l'arrière-cerveau  et 
le  cerveau  postérieur  d'une  part  et  le  cerveau  antérieur  d'autre  part. 
Mais  par  contre  chez  les  Anoures  le  cerveau  moyen  est  composé  de 
deux  corps  ovales,  qui  font  fortement  saillie  sur  les  côtés,  et  forme 
par  conséquent  la  partie  la  plus  large  de  Fencéphale.  Le  cerveau  posté- 
rieur chez  les  Anoures  aussi  bien  que  chez  les  Urodèles  n'est  représenté 
que  par  une  lamelle  transversale  légèrement  renflée  sur  sa  partie  mé- 
diane. En  arrière  le  sinus  i^homboïdal  est  largement  ouvert  (lorsqu'on  a 
écarté  les  plexus  choroïdes  et  le  revêtement  épithélial). 

Ajoutons  quelques  détails  sur  le  cerveau  intermédiaire,  h'infundibulum  et  l'hypo- 
physe sont  toujours  bien  développés.  Sui'  la  voûte  se  trouvent  les  ptexus  choroïdes  et 
une  épiphyse  très  réduite.  Chez  les  Urodèles  cette  dernière  ne  dépasse  pas  la  cavité 
crânienne,  mais  chez  les  larves  des  Anoures  elle  est  beaucoup  plus  longue  et  son  extré- 
mité terminale  arrive  jusqu'au  niveau  de  la  peau.  Plus  tard  la  paroi  crânienne  en 
s'ossifiant  la  sépare  du  cerveau  intermédiaire  ;  elle  dégénère  et  se  transforme  en  tissu 
conjonctif  avant  que  l'œil  pinéal  ne  se  soit  ébauché  (1). 

Si  l'on  considère  que  l'on  trouve  un  trou  pariétal  chez  les  Stégocéphales  paléozoï- 
ques  ainsi  que  chez  les  vrais  Sauriens  fossiles,  que  de  plus  chez  V Anlhracosaurus 
raniceps  il  n'était  pas  recouvert  par  la  peau,  mais  s'ouvrait  librement  à  l'extérieur 
comme  les  orbites,  on  est  conduit  à  penser  qu'il  existait  jadis  un  œil  pariétal  bien 
développé  chez  les  ancêtres  des  Amphibiens  actuels. 

L'encéphale  des  Gymnophiones  présente  des  hémisphères  pourvus 
de  lobes  olfactifs  et  beaucoup  plus  volumineux  que  chez  tous  les  autres 
Amphibiens.  Dans  leur  intérieur  est  situé  un  gros  ganglion  basilaire, 
recouvert  de  plexus  choroïdes.  Les  autres  parties  de  Fencéphale  sont 
recouvertes  en  grande  partie  par  les  hémisphères  et  sont  pressés  les 
unes  contre  les  autres.  Vinfu^idibulum  et  Y  hypophyse  sont  très  saillants 
en  arrière  et  cette  dernière  s'étend  presque  jusque  sur  la  face  inférieure 
de  l'arrière-cerveau.  La  glande  pinéale  est  plus  atrophiée  que  chez 
aucun  autre  Amphibien  (Waldschmid). 

Reptiles. 

On  rencontre  pour  la  première  fois  chez  les  Reptiles,  comme  l'a 
montré  Edinger,  dans  la  région  dorsale  des  hémisphères  une  véritable 
ÉGORGE  cérébrale  composéc  de  trois  couches  et  caractérisée  par  des  cellules 
pyramidales,  à  laquelle  sont  dévolues,  chez  toutes  les  formes-supérieures 
jusqu'à  l'Homme,  les  fonctions  psychiques.  Chez  les  Anamniens  on  ne 
sait  pas  encore  où  elles  sont  localisées,  mais  il  est  probable  que  ce  doit 
être  dans  le  cerveau  moyen  et  dans  le  cerveau  postérieur  (comp.  les  expé- 
riences de  J.  Steiner) 

Chez  tous  les  Reptiles  les  hémisphères  sont  bien  développés,  et  d'une 
manière  générale  la  conformation  de  l'encéphale   toute  entier  dévoile 

(1)  Chez  le  Crapaud  commun  {Bufo  cinereus)  cet  organe  renferme  encore  du  pigment. 


SYSTÈME    NERVEUX  161 

un  degré  supérieur.  Gela  s'applique  particulièrement  aux  systèmes  de 
fibres,  sur  lequel  j'ai  déjà  attiré  l'attention  (voyez  la  note,  page  159). 
Nous  avons  vu  en  effet  qu'il  existe  déjà  chez  eux  une  ébauche  de  voûte 
à  trois  'piliers,  et  j'ajouterai  qu'en  même  temps  que  la  voûte  se  déve- 
loppe pour  la  première  fois  la  corne  d'Ammon  avec  les  plexus  cho- 
roïdes correspondants.  Un  second  système  de  fibres  important  réunit 
des  parties  dorsales  de  l'écorce  avec  des  parties  situées  en  arrière  et  en 


I   loi 


m 


Cos      CopMH  Ifim 


NE 


.ojpt 


Jnf  E^ji      M-^yB 


Fig.  147.  —  A,  coupe  sagittale  de  l'encéphale  de  Rana  (d'après  F.  Osborn).  B,  coupe  sagittaleMe  l'ea- 
céphale  de  VHatteria  jJwictata. 

VH,  MH,  H  H,  NH,  cerveau  antérieur,  moyen,  postérieur  et  arrière-cerveau.  H,  hémisphère  céré- 
bral de  V Hatteria,  qui  présente  sur  la  face  interne  un  sillon  (Fu)  percé  de  nombreux  trous  vascu- 
laires  (s)  ;  ce  sillon  sépare  en  *  le  cerveau  antérieur  de  la  bandelette  olfactive  ;  •{-,  racine  principale  de 
la  bandelette  olfactive  ;  Loi,  lobe  olfactif;  /,  //,  IV,  origines  des  nerfs  olfactif,  optique  et  pathétique  ; 

t  Ep**,  épiphyse  coupée;  Ch.  opt  et  Cli,  chiasma  des  nerfs  optiques;  Lt,  lamina  terminalis;  Co.  a,  com- 
missure antérieure  ;  chez  l'Hatteria  elle  est  désignée  par  *  ;  Ba,  Ca,  corps  calleux,  au-dessus  le  trou 
de  Monro  {F.  Mo  et  Mo),  au-dessus  encore  dans  l'encéphale  de  Grenouille  le  plexus  choroïde  représenté 
en  teinte  plus  claire;  Cos,  commissure  supérieure;  Co-p,  commissure  postérieure  ;  y/^/,  VI^^,  troisième 
et  quatrième  ventricules  ;  Th.  upt,  M,  couche  optique.  Sur  la  paroi  latérale  du  troisième  ventricule  de 
VHalteria  se  trouvent  un  orifice  (La)  et  un  sillon  (Fu)  ;  Aq  et  Aq.  Syl.,  aqueduc  de  Sylvius  ;  Inf,  infun- 
dibulum  ;  By20,  hypophyse. 

bas;  dans  son  trajet  il  passe  dans  la  paroi  interne  des  hémisphères,  puis 
au-dessus  des  pédoncules  cérébraux  et  se  termine  probablement  dans 
les  couches  optiques.  Chez  les  Oiseaux,  où  il  est  très  développé,  il  est 
connu  depuis  long-temps  et  porte  le  nom  de  faisceau  de  la  cloison  sagittale 
(Edinger).  Pour  bien  faire  comprendre  la  conformation  de  l'encéphale  des 

WlEDERSHEIM.  1 1 


162 


CHAPITRE    CINQUIEME 


Reptiles,  nous  renverrons  à  la  figure  147,  où  nous  avons  fait  représenter 
comparativement  en  coupe  sagittale  l'encéphale  de  VHatteria  et  celui  de  la 
Grenouille.  On  y  verra  égalementla  disposition  du  système  des  ventricules. 


—Bol 


n       ChTrJnf  Ei/p 


mxi^n 


Fig.  148.  —  Encéphale  de  VHatteria  ptmctata.  A,  face  supérieure.  B,  face  inférieure.  C,  face  latérale. 
VH,  cerveau  antérieur;  MH,  cerveau  moyen  ;  HH,  cerveau  pobtérieur  ;  NH,  arrière-cerveau;  Med, 
moelle  épinière; /à  X/7,  première  à  douzième  paire  de  nerfs  crâniens  ;i?Oi!,  lobe  olfactif  ;Gi/5,  pédoncules 
cérébraux  ;  Lp,  saillies  du  cerveau  (lobes  occipitaux?)  ;  K.  opt,  nerf  optique  ;  C/»,  chiasma;  Tr,  bande- 
lette optique  ;  Inf,  infundibulum  ;  Hyp,  hypophy&e  ;  G.  p,  glande  pinéale  se  terminant  en  Pa,  par  l'oeil 
pariétal;  iî',  bandelette  annulaire  à  la  base  du  cerveau  moyen;  h,  petit  tubercule  en  avant  du 
cerveau  postérieur. 


SYSTEME    NERVEUX 


163 


Le  type   supérieur   de  l'encéphale  des  Reptiles  se  manifeste  encore 
par  la  tendance  plus  marquée  de  ses   différentes  parties  à  se  recouvrir 


.   4V\ — #-^^^ 

-1  r.  opt. 

-m  ^ 


Mil 


VE 


Fig.  149. —  Encéphale  à\A.lligator.  A,  face  supérieure.   B,  face  inférieure.  C,  face  latérale. 
VU,  cerveau  antérieur;  ZH,  cerveau  intermédiaire;  MH,  cerveau  moyen  ;  HH,  cerveau  postérieur  ; 
NH,   arrière-cerveau;/  à   XII,    première    à   douzième  paire  de  nerfs  crâniens;   i  et  S,  premier  et 
deuxième   nerf  racliidien  ;   B.   ol ,  lobe  olfactif;    Tro ,  bandelette    olfactive;   G.  p,    glande   pinéale; 
Tr.  opt,  bandelette  optique;  Inf,  iufundibulum  ;  Hyp,  hypophyse;  Med,  moelle    épinière. 


164 


CHAPITRE    CINQUIEME 


les  unes  les  autres.  Cette  disposition  est  surtout  très  prononcée  chez  les 
Agames  et  les  Ascalabotes ;  elle  est  moins  marquée  chez  les  Serpents,  les 
Tortues  et  les  Crocodiles.  Cela  s'explique  par  la  conformation  différente 

du  crâne,  et  je  renverrai 
par  conséquent  au  pas- 
sage de  rintroduction  du 
squelette  céphalique  où  il 
est  question  de  l'étran- 
glement interorbitaire  du 
tube  crânien. 

Comme  partout,  Xe gan- 
glion basilaire  est  situé 
aussi  sur  la  paroi  infé- 
rieure du  cerveau  anté- 
rieur, mais  sa  forme  et 
ses  dimensions  sont  très 
variables,  et  il  commence 
déjààsedifîérencier.Chez 
YHatteria,  dont  le  sque- 
lette présente,  comme  on 
sait,  des  points  de  ressem- 
blance avec  celui  des  Am- 
phibiens, l'encéphale  rap- 
pelle encore  celui  des 
Urodèles.  Les  pédoncules 
cérébraux,  dont  j'ai  déjà 
parlé  à  propos  du  cerveau 
des  Poissons,  sont  bien 
nettement  composés  de 
faisceaux  de  fibres  rayon- 
nants. Les  fibres  sont 
pourvues  de  myéline. 

Les  lobes  olfactifs  peu- 
vent être  très  distincts  ou 
faire  complètement  défaut.  Dans  la  règle  la  bandelette  olfactive  très 
allongée  est  terminée  par  un  lobe  olfactif  d'oii  partent  les  filets  nerveux 
destinés  à  l'appareil  de  l'odorat  (fig.  148,  149). 

Le  cerveau  intermédiaire  est  toujours  profondément  enfoncé  et  à 
peine  visible  en  dessus.  11  présente  un  infundibulum  très  dislinct  et  une 
épiphyse,  dont  il  sera  question  un  peu  plus  loin. 

Le  cerveau  moyen,  d'où  partent  les  bandelettes  optiques,  est  toujours 
pair,  ou  même  divisé  en  quatre  lobes  (1).  Le  cerveau  postérieur  se  divise 

(1)  J'ai  montré,  il  y  a  déjà  longtemps,  que  l'on  doit  voir  dans  cette  disposition  l'ébauche 
de  la  pai7^e  postérieure  des  tubercules  quadrijumeaux  des  Mammifères.  Bellonci  n'a  donc 
aucun  droit  à  me  disputer  la  priorité. 


Fig.  150.  — •  Coupe  longitudinale  de  la  capsule  conjonctive  et  de 
l'œil  pinéal  de  VHatteria  punctala  (légèrement  grossie,  d'après 
Baldwin  Spencer). 

La  partie  antérieure  de  la  capsule  conjonctive  remplit  le  trou 
pariétal. 

K,  capsule  conjonctive  ;  l,  cristallin  ;  h,  cavité  de  l'oeil  remplie 
de  liquide  ;  r,  partie  rétinienne  de  la  vésicule  oculaire  ;ili',  couche 
moléculaire  de  la  rétine;  g,  vaisseaux  sanguins;  x,  cellules  dans 
le  pédoncule  de  l'œil  pinéal  ;  St,  pédoncule  de  l'œil  pinéal  com- 
parable au  nerf  optique. 


SYSTEME    NERVEUX 


165 


en  une  partie  médiane  volumineuse  et  deux  parties  latérales;  il  recouvre 
souvent,  comme  une  valvule,  une  partie  du  sinus  rhomboïdal;  il 
atteint  son  plus  grand  développement  chez  les  Crocodiles.  Chez  beau- 
coup de  Reptiles,  surtout  chez  les  Sauriens,  il  est  à  peine  plus  déve- 
loppé que  chez  les  Amphibiens,  et  présente  par  conséquent  un  con- 
traste frappant  avec  le  cerveau  postérieur  volumineux  de  la  plupart  des 
Poissons. 

11  est  impossible  d'entrer  ici  dans  de  plus  amples  détails  et  de  décrire 
les  différences  que  Ton  observe 
dans  des  différents  ordres;  mais  £1-  '^ 

il  est  un  point  de  l'encéphale 
des  Sauriens  qui  dénote  son 
caractère  primitif  et  qui  doit 
attirer  notre  attention  ;  je  veux 
parler  de  la  glande  pinéale,  qui 
a  encore  conservé  ici  son  rôle 
primitif  à' organe  oisuel  impair, 
semblable  sous  un  certain  rap- 
port à  l'œil  de  certains  Inver- 
tébrés. 

Cet  organe  est  constitué  par 
l'extrémité  supérieure  renflée, 
vésiculaire,  du  tube  épiphijsaire, 
qui  est  située  en  dessous  du 
point  du  crâne  où  se  trouve  le 
trou  pariétal.  La  paroi  supé- 
rieure de  ce  renflement  s'est 
épaissie  et  transformée  en  C7'is- 
to//m,  la  paroi  postérieure,  sou- 
vent aplatie,  représente  une 
rétine  formée  de  plusieurs  cou- 
ches. L'organe  est  entouré  par 
une  capsule  de  tissu  conjonctif.  Chez  YHatteria  et  chez  beaucoup  d'autres 
Sauriens  on  constate  nettement  la  présence  d'un  nerf  optique  formé 
par  le  tube  épiphysaire  primitivement  creux,  mais  chez  le  Lézard  et 
VOrvet  il  est  dégénéré,  il  n'est  plus  représenté  que  par  du  tissu  con- 
jonctif, de  sorte  que  l'œil  pinéal  est  séparé  de  la  voûte  du  cerveau 
intermédiaire  qui  lui  a  donné  naissance.  Sa  conformation  générale  est 
incomparablement  plus  simple  chez  le  Lacerta  et  YAnguis  que  chez 
YHatteria,  principalement  en  ce  qui  concerne  la  rétine. 

Dans  beaucoup  de  cas  la  peau  (ainsi  que  le  tissu  conjonctif  et  la  dure- 
mère  sous-jacents),  qui  recouvre  l'œil  pinéal,  est  dépourvue  de  pigmejit 
et  parfois  même  si  transparente,  qu'elle  semble  représenter  une  sorte 
de  cornée,  ce  qui  autorise  à  admettre  que  cet  organe  n'a  pas  encore 
complètement  cessé  de  fonctionner. 


MF 


:b.s 


Fig.  151-  —  Coupe  de  la   rétine  de  VHatteria  punctata 
(d'après  W.  B.  Spencer). 

FI,  liquide  dans  l'intérieur  de  la  vésicule  oculaire; 
St,  bâtonnets  entourés  de  pigment,  dirigés  vers  le  centre 
de  la  vésicule  oculaire  ;  J.K,  éléments  globuleux  in  ternes 
(grains)  ;  MO,  couche  moléculaire  ;  A.K,  éléments  co- 
niques et  S.K,  éléments  fusiformes,  auxquels  aboutissent 
des  nerfs  ;  N.F,  couche  de  fibres  nerveuses  ;  B.S,  couche 
de  tissu  conjonctif  qui  limite  l'œil  pinéal  en  dehors. 


1G3 


CHAPITRE    CINQUIÈME 


Oiseaux. 

Le  ganglion  basilaire  du  cerveau  antérieur  atteint  ici  un  développe- 
ment relatif  plus  considérable  que  chez  aucun  autre  animal,  mais  par 
contre  la  formation  corticale  n'est  guère  plus  développée  que  chez  les 


opt    J/lf 


Fig.  152.  —  Encéphale  de  Pigfeon.  A,  lace  supérieure.  B,  face  inférieure.   C,  face  latérale. 
VH^  cerveau  antérieur  ;  MH,  cerveau  moyen  ;  HK,  cerveau  postérieur  ;  iViî,  arrière-cerveau  ;  Med, 
moelle  épinière  ;  /  à  XII,  première  à  douzième  paire  de  nerfs  crâniens  \  1   et  ^,  premier  et  deuxième 
nerf  rachidien  ;  iv.  ol,  lobe  olfactif;   Tr.   opt,  bandelette  optique;  /«/,  infundibulum  ; /fi/p,  hypophyse. 

Reptiles.  Dans  Tintérieur  du  ganglion  apparaissent  de  nouveaux  groupes 
de  cellules  et  de  nouveaux  faisceaux  de  fibres  ;  à  côté  persistent  les  f>ec^ow- 
cules  cérébraux  que  nous  avons  déjà  décrits  chez  tous  les  autres  Verte- 


SYSTEME    NERVEUX 


167 


brés,  à  partir  des  Poissons.  Quant  au  faisceau  médullaire  de  la  cloison 
sagittale^  au  corps  calleux  et  à  la  voûte  à  trois  piliers,  nous  renverrons  à 
l'encéphale  des  Amphibiens  et  des  Reptiles. 

La  tendance  que  présentent  déjà  les  diverses  parties  de  l'encéphale 


Fig.  153. —  A,  Encéphale  cï He.tperomis  regaîis.  B,  encéphale  à'' Alligator.  C,  encéphale  de  Colymbvs 
torquatus.  L>,  encéphale  à' Ichlhyornis  Victor.  E,  encéphale  à' Hirondelle  de  mer  (Sterna  cantiaca). 
(Toutes  ces  figures  d'après  Marsh.)  RL,  lobes  olfactifs  ;  RN,  nerfs  olfactifs  (R)  ;  H,  hémisphères  ;  ZH, 
cerveau  intermédiaire  ;  KH,  cervelet. 

de  certains  Reptiles  à  se  recouvrir  les  unes  les  autres  est  encore  plus 
marquée  ici  par  suite  du  grand  développement  du  cerveau  antérieur  et 
de  son  ganglion  basilaire,  de  sorte  que  les  parties  postérieures  sont  en 
grande  partie  cachées  et  refoulées  vers  le  bas  ;  le  cerveau  postérieur  reste 
seul  à  découvert  dans  toute  son  étendue  et  ferme  en  arrière  le  sinus 


168  CHAPITRE    CINQUIÈME 

rhomboïdal  (quatrième  ventricule).  Il  se  compose  à'ane portion  médimie, 
volumineuse,  recourbée,  déjà  ébauchée  chez  les  Reptiles  et  de  deux 
portions  latérales  (floccidi),  dont  la  forme  et  la  grosseur  sont  excessive- 
ment variables. 

Les  deux  moitiés  du  cerveau  moyen  sont  écartées  Fune  et  l'autre  et 
rejetées  vers  le  bas,  de  sorte  qu'elles  se  rapprochent  du  chiasma  des 
nerfs  optiques,  qui  sont  ici  très  volumineux,  et  se  trouvent  situées  dans 
un  enfoncement  limité  par  le  cerveau  antérieur,  le  cerveau  postérieur 
et  l'arrière-cerveau  (1).  Les  lobes  olfactifs,  quand  ils  existent,  sont  peu 
développés. 

La  glande pinéale  peut,  par  suite  du  grand  développement  du  cerveau 
antérieur,  changer  de  position,  et  chez  certains  Oiseaux  elle  n'est  plus 
dirigée  en  avant,  mais  en  haut  et  un  peu  en  arrière.  Ses  parois  sont  en 
grande  partie  transformées  en  tissu  conjonctif,  mais  son  extrémité  dis- 
taie  est  encore  adhérente  à  la  dure-mère.  Intérieurement  elle  présente 
nettement  le  caractère  épithélial,  glandulaire  ;  elle  est  traversée  par  de 
nombreux  tractus  fibreux  et  est  très  vasculaire.  L'épiphyse  est,  comme 
partout,  divisée  en  une  partie  distale  volumineuse  et  une  partie  proximale 
qui  a  la  forme  d'un  pédoncule.  Cette  dernière  se  continue  avec  la  voûte 
du  cerveau  intermédiaire,  dont  la  partie  médiane  et  la  partie  antérieure 
sont  enclavées  entre  les  deux  moitiés  du  cerveau  moyen. 

L'axe  longitudinal  de  l'encéphale  présente  une  direclion  à  peu  près  verticale,  cor- 
respondant à  celle  de  la  base  de  l'encéphale,  de  sorte  qu'elle  forme  presque  un  angle 
droit  avec  l'axe  longitudinal  de  la  tète,  qui  s'étend  horizontalement  de  la  fente  du 
bec  à  l'occiput.  Les  Odonlornithes  crétacés,  V Hesperornis  en  tête,  possédaient  un 
encéphale  et  des  hémisphères  très  petits.  Leur  encéphale  est  incomparablement  plus 
rapproché  de  celui  des  Reptiles  {Alligator)  que  de  celui  d'aucun  des  Oiseaux  actuels. 
Les  lobes  olfactifs,  qui,  nous  l'avons  vu,  ne  jouent  qu'un  rôle  très  secondaire  chez 
les  Oiseaux,  étaient  très  volumineux  chez  les  Odontornithes.  Les  nerfs  olfactifs  traver- 
sent deux  orifices  pour  pénétrer  dans  les  fosses  nasales.  Le  nerf  optique  et  le  cerveau 
postérieur  muni  de  flocculi  distincts  était  très  développé. 

Mammifères. 

La  couche  corticale  du  manteau  du  cerveau  antérieur,  encore  si 
incomplète  chez  les  Sauropsidés,  présente  des  plis  et  forme  une  enve- 
loppe complète  au  cerveau  tout  entier.  De  nombreux  Mammifères  ont 
encore  des  hémisphères  lisses.  A  l'état  embryonnaire  le  cerveau  a  une 
grande  ressemblance  avec  celui  des  Reptiles  et  des  Oiseaux,  mais  plus 
tard,  par  suite  de  la  différenciation  très  prononcée  du  manteau,  il  pré- 
sente un  caractère  particulier;  celui-ci  en  effet,  en  s'accroissant  de  plus 
en  plus,  recouvre  la  plus  grande  partie  ou  même  la  totalité  des  autres 
parties  de  l'encéphale. 

L'apparition  des  replis  de  l'écorce  cérébrale  est  due  à  deux  causes, 

(1)  Le  cerveau  moyen  présente  déjà  une  région  qui  correspond  aux  tubercules  quadri- 
jumeaux  postérieurs  des  Mammifères. 


SYSTEME    NERVEUX 


169 


à  i'accroissement  propre  de  l'écorce,  et  en  second  lieu  à  ce  que  l'accrois- 
sement du  cerveau  et  du  crâne  ne  sont  pas  proportionnels. 

Un  grand  nombre  de  fibres  prennent  leur  origine  dans  l'écorce; 
elles  constituent  la  couronne  rayonnante.  Leur  nombre,  très  élevé  chez 
l'Homme,  est  peu  considérable  chez  les  Vertébrés  inférieurs  ;  chez  quel- 


Yir 


MU 


— //// 


[C 


TH 


m 


^•3 


M\W\Y    IRS^IXZII 
Fo  ^   WK      im 


Fig.  154.  —  Encéphale  de  La'pin.  A,  face  supérieure.  B,  face  inférieure.  C,  face  latérale. 
VH,  cerveau  antérieur  ;  M  H,  cerveau  moyen  ;  HH,  HH^,  parties  latérales  (hémisphères)  du  cerveau 
postérieur  ;  W»,  partie  médiane  du  cerveau  postérieur  (vermis)  ;  NH,  arrière-cerveau;  nied,  moelle 
épinière  ;  G.  p,  glande  pinéale  ;  Hyp,  hypophyse  ;  Po,  région  de  la  protubérance  annulaire  ;  Cr.  ce, 
pédoncules  cérébraux;  Fi.  p,  fente  du  manteau  ;  iî.  ol,  bulbe  olfactif  ;  /  à.  XII,  première  à  douzième 
paire  de   nerfs   crâniens. 

ques-uns,  les  Rongeurs  par  exemple,  il  est  très  restreint.  En  outre  il 
s'est  développé  dans  l'écorce  même  un  réseau  très  riche  de  fibres  qui 
réunissent  toutes  les  parties  entre  elles.  D'autres  faisceaux  épais  font 
communiquer  les  différentes  régions  du  manteau.  Le  système  de  com- 
missures a  pris  aussi  une  grande  extension,  et  en  particulier  la  commis- 


170 


CHAPITRE    CINQUIEME 


sure  du  manteau,  le  corps  calleux,  est  devenu  un  organe  volumineux. 
Cela  n'a  d'ailleurs  pas  eu  lieu  tout  d'un  coup  ;  le  développement  du  corps 
calleux  s'est  au  contraire  effectué  g-raduellement  depuis  les  Mammifères 
inférieurs  jusqu'aux  Primates;  c'est  ce  que  montrent  les  Monotrèmes,  les 


,--Yir 


Cr.c 


ini 


mi- 


EIT 


Eyp     m  FoYlYJK 


Fig.  155.  —  Encéphale  d'un  Chien  d'arrêt.  A,  face  supérieure.  B,   face  inférieure.   C,  face   latérale. 

rff,  cerveau  antérieur  ;  iï^.  HH^,  parties  latérales  (hémisphères)  du  cerveau  postérieur;  Wu, 
partie  moyenne  (vermis)  du  cerveau  postérieur  ;  jVH,  arrière-cerveau;  ilfed,  moelle  épinière  ;  Fi.p,  fente 
palléale  ;  Cr.  ce,  pédoncules  cérébraux  ;  Hyp,  hypophyse  ;  Po,  région  du  pont  de  Varole  ;  B.  oc,  bulbe 
olfactif  ;/à  XII,  première  à  douzième  paire  de  nerfs  crâniens. 

Marsupiaux  et  les  Edentés ;  ils  n'ont  qu'un  rudiment  de  corps  calleux  et 
présentent  en  outre  une  série  d'autres  caractères  inférieurs,  qui  dénotent 
que  leur  encéphale  est  resté  à  un  degré  très  peu  avancé  de  développe- 
ment. 11  en  est  de  même  aussi  du  cerveau  des  Rongeurs,  des  Insectivores 
et  de  certains  Chiroptères. 

La  voûte  à  trois  piliers  et  le  corps  calleux  sont  beaucoup  plus  déve- 


SYSTEME    NERVEUX 


171 


loppés  que  chez  les  autres  Vertébrés.  Dans  la  commissure  antérieure  les 
fibres,  qui  établissent  la  communication  entre  les  lobes  temporaux,  sont 
beaucoup  plus  nombreuses;  quant  au  faisceau  qui  se  rend  aux  nerfs 
olfactifs  et  qui,  chez  les  Reptiles  et  les  Amphibiens  est  le  plus  volumineux, 
il  existe  encore,  mais,  chez  les  Primates  par  exemple,  il  est  très  réduit 
comparé  aux  autres  faisceaux  de  fibres  de  la  commissure. 

Le  ganglion  hasilaire  est  entouré  et  traversé  par  les  fibres  qui  vien- 
nent du  manteau  (segment  antérieur  de  la  capsule  interne  des  Primates). 


Fig.  156. 


IM 


Fig.  157. 


—isr 


Fig.  156.  — Encéphale  de  V Homme,  coupe  médiane. 
VH,  cerveau  antérieur;  To,  couche  optique  (cerveau  intermédiaire)  avec  la  commissure  moyenne 
(commissure  grise)  Cm;  Z,  glande  pinéale  ;  T,  infundibulum  ;  H,  hypophyse  ;  Jtf/f,  cerveau  moyen 
avec  l'aqueduc  de  Sylvius  Aq,  et  en  avant  de  celui-ci  la  commissure  postérieure  Cp  ;  H  H,  cerveau  pos- 
térieur ;  IVH,  arrière-cerveau  avec  la  protubérance  P;  R,  moelle  épinière  ;  B,  corps  calleux  ;  G,  trigone 
cérébral  ;  Cot,  piliers  du  trigone  ;  Ca,  commissure  antérieure  ;  FM,  trou  de  Monro  entre  la  commis- 
sure antérieure  et  la  couche  optique  ;  Tch,  toile  choroïdienne  ;  I,  nerf  olfactif  ;  //,  nerf  optique. 

Fig.  157.  —  Circonvolutions  du  cerveau  de  l'Homme  (d'après  A.  Ecker). 
Lj;  lobe  frontal  ;  Lp,  lobe  pariétal  ;  Lo,  lobe  occipital  ;  T,  lobe  temporal  ;  a,  b,c,  première,  deuxième 
et  troisième  circonvolution  frontales  ;  X,  circonvolution  centrale  antérieure  (circonvolution  frontale 
ascendante)  et  p,  circonvolution  centrale  postérieure  (circonvolution  pariétale  ascendante),  séparées 
par  le  sillon  de  Kolando  Ji;  cm,  sillon  callo=,o-marginal  qui  se  termine  sur  la  face  externe  ;  P,  P', 
circonvolutions  pariétales  interne  et  externe  (pariétales  supérieure  et  inférieure),  séparées  par  la 
scissure  interpariétale  I;  Po,  scissure  pariéto-occipitale  (perpendiculaire  externe);  PS,  scissure  de  Syl- 
vius ;  i.  S,  3,  circonvolutions  temporales  supérieure,  moyenne  et  inférieure  ;  HH,  cerveau  posté- 
rieur ;  NH,   arrière-cerveau;   i2,  moelle  épinière. 

Ce  ganglion  chez  les  Mammifères,  contrairement  à  ce  que  nous  ont  montré 
ses  homologues  chez  tous  les  autres  Vertébrés,  s'enfonce  de  plus  en  plus 
et  ne  constitue  plus  qu'une  petite  partie  de  l'encéphale. 

Depuis  longtemps  on  décrit  dans  le  cerveau  des  Mammifères  et  spécialement  dans 
celui  de  l'Homme,  non  seulement  des  circonvolvtions  et  des  sillons  (1),  mais  aussi  des 
lobes  (lobes  frontal,  pariétal,  occipital,  temporal  et  central,  figure  175),  bien  que  cette 
expression  ne  réponde  que  peu,  ou  même  pas  du  tout,  à  la  réalité.  On  peut  avec  beau- 
coup plus  de  raison  l'appliquer  au  lobe  olfactif  (ûg.  1S4,  155).  Ce  dernier,  tantôt  est 
situé  directement  dans  ce  prolongement  du  lobe  frontal,  tantôt  s'atrophie  et  se  trouve 
alors  recouvert  par  lui  (beaucoup  de  Mammifères  vivant  dans  l'eau  et  les  Primates). 


(1)  Pour  les  différents  types  de  circonvolutions  que  présentent  les  différents  groupes  de 
Mammifères,  je  renverrai  aux  figures  155  et  157.  On  en  trouvera  la  description  détaillée 
dans  mon  Traité  d' A  natoinie  comparée. 


172 


CHAPITRE    CINQUIEME 


On  peut  par  suite  diviserles  Mammifères  en  Mammifères  osmatiques  ei  Mammifères 
anosmatiques,  suivant  que  les  lobes  olfactifs  sont  bien  développés  ou  sont  atrophiés. 

En  même  temps  que  le  cerveau  prend  un  accroissement  considérable, 
les  vent7^icules  latéraux  se  différencient  et  se  divisent  en  plusieurs  parties, 
auxquelles  on  donne  les  noms  de  co7me  antérieure,  corne  postérieure  et 
corne  inférieure  (1). 

Le  cerveau  moyen  {tubercules  bijumeaux),  qui  est  divisé  par  un  sillon 
transversal  en  quatre  tubercules  (2),  comparé  à  ce  que  nous  avons  vu 

chez  les  Vertébrés  inférieurs. 


jm 


Cach 


Ccg:* 


Fig.  158.  —  Principaux  faisceaux  de  fibres  de  l'encéphale 
de  V Hotnine  et  des  Mammifères  (schéma,  d'après  un 
dessin  de  A.  Ecker). 

Cacb,  pédoncules  cérébelleux  inférieurs;  Cap,  pédon- 
cules cérébelleux  moyens  ;  Cac^  pédoncules  cérébelleux 
supérieurs;  C.C,  pédoncules  cérébraux  ; //il/,  hémis- 
phères ;   Cs  ,  corps  strié  ;  Th,  couche  optique  ;  L,  ruban 

.  de  Reil  ;  P,  protubérance  annulaire  ;  B.H,  cerveau  pos- 
térieur (cervelet). 


ne  constitue  plus  qu'une  très 
petite  partie  de  Tencéphale  ; 
mais  par  contre  le  cerneau  pos- 
térieur {cervelet)  est  très  déve- 
loppé. Sa  division  en  trois 
parties,  une  médiane  et  deux 
latérales,  que  nous  avons  ob- 
servée à  partir  des  Reptiles, 
est  ici  encore  plus  prononcée. 
La  partie  médiane  devient  le 
vermis,  les  parties  latérales  de- 
viennent dans  les  formes  supé- 
rieures les  hémisphères  du  cer- 
velet. En  même  temps  que  se 
développent  ces  derniers,  ap- 
paraît une  commissure  volu- 
mineuse qui  les  réunit,  le  pont  de  Varole  ou  protu^bérance  annulaire,  et 
qui  embrasse  comme  une  cravate  la  face  ventrale  de  Farrière-cerveau  ou 
moelle  allongée.  Elle  est  d'autant  plus  développée  que  l'animal  occupe 
une  position  plus  élevée  dans  le  système  zoologique. 

D'autres  systèmes  de  fibres  portent  les  noms  de  pédoncules  cérébelleux 
inférieures,  pédoncules  cérébelleux  supérieurs,  et  pédoncules  cérébraux 
(fig.  158). 

Pour  terminer  mentionnons  quelques  genres  de  Mammifères  éteints 
provenant  du  terrain  éocène  de  l'Amérique  du  nord,  dont  les  recherches 
de  Marsh  nous  ont  fait  connaître  la  forme  extérieure  de  l'encéphale.  Ces 
notions  jointes  à  celles  que  nous  a  fourni  l'encéphale  des  Odontornithes 

(1)  Sur  le  système  des  ventricules  en  général,  voyez  l'introduction  au  système  nerveux  central. 

(2)  La  glande  pinéale,  qui  est  située  sur  les  tubercules  quadrijumeaux  antérieurs,  présente 
des  rapports  bien  différents  des  rapports  primitifs.  Premièrement,  dans  la  période  post- 
embryonnaire elle  est  refoulée  en  bas  et  rejetée  en  arrière  parles  hémisphères  cérébraux, 
de  sorte  qu'elle  est  entièrement  séparée  de  la  voûte  crânienne  et  des  méninges;  en  second 
lieu  elle  est  transformée  en  un  sac  ovale  formé  d'un  tissu  épithélial  compact  et  aplati  et 
rempli  de  concrétions  calcaires  (acervule).  Elle  reste  unie  en  avant  par  deux  gros  cordons, 
\&s  pédoncules  de  la  glande  pinéale,  avec  le  cerveau  intermédiaire,  c'est-à-dire  avec  la  face 
interne  des  deux  corps  striés.  La  paroi  antérieure  du  sac  épiphysaire  primitif,  située  entre 
les  deux  pédoncules,  est  transformée  en  tissu  conjonctif. 

La  substance  nerveuse  ne  persiste  pendant  toute  la  vie  que  dans  les  pédoncules. 


SYSTÈME    NERVEUX  173 

jettent  une  vive  lumière  sur  la  phylogénie  de  l'encéphale  des  Vertébrés 
en  général. 

L'encéphale  de  tous  ces  animaux,  principalement  celui  du  Dinoceras 
mirabile  (fig.  159),  est  caractérisé  par  son  extrême  petitesse,  remar- 
quable surtout  dans  le  cerveau  antérieur.  En  outre,  l'encéphale  du  Dino- 
ceras présente  une  ressemblance  si  frappante  avec  celui  àe^  Lacertiliens, 


E 


F 


Fig.  159-  —  Encéphales  de  Mammifères  éocènes  (d'après  MAESh). 
A    ]  /  Tillotheriu'in  fodiens 

^   {   Crâne  et  encéohale  de  )  Srontotherium  ingens 
ç   >  Crâne  et  encéphale  de  <  ■  Qg^.ypj^Q^^,^  hamatus 

D  )  (  Dinoceras  mirabile 

E  et  F,  faces  inférieure  et  latérale  de  l'encéphale  du  DinOceras  mirabile. 


que  si  on  le  séparait  du  squelette,  on  le  prendrait  certainement  pour  un 
encéphale  de  Lézard.  Ses  dimensions  sont  tellement  petites  qu'il  peut  tra- 
verser la  plus  grande  partie  du  canal  rachidien  (Marsh). 


I( 


Système  nerveux  périphérique. 


Le  système  nerveux  périphérique  met  en  relation  la  périphérie  du 
corps  avec  le  système  nerveux  central.  Il  transmettes  innervations  dans  le 
sens  centripète  (nerfs  sensibles)  et  dans  le  sens  centrifuge  (nerfs  moteurs). 


174  CHAPITRE    CINQUIÈME 

On  distingue,  d'après  leur  position,  deux  groupes  principaux  de  nerfs 
périphériques,  les  nerfs  rachidiens  et  les  nerfs  crâniens,  c'est-à-dire  ceux 
qui  émanent  de  la  moelle  épinière  et  ceux  qui  émanent  de  l'encéphale. 
Les  premiers  présentent  une  disposition  plus  simple,  plus  facile  à  com- 
prendre. Ils  sont  régulièrement  distribués  sur  la  face  dorsale  et  sur  la 
face  ventrale  de  la  moelle  épinière,  de  telle  sorte  qu'à  chaque  segment 
du  corps  correspond  une  paire  supérieure  (dorsale)  renfermant  des 
fibres  sensibles  et  une  paire  inférieure  (ventrale)  renfermant  des  fibres 
motrices. 

Le  développement  du  système  nerveux  périphérique  est  aussi  difficile  à  suivre  que 
celui  du  système  nerveux  central  est  facile.  Aussi  cette  question  est-elle  encore  aujour- 
d'hui en  partie  controversée,  particulièrement  en  ce  qui  concerne  l'origine  des  gan- 
glions spinaux  ou  des  nerfs  rachidiens  dorsaux. 

J.  Beard  a  montré  qu'ils  ne  dérivent  pas  de  la  région  à  laquelle  His  a  donné  le 
nom  de  cordon  intermédiaire,  mais  de  la  zo?ie  de  fectoderme  qui  est  située  entre  ce 
dernier  et  te  tube  médullaire. 

Pour  ma  part  je  me  range  du  côté  de  ceux  qui  font  dériver  l'ébauche  des  ganglions, 
non  pas  du  tube  neural  au  point  où  ses  bords  se  sont  soudés,  mais  de  la  partie  du  feuillet 
externe  accolée  à  la  lame  médullaire.  L'ébauche  des  ganglions  spinaux  —  nous  verrons 
plus  tard  qu'il  en  est  de  même  aussi  pour  les  ganglions  des  nerfs  crâniens  —  se  trouve 
déjà  préformée  avant  que  le  système  nerveux  central  ne  se  soit  définitivement  trans- 
formé en  tube,  c'est-à-dire  que  les  ganglions  spinaux  viennent  à  partir  de  la  périphérie 
se  fusionner  avec  ce  dernier. 

Lorsque  ces  ganglions  sont  formés,  il  existe  une  courte  période  pendant  la  vie 
fœtale,  pendant  laquelle  ils  ne  communiquent  ni  avec  la  périphérie  ni  avec  le  tube 
neural  (c'est  là  manifestement  un  phénomène  cénogénétique).  Cette  communication 
s'établit  des  deux  côtés  par  suite  de  la  production  par  les  cellules  contenues  dans  les 
ganglions  de  cylindres-axes,  dirigés  les  uns  dans  le  sens  centrifuge,  les  autres  dans  le 
sens  centripète,  qui  viennent  former  les  racines  des  nerfs  dorsaux  ou  sensibles  de  la 
moelle.  Ces  dernières  provienneiit  donc  des  ganglions  spinaux,  tandis  que  les  racines 
motrices  naissent  dans  la  zone  ventrale  de  ta  moelle  épinière.  Y  a-t-il  là,  comme  His 
et  d'autres  anatomistes  l'admettent,  simple  accroissement  des  cylindres-axes,  ou  bien 
l'ébauche  des  nerfs  est-elle  formée  par  des  cellules,  c'est  ce  qu'on  ne  peut  encore  décider 
d'une  façon  certaine.  Les  travaux  de  Balfour,  Beard  et  van  Wijhe  militent. en  faveur 
de  ce  second  mode  de  formation. 

Les  nerfs  crâniens  présentent  le  même  mode  d'origine  que  les  nerfs 
rachidiens,  c'est-à-dire  que  les  uns  (moteur  oculaire  commun,  moteur 
oculaire  externe,  pathétique,  spinal,  partie  ventrale  du  grand  hypoglosse) 
émanent  directement  de  la  j^artie  ventrale  du  tube  cérébral  primitif ,  comme 
les  nerfs  rachidiens  moteurs,  les  autres  naissent  sur  le  dos  à  droite  et  à 
gauche  de  la  ligne  médiane.  Le  mode  de  développement  est  le  même  que 
celui  qui  a  été  décrit  pour  les  nerfs  rachidiens  dorsaux.  La  masse  de 
cellules  qui  leur  donne  naissance  forme  un  cordon  continu  (bandelette 
neurale  des  auteurs)  non  seulement  dans  toute  la  longueur  de  la  moelle 
épinière,  mais  aussi  sur  l'encéphale  presque  jusqu'à  son  extrémité  anté- 
rieure. Cette  masse  cellulaire,  qui  présente  primitivement  un  accroisse- 
ment uniforme,  se  différencie  pour  former  des  ganglions,  d'où  émanent, 
au  niveau  de  l'encéphale,  \e  trijumeau,  Yacoustico-facial,  \e  glosso-pharyn- 
gien  et  le  vague. 


SYSTÈME    NERVEUX  175 

Primitivement  tous  ces  nerfs  sont  situés  sur  le  même  plan  que  les 
racines  sensibles  des  nerfs  rachidiens,  c'est-à-dire  à  la  limite  de  la  face 
dorsale  et  de  la  face  latérale  du  tube  neural;  mais  bientôt  surviennent  des 
changements.  Tandis  que  les  racines  des  nerfs  rachidiens  dorsaux  con- 
servent la  même  position,  les  racines  correspondantes  des  nerfs  crâniens 
(par  suite  évidemment  de  l'accroissement  de  l'encéphale)  se  portent  vers 
le  bas  et  prennent  par  conséquent  une  position  complètement  différente 
de  celle  des  premières. 

Cette  différence  est  certainement  très  remarquable,  mais  ce  qui  est 
bien  plus  important,  c'est  que  ces  nerfs  crâniens  sont  mixtes,  c'est-à-dire 
qu'ils  renferment  des  fibres  sensibles  et  des  fibres  motrices.  Ces  dernières 
n'innervent  pas,  comme  c'est  le  cas  pour  les  nerfs  crâniens  ventraux,  les 
muscles  qui  dérivent  des  somites  céphaliques  (muscles  de  l'œil  et  quelques 
muscles  qui  s'insèrent  d'une  part  sur  la  tête  et  de  l'autre  sur  la  ceinture 
scapulaire),  mais  se  distribuent  dans  les  muscles  qui  sont  formés  par 
les  lames  latérales.  Par  suite  la  loi  de  Bell  ne  s'applique  qu'avec  restriction 
à  la  région  céphalique  des  Vertébrés  (J.  W.  van  Wijhe). 

La  description  précédente  est  basée  essentiellement  sur  les  observations  faites  sur 
des  embryons  de  Sélaciens,  ce  qui  nous  est  un  sûr  garant  que  ces  rapports  ont  un 
caractère  primitif.  Néanmoins  je  ne  puis  passer  ici  sous  silence  les  recherches  de 
W.  His  sur  le  développement  des  nerfs  crâniens  chez  l'Homme,  car  il  y  discute  quel- 
ques points  qui  montrent  que  de  longtemps  le  dernier  mot  ne  sera  pas  dit  sur  la  difficile 
question  de  la  phylogénie  des  nerfs  crâniens.  Je  laisse  de  côté  la  question  de  savoir 
jusqu'à  quel  point  les  rapports  primitifs  se  sont  effacés  et  s'il  n'y  a  pas  apparition  de 
phénomènes  secondaires. 

His  décrit  des  noyaux  d'origine  moteui's  pour  le  nerf  vague,  le  glosso-pharyngien 
et  le  trijumeau  et  il  range  dans  la  même  catégorie  le  facial  tout  entier  (!).  Tous  ces 
noyaux,  auxquels  il  faut  joindre  encore  le  noyau  du  spinal,  sont  situés  dans  le  prolon- 
gement de  la  zone  des  cornes  latérales  de  la  moelle. 

Les  noyaux  des  nerfs  des  muscles  de  l'œil  et  de  l'hypoglosse  sont  situés  dans  le  prolonge- 
ment des  nerfs  rachidiens  ventraux,  qui  appartiennent  à  la  zone  des  cornes  antérieures. 
Mais  comme  des  éléments  des  cornes  latérales  et  des  cornes  antérieures  prennent  part 
à  la  formation  de  ces  derniers,  le  parallèle  ne  peut  être  complet  entre  ces  deux  caté- 
gories. Par  conséquent,  à  partir  de  la  moelle  cervicale,  c'est-à-dire  à  partir  de  l'origine 
du  nerf  spinal,  il  y  a  une  division  du  noyau  moteur  de  la  moelle  en  deux  noyaux  paral- 
lèles, qui  se  continuent  dans  l'encéphale.  Dans  le  noyau  supérieur  se  trouveraient 
les  parties  motrices  du  trijumeau,  du  glosso-pharyngien,  du  vague,  du  facial  tout 
entier,  ainsi  que  la  partie  crânienne  du  spinal,  dans  le  noyau  inférieur  (ventral)  les 
nerfs  des  muscles  de  l'œil  et  l'hypoglosse. 

Nous  voyons  ai^isi  que  tous  les  7ierfs  dorsaux  [sensibles),  quils  appar- 
tiennent à  Vencéphale  ou  à  la  moelle  épinière,  présentent  primitivement  un 
GANGLION  SPINAL,  tandis  que  les  nerfs  ventraux  en  sont  complètement  dépourvus. 

En  général  les  racines  motrices  et  les  racines  sensibles  se  réunissent 
au  delà  du  ganglion  ;  mais  de  nombreuses  considérations  conduisent  à 
penser  que  chez  les  ancêtres  des  Vertébrés  actuels  les  racines  dorsales  et 
les  racines  ventrales  ont  dû  rester  isolées,  comme  c'est  encore  mainte- 
nant le  cas  chez  VAiiiphioxus  et  les  Pétromyzontes  (1). 

(1)  Chez  les  Bdellostoma  et  Myxine  il  y  a  réunion  des  racines  dorsales  et  ventrales. 


176 


CHAPITRE    CINQUIÈME 


A  partir  de  ce  point  de  réunion  le  tronc  cotnmun  du  nerf  se  divise 
de  nouveau  en  une  branche  dorsale,  une  branche  ventrale  et  une  branche 
intestinale.  La  première  se  rend  dans  les  muscles  de  la  peau  du  dos,  la 
seconde  innerve  les  parties  latérales  et  ventrales  des  parois  du  corps,  la 
dernière  entre  en  connexion  avec  le  système  nerveux  sympathique. 


1.  Nerfs  rachidiens 

La  paire  de  nerfs  supérieure  et  la  paire  inférieure  sont  en  général 
situées  sur  le  même  plan  transversal;  mais  chez  V Amphioxus  {\) ,  le?, 
Cyclostomes,  les  Sélaciens  et  les  Dipnoïques,  cette  règle  subit  une  modi- 
fication consistant  en  ce  que,  par  suite  du  déplacement  asymétrique  des 
somites,  il  y  a  alternance  des  nerfs  de  droite  avec  ceux  de  gauche,  ou 


^y 


JH  M  XJfÇoW   T^bjroi      ^^ 


Fl.JfrmJi. 


^« 


Fig.  160.  —  Nerfs  crâniens  et  plexus  axillaire  de  la  Salamandra  atra. 
Vo.  1  branche  ophtalmique;  F*  ,  branche  maxillaire  (maxillaire  supérieure)  et  Fc  ,  branche  man- 
dibulaire  (maxillaire  inférieure)  du  trijumeau  ;  -J-j-,  branche  ophtalmique  traversant  la  fosse  nasale 
pour  se  rendre  dans  le  museau  (Va);  VII,  facial;  Vlla,  son  rameau  hyo-mandibulaire  ;  Vllb,  son 
rameau  palatin,  qui  en  *  pénètre  dans  la  fosse  nasale;  Co,  anse  anastomotique  entre  le  facial  et  le 
glosso-pharyngien  (IXJ ;  IX<^  ,  rameau  lingual  du  glosso-pharyngien  ; /X*  ,  son  rameau  pharyngien; 
X,  vague  ;  XI,  nerf  spinal  ;  XII,  hypoglosse  (les  deux  premiers  nerfs  rachidiens);  1  k  5,  les  cinq  pre- 
miers nerfs  rachidiens  ;  Pi.  brach.,  plexus  brachial  ;  Sy,  cordon  du  sympathique  s' anastomosant  en 
Sy^  avec  les  nerfs  rachidiens  ;  Or,  orbite  ;  M,  mâchoire  supérieure. 

que  toujours  une  paire  antérieure  alterne  avec  une  paire  postérieure. 
Chez  les  Ganoïdes  on  observe  encore  un  déplacement  latéral  des  racines 
nerveuses. 

Tandis  que  chez  les  Poissons  le  point  où  les  nerfs  sortent  du  canal 
rachidien  est  très  variable  (à  travers  lesjurèces  intercalaires,  à  travers  les 
arcs  vertébraux  ou  entre  eux),  à  partir  des  Amphibiens  ils  passent  en 
général  de  chaque  côté  entre  les  arcs  vertébraux,  à  travers  les  trous 
transversaires . 

Dans  leur  état  primitif,  indifférent,  les  nerfs  rachidiens  présentent  une 
disposition  strictement  métamérique  et  leur  développement  est  partout 

(1)  Chez  VA^nphioxus  non  seulement  les  nerfs  de  droite  alternent  avec  ceux  de  gauche, 
mais  encore  il  y  a  toujours  alternance  entre  les  nerfs  dorsaux  et  les  nerfs  ventraux,  de  telle 
sorte  qu'un  nerf  dorsal  de  droite  se  trouve  sur  le  même  plan  qu'un  nerf  ventral  de  gauche. 
Les  deux  paires  de  nerfs  crâniens  conservent  la  situation  normale. 


SYSTÈME    NERVKÛX  d77 

égal.  Mais  celui-ci,  comme  nous  l'avons  déjà  vu,  à  propos  de  la  moelle 
épinière,  se  trouve  modifié  par  l'apparition  des  membres,  un  grand  nombre 
de  nerfs  se  réunissant  pour  constituer  des  plexus,  auxquels  on  donne  les 
noms  de  plexus  cervical,  buachial,  lombaire  et  sacré.  Le  nombre  et  la  gros- 
seur des  nerfs  qui  concourent  à  leur  formation  sont  ordinairement  pro- 
portionnels au  développement  du  membre.  Nous  ne  pouvons  entrer  ici 
dans  les  détails  et  nous  nous  bornerons  aux  notions  les  plus  indispen- 
sables. 

Chez  les  Poissons,  les  plexus  présentent  de  telles  variations  qu'il  n'est 
pas  possible  de  les  ramener  à  un  plan  commun;  mais  à  partir  des  Amphi- 
hiens,  chez  tous  les  autres  Vertébrés,  les  branches  du  plexus  brachial 
offrent  un  groupement  typique.  On  y  trouve  :  1°  des  7ierfs  thoraciques 
supérieurs  (nerf  dorsal  de  l'omoplate,  et  nerf  thoracique  postérieur  ou 
latéral  de  l'anatomie  humaine)  ;  2°  7ierfs  brachiaux  supé7Heurs ,  homo- 
logues des  nerfs  sus-scapulaire,  accessoire  du  brachial  cutané  interne 
(en  partie),  axillaire  et  radial  de  l'homme;  3°  nerfs  brachiaux  inférieurs 
et  thoraciques  inférieurs  (nerfs  thoraciques  ou  pectoraux  antérieurs, 
brachial  cutané  interne,  médian  et  cubital,  ce  dernier  en  partie  seule- 
ment). 

Les  plexus  lombaire  et  sacré  présentent  en  général,  surtout  chez  les 
Mammifères,  des  variations  plus  considérables  que  le  plexus  brachial. 
Les  nerfs  qui  en  pai'tent  sont  décrits  sous  les  noms  de  nerfs  obturateur, 
crural  et  sciatique.  Ce  dernier  se  divise  dans  le  membre  inférieur  en  deux 
branches,  le  nerf  tibial  et  le  nerf  péronier  (sciatique  poplité  interne  et 
sciatique  poplité  externe  de  l'Anatomie  humaine). 

Chez  les  animaux  dont  les  membres  ont  disparu  depuis  longtemps,  toute  trace  des 
plexus  correspondanls  a  en  général  également  disparu.  Tel  est  le  cas  par  exemple 
des  Gymnophiones  et  de  la  partie  postérieure  du  tronc  de  la  Sirène  lacertine.  Les 
Serpents  par  contre  possèdent  encore  un  plexus  brachial  formé  par  deux  ou  trois 
nerfs,  ce  qui  indique  qu'ils  possédaient  jadis  des  membres  antérieurs.  Ce  plexus  rappelle 
le  plexus  brachial  des  Scinqucs  (1).  On  y  trouve  aussi  des  restes  isolés  de  la  mus- 
culature de  l'épaule. 

Il  en  est  de  même  des  membres  postérieurs  des  Serpents;  mais  ici  l'atrophie  étant 
moins  considérable,  non  seulement  le  plexus  nerveux,  mais  encore  des  muscles  et  des 
restes  du  squelette  ont  persisté.  L'allongement  progressif  du  tronc  doit  être  considéré 
comme  la  cause  déterminante  de  l'atrophie  des  membres. 

Lorsque  le  plexus  est  la  seule  partie  des  membres  antérieurs  et  postérieurs  qui  se 
soit  conservée,  il  innerve  les  muscles  cutanés. 

La  formation  des  plexus  reconnaît  comme  causes:  l°le  déplacement, 
facile  à  constater  phylogéniquement  et  en  partie  aussi  ontogéniquement, 
de  la  ceinture  basilaire  des  membres,  par  lequel  les  membres  entrent  en 
connexion  avec  un  nombre  d'autant  plus  considérable  de  nerfs  rachi- 
diens  que  celui-ci  est  plus  étendu  ;  2°  le  mode  de  développement  des 
membres  par  la  réunion  de  plusieurs  protovertèbres  (voir  le  squelette 
des  membres  des  Sélaciens). 

(1)  Voir  le  Mémoire  clLé  plus  haut  de  van  Bemmelen. 

WlEDERSHEIM.  12 


178 


CHAPITRE    CINQUIEME 


2.  Nerfs  crâniens 

Nous  avons  montré  plus  haut  les  ressemblances  que  les  nerfs  rachi- 
diens  et  les  nerfs  crâniens  présentent  dans  leur  genèse  et  nous  avons 
indiqué  les  grandes  difficultés  que  l'on  rencontre  lorsque  Ton  veut  es- 
sayer de  reconnaître  les  rapports  primitifs. 

Nous  ne  devons  pas  nous  en  étonner,  si  nous  considérons  que 
Fencéphale  est  inséparable  de  l'histoire  primordiale  de  la  tète  et  que 
tous  les  facteurs  qui  entrent  ici  en  jeu  ont  dû  exercer  leur  influence 
transformatrice  sur  l'un  comme  sur  l'autre. 

Cependant  de  nombreuses  recherches  entreprises  dans  ce  but,  dans  ces 
dix  dernières  années,  ont  conduit  à  des  résultats,  qui,  s'ils  laissent 
encore  bien  des  points  inexpliqués,  ont  fait  faire  un  grand  pas  à  nos 
connaissances  et  nous  ont  ouvert  des  horizons  nouveaux.  Nous  devons 
mentionner  en  première  ligne  le  mémoire  de  J.  W.  van  Wijhe,  sur  la 
tête  des  embryons  de  Sélaciens,  dans  lequel  il  est  démontré  que  la  dis- 
tribution des  nerfs  dans  les  segments  primitifs  est  la  même  dans  la  tête 
qu'au  tronc;  c'est  ce  que  l'on  peut  voir  dans  le  tableau  suivant  qui,  à 
l'exception  de  quelques  points  relatifs  au  nerf  vague  et  à  l'hypoglosse, 
résume  les  résultats  auxquels  est  arrivé  van  Wijhe. 

TABLEAU 

de  la  dislribulion  des  nerfs  crâniens  dans  les  métamères  de  la  tête. 


Métamère  I 

Muscles  droit  supérieur, 
droit  inférieur,  droit  in- 
terne et  petit  oblique. 

Métamère  II 
Muscle  grand  oblique. 

Métamère  III 
Muscle  droit  externe. 

Métamère  IV 

Muscles  s'alrophiant 
de  bonne  heure. 


Branches  Ventrales 

Nerf  moteur  oculaire 
commun  (3e  paire). 


Nerf  pathétique  (4e  paire) 


Nerf  moteur  oculaire 
externe  (6e  paire). 

Manque 


Branches  Dorsales 

Branche  ophtalmique 
pi'ofonde  du  trijumeau 
(5e  paire). 

Nerf  trijumeau,  moins  la 
branche  ophtalmique 
profonde. 


Nerfs  auditif  (8*^  paire) 
et  facial  (7e  paire). 


Métamère  V 

Muscles  s'atrophiant 
de  bonne  heure. 

Métamères  VI  et  VII 


Manque 


Deux   racines   antérieures 

de  l'hypoglosse 

(12e  paire). 


Nerf  glosso-pharyngien 
(9e  paire). 


Nerf  vague  (1). 


(1)  Dans  le  territoire  du  nerf  vague  des  myotomes  ont  certainement  disparu;  on  ne  les 
Retrouve  même  plus  pendant  la  période  embryonnaire. 


SYSTEME    NERVEUX 


179 


MÉTAMÈRES   VIII   ET    IX 


Deux  racines  postérieures 
de  l'hypoglosse. 


Racines  de  l'hypoglosse 
en  voie  de  métamor- 
phose régressive ,  qui 
n'existent  en  général 
encore  que  pendant  la 
période  embryonnaire. 

Les  modifications  que  j'ai  apportées  au  tableau  de  van  Wijhe  résultent  de  certains 
fails  que  j'ai  observés  dans  l'encéphale  des  Dipnoïques.  Je  les  ai  discutés  avec  van 
Wijhe,  et  ce  qui  suit  peut  être  considéré  comme  notre  manière  commune  d'envisager 
les  rapports  du  nerf  vague  avec  l'hypoglosse. 

Dans  les  embryons  de  Scyllium  il  existe  quatre  myotomes  occipitaux.  Les  trois 
myotomes  postérieurs  possèdent  chacun  une  racine- nerveuse  ventrale;  l'antérieur, 
très  rudimentaire,  ne  présente  plus  dans  le  cours  de  l'ontogénie  trace  de  racine  ven- 
trale, mais  il  a  dû  cependant  jadis  en  exister  une.  Dans  un  certain  stade  embryonnaire 


y    TTT    IX  X 


w    w 


Fig.  Kjl.  — ■  Distribution  des  nerfs  crâniens  segmentaires  dans  la  tête  des  Sélaciens 
(dessin  demi-schématique). 
iV,  A,  0,  les  trois  capsules  sensorielles  ;  Tr.  trabécnles  ;  Q,  carré  ;  PQ,  palato-carré,  uni  en  •]-  aux 
trabécules  par  du  tissu  conjonctif  ;  M,  mandibule;  L,  I/,  cartilages  labiaux;  H,  hyomandibulaire  ; 
K,  arc  hyoïdien  ;  a,  b,  c,  d,  e,  arcs  branchiaux  vrais,  entre  lesquels  on  voit  les  fentes  brachiales  (/-  V)  ; 
S,  évent  ;  C,  corde  dorsale  ;  W,  W,  coupe  des  vertèbres  ;  V,  nerf  ti  ijnmeau  ;  1 ,  S,  3,  ses  trois  branches 
principales  ;  Rp,  son  rameau  palatin  ;  VII,  nzri  facial  ;  Rp,  son  rameau  palatin  ;  IX,  glosso-pharyn- 
gien  ;  X,  nerf  vague. 

le  nerf  vague  croise  le  premier  et  le  deuxième  myotomes;  dans  les  myotomes  III  et IV 
au  contraire  apparaissent  des  racines  dorsales  particulières,  qui  disparaissent  plus  tard 
(Froriep].  En  se  basant  sur  ce  fait  on  est  autorisé  à  admettre  que  le  cordon  de  l'hypo- 
glosse qui  ne  se  développe  plus  et  celui  qui  lui  fait  immédiatement  suite  en  arrière 
appartiennent  au  territoire  du  nerf  vague.  Ces  hypothèses  se  trouvent  complètement 
confirmées  par  les  dispositions  que  l'on  observe  chez  les  Dipnoïques  et  en  particulier 
chez  le  Protopterus.  Ici  les  quatre  cordons  de  l'hypoglosse  existent  encore  (fig.  165). 
Les  deux  premiers,  situés  tout  à  fait  au  niveau  du  nerf  vague,  vont  se  jeter  dans  son 
ganglion,  les  deux  postérieurs  traversent  le  crâne  par  des  trous  particuliers.  Au  delà 
du  crâne  tous  les  quatre  se  réunissent  et  reçoivent  aussi  une  anastomose  du  premier 
nerf  rachidien.  Par  conséquent  les  nerfs  crâniens  du  Protopterus ^  qui  est  le  seul  Ver- 
tébré dont  l'hypoglosse  possède  encore  pendant  toute  la  vie  des  racines  dorsales, 
présentent  des  rapports  encore  plus  pjrimitifs  que  ceux  des  Sélaciens. 

Quant  au  nerf  de  la  onzième  paire,  le  7ierf  spinal  ou  accessoire  de  Willis,  il  a  des 
relations  étroites  avec  la  portion  motrice  du  nerf. vague;  il  ne  commence  à  devenir 
distinct  qu'à  pai'tir  des  Reptiles.  Sa  ressemblance  avec  les  nerfs  rachidiens  est  bien 
manifeste. 

Avant  de  passer  à  la  description  des  différents  nerfs  crâniens  en  par- 


180  CHAPITRE    CINQUIÈME 

ticulier,  nous  devons  signaler  une  découverte  intéressante  faite  par  van 
Wijtie,  Beard  et  Froriep. 

Il  s'agit  de  la  fusion  chez  les  embryons  des  Vertébrés  inférieurs  et 
supérieurs  de  l'ébauche  des  ganglions  du  facial,  du  glosso-pharyngien  et 
du  vague  avec  l'épithélium  de  la  peau.  Celui-ci  prolifère  et  s'épaissit  aux 
points  correspondants,  c'est-à-dire  au  bord  dorsal  des  fentes  branchiales 
situées  dans  la  région  innervée  par  ces  nerfs.  L'organe  ainsi  formé  se 
différencie  et  se  distingue  de  plus  en  plus  nettement  des  tissus  envi- 
ronnants et  semble  être  l'ébauche  d'un  organe  sensoriel  cutané  {organe 
sensoriel,  branchial).  En  même  temps  la  masse  ganglionnaire  s'enfonce 
avec  la  masse  épithéliale,  qui  s'est  unie  avec  elle,  de  plus  en  plus  pro- 
fondément dans  le  mésoderme. 

Je  renverrai  à  mon  Traité  et anatomie  comparée  pour  les  conséquences  que  Beard 
lire  de  l'existence  de  ces  organes  sensoriels  branchiaux  el  je  me  bornerai  adonner  quel- 
ques détails  sur  le  rameau  latéral  du  nerf  vague.  L'ébauche  de  ce  nerf,  qui  s'étend, 
chez  les  Poissons  et  chez  les  Amphibiens  vivant  dans  l'eau,  depuis  la  têtejusqu'àl'extré- 
mité  de  la  queue  (voy.  les  organes  des  sens),  est  également  si  intimement  unie  le 
long  de  la  ligne  latérale  avec  le  feuillet  corné  épaissi  à  ce  niveau,  qu'il  est  impossible  de 
décider  si  les  noyaux  cellulaires  aux  points  de  contact  appartiennent  au  nerf  ou  à 
l'organe  sensoriel  cutané.  Tous  les  nerfs  des  Anamniens,  qui  ont  des  rapports  avec 
les  organes  sensoriels  cutanés,  présentent  la  même  disposition,  qu'ils  appartiennent 
au  trijumeau,  au  facial,  au  glosso-pharyngien  ou  au  vague.  Ces  faits  sont  importants, 
eu  égard  à  la  controverse  que  soulève  encore  la  question  de  l'origine  des  nerfs  péri- 
phériques, principalement  des  nerfs  sensitifs. 

Nerf  olfactif. 

Le  nerf  olfactif  se  compose  partout  d'un  assemblage  de  fibres  pâles 
qui  proviennent  du  lobe  ou  du  bulbe  olfactif.  Dans  la  région  où  il  se  dis- 
tribue, on  ne  trouve  jamais  de  somite. 

Quant  au  lobe  olfactif,  il  est  un  appendice  du  cerveau  antérieur  se- 
condaire, dans  lequel  se  prolonge  la  cavité  du  ventricule.  Tantôt  il  reste 
largement  uni  à  sa  base  avec  la  masse  des  hémisphères,  tantôt  il  s'en 
éloigne  plus  ou  moins  et  forme  ainsi  la  bandelette  olfactive,  terminée 
par  un  renflement  en  massue,  le  bulbe  olfactif,  qui  représente  égale- 
ment encore  une  partie  de  l'encéphale. 

Dans  ce  cas,  le  nerf  olfactif  proprement  dit  émanedu  bulbe  :  il  se  com- 
pose d'un  nombre  plus  ou  moins  considérable  de  filaments  olfactifs. 

La  forme  et  la  grosseur  du  bulbe  olfactif,  ainsi  que  la  longueur  et  l'épaisseur  de  la 
bandelette  olfactive  sont  très  variables.  Il  en  est  de  même  du  nombre  des  fibres  du 
nerf  lui-même.  Le  nombre  de  ses  racines  varie  aussi  considérablement.  Tandis  que 
chez  les  Téléosléens  et  les  Mammifères  les  difîérents  cordons  nerveux,  d'abord  séparés 
les  uns  des  autres,  se  réunissent  généralement  bientôt  en  un  tronc  commun,  chez 
certains  Amphibiens,  le  Piim  dorsigera  par  exemple,  leur  réunion  n'a  lieu  que  près 
de  leur  entrée  dans  la  capsule  olfactive,  et  chez  les  Gymnophiones  [Epicrium  gluti- 
nosum)  la  paire  dorsale  assez  mince  et  la  paire  dorsale  beaucoup  plus  volumineuse 
restent  complètement  séparées  et  traversent  l'ethmoïde  par  des  trous  très  éloignés 
les  uns  des  autres  (Wiedersheim). 

Tous  les  Amphibiens,  ù  l'exception  du  Afenopoma,  tous  les  Reptiles  eiles  Oiseaux, 


SYSTEME    NERVEUX 


181 


et  enfln  les  Monolrèmes,  sont  dépourvus  de  lame  criblée;  le  nerf  olfactif  pénètre 
sans  se  diviser  dans  la  cavité  nasale.  A  partir  des  Marsupiaux,  il  existe  toujours  une 
lame  criblée,  et  les  fibres  émanées  du  bulbe  olfactif  sont  souvent  disposées  en  ran- 
gées parallèles  rapprochées  les  unes  des  autres. 

Nerf  optique. 

Le  nerf  optique  estconstitué,  comme  nous  l'avons  vu,  parle  pédicule 
du  diverticule  du  cerveau  antérieur  primaire,  auquel  on  donne  le  nom 
de  vésicule  optique  primitive.  11  représente  donc 
ainsi  une  partie  de  Tencéphale,  et  sous  ce  rapport 
se  comporte  comme  le  lobe  olfactif. 

Son  développement  est  inséparable  de  celui  de 
la  re7me;  il  sera  étudié  dans  le  paragraphe  relatif  à 
Fanatomie  de  Forgane  visuel. 

En  général,  la  grosseur  du  nerf  optique  est  pro- 
portionnelle à  celle  de  Fœil.  Ses  rapports  avec 
Fencéphale  ont  déjà  été  indiqués  dans  la  descrip- 
tion que  nous  avons  donnée  du  cerveau  intermé- 
diaire. 

Dans  la  plupart  des  cas  on  peut  distinguer  dans 
le  nerf  optique  trois  parties  plus  ou  moins  net- 
tement difTérenciées ,  auxquelles  on  donne  les 
noms  de  bandelette  optique  ,  de  chiasma  des  nerfs 
OPTIQUES  et  de  neuf  optique. 

Le  chiasma,  c'est-à-dire  l'entrecroisement, 
quelquefois  incomplet,  des  deux  nerfs  optiques, 
se  rencontre  partout,  bien  qu'il  ne  soit  pas  toujours 
visible  à  la  base  de  Fencéphale,  et  que  parfois, 
par  exemple  chez  les  Myxinoïdes,  les  Bipnoïques, 
et  en  partie  aussi  chez  les  Pétromyzoiites,  il  soit 
profondément  enfoncé  dans  la  substance  cérébrale 
et  conserve  ainsi  sa  position  centrale  primitive. 

Chez  la  plupart  des  Téléostéens,  les  deux  nerfs 
optiques,  au  point  d'entrecroisement,  sont  sim- 
plement appliqués  l'un  sur  l'autre;  mais  chez  quelques  espèces  (//are7^^, 
Anchois)  l'un  des  nerfs  traverse  l'autre.  Cette  disposition  se  complique 
de  plus  en  plus  chez  les  Reptiles,  et  finalement  il  y  a  un  enchevêtrement 
très  complexe  de  leurs  fibres  constitutives  (fîg.  162).  Ce  réseau  treillissé 
atteint  son  plus  haut  degré  de  complexité  chez  les  Mammifères,  o\i  il 
n'est  plus  possible  d'en  reconnaître  la  structure  qu'à  l'aide  de  séries  de 
coupes. 

Nerfs  des  muscles  de  l'oeil. 

Les  nerfs  des  muscles  de  l'œil,  c'est-à-dire  le  moteur  oculaire  commun, 
le  pathétique  et  le  moteur  oculaire  externe,  innervent  les  muscles  qui 
font  mouvoir  le  globe  de  l'œil,  comme  nous  l'avons  indiqué  dans  le  ta- 


162.  —  Chiasma  des 
nerfâ  optiques  (dessin  de- 
mi schématique). 

A,  la  plupart  des  Pois- 
sons. B,  Hareng.  C,  La- 
certa  agilis.  D ,  Agame. 
E,  Mammifère  supérieur. 
Clii,  chiasma  des  faisceaux 
nerveux  internes  ;  Ce,  Ce'. 
S,  .S'',  fibres  latérales;  Co, 
commissure. 


182  CHAPITRE    CINQUIÈME 

bleau  de  la  distribution  métamérique  des  nerfs  crâniens  (voir  p.  178). 

Le  NERF  MOTEUR  OCULAIRE  COMMUN,  qui  inncrve  les  muscles  droit  supérieur , 
droit  inférieur^  droit  interne  et  petit  oblique,  prend  naissance  sur  le 
plancher  du  cerveau  moyen.  Sur  son  trajet  se  trouve  le  ganglion  ophtal- 
mique, dont  il  sera  question  plus  loin  à  propos  du  trijumeau. 

Le  NERF  PATHÉTIQUE  émane,  bien  que  son  noyau  d'origine  soit  situé  du 
côté  ventral,  de  la  partie  postérieure  de  la  face  dorsale  du  cerveau  moyen  ; 
primitivement  il  renferme  non  seulement  des  fibres  motrices,  mais  aussi 
des  fibres  sensibles  qui,  chez  les  Poissons  et  les  Amphibiens,  se  rendent 
à  la  conjonctive  et  à  l'endocrâne.  Le  moteur  oculaire  externe,  qui  naît 
toujours  très  en  arrière  sur  le  plancher  de  la  moelle  allongée,  est  pro- 
bablement mixte  aussi  chez  \esAna7nniens.  Chez  les  Anoicres  il  se  fusionne 
dans  l'intérieur  du  crâne  avec  le  ganghon  de  Gasser. 

Nerf  trijumeaii. 

Ce  nerf,  qui  prend  naissance  en  avant  sur  les  parties  latérales  delà 
moelle  allongée  ou  sur  la  protubérance  annulaire,  est  avec  le  nerf  vague 
le  plus  volumineux  des  nerfs  crâniens. 

Comme  son  nom  l'indique,  il  se  divise  en  trois  branches  principales  : 

jiiat  jrur  "'  Tan  v"  jrr« 


jS)a       Fn*- 


Fig.  163. — Nerfs  de  la  tête  et  plexus  axillaire  du  Sr.yUium  canicula. 
II,  nerf  optique  ;  ///,  moteur  oculaire  commun  ;  IV,  pathétique  ;  V,  rameau  superficiel  et  T^^,  rameau 
profond  de  la  première  branche  du  trijumeau  (tous  deux  s'anastomosent  en  *  dans  la  cavité  nasale); 
Vb':,  branche  maxillo-mandibulaire  ;  V^',  branche  maxillaire  ;  T'=,  branche  mandibulaire  ;  VI,  moteur 
oculaire  externe  ;  VII,  facial  ;  VII^,  son  rameau  hyo-mandibulaire  ;  VII^,  son  rameau  palatin  ;  IX,  glosso- 
pharyngien  ;  X,  vague  ;  R.  lat,  son  rameau  latéral  ;  •]"}"{-,  fentes  branchiales  ;  1  à  14,  les  quatorze  premiers 
nerfs  rachidiens  formant  'e  plexus  brachial  {PI.  brach.)  ;  O,  capsule  auditive;  Sp,  évent  ;  Or,  orbite; 
MS,  fente  buccale. 

une  branche  ophtalmique,  une  branche  maxillaire  (maxillaire  supérieure) 
et  une  branche  mandibulaire  (maxillaire  inférieure).  La  première  se  déve- 
loppe séparément  ;  les  deux  autres  ne  forment  primitivement  qu'un  seul 
tronc  nerveux,  correspondant  à  la  branche  mandibulaire  ;  ce  dernier 
donne  plus  tard  secondairement  naissance  à  la  branche  maxillaire. 
Le  trijumeau  sort  du  crâne  par  un  seul  orifice  ou  par  deux,  ou  même 
par  trois.  Ses  racines  se  réunissent  dans  un  seul  gros  ganglion  {ga)i- 
glion  de  Gasser)  (1)  ;  dans  quelques  cas  il  existe  deux  ganglions  séparés, 

(1)  Le  ganglion  de  Gasser  est  situé  tantôt  en  dedans,  tantôt  en  dehors  de  la  cavité  crâ- 
nienne. 


SYSTÈME    NERVEUX  183 

Tun  pour  la  branche    ophtalmique ,  l'autre  pour  la  branche  maxillo- 
mandibulaire. 

Outre  les  trois  branches  que  nous  venons  dénommer,  il  existe  encore  dans  la  cavité 
de  l'orbite  une  seconde  branche,  bien  distincte  surtout  chez  les  Sé/ac?e^s,  les  Ga^iozc/es 
et  les  Dipnoïques,  et,  comme  elle  est  située,  de  même  que  la  branche  ophtalmique  pro- 
prement dite,  sur  le  plafond  de  cette  cavité,  on  peut  distinguer  une  branche  ophtal- 
mique superficielle  et  une  branche  ophtalmique  profonde,  ce  qui  fait  en  tout  quatre 
branches  (1).  Les  deux  branches  ophtalmiques  sont  sensibles  ;  elles  se  distribuent 
dans  l'orbite  (conjonctive,  glande  lacrymale,  globe  oculaire,  paupières),  dans  la  région 
frontale  et  dans  le  museau. 

Dans  le  groupe  des  Amphibiens,  la  branche  ophtalmique  profonde  cesse  déjà  de 
former  un  nerf  distinct,  et  à  partir  de  ces  animaux  jusqu'aux  Mammifères  elle  reste 
unie  avec  la  branche  ophtalmique  superficielle  dont  elle  constitue  le  rameau  nasal 
[n.  naso-ciliaris). 

L'extrémité  distale  de  la  branche  ophtalmique  profonde  en  se  soudant  à  la  peau 
(voir  les  organes   sensoriels  branchiaux)  forme  un  ganglion  {gatiglion  du  méssn- 


Fio-.  164.  —  Nerfs  de  la  tête  de  YAngidS  fragil/s. 
G,  ganglion  de  Casser,  d'où  partent  les  trois  branches  du  trijumeauJfF»,  Fb,  Vc]  ;  en  arrière  une  com 
missure  du  sympathique  en  forme  d'anse  (S)/,  Co),qui  réunit  le  trijumeau  au  groupe  du  nerf  vague  ("/X,  X) 
Sur  cette  commissure  se  développe  un  ganglion  (Gg)  ainsi  qu'une  anse  anastomotique  (Sym)  qui  te  rend 
au  ganglion  du  sympathique  (Gg^).  VII'^  et  F//b,  le  facial  qui  sort  du  crâne  par  deux  trous  distincts  ; 
•J-,  anastomose  du  rameau  palatin  du  facial  avec  le  rameau  maxillaire  du  trijumeau  ;  *  -j-,  points  où  la 
branche  ophtalmique  du  trijumeau  pénètre  dans  la  cavité  nasale;  Jlf>7l,  ilfm,  rameaux  que  la  branche 
mandibulaire  envoie  aux  muscles  masticateurs  ;  GX,  ganglion  du  nerf  vague  ;  Li,  laryngé  inférieur  ; 
Ri,  branche  intestinale  du  vague;  XII,  hypoglosse  (les  deux  premiers  nerfs  rachidiens)  ;  5  à  6,  les  nerfs 
rachidiens  suivants  ;  0,  capsule  auditive  ;  Scap,  omoplate  ;  A,  œil  ;  D,  glande  lacrymale  ;  D^,  glande  de 
Harder. 

céphale  de  Beard),  qui  ne  reste  distinct  que  transitoirement,  pendant  la  période 
fœtale.  Plus  tard  (au  moins  chez  les  Sélaciens,  d'après  Beard)  il  se  confond  avec  le 
ganglion  de  Ganser.  Il  représente  donc  le  ganglion  de  la  racine  dorsale  d'un  nerf  crâ- 
nien, tout  comme  les  ganglions  du  trijumeau,  du  glosso-pharyngien,  etc. 

De  nouvelles  recherches  sont  nécessaires  pour  décider  si  le  ganglion  ciliaire  des 
Vertébrés  supérieurs  correspond  au  ganglion  du  mésencéphale  des  Sélaciens. 

Quant  à  la  deiixiètne  branche  du  trijumeau  (branche  maxillaire  supé- 
rieure), sur  le  trajet  de  laquelle  se  irouYele ga7iglio7i  sphéno-palatin,  elle 
est  également  sensible,  mais  présente  des  anastomoses  avec  le  facial. 

Elle  passe  sur  le  plancher  de  l'orbite,  innerve  la  glande  lacrymale  et 
la  glande  de  Harder,  se  rend  de  là  dans  le  maxillaire  supérieur,  en  sort 

(1)  La  branche  ophtalmique  profonde  correspond  probablement  à  la  racine  dorsale  du 
moteur  oculaire  commun  (van  Wijhe)  (voy.  page  178).  La  branche  ophtalmique  superficielle 
se  compose  de  deux  parties,  l'une  (portio  mlnor)  appartient  au  trijumeau,  l'autre  {portio 
major)  appartient  au  facial  (Schwalbe). 


184  CHAPITRE    CINQUIÈME 

SOUS  le  nom  de  nerf  sous-orbilaire  et  donne  la  sensibilité   à  la  peau  de 
la  joue,  du  nez  (trompe)  et  de  la  lèvre  supérieure. 

La  troisième  branche  du  trijumeau  (branche  maxillaire  inférieure) 
est  mixte;  elle  envoie  d'une  part  des  nerfs  moteurs  aux  muscles  mastica- 
teurs, d'autre  part  elle  fournit  un  gros  nerf  sensitif  à  la  langue  {nerf 
lingual)  et  un  autre  nerf  volumineux,  qui  traverse  le  canal  dentaire  et 
se  distribue  aux  dents  ;  elle  se  termine  par  un  ou  plusieurs  rameaux 
dans  la  peau  de  la  mâchoire  inférieure  et  de  la  lèvre  inférieure.  Elle  est 
en  rapport  avec  le  facial  par  la  corde  du  tympan  [ganglion  sous-maxil- 
laire) . 

Nerfs  facial  et  auditif. 

La  septième  et  la  huitième  paire  de  nerfs  crâniens  ont  une  origine 
commune;  mais  elles  se  séparent  bientôt  et  suivent  un  trajet  entièrement 
différent  en  rapport  avec  la  fonction  difîérente  qu'elles  ont  à  remplir. 

Les  relations  du  facial  avec  le  trijumeau  sont  très  remarquables  sur- 
tout chez  les  Poissons.  Chez  les  T^e'/eos/éens,  par  exemple,  les  racines  du 
facial  et  du  trijumeau,  immédiatement  après  leur  sortie  de  l'encéphale, 
enchevêtrent  leurs  fibres  d'une  manière  inextricable,  de  sorte  que  pour 
les  distinguer  l'on  doit  avoir  recours  à  l'expérimentation  physiologique. 
Dans  les  autres  classes  de  Vertébrés  ces  deux  nerfs  présentent  de  nom- 
breuses anastomoses,  soit  entre  leurs  racines,  soit  surtout  entre  leurs 
parties  périphériques. 

Le  facial  est  primitivement  un  7ierf  mixte;  il  se  divise  en  trois  bran- 
ches :  une  branche  hyo-mandibulaire,  une  branche  palatine  et  une  branche 
BUCCALE.  11  faut  y  ajouter  encore  une  portion  {portio  major)  de  la  branche 
ophtabnicjue  superficielle  (voy.  le  trijumeau). 

La  première,  qui  s'anastomose  avec  le  glossorphargngien  par  l'inter- 
médiaire du  rameau  de  Jacobson,  se  distribue  principalement,  comme 
son  nom  l'indique,  dans  la  région  des  deux  premiers  arcs  branchiaux 
primitifs  et  aussi  chez  les  Poissons  dans  la  région  de  Yévent,  à  laquelle 
elle  envoie  un  rameau  qui  se  bifurque  en-dessus,  de  sorte  que  celui-ci 
se  trouve  compris  entre  les  deux  filets  de  bifurcation,  et  dans  les  muscles 
de  l'opercule  et  de  la  membrane  branchiostège.  Un  reste  de  cette  branche 
innerve  chez  les  Vertébrés  supérieurs  le  muscle  stylo-hyo'idien  et  le 
ventre  postérieur  du  di gastrique. 

Le  rameau  du  facial,  désigné  chez  les  Vertébrés  supérieurs  sous  le  nom  de  corde 
DU  TYMPAN,  appartient  à  la  portion  mandibulaire.  Chez  les  embryons  de  Sélaciens,  ce 
rameau  représente,  comme  le  rameau  buccal  destiné  à  la  mâchoire  supérieure  et  la 
portion  de  la  branche  ophtalmique  superficielle  (portio  major)  qui  se  distribue  dans 
Vovh'de,  un  nerf  sensoriel  qui  aboutit  à  un  organe  du  toucher,  situé  le  long  de  la 
face  externe  de  la  mâchoire  supérieure  (Stannius,  Froriep). 

La  branche  palatine  se  dirige  en  avant  sur  le  plafond  de  la  cavité 
buccale;  elle  se  distribue  à  la  muqueuse  de  cette  cavité.  Elle  peut  s'anas- 
tomoser dans  son  trajet  avec  la  branche  maxillaire  du  trijumeau  et,  sous 


SYSTÈME    NERVEUX  185 

le  nom  de  grand  nerf  pétreux  superficiel,  traverse  le  ganglion  sphéno- 
palatin.  De  là,  chez  les  Mammifères,  elle  se  dirige  en  bas  et  se  distribue 
aux  muscles  du  voile  du  palais. 

Chez  les  Manwiifères,  le  facial  ne  renferme  plus  de  fibres  sensibles; 
c'est  un  nerî  purement  moteur,  qui  chez  les  formes  supérieures  se  dis- 
tribue en  grande  partie  dans  les  muscles  mimiques  [muscles  de  la  face), 
ainsi  que  dans  le  peaucier  du  cou  qui  a  des  rapports  étroits  avec 
ceux-ci. 

Le  NERF  AUDITIF  est  toujours  volumineux  ;  il  se  divise  peu  après  sa 
sortie  de  l'encéphale  en  un  rameau  cochléen  et  un  rameau  vestibulaire. 
Le  premier  se  rend  au  limaçon,  le  second  dans  toutes  les  autres  parties 
du  labyrinthe  de  l'oreille.  Nous  renverrons  pour  plus  amples  détails  au 
chapitre  relatif  à  l'organe  auditif. 

G-roTipe  du  nerf  vague. 

Sous  ce  nom  on  peut  réunir  les  trois  nerfs  glosso-pharyngien,  vague  et 
ACCESSOIRE  DE  wiLLis  OU  SPINAL,  qui  Ont  entre  eux  les  rapports  les  plus 
étroits. 

Les  nerfs  crâniens,  que  nous  avons  jusqu'ici  passés  en  revue,  se  dis- 
tribuent uniquement  dans  la  tête.  Ici  nous  avons  à  faire  à  un  ensemble 
de  nerfs  qui  s'étendent  sur  une  région  beaucoup  plus  considérable  du 
corps,  et  dont  la  comparaison  avec  les  nerfs  rachidiens  est  beaucoup 
plus  facile.  Le  nerf  vague  innerve  non  seulement  le  pharynx  et  l'appareil 
branchial  situés  encore  dans  la  région  céphalique,  mais  aussi  le  cœur, 
le  larynx  avec  l'appareil  respiratoire  tout  entier,  ainsi  qu'une  grande 
partie  de  l'appareil  digestif  des  Vertébrés  supérieurs.  La  portion  du 
vague  destiné  à  ces  divers  systèmes  d'organes  porte  le  nom  de  branche 
intestinale  ;  elle  envoie  aussi  des  rameaux  à  la  vessie  natatoire. 

Dans  ce  qui  va  suivre  nous  ne  nous  occuperons  d'abord  que  de  la 
neuvième  et  de  la  dixième  paire  de  nerfs;  nous  étudierons  à  part  la 
onzième  paire,  qui  est  de  formation  plus  récente  et  qui  ne  commence  à 
apparaître  que  chez  les  Amniotes  (voy.  plus  haut). 

Chez  \g&  Poisso7is,  le  fait  que  le  nerf  vague  et  le  glosso-pharyngien, 
qui  est  toujours  représenté  parla  partie  antérieure  du  système,  naissent 
par  plusieurs  racines,  montre  que  ces  deux  nerfs  doivent  être  consi- 
dérés comme  correspondant  à  plusieurs  nerfs  rachidiens.  Leur  mode  de 
distribution  dans  la  région  de  l'intestin  antérieur  et  dans  le  système  des 
arcs  viscéraux,  qui  présente  une  certaine  métamérie,  vient  encore  à 
l'appui  de  cette  manière  devoir  (fig.  161  et  163). 

Chez  les  Pétromyzontes,  le  nerf  vague  proprement  dit  possède  qvalre  racines 
c/orsa/es  qui  se  rendent  dans  un  ganglion  bilobé.  De  ce  ganglion  émanent,  comme 
dans  les  nerfs  rachidiens,  une  racine  dorsale  et  une  racine  ventrale;  en  avant  il  est 
réuni  par  une  anse  anastomolique  avec  le  ganglion  du  facial  et  plus  loin  (indirecle- 
ment)  avec  le  ganglion  de  Ganser. 

Nous  avons  indiqué  plus  haut  les  rapports  du  vague  chez  les  Sélaciens  et  les  Dip- 


186 


CHAPITRE    CINQUIEME 


ITT: 


TZ2 


no'iques  et  ses  relations  avec  l'hypoglosse  (voy.  p.  179).  Ses  racines  dorsales  peuvent 
être  représentées  par  plusieurs  faisceaux  de  fibres  (jusqu'à  sept)  (1). 

Une  branche  volumineuse  du  nerf  vague  qui  a  une  racine  distincte, 
quelquefois  deux  ou  trois,  le  rameau  latéral,  s'étend  chez  les  Po/ssows,  les 
Dipno'iques  et  les  Amphibiens  qui  vivent  dans  Feau  (ainsi  que  chez  les 
larves  des  Amphibiens)  sur  la  face  latérale  du  corps  jusqu'à  l'extrémité 
de  la  queue.  Il  est  situé,  soit  immédiatement  au-dessous  de  la  peau,  soit, 

comme  chez  les  Sélaciens  et  les  Dipnoïques, 
plus  profondément  dans  les  muscles,  près  de 
la  colonne  vertébrale.  Il  émet  souvent  une 
branche  qui  suit  le  bord  dorsal  du  corps 
(voy.  le  chapitre  relatif  aux  organes  senso- 
riels cutanés). 

Le  GLOSSo-PHARYNGiEN ,  qui  renferme  des 
fibres  sensibles  et  des  fibres  motrices,  se 
distribue  chez  les  Poissons  et  les  Amphibiens 
à  respiration  branchiale  principalement  dans 
la  région  du  premier  arc  branchial;  le  nerf 
vague,  qui  est  également  mixte,  se  rend  dans 
tous  les  autres  arcs  où  il  innerve  les  muscles 
et  la  muqueuse.  De  même  que  le  facial  envoie 
à  l'évent  un  rameau  divisé  au-dessus  de  lui 
en  deux  branches  qui  l'entourent  en  avant 
et  en  arrière,  de  même  le  glosso-pharyngien 
et  les  rameaux  du  vague  se  divisent  au  niveau 
de  chaque  fente  branchiale  en  une  branche 
antérieure  et  une  branche  postérieure.  Ils 
présentent  ainsi  une  disposition  nettement 
(fig.  161  et  163). 
Les  transformations  qui  surviennent  dans 
la  région  oii  se  rend  le  glosso-pharyngien, 
c'est-à-dire  dans  le  premier  arc  branchial, 
entraînent  des  modifications  correspondantes 
dans  la  distribution  de  ce  nerf.  Il  se  termine 
alors  par  deux  branches,  l'une  dans  la  langue 
[rameau  lingual,  nerf  du  goût),  l'autre  dans 
le  pharynx  [rameau  'pharyngien) .  Ces  dispo- 
sitions commencent  à  apparaître  chez  les 
Dipnoïques  et  les  Amphibiens;  elles  sont 
définitives  chez  les  Mammifères. 
Le  NERF  ACCESSOIRE  DE  wiLLis  commeuce  à  se  montrer  chez  les  Reptiles 
et  présente  déjà  ici  la  disposition  typique  que   Ton  observe  dans    toute 

(i)  Chez  les  Sélaciens,  les  Ganoïdes,  les  Dipnoïques,  les  Télêosléens  et  les  Ichthyoïdes,  le 
glosso-pharyngien  sort  du  crâne  par  un  trou  spécial;  dans  toutes  les  autres  divisions 
des  Vertébrés  il  n'y  a  qu'un  seul  trou  pour  le  groupe  tout  entier  du  vague. 


-Tzr 


segmentaire 


Fi 


165.    —    Encéphale   de    Proto- 
pterii,!!.  Face  inférieure. 

VU,  cerveau  antérieur  ;  ZH, 
cerveau  intermédiaire  avec  l'infun- 
dibulum  (Iiif)  qui  forme  un  enca- 
drement charnu(L/p)àl'liypopliy»e 
(//);NH,  arrière-cerveauii?,  moelle 
épinière  ;  Oh,  capsule  auditive; 
/,  nerf  olfactif;  //,  nerf  optique  ; 
*,  sa  partie  intra-cranienne  ;-j-,  point 
où  il  traverse  la  paroi  du  crâne  ; 
V,  trijumeau  réuni  au  facial  (  VII)  ; 
VIII,  les  deux  nerfs  auditif»;  7A', 
une  des  racines  du  glooso-pharyn- 
gien  ;  IX',  l'autre  racine  qui  s'unit 
au  ganglion  (G)  ;  XII,  hypophyse; 
ISp,  premier  nerf  rachidien. 


SYSTÈME    NERVEUX  187 

la  série  des  Mammifères.  11  émane  de  la  moelle  épinière.  Au  niveau  de 
la  quatrième  et  delà  cinquième  paire  cervicale,  c'est  un  long  nerf  collec- 
teur qui  reçoit  toujours  sur  son  trajet  des  anastomoses  du  nerf  rachidien. 
Il  se  dirige  en  avant  parallèlement  à  la  moelle  épinière  et  à  la  moelle 
allongée,  pénètre  enfin  dans  le  crâne  pour  en  ressortir  aussitôt  avec  le 
nerf  vague.  Il  innerve  certains  muscles  qui  s'insèrent  sur  la  ceinture 
scapulaire,  tels  que  le  sterno-cléido-masto'idien  ei  le  trapèze.  Ses  rapports 
morphologiques  sont  encore  en  bien  des  points  très  obscurs. 

Nerf  hypoglosse. 

La  douzième  paire  de  nerfs,  qui  correspond  toujours  à  plusieurs  nerfs, 
se  distribue  à  certains  muscles  situés  sur  le  plancher  de  la  cavité  buccale 
entre  l'omoplate  et  le  sternum  d'une  part  et  l'arc  hyoïdien  d'autre  part. 
Elle  se  rend  aussi  dans  les  mucles  propres  de  la  langue,  principalement 
chez  les  Mammifères  où  ces  muscles  atteignent  leur  plus  haut  degré  de 
développement.  Mais  là  ne  se  borne  pas  sa  distribution;  elle  innerve 
encore,  comme  on  commence  déjà  à  l'observer  chez  les  Vertébrés  infé- 
rieurs, par  des  anastomoses  qu'elle  envoie  aux  nerfs  rachidiens  [ansa 
hypoglossi), les,  muscles  qui  s'insèrent  sur  le  sternum  et  le  corps  de  l'hyoïde, 
c'est-à-dire  le  sterno-hyoïdien,  le  sterno-thyroïdien,  le  thyro-hyoïdien  et 
Y  omo-kyoïdien. 

Chez  les  Dipnoiques  on  voit  de  la  manière  la  plus  claire  comment,  par  suite  de  la 
fusion  progressive  de  la  première  vertèbre  cervicale  avec  le  squelette  céphalique, 
l'hypoglosse,  qui  est  représenlé  chez  certains  Téléostéens  et  chez  les  Amphibiens,  par 
le  premier  nerf  cervical,  se  trouve  attiré  dans  la  cavité  crânienne.  Il  possède  aussi 
chez  eux,  comme  on  sait,  encore  deux  racines  dorsales,  dont  la  postérieure  seule  est 
pourvue  d'un  ganglion  (Iversen].  Primitivement  l'hypoglosse  présentait  chez  tous  les 
Vertébrés  ces  deux  racines,  comme  le  prouve  le  fait  qu'on  les  retrouve  encore  jusque 
chez  les  Mammifères  pendant  la  période  embryonnaire. 

Sympathique. 

Le  système  du  grand  sympathique,  qui  se  distribue,  comme  on  l'a 
vu,  principalement  sur  le  canal  digestif,  dans  le  système  vasculaire  et 
dans  les  organes  glandulaires  du  corps,  dérive  du  système  nerveux 
cérébro-spinal. 

De  chaque  ganglion  spinal  part  chez  l'embryon  un  nerf  qui,  après  un 
court  trajet,  s'enfonce  dans  un  petit  amas  irrégulier  de  cellules  nerveuses 
au-dessus  des  veines  cardinales.  L'ensemble  de  ces  amas  ganglionnaires 
constitue  les  ganglions  du  sympathique,  qui  primitivement  présentent, 
comme  les  ganglions  spinaux,  une  disposition  segmentaire.  Ils  sont 
réunis  entre  eux  par  des  commissures  longitudinales,  qui  par  leur  ensemble 
constituent  de  chaque  côté  de  la  colonne  vertébrale  un  tronc  nerveux 
auquel  on  donne  le  nom  de  cordon  du  sympathique.  Celui-ci  est  donc  une 
formation  secondaire.  Il  en  part  des  nerfs  qui  se  rendent,  en  formant  de 
nombreux  plexus,  dans  les  organes  que  nous  avons  énumérés  plus  haut; 


188  CHAPITRE    CINQUIÈME 

d'autre  part,  par  son  mode  d'origine,  il  communique  avec  le  système 
nerveux  central  (1). 

Le  sympathique  s'étend  au  delà  de  la  colonne  vertébrale  dans  le  crâne  ; 
il  y  présente  avec  plusieurs  nerfs  crâniens  des  relations  semblables  à 
celles  qu'il  affecte  au  niveau  de  la  moelle  épinière  avec  les  ganglions 
spinaux. 

Sa  disposition  seg'mentaire  primitive  disparaît  fréquemment  plus  tard, 
principalement  dans  les  rég"ions  oii  pour  une  cause  quelconque  survien- 
nent des  modifications  plus  ou  moins  profondes  dans  l'ébauche  primiti- 
vement métamérique  du  corps,  c'est-à-dire  au  cou,  dans  le  tronc  et  dans 
la  région  sacrée. 

CheyA'Amphioxus,  il  n'existe  pas  de  système  nerveux  sympathique;  ctiez  les 
Pélromyzonles  (et  Y Ammocète)  il  est  rudimentaire,  c'est-à-dire  qu'ici  les  ganglions 
ne  sont  pas  réunis  par  des  commissures  longitudinales.  Néanmoins  on  observe  des 
plexus  qui  se  rendent  au  tut>e  digestif  et  au  système  vasculaire  (2).  La  différenciation 
des  ganglions  spinaux  primaires  n'a  lieu  que  chez  les  Poissons  supérieurs  ;  elle  débute 
dans  la  tête  et  progresse  dans  la  direction  de  la  queue.  C'est  là  un  fait  que  nous  montre 
la  phylogénie  aussi  bien  que  l'ontogénie.  C'est  ainsi  que  chez  les  Téléostéens  la  partie 
céphalique  du  sympathique  seule  est  bien  développée,  tandis  que  chez  la  Grenouille 
les  coi'dons  du  sympathique  s'étendent  déjà  dans  toute  la  longueur  du  tronc.  Chez 
les  Dipnoïques  on  n'a  pu  jusqu'ici  découvrir  aucune  trace  du  sympathique. 

Les  fréquentes  anomalies  que  l'on  observe  dans  le  sympathique  s'expliquent  faci- 
lement par  son  mode  même  de  développement.  C'est  ainsi  qu'il  arrive  parfois  que  le 
ganglion  interverlébral  ne  se  sépare  qu'incomplètement,  ou  même  qu'il  ne  se  déve- 
loppe pas  du  tout;  dans  ce  cas,  le  cordon  du  sympathique  présente  une  interruption 
locale.  D'autres  fois  le  rameau  de  communication  entre  le  ganglion  spinal  et  le  ganglion 
sympathique  reste  très  court  ou  prend  une  longueur  démesurée. 

Quant  à  la  structure  intime  du  système  sympathique  et  surtout  à  la  formation  des 
plexus,  nous  sommes  dans  une  ignorance  presque  complète. 


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(1)  On  ne  sait  rien  de  certain  sur  le  développement  des  cellules  nerveuses  sympathiques 
périphériques  situées  dans  les  viscères;  il  semble  qu'il  n'est  guère  impossible  de  ne  pas 
admettre  qu'elles  se  forment  sur  place,  c'est-à-dire  dans  le  mésoderme. 

(2)  D'après  A.  Dohrn,  chez  les  Pètromyzontes  il  n'existe  de  cellules  nerveuses  sympa- 
thiques que  dans  la  région  du  tronc,  qui  s'étend  de  la  base  du  pénis  jusqu'à  l'extrémilé 
des  derniers  canaux  du  rein,  c'est-à-dire  jusqu'aux  conduits  excréteurs  des  reins.  La  plu- 
part sont  situées  immédiatement  au-dessous  des  muscles  de  la  nageoire  anale,  au-dessus 
des  conduits  du  rein,  et  enfin  en  dehors  de  la  paroi  pariétale  de  la  cavité  péritonéale  éga- 
lement sur  des  muscles.  Elles  sont  plus  rares  dans  les  cloisons  qui  séparent  les  deux  con- 
duits du  rein,  ainsi  qu'entre  ces  derniers  et  la  cavité  péritonéale,  ou  encore  au-dessus  du 
tube  digestif. 


SYSTÈME    NEftVEUX  189 

A.  Dohrn.    Studien  zur  Urgeschichle  des  Wirbellhierkorpers .  Milth.  d.  zool.  Stat.  zu  ^'eapel. 

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zur  Morpjhologie  des  Wirbelthierkopfes.  Morph.  Jahrb.  T.  XIII. 
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Id.    Zur  Geschichte  des  menschlichen  Riickenmarks  und  der  Nervemvurzeln.  Abhdl.  der 

math.-phys.  Classe  der  K.  Sachs.  Gesellsch.  d.  Wissensch.   T.  XIII,  n"  VI.  Leipzig,  1886. 
Id.    Zur  Geschichte  des  Gehirns  soivie  der  centralen  und  peripherischen  Nervenbahnen  beim 

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Zeitschr.  f.  wiss.  Zool.  T.  XXX;  Arch.  f.  Anat.  und  Physiol.  1882  et  1883,  et  Biolog.  Cen- 

tralblatt,  n"  1.  1883). 
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von  Polypferus  bichir.  Anat.  Anz.  2'"  année,  1887. 
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Verhdl.  d.  K.  Acad.  der  Wiss.  zu  Amsterdam,  1882. 

Sur  la  glande  pinéale  et  sur  l'œil  pinéal,  voyez: 
F.  Ahlborn.     Zeitschr.  f.  wiss.  Zool.  T.  XL. 
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R.  Wiedersheim.    Anat.  Anz.  1886. 

Les  recherches  auxquelles  a  donné  lieu  l'ai'il  pinéal  se  trouvent  exposées  et  ré- 
sumées dans  les  écrits  de  Ch.  Julin,  A.  Peytoureau,  Béraneck,  Francotte,  M.  Baudoin 
et  Mathias  Duval. 


190 


CHAPITRE    CINQUIEME 


III 


Organes  des  sens. 

Les  appareils  terminaux  spécifiques  des  organes  des  sens  dérivent, 
comme  le  système  nerveux  en  général,  du  feuillet  externe  du  blasto- 
derme ou  FEUILLET  SENSORIEL.  Les  uorfs  seusoriols  se  terminent  toujours 
ainsi  dans  des  cellules  ^'origine  épithélialc ,  tandis  que  les  éléments 
mésodermiques  (c'est-à-dire  les  masses  d'enveloppe)  ne  viennent  s'y 
ajouter  que  secondairement. 

Les  difTérents  organes  des  sens,  Vorgane  de  la  vue,  de  Volfaction,  du 

goût,  de  Vaudition  ne  sont,  comme  nous 
le  verrons  plus  tard,  que  des  différen- 
ciatio7is  secondaires  d'un  sens  diffus. 
C'est  ce  que  montrent  non  seulement 
beaucoup  d'Invertébrés,  ainsi  que  l'Am- 
phioxus,  mais  encore  beaucoup  défaits 
de  l'embryologie  des  Poissons,  des  Dip- 
noïques  et  des  Amphibiens. 

La  différenciation  commence  à  appa- 
raître chez  les  Cyclostomes,  et  l'on  voit 
qu'à  partir  de  ce  groupe  dans  toute  la 
série  des  Vertébrés  les  organes  des  sens, 
auxquels  sont  dévolues  les  fonctions  de 
la  vision,  de  l'olfaction,  du  goût  et  de 
l'odorat,  sont  situés  dans  la  tête.  Ils  se 


Fig.  166.  —  A,  terminaison  des  nerfs  de  tous 
les  organes  supérieurs  des  sens.  iV',  pre- 
mière et  N,  deuxième  partie  de  la  fibre 
nerveuse  terminale  ;  G,  cellule  nerveuse 
intercalée  entre  ces  deux  parties  ;  G'-,  cel- 
lule épithéliale  terminale  ;  CS,  sa  formation 
cuticulaire.  B,  cellule  terminale  en  bâton- 
net d'un  organe  du  toucher  ou  cellule  du 
goût  des  Poissons,  des  Dipnoïques  et  des 
Amphibiens  qui  vivent  dans  l'eau.  C,  ter- 
minaison nerveuse  libre,  et  D,  terminaison 
nerveuse  ganglionnaire  des  organes  du  tou- 
cher des  Vertébrés  terrestres.  Toutes  ce.=: 
figures  sont  schématiques  et  sont  dessinées 
d'après  un  dessin  de  Merkel. 


trouvent  logés  dans  des  enfoncements 


ou  des  cavités  spéciales  du  crâne  (cap- 
sules sensorielles).  Sous  ce  rapport  ils 
présentent  un  contraste  très  marqué 
avec  le  second  groupe  des  organes  des 
sens  qui  sont  chargés  de  percevoir 
les  sensations  du  tact,  de  la  température,  ainsi  que  d'autres  impres- 
sions sensorielles.  Ces  derniers  sont  répandus  sur  la  surface  tout  entière 
du  corps,  c  est-à-dire  que  leur  distribution  est  diffuse,  et  en  second  lieu, 
ils  restent  pour  la  plupart  pendant  toute  la  vie  aux  endroits  oit  ils  se 
sont  développés,  c  est-à-dire  dans  la  peau. 

Dans  les  organes  supérieurs  des  sens,  il  existe  toujours  deux  sortes 
de  cellules,  qui  cependant  ont  la  même  origine,  les  cellules  sensorielles 
en  bâtonnet,  qui  sont  unies  aux  centres  nerveux  par  des  nerfs,  et  les  cel- 
lules DE  soutien,  qui  servent  à  isoler  et  à  protéger  les  premières. 

Le  milieu  qui  entoure  les  organes  terminaux  des  appareils  sensoriels 
supérieurs  doit  toujours  être  humide,  et,  comme  cette  considération  se 
trouve  aussi  réalisée,  jusqu'à  un  certain  point  au  moins,  en  ce  qui  con- 


ORGANES    DES    SENS  191 

cerne  les  organes  des  sens  de  la  peau  chez  les  Poissons,  les  Dipnoïques 
et  les  Amphibiens  qui  vivent  dans  Feau,  on  doit  s'attendre  à  rencontrer 
également  ici  les  mêmes  appareils  nerveux  terminaux  ou  des  appareils 
analogues. 

Effectivement  on  trouve  ici  aussi  des  cellules  sensorielles  en  bâtonnet, 
mais  les  nerfs  qui  y  aboutissent  ne  traversent  pas,  comme  cela  arrive 
toujours  dans  les  organes  supérieurs  des  sens,  une  cellule  nerveuse. 
Dans  ce  cas  la  différenciation  est  moins  avancée. 

Lorsque  les  animaux  cessent  de  vivre  dans  Feau,  les  couches  super- 
ficielles de  l'épiderme  se  dessèchent  sous  l'influence  de  l'air  ambiant  et 
les  appareils  oierveux  terminaux  s'enfoncent  dans  la  profondeur  de  la  peau 
en  même  temps  qiiils  subissent  des  changements  de  forme. 

La  cellule  terminale  en  bâtonnet  disparaît  pour  toujours  de  l'épiderme 
et  il  n'existe  plus  que  deux  sortes  de  terminaisons  nerveuses,  iescellules 
nerveuses  terminales  et  les  terminaisons  nerveuses  libres. 


Organes  des  sens  de  la  peau. 

ORGANES  EN  BATONNET  CHEZ  LES  POISSONS,  LES  DIPNOÏQUES 
ET  LES  AMPHIBIENS 

a.  Éminences  nerveuses. 
Poissons  et  Amphibiens. 

On  remarque  àéik ch^zV Amphioxus  \me  différenciation  dans  le  revê- 
tement épithélial  de  la  peau,  principalement  dans  la  tête.  Entre  les 
cellules  cylindriques  ordinaires  apparaissent  en  certains  points  des  cellules 
piriformes  ou  aussi  des  cellules  en  bâtonnet,  dont  l'extrémité  basilaire 
se  continue  avec  un  nerf,  et  dont  l'extrémité  libre  porte  un  poil  qui 
plonge  dans  l'eau.  Leur  distribution  à  la  surface  du  corps  n'est  pas  régu- 
lière, mais  il  est  à  remarquer  que  dans  certains  points,  par  exemple 
sur  les  cirres  qui  entourent  la  bouche,  elles  sont  disposées  par  groupes, 
de  sorte  qu'elles  représentent  déjà  ici  des  organes  nerveux  terminaux 
rudimentaires. 

Bien  qu'on  ne  puisse  rapprocher  directement  ces  organes  des  appa- 
reils des  sens  de  la  peau  des  autres  Poissons,  cependant  il  est  à  noter 
que  toujours  \e  développement  de  ces  derniers  —  cela  s'observe  également 
chez  les  Amphibiens  —  débute  par  la  formation  d" une  seule  cellule  senso- 
rielle, qui  donne  naissance  piar  division  aux  autres  cellules  sensorielles. 

Ces  organes  sont  toujours  formés  de  cellules  centrales  disposées  en 
cercle  et  de  cellules  périphériques  qui  leur  constituent  une  enveloppe  exté- 
rieure. Les  premières  sont  en  rapport  de  continuité  avec  des  fibres  ner- 
veuses et  portent  à  leur  extrémité  libre  un  poil  cuticulaire  rigide;  ce  sont 


192 


CIIAPITUE    CINQUIÈME 


les  cellules  sensorielles  proprement  dites  (fîg-.  167,  CZ).  Les  autres (i¥^, 
MZ^)  sont  des  cellules  de  soutènement  (fig.  170,  «,  b,  c). 

Lorsque  ces  organes  sont  à  nu  à  la  surface  de  la  peau  —  et  cest  toujours 
le  cas  pendant  la  période  embryonnaire,  —  leur  sommet  peut  être  sur- 
monté d'un  tube  délicat,  formé  par  la  sécrétion  des  cellules  de  soutène- 
ment, dans  lequel  pénètrent  les  soies  terminales  des  cellules  sensorielles, 
et  qui  s'ouvre  dansTeau. 

Chez  les  Bipno'iques,\es  Amphibiens  qui  mvent  dans  V eau  (c'est-à-dire, 
outre  les  Ichthyoïdes  et  les  Dérotrèmes,  les  larves  de  tous  les  Amphibiens) , 
ces  organes  restent  pendant  toute  la  vie  à  fleur  de  peau  (1);  mais  chez 
les  Poissons  (et  di\\^?>\  Q\\Qz\e.^ Dipnoïques)  ils  peuvent  être  contenus  après 
la  période  embryonnaire  dans  des  sillons  ou  dans  des  canaux,  qui  sont 
formés  par  Yépiderme,  ou  ce  qui  est  plus  fréquent  par  les  écailles  et  les 
os  de  la  tête,  et  qui  de  distance  en  distance  s'ouvrent  à  l'extérieur.  Ils 


Fig.  1(37 


Fig.  1G8. 


MZ, 


Fig.  16? 


jaz 


Disposition  des  organes  latéraux  chez  une  larve 
de  Salamandre  (d'après  Malbranc). 


Fig.  167.  —  Coupe  d'une  éminence  nerveuse  saillant  à  la  surface  de  la  peau.  Le  tube  cuticulaire  et  les 
cellules  épidermiques  qui  l'entourent  ne  sont  pas  représentées.  CZ,  cellules  centrales  (sensorielles)  ; 
MZ,  MZ^,  cellules  de  recouvrement. 

se  trouvent  ainsi  à  l'abri,  et  le  tube  hyalin,  que  nous  avons  mentionné 
plus  haut,  disparaît. 

Ces  organes  sensoriels,  qui  sont  pendant  toute  la  vie  le  siège  d'un 
processus  continuel  de  régénération,  sont  répandus  sur  toute  la  surface 
du  corps;  cependant  on  observe  en  général  que  certains  d'entre  eux 
forment  des  rangées  dont  la  présence  offre  une  constance  remarquable. 
Tel  est  le  cas  par  exemple  pour  la  tête  où  ils  sont  particulièrement  abon- 
dants et  oi^i  ils  sont  disposés  comme  le  représente  la  figure  169.  A  partir 
de  la  tête  ils  présentent  une  disposition  métamérique  (2)  et,  toujours 
réunis  par  des  commissures  longitudinales  nerveuses,  ils  forment  le 
long  des  flancs  de  l'animal  une    (par  exemple  chez   le  Protèe   et  chez 


(1)  Au  moment  où  les  Amphibiens  cessent  de  vivre  dans  l'eau  (métamorphose  larvaire), 
ces  organes  sensoriels  s'enfoncent  dans  les  couches  profondes  de  la  peau;  î'épiderme  pro- 
lifère au-dessus  d'eux  et  ils  se  trouvent  séparés  du  monde  extérieur.  Us  ne  tardent  pas  à 
s'atrophier.  Suivant  d'autres  auteurs,  ils  resteraient  en  communication  avec  l'extérieur  par 
l'intermédiaire  d'un  tube. 

(2)  Bien  que  chez  les  Lamproies  il  existe  un  nerf  latéral  bien  développé  (chez  VAmmo- 
cète  anastomosé  avec  des  nerfs  rachidiens  dorsaux  et  ventraux),  le  système  de  la  ligne  laté- 
rale ne  présente  encore  aucune  régularité;  les  organes  sensoriels  sont  disséminés,  sans 
qu'on  y  distingue  de  disposition  segmentaire  bien  nette. 


ORGANES    DES    SENS 


193 


toutes  les  larves  à' Amphibiens)  ou  plusieurs  lignes  latérales,  qui  s'éten- 
dent en  arrière  jusqu'à  la  nageoire  caudale  (fig.  168)  (1).  Cette  circons- 
tance leur  a  fait  donner  par  certains  auteurs  le  nom  d'oRGANES  latéraux; 
ils  sont  innervés  par  le  trijumeau,  le  facial,  le  glosso-pharyngien  et  par 
le  nerf  vague  par  l'intermédiaire  de  son  rameau  latéral. 

Chez  les  Raies  et  les  Ganoïdes,  il  n'existe  pas  d'éminences  nerveuses 
à  fleur  de  peau,  et  chez  les  Sélaciens  même  elles  ne  jouent  qu'un  rôle 
secondaire;  chez  tous  les  autres  Poissons,  ces  organes  sensoriels  sont 
plus  ou  moins  profondément  enfoncés  dans  la  peau,  c'est-à-dire  qu'ils 
sont  contenus  dans  des  canaux  ou  dans  des  sillons  très  ramifiés,  pro- 
duits par  la  prolifération  vers  le  derme  des  cellules  épidermiques. 

Il  existe  aussi  des  modifications  particulières  des  éminences  nerveuses, 
auxquelles  on  donne  les  noms  de  sacs  nerveux  chez  les  Ga7ioïdes  et  d'AM- 


Fig.  169. 


Fig.  170. 


Fig.  169.  —  Système  des  canaux  latéraux  chez 
les  Poissons  (schéma),  a,  ligne  sus-orbitaire  ; 
b,  ligne  sous-orbi taire  ;  c,  ligne  mandibulaire  ; 
d,  ligne  occipitnle  ;  e,  ligne  latérale,  qui  s'étend 
sur  toute  la  face  latérale  du  tronc. 


Fig.  170. —  Éminence  nerveuse  d'un  Urodéle  (k  demi  schématique),  a,  a,  cellules  épidermiques  à  travers 
lesquelles  se  voient  par  transparence  les  cellules  neuro-épithéliales  (6,  6)  ;  c,  leurs  soies  terminales.  Les 
cellules  périphériques  de  recouvrement  n'ont  pas  été  représentées.  R,  tube  hyalin  ;  iV",  nerf  afférent. 

POULES  chez  les  Sélaciens.  Ces  deux  sortes  d'organes  sont  limités  à  la  tête 
et  sont  surtout  abondants  sur  le  museau.  Ils  sont  formés  par  une  inva- 
gination de  l'épiderme,  au  fond  de  laquelle  est  situé  le  neuro-épithélium. 
Chez  les  Ganoïdes  ils  ont  la  forme  d'un  sac  simple,  mais  chez  les  Séla- 
ciens ils  sont  composés  de  petits  tubes  présentant  un  ou  plusieurs  renfle- 
ments à  leur  base  {ampoules).  Ces  derniers  ont  une  forme  très  variable, 
allongée,  ovale  ou  racémeuse.  Ils  sont  séparés  les  uns  des  autres  par 
des  cloisons  conjonctives  qui  se  détachent  en  rayonnant  de  la  paroi,  et 
sont  remplis  d'une  masse  muqueuse.  Les  organes  nerveux  terminaux 
sont  limités  aux  ampoules;  ils  ne  se  continuent  pas  dans  la  partie  tubu- 
leuse. 

Une  modification  curieuse  des  éminences  nerveuses  a  été  récemment  découverte 


(1)  Chez  les  Dipnoïques,  ces  appareils  sensoriels  existent  non  seulement  dans  la  ligne  la- 
térale proprement  dite,  mais  aussi  dans  la  peau  du  tronc,  sur  le  dos  el  sur  le  ventre,  où  ils 
sont  d'ailleurs  disséminés  sans  aucun  ordre  (W.  W.  Parker). 

WlEDERSHEIM.  13 


194 


CHAPITRE    CINQUIEME 


dans  les  embryons  prêts  à  éclore  d'un  Gymnophione  [Epicrium  glulinosum).  Ce  sont 
des  organes  en  forme  de  fiole,  disséminés  dans  la  peau  de  la  tète,  dont  le  col  s'ouvre 
à  l'extérieur  (fig.  171].  La  base  renflée  de  la  fiole  présente  dans  son  intérieur,  comme 
les  véritables  éminences  nerveuses,  un  épitbélium  sensoriel,  qui  est  entouré  de  grandes 
cellules  de  soutènement.  Les  longues  soies  terminales  des  cellules  sensorielles  sou- 
tiennent un  corps  en  forme  demassue,  de  telle  sorte  que  celui-ci  soit  en  contact  avec  la 
paroi.  Ce  corps  ressemble  à  un  otolithe;  il  est  produit  par  la  sécrétion  des  cellules 
recouvrantes.  L'appareil  tout  entier  rappelle  tout  à  fait  un  organe  auditif,  et  P.  et  F.  Sa- 

rasin,  qui  l'ont  découvert,    lui  donnent  le  nom 
d'oreille  cutanée  ou  d'oreille  accessoire. 

On  ne  peut  rien  dire  de  bien  positif 
sur  la  fonction  des  éminences  nerveuses. 
Ce  sont  dans  tous  les  cas  des  organes  sen- 
soriels très  anciens,  car  on  en  trouve  déjà 
les  traces  chez  les  Sélaciens  jurassiques  et 
même  chez  les  Ptéraspides  et  les  Cépha- 
laspides  dévoniens  ;  nous  y  rangerons  éga- 
lement ce  que  l'on  appelle  les  lunettes  de 
VArchegosaurus.  Il  est  certain  que  ces 
organes  jouaient  et  jouent  encore  aujour- 
d'hui un  grand  rôle  dans  la  perception 
des  ébranlements  (mouvements  ondula- 
toires) qui  se  produisent  dans  l'eau  am- 
biante, ce  dont  on  peut  facilement  se 
convaincre  en  jetant  un  objet  quelconque 
dans  l'eau  sans  être  vu  d'un  Poisson.  L'ani- 
mal réagit  toujours  par  un  mouvement  rapide  et  se  dirige  vers  le  point 
de  départ  de  l'ébranlement.  Il  contrôle  de  la  sorte  tous  les  phénomènes 
qui  se  passent  dans  son  voisinage,  et  il  est  très  probable  que  dans 
beaucoup  de  cas  il  y  a  perception  d'ondes  sonores.  On  n'est  donc  pas 
éloigné  de  considérer  ces  organes  comme  des  organes  primitifs  de 
rouie. 

b.  Bourgeons  terminaux. 

Les  éminences  nerveuses  passent  dans  leur  développement  par  un 
stade  qui  ressemble  entièrement  aux  bourgeons  nerveux,  de  sorte  qu'on 
peut  considérer  ces  derniers  comme  des  organes  phylétiquement  plus 
anciens,  qui  ont  subi  une  légère  différenciation. 

Tandis  que  les  éminences  nerveuses  ont  la  tendance  à  s'enfoncer  dans 
l'intérieur  de  la  peau,  les  bourgeons  termiriaux  au  contraire  font  le  plus 
souvent  saillie  à  la  surface  de  Vépiderme.  Leur  forme  est  moins  variée 
que  celle  des  éminences;  leur  structure  présente  une  grande  ressem- 
blance avec  celle  de  ces  dernières;  on  y  distingue  aussi  une  zone  cen- 
trale de  cellules  neuro-épithéliales  et  une  couche  périphérique  de  cellules 
de  recouvrement;  mais  tandis  que  les  cellules  centrales  piriformes  ou  en 
massue  des  éminences  sont  courtes,  dans  les  bourgeons  elles  ont  exac- 


Fig.  171.  —  Oreille  accessoire  de  la  peau 
àf^V  Epicrium  g  lulinosum,  d'après  P.  et 
F.  Sarasin.  A^,  nerf;  SZ,  cellules  sen- 
faoriclles  ;  MZ,  cellules  de  recouvre- 
inent  ;  Ep ,  cellules  de  l'épiderme  ; 
HK,  massue  auditive. 


ORGANES    DES    SENS  195 

tement  la  même  longueur  que  les  cellules  de  recouvrement,  c'est-à-dire 
qu'elles  s'étendent  d'une  extrémité  à  l'autre  de  l'organe. 

Poissons.  Encore  rudimentaires  chez  les  Pétromyzontes  et  la  plu- 
part des  Sélaciens,  les  bourgeons  terminaux  jouent  le  rôle  principal  chez 
les  Ganoïdes  et  les  Téléo&téens  où  ils  atteignent  leur  développement 
complet;  ils  sont  disséminés  sans  aucune  régularité  à  la  surface  tout 
entière  du  corps.  Ils  sont  surtout  abondants  sur  les  nageoires,  les  lèvres, 
les  replis  labiaux,  les  barbillons  et  dans  la  bouche  jusqu'à  l'origine  de 
l'œsophage. 

C'est  là  un  fait  très  remarquable,  car  à  partir  des  Dipnoïques  (1)  et  des 
Amphibiens  ils  sont  limités,  dans  toutes  les  classes  supérieures ,  à  la  cavité 
buccale,  et  ne  se  rencontrent  plus  en  dehors  d'elle.  Ils  sont  situés  chez  les 
Dipnoïques,  chez  les  Amphibiens  et  leurs  larves  sur  les  papilles  de  la 
muqueuse,  sur  les  bords  de  la  mâchoire  supérieure  et  de  la  mâchoire 
inférieure,  sur  le  palais,  dans  le  voisinage  du  vomer  et  à  l'extrémité  des 
papilles  fongiformes  de  la  langue. 

Chez  les  Reptiles  leur  distribution  est  déjà  plus  limitée,  et  cette  dis- 
position nous  mène  à  celle  qu'ils  présentent  chez  les  Mammifères  (2),  où 
ils  sont  surtout  abondants  sur  la  langue.  On  les  rencontre  d'ailleurs  aussi 
sur  le  voile  du  palais  et  dans  le  pharynx  et  jusque  dans  l'orifice  du 
larynx. 

Dans  la  langue  ils  sont  situés  surles  papilles  caliciformes,\espapilles  fon- 
giformes ainsi  que  sur  les  papilles  foliées  placées  sur  les  côtés  de  cet  organe  ; 
ils  sont  légèrement  enfoncés  dans  l'épithélium  et  fonctionnent  comme 
organes  du  goût.  Pour  plus  amples  détails  sur  leur  structure  je  renverrai 
à  l'excellent  travail  de  F.  Hermann. 

c.    Cellules  tactiles  et  corpuscides  du  tact. 
(Cellules  ganglionnaires  terminales). 

Ici  il  ny  a  plus  de  communication  directe  avec  la  surface  de  l" épidémie 
et  il  n  existe  p)lus  de  cellules  de  soutien. 

On  rencontre  pour  la  première  fois  des  cellules  tactiles  réunies  en 
groupe  (taches)  chez  les  Amphibiens  anoures  (3),  où  elles  sont  disséminées 
sur  la  peau  du  corps  tout  entier,  en  partie  sur  de  petits  tubercules 
(fig.  172,  a,  a).  Chez  les  Reptiles  elles  se  trouvent  principalement  dans 
la  tête,  sur  les  lèvres,  sur  les  joues  et  sur  le  museau  ;  cependant  elles 
sont  également  répandues  sur  tout  le  corps  chez  les   Orvets.  Chez  les 

(1)  Chez  les  Dipnoïques  ils  existent  peut-être  aussi  dans  la  peau. 

(2)  Les  bourgeons  terminaux  n'ont  pas  jusqu'ici  été  découverts  chez  la  Couleuvre  à  col- 
lier ni  chez  les  Oiseaux. 

(3)  On  ne  peut  encore  admettre,  comme  l'a  soutenu  récemment  J.  Brock,  que  les  Poissons, 
par  exemple  un  Lopliobranche,  le  Gaslerosleus,  possèdent  déjà  des  corpuscules  du  tact  et  des 
organes  en  massue  ayant  la  môme  structure  que  ceux  des  Vertébrés  supérieurs,  car  on  n'a 
nas  encore  vu  de  nerf  y  pénétrer. 


196 


CHAPITRE    CINQUIEME 


Serpents  et  aussi  chez  les  Oiseaux  (1)  les  cellules  tactiles  sont  limitées 
à  la  cavité  buccale  (langue)  et  au  bec  (cire)  ;  chez  les  uns  et  chez  les  autres 
elles  sont  déjà  plus  étroitement  groupées  ensemble  et  constituent  des 
CORPUSCULES  DU  TACT.  Ccux-ci  sout  eutourés  d'une  enveloppe  conjonctive 
nucléée,  d'où  partent  des  cloisons  qui  séparent  en  partie  les  cellules 
tactiles.  Les  corpuscules  de  Grandry,  également  situés  sur  le  bec  des 
Oiseaux,  sont  une  modification  des  corpuscules  du  tact. 

Chez  les  Mammifères,  tantôt  les  cellules  tactiles  sont  isolées,  par 
exemple  dans  les  parties  dépourvues  de  poils,  tantôt  elles  sont  réunies 
de  façon  à  constituer  des  corpuscules  ovales,  entourés  d'une  enveloppe 
multiple  nucléée,  dans  lesc|uels  pénètrent  un  nerf  cjui,  après  s'être  disposé 
en  glomérule,  se  termine  dans  une  ou  plusieurs  cellules  nerveuses  ter- 
minales (fig.  174). 

Les  corpuscules  du  tact  des  Mammifères  présentent  la  structure  la  plus  simple  dans 
le  gland  du  pénis  et  dans  le  gland  du  clitoris.  Il  est  douteux  que  ces  corpuscules 


Fia:.  172. 


Fis:.  173. 


lŒ- 


Fig.  172.  —  Tache  tactile  de  la  peau  de  la  Grenouille,  dessinée  d'après  une  figure  de  Merkel.  A',  nerf 
afférent,  qui  en  iV'  et  -}-  perd  ton  enveloppe  de  myéline  ;  a,  a,  cellules  neuro-épithéliales  ;  h,  épiderme. 

Fig.  173.  —  Corpuscule  tactile  de  la  langue  des  Oiseaux.  N,  nerf  afférent  ;  //,  enveloppe  externe 
iivec  des  noyaux  (KH)  ;  S,  S,  cloisons. 

Fig.  174.  —  Corpuscule  tactile  (massue  terminale)  de  la  conjonctive  d'un  Mammifère-  N,  nerf  afférent  ; 
en  •]-  son  névrilème  se  continue  avec  l'enveloppe  du  corpuscule  ;  K,  K.  noyaux  de  l'enveloppe;  iV',  le 
nerf  qui  se  pelotonne  et  se  termine  (cylindre-axe)  dans  les  cellules  tactiles  T,  T. 

existent  dans  les  parties  du  corps  recouvertes  de  poils  ;  il  est  certain  que  les  poils  et 
principalement  les  poils  tactiles,  grâce  aux  nombreux  nerfs  qui  y  aboutissent,  con- 
stituent des  organes  du  tact  1res  sensibles. 

La  face  palmaire  de  la  main,  la  face  plantaire  du  pied,  la  cornée  et  le  nez  (trompe) 
sont  les  endroits  du  corps  où  les  corpuscules  du  tact  sont  les  plus  nombreux  et  les  plus 
développés. 

Ces  corpuscules  présentent  un  développement  tout  à  fait  extraordinaire,  d'après  les 
recherches  de  Th.  Eimer,  dans  le  museau  de  la  Taupe,  qui  possède  phis  de  5,000  papilles 
et  environs  150,000  filaments  nerveux  terminaux.  Aussi  cet  organe  est-il  doué  d'une 
sensibilité  tactile  exquise  et  sert-il  seul  à  guider  l'animal  dans  sa  course  sous  terre.  Le 
fait  que  certains  organes  des  sens  peuvent  en  remplacer  d'autres  par  suite  d'adaptation 
aux  conditions  extérieures  offre  un  grand  intérêt  et  se  trouve  aussi  confirmé  par  de 


(1)  La  langue  du  Picus  major  est  particulièrement  riclie  en  corpuscules  de  Pacini,  de 
sorte  que  cet  organe  est  doué  d'une  sensibilité  tactile  très  développée.  Il  n'est  pas  d'Oiseau 
dont  la  langue  présente  des  nerfs  ou  au  moins  des  organes  sensoriels  plus  nombreux,  car 
il  n'existe  presque  pas  de  substance  intersticielle  entre  les  appareils  nerveux  terminaux 
(Prince  Louis  Ferdinand  de  Bavière). 


ORGANES    DES    SENS 


197 


nombreux  exemples  dans  la  série  des  Invertébrés^  chez  les  représentants  de  la  faune 
des  cavernes  et  de  la  faune  des  grandes  profondeurs.  Je  reviendrai  sur  cette  question 
quand  je  décrirai  l'organe  olfactif  des  Gymnophiones  qui  sont  également  aveugles. 


d.  Corpuscules  en  massue. 
(Corpuscules  de  Vater  ou  de  Pacini). 

Chez  les  Poissons  et  les  Amphibiens  il  n'existe  pas  de  corpuscules  en 
massue,  mais  on  les  trouve  chez  les  Lacertiliens ,  les  Scinques  et  les 
Ophidiens.  Chez  ces  animaux,  où  ils  sont  situés  principalement  sur  les 
lèvres  et  autour  des  dents,  et  aussi  d'ailleurs  sur  le  reste  du  corps 
(Lacerta),  ils  sont  allongés,  de  forme  cylin- 
drique, et  leur  structure  est  encore  simple. 
Dans  l'intérieur  des  corpuscules  en  massue 
des  Mammifères  on  trouve  le  prolonge- 
ment filiforme  renflé  à  son  extrémité  d'un 
cylindre-axe (fig.  175,  A). Ce  prolongement 
semble  encore  entouré  d'une  couche  de 
protoplasma  finement  granuleux,  repré- 
senté par  une  teinte  grise  sur  la  figure  ; 
en  dehors  se  trouve  une  double  rangée 
de  cellules,  en  forme  de  croissant,  dispo- 
sées de  telle  sorte  qu'elles  arrivent  en 
contact  par  leurs  extrémités  avec  celles  des 
cellules  du  côté  opposé,  et  qu'elles  enve- 
loppent ainsi  la  couche  de  protoplasma. 

En  dehors  de  ces  cellules,  à  l'ensemble 
desquelles  on  donne  le  nom  de  massue 
interne^  il  existe  une  enveloppe  formée  de 
nombreuses  lamelles  nucléées,  emboîtées 
les  unes  dans  les  autres  {massue  externe). 
Elle  se  divise  en  deux  couches,  l'une  ex- 
terne composée  de  lamelles  disposées  lon- 
gitudinalement,  l'autre  interne  composée 
de  lamelles  disposées  circulairement,  sans  qu'il  y  ait  cependant  une  dis- 
tinction bien  nette  entre  elles. 

Les  corpuscules  en  massue  se  rencontrent  non  seulement  dans  toute  l'étendue  delà 
peau,  mais  ils  sont  aussi  disséminés  en  grand  nombre  dans  les  organes  les  plus  divers 
contenus  dans  les  grandes  cavités  du  corps.  G'esl.  ainsi  qu'on  les  a  trouvés  dans  le 
mésentère.,  le  mésocolnn,  le  pancréas  et  la  veine  porte  hépatique  du  Chat,  dans  les 
glandâsmésenlériques,  \ii  glande  sous-maxillaire,  dans  la.  peau  de  la  queue  des  Chais 
et  dans  le  ligament  interosseux  de  la  jambe  de  difîérenls  animaux. 

Il  n'est  pas  de  région  de  la  peau  chez  les  Oiseaux  qui  soit  entièrement  dépourvue 
de  ces  organes;  ils  sont  surtout  bien  développés  dans  le  bec,  sur  les  pennes,  sur  la 
poitrine,  ainsi  que  sur  les  plumes  de  la  queue  et  les  rémiges;  on  les  trouve  encore 
dans  la  langue,  dans  les  articulations  et  entre  les  muscles  chez  les  Oiseaux,  dans  la 


Fig.  175.  —  Corpuscule  de  Pacini  du  bec 
du  Canard,en  partied'après  Carrière. 
A,  A',  cyliudre-axe  ;  il/.S',  enveloppe 
médullaire  du  nerf;  NI,  gaine  externe 
du  nerf  avec  des  cellules  ZZ,  qui  se 
continue  en  -j--i-avec  le  système  externe 
de  lamelles  longitudinales  (L)  de  la 
maisueexterne;  Q, couche  transversale 
ou  circulaire  de  la  mabsue  externe  ; 
IK ,  masaiie  interne  entourée  d'une 
couche  de  protoplasma ,  représentée 
par  une  teinte  grise. 


198  CHAPITRE    CINQUIÈME 

conjonclive  des  Mammifères  et  des  Oiseaux,  dans  Jes  fascias  et  les  tendons,  dans  le 
canal  déférent,  les  corps  caverveux  du  pénis  et  de  Vurèlre,  dans  le  périoste,  le 
péricarde  et  les  plèvres  (Rauber),  dans  le  gland  dto  pénis  et  dio  clitoris,  dans  la  wem- 
brane  aliforme  des  Chauves-souris,  etc. 

La  grosseur  de  ces  corpuscules  est  extrêmement  variable  chez  le 
même  individu.  A  l'opposé  des  cellules  tactiles,  des  taches  tactiles  et  des 
corpuscules  du  tact,  ils  sont  toujours  situés  dans  les  couches  profondes 
du  derme,  dans  le  pannicule  adipeux,  dans  le  tissu  conjonctif  intersticiel 
dans  riniérieur  du  corps.  Ils  sont  entourés  d'un  nombre  de  capsules 
d'autant  plus  considérable  qu'ils  sont  situés  plus  profondément. 


Les  cellules  tactiles,  les  corpuscules  du  tact,  les  corpuscules  en  massue 
sont  tous  des  organes  qui  sont  le  siège  des  sensations  de  contact  et  de 
pression,  c'est-à-dire  qu'ils  sont  les  organes  du  toucher. 

Il  est  impossible  actuellement  de  déterminer  quelles  sont  les  termi- 
naisons nerveuses  qui  président  aux  sensations  de  température  ;  il  est 
possible  cependant  que  les  cellules  tactiles  ainsi  que  les  fibres  nerveuses 
qui  se  terminent  librement  par  des  boutons  dans  l'épiderme  soient 
chargées  de  cette  fonction. 


Bibliographie. 

J.  Carrière.    Kurze  Miltheilungen    zur   Kenntniss    der    HerOsCschen    und   Grandry'sclien 

Korperchen  in  dem  Schnabel  der  Ente.  Arch.  f.  mikr.  Anat.  ï.  XXI.  1882. 
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dans   Arch.  f,  mikr.  Anatomie,    Arch.   f.  Anatomie  und  Physiologie,  Zeitschr.  f.  wiss. 

Zoologie,  Arch.  f.  Naturgeschichte,  etc. 
M.  Malbranc.     Sinnesorgane    der    Seitenlinie    bel    Amphibien.    Zeitschr.    f.    wiss.    Zool. 

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Rostock,  1880. 
P.  et  F.  Sarasin.     Ergebnisse  naturiviss.  Forschungen  auf  Ceylon  in  den  Jahren  1884  bis 

1886.    ï.   If.  fasc.  1  et  2.    Zur  Enlwickhmgsgescidchle    und  Anatomie  der   ceylone- 

sischen  Blindwûhle  Ichthyophis  Glutinosus.  Wiesbaden,  1888. 

F.  E.  Schultze.     Ueber   die    becherformigen     Organe  der  Fisclie.    Zeitschr.  f.  wiss.   Zool. 

T.  XII.  1863. 
Id.     Ueber  die  Sinnesorgane  der  Seitenlinie  bei  Fischen  und  Amphibien.  Arch.  f.  mikr.  Anat. 
T.  VI.  1870. 

G.  Schwalbe.    Lehrbuch  der  Anatomie  der  Sinnesorgane.    Erlangen,  1883. 
B.  Solger.    Seilenorgane  der  Fische.  Arch.  f.  mikr.  Anat.  ï.  XVII  et  XVIII. 


Organe  de  l'odorat. 

Sous  sa  forme  la  plus  simple  l'organe  de  l'odorat  est  représenté  par 
deux  dépressions  de  la  peau  en  forme  de  fossettes  situées  au-dessus  de  la 
bouche.  Un  nerf  aboutit  au  fond  de  chacune  de  ces  fossettes  ;  il  y  présente 


ORGANES    DES    SENS 


199 


un  renflement  ganglionnaire  et  distribue  ses  fibres  aux  cellules  senso- 
rielles (cellules  olfactives).  Ces  dernières  offrent  chez  beaucoup  de  Pois- 
sons, ainsi  que  chez  certains  Amphibiens  et  Reptiles  {Chéloniens  par 
exemple),  une  disposition  qui  rappelle  tout  à  fait  la  structure  des  émi- 
nences  nerveuses.  On  pourrait  être  tenté  de  considérer  ces  bourgeons 
olfactifs,  séparés  par  un  tissu  épithélial  intermédiaire,  comme  une  dispo- 
sition primitive  permettant  d'en  déduire  l^phylogénie  de  Torgane  olfactif , 
mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  cet  arrangement  des  cellules  neuro- 
épithéliales  ne  se  montre  que  très  tard  dans  le  développement  ontogé- 
nique,  et  que  parfois  même  il  n'apparaît  que  chez  l'animal  complètement 
adulte.  11  ne  peut  donc  être  question  ici  de  disposition  héréditaire  cor- 
respondant à  une  forme  primitive  des  bourgeons,  et  la  ressemblance 
que  l'on  observe  est  le  résultat  de  ^adaptation 
convergente.  Dans  un  cas  comme  dans  l'autre  le 
milieu  ambiant  est  le  même  (l'eau),  et  l'on  ne  doit 
pas  être  surpris  si  ces  organes  acquièrent  une 
structure  semblable. 

Je  ne  puis  m'empècher  à  cette  occasion  d'attirer  l'atten- 
tion sur  certains  faits  découverts  par  van  Wijhe.  Cet  auteur 
a  montré  de  la  façon  la  plus  positive  que  dans  les  embryons 
(les  Raies,  torgane  olfaclif  ainsi  que  le  nerf  olfactif  dé- 
rivent du  nenropore  antérieur,  c'est-à-dire  du  point  où  la 
portion  antérieure  du  tube  neural,  qui  se  transforme  en 
encéphale,  reste  le  plus  longtemps  ouverte  et  communique 
directement  avec  la  surface  de  l'ectoderme  (1).  Pour  cette 
raison,  c'est-à-dire  puisque  dès  l'origine  il  existe  déjà  un 
passage  pour  l'eau,  il  est  impossible,  suivant  van  Wijhe, 
d'admettre,  comme  l'ont  soutenu  Dohrn,  Milnes  Marshall, 
Beard,  l'existence  primitive  d'une  fente  branchiale. 


Fig.  176.  —  Épithélium  de  la 
inuqueubC  olfactive  du  Pe- 
tromyzon  Planeri  (A)  et 
de  la  Salaniandra  atra{B). 
i2,  cellules  olfactives  ;  E, 
cellules  épithéliales. 


D'après  cela  on  voit  que  l'organe  olfactif  se 
développe  dans  les  conditions  les  plus  favorables 
pour  un  organe  sensoriel,  mais  que  nous  sommes 
encore  bien  loin  de  pouvoir  nous  former  une  idée  de  sa  phylogénie.  Il 
est  permis  cependant  de  penser  que  des  organes  primitifs  du  toucher 
qui  se  sont  formés  dans  le  voisinage  immédiat  du  neuropore,  mais  qui 
n'apparaissent  plus  dans  le  développement  ontogénique,  ont  dû  jouer  ici 
un  rôle. 

Quant  k\siSt?nicture  histologique  de  la  muqueuse  olfactive,  on  trouve 
ici,  comme  nous  l'avons  vu,  des  cellules  sensorielles  en  continuité  avec 
des  fibres  nerveuses,  les  cellules  olfactives,  et  des  cellules  de  soutènement 
qui  servent  à  les  isoler  et  à  les  protéger.  Ces  deux  sortes  de  cellules  sont 
des  produits  de  différenciation  de  l'ectoderme.  A  partir  des  Amphibiens, 
oh  la  respiration  commence  à  être  pulmonaire,  il  s'y  ajoute  aussi  des 
éléments  glandulaires  destinés  à  humecter  la  cavité  nasale. 


(1)  A  cette  époque  la  bandelette  neurale  (voy.  les  nerfs  crâniens)  a  depuis  longtemps  dis- 
paru et  par  conséquent  le  nerf  olfactif  ne  peut  avoir  aucun  rapport  génétique  avec  elle. 


200  CHAPITRE    CINQUIÈME 

La  nature  des  poils,  qui  surmontent  chez  beaucoup  d'animaux  l'extrémité  libre 
des  cellules  olfactives,  est  encore  obscure.  Il  est  possible  qu'ils  ne  représentent  pas 
autre  chose  que  la  partie  du  contenu  cellulaire  hyalin  qui  fait  saillie  au  dehors,  et  dans 
ce  cas  l'extrémité  libre  de  la  cellule  serait  ouverte  (Leydig).  Cette  insuffisance  de  nos 
connaissances  anatomiques  explique  pourquoi  nous  savons  si  peu  de  chose  sur  la 
physiologie  de  l'olfaction,  principalement  chez  les  animaux  qui  vivent  dans  l'eau. 

L'organe  de  l'olfaction  des  Poissons  a  la  forme  d'un  simple  cul-de-sac; 
mais  déjà  à  partir  des  Dipnoïques  il  présente  une  communication  avec  la 
cavité  buccale.  Par  conséquent  ici  on  peut  distinguer  des  orifices  antérieurs 
(narines)  et  des  orifices  postérieurs  (arrière-narines)  des  fosses  nasales,  et, 
comme  de  la  sorte  se  trouve  formé  un  passage  qui  peut  être  librement 
traversé  par  le  fluide  ambiant  (voyez  plus  loin  les  particularités  intéres- 
santes que  présentent  les  Dipnoïques),  l'organe  olfactif  chez  les  Vertébrés 
à  respiration  aérienne,  chez  lesquels  on  peut  distinguer  une  région 
i^espiratoire  et  une  régio7i  olfactive,  affecte  des  rapports  importants  avec 
V appareil  respiratoire  (1). 

Poissons. 

Chez  I'Amphioxus  la  fossette  ciliée  située  sur  la  face  dorsale,  à  l'extré- 
mité antérieure  du  système  nerveux  central,  ne  doit  pas  être  considérée 
comme  un  organe  olfactif,  mais  comme  un  neicropore.  Chez  cet  animal 
il  ne  se  développe  pas  d'organe  olfactif  ou  de  nerf  olfactif  analogue  à 
ceux  des  autres  Vertébrés. 

Chez  les  Pétromyzontes  et  les  Myxinoïdes  l'organe  olfactif  est  un  sac 
impair  extérieurement,  placé  immédiatement  en  avant  de  la  cavité  crâ- 
nienne, qui  s'ouvre  par  un  canal  plus  ou  moins  long  sur  la  face  dorsale 
de  la  partie  antérieure  de  la  tête  (fîg.  26).  Néanmoins  la  conformation  inté- 
rieure et  la  présence  de  deicx  nerfs  olfactifs  prouvent  que  chez  ces  animaux 
l'organe  olfactif  dérive  aussi  d'une  ébauche  primitivement  paire  et  qu'il 
a  dû  se  porter  graduellement  en  arrière  sur  la  face  dorsale  du  crâne  pour 
s'adapter  au  mode  d'alimentation  de  ces  animaux,  qui  sucent  leur  nour- 
riture (2). 

Chez  les  Sélaciens  l'organe  olfactif  a  une  situation  opposée  à  celle 
qu'il  présente  chez  les  Cyclostomes;  il  est  eff'ectivement  situé  à  la  face 
inférieure  du  museau.  A  partir  de  ce  groupe,  dans  toute  la  série  des  Ver- 
tébrés il  est  pair  et  se  trouve  entouré  par  une  enveloppe  cartilagineuse 
ou  osseuse  plus  ou  moins  complète,  qui  est  formée  par  le  squelette 
céphalique. 

A  partir  des  GanoÏdes  ses  rapports  avec  le  crâne  sont  toujours  les  mêmes, 
c'est-à-dire  qu'il  est  placé  entité  les  yeux  et  le  museau,  soit  latéralement, 
soit  plus  rapproché  de  la  face  dorsale.  Dans  le  cours  de  son  développe- 

(1)  La  partie  olfactive  est  formée  pendant  la  période  fœtale  par  l'enfoncement  de  \eiplaque 
olfactive, 

(2)  Il  n'est  pas  certain  que  l'on  puisse  comparer  directement  le  canal  naso-palaiin  des 
Myxinoïdes  (qui  s'ouvre  dans  la  cavité  buccale)  avec  les  orifices  postérieurs  des  fosses  na- 
sales des  Vertébrés  supérieurs. 


ORGANES    DES    SENS 


201 


ment,  chacune  des  narines  est  divisée  chez  ces  Poissons,  par  un  repli 
cutané,  en  deux  parties,  l'une  antérieure,  l'autre  postérieure.  L'antérieure 
est  souvent  située,  comme  d'ailleurs  chez  les  Téléostéens,  à  l'extrémité 


Fig.  177. 


ESO 


Fig.  177.  —  Face  inférieure  de  la  tête  du  Scijîliiim  canicula.  N,  N,  narines  ;  M,  bouche  ; 
HSO,  organes  du  toucher. 
Fig.  178.  —  A,  face  latérale  d'une  tête  de  Brochet,  a  et  6,  orifices  antérieur  et  postérieur  de  la  fossette 
olfactive  ;  -j-,  repli  cutané  qui  sépare  a  et  ^;  Ag.  œil. 

B,  face  latérale  de  la  tête  du  Mitraena  Helena.  VR,  HR,  tubes  olfactifs  antérieur  et  postérieur 
A,  œil  ;  HSO,  organes  du  toucher. 

d'un  tube  tentaculiforme  revêtu  de  cellules  vibratiles;  l'intervalle  qui  la 
sépare  de  l'orifice  postérieur  est  très  variable  et  dépend  de  l'épaisseur 
plus  ou  moins  considérable  du  repli  cutané  (fig-.  177,  178). 


I 


202 


CHAPITRE    CINQUIEME 


La  muqueuse  du  sac  nasal  de  tous  les  Poissons  présente  toujours  un 
système  plus  ou  moins  compliqué  de  plis,  tantôt  longitudinaux  ou  trans- 


Fig.  179.  —  A,  tête  de   Tetrodon  nigropunclatus.  B,  tête  de  Telrodon  pardaiis.  C,  tète  de  Tetrodon 
papiia.  D,  coupe  longitudinale  du  lobe  nasal  du  Tetrodon  immaculatus. 

Z,  Z,  dents  ;  SS,  pièce  basilaire  du  lobe  nasal  L,  i'  ;  LL,  lobe  nasal  ;  Ag,  œil  ;  *,  tache  ollactive  du 
Telrodon  papua  ;  N,  nerf;  NB,  éminence  nerveuse. 

versaux,  tantôt  disposés  en  rayonnant  ou  en  rosette.  C'est  sur  ces  replis  que 
se  distribue  le  nerf  olfactif. 


ORGANES    DES    SENS  203 

Tous  ces  plis  ont  pour  but  d'augmenter  la  surface  de  la  muqueuse 
olfactive. 

L'organe  olfactif  le  plus  développé  peut-être  de  toute  la  série  des  Poissons  est  celui 
du  Polypterus  bichir.  Il  présente  une  sorte  de  cavité  vestibulaire,  à  laquelle  fait  suite 
la  cavité  olfactive  proprement  dite.  Cette  dernière  n'est  pas  un  simple  sac,  mais  se  com- 
pose de  six  compartiments,  séparés  par  des  cloisons  complexes  et  groupés  tout  autour 
d'un  axe  central.  Sur  une  coupe  transversale  elle  offre  l'aspect  d'une  orange.  Au 
centre  existe  encore  un  court  appendice  cylindrique,  qui  reçoit  une  branche  spéciale  du 
nerf  olfactif  réellement  monstrueux  (Wiedersheim). 

Tandis  que  dans  ce  Ganoïde  osseux  l'organe  olfactif  atteint  un  développement  rela- 
tivement élevé,  chez  certains  Téléostéens  au  contraire  il  présente  une  métamorphose 
régressive,  qui  prépare  sa  disparition  complète. 

Je  fais  allusion  ici  à  certains  représentants  de  la  famille  des  Gymnodonies,  et  en 
particulier  àcertaines  espèces  de  Te^roc/ons.  Ces  animaux  possèdent  à  la  place  del'oriflce 
nasal  des  appendices  dans  lesquels  se  distribue  le  nerf  olfactif.  Ces  appendices  peuvent 
être  creux  (fig.  179  B)  ou  formés  d'une  partie  inférieure  pleine  divisée  à  son  extrémité 
en  deux  larges  lobes,  recouverts  à  leur  face  interne  par  le  neuro-épithélium  (fig.  179  A). 
Dans  d'autres  cas  il  n'y  a  aucune  trace  d'appendice  et  le  nerf  se  termine  dans  une  petite 
région  pigmentée  de  la  peau  (fig.  179  C).  C'est  là  le  dernier  terme  de  l'atrophie;  Je 
nerf  est  en  même  temps  réduit  à  un  filament  très  fin.  Dans  tous  ces  cas  l'épithélium 
olfactif  présente  la  même  disposition  que  les  sphères  nerveuses  des  organes  du  tact 
(fig.  179  D).  Il  résulte  de  tout  ceci  que,  dans  le  cours  du  développement  ancestral,  la 
cavité  olfactive  a  disparu  chez  les  Télrodons  par  suite  du  développement  excessif  des 
muscles  masticateurs.  Ceux-ci  ont  dû  prendre  des  points  d'insertion  de  plus  en  plus 
étendus  sur  les  os  du  crâne  pour  s'adapter  au  genre  d'alimentation  de  ces  animaux, 
composée  de  Mollusques  à  coquille  dure  et  de  coraux;  ils  se  sont  de  plus  en  plus 
étendus  en  avant  et  en  même  temps  en  arrière  sur  la  face  dorsale  du  crâne  et  ont 
atteint  par  conséquent  le  point  où  était  jadis  située  la  fossette  olfactive  (Wiedersheim). 

Dipnoïques. 

Nous  rencontrons  icij)our  lajiremière  fois  un  squelette  nasal  bien  distinct 
du  crâne  j)roprement  dit.  11  se  compose  chez  le  Protopterus  d'une  sorte 
de  treillis  cartilagineux,  situé  immédiatement  au-dessous  de  la  peau, 
dont  les  parties  latérales  sont  réunies  en  dedans  par  une  forte  cloison.  Le 
plancher  de  chaque  sac  nasal  est  formé  en  grande  partie  par  le  ptérygo- 
palatin  ainsi  que  par  du  tissu  conjonctif  et  pour  une  minime  part  par 
du  cartilage.  De  haut  en  bas  (de  la  face  dorsale  à  la  face  ventrale)  la 
cavité  nasale  est  très  étroite,  mais  latéralement  elle  est  assez  spacieuse 
(comp.  les  sinus  maxillaires  des  Amphibiens).  On  n'y  trouve  aucune  trace 
de  cornets  ni  de  glande  nasale  (fig.  67,  NK),  mais  la  muqueuse  y  présente 
un  système  compliqué  de  plis. 

Chaque  cavité  nasale  p?'ésente  en  arrière,  immédiatement  derrière  la 
lèvre  supériewe,  un  double  orifice.  L'un  est  placé  tout  contre  le  bord  labial, 
l'autre  beaucoup  plus  en  arrière.  Le  premier  correspond  à  l'orifice  anté- 
rieur ou  externe  des  fosses  nasales  des  autres  Vertébrés.  L'organe  olfactif 
chez  les  Dipnoïques,  du  moins  chez  le  Protopterus,  n'a  ainsi  aucune  com- 
munication avec  l'extérieur  ;  il  ne  communique  qu'avec  la  cavité  buccale. 
Il  ne  peut  donc,  être  impressionné,  comme  Vorgane  de  Jacobson,  que  par 
les  substances  introduites  dans  la  bouche  (W.  N.  Parker). 


204 


CHAPITRE    CINQUIEME 


Amphibiens. 

L'organe  olfactif  des  Ichtkyoïdes  se  rapproche  étroitement  de  celui 
des  Dipno'iiques.  Il  est  situé  latéralement  sur  la  partie  antérieure  de  la 
tête,  immédiatement  au-dessous  de  la  peau,  et  a  la  forme  d'un  tube  car- 
tilagineux à  paroi  pleine  {Sirène  lacertine)  ou  treillissée  [Menobranchus 
et Proteus) .  Le  squelette  céphalique  osseux  ne  lui  fournit  aucun  soutien. 
Le  plancher  du  sac  nasal  est  en  grande  partie  fibreux.  En  dedans  la 
muqueuse  présente,  comme  chez  les  Cyclostonies  et  le  Polyptêre,  de  nom- 
breux plis  radiés ,  disposition ,  que  Von 
rencontre  ici  pour  la  dernière  fois  dans 
la  série  des  Vertébrés. 

A  partir  de  ce  moment  le  même  résultat, 
c  est-à-dire  V agrandissement  de  la  mu- 
queuse, est  obtenu  par  des  saillies  de  la 
couche  squelettogène,  par  les  cornets. 

A  peine  marquées  chez  certaines  Sala- 
mandrines  (Spelerpes),  ces  formations  pré- 
sentent un  grand  développement  chez  les 
Anoures  et  en  particulier  chez  les  Gym- 
nophiones,  de  sorte  que  chez  ces  animaux 
la  cavité  nasale  est  transformée  en  un 
système  compliqué  de  cavités  et  de  fentes. 
Mais  toujours  —  et  cela  est  vrai  déjà  aussi 
pour  tous  les  Dérotrèmes  et  les  Salaman- 
drines  —  on  distingue  une  cavité  princi- 
pale et  une  cavité  accessoire;  cette  dernière  peut  être  aussi  désignée 
sous  le  nom  de  sinus  maxillaire ,  puisqu'elle  est  située  dans  le  maxillaire 
supérieur.  Elle  est  complètement  séparée  de  la  cavité  principale  chez 
certains  Gymnophiones  et  reçoit  une  branche  spéciale  du  nerf  olfactif, 
de  sorte  c/uil  existe  de  chaque  côté  deux  cavités  nasales  séparées  et  deux 
nerfs  olfactifs  (comp.  les  nerfs  crâniens).  Je  reviendrai  plus  tard  sur  ce 
point. 

De  nouveaux  organes  qui  apparaissent  ici  pour  la  première  fois,  ce 
sont  des  glandes  situées  sous  la  muqueuse,  disséminées  ou  réunies  en 
grosses  masses.  Elles  débouchent  directement  dans  la  cavité  nasale  et 
maintiennent  par  leur  sécrétion  la  muqueuse  dans  un  état  d'humidité 
indispensable  aux  épithéliums  sensoriels,  qui  chez  les  Poissons  et  les 
Dipnoïques  est  dû  au  milieu  ambiant  ou  aux  cellules  caliciformes  de 
la  muqueuse  buccale  [Protopterus),  ou  bien  elles  déversent  leur  sécré- 
tion dans  le  pharynx  ou  dans  les  arrière-narines. 

Ces  dernières  sont  toujours  situées  assez  en  avant  sur  le  palais;  elles 
sont  en  grande  partie  limitées  par  le  vomer  et  aussi  par  le  palatin. 
Enfin  il  faut  mentionner  encore  le  canal  naso-lacrymcd,  qui  part  de 


Fig.  180.  —  Organe  olfactif  du  Meno- 
b)'ancht<s  laiefalis.  Face  supérieure. 
N,  sac  olfactif;  01,  nerf  olfactif;  Pmz, 
prémaxillaire  ;  F,  frontal  ;  P,  prolon- 
gement du  pariétal;  PP,  ptérygo-pala- 
tiii  ;  AF,  apophyse  antorbitaire. 


ORGANES    DES    SENS  205 

l'angle  antérieur  de  Torbite,  traverse  la  paroi  latérale  du  nez  et  débouche 
dans  la  cavité  nasale.  Il  conduit  les  larmes  du  sac  conjonctival  de  l'œil 
dans  la  cavité  nasale;  chez  tous  les  Vertébrés,  à  partir  des  Salaman- 

Fig.  181.  —  Coupe  transversale  des  cavités  olfactives 
du  Plelhodon  giKtinosvs.  S,S.  muqueuse  ollactive  ; 
iV,  cavité  principale  du  nez  ;  K,  sinus  maxillaire  ; 
(',  portion  cartilagineuse  et  hyaline,  et  S',  portion  -.- 
fibreuse  du  cornet  qui  refoule  l'épithélium  olfac-  v 
tif  (E)  dans  la  cavité  nasale;  II),  glande  inter- 
maxillaire séparée  de  la  cavité  de  la  bouche  par  la 
muqueuse  buccale  (3IS)  ;  F,  frontal  ;  Pf,  préfrontal  ; 
il/,  maxillaire  supérieur  ;  Vo2},  voméro-palatin  ; 
Sp,  cloison  du  nez. 

drines,  il  est  formé  par  une  bandelette  épithélialc  qui  se  détache  de  lépi- 
derme,  s'enfonce  dans  le  derme  et  se  creuse  secondairement. 

Par  suite  de  ce  mode  d'origine  aux  dépens  de  l'épiderme,  on  peut  supposer,  sans 
trop  d'invraisemblance,  qu'il  dérive  primitivement  des  canaux  muqueux  (comp.  les 
Poissons).  On  peut  encore  faire  valoir  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir  que  chez  les 
larves  des  Anoures  il  n'arrive  que  très  graduellement  dans  la  région  du  bord  libre 
de  la  paupière  (Born). 

Reptiles. 

L'organe  olfactif  situé  latéralement  chez  les  Poissons,  directement 
en  avant  de  rencéphale  chez  les  Amphibiens,  présente,  à  partir  des  Rep- 
tiles, la  tendance  à  se  piorter  en  arrière,  et,  comme  il  y  a  en  même  teinps 
accroissement  proportionnel  en  avant  du  squelette  de  la  face  et  formation 
de  la  Doilte  palatine  (voyez  le  squelette  céphalique),  à  se  glisser  de  la  sorte 
plus  ou  moins  au-dessous  de  Vencéphale. 

Les  Crocodi liens  sont  de  tous  les  Reptiles  ceux  qui  possèdent  l'or- 
gane olfactif  le  plus  complexe;  sa  conformation  est  plus  simple  chez 
beaucoup  de  Chélmiiens,  chez  les  Sauriens,  les  Scinques  et  les  Ophidiens. 
Ces  trois  derniers  groupes  peuvent  être  réunis  dans  une  description 
commune,  parce  qu'ils  ne  présentent,  sous  ce  rapport,  aucune  difïérence 
essentielle.  Nous  commencerons  par  eux. 

La  cavité  nasale  se  divise  chez  les  Scinques  et  les  Sauriens  en  deux 
parties,  l'une  externe,  l'autre  interne.  La  première,  que  l'on  doit  consi- 
dérer comme  correspondant  à  l'entrée  très  développée  de  la  cavité  na- 
sale des  Amphibiens,  peut  être  désignée  sous  le  nom  de  vestibule,  la 
seconde  sous  celui  de  cavité  nasale  proprement  dite  ou  de  cavité  olfac- 
tive (fîg.  182,  AN,  IN)  (Leydig);  la  seconde  seule  présente  des  cellules 
sensorielles,  l'autre  est  recouverte  d'un  épithélium  ordinaire,  épider- 
moïde,  à  cellules  plates,  et  est  entièrement  dépourvue  de  glandes. 

Sur  la  paroi  externe  de  la  cavité  nasale  interne  fait  saillie  un  grand 
cornet  légèrement  enroulé  ;  le  cornet  est  également  très  développé  chez 
les  Ophidiens,  qui  ne  possèdent  pas  de  véritable  cavité  vestibulaire. 

Dans  l'intérieur  du  cornet  est  située  une  grosse  glande  qui  débouche 
à  la  limite  de  la  cavité  olfactive  et  du  vestibule.  Au-dessous  du  cornet 
s'ouvre  le  canal  naso-lacrymal  ;  il  peut  également  s'ouvrir  sur  le  toit  de  la 
cavité  pharyngienne  (Ascalabotes)  ou  dans  les  arrière-narines  (Ophidiens). 


206 


CHAPITUE    CINQUIEME 


IJV 


Chez  les  Tortue?,  la  conformation  de  la  capsule  nasale  est  aussi  compliquée  que 
variable.  C'est  ainsi  que  chez  les  Tortues  marines  elle  se  divise  de  chaque  côté  en 
deux  conduits  superposés,  mais  qui  communiquent  entre  eux  par  des  trous  percés 
dans  la  cloison  de  séparation.  Tandis  que  l'organe  olfactif  des  Sauriens  et  des  Ophi- 
diens ne  renferme  relativement  que  peu  de  glandes,  celui  des  Chéloniens  en  possède 
un  très  grand  nombre. 

Le  déplacement  de  la  cavité  olfactive  en  bas  et  en  arrière  est  surtout 
très  marqué  chez  les  CrocodiUens  et  en  même  temps  celle-ci  se  divise 

également  dans  sa  portion  postérieure  en  deux 
cavités  superposées,  la  supérieure,  revêtue  d'un 
épithélium  sensoriel,  est  la  cavité  olfactive  pro- 
prement dite,  l'inférieure  représente  la  région 
respiratoire.  La  cavité  nasale  communique  avec 
certaines  cavités  accessoires,  qui  ne  sont  que 
des  cavités  aériennes  et  n'ont  rien  à  faire  avec 
la  perception  des  sensations  olfactives.  Une 
grosse  glande,  située  dans  le  sinus  maxillaire, 
débouche,  comme  chez  les  Sauriens  et  les  Ophi- 
diens, dans  la  cavité  nasale. 

Comme  chez  tous  les  autres  Reptiles,  on  ne 
trouve  aussi  chez  les  Crocodiles  qu'im  seul  vrai 
cornet;  en  dehors  de  lui  est  située  une  seconde 
saillie,  à  laquelle  on  donne  le  nom  de  pseudo-cornet  (pseudoconcha). 
Voyez  l'organe  olfactif  des  Oiseaux  (Gegenbaur). 


Fig.  182.  —  Schéma  de  l'organe 
olfactif  d'un  Lézard.  Coupe 
sagittale.  AN,  cavité  nasale 
externe;  IN,  cavité  nasale  in- 
terne ;  ■}-,  communication  entre 
ces  deux  cavités  ;  Ch,  arrière- 
narines  ;  P,  papille  de  l'organe 
de  Jacobson  ;  Ca ,  communi- 
cation de  cet  organe  avec  la 
cavité  buccale  ;  MS,  muqueuse 
buccale. 


OM. 


Oiseaux. 

Comme  les  Sauriens,  tous  les  Oiseaux  présentent  un  vestibule  pro- 
fondément situé,  tapissé  d'un  épithélium  pavimenteux  et    une    cavité 

olfactive  proprement  dite,  située  plus  superfi- 
ciellement. Les  Oiseaux  ne  possèdent  également 
qu'un  seul  vrai  cornet,  car  on  ne  donne  ce  nom 
qu'à  une  pièce  libre,  distincte,  soutenue  par  une 
masse  squelettique  faisant  saillie  dans  la  cavité 
nasale.  Par  contre,  les  deux  autres  proémi- 
nences, dont  l'une  est  située  avec  le  cornet 
vrai  dans  la  cavité  olfactive  proprement  dite  et 
l'autre  dans  le  vestibule,  sont,  comme  le  pseudo- 
cornet des  CrocodiUens,  des  saillies  de  la  paroi 
nasale  tout  entière  (Gegenbaur). 

Le  cornet  vrai,  qui  est  généralement  formé 
par  du  cartilage,  rarement  par  de  la  substance 
osseuse,  présente  une  forme  très  variable;  tantôt  c'est  une  lamelle 
médiocrement  saillante,  tantôt  il  est  plus  ou  moins  enroulé  (il  peut 
décrire  jusqu'à  trois   tours   de    spire).  En  dessus  et   en  avant  de  lui 


Fig.  183.  —  Coupe  transversale 
de  la  cavité  nasale  droite  du 
Laniiis  minor.  DM,  cornet  su- 
périeur ;  MM,  cornet  moyen  ; 
a,  canal  nasal  supérieur  ;  b,  ca- 
nal nasal  inférieur  ;  LR,  cavité 
aérienne  qui  se  continue  dans 
le  cornet  supérieur  et  le  refoule 
en  dedans. 


ORGANES    DES    SENS  207 

débouche  le  canal  naso-lacrymal.  Il  n'est  pas  douteux  qu'il  corresponde 
au  cornet  des  Urodèles  et  des  Reptiles. 

La  glande  nasale  externe  des  Oiseaux  n'est  pas  située  dans  le  maxil- 
laire supérieur,  mais  dans  le  frontal  et  le  nasal- 
Mammifères. 

La  cavité  nasale  présente  ici  une  profondeur  et  une  hauteur  plus 
grandes,  correspondant  au  développement  beaucoup  plus  considérable 
du  squelette  de  la  face,  et  par  suite  le  labyrinthe  de  Vethnoïde,  une  nou- 
velle partie  qui  n'existait  pas  chez  les  Vertébrés  inférieurs,  peut  se  dé- 
velopper librement.  Situé  d'une  part  entre  les  deux  orbites,  d'autre 
part  entre  la  base  du  crâne  et  la  voûte  de  la  cavité  buccale,  la  voûte 
palatine,  Yethmoïde  est  creusé  d'un  grand  nombre  de  cavités  ou  cellules, 
tapissées  par  la  muqueuse  (labyrinthe),  de  sorte  qu'il  présente  du  côté 
de  la  cavité  nasale  des  enfoncements  et  des  saillies  formés  de  cartilage 
et  de  substance  osseuse  très  divers. 

Les  BOURRELETS  OLFACTIFS  qui  cu  résultent  sont  en  nombre  très  varia- 
ble, disposés  sur  une  seule  rangée  {Ornithorliynques ,  Cétacés,  Pinni- 
joèdes,  Primates)  ou  sur  plusieurs  rangées  (/es  autres  Mammifères).  Dans 
ce  dernier  cas,  qui  coïncide  avec  le  développement  considérable  du 
lobe  olfactif,  l'odorat  est  plus  perfectionné,  dans  le  second  le  nombre 
des  bourrelets  olfactifs  est  diminué,  c'est-à-dire  qu'il  y  a  ici  atrophie. 

La  cause  en  est  due  à  des  phénomènes  d'adaptation.  Les  Cétacés,  chez  lesquels 
l'oi'gane  olfactif  est  atrophié  et  transformé  en  un  organe  destiné  au  passage  de  l'air 
nécessaire  à  la  respiration,  nous  en  présentent  l'exemple  le  plus  frappant.  La  diminu- 
tion du  nombre  des  bourrelets  olfactifs  est  manifestement  causée  ici  par  l'adaptation 
au  mode  d'existence  de  ces  animaux  qui  vivent  dans  l'eau,  car  l'organe  olfactif  des 
animaux  à  respiration  pulmonaire  destiné  à  fonctionner  dans  l'air  ne  pouvait  évi- 
demment utiliser  les  substances  odorantes  suspendues  dans  l'eau  (pour  flairer  la 
proie). 

Chez  les  Primates,  chez  l'Homme,  par  exemple,  l'atrophie  est  la  conséquence 
d'une  cause  toute  différente  ;  elle  est  due  à  ce  que  la  faculté  de  percevoir  les  odeurs 
ne  joue  dans  ce  cas  qu'un  rôle  secondaire  pour  la  conservation  de  l'individu.  Ce  qui 
fait  ici  défaut  est  compensé  par  l'intelligence.  L'appareil  olfactif  n'a  ici,  comme  l'a 
fait  remarquer  avec  liaison  Broca,  que  la  signification  d'un  modeste  vassal  du  cer- 
veau, et  n'acquiert  jamais  l'importance  des  autres  organes  des  sens  supérieurs.  Les 
conditions  qui  diminuent  l'importance  de  l'organe  olfactif  dans  la  série  des  Vertébrés 
sont  très  diverses. 

Nous  avons  maintenant  à  rechercher  quel  est  primitivement  le 
nombre  des  bourrelets  olfactifs.  Les  recherches  de  Zuckerkandl  nous  four- 
nissent une  réponse  satisfaisante  à  cette  question.  Le  nombre  primitif  des 
bourrelets  olfactifs  est  relativement  peu  élevé,  et,  lorsque  dans  la  série  des 
Vertébrés  le  nojnbre  augmente  et  que  ceux-ci  jJrésentent  une  structure  com- 
pliquée, cest  toujours  le  résultat  d'acquisitions  secondaires  par  suite 
d'une  tendance  au  perfectionnement. 

La  plupai't  des  ordres  de  Mammifères,  par  exemple  la  plupart  des  Carnivores,  des 


208 


CHAPITRE    CINQUIEME 


Rongeurs,  des  [nseclivores,  des  Prosimiens  et  des  Marsupiaux,  possèdent  cinq 
bourrelets  olfactifs,  les  Ongulés  en  général  plus  de  cinq  et  jusqu'à  huit,  les  Édentés 
de  six  à  neuf,  les  Primates  de  un  à  trois. 

Les  considérations  précédentes  s'appliquent  à  la  région  olfactive  pro- 
prement dite,  au  labyrinthe  de  Vethmo'ide  avec  ses  bourrelets  olfactifs. 
J "ai,  à  dessein,  évité  d'employer  l'expression  de  cornet  et  employé  le  mot 
de  bourrelet  olfactif  proposé  par  Schwalbe,  afin  d'exclure  a  priori  toute 
comparaison  avec  le  cornet  des  Vertébrés  inférieurs.  Nous  avons  main- 
tenant à  nous  demander  si  ce  dernier  persiste  chez  les  Mammifères.  Il  y 
est  effectivement  représenté  par  le  cornet  inférieur,  mais  il  ne  présente 
plus  d"  épithélium  olfactif  et  son  rôle  physiologique  a  manifestement  changé. 
Chez  les  animaux,  dont  l'odorat  est  bien  développé,  il  est  plissé  ou 
plus  ou  moins  ramifié,  c'est-à-dire  que  sa  conformation  est  plus  com- 


B 


C 


D 


E       F 


Fig.  184.  — Différentes  formes  du  cornet  des  Mammifères,  d'après  Zuckerkandl. 

pliquée  que  chez  ceux  qui  sont  moins  bien  doués  sous  ce  rapport;  dans 
ce  dernier  cas,  le  cornet  est  simple  ou  ne  décrit  que  deux  tours  de 
spire.  Cette  dernière  forme  est  Informe  primitive  d'où  les  autres  formes 
dérivent  secondairement. 

Le  développement  du  cornet  est  toujours  proportionnel  au  développement  des 
ramifications  du  trijumeau  qui  se  rendent  dans  celte  région,  bien  que  celles-ci  ne 
soient  pas  limitées  seulement  au  cornet.  Par  conséquent,  la  muqueuse  nasale  est  le 
siège,  non  seulement  des  sensations  de  l'odorat  et  des  sensations  simples  du  tact, 
mais  encore  de  sensations  d'un  ordre  différent  (sensations  de  température,  sensations 
permettant  d'apprécier  le  degré  d'humidité  de  l'air).  Outre  le  rôle  que  le  cornet  joue 
comme  organe  destiné  à  flairer,  il  sert  encore  très  certainement,  lorsqu'il  est  très 
ramifié,  à  filtrer  l'air,  à  le  réchauffer  et  à  le  rencb^e  humide.  Il  est  difficile  de  com- 
prendre pourquoi  il  fait  défaut  chez  des  animaux  qui  mènent  cependant  le  même 
genre  de  vie. 

Le  cornet  inférieur  est  toujours  situé  dans  la  partie  inférieure  de  la 
cavité  nasale,  qui  s'ouvre  dans  le  pharynx  par  les  arrière-narines, 
c'est-à-dire  dans  la  région  respiratoire,  tandis  que  les  bourrelets  olfactifs 
avec  le  labyrinthe  sont  rejetés  plus  en  haut  et  en  arrière  dans  la  région 
olfactive. 

La  cavité  nasale  des  Mammifères  communique  fréquemment  avec 
des  cavités  accessoires,  c'est-à-dire  avec  les  sinus  frontaux,  maxillaires 


ÔUGANËS    DÈS    SENS 


2Ô9 


et  sphénoïdaux.  Ces  sinus,  qui  se  forment  dans  la  charpente  primitive- 
ment cartilagineuse  de  Fethmoïde,  peuvent  aussi  présenter,  lorsque  le 
sens  de  Fodorat  est  bien  développé,  des  bourrelets  olfactifs,  comme  c'est 
par  exemple  le  cas  pour  les  sinus  sphénoïdaux.  Et  si  l'on  considère 
en  outre  que  le  sinus  maxillaire  est  toujours  encore  tapissé  par  la 
muqueuse  olfactive  chez  les  Amphibiens  et  les  Reptiles,  il  est  évident 
que  ces  cavités  accessoires  sont  primitivement  des  dépendances  de  l'or- 
gane olfactif.  Lorsque  l'odorat  s'aft'aiblit,  ces  cavités  disparaissent  par- 
tiellement ou  en  totalité,  ou,  si  elles  persistent,  elles  sont  recouvertes 
par  la  muqueuse  ordinaire  et  ne  servent  plus  qu'à  renfermer  de  l'air. 
Dans  ce  dernier  cas,  elles  n'ont  plus  rien  de  commun  avec  l'odorat  et 
remplissent  un  autre  rôle,  comme 
nous  le  verrons  quand  nous  par- 
lerons des  os  pneumatiques  (voy. 
l'appareil  respiratoire  des  Oi- 
seaux). 

Les  GLANDES  NASALES  des  Mam- 
mifères se  divisent  en  deux  grands 
groupes  ;  1°  les  petites  glandes  de 
Boivmann  disséminées  partout, 
dont  l'épithélium  est  composé  de 
cellules  de  deux  sortes,  les  cel- 
lules séreuses  et  les  cellules  mu- 
queuses, et  2"  un  appareil  glan- 
dulaire volumineux  très  répandu 
chez  les  Mammifères,  découvert  au 
xvn^  siècle  par  N.  Sténo  (Stenson), 
plus  tard  tombé  dans  l'oubli,  et 
décrit  de  nouveau  récemment  par 
C.  Kangro  sous  le  nom  de  glande 
nasale  de  Sténo.  Cette  glande,  qui  se  montre  déjà  de  bonne  heure  pen- 
dant la  période  embryonnaire,  est  située  latéralement  dans  la  cavité 
nasale,  ou  dans  l'intérieur  de  l'antre  d'Hygmore,  quand  celui-ci  existe. 

Le  caractère  de  l'appareil  nasal  des  Mammifères  qui  frappe  le  plus 
les  yeux,  c'est  la  présence  d'un  nez  extérieur  qui  correspond  à  la  cavité 
vestibulaire  des  Reptiles  et  en  est  en  quelque  sorte  le  prolongement.  A  part 
les  os  nasaux  proéminents,  parmi  les  cartilages  qui  soutiennent  le  nez 
la  cloison  cartilagineuse,  qui  se  développe  sur  la  lame  papyracée  et 
qui  se  prolonge  très  en  avant,  joue  un  rôle  prépondérant;  mais  il  existe 

la  cloison 
des  pièces  distinctes 
qui  prennent  part  à  la  formation  du  nez.  Telles  sont  les  trois  petites 
lamelles  cartilagineuses  situées  à  la  pointe  et  dans  les  ailes  du  nez  chez 
l'Homme,  dont  d'ailleurs  la  forme,  le  nombre  et  la  grandeur  sont  très 
variables. 


Fig.  185.  —  Coupe  frontale  des  cavités  nasales  de 
l' Hornme.  I,  II,  III,  cornets  inférieur,  moyen  et 
supérieur  ;  a,  canal  nasal  inférieur  ;  b,  canal  nasal 
moyen  ;  c,  canal  nasal  supérieur  ;  S,  cloison  du  nez  ; 
nd,  nd,  rudiment  de  la  glande  nasale  de  la  cloison  ; 
*,  point  où  débouche  le  canal  naso-lacrymal  ;  ■[-,  ori- 
fice du  sinus  maxillaire  (C  m)  ;  SL,  labyrinthe  de 
l'ethmoïde  ;  HG,  palais  ;  C.  cr,  cavité  crânienne  ; 
M,  maxillaire  supérieur. 


aussi,  outre   les  différenciations  du  cartilage  ethmoïdien 
cartilagineuse  doit  être  considérée  comme  telle 


WlEDERSHEIM. 


14 


210  CHAPITRE    CINQUIÈME 

Le  nez  extérieur  présente  de  nombreuses  modifications  dues  à  des  adaptations 
fonctionnelles.  Sa  musculature  est  souvent  très  développée,  principalement  chez  les 
Mammifères  plongeurs,  car  chez  eux  les  narines  peuvent  être  complètement  fermées 
par  un  sphincter  ou  par  un  système  de  valvules  spéciales.  Les  muscles  prennent  un 
développement  excessif  et  leur  nombre  est  extraordinaire  dans  les  formations  pro- 
boscidiennes  (Tapir,  Porc,  Taupe,  Musaraigne,  Éléphant  ;  la  trompe  de  ce  dernier 
animal  renfermerait  plus  de  30,000  muscles),  qui  fonctionnent  ainsi  à  la  fois  comme 
organes  du  tact  et  comme  organes  de  préhension. 

Organes  de  Jacobson. 

Sous  le  nom  d'organes  de  Jacobson  on  désigne  deux  cavités  nasales 
accessoires,  qui  se  séparent  de  la  cavité  nasale  proprement  dite  pendant 
la  période  embryonnaire,  qui  so?it  innervées  par  le  nerf  olfactif  et  par  le 
trijumeau,  et  qui  commimiquent  par  un  orifice  spécial  avec  la  cavité  buc- 
cale. La  cavité  nasale  accessoire,  contenue  dans  le  maxillaire  supérieur 
des  Gymnophiones  présente  tous  ces  caractères,  et  il  ne  peut  y  avoir  aucun 
doute  que  cette  cavité  ne  soit  homologue  au  sinus  maxillaire  de  tous 
les  autres  Vertébrés.  Chez  aucun  autre  de  ces  animaux  on  ne  trouve 
une  pareille  séparation  de  la  cavité  nasale  accessoire,  et  on  observe  au 
contraire  de  plus  en  plus,  à  mesure  qu'on  s'élève  dans  la  série  des 
Vertébrés,  que  le  sinus  maxillaire  devient  étranger  à  l'organe  olfactif 
au  point  de  vue  physiologique,  qu'il  perd  son  épithélium  olfactif  et  qu'il 
est  finalement  réduit  à  n'être  plus  qu'une  simple  cavité  renfermant  de 
l'air. 

Indépendamment  de  l'organe  de  Jacobson  des  Gymnophiones,  il  existe 
chez  les  Sauriens,  les  Scinques  et  les  Serpents  certains  appareils  auxquels 
on  doit  attribuer  la  même  signification  (1). 

Ils  sont  situés,  comme  on  le  voit  sur  la  figure  182  en  P,  entre  le 
plancher  de  la  cavité  nasale  et  la  voûte  de  la  cavité  buccale;  ce  sont 
deux  petites  cavités  tapissées  par  l'épithélium  olfactif,  sur  le  plancher 
desquelles  s'élève  une  papille,  et  qui  s'ouvrent  dans  la  bouche  par  un 
orifice  spécial,  en  avant  des  arrière-narines. 

Chez  les  Crocodiles,  les  Tortues  et  les  Oiseaux,  il  n'y  a  pas  d'organes 
de  Jacobson,  mais,  suivant  W.  K.  Parker,  on  trouve  sur  le  plancher  de 
la  cavité  nasale  certains  cartilages,  dont  la  présence  chez  les  autres  Ver- 
tébrés (par  exemple,  les  Lacertiliens  et  les  Ma^nmifères)  est  toujours 
liée  à  l'existence  des  organes  de  Jacobson.  Les  organes  de  Jacobson 
sont  très  répandus  chez  les  Mammifères,  principalement  chez  les  Mono- 
trèmes,  les  Marsupiaux,  les  E dentés,  les  Insectivores,  les  Rongeurs  et 
les  Ongulés.  Ils  sont  toujours  représentés  chez  tous  ces  animaux  par 
deux  tubes  entourés  de  capsules  cartilagineuses  (cartilage  vomérien  de 
Huschke),  situés  à  la  base  de  la  cloison  du  nez;  ils  sont  terminés  en 

(1)  Suivant  J.  Beard  il  existe  sur  le  plancher  de  l'organe  de  Jacobson  des  Serpents,  dans 
l'épithélium  olfactif,  des  cellules  ganglionnaires  disposées  en  bourgeon,  ce  qui  rappelle  les 
bourgeons  olfactifs  des  Anamniens  de  Blaue. 


ORGANES    DES    SENS  21 1 

cul-de-sac  en  arrière  et  débouchent  en  avant  dans  la  cavité  buccale  par 
deux  conduits  {conduits  incisif  s)  creusés  dans  Tin  termaxill^iire. 

Chez  l'Homme,  les  organes  de  Jacobson  semblent  ne  plus  même  apparaître  pen- 
dant la  période  fœtale;  ce  que  jadis  on  prenait  pour  eux  est  le  rudiment  d'une  glande, 
nasale  de  la  cloison,  semblable  à  celle  qui  existe  par  exemple  chez  les  Prosimiens 
(Gegenbaur).  L'existence  du  cartilage  vomérien  de  Huschke  prouve  d'ailleurs  que  les 
ancêtres  de  l'Homme  ont  dû  posséder  jadis  un  organe  de  Jacobson. 

Quant  au  rôle  physiologique  de  Vorgàue  de  Jacobson,  il  doit  consister 
à  soumettre  au  contrôle  direct  du  nerf  olfactif  les  aliments  introduits 
dans  la  bouche. 

Appareil  éjaculateur  des  Gymnophiones. 

Il  existe  chez  les  Gymnophiones  un  organe  excessivement  remarquable  qui  a  les 
rapports  les  plus  étroits  aussi  bien  avec  la  cavité  nasale  qu'avec  l'orbite,  et  dont,  pour 
cette  raison,  il  convient  de  donner  ici  la  description. 

C'est  une  vésicule  fibreuse,  située  dans  l'orbite,  entourée  de  muscles  puissants,  qui 
se  prolonge  en  avant  dans  un  canal  du  maxillaire  supérieur  et  débouche  à  la  surface 
de  la  joue,  dans  le  voisinage  du  museau.  Cette  dernière  partie  de  l'organe  se  compose 
de  deux  tubes  fibreux  emboîtés  l'un  dans  l'autre. 

L'intérieur  de  l'appareil  tout  entier  est  traversé  par  un  muscle  longitudinal,  qui 
fonctionne  comme  muscle  rétracteur  et  qui  vient  se  fixer  sur  une  papille  située  sur  son 
orifice,  à  la  surface  de  la  joue. 

Tout  autour  de  ce  muscle,  dans  la  partie  vésiculaire  de  l'organe,  se  trouve  une 
grosse  glande  qui  déverse  son  produit  de  sécrétion  dans  la  partie  tubuleuse.  Une 
deuxième  glande  également  volumineuse,  située  dans  le  sinus  maxillaire,  traverse 
avec  ses  conduits  excréteurs  la  paroi  latérale  du  maxillaire  supérieur  et  débouche 
aussi  dans  la  partie  tubuleuse  de  l'organe,  près  de  son  extrémité  périphérique,  préci- 
sément au  point  où  se  trouve  la  papille.  On  peut  donner  le  nom  de  glande  orbilaire 
à  la  première  et  celui  de  glande  tentaculaire  à  la  seconde  (Wiedersheim). 

Il  n'est  pas  encore  possible  de  déterminer  avec  certitude  quel  est  le  rôle  physiolo- 
gique de  cet  appareil  tout  à  fait  isolé  dans  la  série  des  Vertébrés  et  qui  n'apparaît 
pendant  la  période  embryonnaire  que  relativement  assez  tard.  Vraisemblablement 
c'est  un  appareil  éjaculateur  et,  en  outre,  si  on  venait  à  démontrer  que  le  produit  de 
la  sécrétion  glandulaire  est  venimeux,  une  arme  défensive.  La  présence  de  cet  organe 
ainsi  que  le  développement  excessif  de  l'organe  de  l'odorat  seraient  corrélatifs  de 
l'absence  de  sensations  visuelles  et  auditives;  car,  chez  ces  animaux,  les  organes  de  la 
vue  et  de  l'ouïe  ne  fonctionnent  plus  (au  moins  jusqu'à  un  certain  degré). 


Bibliographie. 

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J.  Blaue.     Untersuchungen  ûber  den  Bau  der  Nasenschleimhaut  bel  Fischen  und  Amphibien, 
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G.  Born.    Nombreux  mémoires  sur  la  structure  de  la  cavité  nasale  des  Amphibiens,  ainsi 

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Jahrb.  T.  II,  V,  VIII. 
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G.  Gegenbaur.     Ueber  die  Nasenmuscheln  der  Vogel.  Jen.  Zeitschr.  T.  VII.  1873. 
F.  Leydig.    Die  in  Deutschland  lebenden  Arten  der  Saurier.  Tûbingen,  1872. 
J.  Madrid-Moreno.     Ueber  die  morphologische    Bedeutung  der  Endknospen  in    der  Riech- 

schleimhaut  der  Knochenfische.  Analysé  par  G.  Emery  dans  Biologisches  Centralblatt. 

ï.  VI.  1886. 


212  CHAPITRE    CINQUIÈME 

A.  M.  Marshall.     Morphology  of  Ihe  Vertébrale    Olfaclory  Organ.  Quart.   Journ.  of.  Micr. 

Science.  ï.  XIX.  1879. 
G.  Schwalbe.     Ueber  die  Nasenmuscheln  der  Sàugelhiere  imd  des   Menschen.    Silzungsbe- 

richte  der  phys.-ôcon.  Gesellsch.  zu  Kônigsberg.  XXIII.  1882. 
Id.     Lehrbuch  der  Anatomie  der  Sinnesorgane.  Erlangen,  1887. 
R.  Wiedersheim.     Die  Anatomie  der  Gymnophionen.  Jena,  1879. 
Id.    Das  Kopfskelet  der  Urodelen.  Morphol.  Jahrb.  T.  III.  1877. 
Id.    Das  Geruchsorqan  der  Tetrodonten  nebst  Bemerkungen  iiber  die  Haulmusculalur  der- 

selben.  Festschrift  zum  70.  Geburtstag  A.   von   Kôlliker's.    Leipzig,   1887.  Extrait  dans 

Anat.  Anzeig.  2'  année.  1887. 
E.  Zuckerkandl.    Normale  iind  pathologische  Anatomie  der  Nasenhohle.  "VVien,  1882. 
Id.    Das  pieriphere  Geruchsorgan  der  Sàugelhiere.  Stuttgart,  1887. 
Id.     Ueber  das  Riechcentrum.  Stuttgart,  1887. 


Organe  de  la  vue. 

Tandis  que  chez  les  Invertébrés  l'organe  de  la  vue  provient  d'une 
différenciation  du  tégument,  chez  les  Vertébrés  les  éléments  de  l'œil  qui 
perçoivent  la  lumière  se  développent  aux  dépens  des  deux  diverticules 
de  la  vésicule  cérébrale  antérieure  primaire,  dont  il  a  été  question  dans 
le  chapitre  relatif  à  l'encéphale. 

C'est  donc  une  partie  du  cerveau  qui  s'est  avancée  vers  la  périphérie. 

Ces  diverticules  portent  le  nom  de  vésicules  optiques  primitives.  A  me- 
sure que  chaque  vésicule  se  rapproche  du  tégument  de  la  tête,  le  pédi- 
cule, qui  la  réunit  au  cerveau,  s'allonge  de  plus  en  plus  et  sa  cavité, 
qui  faisait  communiquer  l'intérieur  de  la  vésicule  avec  le  ventricule, 
disparaît,  se  transforme  en  un  cordon  et  devient  le  nerf  optique. 

Au  point  où  la  vésicule  arrive  en  contact  avec  l'épiderme,  celui-ci 
commence  à  être  le  siège  d'une  prolifération;  en  même  temps  la  paroi 
antérieure  de  la  vésicule  s'invagine,  s'applique  contre  la  paroi  posté- 
rieure et  il  se  forme  de  la  sorte  une  coupe  à  double  paroi  appelée  vési- 
cule optique  secondaire  (fîg.  186,  B). 

Plus  tard  les  deux  parois  se  soudent  (fîg.  186,  B,  IB,  AB)  ;  l'interne 
donne  naissance  à  la  membrane  qui  est  impressionnée  par  les  rayons 
lumineux,  c'est-à-dire  à  l'épithélium  sensoriel  de  la  rétine,  l'externe  à 
Fépithélium  pigmentaire. 

La  partie  épidermique  hypertrophiée  se  sépare  de  l'épiderme,  s'en- 
fonce dans  la  vésicule  optique  qu'elle  remplit  de  plus  en  plus  et  forme 
le  CRISTALLIN  (fig.  186,  B,  L).  L'espace  qui  se  trouve  entre  ce  dernier  et  la 
paroi  interne  de  la  vésicule  est  occupé  par  du  tissu  mésodermique,  qui 
y  pénètre  en  dessous  par  la  feyite  choroïdienne  et  donne  naissance  au 
corps  vitré  qui,  plus  tard,  acquiert  un  volume  supérieur  à  celui  du  cris- 
tallin, et  à  des  vaisseaux  qui  servent  à  la  nutrition  de  l'œil  pendant  la 
période  embryonnaire  («r^ère  et  veine  centrales  de  la  rétine,  artère  hyaloï- 
dienne  ou  capsulaire,  timique  vasculaire  du  cristallin). 

De  même  que  des  vaisseaux  se  distribuent  dans  l'intérieur  de  la  vé- 


ORGANES    DES    SENS  213 

sicule  optique  secondaire,  de  même  aussi  il  en  existe  à  sa  périphérie  oii 
il  se  forme  une  membrane  vasculaire,  la  choroïde  (fîg-.  187,  Ch). 

La  choroïde  s'accroît  en  avant  pour  former  Firis  (fig.  187,  /r)  ;  au- 
dessous  de  celui-ci  elle  donne  naissance  à  un  système  de  replis  radiés 
{procès  ciliaires),  et  l'ensemble  constitue  en  avant  du  cristallin  un  écran 
qui  plus  tard  est  percé  d'un  orifice  arrondi  (pupille),  à  travers  lequel  pé- 
nètrent les  rayons  lumineux.  Leur  entrée  dans  l'œil  en  nombre  plus  ou 


AS7 


ATÎ 


^l 


Fig.  186.  —  A.  Ebauche  de  la  vésicule  VJT 

optique  primaire  (ABl).  VH,  cer- 
veau antérieur  ;  V,  V,  cavité  des 
ventricules  de  l'encéphale  ,  qui 
communique  largeme.nt  en  ^7-  avec 
la  cavité  des  vésicules  optiques 
primaires. 

B.  Vésicule  optique  secondaire 
et  cristallin  se  séparant  de  l'ecto- 
derme  (demi-schématique).  IB , 
couche  interne  de  la  véhicule  opti- 
que secondaire  qui  donne  naissance 
à  la  rétine  ;  -j-,  point  où  cette  cou- 
che se  continue  avec  la  couche  ex- 
terne(AB),  d'où  dérive  l'épithélium 
pigmentaire  ;  H,  cavité  de  la  vési- 
cule optique  secondaire  ;  L,  cristal- 
lin formé  par  un  enfoncement  de 
l'ectoderme  (E)  ;  *,  point  où  l'ecto- 
derme  se  continue  avec  le  cristal- 
lin ;  M,  M,  mésoderme,  qui  en  il/', 
M^  pénètre  entre  l'épiderme  et  le  cristallin  et  qui  formera  la  couche  postérieure  de  la  co 
que  l'iris  ;  C,  espace  entre  le  cristallin  et  la  rétine  rempli  par  le  corps  vitré. 


Js. 


rnee  ainsi 


moins  considérable  est  d'ailleurs  réglée  par  l'action  de  deux  muscles 
antagonistes  situés  dans  l'iris,  le  sphincter  et  le  dilatateur  de  la  pupille. 
L'iris  et  les  procès  ciliaires  forment  donc  une  sorte  de  diaphragme . 

La  pupille  ne  présente  donc  pas  des  dimensions  constantes,  et  de 
même  aussi  le  cristallin  subit  des  modifications  de  forme,  suivant  qu'il 
s'aplatit  ou  devient  plus  convexe.  Le  premier  cas  se  présente  dans  la 
vision  éloignée,  le  second  dans  la  vision  rapprochée.  Bref,  il  existe  un 
appareil  d'accommodation  qui  est  mis  en  jeu  par  un  muscle  (muscle  ciliaire 
ou  tenseur  de  la  choroïde)  innervé  par  le  nerf  moteur  oculaire  comtnim,  qui 
s'insère  d'une  part  tout  autour  de  l'œil  à  la  limite  de  la.  sclérotique  et  de 
la  cornée,  et  d'autre  part  sur  le  bord  périphérique  de  l'iris  (fig.  187,  Le). 

En  dehors  de  la  choroïde  est  situé  un  espace  lymphatique  {espace  péri- 
choroïdien)  désigné  sous  le  nom  de  lamina  fusca  dans  la  figure  187,  et 
plus  en  dehors  enfin  une  couche  fibreuse,  résistante,  parfois  en  partie 
cartilagineuse  ou  même  ossifiée,  appelée  la  sclérotique  (fig.  187,  Se). 

La  sclérotique  est  unie  en  arrière  à  la  gaine  aponévrotique,  fournie 
au  nerf  optique  par  la  dure-mère;  en  avant  elle  devient  transparente,  et 
constitue  la  cornée,  recouverte  par  un  revêtement  épithélial,  prolonge- 
ment de  la  CONJONCTIVE  (fig.  187,  Co,  Cj).  La  sclérotique  et  la  cornée,  par 
l'épaisseur  et  la  résistance  de  leur  tissu,  forment  une  sorte  de  squelette 
externe  de  l'œil,  et  maintiennent  ainsi  avec  la  masse  gélatineuse  du  corps 
vitré  le  globe  de  l'œil  dans  un  état  d'expansion  indispensable  à  l'inté- 


214 


CHAPITRE    CINQUIEME 


CSrfy\ 


grité  des  éléments  nerveux  terminaux.  Entre  la  cornée  et  Firis  est  situé 
un  vaste  espace  lymphatique  (c/j«mZ/re  antérieure  de  Vœil,  fig.  187,  VK). 
L'œil  est  encore  protégé  contre  les  agents  extérieurs  par  la  cavité 
orbitaire  formée  par  le  squelette  céphalique,  dans  laquelle  il  est  log-é, 
ainsi  que  par  certaines  parties  accessoires  qu'on  peut  diviser  en    trois 
catégories  : 
1°  paupières; 
2°  organes  glandulaires; 

3°  MUSCLES  (appareil  moteur  du  globe  oculaire). 
Le  globe  oculaire  se  trouve  ainsi  composé  d'un  système  de  mem- 
branes concentriques,  qui  sont,  de  de- 
dans en  dehors,  la  rétine  (membrane 
nerveuse),  la  choroïde  avec  Y  iris  (mem- 
brane vasculaire),  et  la  sclérotique  avec 
la  cornée  (membrane  squelettique).  La 
première  corespond  à  la  substance  ner- 
veuse, la  seconde  à  la  pie-mère,  et  la 
troisième  à  la  dure-mère  de  l'encéphale. 
L'intérieur  de  l'œil  est  rempli  par  des 
milieux  réfringents,  c'est-à-dire  le  cris- 
tallin et  le  corjjs  vitré.  Enfin  il  s'y  ajoute 
aussi  des  parties  accessoires. 

La  structure  de  l'organe  de  la  vue  est, 
comme  celle  de  l'organe  de  l'olfaction,  sou- 
mise à  l'action  des  influences  extérieures,  qui 
tantôt  déterminent  un  haut  degré  de  dévelop- 
pement, tantôt  entraînent  son  atrophie  ou  même 
sa  disparition  complète;  bref  elles  exercent 
sur  lui  une  action  modificatrice  et  transfor- 
matrice excessivement  variée. 

C'est  pourquoi  un  grand  intérêt  s'attache 
aux  animaux  qui  vivent  à  l'abri  de  la  lumière, 
par  exemple  dans  la  profondeur  de  la  mer  et 
des  lacs  ou  dans  les  cavernes,  et  qui,  parsuite, 
ont  perdu  partiellement  ou  en  totalité  leui's 
organes  visuels.  Leurs  représentants  se  rencontrent  principalement  parmi  les  Arthro- 
podes, ainsi  que  parmi  les  Vers  parasites  dans  les  cavités  du  corps.  Parmi  les  Verté- 
brés, on  peut  citer  le  Poisson  aveugle  de  la  caverne  de  Kentucky  dans  l'Amérique 
du  Nord  {Amblyopsis  spelaeus),  le  Protée  originaire  des  montagnes  de  la  Carinthie 
{Profeus  anguineus),  les  Gymnophiones,  la  Taupe,  etc.  (Voy.  p.  196  et  204.)  Faut-il 
encore  ranger  parmi  les  animaux  anophthalmes  le  Plalanisla  gangetica,  Gétacé  qui 
atteint  une  longueur  de  près  de  deux  mètres  et  dont  l'œil  n'a  que  la  grosseur  d'un 
pois  et  est  manifestement  en  voie  de  métamorphose  régressive? Cela  est  d'autant  plus 
difficile  à  décider  que  les  autres  Cétacés  qui  vivent  dans  le  Gange,  dans  les  mêmes 
conditions  (Orcella  ftuminalis  et  brevirostris),  ne  présentent  pas  une  pareille  atro- 
phie de  l'oeil  (M.  Weber). 

Je  passe  maintenant  à  la  description  de  l'œil  dans  les  différentes 
classes  des  Vertébrés  en  particulier,  en  laissant  de  côté  la  rétine,  à 
laquelle  je  consacrerai  plus  loin  un  paragraphe  spécial  (voy.  p.  220). 


Fig.  187.  —  Coupe  horizontale  schématique 
de  l'œil  gauche  de  rj^omme,  vue  en  dessus. 
Dp,  nerf  optique  ;  OS,  gaine  du  nerf  optique  ; 
MP,  tache  de  Mariette  ou  tache  aveugle  ; 
Fo,  fovea  centralis  (tache  jaune)  ;  Jît,  ré- 
tine ;  PE,  épithélium  pigmentaire  de  la  ré- 
tine ;  Ch,  choroïde  avec  la  lamina  fusca  (Lf) 
et  la  couche  vasculaire  (GS);  Se,  sclé- 
rotique ;  Co  ,  cornée  ;  Cj  ,  conjonctive  ; 
JVfiJ,  membrane  de  Descemet  ;  CS  ,  canal 
de  Schlemm  (la  ligne  pomtillée  doit  être 
prolongée  à  travers  la  sclérotique  jus- 
qu'au petit  trou  ovale);  Ir,  iris;  La,  liga- 
ment ciliaire  ;  C,  procès  ciliaires  ;  VK  et 
HK,  chambre  antérieure  et  chambre  posté- 
rieure ;  L,  cristallin;  H,  membrane  hya- 
loïde  ;  Z,  zone  de  Zinn  ;  CP,  canal  de  Petit  ; 
Cv,  corps  vitré. 


ORGANES    DES    SENS 


215 


Xe    I^J^  Co 


Poissons. 

On  n'a  pas  encore  démontré  avec  certitude  la  présence  d'un  organe 
visuel  chez  FAmphicxus.  L'œil  des  Cyclostomes  présente  encore  un  degré 
inférieur  de  développement,  probablement  par  suite  d'atrophie,  qui  se 
manifeste  non  seulement  par  la  structure 
de  la  rétine,  mais  aussi  (au  moins  chez 
les  Myxinoïdes)  par  l'absence  du  cristal- 
lin, de  l'iris,  d'une  sclérotique  et  d'une 
cornée  difTérenciées  (1).  En  même  temps 
l'œil  est  situé  —  il  en  est  de  même  aussi 
chez  Y Ammocète  où  l'œil  est  très  petit  — 
profondément  sous  la  peau  et  le  tissu  cel- 
lulaire sous-cutané.  Chez  le  Petromyzon, 
la  partie  correspondante  de  la  peau  s'a- 
mincit; l'animal,  d'abord  aveugle,  jouit 
de  la  vue,  le  globe  oculaire  acquiert  de 
plus  grandes  dimensions  et  en  même  temps 
un  degré  d'organisation  un  peu  supérieur. 
La  sclérotique  et  la  cornée  y  font  défaut 
après  comme  avant. 

Les  yeux  de  tous  les  autres  Poissons,  à 
quelques  exceptions  près  {Raies,  Silures, 
Anguilles),  sont  volumineux,  surtout  chez 
les  Sélaciens.  Leur  mobilité  n'est  jamais 
considérable  et,  comme  la  cornée  est  plate  et  que  le  cristallin  est  presque 
immédiatement  appliqué  contre  elle,  le  globe  oculaire  a  toujours  une 
forme  hémisphérique  ou  ellipsoïdale,  et  la  chambre  antérieure  est  tou- 
jours très  petite.  Au  reste  l'œil  est  conformé  suivant  le  plan  général  que 
nous  avons  donné  plus  haut,  sauf  quelques  particularités  que  nous 
allons  indiquer. 

Le  cristallin  est,  comme  chez  tous  les  animaux  qui  vivent  dans  l'eau, 
globuleux  et  possède  par  conséquent  un  grand  pouvoir  réfringent.  Il 
remplit  la  plus  grande  partie  de  l'intérieur  du  globe  oculaire,  de  sorte 
qu'il  ne  reste  plus  que  peu  de  place  pour  le  corps  vitré.  A  Vétat  de  repos 
il  est  adapté,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  chez  les  Vertébrés  supérieurs, 
pour  la  vision  rapprochée . 

Comme  le  muscle  ciliaire  est  remplacé  par  un  ligament  ciliaire,  l'accom- 
modation de  l'œil  des  Poissons  est  due  à  un  autre  appareil.  Cet  appareil 
est  représenté  par  un  repli  de  la  choroïde  (processus  ou  ligament  falci- 
forme),  qui  s'étend  depuis  le  point  d'immergence  du  nerf  optique  jusqu'à 
l'équateur  du  cristallin,  sur  lequel  il  se  termine  par  un  renflement 
(campanula  Halleri). 

Cet  organe  renferme  des  nerfs,  des  vaisseaux  et  des  fibres  micscu- 


Fig.  188.  —  Œil  de  Poisson.  Op,  nerf 
optique  ;  OS,  gaine  du  nerf  optique  ; 
Jit,  rétine  ;  PE,  épithélium  pigmen- 
taire  ;  Tp,  tapis  ;  Lv,  couctie  vascu- 
laire  ;  Ag ,  membrane  argentine;  Ls, 
couche  sus-choroïdienne  ;  Se  ,  scléro- 
tique avec  des  pièces  cartilagineuses 
ou  osseuses  (■[-)  ;  Co,  cornée  ;  />',  iris  ; 
Le,  ligament  ciliaire  ;  VK,  chambre 
antérieure  ;  L,  cristallin  ;  Cv,  corps  vi- 
tré ;  Pr,  ligament  falciforme  ;  Cp,  cam- 
panula Halleri. 


(1)  Voyez  aussi  l'organe  de  la  vue  des  Dipnoïques. 


216  CHAPITRE    CINQUIÈME 

laires  lisses,  dont  la  contraction  agit  sur  le  cristallin  pour  en  modifier 
le  rayon  de  courbure  et  qui  constituent  un  appareil  cC accommodation. 

En  dehors  de  la  choroïde,  immédiatement  au-dessous,  c'est-à-dire 
en  dedans  de  V espace  lymphatique  sus-choroïdien,  se  trouve  une  mem- 
brane à  aspect  argentin  ou  vert  doré,  la  membrane  argentine.  Tantôt  elle 
s'étend  dans  tout  l'intérieur  de  l'œil  {Téléostée?is) ,  tantôt  elle  est  limitée 
à  l'iris  (Sélaciens). 

Une  deuxième  membrane  à  éclat  métallique,  le  tapis,  est  située  chez 
les  Sélaciens  en  dehors  de  la  couche  chorio-capillaire  de  la  choroïde. 
Elle  paraît  manquer  aux  Téléostéens  et  a.ux  Péti^omyzontes  (1). 

J.a  GLANDE  CHOROÏDiENNE,  qui  existc  chcz  les  Poissons  osseux  et  chez 
certains  Ganoïdes  (Amia),  est  constituée  par  un  réseau  admirable  composé 
de  veines  et  d'artères,  qui  fait  saillie  à  côté  du  point  d'immergence  du 
nerf  optique,  entre  la  membrane  argentine  et  l'épithélium  pigmentaire  de 
la  rétine,  et  qui,  par  conséquent,  correspond,  par  sa  situation,  à  la  cho- 
roïde. Ce  n'est  donc  pas  une  glande;  mais  son  rôle  physiologique  n'est 
rien  moins  que  clair. 

La  sclérotique  est  souvent  {Sélaciens,  Sturioniens)  transformée  en  grande  partie 
en  cartilage;  il  n'est  pas  rare  même  qu'elle  soit  ossifiée  tout  autour  de  la  cornée.  II 
en  est  de  même  aussi  chez  les  Téléostéens. 

Ces  parties  solides  de  la  sclérotique  sont  destinées  à  renforcer  les  parois  incom- 
plètement développées  de  l'orbite  et  peut-être  aussi  à  protéger  l'œil  contre  les  mouve- 
ments de  l'appareil  maxillo-palatin.  Il  est  certain,  dans  tous  les  cas,  qu'elles  protègent 
les  parties  internes  de  l'œil  et  surtout  la  rétine  contre  le  poids  souvent  considérable 
de  la  colonne  d'eau  qui  tend  à  les  comprimer. 

Le  globe  de  l'œil  est  presque  toujours  entouré  par  un  tissu  adipeux,  gélatineux, 
traversé  par  des  fibres  conjonctives  et  élastiques;  en  arrière  il  est  articulé  chez  les 
Sélaciens  d'une  façon  particulière  avec  une  tige  cartilagineuse  qui  se  détache  de  la 
paroi  du  crâne  (2). 

Dipnoïques. 

L'œil  des  Dipnoïques  aurait  besoin  d'être  l'objet  de  nouvelles  recherches. 
Il  est  très  petit,  possède  une  sclérotique  mince,  en  partie  cartilagineuse 
(W.  N.  Parker),  une  choroïde  et  un  cristallin  globuleux.  Il  est  dépourvu 
d'iris,  de  ligament  falcif or  me,  de  campanula  Halleriet  de  jjrocès  ciliaires. 
Il  existe  quatre  muscles  droits. 

(1)  La  membrane  argentine  ainsi  que  le  tapis  se  composent  d'un  amas  de  cristaux  in- 
nombrables, irisés,  de  carbonate  de  guanine,  analogues  à  ceux  qui  existent  dans  la  peau, 
dont  ils  déterminent  l'éclat.  Ils  sont  contenus  dans  des  cellules  épithéliales  qui  sont  des 
produits  delà  transformation  et  de  la  prolifération  très  active  des  cellules  endothéliales. 

(2)  Chez  les  P^euronec/es  jeunes  les  yeux  sont  encore  symétriques  des  deux  côtés  de  la 
tête.  A.  Agassiz  a  montré  q'ue  l'un  d'eux  se  porte  du  côté  droit  vers  le  côté  gauche,  non  pas 
comme  on  l'admettait  jadis  (Steenstrup)  à  travers  le  crâne,  mais  par  un  mouvement  de  ro- 
tation aulonr  de  l'axe  longitudinal  de  la  tête,  en  se  rapprochant  en  même  temps  du  nez.  Cet 
œil  se  trouve  alors  situé  dans  le  prolongement  antérieur  de  la  nageoire  dorsale,  ou  plus  exac- 
tement entre  cette  dernière  et  le  frontal.  Le  frontal  se  trouve  par  suite  modifié  dans  sa 
forme;  l'orbite  primitive  droite  disparaît  graduellement.  Il  va  de  soi  que  dans  ce  change- 
ment de  position,  le  nerf  optique  droit  ainsi  que  les  muscles  de  l'œil  du  même  côté  s'al- 
longent considérablement,  et  cet  allongement  est  rendu  possible  grâce  à  l'activité  des  phéno  • 
mènes  circulatoires. 


ORGANES    DES    SENS  217 

Amphibiens. 

Les  Amphibiens  et  les  Reptiles  sont  les  Vertébrés  qui  possèdent  en 
moyenne  les  yeux  les  plus  gros. 

Comme  chez  les  Poissons,  la.  sclérotique  présente  chez  plusieurs  Amphi- 
biens, aussi  bien  chez  les  Anoures  que  chez  les  Urodèles,  des  pièces  car- 
tilagineuses hyalines  fréquemment  pigmentées.  On  n'y  a  jusqu'ici 
jamais  observé  di' ossification. 

La  courbure  de  la  cornée  est  à  peine  plus  considérable  que  chez  les 
Poissons,  cependant  la  forme  générale  du  globe  de  l'œil  se  rapproche 
davantage  de  celle  d'une  sphère.  La  pupille  n'est  pas  toujours  ronde; 
elle  est  parfois,  par  exemple  chez  le  Bombinator  igneus,  triangulaire;  il 
en  est  de  même  chez  plusieurs  Poissons,  par  exemple  chez  le  Coregonus. 

La  choroïde  est  dépourvue  de  membrane  argentiîie,  de  tapis,  de  glande 
choroïdie7ine ,  de  ligament  falci forme  ainsi  que  de  campanula  Halleri  ; 
comparée  à  celle  des  Poissons,  elle  se  distingue  par  des  caractères  négatifs. 
Le  corps  vitré  renferme  d'ailleurs  des  vaisseaux,  qui  sont  homologues  à 
ceux  de  la  camjmnula  des  Poissons. 

L'éclat  doré  de  l'iris  de  la  Grenouille  est  dû  à  des  cellules  rondes,  remplies  de 
globules  de  pigment  jaune  pâle,  et  non  à  l'existence  de  cristaux  en  aiguilles  comme 
ceux  que  nous  avons  constatés  dans  la  membrane  argentine  des  Poissons. 

Non  seulement  Viris  possède  des  muscles  lisses,  mais  il  existe  égale- 
ment entre  la  sclérotique  et  les  procès  ciliaires,  c'est-à-dire  au  point  où 
l'on  trouve  chez  les  Poissons  un  anneau  fibreux,  le  ligatiient  ciliaire,  un 
véritable  muscle  encore  peu  développé. 

Ce  quenous  avons  ditsur  les  rapports  du  corps  vitré  avec  le  cristallin, 
ainsi  que  surlaforme  de  ce  dernier  chez  les  Poissons,  s'applique  presque 
textuellement  aux  Amphibiens.  D'une  façon  générale  on  peut  constater 
que  Vœil  des  Amphibiens,  à  part  quelques  caractères  négatifs,  est  con- 
formé d'après  le  type  de  /'œil  des  poissons,  et  que  son  développement  ne 
montre  aucun  progrès  essentiel  sur  celui-ci. 

Le  corps  ciliaire,  bien  qu'encore  petit,. est  cependant  nettement  développé  chez 
les  Anoures.  Il  est  formé  d'une  couronne  de  nombreux  plis  radiés,  qui  passent  sur  la 
face  postérieure  de  l'iris  et  s'arrêtent  seulement  au  niveau  du  bord  de  la  pupille. 
Chez  les  Urodèles  le  corps  ciliaire  a  le  même  aspect  que  la  choroïde;  il  est  lisse 
comme  celui  des  Poissons  et  ne  se  distingue  de  la  choroïde  que  parce  qu'il  n'est  pas 
recouvert  par  la  rétine;  il  en  est  exactement  de  même  chez  tous  les  Vertébrés. 

Le  petit  œil  des  Gymnophiones,  de  même  que  celui  du  Protée,  est, 
comme  nous  l'avons  déjà  dit  plus  haut,  en  voie  de  rétrogradation.  Chez 
l'un  comme  chez  les  autres  il  est  caché  profondément  sous  la  peau  ;  cepen- 
dant chez  les  Gymnophiones  on  peut  parfois  l'apercevoir  encore  par 
transparence  sous  la  forme  d'une  petite  tache  de  pigment  foncé;  il  pos- 
sède encore  toutes  les  parties  constituantes  essentielles  de  l'œil  des  Ver- 
tébrés. Chez  le  Protée,  le  cristallin  et  le  corps  vitré  font  défaut. 


218 


CHAPITRE    CINQUIÈME 


Reptiles  et  Oiseaux. 

Ici,  principalement  chez  les  Oiseaux,  les  dimensions  du  globe  deFœil, 
par  rapport  à  la  tête,  sont  beaucoup  plus  considérables  que  chez  les  Am- 
phibiens.  La  sclérotique  est  en  grande  partie  cartilagineuse  et  présente 
en  avant,  chez  les  Sauriens,  les  Scinques  et  les  CJiélo- 
niens,  un  cercle  de  lamelles  osseuses.  Ce  cercle  a  été 
retrouvé  aussi  chez  beaucoup  de  formes  fossiles  d'Am- 
phibiens  et  de  Reptiles.  Il  s'est  transmis  par  hérédité 
aux  Oiseaux  (fig.  189  et  190,  f).  Chez  ces  derniers  il 
existe  fréquemment  aussi  des  pièces  osseuses  disposées 
en    cercle  ou  en  forme  de  fer  à  cheval  autour  du  nerf 

^'l;JS;;ï;tS    optique. 

mi'S"^'*'''''"  Tandis  que  le  globe  de  l'œil  est  généralement  glo- 

buleux chez  les  Reptiles,  chez  les  Oiseaux  —  surtout 
chez  les  Rapaces  nocturnes,  beaucoup  moins  chez  les  espèces  aqua- 
tiques —  il  est  allongé  et  se  divise  en  deux  portions  très  distinctes, 

l'une  antérieure  plus  grande,  l'autre 
postérieure  petite  (fig,  190).  La  pre- 
mière est  fermée  en  avant  par  la  cornée 
très  fortement  bombée  (Co)  ;  elle  ren- 
ferme la  chambre  antérieure  très  spa- 
cieuse [VK),  ainsi  qu'un  7nuscle  ciliaire 
strié  {muscle  de  Crampton)  très  com- 
pliqué et  divisé  en  plusieurs  parties. 
Chez  les  Reptiles  ce  muscle  est  égale- 
ment strié  et  bien  développé,  bien  qu'il 
n'atteigne  pas  le  degré  excessif  de  dé- 
veloppement qu'il  présente  chez  les 
Sn    NCS6^>^    5i^JJ?\/<x''^<Z  Oiseaux. 

Chez  les  Reptiles  (par  exemple  chez 
les  Lacertiliens  et  Xe^ Scinques),  le  tapis 
peut  encore  se  développer,  mais  il  n'en 
est  plus  jamais  ainsi  de  la  inemhrane 
argentine  et  de  la  glande  choroïdienne . 
Les  Oiseaux  ne  présentent  aucun  de 
ces  trois  organes.  Mais  la  plupart  des 
Reptiles  et  des  Oiseaux  possèdent  par 
contre  un  peigne,  qui  est  l'homologue 
du  liga7)ient  falciforme  des  Poissons.  11 
manque  chez  VHatteria  etles  Chéloniens  ; 
chez  les  autres  Reptiles  il  est  peu  marqué,  mais  chez  les  Oiseaux  il  est  très 
développé  (fig.  190,  P).  Chez  eux  il  s'étend  depuis  le  point  d'immergence 
du  nerf  optique  jusqu'à  la  capsule  du  cristallin,  ou  se  termine,  ce  qui 
est  le  cas  le  plus  fréquent,  bien  avant.  Il  est  toujours  plus  ou  moins 


Fig.  190.  —  CEil  d'un  Oiseau  de  proie  noc- 
turne. Ht,  rétine  ;  Ch,  choroïde  ;  Se,  sclé- 
rotique avec  des  pièces  osseuses  en  -f-  ; 
CM,  muscle  ciliaire  ;  Co,  cornée  ;  VN,  ligne 
d'union  de  la  cornée  avec  la  sclérotique  ; 
Ir,  iris  ;  VK,  chambre  antérieure  ;  L,  cris- 
tallin ;  Cv,  corps  vitré  ;  P,  peigne  ;  OP,  nerf 
optique;  OS,  gaine  du  nerf  optique.  La 
ligne  pointillée  menée  dans  la  partie  la  plus 
large  du  globe  oculaire  divise  celui-ci  en  un 
segment  antérieur  et  un  segment  posté- 
rieur. 


ORGANES    DES    SENS  219 

plissé  chez  les  Oiseaux;  il  se  compose  essentiellement  d'anses  capillaires 
enchevêtrées  et  paraît  chez  tous  les  Sauropsidés  servir  à  la  nutrition  du 
noyau  de  l'œil  et  de  la  rétine.  11  n'a  rien  de  commun  avec  l'accommo- 
dation. 

L'Iris  renferme  des  muscles  striés,  aussi  peut-il  réagir  instantanément  sous  l'in- 
fluence des  impressions  lumineuses.  Il  présente  une  coloration  très  vive,  qui  est  due 
non  seulement  à  la  présence  du  pigment,  mais  encore  à  celle  de  gouttelettes  grais- 
seuses. 

ha. pupille  est  généralement  ronde;  elle  peut  aussi  avoir  la  forme  d'une  fente  ver- 
ticale, par  exemple  chez  plusieurs  Reptiles  et  chez  les  Hiboux. 

On  rencontre  aussi  des  dispositions  semblables  chez  les  Poissons  et  les  Amphi- 
biens  et  j'ajouterai  d'ores  et  déjà  que  la  pupille  n'est  pas  toujours  ronde  chez  les 
Mammifères.  C'est  ainsi  que  chez  les  Ongulés,  chez  certains  Marsupiaux,  Céta- 
cés, etc.,  elle  est  ovale  transversalement,  ou  a  la  forme  d'une  fente  verticale  [Félins). 

Mammifères. 

Le  globe  de  l'œil  est  en  général,  surtout  chez  les  Primates,  plus 
complètement  entouré  par  les  parois  osseuses  de  l'orbite  que  chez  la 
plupart  des  Vertébrés,  et  c'est  en  partie  la  raison  pourquoi  il  ne  se 
développe  plus  de  pièces  cartilagineuses  ou  osseuses  dans  la  sclérotique, 
qui  est  toujours  fibreuse.  Les  Monotrèmes  font  seuls  exception. 

La  cornée  présente,  sauf  chez  les  Mammifères  qui  vivent  dans  Veau, 
où  elle  est  sensiblement  aplatie,  une  courbure  prononcée,  et  le  globe  de 
l'œil  est  plus  ou  moins  sphérique. 

La  choroïde  de  beaucoup  de  Mammifères  offre  un  tapis  formé  soit 
de  cellules,  soit  de  fibres;  c'est  à  sa  présence  que  l'œil  des  Cartiivores, 
des  Pinnipèdes,  des  Ruminants,  des  Solipèdes,  etc.,  doit  la  faculté  de 
luire  dans  l'obscurité  (phénomènes  d'interférence). 

Certaines  formations  homologues  au  ligament  falciforme  on  a.upeigne 
ne  se  montrent  chez  les  Mammifères  que  pendant  la  période  fœtale  ; 
nous  ne  pouvons  ici  que  les  mentionner. 

Le  muscle ciliaire n  estîormé  que  de  fibres  lisses;  il  sert  à  accommoder 
l'œil  pour  la  vision  rapprochée  (voy.  plus  haut  l'œil  des  Poissons).  Le 
cristallin  des  Mammifères,  à  Cétat  de  repos,  est  ainsi  accommodé  pour  la 
vision  à  distance. 

La  face  antérieure  du  cristallin  présente  un  rayon  de  courbure  plus 
grand  que  la  face  postérieure,  et  est  en  rapport  avec  la  face  antérieure 
du  corps  vitré  creusé  d'une  dépression  pour  le  recevoir  [fossa  joatellaris) . 

La  couleur  de  l'iris  et  de  la  pupille  dépend,  outre  du  pigment,  de 
l'épaisseur  de  l'iris  et  de  la  sclérotique,  de  la  quantité  de  sang  contenue 
dans  le  premier,  ainsi  que  des  variations  de  l'éclairage. 


La  circulation  du  sang  dans  Vœil  des  Vertébrés  est  assurée  par  deux 
systèmes  de  vaisseaux,  l'un  externe,  l'autre  interne,  situés  dans  le  globe 
oculaire  et  qui  s'anastomosent  au  point  d'immergence  du  nerf  optique. 


220  CHAPITRE    CINQUIÈME 

Le  premier  se  compose  des  vaisseaux  de  la  choroïde,  de  Yiris,  de  la  sc/e- 
rotique ei  du  bord  delà  cornée,  le  second  des  vaisseaux  du  corfis vitré,  de 
la  campanula  Halleri,  du  peigne  [ligament  falciforme)  et  de  la  rétine. 
Ceux-ci  jouent  chez  les  M a7nmi [ères  wn  rôle  plus  important  que  chez  les 
autres  Vertébrés;  chez  ces  derniers  en  effet  ils  n'existent  que  rarement. 
Chez  les  Sauropsidés  les  vaisseaux  de  la  rétine  font  défaut;  ils  sont  rem- 
placés par  les  anses  capillaires  du  peigne,  et  chez  les  Poissons,  les 
Anoures  et  les  Serpents,  par  les  vaisseaux  hyaloïdiens.  Les  Urodèles  ne  pos- 
sèdent pas  de  vaisseaux  dans  le  corps  vitré. 

Les  espaces  hjmphatiques  décrits  par  Schwalbe  dans  l'œil  des  Vertébrés, 
par  exemple  Ves])gice  périchoroïdien  situé  entre  la  sclérotique  et  la  cornée, 
Vespace  intervaginal  an  nerf  optique,  qui  correspond  à  l'espace  sus-arach- 
noïdien  et  à  l'espace  sous-arachnoïdien  du  système  nerveux  central,  et 
la  chambre  antérieure  oni  une  grande  importance  physiologique.  Il  existe 
aussi  un  grand  espace  lymphatique  qui  entoure  le  globe  de  l'oeil  et  qui 
communique  avec  Vespace  arachnoïdien  du  cerveau. 

Rétine. 

Le  nerf  optique  \^éneire  dans  l'œil  à  angle  droit  ou  sous  un  angle  aigu. 
Il  forme  à  son  point  d'immergence  un  chiasma  et  va  se  distribuer  aux 
éléments  sensibles  de  la  rétine. 

Cette  dernière  doit  donc  présenter  sa  plus  grande  épaisseur  au  niveau 
de  l'entrée  du  nerf  optique,  c'est-à-dire  au  niveau  de  la  tache  aveugle  ou 
tache  de  Mariotte ;  elle  diminue  graduellement  d'épaisseur  en  avant  vers 
le  corps  ciliaire,  et  finalement  n'est  plus  formée  que  par  une  seule  couche 
de  cellules  à  l'origine  de  l'iris. 

La  rétine,  limitée  en  dedans  et  en  dehors  par  une  membrane  anhyste 
et  hyaline  {limitante  interne,  limitante  externe),  complètement  transparente 
à  l'état  vivant,  se  compose  de  deux  sortes  de  substances  différentes  au 
point  de  vue  histologique  et  au  point  de  vue  physiologique,  une  substance 
de  soutien  et  une  substance  nerveuse.  La  première  {fulcrum)  s'étend  entre 
la  limitante  interne  et  la  limitante  externe,  qui  lui  servent  en  quelque 
sorte  de  cadre;  sur  la  figure  191  elle  est  représentée  par  une  teinte  plus 
claire,  tandis  que  les  parties  nerveuses  ont  une  teinte  plus  foncée  et 
sont  granuleuses;  celles-ci  sont  divisées  en  sept  couches  concentriques  : 

11°  Couche  des  fibres  nerveuses. 
2o  Couche  des  cellules  ganglionnaires. 
3o  Couche  granuleuse  ou  moléculaire  in- 
terne. 
4o  Couche  des  grains  internes. 
5o  Couche  granuleuse  externe. 

i6o  Couche  des  grains  externes. 
7o  Couche  des   bâtonnets   et   des  cônes 
avec  l'épithélium  pigmentaire. 

A.  Dogiel,  en  employant  la  méthode  (modifiée)  d'Ehrlich,  est  arrivé  aux  résultats 


ORGANES    DES    SENS 


221 


intéressants  suivants  :  Chez  aucun  Vertébré  les  bâtonnets  et  les  cônes  ne  sont  colorés 
parle  bleu  de  mélhjle;  par  contre  des  éléments  nerveux  issus  de  la  couche  des 
grains  externes  pénèirent  toujours  entre  les  cônes  et  les  bâtonnets,  et  s'appliquent 
contre  eux.  Les  dernières  terminaisons  paraissent  être  tantôt  en  forme  de  bsuton 
[Ganoides],  tantôt  en  forme  de  massue  [Repliles]  ;  boutons  et  massues  sont  surmon- 
tés d'un  poil  1res  On.  Tantôt  enfin  elles  sont  représentées 
par  des  filaments  variqueux  que  l'on  peut  suivre  jusqu'au 
delà  de  la  membrane  limitante  externe  [Amphibiens  et 
Oiseaux). 

Ces  couches  sont  disposées  de  telle  sorte 
que  la  couche  des  fibres  nerveuses  est  en  con- 
tact avec  le  corps  vitré,  c'est-à-dire  est  interne, 
et  que  la  couche  des  cônes  et  des  bâtonnets  est 
en  rapport  avec  la  choroïde,  c'est-à-dire  est 
externe. 

Par  conséquent,  dans  Vœil  des  Vertébrés,  les 
articles  terminaux  des  cellules  neuro-épithéliales 
—  on  entend  far  là  les  cônes  et  les  bâtonnets  ainsi 
que  la  couche  des  grains  externes  —  sont  situés  en 
dehors,  c'est-à-dire  dans  la  direction  opposée  à 
celle  des  trayons  lumineux  incidents.  Ces  derniers 
doivent  donc,  pour  arriver  jusqu'à  eux,  traver- 
ser toutes  les  couches  de  la  rétine  situées  en 
dedans  d'eux,  ce  qui  n'offre  aucune  difficulté, 
car  nous  avons  vu  que  la  rétine  à  l'état  vivant 
est  entièrement  transparente. 


zî:^p^}C4!Éé 


Fi 


La  composition  de  la  rétine  est  la  même  chez  tous 
les  Vertébrés,  mais  le  développement  des  différentes 
couches,  surtout  celle  des  cônes  et  des  bâtonnets,  pré- 
sente des  variations  très  étendues,  aussi  bien  au  point 
de  la  dimension  que  du  nombre;  cependant  on  peut  dire 
d'une  manière  générale  que  l'épaisseur  de  la  couche  des 
cônes  et  des  bâtonnets  est  en  raison  inverse  de  celle  de 
la  couche  des  grains  externes. 

Les  Poissons  possèdent  les  bâtonnets  les  plus  longs, 
de  sorte  que  chez  eux  l'épaisseur  de  la  couche  des  bâton- 
nets forme  le  tiers,  et  dans  quelques  cas  même  la  moitié 
de  l'épaisseur  de  la  rétine.  Chez  les  Mammifères  elle 
n'en  forme  que  le  quart  et  il  en  est  de  même  chez  les 
Oiseaux. 

Les  Grenouilles  et  la  Salamandre,   et  surtout  les 
différentes  espèces  de  Spelerpes,  possèdent  les  plus  gros  bâtonnets  (les  cônes  sont 
beaucoup  plus  petits);  un  millimètre  carré  n'en  renferme  qu'environ  30,000,  tandis 
que  chez  l'Homme  on  en  trouve  dans  le  même  espace  de  250,000  à  1,000,000.  Les 
Oiseaux  tiennent  sous  ce  rapport  le  milieu  entre  les  Animaux  et  l'Homme  (Leuckart). 

Chez  les  Poissotis  les  bâtonnets,  qui  sont  phylétiquement  plus  anciens,  l'emportent 
de  beaucoup  sur  les  cônes;  chez  les  Reptiles  et  les  Oiseaux  on  observe  précisément 
le  contraire.  En  outre  les  cônes  de  plusieurs  Reptiles  ei  de  tous  les  Oiseaua?  renferment 
des  gouttelettes  d'huile  colorées;  on  les  rencontre  aussi  chez  les  Marsupia^ix. 

Chez  tous  les  Vertébrés  il  existe  un  point  de  la  rétine  où  l'acuité  de  la  vision  est  à 


191.  —  Rétine  ,  d'après 
Merkel.  La  substance  ner- 
veuse est  représentée  par  une 
teinte  foncée,  la  substance  de 
soutien  par  une  teinte  grise 
plus  claire.  O,  couche  des  fibres 
nerveuses  ;  Gg .  L.,  couche  des 
cellules  nerveuses;  ï'n.  gr.,  cou- 
che granuleuse  interne  ;  in  K., 
couche  des  grains  internes  ; 
au.  gr.,  couche  granuleuse  in- 
terne ;  au  K,  couche  des  grains 
externes;  Le.,  limitante  ex- 
terne ;  St,  couche  des  cônes  et 
des  bâtonnets. 


222  CHAPITRE    CINQUIÈME 

son  maximum  et  qui  présente  une  organisation  spéciale.  Ce  point  correspond  à  la 
fossette  centrale  ou  à  la  tache  jaune  (fovea  centralis,  macula  iutea],  situées  au  milieu 
du  segment  postérieur  de  l'œil.  A  ce  niveau  toutes  les  couches  de  la  rétine  placées  au- 
dessous  de  la  couche  des  cônes  et  des  bâtonnets  s'amincissent  ;  les  bâtonnets  eux-mêmes 
disparaissent  et  les  cônes  seuls  persistent  (lig.  187,  Fo).  Le  rôle  physiologique  de 
Yépilhélium  pigmenlaire  consiste  dans  la  production  d'une  substance  colorante,  le 
rouge  on  pourpre  rétinien.  Comme  cette  substance  est  détruite  parla  lumière,  la 
rétine  joue  pour  ainsi  dire  le  rôle  d'une  plaque  photographique,  et  même  d'un  atelier 
de  photographie  complet,  où  l'ouvrier,  représenté  parl'épithélium  pigmentaire,  prépare 
continuellement  la  plaque  par  l'application  d'une  nouvelle  quantité  de  substance  sen- 
sible [pourpre]  et  efîace  l'ancienne  image  produite  [optographie,  oplogramme).  Par 
conséquent  la  vision  ne  serait  pas  autre  chose  qu'un  phénomène  photo-chimique. 

Il  est  d'ailleurs  à  remarquer  que  l'existence  du  pourprerélinien  n'est  pas  une  con- 
dition sine  qua  non  de  la  vision.  Effectivement,  comme  la  rhodopsine  n'existe  que 
dans  les  bâtonnets  seuls,  ions  les  animaux  (par  exemple  beaucoup  de  Reptiles)  qui  ne 
possèdent  que  des  cônes  et  pas  de  bâlonnets  en  sont  dépourvus.  De  même  la  fovea 
centralis,  qui  ne  présente  que  des  cônes  chez  tous  les  Vertébrés,  ne  renferme  jamais 
de  rhodopsine. 

Le  pourpre  rétinien  fait  défaut  aussi  à  quelques  animcma?  noc/t(rnes,  par  exemple 
Y  Engoulevent  et  les  Chauves-souris  (  Vespertilio  serotinus),  ainsi  qu'aux  Pigeons  et 
aux  Gallinacés .  Il  existe  chez  le  Blaireau  et  le  Hibou,  bien  que  ce  soient  des  animaux 
nocturnes. 

Enfin  mentionnons  encore  une  très  importante  découverte  de  Engelmann. 

Les  cônes  de  tous  les  Vertébrés  se  raccourcissent  sous  l'influence  de  la  lumière;  ils 
s'allongent  dans  l'obscurité  (réaction  photo-mécanique  des  cônes).  L'expérience  montre 
que  la  partie  excitable  des  cônes  est  l'article  interne  (contractile). 

L'étendue  absolue  et  relative  de  l'allongement  des  cônes  varie  en  général  chez  les 
différents  animaux;  elle  peut  même  dans  les  mêmes  circonstances  différer  dans  le 
même  œil  dans  les  différentes  formes  de  cônes.  Cet  allongement  est  surtout  considé- 
rable chez  les  Poissons  et  les  Grenouilles;  il  est  réduit  au  minimum  chez  la  Cou- 
leuvre à  collier. 

Les  mouvements  des  cônes  et  de  Vépithétium  pigmentaire  sont  sous  la  dépen- 
dance directe  du  système  nerveux.  Aussi  ces  mouvements  se  manifestent-ils  dans 
l'autre  œil  placé  à  l'abri  de  la  lumière,  et  même  encore  chez  des  animaux  décapités, 
pourvu  que  le  cerveau  soit  intact. 

Il  y  a  donc  là  une  action  commune  sympathique  des  deux  rétines  due  à  l'associa- 
tion des  nerfs  et  des  cellules  pigmentaires  par  f  intermédiaire  de  trajets  nerveux 
{nerf s  optiques].  Les  nerfs  optiques  sont  donc  non  seulement  des  nerfs  centripètes 
chargés  de  transmettre  les  impressions  lumineuses,  mais  encore  des  nerfs  centri- 
fuges m,oteurs.  Ils  doivent  par  conséquent  renfermer  deux  sortes  de  fibres  nerveuses; 
mais  les  cônes  et  les  cellules  pigmentaires  sont  aussi  excités  par  voie  réflexe  par 
l'irritation  d'une  partie  éloignée  d'un  corps  quelconque,  par  exemple  par  l'irritation  de 
la  peau  exposée  à  l'influence  de  la  lumière,  et  il  en  est  de  même  des  Grenouilles, 
dont  les  yeux  sont  tenus  dans  l'obscurité  complète.  Ces  mouvements  peuvent  aussi 
être  déterminés  par  le  tétanos  causé  par  la  strychnine,  par  les  courants  d'induction, 
c'est-à-dire  par  des  excitants  où,  la  lumière  n'entre  pour  rien. 

Parties  accessoires  de  l'œil. 

a.  Muscles  de  l'œil. 

Le  globe  oculaire  est  mû  par  six  muscles,  quatre  droits  [droit  supé- 
rieur, droit  inférieur ,  droit  externe,  droit  inte?'ne)  et  deux  obliques  [grand 
oblique,  petit  oblique).  Les  premiers,  qui  naissent  au  fond  de  Forbite  et 


ORGANES    DES    SENS  223 

en  général  sur  la  gaine  aponévrotique  que  la  dure-mère  fournit  au  nerf 
optique,  forment  une  pyramide,  dont  le  sommet  est  en  arrière  au 
fond  de  la  cavité  orbitaire  et  dont  la  base  vient  s'insérer  sur  la  scléro- 
tique dans  le  plan  équatorial  du  globe  de  l'œil. 

Les  deux  muscles  obliques  naissent  ordinairement  près  l'un  de  l'autre 
sur  la  face  interne,  nasale,  de  l'orbite;  à  partir  de  là  ils  entourent  en  des- 
sous et  en  dessus,  de  dedans  en  dehors,  le  globe  de  l'œil,  et  forment 
comme  une  sorte  de  ruban  circulaire. 

Chez  les  Mammifères  il  n'en  est  pas  tout  à  fait  de  même.  Le  grand  oblique  naît 
chez  eux  au  fond  de  l'orbite;  il  se  dirige  de  là  directement  en  avant,  jusqu'à  l'angle 
interne  (antérieur)  de  l'œil,  devient  tendineux,  et  se  réfléchit  sur  une  poulie  fibro-car- 
tilagineuse  fixée  sur  l'arcade  orbitaire  formée  par  le  frontal.  Il  change  alors  de  direc- 
tion et  vient  s'insérer  obliquement  sur  le  globe  oculaire. 

Outre  ces  six  muscles,  il  en  existe  encore  fréquemment  d'autres 
désignés  sous  les  noms  de  muscle  rétracteur  de  Vœil  (très  développé 
chez  les  Ongulés),  muscle  carré  et  muscle  pyramidal.  Ces  deux  derniers 
servent  à  faire  mouvoir  la  membrane  nictitante;  on  les  rencontre  chez 
les  Reptiles  et  les  Oiseaux.  Ces  trois  muscles  sont  innervés  par  le  mo- 
teur oculaire  externe.  Quant  aux  nerfs  qui  innervent  les  muscles  droits 
et  obliques,  je  renverrai  au  chapitre  relatif  aux  nerfs  crâniens. 

b.  Paupières. 

he^  paupières,  qui  servent  à  protéger  l'œil,  sont  très  rudimentaires 
chez  les  animaux  qui  vivent  dans  Veau  et  surtout  chez  les  Poissons.  Elles 
sont  représentées  chez  eux  par  des  replis  ou  des  lobes  cutanés,  circu- 
laires ou  demi-circulaires  immobiles,  qui  limitent  plus  ou  moins  nette- 
ment l'œil  des  parties  voisines  en  dessus  et  en  dessous. 

Les  paupières  des  Dipnoïques,  des  Amphibiens,  des  Reptiles  et  des 
Oiseaux,  ne  sont  en  général  pas  encore  non  plus  nettement  différenciées 
de  la  peau  et  restent  à  un  degré  inférieur  de  développement,  car  elles 
sont  immobiles  ou  douées  de  mouvements  très  limités.  Cela  s'applique 
surtout  à  la  paupière  supérieure  qui  renferme  parfois  (Lacertiliens, 
Scinques,  Oiseaux)  des  os  dermiques  ou  des  fibro-cartilages. 

Les  paupières  sont  tapissées  sur  leurs  faces  postérieures,  chez  tous 
les  Vertébrés,  par  une  muqueuse,  la  co;2/'owc^?i)(?.  En  se  réfléchissant  sur 
l'œil  la  conjonctive  forme  le  fornix  conjimctivœ  (cul-de-sac  de  la  con- 
jonctive ou  oculo-palpébral)  (1). 

Chez  les  Mammifères,  les  paupières,  séparées  de  la  peau  par  des 
plis  distincts,  sont  très  mobiles  et  munies  de  cils  sur  leur  bord  libre 
(fig.193). 

Elles  renferment  dans  leur  intérieur  une  lame  fibreuse,  résistante, 
à  laquelle  on  donne  le  nom  de  cartilage  tarse.  Les  muscles,  qui  meuvent 

(1)  Chez  les  Serpents  et  les  Ascalaboles  les  deux  paupières  sont  soudées  et  forment  au 
devant  de  l'œil  une  membrane  transparente,  qui  tombe  et  est  renouvelée  à  chaque  mue. 


224  CHAPITRE    CINQUIÈME 

les  paupières,  sont  au  nombre  de  deux,  un  sphincter  qui  entoure  la  fente 
palpébrale,  muscle  orbiculaire  des  paupières  et  un  muscle  releveur  de  la 
paupière  supérieure.  Chez  les  Sauropsidés  et  plusieurs  Mammifères  (par 
exemple  les  Ongulés),  il  existe  en  outre  un  troisième  muscle,  le  muscle 
abaisseur  de  la  paupière  inférieure. 

L'absence  ou  le  développement  rudimentaire  des  paupières  chez 
tous  les  Vertébrés  autres  que  les  Mammifères  se  trouve,  jusqu'à  un 
certain  point,  compensé  par  la  présence  d'une  troisième  paupière,  la  mem- 
brane NiCTiTANTE.  Cellc-ci  ue  dérive  pas,  comme  les  deux  autres,  de  la 
peau;  c'est  un  simple  repli  de  la  conjonctive;  elle  est  pourvue,  comme 
nous  l'avons  vu,  de  muscles  spéciaux. 

La  membrane  nictitante,  dont  le  rudiment  existe  déjà  chez  quelques 
Sélaciens,  renferme  fréquemment  un  cartilage;  elle  est  située  derrière 
la  paupière  inférieure,  ou  dans  l'angle  antérieur  (interne)  de  l'œil  (Rep- 
tiles). Le  premier  cas  s'observe  par  exemple  chez  les  Anoures  et  les 
Oiseaux,  où  elle  prend  un  si  grand  développement  qu'elle  peut  recouvrir 
toute  la  face  antérieure  de  l'œil.  Chez  \q&  Mammifères,  elle  est  toujours 
située  dans  l'angle  antérieur  (interne)  de  l'œil;  chez  \q^  Primates,  elle  est 
réduite  à  un  petit  repli  semi-lunaire,  c'est-à-dire  qu'elle  est  rudimen- 
taire. 

c.  Glandes. 

Les  glandes  se  divisent  en  trois  groupes  :  1°  les  glandes  lacrymales  ; 
2°  les  glandes  de  Harder;  3°  les  glandes  de  Meibomius. 

Toutes  trois  servent  à  lubréfier  la  surface  libre  de  l'œil  et  à  en  écarter 
les  corps  étrangers. 

Chez  les  Poissons  et  les  Dipnoïques  (1),  le  milieu  ambiant  paraît  suffire 
à  remplir  ce  rôle.  Les  appareils  sécréteurs  commencèrent  à  se  dévelop- 
per autour  de  l'œil  lorsque  les  Vertébrés  manifestèrent  la  tendance  à 
quitter  l'eau  pour  vivre  sur  la  terre. 

C'est  ainsi  qu'on  voit  déjà  apparaître  chez  les  Urodèles,\e  long  de  la 
paupière  inférieure,  un  organe  glandulaire  formé  par  l'épilhélium  de  la 
conjonctive.  Cet  organe,  en  s'accroissant  au  niveau  de  l'angle  antérieur 
et  de  l'angle  postérieur  de  l'œil,  en  s'atrophiant  graduellement  dans  sa 
partie  moyenne,  donne  naissance  chez  les  Reptiles  à  deux  glandes,  qui 
se  différencient  histologiquement  et  physiologiquement  chacune  dans 
une  voie  différente.  L'une  devient  la  glande  de  Harder,  toujours  située 
dans  l'angle  antérieur  de  l'œil  et  entourant  en  dedans  et  en  dessous  dans 
une  étendue  plus  ou  moins  grande  le  globe  oculaire,  l'autre  forme  la 
glande  lacrymale  (fig.  192,  HH^,  Th).  Cette  dernière  conserve  sa  position 
primitive  dans  l'angle  postérieur  de  l'œil  pendant  toute  la  vie,  elle  reste 
même  encore  jusque  chez  les  Oiseaux  dans  la  région  de  la  paupière 
inférieure  et  est  innervée  par  la  deuxième  branche  du  trijumeau.  Chez 

(1)  Pendant  le  sommeil  estival  du  Proloplerus  la  sécrétion  produite  par  les  cellules  calici- 
formes  cutanées  suffit  évidemment  à  lubréfier  la  cornée  qui  n'est  pas  différenciée  de  la  peau. 


ORGANES    DES    SENS 


225 


les  Mammifères  elle  tend  de  plus  en  plus  à  se  diviser  en  plusieurs  par- 
ties et  à  se  loger  dans  la  région  de  la  paupière  supérieure,  de  sorte  qu'ici 
les  conduits  excréteurs  débouchent  dans  le  sac  conjonctival  supérieur 
(fig.  194,  **).  Néanmoins  jusque  chez  les  Primates  quelques  conduits  dé- 
bouchent encore  dans  le  sac  conjonctival  inférieur  et  indiquent  ainsi  la 
position  primitive  do  la  glande  lacrymale  (Sardemann). 

La  sécrétion  lacrymale  se  déverse  en  général  par  plusieurs  orifices  dans  le  sac 
conjonctival  et  s'y  accumulerait,  si  elle  n'était  entraînée  vers  l'angle  interne  de  l'œil 


Fig.  192. 


Th 


MJ) 


Fig.  192.  —  Glande  de  Harder(H',  ff)  et  glande  lacrymale  (T^yde  V knguis  fragilis.  ikf,  muscles  mastica- 
teurs; B,  globe  oculaire. 

Fig.  193.  —  Coupe  verticale  schématique  de  l'œil  d'un  Mammifère.  Op,  nerf  optique;  B,  globe  oculaire  ; 
Fo,  Fo,  cul-de-sac  oculo-palpébral  ;  LH,  LH,  couche  externe  cutanée  des  paupières,  qui,  sur  le  bord 
libre  de  celles-ci,  en  -f-,  se  continue  avec  la  conjonctive  ;  T,  cartilage  tarse  avec  les  glandes  de  Meibomius 
(MD)  qui  débouchent  en  *  ;  H,  H,  cils. 

Fig.  194.  —  Schéma  de  l'appareil  lacrymal  d'un  Mammifère.  TD,  glande  lacrymale,  divisée  en  plusieurs 
parties;  **,  ses  canaux  excréteurs;  -f-j;-,  points  lacrymaux;  TR,  TR^,  conduits  lacrymaux;  S,  sac  lacry- 
mal; D,  canal  naso-lacrymal. 

par  le  clignement  des  paupières.  En  ce  point,  immédiatement  en  avant  de  la  caroncule 
lacrymale,  se  trouvent  sur  le  bord  inférieur  et  supérieur  des  paupières,  souvent  au 
sommet  de  petites  papilles,  les  points  lacrymaux,  qui  parfois  [Rongeurs,  Sauriens, 
Oiseaux]  ont  la  forme  d'une  fente.  Des  points  lacrymaux  partent  de  courts  canaux, 
qui  se  dirigent  transversalement  vers  la  racine  du  nez  où  ils  débouchent  dans  le  sac 
lacrymal  (fig.  194,  TB,  TR^,  S)  (1). 

De  là  les  larmes  passent  dans  le  conduit  naso-lacrymal  (fig.  194.  D],  qui  débouche 
chez  les  Mammifères  dans  les  fosses  nasales,  au-dessous  du  cornet  inférieur.  Nous 
renverrons  pour  l'anatomie  et  le  développement  de  ce  canal  à  ce  que  nous  avons  dit 
dans  le  paragraphe  relatif  à  l'organe  de  l'odorat. 

hdi  glande  de  Harder  est  bien  différenciée  chez  tous  les  Vertébrés  à  par- 
tir des  Amphibiens  anoures  jusqu'aux  Mammifères.  Jusqu'à  ces  derniers 

(1)  Les  glandes  lacrymales  offrent  un  développement  véritablement  monstrueux  chez  les 
Tortues  marines  [Chelonia). 

WlEDERSHEIM.  15 


226  CHAPITRE   CINQUIÈME 

temps  on  croyait  qu'elle  n'existait  pas  chez  les  Primates;  mais  Giacomini 
l'a  découverte  avec  un  petit  cartilage  dans  la  membrane  nictitante  chez 
certaines  races  nègres  de  l'Afrique  centrale.  Ces  races  présentent  donc 
des  caractères  plus  primitifs  que  la  race  caucasique. 

Les  GLANDES  DE  Meibomius  appartiennent  au  groupe  des  glandes  séba- 
cées. Elles  n'existent  que  chez  les  Mammifères.  Ce  sont  des  glandes  tubu- 
leuses  ramifiées  ou  des  glandes  en  grappes  situées  dans  l'épaisseur  de 
la  paupière  supérieure.  Elles  débouchent  sur  le  bord  libre  de  la  pau- 
pière et  sécrètent  une  matière  grasse. 

Chez  les  Cétacés,  non  seulement  les  glandes  de  Meibomius,  mais  aussi  les  glandes 
lacrymales  ainsi  que  les  points  lacrymaux  et  les  canaux  lacrymaux,  ont  complè- 
tement disparu.  La  membrane  nictitante  est  rudimentaire.  La  glande  de  Harder 
existe  et  on  trouve  aussi  une  couche  glandulaire  épaisse  située  sous  la  conjonctive 
palpébrale  [glandes  conjonctivales). 

Chez  le  Phoque  et  l'Hipipopotame  la  glande  lacrymale  est  très  atrophiée.  Les  con- 
duits vecteurs  des  larmes  font  complètement  défaut  ;  il  en  est  de  même  aussi  chez  la 
Loutre  vulgaire. 

Toutes  ces  atrophies  sont  dues  à  ce  que  ces  animaux  vivent  dans  l'eau. 


Bibliographie. 

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Congrès  médical  international.  Copenhague,  1884. 
C.  Giacomini.   Annotazioni  sulla  anaiomia  del  Negro  {Esisienza  delta  ghiandola  d'Harder 

in  un  Boschimane.  Duplicità  delta  cartilagine  délia  plica  semilunaris  etc.).   Atli  deUa 

1\.  Accademia  délie  Scienze  di  Torino.  T.  XXII.  1887. 
C.  Heinemann.    Beitrdge  zur  Anatomie  der  Retina.  Arch.  f.  mikr.  Anat.  T.  XIV.  1877. 
L.  Kessler.    Zur  Entwicklwig  des  Auges.  Leipzig,  1877. 
R.  Leuckart.     Organologie  des  Auges.   In  A.  Graefe  und  Th.  Saemisch,  Handbuch  der  ge- 

sammten  Heilkunde.  T.  I.  Anatomie  und  Physiologie. 
W.  Manz.     Entioicklungsgeschichte  des  menschlichen  Auges.  Ibid. 
H.  Mûller.    Gesammelte  und  hinterlassene  Schriften  zur  Anatomie  und  Physiologie    des 

Auges.  Herausgegeben  von  G.  Becker.  Leipzig,  1872. 
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richte  der  Naturforschenden  Gesellschaft  zu  Freiburg  im  Breisgau.  1887.  Extrait  dans 

Zool.  Anz.  1884. 
M.  Schulze.    Die  Retina.  Stricker's  Handbuch  der  Lehre  von  den  Geweben.  Leipzig,  1871. 
G.  Schwalbe.    Lehrbucli  der  Anatomie  der  Sinnesorgane.  Erlangen,  1887. 

Voyez  aussi  les  mémoires  de  A.  Dogiel  dans  Arch.  f.  mikr.  Anat.    T.  XXII,  el  dans 

Anat.  Anz.  3"  année.  1888. 


Organe  de  l'ouïe. 

Nous  avons  indiqué,  à  l'occasion  des  neuro-épithéliums  de  l'organe 
du  goût  et  de  l'organe  olfactif,  certains  rapports  avec  les  organes  des 
sens  de  la  peau  des  Poissons  et  des  Amphibiens,  rapports  que  nous  retrou- 
vons également  dans  V organe  de  Vouïe,  car  ici  aussi  Cèpilhéliimi  sensoriel 
dérive  des  téguments,  c'est-à-dire  de  V ectoderme .  Au  niveau  du  cerveau 
postérieur  primitif  apparaît  de  chaque  côté  une  fossette,  qui  s'enfonce 


ORGANES    DES    SENS 


227 


de  plus  en  plus,  se  sépare  plus  tard  du  reste  de  l'ectoderme  et  forme 
une  vésicule.  L'épithélium  qui  la  tapisse  se  difTérencie  et  donne  naissance 
à  deux  sortes  de  cellules,  les  cellules  sensojHeUes  allongées,  que  nous  con- 
naissons depuis  longtemps  {cellules  auditives),  et  les  cellules  indifférentes 
de  soutènement.  Les  premières  sont  en  relation  avec  des  nerfs  et  portent 
des  cils  à  leur  extrémité  libre. 

Comme  les  autres  organes  supérieurs  des  sens,  l'organe  de  Fouïe  des 
Vertébrés  est  toujours  situé  dans  la  têle,  entre  le  groupe  du  trijumeau  et 


fi        h      h 


c 


-h 


Fig.  195.  —  Eléments  isolés  du  la- 
byrinthe membraneux  (d'après 
G.  Retzius).  a,  Eléments  de  la 
tache  auditive  commune  de  la 
Myxine  ghitiiiosa.  li,  Eléments  de 
la  macula  neglecta  de  la  Raja 
clavala.  C,  Eléments  de  la  crête 
auditive  d'une  ampoule  de  Siredon 
mexicanus.  D,  Eléments  de  la 
crête  auditive  de  l'ampoule  anté- 
rieure de  la  Ranu  esciilenla. 

7iz,  cellules  sensorielles  surmontées    d'une    soie  (h);  fz,  cellules  de  soutènement;  n,  li,  nerf  se  divi- 
sant en  fibrilles.  A  gauche  de  D  la  soie  est  rompue  et  l'on  voit  les  filaments  qui  la  constituent. 

le  groupe  du  nerf  vague.  Chez  le  fœtus,  la  première  ébauche  apparaît  à 
gauche  et  à  droite  de  Farrière-cerveau  (fig.  196,  LB)  et  lorsque  la  vési- 
cule s'est,  comme  nous  l'avons  dit,  séparée  de  chaque  côté  de  l'ecto- 
derme et  s'est  unie  avec  le  prolongement  du  cerveau  qui  constitue  le  nerf 
auditif,  elle  s'enfonce  dans  le  tissu  mésodermique  du  crâne,  perd  sa 
forme  primitive  arrondie  ou  ovale  et  se  divise  en  deux  parties.  On  donne 
à  ces  deux  parties,  qui  communiquent  au  début  par  une  très  large  ouver- 
ture (canalis  utriculo-saccularis)  les  noms  d'uTRicuLE  (sacculus  ellipticus) 
et  de  SACCULE  {sacculus  sphserlcus  vel  rotundus)  (fig.  197,  u,  s,  eus).  De  la 
première,  qui  représente  la  j9«r/?e  supérieure  du  labyrinthe  membraneux, 
dérivent  les  canaux  demi-circulaires;  de  la  seconde,  qui  correspond  à  la 
partie  inférieure  ([n  labyrinthe,  dérivent  Faqueduc  du  vestibule  (ou  conduit 
endolymphatique)  et  le  limaçon  (ou  cochlée)  (p.  197). 

Tout  cet  appareil  très    compliqué  constitue  Vorgane   auditif  mem- 
braneux ou  labyrinthe  membraneux.  Il  est  entouré  secondairement  par  du 


228 


CHAPITRE    CINQUIEME 


tissu  mésodemnique,  qui,  au  début,  est  immédiatement  en  contact  avec 
lui,  mais  qui,  plus  tard,  en  est  séparé  par  un  espace  étroit,  par  suite  de 
la  résorption  de  ses  couches  internes. 

11  se  forme  de  la  sorte  une  cavité,  qui  a  exactement  la  forme  du 
labyrinthe  membraneux,  forme  qu'elle  conserve  lorsque  plus  tard  les 
couches  périphériques  du  mésoderme  se  chondritlent  ou  s'ossitîent. 
Par  suite  on  distinaue  donc,  outre  le  labyrinthe  membraneux,  un  labyrinthe 
OSSEUX  et  une  cavité  intermédiaire  entre  les  deux,  remplie  de  lymphe,  la 
CAVITÉ  périlymphatique.  La  cavité  du  labyrinthe  membraneux,  qui  ren- 
ferme également  un  liquide,  est  appelée  cavité  endolymphatique. 

Les  canaux  demi-circulaires,  sauf  chez  les  Cyclostomes,  sont  toujours 

Fig.  197. 


aal 


Fig.  19G.  —  Partie  antérieure  d'un  embrj'on  de  Poulet  (en  partie  d'après  Moldexha0Er).  iîG,  fossette 
olfactive  primitive;  A,  oeil  ;  J  à  IV,  les  quatre  arcs  branchiaux;  -f,  point  oii  commence  à  se  former 


le  conduit  auditif  externe  ;  LB,  vésicule  du  labjTÏnthe  (vésicule  auditive  primitive)  vue  par  transparence 
à  travers  les  téguments. 

Fig.  107.  —  Labyrinthe  membraneux  (oreille  interne)  des  Mammifères  vu  par  la  face  externe   (figure 
demi-schématique). 

«,  utricule  ;  vec,  recessus  utriculi ;  sp,  sinus  postérieur  de  l'utricule;  s,  saccule;  l,  recessus  sacculi 
(lagena);  ci(s,  canal  utriculo-sacculaire  :  de,  se,  conduit  et  sac  endolvmphatique;  le  conduit  se  détache 
en  ~  du  saccule  ;  ss,  sinus  supérieur  de  l'utricule;  as;?,  sommet  du  sinus  supérieur  de  l'utricule  ;  ca,  ce, 
cp,  canaux  demi-circulaires  antérieur,  externe  et  postérieur;  aa,  ae,  ap.  ampoules  correspondant  à 
chacun  de  ces  canaux. 

au  nombre  de  trois  et  situés  dans  des  plans  perpendiculaires  l'un  sur 
l'autre.  On  les  distingue  sous  les  noms  de  canal  antérieur  (sagittal),  canal 
jjostérieur  [frontal)  et  canal  externe  [horizontal).  Le  premier  et  le  dernier 
naissent  par  une  extrémité  renflée  {ampoule)  de  la  partie  de  l'utricule 
appelée  recessus  utriculi.  Le  canal  postérieur  présente  aussi  une  extré- 
mité renflée  en  ampoule  (tig-.  197). 

Quant  aux  autres  extrémités  des  canaux  demi-circulaires,  celle  du 
canal  horizontal  s'élargit  en  entonnoir  et  débouche  isolément  dans 
l'utricule,  celles  du  canal  antérieur  et  du  canal  postérieur  se  réunissent 
en  un  tube  commun  [sinus  utriculi  superior),  qui  s'ouvre  dans  l'utri- 
cule (fig.  197). 


ORGANES    DES    SENS  229 

Les  branches  du  nerf  auditif  se  distribuent  aux  points  suivants  du 
labyrinthe  membraneux  où  se  trouvent  également  situés  les  épithéliums 
sensoriels  (1)  :  1°  les  t7'ois  ampoules  des  canaux  demi-circulaires,  où  les 
cellules  auditives  sont  placées  sur  des  crêtes  internes  saillantes  [crêtes 
acoustiqiies)  {2);2°Yutricule,  où  se  trouve  une  grosse  tache  acoustique, 
qui  se  continue  dans  le  recessus  utriculi,  ainsi  que  dans  le  saccule  et 
aussi  dans  l'ébauche  du  limaçon,  auquel  ce  dernier  donne  naissance, 
c'est-à-dire  dans  le  recessus  cochleœ  (lagena).  Enfin,  il  faut  y  ajouter 
encore  3°  la  tache  découverte  par  Retzius  (macula  acusfica  neglecta). 
Chez  les  Poissons,  les  Oiseaux  et  les  Reptiles,  elle  est  située  sur  le  plan- 
cher de  l'utricule,  tout  près  du  canal  utriculo-sacculaire;  chez  les 
Amjjhibiens,  sur  la  paroi  interne  du  saccule.  Chez  les  Mammifères  et 
l'Homme,  elle  s'atrophie  graduellement  ou  même  disparaît  complète- 
ment. Les  diverses  parties  de  la  plaque  sensorielle,  c'est-à-dire  de  la 
tache  acoustique  [macula  acustica),  primitivement  continues,  se  séparent 
plus  tard  les  unes  des  autres  et  constituent  déjà  chez  les  Téléostéens 
autant  de  taches  distinctes  (3). 

Les  poils  auditifs  sont  relativement  courts  dans  les  loches  acoustiques  à  l'ex- 
ception de  la  macula  neglecta;  ils  s'enfoncent  dans  une  membrane  de  recouvrement 
spéciale  qui  renferme  de  petits  cristaux  en  nombre  plus  ou  moins  considérable  ou 
même  des  concrétions  dures  {Téléostéens).  Les  poils  sont  plus  longs  sur  les  crêtes 
acoustiques  (fig.  195  G  et  D);  ils  font  fortement  saillie  dans  la  cavité  de  l'ampoule. 
Ils  ne  s'enfoncent  pas  dans  une  membrane  de  recouvrement,  et  ce  que  l'on  prenait 
jadis  pour  elle  et  ce  qu'on  a  décrit  sous  le  nom  de  cupula  terminolis,  n'est  pas  autre 
chose  qu'un  produit  artificiel  dû  au  mode  de  préparation  employé. 

Plus  on  s'élève  dans  la  série  des  Vertébrés,  plus  le  mésoderme  prend 
une  part  considérable  à  la  formation  de  l'organe  auditif.  Au  début,  c'est- 
à-dire  chez  les  Poissons,  encore  situé  immédiatement  au-dessous  de 
l'enveloppe  extérieure  du  crâne  et  ainsi  très  facilement  accessible  aux 
ondes  sonores  transmises  en  partie  par  l'opercule,  en  partie  par  la 
cavité  branchiale  ou  par  Lèvent,  l'organe  de  l'ouïe  s'écarte  de  la  surface 
et  s'enfonce  de  plus  en  plus,  ce  qui  nécessite  la  formation  de  nouvelles 
voies  de  transmission  des  ondes  sonores.  Bref,  il  se  forme  un  système 
de  canaux  qui  établit  la  communication  avec  l'extérieur,  c'est-à-dire  un 

(1)  Sur  les  différentes  plaques  nerveuses  on  trouve  chez  tous  les  Vertébrés  et  aussi  chez 
beaucoup  d'Invertébrés  des  concrétions  formées  principalement  de  carbonate  de  chaux.  Ces 
ofolilhes  se  développent  dans  les  cellules  épithéliales,  qui  tapissent  les  cavités  du  labyrinthe, 
et  deviennent  plus  tard  libres;  ils  présentent  des  dimensions  et  une  forme  très  variables. 
Les  plus  gros  se  rencontrent  chez  les  Téléostéens.  Tantôt  ils  forment  une  masse  continue 
dans  le  labyrinthe  tout  entier,  tantôt  ils  sont  disposés  par  groupes.  Leur  rôle  physiologique 
est  peu  connu  (sens  de  l'équilibre?). 

(2)  Les  crêtes  acoustiques  se  développent  déjà  sous  forme  de  bourrelets  épithéliaux  ovales 
dans  la  vésicule  auditive  primitive  avant  qu'il  n'y  ait  la  moindre  trace  des  canaux  demi- 
circulaires.  Ce  n'est  donc  que  secondairement  qu'elles  se  trouvent  être  situées  dans  les 
ampoules  (v.  Noorden). 

(3)  Dans  la  portion  supérieure  du  labyrinthe  membraneux  l'ampoule  du  canal  demi-circu- 
laire postérieur  est  la  seule  partie  innervée  par  un  rameau  du  nerf  cochléen:  toutes  les  autres 
reçoivent  des  filets  du  nerf  vestibulaire. 


230 


CHAPITRE    CINQUIEME 


CANAL  AUDITIF  EXTERNE,  une  CAISSE  DU  TYMPAN,  claiis  laquelle  sont  situés  les 
OSSELETS  DE  l'ouie,  ot  enfin  un  conduit  qui  réunit  cette  dernière  avec  le 
pharynx  (trompe  d'Eustache).  Ce  système  de  canaux  qui  est  partagé  en 
deux  portions,  Tune  externe,  l'autre  interne,  par  une  membrane  vi- 
brante, la  MEMRRANE  DU  TYMPAN,  placée  entre  le  canal  auditif  externe  et  la 


-a\e 


Fig.  198.  —  Schéma  de  l'ensemble  de  l'organe  auditif  de  YHortime. 

Oreille  eœterne.  M,  M,  pavillon  de  l'oreille  ;  Mae,  conduit  auditif  externe;  O,  sa  paroi  ;  Mt,  mem- 
brane du  tympan. 

Oreilie  moyenne.  Ct,  Ct,  caisse  du  tvmpan  ;  O',  sa  paroi;  SAp,  chaîne  des  osselets  représentée  par 
une  simple  tige;  -j-,  base  de  l'étrier  qui  ferme  la  fenêtre  ovale;  M,  membrane  du  tympan  secondaire  qui 
ferme  la  fenêtre  ronde;  Tb,  trompe  d'Eustache;  Tb^,  son  embouchure  dans  le  phar^'nx;  O',  sa  paroi. 

Oreille  interne,  dont  la  plus  grande  partie  du  labyrinthe  osseucc  (KL,  KL)  a  été  enlevée.  S,  sac- 
cule  ;  a,  b,  les  deux  canaux  demi-circulaires  verticaux,  dont  l'un  (6)  est  coupé;  c,  Co,  commissure  des 
canaux  demi-circulaires  du  labyrinthe  membraneux  et  du  labyrinthe  osseux  ;  S.e,  sac  endolymphatiquc  ; 
D.e,  conduit  endolymphatiquc  bifurqué  en  5  ;  C'p,  e=.pace  périlymphatique  ;  Cr,  canal  de  réunion; 
Cow, cochlée  ou  limaçon  membraneux,  qui  forme  en  •]-  le  cul-de-sac  du  vestibule;  Coiî\limaçon  osseux; 
Sv,  rampe  vestibulaire,  et  Si,  rampe  tympanique  qui  en  *  communiquent  l'une  avec  l'autre  au  niveau  de 
lacupula  terminalis  (C/);  D-P,  conduic  périlymphatique,  qui  se  détache  en  d  de  la  rampe  tympanique 
et  débouche  en  D.x>^,  Le  canal  demi-circulaire  horizontal  n'est  désigné  par  aucune  lettre,  maia  il  est 
facile  à  reconnaître. 

caisse  du  tympan,  est  situé  au  point  où  se  trouve  pendant  la  période 
embryonnaire  la  première  fente  branchiale,  ou,  ce  qui  est  la  même 
chose,  au  point  où  se  trouve  chez  plusieurs  Poissons  Véveyit.  A  partir  des 
Reptiles  et  des  Oiseaux  apparaissent  les  premiers  vestiges  du  pavillon  de 
l'oreille,  qui  ne  se  développe  complètement  que  chez  les  Mammifères. 


Poissons  et  Dipnoïques. 

Sauf  chez  les  Cyclostomes,  où  Ton  observe  des  modifications  en  partie 
difficiles  à  interpréter  (atrophies  ?) ,  le  labyrinthe  membraneux  des  Poissons 
est  conformé  d'après  le  type  général  que  nous  venons  d'exposer,  et  il 
en  est  de  même  aussi  chez  tous  les  Vertébrés  supérieurs.  Partout  (les 
Lophobranches    et  VOrthagoriscus  Mola  font  seuls  exception)  il  se  di- 


ORGANES    DES    SENS 


231 


vise  en  une  portion  supérieure,  dont  la  conformation  générale  reste  tou- 
jours la  même,  et  en  une  portion  inférieure  qui  se  difTérencie  et  se 
développe  de  plus  en  plus,  en  même  temps  que  son  rôle  physiologique 
devient  plus  important.  La  première  correspond  à  Yutricule  et  aux  ca- 


Fig.  199.  —  I^abyrinthe  membraneux  des  Poissons,  d'après  G.  Retzius. 

A.  Labyrinthe  de  l'Acipenser  sturio.  Face  externe. 

B.  Labyrinthe  de  la  Chimaera  monstrosa.  Face  interne. 

C.  Labyrinthe  de  la  Perça  fluviatilis.  Face  interne. 

Il,  utricule  ;  ss,  sinus  supérieur  de  l'utricule;  Sj3,  sinus  postérieur  del'utricule;  «SS,  sommet  du  sinus 
supérieur;  rec,  recessus  utriculi  ;  aa,  ampoule  antérieure;  ae,  ampoule  externe  ;  ap,  ampoule  posté- 
rieure; ca,  canal  demi-circulaire  antérieur;  cp,  canal  demi-circulaire  postérieur;  ce,  ce,  canal  demi-cir- 
culaire externe;  s,  saccule;  cns,  canal  utriculo-sacculaire;  de,  conduit  endolymphatique  qui,  en  ade, 
débouche  au  <iehors  à  travers  la  peau  {haV\  se,  sac  endolymphatique;  l,  lagénule;  mu,  tache  auditive 
du  recessus  utriculi;  cr,  crête  auditive  des  ampoules;  ms,  tache  auditive  du  saccule;  mn,  macula 
ne.glecta;  pi,  papille  auditive  de  la  lagénule;  ac,  nerf  auditif;  raa,  rameau  de  l'ampoule  antérieure; 
rae,  rameau  de  l'ampoule  externe;  rap,  rameau  de  l'ampoule  postérieure;  i-u,  rameau  du  recessus 
utriculi  ;  rs,  rameau  du  saccule  ;  ri,  rameau  de  la  lagénule  ;  m,  rameau  de  la  macula  neglecta;  o,  otolither 
(du  recessus  utriculi,  du  saccule  et  de  la  lagénule). 

7iaux  demi-circulaires,  la  seconde  au  saccule  et  au  limaçon.  Celui-ci  n'est 
encore  chez  les  Poissons  qu'un  tout  petit  appendice  du  saccule  {la- 
gena),  qui  communique  largement  avec  ce  dernier  par  le  canal  sacculo- 
cochléen.  Utricule  et  saccule  communiquent  encore,  mais  pas  toujours, 
l'un  avec  l'autre  par  le  canal  sacculo-utriculaire . 

Tandis  que  chez  les  Pétromyzontes  toutes  les  taches  acoustiques  sont 


232  CHAPITRE    CINQUIÈME 

confondues  en  une  seule,  tous  les  Téléostéens,  Ganoïdes  et  Sélaciens  pos- 
sèdent des  taches  distinctes  dans  le  recessus  utricuU,  dans  le  saccule  et 
dans  la  lagena,  et  en  outre  la  inacula  neglecta.  Enfin  dans  les  ampoules 
se  trouvent  des  crêtes  acoustiques. 

On  voit,  dans  la  figure  199,  que  le  nerf  acoustique  des  Téléostéens  se 
divise  en  trois  branches.  L'une  se  rend  aux  ampoules  des  canaux  demi- 
circulaires  antérieur  et  externe  et  à  Tutricule,  la  seconde  à  l'ampoule 
postérieure,  et  enfin  la  troisième  au  saccule  et  à  la  lagena.  Enfin  il  y  a 
encore  un  rameau  [ramus  neglectus)  qui  se  détache  de  la  branche  de 
l'ampoule  postérieure  et  se  termine  sur  la  macula  neglecta. 

Chez  les  Éiasmobr anches  on  peut  distinguer  trois  types  différents  d'organes  audi- 
tifs, le  type  des  Holocéphales,  le  type  des  Squales  et  celui  des  Raies.  Tous  trois  sont 
des  modifications  du  type  fondamental  :  celui  des  Raies  est  celui  qui  s'en  écarte  le 
plus,  celui  des  Holocéphales  celui  qui  s'en  écarte  le  moins  (fig.  199  B).  Ces  modifica- 
tions résultent  essentiellement  de  la  séparation  du  recessus  utriculi  de  l'utricule  ainsi 
que  des  ampoules  antérieure  et  interne,  et  de  sa  réunion  avec  le  saccule  [canalis 
recesso-saccuiaris). 

Chez  les  Chimères  la  lagena  ne  s'est  pas  encore  différenciée  et  sa  papille  est 
encore  réunie  avec  la  tache  acoustique  du  saccule.  Chez  les  Squales  et  les  Raies,  la 
lagena  existe  et  sa  papille  chez  ces  dernières  est  plus  nettement  séparée  de  la  tache 
acoustique  du  saccule.  Il  sera  plus  loin  question  du  canal  endolymphatique,  qui  s'ouvre 
à  la  surface  du  crâne  (fig.  199  B,  de,  ade).  . 

Rapports  de  l'organe  de  l'ouïe  avec  la  vessie  natatoire  des  Poissons. 

On  les  observe  dans  quatre  familles  de  Téléostéens  :  1°  les  Siluroïdes;  2°  les  Gym- 
notides;  3°  les  Characinides,  et  4°  les  Cyprinoïdes. 

Chez  tous  ils  consistent  dans  la  présence  d'une  chaîne  d'osselets  (appareil  de 
Weber),  qui  s'étend  de  l'extrémité  antérieure  de  la  vessie  natatoire  à  l'organe  auditif, 
et  qui  permet  à  l'animal  d'avoir  conscience  du  degré  de  plénitude  de  la  vessie 
natatoire. 

Cette  chaîne  d'osselets  provient  de  la  transformation  de  certaines  parties  (arcs 
supérieurs,  apophyses  épineuses,  apophyses  transverses  [?])  des  quatre  premières 
vertèbres  et  des  quatre  premières  côtes  ;  elle  est  formée  de  quatre  pièces,  auxquelles 
on  a  donné  les  noms  peu  heureux  de  stapes  (étrier),  claustrum,  incus  (enclume),  et 
de  malleolus  (marteau). 

Ces  osselets  sont  situés  dans  un  système  de  cavités  formées  par  des  diverticules 
de  la  dure-mère,  qui  s'étendent  en  arrière,  le  long  de  la  colonne  vertébrale,  vers  la 
vessie  natatoire  ;  elles  sont  remplies  du  même  liquide  huileux  qui  se  trouve  dans  la 
cavité  crânienne. 

L'organe  de  l'ouïe  des  Dipnoïques  est  conformé  d'une  manière  générale 
comme  celui  des  Poissons;  par  la  séparation  du  grand  recessus  utriculi 
de  l'utricule  et  des  ampoules  des  canaux  semi-circulaires  sagittal  et 
horizontal,  ainsi  que  par  sa  réunion  avec  le  saccule,  il  se  rapproche  de 
celui  des  Sélaciens  et  surtout  de  celui  des  Chimères  (G.  Retzius). 

Amphibiens. 

Bien  qu'on  ne  puisse  méconnaître  que  l'organe  de  l'ouïe  des  Amphi- 
biens se  rattache  à  celui  des  Dipnoïques  et  des  Poissons,  cependant  il 
présente  certaines  différences  remarquables.  Elles  se  rapportent  avant 


ORGANES    DES    SENS  233 

tout  à  la  lagena,  qui,  surtout  chez  les  Anoures,  tend  à  se  distinguer  du 
saccule  et  atteint  un  degré  de  développement  de  plus  en  plus  élevé. 

On  trouve  la  première  ébauche  d'une  papille  acoustique  hasilaire  du 
limaçon  chez  les  Salamandrines;  on  en  voit  même  déjà  des  vestiges 
chez  le  Menopoma  et  le  Siredon  pisciformis .  Chez  les  uns  comme  chez 
les  autres  elle  est  encore  située  dans  la  lagénule;  il  n'y  a  donc  pas 
encore  ici  de  véritable  j^ar^^e  basilaire  avec  un  cadre  cartilagineux .  Celle-ci 
(c'est-à-dire  une  membrane  hasilaire  semblable  à  celle  des  Vertébrés  supé- 
rieurs) ne  commence  à  apparaître  que  chez  le^  Anoures,  chez  lesquels  la 
paroi  très  épaisse  du  limaçon  présente  un  petit  diverticule  particulier. 
Dans  celui-ci  il  existe  un  point  nettement  circonscrit  sur  lequel  se 
trouve  tendue  une  membrane  fixée  dans  un  cadre  cartilagineux  [mem- 
brane basilaire) . 

Ainsi  aux  terminaisons  ner- 
veuses que  nous  avons  vues 
chez  les  Poissons  vient  s'en 
ajouter  chez  les  Amphibiens 
supérieurs  encore  une  autre,  la 
papille  acoustique  basilaire  du 
limaçon. 

Un  autre  perfectionnement 
(qui  n'existe  pas  chez  les  Pois- 
sons) consiste  dans  la  présence 
d'une  plaque  cartilagineuse, 
qui  se  sépare  chez  les  Urodèles 
de  laparoi  de  la  capsule  auditive 
osseuse,  qui  correspond  à  la 
plaque  basilaire  de  rétrier  des 
Vertébrés  supérieurs  et  qui 
ferme  la  fenêtre  ovale  (voyez  le 
crâne  des  Urodèles).  On  ne 
rencontre  de  caisse  du  ty^npan 
avec  une  membrane  du  tympan 
encore  située  à  fleur  de  peau,  ainsi  qu'une  trompe  d'Eustache,  que  chez 
le^  Anoures,  et  ici  l'appareil  qui  conduit  les  ondes  sonores  est  déjà  aussi 
bien  plus  développé. 

Tandis  que  chez  les  Urodèles,  principalement  chez  les  Pérennibr anches  et  les 
Dérolrèmes,  les  canaux  demi-circulaires  sont  très  surbaissés,  chez  les  Arioures  leur 
courbure  est  beaucoup  plus  prononcée.  Le  sinus  ulricidi  superior  est  chez  tous  les 
Amphibiens  court  et  large.  Le  saccule  par  contre  présente  chez  les  Urodèles  une 
dimension  considérable  par  rapport  à  la  portion  supérieure  du  labyrinthe  et  une 
forme  arrondie  que  l'on  n'observe  jamais  chez  les  Poissons;  chez  les  Anoicj^es  il  est 
très  réduit  par  suite  de  la  formation  du  divei'ticule  cochléen. 

L'organe  de  l'ouïe  des  Gymnophiones  présente  un  caractère  rudimen- 
taire  ;  nulle  part  on  ne  rencontre  de  terminaisons  nerveuses .    Le  nerf 


aa 


Fig.  200.   —  Labyrinthe  membraneux  de  la  Kana  escu- 
lenta,  face  interne  (d'après  G.  Retzius). 

w,  utricule;  ss,  sinus  supérieur  de  l'utricule  ; 
sp,  sinus  postérieur  de  l'utricule;  rec,  recessus  utriculi; 
aa,  ampoule  antérieure;  ae,  ampoule  externe;  ap,  am- 
poule postérieure;  a,  canal  demi-circulaire  antérieur; 
ce,  canal  demi-circulaire  externe;  cf),  canal  demi-cir- 
culaire postérieur;  s,  sacule;  de,  conduit  endolympha- 
tique;  Z,  lagénule;  p&,  partie  basilaire  de  la  cochlée; 
eus,  canal  utriculo-sacculaire;  mu,  tache  auditive  du 
recessus  utriculi;  ms,  tache  auditive  du  saccule;  to*i, ma- 
cula neglecta;  pi,  papille  auditive  de  la  lagénule; 
ppb,  papille  auditive  babilaire;  raa,  nerf  de  l'ampoule 
antérieure;  rap,  nerf  de  l'ampoule  postérieure;  rs,  nerf 
du  saccule;  m,  nerf  de  la  macula  neglecta;  ri,  nerf 
de  la  lagénule;  rb,  nerf  basilaire. 


234 


CHAPITRE    CINQUIEME 


acoustique  i^aiTdLit  être  aussi  atrophié.  Pour  le  reste,  cet  organe  ne  diffère 
pas  de  celui  des  autres  Amphibiens. 

Reptiles  et  Oiseaux. 

Ici  aussi,  où  les  Chéloniens  présentent  sous  plusieurs  rapports  dans 
la  conformation  de  leur  organe  auditif  des  points  de  rapprochement 
avec  les  Urodèles,  les  modifications  principales  ont  trait  au  limaçon,  et, 
à  ce  point  de  vue,  on  peut  constater  un  développement  progressif  régu- 
lier des  Chéloniens  et  des  Ophidiens  jusqu'aux  Sauriens  et  aux  Crocodi- 


OP     br/rKFJ      I     rael  [^ 


Fig.  201.  —  A,  Labyrinthe  membraneux  du  Lacerla  vir/dis,  et  B,  labyrinthe  membraneux  de   VAWgator 
missiftsippiens/x,  vus  par  la  face  externe  (d'après  G.  Retzius). 

1/,  utricule  ;  .9S,  sinus  supérieur  de  l'utricule  ;  rec,  recessus  utricult  ;  aa,  ampoule  antérieure  ;  ae,  am- 
poule externe;  ap,  ampoule  postérieure;  ca,  canal  demi-circulaire  antérieur;  ce,  canal  demi-circulaire 
externe;  cp,  canal  demi-circulaire  postérieur;  s,  saccule;  de,  conduit  endolymphatique  ;  ade,  orifice  du 
conduit  endolymphatique;  l,  lagénule  ;  eus,  canal  utriciilo-sacculaire;  esc,  canal  sacculo-cochléen; 
frt,  trou  du  recessus  de  la  rampe  tympanique  ;  tv,  tegmentum  vabculosum  ;  ms,  tache  auditive  du  sac- 
cule ;  mn,  macula  neglecta  ;  mu,  tache  du  recessus  utriculi  ;  pi,  papille  auditive  de  la  lagénule  ;  ppb,  pa- 
pille auditive  basilaire;  ac,  nerf  auditif;  ra,  son  rameau  antérieur;  raa,  nerf  de  l'ampoule  antérieure  ; 
rae,  nerf  de  l'ampoule  externe;  rap,  nerf  de  l'ampoule  postérieure;  ru,  nerf  du  recessus  utriculi; 
br,  nerf  basilaire  ;  rs,  nerf  du  saccule  ;  m,  nerf  de  la  macula  neglecta;  ri,  nerf  de  la  lagénule  ;  mb,  mem- 
brane basilaire. 

Iie7is.  Encore  très  peu  développé  chez  les  premiers,  le  limaçon  s'accroît 
de  plus  en  plus  en  forme  de  canal  (ductus  cochlearis)  et  finalement  chez 
les  Crocodiliens  et  les  Oiseaux  se  courbe  et  se  contourne  légèrement  en 
spirale.  La  membrane  basilaire  et  la  ptapille  acoustique  basilaire  se  diffé- 
rencient également  de  plus  en  plus.  Elles  s'allongent  et  en  même  temps 
se  montre  déjà  Tébauche  très  distincte  de  la  rampe  tympanique  et  de  la 
rampe  vestirulaire. 

La  lagénule  n'est  plus  chez  les  Crocodiles  et  les  Oiseaux  qu'un  appen- 
dice en  forme  d'ampoule  du  limaçon;  néanmoins  la  papille  basilaire 
n'acquiert  pas  encore  la  structure  histologique  de  Vorgane  de  Corti  des 
Mammifères.  La  paroi  supérieure  et  antérieure  forme  la  membrane  de 


ORGANES    DES    SENS 


235 


Reissner.  Le  saccule  est  beaucoup  plus  petit  que  chez  les  Chélomens  et 
les  Sauriens,  principalement  chez  les  Oiseaux.  La  7nacula  neglecta  per- 
siste chez  ces  derniers,  mais  elle  est  excessivement  petite. 

Les  types  les  plus  divers  d'organes  auditifs  se  rencontrent  chez  les  Sauriens; 
quelques-uns,  en  ce  qui  concerne  la  membrane  basilairc,  sont  à  peine  plus  développés 
que  chez  les  Ophidiens  [P/irynosoyna,  Pseudopus,  Anguis).  L'Iguana  présente  un 
progrès  sur  le  Lacerla  et  les  autres  Sauriens  supéi'ieurs  ;  la  membrane  basilaire  est 
plus  allongée  et  la  lagénule  avec  sa  papille  passe  davantage  à  l'arrière-plan.  Chez 
l'Acmitias  et  le  Plalydactylus  ces  rapports  sont  encore  plus  marqués,  et  enfin  le 
Plestiodon  et  VEgernia,  par  leur  degré  supérieur  de  développement,  forment  le  pas- 
sage aux  Crocodiles.  Il  existe  ainsi  une  série  évolutive  continue. 

L'Hatteria  présente  dans  la  conformation  de  ses  organes  auditifs  de  nombreuses 
particularités  ;  il  occupe  par  suite  une  position  à  part,  et  il  en  est  de  même  du  Camé- 
léon. 

En  même  temps  que  le  limaçon 
devient  de  plus  en  plus  distinct  du 
saccule,  celui-ci  présente  dans  les 
différents  types  les  variations  de 
forme  et  de  dimension  les  plus 
diverses.  C'est  ainsi  que  chez  les 
Oiseaux  il  est  en  général  très  petit, 
et  qu'il  est  très  volumineux  chez 
les  Sauriens  (Lacerla). 

L'orifice  de  communication 
entre  Vutricule  et  le  saccule  per- 
siste; mais  il  se  réduit  de  plus  en 
plus,  et  il  en  est  de  même  de  l'ori- 
fice de  communication  entre  le 
saccule  et  le  limaçon.  Ce  dernier 
orifice  peut  être  transformé  en 
canal  {canal  de  réunion).;  c'est  ce 
qiii  a  lieu  principalement  chez  les 
Oiseaux,  qui  sont  unis  aux  Sau- 
riens par  l'intermédiaire  des  Crocodiles,  mais  qui  néanmoins  présentent 
dans  la  conformation  de  leurs  organes  auditifs  un  type  uniforme,  carac- 
térisé par  la  disposition  spéciale  des  canaux  demi-circulaires  antérieur 
et  postérieur,  dont  la  courbure  est  excessivement  prononcée,  et  qui 
viennent  déboucher  en  sens  inverse  dans  le  sinus  supérieur  de  l'utricule 
(comp.  les  fig.  202  et  201). 

Dans  les  types  inférieurs  [Palmipèdes)  ces  rapports  sont  bien  moins  prononcés 
que  dans  les  types  supérieurs,  et  il  serait  très  intéressant  de  les  comparer  chez  les 
Pingouins  et  les  Strulhionides,  car  on  doit  s'attendre  à  y  trouver  des  points  de 
rapprochement  importants  avec  les  Reptiles. 

Mammifères. 

Le  rapprochement  avec  les  Reptiles,  ou  mieux  encore  peut-être  avec 
les  Postreptiles,  est  établi  par  les  Monotrèmes,   dont  l'organe  de  l'ouïe 


Fig.  202.  —  Labyrinthe  membraneux  du  Turdits  mu- 
sicus,  face  interne  (d'après  G.  Retzius). 

u,  utricule  ;  SS,  sinus  supérieur  de  l'utricule; 
sp,  sinus  postérieur  de  l'utricule;  rec,  recessus 
utriculi  ;  au,  ampoule  antérieure;  ap,  ampoule  pos- 
térieure; ca,  canal  demi-circulaire  antérieur; 
ce,  canal  demi-circulaire  externe;  cp,  canal  demi- 
circulaire  postérieur;  s,  saccule;  rfe,  conduit  endo- 
lymphatique;  l,  lagénule;  tv,  tegmentum  vasculo- 
sum;  inu,  tache  du  recessus  utriculi  ;  ms,  tache  du 
saccule;  mn,  macula  neglecta;  pi,  papille  auditive 
de  la  lagénule  ;  ac,  nerf  auditif;  raa,  nerf  de  l'am- 
poule antérieure;  rap,  nerf  de  l'ampoule  posté- 
rieure; m,  nerf  de  la  macula  neglecta;  r6,  nerf 
basilaire;  ri,  nerF  de  la  lagénule. 


236 


CHAPITRE    CINQUIEME 


ressemble  sous  bien  des  rapports  à  celui  des  Crocodiles  et  des  Oiseaux. 

Cependant  on  ne  sait  encore  rien  de  certain  sur  la  phylogénie  de  l'or- 
gane de  l'ouïe  des  Mam- 
mifères ;  ce  sujet  exige 
encore  des  recherches 
étendues.  Le  limaçon 
atteint  ici  son  phts  haut 
degré  de  développement; 
il  est  transformé  en  un 
long  tube  qui  décrit  chez 
VHomme  près  de  trois 
tours  de  spire  et  chez  les 
Mammifères  de  un  tour 
et  demi  [Cétacés)  à 
quatre  tours  ou  davan- 
tage (1).  Cette  torsion 
du  limaçon  ainsi  que  sa 
structure  histologique 
sont  par  excellence  les 
caractères  distinctif s  de 
Vorgane  de  Vouïe  des 
Mammifères. 

Le  nerf  acoustique 
est  situé  dans  l'axe  de 
la  spirale.  Par  suite  des 
courbures  très  pronon- 
cées du  limaçon,  la 
papille  acoustique  ou, 
comme  on  l'appelle 
chez  les  Mammifères, 

FORGANE     DE     CoRTI,     CSt 

très  allongé  ;  la  partie 
de  la  paroi  du  limaçon 
membraneux  sur  le- 
quel il  repose  porte  le 
nom  de  membrane  ba- 
silaire,  laparoi  opposée 
celui  de  membrane  de 
Reissner. 

L'orifice  de  commu- 
nication entre  la  por- 


Fig.  203.  —  Labyrinthe  membraneux  du  Lapin.  A,  face  interne.  B,  face 
externe  (d'après  G.  Retzids). 

■ss,  sinus  supérieur  de  l'utricule;  sp,  sinus  postérieur  de  l'utri- 
cule  ;  rec,  recessus  utriculi  ;  aa,  ampoule  antérieure;  ae,  ampoule 
externe;  ap,  ampoule  postérieure;  ca,  canal  demi-circulaire  anté- 
rieur ;  ("e,  canal  demi-circulaire  externe;  cjj,  canal  demi-circulaire 
postérieur;  s,  saccule;  siis,  sinus  utriculaire  du  saccule;  de,  conduit 
endolymphatique  ;  ci(S,  canal  utriculo-sacculaire  ;  esc,  canal  de  réunion 
de  Hensen  ;  l,  lagénule  ;  mu,  tache  du  recessus  utriculi  ;  ms,  tache  du 
saccule;  ac,  nerf  auditif;  ra,  branche  antérieure  du  nerf  auditif; 
rti',  nerf  du  recessus  utriculi;  raa,  nerf  de  l'ampoule  antérieure; 
rae,  nerf  de  l'ampoule  externe;  rap,  nerf  de  l'ampoule  postérieure; 
rb,  nerf  basilaire;  f,  nerf  facial;  mb,  membrane  basilaire;  lis,  liga- 
ment spiral. 


(1)  Le  limaçon  forme  deux  tours  et  demi  de  spire  cliez  le  Lapin,  trois  et  demi  chez  le 
Bœuf,  près  de  quatre  chez  le  Porc  et  trois  chez  le  Chat.  Du  reste  la  forme  et  la  direction 
du  limaçon  varient  beaucoup  dans  les  différents  types;  il  en  est  de  même  du  saccule,  ainsi 
que  de  toutes  les  parties  de  la  portion  supérieure  du  labyrinthe  membraneux. 


ORGANES    DES    SENS  237 

tion  supérieure  et  la.  jjortioti  inférieure  du  labyrinthe  membraneux,  c'est- 
à-dire  entre  le  saccule  et  Vutricule,  disparaît  complètement  chez  les 
Mammifères  ;  ces  deux  portions  ne  communiquent  plus  qu'indirecte- 
ment par  l'intermédiaire  du  conduit  endolymphatique  divisé  en  deux 
branches  avant  de  se  réunir  au  labyrinthe  membraneux. 

Vappareil  qui  transmet  les  ondes  sonores  présente  des  modifications 
spéciales;  la  membrane  du  tympian  dans  la  période  post-embryonnaire 
est  reléguée  au  fond  du  canal  auditif  externe.  Tandis  que  chez  les  Saii- 
ropsidés  la  caisse  du  tympan  ne  renferme  qu'une  seule  tige  osseuse,  la 


dur 


Fig.  20'i.  —  Schéma  de  l'ensemble  de  l'organe  auditif  de  V Homme. 

Oreille  externe.  31,  Af,  pavillon  de  l'oreille  ;  iWae,  conduit  auditif  externe;  O,  sa  paroi  ;  Ml,  mem- 
brane du  tympan. 

Oreille  moyenne.  Ct,  Ct,  caisse  du  tympan  ;  0',  sa  paroi;  SAp,  chaîne  des  osselets  représentée  par 
une  simple  tige;  -j-,  base  de  l'étrier  qui  ferme  la  fenêtre  ovale;  M,  membrane  du  tympan  secondaire  qui 
ferme  la  fenêtre  ronde  ;  Tb,   trompe  d'Eustache;  Tb^,  son  embouchure  dans  le  pharynx;  O",  sa  paroi. 

Oreille  interne,  dont  la  plus  grande  jjurtie  du  labyrinthe  osseux  (KL,  KL')  a  été  enlevée.  S,  sac- 
cule ;  a,  b,  les  deux  canaux  demi-circulaires  verticaux,  dont  l'un  (6)  est  coupé  ;  c,  Co,  commissure  des 
canaux  demi-circulaires  du  labyrinthe  membraneux  et  du  labyrinthe  osseux;  S.e,  sac  endolymphatique  ; 
JD.e,  conduit  endolymphatique  bifurqué  en  5  ;  Cp,  espace  périlymphatique  ;  Cr,  canal  de  réunion; 
Con,  cochlée  ou  limaçon  membraneux,  qui  forme  en  •}-  le  cul-de-sac  du  vestibule;  Con',  limaçon  osseux; 
Sv,  rampe  vestibulaire,  et  St,  rampe  tympanique  qui  en  *  communiquent  l'une  avec  l'autre  au  niveau  de 
lacupula  terminalis  (CO;  D.p,  conduit  périlymphatique,  qui  se  détache  en  d  de  la  rampe  tympanique 
et  débouche  en  D.p^,  Le  canal  demi-circulaire  horizontal  n'est  désigné  par  aucune  lettre,  mais  il  est 
facile  à  reconnaître. 

columelle  de  Voreille,  il  existe  ici  une  chaîne  de  trois  ou  quatre  osselets 
articulés  entre  eux,  étendue  entre  la  membrane  du  tympan  et  la  fenêtre 
ovale;  on  donne  à  ces  osselets  les  noms  de  marteau,  enclume,  os  lenticu- 
laire et  étrier.  (Pour  leur  développement,  je  renverrai  au  paragraphe 
relatif  au  crâne  des  Mammifères). 

Labyrinthe  osseux  et  limaçon  des  Mammifères. 

Le  labyrinthe  membraneux  n'est  pas  partout  entouré  de  la  même 
façon  par  les  parties   solides  du    squelette  céphalique;   néanmoins  on 


238 


CHAPITRE    CINQUIEME 


distingue,  comme  nous  l'avons  vu,  dans  toute  la  série  des  Vertébrés,  un 
labyrinthe  membraneux  et  un  labyrinthe  osseux,  et  on  donne  aux  diffé- 
rentes parties  de  ce  dernier  les  mêmes  noms  que  ceux  des  parties  mem- 
braneuses sous-jacentes.  Chez  les  Mammifères,  il  existe  une  capsule 
labyrinthique  osseuse  qui  est  incomplètement  divisée  par  une  crête  en 
deux   portions    renfermant    Tune    le   saccule,    Tautre    Yutricule,    avant 


Fig.  205. 


Lso 


Fig.  205.  —  Limaçon  osseux  de  V Homme.  A,  axe;  Lso,  Lso\  lame  spirale  osseuse,  dont  on  voit  en  -j-  le 
bord  libre  traversé  par  les  fibres  du  nerf  acoustique;  H,  bec  de  la  lame  spirale. 

Fig.  206.  —  Coupe  schématique  du  canal  cochléen  d'un  Mammifère.  KS,  limaçon  osseux;  Lo,  ZoS  les 
deux  lames  de  la  lame  spirale  osseuse,  entre  lesquelles  en  iV  on  voit  le  nerf  auditif  (avec  le  ganglion 
à  gauche  de  L);  L,  crête  spirale;  B,  membrane  basilaire  sur  laquelle  repose  le  neuro-épithélium  ; 
iî,  membrane  de  Reissner;  S'y,  rampe  vestibulaire;  Si,  rampe  tympanique;  5mi,  rampe  moyenne  (lima- 
çon membraneux);  C,  membrane  de  Corti;  Ls,  ligament  spiral. 

même  que  le  reste  du  temporal  ne  soit  ossifié.  Au  contraire,  chez  les 
Téléostéens,  les  Chimères,  les  Ganoïdes  et  les  Dipnoïques,  la  capsule 
auditive  est  incomplète  et  n'est  séparée  en  dedans  de  la  cavité  crânienne 
que  par  une  cloison  fibreuse.  Elle  est  ainsi  seulement  contenue  ici  dans 
une  fosse  cartilagineuse  ou  osseuse,  dont  j'ai  déjà  indiqué  la  composition 
en  partie  très  compliquée  {Téléostéens  et  Ganoïdes  osseux)  en  traitant 
de  Tanatoraie  du  crâne. 


Je  passe  maintenant  à  la  description  du  limaçon  des  Mammifères,  dont 
nous  n'avons  encore  étudié  que  la  partie  membraneuse.  La  masse 
osseuse,  qui  enveloppe  le  labyrinthe  membraneux,  produit  un  axe 
osseux,  où  l'on  distingue  une  partie  inférieure  (modiolus) ,  une  partie 
moyenne  (columella)  et  une  partie  supérieure  (lamina  modioli).  Autour 
de  cet  axe  s'enroule  une  lamelle  qui  fait  saillie  dans  le  canal  du  lima- 
çon, mais  dont  le  bord  externe  reste  libre  et  n'arrive  pas  jusqu'à  la 
partie  opposée  [lame  spirale  osseuse).  Elle  est  continuée  par  deux  lamelles 
membraneuses  qui  s'écartent  l'une  de  l'autre  et  qui  constituent  la.  mem- 
brane basilaire  et  la  membrane  de  Reissner,  c'est-à-dire  deux  des  parois 
du  limaçon  membraneux.  La  troisième  paroi  de  ce  dernier  est  formée 
par  une  partie  delà  paroi  latérale  du  limaçon  osseux.  Le  limaçon  mem- 
braneux est,  de  la  sorte,  à  peu  près  triangulaire;  il  porte  aussi  le  nom 
de  conduit  cochléaire  ou  de  rampe  médiane.  On  voit  par  là  qu'il  est  loin 
de  remplir  tout  le  limaçon  osseux,  mais  qu'il  reste  deux  espaces,  l'un 


ORGANES    DES    SENS  239 

au-dessus,  l'autre  au-dessous  de  lui.  Ces  deux  espaces,  que  nous  avons 
déjà  rencontrés  dans  l'organe  auditif  des  Oiseaux,  sont  appelés  rampe  ves- 

TIBULAIRE  et  RAMPE  TYMPANIQUE  (fîg.   204-207). 

Toutes  deux  font  partie  du  système  périlymphatiqtie  ;  elles  accompa- 
gnent la  rampe  médiane  et  communiquent  l'une  avec  l'autre,  au-dessus 
de  l'extrémité  en  cul-de-sac  de  cette  dernière,  c'est-à-dire  au  niveau  de 
la  cujnde  terminale.  La  rampe  vestibulaire  est  séparée  de  la  caisse  du 
tympan  par  la  plaque  basilaire  de  l'étrier  enchâssée  dans  la  fenêtre 
ovale;  la  ravipe  tympanique  en  est  séparée  par  la  membrane  qui  ferme 
la  fenêtre  ronde  {piembrana  tympani  secundaria). 

Sur  le  plancher  du  limaçon  osseux,  non  loin  de  la  fenêtre  ronde,  est 
situé  l'orifice  d'un  canal  étroit,  I'aqueduc  du  limaçon,  qui  fait  communi- 
quer le  système  périlymphatique  avec  le  système  lymphatique  périphé- 
rique de  la  tête  (1). 

Le  CONDUIT   ENDOLYMPHATIQUE  OU   AQUEDUC    DU   VESTIBULE,    dout  il   a  déjà  été 

question  à  plusieurs  reprises,  joue  le  même  rôle  pour  Yendolyînphe 
contenue  dans  le  labyrinthe  membraneux.  C'est  un  organe  très  ancien, 
qui  existe  déjà  chez  les  Poissons  inférieurs  (Myxinoïdes)  et  qui  pré- 
sente dans  la  série  des  Vertébrés  de  nombreuses  modifications.  Sous  sa 
forme  la  plus  simple,  il  est  représenté  par  un  canal  qui  prend  naissance 
sur  la  paroi  interne  du  saccule  en  rapport  avec  la  cavité  crânienne.  Son 
extrémité  supérieure  traverse  la  cloison  interne  de  la  capsule  auditive 
cartilagineuse  ou  osseuse,  pénètre  dans  la  cavité  du  crâne  et  se  termine 
par  un  renflement  {sac  endolymphatique)  dans  la  dure-mère.  Il  ne  peut 
donc  y  avoir  que  des  rapports  endosmotiques  entre  l'espace  endolympha- 
tique et  l'espace  épicérébral. 

Chez  les  Sélaciens,  le  conduit  endolymphatique  s'ouvre  librement  à  la  surface  de 
la  voûte  du  crâne  dans  la  région  occipitale  et  communique  par  conséquent  avec  le 
milieu  ambiant,  c'est-à-dire  avec  l'eau  de  mer.  Chez  beaucoup  de  Reptiles,  son  extré- 
mité tei'minale  est  située  immédiatement  au-dessous  de  la  paroi  du  crâne  (suture 
pariéto-occipitale)  ;  chez  les  Ascalaboles,  le  conduit  quitte  la  capsule  crânienne,  pénètre 
entre  les  muscles  de  la  nuque,  et,  au  niveau  de  la  ceinture  scapulaire,  se  dilate,  forme 
un  grand  sac  lobé,  dont  les  prolongements  arrivent  jusque  sur  la  face  inférieure  de  la 
colonne  vertébrale  et  jusque  dans  le  tissu  sous-muqueux  du  pharynx.  Ce  système  de 
canaux  peut  même  se  ramifier  jusque  dans  l'orbite;  il  est  toujours  rempli,  comme 
d'ailleurs  le  conduit  endolymphatique  chez  tous  les  Vertébrés  i^au  moins  pendant  la 
période  embryonnaire),  par  une  bouillie  blanchâtre  composée  de  cristaux  calcaires 
excessivement  petits  (Wiedersheim). 

Chez  les  Amphibiens  et  chez  certains  Téléostéens,  les  deux  conduits  endolympha- 
tiques  peuvent  se  réunir  en  s'élargissant  fortement,  soit  seulement  sur  la  face  dorsale, 
soit  aussi  sur  la  face  inférieure  du  cerveau,  de  sorte  que  celui-ci  est  entouré  par  une 
véritable  ceinture  calcaire.  Tel  est,  par  exemple,  le  cas  chez  les  Anoures. 

Chez  les  Oiseaux  et  les  Mammifères,  jamais  le  conduit  endolymphatique  ne  sort 

(1)  Le  conduit  périlymphatique  commence  à  apparaître  d'une  façon  certaine  à  partir  des 
Reptiles.  Il  commence  chez  eux  dans  la  cavité  périlymphatique,  sur  la  paroi  externe  du  sac- 
cule; est  situé  ensuite  dans  une  gouttière  profonde  de  la  face  interne  du  limaçon,  passe  au- 
dessus  de  la  membrane  basilaire  (rampe  tympanique),  sort  par  le  trou  grand  rond  et 
aboutit  à  l'espace  lymphatique  épicérébral. 


240 


CHAPITRE    CINQUIÈME 


de  la  cavité  crânienne,  et  l'appareil  tout  entier  présente  la  forme  tubuleuse  fonda- 
mentale que  j'ai  décrite  au  début. 

Histologie  du  limacpn  des  Mammifères, 

Les  fibres  du  nerf  acoustique,  qui  parcourent  l'axe  osseux  du  lima- 
çon, s'infléchissent  les  unes  après  les  autres  en  dehors  pour  pénétrer  dans 
la  lame  sjjirale  osseuse,  la  traversent  dans  toute  sa  largeur,  en  sortent 
par  le  bord  libre  et  distribuent  leurs  fibrilles  terminales  sur  la  face 
interne  de  la  membratie  basilaire{ûg.  207).  Celles-ci  aboutissent  aux  cel- 


]\r- 


Fig.  207.  —  Organe  de  Corti  (d'après  Lavdowsky).  Lo,  Lo',  les  deux  lames  dé  la  lame  spirale 
osseuse;  N,  nerf  auditif  avec  le  ganglion  ;  A'^^,  N",  fibrilles  nerveuses  terminales  se  rendant  aux  cellules 
auditives  (G,  G);  Ba,  Ba,  piliers;  Mz,  membrane  réticulée;  (7,  membrane  de  Corti;  is,  ligament 
spiral  qui  se  continue  avec  la  membrane  basilaire  ;  5)n,  rampe  moyenne;  R,  membrane  de  Reiss- 
ner;  B,  B,  membrane  basilaire. 

Iules  sensorielles  ou  cellules  auditives  qui  sont  tendues  comme  sur  un 
cadre  entre  les  cellules  de  soutènement  ou  'piliers.  De  la  surface  des 
piliers  se  détache  en  dehors  une  membrane  rigide,  réticulée  [membrane 
réticulaire) ,  dont  les  trous  ou  mailles  sont  traversés  par  les  cils  termi- 
naux des  cellules  auditives  (le  nombre  des  cellules  auditives  externes 
peut  être  évalué  à  environ  12,000).  Ils  sont  recouverts  par  une  membrane 
épaisse,  sans  élasticité,  qui  semble  jouer  le  rôle  d'étouffbir,  et  qui  s'in- 
sère sur  la  lèvre  vestibulaire  de  la  lame  spirale  osseuse,  membrane  de 
Corti  ou  membrana  tectoria.  La  membrane  basilaire  se  compose  dans  toute 
son  étendue  d'une  série  de  fibrilles  parallèles,  claires,  très  élastiques,  au 
nombre  de  16,000  à  20,000  environ  chez  l'Homme.  Elles  entrent  très  faci- 
lement en  vibration,  et,  comme  leur  longueur  est  différente  dans  les 
différentes  régions  du  limaçon,  on  peut  les  considérer  comme  une  sorte 
de  clavier  ou  de  harpe,  c'est-à-dire  comme  un  instrument  à  cordes, 
capable    d'analyser  les   sons   et   dont    les    vibrations   sont  transmises 


ORGANES    DES    SENS  241 

aux  cellules  auditives  situées  au-dessus  et  de  là  par  les  nerfs  à  Fencé- 
phale. 

L'appareil  circulatoire  du  limaçon  des  Mammifères  a  été  bien  étudié  par 
G.  Schwalbe  chez  le  Cochon  d'Inde.  La  rampe  tympanique  ne  renferme  que  des  veines 
[scala  venarum)  ;  la  rampe  vestibulaire  que  des  artères  [scala  arleriarum).  Par 
conséquent  la  rampe  tympanique,  qui  n'est  séparée  de  l'organe  de  Corti  que  par  la 
minée  membrane  basilaire,  est  entièrement  soustraite  à  l'influence  des  pulsations 
artérielles.  Tous  les  vaisseaux  artériels  circulent  donc  dans  la  rampe  vestibulaire, 
qui  de  son  côté  est  encore  séparée  de  l'organe  de  Corti  par  la  membrane  de  Reissner 
et  par  tout  le  canal  cochléen.  Il  en  résulte  que  l'organe  de  Corti  se  trouve  être  pro- 
tégé contre  l'influence  des  bruits  circulatoires,  d'autant  plus  que  le  sang  artériel  tra- 
verse dans  l'intérieur  du  limaçon  un  grand  nombre  de  glomérules,  ce  qui  diminue 
considérablement  sa  vitesse  et  sa  tension. 

On  pourrait  être  tenté  d'établir  une  comparaison  avec  les  glomérules  de  Malpighi 
du  rein,  mais  cette  comparaison  n'est  pas  possible,  parce  que  dans  ces  derniers  le  ca- 
libre des  vaisseaux  est  incomparablement  plus  petit  (capillaires)  et  qu'il  y  existe  des 
réseaux  admirables  bipolaires,  ce  qui  n'est  nullement  le  cas  dans  l'organe  auditif  des 
Mammifères,  où  les  vaisseaux  possèdent  une  couche  musculeuse  distincte,  et  où  au 
lieu  d'un  seul  vaisseau  efîérent  il  y  en  a  cinq  à  six. 

Il  n'est  pas  douteux  que  les  rapports  soient  les  mêmes  chez  tous  les  Mammifères,  y 
compris  l'Homme. 

Oreille  externe. 

L'oreille  externe,  c'est-à-dire  le  conduit  auditif  externe  et  le  pavillon 
de  Voreille,  se  développe  aux  dépens  de  deux  saillies,  qui  apparaissent 
sur  le  premier  et  le  deuxième  arc  branchial  et  qui  limitent  le  reste  de  la 
fente  branchiale  externe. 

De  bonne  heure  on  y  voit  une  rangée  de  mamelons  plus  ou  moins 
distincts,  qui  sont  situés  dans  le  fœtus  humain  en  partie  sur  la  mâchoire 
inférieure,  en  partie  sur  le  bourrelet  de  l'arc  hyoïdien,  en  partie  sur  la 
pièce  qui  les  réunit  en  arrière. 

Ces  mamelons  se  réunissent  pour  former  un  anneau  épais  et  consti- 
tuent plus  tard  les  protubérances  caractéristiques  du  pavillon  de  l'oreille, 
c'est-à-dire  le  tragus,Vantitragus,  Vhélix  et  ïanthélix,  etc.  (W.  His). 

Le  conduit  auditif  externe  n'est  bien  développé  que  chez  les  Mam- 
mifères; cependant  on  peut  déjà  en  voir  les  vestiges  chez  les  Reptiles 
et  les  Oiseaux. 

La  première  trace  du  pavillon  de  l'oreille  se  rencontre  chez  les  Cro- 
codiles sous  forme  d'un  repli  cutané.  Chez  les  Hiboux,  il  existe  une 
valvule  membraneuse  mobile.  Les  Mammifères  seuls  possèdent  un  véri- 
table pavillon,  qui  du  reste  varie  beaucoup  et  de  forme  et  de  dimension. 
De  nombreux  muscles  s'insèrent  sur  le  pavillon  de  l'oreille;  parfois, 
par  exemple  chez  les  Primates,  ils  sont  atrophiés  et  par  conséquent 
appartiennent  à  la  catégorie  des  organes  rudimentaires  (voy.  les  muscles 
mimiques).  Il  est  intéressant  de  noter  que  la  saillie  pointue  du  bord 
supérieur  du  pavillon  chez  certains  Singes  s'observe  parfois  aussi  chez 
l'Homme. 

Le  rôle  physiologique  du  pavillon  de  l'oreille  est,  comme  l'ont  montré 
les  expériences,  tout  à  fait  secondaire. 

WlEDERSHEIM.  16 


242  CHAPITRE    CINQUIÈME 


Bibliographie. 

C.  Hasse.    Les  nombreux  mémoires  de  cet  auteur  sont  insérés  dans  Zeilschr.  f.  wiss.  Zool. 

T.  XYII   et  XTllI,  et  dans  Anatomische  Studien.  Leipzig,  1870-1873. 
V.  Hensen.    Physiologie  des  Gehors,  dans   Handbuch    der  Physiologie  von  L.   Hermann. 

Abth.  Sinnesorgane.  Leipzig,  1880. 
Kuhn.     Les  mémoires  de  cet  auteur  sur  l'oreille  des  Poissons,  des  Amphibiens  et  des  Rep- 
tiles se  trouvent  dans  Arch.  f.  mikr.  Anat.  T.  XIV,  XVU,  XX. 
W.  Moldenhauer.    Die  Entxvicklung    des  mittleren    und     àusseren   Ohres.   Morph.  Jalirb. 

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G.  Retzius.    Das  Gehororgan  der  Wirbellhiere.  I.  Das  Gehôrorgan  der  Fische  und  Amphi- 

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thiere.  Stockholm,  1884. 
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W.  Salensky.    Beitruge  zur  Entioicklungsgeschichte  der  knorpeligen  Gehô7^kndchelchen  bei 

Sdugethieren.  Morphol.  Jahrb.  T.  VI.  1880. 
G.  Schwalbe.    Lehrbuch  der  Anatomie  der  Sinnesorgane.  Erlangen,  1887. 
Id.    Ein  Beitrag  zur  Kenntniss  der  Circulationsverhàltnisse  in  der  Gehôrschnecke.  Fest- 

schrift  zu  Cari  Ludwig's  70.  Geburtstag.  Leipzig,  1886. 

D.  TatarofT.     Ueber  die   Muskeln    der  Ohrmuschel    und  einige  Besonderheiten   des   Ohr- 

knorpels.  Arch.  f.  Anat.  und  Physiol.  1887. 


CHAPITRE     SIXIÈME 


ORGANES  DIGESTIFS 


Canal  intestinal  et  ses  annexes  (1) 


.KW 


Le  canal  intestinal  est  un  tube  qui  commence  à  la  bouche,  traverse 
la  cavité  générale  du  corps  {cœlome)  et  se  termine  à  Y  anus.  Ses  parois 
sont  formées  essentiellement  de  trois  tuniques,  une  tunique  interne,  la 
muqueuse,  une  tunique  moyenne, 
la  sous-muqueuse,  et  une  tunique 
externe,  la  tunique  musculaire. 
La  première,  le  feuillet  intestino- 
glandulaire  de  l'embryon,  est 
d'origine  entodermique ;  elle  donne 
naissance  à  de  nombreuses  for- 
mations glandulaires,  et  est  par 
conséquent  douée  des  propriétés 
de  sécrétion  et  d'absorption.  La 
deuxième  tunique,  composée  de 
tissu  adénoïde,  sert  essentiellement 
de  support  aux  vaisseaux  sanguins 
et  aux  appai'eils  lymphoïdes ;  la 
tunique  externe  enfin,  le  feuillet 
fibro-iiitestinal,  &edi\ise  en  général 
en  deux  couches  musculaires  lis- 
ses, l'une  interne  à  fibres  circu- 
laires, l'autre  externe  à  fibres  longitudinales,  qui  président  aux  mouve- 
ments, aux  contractions  (péris taltiques)  de  la  paroi  intestinale  et  rem- 
plissent par  suite  un  double  rôle;  en  premier  lieu  elles  mettent  de  tous 
côtés  en  contact  intime  la  bouillie  alimentaire  avec  la  surface  interne 

(1)  Pour  le  développement  du  lube  digestif,  du  canal  neurentérique  et  des  organes  qui 
servent  à  la  nutrition  de  l  embryon,  je  renverrai  à  l'introduction  ainsi  qu'au  chapitre  qui 
traite  des  relations  entre  la  mère  et  le  fœtus. 


':KW 


Fig.  208.  —  Coupe  transversale  schématique  du  corps 
d'un  Vertébré.  KW,  paroi  du  corps;  DW,  paroi 
intestinale  ;  KH,  cavité  viscérale  ;  DH,  cavité  intes- 
tinale; DE,  cellules  de  la  muqueuse  intestinale; 
BF,  péritoine  qui  tapisse  la  paroi  de  la  cavité  vis- 
cérale, et  qui,  en  BF^,  se  continue  sur  l'intestin  et 
le  fixe  à  la  paroi  dorsale  du  corps  ;  WS,  colonne 
vertébrale;  RM,  moelle  épinière. 


2U 


CHAPITRE    SIXIEME 


épithéliale,  c'est-à-dire  avec  la  muqueuse,  en  second  lieu  elles  expulsent 
du  corps  les  substances  impropres  à  la  nutrition 

Les  muscles  striés,  innervés  par  les  ne?'fs  crâniens  ou  rachidietis ,  ne 

se  rencontrent  que 
dans  la  partie  anté- 
rieure et  dans  la  par- 
tie postérieure  du  tube 
digestif. 

Aces  trois  tuniques 
de  la  paroi  intestinale 
s'ajoute  encore  une 
enveloppe  extérieure 
accessoire,  le  péritoine. 
C'est  une  membrane 
séreuse,  revêtue  d'un 
épithélium  à  cellules 
plates,  qui  tapisse  la 
cavité  générale  du 
corps  tout  entière,  la 
transforme  en  un  grand  espace 
lymphatique  et  qui  se  réfléchit  sur 
les  viscères  qu'elle  renferme.  On 
y  distingue  un  feuillet  pariétal 
et  un  feuillet  viscéral.  Ces  deux 
feuillets  sont  réunis  l'un  avec 
l'autre  par  l'intermédiaire  du  mé- 
sentère composé  également  de 
deux  feuillets,  et  qui  non  seule- 
ment sert  d'appareil  suspenseur 
pour  les  viscères,  mais  encore 
sert  à  leur  amener  les  vaisseaux 
et  les  nerfs.  Ces  derniers  appar- 
tiennent pour  la  plupart  au  sys- 
tème sympathique.  Le  mésen- 
tère représente  donc  un  système 
de  replis  de  la  paroi  interne  du 
corps,  dans  lequel  les  viscères 
sont  en  quelque  sorte  invaginés. 
La  partie  antérieure  du  tube 
intestinal  primitif  fonctionne  à  la 
fois  comme  canal  alimentaire  et  comme  cavité  respiratoire  par  suite  des 
dispositions  suivantes.  La  muqueuse  produit  une  série  de  diverticules 
placés  les  uns  derrière  les  autres,  à  chacun  desquels  correspond  un 
enfoncement  de  l'ectoderme,  et  qui  finalement  débouchent  à  l'extérieur. 
Entre  les  orifices  ainsi  formés  sont  situés  les   arcs  viscéraux,  que  nous 


Fig.  209. —  Schéma  de  l'intestin  buccal  des  Poissons 
(A),  à&s  Aniphibiens,  Repliles  et  Oiseaux  (B)  et  des 
Mammifères  (C). 

N,  orifice  de  la  cavité  nasale;  Ch,  arrière-na- 
rines; D,  intestin  ;  Ji,  fentes  branchiales  ;  i,  pou- 
mons; T,  trachée;  0,  œsophage.  La  flèche  désignée 
par  la  lettre  A  indique  la  voie  aérienne;  la  flèche 
désignée  par  la  lettre  B,  la  voie  digestive.  -j-  in- 
dique le  point  d'entrecroisement  de  ces  deux  voies. 


ORGANES    DIGESTIFS 


245 


avons  étudiés  à  propos  du  squelette  viscéral  et  dans  l'intérieur  desquels 
se  développent  des  capillaires,  de  sorte  que  l'eau  qui  traverse  ces  ori- 
fices est  soumise  à  un  échange  gazeux  constant.  En  un  mot  il  se 
développe  des  branchies. 

Bien  que  ces  dernières  ne  jouent 
un  rôle  physiologique  que  chez  les 
Poissons,  les  Dipnoïques  et  les  Am- 
phibiens  qui  vivent  dans  Veau  (et 
toutes  les  larves  des  Amphihiens), 
cependant  la  portion  spacieuse  de  la 
cavité  de  la  houche  et  du  pharynx, 
située  derrière  Ids  arrière-narines, 
représente  encorechez  les  Vertébrés 
supérieurs,  avant  qu'il  ne  se  déve- 
loppe un  véritable  palais(C/ie7ow?ews, 
Crocodiles),  un  passage  commun 
pour  l'air  et  les  aliments  (fig.  209). 

L'apparition  delà  voûte  palatine 
divise,  comme  on  sait,  la  cavité 
buccale  primitive  en  deux  étages, 
l'un  supérieur  respiratoire,  l'autre 
inférieur  digestif,  c'est-à-dire  en  ca- 
vité nasale  et  cavité  buccale  secon- 
daire ou  définitive.  Mais  cette  sépa- 
ration n'est  nullement  absolue, 
même  chez  les  Vertébrés  supérieurs 
comme  les  Mammifères  (fig.  209  C), 
car  cette  deuxième  partie  de  l'intes- 
tin antérieur,  que  l'on  désigne  sous 
le  nom  depharynx  etquiest  séparée 
chez  les  Mammifères  et  les  Crocodiles 
par  un  repli  musculo-membraneux 
{voile  du  palais)  de  la  cavité  buccale, 
est  dans  une  certaine  étendue  com- 
mune au  conduit  aérien  et  au  con- 
duit alimentaire.  Ces  deux  conduits 
ne  sont  définitivement  séparés  qu'à 
partir  de  l'origine  du  larynx. 

Le  canal  intestinal  de  tous  les 
Vertébrés  se  divise  en  trois  portions 
principales,  I'intestin  antérieur,  I'in- 
TESTiN  MOYEN  et  l'iNTESTiN  POSTÉRIEUR.  Le  premier  s'étend  jusqu'à  l'orifice 
des  conduits  excréteurs  du  foie  et  se  subdivise  en  quatre  parties,  l'm- 
testm  buccal  ou  céphaliqiœ  (cavité  de  la  bouche),  le  pharynx,  V œsophage 
et  Yestomac  (qui  n'existe  pas  toujours).  Vintestin  moyen,  qui  est  toujours 


Fig.  210.  —  Schéma  de  l'ensemble  du  tube  intes- 
tinal de  VHomme.  GU,  glandes  salivaires;  Ph, 
pharynx  ;G?.</i,  glande  thyroïde  ;  Gl.thy,  thymus  ; 
Lff,  poumons;  Oe,  œsophage;  Z,  diaphragme; 
Mg,  estomac;  Lh,  foie;  Pa,  pancréas;  Dd,  duo- 
dénum(intebtinmoyen);  Fie,  valvule iléo-cœcale  ; 
Pv,  appendice  vermiculaire  ;  Ca,  côlon  ascen- 
dant ;  67,  côlon  transverse;  Cd,  côlon  descen- 
dant; H,  rectum;  A,  anus. 


246  CHAPITRE    SIXIÈME 

plus  étendu  que  les  deux  autres,  à  son  origine  a  des  rapports  importants 
avec  le  foie  et  le  pancréas.  Il  est  désigné  en  anatomie  humaine  sous  le 
nom  à'intestin  grêle  ou  sous  celui  de  jéjunum  et  à'iléon.  Vintestin  pos- 
têrieur,  gros  intestin  ou  côlon  de  Fanatomie  humaine,  peut  se  diviser  en 
gros  intestin  proprement  dit  et  en  intestin  terminal  ou  anal  [rectum). 
Entre  l'intestin  antérieur  et  l'intestin  moyen,  ainsi  qu'entre  ce  dernier 
et  l'intestin  postérieur,  il  existe  en  général  un  épaississement  de  la 
couche  musculaire,  qui  agit  comme  sphincter  [valvule  pylori que  et  valvule 
iléo-cœcale  ou  de  Bauliin). 

Tantôt  le  canal  intestinal  est  droit,  tantôt  il  décrit  des  courbes  ou  des 
circonvolutions  plus  ou  moins  prononcées.  Dans  ce  dernier  cas,  il  est 
beaucoup  plus  long  et  par  suite  il  y  a  accroissement  de  la  surface  absor- 
bante et  digestive. 

Cette  surface  est  encore  augmentée  par  suite  de  la  présence  fréquente 
de  saillies  de  la  muqueuse  {plis,  villosités,  papilles). 

La  figure  210  représente  la  disposition  générale  du  canal  intestinal 
et  de  ses  annexes  chez  l'Homme.  Toutes  ces  annexes  dérivent  de  la  7nu- 
queuse  ;  elles  ont  par  conséquent  une  origine  épithéliale  ;  elles  restent 
pendant  toute  la  vie  des  organes  glandulaires  ou  tout  au  moins  consti- 
tués suivant  le  type  des  glandes.  Les  éléments  du  mésoderme  ne  s'y 
ajoutent  que  secondairement. 

Les  organes  appendiculaires  de  l'intestin  sont,  à  partir  de  la  bouche  : 

1°    Les   GLANDES   SALIVAIRES  (fig.  210,  Gls); 

2°    Les   GLANDES   MUQUEUSES; 

3°    La  GLANDE  THYROÏDE  [Gl.  tJl)  ; 

4°  Le  THYMUS  Gl.  thy); 

5°  Les  POUMONS  [vessie  natatoire)  [Lg)  ; 

6°  Le  FOIE  [Lb); 

7°  Le  PANCRÉAS  [Pa). 

Enfin  il  faut  ajouter  encore  les  glandes  de  l'estomac  et  les  glandes  de 
l'intestin  [glandes  à  pepsine,  glandes  de  Lieberkûhn,  etc.). 

1.  Intestin  buccal. 

A  part  V Amphioxus  et  les  Cyclostomes,  dont  la  bouche  est  entourée 
chez  le  premier  par  des  cirres,  chez  les  autres  par  un  anneau  cartilagineux, 
c'est-à-dire  est  disposée  pour  sucer,  tous  les  autres  Vertébrés  possèdent 

des  MACHOIRES. 

De  véritables  lèvres  {c'est-à-dire  pourvues  de  muscles)  ne  se  ren- 
contrent que  chez  les  Mammifères;  l'espace  situé  entre  elles  et  le  bord 
des  mâchoires  porte  le  nom  de  vestibule  de  la  bouche.  Il  peut  prendre  un 
grand  développement  latéral  et  constituer  des  abajoues  qui  servent  à 
certains  animaux  (beaucoup  de  Singes  et  de  Rongeurs)  à  emmagasiner 
les  aliments. 


ORGANES    DIGESTIFS 


247 


Les  lèvres  charnues  aidées  des  joues  et  de  la  langue  musculaire  et  mobile  per- 
mettent aux  Mammifères  de  sucer;  elles  concourent  également  chez  l'Homme  à  la 
production  du  langage  articulé.  Les  Cétacés  et  les  Monotrèmes  sont  les  seuls  Mammi- 
fères qui  soient  entièrement  dépourvus  de  formations  labiales  ;  chez  ces  derniers,  le 
bord  des  mâchoires  est  même  recouvert,  comme  chez  les  Oiseaux  et  les  Chéloniens, 
d'un  étui  corné  (voyez  plus  loin). 

Les  ORGANES  DE  LA  CAVITÉ  BUCCALE  se  di'visent  en  trois  grands  groupes  : 

les  DENTS,  les  GLANDES  et  la  LANGUE. 


Dents. 
Le  feuillet  externe  et  le  feidllet  moyen  prennent  part  à  la  formation 

Fi<j.  211. 


Fig.  212. 


^-■H 


PK^ 


Fig.  211.  —  Développement  d'une  dent. 
ME,  épithélium  de  la  bouche;  SK,  germe  de  l'émail;  Ma,  membrane  de  l'émail;  0,  odontoblastes  , 
DS,  couche  de  dentine;  Bg,  Bg,  tissu  conjonctif  qui  forme  le  sac  dentaire. 

Fig.  212.  —  Coupe  longitudinale  demi-schématique  d'une  dent. 
ZS,  émail;  ZB,  dentine  ou  ivoire;  ZC,  cément;  PH^,  orifice  de  la  cavité  dentaire  qui  renferme  la 
pulpe  {PH). 

des  dents.  L'épithélium  de  la  bouche  prolifère  dans  la  profondeur,  y 
forme  le  germe  de  rémail  et  vient  coiffer  des  saillies  en  forme  de  ma- 
melon du  tissu  conjonctif  sous-muqueux,  que  Ton  désigne  sous  le  nom 
de  germes  dentaires  ou  de  papilles  dentaires.  Les  éléments  de  ces  deux 
sortes  de  tissus  arrivent  bientôt  en  contact  intime  et,  à  la  suite  d'un 
processus  de  différenciation  très  compliqué,  donnent  naissance  aux  dif- 
férentes couches  de  la  dent  {ûg.  211).  Celles-ci,  énumérées  de  la  partie 
libre  saillante  de  la  dent  (couronne)  à  la  partie  profonde  [racine),  sont  : 
Vémail,  la  dentine  ou  ivoire,  traversée  par  un  système  de  canaux  très 
fins,  et  le  cément  (fîg'.  212). 


248  CHAPITRE    SIXIÈME 

La  racine,  enfoncée  dans  la  gencive,  présente  à  son  extrémité  infé- 
rieure un  petit  orifice,  qui  conduit  dans  la  cavité  dentaire  renfermant  la 
pulpe  dentaire  (fig.  212),  ainsi  que  des  vaisseaux  et  des  nerfs. 

Le  REMPLACEMENT  DES  DENTS  a  licu  clicz  tous  les  Vcrtébrés,  sauf  les 
Mammifères,  pendant  toute  la  vie;  chez  ces  derniers  elle  ne  se  pro- 
duit dans  la  règle  qu'une  seule  fois,  c'est-à-dire  que  dans  la  première 
dentition  les  dents  de  lait  ne  sont  remplacées  qu'une  seule  fois  par  des 
dents  plus  fortes  et  en  même  temps  plus  développées  {deuxième  denti- 
tion). Et  comme  chez  certains  Mammifères  {Cétacés  cétodontes  et  Edentés) 
les  dents  ne  sont  jamais  remplacées,  on  donne  à  ces  derniers  le  nom  de 
MONOPHYODONTES  par  oppositiou  aux  autres  Mammifères  qui  sont  diphyo- 

DONTES(l). 

Lorsque  toutes  les  dents  sont  semblables,  comme  chez  les  Cétodontes, 
on  dit  que  la  dentition  est  homodonte  ;  dans  le  cas  contraire  elle  est  hété- 
RODONTE,  et  on  distingue  alors  les  dents  en  dents  incisives,  canines  et  mo- 
laires; cette  disposition,  comme  le  montre  l'étude  de  la  dentition  de  lait 
(souvent  homodonte),  n'est  acquise  que  secondairement. 

Chez  les  Pinnipèdes  et  certaines  Chauves-souris,  le  remplacement  des  dents  a 
lieu  de  très  bonne  heure,  c'est-à-dire  avant  la  naissance  chez  la  plupart.  Les  dents 
de  lait  ne  peuvent  donc  pas  fonctionner.  On  en  conclut  que  ces  animaux  sont  en  voie 
de  perdre  dans  un  avenir  plus  ou  moins  éloigné  toute  trace  de  la  dentition  de  lait. 

Chez  les  Rongeurs,  la  dentition  de  lait  présente  toutes  les  variations  possibles  ;  les 
dents  de  lait  peuvent  être  en  nombre  égal  aux  incisives  et  aux  prémolaires  perma- 
nentes, ou  bien,  comme  chez  le  Lapin,  il  n'y  a  plus  du  tout  de  dentition  de  lait.  Il  en 
est  de  même  chez  les  Insectivores;  le  Hérisson  possède  toute  la  série  des  dents  de 
lait;  les  Musaraignes  n'en  présentent  pas  une  seule.  Chez  les  Marsupiaux  et  le  Co- 
chon d'Inde,  une  seule  paire  de  dents  (molaires)  est  remplacée  à  chaque  mâchoire. 

Le  remplacement  des  dents  est  toujours  accompagné  d'un  processus  de  résorption, 
qui  tantôt  ne  se  produit  que  dans  le  socle  [Poissons,  Amphibiens,  la  plupart  des  Rep- 
tiles) ou  dans  la  racine,  tantôt  (tous  les  Mamnâfères)  s'étend  aux  parois  osseuses  qui 
séparent  les  alvéoles  des  dents  permanentes  de  celles  des  dents  de  lait.  La  dent  per- 
manente se  développe  au-dessous  de  la  dent  de  lait,  et  en  même  temps  que  la  racine 
de  celle-ci  se  résorbe  complètement,  elle  la  soulève  de  plus  en  plus  jusqu'à  ce  que  la 
dent  de  lait  tombe  pour  lui  faire  place. 

Poissons  et  Amphibiens. 

Les  petites  dents  cutanées,  dont  il  a  été  question  à  propos  du  sque- 
lette, et  les  dents  de  la  cavité  buccale  sont  des  formations  homologues, 
puisqu'elles  ont  la  même  origine.  Chez  les  Téléostéens,  tous  les  os  de  la 
cavité  buccale  peuvent  porter  des  dents;  il  en  est  de  même  de  V hyoïde 
et  des  arcs  branchiaux  {os  pharyngiens).  Ici,  de  même  que  sur  le  para- 
sphénoïde,  elles  sont  disposées  en  carde  ou  en  brosse;  la  même  dispo- 

(l)  Chez  les  embryons  de  Baleines  on  observe  dans  la  mâchoire  supérieure  et  dans  la 
mâchoire  inférieure  l'ébauche  d'environ  100  dents;  mais  elles  s'atrophient  bientôt  et  sont 
remplacées  parles  fanons  produits  par  la  prolifération  de  l'épithélium  de  la  mâchoire  supé- 
rieure. Les  fanons  sont  formés  par  des  lamelles  cornées  parallèles.  Dans  leur  base  pénètrent 
de  longs  prolongements  vasculaires  de  la  muqueuse  qui  représentent  ainsi  leur  matrice. 


ORGANES    DIGESTIFS 


249 


sition  s'observe  encore  chez  certains  Urodèles  (fig.  213).  Mais  en  général 
chez  les  Aniphibiens  le  nombre  de  dents  est  beaucoup  plus  réduit  que 
chez  les  Poissons,  et  en  même  temps  elles  sont  tout  à  fait  uniformes. 

Les  dents  chez  les  Poissons  peuvent  être  cylindriques,  coniques  ou  courbées  en 
crochet,  ou  bien  elles  peuvent  revêtir  la  forme  des  dents  des  Mammifères  comme  les 
dents  incisives  des  Scarus  et  des  Sargus  ;  dans 
d'autres  espèces  elles  sont  serrées  les  unes  contre  les 
autres  et  forment  une  sorte  de  pavé;  elles  sont  ar- 
rondies et  destinées  à  broyer  les  aliments.  Enfin  il 
en  est  qui  ressemblent  à  des  poils  rigides,  à  des  soies 
[Chcetodon]  ou  qui  ont  la  forme  de  sabre  [Chau- 
liodus] . 

Chez  lesGanoïdes  cartilagineux  à  l'état  adulte,  les 
Scaphirhynchus  et  Polyodon  possèdent  seuls  des 
dents.  Chez  V Acipenser  rulheniis,  elles  n'existent  que 
pendant  la  période  embryonnaire;  c'est  là  par  con- 
séquent une  disposition  primitive  (Zograff).  Chez  les 
Cycloslomes,  les  Lophohranches  et  le  geni'e  de  Sal- 
monidés Coregoniis,  les  dents  font  complètement 
défaut  ou  ne  sont  composées  que  de  substance  cornée 
(Cydostomes)  (1). 

Les  Sétocie?is  possèdent  une  dentition  redoutable.         .  ,      ,  , 

-         ,       ,  .    1-  .  1  1      •  .  Fip-.  213.  —    Crâne  de  Balrachoseps 

Les  dents  sont  disposées  chez  eux  sur  plusieurs  rangées         atienuatus,  vu  par  la  face  infé- 

parallèles    autour  de  la  fente  buccale.  rieure,    avec     les   dents   du    para- 

sphenoïde. 

Les  dents  des  Amphihiens  sont  élargies  à  leur  base  et  reposent  sur 
un  socle.  Elles  se  rétrécissent  à  leur  extrémité  supérieure,  offrent  une 
légère  courbure  et  tantôt  présentent  deux  pointes  (Salamandrùies, 
Anoures),  tantôt  une  seule  [Axolotl,  Ichthyoïdes,  Dérotrèmes,  Gynuio- 
phiones),  ce  qui  est  la  disposition  primitive. 

Elles  sont  profondément  enfoncées  dans  la  muqueuse  et  sont  répar- 
ties en  général  sur  le  maxillaire  supérieur,  V intermaxillaire ,  le  maxil- 
laire inférieur,  le  vomer  et  le  palatin;  le  parasphénoide  en  porte  rare- 
ment et  Yoperculaire  de  la  mâchoire  inférieure  n'en  présente  que  chez 
les  larves  de  Salamandres  et  le  Protée.  Les  formes  larvaires  des  Anoures 
sont  armées  de  mâchoires  et  de  dents  cornées  ;  les  mêmes  formations  se 
rencontrent  aussi  chez  la  Sirène  lacertine. 

Les  dents  des  Amphihiens  fossiles  sont  plus  grandes  et  offrent  une  structure  plus 
compliquée.  Chez  certains  d'entre  eux  la  dentine  dessine  des  rubans  onduleux  [Laby- 
rinthodontes). 

Reptiles. 

Les  dents  des  Reptiles  sont  plus  fortes  et  parfois  aussi  plus  difTéren- 
ciées.  Ces  caractères  sont  en  rapport  avec  le  squelette  céphalique  plus 

(1)  Chez  les  Cydostomes  et  particulièrement  chez  les  Myxine  et  Bdellostoma  on  distingue 
dans  chaque  dent  une  couche  externe  cornée  qui  repose  sur  un  épithélium  stratifié.  La 
couche  interne  de  cet  épithéUum  est  composé  de  cellules  coniques,  dont  le  sommet  présente 
un  revêtement  anhyste  de  dentine  ou  d'émail.  Le  centre  de  la  dent  est  occupé  par  une  pulpe 
vasculaire.  On  ne  peut  s'empêcher  de  penser  que  la  dentition  des  Myxine  n'ait  atteint  jadis 
un  plus  haut  degré  de  développement  analogue  à  celui  des  Gnathostomes,  et  qu'elle  s'est 
atrophiée  dans  le  cours  des  temps  (.1.  Beard). 


250  CHAPITRE    SIXIÈME 

résistant  et  plus  rigide  de  ces  animaux.  Elles  sont  situées  soit  dans  une 
gouttière  ouverte,  en  dedans  du  maxillaire  inférieur,  et  soudées  au  bord 

B 
A  '  "^ 


Fig.  21'<.  —  A.  Schéma  des  dents  des  Sauriens  pleurodontes  (a),  acrodonles  (b)  et  thécodonles  (c). 
B.  Maxillaire  inférieur  de  Lacerta  vivipara  (a)  et  d'Anguis  fragilis  (b),  d'après  Leydig. 

interne  de  celle-ci  par  la  partie  externe  de  leur  base  {Sauriens  pleuro- 
dontes, Lacertiliens,  Scinques,  Amphibiens,  etc.),  ou  sur  le  bord  libre  de 
la  mâchoire  {Sauriens  acrodontes),  ou  enfin  elles  sont  implantées  dans 
A  des    alvéoles,    comme    chez    les 

Crocodiles  et  de  nombreuses  for- 
mes fossiles  {Reptiles  thécodontes) 
(fig.  214  A).  Outre  le  maxillaire 
inférieur,  les  os  du  palais  portent 
également  des  dents.  Toutes  les 
dents  ont  une  seule  pointe,  sauf 
celles  des  Lacertiliens  qui  en  ont 
deux  (1). 

Ceci  ne  s'applique  pas  dérail- 
leurs également  à  la  dentition  de 
tous  les  Reptiles,  car  chez  plu- 
sieurs, par  exemple  VHatteria, 
Y Uro7nastixspinipes,\es  Agames  et 
de  nombreuses  espèces  fossiles, 
particulièrement  celles  du  trias 
du  Sud  de  l'Afrique,  on  observe 
déjà  la  formation  d'une  dentition 
hétérodonte,  c'est-à-dire  des  dents 
incisives,  carnassières  et  molaires. 
La  dentition  (\(is  Serpents  veni- 
meux mérite  une  attention  particu- 
lière; chez  eux  un  nombre  variable 
de  dents    de    la    mâchoire   supé- 


l'ff 

Fig.  215.  —  Dents  venimeuses.  A,  squelette  cé- 
phalique  du  Serpent  à  sonnettes.  B  et  C,  coupes 
transversales  à  travers  le  milieu  et  à  travers 
l'extrémité  antérieure  de  la  dent  venimeuse  de  la 
Vipera  ammodytes.  (B  et  C,  d'après  Leydig). 

Gz^  dent  venimeuse;  Rzy  dents  de  rempla- 
cement; GC,  canal  du  venin;  PH,  cavité 
dentaire. 


(1)  Les  embryons  des  Sauriens,  des  Orvets  et  des  Couleuvres  présentent  une  dent  parti- 
culière. Elle  est  plus  volumineuse  que  ses  voisines,  est  située  au  milieu  de  l'interma- 
xillaire  et  fait  saillie  horizontalement  en  avant  de  la  pointe  du  museau;  elle  sert  au  jeune 
animal  à  percer  la  coquille.  Un  organe  analogue  se  développe  chez  le  Rana  opisthodon. 


ORGANES    DIGESTIFS  251 

1  ieiire  se  transforment  en  dents  venimeuses.  Par  exemple,  dans  la  petite 
Vipère  de  nos  pays  {Vipera  berus  eip7'ester),  il  existe  de  chaque  côté 
neuf  dents  venimeuses  disposées  en  rangées  transversales;  les  plus 
fortes  sont  situées  en  dehors,  les  plus  faibles  (les  dents  de  remplace- 
ment) en  dessous  (fig.  215  A). 

Une  seule  de  ces  dents  est  solidement  fixée  à  Tos  de  la  mâchoire;  elle 
présente,  outre  la  cavité  dentaire  proprement  dite,  un  canal  venimeux 
entouré  en  demi-cercle  par  cette  dernière  (fîg.  215  B  etC,  6^C),  canal  qui 
communique  à  sa  base  avec  le  conduit  de  la  glande  venimeuse  et  qui 
débouche  à  une  petite  distance  de  la  pointe  de  la  dent  (voy.  la  flèche 
dans  la  figure  215  A). 

Les  dents  des  Oiseaux  fossiles  de  l'Amérique  [Odontornilhes]  étaient  implantées 
soit  dans  de  véritables  alvéoles  [Ichlhyornis],  soit  seulement  dans  des  sillons  [Ilesper- 
ornis),  comme  chez  ïfchlhyosaurus.  L'intermaxillaire  était  dépourvu  de  dents  et  pa- 
raît avoir  été  recouvert  d'un  bec  corné.  Tous  les  Oiseaux  actuels  ainsi  que  la  plupart 
(tous?)  des  Oiseaux  du  tertiaire  et  du  diluvium  sont  dépourvus  de  dents. 

Mammifères. 

C'est  dans  ce  groupe  que  la  différenciation  des  dents  est  poussée  le 
plus  loin  par  suite  de  l'adaptation  au  genre  d'existence  de  ces  animaux 
(mode  d'alimentation,  préhension  et  trituration  des  aliments). 

Les  différentes  formes  de  dents  doivent  donc  être  considérées  comme 
les  modifications  d'une  dentition  simple  homodonte,  qui  doit  avoir  été 
composée  primitivement  de  grosses  dents,  coniques,  toutes  semblables. 
(Voyez  sur  ce  sujetl'important  travail  de  Cope,  cité  dans  la  Bibliographie.) 

En  général  les  dents  des  Mammifères  se  divisent  en  incisives, 
canines  (carnassières),  prémolaires  et  molaires.  Toutes  sont  implantées 
dans  des  alvéoles  bien  développées.  La  canine  ne  doit  être  considérée 
que  comme  une  prémolaire  difîérenciée,  qui  se  développe  particulière- 
ment chez  les  Carnivores;  c'est  la  première  dent  en  avant  de  la  mâ- 
choire; elle  fait  suite  à  la  plus  externe  (postérieure)  des  incisives,  qui 
sont  situées  en  haut  sur  V intermaxillaire ,  en  bas  sur  le  maxillaire  infé- 
rieur à  gauche  et  à  droite  de  la  symphyse  mandibulaire.  Aux  canines 
font  suite  en  arrière  les  pi'émolaires,  et  à  celles-ci  les  7nolaires  qui  sont 
placées  le  plus  en  arrière  sur  le  maxillaire  (fig.  216). 

Les  incisives  ont  une  couronne  en  forme  de  lame  de  ciseau;  les 
canines,  lorsqu'elles  sont  très  développées,  sont  coniques,  pointues  et 
plus  ou  moins  recourbées;  les  prémolaires  et  les  molaires,  à  part  celles 
des  Carnivores  qui  ont  une  couronne  tranchante  et  qui,  par  conséquent, 
en  se  rapprochant  ne  broient  pas  les  aliments,  mais  les  déchirent  comme 
feraient  des  ciseaux,  ont  une  couronne  forte  et  large,  à  surface  plus  ou 
moins  aplatie  ou  plus  ou  moins  tuberculeuse.  C'est  ainsi  que  chez 
l'Homme  et  chez  beaucoup  d'animaux  elles  ])résentent  quatre  tuber- 
cules aux  quatre  angles  de  la  couronne. 

Fréquemment,  par  exemple  chez  les  Insectivores,  ces  tubercules,  dont 


252 


CHAPITRE    SIXIEME 


le  nombre  peut  être  réduit  par  la  coalescence  de  quelques-uns  d'entre 
eux  ou  au  contraire  peut  être  plus  considérable,  sont  réunis  par  des 
crêtes  disposées  de  différentes  façons,  de  sorte  qu'il  en  résulte  un  relief 
des  plus  variables^ 

Les  modifications  de  la  dentition  dans  les  difîérents  groupes,  qui  sont  de  la  plus 
haute  importance  pour  la  classification  et  qui  souvent  sont  différentes  dans  les  deux 


MM.. 


Fig.  216.  — ■  A,  dentition  du  Chien.  B,  dents  de  la  mâchoire  supérieure  du  même  animal.  C,  dentition  du 
Nasalis  larvata.  D,  dents  de  la  mâchoire  supérieure  du  même  animal. 
i,  incisives;  c,  canines;  J3m,  prémolaires;  m,  molaires. 

sexes,  sont  si  nombreuses  qu'il  n'est  pas  possible  de  les  décrire  ici,  et  que  nous  de 
vrons  nous  borner  à  quelques  considérations  générales. 

Le  type  fondamental  que  présentent  les  dents  dans  leur  disposition  est  l'alter- 
nance des  dents  supérieures  et  des  dents  inférieures;  par  conséquent  les  dents  d'une 
mâchoire  ne  correspondent  pas  aux  dents  de  la  mâchoire  opposée,  mais  aux  inter- 
valles de  celles-ci.  On  peut  conclure  de  la  présence  fréquente  de  dents  rudimentaires 
qu'en  général  dans  le  cours  de  l'évolution  phylogénique  le  nombre  des  dents  a  dimi- 
nué. U augmentation  de  leur  nombre  doit  être  au  contraire  toujours  regardé 
comme  un  phénomène  d'atavisme.  La  réduction  intéresse  toujours  en  premier 
lieu  la  dernière  dent  de  chaque  groupa  fonctionnel  différent  dajis  la  rangée  supé- 
rieure et  dans  la  rangée  inférieure.  C'est  ainsi  que  dans  le  groupe  des  incisives  par 
exemple,  c'est  l'anlérieure  située  près  de  la  ligne  médiane  ou  la  postérieure  confinant 


OUGANES    DIGESTIFS  253 

aux  canines  qui  peuvent  être  en  voie  de  disparition,  et  il  en  est  de  même  de  la  pré- 
molaire ou  de  la  molaire  antérieure  et  postérieure. 

Un  haut  intérêt  s'attache  à  la  découverte  faite  par  E.  Poulton  delà  présence  de 
l'ébauche  de  dents  typiques  de  Mammifères  chez  de  jeunes  individus  de  YOrnilho- 
rhynchus  paradoxus  (longs  de  8,3  centimètres).  De  chaque  côté  de  la  mâchoire  su- 
périeure (et  probablement  aussi  de  chaque  côté  de  la  mâchoire  inférieure)  sont  situées 
trois  dents  ;  l'antérieure  se  dislingue  des  deux  autres  par  sa  grosseur  et  aussi  par  sa 
forme.  Elle  est  pointue,  cylindrique,  tandis  que  les  autres  sont  tuberculeuses  (1). 

Les  nombreux  Mammifères  du  jurassique  de  l'Amérique  paraissent,  suivant 
Marsh,  à  en  juger  d'après  leur  dentition,  être  plus  proches  parents  des  Insectivores 
actuels  que  des  Marsupiaux;  cependant  d'autres  formes  également  du  jurassique  se 
rapprochent  davantage  de  ces  derniers.  On  n'a  jusqu'ici  trouvé  que  peu  de  traces  de 
Mammifères  dans  le  trias;  mais  on  peut  cependant  affirmer  avec  certitude  qu'ils 
étaient  très  différents  de  ceux  du  jurassique.  Au-dessous  du  trias,  on  n'a  encore  ren- 
contré aucun  reste  de  Mammifère;  la  période  crétacée  présente  aussi  une  lacune  qui 
n'a  pas  été  comblée  jusqu'ici. 

Pour  en  revenir  aux  Mammifères  jurassiques,  les  formes  placentaires  elles  formes 
implacenlaires  paraissent  ainsi  avoir  été  déjà  séparées  à  des  époques  géologiques 
très  reculées,  et  il  en  résulte  que  la  forme  ancestrale  primitive,  d'où  ces  deux 
groupes  dérivent,  doit  être  recherchée  dans  la  période  paléozoïque. 

Après  cet  aperçu  sur  la  variété  extraordinaire  des  dents,  il  est  à 
propos  de  se  demander  quelle  est  la  cause  de  cette  diversité  de  formes, 
quel  est  le  p'mc^joe  formateur  de  la  denlilion.  A  mon  avis,  la  réponse  ne 
peut  être  douteuse.  On  doit  d'abord  partir  de  ce  fait  que  le  mode  primi- 
tif de  mouvement  des  mâchoires,  tel  qu'on  l'observe  chez  les  Poissons, 
les  Amphibiens,  les  Reptiles,  et  aussi  encore  chez  de  nombreux  Mammi- 
fères, est  simplement  celui  d'une  charnière,  ce  qui  exige,  par  consé- 
quent, une  dentition  (homodonte)  composée  de  dents  toutes  semblables, 
de  forme  conique.  Les  mouvements  de  mastication  des  mâchoires  purent 
seulement  être  possibles  lorsque  les  muscles  ptérygoïdiens  vinrent  à  se 
différencier  et  que  le  genre  d'alimentation  changea,  et  ces  mouvements 
entraînèrent  non  seulement  la  form.ation  d'une  dentition  hétérodonte, 
mais  encore  la  transformation  du  mode  d'articulation  de  la  mâchoire. 
Si,  en  outre,  comme  dans  la  série  des  Artiodactyles,  \\&e  développe  une 
longue  langue  préhensile  ou  des  lèvres  ptrèhensiles  très  mobiles,  qui  per- 
mettent à  l'animal  de  saisir  et  d'arracher  sa  nourriture,  on  s'expliquera 
la  disparition  des  incisives  et  on  comprendra  comment  celles-ci,  dans 
d'autres  cas,  chez  les  animaux  pourvus  d'une  trompe,  remplissent  une 
fonction  toute  différente. 

Glandes  de  la  bouche. 

De  même  que  les  glandes  de  l'œil  et  les  glandes  de  la  peau,  les  glandes 
de  la  bouche  ne  se  montrent  que  chez  les  animaux  qui  vivent  sur  la 

(1)  On  trouve  encore  sur  la  màclioire  supérieure  la  trace  d'une  quatrième  dent,  et  il  en 
est  probablement  de  même  aussi  à  la  mâchoire  inférieure.  La  structure  histologique  de  ces 
dents  est  semblable  à  celle  des  dents  des  autres  Mammifères. 

Les  plaques  cornées  de  la  bouche  de  l'Grnithorhynque  sont  éLena^inve  purement  épithéliale; 
à  leur  place  devaient  également  exister  jadis  des  dents,  qui  ont  été  graduellement  recou- 
vertes par  la  masse  cornée,  ce  qui  a  causé  leur  disparition. 


254  CHAPITRE    SIXIÈME 

terre,  c'est-à-dire  à  partir  des  Amphibiens  [\).  Elles  ont  pour  fonction 
d'humecter  avec  leur  sécrétion  les  muqueuses  qui  sont  en  contact  avec 
l'air  extérieur,  et  de  les  protéger  contre  le  dessèchement.  Composées 
au  début  d'organes  presque  indifférents  qui  ne  produisent  qu'une  masse 
muqueuse,  elles  se  différencient  plus  tard  en  appareils  dont  la  sécrétion 
sert  à  la  digestion  ou  peut  devenir,  comme  chez  les  Serpents  et  les 
Sauriens  venimeux,  une  arme  redoutable. 

Leur  différenciation  physiologique  est  accompagnée  de  modifications 
morphologiques  correspondantes  dans  leur  nombre  et  leur  groupement. 
En  même  temps  leur  structure  histologique  varie  au  point  que  les  trois 
formes  de  glandes  qu'on  distingue  en  Anatomie  générale,  les  glandes 
tubuleuses  simples,  les  glandes  tubuleuses  composées  et  les  glandes  aci- 
neuses,  s'y  trouvent  représentées. 

Les  deux  premières  formes  dominent  chez  les  Vertébrés  inférieurs 
et  sont,  en  général,  disposées  par  groupes;  chez  les  Vertébrés  supé- 
rieurs, c'est  la  troisième,  d'ailleurs  ontogéniquement  plus  élevée. 

Amphibiens. 

A  part  les  Ichthyoïdes,  les  Dérotrèmes  et  les  Gymnophiones ,  il  se 
développe  chez  tous  les  Amphibiens  sur  la  partie  antérieure  de  la  voûte 
de  la  bouche  une  glande  tubuleuse,  dont  la  plus  grande  partie  chez  les 
Urodèles  est  logée  dans  une  cavité  de  la  cloison  des  fosses  nasales  ou 
dans  le  prémaxillaire  (glande  intermaxillaire  ou  internasale).  Chez  les 
Anoures  elle  est  plus  volumineuse  et  située  plus  en  avant;  chez  les  uns 
comme  chez  les  autres,  les  conduits  excréteurs  débouchent  dans  la 
région  antérieure  de  la  tête,  sur  le  palais.  Il  existe  encore  dans  la  région 
des  arrière-narines  chez  les  Anoures  une  deuxième  glande,  dont  la 
sécrétion  se  déverse  en  partie  dans  les  arrière-narines,  en  partie  dans 
le  pharynx  [glande  pharyngienne). 

La  langue  des  Amphibiens  renferme  aussi  de  nombreux  tubes  glan- 
dulaires. 

Reptiles. 

On  observe  ici  un  progrès  sur  les  Amphibiens,  qui  consiste  en  ce 
que  les  glandes  sont  déjà  divisées  en  groupes.  C'est  ainsi  qu'on  distingue 
non  seulement  une  glande  palatine,  homologue  de  la  glande  intermaxil- 
laire, mais  aussi  des  glandes  linguales,  sublinguales,  ainsi  que  des  glandes 
labiales  supérieures  et  inférieures.  Les  Chaméléonides  et  les  Ophidiens  se 
font  particulièrement  remarquer  par  le  grand  nombre  de  glandes  qu'ils 
possèdent.  La  spécialisation  des  différents  groupes  glandulaires  est  plus 
avancée  chez  ces  derniers.  Une  partie  de  la  glande  labiale  supérieure  se 
transforme  chez  les  Serpents   venimeux  en  glande  venimeuse.  Elle  est 

(1)  On  en  trouve  déjà  les  vestiges  chez  les  Dipnoïques,  par  exemple  chez  le  Protopterus 
(W.  N.  Parker). 


ORGANES    DIGESTIFS 


255 


contenue  dans  une  gaine  fîb 
les  côtés  par  des  muscles  pu 
lasécrétion  dansle  conduit 
venimeux  (fig.  217,  Gc)  et 
de  là  dans  le   canal  de  la 
dent  venimeuse  (*|-). 

hdi  glande  sublinguale  d'un 
Saurien  du  Mexique,  VHelo- 
derma  horridum,  est  égale- 
ment venimeuse.  Elle  déverse 
son  produit  de  sécrétion  par 
quatre  conduits  excréteurs  qui 
traversent  le  maxillaire  infé- 
rieur en  avant  des  dents  can- 
nelées. 

Chez  les  Tortues  marines 
et  les  Crocodiles  il  n'existe  pas 
de  gros  organes  glandulaires, 
c'est-à-dire  que  les  glandes  ne 
sontpas  réuniesici  par  groupes. 


reuse,  résistante  et  entourée  presque  de  tous 
issants,  dont  la  contraction  chasse  avec  force 


Hfc      ^r.  X'/ 


Fig".  217.  ■ —  Appareil  venimeux  du  Serpent  à  sonnettes. 
S,  sac  venimeux  fibreux;  Me,  muscle  constricteur  du  aac  ; 
Me'',  prolongement  de  ce  muscle  dans  la  mâchoire  inférieure; 
Ge,  canal  excréteur  du  tac  venimeux  qui  en  •}•  pénétre  dans  la 
dent  venimeuse,  contenue  dans  une  grande  poche  de  la  mu- 
queuse (z/)  ;  Km,  muscles  masticateurs  mis  à  nu  et  en  partie 
coupés  (en*);  N,  narine;  A,  œil  luxé  en  avant  et  en  haut; 
z,  langue;  za,  orifice  du  canal  venimeux. 


Oiseaux, 


Chez  ces  animaux,  et  en  particulier  chez  les  Grimpeurs,  il  existe  des 
glandes  linguales  bien  développées,  qui  débouchent  sur  le  plancher  de 
la  cavité  buccale.  Il  ne  peut  y  avoir  aucun  doute  qu'elles  ne  soient 
homologues  de  celles  des  Sauriens,  et  probablement  la  glande  qui  s'ou- 
vre à  l'angle  de  la  bouche  correspond  à  la  glande  postérieure  de  la  lèvre 
supérieure  ou  à  la  glande  venimeuse  des  Ophidiens.  Les  glandes  pala- 
tines des  Oiseaux  ont  également  leurs  homologues  chez  les  Reptiles.  Il 
n'y  a  aucune  trace  de  glandes  labiales. 

Mammifères. 

Chez  les  Mammifères  on  distingue  d'après  leur  position  trois  glandes  : 
1°  la  parotide;  2<»  la  gkmde  sous-maxillaire  ;  et  3°  la  glaîide  sublinguale. 
Chacune  débouche  par  un  conduit  excréteur  particulier  dans  la  cavité 
buccale  (conduits  de  Sténon,  de  Wharton  et  de  Bartholin). 

La  première  correspond  à  la  glande  de  l'angle  de  la  bouche  des 
Oiseaux  et,  par  conséquent,  aussi  à  la  partie  postérieure  de  la  glande 
labiale  supérieure  (glande  venimeuse)  des  Serpents.  Et  comme  cette 
glande  est  une  différenciation  des  glandes  labiales,  on  doit  supposer  que 
Id,  parotide  a  la  même  origine,  ce  que  confirme  efTectivement  l'embryo- 
logie. 

Les  deux  autres  glandes  sont  homologues  des  glandes  sublinguales 
des  Vertébrés  inférieurs,  sans  qu'il  soit  besoin  de  le  démontrer,  et  il  en 
est  de  même  des  nombreuses  glandes  muqueuses  qui  débouchent  dans 
la  cavité  buccale  de  chaque  côté  de  la  langue. 

Chez  VEchidné,  les  parotides  ne  sont  pas  situées,  comme  d'ordinaire,  en  avant  du 


256 


CHAPITRE    SIXIEME 


conduit  auditif  externe,  mais  beaucoup  plus  en  arrière,  dans  la  région  cervicale 
moyenne,  immédiatement  au-dessous  de  la  peau.  Leur  canal  excréteur  li'ès  long 
croise  le  conduit  auditif  externe  et  vient  déboucher  dans  la  bouche  au  niveau  du  bord 
antérieur  du  masséler.  Il  existe  de  chaque  côté  chez  cet  animal  deux  glandes  sous- 
maxillaires,  dont  l'une  est  excessivement  volumineuse.  Les  glandes  salivaires  sont 
également  très  développées  chez  les  Edenlés.  Elles  font  complètement  défaut  aux 
Cétacés. 

Langue. 

En  dedans  des  arcs  branchiaux,  il  se  développe  dans  la  cavité  buccale 
un  autre  organe  important,  la  langue. 


Poissons. 

La  langue  a  encore  généralement  chez  les  Poissons  un  caractère 
rudimentaire ,  car,  à  part  les  Cyclostomes,  où  elle  joue  un  rôle  important 
dans  la  succion,  elle  n'est  représentée  que  par  un  épaississementplus  ou 
moins  prononcé  de  la  muqueuse  qui  recouvre  les  copules  du  squelette 
viscéral,  c'est-à-dire  de  l'os  hyoïde.  Par  conséquent  ses  mouvements  sont 
liés  à  ceux  du  squelette  viscéral  et,  comme  elle  est  munie  de  papilles, 
elle  est  un  organe  de  sensibilité.  Elle  peut  aussi,  comme  nous  l'avons  vu, 
porter  des  dents  (certains  Téléostéens).  Elle  est  plus  ou  moins  nette- 
ment délimitée  du  reste  du  plancher  de  la  bouche,  et  même  dans  certains 
cas,  chez  les  Plagiostomes  et  surtout  chez  le  Polypterus,  elle  présente 
une  pointe  et  des  bords  latéraux  libres.  Il  en  est  de  même  aussi  chez 
les  Dipnoïques. 

Amphibiens  et  Reptiles. 

Chez  le,?,  Amphibiens,  la  langue  présente  des  muscles  propres,  c'est- 
à-dire  que  ses  mouvements  sont  indépendants  de  ceux  du  squelette  vis- 


Fig.  218. 


Fig.  219. 


Fig.  218.  —  Langue  du  Spelerpes  fuscus  projetée  en  dehors 
de  la  bouche.  (^ ~~^ 

Fig.  219.  —  Langue  de  Grenouille  dans  trois  positions  dit- 
férentes  de  son  mouvement  de  projection  au  dehors. 

céral.  En  même  temps  elle  est  volumineuse  ;  sa  surface  est  parsemée 
de  papilles  et  a  l'aspect  du  velours.  Elle  occupe  déjà  une  grande  partie  de 
la  cavité  buccale. 

La  langue  chez  les  Ichthyoïdes  est  conformée  à  peu  de  chose  près 
comme  celle  des  Poissons  ;  mais  à  partir  des  Salamandrines  et  surtout 
des  Anoures  elle  perd  son  caractère  rudimentaire  (1). 


(1)  Los  Arjlosses  font  seuls  exception.  La  langue  est  chez  eux  encore  moins  développée 
que  chez  les  Ichthyoïdes. 


OItfiANRS    DIGESTIFS  257 

Sa  mobilité  est  très  variable  dans  les  différents   groupes  d'Amphi- 
biens,  et  il  en  est  de  même  chez  les  Reptiles.  La  raison  en  est  chez  les 

uns  comme  chez  les  au- 
^  très  dans  son    mode    de 

fixation  sur  le  plancher 
de  la  bouche.  En  général 
chez  les  Amphibiens  elle 


k-M 


Fig.  220.  —  A.  Langue,  appareil 
hyoïdien  et  canal  aérien  du  Phyl- 
lodactylus  europaeus.  Z,  langue; 
ZK,  corps  de  l'hyoïde;  VÈ  et 
HH,  cornes  antérieures  et  posté- 
rieures de  l'hyoïde;  K,  larynx; 
Th,  glande  thyroïde  ;  T,  trachée; 
B,  bronches;  Lg,  poumons. 

B.  Langue  de  Lacerla.  Z,  lan- 
gue ;  M,  mâchoire  inférieure  ;  L, 
orifice  du  larynx. 


n'est  fixée  que  par  son  extrémité  antérieure  ou  par  une  partie  de  sa  face 
inférieure,  ou  bien  elle  est  libre  dans  toute  sa  périphérie  et  peut,  comme 


Fig.  221.  — C,  langue  du  Monitor  indiens.  D,  langue  de  V Emys  europaea- 
E,  langue  d'Alligator.  3Ï,  mâchoire  inférieure;  L,  orifice  du  larynx; 
ZS,  fourreau  de  la  langue;  Z,  langue. 


chez  le  Spelerpes  ou  chez  le  Caméléon  parmi  les  Reptiles,  être  projetée 
au  dehors  de  la  bouche  par  un  mécanisme  très  compliqué  (fig.  218). 
Chez  les  Reptiles  la  langue  est  en   règle  générale   très  mobile.    Sa 

WlEUEKSHEIJI.  17 


258  CHAPITRE    SIXIÈME 

forme  subit  des  modifications  encore  plus  nombreuses  que  chez  les 
Amphibiens,  principalement  chez  les  Sauriens,  que  Ton  divise,  d'après 
ce  caractère,  en  Ve?"milingues,  Crass? lingues,  Brêvilingues  et  Fissilin- 
gues.  La  langue  des  Serpents  dérive  de  la  langue  bifide  qui  caractérise 
ce  dernier  groupe.  Les  différents  tvpes  de  langues  sont  représentés  dans 
les  figures  220  et  221.. 

Les  Tortues  et  les  Crocodiles  sont  de  tous  les  Reptiles  ceux  dont  la 
langue  est  le  moins  mobile. 

Oiseaux. 

La  langue  des  Oiseaux  est  ordinairement  peu  musculeuse  ;  elle  est 
recouverte  d'un  revêtement  corné,  muni  fréquemment  de  papilles  et  de 
crochets  recourbés;  elle  peut  même  être,  comme  chez  plusieurs  Reptiles, 
effilée  à  la  pointe  {Colibris),  ou  être  pénicillée.  Chez  les  Pics,  dont  nous 
avons  mentionné,  à  propos  du  squelette  céphalique,  le  développement 
énorme  des  épibranchiaux,  elle  peut  être  projetée  très  loin  au  dehors 
de  la  bouche  à  Laide  d'un  appareil  musculaire  très  compliqué,  et  sert 
d'organe  préhensile. 

Toutes  ces  modifications  sont  le  résultat  d'adaptations  au  mode  va- 
riable de  préhension  des  aliments. 

La  langue  est  surtout  très  développée  chez  les  Ropaces  et  les  Perroquets;  chez  ces 
derniers  elle  représente  un  organe  charnu,  large  et  épais  ;  mais  sa  consistance  molle, 
pâteuse,  résulte  non  pas  tant  du  développement  de  ses  muscles  propres  que  de  la  pré- 
sence de  la  graisse,  de  vaisseaux  et  de  glandes.  Néanmoins  ces  muscles  sont  bien 
développés  chez  les  Perroquets;  il  en  est  de  même  chez  la  Caille  (prince  Ludwig  Fer- 
dinand de  Bavière)  et  jusqu'à  un  certain  point  aussi  chez  les  Latnelliroslre'^  et  le  Phoe- 
nicopterus.  Avec  ces  langues  volumineuses,  la  petite  langue  du  Pélican,  de  la  Ci- 
gogne, etc.,  fait  un  contraste  frappant. 

Mammifères. 

La  langue  atteint  dans  ce  groupe  son  plus  haut  degré  de  développe- 
ment sous  le  rapport  du  volume,  de  la  mobilité  et  de  la  multiplicité  des 
fonctions,  et,  comme  partout,  sa  forme  subit  les  adaptations  les  plus 
diverses.  Les  muscles  propres  sont  toujours  bien  développés.  Sa  surface 
présente  aussi  parfois  des  productions  cornées,  par  exemple  chez  les 
Félins.  Elle  a,  en  général,  une  forme  aplatie,  rubanée,  arrondie  en  avant. 
Elle  renferme  de  nombreuses  glandes  et  est  protractile.  A  sa  face  infé- 
rieure se  trouve  un  système  de  plis,  très  développé  chez  les  Prosimiens, 
qui  a  été  décrit  par  Gegenbaur  sous  le  nom  de  sous-langue.  Dans  l'inté- 
rieur de  cette  dernière  a  dû  se  développer  jadis  un  squelette  cartilagi- 
neux, comme  c'est  encore  aujourd'hui  le  cas  chez  le  Stenops;  c'est  là 
une  disposition  que  l'on  doit  considérer  comme  provenant  par  hérédité 
des  Vertébrés  inférieurs  {Reptiles).  Il  résulte  de  là  que  la  langue  propre- 
ment dite  des  Mammifères  nest  pas  directement  homologue  à  celle  des 
Vertébrés  inférieurs,  qu  elle  représente,  par  conséquent,  jusqu'à  un  certain 
point,  une  acquisition  nouvelle,  et  qu'elle  s'est  vraisemblablement  dévelo])- 


ORGANES    DIGESTIFS  259 

pée  aux  dépens  de  la  piartie  postérieure  de  la  sous-langue ,  qui  s'est  atro- 
phiée graduellement  (Geg-enbaur). 

Glande  thyroïde. 

Par  son  mode  de  développement,  par  ses  vaisseaux  et  ses  nerfs,  la 
glande  thyroïde  représente  un  appendice  ventral,  primitivement  impair, 
de  la  cavité  branchiale,  qui  s'étend  sur  les  quatre  à  cinq  premières  fentes 
branchiales,  et  qui  peut  plus  tard  se  diviser  en  deux  lobes.  A  cette 
ébauche  impaire  s'ajoutent  encore  chez  les  Mammifères  des  parties 
paires  qui  prennent  naissance  dans  la  région  postérieure  des  arcs  viscé- 
raux (1). 

Chez  I'Ammocète,  la  glande  thyroïde,  qui  est  constituée  par  des  forma- 
tions tubuleuses  tapissées  d'épithélium  vibratile,  reste  en  communica- 
tion avec  la  cavité  buccale  entre  la  troisième  et  la  quatrième  fente  bran- 
chiale. Chez  le  Petromyzon  cet  organe  s'atrophie  en  grande  partie;  le 
reste  donne  naissance  à  des  amas  de  follicules,  semblables  à  ceux  que 
l'on  rencontre  dans  la  glande  thyroïde  de  tous  les  Vertébrés. 

Chez  les  Sélaciens  l'ébauche  impaire  de  la  glande  thyroïde  conserve 
sa  forme  primitive;  elle  est  située  au-dessous  de  la  symphyse  du  maxil- 
laire inférieur,  exactement  sur  la  ligne  médiane,  dans  l'angle  de  bifur- 
cation du  tronc  des  artères  branchiales.  Chez  les  Téléostéens  adultes  elle 
représente  un  organe  pair  placé  à  l'extrémité  postérieure  du  premier 
arc  branchial.  Chez  les  Urodèles  et  les  Anoures  son  ébauche  est  comme 
partout  impaire,  mais  elle  se  divise  plus  tard,  et  chacune  de  ces  divi- 
sions, composée  d'un  amas  de  vésicules  épithéliales,  transparentes,  est 
située  chez  les  Urodèles  sur  le  côté  postérieur  du  deuxième  cérato-bra?i- 
chial. 

Chez  les  A7iou7'es  la  glande  thyroïde  se  trouve  de  chaque  côté  sur 
la  face  inférieure  de  la  corne  postérieure  de  l'os  hyoïde,  en  dedans  du 
prolongement  antérieur  du  muscle  droit  de  Vabdomen  (muscle  sterno- 
hyoïdien),  ou  bien  elle  est  intercalée  entre  ses  fibres. 

Ce  que  l'on  a  décrit  jusqu'ici  comme  la  glande  thyroïde  des  Anoures  est  le  reste 
antérieur  ou  inférieur  des  branchies  (Fr.  Maurer).  En  dehors  sont  situés  les  corpuscules 
épilhéliavx  (les  soi-disant  glandes  thyroïdes  accessoires  des  Anou^^es)  qui  se  retrou- 
vent également  chez  les  Urodèles;  enfin  il  faut  mentionner  encore  les  corps  post- 
branchiaux. Impairs  chez  les  Urodèles,  ils  sont  pairs  chez  \%?,  Anoures  et  sont  placés 
des  deux  côtés  de  l'entrée  du  larynx.  Ils  correspondent  aux  corps  sus-péricardiques 
découverts  par  van  Bemmelen  chez  les  embryons  de  Sélaciens,  les  Sélaciens  adultes 
et  les  Ganoïdes;  chez  les  uns  comme  chez  les  autres  on  doit  les  regarder  comme  les 
restes  de  branchies  qui  existaient  jadis.  On  doit  attribuer  la  même  signification  à  la 
glande  carotidienne  qui  a  également  une  origine  épithéliale.  Toutes  ces  formations 
reçoivent  des  branches  de  la  carotide  externe. 

La  glande  thyroïde  est  située  chez  les  Coecilies  sur  le  bord  antérieur 

(1)  De  nouvelles  recherches  sont  nécessaires  pour  décider  si  ces  parties  paires  sont 
homologues  de  certaines  dispositions  qui  existent  chez  les  Vertébrés  inférieurs. 


260  CHAPITRE   SIXIÈME 

du  muscle  élévateur  du  dernier  arc  branchial,  chez  le  Siphonops  à  rentre- 
croisement  de  Yhypoglosse  et  du  vague. 

Chez  plusieurs  Sauriens  on  la  trouve,  d'après  van  Bemmelen,  der- 
rière le  milieu  de  la  trachée;  chez  les  ChélOiMens,  les  Crocodiliens  et  les 
Ophidiens,  bien  qu'elle  soit  impaire,  elle  est  souvent  bilobée  et  est  située 
au-dessus  des  gros  vaisseaux  à  leur  sortie  du  cœur.  Au  point  de  vue 
histolog-ique  elle  est  entièrement  semblable  à  celle  des  Poissons  et  des 
Amphibiens,  c'est-à-dire  qu'elle  est  composée  d'un  amas  de  nombreuses 
vésicules  rondes,  tapissées  d'épithélium  et  à  contenu  transparent  et  albu- 
mineux,  entre  lesquelles  s'insinuent  des  trabécules  provenant  de  l'enve- 
loppe fibreuse  qui  entoure  l'organe  tout  entier  (1). 

Chez  les  Oiseaux  la  glande  thyroïde  est  paire;  elle  est  également  située 
à  l'origine  des  carotides,  comme  nous  l'avons  déjà  dit. 

Chez  les  Mammifères  enfin  la  glande  thyroïde  est  généralement  bilo- 
bée ou  trilobée  ;  elle  se  sépare  complètement,  comme  c'est  d'ailleurs 
déjà  le  cas  chez  les  Reptiles  et  les  Oiseaux,  de  la  paroi  de  l'œsophage  et 
s'étend  de  plus  en  plus  sur  la  face  ventrale  de  la  trachée  ou  du  larynx. 
Ses  deux  lobes  latéraux  sont  tantôt  complètement  séparés,  tantôt  réunis 
par  un  isthme  plus  ou  moins  large,  qui  correspond  au  lobe  moyen.  Cette 
dernière  disposition  se  rencontre  aussi  chez  YHomme,  où  l'organe  est 
toujours  volumineux  et  où  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  des  glandes 
thyroïdes  accessoires. 

L'ébauche  de  la  glande  thyroïde  des  Mammifères,  qui  procède  de  deux  origines 
distinctes,  se  développe  de  la  façon  suivante.  De  la  base  de  la  langue,  c'est-à-dire  du 
point  correspondant  au  trou  borgne  chez  l'Homme,  part  un  canal  épithélial  [conduit 
thyréo-glossien,  His)  qui  a  les  rapports  les  plus  étroits  avec  la  formation  de  la  langue 
et  qui  se  dirige  dans  la  région  occupée  plus  tard  par  le  cartilage  thyroïde.  La  partie 
inférieure  de  ce  canal,  qui  s'accroît  et  se  sépare  du  trou  borgne,  se  fusionne  avec  la 
seconde  ébauche  paire  de  la  glande  thyroïde.  Le  mode  de  formation  de  cette  dernière 
est  encore  controversée.  Suivant  His,  Born,  etc.,  elle  provient  de  l'épithélium  du  qua- 
trième sac  branchial,  qui  prolifère,  constitue  un  tube,  sur  lequel  se  développent 
plus  tard  des  bourgeons  pleins,  et  qui  se  sépare  de  son  lieu  d'origine.  L'opinion  de 
van  Bemmelen  est  bieji  plus  vraisemblable;  suivant  lui  les  glandes  thyroïdes  latérales 
ne  dérivent  pas  du  quatrième  sac  branchial  même,  mais  de  la  paroi  du  pharynx  en 
dedans  de  ce  sac  (fundus  branchialis).  D'où  résulte  le  parallèle,  que  nous  avons  indi- 
qué plus  haut,  avec  les  corps  sus-péricar  cliques  des  Amphibiens  et  des  Reptiles. 

Au  début  l'organe  tout  entier  présente  une  structure  glandidaire ;  mais  bientôt 
surviennent  des  transformations,  de  sorte  que  le  caractère  glandulaire  primitif  est 
plus  ou  moins  effacé.  L'organe  se  divise  en  de  nombreux  lobes  ou  lobules  d'abord  pleins, 
qui  se  creusent  plus  tard,  qui  sont  entourés  par  du  tissu  conjonctif  et  qui  sont  très 
richement  vascularisés.  Dans  leur  intérieur  se  trouvent,  tantôt,  comme  chez  beau- 
coup de  Poissons  et  tous  les  Amphibiens,  de  gros  follicules  transparents,  vésiculeux, 
tapissés  d'épithélium,  tantôt,  comme  chez  les  Vertébrés  supérieurs,  à  côté  de  ceux-ci, 
des  tubes  cylindriques  qui  se  ramifient  plusieurs  fois,  c'est-à-dire  qui  émettent  des 

(1)  On  trouve  aussi  un  corps  sus-péricardique  impair  chez  les  Lacerla.  Les  corps  sus- 
péricardiques  existent  probablement  chez  tous  les  Vertébrés,  sauf  les  Poissons  osseux.  Chez 
les  Mammifères  ils  sont  représentés  par  les  glandes  thyroïdes  latérales.  On  doit  y  A^oir  les 
restes  d'un  organe  rudimentaire  de  fonction  inconnue,  qui  dérive  peut-être  primitivement 
d'un  sac  branchial  modifié. 


ORGANES  DIGESTIFS  261 

bourgeons  et  se  divisent  plus  tard  en  sphères  pleines,  et,  comparés  aux  follicules 
ronds,  n'ont  qu'une  importance  secondaire.  Les  Irajets  sanguins,  d'abord  lacunaires, 
plus  tard  plus  étroits  et  disposés  en  réseaux,  jouent  un  grand  rôle  dans  ces  phéno- 
mènes évolutifs. 

La  glande  thyroïde,  acineuse  par  excellence,  des  Mammifères,  une  fois  formée,  est 
composée  de  vésicules  glandulaires  closes,  entourées  par  un  riche  réseau  de  capil- 
laires et  par  une  enveloppe  conjonctive,  qui  isole  chaque  vésicule  des  vésicules  voi- 
sines. Les  vésicules  se  réunissent  en  groupes  enveloppés  par  une  membrane  fibreuse 
commune,  ce  qui  donne  à  l'organe  un  aspect  lobé. 

La  glande  thyroïde  est  donc  un  organe  qui,  sous  certains  rapports,  doit  être  rangé 
dans  la  catégorie  des  organes  rudimentaires,  mais  qui,  d'autre  part,  paraît  avoir 
subi  un  changement  de  fonction.  Ce  que  semblerait  prouver  sa  grosseur  considérable, 
qui  augmente  encore  jusqu'à  l'accroissement  complet  du  corps,  ainsi  que  la  quantité 
énorme  de  sang  que  lui  apportent  de  gros  vaisseaux  chez  les  Mammifères,  par  exemple 
chez  l'Homme. 

En  outre,  les  observations  cliniques,  faites  dans  ces  dernières  années,  viennent  à 
l'appui  de  cette  manière  de  voir.  Si  on  extirpe  à  un  jeune  sujet  la  glande  thyroïde  tout 
entière,  il  survient  des  troubles  particuliers  dans  la  nulrition  [anémie,  ralentisse- 
inent  de  la  croissance  du  squelette  &i  idiotie).  Que  l'on  se  rappelle  aussi  le  crétinisme 
dont  sont  fréquemment  atteints  les  individus  goitreux. 

De  tout  ceci  il  résulte  que  la  glande  thyroïde  doit  avoir  une  grande  importance 
physiologique,  bien  que  jusqu'ici  il  ne  soit  pas  possible  de  déterminer  comment. 

Thymus. 

Le  thymus,  dont  Vébauche  est  toujours  bilatérale,  provient  chez  les 
Sélaciens,  d'une  prolifération  de  l'épithélium  dans  l'angle  supérieur  des 
cinq  fentes  branchiales,  dans  le  voisinage  des  ganglions  du  nerf  vague, 
et  aussi  dans  la  région  de  Vivent.  Le  thymus  devait  donc  probablement 
être  primitivement  au  service  de  l'appareil  branchial,  et,  s'il  n'en  est 
plus  ainsi,  cela  tient  peut-être  à  ce  que  l'angle  supérieur  des  orifices 
branchiaux  est  recouvert  par  les  muscles  dorsaux  des  branchies.  Cette 
dernière  circonstance  a  déterminé  sa  séparation  graduelle  de  l'épithé 
lium  des  fentes  branchiales  (A.  Dohrn). 

Chez  les  Téléostéens  et  les  Urodèles  le  thymus  dérive  de  la  même 
façon  de  masses  épithéliales  pleines  à  l'extrémité  dorsale  des  fentes 
branchiales  (1).  Ces  masses  s'atrophient  en  partie,  se  fusionnent  en  partie 
de  chaque  côté  en  une  seule  masse  fusiforme,  située  en  dehors  des  arcs 
branchiaux  dorsaux,  à  la  base  du  crâne.  Plus  tard  des  cellules  lym- 
phoïdes  des  tissus  voisins  émigrent  en  foule  dans  son  intérieur,  de  sorte 
que  le  caractère  épithélial  primitif  s'efface  de  plus  en  plus,  et  que  l'or- 
gane se  trouve  formé  par  des  follicules  lymphatiques.  Finalement  le 
tissu  lymphoïde  se  fond  en  partie,  l'organe  se  creuse  de  cavités  et  subit 
une  métamorphose  régressive  (Maurer). 

Mes  recherches  sur  les  Gymnophiones,  ainsi  que  des  dispositions  cor- 
respondantes chez  les  Serpents,  montrent  aussi  que  l'ébauche  du  thymus 
est  primitivement  multiloculaire ,  c'est-à-dire  qu'elle  dérive  de  plusieurs 
fentes  branchiales  ou  même  de  toutes  les  fentes  branchiales. 

(1)  W.  N.  Parker  a  démontré  la  présence  chez  les  Dipnoïques  d'un  thymus  volumineux, 
divisé  de  chaque  côté  en  deux  par  des  masses  musculaires. 


262  CHAPITRE    SIXIÈME 

Chez  les  Lacertiliens,  chez  lesquels  il  se  développe  encore  pendant  la 
période  fœtale  cinq  fentes  branchiales  dont  les  deux  postérieures  dis- 
paraissent de  bonne  heure,  le  thymus  provient  de  la  deuxième  et  de  la 
troisième  fente  et  il  se  compose  par  suite  de  chaque  côté  de  deux  par- 
ties situées  Tune  derrière  l'autre.  A  la  partie  postérieure  est  appendi- 
culée  une  petite  vésicule,  qui  rappelle  la  glande  carotidienne  des  Ainphi- 
biens. 

Chez  les  Serpents  le  thymus  dérive  du  quatrième  et  du  cinquième  sac 
branchial.  Les  restes  du  deuxième  et  du  troisième  sac  conservent  le 
caractère  êpithélial  et  n'ont  rien  de  commun  avec  le  thymus.  Le  thymus 
est  également  formé  pendant  toute  la  vie  chez  ces  animaux  (comme 
chez  les  Lacertiliens)  de  deux  lobes  séparés  (van  Bemmelen). 

La  disposition  est  la  même  chez  les  Chéloniens  et  les  Crocodiles  ;  chez 
ces  derniers,  pendant  le  jeune  âge,  le  thymus  est  long  et  s'étend  très  en 
arrière  dans  le  cou.  Il  en  est  de  même  chez  les  Oiseaux;  chez  eux  il  se 
développe  principalement  aux  dépens  de  la  troisième  fente  branchiale, 
et  pour  une  petite  partie  aux  dépens  de  la  quatrième.  Le  reste  de  l'épi- 
thélium  de  la  troisième  fente  donne  également  naissance  chez  eux  à 
une  glande  carotidienne  (van  Bemmelen). 

Chez  les  Mammifères  le  thymus  est  primitivement  creux  ;  il  provient 
essentiellement  de  l'épithélium  de  la  troisième  fente  ;  la  quatrième 
fente  et  même  la  deuxième,  mais  dans  une  faible  proportion,  contri- 
buent aussi  à  sa  formation.  Son  ébauche  est  formée  par  V&pithélium  du 
pharynx  et  par  Yépiderme.  Les  éléments  épithéliaux  se  séparent  gra- 
duellement de  la  surface,  s'enfoncent  par  suite  de  l'accroissement  du 
cou  et  de  ses  organes,  se  disséminent  et  subissent  des  modifications. 
Par  suite  de  la  pénétration  en  masse  des  leucocytes,  l'organe  tout  entier 
prend  un  tout  autre  caractère  histologique  ;  il  devient  lymphoïde.  Le 
thymus  joue  manifestement  chez  les  Mammifères  pendant  la  période 
fœtale  et  aussi  après  la  naissance  un  rôle  important  dans  la  formation  dit 
sang.  Mais  on  ne  sait  encore  rien  de  précis  à  ce  sujet. 

Sdi  position  est  la  suivante.  Chez  les  Poissons  et  les  Dipnoïques  il  est 
situé  en  général  dans  la  région  de  la  cavité  branchiale;  chez  les  Amphi- 
hiens  en  arrière  et  en  dessus  de  l'articulation  de  la  mâchoire  ;  chez  les 
Reptiles  dans  la  région  cervicale  au  voisinage  de  la  carotide,  tantôt  plus 
en  avant,  tantôt  plus  en  arrière,  immédiatement  en  avant  du  cœur, 
comme  par  exemple  chez  les  Serpents.  Chez  les  Oiseaux  (et  chez  les 
Crocodiles  jeunes),  il  forme  un  long  organe  rubané  ou  plus  ou  moins 
lobé,  qui  s'étend,  comme  nous  l'avons  déjà  mentionné,  tout  le  long  du 
cou. 

Chez  les  Mammifères  enfin,  le  thymus  est  volumineux  ;  la  plus 
grande  partie  est  située  dans  le  thorax,  immédiatement  derrière  le 
sternum,  et  par  suite  sur  la  face  ventrale  du  cœur  et  des  gros  vaisseaux 
qui  en  partent.  Une  petite  partie  seulement  s'étend  dans  la  région  du  cou 
au-dessous  et  latéralement   de   la  trachée.    L'époque   de    son    atrophie 


ORGANES    DIGESTIFS  263 

paraît  être  très  variable  chez  les  différents  Mammifères.  Chez  l'Homme, 
où  les  phénomènes  ont  été  le  mieux  étudiés,  le  thymus  atteint  son 
plus  haut  degré  de  développement  à  la  fin  de  la  deuxième  année  ;  à 
partir  de  cette  époque  il  subit  une  métamorphose  régressive  ;  on  en 
trouve  encore  parfois  jusque  dans  un  âge  très  avancé  des  vestiges,  derrière 
le  sternum,  sous  forme  de  résidus  graisseux. 

On  ne  sait  encore  absolument  rien  sur  le  développement  de  la  glande  adipeuse 
des  Insectivores^,  des  Rongeui"s  et  des  Chix'optères.  Cet  organe  est  une  masse  lobée, 
située  dans  la  cavité  thoracique,  qui,  chez  la  Marmotte,  s'étend  en  avant  des  vertèbres 
jusqu'au  diaphragme;  elle  se  prolonge  aussi  dans  le  cou,  au-dessous  de  l'omoplate  et 
jusque  dans  le  dos. 

Elle  présente  à  peu  près  la  même  étendue  chez  les  Campagnols  ;  mais  ici  elle  arrive 
jusque  dans  la  région  maxillaire.  C'est  chez  le  Hérisson  qu'elle  est  relativement  le 
plus  volumineuse. 

Elle  a  été  peu  étudiée  au  point  de  vue  histologique  ;  il  est  certain  néanmoins  que 
ce  n'est  pas  une  véritable  glande,  mais  qu'elle  est  formée  d'un  tissu  lymphatique 
adénoïde,  abondant  en  graisse  et  très  richement  vascularisé. 

2.  Intestin  antérieur  proprement  dit. 
Poissons,    Dipnoïques    et   Amphibiens. 

Tandis  que  chez  VAmphioxus  on  peut  peut-être  considérer  comme  une 
sorte  d'estomac  une  dilatation  du  canal  digestif,  chez  les  Cyclostomes, 
les  Dipnoïques,  les  Chimères,  chez  certains  Téléostéens  et  plusieurs 
[chthyoïdes,  l'estomac  n'est  pas  nettement  distinct  du  reste  du  tube 
digestif,  qui  s'étend  parfois  en  ligne  droite  dans  la  cavité  viscérale.  Dans 
ce  cas  la  limite  entre  l'intestin  antérieur  et  l'intestin  moyen  est  marquée, 
comme  nous  l'avons  déjà  mentionné,  par  le  point  où  le  canal  excréteur 
de  la  bile  (canal  cholédoque)  traverse  la  paroi  digestive. 

Chez  d'autres  Poissons,  par  exemple  \e&  Squalides,  tous  les  Ganoïdes, 
de  nombreux  Téléostéens,  Iq's,  Dérotrèmes,  les  Salamandrines  et  tous  les 
Anoures,  l'estomac  est  plus  ou  moins  sacciforme  ou  contourné  en  anse, 
de  sorte  que  l'on  peut  y  distinguer  une  partie  descendante  (fig.  222,  M) 
et  une  partie  récurrente,  le  tube  pylorique  (PR).  En  général  l'estomac 
s'adapte  à  la  forme  du  corps.  C'est  ainsi  que  chez  les  Raies  et  les 
Anou7'es  il  est  beaucoup  plus  développé  en  largeur  que  chez  la  plupart 
des  aiUres  Poissons  et  chez  les  Salaynandrines  ;  cette  règle  s'applique 
aussi  aux  Reptiles  (comp.  fîg.  223).  Les  plus  grandes  variations  de  forme 
se  rencontrent  chez  les  Téléostéens.  L'œsophage  est  en  général  court  ; 
fréquemment  il  n'est  pas  nettement  distinct  de  l'estomac;  cependant  il 
y  a  de  nombreuses  exceptions,  par  exemple  chez  plusieurs  Téléostéens 
et  ohazldi  Sirène  lacertine  (fig.  223,  Oe). 

Reptiles. 

Ici  le  cou  est  bien  plus  différencié,  aussi  l'œsophage  est-il  assez 
le  ng  et  toujours  nettement  séparé  de  l'estomac  plus  spacieux,  en 
général    sacciforme    [Crocodiiiens)   ou    recourbé  en    anse  et   par  suite 


264 


CHAPITRE    SIXIEME 


transversal  {Chcloniens)  (1).   Les  Serpents,   les  Sauriens  serpenti formes 

et  les,  Amjjhisbènes  ont  un  estomac  fusiforme,  situé  dans  Taxe  du  corps; 

Fig.  222.  Fig.  223  Flntestin    antérieur    tout  entier  est 

très  extensible,  ces  animaux  avalant 
en  une  fois  une  grande  quantité  de 
nourriture  sans  la  mâcher. 

Oiseaux. 

On  observe  ici  une  division  du 
travail  physiologique  par  suite  d'a- 
daptation au  régime  alimentaire,  au 
mode  d'existence  de  ces  animaux  et 
à  l'absence  des  dents.  L'estomac,  qui 
jusqu'ici  était  simple,  se  divise  en 
deux  parties,  l'une  antérieure,  l'autre 
postérieure (2).  La  première  seule,  à 
laquelle  on  donne  le  nom  d'estomac 
glandulaire  {ventricule  succenturié, 
fig.  224,  DM),  à  cause  de  l'abon- 
dance des  glandes  qu'elle  renferme, 
contribue  aux  phénomènes  chimi- 
ques de  la  digestion  ;  la  seconde, 
dont  la  face  interne  est  tapissée 
d'une  couche  coriiée  formée  par  la 
sécrétion  qui  se  durcit  des  glandes 
do  la  paroi,  n'a  qu'une  action  méca- 
nique, aussi  possède-t-elle  une  paroi 
musculaire  très  épaisse,  munie  de 
deux  disques  tendineux  (fig.  224  et 
225,  MM).  C'est  pour  cette  raison 
^^  qu'on  lui  donne  le  nom  d'estomac 
musculeux  {gésier);  son  développe- 
ment est  proportionnel  au  degré  de 
consistance  des  aliments.  C'est  chez 

Fig.  223.- Canalintestinal  delà  5^VanZace,Vma.    leS   GrauivOreS    qUO    la    COUChc    UlUS- 

^^A^^°Ç>''''^-'''''^P^'"'TP^''""H'i?."!^'^^'^^.^'^'''°'"^''  culaire   est  la  plus   puissante  et  la 

{M)\  P,  région  pylorique;  MD,  intestin  moyen;  i         i  • 

ED.  intestin  terminal.  couclic  coméo  laplus  épaisso,  taudis 

que  cette  puissance  et  cette  épaisseur  diminuent  graduellement  dans  la 
série  des  /nsec/n'ores  jusqu'aux  Rapaces,  en  même  temps  que  la  division 
du  travail  est  de  moins  en  moins  apparente.  De  sorte  qu'on  peut  encore 
aujourd'hui  dans  la  série  des  Oiseaux  actuels  suivre  pas  à  pas  les  degrés 

(1)  L'œsophage  des  Tortues  marines  est,  comme  celui  de  plusieurs  Oiseaux,  recouvert  de 
papilles  cornées. 

|2)  Chez  les  Crocodiles  plusieurs  faits  montrent  que  l'estomac  présente  un  degré  supérieur 
d'organisation,  qui  rappelle  celui  des  Oiseaux. 


"yMJJ 


Fig.  222.  —  Canal  intestinal 
d'un  Squatide. 
H,  cœur;  Pc, péricarde;  S», sinus 
veineux;  L,  L,  les  deux  lobes 
du  foie  écartés  de  façon  à  faire 
voir  l'estomac  (M),  le  tube 
pylorique  (PR)  et  la  région  du 
pylore  (P);  MD ,  intestin 
moyen  ;  ED,  intestin  terminal  ; 
Gxp,  glande  sus-anale;  AT, 
poches  anales  ;  Pa,  Pa,  pores 
abdominaux  ;  Mi,  rate. 


ORGANES    DIGESTIFS 


265 


de  différenciation  que  l'estomac  a   éprouvés  dans  le  cours  de  la  phy- 


logénie 


Enfin,  il  faut  encore  mentionner  la  dilatation  de  l'œsophage,  que 
l'on  désigne  sous  le  nom  de  jabot  (fig.  224,  Ig).  On  distingue  deux  sortes 
de  jabots":  le  faux  jabot,  qui  ne  sert  qu'à  emmagasiner  les  aliments,  et  le 
jabot  vrai,  qui  exerce  sur  eux  une  action  chimique. 


Mammifères. 


De  même  que  chez  les  Oiseaux,  l'œsophage  est  ici  bien  distinct  de 


Fig.  224. 


Ûe—-^ 


o^L.^ 


Fig.  225.  jj 

Oe 


MB 


-MM 


-DM 


-MM 


Fig.  22-i.  —  a<-iieina  de  l'intestin 
antérieur  d'un  Oiseau.  Oe,  Ob'- 
œsopiiage;  Ig,  jabot  ;  DM,  esto- 
mac glandulaire  ;  MM,  gésier  ; 
MD,  intestin  moyen, 

Fig.  225.  —  A,  gésier  et  estomac 
glandulaire  du  Fulicra  atra.  B, 
coupe  transversale  de  la  partie 
latérale  du  gésier  du  Coq^  de 
bruyère.  Oe,  œaophage  ;DM,  es- 
tomac glandulaire  ;  ilfi)/,  gésier; 
S,  son  disque  tendineux  ;  MS, 
couche  mubculaire;  DS,  couche 
glandulaire  ;  RP,  plaque  tritu- 
rante, formée  par  la  sécrétion 
durcie  de  la  couche  glandulaire  ; 
L,  cavité  du  gésier. 

l'estomac  ;  sa  portion  initiale  différenciée,  pourvue  de  muscles  puissants, 
est  appelée  pharynx. 

L'estomac  présente  chez  ces  animaux  de  très  nombreuses  modifica- 
tions, liées  au  régime  alimentaire,  que  l'on  ne  rencontre  dans  aucune  autre 
classe  de  Vertébrés.  En  général  sa  position  est  plus  ou  moins  transver- 
sale et  sa  forme  celle  d'un  sac  ;  on  y  distingue  une  portion  cardiaque 
qui  se  continue  avec  l'œsophage  et  une  portion pylorique  qui  se  continue 
avec  l'intestin  moyen. 

En  général  l'estomac  des  Herbivores  est  plus  volumineux  et  plus 
compliqué  que  celui  des  Carnassiers  ;  il  peut  être  divisé  en  chambres 
en  nombre  variable,  par  exemple  au  nombre  de  quatre  chez  les 
Ruminants  (fig.  226  E),  \n.  panse,  le  bonnet  ou  réseau,  le  feuillet  et  la 
caillette  (1).   Les  deux  premières  ne   sont  que  de  simples  réservoirs, 

(1)  Le  feuillet  fait  défaut  à  plusieurs  Ruminants,  tels  que  les  Tylopodes  et  les  Moschidés, 
de  sorte  que  chez  eux  l'estomac  ne  se  compose  que  de  trois  parties.  Le  feuillet  est  ontogé- 
niquement  et  phylogéniquement  le  dernier  produit  de  différenciation  de  l'estomac  des 
Ruminants.  La  forme  ainsi  que  la  structure  de  ses  lamelles  sont  très  variables;  c'est  chez 
le  Bœuf  qu'il  est  le  plus  volumineux. 


266 


CHAPITRE    SIXIEME 


d'où  les  aliments  remontent  dans  la  bouche  pour  y  être  de  nouveau 
imbibés  de  salive  et  mâchés;  après  quoi  ils  pénètrent  dans  le  feuillet  et 
enfin  dans  la  caillette,  qui  seule  est  pourvue  de  glandes  à  pepsine  et  sert 
à  la  digestion.  Les  flèches  pointillées  dans  la  figure  226  E  indiquent  la 
marche  que  suivent  les  aliments. 

Probablement  tous  les  Cétacés,  à  l'exception  des  Ziphiol'des,  ont  un  estomac 
composé  de  trois  compartiments.  Le  premier  est  une  dilatation  non  glandulaire  de 
l'œsophage  ;  le  second  correspond  au  cardia  des  Carnivores  ;  il  est  pourvu  de  glandes 
à  pepsine.  Le  troisième  se  divise  en  plusieurs  parties  et  correspond  à  la  partie  pylo- 
rique  de  l'estomac  des  Carnivores;  ses  glandes  sont  des  glandes  à  mucus. 


Fig.  226.  —  Différentes  formes  de  l'estomac  des  Mammifères.  A,  Chien.  B,  Mus  decumanus.  C,  Mu 
musculus.  Y),  Belette.  E,  schéma  de  l'estomac  d  s  i2Mmmaw<s;  la  flèche  ndique  la  marche  que  suivent 
les  aliments;  R.R,  panse  et  bonnet;  O,  feuillet;  A,  caillette.  F,  estomac  de  l'homme,  dont  les  mus- 
cles ont  été  préparés.  G,  estomac  du  Chameau;  JR,IÎ,  panse  et  bonnet;  A,  caillette;  WZ,  cellules 
aquifères.  H,  estomac  de  VEchidna  hystria  ;  Cm,i,  petite  courbure  ;  Cma,  grande  courbure.  J,  estomac 
de  Bradypus  tridactylus ;  fti  partie  correspondant  à  la  panse,  et  f ,  partie  correspondant  au  bonnet 
des  Ruminants  ;  la  première  forme  en  MB  un  cul-de-sac  ;  **,  diverticule  du  duodénum  {Du).  La  figure  G 
d'après  Gegenbaur. 

Oe,  œsophage;   P,  pylore;  Se,  sac  cardiaque;  Sp,  sac  pylorique;  Ca,  cardia. 


OIIGANES    DIGKSÏIFS 


267 


3.  Intestin  moyen. 
Poissons. 

Nous  avons  vu  que  le  canal  intestinal  peut  s'étendre  presque  en  ligne 
droite  dans  l'axe  du  corps  ou  décrire  de  très  nombreuses  circonvolu- 
tions  et   qu'il  présente  dans  les  différents   groupes    de    Vertébrés  les 


Fia-.  227. 


Fîg-.  228. 


Fig.  22T.  —  Canal  intestinal  du  Lepidosteus. 
Oe,  œsophage;  M,  estomac;  Pjî,  tube  pylorique;  GB,  vésicule   biliaire;   Ap,  appendices  pyloriques  ; 
MD,  intestin  moyen;   S,  anse    de    l'intestin  moyen  d'où    part  l'intestinal  terminal   (EB)  ;  A,  anus, 
Mi,  rate. 

Fig.  228.  —  Canal  intestinal  de  la  Perche. 
Oe,  œsophage  ;  ikf,  estomac  ;  -j-,  sou  cul-de-sac  ;  P,P,  court  tube  pylorique  ;   Ap,    appendices  pyloriques  ; 
MD,  intestin  moyen  ;  ED,  intestin  terminal  ;  A,  anus. 
Fîg.  229.  —  Cloaque  fendu  de  la  Salamandrina  perspicillata  femelle. 
ED,  intestin  terminal  et  Bl,  vessie  urinaire,  fendus  à  leur  orifice  dans  le  cloaque  ;  S,  sillon  delà  vessie  ; 
N,  rein  ;  Ig,  orifice  des  canaux  de  Leydig  (uretères);  Ovd,  Ovd,  oviductes  qui  se  terminent  chacun  sur 
une  papille.  A  gauche  du  repli  de  la  muqueuse  la  papille  génitale  L. 


268  CHAPITRE    SIXIÈME 

modifications  les  plus  variées  entre  ces  deux  formes  extrêmes.  On  peut 
dire  cependant  qu'en  général  il  est  plus  long  chez  les  Herbivores  que  chez 
les  Ca7^nivores. 

On  observe  déjà  chez  VAmmocète  une  tendance  à  l'aug-mentation  de 
surface  de  l'intestin,  manifestée  par  la  présence  d'un  repli  longitudinal 
saillant,  qui  existe  chez  les  Sélaciens,  les  Dipnoïques  et  les  Ganoïdes, 
et  auquel  on  donne  ici  à  cause  de  sa  direction  le  nom  de  valvule  spirale. 
Chez  ces  derniers  il  commence  déjà  à  être  atrophié,  et  on  n'en  trouve 
plus  aucune  trace  chez  les  autres  Vertébrés. 

Unautre  organe  caractéristique  del'intestin  des  Poissons,  qui  ala  même 
signification  physiologique,  est  représenté  par  les  appendices  pyloriques, 
que  l'on  voit  apparaître  pour  la  première  fois  chez  les  Ganoïdes  et 
qui  se  sont  transmis  à  de  nombreux  Téléostéens.  Ce  sont  des  diverticules 
plus  ou  moins  longs  de  l'intestin  moyen,  fréquemment  digitiformes, 
situés  derrière  le  pylore,  au  voisinage  du  canal  cholédoque  (fig.  227  et 
228,  Ap).  Leur  nombre  varie  entre  1  {Polypterus,  Ammodytes)  et  191 
(Sco7nber  scomhrus).  Les  appendices  pyloriques  et  la  valvule  spirale 
paraissent  avoir  des  rapports  réciproques,  car  la  présence  de  l'une  est 
jusqu'à  un  certain  point  exclusive  de  la  présence  des  autres. 

Amphibiens  et  Reptiles. 

Ici,  lorsque  le  corps  est  mince  et  allongé,  comme  chez  les  Gymno- 
phiones,  les  Amphibiens,  les  Serpents  et  les  Sauriens  serpentif ormes ,  le 
tube  digestif  n'est  que  légèrement  onduleux  ;  il  décrit  au  contraire  de 
nombreuses  circonvolutions  lorsque  le  corps  est  ramassé  et  court, 
comme  chez  les  Anoures,  les  Crocodiles  et  les  Tortues.  Le  tube  digestif 
des  Salamandrines  et  des  Sauriens  présente  une  forme  intermédiaire 
entre  ces  deux  extrêmes. 

Oiseaux  et  Mammifères. 

L'intestin  moyen,  dont  les  circonvolutions  sont  plus  ou  moins 
nombreuses,  présente  en  général  chez  ces  animaux  une  longueur 
considérable  ;  il  varie  davantage  (non  seulement  en  longueur,  mais  aussi 
en  largeur)  chez  les  formes  domestiquées  que  chez  les  formes 
sauvages  (1),  Vers  le  milieu  de  son  étendue  il  existe  chez  les  Oiseaux  un 
petit  cul-de-sac,  reste  du  conduit  vitello-intestinal  ou  diverticule  aveugle 

(1)  Chez  les  A'utophagae,  où  le  vitellus  n'est  pas  encore  absorbé  au  moment  de  l'éclosion  et 
où  il  forme  encore  une  grosse  vésicule  qui  remplit  en  partie  l'abdomen,  l'intestin  n'acquiert 
que  beaucoup  plus  tard  la  longueur  caractéristique  pour  chaque  espèce,  c'est-à-dire  qu'il 
s'allonge  continuellement  jusqu'à  la  fin  de  l'accroissement  du  jeune  Oiseau. 

Il  en  est  tout  dilTéremment  chez  les  Insessores  (principalement  chez  \qs  Passereaux),  où 
la  masse  vitelline  est  presque  entièrement  absorbée  au  moment  de  l'éclosion.  Chez  eux 
l'intestin  a  déjà  acquis  sa  longueur  absolue  longtemps  avant  que  le  jeune  Oiseau  soit  capable 
de  voler;  l'accroissement  de  l'intestin  est  par  conséquent  arrêté.  Il  en  est  de  même  chez  le 
Buteo  vulgaris.  Le  développement  de  l'intestin  précède  donc  d'autant  plus  celui  du  corps 
que  l'Oiseau  abandonne  l'œuf  à  un  état  moins  avancé  (Gadow). 


ORGANES    DIGESTIFS  269 

du  vitellus.  On  observe  fréquemment,  par  exemple  chez  VHonmie, 
des  différences  dans  la  longueur  relative  de  l'intestin  du  fœtus  et  de 
l'adulte. 


4.  Intestin  terminal. 

L'intestin    terminal,   qui    chez    les    Anamniens    et   les  Sauropsidés 
débouche  avec  les  conduits  génito-urinaires  dans  une  cavité  commune, 
le  cloaque,  est  en  général  droit  (rectum)  ;  à  partir  des  Amphibiens   (et 
déjà  aussi  chez  quelques  Ganoïdes  et 
Téléostéens)  il  est  nettement  distinct 
de  l'intestin    moyen  (1).  11  présente 
(comme  aussi  chez  beaucoup  de  Rejj- 
tiles  et  à'Oiseaux)  un  renflement  vé- 
siculaire  qui  est  souvent  plus   spa- 
cieux que  l'estomac  (fig.  230,  R). 

Le  diverticule  vésiculaire  de  sa 
paroi  ventrale  qui  se  développe  pen- 
dant la  période  embryonnaire,  Val- 
lantoïde,  se  transforme  en  totalité 
chez  les  Amphibiens  en  vessie  uri- 
na ire. 

Nous  verrons  dans  un  chapitre 
ultérieur  ce  qu'elle  devient  chez  les 
Amniotes. 

A  partir  des  Reptiles  on  voit  appa- 
raître sur  la  partie  initiale  de  l'in- 
testin terminal  un  diverticule  asy- 
métrique, qu'on  appelle  le  coecum. 

Chez  les  Oiseaux  il  y  a  en  géné- 
ral deux  cœcums,  qui  peuvent  ac- 
quérir une  très  grande  longueur  et 
dépasser  même  celle  de  l'intestin 
proprement  dit  [Lamellirostres,  Gal- 
linacés, Ratites).  D'autre  part,  les 
cœcums  peuvent  présenter  toutes  les 
variations  possibles  de  longueur, 
jusqu'à  disparition  complète. 

Lorsqu'ils  sont  très  développés, 
ils  jouent  un  rôle  important  dans  la 
digestion,  car  dans  ce  cas  l'étendue 
de  la  muqueuse  digestive  se  trouve 
très  augmentée  ;  cette  augmentation 


Fig.230.  —  Canal  intestinal  de  la. Rana  esculenta. 

Oe,  œsophage  ;  M,  estomac  ;  Py,  région  pylo- 
rique  ;  Du,  commencement  de  l'intebtin  moyen 
(duodénum);  D,  intestin  moyen;  -J-,  limite  de 
l'intestin  moyen  et  de  l'intestin  terminal  R 
(valvule);  A,  orifice  de  l'intestin  terminal  dans 
le  cloaque  (Cl)  ;  HB,  vessie  urinaire  ;  Ms,  rate. 


(1)  Chez  tous  les  Poissons  sans  exception  l'orifice  du  rectum  est  situé  en  avant  de  Vorifice 
des  organes  génito-urinaires.  Celte  disposition  commence  déjà  à  se  modifier  chez  les 
Dipnoïques. 


270  CIIAPITUE    SIXIÈME 

se  trouve  portée  au  maximum  lorsqu'il  existe,  comme  chez  V Autruche, 
dans  l'intérieur  du  cœcum,  un  rejM  spiral  qui  décrit  plusieurs  tours  de 
spire. 

La  BOURSE  DE  Fabricius  est  particulière  aux  Oiseaux  ;  c'est  un  petit  organe 
qui  dérive  d'une  masse  épithéliale  qui  se  creuse  et  se  transforme  en 
vésicule,  et  qui  est  situé  dans  le  bassin  entre  la  colonne  vertébrale  et  la 
partie  postérieure  de  l'intestin  terminal.  En  arrière,  elle  est  en  rapport 
avec  la  partie  profonde  du  cloaque,  dans  lequel  elle  débouche  au-dessous 
des  orifices  génito-urinaires. 

Chez  quelques  espèces  d'Oiseaux  on  ne  retrouve  plus  que  des  ves- 
tiges plus  ou  moins  visibles  de  cet  organe,  dont  le  rôle  physiologique 
est  d'ailleurs  inconnu. 

Mammifères. 

Chez  ces  animaux  l'intestin  terminal  décrit  un  nombre  variable  de 
circonvolutions  et  atteint  une  grande  longueur,  en  même  temps  que  son 
diamètre  est  beaucoup  plus  considérable  que  celui  de  l'intestin  moyen; 
ce  dernier  caractère,  ainsi  que  les  bosselures  que  présente  l'intestin 
terminal,  distinguent  toujours  nettement  ces  deux  régions  de  l'intestin 
l'une  de  l'autre.  Sa  portion  postérieure,  qui  s'enfonce  dans  le  bassin,  ou 
rectum,  correspond  seule  à  l'intestin  terminal  des  Vertébrés  inférieurs  ; 
la  portion  antérieure  beaucoup  plus  étendue  est  une  acquisition  nou- 
velle qui  n'apparaît  que  flans  la  série  des  Mammifères  et  porte  le  nom 
de  côlon.  Le  côlon  se  subdivise  souvent,  comme  par  exemple  chez 
l'Homme,  en  plusieurs  portions. 

Le  cœcum,  dont  la  présence  est  très  répandue,  présente  ici  aussi, 
suivant  le  régime  alimentaire,  les  modifications  les  plus  variées  de  forme 
et  de  grosseur.  C'est  ainsi  qu'il  est  très  petit  ou  qu'il  fait  même  défaut 
chez  les  Cm^nivores,  les  Cétodontes,  les  Insectivores  et  les  Chiroptères, 
tandis  que  chez  les  Herbivores  sa  longueur  dépasse  celle  du  corps.  On 
constate  un  certain  rapport  compensateur  entre  le  cœcum  et  le  reste  de 
l'intestin  terminal.  Dans  beaucoup  de  cas  (plusieurs  Singes,  Rongeurs, 
Homme)  une  partie  du  cœcum  s'atrophie  dans  le  cours  de  l'ontogénie, 
et  constitue  ce  que  l'on  appelle  V appendice  vermiculaire .  Ce  fait  montre 
qu'il  n'existait  pas  jadis  un  tube  digestif  plus  long. 

De  tous  les  Mammifères  les  Monotrèmes  et  en  partie  aussi  les  Mar- 
supiaux sont  les  seuls  qui  possèdent  encore  un  cloaque.  Chez  tous  les 
autres  l'anus  est  séparé  de  l'orifice  génito-urinaire. 

Histologie  de  la  muqueuse  intestinale. 

On  doit  se  représenter  l'épithélium  de  la  muqueuse  intestinale,  saut 
à  l'orifice  buccal  et  à  l'orifice  anal  où  il  conserve  en  général  le  caractère 
épidermique,  comme  formé  primitivement,  c'est-à-dire  phylogénique- 
ment,  de  cellules  cylindriques  vibratiles  ou  amiboïdes.  Ces  caractères  se 


AK,: 


KN -U 


ORGANES     DIGESTIFS  271 

retrouvent  encore  parfois  dans  le  cours  de  l'ontogénie,  et  même  chez  les 
Poissons  inférieurs,  tels  que  Y Amphioxus  et  les  Pétromyzontes  [Aynmo- 
cète),  l'épithélium  vibratile  persiste  pendant  toute  la  vie. 

Il  est  également  plus  ou  moins  répandu  dansTintestin  des  autres  Pois- 
sons, ainsi  que  dans  celui  des  Dipnoïqiies  et  des  Amphibiens  mais  ilse  trouve 
limité  à  certaines  régions.  Chez  les  Vertébrés  supérieurs  il  ne  joue  plus 
qu'un  rôle  insignifiant  après  la  période  embryonnaire,  de  sorte  qu'on 
peut  dire  en  général  qu'ici  l'épithélium  est  un  épithélium  cylindrique 
ordinaire.  La  face  libre  des  cellules  est  remarquable  d'ailleurs  par  son 
plateau  strié,  qui  représente  le  revêtement  vibratile  primitif,  et  qui  chez 
certains  Vertél3rés  inférieurs  émet 
des  prolongements  contractiles  dans 
la  cavité  intestinale  (Wiedersheim). 
La  faculté  que  possède  ainsi  le  bord 
libre  de  la   cellule   de  prendre  une 

part  active   au  processus   d'absorp-        "^^^         iHl^^s^'^^^^l NN 

tion,  car  il  s'agit  manifestement  ici 
d'un  processus  de  cette  nature,  doit 
être  considérée  comme  s'étant  trans- 
mise par  hérédité  des  Intervertébrés 

\j       ir\      r        .     f, ,    .  n^      t  Fis:.  231.   —  Schéma  du  corps  d'un  Cœlentéré- 

aux     Vertèbres     intérieurs.      Lest     ce  AA',  ectoderme  ;  //t,   entoderme.  Les  cellules 

ilnnfnn  «P  rpnrl  farilpmpnf  pniTintppn  '^^    l'entoderme    émettent   des   prolongements 

UOniOnSe  lenU  raCliemeni  compte  en  amiboïdes  et  ont  déjà,  en  iVA*,  englobé  des  par 

comparant   la   fisrure    231,   qui   repré-  ticules  alimentaires.  Z7^,  cavité  digestiyepri- 

r  o  'Il  mitive,  dans  laquelle  se  trouvent  des  aliments 

sente  le  schéma  d'un  Cœlentéré,  dans  ^^'\  ^"m,  bouche  primitive. 
lequel  les  cellules  entodermiques  {NN)  qui  tapissent  le  cœlome  {UD) 
(archentéron  ou  cavité  digestive  primitive)  englobent  des  particules  ali- 
mentaires {NV)  à  l'aide  de  pseudopodes,  avec  la  figure  232  A,  sur  laquelle 
on  voit  des  cellules  épithéliales  digestives  (E^,  E^)  émettre  des  prolonge- 
ments amiboïdes  sur  leur  face  libre,  et  avec  la  figure  232  B  où  ces 
mêmes  cellules  sont  vues  à  un  plus  fort  grossissement. 

Outre  ces  cellules  épithéliales,  des  leucocytes  [phagocytes)  prennent 
encore  partout  une  partie  active  à  cette  absorption  des  aliments.  Ces 
éléments  sont  tantôt  isolés,  tantôt  réunis  en  masses  globuleuses  ou  ru- 
banées  [follicules, ptlaques  de  Peyer)  dans  la  sous-muqueuse  et  aussi  dans 
la  cavité  intestinale  (où  ils  arrivent  après  avoir  traversé  l'épithélium  de 
la  muqueuse)  (fig.  232). 

Chez  VAjnphioxus,  les  Cyclostomes  et  les  Dipnoïques ,  la  muqueuse 
digestive  est  encore  tout  entière  douée  de  la  faculté  de  sécréter,  c'est-à- 
dire  que  chaque  cellule  épithéliale  représente  une  jjetite  glande.  Cet  état 
d'indifférence  se  modifie  déjà  chez  les  Sélaciens  où  les,  ceWules  se  grou- 
pent dans  l'estomac  pour  former  des  tubes  glandulaires.  Les  cellules  ont 
encore  ici  les  mêmes  caractères  ou  ne  différent  encore  que  très  peu 
suivant  qu'elles  sont  placées  au  fond  ou  dans  le  col  de  la  glande.  Ces 
différences  apparaissent  déjà  nettement,  d'après  les  recherches  de  Ley- 
dig  et  de  Cattaneo,  chez  les   Ganoïdes    et  chez  quelques   Téléostéens ; 


272 


niAPITRE    SIXIEME 


et  ce  dernier  a  démontré  de  la  manière  la  plus  convaincante  par  les  pro- 
cédés de  la  chimie  physiologique  que  ces  glandes  possèdent  la  propriété 
de  produire  de  la  j^epsine.  Mais  il  n'y  a  pas  encore  ici  de  cellules  adélo- 
morphes  et  de  cellules  délomoiyhes ,  pas  plus  d'ailleurs  que  chez  les  ^m|;/w- 
biens  et  les  Reptiles.  Elles  n'apparaissent  avec  leurs  caractères  typiques 
que  chez  les  Mammifères. 

M^    Z     L    S  ?o  al 

1  Sa 


BM 

t       ; 


&-    ' 


Fig.  232.  —  A,  Coupe  d'un  fragment  de  paroi  intestinale,  en  partie  schématique.  La  couche  intermédiaire, 

c'est-à-dire  la  sous-muqueuse  et  la  muqueuse,   a  été  à  dessein  représentée  plus  épaisse  que  les  couches 

extérieures  de  l'intestin.  Il  faut  se  figurer  à  gauche  du  dessin  la  cavité  viscérale  et  à  droite  la  cavité  de 

l'intestin. 
B,  péritoine  viscéral  ;  M,  couche  des  fibres  musculaires  longitudinales  ;  AT',  couche  des  fibres  musculaires 

circulaires;  Z,  couche  intermédiaire  ;  S,  muqueuse  qui  forme  en  Zo,  Zo  des  villosités;  G, G,  vaisseaux, 

dont  les  gros  troncs  sont  situés   entre  le  péritoine  et  la  couche  musculaire.   Les  petits  vaisseaux  se 
i^  ramifient  dans  la  couche  intermédiaire  et  entourent  les  amas  de  cellules  lymphatiques  (L,L),  ainsi  que 

les  glandes,  et  envoient  des  anses  très  fines  dans  l'intérieur  des  villosités  (enfîl)  ;  Z),Z),orifices  des  glandes; 
r  E,E,  cellules  épithéliales  de   la  muqueuse  avec  leur   plateau,   qui,  en  E',   présentent  des  mouvements 

amiboïdes;  Ly ,  cellules  lymphatiques  éparses  dans  la  couche  intermédiaire;  L,L^,L^,   cellules  lympha- 
■^   tiques  traversant  la  muqueuse;    £/2,   cellules  lymphatiques  qui  sont  déjà  parvenues  dans  la  cavité   de 

l'intestin,  et   qui  englobent,  grâce  à  leurs  mouvements  amiboïdes,    les  particules  alimentaires  {N,N)\ 

Lynx,   vaisseaux  lymphatiques  dans  les  villosités. 
B.  Cellules  épithéliales   de    la  muqueuse  vues   à    un  plus   fort  grossissement;  Sa,    leur   plateau  formé 

de  bâtonnets. 

Les  glandes  tubuleuses  connues  sous  le  nom  de  glandes  de  Lieber- 
kûhn  jouent  un  grand  rôle  dans  l'intestin  des  Vertébrés;  il  y  existe  aussi 
des  glandes  muqueuses  acineuses,  et  les  cellules  caliciformes  sont  répan- 
dues partout.  L'intestin  des  Oiseaux  et  des  Mammifères  est  particuliè- 
rement riche  en  glandes  (1). 

(1)  II  forme  un  contraste  tranché  avec  l'intestin  desCyclostomcs  et  des  Dipnoïques,  qui  est  dé- 
pourvu de  glandes.  L'intestin  deces  derniers  auraitbesoind'être  soumisàuneanalyse  chimico- 
physiologique  exacte.  11  est  certain  dans  tons  les  cas  qu'il  n'y  a  pas  formation  de  pepsine 


ORGANES    DIGESTIFS 


273 


Nous  avons  indiqué  au  début  de  ce  chapitre  quelle  était  la  structure 
de  la  paroi  de  l'intestin  ;  nous  nous  bornerons  ici  à  ajouter  quelques 
détails  sur  \di  formation  des  plis  de  la  muqueuse. 

On  observe  fréquemment  ici  un  parallèle  entre  l'ontogénie  et  laphylo- 
génie.  L'augmentation  d'étendue  de  la  surface  résorbante  a  toujours 
lieu  primitivement  par  la  formation  de  i^lis   longitudinaux.  La  valvule 


Fig.  233.  —  Fragments  de  l'intestin  d'un  Téléosléen  avec  des  cryptes  longues  et  étroites,  ttj  coupe  lon- 
gitudinale; b,  coupe  transversale;  c,  surface  interne  (d'après  Edingee).- 

spirale,  qui  existe  dans  l'intestin  des  Sélaciens,  des  Ganoïdes  et  des  Dip- 
?^o^ç'Mes,  représente  déjà  un  degré  d'organisation  supérieur.  Chez  les  pre- 
miers de  ces  animaux,  et  il  en  est  de  même  aussi  pour  beaucoup  d'autres 
Poissons,  on  observe  un  nouveau  progrès,  qui  consiste  en  ce  que  les 
plis  longitudinaux  sont  réunis  par  àQS  plis  transversaux;  il  se  produit  de 
la  sorte  des  cryptes  de  forme  et  de  profondeur  variables  (fig.  233). 


!'! 


m 


it.„ 

Fig.  234.  —  Coupes  horizontales  demi-schématiques  de  la  muqueuse  intestinale  des  Poissons  pour  mon- 
trer le  passage  des  mailles  longitudinales  aux  cryptes  rondes  (d'après  Edinger). 
A,  Petromyzon  ;  valvule  spirale  nettement  saillante.  B,  Sélacien.  C,  D,  E,  divers  Téléostéens. 

Si  les  enfoncements  ou  cryptes  situés  dans  les  mailles  de  ce  système 
de  plis  en  réseau  deviennent  de  plus  en  plus  profonds,  nous  aurons  les 
glandes  tubuleuses  du  canal  digestif,  que  nous  avons  mentionnées  plus 
haut  (glandes  à  pepsine  onde  Lieberkûhn) . 

Encore  très  imparfaites  et  rares  chez  les  Poissons,  les  villosités  in- 
testinales proprement  dites  ne  sont  réellement  bien  développées  que 
chez  les  Amphibiens,  particulièrement  chez  \ea  Anoures.  Et  à  côté  d'elles 

18 

WlEDERSHEIM. 


274  CHAPITRE    SIXIÈME 

persistent  toutes  les  formes  possibles  de  plis,  les  uns  onduleux,  les  autres 
en  zigzag-  ;  il  en  est  de  même  aussi  chez  les  Sauropsidés  et  les  Mammifèi^es. 

Les  valvules  conniventes  ou  de  Kerkring  de  l'Homme  et  des  Mammi- 
fères se  rencontrent  déjà  chez  les  Oiseaux,  particulièrement  chez  V Au- 
truche. 

Outre  ces  plis,  l'intestin  présente  des  villosités  en  grand  nombre; 
elles  sont  surtout  bien  développées  dans  le  duodénum;  mais  elles  se 
continuent  souvent  jusque  dans  Y  intestin  terminal. 

C'est  surtout  chez  les  Mammifères  que  les  villosités  intestinales  et  le 
système  des  plis  transversaux  sont  le  plus  développés;  ce  dernier  prin- 
cipalement dans  l'intestin  terminal.  Les  plis  longitudinaux  au  contraire 
sont  peu  marqués.  La  muqueuse  gastrique  présente  ordinairement  des 
plis  disposés  en  réseau,  ou  une  structure  complexe  (Ruminants)  (1). 

Organes  annexes  du  canal  intestinal. 

Foie. 

Le  foie,  qui  s'adapte  toujours  exactement  à  la  forme  du  corjjs  et  qui 
recouvre,  dans  une  étendue  plus  ou  moins  grande,  surtout  sur  la  face 
ventrale,  le  tube  digestif,  existe  chez  tous  les  Vertébrés  (Amphioxus?). 
Chez  les  Atiamniens  {Ganoïdes  et  Jchthyoïdes,  par  exemple),  il  est  en  gé- 
néral relativement  plus  volumineux  que  chez  les  Amniotes.  Les  Carni- 
vores (se  nourrissant  de  graisses)  ont  d'ordinaire  un  foie  plus  gros  que 
\qs  Herbivores. 

Le  foie  est  toujours  fixé  à  la  paroi  du  corps  par  un  repli  du  péritoine 
et  présente  une  foule  de  variations  dans  le  nombre  et  la  forme  de  ses 
lobes  (2).  Néanmoins  le  foie  de  tous  les  Vertébrés  dérive  génétiquement 
d'une  forme  fondamentale  hilobée  (Cyclostomes).  11  se  développe  toujours 
aux  dépens  de  la  partie  antérieure  de  l'intestin  moyen  et  se  transforme 
en  un  appareil  glandulaire  volumineux,  rempli  de  sang,  chargé  essen- 
tiellement de  sécréter  la  bile.  11  communique  avec  la  cavité  intesti- 
nale par  un  ou  plusieurs  conduits  excréteurs  (canal  cholédoque  ou  hépato- 
entérique) . 

A  cet  appareil  est  annexée  ou  non  une  vésicule  biliaire;  dans  le  pre- 

(1)  Il  existe  très  régulièreznent  dans  l'intérieur  du  tissu  adénoïde  de  soutien  des  villosités 
de  tous  les  Vertébrés  des  muscles  parallèles  au  grand  axe  de  ces  dernières,  qui  sont  immé- 
diatement appliqués  à  la  paroi  endothéliale  des  vaisseaux  cliylifères.  Grâce  à  ces  muscles, 
les  villosités  peuvent  se  contracter;  leur  allongement  dépend  de  l'état  des  vaisseaux  (pression 
sanguine),  de  l'épithélium  (forces  élastiques)  et  surtout  de  l'action  des  contractions  péri- 
staltiques  des  muscles  de  l'intestin.  Ces  mouvements  exercent  une  grande  influence  sur  la 
circulation,  de  la  lymphe  et  sur  le  j^i^ocessus  de  l'absorption  h  la  surface  des  villosités 
(comte  Spee). 

(2)  Chez  les  Monitors  et  les  Varanides,  un  repli  particulier  du  péritoine,  qui  part  de  la 
■  ligne  médiane  en  dessus,  enveloppe  comme  un  sac  les  viscères  abdominaux,  y  compris  le 

foie.  Du  côté  ventral  il  se  termine  librement  et  sépare  ainsi  les  organes  de  l'abdomen  du 
cœur  et  des  poumons.  Cette  disposition  nous  présente  la  première  trace  de  la  séparation  du 
cœlome  en  deux  cavités,  déjà  bien  marquée  chez  les  Sauropsidés  supérieurs  (Crocodiliens  et 
Oiseaux)  (Reddard). 


ORGANES    DIGESTIFS  275 

mier  cas  elle  est  réunie  au  système  des  canaux  excréteurs  de  la  bile  par 
un  canal  cystique,  qui  présente  de  très  nombreuses  Yarialions. 

En  général,  du  foie  partent  un  ou  deux  conduits  hépatiques;  ceux-ci  aboutissent  à 
un  canal  commun,  le  canal  hépalo-entérique  qui  débouche  dans  la  partie  initiale  de 


Fig.  235. 


Fig.  236. 


Tr 


Hu 

Fig.  235.  —  Foie  de  Rana  esculenta,  vu  par  la  mU- 

face  inférieure. 

L,    i%    L-,    lobes   du    foie  ;   M,   estomac  ; 
D,  duodénum  ;  H,  cœur. 


Fig.    236.    —  Disposition   des   viscères   chez   le 
Lacerta  agilis. 

Oe,  œsophage;  M,  estomac  ;  MB,  intestin  moyen  ; 
ED,  intestin  terminal;  L,  foie;  GB,  vésicule 
biliaire  ;  Pn,  pancréas  ;  Bl,  vessie  urinaire  ; 
Lg,  Lg^,  les  deux  poumons  avec  leur  réseau 
vasculaire;  H,  cœur;  (7i,  veine  cave  inférieure; 
2V,  trachée. 


l'intestin  moyen.  Dans  son  trajet,  celui-ci  peut  encore  recevoir  un  canal  cystique  qui 
vient  de  la  vésicule  biliaire;  le  canal  hépato-entérique  porte  alors  le  nom,  dans  la 
partie  qui  s'étend  de  l'embouchure  du  canal  cystique  à  l'intestin,  de  canal  cholédoque 
(Myxinoïdes,  Gymnophiones^  la  plupart  des  Mammifères,  Homme,  fig.  237). 

Dans  d'autres  cas,  le  nombre  des  canaux  hépatiques  est  encore  plus  considérable  ; 
ils  peuvent  alors  former  entre  eux  et  avec  le  canal  cystique  des  anastomoses  et  se 
déverser  aussi  en  différents  points  dans  le  canal  hépato-entérique.  Tel  est  le  cas  par 
exemple  chez  les ^nowres  et  particulièrement  chez  la  Rana  esculenta.  Il  en  est  exacte- 
ment de  même  chez  les  Lacerta;  chez  les  uns  et  les  autres  le  canal  cholédoque  peut 
traverser  le  pancréas  et  s'aboucher  avec  le  canal  de  Wirsung,  de  sorte  que  la  bile  et 
le  suc  pancréatique  viennent  se  déverser  par  un  orifice  commun  sur  une  papille  ou  sur 
un  repli  de  l'intestin. 

Outre  le  canal  cholédoque,  il  peut  exister  aussi  des  canaux  hépato-cystiques  et 
hépato-entériques,  qui  s'ouvrent  isolément  dans  l'intestin,  par  exemple  chez  plusieurs 
Poissons.  Enfin,  dans  d'autres  cas,  on  trouve  un  canal  cystico-entérique  qui  va  direc- 
tement de  la  vésicule  biliaire  à  l'intestin,  etc. 


276 


CHAPITRE    SIXIEME 


Pancréas . 


Le  pancréas  se  développe  également,  comme  on  l'a  vu,  sur  la  partie 
initiale  de  l'intestin  moyen  et  par  conséquent  dans  le  voisinage  du  foie. 
Le  point  où  il  prend  naissance  sur  l'intestin  correspond  à  l'embouchure 
du  canal  pancréatique  ou  de    Wirswig,  qui   traverse  le  pancréas  tout 


Fig.  237.  —  A,  B,  C,  différentes  dispositions  du  système  des  canaux  sécréteurs  de  la  bile. 

D,  duodénum;   Vf,  vésicule  biliaire;  c  et  s,  canal  cystique;  h.  canal  hépatique;   ch,  canal  cholédoque; 

hc,  canal  hépato-cystique  ;  canal  hépatico-entérique. 

entier  et  qui  reçoit  sur  son  trajet  des  conduits  latéraux  provenant  des 
lobes  de  la  masse  glandulaire. 

A  part  quelques  Poissons  (Cyclostomes,  quelques  Téléostéens)  et  les 
Dipnoïques,  le  pancréas  existe  chez  tous  les  Vertébrés.  Sa  forme  et  sa 
position,  sa  grosseur  sont  très  variables;  tantôt  il  est  simple,  allongé, 
tantôt  il  est  plus  ou  moins  lobé.  Son  conduit  excréteur  se  réunit  souvent 
à  celui  du  foie;  il  peut  aussi  exister  plusieurs  conduits  excréteurs  qui 
s'ouvrent  séparément  dans  l'intestin  moyen. 

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K.  F.  Wenckebach.  De  Ontwikkeling  en  di  Bouw  der  Bursa  Fabricii.  Dissert,  inaug.  Utrecht, 

1888. 
R.  Wiedersheim.  Die  feineren  Strukturverhàltnisse  der  Drusen  im  Muskelmagen  der  Vôgel. 

Arch.  f.  mikr.  Anat.  T.  VIII.  1872. 
Id.  Ueber  die  mechan.  Aufnahme  der  Narungsmittel  in  der   Darmschleimhaut .  Freiburger 

Festschrift  zur  56.  Versammlung  deutscher  Naturforscher  und  Aerzte.  1883. 
A.  Wôlfler.  Ueber  die  Entioicklung  der  Schilddrûse.  Berlin  1880. 


CHAPITRE    SEPTIEME 


ORGANES    DE    LA    RESPIRATION 

Les  organes  de  la  respiration  des  Vertébrés,  par  leur  situation  et  leur 
développement,  ont  les  rapports  les  plus  étroits  avec  le  tuhe  digestif  ;  ils 
se  divisent  en  branchies  et  poumons.  Les  premiers,  phylétiquement  les 
plus  anciens,  servent  à  la  respiration  des  animaux  qui  vivent  dans  Feau; 
ils  sont  situés  dans  la  région  de  Yintestin  buccal  primitif,  c'est-à-dire 
dans  la  région  des  arcs  viscéraux  ou  branchiaux.  Les  poumons  sont  des 
diverticules  saccif orgues ,  pairs,  de  Vintestin  antérieur,  qui  sont  placés 
dans  la  cavité  du  corps  et  qui  président  à  la  respiration  dans  l'air.  11  est 
possible  qu'au  point  de  vue  phylogénique  les  poumons  représentent  la 
faire  postérieure  de  sacs  branchiaux,  qui  ne  s'ouvre  plus  à  l'extérieur, 
mais  qui  s'est  accrue  et  est  venue  se  loger  dans  le  cœlome. 

Ces  deux  appareils  peuvent  se  développer  côte  à  côte  dans  le  même 
animal,  mais,  sauf  dans  quelques  rares  exceptions  (Dipnoïques  et  peut- 
être  la  Sirène  parmi  les  Ichthyoïdes),  l'un  deux  seul  entre  en  fonction, 
de  sorte  que  physiologiquement  ils  s'excluent  l'un  l'autre.  Le  facteur 
déterminant  dans  ce  cas  c'est  Vappareil  circulatoire,  car  la  respiration 
n'est  possible  que  lorsque  des  vaisseaux  veineux,  c'est-à-dire  renfer- 
mant du  sang  chargé  d'acide  carbonique,  se  trouvent  de  telle  sorte  en  con- 
tact avec  le  milieu  ambiant  que  le  sang  puisse  abandonner  ce  gaz  et, 
après  s'être  chargé  d'oxygène,  être  ramené  dans  le  corps  par  un  système 
artériel. 

Tant  que  ces  conditions  pour  l'oxydation  du  sang  ne  sont  pas  rem- 
plies, on  ne  peut  dire  qu'il  existe  un  organe  respiratoire.  C'est  le  cas 
pour  la  VESSIE  natatoire  des  Poissons,  dont  le  développement  est  exacte- 
ment le  même  que  celui  du  poumon,  c'est-à-dire  qu'elle  est  formée  par 
un  diverticule  de  l'intestin  antérieur,  mais  qui  ne  présente  jamais  une 
disposition  de  l'appareil  circulatoire  permettant  la  respiration.  Elle  ne 
reçoit  que  du  sang  artériel  de  l'aorte  et  il  en  sort  du  sang  veineux.  Par 
conséquent  elle  représente  un  poumon  au  point  de  vue  morphologique, 
mais  non  pas  au  point  de  mmq  physiologique. 

I 

Branchies. 

Les  branchies  représentent,  comme  nous  l'avons  répété  à  plusieurs 
reprises,  deux  rangées  symétriques  de  diverticules  de  l'intestin  antérieur 


OnOANES    DE    LA    RESPIRATION  279 

primitif,  placés  les  uns  derrière  les  autres,  destinés  à  augmenter  l'éten- 
due de  la  surface  respiratoire,  et  qui,  dans  le  cours  du  développement, 
finissent  par  communiquer  directement  avec  l'extérieur  par  des  orifices 
percés  dans  la  peau.  De  la  sorte  se  trouve  établie  une  issue  pour  l'eau 
qui  pénètre  dans  la  bouche  ;  et,  pour  que  l'absorption  de  Foxygène  que 
celle-ci  renfemiie  soit  assurée  de  la  manière  la  plus  complète  possible, 
autour  de  ces  orifices  se  développent  des  appendices  lamelleux  ou  fili- 
formes très  vasculaires,  c'est-à-dire  des  branchies.  Suivant  leur  position, 
celles-ci  se  distinguent  en  branchies  internes  et  branchies  externes. 

Les  Poissons  possèdent  des  branchies  qui  fonctionnent  pendant  toute 
la  vie;  chez  les  Amphibiens,  c'est  le  cas  seulement  pour  un  petit  nombre 
d'espèces,  qui  constituent  le  groupe  des  Ichthyoïdes;  tous  les  autres  pas- 
sent pendant  le  jeune  âge  par  un  stade  où  la  respiration  est  branchiale; 
plus  tard  ils  respirent  tous  par  les  poumons,  de  sorte  que  l'étude  de  cette 
classe  d'animaux  nous  fournit  un  tableau  remarquable  du  développe- 
ment phylogénique  par  lequel  ont  passé  jadis  tous  les  Vertébrés  supé- 
rieurs. 

La  présence  de  branchies  capables  de  fonction7ier  cesse  pour  tou- 
jours avec  le  groupe  des  Amphibiens.  Ce  qui  montre  bien  quel  puissant 
facteur  la  respiration  branchiale  est  pour  l'organisation  du  corps  et  pen- 
dant quelles  périodes  incommensurables  de  temps  elle  a  duré,  c'est  la 
présence  jusque  dans  les  formes  animales  les  plus  élevées,  jusque  chez 
les  Mammifères,  de  sacs  branchiaux,  de  sillons  branchiaux  (1)  et  d'arcs 
branchiaux,  ainsi  que  la  disposition  spéciale  dusystèwe  vasculaire.  On  peut 
dire  avec  pleine  certitude  que  les  Amniotes  ont  dû  passer  dans  leur  déve- 
loppement ancestral  par  une  phase  où  ils  respiraient  par  des  branchies. 

Nous  avons  déjà  parlé  dans  les  chapitres  relatifs  au  squelette  cépha- 
lique  et  à  l'organe  de  l'ouïe  du  changement  de  fonction  que  leur  sque- 
lette branchial  a  subi  en  partie  à  partir  de  la  fin  de  ce  stade. 

Chez  les  Chéloi-biens,  les  Sauriens  (2),  les  Ophidiens  et  les  Oiseaux,  l'embryon 
présente  encore  l'ébauche  de  cinq  sacs  branchiaux,  mais  parfois,  par  exemple  chez 
les  Laceria,  les  trois  antérieurs  seuls  présentent  un  orifice  externe,  le  quatrième 
exceptionnellement  et  le  cinquième  jamais.  Il  en  est  de  même  chez  les  Oiseaux,  où 
d'ailleurs  ce  n'est  qu'exceptionnellement  que  le  troisième  s'ouvre  à  l'extérieur,  tandis 
que  ce  n'est  jamais  le  cas  pour  le  quatrième  et  le  cinquième  (qui  n'existe  pas  toujours) 
(van  Bemmelen).  Chez  les  Mammifères,  les  sacs  branchiaux  postérieurs  ont  un  carac- 
tère tout  à  fait  rudimentaire  ;  l'appareil  branchial  des  Anaynniens  nous  présente  des 
faits  du  même  ordre.  On  observe  ainsi  dans  le  cours  de  la  phylogénie,  aussi  bien 
que  dans  le  cours  de  fontogénie,  une  réduction  progressive  d'arrière  en  avant  des 
fentes  et  des  arcs  branchiaux. 

(1)  L'expression  de  sillons  branchiaux  s'applique  à  YHomme  et  à  beaucoup  de  Mammifères  ; 
car  chez  eux  il  ne  se  forme  plus  de  fentes  qui  font  communiquer  l'ectoderme  et  l'ento- 
derme.  On  les  trouve  cependant  encore  exceptionnellement  dans  les  embryons  de  Bœuf  et 
de  Mouton. 

(2)  Le  Lacerta  vivipara  présente  encore  l'ébauche  d'une  sixième  fente  branchiale. 


280 


CHAPITRE    SEPTIEME 


Poissons. 

Chez  TAmphiûxus  la  cavité  branchiale  est  séparée  de  la  cavité  buccale 
par  un  repli  de  la  muqueuse,  dans  lequel  se  développe  un  muscle.  La 
chambre  respiratoire  est  soutenue  par  de  nombreuses  baguettes  élas- 
tiques, sur  lesquelles  s'insèrent  des   muscles.  Elle   s'étend  en  arrière 

Fig.  238. 

Fig.  239. 


ûC-i 


Fig.  240. 


a  ji 


Fig.  238.  —  Amphioxus  lanceohatus,  grossi  deux  fois  et  demi. 
Emprunté  à  GeGenbaur  d'après  QuATREFAGES. 
a,  bouche  entourée  de  cirres  ;  b,  anus  ;  c,  pore  branchial  ;  d,  sac  branchial 
e,  portion  gastrique  de  l'intestin  ;  /",  cul-de-sac  ;  g,  intestin  terminal 
h,  cavité  générale  du  corps  ;  i,  corde  dorsale  et  au-dessous  l'aorte 
fe,  arcs  aortiques  ;  i,  cœur  aortique  ;  m,,  renflement  des  artères  bran 
chiales;  n,  cœur  de  la  veine  cave  ;  o,  cœur  de  la  veine  porte. 

Fig.  239.  —  Coupe  longitudinale  schématique  de  la  tête  de  V Ammocète 
(A)  et  de  la  tête  du  Pelromyzon  (B). 


Fig.  2'i0.  —  Coupe  longitudinale  de  la  tête  de  VAnimocéte. 
V,  voile;  P,  papilles  de  la  muqueuse;  K,  /i,  K,  les  trois  branchies  antérieures;  Th,  glande  thyroïde 
(gouttière  hypobranchiale);  iV,  sac  nasal;  *  orifice  de  communication  de  la  cavité  du  cerveau  anté- 
rieur (a)  avec  la  cavité  du  bulbe  olfactif;  Ep,  épiphvse  ;  /m/,  infundibulum  ;  HH,  cerveau  postérieur  ; 
ML,  moelle  allongée;  b,  c,  cavités  de  ces  parties  de  l'encéphale;  o,  cavité  sus-arachnoïdienne  ;  Ch, 
corde  dorsale  ;  Jî,  moelle  épinière. 

presque  jusqu'au  milieu  du  corps.  Dans  une  certaine  période  du  déve- 
loppement 80  à  100  fentes  branchiales  s'ouvrent  librement  à  l'extérieur; 
plus  tard  elles  sont  recouvertes  par  deux  replis  cutanés  latéraux,  qui 
limitent  un  espace  péribranchial.  L'eau   qui  a  été  aspirée,  passe   dans 


ORGANES    DE    LA    UESPIUATION 


281 


cet  espace  péribranchial  et  est  déversée  au  dehors  à  travers  un  orifice 
situé  derrière  le  milieu  du  corps,  appelé  le  pore  abdominal  ou  plus  exac- 
tement le  pore  branchial  (voy.  le  chapitre  qui  traite  des  pores  abdo^ni- 
naux){rig.  238). 

Cette  extension  de  l'appareil  branchial  sur  une  région  très  étendue 
du  corps,  qui  est  un  reste  d'une  disposition  ancestrale,  est  déjà  consi- 
rablement  moindre  chez  les  Cyclostomes. 

Considérons  d'abord  VAmmocète.  Chez  cet  animal  l'œsophage  est  le 
prolongement  postérieur  direct  de  la  cavité  branchiale  (fig.  239  A).  A  son 
origine  il  présente  un  repli  musculaire  de  la  muqueuse,  le  velu7n  ou  voile 
buccal  (flg.  240,  V).  Les  sept  fentes  branchiales  munies  de  replis  foliacés 
de  la  muqueuse,  qui  existent  chezY  Ammocète  [1) ,  persistent  chez  le  Petro- 


T\g.  241. 


KM 


-KU 


JÎV- 


Fig.  241.   • —   Coupe   horizontale  demi-schématique  de  la  tête  d'un  Sélacien,  montrant  le  plancher  de  la 

cavité  buccale. 
KM,  muscles  de  la  mâchoire;  Z,  langue;  Zy,  arc  hyoïdien  coupé  ;  en  arrière  les  cinq  vraies  branchies 
également  coupées  ;  BM,  muqueuse  buccale  ;  Oe,  œsophage  ;  S,  S,  ceinture  scapulaire  coupée  \LH.,  cavité 
du  corps.  Les  flèches  indiquent  les  orifices  des  cinq  sacs  branchiaux. 

Fig.  242.  —  Coupe  horizontale  demi-schématique  de  la  tète  du  Silurus  glanis. 
T,  T,  tentacules;  Zp,  Zp^,  plaque  de  dents  de  la  mâchoire  inférieure;  SM,  muqueuse  buccale  ;  Oe,  œso- 
phage; KM,  muscles  des  mâchoires  ;  KD,  opercule,  derrière  lequel  est  situé  la  cavité  branchiale  com- 
mune. 

myzon,  mais  ici  la  cage  branchiale  se  termine  en  cul-de-sac  en  arrière, 
tandis  que  le  tube  intestinal  se  prolonge  en  avant  et  forme  une  bouche 
disposée  pour  la  succion.  Par  suite  l'intestin  buccal  communique  avec 
deux  cavités,  en  dessous  avec  le  sac  branchial,  en  dessus  avec  l'œso- 
phage (fig.  239  B). 

Chez  les  Pétromyzontes  les  conduits  branchiaux  débouchent  directe- 
ment à  l'extérieur;  chez  la  Myxine,  il  n'en  est  plus  de  même;  les  con- 
duits branchiaux  externes  sont  devenus  de  longs  tubes  qui  se  réunissent 

(1)  Chez  V Ammocèle  il  se  développe  primitivement  Amï  paires  de  fentes  branchiales,  mais 
la  première,  qui  chez  les  Poissons  supérieurs  devient  ^'e'uen^,  disparaît  plus  tard  sans  laisser 
de  traces. 


282  CHAPITRE     SEPTIÈME 

de  chaque  côté  en  un  long  canal  commun.  Ce  dernier  vient  s'ouvrir  très 
en  arrière  de  l'appareil  branchial,  sur  la  face  ventrale  de  l'animal. 

A  partir  des  Sélaciens,  les  branchies  ont  des  rapports  étroits  avec  les 
arcs  viscéraux,  c'est-à-dire  qu'elles  sont  immédiatement  placées  sur  le 
côté  convexe  de  ces  derniers  sous  forme  de  lamelles  disposées  comme 
les  dents  d'un  peigne  (fig.  241). 

Elles  sont  soudées  sur  les  deux  faces  des  cloisons  qui  séparent  les 
sacs  branchiaux,  de  sorte  que  chaque  cloison  porte  des  lamelles  bran- 
chiales sur  la  face  antérieure  et  sur  la  face  postérieure. 

En  général  il  existe  chez  les  Sélaciens  cinq  fentes  branchiales  ;  les 
Notidanides  en  possèdent  encore  six  à  sept,  et  comme  Vévent,  ainsi  que 
certains  diverticules  sacciformes  de  la  muqueuse,  qui  apparaissent  chez 
les  embryons  des  Sélaciens  et  des  Raies  sur  la  limite  postérieure  de  l'ap- 
pareil branchial  (comp.  les  co7ys  sus-péricardiques  de  van  Bemmelen,  dont 
il  a  été  question  à  propos  de  la  glande  thyroïde),  ont  la  même  significa- 
tion morphologique,  il  en  résulte  que  jadis  l'appareil  branchial  des  Séla- 
ciens présentait  une  étendue  plus  considérable. 

Les  sacs  branchiaux  des  Sélaciens  s'ouvrent  séparément  à  l'exté- 
rieur, c'est-à-dire  possèdent  chacun  un  orifice  distinct;  chez  les  Ganoïdes, 
au  contraire,  il  n'existe  pas  de  sacs  branchiaux  séparés  les  uns  des 
autres.  Les  fentes  branchiales  internes  (pharyngiennes)  donnent  entrée 
dans  une  cavité  branchiale  commune,  qui  est  recouverte  par  V opercule  et 
par  la  membra7ie  brcmchiostège  (voy.  le  squelette  céphalique),  de  telle 
sorte  qu'il  ne  reste  plus  qu'im  seul  orifice  de  sortie  (fig.  242). 

En  général  les  Téléostéens  ne  possèdent  que  quatre  arcs  viscéraux 
'portant  des  branchies,  et  il  en  est  de  même  de  tous  les  Ganoïdes  (1).  Mais 
tous  ces  Poissons  ont  dû  jadis  posséder,  comme  les  Sélaciens,  un  appa- 
reil branchial  plus  développé,  c'est  ce  que  prouve  la  présence  pendant 
toute  la  vie  chez  plusieurs  Ganoïdes,  et  pendant  la  période  embryon- 
naire seulement  chez  les  Téléostéens,  d'une  pseudo-branchie  rudimen- 
taire  ou  bratichie  de  Vévent  dans  la  région  de  l'os  hyoïde  ou  de  Lèvent, 
ainsi  que  de  la  branchie  operculaire  située  à  la  face  inférieure  et  interne 
de  l'opercule   {Acipenser,  Lepidosteus,  embryons  de    Téléostéens).  Cette 

Chez  plusieurs  Téléostéens,  particulièrement  chez  ceux  qui  vivent  dans  la  vase 
(plusieurs  Siluroïdes,  Clupéides,  Labyrinthobranches  et  Characinides),  il  se  déve- 
loppe dans  la  partie  postérieure  de  la  cavité  branchiale,  en  même  temps  que  le  sque- 
lette branchial  subit  les  modifications  les  plus  variées,  certains  appareils  (diverticules 
sacciformes,  lamelles,  réseaux  admirables,  etc.)  destinés  à  emmagasiner  de  l'eau  et 
de  l'air".  Ces  appareils  fonctionnent  comme  des  organes  de  respiration  accessoires  et 
permettent  à  ces  Poissons  de  mener,  au  moins  passagèrement,  une  existence  d'am- 
phibie, c'est-à-dire  de  respirer  temporairement  dans  l'air. 

(1)  Chez  les  Téléostéens  le  nombre  est  souvent  réduit  à  trois  ou  même  à  deux. 

(2)  La  pseudo-branchie  reçoit  son  sang  du  premier  (antérieur)  des  arcs  aortiques  qui  se 
développent  chez  les  Téléostéens.  F.  Maurer  a  avec  raison  changé  le  nom  d'artère  hyoïdienne 
en  celui  d'artère  hyo-mandibulaire.  D'après  cet  auteur  la  pseudo-branchie  est  homologue  à 
la  branchie  de  l'évent  des  Ganoïdes  et  des  Sélaciens. 


OnCANES    DF,    LA    RESPIRATION  283 

dernière  fonctionne  encore;  quant  à  la  première,  le  sang  qui  lui  arrive 
est  artériel  ei  celui  qui  en  sort  e^ivieineux  (pseudo-branchie)  (2). 

Tous  les  Poissons  supérieurs  aux  Cyclostomes  respirent  en  intro- 
duisant de  Feau  dans  la  cavité  buccale  et  en  l'expulsant  à  travers  les 
branchies  par  les  contractions  de  cette  dernière.  Dans  ces  mouvements 
ils  soulèvent  et  abaissent  les  arcs  branchiaux;  ils  les  écartent  les  uns 
des  autres  dans  l'inspiration  et  les  rapprochent  dans  l'expiration. 

Dipnoïques. 

Comme  leur  nom  l'indique,  ils  respirent  suivant  le  milieu  dans  le- 
quel ils  se  trouvent,  tantôt  par  des  branchies,  tantôt  par  des  poumons. 
Leur  appareil  branchial  mérite  tout  particulièrement  d'attirer  l'atten- 
tion, parce  que  chez  le  Protopterus  (flg.  67,  A)  il  existe,  outre  les  branchies 
internes  situées  sur  les  arcs  viscéraux,  et  qui  sont  comme  chez  les  Pois- 
sons des  formations  entodermiques,  des  branchies  externes.  Ces  dernières 
sont  disposées  par  groupes  de  trois  sur  la  limite  postérieure  et  supé- 
rieure de  la  ceinture  scapulaire,  à  laquelle  elles  sont  fixées  par  du  tissu 
conjonctif  et  par  des  vaisseaux  qui  viennent  des  deuxième,  troisième 
et  quatrième  arcs  aortiques.  On  trouve  aussi  chez  les  Sélaciens,  le  Po- 
lyptère  et  le  Cobitis,  pendant  le  premier  âge,  des  filaments  branchiaux 
externes  destinés  à  résorber  le  vitellus,  et  qui,  par  conséquent,  servent 
à  la  nutrition  de  l'animal  (1). 

De  même  que  chez  les  Ganoïdes  et  les  Téléostéeris,  il  n'existe  égale- 
ment chez  les  Dipnoïques  qu'un  seul  orifice  externe  recouvert  par  un 
oj^rcule  (d'ailleurs  rudimentaire). 

Les  branchies  du  Ceratodus  ont  une  conformation  qui  se  rapproche  de  celle  des 
branchies  des  Tétéostéens.  Des  cinq  arcs  branchiaux,  quatre  portent  des  branchies 
complètes.  La  quatrième  branchie  est  fixée  à  la  face  interne  de  la  ceinture  scapulaire. 
L'hyoïde  porte  une  pseudo-branchie.  Le  Ceratodus  présente  de  chaque  côté  deux 
orifices  branchiaux  externes. 

Chez  le  Protopterus  le  premier  arc  ne  porte  qu'une  pseudo-branchie ,  le  deuxième 
et  le  troisième  sont  dépourvus  de  branchies,  le  quatrième,  le  cinquième  et  le  sixième 
sont  garnis  chacun  d'une  double  rangée  de  lamelles  branchiales. 

Amphibiens. 

Dans  toutes  les  larves  d'Urodèles  et  dans  les  Ichthyoïdes,  chez  lesquels 
apparaît  encore  l'ébauche  de  cinq  fentes  branchiales,  dont  la  postérieure 
ne  se  développe  jamais  complètement  et  reste  toujours  fermée,  il  existe 
trois  houppes  branchiales  conjonctives  situées  l'une  au-dessus  de  l'autre, 
dont  la  taille  diminue  de  haut  en  bas,  qui  font  saillie  à  la  surface  de  la 
peau  et  qui  ne  présentent  dans  leur  intérieur  aucun  cartilage.  Elles  se 
développent  sur  les  côtés  du  cou  aux  dépens  de  l'ectoderme,  sous  forme 

(1)  Chez  les  Sélaciens,  les  filaments  branchiaux  externes  sont  toujours  situés  au  fond  des 
fentes  branchiales,  et  par  conséquent  sont  d'origine  entodermique ;  ils  ne  sont  pas  homo- 
logues aux  franges  branchiales  des  Amphibiens,  dont  il  sera  question  plus  loin,  qui  déri- 
vent de  l'ectoderme.  Quant  aux  Dipnoïques,  leurs  homologies  ne  sont  pas  connues. 


284 


CHAPITRR    SEPTIEME 


de  petits  tubercules  (1);  ceux-ci  deviennent  bientôt  lobés,  digités,  et  plus 
tard  ont  les  bords  divisés  en  lamelles,  en  houppes,  en  franges,  ou  pré- 
sentent des  arborisations  délicates.  Bref,  ils  offrent  les  dispositions  les 
plus  variées,  qui  ont  toutes  pour  hni  Vacc7'oissemenf,  de  la  surface  res- 
viratoire.  Ils  sont  situés  sur  Textrémité  postérieure  (externe)  des  trois 
arcs  branchiaux  antérieurs,  et,  comme  chez  les  Poissons,  en  rapport  avec 
une  musculature  compliquée.  Ils  sont  recouverts  d'un  épithélium  vibra- 
tile  destiné  à  assurer  le  renouvellement  constant  du  milieu  ambiant. 

Chez  V Axolotl  et  les  larves  des  Salamandrines  il  existe  quatre  fentes  branchiales 
internes  dans  la  paroi  du  pharynx  ;  chez  le  Proteus  et  le  Menobranchus,  deux  seule- 


Fig  .  243.  —  Branchies  externes  d'  Urodèles.  A,  Sireii  lacertina.  B,  Siredon  pisciformis.  C,  Larve  de  Sa!a- 
mandra  atra.  (Cette  dernière  figure  d'après  M.  VON  CHAUVIN.) 

ment.  Les  premiers  présentent  donc  une  disposition  primitive  ;  chez  les  autres  il  y  a 
réduction.  A  la  surface  de  la  peau  il  n'y  a  jamais  qu'un  seul  orifice,  recouvert  par  un 
repli  cutané  disposé  comme  un  opercule. 

Chez  les  Dérotrèmes  les  branchies  disparaissent  complètement,  mais  il  persiste  un 
orifice  branchial  situé  entre  le  troisième  et  le  quatrième  arc  branchial. 

Les  branchies  externes,  qui  existent  au  début  chez  les  Anoures,  dispa- 
raissent de  bonne  heure  et  sont  remplacées  par  des  branchies  internes 
qui  ont  une  conformation  différente.  L'orifice  respiratoire  externe  est 
en  même  temps  refoulé  de  plus  en  plus  sur  la  face  ventrale,  et  va  se 
confondre  soit  sur  la  ligne  médiane,  soit  près  d'elle,  avec  celui  du  côté 
opposé. 

Il  existe  chez  les  jeunes  Anoures,  de  même  que  dans  les  larves  des 
Salamandres  et  dans  Y  Axolotl,  un  repli  operculaire,  qui   recouvre  en 

(1)  Très  probabl<iment  les  branchies  secondaires  internes  (voy.  plus  bas)  des  Anoures 
sont  également  d'origine  ectodermique.  Dans  ce  cas,  à  l'opposé  des  Poissons,  où  rorigine 
entodermiquedes  branchies  indique  une  respiration  intestinale,  la.respirationsera.it  cutanée 
tout  comme  dans  le  cas  des  branchies  externes  (F.  Maurer). 


ORGANES    DE    LA    RESPIRATION  285 

partie  les  orifices  branchiaux  externes.  Ce  repli  ne  renferme  jamais  de 


244.  —  A  et  B,  branchies  externes  d' Epicrium  glutinosum  (d'après  Sarasin). 


Fig,  245.  —  Branchies  externes  de  CoecUia  compressicauda  Cd'après  SarAsin). 

pièces  cartilagineuses  ou   osseuses  ;  il  est  toujours  formé  uniquement 
par  du  tissu  conjonctif,  recouvert  par  la  peau. 


286  CHAPITRE    SEPTIÈME 

Les  branchies  présentent  à  un  certain  moment  chez  les  très  jeunes 
larves  de  Grenouilles  une  disposition  qui  correspond  à  l'appareil  bran- 
chial permanent  des  Urodèles.  Cette  ressemblance  consiste  non  seulement 
dans  la  similitude  et  l'arrangement  des  branchies  externes  sur  les  trois 
arcs  branchiaux  antérieurs,  mais  aussi  dans  la  disposition  des  vaissaux 
sanguins.  La  seule  difîérence  est  que,  chez  les  Anoures,  les  arcs  aor- 
tiques  primaires  se  développent  quelque  temps  avant  les  artères  bran- 
chiales secondaires,  tandis  que  leur  développement  est  simultané  chez 
les  Urodèles.  Cette  légère  différence  n'empêche  pas  que  dans  ces  deux 
groupes  l'appareil  branchial  ne  soit  homologue. 

Pendant  la  métamorphose  l'oritice  branchial  externe  se  ferme  com- 
plètement ;  il  est  recouvert  par  la  peau  du  repli  operculaire,  et  c'est  là 
ce  qui  détermine  les  modifications  dans  l'appareil  circulatoire,  dont 
nous  nous  occuperons  plus  loin,  lorsqu'il  sera  question  de  cet  appareil. 

Les  branchies  externes  des  Amphibiens  peuvent  subir  dans  leur  forme  les  modi- 
fications les  plus  variées  ;  V adaptation  joue  ici  un  grand  rôle. 

La  figure  2^3  C  montre  quelle  longueur  elles  peuvent  atteindre  dans  la  larve  de  la 
Salamandra  atra  (vivipare).  Chez  certains  Gymnophiones,  par  exemple  chez  l'Epi- 
crium  gluLinosum,  elles  sont  aussi  pennées  (Sarasin);  chez  d'autres  au  contraire, 
comme  la  Coecilia  compressicauda,  il  se  développe  deux  grands  lobes,  qui  font  saillie 
derrière  la  tête,  sur  lesquels  les  vaisseaux  se  ramifient,  et  qui,  dans  leur  position  na- 
turelle, entourent  le  corps  comme  un  manteau  (fîg.  244,  245). 

On  trouve  également  chez  les  Anoures  des  modifications  intéressantes  de  la  forme 
ordinaire  des  branchies.  C'est  ainsi  que  chez  les  Nolodelphys  les  branchies  ont  la 
forme  de  cloches  très  vasculaires,  unies  aux  arcs  branchiaux  par  un  pédoncule  creux. 

Outre  les  organes  respiratoires  proprement  dits,  il  existe  encore  chez  certains 
Amphibiens  ou  chez  leurs  larves  d'autres  organes  qui  remplissent  la  même  fonction. 
C'est  ainsi  que  dans  l'embryon  de  YHylodes  marlinicensis  (Grenouille  des  Antilles), 
dont  le  développement  tout  entier  a  lieu  dans  l'œuf,  la  large  queue  joue  le  rôle  d'or- 
gane  respiratoire  (1). 

Chez  la  Rana  opislhodon  (qui  habite  les  îles  Salomon),  où  le  développement 
tout  entier  a  lieu,  comme  chez  YHylodes  martinicensis,  dans  l'œuf,  neuf  replis  de  la 
peau,  disposés  de  chaque  côté  en  rangées  transversales  sur  le  ventre,  servent  d'or- 
ganes respiratoires. 

(1)  Chez  le  Pipa  il  existe  des  dispositions  semblables.  On  a  prétendu  qu'il  en  est  de 
même  chez  le  Protoplei^us  pendant  son  sommeil  estival.  J'ai  eu  occasion  récemment  de 
retirer  près  de  cent  individus  vivants  de  leur  enveloppe  vaseuse  et  d'étudier  leurs  mœurs, 
et  cela  me  paraît  très  douteux.  La  queue  paraissait  quelquefois,  il  est  vrai,  légèrement 
ronge,  mais  cela  ne  se  représentait  pas  dans  tous  les  individus,  et  je  n'ai  jamais  vu  une 
coloration  aussi  mtense  que  celle  que  j'avais  observée  en  1887  sur  deux  individus. 

Un  de  mes  élèves,  W.  N.  Parker,  a  constaté  que  le  Proloplerns,  avant  d'entrer  dans  la 
période  du  sommeil  estival,  forme  en  aspirant  la  sécrétion  cutanée  qui  l'entoure  un  pjetit 
tube,  qu'il  tient  entre  les  lèvres  comme  une  pipe  et  qui  permet  ainsi  l'accès  de  l'air  atmo- 
sphérique. 


ORGANES    DE    LA    RESPIUATIO.N 


287 


II 


Vessie  natatoire  et   Poumons. 


1.  Vessie  natatoire. 

La  vessie  natatoire  et  les  poumons  ont,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  le 
même  mode  de  développement  et  ils  ne  difïerent  morphologiquement 
que  parce  que  les  poumons  dérivent  sans  exception  de  la  face  ventrale 
de  l'intestin  antérieur  primaire,  tandis  que  ce  n'est  qu'exceptionnellement 
le  cas  pour  la  vessie  natatoire  {Polypterus,  Erythrines),  qui  provient 
d'ordinaire  de  la  face  dorsale.  Le  canal  qui  réunit  la  vessie  à  l'intestin 
antérieur  (canal  aérien)  tantôt  reste  ouvert  pendant  toute  la  vie,  par 
exemple  chez  les  Ganoïdes  et  beaucoup  de  Téléostéens  (Physostomes), 
tantôt,  comme  chez  d'autres  Téléostéens 
(Physoclystes),  s'oblitère  plus  tard  et  se 
transforme  en  un  cordon  fibreux  plein. 
Dans  ce  dernier  cas  l'air  extérieur  ne  peut 
naturellement  pas  pénétrer  dans  la  vessie, 
et  il  doit  y  avoir  excrétion  de  gaz  par  la 
paroi  elle-même. 

La  vessie  natatoire  est  toujours  située 
derrière  le  péritoine,  dans  la  partie  supé- 
rieure de  la  cavité  viscérale  entre  la  co- 
lonne vertébrale  (ou  l'aorte  et  l'appareil 
génito-urinaire)etle  canal  intestinal.  C'est 
un  sac  pair  ou  impair,  à  parois  conjonc- 
tives, élastiques  et  musculaires,  qui  a  souvent  une  longueur  égale  à  celle 
de  la  cavité  viscérale  tout  entière. 

Ses  deux  moitiés  peuvent  présenter  un  développement  symétrique 
ou  asymétrique;  dans  d'autres  cas  {certains  Téléostéens)  la  vessie  est 
impaire,  mais  elle  est  divisée  par  des  étranglements  en  plusieurs  por- 
tions placées  les  unes  derrière  les  autres;  enfin,  elle  peut  présenter  des 
diverticules  plus  ou  moins  nombreux. 

Sa  face  interne  est  tantôt  lisse,  tantôt  réticulée,  spongieuse  par  suite 
de  la  présence  d'un  système  de  trabécules  plus  ou  moins  complexe. 
Cette  structure  rappelle  involontairement  celle  du  poumon  des  Dip- 
noïques  et  des  Amphibiens  (fîg.  246). 

Quant  aux  connexions  qui  existent  chez  certaines  espèces  entre  la 
vessie  natatoire  et  l'organe  de  l'ouïe,  nous  en  avons  déjà  parlé  plus 
haut. 

Par  suite  de  la  disposition  des  vaisseaux,  il  entre  dans  la  vessie  na- 
tatoire du  sang  artériel  et  il  en  sort  du  sang  veineux;  celle-ci  ne  repré- 


Fig.  246. —  Face  interne  de  la  \esbic  nata- 
toire du  Lepidosteus  a\ec  le  syt.teme 
de  trabécules.  B,  ruban  fibreux  longitu- 
dinal. 


288 


CHAPITRE    SEPTIEME 


sente  donc  pas  un  appareil  respiratoire,  mais  un  appareil  hydrostatique, 
qui  permet  à  l'animal  de  s'élever  ou  de  s'enfoncer  dans  l'eau  (1). 


2.  Poumons. 


Les  poumons  se  développent  derrière  les  diverticules  sacciformes 
que  nous  avons  étudiés  plus  haut  et  qui  constituent  les  fentes  branchiales 
ou  fentes  pharyngiennes. 

A  l'endroit  où  doivent  se  développer  les  poumons,  immédiatement 
en  arrière  du  cinquième  ou  du  sixième  arc  aor tique,  l'intestin  antérieur 


S 


.S' 


Fig.  247.  —  A,  B,  C,  schémas  du  développement  des  poumons. 
PD,  tube  intestinal  primitif;    S,S^,   sac  pulmonaire  primitivement  impair,   plus    tard    pair;   <,  trachée 

&,  bronche. 

est  comprimé  latéralement  et  présente  à  droite  et  à  gauche  un  repli 
longitudinal  qui  le  divise  en  deux  parties,  l'une  dorsale,  l'autre  ven- 
trale. 

Sur  cette  dernière  apparaît,  à  l'extrémité  postérieure,  un  diverticule 
sacciforme  impair  qui,  au  début,  communique  avec  la  cavité  de  l'intestin 
par  un  long  orifice. 

Bientôt  ce  petit  sac  pulmonaire  primitif  se  divise  par  un  sillon  lon- 
gitudinal en  deux  moitiés  latérales,  qui  deviennent  de  plus  en  plus  dis- 
tinctes de  bas  en  haut,  c'est-à-dire  dans  la  direction  de  la  bouche  et  qui 
se  séparent  de  plus  en  plus  du  tube  intestinal  (fig.  247).  Dans  un  stade 
plus  avancé  on  distingue  de  chaque  côté  un  sac  vul^xo^ mkis.  proprement  dit 
et  une  partie  rétrécie  tubuleuse,  la  bronche  primitive;  les  deux  bronches 
débouchent  dans  la  trachée  encore  très  courte.  A  la  partie  supérieure 
de  celle-ci,  c'est-à-dire  au  point  oii  l'arbre  respiratoire  se  détache  du 
tube  intestinal,  se  développe  le  larynx. 

//  en  résulte  que  le  sac  pulmonaire  proprement  dit  est  la  jjartie  phy- 
létiquement  la  plus  ancienne,  et  que  les  bronches,  la  trachée  et  le  la- 
rynx ne  sont  que  des  acquisitions  postérieures.  Cette  proposition  se 
trouve  aussi  confirmée  par  l'anatomie  comparée. 

Les  deux  feuillets  qui  constituent  la  paroi  du  canal  intestinal,  c'est-à- 
dire  le  mésoderme  et  Ventoderme,  prennent  part  à  la  formation  du  pou- 
mon; le  dernier  joue  le  rôle  principal  dans  les  premières  phases  du  dé- 
veloppement. 11  donne  naissance  à  des  diverticules  creux  et  à  des  bour- 

(1)  L'Amphioxus  et  les  Cyclostomes  sont  entièrement  dépourvus  de  vessie  natatoire  et 
il  n'est  pas  encore  certain  que  le  petit  diverticule  de  la  paroi  dorsale  de  l'œsophage  chez  les 
Sélaciens  en  représente  les  vestiges. 


ORGANES    DE    LA    RESPIRATION 


289 


g-eons,  qui  s'enfoncent  dans  le  tissu  mésodermique  environnant,  très 
vasculaire,  constitué  par  de  la  substance  conjonctive  et  par  des  muscles, 
et  qui  en  s'accroissant  et  se  multipliant  de  plus  en  plus  finissent  par  for- 
mer une  arborisation  de  canaux  creux,  c'est-à-dire  des  bronches  de 
deuxième,  de  troisième  ordre,  etc.,  à  extrémités  renflées  en  massue 
{infundibulums  et  alvéoles). 

L'épithélium  qui  tapisse  la  face  interne  des  bronches  est  garni  de 
cils. 

De  cette  façon  se  trouve  considérablement  accrue,  principalement 
chez  les  Vertébrés  supérieurs,  l'étendue  de  la  surface  respiratoire,  c'est- 
à-dire  qu'il  en  résulte  une 
augmentation  dans  la  capacité 
fonctionnelle  du  poumon.  Le  ^ 
perfectionnement,  que  l'on  ob- 
serve dans  la  série  des  Verté- 
brés, a  son  parallèle  dans  l'on- 
togénie,  et  il  en  est  de  même 
dans  le  cas  oii  le  poumon  est 
divisé  en  lobes,  disposition  que 
l'on  doit  toujours  considérer 
comme     acquise     secondaire- 

,     ,  .  '    n  •!•      X        F'S-  248. —  Deux   phases   du   développement  du   poumon 

ment,  nien  qu  elle  se  manifeste        des  Mammifères,  a,  phase  précoce  ;  B,  phase  plus  avau- 

Qe  Donne  neure  uanS  le  Ûeve-  Xgr,  désigne  en  Aies  vésicules  pulmonaires  primaires,  en  b 
lonnPmPnt    iridividlipl  les  vésicules  pulmonaires  secondaires. 

Dans  ce  qui  va  suivre  nous  traiterons  successivement  des  'ooies 
aériennes,  c'est-à-dire  le  larynx,  la  trachée  et  les  bronches,  et  des  pou- 
mons proprement  dits. 

Voies   aériennes. 

Les  voies  aériennes,  tantôt  sont  formées  seulement  par  du  tissu  con- 
jonctif,  à.Q^  fibres  musculaires  et  des  fibres  élastiques,  tantôt  il  s'y  ajoute,  et 
c'est  généralement  le  cas,  des  éléments  cartilagineux,  c'est-à-dire  une  char- 
pente solide,  qui  par  son  élasticité  maintient  béant  l'ensemble  du  sys- 
tème de  canaux.  Les  parties  cartilagineuses  sont  beaucoup  plus  dévelop- 
pées dans  le  larynx,  et  constituent  en  ce  point  un  cadre  sur  lequel  sont 
tendues  des  membranes  vibrantes,  les  cordes  vocales. 

Les  cartilages  qui  forment  la  charpente  du  larynx  sont,  comme  je 
l'ai  déjà  signalé  dans  la  première  édition  de  mon  Traité  d'Anatomie  com- 
parée des  Vertébrés,  les  éléments  hyalins  phylétiquement  les  plus  anciens 
de  r appareil  respiratoire  tout  entier.  Les  éléments  cartilagineux  de  la  tra- 
chée et  des  bronches,  qui  représentent  des  formations  plus  récentes,  se  sont 
manifestement  développés  par  suite  de  rallongement  progressif  des  voies 
respiratoires  et  de  la  nécessité,  qui  en  est  résultée,  de  les  maintenir  béantes . 

La  longueur  des  voies  aériennes  est  en  général  en  rapport  avec  la 
longueur  du  cou  ;  mais   cette  proportion  n'est  pas  absolue,  comme  le 

VViEDERSHEIJI.  19 


290 


CHAPITRE    SEPTIÈME 


montrent  certains  Ichthyoïdes  et  Dérotrèmes,  les  Gymnophiones  et  plu- 
sieurs Reptiles.  D'ailleurs  les  phénomènes  d'accroissement,  l'allonge- 
ment en  arrière  des  poumons  à  partir  de  leur  point  d'origine,  jouent  ici 
le  principal  rôle. 

Dipnoïques  et  Amphibiens. 

Chez  les  Dipnoïques  il  ne  se  développe  pas  encore  de  cartilage  hyalin 
dans  le  larynx,  mais  il  existe  déjà  un  muscle  volumineux  à  fihres  ra- 
diées, qui  s'est  différencié  des  muscles  du  pharynx  et  qui  agit  comme 
dilatateur.  Il  n'y  a  pas  de  sphincter;  il  est  remplacé  par  un  repli  annu- 
laire formé  par  des  fibres  élastiques.  L'orifice  en  forme  de  fente  du 
larynx  donne  entrée  dans  une  courte  cavité  sacciforme,  à  laquelle  font 


en 

5> 

0 

0 

a 

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1 

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C3,"=3 

CS'  <^ 

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Fig.  249.  —  Larynx  et  charpente  de  la  trachée  des  Urodèles. 
A,  Menobranchiis.  B,  Siren  Lacertiiia.  C,  Amphiuma.  D,  Salamandra  macuîosa. 
«,  Lamelle  cartilagineuse  limitant  l'orifice  du  larynx  (£');  a',  bande  musculaire  sur  son  bord  interne; 
*  cartilage,  que  l'on  doit  considérer  comme  le  précurseur  du  cartilage  cricoïde  des  Vertébrés  supé- 
rieurs ;  ^-j-,  éléments  cartilagineux  dans  la  trachée  de  la  Siren  qui,  chez  l'Amphiuma  et  la  Salamandra, 
se  sont  déjà  réunis  et  forment  des  rubans  cartilagineux  (Kb);  Kiy,  quatrième  arc  branchial,  sur 
lequel  le  muscle  dilatateur  de  la  trachée  prend  son  origine  (d);  celui-ci  vient  former  de  chaque  côté 
dans  la  paroi  de  la  trachée  une  membrane  aponévrotique  (H);  ses  fibres  antérieures  (le  d  antérieur  de 
la  figure  C)  s'insèrent  sur  le  cartilage  a,  de  sorte  qu'il  fonctionne  aussi  comme  dilatateur  du  larynx; 
co,  muscle  constricteur  du  larynx  ;  L,L^,  poumons. 

suite  les  poumons.  11  n'existe  donc  pas  de  voies  aériennes  proprement 
dites,  et  il  en  est  de  même  chez  le  Proteus  et  chez  le  Menobranchus.  Mais 
ici  se  montre  déjà  un  perfectionnement  qui  consiste  dans  la  présence 
d'un  petit  cartilage  pair  et  d'un  sphincter  outre  le  dilatateur.  De  la  sorte 
se  trouve  ébauchée  la  forme  typique  du  larynx  de  tous  les  Vertébrés  supé- 
rieurs. 

Toutes  les  Salamandrines^ 'présentent  la.  même  conformation  que  le 
Proteus  et  le  Menobranchus;  mais  chez  le  Siren,  Y  Amphiuma  et  les  Gym- 
nophiones apparaît  déjà  une  trachée  soutenue  par  un  grand  nombre  de 
cartilages  hyalins  et  dont  la  longueur  peut  atteindre  4  à  5  centimètres 
ou  davantage  (fig.  249).  Chez  tous  il  existe  deux  cartilages  volumineux 
qui  limitent  l'entrée  du  larynx  et  que  font  mouvoir  un  muscle  dilatateur 
et  un  sphincter. 


ORGANES    DE    LA    RESPIRATION 


291 


Cette  disposition  encore  très  primitive  se  modifie  chez  les  Anoures  ; 
chez  eux  le  larynx  présente  un  degré  de  développement  relativement 
élevé;  il  se  différencie  une  véritable  caisse  vocale.  De  nombreux  muscles 
s'insèrent  sur  cette  caisse;  en  outre  elle  renferme  des  membranes  vi- 
brantes. Aussi  cet  appareil  réunit-il  pour  la  première  fois  les  conditions 
nécessaires  à  la  production  de  la  voix  (1).  Cette  dernière  est  d'ailleurs 
renforcée  par  des  poches  vocales  {résonnateur s)  formées  par  des  diverticules 
du  plancher  de  la  bouche  et  recouvertes  par  le  muscle  mylo-hyoïdien. 
Tantôt  ces  poches  sont  au  nombre  de  deux  (Rana),  tantôt  il  n'en  existe 
qu'une  seule  (Hyla). 

Quant  à  la  charpente  cartilagineuse  de  cet  appareil,  elle  est  enchâs- 
sée   entre   les    cornes  postérieures  de    l'os  hyoïde   comme    entre    les 


C/.^ 


Fjg.  250.  —  Charpente  cartilagineuse  du  larynx  de  la  Rana  esculenta;"A,  vue  de  face  ; 
B,  vue  latéralement. 
C'a,  Ca,  cartilage  aryténoïde;  Cl^,  Cl^,  Gl^,  Cl'',  cartilage  cricoïde  ;  Sp,  son  prolongement  pointu  ;  p, partie 
élargie  en  lamelle  de  la  portion  ventrale  du  cartilage  cricoïde  ;  SB,  glotte  ;  ***,  trois  saillies  dentiformes 
des  cartilages  aryténoïdes. 

deux  branches  d'une  fourche.  Elle  est  composée  de  deux  pièces,  situées 
l'une  à  droite,  l'autre  à  gauche  de  l'orifice,  qui  ressemblent  aux  deux 
moitiés  d'une  coquille  (fig.  250,  Ca),  et  d'une  pièce  impaire  annulaire 
munie  de  prolongements  recourbés  qui  entourent  chacun  la  racine  d'un 
poumon  (fîg.  250,  Cl^-Cl'').  Les  premières  correspondent  aux  cartilages 
aryténoïdes,  la  seconde  au  cartilage  cricoïde  des  Vertébrés  supérieurs. 
Elles  sont  unies  ensemble  par  du  tissu  fibreux  ;  la  première  porte  sur 
sa  face  interne  concave  les  cordes  vocales . 

Reptiles. 

Le  larynx  renferme  aussi  dans  ce  groupe  deux  cartilages  aryténoïdes, 
qui  sont  mus  par  des  muscles,  et  un  cartilage  cricoïde  annulaire,  qui  en 
représente  pour  ainsi  dire  la  base  (fig.  251,  Ar,  Ce). 

Nous  ne  rencontrons  donc  pas  ici  de  perfectionnement  important,  et 


(1)  Les  sons  qu'émettent  les  Urodèles,  ainsi  que  le  Protopterus  quand  on  le  trouble  pen- 
dant la  période  de  sommeil  estival,  peuvent  à  peine  être  comparés  avec  la  voix  des  Anoures. 


292 


CHAPITRE    SEPTIEME 


Fig.  251.  —  Larynx  du  Phyllodactylus  europaeus.  A,  charpente 

du  larynx.  B,  muscles  du  larynx. 

Ar,  cartilage  aryténoïue  ;  Ce,  cartilage  cricoïde  ;  S,  S^,  sphincter  ; 

3,  dilatateur;  T,  trachée;  Oe,  os  entoglosse. 


au  contraire  même,    en  ce  qui  concerne  la    musculature,  il  y    aurait 
plutôt  rétrogradation.  Alaplacedes  nombreux  muscles  dilatateurs  et  cons- 
tricteurs qui  existent  dans 
A  ^  le  larynx  de  la  Grenouille, 

^.^  Oe  nous  ne  trouvons  chez  les 

Reptiles  qu'un  seul  dila- 
tateur ei  qu'un  seul  sphinc- 
ter (Vig.  2^1,  D,  S,  S'). 

Une   seule    particula- 
rité mérite  d'attirer  par- 
ticulièrement l'attention  : 
ce  sontles  connexions  que 
la    charpente   du    larynx 
présente    avec   Vappareil 
de  Vhyoide,  spécialement 
avec  la  face    dorsale   du 
corps   de   l'hyoïde.   Chez 
les  Crocodiles  et  les  Ché- 
loniens,  par  exemple,  elle  est  enchâssée  dans  un  enfoncement  de  celui- 
ci,  ce  qui  rappelle  les  rapports  du  car- 
tilage  cricoïde  avec  le  cartilage  thyroïde 
chez  les  Mammifères. 

Tous  les  Reptiles  possèdent  une  tra- 
chée longue,  soutenue  par  des  pièces 
cartilagineuses,  qui  n'ont  pas  toujours 
la  forme  d'anneaux  complets.  Les  pa- 
rois des  bronches  renferment  aussi  en 
g'énéral  des  éléments  cartilagineux. 

Chez  les  Caméléons,  la  muqueuse  du  larynx 
forme  à  la  face  ventrale  un  diverticule  [sac 
jugulaire]  qui  peut  se  fermer  passagèrement 
à  l'aide  d'un  mécanisme  particulier.  Nous  en 
reparlerons  dans  le  paragraphe  relatif  aux 
poumons. 

Oiseaux. 

Chez  ces  animaux  il  existe  deux 
larynx,  un  larynx  supérieur  et  un  la- 
rynx inférieur.  Le  premier  est  situé 
comme  d'ordinaire  derrière  la  langue 
sur  le  plancher  de  la  cavité  buccale  ;  il 
est  homologue  au  larynx  des  autres 
Vertébrés,  mais  il  est  incapable  de  pro- 

fait  rudimentaire  et  ne  sert  qu'à  livrer 

respiration. 


Fig.  252.  —  Larynx,  appareil  hyoïdien  et 
appareil  branchial  de  \' Emys  europaea. 

ZK,  corps  de  l'hyoïde  (copule),  qui  s'élargit 
en  ZB,  et  qui  porte  le  cartilage  cricoïde 
RK,  ainsi  que  le  cartilage  aryténoïde 
AK\  KH,  petit  s  cornes  de  l'hyoïde;  ZH, 
grandes  cornes  de  l'hyoïde  ;  IK,  premier 
arc  branchial  ;  Tr,  trachée. 

duire  aucun  son.  Il  est  tout  à 
passage  à  l'air  nécessaire  à  la 


ORGANES    DE    LA    RESPIRATION 


293 


Le  larynx  inférieur  [syrinx)  a  une  tout  autre  importance.  Il  est  en 
général  situé  au  point  de  jonction  de  la  trachée  avec  les  bronches,  plus 
rarement  à  l'extrémité  postérieure  de  la  trachée  ou  sur  les  bronches 
mêmes.  Il  joue  le  rôle  à' appareil  vocal  et  doit  être  considéré  comme  une 
acquisition  secondaire  particulière  aux  Oiseaux. 

Dans  le  premier  cas,  qui  est  le  plus  fréquent,  c'est-à-dire  lorsque 
le  larynx  est  broncho-trachéen,  l'union  des  anneaux  supérieurs  des  bron- 


D 


jr~  î 


Mtli 


Ci ^ 


Fig.  253.  —  Larynx  de  différents  Mammifères,  A,  Larynx  du  Chevreuil  vu  du  côté  gauche.  B,  Coupe 
longitudinale  du  larynx  du  Renard.  C,  Larynx  du  Singe  hurleur  {Mycetes  wrsinus)  vu  du  côté  gauche. 
D,    Larynx  du  Simia  troglodytes,  vu  de  face  (face  iniérieure). 

Tr,  trachée  ;  Ctr,  anneaux  cartilagineux  de  la  trachée  ;  S,  muqueuse  de  la  trachée  et  de  la  langue  ; 
Cr,  Cr^,  cartilage  cricoïde  ;  Ct,  Ct^,  cartilage  thyroïde  ;  oh,  uh,  sa  corne  supérieure  et  sa  corne  infé- 
rieure ;  Ca,  cartilage  aryténoïde  ;  25W,  son  apophyse  destinée  à  l'insertion  de  muscles  ;  £p,  épiglotte  ; 
I/,  corps  de  l'os  hyoïde;  h,  petites  cornes,  et  h^,  grandes  cornes  de  l'os  hyoïde  ;  Lt,  ligament  crico-thy- 
roïdien  ;  Mth,  ligament  thyro-hyoïdien  ;  M,  ventricule  de  Morgagni,  qui  présente  en  •'^  un  large  diver- 
ticule;  /,  2,  3,  les  troie  poches  de  résonance  du  Simia  troglodytes  ;  mu,  tissu  sous-muqueux  et  muscles; 
M.ge,  muscle  génio-glosse  ;  Z,  langue. 

ches  avec  la  trachée  est  mobile  et  il  existe  un  système  de  muscles  très 
compliqué,  qui  détermine  la  tension  ou  le  relâchement  de  membranes 
vibrantes  [membrane  tympaniforme  interne,  membrane  tyryipaniforme  ex- 
terne). L'extrémité  inférieure  de  la  trachée  présente  une  modification 
spéciale  ;  elle  constitue  ce  que  l'on  appelle  le  tambour.  Le  tambour  est 
très  développé  chez  les  Oiseaux  aquatiques ,  par  exemple  les  Canards 
mâles;  il  forme  une  bulle  osseuse,  qui  fonctionne  comme  appareil  réson- 
nateur. 


294  CHAPITRE    SEPTIÈME 

La  longueur  de  la  trachée  est  excessivement  variable  chez  les  Oiseaux.  Ses  an- 
neaux cartilagineux  présentent  une  grande  tendance  à  se  calcifier.  Dans  beaucoup  de 
cas,  par  exemple  chez  le  Cygne  et  la  Grue,  la  trachée  est  logée  en  grande  partie  dans 
l'intérieur  du  bréchet;  elle  y  décrit  une  anse  plus  ou  moins  contournée,  elle  en  res- 
sort près  du  point  où  elle  y  est  entrée  et  pénètre  de  là  dans  la  cavité  thoracique. 
Chez  certains  représentants  de  la  famille  des  Sturnidés  elle  forme  plusieurs  anses  en 
spirale  entre  la  peau  et  les  muscles  thoraciques. 

Mammifères. 

Le  larynx  des  Mammifères  se  distingue  de  celui  des  autres  Vertébrés 
par  trois  caractères  principaux  :  la  différemiation  très  avancée  des 
muscles  avec  prédominance  constante  du  nombre  des  constricteurs  sur 
celui  des  dilatateurs,  la  présence  d'une  épiglotte  (1)  et  la  présence  d'un 
véritable  cartilage  thyroïde. 

Ce  tube,  qui  est  plus  long  chez  les  Cétodontes  que  chez  les  Baleines  et  qui  chez  les 
premiers  est  presque  perpendiculaire  à  l'axe  longitudinal  du  larynx,  est  constitué  de  la 
façon  suivante.  L'épiglotte  représente  une  gouttière  profonde  ouverte  en  dessus,  dont  les 
bords  sont  unis  dans  toute  leur  longueur  avec  les  cartilages  aryténoïdes  par  l'intermé- 
diaire des  ligaments  ary-épiglottiques.  On  observe  la  même  disposition  dans  les  embryons 
de  Phocaena  et  des  Marsupiaux. 

V épiglotte  sert  à  protéger  l'entrée  du  larynx.  Sa  forme  est  très  va- 
riable. Parfois  même  elle  est  atrophiée. 

Le  cartilage  thyroïde  se  développe  probablement  dans  le  blastème  du 
quatrième  et  du  cinquième  arc  branchial;  son  ébauche  est  primitive- 
ment paire  {Monotrèmes).  Plus  tard,  dans  les  types  supérieurs,  il  forme 
une  capsule  cartilagineuse  qui  entoure  en  dessous  le  reste  de  la  char- 
pente du  larynx  formée,  comme  on  sait,  à  partir  des  Reptiles  parle  carti- 
lage cricoïde  et  les  cartilages  aryténoïdes.  Sur  ces  cartilages  s'insèrent 
des  muscles  qui  ont  pour  rôle  de  tendre  les  cordes  vocales. 

La  muqueuse  forme  au-dessus  des  cordes  vocales,  tendues  entre  le 
cartilage  thyroïde  et  les  cartilages  aryténoïdes,  deux  sinus  appelés  ventri- 
cules de  Morgagni.  Ces  ventricules  prennent  un  développement  très 
considérable  chez  les  Anthropoïdes  et  chez  certains  autres  Singes;  ils 
sont  logés  en  partie  dans  le  corps  de  l'os  hyoïde  énormément  déve- 
loppé en  forme  de  cloche  et  jouent  le  rôle  de  résonnateurs  (fig.  253  D, 
1,  2,  3)  (2)._ 

Les    replis  de  la  muqueuse   qui  limitent  en  haut  les  ventricules  de 

(1)  V  épi  glotte,  qm  est  produite  par  la  chondrification  de  la  sous-muqueuse,  présente  les 
formes  les  plus  variables;  elle  peut  être  atrophiée  {Sirènes)  ou  transformée  en  une  longue 
pièce  tubuleuse,  qui  constitue  avec  les  cartilages  aryténoïdes  également  allongés  un  cône 
saillant  dans  rorifice  postérieur  des  fosses  nasales  et  par  lequel  passe  l'air  destiné  à  la 
respiration  {Cétacés). 

(2)  Le  cartilage  cricoïde  peut  être  incomplet  en  avant  ou  former  un  anneau  complet;  en 
arrière  il  est  fréquemment  beaucoup  plus  élevé  et  s'articule  avec  les  cartilages  aryténoïdes 
(fig.  253,  Cr,  Cr*,  Ca).  L'extrémité  supérieure  de  ces  derniers  porte  souvent  un  petit  cartilage, 
\e  cartilage  de  Santorini.  Enfin  il  existe  parfois  un  autre  cartilage  dans  le  repli  ary-épi- 
glottique  {cartilage  de  Wrisberg).  Ces  deux  cartilages  se  forment  dans  l'intérieur  de  la  sous- 
muqueuse. 


ORGANES    DE    LA    RESPIRATION 


295 


Morgagni    portent  le  nom  de  cordes  vocales  supérieures  ou    de   fausses 
cordes  vocales.  Elles  n'existent  pas  chez  tous  les  Mammifères. 

Poumons  proprement   dits. 
Dipnoïques. 

Chez  le  Ceratodus  les  deux  poumons  se  fusionnent  de  manière  à  ne 
former  qu'un  large  sac  unique  sans  trace  de  cloison.  Chez  les  autres 
Dipnoïques  Idi.  fusion  n'a  lieu  que  dans  la  partie  antérieure;  en  arrière 
les  deux  poumons  restent  complètement  séparés. 

Les  poumons  ne  sont  recouverts  par  le  péritoine  que  sur  leur  face 
ventrale;  ils  s'étendent  dans  toute  la  longueur  de  la  cavité  viscérale. 
La  muqueuse  présente  à  sa  surface  interne,  comme  celle  de  beaucoup 
de  vessies  natatoires  (Lepidosteus),  des  plis  et  des  réseaux. 


Amphibiens. 

Les  poumons  du  Menohranchus  et  du  Proteus  ofTrent  un  degré  de 
développement  inférieur  à  celui  des  poumons  des 
Dipnoïques.  Leur  face  interne  est  en  efîet  absolu- 
ment lisse  et  présente  par  conséquent  une  éten- 
due bien  moins  considérable.  Ils  ont  la  forme  de 
sacs  étroits,  étranglés  dans  leur  partie  moyenne, 
de  longueur  inégale,  qui  chez  le  Pro^ews  s'étendent 
beaucoup  plus  loin  en  arrière  que  chez  le  Meno- 
hranchus. Cette  difîérence  de  longueur  se  ren- 
contre aussi  chez  d'autres  Amphibiens,  par  exemple 
chez  VAmphiuma,  où  les  deux  sacs  pulmonaires 
cylindriques,  comme  d'ailleurs  chez  la  Sirène  la- 
certine,  sont  situés  côte  à  côte  et  étroitement  unis 
avec  l'aorte.  La  surface  pulmonaire  présente  ici 
un  réseau  saillant,  qui  correspond  à  la  distribution 
des  vaisseaux,  et  dont  les  mailles  chez  VAmphiuma 
et  surtout  chez  le  Menopoma  sont  incomparable- 
ment plus  nombreuses  et  plus  petites  que  chez  la 
Sirène. 

Chez  les  Salamandrines  les  poumons  s'étendent 
jusqu'au  niveau  de  l'extrémité  postérieure  de 
l'estomac  ;  ils  sont  en  général  régulièrement  cy- 
lindriques et  leur  face  interne  est  plus  ou  moins  lisse.  Chez  les  Gym- 
nophiones  ils  ont  la  même  forme;  mais,  tandis  que  le  poumon  droit  est 
complètement  développé  et  présente  en  dedans  un  riche  réseau  de  tra- 
bécules,  celui  de  gauche  ne  dépasse  pas  quelques  millimètres  de  long; 
cette  disposition  s'observe  aussi  chez  les  Serpents,  et  dans  tous  les  cas 
est  corrélative  de  la  forme  allongée  du  corps. 

Les  poumons  des  Anoures  sont  des  sacs  elliptiques,  spacieux,  tout  à 
fait  symétriques.  Leur  surface  interne,  recouverte  en  partie  par  un  épi- 


Fig.254. — Poumons  du  Pro- 
teus (A)  et  du  Menobran- 
chvs  (B).  L'orifice  du  pou- 
mon est  indiqué  par  le 
point  noir  situé  en  avant. 


296 


rHAPlTHE    SEPTIEME 


thélium  vibratile,  offre  un  grand  nombre  de  plis  anastomosés  entre 
eux,  qui  limitent  des  cavités  celluleuses  ;  leurs  parois  renferment  de  nom- 
breuses fibres  musculaires  lisses. 

Reptiles. 
Ici,  comme  partout,  la  forme  des  poumons  suit  en  général  celle  du 


Fig.  255.  —  A.  Poumons  du  Chamaeleo  monachus  figurés  avec 
leurs  vaisseaux  et  gonflés  d'air. 

B.  Poumons  du  Chamaeleo  vulgaris.  On  n'a  dessiné  que  les  con- 
tours des  poumons. 

Bro,  bronche  droite  et  gauche  ;  A,  B,  C,  les  trois  espaces  intra- 
pulmonaires  séparés  par  les  deux  cloisons  S,  5';  A',  -B",  C, 
orifices  de  chacun  de  ces  trois  espaces  à  l'extrémité  distale  de 
t?  la  bronche  ;  T,  trachée. 

corps,  mais  leur  structure  dans  les  types  supérieurs,  tels  que  les  Ché- 
loniens  et  les  Crocodiles,  est  bien  supérieure  à  celle  des  poumons   des 


ORGANES    DE     LA    RESPIRATION  297 

Amphibiens .  Cette  Supériorité  se  manifeste  par  V accroissement  beaucoup 
plus  considérable  de  la  surface  respiratoire  ;  aussi,  sauf  chez  tes  Lacertiliens 
qui  présentent  encore  une  disposition  très  primitive,  nous  voyons  que  ces 
organes  au  lieu  d'ofîrir  une  cavité  centrale  spacieuse,  sont  traversés  par 
un  système  bronchique  arborescent,  de  sorte  que  l'ensemble  aune  struc- 
ture tubuleuse,  spongieuse  (1).  L'explication  de  cette  différence  déstruc- 
ture nous  est  donnée  par  les  poumons  des  Caméléons. 

Chez  ces  animaux  la  structure  du  poumon  est  tout  à  fait  particulière.  La  partie  an- 
térieure est  divisée  par  des  cloisons  en  trois  chambres,  qui  communiquent  chacune 
avec  une  bronche.  En  arrière  la  cavité  est  unique,  mais  le  bord  postérieur  et  la  plus 
grande  partie  du  bord  inférieur  sont  munis  de  nombreux  appendices  vésiculeux  à 
paroi  mince,  plus  ou  moins  longs,  qui  peuvent  s'étendre  jusque  dans  la  région  pel- 
vienne et  qui  sont  filiformes,  fusiformes,  en  forme  de  massue  ou  de  lobes.  Cette  dis- 
position conduit  à  la  structure  remarquable  de  l'appareil  respiratoire  des  Oiseaux. 
Mais,  tandis  que  chez  ces  derniers  elle  est  destinée  à  assurer  la  pneumatisation  du 
squelette,  chez  les  Caméléonides  elle  sert  à  gonfler  le  corps  lorsque  ces  animaux  sont 
excités.  Ce  moyen  de  défense  est  rendu  encore  plus  efficace  grâce  au  sac  jugulaire, 
mentionné  plus  haut,  dont  l'air  expulsé  violemment  dans  l'expiration  produit  un  sif- 
flement strident  (Wiedersheim). 

Les  cloisons  sont  régulières;  elles  suivent  la  disposition  des  vaisseaux.  Les  gros 
vaisseaux  sanguins  déterminent  pour  ainsi  dire  les  traits  principaux  de  la  structure 
du  poumon,  c'est-à-dire  qu'ils  sont  la  cause  déterminante  de  l'apparition  du  système 
de  canaux  inira-pulmonaires  (bronchiques),  qui  commence  à  se  m,ontrer  pour  la 
première  fois  chez  les  Caméléons,  et  qui  acquiert  un  si  haut  degré  de  développement 
chez  les  Vertébrés  supérieurs.  Les  vaisseaux  sanguins  sont  donc  les  parties  pri- 
maires et  ce  n'est  que  secondairement  que  viennent  s'' ajouter,  comme  le  montre 
l'extrémité  ramifiée  de  la  bronche,  des  éléments  cartilagineux . 

Poumons  et  sacs  aériens  des  Oiseaux. 

Chaque  poumon  présente  une  bronche  principale  (bronche  primaire), 
qui  s'étend  depuis  la  face  ventrale,  oii  elle  pénètre  dans  l'organe,  jusqu'à 
l'extrémité  postérieure  de  celui-ci.  Près  de  son  origine  elle  donne  une 
bronche  latérale  inférieure  qui  arrive  jusqu'au  bord  externe  du  poumon. 
De  sa  portion  initiale  partent  six  autres  bronches  latérales,  qui  occupent 
la  portion  inférieure  et  en  partie  aussi  interne  de  l'organe  [bronchi 
divergentes  seu  ventrales  super ficiales) . 

Enfin,  en  dessus  de  ces  bronches  divergentes,  il  existe  un  grand  nombre 
(variable)  de  bronches,  qui  naissent  sur  deux  rangées  sur  la  portion  posté- 
rieure de  la  bronche  principale  et  se  distribuent  surtout  dans  les  parties 
supérieures  (dorsales)  du  poumon. 

Des  bronches  divergentes  et  des  bronches  dorsales  partent  de  nom- 
breuses bronches  de  troisième  ordre  (parabronches,  Huxley)  parallèles, 
qui  s'anastomosent  fréquemment  entre  elles.  V ensemble  de  leurs  j)CLrois 

(1)  Le  poumon  des  Ophidiens  établit  le  passage  entre  ces  deux  formes,  car  ici  il  persiste 
encore  une  cavité  centrale  entourée  par  du  tissu  spongieux.  Chez  les  Serpents  et  les  Amphi- 
biens,  par  suite  de  la  forme  étroite  et  allongée  du  corps,  un  seul  poumon,  le  droit,  se  déve- 
loppe complètement.  Le  poumon  gauche  est  rudimentaire  ou  disparaît  même  complètement. 


298  CHAPITRE    SEPTIÈME 

forme  le  parenchyme  respiratoire  proprement  dit  du  jioumon;  celui-ci  est 
essentiellement  constitué  par  im  réseau  capillaire  serré,  régulier,  qui  s'étend 
suivant  les  trois  dimensions;  entre  les  travées  du  réseau  est  logé  un  système 
de  canaux  aériens  également  réticulé  {canaux  aériens  intercapillaires) .  Les 
artères  et  les  veines  sont  situées  à  la  périphérie  entre  les  bronches  de 
troisième  ordre  voisines.  Les  canaux  aériens  sont  disposés  tout  autour  de 
chacune  de  celles-ci,  dans  lesquelles  ils  débouchent  après  s'être  réunis  en 
groupes  de  façon  à  former  des  conduits  élargis  en  entonnoir  (H.  Strasser). 
Les  cloisons  qui  les  séparent  font  sailhe  dans  l'intérieur  de  la  para- 
bronche,  où  elles  forment  des  réseaux  renfermant  des  fibres  musculaires 
lisses.  Il  peut  exister  aussi  des  replis  annulaires.  En  général  les  capil- 
laires sanguins  du  parenchyme  sont  presque  à  nu  et  baignés  de  tous  côtés 
par  Vair  (1). 

Il  résulte  de  cette  structure,  ainsi  que  du  mode  de  ventilation,  que  la  masse  de  tissu  qui 
constitue  le  poumon,  en  ce  qui  concerne  les  vaisseaux  sanguins  aussi  bien  que  le  tissu  de 
soutien,  est  peu  considérable  par  rapporta  l'étendue  de  la  surface  respiratoire. 

Les  SACS  AÉRIENS  se  développent  de  très  bonne  heure  chez  l'embryon. 
A  l'origine  ce  sont  des  diverticules  à  paroi  mince  de  la  vésicule  pulmo- 
naire, qui  se  développent  très  rapidement  et  dépassent  bientôt  de  beaucoup 
le  volume  du  poumon,  de  sorte  qu'ils  entourent  tous  les  viscères  de  la 
cavité  thoracique  et  de  la  cavité  abdominale.  Ils  ne  sont  pas  seulement 
limités  à  la  cavité  générale  du  corps ,  ils  ne  se  prolongent  pas  seulement  entre 
les  organes  qu'elle  contient,  mais  s'étendent  au  delà  et  arrivent  presque 
dans  les  muscles,  dans  le  squelette  et  dans  la  peau;  bi'ef,  ils  pénètrent 
dans  toutes  les  lacunes,  dans  tous  les  interstices  qui  s'offrent  à  eux.  Ils 
ne  se  bornent  même  pas  à  ces  espaces  intersticiels,  mais  parfois  s'insinuent 
entre  les  fibres  des  muscles  qu'ils  rendent  ainsi  pneumatiques.  C'est  ce 
qui  arrive  en  général  pour  les  os,  où  les  orifices,  tantôt  isolés,  tantôt 
réunis  en  groupes,  sont  toujours  situés  sur  leur  face  concave  (Strasser). 

Les  sacs  aériens  ne  pénètrent  dans  les  os  (humérus,  sternum,  cora- 
coïde,  bassin,  colonne  vertébrale  en  partie,  côtes,  fémur,  plus  rarement 
omoplate  et  clavicule)  (2),  que  lorsque  la  moelle  commence  à  ne  plus 
servir  à  la  formation  des  os.  Un  deuxième  système  de  cavités  aériennes 
s'étend  de  la  cavité  naso-pharyngienne  (ou  de  ses  cavités  accessoires: 
trompe  d'Eustache,  caisse  du  tympan)  dans  les  os  du  crâne. 

Toutes  les  cavités  de  la  première  catégorie  communiquent  ainsipendant 
toute  la  vie  avec  des  points  déterminés  (voy.  mon    Traité  d'Anatomie 

(1)  Il  est  vraisemblable  que  le  passage  de  l'air  du  parenchyme  pulmonaire  dans  les 
bronches  latérales  ou  dans  la  bronche  principale  et  vice  versa  est  déterminé  par  les  chan- 
gements de  forme  que  subit  le  poumon  pendant  la  respiration,  et  que  la  ventilation  des 
grands  conduits  latéraux  et  de  la  bronche  principale  est  due  aux  variations  de  volume  des 
sacs  aériens  (principalement  les  postérieurs). 

(2)  Chez  beaucoup  d'Oiseaux  la  pneumaticité  des  os  et  des  parties  molles  est  bien  plus 
considérable  encore.  C'est  ainsi  que  les  sacs  aériens  peuvent  s'étendre  en  dedans  et  en 
dehors  de  l'os  jusqu'à  la  dernière  phalange  du  pied  et  de  la  main,  jusqu'à  l'extrémité  anté- 
rieure et  à  l'extrémité  postérieure  de  la  colonne  vertébrale,  sous  la  peau  et  entre  les  racines 
des  plumes. 


ORGANES    DE    LA    RESPIRATION 


299 


comparée)    du   système  bronchique,   c'est-à-dire   reçoivent  de   l'air  du 
poumon.  La  membrane  des  sacs  aériens  est  formée  par  une  couche  de  tissu 


r.AM.S. V 


Fig.  256.  —  Viscères  et  sacs  aériens  du  Canard.  La  paroi  ventrale  du  tronc  a  été  enlevée 
(d'après  un  dessin  de  H.  Strasser). 
T,  trachée  ;  Oe,  œsophage  ;  H,  cœur  dans  le  péricarde  ;ri,  IL,  lobe  droit  et  lobe  gauche  du  foie;  Ish,  liga- 
ment suspenseur  du  foie  ;  Icd,  ligament  coronaire  droit,  et  les,  ligament  coronaire  gauche  du  loie  ; 
D,  intestin;P,  muscle  grand  pectoraI;5)a,  artère,  etpv,  veine  du  grandpectoral;^',  muscle  sous-clavier; 
Cd,  coracoïde  ;  F,  fourchette  ;  Ifcd,  ligament  coraco-furculaire  ;  Lg,  Lg^,  poumons  ;  r.Abd.S,  sac  abdo- 
minal droit;  l.Abd.S,  sac  abdominal  gauche  ;  D.th.a,  diaphragme  fibreux  thoraco-abdominal;  -f-l-,  sac 
diaphragmatique  postérieur  ;  •{-,  sac  diaphragmatique  antérieur  ;  S',.s',  cloison  qui  sépare  ces  deux  sacs  ; 
s,s,  cloison  entre  les  sacs  diaphragmatiques  antérieurs  et  le  sac  sus-coracoïdien  impair  situé  dans  la 
partie  antérieure  du  thorax;  V,  fragment  de  la  paroi  antérieure  de  ce  sac;  p,  sac  pectoral,  situé 
entre  le  coracoïde,  l'omoplate  et  les  côtes  antérieures,  communiquant  avec  le  sac  sus-coracoïdien, 
C,  C,  sac  cervical  ;  *  entrée  de  la  branche  de  bifurcation  de  la  trachée  dans  le  poumon  ;  Ap,  artère 
pulmonaire;  Aa,  tronc brachio-céphalique  artériel,  et  Va,  tronc  brachio-céphalique  veineux,  avec  leurs 
branches. 

On  a  représenté  par  un  trait  rouge  la  ligne  de  section  du  péricarde  et  du  péritoine. 


300  CHAPITRE    SF.PTIÈMR 

conjonctif  peu  vasculaire,  tapissée  en  dedans  par  des  cellules  épithéliales 
plates. 

Quant  à  l'importance  des  sacs  aériens  pour  la  respiration,  elle  n'est 
pas  douteuse  en  ce  qui  concerne  les  sacs  aériens  du  tronc,  situés  dans  le 
voisinage  des  poumons.  On  doit  les  considérer  comme  des  parties  intégrantes 
de  V appareil  respiratoire.  Ils  servent  surtout  à  assurer,  par  la  variation  de 
leur  volume,  la  ventilation,  sinon  du  poumon  tout  entier  (Sappey,  Cam- 
pana),  au  moins  des  grandes  bronches.  Il  en  résulte  que  le  parenchyme 
propre  du  poumon  n'a  à  subir  que  des  déplacements  peu  étendus  et 
possède  par  conséquent  l'organisation  la  plus  favorable  (division  du 
travail).  Uélargisseynent  du  tronc  et  des  sacs  aériens  du  tronc  est  jusqu'à  un 
certain  point  corrélatif  du  perfectionnement  de  V appareil  respiratoire .  Peut- 
être  aussi  faut-il  faire  entrer  en  ligne  de  compte  l'avantage  qui  en  ré- 
sulte pour  la  natation. 

L'extension  des  sacs  aériens  vers  la  périphérie,  au  delà  du  tronc,  ne 
pouvait  assurément  avoir  aucun  rapport  avec  la  respiration,  car  il  était 
à  peine  nécessaire  ou  économique,  ou  même  simplement  possible,  d'aug- 
menter de  la  sorte  la  capacité  de  ventilation  de  l'appareil  pulmonaire. 
I/hématose  n'aurait  pu  être  en  effet  bien  active,  quand  même  la  paroi 
des  sacs  aériens  eût  été  très  vasculaire,  dans  ces  cavités  aériennes 
extérieures  mal  ventilées .  Au  contraire ,  cette  extension  de  la  pn eumaticité , 
et  peut-être  même  l'élargissement  porté  au  maximum  des  cavités  du  tronc, 
est  en  rapport  avec  le  développement  des  organes  du  vol.  L'élargissement 
de  la  région  thoracique  antérieure,  c'est-à-dire  de  l'espace  embrassé  par 
l'omoplate,  devait  dans  tous  les  cas  favoriser  le  développement  de 
l'extrémité  antérieure,  de  ses  replis  cutanés  et  de  ses  muscles.  11  rendait 
par  là  possible  l'écartement  des  parties,  le  développement  plus  considé- 
rable du  squelette,  en  même  temps  qu'il  offrait  de  plus  larges  surfaces 
d'insertion  aux  muscles,  sans  qu'il  y  eût  augmentation  appréciable  du 
poids  de  ces  parties  elles-mêmes,  ainsi  que  du  tronc  tout  entier.  Bref, 
on  conçoit  facilement  l'avantage  qui  en  résulte  pour  le  vol,  par  suite  de 
l'accroissement  de  la  surface  des  organes  qui  y  président  et  des  forces  mus- 
culaires qui  les  mettent  en  mouvement  (Strasser). 

L'utilité  de  la  pneumaticité  du  corps  de  l'Oiseau  ne  consiste  donc 
pas  seulement  dans  la  diminution  du  poids  absolu  de  l'animal  par  la 
pneumaticité  des  os  (remplacement  de  la  moelle,  etc.,  par  l'air,  diminu- 
tion de  la  substance  osseuse  par  la  disposition  et  la  direction  appropriée 
des  travées  dans  le  sens  de  la  pression).  Les  espaces  remplis  d'air  situés 
entre  les  muscles  et  dans  l'intérieur  du  tronc  concourent  aussi  à  favoriser 
le  Vol  (1). 

L'opinion  jadis  généralement  admise  que  la  pneumaticité  des  os 
facilite  le  vol   en  diminuant  le  poids  du  squelette  tout  entier  ne  peut 

(1)  Il  est  intéressant  de  noter  que  les  os  du  Moa  de  la  Nouvelle-Zélande  étaient  incom- 
parablement moins  pneumatiques  que  ceux  des  Ratites  actuels. 
Les  os  de  VArchaeoptcryx  ne  renfermaient  point  d'air. 


ORGANES  DE   LA  RESPIRATION  301 

plus  être  acceptée  sans  restriction,  depuis  qu'on  sait  que  des  Oiseaux 
Lons  voiliers,  tels  que  les  Hiro7idelles  de  mer,  ne  renferment  point  d'air 
dans  leurs  os  ou  n'en  contiennent  que  très  peu  {Mouettes),  tandis  que  les 
Ratites,  qui  sont  incapables  de  voler,  ont  des  os  très  pneumatiques.  Par 
conséquent  la  pneumaticité  des  os  (on  peut  citer  encore  à  l'appui  les 
Chauves-souris)  n'est  dans  aucun  cas  une  condition  essentielle  du  vol, 
bien  qu'elle  le  favorise  dans  une  certaine  mesure,  principalement  chez 
les  animaux  voiliers  de  grande  taille.  Elle  sert  surtout  à  diminuer  le  poids 
propre  de  l'aile,  et  cette  diminution  de  poids  entraîne  naturellement  une 
dépense  moins  considérable  de  force  (Strasser). 

La  pneumaticité  des  os  n'est  pas  une  disposition  particulière  aux  animaux  qui  vo- 
lent ou  seulement  à  la  classe  des  Oiseaux.  C'est  ainsi  que  les  recherches  de  Marsh  sur 
les  Dinosauriens  la  plupart  gigantesques  d'Amérique  ont  montré  que  les  os  pneu- 
matiques étaient  très  répandus  chez  ces  animaux.  Les  sinus  frontaux,  sphénoï- 
daux,  etc.,  des  Mammifères  appartiennent  également  à  cette  catégorie.  Dans  tous  les 
cas  cette  disposition  a  manifestement  en  première  ligne  pour  but  une  économie  de 
substance  (Strasser). 

J'ai  déjà  antérieurement  attiré  l'attention  sur  ces  cavités  aériennes,  lorsque  j'ai 
décrit  le  squelette  céphalique  et  l'organe  de  l'odorat;  je  me  bornerai  à  ajouter  ici 
que  ces  cavités  sont  surtout  très  développées  chez  les  Marsupiaux,  par  exemple  dans 
tous  les  os  du  crâne  qui,  comme  chez  les  Oiseaux  et  les  Crocodiles,  communiquent 
avec  la  cavité  du  tympan,  tels  que  Valisphénoïde,  le  squamosal,  le  mastoïdien.  L'oc- 
cipital est  aussi  en  grande  partie  pneumatique. 

Les  cavités  aériennes  prennent  un  développement  excessif  chez  les  Anthropoïdes. 
Les  sinus  frontaux  sont  spacieux  et,  outre  les  sinus  maxillaires  et  sphénoïdaux  que 
l'on  trouve  aussi  chez  THomme,  il  existe  encore  des  cavités  aériennes  dans  les  apo- 
physes ptérygoïdes  et  dans  les  grandes  ailes  du  sphénoïde.  Une  cavité  située  dans  l'os 
malaire  communique  avec  l'antre  d'Highmore. 

Par  contre  les  Sirénidés  sont  de  tous  les  Mammifères  ceux  qui  possèdent  la  subs- 
tance osseuse  la  plus  compacte. 

Mammifères. 

Aux  rapports  fondamentaux  que  nous  avons  observés  entre  le  système 
vasculaire  et  la  structure  du  poumon  chez  les  Caméléons,  nous  rattache- 
rons les  rapports  importants  que  l'artère  et  la  veine  pulmonaires  présen- 
tent avec  le  tronc  bronchique  chez  les  Mammifères.  On  désigne  sous  ce  nom 
la  continuation  directe  de  la  trachée,  qui  traverse  le  poumon  tout 
entier,  jusqu'à  l'extrémité  postérieure  et  d'oii  partent  deux  systèmes  de 
BRONCHES  LATÉRALES.  L'un  d'eux  sc  compose  d'une  seule  rangée  longitu- 
dinale de  bronches  latérales  et  est  situé  au-dessus  de  l'artère  pulmonaire, 
qui  croise  la  partie  supérieure  du  tronc  bronchique  (système  épartériel). 
Le  système  hypartériel,  situé  au-dessous  de  ce  vaisseau,  est  formé  par 
deux  rangées  de  bronches  entre  lesquelles  descend  Fartère  pulmonaire, 
tandis  que  la  veine  pulmonaire  longe  la  face  ventrale  du  tronc  bronchique 
(%•  257). 

On  observe  déjà  des  rapports  semblables  dans  le  poumon  des  Chéloniens,  des  Cro- 
codiliens  et  des  Oiseaux,  mais  chez  eux,  surtout  dans  les  é€.ux  premiers  groupes,  le 
système  des  bronches  éparlérielles  est  encore  aussi  développé  que  celui  des  bronches 


302 


CHAPITRE    SEPTIEME 


hypartérielles.  Chez  les   Oiseaux  ce  dernier  commence  déjà  à  prédominer  et   celle 
prédominance  esl  encore  bien  plus  considérable  chez  les  Mammifères. 

Il  sérail  très  à  désirer  que  des  recherches  précises  fussent  entreprises  à  ce  point  de 
vue  sur  le  poumon  des  Sauropsidés. 

Dans  le  cas  le  plus  favorable  il  ne  se  développe  plus  chez  les  Mammi- 
fères quime  seule  bronche  épartérielle  de  chaque  côté  ;  ordinairement  elle 
n'existe  que  sur  un  seul  côté,  et  dans  ce  cas  toujours  à  droite. 

Il  peut  arriver  aussi  que  cette  bronche  épartérielle,  qu'elle  existe  sur 

un  seul  côté  ou  sur  les  deux  côtés,  au  lieu  de 
partir  du  tronc  bronchique,  se  détache  de  la 
trachée  {bronche  épartérielle  trachéenne) . 

Il  se  peut  encore  que  le  système  bron- 
chique épartériel  ait  complètement  disparu  à 
gauche  comme  à  droite.  La  disparition  est  le 
terme  d'un  processus,  qui  a  commencé  à  se 
montrer,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  chez 
les  Oiseaux.  En  présence  de  ces  faits  qui  in- 
diquent des  rapports  génétiques  entre  les 
différentes  formes  de  poumons,  il  ne  peut 
être  un  seul  instant  douteux  que  le  type 
primitif  des  poumons  des  Mammifères  ne 
soit  caractérisé  par  l'existence  de  bronches 
épartérielles  des  deux  côtés,  et  que  ce  ne 
soit  que  secondairement  qu'elles  ont  disparu 
d'un  seul  côté  ou  de  tous  les  deux. 

Il  n'est  pas  possible  de  déterminer  la 
cause  de  la  disparition  graduelle  du  système 
bronchique  épartériel.  Il  n'est  guère  pro- 
bable que  celle-ci  soit  le  fait  du  poumon 
lui-même;  elle  est  plutôt  le  résultat  d'un  con- 
cours d'influences  extérieures,  que  l'on  doit 
peut-être  rapporter  à  certaines  transforma- 
tions du  thorax  (raccourcissement)  ou  a  une 
modification  du  mécanisme  respiratoire.  Dans  tous  les  cas,  il  est  certain 
que  ce  processus  atrophique  est  en  pleine  voie  d'accomplissement  dans 
les  formes  inférieures  des  Mammifères  actuels  et  que  par  conséquent  il  a 
dû  commencer  à  se  montrer  chez  leurs  ancêtres.  L'explication  de  ces 
phénomènes  suppose  donc  la  connaissance  précise  et  exacte  de  la  phy- 
logénie  du  poumon  des  Mammifères  en  général  ;  c'est  là  une  question 
que  l'avenir  peut-être  élucidera. 

L'asymétrie  qui  se  manifeste  chez  la  plupart  des  Mammifères  entre 
le  système  bronchique  droit  et  gauche  entraîne  les  conséquences  sui- 
vantes. 

Comme  le  lobe  supérieur  du  poumon  droit  appartient  aux  bronches 
épartérielles  et  le  lobe  supérieur  du  poumon  gauche  aux  bronches  hypar- 


Fig.  257.  —  Schéma  du  système 
bronchique  des  Mammifères. 

a,  o,  bronche  épartérielle  gauche  et 
droite  ;  b,  série  des  bronches  hypar- 
térielles ventrales  ;  c,  série  des 
bronches  hypartérielles  dorsales; 
A,  artère,  et  F,  veine  pulmonaire. 


ORGANES  DE   LA  RESPIRATION 


303 


térielles,  il  ne  peut  pas  y  avoir  homologie  entre  eux,  tandis  que  le  lobe 
moyen  de  droite  est  homologue  au  lobe  supérieur  de  gauche.  Le  poumon 
droit  possède  par  suite  un  élément  de  plus  que  le  poumon  gauche. 

Le  poumon  des  Mammifères  est  donc,  comme  on  vient  de  le  voir,  divisé 
en  LOBES  (fig-.  258);  mais  cette  formation  de  lobes,  qui  commence  toujours 


Tr 


B 


xr  'a 


Fig.  258.  —  A.  Poumon  droit  de  la  rai'pe.dont  le  volume  est  de  trois  ou  quatre  fois  plus  grand  que  celui 
du  poumon  gauche  qui  ne  présente  aucune  trace  de  lobe.  B.  Les  deux  poumons  de  V Homme  vus  par  la 
face  ventrale. 

i,  2,3,  4y  5,  lobes  du  poumon; 5a  et  3a,  lobe  supérieur  et  lobe  inférieur  du  poumon  gauche  de  l'Homme  ; 
Z,  face  diaphragmatique  (base)  du  poumon  ;  dans  la  figure  A  les  chiffres  4?  et  5  correspondent  à  cette 
face;  -f-  échancrure  dans  laquelle  est  logé  le  cœur  ;  S,  S,  sillon  pour  l'artère  sous-clavière;  Tr,  tra- 
chée;   V,  ventricule  ;  A, .4.1,  les  deux  oreillettes;  Ao,  aorte  ;  Cs,  veine  cave  supérieure. 

à  l'extrémité  supérieure  du  poumon ,  n'a,  au  point  de  vue  de  la  conformation 
morphologique  de  l'organe,  qu'une  importance  secondaire  comparé  au 
mode  de  division  des  bronches.  Chaque  lobe  ne  correspond  jamais 
qu'à  une  seule  bronche  latérale.  Il  suit  de  là  que  le  lobe  inférieur  du 
poumon  de  l'Anatomie  humaine  ne  mérite  pas  ce  nom,  car  il  renferme 
le  tronc  bronchique  et  représente  par  conséquent  l'axe  proprement  dit  du 
poumon. 

Celte  manière  de  voir  basée  sur  Panatomie  comparée  est  confirmée  par  l'ontogénie. 
C'est  ainsi  que  l'on  observe  déjà  chez  des  embryons  humains  de  quatre  semaines  la 
prédominance  du  poumon  droit  avec  ses  trois  diverticules  gemmiformes,  tandis  que  le 
poumon  gauche  n'en  montre  dès  l'origine  que  deux  (W.  His). 

Nous  ne  pouvons  décrire  les  formes  excessivement  variées  des  lobes 
du  poumon  ni  leur  nombre  variable  ;  nous  nous  bornerons  à  donner 
quelques  détails  sur  le  parenchyme  du  poumon  des  Mammifères. 

Les  bronches  deviennent  de  plus  en  plus  fines  ;  leurs  parois  renfer- 
ment des  éléments  cartilagineux  de  moins  en  moins  abondants,  qui  finis- 
sent par  disparaître  complètement  dans  les  bronchioles  terminales.  Ces 
dernières  aboutissent  dans  des  vésicules  terminales  infundibuliformes 
{infundibuhmis),  dont  la  paroi  présente  de  nombreux  diverticules 
{alvéoles),  de  sorte  que  l'étendue  de  sa  surface  se  trouve  considérablement 
augmentée.  Un  réseau  de  capillaires  à  mailles  étroites  entoure  les  infun- 


304 


CHAPITRE    SEPTIEME 


dibulums,  de  sorte  que  cette  augmentation  de  surface  favorise  l'échange 
gazeux  qui  a  lieu  dans  les  infundibulums  et  les  alvéoles. 

On  se  rendra  compte  de  l'augmentation  considérable  de  la  surface  respiratoire  des 
poumons  des  Mammifères  due  à  la  présence  de  ces  vésicules  terminales,  si  l'on  consi- 
dère que  les  3  à  400  millions  d'infundibulums  qui  existent  chez  l'Homme  représentent 
une  surface  de  129,84  mètres  carrés  ou  1298,4  pieds  carrés. 

J'ai  déjà  fait  remarquer  à  l'occasion  du  péritoine,  que  la  cavité  thora- 
cique  est  aussi  tapissée  par  une  membrane  séreuse,  la  plèvre.  On  y 
distingue  aussi,  comme  pour  le  péritoine,  un  feuillet  pariétal  et  un 
feuillet  viscéral  (fîg.  259,  P,  P^).  Ce  dernier  est  dij^^&Xè  plèvre joulmonaire, 


J?cTsS 


m 


n 


Mi 

Fig.  259.  —  Schéma  de  la  cavité  pleurale  et  de  la  cavité  péricardique  chez  V Homme.  A,  coupe  frontale 

B,  coupe  transversale. 

ri",  trachée  ; -Br,  bronches  ;  L,  i,  poumons;  ^,  cœur;  W,  colonne  vertébrale;  P,  feuillet  pariétal  et 
P\  feuillet  viscéral  de  la  plèvre;  ^2,hiledu  poumon  où  les  deux  feuillets  se  réfléchissent  et  se  réunis- 
sent l'un  avec  l'autre  (-j-i-j  ;  m,  plèvre  médiastine  ;  Pc,  Pc',  feuillet  pariétal  et  feuillet  viscéral  du 
péricarde  ;  R,  côtes  (paroi  du  thorax)  ;  S,  sternum. 

le  premier  plèvre  costale;  celui-ci  entoure  non  seulement  les  poumons, 
mais  aussi  le  péricarde  (fîg.  259,  Pc,  Pc^).  La  portion  de  la  plèvre  qui 
est  en  rapport  avec  la  face  interne  du  poumon  porte  le  nom  de  pilèvre 
médiastine. 

Comme  il  existe  entre  les  deux  feuillets  un  liquide  lymphatique,  les 
mouvements  des  poumons  peuvent  s'exécuter  facilement  et  sans  obstacle. 


Pores  abdominaux. 

La  cavité  pleur o-péritonéale  ou  cœlome  peut  chez  les  Vertébrés  com- 
muniquer avec  l'extérieur  de  trois  manières  différentes.  Deux  de  ces 
modes  de  communication,  les  riéphrostomes  et  les  pavillons  de  la  trompe, 
seront  étudiés  plus  tard;  nous  ne  nous  occuperons  ici  que  du  troisième, 

les   CANAUX  PÉRITONÉAUX  OU  PORES  ABDOMINAUX. 

Chez  les  Cyclostomes  il  n'est  pas  certain  que  l'orifice  unique  situé 
derrière  l'anus,  et  que  l'on  appelle  le  pore  abdominal,  mérite  réellement 
ce  nom  (fig.  260). 

A  partir  des  Sélaciens  les  canaux  abdominaux  sont,  dans  la  règle,  au 
nombre  de  deux  (fig.  260  B,  Pa).  Ils  sont  situés  chez  eux  derrière  les 
poches  anales  (A  T),  chacun  au-dessous  d'une  petite  papille  cutanée  {Pp)- 
Ils  n'existent  pas  chez  tous  les  Sélaciens;  c'est  ainsi  qu'ils  manquent 


ORGANES    DE     LA    RESPIRATIQN 


305 


complètement  aux  Notidanides,  aux  Cestracionides  et  aux  Rhinides  et  en 
partie  aux  Scylliides.  Sous  ce  rapport  les  espèces  d'un  même  genre  peu- 
vent se  comporter  d'une  façon  toute  différente,  et  même  '"^ 
dans  les  individus  d'une  même  espèce  ils  peuvent  tantôt 
exister,    tantôt   faire    défaut.  11  est  possible  que   chez 
quelques-uns  ils  n'apparaissent  que  pendant  l'époque      A 
de  la  reproduction  (Turner).                                                       CR 
Chez  les  Ganoïdes,  parmi  lesquels  les  Esturgeons  et       /. 
surtout  les  Spatularia  se  font  remarquer  par  la  largeur       ^ 
de  leurs  canaux  péritonéaux,  ceux-ci  sont  toujours  pla- 
cés en  avant  de  l'orifice  génito-urinaire  et  derrière  l'anus, 
sur  des  replis  cutanés  qui  bordent  à  droite  et  à  gauche 
l'orifice  anal  (fîg.  260  D,  Pa).  Chez  Y Acipenser  ces  trois 


ED 


Fig.  260.  —  Pores  abdominaux  de  différents  Vertébrés.  A,  Cyclostomes. 
B,  Sélaciens.  C,  Protopterus.  D,  Spatularia. 

A,  anus;  Pa,  Ra,  PC,  pores  abdominaux;  Pp,  papille;  AT,  poche 
anale;  UG  et  a,  orifice  génito-urinaire;  L,  L,  lèvres  charnues  qui 
bordent  l'orifice  du  cloaque  ;  CR,  cavité  cloacale  ;  DED,  plis  longitu- 
dinaux de  l'intestin  terminal,  qui  cessent  brusquement  en  RF  ;  *,  point 
où  débouche  la  glande  digitée  ;  BF,  nageoire  abdominale  ;  •]-}-,  ptérygo- 
podes.  La  flèche  dans  la  figure  A  est  dirigée  vers  la  tête.  Toutes  les 
figures  ont  du  reste  la  même  orientation.  Dans  la  figure  C  Cl  désigne  le 
paroi  dorsale  se  voit  en  DW ;  -j-,  orifice  impair  des  conduits  sexuels; 
coupé;   la  flèche  indique  l'orifice  des  uretères. 


'^^ 


i-A 


-ua 


cul-de-sac   cloacal,  dont   la 
El),  ED^j  intestin    terminal 


OU  quatre  orifices  sont  beaucoup  plus  rapprochés  que  chez  le  Spatu- 
laria.  Chez  VAmia  je  n'ai  pu  découvrir  aucune  trace  de  ces  canaux. 

Les  HoLocÉPHALES  et  les  Téléostéens  présentent  la  même  disposition  que 
les  Ganoïdes;  chez  les  Téléostéens  ils  n'existeraient  d'ailleurs  que  chez 
les  Salmonidés,  les  Murénides  et  les  Moi^myîHdes. 


Chez  les  Salmonidés  les  pores  abdominaux  sont  situés  à  droite  et  à  gauche  de 
l'orifice  anal.  Leur  présence  n'est  pas  constante  dans  tous  les  genres.  Souvent  il  n'y 
en  a  qu'un  seul,  ou  bien  ils  manquent  complètement;  ils  se  ferment  secondairenemt. 
Il  est  certain  qu'ils  existent  dans  les  deux  sexes,  mais  chez  aucun  ils  ne  serviraient  à 
donner  passage  aux  produits  sexuels  (?)  (M.  Weber). 

WlEDERSHElM,  20 


306  CHAPITRE    SEPTIÈME 

Les  pores  abdominaux  sont  placés  chez  le  Ceratodus,  comme  chez  les 
Sélaciens,  derrière  Tanus  et  l'orifice  génital  ;  chez  le  Protoj^terus  (fîg-.  260  C) 
il  existe  en  général  un  seul  canal,  qui  s'ouvre  en  avant  de  l'anus,  à  gauche 
ou  à  droite,  suivant  que  celui-ci  est  situé  à  gauche  ou  adroite  de  la  ligne 
médiane  (1).  Il  donne  entrée  dans  une  cavité  à  paroi  résistante,  presque 
dure,  située  au-dessus  du  cloaque.  Elle  s'étend  en  avant  jusqu'au  niveau 
des  orifices  de  l'appareil  génito-urinaire,  où  elle  se  termine  en  cul-de-sac 
arrondi.  Au  fond  de  ce  cul-de-sac  s'ouvrent  les  pores  abdominaux  pro- 
prement dits,  qui  sont  excessivement  petits. 

Les  pores  abdominaux  n'existent  chez  aucun  Amphibien  (2),  mais  on 
les  retrouve  chez  les  Reptiles,  principalement  chez  les  Chéloniens  et  les 
Crocodiliens.{Les  Lacertiliens  elles  Ophidiens  possèdent  ^Q&poclies  axiales.) 
Ils  sont  situés  chez  les  Chéloniens  immédiatement  au-dessous  de  la 
muqueuse  du  pénis  et  du  clitoris,  au-dessus  et  près  du  bord  externe  du 
corps  caverneux.  Arrivés  au  niveau  du  gland,  ils  pénètrent  dans  sa  subs- 
tance spongieuse  (?),  se  rétrécissent  rapidement  et  se  terminent  par  un 
cul-de-sac  aigu  (C.  K.  Hoffmann). 

La  présence  des  pores  abdominaux  dans  des  groupes  si  éloignés 
prouve  qu'ils  remontent  à  une  haute  antiquité  et  montre  leur  importance 
phylétique.  On  ne  sait  rien  de  leur  rôle  physiologique.  Peut-être  est-ce 
un  reste  des  ca^iaux  segmentaires.  Les  potées  abdominaux  des  Elasmobran- 
ches,  des  Holocéphales,  des  Ganoïdes,  des  Dipnoïques  et  des  Mormyrides 
peuvent  être  considérés  comme  homologues.  Ceux  des  Cyclostotnes  et  des 
Murénides  occupent  une  position  à  part;  on  peut  les  comparer  au  pore 
génital  des  Téléostéens  (M.  Weber). 


Bibliographie. 

Ch.   Aeby.  Der  Bronchialbaum  der  Sâugethiereund  des  Menschen.  Leipzig,  1880. 

J.  F.  van  Bemmelen.  Ueber  vermuthliche  rudimentàre  Kiemenspalten  bei  Elasmobranchiem. 

Mitth.  d.  Zool.  Station  zu  Neapel.  T.  VI.  1885.  (Voyez  aussi  le  Mémoire  de  cet  auteur  cité 

dans  la  Bibliographie  de  l'appareil  digestif.) 
A.  Dohrn.  Studien  zur  Urgeschichle  des  Wirbelthierkôrpers.  Ibid.  T.  VII.  1886. 
E.  Dubois.  Zur  Morphologie  des  Larynx.  Anat.  Anz.l'"  année,  1886. 
J.  G.  Fischer.  Anatomische  Abhandlungen  uber  die  Perennibranchialen  und  Derotremen 

Hamburg,  1864. 
M.  Fûrbringer.  Beitrage  zur  Kenntniss  der  Kehlkopfmusculaiur.  Jena,  1875.  (Renferme  une 

bibliographie  étendue  du  larynx  en  général.) 
J.  Henle.  Vergleichende  anatomische  Beschreibung  des  Kehlkopfes.  Leipzig,  1839. 
VV.  His.  Zur  Bildungsgeschichte  der  Lungen  beim  menschlichen  Embryo.  Arch.  f.  Anat.  und 

Physiol.  1887. 

(1)  Les  pores  abdominaux  peuvent  aussi  faire  complètement  défaut  (voy.  plus  haut  les 
Sélaciens). 

(2)  Il  est  possible  qu'ils  apparaissent  chez  les  Ichthyoïdes  à  une  certaine  période  du 
développement  embryonnaire;  mais  ce  n'est  là  qu'une  simple  supposition. 


ORGANES    DE    LA    RESPinATION  307 

A.  KôWikev.  Zur  Kenntniss  des  Baues  der  Lungen  des  il/ensc/ien.  Verhandl.der  med.Gesellsch, 

z.  Wûrzburg.  N.  F.  T.  XVI.  (Voyez  aussi  les  Traités  et  Manuels  d'anatomie  humaine  de 

Aeby,  Henle,  Krause,  etc.) 
H.  Rathke.  Zur  Anatomie  der  Fische.  Arch.  f.  Anat.  und  Physiol.  1838. 
M.    Sagemehl.    Beitrâge   zur  vergleichenden   Anatomie  der  Fische.   Morph.  Jahrb.   T.  X. 

1885. 
H.  Strasser.  Die  Luftsdcke  der  Vôgel.  Morph.  Jahrb.  T.  III.  1877. 
R.  Wiedersheim.  i)as  Respirationssystem  der  Chamàleo7iiden.  Bericht  der  naturf.  Gesellsch. 

zu  Freiburg  i/B.  T.  I.  1886. 

CŒLOME  ET  PORES  ABDOMINAUX 

H.  Ayers.  Untersuchungen  ûber  die  Port  abdominales.  Morph.  Jahrb.  T.  X.  1885. 

F.  E.  Beddard.  Note  on  the  systematic  jjosition  of  Alonitor.  Anat.  Anz.  3°  année,  1888. 

Bridge.  Fori  abdominales  of  Vertebrata.  Journ.  of  Anat.  and  Physiol.  T.  XIV. 

C.  Gegenbaur.  Bemerkungen  iiber  die  Pori  abdominales.  Morph.  Jahrb.  T.  X.  1885. 

F.  Lataste  et  R.  Blanchard.  Le  péritoine  du  Python,  etc.  Bullet.  de  la  Soc.  zool.  de  France 

pour  1879. 
Turner.  On  the  Pori  abdominales  in  some  Sharks.  Journ.  of  Anat.  and  Physiol.  T.  XIV. 
M.  Weber.  Die  Abdominalporen  der  Salmoniden  nebst  Bemerkungen  ûber  die  Geschlechts- 

organe  der  Fische.  Morph.  Jahrb.  T.  XII.  1887. 


CHAPITRE    HUITIEME 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATION 

(Système  vasculaire.) 

Les  organes  de  la  circulation  comprennent  un  organe  central,  le  cœur, 
des  organes  périphériques,  les  vaisseaux,  et  un  liquide  nutritif,  le  sang  et 
la  LYMPHE,  composé  du  plasma  et  di  éléments  figurés  (cellules).  La  lymphe, 
qui  est  en  partie  renfermée  dans  des  conduits  clos,  qui  en  partie  rem- 
plit les  interstices,  les  lacunes  et  les  cavités  du  corps  et  baigne  tous  les 
tissus,  sera  étudiée  plus  loin.  Nous  ne  nous  occuperons  ici  que  du  sys- 
tème VASCULAIRE  SANGUIN  proprement  dit.  Ce  système  est  toujours  formé  de 
canaux  clos  (vaisseaux),  auxquels  on  donne  le  nom  d'ARiÈRES  ou  de  veines 
suivant  qu'ils  contiennent  du  sang  chargé  d'oxygène  ou  d'acide  carbo- 
nique. Ce  n'est  pas  d'ailleurs  une  règle  absolue,  car,  en  laissant  de  côté 
la  composition  chimique  du  sang,  on  appelle  veines  tous  les  vaisseaux 
qui  se  déversent  dans  le  cœur,  et  artèî^es  tous  ceux  qui  en  partent. 

Les  CAPILLAIRES  sout  Ics  dcmières  ramifications  des  vaisseaux  ;  les 
plus  petits  d'entre  eux  laissent  encore  passer  les  globules  du  sang. 

Le  CŒUR,  entouré  par  le  péricarde,  est  Vorgane  central  moteur  de  la 
circulation;  il  joue  le  rôle  d'une  poinpe  aspirante  et  foulante.  Il  se  dé- 
veloppe, comme  le  système  vasculaire  tout  entier,  aux  dépens  d'une 
cavité  ou  d'une  fente  qui  apparaît  dans  le  mésoderme,  c'est-à-dire  dans 
la  splanchnopleure ,  sur  la  face  ventrale  de  l'œsophage,  immédiatement 
en  arrière  de  la  région  des  fentes  branchiales  (1).  Comme  il  provient  du 
même  blastème  que  la  paroi  de  l'intestin,  sa  paroi  se  trouve  formée  de 
trois  couches,  une  couche  externe  péritonéale,  une  couche  moyenne  mus- 
culaire et  une  couche  interne  éjnthéliale.  Il  a,  par  conséquent,  essentielle- 
ment la  même  conformation  que  les  gros  vaisseaux,  dont  la  paroi  pré- 
sente aussi  trois  couches  (2),  et,  au  point  de  vue  embryologique,  il  ne 
représente  réellement  au  fond  qu'un  large  vaisseau  sanguin,  plus   ou 

(1)  Le  péricarde  se  développe  en  grande  partie  aux  dépens  de  la  partie  antérieure  de  la 
cavité  viscérale  (cavité  pariétale  ou  cervicale)  (voy.  les  Manuels  d'embryologie).  Les  pre- 
miers grands  vaisseaux  ou  leurs  précurseurs,  les  canaux  endothéliaux,  se  développent  dans 
la  tête  et  le  tronc  des  embryons  des  Sélaciens  dans  Venloblaste  de  la  paroi  intestinale  et 
dans  la  couche  mésoblastique  qui  entoure  l'intestin.  Ils  ont  par  conséquent  une  double 
origine  (J.  Ruckerl). 

(2)  La  paroi  des  plus  petits  vaisseaux,  des  capillaires,  se  compose  uniquement  de 
cellules,  et  celles-ci  correspondent  à  la  couche  épithéhale  interne  {intima)  des  gros  vaisseaux. 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATIOIV  309 

moins  situé  au  début  dans  Taxe  du  corps,  mais  qui  plus  tard  subit  de 
grandes  complications  par  suite  de  courbures  et  de  dilatations  de  diffé- 
rentes sortes.  Elles  consistent  en  ce  que  le  canal  cardiaque  se  recourbe 
sur  lui-même  et  se  divise  en  deux  parties,  appelées  oreillette  et  ventricule. 
Entre  elles  se  développent  des  valvules  qui  ont  pour  but  de  diriger  de  l'oreil- 
lette vers  le  ventricule  le  sang  amené  dans  le  cœur  et  chassé  par  les  con- 
tractions des  parois  musculaires  de  ce  dernier,  et  de  l'empêcher  de  refluer 
en  sens  inverse.  Elles  sont  produites  par  difTérenciation  des  colonnes 
charnues  qui  font  saillie  dans  le  cœur.  11  résulte  de  cette  disposition  que 
V oreillette  est  la  cavité  veineuse  du  cœur  destinée  à  recevoir  le  sang,  le  ven- 
tricule  la  cavité  artérielle  destinée  à  le  chasser.  Si  nous  ajoutons  encore 
que  l'extrémité  veineuse  forme  un  sinus  veineux  et  l'extrémité  artérielle 
un  TRONC  artériel(I),  muni  de  valvules  plus  ou  moins  nombreuses,  nous 
aurons  décrit  le  cœur  tel  qu'il  existe  pendant  toute  la  vie  chez  les  Poissons, 
et  tel  qu'on  l'observe  au  moins  transitoirement  dans  le  cours  du  déve- 
loppement de  tous  les  Vertébrés. 

Le  développement  de  la  respiratio7i  pulmonaire  entraîne,  dans  la  con- 
formation primitivement  si  simple  du  cœur,  des  modifications  profondes, 
qui  toutes  ont  finalement  pour  but  la  formation  de  deux  nouvelles 
cavités,  une  oreillette  et  un  ventricule,  c'est-à-dire  la  division  du  cœur 
en  quatre  chambres.  Il  en  résulte  que  l'on  peut  distinguer  dans  le  cœur 
une  MOITIÉ  DROITE  (veineuse)  et  une  moitié  gauche  (artérielle)  et  que  le  sang 
veineux,  chassé  par  le  ventricule  droit  et  amené  par  de  nouveaux  vais- 
saux  (artère  pulmonaire)  dans  les  poumons,  après  s'y  être  oxygéné,  est 
ramené  au  cœur  par  des  vaisseaux  particuliers  (veines  pulmonaires) 
dans  la  moitié  gauche  du  cœur,  d'où  il  passe  dans  I'aorte  pour  aller  se 
distribuer  dans  toutes  les  parties  du  corps. 

Pour  faire  comprendre  comment  se  développent  graduellement  ces  dispositions  or- 
ganiques qui  se  compliquent  de  plus  en  plus  à  mesure  qu'on  s'élève  dans  la  série  des 
Vertébrés,  il  est  nécessaire  de  donner  un  court  aperçu  de  la  circulation  embryon- 
naire. 

Circulation  fœtale.      

De  bonne  heure,  pendant  la  période  fœtale,  le'BULBE  artériel  se  pro- 
longe vers  la  tête  de  manière  à  former  un  tronc  allongé  (tronc  arté- 
riel), d'où  partent  à  droite  et  à  gauche  un  grand  nombre  de  branches 
transversales  (fig.  261,  Ab),  disposées  sur  deux  rangées  symétriques, 
qui  passent  entre  les  trous  branchiaux  {KL)  et  se  réunissent  au  delà  de 
ceux-ci,  après  avoir  fourni  des  branches  à  la  tête  (carotides),  dans  un 
tronc  commun  longitudinal  {S,  S^).  Ces  branches  sont  les  vaisseaux  bran- 
chiaux ;  les  deux  troncs  longitudinaux  constituent  en  arrière  la  racine 
droite  et  la  racine  gauche  de  Y  aorte  {RA,  RA). 

L'aorte  {A)  est,  pendant  toute  la  vie,  chez  tous  les  Vertébrés  le  vaisseau 

(1)  La  portion  proximale  renflée  du  tronc  est  appelée  cône;  la  portion  distale  plus  étroite, 
bulbe  artériel. 


CHAPITRE    HUITIEME 


310 

artériel  le  plus  important  du  corps;  elle  est  toujours  simple,  volumi- 
neuse ;  elle  longe  la  face  inférieure  de  la  colonne  vertébrale,  en  four- 
nissant des  branches  sur  tout  son 
trajet,  et  s'étend  jusqu'à  l'extrémité 
caudale  où  elle  prend  le  nom  <ïartère 
caudale  [Acd). 

A  une  certaine  phase  du  dévelop- 
pement elle  donne  naissance  aux  ar- 
tères du  sac  ombilical  (artères  omphalo- 
MÉSENTÉRiQUES,  A7n,  Aiii) ,  qui  amènent 
le  sang  à  la  surface,  c'est-à-dire  à  la 
périphérie  du  vitellus,  où  a  lieu  l'é- 
change gazeux,  c'est-à-dire  la  respira- 
tion (  fig.  262,  R.  Of.  A,  L.  Of.  A). 
Le  sang  oxygéné  est  ramené  par 
les  veines  du  sac  ombilical  {veines  om- 

PHALO-MÉSENTÉRIQUES,  R.    Of,    L.    Of),    et, 

avant  de  se  déverser  dans  le  sinus  vei- 
neux du  cœur  {SV),  il  se  mêle  avec 
le  sang  veineux  des  canaux  de  Cuvier 
(fig.  261,  D  et  fig.  262, \DC). 

Ces  canaux  transversaux  sont  for- 
més par  la  réunion  des  veines  cardi- 
nales antérieure  et  postérieure,  c'est- 
à-dire  chacun  par  deux  gros  vaisseaux 
qui  ramènent  le  sang  veineux  du  corps 
de  Wolff  et  des  téguments  (fig.  261, 
VC,  HC;  fig.  262,  S.  Ca  V,  V.  Ca). 

Vers  l'extrémité  postérieure  du 
tronc  se  détachent  du  tronc  aortique 
les    deux    volumineuses    racines    des 

ARTÈRES    ALLANTOÏDIENNES     OU     OmbiUcaUs . 

Ces  deux  vaisseaux  importants  se  dis- 
tribuent, comme  l'indique  leur  nom, 
sur  Vallantoïde,  c'est-à-dire  sur  le  sac 
urinaire  embryonnaire,  qui  dérive, 
comme  nous  l'avons  vu  dans  l'intro- 
duction, d'un  diverticule  de  l'intestin 
terminal.  L'allantoïde,  en  s'accroissant 
de  plus  en  plus,  s'applique  sur  la  face 
interne  de  la  coquille  de  l'œuf,  et, 
comme    celle-ci,  grâce    à   sa  porosité 

laisse  pénétrer  l'air    atmosphérique,    elle   joue  le  rôle,  à  une  certaine 

période  fœtale,  à'organe  respiratoire. 

Jusqu'à  présent  l'appareil  circulatoire  du  fœtus  est  encore  dans  un 


z-  -Ail 


Fig.  261.  —  Schéma  du  système  vasculaire 
embryonnaire. 

A,  A,  aorle  abdominale  ;  RA.,  RX,  racines 
droite  et  gauche  de  l'aorte,  qui  par  l'inter- 
médiaire des  vaisseaux  collecteurs  S,  S'^ 
proviennent  des  vaisseaux  branchiaux  Ah; 
c,  c',  carotides  ;  Sb,  artère  sous-clavière  ; 
A'Z,,  fentes  branchiales  ;  Si,  sinus  veineux  ; 
A,  oreillette,  V,  ventricule  ;  B,  bulbe  arté- 
riel; Ym,  veines  omphalo-mésentériques  ; 
A'iii.  artères  omphalo-mésentériques  ;  le, 
le,  artères  iliaques  primitives  ;  E,  E,  artères 
iliaques  externes;  Ail,  artères  allantoï- 
diennes  (artères  hypogastriques)  ;  Acâ,  ar- 
tère caudale;  VC,  HC,  veines  cardinales 
antérieure  et  postérieure,  qui  reçoivent  en 
S6'  la  veine  sous-clavière  et  qui  se  déver- 
sent dans  le  canal  de  Cuvier  D. 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATION 


311 


état  indifférent;  mais  à  partir  de  ce  moment  son  développement  peut  se 
continuer  suivant  trois  voies  divergentes. 

Tantôt  l'embryon  abandonne  l'œuf  et,  s'il  vit  dans  l'eau  (Anamniens),  se 
sert  de  ses  vaisseaux  branchiaux,  c'est-à-dire  qu'il  respire  par  des  bran- 
chies et  que  l'allantoïde  tout  entière  devient  la  vessie  urinaire  définitive 
(Amphibiens)  ;   s'il  vit   sur   la  terre   (Sauropsidés)  ,    il    respire   par    des 


AA 


Fig.  262.  —  Schéma  de  la  circulation  du  sac  vitellin  chez  le  Poulel  à  la  fin  du  troisième  jour  de  l'incu- 
bation (d'après  Balfoue). 

H,  cœur;  AX,  deuxième,  troisième  et  quatrième  arcs  aortiques;  le  premier  s'est  oblitéré  dans  sa  'partie 
moyenne,  mais  il  se  continue  par  sa  partie  proximale  avec  la  carotide  externe  et  par  sa  partie  distale 
avec  la  carotide  interne  ;  AO,  aorte  dorsale;  L.Of.A,  artère  vitelline  gauche;  iï.Ô/'.A,  artère  vitelline 
droite;  ST,  sinus  terminalis  ;  Z/.O/,  veine  vitelline  gauche;  iî.O^  veine  vitelline  droite;  SV,  sinus 
veineux;  DC,  canal  de  Cuvier;  S.Ca.V,  veine  cardinale  supérieure;  V.Ca,  veine  cardinale  inférieure. 
Les  veines  sont  représentées  par  un  double  contour,  les  artères  en  noir.  L,e  blastoderme  est  séparé 
de  l'œuf,  il  est  supposé  vu  par  sa  face  inférieure,  d'où  il  suit  que  ce  qui  est  à  gauche  dans  la  figure  est 
à  droite  dans  l'embryon  et  vice  versa. 

poumons,  ses  vaisseaux  branchiaux  et  son  allantoïde  subissent  une  modi- 
fication ou  une  réduction  correspondante;  cette  dernière  peut  même 
s'atrophier  et  disparaître  complètement  (certains  Reptiles,  tous  les 
Oiseaux). 

Tantôt  enfin  l'embryon  reste  encore  longtemps  dans  l'utérus;  il  se 
forme  des  villosités  choriales  ;  les  vaisseaux  allantoïdiens  s'enfoncent 
dans  la  paroi  utérine  et  affectent,  avec  le  système  vasculaire  maternel, 
les  rapports  les  plus  étroits  destinés  à  assurer  l'échange  des  gaz  et  la 
nutrition  du  fœtus.  Bref,  il  se  développe  une  circulation  placentaire, 
un  placenta  (voy.  le  chapitre  relatif  aux  relations  entre  la  mère  et 
le  fœtus). 


312 


CHAPITRE    HUITIÈME 


Ces  dispositions  supérieures  se  rencontrent  chez  tous  les  embryons 
de  Mammifères,  sauf  les  Monotrcmes  et  les  Marsupiaux  :  de  là  la  divi- 
sion des  Mammifères  en  deux  groupes,  les  Implacentaires  (Aplacentalia) 
qui  comprennent  les  Monotrènies  et  les  Marsupiaux,  et  les  Placentaires 
(Placentalia)  qui  renferment  tous  les  autres  ordres.  Chez  ces  derniers 
l'allantoïde   sert    donc  à  amener  à  la  paroi   utérine  les  vaisseaux  du 


JTfeW 


Fig.  263.  —  Coupe  schématique  de  l'utérus  gravide. 
Î7,  utérus;  Tô, 7*6,  trompes;  f7/f,  cavité   de    l'utérus  ;  D«,  caduque  vraie  qui  en  Pm  devient  le  placenta 

utérin;  Dr,  caduque  réfléchie;  Pf,  placenta  fœtal  (chorion  rameux);  Chl,  chorion  lisse;  A,A,  cavité  de 

l'amnios  remplie  de  liquide. 
Dans  l'intérieur  se  trouve   l'embryon   suspendu  par  le  cordon   ombilical.  Jf,  cœur;  Ao,  aorte;  ci  et  es, 

veines  caves  inférieure  et  supérieure;  p,  veine  porte;  Al,  artères  allantoïdiennes  (artères  ombilicales); 

•j-,  foie  traversé  par  la  veine  ombilicale;  D,  vésicule  ombilicale  rudimentaire. 

fœtus,  et  dès  que  le  placenta  se  trouve  de  la  sorte  formé,  elle  subit  une 
atrophie.  Sa  portion  extra-fœtale  disparaît,  sa  portion  intra-abdominale 
se  transforme  en  un  cordon  fibreux  plein  (ouraque)  et  forme  aussi  la 
vessie  urinaire  définitive,  ainsi  que  son  canal  excréteur  {urètre)  (voy.  le 
chapitre  relatif  aux  organes  génito-urinaires). 

Les  vaisseaux  branchiaux,  pas  plus  chez  les  Mammifères  que  chez  les 
Sauropsidés,  à  aucune  des  périodes  du  développement  ne  jouent  aucun 
rôle  dans  la  respiration  ;  celles  de  leurs  parties  qui  ne  disparaissent  pas 
deviennent  des  vaisseaux  importants  du  cou  {carotides)^  du  membre  su- 
périeur (sous-clavières) ,  de  la  circulation  pulmonaire  [artère  pulmonaire), 
ainsi  que  la  racine  double  ou  simple  de  Taorte. 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATION  313 

Le  nombre  des  vaisseaux  branchiaux,  comme  le  montrent  les  larves  des  Amphi- 
biens,  certains  Dipnoiques  et  Ganoïdes,  est  primitivement  de  six.  Dans  tous  les  cas  il 
est  certain  que  dans  ces  formes  animales  l'artère  pulmonaire  naît  de  l'arc  artériel 
du  sixième  arc  viscéral. 

Et  comme  il  est  certain  que  chez  tous  les  Vertébrés  l'artère  pulmonaire  naît  de  la 
même  paire  d'arcs  artériels,  l'opinion  admise  jusqu'ici  que  chez  les  Amniotes  elle 
dérive  de  la  cinquième  paire  est  forcément  erronée.  Il  faut  donc  que  l'on  ait  mé- 
connu la  présence  d'un  arc  artériel  intermédiaire  entre  le  quatrième  et  celui  que 
l'on  considère  comme  le  cinquième,  en  d'autres  termes  le  soi-disant  cinquième  arc 
artériel  des  Amniotes  doit  être  en  réalité  le  sixième.  Bref,  il  doit  y  avoir  homologie 
complète  entre  les  artères  pulmonaires  des  Amphibiens  et  celles  des  Amniotes  (Boas). 

Cette  supposition  a  été  confirmée  par  les  recherches  de  van  Bemmelen  sur  les 
Lacerta,  Tropidonotus  et  sur  le  Poulet;  cet  anatomiste  a  démontré,  en  effet,  qu'il 
existe  chez  ces  animaux  six  arcs  artériels  primitifs,  que  le  cinquième  s'atrophie  de 
bonne  heure,  et  que  le  sixième  devient  l'artère  pulmonaire. 

De  nouvelles  recherches  montreront  qu'il  en  est  certainement  de  même  chez  les 
Mammifères,  de  sorte  que  la  théorie  des  arcs  artériels  pourra  être  formulée  de  la 
façon  suivante.  Chez  tous  les  Vertébrés  pulmonés  il  se  développe  (ou  il  s'est  déve- 
loppé jadis]  six  arcs  artériels  ;  les  deux  premiers,  l'arc  maxillaire  et  l'arc  hyoïde 
disparaissent  presque  toujours  de  bonne  heure;  le  second  ne  persiste  que  chez  le 
Lépidostée  et  le  Polypière;  les  autres,  le  troisième,  le  quatrième,  le  cinquième  et  le 
sixième  persistent  chez  les  Ganoïdes  osseux,  les  Dipnoïques,  les  Téléostéens  et  chez 
quelques  Amphibiens.  Chez  le  reste  des  Amphibiens  le  cinquième  disparaît  complète- 
ment à  la  fin  de  la  période  larvaire,  et  il  en  est  de  même  chez  les  Amniotes  pendant 
le  cours  de  la  période  fœtale.  La  troisième  paire  d'arcs  devient  les  carotides  chez  les 
Amphibiens  ainsi  que  chez  les  Amniotes;  la  quatrième  paire  (ou,  chez  les  Oiseaux 
et  les  Mammifères,  un  seul  des  arcs  de  cette  paire)  forme  l'aorte,  et  la  sixième  paire 
(sauf  chez  le  Lépidostée  et  les  Téléostéens  où  le  vaisseau  correspondant  à.  l'artère  pul- 
monaire fait  défaut)  les  artères  pulmonaires  (Boas). 

Le  Cœur  et  ses  Vaisseaux. 
Poissons, 

A  part  VAmphioxus,  qui  est  dépourvu  d'organe  central  moteur,  chez 
tous  les  autres  Poissons  le  cœur  est  bien  développé  et  est  situé  en  avant, 
dans  la  cavité  du  tronc,  immédiatement  en  arrière  de  la  tête.  Il  présente 
toujours  le  type  fondamental  que  j'ai  décrit  plus  haut.  On  y  distingue, 
par  conséquent,  un  ventricule  (fig.  264  A,  V)  et  une  oreillette,  qui  reçoit 
le  sang-  d'un  sinus  veineux  et  qui  présente  deux  diverticules  latéraux,  les 
auricules  (fîg.  264  A,  a,a).  Par  suite  du  rôle  physiologique  différent  que 
ces  deux  chambres  cardiaques  ont  à  remplir,  leurs  parois  présentent 
une  structure  différente.  La  paroi  musculaire  de  l'oreillette  est  mince, 
celle  du  ventricule  est  épaisse  ;  ses  fibres  musculaires  forment  un  réseau 
saillant  sur  la  face  interne  ou  même  aussi  des  colo7ines  charnues;  c'est 
là  un  fait  général  chez  tous  les  Vertébrés  (fig,  264  C,  A). 

Au  point  de  réunion  entre  le  ventricule  et  l'oreillette,  au  niveau  de 
V orifice  auriculo-ventriculaire,  il  existe  dans  la  règle  deux  valvules  mem- 
braneuses (fig.  264  C,  a,a)  ou  quelquefois  davantage  (jusqu'à  six).  Le 
tronc  artériel  en  renferme  un  bien  plus  grand  nombre  disposées  en  ran- 
gées (fig,  264  G,  Ca,  b).  Elles  sont  surtout  nombreuses  chez  les  Séla- 
ciens et  les  Ganoïdes;  mais  les  postérieures,  c'est-à-dire  celles  qui  sont 


314 


CHAPITRE    HUITIEME 


le  plus  rapprochées  du  ventricule,  présentent  déjà  parfois  la  tendance 
à  s'atrophier.  La  rangée  antérieure  seule  ne  s'atrophie  jamais  et  c'est 
elle  qui  correspond  à  la  rangée  unique  de  valvules,  située  entre  le  ven- 
tricule et  le  bulbe  chez  les  TéUostéens .  Chez  ces  animaux,  le  cône  artériel 
a  subi  une  atrophie  correspondante,  de  sorte  que  fréquemment  le  bulbe 
artériel  se  continue  directement  avec  le  ventricule  (fîg.  264  B,  Ba), 


Fig.  264.  —  Cœur  de  différents  Poissons.  A,  Marteau;  B,  Silurus  glanis ;  C,  cœur  d'un  Squale  fendu. 
A, A,  oreillettes;  V,  ventricule;  Ba,  bulbe  artériel  ;  tr,  tronc  artériel.  En    C,  a,a,  désignent  les  valvules 
auriculo-ventriculaires  ;  b,  les  valvules  du  cône  artériel  (Ca). 

Le  cœur  des  Poissons  ne  renferme  que  du  sang  veineux,  qu'il  chasse 
à  travers  les  artères  branchiales  (fig.  265,  a)  dans  les  capillaires  des  bran- 
chies (/?),  d'où,  après  s'être  oxygéné,  il  passe  dans  les  veines  bran- 
chiales [b).  Nous  avons  expliqué  plus  haut  comment  ces  dernières  se 
continuent  avec  les  racines  de  l'aorte. 

Dipnoïques. 

Chez  les  Dipnoïques,  le  cœur  est  également  situé  très  en  avant,  près 
de  la  tête,  mais  il  présente  déjà  un  degré  de  développement  plus  élevé, 
intermédiaire  à  celui  qu'il  offre  chez  les  Poissons  et  chez  les  Amphi- 
biens  et  qui  est  en  rapport  avec  le  double  mode  de  respiration  de  ces  ani- 
maux par  des  poii77iotis  et  par  des  branchies.  L'oreillette  et,  jusqu'à  un 
certain  point,  le  ventricule  sont  divisés  en  deux  compartiments  par  une 
cloison.  Le  cône  artériel  est  contourné  en  spirale  ;  il  possède  chez  les 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATION 


315 


Urodèles  huit  rangées  ti'ansversales  de  valvules  et  commence  égale- 
ment à  se  diviser  en  deux  parties.  Cette  division  est  complète  chez  le 
Protopterus ,  de  sorte  que  dans  son  intérieur  circulent  côte  à  côte  deux 
courants  sanguins,  l'un  artériel,  Tautre  veineux  (fîg.  266,  a,  b)  ;  le  pre- 
mier donne  passage  au  sa7ig  des  veines  pulmonaires  qui  est  chassé  par  les 
contractions  successives  de  l'oreillette  et  du  ventricule  gauche  dans  les 

Fig.  265. 


Fig.  266. 


J? 


■=A 


S^:^ 


\ 


Fig.  265. — Schéma  de  l'appareil  circulatoire  d&s  Poissons. 
H,  cœur  ;  c,c^,  veines  cardinales  antérieure  et  postérieure  ;  a,  artères  branchiales  ;  R,  réseau  capillaire'des 
vaisseaux  branchiaux;   ce,  cercle  céphalique  ;  ca,  carotide  ;  RA,  racine  de   l'aorte;  A,  aorte  abdomi- 
nale ;   E,  artère  viscérale  ;  N,  artères  rénales. 

Fig.  266.  —  Schéma  de  la  circulation  branchiale  du  Protopterus. 
Co,  cône  artériel,  qui  se  divise  en  deux  compartiments  a  et  &  ;  &  est  traversé  par  le  sang  artériel  qui  se  rend 
dans  les  deux  artères  branchiales  antérieures  (/  et  //)  ;  a  est  traversé  par  le  sang  veineux  qui  se  rend 
aux  deux  artères  branchiales  postérieures  (7//  et  IV);  3  et  4  désignent  les   veines  branchiales  et  les 
capillaires  branchiaux  ;  Ap,  artère  pulmonaire  ;  RA,  racine  de  l'aorte;  Ao,  aorte  ;  Ca,  carotide. 

deux  premières  artères  branchiales  (fîg.  266,  /,  //).  Le  courant  veineux, 
au  contraire,  vient  du  ventricule  droit  et  arrive,  après  que  le  sang  s'est 
oxygéné  dans  la  troisième  et  la  quatrième  artère  branchiale,  dans  les 
racines  correspondantes  de  l'aorte  par  l'intermédiaire  des  veines  bran- 
chiales correspondantes  (///,  IV,  3,  4,  RA).  L'artère  pulmonaire,  qui 
aboutit  au  poumon,  part  de  chaque  côté  de  la  veine  branchiale  posté- 
rieure (fîg.  266,  Ap),  de  sorte  que  le  sang  s'oxygène  une  seconde  fois 
avant  de  revenir  par  les  veines  pulmonaires  au  cœur,  c'est-à-dire  dans 
l'oreillette  gauche. 

Amphibiens. 

A  l'exception  des   Gymnophiones  où  le  cœur  est  rejeté  en  arrière, 
chez  tous  les   autres  Amphibiens  il  est  encore  situé  très  en  avant  dans 


316 


CHAPITRE    HUITIÈME 


le  thorax,  au-dessous  des  premières  vertèbres.  Il  existe  aussi,  comme 
chez  les  Dipnoïques,  une  cloison  ventriculaire  plus  ou  moins  complète. 
Entre  les  oreillettes  et  le  ventricule  on  trouve  toujours  deux  véritables 
valvules  sigmoïdes  fibreuses,  qui  sont  reliées  à  la  paroi  ventriculaire 
par  des  filaments. 

Le  ventricule  est  simple;  ni  chez  les  Urodèles  ni  chez  les  Anoures  on 
n'y  voit  de  traces  de  cloison,  de  sorte  que  le  sang  qui  en  sort  est  du 
sang  mélangé  (fig.   267).  En  général,   il    est    court  et  arrondi;  il  n'est 


T# 


Fig.  267.  —  Schéma  de  la  circulation  du  sang  dans  le  cœur  des  Urodèles  et  des  Anoures. 
A,  oreillette  droite;  A',  oreillette   gauche;   V,   ventricule;  tr,  tronc  artériel  divisé  chez   les  Anoures  en 
deux  parties  {tr,  tr').  tr  est  traversé  par  du  sang  veineux  qui  se  rend  dans  les  artères  pulmonaires  (Ap, 
Aj3');  tr',  est  traversé   par   du  sang  mélangé  qui  va   dans  les  carotides  ci  et  ce  et  dans  les   racines  de 
l'aorte  JiA;  Iv,  Iv,  veines  pulmonaires;  v,v,  veines  du  corps  qui  se  déversent  dans  l'oreillette  droite. 

allongé  que  chez  VAmphiuma,  le  Proteus  et  les  Gymnophi ones .  En  avant 
il  se  continue,  comme  chez  les  Sélaciens,  les  Ganoïdes  et  les  Dipnoï- 
ques avec  un  cône,  auquel  fait  suite  un  tronc  artériel.  Le  premier  est 
(typiquement)  contourné  en  spirale;  il  possède  une  rangée  transversale 
de  valvules  à  ses  deux  extrémités  et  présente  un  repli  spiral  qui  fait 
saillie  dans  son  intérieur  (1).  Tel  est  le  cas  par  exemple  chez  V Axolotl, 
V Amhlystoma,\^^  Salamandra,  Amphiuma  et  Siren.  Dans  d'autres  genres, 
Menohranchus,  Proteus,  Gymnophi 07ies,  etc.,  on  observe  des  atrophies, 
qui  se  manifestent  par  le  redressement  du  cône,  la  disparition  du  repli 
spiral  et  d'une  rangée  de  valvules. 

Chez  les  Anoures,  le  repli  situé  dans  le  tronc  (ou  le  cône)  s'étend  si 
loin  en  arrière  qu'aucune  partie  de  cet  organe  ne  reste  indivise.  Il  en 
résulte  que  la  portion  des  vaisseaux  branchiaux,  d'où  provient  Yartèi^e 
pulmonaire,  ne  renferme  que  du  sang  veineux,  et  l'autre  portion  du  sang 
mélangé  (fîg.  267  B). 

Comme  chez  les  Dipnoïques,  du  tronc  artériel  (court)  naissent  de 
chaque  côté  chez  les  Amphibiens  quatre  artères  branchiales  qui,  chez  la 
larve  de  Salamandre ,  que  nous  pouvons  prendre  pour  type,  présentent 
la   disposition    suivante. 

Les  trois  antérieurs  se  rendent  à  un  même  nombre  de  touffes  de 
branchies,  où  elles  se  résolvent  en  un  réseau  de  capillaires  (fîg.  268, 1,2,3). 
De  ce  réseau  partent  trois  veines  branchiales  (/,  11,111),  qui  se  recourbent 


(1)  Le  repli  spiral  est  formé  par  la  fusion  de  plusieurs  valvules. 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATION 


317 


en  dessus,  et  se  réunissent  pour  former  de  chaque  côté  la  racine  de  l'aorte 
(RA).  La  quatrième  artère  branchiale  (plus  grêle)  ne  se  rend  pas  dans 
une  branchie,  mais  se  déverse  dans  l'artère  ■pulmonaire  qui  provient  de 
la  troisième  veine  branchiale  (fig.  268,  4,  yl;p.). L'artère  pulmonaire  ren- 
ferme par  conséquent  beaucoup  plus  de  sang  artériel  que  de  sang  vei- 
neux et  le  poumon  de  la  larve  de  Sala- 
mandre se  comporte  comme  une  vessie 
natatoire  :  il  est  incapable  de  fonction- 
ner comme  organe  respiratoire. 

La  première  veine  branchiale 
fournit  en  dedans  la  carotide  interne 
{ci)  et  en  dehors  la  carotide  externe 
{ce)  (1). 

Cette  dernière  communique  en 
avant  avec  la  première  veine  bran- 
chiale (i)  par  un  réseau  anastomo- 
tique  {"Y),  d'où  provient  plus  tard 
la  glande  carotidienne  de  l'animal 
adulte,  qui  joue  le  rôle  de  cœur 
accessoire.    Comme    le    montre    la 


figure   268,   il  existe  en   a, 


des 


Fig.  268.  —  Arcs  artériels  d'une  larve  de  Sala- 
mandre, légèrement  schématisés  (d'après  J.  E. 
V.  Boas). 

tr,  tronc  artériel;  1  k  4,  les  quatre  artères  bran- 
chiales, dont  la  dernière  (4)  se  réunit  à  l'ar- 
tère pulmonaire  (Ap);  I  à.  III,  veines  corres- 
pondantes; a,  a,  anastomoses  directes  entre  la 
deuxième  artère  et  la  deuxième  veine  bran- 
chiale, la  troisième  artère  et  la  troisième  veine 
branchiale;  ce,  carotide  externe;  ci,  carotide 
interne;  -j-,  réseau  anastomotique  entre  la 
carotide  externe  et  la  première  artère  bran- 
chiale (future  glande  carotidienne);  iîA,  racine 
de  l'aorte;  AO,  aorte.  Les  flèches  indiquent  la 
direction  du  courant  sanguin. 


communications  directes  entre  la 
deuxième  et  la  troisième  artère 
branchiale  d'une  part  et  les  veines 
branchiales  correspondantes  d'autre 
part. 

Vers  la  fin  de  la  période  larvaire 
la  deuxième  veine  branchiale  devient  plus  volumineuse,  et  il  en  est  de 
même  du  quatrième  arc  artériel.  Celui-ci  fournit  à  cette  époque,  où 
l'anastomose  avec  la  troisième  veine  branchiale  est  devenue  moins 
considérable,  la  plus  grande  partie  du  sang  qui  circule  dans  l'artère 
pulmonaire,  c'est-à  dire  que  celui-ci  est  maintenant  beaucoup  plus  vei- 
neux qu'artériel.  La  respiration  branchiale  cesse  alors,  et  il  en  résulte 
que  les  anastomoses  des  arcs  vasculaires  deviennent  directes  et  n'ont 
plus  lieu  par  l'intermédiaire  des  capillaires  (fig.  269,  2,  3,  4).  Enfin  la 
communication  entre  le  premier  et  le  deuxième  arc  vasculaire  disparaît, 
et,  tandis  que  celui-là  forme  le  système  des  carotides  et  celui-ci  la  volu- 
mineuse racine  de  l'aorte  (fig.  269,  ce,  ci,  RA),  une  anastomose  per- 
siste pendant  toute  la  vie  entre  le  quatrième  arc  vasculaire  qui  devient 
l'artère  pulmonaire  et  le  deuxième  ou  le  troisième  arc  (fig.  269,  •\'). 
Cette  anastomose  est  le  canal   de   Botal. 

Le  troisième    arc   subit  les    modifications    les   plus   considérables  ; 

(1)  Je  renverrai  pour  plus  amples  détails,  notamment  en  ce  qui  concerne  l'arc  vasculaire 
antérieur  {artère  hyo-mandibulaire)  au  travail  de  F.  Maurer.  Voyez  aussi  le  chapitre  relatif 
aux  organes  de  la  respiration. 


318  CHAPITRE    HUITIÈME 

il    peut    n'être    développé    que    d'un     côté    ou     faire     complètement 
défaut. 

Chez  les  larves  des  Anoures  il  existe  également  de  chaque  côté  quatre 
artères  branchiales,  mais  elles  ne  communiquent  avec  les  veines 
correspondantes  que  par  des  réseaux  capillaires;  il  n'y  a  jamais  d'anas- 

■cd 


Fig.  269.  —  Arcs  artériels  étalés  de  la  Salamandra  maculosa  adulte  (d'après  J.  E.  V.  BoAS). 
Co,  cône;  Ir,  tronc  artériel  ;  1  k  4,  les  quatre  arcs  artériels;  ce,  carotide  externe  ;  cd,  glande carotidienne; 
ci,  carotide  interne.  Le  quatrième  arc  artériel,  qui  devient  l'artère  pulmonaire  {Ap),  s'est  accru  consi- 
dérablement et  ne  communique  plus  avec  le  deuxième  ou  le  troisième  arc  que  par  un  canal  de  Botal 
très  grêle  (•}-);  RA,  racine  de  l'aorte  ;  oe,  rameaux  œsophagiens. 

tomoses  directes  (fig.  268,  a,  a).  La  conséquence  en  est  que  chez  elles 
tout  le  sang  est  oxygéné. 

Dans  la  Grenouille  adulte  le  troisième  arc  artériel  est  complètement 
oblitéré  et  le  premier  entièrement  séparé  du  second.  Pour  le  reste  la 
disposition  est  la  même  que  dans  la  Salamandre. 

Reptiles. 

Ici,  comme  d'ailleurs  chez  tous  les  A^nniotes,  le  cœur  se  développe 
très  en  avant,  dans  le  cou,  dans  le  voisinage  des  fentes  branchiales  ; 
mais  plus  tard,  lorsque  le  cou  se  forme,  il  est  rejeté  plus  loin  en  arrière 
dans  la  cavité  thoracique  que  chez  les  Anamniens  (1).  Il  en  résulte  que 
le  nerf  vague,  source  importante  d'innervation  du  cœur  est  entraîné  en 
arrière  dans  une  étendue  correspondante  et  que,  d'autre  part,  les 
carotides  qui  se  dirigent  dans  la  tête,  de  même  que  les  veines  jugulaires 
qui  en  partent,  acquièrent  une  plus  grande  longueur. 

Le  principal  progrès  qu'il  présente  sur  le  cœur  des  Amphihiens 
consiste  dans  la  présence  d'une  cloison  ventriculaire,  que  celle-ci  soit 
incomplète  comme  chez  les  Sauriens,  les  Ojjhidiens  et  les  Chéloniens,  ou 
complète  comme  chez    les  Crocodiliens  (2).  Deux  troncs  vasculaires  se 

(1)  Sa  position  extrême  en  avant  s'observe  chez  les  Lacertiliens  et  les  Chéloniens;  sa 
position  extrême  en  arrière  chez  les  An}j)hisbcnes,  les  Serpents  et  les  Crocodiliens. 

(2)  Il  existe  d'ailleurs  encore  ici  un  petit  orifice  de  communication  entre  les  deux  ventri- 
cules, le  foramen  de  Panizza.  Non  loin  de  là  on  trouve,  comme  chez  les  Tortues,  entre  l'ori- 
gine de  l'aorte  gauche  et  de  l'artère  pulmonaire  un  petit  cartilage  hyalin. 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATION 


319 


réunissent  toujours  pour  former  l'aorte,  ou  en  d'autres  termes,  il 
existe  toujours  deux  crosses  aortiques  [racines  de  V aorte),  l'une  droite, 
ïauive  gauche  (%.  270  C,  f  et  *).  Chacune  d'elles  peut  être  à  son  tour 
formée  à  son  origine  (%.  270  A,  1,  2)  de  deux  arcs  vasculaires  anasto- 


Asc- 


Fig.  270.  —  A,  cœur  de  Lacerta  muralis.  B,  cœur  d'un  grand  Varanus 
fendu.  C,  schéma  du  cœur  des  Reptiles. 

Vy  F',  ventricules;  A,A^,  oreillettes  ;  tr,  Trca,  tronc  brachio-céphali- 
que  ;  i  et  5,  premier  et  deuxième  arcs  artériels;  Ap,  Ap',  artère  pul- 
monaire :  Vp,  veine  pulmonaire  ;  -J-  arc  aortique  droit  ;  *,  arc  aor- 
tique  gauche  ;  HA,  racine  de  l'aorte  ',Ao,  aorte  ;  Ca,  Ca^,  carotides  ' 
Asc,  As,  artères  sous-clavières  ;  J,  veine  jugulaire  •jVs,  veine  sous- 
clavière  ;  6'?',  veine  cave  inférieure.  Ces  trois  veines  se  déversent 
dans  le  sinus  veineux.  La  ligne  pointillée  qui  part  de  S,  doit  être 
supposée  passer  au-dessous  de  l'oreillette  gauche  (A).  Ve,  Ve, 
désignent  ces  mêmes  veines  dans  la  figure  C. 


mosés  entre  eux  (Lacerta)  ou  d'un  seul  (certains  Sauriens,  Ophidiens, 
Chéloniens,  Crocodiliens,  fîg.  270  B,  RA,  RA).  L'arc  vasculaire  posté- 
rieur est  Yartère  pulmonaire  (Ap,  Ap^).  Le  sang  du  ventricule  droit 
est  chassé  dans  cette  dernière  ainsi  que  dans  la  crosse  aortique  gauche, 
et,  suivant  que  la  cloison  ventriculaire  est  complète  ou  incomplète,  il 
est  entièrement  veineux  (Crocodiliens)  ou  mélangé  (les  autres  Reptiles, 
fig.270C). 

Les  valvules  ont  subi  chez  les  Reptiles  une  réduction  considérable, 
car  il  n'existe  jamais  au  niveau  des  orifices  auriculo-ventriculaires,  ainsi 
qu'à  l'origine  des  aortes  et  de  l'artère  pulmonaire,  qu'une  seule  rangée 
de  valvules,  et  il  en  est  de  même  chez  tous  les  autres  Amniotes. 


320 


CHAPITRE    HUITIEME 


Oiseaux  et  Mammifères. 

La  séparation  des  oreillettes  et  celle  des  ventricules  est  ici  toujours 
complète,  et  nulle  part  le  sang  artériel  ne  se  mélange  avec  le  sang 
veineux.  Les  ventricules  par  suite  de  leur  développement  considérable 
jouent  le  rôle  principal;  leur  musculature  est  excessivement  compacte 
et  volumineuse.  C'est  surtout  le  cas  pour  le  ventricule  gauche,  qui  porte 
sur  sa  face  interne  des  muscles  capillaires  et  qui  est  enveloppé  en 
quelque  sorte  dans  une  "moitié  de  sa  circonférence  par  le  ventricule  droit, 
dont  la   paroi  musculaire  est  beaucoup  plus  mince  (fîg.   271   B,    Vd, 


Fig.  271.  —  A,  cœur  de  Cygne,  dont  le  ventricule  droit  est  ouvert. 

Vw,  paroi  antérieure  du  ventricule  rejetée  en  haut,  de  sorte  que  la  valvule  auriculo-ventriculaire  qui 
s'attache  à  cette  paroi  par  deux  replis  musculaire ■<  (a  et  6)  se  trouve  être  tendue;  ■}-,  insertion  de  la 
valvule  sur  la  paroi  antérieure  du  ventricule;  c,  entrée  dans  l'orifice  auriculo-ventriculaire;  S,  cloison 
des  ventricules;  ***,  les  trois  valvules  semi -lunaires  de  l'artère  pulmonaire;  V,  ventricule  gauche. 

B,  coupe  transversale  du  ventricule  droit  {Vd)  et  du  ventricule  gauche(F^)  du  cœur  de  la  Grus  cinerea. 
S,  cloison  des  ventricules. 

De  même  que  chez  les  Mammifères,  l'oreillette  droite  reçoit  chez  les 
Oiseaux  le  sang  veineux  du  corps  par  les  veines  caves  supérieure  et 
inférieure,  ainsi  que  le  sang  veineux  des  parois  du  cœur  par  la  veine 
coronaire;  elle  est  séparée  du  ventricule  droit  par  une  valvule  bien 
développée.  Celle-ci  (fig.  271  A,  a,  h,  c,  -Y)  présente  du  reste  une 
configuration  que  l'on  ne  retrouve  plus  chez  les  Mammifères.  Chez  ces 
derniers  elle  est  remplacée  par  une  valvule  partagée  en  trois  languettes 
(valvule  tricuspide) ,  qui  est  fixée  par  des  cordes  tendineuses  à  la  paroi 
ventriculaire.  Par  contre,  ces  deux  groupes  d'animaux  se  ressemblent  en 
premier  lieu  par  la  présence  de  trois  valvules  sigmoïdes,  semi-lunaires 
à  l'origine  de  l'artère  pulmonaire  et  de  l'aorte  (fig.  271  A,  "*)  et 
secondement  par  la  conformation  de  la  valvule  bicuspide  ou  mitrale, 
située  entre  l'oreillette  et  le  ventricule  gauches,  et  composée  de  deux 
voiles  membraneux. 

Quant  aux  gros  troncs  vasculaires  qui  partent  du  cœur,  ceux  des 
Oiseaux    se   distinguent   de  ceux  des  Mammifères  en    ce  que  chez   les 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATION 


321 


premiers  c'est  Tare  artériel  (4^)  droit  qui  devient  la  crosse  de  l'aorte, 
chez  les  seconds  l'arc  artériel  gauche,  tandis  que  son  congénère  du  côté 
opposé  forme  quelquefois  Vartère  sous-clavière.  Dans  un  cas  comme 
dans  Vautre  il  ny  a  jamais  quune  seule  crosse  aortique. 

L'arc  vasculaire  postérieur  forme  chez  les  Oiseaux  et  chez  les  Mammi- 
fères, comme  on  l'a  vu  plus  haut,  le  système  de  l'artère  pulmonaire, 
tout  comme  chez  les  Amphi biens  et  les  Reptiles. 

Pour  plus  amples  détails,  en  particulier  en  ce  qui  concerne  le 
développement  du  cœur   des  Mammifères  et  à  la  communication  qui 


Fig^.  272.  —  Cinq  modes  d'origine  des  gros  troncs  artériels  sur  la  crosse  de  l'aorte. 
Ao,  crosse  de  l'aorte;    tb,  tronc  brachio-céphalique;  tbc,  tronc  brachio-céphalique  commun;  c,  carotides; 
Sj  artères  sous-clavières. 

existe  au  début  entre  les  deux  oreillettes  (trou  ovale  ou  trou  de  Botal), 
de  telle  sorte  que  le  sang  de  la  veine  se  déverse  dans  l'oreillette  gauche, 
je  renverrai  aux  Traités  d'embryologie. 

Le  mode  d'origine  des  carotides  et  des  sous-clavières  présente  chez 
\q^  Mammifères  de  très  grandes  variations,  qui  résultent  de  ce  que  ces 
vaisseaux  naissent  séparément  ou  se  confondent  à  des  degrés  divers  les 
uns  avec  les  autres.  C'est  ainsi  qu'il  existe,  suivant  les  groupes,  un  tronc 
brachio-céphalique  de  chaque  côté  (fig.  272  A)  ou  un  seul  tronc  brachio- 
céphalique  commun  (E),  ou  enfin  un  seul  tronc  carotidien  commun,  tandis 
que  les  sous-clavières  naissent  directement  de  la  crosse  aortique  de 
chaque  côté  (D),etc. 

Système   artériel. 

Nous  avons  déjà  dit,  à  plusieurs  reprises,  qu'il  existe  chez  tous  les 
Vertébrés  un  grand  vaisseau  situé  dans  l'axe  du  corps,  au-dessous  de 
la  colonne  vertébrale,  Y  aorte,  formée  par  la  réunion  des  vaisseaux 
branchiaux.  De  ces  derniers  proviennent  aussi  les  carotides  qui  se 
rendent  dans  la  tête  et  au  cou,  la  carotide  interne  qui  apporte  le  sang 
nécessaire  à  la  nutrition  de  l'encéphale,  c'est-à-dire  qui  se  rend  princi- 
palement dans  la  cavité  crânienne,  la  carotide  externe,  qui  se  distribue  à 
la  tête,  à  la  face,  à  la  langue  et  aux  muscles  masticateurs. 

La  sous-clavière,  qui  fournit  le  sang  au  membre  antérieur,  présente 
une  origine  très  variable,  tantôt  symétrique,  tantôt  asymétrique.  Elle 
provient  tantôt  encore  des  vaisseaux  branchiaux,  tantôt  des  crosses 
aortiques,  tantôt  seulement  du  tronc  de  l'aorte. 

En  pénétrant  dans  le  membre,  elle  devient  Vartère  axillaire,  et  plus 
loin,  dans  le  bras,  Vartère  humérale  ou  brachiaie .  Celle-ci  se  divise  enfin 

WlEDERSHEIM.  21 


322 


CHAl'lTRE    HUITIEME 


en   deux  branches   destinées  à  Tavant-bras,  Yartère  radiale  et  Vartère 


MA 


cubitale,  d'où  proviennent  à 
la  face  palmaire  de  la  main 
chez  les  Primates  les  arcades 
palmaires  profonde  et  superfi- 
cielle, ainsi  que  les  artères  des 
doigts. 

Uaorte,  qui  se  divise  en 
deux  parties,  Tune  antérieure 
ou  aorte  thoracique,  l'autre  pos- 
térieure ou  aorte  abdoîninale, 
fournit  les  artères  intercostales, 
lombaires  et  ititestinales,  qui  se 
distribuent  dans  les  parois  du 
tronc,  ainsi  que  dans  les  vis- 
cères thoraciques  et  abdomi- 
naux. Ces  dernières  se  divisent 
en  deux  groupes  principaux, 
l'un  pour  le  tube  intestinal  avec 
ses  annexes  glandulaires  {foie, 
pancréas)  et  la  rate,  l'autre  pour 
Yappareil  génito-urinaire .  Les 
branches  qui  les  constituent 
présentent  les  plus  grandes 
variations  sous  le  rapport  du 
nombre  et  du  volume.  C'est 
ainsi  que  tantôt  il  n'existe 
qu'une  seule  artère  cœliaco- 
mésentérique  (fig.  273,  Cm), 
tantôt  une  artère  cœliaque  sé- 
parée et  plusieurs  artères  mé- 
sentériques,  intestinales  etc.  11 
en  est  de  même  des  artères 
rénales  et  génitales. 

La  portion  terminale  de 
l'aorte  abdominale,  souvent  si- 

Fig.273.— Systems  artériel  delà.  Saîamandramaculosa.  tuéc   daUS   UU   Caual    fomié    par 

iîÀ,  racine  de  l'aorte  ;  Ao,  Ao,  aorte  ;  5c,   artère  sous-cla-  ]  nr-r>c    ^m-r-iâl  r'ciiv   iTifor'îonrc 

vière,  d'où  se  détache  l'artère  cutanée  (Cm);  cette   der-  ^GS  drOS    VeiieJJIdUX  lUltîlltJUl  &, 

nière  s'anastomose  en  arrière  avec  l'artère  épigastrique  pQpJe     Ic     liOUi    A\ir ter 6  Caudalc 

(2i;  ;  Ou,  artères  ovariennes  ;  Cjm,  artère  cœliaco-mesen-  i^^*  »"^     ^"^     i^w.        v^  ^ 

térique  ;  ^,  artère  hépatique  ;/,/,/, artères  intestinales  ({\<y     273     ^loC^'  SOU  dévcloppe- 

se  distribuant  dans  l'intestin  moyen  ;  il/,  Jlf,  artères  du  \&*  ''  .  '>!• 

rectum  ;  iî,  ie,  artères   rénales;   /fc,  artère  iliaque  pri-  IDeut   est  prOpOrtlOnué     à    Celui 

mitive  ;  Cr,  artère  crurale;  Hy,  artère   hypogastrique  ;  ,        ,  ^-v  1  il  •  4 

A,  A,  artères  allantoïdiennes  ;  Aoc,  aorte  caudale.  dC    Kl  qUeUe.   (^Uand  Celle-Cl   eSt 
P,  pharynx  et  œsophage  ;w,  estomac -.jj,  pancréas  ;  i, foie;  ->■  ,     •  ^  nVto.i   loc 

d,  d,  intestin  grêle  ou  intestin  moyen  ;  e,  e,  intestin  ter-  rUQimentaire,    COmmO    CQCZ   leS 

minai  ;  Bl,  vessie  urinaire  ;  Cl,  cloaque.  AnthrOpOideS  et  cheZ   VHomme, 

cette  artère  est  appelée  artère  sacrée  moyenne,  et  dans  ce  cas  les  artères 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATION  323 

iliaques,  qui  en  partent  dans  la  région  pelvienne,  paraissent  en  être  la 
continuation  (fig.  273,  Ile). 

Ces  deux  gros  vaisseaux  se  divisent  en  une  artère  iliaque  interne  ou 
hypogastrique  destinée  aux  viscères  du  bassin,  qui  provient  de  la 
portion  initiale  des  artères  allantoïdiennes  de  Tembryon,  et  en  une  artère 
iliaque  externe  ou  crurale  destinée  au  membre  postérieur  (fig.  273,  Ile, 
Hy,  Cr).  Cette  dernière  peut  aussi  être  remplacée  par  une  artère  ischia- 
tique,  qui  sort  du  bassin  sur  la  face  dorsale  (Oiseaux). 

Dans  le  membre  postérieur  l'artère  principale  qui  y  arrive  présente 
un  mode  de  distribution  semblable  en  général  à  ce  que  l'on  observe 
dans  le  membre  antérieur. 


Système  veineux  (l) 
Poissons. 

Chez  les  embryons  de  tous  les  Poissons  il  existe  une  veine,  au  début 
paire,  plus  tard  impaire,  qui  prend  naissance  dans  la  queue  où  elle  cons- 
titue la  veine  caudale,  se  bifurque  au  niveau  du  cloaque  qu'elle  entoure, 
puis  redevient  impaire  et  longe  la  face  ventrale  de  l'intestin  tout  entier. 
C'est  là  la  veine  sous-intestinale,  qui  a  également  des  rapports  avec  le  sac 
ombilical,  et  qui  vers  la  fin  de  la  période  fœtale  s'atrophie  partiellement 
ou  en  totalité  (2),  ou  dont  l'extrémité  proximale  se  transforme  en  veine 
hépatique  gauche.  La  veine  hépatique  droite  se  développe  séparément; 
mais  toutes  deux  présentent  en  général  en  avant  près  du  cœur  de  fortes 
dilatations  sinueuses. 

Lorsque  la  veine  sous-intestinale  est  déjà  en  voie  de  s'atrophier,  ap- 
paraît de  chaque  côté  de  l'aorte,  en  dedans  des  reins  primitifs,  un  second 
système  veineux,  celui  des  veines  cardinales.  Ces  veines  sont  appelées  à 
jouer  dans  toute  la  série  des  Vertébrés,  soit  pendant  la  période  fœtale 
seulement,  soit  pendant  toute  la  vie  (Anamniens)  un  rôle  bien  plus  im- 
portant que  la  veine  sous-intestinale,  qui  chez  les  Amniotes  ne  se  montre 
même  plus  dans  le  cours  du  développement  (3). 

Les  veines  cardinales  —  dans  ce  qui  va  suivre  nous  aurons  surtout  en 
vue  la  disposition  qu'elles  présentent  chez  les  Sélaciens  —  sont  en  gé- 
néral symétriques,  mais  il  n'est  pas  rare  que  la  symétrie  soit  altérée  ;  il 

(1)  Le  système  veineux  des  Anamniens  et  en  partie  aussi  celui  des  Amniotes  a  été  ré- 
cemment, de  la  part  de  F.  Hochstetter,  l'objet  de  recherches  approfondies,  qui  servent  de 
base  à  la  description  que  nous  en  donnons.  Nous  devons  également  à  cet  anatomiste 
d'importantes  notices  sur  les  veines  cardinales  et  sur  les  veines  veiHébrales  postérieures  des 
Amniotes. 

(2)  Chez  les  em/jryons  de  Téléostéens  la  veine  sous-intestinale  a  des  rapports  importants 
avec  le  sac  vitellin  auquel  elle  apporte  du  sang;  elle  disparaîtplus  tard.  Chez  les  Pétromyzontes 
elle  persiste  dans  toute  son  étendue  et  il  en  est  de  même  chez  VAmphioxus;  nous  trouvons 
donc  chez  ces  animaux  une  disposition  primitive.  Chez  les  Sélaciens  cette  veine  ne  persiste 
que  dans  la  valvule  spirale;  chez  les  Téléostéens  et  les  Ganoïdes  elle  disparaît  complètement. 

(3)  On  pourrait  la  comparer  cà  la  veine  vitello-intestinale. 


324 


CHAPITRE    HUITIEME 


Card.  (intXJug 


Fig.  274.  —  Schéma  du  système  veineux  des  Sélaciens. 
H,  cœ-ur  ;  Dnct.   Cmv.,  canal  de  Cuvier;  Card.  anl.  (Jwp),  veine  cardinale  antérieure  (jugulairej  ;  Sî(6c^, 
veine  sous-clavière  ;  Seit.    V.,  veine  latérale,  qui  naît  d'un  réseau  veineux  situé  dans  la  région  cloacale 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATION  325 

(Ven.  Cl.  B.),  d'une  ou  plusieurs  veines  cutanées  de  la  queue  (Cut.  V.),  des  veines  des  parois  du  corps 
et  des  veines  des  nageoires  abdominales  (^£'V)  ;  Caiid.  F.,  veine  caudale  qui  se  divise  en  deux  bran- 
dies (A,  A',)  à  l'extrémité  distale  des  reins.  Ces  deux  branches  donnent  naissance  aux  veines  afférentes 
(V.  adv.)  de  la  circulation  de  la  veine  porte  rénale  ;  V.  rev.,  veines  efférentes  qui  vont  former  les  veines 
cardinales  postérieures  gauche  et  droite  (CV)  ;  Card,  V.S.,  sinus  des  veines  cardinales.  Ces  deux  sinus 
communiquent  sur  la  ligne  médiane;  V.  port.,  veine  porte  hépatique  qui  reçoit  son  sang  en  partie  de 
l'intestin  terminal  (£'Z))  et  de  l'estomac  (Mg),  en  partie  de  l'œsophage  fOes.  V.).  Elle  communique 
dans  la  région  de  l'intestin  terminal  avec  une  branche  delà  veine  latérale.  Une  partie  du  sang  s'écoule 
en -j- dans  les  sinus  des  veines  cardinales.  Dans  ces  derniers  se  déversent  aussi  les  veines  génitales 
{Gen.  V.);  L.  V.S  ,  sinus  des  veines  hépatiques  ;  Leb,  foie. 

peut  même  se  faire  que  les  veines  cardinales  d'un  côté  manquent  com- 
plètement. Chez  les  Sélaciens  (fîg.  274),  avant  de  déboucher  dans  les 
canaux  de  Cuvier,  elles  présentent  des  dilatations  sinueuses,  semblables  à 
celles  des  veines,  hépatiques  (caractère  lacunaire). 

On  distingue,  dans  la  règle,  une  ixiire  antérieure  et  une  paire  posté- 
rieure  de  veines  cardinales.  Les  premières,  qui  sont  aussi  appelées  veines 
jugulaires,  ramènent  le  sang  de  la  tête  et  du  cou  ;  les  autres  prennent 
leur  origine  dans  la  région  des  reins  primitifs  et  des  organes  sexuels, 
où  arrive  le  sang  de  la  région  caudale  et  de  la  portion  postérieure  de 
l'intestin  terminal  et  où  elles  peuvent  former  un  système  porte  (disposi- 
tion primitive),  de  sorte  qu'on  peut  distinguer  dans  ce  système  de  la 
veine  porte  rénale  des  veiîies  afférentes  et  des  veines  efféi^entes  (fig.  274)  (1). 

Les  veines  cardinales  antérieures  et  postérieures  débouchent  à  droite 
et  à  gauche  du  cœur  dans  un  vaisseau  transversal,  le  canal  de  Cuvier, 
qui  aboutit  au  sinus  veineux,  et  dans  lequel  se  déverse  la  veine  du 
membre  antérieur  (fîg.  274). 

Le  sang  du  tube  intestinal  est  amené  par  le  système  de  la  veine  porte 
en  grande  partie  dans  le  foie  où  il  traverse  également  un  réseau  de  ca- 
pillaires et  d'où  il  sort  par  des  veines  efîérentes  {veines  sus-hépatiques)  ; 
il  y  a  là  une  disposition  semblable  à  celle  que  nous  avons  déjà  décrite 
pour  le  système  de  la  veine  porte  rénale.  Le  développement  de  la  veine 
porte  hépatique  sera  étudié  plus  loin. 

Outre  les  gros  tronc  veineux  dont  nous  venons  de  parler,  il  existe 
encore  chez  les  Sélaciens  les  deux  veines  latérales,  qui  reçoivent  le  sang 
d'un  réseau  veineux  situé  dans  le  cloaque,  le  sang  des  veines  des  mem- 
bres postérieurs,  d'une  ou  de  plusieurs  veines  cutanées  de  la  queue  ainsi 
que  des  parois  du  corps.  Elles  débouchent  aussi  dans  le  sinus  veineux. 

Ces  veines  latérales  ofîrent  un  intérêt  particulier,  parce  qu'elles  ont 
leurs  analogues  dans  la  veine  abdominale  des  Amphibiens  et  dans  la  veine 
ombilicale  des  Amniotes. 

Amphibiens. 

Les  A^nphibiens,  à  une  certaine  phase  du  développement  de  leur  sys- 
tème veineux,  présentent  encore  de  nombreuses  ressemblances  avec  les 
embryons  des  Sélaciens.  Plus  tard  se  montrent  certaines  différences, 
dont  la  principale  consiste  dans  l'apparition  d'une   nouvelle   veine,  la 

VEINE   cave    inférieure. 

(1)  La  circulation  de  la  veine  porte  rénale  peut  subir  les  modifications  les  plus  diverses. 


326  CHAPITRE    HUITIÈME 

Elle  prend  naissance  en  arrière  dans  la  région  des  reins  primitifs  et 


Card.  uni.  {Juif) 


Sithcl- 


Cnril.'post. 

\Axyffos) 


Y.  Cavahif- 
ji'tvs  aider. 


Tilû 


mer.Tft.Kn 


Fig.  275.  —  Schéma  du  système  veineux  de  la  Salamandra  maculosa. 
Caud.  y.,  veine  caudale,  qui  se  divise  auniveau  de  l'extrémité  postérieure  des  reins  (iV,  N);  'F.  ad».,  veines 
afférentes,  et  V.  rev.,  veines  efférentes  de  la  circulation  de  la  veine  porte  rénale  (Nier.  Pft.  Kr.)\ 
V.  iliaca,  veine  iliaque  qui  se  divise  en  une  branche  postérieure  (•{-)  et  une  branche  antérieure  ("f-f);  la 
première  se  rend  dans  le  rein,  la  seconde  se  réunit  à  sa  congénère  pour  former  la  veine  abdominale 
{Abd.  V.),  mais  avant  elle  reçoit  des  branches  (*)  qui  viennent  du  cloaque,  de  la  vessie  et  de  la  partie 
postérieure  de  l'intestin  terminal  ;  V.  cava  inf.  pars,  post,  partie  postéiieure  et  V.  cava  inf.  pars  an- 
ter.,  partie  antérieure  de  la  veine  cave  postérieure  ;  Card.  ant.  (Jug),  veine  cardinale  antérieure  on 
veine  jugulaire;  Card.  2^0st.  (Azyg.),  veine  cardinale  postérieure  ou  veine  azygos  ;  Subcl,  sous-cla- 
vières  ;  Uucl.  Cuv.,  canal  de  Cuvier  ;  H,  cœur  ;  D,  D,  intestin  sur  lequel  prend  naissance  la  veine  porte 
(V.porl.);  Lg.  F,  veine  longitudinale  de  l'intestin  ;  Lu/'i.  Kr.,  circulation  de  la  veine  porte  hépa- 
tique ;  L.V.,  veines  sus-hépatiques. 


ORGANES    DK    LA    CIRCULATION  327 

résulte  delà  fusion  des  parties  correspondantes  des  veines  cardinales. 
En  avant  elle  constitue  une  formation  entièrement  distincte.  Chez  les 
Urodèles  et  parmi  nos  Anoures  chez  le  Bombinator,  les  portions  des  veines 
cardinales  situées  dans  cette  région  du  tronc  ne  disparaissent  pas:  elles 
persistent  et  forment,  à  droite  et  à  gauche  de  l'aorte,  la  veine  azygos  droite 
et  la  VEINE  azygos  gauche.  Ces  veines,  qui  peuvent  aussi  se  fusionner  en  un 
seul  tronc  commun  {Triton).,  ramènent  le  sang  de  la  paroi  du  corps,  du 
canal  rachidien  et  en  partie  aussi  des  oviductes.  Elles  se  dirigent  en 
avant,  c'est-à-dire  vers  la  tête  et  viennent  déboucher  dans  les  veines  du 
membre  antérieur  (veines  sous-clavières).  Leur  volume  est  toujours  très 
supérieur  à  celui  de  la  veine  cave  inférieure,  qui  est  destinée  à  jouer  un 
rôle  de  plus  en  plus  considérable.  Lorsque,  comme  cela  arrive  réelle- 
ment dans  quelques  cas  exceptionnels,  cette  portion  antérieure  de  la 
veine  cave  postérieure  ne  se  développe  pas,  elles  peuvent  prendre  un 
plus  grand  accroissement  et  la  remplacer. 

La  veine  cave  inférieure  ou  postérieure  des  Amphibiens  reçoit  le  sang 
des  reins,  du  corps  adipeux  et  des  organes  génitaux,  et  remplit  par  con- 
séquent le  rôle  physiologique  des  veines  cardinales  postérieures  des 
Poissons,  qui  tirent  leur  origine  des  veines  efîérentes  du  rein.  Il  existe 
aussi  de  nombreuses  ressemblances  entre  les  Amphibiens  et  les  Poissons 
dans  la  disposition  de  la  circulation  rénale,  c'est-à-dire  dans  la  disposi- 
tion des  veines  afférentes,  de  \di  veine  caudale  et  aussi  des  veines  iliaques. 
Il  existe  par  conséquent  aussi  chez  les  Amphib/ois  une  circulation  de  la 
veine  porte  rénale. 

Enfin  il  faut  encore  mentionner  la  veine  abdominale  qui  recueille  le 
sang  du  cloaque,  de  la  vessie,  de  V extrémité  de  rintestin  terminal  ei  aussi 
des  parois  ventrales  du  corps.  Son  ébauche  est  paire  (comp.  les  Poissons); 
elle  est  située  dans  la  paroi  abdominale,  au-dessous  du  péritoine  et  se 
dirige  en  avant  pour  venir  déboucher  sur  la  face  concave  (dorsale)  du 
foie  dans  la  veine  porte  (après  s'être  réunie  chez  les  Urodèles  avec  une 
veine  longitudinale  de  l'intestin,  représentant  le  reste  de  la  veine  om- 
phalo-mésejitérique ,  qui  correspond  peut-être  au  reste  de  la  veine  sous- 
intestinale  des  Poissons). 

Pour  le  reste,  notamment  en  ce  qui  concerne  les  courants  veineux 
qui  viennent  de  la  tête  et  du  cou,  ainsi  que  le  système  de  la  veine  porte 
de  l'intestin  ou  du  foie,  les  Amphibiens  ne  présentent  aucune  difïérence 
notable  avec  les  Poissons  (comp.  les  fig.  274  et  275). 

Amniotes. 

Chez  les  Amniotes  les  premières  veines  du  corps  qui  se  développent 
sont  les  veines  cardinales  cmtérieures,  puis  immédiatement  après  les  veines 
cardi7iales  postérieures.  Comme  chez  les  Anamniens  elles  se  réunissent 
pendant  la  période  fœtale  au  niveau  du  cœur  dans  les  canaux  de  Cuvier 
primitivement  transversaux  (voy.  fig.  274,  275). 

Les  veines  cardinales  p)ostérieures  prennent  rapidement  un  grand  ac- 


328  CHAPITRE    HUITIÈME 

croissement;  elles  sont  situées,  comme  partout,  sur  les  côtés  de  l'aorte 
et  reçoivent  leur  sang  principalement  des  reins  primitifs.  Plus  tard  le 

Cardant  (Jug) 
Siibcï 


A%i/g.cl.--—i  6-y-  p^ 


W.  V-fort. 


Fig.  27G.  —  Schéma  du  système  veineux  des  Mammifères  et  principalement  de  VHomme. 
fl,  cœur  ;  Af,  estomac  ;  iVfï,  rate;  iV,  rein  ;  J),  intestin  ;  Gard.  ant.  (Jug),  veine  cardinale  antérieure  (ju- 
gulaire); .S'ttbci,  sous-clavière  qui  de  chaque  côté  se  jette  avec  la  jugulaire  dans  les  troncs  branchio- 
céphaliques  droit  et  gauche  (F.  an.  d.  et  s.)\  C.  s.  d.,  veine  cave  supérieure  droite  qui  reçoit  la 
veine  azygos  droite  (Asy^i.  d.);  C.  s.  s.,  veine  cave  supérieure  gauche  en  voie  d'atrophie  ;  sa  portion 
terminale  persiste  seule  et  devient  la  veine  coronaire  (V.  cor.);  Azyg.  s.,  portion  de  la  veine  azygos 
gauche  qui  est  en  voie  de  s'atrophier  ;  HA,  veine  hémi-azygos  ;  C.  i,  \  eine  cave  inférieure  ;  Jl.  c,  veine 
iliaque  primitive  ;  Jl,  i.,  iliaque  interne  ;  Jl.  e. ,  iliaque  externe  ;  -[-,  intestin  terminal,  avec  lequel  le  sys- 
tème de  la  veine  porte  et  le  système  de  la  veine  cave  sont  en  rapport;**,  veines  lombaires  qui  éta- 
blissent la  communication  entre  le  système  de  la  veine  cave  et  un  vaisseau  longitudinal  qui  ne  se  déve- 
loppe que  secondairement,  la  veine  lombaire  ascendante  (l.  «.);  cette  dernière  rappell  ■  la  veine  ver- 
tébrale postérieure  des  Reptiles  ;  latéralement  est  située  la  veine  cave  postérieure  en  train  de  dispa- 
raître (6'ard.  post.)  \  W.  V.  port.,  origine  de  la  veine  porte  (V.  port);  Pfkr,,  circulation  de  la  veine 
porte  dans  le  foie  ;  V.  h.,  veine  sus-hépatique. 

sang  du  tronc  s'y  déverse  de  plus  en  plus,  et  lorsque  les  membres  se  dé- 
veloppent, elles  sont  encore  renforcées   par  les  branches  que   ceux-ci 


ORGANES    DE    LA    CIUCULATION  329 

leur  envoient.  Au  membre  postérieur,  c'est  d'abord  ]ai  veine  hypogastrique 
qui  vient  y  déboucher,  plus  tard  la  veine  iliaque  (1). 

Pendant  ce  temps  la  partie  des  veines  cardinales  'postérieures  située 
en  avant  des  reins  primitifs  s'est  atrophiée,  tandis  que  la  veine  cave  infé- 
rieure s'est  développée  d'avant  en  arrière  aux  dépens  des  veines  omphalo- 
mésentériques  qui  se  sont  réunies  en  un  tronc  commun  dans  la  région 
hépatique  (voy.  la  circulation  de  la  veine  porte  hépatique).  Celle-ci  prend 
un  accroissement  de  plus  en  plus  considérable  en  arrière,  et  finit  par 
arriveren  contact  avec  les  reins  primitifs  dont  elle  recueille  le  sang  veineux 
qu'elle  conduit  au  cœur.  Dans  les  reins  se  forme  un  réseau  veineux,  qui 
permet  au  sang  des  veines  cardinales  postérieures  de  s'écouler  dans  la 
veine  cave  inféiHeure ;  bref  il  se  développe  transitoirement  chez  les  Am- 
niotes  (au  moins  chez  les  Oiseaux)  un  systêtne  de  la  veine  porte  rénale. 
Quand  les  reins  définitifs  apparaissent,  celui-ci  s'atrophie  et  le  sang  du 
bassin  et  des  membres  postérieurs  passe  par  la  veine  hypogastrique  et 
la  veine  crurale  dans  la  veine  iliaque  primitive,  qui  débouche  des  deux 
côtés  dans  IsLveine  cave  inférieure. 

Par  suite  de  la  disparition  des  reins  primitifs,  les  veines  cardinales 
se  détruisent  dans  une  certaine  étendue.  Mais,  de  même  que  leur  partie 
postérieure,  qui  est  venue  se  réunir  à  la  veine  cave  itiférieure,  persiste  et 
forme  la  veine  hypogastrique  et  la  veine  crurale  ou  la  veine  iliaque,  de 
même  leur  partie  antérieure  située,  en  avant  des  reins,  persiste  égale- 
ment. Elle  n'existe  d'ailleurs  que  chez  les  Mammifères;  on  ne  la  trouve 
pas  chez  les  Sauropsidés,  où  elle  s'est  atrophiée  (2).  Chez  eux  elle  est 
remplacée  par  de  nouvelles  veines,  les  veines  vertébrales  postérieures,!?/ 
ce  sont  celles-ci  qui  ramènent  au  cœur  le  sang  des  parois  du  tronc  et  du 
canal  rachidien. 

Les  veines  vertébrales  postérieures,  qui  au  point  de  vue  morphologique  ont  une 
importance  secondaire,  présentent  dans  leur  mode  d'apparition,  leur  situation  et  leur 
disposition  dans  les  différentes  formes  les  plus  grandes  variations,  qui  s'expliquent 
parce  qu'elles  ne  se  développent  que  secondairement.  La  cause  prochaine  de  leur 
développement  est  l'atrophie  des  reins  primitifs  et  l'atrophie  correspondante  de  la 
partie  antérieure  des  veines  cardinales  postérieures,  de  sorte  que  le  sang  veineux  non 
seulement  des  reins  primitifs,  mais  aussi  du  tronc  et  de  la  colonne  vertébrale  éprouve 
de  grands  obstacles  pour  s'écouler  dans  les  veines  cardinales.  Il  en  résulte  qu'il  se 
forme  de  nouveaux  canaux  de  différentes  sortes  pour  conduire  le  sang  veineux  au 
cœur.  Chez  la  Grenouille,  par  exemple  (et  il  en  est  de  même,  soit  dit  en  passant,  chez 
la  plupart  des  Amniotes),  les  veines  se  dilatent  dans  l'intérieur  du  canal  rachidien  et 
amènent  le  sang  soit  en  arrière  dans  les  veines  rénales  efférentes  par  l'intermédiaire 
des  veines  lombaires,  soit  dans  les  sous-clavières  par  l'intermédiaire  des  veines  inter- 
costales antérieures.  Il  ne  se  développe  pas  par  conséquent  ici  de  veines  vertébrales 
postérieures.  Dans  d'autres  cas,  outre  ces  dilatations  des  veines  du  canal  rachidien,  on 

(1)  A  cette  époque  non  seulement  les  veines  du  membre  postérieur,  mais  aussi  celles  du 
membre  antérieur  (veines  sous-clavières)  se  déversent  dans  les  veines  cardinales  posté- 
rieures, au  moins  chez  le  Poulet  (Hochstetter). 

(2)  Le  degré  d'atrophie  de  celte  portion  antérieure  des  veines  caves  postérieures  est 
d'ailleurs  très  variable  chez  les  différents  Sauropsidés. 


330  CHAPITRE    HUITIÈME 

voit  encore  apparaître  des  anatomoses  longitudinales  entre  les  veines  intercostales, 
dont  l'ensemble  représente  alors  des  deux  côtés  de  la  colonne  vertébrale  (soit  au-des- 
sous de  l'origine  des  côtes  [Lacerta],  soit  au-dessus  [Tesludo]),  les  veines  vertébrales 
postérieures. 

Dans  certains  cas  il  existe  aussi  des  communications  entre  les  veines  intercostales 
[Serpenls]  ou  les  veines  vertébrales  postérieures  d'une  part  et  le  système  de  la  veine 
porte  d'autre  part. 

Si  l'on  peut  avec  raison  appeler  ces  veines,  chez  les  Reptiles  et  les  Oiseaux,  veines 
vertébrales,  on  ne  peut  appliquer  le  même  nom  aux  veines  azygos  et  demi-azygos  des 
Mammifères.  Ces  veines,  dans  la  portion  de  leur  trajet  située  le  long  de  la  face  anté- 
rieure des  vertèbres  dorsales  près  de  l'aorte,  ainsi  que  dans  leur  terminaison  dans  les 
veines  caves  supérieures,  sont,  comme  on  l'a  vu,  les  restes  des  veines  cardinales 
postérieures.  Les  atrophies  qui  se  manifestent  aussi  dans  ces  dernières  sont  en  grande 
partie  dues  à  l'atrophie  de  la  veine  cave  supérieure  gauche.  Il  en  résulte  que  le  sang 
veineux  de  certaines  veines  intercostales  passe  dans  des  anastomoses  longitudinales 
semblables  à  celles  qui  existent  chez  les  Reptiles.  Mais  celles-ci  ne  sont  plus  situées  à 
côté  de  l'aorte;  elles  sont  placées  sur  la  face  latérale  du  corps  des  vertèbres,  au-des- 
sous de  la  tète  des  côtes,  et  se  distinguent  par  leur  situation  des  vaisseaux  qui  provien- 
nent des  veines  cardinales.  En  outre  il  y  a  des  formations  anastomotiques  (ordinai- 
rement une  seule)  entre  les  restes  des  veines  cardinales  des  deux  côtés,  et  il  vient  s'y 
ajouter  une  chaîne  d'anastomoses  longitudinales  (variable  dans  les  différentes  formes), 
désignée  chez  l'Homme  sous  le  nom  de  veine  lom^baire  ascendante,  qui  réunit  de 
chaque  côté  les  veines  lombaires  et  qui  est  située  sur  la  face  inférieure  des  apophyses 
latérales  des  vertèbres  sacrées,  à  côté  du  corps  des  vertèbres.  Cette  veine  paire, 
considérée  par  plusieurs  auteurs  comme  le  reste  des  veines  cardinales,  n'a  qu'une 
importance  tout  à  fait  secondaire.  Son  apparition  est  manifestement  due  à  des  causes 
mécaniques  semblables  à  celles  qui  ont  déterminé  la  formation  des  veines  verté- 
brales postérieures  chez  les  Reptiles. 

Les  VEINES  CAVES  SUPÉRIEURES  86  développent  essentiellement  aux  dépens 
des  canaux  de  Cuvier.  Ceux-ci,  qui  prennent  graduellement  une  direction 
oblique  en  arrière,  reçoivent,  par  suite  de  la  croissance  de  la  tête,  du 
cou  et  des  membres  antérieurs,  une  quantité  de  plus  en  plus  grande  de 
sang  par  la  veine  jugulaire  et  la  sous-clavière ,  tandis  que  le  débit  des 
veines  cardinales  postérieures,  dont  le  rôle  se  trouve  en  partie  rempli 
par  la  veine  cave  inférieure,  est  par  contre  considérablement  diminué. 

Chez  les  Reptiles,  les  Oiseaux  et  heaucouj)  de  Mammifères,  les  deux 
veines  caves  supérieures  persistent  pendant  toute  la  vie;  mais  chez  certains 
Mammifères  et  chez  l'Homme  la  veine  cave  supérieure  gauche  subit  une 
atrophie  partielle.  Une  anastomose  transversale  s'établit  à  un  moment 
entre  cette  dernière  et  la  veine  cave  supérieure  droite,  de  sorte  que 
celle-ci  augmente  d'importance,  tandis  que  la  veine  gauche  se  détruit 
graduellement.  Finalement  il  ne  reste  plus  de  la  veine  cave  supérieure 
gauche  que  sa  portion  terminale  située  dans  le  sillon  coronaire  du 
cœur.  Cette  portion  recueille  le  sang  veineux  des  parois  du  cœur  et 
constitue  la  veine  coronaire  (fîg.  276).  Cette  atrophie  entraîne,  comme 
on  l'a  vu  plus  haut,  l'atrophie  de  la  portion  antérieure  de  l'azygos  gauche, 
dont  le  sang  se  déverse  dès  lors  par  une  anastomose  transversale,  qui 
s'est  développée  secondairement,  dans  l'azygos  droite.  La  gauche  dès  ce 
moment  porte  le  nom  de  veine  demi-azygos  (fîg.  276). 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATION 


331 


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332  CHAPITRE    HUITIÈME 

Pour  terminer,  encore  un  mot  sur  la  circulation  de  la  veine  porte 
HÉPATIQUE,  dont  il  a  déjà  été  question  à  plusieurs  reprises. 

Les  premières  veines  qui  se  développent  chez  tous  les  Amniotes  sont 
les  VEINES  viTELLiNES  OU  OMPHALo-MÉSENTÉRiQUES.  Ellos  recueillent  le  sang-  de 
Taire  vasculaire  et  le  déversent  dans  deux  gros  troncs  principaux  qui  se 
dirigent  vers  la  tête,  de  chaque  côté  de  la  gouttière  intestinale.  En 
arrière  du  cœur,  au-dessous  de  l'intestin,  ceux-ci  se  fusionnent  pour 
donner  naissance  au  sinus  veineux.  Le  foie  en  se  développant  entoure 
le  tronc  commun  des  veines  vitellines,  qui  envoie  des  hranches  dans  le 
tissu  hépatique  [veines  afférentes),  et  qui  en  reçoit  des  veines  efférentes, 
d'oii  dérivent  plus  tard  les  veines  sus-hépatiques  droite  et  gauche.  En  même 
temps  la  portion  de  ce  tronc  situé  dans  Tintérieur  du  foie  s'atrophie  et 
finalement  disparaît  entièrement,  de  sorte  que  dès  lors  tout  le  sang  des 
veines  omphalo-mésentériques  passe  par  les  veines  afférentes,  par  les  capil- 
laires du  foie  et  par  les  veines  efférentes.  Il  en  est  de  même  de  la  veine 
mésentérique,  qui  s'est  développée  sur  ces  entrefaites  dans  la  région  intes- 
tinale et  qui  constitue  l'origine  proprement  dite  de  la  veine  porte.  Sa 
portion  terminale  s'abouche  avec  le  tronc  commun  des  deux  veines 
vitellines  avant  qu'il  ne  s'enfonce  dans  le  foie,  et  le  vaisseau  volu- 
mineux qui  résulte  de  leur   réunion   forme  le  tronc   de  la  veine   porte. 

La  portion  des  veines  omphalo-mésentériques  située  en  dehors  du  foie 
disparaît  graduellement  avec  le  sac  ombilical,  et  le  système  tout  entier 
des  veines  afférentes  n'est  plus  alimenté  alors  que  par  la  veine  porte 
dont  l'importance  s'accroît  graduellement  à  mesure  que  l'intestin  se 
développe. 

Aux  gros  vaisseaux  veineux  que  nous  venons  d'énumérer  s'en  ajoute 
encore  un  autre  volumineux,  la  veine  ombilicale  ou  allantoïdienne,  primi- 
tivement paire  comme  les  veines  vitellines  chez  tous  les  Amniotes.  Les 
deux  veines  ombilicales  se  développent  dans  Yébauche  de  l" allantoïde , 
mais  au  début  elles  ne  remplissent  presque  exclusivement  que  le  rôle  de 
veines  de  la  paroi  ventrale.  Plus  tard,  à  mesure  que  l'allantoïdc  s'accroît, 
elles  affectent  des  rapports  de  plus  en  plus  importants  avec  elle,  ainsi 
que  dans  certains  cas  avec  les  villosités  choriales  et  \e  jjlace^ita .  En  d'autres 
termes,  les  veines  ombilicales  (ou  une  seule)  forment  chez  les  Mammifères 
qui  présentent  un  placenta  maternel  et  fœtal  les  voies  efférentes  qui  con- 
duisent au  fœtus  le  sang  artérialisé  dans  l'organisme  maternel.  Le 
même  rôle  physiologique  est  dévolu  à  la  circulation  artérielle  chez  les 
Sauropsidés,  où  le  sang  vient  s'oxygéner  au  contact  de  l'air  qui  a 
traversé  les  pores  do  la  coquille.  Chez  eux  le  réseau  vasculaire  de  V al- 
lantoïde est  en  rapport  immédiat  avec  la  face  interne  de  la  coquille. 

Au  début  les  deux  veines  ombilicales  s'ouvrent  directement  dans  le 
sinus  veineux  diVL  point  oii  viennent  se  déverser  les  canaux  de  Cuvier,  mais 
plus  tard  la  veine  ombilicale  droite  s'atrophie,  tandis  que  la  gauche 
s'abouche  avec  le  réseau  vasculaire  du  foie. 

11  en  résulte  que  le  sang  qu'elle  charrie  est  forcé  de  traverser  le  foie 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATION  333 

avant  d'arriver  au  cœur.  Ce  n'est  que  très  graauellement  que  se 
développe  une  communication  directe  entre  la  veine  ombilicale  gauche, 
la  seule  qui  subsiste  maintenant,  et  le  reste  du  tronc  commun  des  veines 
vitellines,  dans  lequel  se  déversent  les  veines  efférentes.  Cette  commu- 
nication directe  est  le  canal  veineux  d'ARANTius  ;  il  débouche  dans  le  tronc 
des  veines  vitellines  précisément  au  point  à  partir  duquel  a  eu  lieu 
depuis  longtemps  déjà  le  développement  de  la  veine  cave  inférieure. 
Quand  ces  phénomènes  évolutifs  sont  terminés,  la  veine  cave  inférieure 
se  trouve  être  le  vaisseau  principal  dans  lequel  se  déversent  les  veines 
sus-hépatiques  gauche  et  droite  formées  par  le  système  des  veines 
efférentes,  tandis  que  le  canal  veineux  d'Arantius  dégénère  quand  la 
circulation  allantoïdienne  {ou  placentaire)  cesse,  et  se  transforme  en  un 
cordon  fibreux. 


Relations  entre  la  mère  et  le  fœtus 
dans  l'ensemble  de  la  série  des  Vertébrés. 

C'est  à  la  suite  des  organes  de  la  circulation  qu'il  convient  d'exposer 
les  rapports  intimes  qui  s'établissent  entre  la  mère  et  l'embryon.  Dans 
ce  qui  va  suivre  nous  ne  limiterons  pas  cette  étude  intéressante  aux 
seuls  Mammifères  placentaires,  mais  nous  retendrons  à  l'ensemble  des 
Vertébrés. 

1 

Anamniens. 

Sélaciens. 

Chez  certains  Squales  vivipares  {Mustelus  laevis  et  Carcharias)  des 
plis  saillants  de  la  vésicule  ombilicale  pénètrent  dans  des  dépressions 
correspondantes  de  la  muqueuse  de  l'oviducte  (utérus).  Chez  les  uns 
comme  chez  les  autres  la  vésicule  ombilicale  est  très  vasculaire;  les 
nombreux  vaisseaux  forment  des  lacis  étroits  qui  s'enfoncent  dans  la 
muqueuse  utérine,  de  telle  sorte  qu'il  paraît  y  avoir  ici  des  cotylédons 
semblables  à  ceux  des  Mammifères.  11  est  manifeste  que  nous  voyons 
ici,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi,  une  première  tentative  timide  du 
jeune  animal  pour  devenir  l'hôte  de  sa  mère. 

Téléostéens. 

Chez  le  Zoarces  viviparus  l'ovaire  présente  dans  son  intérieur, 
pendant  la  grossesse,  des  villosités  excessivement  vasculaires  produites 
par  les  follicules  qui  se  sont  rompus  {co?'ps  jaunes).  Elles  sécrètent  et 
déversent  dans  la  cavité  de  1  ovaire  un  liquide  séreux,  trouble,  renfer- 


334  CHAPITRE    HUITIÈME 

mant  un  grand  nombre  de  globules  sanguins  et  de  cellules  lymphatiques, 
qui  baigne  les  embryons  rassemblés  en  grosses  masses.  Ces  derniers 
effectuent  des  mouvements  de  déglutition  et  le  liquide  pénètre  de  la  sorte 
dans  rintestin  dont  la  portion  terminale,  très  vasculaire,  digère  les 
globules  sang'uins,  qui  ont  probablement  servi  préalablement  à  la 
respiration  g-ràce  à  l'oxygène  dont  ils  sont  chargés.  Le  sérum  est  absorbé 
par  l'intestin  moyen  (Stuhlmann).  On  ne  sait  encore  rien  de  certain  sur 
les  excrétions  (produit  de  métamorphose  régressive)  des  embryons  de  ces 
Poissons. 

L'œuf  des  Cyprinodonles  et  des  Embiotocides  se  développe  dans  l'intérieur  du 
follicule  qui  est  très  vasculaire;  les  éléments  nutritifs  nécessaires  à  son  développe- 
ment lui  sont  fournis  par  le  sang  par  simple  endosmose  [[].  Dans  un  genre  voisin 
du  genre  Zoarces,  chez  les  Clinus,  il  est  très  probable  que  la  nutrition  des  embryons 
a  lieu  de  la  même  façon  dans  les  follicules,  et  il  est  certain  que  le  nombre  des  espèces 
vivipai'es  dans  le  groupe  des  Blenniides  doit  être  considérable. 

Enfin  nous  mentionnerons  encore  ÏAnableps,  également  vivipare,  dont  la  vésicule 
ombilicale  très  vasculaire  présente  des  villosités,  qui  servent  à  absorber  le  liquide  nu- 
tritif sécrété  par  les  parois  dilatées  des  loges  de  l'ovaire. 

Amphibiens, 

Chez  la  Salamandra  atra  et  la  Salatnandra  maculosa,  ainsi  que  chez 
les  Gymnophiones,  les  grosses  branchies  sont  intimement  appliquées 
contre  la  paroi  de  l'oviducte  et  probablement  non  seulement  elles  pré- 
sident à  la  respiration,  mais  encore  elles  établissent  des  relations 
nutritives  entre  la  mère  et  l'embryon,  sans  quoi  la  grosseur  considérable 
des  jeunes  serait  inexplicable. 

Il  faut  aussi  en  rapprocher  les  Nototrema  [Notodelphys),  dont  les 
grands  sacs  branchiaux,  en  forme  de  cloche,  entourent  comme  un  man- 
teau les  embryons  contenus  dans  la  poche  dorsale  de  la  femelle  et  sont 
en  même  temps  en  contact  direct  avec  la  peau  de  la  mère  (voy.  les 
Organes  respiratoires). 

Le  Pipa  dorsigera  et  le  Rhinoderma  Dariuini  présentent  probablement  des  dis- 
positions semblables. 

Enfin  il  faut  encore  mentionner  les  rapports  de  nutrition  que  le  corps  adipeux 
(voy.  les  organes  génitaux)  affecte  chez  les  Amphibiens  et  probablement  chez  les 
Dipnoïques  et  chez  de  nombreux  Reptiles  avec  la  glande  sexuelle.  Ici  aussi  les  leu- 
cocytes joneni  un  grand  rôle,  qui  rappelle  celui  qu'ils  remplissent  d'après  Miescher 
chez  le  Sauynon,  et  d'après  W.  N.  Parker  chez  le  Pvoloplerus. 

On  rencontre  ainsi  chez  les  Poissons  et  les  Amphibiens,  dont  les  œufs 
ne  présentent,  sauf  la  vésicule  ombilicale,  aucune  annexe  embryonnaire, 
c'est-à-dire  ni  enveloppe  séreuse  [chorion)  ni  amnios,  les  dispositions  les 
plus  diverses  destinées  à  les  remplacer,  sans  que  cependant  il  y  ait 
aucune  homologie.  Tantôt  c'est  par  la  muqueuse  très  vasculaire  de 
l'oviducte,  ou  par  la  face  interne  de  la  paroi  ovarienne,  tantôt  par  des 

(1)  Le  fait  rapporté  par  Day  que  les  mâles  d'une  grosse  espèce  de  Siluride  appartenant 
au  genre  AiHus  portent  les  œufs  dans  la  cavité  buccale,  mérite  confirmation. 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATION  335 

espaces  lymphatiques  sous-cutanés  que  s'établissent  entre  la  mère  et 
l'embryon  les  relations  destinées  à  assurer  la  nutrition  de  celui-ci.  Mais 
nulle  part,  dans  toute  la  série  des  Anamniens,  il  n'existe  des  rapports 
aussi  intimes  entre  le  système  vasculaire  maternel  et  le  système 
vasculaire  du  fœtus  que  chez  les  Amniotes.  Chez  ceux-ci  nous  voyons, 
surtout  dans  les  formes  supérieures,  YaUantoïde  prendre  une  importance  de 
plus  en  plus  considérable.  Son  réseau  vasculaire  non  seulement  sert  ici 
à  la  respiration,  mais  forme  les  canaux  sanguins  de  ces  organes,  aux- 
quels on  donne  les  noms  de  cotylédons  et  de  placenta 


II 

Amniotes. 

Reptiles  et  Oiseaux. 

Chez  les  Sauriens  [Trachijdosaurus  et  Cyclodus),  il  existe  des  relations 
nutrives  entre  la  muqueuse  de  l'oviducte  et  l'enveloppe  séreuse  qui 
enveloppe  étroitement  le  sac  ombilical.  Chez  les  Oiseaux  on  ne  sait  rien 
de  certain  à  cet  égard. 

L' alla7iloïde  des  Saur opsidés  présenie  des  appendices  villeux;  mais,  comme  ceux-ci 
ne  servent  qu'à  la  résorption  de  l'albumine,  à  proprement  parler  ils  ne  rentrent  pas 
dans  la  même  catégorie. 

Il  est  hors  de  doute  que  de  nouvelles  recherches  sur  les  Sauropsidés  et  surtout 
sur  les  Reptiles  nous  feront  encore  connaître  bien  des  faits  intéressants. 

Mammifères. 

Le  fait  qu'il  se  développe  encore  chez  les  Mammifères  un  sac  vitellin, 
quelque  petit  qu'il  soit  d'ailleurs,  ainsi  qu'une  circulation  vitelline, 
prouve  que  ces  animaux  dérivent  d'ancêtres  qui  ont  dû  jadis  posséder, 
comme  les  Sauropsidés,  de  gros  œufs  riches  en  vitellus  et  être  ovipares 
comme  les  Monotrèmes  actuels  (1).  Ce  n'est  que  très  graduellement,  après 
que  leur  vitellus  eût  disparu,  que  les  œufs  des  Mammifères,  par  suite  de 
leur  long  séjour  dans  l'utérus,  trouvèrent  dans  l'organisme  maternel  une 
source  nutritive  bien  plus  abondante,  inépuisable,  de  sorte  que  les 
matériaux  vitellins  devinrent  superflus.  11  s'établit  des  rapports  de  plus 
en  plus  intimes  entre  les  vaisseaux  de  la  mère  et  du  fœtus;  mais  ce 
processus  exigea  un  temps  excessivement  long  pour  s'accomplir,  comme 
le  prouve  le  fait  qu'il  existe  de  nos  jours  deux  ordres  inférieurs  de  Mam- 
mifères chez  lesquels  ces  rapports  ne  se  sont  pas  encore  développés  ; 
ce  sont  les  Monotrèmes  et  les  Marsupiaux,  auxquels  on  donne  la  dési- 
gnation commune  de  Mammifères  implacentaires  [Mammalia  aplacentalia, 
plus  exactement  M.  achoria),   par   opposition  aux   autres  Mammifères 

(1)  Le  fait  que  les  Monotrèmes  et  les  Marsupiaux  produisent  encore  aujourd'hui  de 
gros  œufs  riches  en  vitellus  vient  encore  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir. 


33G  CHAPITRE    HUITIÈME 

appelés  Mammifères  PLACENTAIRES  {Mammalia  choriata  on  placentalia) .  Nous 
aurons  donc  d'abord  à  nous  demander  en  quoi  consistent  les  rela- 
tions physiologiques  entre  la  mère  et  le  fœtus  dans  le  premier  de  ces 
groupes. 

L'œuf  des  Monotrèmes,  qui  est  réellement  monstrueux  comparé  à 
celui  des  autres  Mammifères,  est  alimenté  par  la  paroi  utérine  à  travers 
la  membrane  coquillière.  Il  atteint  rapidement  de  la  sorte  un  diamètre 
longitudinal  de  15  millimètres  et  un  diamètre  transversal  de  13  milli- 
mètres; il  est  pondu  et  introduit  dans  nriQ  poche  incubatrice,  on  le  jeune 
éclôt  (voy.  le  chapitre  sur  les  téguments). 

Chez  les  Didelphys  et  le  Phascolarctos  cinereus  il  existe,  à  une  époque 
où  l'allantoïde  est  encore  très  petite,  des  villosités  renfermant  des 
prolongements  des  vaisseaux  vitellins  au  point  oii  Fenveloppe  séreuse  (1) 
est  soudée  avec  le  sac  vitellin  (2). 

Nous  voyons  ainsi  subsister  jusque  chez  les  Mammifères  des  rapports 
physiologiques  entre  les  vaisseaux  vitellins  et  la  muqueuse  de  Vutérus. 

Il  est  très  remarquable  que  les  œufs  de  tous  les  Mammifères  dans  les 
premières  périodes  de  leur  développement,  c'est-à-dire  avant  l'apparition 
de  la  vésicule  vitelline  ou  ombilicale,  sont  nourris  par  la  lymphe  de 
Vutérus,  ou  autrement  dit  par  des  globules  blancs  qui  traversent  en  masse 
la  muqueuse  utérine.  Plus  tard  la  vésicule  ombilicale  divec  ses  nombreux 
vaisseaux  entre  en  fonction,  et  après,  que  son  rôle  est  terminé,  les 
vaisseaux  allantoïdiens  pénétrent  dans  l'enveloppe  séreuse,  garnie  de 
villosités  à  l'extérieur,  et  de  là  dans  la  paroi  de  l'utérus  oij  ils  sont  bai- 
gnés par  le  sang  maternel. 

C'est  là  la  dernière  étape  dans  le  développement  progressif  des  relations 
physiologiques  entre  la  mère  et  le  fœtus. 

Le  premier  mode  par  lequel  se  trouve  réalisée  cette  disposition  est  le 
placenta  diffus,  qui  existe  chez  les  Cochons,  les  Tylopodes,  les  Tapirs, 
les  Solipèdes  et  les  Cétacés,  les  Hippopotames ,  les  Tragulides,  les  Sirènes 
et  quelques  E dentés  frugivores. 

Chez  tous  ces  animaux  des  villosités  choriales  vasculaires,  de  forme 
relativement  simple,  sont  réparties  régulièrement  sur  V enveloppe  séreuse, 
de  sorte  que  l'ensemble  ne  mérite  pas  à  proprement  parler  le  nom  de 
placenta. 

Dans  un  second  mode  supérieur,  les  villosités  choriales  sont  plus 
ramifiées,  leur  surface  est  plus  étendue,  et  elles  sont  disposées  par 
groupes  ou  cotylédons,  c'est-à-dire  qu'elles  constituent  un  nombre  plus 
ou  moins  considérable  de  petits  placentas  isolés  (3).  h^  muqueuse  utérine 

(1)  Le  reste  de  l'enveloppe  séreuse  est  lisse  et  présente  par  conséquent  encore  un  carac- 
tère très  primitif. 

(2)  Chez  d'autres  Marsupiaux  il  n'existe  pas  de  villosités.  Dans  ce  cas  le  sac  vitellin 
s'applique  directement  avec  ses  vaisseaux  contre  la  muqueuse  utérine,  qui  subit  à  ce  niveau 
une  dégénérescence  graisseuse. 

(3)  Leur  nombre  est  très  variable;  chez  la  Brebis  et  la  Vache,  il  est  de  60  à  100;  chez 
le  Chevreuil,  seulement  de  5  à  6. 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATION  337 

est  vasculaire  et  hypertrophiée  aux   points  correspondant  aux  cotylé- 
dons, de  sorte  que  l'on  peut  distinguer  dès  maintenant  un  placenta  fœtal 

et  un   PLACENTA   UTÉRIN. 

La  plupart  des  Ruminaiits  possèdent  un  placenta  cotylédonaire  et 
quelques-uns  d'entre  eux,  comme  le  Cervus  mexicanus  et  la  Girafe,  présen- 
tent un  intérêt  particulier  parce  qu'ils  forment  des  types  intermédiaires, 
c'est-à-dire  que  leur  placenta  est  en  partie  encore  diffus,  en  partie  déjà 
cotylédonaire. 

Chez  tous  les  Mammifères  à  placenta  diffus  ou  cotylédonaire  les  villo- 
sités  choriales,  C|uelque  ramifiées  quelles  soient,  se  séparent  de  la 
muqueuse  utérine  au  moment  de  la  naissance;  aucune  partie  de  l'utérus 
ne  se  détache  avec  elles,  c'est-à-dire  qu'il  n'y  a  pas  de  membrane  ca- 
duque {membrana  decidua).  Pour  cette  raison  on  désigne  ces  Mammi- 
fères sous  le  nom  de  Mammifères  adéciduates  (Mammalia  non  deci- 
duata). 

La  forme  supérieure  de  placenta  est  celle  qui  est  désignée  sous  le 
nom  de  placenta  discoïde  et  de  placenta  zonaire.  Ici  aussi  on  peut  distinguer 
un  placenta  fœtal  et  un  placenta  utérin,  mais  leur  union  estbeaucoup  plus 
intime  que  dans  toutes  les  autres  formes.  Dans  ces  deux  cas,  la  portion 
placentaire  du  chorion  ne  correspond  plus  qu'à  une  petite  partie  de  la 
paroi  utérine;  elle  est  représentée  par  la  zone  où  se  développe  le 
chorion  rameux.  Les  villosités  de  ce  dernier  affectent  par  leurs  ramifi- 
cations excessives  des  relations  si  intimes  avec  l'utérus  et  s'enfon- 
cent dans  sa  muqueuse  de  telle  sorte,  qu'elles  ne  peuvent  plus  se  séparer 
de  cette  dernière,  et  au  moment  de  la  naissance  une  portion  plus  ou 
moins  considérable  de  la  muqueuse  utérine,  c'est-à-dire  la  membrane 
caduque,  se  détache.  C'est  pour  cette  raison  que  l'on  donne  aux  Mam- 
mifères qui  possèdent  un  placenta  de  cette  nature  le  nom  de  Mammi- 
fères DÉciDUATES  [Mammalia  deciduata).  Le  placenta  discoïde  se  rencontre 
chez  les  Insectivores,  les  Roiigeurs,  les  Chiroptères,  les  Lémuriens  et 
les  Primates  (Mammalia  discoplacentalia)  ;  le  placenta  zonaire,  qui  laisse 
plus  ou  moins  libres  les  deux  pôles  de  l'œuf,  se  rencontre  chez  les  Carni- 
vores,\q&  Pinnipèdes  elles  Eléphants  (Mammalia  zonoplacentalia). 

De  tout  ceci  il  résulte  que  les  caractères  tirés  de  la  placentation  ne 
doivent  être  employés  qu'avec  beaucoup  de  circonspection  dans  la 
classification,  car  leur  emploi  exclusif  (par  exemple  pour  le  placenta 
diffus)  conduirait  à  grouper  ensemble  les  types  les  plus  hétérogènes. 

Quant  à  la  structure  histologique  du  placenta  il  ne  peut  être  question 
de  l'exposer  ici;  je  me  contenterai  d'ajouter  encore  que  les  villosités  ne 
sont  pas  simplement  plongées  dans  le  sang  maternel,  mais  que  par  leur 
accroissement  elles  repoussent  devant  elles  les  parois  des  capillaires 
utérins,  qui  se  sont  énoi^mément  élargis,  et  s'en  coiffent  pour  ainsi  dire. 
Elles  sont  de  la  sorte  recouvertes  par  une  couche  endothéliale  qui  leur  est 
fournie  par  Vutéims. 

WlEDERSHEIM.  22 


338  CHAPITRE    HUITIÈME 


Réseaux  admirables. 


On  donne  le  nom  de  réseau  admirable  au  réseau  vasculaire  qui  résulte 
de  la  brusque  division  d'un  vaisseau  artériel  ou  veineux  en  de  nom- 
breuses petites  branches  qui  s'anastomosent  entre  elles  et  se  résolvent 
en  un  réseau  de  capillaires  ou  se  réunissent  de  nouveau  en  un  tronc 
vasculaire.  Dans  le  premier  cas  le  réseau  admirable  est  unipolaire,  dans 
le  second  il  est  bipolaire.  Si  le  réseau  n'est  formé  que  par  des  artères 
ou  par  des  veines,  le  réseau  est  dit  simple  {rete  mirabile  simplex);  s'il  est 
formé  à  la  fois  par  les  deux,  il  est  dit  double  (rete  mirabile  duplex). 

Les  réseaux  admirables  ont  toujours  pour  conséquence  le  ralentis- 
sement de  la  circulation  du  sang  et  par  conséquent  une  modification 
dans  les  phénomènes  de  diffusion.  Ils  sont  très  répandus  chez  tous  les 
Vertébrés;  on  les  rencontre  dans  les  points  les  plus  divers  du  corps,  par 
exemple  dans  les  reins,  où  le  rôle  physiologique  que  nous  venons  de 
leur  attribuer  se  manifeste  de  la  manière  la  plus  claire,  dans  les  branches 
ophtalmiques  de  la  carotide  interne,  dans  la  pseudo-branchie  et  dans 
les  vaisseaux  de  la  vessie  natatoire  des  Poissons,  dans  les  artères  inter- 
costales des  Cétacés,  dans  la  veine  porte,  etc. 

Système  lymphatique. 

Chez  les  Anamniens,  c'est-à-dire  chez  les  Poissons  (1)  et  les  Amphi- 
biens,  ainsi  que  chez  les  Reptiles,  les  voies  de  conduction  de  la  lymphe  ne 
sont  pas  encore  dans  beaucoup  de  cas  (principalement  chez  les  Poissons) 
nettement  différenciées;  le  plus  souvent  elles  suivent  les  gros  troncs  san- 
guins, le  bulbe  artériel  et  le  ventricule,  c'est-à-dire  que  dans  ce  dernier 
cas  elles  forment  des  gaines  périvasculaires  situées  dans  la  tunique 
adventicielle.  Il  existe  en  outre  déjà  de  véritables  vaisseaux  lympha- 
tiques qui  prennent  naissance  dans  un  réseau  de  capillaires  sous  la  peau 
et  se  répandent  de  là  dans  les  ligaments  intermusculaires. 

Quant  aux  cœurs  lymphatiques  des  Poissons,  ils  exigent  encore  de  nou- 
velles recherches.  Ceux  des  Amphibiens  et  des  Sauropsidés  ont  été  bien 
étudiés.  Chez  ces  animaux  ils  sont  situés,  soit  seulement  à  l'extrémité 
postérieure  dû  corps,  entre  le  bassin  et  le  coccyx,  soit  aussi  encore,  par 
exemple  chez  les  Grenouilles,  entre  les  apophyses  transverses  de  la  troi- 

(1)  Le  système  lymphatique  des  Poissons  exige  de  nouvelles  recherches,  comme  le  montre 
surabondamment  l'excellent  travail  de  Paul  Mayer.  Suivant  cet  auteur,  d'accord  avec  Robin 
et  T.  J.  Parker,  des  trajets  lymj)hatiques  constants  font  absolument  défaut  dans  la  peau 
des  Sélaciens.  On  y  trouve  toujours  une  veine,  une  artère  ou  un  capillaire,  qui  suivant  les 
circonstances  renferment  du  sang  pur  (globules  rouges  et  blancs  avec  pcude  chyle),  du  chyle 
ou  un  mélange  des  deux.  Il  est  intéressant  de  noter  que  les  fibres  musculaires  forment  des 
épaississements  analogues  à  des  sphincters,  qui  peuvent  arrêter  momentanément  la  circu- 
lation générale.  Les  vaisseaux  des  viscères,  en  particulier  ceux  du  tube  intestinal,  se  com- 
portent de  même;  à  certains  moments  ils  sont  gorgés  de  chyle,  tandis  qu'à  certaines  autres 
périodes  de  la  digestion  il  ne  renferment  que  du  sang.  Jusqu'ici  on  n'a  pas  encore  démontré 
avec  certitude  la  présence  de  vaisseaux  chylifères  distincts.  Il  en  est  probablement  de  même 
aussi  chez  les  Dipnoïques. 


ORGANES    DE    LA    CIRCULATION  339 

sième  et  de  la  quatrième  vertèbre.  Chez  les  Urodèles  on  trouve  de  nom- 
breux cœurs  lymphatiques  le  long-  de  la  ligne  latérale  sous  la  peau.  Chez 
les  Reptiles,  les  cœurs  lymphatiques  postérieurs  existent  seuls.  Ils  sont 
placés  sur  des  apophyses  transverses  ou  sur  des  côtes,  à  la  limite  de  la 
région  du  tronc  et  de  la  région  caudale.  Leur  paroi  renferme  des  muscles 
et  se  contracte  rythmiquement.  Chez  les  Mammifères  on  ne  trouve  rien 
de  semblable. 

Des  espaces  lymphatiques  très  vastes  se  rencontrent  dans  la  peau  des 
Amphibiens  anoures,  de  sorte  que  celle-ci  est  très  lâche  et  semble  ne 
pas  adhérer  au  corps.  Ces  sacs  lymphatiques  sous-cutanés  communiquent 
avec  les  sacs  lymphatiques  de  la  cavité  péritonéale. 

Parmi  ces  derniers  le  sac  lymphatique  sous-vertébral  joue  un  grand 
rôle  chez  les  Po?ssows,  les  Dipnoïques  et  les  Amphibiens.  Il  entoure  l'aorte 
ou  les  organes  génito-urinaires  [Dipnoïques)  et  communique  avec  le  sac 
lymphatique  situé  dans  le  mésentère  (mésentérique),  dans  lequel  se  dé- 
versent les  vaisseaux  lymphatiques  de  l'intestin.  Chez  les  Poissons  et  les 
Dipnoïques  il  existe  en  outre  dans  l'intérieur  du  canal  rachidien  un 
grand  tronc  lymphatique  longitudinal. 

Plus  on  s'élève  dans  la  série  des  Vertébrés,  et  plus  sont  fréquents 
les  trajets  lymphatiques  k  pa7^ois  propres;  et  c'est  ainsi  qu'il  existe,  à 
partir  des  Oiseaux,  un  gros  tronc  longitudinal  situé  en  avant  de  la  co- 
lonne vertébrale,  le  canal  thoracique.  Chez  les  Mammifères,  il  commence 
dans  la  région  lombaire  par  une  dilatation  sinueuse  [citerne  de  Pecquet, 
cisterna  ckyli).  Il  reçoit  la  lymphe  des  membres  postérieurs,  du  bassin, 
du  système  génito-urinaire;  les  vaisseaux  chylifères  de  l'intestin  s'y  dé- 
versent également.  En  avant  il  vient  déboucher  dans  le  tronc  veineux 
brachio-céphalique  gauche;  chez  les  Sauropsidés,  dans  les  deux  troncs 
brachio-céphaliques.  C'est  dans  cette  même  veine  que  s'écoule  la  lymphe 
de  la  tête,  du  cou  et  des  membres  antérieurs. 

Les  vaisseaux  lymphatiques  des  Oiseaux  et  des  Mammifères  sont, 
comme  les  veines,  pourvus  de  valvules,  qui,  par  leur  disposition,  diri- 
gent le  courant  de  la  lymphe  dans  un  sens  déterminé  et  l'empêchent  de 
refluer  en  sens  inverse. 

La  lymphe  est  composée  comme  le  sang  de  deux  parties,  d'un  liquide 

(plasma)  et  d'ÉLÉMENTS    CELLULAIRES   (CELLULES    LYMPHATIQUES,    LEUCOCYTES).  NoUS 

avons  déjà  eu  occasion  de  parler  de  ces  derniers  dans  le  chapitre  relatif 
à  l'appareil  digestif  et  nous  avons  indiqué  le  rôle  physiologique  impor- 
tant qu'ils  remplissent.  De  même  qu'ils  émigrent  des  follicules  clos  et 
des  PLAQUES  DE  Peyer  et  pénètrent  dans  l'intestin  à  travers  la  muqueuse, 
de  même  ils  peuvent  traverser  toutes  les  muqueuses,  ainsi  que  les 
AMYGDALES.  Les  amygdales  ou  tonsilles  ne  paraissent  exister  que  chez  les 
Mammifères  ;  elles  sont  situées  de  chaque  côté  de  l'isthme  du  gosier, 
c'est-à-dire  sur  la  limite  de  la  cavité  buccale  et  du  pharynx,  ainsi  que 
dans  ce  dernier  même  [tonsille pharyngienne).  Elles  sont  composées  d'une 
substance  fondamentale  conjonctive  (adénoïde)  infiltrée  de  cellules  lym- 


340  CHAPITRE    HUITIÈME 

phaliques,  disposées  ç^n  follicules .  Cependant  les  organes  lymphoïdes  ne 
font  d'ailleurs  pas  complètement  défaut  dans  la  cavité  buccale  des  Am- 
phibiens  et  des  Sauropsidés.  Leur  présence  y  a  été  démontrée  par  plu- 
sieurs auteurs,  par  exemple  par  Holl  et  Killian. 

Le  tissu  lymphoïde  est  très  abondant  dans  la  cavité  viscérale  des 
Poissons  et  des  Amphibie^is .  On  le  trouve  ici,  non  seulement  dans  le  tube 
digestif,  mais  encore  accumulé  en  masse  tout  autour  des  glandes  géni- 
tales {Dipnoïques) .  C'est  également  au  tissu  lymphoïde  qu'il  faut  rap- 
porter le  corps  adipeux  des  Amphibiens  et  des  Reptiles,  et  peut-être 
aussi  la  glande  hibernale  de  certains  Rongeurs.  Enfin  il  faut  mentionner 
aussi  la  masse  du  tissu  lymphoïde  dans  le  cœur  des  Esturgeons. 

La  réunion  intime  de  ces  follicules  forme  les  glandes  ou  ganglions 
LYMPHATIQUES,  toujours  intcrcalés  sur  le  trajet  d'un  vaisseau  lympha- 
tique, de  sorte  qu'on  y  distingue  un  vaisseau  afférent  et  un  vaisseau 
efférent.  Ils  apparaissent  probablement  pour  la  première  fois  chez  les 
Oiseaux,  mais  ils  sont  surtout  répandus  chez  les  Mammifères  où  on  les 
trouve  dans  les  régions  les  plus  diverses  du  corps. 

La  rate  a  les  rapports  les  plus  étroits  avec  les  glandes  lymphatiques  ; 
elle  existe  chez  presque  tous  les  Vertébrés.  Elle  est  fréquemment  située 
dans  le  voisinage  de  l'estomac;  mais  on  la  trouve  aussi  parfois  dans 
d'autres  endroits  du  tube  intestinal,  par  exemple  au  commencement  de 
l'intestin  terminal  (Anoures,  Chélonieiis) . 

Ces  deux  sortes  d'appareils,  les  glandes  lymphatiques  et  la  rate  ont 
pour  rôle  de  produire  des  cellules  lymphatiques,  mais  jusqu'à  présent 
on  n'a  que  des  notions  très  incomplètes  sur  ce  processus  physiolo- 
gique. Quant  à  leur  structure  histologique,  je  renverrai  aux  Traités 
d'histologie. 


Bibliographie. 

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Amphibiens  clans  :  Morphol.  Jahrb.  T.  VI.  1880.  T.  VII.  1881.  T.  VIII.  1882. 

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temps  une  bibliographie  étendue.) 

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sact.  Roy.  Soc.  London.  T.  179.  1888. 
Mascagni.   Prodrome  d'un  ouvrage  sur  le  système    des   vaisseaux  lymphatiques.  Sienne, 

1784. 
Id.  Vasorum  lymphaticorum  corporis  limnani  historia  et  iconographia.  Senis,  1787. 
F.  Maurer.  Die  Kiemen  und  ihre  Gefâsse  bei  Anuren  und  Urodelen  Amphibien  etc.  Morphol. 

Jahrb.  ï.  XIV. 
P.  Mayer.  Ueber  die  Entwicklung  des  Herzens  und  der  grossen  Gefâssstilmme  bei  den  Sela- 

chiern.  Mitth.  aus  d.  zool.  Station  zu  Neapel.  T.  VII.  1887. 
Id.  Ueber  Eiyenthûmlichkeiten   in    den   Kreislaufsorganen  der    Selachier.   Ibid.    T.    VIII. 


J.  Millier.  Ueber  die  Lymphherzen  der  Amphibien.  Arch.  f.  Anat.  und  Physiol.  1854. 


ORGANES    DE    LA   CIRCULATION  341 

W.  Millier.  Ueber  den  feineren  Bau  der  MHz.  Leipzig,  1865. 

T.  J.  Parker.  On  the  blood-vessels  of  Mustelus  antarcticus,  etc.  Philos.  Transact.  of  the  Roy. 

Society.  T.  177.  1886. 
H.  Rathke.  Ueber  die  Entioicklung  der  Arterien,  welche  bei  den  Saugethieren  von  den  Bogen 

der  Aorta  ausgehen.  Arch.  f.  Anat.  und  Physiol.  1843. 
J.  Riickert.   Ueber   die  Entstehung  der  endothelialen  Anlagen  des  Herzens  und  der  ersten 

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Rusconi.  Histoire  naturelle,  développement  et  métamorphose  de  la  Salamandre  terrestre. 

1854. 
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Ph.  Stôhr.  Conus  arteriosus  der  Selachier  und  Ganoiden.  Morphol.  Jahrb.  ï.  II.  1876. 
W.  "Weliky.    Ueber  vielzâhlige  Lymphherzen  bei  Salamandra  maculata  und  Siredon  pisci- 

formis.  Zool.  Anz.  T.  VIL  N"  183.  1884. 
Voyez  aussi  les  Traités  d'anafomie  humaine. 


CHAPITRE    NEUVIEME 


ORGANES  GENITAUX  ET  URINAIRES 

La  première  ébauche  des  organes  g énito-ur inaires  apparaît  chez  tous 
les  Vertébrés  dans  la  région  de  la  paroi  dorsale  du  corps,  de  chaque 
côté  de  la  colonne  vertébrale.  Ces  deux  appareils,  appareil  urinaire  et 
appareil  génital,  non  seulement  ont  une  même  origine,  mais  encore 
présentent  des  rapports  morphologiques  et  physiologiques  si  étroits,  que 
Ton  est  conduit  à  les  réunir  dans  une  seule  et  même  étude. 

Le  premier  organe  qui  se  développe  est  le  rein  précurseur  (proné- 
PHROs)  suivi  par  le  canal  du  rein  précurseur.  Le  rein  précurseur  est  formé 
par  un  diverticule  de  V épithélium  du  cœlome  et  communique  avec  la 
cavité  viscérale  par  un  nombre  variable  d'orifices  en  forme  d'entonnoir, 
ordinairement  revêtus  d'un  épithélium  vibratile  chez  les  Anamniens. 

De  la  sorte  se  trouve  formée  une  glande  rénale  primitive  avec  la- 
quelle V aorte  entre  en  rapport  (formation  des  glomérules).  Quant  à  son 
canal  excréteur  ou  canal  du  rein  précurseur,  son  premier  développe- 
ment est  encore  actuellement  controversé,  cependant  la  plupart  des 
auteurs  lui  attribuent  une  origine  ectodermique . 

D'après  les  recherches  de  J.  W.  van  Wijhe  sur  les  embryons  de  Sélaciens,  le  rein 
précurseur,  bientôt  après  son  apparition,  se  fusionne  avec  l'ectoderme  et  par  suite 
d'une  prolifération  de  l'épithélium  épiblastique  le  canal  se  développe  à  partir  de  ce 
point,  d'avant  en  arrière,  de  telle  sorte  que  son  extrémité  initiale,  reste  toujours  unie 
à  la  peau  (indice  d'un  canal  excréteur  s'ouvrant  à  l'extérieur,  c'est-à-dire  à  travers  les 
téguments,  chez  les  ancêtres  des  Vertébrés  actuels). 

Le  canal  du  rein  précurseur  atteint  de  bonne  heure  le  cloaque,  où  il  débouche,  et 
de  la  sorte  se  trouve  établie  une  communicdlion  entre  le  cœlome  et  le  monde  exté- 
rieur. 

Tandis  que  le  rein  précurseur  ne  fonctionne  que  transitoirement 
comme  glande  rénale  chez  tous  les  Crâniotes,  son  canal  persiste  chez 
tous  les  Vertébrés,  mais  subit  des  transformations  très  importantes, 
intimement  liées  à  l'apparition  d'un  second  système  excréteur  incom- 
parablement plus  volumineux,  désigné  sous  le  nom  de  rein  prlmitif 
(mésonépiiros)  et  destiné  à  remplacer  le  rein  précurseur  qui  disparaît 
graduellement.  Le  canal  du  rein  précurseur   dément   le   canal    du    rein 

PRIMITIF. 

Les  rems ^)nw////!s  présentent  un  développement  tout  à  fait  indépen- 


ORGANES    GENITAUX    ET    URINAIRES 


343 


dant.  Leur  ébauche  est  au  début,  comme  par  exemple  chez  les  Sélaciens, 
strictement  segmentaire,  ce  qui  tient  à  ce  que  les  canalicules  des  ?'eins pri- 
mitifs correspondent  aux  canalicules  primitifs  qui  font  communi- 
quer chaque   somite   avec  la  cavité   viscérale    (fig.    278).   Lorsque    les 


SoJf-— 


■cv 


-s.an 


YNG^ 


-12ro 


Fig.  278.  —  Coupe  transversale  schématique  du  corps  d'un  Vertébré,  basée  sur  la  disposition  anato- 
mique  des  Sélaciens.  La  moitié  droite  de  la  figure  représente  les  rapports  embryonnaires  primitifs 
(stade  du  système  du  rein  précurseur).  A  gauche,  le  rein  primitif  s'est  déjà  différencié  aux  dépens  du 
canal  des  somites  et  le  rein  précurseur  a  presque  complètement  disparu. 

ikfed,  moelle  épi nière  ;  Ch,  corde  dorsale  ;  A,  aorte  qui  envoie  latéralement  une  branche  pour  for- 
merle  corpuscule  de  Malpighi  (M)  situé  dans  la  capsule  de  Bowman  (BK),  et  en  bas  les  artères  mésen- 
tériques  dans  le  mésentère  (MS)  ;  CE,  épithélium  du  cœlome  ;  .ST,  entonnoir  segmentaire  du  rein 
primitif  ;  DS,  anse  du  rein  primitif;  ES,  sa  portion  terminale  qui  est  en  train  de  s'aboucher  avec 
le  canal  du  rein  précurseur  (yiVG');  V NG,  ca.na.\  du  rein  précurseur  primitif  communiquant  avec  le 
rein  précurseur  {VN);  F^iV',  rein  précurseur  en  voie  d'atrophie;  iSoff,  cavité  des  somites  communiquant 
avec  le  cœlome  par  le  canal  SoH^;  Int.,  téguments. 

somites  se  séparent  de  celle-ci,  ces  canaux  de  communication  sont 
transformés  en  culs-de-sac,  qui  continuent  à  s'ouvrir  dans  le  cœlome  et 
semblent  en  être  un  diverticule  (Sedgwick,  van  Wijhe). 

Les  culs-de-sac  ainsi  formés  des  reins  primitifs  s'abouchent  ensuite 
avec  le  canal  du  rein  primitif. 

Ces  canalicules  du  rein  primitif  se  rencontrent  même  dans  les  seg'- 
ments  du  corps  où  se  trouve  le  rein  précurseur.  Il  en  résulte  qîie  les  ori- 
fices du  rein  précurseur  ne  'peuvent  pas  être  homologues  aux  entonnoirs 
péritonéaux  du  rein  primitif;  le  développement  de  ces  deux  organes  est 
différent:  le  rein  jjrécurseur  est  formé  par  un  diverticule  du  cœlome,  il 
nen  est  pas  ainsi  pour  le  rein  primitif.  Le  rein  précurseur  et  le  rein  pri- 
mitif ne  peuvent  donc  jms  être  des  différenciations  d'un  système  excréteur 


344  CHAPITRE    NEUVIEME 

jjriniitif  à  canalicides  dis'posés  segmentairement  et  débouchant  à  VeœtèHeur 
(J.  W.  van  Wijhe). 

La  description  que  nous  venons  de  donner  est  basée  sur  les  résultats  de  recherches 
entreprises  sur  des  embryons  de  Sélaciens.  Nous  les  avons  pris  comme  point  de  dé- 
part, car,  de  même  que  pour  d'autres  systèmes  d'organes,  les  Sélaciens  nous  présen- 
tent manifestement  une  disposition  primitive.  Et  si  l'on  a  démontré  chez  d'autres 
Anamniens  et  particulièrement  chez  des  Amniotes  un  mode  d'origine  différent  du 
rein  primitif,  cela  tient  à  ce  que  la  disposition  primitive  s'est  peu  à  peu  effacée. 

Il  est  certain  qu'il  apparaît  aussi  transitoirement  chez  les  Amniotes  un  rein  pré- 
curseur qui  se  développe  aux  dépens  de  l'épithélium  du  cœlome,  et  que,  tant  qu'il 
existe,  il  communique  avec  la  cavité  viscérale  par  des  orifices  en  forme  d'entonnoir. 

Quant  au  rein  primitif  des  Amniotes,  son  ébauche  n'est  plus  parfois  aussi  nette- 
ment segmentaire  que  chez  les  Anamniens. 

Chaque  canalicule  du  rein  primitif  est  composé,  clans  sa  forme  primi- 
tive, de  quatre  parties  :  1°  un  orifice  de  communication  avec  la  cavité 
viscérale,  infundibuliforme,  tapissé  d'im  épithélium  vibratile  (entonnoir 
SEGMENTAIRE,  NÉPHROSTOME,  fîg.  278,  S  T);  2°  uu  peloton  de  vaisseaux  arté- 
riels (^^omerw/e)  contenu  dans  la  capsule  de  Boivman,  c'est-à-dire  dans  la 
paroi  invaginée  du  canalicule  (capsule  et  glomérule  formant  le  corpuscule 
de  Malpighi,M);  3"  un  tube  glandulaire  pelotonné  {DS),  et  4°  un  tube  ter- 
minal (ES)  mettant  ce  dernier  en  communication  avec  le  canal  commun. 

Par  conséquent  ce  système  rénal  primitif  remplit  deux  fonctions  ;  d'une 
part  il  sert  à  entraîner  le  liquide  du  cœlome,  d'autre  part  il  sert  sur- 
tout à  excréter  les  produits  de  la  métainorphose  régressive  et,  dans  ce  cas, 
r épithélium  possède  une  'propiHété  élective  spéciale. 

Ce  deuxième  système  rénal,  le  rein  primitif,  joue  chez  \q^  Anamniens 
le  rôle  le  plus  important.  Chez  la  plupart  des  Poissons  il  persiste  et  ne 
constitue  que  le  système  urinaire;  mais  chez  d'autres  Poissons  (la  plu- 
part des  Sélaciens),  chez  tous  les  Amphibiens  et  tous  les  Amniotes,  il  af- 
fecte des  rapports  avec  l'appareil  génital  ;  il  forme  le  rete  testis  {réseau  de 
Haller),  les  vaisseaux  efférents,  Tépididyme,  et  enfin  certaitis  organes  plus 
ou  moins  rudimentaires  d'importance  secondaire,  le  parovaire  {époophore 
ou  corps  de  Rosenmûller) ,  le  paroophore,  Thydatide  et  le  paradidyme.  Le 
rein  primitif  peut  en  même  temps  continuer  à  fonctionner  comme  sys- 
tème urinaire  définitif  {Sélaciens,  Amphibieiis)  ou  cesser  complètement 
de  remplir  ce  rôle  {Amniotes);  dans  ce  cas,  il  se  forme  un  troisième 
système  rénal,  le  rein  définitif  (métanéphros),  ainsi  qu'un  nouveau  canal 
excréteur  (uretère).  Rein  et  uretère  se  développent  sur  le  cariai  du  rein 
primitif  et  dérivent  par  conséquent,  bien  qu'indirectement,  de  l'épithélium 
épib  las  tique. 

L'apparition  du  reiti  définitif  marque  la  troisième  phase  dans  le  dé- 
veloppement du  système  d'excrétion  des  Vertébrés.  Il  est  difficile  de  com- 
prendre quelle  est  la  cause  qui  a  provoqué  sa  formation,  d'autant  plus 
que  chez  certains  Amniotes  (par  exemple  les  Lacerta)  le  rein  primitif  con- 
tinue à  fonctionner  jusque  dans  le  cours  de  la  deuxième  année  à  côté  du 
rein  définitif.  Chez  de  nombreux  autres  Sauriens  {Uromastix,Chamaeleo) 


ORGANES    GÉNITAUX    ET    URINAIRES  345 

on  trouve  aussi  pendant  toute  la  vie  des  restes  plus  ou  moins  considéra- 
bles des  reins  primitifs,  ainsi  que  du  canal  des  reins  primitifs,  qui  fonc- 
tionnent encore  manifestement  (Schoof). 

Ces  faits  établissent  dans  une  certaine  mesure  une  transition  aux 
Anamniens  ;  il  doit  avoir  existé  jadis  des  Amniotes  dont  les  reins  primi- 
tifs représentaient  aussi  p)endant  toute  la  vie  l'appareil  rénal  principal, 
tandis  qUé  tes  feins  déft,nitifê  étaient  encore  très  incomplets.  Plus  tard  ils 
ne  suffirent  plus  à  excréter  l'urine;  le  nouveau  reitî  commença  à  ijouer 
le  rôle  principal  et  le  rein  primitif  devint  superflu  (Mihalcovics); 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  le  rein  primitif  à  partir  des  Amphibiens 
et  des  Reptiles  Contracte  des  rapports  avec  l'appareil  génital,  et  nous  avons 
fait  remarquer  en  même  temps  que  chez  les  Amphibiens  une  certaine  por- 
tion du  rein  primitif  persiste  comme  glande  urinairê. 

Cette  division  du  travail  physiologique  —  car  c'est  évidemment  uri 
phénomène  de  ce  genre  qui  se  manifeste  ici  —  s'étend  également  au 
canal  des  reins  primitifs  ;  chez  les  Amphibietis  mâles,  en  effet,  celui-ci 
fonctionne  non  seulement  comme  canal  excréteur  de  Vurine,  mais 
aussi  du  sp)erme;  il  devient  le  canal  excréteur  commun  de  l'urine  et  du 
sperme  ou  canal  de  Leydig.  Sous  cette  forme  il  ne  correspond  plus  au  ca- 
nal tout  entier  du  rein  primitif  (dont  il  a  été  question  jusqu'ici),  mais  à 
une  portion  seulement  de  ce  dernier.  En  d'autres  termes  la  double  fonc- 
tion que  le  canal  du  rein  primitif  remplit  chez  les  Amjjhibiens  (et  aussi 
chez  les  Sélaciens,  voyez  la  note)  a  entraîné  sa  division  en  deux  con- 
duits parallèles  (1)  :  l'un  est  le  canal  excréteur  commun  de  Vurine  et  du 
sperme  {canal  de  Leydig  on  canal  secondaire  du  rein  primitif),  l'autre  le 
CANAL  DE  MûLLER.  En  général  rudimentaire  chez  le  mâle,  chez  la  femelle, 

(1)  Chez  les  Sélaciens  le  canal  primaire  du  rein  primitif  se  divise  réellement  en  deux 
conduits  par  suite  de  l'apparition  d'un  repli  qui  le  traverse  d'avant  en  arrière.  Cela  n'a  lieu 
d'ailleurs  que  chez  les  femelles  ;  chez  les  mâles,  cette  division  n'est  qu'ébauchée,  sauf  chez 
les  Chimères  où  elle  est  également  complète.  Chez  les  Amphibiens  le  second  canal  est  formé 
par  un  cordon  cellulaire  plein,  qui  se  détache  graduellement  du  canal  primaire  et  se  creuse 
secondairement  d'avant  en  arrière.  L'orifice  abdominal  ou  pavillon  de  l'oviducte  ne  se  forme 
que  secondairement. 

D'après  les  recherches  de  Balfour  et  de  Semper  chez  les  Sélaciens,  l'orifice  du  canal  de 
Mûller  correspond  à  l'orifice  primitif  du  canal  du  rein  précurseur.  En  d'autres  termes  la 
partie  antérieure  de  ce  canal  tout  entière  devient  l'extrémité  antérieure  du  canal  de  Mûller  et 
ce  n'est  qu'en  arrière  d'elle  qu'a  lieu  la  division  du  canal  primaire.  Chez  le  mâle  cette 
division  commence  plus  en  avant. 

Le  mode  de  formation  du  canal  de  Miiller  montre  que  primitivement  il  a  dû  avoir  aussi 
des  rapports  avec  le  cœlome  et  non  pas  seulement  avec  la  glande  génitale. 

Suivant  Kollmann  le  canal  de  Mûller  des  Amphibiens  se  développe  tout  à  fait  comme 
celui  des  Amniotes  indépendamment  du  canal  primaire  du  rein  primitif,  c'est-à-dire  par 
évagination  de  l'épithélium  du  cœlome.  D'après  Fûrbringer  ce  n'est  qu'exceptionnellement 
le  cas  chez  la  Salamandre.  Peut-être  doit-on  voir  là  des  degrés  de  transition  entre  les  diffé- 
rents modes  de  développement  du  canal  de  Mûller  chez  les  Anamniens  et  chez  les  Amniotes 
En  tout  cas  le  sujet  exige  de  nouvelles  recherches.  Chez  les  Anoures  le  canal  de  Mûller  se 
développe  lorsque  la  larve  a  perdu  les  restes  de  la  queue;  il  provient  en  partie  de  la  division 
du  canal  du  rein  précurseur,  en  partie  de  l'épithélium  péritonéal.  Ce  dernier  mode  de  for- 
mation est  le  plus  important  et  se  trouve  être  ainsi  le  précurseur  de  celui  que  l'on  observe 
chez  les  Amniotes,  où  le  canal  de  Millier  se  développe  tout  à  fait  indépendamment  du  canal 
du  l'^i.'i  primitif.  Le  pavillon  de  la  trompe  ne  se  forme  que  secondairement. 


346  CHAPITRE    NEUVIÈME 

ce  dernier  canal  est  un  conduit  exclusivement  génital  et  se  divise  en 
une  partie  proximale  plus  rapprochée  de  la  tête,  une  partie  moyenne  et 
une  partie  distale  ou  caudale.  La  première  devient  Toviducte  (trompe),  la 
seconde  Futérus,  la  troisième  le  vagin. 

Par  suite  de  cette  disposition,  chez  les  Ampliihiens  et  les  Sélaciens 
femelles  le  canal  secondaire  du  rein  primitif  ne  fonctionne  que  comme 
canal  excréteur  du  rein  p^'imifif. 

Quant  aux  Amniotes,  le  mode  de  développement  du  canal  de  Miiller 
est  encore  controversé,  c'est-à-dire  qu'on  ne  peut  encore  dire  d'une 
manière  certaine  si  son  accroissement,  qui  se  fait  d'avant  en  arrière,  a 
lieu  indépendamment  du  canal  du  rein  primitif  ou  à  ses  dépens.  Quoi 
qu'il  en  soit,  le  canal  de  Mûller  finit  par  arriver  également  jusqu'au 
cloaque,  dans  lequel  il  débouche. 

A  l'extrémité  antérieure  du  canal  de  Millier,  c'est-à-dire  sur  les  bords  du  pavillon 
de  l'oviducte,  on  observe  chez  tous  les  Amniotes  supérieurs  des  déchiquetures,  aux- 
quelles on  donne  le  nom  de  franges.  L'une  d'entre  elles,  la  frange  ovarique,  acquiert 
chez  les  Afammi/"ères  une  grande  importance.  Elle  représente,  d'après  Mihalcovics,  la 
partie  proximale  d'une  crête  périt07iéale,  qui  s'étend  chez  de  très  jeunes  embryons 
humains  depuis  l'orifice  du  pavillon  jusqu'à  la  région  inguinale,  en  dedans  du  rein 
primitif.  Sa  partie  moyenne  devient  la  glande  génitale,  tandis  que  dans  le  reste  de 
son  étendue  elle  constitue  des  plis  péritonéaux  dont  le  bord  libre  renferme  du  tissu 
conjonctif  disposé  en  cordon.  Le  cordon  proximal  est  précisément  la  frange  ova- 
rique, le  cordon  distal,  le  gubernaculum  de  Hunter  (1).  Les  rapports  étroits  que 
cette  frange  présente  avec  l'ovaire  trouvent  ainsi  leur  explication  dans  son  mode  de 
développement  :  la  frange  ovarique  est  la  partie  proximale  de  la  crête  génitale, 
dans  laquelle  les  cellules  sexuelles  spécifiques  ne  se  développent  pas. 

Chez  les  Sauropsidés,  les  canaux  de  Miiller  restent  pendant  toute  la 
vie  séparés,  comme  chez  les  Anamniens ;  il  en  est  de  même  chez  les 
Mammifères  inférieurs,  les  Didelphes.  Chez  tous  les  autres  Mammifères 
ils  se  soudent  dans  une  étendue  plus  ou  moins  grande  pendant  la  période 
embryonnaire  ;  cette  soudure  commence  probablement  chez  tous  les 
Monodelphes  dans  le  tiers  supérieur  du  cordon  génital,  avant  qu'ils  se 
soient  abouchés  avec  le  sinus  uro-génital.  Chez  tous  les  Mammifères 
femelles  le  canal  de  Mûller  se  différencie  en  trompe,  utéînis  et  vagin. 

Comme  chez  les  Anamniens,  chez  les  Amniotes  aussi  les  canaux  de 
Mûller  ne  jouent,  chez  le  mâle,  qu'un  rôle  tout  à  fait  secondaire.  Leur 
portion  proximale  devient  le  petit  appendice  du  testicule  connu  sous  le 
nom  d'HYDATiDE  NON  PÉDicuLÉE  DE  MoRGAGNi  ;  Icurs  extrémités  distales  se 
confondent  et  forment  une  petite  vésicule,  I'utricule  prostatique  ou  uté- 
rus MAScuLiNus,  qui  s'ouvre  plus  tard  dans  le  sinus  uro-génital  seule- 
ment chez  les  Mammifères,  car  chez  les  Sauropsidés  mâles  jamais  les 
canaux  de  Mûller  ne  viennent  déboucher  dans  le  cloaque. 

Quant  au  canal  du  rein  primitif ,  ou,  comme  on  l'appelle  souvent,  le 
canal  de  Wolff,  chez  le  mâle,  il  n'a  plus  exclusivement  que  des  rapports 

(1)  Chez  beaucoup  de  Mammifères  la  glande  génitale  change  de  posiLion,  et  sa  direction 
de  longitudinale  qu'elle  était  devient  transversale  {descente  de  l'ovaire). 


ANAMNIENS 

AMNIOTES 

=H 

So  ili-volo]i|in  olicz  Ions  1rs  Aiiainiiiens  sauf  rAiiipliinxiis. 
mais  tic  iiLTsisti"  nullo  [lart  coiiiim*  appnri'il  iiriimirc 
|iM-iii;iii.-nl, 

Se  dcvelo 
s-almi 

ppe  probablement  chez  tous  les  Amnîules.  mais 
lie  complctcmcut  pciulaul  la    périmlc  cmbrviin- 

;;ï   J 

l'.rM,h>  iirjiiilaiil    Il-  l;i  vii' rliiv  lous  le,  .Viianiiiù'iis . 

III. lis   oiiliv  scrondaii-cinonl  on  rnpiiorl   avcr  !.•  n-iii 
|ii  iiiiilir,  ilmil  il  ilrvioiil  If  canal  cxciT'Ienr. 

.-iiln-  Mri.niljiircnient  PU  rapport  avec  le  rein  [iciiinlir. 
diail  il  .leviciil  le  canal  excréteur. 

: 

Fiiiirliniiiic  iipiiiliuil  toiilo  la  vit-  clicz  Ions  les  Poisson^ 
saur  rAm|iliin\us  i-nmnio  slanilo  iiriiiaiiT.  Illipi  les  Scla- 

1,1  |„Ti 

dispai 
ra]ipa 

ait  en  grande  [larlie:  le  cesie  eiiliccu  cappurl  avec 
cil  géiiilal 

§ 

s.i  |i(iHi.'  |inixiiiiali>  luniio  ri-|iiiliiljinc  Iniil  onlifr.  mais 
iiiiliL 

Sa  parti 
clVére 
licdici 
iliilvn 

liroximalc  rornic  le  réseau  de  Huiler,  les  eauaiix 
Is.  la  Icle  de  Icpiiliilymc  cl  peut-être  flndalidc 
lée  de  Morgagui  ;  sa  partie  dislale  riutnc  le  para- 
c  (organe  de  (liraldés). 

= 

Sa  partie  proxiniale  eorrosponil  au  parovaîi'C,  mais  seii- 
lenieiil  au  piiiiil  ilc  vae  lopograpliique;  pliysiologii|tie- 
iiii'iil  clip  rcsio  eiiciifc  un  vcnlaMe  l'oin  |u-imilir. 

Sa  porli 

on  prnxîmale  forme  la  plusgvande  partie  ilu  parc- 
ciirps  de  Roscnutiillci'  nu  cpiiiiplniriin),  sa  pai'lie 

''■' 1"""""- 

\ 

canal  sccuntlairc  du  relu  primitif  (canal  de  Leydig),  il 
sert  de  canal  cxcrèleur commun  de  l'urine  et  du  sperme. 

Sa  ptirl 
did.ri 

on  prosimale  forme  le  corps  cl  la  ipicuc  ilclepi- 
e.  sa  portion  ilistale  le  canal  déférent. 

^ 

rMUiliiinnc  cxclusivcineni  coinnic  canal  cxcréicur  du  rein 

{ii'iiiiilir.  c'csi-à-illrr  c iii'cli.n.. 

llans  la 
proxi 
lie  11 

régie  dis|iar«ll  presque  coniplclement.  Sa  partie 
iiale  forme  une  sorte  de  canal  collecteur  du  ciirps 
iscnniidlçr.  llans  cei'Iains  il  persisie  eu  tolalilé  el 
liiealiirs  le  laniil  île  r.arlner. 

= 

i 

S'alrijpiiic  dans  la  période  post-embryonnaire;  mais  est 
cependant  toujours  rcconnaissable  dans  toute  son  éten- 
due. 

Sa  pur 
.Sloiv 
tioni 
liluc 

le  |.ir,\MiMli.  Iniiiie  l'hydalidc  non  pédieidcc  de 

rie  •  1  1 Il- laie  l'utriculeproslalifiue.  lixcep- 

II'  lin  ni  il  [Il  -i-te  daus  touté  SOU  élcuduc  et  eons- 

uni  il.,  li.illike. 

- 

fn|.|ii..  je  lon.liiil  génital  renictlo  ilciiiiie.  iilénis  cl  vagin". 

:  :     1 

Se  ilcieli Mir  leNliviiii ^Iiilc  ilii   e; ilii  1 |.ri- 

iiiilil' 

(î 

.»l«i,.,uc. 

= 

ï  !î 

N 

M.i,i,|,ic, 

il 

T^^::zzzi:^z:T'''^''^'' 

Testicule. 

■fcstienlc. 

Ovaire. 

llvaire. 

ORGANES    GÉNITAUX    ET    URINAIRES  347 

nyidO^V appareil  génital.  De  même  que  le  canal  de  Millier  chez  la  femelle, 
de  même  aussi  le  canal  de  Wolff  chez  le  mâle  sert  de  conduit  excréteur 
des  produits  sexuels  ;  sa  partie  distale  devient  le  canal  déférent,  sa  par- 
tie proximale  plus  petite  devient  le  corps  et  la  queue  de  Fépididyme. 

Le  canal  de  Wolfî  s'atrophie  en  général  chez  la  femelle  dans  la  plus 
grande  partie  de  son  étendue  ;  cependant  il  peut  parfois  persister  (quel- 
ques Mammifères)  et  constitue  alors  le  canal  de  Gartner.  Dans  ce  der- 
nier cas  on  le  trouve  dans  la  paroi  latérale  de  l'utérus  et  du  vagin  et  son 
orifice  est  situé  au   niveau  de   Vhymen,  homologue  du  verumontanum. 

L'extrémité  proximale  du  canal  de  Wolff  persiste  beaucoup  plus 
fréquemment  et  forme  la  plus  grande  partie  du  parovaire. 

Les  schémas  de  la  figure  279  et  le  tableau  qui  les  accompagne  facili- 
teront l'intelligence  des  phénomènes  évolutifs  que  nous  venons  d'expo- 
ser et  aideront  à  en  saisir  clairement  l'ensemble. 

Au  début  les  canaux  génitaux  et  l'intestin  débouchent  en  arrière  dans 
une  cavité  commime,  le  cloaque  ;  cette  disjjosition  est  permanente  chez 
tous  les  Sauropsidés  ainsi  que  chez  les  Mam7nifè7''es  inférieurs.  Chez  les 
Mammifères  si^jjeWetws  l'apparition  du  périnée,  dans  le  cours  du  dévelop- 
pement, vient  séparer  la  terminaison  de  ces  deux  ordres  de  canaux,  de 
sorte  que  Vappareil  digestif  et  V appareil  génito-urinaire  acquièrent  des 
orifices  distincts  (fîg.  279  G,  H).  Ce  n'est  qu'à  partir  de  ce  moment 
qu'existe  le  sinus  uro-génital  formé  par  le  prolongement  pédicule  de 
l'allantoïde,  dont  il  a  été  déjà  question  à  plusieurs  reprises.  Sur  sa  pa- 
roi antérieure  se  développe,  dans  les  types  supérieurs,  le  pénis  (ou  le 
clitoris). 

Les  Mammifères  possèdent  seuls  un  canal  uro-génital;  chez  les  Oi- 
seaux il  s'atrophie  de  bonne  heure  pendant  la  période  fœtale  avec  l'al- 
lantoïde qui  lui  a  donné  naissance.  Chez  ces  animaux  tous  les  canaux 
[uretères,  canaux  de  Millier,  canaux  de  Wolff)  s'ouvrent,  par  suite,  dans 
le  cloaque.  Il  ne  se  développe  jamais  de  périnée. 

Pour  terminer,  encore  un  mot  sur  le  mode  de  formation  de  I'appareil 
rénal  définitif  [métanéphros)  des  Amniotes. 

Sur  la  face  dorsale  de  l'extrémité  postérieure  du  canal  de  Wolff,  à 
peu  de  distance  de  sa  terminaison  dans  le  cloaque,  apparaît  un  diverti- 
cule,  qui  s'accroît  d'arrière  en  avant  au  sein  d'une  masse  allongée  de 
cellules,  située  entre  les  somites  et  le  péritoine,  commençant  derrière 
les  reins  primitifs,  qu'elle  recouvre  cependant  aussi  en  partie  sur  la  face 
dorsale  et  s'étendant  assez  loin  en  arrière  ;  c'est  la  première  ébauche  du 
canal  excréteur  du  rein  primitif  ou  uretère. 

Cette  masse  de  cellules,  à  laquelle  Balfour  a  donné  le  nom  de  blastème  du  méta- 
néphros se  forme-t-elle  aux  dépens  du  mésoderme,  indépendam,ment  du  péritoine, 
ou  bien  dérive-t-elle  d'une  hypertrophie  de  Yépilhélium  péritonéal,  qui  se  prolon- 
gerait entre  l'aorte  et  le  canal  de  Wolff?  c'est  ce  qu'il  n'est  actuellement  pas  possible 
de  décider  d'une  façon  certaine. 

Arrivé  dans  le  blastème  du  métanéphros,  Wùretère  envoie  en  dedans 


348  CHAPITRE    NEUVIÈME 

une  série  de  bourgeons  creux,  qui  se  bifurquent  bientôt  et  se  réunissent 
aux  canalicules  urinaires  produits  ainsi  que  les  corpuscules  de  Malpighi 
parle  blastëme  du  métanéphros  (fîg.  279  G,  H,  N).  Ces  derniers  repré- 
sentent donc  les  éléments  qui  sécrètent  rurine;  Furetère  ne  donne  naissance 
qu'aux  canaux  collecteurs  (1). 

Chez  les  Oiseaux  et  les  Mammifères  l'uretère  ne  reste  pas  d'ailleurs 
longtemps  uni  par  son  extrémité  postérieure  (où  a  débuté  son  développe- 
ment) au  canal  de  Wolff;  la  partie  commune  de  ces  deux  conduits  se 
confond  en  efïet  avec  la  paroi  postérieure  du  canal  uro-génital,  de  sorte 
que  chacun  d'eux  finit  par  acquérir  un  orifice  distinct  (2). 

Les  deux  orifices  sont  d'abord  contigus,  mais  l'uretère,  qui  à  celte 
époque  était  déjà  rejeté  latéralement,  est  reporté  un  peu  plus  haut  que 
le  canal  de  Wolfî.  Il  en  résulte  que  son  orifice  se  trouve  situé  de  plus  en 
plus  haut  sur  la  paroi  postérieure  du  canal  uro-génital,  puis  à  la  limite 
de  la  vessie  et  enfin  sur  la  paroi  postérieure  de  cette  dernière.  Ces  chan- 
gements sont  dus,  non  pas  à  une  migration  active  des  uretères,  mais  au 
développement  de  la  paroi  postérieure  de  l'allantoïde  entre  l'embouchure 
des  canaux  de  Wolff  et  celle  des  uretères  (Mihalcovics). 

Après  que  le  système  excréteur  définitif  s'est  formé  de  la  façon 
que  nous  venons  d'exposer,  les  phénomènes  évolutifs  ultérieurs  consis- 
tent essentiellement  dans  la  transformation,  que  nous  avons  déjà  men- 
tionnée, du  canal  de  Wolff  en  canal  déférent,  dans  l'apparition  sur  l'extrémité 
postérieure  de  ce  dernier  de  la  vésicule  séminale,  ainsi  que  dans  l'atrophie 
ou  la  transformation  du  rein  primitif  (fîg.  279  G). 

Glandes  génitales. 

Chez  tous  les  Vertébrés  les  cellules  sexuelles  mâles  et  femelles,  les 
OVULES  et  les  cellules  séminales,  sont  produites  par  différenciation  de 
Vépithélium  du,  cœlome.  De  chaque  côté  de  l'ébauche  des  somites  cet 
épithélium  GERMiNATiF  prolifère  et  s'enfonce  dans  la  masse  du  mésoderme 
dans  la  direction  du  dos. 

Les  cellules  sexuelles  sont  primitivement  à  l'état  indifférent  ;  mais 
bientôt  se  manifestent  des  phénomènes  évolutifs  différents  dans  les  deux 
sexes,  en  même  temps  qu'elles  contractent  certains  rapports  avec  le  sys- 
tème du  rein  primitif.  Les  canalicules  du  rein  primitif  s'enfoncent  dans 
la  glande  génitale,  s'y  anastomosent  [cordons  se^wentoVes),  et  entourent 
les  cellules  sexuelles  encore  indifférentes  (ovules  primordiaux)  réunies  en 
groupes. 

Chez  la  femelle,  c'est-à-dire  dans  V ovaire,  ces  cordons  segmentaires 

(1)  A  cette  manière  de  voir  Remak  et  KôUiker  en  opposent  une  autre,  d'après  laquelle 
les  diverticules  de  l'uretère  formeraient  la  totalité  des  canalicules  urinifères  ainsi  que  les 
capsules  des  corpuscules  de  Malpighi  ;  du  tissu  mésodermique  environnant  proviendraient 
seulement  les  vaisseaux  sanguins. 

(2)  Chez  les /îe;;i^//es  la  disposition  primitive  persiste  et  les  uretères  continuent  pendant 
toute  la  vie  à  déboucher  dans  l'extrémité  postérieure  des  canaux  de  Wolff. 


ORGANES    GENITAUX    ET    URINAIRES 


349 


FS       KE 


PS 


ne  remplissent  qu'un  rôle  transitoire  et  probablement  disparaissent  tout  à 
fait  plus  tard.  Il  est  très  improbable  qu'ils  forment  I'épithélium  des  folli- 
cules, car  celui-ci  existe  avec  sa  disposition  typique  dans  les  œufs  des 
animaux,  chez  lesquels  les  cordons  segmentaires  ne  pénètrent  jamais 
dans  la  glande  génitale.  Il  est  bien  plus  probable  que  les  cellules  de 
I'épithélium  folliculaire  ou,  comme  on  les  appelle  encore,  les  cellules  de 
la  membratie  granuleuse,  sont  formées 
par  des  ovules  primordiaux  transfor- 
més. Celles-ci  entourent  une  cellule 
centrale,  I'oyule  ou  œuF  proprement  dit. 
Le  rôle  des  cellules  de  la  membrane  gra- 
nuleuse est  de  fournir  des  matériaux 
nutritifs  au  protoplasma  de  Vœuf  (1). 

Les  cellules  de  la  membrane  granu- 
leuse en  se  multipliant  de  plus  en  plus 
forment  bientôt  plusieurs  couches  au- 
tour de  l'ovule  primitif;  entre  ces 
masses  de  cellules  apparaît  une  cavité 
qui  est  remplie  par  un  liquide  {liquor 
folliculi)  sécrété  par  elles  (fîg.  280, 
S,  Lf).      ^ 

Par  suite  de  l'accumulation  de  ce 
liquide  le  follicule  se  gonfle  de  plus  en 
plus  et  les  cellules  granuleuses  sont  les 
unes  refoulées  à  la  périphérie  (mem- 
brane granuleuse),  les  autres  groupées 
en  une  saillie  {disque  piroligère)  qui 
proémine  dans  la  cavité. 

Au  milieu  du  disque  proligère  est 
situé  l'œuf  avec  sa  vésicule  germinative 
et  sa  tache  germinative  (fîg.  280,  Ei,  K). 
Il  est  entouré  par  une  mince  membrane  sécrétée  par  les  cellules  du 
disque  avec  lesquelles  il  est  en  contact  (membrame  vitelline  ou  pelhc- 
cide,  Mp)),  et  se  trouve  ainsi  dans  des  conditions  particulièrement  favo- 
rables pour  se  nourrir  aux  dépens  du  liquide  du  follicule.  Le  follicule 
est  entouré  par  une  capsule  très  vasculaire  formée  par  du  tissu  con- 
jonctif  et  des  fibres  musculaires  lisses  (theca  folliculi,  Tf). 

Les  follicules  ainsi  constitués  et  distendus  par  le  liquide  qu'ils  renfer- 

(1)  Cette  manière  de  voir  est  confirmée  par  des  observations  faites  non  seulement  cliez  les 
représentants  de  tous  les  groupes  principaux  de  Vertébrés,  mais  aussi  chez  beaucoup  d'In- 
vertébrés. La  cellule  granuleuse  n'est  pas  purement  et  simplement  absorbée  en  entier;  elle 
n'est  pas  transformée  en  protoplasma,  mais  elle  fournit  le  cleutoplasma,  c'est-à-dire  une 
substance  qui  n'existe  pas  primitivement  dans  les  éléments  constitutifs  de  l'ovule.  Beau- 
coups  d'œufs  primordiaux  se  détruisent  aussi  plus  tard  et  servent  également  de  matériaux 
nutritifs  à  ceux  qui  persistent.  Là  ne  se  bornent  pas  les  sources  auxquelles  l'œuf  emprunte 
les  éléments  de  sa  nutrition;  les  leucocytes  j  prennent  aussi  une  grande  part,  comme  le 
démontrent  les  observations  faites  chez  un  grand  nombre  de  Vertébrés. 


Fig.  280.  —  Développement  des  follicules  de 
Graaf  chez  les  Mammifères. 

KE ,  épithélium  germinatif;  Ps ,  cordons 
sexuels;  So,  stroma  de  l'ovaire;  ce  dernier 
est  traversé  par  des  vaisseaux  {g,  g);  U,  U, 
ovules  primordiaux  ;  S,  fissure  entre  les  cel- 
lules de  la  membrane  granuleuse  (G)  et  l'o- 
vule primordial  ;  Lf,  liquide  du  follicule  ;  D, 
disque  proligère  ;  Ei,  œuf  complètement  déve- 
loppé avec  sa  vésicule  germinative  et  sa  tache 
germinative  {K);  Mp,  zone  pellucide;  Tf, 
theca  ou  enveloppe  fibreuse  du  follipule; 
Mg,  membrane  granuleuse. 


350  CHAPITRE    NEUVIÈME 

ment,  lorsqu'ils  sont  arrivés  à  maturité,  atteignent  la  surface  de  l'ovaire, 
se  rompent  et  expulsent  leur  contenu  dans  la  cavité  abdominale.  L'œuf 
est  entraîné  par  le  courant  du  liquide  provoqué  par  les  cellules  vibratiles 
qui  tapissent  les  franges  du  pavillon  et  principalement  la.  frange  ovmnque, 
et  arrive  de  cette  façon  dans  la  trompe. 

Les  vaisseaux  de  la  theca  folliculi  sont  déchirés  par  la  rupture  du 
follicule,  et  la  cavité  de  ce  dernier  se  remplit  de  sang.  Tout  autour  se 
forme  une  couche  de  cellules  produites  par  l'épithélium  folliculaire;  il  se 
produit  une  dégénérescence  graisseuse  et  l'ensemble  constitue  ce  que 
l'on  appelle  un  corps  jaune. 

Quant  au  développement  de  la  glande  génitale  mâle,  il  a  lieu  de  la 
façon  suivante  : 

Par  suite  de  l'accumulation  de  nouveaux  canaux  segmentaires  et 
d'ovules  primordiaux  il  se  produit  finalement,  principalement  chez  les 
Amniotes,  une  masse  plus  ou  moins  compacte  et  dont  l'œil  a  peine  à 
débrouiller  la  structure;  mais  lorsque  les  vaisseaux  sanguins,  et  avec  eux 
un  tissu  conjonctif  abondant,  qui  constituera  plus  tard  les  cloisons 
fibreuses,  commence  à  y  pénétrer  à  partir  du  hile,  les  cordons  rede- 
viennent distincts  et  en  même  temps  le  testicule  se  sépare,  sauf  au  point 
où  se  trouvent  le  hile,  le  rete  testis,  les  vaisseaux  efférents  et  l'épididyme, 
du  rein  primitif  par  suite  de  la  disparition  graduelle  des  canaux  segmen- 
taires (1).  A  la  même  époque  commence  le  développement  des  cana- 
licules  séminifères,  qui  consiste  en  ce  que  les  cordons  segmentaires,  situés 
dans  le  parenchyme  du  testicule,  remplis  d'ovules  primordiaux  et  anas- 
tomosés à  la  périphérie,  se  creusent  d'un  canal  dû  à  l'écarteraent  de  leurs 
cellules  qui  continuent  à  se  multiplier.  En  même  temps  leurs  cellules 
centrales  se  détruisent  et  sont  résorbées;  il  est  probable  que  ce  sont 
seulement  les  ovules  primordiaux  qui  disparaissent  ainsi. 

La  paroi  de  ces  canalicules  testiculaires  est  formée  par  deux  sortes  de 
cellules,  de  petites  cellules  cylindriques  (cellules  des  cordons  segmen- 
taires) et  de  grosses  cellules  rondes  (dérivées  des  ovules  primordiaux). 
Les  premières  représentent  les  cellules  de  soutien  des  canalicules  sémini- 
fères, les  autres  les  grosses  cellules  testiculaires.  Elle  sont  disposées  sans 
aucun  ordre,  parfois  sur  plusieurs  couches,  et  dans  ce  cas  les  cellules 
testiculaires  sont  situées  vers  le  centre,  les  cellules  de  soutien  à  la  péri- 
phérie. Autour  des  canalicules  le  tissu  conjonctif  commence  à  former 
une  membrane  propre  (Semon). 

Quant  àlasPERMATOGENÈSEjils'en  fautqu'elle  soit  complètement  élucidée; 
mais  il  paraît  hors  de  doute  que  les  spermatozoïdes  se  forynent  exclusivement 
aux  dépens  des  ovules  primordiaux  contenus  dans  la  glande  génitale  mâle, 
c  est-à-dire  aux  dépens  des  grosses   cellules  testiculaires  (2).  La  preuve 

(1)  Comp.  sur  ce  poiiiL  ce  qui  a  été  dit  au  sujet  du  rein  primitif  et  du  canal  du  rein  pri- 
mitif, ainsi  que  la  ligure  279. 

(2)  La  formation  des  éléments  sexuels  mâles,  des  spermalozoïdes,  a  lieu  par  un  processus 
de  division  nucléaire  intracellulaire.  La  tête  provient  toujours  du  noyau,  ['appetidice  cauda 


ORIGINES    GÉNITAUX    ET    URINAIRES  351 

nous  en  est  fournie  par  les  recherches  de  Semper  sur  les  Plagiostomes. 
Chez  ces  animaux  la  spermatogenèse  a  lieu  dans  ces  parties  des  cana- 
licules  testiculaires,  auxquelles  on  donne  le  nom  (Vampoides.  Or  ces 
dernières  ne  sont  formées  que  par  des  cordons  cfoeufs  primordiaux,  qui 
se  creusent  plus  tard,  tandis  que  les  cordons  segmentaires  ne  fournissent 
que  la  partie  vectrice  des  canalicules  testiculaires.  Dans  toute  la  série  des 
Vertébrés  il  y  a  homologie  en  ce  qui  concerne  le  lieu  où  s'opère  la  sper- 
matogenèse  (Semon). 

Organes  urinaires. 

Poissons. 

Chez  VAmphioxus  on  n'a  pas  encore  découvert  d'appareil  urinaire  ; 
mais  il  ne  semble  pas  impossible  que  certaines  parties  modifiées  de  l'épi- 
thélium  de  la  cavité  péribranchiale  ne  déversent  dans  l'eau,  qui  passe  à 
travers  les  fentes  branchiales  dans  la  cavité  abdominale,  les  produits  de 
décomposition  azotés. 

Les  Cyclostomes  possèdent  un  rein  précurseur  qui  persiste  encore 
après  la  période  fœtale,  c'est-à-dire  qu'on  le  retrouve  encore  chez  les 
jeunes  (1).  Il  présente  de  nombreux  entonnoirs  et  est  à  cette  époque  la 
seule  glande  rénale  qui  fonctionne.  Plus  tard  il  devient  rudimentaire  et 
le  rein  primitif  remplit  son  rôle  physiologique.  Le  rein  primitif  ne  pré- 
sente chez  ces  animaux  aucune  relation  avec  l'appareil  génital.  Les 
œufs  et  le  sperme  sont   expulsés  au  dehors  par  les  pores  abdominaux. 

Le  rein  précurseur  n'a  chez  les  Téléostéens  (sauf  chez  le  Fierasfer 
d'après  Emery  [?])  qu'une  importance  passagère;  le  rein  primitif  repré- 
sente l'organe  excréteur  permanent.  Il  est  située  entre  la  colonne  verté- 
brale et  la  vessie  natatoire  et  forme  un  long  ruban  étroit,  dont  l'étendue 
est  d'ailleurs  variable.  Il  n'est  pas  rare  d'observer  des  soudures  secon- 
daires entre  les  organes  des  deux  côtés . 

V uretère  est  formé  par  le  canal  primaire  du  rein  primitif;  il  est  plus 
ou  moins  libre  ou  peut  même  être  enfoncé  dans  le  parenchyme  du  rein. 
En  arrière  les  deux  uretères  sont  en  général  confondus  ;  ils  se  dilatent 
pour  former  une  vessie  urinaire,  qui  naturellement  n'a  rien  de  commun 
avec  l'organe  de  même  nom  (allatitoïde)  des  Amphibiens  etdesAmniotes.  Le 
canal  terminal  de  cette  vessie  débouche  ordinairement  derrière  l'anus, 

(ou  les  appendices  caudaux)  probablement  du  protoplasma.  Des  recherches  récentes  onl 
montré  que  l'appendice  caudal  n'est  pas  homogène,  mais  qu'il  est  formé  de  deux  filaments, 
composés  chacun  de  plusieurs  éléments  fibrillaires  excessivement  fins.  Les  deux  filaments 
sont  réunis  par  une  masse  de  ciment;  chez  le  Protopterus  ils  sont  toujours  complètement 
séparés  (W.  N.  Parker).  La  comparaison  de  cette  structure  flbrillaire  du  flagellum  con- 
tractile des  spermatozoïdes  avec  la  structure  des  gros  cils  vibratiles,  que  nous  a  fait  connaître 
Engelmann,  se  présente  naturellement  à  l'esprit. 

(1)  D'après  les  recherches  de  A.  Dohrn  il  existe  chez  VAmmocète  un  cloaque,  c'est-à-dire 
que  les  conduits  des  reins  ne  débouchent  pas  dans  la  cavité  péritonéalc,  mais  dans  le 
rectum.  Il  y  a  donc  ici  une  fente  uro-anale;  pendant  la  transformation  de  l'Ammocètc  en 
Petromyzon  il  se  forme  une  fente  anale,  et  une  fente  uro-génitale. 


352  CHAPITRE    NEUVIÈME 

tantôt  isolément,  tantôt  réuni  aux  conduits  sexuels,  par  un  pore  ou  au 
sommet  d'une  papille  uro-génitale. 

Le  canal  primaire  du  rein  primitif  ne  se  divise  jamais  chez  les  Téléos- 
téens  en  canal  secondaire  du  rein  primitif  et  en  canal  de  Millier,  comme 
c'est  le  cas  chez  les  Sélaciens.  Chez  ceux-ci  le  rein  primitif  se  divise  en 
deux  parties,  l'une  antérieure,  l'autre  postérieure.  La  première  entre  en 
relation  chez  le  mâle  avec  la  glande  génitale  et  envoie  ses  canalicules 
dans  le  canal  secondaire  du  rein  primitif,  la  seconde  persiste  comme 
organe  exclusivement  urinaire  et  déverse  sa  sécrétion  par  l'intermédiaire 
des  uretères  dans  le  canal  secondaire  du  rein  primitif,  de  sorte  que 
celui-ci  fonctionne  en  même  temps  comme  uretère  et  comme  canal  défé- 
rent. Chez  la  femelle  la  glande  génitale  n'a  aucun  rapport  avec  le  canal 
secondaire  du  rein  primitif,  et  les  œufs  sont  déversés  au  dehors  par  le 
canal  de  Millier.  (Pour  bien  comprendre  ces  dispositions  je  renverrai  à 
la  figure  283,  qui  représente  le  système  génito-urinaire  des  Urodèles.) 

Le  rein  (rein  primitif)  se  compose  en  général,  comme  on  l'a  vu,  d'une  partie  anté- 
rieure plus  étroite  et  d'une  partie  postérieure  et  moyenne  plus  large.  Son  bord  externe 
offre  fréquemment  des  incisures  qui  indiquent  que  l'ébauche  de  l'organe  était  primi- 
tivement segmentaire  ;  les  néphrostomes  fœtaux  présentent  aussi  une  disposition  mé- 
tamérique  concordante.  Plus  tard  le  caractère  segmentaire  disparaît,  car  les  enton- 
noirs rénaux  sont  sans  exception  bien  moins  nombreux  chez  l'animal  adulte  que  les 
vertèbres  qui  correspondent  à  la  cavité  viscérale.  D'ailleurs  leur  nombre  et  leur  taille 
présentent  de  nombreuses  variations  suivant  les  genres  ou  même  suivant  les  indi- 
vidus (1). 

Le  rein  chez  les  Dipnoïques,  au  moins  chez  le  Protopterus,  est  entouré 
dans  toute  son  étendue,  sauf  en  dessus,  par  une  couche  épaisse  de  tissu 
lymphoïde  et  graisseux.  Il  n'existe  pas  de  néphrostomes.  Quant  aux 
canaux  excréteurs  ils  ne  diffèrent  pas  de  ceux  des  Sélaciens  (W.  N.  Parker). 
Parmi  les  Ganoïdes  les  Esturgeons  paraissent  présenter  dans  la  confor- 
mation de  leur  appareil  urinaire  plusieurs  points  de  ressemblance  avec 
les  Sélaciens.;  mais  cet  appareil  est  encore  peu  connu  et  exigerait  de 
nouvelles  recherches.  Il  en  est  de  même  pour  les  Ganoïdes  osseux  où 
nous  devons  nous  attendre  à  trouver  une  conformation  qui  établisse  la 
transition  aux  organes  urinaires  des  Téléostéens. 

Amphibiens. 

Les  Gymnophiones  nous  présentent  la  disposition  la  plus  primitive; 
chez  eux  les  reins  (fig.  281,  en  Ni  entre  Mg  et  Mg)  ont  la  forme  d'un 
long  ruban  étroit  et  variqueux,  qui  s'étend  en  général  depuis  le  cœur 
jusqu'à  l'extrémité  antérieure  du  cloaque.  En  les  observant  avec  attention 
on  voit  qu'ils  sont  composés  de  pelotons  strictement  segmejitaires  pendant 
la  période  embryonnaire  (c'est-à-dire  correspondant  à  la  segmentation 
de  la  colonne  vertébrale),  formés  chacun  d'un  corpuscule  de  Malpighi, 

(1)  Les  néphrostomes  persistent  pendant  toute  la  vie  chez  les  Squatina,  Acanthias, 
Spinax,  Centrophorus,  Scymnus,  Hexanchus,  Pristiurus,  Scyllium  et  Chiloscyllium, 


ORGANES    GÉNITAUX    ET^URINAIRES  353 

d'un  entonnoir  péritonéal  ou  néphrostome  ainsi  que  d'un  canal  excréteui- 
(comp.  fig.  278  A). 

Chez  l'adulte  cette  disposition  persiste  parfois  dans  la  portion  anté- 
rieure du  rein,  tandis  que  dans  le  reste  de  l'org-ane  on  trouve  plus  tard 


Fig.  281.  —  Ensemble  des  viscères  du  Siphonops  annulatus  mâle.  Les  téjjuments  ont  été  fendus  sur  la 
ligne  médiane  inférieure  et  rejetés  des  deux  côtés. 

Canal  intestinal:  Oes,  œsophage;  Mg,  estomac;  Z)d,  i'd',  intestin  moyen;  Dda,  intestin  terminal; 
Cl,  cloaque;  Bl,  Bt^,  grande  corne  antérieure  et  petite  corne  postérieure  de  la  vessie  urinaire;  Leb, 
foie;  Bis,  vésicule  biliaire;  Pan,  pancréas;  M,  rate  ;  Per,  péritoine  (ligament   gastro-hépatique). 

Organes  génilo-urinaires  :  Ov,  ov,  ovaires;  Mg,  Mg,  canaux  de  Millier  (oviductes);  Ni,  Ni,  rein; 
tir,  uretère. 

Appareil  respiratoire:  L, 'poumon  droit  bien  développé;,  L',  poumon  gauche  rudimentaire  ;  Tr,    trachée. 

Appareil  circulatoire  :  Ve,  ventricule  ;  A,  oreillette;  B,  cône  artériel  ;  Ao,  aorte  ascendante  droite;  la 
gauche  n'a  pas  été  représentée  ;  Aod,  aorte  descendante  gauche  ;  Ap,  Ap,  artère  pulmonaire  ;  Vp,  veine 
pulmonaire  ;  Vn,  veine  qui  amène  au  cœur  le  sang  des  organes  génito-urinaires,  des  muscles  du  dos  et 
du  canal  rachidien  ;  J,  veine  jugulaire;  Ci,  veine  cave  inférieure;  Z)c,  canal  de  Cuvier;  Vep,  Vep,  veine 
porte. 

par  suite  de  phénomènes  d'accroissement  secondaires  jusqu'à  vingt  enton- 
noirs dans  un  seul  segment  du  corps.  Le  nombre  total  des  néphrostomes 
peut  s'élever  dans  chaque  rein  à  mille  ou  davantage. 

Quant  au  canal  collecteur,  ainsi  qu'aux  rapports  du  reste  du  système 
rénal  avec  les  organes  génito-urinaires,  les  Gymncphiones  ressemblent 
essentiellement  aux  autres  Amphibiens,  et  nous  devons  nous  attendre  à 
trouver  ici,  comme  je  l'ai  indiqué  à  plusieurs  reprises,  des  points  de 
rapprochement  avec  les  Sélaciens. 

WlEUERSHEIM.  23 


354 


CHAPITRE    NEUVIEME 


fy- 


W>—- 


ot 


Od- 


'4-Mo 


vij^- 


Les  reins  des  Urodèles  et  des  Anoures  sont  situés,  comme  partout, 
A  dans  la  partie  dorsale  de  la  ca- 

vité viscérale;  ils  sont  tantôt 
allongés,  tantôt  plus  compacts, 
plus  courts  et  limités  à  la  ré- 
gion moyenne  du  tronc. 

Chez  les  Urodèles  ils  sont 
toujours  divisés  en  deux  par- 
ties, l'une  antérieure  étroite, 
l'autre  postérieure  plus  com- 
pacte. Cette  dernière,  qui  fonc- 
tionne seule  comme  glande 
urinaire,  porte  le  nom  de  rein 
PELVIEN  (fîg.  283,  A^);  la  partie 
antérieure  représente  la  partie 
génitale  du  rein  (rein  sexuel). 
Cela  est  dû  à  ce  que  des  cana- 
licules  séminifères,  les  vais- 
seaux efférents  (fig.  283  A, Ho, 
Ve,  Ve),  se  rendent  soit  direc- 
tement, soit  indirectement  par 
l'intermédiaire  d'un  conduit  col- 
lecteur (-|*),  du  testicule  dans  le 
parenchyme  du  rein  où  ils  dé- 
bouchent dans  les  canalicules 
urinifères.  Ceux-ci,  à  partir  de 
l'embouchure  des  vaisseaux 
efférents,  sont  donc  traversés, 
comme  le  canal  de  Leijdig  qui 
commence  à  l'extrémité  anté 
rieure  du  rein,  par  l'urine  et 
le  sperme  (fîg.  283  A,  Ig,  a). 
Les  deux  canaux  de  Leydig 
chez  les  Urodèles  et  les  Anoures 
s'ouvrent  en  arrière  (après  avoir 
encore  reçu  chez  les  Urodèles 
mâles  de  long  canaux  collec- 
teurs provenant  du  rein  pel- 
vien) chacun  isolément  dans  le 
cloaque,  sans  avoir  aucun  rap- 
port non  plus  avecles  conduits 
génitaux. 


k/' 


Od-A 


lit. 


Iff- 


w^. 


Fig.  282. —  Appareil  génito-urinaire  mâle  (A)  et  femelle  (B) 
de  VEpicrium  glutinosum  (d'après  J.  W.  Spengel). 

iViV,  leins;  «ijr,  w^',  canal  de  Millier  du  mâle,  qui  corres- 
pond à  l'oviducte  (Od)  de  la  femelle;  Ot,  pavillon  de  l'o- 
viducte  ;  Ho,  testicule;  ov,  ovaire;  /,  /,  corps  adipeux; 
Ig,  canal  de  Leydig  ;  B,  B,  vessie  urinaire  ;  et,  cl,  cloaque, 
qui  débouche  à  l'extérieur  en  a  ;  inr.  et,  muscle  rétrac- 
teurdu   cloaque  ;  r,  rectum.  qj^^^    leS    AnOUreS,    leS    COllduiLs 

de  Lejdig-,  pai'  suite  de  la  position  du  rein,  sont  libres  dans  la  cavité  viscérale  dans 
une  grande  partie  de  leur   étendue   et  présenlonl  chez, les    mâles,  pendant  la  pé- 


ORGANES    GÉNITAUX    ET    URINAIRES 


355 


riode   de  la  reproduction,  une  dilatation  qui  sert  de  réservoir  du  spei'me  (vésicule 
séminale). 


mffïOd) 

Fig.  283.  —  Schéma  de  l'appareil  génito-urinaire  d'un  Urodèle  mdle  (A)  et  d'un  Urodèle  femelle  (B), 
d'après  une  préparation  du  Triton  taeniatus  (d.'a.pTès  ] .  W.  Spengel). 

Ho,  testicule;  Ve,  Ve,  canaux  eflférents  qui  se  réunissent  dans  un  canal  commun  (-j-);  a,  conduits  excré- 
teurs des  canalicules  urinifèrés,  qui  se  déversent  dans  le  canal  de  Leydig  (canal  excréteur  commun  du 
sperme  et  de  l'urine);  ce  dernier  fonctionne  seulement  comme  uretère  (Ur)  chez  la  femelle  (Ig.  Cg.  B). 
Les  ■  anaux  efférents  et  le  canal  de  Leydig  (^gr)  sont  atrophiés  ici;  mg,  mg^,  (Od),  ca.na.ï  de  Millier; 
Ot,  orifice  de  ce  dernier  (pavillon  de  l'oviducte)  chez  la  femelle;  GN,  rein  génital  (épididyme  du  mâle); 
N,  rein  pelvien  ou  rein  proprement  dit. 

Vis-à-vis  le  point  où  ils  débouchent  est  située  la  vessie  urinaire,  sou- 
vent bicorne,  dont  j'ai  déjà  indiqué  plus  haut,  dans  les  chapitres  relatifs  au 
système  digestif  et  au  système  vasculaire,  la  signification  morphologique. 

On  ne  trouve  des  traces  de  Yébauche  segme7itaire  de  l'appareil  génito- 
urinaire  chez  les  Urodèles  que  dans  la  portion  sexuelle  du  rein;  dans  la 
portion  pelvienne,  comme  dans  le  rein  tout  entier  des  Anoures,  qui  est  un 
organe  aplati,  plus  uniforme,  compact  ou  seulement  moins  lobé,  elles 
ont  complètement  disparu.  Chez  les  uns  comme  chez  les  autres  les 
néphrostomes  persistent  en  grand  nombre  pendant  toute  la  vie  sur  la  face 
ventrale  du  rein  recouverte  par  le  péritoine  (1). 

(1)  Chez  les  Anoures  les  glandes  génitales  sont  situées  en  dedans  et  en  dessous  des  reins  ; 
en  avant  d'elles  est  situé  un  corps  graisseux  digité(fîg. -284, /^  AT), 


356 


CHAPITRE    NEUVIEME 


Chez  les  Anoures  les  néphrostomes  ne  communiqueraient  que  pendant  la  période 


larvaire  avec  les  canalicules  urinifères  ;  plus 
déboucher  dans  les  veines  portes.  Par  suite 
de  ce  changement  la  cavité  viscérale  des 
Anoures  représenterait,  comme  celle  des 
Amniotes,  un  espace  lymphatique,  puisque 
le  liquide  transsudé  dans  la  cavité  périto- 
néale,  qui  était  perdu  pour  l'organisme,  se 
trouve  dès  lors  ramené  comme  le  reste  de 
la  lymphe  dans  le  système  vasculaire  san- 
guin et  ne  sort  pas  ainsi  du  corps. 

Fig.  284. 

tvAo 


tard  ils  s'en   éloii 


neraient  pour  venir 
Fig.  285. 


Fig.  284.  —  Appareil  génito-urinaire  de  la  Rana 
esculenta  mâle. 
]y,  JV,    reins  ;    Ur,  TJr,  uretères  (canaux  de  Leydig),  qui 
sortent  en  -j-  sur  le  bord  externe   du  rein  ;  S,   5',   leur 
orifice  dans  le  cloaque  (COi    Ho,  Ho,  testicules;  FK, 
-FJi,  corps  adipeux  ;  C»,  veine  cave  inférieure;  Ao,  aorte; 
Vf,  veines  efïérentes  de  la  circulation  de  la  veine  porte 
rénale. 


Fig.  285.  —  Rein  avec  des  néphrostomes  du  Discoglossus 
pictus  mâle  (d'après  J.  "W.  Spengel). 

On  voit  en  ST,  sur  la  face  libre  en  rapport  avec  la  ca- 
vité ventrale  les  néphrostomes  (entonnoirs  segmen- 
taires);  Ur,  uretère  (canal  de  Leydig),  qui  s'élargit  en 
C/r',  pour  tormer  la  vésicule  séminale. 


s---sr 


Reptiles  et  Oiseaux. 

Ici,  comme  chez  tous  les  autres  Amniotes,  le  rein  primitif,  lorsq-ail 
persiste  aj)rès  la  'période  embryonnaire,  n'a  plus  en  général  rien  de  com- 
mun  avec  l'appareil  excréteur,  et  la   fonction   de   glande  urinaire  est 


ORGANES    GÉNITAUX    ET    URINAIRES  357 

remplie  par  un  nouveau  rein  (métanéphros)  toujours  dépourvu  de  néphros- 
t ornes  (1). 

Celui-ci  n'acquiert  jamais  Tétendue  du  rein  primitif,  qui,  chez  les 
Anamniens,  s'étend  souvent  dans  toute  la  longueur  de  la  cavité  viscérale  ; 
il  est  en  général  petit,  compact  ou  lobé,  le 
plus  souvent  limité  à  la  moitié  postérieure 
du  tronc  ou  même  complètement  rejeté  dans 
la  région  pelvienne,  comme  c'est  le  cas  pour 
la  plupart  des  Reptiles  et  pour  tous  les  Oi- 
seaux {ûg.  287,  N).  L'extrémité  postérieure, 
fréquemment  amincie,  du  rein  peut  même 
pénétrer  jusque  dans  la  base  de  la  queue, 
par  exemple  chez  les  Lacerta,  où  elle  se  fu- 
sionne en  ce  point  avec  celle  du  côté  opposé. 

Fig.  28fi. 


-j-/ 


r — 


r-  Br  ' 


Fig.  286.  —  Appareil  iirinaire  du  Monitor  indiens.  Le  rein  droit  est  représenté  dans  sa  position   natu- 
relle, le  rein  gauche  est  tourné  en  dehors  autour  de  l'axe  longitudinal,   de  façon  à  montrer  l'uretère  et 
les  canaux  collecteurs.   La  vessie  n'a  pas  été  représentée. 

N,  N,  rein  ;  SG,  canaux  collecteurs  qui  se  déversent  dans  l'uretère  Ùr",  Ur  ;  î/r",  orifice  de  l'uretère 
dans  le  cloaque. 

Fig.  287.  —  Appareil  génito-urinaire  de  VArdea  cinerea  mâle. 

2V,  rein;  Ur,  uretère  qui  débouche  en  Srdans  le  cloaque  (Ce).  Ce  dernier  estfendu.  /To,  testicule;  Ep,  épi- 
didyme;  Vd,  canal  déférent  qui  débouche  en  Vâ^  sur  une  papille  du  cloaque;  BF,  bourse  de  Fabricius, 
qui  débouche  en  BF^  également  dans  le  cloaque  ;  V,  V,  sillons  formés  par  des  veines  superficielles  sur 
la  face  ventrale  des  reins  ;  Ao,  aorte. 

D'après  ce  qui  vient  d'être  dit,  les  uretères  ne  sont  plus  libres  dans  la 
cavité  abdominale,  ou  le  sont  dans  une  étendue  plus  ou  moins  consi- 
dérable. Ce  dernier  cas  se  manifeste  chez  les  Crocodiles  et  surtout  chez 
les  Oiseaux  où  les  reins  sont  comme  moulés  dans  la  cavité  du  bassin, 
de  sorte  que  leur  face  dorsale  présente  en  creux  le  relief  du  squelette 
(fig.  287,  f/r).  La  face  ventrale  aplatie  du  rein  est,  en  général,  ici  lobée 

(1)  Sur  la  persistance  du  rein  primitif  chez  les  Sauriens,  voyez' page  344. 


358  CHAPITRE    NEUVIÈME 

et  souvent  parcourue  par  des  sillons  très  profonds,  formés  par  les  veines 
qui  s'y  enfoncent;  Textrémité  postérieure  des  deux  reins  peut,  comme 
chez  les  Lacertiliens,  se  fusionner  sur  la  ligne  médiane. 

Les  reins  ne  sont  pas  toujours  symétriques,  surtout  chez  les 
Serpents,  où  ils  présentent  de  nombreux  lobes  et  oii,  comme  chez  les 
Sauriens  apodes,  ils  ont  une  forme  allongée,  étroite  et  rubanée  corres- 
pondant à  celle  du  corps. 

Tous  les  Sauriens  (y  compris  les  Scinques)  et  les  Tortues  ont  une 
vessie  urinaire  plus  ou  moins  profondément  bifide  au  sommet,  ce  qui 
indique  que  son  ébauche  est  paire.  Elle  se  développe  sur  la  paroi 
ventrale  du  cloaque.  Elle  fait  défaut  aux  Serpents,  aux  Crocodiles  et  aux 
Oiseaux: 

Mammifères. 

Les  reins  des  Mammifères,  relativement  petits,  sont  situés  sur  les 
côtés  de  la  colonne  vertébrale  sur  le  muscle  carré  des  lombes  et  sur  les 
côtes.  Ils  présentent  en  général  un  bord  externe  convexe  et  un  bord 
interne  concave.  Ce  dernier  est  appelé  hile,  parce  que  c'est  à  ce  niveau 
que  pénètrent  les  vaisseaux  sanguins  et  que  sort  l'uretère.  La  partie 
initiale  de  l'uretère  dilatée,  et  souvent  divisée  en  plusieurs  parties  secon- 
daires, constitue  le  calice  ou  les  calices  (fîg,  288,  Ca)  qui  entourent  de 
petites  papilles  sur  lesquelles  viennent  déboucher,  en  nombre  variable, 
lés  canalicules  urinifères  (fîg.  288,  entre  Pr  et  Ca).  Les  calices  se 
réunissent  en  une  grande  cavité  commune,  le  hassinet,  auquel  fait  suite 
l'uretère  qui  vase  déverser  dans  la  vessie  (fig.  288,  Pe,  Ur). 

Vurètre,  qui  part  de  la  vessie,  est  court  chez  la  femelle;  mais  chez  le 
mâle  il  est  uni  à  Y  organe  d' accouplement  volumineux  et  forme  un  long 
canal  {sinus  uro-génital),  pourvu  d'un  corps  érectile  {corps  spongieux  de 
V  urètre). 

Pendant  la  période  embryonnaire,  le  rein  est  une  masse  composée  de 
plusieurs  lobes  distincts;  il  peut  conserver  cette  organisation  pendant 
toute  la  vie  {Cétacés,  Pinnipèdes,  Ours,  Loutre,  etc.),  ou  bien  les  lobes 
peuvent  se  confondre  plus  ou  moins  complètement,  de  sorte  que  l'or- 
gane a  l'aspect  bosselé  ou  même  entièrement  lisse  (fîg.  289). 

Néanmoins,  même  dans  ce  dernier  cas,  la  division  primitive  en  lobes 
se  reconnaît  plus  ou  moins  nettement  sur  une  coupe  de  l'organe.  On  y 
distingue  une  couche  interne  {substance  médullaire),  formée  par  un 
assemblage  de  cônes  ou  de  pyramides  (fîg.  288,  M,  Pr),  et  une  couche 
externe  {substance  corticale),  qui  envoie  entre  les  pyramides  des  prolon- 
gements connus  sous  le  nom  de  colonnes  de  Bertin  (fîg.  288,  R,  B).  Les 
pyramides  correspondent  aux^obes  embryonnaires  du  rein  ;  mais  il  est 
à  remarquer  que  plusieurs  lobes  peuvent  se  réunir  et  correspondre  à 
une  seule  pyramide. 

Les  corpuscules  de  Malpighi  ainsi  que  les  canalicules  contournés  entourés  de  vais- 
seaux sanguins  du  rein  des  Mammifères  sont  situés   dans  la  substance  corticale,  les 


OIU^ANES    GENITAUX    ET    URINAIRES 


359 


canalicules  droits  principalement  dans  les  pyramides;  ceux-ci  après  s'être  réunis  de 
proche  en  proche  de  façon  à  former  des  canalicules  collecteurs  plus  volumineux  vien- 
nent déboucher  au  sommet  des  papilles. 

Chez  tous  les  Mammifères,  les  uretères  sont  libres  dans  une  grande 
partie  de  leur  étendue  dans  la  cavité  abdominale  ;  ils  viennent  toujours 
déboucher  sur  la  face  postérieure  de  la  vessie  urinaire,  soit,  ce  qui  est  le 

Fig-.  288. 
-^"T:"X  Fig.  289  B. 


'M]\r. 


~JV 


Fig.  288.  —  Coupe  longitudinale  schématique  d'un  rein  de  Mammifère. 
R,  R,  substance  corticale  ;  M,  M,  substance  médullaire  disposée  en  pyramides  (Pr,  pyramides  de   Mal- 
pighi)  ;  B,  B,  pyramides  de  Bertin,   prolongements  de   la   substance  corticale  entre  les   pyramides    de 
Malpiglii  ;  Ca,  calices;  Pe,  bassinet;   Ur,  uretère. 

Fig.  289.  —  A,  Rein  droit  du  Chevreuil;  B,  reins  et  capsules  surrénales  d'un  embryon  humain. 
N,  reins  divisés  en  lobes;    tfr,  Vr,  uretères;  N,  iV,  capsules  surrénales. 

cas  le  plus  fréquent,  dans  le  bas-fond  de  la  vessie,  soit  plus  haut,  près  du 
sommet.  La  vessie  est  tantôt  située  dans  la  cavité  abdominale,  tantôt 
plus  bas  dans  le  bassin. 

La  vessie  urinaire,  qui  ne  fait  défaut  à  aucun  Mammifère,  dérive  de  la 
portion  postérieure  de  la  partie  intra-abdominale  de  rallantoïde,  c'est-à- 
dire  de  son  pédicule  ou  ouraque.  La  portion  antérieure  du  pédicule 
devient  le  ligament  vésical  moyen  (1).  La  vessie  présente  des  variations 

(1)  On  ne  trouve  aucune  trace  de  Vouraque  ni  des  artères  ombilicales  chezles  Marsupiaux. 
L'allanioïde  tout  entière  est  contenue  dans  la  cavité  abdominale  ou  dans  la  cavité  pelvienne; 
en  même  temps  que  l'animal  s'accroît  elle  augmente  de  volume  d'une  façon  absolue,  mais 
non  pas  relative  et  fonctionne  pendant  toute  la  vie  comme  vessie  urinaire.  De  sorte  que 
chez  ces  animaux  les  artères  de  l'allantoïde  (artères  vésicales  supérieures  ou  ombilicales)  per- 
sistent pendant  toute  la  vie.  Il  n'existe  donc  entre  la  vessie  urinaire  des  Placentaires  et 
celle  des  Implacentaires  qu'une  homologie  incomplète. 


360  CHAPITRE    NEUVIÈME 

de  forme  extrêmement  nombreuses  ;  mais  elles  n'ont  qu'une  importance 
secondaire,  aussi  les  passerons-nous  ici  sous  silence. 

Organes  génitaux. 

Poissons. 

Chez  VAmphioxus,  la  glande  génitale  reste  longtemps  à  l'état  d'indif- 
férence sexuelle.  Son  ébauche  est  strictement  segmentaire,  et  chacune 
de  ses  parties  débouche  isolément  dans  la  cavité  péribranchiale.  Il  n'est 
pas  besoin  d'insister  sur  la  grande  difîérence  qui  existe  sous  ce  rapport 
entre  l'Amphioxus  d'une  part,  et  l'ensemble  des  Crâniotes  d'autre  part. 
De  la  cavité  péribranchiale  les  produits  sexuels  sont  déversés  à  l'exté- 
rieur à  travers  la  bouche. 

Les  glandes  génitales  des  Cyclostomes  forment  un  organe  impair, 
allongé,  suspendu  au  côté  dorsal  de  l'intestin  par  un  repli  du  péritoine 
le  mésoarium  ou  le  mésorchium  (1).  Chez  les  autres  Poissons  les  glandes 
sexuelles  impaires  sont  l'exception  et  ne  doivent  être  admises  qu'après 
un  examen  très  attentif  (voy.  plus  bas)  ;  il  y  a  souvent  asymétrie  entre 
les  glandes  des  deux  côtés.  L'une  des  glandes  peut  même  disparaître 
complètement,  par  exemple  chez  VAmmodytes  tobianus,  le  Cobitis  bar- 
batula,  etc.  Primitivement,  l'ébauche  des  glandes  sexuelles  de  tous  les 
Poissons  est,  comme  chez  tous  les  autres  Vertébrés,  paire,  et  leur  fusion 
nest  quun  phénomène  secondaire.  Les  ovaires  et  les  testicules  présentent 
une  forme  et  une  situation  presque  identiques  chez  tous  les  Téléostéens. 
Il  en  est  de  même  de  la  disposition  de  leurs  conduits  vecteurs. 

L'ovaire  des  Téléostéens  est  en  général  un  sac  clos  en  avant;  les  œufs 
se  développent  dans  des  lamelles  longitudinales  ou  transversales  de  sa 
paroi  interne;  son  prolongement  postérieur  représente  Voviducte.  Les 
oviductes,  en  général  courts,  se  réunissent  fréquemment  en  arrière  en  un 
canal  commun;  celui-ci  aboutit  aune  fente  ou  au  sommet  d'une  papille 
qui  peut  se  prolonger  en  tube.  Les  oviductes  des  Téléostéens  ne 
méritent  d'ailleurs  nullement  ce  nom,  car  ils  ne  dérivent  pas  des  canaux 
de  Millier;  ce  sont  des  formations  particulières,  c'est-à-dire  des  parties 
qui  se  sont  séparées  de  l'extrémité  postérieure  de  la  cavité  abdominale 
primitive  ou  de  la  séreuse.  Si  cette  séparation  est  incomplète  pendant  la 
période  embryonnaire,  il  en  résulte  la  formation  des  entonnoirs  périto- 
néaux  des  Salmonidés,  dont  il  sera  question  plus  bas. 

Les    testicules   des    Téléostéens    sont  des  corps  allongés,    ovales  ou 

(1)  Chez  tous  les  jeunes  individus  femelles  de  Myxine,  chez  lesquels  les  œufs  ne  sont  pas 
encore  arrivés  à  maturité,  la  partie  postérieure  des  glandes  sexuelles  présente  la  structure 
des  testicules,  de  sorte  que  l'on  peut  dire  qu'il  y  a  ici  hermaphrodisme.  La  spermatogenèse 
s'y  opère  comme  dans  les  testicules.  Il  semble  donc,  surtout  si  l'on  considère  que  les  mâles 
sont  excessivement  rares  comparés  aux  femelles,  qu'il  puisse  y  avoir  chez  les  Myxinoïdes 
une  fécondation  hermaphrodite.  Il  est  d'ailleurs  à  remarquer  que  chez  les  individus  dont 
les  œufs  sont  mûrs,  bien  développés,  on  ne  trouve  en  général  aucune  portion  testiculaire 
dans  l'ovaire  (Cunningham), 


ORGANES    GÉNITAUX    ET    URINAIRES  361 

prismatiques,  qui  sont  en  rapport,  en  dessus  avec  les  reins,  en  dessous 
avec  Fintestin.  heur&  cmiaux  excréteurs,  souvent  d'un  blanc  intense,  se 
réunissent  près  de  leur  terminaison  en  un  canal  commun  très  court  qui 
débouche  à  l'extérieur  entre  le  rectum  et  l'urètre.  Ils  ont  la  même 
signification  morphologique  que  les  oviductes,  de  sorte  que  chez  les 
Téléostéens  il  n'existe  pas  plus  de  canal  de  Wolff  que  de  canal  de 
Mûller  (1). 

Chez  les  Cyclostomes,  chez  quelques  Téléostéens  {Anguilles  et  Salmonidés  femeWes) 
et  chez  le  Laemargus  borealis  [Sélacien)  les  produits  sexuels  sont  expulsés  à  travers 
les  pores  abdominaux. 

C'est  là,  comme  le  montre  l'embryologie  des  autres  Téléostéens,  la  disposition 
primitive.  On  doit  se  représenter  les  ovaires  de  tous  les  Poissons  comme  formant 
primitivement  deux  lamelles  suspendues  au  péritoine,  de  chaque  côté  de  la  colonne 
vertébrale,  et  dont  toute  la  surface  produisait  des  œufs.  Ces  œufs  parvenaient  à  l'exté- 
rieur par  les  pores  abdominaux.  Pour  amener  plus  sûrement  les  œufs  aux  pores 
abdominaux,  il  se  forma  des  sillons  longitudinaux  dans  le  péritoine  ;  ceux-ci 
en  se  transform,ant  en  tubes  donnèrent  naissance  aux  sacs  ovariens  avec  leur  canal 
excréteur  en  continuité  directe  avec  eux  qui  caractérisent  la  plupart  des  Téléos- 
téens {Ma.c  Leod). 

Chez  les  Sélaciens  les  ovaires  sont  pairs,  dans  l'immense  majorité  des 
cas  ;  les  oviductes,  qui  contrairement  à  ceux  des  Téléostéens  sont  toujours 
séparés  des  ovaires,  sont  sans  exception  au  nombre  de  deux.  Leur  orifice 
commun  ou  pavillon  est  situé  tout  à  fait  en  avant  dans  la  cavité  du  tronc, 
immédiatement  derrière  le  cœur.  Leur  partie  antérieure,  qui  renferme 
la  glande  coquillière,  est  toujours  beaucoup  plus  étroite  que  la  partie 
postérieure  qui  est  dilatée  et  forme  une  sorte  d'utérus,  dans  lequel  se 
développe  l'embryon  chez  les  Squales  vivipares.  En  arrière  leurs  extré- 
mités se  réunissent  pour  former  un  canal  commun  qui  débouche  dans  le 
cloaque,  un  peu  en  arrière  de  l'orifice  des  uretères. 

La  glande  coquillière  produit  une  substance  qui  se  durcit  à  l'air  et 
qui  forme  autour  de  l'œuf  une  enveloppe  solide,  cornée.  Elle  e.st  surtout 
très  développée  (biconvexe)  chez  \e^  Sélaciens  ovipares,  c'est-à-dire  chez 
les  Scyllides  (Squales),  chez  les  Rajides  (Raies)  et  chez  les  Chimères.  La 
coque  de  l'œuf  est,  en  général,  allongée,  quadrilatère  et  terminée  à  chaque 
angle  par  un  appendice  contourné  sur  lui-même. 

Chez  les  Squales  vivipares,  où  la  coque  de  l'œuf  est  mince,  l'embryon 
se  développe  dans  l'utérus.  La  vésicule  ombilicale  est  en  général  libre 
et  n'afTecte  aucune  adhérence  avec  la  paroi  de  l'utérus  ;  mais  chez 
quelques  espèces,  par  exemple  chez  le  Mustelus  laevis  et  les  Carcharias, 
elle  est  attachée  à  un  véritable  placenta  utérin;  les  plis  et  les  saillies  de 

(1)  Chez  le  Serranus  et  chez  le  Chrysophrys  il  existe  un  testicule  bien  développé  dans  la 
paroi  de  l'oviducte;  on  y  trouve  aussi  un  canal  déférent;  il  est  représenté  par  des  cavernes 
allongées  à  parois  épaisses  qui  entourent  le  canal  ovarien  tout  entier.  Le  Serran  se  féconde 
lui-même  ;  chez  le  Chrysophrys  la  fécondation  est  réciproque.  Les  Poissons  à  herma- 
phrodisme inconstant,  tels  que  le  Gadus  morrhua,  le  Scomber  scomber,  le  Clupea  harengus, 
établissent  le  passage  à  l'organisation  ordinaire,  de  sorte  que  l'on  a  ainsi  trois  degrés  de 
développement. 


362  CHAPITRE    NEUVIÈME 

sa  surface  pénètrent  en  effet  dans  des  enfoncements  correspondants  de 
la  muqueuse  utérine.  Les  rapports  des  vaisseaux  de  la  vésicule  ombi- 
licale, étroitement  anastomosés  entre  eux,  avec  la  muqueuse  utérine  sont 
les  mêmes  que  dans  les  cotylédons  des  Ruminants  (voy.  le  chapitre 
relatif  aux  relations  entre  la  mère  et  le  fœtus). 

Les  TESTICULES  des  Sélaciens,  toujours  pairs  et  symétriques,  sont 
suspendus  dans  le  mésorcliium,  dans  la  partie  antérieure  de  la  cavité 
abdominale,  au-dessus  du  foie.  Ils  se  composent  de  nombreuses  vési- 
cules ou  capsules,  dans  lesquelles  se  développent  les  spermatozoïdes . 

Les  canaux  efférenls  dirigés  transversalement  viennent  se  réunir  aux  canalicules 
antérieurs  du  rein  primitif  (épididyme)  et  forment  un  canal  longitudinal,  d'où  part 
un  système  de  canaux  transversaux  en  même  nombre  que  les  canaux  efférents. 

Le  canal  de  Mûller  est  rudimentaire  chez  les  Squales  mâles.  Sa  cavité  est  très 
étroite  et  souvent  interrompue. 

Chez  les  Ganoïdes,  le  Lépidostée  femelle  présente  les  mêmes  dispositions  que 
les  Téléostéens;  chez  les  Ganoïdes  cartilagineux  le  canal  primaire  du  rein  primitif 
semble  se  diviser,  bien  qu'incomplètement,  en  un  canal  de  Mûller  et  un  canal  secon- 
daire du  rein  primitif  (canal  de  Leydig).  Ce  dernier  fonctionne  probablement  chez 
les  mâles  comme  canal  vecteur  commun  du  sperme  et  de  l'urine,  chez  la  femelle  comme 
uretère  seulement. 

Si  ces  faits  venaient  à  être  confirmés  par  des  recherches  embryologiques  précises, 
les  Ganoïdes  cartilagineux  présenteraient  dans  le  développement  de  leur  appareil 
génital  des  rapports  encore  plus  primitifs  que  les  Sélaciens. 

Chez  les  Dipnoïques,  au  moins  chez  le  Protopterus,  le  canal  vecteur  des  testicules 
correspond  au  canal  secondaire  du  rein  primitif,  le  canal  vecteur  des  ovaires  au  canal 
de  Mûller,  tout  comme  chez  les  Sélaciens  (W.  N.  Parker). 

Les  oi^ganes  d'accouplement  des  Sélaciens  seront  étudiés  plus  loin. 

Amphibiens. 

Chez  tous  les  Amphibiens.,  les  glandes  génitales,  qui  occupent  dans  la 
règle  le  milieu  de  la  cavité  viscérale,  sont  disposées  symétriquement  à 
droite  et  à  gauche  de  la  colonne  vertébrale  ;  leur  forme  varie  en  général 
avec  la  forme  du  corps.  C'est  ainsi  que  les  ovaires  des  Gymnophiones 
sont  de  longs  rubans  étroits  (fîg.  282  B,  Ov),  et  que  leurs  testicules  sont 
disposés  en  chapelet,  leurs  différentes  parties  ou  testicules  élémentaires 
étant  réunies  les  unes  aux  autres  par  un  long  canal  collecteur  (fîg.  282  A, 
//o,  et  290,  S  g).  Chacun  de  ces  testicules  élémentaires  se  compose  d'une 
série  de  capsules  globuleuses  (fîg.  290,  K)  où  s'élabore  le  sperme  ;  il 
est  traversé  par  le  canal  collecteur,  dans  lequel  se  déverse  celui-ci.  La 
partie  libre  du  canal  collecteur  intermédiaire  entre  deux  testicules 
élémentaires  consécutifs  donne  naissance  à  un  canalicule  transversal  (C^), 
qui  se  dirige  vers  le  rein  {N,  N)  et  s'abouche,  dans  son  intérieur,  dans 
un  long  canal  longitudinal  [L,  L).  Celui-ci  conduit  finalement  le  sperme 
dans  un  deuxième  système  de  canaux  transversaux  (Ç',  Q^)  et  de 
là  aux  corpuscules  de  Malpighi,  d'où  il  passe  par  le  système  de  canaux 
du  rein  dans  le  canal  excréteur  commun  du  sperme  et  de  l'urine  {HS). 
L'appareil  génital  mâle  de  tous  les  Urodèles  (fîg.  283  A,  Ho)  et  de  certains 


ORGANES    GÉNITAUX    ET    URINAIRES 


363 


Anoures  (Bufo)  présente   essentiellement  la  même  disposition  (voy.  le 

chapitre  relatif  à  l'appareil  urinaire).    Le  testicule  offre  d'ailleurs  les 

modifications    les    plus     variées 

dans  sa  configuration  extérieure  ; 

il   est    tantôt    ovale,  allongé    en 

pointe  à    une  de  ses  extrémités, 

fusiforme  (fig.  283  A,  HO)  {Uro- 

dèles),    tantôt  arrondi    (Anoures) 

(fig.  284,  Ho). 


Chez  les  Bana,  Boinhinator,  Alyles, 
les  canaux  efférents  du  testicule  se  sé- 
parent de  plus  en  plus  du  système  uri- 
naire, c'est-à-dire  qu'ils  s'abouchent 
directement  avec  l'uretère,  sans  se  réu- 
nir aux  canalicules  du  t'^ein  [Bana),  ou 
se  terminent  la  plupart  en  cul-de-sac, 
les  antérieurs  seulement  entrant  en 
communication  directe  avec  l'uretère 
[Bombinator).  Enfin  chez  VAlytes  les 
canaux  efférents  se  déversent  au  niveau 
de  l'extrémité  antérieure  du  rein  dans 
le  canal  de  Millier  ;  c'est  là  une  dispo- 
sition dont  il  n'existe  aucun  autre  exem- 
ple dans  le  règne  animal  et  qui  mérite- 
rait d'être  examinée  à  nouveau.  Le  canal 
de  Mûller  fonctionne  donc  ici  comme 
canal  déférent  ;  il  reçoit  l'urelère  qui 
sort  de  l'extrémité  postérieure  du  rein, 
et  ce  n'est  qu'après  la  réunion  de  ces 
doux  canaux  que  se  trouve  constitué 
l'urine. 

Chez  tous  les  autres  Amphibiens  mâles  les  canaux  de  Mûller  existent  également, 


Fig.  290.  — Schéma  d'une  portion  de  Tappareil  génital 
mâle  des  Gymnophiones. 

Ho,  Ho,  testicules  -Sg, canal  commun  des  testicules; 
K,  K,  capsules  des  testicules  ;  Q,  Q,  canaux  trans- 
versaux efférents,  qui  se  déversent  dans  le  canal 
longitudinal  (L,  L)  ;  Q^,  Q\  deuxième  série  de  ca- 
naux transversaux  ;  M,  M,  corpuscules  de  Malpighi  ; 
N,  N,  rein;Sî',  entonnoirs  segmentaires  ;  S,  ca- 
naux en  lacet  ;  HS,  canal  commun  de  l'urine  et  du 
sperme. 

le  canal  vecteur  commun  du  sperme  et  de 


Fig.  291.  —  Cloaque  fendu  d'une  Salamandrhia  perspicillata  femelle. 
BD,  intestin  terminal,  et  Bl,  vessie  urinaire  fendus  à  leur  orifice  dans  le  cloaque  ;  S,  sillon  de  la  vessie  ; 
N,  reins;  Ig,  orifice  des  canaux  de  Leydig (uretère);  Ovd,  Ovd,  oviductes  qui  s'ouvrent  au  sommet  de 
deux  papilles,  à  gauche  du  repli  de  la  muqueuse  et  de  la  papille  génitale. 


364 


CHAPITRE    NEUVIÈME 


mais  sous  une  forme  plus  ou  moins  rudimentaire.  Ils  sont  situés  sur  le  bord  latéral  des 
reins  et  présentent  la  même  longueur  que  chez  les  femelles.  Leur  cavité  peut  exister 
ou  être  oblitérée,  et  de  même  ils  peuvent  communiquer  ou  non  avec  la  cavité  abdomi- 
nale et  avec  le  cloaque. 

A  l'extrémité  antérieure  des  testicules,  c'est-à-dire  entre  la  glande  sexuelle  et  le 
corps  graisseux,  il  existe  chez  les  vrais  Crapauds  le  même  organe  jaune  rougeàtre,  que 
Spengel  désigne  dans  l'ovaire  sous  le  nom  d'oRGANE  de  Bidder.  Il  se  compose  inté- 
rieurement de  capsules,  dont  la  structure  est  essentiellement  la  même  que  celle  des 

œufs  véritables  jeunes,  et  dont  le  déve- 
loppement est  identique  à  celui  des  œufs 
ovariens.  Il  n'est  pas  prouvé  qu'ils  con- 
courent à  la  produclion  du  sperme.  Il 
est  certain  dans  tous  les  cas  qu'il  se 
développe  dans  quelques-unes  de  ces 
capsules  des  spermatozoïdes,  de  sorte 
que  celles-ci  présentent  les  conditions 
nécessaires  au  développement  des  élé- 
ments mâles  aussi  bien  que  des  élé- 
ments femelles.  Il  n'est  pas  possible  de 
préciser  actuellement  la  signification 
physiologique  de  cet  organe;  on  peut 
seulement  dire  que  les  glandes  génitales 
des  Crapauds  présentent  les  conditions 
nécessaires  au  développement  des  deux 
sexes,  lorsqu'elles  ont  déjà  dépassé 
l'état  d'indilîérence  sexuelle,  et  qu'elles 
subissent  une  transformation  graduelle 
(Knappe). 

Les  OVAIRES  des  Urodèles  sont 
toujours  conformés  d'après  un 
seul  et  même  type.  Ils  représen- 
tent un  sac  allongé  clos,  à  cavité 
unique.  Par  contre  le  sac  ova- 
rien des  Anoures  est  partagé  en 
une  série  longitudinale  de  poches 
ou  chambres  (3  à 20)  complètement 
séparées.  Chez  les  uns  comme 
chez  les  autres  le  mésoarium  est 
bien  développé  et  il  n'y  a  jamais 
communication  directe  entre  les 
ovaires  et  les  oviductes.  Ceux-ci 
présentent  un  orifice  infundibuliforme  libre,  tout  à  fait  en  avant  dans  la 
cavité  abdominale,  à  une  grande  distance  de  l'extrémité  antérieure  du 
rein;  ils  se  dirigent  delà  en  arrière  jusqu'au  cloaque,  sur  le  bord  latéral 
du  rein.  "Presque  droits  dans  le  jeune  âge,  à  l'époque  du  rut  ils  sont 
très  flexueux  et  décrivent  de  nombreuses  circonvolutions  (fig.  292,  Od). 
Un  peu  avant  leur  terminaison  ils  se  dilatent  et  forment  une  sorte  cCuté- 
rus,  puis  se  rétrécissent  de  nouveau  et  viennent  aboutir,  en  général 
séparément,  aune  papille  située  sur  la  paroi  dorsale  du  cloaque  (fig.  292, 


Fig.  292.  —  Appareil  génito-urinaire  de  la  Rana 
esculenta  femelle. 

Ol5,  ovaire  (l'ovaire  de  l'autre  côté  a  été  enlevé)  ; 
Od,  oviducte  ;  Ot,  pavillon  de  l'oviducte  ;  Ut,  extré- 
mité postérieure  de  l'oviducte  renflé  ;  P,  orifice  de 
l'oviducte  dans  le  cloaque  ;  N,  rein;  S,  5',  orifices 
des  uretères  dans  le  cloaque,  situés  sur  deux  plis 
longitudinaux  (*)  séparés  par  un  intervalle  pro- 
fond (t). 


ORGANES    GÉNITAUX    ET    URINAIRES  365 

Ut,  P).  Les  extrémités  des  deux  oviductes  ne  se  réunissent  en  un  canal 
commun  que  dans  les  genres  Bufo  et  Alytes. 

Les  œufs,  après  s'être  entourés  d'une  enveloppe  gélatineuse  sécrétée  par  les  parois 
de  l'oviducte,  se  disposent  en  masses  {Grenouilles]  ou  en  cordons  {Crapauds)  dans  la 
portion  terminale  dilatée. 

Les  œufs  de  VEpicrium  glutinosum  (ovipare),  qui  appartiennent  au  groupe  des 
Amphibiens  apodes  présentent,  d'après  P.  et  F.  Sarasin,  un  intérêt  tout  particulier,  car 
ils  rappellent  tout  à  fait  ceux  des  Sauropsidés.  En  premier  lieu  ils  sont  ovales  et  assez 
gros  (9  millimétrés  de  long  et  environ  3  millimètres  de  large),  en  second  lieu  ils  pos- 
sèdent un  vitellus  volumineux  jaune  paille,  qui  porte  une  cicatricule  blanchâtre  ren- 
fermant une  vésicule  germinative  obscure.  On  y  trouve  en  outre  une  latebra  avec  son 
pédicule  comme  dans  Vœuf  d'Oiseau.  Dans  l'oviducte  ils  sont  entourés  d'une  couche 
épaisse  d'albumine  formant  à  chacun  des  pôles  des  chalases  qui  réunissent  les  œufs 
les  uns  aux  autres.  Les  œufs  sont  pondus  dans  la  (erre,  de  telle  sorte  que  toutes  les 
chalazes  sont  recourbées  au  centre  de  la  masse  des  œufs.  La  mère  s'enroule  autour  de  la 
masse  des  œufs  et  les  couvre  en  même  temps  qu'elle  les  protège  contre  le  dessèchement 
et  contre  leurs  ennemis.  La  fécondation  est  intérieure,  comme  le  fait  du  reste  prévoir 
le  grand  développement  de  l'appareil  copulateur  du  mâle  (voy.  plus  loin).  La  segmen- 
tation a  lieu  tout  entière  dans  l'intérieur  du  corps  de  la  mère;  elle  est  partielle  et  li- 
mitée à  la  cicatricule.  Elle  rappelle  involontairement  celle  de  l'osw/"  des  Reptiles  et 
des  Oiseaux.  La  vésicule  ombilicale,  volumineuse,  très  vasculaire,  persiste  pendant 
longtemps;  elle  ne  disparaît  que  lorsque  les  larves  ont  atteint  une  longueur  de  6  à 
7  centimètres.  A  cette  période  les  branchies  externes  commencent  aussi  à  s'atrophier 
graduellement.  Les  jeunes  vivent  dans  l'eau  où  ils  se  meuvent  comme  des  Anguilles  ; 
ils  ne  possèdent  alors  ni  branchies  externes,  ni  bi'anchies  internes,  mais  seulement 
un  trou  branchial  extérieur.  Plus  tard  ils  quittent  l'eau  pour  vivre  sur  la  terre. 

Pour  terminer  disons  quelques  mots  du  corps  adipeux,  que  nous  avons  mentionné 
à  plusieurs  reprises,  qui  existe  chez  tous  les  Amphibiens  dans  le  voisinage  des  glandes 
génitales  et  qui  est  composé  de  substance  adénoïde,  de  graisse,  de  leucocytes  et  de 
nombreux  vaisseaux  sanguins.  Il  a  des  rapports  physiologiques  très  importants  (rap- 
ports de  nutrition)  avec  les  glandes  génitales,  et  c'est  ce  qui  explique  que  les  animaux 
en  se  réveillant  de  leur  long  sommeil  hibernal,  après  être  restés  plusieurs  mois  sans 
prendre  de  nourriture,  peuvent  presque  immédiatement,  c'est-à-dire  souvent  déjà 
dans  les  premiers  jours  du  printemps,  donner  naissance  à  des  milliers  de  petits.  11 
est  probable  aussi  qu'il  se  produit  encore  pour  concourir  à  la  nutrition  des  œufs  une  his- 
tolyse  du  tissu  musculaire,  semblable  à  celle  que  W.  N.  Parker  a  décrite  chez  le 
Protopterus  et  Miescher  chez  le  Saumon  (Wiedersheim).  Il  en  est  exactement  de  môme 
aussi  chez  beaucoup  de  Poissons  et  de  Reptiles,  et  la  glande  hibernale  de  certains 
Mammifères  me  paraît  jouer  un  rôle  semblable  (voy.  le  chapitre  relatif  aux  relations 
entre  la  mère  et  le  fœtus). 

Reptiles  et  Oiseaux. 

Nous  avons  déjà  indiqué  au  début  de  ce  chapitre  les  différences  que 
le  système  génito-urinaire  présente  chez  les  Anamniens  et  chez  les 
Amniotes,  de  sorte  que  nous  n'avons  plus  à  y  revenir. 

Chez  les  Sawopsidés  la  forme  des  glandes  génitales  suit  en  général 
celle  du  corps.  C'est  ainsi  que  chez  les  Chéloniens  elles  sont  larges,  chez 
les  Serpents  et  chez  les  Sauriens  serpenti formes  elles  sont  allongées. 
Dans  ce  dernier  cas  (et  il  en  est  de  même  aussi  chez  les  Lacertiliens) 
elles  sont  asymétriques;  les  organes  des  deux  côlés  glissent,  en  effet,  en 


366 


CHAPITRE    NEUVIEME 


quelque  sorte  les  uns  sur  les   autres,  de  façon  qu'au  lieu  d'être  situés 
côte  à  côte,  ils  sont  placés  les  uns  derrière  les  autres. 


Fig.  293. 


Fig.  294. 


Fig.  293.  —  Appareil  génito-urinaire  du  Lacerta 
muralis  femelle. 

N,  N,  rein  ;  Ur^,  orifice  de  l'uretère  dans  le  cloaque 
(Cl);  B,  vessie  urinaire  ;  B',  col  de  la  vessie  uri- 
naire  fendu  ;  i?,  rectum  ;  iti',  orifice  du  rectum  dans 
le  cloaque;  Ov,  ovaire;  •]-,  reste  du  rein  primitif; 
Od,  oviductesquidébouchenteu  Od' dans  le  cloaque; 
Ot,  pavillon  de  l'oviducte. 

Fig.  294.  —  Appareil  génito-urinaire  de  VAnguis 
fragilis  mâle  (d'après  Leydig). 

Ho.  testicule;  -J- corps  jaune  doré  (capsule  surrénale)  ; 
Ep,  épididyme  ;  Vd,  canal  déférent  ;;p,îJ,  orifice  sur 
une  papille  de  la  paroi  dorsale  du  cloaque  ducanal 
déférent  réuni  à  l'extrémité  de  l'uretère  (Vr,  Vr'-)  ; 
B,  vessie  urinaire  ;  r,  rectum  ;  N,  rein  ;  mg,  canal 
de  Mûller  rudimentaire. 

De  la  sorte,  chaque  ovaire  a  suffisamment  de  place  pour  se  déve- 
lopper, et  dans  le  cas  où  il  se  développe  de  très  gros  œufs,  la  glande 
génitale  d'un  des  côtés  disparait  graduellement;  c'est  ainsi  que  chez 
les  Oiseaux,  par  exemple,  V ovaire  gauche  peut  seul  fonctionner. 

L'ovaire  des /?e/j^z7es  est  un  sac  fibreux  recouvert  parle  péritoine,  dont 
la  cavité  est  traversée  par  de  nombreuses  travées  vasculaires  et  est 
remplie  d'œufs.  Dans  ces  chambres  lymphatiques,  la  formation  des  fol- 
licules a  eu  lieu  chez  les  Reptiles  (1)  comme    chez  les  Aiiaviniens  pen- 

(1)  La  couche  des  œufs  primordiaux  est  siluée  chez  les  Lézards  femelles  de  chaque  côté 
du  ligament  suspenseur  de  l'ovaire,  à  la  face  dorsale  de  ce  dernier. 


ORGANES    GÉNITAUX    ET    URINAIRES  367 

dant  toute  la  vie,  et  nous  avons  vu  plus  haut  qu'il  en  est  de  même  aussi  chez 
les  Mammifères  (et  chez  V Homme  jusqu'à  l'époque  de  la  ménopause). 
Les  oviductes  (1),  dont  les  parois  renferment  de  nombreux  éléments 
musculaires  et  des  glandes  destinées  à  sécréter  la  coque  de  l'œuf,  ont 
toujours  un  pavillon  très  large  et  forment  fréquemment  de  nombreux 
replis  transversaux  (fig.  293).  A  l'époque  de  la  reproduction,  ils  augmen- 
tent et  décrivent  chez  les  Oiseaux  de  nombreuses  circonvolutions  (2). 

Chez  les  Reptiles  femelles  il  ne  persiste  des  reins  primitifs  et  des  canaux  de  Wolff 
que  quelques  rares  vestiges  de  couleur  jaune  brun,  qui  sont  en  voie  de  dégénérescence 
graisseuse.  Ils  correspondent  à  Vépididyme  du  mâle  et  sont  disposés  asymétriquement 
c'est-à-dire  sur  une  seule  rangée  entre  l'oviducte  et  la  colonne  vertébrale.  Chez  les  fe- 
melles des  Ophidiens,  des  Chéloniens  et  des  Ascalaboles,  le  canal  de  Wolff  persiste 
dans  une  plus  grande  étendue  que  chez  les  Sauriens. 

Les  TESTICULES  dcs  Sauropsidéa  ont  la  même  situation  que  les  ovaires 
(fîg.  287,  293,  294);  comme  ceux-ci  ils  augmentent  de  volume  à  l'époque 
de  la  reproduction. 

Ce  sont  des  organes  compacts,  ovales,  arrondis  ou  pirif ormes 
(fîg.  294,  Ho);  ils  se  composent  d'un  assemblage  de  canalicules  sémini- 
fères  enchevêtrés,  réunis  par  du  tissu  fibreux.  Chez  les  Oiseaux  on  observe 
fréquemment  une  différence  de  grosseur  entre  le  testicule  droit  et  le  testi- 
cule gauche.  Sur  le  bord  externe  du  testicule  est  situé  chez  les  Re2)tiles 
{Lacerta,  Anguis)  le  corps  jaune  doré,  que  l'on  doit  considérer  comme 
une  capsule  surrénale,  et,  à  ce  même  niveau,  des  canaux  transversaux 
sortent  du  testicule  et  pénètrent  dans  l'épididyme  (fîg.  294,  Ep). 

Ce  dernier  est  également  formé  de  canaux  entrelacés,  auxquels  fait 
suite  finalement  le  canal  déférent  (canal  de  Wolff),  qui,  après  un  par- 
cours droit  ou  plus  ou  moins  flexueux,  débouche  par  un  orifice  distinct 
dans  le  cloaque  (fig.  294.  Vd).  Chez  les  Lacertiliens  il  vient  se  réunir 
avec  l'extrémité  postérieure  de  l'uretère. 

Les  oviductes  mâles  sont  toujours  rudimentaires  ;  leur  situation  est  exactement  la 
même  que  celle  des  oviductes  femelles.  Leur  cavité  est  souvent  oblitérée  de  distance 
en  distance;  mais  le  pavillon  peut  être  ouvert  [Emys  europaeu]  (3). 

(1)  Nous  devons  à  Maria  Sacchi  un  excellent  travail  sur  la  structure  histologique  de 
l'oviducte  des  Sauropsidés,  ainsi  que  sur  la  nutrition  de  l'œuf  par  la  sécrétion  de  l'oviducte 
(voy.  la  Bibliographie). 

(2)  Il  n'est  pas  rare  d'observer  chez  les  Oiseaux  une  sorte  d'hermaphrodisme  {androgynie). 
Dans  ce  cas  l'individu  femelle  prend  les  allures  du  mâle  (voix,  manifestation  de  l'instinct 
sexuel,  etc.).  En  même  temps  se  montrent  des  modifications  dans  la  structure  des  organes 
génitaux,  principalement  dans  la  structure  de  l'ovaire  qui  ne  présente  plus  de  cellules 
sexuelles;  la  crête  et  les  éperons  se  développent  et  le  plumage  prend  la  coloration  caracté- 
ristique du  mâle.  D'ailleurs  chez  aucun  Oiseau  il  n'y  a  un  véritable  hermaphrodisme  ana- 
tomique. 

(3)  Parfois  chez  les  Lacertiliens  mâles,  par  exemple  le  Lacerta  viridis,  les  deux  oviductes 
ont,  comme  l'a  montré  Howes,  un  large  pavillon  et  sont  aussi  développés  que  chez  les 
femelles.  Comme  chez  ces  dernières,  aussi  l'oviducte  droit  est  plus  développé  que  le  gauche. 
L'extrémité  cloacale  de  l'oviducte  gauche  paraît  remplir,  comme  on  l'observe  chez  les 
Sélaciens  mâles,  le  rôle  de  vésicule  séminale.  Le  testicule,  à  l'opposé  de  ç,G.vid.ins  Amphibie ns, 
n'olfre  aucune  trace  d'hermaphrodisme  dans  sa  structure  et  possède  tous  les  attributs 
d'une  glande  génitale  mâle. 


368'  CHAPITRE    NEUVIÈME 

Mammifères. 

L'appareil  génital  ne  s'étend  plus  ici  dans  toute  la  longueur  de  la 
cavité  viscérale,  comme  c'est  le  cas  dans  les  groupes  inférieurs  des 
Vertébrés;  il  est  limité  à  la  région  lombaire  et  à  la  région  'pelvieniie.  En 
outre,  par  suite  des  relations  intimes  qui  existent  entre  la  mère  et  le 
fœtus,  les  organes  génitaux  sont  bien  plus  différenciés  que  dans  aucune 
autre  classe  de  Vertébrés.  La  transition  n'est  cependant  pas  tout  à  fait 
brusque,  car  les  formes  inférieures  de  Mammifères,  les  Monotrèmes  et 
les  Marsupiaux  présentent  plusieurs  points  de  rapprochement  avec  les 
Oiseaux  et  les  Reptiles. 

Ils  consistent,  chez  les  Monotrèmes,  dans  Voviparité,  V aspect  racémeux 
de  Vovaire  gauche  plus  développé  que  le  droit,  la  persistance  du  cloaque, 
la  séparation  des  canaux  de  Millier.  Ce  dernier  caractère,  qui  se  re- 
trouve aussi  chez  les  Marsupiaux,  exige,  à  cause  de  sa  haute  valeur 
morphologique,  que  nous  lui  accordions  une  attention  toute  spéciale. 

Comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  il  s'agit  ici  de  la  persistance  de 
dispositions  phylétiquement  et  ontogéniquement  inférieures .  Nous  décri- 
rons avec  quelques  détails  les  rapports  que  présentent  les  Didelphides , 
groupe  le  plus  voisin  des  Monotrèmes  (fîg.  295  A). 

Les  utérus  (Ut),  nettement  séparés  des  oviductes  [Od)  par  un  renfle- 
ment, se  rapprochent  sur  la  ligne  médiane  où  leurs  extrémités  posté- 
rieures se  trouvent  en  contact  immédiat.  En  ce  point  (fig.  295  A,  "Y)  ils 
sont  séparés  de  chaque  côté  par  un  orifice  distinct  d'un  autre  segment 
du  canal  de  Millier,  qui  leur  fait  suite  en  arrière  et  auquel  on  donne  le 
nom  de  vagin.  Les  deux  vagins  (Vg)  décrivent  une  courbure  en  anse, 
tournée  en  haut,  se  dirigent  ensuite  en  arrière  et  débouchent  dans  un  long 
sinus  uro-génital  (Sug).  Les  uretères  {Ur)  traversent  ici,  comme  chez 
tous  les  Marsupiaux  qui  présentent  la  même  disposition  du  vagin,  l'anse 
que  ceux-ci  forment,  avant  d'aboutir  à  la  vessie  {D). 

En  partant  de  la  conformation  que  nous  venons  d'exposer,  on  peut 
facilement  en  faire  dériver  les  dispositions  des  organes  génitaux  femelles 
dans  le  groupe  tout  entier  des  Marsupiaux.  On  peut  ainsi  se  représenter 
que  chez  le  Phalangista  vulpina  et  chez  le  Pha&colornys  loombat  (fîg.  295 
B  et  C)  les  extrémités  supérieures  des  vagins  coudés,  dans  le  cours  du 
développement  ancestral,  se  sont  rapprochées  de  plus  en  plus  et  se  sont 
dirigées  en  arrière,  vers  le  sinus  uro-génital.  Il  se  forme  de  la  sorte  un 
cul-de-sac  vaginal  (fîg.  295  B,  C,  VgB)  qui,  en  s'allongeant,  finit  par 
arriver  en  contact  avec  la  paroi  supérieure  du  sinus  uro-génital  et  par  la 
traverser  (formation  d'un  troisième  vagin).  Cette  dernière  disposition  se 
trouve  réalisée  chez  les  Macrojms  Benetti  et  Billardieri. 

Chez  les  Mammifères  supérieurs  aux  Marsupiaux  {Mam?nifères  mono- 
delphes),  dans  l'immense  majorité  des  cas,  il  n'y  a  qu'un  seul  vagin,  par 
suite  de  la  soudure  de  la  partie  postérieure  des  deux  canaux  de  Millier; 
le  cloaque  n'existe  que  pendant  la  période  embryonnaire.  La  fusion  des 


ORGANES    GÉNITAUX    ET    URINAIRES  369 

canaux  de  ifw^/er  peut  même  s'étendre  plus  loin,  et  le  degré  d'étendue 
de  cette  fusion  donne  naissance  aux  formes  les  plus  diverses  d'utérus, 
auxquels    on    donne    les    noms 

d'uTÉRUS     DOUBLE,     BICORNE,     BIPARTIT 


(%.  296  A  à  D)  (1).  Les  Primates 
ont  un  utérus  simple  (fig.  296  B), 
et,  dans  ce  cas,  V ébauche  primiti- 
vement paire  des  canaux  de  Millier 


'^(Mm) 


y  Cl 

Fig.  295.  —  Appareil  génito-uriiiaire  des  Mar- 
supiaux femelles.  A,  Didelphys  dorsigera.  B, 
Phalangista  vulpina  (coupe  longitudinale). 
C,  Phascolomys  Wombat.  (Toutes  ces  figures 
d'après  Beass.) 

NJV.  reins  ;  Ur,  uretères;  Ov,  ovaire  ;  Ot,  pavil- 
lon de  l'oviducte  (Fim,  franges);  Od,  oviducte  ; 
Ut,  utérus  ;  Ut^,  orifice  de  l'utérus  dans  le  cul- 
de-sac  du  vagin  (Vg  B);-f,  point  de  séparation 
entre  l'utérus  et  le  vagin  ;  Vg,  Vg^,  orifice  du 
vagin  dans  le  sinus  uro-génital  (,Siig);  B,  vessie 
urinaire  ;  r,  rectum,  qui  débouche  en  ri 
dans  le  cloaque  {Cl)\  g,  clitoris;  •{-*,  glandes 
ratales. 

ne  se  manifeste  plus  que  dans 
les  oviductes.  Ces  derniers  ont 
une  forme  très  variable  ;  ils  sont 
souvent  munis  à  leur  extrémité 
libre  (pavillon)  d'appendices  fran- 
gés. Contrairement    à    ce    qu'on 

(1)  En  se  basant  sur  ces  faits,  les  «  vices  de  conformation  »  des  conduits  génitaux  femelles, 
que  l'on  observe  parfois  dans  l'espèce  humaine,  doivent  être  considérés  comme  des  arrêts 
de  développernent  ou  comme  des  jj/iénomènes  d'atavisme. 

WlEDERSHEIM.  24 


370 


ClIAPlTUE    NEUVIEME 


observe  chez  les  Marsupiaux,  les  uretères  embrassent  toujours  en  de- 
hors les  conduits  génitaux  (1). 

Chez  quelques  Mammifères,  comme  VHoinme,  par  exemple,  il  existe 
à  Fembouchure  du  vagin  dans  le  sinus  uro-génital  un  repli  de  la 
muqueuse  de  forme  très  variable  (hymen).  Ce  repli  correspond,  comme 
on  l'a  déjà  vu,  au  vértmi07itanum  chez  le  mâle. 

Les  OVAIRES  sont  en  général  petits,  arrondis  ou  ovales;  leur  surface 
est  lisse,  bosselée  ou  sillonnée.  Le  point  où  les  vaisseaux  pénètrent  dans 
l'intérieur  de  l'organe  n'est  pas  recouvert  par  le  péritoine  et  porte  le 
nom  de  hile. 

Je  renverrai  pour  la  structure  histologique  des  ovaires  et  pour  la 
formation  de  l'œuf  à  ce  que  j'ai  déjà  dit  plus  haut. 

Dans  le  voisinage  des  ovaires,  des  oviductes  et  de  l'utérus,  sont 
situés  les  restes  des  reins  primitifs,  auxquels  on  donne  le  nom  de  paug- 
VAHÎE.  Ce  sont  ordinairement  de  petits  tubes,  terminés  en  cul-de-sac, 
disposés  en  réseau,  qui  sont  réunis  par  un  canal  commun.  Lorsque  le 
canal  de  Wolfî,  qui  communique  avec  le  parovaire  et  qui  se  termine  dans 
le  sinus  uro-génital,  persiste  chez  la  femelle,  on  lui  donne  le  nom  de 
CANAL  DE  Gartner  (fig.  279  H,  UNO,  GG). 

C'est  peut-être  ici  le  moment  de  parler  de  la  poche  formée  par  un  repli  de  la  peau  du 
ventre  ou  marsupium.  Le  marsupium  commence  à  apparaître,  comme  nous  l'avons  vu 
quand  nous  nous  sommes  occupés  des  téguments,  chezles  Monoli^èmes,  et  s'est  transmis 
par  hérédité  aux  Marsupiaux.  Il  est  destiné  à  recevoir  le  jeune  encore  renfermé  dans 
l'œuf  {MonoLrèmes)  ou  né  dans  un  état  d'imperfection  extrême  {Marsupiaux)  et  à 
établir  ainsi  pendant  la  lactation  des  relations  entre  la  mère  et  sa  progéniture. 

Suivant  le  genre  d'existence  que  mène  l'animal  (grimpeur,  à  station  verticale,  etc.), 
l'ouverture  de  la  poche  marsupiale,  qui  peut  se  fermer  à  l'aide  d'un  muscle  particulier, 
est  dirigée  en  avant  ou  en  arrière.  Le  marsupium  s'est  aussi  transmis  par  hérédité  aux 
mâles,  bien  que  souvent  chez  eux  il  n'existe  qu'à  l'état  de  vestiges. 

Les  TESTICULES  Ont,  comme  on  sait,  le  même  lieu  d'origine  que  les 
ovaires.  Mais  tandis  que  ces  derniers,  dans  leur  développement  ultérieur, 
ne  descendent,  en  général,  pas  plus  loin  que  le  bassin,  les  testicules 
peuvent  sortir  de  l'abdomen,  traverser  ses  parois  dans  un  canal  de 
nouvelle  formation,  le  canal  inguinal,  et  pénétrer  dans  un  sac  appendi- 
culé  à  la  région  hypogastrique,  le  scrotum.  Dans  cette  migration,  ils 
re!"oulent  devant  eux  le  péritoine,  d'où  résulte  la  formation  du  caoïal 
vaginal;  et,  suivant  que  celui-ci  reste  béant  ou  s'oblitère,  les  testicules 
peuvent  à  l'époque  du  rut  rentrer  dans  l'intérieur  de  l'abdomen  {Ron- 
geurs, Marsujnaux,  Chiroptères,  Insectivores,  etc.),  grâce  à  la  contrac- 
tion du  muscle  crémaster,  ou  restent  toute  la  vie  au  dehors. 

(1)  La  paroi  des  canaux  de  Mûller  est  formée  comme  chez  les  Vertébrés  inférieurs 
(Amphibiens,  Reptiles)  de  deux  couches  musculaires  (tout  comme  la  paroi  de  l'intestin).  De 
G6s  deux  couches  primitives,  qui  se  retrouvent  encore  chez  les  Monolrèmes  et  les  Marsupiaux, 
dérive  la  musculature  très  différenciée  et  puissante  des  Mammifères  supérieurs,  dans  la 
formation  de  laquelle  les  vaisseaux  jouent  le  rôle  principal. 


ORGANES    GÉNITAUX    ET    LRINAIRES  371 

Chez  beaucoup  de  Mammifères  les  testicules  restent  toujours  enfermés 
dans  la  cavité  abdominale.  Leur  grosseur  n'est  pas  toujours  proportion- 
nelle à  la  taille  de  l'animal  ;  ce  sont  des  corps  ovales,  arrondis,  lisses,  dont 
l'enveloppe  externe  fibreuse  (fig.  297,  A)  envoie  souvent,  mais  pas  tou- 
jours, des  prolongements  {trabêcules)  dans  l'intérieur  de  l'organe  (^,  t). 
De  la  sorte,  les  canalicules  séminifères  sont  groupés  en  lobules  séparés  les 


Fig.  296.  — Différentes  formes  d'utérus.  A,  B,  C,  D,  quatre  schémas  montrant  les  différents  degrés  de 
soudure  des  canaux  de  Mûller.  A,  utérus  double;  D,  utérus  bipartit  ;  C,  utérus  bicorne;  B,  utérus 
simple.  E,  appareil  génito-urinaire  d'une  Jlfits^eiz^a  avec  des  embryons  (")  dans  l'utérus.  F,  appareil 
geniio-urinaire  du  Hérisson. 

Od,  Oviducte;  Ut,  utérus;  Vg,  vagin;  Ce,  col  de  l'utérus;  Oî,  pavillon  de  l'oviducte  ;  •{"{•,  glandes  géni- 
tales ac  esboires  ;  r,  rectum  ;  Siig,  sinus  uro-génital  ;  iV,  reins;  ]Vn,  capsules  surrénales;  Z7r,  uretères, 
JB,  vessie  urinaire. 

uns  des  autres  [L,  L)  et  en  même  temps  se  trouve  formé  un  réseau  fibreux 
[corps  cCHighmore,  -^),  que  traverse  le  réseau  de  Haller,  c'est-à-dire  les 
canaux  efférenls  {Ve)  pour  se  rendre  à  V&pididyme  {NH). 

Arrivés  dans  l'épididyme,  les  canaux  efférents  deviennent  flexueux 
et  constituent  les  cônes  vasculaires,  qui  sont  réunis  par  un  canal  collec- 
teur commun,  le  canal  de  V épididyme  (fig.  297,  Cv,  Cv,  Vep).  Du  der- 
nier cône  vasculaire  part  le  catial  déférent  (Vd)  ;  celui-ci  à  son  extrémité, 
avant  de  déboucher  dans  le  sinus  uro-génital,  forme  des  diverticules 
glandulaires  {vésicules  séminales),  qui  peuvent  .prendre  un  développe- 
ment excessif  chez  les  Rongeurs  et  chez  les  Insectivores  (fig.  298,  Sb), 


372 


CHAPITRE    NEUVIEME 


Les    canaux  déférents  au  delà  des  vésicules    séminales  prennent  le 
nom  de  canaux  éjaculateurs. 

En     dehors   d'eux    débou-  Fig.  298. 

chent  dans  le  sinus  ui^o-génital 
chez  quelques  Mammifères  les 
rudiments  des  canaux  de  Mill- 
ier. 

Chez  l'Homme  la  partie  infé- 
rieure (postérieure)  de  ces  ca- 
naux persiste  seule  sous  la 
forme  d'une  petite  vésicule 
impaire  (utriciile  prostatique 
ou  utérus  masculinus),  enfon- 
cée dans  une  glande  génitale 
accessoire,  la  prostate. 


Fig.  297.  —  Schéma  du  testicule  des 
Mammifères. 
Ho,  testicule;  NH,  épididy.rie;  Vd,  canal 
déférent;  A,  tunique  albuginée  du  testi- 
cule, qui  envoie  ea  dedans  des  cloisons 
(t,  t)  et  qui  forme  le  corps  d'Higmore  (-J-)  ; 
L,  L,  lobules  formés  par  les  canaux  sémi- 
nifères;  Ve,  canaux  efférents  (réseau  de 
Haller)  ;  Cv.  cônes  vasculaires  qui  se  dé- 
versent dans  le  canal  collecteur  (Vep); 
Va,    vas  aberrans. 


Fig.  298.  ■ —  Appareil  génito-urinaire  du  Hérisson  mâle. 
N,    rein  ;    Tir,   uretère  ;  B,  vessie  urinairc  ;    Pm,  partie 

membraneuse  de  l'urètlire  ;  Qjc,  corps  caverneux  ;  Pp, 

prépuce;  G}],  gland  du  pénis  ;  P2),  glandes  prépuciales  ; 

Cd,  glandes  de  Co  ,\per  ;  Pr,  Pr\  lobes  de  la  prostate  ; 

<S'&,  vésicules  séminales  ;  2ïo,  testicule;  ^j3,  épididyme; 

Vd,    Vd^,  canal  déférent. 


La  prosti'Ae  entoure  plus  ou  moins  complètement  le  sinus  uro-géni- 
tal;  elle  est  formée  par  des  tubes  glandulaires  réunis  par  du  tissu  fibreux 
et  du  tissu  musculaire,  qui  déversent  leur  sécrétion  dans  le  sinus  uro- 


génital. 


Organes  d'accouplement. 


Chez  les  Pétromyzontes  mâles  il  existe  sur  le  bord  de  l'orifice  cloacal 
un  organe  qui,  au  premier  abord,  paraît  ressembler  à  un  pénis.  Mais  un 
examen  attentif  montre  que  cet  organe  est  un  diverlicule  de  la  paroi  du 


ORGANES    GÉNITAUX    ET    URINAIUES  373 

cor2)s  pourvu  d'un  muscle  particulier  (1);  en  quelque  sorte  un  prolon- 
gement tubuleux  du  jiore  abdominal.  On  ne  sait  si  Ton  doit  le  considérer 
comme  un  organe  copulateur . 

Chez  les  Sélaciens  mâles  une  partie  modifiée  de  la  nageoire  abdomi- 
nale sert  d'organe  d'accouplement  (ptéri/gopode)  (2).  Il  est  formé  d'une 
série  de  pièces  cartilagineuses  articulées  et  mobiles  les  unes  sur  les 
autres,  creusées  d'une  gouttière,  et  qui  dérivent  des  rayons  de  la  nageoire. 

Le  ptérygopode  est  introduit  dans  le  cloaque  de  la  femelle  et  de  là 
dans  Voviducte,  ses  ditïérentes  pièces  rapprochées  les  unes  des  autres  ; 
puis  celles-ci  sont  écartées  par  un  mécanisme  musculaire  spécial  et  le 
sperme  est  déversé  dans  l'oviducte  qui  se  trouve  distendu  de  la  sorte.  A 
cet  appareil,  conformé  comme  certains  instruments  de  chirurgie,  est 
annexée  une  glande  tubuleuse  entourée  de  fibres  musculaires,  qui  rappelle 
par  sa  structure  histologique  la.  glande  du  croupion  des  Oiseaux. 

Il  n'est  pas  possible  de  décider  actuellement  si  l'organe  glandulaire  et  éreclile  dé- 
couvert par  Brock  chez  le  Plolosus  anguillaris  delà  famille  des  Silurides,  et  qui  est  situé 
derrière  la  papille  uro-génitale,  a  des  rapports  avec  la  fonction  sexuelle,  bien  que  cela 
soit  très  probable. 

Chez  les  mâles  du  genre  brésilien  de  Téléostéens  Girardinus  la  nageoire  anale  est 
transformée  en  organe  copulateur  par  le  développement  d'un  appareil  lerminol  lin- 
guiforme  et  par  d'autres  modifications;  il  sert  au  mâle  à  fixer  la  femelle  pendant  l'ac- 
couplement (H.  v.  Jhering). 

On  ne  sait  que  peu  de  chose  sur  la  présence  de  dispositions  semblables  chez  d'au- 
tres genres  de  Poissons  osseux.  Chez  quelques  Cyprinodonles  la  nageoire  caudale 
présente  des  modifications  spéciales. 

En  ce  qui  concerne  les  Amphibiens,  il  existe  chez  quelques  Urodèles 
sur  la  paroi  dorsale  du  cloaque  une  papille,  qui  est  peut-être  la  première 
trace  d'un  organe  d'accouplement  externe,  tel  qu'on  le  rencontre  chez 
les  Vertébrés  supérieurs.  On  n'a  pas  constaté  d'une  manière  certaine 
comment  elle  concourt  à  l'accouplement,  ni  même  si  elle  y  remplit  un 
rôle.  Il  est  probable  que  chez  ceux  des  Urodèles  où  le  mâle  enlace  la 
femelle,  comme  par  exemple  chez  la. S alamandr a,  le  cloaque  de  la  femelle 
est  entouré  parles  lèores  du  cloaque  du  mâle,  extrêmement  développées 
et  gonflées  à  l'époque  des  amours. 

Le  cône  allongé  du  cloaque  de  VEuproclus  Rusconii  [Triton  plutycephalus)  est 
excessivement  érectile  chez  le  mâle.  Il  existe  dans  les  deux  sexes  et  s'ouvre  en 
arrière  et  en  dessus  du  côté  de  la  racine  de  la  queue.  Il  est  dû  à  l'hypertrophie  des 
lèvres  qui  entourent  l'orifice  du  cloaque  chez  les  autres  Urodèles. 

Il  n'existe  un  véritable  organe  d'accouplement  externe  que  chez  les 
Gymnophiones  (fîg.  299)  ;  il  est  représenté  par  le  cloaque  qui  atteint 
jusqu'à  cinq  centimètres  de  long  et  qui  peut  être  dévaginé  à  l'extérieur 
par  l'action  de  nombreux  muscles  spéciaux. 

Chez    les   Reptiles  il    existe  des   organes    d'accouplement  de    deux 

(1)  Ce  muscle  dérive  des  somiles  (A.  Dohrn). 

(2)  Le  ptérygopode  sert  en  même  temps  d'organe  de  locomotion. 


374 


CHAIMÏUE    NEUVIEME 


sortes:  les  uns  se  rencontrent  chez  les  Sauriens,  les  Serpents  (1),  les 
Scinques  et  les  Amphisbênes,  les  autres  chez  les  Tortues  et  les  Croco- 
diles; à  ceux-ci  se  rattachent  ceux  des  Autruches. 

Les  premiers  se  composent  de  deux  verges  êrectiles,  situées  en  dehors  du 
cloaque,  au-dessous  de  la  peau  de  la  base  de  la  queue,  qui  sont  retirées 
dans  le  cloaque  ou  déroulées  en  dehors  par  un  mécanisme  musculaire 
compliqué;  le  sperme  s'écoule  dans  une  gouttière  disposée  en  spirale. 

Partout — et  cela  s'applique  aussi  aux  Chéloniens  et  aux  Crocodiles 
—  existent  aussi  chez  les  femelles,  mais  moins  développés,  des  organes 

A  B 


Fig.  299. —  Partie  postérieure  de  l'appareil  génito-uriiiaire  de  VEpicrium  glutinosuin  (A) 

et  de  la  Coecilia  lumbricoides  (B). 

Cl,  Cl^,  Cl^,  les  différentes  parties  du   cloaque;   BS,  culs-de-sac  du  cloaque.  Dans  la  figure  B,  le  cloaque 

est  déroulé  au  deliors.   C/s,  gaîne  du  cloaque;  mrci.  muscle  rétracteur  du  cloaque;   B,  B^,  les  deux 

cornes  de  la  vessie  ;  N,  rein;  Ig,  canal  de  Leydig  ;  mg,  canal  de   Millier  ;  r,  rectum  ;   nidg,  orifice  du 

cloaque  ;  HS,  replis  transversaux  de  la  peau. 

homologues  des  verges  du7nâle.  Ils  sont  également  au  nombre  de  deux  et 
portent  le  nom  de  clitoris. 

Contrairement  à  ce  qui  a  lieu  chez  les  Sauriens  et  les  Ophidiens,  les 
organes  d'accouplement  des  Chéloniens  et  des  Crocodiles  ne  sont  guère 
susceptibles  de  se  dérouler  au  dehors.  La  verge  se  compose  de  deux 
lames  fibreuses  (bourrelets  latéraux  des  auteurs)  fixées  à  la  paroi  dor- 
sale du  cloaque,  adossées  sur  le  plan  médian  parleurs  bords  internes, 
présentant  chacune  dans  l'intérieur  une  série  de  lacunes  communi- 
quant les  unes  avec  les  autres  et  remplies  de  sang,  de  sorte  qu'elles 
représentent  de  véritables  corps  êrectiles  {corps  caverneux).  Elles  sont 
revêtues  parla  muqueuse  du  cloaque  qui  renferme  de  nombreuses  fibres 


(1)  Les  Serpents  possèdent  des  glandes  prépuciales.  Elles  ont  la  forme  de  sacs,  produisent 
une  sécrétion  à  odeur  forte  et  sont  fixées  en  dessus  à  la  colonne  vertébrale. 


or(;anI'S  r.i'NiTAux  et  urinaiiu-s 


375 


musculaires  lisses,  et  limitent  une  gouttiè?^e  longitudinale,  étendue  de 
leur  base  jusqu'à  leur  extrémité  postérieure,  qui  constitue  un  gland.  Ce 
dernier  est  revêtu,  au  moins  dans  sa  partie  initiale,  par  du  tissu  érectile. 

L'organe  d'accouplement  des  Oiseaux  se  compose  (chez  la  plupart  des 
Ratites  ainsi  que  chez  plusieurs  Carinales,  tels  que  les  Palmipèdes  par 
exemple)  d'un  tube  qui  peut  se  dérouler  au  dehors,  soutenu  par  deux 
corps  fibreux  et,  qui  à  l'état  de  repos,  est  reployé  et  repose  sur  le  côté 
gauche  du  cloaque.  L'organe  déroulé  est  ramené  dans  le  cloaque  par  un 
ligament  élastique. 

Les  organes  d'accouplement  des  Mammifèiies  se  divisent  en  deux 
groupes  :  ceux  des  Monotrèmes  et  ceux  de  tous  les  autres  Mammifères. 
Parmi  ces    derniers,  ceux  des  Marsiqnaux  forment  une    subdivision  à 


Fig.  300.  —  A,  les  deux  pénis  du  Lacerta  agilis  déroulés  au  dehors.  B,   les  deux  pénis  sont  représentés  à 

l'état  de  repos  au-dessous  de  la  peau  de  la  base  de  la  queue  (d'après  Levdig). 
R,R^,  pénis  ;  -J-  gouttière  en  spirale  qui  sert  à  l'écoulement  du  sperme  ;  Ce,  fente  transversale  du  cloaque; 

Sd,  glandes  fémorales. 

part;  chez  tous,  l'appareil  femelle,  bien  qu'en  général  moins  développé 
et  non  traversé  par  l'urèthre,  est  exactement  conformé  d'après  le  même 
type  que  l'appareil  mâle. 

Chez  les  Monotrèmss  cet  appareil  est  représenté  par  un  sac,  qui  se 
développe  à  la  limite  du  sinus  uro-génital  et  du  cloaque,  qui  est  soudé 
à  la  paroi  inférieure  de  ce  dernier  .et  dans  lequel  est  caché  l'organe 
copulateur.  Chez  tous  les  autres  Mammifères  il  se  développe  aux  dépens 
du  TUBERCULE  GÉNITAL,  qui  apparaît  sur  la  paroi  antérieure  du  cloaque.  Ce 
dernier  présente  sur  sa  face  inférieure  un  sillon  aboutissant  à  l'orifice  du 
sinus  uro-génital,  qui  persiste  pendant  toute  la  vie  comme  chez  la  femelle, 
ou  qui  se  transforme  en  canal,  de  sorte  que  le  sinus  acquiert  un  long 
prolongement  tubuleux;  dans  ce  dernier  cas,  qui  ne  se  manifeste  en 
général  que  chez  le  mâle,  il  se  développe  trois  corjis  érectiles  cylin- 
driques ;  dans  le  premier  cas,  deux  seulement,  réunis  par  du  tissu 
fibreux  et  en  partie  recouverts  par  des  muscles  qui  donnent  à  l'organe 
la  rigidité  nécessaire  à  l'accouplement  (fig.  301,  Cep,  Ccu). 

A  l'extrémité  antérieure  de  l'organe  se  développe  le  gland  {gland  du 
■pénis,  gland  du  clitoris)  (Gp),  de  forme  excessivement  variable,  qui  est 


376 


CHAPITHR    NF.lîVIEMR 


recouvert  par  un  repli  cutané,  le  prépuce,  et  qui  est  pourvu  de  corpus- 
cules tactiles  spéciaux  d'une  structure  très  simple. 

Outre  la  puostate,  produite  par  la  muqueuse  qui  tapisse  le  sitius  uro- 
génifal,  il  existe  dans  les  deux  sexes  encore  d'autres  glandes  giénitales 

accessoires,  qui  déversent  leur  sécrétion 
dans  la  partie  de  Yurêthre  recouverte  par 
les  corps  caverneux,  ou  sous  le  prépicce 
du  gland. 

Les  premières  s'appellent,  chez  le  mâle 
les  GLANDES  DE  CowPER  (1),  chez  la  femelle 

les  GLANDES  DE  BaRTHOLIN  OU  de  DUVERNEY  (2); 

les  secondes  sont  désignées  sous  le  nom 

de  GLANDES  PRÉPUCIALES  OU  GLANDES  DE  TySON. 

Toutes  présentent  de  grandes  variations 
dans  leur  forme  et  leur  grosseur;  elles 
sont  au  nombre  d'une  seule  paire  ou  de 
plusieurs  paires. 

Les  glandes  de  Cowper  sont  situées 
dans  le  voisinage  de  l'extrémité  posté- 
rieure du  corijs  S])07igieux  de  Vurèthre;  les 
glandes  de  Bartholin  sont  placées  des  deux 
côtés  de  l'entrée  du  vagin;  elles  débou- 
chent dans  le  vestibule  du  vagin,  dernier 
reste  du  sinus  uro-génital. 

Les  grandes  lèm^es,  qui  entourent  les 
organes  génitaux  externes  de  la  femme, 
sont  des  replis  de  la  peau  renfermant 
beaucoup  de  graisse  et  couverts  de  poils; 
on  ne  les  trouve  ni  chez  les  Singes  an- 
thropoïdes ni  chez  les   autres  Singes.  Ces 

son  entre  les   deux   corps  caverneux  ;        demicrS      SOUt      également      dépOUrVUS      dc 
s,  sillon  dorsal  du  pénis;  Cep,  corps  i        -ir  •  \  ■•  n  /-i 

caverneux;  6'cM,  corps  spongieux  de     mont  de    Veïius.   h  Orang-Outang  a   seul 

l'urètre,  qui  en   Gp,   forme  le  gland  et  <     ai  i  (•  i  i  ix 

en    B     un    renflement    appelé    bulbe;         pCUt-Ctre    dCS     VCSLlgeS   dC  graudCS    leVrCS. 

rd,  9'dS  racines  des  corps  caverneux.  /-ii  .  1  C'„„         1         1  "^  A' 

^  Chez  tous  les  binges  le  deuxième  système 

de  replis,  les  petites  lèvres,  qui  existe  aussi  dans  l'espèce  humaine, 
limite  seul  le  vestibule.  Elles  forment  le  prépuce  et  le  frein  du  clitoris 
et,  au  point  de  vue  embryologique,  font  partie  du  tubercule  génital, 
à  la  face  inférieure  duquel  elles  se  développent.  Elles  ont  donc  une 
autre  signification  morphologique  que  les  grandes  lèvres.  Le  clitoris 
est,  d'une  façon  absolue  et  relative,  plus  gros  chez  les  Singes  que 
dans  l'espèce    humaine;   à  sa  face  inférieure    il   est  bifurqué   jusqu'à 


Fig.  301.  —  rénis  de  V Hoinme  (demi- 
schématique).  A,  coupe  transversale. 
B,  face  latérale.  C,  face  inférieure. 

A,  tunique  albuginée  du  pénis;  A',  tu- 
nique albuginée  de  l'urèthre  ;  Sp,  cloi- 


(1)  Les  glandes  de  Cowper  n'existent  pas  chez  tous  les  Mammifères;  c'est  ainsi  qu'elles 
manquent  à  plusieurs  Carnivores  et  à  tous  les  Cétacés. 

(2)  Les  glandes  de  Barlholin  font  défaut  à  plusieurs  Car» «'uores,  au  Porc  et  à  tous  les 
Cétacés. 


ORGANES    GENITAUX    ET    URINAIUES 


377 


-Td 


l'orifice  de  Furèthre  (1).  Chez   les   Singes  il  ne  se  développe  jamais  de 
véritable  hymen. 

Les  femmes  de  certaines  peu- 
plades appartenant  à  la  race  éthio- 
pique  se  distinguent  aussi  par  le 
peu  de  développement  des  grandes 
lèvres,  du.  Tnonl  de  Vénus  et  des 
poils  qui  les  recouvrent.  Par  contre 
les  femmes  hottentotes  sont  remar- 
quables par  ce  que  l'on  appelle  le 
tablier  des  HoUenloles,  qui  est  dû 
à  l'allongement  hyperlrophique  des 
petites  lèvres  et  du  prépuce  du  cli- 
toris. Le  vagin  est  (comme  chez  les 
Singes)  plus  lisse,  présente  des  plis 
moins  saillants  que  chez  les  Euro- 
péennes. Chez  les  Japonaises  les 
grandes  et  les  petites  lèvres,  ainsi 
que  le  mont  de  Vénus  sont  peu  déve- 
loppés ;  les  poils  sont  peu  abondants 
(Bischoff). 

Capsules  surrénales. 

On  doit  rattacher  ces  or- 
ganes aux  organes  génito-uri- 
naires,  non  seulement  parce 
que  chez  beaucoup  d'animaux 
ils  ont  des  rapports  étroits  avec 
eux,  mais  encore  parce  que 
leur  développement  est  con- 
nexe. Néanmoins  il  n'existe 
entre  eux  aucune  relation  phy- 
siologique. 

Outre  le  système  génito- 
urinaire,  le  système  du  grand 
SYMPATHIQUE  jouc  aussi  un  grand 
rôle  {bien  que  probablement 
secondaire)  dans  leur  forma- 
tion; mais  il  règne  encore  beaucoup  d'obscurité  sur  se  sujet.  J'y  revien- 
drai d'ailleurs  plus  loin. 

Les  capsules  surrénales  se  développent  symétriquement  de  chaque  côté 
de  la  colonne  vertébrale. 

Leur  ébauche  proviendrait  chez  les  Anamniens  du  blastème  du  rein 
précurseur  (?),  tandis  que  chez  les  ylwwzofes  elle  dériverait,  d'après  Weldon, 
du  rein  'primitif,  c'est-à-dire  de  ses  cordons  sexuels.  L'opinion  de  Mihal- 

(1)  Le  clitoris  est  tantôt  imperforé,  tantôt  perforé.  Ce  dernier  cas  s'observe  par  exemple 
chez  les  Rongeurs,  les  Taiopes,  les  Lémuriens,  etc. 


Fig.  302.  —  Appareil  génito-urinaire  du  Hérisson  mâle. 
N,   rein;     Ur,  uretère  ;  iî,  vessie  urinaire  ;   Pm,    partie 

membraneuse  de  l'urèthre  ;   Cpc,  corps  caverneux;  Pp, 

prépuce  ;  Gp,  gland  du  pénis;  PD,  glandes  prépuciales; 

Cd,  glandes  de  Cowper  ;  Pr,  Pr\  lobes  de  la  prostate  ; 

Sb,  vésicules  séminales  ;  Ho,  testicule  ;  Ep,  épididyme  ; 

Vd,  Vd\  canal  déférent. 


378  CIIAPITHE    NELVlÈiME 

covics  paraît  bien  plus  probable.  Suivant  lui  elle  serait  formée  aux  dépens 
de  la  pa?Hie  antérieure  de  la  glande  génitale,  de  très  bonne  heure,  à  une 
époque  oi\  celle-ci  est  encore  à  l'état  d" indifférence  sexuelle.  Après  s'être 
séparée  de  la  glande  génitale,  la  partie  qui  sert  à  la  formation  des  capsules 
surrénales  affecte  d'autres  rapports  physiologiques,  dont  la  nature  nous 
est  d'ailleurs  complètement  inconnue.  Mais  un  fait  est  certain,  c'est  que 
les  capsules  surrénales  et  les  glandes  génitales  ont  la  même  origine;  elles 
proviennent  de  C épithélium  de  cœlonie  {épithélium  germinatif). 

Le  système  sympathique  participe,  avons-nous  dit,  au  développement 
des  glandes  surrénales;  au  point  où  celui-ci  a  lieu,  on  observe  une  pro- 
lifération des  cellules  nerveuses  des  ganglions.  Ces  cellules  de  nouvelle 
formation  se  séparent  graduellement  et  entrent  en  rapport  avec  les 
cordons  des  capsules  surrénales.  Chez  les  Anamniens,  par  exemple  les 
Sélaciens,  ces  deux  sortes  d'éléments  n'ont  jamais  de  relations  intimes, 
mais  chez  les  Vertébrés  supérieurs  et  en  particulier  chez  les  Mammifères, 
voici  ce  qu'on  observe  : 

Le  tissu  nerveux  provenant  du  sympathique  est  au  début  placé  à 
Vextérieur  de  l'enchevêtrement  des  cordons  des  capsules  surrénales;  plus 
tard  il  pénètre  entre  ces  derniers,  s'enfonce  dans  les  mailles  de  la  subs- 
tance conjonctive  qui  sert  de  charpente  à  l'organe  et  se  rapproche  de 
plus  en  plus  du  centre,  de  sorte  que  Von  peut  y  distinguer  une  couche 
CORTICALE  formée  par  les  cordons  des  capsules  surrénales  et  une  couche 
MÉDULLAIRE  composéc  dcs  éléments  du  sympathique  (1). 

Passons  maintenant  à  la  description  de  cet  organe  complètement 
développé. 

Chez  les  Sélaciens  les  capsules  surrénales  forment  deux  rangées  de 
petits  lobes  ou  vésicules  de  1  àlSmilimètres,  situées  àgaucheet  àdroitede 
la  colonne  vertébrale.  Ceux-ci  présenlent  en  partie  une  disposition  segmen- 
taire  et  se  divisent  en  deux  portions;  l'une  se  développe,  comme  nous 
l'avons  vu,  aux  dépens  du  mésoderme  et  se  compose  d'éléments  vésicu- 
leux  clos,  multinucléés,  qui  peuvent  renfermer  aussi  des  cellules  à  contenu 
graisseux.  Dans  l'autre  portion  on  trouve  des  cellules  nerveuses  sympa- 
thiques, qui  restent  en  communication  pendant  toute  la  vie  par  des  filets 
nerveux  avec  les  cordons  du  sympathique,  qui  leur  ont  donné  naissance. 

Elles  s'étendent  au-dessus  de  l'extrémité  antérieure  de  la  partie  géni- 
tale du  rein  primitif  (voy.  le  système  génito-urinaire)  et  se  réunissent  en 

(1)  Comme  nous  l'avons  fait  remarquer,  ces  faits  exigent  encore  de  nouvelles  recherches, 
car  les  descriptions  des  différents  auteurs  sont  très  divergentes  et  se  contredisent  même 
en  partie. 

C'est  ainsi  que  Gottschau  ne  considère  pas  la  substance  médullaire  comme  de  nature 
nerveuse  chez  les  Mammifères,  mais  comme  une  masse  semblable  à  l'écorce;  il  semble  même 
incliner  à  admettre  que  la  substance  médullaire  se  développe  aux  dépens  de  la  couche  cor- 
ticale, de  sorte  qu'il  n'y  aurait  aucune  dilTércnce  essentielle  dans  leur  genèse! 

Il  ne  conteste  pas  la  présence  d'éléments  nerveux  dans  la  substance  médullaire,  mais  il 
prétend  qu'elle  est  si  inconstante,  que  l'on  ne  doit  pas  la  considérer  comme  caractéristique 
de  cette  dernière.  En  tous  cas,  d'après  ses  recherches,  l'ébauche  de  celle-ci  n'apparaît  que 
beaucoup  plus  tard  que  celle  de  la  couche  corticale. 


OUGANIÎS    GÉNITAUX    ET    URINAIRES  379 

arrière  avec  celui-ci  et  le  rein  proprement  dit,  de  sorte  qu'elles  peuventpas- 
ser  facilement  inaperçues.  C'est  précisément  au  niveau  de  lapartie  sexuelle 
du  rein  primitif  et  du  rein  proprement  dit  qu'elles  présentent  une  dispo- 
sition strictement  seg-mentaire,  tandis  qu'en  avant  elles  sont  disposées  irré- 
gulièrement et  en  se  fusionnant  forment  les  cœurs  axillaires  (Semper). 

Chez  les  Téléostéens  l'existence  des  capsules  surrénales  n'a  pas  partout 
été  démontrée  d'une  manière  positive;  quand  elles  existent,  elles  se  for- 
ment, comme  on  l'a  vu  plus  haut,  aux  dépens  du  rein  j^récurseur  trans- 
formé en  tissu  lymphoïde  (adénoïde);  dans  d'autres  cas  elles  sont  inti- 
mement unies   au  rein  (rein  'primitif)  (1). 

Chez  les  Amphibiens  elles  sont  situées  sur  la  face  inférieure  du  rein 
primitif  [Anoures]  ou  sur  leur  bord  interne  (Urodèles). 

Chez  les  Amniotes  les  capsules  surrénales  forment  de  chaque  côté  une 
masse  bien  délimitée,  plus  uniforme.  Chez  les  Sauropsidés  elles  sont 
jaune  doré,  allongées,  à  bord  lisse  ou  lobé,  et  sont  situées  dans  le  voisinage 
immédiat  de  la  glande  génitale;  chez  les  Mammifères,  où  à  une  certaine 
période  du  développement  elles  sont  très  volumineuses,  elles  ont  des 
rapports  étroits  avec  les  reins  (fîg.  289  B,  N,  N),  et  c'est  à  ce  fait  qu'elles 
doivent  leur  nom. 

Nous  ne  pouvons  terminer  ce  chapitre  sans  mentionner  une  particu- 
larité caractéristique  des  capsules  surrénales,  c'est-à-dire  la  quantité 
extraordinaire  de  sang  qu'elles  renferment.  Leurs  artères,  nombreuses 
et  relativement  grosses,  viennent  de  Y  aorte;  mais  il  y  a  en  outre  une  cir- 
culation porte.  On  l'a  observée  chez  les  Amphibiens  et  les  Reptiles.  Les 
veines  afférentes  sont  des  branches  de  la  veine p)orte  rénale. 

Cette  pléthore  des  capsules  surrénales  semble  indic/uer  quelles  remplis- 
sent piendant  toute  la  vie  un  rôle  physiologique  important  ;  mais  jusquici 
on  ignore  en  quoi  il  consiste,  et  toutes  les  opinions  que  Von  a  émises  à  ce 
sujet  ne  sont  que  de  pures  hypothèses.  Nous  mentionnerons  néanmoins 
une  observation  de  Gottschau  qui  conduit  à  admettre  que  ces  organes 
(au  moins  chez  les  Mammifères)  ont  peut-être  des  rapports  avec  les 
fonctions  sexuelles. 

Les  capsules  surrénales  paraissent  en  effet  posséder  un  volume  plus 
petit  chez  les  Lapines  pleines  que  chez  celles  qui  ne  le  sont  et  chez  les 
mâles.  La  substance  corticale  est  en  même  temps  élargie  dans  la  zone 
externe  et  diminuée  dans  la  zone  interne;  la  substance  médullaire  est 
également  diminuée. 

Je  doute  que  les  recherches  ultérieures  confirment  l'opinion  de  Gottschau,  qui 
attribue  aux  capsules  surrénales  une  fonction  de  sécrétion  et  qui  admet  que  leur  pro- 
duit se  déverse  dans  la  veine  cave  inférieure. 

Enfin  mentionnons  l'abondance  de  pigment  et  le  grand  nombre  d'espaces  et  de 
follicules  lymphatiques  que  renferment  les  capsules  surrénales  chez  beaucoup  de 
Mammifères.  Le  pigment  se  compose  de  cellules  étoilées  très  délicates  contenant  un 
noyau  ovale  distinct;  ces  cellules  sont  anastomosées  entre  elles  et  forment  un  réseau 

(1)  Les  capsules  surrénales  n'ont  pas  encore  été  découverles  chez  les  Dipnoïques. 


380  CHAPITRE    NEUVIÈME 

à  larges  mailles  ;  elles  sont  généralement  situées  le  long  des  capillaires.  Ce  tissu  pigmen- 
taire  est  tantôt  plus,  tantôt  moins  développé,  ce  qui  tient  à  l'état  physiologique  diffé- 
rent de  l'organe.  Il  ne  paraît  pas  impossible  que  le  pigment  soit  produit  par  les  capsules 
surrénales  elles-mêmes,  qu'il  soit  entraîné  avec  la  lymphe  et  vienne  se  déposer  dans  les 
ganglions  lymphatiques  voisins,  qui  en  renferment  souvent  une  grande  quantité. 
D'après  cette  manière  de  voir  les  vaisseaux  lymphatiques,  qui  existent  aussi  bien  à 
la  périphérie  qu'au  centre  et  dont  le  nombre  dépasse  beaucoup  celui  des  vaisseaux 
sanguins,  représenteraient  les  canaux  excréteurs  des  produits  spécifiques  des  capsules 
surrénales,  que  les  anciens  anatomistes  ont  si  longtemps  cherchés  en  vain  (H.  Stilling). 


Bibliographie. 

A.  —  ORGANES  GÉNITO-URINAIRES 

G.  Balbiani.  Leçons  sur  la  génération  des  Vertébrés.  Paris,  1879. 

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E.  van  Beneden.  Recherches  sur  la  maturation  de  l'œuf,  la  fécondation  et  la  division  cellu- 
laire. Gand  et  Leipzig,  1883. 
R.  Bonnet.  Ueber  die  ektodermale  Entstehung  des  Wolff'schen  Ganges  bei  den  Sdugelhieren. 

Bliinch.  Medic.  Wochenschrift.  N°  30.  1887. 
V.  von  Ebner.  Zur  Spermatogenese  der  Saugethiere.   Arch.  f.  mikr.  Anat.  ï.  XXXI.  1888. 

(Renferme  une  bibliographie  étendue.) 
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mikr.  Anat.  T.  X.  1874. 
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Act.  Academ.  Leop.-Car.  1851. 
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burg.  ï.  I.  1874. 
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1888. 
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1888. 
W.  Nagel.  Das  menschliche  Ei.  Arch.  f.  mikr.  Anat.  T.  XXXI.  1888. 
R.  Semon.  Die  indifférente  Anlage  der  Keimdrilsen  beim  HiXhnchen  und  ihre  Differenzirung 

zum   Hoden.  Jenaische  Zeitschr.  f.  Naturw.  ï.  XXI.  Nouv.  sér.   T.  XIII.  1887.  (Renferme 

une  bibUographie  étendue.) 
G.  Semper.  Das  Urogenitalsyslem   der  Plagioslomen  und  seine  Bedeutung  filr  die  ubrigen 

Wirbelthiere.  Arheil.  ausd.  zool.-zootom.  Institut  zu  Wùrzburg.  T.  II.  1875. 
Id.  Die  Stammesverwandischaft  der  Wirbelthiere  und  Wirbellosen.  Ibid.  T.  II. 
Comte  F.  Spee.  Ueber  directe  Betheiligung  des  Ektoderms   an  der  Bildung  der  Urnieren- 

anlage  des  Meerschweinchens.  Arch.  f.  Anat.  und  Physiol.  1884. 
J.  V.  Perényi.  Enlioicklung  des  Amnion,    Wolff'schen    Ganges   und  der  Allantois   bei  den 

Reptilien.  Zool.  Anz.  XP  année,  1888. 
"NV.  Waldeyer.  Eau  und  Enwicklung  der  Samenfàden.  Anat.  Anz.  IP  année,  1887.  (Renferme 

toute  la  bibhographie  de  la  spermatogenese.) 


ORGANES    GÉNITAUX    ET    UniNAIRES  381 

Id.  Ueber  Karyokinese  und  ihre  Beziehungen  zu  clen  Befruchtungsvorgânqen.  Arch.  f.  mikr. 

Anat.  ï.  XXXII.  1888. 
A.  Weismann.  Ueber  die  Vererbung.  Jena,  1883. 
Id.  Ueber  Leben  und  Tod.  Jena,  1884. 

Id.  Zur  Frage  nach  der  Unsterblichkeit  der  Einzelligen.  Biol.  Gentralbl.  T.  IV.  1885. 
Id.  Die  Continuilat  des  Keimplasmas.  Jena,  1885. 
Id.  Die  Bedeutung  der  sexuellen  Fortpflanzung.  Jena,  1886. 
J.  W.  van  Wijhe.  Die  Betheiligung  des  Ektoderms  an  der  Entwicklung  des  Vornierenganges. 

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(Dans  ces  travaux  de  Turner  et  de  Tafani  on  trouvera  la  bibliographie  des  ouvrages  les 
plus  importants  sur  le  placenta.) 

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382  CIIAI'ITUR    NEUVIEME 


B.  —  CAPSULES  SURRÉNALES 

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V.    Yon  Mihalcovics.    Entwicklung    des  Harn-  und  Geschlechslsapparates   der  Amniolen. 

Internat.  Monatschrift  fur  Anat.  und  Ilistol.  ï.  II.  1885. 
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ï.  II.  1884. 
Id.  On  Ihe  suprarenal  bodies  of  Veriebrata.  Quart.  Journ.  of  Microsc.  Science.  1885. 


INDEX 


Amygdales.  Voy.  Tonsilles. 
Anneau  orbilaire  (des  Poissons),  75. 
Appareil  éjaculateurdes  Gymnophiones,211. 

—  géniLo-urinaire,  342. 

—  (développement), 

342. 

—  operculaire  des  Poissons,  71. 
Appendice  vermiculaire,  270. 

—  pylorique,  268. 

Aqueducs  du  vestibule  et  du  limaçon. 
Voy.  Conduits  endolymphatique  et  péri- 
lymphatique. 

Arcs  branchiaux  en  général,  65. 
— •  —  des  Acraniens,  69. 

—  —  des  Sélaciens  et  des  Chi- 

mères, 70. 

—  —  des  Ganoïdes,  71. 

—  -  des  Dipnoïques,  74. 

—  —  des  Télostéens,  73. 

—  —  des  Cycloslomes,  69. 

—  —  des  Urodèles,  79. 

—  —  des  Anoures,  80. 

—  —  des  Reptiles,  81. 

—  —         des  Oiseaux,  84. 

—  —         des  Mammifères,  87. 
Arc  hyoïdien,  65. 

Basiptérygium,  107. 

Blastoderme,  5. 

Blastospore,  6. 

Bourgeons  terminaux  et  cellules  en  bâton- 
net, 190-195. 

Bourgeons  terminaux  et  cellules  en  bâton- 
net des  Poissons,  191. 

Bourgeons  terminaux  et  cellules  en  bâton- 
net des  Amphibiens,  191. 

Bourgeons  terminaux  et  cellules  en  bâton- 
net des  Reptiles,  195. 

Bourgeons  terminaux  et  cellules  en  bâton- 
net des  Mammifères,  195. 

Bourse  de  Fabricius,  270. 

Branchies  (généralités  et  développement), 
278. 

Branchies  des  Poissons,  280. 

—  de  l'Amphioxus,  280. 

—  des  Cyclos tomes,  281. 

—  de  l'Ammocète,  281. 

—  des  Pétromyzontes,  2S1. 


Branchies  des  Myxinoïdes,  281. 

—  des  Sélaciens,  282. 

—  des  Ganoïdes  et  des  Téléostéens, 

282. 

—  des  Dipnoïques,  283. 

—  des  Amphibiens,  283. 

—  des  Urodèles,  283. 

—  des  Anoures,  284. 

— •        des  Gymnophiones,  286. 
Bronches.  Voy.  Voies  aériennes. 
Bulbe  artériel.  Voy.  Cœur. 


Caisse  du  tympan.  Voy.  Organe  de  l'ouïe. 
Canal  de  Botal,  317. 

—  de  Cuvier,  310,  325. 

—  de  Gartner,  347. 

—  de  Mùller,  345. 

—  de  Wolff,  346. 

—  du   rein   céphalique.  Voy.   Canal   du 

rein  précurseur. 

—  du  rein  précurseur,  342. 

—  primaire  du  rein  primitif,  342. 

—  secondaire  du  rein  primitif  (canal  de 

Leydig),  345. 

—  endolymphatique    et    périlymphati- 

que,  239. 

—  intestinal   (généralités  et  développe- 

ment), 243. 

—  intestinal  (histologie  de  la  muqueuse), 

270. 

—  naso-lacrymal,  225. 
Canaux  excréteurs  de  la  bile,  274. 
Capsules  surrénales,  377. 

Carpe.  Voy.  Squelette  des  membres. 
Cartilage  de  Merkel  (généralités),  66. 
Cartilages  ou  os  interépineux,  94. 
Cavité  buccale  (organes  de  la),  247. 
Ceinture  pelvienne,  101. 

—  —        des  Poissons  et  des  Dip- 

noïques, 101. 

—  ■^-        (  configuration     gêné  - 

raie)  chez  tous  les 
Vertébrés  supérieurs 
aux  Poissons,  102. 

—  —        des  Amphibiens,  102. 

—  —        des  Reptiles,  103. 

—  —         des  Oiseaux, 105. 

—  —        des  Mammifères,  105. 


384 


INDEX 


Ceinture  scapulaire  des  Poissons,  95. 

—  —        des  Amphibiens,  96. 

—  —        des  Reptiles,  98. 

—  -^        des  Oiseaux,  99. 

—  —        des  Mammifères,  100. 
Cellules  en  bâtonnet.  Voy.  Bourgeons  ter- 
minaux. 

Cellules  sexuelles.  Voy.  Produits  sexuels. 

—  tactiles  et  corpuscules  tactiles,  195. 
Cerveau.  Voy.  Encéphale. 

Cervelet.  Voy.  Encéphale. 

Chorion,  334-336. 

Choroïde  et  fente  choro'idienne.  Voy.  Organe 

de  la  vue. 
Circulation  fœtale,  309. 
Cloaque.  Voy.  Intestin  terminal  et  système 

génito-urinaire. 
Cœcum,  269. 

Cœlome  (développement),  7. 
Cœur  et  ses  vaisseaux,  313. 

—  des  Poissons,  313. 

—  des  Dipnoïques,  314. 

—  des  Amphibiens,  315. 

—  des  Reptiles,  318. 

—  des  Oiseaux,  320. 

—  des  Mammifères,  320. 
Colonne  vertébrale,  34. 

—  —  des  Poissons,  36. 

—  —  de  l'Amphioxus,  36. 

—  —  des   Cyclostomes,   36. 

—  ■  —  des  Ganoïdes,  Dipnoï- 

ques,   Sélaciens    et 
Téléostéens,  37. 

—  —  des  Amphibiens,  40. 

—  —  des  Reptiles,  44. 

—  —  des  Dinosau riens,    46. 

—  —  derArchaeopteryx,47. 

—  —  des  Oiseaux,  47. 

—  —  des  Mammifères,  50. 
Cône  artériel.  Voy.  Cœur. 

Copules  (généralités).  66. 
Coracoïde.  Voy.  Ceinture  scapulaire. 
Corde  dorsale,  11,  34. 
Cornée.  Voy.  Organe  de  la  vue. 
Corpuscules  en  massue,  197. 

—  de  Pacini.  Voy.  Corpuscules  en 

massue. 

—  de  Vater.  Voy.  Corpuscules  en 

massue. 
Côtes  (développement),  52. 

—  des  Poissons  et  des  Dipnoïques,  53. 

—  des  Amphibiens,  54. 

—  des  Reptiles,  des  Oiseaux  et  des  Mam- 

mifères, 55,  56,  57. 

—  (vraies  et  fausses),  55. 
Crâne.  Voy.  Squelette  céphalique. 

Dents  (généralités  et  développement),  247. 

—  des  Poissons,  248. 

—  des  Amphibiens,  249. 

—  des  Reptiles  et  des  Oiseaux  fossiles, 

249. 


Dents  des  Mammifères,  251. 
Dentition.  Voy.  Dents. 
Derme.  Voy.  Téguments. 
Diaphragme,  135. 

Ecailles  (développement),  31. 

—  des  Poissons,  31. 

—  des  Amphibiens,  32. 

—  des  Reptiles,  33. 
Eléments  paracordaux,  63. 

Eminences   nerveuses  et  leurs  différentes 

modifications  (ligne  latérale),  191. 
Encéphale  (développement),  144. 

—  (enveloppes),  149. 

—  des  Poissons,  151. 

—  des  Dipnoïques,  158. 

—  des  Amphibiens,  158. 

—  des  Reptiles,  160. 

—  des  Oiseaux,  166. 

—  des  Mammifères,  168. 

—  des  Mammifères  fossiles,  172. 
Endolymphe.  Voy.  Organe  de  la  vue. 
Epiderme.  Voy.  Téguments. 
Episternum  des  Amphibiens,  59. 

—  des  Reptiles,  des  Oiseaux  et  des 

Mammifères,  60. 
Estomac.  Voy.  Intestin  antérieur. 
Event,  70. 
Extrémités  libres,  107. 

Fécondation,  4. 

Fenêtre  ovale  et  fenêtre  ronde.  Voy.  Organe 

de  l'ouïe. 
Feuillets     blastodermiques    (  développe  - 

ment),  5. 
Foie  (généralités  et  développement),  274. 
Formations  épidermiques,  16. 

Glande  adipeuse,  340. 

—      de  Harder.  Voy.  Glandes  de  l'œil. 

Glandes  de  la  bouche  (généralités  et  déve- 
loppement), 253. 

Glandes  de  la  bouche  des  Amphibiens, 251. 

—  —  des  Reptiles,  254. 

—  —  des  Oiseaux,  255. 

—  —  des  Mammifères, 255. 

—  lacrymales.  Voy.  Glandes  de  l'œil. 

—  de  la  peau,  16. 

—  de  l'œil,  5:24. 

—  de  Meibomius. Voy. Glandes  de  l'œil. 

—  mammaires  (structure  et  dévelop- 

pement), 27. 

—  mammaires  surnuméraires,  30. 
Glande  thyroïde,  259. 

Grand  sympathique  (généralités),  187. 

Ilyomandibulaire  (généralités),  66.   . 

Intestin  antérieur,  263. 

—  buccal,  246. 


INDEX 


385 


InlesLin  moyen,  267. 

—  postérieur.  Voy.  Intestin  terminal. 

—  terminal,  269. 


Labyrinthe  membraneux,  227. 
osseux,  228. 

Lame  spirale  osseuse,  lame  spirale  mem- 
braneuse. Voy.  Organe  de  l'ouïe. 

Langue,  256. 

Larynx.  Voy.  Voies  aériennes. 

Ligne  latérale.  Voy.  Organes  des  sens  de  la 
peau. 

Limaçon,  227. 

—        des  Mammifères,  237. 


Membrane  branchiostège  des  Sélaciens  et 

des  Chimères,  71. 
Membrane  branchiostège  des  ïéléostéens, 

73. 
Membrane  branchiostège  des  Dipnoïques. 

76. 
Membres  (développement),  93. 

—  impairs,  94. 

des  Poissons,  107. 

—  des  Vertébrés  supérieurs  en  géné- 

ral, 110. 

—  des  Amphibiens,  113. 

—  des  Reptiles,  114. 

—  des  Oiseaux,  116. 

—  des  Mammifères,  118. 
Mésonéphros.  Voy.  Rein  primitif. 
Métanéphros.  Voy.  Rein. 

Moelle  épinière,  143. 

—  —        (développement),  141. 

—  —        (enveloppes),  149. 
Muscles  cutanés,  124,  131. 

—  de  l'œil,  222. 

—  des  membres,  134. 

—  du  squelette  viscéral  et  de  la  tète 

(généralités),  128. 

—  du  squelette  des  Poissons,  128. 

—  —  des  Amphibiens,  129. 

—  —  des  Amniotes,  13U. 

—  du  tronc  (généralités),  124. 

—        des  Poissons,  125. 

—  • —        des  Amphibiens,  125. 

—  —        des  Reptiles,  126. 

—  —        des  Oiseaux,  127. 

—  —        des  Mammifères,  127. 
Myologie,  122. 


Kageoires  impaires.  Voy.  Membres  impairs. 

—        paires,  107. 
Nerfs  crâniens  (généralités),  174. 
—         —        (leur  importance    pour   la 
métamérie  du  crâne),  178. 
Nerf  olfactif,  180. 
—    optique,  181. 

WlEDERSHEIM. 


Nerfs  des  muscles  de  l'œil  (moteur  oculaire 
commun,  pathétique,  moteur  oculaire 
externe),  181. 

Nerf  trijumeau,  182. 

Nerfs  facial  et  acoustique,  18t. 

—  glosso-pharyngien  et  vague,  185. 

—  accessoire  de  Willis  (spinal),  186. 

—  grand  hypoglosse,  187. 
Nerfs  l'achidiens,  176. 

Œil.  Voy.  Organe  de  la  vue. 

—  pariétal  ou  pinéal,  147. 
Œsophage.  Voy.  Intestin  antérieur. 

Œuf  (développement,  segmentation,  etc.), 

2-6. 
Opercule  (appareil   operculaire)  des    Chi- 

nièi'es,  70. 
Opercule  des  Ganoïdes,  71. 

des  Téléostéens,  73. 

—  des  Dipnoïques,  76. 

Oreille  externe,  moyenne,  interne.  Voy.  La- 
byrinthe. 
Organe   de  Jacobson,  210. 

—  de  l'odorat  (généralités  et  dévelop- 

pement), 198. 

—  de  l'odorat  des  Poissons,  200. 

—  —  des  Dipnoïques,  203. 

—  —  des  Amphibiens,  204. 

—  —  des  Reptiles,  205. 

—  —  des  Oiseaux,  2C6. 

—  —  des  Mammifères,  207. 
Organe  de  l'ouïe  (généralités  et  développe- 
ment), 226. 

—  —      des  Poissons  et  des   Dip- 

noïques, 230. 

—  —        des  Amphibiens,  232. 

—  —       des  Reptiles    et  des    Oi- 

seaux, 231. 

—  —      des  Mammifères,  235. 
Organe  de  la  vue  (généralités et  développe- 
ment), 212. 

Organe  de  la  vue  des  Poissons,  215. 

—  • —        des  Dipnoïques,  216. 

—  —        des  Amphibiens,  217. 

—  —        des  Reptiles    et  des  Oi- 

seaux, 218. 

—  ■ —        des  Mammifères,  219. 
Organes  d'accouplement,  372. 

—  —  des  Poissons,  372. 

—  —  des  Amphibiens, 

373. 
__  —  des  Reptiles,  373. 

—  —  des  Oiseaux,  375. 

—  —  des  Mammifères, 

375. 
Organes  de  la  circulation  (généralités),  308. 

—  de  la   respiration   (généralités   et 

développement),  278. 
Organes    des  sens  (généralités),  190. 
—  —       de  la  peau,  191. 

25 


386 


INDEX 


Organes  des  sens  de  la  peau  des  Poissons, 

191. 
Organes  des  sens  de   la  peau  des  Amphi- 

biens  Voy.  Éminences  nerveuses,  191. 
Organes  des  sens  de  la  peau  des  Reptiles, 

195,  197. 

Organes  des  sens  de  la  peau  des  Oiseaux, 

196,  197. 

Organes  des  sens  de  la  peau  des  Mammi- 
fères, 195,  197. 
Organes  digestifs,  243. 

—  électriques,  137. 

—  génitaux   en   général.  Voy.  Appa- 

reil génito-urinaire. 
Organes  génitaux  des  Poissons  et  des  Dip- 

noïques,  360. 
Organes  génitaux  des  Amphibiens,  362. 
Organes    génitaux     des    Reptiles    et    des 

Oiseaux,  365. 
Organes   génitaux  des  Monotrèmes  et  des 

Marsupiaux,  368. 
Organes  génitaux  des  autres  Mammifères, 

■370. 
Organes  génitaux  externes.   Voy.  Organes 

d'accouplement. 
Organes  urinaires,  342,  351. 
Organes  urinaires  des  Poissons  et  des  Dip- 

noïques,  351. 
Organes  urinaires  des  Amphibiens,  352. 

—  —       des  Reptiles  et  des   Oi- 

seaux, 356. 

—  —      des  Mammifères,  358. 
Os.  Voy.  Squelette. 

Os  de  la  tête  (développement  et  groupe- 
ment), 67. 
Osselets  de  l'ouïe,  91. 
Otolithes.  Voy.  Organe  de  l'ouïe. 
Ouraque,  312. 
Ovaires.  Voy.  Organes  génitaux. 

Palato-carré  (généralités),  66. 

—  des  Sélaciens  et  des  Chimères, 

70. 

—  des  Ganoïdes,  72. 

—  des  Téléostéens,  73. 

—  des  Dipnoïques,  75. 
Pancréas,  276. 

Parties  accessoires  de  l'œil,  222. 
Paupières,  223. 

Périlymphe.  Voy.  Organe  de  l'ouïe. 
Péritoine,  244. 

Pigment  (de  la  peau  des  Amphibiens),  19. 
Placenta  (relations  entre  la  mère  et  le  fœ- 
tus), 333. 
Plumes  (développement),  21. 
Poils  (structure  et  développement),  24. 
Pores  abdominaux,  304. 
Poumons,  288,  295. 

—  des  Dipnoïques,  295. 

—  des  Amphibiens,  295. 

—  des  Reptiles,  296. 

—  des  Oiseaux,  297. 


Poumons  des  Mammifères,  301. 
Pourpre  rétinien,  222. 
Produits  sexuels  (développement),  348. 
Pronéphros.  Voy.  Rein  précurseur. 
Protovertèbres.  Voy.  Somites. 
Ptérygo-palatin  (généralités),  66. 
Ptérygopode,  373. 

Rate,  310. 

Rectum.  Voy.  Intestin  terminal. 
Régions  de  la  tête,  61. 
Rein   (des  Anamniens).  Voy.  Organes   uri- 
naires. 
Rein  des  Amniotes   (développement),  347. 

—  céphalique.  Voy.  Rein  précurseur. 

—  précurseur,  342. 

—  primitif,  312. 
Réseaux  admirables,  338. 
Rétine,  220. 

Rostre  du  squelette  céphalique  des  Séla- 
ciens, 70. 

Rostre  du  squelette  céphalique  des  Ga- 
noïdes, 71. 

Sacs  aériens  des  Oiseaux,  298. 

Sacvitellin,  9,  333. 

Sens  de  la  peau.  Voy.  Organes  des  sens. 

Somites,  7. 

Spermatozoïdes,  350. 

Squelette,  31. 

—  céphalique  (développement),  63. 

—  —  membraneux,  carti- 

lagineux, 62. 

—  —         osseux,  67. 

—  —         (théorie    vertébrale 

du),  62. 

—  —  des  Poissons,  69, 

—  —  des  Dipnoïques,  74. 

—  —  des  Amphibiens,  76. 

—  —  des  Reptiles,  81. 

—  —  des  Oiseaux,  84. 

—  —  des  Mammifères,  87. 

—  de  la  face,  62. 

—  dermique  (exosquelette),  30. 

—  —        des    Poissons     et  des 

Dipnoïques,  30. 

—  —        des  Amphibiens,  32. 

—  —        des  Reptiles,  33. 

—  —        des   Mammifères,  34. 

—  viscéral  (arcs  branchiaux),  65. 
Sternum    (développement),  57. 

—  des  Amphibiens,  57. 

—  des  Reptiles,  59. 
• —        des  Oiseaux,  59. 

—  des  Mammifères,  59. 
Système    artériel,  321. 

—  —      (développement),  308. 

—  lymphatique,  338. 

—  nem^eux  (généralités),  141. 

—  —       central,  141. 

—  —       périphérique,  173. 


INDEX 


387 


Système  vasculaire    Voy.    Organes    de  la 
circulation. 

—  veineux,  323. 

—  —       (développement),  323. 

Tarse.  Voy.  Membres. 
Téguments,  16. 

—  des  Poissons  et  des  Dipnoïques, 

17. 

—  des  Amphibiens,  18. 

—  des  Reptiles,  19. 

—  des  Oiseaux,  20. 

—  des  Mammifères,  24. 
Testicules.  Voy.  Organes  génitaux. 
Thymus,  261. 

Tonsilles,  339. 

Trachée.  Voy.  Voies  aériennes. 

Trompe  d'Eustache.  Voy.  Organe  de  l'ouïe. 

Trabécules  du  crâne,  63. 

Tube  neural  (tube  médullaire),  11. 

Tube  vertébral  (métamérie  du  corps  des 

Vertébrés),  11. 
Tube  viscéral,  11. 
Tympan,  230. 

Uretère.  Voy.  Organes  urinaires  et  appareil 
génito-urinaire. 


Utérus.  Voy.  Organes  génitaux. 

Valvule  spirale  (de  l'intestin),  268. 

Veines  cardinales,  310,  323. 

Vertébrés      (développement      paléontolo- 

gique),  15. 
Vertébrés  (division  du  corps),  11. 

—         (classification),  14. 
Vésicule  biliaire.  Voy.  Organes  annexes  du 

canal  intestinal. 
Vésicule  blastodermique,  5. 

—        ombilicale.  Voy.  Sac  vitellin. 
Vessie  natatoire  et  poumons  (généralités), 

287. 
Vessie  natatoire  (développement),  287. 

—  —       des  Poissons,  287. 

—  urinaire.  Voy.  Organes   urinaires  et 

appareil  génito-urinaire. 
Voies  aériennes  (généralités),  289. 

—  des  Dipnoïques  et  des  Am- 

phibiens, 290. 
des  Reptiles,  291. 

—  des  Oiseaux,  292. 

—  des  Mammifères,  294. 


Yeux  accessoires,  18. 


Typographie  Paul  Schmidt,  5,  avenue  Verdier,  Grand-Montrouge  (Seine). 


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